Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente
de l'éducation, des affaires
culturelles
et des communications
Projet de loi no 71 Loi pour
favoriser le développement scolaire dans l'Ile
de Montréal
Séance du vendredi 8 décembre 1972
(Douze heures vingt-cinq minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Préliminaires
LE PRESIDENT (M. Pilote): Avant que ne débutent les travaux de la
commission, je voudrais mentionner les changements suivants chez les membres de
la commission. M. Phaneuf remplace M. Assad, M. Paul remplace M. Cardinal, M.
Brisson remplace Mme Kirkland-Casgrain, M. Cornellier remplace M. L'Allier, M.
Faucher remplace M. Leduc, M. Charron remplace M. Léger, M.
Saint-Germain remplace M. Ostiguy, M. Houde (Limoilou) remplace M. Pearson.
Article 1.
Discussion générale
M. CHARRON: M. le Président, avant d'entreprendre l'étude
de l'article 1 comme c'est notre façon de procéder, puisque nous
n'avons pas eu de commission parlementaire où les gens de
l'extérieur auraient pu venir donner leur avis sur le projet de loi 71,
il y a un certain nombre de questions d'ordre général qui, si on
y répond de façon adéquate et satisfaisante, pourraient
considérablement raccourcir les autres questions que nous pourrons poser
lorsque nous procéderons article par article.
Les députés du Ralliement créditiste ont
présenté, au cours du débat de deuxième lecture,
une motion que les deux autres partis d'opposition ont appuyée, mais qui
a été rejetée par la majorité gouvernementale. Sans
susciter un débat les règlements me l'interdisent,
d'ailleurs je me contenterai de rappeler à l'attention de chacun
que le but premier pour lequel les trois partis d'opposition se regroupaient
était que la modification considérable, apportée au projet
précédent présenté par le gouvernement, faisait que
nous croyions utile de consulter à nouveau la population le
délai de six mois nous aurait permis de le faire sur le
changement d'attitude du gouvernement. C'est ce que les partis d'opposition ont
appelé, lors du débat de deuxième lecture, le volte-face
du gouvernement sur cette question.
Les arguments que nous avons avancés à ce moment nous
paraissaient fondés. Les uns après les autres, nous avons
rajouté des arguments qui, puisés au sein même de la loi,
affirmaient de façon catégorique le principe que nous avions
évoqué, â savoir que la loi avait connu une
défiguration, que le projet s'était considérablement
affaibli. Les uns après les autres, nous avons signalé les points
points sur lesquels nous aurons l'occasion de revenir lors de
l'étude article par article où le projet de loi 71
était non seulement, à notre avis, inadéquat quant aux
besoins de la population, mais aussi considérablement inférieur
au projet original du même gouvernement.
Dans la réponse ministérielle que le député
d'Ahuntsic nous avait fournie au nom de son parti, il avait repris les
mêmes arguments qu'il avait donnés à la conférence
de presse où il avait présenté le projet de loi, vendredi
de la semaine dernière, il y a à peine une semaine. Il avait fait
mention du fait que la consultation avait été à grand
renfort de mémoires et d'opinions, que le ministère et son
cabinet de ministres étaient déjà surchargés d'avis
qui avaient été donnés, des uns et des autres M. le
Président, je répète ce que je disais à ce moment
non pas sur la restructuration scolaire, mais sur le projet de loi 62 et
sur le projet de loi 28, soit des modèles de restructuration scolaire.
La population n'a jamais été consultée sur la
restructuration scolaire elle-même et les principes qui doivent la
guider. J'ai assisté à toutes les commissions parlementaires sur
le bill 28. Je n'étais pas encore membre de cette Assemblée
nationale lorsque le précédent gouvernement a
suggéré le bill 62, mais à la lecture que j'ai faite des
mémoires qui avaient été présentés sur le
bill 62 et par mon expérience personnelle sur le bill 28, je puis
affirmer ce matin que chacun des témoins qui étaient venus
à la commission s'était efforcé de travailler
précisément dans le canal du projet de loi 28, s'était
efforcé de faire entendre son son de cloche ou son opinion sur les
articles précis du bill 28, mais que la philosophie
générale, l'approche, pour reprendre les mots du ministre de
l'Education, du problème n'avait pas été objet de
consultations scolaires.
Peu importe que je reprenne chacun des arguments que nous avons
développés sur cette motion, la réponse du gouvernement,
appuyée par son écrasante majorité, a fait que nous
n'aurons pas ce délai de six mois et qu'il n'y aura pas à
nouveau, s'il n'en tient qu'à la volonté du ministre et du
gouvernement, une consultation populaire sur le projet de loi.
Tentant donc de suppléer à cette absence de consultation
qui m'aurait semblé, encore une fois, tout à fait légitime
et normale pour l'implantation d'un projet de loi de cette importance, vous
comprendrez donc que je dois ouvrir, ce matin, le feu des questions que nous
aurons à poser jusqu'au dernier article de ce projet de loi. Il s'agira
de questions posées au ministre sur la consultation qui a prévalu
aux changements majeurs apportés entre les bills 28
et 71. Autrement dit, M. le Président, les questions qui devront
occuper les premières minutes de nos travaux pourraient se coiffer
vu que le ministre s'est bien gardé d'y répondre dans son
discours et de présentation et de réplique et qu'aucun membre du
gouvernement d'ailleurs, dans ses interventions, n'a répondu à la
question que la population se pose ça matin du titre suivant:
Qu'est-ce qui s'est passé depuis le bill 28? Quels sont donc ces
événements? Quel a été le travail? Quelles ont
été les forces sociales qui ont joué pour ou contre le
projet de loi, mais qui font qu'aujourd'hui, un an après avoir vu un
gouvernement affirmer des principes et les défendre avec énergie
comme le député de Verchères était capable de le
faire lorsqu'il occupait le ministère de l'Education, on vient nous
présenter le contraire de ce que le ministre de l'Education du temps
préconisait? Que s'est-il donc passé au conseil des ministres, au
ministère de l'Education?
M. SAINT-GERMAIN: Je m'oppose, M. le Président. Je crois que le
député est complètement hors d'ordre.
M. CHARRON: Si vous commencez cela, ça va être long.
M. SAINT-GERMAIN: Nous avons discuté amplement du projet de loi
en deuxième lecture et nous sommes au stade où nous devons
l'étudier article par article. Je ne vois pas pour quelle raison le
député reviendrait sur la philosophie ou sur le principe de la
loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président, pour faire observer au député qui vient de
parler que, lors de l'examen d'un projet de loi, que ce soit en commission
plénière ou que ce soit en commission parlementaire, il est
loisible à quelque député que ce soit de faire des
observations générales et d'interroger le ministre sur
l'orientation du projet de loi, ce qui permet ordinairement de déblayer
le terrain et de régler certaines questions qu'il n'est plus
nécessaire, par la suite, de poser au ministre. Je soutiens donc que
l'argumentation du député de Saint-Jacques est conforme non
seulement aux règlements, mais aux us et usages du travail en commission
parlementaire.
M. PAUL: M. le Président, sur le même point de
règlement, je crois que l'honorable député de Chicoutimi a
parfaitement raison. En adoptant une telle mesure, les législateurs,
ceux qui ont préparé le code Lavoie, ont voulu fournir l'occasion
aux députés qui n'auraient pu parler en deuxième lecture
du projet de loi de faire certains exposés sans entrer dans le coeur
même du principe de la loi. C'est pourquoi je suis heureux de signaler
à l'honorable député, de même qu'au
député de Fabre, vu qu'ils n'ont pas parlé en
deuxième lecture du projet de loi, qu'ils pourront toujours, en
réponse aux remarques du député de Sainte-Anne, exposer
leur point de vue sur tout le problème du développement scolaire
dans l'île de Montréal.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, comme on le dit, je crois
qu'il est dans nos habitudes de faire, au tout début de ces discussions,
un tour d'horizon. On considère toujours, dans ce tour d'horizon, les
articles eux-mêmes. On ne discute jamais une deuxième fois le
principe de la loi.
Je crois que le député de Saint-Jacques allait au coeur
même du principe du projet de loi et faisait simplement une
répétition que j'ai entendue moi-même lors de
l'étude en deuxième lecture. En ce qui me regarde et en
réplique je dois dire que je n'ai pas parlé sur ce projet
de loi, en deuxième lecture. Si je n'ai pas parlé c'est que j'ai
des occasions de parler au ministre de l'Education. Il se dit, dans cette
Chambre, beaucoup de choses qui ne font absolument pas avancer les travaux.
S'il fallait que les 108 députés retiennent l'attention de la
Chambre de la façon si peu progressive et si peu efficace de beaucoup de
députés, on bloquerait les travaux du gouvernement et nos lois
d'une façon définitive.
Je ne vois donc aucun intérêt public...
M. PAUL: II faut que l'honorable député soit convaincu que
je n'ai pas voulu lui reprocher son silence.
M. SAINT-GERMAIN: Surtout avec le niveau des débats que nous
avons à l'Assemblée nationale depuis quelques semaines, je ne
vois absolument pas de quelle façon ma voix pourrait faire avancer nos
travaux de façon intelligente et efficace.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président. Les observations que vient de faire le député
sont absolument hors d'ordre et ne touchent pas du tout le sujet que nous
étions en train de discuter. Il s'agit de savoir...
J'invoque le règlement, M. le Président, et je demande
â la boule de billard de se faire entendre "in french or in english if he
wants. Any way, it does not mean anything". Je voulais simplement faire
observer ceci...
M. TETLEY: M. le Président, j'invoque le règlement, en
anglais et en français. Que le député de Chicoutimi
cède la parole.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Sur une question de règlement, la
parole est au député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II s'est rassis, M. le Président, la
boule de billard s'étant fait entendre. Je voudrais faire observer ceci:
La
discussion que le député de Saint-Jacques a amorcée
n'est pas un débat de seconde lecture. Il s'agit simplement, par le
biais d'un certain nombre de questions, qui peuvent recouvrir, d'accord,
l'ensemble du projet de loi, d'apporter un éclairage qui nous permette
de mieux comprendre les articles du projet de loi.
Quant à la question de savoir si les discussions que nous avons
à l'occasion de débats en seconde lecture sont valables ou non,
je ne pense pas que le député qui a parlé tout à
l'heure ait voulu porter un jugement, mais je doute fort qu'il soit en mesure
d'en porter un et surtout qui ait quelque valeur.
Le rôle du député de l'Opposition c'est de scruter
les projets de loi, c'est d'intervenir quand chacun croit nécessaire de
le faire, quel que soit le silence des autres. S'il y en a qui ne veulent que
se taire et qui ont raison de le faire, cela les concerne; mais, s'il y en a
qui veulent parler, cela les concerne également.
C'est le public qui, en définitive, sera juge de la valeur des
interventions que nous faisons. Que ceci soit bien entendu pour le
député, qui, je sais, a parlé en toute bonne foi et qui,
comme nous, veut que nous progressions le plus rapidement possible dans
l'examen du projet de loi que nous étudions actuellement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Pour divers projets de loi, le
président acceptait un tour d'horizon de chacun des partis, quitte
à passer aux questions le plus rapidement possible. J'accepte que les
députés de l'Opposition comme les députés du parti
au pouvoir, le ministre entre autres, fassent un tour d'horizon sur la loi et
passent aux questions immédiatement après.
M. CHARRON: Merci, M. le Président. Je le faisais d'ailleurs pour
la raison je l'avais expliqué que le gouvernement a
refusé, et c'était son droit, de fournir aux différents
témoins du public qui viendraient à la commission parlementaire
les explications sur les changements majeurs qu'il a apportés à
sa philosophie concernant ce problème.
Il n'a pas, malheureusement pour lui, le même privilège
face aux députés de l'Opposition. Nous, députés de
l'Opposition, c'est notre droit, sinon nous n'avons plus aucune utilité.
Il est obligé de répondre. Notre règlement est clair
là-dessus. Nous sommes donc en mesure de lui poser les questions sur ces
changements majeurs qu'il a évité de mentionner dans la
deuxième lecture.
D'autre part, dans la deuxième lecture, j'ai affirmé
c'était l'endroit pour le faire ce que je crois être
les raisons qui ont motivé la volte-face du gouvernement. Le ministre ne
m'a pas répondu, dans sa réplique, sur ces raisons. C'est
à ce moment-ci que je dois attendre sa réponse, sinon s'il
a la même réaction que le député de Jacques-Cartier
je serai obligé de croire que j'avais raison lorsque j'affirmais
en deuxième lecture qu'on ne voulait tout simplement pas discuter de
l'affaire.
La troisième chose, je la dirai à l'intention du ministre
représentant le Protestant School Board à l'intérieur du
cabinet. S'il ne veut pas, demain matin...
M. TETLEY: J'invoque le règlement. J'ai l'honneur de
représenter toute la population. Donnez-moi un exemple où je n'ai
pas représenté les Canadiens français. Qui a parlé
le premier en français à la Chambre?
M. PAUL: Je fais un appel au règlement. UNE VOIX: Laissez-le
finir.
M. PAUL: Non, j'ai le droit. Tâchez d'apprendre cela. C'est un
rappel au règlement, et avant que l'honorable député ne se
"tortille" trop, je voudrais qu'il signale l'article du règlement qu'il
veut évoquer pour qu'ensuite, le président soit en mesure de
juger du bien-fondé du point de règlement soulevé.
M. TETLEY: Avant de le citer, voulez-vous citer le numéro de
règlement en vertu duquel vous me demandez de citer mon numéro de
règlement?
M. PAUL: Certainement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous allons chercher nos bâtons et nous
jouerons au billard.
M. TETLEY: Vous n'en êtes pas capable, mais mon article, c'est le
97.
M. PAUL: Un instant. Je fais un appel au règlement. Le
député, n'ayant pas encore participé aux débats ou
aux délibérations en commission plénière, ne peut
pas invoquer l'article 97. Il pourra le faire quand il aura parlé.
M. TETLEY: Quelqu'un qui est insulté en Chambre par un
député...
M. PAUL: Insulté, comment?
M. TETLEY: J'ai droit de rappeler que j'ai fait l'impossible, tout mon
possible, pour représenter tous les citoyens, et j'espère que le
député de Saint-Jacques est capable de représenter tous
les citoyens du Québec.
M. PAUL: Bien, Seigneur! M. le Président, intervenez! 25! 42!
M. TETLEY: Et il est essentiel que tout le monde s'occupe de la
population entière durant cette commission.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: J'étais à rappeler à celui qui vient
d'intervenir au nom de la minorité anglophone que, s'il ne veut pas
avoir l'occasion de
s'insurger encore une fois contre un "filibuster", il devrait surveiller
lui-même les interventions que font ses députés
d'arrière-ban pour ne pas allonger les débats. Il était
bien parti, le débat. J'allais poser des questions au ministre pour lui
permettre de me contredire sur ce que j'avais affirmé en deuxième
lecture, à la grande honte du ministre de Notre-Dame-de-Grâce.
Mais l'intervention du député de Jacques-Cartier, d'ailleurs
rappelé à l'ordre par le président, a donc
été inutile, nous a fait perdre du temps et constitue un
"filibuster" gouvernemental sur les questions que j'avais à poser au
ministre de l'Education. Si c'est un "filibuster" que vous voulez, vous savez
très bien que nous sommes capables de vous en fournir. Mais, ce n'est
pas notre intention. Nous avons des questions et je continue donc sur le rappel
au règlement que vous avez fait à l'intention des
députés ministériels.
La question qui occupe encore notre esprit et plus que jamais,
c'est le cas de le dire même après l'adoption en principe
du bill 71, c'est: Que s'est-il passé depuis le bill 28, depuis un an
à peu près, jour pour jour? Je me souviens que le 8
décembre, l'année dernière, la journée où
nous avions annoncé l'amendement que nous apportions à l'article
583...
M. PAUL: A l'ordre!
M. SAINT-GERMAIN: Mais, nous n'en sommes plus au bill 28. Avez-vous
oublié cela?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je le veux bien, mais vous allez quand même me
rappeler à l'ordre.
M. SAINT-GERMAIN: Puisque vous n'avez pas le bill 28, c'est une des
raisons importantes pour votre "filibuster". Il faut bien le dire.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je reprends donc là où j'en étais avant
d'être interrompu pour la deuxième fois par un "back bencher"
ministériel. Je dis que la question qui occupe l'attention du public,
c'est: Qu'est-ce qui s'est passé dans la tête ou dans les pieds
des ministériels depuis que le bill 28 a été retiré
par le gouvernement? Il a été retiré sur une question. Le
gouvernement ne voulait pas faire du français la langue prioritaire
à Montréal et avait décidé de créer un
district bilingue.
Parce qu'il était harcelé sur cette question, et parce que
ses intérêts et son appartenance et les propriétaires du
parti au pouvoir lui interdisaient de le faire, il a
préféré, pour employer un mot que comprendra le
député de Jacques-Cartier, "scraper" le bill 28 plutôt que
d'avoir à le maintenir en Chambre et à maintenir ses positions
ouvertement humiliantes pour les francophones de Montréal.
Il s'est passé des choses. Je suis bien convaincu que le
député de Jacques-Cartier n'a été mêlé
en rien à ces questions. Donc, ce n'est pas lui qui va me fournir les
explications ce matin. Il est un député ministériel et,
comme chacun le sait, les députés ministériels ne sont en
rien membres de la politique du gouvernement. Ils sont là pour la voter.
C'est tout.
M. SAINT-GERMAIN: C'est quelque chose que vous faites accroire. Ce n'est
pas basé sur des faits.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. SAINT-GERMAIN: Ce sont des observations personnelles qui n'ont rien
à voir avec les débats.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! La parole est au
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: J'étais donc à dire que nous sommes en mesure
ce matin de nous poser des questions qui demeurent encore dans la tête
des gens, après le retrait du bill 28 qu'a fait le gouvernement. Il l'a
fait l'an dernier, il vient de le faire pour la forme juridique, vendredi
dernier. Mais tout le monde savait que, là-dessus, il s'était
fait prendre à son piège et il avait reculé.
Qu'est-ce qui s'est passé depuis le bill 28 pour qu'un principe
si vaillamment défendu soit aujourd'hui relégué à
perpétuité, comme disait le député de
Verchères, s'il n'était pas adopté l'année
dernière? Qu'est-ce qui s'est passé depuis le bill 28 pour que
des commissions scolaires qu'on se proposait d'unifier, de transformer
complètement conservent à peu près leurs privilèges
en particulier les deux plus grosses de l'île de Montréal,
la plus grosse d'Amérique du Nord, disait le député de
Verchères, l'année dernière conservent le
même territoire abracadabrant par rapport aux autres territoires et
où les inégalités persistent même dans la nouvelle
loi.
Qu'est-ce qui s'est passé dans les discussions à
l'intérieur du cabinet sur cette question? Je sais qu'il ne peut pas le
dire mais on est en mesure de se le demander. La nervosité du
député de Notre-Dame-de-Grâce est symbolique de quelque
chose. Qu'est-ce qui s'est passé au niveau du ministère de
l'Education? Qu'est-ce qui s'est passé dans les relations avec les
commissions scolaires sur l'île de Montréal
elles-mêmes nous avaient demandé l'unification, j'ai
été témoin de cela pour qu'on leur refuse
aujourd'hui le principe qu'elles avaient demandé, à l'exception,
puis-je le signaler une dernière fois, du Protestant School Board of
Greater Montreal.
D'autant plus que je peux me demander ce qui s'est passé depuis
ce temps, parce qu'il est
survenu des événements. D'abord, le ministre de
l'Education, au moment du bill 28 c'était le député
de Verchères bien sûr n'a pas subi, comme on le pensait,
l'affront que son gouvernement lui a fait en le laissant tomber à peine
24 heures après qu'il eût affirmé en Chambre, au milieu du
débat sur le bill 28: Ce bill va passer; 24 heures plus tard, son
gouvernement le poignardait dans le dos et lui disait: Non! on le "scrap", les
Anglais ne le veulent plus.
J'admets bien que, immédiatement, il a demandé au premier
ministre, puisqu'il n'avait plus la confiance du gouvernement, d'obtenir un
nouveau poste, ce qui a été fait. On est allé chercher au
ministère des Affaires culturelles le député d'Ahuntsic,
et c'est lui qui occupe le fauteuil du ministre de l'Education depuis ce
temps.
Il dit qu'il a apporté à son travail une nouvelle
philosophie qu'il s'est empressé de nous décrire dans son
discours de deuxième lecture. Il était temps qu'il nous la
décrivit, après un an un travail, parce que nous ne l'avions
guère devinée dans les décisions qu'il avait prises depuis
ce temps.
Toujours est-il que ce nouveau ministre se serait donc mis à
l'oeuvre. Mais encore une fois, je veux savoir de quelle façon.
Qu'est-ce qui s'est passé? Je me souviens que, lors de l'étude
très intéressante comme tous les ans d'ailleurs des
crédits du ministère de l'Education, alors que nous le
questionnions sur ce fait, et c'était notre droit et devoir, le
ministre, s'inspi-rant de La Palice, nous avait parlé des cinq
hypothèses qu'il avait devant lui et qui allaient être le choix du
gouvernement.
Je vous les rappelle, parce que La Palice pourrait le faire aussi bien
que moi. Le ministre nous avait dit: Première hypothèse: Nous
revenons avec le bill 28 tel quel. Il était d'ailleurs toujours au
feuilleton pour la forme. Deuxième hypothèse: Nous revenons avec
le bill 28 mais amendé. Troisième hypothèse: Nous allons
procéder par étapes.
Quatrième hypothèse: nous allons nous contenter de
créer un conseil scolaire et, cinquième hypothèse : celle
qui est habituellement la règle du gouvernement, nous ne ferons
rien.
Entre les cinq hypothèses, en mai, le ministre nous disait :
Aucune n'est favorisée actuellement. C'est à l'étude, on
discute, on consulte, sans nous dire avec qui on étudiait, ce qu'on
étudiait, sans nous dire qui on consultait, ce sur quoi on consultait.
Ce sont toutes ces réponses-là que nous avons le droit de
connaître ce matin. S'il est un endroit et un moment, dans l'étude
de ce projet de loi, où nous devons le savoir, au grand désespoir
du député de Jacques-Cartier, c'est maintenant.
Nous pouvons poser au ministre, M. le Président, une
première question sur ce sujet. Parlons d'abord de son entrée
remarquée au ministère de l'Education. J'imagine bien que le
dossier le plus chaud, encore fumant, sur le bureau du ministre de l'Education,
était celui du bill 28, â moins d'être parfaitement
inconscient et je sais que le ministre de l'Education ne l'est pas.
C'est donc le premier dossier qu'il a dû prendre entre ces
nouvelles mains et sur lequel il a dû apporter sa nouvelle approche
philosophique et sa philosophie sociale du changement. Qu'est-ce qu'il a fait,
le ministre de l'Education, en entrant? Je précise, M. le
Président, que mes premières questions portent sur le travail du
ministre à l'intérieur du ministère même.
Quelles ont été les conséquences, au sein du
travail du ministère, de la décision du gouvernement de saboter
le bill 28? Est-ce que, par exemple, c'est toujours le même sous-ministre
qui a été en charge du dossier? Ou la volte-face du gouvernement
lui étant devenue insupportable, a-t-il demandé qu'un autre
sous-ministre soit chargé d'un dossier où le gouvernement venait
malheureusement de le tromper?
Quels ont donc été les responsables du dossier à
l'intérieur du ministère? Et de plus, M. le Président,
quelles ont été les premières directives que nous devrions
retrouver, j'imagine, dans le projet de loi, que le ministre a données?
Le dossier était funèbre, il fallait changer l'approche,
peut-être même changer les hommes qui s'en occupaient. Quelles ont
donc été les premières directives que le ministre a
données et qui ont présidé à tout ce travail de
consultation il y a un an?
Je demanderai plus immédiatement, avant de revenir avec d'autres
questions, où le ministre avait puisé ses directives. Dans sa
tête à lui, dans sa philosophie sociale du changement à
lui, ou était-ce à la suite de l'échec du bill 28, du
recul du gouvernement sur cette question importante? Etait-il porteur, à
son entrée au ministère de l'Education, de directives venant du
conseil des ministres? Devait-il, à cet effet, n'être que la
courroie de transmission à ses fonctionnaires?
C'est la première d'une série de questions que je pose au
ministre de l'Education immédiatement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je pense que, puisque
nous sommes en commission élue, nous pouvons rester assis. Merci, M. le
Président. Je n'ai pas l'intention de faire un long discours; la plupart
des questions du député de Saint-Jacques sont contenues dans ma
présentation en seconde lecture. Je sais que quelles que soient les
réponses que je puisse lui donner, il m'est impossible de le satisfaire
puisque, a priori, il l'a d'ailleurs indiqué clairement, il est contre
ce projet de loi.
C'est son droit le plus strict, je vais quand même, dans
l'intérêt public, tenter d'apporter le plus
d'éclaircissements possible dans un climat qui, pour autant que je suis
concerné, ne sera certainement pas un climat de polémique. Que
s'est-il passé entre le bill 28 et le bill 71? Il s'est passé ce
que j'ai décrit dans mon discours de deuxième lecture,
c'est-à-dire que, en tant que
ministre responsable, j'ai tenté de faire évoluer un
dossier en tenant compte des leçons du passé.
Il y a un problème sur l'île de Montréal que nous
connaissons tous. Il s'agissait de trouver une solution. Pour la trouver, il y
a eu tout un cheminement, dont j'ai déjà fait état, qui
s'est fait à partir des tentatives antérieures, qui s'est fait
à partir de l'analyse des différents mémoires, qui s'est
fait à partir d'un avis du Conseil supérieur de
l'éducation. Le projet de loi 71 ne cherche pas à instaurer les
commissions unifiées; c'est là une option. Il ne cherche pas, non
plus, à réaliser d'emblée une restructuration
définitive. Le sous-ministre titulaire a continué de suivre le
dossier de très près. Le sous-ministre adjoint, M. Beauregard,
qui était déjà, avant même mon entrée au
ministère de l'Education, chargé des aspects pratiques de ce
dossier, qui présidait COCSIM, c'est-à-dire le Conseil de
développement scolaire de l'île de Montréal, a
continué à occuper ses fonctions. Il a continué de
s'occuper également de consultation dans le milieu. Aucune directive ne
m'a été donnée par le conseil des ministres, non seulement
avant mon arrivée au ministère de l'Education, mais
également après ma prise en charge du ministère.
Le projet de loi actuel vient d'une option politique et, comme je l'ai
expliqué, il vient également d'une collaboration entre tous les
fonctionnaires du ministère de l'Education et mon entourage
immédiat. Je considère que c'est une solution souhaitable pour le
milieu montréalais. Je crois, d'ailleurs, que l'opinion publique en
témoigne assez largement. J'ai cru de ma responsabilité d'essayer
de consulter, d'une façon officieuse et parfois officielle, les grands
organismes impliqués. Il y a eu un grand nombre de rencontres à
tous les niveaux, à mon niveau comme au niveau des fonctionnaires. Tout
récemment, il y a eu une réunion de tous les commissaires de
l'île de Montréal pour que nous puissions bien nous rendre compte
jusqu'à quel point ce projet de loi, sans combler tous les espoirs
car ce n'était pas son but pouvait tout de même
rencontrer leurs besoins. Merci, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à la suite des
questions qu'a posées le député de Saint-Jacques, je
voudrais, à mon tour, faire quelques observations pour en arriver
à obtenir du ministre, si tant est qu'il soit possible de le faire, des
renseignements sur ce que le ministre a appelé l'évolution du
dossier du projet de loi 28. Si on examine très attentivement les
projets de loi 62 et 28, on se rend compte que l'intention du gouvernement
était de procéder à une véritable restructuration
scolaire de l'île de Montréal. Le projet 62 a été
présenté de cette façon: les objectifs qu'a
rappelés le député de Bagot, l'autre jour, lors de son
discours de deuxième lecture, étaient très précis
et axés sur la restructuration scolaire de l'ile de Montréal.
Cette proposition, qui avait été faite par le ministre de
l'Education de l'époque, le député de Bagot, a
évidemment provoqué dans le public, et c'était normal, des
réactions diverses. Les élections sont survenues et, quelque
temps après, le gouvernement, reprenant le dossier, a
présenté le projet de loi 28. Projet de loi dont l'objectif
principal était toujours la restructuration scolaire de l'ile de
Montréal. Projet de loi dont le ministre de l'Education, maintenant
ministre de l'Industrie et du Commerce dont je déplore l'absence
ce matin disait qu'il s'agissait, si vous me permettez cette expression
anglaise, d'un "must", de quelque chose qui devait absolument être
adopté par la Chambre, sous peine de voir se perpétuer une
situation que le ministre de l'Education actuel a déplorée,
l'autre jour, dans son discours de deuxième lecture.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. le député, il est une
heure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, j'allais vous faire observer, M. le
Président, qu'il était une heure.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La séance suspend ses travaux
jusqu'à 14 h 30.
(Suspension de la séance à 13 h 1 )
Reprise de la séance à 14 h 43
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications).
Au début de la séance, je voudrais mentionner que M.
Cornellier remplace M. Brisson.
M. CHARRON: Est-ce qu'il est D-2 ou D-l, celui-là?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est l'équipe d'après-midi.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Ce matin, nous avons omis de nommer un
rapporteur. M. Saint-Germain sera le rapporteur de la commission.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais demander une directive.
Est-ce que le rapporteur est dans l'obligation d'assister à toutes les
séances d'une façon assidue?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Autant que possible, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour toutes les équipes.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est au député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au moment où
nous avons suspendu les travaux de cette importante commission, j'étais
à rappeler au ministre qu'il y avait eu une modification notable dans
l'attitude du gouvernement, pour ne pas dire un changement radical qu'on a
déjà qualifié, en cette Chambre, de volte-face. En effet,
si on examine le cheminement du projet de loi depuis sa première
rédaction, soit le projet de loi 62, en passant par le projet de loi 28
jusqu'au projet de loi 71, on se rend compte que le gouvernement en a rabattu
drôlement de sa rigueur et de ses exigences concernant l'idée
qu'il s'était faite de la restructuration scolaire de l'île de
Montréal. En effet, le projet de loi ne s'intitule plus comme
précédemment Loi concernant la restructuration des commissions
scolaires sur l'îlede Montréal mais plutôt Loi pour
favoriser le développement scolaire dans l'île de Montréal.
Dans cette perspective, un élément majeur est donc tombé.
J'oserais dire que l'objet formel du projet de loi est changé et cela
parait dans le titre même du projet de loi 71. Ce n'est donc plus la
restructuration scolaire de l'île de Montréal que le gouvernement
s'est fixée comme objectif mais plutôt, selon un
échéancier qu'on ne connaît pas, que personne ne
connaît, la promotion, par des moyens dont nous aurons l'occasion de
discuter, du développement scolaire dans l'île de
Montréal.
Ainsi, l'objet formel du projet de loi n'est plus le même. Le
gouvernement prétend atteindre les mêmes objectifs, poursuivre les
mêmes fins, par le projet de loi 71, alors qu'en réalité il
a fait disparaître ce qui constituait l'objectif final, ce qui
justifiait, en somme, l'existence du projet de loi 28, soit la restructuration
scolaire de l'île de Montréal.
Ce que nous propose le gouvernement, c'est une démarche qui lui
permettrait, ainsi qu'aux citoyens qui s'occupent de l'organisation ou de
l'administration scolaire de l'île de Montréal, d'atteindre les
fins du projet de loi 28 mais par des moyens tout à fait
différents et selon un échéancier qui reste à
déterminer et au sujet duquel nous entendons bien interroger le ministre
et obtenir de lui des explications précises et des affirmations
concernant les politiques do son gouvernement.
Ce qui s'annonçait donc en 1969 et l'an dernier comme une
réforme globale, comme une réforme de base, est devenu, à
toutes fins utiles, une réformette. Le gouvernement nous a dit: Nous
voulons procéder à une réforme administrative. Le but du
projet de loi est d'atteindre cet objectif de la réforme
administrative.
Mais, ce faisant, il met de côté ce que le ministre de
l'Education qui a précédé celui qui est devant nous
déclarait être une exigence, une nécessité et une
urgence. Je voudrais demander au ministre ceci. Le député de
Saint-Jacques le lui a demandé ce matin. Je reprends cette question sous
une autre forme. Qu'est-ce qui a déterminé le ministre actuel
à écarter l'objectif de la restructuration scolaire de l'ile de
Montréal pour lui substituer celui de la promotion d'un
développement éventuel de l'organisation scolaire dans l'ile de
Montréal?
Qu'est-ce qui justifie cette nouvelle démarche du ministre de
l'Education? Qu'est-ce qui motive cette approche nouvelle, cette philosophie,
comme l'a indiqué le ministre de l'Education? Le ministre de l'Education
a-t-il changé radicalement le projet de loi pour faire suite à
telle, telle et telle représentation qui avait été faite
lors des auditions devant la commission parlementaire de
l'éducation?
Si tel est le cas, quels sont les groupes qui ont obtenu que le
gouvernement change ainsi radicalement son orientation? Est-ce que le
gouvernement se serait rendu compte qu'il n'était pas possible de
procéder à une restructuration scolaire de l'île de
Montréal tel que l'avait proposé le ministre de l'Education dans
le projet de loi no 28? Si cette restructuration scolaire de l'île de
Montréal n'est pas possible, quelles en sont les raisons? Et quels sont
les gens ou quels sont les groupes qui ont décidé, qui ont
déterminé le gouvernement à accepter l'idée qu'il
n'est pas possible de procéder à une véritable
restructuration scolaire de l'île de Montréal?
Revenant encore une fois au projet de loi no 28, on se rappellera que ce
projet de loi visait à établir, à créer un certain
nombre de commissions scolaires, selon certains principes, en
fonction de certaines exigences. Ce plan, ce programme d'action, de
restructuration a été changé. Pour quelles raisons a-t-on
modifié le nombre des commissions scolaires? Pour quelles raisons a-t-on
laissé en état la CECM et le Protestant School Board of Greater
Montreal?
Pourquoi, en réalité et j'insiste là-dessus
le projet de loi du ministre ne vise-t-il en fait qu'à
réorganiser les structures scolaires de l'île de Montréal
pour un nombre relativement peu important de citoyens, puisque c'est à
peine 20,000 personnes 20,000 membres de la communauté scolaire de
l'île de Montréal qui seront en réalité
affectés par le projet de loi?
J'aimerais que le ministre nous dise qui, dans son gouvernement, ou qui,
parmi ses collègues, a tenu à ce que le ministre fasse des
concessions à ce point importantes qu'elles modifient radicalement la
philosophie qui avait inspiré le projet de loi original, soit le projet
de loi 28. Est-ce que c'est timidité de la part du gouvernement? Est-ce
que c'est recul de la part du gouvernement devant certains groupes de pression?
Ou est-ce que ce serait tout à coup prise de conscience par le
gouvernement de la difficulté qu'il y avait de procéder tel que
le souhaitait et le désirait ardemment le ministre de l'Education qui a
précédé celui qui est devant nous?
Ce sont des questions, M. le Président, qui ne sont pas futiles,
parce qu'on a fait grand état, dans le passé, de la
nécessité de procéder dans les délais les plus
brefs à une restructuration scolaire en profondeur, de l'île de
Montréal. Le ministre de l'Education nous l'a rappelé dans son
discours de deuxième lecture, déclarant même que
l'île de Montréal était 20 ans en retard sur le reste du
Québec. Qu'est-ce qui et qui est-ce qui a pu changer l'attitude du
gouvernement?
M. le Président, à ce stade-ci de nos débats, je ne
veux pas aborder le problème linguistique, le problème
confessionnel, etc., non plus que faire du sentiment ou essayer de susciter des
passions au sujet de l'attention que l'on a accordée à certains
groupes ethniques par rapport à d'autres, encore que le texte du projet
de loi et les explications que le ministre nous en a données pourraient
m'inciter à le faire.
Je lui demande simplement de me dire si le changement d'objectif que
j'ai dénoncé tout à l'heure est une décision du
cabinet, une décision du ministre de l'Education, une décision
des hauts fonctionnaires du ministère de l'Education ou s'il s'agit d'un
acte de compromis qui serait devenu la solution sur laquelle se serait rabattu
le ministre de l'Education pour éviter de trancher véritablement
le problème.
Qu'est-ce qui a empêché le gouvernement de prendre en main
la réforme de l'éducation sur l'île de Montréal et
de la laisser au conseil scolaire dont nous aurons l'occasion de parler? Ce
sont toutes des questions que nous avons le droit de nous poser, auxquelles le
ministre n'a pas répondu, sinon par des affirmations vagues, en nous
disant: Nous avons pris, j'ai pris des décisions conformément
à telle et telle politique. Admettons que tout cela soit vrai, encore
faut-il que le ministre nous l'explique, qu'il se justifie devant l'opinion
publique et devant les citoyens de l'ile de Montréal.
Et je termine ces questions en demandant au ministre qui nous a
parlé de consultation de nous dire exactement à quel niveau se
sont situées ces consultations. Quand ces consultations ont-elles
été tenues? Avec qui? Avec quel groupe? De quelle façon
ces discussions se sont-elles tenues entre le ministre de l'Education, le
gouvernement et les groupes intéressés pour qu'on en arrive
à présenter un projet de loi qui est je le disais hier et
je le répète aujourd'hui une somme de compromis dont le
résultat véritable sera de laisser les choses en état? Et
je demande au ministre, enfin, de me dire pourquoi le conseil scolaire de l'ile
de Montréal, qu'il se propose de créer et dont nous examinerons
l'ossature et les mécanismes, n'a-t-il pas été nanti du
pouvoir et je dis bien pouvoir et de l'obligation de prendre
toutes les dispositions pour rétablir l'équilibre dans
l'allocation des ressources scolaires sur l'ile de Montréal.
Car, lorsque nous en viendrons au texte formel de la loi, on
découvrira que le conseil peut, mais il n'est pas dit que le conseil
doit. Ce qui revient à dire que le gouvernement, abandonnant à
d'autres ses responsabilités, confie à un organisme la
responsabilité que le gouvernement devrait lui-même assumer.
Il y a certainement eu des gens, des groupes qui ont influencé le
ministre, qui ont influencé les décisions du gouvernement et dont
les gestes justifient la présentation d'un projet de loi qui est,
à mon sens et je le dis sans aucune acrimonie un acte de
fausse représentation, puisqu'il tend à faire croire à
l'opinion publique qu'on procède à une restructuration scolaire
de l'ile de Montréal. Quant aux faits, on met timidement en place
certains mécanismes et certaines personnes dont le rôle est
minimisé à un point tel qu'on leur confie la promotion du
développement scolaire de l'ile de Montréal.
J'attends du ministre des explications à ce sujet et des
explications qui soient davantage satisfaisantes que celles qu'il a
données ce matin au député de Saint-Jacques.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, est-ce que je pourrais
poser une question au député de Chicoutimi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Question sous forme d'éclaircissement.
Qu'est-ce qu'il appelle la restructuration scolaire de l'île de
Montréal?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quel est le point précis?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Que voilà une question naïve! Que
voilà, M. le Président une question...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que je peux préciser
davantage?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... indécente! Que voilà, M. le
Président, une question inattendue de la part d'un ministre qui,
succédant à celui qui s'était fait le champion de la
restructuration scolaire de l'île de Montréal, me demande
tout à coup ce que c'est que la restructuration scolaire de
l'île de Montréal! Je vais répondre à
l'instant...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce que lui entend par restructuration?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vais répondre au ministre. Est-ce
que le ministre a une autre question?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'était pour vous aider, peut-être,
à arriver tout de suite au point.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Allez, cela va peut-être m'aider, mais
pas dans le sens que vous le pensez.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Justement. De manière à vous
répondre de la façon la plus adéquate possible, j'aimerais
savoir, lorsque vous parlez de restructuration parce que moi, je sais ce
que je veux dire quand je parle de restructuration ce que vous avez
à l'esprit. Est-ce le principe de l'unification des commissions
scolaires, le principe du regroupement des commissions scolaires ou les deux
à la fois?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que le ministre vient de
répondre, puisque son collègue qui a présenté le
projet de loi 28 nous parlait de l'unification scolaire, nous parlait des
regroupements scolaires. Il nous parlait, pour résumer tout d'un mot
bref, de la mise en place d'un certain nombre de structures et de
mécanismes qui permettent au gouvernement d'atteindre les objectifs que
le ministre a énoncés dans le document qu'il nous a fait
parvenir. Développement scolaire et restructuration, ce n'est pas du
tout la même chose. Quand on parle de restructuration, le mot
lui-même le dit, on parle de structure. Quand on parle de
développement, à ce moment-là, on parle du fonctionnement
des structures et cela recouvre la dimension administrative aussi bien que la
dimension pédagogique. Je m'étonne donc que le ministre me pose
une telle question quand, depuis des mois et des mois, soit depuis 1969, nous
parlons de restructuration scolaire de l'îlede Montréal et
des divers objectifs que l'on tentait d'atteindre par cette restructuration
scolaire. Alors, je pense que le ministre sait ce dont je veux parler, ce que
j'ai dans l'esprit, ce que tous les députés avaient dans l'esprit
et ce que son collègue, le ministre de l'Industrie et du Commerce avait
dans l'esprit quand il nous disait, l'an passé, qu'il fallait unifier
l'organisation scolaire de l'île de Montréal, qu'il fallait pour
unifier, regrouper les commissions scolaires dans l'île de
Montréal en vue d'atteindre les objectifs que reprend le ministre de
l'Education dans le document qu'il nous a remis et dans le discours qu'il a
prononcé l'autre jour lorsqu'il a défendu son projet de loi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je comprends donc que la restructuration, telle
que vient de la définir le député de Chicoutimi, consiste
en la mise en place de mécanismes susceptibles d'atteindre un certain
nombre d'objectifs et que ceci, comme dans le projet de loi 28, devrait se
faire à partir d'un principe, celui de l'unification des commissions
scolaires. En gros, c'est dans cette optique qu'il semble se placer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lorsqu'on parle d'unification, on peut
entendre le mot unification de diverses façons mais, à la base du
projet de loi 62, comme à la base du projet de loi 28, il y avait cette
idée d'unification en vue d'une restructuration, toujours dans la
perspective des objectifs dont a parlé le ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est exact, M. le Président
cette question n'était sans doute pas inutile que le gouvernement
a décidé de mettre de côté, dans son plan actuel,
l'idée d'unification sans l'exclure, si tel était le désir
des populations, au moment où une carte définitive devra
être faite.
Je n'ai pas l'intention de reprendre tous les arguments du
député de Chicoutimi, parce que je dois bien avouer que j'en ai
fait état dans mon discours de deuxième lecture et dans ma
réplique de deuxième lecture. Je sais que nous jouissons d'une
certaine latitude actuellement, au début de la discussion en commission,
mais il reste que nous discutons actuellement encore des principes. Pour
être le plus bref possible, je dirai simplement, en reprenant
quelques-uns des points du député de Chicoutimi, qu'il y a
effectivement un changement radical entre l'attitude du gouvernement, lorsqu'il
présentait le bill 28, et son attitude actuelle, alors qu'il
présente le bill 71. Je reprends certaines des explications
données hier par le député de Verchères, l'ancien
ministre de l'Education, auquel le député de Chicoutimi a fait
allusion, et qui explique exactement pourquoi le gouvernement a choisi d'agir
de cette façon. Le projet de loi, disait le député de
Verchères, s'inscrit
dans le temps. Il répond aux aspirations de la population de
l'île de Montréal et il est le fruit des leçons que le
gouvernement a tirées de l'échec du bill 28 et même du
projet de loi 62 de l'ex-ministre de l'Education, M. Jean-Guy Cardinal.
Il ne faudrait pas confondre je me suis demandé à
un moment donné, d'où ma question, si ce n'était pas un
piège dans lequel le député de Chicoutimi était
tombé les objectifs et les moyens pour les obtenir. Les objectifs
sont bel et bien définis: démocratiser le système
scolaire, assurer une égalisation de l'effort fiscal par une
réforme de la taxation, assurer une péréquation
susceptible de permettre des rattrapages étalés dans le temps et
permettre une meilleure rationalisation administrative. Nous prétendons
c'est le droit de l'Opposition de croire le contraire que nous y
arrivons sans favoriser ce moyen, qui avait été favorisé
par le bill 62 et le bill 28, c'est-à-dire l'unification
immédiate des commissions scolaires. C'est un choix clair auquel on peut
s'opposer, mais il faut tout de même dire que c'est là le principe
du bill. Je précise également qu'il y a là uniquement le
résultat d'une analyse politique. Cette analyse politique nous a
convaincus qu'il n'était pas sage de procéder
immédiatement par la mise en place d'une structure comme l'unification,
laquelle était susceptible de déterminer des résistances,
laquelle ne nous permettrait pas d'obtenir les objectifs d'une façon
plus satisfaisante que nous les obtenions par le projet actuel et laquelle
pouvait même se révéler aller à l'encontre des buts
recherchés. C'est une nouvelle approche, personne ne l'a nié.
Il est évident que l'on a tenu compte des difficultés de
procéder. Pour ma part, je crois qu'il est préférable
d'avoir une loi qui est votée, qui est sanctionnée, qui est
applicable, qui correspond aux voeux de la majorité et qui donne des
résultats plutôt que de s'attacher à une construction
théorique et c'est là que les leçons du
passé peuvent peut-être être utiles pour laquelle les
esprits n'ont peut-être pas parcouru tout le cheminement possible.
En ce qui concerne et c'est le dernier point du
député de Chicoutimi le conseil, je suggérerais que
nous attendions...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait une
petite question?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr; je suis là pour
éclairer l'Opposition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre dit que l'attitude qu'a prise le
gouvernement vient du fait que tous les esprits n'auraient pas, enfin, suivi un
cheminement qui leur permette d'accepter la proposition originale qui
était dans le projet de loi 28; est-ce qu'il pourrait expliciter tout
cela dans l'optique de la loi 27?
Quand on a présenté la loi 27, est-ce qu'on s'est
préoccupé beaucoup de savoir si tous les esprits avaient fait le
cheminement nécessaire pour accepter ce bouleversement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, nous sommes
véritablement en pleine deuxième lecture. Je n'ai vraiment rien
à ajouter à la substance de ce que j'ai dit lors de mon discours
de deuxième lecture et de ma réplique. C'est avec plaisir que j'y
reviens pour satisfaire aux voeux de l'Opposition et j'ai tenté
d'apporter quelques précisions au meilleur de ma connaissance.
Pour ce qui est du conseil, par conséquent, je crois que nous
pourrions peut-être en discuter plus utilement lorsque nous arriverons
à cet article. Je crois que le conseil a tous les pouvoirs
nécessaires pour obtenir les objectifs recherchés et je tenterai
de le démontrer lorsque nous arriverons à cet article.
M. CHARRON: II y avait dans l'intervention du député de
Chicoutimi un certain nombre de questions importantes. Si je ne veux pas
être obligé d'allonger le débat de façon
indéfinie sur chacun des articles, j'ai besoin avant que nous
n'abordions l'article 1, de réponses beaucoup plus précises que
ne l'était le discours du ministre de l'Education en deuxième
lecture, aussi bien que son discours de réplique.
Le député de Chicoutimi a repris à peu près
où je l'avais arrêté, volontairement, pour permettre au
ministre de répondre à mes questions. Il ne l'a pas fait. Le
député de Chicoutimi a bien fait de pousser plus loin. La
première question que j'avais posée au ministre, à
laquelle il n'a pas répondu, c'était: Quelles sont les directives
que le ministre de l'Education a données? Il dit que c'est toujours le
même haut fonctionnaire qui est chargé du dossier c'est une
réponse qu'il m'a fournie soit le sous-ministre en titre.
Quelles sont les nouvelles directives, au lendemain du retrait du bill
28 par le gouvernement, qu'il a données? Est-ce que, parmi les
directives, il y avait... Vous allez me refaire, M. le sous-ministre,...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais répondre aux questions au fur et
à mesure; ce sera peut-être plus facile. Que le
député finissse de poser sa question. J'y répondrai avec
plaisir. Je n'ai qu'un désir, c'est de répondre. Parfois c'est
très difficile lorsque je me trouve en présence d'une très
longue dissertation.
M. CHARRON: Ne vous inquiétez pas. Aussitôt que j'aurai
fini de la formuler... Moi aussi, je préfère procéder de
cette façon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On présume que le ministre a un grand
esprit de synthèse.
M. CHARRON: J'étais à demander au ministre si, parmi ses
directives, il y avait la formulation suivante ou l'équivalent
proposée au sous-ministre:
M. le sous-ministre, vous allez reprendre le dossier, mais cette fois,
le cabinet, conscient de l'approche des élections et soucieux de ne pas
déranger sa clientèle à Montréal, vous
éviterez de faire un projet de loi qui contienne trop de
réformes, qui va trop loin, qui va déranger les anglophones si
utiles à notre caisse électorale. Je vous prie donc, M. mon
sous-ministre, de me préparer un projet avec consultations et
études, duquel serait écarté d'une manière habile
le principe d'unification que mon prédécesseur avait
présenté. Ou alors, y avait-il comme directive
présentée à son sous-ministre: M. mon sous-ministre, vous
avez entière liberté de refaire le projet. Toutefois, vous
êtes conscient comme moi que nous ne pourrons pas installer une structure
scolaire à Montréal sans aborder la question linguistique, mais
vous êtes conscient comme moi que les partis d'opposition vont se
soulever une fois de plus pour nous forcer à en avoir une, et vous
savez, M. mon sous-ministre, que notre gouvernement n'en a pas. Donc, notre
claire et précise directive, M. mon sous-ministre avait à
préparer un projet de loi qui écartait le principe d'unification
et qui évitait comme la peste de mentionner qu'il y avait sur
l'île de Montréal une minorité et une majorité
s'exprimant chacun dans sa langue. Est-ce que c'étaient cela, les
directives? Est-ce que c'étaient les directives qui venaient de la
tête du ministre lui-même...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai compris!
M. CHARRON: ... ou si elles venaient du cabinet? C'est ma
première question.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec plaisir, M. le Président. Je pense
que j'ai compris. Elle a été suffisamment
répétée. D'abord, je ne parle pas sur ce ton à mes
collaborateurs. Ensuite, nous ne travaillons pas de cette manière au
ministère de l'Education. Nous travaillons en équipe. Un
leadership s'exerce et des directives sont données, c'est exact, mais
l'élaboration des projets se fait d'une façon collégiale.
Que s'est-il passé exactement? Je n'ai aucune objection à vous le
dire. Lorsque je me suis retrouvé chargé du ministère de
l'Education, j'ai évidemment été saisi du dossier du bill
28. J'ai cru qu'il fallait apporter une solution à la situation de
l'île de Montréal. Immédiatement dans la semaine qui a
suivi ma nomination, parce que c'était là une priorité
pour moi, j'ai convoqué une réunion de tous les fonctionnaires
qui avaient été impliqués dans l'élaboration du
projet de loi antérieur. Au cours de cette réunion, je leur ai
manifesté mon désir de reprendre le problème un peu
d'après le cheminement dont j'ai parlé dans mon discours de
deuxième lecture, c'est-à-dire à partir d'un certain
nombres d'hypothèses. Nous avons constitué quelques groupes de
travail que j'ai suivis personnellement, étant mêlé
à toutes les étapes de la préparation de cette
législation. Nous avons commencé par étudier et il
y a une documentation énorme chacune des hypothèses pour
en étudier les implications, les avantages, les désavantages, les
inconvénients. Ce n'est que dans une deuxième étape
méthodologique que nous avons décidé de privilégier
une option sans aucune préoccupation électorale. Le
député de Saint-Jacques peut penser ce qu'il veut, mais je sais
que l'opinion publique sait à quoi s'en tenir sur mon compte et sur le
compte du gouvernement actuel, d'ailleurs, lorsqu'il s'agit de projets de cette
envergure. Nous avons donc privilégié dans une seconde
étape méthodologique un projet qui est en gros le projet actuel
et c'est celui-ci que nous avons tenté de mettre à
l'épreuve par de très nombreuses consultations de manière
à voir jusqu'à quel point il correspondait aux aspirations du
milieu.
Je sais bien qu'il y a là deux philosophies politiques qui
s'affrontent.
Une philosophie politique qui semble être celle de l'Opposition
je ne sais pas jusqu'à quel point c'est unanime suivant
laquelle il faut d'abord faire des structures et les structures, même si
elles sont rigides et bousculent énormément, sont susceptibles de
faire évoluer les mentalités. Il y a une autre philosophie, qui
est celle que moi j'ai mise de l'avant, qui croit que, surtout en
matière scolaire, il faut davantage coller aux réalités,
de manière que ce soit applicable et que ceux qui sont
véritablement l'objet on a tendance à ne pas en parler
suffisamment d'une réforme, c'est-à-dire les
étudiants, puissent ne pas souffrir des bouleversements administratifs.
Alors, M. le Président, je crois une fois pour toutes avoir
expliqué de quelle façon nous avons procédé.
Maintenant, j'ajoute que je n'ai jamais eu et c'est ainsi que dans notre
gouvernement les choses se passent de directives du conseil des
ministres. Chaque ministre jouit d'une autonomie très large pour
l'administration de son secteur et il lui appartient de préconiser
certaines politiques. Je suis donc arrivé au conseil des ministres avec
une politique étudiée et en exposant le cheminement dont je vous
ai fait part avec le plus de franchise possible. Il y a eu, bien sûr, des
discussions qui ont porté sur de très nombreux aspects et le
conseil des ministres a décidé d'entériner le plan en
question.
M. LAURIN: M. le Président, je suis content que le ministre
commence enfin à être plus précis. Il commence à
répondre aux questions que nous lui posons...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est parce qu'on me pose des questions plus
précises, à ma demande.
M. LAURIN: ... maintenant depuis une heure. M. le Président,
enfin nous savons...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LAURIN: ... que le ministre a constitué des groupes de travail
sur chacune des hypothèses et que ces groupes de travail ont
fonctionné depuis un certain temps. Il nous a ensuite dit d'une
façon très générale qu'il avait
écarté telle ou telle hypothèse pour celle qu'il nous a
présentée en s'inspirant d'une philosophie qu'il nous a
d'ailleurs très bien décrite en deuxième lecture. Mais ce
que nous voulons savoir ici, ce sont les raisons très précises,
incluses ou non dans sa philosophie, pour lesquelles il a rejeté les
quatre premières hypothèses. Pourquoi n'a-t-il pas amendé
la loi 28? Pourquoi n'a-t-il pas gardé le statu quo? Pourquoi n'a-t-il
pas accordé une créance plus grande à telle ou telle autre
hypothèse? Nous aimerions avoir les arguments très précis,
soit qu'il a pensés dans sa tête ou que d'autres lui ont soumis
à la suite de discussions ou de consultations qu'il a menées dans
son périple auprès des commissions scolaires de l'île de
Montréal. C'est cela que nous voudrions savoir, d'une façon
très précise, qu'elles soient incluses ou non dans la
politique...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne demande que cela : qu'on me pose des
questions précises. Je répondrai précisément et
celle-là est précise.
M. LAURIN: Mais le député de Saint-Jacques, au
début de son intervention, a rappelé...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ecoutez, cela a duré... Cela s'est perdu
dans le flot d'éloquence.
M. LAURIN: Oui, peut-être. Mais il a rappelé les cinq
hypothèses très précises que vous aviez mentionnées
vous-même lors d'une conférence...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr.
M. LAURIN: ... il y a quelques mois. Ce que nous voulons savoir, c'est,
à propos de chaque hypothèse, quels sont les arguments
très précis qui vous ont amenés à l'écarter.
Pas seulement les arguments philosophiques, mais les arguments précis
que vous avez recueillis à la suite de vos discussions, de vos
consultations, de vos rencontres. Au fond, c'est cela que nous voulons
savoir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec grand plaisir. Mais là encore, je ne
suis pas sûr de satisfaire entièrement l'Opposition, parce qu'il
s'agit là d'une évaluation qui est l'évaluation du
gouvernement actuel. Le statu quo, nous l'avons écarté. Je crois
que c'est une question de responsabilité. Il aurait été
beaucoup plus confortable et beaucoup plus commode de ne pas provoquer de
bouleversement sur l'île de Montréal. Quoi que l'on pense, il
s'agit là d'une réforme d'envergure et d'une réforme
extrêmement complexe et extrêmement difficile. Alors, je ne sais
pas s'il est utile d'élaborer davantage sur le statu quo.
M. LAURIN: D'accord. Dans les autres réponses que vous allez
donner pour écarter les hypothèses dont nous parlions tout
à l'heure, est-ce que vous pourriez faire état aussi des
conclusions que vous ont soumises les groupes de travail que vous avez
constitués pour étudier chacune des hypothèses en
même temps que les résultats qui ont pu vous venir à la
suite des discussions ou des rencontres que vous avez effectuées
à Montréal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce que je vous donne. Je vous donne les
conclusions qui sont nées des discussions des groupes de travail sous ma
direction. Mais, il n'y a pas eu de recommandation précise. Tout cela
est le résultat de discussions orientées vers certaines
solutions. Pour le statu quo, j'ai l'impression que je ne peux pas vous en dire
davantage. Il aurait été très simple je le
répète de s'en tenir à cela, mais que voulez-vous?
La situation aurait continué à se dégrader sur l'île
de Montréal et des résistances nouvelles se seraient
manifestées. Je crois que la responsabilité du gouvernement
était d'agir et d'aller le plus loin possible. Deuxièmement, une
autre hypothèse était de maintenir et de renforcer des
mécanismes ad hoc. Deux de ces mécanismes étaient
possibles. H y avait déjà, mis en place par mon
prédécesseur, le fameux COCSIM, c'est-à-dire le conseil de
développement scolaire de l'île de Montréal, qui
était uniquement une espèce de comité sans pouvoir, qui
constituait un forum pour permettre la rencontre des différents groupes
montréalais, une espèce de lieu de concertation qui a d'ailleurs
été extrêmement utile, parce qu'il a été
consulté à plusieurs reprises sur le projet lui-même.
Et en plus de COCSIM, nous aurions pu ajouter certaines mesures d'ordre
financier. Je pense en particulier au cadre juridique de financement des
commissions scolaires tel que le prévoyait le bill 291 qui aurait pu
être élargi jusqu'à inclure l'île de Montréal.
Nous sommes venus à la conclusion que cela n'était pas mal, que
là encore c'était une solution de facilité et que nous ne
réglerions véritablement rien.
Inutile de vous dire que certains groupes auraient
préféré cette solution. Mais elle ressemblait
singulièrement au statu quo. L'amélioration aurait
été uniquement sur l'aspect que je vous ai indiqué,
c'est-à-dire l'aspect fiscal et, même là, il était
impossible d'aller aussi loin que nous pouvons le faire dans le projet actuel.
Donc, hypothèse écartée. Cela vous va pour l'instant?
La troisième possibilité était, sans s'occuper de
COCSIM, d'utiliser l'élargissement du bill 291, d'y ajouter
l'élargissement du bill 27 qui s'applique au territoire
québécois mais qui aurait pu aussi s'appliquer au territoire
montréalais et nous nous serions retrouvés exacte-
ment avec la même situation partout au Québec. L'avantage
était que nous pouvions de cette manière instaurer
immédiatement le suffrage universel là où il n'existait
pas, sur l'île de Montréal. Mais nous sommes venus aussi à
la conclusion que cela n'était pas suffisant et que nous pouvions
probablement aller plus loin, faire mieux et tenter d'amorcer un processus.
M. LAURIN: Pourquoi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce qu'il n'y avait pas véritablement
cette structure que permet le conseil. Il était impossible d'assurer une
péréquation. Il était impossible d'assurer un rattrapage.
D était impossible d'avoir des projets communs. Bien sûr, COCSIM a
mis sur pied trois comités fort intéressants qui ont
travaillé. D'ailleurs, je peux vous en donner le détail si cela
vous intéresse: un sur l'enfance inadaptée et les milieux
défavorisés, un sur la rationalisation du transport et de
l'équipement, un sur l'enseignement professionnel et l'éducation
permanente. Et il a également décidé de se donner un
comité aviseur de directeurs généraux. Ces comités
d'ailleurs ne disparaîtront pas en tant que tels. Ce sont des embryons
qui pourront être utilisés au niveau du conseil. Mais vous vous
rendez compte qu'il n'y avait là strictement aucun pouvoir. Et
même s'il m'apparais-sait, à moi et à mes collaborateurs,
très utile que l'on discute de zone défavorisée et
d'enfance inadaptée, que l'on discute de transport et
d'équipement qui sont des problèmes communs à l'île,
pas des problèmes parcellaires, pas des problèmes
isolés...
M. PAUL: Est-ce que le ministre me permettrait une question sur ce point
précis?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr.
M. PAUL: Le transport et l'équipement. Le ministre a
été nommé au mois de juillet. Pourquoi a-t-il
commandé un travail au sein de son ministère pour étudier
tout ce problème de transport et d'équipement alors que nous
avons adopté une loi, le bill 23, qui se charge du transport et de
l'équipement dans les milieux scolaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crains d'être obligé de dire au
député de Maskinongé que cela n'a pas vraiment de rapport
avec ce que j'essaie d'exposer avec mes faibles moyens.
M. PAUL: Quand vous parlez de transport d'écoliers, est-ce que
vous connaissez la loi 23?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si je pouvais peut-être terminer ma
pensée; il s'agit là simplement de coordination entre les
commissions scolaires de l'île de Montréal. Il ne s'agit pas du
tout de modification à la loi 23. Ce sont uniquement des espèces
d'ébauches permettant de s'attaquer sur l'île de Montréal
à des problèmes communs, de faire disparaître des
recoupements de services qui sont coûteux et qui sont lourds pour la
population montréalaise.
Mais nous en sommes venus à la conclusion que ce n'était
pas encore assez, que nous pouvions aller plus loin par l'instauration d'un
véritable conseil, que nous pourrions parler. Et il y a beaucoup plus de
groupes que vous ne le croyez qui, je le répète, auraient
été bien satisfaits du statu quo, parce que le changement est
toujours difficile à amener.
Mais nous avons pensé qu'on pourrait parler pendant des
années de transport scolaire, d'enseignement professionnel,
d'éducation permanente, d'enfance inadaptée et de milieux
défavorisés. Il se fait d'ailleurs dans les commissions scolaires
des choses intéressantes à ce point de vue-là. Mais nous
ne voyions pas comment, sans pouvoirs, sans conseil scolaire, nous pourrions
arriver à ce que l'on passe véritablement à l'action.
Si vous me permettez, je pourrais envisager la dernière
hypothèse qui est sans doute la plus intéressante de votre point
de vue, pourquoi nous n'avons pas choisi de présenter la loi 28 telle
quelle, ou l'amender en tenant compte de certaines recommandations. Pour tout
un ensemble de raisons, et là, je me permets de revenir sur ce que
disais le député de Verchères et ce que j'ai cité
tout à l'heure, de manière que l'on ne me fasse pas dire qu'il y
a des contradictions fondamentales entre mon prédécesseur et
moi-même.
Il y a dans toute législation un processus évolutif. Pour
ma part, un gouvernement qui reprend telles quelles des lois qui ont
été conçues, pensées des années auparavant
n'est peut-être pas certain de coller aux réalités. Et les
choses évoluent très vite actuellement. C'est donc dans le temps
qu'il faut se rendre compte de l'option que nous avons décidé de
choisir.
Peut-être l'option du bill 28 était-elle la meilleure il y
a un an, mais, pour ma part, je suis convaincu que, actuellement, l'option la
meilleure est celle que nous préconisons. Nous avons donc
écarté le bill 28 pour un ensemble de raisons. Je vais vous en
donner quelques-unes au fur et à mesure qu'elles me reviendront.
D'abord, le bill 28 était fondé sur l'unification des
commissions scolaires et nous nous sommes aperçu que ce principe de
l'unification déterminait des résistances énormes. C'est
d'ailleurs l'avis du Conseil de l'éducation, qui a suggéré
ceci, tout en retenant le principe de l'unification, je ne le nie pas, loin de
moi cette pensée, mais qui a suggéré d'abord de
procéder en tenant compte des éléments qui faisaient
déjà l'objet de consensus.
Nous allons même plus loin dans le projet actuel. Je tenterai
d'expliquer et nous y reviendrons ensuite, la simple mise en place des
éléments qui faisaient l'objet de consensus parce que nous
déterminons, c'est notre préten-
tion, les mécanismes nécessaires pour aller plus loin.
Quand le député de Verchères, l'année
dernière, parlait d'étapes, il avait à l'esprit non pas un
processus évolutif comme celui-ci, mais des mesures législatives
disparates, un peu comme celles que je vous ai citées dans les autres
hypothèses, l'hypothèse qui faisait intervenir 27 et 291. Nous
avons donc mis de côté le principe de l'unification pour le
moment.
Disons que si la population se sentait capable, à un moment
donné, de vivre cela et ceci pourrait très bien être
l'évaluation du gouvernement à ce moment-là
ça pourrait marcher. Mais autrement, nous allions vers des
difficultés considérables, difficultés administratives qui
risquaient, comme le disait d'ailleurs le Conseil supérieur de
l'éducation, de faire sombrer le milieu montréalais dans des
discussions stériles et interminables, alors qu'il y avait de
véritables problèmes démagogiques et de véritables
projets communs auquels s'attaquer.
C'est un point de vue, je ne vous demande pas de le partager. Mais ce
que je vous dis, c'est que nous nous en sommes écartés, nous ne
l'avons jamais nié, et la loi n'est pas fondée là-dessus.
Nous verrons, suivant l'échéancier, de quelle façon une
carte scolaire pourrait se construire et nous ne voulons pas préjuger
d'une solution.
Il se dégagera, dans les deux ou trois années à
venir, des lignes de force dans le milieu qui iront soit en faveur de
l'unification ou même de la confessionnalité, et je serai
certainement le dernier à m'opposer à l'option d'une
collectivité, même si elle ne colle peut-être pas aux
réalités des autres pays, si ça doit être l'option
que la collectivité fait.
Maintenant, je vous ai donc donné les arguments principaux
touchant l'unification. Il y a un autre point, à propos de
l'unification, dans notre esprit, et il est certain que mon
interprétation personnelle est intervenue fortement. Je suis
entouré de fonctionnaires loyaux qui sont là pour faire des
politiques et qui sont des politiques faites par des ministres et par un
gouvernement. Je crois que c'est là ma responsabilité, j'ai
été élu pour gouverner et, dans la mesure de mes
responsabilités, je vais tenter de le faire.
Or, j'ai cru que l'unification, surtout dans le contexte actuel,
risquait peut-être de nous amener à l'encontre, des buts que nous
recherchions. Je craignais en particulier, en plus des difficultés
administratives dont je vous ai parlé, la formation de blocs sur
l'île de Montréal, des mouvements de population.
C'est avec grand plaisir d'ailleurs ceci me revient que je
retrouve dans certains commentaires du chef du Parti québécois
des préoccupations analogues. Il parle, lui, de chaos administratif.
J'allais moins loin. Il dit "PQ split on school bill", "Lévesque demande
de retirer le bill 28 qui, pour lui, devient source de confusion et de conflit
passionnel". "Je crai- gnais des conflits passionnels". "Le PQ s'opposera moins
au bill 71 qu'au bill 28", non! Ceci n'entre pas dans les bonnes coupures. "Pas
d'obstruction du PQ au sujet du projet de loi 71". Non, ce n'est pas cela.
"René Lévesque dissident et le PQ maintient sa position". "Le
bill 28 ne règle rien et le PQ est tout mêlé", citation
exacte de M. Lévesque. "René contradicts PQ policy".
"Malgré la dissidence, le PQ appuiera le bill 28". Etc., etc.
Disons que je n'étais peut-être pas le seul à avoir
certaines préoccupations et mes préoccupations semblent
être partagées par un grand nombre des groupes que j'ai
rencontrés sinon par la totalité. Il y avait une
inquiétude très profonde à savoir si un changement de
cette nature n'allait pas amener des difficultés. Je reviens uniquement,
puisque vous m'avez convaincu que c'était utile de donner des
idées générales, de déterminer un cadre pour nos
études ultérieures, sur le fait de cette crainte, à savoir
que des mouvements de population, en particulier chez les
Néo-Québécois, pouvaient se produire, enrichissant
certaines commissions scolaires à prédominance anglophone et
appauvrissant certaines commissions scolaires à prédominance
francophone, ce qui aurait été nettement à l'encontre de
ce que nous tentions de faire.
Une autre raison, c'est parce que le bill 28 était devenu
très lourd sur le plan administratif que j'ai consulté des
experts en management; nous avons eu des comités parallèles qui
ont fonctionné un peu partout pour essayer de trouver quelque chose qui
fonctionnait. Parce que cela existe, le management. Et on nous a dit que, dans
les conditions actuelles, on éprouvait de sérieux doutes sur la
lourdeur du bill 28. En particulier, nous étions obligés de
doubler pratiquement toutes les structures. Souvenez-vous.
M. CHARRON: C'est vous autres qui l'avez choisi, cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'accuse absolument pas l'opposition
actuellement. J'explique pourquoi j'ai écarté...
M. CHARRON: Je m'excuse, mais quand vous dites que vous étiez
obligé de doubler les structures, c'est vous qui l'aviez choisi. Nous,
nous proposions un amendement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, je ne le nie pas.
M. CHARRON: Nous proposions un amendement pour justement ne pas
doubler...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, je ne le nie pas, mais je dois
avouer que c'était dans la dynamique de l'option choisie, voyez-vous,
à notre avis. Si vous me permettez de continuer... Encore une fois, vous
ne serez pas d'accord, mais j'aurai dit ce que j'ai à dire, je me tairai
et
vous me direz que vous n'êtes pas d'accord tant que vous voudrez.
Je ne peux que m'expliquer et il y a une limite aux explications. J'irai le
plus loin possible. Alors, je vous dis donc qu'à cause de la dynamique
même de la situation historique de cette affaire de restructuration et
à cause de la dynamique même du bill, nous étions
arrivés à doubler toutes les structures, à donner des
garanties telles et vous remarquerez que c'est une des originalités de
la loi actuelle, n'allez pas croire que c'est simple. Il y a tout de même
infiniment moins de contraintes, beaucoup plus d'autonomie. Et il n'y a pas de
garanties pour tout le monde parce qu'à mon avis, il ne sert à
rien de mettre en place un conseil scolaire si on lui crée un carcan tel
qu'il ne pourra pas véritablement fonctionner. Il n'est probablement pas
inutile de le souligner. Donc, le bill 28 était devenu une machine
très lourde.
De plus, l'unification dans notre système et dans la
réalité montréalaise nous obligeait à avoir dans
des commissions scolaires une demi-douzaine d'écoles différentes.
Ceci aussi était très lourd. Et n'oubliez pas qu'il y avait la
répercussion du bassin de population pour pouvoir fournir ces services
scolaires. Et il était impossible de déterminer combien il
fallait de commissions scolaires au départ. A mon avis, c'est
impensable. Il faut que la situation soit vécue et ce n'est qu'en cours
de route que les usagers du système, si vous me permettez l'expression,
pourront dire: II nous faut six commissions scolaires, il nous en faut dix ou
douze. Parce que, dans la détermination, il faudra non seulement tenir
compte du nombre d'élèves nous y reviendrons quand nous
parlerons des articles mais également de la structure
démographique. C'est de cette façon-là que des garanties
seront données par le processus démocratique lui-même.
Voilà donc une troisième raison qui a milité dans
notre esprit très fortement pour mettre de côté la loi 28.
Ensuite, il y avait tout un ensemble de problèmes que nous n'avons pas
voulu aborder dans cette loi et il était possible que la loi 28 y
prêtât flanc un peu. Je pense à l'aspect linguistique.
Le problème se posait au niveau des commissions scolaires
unifiées. Je maintiens que ça ne doit pas être
réglé là-dedans. Ceux qui s'imaginent que l'unification
est faite pour régler les problèmes linguistiques, que
l'unification est faite pour régler les problèmes de la
minorité anglophone ou de la majorité francophone, que
l'unification va faire disparaître les tensions, que l'unification va
améliorer le sort des Canadiens français, ils se leurrent. Ils se
leurrent d'une façon qui est sans doute inquiétante et c'est la
raison pour laquelle, à la lumière des leçons du
passé, nous avons préféré envisager une autre
hypothèse. Il y a d'autres arguments, bien sûr, mais pour
l'instant je crois que j'en ai dit suffisamment. Cette autre hypothèse
est exactement celle de la loi 71 qui, je termine...
M. LAURIN : Après cette critique extrêmement
étoffée et rigoureuse que vous venez de faire sur les
inconvénients du bill 28, je me demande pourquoi vous n'avez pas
voté contre l'an dernier.
M. CLOUTIER (Ahunstic): Premièrement, pour une raison très
simple, c'est que je ne connaissais pas le problème comme je le connais.
Je vous avoue qu'il faut presque être là et presque vivre...
M. LAURIN: Combien y en avait-il sur 72 qui le connaissaient?
M. CLOUTIER (Ahunstic): Ecoutez, à entendre les discours de
deuxième lecture sur le bill 71, je me demande si...
M. CHARRON : Combien y en a-t-il sur les 72 qui connaissent le bill
71?
M. CLOUTIER (Ahunstic): Ecoutez, je veux répondre à la
question du député. Pourquoi je n'ai pas parlé?
Premièrement, pour la raison que je ne connaissais pas la question et je
ne l'avais pas vécue comme je l'ai vécue. Deuxièmement,
parce que je pensais que le bill 28, qui reprenait en gros le bill 62,
était probablement la meilleure solution. Je le pensais comme le
député de Verchères le pensait en toute
sincérité. J'avais des réserves. J'en ai fait part. Mais,
dans un gouvernement, un ministre peut très bien se solidariser lors de
certaines décisions. Je l'ai fait dans plusieurs domaines. J'ai des
réserves sur certaines politiques de notre gouvernement, mais il y a une
limite. On se solidarise, on peut faire des réserves. Mais si on
considère que les principes les plus importants ne sont pas mis en
cause, il n'y a pas de raison de quitter le gouvernement.
Personnellement, si, à un moment donné, je
considérais que des principes auxquels je crois sont
véritablement battus en brèche, je prendrais le seul recours qui
existe dans notre système parlementaire, c'est-à-dire une
démission. Cela ne s'est jamais produit encore.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On n'est pas menacé.
M. CLOUTIER (Ahunstic): Merci. Même si je ne suis pas d'accord sur
certains aspects de certaines politiques que je ne nommerai pas, je
considère que ça ne remet pas suffisamment en cause les
fondements mêmes de mes conceptions politiques pour que j'aie à
prendre des décisions de cet ordre. Il en est allé exactement de
même pour le bill 28. J'étais inquiet. Je me disais: Cela va
être drôlement lourd, cette histoire, le coût des
écoles à ce niveau. Surtout, connaissant tout de même
j'étais ministre de l'Immigration à l'époque, vous
vous en souvenez la question des Néo-Québécois,
c'était la mobilisation, la migration de population lors
des déménagements faciles qui existent dans notre milieu
vers d'autres commissions scolaires.
J'ai fait part de mes doutes au député de
Verchères. J'ai fait part de mes doutes au cabinet. Mais je me suis
rangé à l'opinion générale parce que j'ai cru qu'il
y avait là véritablement un facteur d'amélioration. Par la
suite, prenant la responsabilité du ministère, grâce aux
tentatives antérieures, grâce au cheminement dont je vous ai
parlé, je suis venu à la conclusion qu'il fallait procéder
autrement. Mon entourage, évoluant en même temps que moi, à
la suite de la méthodologie utilisée, a suivi et m'a permis
d'utiliser certaines de ces opinions.
Je ne sais pas s'il y a d'autres questions sur l'option 28.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aurais une question à poser au
ministre sur le même sujet. Le ministre a parlé des consultations,
du travail qui s'est effectué au sein de son ministère
c'était fort intéressant de l'entendre là-dessus il
nous a expliqué les diverses hypothèses. J'aurais deux questions
à lui poser. Le ministre, il nous l'a dit l'autre jour en Chambre,
à la suite d'une question que je lui posais, a commandé une
étude sur la langue d'enseignement, étude qui est
terminée, semble-t-il, une sorte de rapport Gendron parallèle.
Pourquoi le ministre n'a-t-il pas décidé d'attaquer de front le
problème de la langue d'enseignement à propos de la
présentation de ce projet de loi?
Deuxièmement, depuis que le projet de loi est en circulation, si
je puis dire, est-ce que le ministre a commencé de recevoir des demandes
pour que certains groupes soient entendus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'abord, je voudrais simplement préciser,
avant de répondre aux questions du député de Chicoutimi,
que je ne voudrais pas que l'on conclût de mes remarques touchant
l'unification que je suis contre le principe de l'unification. Je ne suis pas
contre. Au contraire.
Je pense même que c'est probablement une évolution
souhaitable. Je serais pour ma part ravi si un jour le milieu
montréalais permettait que l'on en arrive à une structure de cet
ordre.
J'ai simplement conclu qu'actuellement, étant donné cette
évolution des mentalités dont je vous parlais, je voyais
infiniment plus d'inconvénients que d'avantages. Je ne suis pas le seul
à avoir raisonné comme cela, si vous prenez connaissance de
l'ensemble du dossier. Encore une fois, il appartiendra au gouvernement du
temps de juger de l'opportunité, face aux réactions du milieu,
d'aller plus loin.
Le député de Chicoutimi me parle du problème
linguistique. J'ai expliqué que je n'avais pas l'intention de me laisser
entraîner sur ce terrain, n'étant pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne parle pas du problème
linguistique comme tel. Je le relie à la question que j'ai
déjà posée en Chambre quand vous m'avez répondu que
vous aviez commandé des études sur la langue d'enseignement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Etant donné l'état de la
question, pourquoi le ministre n'a-t-il pas attaqué de front ce
problème linguistique dans l'organisation scolaire de la ville de
Montréal? Il semble avoir des données sur ce problème.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour plusieurs raisons qui sont aussi une
question d'analyse politique. D'abord, il m'apparaît tout à fait
normal et je l'ai dit quand je suis arrivé au ministère de
l'Education que ce soit une priorité. J'ai fait d'ailleurs une de
mes priorités la langue d'enseignement. Il y a des groupes de travail
qui actuellement fonctionnent à peu près avec la même
méthodologie, que je rencontre régulièrement et je crois
que, l'an prochain, je pourrai arriver avec quelque chose devant cette
assemblée.
Une des raisons, c'est celle que l'on a invoquée lors du
débat de la deuxième lecture, c'est la commission Gendron. Je
crois que la commission Gendron a parfaitement le droit de présenter son
rapport et nous verrons ce que c'est. Si ce rapport nous permet d'enrichir
peut-être les orientations que nous avons déjà prises,
très bien, nous l'enrichirons. Si ce rapport va à l'encontre des
orientations que nous avons déjà prises, nous nous poserons la
question et nous verrons ce que nous devons faire. C'est au gouvernement
à décider.
Par conséquent, même si le ministère a des
données utiles de ce point de vue pour élaborer une politique, il
me parait de la logique la plus élémentaire que nous attendions
d'avoir le rapport de cette commission que l'ancien gouvernement a d'ailleurs
nommée et qui, à mon avis, fait un travail sérieux.
Voilà donc une raison.
Je crois, en toute bonne foi, que la loi actuelle ne soulève pas
le problème linguistique. Elle ne le règle pas. Ce n'est pas son
but. Le problème de la langue d'enseignement est lié aux
structures scolaires sur le plan de l'application, je veux bien l'admettre,
mais je ne crois pas qu'il doive être réglé par le biais de
ce que nous tentons de faire actuellement. Ce que nous tentons de faire, c'est
de mettre en place un conseil scolaire doué de certains pouvoirs et pour
ce faire, nous procédons à une préregroupement et pour ce
faire, nous mettons en place une dynamique qui devrait nous mener à un
regroupement ultérieur. Nous avons des objectifs précis. Pour
ceux évidemment qui rêvaient de la construction du bill 28 ou du
bill 62, je conçois parfaitement bien qu'ils ne s'y retrouvent pas
là-dedans. Ce n'est pas le but et
je remercie l'Opposition de me permettre peut-être de m'expliquer
plus librement qu'on ne peut le faire dans un discours et de dire exactement de
quelle façon nous sommes arrivés à cette conclusion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre me permet-il d'ajouter quelque
chose? Une fois que ce conseil scolaire aura commencé de travailler, si,
d'aventure, ce conseil scolaire décide d'élaborer lui-même
ses propres politiques linguistiques, comment pourront-elles se concilier avec
celles du gouvernement? Vous lui avez remis le bébé, en somme, de
toute façon.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas du tout. Le député de
Chicoutimi sait très bien que c'est le gouvernement qui fera une
politique linguistique et que c'est le ministère de l'Education qui
proposera certaines mesures dans le domaine de l'enseignement. Ce n'est pas un
conseil scolaire dont les pouvoirs sont bel et bien
énumérés. Nous pourrons y revenir lorsqu'on en discutera.
D'ailleurs, la mission du conseil scolaire est expliquée dans les
objectifs généraux de la loi qui apparaissent sous forme
d'attendus. C'est volontairement que j'ai voulu le faire pour déterminer
une espèce d'orientation générale à ce conseil
scolaire.
Je pense que, sur cette option proprement dite, nous aurons l'occasion
d'y revenir constamment, puisque c'est l'objet de notre débat, clause
par clause. Je ne sais pas si on souhaite d'autres éclaircissements.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Richmond a
demandé la parole.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président, j'aurais
une autre question à poser au ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y avait une question, c'est exact.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je lui avais demandé si, depuis le
dépôt de ce projet de loi 71, des organismes lui ont
demandé de se faire entendre ou ont protesté contre la teneur du
projet de loi et sur ses objectifs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, officiellement, il n'y a
pas eu de demande en ce sens. Je sais, parce que je lis également les
journaux, qu'il y a un groupe en particulier, qui est le groupe des
anglo-catholiques, qui préconise d'autres types de mesures. Je ne sais
pas si c'est à ça que fait allusion le député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, ce n'est pas à ça que fait
allusion le député de Chicoutimi. Maintenant, j'aimerais savoir
si le ministre a reçu des télégrammes d'organismes, qui
ont été envoyés au chef de l'Opposition officielle et qui
sont signés par un grand nombre de personnes représentant divers
organismes demandant que soit différée l'adoption de ce projet de
loi. Je lis un des télégrammes qui est du 8 décembre: "Les
personnes ci-dessous nommées, appartenant â divers mouvements et
associations intéressés, après une première
étude du projet de loi 71 première étude,
disent-ils ont convenu unanimement de demander avec insistance au
gouvernement d'attendre que la population concernée et les groupes de
base aient eu le temps d'étudier le texte de ce projet de loi avant de
procéder à sa deuxième lecture stop Certains
pouvoirs accordés au conseil scolaire de l'île de Montréal
dans ce projet et son mandat d'élaborer un plan de restructuration
définitive paraissent, de prime abord, inadmissibles et attentatoires
aux droits démocratiques de la base stop Des auditions
à une commission parlementaire de l'éducation sur ce bill
apparaissent aussi justifiées que sur les projets de loi
précédents 62 et 28 stop Respectueusement
vôtre . Il y a une série de signatures, le ministre pourra
identifier les gens. M. et Mme Rosaire Comeau-Mathieu, Claude Charest,
Mme J. Perrier, Benoit Beau-doin, l'abbé Roger Ducharme, Yves Normandin,
Maurice Archambault, Adéline Pagé, Georges Dupuis, Pauline
Desrosiers, Mariette Charest, Isabelle et Georges Palascio, Louis Bouchard." Et
j'ai un autre télégramme du 6 décembre, qui doit
être parvenu au bureau du ministre depuis longtemps, d'un homme que le
ministre connaît bien, M. Louis Bouchard, qui était
président de l'Association des parents catholiques. Le ministre a-t-il
également reçu les premières protestations des anglophones
catholiques concernant la commission scolaire catholique contre laquelle les
anglophones catholiques en ont?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, M. le Président. J'avais
d'ailleurs, dans ma réponse au député de Chicoutimi,
parlé de cette résistance des milieux anglo-catholiques. Le
télégramme de cette association particulière, qui est bien
connue et qui s'est fait entendre lors de la commission sur le bill 28, m'est
également connu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Votre fonctionnaire vient de vous en
prévenir. Je l'ai vu vous le dire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais, rassurez-vous, tout nous parvient et nous
sommes très au courant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela vient de se faire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, non. M.TREMBLAY (Chicoutimi): Au moment
où je lisais le télégramme, vous en avez
été informé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas exact. J'ai demandé
effectivement qu'on aille chercher les télégrammes. Nous sommes
parfaitement au courant. Nous n'avons peut-être pas fait
instantanément la relation parce qu'il y en a d'autres que vous
ne connaissez pas entre ce texte et la signature mais nous sommes
très au courant. Nous n'avons pas du tout la prétention de ne pas
susciter une certaine résistance. En fait, pour une réforme qui
bouscule pas mal d'habitudes, je dois dire qu'en gros il semble y avoir tout de
même un consensus, et je suggérerais au député de
Chicoutimi de peut-être lire certains éditorialistes. Je crois que
dans la plupart des cas et n'allons pas sous estimer leur importance
parce qu'ils sont souvent très près des problèmes
locaux...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai beaucoup de
respect pour les éditorialistes, mais un éditorialiste ne peut
pas nous aider, nous, parlementaires, dans notre travail. Cela peut apporter un
éclairage, mais un éditorialiste peut-il nous faire
connaître le point de vue des groupes, des associations organisées
de la même façon que ces groupes ou ces associations pourraient le
faire s'ils venaient devant nous? Avec tout le respect que je dois aux
éditorialistes qui sont capables de prendre le pouls et donner leur
opinion, je préfère, de toute façon, obtenir les
renseignements de première main par des organismes. C'est la raison pour
laquelle j'ai demandé au ministre s'il y avait eu des protestations et
si le ministre entendait en tenir compte.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De quelle façon en tenir compte? Les
entendre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Eh bien, nous avons, lors des consultations,
parce qu'une opération de cette envergure doit quand même
s'asseoir sur un certain consensus, autrement elle ne marche pas... La preuve
c'est qu'on n'a pas réussi avec le bill 62 et le bill 28 et qu'il me
parait important, dans l'intérêt de l'île de
Montréal, que nous réussissions cette fois-ci.
C'est la raison pour laquelle nous avons rencontré pratiquement
tous les groupes pour essayer de voir jusqu'à quel point nous collions
aux réalités montréalaises et nous arrivions à
définir la meilleure solution dans les circonstances. Ceci ne signifie
pas que tous les groupes vont emboîter le pas. Ce serait miraculeux si
d'un seul coup aucun groupe ne s'estimait plus ou moins lésé dans
ce qu'il peut considérer comme ses droits ou si tous les groupes
arrivaient à s'abstraire de leurs intérêts particuliers
légitimes pour envisager uniquement l'intérêt
général. Nous pensons travailler pour l'intérêt
général.
M. CHARRON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Richmond m'a
demandé la parole il y a déjà un certain temps.
M. BROCHU: M. le Président, j'aimerais aussi faire certaines
remarques et poser une couple de questions précises au ministre
relativement au projet de loi. Mais d'abord, j'ai besoin de mentionner que j'ai
été un peu surpris lorsque le ministre a refusé à
la commission parlementaire de siéger pour entendre les
différents groupements. J'ai été surpris pour une
deuxième fois, parce que je m'attendais au point de départ
â ce que, même avant d'amener le projet de loi au niveau de la
deuxième lecture à l'Assemblée nationale, le ministre
lui-même demande la convocation de cette commission parlementaire pour
permettre d'entendre les groupes concernés, les corps
intermédiaires, pour entendre leurs revendications, leurs suggestions et
leurs commentaires sur le projet qui nous est présenté, parce que
l'on sait très bien que le projet de loi 71 est tout à fait
nouveau, c'est-à-dire qu'il n'est pas du tout le projet de loi 28 que
nous avons connu. Donc, sur la question de principe, lorsque nous avons
discuté en commission parlementaire du projet de loi 28, lorsque nous
avons entendu les différents groupements, ceux-ci sont venus s'exprimer
dans l'optique d'une loi qui était le bill 28, une loi de
restructuration scolaire sur l'île de Montréal. Donc, je
m'attendais à ce moment-là à ce qu'avant même de
présenter la deuxième lecture de ce projet de loi, le ministre
lui-même demande la convocation de cette commission parlementaire pour
que les groupes puissent être entendus, puisqu'il s'agissait d'un projet
de loi complètement différent qui visait peut-être
soi-disant les mêmes grands objectifs, mais qui n'avait pas du tout les
mêmes moyens pour y atteindre. Car les implications du projet de loi 71
ne sont pas les mêmes que celles dont on faisait état lors de la
discussion du projet de loi 28. J'ai été énormément
surpris et un peu déçu, parce que je me suis demandé si le
ministre considérait que le projet de loi 71 avait beaucoup moins
d'importance que le projet de loi 28, et parce que son
prédécesseur avait accepté la commission
parlementaire.
A mes yeux, le projet de loi 71 n'est pas moins important, même
si, dans sa nature, il peut être un peu différent du projet de loi
28, il n'en demeure pas moins important et je crois, à mon sens,
à son envergure et à sa portée. Je ne me prononce pas ici
sur le bien-fondé du projet de loi, mais je dis simplement que, dans son
envergure et dans son importance, à mes yeux il n'est pas moindre que le
projet de loi 28. Le ministre a bien mentionné de toute façon
qu'il s'agissait là d'une étape à parcourir en vue d'en
arriver à atteindre les grands objectifs qu'il s'était
fixés et, à moins d'erreur, je ne pense pas me tromper en disant
que les objectifs sont demeurés les mêmes qu'au moment de la
présentation du projet de loi 28. Mais cette fois-ci, imbu d'un
souci d'une extrême prudence, imbu aussi du souci de ne pas vouloir
chambarder trop les structures déjà existantes, imbu
peut-être de la préoccupation d'éviter certains remous qui
pourraient être subséquents à la mise en application d'un
projet de loi, on prend un autre moyen, le moyen de procéder par
étapes. Donc, à mon sens, cela explique clairement que le projet
de loi a la même importance que le projet de loi 28, puisqu'il s'agit
simplement d'une étape, mais en vue des mêmes objectifs, si le
gouvernement maintient ses positions, et c'est la raison qui me faisait croire
que le ministre, lui-même, convoquerait cette commission
parlementaire.
J'aimerais peut-être avoir quelques explications
supplémentaires à ce sujet-là. Le ministre a parlé
de consultations, c'est dans la même optique que je veux lui en glisser
un mot aussi. Il a parlé de consultations de groupes de travail, mais
à moins que mes informations ne soient inexactes, je pense que les
groupes de travail qui ont été formés sont des groupes de
travail sous la juridiction ou sous la responsabilité du
ministère de l'Education. Donc, ces groupes de travail ne retrouvent
dans leur sein ni les corps intermédiaires ni les groupements qui auront
à vivre à l'intérieur des structures de cette
loi-là. On demande à des groupes de travail qui font
déjà partie du ministère chargés de trouver des
moyens de mettre en application certains objectifs de se prononcer sur une
étape à franchir dans ces objectifs.
Ceci, à mon sens, est peut-être un peu anormal ou, à
ce moment-là, qu'on ne parle pas tout à fait d'une consultation
dans le sens qu'on l'a laissé entendre. S'il s'agit simplement de
groupes de travail du ministère, qu'on dise simplement qu'il s'agit de
groupes de travail du ministère chargés d'évaluer la
situation et chargés de faire des recommandations, mais en soulignant
bien que ces groupes seraient chargés de faire des recommandations dans
le même sens, s'il vous plaît, que le ministre a demandé par
rapport à ses objectifs.
Donc, on ne peut pas, à mon sens, se baser sur ces groupes de
travail, si tel est le cas, pour être en mesure de prendre une
décision ou de prendre position dans la question qui nous
préoccupe. Et surtout, on ne peut pas parler de consultation.
Deuxièmement et cela je pense que le député
de Chicoutimi vient de le souligner assez clairement les
députés d'Unité-Québec comme ceux du Ralliement
créditiste du Québec, ont reçu des informations de
différents groupements, de différents corps
intermédiaires, d'associations qui sont directement reliés au
milieu de l'enseignement, qui ont ces préoccupations. Ces gens nous
informent qu'ils n'ont pas été consultés et que, tout
récemment, ils ont eu l'occasion de prendre connaissance pour la
première fois du projet de loi 71. Je me demande vraiment si on s'est
préoccupé de fournir aux individus la possibilité
d'être entendus, de faire des suggestions positives ou négatives,
de faire les critiques voulues pour bonifier le projet de loi, pour ceux qui
étaient d'accord, et je dois en conclure que cela n'a pas
été fait.
Je réitère ma position à ce sujet. Si tel est le
cas, comme je le crois, on se sert simplement du bill 71 comme paravent pour
franchir une première étape en vue de la même
restructuration scolaire. Première étape qui sera peut-être
plus facilement avalée, peut-être plus facilement
digérée et qui, surtout, permettra, comme je l'ai
déjà mentionné, au gouvernement de ne pas prendre
définitivement position mais de reporter toute la responsabilité
au niveau du conseil scolaire de l'île, qui fera les recommandations.
Donc, cela permet tout simplement une douce quiétude, une
mélancolie joyeuse où on peut rester calmement assis dans un
fauteuil de ministre et dire: Les autres régleront les problèmes
pour moi.
Je déplore énormément cette situation. Je ne suis
pas contre le projet de loi 71. J'en fais une question de principe,
c'est-à-dire que, vu l'importance et l'envergure de ce projet de loi, vu
les implications immédiates qu'il aura par son application, vu les
implications à plus long terme qu'il aura par la portée des
autres projets de loi, de ses petits frères au bill 71 qui seront
apportés dans cette grande famille de projets de loi qu'on a l'intention
de mettre au monde pour en arriver vraiment à la restructuration
scolaire de l'île de Montréal, telle que le ministre le veut comme
objectif, je peux difficilement accepter cela comme principe ou comme
méthodologie de travail, parce que je me dis que c'est une question
d'honnêteté dans le fond aussi face à la population.
Si on a accordé autant d'importance au projet de loi 62, si on a
accordé autant d'importance au niveau de projet de loi 28 par les
travaux qu'on a effectués à la commission parlementaire lorsque
nous avons entendu les groupes, je me dis que nous n'avons pas le droit
à ce moment-ci de nous soustraire à cette obligation
démocratique de respecter les gens que nous représentons ici et
nous devons les entendre.
C'est pourquoi j'ai été extrêmement surpris parce
que le ministre, à différentes occasions, même à
l'intérieur des objectifs de son projet de loi, parlait de
démocratisation du système d'enseignement. Or, je me demande si
le premier pas à faire pour cette démocratisation n'est pas de
permettre aux gens impliqués, à ceux qui auront à vivre
à l'intérieur de ces structures, d'émettre leur opinion en
connaissance de cause, parce qu'ils en sont eux aussi à une
première étape, celle ce prendre connaissance du projet de loi en
question.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt le député qui a fait une très bonne
intervention, je pense. Nous avons essayé de tenir compte le plus
possible des aspirations
de la population. Le simple fait que nous ayons et je suis
sûr que le Ralliement créditiste en sera conscient voulu
respecter le statu quo en ce qui concerne la confessionnalité le
manifeste bien. Cependant, cette question de consultation sous forme de
commission parlementaire a fait l'objet d'un débat que nous avons
vidé hier ou avant-hier, je pense, lors de l'amendement du Ralliement
créditiste, précisément.
Je veux bien y revenir, mais brièvement, et je crois que la
meilleure réponse que je pourrais donner est qu'il faut
considérer le bill 71 dans l'optique d'un processus évolutif.
Si on ne procède pas de cette façon, je me demande quand
nous réussirons à apporter des changements importants sur
l'île de Montréal. C'est d'une complexité
considérable, ça bouleverse énormément d'habitudes,
d'idées préconçues. Cela mobilise énormément
de préjugés aussi.
Il y a des moments où les débats doivent se faire, il y a
d'autres moments où il faut admettre qu'il convient de passer à
l'action. Et dans la grande évaluation dont nous avons parlé,
nous sommes venus à la conclusion qu'il fallait passer à l'action
et que si nous ne le faisions pas, c'est toute la collectivité
montréalaise qui en souffrirait.
C'est la raison pour laquelle je me suis opposé à une
remise à six mois et également parce que, sur le plan de
l'échéancier, nous remettions certaines réformes
importantes comme, en particulier, la réforme du système de
taxation à pratiquement deux ans, en tout cas à l'exercice 75/76
alors que, pendant ce temps-là, les problèmes ne font qu'empirer,
et ils empirent très vite.
Je suis convaincu que les députés montréalais du
Parti québécois en sont parfaitement conscients. Dans l'optique
de ce processus évolutif, il est certain que énormément de
groupes ont pu se faire entendre et que énormément de
mémoires ont été présentés. C'est l'analyse
des témoignages de ces groupes, l'analyse de ces témoignages
présentés qui a permis d'en arriver à la formulation
actuelle.
Nous avons choisi une technique qui est une technique de consultation,
qui nous a permis d'essayer de juger le plus possible des réactions des
divers milieux, des possibilités d'application de ce que nous songions
à faire.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: D'accord, allez-y.
M. BROCHU: A ce moment-ci, le ministre donne, pour appuyer sa prise de
position la motion créditiste qui veut remettre à six mois
l'étude du projet de loi pour permettre d'entendre les groupes
comme raison principale, une raison d'ordre tout à fait
général. Lorsque le ministre parle de processus évolutif,
de permettre une accélération dans la mise en application des
structures, ces choses-là, je pense que ça ne répond pas
tout à fait exactement au problème précis...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'ai tenté de
répondre au député.
M. BROCHU: Oui, d'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons vraiment fait le débat, et
l'affaire est classée.
M. BROCHU: D'accord, mais je me demande pourquoi, lors de l'étude
du bill 28, vous aviez accepté la commission parlementaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, parce que c'était la
deuxième étape dans le processus évolutif qui en comporte
trois et peut-être quatre ou cinq, si on remonte jusqu'au rapport Parent
en passant par le rapport Pagé.
M. BROCHU: D'accord mais, sur le rapport Parent, on peut s'entendre, il
n'a jamais été mis en application.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut voir le projet actuel comme
l'aboutissement d'un ensemble de discussions sur l'île de Montréal
et d'un ensemble de consultations qui se poursuivent depuis dix ou quinze ans.
Il faut le voir comme le moment de prendre une décision, sinon nous
risquons d'ouvrir encore un débat qui sera interminable, de faire
revivre toutes les résistances qui sont considérables à
des changements de cet ordre et le Ralliement créditiste en est
conscient puisqu'il en traduit un certain nombre. Je respecte ce point de
vue.
M. BROCHU: Alors...
M. PAUL: En résumé, M. le Président, si j'ai bien
compris le ministre, il a refusé la convocation de la commission
parlementaire pour éviter que les groupes de pression se
présentent et fassent des représentations. Il
m'intéresserait d'en connaître davantage sur la justification d'un
texte de loi tel que nous le retrouvons.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une interprétation, M. le
Président, et vous me permettrez de ne pas la partager. J'ai simplement
fait un exposé lors de ce débat et je me demande si le
règlement nous permet d'y revenir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, vous me rassurez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le même débat.
M. PAUL: La commission est toujours maître de sa
procédure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'ailleurs, c'est le même
débat.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai simplement, lors de ce débat, alors
qu'il s'agissait de remettre à six mois le projet de loi pour le
retarder, d'une part et, d'autre part, permettre éventuellement la
constitution d'une commission parlementaire, fait valoir deux séries
d'arguments. La première série d'arguments portait sur j'y
fais appel très rapidement l'échéancier et les
conséquences que ça pouvait avoir. Et la deuxième
série d'arguments portait sur le fait que nous avions tenu compte de
l'ensemble des opinions exprimées et nous nous situions dans l'optique
d'un processus évolutif.
J'ai également alors fait état du nombre de
mémoires, du nombre de séances, du nombre d'heures qui avaient
été consacrés au problème global de la
restructuration scolaire sur l'île de Montréal.
Et la preuve que nous parlons au fond toujours du même
problème, c'est que tout ce que l'Opposition a dit en deuxième
lecture, ou même depuis le début de ce débat en commission,
touche à l'ensemble du problème.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait de
reprendre son expression, c'est une expression passe-partout, son
procédé évolutif? Le député de Richmond a
signalé tout à l'heure un point de vue qui me parait
intéressant. Sans reprendre toute la question du débat, de remise
à six mois de l'examen du projet de loi, le député de
Richmond a dit ceci: Le projet de loi 28 avait tel objectif, dont celui de
l'unification scolaire de l'île de Montréal avec tout ce qui s'y
rattachait. Le projet de loi 71 ne parle plus d'unification mais du
développement scolaire de l'île de Montréal. Il s'agit donc
de deux projets de loi différents, de deux objectifs globaux
différents. Les objectifs généraux peuvent être les
mêmes mais l'objet formel, comme on l'appelle rigoureusement en
philosophie, est différent. Dans cette perspective, compte tenu des
représentations qui commencent déjà à lui parvenir,
des témoignages d'appréciation ou de refus, compte tenu des
demandes qui lui sont faites d'audiences devant la commission parlementaire,
est-ce que le ministre croirait que de différer d'un mois, pas tellement
l'examen du projet de loi comme tel, mais l'adoption du projet de loi, pour
permettre à ces gens-là de venir nous dire ce qu'ils pensent, ne
serait pas de nature à rassurer tous les groupes et à nous
permettre, à nous, de voir exactement dans quelle mesure ce que le
ministre nous propose est conforme aux représentations qui lui ont
été faites au cours des consultations qu'il a dit avoir
menées? Je ne crois pas qu'un délai de quelques semaines mettrait
en péril le projet de loi lui-même et, surtout, empêcherait
l'application dans des délais très normaux de tous les
mécanismes qu'il se propose de mettre en place par le projet de loi
71.
Je trouve que, à cet égard, la proposition du
député de Richmond est sensée parce qu'il est très
clair que nous allons continuer de recevoir des télégrammes, des
demandes de gens qui nous diront: Ce n'est pas tout à fait conforme
à ce que nous avons dit. Ce n'est pas ce que nous avons demandé.
Nous n'avons pas pris connaissance du projet de loi. D'ailleurs, les
télégrammes que j'ai lus tout à l'heure l'indiquent.
Alors, je demande cela au minsitre. Comme il s'agit de deux projets de loi dont
l'objet formel est différent, je le prie de me dire s'il ne verrait pas
utilité à entendre ces gens-là, ne serait-ce que le temps
de quelques séances de la commission parlementaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne peux que me répéter. J'ai
exposé l'état des discussions, des consultations jusqu'ici. J'ai
clairement exprimé que je ne souhaitais pas que l'on reprenne l'ensemble
de ces discussions.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON : Les réponses que le ministre a fournies aux
questions de l'Opposition, en particulier celles du député de
Bourget portant sur cinq hypothèses, nous ont permis de franchir un pas
considérable dans l'information que nous cherchions à obtenir
avant de procéder article par article. Le ministre a expliqué que
son choix à lui est basé sur certains principes, sur certaines
craintes aussi. C'est fait et c'est le privilège du gouvernement. Il a
expliqué pourquoi chacune des hypothèses, en particulier celle du
statu quo, qui est la plus facile à expliquer, a été
rejetée. Il y en a une, la deuxième, qu'il a lui-même
définie, celle où il aurait été possible, à
son dire et cela a été envisagé par un des
comités d'étude qu'il avait implantés à son
ministère de concrétiser, par la loi au besoin, les
pouvoirs que COCSIM possédait, enfin la possibilité que COCSIM
devienne une structure permanente. Il a aussi parlé d'étendre
l'application du bill 291 à l'île de Montréal.
Quant à moi, je ne vois pas de différence fondamentale
avec le projet de loi 71, entre cette hypothèse et celle retenue par le
ministre. J'aimerais que le ministre brièvement, parce que je vais
m'astreindre à être bref, moi aussi, dans les questions qui vont
suivre reprenne l'argumentation sur cette hypothèse en
particulier et qu'il dise pourquoi il l'aurait rejetée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'apprécie le
fait que le député de Saint-Jacques ait tenté d'être
le plus bref possible. D'abord, je précise que COCSIM n'a aucun pouvoir
et que lui donner des pouvoirs, c'était établir de façon
discrétionnaire un conseil. C'était l'établir sans avoir
de représentation démocratique au départ. La façon
dont nous procédons dans le projet de loi 71, c'est que nous
établissons un conseil, mais nous l'établissons à partir
d'un préregrou-
peinent, ce qui lui donne une base démocratique;
préregroupement qui, le nom l'indique, n'est pas un regroupement
définitif, puisqu'il respecte les frontières des deux grands
blocs. Le préregroupement a quand même l'intérêt
d'unifier un certain nombre de commissions scolaires, la majorité des
petites commissions scolaires de l'île et permet de mettre en place un
système de représentation pondéré: un
représentant par unité, un certain nombre de représentants
supplémentaires pour la CECM et un représentant
supplémentaire pour le Protestant School Board of Greater Montreal. Une
simple loi qui aurait créé un conseil scolaire l'aurait
laissé, pour ainsi dire, dans l'air. Il faut quand même qu'il
puisse correspondre à une représentation. C'est la raison pour
laquelle nous avons conçu le projet tel quel. De plus, il faut se
souvenir que le conseil scolaire a un mandat très précis. En plus
des pouvoirs et des responsabilités qu'il a, son mandat est d'arriver
à une carte scolaire suivant un échéancier. Or, il
était encore impossible de donner un tel mandat à un organisme
qui n'aurait pas déjà une base de représentation. Nous
avons cru que le préregroupement constituait déjà une
amorce intéressante. Parce que si vous vous souvenez, dans mon discours
de deuxième lecture, j'ai fait état de toute une série de
critères que nous avions tenté de respecter en faisant ce
préregroupement. Qu'on n'aille pas croire que ce sont des choses simples
parce qu'il y a beaucoup d'intérêt en jeu. Un de ces
critères a été que nous ne voulions pas créer de
situations que nous aurions à défaire. Nous ne voulions pas, en
même temps, préjuger d'une option, quelle qu'elle soit.
M. CHARRON: C'est exactement là que j'accroche mon grelot. Vous
ne vouliez pas créer de situations que vous auriez à
défaire. Le projet de loi 71, si on en prend la parole du ministre et
surtout si on en prend les lettres même... Je sais que nous ne sommes pas
encore à cet article, mais vous savez très bien, d'après
ce que vous avez entendu dans les discours de deuxième lecture, qu'une
des caractéristiques du projet de loi 71 est de dire que ça
n'écarte pas la restructuration scolaire que ça la retarde. On ne
sait pas sur quel principe elle se fera mais le conseil scolaire sera
lui-même mandaté pour la préparer. De toute façon,
si c'est là l'argument pour réfuter l'hypothèse no 2, sur
laquelle le ministre et ses fonctionnaires ont travaillé, le même
argument peut se rapporter au projet de loi 71, parce que lui aussi va
installer une structure. Moi, je suis de l'avis du député de
Verchères, je crois qu'elle va être à
perpétuité. Pour ce qui est du ministre de l'Education, il dit:
Non. Je prends à la lettre les propos du ministre: Le conseil devra
fournir un plan particulier en vue d'une restructuration graduelle. On va
même plus loin que cette étape. Lorsque le conseil scolaire aura
fourni une fois de plus un rapport, en espérant que cela se traduise par
une volonté gouvernementale à cet effet, il faudra changer
de gouvernement on procédera encore une fois de façon
graduelle. Le ministre a écarté l'hypothèse des
unifications dans le vibrant plaidoyer qu'il a donné contre l'appui
qu'il avait donné au bill l'année dernière; il expliquait
qu'il en avait contre l'unification immédiate, disait-il, à cause
des tensions, à cause des difficultés d'adaptation. Il se
demandait comment on allait apprendre à fonctionner là-dedans,
puisque le regroupement allait se faire en 1975. Mais le projet de loi 71
n'écarte pas ça non plus. A notre avis, oui. Je me sens dans une
drôle de position de le dire parce que je crois comme je l'ai dit
en deuxième lecture, je ne m'écarterai pas davantage du
règlement que c'est une consécration des forces
actuelles.
On les renforce actuellement beaucoup plus qu'on ne les rapproche. Le
ministre me dit: Non; en y allant par étape, on va les rapprocher. C'est
donc qu'il y aura cette tension de façon perpétuelle. C'est donc
que la structure qu'on implante n'est que temporaire et encore, celle qui
naîtra, puisqu'on doit proposer par restructuration graduelle
après le rapport de 1975, aura aussi un caractère temporaire. Que
faudra-t-il penser des tensions, des difficultés d'adaptation, de
l'insécurité des groupes à l'intérieur de cela? Si
c'est la raison qui a fait retirer par le gouvernement le bill 28, alors qu'on
propose, à la différence du bill 28, dans le bill 71 d'allonger
la période de tension le député de Verchères
disait lui-même, en refusant de procéder par étape, en
présentant le bill 28: J'aime autant régler le problème
une fois pour toutes, en admettant, comme nous le disions nous-mêmes
à l'appui du projet de loi, que ce ne sera pas sans difficulté
parce qu'on dérange des intérêts établis depuis 100
ans je ne vois pas comment le ministre a réfuté les
hypothèses sur des prétextes ou des raisons et comment ces
mêmes prétextes et ces mêmes raisons réapparaissent
dans l'application du projet de loi qu'il nous présente.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne reviendrai pas sur tout ce que j'ai dit,
mais je vais essayer d'apporter deux ou trois éléments
nouveaux.
D'abord, le député de Saint-Jacques a encore cité
le député de Verchères, l'ancien ministre de l'Education.
Je le reporte à ce qu'il a déclaré lui-même lors de
son discours hier, pendant la deuxième lecture.
M. CHARRON: II s'était aligné comme vous vous étiez
aligné sur le projet de loi 28.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Si cela vous intéresse, il n'y a eu
aucun conciliabule entre nous deux. Le député de Verchères
a suivi une évolution.
M. CHARRON: J'ai trop de respect pour le député de
Verchères pour croire qu'il mentait l'année dernière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'a pas menti comme je n'ai pas menti en
donnant mon vote.
M. CHARRON: II n'a pas menti. C'était son opinion. Maintenant, il
est obligé de s'aligner sur la politique du gouvernement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas du tout l'impression qu'il a
donnée.
M. CHARRON: En tout cas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II a bel et bien expliqué qu'une
situation comme celle-là devait être considérée dans
le temps, devait tenir compte des leçons du passé. Le
député de Verchères a donné son appui entier et
inconditionnel à l'approche actuelle. Ce qui ne signifie pas qu'il
n'aurait pas préféré...
M. CHARRON: Vous aviez fait la même chose l'année
dernière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre!
M. PAUL: M. le Président, pourquoi criez-vous à
l'ordre?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Un orateur à la fois.
M. PAUL: Quand il parle, vous n'arrêtez pas le ministre. Qu'est-ce
que vous faites?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le ministre avait la parole.
M. PAUL: Pardon, c'est le député de Saint-Jacques.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): II lui a laissé la parole. La parole
est au ministre à l'heure actuelle.
M. PAUL: On commence à en avoir assez de votre partisanerie
aveugle.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Vous n'avez pas la compétence d'en
juger.
M. PAUL: Cela fait longtemps que vous êtes meilleur pour
cracher.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On suivra le règlement qu'on
s'imposera.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Ce n'est pas à vous d'en juger. A
l'ordre! La parole est au ministre de l'Education.
M. PAUL: M. le Président, vous n'êtes qu'un petit
dictateur. Ayez donc la décence de vous retirer. Vous êtes un
président impuissant, incapable. La tâche vous écrase.
Débarrassez-nous donc.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, nous allons essayer
d'apporter un peu d'ordre dans tout cela. Je pense que la structure actuelle en
soi représente une amélioration considérable par rapport
au statu quo. Je n'ai pas besoin de revenir sur les différents objectifs
que nous croyons pouvoir atteindre. Ils sont de taille croyez-moi. Ensuite, il
y a un mandat qui est effectivement un mandat ouvert pour une nouvelle carte
scolaire. Il m'apparait, ainsi qu'à mes collaborateurs, impossible de
faire une carte scolaire qui ne serait pas je m'excuse de revenir sur
cette expression évolutive.
Un seul exemple: les clientèles scolaires, ne serait-ce
qu'à la CECM, vont diminuer considérablement dans les trois ou
quatre années à venir. Nous allons passer d'une population de
plus de 209,000, à, à peu près, 170,000 ou 175,000 et
peut-être encore moins. Cela signifie que toute division qui ne se fait
pas dans le temps risque d'être une division qui ne tiendra pas compte de
tous les facteurs; ce qui est extrêmement important.
Il est donc certain qu'il y aura des propositions suivant
l'échéancier concernant une carte scolaire. Ce qui reste ouvert,
c'est l'option.
Est-ce que cette proposition se fera en fonction d'une unification ou en
fonction d'un respect de la confessionnalité? Je crois, avec plusieurs
autres, qu'il appartient véritablement au milieu qui a à vivre ce
genre de réforme, de définir cette option.
Ce mandat a déjà une bonne amorce, parce qu'il ne s'agit
pas de reprendre toutes les études qui ont été faites.
COCSIM, ce Conseil de coordination scolaire de l'île de
Montréal, dont j'ai parlé tout à l'heure au moment
où nous étudiions le préregroupement axé sur deux
objectifs: premièrement, amorcer une restructuration définitive
et, deuxièmement, permettre la mise en place d'un conseil de
façon démocratique, étudié plusieurs cartes. Il y a
même une de ces cartes qui a été rendue publique et qui a
inquiété considérablement à tort, puisque ce
n'était pas la carte que nous avions l'intention de retenir en
particulier les anglo-catholiques. C'est une carte qui touchait, de
façon assez importante, au territoire de la CECM. Il s'agissait
là d'études préliminaires et nous avons opté pour
la carte qui créait le moins de difficultés administratives pour
le moment, tout en nous permettant d'atteindre les deux objectifs.
Je ne peux pas préjuger de l'avenir; c'est, d'ailleurs, parce que
je ne veux pas le faire que je propose cette approche plutôt qu'une autre
qui imposerait une structure dont je vous ai exposé certains
désavantages, basé sur l'analyse politique qu'a faite le
gouvernement actuel.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... le ministre, répondant à la
question du député de Saint-Jacques, nous disait tout à
l'heure que l'unification, telle qu'on l'avait conçue au départ
dans l'optique du projet de loi 28, était de nature à provoquer
des tensions. Le ministre nous dit que le processus que l'on amorce
actuellement en procédant graduellement va probablement réduire
ces tensions et permettre éventuellement un regroupement tel
qu'idéalement on pouvait l'avoir conçu. Mais le ministre
pourrait-il répondre à l'objection suivante: Ne pense-t-il pas
que les gens, les groupes, appelons-les comme ça, qui pouvaient
créer ces tensions vont, en vertu du nouveau projet de loi, se trouver
dans une situation qui leur permettra de se mieux organiser et, par
conséquent, d'accroître considérablement ce
phénomène de tension à mesure que l'on tentera de
procéder à un regroupement de plus en plus marqué et
systématique?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, les remarques du
député de Chicoutimi sont tout à fait pertinentes. Je ne
prétends pas que les tensions vont disparaître; elles vont
certainement continuer. Elles sont inscrites dans la nature de la situation
montréalaise. Il faut surtout penser aux mécanismes que nous
mettons en place. Or, le préregroupement, qui va très loin parce
qu'il fait passer l'île de 33 commissions scolaires à 8, est
viable en soi, si ce n'est pour l'existence des deux blocs de la CECM et du
Protestant School Board of Greater Montreal. Or, ces deux organismes sont
d'accord, et l'ont d'ailleurs manifesté publiquement, pour qu'on les
morcelle, mais ne souhaitent pas et je suis tout à fait d'accord
avec cette interprétation que ce soit fait de manière
parcellaire. C'est ce qui nous a empêchés de donner suite à
un projet de carte préparé par le Conseil de coordination
scolaire de l'île de Montréal, un comité où toutes
les commissions scolaires sont représentées et qui touchait, dans
cette première phase, au territoire de la CECM. Il y avait, en plus,
l'argument que nous diminuions, à ce moment-là, la
clientèle des anglo-catholiques, ce qui pouvait donner un certain
fondement à des revendications, alors qu'actuellement ils ne peuvent
plus se baser sur cela.
Ces commissions scolaires, si vous considérez la carte, existent
donc, sont donc viables. Elles comportent des disparités au point de vue
des clientèles scolaires, qui ne sont pas tellement
considérables, pas plus considérables qu'à Toronto
où vous trouvez, par exemple, encore des petites commissions scolaires
de 15,000 élèves à côté de commissions
scolaires de 100,000. L'expérience a été faite dans
d'autres zones urbaines du continent nord-américain. Ceci n'est
peut-être pas l'idéal, mais montre tout de même la tendance
et la difficulté de procéder, de sorte que, dans un plan
définitif, tout ce qu'il resterait à faire, ce serait de morceler
et il y a déjà un certain nombre de directions qui se
présentent la CECM, par exemple.
Un territoire comme Montréal-Nord pourrait très bien
être rattaché à la commission scolaire no 6. Ce sont des
hypothèses, mais ce sont des hypothèses que le milieu doit vivre.
En effet, tout changement de la carte scolaire qui ne tient pas compte de
l'implantation des écoles, qui coupe, par exemple, à
côté d'une école alors que la clientèle est de
l'autre côté, qui ne tient pas compte des facteurs
démographiques, du bassin de population ne sera pas viable.
C'est pour cela qu'on ne peut pas d'emblée imposer neuf, dix ou
onze commissions scolaires et dire: Sortez-nous une carte comme cela. Ce que
nous faisons, ce sont huit commissions scolaires, en admettant qu'il y en a
deux qui ne sont pas modifiées et ce sont ces deux-là qui devront
rattacher certaines de leurs parties aux autres unités administratives
qui, de toute façon, dans cette première étape, se
trouvent déjà viables. Alors, je ne crois pas que, au plan du
regroupement proprement dit, il y ait des difficultés. Je vois pour ma
part des avantages, même si ceci ne fera pas disparaître les
tensions et les discussions. Il faut bien s'en rendre compte.
M. LAURIN: M. le Président, dans les statistiques que le ministre
nous citait tout à l'heure, il faisait état d'une diminution
graduelle de la clientèle scolaire à la CECM. S'il a à sa
disposition ces statistiques, est-ce qu'il pourrait nous dire si elles
prévoient la même diminution en ce qui concerne les
anglo-catholiques, étant donné qu'au cours des dernières
années le pourcentage des anglo-catholiques a augmenté
considérablement? Puisque le ministre a parlé également
d'échéancier, quelles sont les "prélignes", si on peut les
appeler ainsi, qui ont été étudiées par le
ministère en ce qui concerne le regroupement, à la lumière
de cette descente d'un côté et peut-être,
éventuellement, de cette escalade de l'autre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, ces statistiques sont
publiques, elles ont été rendues par la CECM elle-même il y
a quelques mois.
M. LAURIN: Elle ne sont pas publiées quant à l'origine
linguistique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, elles ne le sont pas en soi d'ailleurs,
parce que malheureusement la cueillette de statistiques sur l'ile de
Montréal n'est pas du tout adéquate. Nous tentons actuellement
d'en arriver à une meilleure définition pour savoir je sens
bien quelle est la préoccupation du député de
Bourget et je la partage quelle est l'origine ethnique et la
langue des différentes clientèles scolaires. C'est
extrêmement trompeur et nous n'arrivons pas à avoir un tableau
d'ensemble. Il faut dire que dans cette baisse de clientèle, il n'y a
pas que le facteur de dénatalité; il y a et c'est le
facteur le plus important la migration qui va du centre vers la
périphérie et qui est un phénomène constant partout
au pays. Alors, je pense que c'est à peu près, dans l'état
actuel des choses, la meilleure réponse que je puisse donner.
M. LAURIN: II n'y a pas de statistique précise.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas de façon satisfaisante, mais c'est en
cours de route. Je pense, que nous pourrons obtenir ces statistiques et qu'un
regroupement qui devra toucher la CECM et qui devra toucher le Protestant
School Board of Greater Montreal... Il y a là un accord qui a
été exprimé publiquement par ces organismes, mais à
la condition que ceci se fasse dans un plan d'ensemble.
Si nous avions décidé dans cette étape de toucher
de façon mineure à la CECM et au Protestant School Board of
Greater Montreal, nous aurions eu des problèmes d'intégration de
personnel. Nous les aurons, mais nous les aurons dans le cadre d'un
regroupement qui n'ampute pas des territoires, qui ajoute aux territoires. Ce
n'est pas du tout la même chose.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, le ministre fait mention et
je porterai mes questions essentiellement là-dessus de COCSIM et
de ce que COCSIM a pu réaliser. Il a mentionné les trois groupes
de travail, les trois sujets principaux qui avaient attiré l'attention
des membres du conseil. Je voudrais demander au ministre si, par exemple, il a
été, en quelque mesure, possesseur des rapports de ces
comités de travail de COCSIM et si les commissions scolaires membres de
COCSIM l'ont été ou s'il n'y a eu que discussion sans qu'il n'y
ait de rapport. Est-ce que les travaux, les recherches, les études et
les enquêtes qu'ont pu mener les membres de ce conseil ont donné
lieu, jusqu'ici sur le territoire montréalais, à des
décisions? En ce sens, est-ce que les commissions scolaires ont eu, par
suite de l'entente, comme résultat d'une entente au niveau du COCSIM,
à prendre des dispositions nouvelles quant à leur politique
à l'égard des milieux défavorisés? Je pense en
particulier à la CECM qui les comprend à peu près tous, ou
à Verdun. Est-ce que, dans les autres domaines, il y a eu des
décisions de prises?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, c'est
l'inconvénient d'un organisme comme
COCSIM. Il a été lent à démarrer, il a
été créé sur l'initiative de mon
prédécesseur, c'est le 18 janvier 1972 que ce dernier a
invité les commissions scolaires au moins à se réunir,
étant donné que la loi 28 n'avait pas pu voir le jour. Par la
suite, ces rencontres n'ont pas été extrêmement
fréquentes, il y a eu toute une structuration à faire. Il a fallu
inventer un type de représentation à peu près
satisfaisant.
Il y a d'abord eu un comité ad hoc et ce n'est qu'en mai que le
Conseil de coordination scolaire de l'île de Montréal a
été véritablement formé. J'ai assisté
à la deuxième réunion. La première a eu lieu le 16
juin 1972 et, immédiatement, on a mis en place ces comités. Mais
ces comités, qui n'ont aucun pouvoir décisionnel, ont simplement
fait des recherches et ont présenté des rapports
préliminaires, que je n'ai pas vus et que je n'ai pas à voir,
pour l'instant du moins, le 20 septembre. Par la suite, j'ai rencontré
COCSIM pour discuter des projets que nous entretenions et pour l'y
sensibiliser; je l'ai fait à quelques reprises au cours du mois de
septembre. Donc, l'histoire de l'organisme est courte et a quand même
fait la preuve que, même s'il était utile que les gens se
rencontrent et échangent sur certains sujets communs, on ne peut pas
espérer d'action précise de ce point de vue. Il faut un organisme
avec des pouvoirs.
M. CHARRON: Ce n'est que depuis septembre que COCSIM est saisi du
problème de la restructuration ou du...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non!
M. CHARRON : Comment cela s'appelle-t-il? Le développement
scolaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est à ce moment-là que j'ai
rencontré COCSIM en tant que groupe organisé, mais COCSIM a
été saisi du problème depuis le début.
M. CHARRON: En plus des trois comités ad hoc, COCSIM travaillait
déjà à un projet qu'il avait. Est-ce que cela était
dans les mandats?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): COCSIM a mis sur pied un certain nombre de
structures qui lui paraissaient utiles, les trois comités dont j'ai
parlé, lesquels comités, d'ailleurs, pourront servir d'amorce
à des comités analogues au niveau du conseil scolaire. Ce sont,
à bien des points de vue, peut-être pas les mêmes gens, mais
des gens qui représenteront les mêmes commissions scolaires qui se
retrouveront au niveau du conseil. Mais c'est lorsque j'ai rencontré
COCSIM que je lui ai parlé des projets que nous entretenions. J'ai
invité en même temps un comité de COCSIM à se
pencher sur la question de la carte scolaire. Je lui ai dit ce que je vous ai
dit à vous, qu'il s'agissait pour le ministère d'aller le plus
loin possible dans un préregroupement, d'ailleurs extrêmement
compliqué, sans se créer de
difficultés telles que l'on ne réussirait pas à
franchir cette première étape. Je dois souligner que COCSIM est
un organisme un peu particulier. Son président est le sous-ministre
adjoint Beauregard, qui a constamment suivi les activités depuis le
début et qui est particulièrement chargé du dossier
il est actuellement à Montréal, il sera parmi nous demain
concernant la restructuration scolaire. Il a été élu
président par le groupe lui-même.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre sait si les rapports des
comités ad hoc de COCSIM ont donné lieu à des
décisions par les différentes commissions scolaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Cela n'a pas donné lieu à des
décisions et je crois que c'est un des inconvénients de ce genre
d'organisme. On peut parler de problèmes très longtemps mais il
est extrêmement difficile d'arriver à appliquer certaines mesures
puisqu'il n'y a pas d'autorité derrière. Il n'y a pas de
pouvoir.
M. CHARRON: Dans sa structure, est-ce que ce sont les comités ad
hoc, individuellement si on peut dire individuellement pour
comité qui faisaient rapport aux commissions scolaires ou si le
rapport du comité devait d'abord être accepté par la
structure officielle de COCSIM avant qu'il ne soit transmis à chacun de
ses membres?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Il s'agit d'un organisme assez informel. Il
n'y a pas eu à ma connaissance je viens de vérifier
auprès d'un de mes collaborateurs d'acceptation de rapports
très préliminaires de ces différents comités. En
revanche, j'ai invité l'organisme à se pencher sur plusieurs
hypothèses de carte scolaire. Nous en avons eu une bonne demi-douzaine
avant d'arriver à celle qui a fait l'objet d'un consensus suffisant. Il
y a eu rapport au groupe mais sans qu'il n'y ait de décision
structurée et ferme.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Bourget.
M. LAURIN: Dans les hypothèses que le ministre a
mentionnées tout à l'heure et dont il nous a fait rapport, je me
demande s'il n'en a pas oublié une ou s'il n'a pas oublié de nous
parler de l'une d'entre elles, c'est-à-dire la similarité
possible entre le système à établir sur l'île de
Montréal et le système qui prévaut dans
l'agglomération urbaine de Toronto. Un article récent nous
faisait connaître que M. Aimé Nault, qui a été
prêté par l'Alliance des professeurs de Montréal au
ministère depuis un certain nombre de mois, avait effectué une
étude du système métropolitain à Toronto, qu'il en
avait établi les points de similarité et de divergence avec la
situation à Montréal, qu'il avait marqué les
progrès que cette organisation avait faits à Toronto et qu'il
avait tenté de voir si telle ou telle formule appliquée à
Toronto ne pouvait pas être appliquée à
Montréal.
Il faisait état de ces conclusions disant que peut-être, au
Québec, on avait tendance à trop bureaucratiser ou à
trop...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Si le député de Bourget veut
me permettre... On nous annonce que le café du parlement va fermer
à 5 heures.
M. LAURIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Lafranche): Nous voudrions suspendre la séance
pour une dizaine de minutes pour permettre à tout le monde de se
restaurer. Nous reviendrons dans une dizaine de minutes.
M. LAURIN: C'est une excellente idée, M. le Président.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
Reprise de la séance à 17 h 8
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Nous reprenons la séance. Le
député de Bourget veut terminer sa question.
M. LAURIN: Je voulais la reformuler quelque peu. Je disais que, parmi
les hypothèses que nous avait mentionnées le ministre, il y en
avait peut-être une qui, sans qu'on doive l'appeler une hypothèse,
pouvait mériter quelques commentaires de sa part. C'était la
visite qu'un des fonctionnaires de son ministère, anciennement
attaché à l'Alliance des professeurs, donc, qui s'y connaît
en éducation, avait effectuée à Toronto pour comparer le
système qui est en vigueur dans cette agglomération urbaine avec
celui qui fonctionne à Montréal. Il a commenté cette
visite au profit d'un journaliste récemment, dans un article que j'ai lu
avec un grand intérêt, d'ailleurs. Sans pousser davantage ma
question, j'aimerais bien que le ministre élabore davantage sur la
mission qu'il a confiée à M. Nault, ainsi que sur les
résultats qui en ont été soumis au ministre, et sur la
façon dont ce qu'il a appris de cette visite pouvait éclairer la
conception qu'il avait pu se faire du système qu'il fallait mettre en
place à Montréal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec plaisir. M. Nault fait partie du groupe
pilote, si j'ose m'exprimer ainsi, de travail que j'ai mis sur pied lorsque
j'ai commencé l'étude du dossier de la restructuration scolaire
de l'île de Montréal. A la suite d'une rencontre avec le ministre
de l'Education de l'Ontario, lors d'une réunion du conseil des ministres
du Canada, je lui ai fait part de mes projets dans le domaine de l'organi-
sation scolaire de la région métropolitaine de
Montréal. Je voulais être un peu mis au courant de son
expérience. Il a suggéré que nous puissions poursuivre
l'affaire et m'a offert d'envoyer un fonctionnaire, le cas
échéant, ce que j'ai voulu faire.
M. Nault est donc allé, avec deux autres fonctionnaires du
même groupe, en mission à Toronto pour étudier non
seulement la structure, mais également la façon dont le tout
avait été appliqué. Ceci nous a été
extrêmement utile et a fait partie des nombreuses études que nous
avons tentées avant de formuler l'hypothèse que nous avons
retenue. Un des éléments les plus importants que nous avons,
d'ailleurs, conservé, que nous avons appliqué, c'est l'existence
d'un comité de directeurs généraux.
Vous constaterez, lorsque nous discuterons des articles, que nous
implantons partout, dans chaque commission scolaire, un directeur
général qui a des pouvoirs délégués, mais
précis et que le président des commissions scolaires n'est pas un
fonctionnaire, qu'il est là au titre qui lui revient. Nous avons
pensé qu'à l'instar de Toronto un comité de directeurs
généraux pourrait rendre de très grands services.
En fait, on nous a informés qu'à Toronto, c'est
véritablement le comité des directeurs généraux,
qui relève du conseil, bien sûr, qui a permis la mise en place de
la structure métropolitaine.
Par ailleurs, j'ai déjà fait état tout à
l'heure des disparités qui existent à Toronto; je vous ai
parlé d'une commission scolaire d'une quinzaine de milliers
d'étudiants alors qu'il y en a une autre de 100,000. Je ne dis pas que
c'est souhaitable et je ne crois pas d'ailleurs que le ministre de l'Education
d'Ontario le croie. Mais il a bien indiqué que c'était
extrêmement délicat de vouloir procéder trop rapidement
dans les modifications de territoire. Nous en étions conscients, bien
sûr, mais cette expérience nous a été utile.
M. CHARRON: Quel âge a cette structure scolaire à
Toronto?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle est effectivement jeune, pas plus que cinq
ans.
M. CHARRON: Je sais que notre débat ne porte pas sur la structure
scolaire de Toronto.
M. LAURIN: J'ai quand même remarqué que, dans le rapport
que M. Nault faisait de cette visite au reporter qui l'a interviewé, il
y avait quand même une différence fondamentale entre la situation
qui prévalait à Toronto et celle qui prévalait à
Montréal. C'est qu'à Toronto, le problème linguistique ne
se pose pas. A cause de ce fait, il se sentait beaucoup plus libre
d'élaborer des solutions qui pouvaient s'inscrire au titre de la pure
rationalité administrative, puisqu'on a affaire à un bassin
homogène au point de vue culturel aussi bien qu'au point de vue
linguistique. Est-ce que M. Nault, dans l'étude qu'il vous a remise, a
fait état de cette différence? Deuxièmement, s'il a fait
état de cette différence, est-ce qu'il vous a fait des
suggestions quant à l'adaptation qu'il faudrait faire du système
qu'il a étudié à Toronto à la situation qui
prévaut à Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas eu de rapport formel. C'est au
cours de réunions du groupe de travail que j'ai posé des
questions sur l'organisation de Toronto, sur leur mission. Au cours de ces
diverses réunions, nous avons effectivement discuté à
maintes reprises du problème linguistique pour en venir à la
conclusion dont j'ai fait état à plusieurs reprises qu'il ne
fallait pas mêler le problème linguistique au type de
restructuration que nous tentions. Je ne dis pas que le problème
n'aurait pas pu être abordé autrement. Je ne dis pas qu'on
n'aurait pas pu envisager d'autres solutions. Mais c'est celle que nous avons
choisie. Ce qu'il y a d'analogue avec la situation torontoise, c'est l'aspect
confessionnel, soit dit en passant. L'aspect confessionnel, parce que l'article
93 de la constitution canadienne s'applique presque partout, pas partout, me
dit-on, car il semble que Terre-Neuve ait un statut un peu particulier à
ce point de vue, parce que Terre-Neuve est venue dans la
Confédération tardivement.
M. CHARRON: II y a aussi une autre question concernant la structure
torontoise. Le député de Bourget signalait la différence
culturelle entre la ville de Toronto et la ville de Montréal. Je voulais
poser une question au ministre, sans faire un débat sur la structure
torontoise, puisqu'elle a le ministre l'a admis lui-même
assez largement inspiré le ministère, en particulier sur ce
conseil des directeurs généraux. Je pense que lorsqu'on
l'abordera, on s'apercevra que c'est drôlement important dans la
structure. Je veux dire qu'elle l'a inspiré dans un endroit important de
loi qui occupe notre attention.
Est-ce que, de quelque façon que ce soit, la structure torontoise
jeune, comme vient de me l'affirmer le ministre, a un caractère
transitoire? Il n'est pas question d'unification pour eux, mais est-ce qu'il
est inscrit, dans le plan de création de ces structures, qu'un jour, il
n'y aura plus de disparité, par exemple, entre 15,000 ou 100,000 au
niveau des commissions scolaires, et qu'on procédera à un
regroupement sur d'autres choses?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président. Ils se sont
inspirés d'un rapport, on vient de me le préciser, le rapport
Goldenberg, qui vise à en arriver à peut-être quatre ou
cinq unités. Je vous ai peut-être laissé entendre, dans
certaines de mes explications, qu'on pouvait se diriger, suivant l'optique que
l'on avait, vers la constitution de quatre ou cinq unités, pour une
population métropolitaine analogue à celle de
Montréal, ou la constitution de dix ou douze unités. D y a
plusieurs thérories possibles. On peut prétendre que des
commissions scolaires relativement petites, avec des populations de 20,000 ou
30,000 élèves, permettent un meilleur contact avec la population
et avec les parents. On peut aussi prétendre que des commissions
scolaires comportant un nombre d'élèves plus élevé,
50,000 ou 60,000 et même davantage, permettent de meilleurs services
scolaires.
N'oublions pas et c'est une caractéristique du projet
montréalais comme du projet toron-tois que la mise en place d'un
conseil scolaire vise tout de même, non pas à absorber tous les
services des commissions scolaires, loin de là, mais à permettre
l'établissement de services communs. En particulier, dans des domaines
qui amèneraient des recoupements de dépenses. Je peux vous donner
un exemple qui se concrétisera rapidement une fois qu'il y aura un
conseil scolaire sur l'île de Montréal. C'est l'informatique. La
CECM a, actuellement, un service d'informatique qui suppose des investissements
élevés, dans les millions de dollars, qui ne sert qu'à la
CECM et qui ne sert même pas aux petites commissions scolaires
limitrophes, bien qu'il y ait des ententes entre commissions scolaires et que
les choses ne se passent quand même pas si mal.
Ce genre de services deviendrait un service général et
serait applicable à l'ensemble.
M. LAURIN: M. le Président, dans le rapport que M. Nault a fait
au ministère, est-ce qu'il a fait état de la façon dont on
avait tenu compte des exigences, ou des besoins, ou des intérêts
de la minorité scolaire francophone de Toronto qui, quand même,
dans certains quartiers, revêt une certaine importance? Est-ce qu'on a,
par exemple, créé, dans l'agglomération torontoise, des
commissions scolaires différentes, spécifiques, distinctes, pour
la minorité francophone? Etant donné que la situation
montréalaise est particularisée du point de vue linguistique,
cela pourrait nous indiquer de quelle façon les esprits ouverts peuvent
régler cette question quand ils n'ont pas les problèmes
passionnels que nous avons.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'abord, je n'irai peut-être pas
jusqu'à dire que les problèmes passionnels n'existent pas chez
nos excellents amis ontariens. Non, M. le Président. L'équipe,
dans le cadre de l'étude, encore une fois, qui n'était pas
axée sur Toronto, n'avait pas pour fins de faire une étude
exhaustive du système ontarien. Nous nous sommes surtout
intéressés à certains aspects administratifs. Je vous ai
cité la disparité des commissions scolaires, le processus
évolutif pour favoriser des fusions plus équilibrées et
surtout et c'est ce qui a motivé la mission ce
comité des directeurs généraux, lequel constitue vraiment
une innovation dans notre système.
M. LAURIN: Mais le ministe est-il au courant que, dans certains
quartiers de Toronto, il y a une minorité scolaire francophone
très importante et que, dans ces quartiers de Toronto, on n'a quand
même pas jugé bon de donner aux francophones des commissions
scolaires autonomes, distinctes, séparées? Ils doivent faire
comme aurait dû faire la minorité dans l'ancien bill 28, dans les
commissions scolaires qu'on avait prévues dans certains secteurs de
l'île de Montréal, fonctionner sur une base même pas
unifiée, mais de bonne volonté, à l'endroit d'une
majorité qui lui accordait ce qu'elle croyait devoir lui accorder.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je suis au courant, mais
je pense que nous n'avons peut-être pas à juger ici de
l'expérience ontarienne. Nous nous sommes axés, nous, sur les
besoins de la situation montréalaise.
M. LAURIN: Je voulais simplement signaler par là que tous les
projets de loi que nous avons présentés jusqu'ici, soit le projet
de loi 62, le projet de loi 28 et encore davantage le projet de loi 71, sont
beaucoup plus généreux à l'endroit de nos minorités
que le modèle torontois l'est à l'endroit de la minorité
francophone. Je me demandais si cela pouvait inspirer l'action du
ministère.
M. CHARRON: M. le Président, je voulais poser une question au
ministre, question que je garde en réserve depuis une affirmation qu'il
a faite au cours d'une de ses réponses cet après-midi. Lorsqu'une
décision fut prise quant au choix d'une des hypothèses, parmi les
cinq qu'il avait, est-ce qu'à l'intérieur même de cette
hypothèse qui nous est présentée, d'autres projets sur le
même principe et la même approche du problème ont
été édifiés au ministère de l'Education? Et
a-t-il fallu trancher, soit là, soit au conseil des ministres, entre
différents projets pour favoriser le développement scolaire de
l'île de Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si je comprends bien le sens de la question du
député de Saint-Jacques, il se demande si le conseil des
ministres a été choisi des différentes hypothèses
ou seulement d'une hypothèse privilégiée. Est-ce cela?
M. CHARRON: Je précise. J'admets que le conseil des ministres a
dû être saisi, je crois, d'une seule hypothèse, celle que
vous avez privilégiée parmi les cinq. Est-ce exact?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. Bien que les
délibérations du conseil des ministres soient évidemment
privées, je n'ai pas d'objection, dans la mesure où j'ai eu
à prendre certaines responsabilités, à vous informer. J'ai
d'abord présenté un certain nombres d'hypothèses au
conseil des ministres avec une recom-
mandation qui en privilégiait une. Je ne présente jamais
un projet sans permettre des options. C'est une façon de travailler,
mais il est normal qu'une des options fasse l'objet de recommandations. Un
dossier complet a ainsi été discuté.
M. CHARRON: D'accord! Mais, dans cette hypothèse que vous
privilégiiez, que vous signaliez au conseil des ministres, y avait-il
d'autres projets que le projet de loi tel qu'il est fignolé
actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans le cadre de cette hypothèse, il faut
savoir comment un projet de loi est conçu et rédigé
c'est peut-être ce que veut dire le député de Saint-Jacques
par l'expression "fignolé" pour en comprendre le cheminement.
Nous obtenons d'abord une décision de principe sur un projet qui n'a pas
encore reçu de rédaction définitive. Ensuite, il y a un
comité, qui est le comité de législation, qui doit...
M. CHARRON: Ce n'est pas ce que je vous demandais. Je clarifie ma
question. Je suis au courant de ce processus. Ce que je veux savoir, c'est
qu'une fois que vous aviez décidé de procéder par
étapes il y a différentes façons de procéder
par étapes vous choisissez celle où vous vous contentez
d'installer le suffrage universel enfin, vous me direz que c'est un gain
majeur, moi, je dis: vous vous contentez d'installer le suffrage universel, ce
que tout le Québec avait un conseil scolaire qui était
déjà embryonnaire dans COCSIM. Vous lui remettez la question
épineuse du projet. C'est comme ça que celui-là se
présente. Il aurait pu y avoir une autre façon de procéder
toujours dans l'hypothèse où vous y allez par
étapes de faire les étapes moins longues, que, par
exemple, déjà dans cette étape première que
constitue le projet de loi 71, on savait très bien qu'on s'en allait
vers une unification au bout, qu'elle ne l'était pas là, mais
qu'elle pouvait apparaître au bout ou l'inverse également. Est-ce
qu'on a étudié tout ça? J'imagine qu'il ne suffit pas de
dire: On a choisi de travailler par étapes. Encore faut-il que les
étapes soient claires. Dans l'esprit du ministre, je pense que la
première est très claire. C'est celle qui est
rédigée à l'article 1 du projet de loi 71. La
deuxième, celle sur laquelle il veut arracher notre confiance, ne nous
apparaît absolument pas claire, à nous, comme au
député de Verchères, et absolument douteuse quant au but.
Vous pouvez me faire croire que ce n'est qu'une étape et que la
deuxième, celle d'une véritable structuration qui
répondrait aux besoins, vous m'avez répondu ça lors du
débat de deuxième lecture, qui renforcerait la structure
scolaire, qui correspondrait encore mieux aux objectifs que tout le monde a en
tête, va nécessairement venir. Vous laissez ça à un
prochain gouvernement. C'est une solution assez facile, vous l'admettrez avec
moi. Mais il y aurait eu moyen, je pense et le sont peut-être des
projets que vous aviez sur table et que vous avez refusés, c'est ce que
je vous demande d'avoir un projet de loi où l'étape
suivante, elle, est déjà visible dans le premier mais n'est pas
consacrée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, d'abord la question du
député de Saint-Jacques comporte un grand nombre de jugements de
valeur. Je n'ai pas l'intention d'y revenir, mais je tiens à le
souligner pour que ma réponse, qui se voudra le plus ouverte possible,
ne donne pas lieu à une espèce d'approbation. Ces jugements de
valeur portent sur les opinions parfaitement légitimes du
député de Saint-Jacques, dont il a fait état en
deuxième lecture. Je n'y reviens pas. Je n'ai pas l'intention de donner
des détails des discussions au conseil des ministres. Je crois avoir
répondu de façon exhaustive aux questions qu'on m'a posées
sachant très bien que nous n'étions peut-être pas
dans la légalité dans le but d'éclairer les
débats et peut-être de les raccourcir. Nous n'avons pas voulu
définir et c'est l'option que nous avons prise
l'unification comme étant nécessairement un but en soi. Nous
avons voulu laisser les options ouvertes et le mandat du conseil est clair
à cet égard.
M. CHARRON: Je pense que l'étape, à moins que mes
collègues n'aient d'autres questions à poser, a été
beaucoup plus utile que le débat de deuxième lecture où on
a plus paraphrasé qu'expliqué le projet de loi. Je pense que nous
pouvons procéder à l'article 1.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 1. Carte scolaire
M. CHARRON: L'article 1, M. le Président, nous oblige à
faire référence aux annexes, donc à travailler quelques
minutes à la carte scolaire.
Est-ce que je pourrais demander au ministre si cette carte est une de
celles que lui avait fournies le COCSIM?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Les choses ne se sont pas passées
ainsi. Nous avons étudié, dans nos groupes de travail, un certain
nombre d'hypothèses; nous en avons fait part au COCSIM, toujours dans
cette structure qui est, encore une fois, une structure de consultation. Nous
avons demandé à COCSIM de nous aider à envisager certaines
possibilités; COCSIM nous a proposé une autre possibilité
qui allait plus loin que celle-ci et finalement, à l'analyse de tous les
résultats, nous avons choisi la carte qui apparaît au projet de
loi.
M. CHARRON: Est-ce que de toutes les cartes que COCSIM vous a
présentées, il s'en trouvait une où le territoire du
Protestant School Board of Greater Montreal et le terri-
toire de la CECM étaient ceux qui figurent aux annexes de la
loi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): COCSIM n'a pas eu à nous présenter
de cartes. Je viens de dire que nous avons demandé un rapport à
COCSIM et que COCSIM nous a suggéré une carte qui ne correspond
pas à celle-ci. Nous avons choisi de ne pas toucher, dans la carte de
COCSIM, comme d'ailleurs dans deux ou trois des cartes du ministère,
nous touchions au territoire de la CECM et du Protestant School Board... Nous
avons décidé de ne pas y toucher et j'y reviens, il y avait des
raisons précises. La première, c'est que nous nous sommes rendus
compte qu'il valait mieux morceler, dans le cadre d'une restructuration
définitive, à cause des problèmes administratifs et des
problèmes de personnel, alors que cela ne créait pas de
difficultés de regrouper, si je m'explique bien... En second lieu, il y
avait le problème des anglo-catholiques qui faisaient état des
difficultés qu'ils pourraient avoir si leur population scolaire
diminuait brutalement; ce qui aurait été le cas si on avait
morcelé la CECM ou si on avait détaché de la CECM deux ou
trois parties.
M. CHARRON: En tout et partout, combien de projets de cartes ont
été faits, soit par le ministère, soit par COCSIM?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a jamais eu de projets
numérotés. Tout cela s'est fait au cours de réunions de
travail, il nous est arrivé parfois d'en considérer 10, 15 ou
20.
Nous travaillions une carte et nous nous demandions de quelle
façon telle population réagirait, quelles étaient les
affinités, et je ne reviens pas sur les critères dont j'ai
parlé. Je dirais que nous nous sommes penchés sérieusement
sur peut-être une ou deux cartes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans la confection des cartes, dans la
délimitation des territoires, de quelle façon le ministère
a-t-il tenu compte des clientèles et du principe de
représentation par la voix d'un membre au conseil scolaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La voix de?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... d'un membre au conseil scolaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme il est expliqué dans le projet de
loi, chaque unité administrative il y en a huit je ne sais si je
réponds à la question, j'y réponds comme je la comprends
a un représentant, mais comme deux blocs à ce stade
persistent, la CECM et le Protestant School Board of Greater Montreal, un
facteur de pondération est introduit, de sorte que quand un membre
supplémentaire est ajouté au Protestant School Board of Greater
Montreal, quatre membres supplémentaires sont ajoutés à la
CECM.
M. CHARRON: Je ne voudrais pas empêcher le député de
Chicoutimi de poser sa question, parce qu'il me semble qu'elle est
effectivement liée à ce que nous discutons, mais j'aimerais
régler une question de division territoriale d'abord...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est à cela que je...
M. CHARRON: Je sais que cela est lié mais...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... veux en venir. Si le député
me permet, il pourra faire ses observations... Je voudrais savoir une chose et
c'est précisément le sens de la question que j'ai posée au
ministre, comment a-t-on procédé à ce découpage des
cartes en fonction des clientèles? Si je regarde les chiffres, par
exemple, pour les commissions scolaires de l'ouest: 21,815; centre-nord:
15,875; sud-ouest: 21,905; Verdun: 12,945; CECM: 219,655; est: 30,045. Ensuite,
pour les commissions scolaires protestantes, Lakeshore: 14,410, et le
Protestant School Board of Greater Montreal: 58,330. Je voudrais poser une
question au ministre ici. En ce qui concerne les commissions scolaires
protestantes, je suis moins informé que ne le sont les gens de
Montréal de la situation scolaire, mais en ce qui concerne Lakeshore,
pourquoi avoir fait cette division en deux commissions scolaires protestantes,
celle de Lakeshore et celle du Protestant School Board of Greater Montreal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Lakeshore existe déjà et il y
avait treize commissions scolaires qui faisaient partie du Protestant School
Board of Greater Montreal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pourquoi en avoir fait deux? C'est
peut-être naif, ce que je demande au ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce qu'elles existaient
déjà.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Etant donné qu'elles existaient
déjà, dans mon esprit, si le député de
Robert-Baldwin me le permet cela n'a pas d'importance qu'elles
existaient déjà, à moins justement que les gens qui
connaissent mieux le milieu me le disent pourquoi avoir fait deux
commissions scolaires et ne pas avoir réuni ces deux blocs, le bloc de
Lakeshore et celui du Protestant School Board of Greater Montreal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut en revenir aux principes que nous avons
voulu appliquer et aux critères qui nous ont servi. Il ne s'agit pas
d'une restructuration définitive. Il s'agissait de bousculer le moins
possible les clientèles scolaires, les structures établies,
à cause de la complexité de l'opération, et d'en arriver
quand même à améliorer la situation sur l'île. C'est
ce
que nous avons fait. Il ne faut pas chercher dans ce
préregroupement un équilibre des populations, bien qu'il en
existe un fort comparable à ce qui se retrouve dans d'autres centres
urbains. Il faut davantage chercher le résultat de fusions qui se sont
faites en fonction de la proximité, bien sûr, en fonction des
affinités de sorte que nous sommes passés, en particulier dans la
commission no 2 à 15,000 élèves par la fusion de trois
commissions scolaires.
Mais nous aurions pu envisager une fusion forcée qui nous aurait
permis d'arriver à un nombre plus élevé. Nous avons conclu
que cela n'était pas notre option en ce moment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous parlez d'affinités, etc. Qu'est-ce
qui empêchait de regrouper Lakeshore et le Protestant School Board of
Montreal?
Est-ce que ce sont des raisons historiques, des raisons d'organisation
actuelle, d'habitudes, etc.?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, toutes ces raisons sont
intervenues mais il y a également la raison que nous ne voulons pas
préjuger du nombre de commissions scolaires. Nous voulions partir du
statu quo, l'organiser de la façon la plus intéressante possible
et, ensuite, ce sera infiniment plus facile d'envisager un plan global de
restructuration.
On peut parfaitement se retrouver avec quatre ou cinq commissions
scolaires sur l'île de Montréal, ce n'est pas du tout exclu, comme
on peut se retrouver avec une douzaine de commissions scolaires. Ce n'est pas
simple, ce sont là des analyses qui doivent être faites par les
populations et par les milieux concernés.
M. SEGUIN: M. le Président, le ministre a peut-être
considéré que, depuis la guerre et peut-être un peu avant,
la commission protestante, soit le Western School Board ou le Lakeshore
Regional School Board ou les entités protestantes de l'ouest de
l'île, ont peut-être été un peu avant-gardistes en ce
qui concerne la réforme de l'éducation dans la province.
Ces commissions ont été, au cours des années,
peut-être un peu plus progressistes que ne l'a été le
Montreal Protestant School Board comme tel. Je reconnais la possibilité
d'une argumentation bien approfondie sur cette question-là.
Dans ce secteur, la population est environ à 50 p.c. catholique
et 50 p.c. protestante. A l'intérieur du secteur catholique, la
moitié est d'expression française et l'autre, d'expression
anglaise ou irlandaise. Il faut quand même reconnaître cette
entité de l'ouest qui est un peu différente, j'en conviens ici,
de la Commission scolaire catholique de Montréal et du Greater Montreal
Protestant School Board.
Je répète avant-gardiste. Je ne nommerai personne mais le
ministère reconnaîtra sûrement que des personnages de cette
commission sont venues au ministère de l'Education pour coopérer
au développement avant-gardiste en ce qui concerne l'éducation en
général.
Des exemples au secondaire. On a avant bien d'autres lancé le
projet de Subject Promotion, où les étudiants étaient
regroupés selon leurs talents, leurs désirs, etc. C'était
avant même qu'on ait entendu parler de ça, dans le Protestant
School Board of Greater Montreal. Il y a aussi une autre facteur,
peut-être que le ministère l'a considéré, pour
justifier cette différence, cette disparité entre l'ouest et
d'autres secteurs au point de vue de la population scolaire. La croissance de
la population est beaucoup plus rapide, dans ce secteur-là, qu'ailleurs
sur l'île de Montréal.
Je me demande si le ministre a pu considérer ça en faisant
cette répartition pour l'ouest. Notre population présente est
près de 250,000, non pas scolaire mais générale, en
estimant à environ 2.5 le nombre d'enfants dans une famille. C'est
à peu près le chiffre qu'on emploie dans l'ouest
présentement.
Nous aurons une population de 500,000 dans très peu de temps,
à cause de la croissance qui se fait. Je me demande si le ministre a
considéré ces faits-là et c'est probablement là la
base des ententes qu'on a faites. On a regardé le potentiel de
croissance du secteur comparé à d'autres potentiels qui,
peut-être, n'existent pas, soit au centre de Montréal ou dans
d'autres parties de l'île.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie le
député de Baldwin des renseignements qu'il nous fournit. Le fait
que cette partie de la population de Lakeshore, l'organisation scolaire
j'entends, ait manifesté plus de dynamisme, un esprit plus progressiste,
est-ce que cela n'aurait pas dû inciter le ministère à
joindre les deux groupes afin qu'ils mettent en commun des énergies qui
semblent être plus vivaces du côté de Lakeshore qu'elles ne
le sont du côté du PSBGM?
Je ne comprends pas tellement la raison qui explique la création
de deux commissions scolaires protestantes à proximité l'une de
l'autre. L'argumentation du député de Baldwin me convainc qu'on
aurait eu profit à joindre des gens plus dynamiques à d'autres
qui, dans son esprit, le seraient moins.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas eu création de deux
commissions scolaires. Elles existent. Nous sommes partis du statu quo. Nous
avons voulu l'organiser et l'améliorer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si j'ai employé le mot création,
il est inexact. Mais je dis: pourquoi en maintenir deux quand on aurait pu n'en
faire qu'une?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est certainement une hypothèse qui
pourrait être considérée au moment d'une restructuration
définitive.
Mais, pour l'instant, ce n'était pas du tout le but que nous
cherchions et il y a de très nombreux facteurs qui militent en faveur,
j'ai cru les mettre en évidence, d'étapes, et le
député de Robert-Baldwin a souligné des facteurs
sociologiques qui existent. Je vous ai parlé également de
facteurs administratifs, de facteurs de population, de facteurs de
bouleversement et tout cela a été évalué. Nous
avons cherché je le répète avec plaisir
à aller le plus loin possible sur la base d'un prérecrutement, en
déterminant le moins de difficulté possible sur le plan
administratif de manière à ne pas trop bousculer les populations
et donner sa chance à l'implantation d'une réforme d'envergure
qui est l'installation d'un conseil scolaire sur l'île de
Montréal.
C'est ce que nous avons voulu accomplir et non pas une restructuration
définitive. Si c'était une restructuration définitive,
j'applaudirais le député de Chicoutimi et je dirais que cela ne
tient absolument pas debout que d'avoir 200,000 étudiants là et
15,000 ailleurs. Cela va de soi. Et c'est bien pour ça que nous avons
inventé une formule qui permette de pondérer les
représentations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le député me le permet, en
définitive, je ne veux pas prêter d'intention au ministre mais,
dans sa considération de la situation et de ce mouvement évolutif
dont il parle souvent, est-ce que le facteur déterminant de ces
divisions qui apparaissent, tant du côté catholique que du
côté protestant, n'a pas été d'abord et avant tout
de ne pas déranger, d'une part la CECM, et d'autre part, le Protestant
School Board of Greater Montreal?
M. SEGUIN: Pas du tout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est quelque chose qui nous saute aux yeux.
On se dit: il y a une sorte de statu quo qui est maintenu. On crée ou on
garde d'autres commissions scolaires existantes et on se garde bien de toucher
à ces deux éléments majeurs qui, on le sait, ont toujours
été en opposition et les grands adversaires et du projet de loi
62 et du projet de loi 28.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est l'opinion du député de
Chicoutimi, ce n'est pas la mienne. En fait, on touche à la CECM et
d'une façon importante. On n'y touche pas sur son territoire mais sur sa
représentation, précisément pour permettre d'avoir un
conseil scolaire équilibré. Si la CECM avait, per capita, le
nombre de représentants qu'elle pouvait avoir dans cette optique, ce ne
serait pas quatre représentants supplémentaires qu'il faudrait
ajouter, ce serait peut-être dix ou quinze.
Nous avons donc essayé, pour éviter les
déséquilibres, de compenser le fait que nous ne touchions pas le
territoire. Pour tous ceux qui savent ce que représente une
réorganisation de territoire, il faut bien admettre que ceci ne peut se
faire que dans un plan d'ensemble. Seulement l'aspect intégration du
personnel, avec tous les aspects syndicaux, les aspects conventions
collectives, est aujourd'hui d'une complexité considérable. Par
conséquent, nous pensons que nous obtenons les fins que nous cherchons:
amorcer un regroupement et permettre la mise en place d'un conseil qui doit
quand même être mis en place à partir d'une base.
M. CHARRON: Je comprends très bien le sens des observations du
député de Chicoutimi et aussi bien en prévenir le ministre
immédiatement. Le député de Chicoutimi a un souci que nous
partageons, parce que nous allons étudier ce projet de loi, de l'article
1 au tout dernier, comme si c'était cela la restructuration scolaire du
gouvernement. Le ministre de l'Industrie et du Commerce, ancien ministre de
l'Education, nous avait convaincus l'année dernière que
procéder par étapes était l'équivalent de ne pas
procéder du tout. Nous lui avions donné notre appui sur cette
conception. Il disait: Continuer à faire croire aux gens que la
réforme viendra plus loin, c'est ouvrir le débat à
perpétuité, c'est aussi bien admettre, puisqu'on permettrait de
"renforcer les forces", qu'elle n'arrivera jamais. Il nous en avait convaincus
et nous n'avons pas changé d'idée là-dessus.
D'autre part, serait-elle même temporaire, cette réforme?
Elle l'est au moins à Montréal pour les quatre prochaines
années, au texte même de la loi, au moins pour les quatre
prochaines années, et attendons qu'aux termes de la loi, le conseil
scolaire ait soumis son rapport. Attendons que le gouvernement, quel qu'il
soit, l'ait pris en considération; que les intérêts
politiques se mettent alors à jouer autour du gouvernement en question,
quel qu'il soit. Cela peut être aussi bien nous que vous, vous que nous.
Que la situation démographique ait évolué constamment
pendant ce temps et que le rapport de forces soit débalancé. Vous
voudriez qu'on endosse ce projet presque ipso facto en disant: II y aura une
restructuration? On ne sait même pas je prends le vocabulaire du
ministre quelles seront les forces qui s'affronteront à ce
moment. Nous ne savons même pas s'il y aura un gouvernement semblable
à celui en face de nous, qui se dépêchera de trouver une
autre formule pour retarder la patate chaude encore de quatre ans, c'est bien
possible aussi. Nous ne pouvons pas, sur le territoire montréalais,
où la réforme est urgente, endosser une espèce de
chèque en blanc à une structure de directeurs
généraux qui se rencontreront, encore moins à un
gouvernement qui peut être aux aléas de la politique à peu
près n'importe quoi. C'est pourquoi aussi ne devrait-elle s'appliquer
que quatre années, cette structure. Elle arrive à Montréal
à un moment capital de l'évolution montréalaise,
à
un moment où l'application du bill 63, que ce gouvernement
s'applique à maintenir, commence déjà à faire mal
et nous grignote, morceau par morceau, les pouvoirs que nous avons encore sur
le contrôle de nos institutions scolaires. Il est possible,
prévisible, que certaines structures à majorité
francophone ne le soient plus dans quatre ans.
Le ministre s'est bien gardé de mentionner l'évolution
constante du groupement anglo-catholique, à l'intérieur de la
CECM et de la place qu'on devrait lui faire dans les cinq ou six sièges
qui sont prévus à la CECM et des trois nominations
gouvernementales.
Aussi bien le dire tout de suite au ministre. Si nous avons pris
tellement de temps, depuis le début de l'après-midi, pour
questionner le ministre sur ce qui était arrivé dans sa
tête et dans la mentalité du parti au pouvoir pour aboutir
à ce projet de loi, c'est que pour nous, de la façon que le
gouvernement contournait le problème pour éviter des solutions,
c'était la structure définitive.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, est-ce que je pourrais
poser une question au député de Saint-Jacques?
M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce qu'il parle pour les journalistes en ce
moment ou s'il parle pour nous? Je voudrais qu'on le précise, parce
qu'il ne fait que répéter tout ce qui a été dit en
deuxième lecture.
M. CHARRON: Je parle pour vous parce que j'ai écouté la
réponse que vous avez donnée au député de
Chicoutimi et, sans vouloir anticiper sur son jugement, j'ai l'impression
qu'elle l'a laissé aussi insatisfait que moi.
Si c'est de cette façon que vous pensez répondre à
chacune de nos questions, en nous disant que le projet n'est que temporaire et
que de toute façon la restructuration viendra, vous n'y répondrez
pas; vous vous heurterez à une opposition vive et vigoureuse.
J'aime autant vous le dire tout de suite. L'argument du
député de Chicoutimi sur les deux commissions protestantes
pour employer le langage hypocrite de notre constitution sur l'île
de Montréal... Je crains qu'en refusant de les altérer le
moindrement enfin on l'a fait un peu pour le "Protestant School Board of
Greater Montreal" par rapport au Lakeshore on ne fait que renforcer
l'existence de ses forces. On ne les touche pas. Ce sont ces mêmes forces
qui auront, d'après le mandat que leur confie l'article 593, à
nous préparer un plan de restructuration. Vous demandez à des
forces qui viennent d'être confirmées de s'autodétruire par
la suite, de se suicider dans un rapport qu'elles présenteraient au
ministre en disant: Voilà, nous acceptons de disparaître mainte-
nant, alors que vous savez très bien qu'au sujet du bill 28, elles
avaient été les seules à venir nous dire qu'elles
s'opposaient à l'unification. Tout cela fait que vous ne serez pas
surpris de l'attitude que nous allons maintenir autour de cela. La
restructuration scolaire dans l'esprit du Parti libéral c'est cela et
ça n'ira pas plus loin que cela. Cela ne sert à rien de nous
faire accroire que vous remettez la décision à un autre
organisme. Cet organisme est le fruit de cette décision, n'en accouchera
que ce que ce projet de loi lui permettra d'accoucher et c'est comme cela qu'on
en juge.
Quand le député de Chicoutimi s'inquiète, et
à bon droit d'ailleurs, de la disparité entre les deux
commissions scolaires protestantes, il pose des questions qui on le droit de
l'être. Car je m'inquiétais tout à l'heure, avant de lui
céder la parole, du fait que le territoire de la CECM était
protégé, tel qu'il était là actuellement. Le
ministre me répond: C'est un souci administratif d'abord, on n'a pas
voulu les déranger puisque, de toute façon, la véritable
restructuration devra arriver plus tard.
Je dis au ministre que la CECM, membre avec presque la majorité,
sinon le plus fort à l'intérieur du COCSIM a
présenté des projets de carte où elle acceptait
elle-même de diminuer son territoire. C'est donc qu'elle-même
soucieuse de son administration, devait quand même savoir que cela
n'occasionnait pas tant de difficultés que cela, même dans
l'étape première que pouvait constituer le bill 71, que son
territoire soit légèrement morcelé. Elle nous avait fait
le même raisonnement lorsqu'elle était venue témoigner sur
le projet de loi 28.
La deuxième raison que donnait le ministre, c'était que si
on touchait au territoire de la CECM immédiatement, ce seraient les
anglo-catholiques qui nous causeraient des problèmes. Je crois que c'est
là que réside beaucoup plus la raison pour laquelle le ministre a
fait reposer... Le groupe anglo-catholique est le seul qui soit actuellement
croissant sur le territoire montréalais en proportion, "because"
l'immigration, "because" le bill 63.
C'est le seul, au moment où les autres baissent et ont des
intérêts à protéger... Parce que lui est en force
grandissante, c'est lui qui a fait pression pour maintenir ce territoire tel
qu'il est, seule garantie qu'il pouvait obtenir; et encore, n'en est-il pas
satisfait.
Donc, j'ai voulu faire cette mise au point, M. le Président; je
remets la parole au député de Chicoutimi, c'est lui qui a ouvert
le feu et je trouve sa question là-dessus...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de
Robert-Baldwin.
M. SEGUIN: Est-ce que le ministre voudrait répondre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce serait peut-être, si vous permettez,
préférable. Je n'ai pas l'intention de reprendre des arguments
politi-
ques, on n'a parlé que de ça en deuxième lecture.
Le député de Saint-Jacques peut continuer à raconter ce
qu'il veut, je respecte son point de vue. J'ai exposé le mien.
Cependant, je veux tout de même préciser que je ne suis absolument
pas surpris qu'il n'endosse pas le projet. Il a voté contre en
deuxième lecture. Maintenant, s'il choisit de discuter une
restructuration qui se rapporte à celle du bill 62 et du bill 28, libre
à lui, je lui répondrai qu'il va passer à
côté du projet de loi comme il est passé à
côté du projet de loi en deuxième lecture. D'ailleurs,
c'est assez curieux de voir qu'un bloc-note dans un journal montréalais
aujourd'hui disait carrément: L'Opposition n'a pas compris. Et à
entendre la façon de réagir du député de
Saint-Jacques, j'ai pas mal cette impression.
M. CHARRON: Rappelez-vous ce que disait cet éditorialiste lors de
votre nomination au cabinet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas à juger les opinions des
autres. Je n'ai jamais passé le moindre commentaire là-dessus. Je
ne vois aucune relation de cause â effet. En ce qui concerne le
Protestant School Board et la CECM, il n'y a strictement aucune
différence de traitement entre les deux. Ce sont des commissions
scolaires, point. D y a tout de même une fausseté qui a
été dite ici, sans doute par manque d'information, par le
député de Saint-Jacques; il n'est pas exact de prétendre
que la CECM aurait volontiers accepté les modifications de territoire.
En fait, la CECM, lorsque nous avons envisagé ces hypothèses, s'y
est opposée, faisant valoir des arguments administratifs auxquels nous
nous sommes rangés et soulignant le problème des
anglo-catholiques, problème dont nous avons également pris
conscience. Les deux commissions scolaires ont été
traitées exactement de la même façon et continueront de
l'être. Le député de Saint-Jacques peut parfaitement
choisir de faire une question nationaliste de cette mesure administrative ,
c'est son droit; mais, je tiens à préciser ce qui est.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense que sans
vouloir faire de cette question une question nationaliste, encore qu'elle le
soit... Qu'on le veuille ou non, la réalité est là.
Justement, dans l'optique de cette situation évolutive dont se
plaît à parler le ministre de l'Education, je lui ai posé
tout à l'heure des questions demandant pourquoi on n'avait pas
réuni Lakeshore et le Protestant School Board of Greater Montreal.
Pourquoi, d'autre part, laissait-on subsister certaines commissions
scolaires dites catholiques? Le ministre me donnera des raisons
géographiques, administratives, etc. Je voudrais porter à son
attention, et à l'attention des membres de la commission, certains faits
que j'appelerai des distorsions ou des disproportions assez aberrantes dans les
mécanismes de représentation qui vont être ceux du conseil
scolaire de l'île de Montréal. Considérons, par exemple, le
fait que, pour la commission de l'ouest, je parle de la commission catholique,
il y aura un membre pour 21,815 étudiants; dans le centre-nord, un
membre pour 15,875; dans le sud-ouest, un membre pour 21,905; dans Verdun, un
membre pour 12,945; dans le cas de la CECM, 4 membres plus 1 membre anglais, un
membre pour 43,931 étudiants; celle de l'est, un membre pour 30,045
étudiants. Dans le cas des deux commissions scolaires protestantes, vous
avez un membre pour 14,410; dans le cas du Protestant School Board of Greater
Montreal, vous avez un membre pour 29,165.
Evidemment, il est assez difficile ici d'établir, dans le cas des
catholiques, quels sont ceux qui sont de langue française et de langue
anglaise, mais il apparaît très clairement, si on regarde
simplement le cas de la CECM, que vous avez un membre du conseil qui
représente 43,931 étudiants, qui parle au non de 43,931
étudiants; dans le cas du Protestant School Board, vous avez un membre
pour 29,000, et dans le cas de Lakeshore, un membre pour 14,000. Il y a
là des disproportions, il y a là des distorsions et, toujours
dans l'optique de cette situation évolutive dont parle le ministre des
Affaires culturelles, compte tenu d'une décroissance de la population
francophone de l'île de Montréal, population en
général et population scolaire, indépendamment des causes
je ne veux pas revenir sur la question de la loi 63 et sur ses effets,
les statistiques ne nous indiquent rien de très précis à
ce sujet-là mais lors même que la loi 63 aurait les effets
dont on parle, il est bien évident qu'il y a une certaine
décroissance de la population francophone et que les divisions
administratives projetées par le ministre, avec le mécanisme de
représentation au conseil scolaire de l'île de Montréal
risquent à un moment que je ne connais pas, qui peut être,
très bientôt ou dans deux ou trois ans de mettre
sérieusement en minorité le groupe francophone par rapport au
groupe anglophone, indépendamment de la confession religieuse.
Je m'aperçois qu'il est 6 heures.
Je livre cette dernière réflexion au ministre et
j'aimerais bien qu'à la reprise de nos travaux, il puisse me fournir des
renseignements et me dire statistiquement quelles ont pu être les
conclusions des fonctionnaires, des équipes de travail qui l'ont
assisté pour en arriver à un découpage qui, je le dis,
à longue échéance, me paraît devoir être
préjudiciable au groupe francophone. Je le mentionne sans aucune
intention d'animer des querelles passionnelles, des querelles sentimentales ou
des querelles nationalistes. Mais il y a quand même un fait. Il y a
l'existence d'une majorité francophone à Mont-
réal à l'heure actuelle et qui que ce soit d'entre nous
doit s'en occuper.
M. le Président, je vous signale qu'il est 6 heures.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 8 h 15 ce soir.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 25
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs !
Lors de l'ajournement, la parole était au député de
Chicoutimi.
Représentation linguistique
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'avais, à
l'ajournement, posé certaines questions au ministre de l'Education
à partir du système de représentation au sein du conseil
scolaire et en analysant le nombre d'étudiants auquel correspond un
membre du conseil scolaire. Je m'étais inquiété de ce qui
pourrait advenir de la force de la majorité francophone dans ce conseil
scolaire, advenant le cas d'une certaine évolution qui irait dans le
sens d'une décroissance de la population francophone.
J'avais demandé au ministre de me dire s'il pouvait nous fournir
des indices sur cet équilibre permanent j'insiste sur le mot
"permanent" de représentation. Même si je ne veux pas
instituer un débat à caractère nationaliste, je
répète que le problème est là, que nous ne pouvons
pas l'éviter et qu'il serait important que le ministre nous fournisse
des indices sur ce qui peut advenir dans les années qui viennent et sur
ce qui pourrait éventuellement survenir lorsque les structures de
l'organisation scolaire de l'île de Montréal seront
définitivement mises en place.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, dans l'état
actuel des choses, sur la base de ce préregroupement, toutes les
hypothèses que nous avons étudiées donnent une
majorité francophone qui reproduit la structure démographique de
l'île de Montréal. Bien sûr, on ne peut préjuger de
la démocratie mais, compte tenu de la division actuelle, c'est ainsi que
les choses se présenteront.
Le député de Saint-Jacques a prétendu que, pour lui
tout au moins, le projet actuel était la restructuration
définitive sur l'île de Montréal.
Contrairement à cette opinion, le mécanisme même
permettant de définir une restructuration définitive est dans la
loi. La seule chose qui n'est pas dite, c'est l'option sur laquelle elle devra
s'effectuer et ceci, pour les raisons dont je vous ai déjà
parlé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans la même veine et encore une
fois, sans ranimer un débat sur la question confessionnelle
est-ce que les hypothèses que vous avez envisagées pourraient
donner les mêmes résultats, c'est-à-dire des
résultats qui satisferaient à la fois les groupes catholiques et
les groupes protestants? Je ne sais si le ministre me comprend.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, j'ai l'impression que je ne vois pas
très clairement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez parlé d'examen de certaines
hypothèses dans l'optique d'une représentation francophone au
conseil de l'île. Est-ce que le même genre d'hypothèse
s'applique si on examine le problème des confessions religieuses au sein
de ce conseil scolaire de l'île de Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux dire que c'est tout à fait
équivalent. En somme, il y a une espèce de coincidence entre la
langue et la confessionnalité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Toujours dans cette même perspective, je
voudrais poser une question au ministre. Je ne doute pas qu'il ait pris
connaissance d'une récente étude du père Arès
publiée dans la revue Relations du mois d'octobre 1972, où on
parle de l'évolution en pourcentage des francophones, des anglophones.
On parle d'une montée des autres, c'est-à-dire des gens qui ne
sont ni de langue française, ne de langue anglaise et qui se seraient
accrus de 149 p.c. dans une période de temps relativement courte, soit
20 ans, de 1951 à 1971, à partir des chiffres du recensement.
Est-ce que ce phénomène de la montée des autres,
c'est-à-dire des gens qui ne sont ni de langue française ni de
langue anglaise a fait l'objet d'études du ministère de
l'Education?
Est-ce que cet aspect du problème a été
analysé avec l'ensemble des autres problèmes qui ont amené
le ministre à nous présenter le découpage d'une carte
scolaire comme celle que l'on trouve en annexe au projet de loi 71?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne veux pas porter de jugement sur
l'étude que cite le député de Chicoutimi. Je l'ai
parcourue de façon assez superficielle. Cependant, il semble bien que la
tendance exprimée, sans y attacher nécessairement de pourcentage,
est exacte, mais il n'y a pas eu au ministère de l'Education
d'étude spécifique sur ce point. Bien sûr, il y a un bon
nombre de données qui sont accumulées sur les mouvements de
population, sur les inscriptions, mais je ne crois pas qu'il y ait là
une relation directe avec la démarche administrative qui est entreprise
aujourd'hui. Je pense qu'il faudra en tenir compte davantage lorsqu'il s'agira
de la question linguistique, par exemple.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est précisément en raison de
la question linguistique que je pose la question au ministre, et je vais la lui
reposer d'une façon plus précise. Au cours des travaux qui ont
précédé l'élaboration du projet de loi 28 et celui
que nous étudions actuellement, est-ce que, à sa connaissance ou
à celle de ses collaborateurs du ministère, il paraît qu'un
mouvement pourrait se dessiner et qui serait le suivant: que des groupes
ethniques autre que les groups francophones et anglophones demandent des
écoles afin de satisfaire aux exigences de la conservation de leur
caractère ethnique?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans notre système, nous avons un secteur
protestant et un secteur catholique. Dans le secteur catholique, il y a le
secteur anglophone et le secteur francophone. Dans le secteur protestant
également, il y a un secteur francophone, qui est plus faible, mais qui
existe tout de même.
La loi permet, au niveau des écoles, d'avoir des écoles
qui correspondent à des dénominations religieuses
différentes. Il y a également un bon nombre d'écoles
privées, parce que le secteur privé existe également, et
lorsqu'on veut évaluer l'ensemble de la situation en éducation,
il faut aussi en tenir compte. Il y a un bon nombre d'écoles qui
correspondent à ce que vient de dire le député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire des écoles qui sont
linguistiquement autres qu'anglophones ou francophones.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous essayons, mais là encore, je crois
que nous nous éloignons du sujet actuel. Je peux comprendre cette
préoccupation. Nous favorisons, nous l'avons fait dans certains cas bien
précis l'apprentissage d'une langue maternelle, par exemple
mais nos écoles sont ou françaises ou anglaises sur le
plan de la langue d'enseignement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que je peux conclure ou déduire
de ce que le ministre vient de nous dire qu'un des objectifs du gouvernement,
dans le travail de restructuration scolaire de l'île de Montréal,
c'est de maintenir sur le plan linguistique ou sur le plan ethnique cette seule
distinction entre francophones et anglophones, quitte évidemment
à permettre à certaines gens qui veulent conserver leurs
caractères ethniques d'ouvrir des écoles privées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que je comprends bien le
député de Chicoutimi? Il se demande si le gouvernement
favoriserait l'implantation d'écoles ethniques, à toutes fins
utiles, dans son secteur public? Est-ce cela?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. Il y a un secteur
privé et il y a des écoles ethniques qui sont entrées en
relation particulière avec le ministère, sous des formes
d'ailleurs fort intéressantes. Là encore, je ne crois pas que
cela soit pertinent, mais je pourrais citer l'exemple de l'école
Socrates, qui est une école grecque, où, à la suite de
certaines ententes avec le ministère, nous avons obtenu qu'il y ait un
enseignement partiellement en français.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II peut sembler au ministre que cette question
ne soit pas tout à fait pertinente, mais l'assurance que je voudrais
obtenir du ministre est la suivante: Me servant d'autres termes que ceux que
j'ai
utilisés, je demanderais au ministre comment il entend assurer ce
que le premier ministre appelle la sécurité culturelle des
Néo-Canadiens, et, pour être plus spécifique, par exemple,
des 25 p.c. d'Italiens qui vivent à Saint-Léonard ou
ailleurs.
Je vous pose le problème de cette façon. Je ne demande pas
au ministre de répondre immédiatement à cette question. Si
on regarde l'ensemble du problème de la restructuration scolaire de
l'île de Montréal, l'évolution de ce qu'on appelle les taux
de croissance ou de décroissance démographique, est-ce que le
projet de loi 71 vise à assurer d'abord et avant tout la
sécurité culturelle des québécois de langue
française, compte tenu d'autre part des droits de la minorité
anglophone?
Ou, à longue portée, ou à plus ou moins
brève échéance, ce regroupement qui est
précédé d'un préregroupement pourrait-il nous
amener à la création d'écoles publiques qui seraient
autres que des écoles francophones ou anglophones?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, ce n'est pas l'objectif
en soi d'une mesure administrative comme celle-là d'assurer la
sécurité culturelle d'un groupe ou d'un autre groupe. La
démarche actuelle est basée sur l'équité,
basée sur la situation qui prévaut dans une région
donnée. Elle aura indiscutablement, cependant, comme effet indirect
d'aller dans le sens qu'indique le député de Chicoutimi, ne
serait-ce que grâce au fait qu'il y aura pour la première fois une
péréquation et qu'il sera possible, progressivement, d'en arriver
à un rattrapage des commissions scolaires les moins pourvues. En ce
sens, je dirais oui.
Pour répondre à la dernière partie de la question,
je dis qu'il est tout à fait exclu que l'on crée un secteur
ethnique. En revanche, il peut parfaitement y avoir et c'est là,
à mon sens, une formule que je trouve heureuse des écoles
privées appartenant à des groupes ethniques où nous
pourrions favoriser davantage l'enseignement français. C'est d'ailleurs
une des politiques qui ont été entreprises lorsque j'étais
au ministère de l'Immigration et où nous avions justement
réussi, avec cette école grecque, à déterminer un
enseignement du français qui n'aurait pas eu lieu si nous
n'étions pas intervenus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le Président, je reviens
en arrière et j'insiste un peu là-dessus dans la
carte scolaire qui est annexée au projet de loi, la commission scolaire
no 6, qu'on appelle celle de l'est, c'est bien ça, comprend le
territoire de Saint-Léonard, où il y a 25 p.c. d'Italiens,
à moins que je ne m'abuse. Est-ce que ces Italiens ont demandé au
gouvernement d'avoir des écoles qui correspondent à leur
caractère ethnique?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Prési- dent, le système
est clairement défini, il n'est pas question d'avoir des écoles
ethniques dans le secteur public.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, il n'est pas question d'avoir des
écoles ethniques dans le secteur public.
Par conséquent, la restructuration scolaire de l'île de
Montréal se fait en fonction des deux ethnies principales,
particulièrement l'ethnie française qui se trouve
disséminée sur le territoire de l'île de Montréal.
Le ministre comprendra que si je pose ces questions, ce n'est pas pour animer
un débat linguistique, mais c'est pour savoir de quelle façon
pourrait évoluer ce système de regroupement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un système confessionnel pour
l'instant et il peut évoluer dans plussieurs directions. Il peut
évoluer vers l'unification des commissions scolaires en conservant la
confessionnalité au niveau de l'école si les populations le
souhaitent, il peut rester un système confessionnel et se consolider
sous cette forme. Nous refusons, nous, de préjuger d'une option parce
que nous voulons qu'elle se dégage et elle se dégagera
inévitablement au cours des années à venir. La seule chose
que ne dit pas ce projet de loi, par rapport au projet de loi antérieur,
c'est qu'elle ne décrète pas une unification immédiate,
bien qu'elle ne l'écarté pas dans les faits. J'ai moi-même
à plusieurs reprises donné mon opinion sur l'unification, mais
nous sommes venus à la conclusion que c'était utopique dans les
circonstances actuelles et que cela risquait de créer plus de
difficultés que ne nous pourrions en résoudre.
M. CHARRON: Est-ce justement à cause de la garantie
constitutionnelle, l'article 93, que vous n'avez pas choisi de faire des
commissions scolaires, même dans le projet de loi 71, qui seraient
basées sur la langue plutôt que sur la foi ou si c'était
parce que vous ne vouliez pas toucher aux structures actuelles, et ces
structures actuelles étant basées sur la foi, vous y êtes
restés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est à cause de l'approche que j'ai
tenté de décrire de mon mieux à plusieurs reprises.
M. CHARRON: A cause de quoi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De l'approche, pardon. Laquelle approche ne veut
pas préjuger de l'option qui sera prise et faire d'emblée un
système confessionnel ou un système linguistique ou un
système unifié, c'est par définition et faire l'option
avant que le milieu puisse l'avoir faite. C'est véritablement la raison.
Maintenant, il y a un élément constitutionnel qui apporte
certaines réserves, c'est l'article 93. Il donne des garanties
linguistiques et confessionnelles. Mais, ce n'est pas cela qui est
intervenu.
M. HOUDE (Fabre): M. le Président, sur le même sujet.
Est-ce qu'une commission scolaire est libre d'enseigner une troisième
langue dans le cadre de son programme?
M. CHARRON: Non, c'est le bill 63. La langue d'enseignement...
M. HOUDE (Fabre): A une époque, à Montréal,
à la CECM, au Shamrock par exemple, dans la région du
marché Jean-Talon c'était le quartier des Italiens
on enseignait le français, l'anglais mais également
l'italien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Actuellement, dans notre système public,
il n'y a que le cas des Esquimaux, qui est un cas très spécial.
Pour ce qui est des commissions scolaires, le ministère de l'Immigration
a des programmes spéciaux en dehors c'est ce que nous favorisons
des heures de cours pour l'enseignement des langues maternelles. Le
ministère de l'Immigration a des programmes non seulement pour
l'italien, mais pour l'ukrainien, le polonais et à mon avis, ce sont des
programmes très précieux parce que c'est souvent par la langue
maternelle que nous arrivons à intégrer davantage ces immigrants
et à leur apprendre le français.
M. HOUDE (Fabre): Cela se fait maintenant en dehors du programme
régulier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exactement.
M. LAURIN: J'ai ici les statistiques du 30 septembre 1971 qui
représentent les membres des commissions scolaires au conseil. Je pense
que vous devez avoir le même document. Par exemple, on dit que, pour les
six commissions scolaires catholiques, dans l'ouest, il y a 21,815
j'espère que c'est le même document au centre-nord: 15,875,
au sud-ouest: 21,905, à Verdun: 12,945, à la CECM: 219,655, dans
l'est: 30,045; et pour les commissions scolaires protestantes: Lakeshore,
14,410 et le Protestant School Board of Greater Montreal: 58,330. Vous avez
vous aussi ce document.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous en avons parlé cet
après-midi.
M. LAURIN: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Chicoutimi a
cité ces chiffres.
M. LAURIN: Très bien. Je trouve quand même
intéressant que les chiffres aient été brisés de
façon que nous voyions combien d'élèves vont aller dans le
secteur catholique et combien d'élèves sont inscrits au secteur
protestant. C'est une dimension intéressante, étant donné
que vous voulez garder le système confessionnel tel qu'il existe
actuellement. Mais vous savez comme moi que cette dimension religieuse,
confessionnelle en cache ou en recoupe une autre qui est linguistique à
tel point que grosso modo, parfois on peut dire que le nombre
d'élèves inscrits au secteur protestant correspond en grande
partie à une clientèle anglaise. Et nous savons également,
à cause des statistiques de la CECM qui est la seule à en donner,
combien d'élèves dans le secteur catholique sont inscrits dans le
secteur anglophone de la CECM. Je trouve très, très malheureux
que nous discutions de ce projet de loi sans que nous puissions avoir à
notre disposition des statistiques exactes concernant les inscriptions des
catholiques à des écoles anglaises.
Etant donné qu'on garde les secteurs linguistiques en gardant les
secteurs confessionnels, je trouve qu'il aurait absolument fallu qu'on ait
à notre disposition ces chiffres-là. On sait quand même
et vous l'avez admis tout à l'heure que la dimension
confessionnelle cache quand même, et, parfois la recoupe, la dimension
confessionnelle.
J'aimerais savoir de vous si vous avez à votre disposition,
actuellement, en reprenant chacune des six commissions scolaires, des chiffres,
ne serait-ce qu'approximatifs, des inscriptions aux écoles anglaises
dans chacune des commissions scolaires. Par exemple, l'ouest, la
première, où il y a 21,815 élèves catholiques
inscrits. Sur ces 21,815 élèves catholiques, combien y a-t-il
d'élèves inscrits aux écoles anglaises?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai les statistiques générales,
je n'ai pas les statistiques par commission scolaire.
M. LAURIN: C'est très malheureux qu'on ne les aie pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ecoutez! Il faut quand même s'interroger
un peu sur ce que nous voulons accomplir. J'admets qu'il y a un problème
linguistique.
M. LAURIN: Mais étant donné que, dans les faits, on se
trouve à garder les divisions linguistiques comme on garde les divisions
confessionnelles, est-ce que ce ne serait pas essentiel, nécessaire,
qu'on ait aussi les chiffres qui correspondent à ceux que nous avons ici
pour la dimension confessionnelle, afin que l'on puisse vraiment
éclairer notre lanterne, partir de quelque chose?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous gardons...
M. LAURIN: Comment parler de la carte, si nous n'avons pas ces
chiffres-là, aussi bien pour le côté linguistique que pour
le côté confessionnel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas qu'une carte doive être
établie à partir nécessairement de ces
critères-là. Elle doit être, avant tout, établie
à partir de critères qui touchent
l'équité, les affinités, les buts que nous
poursuivons. C'est ce que nous avons fait, c'est dans une restructuration
définitive qui nous amènera quatre, cinq, dix ou douze
commissions scolaires que nous devrons, à ce moment-là, tenir
compte de l'ensemble de ces facteurs.
Nous nous sommes contentés de respecter le statu quo, pas de le
garder. Personnellement, je ne crois pas que le statu quoi soit la situation
idéale. Nous l'avons amélioré et nous avons mis, je le
répète encore une fois, un mécanisme en branle pour en
arriver, dans les délais les plus courts qui puissent être
réalisables, à une carte définitive.
M. LAURIN: Ne trouvez-vous pas qu'on aurait quand même pu mener
une discussion beaucoup plus pertinente si, à côté des
chiffres que j'ai mentionnés tout à l'heure, par exemple,
catholiques, ouest, sur 21,815 de clientèle globale, il y a 15,000
anglophones et 6,000 francophones, ce qui est probablement d'ailleurs le cas.
Je connais Montréal, c'est à peu près ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai aucune objection à vous procurer
ces statistiques. Nous ne les avons pas, j'ai les chiffres globaux pour
l'ensemble du secteur anglo-catholique qui comprend, comme vous le savez, une
proportion importante de Néo-Québécois, au-delà de
60 p.c, sans doute autour de 65 p.c.
M. LAURIN: Quels sont les chiffres que vous avez?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le chiffre total, à l'élève
près...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): 53,000. M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non,
73,740.
M. LAURIN: Cela, c'est uniquement pour la CECM.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Anglophones catholiques.
M. LAURIN : Pour la CECM uniquement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est pour l'ensemble.
M. LAURIN: Non, c'est pour la CECM uniquement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, c'est pour toutes les commissions
scolaires.
M. LAURIN: Non, c'est uniquement pour la CECM, M. le Président.
Et c'est tiré d'un rapport récent de la CECM, c'est 73,000
uniquement pour la CECM. Cela ne comprend pas les élèves
catholiques de langue anglaise de l'ouest, du centre-nord, du sud-ouest, de
Verdun et de l'est.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons vérifier ce point-là,
M. le Président, avec grand plaisir.
M. LAURIN: Ce serait très important, M. le Président.
M. CHARRON: ... pour la CECM elle-même et les anglo-protestants
sont moins nombreux en fait. Mais je veux que le ministre comprenne exactement
le sens de l'intervention du député de Bourget. C'est que
l'absence de données dans cette matière-là est
importante.
Car tout à l'heure, le député de Chicoutimi,
dans son intervention, en a déjà fait mention nous aurons
à parler de la représentation de ces commissions scolaires au
sein du conseil scolaire. Par exemple, la commission scolaire de l'ouest, la
plus à l'ouest, catholique, porte le numéro un. Si on apprend
dans les statistiques, comme le prévoit avec raison le
député de Bourget, que ce serait 15,000 anglophones, 6,000
francophones, peu importe à ce moment-là qu'ils soient
catholiques, l'identification classée est faite. Quant à la
représentation linguistique, elle, qui se fera au conseil scolaire, on a
toutes les chances de croire que les délégués de cette
commission scolaire numéro un au conseil scolaire, ayant droit à
un siège on en parlera plus tard seront anglophones.
Et je suis prêt à demander également
immédiatement au ministre non seulement de nous fournir cette indication
très précieuse qui va nous permettre de prévoir un peu
d'avance la formation linguistique du conseil scolaire mais plus que cela,
puisque cette structure est en place au moins pour quatre ans les
pessimistes, comme le député de Verchères, disent à
perpétuité si cette structure existe encore et pour
longtemps et que l'évolution montréalaise en faveur de la
minorité se poursuit, il est possible donc de prévoir une
évolution démographique. J'imagine que le ministère de
l'Education n'a jamais osé légiférer dans ce domaine s'il
n'avait pas été possesseur de données
démographiques en prévision de l'évolution de la
clientèle non seulement sur le plan confessionnel qui a son importance
mais sur le plan culturel, c'est la question linguistique qui est le drame
à Montréal.
C'est pour cela que j'entendais ce soir à la
télévision le député de Bagot qui parlait de la
possibilité d'avoir peut-être sept anglophones et sept
francophones. D'autres disent six anglophones, huit francophones. D'autres
disent l'évolution dans cinq ou six ans. Tout cela, on ne le sait pas.
C'est capital. C'est capital pour l'endossement d'une telle structure
enfin, nous ne l'endosserons jamais pour en connaître les
répercussions. Et nous n'avons pas cela, nous ne connaissons d'autres
critères que ceux que le ministre vient de nous indiquer
quant à la confection de la carte que nous avons sur les yeux. Je
lui signalerai, comme le député de Chicoutimi l'a fait
tantôt, que même les critères, selon le ministre, qui ont
présidé à la confection de cette carte peuvent être
sérieusement mis en doute quand on en voit le résultat. Le
ministre dit que le principal critère qui nous a occupés à
été l'équité. Si on prend les proportions aussi
abracadabrantes dans les représentations que, par exemple, les deux
commissions scolaires protestantes, une de 58,000 et l'autre de 14,000, ne
venez pas me parler d'équité et ne me dites pas que vous avez
bâti cette carte scolaire en fonction d'une équité. Trouvez
une autre explication que celle-là. Si vous me dites que vous l'avez
basée dans le but de protéger les structures actuelles et que
vous les avez regroupées pour le moins de mal possible, alors,
là, c'est l'équité qui fout le camp. Non seulement
l'équité fout le camp mais en plus de cela, il y a
possibilité sur le plan linguistique que le conseil scolaire ne
reflète aucunement la proportion anglais/français qui existe sur
l'île de Montréal. Et vous vous rappelez quelle bagarre nous avons
fait sur cette question lors de la discussion sur le bill 28. Parce qu'il est
évident qu'il faut que toute approche, même aussi bénigne
et modérée que le bill 71 dans cette matière, doit quand
même consacrer un fait. C'est qu'à Montréal, il y a une
majorité francophone. Et aboutir à un conseil scolaire où
demain, sur les seize membres, il y aura huit francophones et huit anglophones,
par exemple, si c'était le hasard de l'évolution et de la
répartition confessionnelle, ne reflète absolument pas
Montréal et non seulement, la réforme est foutue mais les
anglophones viennent d'augmenter leurs privilèges.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ecoutez. Il y a quand même un
élément dont il faut tenir compte, c'est que nous avons
souhaité la démocratisation du système scolaire. Il y aura
des élections. Il va falloir s'en occuper. Alors, j'ose espérer
qu'on le fera et que chacun prendra ses responsabilités de ce point de
vue. Dans toutes les hypothèses que nous avons envisagées, j'ai
répondu clairement au député de Chicoutimi, nous
reproduisons la structure démographique de l'île de
Montréal, c'est-à-dire qu'il nous parait impensable de nous
retrouver à moins qu'il y ait une démission des électeurs
francophones, devant un conseil scolaire qui serait aussi
déséquilibré que le dit le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Sans la vision du ministre, en extrapolant un peu même
sur nos travaux, puisque l'article vient beaucoup plus loin, mais au simple
regard de sa carte, celle qui occupe notre temps, ce serait quoi, de
façon prévisible, la répartition linguistique qui pourrait
en ressortir d'après la répartition des sièges qu'il a
faite sur le conseil scolaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, c'est une projection que je suis
obligé de faire, et je peux difficilement préjuger du vote que
les électeurs feront, mais je dirais que les francophones se
retrouveraient dans une proportion qui risque de varier de 63 p.c. à 68
p.c, alors qu'ils sont 64 p.c. sur l'île de Montréal, ou
plutôt 63 p.c. comme population scolaire.
M. CHARRON: En incluant les trois nominations gouvernementales?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En incluant les nominations gouvernementales sur
plusieurs bases possibles, quelles que soient les bases que nous avons
retenues, parce que nous avons envisagé plusieurs formules. Tout
dépend de ce qui va sortir. Le but de ces nominations gouvernementales
est de pallier le déséquilibre possible.
M. CHARRON: Proportionnellement, autrement dit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais ici apporter une
considération d'ordre un peu général pour en arriver au
problème que le député de Bourget a soulevé et qu'a
repris le député de Saint-Jacques. Le gouvernement a opté
pour une formule de division entre catholiques et protestants. Il crée
deux commissions scolaires protestantes et il crée six commissions
scolaires catholiques. Il crée ou enfin divise la carte de cette
façon. On a retenu un critère, le critère confessionnel.
Je ne me prononce pas sur la valeur du critère comme tel mais si je
replace le problème dans l'optique linguistique, parce qu'on ne peut
oublier cette affaire, cette distinction, cette approche qui incite le
gouvernement à proposer la création de commissions scolaires
protestantes et de commissions scolaires catholiques fait qu'on risque
justement d'éluder de façon je ne dirais pas habile mais un peu
surnoise et je n'attaque pas le ministre en disant ça on
risque d'éluder le problème linguistique.
Moi, je serais rassuré et j'accepterais qu'on procède en
divisant catholiques et protestants, si le ministre était capable, comme
l'a demandé le député de Bourget tout à l'heure, de
nous dire, dans le cas de chacune des 33 commissions scolaires, quelle est la
proportion de francophones et la proportion d'anglophones ou la proportion de
gens autres. Parce qu'il y a un certain contingent d'immigrants qui arrivent
chaque année, dont on ne peut pas dire encore qu'ils soient
assimilés à un groupe ou à l'autre. Alors, je pense qu'il
y a une sorte de blocage qui nous empêche de voir la
réalité du problème et son évolution normale, si on
s'arrête uniquement à ces définitions par catégorie
de protestants et de catholiques, si on n'a pas auparavant les chiffres
correspondant aux ethnies qui se trouvent représentées dans
chacune des 33 commissions scolaires que le projet de loi vise un jour ou
l'autre à regrouper et dont on veut amorcer le regroupement par le
projet de loi
actuel. Il m'apparaît donc que cette division en catholiques et en
protestants finit, volontairement ou non, de la part du gouvernement, je ne
crois pas que ce soit une mauvaise intention de sa part, par créer ce
qu'on appelle le trompe-l'oeil. Ce que nous avons comme statistiques, ce sont
des statistiques en trompe-l'oeil. On parle de catholiques, on parle de
protestants, d'accord.
On peut savoir quelle est la proportion de catholiques, quelle est la
proportion de protestants. Comme il y a des catholiques qui sont des
anglophones, et vice versa, nous n'avons donc pas une image exacte de la
situation ce qui, par voie de conséquences, nous empêche de
concevoir l'évolution qui pourra se produire et en corollaire le
système de représentation qui permettra d'établir cet
équilibre entre majorité et minorité, cet équilibre
dont j'ai parlé en fin de séance cet après-midi et dont
j'ai reparlé ce soir. J'aimerais obtenir du ministre des détails
là-dessus, si tant est qu'il a des statistiques précises. Il nous
a donné des chiffres tout à l'heure, mais il faudrait voir
comment ces gens se répartissent, sont distribués sur l'ensemble
du territoire de la communauté montréalaise pour que nous ayons
une image exacte de la réalité ethnique francophone et anglophone
et que nous ne soyons pas, si vous voulez, portés à centrer
toujours toute notre attention sur la définition entre catholique et
protestant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'accord, M. le Président; je tiens
cependant à rappeler encore que nous nous trouvons actuellement dans
l'hypothèse d'un préregroupement et non d'un regroupement
définitif. C'est dans un regroupement définitif que tous les
facteurs dont vient de parler le député de Chicoutimi, dont a
parlé le député de Bourget, prendront toute leur
signification. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il y a
intérêt à ce que ce regroupement définitif se fasse
par le milieu et après une étude approfondie de la situation.
J'ai les chiffres que vous vouliez...
M. LAURIN: Une question là-dessus. Vous dites que c'est un
préregroupement. Je suis bien d'accord, mais si le regroupement final
est décidé par des gens qui seront nommés par une
clientèle où la proportion linguistique francophone sera
beeaucoup moins importante que vous ne le pensez, est-ce qu'on ne peut pas
penser justement que le regroupement définitif se fera dans une optique
tout à fait différente de celle que vous pouvez espérer et
qui pourra simplement nous remettre devant un autre statu quo?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce serait exact, M. le Président, si
c'était le conseil scolaire qui prenait la décision; mais ce
n'est pas le cas. C'est la raison pour laquelle les membres de l'Opposition qui
ont dit que le gouvernement se défilait, qu'il voulait tout simplement
passer, pour reprendre l'expression qu'on a utilisée, le paquet au
conseil scolaire... Ce n'est absolument pas vrai. Je rappelle que le mandat du
conseil scolaire c'est important que je le dise encore une fois
est de proposer un plan de restructuration, mais nous n'avons pas voulu que ce
plan soit, de par la loi, accepté. Au contraire, il y a dans cette loi
peut-être une précaution que la loi 28 et la loi 62 n'avaient pas;
c'est que, avec la loi 62 et la loi 28, nous donnions un mandat, qui à
un moment donné prenait force de loi, alors que là, le milieu va
définir une carte et il appartiendra au gouvernement de prendre ses
responsabilités. Il n'est pas lié par ces recommandations mais en
revanche, il pourra sentir un peu de quelle façon cela s'oriente. Ce qui
est très important et là je vous rejoins tous, j'en suis
convaincu c'est qu'il faut que l'équilibre des forces soit
respecté et se reflète au niveau du conseil.
M. LAURIN: S'il le définit dans le sens qui existe actuellement,
en le marquant encore davantage, pensez-vous que le gouvernement serait dans
une bien bonne position pour aller à l'encontre du projet qui serait
proposé par le conseil scolaire? Ce serait bien difficile, surtout que
ça se ferait dans quatre ans. Ce serait très difficile.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le conseil scolaire va refléter la
structure démographique de l'île. Il faut se demander si on
démocratise ou si on ne démocratise pas. Démocratiser
c'est, par définition, faire confiance à certaines forces. Nous
avons choisi cette option et je crois que tout le monde le souhaitait. Dans un
système scolaire non démocratisé et on peut
très bien en imaginer un ...
M. LAURIN: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... nous procéderions autrement. A
l'article 593...
M. LAURIN: Une dernière chose: Est-ce que c'est
véritablement quand même de la démocratie, seulement
à première vue, quand on voit que 21,000 personnes vont
élire un conseiller, 15,000 personnes, un conseiller, 21,000 personnes,
un conseiller et 14,000 personnes un conseiller?
Déjà, il y a des entorses à la loi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Entendons-nous. Dans toutes les structures
analogues, il y a des disparités assez considérables. J'en ai
parlé cet après-midi.
M. LAURIN: Donc, ce n'est pas la démocratie pure.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, parce que c'est l'unité
administrative. Il faudra admettre je vais essayer de me faire
comprendre
qu'en termes de commission scolaire il peut y avoir des variations, il y
en a d'ailleurs dans les comtés. La commission scolaire est une
unité administrative qui rend certains services à une population
étudiante, qui peut varier, fluctuer et qui en fait varie et fluctue.
Mais ce qui est important, c'est que, dans certaines limites, ce soit
l'unité administrative qui soit représentée. Mais il y a
un déséquilibre dans cette carte que nous ne nions pas, loin de
là, puisque nous l'avons respecté, c'est celui de la CECM et du
Protestant School Board.
M. LAURIN: Est-ce que ça veut dire à ce moment-là
que vous pondéreriez votre vote par rapport à la clientèle
plus ou moins variable de chacune des commissions?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous n'en sortions pas, M. le Président.
Je dois dire que ce plan est accepté par tous les
intéressés et je reviens à ce que je disais il y a
quelques instants, l'unité administrative doit avoir un
représentant mais, à l'intérieur de cette unité
administrative, certaines variations même assez importantes peuvent
exister sans que la démocratie soit mise en cause.
J'aimerais vous donner les chiffres que vous avez souhaités et
vous confirmer que nous avions raison, que le chiffre de 73,740
représente la totalité de la population anglophone dans le
secteur catholique. Incidemment nous n'avons pas opté pour catholiques
protestants; c'est le statu quo. J'y reviens parce qu'on a repris cette
expression. Je vous donne le détail, si vous voulez.
M. LAURIN: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La CECM compte 44,760 anglophones au 30
septembre 1971.
M. LAURIN: Voulez-vous le dire lentement, s'il vous plait?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est 44,760 anglophones. Nous pourrons vous
donner ce document, si vous voulez, nous pourrons le préparer et vous le
remettre avec grand plaisir.
M. LAURIN: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout le détail même par commission
scolaire, si ça vous intéresse.
M. LAURIN: Oui, oui. D'accord!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voulez-vous que je vous lise quand même le
sommaire?
M. LAURIN: Oui, oui. Cela va quand même nous...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne vous paraîtra pas trop long?
M. LAURIN: ...entrer dans la tête en même temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est très important.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis très heureux de vous donner
satisfaction dans la mesure du possible.
Nous recommençons. CECM, anglophones, 44,7 60, francophones,
174,895. Total, 219,655.
Je vous donne uniquement, d'après la carte du
préregroupement, les grandes divisions. Nous vous donnerons le
détail des commissions scolaires regroupées à moins que
vous vouliez l'avoir immédiatement. Ouest: 10,435 anglophones
faites-vous des petites colonnes, une colonne anglophone et une colonne
francophone 11,380 francophones: total: 21,815. Centre-nord, 4,100
anglophones, 11,775 francophones. Total, 15,875. Sud-ouest: 6,825 anglophones,
15,080 francophones. Total: 21,905. Verdun: 2,475 anglophones, 10,470
francophones. Total: 12,945. Est: 5,145 anglophones, 24,900 francophones, pour
un total de 30,045. Pour le secteur catholique dans notre système
actuel: 73,740 anglophones, 248,500 francophones, pour un total de 322,240.
Nous vous produirons avec plaisir, demain, demain cela peut
être difficile, question de secrétariat le détail
pour les différentes commissions scolaires. Cela peut difficilement
être fait avant lundi après-midi, mais cela ne change pas les
résultats globaux du préregroupement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais avoir un détail du ministre,
il me corrigera si je suis dans les patates. Dans le Protestant School Board of
Greater Montreal, y a-t-il seulement des anglophones?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président, je l'avais
indiqué lorsque je parlais des secteurs et francophone et anglophone
dans chacun des grands secteurs catholiques et protestants. Il y a 3,430
francophones dans le secteur, à la PSBGM.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et à Lakesho-re?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a un bon nombre de franco-protestants, une
communauté franco-protestante à Montréal. Ils
reçoivent l'enseignement en français.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Autres, au PSBGM?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Autres: 54,900 ce qui fait un total de
58,330.
M. LAURIN: Cela donne combien de francophones en pourcentage dans le
PSBGM?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le pourcentage de 3,430 sur 54,900? C'est 9 p.c.
Je vais vérifier.
M. LAURIN: Cela fait 9 p.c.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faudrait l'établir.
M. CHARRON: Quatre mille sur 60,000 cela fait 1/15. Qu'est-ce que c'est?
C'est 8 1/2 ou 9 p.c. C'est cela, 9 p.c.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons effectuer les calculs, M. le
Président.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à partir des
chiffres que le ministre nous a donnés dans le cas de l'ouest, nous
avons 10,435 anglophones et 11,380 francophones. Est-ce que l'on peut
présumer que le représentant au conseil scolaire sera un
francophone ou un anglophone?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Présumer, c'est bien le mot. Nous avons
une population anglophone et anglophone à peu près analogue,
à faible majorité pour les francophones. Un certain nombre de
commissaires seront élus, le nombre varie comme vous le savez. C'est
à partir de ces commissaires que le choix sera fait. Il est très
possible qu'une majorité francophone se dégage au niveau des
commissaires et que l'on décide d'envoyer un francophone au conseil de
l'île. Cette discussion est fondamentale, je l'avoue, mais je ne voudrais
pas que l'on pense à organiser le système uniquement sur une base
ethnique. Il y a quand même des intérêts supérieurs
qui sont ceux de tous les citoyens de l'île de Montréal et il y a
les intérêts des étudiants qui doivent être reconnus.
Même s'il est extrêmement important que l'équilibre
démographique soit reproduit par le processus démocratique, avec
les correctifs nécessaires le cas échéant, je pense que
cela ne doit pas être la seule préoccupation d'une mesure de
restructuration.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ecartons pour un moment cette question
linguistique ou cette question confessionnelle et replaçons-nous dans
une perspective strictement administrative dans le cas de l'allocation des
ressources. Il doit être assez évident aux yeux du ministre
si on prend le cas de l'ouest, par exemple, la commission scolaire catholique
de l'ouest avec 11,380 francophones et 10,435 anglophones qu'il y a
là des ressources, de l'équipement. Alors, la question que je me
pose c'est: Comment ces gens-là, en essayant d'éviter au maximum
tout ce qui s'appelle tension, pourront-ils renoncer à certains
avantages appelons les comme ceci acquis?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a des règles d'approbation des
budgets. Le but que nous visons n'est pas de diminuer la qualité des
services, mais de la rendre égale et comparable partout. Bien sûr,
il y a certaines commissions scolaires qui, par des dépenses
inadmissibles, c'est-à-dire par la possibilité de surtaxes
locales, se sont peut-être donné des services qui sont très
différents de ce qui a pu être consenti ailleurs. Il y a
nous le verrons, d'ailleurs, en cours de route, mais il n'est probablement pas
inutile de le souligner certaines dispositions juridiques qui permettent
le remboursement de ces services déjà consentis et qui permettent
de l'étaler sur quelques années.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous en sommes à l'article 1?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est à l'article 54 a) de la loi 27 qui
va devenir applicable ici. C'est donc une façon de résorber les
services qui peuvent ne pas paraître essentiels.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 1. M. LAURIN: Combien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le pourcentage serait de 5.9 p.c. de
francophones par rapport aux anglophones à la Protestant School Board of
Greater Montreal, par rapport au total.
M. LAURIN: On peut reprendre la question sous un autre angle.
Actuellement, nous avons des commissions scolaires où, comme nous le
voyons, la clientèle est disparate au point de vue du nombre. Cela va de
14,000 jusqu'à 30,000, puisque le cas de la CECM et du Protestant School
Board of Greater Montreal est quand même un peu en dehors de ces
nouvelles circonscriptions. C'est le passé en ce qui les concerne. Une
fois que ces commissions scolaires auront appris à fonctionner, au cours
de trois ou quatre ans, qu'elles auront recruté leur personnel, qu'elles
auront appris à vivre, qu'elles auront nommé leurs commissaires,
est-ce que le ministre ne croit pas qu'étant humains ces gens auront la
tentation de faire comme ont fait tant de municipalités au
Québec, qui, une fois qu'elles sont habituées à
l'autonomie, à la vie personnelle, renoncent très difficilement
aux avantages, au prestige, aux privilèges que cela offre? Si je peux me
permettre de faire un parallèle avec l'expérience des fusions, on
sait que les seuls endroits où les fusions se sont effectuées,
c'est là où elles ont été imposées par le
gouvernement. C'est presque toujours le cas; dans 90 p.c. ou 95 p.c. des cas,
justement parce que la fusion va un peu à l'encontre des désirs
personnels d'autonomie.
Surtout sur l'île de Montréal où ce désir
d'autonomie est soutenu par des impératifs encore plus profonds, des
impératifs confessionnels, des impératifs linguistiques, vous ne
pensez pas que le désir de fusion se manifestera
avec beaucoup moins de vigueur et de force, et surtout sera
neutralisé, contré d'une façon beaucoup plus puissante par
ces facteurs qu'on pourra présenter sous le prétexte de
l'autonomie, mais qui, au fond, vont vouloir signifier: Gardons ce que nous
avons. Gardons nos droits acquis. Gardons nos privilèges acquis. On peut
préjuger déjà, connaissant la nature humaine, de cette
formule définitive vers laquelle le milieu va évoluer. Vous
semblez ne pas en être certain. Vous dites: Nous gardons l'option
ouverte, le statu quo d'un côté et l'unification, de l'autre. Vous
semblez penser qu'un choix se posera. Mais, connaissant la situation à
Montréal au point de vue confessionnel et linguistique, connaissant
l'encouragement que le présent projet de loi donne à plusieurs
commissions scolaires à s'organiser, à commencer leur vie propre,
à goûter au privilège de l'autonomie, est-ce qu'on ne peut
pas être sûr d'avance que ces conseillers, une fois au conseil
scolaire, vont vouloir garder ce que vous leur donnez avec le présent
projet de loi et se refuser à envisager ce regroupement définitif
qui pourrait signifier des fusions pour les commissions scolaires, surtout,
encore une fois, quand on se rappelle de ce que l'expérience des fusions
a donné dans le champ des municipalités?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ma première réaction est que le
député de Bourget fait beaucoup d'hypothèses.
M. LAURIN: Vous en faites aussi quand vous dites que vous laissez
l'option ouverte. Vous laissez l'option ouverte dans l'absolu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce que je veux dire par là...
M. LAURIN: Nous savons très bien, connaissant des
expériences similaires dans le passé, que les options ouvertes
inclinent dans le sens de la nature humaine, dans le poids des choses, le poids
des événements, le poids des motivations, le poids des
particularismes. Ce n'est pas tout à fait une hypothèse que de
dire ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'accord, je vais m'exprimer autrement. Je vais
dire que je suis entièrement d'accord sur cette analyse qui me parait
psychologiquement fondée. Je suis d'ailleurs bien placé pour
être d'accord avec le député de Bourget sur ce
point-là. J'ai vécu l'expérience de ce
préregroupement et il ne faut pas s'imaginer que tout ça est
simple. Sinon, ça fait dix ans qu'on serait passé de 33
commissions scolaires à 8 commissions scolaires, comme on le fait dans
ce projet de loi.
Je suis parfaitement conscient des difficultés. Cependant, je
crois que, sans les minimiser, on peut quand même imaginer qu'on va
retrouver au conseil scolaire des gens responsables qui sauront s'abstraire,
jusqu'à un certain point du moins, de leurs intérêts
particuliers pour voir l'intérêt général.
Si tel n'es pas le cas, c'est la négation même de la
démocratie. Deux remarques vont compléter ce point de vue: la
première, c'est que le gouvernement aura à intervenir, c'est
absolument certain, comme il intervient pour ce préregroupement; la
deuxième remarque, c'est que, au contraire, je crois qu'une
expérience très précieuse sera accumulée dans les
expériences de regroupement, en particulier à la commission 2,
à la commission 1, à la commission 6. Il suffira d'accentuer le
mouvement.
J'ajoute à ceci que les contacts que j'ai eus avec les deux
grands blocs, parce que ce sont les deux grands blocs qui auront à
changer maintenant, ce ne sont pas les regroupements que nous avons entrepris;
c'est gagné ça. Outremont, Saint-Laurent, Mont-Royal, c'est
gagné. On se retrouve avec la commission no 2. Montréal-Est,
Anjou, Pointe-aux-Trembles, Saint-Léonard, c'est également
gagné. On se retrouve avec la commission no 6.
Ce sont donc les deux grands blocs et, aux deux endroits, j'ai eu la
conviction qu'on était tout à fait prêt à aller de
l'avant dans un plan global. Je ne sous-estime pas les difficultés,
elles seront considérables.
M. LAURIN: Mais n'oubliez pas que vous avez eu affaire, lorsque vous
avez discuté avec les deux grands blocs, à des commissaires
nommés et non pas à des commissaires élus. Et ces
commissaires nommés ont peut-être été choisis
précisément, par le gouvernement ou par
l'archevêché, en raison soit de leurs services rendus...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous croyez que ça facilite les
négociations?
M. LAURIN: Non, mais il reste que la situation est différente
selon qu'on a à mener des discussions avec des élus ou avec des
gens nommés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, remarquez que nous avons mené
plusieurs discussions, comme vous dites, avec des élus puisqu'ils le
sont partout sur le territoire sauf dans ces deux blocs. Même au
Protestant School Board, il y en a une partie qui sont élus. Mais
j'envisage très bien le point de vue. Des discussions ont
également eu lieu au niveau des fonctionnaires. Nous avons même
envisagé un certain nombre de possibilités d'intégration
de personnel.
Je crois que, tout en admettant vos théories, il faut
peut-être être un peu optimiste, sinon on refuserait pratiquement
d'agir dans ce sens-là.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'entendais tout à l'heure le ministre
parler de la démocratie, nous dire qu'on s'acheminait vers un
commencement de regroupement et que ce regroupement, à partir du moment
où on créera
le conseil scolaire, va inciter des gens à faire preuve de
démocratie, à se départir, disait le ministre, de certains
intérêts particuliers à l'avantage de
l'intérêt collectif et de l'intérêt
général.
Mais j'insiste sur ceci. Est-ce que, justement, ce
déséquilibre de forces qui apparaît déjà dans
la composition démographique, si je puis m'exprimer ainsi, des
commissions scolaires proposées, ne va pas jouer contre l'exercice de
cette démocratie? Parce que, précisément, les gens qui
appartiendront, selon le projet de loi, à des groupes déjà
plus forts au nom même de la démocratie ne vont-ils pas,
justement, revendiquer la protection de ce qu'ils ont déjà parce
que, se diront-ils, nous représentons un groupe plus important. Par
conséquent, les principes mêmes de la démocratie exigent
que nous soyons traités selon la force que nous représentons.
J'estime que c'est là un aspect extrêmement
périlleux de la démarche du gouvernement. Et pour en arriver
à quelque chose de pratique, puisque nous sommes à l'article 1,
qui sera suivi de l'examen de l'article 2... En réalité, cela
nous ramène aux cartes scolaires. Je pose la question suivante au
ministre. Je disais que, pour procéder avec une certaine
célérité, dans la mesure où cela est possible, et
pour des considérations pratiques, puisque nous étudions
l'article 1 et que l'article 2...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a des points de règlement. Il semble
que nous devions parler 20 minutes chaque orateur, sur chaque article. Cela
fait plusieurs heures que nous sommes à l'article un.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le leader parlementaire du gouvernement
veut appliquer, à la lettre, le règlement, nous allons nous
soumettre à cette procédure du rouleau compresseur. Seulement, si
le leader du gouvernement et je lui dis cela en toute amitié, il
sait la considération que j'ai pour lui et surtout pour son
épouse si le leader du gouvernement est de bon compte et s'il
avait assisté à nos travaux, cet après-midi vous
voyez, je l'ai touché au coeur il se serait rendu compte que nous
n'avons pas perdu notre temps. Nous avons procédé à un
certain travail de déblaiement et là, nous sommes aux articles
mêmes. Et j'allais soumettre au ministre une proposition concrète
qui touche à la fois l'article 1 et l'article 2. Mais je reviens
à ce que j'ai dit au départ. Si le leader du gouvernement veut
nous imposer une procédure rigoureuse, qu'il nous le dise tout de suite
et nous verrons de quelle façon nous l'accepterons.
M. LEVESQUE: Je crois que le député de Chicoutimi a bien
compris que, jusqu'à maintenant, il n'a pas été question,
justement, de nous en tenir strictement, d'une façon absolument
rigoureuse, aux dispositions de notre règlement.
J'ai compris qu'on avait commencé par faire un tour d'horizon.
Mais il est neuf heures trente et nous avons commencé l'étude du
projet de loi à midi. Si nous avions voulu réellement nous en
tenir strictement au règlement... On sait que c'est le
député de Bourget, le député de Saint-Jacques, le
député de Chicoutimi qui ont été les principaux
intervenants du côté de l'opposition, si je ne me trompe pas.
C'est ce qu'on m'a dit du moins. Je crois que nous avons justement
répondu à ce voeu parce qu'après tout, cette séance
a duré de midi à une heure, de trois heures à six
heures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons commencé à une heure
moins vingt-cinq.
M. LEVESQUE: On devait commencer à midi parce qu'il était
midi quand...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas ma faute, on n'avait pas de
président.
M. LEVESQUE: Et ensuite, de trois heures à six heures.
M. PAUL: Pardon. Nous avons suspendu la séance près d'une
demi-heure.
M. LEVESQUE: C'était censé être dix minutes.
M. PAUL: Oui, mais ce n'est pas notre faute...
M. LEVESQUE: Et ensuite, il y a eu...
M. PAUL: ... si la banque des présidents est trop faible.
M. LEVESQUE: Huit heures et quart à neuf heures trente. Je suis
convaincu que les honorables membres de cette commission, et surtout ceux que
j'ai nommés, ont certainement utilisé amplement et d'une
façon multiple ou multipliée les vingt minutes en question. Je ne
veux pas être procédurier, mais je crois que ce qui était
le voeu du député de Chicoutimi, nous l'avons déjà
réalisé. Je demande la collaboration de tous et de chacun. Je
suis prêt à faire confiance au député de Chicoutimi
qui nous dit ou qui nous laisse entendre que l'article 1 va peut-être
nous permettre de déblayer plusieurs autres articles plus
rapidement.
Peut-être que si on prend la moyenne, on verra.
M. LAURIN: Sur le point de règlement, je pense que, si le leader
parlementaire connaissait vraiment toute la complexité de la question
scolaire à Montréal, il ne s'étonnerait pas qu'on ait eu
tellement de représentaitons à faire ou de questions à
poser sur ce projet de loi.
Nous l'avons dit et nous le répétons au profit du
député de Bonaventure, la question est
tellement complexe, tellement difficile, explosive aussi et criante, que
les débats de deuxième lecture ne nous ont pas permis et
peut-être que les conditions ne le permettaient pas également
de poser toutes les questions et surtout de recevoir toutes les
réponses que nous espérions recevoir. Je pense que je pourrais
ajouter à l'intention du leader parlementaire que nous avons ici la
conviction qu'aucune des représentations que nous avons faites, aucune
des questions que nous avons posées, n'étaient
véritablement inutiles et que chacune des réponses que nous avons
eues a contribué à éclairer notre débat et nous a
permis de mieux remplir notre devoir. C'est la raison pour laquelle je ne veux
pas m'étonner de son intervention, mais pour laquelle je pense que ce
rappel à l'ordre qu'il veut nous faire, bien que couché en termes
délicats, était peut-être inutile en ce qui nous
concerne.
M. LEVESQUE: Tant mieux, M. le Président, je vais retourner
à un autre endroit où de tels rappels peuvent être
peut-être plus utiles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, que le
député de Bonaventure présente nos hommages à son
épouse.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je me retrouve largement
d'accord avec le député de Bourget dans ses remarques, et je
pense que la préoccupation du député de Bonaventure et du
leader parlementaire est évidemment la durée totale des
débats. Il est certainement d'avis qu'il est compréhensible que
l'on passe beaucoup de temps sur des articles généraux de
manière à éclairer la situation, surtout si ceci doit se
produire en accélération des travaux concernant d'autres
articles. C'est sans doute ce qu'il avait à l'esprit et non pas un
rappel à l'ordre.
M. PAUL: M. le Président, d'un autre côté, je suis
sûr aussi que vous ne tiendrez pas compte des remarques qui vous furent
faites à l'oreille par le leader du gouvernement, parce que vous
êtes l'autorité actuellement, ce n'est pas le leader du
gouvernement, et impartial comme vous l'êtes depuis le début de
nos délibérations, je vous invite à garder ce calme, cet
esprit de justice à l'endroit des députés de l'Opposition.
Vous passerez pour un président respectable et respecté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, me fiant à ma
qualité de concitoyen du Lac-Saint-Jean, je vous fais entière
confiance et je propose au ministre ceci, c'est-à-dire que je lui
soumets ceci, à titre de proposition, quitte, de sa part, à me
dire ce qu'il peut en penser.
Au sujet justement de l'organisation scolaire, de la création des
commissions catholiques et protestantes, même en retenant les
impératifs confessionnels, linguistiques, est-ce que le ministre n'a pas
envisagé qu'on pourrait regrouper 1 et 2, ce qui donnerait 37,690;
regrouper 3 et 4, ce qui donnerait 34,850; la CECM, ça va. Ensuite, on
pourrait regrouper les deux commissions scolaires anglophones, ce qui donnerait
72,740, ce qui est un multiple de 36; il y aurait donc 4 commissions scolaires
franco-catholiques, plus la CECM et une commission scolaire protestante. A ce
moment, vous auriez un rapport d'à peu près 36,000, ce qui serait
un moyen extrêmement utile pour pondérer la représentation
au sein du conseil de l'île.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, ce genre de travail ne
peut pas se faire de façon trop académique. Les choses ne sont
pas si simples. Je souhaiterais que le député de Chicoutimi, qui
est en train de nous faire notre structuration définitive, puisse
siéger au conseil de l'île et contribuer aux recommandations qui
nous seront faites. Ce que je peux dire et répéter, c'est que
nous sommes allés le plus loin possible sans déterminer des
bouleversements considérables, pour ne pas dire plus.
Je ne vous donne qu'un exemple. Nous aurions souhaité regrouper
Verdun, puisqu'il reste seul, mais il y a des problèmes
d'affinité, il y a des problèmes complexes qui se posent avec
certaines commissions scolaires mitoyennes, et ce n'était pas
réalisable dans la situation actuelle. Nous avons voulu faire ce
préregroupement, je le répète encore une fois, pour
amorcer la restructuration définitive qui pourrait être faite sous
la forme dont parle le député de Chicoutimi et également,
pour mettre en place un conseil scolaire.
Nous ne croyons pas, à ce stade-ci, qu'il soit possible de
modifier le moindrement cette carte, laquelle a fait l'objet de très
nombreuses consultations avec les intéressés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vais poser une
question analogue à celle que je posais au ministre de l'Education de
l'époque, le député de Verchères, quand nous avons
discuté certains amendements au projet de loi 28 concernant la langue.
Je voudrais savoir une fois pour toutes parce qu'on peut, vous savez,
faire le "filibuster", on peut pousser un débat, enfin engager de
longues discussions pour aboutir à rien ... Je vais poser une
question très simple au ministre. Il va me dire oui ou non, exprimant sa
volonté et celle de son gouvernement. Est-ce l'intention du gouvernement
d'accepter quelque amendement aux projets de carte scolaire qui nous sont
soumis et qui apparaissent en annexe au projet de loi? Est-ce que la
réponse à toute proposition d'amendement visant à modifier
ces cartes, est-ce que la réponse à toute demande dans ce sens
sera oui ou non? Est-ce qu'il y a des possibilités d'amendement ou si,
au départ, c'est non? L'an dernier, je le rappelle ici pour
mémoire, j'ai posé cette question et c'est moi qui l'avais
posée au ministre de l'Education, à la suite des longs
débats que nous avons eus sur la question linguistique une fois
pour toutes:
Est-ce que vous accepteriez d'introduire des prescriptions relatives
à la langue ou à la religion? Il m'a dit: Non, jamais; nous ne
céderons pas là-dessus."
Alors, à propos du nombre des commissions scolaires et des
frontières des commissions scolaires proposées, est-ce que le
ministre est disposé à considérer des amendements ou si,
le siège étant déjà fait, toute discussion que nous
pourrions avoir sur ce sujet sera inutile et qu'aucune de nos propositions ne
sera reçue ou même étudiée?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je veux être tout
aussi direct que l'a été le député de Chicoutimi.
Même si je souhaitais accepter sur ce point particulier, certains
amendements, je ne pourrais pas le faire parce que cette carte résulte
de consultations extrêmement nombreuses et que la moindre modification a
des répercussions sur l'équilibre général que nous
avons avec quelle difficulté! réussir à
déterminer. C'est absolument exclu et, croyez-moi, ce n'est pas de la
mauvaise volonté. Nous avons étudié toutes les
possibilités. J'ajoute ce qui devrait, sinon consoler, du moins rassurer
le député de Chicoutimi, que la carte a une importance relative
dans la mesure où elle joue les fonctions qu'on veut bien lui faire
jouer, c'est-à-dire de permettre j'y reviens l'amorce
d'une restructuration définitive et la mise en place d'un conseil.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je retiens ce que le
ministre vient de dire. Le ministre nous dit que cette carte a une
signification relative dans la mesure où on parle d'un
préregroupement. Est-ce que le ministre admet avec moi que le nombre des
commissions scolaires et que la carte qui les délimite ont des
répercussions sur la représentation au conseil scolaire de
l'île de Montréal? Est-ce que le ministre admet cela?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, M. le Président. C'est la
raison pour laquelle, pour les deux grandes unités, nous avons
apporté un système de pondération. Je pourrais
peut-être préciser ma réponse de tout à l'heure en
disant que rien n'interdira aux commissions scolaires elles-mêmes
relisez, si vous voulez, la deuxième partie de l'article 1
d'apporter des changements, conformément à la Loi de
l'instruction publique. A ce stade-ci, il n'est manifestement pas possible de
le faire et il ne faut surtout pas considérer cette carte comme une
carte définitive. Serait-elle une carte définitive, je
n'hésite pas à dire qu'elle serait insatisfaisante.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je tiens à
préciser ceci, et cela au nom du parti que je représente. Si le
ministre a l'intention d'agir comme il vient de nous l'indiquer, il me semble
que c'est sans équivoque; s'il a l'intention de n'accepter aucun
amendement, même d'examiner la possibilité de les accepter, je
crois, pour ma part, inutile de poursuivre le débat sur les articles 1
et 2.
Je me réserve de revenir sur la représentation au sein du
conseil scolaire, mais je déclare tout de suite qu'il est entendu que je
n'accepte pas les articles 1 et 2, parce qu'ils ne me paraissent pas conformes
à une philosophie que je croirais plus équitable et dont nous
rediscuterons au moment où nous étudierons les articles qui
traitent de la composition du conseil.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, M. le Président, adoption sur
division?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et cela sans préjudice aux droits de
mes collègues.
M. CHARRON: M. le Président, j'ai aussi l'intention, lorsque vous
appellerez le vote sur ces articles, de me prononcer un peu avec regret,
puisque le ministre refuse au départ tout amendement que nous pourrions
lui suggérer. Mais, avant de me prononcer, je veux au moins m'assurer
et je crois que c'est ma responsabilité que je me
prononcerai en toute connaissance de cause sur la structure scolaire, sur la
carte scolaire qui nous est présentée.
A cet effet, je dois dire que je ne suis pas prêt à me
prononcer en toute connaissance de cause. Je crois que les explications
fournies par le ministre ou plutôt le manque d'explications fournies par
le ministre aux questions fort pertinentes du député de
Chicoutimi, en particulier sur les amendements ou enfin les suggestions, je
crois plutôt, que le député de Chicoutimi faisait, ont
été trop brèves. Elles m'ont semblé contourner le
problème avec une habileté d'ailleurs qui épouse fort bien
le vocabulaire du ministre. Mais pourquoi l'ouest et le centre-nord n'ont-ils
pas été regroupés comme ils le devraient, à mon
avis, pour obtenir une taille normale? Le député de
Verchères, que je respecte beaucoup, disait l'année
dernière en parlant de la taille des commissions scolaires que la
clientèle de 30,000 devait être la norme ou à peu
près pour rendre une commission viable et en santé.
Les suggestions que faisait le député de Chicoutimi
étaient: ouest et centre-nord: 36,000; sud-ouest et Verdun faisaient
33,000, c'était dans la norme, il y en a une d'ailleurs, celle de l'est,
30,045, qui correspondrait à ce que nous pouvons souhaiter de meilleur
pour une commission scolaire. Le ministre a invoqué des raisons de
complexité, des raisons techniques, c'est la réponse
administrative du ministre de l'Education, évidemment. Mais moi, je suis
convaincu, connaissant Montréal pour y avoir vécu depuis 25 ans,
qu'il peut y avoir bien autre chose que des raisons administratives à la
base de cette décision. Pour qui connaît les quartiers, par
exemple, de l'ouest et du centre-nord, je suis convaincu que les
difficultés auxquelles
s'est heurté le ministre lorsque peut-être il a
proposé à ces commissions scolaires de se regrouper en une seule,
ont d'abord épousé ce que le ministre nous présente
aujourd'hui, c'est-à-dire les prétextes administratifs. On a
peut-être dit, dans la commission du centre-nord, qui regroupe 11,000
francophones: Non, nous ne voulons pas aller avec la commission de l'ouest, qui
comporte à peu près 50 p.c. d'anglophones et 50 p.c. de
francophones, parce qu'administrativement, ce sera impossible, nous avons nos
propres machines, nous pouvons très mal fonctionner avec eux. J'imagine
que le ministre, qui a l'habitude de fouiller au fond des dossiers, a
peut-être découvert que le refus de fonctionner ensemble ce
qui l'a obligé à le concrétiser dans la loi tenait
à des raisons politiques, sociales et peut-être même
économiques, à des différences de mentalité. Je
pense que c'est le devoir du ministre d'en informer la Chambre comme c'est mon
devoir à moi de demander les véritables raisons pour lesquelles
on n'a pas procédé à un préregroupement qui tout en
étant un regroupement, doit quand même consister en quelque
chose.
C'est plus difficile, à mon avis, d'expliquer pourquoi la
commission du sud-ouest et la commission de Verdun n'ont pas été
regroupées, parce qu'en ce qui me concerne, c'est encore le milieu que
je connais peut-être le mieux dans tout le territoire de
Montréal.
L'évocation de difficultés administratives quant au
rapprochement des deux ne tiendrait pas plus qu'elle n'a tenu, je pense, quand
on a regroupé Anjou avec Pointe-aux-Trembles ou avec
Montréal-Nord. Il n'y a pas de différence fondamentale entre
Verdun et le sud-ouest de Montréal. Quand on regarde la proportion
francophone et anglophone, c'est à peu près le même chiffre
et cela n'a pas été fait. Je le dis, mais pas parce qu'il s'agit
d'en faire une bataille monstre. Mais si vraiment on est en train d'installer,
je n'en crois pas un mot, mais je vais respecter la parole du ministre
si vraiment on est en train d'installer des structures qui devront
évoluer et qui devront nous conduire vers une véritable
restructuration scolaire, et blablabla, mettons les chances de notre bord le
plus possible. Or, une de ces chances était de regrouper 1 et 2, il me
semble, 3 et 4 ensuite, sans compter le Lakeshore avec le PSBGM.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai dit tout à l'heure que cela ne
pouvait pas être un exercice académique, qu'on devait le faire
à partir des populations, qu'on devait le faire à partir de ses
conceptions ou même à partir de la logique. C'est d'ailleurs un
exercice extrêmement frustrant de ce point de vue-là. Croyez-moi,
des consultations ont été poursuivies pendant des mois et nous
sommes allés le plus loin possible. Verdun, si vous permettez,
j'aimerais bien...
M. CHARRON: Une phrase. Je vous ai demandé, je veux que vous me
répondiez à cela: Qu'est-ce qui a bloqué.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce que j'essaie de vous dire.
M. CHARRON: D'accord, allez-y.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je prends l'exemple de Verdun. Il y avait deux
hypothèses possibles et que nous avons étudiées à
fond. La première hypothèse était d'unir Verdun avec
Ville-Eymard. Mais Ville-Eymard faisait partie du territoire de la CECM et nous
l'avions déjà considéré dans une de nos
hypothèses, mais nous nous sommes rangés aux arguments
administratifs de la CECM. Je vous ai dit cet après-midi que la CECM ne
souhaitait pas que son territoire, dans cette première phase, soit
touché, pour des raisons qui nous ont paru valables. A ceci s'est
ajouté le problème des anglo-catholiques, là, c'est une
incidente. Si vous voulez que je vous réponde immédiatement pour
la CECM, je vous dirai qu'un morcellement d'une grande unité comme
celle-ci avec tous les problèmes personnels que cela pose a
intérêt à se faire d'une façon globale. Ce que nous
visions, je vous l'ai expliqué à maintes reprises, dans ce
préregroupement n'était pas cela. Permettez-moi de terminer pour
ce qui est de Verdun. Donc, cette solution était acceptable pour Verdun
mais ne l'était pas pour la CECM dans cette phase, pour les raisons que
je vous ai dites. Nous aurions bien voulu regrouper Verdun avec Ville-LaSalle
et Lachine, ce qui est une chose qui paraît également valable mais
Verdun a refusé, s'y opposant complètement. Or, je crois que
c'est aux populations qu'il faut le demander. Nous n'avons voulu rien forcer,
et je vous ai expliqué cet après-midi tout l'arrière-plan
qui nous avait guidés, tous les critères que nous avions retenus.
Nous ne voulions pas dans cette étape forcer les populations. Nous ne
voyons aucun intérêt à les forcer à ce stade-ci.
Nous aurions pu le faire, nous pouvons très bien faire une carte
théorique, mais nous n'avons pas voulu faire une carte théorique,
nous avons voulu partir de ce que nous pouvions obtenir.
M. CHARRON: Quelles sont les raisons? Pointe-aux-Trembles a
accepté d'aller travailler avec Saint-Léonard. Il y a plus de
différences culturelles, je dirais, dans la composition ethnique de ces
deux commissions scolaires-là qu'il peut y en avoir entre Verdun et le
sud-ouest. Vous dites: Verdun s'y opposait soit, je comprends bien, vous vous
rendez... Mais quelles raisons a-t-on invoquées? Des raisons
administratives seulement? De quel ordre étaient-elles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est vraiment très compliqué, M.
le Président,...
M. CHARRON: Je m'en rends compte.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... dans l'est, les commission scolaires qui
étaient là avaient déjà
pris certaines habitudes de travail ensemble. La régionale
LeRoyer avait jouée un rôle d'unification. C'est à partir
de cela que nous avons pu les amener à se regrouper. On peut imaginer 25
ou 100 combinaisons différentes; nous avons choisi les combinaisons qui
amenaient le moins de bouleversement, parce que ne l'oubliez pas, on n'en a pas
parlé très souvent, il n'y a que le député de Fabre
et moi-même qui en avons parlé, il y a des étudiants, il y
a des élèves au bout de tout cela, et dans la mesure où
vous créez des bouleversements de structures considérables, c'est
eux qui finissent par en souffrir. Or, nous avons justement voulu, nous,
réussir cette espèce de gageure sur le plan du regroupement
d'avoir le moins de bouleversement possible, de sorte que nous avons dû
tenir compte des aspirations des populations en nous disant qu'il faudrait
tenter de les faire évoluer et dans une restructuration
définitive, nous imposerons ce qui paraîtra logique à ce
moment-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'entends bien
certains arguments du ministre de l'Education.
Il nous dit: Les populations n'ont pas voulu. Qu'est-ce qu'il entend
dire par: les populations? Est-ce qu'il s'agit des gens en autorité qui
dirigent les commissions scolaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je veux dire le milieu. Il y a des services
inégaux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lorsque le ministre parle des populations,
parle du milieu... Justement, cet après-midi, au début de notre
examen de ce matin, nous avons parlé des consultations. Est-ce qu'on les
a consultées ces populations ou si on s'en est remis uniquement à
ceux qui sont les administrateurs actuels?
M. CHARRON: Nommés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que je me demande.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas nommés. M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans le cas que je viens de citer, ils ne sont
pas nommés, ils sont élus. On ne peut pas faire un
plébiscite.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que, lorsque vous parlez des
populations, ce sont seulement les gens en autorité? Je veux faire un
rapprochement ici avec ce qui se passe dans une autre commission, sans discuter
de ce qui se passe vraiment. Quand nous parlons de la réforme des
districts électoraux, nous invoquons justement cet argument, à
savoir qu'il ne faut pas déranger les habitudes de vie d'un certain
nombre de citoyens en procédant à des découpages
arbitraires. Le ministre ici nous dit:
Nous ne pouvons pas regrouper ensemble des gens qui n'ont pas des
habitudes de vie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je dois vous féliciter...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a deux philosophies dans le gouvernement.
C'est bien simple. D'un côté, on ne veut pas déranger
certaines gens et de l'autre, on procède à ce que j'ai
appelé le grand dérangement. Il m'apparaît très
nettement, pour revenir au cas de la restructuration scolaire de l'île de
Montréal, qu'il y a derrière la démarche du gouvernement
ou inspirant la démarche du gouvernement des motifs qui échappent
à notre connaissance et qui probablement, si on nous les faisait
connaître, échapperaient à notre entendement, sauf à
notre entendement électoral.
Je regrette de ramener le débat à ce niveau, mais ce n'est
que pour un instant. C'est une petite remarque incidente que je fais. Je
proposais tout à l'heure au ministre un projet de
réaménagement. Il me dit qu'il ne peut pas l'accepter parce que
c'est trop complexe. Il vient de compléter en disant que cela
dérangerait les habitudes de vie, que les gens ne le veulent pas mais
nous, nous ne savons rien de tout cela. Nous n'avons pas l'arrière-plan.
Nous ne savons pas exactement ce qui s'est passé au cours des
consultations et qui a eu le gros bout du bâton et pour quelle
raison.
M. CHARRON: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que les propositions que j'ai faites
tout à l'heure avaient cet avantage de rejoindre un objectif du premier
ministre, celui d'assurer ce qu'il appelle la sécurité culturelle
des francophones.
Je ne veux pas, je le répète, insister davantage. Si le
ministre a fait son lit, il y couchera, fût-ce le lit de Procuste, c'est
son affaire. Mais, en ce qui me concerne, je ne veux pas qu'on dise que je n'ai
pas essayé de forcer le gouvernement, si je peux employer ce terme, de
l'amener à tout le moins à considérer certains aspects du
problème qui nous inquiète, celui de l'équilibre des
forces du conseil scolaire qui lui, sera chargé, sera le
maitre-d'oeuvre, en réalité, dans l'entreprise de regroupement.
Et je crains beaucoup les lendemains des premières étapes des
premiers mois de ce regroupement quand on va voir tout à coup les
factions se retrouver par mode d'affinité et faire jouer à plein
le rôle de ce qu'elles appelleront leur démocratie basée
sur une majorité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que je pourrais poser une question au
député de Chicoutimi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Certainement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il décrit ce qui pourrait se passer
après un préregroupement. Est-ce qu'il imagine ce qui pourrait se
passer après un regroupement plus considérable et
imposé?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je puis imaginer ce qui pourrait se passer
après un regroupement semi-imposé ou imposé.
Il se passerait ce qui s'est passé aux commissions parlementaires
lorsque nous avons entendu les différents groupes qui étaient
pour, qui étaient contre, qui ont fait des représentations
intéressantes, dont le gouvernement pouvait tenir compte sans, pour
autant, renoncer aux objectifs majeurs qui étaient ceux des projets de
loi 62 et 28.
A ce moment-là, on n'avait pas peur, même la population de
Montréal n'avait pas peur d'entendre parler d'unification. La population
n'avait pas peur d'entendre parler de regroupement parce qu'elle savait d'ores
et déjà qu'un gouvernement et qu'un autre par la suite avaient
décidé de poursuivre l'objectif de l'unification par le
regroupement.
Il semble que les populations, aujourd'hui, se trouveraient en face
d'une chose tout à fait nouvelle; mais pas du tout, M. le
Président. Ce qui est nouveau actuellement et ce qui donne des arrhes
à ces populations, c'est que le gouvernement a reculé. Et un
geste de faiblesse est toujours suivi d'un autre. Le ministre de l'Education
est père de famille, il sait que, s'il donne tout de suite à un
enfant ce qu'il demande, l'enfant va revenir deux jours après lui
demander deux fois plus. Tandis que s'il fait acte d'autorité dès
le départ.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non! c'est un peu sommaire!
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une analogie, M. le Président, et
je suis mal placé pour la faire. Si le ministre et si le père de
famille parce que le ministre est une sorte de père de famille en
l'espèce avait dit dès le départ: La position de
mon prédécesseur était celle-ci, la mienne est
celle-là, avec certains accommodements qui tiennent compte des
représentations qui nous ont été faites. Mais, sur
l'essentiel, nous ne lâcherons pas. C'étaient les propos
mêmes que tenait le député de Verchères l'an
passé lorsque nous avons discuté du projet de loi 28.
M. LAURIN: J'ai d'ailleurs été très
intéressé par la réponse que le ministre a donnée
à la question du député de Saint-Jacques à propos
de la commission scolaire de Verdun lorsqu'il nous a dit: Nous avons
proposé à Verdun de s'unir à ses voisins de l'ouest,
à Lachine, mais on n'a pas voulu. Pourtant, c'est une commission
scolaire de 12,000 habitants.
Est-ce que le ministre croit vraiment que, après que la
commission scolaire de Verdun aura continué son existence autonome
durant trois ou quatre ans, elle acceptera davantage de s'unir à ses
voisins? Est-ce qu'on ne peut pas plutôt prévoir une sorte de
durcissement de son attitude? Et, pour avoir réussi une fois à
faire reculer le ministère, est-ce qu'elle ne pensera pas qu'elle peut
le faire reculer encore davantage une deuxième fois?
Je me rappelle ici une parabole de l'Evangile lorsqu'on parle de
Belzébuth. Lorsque Belzébuth est chassé, il va chercher
sept autres démons et il revient à la charge. Il est bien
possible que, dans ce conseil scolaire, la commission scolaire de Verdun puisse
trouver des alliés qui parlent son langage, qui entendent ses
préoccupations, qui partagent son souci. Et elle reviendra encore plus
forte avec des alliés nouveaux pour demander au gouvernement qu'on lui
laisse son autonomie, à laquelle elle tient plus qu'à la prunelle
de ses yeux.
Je pense qu'en retardant une fusion qui semble s'imposer naturellement,
si on regarde la carte et les communautés socio-culturelles qui existent
dans ce secteur, on ne peut que provoquer un durcissement. Et ce sera encore
bien plus difficile lorsque le gouvernement essaiera, dans trois ou quatre ans,
d'imposer cette fusion.
Là aussi, le ministre, avec les connaissance qu'il a en
psychologie, trouvera que c'est tout à fait naturel, lorsqu'on a
gagné une fois, de répéter les conditions qui nous ont
permis d'avoir ce premier gain.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est peut-être pas très utile
de répondre, parce que j'ai répété des dizaines de
fois, à satiété...
M. LAURIN: Prenez l'exemple de Verdun.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... la signification de ce projet de loi. Mais
j'admire tellement la dialectique du député de Bourget que je ne
peux pas résister au plaisir de faire deux courtes remarques.
D'abord, le fait que le gouvernement n'a pas reculé devant
Verdun. Il a simplement évalué l'ensemble de la situation et a
considéré que, pour ce préregroupement et les fins qu'il
poursuivait, il n'était pas nécessaire de bousculer les
populations, de bousculer un milieu. Il y a cependant un élément
dont il va falloir tenir compte, qui n'existe pas actuellement et qui existera
lorsqu'on aura progressé, grâce à ce que nous mettrons en
place, c'est l'égalisation de l'effort fiscal, la rationalisation
administrative, la péréquation, le rattrapage, le fait qu'il va
se produire un certain équilibre au niveau des services des
différentes commissions scolaires et que les réticences seront
certainement moindres. Parce que le fondement de certaines de ces
réticences vient du fait que des commissions scolaires se trouvent
tellement différentes de certaines autres commissions scolaires sur
l'île qu'elles ont l'impression de perdre si elles se
laissent aller dans une fusion qui, à ce moment-là, est
extrêmement complexe à faire fonctionner. Alors que, lorsque le
conseil scolaire aura marché pendant une couple d'années et que
nous aurons au moins réussi à mettre sur pied quelques projets
communs, à assurer ces grands objectifs, la situation sera
changée. C'est à ce moment-là qu'on devra
l'évaluer. C'est pour cela que je n'ai pas cessé de dire qu'il ne
fallait pas discuter cette carte comme une carte définitive, mais
véritablement dans l'optique qu'elle poursuivait. Je ne vois vraiement
pas ce que je pourrais ajouter maintenant.
M. CHARRON: Est-ce que c'est la commission scolaire de Verdun qui
refusait tout regroupement avec quelque autre commission scolaire ou si c'est
plutôt l'inverse, les commissions scolaires du sud-ouest qui ne voulaient
pas avoir de Verdun?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Cest nous qui n'avons pas insisté,
dans les circonstances, à cause de tout ce que je viens de vous
dire.
M. CHARRON: C'est donc sur votre responsabilité qu'on se retrouve
avec une commission scolaire de 13,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous considérons que cette carte est
effectivement de notre responsabilité à cause des objectifs que
je vous ai décrits et du fait que nous voulions coller le plus possible
aux circonstances du milieu actuellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre ne craignait pas de
bousculer des commissaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a aussi un autre point...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je demandais au ministre...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oh, je m'excuse. J'ai perdu cette...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans les considérations que le ministre
apporte lorsqu'il dit qu'il ne voulait pas bousculer la population de Verdun,
est-ce qu'on n'avait pas peur aussi de bousculer certains commissaires par
hasard?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas intervenu. Personnellement, je ne
les connais pas. Mais il est certain qu'il peut y avoir également des
problèmes...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ne les connaissez pas?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Personnellement, non. Je n'ai pas fait toutes
ces négocia- tions moi-même. J'ai d'excellents collaborateurs. Ce
que je voulais ajouter, c'est qu'il fallait aussi que cette carte ne
détermine pas si vous vous rapportez aux critères, il y en
a au moins sept ou huit, dont j'ai parlé cet après-midi dans mon
discours de deuxième lecture ne préjuge pas de solution.
Il faut laisser toutes les options ouvertes et c'est ainsi, par exemple, que
laissant Verdun seul c'est un des éléments qui nous a
convaincus nous laissons deux options ouvertes, l'option dont j'ai
parlé, c'est-à-dire de ce territoire qui est Ville Eymard, de la
CECM, et l'option qui peut être un regroupement avec Lachine et Ville
Lasalle. Alors, il y a deux options qui s'ouvrent. Nous avons cherché
à ménager le plus possible les options et c'est aussi pour une
même raison que l'Est n'est pas regroupé avec le bloc
Saint-Laurent, Outremont, Mont-Royal.
M. LAURIN: Est-ce que le ministre pourrait nous donner également
une information sur le Protestant School Board of Greater Montreal? Je l'ai
entendu dire que le projet de loi actuel faisait disparaître les treize
commissions scolaires autonomes. Est-ce que le ministre pourrait nous nommer
ces treize commissions-là avec le bassin de population qu'elles avaient
et le nom des commissions scolaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas treize, c'est onze. Je crois que
c'est moi qui ai donné le chiffre treize.
M. LAURIN: Afin que nous puissions compléter les informations
que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous n'avons pas la population. Vous voulez dire
la population scolaire?
M. LAURIN: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous ne l'avons pas, nous pourrions vous la
fournir, mais nous pourrons vous donner les noms dans quelques instants.
M. LAURIN: Dans la région de Verdun, il y en avait une,
j'imagine. Quelle était la clientèle scolaire protestante de la
région de Verdun?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas qu'on puisse vous la donner
précisément. On pourra déposer cela avec l'autre document
dont je vous ai parlé.
M. LAURIN: Vous avez dit tout à l'heure que vous nous feriez
parvenir la liste.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais je vous ai aussi dit que ce serait
lundi après-midi. Nous n'avons pas de secrétariat demain.
M. LAURIN: Lundi après-midi. Si vous ne
l'avez pas par écrit, un peu plus tard, est-ce que vous pourriez
nous communiquer le nom de ces onze commissions scolaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce que nous faisons instantanément.
Je vais pouvoir vous la donner dans quelques secondes.
M. LAURIN: Avec la clientèle scolaire? M. CLOUTIER: Je n'ai pas
la clientèle.
M. LAURIN: Vous n'avez pas la clientèle de toute
façon.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Pas de mémoire.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 1 est adopté?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur division, bien
entendu.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Sur division. M. CHARRON: Sur division.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 2. Adopté?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas de problème.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On revient aux mêmes problèmes.
C'est le même article, en somme.
M. CHARRON: Adopté quant à nous, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 2 est adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 2. Adopté, sur division.
LE PRESIDENT (M. Pilote) Sur division. Article 3.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'article 3, le ministre pourrait-il me
renseigner rapidement? Je n'ai pas retrouvé l'autre article. On dit
ceci: "La commission scolaire régionale de Lakeshore..." et les autres,
"cessent d'exister le 1er juillet 1973." Qu'est-ce que cela signifie exactement
en terme de regroupement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela signifie tout simplement que chaque
commission scolaire nouvelle aura la responsabilité des niveaux
élémentaires et secondaires dorénavant et que, par
conséquent, les commissions scolaires régionales existantes n'ont
aucune raison d'être. C'est une des grandes améliorations
qu'apporte le projet de loi. Vous n'ignorez pas que, dans l'île de
Montréal, dans les grandes commissions scolaires, il y a
intégration de l'élémentaire et du secondaire. Or, ceci ne
se retrouve pas partout au Québec et, en particulier, ne se retrouvait
pas dans ces régionales.
M. CHARRON: M. le Président, je n'ai aucune objection de principe
à l'intégration de l'élémentaire et du secondaire
sous une commission scolaire. J'ai seulement une question à vous poser.
En ce qui concerne la commission scolaire régionale Le Royer, est-ce que
son territoire c'est plus une information qu'autre chose est
l'équivalent de la commission six?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais vérifier dans l'annexe, M. le
Président, mais en gros, c'est exact.
M. CHARRON: C'est exactement son territoire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exactement le même territoire.
M. CHARRON: Donc, elle disparaît au profit d'une seule commission
scolaire, commission scolaire qu'on a appelée de l'Est.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Qui a cette responsabilité du secondaire
et de l'élémentaire.
M. CHARRON: Maintenant, qu'advient-il de ceux qui sont à l'emploi
de cette commission scolaire régionale proprement dite,
actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un article qui viendra plus tard, qui
protège entièrement les droits du personnel.
M. CHARRON: Donc, il est mentionné...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, oui, vous verrez d'ailleurs, nous pourrons
en discuter à ce moment ou en parler maintenant, si vous
préférez.
M. CHARRON: Est-ce que les sièges sociaux de ces commissions
scolaires, les locaux qu'ils occupaient appartiendront à la commission
scolaire à laquelle...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, oui, vous verrez qu'il y a un article pour
l'actif et le passif.
M. CHARRON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 3. Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur division, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 4 ou article 581.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va le prendre paragraphe par paragraphe.
L'île de Montréal, l'ensemble des municipalités
scolaires...
M. CHARRON: On ne finira pas l'article 4 ce soir, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... formées en vertu de l'article 1 de
la loi pour favoriser le développement scolaire dans l'île de
Montréal.
M. CHARRON: L'article 4? Non, non, il est un peu trop long. Il a 20
pages, l'article 4.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est presque toute la loi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avions cru comprendre que vous alliez la
proposer et nous allions nous y opposer pour vous fournir certains
renseignements.
M. CHARRON: Vous ne la passerez pas comme cela. M. le Président,
cela va, 581.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Numéro 581, adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est simplement 581 de l'article 4.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Sous l'article 582.
Conseil scolaire
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Section II. Conseil scolaire.
M. CHARRON: La loi mentionne dans sa lettre même que le Conseil
scolaire et sa structure supervisera l'ensemble du développement
scolaire qui favorisera l'ensemble du développement scolaire sur
l'île de Montréal. Le fait que ce soit un titre bilingue
consacre-t-il une forme de bilinguisme officiel dans tous les rapports, dans
tous les écrits, dans toutes les décisions, dans les
procès-verbaux, dans les affichages qui devront sortir, dans les
communications qui auront lieu entre le conseil scolaire et les commissions
scolaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je n'ai pas objection
à répondre à cette question à ce propos-là,
qui pourrait au fond s'accrocher à bien d'autres articles. La pratique
qui sera suivie sera celle, par exemple, du Conseil supérieur de
l'éducation, où les choses se passent fort bien. Les
délibérations se font fort bien, mais...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre avait vraiment éteint toute
lueur d'espoir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... A COCSIM, nous avons aussi fait
l'expérience d'une situation analogue. Voulez-vous que je vous parle de
la pratique qui s'est établie à COCSIM?
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... Elle sera d'ailleurs transmise au niveau du
conseil. Je vous en ferai une analyse sous tous les aspects. Pour les
délibérations, toute personne s'exprime dans la langue de son
choix. En fait, les délibérations ont lieu surtout en
français. J'y suis allé à quelques reprises et je n'ai pas
parlé d'autre langue que le français. Les convocations et ordres
du jour sont en français seulement. Les procès-verbaux sont en
français seulement. Toute résolution apparaissant au
procès-verbal est traduite dans l'autre langue que celle dans laquelle
elle a été présentée. L'un des deux
secrétaires adjoints est anglophone et peut remettre des notes aux
membres anglophones. Tous les documents transmis aux membres l'ont
été dans les deux langues. Les rapports des groupes de travail
sont faits dans la langue du secrétaire. Jusqu'ici, deux comités
ont fait leur rapport en français, le troisième en anglais. La
correspondance se fait uniquement en français avec les partenaires de
l'île.
Voilà la pratique qui s'est établie avec
l'expérience de COCSIM et c'est cette pratique qui se retrouvera au
niveau du conseil.
M. CHARRON: Si je prends chacun ou plutôt quelques-uns des
phénomènes que vient de signaler le ministre de l'Education,
est-ce à dire que si ce devait se transposer comme tel au nouvel
organisme, le Conseil scolaire de l'île de Montréal, par exemple,
ne communiquerait qu'en français avec le Protestant School Board of
Greater Montreal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, c'est le conseil qui
établira sa pratique, comme ce fut établi à COCSIM. Les
choses se passent comme je vous le décris actuellement.
M. CHARRON: Donc, je vous avais mal compris, quand j'avais cru que vous
me disiez que ce sera comme à COCSIM. Mais ce que COCSIM avait
réussi à établir comme langue de travail ne sera pas
nécessairement celle du conseil scolaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas de raison de croire que ce puisse
être différent. D'ailleurs, l'expérience à
Montréal a prouvé que c'est ainsi que se font les choses. Il y a
l'expérience de la CUM également que j'ai fait analyser et j'ai
fait analyser l'expérience du Conseil supérieur de
l'éducation, et la prédominance est nettement
française.
M. CHARRON: Quand vous dites prédominance française...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quand je dis prédominance
française, c'est que tant au Conseil de l'éducation, que j'ai pas
mal fréquenté, qu'à COCSIM, que j'ai également
fréquenté, on y parle surtout français. Il peut arriver,
à l'occasion, qu'un membre anglophone parle sa langue et se voit
répondre en français.
C'est de plus en plus rare, d'ailleurs, puisque tous ceux que j'ai
rencontrés sont bilingues.
M. CHARRON: Que le français ait une prédominance, je
dirais que c'est démogra-phiquement explicable...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne m'a pas du tout étonné. Je
vous fais part d'un fait.
M. CHARRON: C'est bien évident quand, dans un conseil comme
COCSIM ou le Conseil supérieur de l'éducation, la grande
majorité des membres, je pense, sont de langue française; c'est
bien sûr que cette langue aura la prédominance dans le
débat à moins qu'on soit parfaitement colonisé.
Mais quand même, est-ce que l'anglais, même si la langue
française est prédominante, aura, à l'intérieur du
conseil scolaire, les droits et privilèges équivalents de la
langue française et qu'il ne faudra que se fier à la règle
démographique et au hasard des choses pour que le français
atteigne cette prédominance, sans qu'il en ait le statut officiel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De toute façon, M. le Président,
moi j'ai clairement dit que ce n'était pas dans cette loi-là
qu'il fallait tenter de régler les problèmes linguistiques. Je
vous expose, parce que j'ai voulu la faire analyser, la pratique qui existe
dans les trois grands organismes montréalais où des
problèmes analogues se posent et où on est en présence de
gens de langues différentes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le
député de Saint-Jacques vient de poser un problème, celui
de la langue, la langue de travail de cet organisme qui s'appellera le Conseil
scolaire de l'île de Montréal.
Il est bien évident que, sans instituer un débat
spécifique sur la langue ce soir, le ministre se rend compte qu'il
devance peut-être ou que c'est nous qui devançons une des
politiques annoncées par son gouvernement, par le premier ministre du
Québec, qui a juré ses grands dieux et sur son âme de faire
du français la langue de travail au Québec.
Evidemment, les opinions à cet égard sont
partagées. Le ministre de l'Education connaît mon avis
là-dessus. Je disais l'autre jour, justement à propos du projet
de loi présenté par le Parti québécois, que
personnellement je n'ai aucune sorte d'objection à ce qu'on
légifère pour faire du français la langue de travail.
Il reste toutefois que j'avertissais le gouvernement de la portée
éventuelle d'une pareille mesure. Dès lors que l'on voudra faire
du français la langue de travail au Québec cela
paraît peut-être déborder un peu le sujet, M. le
Président, mais vous allez voir que je vais rattacher ça
très vite on en fera du même coup la langue officielle. On
n'en sort pas.
Par conséquent, le gouvernement devra se décider
bientôt et nous dire s'il a l'intention de décréter,
d'instituer par loi la pratique du français comme langue de travail sur
tout le territoire du Québec y compris ici dans le Conseil scolaire de
l'île de Montréal.
Il reste cependant un problème et la difficulté là
est de taille. C'est qu'il y a, en dépit d'une majorité
francophone dans l'organisation scolaire de l'île de Montréal,
quand même des anglophones. Or, tous et chacun des membres de cette
Chambre ont déclaré à l'envie qu'ils voulaient
privilégier, si je peux employer cette expression que je n'aime pas, le
français, mais dans le respect des droits de la minorité
anglophone.
Par conséquent, j'ai l'impression que nous devançons ici
le gouvernement en essayant de lui faire dire que le français sera la
langue de travail du Conseil scolaire de l'île de Montréal et,
compte tenu de l'engagement qu'a pris le premier ministre de faire du
français la langue de travail au Québec, nous pouvons
présumer que le gouvernement exigera au Conseil scolaire de l'île
de Montréal que le français soit la langue de travail, y compris
toujours cette réserve que personne ne se résigne à
définir véritablement la réserve des droits de la
minorité.
Alors, c'est tout un problème qui est posé-là, le
ministre en est conscient, et j'imagine qu'avant que de légiférer
ou de procéder par décret, le premier ministre, remplissant sa
promesse, devra tenir compte de cela lorsqu'il sera question du Conseil
scolaire de l'île de Montréal. Nous comptons sur le ministre de
l'Education pour le lui rappeler, pour que les dispositions législatives
qu'il soumettra bientôt à notre examen soient également
valables pour le Conseil scolaire de l'île de Montréal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci, M. le Président.
M. LAURIN: II reste, M. le Président, pour continuer
l'argumentation du député de Chicoutimi, que malgré tous
les précédents que nous cite le ministre de l'Education, ce qu'il
a constaté au COCSIM, ce qu'il a constaté à la
Communauté urbaine de Montréal, au Conseil supérieur de
l'éducation, n'est rien qui nous assure que cette coutume s'instaurera
au sein du Conseil scolaire de Montréal. Le ministre le présume,
mais il ne peut pas nous donner des garanties, il ne peut pas nous l'assurer,
il ne peut pas nous assurer que ce conseil scolaire va quand même
refléter l'appartenance linguistique de la majorité francophone
de Montréal. Et même s'il veut nous donner ses assurances
personnelles, je lui répondrais en lui rappelant l'aphorisme d'un
moraliste qu'il connaît sûrement aussi bien que moi, Vauvenargues,
qui disait: Si cela va sans dire, cela va encore mieux en le disant. Je me
demande, étant donné que le ministre semble avoir
déjà des idées plus précises que l'an dernier en ce
qui concerne le statut de la langue au Québec, s'il ne pourrait pas nous
donner des assurances plus explicites, plus formelles, plus sérieuses
que celles qu'il vient de nous donner, aussi bien en ce qui concerne
l'appellation de ce conseil scolaire qu'en ce qui concerne la langue de
travail. Car s'il ne peut nous donner des assurances plus sérieuses,
plus formelles que celles qu'il nous a données, probablement que nous
nous sentirions obligés d'introduire à un moment ou l'autre de ce
projet de loi un amendement qui l'amènerait à préciser
davantage son option en ce sens. Mais nous voulons lui donner au
préalable toute la chance aussi bien d'exprimer sa philosophie, puisque
le ministre aime beaucoup exprimer sa philosophie et je le comprends, adorant
la philosophie moi-même, nous voulons d'abord lui donner toutes les
chances d'exprimer sa philosophie sur ce point-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je suis très
reconnaissant au député de Bourget de m'offrir l'occasion de
préciser ma pensée. En fait, je crois l'avoir tenté au
cours du discours de deuxième lecture, alors que j'ai essayé de
disssocier le problème linguistique du présent projet de loi en
ajoutant que, pour autant que j'étais impliqué dans cette
politique, j'avais l'intention de faire des recommandations en rapport avec une
politique de la langue d'enseignement et en rapport avec l'orientation des
immigrants vers le secteur francophone.
M. LAURIN: Je sens bien que le ministre voudrait sérier les
questions, je le comprends bien, parce que ce serait tellement plus commode.
Lorsque une matière est sécable, on peut la disséquer, on
peut la séparer, mais il arrive justement, M. le Président, que,
dans certains domaines, nous avons affaire à des amalgames où il
est très difficile, sinon par des réactions chimiques, de
séparer les diverses composantes. H me semble que, lorsqu'on
légifère sur la question scolaire à Montréal, nous
nous trouvons précisément en face d'un phénomène,
d'un amalgame où il est très difficile de séparer les
problèmes parce que la réalité s'y refuse.
On peut dire, par exemple, que la question de la langue à
Montréal habille la chose scolaire comme sa tunique habillait Nessus et
on sait que, malgré tous les efforts que Nessus pouvait faire pour se
débarrasser de sa tunique, il ne pouvait pas y arriver.
Justement parce que cette tunique était devenue partie
intégrante de sa propre personne. Si on essaie malgré tout
d'aller contre l'évidence, on se rend coupable d'un péché
que les psychiatres appellent scotomisation. C'est comme un point noir qu'on ne
peut voir justement parce qu'il est noir, mais cela ne l'empêche pas
d'exister. Ainsi que disait Galilée: E pur, si muove. Après tout,
si la langue est à ce point collée à la chose scolaire
à Montréal, ce n'est quand même pas de la faute du
ministre, ni de la faute de la population. C'est un fait dont il faut constater
l'évidence et surtout dont il faut tirer des conclusions. Et même
si le ministre s'entête à ne pas vouloir en tirer les conclusions,
il faudra bien qu'il le fasse un jour.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis entièrement d'accord sur tout ce
que vient de dire le député de Bourget. Là où nous
pouvons peut-être différer, c'est sur la façon d'aborder le
problème linguistique. Il est évident je l'ai dit à
trois ou quatre reprises qu'il y a une relation étroite entre le
système scolaire et la langue. Je maintiens cependant que ce n'est pas
à l'occasion de cette loi qu'il faut tenter d'apporter une solution.
M. CHARRON: Vous me permettrez de faire suite aux questions du
député de Bourget mais en français et de
demander au ministre de l'Education ce que cela voudrait dire la pratique de la
prédominance du français que le ministre espère voir
instaurer. Il ne peut pas nous assurer qu'elle s'instaurera, comme d'ailleurs
il ne peut pas nous assurer qu'elle ne s'instaurera pas. Mais, qu'est-ce que
cela voudrait dire dans les faits concrets, dans les rapports entre, bien
sûr, les commission scolaires et le conseil, mais aussi les citoyens qui
ont affaire directement au conseil?
Le ministre a fait état de ce qui se passe à la
Communauté urbaine de Montréal. Je dois dire que je ne suis pas
familier avec ce problème. Les études que son ministère a
faites pour largement s'inspirer de ce processus l'ont probablement rendu plus
familier que moi avec ce qui se passe à la communauté urbaine, et
c'est pour cela que j'ai des questions à lui poser en espérant
avoir des réponses, non pas sur ce qui se passe à la
communauté urbaine, mais sur ce qui se passera au conseil scolaire de
l'île de Montréal.
Est-ce à dire que les fonctionnaires du conseil scolaire, en
particulier le directeur général et ceux qui graviteront
immédiatement autour de son bureau 25 à Toronto, nous
dit-on ceux qui auront des responsabilités devront être
bilingues? Auront-ils l'obligation, si demande leur est faite par un
commissaire venant d'une des commissions scolaires, par une commission scolaire
même qui serait en majorité anglophone ou par un citoyen de
Montréal s'adressant au conseil scolaire, de lui répondre dans sa
langue s'il est de langue anglaise? Est-ce cela, la pratique à la
Communauté urbaine de Montréal? Si ce l'est ou si cela ne l'est
pas, peu importe. Est-ce que ce sera celle du conseil
scolaire de Montréal? Est-ce à dire, donc, que la langue
de travail, tout en étant le français parce qu'il
prédomine sur le plan démographique cela saute aux yeux,
espérons-le que l'obligation sera faite pour gravir les
échelons à l'intérieur du conseil scolaire et pour
atteindre les postes les plus importants dans les alentours du directeur
général d'être bilingue parce que droit se trouve reconnu
à la minorité anglophone de se faire servir dans sa langue quant
à cette structure?
Si c'est le cas, nous retrouvons exactement le problème qui se
pose dans nombre d'industries, nombre d'entreprises québécoises
où, bien sûr, l'ouvrier à la base peut probablement parler
français. Mais là où le français devient un blocus
comme langue de travail, c'est que pour gravir dans l'échelle de son
entreprises, s'il ne veut pas rester le petit ouvrier manufacturier, on lui
impose à chaque endroit une connaissance plus approfondie de l'anglais
et il ne peut pas rêver devenir patron s'il n'est pas presque
assimilé aux anglophones. Est-ce qu'on est en train de refaire, dans le
conseil scolaire de l'île de Montréal, la même chose? C'est
ce que je demande au ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a plusieurs considérations dans
l'intervention du député de Saint-Jacques sur lesquelles je ne
reviendrai pas, m'étant fait entendre à plusieurs reprises
là-dessus. Je voudrais surtout tenter de répondre à la
question plus précise qui concernait, si je ne me trompe, la pratique
à la CUM.
M. CHARRON : Cela m'intéresse moins.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le problème...
M. CHARRON: Pourvu que vous le sachiez vous savez ce qui est
arrivé et que vous soyez en mesure de prévoir ce qui va
arriver au conseil scolaire de l'île de Montréal c'est ce qui
m'intéresse.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois qu'au conseil scolaire de l'île
de Montréal, on va parler français.
M. CHARRON : Je crois aussi qu'on va parler français parce que
j'imagine qu'à Montréal, la langue dominante sera le
français. Ce n'est pas la question.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La collaboration que j'ai
retrouvée...
M. CHARRON: Selon vous, le directeur général, par exemple
ce sera un bonhomme important, que ce soit un ancien
éditorialiste ou n'importe qui de ce conseil scolaire sera-t-il
presque obligatoirement bilingue?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ecoutez, M. le Président, le
député de Saint-Jacques me demande de prendre des
décisions pour le conseil.
M. CHARRON: Je ne vous demande pas de prendre des décisions.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne peux pas préjuger de ce que sera le
directeur général du conseil. Je souhaite qu'il soit bilingue
parce qu'il me paraît difficile, dans un milieu comme Montréal, de
ne pas l'être. Je souhaite...
M. CHARRON: D'autant plus, M. le ministre, si vous me permettez
d'intervenir directement, si vous admettez ce soir que droit sera reconnu aux
commissaires comme aux citoyens de s'adresser au conseil scolaire. Alors
là, ce ne sera plus seulement un avantage, ce sera obligatoire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela me parait pratiquement essentiel, ne
serait-ce que pour les relations avec d'autres villes sur le continent.
M. CHARRON: Est-ce que ce sera obligatoire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a strictement aucune obligation dans
cette loi. Ce sera ce qui prévaut au Québec de par les autres
lois ou de par les coutumes établies.
M. CHARRON: Pensez-vous légitimement qu'un francophone unilingue
peut remplir ce poste?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'en suis convaincu et j'ai bien
l'impression...
M. CHARRON: II pourra.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... que c'est un francophone qui va remplir ce
poste. Vous voulez dire un francophone unilingue?
M. CHARRON: Si sa volonté est, au directeur général
unilingue francophone, de répondre en français au Protestant
School Board of Greater Montreal, il ne peut craindre aucun recours parce que
la langue est le français. C'est ça?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, nous sommes en pleine
hypothèse.
M. CHARRON: Ecoutez! C'est fondamental.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne vois vraiment pas comment je pourrais
répondre à cette question.
M. CHARRON: C'est fondamental, nous sommes en train de nous demander si
la structure scolaire qui va... comment ça s'appel-
le? Je l'oublie toujours favoriser le développement
scolaire de l'île de Montréal devra être bilingue.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous me demandez, si je comprends bien...
Écoutez, reprenons calmement le problème à zéro;
reformulez votre question et je tenterai d'y répondre de mon mieux si
elle comporte une réponse.
M. CHARRON: Je la précise, M. le Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Faites-la donc interpréter par le
député de Bourget.
M. CHARRON: II pourra le compléter. M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas
la répéter.
M. CHARRON: Je demande au ministre ceci: Est-ce qu'un commissaire de
langue anglaise appartenant à une des deux commissions scolaires, ou
même à des commissions scolaires catholiques, un commissaire de
cette commission scolaire, un citoyen de langue anglaise, un directeur
d'école de langue anglaise, s'il est obligé d'avoir des rapports
avec le conseil scolaire de l'île, pourra le faire en anglais et
s'attendre que la réponse lui vienne en anglais?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais certainement.
M. CHARRON: Et si par hasard la réponse lui venait en
français, pourra-t-il s'insurger, protester parce qu'on ne respecte pas
sa langue? Ce que je vous demande, c'est si ce qu'on aperçoit dans
l'article 582 qui occupe nos débats, consacre non seulement dans le
titre, mais dans la vie du conseil scolaire, le bilinguisme?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne consacre rien du tout. Pour ce qui est
des titres, nos lois sont dans les deux langues, comme vous le savez, et ceci
est vrai pour toute législation. Pour ce qui est de la coutume de
communication, c'est la même qui existe dans nos ministères. Nous
correspondons en français avec les structures publiques et parapubliques
mais nous correspondons dans la langue du correspondant lorsqu'on nous
écrit.
M. LAURIN: Prenons une hypothèse, M. le Président.
Supposons qu'il y ait trois candidats au poste de directeur
général du conseil scolaire de l'île de Montréal et
que, une fois les concours effectués, terminés, les examens
corrigés, on se rende compte que le meilleur candidat à la
fonction est un éducateur ou un éditorialiste unilingue, qui a
une formation universitaire hors pair, qui a des qualités
administratives extraordinaires mais qui a cette faiblesse, dans l'île de
Montréal, de ne pas parler l'anglais.
Est-ce que, parce qu'il ne parle pas anglais, on va lui refuser ce
poste, cette promotion à laquelle toutes ses autres compétences,
toutes ses autres qualités le destinent? Et est-ce qu'on pourra dire
à la suite de cela que parce qu'un montréalais francophone ne
parle pas anglais, on lui refuse une promotion à laquelle toutes ses
autres qualités le destinent ou le rendent compétent? Est-ce que
ce francophone montréalais pourra se plaindre que le conseil scolaire
aura exercé à son égard une discrimination absolument
inacceptable dans ce pays français qui est le nôtre? Je pose la
question sous un angle très concret, puisque c'est l'angle sous lequel
le ministre veut aborder cette question.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai la tentation de répondre qu'avec
toutes les compétences que le député de Bourget
prête à son candidat hypothétique, il parle probablement
l'anglais, et probablement l'espagnol et l'allemand.
M. LAURIN: On ne le sait pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est pour illustrer le fait que c'est une
question tellement hypothétique. Je ne crois pas qu'on puisse
véritablement s'attendre à une réponse autre
qu'hypothétique. C'est le conseil qui aura à prendre ses
responsabilités.
M. CHARRON: Si le député de Chicoutimi me permet une
courte intervention, l'exemple qu'a donné le député de
Bourget est loin d'être hypothétique. Le ministre est à la
tête d'un système d'éducation actuellement qui produit, au
sortir de l'université et du CEGEP même, d'excellents
administrateurs, des diplômés en administration j'en
connais un bon nombre qui sont unilingues français, qui l'ont
choisi d'ailleurs et qui vont parler un anglais d'usage, pour employer une
expression de nos lois, mais un anglais insuffisant. Je puis vous assurer en
connaître une poignée, dans plusieurs milieux, dont la
connaissance d'usage est insuffisante pour remplir un tel poste. Ce qu'on est
en train de redire dans la structure scolaire, c'est que l'obligation sera de
connaître l'anglais pour remplir ce poste. Et, à ce
moment-là, on crée une structure bilingue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que le ministre devrait apporter
beaucoup de considération aux observations qui sont faites. Le ministre
connaît mon opinion sur cette question de langue, question
extrêmement difficile, complexe, c'est le cas de le dire. Seulement, moi,
je pars du principe suivant qui n'est pas un postulat. Je pars d'un fait
acquis. Le premier ministre a déclaré qu'il ferait du
français la langue de travail au Québec. Il l'a
répété dans une entrevue publiée dans le Soelil, le
5 décembre dernier, en parlant de la sécurité culturelle
des Québécois. Il a parlé à ce propos du
"provincial power" et il a dit que, délaissant un tant soi peu sa
philosophie socialiste et sa
technique du fédéralisme rentable, il allait en revenir
à des questions de droit, des questions de fond. Alors, compte tenu de
cet engagement qu'a pris le premier ministre et compte tenu d'une loi que nous
attendons, est-ce que le ministre de l'Education pourrait se commettre et nous
dire qu'un amendement qui stipulerait que la langue de travail du conseil de
l'île de Montréal sera le français sera le bienvenu dans
son esprit ou s'il pense que c'est présumer imprudemment des intentions
de son gouvernement? Et je vais tout de suite préciser ma pensée
là-dessus. Le ministre sait ce que je pense. Il sait avec quels
égards je veux qu'on traite la minorité et ce que je dis rejoint
ce qu'a déjà dit le chef extérieur du Parti
québécois qui ne veut pas non plus, disait-il, il y a quelques
années, brimer les droits de la minorité. Personnellement, je
sais une chose, c'est qu'en Amérique du Nord, quelles que soient les
fonctions qu'on occupe, un jour ou l'autre, on est obligé d'apprendre
l'anglais, même si on défend ardemment et avec ferveur sa propre
langue et qu'on veut qu'elle ait un statut bien spécial.
Mais je m'appuie sur ce qu'a déclaré le premier ministre
pour demander au ministre de l'Education: Accepterait-il un amendement
prescrivant que la langue de travail du conseil scolaire de l'île de
Montréal soit le français? Ce qui n'enlève aucun droit aux
anglophones qui pourront, en vertu des droits que nous leur reconnaissons,
communiquer en anglais avec le conseil scolaire et ce, par le truchement de
secrétaires ou de personnes spécialement affectées
à cette fin sans que, pour autant, le président ou le gros
bonhomme du Conseil scolaire ou les gros bonshommes du Conseil scolaire soient
obligés rigoureusement d'être bilingues. Je pose cette question au
ministre parce que, vous savez, cela va revenir constamment. Cela va être
une pierre d'achoppement dès le début, dès le
départ, lorsque va commencer à fonctionner ce fameux Conseil
scolaire. Il va falloir s'entendre sur un moyen de communication qui s'appelle
la langue, si on ne veut pas que ce soit la tour de Babel.
Comme la composition du conseil scolaire nous inquiète
déjà, nous avons, toujours dans cette perspective de la
sécurité culturelle dont parle le premier ministre, toutes les
raisons de nous interroger sur le sort qui sera fait à la langue
française, parce qu'il y aura dans ce conseil des anglophones. Je n'ai
pas d'objection à cela, mais comment travailleront-ils avec les
francophones et quelle sera, dans l'ensemble, la langue de travail, de
communication, d'usage, d'un conseil dont la principale responsabilité
sera de promouvoir le développement scolaire de l'île de
Montréal, y compris la dimension pédagogique qui inclut la
dimension linguistique?
Vous savez, la question n'est pas académique. C'est une question
de fait et elle est d'autant plus actuelle que le premier ministre a
réitéré son intention de faire du français la
langue de travail, même s'il ne prévoit peut-être pas tous
les risques et dangers d'un pareil engagement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, malheureusement, je ne
peux rien ajouter aux nombreux commentaires que j'ai faits, soit au cours de
mon discours de deuxième lecture ou au cours des savantes interventions
du député de Bourget, du député de Chicoutimi et du
député de Saint-Jacques. Je maintiens que le problème
linguistique ne doit pas être réglé par le truchement de
cette loi.
M. CHARRON: Ce n'est pas qu'on essaie de...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai très bien compris. On souhaiterait
qu'on décide de faire du français la langue de travail du
conseil.
M. CHARRON: Je n'ai même pas présenté d'amendement
dans ce sens. Ce n'est pas qu'on essaie de vous...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'essaie de vous répondre.
M. CHARRON: ... imposer une politique linguistique. On essaie de voir
laquelle va découler de la structure que vous imposez. Je vous ai
simplement posé des questions d'information.
M. CLOUTIER (Ahuntsic) : Je vous ai donné mon opinion en vous
parlant des trois pratiques que je connaissais. Je crois et ça
fait sept ou huit fois que je le répète que ce sera la
pratique établie. D'ailleurs, on pourrait même élargir
cette pratique que je vous ai décrite, parce que dans beaucoup de
municipalités de Montréal où il y a beaucoup
d'anglophones, le tout se passe en français.
M. LAURIN: M. le Président, ce n'est pas tellement que nous
voulons faire régler une question de principe par le ministre de
l'Education, c'est simplement le fait qu'à l'article 582, on
établit une structure à laquelle on donne un nom et nous
voudrions simplement savoir dans quelle condition s'effectueront les
activités de ce conseil scolaire très précis, très
délimité que crée le projet de loi. Nous ne voulons pas
régler la question du sexe des anges ce soir. Ce n'est pas là du
tout la question. Nous voulons savoir quelle sera la langue et de travail et
d'usage dans ce conseil scolaire très précis que crée la
loi actuelle.
M. CHARRON: C'est ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et je vous ai répondu.
M. LAURIN : Et nous voudrions, étant don-
né la situation que nous connaissons à Montréal, la
situation flottante, le babélisme, parce que nous connaissons la
situation, parce que nous pouvons invoquer des précédents qui ont
une nature économique certaine dans plusieurs cas, qui ont une
connotation culturelle précise dans d'autres, nous voulons savoir du
ministre s'il a des assurances à nous donner, autres que personnelles,
autres qu'hypothétiques.
Nous souhaiterions qu'il inclue dans son projet de loi des garanties
formelles pour le fonctionnement précis, concret de ce Conseil scolaire
de Montréal. Nous ne lui demandons pas de régler la question de
la langue de travail à l'échelle du Québec. Si le ministre
a compris cela, il nous a mal compris. Nous voulons simplement qu'il s'attache
à régler d'une façon concrète la situation qui
prévaudra dans ce conseil.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous ai répondu et je
répète ce que j'ai dit: J'ai fait appel â trois pratiques
dans trois grands organismes. J'ai tout lieu de croire que c'est le type de
pratique qui va s'établir au conseil scolaire. Je n'ai pas l'intention
d'institutionnaliser quoi que ce soit. Celle-ci se fera en cours de route et
sera établie par les gens eux-mêmes d'après les "patterns"
qu'ils connaissent déjà.
M. CHARRON: M. le Président, dans ces structures
déjà existantes, comme la Communauté urbaine, COCSIM,
comme le Conseil supérieur de l'éducation, prenons plutôt
la Communauté urbaine de Montréal, je pense que c'est celle qui
ressemble le plus comme structure, regroupement de différents... et
propre à Montréal en plus de cela. Est-ce que je ne suis
pas familier avec la structure encore une fois, je le dis, de la
Communauté urbaine de Montréal, peut-être, M. le
Président, qui êtes un membre de cette Communauté urbaine
veut m'éclairer là-dessus il existe quelqu'un sous M.
Hanni-gan qui aurait un peu les fonctions de directeur général,
de secrétaire général, je ne sais pas comment cela
s'appellerait?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui.
M. CHARRON: Oui, c'est exact, n'est-ce pas?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous comprendrez que je n'ai pas le
droit de prendre part au débat, même si on me demande des
commentaires sur ce qui se passe dans un conseil autre. Alors, vous devrez
nécessairement...
M. TREMBLAY Chicoutimi): En commission parlementaire, M. le
Président, on peut vous autoriser, vous donner le droit.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui mais j'aime autant...
M. CHARRON: M. le Président, puisque vous êtes familier
avec ces structures, il existe donc quelqu'un immédiatement, un
haut-fonctionnaire immédiatement. Ce haut-fonctionnaire, M. le ministre,
qui connaissez, qui vous inspirez de ces structures pour refuser de
répondre à nos questions, ce haut fonctionnaire, de la
communauté urbaine de Montréal, je ne sais pas son nom, est
bilingue; c'est presque une obligation, croyez-vous que c'est en fait une
obligation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Certainement, M. le Président. Je
l'ignore, mais j'imagine que s'il n'est pas bilingue, il est sans doute
difficile de travailler dans une ville où il y a une minorité de
35 p.c. d'anglophones; c'est là un fait démographique.
M. CHARRON: Pensez-vous que les directeurs généraux des
différents services de la communauté urbaine dont vous vous
inspirez, tant du service de l'intégration de la police, de la
planification, tous les services que la communauté urbaine commence
à remplir aux lieu et place des municipalités qui ont des
relations avec la ville de Montréal, de Pointe-aux-Trembles, de
Pointe-Claire, pourraient être des unilingues francophones?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je l'ignore. Je pense
que si ce sont des unilingues francophones, ils se privent d'une
possibilité de communication qui me parait à moi
extrêmement importante. Je peux vous donner la pratique, à la CUM,
si vous voulez...
M. CHARRON: Pensez-vous que des unilingues francophones pourraient
accéder à ces postes-là, à l'intérieur de la
communauté urbaine?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas à me prononcer
là-dessus. J'avoue que je l'ignore complètement. A mon avis,
cette question n'est pas pertinente. Je ne refuse pas d'y répondre, je
ne trouve pas de réponse.
Nous sommes en pleine hypothèse, nous sommes en train d'imaginer
des organismes...
M. CHARRON: Mais ce ne sont pas des hypothèses, M. le
Président...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne me parait absolument pas dans l'ordre.
Voulez-vous que je vous explique comment ça se passe â la CUM, par
exemple?
Je l'ai fait analyser, je puis vous l'expliquer en détail. Mais
quant à savoir s'il faut être unilingue ou bilingue, à tel
niveau de tel poste à la CUM, je vous avoue franchement que c'est en
dehors de ma compétence.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, pour
procéder...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je sais très bien ce que vous voulez nous
faire dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... pour avancer plus rapidement, je vais
faire une proposition au ministre pour un amendement à 582: Un organisme
est institué sous le nom en français de Conseil scolaire de
l'île de Montréal et en anglais de School Council of the Island of
Montreal; et l'amendement se lirait de la façon suivante: La langue de
travail dudit conseil sera le français.
C'est l'amendement que je propose, M. le Président. Vous en
excuserez la rédaction, si elle n'est pas très propre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): "La langue de travail...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): "La langue de travail dudit conseil sera le
français;".
LE PRESIDENT (M. Seguin): Alors, en partant du mot
"Montréal"...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Après "of Montreal" mettez, M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Seguin): On ajouterait, selon l'amendement
proposé: "La langue de travail dudit conseil sera le
français."
M.TREMBLAY (Chicoutimi): "est le français" parce que c'est au
présent.
LE PRESIDENT (M. Seguin): "est le français".
M. LAURIN: II est bien évident, M. le Président, que nous
appuyons des deux mains, et avec tous les organes à notre disposition,
cet amendement proposé par le député de Chicoutimi,
puisqu'il nous parait correspondre à un consensus déjà
exprimé à plusieurs reprises par les plus hautes autorités
québécoises, y compris le premier ministre du Québec, du
moins à l'état de promesse, il y a quelques années. Etant
donné que cette promesse a été faite il y a
déjà deux ans et demi, elle a dû se bonifier comme un bon
vin et elle doit avoir acquis beaucoup de tanin, beaucoup de coffre, beaucoup
de calibre. En conséquence, nous ne voyons pas pourquoi le ministre de
l'Education irait à l'encontre d'une politique énoncée par
celui qui est son chef, il y a deux ans et demi. Etant donné que cet
amendement est proposé précisément pour un conseil
scolaire, pour un organisme très bien défini par le projet de
loi, il ne pourra pas nous répondre qu'en acceptant notre amendement, il
légiférerait sur un principe, il établirait une politique
de la langue à l'échelle du Québec. En conséquence,
nous ne voyons pas pourquoi il ne voudrait pas faire précéder une
loi générale qui viendra sûrement, puisque le ministre l'a
promise, d'une sorte de consécration antérieure à cette
politique générale puisqu'on sait d'avance que cet amendement va
dans le sens de la politique générale qu'annoncera sûrement
le premier ministre d'ici quelques mois tout probablement.
En plus, je pense qu'une autre raison qui pourrait amener le ministre
à souscrire à cet amendement, c'est qu'elle lui vaudra
sûrement beaucoup de félicitations, beaucoup d'applaudissements de
la part des Montréalais et en particulier de la majorité
francophone de Montréal, car je ne crois pas présumer de leur
réaction en disant que c'est ce qu'ils souhaitent depuis très
longtemps. Et même si cet amendement dût se solder par une audience
électorale accrue pour le parti ministériel, la
consécration que ceci entérinerait pour l'île de
Montréal nous paraît tellement importante qu'elle prend
préséance, sûrement, sur toutes les autres
considérations partisanes que nous pourrions avoir en la matière.
Je pense qu'il y a là beaucoup d'arguments qui devraient inciter le
ministre à accorder la plus grande attention à cet amendement et
à l'accepter sans autre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, à maintes reprises depuis le
mois d'avril 1970, l'honorable premier ministre fait des déclarations
à l'effet que le français serait langue de travail au
Québec. Jusqu'ici, l'honorable premier ministre n'a peut-être pas
eu l'occasion de poser un geste précis pour légaliser, en quelque
sorte, ou consacrer dans un texte de loi sa grande déclaration de
principe. Il est à présumer que le rapport Gendron invitera
sûrement l'autorité gouvernementale à adopter une politique
définie en matière de langue et il serait fort surprenant que
cette politique ne soit pas axée vers le français. D'un autre
côté, il ne serait que normal que, dans la ville de
Montréal, la population francophone, qui est majoritaire, puisse
être assurée qu'enfin le gouvernement a l'intention de donner
suite aux grandes déclarations répétées par le
premier ministre à maintes occasions.
Je suis certain qu'il n'y a aucun embarras possible de la part du
gouvernement dans cette proposition d'amendement du député de
Chicoutimi, parce que cet amendement consacre justement l'activité
politique de l'honorable premier ministre en matière de langue. Le
français, langue de travail. C'est la première fois que
l'occasion nous est donnée, à nous, députés de
l'Assemblée nationale, de fournir l'occasion au ministre de l'Education,
dans les circonstances, pour que le gouvernement pose enfin un geste qui soit
conforme aux grandes déclarations de principe et d'intentions pieuses du
gouvernement et spécialement de l'honorable premier ministre. Je ne
verrais pas pourquoi l'honorable ministre n'accepterait pas l'amendement
proposé par le député de Chicoutimi et je
le mets en garde dès maintenant de ne pas invoquer l'attente du
rapport de la commission Gendron pour ne pas accepter l'amendement
proposé par le député de Chicoutimi.
Alors, M. le Président, pour ne pas nous priver davantage de la
réponse affirmative que va nous donner le ministre de l'Education, je
reprends mon siège avec l'espoir qu'il sera solidaire des grandes
déclarations de principe de l'honorable premier ministre, et je suis
sûr que, dès ce soir, le premier ministre le remerciera d'avoir
enfin accepté l'occasion qui lui était offerte pour consacrer
dans un texte de loi, pour la première fois, pour que nous puissions
consacrer ce grand idéal du premier ministre en matière de
langue.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je comprends les
préoccupations des députés de l'Opposition, je
n'hésite pas à dire que je les partage. J'ai à plusieurs
reprises indiqué qu'il me paraissait important d'apporter une solution
au problème linguistique à Québec. J'ai moi-même
posé des gestes, modestes, il est vrai, dans cette direction en
défendant la loi 64 alors que j'étais ministre de l'Immigration,
en précisant le mandat de l'Office de la langue française et en
suivant de façon extrêmement précise ses travaux, en
annonçant une politique touchant la langue d'enseignement, en soulignant
le fait qu'il m'apparaissait nécessaire de mettre au point les mesures
adéquates, de manière à orienter vers le secteur
francophone nos nouveaux immigrants. Ceci dit, M. le Président, je ne
crois pas être suspect de ne pas accorder à ce problème
fondamental pour notre collectivité toute l'importance qu'il
mérite. Il m'est maintenant loisible de vous dire que je ne suis pas
d'accord sur la façon de l'aborder par le biais d'un cas particulier. Je
ne suis pas d'accord pour l'aborder par le biais d'un cas particulier pour tout
un ensemble de raisons, la raison principale étant que, dans un domaine
aussi difficile, aussi délicat que celui-ci, en particulier dans un
milieu pluraliste comme Montréal, des mesures isolées, qui
peuvent peut-être prendre une valeur de symbole ou qui peuvent
peut-être donner satisfaction à certaines aspirations, risquent
souvent de nous empêcher de faire des politiques encore plus valables. Je
pense, par conséquent, M. le Président, qu'il n'est pas
nécessaire, alors que nous mettons en place une réforme quoi
qu'on en pense qui reste une réforme d'envergure, de mêler ce
problème, parce que c'en est un pour certaines personnes, avec les
nombreuses difficultés qui, inévitablement, accompagneront
l'implantation et la mise en train, la mise en marche de ce que nous voulons
réaliser sur l'île de Montréal. Par conséquent, M.
le Président, le gouvernement votera contre cet amendement.
M. CHARRON: J'attendais avec impatience c'est le retour â
la lumière; maintenant c'est clair, la politique gouvernementale en
cette matière que le ministre de l'Education annonce qu'il allait
voter lui-même contre les intentions maintes fois énoncées
par le chef du gouvernement et même par le ministre de l'Education. Cette
dissociation entre le théorique et le pratique, entre le chef et le
ministre, entre les promesses d'élection et le gouvernement, nous de
l'Opposition, commençons à y être un peu familiers.
On pourrait penser que le député de Chicoutimi ou
n'importe lequel d'entre nous aurait pu présenter cet amendement pour
obtenir une fois de plus confirmation de l'impuissance, du manque de
volonté et surtout de la faiblesse du gouvernement en cette
matière. Cela n'a pas été le but j'en suis
convaincu du député de Chicoutimi parce que la preuve en
est faite depuis déjà longtemps.
Si nous l'avons appuyé à cet endroit précis, ce que
le ministre de l'Education appelle ce cas isolé, c'est qu'il nous
semblait important. Avant de procéder à la rédaction de
cet amendement et à sa présentation, notre débat a
été occupé par une série de questions.
La langue du travail du conseil scolaire que nous nous apprêtons
à adopter, à créer sur î'ile de Montréal avec
l'adoption de cette loi par la majorité gouvernementale ne sera pas le
français. Et comme dans toutes les entreprises du Québec qui ont
la moindre importance, comme dans tous les organismes du Québec qui ont
un moindre rôle à jouer, comme dans toutes les usines du
Québec qui ont la moindre taille d'importance, le même
phénomène d'infériorité, le même
phénomène de faiblesse se présentera pour 1es
Québécois unilingue francophone.
Bien sûr, il pourra travailler en français dans les postes
subalternes. Bien sûr, il pourra travailler en français s'il se
contente des postes secondaires. Et condition lui est faite par les faits,
disait le ministre, mais aussi par la loi, parce que, tel que
rédigé, l'article 582, sans l'amendement du député
de Chicoutimi, crée la structure bilingue du conseil scolaire de
l'île de Montréal. Obligation lui sera faite s'il veut monter dans
l'échelle de cette entreprise que deviendra le conseil scolaire de
l'île de Montréal de parler l'anglais, donc d'être
bilingue.
M. LAURIN: On ne voit pas cela à Moncton et à Toronto.
M. CHARRON: C'est exact. On ne voit pas la même chose à
Moncton ou à Toronto dans la structure scolaire dont on s'est
inspiré largement. Ce n'est que chez nous, au Québec, que cette
infériorité a besoin, dirait-on presque de façon
masochiste, d'être reconduite par un gouvernement qui refuse de s'y
attaquer.
On peut avoir en tête des cas précis et ce sont
ceux-là d'ailleurs que, depuis le début du débat sur
l'article 582, nous nous sommes appliqués à vérifier. Et
c'est bien sur ce terrain que le ministre a refusé de poser le pied,
s'enfermant dans la théorie, dans la faiblesse du
gouvernement en cette matière et nous répondant par de
vagues réponses qui n'ont en rien éclairé nos
appréhensions.
Les généralités du ministre ne nous ont pas permis
de répondre aux questions les plus pratiques que nous nous sommes
efforcés de poser avant de présenter cet amendement.
Qu'adviendra-t-il demain matin des citoyens qui sont à l'emploi
d'une commission scolaire, par exemple la régionale Le Royer, dans
laquelle ils ont pris une expérience et une aptitude au travail qui
pourraient en faire peut-être les principaux artisans de l'implantation
du conseil scolaire de Montréal?
Qu'advient-il de tous ceux-là dont l'expérience dans le
domaine scolaire, dans le domaine de l'éducation pourrait être,
demain matin, un outil bénéfique pour l'ensemble de la
communauté montréalaise s'ils pouvaient se trouver un emploi
d'importance à l'intérieur de cette nouvelle structure?
Comment cette nouvelle structure pourra-t-elle remplir le rôle que
nous nous apprêtons à lui voter si elle n'est pas formée
d'hommes d'expérience, compétents, d'administrateurs? Comment
cette structure pourra-t-elle vivre et répondre aux besoins
montréalais si elle n'est pas constituée des meilleurs que nous
puissions lui fournir? C'est la question à laquelle on a â
répondre, c'est la question à laquelle le ministre de l'Education
refuse de répondre. Il oblige ce même individu qualifié,
compétent, qui est allé chercher son expérience dans
d'autres commissions scolaires, à être bloqué ce
sera un cas de plus dans l'histoire des Québécois quant
â sa possibilité d'assumer ce poste-là parce qu'il est
unilingue francophone.
C'est la même histoire. On peut se gargariser du côté
ministériel en faisant des réformes et en créant une
structure nouvelle qui va jouer un rôle nouveau. Quels hommes y
mettrons-nous? Le même type d'hommes que la société qu'on
s'apprête à vouloir changer avec ce bill-là, des hommes qui
auront dû se soumettre au joug du bilinguisme, qui est le fruit de
l'infériorité et de notre faiblesse dans ce pays.
M. le Président, le ministre se dissocie de la politique
gouvernementale, s'apprête à voter contre une politique
gouvernementale même pas énoncée. Il annonce ainsi à
plusieurs francophones qui espéraient, dans cette réforme, une
possibilité de promotion, à la fois de leur propre
compétence comme de leur langue parce que c'est aussi devenu une
préoccupation collective à Montréal qu'il
s'apprête à ne rien changer. Il faudra être bilingue pour
obtenir les postes responsables. Il devra, quand demande lui sera faite en
anglais par un citoyen, un commissaire ou n'importe quel palier de la structure
que nous nous apprêtons à établir, y répondre en
anglais. Il sera jugé incompétent et inapte, quelles que soient
ses qualifications passées, quels que soient les diplômes qu'il
ait, quelles que soient ses aptitudes à remplir ce poste, s'il n'a pas
cette qualité essentielle sans laquelle aucun Québécois
francophone ne réussit à s'implanter dans son propre milieu. S'il
n'a pas la qualité d'avoir accepté les conditions de notre
infériorité collective et de parler la langue du peuple qui nous
domine, il sera bloqué.
M. le Président, il me semble que chaque fois que nous
intervenons sur ce genre de question, nous nous heurtons à un mur plus
coriace, plus solide, celui d'une faiblesse qui se généralise
parfois en lâcheté. A l'aide de généralités,
de verbiage, on évite la question. Ce soir, fait nouveau qui ne nous est
pas arrivé souvent, qui ne nous est même pas arrivé sur le
bill 91, il y aura un vote sur la question, ce qui sera encore plus clair.
Je ne suis pas heureux de voir qu'un amendement de cette importance soit
battu, c'est le gouvernement qui aura â en porter la
responsabilité.
UNE VOIX: Vote, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Sur l'amendement proposé par le
député de Chicoutimi, pour ou contre l'amendement? M.
Phaneuf.
M. PHANEUF: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Contre. Je demanderais qu'on parle un
peu plus fort. M. Brochu? M. Paul?
M. PAUL: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je remercie le député de
Maskinongé. On l'a compris. M. Cloutier (Ahuntsic)?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Dumont? M. Houde (Fabre)?
M. HOUDE (Fabre): Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Brisson?
M. BRISSON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Cornellier?
M. CORNELLIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Charron?
M. CHARRON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Saint-Germain?
M. SAINT-GERMAIN : Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Houde (Limoilou)?
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Tremblay (Chicoutimi)?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La motion d'amendement est
rejetée. Je voudrais quand même faire une toute petite remarque et
je suggérerais aux députés des deux côtés
qu'on essaie de s'en tenir à l'article 165 de votre règlement sur
la procédure dans les commissions. C'est dire qu'un député
peut parler très souvent sur le même article mais sur le temps
total qu'il ne devrait pas dépasser, vingt minutes. C'est dire que, sans
vouloir limiter le nombre d'interventions, la durée totale du temps ne
doit pas dépasser vingt minutes.
M.PAUL: II faudrait pour cela que vous ayez un chronomètre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Probablement. C'est une tâche
assez ingrate pour le président d'essayer de tenir le temps. Mais dans
le but de comprendre un peu ce fait, j'ai voulu le mentionner à ce
moment-ci.
M. PAUL: Sur une question aussi importante que la langue, alors qu'on a
fourni au gouvernement l'occasion de se prononcer, le débat n'a pas
été très long.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Surtout que dans les derniers moments,
c'était sur l'amendement exclusivement. Article 582, adopté?
M. PAUL: Sur division, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté sur division. Article
583? Adopté sur division?
M. PAUL: Un instant. Ce sont des pouvoirs qui sont accordés
à ce conseil et qui sont tout à fait conformes aux dispositions
du code civil.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté? M. PAUL: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté, article 583. Article
584.
M. CHARRON: Article 584, nous aurions notre premier amendement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON : La bataille s'engage par un amendement.
M. LAURIN: Très important.
M. CHARRON: Très important. Nous proposons qu'à l'article
584, aux troisième et quatrième lignes, on remplace les mots
"corporation municipale" par le mot "municipalité". Je vais expliquer
pourquoi. C'est une loi qui est mal rédigée, tout simplement.
C'est une correction à apporter. On parle du siège social dans la
ville de Montréal. Il peut toutefois se transporter dans une autre
corporation municipale. La corporation municipale, dans le sens de nos lois,
c'est une personne morale. Et on ne peut pas emménager un siège
social dans une personne morale. On le situe dans une municipalité, ce
qui a un sens géographique, physique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une explication dont il faut tenir compte.
Je prierais le député de se rapporter à l'article 581 qui
a été adopté, article dans lequel nous donnons certaines
définitions et à l'alinéa d), corporation municipale:
"Toute corporation municipale qui a juridiction en tout ou en partie sur
l'île de Montréal." On me dit que nous avons
préféré utiliser l'expression "corporation municipale"
pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté avec les municipalités
scolaires. Je vais...
M. CHARRON: Mais l'amendement que je vous ai proposé n'est pas
"municipalité scolaire", c'est "municipalité" tout court.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, je le sais bien. Je ne sais pas si
ça ne crée pas un problème de concordance avec l'article
581.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ressort du sens lui-même.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai aucune objection, au contraire. Je suis
très heureux qu'on améliore ainsi la rédaction de la
loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous trouvons l'expression corporation
municipale: "toute corporation municipale qui a juridiction en tout ou en
partie sur l'île de Montréal." C'est l'entité morale tandis
que, dans l'autre article, il s'agit d'un lieu physique, ce conseil a son
siège social dans la ville de Montréal, là où
existe la corporation municipale de Montréal et il peut toutefois le
transporter dans une autre municipalité, c'est-à-dire dans un
autre lieu où se trouve une autre corporation municipale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je constate que
ça va nous créer de petits problèmes de concordance dans
plusieurs articles et je me demande si nous ne pourrions pas, dans le
même esprit, dire, le transporter dans le territoire d'une autre
corporation municipale. A ce moment, on arrive exactement au même
sens.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sera plus lourd, mais ce ne sera pas mauvais
non plus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela nous éviterait de toucher à
un bon nombre d'articles.
M. LAURIN: Nous voulons être bon prince en cette matière
aussi grave. Nous pouvons laisser notre amendement à la
considération de vos légistes, surtout s'il y a des
problèmes de concordance avec d'autres articles et vous pourriez nous
dire, demain matin, si notre amendement est préférable à
la formulation actuelle de l'article. D'avance, je suis content de vous assurer
de notre plus grande collaboration, et même de notre acceptation
éventuelle.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'autant plus heureuse, M. le Président,
qu'il en va de la collaboration comme de la vertu. C'est dans les petites qu'on
reconnaît les grandes.
M. CHARRON: Si ça va bien comme ça pour tous nos
amendements, M. le Président, nous serons chez nous pour Noël.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis animé des mêmes
sentiments de générosité.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous allons le remplacer pour
délibération.
M. CHARRON: II est sur la table. M. PAUL: L'article est suspendu.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Suspendu pour considérations
mineures.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois comprendre qu'on veut une formulation
qui soit correcte et qui tienne compte de la situation.
M. LAURIN: A toute épreuve. Mais avant que l'article soit
suspendu, j'aimerais que vous teniez la suspension, pour quelques instants,
au-dessus de nos têtes, simplement pour avoir le temps de poser une
question. Qu'est-ce qui a incité le ministre à penser que le
siège social pouvait être transporté dans une autre
corporation? Est-ce qu'on pourrait savoir les motivations inconscientes ou
latentes du ministre à cet égard?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est vraiment un article passe-partout qu'on
retrouve dans la plupart des lois.
M. LAURIN: C'est simplement une précaution légiste.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, absolument, comme il est d'usage qu'un
organisme puisse, le cas échéant, modifier son siège
social.
M. CHARRON: Au cas où Verdun annexerait Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, c'est au cas où le maire de
Montréal installerait des stades olympiques dans toute la ville.
M. LAURIN: Cela n'exprime aucun souci, aucune
préoccupation...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II mettrait la ville sous un dôme.
M. LAURIN: ... ou intention avouée ou secrète du
ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est vraiment une clause banale.
M. LAURIN: Je vous pose la question, M. le Président, parce que
certaines personnes se sont étonnées et inquiétées
de cet ajout à l'article 584 et se sont posé des questions. Je
suis très content de l'assurance que vous nous donnez.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Article 584, suspendu jusqu'à
demain, pour permettre aux légistes du ministère de l'Education
de réviser, s'il y a lieu, certains mots à l'intérieur de
cet article.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous verrons s'il y a...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Article 585. Adopté.
M.PAUL: Un instant! Un instant! C'est bien important...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais litigieux par excellence.
M. le Président, tout à l'heure, alors que je proposais
certains aménagements, certains réaménagements de la carte
ou des cartes scolaires de l'île de Montréal, le ministre s'est
refusé à accepter notre amendement, enfin, la suggestion
d'amendement nous n'en n'avons même pas fait une proposition
formelle je lui disais à ce propos que ce refus qu'il nous a
opposé avait quand même des conséquences sur la
constitution du conseil scolaire de l'île de Montréal.
J'appuyais mon argumentation sur le fait qu'il m'apparaissait y avoir
danger en ce qui concerne l'équilibre de la représentation des
groupes anglophones par rapport aux groupes francophones ou vice versa.
M. le Président, je m'interroge sur le nombre qui a
été choisi, déterminé par le ministre de
l'Education, ses collaborateurs et le gouvernement, soit 16 membres. Le
conseil, lit-on dans
le premier paragraphe de l'article 585, est composé de 16 membres
désignés ou nommés de la façon suivante :
Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer pourquoi on a choisi 16
membres, on a choisi ce nombre de 16? J'aurais quelques propositions à
lui faire à ce sujet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, nous avons tenu compte
des unités qui ressor-taient de la carte scolaire, ces unités
étaient au nombre de 8. Nous y avons ajouté la pondération
suivant la formule dont je vous ai déjà parlé, plus 4
membres pour la CECM, plus 1 membre pour le Protestant School Board of Greater
Montreal, et nous avons essayé d'évaluer quel était le
nombre le plus adéquat pour les nominations gouvernementales. Nous avons
envisagé le nombre 2, le nombre 3 et le nombre 4. Nous nous sommes
arrêtés sur le nombre 3, ce qui donne le total de 16.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, reprenant les
statistiques dont je me suis déjà servies, je voudrais faire
observer ceci au ministre: Dans le cas des six commissions dites catholiques,
j'ai fait observer au ministre que pour l'ouest, il y aura 1 membre
représentant 21,815 personnes; de centre-nord, 1 membre pour 15,875;
sud-ouest, 1 membre pour 21,905; Verdun, 1 membre pour 12,945; la CECM, 5
membres pour 219,655, soit un membre par 43,931 personnes; l'est, 30,045, soit
1 membre pour 30,045.
Il me paraît très nettement que, quelque soit le
caractère ethnique du membre qui sera nommé ou élu ou
désigné, il y a une disproportion assez marquée, que
l'équilibre dont parle le ministre n'est pas atteint, d'autant plus que,
lorsqu'on se tourne du côté des commissions scolaires
protestantes, dans le cas de Lakeshore, vous avez un membre pour 14,410
personnes et dans le cas du Protestant School Board of Greater Montreal, vous
avez deux membres, soit un membre par 29,165 personnes.
Est-ce qu'il ne semble pas au ministre, je lui ai déjà
servi cet argument cet après-midi, que cette pondération dont il
parle n'existe pas si on se place dans l'optique de la représentation
francophone? Et le ministre pourrait-il nous dire, puisqu'il y aura trois
nominations gouvernementales, de quelle façon, par le truchement de ces
nominations, pour atteindre finalement le chiffre de 16 membres, on en arrivera
à pondérer la représentation de telle sorte qu'on ait
l'assurance qu'en aucun temps le groupe francophone se trouvera
défavorisé par rapport au groupe anglophone?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En tenant compte de la composition des membres
du conseil, telle qu'elle apparaîtra, après leur
désignation dans les différentes commissions scolaires, et en
palliant, par les nominations gouvernementales, ce que la démocratie
n'aurait peut-être pas assuré de façon satisfaisante du
point de vue de l'équilibre démographique.
M. LAURIN: Faites-vous confiance à la démocratie?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si, mais il est nécessaire, et ce n'est
pas du tout anormal, je pense, qu'au niveau d'un organisme comme
celui-là le gouvernement puisse, dans un milieu pluraliste, se
réserver certaines nominations de manière à tenir compte
de cet équilibre.
Je ne sais pas ce qui va en sortir, bien sûr, mais c'est en
fonction de ce qui va en sortir que nous devrons déterminer quel type de
nominations nous ferons.
M. LAURIN: C'est pour corriger la démocratie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Maintenant, corriger c'est beaucoup dire.
M. LAURIN: C'est une panacée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tenant compte de la population que je viens
d'indiquer, le ministre me dit: Souhaitons que la démocratie joue comme
elle devrait jouer. De toute façon, s'il arrivait que des écarts
se produisent, par le biais, par le truchement des nominations
gouvernementales, on pourrait corriger ces écarts.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le but que nous poursuivons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, est-ce que, mathématiquement, le
ministre a fait un calcul? Prenons, par exemple, le cas de l'ouest, la
commission scolaire de l'ouest, il y a quand même 10,435 anglophones. Il
est à prévoir que la démocratie peut fort bien jouer dans
le sens de la nomination d'un membre anglophone. Maintenant, dans le cas de
Verdun, nous avons 2,475 anglophones et 10,470 francophones. Evidemment, on
peut penser que la représentation ici sera francophone, comme dans le
centre-nord, le sud-ouest, et l'est. Alors, à la CECM, il y aura sans
doute un membre anglophone sur cinq membres.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'espère qu'il y aura un membre
anglophone, parce que ceci correspondrait à la structure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et cela correspondrait-il à la
population scolaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas que l'on puisse établir
des comparaisons rigoureuses mais, sur le plan des pourcentages, en gros, je
dirais que oui.
M. CHARRON: Ches les catholiques, avec
25 p.c. qui sont de langue anglaise, ils devraient avoir une proportion
de 25 p.c. des sièges réservés aux commissions scolaires
catholiques, soit 10, ce serait donc 2.5
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les anglo-catholiques constituent à peu
près un quart de la population scolaire, un peu moins d'un quart, 44,760
à la CECM sur 219,655.
Cela signifie que si, sur cinq nominations, vous avez un
anglo-catholique, à ce moment-là cela correspond à leur
proportion. Nous parlons de la CECM.
M. CHARRON: D'accord, mais dans l'ensemble de catholiques sur
l'île de Montréal, sur les 302,000 catholiques, 73,000 sont de
langue anglaise.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est 322,000, pour corriger votre chiffre.
M. CHARRON: II y en a 73,000 de langue anglaise. Quand vous faites la
proportion, cela fait à peu près 25 p.c. Donc, si on continue le
même rapport de chiffres, les anglophones catholiques devraient
posséder 25 p.c. des sièges réservés aux
catholiques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais c'est là que la pondération
jouera. Nous verrons quelle est la structure du conseil et nous utiliserons nos
trois postes pour coller le plus possible à la
réalité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, justement, c'est cela que je trouve un
peu dangereux, que le gouvernement soit obligé à un moment
donné, pour rétablir l'équilibre démocratique et
démographique en même temps, les deux, que le gouvernement soit
obligé d'intervenir par le biais de nominations. Est-ce qu'il n'aurait
pas été possible pour le gouvernement, à partir des
clientèles scolaires telles que je les ai données tout à
l'heure et que le ministre nous les a précisées en francophones
et anglophones, est-ce qu'il n'aurait pas été possible
d'augmenter le nombre des membres de ce conseil scolaire, en établissant
une pondération basée sur le nombre réel de francophones
et d'anglophones? De prendre un chiffre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On revient presque inévitablement au
problème de la carte. Il nous a paru utile, dans cette étape,
sans préjuger, peut-être, d'une autre étape où le
gouvernement pourrait ne nommer personne, il nous a paru utile de conserver ce
mécanisme qui existait, avec un nombre différent, dans les
projets de loi antérieurs. Il ne faut pas oublier que Montréal
est véritablement une société pluraliste. Il y a
énormément de groupes qui ne se sentiront peut-être pas
représentés, et il y a intérêt, probablement,
à ce stade-ci à tenter d'en tenir compte.
M. LAURIN: M. le Président, je voudrais répondre à
la question du député de Chicoutimi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très bien.
M. LAURIN: Nous croyons, nous, qu'il y a un moyen d'imaginer un
système de vote qui corresponde exactement à votre
préoccupation et dont l'effet serait d'établir une
équivalence entre le vote et la proportion relative des francophones et
des anglophones. Et c'est l'objet de l'amendement que va proposer le
député de Saint-Jacques. C'est exactement cet
objet-là.
M. CHARRON: M. le Président, l'amendement annoncé par le
député de Bourget vise à corriger les imperfections de la
carte qu'il nous a été impossible de modifier, vise en même
temps les objectifs que le ministre lui-même a présentés en
présentant le conseil scolaire, en présentant tout le projet de
loi, en deuxième lecture, soit celui d'établir sur l'île de
Montréal, une démocratie scolaire comme il y en a très peu
actuellement. La disposition importante, bien sûr, est le suffrage
universel, comme nous le verrons plus loin. Il y aura, bien sûr, accord
de tous les partis là-dessus, mais, étant donné que le
conseil scolaire devient une structure très importante, il est important
que le suffrage universel établi au niveau de chacune des commissions
scolaires, ait le reflet, au niveau de la structure supérieure, le plus
équitable possible. Ceci nous apparaît possible de deux
façons. D'abord, en supprimant les nominations gouvernementales. Pour le
ministre, j'aurais peut-être besoin de reprendre l'argumentation, pour le
sous-ministre, peut-être pas. Ils se souviendront tous les deux que lors
du bill 28, l'année dernière, où l'on parlait
également de nominations gouvernementales, c'était à ce
moment-là quatre sur quinze.
Si ma mémoire est fidèle, nous nous étions
opposés, principalement parce qu'il nous semblait inacceptable
qu'après s'être vanté, à bon droit, d'installer une
démocratie politique à la base, dans les commissions scolaires,
démocratie politique telle que nous la connaissons, avec suffrage
universel on s'occupe, lorsqu'on atteignait le niveau qui jouera un rôle
extrêmement important pour favoriser le développement scolaire sur
l'île de Montréal, un peu de filtrer et de corriger les
résultats que le suffrage universel n'aurait pas donné. Les
nominations gouvernementales nous apparaissaient en ce sens une disproportion
par rapport à ce que le suffrage universel apportait de bon à la
structure scolaire de l'île de Montréal. Nous n'avons pas
changé d'opinion là-dessus et nous croyons que ces nominations
gouvernementales, quelles qu'elles soient, sans présupposer de leur
ordre ou de leur type, par principe, devraient être
écartées de l'intérieur du conseil scolaire.
J'ai entendu le ministre défendre ce point, et
je m'appliquerai immédiatement à lui répondre. Le
ministre nous dira que si cela était comme le député de
Verchères nous avait présenté son projet l'année
dernière, ce n'est pas pour les intentions que la méchante
Opposition lui prête qu'il s'est réservé le droit, dans le
projet de loi, de nommer des gens supplémentaires à ceux que le
suffrage universel ou que la délégation des commissions scolaires
aurait fournis.
Bien sûr que non. Je ne dirais pas que l'intention première
du ministre en se réservant les nominations gouvernementales est de
tripoter, de changer le résultat du suffrage universel. Je comprends
l'objectif que le ministre a. Il est possible que des groupes, et Dieu sait
qu'à Montréal, les groupes se multiplient, linguistiques,
culturels, ethniques, religieux, etc. Ainsi les neutres pourraient se retrouver
sans représentant... C'est possible. Je comprends l'objectif visé
par le ministre. Je dis que le moyen est mauvais, par principe, et aussi par le
fait qu'il vient contrecarrer ce que d'autres éléments
représenteront nécessairement, et que la loi ne leur permet pas
de représenter adéquatement.
C'est pourquoi nous proposons je fignolerai juridiquement mon
amendement à la fin de ma présentation un amendement qui
supprime les nominations gouvernementales sur lesquelles nous avons un
désaccord de principe, mais qui visent à faire remplir le
rôle que leur proposerait le ministre de l'Education par les instances
mêmes qui seront issues des commissions scolaires, c'est-à-dire
les treize qui s'y trouveront, en pondérant leur vote par rapport
à la population qu'ils représentent. C'est-à-dire que, si
nous prenons la carte qui est demeurée inchangée ainsi, je
n'aurai pas à faire de calculs comme dénominateur commun la
plus petite des commissions scolaires qui s'assure un vote au conseil scolaire,
Verdun, et disons donc qu'une clientèle de 13,000 étudiants
devrait assurer à une commission scolaire un vote au conseil scolaire.
Ce qui fait que si vous divisez sautons plus gros pour que l'exemple du
principe que je suis en train de défendre soit plus frappant
compte tenu du fait que la CECM comprend 219,000 étudiants et que Verdun
pour 13,000 étudiants a un vote, la CECM pour ses 219,000
étudiants devrait avoir quinze ou seize votes supposons quinze
pour que la pondération joue plutôt en faveur des plus petites
comme on doit s'appliquer à le faire. C'est-à-dire qu'ils
demeureront toujours le même nombre. Nous ne parlons pas de grossir le
nombre de conseillers.
Nous parlons d'amener les cinq délégués de la
CECM...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les votes pondérés.
M. CHARRON: ... ont droit à trois votes. Leur vote compte pour
trois lorsqu'il arrive le temps de se prononcer sur une question. L'objectif
parfaitement défendable de démocratie politique du ministre est
d'être sûr que les intérêts de chacun... Là, je
rejoins les anglo-catholiques, par exemple, que leur représentant aura
la pondération de vote équivalant à leur importance dans
le groupe catholique, soit 25 p.c. environ.
Cela peut paraître compliqué dans l'explication, ce n'est
pas une formule tellement habituelle dans nos organismes publics. Mais nous ne
devons pas craindre d'innover dans un domaine aussi précieux, aussi
"dangereux", un domaine où nous devons intervenir avec le plus
d'attention possible et où il est important que tous les
intérêts parce qu'il en va de l'existence même des
groupes soient équitablement représentés, d'amener
dans notre structure scolaire cette innovation qui représente ceci.
Cela voudrait donc dire, M. le Président, que nous aurions un
amendement apporté de la façon suivante à l'article 585.
Je fais donc formellement l'amendement pour faciliter la discussion entre tous
les membres de la commission : Remplacer à la deuxième ligne du
premier alinéa le chiffre 16 par le chiffre 13; biffer à la
deuxième ligne du premier alinéa...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député voudrait
lire un peu plus lentement s'il vous plaît?
M. CHARRON: D'accord, je m'excuse. Je vais être obligé de
le lire parce qu'il a d'abord été imprimé, mais nous
l'avons modifié par la suite, après les explications du ministre
que nous...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Votre pensée est évolutive.
M. CHARRON: Comme quoi notre pensée est évolutive, comme
quoi nous avons une approche dynamique du problème: Remplacer, à
la deuxième ligne du premier alinéa, le chiffre 16 par le chiffre
13. Biffer, à la deuxième ligne du premier alinéa, les
mots "ou nommé". Je ne reviens pas là-dessus, j'ai
expliqué. Ajouter à la fin du paragraphe a) les mots
suivants: "lesquelles ont chacune droit à trois votes." Il s'agit
là des "désignés" de la Commission des écoles
catholiques de Montréal.
Ajouter aussi, dans le même esprit, à la fin du paragraphe
b) les mots suivants: "lesquelles ont chacune droit à deux votes".
Et, dernière partie de notre amendement à l'article 585,
remplacer les paragraphes c) et d) par les suivants: je m'excuse
auprès des membres de la commission d'avoir à en faire la
lecture, mais on a été pris avec les problèmes de
secrétariat, nous aussi donc, remplacer le paragraphe c) par le
suivant: La commission scolaire no 2 désigne, dans les trente jours qui
suivent l'élection de ses membres, deux personnes parmi ses membres
c'est une personne, je m'excuse ayant droit à deux votes.
Et le paragraphe d) serait remplacé évidemment, parce que nous
supprimons les nominations gou-
vernementales. Chaque commission scolaire autre que celles visées
à a), b) et c) désigne, dans les trente jours qui suivent
l'élection de ses membres, une personne parmi ses membres qui a droit
à un vote.
Je termine là-dessus parce que je suis soucieux d'entendre la
réponse des collègues des autres partis et, évidemment, du
ministre avant d'intervenir de nouveau puisque le temps me le permet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parlant sur l'amendement proposé par le
député de Saint-Jacques, je dois dire d'abord qu'il correspond,
dans son intention, à une préoccupation que nous avons
exprimée à plusieurs reprises et qui était virtuellement
contenue dans l'amendement que nous avons suggéré lorsqu'il s'est
agi de la carte scolaire de l'île de Montréal. Il correspond
à cette préoccupation parce qu'au fond, ce que recherche le Parti
québécois par cet amendement, c'est de s'assurer d'une
pondération qui fasse que soit préservé l'équilibre
entre les groupes anglophones et les groupes francophones dans le conseil
scolaire. Au départ, cette proposition d'amendement du
député de Saint-Jacques vise à faire disparaître
trois des membres du conseil scolaire, soit les trois qui devaient être
désignés par le gouvernement.
Je vous avoue qu'en ce qui concerne les membres nommés par le
gouvernement, je ne dirai pas à ce stade-ci de nos débats, mais
à cette heure-ci de nos débats, mon esprit n'est pas
particulièrement arrêté. En ce qui concerne les
propositions formelles qui ont été faites sur la composition du
conseil scolaire excluant les trois membres, comme le voudrait le
député de Saint-Jacques, je me pose des questions.
Premièrement, je reconnais que l'intention qui est sous-jacente
à cette proposition rejoint la nôtre, celle de l'équilibre
et de la pondération. C'est le mécanisme qui m'inquiète.
Le député de Saint-Jacques disait: C'est innover. C'est vrai que
c'est innover parce que, sauf erreur, je ne crois pas qu'il existe dans nos
institutions, dans nos organismes, un mode de représentation qui
ressemble à celui-ci. Je connais des endroits où ça existe
et j'ai siégé d'ailleurs à des assemblées
internationales où existe tel type de représentation, par
attribution de votes au représentant désigné. C'est le
cas, notamment, dans certaines commissions des Nations Unies, c'était le
cas particulièrement de la Commission de sécurité, la
Commission de tutelle de l'ONU. Il existe semblable système de
représentation par désignation de délégués
détenant un droit ou deux droits de vote à l'UNESCO. Cela
n'existait pas à l'OTAN.
Je m'interroge sur j'oserais dire la praticabilité
de ce système. Je ne le rejette pas d'emblée. Mais je m'interroge
sur son aspect pratique, sur la façon dont ça va fonctionner.
Parce que je craindrais que, à l'usage, cela équivaille à
ce qu'on appelle le droit de veto dans les assemblées internationales
où deux grandes nations, par exemple, ont voix
prépondérantes, ce qui est un peu l'équivalent de ce qu'on
retrouve ici.
M. le Président, respectueux des règlements, ne voulant
pas épuiser mon droit de parole par cette seule intervention, je
voudrais vous demander de retenir mon jugement. Je voudrais vous demander de me
donner un petit délai pour y penser. La nuit porte conseil. Parce que
j'imagine que le ministre voudra bien aller dormir bientôt, lui aussi,
retrouver sa femme et ses enfants. Ce qui n'est pas mon cas, heureusement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Hélas, ma femme et mes enfants habitent
Montréal.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Vous voyez, nous sommes
célibataires...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci quand même de cette bonne
pensée.
M. PAUL : Si vous aviez eu une meilleure planification dans votre
travail, vous auriez pu être à Montréal ce soir.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, comme je vous le
disais, en principe, je ne rejette pas cette proposition. Je m'interroge sur la
disparition des personnes qui doivent être, aux termes de la loi,
nommées par le lieutenant-gouverneur en conseil, mais je ne puis pas me
prononcer de façon catégorique sur la validité, sur
l'aspect pratique de ce que propose le député de Saint-Jacques et
sa formation politique.
J'en retiens l'intention qui est à peu près la même
et qui d'ailleurs se retrouve dans une autre formule d'amendement que j'aurai
l'occasion de proposer. Là-dessus, M. le Président, je reprends
mon siège, n'ayant pas épuisé le temps qui m'était
imparti.
M. LAURIN: M. le Président, je voudrais ajouter quelques mots
à l'appui de la proposition de mon collègue de Saint-Jacques. Je
pense que le ministre a dû se rendre compte depuis le début de nos
discussions à quel point nous avions été
étonnés pour ne pas dire sidérés par la très
grande marge qui sépare les populations scolaires d'une commission
scolaire à l'autre. A partir des 12,945 étudiants de la
commission scolaire de Verdun jusqu'aux 219,655 étudiants de la CECM
qui, lorsqu'on les divise par le nombre de conseillers auxquels cette
commission aurait droit, donnerait l'équivalent de 43,000
étudiants par membre délégué au conseil
scolaire.
Bien sûr, en passant par tous les intermédiaires, aussi
bien les 15,000 du centre-nord, les 21,000 de la région de l'ouest, les
30,000 de la région de l'est et aussi sans oublier les 29,000 du PSBGM
puisque le PSBGM a droit lui aussi à 2 conseillers.
Nous nous sommes posés beaucoup de questions sur cette
incohérence. Nous en sommes venus à la conclusion lorsque nous
avons scruté de très près les chiffres et surtout les
délégations qui se rendraient au conseil scolaire, que cette
incohérence menait tout droit à une injustice qui pouvait
être très grave à l'endroit de certaines de ces
clientèles et surtout à l'endroit des clientèles
francophones.
Nous avons, dans des interventions antérieures, essayé de
prier le ministre de corriger la carte afin que cette carte puisse être
divisée de façon qu'on retrouve dans chacune des commissions
scolaires un bassin de population équivalent. Le ministre nous a
donné toutes sortes de raisons, toutes administratives d'ailleurs, et
empiriques, pour lesquelles il croyait la chose impossible.
Nous prenons sa parole, c'est-à-dire que nous sommes
obligés d'accepter la décision qu'il a prise. Mais nous nous
sommes demandé s'il n'y avait pas moyen de corriger par un biais
quelconque, par une formule, cette fois-là au niveau de la
représentation au sein du conseil scolaire, ce que la carte qu'il avait
retenue pouvait présenter d'incohérent ou d'injuste et la formule
que nous avons trouvée est celle qui est contenue dans l'amendement du
député de Saint-Jacques.
Aux arguments qu'a invoqués le député de
Saint-Jacques, j'aimerais en ajouter quelques autres. Pour nous
j'aimerais bien que le ministre écoute cela parce qu'en tant que
résident d'Outremont, comme moi, il reconnaf-tra à quel point la
formule que nous proposons correspond aux pratiques courantes dans la
municipalité que nous habitons tous les deux il y a là un
principe qui dépasse celui que j'ai fait valoir il y a quelques temps et
qui pouvait avoir des incidences linguistiques, puisqu'il se retrouve à
la base de notre droit civil.
Je veux parler ici de justice fiscale ou encore du vieux principe
britannique: "no taxation without representation". Nous savons ce que font les
commissaires. Ils votent des taxes, ce qu'on appelle l'impôt foncier ou
l'impôt scolaire. Ils font également parfois des emprunts,
lorsqu'il s'agit de moderniser l'équipement ou de créer des
écoles nouvelles et les propriétaires qui avaient, jusqu'ici,
élu les commissaires sont très préoccupés de la
part qu'ils auront àpayer,en taxes, sur les emprunts qui sont
effectués par la municipalité. Il nous semblerait injuste de
faire peser d'une façon aussi inégale le poids fiscal sur la base
des commissions scolaires qu'on nous suggère. Ce qui voudrait dire que
certains citoyens paieraient des taxes uniformes en raison d'un bassin de
population de 15,000, d'autres de 20,000, d'autres de 30,000.
Ceci est tellement vrai que lorsque pareille éventualité
se pose dans les commissions scolaires, bien souvent on fait des
référendums où le mode de vote qui est adopté est
précisément celui qui est inclus dans la formule que nous
proposons aujourd'hui comme amendement à l'article 583.
Comme je vois qu'il est minuit, M. le Président, vous me
permettrez de suspendre mon intervention et de la continuer la prochaine
fois.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La commission ajourne ses travaux
à demain 10 heures, samedi le 9 décembre à la salle
81-A.
(Fin de la séance à 23 h 59)
Séance du samedi 9 décembre 1972
(Dix heures huit minutes)
M. SEGUIN (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Voici les membres de la commission pour ce matin: M. Phaneuf, M. Brochu,
M. Paul, M. Cloutier (Ahuntsic), M. Dumont, M. Houde (Fabre), M. Brisson, M.
Cornellier, M. Faucher, M. Léger, M. Houde (Limoilou), M. Pearson, M.
Tremblay (Chicoutimi). Le rapporteur pour l'assemblée, M. Pearson.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y avait l'article 584, mais si vous
préférez parler, je reviendrai plus tard.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Sur la question de l'amendement, j'ai dit hier
soir qu'en principe, je n'avais pas tellement d'objection sur l'intention, mais
le mécanisme me parait extrêmement difficile. Par
conséquent, je ne suis pas d'accord pour adopter cet amendement, qui me
parait très complexe, et je préférerais en
présenter un autre. A toutes fins utiles, il faut disposer, ce n'est pas
français, "disposer"...
M. PAUL: M. le Président, j'aimerais bien qu'il soit inscrit au
journal des Débats que nous avons disposé de la motion du
député de Saint-Jacques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous ne voulez pas de vote?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur division.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Sur division. La motion d'amendement du
député de Saint-Jacques est rejetée. Le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je reviens, M. le Président, sur la
question de la "proportionnalité", si je puis m'exprimer ainsi, la
pondération. Je vais essayer de trouver des mots justes ce matin, parce
qu'hier, je commençais à être à court.
Es-tce qu'il ne serait pas possible, M. le ministre je n'en fais
pas pour l'instant un amendement formel, mais je vous demande votre avis, et
vos avis fort éclairés m'aideront sans doute à me faire
une idée est-ce qu'on ne pourrait pas modifier la constitution de
ce conseil en ajoutant un certain nombre de membres à la CECM, une
dizaine par exemple, comme le demande l'Alliance des professeurs de
Montréal? L'Alliance des professeurs de Montréal indique
qu'il faudrait augmenter de cinq à dix le nombre des
représentants de la Commission des écoles catholiques de
Montréal au conseil scolaire. Ils ont d'ailleurs expliqué leur
attitude, parce qu'ils prétendent qu'il s'agit là du groupe le
plus important, qui a une composition ethnique que nous connaissons et dont
nous avons parlé hier. Je me demandais s'il ne serait pas possible de
réaménager ce système de représentation en
accordant, à la Commission des écoles catholiques de
Montréal, un nombre supérieur de représentants, soit dix.
Je prends ce chiffre parce que c'est celui que propose l'Alliance des
professeurs de Montréal. Personnellement, j'avais, au départ,
fixé le chiffre quinze, ce qui donnerait ceci.
Je le propose sous forme d'amendement: Dans le sud-ouest, par exemple,
on pourrait mettre un représentant; Verdun, un représentant; est,
deux représentants; ouest, deux représentants; centre-nord,
il ne faut pas que je me trompe dans mes trucs un
représentant; CECM, 15 je vais aller à ma proposition
originale, au lieu de 10, pour le moment, j'attendrai la réaction du
ministre Lakeshore, un représentant et le Protestant School Board
of Greater Montreal, quatre représentants pour un total de 27 en
éliminant bien entendu les représentants que le gouvernement, aux
termes de la loi, devrait nommer.
Le ministre prétendra peut-être qu'il s'agit là d'un
mécanisme assez lourd mais j'ai l'impression qu'en intégrant un
nombre plus important de représentants, il y aurait chance que
l'équilibre, la pondération, dont parlait le ministre, se
trouverait du fait même établie et que le gouvernement n'aurait
pas besoin d'intervenir pour nommer lui-même des représentants
pour établir cette pondération.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je vais faire quelques
remarques qui se trouveront à servir de commentaires...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Si vous me le permettez avant, afin de
placer le député de Bourget et celui de Saint-Jacques à
l'intérieur du débat, la commission a disposé sur division
de l'amendement proposé par le député de Saint-Jacques
hier soir; alors nous abordons un autre amendement qui sera sans doute
présenté par le député de Chicoutimi.
Je pense que le ministre voudrait dire un mot.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me permettez-vous de donner des explications
au député de Bourget et à celui de Saint-Jacques?
Après examen de l'amendement, en ce qui me concerne personnellement,
pour les raisons que j'ai expliquées hier soir, la difficulté de
mise en pratique de ce système de multiples représentations par
le moyen d'un membre, multiples droits de vote, me paraît
extrêmement difficile
et complexe. Comme je l'ai dit hier soir, je retiens, d'autre part,
l'idée de ne pas faire nommer par le gouvernement de représentant
et, en ce qui me concerne, j'ai exprimé un avis défavorable
à la technique de l'amendement et non pas à l'idée, enfin
à l'intention de l'amendement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je n'ai pas parlé
sur l'amendement du Parti québécois, mais ce que je vais dire
à propos de l'amendement du député de Chicoutimi servira
probablement les mêmes fins. En effet, je me serais opposé
à l'amendement du Parti québécois pour des raisons
à peu près semblables à celles qui me font faire des
réserves sur l'amendement du député de Chicoutimi.
Il y a deux points que je vous demanderais de prendre en
considération. Le premier point qui me parait justifier des nominations
gouvernementales, c'est qu'il y a à Montréal une véritable
mosaïque ethnique et culturelle et il est impensable que certains petits
groupes ou certains groupes moyens, qui ont tout de même une importance
dans la collectivité, puissent être, dans l'optique de ce
préregroupement, adéquatement représentés.
Je pense, par exemple, aux Juifs et aux neutres. Il peut être
nécessaire que le gouvernement juge à propos de considérer
des nominations de cet ordre. Mais l'argument le plus important qui m'aurait
fait m'opposer au premier amendement et qui, comme je l'ai indiqué, me
fait faire des réserves au sujet du second est qu'il ne faut pas penser
seulement à l'équilibre entre anglophones et francophones.
C'est là, bien sûr, un aspect auquel je suis sensible comme
tous les membres de cette assemblée, mais il faut penser à
l'équilibre qui était peut-être infiniment plus important
que vous ne le soupçonnez entre les petites commissions scolaires
actuelles et la CECM.
Si nous pouvions faire un regroupement définitif avec des
commissions scolaires équilibrées au point de vue du nombre, je
serais pour ma part disposé à envisager de ne pas nommer de
membres et je serais peut-être disposé à envisager une
formule analogue à celle que proposait le Parti québécois,
c'est-à-dire une espèce de vote pondéré.
Mais, à cette étape-ci, je crois que nous nous retrouvons
dans une position extrêmement difficile avec la CECM qui, à toutes
fins utiles, risquerait de contrôler le conseil. Je vous fais part tout
de suite des graves inquiétudes des commissions scolaires dites de
banlieue à ce propos, et une des difficultés que nous avons
affrontées dans nos consultations venait du fait que, à la CUM,
il s'est développé un sentiment anti-Montréal à
cause, précisément, du type de pondération qui a
été introduit.
Je ne sais si vous êtes au courant, mais je peux vous rappeler que
Montréal compte 55 membres au conseil de la CUM et les banlieues 29
membres, et que le vote est pondéré en fonction de la population,
un peu selon la formule péquiste, ce qui donne 750 votes pour la
banlieue et 1,200 votes pour Montréal. De sorte qu'il apparaît
clairement, sans même que j'aie à insister sur le comité
exécutif qui reproduit en quelque sorte la structure du conseil, que
Montréal dispose de 63 p.c. de la représentation.
Je ne veux pas porter de jugement sur la CUM, mais je dis que, pour la
constitution du conseil, ceci a été un argument extrêmement
important. Je ne sais si je me fais bien comprendre. Dans une étape
ultérieure, d'accord, il me paraît possible de pondérer des
votes en fonction de la population si, pour un tas d'autres facteurs, on
n'arrive pas à des commissions scolaires équilibrées au
point de vue du nombre.
Dans cette étape, il me paraît dangereux de créer un
bloc qui risquerait de contrôler. De toute façon, je vous le dis
tout de suite, les banlieues s'y sont opposées et s'y opposeraient et ce
serait condamner le conseil à l'inefficacité. Avec notre formule,
que vous connaissez et sur laquelle je ne reviens pas, aucun groupe ne peut
contrôler, et les majorités devront naitre spontanément
à partir des problèmes ou des intérêts du conseil.
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre nous dit
qu'aucun groupe ne pourra contrôler. Je serais porté à dire
que, justement, cette absence de contrôle par quelque groupe que ce soit
provoque dans mon esprit certaines inquiétudes.
Est-ce que quelqu'un doit contrôler ou quelqu'un ne doit pas
contrôler? Etant donné que nous sommes en présence de deux
blocs qui sont numériquement, quand même, assez
disproportionnés et que, conformément au principe d'une saine
démocratie, il y a quand même là une loi de la
majorité et de la minorité qui va jouer, le conseil, d'autre
part, est composé de 16 membres, c'est un chiffre pair, cela veut donc
dire que, dans le cas d'égalité de vote...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais répondre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous allez répondre, je sais, parce que
c'est dans un article. Il y a quand même 16 voix. Cela va placer les gens
dans une situation un peu délicate. Mais ce n'est pas l'argument qui est
à mon sens le plus fort. Le plus fort c'est ce que vient de dire le
ministre, et c'est là-dessus que je m'approche, il dit: II ne faut pas
qu'aucun groupe ne contrôle l'autre. D'accord, on peut très bien
accepter que personne ne contrôle personne, que tout le monde s'entende
comme larrons en foire. Mais je n'ai pas l'impression que cela va être le
cas. J'ai l'impression que, précisément, en se
réfé-
rant aux problèmes dont parlait le ministre, il va y avoir des
tensions.
Si aucun des groupes n'a un poids prépondérant, comment
ces tensions, ces problèmes, ces difficultés d'ordre
administratif vont-ils être résolus et est-ce qu'à un
moment donné, on ne se trouvera pas dans des culs-de-sac?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne tiens pas au chiffre seize, ce n'est pas
un chiffre magique. Nous y sommes arrivés parce que, dans une formule
antérieure, nous n'avions pas huit commissions scolaires; nous en avions
neuf. De sorte que, si on faisait le calcul, neuf plus votre
pondération, plus les nominations gouvernementales, on arrivait à
dix-sept. Mais en changeant notre carte pour celle que nous avons choisie, nous
nous sommes retrouvés à seize. Nous avions le choix entre
diminuer le nombre de nominations gouvernementales à deux, ce qui nous
paraissait trop peu pour les circonstances, ou l'augmenter à quatre, ce
qui pouvait peut-être nous paraître un peu trop, bien que je serais
d'accord pour en nommer quatre.
L'article 607 auquel nous arriverons avant longtemps, je pense, dit que
le président a un vote prépondérant. Et ceci est un
article banal qui fait que le nombre pair ou impair n'a pas tellement à
intervenir. Pour ce qui est de la pondération, je dois dire qu'elle a
été acceptée par tout le monde. La CECM nous a
demandé de ne pas toucher à son territoire, comme je l'ai
signalé, pour des raisons que nous avons trouvées valables, mais
a consenti à ne pas avoir plus que quatre membres
supplémentaires. Ce qui a donné satisfaction aux banlieues qui
auraient peut-être souhaité qu'on touche immédiatement au
territoire de la CECM mais qui, devant cette concession, ont accepté la
formule. De sorte que nous nous trouvons là en présence d'un
équilibre qui a été obtenu par consensus et qu'il est
extrêmement difficile de remettre en cause.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais poser une petite question au
ministre. Il aurait trait à l'article 607 dont nous pourrons reparler,
mais puisque le ministre l'a évoqué, je crois qu'il est important
d'en parler. Ce vote prépondérant vous avez l'habitude,
vous-même, des assemblées délibérantes c'est
toujours quelque chose de difficile et qui place le grand maître de
l'affaire, puisqu'il s'agira du président, dans une situation
extrêmement délicate. Si des tensions surviennent et que, par un
vote prépondérant, le président soit obligé de
trancher, est-ce qu'il ne pourra pas se produire que toutes sortes de
ressentiments naissent de l'attitude du président? Ce qui, à plus
ou moins brève échéance, peut rendre sa situation
intenable. Parce que vous savez, il faut être réaliste. Cela ne
marchera pas sur des roulettes bien rondes au départ. D va y avoir
énormément de problèmes techniques et administratifs
à résoudre. Il va y avoir aussi à concilier les
intérêts divergents et souvent contradictoires.
Il y aura aussi à créer un climat de confiance
psychologique entre les membres de ce conseil. Or, si, dès les premiers
accrochages, dès le moment où on commencera à mettre des
questions aux voix, le président est obligé d'utiliser son
privilège d'exercer le droit de vote prépondérant, j'ai
grande crainte que les présidents se succèdent à un rythme
accéléré comme cela se faisait autrefois dans les
ministères du gouvernement français.
J'ai peur de ce vote prépondérant, même s'il est
acquis dans nos usages, il est assez rare au fait que les présidents
doivent en user. Cette question du vote prépondérant
m'inquiète, étant donné les difficultés
administratives et le climat psychologique qui devra régner au sein de
ce conseil scolaire.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Bourget.
M. LAURIN: J'appuie l'amendement du député de Chicoutimi
et je dois avouer que les raisons qu'a fait valoir à l'encontre de cet
amendement le ministre de l'Education ne m'ont pas convaincu. Le ministre dit
qu'il faut prendre bien garde à la pondération qui doit exister
entre les votes respectifs des diverses commissions scolaires d'une part et
que, d'autre part, il faut prendre bien garde qu'aucun groupe ne puisse
contrôler ce conseil scolaire.
Il me semble qu'avec la formule que propose le député de
Chicoutimi, aucun groupe ne pourra contrôler la commission scolaire. Car
nous savons qu'à l'intérieur de la CECM, les quinze conseillers
ne voteraient pas du même côté. Déjà, au sein
de la commission scolaire de Montréal, on sait qu'il y a un clivage qui
s'opère, qui s'effectue souvent à propos de chaque vote, du moins
au moment où chaque vote met en question le problème linguistique
ou le problème confessionnel. Et nous savons qu'il en serait
probablement de même dans ce nouveau conseil et, donc, on n'aurait pas
affaire avec ces quinze conseillers à un bloc monolithique. Il est
sûr que le vote se départagerait selon les intérêts
respectifs des communautés auxquelles doivent répondre
moralement, tacitement, chacun de ces conseillers.
D'autres part, même s'il faut, comme dit le ministre, arriver
à un consensus, il ne faut pas que ce consensus fasse fi des droits
démocratiques. Déjà, nous voyons que la députation
de la CECM, si on peut l'appeler ainsi, est gravement amputée avec le
projet de loi. Nous voyons que chaque conseiller représente au fond
43,000 étudiants alors qu'ailleurs on voit un conseiller qui
représente 12,000 ou 15,000 étudiants. Je crois que c'est
là un accroc beaucoup trop grave à la démocratie. On ne
peut pas permettre, au fond, qu'un conseiller représente tantôt
12,000 étudiants et tantôt 43,000 étudiants. C'est un
accroc. Si la marge était plus étroite que celle-là, si la
marge était par exemple de 5,000 ou 3,000 ou 4,000 étudiants, ce
serait acceptable, mais avec une
marge de 100 p.c, il me semble que c'est absolument inacceptable, et
même si le ministre dit qu'il y a eu consensus entre la banlieue et la
CECM, moi, je n'accepte pas le consensus de ces commissaires-là, dont
certains sont nommés et pas élus, je n'accepte pas ce consensus
auquel ils participent ou qu'ils ont accepté eux-mêmes. Cela me
paraît impensable.
Cela arrive que des gens établissent un consensus et que les
tiers observateurs ne puissent pas accepter ce consensus, parce que cela
contrarie trop de principes, des impératifs majeurs auxquels il faut
croire. Peut-être que le ministre peut penser que 15 pour la CECM, c'est
trop, et à ce moment-là je pense bien que le député
de Chicoutimi pourrait peut-être le réduire, mais de là
à accepter ce qui nous est proposé par le projet de loi, il y a
toute une marge, alors qu'il y a seulement cinq représentants pour
219,000 étudiants. Il me semble qu'entre les deux, on devrait pouvoir
trouver une sorte de moyen terme, d'autant plus, encore une fois, que
l'argument du ministre, à l'effet qu'une députation aussi forte
risquerait de s'emparer du conseil scolaire de la même façon que
la représentation de Montréal s'est emparée de la CUM ne
me semble pas valoir, parce qu'à la CUM, le ministre l'a dit
lui-même, la députation de Montréal représente 63
p.c. Même avec les 15 membres que propose le député de
Chicoutimi, on n'arrive pas à ces 63 p.c, on reste en deça ou
légèrement au-dessus de 50 p.c.
En deçà, si on considère, encore une fois, que dans
la députation de 15 membres de la CECM, il se manifesterait un clivage,
j'en suis sûr, assez souvent. Je pense que le ministre devrait bien
penser que, d'une part, la proportion qu'il nous suggère dans son projet
de loi est injuste, antidémocratique et d'autre part que même si
le consensus s'est établi entre le CECM et la banlieue, c'est un
consensus que, pour ma part, je ne saurais accepter parce qu'il va trop
à l'encontre des normes démocratiques que nous tentons de mettre
dans nos divers projets de loi. Par ailleurs, s'il ne veut pas accepter, dans
son entier, la proposition du député de Chicoutimi, on pourrait
peut-être diminuer un peu la représentation de la CECM mais garder
quand même l'essence de l'amendement du député de
Chicoutimi afin d'en arriver à une meilleure justice dans cette
représentation. Par ailleurs, pour les nominations gouvernementales, je
me demande si le ministre a raison de prétendre que le gouvernement
devrait protéger les petits groupes. Je pense qu'une meilleure
façon de protéger les petits groupes, que ce soit les juifs ou
les neutres, aurait été de leur donner les mêmes droits que
les autres. Le droit d'avoir un enseignement qui corresponde à leur
croyance, à leur culture, le droit d'organiser leurs propres
écoles, d'avoir un droit de vote qui a le même sens, la même
signification, la même valeur que celui des catholiques ou que celui des
protestants.
Je pense qu'on essaie de rattraper par la peau du cou une réforme
qu'on a omis de faire et qu'on aurait dû faire. Les Juifs et les neutres
se trouvent exactement dans la même situation injuste,
défavorable, antidémocratique où ils se trouvent depuis le
début, à Montréal. Là, on rate une belle occasion
de leur donner ce à quoi ils ont légitimement droit, ce qu'ils
ont le droit d'avoir, d'exiger. On ne leur donne pas et, en compensation, en
prix de consolation, on les met sous la tutelle du gouvernement qui leur dit:
Ne craignez rien, on va vous protéger par en haut, à la
dernière minute, on va venir vous sauver, on va venir vous donner un
représentant qui sera nommé par le gouvernement. Ce
représentant, au fond, sera beaucoup plus obligé au gouvernement
qu'il le sera à la communauté juive ou à la
communauté des neutres. C'est le gouvernement qui l'aura nommé.
Bien sûr, après consultation du milieu, mais c'est quand
même le gouvernement qui l'aura nommé. Moi, si j'étais
neutre ou Juif, je me satisferais très mal d'une pareille mesure, d'un
pareil prix de consolation. J'aurais beaucoup de difficulté à
accepter ça. Parce que je considérerais d'abord que c'est une
compensation très minime, d'une part, et que, d'autre part, ce
représentant ne serait pas tout à fait le mien mais aussi bien
celui du gouvernement.
Je pense que le ministre sera quand même d'accord pour dire que ce
qu'il présente dans son article 585 doit froisser ses propres sentiments
démocratiques que je connais. Même si le consensus dont il nous
parle réussit à masquer pour un moment, à voiler pour un
moment, cette frustration démocratique qu'il a sûrement eue, je
pense qu'à la suite de représentations qu'on peut se faire
froidement, ici, autour de la table, il reconnaîtra avec nous que cette
injustice démocratique ne peut pas être voilée ou
masquée par les petites compensations ou les petites couvertures que
donne son projet de loi.
C'est la raison pour laquelle j'appuierais l'amendement du
député de Chicoutimi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'aimerais faire trois
remarques. La première c'est que nous avons cherché et
j'ai fait état de cet argument tout à l'heure à
déterminer un certain équilibre des forces, non pas, cependant,
d'une façon artificielle. Nous avons tenu compte de la
réalité démographique de l'île, de manière
que la formule qui risquerait de sortir, qui sortirait au conseil, compte tenu
des nominations gouvernementales possibles, devrait reproduire, dans toutes les
hypothèses, à peu près la proportion catholique
protestant, dans le système qui est le nôtre, ainsi que la
proportion des anglophones et des francophones.
L'autre point sur lequel je veux rapidement passer, c'est la question
des Juifs et des neutres parce que, là, je ne suis pas d'accord avec le
député de Bourget. Même si le problème des Juifs et
des neutres est loin d'être réglé de façon
satisfaisante je l'ai avoué moi-même, il ne
pourrait l'être que dans un autre système il y a une
amélioration considérable par rapport au statu quo. Cette
amélioration est celle qu'a permise la loi 27, c'est-à-dire la
possibilité d'opter pour l'un ou l'autre secteur, ce qui permet de se
faire élire commissaire. C'est une disposition de la loi 27.
M. LAURIN: C'est dans le reste du Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr. Nous reprenons la même
formule que dans la loi 27, de manière à permettre aux Juifs et
aux neutres de voter et également d'être élus commissaires.
C'est-à-dire que nous leur donnons des droits qu'ils n'avaient pas. De
plus, il est déjà acquis que ceux-ci peuvent avoir, au niveau des
programmes, la possibilité d'un enseignement comme ils l'entendent. Ceci
est acquis par l'article 203 de la Loi de l'instruction publique et, vous le
verrez en cours de route, à 591, le conseil a également certains
pouvoirs de ce point de vue-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre... Excusez-moi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant, s'il vous plaît. Le
député de Saint-Jacques avait demandé la parole.
M. CHARRON: M. le Président, sur l'amendement proposé par
le député de Chicoutimi. Comme l'a dit le député de
Bourget, nous appuyons cet amendement parce que nous considérons qu'il
recherche le même objectif, il est du même esprit que celui que
nous avions présenté hier soir et que la commission a
défait.
J'ajouterai, aux autres arguments utilisés par mes
collègues, deux raisons qui me semblent importantes à l'appui de
cet amendement. La première tient de nos débats d'hier au moment
où nous nous sommes vous vous rappelez, M. le Président
longuement penchés sur la carte scolaire. Nous l'avons fait parce
que, comme nous l'affirmions à ce moment-là, nous avons la
conviction que le découpage de cette carte, le partage de cette carte,
si elle s'est bloquée sur des raisons administratives, des
complexités administratives, pour reprendre l'expression du ministre,
avait pour nous des conséquences politiques et qu'il fallait donc
chercher, fouiller les raisons qui avaient fait que le ministre avait choisi
telle carte plutôt que telle autre.
Nous voilà rendus, M. le Président, quelques lignes plus
bas dans notre projet de loi et déjà, nous voyons la
première conséquence politique de la carte que nous avons
adoptée, lorsque nous cherchons à remplacer la vieille structure
par la nouvelle, et que le problème de la représentation des
commissions scolaires est arrivé.
Je crois que, si ce sont des raisons administratives qui, par exemple,
ont empêché la fusion de la commission scolaire de Verdun avec
celle du sud-ouest, nous devons nous appliquer ici, je ne reviens pas sur le
débat, mais je dis que, si tel est le cas et c'était
l'opinion de la majorité de la commission nous devons nous
appliquer ailleurs, dans le projet de loi, à faire en sorte que cette
complexité administrative que nous n'avons pas pu contourner et à
laquelle nous avons dû nous soumettre, n'aie pas de conséquences
anti-démocratiques et des conséquences qui seraient
néfastes pour favoriser le développement scolaire de l'île
de Montréal, si un changement ne s'opère pas d'abord dans les
voies politiques. La première voie politique, la plus importante de tout
le projet de loi d'ailleurs, est celle que nous étudions
présentement. Elle s'appelle le Conseil scolaire de l'île de
Montréal. Sans avoir été satisfait des réponses du
ministre, et loin de là, quant aux explications qu'il nous a fournies,
pourquoi la commission de Verdun n'est pas fusionnée, malgré sa
petite clientèle, à une autre commission scolaire qui, elle
aussi, n'est quand même pas de taille gigantesque, celle du
sud-ouest.
Pourquoi la commission scolaire du centre-nord n'a-t-elle pas
été fusionnée à celle de l'ouest puisque les deux
commissions ont une clientèle qui, permettez-moi de reprendre les
chiffres, M. le Président, pour l'ouest et le centre-nord ensemble fait
36,000 et, pour Verdun et le sud-ouest ensemble, 33,000.
Nous avons essayé, sans vouloir allonger le débat, parce
que nous savions que ça allait tramer tout au long du projet de loi, de
trouver les raisons, et le ministre s'est enfermé dans la formule
"complexité administrative" sans même nous donner une ombre
d'explication de ces mêmes complexités administratives et sans
dire ce que, exactement, il y avait d'administrativement complexe entre la CECM
et la commission scolaire de Verdun avec ses 13,000 étudiants, au point
qu'il fut impossible de la joindre à la commission du sud-ouest avec ses
21,000.
Nous nous sommes rendus à l'évidence de la commission et
à l'évidence du refus du ministre à la question du
député de Chicoutimi qui était, à cet
effet-là, très claire. Le ministre a dit: "Non, je ne change pas
la carte". Nous ne sommes pas obligés, insatisfaits que nous sommes de
ce débat sur la carte, de traîner le même
mécontentement tout au long du projet de loi, sans avoir l'occasion de
le reprendre et de le reformuler.
Si cela ne tient qu'à des complexités administratives, je
ne vois pas pourquoi le partage des pouvoirs sur le conseil scolaire, la
représentation des membres du conseil scolaire, organisme scolaire,
politique, décisionnel, devrait être le reflet du manque de
démocratie que comporte la carte scolaire adoptée par la
commission, hier soir.
Donc, pour toutes ces intentions de rétablir une juste proportion
entre les clientèles, je me demande pourquoi les parents parce
qu'en fait c'est beaucoup plus les parents que les enfants les parents
catholiques de Verdun,
qui totalisent 13,000 enfants inscrits aux écoles catholiques,
ont droit, lorsque il y a des projets importants on verra au chapitre
des pouvoirs et des devoirs du conseil scolaire à l'article 591 le
rôle que nous nous apprêterons, d'ailleurs, à
améliorer et le rôle déjà prévu au conseil
scolaire pourquoi les citoyens de Verdun auraient le privilège
d'avoir une voix sur ce conseil scolaire et une voix qui M. le
président, vous avez vous-même l'expérience de ce genre de
conseil ou de communauté peut être, à un moment
donné, prépondérante dans une décision qui va
affecter l'ensemble de la communauté scolaire de l'île de
Montréal, alors que les parents montréalais, les parents des
219,000 étudiants inscrits à l'école devraient se
contenter de cinq sièges? Et encore ces cinq sièges seront-ils
solidaires, seront-ils bloqués? Peut-être y aurait-il, à
l'intérieur de la CECM une division des votes qui augmentera
l'importance du vote de la Commission scolaire de Verdun sur le conseil
scolaire.
Alors, pour des raisons strictement d'équilibre
démocratique, cette même Assemblée nationale est soumise
à une autre commission à un projet de loi où on a
essayé de rétablir à la plus petite norme possible
l'écart entre la représentation des délégués
à un endroit aussi important que l'Assemblée nationale pour un
peuple. Il est important, sur l'île de Montréal, qu'on cherche
aussi dans le même esprit à réduire les écarts entre
le nombre d'habitants que chaque conseiller scolaire pourra représenter.
Il y avait le moyen de la pondération, il a été
refusé. Le député de Chicoutimi revient à la charge
par le nombre de sièges et l'objectif me semble le même.
La deuxième raison est celle qu'avait commencé à
évoquer, hier soir, à l'ajournement des travaux, le
député de Bourget à l'appui de la motion que nous avons
présentée. C'en est une, d'ailleurs, que j'ai fait valoir dans le
discours de deuxième lecture et qui nous avait même
préoccupés dans nos travaux sur l'ancien bill 28, parce que le
sujet était aussi là.
Ne prenons qu'un exemple le pouvoir mis en évidence, un peu
gonflé, d'ailleurs, qu'a fait le parti ministériel, de ce pouvoir
ou de cette incitation à exercer ce pouvoir qu'est l'article 591 quant
au partage fiscal. En effet, sans devancer nos travaux, quand nous arriverons
à l'article 591 nous nous y pencherons longuement, vous savez d'avance
qu'après avoir entendu les discours de deuxième lecture qu'un des
rôles prévus au conseil scolaire sera de favoriser, encore une
fois on ne dit pas comment on s'appliquera à le trouver le
rattrapage des zones défavorisées. Ceci pourra se faire, bien
sûr, peut-être par une décision de ce même conseil
scolaire d'augmenter la taxe foncière sur l'ensemble du territoire
montréalais ou sur une partie du territoire montréalais.
Vous voyez donc que cette décision qui sera importante
prise par le conseil scolaire, qui peut faire le oui ou le non du
rattrapage des milieux défavorisés, devra aEer chercher
nécessairement une majorité au sein du conseil pour devenir la
politique du conseil. Or, dans ce même conseil, il y aura
déjà le problème linguistique. Barrière qui,
à mon avis, est cimentée plutôt qu'abolie dans le projet de
loi actuel. Il y aura déjà la barrière culturelle. Il y
aura, en un certain sens également, la barrière confessionnelle
qui pourra jouer, à certains moments, entre les différentes
façons de penser. Mais il y aura surtout, et dans ces
questions-là, ce sera ce facteur qui jouera davantage, la
barrière économique. Il y aura ce que le député de
Bagot a appelé, dans son discours de deuxième lecture, les riches
avec les riches et les pauvres avec les pauvres.
Or, si la population des zones défavorisées peut
légitimement espérer voir le conseil scolaire prendre des
décisions qui la favorisent, elle ne le fera que lorsqu'elle sera
sssurée qu'elle n'est pas perpétuellement minoritaire, que ses
représentants ne sont pas perpétuellement minoritaires à
l'intérieur du conseil scolaire où il est inutile, pratiquement
parlant, d'attendre une telle décision.
J'explique encore plus clairement. Il ne suffit pas, pour les membres de
la commission, lorsqu'arrivera l'article 591, de dire que c'est au conseil
scolaire de prévoir une politique pour le rattrapage des zones
défavorisées après que l'article 585, si nous l'adoptions
tel quel, aurait consacré le privilège d'une plus grande
représentation au sein de ce conseil scolaire des zones riches
les proportions étant observées que des zones pauvres. Il
ne suffit pas non plus de croire que ce même conseil où les zones
riches possèdent plus de pouvoir, en droit, parce qu'ils sont plus
favorisés dans leur représentation que les zones pauvres, que ce
sera une question presque entendue à l'intérieur du conseil
scolaire, que l'ensemble acceptera unanimement, par exemple, de prendre la
décision d'augmenter les taxes ou de pourfendre le budget du conseil
scolaire en vue de rattraper, en particulier, les zones
défavorisées. C'est ce que j'expliquais dans mon discours de
deuxième lecture en disant: ne vous servez pas des
défavorisés comme façade, car les
défavorisés attendent plus que des promesses. Ils attendent des
gestes précis desquels ils peuvent attendre des solutions. Et un geste
précis sera bien sûr le fait de ne pas les rendre minoritaires de
façon antidémocratique, au conseil scolaire. Les tractations pour
atteindre un certain rattrapage devront se faire dans un échange de
concessions. Il me semble que la situation de Montréal est suffisamment
criante pour que nous ne soumettions pas cette question vitale du rattrapage
des milieux défavorisés à des aléas de
majorité, de minorité, d'abstention, de pour ou de contre dans un
conseil scolaire. D'autant plus qu'il est important que la CECM qui
représente en grande partie les zones défavorisées de
Montréal ait parmi ses cinq membres, j'imagine bien, deux membres
représentant ces zones, si elles
fonctionnent toujours avec les mêmes régions
administratives que nous lui connaissons, la région un et la
région deux.
Ces principes vieillots n'ont jamais encore été
contredits. Ce sont eux qu'énonçaient hier soir, le
député de Bourget quand il disait: "No taxation without
representation". Ce conseil scolaire aura le pouvoir de taxer, de partager des
taxes. Il aura le pouvoir d'emprunter.
Il est donc infiniment important pour les citoyens les plus taxés
en Amérique du Nord que cette décision, issue d'un organisme
aussi important que celui qui coiffe l'ensemble de la communauté
scolaire de l'île de Montréal, soit prise sur une base
démocratique. Il est important davantage pour les citoyens
montréalais des zones défavorisées de savoir qu'une
décision d'emprunt du conseil scolaire sera faite alors que leur voix
vaudra certainement celle des zones plus riches. Ce n'est pas le cas dans le
partage actuel des pouvoirs et des votes prévus à l'article 585.
C'est pourquoi le député de Chicoutimi que nous appuyons en cette
matière a parfaitement raison, à la suite de l'échec de
notre amendement, d'avoir présenté le sien.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je comprends que l'amendement que j'ai
présenté comporte certaines difficultés
d'appréciation parce que cela dérange certains calculs et
certains mécanismes d'aménagement numérique que le
ministère et le ministre ont inventés. Je suggérerais
ceci, si le ministre y consentait, pour ne pas prolonger inutilement le
débat là-dessus, qu'on suspende cet article pour
réexaminer la question, à moins que le ministre ait des
suggestions à nous faire immédiatement, afin que le ministre voit
quelles sont les implications de l'amendement que j'ai proposé et qui
est appuyé par le Parti québécois. Je suggérerais
qu'on le suspende. Cela ne nous empêcherait pas d'étudier d'autres
articles parce qu'il s'agit des pouvoirs, etc., qui resteront les mêmes
de toute façon, évidemment sauf modification que nous pourrions
apporter, mais pour permettre au ministre de repenser à la question,
à moins que son opinion soit définitive et qu'il n'entende pas se
rendre à la demande que nous avons faite, et considéré
comme valable, dans l'optique de son projet de loi, les arguments que nous
avons présentés.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si j'avais pris la parole avant le
député de Chicoutimi, j'aurais fait exactement la même
suggestion, soit de suspendre l'article, de manière que nous puissions
examiner les propositions et faire certains calculs. Je souhaiterais cependant
que si nous suspendions, puisque tout le monde s'est fait entendre, dès
le début de la séance de cet après-midi, une fois que je
vous aurai dit ce que nous croyons pouvoir faire, nous puissions prendre le
vote.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Bourget
avait demandé la parole.
M. LAURIN: Je voulais seulement ajouter une petite chose pour donner un
exemple concret de ce que je voulais dire hier soir. Dans le conseil scolaire,
au point de vue de ce que j'ai appelé la justice fiscale, soit au point
de vue de la taxation ou de l'emprunt, on pourrait très bien avoir une
situation, par exemple, où 12,000 familles de Verdun pourraient
décider de la taxation qu'il faut imposer à 43,000 parents,
puisque chaque conseiller représente 43,000 électeurs dans la
CECM. C'est ce qui me semble injuste. Que 12,000 personnes peuvent
décider pour 43,000 personnes. Cela veut dire qu'un représentant
de Verdun vaut presque quatre représentants de Montréal en ce qui
concerne cette tâche très importante de déterminer le
niveau de taxation et d'emprunt. C'est la dernière chose que je voulais
rappeler à l'attention du ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que je peux conclure qu'on est d'accord
sur ma proposition? Nous suspendons, et lorsque je vous aurai dit ce que je
crois réalisable, nous voterons immédiatement sans prolonger le
débat.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Sans faire de débat inutile, je
voudrais entendre tous ceux qui ont des commentaires à faire. Le
député de Maskinongé avait demandé la parole.
M. PAUL: Merci, M. le Président. A la suite de la réserve
exprimée par le ministre de l'Education, je ne parlerai pas longuement
à l'appui de la motion à l'amendement proposé par le
député de Chicoutimi. Tous les arguments à l'appui de
cette motion ont été exprimés, soit par le
député de Chicoutimi lui-même ou par nos collègues,
les députés de Saint-Jacques et de Bourget. Mais dans le but de
bien faire comprendre au ministre la portée exacte de l'amendement
proposé par le député de Chicoutimi, je voudrais faire
lecture de l'amendement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Faire lecture... M. PAUL: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous ne nous proposez pas, vous
lisez.
M. PAUL: De faire lecture de l'amendement qu'a proposé le
député de Chicoutimi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est que j'ai
déjà un amendement, suspendu provisoirement, et je pense
que ce n'est pas le temps de le présenter... C'est le même
amendement?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est mon amendement, mais mis en forme.
M. PAUL: Qui est formulé par écrit.
LE PRESIDENT (M. Séguin): On est d'accord.
M. PAUL: Le député de Chicoutimi pourrait proposer
l'amendement suivant: A la cinquième ligne du paragraphe 1 de l'article
585, le chiffre vingt-sept soit substitué au chiffre seize; qu'au
sous-paragraphe a) le chiffre cinq soit remplacé par le chiffre quinze
à la dernière ligne; qu'au sous-paragraphe b) à la
dernière ligne, le chiffre quatre soit substitué au chiffre deux;
qu'au sous-paragraphe c) le texte soit remplacé par le suivant: Que la
municipalité scolaire de Verdun soit représentée par une
personne choisie parmi ses membres, celle de la municipalité scolaire de
l'est de Montréal par deux personnes choisies parmi ses membres, celle
de la municipalité scolaire de l'ouest de Montréal par deux
personnes choisies parmi ses membres, celle de la municipalité scolaire
du centre-nord de Montréal par une personne choisie parmi ses membres et
celle de la municipalité scolaire de Lakeshore par deux personnes
choisies parmi ses membres.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le ministre.
M. CLOUTIER(Ahuntsic): M. le Président, est-ce que j'ai l'accord
de...
M. PAUL: Je m'excuse, M. le Président, Lakeshore, c'est une
personne.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que j'ai l'accord de l'Opposition?
M. LAURIN: Je voudrais parler là-dessus, M. le Président.
Le ministre nous demande quelque chose qui a l'air d'une concession assez forte
de notre part. Ou il sait d'avance ce qu'il va répondre à
l'amendement du député de Chicoutimi et il veut nous faire
accepter d'avance sa réponse, ou encore il ne veut pas que l'on commente
le fruit des réflexions qu'il peut avoir à l'heure du midi. Je
pense que ce serait difficile pour nous de ne pas succomber à la
tentation de commenter, ne serait-ce que brièvement, le fruit de ces
réflexions.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si c'est brièvement... Ce que je cherche
à éviter, parce que je crois...
M. LAURIN: Nous ne voulons pas vous compliquer la situation. Nous
n'avons pas l'intention de parler des heures et des heures de ce que vous allez
penser, de ce que vous allez décider, mais vous admettrez avec nous que
cet article-là est vital dans le projet de loi, est extrêmement
important. Et même si je me rappelle ce qu'a dit le président
hier, il reste que les articles n'ont pas tous une égale importance dans
un projet de loi. De même que celui de la carte, celui-là est
extrêmement important. Autant on peut prendre du temps sur 585, autant on
peut laisser filer 10, 20 autres articles après cela et qui n'en sont
que la conséquence. Sur ce point-là, je pense que j'aimerais bien
que le ministre nous donne l'occasion de nous exprimer un peu, quand
même.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je suis d'accord avec le
député de Bourget. Ce que j'avais dans l'esprit, c'était
qu'après que les oppositions aient expliqué leur point de vue,
nous ayons la possibilité de faire certains calculs, de voir
jusqu'où nous pouvions aller. Tout cela, dans une ouverture d'esprit, je
pense, que tout le monde apprécie. Et je voyais mal ensuite
l'utilité de reprendre le débat. Mais il va de soi que, si les
députés de l'Opposition ressentent le besoin de faire quelques
commentaires sur la proposition, qui serait à ce moment-là
définitive, parce que je suis obligé, moi, de tenir compte de
l'économie générale du projet et de l'équilibre que
nous cherchons à déterminer...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je m'excuse, mais je n'ai
peut-être pas complété mon amendement tout à
l'heure, aux fins de couvrir tout le terrain visé par le
député de Chicoutimi. J'ajouterais ceci. Je propose qu'à
la deuxième ligne du paragraphe 1 de l'article 585, le chiffre
vingt-sept soit substitué au chiffre seize et que les mots "ou
nommés" soient rayés. Ensuite, que le premier alinéa du
sous-paragraphe d) soit rayé.
Cela complète parfaitement. C'est très mal écrit,
M. le ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais il serait utile que nous ayons le texte,
nous nous arrangerons pour le déchiffrer. Pendant que nous y sommes,
nous avions suspendu l'article 584, pour que nous n'en ayons pas trop en
retard, je pourrais vous proposer une solution.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est justement la suggestion que
j'allais faire, M. le ministre, que nous "avancions en arrière" pour
essayer de régler les articles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme dans les autobus de la communauté
urbaine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A Québec aussi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est ça. Si vous voulez...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous pourrions régler la
difficulté, qui est mineure, de la façon suivante, en
remplaçant, dans les troisième et quatrième lignes, les
mots "dans une autre corporation municipale", par les mots suivants, "ailleurs
dans l'île de Montréal". Cela évite toutes les
concordances, cela ne crée aucune difficulté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est acceptable.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Article 584. Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 585, suspendu.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Article 585, suspendu au complet.
Article 586.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ne pose pas de difficulté, M. le
Président.
M. CHARRON: A l'article 586, j'aurais une question à poser au
ministre. Il y a une différence assez grande, le ministre l'a mise en
évidence lui-même, entre le projet de loi 71 et le projet de loi
28, c'est que le plus haut fonctionnaire de la structure est nommément
appelé le directeur général dans le projet de loi, ce que
n'avait pas la structure du bill 28. Au contraire, la structure du bill 28
précisait que le président et le vice-président allaient
être des employés à temps plein et que cela allait
être un emploi permanent pour ses membres. Je crois que maintenant, si
j'ai bien compris le sens de la disposition, un peu plus loin, dans le projet
de loi qui crée le poste de directeur général, ce sera lui
le permanent. Est-ce que ça écarte toute possibilité que
le président de la structure, le vice-président ou quelque autre
conseiller scolaire soient des gens à temps plein pour la structure
scolaire de Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. Cela ne veux pas
nécessairement dire qu'ils seront permanents ou qu'ils ne le seront pas.
L'article 609, que nous verrons plus tard, parle du directeur
général, qui sera le haut fonctionnaire du conseil. Le niveau des
traitements sera déterminé à la suite de l'analyse de la
situation un peu partout au Québec.
M. CHARRON: Le ministre dit: Cela n'écarte pas, mais ça
n'implique pas non plus que le président de la structure scolaire soit
un permanent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne l'implique pas non plus, M. le
Président.
M. CHARRON: Est-ce que je peux vous demander pourquoi vous avez fait
disparaître cette disposition du bill 28?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous n'avons pas refait le bill 28, nous avons
fait un nouveau projet de loi et ceci nous paraissait aller avec
l'économie générale de ce que nous tentions de faire avec
le maximum d'autonomie donné au conseil lui-même, avec le minimum
de contrainte.
M. CHARRON: II y a quand même des articles qui sont à la
lettre tirés du projet de loi actuel.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Surtout dans le secteur de la taxation parce
qu'il s'agissait là d'un secteur technique accepté dans
l'ensemble.
M. CHARRON: A mon avis, il y avait des raisons politiques qui nous
semblaient bonnes de faire que l'élu, parmi les conseillers au poste de
président, à cause de l'importance de la structure, soit un
permanent. Nous en parlerons plus abondamment lorsque nous aborderons le poste
de directeur général, mais chacun sait, par expérience
personnelle ou par simplement connaissance répandue, que là
où les élus ne sont qu'à l'emploi partiel de la structure
qu'ils coiffent et là où s'installent des fonctionnaires
permanents et installés, il y a bien des possibilités que la
réalité du pouvoir passe aux mains des fonctionnaires beaucoup
plus qu'aux mains de l'élu.
D'ailleurs, dans la structure scolaire qui nous a occupés, hier,
en faisant la comparaison de la nôtre et de celle de Toronto, je pense
que tous les analystes de cette structure scolaire l'ont admis. Le
véritable pouvoir, le centre décisionnel quotidien et pratique
à Toronto, ce n'est pas le conseil scolaire ou quel que soit son nom,
son équivalent à Toronto. C'est en fait ceux qui brassent la
"quotidienne" des décisions et qui, à toutes fins pratiques, ne
font que faire ratifier par la suite leurs décisions par les élus
qui, eux, sont à l'emploi de la structure d'une façon partielle,
n'y participent que... Je ne dis pas qu'ils sont sans intérêt ou
forcés. Au contraire, je pense que quelqu'un qui recherche la
délégation dans ces structures est quelqu'un que préoccupe
le bien-être de la communauté scolaire. Peu importe, il le dira
lui-même, il l'avouera lui-même, aussi intéressé
qu'il soit, le fait qu'il ne soit pas permanent dans la structure joue
certainement de façon désavantageuse sur la qualité des
décisions qui pourront en sortir.
Tous les membres de l'assemblée peuvent certainement
évoquer des expériences, par exemple, du côté
municipal où certains hauts fonctionnaires, secrétaires
municipaux, ont pris sur certaines municipalités une véritable
juridiction, les élus du peuple ne se réunissant qu'une fois par
semaine et les dossiers étant préparés de telle
façon, les décisions étant presque canalisées de
telle façon que... Enfin, ce n'est pas nécessairement le cas. Il
est entendu que les élus
peuvent toujours arrêter. Il y avait une disposition dans le bill
28 qui cherchait à éviter cette possibilité. Il y avait
une disposition dans le bill 28 qui disait: C'est le permanent et le
vice-président.. D'ailleurs, on le savait à ce point tellement
important qu'on se réservait son choix au niveau du ministère
plutôt que parmi les conseillers, si je me rappelle bien.
Je trouve que c'est une baisse d'importance. C'est un impact beaucoup
moins fort sur la structure qu'on lui reconnaît dans le bill 71 que dans
le bill 28.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, pas
nécessairement. Nous laissons tout simplement c'est
l'économie générale de ce projet le conseil
déterminer s'il aura besoin d'un président permanent ou non
permanent. Il est exact que nous créons une structure administrative que
nous pensons être plus efficace que tout ce qui a été
envisagé dans le passé, avec la présence d'un directeur
général et la présence d'un comité de directeurs
généraux. On constate d'ailleurs que c'est l'évolution,
même dans le milieu montréalais, parce que les deux grandes
commissions scolaires, la CECM et le Protestant School Board, se sont
nommé des directeurs généraux. La complexité de
l'administration est telle aujourd'hui qu'il est à peu près
impossible de procéder autrement.
Je crois que je ne peux vraiment rien ajouter à ce que je viens
de dire, sauf que je suis, bien sûr, sensible à l'argumentation du
député de Saint-Jacques, qui reprend le sens de l'article 620 de
la loi à l'étude.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 586. Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Larticle 587.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une disposition ordinaire, M. le
Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Analogue à l'article 97 de la loi
scolaire.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): D'ailleurs, cela se retrouve dans toute loi
similaire. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. L'article 588.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La durée du mandat des membres
désignés par la commission scolaire... Est-ce que le ministre
pourrait me donner une petite explication technique là-dessus? J'en ai
peut-être perdu un bout dans tous ces mécanismes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Une explication là-dessus?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Quelle explication? La durée de
trois ans, c'est une façon d'assurer la stabilité des membres du
conseil...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme commissaires d'écoles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. La durée du mandat des membres
nommés par le lieutenant-gouverneur est égale et il y a une
petite disposition pour qu'afin d'éviter les périodes où
il n'y aurait pas des représentants de toutes les parties de
l'île, le mandat des membres du conseil se termine effectivement quand le
successeur est nommé.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va, M. le Président.
M. CHARRON: M. le Président, c'est une question d'information,
quand on dit que la durée du mandat est la même, est-ce que cela
signifie que les mandats expirent également en même temps?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. CHARRON: Parce qu'ils peuvent avoir plus de trois ans, mais
finir...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas de rotation, autrement dit.
M. CHARRON: Non, d'accord. Alors, c'est tout le monde ensemble.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En bloc.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 589.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une disposition omnibus. Cela va de
soi.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 590.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. C'est la même chose pour les
commissions scolaires. Cela va.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 591.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à l'article
591, c'est un article assez contentieux parce qu'il s'agit des pouvoirs et
devoirs du conseil. Si vous permettez, je vais lire rapidement quelques-unes de
ces dispositions: Le conseil, en concertation avec les commis-
sions scolaires, pourvoit à leur financement, à la
planification de leur développement ainsi qu'à l'organisation de
services communs pouvant leur bénéficier; à cette fin, il
peut, sous réserve des règlements édictés en vertu
du paragraphe 1 du premier alinéa de l'article 16, adopter des
règlements qui sont applicables aux commissions scolaires.
Ensuite, on définit lesdits règlements par fonction.
Doivent notamment porter sur des mesures propres: Le rattrapage, le
développement de l'éducation, l'organisation des cours
d'études, une utilisation des équipements, des ententes entre les
commissions scolaires...
Voici le reproche que je fais à cet article qui porte sur les
devoirs et pouvoirs du conseil. Il n'est dit nulle part que le conseil doit
faire des choses, mais que le conseil peut faire des choses. Il n'est dit nulle
part, je reviens parce que le ministre a été distrait un petit
moment, c'est normal parce qu'il a aussi des consultations à
faire...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): H y a pas mal d'action.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'est dit nulle part que le conseil doit
faire des choses, il est dit qu'il peut. Voici l'objection formelle que j'ai
à ce libellé. Le ministre, dans son discours de seconde lecture,
et le ministre avant lui qui avait présenté le projet de loi 28,
et celui qui avait présenté le projet de loi 62, avaient
établi un certain nombre d'objectifs.
Ces objectifs, on dit qu'ils sont essentiels pour réorganiser les
structures scolaires de l'île de Montréal et cela, en fonction,
bien entendu, des étudiants, parce que si nous n'avons pas tellement
parlé des étudiants, c'est toujours ces gens-là que nous
avons à l'esprit. Il n'y a rien d'impératif, dans la loi, qui
nous permette de croire que le conseil sera à ce point lié par la
loi qu'il devra prendre toute disposition utile pour atteindre les objectifs
qui sont définis dans les différentes fonctions qu'on trouve dans
les sous-paragraphes.
M. le Président, en procédant par ordre et sans faire un
débat prolongé là-dessus, je voudrais d'abord soumettre,
au premier paragraphe de l'article 591, un premier amendement qui se
retrouverait à la sixième ligne: Remplacer le mot "peut" par le
mot "doit". Je demande simplement qu'on le note pour le moment. "Doit", sous
réserve des règlements édictés en vertu du
paragraphe 1 du premier alinéa de l'article 16, adopter des
règlements qui sont applicables aux commissions scolaires.
Encore ici, au deuxième paragraphe du premier alinéa de
cet article, à la première ligne, on devrait lire, au lieu de
"peuvent", ces règlements "doivent" notamment porter sur des mesures
propres à assurer a) le rattrapage dans les milieux
défavorisés en matière d'éducation.
D'accord pour le rattrapage, mais comment?
Il est bien entendu que l'on va tenter d'atteindre cet objectif du
rattrapage. Mais s'il ne trouve pas, dans la loi, des dispositions
impératives qui définissent les moyens dont on devra se servir
pour en arriver à ce rattrapage, j'ai peur, et je crois que mes craintes
sont fondées, que ce rattrapage soit comme l'expression d'une sorte de
voeu et non pas une exigence impérieuse qui fait partie des devoirs du
conseil.
Je suggérerais ici un autre amendement, peut-être un peu
plus long, et qui va se retrouver aux autres sous-paragraphes. Après le
sous-paragraphe a) le rattrapage dans les milieux défavorisés en
matière d'éducation; à cette fin, le conseil devra
créer un comité chargé d'étudier la situation et de
déterminer les moyens à prendre pour assurer la redistribution
des ressources.
Alors, on pourrait dire: A cette fin, le conseil devra créer un
comité chargé d'étudier la situation ou d'analyser la
situation et de déterminer les moyens à prendre pour assurer la
redistribution des ressources.
Cela fait longtemps que je n'ai pas fait de dictée. C'est un
amendement que je soumets au sous-paragraphe b) qui se lit: "Le
développement de l'éducation de l'enfance inadaptée et de
l'éducation des adultes". Encore là, nous pourrions formuler le
même amendement. Parce qu'il faut savoir quelle est la situation. Mais,
je vais procéder, peut-être, d'une autre façon en englobant
toutes les autres.
L'organisation de cours d'étude pour des personnes autres que
catholiques ou protestantes, cela existe déjà, mais trop fort ne
casse point, d) Une utilisation des équipements scolaires qui soit
à la fois rationnelle et juste pour les diverses clientèles
à desservir. Ici, j'inclurais le même amendement que celui que
j'ai indiqué tout à l'heure et qui exigerait que l'on constitue
tout de suite un comité pour étudier cette question des
équipements scolaires et leur redistribution. Nous pourrons les
reprendre ensuite en les précisant, e) Des ententes entre les
commissions scolaires, les corporations municipales ou tout autre organisme aux
fins de favoriser le développement de services communautaires. Pour ma
part, à moins que je ne rate le bateau comme on dit, je ne vois pas la
nécessité d'apporter un amendement, à moins que mes
collègues y voient des implications que moi, je ne vois pas, connaissant
moins qu'eux le fonctionnement des commissions scolaires sur l'île de
Montréal.
Le conseil étudie, approuve les budgets des commissions scolaires
et les soumet... J'aimerais que nous suspendions ce dernier paragraphe pour un
moment et que nous nous attachions d'abord aux propositions que j'ai faites,
qui se résument à ceci: En premier lieu: Une disposition
imperative qui ferait qu'on remplace le mot "peut" ou "peuvent" par "doit" ou
"doivent". Ensuite, un amendement qui pourra servir aux sous-paragraphes a), b)
et d) pour que l'on crée immédiatement un mécanisme qui
nous assure que ce travail sera immédiatement entrepris par le Conseil
scolaire de l'île de
Montréal et qu'il ne devienne pas simplement un objet de
considération académique, une virtualité dans l'ensemble
des devoirs et pouvoirs du Conseil scolaire de l'île de Montréal.
Ce sont les premières observations majeures que j'ai à faire sur
cette question des devoirs et pouvoirs du Conseil scolaire de l'île de
Montréal.
M. LAURIN: M. le Président, il me fait plaisir d'appuyer
l'amendement du député de Chicoutimi.
De fait, c'est une des premières critiques que nous avons faites
à ce projet de loi, dès la première lecture. Je dirais
même que cette possibilité d'atermoiement de la part du conseil
nous a tout de suite sauté aux yeux. Nous avons tout de suite
pensé qu'il importait, d'une façon absolue, de la corriger. Nous
savons en effet que ce rattrapage s'impose depuis très longtemps. En
réalité, il s'impose peut-être depuis une centaine
d'années. Malgré toutes les déclarations
académiques, pieuses, qui ont été faites dans le
passé, ce rattrapage ne s'est jamais effectué. Et lorsqu'il a
commencé à vouloir s'effectuer, c'est-à-dire il y a peine
trois ou quatre ans, ce n'est pas la CECM, ce n'est pas le Protestant School
Board of Greater Montreal, ce ne sont pas en somme les commissions scolaires
qui y ont procédé mais c'est le gouvernement qui, plus sensible
aux pressions de l'opinion publique, a senti le besoin d'y céder d'une
certaine façon. Peut-être parce que les commissaires de la CECM
n'étaient pas élus, mais simplement nommés, on a eu
l'impression, la même chose s'applique au Protestant School Board of
Grater Montreal, peut-être parce que ces commissaires étaient
nommés et non pas élus, qu'ils n'avaient pas
développé une sensibilité adéquate aux besoins de
la population, qu'ils n'avaient pas été sensibles aux diverses
particularités de la situation. Ils n'ont pas agi. C'est le gouvernement
qui a dû agir, et il l'a fait d'une façon assez faible jusqu'ici,
et sûrement d'une façon qui ne pouvait contenter les besoins des
populations, et surtout, d'une façon qui était loin de s'accorder
à l'ampleur du problème en cause.
On a vu au cours des deux dernières années que certaines
mesures ont été prises, soit par le ministère de
l'Education, soit par le ministère des Affaires sociales. Mais nous
avons eu l'impression, pour notre part, que c'étaient des gouttes d'eau
dans l'océan, que c'étaient des mesures plutôt
électoralistes en ce sens qu'elles avaient pour but de diminuer la
pression de la population sur l'administration gouvernementale, mais que ces
mesures étaient loin de correspondre à l'ampleur des maux qui
avaient été dénoncés par tous ceux qui se sont
penchés sur ce problème depuis plusieurs années.
Car nous le savons maintenant et justement les études dont
je parlais l'ont démontré d'une façon mathématique
et statistique que les étudiants qui fréquentent les zones
défavori- sées ont des besoins immenses qui se situent au niveau
de l'alimentation, de la pédagogie, au niveau des conditions de vie qui
sont faites aux étudiants de certains quartiers. Plusieurs mesures ont
été recommandées, des mesures sociales bien souvent
puisque, si les besoins vitaux ne sont pas contentés, il est inutile
d'espérer que les étudiants puissent profiter de l'enseignement
qui leur est donné. Comme saint Thomas disait qu'un minimum de
bien-être est nécessaire pour pratiquer la vertu, de la même
façon, on peut dire que si on a affaire à des étudiants
qui, au foyer, sont aux prises avec des conditions de pauvreté, de
dénuement ou de division conjugale, à un point qui mobilise
complètement leur attention, il est impossible pour eux de recevoir
même l'enseignement qui leur est donné. Et, même pour ceux
qui peuvent recevoir cet enseignement, s'ils sont aux prises avec des
conditions d'existence très difficiles, on peut penser que leur
faculté de réception s'en trouve gravement diminuées. Nous
sommes à un point où les conditions pédagogiques
deviennent étroitement liées aux conditions sociales.
Les mesures qui ont été préconisées sont de
plusieurs ordres. Il y en a qui sont de nature purement économique, par
exemple la création d'emplois, la relance économique de certaines
régions, la rénovation urbaine et, bien sûr, ce n'est pas
au ministre de l'Education de s'en occuper, sinon par l'action qu'il peut mener
au sein du cabinet. Mais il y en a d'autres quand même qui sont de nature
scolaire en ce sens qu'elles donnent lieu peut-être à un effort
financier additionnel que les commissions scolaires ou le conseil scolaire
peuvent prendre. Ce peut être, par exemple, en mettant des locaux plus
adéquats à la portée des étudiants, en multipliant
les conseillers pédagogiques, que ce soient des psychologues ou des
travailleurs sociaux, que ce soit en augmentant la proportion
étudiants-professeur, par exemple une proportion
étudiants-professeur de 1/27 à l'élémentaire qui,
dans les zones défavorisées, devrait peut-être baisser
à l/17 ou l/15.
M. CHARRON: Le conseil supérieur...
M. LAURIN: Car le ministre de l'Education, qui est psychiatre, sait
très bien que la tendance moderne en pédagogie va vers
l'individualisation de l'enseignement, mais à plus forte raison, pour
des étudiants qui deviennent presque des clients et qu'ont à
connaître les psychologues et les travailleurs sociaux. Presque chaque
étudiant devient une sorte de cas en soi qui demande une attention
spéciale, une attention individualisée. Aussi longtemps qu'on
n'aura pas donné à ces étudiants cette attention
spéciale dont ils ont besoin afin de leur permettre d'effectuer un
rattrapage qui est contrôlé, qui est suivi à chacune de ces
étapes, on peut penser qu'ils décrochent à un certain
moment, qu'ils ne suivent plus parce que tous ces étudiants peuvent
être classés parmi cette catégorie dont
parle le paragraphe b), c'est-à-dire l'enfance inadaptée.
Parmi les enfants inadaptés, il n'y a pas que ceux qui souffrent d'une
pathologie psychologique ou d'une pathologie psychiatrique. Il y a aussi les
enfants qui souffrent d'une pathologie économico-sociale. Il importe de
prendre pour ces étudiants des mesures tout à fait
spéciales, et, encore une fois, comme je le disais au début, ce
problème a été négligé dans le passé.
Il nous a pris beaucoup de temps pour le reconnaître d'abord, ensuite
pour en reconnaître l'ampleur, ensuite pour connaître les
dispositifs qu'il fallait mettre en place pour le corriger d'une façon
adéquate. Il y a donc là un effort gigantesque à fournir,
un effort au niveau de l'évolution des mentalités et le ministre,
dont la philosophie est évolutive, comprendra sûrement cette
première condition de base, un effort à faire au niveau de
l'évolution des mentalités, mais aussi un effort fiscal...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'espère que l'Opposition est
évolutive aussi. Si elle ne l'est pas, elle devient
réactionnaire.
M. LAURIN: ... mais aussi un effort au niveau des équipements, un
effort au niveau de la quantité, au niveau de la qualité du
personnel professoral, un effort au niveau du personnel auxiliaire,
spécialisé qu'il faut mettre à la disposition de ces
élèves, un effort également au point de vue de
l'administration des écoles, si on comprend par administration les frais
qu'il faille imputer à la nourriture ou aux loisirs ou aux jeux. Et
devant l'ampleur du travail qu'il y a à effectuer, il faut mettre en
place d'avance c'est la responsabilité d'un gouvernement et d'un
ministère de le faire les mécanismes qui nous assureront,
non pas d'une façon mathématique ou absolue, mais d'une
façon probable, cette mise en place.
Je voudrais, non pas leur imposer, mais instituer légalement un
cadre dans lequel ils devront se mouvoir et leur soumettre des
impératifs auxquels ils devront apprendre à se plier afin d'aider
leur vertu, que je ne mets pas en doute. C'est la raison pour laquelle la
formulation première de l'article 591 laissait pour nous fortement
à désirer, parce qu'elle nous apparaissait véritablement
trop molle, trop faible et qu'on pouvait la tourner trop facilement. On pouvait
passer à côté. Justement, quand on pense à tous les
autres impératifs que l'on rencontre dans les commissions scolaires,
quand on sait à quel point il est difficile pour des commissaires de
taxer, d'augmenter les dépenses, je pense qu'il y a là un devoir
social qui est tellement aigu, tellement important, qu'on a failli durant si
longtemps à mettre en pratique, que le ministre devrait saisir cette
occasion aux cheveux de s'assurer qu'on ne verra plus, dans l'avenir, les abus,
les insensibilités ou les carences qu'on a vus dans le passé.
Ceci est pour justifier la proposition du député de Chicoutimi en
ce qui concerne son fonde- ment. Quant aux modalités qu'il
suggère, je pense qu'elles sont aussi bonnes que d'autres et on devrait
pouvoir les examiner, cette fois, d'une façon pratique, et si le
ministre en a des meilleures à nous proposer, nous sommes
disposés à les entendre, mais je pense qu'on ne devrait pas
quitter cette table avant d'avoir mis au point, avant de nous être
entendus sur un mécanisme qui assurera d'une façon la plus
certaine qu'on puisse imaginer ce rattrapage dont on se gargarise trop
volontiers à l'occasion de cérémonies ou à
l'occasion de déclarations solennelles, mais qui en pratique tarde
beaucoup à venir. Je pense que le ministre est assez conscient de cette
responsabilité de son gouvernement pour inscrire dans son projet de loi
les dispositions dont personne ne pourra véritablement
s'écarter.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que je pourrais
ajouter un petit mot, non pas pour la compréhension du ministre, mais
pour expliciter davantage la proposition d'amendement que j'ai faite?
Dans la loi 28, dans les pouvoirs du conseil provisoire, il était
question: "Le conseil a pour fonction, etc... Il doit notamment, à cette
fin, procéder à l'inventaire de l'actif et du passif de chacune
des commissions scolaires existantes et élaborer un plan de
répartition de ses actifs et passifs entre lui-même et les
commissions scolaires nouvelles". La même disposition se retrouve dans le
projet de loi actuel à l'article 11. On me dira peut-être que cela
se retrouve déjà. Cela se retrouvait dans la loi 28, cela se
retrouve dans la loi 71. Mais je voudrais bien que le ministre comprenne que
l'inventaire dont il est question est une sorte d'examen de l'actif et du
passif et cela ne rejoint pas notre préoccupation qui est d'obliger le
conseil scolaire, après avoir fait faire cet inventaire par un
comité ad hoc, que j'ai indiqué dans mon amendement, à
procéder à un mode de redistribution des ressources. Alors, ce
n'est pas du tout le même "inventaire" que l'on trouvait à
l'article 11 du projet de loi 28 et à l'article 11 du projet de loi
actuel. Nous voudrions, nous, que ce conseil se mette immédiatement
à l'oeuvre pour procéder à une redistribution des
ressources, étant bien entendu qu'il a fait faire un examen, un
inventaire desdites ressources. J'ajoute simplement cela pour expliciter ma
pensée sur l'amendement que j'ai proposé.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Sur l'amendement proposé par le
député de Chicoutimi, le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me demande si ce ne serait pas mieux de
laisser parler le député de Saint-Jacques...
M. CHARRON: Je suis curieux d'entendre d'abord votre exposé en
réponse au député de Chicoutimi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis certainement d'accord avec tout ce qui
vient d'être dit. C'est le sens même de ce projet de loi. Je vous
suggérerais de lire attentivement les attendus. Il est assez rare que
nous introduisions des attendus dans un projet de loi, dans notre pratique
parlementaire.
J'ai obtenu qu'on le fasse précisément pour donner une
espèce de cadre conceptuel à l'opération du projet de loi
71. Ceci dit, si l'on considère...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que je pourrais, s'il me le permet,
interrompre ici le ministre? Est-ce qu'il pourrait me dire s'il a eu un avis
juridique sur la portée de ces attendus? Parce que, selon nos
règles d'interprétation, un projet de loi ne comporte pas
d'exposés de principe qui soient valables devant les tribunaux. Est-ce
qu'il en est de même pour les attendus? Je ne puis pas me prononcer parce
que, même si j'ai fait mes études de droit au complet, je n'ai pas
pratiqué devant les tribunaux, je ne suis jamais allé au
prétoire en qualité d'avocat, je me demande dans quelle mesure
ces attendus ont une valeur juridique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ils n'en ont pas, en ce sens qu'ils ne
créent pas d'obligation, mais ils indiquent l'orientation
générale d'une loi et établissent certains principes. Il
m'a paru utile, pour une loi de cette importance, d'insister pour qu'il en soit
ainsi. D'ailleurs, je vous signale que la loi du ministère de
l'Education comporte également des attendus, lesquels donnent certaines
garanties. Si je le signale, c'est pour pallier les arguments de certains
groupes qui pourraient prétendre se sentir lésés par le
projet de loi 71 alors que la Loi du ministère de l'Education
confère à tous les enfants le droit de bénéficier
d'une éducation qui favorise leur épanouissement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais je vais rappeler au ministre ce qui
s'est passé dans l'affaire de Saint-Léonard, savoir que,
justement, on a voulu arguer de ces attendus et, devant le tribunal, cela
n'avait pas de valeur juridique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce que je viens d'admettre, M. le
Président, j'ai simplement parlé d'un cadre, d'une orientation
générale. Si vous me permettez de terminer, vous verrez que je
n'ai pas du tout l'intention de prétendre que ceci règle le
problème. Au contraire, je me suis mis d'accord avec ce que vous aviez
dit. Je me contente de souligner que toute l'économie de notre projet de
loi est axée vers des pouvoirs définis donnés au conseil
et axée plus particulièrement vers le rattrapage. Dans ces
circonstances, je suggérerais, après les quelques remarques que
je vais faire, que nous disposions de l'amendement du député de
Chicoutimi et je serais prêt à proposer un amendement qui
représenterait la position du gouvernement de manière à
mieux expliciter l'esprit du projet de loi. L'amendement que je proposerai
n'ajoutera rien, mais donnera satisfaction à un bon nombre des
représentations qui ont été faites ici.
Cepandant, je tiens à faire quelques remarques. La
première de ces remarques est que, à mon point de vue, il est
tout de même important de tenir compte de ce que j'appelle la
responsabilité locale. S'il est nécessaire de fournir une
orientation, s'il est nécessaire d'imposer certaines obligations, il ne
faut pas non plus ne pas faire suffisamment confiance à une structure
que l'on crée pour lui créer un véritable carcan. Il faut
une marge de manoeuvre. Il faut que l'organisme puisse tenir compte des
circonstances. Il faut qu'il puisse, s'il entreprend certaines mesures, le
faire en tenant compte également des implications financières qui
peuvent être énormes, en tenant compte d'une certaine
progression.
Je m'arrête là, M. le Président, et lorsque nous
aurons disposé de l'amendement du député de Chicoutimi, je
proposerai le mien, si c'est là la procédure correcte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le Président, j'aimerais
faire observer tout de suite au ministre que l'argument qu'il vient de nous
servir ne tient pas. Il nous dit: Nous procédons à un
préregroupement, lequel préregroupement doit tenir compte des
situations locales. Or, je peux présumer, et je crois que ce n'est pas
imprudent de ma part, que lesdites situations locales ont déjà
été examinées, que le gouvernement connaît la
situation ou les situations locales, qu'il sait dans quel état se
trouvent certaines commissions scolaires et certaines clientèles
scolaires par rapport à d'autres. Il me paraît donc
nécessaire, si le ministre veut atteindre l'objectif de rattrapage dont
nous parlons, qu'il indique tout de suite au conseil scolaire quel est l'ordre
de priorité...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce que nous avons l'intention de
faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et dans l'ordre de priorité, il y a
précisément cette question du rattrapage et de la redistribution
des ressources scolaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'aimerais savoir, pour que notre discussion ne
tourne pas en rond c'est un point de règlement s'il faut
disposer d'abord de la motion du député de Chicoutimi avant que
je puisse présenter la mienne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est entendu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Laquelle va cer-
tainement rencontrer un bon nombre des aspirations ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai parlé sur
ma proposition d'amendement. Je crois que je l'ai justifiée suffisamment
dans l'optique des objectifs que nous connaissons. Le député de
Bourget a donné son avis. En ce qui me concerne, je tiens mordicus
à cet amendement et j'espère qu'on le mettra aux voix. S'il y a
d'autres collègues évidemment qui veulent s'exprimer
là-dessus, je serai très heureux de les entendre avant qu'on ne
mette la question aux voix.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce qu'il y en a d'autres qui veulent
parler sur...
DES VOIX: Oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Ce n'est pas que je n'aie pas confiance aux amendements du
ministre, mais j'aime autant parler avant qu'il présente ses amendements
quitte à y revenir tout de suite.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Le député aurait-il objection
à ce que nous l'ayons, cet amendement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas objection du tout. Si le
président me dit que la procédure est acceptable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire, M. le Président,
c'est que...
M. CHARRON: Vous pouvez l'énoncer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... d'un commun accord on peut s'entendre pour
que des amendements soient distribués avant leur présentation
formelle.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tous les amendements?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tous les amendements. Le ministre de
l'Education l'a déjà fait d'ailleurs en d'autres
circonstances.
M. CHARRON: Sur le bill 28 on les connaissait.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas d'objection. J'avais l'intention
d'ailleurs, si j'avais pris la parole le premier, de le faire.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je m'en remets à la commission.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous en donne, si vous parlez, la
substance.
M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est peut-être ici la chose la plus
simple. Ou encore est-ce que je pourrais vous dire...
M. CHARRON: M. le Président, j'ai le droit après le
ministre...
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que je peux vous le lire? C'est
peut-être beaucoup plus simple. Vous verrez quels sont les points de
rencontre. Je vous dis tout de suite que c'est la position que j'entends
défendre, et j'utiliserai un certain nombre d'arguments pour le faire.
L'amendement part du principe suivant: Etablir plus clairement le pouvoir. Le
pouvoir que nous donnons au conseil du point de vue des règlements:
imposer un devoir particulier en ce qui concerne la première
priorité à notre sens, c'est-à-dire le rattrapage, et
permettre, en donnant une latitude sur le plan de l'échéancier,
par exemple, une marge de manoeuvre qui nous paraît essentielle.
L'amendement se lirait de la façon suivante: Le conseil, en
consultation avec les commissions scolaires, pourvoit à leur
financement, à leur planification, à leur développement
c'est le même texte ainsi qu'à l'organisation de
services communs pouvant leur bénéficier. A cette fin, il a, sous
réserve des règlements, édicté en vertu du
paragraphe 1 du premier alinéa de l'article 16, le pouvoir... Il y a
là un changement, au lieu de dire "il peut", nous donnons un pouvoir
général dans un premier temps. Le pouvoir d'adopter des
règlements qui sont applicables aux commissions scolaires. Avant de
ricaner, on pourrait peut-être attendre ce qui vient, M. le
député de Saint-Jacques. Ces règlements ont une
interprétation juridique... Ces règlements doivent et non
peuvent porter sur des mesures propres à assurer le rattrapage
dans les milieux défavorisés en matière
d'éducation.
J'ai indiqué que c'était là une priorité,
dès mon discours de deuxième lecture, et je suis venu à la
conclusion que le texte était peut-être un peu ambigu de ce point
de vue. Nous changeons donc "peut" par "doit" en ce qui concerne le rattrapage
dans les milieux défavorisés en matière
d'éducation. Ils peuvent aussi porter sur d'autres matières,
notamment il s'agit d'une liste qui n'est pas exhaustive des
mesures propres à assurer... et là, nous retrouvons a), b), c),
d) et e).
Puisque vous m'avez invité à parler dès maintenant,
je vous explique pourquoi nous avons procédé de cette
manière. C'est parce qu'en rapport avec ce principe de la
responsabilité locale, il nous paraît impossible de tout
décider pour le conseil. C'est assez curieux d'ailleurs de voir que
l'Opposition qui a fait une discussion sur à peu près tout ce
sujet-là lors du
débat du bill 28 qu'on trouvait trop contraignant, qu'on
considérait comme ne donnant pas assez de pouvoir et imposant trop de
contraintes, semble vouloir imposer des contraintes précises à
l'organisme.
Il faut, je pense, avoir une conception, un minimum de confiance envers
l'organisme que nous mettons sur pied. Pour me résumer, il y a donc un
pouvoir général, il y a une priorité imposée et il
y a la possibilité d'intervenir.
Une autre raison qui fait que je ne crois pas qu'il soit sage d'imposer,
de faire des règlements pour les quatre paragraphes qui sont là
ou les dix ou quinze autres parce que je répète que cette
liste n'est pas exhaustive c'est que le conseil devra juger des
circonstances. C'est pour ça que nous faisons un conseil. Il devra juger
des implications financières. Il peut y avoir $50 millions, $100
millions et même davantage d'impliqués dans certaines mesures si
elles sont faites immédiatement.
Ceci peut se répercuter au niveau de la taxation et je ne crois
pas qu'il soit possible d'imposer ce carcan au départ. Egalement, il y a
une espèce de dialectique qui devra se faire entre les commissions
scolaires et le conseil. Dans le domaine des milieux défavorisés,
il y a déjà des initiatives extrêmement
intéressantes qui se font dans le milieu montréalais.
De plus, j'ai l'intention j'en ai déjà parlé
de présenter, dès le début de l'an prochain, dans
la première moitié de l'an prochain, une politique pour les
milieux défavorisés. Parce que le ministère continuera de
faire des politiques. Il ne faut quand même pas oublier que c'est le
ministère qui a le contrôle des budgets par ses normes et le
ministère est en train de définir une politique globale, analogue
à celle que nous tentons de définir dans le domaine de
l'enseignement des langues, et qui consisterait en une espèce d'approche
intégrée, un peu comme celle que suggérait le
député de Bourget.
Il est entendu je n'ai pas l'intention de faire un discours
là-dessus que le problème des zones
défavorisées n'est pas seulement un problème de services
scolaires. Des services scolaires analogues ne permettent certainement pas de
conclure que les enfants pourront s'en tirer aussi bien que des enfants d'un
autre milieu. C'est la raison pour laquelle il faudra impliquer d'autres
ministères, plus particulièrement le ministère des
Affaires sociales. C'est exactement ce que nous faisons en ce moment.
Je ne sais pas si je m'explique clairement. Pour me résumer, nous
établissons un pouvoir général, nous imposons une
obligation qui va dans le sens de l'économie de la loi et nous donnons
une certaine latitude pour l'application des autres mesures qui relèvent
de la responsabilité locale et qui doivent être appliquées,
mais qui doivent l'être en fonction des responsabilités qui seront
assumées, compte tenu des politiques générales du
ministère.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, la montagne vient à nouveau
d'accoucher d'une souris. Par rapport aux besoins de l'île de
Montréal, par rapport à la réforme urgente d'une
restructuration scolaire, le gouvernement avait accouché de ce reptile
qu'est le projet de loi 71. Il avait maquillé sa démission
derrière la présentation bien employée, bien
utilisée de son souci légitime, disait-il, à
l'égard des milieux défavorisés.
Devant l'annonce que les trois partis d'Opposition avaient faite lors de
la deuxième lecture et l'affirmation que nous n'étions pas dupes
du maquillage qu'il faisait des privilèges déjà
accordés aux commissions anglophones, le ministre a cru bon, ce matin,
de refaire un peu une beauté à l'article 591, de revendre le
produit de son impuissance et de sa démission.
Et voilà qu'avec un jeu strictement juridique, il nous
répète encore une fois la même faiblesse. Le ministre nous
dit: Le député de Chicoutimi n'aura pas d'objection à ce
que je mentionne mon refus de l'amendement, c'est à l'appui du sien que
je le fais. Le ministre mentionne que le conseil scolaire pourra
réglementer et que, s'il pose des règlements, il devra
c'est la nouveauté de ce matin les faire porter sur des mesures
propres à assurer le rattrapage dans les milieux
défavorisés.
On a seulement reporté le devoir ailleurs. Mais ce n'est pas
là qu'il devrait être dans l'esprit du député de
Chicoutimi, selon son amendement, comme dans l'esprit du Parti
québécois. Le devoir devrait être de réglementer et
de prendre les décisions dès le départ pour assurer le
rattrapage dans les milieux défavorisés.
D'ailleurs, M. le Président, parlons de l'article 591 tel qu'il
est et parlons de l'utilité de l'amendement du député de
Chicoutimi. Qu'est-ce que c'est d'abord, dans l'esprit du ministre, que le
rattrapage dans les milieux défavorisés?
C'est une formule qui, je pense, a été
développée d'abord par la Commission des écoles
catholiques de Montréal. Le gouvernement, attaqué sur les bases
de son inaction, a épousé la même formule. La formule,
maintenant consacrée, apparaît dans le projet de loi 591. Mais que
veut-elle dire? Qu'est-ce que le rattrapage pour ces milieux? D'abord,
qu'est-ce qu'un milieu défavorisé? A quoi veut-on le rattraper? A
quoi veut-on le réinstaller? On veut le remettre sur le même pied
que qui? Et dans quel domaine? Tout ça devra être expliqué,
si nous ne voulons pas croire que la formule qui figure au paragraphe a) de
l'article 591 n'est que le maquillage d'une loi dont le fruit et dont l'effet
sera exactement et prioritairement le contraire. C'est trop facile de jouer
avec les mots juridiques, comme le fait ce matin le ministre, pour noyer le
poisson, alors que les besoins sont plus criants, que la situation est plus
inhumaine d'année en année et que l'inaction et la faiblesse de
l'intervention gouvernementale à ce chapitre sont devenues visibles
pour tous, en particulier au Conseil supérieur de
l'éducation, qui a produit sur cet effet peut-être un des avis les
plus sévères qu'il ait jamais eus selon son devoir à
l'égard du ministère de l'Education.
Le ministre nous répond, avant de présenter l'amendement
ridicule qu'il vient de mettre sur la table: N'oubliez pas que ce projet de loi
comporte des attendus et que ce n'était plus coutume dans nos us
parlementaires de voir des lois apporter des "attendus". Allez dire ça
aux gens des milieux défavorisés. Qu'est-ce que le projet de loi
71 leur apporte de plus? C'est, n'oubliez pas, un "attendu". Allez dire encore
aux gens des milieux défavorisés, comme ceux de chez nous, que ce
sont les engagements devant les chambres de commerce, que ce sont les paniers
de Noël du ministre de l'Education, que ce sont les guignolées du
projet de l'article 591, que c'est la Saint-Vincent-de-Paul du conseil scolaire
qui vont s'en occuper demain matin. Le ministre rempli, pourri de bonnes
intentions, va apporter à cette société, à ce
groupe de notre société les réponses qu'il attend de
façon quasi inutile dans le régime dans lequel nous vivons.
Le ministre dit: Le conseil "pourra" et s'il "peut", s'il exerce ce
pouvoir il,"devra". Même là-dessus, après l'avoir fait sur
la question linguistique, après l'avoir fait sur la question de la
restructuration comme telle, il remet même la question urgente d'un
correctif de justice sociale aux mains du pouvoir et du devoir du conseil
scolaire. Voilà un autre domaine où démissionne le
gouvernement. Un des plus criants, un des plus cruels également. C'est
inutile, et le ministre de l'Education devrait être, psychiatre qu'il
est, le premier à le savoir, que les promesses de dames patronnesses ne
correspondent plus aucunement à l'attente légitime que les
habitants de ces zones défavorisées peuvent avoir d'un
gouvernement auquel ils contribuent par leurs taxes.
D'ailleurs, comment se ferait ce rattrapage une fois que le ministre
nous l'aura décrit? Se fera-t-il dans les établissements
scolaires? Se fera-t-il dans le personnel enseignant? Se fera-t-il dans une
politique conjointe avec le ministère des Affaires sociales, comme le
proposait l'avis du conseil supérieur? De quel rattrapage le conseil
scolaire se sentira-t-il mandaté lorsqu'il recevra la démission
du gouvernement et que le gouvernement, lui dira, par l'article 591 :
Nous ne voulons pas trancher là-dessus, occupez-vous en, la
première réponse du conseil scolaire devra normalement
être: Mais de quoi voulez-vous qu'on s'occupe? Vous nous garro-chez la
formule facile de club Kiwanis dans laquelle vous vous enfermez, formule de
rattrapage des milieux défavorisés, sans nous dire et surtout
sans nous donner les moyens clairs et précis pour les remplir. Il se
fera, j'en fais mon analyse, le ministre ne l'a pas présenté, de
la façon suivante. Un peu plus loin, nous verrons des articles sur
lesquels je me base pour faire cette analyse. Le "rattrapage" qui devra se
faire se fera lorsque le conseil scolaire ayant perçu, la taxe scolaire
étant détenteur du fruit de la taxe scolaire sur l'île de
Montréal, aura répondu aux demandes de budget, aux
dépenses admissibles figurant dans les demandes des huit commissions
scolaires. Cela, il ne peut s'en écarter comme d'ailleurs aucune
commission scolaire ne peut s'en écarter d'après notre loi. Le
reste, le gâteau une fois partagé entre les huit, selon leurs
priorités et selon le budget qu'elles auront réussi à
faire accepter au conseil scolaire, là, interviendra le pouvoir, s'il
décide de l'exercer, du conseil scolaire, de prendre une partie des
restes du budget pour les partager ou pour les affecter à sa
discrétion selon les priorités politiques que se donnera ce
conseil scolaire où les zones défavorisées sont
représentées de façon minoritaire. Là, interviendra
la possibilité pour lui d'établir une politique de rattrapage
pour les milieux défavorisés.
Et encore, faudrait-il l'obtenir, cette décision du conseil
scolaire. Si nous regardons encore une fois la structure et la formation que
nous avons adoptées tout à l'heure de ce conseil scolaire, quel
trafic, quelle coalition politique faudra-t-il attendre? Quelles concessions de
part et d'autre? Quel jeu de compromis? Quel jeu de coulisse? Autrement dit,
quel statu quo se trouve au fond rétabli au niveau du conseil scolaire
et quelle situation inchangée se trouve concrétisée pour
les habitants des zones défavorisées? Au lieu d'attendre le
trafic au niveau de Québec, on l'attendra désormais du conseil
scolaire, lequel pourra, si c'est sa décision, éviter de parler
de la question puisque le ministre lui en donne encore le droit. Et quels
seront les pouvoirs de ces conseils scolaires pour faire ce rattrapage dans les
zones défavorisées, si, comme nous l'avons mentionné en
deuxième lecture et c'est à cet égard que l'article
595 est menteur, que l'article 591 est un trompe-l'oeil celui
très important d'être détenteur des équipements
scolaires leur échappe? Voilà donc un outil fondamental pour le
conseil scolaire, si nous voulons vraiment qu'il puisse élaborer une
politique de rattrapage des milieux défavorisés. S'il n'est pas
sur l'île de Montréal l'unique employeur et s'il n'est pas sur
l'île de Montréal le propriétaire des équipements,
qu'est-ce que nous pouvons espérer encore une fois du fruit qui devra en
sortir? Et si rattrapage devait en sortir, regardons de quoi ce conseil pourra
accoucher, n'étant pas propriétaire des équipements
scolaires, n'étant pas l'unique employeur et devant donc, à cet
effet-là, être en perpétuelle concertation, dit l'article
591 dans sa toute première ligne, en perpétuelle concertation
avec les commissions scolaires.
Savez-vous ce que c'est que de se concerter avec le Protestant School
Board of Greater Montreal qui conserve depuis le début, sur la structure
scolaire de l'île de Montréal, des avantages et des
privilèges dont il est jaloux, tellement jaloux qu'il a réussi
à imposer au
gouvernement la protection de sa structure telle qu'elle est
actuellement et à faire battre le gouvernement sur le principe de
l'unification? Savez-vous ce que c'est que de se concerter avec des riches,
quand ces derniers ont le privilège d'avoir des ambitions et que ce
n'est que comme souci secondaire qu'apparaît chez eux la justice sociale
à l'égard des milieux défavorisés?
Connaissez-vous d'avance ce que cela va vouloir dire pour le conseil
scolaire? Que de compromis, que de coulisses, que de convictions
perpétuellement à arracher, à formuler pour l'exercice
d'un pouvoir qu'il peut... Un jour, il pourra se fatiguer d'essayer de pouvoir
et évitera de parler de la question du rattrapage dans les milieux
défavorisés. Le projet de loi, même avec l'amendement
souris que vient de nous présenter le ministre de l'Education à
l'article 591 : "possibilité il aura..." Lorsqu'il en aura assez de ces
tergiversations, de demander aux commissions scolaires riches de céder
sur certains points et qu'elles demanderont, en échange, de se rattraper
ailleurs, lorsque tout ce trafic où des droits fondamentaux sont
finalement en jeu pour les habitants des zones défavorisés...
Pensez-vous que ce trompe-l'oeil peut durer encore longtemps face à la
population?
Le ministre nous dit que, même sans être propriétaire
des équipements, même sans être l'unique employeur,
même en étant objet de coulisses et de compromis perpétuels
en son sein, à cause du problème linguistique non
réglé, à cause du problème confessionnel non
réglé, à cause des budgets non établis encore...
Qu'adviendra-t-il? Il se trouvera une partie, les restes du budget, qu'on
pourra affecter dans les zones défavorisées. Mais sur combien
d'années pourra s'échelonner, de façon réelle, le
rattrapage dans les milieux défavorisés? Qu'est-ce que
l'injection de $10 ou $15 millions dans ces zones pourra signifier si, par le
budget et les dépenses admissibles non comprimées des zones
riches, ces dernières peuvent continuer perpétuellement à
augmenter l'écart? Comme l'a dit le ministre, dans son discours de
deuxième lecture, en parlant du statu quo. Statu quo qui, je le
répète, persiste et survit mieux que jamais à travers la
loi 71.
Dernier argument qu'a évoqué le ministre de l'Education,
face à l'amendement du député de Chicoutimi, amendement
dont nous épousons l'esprit. Il dit: Nous avons voulu laisser au conseil
scolaire une marge de manoeuvre. Réapparaît donc cette philosophie
somptuaire du ministre de l'Education, celle du changement, du laissez-aller
des forces. La marge de manoeuvre du conseil scolaire... Laissons-le se
déchirer, laissons-lui la patate chaude de ce problème social
urgent et fondamental et, par la suite, lorsque la marge de manoeuvre aura
été jouée... Mais c'est la marge de manoeuvre de qui?
C'est la marge de manoeuvre envers quoi? Le ministre s'est bien gardé
d'y répondre. Lorsque nous aurons disposé de ces amendements,
nous au- rons d'autres amendements à proposer, car, pour nous, c'est
l'objet clé, l'objet principal du projet de loi qui se trouve ici. Nous
croyons que la structure implantée ici et comme l'a dit l'ancien
ministre de l'Education une structure qui durera beaucoup plus longtemps
que ne le dit le projet de loi... Nous ne pouvons pas nous permettre dans ce
chapitre extraordinairement important, de laisser aller le gouvernement, encore
une fois, par la porte arrière, comme il l'a fait sur la question
linguistique.
La question sociale sur l'île de Montréal et, en
particulier dans les zones du bas de la ville, est trop importante pour qu'on
permette à un gouvernement hypocrite de maquiller la protection de la
minorité anglophone qu'il fait dans le projet de loi 71, derrière
des promesses de dames patronnesses.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Permettez-moi de dire quelques mots à la place du
député de Richmond qui est absent. Je crois qu'il y aurait lieu
de se demander: S'il y a retard réellement, s'il y a du rattrapage
à faire, est-ce que nous abordons réellement le vrai
problème, le problème fondamental de ce retard dans les milieux
défavorisés?
Je me dis, lorsque le ministère de l'Education vient à la
rescousse des milieux défavorisés en leur donnant toutes sortes
de structures pour venir au secours de leur misère, de leur
détresse, est-ce que nous touchons vraiment le mal fondamental, est-ce
que nous avons la formule qui réellement viendra à bout de faire
ce rattrapage tant désiré? Je dis, M. le Président, non.
On n'a pas touché aux vrais problèmes. On ne viendra jamais
à bout de combler cet écart entre cette minorité
anglophone bien en place, avec une certaine souveraineté
économique, qui peut par elle-même ajouter à ce que le
gouvernement ou le ministère offre aux populations de Montréal,
qui peut ajouter, par cette aisance naturelle qu'elle a, le pouvoir de demeurer
à l'avant-garde. Les milieux défavorisés ne pourront
jamais, sous l'influence de politiques quelles qu'elles soient, venant du
ministère de l'Education, avec de bonnes intentions, guérir leur
misère. Je crois réellement que le ministère ne pourra pas
faire ce rattrapage.
Le mal fondamental existe dans la pauvreté des gens, dans la
famille de l'individu. Quand bien même il offrira les mêmes
services aux différentes commissions scolaires, tant de la classe
favorisée que de la minorité anglophone, je ne crois pas que le
ministère puisse combler ce vide, parce que les familles des milieux
défavorisés ne parviennent pas à combler cet écart
qui existe. Je crois que la première action que le gouvernement devrait
faire M. le ministre l'a mentionné c'est d'intervenir
là où il y a malaise et je crois que ce serait la première
chose à faire. Il faudrait voir à donner une
souveraineté économique à la famille, faire en
sorte que la famille puisse d'elle-même sortir de pétrin,
arrêter de toujours donner à l'Etat la charge de venir au secours
des pauvres. Il faudra absolument donner la possibilité aux pauvres de
se sortir eux-mêmes de leur misère.
M. BIENVENUE: Le député me permet-ilune question? Par quel
moyen? La Banque du Canada?
M. AUDET: Cela fait longtemps qu'on vous le dit, M. le Président,
c'est par un revenu annuel garanti...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je demanderais au député
d'Abitibi-Ouest de revenir à l'amendement proposé.
M. AUDET: Je suis complètement sur le sujet, M. le
Président, je n'ai pas dérogé du sujet plus que le
député de Saint-Jacques tout à l'heure, je suis en plein
dans le sujet. M. le ministre a parlé du ministère des Affaires
sociales et je crois que c'est directement de ce côté qu'il
faudrait s'orienter au départ pour fairce ce rattrapage que l'on
désire dans l'article 591.
Maintenant, si nous avions des familles, dans ce milieu
défavorisé, en lieu de vivre, d'espérer de vivre, nous
pourrions peut-être permettre au sous paragraphe d) de faire en sorte que
ces familles, par le truchement de leurs commissions scolaires puissent ajouter
au budget de leurs commissions scolaires certains budgets, augmenter le budget
naturel du ministère de l'Education pour pouvoir se donner, eux, le
rattrapage qu'ils voient nécessaire à leur position. Je crois que
c'est là, M. le Président, que nous devrions nous attarder pour
que la famille puisse se sortir elle-même de son bourbier, arrêtons
de les regarder comme des enfants pauvres et les faire manger dans la main du
ministère.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est au député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai écouté l'argumentation du
député d'Abitibi-Ouest avec grand intérêt et je me
sentais un tantinet ému.
M. AUDET: Parlez donc plus fort que je vous entende.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je disais que j'ai écouté avec
grand intérêt l'argumentation du député
d'Abitibi-Ouest et que je me sentais un tantinet ému par la ferveur et
la passion qu'il mettait à défendre les
défavorisés. La proposition d'amendement que j'ai faite rejoint
ses préoccupations et je suis sûr qu'il va partager mon avis si je
plaide à nouveau pour que le ministre accorde toute son attention et
donne son agrément à la proposition d'amendement.
M. le Président, le député de Saint-Jacques a fait
tout à l'heure un plaidoyer où il a mis lui aussi toute la
ferveur qui caractérise la jeunesse. Il a utilisé un vocabulaire
qui est peut-être un peu passionné, mais c'est normal, il est pris
par le sujet. Il conçoit comme nous le problème. Mais ramenant le
problème à des dimensions plus pragmatiques, un peu plus terre
à terre, je voudrais faire observer au ministre que ce qu'il nous
propose dans son projet d'amendement dont, en réalité, je n'ai
pas le droit de discuter pour l'instant parce qu'il n'est pas formellement
soumis ce qu'il nous propose ne rejoint pas mes préoccupations et celles
de ceux qui se sont exprimés.
En effet, ce que j'ai demandé par ma proposition d'amendement,
c'est quelque chose d'assez direct, de très pratique et qui soit de
nature à être mis en application dans l'immédiat. Je serais
infiniment malheureux si, à la suite de toutes ces discussions, on
délayait le problème aux fins d'aboutir à une conclusion
qui s'exprimerait encore une fois sous forme de voeu. Sans analyser en
détail l'amendement du ministre, nous aurons l'occasion d'y revenir, je
trouve que sa proposition d'amendement ne change pas fondamentalement l'article
591. Il n'impose pas au Conseil scolaire de l'île de Montréal
l'obligation stricte de procéder le plus vite possible à
l'inventaire des ressources et à l'examen des moyens propres à
redistribuer ses ressources sur une base de justice dictée afin
d'atteindre l'objectif du rattrapage et d'autres objectifs qui sont
indiqués et qui font en gros l'objet de l'amendement que j'ai
proposé. La proposition du ministre est trop vague et, à la
différence de celle que j'ai soumise, qui peut être
améliorée, précisée, complétée,
à la différence de la proposition que j'ai faite, la proposition
du ministre resitue le problème dans une optique rigoureusement
juridique mais non pas dans une optique pratique, une optique concrète
qui forcerait les membres du conseil scolaire à assumer une
responsabilité que le gouvernement leur remet. Le gouvernement leur
remet beaucoup de responsabilités en leur accordant ces droits et
pouvoirs dont il est parlé à l'article 591. Le gouvernement
demande au conseil scolaire de poser des gestes qui permettent au gouvernement
d'atteindre l'objectif de la loi qu'il soumet à notre examen. Par
conséquent, j'estime que la proposition d'amendement que j'ai faite est
une proposition d'amendement formelle, qui touche un objet matériel,
identifiable et que, pour atteindre les fins qu'on se propose d'atteindre, il
faut demander au conseil scolaire et lui imposer de s'attaquer
immédiatement à cette question, à ce problème du
rattrapage qui est certainement un des problèmes majeurs, entre autres
problèmes, qui existent sur le territoire scolaire de l'île de
Montréal.
Par conséquent, M. le Président, je serais malheureux que
le ministre veuille j'emploie le mot sans lui donner une connotation
péjora-
tive faire une sorte de trafic d'amendement, substituer le sien
à celui que j'ai proposé; parce que l'amendement du ministre ne
recoupe même pas le mien, puisque l'objet de l'amendement du ministre
n'est pas le même.
L'amendement du ministre vise à déterminer juridiquement
des droits et pouvoirs sans pour autant les préciser et définir
le choc d'application de ces droits et pouvoirs. Tandis que l'amendement que
j'ai proposé va droit au but, identifie le problème, il
définit et décrit l'objet et indique en même temps quelles
pourraient être les premières mesures à prendre dans
l'immédiat pour assurer ce rattrapage.
Je ne veux pas insister plus que de raison. J'ai présenté
mes arguments, d'autres collègues ont parlé dans le même
sens. Il est entendu et c'est bien clair que ce que j'ai
proposé n'est pas parfait et peut être complété par
d'autres; mais on comprend très bien l'objectif que je veux atteindre,
les fins que je poursuis qui sont différentes dans leur objet de ce qui
se trouve à l'amendement que nous proposera le ministre et dont nous
aurons le loisir de discuter ultérieurement.
M. LAURIN: M. le Président, la déclaration du ministre
nous a quand même apporté quelque chose en ce sens qu'il est
évident, d'après ce qu'il a dit, que nous sommes d'accord sur le
fond, et il y a deux points sur lesquels nous sommes d'accord.
Le premier, c'est que le problème de la pauvreté qui
implique un rattrapage évidemment est très important à
Montréal. D'ailleurs, le ministre sait qu'au Québec il y a 34
p.c. des gens qui vivent en deçà du seuil de la pauvreté
et qu'un fort pourcentage de ce 34 p.c. se situe à Montréal. Je
sais qu'il connaît assez certains quartiers de Montréal,
particulièrement dans le sud de l'île, pour se rendre compte
à quel point ce tableau n'est pas exagéré. Il est d'accord
sur ce point. Le problème de la pauvreté et la
nécessité du rattrapage se pose d'une façon
particulièrement aiguë sur l'île de Montréal.
L'autre point sur lequel il est d'accord avec nous, c'est qu'on ne peut
aborder ce problème de la pauvreté et même du rattrapage
uniquement par le biais de mesures scolaires. J'étais heureux de
l'entendre dire qu'il a l'intention de présenter l'an prochain, une
politique globale de concert avec le ministère des Affaires sociales
pour améliorer la situation dans les milieux défavorisés.
C'est un autre point sur lequel nous sommes d'accord.
Si nous sommes d'accord sur le fond, pourquoi ne parviendrions-nous pas
à nous entendre sur les moyens de corriger cette situation, dans le
secteur qui nous intéresse actuellement, c'est-à-dire le secteur
scolaire? Il est entendu que lorsqu'on en arrive à discuter des
modalités, des moyens, des mécanismes, il y a un large jeu pour
les préférences particulières, pour les obligations qui
peuvent découler de notre appartenance à un gouvernement, c'est
entendu; mais il reste quand même qu'on devrait pouvoir comparer les
diverses formules qui sont suggérées. Le ministre en
suggère une. Je pense que j'aimerais dialoguer avec le ministre
là-dessus. Il devrait pouvoir admettre avec nous que sa formule qu'il
nous propose n'est pas à toute épreuve, en ce sens que dans un
premier temps, il dit: Le conseil a le pouvoir il modifie la formule
antérieure, soit le conseil "pouvait" au fond avoir le pouvoir ou
pouvoir c'est un peu la même chose. Il peut y avoir des nuances.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les conseillers juridiques me disent que ce
n'est pas tout à fait la même chose.
M. LAURIN: Non, il peut y avoir des nuances; c'est entendu, mais
fondamentalement, c'est la même chose. De toute façon, le mot
"doivent" qui vient après est fortement atténué du fait
que, dans un premier temps, on dit "il a le pouvoir" ou "il peut". Il reste que
le conseil scolaire n'a pas l'obligation de faire quelque chose puisque le
deuxième...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On peut formuler ça de cette
façon-là.
M. LAURIN: Oui, de toute façon, c'est simplement pour discuter la
formule que nous soumet le ministre. Il reste que le "doivent" qui a l'air
impératif dans la deuxième partie le devient moins si on l'accole
au premier "peut" du premier paragraphe. Simplement pour dire que cette
formule-là n'est pas à toute épreuve.
Le député de Chicoutimi propose un autre mécanisme
qui est, celui-là, beaucoup plus pratique, beaucoup plus concret,
beaucoup plus immédiat. Les deux préoccupations qu'il a,
c'est-à-dire agir dans l'immédiat et ne pas agir d'une
façon simplement propiciatoire, c'est-à-dire comme un voeu, je
pense bien que le ministre les partage comme nous les partageons aussi.
Au fond, ce sur quoi il faudrait s'entendre, c'est sur un
mécanisme qui soit clairement perçu par le conseil scolaire,
qu'il voit là une obligation d'intervenir immédiatement. Quelle
est la meilleure façon? Est-ce que c'est par ce que le ministre
suggère? Est-ce que c'est par ce que le député de
Chicoutimi suggère? Ou encore, est-ce que ce serait par une intervention
du gouvernement portant sur ce secteur très précis du rattrapage?
Ou encore, est-ce que ça pourrait être sur une question de
modalité dans le temps?
Par exemple, est-ce qu'on pourrait dire que le conseil devrait adopter
avant telle date, par exemple, avant la mise en vigueur du premier budget sur
le conseil scolaire, qui sera 74/75? Est-ce que ce ne serait pas une question
de temps. Ne devrait-on pas parler d'obligation pour le conseil d'adopter des
règlements portant sur le rattrapage avant que les premiers montants
puissent être dépensés? Voilà trois formules qui ont
été suggérées.
Je serais satisfait si, avant de quitter cette table, au lieu de faire
des querelles au niveau des partis là-dessus, on pouvait réunir
l'esprit de ces trois amendements et en arriver à une sorte de consensus
en vertu duquel le conseil saurait, par un texte de loi, d'une façon
très claire, formelle, qu'il a l'obligation, aussitôt qu'il
commencera à dépenser ces premiers montants, d'avoir
déjà, dans ses règlements, des indications
impératives, obligatoires qui le forcent à s'occuper d'une
façon concrète, précise et non plus simplement formelle de
ce problème du rattrapage.
Plutôt que de discuter à ce moment-ci, parce que je sens
que le ministre commence à avoir des idées un peu plus
précises ou qu'il commence à être un peu plus impatient, je
ne le sais pas, je sens que l'essentiel est de s'entendre sur quelque chose de
très précis et qui sera perçu comme tel par la population
en général, par le conseil scolaire qui aura finalement le
pouvoir et également le devoir de mettre en oeuvre des politiques, et
surtout qui sera perçu par la population des secteurs
défavorisés. Elle ne sentira pas que l'on ne s'intéresse
à eux qu'une fois qu'on s'est intéressé à tous les
autres problèmes ou qu'on s'intéresse à eux d'une
façon académique pour se débarasser d'un pouvoir.
Comme disent les Anglais: "to pay lip-service to the cause" qu'on s'en
occupe d'une façon véritablement sérieuse cette fois-ci et
que le projet de loi n'est pas simplement quelque chose qui, comme tant
d'autres projets de loi, sera mis sur les tablettes de sorte qu'il faudra
légiférer encore dans l'avenir pour s'en occuper. C'est la
préoccupation que j'ai, et je voudrais que le ministre la comprenne
bien.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je partage
entièrement toutes les préoccupations dont vient de parler le
député de Bourget. En fait, j'en ai fait état
moi-même le premier dans mon discours de deuxième lecture. J'en ai
fait un objectif précis du projet de loi 71. Je suis d'accord sur le
fait qu'il convient de définir des modalités.
Cependant, j'ai une autre préoccupation dont je dois tenir compte
dans la mesure où j'administre un système scolaire, c'est la
suivante: Je dois tenir compte d'une certaine autonomie des instances
décentralisées. C'est l'accent sur lequel j'ai insisté
depuis que je suis au ministère de l'Education, tant en ce qui concerne
les commissions scolaires qu'en ce qui concerne les structures à mettre
encore en place.
Je considère qu'il faut donner à un organisme une marge de
manoeuvre suffisante sinon, on peut se demander s'il y a lieu de le
créer. Et par conséquent, ce que je tente de faire actuellement,
dans cette précision, à mon avis, tout cela a toujours
été dans la loi, mais peut-être pas formulé d'une
façon assez précise.
Ce que je tente de faire actuellement dans le projet d'amendement que je
vous ai fait distribuer et qui n'est qu'un projet puisque je reviendrai cet
après-midi avec un nouveau projet où il y aura, d'ailleurs,
probablement une date précise c'est une chose sur laquelle nous
sommes en train de travailler actuellement ce que je tente de faire,
c'est de concilier la préoccupation d'établir une priorité
très nette pour le conseil, mais, sans l'entraver dans son
fonctionnement quotidien sans l'empêcher d'évaluer le moment
où il devra agir, sans l'empêcher d'évaluer les
implications financières qui se répercuteront au niveau des
contribuables et au niveau de tous les contribuables de l'île, à
ce moment-là, parce que, justement, notre réforme de taxation
à même une rationalisation du taux, une normalisation du taux.
C'est donc cette double démarche que je tente de faire, et je crois que
nous y arriverons dans le texte que je vous proposerai cet
après-midi.
M. LAURIN: M. le Président, une question. Est-ce que je comprends
bien le ministre quand il nous dit qu'il préférerait, au fond,
qu'on sursoie, pour le moment, d'ici une demi-heure environ, la discussion sur
ce point et qu'il reviendra avec un nouvel article cet après-midi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce que je souhaiterais ce serait qu'on dispose
de l'amendement du député de Chicoutimi. Nous allons voter
contre. Vous savez un peu dans quel esprit nous allons revenir avec quelque
chose d'autre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le
député de Bourget parlait, tout à l'heure d'une date
précise. Il parlait de la date d'avant le premier budget.
M. LAURIN: Oui, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi, j'avais mis simplement une formule qui
est la formule juridique "Dans les délais utiles". Cela couvre cette
préoccupation, parce que je voudrais qu'on aille immédiatement au
fond de la question. Je ne sais pas quelles sont les intentions du ministre,
s'il veut qu'on mette la question aux voix. Mais je pense bien qu'il va nous
falloir reprendre la discussion sur son propre amendement. Je crains fort que
nos arguments soient les mêmes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans ce cas, votons, si vous n'avez pas
d'objection. Le débat est pratiquement terminé. Je crois que tout
le monde s'est bien fait entendre. Il peut y avoir de brefs commentaires sur
l'amendement; ensuite nous voterons sur l'amendement.
M. CHARRON: Le débat porte sur l'amendement du
député de Chicoutimi. Nous avons
également des amendements à présenter sur lesquels
il pourra y avoir un autre débat. Il y aura un débat
également sur l'amendement que le ministre nous promet pour le
début de l'après-midi. Et, il y aura un débat sur
l'article 591 comme tel avec ou sans amendements. Je pense que la question est
trop importante pour en disposer...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, nous allons
mettre la question aux voix parce que...
M. CHARRON: C'est ça!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...j'ai proposé un amendement et je ne
veux pas y passer l'après-midi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Sur l'amendement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous votons contre, bien que nous soyons
d'accord avec beaucoup de principes qui y sont contenus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous allons procéder normalement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le vote sur l'amendement proposé
par le député de Chicoutimi.
M. Phaneuf.
M. PHANEUF: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Contre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président, si vous le
voulez bien. Est-ce que vous auriez l'obligeance de le relire?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le relire? Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est assez simple et puis...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le premier vote est annulé pour
le moment. Nous y reviendrons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le premier paragraphe est le 6.
LE PRESIDENT (M. Séguin): II "peut" changé par "doit" au
deuxième alinéa. Le troisième mot "peuvent" changé
par "doivent".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça!
LE PRESIDENT (M. Séguin): Et à la fin du paragraphe,
après le mot "éducation" viendrait ce qui suit: "à cette
fin le conseil devra dans les délais utiles créer un
comité chargé de procéder à un inventaire des
ressources et de déterminer les moyens à prendre pour assurer la
redistribution des dites ressources".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça!
LE PRESIDENT (M. Séguin): Sur l'amendement, tel que lu et
proposé. M. Phaneuf.
M. PHANEUF: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Contre, M. Brochu. M. Paul.
M. PAUL: M. Brochu est remplacé par M. Audet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela n'a pas été fait,
malheureusement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Cela n'a pas été fait au
début. Je n'en avais pas été avisé. M. Paul.
M. PAUL: Pour.
LE PRESIDENT( M. Séguin): Pour. M. Cloutier (Ahuntsic).
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Contre. M. Dumont (Mégantic). M.
Houde (Fabre).
M. HOUDE (Fabre): Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Contre. M. Brisson. M. Cornellier.
M. CORNELIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Faucher.
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Charron.
M. CHARRON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Houde (Limoilou)?
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Pearson?
M. PEARSON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Tremblay (Chicoutimi)?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La motion d'amendement est
rejetée par sept voix contre trois.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je propose que nous ajournions la
séance.
LE PRESIDENT (M. Séguin): II est proposé de suspendre la
séance jusqu'à deux heures trente.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
Reprise de la séance à 14 h 33
M. SEGUIN (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suggérerais de disposer de l'article
585 que nous avions suspendu pour passer ensuite à l'article 591
où nous aurons un amendement à proposer. Si je ne me trompe
l'article 585 avait donné lieu à une motion du
député de Chicoutimi. Est-ce que nous en avions une?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous n'en avions pas, malheureusement...
LE PRESIDENT (M. Seguin): Nous étions d'accord pour le
suspendre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voilà. Je crois qu'il faudrait disposer
de cet amendement puisque nous viendrons avec un autre amendement
immédiatement après.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Maskinongé
vous a remis le texte à vous ou à celui qui vous a
précédé. Cet amendement portait sur la
représentation au conseil scolaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je souhaiterais que nous votions sur
l'amendement du député de Chicoutimi. Le gouvernement votera
contre et je proposerai un autre amendement par la suite, à l'article
585.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Si les copies ont été
distribuées, je crois que je peux m'abste-nir de lire cet amendement.
Nous voterons sur l'amendement à l'article 585, tel que proposé
par le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne veux pas revenir sur l'amendement que
j'ai proposé. C'est tout simplement pour rappeler très rapidement
que le but de cet amendement visait à équilibrer la
représentation au sein du conseil scolaire de l'île de
Montréal et à établir la pondération que nous
souhaitions et dont nous avons discuté assez longuement hier et ce
matin.
Alors, en ce qui me concerne, je n'ai pas d'autres considérations
à faire sur mon propre amendement. Je laisse la parole à
d'autres.
M. LAURIN: M. le Président, je pense qu'il y a une erreur dans le
libellé de l'amendement, à la dernière ligne: La
Commission scolaire de Lakeshore soit représentée par une
personne choisie par et parmi ses membres, je pense...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est deux. M. LAURIN: Je pense que c'est
un.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est un. Pardon.
M. LAURIN: Je voudrais ajouter un dernier mot sur cette
nécessité de représentation. Pour ce qui est du conseiller
additionnel choisi par le gouvernement, déjà, par rapport au bill
28, il y a une amélioration, en ce sens que ce ne sont plus quatre que
l'on choisit maintenant, mais trois. Mais trois, cela nous semble encore trop,
nous ne croyons pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela a été supprimé dans
mon amendement.
M. LAURIN: Oui, justement, mais à l'appui de la suppression que
vous avez mise dans votre amendement, ou on croit à la démocratie
ou on n'y croit pas. Ou on crée des communautés urbaines qui
élisent leurs propres représentants sans que le gouvernement
intervienne, ou on ne les crée pas. Ou on crée des commissions
scolaires qui élisent leurs propres représentants, ce qui est
proprement démocratique, ou on ne les crée pas du tout. Nous ne
voyons pas pour notre part que nous puissions corriger le processus
démocratique de cette façon-là, quels que soient les
arguments qu'ait pu invoquer le ministre à cet effet-là. Si la
structure qu'on nous propose n'est pas capable de tenir compte du pluralisme
dont faisait état le ministre, cela veut dire que la formule est
mauvaise et il faudra en trouver une autre. Nous ne pensons pas que ce soit
utile de procéder de cette façon-là et nous pensons que ce
serait également un fâcheux précédent pour d'autres
ministres qui pourraient être invités ce faisant à suivre
ce même précédent. On sait où les
précédents commencent mais on ne sait pas où ils
finissent. Je pense que c'est là quelque chose d'assez fâcheux et
qui, encore une fois, ne peut que donner mauvaise bouche à ceux qui
étudient les lois de près, que ce soient les juristes, que ce
soient les politicologues ou que ce soient aussi les simples citoyens qui se
rendent compte que là, encore une fois, le pouvoir intervient pour
imposer une sorte de tutelle pour corriger un système auquel il n'a pas
assez confiance du fait qu'il pense lui-même déjà à
des modifications, à des expédients pour vouloir le corriger. Je
pense que c'est là un aspect très important de l'amendement qui
nous est suggéré.
J'espère que le ministre, dans sa réflexion du midi, a pu
bien méditer les arguments que nous avions à l'encontre de cette
proposition.
M. CHARRON: M. le Président, le ministre de l'Education a
déjà annoncé à la reprise de nos travaux, qu'il
allait demander à son groupe ministériel de voter contre
l'amendement du député de Chicoutimi, qu'il avait l'intention
d'en présenter un lui-même à l'article 585, si j'ai bien
compris.
Très brièvement, j'aimerais, avant que nous nous
prononcions par vote sur l'amendement du député de Chicoutimi,
que vous nous rappel-liez pourquoi vous rejetez cet amendement de sorte que
nous pourrons évaluer si vous avez répondu à ses propres
objections lorsque vous présenterez votre amendement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): II semble y avoir un petit
problème, je ne voudrais pas faire de la procédurite. A ce
moment-ci un vote a été appelé sur un amendement
proposé. Je ne voudrais pas...
M. CHARRON: C'est vous, M. le Président, qui avez appelé
le vote.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je n'ai pas pris le vote, mais nous
attendions le vote puisqu'il avait été demandé. Je ne
voudrais pas entrer dans une série de discours au moment du vote. Le
ministre a suggéré tout à l'heure que nous prenions le
vote sur l'amendement proposé par le député de Chicoutimi
sur l'article 585. Il y a déjà eu une correction à la
troisième ligne avant la fin, de deux à un et c'est à cela
que nous devons nous en tenir.
Le ministre a dit, sans autre préambule, qu'il aurait, sur
l'article 591...
M. CHARRON: Sur l'article 585.
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... sur l'article 585, un amendement ou
des amendements ou une suggestion à faire. Je ne voudrais pas qu'on
s'écarte trop du sujet, si vous le voulez bien.
M. CHARRON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le président est
négligent dans sa fonction, il n'a pas prévu, dès le
début de la séance, que M. Drummond remplace M. Phaneuf. Si la
commission, à ce moment-ci, voulait qu'on reconnaisse M. Drummond, c'est
selon notre procédure.
M. LAURIN: Nous ne la débatterons pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons des hésitations mais nous
allons lui faire confiance.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous faites confiance à M.
Drummond.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous pouvez m'identifier? Il m'a
donné un cigare pour acheter mon silence.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A la condition que vous le fumiez. Tant
que vous n'aurez pas allumé, je ne peux pas considérer comme
faisant partie...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis prudent.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Messieurs, sur la motion du
député de Chicoutimi, relativement à l'article 585, que je
ne lirai pas, car vous avez le texte, pour ou contre. M. Drummond?
M. DRUMMOND: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Brochu? M. Paul? M. Cloutier
(Ahuntsic)?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Dumont (Mégantic)? M. Houde
(Fabre)?
M. HOUDE (Fabre): Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Brisson?
M. BRISSON : Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Cornellier?
M. CORNELLIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Charron?
M. CHARRON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Houde (Limoilou)?
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Pearson? M. Tremblay
(Chicoutimi)?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour. Notre affaire s'annonce mal. Vous
demandez un recomptage?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous avons sept contre et deux
pour.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut s'inscrire en
recomptage?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui, vous pouvez vous y inscrire, mais
c'est à la suite de rien. M. le Ministre, 585.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'amendement que je propose qui, je le sais
bien, ne satisfera pas l'Opposition, est le suivant: Remplacer, dans la
dernière ligne du paragraphe a) du premier alinéa de l'article
585, le mot "cinq" par le mot "six".
Je vais m'expliquer immédiatement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Concession.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'explique immédiatement. C'est dans
un esprit très ouvert que j'ai tenté de tenir compte...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce que le président pourrait
considérer que tous les membres de la commission ont un esprit
ouvert?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je le crois, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, vous êtes
complètement dans l'ordre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai donc tenté de tenir compte des
considérations qu'ils m'ont faites et j'ai, avec mes collaborateurs,
revu l'ensemble de la question.
Je suis venu à la conclusion qu'il n'était pas possible,
pour des raisons que j'ai déjà évoquées ce matin,
de modifier le principe que nous avions adopté dans ce projet de
loi.
Je dois rappeler, premièrement, et je tenterai d'être bref,
qu'il s'agit d'un préregroupement et que, par conséquent, nous
n'avons pas la prétention de nous retrouver devant des unités
administratives nécessairement comparables au point de vue population
scolaire. Nous n'avons pas non plus la prétention de nous retrouver
devant des unités administratives dont les territoires sont
déterminés d'une façon définitive.
Deuxième élément, c'est qu'il s'agit, au conseil
scolaire, d'une représentation d'organismes et non d'une
représentation d'individus. C'est la commission scolaire qui se retrouve
au conseil par son représentant. Il en découle que si le per
capita peut intervenir, il n'est pas le facteur le plus important, d'autant
plus que la variation des populations scolaires, les diminutions à
prévoir, font que cet élément reste variable.
Il est important, dans l'optique qui est la nôtre, de tenir compte
de la structure démographique du milieu montréalais où
nous retrouvons la proportion suivante, étant donné notre
système qui reste un système confessionnel, 81 p.c. de
catholiques et 18 p.c. de protestants. Ce que nous avons retenu reproduit cette
structure démographique.
Enfin, nous n'avons pas voulu nous priver des nominations
gouvernementales, bien que je puisse admettre, dans une étape
ultérieure, qu'il peut en être autrement. A cette étape,
pour des raisons que j'ai déjà exposées et étant
donné que le contexte culturel de Montréal, je crois qu'il est
essentiel que le gouvernement puisse intervenir. Peut-être d'autant plus
essentiel que nous nous trouvons dans un préregroupement où des
unités sont assez disparates et que, par conséquent, nous ne
pouvons peut-être pas avoir un jeu démocratique qui s'exerce dans
les meilleures conditions possibles.
Pour toutes ces raisons, par conséquent, nous avons cru que, si
modifications nous les avons toutes étudiées il y
avait, nous pour-
rions, sans modifier ces principes, augmenter la représentation
de la CECM à six, ce qui nous donne sensiblement la même
configuration démographique et ce qui permet peut-être un meilleur
équilibre. L'élément le plus important, je le rappelle,
est véritablement que nous sommes en présence d'une
représentation d'organismes dans un système.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre comprendra
que sa générosité d'un membre est parcimonieuse et que
nous nous attendions à ce qu'il fût beaucoup plus souple en ce qui
concerne le nombre de membres attribués à la Commission des
écoles catholiques de Montréal.
Ce matin, j'indiquais que l'Alliance des professeurs avait fait
connaître son avis là-dessus en demandant que la
représentation de la CECM soit augmentée à 10 personnes.
Dans l'argumentation qu'a développée très
brièvement le ministre, il argue du fait que ce ne sont pas tellement
des individus qui sont en cause, mais bien des organismes et qu'à ce
titre, il estime que la représentation par le truchement d'un membre
additionnel de la CECM est de nature, serait de nature ou sera de nature,
plutôt, à rétablir l'équilibre et à provoquer
cette pondération dont nous avons parlée.
Je ne suis évidemment pas d'accord avec le ministre parce que
l'augmentation d'un membre, dans le cas de la CECM, ne fait pas
disparaître sensiblement les proportions que nous avions
déjà établies lorsque, hier soir, nous avons
examiné les clientèles scolaires.
En apparence, cela peut donner l'impression que la représentation
est plus équitable, mais si l'on tient compte du fait que de ces six
membres il y aura vraisemblablement un anglophone, on se retrouve à peu
près dans les mêmes proportions, la variable reste à peu
près la même, entre 30,000 à 33,000 étudiants. Je ne
puis pas me satisfaire de cet accommodement que le ministre nous propose,
d'autant plus que le ministre ne s'est pas expliqué sur la proposition
que nous avions faite et qui était comprise dans mon amendement, celle
de supprimer les membres nommés par le gouvernement.
Est-ce que le ministre pourrait nous fournir des renseignements
additionnels, nous montrer comment l'adjonction d'un membre avec les trois
membres que le gouvernement se propose de nommer va vraiment influencer
favorablement cet équilibre et cette pondération que j'avais
essayé d'établir par l'amendement peut-être imparfait que
j'avais soumis à l'intention des membres de la commission?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je me trouverai à
répondre à une partie de la question du député de
Chicoutimi en vous disant que l'amendement doit comprendre également un
autre court texte, qui est le suivant: Remplacer dans la deuxième ligne
du premier paragraphe le mot "seize" par le mot "dix-sept" parce que nous
avons, de cette façon, voulu sortir de ce carcan qu'a décrit le
député de Chicoutimi, avec beaucoup d'éloquence, du nombre
pair.
Pour ce qui est des autres explications je crois véritablement
m'être étendu, tant ce matin qu'au tout début de cette
session, sur les raisons qui nous avaient motivées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les raisons qui ont motivé le ministre
sont-elles d'ordre strictement administratif ou s'il a vraiment attaché
sa considération au phénomène d'équilibre
démographique et démocratique dont nous avons longuement
parlé hier et aujourd'hui?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois avoir indiqué que nous avons
surtout tenu compte de l'équilibre démographique sur l'île
de Montréal tel qu'il existe, de la proportion dans le système
qui est le nôtre, du moins pour l'instant, c'est-à-dire un
système confessionnel, de la proportion catholique protestante par
exemple qui recoupe d'ailleurs la proportion anglophone-francophone.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que les fonctionnaires du
ministère ont fait un calcul rapide à partir de cette addition
d'un membre et est-ce que le ministre serait en mesure de nous dire comment la
pondération se rétablit, quelle est, en terme de clientèle
scolaire, la variable qui est introduite et quelle est l'influence de ce
coefficient sur le chiffre des clientèles scolaires dans chacune des
commissions concernées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons fait un calcul. Je vais vous en
donner les détails. Mais je vous répète que le
problème, pour nous, est non seulement le problème de
l'équilibre démographique mais également le principe qui
est en cause, la représentation d'organismes qui peuvent être,
comme cela se produit partout dans ce genre de structures, de tailles
différentes. Il y a intérêt à ce qu'elles le soient
le moins possible et nous avons tenté d'ailleurs d'y arriver, de sorte
que les proportions varient de 1/36 ou 1/37 pour la CECM avec l'addition d'un
nouveau membre alors qu'on était à peu près à 1/40
ou 1/43. Les autres restent exactement les mêmes, dans notre calcul
actuel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Toujours dans la même optique, si on
regarde le Protestant School Board of Greater Montreal, on a un membre par 29.
Avec le nouveau membre de la CECM, on aurait un membre sur 37; la proportion
serait 1/36. Alors, un membre par 29 et si on ajoute Lakeshore, la proportion
se trouve singulièrement changée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'y reviens encore une fois. Pour nous, ce n'est
pas un problème
de per capita, c'est un problème de représentation
d'organismes dans une structure de coordination et je crois qu'il n'y a rien
d'autre à ajouter à cela. Le représentant de la commission
scolaire un, deux ou trois, représente la commission scolaire qui a,
bien sûr, un certain nombre d'élèves sous sa juridiction,
nombre qui peut varier sensiblement d'une année à l'autre mais
qui a à administrer des services. C'est le point de départ de
notre théorie et celle qui fonde cette approche.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au fond, c'est un principe qui est celui qu'on
retrouve dans les conférences fédérales-provinciales.
C'est une analogie que je fais.
Je n'ai pas l'intention de discuter cette grave et sérieuse
question où on se retrouve, Ontario-Québec, avec une voix,
comparativement à une voix pour l'Ile-du-Prince-Edouard, qui ne compte
que 111,000 personnes.
M. LAURIN: C'est 173,000
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, depuis quelque temps.
M. LAURIN: Je dînais avec le "Speaker of the House", il y a
quelques jours, et il m'a dit cela, ils sont 173,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va devenir une mairie bientôt.
M. LAURIN: L'île-du-Prince-Edouard.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, c'est ce genre de disproportion que je
n'admets pas. Je répète très brièvement que je ne
suis pas d'accord avec le ministre, parce que, même si on se base sur des
organismes et non pas sur un per capita, si on considère l'ensemble des
commissions scolaires et de leur clientèle, il arrive qu'il y a des
disproportions qui nous sont inacceptables.
M. LAURIN: J'avais promis d'être bref dans mes commentaires. Je
vais essayer d'être le plus bref possible. C'est sûrement une
amélioration. Il faut se contenter de ce que l'on a, quand on ne peut
faire autrement, évidemment. Mais, j'avoue que cela ne corrige que bien
imparfaitement le mécanisme qui nous avait été d'abord
fourni par le premier projet de loi. Il reste que c'est la clientèle de
la CECM qui sera la plus mal représentée. Ce chiffre, au fond, un
conseiller par 36,500, c'est encore le plus faible, temporairement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Temporairement. On semble toujours oublier qu'on
est dans la perspective d'un préregroupement.
M. LAURIN: M. le ministre, est-ce que vous ne connaissez pas plusieurs
exemples où le provisoire est devenu permanent? Surtout quand on a
à faire face à des structures très complexes, très
difficiles, où effectuer des changements se heurte à des
pressions de groupes divers. C'est surtout dans ces circonstances qu'on voit
que le provisoire devient permanent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne voudrais pas reprendre la discussion. Je
m'excuse d'avoir interrompu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'y a que le ministre qui reste
provisoire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Heureusement! Je ne veux pas revenir sur le
débat que nous avons déjà eu et je rappelle que dans ce
projet de loi il y a un mécanisme et un mandat précis qui
existent au conseil, de préparer une carte scolaire.
M. LAURIN: Ce que je demande, pour le moment, c'est que le ministre
reconnaisse avec moi que c'est la CECM qui est la plus mal traitée, en
l'occurrence, puisque c'est elle qui a un représentant par 36,500
habitants, actuellement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si on tient compte uniquement du per capita,
c'est exact. Notre carte est nettement insuffisante, si nous devions en rester
là. Je n'ai jamais prétendu le contraire.
M. LAURIN: C'est pour cela qu'au départ nous avions trouvé
cela tellement étrange que la CECM accepte cela. Le ministre nous a dit
cela plusieurs fois. Nous avions trouvé très étonnant que
la CECM accepte cela. Nous nous sommes demandé si ce n'était pas
une concession qu'elle avait faite, en retour de l'intégrité du
territoire qu'on lui garantissait par le présent projet de loi. C'est un
peu comme si c'était donnant donnant. La CECM faisait une concession
alors que le ministre lui accordait un avantage additionnel.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux immédiatement répondre
à cette objection.
M. LAURIN: Echange de territoire pour représentation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, Parce que la question de la
représentation était acceptée avant que l'on décide
de ne pas toucher au territoire de la CECM. Je pense que c'est une question
d'économie et d'équilibre au sein du conseil. Comme le
céputé de Verchères l'avait signalé, il y a
vraiment un désir de changement sur l'île de Montréal,
à la condition que ce changement colle aux réalités. La
CECM ne souhaite pas se retrouver dans la situation de la ville de
Montréal à la CUM. Elle a elle-même
suggéré que sa représentation ne dépasse pas
cinq, considérant qu'elle était suffisante, indépendamment
de toute atteinte territoriale.
M. LAURIN: De toute façon, la CECM sera sûrement contente
de la minime victoire que nous avons ici remportée pour elle.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que j'ai tenu compte de certaines
représentations.
J'ai tenté également de tenir compte du fait que les
anglo-catholiques sont à la CECM et qu'effectivement, avec six
commissaires, les chances de faire sortir un anglo-catholique, si cela peut se
produire...
M. LAURIN: Ah bon! Vous pensez qu'avec cette représentation de
six, les chances sont beaucoup plus grandes d'avoir deux anglo-catholiques et
quatre francophones.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'en sais rien, mais je crois qu'il y a quand
même des facteurs dont il faut tenir compte et c'est volontairement que
j'ai ouvert cette porte.
M. LAURIN: Cela accroît donc la probabilité de la
nomination de deux conseillers anglophones.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une population de 73,000
anglo-catholiques sur l'île de Montréal.
M. LAURIN: A ce moment-là, c'est une victoire à la
Pyrrhus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai tenu compte, et c'est à vous de
l'évaluer, de tous les facteurs parce que ma responsabilité, ce
n'est pas de protéger un groupe ou un autre groupe, c'est de tenir
compte de la structure démographique de l'île de Montréal.
C'est ce que nous faisons de la façon suivante, et le fait d'ajouter un
représentant à l'île de Montréal, sans bouleverser
les modifications, m'a paru être une amélioration sur plusieurs
points et surtout un moyen de sortir du seize, qui était un peu
gênant.
M. LAURIN: La possibilité demeure que ce soit une concession
déguisée au groupe anglo-catholique qui demande deux commissions
distinctes. Au lieu de leur donner deux commissions distinctes, on leur donne,
par le biais de cet amendement, un représentant additionnel.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voulez-vous prétendre que vous seriez
d'accord pour qu'on leur donne deux commissions scolaires?
M. LAURIN: Non, pas du tout.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous le dites très clairement?
M. LAURIN: Très clairement. Mais je m'opposerais autant à
ce qu'on leur donne, par le biais de cet amendement, un représentant
additionnel alors que, par le biais des autres...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais on ne leur donne pas un représentant
additionnel de plus.
M. LAURIN: Non, mais la possibilité en a été
fortement esquissée par le ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La démocratie jouera. Il y a une
population scolaire...
M. LAURIN: Mais elle joue tellement dans les autres commissions
scolaires qu'il est très probable qu'ils ne seront pas frustrés
par la carte telle qu'elle existe actuellement.
M. CHARRON: D'ailleurs, M. le Président, il ne faut pas ignorer
la... On l'avait heurtée de plein front l'année passée
lorsqu'on avait eu un gouvernement un peu plus frondeur qui avait
présenté le bill 28. Il ne faut pas sous-estimer la force que les
anglo-catholiques maintiennent à l'intérieur même de la
CECM. Autant la présidente de la CECM que les fonctionnaires de la CECM
je ne me rappelle plus le nom exact de leur organisme
l'association des cadres de la CECM, qui étaient venus témoigner
sur le bill 28, avaient évoqué tous les deux qu'en fait, la
pratique du temps avait consacré la quasi-indépendance du
système anglais à l'intérieur de la CECM et c'est un
privilège, vous pensez bien, qu'ils ne sont pas prêts à
laisser aller.
Certainement qu'avec l'ouverture d'un siège disponible de plus
maintenant, grâce à cet amendement du ministre, ils seront les
premiers à le revendiquer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que vous vous rendez compte que, si on en
avait mis quinze, suivant l'amendement que vous suggériez, vous en
auriez eu beaucoup plus encore?
M. LAURIN: Oui, il y en aurait eu plus encore, mais les francophones en
auraient eu beaucoup plus aussi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, vous étiez en train de créer
une situation infiniment plus complexe que vous ne le pensez.
M. LAURIN: Remarquez que, quand on améliore un projet de loi
auquel on ne croit pas, on s'expose à des solutions qu'on n'aime pas
beaucoup. C'est entendu qu'on aimerait mieux un autre projet de loi. C'est bien
clair.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela, nous avons cru le comprendre en
deuxième lecture.
M. LAURIN: Donc, cela était votre premier argument à
l'appui...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je voudrais
quand même, M. le député, confirmer qu'on
étudie le projet 71.
M. LAURIN: Bien sûr. A l'appui de son amendement, le ministre
apporte un autre argument. Il dit: II s'agit de représentations
d'organismes et non pas de représentations de citoyens,
c'est-à-dire où le per capita entrerait en ligne de compte d'une
façon privilégiée.
Je me demande si on peut accepter cette argumentation du ministre pour
deux raisons. Le ministre sait très bien que ce conseil scolaire aura
à étudier et à approuver les budgets. Dans les budgets,
habituellement, il y a deux parties, les revenus et les dépenses. Quand
on regarde la question de revenus, les revenus ne peuvent entrer que d'une
façon: Les contributions du gouvernement, par rapport aux normes
admissibles, et l'impôt. L'impôt, jusqu'à plus ample
informé, est quelque chose de per capita qui est pris à
même les goussets de chacun des individus. On voit se réintroduire
la notion de per capita. Je ne pense pas qu'on puisse dire que le nouveau
conseil scolaire ne sera qu'une réunion d'organismes puisque le conseil
scolaire...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous confondez avec l'impôt sur le
revenu.
M.,LAURIN: Pas l'impôt sur le revenu, mais l'impôt
foncier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'impôt foncier n'est pas per capita; il
est sur des immeubles.
M. LAURIN: II y a peut-être des taxes additionnelles sur la
valeur...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sur des immeubles également.
M. LAURIN: ... que ce soit sur la valeur ajoutée, par exemple,
sur les $100,000 additionnels.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est basé sur l'évaluation,
c'est-à-dire sur la...
M. LAURIN: On ne peut pas "scotomiser" la dimension du citoyen dans
cette chose. A toutes les fois qu'il est question de revenus, il est question
de taxes et à toutes les fois qu'il est question de taxes, il est
question de citoyens. Je ne pense pas qu'on puisse dire que la notion de per
capita soit éliminé du concept structurel du conseil scolaire de
Montréal. Je ne crois pas en tout cas. Donc, c'est ma première
objection. Ma deuxième objection est que même si le ministre dit
qu'il s'agit plutôt de représentation d'organismes, je persiste
à croire qu'il s'agit plutôt, au fond et dans la
réalité, de représentation de groupes ethniques et de
groupes religieux. A toutes les fois qu'on a parlé de ce problème
sur l'île de Montréal, le clivage s'est fait. A toutes les fois
qu'on a parlé de ce problème sur l'île de
Montréal, le clivage ne s'est pas fait en fonction des
organismes, comme à la CUM, mais en fonction de la dimension
confessionnelle ou linguistique. On sent très bien que les votes ou les
orientations sont prises en fonction de ce clivage confessionnel ou de ce
clivage linguistique et non pas en fonction, comme ceci arrive constamment
à la CUM, des municipalités ou des organismes municipaux que
représentent ces gens. Je pense bien que, même si le ministre
prétend vouloir dire qu'il s'agira d'une représentation
d'organismes, au fond, lorsqu'on examine véritablement la
réalité, il s'agit d'une représentation de groupes
ethniques et de groupes religieux. Lorsque le ministre ajoute, du même
souffle, qu'il a voulu être fidèle à la
représentation démographique, il ne prend que la dimension
confessionnelle, c'est-à-dire que sa nouvelle table correspond à
81 p.c. de catholiques et à 18 p.c. de protestants et il se trouve
à "scotomiser" une autre dimension que recouvre partiellement, mais que
ne recouvre pas toujours, la dimension confessionnelle. Je pense donc que ce
n'est pas tout à fait vrai de dire, en réponse à la
deuxième argumentation du ministre, qu'il s'agisse d'une
représentation d'organismes. Il faut aller plus loin au fond des choses
et faire droit aux exigences de la réalité et se rendre compte
qu'il s'agit d'une représentation beaucoup plus par groupes, que ce soit
des groupes ethniques ou des groupes religieux, que d'une représentation
d'organismes. En fait, le troisième argument que le ministre apporte
à l'appui de son amendement, c'est celui qu'il emploie et qu'il utilise
pour justifier les nominations gouvernementales.
C'est quand même curieux que le ministre emploie cet argument
uniquement pour protéger des groupes comme les Juifs et les neutres,
dont il dit par ailleurs, dont il nous a dit hier, que, pour lui, il
étaient convenablement protégés du fait qu'il leur donnait
le droit de vote, du fait qu'il leur donnait le droit d'être élus
comme commissaires et du fait que le ministère verrait à
compenser par des politiques spéciales ce qu'il ne leur donnait pas en
vertu du projet de loi.
Tantôt, il nous dit que les Juifs et les neutres sont
protégés et tantôt il nous dit que les Juifs et les neutres
ne sont pas suffisamment protégés et qu'il sent le besoin de
garder au gouvernement le pouvoir de nommer des représentants qui les
défendront mieux. Il faudrait que l'on sache où se situe
exactement le ministre. Est-ce qu'il pense que la loi favorise suffisamment les
groupes qui ne sont pas couverts par le projet de loi? Ou est-ce qu'il pense
qu'ils ne sont pas suffisamment couverts? D faudrait qu'on le sache d'une
façon claire et sans équivoque. Parce que l'argumentation du
ministre nous apparaît quand même encore ambiguë ou manquant
de transparence. Il me semble que le ministre pourrait faire un nouvel effort
peut-être et garder à l'étude pour une journée de
plus l'amendement qu'il nous suggère aujourd'hui et voir s'il ne
pourrait pas y apporter d'autres
amendements qui lui permettraient de coller davantage à la
réalité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il n'en est pas
question. J'aimerais que nous puissions voter aussitôt que la commission
sera prête à le faire. J'ajoute simplement que, dans cet aspect
démographique, il y a deux dimensions. Il n'y a pas que la dimension
catholique-protestant, dont je vous ai donné les proportions, mais il y
a également la dimension francophone-anglophone, qui est exactement sur
l'île de 63.8 p.c. de francophones et 36.2 p.c d'anglophones, alors que
je me répète peut-être parce que c'est assez
intéressant la proportion catholique-protestant est de 81.6 p.c.
de catholiques et 18.4 p.c. de protestants. En utilisant les nominations
gouvernementales qui servent de soupape de ce point de vue et en
étudiant toutes les formules possibles de représentation au
conseil, nous recoupons à peu près ces deux dimensions. De plus,
je ne crois pas et là je pense que le député de
Bourget est tombé dans le péché du sophisme qu'il y
ait contradiction lorsque je dis, d'un côté, que nous
améliorons le sort des neutres et des Juifs en instituant le suffrage
universel pour eux également et que j'ajoute, d'un autre
côté, que nous ne réglons pas tous leurs problèmes
et que nous ne leur assurons pas, ce faisant, une représentation.
M. le Président, est-ce qu'on vote?
LE PRESIDENT (M. Séguin): L'amendement proposé par le
ministre se lit comme suit: Sur l'article 585, remplacer dans la
deuxième ligne du premier alinéa le mot seize par le mot
dix-sept.
B) Remplacer dans la dernière ligne du paragraphe a) du premier
alinéa le chiffre 5 par le chiffre 6. Pour ou contre la proposition
d'amendement? M. Drummond.
M. DRUMMOND: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Brochu? M. Paul? M. Cloutier de
Ahuntsic?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Dumont? M. Houde de Fabre?
M. HOUDE (Fabre): Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Brisson?
M. BRISSON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Cornellier?
M. CORNELLIER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Faucher?
M. FAUCHER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Charron?
M. CHARRON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pour, c'est ça?
M. CHARRON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Houde de Limoilou?
M. HOUDE (Limoilou): Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Pearson?
M. PEARSON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Tremblay de Chicoutimi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): L'amendement est rejeté
par...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il n'est pas rejeté, il est
accepté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pas rejeté, accepté par
huit voix contre deux. Je m'excuse du lapsus. Article 585, adopté.
M. TREMBLA.Y (Chicoutimi): Adopté sur division, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Sur division. Le député
de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je crois que nous revenons à l'article 591. Est-ce
exact? M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant, s'il vous plaît.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je crois que c'est moi
qui ai la parole.
M. LAURIN: Non.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Justement, c'est là
qu'était le petit point. Article 585, adopté sur division.
Article 591, là où nous étions rendus à la
suspension des travaux, et c'était le ministre qui avait ses
commentaires à faire. M. le ministre. Je reconnais ensuite le
député de Saint-Jacques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je propose un amendement
à l'article 591, que je vais faire distribuer immédiatement et
qui se lit de la façon suivante: Le conseil, en consultation avec les
commissions scolaires, pourvoit à
leur financement, à la planification de leur développement
ainsi qu'à l'organisation des services communs pouvant leur
bénéficier. A cette fin, il a, sous réserve, des
règlements édictés en vertu du paragraphe 1 du premier
alinéa de l'article 16, le pouvoir d'adopter des règlements qui
sont applicables aux commissions scolaires. En particulier et au moins avant la
date visée à l'article 600, aux fins du budget de l'année
scolaire 74/75, il est du devoir du conseil d'adopter par règlement des
mesures propres à assurer le rattrapage dans les milieux
défavorisés en matière d'éducation.
Les règlements du conseil peuvent aussi porter sur d'autres
matières, notamment des mesures propres à assurer a) Le
développement de l'éducation de l'enfance inadaptée et de
l'éducation des adultes, b) L'organisation de cours d'études pour
des personnes autres que catholiques ou protestantes, c) L'utilisation des
équipements scolaires qui soient à la fois rationnels et justes
pour les diverses clientèles à desservir, d), Des ententes entre
commissions scolaires, les corporations municipales et tout autre organisme aux
fins de favoriser le développement de services communautaires.
Le conseil étudie et approuve les budgets des commissions
scolaires et les soumet au ministre. Il impose le taux des taxes requises pour
la réalisation de ces objets et de ceux des commissions scolaires,
reçoit le produit de telle taxe et les subventions gouvernementales
applicables aux commissions scolaires et au conseil.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Chicoutimi):
Un instant s'il vous plait, le député de Saint-Jacques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président, avant que
d'engager la discussion, est-ce que le ministre pourrait nous fournir quelques
explications additionnelles concernant cet amendement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec plaisir, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Donc, des explications sur la
proposition d'amendement. Cela a été demandé par le
député de Chicoutimi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que ce sont des explications qui
justifient cet amendement que souhaite le député de
Chicoutimi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'abord. Des explications qui justifient
notamment au second paragraphe, lorsqu'il est question du budget de
l'année scolaire 74/75 et ensuite la partie où il est dit que les
règlements du conseil, le troisième paragraphe, peuvent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, par cet amendement, nous
souhaitons rendre plus explicite ce qui nous parait être l'esprit
même de ce projet de loi. Par conséquent, l'amendement n'ajoute
rien, il ne fait que préciser. Dans un premier temps, nous accordons le
pouvoir général, c'est un pouvoir statutaire, d'adopter des
règlements.
Dans un deuxième temps, nous créons une obligation en
disant qu'il est du devoir du conseil d'adopter par règlement des
mesures dans un domaine particulier qui est le rattrapage et nous imposons
également un délai pour ce faire.
Dans un troisième temps, dans le cadre du pouvoir
général et statutaire accordé au conseil, nous notons,
sans que cette liste soit exhaustive, un certain nombre de secteurs que nous
considérons importants où le conseil peut intervenir, non
seulement par règlement mais par tout autre moyen qui lui parait
utile.
Ce faisant, nous renforçons ce qui existait déjà
dans notre loi et nous tenons compte de la préoccupation qui consiste
à respecter une marge de manoeuvre nécessaire pour
l'efficacité du fonctionnement du conseil et pour ses relations avec les
commissions scolaires qui s'y trouvent représentées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Saint-Jacques
veut-il faire ses commentaires immédiatement?
LE PRESIDENT (M. Séguin): J'ai reconnu le député de
Saint-Jacques mais on a permis, afin d'éclaircir, un commentaire du
ministre.
Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, pour nous, ce qu'il y a de nouveau
dans cet amendement se trouve dans le deuxième alinéa. Ce matin,
dans l'intervention du député de Bourget, c'est lui-même
qui avait mentionné cette possibilité qu'a retenu le ministre,
soit de mentionner qu'avant la date visée, à l'article 600, aux
fins du budget de l'année scolaire 1974-1975, c'est quelque chose que
nous avions suggéré ce matin; nous voulions voir paraître
dans le projet de loi, l'obligation, et le devoir, comme il est dit dans le
paragraphe, que dès le budget de l'année 1974-1975. Voilà
une précision que nous exigions et à laquelle le ministre vient
de répondre favorablement sauf que le ministre et le sous-ministre sont
au courant que lorsque nous avons fait cette proposition, nous avions
mentionné: Avant la date visée à l'article 621,
plutôt que l'article 600. J'explique immédiatement pourquoi.
L'article 600, c'est l'article qui précise la date où le conseil
scolaire doit soumettre au ministre son budget pour approbation. L'article 621,
c'est la date où les commissions scolaires doivent remettre au conseil
scolaire leurs prévisions budgétaires. Il nous semble
préférable, c'est pour ça que nous avions
préparé cet amendement que nous avons présenté ce
matin au ministre, que ledit règlement, les mesures propres à
assurer le rattrapage dans
les milieux défavorisés, soit connu avant que les
commissions scolaires puissent présenter un projet budgétaire au
conseil scolaire et en tenir compte dans leurs prévisions
budgétaires plutôt que de laisser les commissions scolaires dans
le noir quant aux intentions de réglementation du conseil scolaire de
voir ensuite leur budget changé, altéré parce que pendant
qu'elles se donnaient la peine de préparer leur budget pour
répondre aux obligations que leur impose l'article 621, le conseil
scolaire, lui, réglementait, puisque c'est son devoir, des mesures
propres à assurer le rattrapage dans les milieux
défavorisés.
Il me semble que, puisque l'article le mentionne dans sa toute
première ligne, en consultation avec les commissions scolaires, il
serait préférable que cette consultation ait lieu avant que les
commissions scolaires ne se mettent à ébaucher leurs
prévisions budgétaires.
Pour le reste, cet amendement apporté par le ministre nous
satisfait, comme je l'ai dit, nous l'avions demandé au bill 28, nous
l'avons demandé ce matin, d'en faire une obligation, nous avons
suggéré que la date pour le budget de l'année scolaire
1974-1975.
Cela a été retenu. Dernier petit amendement que nous
demandons et nous abandonnerons sur cette question. Ce serait
l'altération suivante: avant la date visée à l'article 621
plutôt qu'à l'article 600, pour justement mieux concerter les
actions des commissions scolaires avec le conseil scolaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais d'abord faire une observation
générale sur l'amendement global du ministre de l'Education. Cet
amendement rejoint partiellement, dans son intention, celui que j'avais
présenté et qui a été rejeté par la
majorité ministérielle. D'autre part, cet amendement est une
amélioration sur le premier libellé de l'article 591 puisqu'il
fait obligation au conseil scolaire de voir à prendre des mesures
nécessaires au rattrapage. Il reste toutefois que le rattrapage, des
mesures propres à assurer le rattrapage dans les milieux
défavorisés en matière d'éducation, il s'agit
là d'une formulation extrêmement vague. Une formulation qui,
à mon sens, ne décrit pas suffisamment les pouvoirs et les
devoirs du conseil en ce qui concerne l'immédiat. Ce matin, dans
l'amendement que j'avais proposé, j'avais utilisé une formule
moins mathématique que celle que vient de proposer le
député de Saint-Jacques. J'avais indiqué: dans les
délais utiles, en explicitant qu'il s'agissait pour moi, le terme
"délais utiles" signifiait le moment de la préparation du budget
tel qu'il appert à l'article 621. Par conséquent, c'est là
une amélioration et je souscris à la proposition du
député de Saint-Jacques en ce qui concerne la précision de
l'article 621 qui est, en fait, la reprise de celle que j'avais faite en
indiquant: dans les délais utiles. Mais je maintiens que, dans
l'amendement que nous propose le minis- tre de l'Education au second
alinéa, même s'il fait une obligation au conseil scolaire de
s'assurer que le rattrapage va se faire, cette obligation n'est pas
suffisamment précise à mon sens et aurait été
beaucoup mieux assurée si on avait acceptée la proposition que
j'avais faite ce matin. Je n'ai pas l'intention de reprendre le débat.
Cette motion a déjà été défaite. Il reste la
troisième partie: les règlements du conseil peuvent aussi porter.
J'avais indiqué ce matin, en proposant ce que j'appelais la
première partie de mon amendement, que, dans le cas de a) et de c) en
particulier, on devra trouver la même prescription qui faisait l'objet de
mon amendement, à savoir la création d'un comité pour
discuter de l'utilisation des équipements, pour discuter du
développement de l'éducation de l'enfance inadaptée et de
l'éducation des adultes. Quant à b): l'organisation de cours
d'étude, comme cela existe déjà, je n'avais pas cru
nécessaire d'insister sauf, avais-je dit, si on me fournit des
renseignements qui m'indiqueraient que cela n'existe pas tel que cela devrait
être. A tout événement, si j'accepte en partie l'amendement
que propose le ministre de l'Education, avec le sous-amendement que veut
introduire le député de Saint-Jacques, je maintiens que cela
n'est pas suffisant et ne correspond pas aux objectifs que j'ai essayé
de décrire, qui sont aussi ceux du ministre. Il s'agit là,
évidemment, d'une conception différente qui touche aux
modalités, puisqu'il semble qu'on s'entende sur la fin mais qu'on ne
s'entende pas sur les moyens à prendre. Les moyens que j'avais
proposés étaient beaucoup plus radicaux que ceux que le ministre
présente ici, sous une forme très juridique, qui laisse à
mon sens beaucoup trop de latitude au conseil scolaire, particulièrement
lorsqu'il est question de ces règlements du conseil qui peuvent aussi
porter sur d'autres matières, notamment. On nous a dit que ce
n'était pas exhaustif et on le comprend très bien.
Pour toutes ces raisons, même si j'accepte l'intention du
ministre, si je rejoins le ministre dans son intention, si j'accepte cet
amendement mitigé du ministre de l'Education, je maintiens que la
proposition que j'avais faite était beaucoup plus formelle, beaucoup
plus précise et visait davantage à régler
immédiatement des situations qui, si on accepte comme tel l'article 591
amendé, vont permettre bien des délais et qui risquent de voir
tous ces problèmes tramer en longueur et voir tous ces problèmes
remis entre les mains de gens qui, animés de la meilleur volonté
du monde, ne se sentiront peut-être pas obligés, ne l'étant
pas strictement par la loi, de procéder très rapidement à
la mise en place de tous ces comités qui devront faire les inventaires
en vue de redistribuer les ressources.
Ce sont les observations générales que j'avais à
faire sur un amendement qui ne me satisfait que partiellement et je demande au
ministre s'il est disposé à accepter le sous-amendement du
député de Saint-Jacques et si, éventuellement, il
accepterait le sous-amendement du député de Saint-Jacques et si,
éventuellement, il accepterait de considérer d'autres amendements
de la nature de celui que j'avais proposé ce matin.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Avant de donner la parole au
député de Bourget, le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis d'accord pour accepter un
sous-amendement qui fait référence à l'article 621
plutôt qu'à l'article 600, et je ne suis certainement pas
disposé pour les raisons que j'ai longuement exposées à
envisager d'autres sous-amendements.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pour faciliter la chose, au lieu
d'avoir une proposition de sous-amendement qui nécessite un vote, je
suggérerais que le ministre change le chiffre 600 pour le chiffre 621 et
on reconnaîtrait cela comme faisant partie de la motion d'amendement
principal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais ajouter ceci. Je n'ai pas
l'intention moi non plus, de poursuivre indéfiniment un débat sur
une question comme celle-là. J'ai posé une question bien
catégorique au ministre, comme je l'avais fait hier soir d'ailleurs,
dans un cas particulier. Le ministre me dit: Nous n'avons pas l'intention de
proposer ou d'accepter un autre amendement qui changerait l'article 591 de la
loi. Je suis donc obligé, non pas de me rallier, mais de m'en remettre
à la volonté ministérielle, mais je veux bien qu'il soit
entendu, une fois pour toutes et cela pour dissiper tout équivoque, que
ce n'est pas démission de notre part mais que la résistance du
gouvernement, face à nos représentations, nous oblige non pas
à abandonner le champ de bataille mais à nous dire: Nous n'avons
pas gagné ce que nous voulions gagner et cela à l'avantage des
défavorisés.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Bourget.
M. LAURIN: Je ne peux que remercier le ministre au nom des pauvres, des
défavorisés, des mal nantis, des rattrapades dont nous avons
voulu représenter les intérêts ici, d'avoir accepter
l'essence de l'amendement, non pas de l'amendement formel mais de l'amendement
informel, que nous avons suggéré au ministre.
Je pense qu'on lui en sera gré, d'ailleurs même si nous
aurions préféré qu'il aille plus loin dans la voix des
concessions et qu'il impose au nouveau conseil scolaire des obligations plus
étendues. C'est déjà cela de gagner et nous
espérons que ceci se traduira par une amélioration plus rapide de
la condition de ces populations, en ce qui concerne les fins scolaires que le
projet poursuit, et que ceci ne fera que préparer la politique globale
que le ministre nous a annoncée ce matin et que nous avons bien
hâte de voir entériner, elle aussi, dans un projet de loi.
Je voudrais juste faire une observation additionnelle au ministre. Etant
donné qu'assez souvent le développement de l'éducation de
l'enfance inadaptée, en particulier, recoupe les besoins de rattrapage
de certaines catégories de population, est-ce qu'il pourrait faire
sauter simplement ce membre de a) le développement de l'éducation
de l'enfance inadaptée au premier paragraphe modifié qu'il nous
présente. Je sais qu'on ne peut pas arguer que tous les inadaptés
appartiennent à la population qui a besoin de mesures
spécialisées en ce qui concerne le rattrapage, je sais
très bien, mais par contre il n'est pas douteux qu'une bonne partie des
enfants inadaptés se retrouvent dans des catégories
socio-économiques défavorisées où les conditions
financières, les conditions sociales laissent fortement à
désirer. Je n'en fais pas l'objet d'un amendement mais même si le
ministre croit qu'il lui est impossible, en raison des contraintes
législatives, administratives ou financières, d'accepter
immédiatement notre voeu, je lui demande: Est-ce qu'il ne pourrait pas
trouver d'autres moyens d'accélérer, là aussi, l'adoption
de règlements qui, s'ils étaient mis en vigueur,
accélèreraient également la mise en oeuvre des mesures qui
s'imposent dans ce secteur depuis très longtemps?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, si je comprends
bien...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Juste un instant, afin d'avoir une
précision nécessaire.
M. LAURIN: Ce n'est pas un amendement; c'est une suggestion.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous sommes en face d'une suggestion et
non d'un sous-amendement.
M. LAURIN: C'est une suggestion, un voeu. LE PRESIDENT (M.
Séguin): M. le ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très brièvement, deux points. Le
premier point concerne la question qu'on vient de me poser. Les contraintes
sont au fond pédagogiques parce que l'enfance inadaptée peut se
retrouver dans l'enfance défavorisée mais constitue tout de
même en soi un concept particulier. Je précise que le
ministère et les différentes commissions scolaires font
déjà énormément de choses à ce point de vue
et que le Québec est, à bien des points de vue, à
l'avant-garde. Le ministère continuera son action et il va de soi que le
conseil, qui est impliqué dans le problème, y verra par la force
des choses. Le deuxième point, c'est que le député de
Bourget m'a
remercié mais je désire tout de même qu'il n'y ait
pas d'ambiguïté. C'est l'amendement du parti ministériel qui
est devant nous et cet amendement a un seul but, soit de clarifier ce qui, pour
nous, était déjà dans le projet de loi, de le clarifier
sur le plan d'une formulation beaucoup plus nette, beaucoup plus
compréhensible. Par conséquent, je crois que, même si les
partis d'Opposition peuvent participer au crédit général
de ce travail de clarification, le projet de loi conserve toute sa
signification de ce point de vue et je crois qu'il n'est pas inutile de le
souligner.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais apporter
une précision ici. Il n'est pas question de s'attribuer des
mérites ou pas de mérites, mais le ministre va admettre avec nous
qu'on l'a amené à considérer l'obligation pour le conseil
scolaire de s'occuper du cas du rattrapage.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce qu'il était question de "peuvent"
au lieu de "doit"; là, il doit.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais nous avions notre amendement qui portait
exactement cette expression de "doit"... Nous avons tous ensemble, et j'en
remercie l'Opposition, mis au point un texte qui correspond certainement mieux
aux besoins du groupe qui nous intéresse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour cela que j'avais pris la
précaution de ne pas faire de remerciements avant que le ministre ne le
fasse lui-même à notre endroit.
M. CHARRON: Comme d'ailleurs l'année passée sur le projet
de loi 28, c'est sous l'impulsion de l'Opposition que le mot "milieu
défavorisé" était mentionné. Parce que dans sa
version première, il n'était aucunement question même d'une
incitation de politique à l'égard des milieux
défavorisés jusqu'à ce que nous gagnons ce point chez le
député de Verchères, comme nous venons de gagner
l'obligation chez le député d'Ahuntsic.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne peux pas me prononcer là-dessus,
mais il reste que j'ai à maintes reprises, depuis le début de mon
mandat, fait état de cette préoccupation des milieux
défavorisés. J'ai rencontré moi-même à
plusieurs reprises des représentants de ces milieux; j'ai annoncé
une politique il y a à peu près deux ou trois mois et j'ai tenu,
dans mon discours de deuxième lecture, à dire que c'était
une des raisons majeures qui nous poussent à intervenir sur l'île
de Montréal.
M. LAURIN: En tout cas, là où l'unanimité se fait,
M. le Président, c'est qu'il faut se réjouir de
l'amélioration d'une loi, car c'est surtout à ceux qui en sont
l'objet qu'elle bénéficiera, en fin de compte.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ne pensons qu'à ceux qui en sont l'objet
et...
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le ministre, messieurs, je vais
penser que je préside une association d'admiration mutuelle, si
réellement nous continuons à déverser tous ces
compliments.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est édifiant.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous demanderais si on peut en venir
à la question, si c'est sur division ou si c'est adopté avec
amendement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, votre attitude
vous...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Me nuit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ne vous obligera pas à
démissionner de la commission.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pas du tout. Cela arrive une fois par
siècle. C'est déjà accompli.
M. LAURIN: J'aurais une autre question, M. le Président. Pour
nous, comme pour le ministre il vient de le prouver par son amendement
la question du rattrapage constituait la priorité principale. Je
pense que si le ministre a pris soin de mettre a), b) et c) surtout, d'autres
buts, d'autres objectifs, c'est que précisément pour lui, ils
constituent également des priorités très importantes. Je
me demandais si le ministre pouvait ajouter quelque chose à ce qu'il a
dit sur l'échéancier qu'il a dans l'esprit, pour que ces
priorités se traduisent dans les faits, dans les budgets, le plus
tôt possible.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai indiqué qu'il se faisait
déjà beaucoup de choses.
M. LAURIN: Etant donné le mot "peut" au lieu de "doit" qui reste
quand même dans la loi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le "peut" est uniquement lié à
cette marge de manoeuvre qui nous parait essentielle si on veut mettre en place
un conseil scolaire. C'est ainsi que, si on lui impose de se créer des
comités dans tel secteur, on lui donne un véritable carcan, on
prend les décisions pour lui-même et je me demande s'il a lieu
d'être, d'autant plus que, ce faisant, nous en oublions un grand nombre
puisque nous ne pouvons en mentionner que quelques-uns. Je ne reviens donc pas
là-dessus. Je crois que, pour moi, tout ce qui est mentionné
constitue des priorités.
M. LAURIN: Nous pouvons compter que le ministre utilisera son prestige,
son influence et son poste pour que ces priorités puissent être
traduites dans les faits le plus rapidement possible.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr et c'est déjà fait
par des politiques. Nous préparons, en plus de celle des zones
défavorisées, une clarification de nos politiques dans le domaine
de l'enfance inadaptée. Ceci se traduira certainement au niveau des
budgets et c'est par les budgets que le ministère continue d'assurer sa
présence.
M. LAURIN: II reste que, malgré l'amendement que nous venons
d'adopter, le préambule de cet article demeure. Dans le préambule
de cet article, on dit: "le conseil, en concertation avec les commissions
scolaires, pourvoit" et le reste. Au point de vue des mécanismes, qu'il
s'agira maintenant de mettre en oeuvre, quels sont les mécanismes que le
ministère prévoit pour effectuer cette consultation afin que le
but visé par l'obligation qui est faite aux commissions scolaires de
pourvoir au rattrapage puisse être atteint dans les délais
prévus, qui sont assez courts?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Par l'étude des budgets, M. le
Président.
M. LAURIN: C'est uniquement...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, parce que les politiques
générales influent également et il est important
c'est la raison pour laquelle nous avons parlé de consultations
de bien tenir compte de la dialectique qui existera entre le conseil et les
commissions scolaires qui conservent leur autonomie pédagogique. Il y
aura le comité des directeurs généraux. Le conseil peut
très bien considérer que dans tel secteur c'est pour
ça qu'il ne faut pas trop le lier il y a intérêt
à ce que ça se fasse au niveau des commissions scolaires ou
encore on peut considérer que, dans tel autre secteur, il peut y avoir
un projet commun. Ou encore, il peut même placer ses ressources dans une
commission scolaire pour un projet pilote ou un projet particulier, si vous le
liez c'est pour ça que je me suis opposé à ce qu'on
procède de cette manière vous fermez
énormément de portes et de possibilités.
M. LAURIN: Si je comprends bien, M. le ministre, ça va se passer
à peu près comme ceci. Le conseil va dire aux commissions
scolaires: J'ai, de par la loi, l'obligation d'adopter par règlement des
mesures propres à assurer le rattrapage. Vous ne pouvez m'aider qu'en me
présentant des budgets qui en tiennent compte. Si vous me
présentez des budgets qui n'en tiennent pas suffisamment compte, au
point que je ne pourrais pas assumer l'obligation qui m'est faite par la loi,
je vous renvoie votre budget afin qu'il se conforme davantage aux
règlements que je suis obligé d'adopter.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est à peu près ça, mais
c'est peut-être encore plus simple, parce qu'il ne faut pas oublier que
le conseil n'est pas, comme le ministère, une structure...
M. LAURIN: Lourde.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... lourde d'une part, c'est bien
évident. Mais le conseil est l'émanation des commissions
scolaires. Ce sont les représentants des unités administratives
qui sont là. Ils y sont tous.
M. LAURIN: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, messieurs! L'article 591.
Adopté avec amendement.
M. CHARRON: M. le Président, c'est presque dommage parce qu'on
avait beaucoup d'autres amendements; si le ministre n'avait pas accepté
le premier, on en avait plusieurs de préparés.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui, mais cela devient un peu redondant
à ce moment-ci.
M. CHARRON: Nous y renonçons, M. le Président.
M. LAURIN: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je pense que notre règlement
nous empêche de donner peut-être trop de considération
à d'autres amendements, étant donné que c'est lui le
ministre.
M. CHARRON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): L'article 591 est remplacé par
le nouvel article 591 tel qu'amendé et proposé par le ministre et
sous-amendé en vertu d'un changement au deuxième alinéa:
au lieu de lire 600, nous lirons 621. L'article 592.
M. le ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'aiderai
peut-être à l'Opposition si je précise qu'il s'agit tout
simplement des pouvoirs du conseil en matière immobilière.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Dois-je conclure que l'article 592 est
adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pendant que nos deux membres se
questionnent, j'ai déjà
une demande de la part du député de Chicoutimi pour avoir
la parole. Le député de Saint-Jacques suivra.
M. CHARRON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, vous pourrez penser plus
longtemps.
M. LAURIN: Vous parlerez moins longtemps.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous remarquerez que ces commentaires,
s'il y en a ne sont pas venus de la part du président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A quel article, M. le ministre, est-il
question ou n'est-il point question de la transférabilité des
immeubles?
M; CLOUTIER (Ahuntsic): Vous voulez dire la propriété des
immeubles? Malheureusement, c'est à l'article que nous venons
d'adopter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais pas complètement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si, nous l'avons adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons adopté l'article des
pouvoirs et devoirs du conseil.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si le député de Chicoutimi a des
préoccupations dans cette matière, on pourra certainement trouver
d'autres occasions pour y revenir plus loin. Il y a d'autres articles qui s'y
prêteront.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce dont je veux bien m'assurer avant de...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je pense que, dans le contexte de notre
débat, on peut se permettre la largesse même. Je pense que c'est
possible dans l'esprit du très intelligent débat qui se passe
ici, à l'éducation. Sans autres commentaires ni aucune
référence à d'autres commissions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ni à un autre président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): II fallait que je le dise.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous l'avez fort bien dit.
M. le Président, je pense qu'il serait important ici d'introduire
le ministre me dira si je suis dans les patates ou dans les pommes
dans cet article un amendement qui permettrait de transférer au
conseil scolaire la propriété de tous les immeubles. Il s'agit
ici des pouvoirs ordinairement reconnus à une corporation et je vois mal
que je puisse le faire ailleurs...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux aider peut-être le
député de Chicoutimi en précisant que nous allons de toute
façon nous y opposer. Ceci n'est pas dans l'esprit de notre projet de
loi; nous allons vous aider cependant en vous trouvant l'article ou cet
amendement pourrait le mieux se rattacher.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le sous-ministre pourrait... c'est
à 618? C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est ce que prédisait le
ministre à la suite de mes observations précédentes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 618, le suivant...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Voulez-vous avoir quelques minutes? Je
peux passer au député de Saint-Jacques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, passez au député de
Saint-Jacques mais je retiens, M. le Président, qu'à 620...
M. CHARRON: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, si le député de
Saint-Jacques me le permet. A l'article 620, j'aurais un amendement pour
demander au ministre la transférabilité au conseil scolaire de la
propriété de tous les immeubles.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Ce sont des question et aussi un amendement. A l'article
592, au paragraphe e), je voudrais demander au ministre si le fait qu'on
reconnaisse que le conseil puisse accepter tout don, legs ou autre
libéralité lui réserve l'exclusivité de ce pouvoir;
donc que les commissions scolaires ne pourront pas recevoir tout don, legs ou
libéralité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, ce n'est pas dit. Par
conséquent, les commissions scolaires sont tout à fait
libres.
M. LAURIN: Pensez-vous que le conseil...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une clause utile.
M. LAURIN: Pensez-vous que le conseil va recevoir plusieurs dons et legs
en l'occurence? Je crois qu'il n'en recevra pas du tout.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, mais pour-
quoi le priver d'en recevoir si, par exemple, le député de
Bourget décidait de nantir le conseil d'une somme pour les zones
défavorisées, ce serait très utile de l'accepter?
M. LAURIN: C'est probable que s'il y a des dons et des legs, ils iront
aux commissions scolaires et non pas au conseil.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous aimeriez faire vos dons aux commissions
scolaires?
M. LAURIN: Non, mais la nature humaine étant ce qu'elle est, je
pense que les dons seront plutôt faits aux commissions scolaires. Cela me
semble superfétatoire de penser que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est vraiment un article qui vous parait
inutile?
M. LAURIN: Oui.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est l'article ordinaire des corporations,
droits, pouvoirs des corporations.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça.
M. CHARRON: A l'article g). Pas l'article, comment ça
s'appelle?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le paragraphe.
M. CHARRON: Le paragraphe g)... LE PRESIDENT (M. Séguin):
Alinéa.
M. CHARRON: Adopter des règlements pour sa régie interne.
J'aurais comme amendement, à la fin du paragraphe g) les mots suivants:
Sauf quant à la langue de travail dudit conseil qui est le
français.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On recommence? Il me semblait qu'on avait
discuté ça...
M. LAURIN: Non, mais là...
M. CHARRON: C'était pour avoir la traditionnelle réaction
du Parti libéral.
M. LAURIN: C'est encore plus précis ici.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce qu'on peut faire des
références au journal des Débats?
M. LAURIN: Non, mais ici, c'est beaucoup plus précis. Dans la
régie interne du conseil, il ne s'agit pas de principe
général, il ne s'agit pas de politique globale,
intégrée. Il s'agit simplement de la régie interne du
conseil scolaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je comprends très bien. Je précise
tout de suite que je n'ai certainement pas l'intention de procéder de
cette manière-là. Libre au Parti québécois de
proposer un amendement. Je ne reviendrai pas sur toute mon argumentation mais
je ne crois pas utile, même dans l'intérêt de la cause que
le Parti québécois essaye de servir, je ne crois pas utile de
procéder de cette manière-là.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Si vous le voulez messieurs, et encore
dans le contexte que j'ai apprécié tout à l'heure, hier
soir, nous avons longuement discuté de ce problème de
régie interne et je pense que ce serait peut-être redondant, si
c'est le bon mot, le député de Chicoutimi me corrigera...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... d'y revenir aujourd'hui, surtout
à ce moment-ci. Peut-être que dans le contexte de troisième
lecture ou ailleurs, on pourra peut-être y faire allusion. Mais
présentement, il faudrait peut-être s'en tenir à d'autres
arguments, sans vouloir imposer de bâillon à qui que ce soit. Hier
soir, on a longuement discuté de la chose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, ici, malheureusement,
même si je serais d'accord avec quelque amendement que ce soit, nous
sommes liés par une décision qui a été prise hier
soir. Nous avons été mis en minorité lorsqu'il a
été question de déterminer la langue de travail du conseil
de l'île de Montréal. Evidemment, ce qu'on nous a refusé
hier soir sur un plan général, je pense bien qu'il serait assez
illusoire de prétendre l'obtenir sur un cas particulier. Il n'en reste
pas moins que nous notons, encore une fois, l'opposition du ministre à
faire du français la langue de travail dans le cadre...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous allez m'obliger...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans le cadre de cette loi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministre aime ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai bien précisé, dans le cadre
de cette loi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le ministre, messieurs, j'aurais
pensé que les commentaires venant du président auraient mis fin
au débat là-dessus. Si on ne voulait pas éterniser...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai fait une précision.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Disons que, si le député
de Saint-Jacques avait d'autres commentaires à faire, la parole lui est
accordée.
M. CHARRON: Non, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Chicoutimi,
avez-vous pensé?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, j'ai réfléchi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Article 592.
M. LAURIN: Pour notre part, M. le Président, nous ne voulons pas
jeter à nouveau les hauts cris. Nous sentons que nous sommes en face
d'un roc et ce roc nous ne pouvons pas l'entamer. Ce n'est pas nous qui
pourrons l'entamer.
LE PRESIDENT (M. Séguin): On commence encore à
s'éloigner du sujet. Il ne faudrait peut-être pas s'embarquer
trop...
M. LAURIN: C'est déjà terminé, M. le
Président.
M. PAUL: Souvent, c'est en forêt que nous rencontrons les
rocs!
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député est ici. Je
souhaite la bienvenue au député de Maskinongé.
M. PAUL: Oui, et je dois vous dire, Excellence, que j'ai
été planifié pour le maintien du "filibuster" à la
commission que vous avez refusé de présider.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Puisque nous savions les positions que
vous tenez, elles pourraient s'étendre au député de
Chicoutimi.
M. PAUL: Très bien!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 592. Cela va, M. le Président.
Ce sont des pouvoirs ordinaires.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Article 592. Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, adopté. LE PRESIDENT (M.
Séguin): Adopté. M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 593. LE
PRESIDENT (M. Séguin): Article 593.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'aurais un amendement à 593. Il se
lirait comme ceci: Ajouter, à la fin du deuxième alinéa,
ce qui suit: "auprès, notamment, des associations les plus
représentatives des cadres et des associations accréditées
des autres employés des commissions scolaires". L'amendement a
uniquement pour fin, dans le cadre d'un plan général de
restructuration, d'apporter le plus de garanties possibles au personnel.
M. CHARRON: Oui. Ce n'est pas bête!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci, M. le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Ce n'est pas gros, mais ce n'est pas bête.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela montre une tendance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a une évolution. On est dans la
ligne d'évolution.
M. CHARRON: Cela fait partie de l'approche.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet, cela fait partie de l'approche.
Régler les problèmes avant qu'ils se manifestent.
M. CHARRON: Moi, j'en ai un autre. Je vais vérifier votre
approche.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec ces commentaires...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avant, j'avais
demandé la parole.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le conseil a, en outre, la
responsabilité d'élaborer un plan général de
restructuration scolaire de l'île de Montréal. C'est là que
le bât blesse. On voit très bien ici que c'est le conseil qui va
tout préparer avec les pouvoirs qu'on lui a donnés. J'aimerais
que le ministre nous explique les délais. Enfin, ils sont
indiqués ici. Est-ce qu'il ne trouve pas que c'est un peu tard, le 31
décembre 1975?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. Je ne veux pas
revenir sur ce que nous avons débattu très longuement au
début de nos remarques préliminaires. Il s'agissait, en fait, de
cette question du plan de regroupement. Je pense que l'échéancier
peut difficilement être raccourci. Je signale qu'il y aura un rapport
d'étape avant le 31 décembre 1974 qui permettra de
connaître déjà les orientations générales du
plan et de faire certains réajustements si nécessaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a bien vu ce qu'il a
inscrit dans son projet de loi? Ce dont je ne doute pas. C'est au
troisième paragraphe, à la fin. "Le ministre peut, à la
demande du conseil reporter d'un an ces échéances".
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est parce qu'il
me paraît tout à fait normal que, si les études et
les consultations n'ont pas été suffisamment approfondies, on
puisse, le cas échéant, les continuer. Les consultations se
feront auprès des organismes, des groupes intéressés,
commissaires, cadres scolaires, parents, associations d'employés, corps
intermédiaires. Ceci peut prendre un certain temps.
M. CHARRON: ... l'expérience avec la commission Gendron.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne vois vraiment pas le rapport.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, l'objection
appelons ça comme ça, cela n'en est peut-être pas une
mais la crainte que j'entretiens ici est la suivante. C'est qu'on donne
un mandat au conseil scolaire de l'île de Montréal, on fixe des
délais. Par ailleurs, le ministre a la possibilité, à la
demande du conseil, de reporter d'un an ces échéances. Or, si je
reviens aux propos qu'a tenu le ministre en deuxième lecture et qu'il a
répétés plusieurs fois depuis, le ministre nous a dit que
le problème de restructuration scolaire de l'îlede
Montréal traînait depuis 20 ans. On nous a dit et
répété qu'il y avait eu étude sur étude,
rapport Viau, rapport Pagé, projet de loi 62, projet de loi 28, le
travail de COCSIM, et patati et patata...
Il me semble qu'on devra être bientôt en mesure de
décerner des diplômes à ceux qui ont fait tant
d'études et que tous les délais qu'on leur accorde et que je
trouve déjà longs pourraient être encore prolongés
d'un an si le ministre en recevait la demande.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'y tiens pas particulièrement. Je
vous fais remarquer que c'est une simple mesure qui apporte un peu de
souplesse. Le ministre n'est pas tenu de faire cette prolongation mais il peut
être utile qu'il la fasse. J'aimerais connaître l'avis des autres
partis, mais je ne suis certainement pas pour faire un débat
là-dessus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce que j'indique au ministre, c'est qu'on a
discuté beaucoup de cette question. On nous a dit que les études
étaient complétées et qu'on en avait faites. Je n'ai pas
d'objection à donner ce pouvoir au ministre, mais j'exprime une crainte,
que cela trame encore en longueur, si on se prévalait de ce droit qu'a
le ministre d'accorder un autre délai. C'est tout simplement une crainte
que j'exprime, étant donné déjà le temps qu'on a
perdu avant la présentation de ce projet de loi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Encore une fois, voilà un des articles clés du
projet de loi. C'est ce que j'appelais l'article échappatoire du
gouverne- ment. C'est là que repose désormais la patate chaude.
En endossant cet article, je pense que ce serait endosser la démission
du gouvernement devant le règlement du problème de la
réforme...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que je pourrais poser une question au
député de Saint-Jacques? A-t-il l'intention de faire un
débat sur le point dont vient de parler le député de
Chicoutimi?
M. CHARRON: Oui, je vais en parler.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce que j'y renonce immédiatement.
M. CHARRON: Vous renoncez immédiatement â quoi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est sur l'amendement. Si, vraiment, cela fait
l'objet d'un débat, cela ne me paraît pas une chose importante. La
seule chose, c'est que si, par hasard, il y avait des retards, cela
signifierait une loi, il faut s'en rendre compte. Mais je n'aurais pas
d'objetion à ce qu'on supprime cette partie.
M. CHARRON: Voulez-vous disposer d'abord de cet amendement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bon, alors, on va écouter le
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Est-ce que le député de Chicoutimi en a fait
un amendement?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, j'ai tout simplement exprimé une
crainte en disant que j'avais peur que cela retarde encore le problème,
étant donné, comme je l'ai dit au départ, et vous venez de
le souligner à votre tour, que c'est ici que l'on découvre que
c'est le conseil scolaire qui va assumer en réalité les
responsabilités que devait assumer le gouvernement. Tout le
problème des délais m'inquiète, je l'ai dit. Je n'en fais
pas un amendement parce que je sais que le gouvernement, ayant choisi cette
option, il fallait quand même qu'il donne à ceux qui vont
être responsables un certain délai et qu'il fasse preuve d'un peu
de souplesse. Mais l'article en soi, en ce qui me concerne, je ne l'accepte pas
parce que justement c'est cet article qui consacre la démission du
gouvernement, nous l'avons dit et répété à l'envie.
Je ne veux pas faire un débat là-dessus parce que nous l'avons
déjà fait. Alors, ma position est bien connue et bien claire. Cet
article me paraît être le geste de démission par excellence
du gouvernement en face de ses responsabilités.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Puisque nous avons une proposition
d'amendement, il faudrait nous en tenir d'abord à l'amendement...
Amendement adopté?
M. CHARRON: En espérant que le ministre sera aussi conciliant sur
les autres amendements proposés par l'Alliance qu'il l'a
été sur celui-là.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Sur l'article, vous avez encore des
observations à faire.
M. CHARRON: Sur l'article, oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Mais l'amendement est
adopté...
M. CHARRON: Quant à l'article 20, comme l'a signalé le
député de Chicoutimi, c'est là que réside la
démission du gouvernement, où en quelque sorte s'est
cristallisée l'opposition des trois partis d'opposition, parce que,
contrairement à toutes les affirmations qu'on aurait pu croire de ce
gouvernement, il a décidé, là comme en d'autres domaines,
de démissionner. C'est l'endroit où réside ce que le
député de Verchères appelait dans la présentation
du bill 28 la certitude qu'il y aurait là un papotage à
perpétuité de la question.
Et c'était justement la raison pour laquelle il évitait...
Cela lui a certainement pris beaucoup de courage et de solidarité
ministérielle l'autre soir pour venir appuyer un bill qui comprenait cet
article qu'il avait lui-même violemment condamné à
l'alentour de cette table et même en deuxième lecture, mais peu
importe cela, c'est la conscience du député de Verchères.
Il en est maître. Sauf que nous sommes aussi maîtres de notre
conscience et nous ne devons pas endosser aussi allègrement une
démission. Si elle ne portait blâme qu'au parti
ministériel, je m'en fouterais pas mal, mais elle fait tort à
l'ensemble de la situation scolaire montréalaise en ce sens que les
forces en présence, qui ont presque continuellement joué contre
nous, se trouvent cristalliser, consacrer dans le projet de loi et qu'il n'y a
que cette soupape échappatoire de l'article 593 qui peut
apparaître comme un mirage de restructuration scolaire toujours possible
au lointain. Mais l'ensemble des autres dispositions de la loi, lorsque
scrutées une par une comme nous le faisons en commission, essaient de
nous convaincre que c'est plutôt le contraire qui arrivera.
Donc, ne pouvant légitimement épouser une pareille
démission et puisque nous sommes convaincus, comme le gouvernement le
semblait l'année dernière, comme le précédent
gouvernement l'était déjà il y a maintenant trois ans,
comme l'était la commission Parent il y a déjà dix ans,
qu'il est nécessaire pour un gouvernement qui doit prendre ses
responsabilités sur le territoire de Montréal là
d'ailleurs où il a pris une majorité de députés sur
cette île de ne pas éviter le problème, nous devons
donc fonctionner à travers le canal du projet de loi 71 pour lui
rappeler le mandat que la population lui a donné. J'ai un
amendement...
LE PRESIDENT (M. Seguin): M. le député...
M. CHARRON: J'ai un amendement à présenter dans ce
sens.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, présentez cet
amendement.
M. CHARRON: Vous me permettez de le présenter et de l'expliquer
par la suite?
LE PRESIDENT (M. Seguin): Je ne voudrais pas être méchant,
loin de là. Ce n'est pas ma pensée du tout. Mais, hier soir,
à l'article 1 et à l'article 2, on a discuté longuement du
projet. Le ministre a fait ses observations. Le député s'est
répété à plusieurs reprises en modifiant sa
présentation, bien entendu. Il faudrait, je pense, ne pas revenir
à chaque fois qu'il sera question de ce problème puisque
déjà le journal des Débats contient les observations, la
position, les arguments, etc., qui ont été
présentés. Si vous avez un amendement à proposer, arrivons
à cet amendement sans trop de préambules, je vous en prie.
M. CHARRON: Très bien, c'est parce que nous sommes dans le trou
du projet de loi. L'article 593 est le point pourri du projet de loi et je ne
peux pas m'empêcher de réagir...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je suis convaincu que le proverbe qui
dit que remettre cent fois sur le métier un tel ouvrage
n'améliorera pas la situation et c'est dans ce contexte que je vous dis:
Déjà les choses ont été dites. Ne pouvons-nous pas
procéder?
M. LAURIN: Mais Boileau était un grand auteur.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Mais tout de même...
M. CHARRON: Comme Crémazie est un grand musicien.
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... nous avons une jeunesse
prometteuse. Peut-être pouvons-nous espérer pour l'avenir.
M. CHARRON: Parce que nous ne pouvons pas endosser cet article pourri du
projet de loi et parce que nous ne pouvons pas endosser cette démission
pourrie du gouvernement, je propose donc comme amendement d'ajouter à la
deuxième ligne, après le mot "élaborer" les mots
suivants:" ... un projet d'implantation de commissions scolaires
unifiées ici le texte de la loi continue et un plan
général de restructuration scolaire de l'île de
Montréal et s'il y a lieu, des plans particuliers ou
intermédiaires en vue d'une restructuration graduelle."
Notez bien qu'en faisant cela, je m'inspire d'une affirmation
répétée à trois ou quatre reprises par le ministre
de l'Education où il a dit que le projet de loi n'écartait pas la
possibilité
d'unification, plus tard, où il a dit à moins que
cela n'ait été qu'une façade, une figure de style
que lui-même était loin d'être défavorable à
l'idée des commissions scolaires unifiées. Ce contre quoi il en
avait, c'était le moment de l'installation.
Or, si vraiment le ministre est loin d'être défavorable
à cette hypothèse, comme étaient loin d'être
défavorables à cette hypothèse tous ceux qui sont venus
témoigner à la commission parlementaire sur le bill 28 et sur le
bill 62, à l'exception des anglophones, comme sont loin d'être
défavorables à cette hupothèse au contraire ils y
sont même très favorables les trois partis d'Opposition,
comme sont loin d'être défavorables je crois bien, l'ensemble des
travailleurs dans le domaine de l'éducation, et puisque le gouvernement,
c'est son loisir de démissionner, a choisi cet échappatoire de
l'article 593, le minimum à atteindre, il me semble, serait un
amendement. Cet amendement dirait à ceux qui désormais se voient
confier la responsabilité que le gouvernement s'entête et refuse
d'assumer de dire: Présentez-nous au moins... puisque déjà
est clair dans les dix ans de débats qui ont eu lieu autour de cette
question, qu'une des hypothèses favorites, à l'exception du parti
fédéral et des anglophones, dans les autres milieux est celle des
commissions scolaires unifiées.
Ceci étant dit, puisque le ministre s'en remet aux forces du
milieu, il devrait reconnaître que, dans les forces du milieu, c'est
l'hypothèse la plus applaudie actuellement. Il devrait accepter qu'il ne
serait que légitime de demander à un conseil dont aux paragraphes
suivants on spécifie les dates de rapport et l'échéance de
travail, que, parmi d'autres plans généraux de restructuration
scolaire qui, peut-être, ne comporteront pas l'hypothèse des
commissions scolaires unifiées, on ne connait pas l'intervention
gouvernementale qui pourrait se produire dans leurs travaux qu'il se
base de façon sérieuse sur cette hypothèse retenue par la
population en général à l'exception du Parti
libéral et des anglophones, comme étant une des plus
sérieuses à établir et qu'on étudie de façon
définie, c'est-à-dire de façon objective et approfondie,
un projet d'implantation de commissions scolaires unifiées. C'est, il me
semble, la dernière limite avant une totale démission qui,
à ce moment-là, deviendrait purement de la lâcheté,
que nous pouvons espérer du gouvernement.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président. L'amendement du
député de Saint-Jacques se lit: Le conseil a en outre la
responsabilité d'élaborer un projet d'implantation de commissions
scolaires unifiées. C'est bien l'amendement.
Ici, je suis dans une situation délicate en ce sens que je suis
partagé d'un côté entre mon désir d'appuyer
fermement la proposition d'amendement du député de Saint-Jacques,
parce qu'elle rejoint tout ce que nous avons dit jusqu'à présent
quand nous avons déploré qu'il y ait changement d'objectifs entre
le projet de loi 28 et le projet de loi 71, puisque le projet de loi 28 visait
à l'unification et que celui-ci vise à un préregroupement
devant s'accomplir par étapes pour finalement en arriver à une
unification éventuelle. Alors, à cet égard, je suis
absolument d'accord sur l'objectif que poursuit le député de
Saint-Jacques et je lui donne d'amblée mon agrément, parce que
cela fait partie de ce que nous essayons d'obtenir depuis que nous avons
commencé l'étude de ce projet de loi.
Toutefois, il y a la question, je ne dirais pas ma conscience de
juriste parce que je ne suis pas un juriste, un simple législateur
de la rigueur de la technique législative. La proposition
d'amendement au fait vise à changer formellement l'objectif du projet de
loi. Or, l'initiative du projet de loi vient du gouvernement. Alors, moi, je
suis d'accord sur la proposition d'amendement, je suis obligé,
étant donné que cela touche au principe même du projet de
loi et que cela le change radicalement puisqu'on en change l'objectif premier,
unification versus regroupement, je suis obligé de me tourner du
côté du ministre, la majorité gouvernementale, et de
demander encore une fois si le ministre accepterait un amendement de cette
nature, ce qui, bien entendu, va susciter de sa part mais je lui demande
de ne pas me répondre trop vite, pas tout de suite une
réaction vive.
Il va me dire: Mais, vous changez tout mon projet de loi. Notre
rôle de législateur est précisément d'essayer
d'obtenir du gouvernement qu'il améliore ses lois, qu'il les bonifie et
que le cas échéant, il en change même l'esprit, qu'il en
modifie même les objectifs fondamentaux. Or, l'amendement que propose le
député de Saint-Jacques est un amendement qui change, qui,
à tout le moins, modifie sensiblement l'objectif fondamental du projet
de loi 71. Par conséquent, je suis, comme je le disais tout à
l'heure, partagé entre ma volonté d'appuyer cet amendement, qui
correspond exactement au point de vue que tous les membres de l'Opposition ont
défendu et d'autre part, la bonne volonté d'un gouvernement qui
voudrait reconnaître avec nous que le projet de loi qu'il nous apporte
actuellement nous a fait glissé, depuis le projet de loi 62, vers une
forme de réorganisation des structures scolaires de l'île de
Montréal qui marque un net recul sur ce que devait être et
le ministre, député de Verchères, le disait l'an
passé cette restructuration.
Ainsi donc, M. le Président, pour ne pas prolonger inutilement
les discussions, je déclare ceci: Parlant en ma qualité de
député d'Unité-Québec, je suis en faveur de
l'amendement du député de Saint-Jacques, considérant,
d'autre
part, qu'il attaque, si j'ose dire, le principe même qui est
à la base du projet de loi en modifiant presque radicalement l'objectif
fondamental. Je demande au ministre et à son gouvernement de
s'arrêter à cette proposition d'amendement et de nous dire, sans
précipitation, pour quelle raison il le refuserait, si telle est son
intention.
M. LAURIN: Pendant que le ministre réfléchit, M. le
Président, est-ce que je peux ajouter quelque chose à
l'interrogation que se pose le député de Chicoutimi,
espérant que ceci pourra aider le ministre dans sa courte
méditation. Je ne nie pas que l'objet principal du projet de loi, le
ministre nous l'a dit assez souvent, soit un préregroupement des
commissions scolaires. Je pars de cette base. Donc, là-dessus, je pense
que j'accepte, pour les fins de la discussion, le prérequis dont le
ministre nous a parlé à plusieurs reprises. Cependant, il faut
tenir compte de toutes les autres choses que le ministre nous a dit dans son
discours de deuxième lecture et en réponse à toutes les
questions qu'on lui a posées d'une part et d'autre part, il faut tenir
compte de l'histoire de ce projet de loi puisque c'est une troisième
édition.
En commençant par l'histoire, il faut se rappeler que la
commission Parent, qui a déposé son rapport il y a dix ans, avait
axé toutes ses recommandations autour d'un thème principal qui
est celui de l'unification. Le minsitre sait ça. Il faut tenir compte
également que le projet de loi 62 était axé sur
l'unification. Il faut tenir compte que le projet de loi 28 était aussi
axé sur l'unification. Donc, voilà quand même trois
témoignages extrêmement importants qui dénotent
déjà une grande orientation chez les spécialistes qui se
sont penchés sur le problème, aussi bien les éducateurs
que les hommes politiques.
Deuxièmement, il y a eu aussi les autres appuis à ce
principe de l'unification, appuis que nous avons entendus lors des multiples
commissions parlementaires où des organismes très importants sont
venus se prononcer en faveur du principe de l'unification. Je dirais que la
grosse majorité des organismes qui sont venus se prononcer appuyaient le
principe de l'unification à l'exception des organismes anglophones.
C'est l'historique.
Allez voir maintenant au projet de loi. Dans son discours de
deuxième lecture, le ministre nous a dit qu'il ne préjugeait pas
de l'option qui serait élaborée par le conseil scolaire. Il nous
l'a dit à plusieurs reprises; il voulait laisser l'option ouverte. Ce
que nous lui proposons par notre amendement, ce n'est pas de fixer les choses,
ce n'est pas de geler les choses; c'est simplement de définir une
orientation.
Donc, ce que nous demandons ce n'est pas l'établissement des
commissions scolaires unifiées mais c'est simplement de définir
une orientation qui va aider ceux qui vont préparer le plan à
orienter leur réflexion et orienter également les moyens qu'ils
doivent prendre pour mettre en vigueur cette orientation. Ce n'est donc pas
l'établissement mais une orientation que vise notre amendement,
c'est-à-dire de laisser l'option moins ouverte. Même si l'option
demeure moins ouverte, elle demeure quand même une option puisque ce
n'est quand même pas l'établissement que nous visons.
Je pense que nous rendons service au ministre également, par
notre amendement. A plusieurs reprises dans son discours de deuxième
lecture et dans ses interventions, depuis une journée et demie, il nous
a fait part des énormes difficultés qu'a rencontrées aussi
bien l'élaboration du projet de loi 28.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député voudrait qu'on
l'écoute avec attention et qu'on le fixe. C'est une vieille habitude de
professeur. Parfois on revient sur les mêmes arguments
inlassablement.
M. LAURIN: Vous ne pouvez pas en préjuger d'avance.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me base sur ce que j'ai entendu.
M. LAURIN: Vous avez entendu d'une oreille, donc votre jugement est
partiel étant donné qu'il ne vient que d'une oreille.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai pensé que je pouvais retrouver les
mêmes choses au texte, rapporté au journal des Débats.
M. LAURIN: Non.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Est-ce que ce serait déplacé que
de demander au député de Bourget, si à la fin de ses
commentaires il a l'intention de retirer son amendement? Parce que cela
changerait le contexte de toutes nos observations.
M. LAURIN: II ne faut pas préjuger de mes intentions, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Non. Je vous pose une question. Je ne
préjuge pas.
M. LAURIN: Je n'ai pas encore décidé...
LE PRESIDENT (M. Seguin): Si ce n'est pas en commission, c'est correct.
Poursuivez.
M. LAURIN: Peut-être que je vais attirer l'attention du ministre.
Premièrement, nous demandons au ministre non pas de définir mais
simplement d'orienter le travail de ceux à qui il confie
l'élaboration de ce plan. Deuxièmement, ce que j'étais en
train de lui dire, c'est que notre amendement tient compte de toutes les
difficultés qu'il a rencontrées. Il nous a dit qu'il s'est
heurté aussi bien que son prédécesseur
s'était heurté, à de grandes complexités. Que ce
soit en raison de la dimension confessionnelle, que ce soit en raison de la
dimension linguistique, que ce soit également il nous l'a dit
en raison de la dimension administrative.
Il s'est donc heurté à des difficultés. C'est la
raison pour laquelle nous voulons donner aussi bien à lui qu'au conseil
scolaire plus de temps pour en arriver à l'objetif que son
prédécesseur s'est fixé, qu'il se fixe lui-même,
puisqu'il a avoué sa préférence personnelle pour les
commissions unifiées et pour tenir compte également du large
consessus qui s'était fait autour du principe de l'unification.
Donc, ce n'est pas geler les choses en l'Etat que de demander qu'on
donne une orientation au travail du conseil scolaire mais simplement de marquer
la préférence du ministre. Etant donné qu'il nous a
donné sa préférence, lors des discussions, pourquoi ne la
donnerait-il pas dans le texte même de la loi afin d'aider ceux qui vont
préparer ce plan d'une façon plus précise à
orienter leur réflexion et l'imagination qu'ils auront à mettre
en place des structures qui correspondront à la préférence
du ministre et du gouvernement? C'est tout ce à quoi vise notre
amendement.
J'aimerais revenir sur ce que le député de Chicoutimi
disait. Il lui semble, malgré la faveur naturelle qu'il aurait pour
l'amendement, que notre amendement puisse être difficilement acceptable
parce que, selon lui, il modifierait ou changerait, d'une façon
fondamentale, l'objectif du projet de loi.
Je ne crois pas, parce que l'objectif du projet de loi, le ministre l'a
dit tellement souvent, c'est le regroupement. Ce n'est pas ou l'unification ou
le maintien des commissions scolaires séparées. Il a même
dit que sur ce point son idée restait ouverte, son option restait
ouverte. Ce n'est donc pas là l'objectif du projet de loi. L'objectif,
c'est plutôt le préregroupement, espérant que le milieu
évoluera assez pour qu'on puisse discerner dans les quelques
années qui suivront, une tendance qui se dessinera en faveur de l'une ou
l'autre opinion.
Donc, il ne nous semble pas que notre amendement aille à
l'encontre du principe du projet de loi puisque le ministre, encore une fois, a
dit que son option restait ouverte.
Tout ce que nous voulons parce projet de loi, c'est tenir compte aussi
bien du consensus d'opinion qui s'est déjà dégagé
de toutes les études et de toutes les tentatives législatives qui
ont été faites jusqu'ici, tenir compte également de la
préférence personnelle du ministre qu'il nous a avouée
lors de ces débats et enfin, le plus important, tenir compte des
difficultés auquelles le ministre s'est heurté depuis qu'il a
été nommé ministre de l'Education, tout en maintenant
quand même le sens historique des définitions qui ont
été données quant à la restructuration qui doit
s'effectuer sur l'île de Montréal.
C'est tout ce que nous visions et nous ne pensons pas aller à
l'encontre du projet de loi en demandant que le ministre précise
davantage l'orientation qu'il veut donner à ce projet de loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que je pourrais apporter une
précision?
LE PRESIDENT (M. Seguin): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi) : J'ai bien suivi la première
argumentation et le deuxième point du député de Bourget.
S'il pouvait relire immédiatement les propos que j'ai tenus, j'ai dit
que ça me paraissait; je n'ai pas prononcé de jugement. Je m'en
suis...
M. LAURIN: Non, une interrogation...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... remis au gouvernement, je me suis
interrogé. Mais que le député de Bourget soit bien
rassuré, je suis d'emblée en faveur de cet amendement, sauf que
j'ai des inquiétudes d'ordre juridique et je m'en remets au gouvernement
parce que c'est lui, en définitive, qui va nous dire yes or no, puisque
les deux langues sont des langues de travail.
M. LAURIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Seguin): M. le ministre et MM. les
députés, j'ai écouté très attentivement les
commentaires qui ont été faits et par le proposeur de
l'amendement et par le député de Chicoutimi et par le
député de Bourget. J'en suis venu à la conclusion que la
motion ne serait pas recevable puisque, nulle part ailleurs, nous ne trouvons
dans ce bill 71 un principe d'unification, mais plutôt un principe de
préregroupement.
La motion, telle que présentée, veut nous faite ajouter
à l'article 593 des mots qui présupposeraient un principe
d'unification. C'est dans ce sens-là seulement que je le déclare
non recevable.
M. LAURIN: Simplement sur la question de règlement, M. le
Président, parce qu'un projet de loi ne mentionne pas le principe de
l'unification, est-ce à dire que le fait d'introduire non pas un
principe, mais une orientation dans ce sens-là irait à l'encontre
d'un principe qui n'existe pas?
LE PRESIDENT (M. Seguin): M. le député, j'ai eu l'occasion
et le bénéfice d'écouter longuement, hier soir, les
discussions des commentaires et un débat de part et d'autre. D'un
côté de la Chambre, puisque nous siégions à
l'Assemblée nationale hier soir, il y avait les désirs de faire
comprendre au gouvernement, au ministre, ce principe d'unification. On a
même parlé, à ce moment-là, du départ qu'on
avait
fait du bill 62, du bill 28, pour parler de législation
défunte. A ce moment-là, le ministre a bien
précisément répondu qu'il ne s'agissait pas, dans ce bill
de préregroupement, d'un projet ou d'un principe d'unification. J'ai
bien compris.
Nous avons passé outre et nous avons adopté, si vous
voulez, les articles précédents où il avait
été question de ces choses-là, de cette unification, les
adoptent soit unanimement, soit sur division, soit par vote. Je ne peux donc
pas accepter à ce moment-ci qu'on introduise ce principe d'unification
après qu'on ait déjà rejeté ce principe ou cette
idée.
Je dois déclarer que dans la motion telle que
présentée, peu importe l'opinion que la commission peut avoir, de
la façon que l'amendement est rédigé et d'après les
mots qu'il contient, un projet d'implantation de corporation scolaire
unifiée, il ne s'agit pas d'une suggestion mais bien d'un principe qui
n'est indiqué nulle part ailleurs dans la loi, donc, un départ,
pour autant que ça me concerne, du principe du bill.
M. LAURIN: Une dernière question. S'il n'est inscrit nulle part
dans le projet de loi, est-ce que ça veut dire j'admets votre
point de vue peut-être que le principe que nous introduisons,
selon vous, dans le projet de loi va à l'encontre d'un principe qui
n'existe pas?
LE PRESIDENT (M. Seguin): Oui, je le crois sincèrement et c'est
là-dessus que je base ma décision à ce moment. C'est que
le principe du bill est un principe qui est basé sur un projet de
préregroupement et nulle part à ce que je sache il est dit
si je me trompe, je tiens à être corrigé qu'il
s'agit d'unification de la commission tel qu'on l'entendait dans le bill
28.
M. LAURIN: Voyez-vous, M. le Président, une contradiction entre
le principe de l'unification et le principe du préregroupement? C'est
ça ma question.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Ce n'est pas à moi à
décider s'il y a contradiction. J'essaie tout simplement de reconnaitre
l'amendement, tel que proposé, en autant que cet amendement se rapporte
à la loi et à l'article qui est devant nous à
l'étude.
Je regrette, je ne veux pas faire de débat et je ne crois pas que
le député veuille faire un débat. Si on veut faire appel
de ma décision, qu'on le fasse. Il y a une procédure.
Sinon...
M. PAUL: Nous ne pouvons pas le faire.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Non! c'est vrai, avec le nouveau
règlement. Vous avez raison.
M. LAURIN: C'était une question que je vous posais, si vous
voyiez contradiction entre un principe qui s'appelle unification et un principe
qui s'appelle regroupement puisque le regroupement peut se faire aussi bien sur
une base unifiée.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Je vois une différence.
M. LAURIN: Peut-être une différence mais pas une
contradiction.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Une modification. Alors, nous sommes sur la
sémantique.
M. LAURIN: C'est que, M. le Président, nous pourrions voir un
regroupement sur la base de l'unification. Donc, cela veut dire que ce n'est
pas contradictoire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Seguin): Je ne voudrais pas éterniser. Ma
décision est rendue. Je ne suis pas, à ce moment,
désireux, et je n'ai pas non plus le droit, de débattre cette
décision.
M. LAURIN: J'aurais encore des questions sur cet article, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi aussi.
J'ai demandé la parole. J'ai toujours mes mêmes
inquiétudes qui sont confirmées parce que j'ai relu encore une
fois l'article 593 au sujet des délais. On dit, à la toute fin de
l'article: "A la demande du ministre, le Conseil est tenu, le cas
échéant, de réviser son plan général ou une
partie de celui-ci ou d'en soumettre un nouveau dans un délai maximum
d'un an." Alors, on va jusqu'en 1975. "Le ministre peut, à la demande du
conseil, reporter d'un an ces échéances." Ce qui nous
mènerait, disons éventuellement dans l'hypothèse qu'on
s'en prévaudrait, à l'an 1976.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Un instant, M. le député, vous
parlez sur l'article 593 et non pas sur ma décision?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Vous avez déclaré la motion
irrecevable. Par conséquent, moi je n'y reviens pas. Je n'en ai pas le
droit.
LE PRESIDENT (M. Seguin): C'est ça. J'attendais toujours votre
raisonnement pour voir si vous arriviez à ça.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une question que je veux poser au
ministre; là, il est occupé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne suis pas occupé, M. le
Président, je suis ces délibérations au sujet de l'article
593.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je parlais tout à l'heure des
délais.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, j'ai très bien compris.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, nous allons à 1975. Premier
rapport en 1974, rapport final en 1975 avec possibilité d'un
délai additionnel d'un an. Ce qui nous mène à 1976. Mais
il est dit à la fin: "A la demande du ministre le Conseil est tenu, le
cas échéant, de réviser son plan général ou
une partie de celui-ci ou d'en soumettre un nouveau dans un délai
maximum d'un an." Cela nous mènera en 1977. Le ministre ne partage-t-il
pas les craintes que j'exprimais tout à l'heure? J'ai peur de cette
disposition.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas d'objection à reformuler les
deux alinéas de l'article 593 de manière que l'on ne puisse pas
prolonger indûment le dépôt d'un rapport définitif.
Je souhaite cependant réserver une espèce de soupape et je crois
qu'on pourrait peut-être y arriver. Alors, si vous me donnez quelques
instants, ou si vous voulez suspendre l'article, nous allons rédiger un
projet d'amendement. Ce que nous pourrions faire immédiatement, c'est
qu'en retrachant la dernière phrase du troisième paragraphe, nous
réglons le problème.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, comment cela se lirait-il?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le conseil doit soumettre ses recommandations au
ministre dès que possible, mais au plus tard le 31 décembre 1975,
et un rapport d'étapes indiquant l'orientation générale de
ces recommandations principales avant le 31 décembre 1974. On supprime
la phrase suivante et on reprend: à la demande du ministre, le conseil
est tenu, le cas échéant, de reviser son plan
général, ce qui donne un délai pour cette révision
ou une partie de celui-ci ou d'en soumettre un nouveau dans un délai
maximum d'un an.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ne nous reporterait pas plus loin que
1976 éventuellement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela garde la soupape, mais elle est mieux
exprimée je crois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela me satisfait parce que,
déjà, j'étais inquiet du premier délai possible et
il s'en ajoutait un autre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'en fait une proposition d'amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quant à moi, je l'accepte.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'amendement du ministre est
accepté.
M. LAURIN: J'aurais une question à poser sur cette même
question de la navette qui va s'instituer entre le conseil scolaire et le
ministère. Pourquoi le ministère voit-il la
nécessité de cette navette qui me paraît très
longue, si le ministre, après toutes les études qui ont
été faites depuis dix ans, donne au conseil le mandat de
préparer un plan? Pourquoi se donne-t-il encore une échappatoire
possible en remettant encore à une année la prise de
décision finale? Et surtout, pourquoi se donne-t-il la
possibilité de retourner encore une fois au conseil après que le
ministère aura étudié le plan préparé par le
conseil? Est-ce parce que la décision est tellement difficile à
prendre qu'il faille envisager toutes sortes de précautions comme si on
manipulait un explosif?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'irais jusqu'à dire que c'est un peu
cela. La décision est d'une complexité extrême. Vous n'avez
d'ailleurs que repasser l'histoire de la législation scolaire depuis un
siècle pour vous apercevoir que même cette réforme est une
réforme d'envergure et qui présente ces difficultés.
M. CHARRON: L'an dernier. Vous l'avez déjà prise, cette
décision.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ne revenons pas là-dessus, je me suis
expliqué très clairement. J'ai bel et bien dit qu'il était
normal de réviser certaines positions et d'inscrire un projet dans le
temps. On en a parlé pendant deux ou trois heures. Je n'ai pas
l'impression que c'est très utile de recommencer.
Je disais donc que, surtout avec l'amendement que je propose, sur lequel
nous n'avons pas encore statué, cela me paraît être la
meilleure façon de procéder et je vais certainement m'en tenir
à cet amendement. Il réduit le délai d'un an mais il
permet, si le ministre quel qu'il soit à l'époque, pour des
raisons qui vont tenir à son évaluation politique de la
situation, n'est pas satisfait du plan qui est présenté, de
demander des clarifications ou de demander des modifications ou des
consultations accrues.
M. LAURIN : Mais l'article laisse quand même subsister une
période de délai de quatre années après dix
années d'études. Est-ce à dire que le problème
parait à ce point difficile, complexe, insoluble au ministre qu'il est
obligé de faire un aveu d'impuissance soit au niveau technocratique ou
au niveau politique? Quand je dis technocratique, je veux dire que même
les technocrates les plus avertis n'ont pu trouver une solution qui ressemble
à la solution de la quadrature du cercle ou encore qu'il s'agisse de
groupes politiques qu'il s'agit de ne pas mécontenter. Quelle raison
exacte fait que le ministre
a besoin de cette période de quatre ans? Le ministre nous a
expliqué beaucoup de choses, hier, au cours de l'après-midi. Mais
cela est une chose qu'il ne nous a pas expliquée. Pourquoi se donner un
délai de quatre ans? Est-ce pour des raisons d'impuissance
technocratique ou d'impuissance politique? Sans aucun sens péjoratif,
d'ailleurs.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas nécessairement quatre ans, c'est en
fait trois ans et l'année supplémentaire est une année qui
permettrait, le cas échéant, de reviser un plan. Je souhaite que
ce ne soit pas nécessaire d'y faire appel. Mais c'est une
précaution qui me paraît absolument souhaitable pour un
gouvernement responsable, de manière à ne pas lier
nécessairement ceux qui pourront me succéder à
l'Education. Le délai me paraît aussi tout à fait normal,
étant donné la complexité du problème.
Ce n'est pas du tout une question d'impuissance, au contraire. C'est, je
pense, dans la logique de l'approche qui est suivie parce qu'il ne suffit pas
de définir un plan, encore faut-il qu'il puisse être
accepté, qu'il puisse faire l'objet de cette évolution et il faut
beaucoup de temps. Il y a des législations dans le domaine de
l'éducation qui ont pris une ou deux générations. Et
lorsqu'on a trop bousculé dans un domaine comme celui-là, on se
rend compte qu'on se retrouve avec des malaises qu'on n'arrive pas à
contrôler. Je suis de ceux qui croient, depuis avant même que je
sois en politique, que notre réforme scolaire n'a peut-être pas
respecté suffisamment ces impératifs psychologiques, ces
impératifs du changement social et qu'un grand nombre des
difficultés que nous avons, plus particulièrement dans le secteur
collégial, en sont la résultante. Et en toute logique avec cette
façon d'évaluer une situation, j'ai voulu dans ce projet de loi
et je n'y reviens pas mettre toutes les chances du
côté du succès de cette réforme.
M. LAURIN: Si je comprends bien, ce ne sont donc pas les obstacles
administratifs ou technocratiques qui vous ont arrêté. Ce sont
plutôt les obstacles politiques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic); C'est certainement l'évaluation de la
situation. Si c'est le sens que le député de Bourget donne
à politique, je suis d'accord. Mais il ne faut pas oublier qu'il y a des
échéances à respecter. Il ne faut pas oublier que
l'élection est une opération très complexe à mettre
en place et si nous sanctionnons la loi avant la fin de l'année, nous
aurons des élections en juin mais ceci signifie que le conseil permanent
sera constitué uniquement par la suite. Pour l'instant, vous n'aurez
qu'un conseil temporaire. En somme, c'est pratiquement une année qui ne
sera consacrée qu'à la mise en place des commissions scolaires
nouvelles, qu'à l'organisation des élections et qu'à la
mise en place du conseil. Ce sont des changements majeurs. Il faut bien s'en
rendre compte.
Par la suite, il y aura de même un apprentissage du travail en
commun qui n'a jamais été fait sur l'île de Montréal
alors que nous avions des systèmes littéralement
séparés. Je crois qu'une évolution doit quand même
se faire.
M. LAURIN: Les obstacles politiques dont vous faites mention sont
déjà très bien identifiés, très bien connus
et même si on n'y travaille pas immédiatement d'une façon
formelle, il y a eu beaucoup d'efforts qui ont été faits pour les
résoudre jusqu'ici d'une part et ceux qui font partie aussi bien de ses
comités d'implantation provisoires que des structures plus permanentes
sont déjà bien au fait de ces problèmes qu'ils ont
déjà identifiés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a tout de même un
élément d'expérience qui interviendra. Parce que le
préregroupement que nous mettons en place, qui reste une
opération d'envergure, va tout de même permettre de vivre des
types de situation. H y avait dans beaucoup de résistance dans le milieu
montréalais, la crainte de l'inconnu et on le voit très bien dans
le domaine des relations de travail, par exemple. Je sais que le Parti
québécois s'intéresse beaucoup à cela.
Aussitôt qu'on touche à une structure, quelle qu'elle soit,
immédiatement les syndicats s'inquiètent et je le conçois
très bien. Et cette inquiétude n'est pas toujours fondée
mais cependant, elle est légitime. Nous avons voulu déterminer le
moins de problèmes possibles dans le préregroupement sur ce plan
et malgré tout, il y a quelques petites difficultés qui se
présentent et nous avons déjà, par un premier amendement,
tenté d'y faire face avant qu'elles se présentent.
M. LAURIN: Cela me paraissait réglé aussi bien par
l'amendement que vous venez d'apporter que par un autre article que nous avons
scruté de très près et qui faisait état de cette
question. Je ne pense pas que cela soit cet obstacle qui vous arrête
actuellement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me sers uniquement d'un exemple. Si vous me
donnez l'année 1973 pour l'implantation des structures, il vous reste en
fait une année seulement de restructuration définitive. Je ne
prétends pas que tout cela est facile. Ce que je prétends, par
exemple, et je le prétendrai longtemps, c'est que cela serait rendu plus
difficile si on avait préjugé de la structure avant qu'elle fasse
véritablement l'objet d'une évolution, d'une acceptation
générale. Parce qu'il faut partir des réalités. Je
ne veux pas recommencer mes remarques...
M. LAURIN: J'espère simplement que le ministre ne veut pas gagner
du temps pour des fins électorales mais qu'il veut gagner du temps pour
des fins proprement politiques dans le sens le plus haut du terme.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai l'impression que toute l'attitude qui a
été la mienne jusqu'ici l'indique très clairement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aurais une question à poser au
ministre sur cet article, sur le dernier paragraphe, au sujet de la revision du
plan.
Qu'est-ce qui pourrait déterminer le ministre à demander
que le plan soumis soit révisé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une simple précaution, on ne peut
pas complètement éliminer, en poussant les choses à
l'absurde, qu'on présente un plan qui ne soit pas cohérent avec
l'esprit du projet de loi et j'ai l'impression que la responsabilité
finale reste la responsabilité du gouvernement. C'est d'ailleurs la
raison pour laquelle j'ai toujours protesté devant l'affirmation que le
gouvernement se contentait de remettre le problème à une autre
instance. C'est totalement faux. Ce que le gouvernement fait, c'est qu'il
demande à l'instance de vivre la situation, qu'il lui demande de
présenter ses recommandations et qu'il lui demande de faire
elle-même la restructuration. Elle ne peut pas être faite dans
l'abstrait. Nous pouvons prendre une carte scolaire et décider que telle
frontière va passer là ou va passer là mais il faut aller
voir ce que cela représente au point de vue des écoles, au point
de vue des élèves, au point de vue des rues à traverser,
c'est le milieu qui doit véritablement faire ce travail-là. C'est
la seule raison.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je note en passant que le ministre nous donne
des arguments pour la loi 62; enfin, glissons mais je voudrais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous changez de commission.
M. PAUL: Au dernières nouvelles tout se déroule
très bien dans l'autre, comme ici d'ailleurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah oui, où en êtes-vus rendus?
M. PAUL: Au même point où nous étions mardi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, essayons, nous,
de progresser. C'est parce que là-bas ils ont entrepris un grand voyage
à travers le Québec et ils s'arrêtent à tous les
villages, pensez-y.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et il faut beaucoup d'expressions nouvelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous ne sommes pas invités.
Alors, ma crainte ici, lorsque je parle de révision, le cas
échéant, c'est qu'il y ait c'est délicat de dire
cela, mais il faut quand même l'évoquer des pressions qui
s'exercent pour une raison ou pour une autre, des catholiques, des protestants,
des francophones, des anglophones, pour déterminer le ministre à
demander que ce plan-là soit révisé afin de satisfaire
certaines gens ou éviter certaines tensions. C'est une crainte que
j'exprime, je ne préjuge pas évidemment de la bonne foi du
ministre, loin de là, mais dans un domaine aussi délicat, je me
dis que cela ne manquera pas de se produire, que certains groupes ne soient pas
satisfaits de la carte qui sera présentée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela est certain. Nous la ferions
immédiatement que ce serait pire. C'est une situation, de toute
façon qui n'est pas réglée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si on parlait en termes de chirurgie on
dirait: Faisons-le tout de suite.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais vous savez qu'on pratique de moins en moins
des chirur-gies radicales à notre époque.
M. PAUL: Depuis la "castonguette" ça rapporte plus quand on
répète.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: J'aurais un dernier amendement à apporter à
l'article 593 qui se lirait comme suit: C'est dans le dernier paragraphe...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... de mon amendement, on pourrait
peut-être voter là-dessus.
M. CHARRON: Le vôtre? Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On l'a approuvé?
LE PRESIDENT (M. Pilote): On l'a approuvé.
M. CHARRON: C'est après: "avant le 31 décembre 1974,
lesquels devront être déposés à l'Assemblée
nationale."
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voulez-vous relire?
M. CHARRON: Le troisième paragraphe de l'article 593 après
les mots: "Avant le 31 décembre 1974," à la place du point, une
virgule, et ajouter les mots "lequel devra être déposé
à l'Assemblée nationale."
Il s'agit du rapport d'étape. Je n'ai pas besoin d'expliquer
pendant 20 minutes, la raison de cela, c'est que conscient que nous sommes du
fait que ce gouvernement veut éviter à tout prix de parler de la
question.
Nous ne voudrions pas nous engager et permettre au deuxième,
à celui qui suivra si, par hasard, ce devait être le même
parti, de se débiner encore une fois de la question. Lorsque le
délai, déjà très long, jusqu'au 31 décembre
1974, sera expiré, il me semble que l'opinion publique, par
l'Assemblée nationale, devrait être saisi du travail du conseil et
voir...
M. PAUL: Est-ce que l'honorable député de Saint-Jacques me
permettrait une question?
M. CHARRON: Oui, à l'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: Vous voudriez que le plan soit déposé à
l'Assemblée nationale, nonobstant le délai qui pourrait
être prolongé pour terminer le travail jusqu'au 31 décembre
1975 d'abord, et peut-être, en vertu du dernier paragraphe, jusqu'au mois
de décembre 1976?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le rapport d'étape.
M. CHARRON: C'est le rapport d'étape que je... J'admets qu'avec
l'amendement qu'on a apporté, ça peut-être 1975. Si c'est
en 1975, puisque le pouvoir du ministre... Ce sera en 1975 qu'il sera
déposé. Ce que je veux, c'est que le rapport d'étape soit
rendu public.
M. LAURIN : Pour information.
M. PAUL: Juste le rapport d'étape de 1974.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis d'accord avec ça, parce que
nous sommes immédiatement intéressés à cette
réforme scolaire et, comme nous n'aurons pas d'autres moyens de nous
renseigner que par des voies détournées, je pense qu'il serait de
bon aloi et même essentiel que les membres de l'Assemblée
nationale puissent en prendre connaissance.
M. PAUL: Cela justifiera davantage le ministre à exiger un
nouveau plan.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai certainement pas d'objection de
principe, M. le Président. Je fais simplement faire une petite
vérification juridique pour m'assurer qu'il n'y ait pas de
difficulté. De toute façon, vous pensez bien que le rapport
d'Etat sera rendu public.
M. LAURIN: Les fuites ne se produisent pas toujours, M. le
Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elles ne se produisent peut-être pas
toujours, mais on les souhaite.
M. LAURIN: On y a compté jusqu'ici mais... M. CHARRON: II y a des
gouvernements qui refusent de faire face à la question. J'en ai connu
un...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous comptez tellement sur les fuites?
M. LAURIN: Bien sûr, comme tout citoyen que le gouvernement refuse
d'informer. Aussi longtemps que le gouvernement n'informera pas convenablement
la population, par l'intermédiaire de sa nouvelle politique des
communications, il faut compter sur les fuites.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, après
vérification, je pense que nous pourrions accepter d'ajouter "avant le
31 décembre 1974, lequel devra être déposé à
l'Assemblée nationale." C'est bien à cet endroit que vous le
situiez?
M. LAURIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'amendement du député de
Saint-Jacques est accepté?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire que nous ne demandons
qu'à tenir compte des suggestions raisonnables. Nous déplorons
parfois qu'elles s'accompagnent de commentaires... Enfin, je ne le dirai pas,
pour conserver...
M. LAURIN: De toute façon, il s'agit de nos commettants.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oh, j'ose espérer, pas toujours.
M. LAURIN: Je pourrais vous renvoyer la même phrase.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Surtout en ce moment.
M. CHARRON: C'est vrai qu'on ne le fait pas toujours de façon
assez violente.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous vous débrouillez pas mal.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Tout le monde a compris l'amendement du
député de Saint-Jacques? Il est accepté?
M. PAUL: Oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 593, accepté tel
qu'amendé? Accepté. Article 594.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre peut-il m'expliquer ça? Je
connais le latin, le grec, mais ça me paraît chinois.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cet article veut assurer que le conseil ne se
substitue pas aux commissions scolaires ni n'assume des responsabilités
qui ne sont pas de son ressort. En
somme, la loi donne des responsabilités spécifiques au
conseil, mais il y a des responsabilités résiduaires. Elles
restent aux commissions scolaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous comprends, senor.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est uniquement une question de correction
légale que le député de Maskinongé a faite ici.
M. LAURIN: Pourquoi est-ce que ce ne serait pas l'inverse, M. le
Président? Que les dispositions résiduaires s'appliqueront au
conseil, étant donné que c'est une nouvelle structure qui aura
beaucoup d'importance.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas de pouvoir résiduaire au
conseil. Tout le pouvoir est aux commissions scolaires, actuellement, sous
réserve, bien sûr, de la loi actuelle qui donne des pouvoirs
déterminés au conseil.
M. CHARRON: C'est comme la Confédération.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D y a effectivement un certain nombre de
parallèles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Particulièrement la présentation
du conseil scolaire.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 594 est adopté. L'article
595.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous dis tout de suite qu'il n'y a pas de
difficulté. C'est le fac-similé de la signature du
président. L'article reprend l'article 342 de la loi scolaire.
M. CHARRON: C'est pour avantager le comté d'Ahuntsic?
UNE VOIX: Pas nécessairement.
M. PAUL: M. Sincennes va s'occuper de ça.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Saint-Jacques sait
très bien que ce n'est pas comme cela que nous travaillons dans le
ministère de l'Education.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. L'article 596.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A quelle période?
M. CHARRON: A l'époque où vous y étiez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faisait imprimer dans son comté le
rapport du ministère, et moi je le faisais aussi imprimer dans le
mien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'avais renoncé au comté de
Chicoutimi parce que le travail ne me paraissait pas toujours
adéquat.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'était plutôt l'imprimeur.
M. CHARRON: La caisse électorale!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce une petite explication?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Il s'agit du pouvoir d'expropriation du
conseil. C'est l'article 252 de la Loi de l'instruction publique que nous
modifions, et que je peux vous lire. Il est assez long: Une commission scolaire
peut avec l'autorisation du ministre exproprier tout immeuble nécessaire
à ses fins. Toutefois elle ne peut, sans autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil, exproprier les propriétés
exemptes de taxes scolaires en vertu de l'article 239. Soit dit en passant,
parce qu'on aura beaucoup de problèmes de concordance, l'article 239
réfère aux immeubles appartenant aux gouvernements local,
provincial, fédéral, autorités religieuses etc.. La valeur
maximum de l'immeuble exproprié à payer par la commission
scolaire pour fins d'indemnité est établie par la Régie
des services publics... Et cela continue. Ce sont les dispositions
usuelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mon conseiller juridique accepte cela?
M. PAUL: Oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Article 597. Il s'agit du recensement par le
conseil. L'article 266 de la loi que nous amendons, la Loi de l'instruction
publique, oblige chaque commission scolaire à faire un recensement
chaque année. Le présent article enlève cette obligation
à la commission scolaire pour la confier au conseil.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté.
M. LAURIN: Est-ce que c'est parce que vous allez utiliser des
méthodes de masses ou des méthodes différentes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est surtout dans l'optique des services
communs. Je n'ai pas donné beaucoup d'explications pour ne pas allonger
le débat lorsqu'on a parlé du pouvoir du conseil et surtout de
ses pouvoirs financiers mais il y a, sur le plan administratif, beaucoup
d'innovations intéressantes, et je suis sûr qu'on
l'appréciera puisqu'on l'a déclaré lors du débat
sur le bill 28, beaucoup moins de contraintes pour l'approbation des budgets,
pour l'approbation des montants, etc.
M. LAURIN: C'est une activité qui coûte cher, ce
recensement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, enfin c'est assez coûteux. C'est pour
cela qu'il ne sera pas nécessaire de le faire annuellement. D'ailleurs,
il y a des études en cours touchant toute cette question des
recensements de la loi électorale. On pourra peut-être en parler
quand on arrivera aux élections.
M. LAURIN: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce que nous aurons un article à ce
sujet et nous proposerons un amendement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. L'article 598.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 598 et l'article 599 doivent
être compris ensemble. Il s'agit du régime de retraite et de
l'assurance collective pour les fonctionnaires du conseil. Il faut le
comprendre par référence à l'article 245, de la Loi de
l'instruction publique: Les commissaires ou les syndics d'école peuvent
par résolution établir, conformément à la Loi des
régimes supplémentaires de rentes, un régime de retraite
pour leurs salariés qui ne sont pas assujettis au régime de
retraite des enseignants, y compris les prestations en cas d'invalidité
ou de décès. L'article 248: Les commissaires ou les syndics
d'école peuvent, par résolution, souscrire au
bénéfice de leurs instituteurs, officiers et employés
réguliers et de leurs dépendants, un contrat d'assurance
collective relativement au décès, aux accidents, à
l'invalidité, à la maladie, à la maternité ainsi
qu'aux frais médicaux, chirurgicaux et hospitaliers.
Je dois préciser que ces deux articles ont fait l'objet d'une
étude du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et que le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre entend présenter un
amendement aux lois actuelles portant sur le régime de rente, de
retraite et sur les contrats d'assurance collective afin de les rendre
compatibles avec les clauses acceptées lors des dernières
négociations dans le secteur public.
M. LAURIN: La question que je voulais poser...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela règle le problème mais, il
suffirait à ce stade-ci de reproduire la Loi de l'instruction publique
et ce serait corrigé automatiquement sans qu'il y ait besoin
d'amendement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Les articles 598 et 599 sont-ils
adoptés?
M. LAURIN: J'aurais une petite question là-dessus.
Prévoyez-vous le nombre approximatif d'employés qu'aura le
conseil? On disait dans l'article dont je faisais mention l'autre jour,
qu'à Toronto il y avait 25 employés seulement.
Prévoyez-vous quelque chose d'à peu près similaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, et avec des budgets assez restreints. C'est
en cours de route que le conseil verra de quelle façon il entend
procéder et ça peut être aussi lié aux services
communs. J'ai déjà cité, comme exemple, le service
d'informatique mais il y a également un service de contentieux. Dans les
petites commissions scolaires, le service du contentieux est simplement
inexistant...
M. LAURIN: Par exemple, le soin...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... péréquation des taxes
également.
M. LAURIN: Oui, et le soin de préparer un plan de restructuration
scolaire, selon vous, est-ce que ça va nécessiter l'emploi de
plusieurs personnes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois qu'il faudra recourir à du
personnel mais probablement pas du personnel permanent.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Cela peut contenir...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, bien sûr. Et de toute façon,
les commissions scolaires seront impliquées. Déjà un bon
nombre d'études parcellaires ont été faites, que nous
avons faites nous-mêmes en rapport avec la préparation de
certaines cartes. On peut imaginer plusieurs hypothèses de regroupement;
j'y ai fait allusion à quelques reprises lorsque j'ai dit pourquoi nous
avions mis telle commission scolaire avec telle autre par exemple.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Articles 598 et 599, adoptés?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 600.
M. CHARRON: A l'article 600, M. le Président, j'ai une question
à poser au ministre. Le troisième paragraphe est une disposition
nouvelle par rapport au bill 28. Je comprends le sens de ce paragraphe, mais je
me demande pourquoi il ne figurait pas au bill 28.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne peux pas vous dire pourquoi.
M. CHARRON: Non, d'accord. Pourquoi avez-vous cru bon de le mettre dans
le bill 71?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce que je
pense qu'il y a là une provision qui est extrêmement
importante. Actuellement, ce sont les commissions scolaires qui ont le pouvoir
de s'imposer une taxe additionnelle. C'est bien à ça que vous
faites allusion?
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour couvrir les services supplémentaires
qu'elles voudraient bien s'offrir. C'est la situation sur l'île de
Montréal. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles les
disparités existent et continuent d'exister. Nous avons pensé que
nous ne laisserions pas aux commissions scolaires ce pouvoir, bien que nous en
ayons considéré la possibilité. Là encore, il ne
faut pas croire que ce sont des décisions qui se prennent dans l'absolu.
Elles doivent se prendre en tenant compte un peu des situations locales.
En revanche, nous avons voulu que ce pouvoir soit exercé
collectivement par le conseil, un peu de la même façon que
ça se passe dans une régionale de par la loi 27. C'est donc le
conseil qui aura à décider du niveau des dépenses
additionnelles pour l'ensemble de l'île. Est-ce que je réponds
à votre question?
En somme, c'est un mécanisme permettant, à toutes fins
utiles, la péréquation et ne permettant pas que, en la faisant
d'un côté, on l'annule de l'autre. Il nous parait évident
que si nous faisions du rattrapage en facilitant certaines activités
dans des commissions scolaires plus pauvres, et si, d'autre part, les
commissions scolaires plus riches peuvent continuer d'avoir des surtaxes, on se
trouve, jusqu'à un certain point...
M. LAURIN: Comme conclusion, M. le Président, c'est que le
rattrapage ne peut se faire qu'à partir de surtaxes que le conseil
voterait.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas nécessairement. En fait, il y a
actuellement, sur l'ensemble du territoire montréalais, des surtaxes
très variables. Elles vont, comme je l'ai dit dans mon discours de
deuxième lecture, de $0.03 à $0.35 ou $0.36. Ces surtaxes vont
disparaître mais le conseil lui, aura très certainement à
envisager la possibilité d'imposer une surtaxe.
On ne l'oblige pas, mais il aura des responsabilités
financières.
M. CHARRON: Est-ce qu'il est possible, pour le conseil scolaire,
d'imposer une surtaxe sur le territoire d'une commission scolaire en
particulier et non pas sur l'ensemble de l'île? Une autre question...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sauf qu'il y a l'article 54 a) de la loi 27, qui
permet, pour les dépenses passées, d'aller ceci nous aide
pour d'autres articles, ça ira peut-être plus vite après
trois années auparavant pour éponger si vous voulez. Il
n'y a pas de maximum d'années; c'est encore plus souple.
M. CHARRON: L'exemple que vous venez de donner, je voudrais le
vérifier dans la structure qu'impose le bill 71 sur le territoire de
Montréal.
Une commission scolaire donnée se voit refuser, par exemple, les
prévisions budgétaires qu'elle avait faites par le conseil
scolaire qui ne peut, dit l'article 600 les réduire en
deçà des dépenses admissibles généralement
reconnues pour...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'accord!
M. CHARRON: Quand même, on lui rabat le caquet parce que le
conseil s'est donné d'autres priorités, entre autres le
rattrapage des milieux défavorisés auxquels il doit faire face.
Est-ce qu'il est toujours loisible et possible à la commission scolaire
en question d'imposer chez elle, avec le consentement du conseil scolaire, une
surtaxe qui lui permettrait d'établir ce service qu'elle a voulu obtenir
par le budget mais qui lui a été refusée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. La réponse est non.
M. CHARRON: C'est non.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous ferai remarquer qu'il y aura
consultation. La commission scolaire n'arrivera pas avec son budget en disant:
Vous l'acceptez ou vous le refusez.
M. CHARRON: Non, non, d'accord!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un processus de consultation, comme ce qui
se fait, actuellement, avec le ministère, et même un processus de
négociation.
M. LAURIN: Est-ce que, dans la pratique, M. le ministre, la plupart des
commissions scolaires ne sont pas obligées de se contenter des sommes
qui correspondent à l'application des règles du ministre
concernant les normes admissibles? Est-ce que leur budget ne correspond pas,
grosso modo, presque exactement, aux normes prévues par le ministre?
Est-ce que beaucoup de commissions scolaires dépensent plus que ce que
leur permettent les normes admissibles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans Montréal, oui. Elles doivent
financer ces dépenses que nous qualifions d'inadmissibles...
M. LAURIN: C'est ça!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et c'est une très mauvaise
expression...
M. LAURIN: Par l'impôt foncier...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Par une surtaxe.
M. LAURIN: ... plus marqué, plus rigide.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sur leur territoire.
M. LAURIN: Oui. Ou encore par des surtaxes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, bien que ce ne soit pas toujours
identifié dans le compte de taxes que reçoit le contribuable. A
toutes fins utiles c'est ceci, parce que nous avons déjà un taux
normalisé pour la plus grande partie du territoire...
M. LAURIN: Est-ce à dire que vos normes admissibles rencontrent
juste le minimum qu'il faut ou est-ce qu'elles sont généreuses,
vos normes admissibles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela dépend. Justement, par les normes
admissibles que nous avons faites, nous avons permis certains projets.
D'ailleurs, c'est même arrivé et c'est le cas de la CECM pour ses
opérations dans le domaine des zones défavorisées. Nous
avons admis des dépenses admissibles hors normes pour ces fins
particulières. Le conseil, lui, prendra la responsabilité de
discuter avec chaque commission scolaire et avec le ministère.
M. LAURIN: Quand même, est-ce que cela ne sera pas difficile pour
le conseil de trouver des sommes excédentaires pour des fins de
rattrapage scolaire ou pour des services à l'enfance inadaptée ou
pour l'éducation des adultes, étant donné que les normes
admissibles, que vous dites généreuses, ne peuvent pas être
abaissées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire qu'il faut bien se dire que
les normes correspondent à l'effort financier que peut consentir le
gouvernement. Elles peuvent être changées n'importe quand par des
dispositions qui relèvent du ministère.
M. LAURIN: En somme, vous sentez bien ce qui m'inquiète.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très bien, et si vous me permettez...
M. LAURIN: Ce qui m'inquiète, c'est le quantum.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai très bien compris. Je vais vous dire
que le quantum va dépendre également de l'effort que pourra
consentir la collectivité. Ceux qui s'imaginent que, parce qu'on a mis
en marche ce processus, d'ici six mois, tous les problèmes des zones
défavorisées, qui sont des problèmes qui persisteront
toujours, quoi qu'on fasse et qu'on ne pourra améliorer, ces
problèmes vont disparaître et qu'on aura couvert...
M. LAURIN: II n'y a pas beaucoup de monde qui s'imagine ça !
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si personne ne se l'imagine et si on ne se
l'imagine pas du côté du Parti québécois...
M. LAURIN: Est-ce à dire, au contraire, qu'étant
donné la structure fiscale, les coutumes fiscales qui se sont
imposées sur le territoire, vous ne prévoyez qu'une
amélioration lente au niveau du rattrapage?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, je prévois une évolution
lente au niveau du rattrapage. Cela me parait impensable, à moins que
les Montréalais veulent accepter une surtaxe considérable, ce
qui...
M. LAURIN: A moins que le ministère donne des subventions plus
généreuses?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'où viennent-elles, ces subventions?
M. LAURIN: Je sais bien, mais je veux dire que c'est une autre
formule...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr! Si le ministère peut le
faire et s'il est possible de le faire, il le fera. Là encore, nous
arrivons aux ressources de la collectivité et dans le domaine de
l'éducation, partout d'ailleurs au Canada et un peu partout au monde,
nous ne consentons plus les mêmes efforts que nous avons consentis.
M. LAURIN: Mais est-ce que ce n'est pas quand même un devoir pour
la collectivité de venir en aide aux plus faibles d'entre eux?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr! Je crois que ce que nous mettons
en place les favorise infiniment plus qu'autrement.
M. LAURIN: II ne faudrait pas se contenter de mettre dans la loi le
principe de la péréquation. Il faudrait s'assurer que les moyens
mis en oeuvre assurent cette péréquation dans les limites les
plus élastiques possible.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce que nous avons fait.
M. LAURIN: ... en tenant compte des besoins criants de la
population.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr!
M. CHARRON: Si le taux scolaire à Montréal devait
être généralisé au taux moyen qu'il est
actuellement...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au taux normalisé, oui.
M. CHARRON: Au taux normalisé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est très complexe, le financement
scolaire, vous savez.
M. CHARRON: Oui, et le conseil scolaire est en possession d'un budget
global. Une fois qu'il aura répondu aux dépenses admissibles pour
chacune des commissions scolaires, est-ce qu'on a une idée du
pourcentage du budget qui lui resterait comme montant de manoeuvre pour remplir
les autres obligations entre autres que nous lui avons définies à
l'article 591?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela va dépendre de la surtaxe que le
conseil va imposer. C'est déjà un pouvoir qu'ont les commissions
scolaires, que nous ne lui refusons pas. Nous ne pouvons pas dire au conseil
d'imposer telle surtaxe. Il aura à tenir compte c'est sa
responsabilité, c'est pour cela qu'on établit un conseil
à voir ce qui peut être absorbé par le milieu
montréalais. Je pense qu'il y aura une surtaxe. Il y en a
déjà dans plusieurs commissions scolaires.
M. LAURIN: Mais la déclaration du ministre m'inquiète.
Lorsqu'il dit que malgré que le principe du rattrapage est reconnu, que
l'obligation en est faite au conseil scolaire de la mettre en place par
règlement, quand le ministre ajoute que, compte tenu de la situation
actuelle, de ce qu'il en connaît, des coutumes qui ont été
établies, de l'effort fiscal consenti actuellement par Montréal,
il en conclut que le rattrapage se fera lentement, péniblement,
difficilement, et ceci m'inquiète.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai dit ni péniblement, ni
difficilement. J'ai dit lentement et encore, faudrait-il s'entendre sur le
rythme, vous savez, de phénomènes de ce genre-là. Je crois
qu'il est difficile de changer des disparités en six mois ou un an. Cela
s'étale inévitablement sur une période de quelques
années. Cela ne peut se faire que progressivement. On ne peut pas
s'attendre à ce qu'une commission scolaire qui est au niveau le plus bas
puisse rejoindre presque instantanément les niveaux les plus hauts. De
toute façon, cela ne pose pas seulement des problèmes
d'équipement mais aussi de formation d'administrateurs, de personnel,
mais le mouvement est engagé et je préférerais dire le
plus rapidement possible, mais il ne faut pas s'imaginer que cela se fait
instantanément.
M. LAURIN: Mais qu'est-ce qu'un droit et une promesse qu'on garantit pas
texte législatif quand on ne peut pas raisonnablement assurer que ce
droit et cette promesse se matérialiseront d'une façon tangible
dans l'avenir le plus rapproché possible?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que cela va se manifester de
façon tangible dès la première année, dès le
premier budget, d'abord, sur le plan des budgets individuels des commissions
scolaires et de la possibilité d'avoir des activités et
également sur le plan très important des services communs. J'ai
simplement cité l'informatique et le contentieux. Mais il y a d'autres
services communs également qui...
M. LAURIN: Par exemple?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le conseil les développera. Je ne veux
pas prendre les décisions du conseil. Mais nous connaissons les
secteurs...
M. LAURIN: Mais vous pouvez les énumérer selon votre
entendement personnel.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous connaissons les services communs qui ne
sont pas de nature pédagogique, parce que les commissions scolaires
et ceci nous parait important conserveront leurs
responsabilités pédagogiques mais les services comme
l'informatique, le contentieux, la planification générale
où il s'engloutit des sommes considérables, la construction
d'écoles également, la planification qui touche la construction
d'écoles et qui absorbent des sommes parfois considérables dans
une grande commission scolaire. Ce sont des services qui peuvent être
étendus. Alors, le rattrapage se ferait à ces deux niveaux et
cela me parait tout à fait valable. Dès la première
année, ce sera sensible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait me permettre
ici de greffer une question qui n'a pas l'air de se rapporter à
cela?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De toute façon, ce que nous disons est
très général. Cela nous aidera probablement pour d'autres
articles. C'est pour cela que je réponds avec plaisir. On règle
une dizaine d'articles avec cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a parlé de services
communs. Il a parlé de ressources physiques. C'est à propos de
cet objectif de rattrapage que je lance encore une fois dans le débat
l'idée de la propriété des immeubles, parce que celle-ci
prend une incidence extrêmement importante sur les mécanismes de
rattrapage et les moyens de rattrapage. Alors, c'est pour cela que, tout
à l'heure, je demandais au ministre à quel endroit nous pourrions
discuter spécifiquement de cette question.
J'étais à dire à l'intention de M. le ministre...
Je m'excuse de...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est moi qui m'excuse si parfois...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Nous comprenons très bien...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... je dois vérifier certains points.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... la situation. Je disais ceci. Cette
question de rattrapage dont parle le député à propos de
l'article 600 m'oblige à rappeler encore une fois au ministre qu'il nous
faudra considérer la question de la propriété des
immeubles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On en parle maintenant?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On peut en parler maintenant si on veut ou on
pourra en reparler ultérieurement. Mais je la lance tout de suite,
encore une fois, dans le débat parce que la propriété des
immeubles a quand même une importance capitale si on parle de
redistribution en fonction du rattrapage. Le ministre a parlé de
services communs, etc. Dans les immeubles, il y a quand même des
réalités physiques qui feront partie de ce qui devra être
partagé équitablement et mis à la disposition des groupes
scolaires, quels qu'ils soient.
LE PRESIDENT (M. Pilote): C'est bien à l'article 600?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Et nous allons y revenir à
l'article 624.
M. LAURIN: Si je comprends bien l'esprit de ce paragraphe ou l'effet
auquel il veut arriver, en disant que certaines commissions scolaires mieux
nanties, plus riches, se retrouveront un peu dans la situation de ces
fonctionnaires dont on parlait lors de la négociation dans le secteur
public qui pour un temps, restent dans ce qu'on appelle le "red circle",
c'est-à-dire que leur budget n'augmente pas pendant une période
X, trois ou quatre années, pendant que les autres commissions scolaires
qui étaient moins nanties, plus défavorisées, voient leur
budget annuel augmenter afin de leur permettre de faire droit à des
exigences auxquelles elles n'ont jamais pu faire droit dans le passé...
Est-ce que cela sera l'effet des mesures envisagées dans ce paragraphe?
Est-ce qu'il y a une sorte d'équivalence psychologique qu'on pourrait
établir de ce point de vue?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne suis pas sûr de bien comprendre.
M. LAURIN: Dans la négociation du secteur public, on sait qu'il y
a des employés qui en ont profité davantage et afin
d'égaliser l'échelle des revenus, afin de diminuer l'écart
qui existe entre les salaires les plus bas et les plus élevés,
parfois lors de la convention collective, les négociateurs s'entendent
pour laisser dans une position stable, avec une augmentation minimale, une
certaine catégorie d'emplois alors qu'on consent des augmentations
beaucoup plus grandes pour les autres catégories de postes. Est-ce ce
que vise le paragraphe? Et est-ce que le ministre peut nous assurer que cela
sera véritablement l'effet que nous verrons et pas aux calendes grecques
mais dans un avenir quand même assez rapproché?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce que vise le paragraphe très,
très clairement. C'est très clairement exprimé. Bien
sûr, c'est la responsabilité du conseil, c'est lui qui aura
à l'appliquée
M. LAURIN: A la condition cependant que les normes admissibles ne soient
pas fixées d'une telle façon que le conseil ou les commissions
trouvent très difficile de taxer davantage ou à condition
également que le ministère consente à faire son effort,
soit directement, soit indirectement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministère fera certainement son effort
mais compte tenu des ressources de la collectivité. C'est une contrainte
à laquelle nous ne pouvons pas échapper. C'est une
priorité également.
M. LAURIN: Malgré que lorsqu'on commence à parler des
ressources de la collectivité, il y a bien des façons de les
concevoir. En société exclusivement libérale je ne
parle pas de votre gouvernement mais de libéralisme
économique, on se rend compte que ceux qui sont au sommet de
l'échelle consentent très difficilement à réduire
leurs profits à réduire leurs bénéfices pour donner
des paniers de Noël aux pauvres sous forme de taxation. Dans un autre type
de société plus socialisante, ou la sociale démocratie, on
consent à un effort beaucoup plus marqué pour réduire le
plus rapidement possible ces écarts même si cela veut dire taxer
davantage certaines catégories de la population. C'est pour cela que la
réponse que me donne le ministre n'en est pas pratiquement une. Il
faudrait qu'il me dise là aussi parce qu'il aime parler de
philosophie quelle philosophie il entend suivre dans ce domaine ou que
son gouvernement entend suivre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est celle que j'ai exprimée. Je viens
de répondre à la même question il y a quelques instants.
C'est tout à fait cela. C'est la philosophie de ce projet de loi.
D'ailleurs, la précision que j'ai accepté d'apporter au
rattrapage l'indique très clairement aussi. J'ai accepté de le
faire parce que j'ai admis que ce n'était peut-être pas
suffisamment clair.
M. LAURIN: En somme, tout ceci pour dire qu'on ne veut pas se contenter
d'une réforme qui ne serait que verbale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Eh comment!
M. LAURIN: II faudrait que cette réforme soit
véritablement concrète, pratique, immédiate...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et pour obtenir ces fins, nous ne pouvions pas y
arriver autrement que par la mise en place d'un conseil, lequel devait
s'établir sur un préregroupement pour lui donner une base aussi
démocratique que possible et c'est tout l'esprit, toute la signification
de ce projet de loi. Et vous constatez de plus en plus quand vous commencez
à rentrer un peu dans les aspects plus proprement financiers ce que cela
peut signifier pour la population de l'île.
M. LAURIN: Malgré que dans vos réponses vous reportez un
peu le fardeau de la preuve si je peux m'exprimer ainsi sur les
contribuables de Montréal et sur les contribuables du Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, vous avez tout à fait
raison. L'impôt sur le revenu, c'est aussi une péréquation
et elle doit être tournée...
M. LAURIN: Mais c'est le gouvernement qui en détermine le
taux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est juste. Mais elle existe déjà
par ses dépenses admissibles. Tout ce que je peux vous répondre,
c'est que je ne peux pas vous dire qu'on va les doubler demain. Je vous
réponds qu'on essaie de les augmenter le plus possible, compte tenu des
ressources, des enveloppes qui sont consenties à chaque ministère
par rapport à des priorités gouvernementales. Ceci, c'est de
l'administration courante.
M. LAURIN: J'espère en tout cas que vous pourrez convaincre vos
collègues du cabinet que ceci demande un effort dans le sens d'une
péréquation plus effective que celle qu'on voit actuellement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il y a eu une acceptation du conseil des
ministres sur ce projet de loi qui représente tout de même une
étape extrêmement importante quoique certains puissent en penser.
Alors, ceci signifie qu'il y aura des conséquences...
M. LAURIN: J'espère qu'il y aura accord sur les moyens de la
même façon qu'il y a eu accord sur les principes, autrement la
réforme resterait nulle et non avenue.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est impensable que la réforme reste
nulle parce que cette réforme est parfaitement cohérente avec
l'esprit de notre système scolaire. Certaines des remarques du
député de Bourget font penser que l'organisation scolaire... Non,
ce sont des questions parfaitement normales et qui m'ont permis d'apporter des
précisions utiles, je crois. Nous ne sommes pas dans un système
unitaire où c'est le ministère de l'Education qui administre tout
son système, qui agit directement. Nous sommes dans un système
où il y a des instances locales. C'est d'ailleurs pour cela que je vous
dis qu'en toute logique, il faut décentraliser et il faut laisser aux
instances locales leurs responsabilités mais encore faut-il leur fournir
les structures et les moyens.
M. LAURIN: M. le ministre, quand les contribuables montréalais
viennent vous dire qu'ils ploient déjà sous le fardeau des taxes
et qu'ils ne pourront pas, à même leur contribution
déjà très lourde, effectuer ce rattrapage et qu'ils
demanderont un effort additionnel du ministère, soit sous forme de
subventions directes, soit sous forme d'une nouvelle assiette fiscale, à
ce moment je m'attends à ce que vous convainquiez vos collègues
du Cabinet que ceci peut s'imposer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous l'avons fait. Je reprends mon exemple des
zones défavorisées. Nous l'avons fait pour la CECM en ayant des
dépenses admissibles en normes pour ce projet. C'est donc une chose qui
peut parfaitement continuer d'être faite. Maintenant, nous discutons du
milieu montréalais, mais vous savez les zones défavorisées
il y en a ailleurs; les zones défavorisées rurales, cela
existe.
M. LAURIN: Oui. C'est très juste.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je veux simplement dire que, même si nous
avons un projet de loi montréalais, cette optique ne doit pas être
perdue de vue. Je suis sûr que si nous faisions entendre un
représentant d'un comté qui n'est pas montréalais...
M. LAURIN: Si on avait un projet de loi sur la restructuration scolaire
à Chicoutimi ou au Saguenay-Lac Saint-Jean, j'emploierais les
mêmes arguments.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 600 est adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si je m'intéresse à la
restructuration scolaire de Montréal, c'est parce que
précisément je vois cela dans l'optique globale du
Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais ne comptez pas sur la restructuration
scolaire à Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne vous en
ai pas demandé, M. le ministre. Pour l'instant, cela va bien, ne
venez pas déranger nos affaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On me dit qu'il y a très peu de place
pour construire des écoles maintenant dans cette région.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire que je me suis
occupé de les construire.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 600 est adopté?
Adopté. Article 601.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le texte dit bien ce qu'il dit: Versement des
sommes requises par le conseil aux commissions scolaires.
M. LAURIN: Au-delà de 10 p.c.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 602.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Transmission des états financiers du
conseil des commissions scolaires au ministre. A 350, les commissions scolaires
doivent envoyer leurs états financiers dans un délai de 60 jours
et on donne au conseil 30 jours additionnels pour envoyer le tout parce que
ça doit passer d'abord par le conseil.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté?
M. LAURIN: C'est de l'expérience du passé que vous...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y avait pas de conseil avant. C'est parce
qu'il y a un relais.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 603.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nomination du président et du
vice-président du conseil, lesquels, comme vous le remarquez, sont
élus et non nommés par le gouvernement.
M. LAURIN: Grosse amélioration. Nous la saluons au passage.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci, merci.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 604.
M. CHARRON: On va saluer toutes les améliorations. Il y en a
deux. On va saluer la première, on saluera la deuxième
tantôt.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai l'impression qu'à la fin, vous aurez
peut-être mieux saisi l'ensemble du projet.
M. CHARRON: On va voter contre le projet en troisième
lecture.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous allez votre contre en troisième
lecture?
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et vous réussirez à expliquer
ça?
M. LAURIN: Ah, oui!
M. CHARRON: Ce sera facile, à part ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On en reparlera, voulez-vous?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 604, adopté.
M. CHARRON: C'est 603?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est 603.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 604.
M. CHARRON: J'aurais un amendement à l'article 604.
M. LAURIN: Vous remarquerez, M. le Président, que pour vous
permettre d'aller aussi vite que ça, ça veut dire que nous avons
lu tout le projet de loi parce que, à la vitesse de chemin de fer que
vous allez, pour demander l'adoption des articles...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La vitesse du chemin de fer n'est pas rapide,
si c'est celle du chemin de fer du Lac-Saint-Jean.
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'ai permis un tour d'horizon et c'est ce qui
a avancé.
M. LAURIN: Quand même, parfois on a besoin de se rafraîchir
un peu la mémoire quand on a affaire à des articles qui
comportent 40 lignes.
M. CHARRON: A l'article 604, j'aimerais proposer l'amendement suivant,
soit remplacer le deuxième alinéa par le suivant: "les
règles de fonctionnement d'un comité exécutif sont
établis par le conseil". Ce que nous visons, c'est que l'origine des
règles de fonctionnement viennent du corps dans son ensemble
plutôt que du comité exécutif, chemin inverse. En ce sens
que si le conseil jugeait bon de changer les règles de fonctionnement du
conseil exécutif, comme c'est son droit d'avoir un meilleur
contrôle sur les agissements du conseil exécutif, il ne pourrait
le faire dans la rédaction actuelle, à moins que ce soit le
comité exécutif qui propose lui-même un changement à
ses fonctionnements.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons un
petit problème. C'est que nous avons adopté la même
phraséologie, au comité exécutif, que celle
utilisée dans la loi 27.
M. CHARRON: C'est quelque chose que vous avez échappé dans
la loi 27.
M. LAURIN: Vous amenderez la loi 27 alors.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas dit cela. Il y avait des raisons
précises et je ne vois pas de problème majeur, mais je veux quand
même en mesurer toutes les implications. Dans la mesure du possible, si
on peut préciser certaines choses, je pense de le faire.
M. CHARRON: C'est très important que ce soit le conseil...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai des doutes, moi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela revient un peu au même. Parce que,
de toute façon, par règlement approuvé par le conseil; il
y a toujours une insistance qui va approuver. Il est normal qu'un comité
exécutif considérant les tâches qu'il a à accomplir
détermine lui-même ses règles de pratique. Mais il y a la
soupape qui est impliquée ici dans l'article "établit ses
règles de fonctionnement par règlement approuvé par le
conseil", parce que...
M. CHARRON: Je ne suis pas d'accord avec cela!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Laissez-moi terminer ce que je veux dire. Par
règlement approuvé par le conseil, donc le comité
exécutif établit ses règles de fonctionnement par
règlement approuvé par le conseil. C'est que déjà,
le conseil a passé un règlement déterminant la
façon d'établir telle règle de fonctionnement ou de
pratique. Cela me parait être un peu du même ou du pareil à
moins que le député de Saint-Jacques ne me donne les explications
précises.
M. CHARRON: Le corps principal demeure toujours le conseil. Le
comité exécutif n'est qu'une émanation du conseil. Il peut
se produire que les membres du conseil aient des reproches à formuler
quant aux règles de fonctionnement et au fonctionnement du comité
exécutif. Actuellement, il ne peut changer ses règles de
fonctionnement à moins que le comité exécutif
lui-même soumette des amendements qu'il aura à approuver ou
non.
Quelle est la possibilité du conseil d'intervenir dans les
règles de fonctionnement, d'être à l'origine de
modifications de règles de fonctionnement, en disant au comité
exécutif: Vous êtes notre émanation, et vous allez
fonctionner comme cela? Autrement, il ne peut intervenir dans le fonctionnement
du comité exécutif que si le comité exécutif est
d'accord pour lui soumettre un projet à approuver.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La raison d'être d'un exécutif, M.
le Président, c'est de s'occuper des affaires courantes. Le conseil aura
à prendre des décisions. C'est ainsi que les choses doivent
être comprises.
M. CHARRON: Le vieux principe du contrôle du législatif sur
l'exécutif, que les délégués et 17 conseillers
aient l'occasion de vérifier quotidiennement le fonctionnement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est bien le cas aussi, mais les règles
de fonctionnement, qu'est-ce que c'est?
M. CHARRON: Ce sont celles qu'ils établiront ensemble. Nous
disons dans l'amendement que les règles de fonctionnement du
comité exécutif sont établies par le conseil.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je comprends d'une
certaine façon, dans une certaine mesure, l'objection du
député de Saint-Jacques, mais j'aimerais savoir du ministre... Le
comité exécutif établit ses règles de
fonctionnement. C'est au départ. Ce sont les premières
règles de fonctionnement. Ensuite, par règlements,
approuvés par le conseil, cela veut donc dire que ces règles de
pratique ne peuvent être mises en application que si le conseil les a
approuvées, comme il arrive dans toutes les corporations. Il y a un
conseil exécutif, il y a des règles de pratique, mais ces
règles de pratique sont soumises à l'assemblée
générale. Par conséquent, je ne vois pas de
difficulté vraiment majeure.
M. CHARRON: II ne s'agit pas de difficultés majeures, je l'admets
bien. Il s'agit d'être, il me semble, cohérent avec la
façon de procéder dans tous les organismes, de rapports entre
l'exécutif et le législatif. Le législatif, dans le cas
actuel, c'est le conseil. Ce n'est pas le conseil qui est l'émanation de
l'exécutif. C'est l'exécutif qui est l'émanation du
conseil.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai l'impression que cette formulation est...
Notre formulation est préférable et j'ai l'intention de la
maintenir. Je crois que tout cela est cohérent avec ce que j'ai
tenté de faire, c'est-à-dire conserver aux autorités
locales une certaine autonomie, ne pas les entraver par un tas de petites
choses. Le comité exécutif établit ses règles de
fonctionnement. Le conseil doit les approuver. Le conseil peut ne pas les
approuver. A ce moment-là, le comité exécutif
présentera d'autres règles de fonctionnement. Le conseil reste
souverain dans cette optique.
M. CHARRON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Retirez-vous votre amendement?
M. CHARRON: Je ne le retire pas, mais je le considère
défait. C'est tout.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 604. Adopté sur division.
L'article 605.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, il y a ici la question
des honoraires. J'aimerais bien avoir des explications là-dessus. En ce
qui concerne le comité lui-même, qu'on dise au moins cinq et d'au
plus sept membres du conseil, incluant le président et le
vice-président. Ces membres sont désignés par le conseil
lors de la séance prévue à l'article 603 ou dans les
trente jours qui suivent. Nous avons adopté l'article 603. Est-ce que le
ministre pourrait fournir des explications concernant les honoraires,
allocations, traitements ou traitements additionnels?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au point de vue de traitement, on suivra
à peu près le même système que selon la loi 27. Il
n'y a pas de chiffres sur lesquels nous nous sommes arrêtés. Nous
allons procéder à certaines études. Nous ferons des
comparaisons avec des organismes analogues et le lieutenant-gouverneur
décidera.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ces organismes analogues sont...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Une grosse commission scolaire, par exemple.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme la CECM ou du genre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ou un collège. C'est à peu
près les bases.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): CEGEP.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Peut-être un peu moins les CEGEP. Parce
que les conseils ne sont pas payés dans les CEGEP, n'est-ce pas?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous n'aurions pas dû attendre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est garanti. Service garanti.
M. LAURIN: Les honoraires, allocations, traitements ou traitements
additionnels.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous trouvons des formulations analogues pour
laisser toutes les latitudes possibles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je connais des cas où ça
s'applique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire qu'il peut s'agir d'un
fonctionnaire, par exemple, qui deviendrait président ou
vice-président. Il aurait un traitement et il faudrait un traitement
additionnel à ce moment. Il pourrait conserver son traitement. Simple
mesure, nous pouvons faire une vérification si vous voulez. Si vous
n'insistez pas...
Nous avons véritablement des raisons purement
administratives...
M. LAURIN: J'aurais aimé avoir une réponse. Ce n'est pas
possible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II nous donnera des renseignements s'il le
veut.
M. LAURIN: Vous donnerez des renseignements un peu plus tard.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous donner des exemples. J'en avais,
mais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela reproduit des formules habituelles.
M. LAURIN: Lorsque vous avez des formules qui sont infiniment
reproduites, on en perd l'origine et...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je sais, nous allons vous apporter ce
renseignement. Nous apprécions beaucoup le perfectionnisme du Parti
québécois.
M. LAURIN: Nous voulons apprendre.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Article 605.Adopté. Article
606.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous n'avez pas d'objection à ce que le
président préside la délibération? C'est la raison
d'être de cet article.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En somme, ça dépendrait du
président mais...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Article 606.Adopté.
LE PRESIDENT: (M. Pilote): Article 607.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon, le vote prépondérant...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous aimerions le conserver.
M. LAURIN: Vous aimeriez le conserver?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, pour la raison suivante, nous y avons
pensé, c'est qu'il peut y avoir des absences.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a le
quorum. Si vous fixez le quorum à un chiffre impair.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On peut effectivement fixer le quorum à
un chiffre impair.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Fixer le quorum à un chiffre impair,
vous n'aurez pas besoin de vote prépondérant.
M. LAURIN: Parce que le président peut ne pas aimer ça du
tout, qui qu'il soit, qu'on lui donne cette obligation qui a l'air d'un
privilège.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est ce que je disais au ministre ce
matin, que c'était gênant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a quatre personnes qui parlent en
même temps, je vais demander un petit répit.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Un répit de 30 secondes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le ministre me le permet, Saint-Thomas
d'Aquin pouvait dicter à sept secrétaires à la fois sur
sept matières différentes, disait-on.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous savez ce qui lui est arrivé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelle a été la somme avant
!
LE PRESIDENT (M. Pilote): C'était la somme.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons suspendre, M. le Président,
si vous êtes d'accord, l'article 607. Nous allons y revenir dans quelques
instants.
LE PRESIDENT (M. Pilote): On suspend pour quelques instants.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans quel sens? Cela vous intéresse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, c'est parce qu'on se rend compte qu'il y
a un changement d'équipe sur les Dl qui doivent revenir remplacer les
D2.
M. LAURIN: II y a aussi que la commission scolaire de Verdun est
fortement privilégiée par le projet de loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais ce n'est pas...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Article 607, suspendu.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Suspendu. Est- ce qu'on peut passer à
608? Article 608. Adopté?
M. LAURIN: M. le Président, j'aurais une question à poser
au ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, nous sommes à 608.
M. LAURIN: Oui, pour 608. Est-ce que le vice-président aura le
même vote prépondérant que le président si le
président est absent?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sera décidé quand on aura
discuté de l'article 607 que nous avons suspendu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Suspendons-le également si vous
voulez.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Nous suspendons l'article 608 si vous
voulez.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le vice-président ou le membre qui le
remplace a les mêmes pouvoirs et est assuré aux mêmes
obligations que le président. Cela signifie qu'on peut approuver
l'article 608.
Nous préférons, M. le Président, pour plus de
souplesse, conserver le vote prépondérant.
Ê peut s'imposer, peut-être. Les règles du quorum
sont à 614; nous pouvons y jeter un coup d'oeil rapide. Il y a
référence à la Loi de l'instruction publique.
Il peut y avoir une abstention, par exemple.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est ce qu'on me signale, c'est
vrai.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II peut y avoir une abstention, même si
vous avez un quorum impair. Le vote prépondérant est un
élément de souplesse, un élément admis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous l'avons même en Chambre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Il n'a pas à être
utilisé, nous avons justement modifié notre nombre pair.
Et nous avons aussi cette motion de substitut dont on n'a pas
parlé, qui permet aux commissions scolaires ayant un seul membre d'avoir
toujours une représentation.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Alors les articles 607 et 608 sont
adoptés?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord, M. le Président.
M. CHARRON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 609.
M. CHARRON: A l'article 609, M. le Président, pour une raison
proprement technique et juridique, je demanderais la suspension de cet article
jusqu'à six heures moins dix.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La commission accepte-t-elle?
M. LAURIN: Ou encore jusqu'après souper.
M. CHARRON: Je ne voudrais pas engager le débat; je pense que si
on donnait dix minutes de consultation, ça pourrait aller plus
rapidement.
Nous pourrions passer à l'article 610 immédiatement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pourquoi ne pas suspendre comme nous avons fait
depuis le début?
M. CHARRON: D'accord, c'est ce que je voulais.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est excellent.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Alors, nous suspendons l'article 609. Je crois
qu'il faudra aussi suspendre l'article 610, parce que ça se
réfère à l'article précédent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, je ne crois pas qu'il y ait de
problème.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 610.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A l'article 610, M. le Président, j'ai un
amendement.
M. CHARRON: Je peux...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, je n'ai pas d'objection.
M. CHARRON: Je veux dire le directeur général. Nous allons
apprendre son nom immédiatement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que vous avez la parole facile.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est au ministre de l'Education.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai demandé le poste le premier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah bon, là je comprends pourquoi il y a
eu une discussion si longue sur l'augmentation du nombre des
représentants au conseil.
Remplacer le dernier alinéa, c'est-à-dire l'alinéa
au bas de la page. "En cas d'absence et je vous expliquerai pourquoi,
c'est vraiment un détail par: le conseil désigne, parmi
son personnel de cadre, une personne pour remplacer le directeur
général en cas d'absence ou d'incapacité d'agir de
celui-ci. Cette personne a alors les mêmes pouvoirs et est assujettie aux
mêmes obligations que le directeur général." La seule
raison, c'est d'abord pour que ce soit une meilleure concordance de la
traduction, le texte français et le texte anglais n'étant pas
tout à fait les mêmes. L'intention est de désigner cette
personne avant qu'une absence soit constatée, parce que si nous
attendons que l'absence soit constatée, la formulation peut être
ambiguë.
M. LAURIN: C'est très français. C'est très
subtil.
M. CHARRON: C'est très français, c'est ce que j'allais
dire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela vous va?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Alors l'article 610 est adopté tel
qu'amendé? Article 611.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit à 611, M. le Président,
de l'établissement du Comité métropolitain des directeurs
généraux, dont nous avons parlé à plusieurs
reprises.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté?
M. CHARRON: J'aurais une question sur le sens de la dernière
phrase de l'article 611. Le règlement détermine les règles
qui régissent le fonctionnement du comité.
C'est le règlement de quoi, celui qu'on mentionne en
première ligne?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut se rapporter à la première
ligne, oui. Le conseil établi par règlement. Alors, c'est ce
règlement. Donc, le règlement du conseil.
M. LAURIN: Je voulais ici vous poser une question qui serait le pendant
de celle que je vous posais hier au niveau des principes. Cette fois, je
voudrais vous la poser au niveau du fonctionnement. Est-ce que vous pourriez
nous dire les effets qu'a eus l'instauration de ce conseil métropolitain
à Toronto? Quels sont les principaux avantages, bénéfices
que le Conseil scolaire de Toronto en a retirés afin que nous puissions
nous faire une meilleure idée des attributions de ce conseil et aussi de
l'utilité qu'il peut avoir?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très volontiers. J'en ai parlé
mais peut-être pas avec suffisamment de détails. Je me suis
contenté de signaler qu'à Toronto, un tel comité
s'était révélé un facteur très utile dans la
réussite du système métropolitain. La fonction du
comité est d'assurer une liaison entre les organismes membres qui ont
tous leurs directeurs-généraux, à partir
de maintenant, et le conseil. A Toronto, The Toronto Metropolitan School
Board, le comité constitue en fait une espèce d'organe
administratif du conseil et se réunit chaque semaine, une
demi-journée, pour examiner certaines matières qui
relèvent de l'organisme métropolitain et il se réunit
davantage à l'époque de la préparation et de la
révision des budgets. C'est extrêmement commode d'avoir un forum
de cet ordre puisque les commissions scolaires n'ont pas tendance à
travailler trop isolément. C'est un palier administratif de
concertation.
Et, comme à Toronto, le comité pourra former des
comités consultatifs qui pourront lui faire rapport sur des questions
plus complexes ou plus techniques. Voilà les principales fonctions du
comité. En fait, nous ne nous sommes pas uniquement inspirés de
l'exemple de Toronto. Nous avions déjà envisagé la
formation de ce comité et il y en a eu une amorce à COCSIM. C'est
par la suite que nous avons voulu voir quelles étaient ces
fonctions.
M. LAURIN: Dans l'esprit du ministre, est-ce que ce conseil de
fonctionnaires aura un rôle quelconque, minime ou important à
jouer dans l'élaboration du plan de restructuration?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le conseil qui établit par
règlement et qui fera les règlements de ce comité. Je ne
veux pas préjuger de la façon dont le conseil s'organisera.
Là encore, je reviens toujours à la même théorie. Il
s'agit de savoir si c'est un comité du ministère de l'Education
ou bien si c'est un conseil scolaire représentatif, un conseil scolaire
de gens élus. Alors, dans mon esprit, sur le plan théorique, si
j'étais là, je pense bien que je ferai jouer à ce
comité un rôle certainement important. Je ne veux pas
préjuger de ce que l'on voudra faire.
M. LAURIN: Dans votre esprit, cela ne serait pas simplement un
comité qui verrait à la meilleure administration des affaires
courantes, que ce soit budgétaire ou autre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le conseil peut juger qu'il vaut mieux avoir un
comité spécial ou plusieurs comités, un comité qui
serait rattaché aux directeurs généraux, un comité
du conseil lui-même pour mettre en train cette opération. Je crois
vraiment qu'il vaut mieux laisser le conseil s'organiser comme il le
désirera.
M. LAURIN: Le comité pourrait servir de comité ad hoc, de
comité technique pour aider le conseil à élaborer son plan
de restructuration scolaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très certainement. Il
m'apparaîtrait difficile de ne pas le consulter, le directeur
général étant au coeur des problèmes de sa
commission scolaire.
M. LAURIN: Dans ce que vous avez appris sur le fonctionnement d'un
comité identique ou analogue à Toronto, est-ce que vous avez
senti le danger que ce comité pouvait, de par sa continuité,
parce qu'il n'est pas élu, de par les connaissances techniques qu'il a
à sa disposition, de par les spécialisations de certains de ses
membres, acquérir un statut tel qu'il puisse être doté,
à toutes fins pratiques, d'un pouvoir qu'on pourrait appeler un pouvoir
parallèle qui pourrait même, sinon mettre en danger, du moins
atténuer l'importance du pouvoir législatif que constitue le
conseil?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'à
Toronto, de l'avis de tous, cela semble marcher très bien. Je crois que
c'est une question de relations humaines. C'est aussi une question de
règlements. Cela dépend des responsabilités que le
conseil, qui est souverain, voudra bien lui confier.
M. LAURIN: Mais l'expérience est assez récente à
Toronto?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle date quand même de plusieurs
années. Il y a aussi un style de travail qui peut être nouveau
dans la région métropolitaine de Montréal. Je dirais que,
dans certains milieux anglo-saxons, on a peut-être davantage l'habitude
de cette façon de procéder. Alors, tout dépendra du
degré de responsabilité qu'on voudra confier aux directeurs
généraux. Le conseil en sera le meilleur juge.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que l'article 611 est
adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Larticle 612.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit des honoraires à la charge du
conseil.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté? M. LAURIN: Des honoraires de
contrats?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais vous donner une idée des articles
586 et 605.
M. LAURIN: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des honoraires, allocations et
traitements payables par le conseil aux membres et à leurs substituts de
même qu'au président, vice-président et autres membres du
comité. C'est peut-être le moment de vous donner des explications
sur l'article 586. Nous avions aussi adopté l'article 605, mais vous
aviez demandé des explications supplémentaires.
M. LAURIN: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les gens peuvent
être membres d'une commission scolaire et aussi du conseil. Par
conséquent, avoir un traitement à la commission scolaire et un
traitement additionnel au conseil sous forme d'honoraires.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Larticle 613.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'exercice financier du conseil coincide avec
l'année scolaire, exactement comme dans le cas des commissions
scolaires.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 614.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le fonctionnement des réunions du
conseil. Ce sont tous les détails. Et il faudrait que je vous donne une
idée des articles de la Loi de l'instruction publique puisqu'ils
s'appliquent mutatis mutandis. L'article 6...
M. CHARRON: Un instant, M. le Président, je croyais que vous
quittiez l'article 614.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. L'article 6 traite du quorum, l'article 8
de la connaissance du contenu d'un avis, l'article 9 du calcul d'un
délai d'un avis. L'article 193-5 des règles concernant les
réunions régulières et spéciales; 198, du lieu des
séances; l'article 199 du jour des réunions; 201-2 des
procès-verbaux. C'est ce qui se fait dans les commissions scolaires en
gros.
M. CHARRON: Est-ce que, parmi les articles que vous venez de mentionner,
il y en a un sinon, je n'aurai pas besoin de l'ajouter à
l'article 614 qui spécifie comme nous l'aimerions que le conseil
donne avis par la voie des quotidiens des deux langues l'heure la date, le lieu
le jour de ces réunions puisqu'elles sont publiques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons vérifier dans la Loi de
l'instruction publique. De toute façon, les séances du conseil,
comme vous l'avez noté, sont publiques, n'est-ce pas?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais si on ne sait pas. Elles sont publiques
vertuellement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait, il y a pas mal de réunions qui
sont publiques de cette façon-là. Voulez-vous qu'on suspende,
parce que c'est très complexe? Il y a une dizaine d'articles de loi qui
sont... Alors, nous allons faire une vérification.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 614 est suspendu. Article 615.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous aurez la réponse avant six
heures.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Accepté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va de soi.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 616?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A 616, il y a un amendement. C'est un peu
compliqué, on va vous le distribuer. Il y a quatre points. Je vais
peut-être, si vous permettez, lire chaque point et donner quelques
explications. C'est un amendement pas mal technique.
M. LAURIN: Est-ce que le ministre pourrait attendre que la distribution
soit faite?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Volontiers, cela va me permettre de souffler.
Est-ce que la distribution est terminée?
M. LAURIN: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Retrancher dans la quatrième ligne du
premier alinéa le mot métropolitain, parce que ce n'est pas le
nom en français, c'est une erreur, b) Retrancher dans les
sixième, huitième et neuvième lignes du deuxième
alinéa ce qui suit : Le nombre ainsi déterminé ne peut
être réduit mais peut être augmenté, le cas
échéant, pour les élections subséquentes.
C'est tout simplement pour permettre d'augmenter le nombre de
commissaires, le cas échéant. Mesure de souplesse. Oui, exact,
c), ajouter à la fin du deuxième alinéa: Celui-ci est
fixé au minimum visé au premier alinéa ou suivant le cas
au dernier nombre fixé par elle. Ce sont des précisions. Restez
au deuxième alinéa, dernière ligne. Nous aurons beaucoup
de concordance vers la fin. d), retrancher dans la quatrième ligne du
quatrième alinéa, les mots "durant trois ans". C'est une question
de concordance pour certains articles et ça devient inutile si vous
lisez le texte qui suit.
Je m'excuse de ces quelques corrections. Il y en aura très peu,
peut-être une ou deux seulement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que l'amendement proposé par le
ministre de l'Education à l'article 616 est adopté?
M. LAURIN: II veut d'abord nous l'expliquer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je l'ai expliqué en cours de route, M. le
Président. Il n'y a pas grand chose à expliquer; ce sont vraiment
des corrections de sens.
M. LAURIN : Est-ce que vous pourriez nous rappeler la façon dont
les commissaires d'écoles sont élus? Parce que vous avez
parlé des délimitations de quartiers. J'aimerais que vous
rappeliez la façon dont les délimitations vont être faites
pour l'élection.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela viendra plus loin quand on parlera des
comités d'implantation.
M. LAURIN: Je me demandais si ces commissaires d'école sont
élus conformément aux articles 95 à 183.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la Loi de l'instruction publique. Ce sont
les articles 95 à 183. Si je vous les lis, on en a pour plusieurs
heures. Cela touche le droit de vote, l'éligibilité comme
commissaire, la présidence des élections, la confection de la
liste électorale, requêtes des citoyens pour corriger cette liste,
mises en candidature, bureaux de votation, votation proprement dite.
Je vous signale qu'à l'article 16, qui viendra beaucoup plus
tard, nous allons apporter des mesures provisoires dans le cadre de la
présente loi pour apporter des correctifs, pour amener des correctifs
à des dispositions que nous considérons désuètes de
la Loi électorale scolaire. Vous vous souvenez peut-être
qu'à la suite des élections de la loi 27, il y avait eu un
certain nombre de problèmes. J'en avais fait état à
l'Assemblée nationale et j'avais dit que j'envisageais une refonte des
dispositions électorales dans la Loi de l'instruction publique.
M. LAURIN: C'est d'ailleurs pour cela que je vous posais la
question.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Une telle refonte est infiniment plus complexe
qu'on pourrait le supposer parce qu'il faudrait, à toutes fins
utiles...
M. LAURIN: C'est toujours plus complexe que vous l'aviez
imaginé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas moi, mais vous, semble-t-il, si j'en juge
par votre réaction. Parce qu'il faut tenir compte d'autres lois, comme
la Loi générale des élections, de sorte que nous avons
pensé qu'il était plus prudent de ne pas attendre quelque chose
de complet et ne pas risquer d'avoir des difficultés pour les
élections de juin.
M. LAURIN: Ne jamais remettre à demain ce qu'on peut faire tout
de suite.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Juin 1973, s'il y en a.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'amendement à l'article 616.
M. LAURIN: Une autre question, M. le Président. Etant
donné qu'on a parlé dans les journaux de l'adoption
éventuelle d'une liste électorale permanente, dans un avenir
rapproché, est-ce que ceci pourrait influencer en quoi que ce soit la
formulation des articles, surtout dans la mesure où, en tant que membre
du cabinet, vous en connaissez déjà le libellé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les dispositions électorales de la
présente loi sont des dispositions transitoires, en ce sens qu'elles
seront modifiées lorsqu'il y aura des dispositions, une refonte
générale des aspects électoraux de notre loi, mais il faut
le faire. Le député de Maskinongé s'étonne que je
parle de législation.
M. PAUL: Je vous regarde. C'est tout. Je suis placé dans la
position de celui qui peut dire: Un homme vous écoute.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voilà, c'est pour cela.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté? L'amendement du ministre est
adopté ainsi que 616.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On pourrait peut-être liquider l'article
614, M. le Président. Est-ce qu'on avait suspendu l'article 614?
UNE VOIX: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce serait difficile de nous y retrouver. On en
aurait pour un instant.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que les membres sont d'accord pour
adopter l'article 614?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On nous avait posé une seule question?
S'il y a plusieurs questions... J'avais cru comprendre que c'était un
point de détail.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La séance ajourne ses travaux à
8 h 15.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 21
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs !
Le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je voudrais savoir de
quoi il s'agit. Nous avions suspendu l'article 614 à la demande des
députés du Parti québécois.
M. CHARRON: C'est exact. Je voulais vous donner le temps de
vérifier les articles de la Loi de l'instruction publique et, si ces
articles satisfont ma demande, je ne présenterai pas mon amendement.
Sinon, je le présenterai comme alinéa devant s'ajouter à
ceux qui sont déjà là. Je vous en dis immédiatement
le sens, c'est de s'assurer qu'il y a publication desdites assemblées,
qu'on affirme publiques dès la première ligne de l'article 614.
Cela me semble essentiel pour l'esprit de travail de cette commission.
Je ne sais pas si le sous-ministre a eu l'occasion de vérifier.
Est-ce que les articles auxquels on se réfère assurent la
publicité? Non, bon.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, nous avons d'ailleurs
préparé un amendement.
M. CHARRON: Je peux bien vous présenter le mien aussi, ça
m'en ferait quatre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'accord. Le nôtre a des chances
d'être plus juridique.
M. CHARRON: Si je le retrouve dans mes paperasses.
M. LAURIN: Non, il a plus de chances d'être accepté. C'est
son grand mérite.
M. CHARRON: II s'agirait, M. le Président...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voulez-vous qu'on vous le donne?
M. LAURIN: Non, mais je dis qu'il a plus de chances d'être
accepté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui...
M. PAUL: Donnez-lui toujours la chance de tenter de "scorer" une
quatrième fois.
M. LAURIN: C'est ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A la condition que ça ne dure pas trop
longtemps.
M. CHARRON: C'est bien simple, c'est un alinéa de plus qui dirait
ceci: Le conseil doit donner avis dans deux quotidiens francophones et un
quotidien anglophone...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous favorisez les anglophones.
M. PAUL: Vous voulez dire dans deux quotidiens et un hebdomadaire.
M. CHARRON: Non. Le conseil...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais si, c'est le Chronical Telegraph.
M. CHARRON: Les séances du samedi soir! M. LAURIN: On devrait
abolir ça. M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II se prend pour le premier ministre du
Canada.
M. CHARRON: Oui, mais il est plus intelligent. "Le conseil doit donner
avis, dans deux quotidiens francophones et un quotidien anglophone, de l'heure,
de la date, du lieu et de l'ordre du jour de ses réunions. Cet avis doit
être publié deux jours avant la date fixée pour la
séance." Si vous voulez mettre deux quotidiens anglophones pour
rejoindre toute votre clientèle électorale...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On va rédiger ça autrement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que vous avez fait une motion ou si
c'est seulement pour vous informer?
M. CHARRON: Oui, j'en fais une motion puisqu'on me dit que les articles
mentionnés...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si vous voulez en faire une motion, je vais
être obligé de vous dire quelle motion je vais faire.
M. CHARRON: Lisez la vôtre, cela va être suffisant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que cela va aller quand même. "Le
conseil donne avis des résolutions adoptées suivant les articles
193 et 198 de la façon indiquée à l'article 300 qui
s'applique mutatis mutandis". C'est clair.
M. CHARRON: Cela ne m'en dit pas bien long.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous sommes obligés de
référer à la loi.
M. CHARRON: Je suis bien d'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout avis qui
doit être publié dans les journaux ne peut être
inséré que dans ceux qui paraissent au moins une fois par semaine
dans le comté ou, s'il n'y en n'a pas dans le comté ou dans le
district où est situé la municipalité d'où
émane tel avis ou dans le district voisin, ce n'est pas publié
dans tel district.
M. LAURIN: C'est dur à comprendre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est fulgurant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La même règle s'applique quand
l'avis doit être publié dans deux journaux rédigés
en langue différente.
M. CHARRON: Je comprends une chose. C'est l'avis postréunion.
Moi, je vous parle d'avant. Les annonces. Vous dites qu'elles sont publiques
mais s'il n'y a personne qui sait qu'elles ont lieu...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire que l'article 300
détermine les modalités, la façon dont... Mais notre
amendement dit carrément: "Le conseil donne avis public des
résolutions adoptées suivant les articles 193 et 198".
M. CHARRON: Oui, les résolutions adoptées.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Suivant les articles.
M. CHARRON: M. le ministre, je n'ai pas d'objection à ce que les
résultats de la réunion soient publiés
également.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas ça. Cela veut dire que c'est
une convocation. Les convocations se font par résolutions.
M. CHARRON: Ah bon! La résolution de convocation ayant...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et c'est ce qui est déterminé par
la loi. Nous reproduisons...
M. CHARRON: Qu'est-ce que ce serait à ce moment-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): "Le conseil donne avis des résolutions
adoptées suivant les articles 193 et 198". L'article 193 concerne les
règles sur les réunions régulières et
spéciales et l'article 198 le lieu des séances. Nous sommes
obligés de référer.
M. CHARRON: Ecoutez, pour ne pas faire de chinoiseries en plus, est-ce
que votre amendement assure que dans l'esprit du mien je suis bien
prêt à les réunir tous les deux il y aura des
annonces publiques dans les moyens habituels de communication, soit les
quotidiens?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La réponse est oui sans la moindre
hésitation.
M. CHARRON: Est-ce qu'on va faire mention de l'heure, de la date, du
lieu et de l'ordre du jour de la réunion?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais vous lire l'article 198 in extenso, ce
sera plus facile. "Les commissaires ou les syndics d'écoles doivent, par
résolution à cet effet, fixer le lieu de leurs réunions
dans leur municipalité scolaire ou dans une cité, une ville ou un
village adjacent à cette municipalité; mais dans aucun cas ces
réunions ne sont tenues dans un hotel et je vous prie de bien
noter ça ou autres lieux où l'on débite des
boissons alcooliques".
M. CHARRON: Excellent.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Aujourd'hui, cela...
M. CHARRON: Est-ce que vous tenez compte aussi de l'article 302 de la
Loi de l'instruction publique qui impose un délai à l'avis qu'on
doit donner?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): "Tout avis publié convoquant une
assemblée publique, ou donné pour tout autre objet, doit
être publié au moins sept jours francs avant celui fixé
pour cette assemblée ou autre objet, à moins qu'il ne soit
statué autrement par quelque autre disposition de la présente
loi," ce qui est le cas.
M. LAURIN: IL faudrait ajouter l'article 302 aux autres...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A l'article 193, on parle de deux jours: "Dans
un cas comme dans l'autre, la convocation a lieu au moyen d'un avis... au moins
deux jours avant celui fixé pour cette session."
M. LAURIN: Une assemblée spéciale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Régulière ou spéciale.
M. LAURIN: Est-ce que 302 ne serait pas mieux que 193, étant
donné la nouveauté de cet organisme, son importance?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, l'article 300 amendé se lit de la
façon suivante: "La publication d'un avis public pour fins scolaires se
fait par une insertion dans un ou plusieurs journaux diffusés dans le
territoire de la commission scolaire." Je crois qu'en référant
à l'article 300 tel qu'il a été amendé par la loi
27 ça règle le problème.
M. LAURIN: Pourriez-vous le relire? M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec
plaisir.
UNE VOIX: L'article 300 a été amendé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça, il a été
amendé par la loi 27: "La publication d'un avis public pour fins
scolaires se fait par une insertion dans un ou plusieurs journaux
diffusés dans le territoire de la commission scolaire."
Je fais remarquer que ce que l'article 300 détermine, ce sont les
modalités mutatis mutandis. Alors, c'est le conseil.
M. LAURIN: C'est marqué un ou plusieurs. Est-ce que un c'est
suffisant pour Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Un ou plusieurs, je crois qu'il faut quand
même laisser la liberté.
M. LAURIN: Pour Montréal, ce n'est pas beaucoup.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour Montréal, ce n'est pas suffisant.
J'ose croire qu'ils vont choisir "plusieurs".
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que le député de
Saint-Jacques retire sa motion?
M. CHARRON: J'aurais trouvé la mienne plus explicite, mais cela
va.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle l'est, mais malheureusement elle ne tient
pas compte des articles auxquels nous sommes obligés de
référer.
M. CHARRON: D'accord. C'est de cela que je voulais m'assurer.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La motion du ministre de l'Education, à
savoir: "Le conseil donne avis public des résolutions adoptées,
suivant les articles 193 et 198, de la façon indiquée à
l'article 300 qui s'applique à lui mutatis mutandis " est-elle
adoptée?
M. LAURIN: Cela remplace les articles 6, 8, 9 et le reste ou si...
Quelle est la modification exacte?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le conseil donne avis.
M. CHARRON: Ce n'est peut-être pas correct. C'est écrit: A
la fin de l'alinéa suivant. Qu'est-ce que ça veut dire? A la fin
du dernier alinéa, le texte suivant, c'est ça?
M. LAURIN: On ajoute un autre alinéa.
M. CHARRON: En ajoutant à la fin: "... l'alinéa suivant".
Très bien.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté? M. LAURIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Est-ce que l'article 614 est
adopté?
M. LAURIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté avec l'amendement. Est-ce que
nous pourrions étudier l'article 609 qui avait été
suspendu?
M. LAURIN: Pourquoi l'avions-nous suspendu?
LE PRESIDENT (M. Pilote): II avait été suspendu à
la demande du député de Saint-Jacques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Motif mystérieux.
M. LAURIN: Je ne dis pas qu'il était mystérieux mais nous
voulions en causer encore et recueillir des avis à cet effet. Il nous
semble, à première vue, difficile à comprendre pourquoi un
conseil nouvellement formé comme celui-là, dont les fonctions
nouvelles sont très importantes, par exemple, l'étude et
l'approbation des budgets scolaires d'une part, et deuxièmement,
l'élaboration d'un plan de restructuration scolaire, croit
nécessaire de déléguer certains de ses droits au directeur
général.
Nous craignons, encore une fois, qu'il s'agisse ici d'un
mécanisme qui permette au conseil de se débarrasser de certaines
matières. Et nous avons aussi pensé au fait que le conseil sera
composé de gens qui ne seront pas employés à temps plein,
pour qui cette besogne de conseillers peut être quelque chose d'assez
subsidiaire dans leurs activités. Et on s'étonne, on
s'inquiète que le conseil puisse aussi facilement déléguer
par règlement certains de ses droits, pouvoirs et obligations au
directeur général.
Habituellement, si on prend le parallèle avec la Loi des
hôpitaux, on se rend compte que la Loi des hôpitaux
déléguait d'une façon très très
précise tel droit ou tel devoir à son directeur
général, et l'essentiel de cette délégation
était qu'il était responsable de l'administration, un point,
c'est tout, à l'intérieur du cadre des résolutions
édictées par le conseil d'administration.
Ici, on semble faire état de quelque chose d'autre. On semble
faire état d'une délégation de droits, ce qui nous semble
beaucoup plus important, pour ne pas dire beaucoup plus dangereux. C'est un peu
comme si on invitait d'avance le conseil à se débarrasser de
certaines de ses responsabilités au bénéfice d'un haut
fonctionnaire, certes, mais qui demeure quand même quelqu'un qui n'est
pas élu, quelqu'un qui est simplement nommé. Et il nous semble
que c'est bien mal commencer la carrière d'un conseil que de lui
permettre une telle délégation de pouvoirs et que de l'inciter
à déléguer, encore une fois, ce qu'on appelle des droits
et des pouvoirs et des obligations, ce qui nous
semble très important. Et nous voulions avoir des
explications.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai deux remarques.
La première est que le conseil n'est pas obligé de
déléguer; c'est à lui de juger s'il doit
déléguer et ce qu'il doit déléguer.
M. LAURIN: C'est une porte ouverte. Largement ouverte.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ensuite, on ne l'incite pas. En troisième
lieu, il est tout à fait normal, dans l'esprit que nous avons voulu
donner à cette loi, que le conseil puisse jouir de certaines
prérogatives et de certaines responsabilités. Deuxième
remarque, ce paragraphe est analogue aux dispositions en vigueur dans la loi
27; c'est pourquoi nous avons tenu à y mettre des raisons
semblables.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Bourget exprime des
craintes qui peuvent être à certains égards fondées
à cause de la formulation du paragraphe. On dit: Peut par
règlement déléguer certains de ses droits, pouvoirs et
obligations au directeur général. Il est bien entendu dans mon
esprit, il m'apparaft à moi, en tout cas, qu'il s'agit d'un ensemble de
responsabilités qui sont ordinairement celles qui sont dévolues
à ce qu'on appelle un fonctionnaire, par exemple, qui reste responsable
à son administration ou à son administrateur dans le cas d'un
ministre. Alors, je trouve qu'il y a une absence de précision qui
justifie probablement et aussi dans mon esprit les craintes du
député de Bourget. Il faut une certaine précision au
départ de ces droits, pouvoirs et obligations qui seraient
délégués. Supposez que le conseil se forme et que,
dès le moment où il est formé, on lui demande, par
délégation, de s'occuper des responsabilités dont nous
avons parlé et qui ont fait l'objet de nos discussions. Prenez
simplement le domaine du rattrapage...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous semblez avoir une bien piètre
opinion des gens qui se retrouveront au conseil.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. M. le ministre, si vous me permettez de
terminer, j'aimerais vous faire observer ceci. Ce n'est pas une question de
présumer de la qualité de celui qui sera là ou de
préjuger de sa compétence, mais il n'empêche que la loi
donne au conseil le droit d'agir ainsi que je le décris. Alors, si,
dès le moment où le conseil est formé, il s'autorise de ce
privilège qui lui est accordé par la loi de s'en remettre
à un fonctionnaire, parce qu'en somme cet homme-là va devenir un
fonctionnaire, on se demande un peu ce qui se passera et qui sera responsable
de quoi, surtout au départ.
Quand la machine sera rodée, je pense qu'il sera possible de
surveiller davantage...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, on accuse constamment le
ministère de l'Education d'être centralisateur, d'avoir trop de
contraintes, d'imposer constamment des normes. Bien, voilà justement une
loi où on donne une large autonomie à des gens responsables
élus par le public et qui ont à administrer un conseil scolaire.
Pour ma part, je ne veux pas lui créer au départ un
véritable carcan. Il semble que constamment, à l'inverse de ce
qui s'est passé dans le bill 28, je sois obligé de
défendre ce type de liberté, alors que pour le bill 28,
c'était l'Opposition qui semblait le réclamer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que le ministre ne comprend
pas...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exactement la démarche inverse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... notre inquiétude de départ.
Je pose le problème au départ du travail de ce conseil. Si,
dès le premier moment ou, après deux ou trois réunions,
ils ont décidé de faire ceci et de faire cela, ils s'en remettent
à M. X que je ne connais pas, dont la compétence peut être
la plus grande du monde, je veux bien lui faire confiance, mais est-ce que le
ministre ne voit pas un danger?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vois un danger...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): N'y a-t-il pas justement au départ
suffisamment de surveillance sur ce fonctionnaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vois un danger chaque fois que la
démocratie s'exerce, chaque fois qu'on entreprend une consultation,
chaque fois qu'on accepte de déléguer un pouvoir. Le conseil a la
responsabilité qu'on lui confie, s'il juge à propos, en tant que
corps responsable, de déléguer certains de ses pouvoirs. Je ne
crois pas qu'on doive l'en empêcher. Un conseil qui
déléguerait tous les pouvoirs qu'il a se déchargerait
à ce moment de ses responsabilités. Que voulez-vous, je ne vois
pas comment il pourrait se qualifier, il faudrait...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis bien de l'avis du ministre, en
principe. Mais sur le plan pratique, j'ai des craintes. Personnellement, je
n'ai pas du tout l'intention d'en faire l'objet d'un amendement; si mes
collègues veulent en faire un, ça les concerne. Mais j'exprime
ces craintes. Maintenant, je dis au ministre qu'à l'usage il pourra
peut-être se rendre compte que les craintes que nous avons sont
justifiées. J'admets, avec le ministre, qu'il faut quand même
faire confiance à certaines personnes et respecter les principes de la
démocratie. Mais l'idée de délégation de pouvoirs
qui est inscrite ici constitue, à mon sens, un danger,
à tous le moins, au point de départ du fonctionnement de
ce conseil.
M. DRUMMOND: Je pense que ce serait tout à fait le contraire
parce qu'on parle de principes. Mais au point de vue pratique, la
délégation d'autorité est fondamentale pour n'importe
qu'elle administration qui veut mener son travail à bonne fin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Yes. Right.
M. DRUMMOND: Si on centralise trop, cela ne marche pas. Alors, ce n'est
pas une question de principe; il s'agit de bien roder le système. Le
vrai contrôle reste au conseil.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): At the very beginning, I do believe that there
are some dangers.
M. DRUMMOND: Je comprends le français. La question n'est pas
là, mais je reconnais quand même le droit au bilinguisme en
commission.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Yes, but I use your langage because there is
no unilingualism here, you see, as your minister decided last night. Il est
tombé dans le piège!
M. LAURIN: M. le ministre, je ne sais pas si vous seriez prêt,
vous-même, à déléguer les pouvoirs que la loi vous
donne en tant que ministre aux fonctionnaires de votre ministère. Je
pense qu'il y a des droits sacrés qui appartiennent aux élus, que
vous n'avez pas le droit de déléguer et que vous ne serez pas
intéressé à déléguer. Je pense que c'est la
même chose pour le conseil.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une question de responsabilité. Je
peux vous donner un exemple très simple. Il y a des
délégations de signatures qui se font dans les très grands
ministères.
M. LAURIN: Ce n'est pas la même chose; c'est de l'administration.
Ce n'est pas du tout la même chose.
M. PAUL: Spécifiez-le dans la loi. M. LAURIN: II faudrait le
spécifier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a quand même une signification
à cette délégation de signatures.
M. LAURIN: II faudrait le spécifier. Ce que nous demandons au
fond, c'est une spécification pour être bien sûrs que les
choux sont avec les choux, les raves sont avec les raves. Vous mêlez les
choses, le législatif et l'administration. Habituellement, quand un
conseil d'administra- tion agit, il agit par voie de résolutions. Il est
évident qu'il aura besoin d'un sous-ministre ou d'un directeur
général ou d'un personnel de cadre pour appliquer la
résolution à l'intérieur du cadre que la résolution
constitue à l'action du haut fonctionnaire, du sous-ministre, du
directeur général. C'est loin d'être la même chose
qu'une délégation de pouvoirs, de droits et d'obligations. Ce
n'est pas du tout la même chose.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je ne suis pas d'accord.
Dans la loi 27, les choses semblent marcher plutôt bien. Je ne vois pas
en quoi la province fonctionnerait mieux...
M. LAURIN: Prenons la loi 27. S'il y a une équivoque dans la loi
27, je ne me rappelle pas si mon collègue de Saint-Jacques l'avait
mentionné dans le temps, lorsqu'on l'a étudiée. Je ne sais
pas si le ministre en titre, à ce moment, en avait parlé, ou mes
collègues de l'Opposition. Mais, si on s'aperçoit, après
quelque temps, qu'un article est équivoque, qu'il peut ouvrir des portes
trop larges à des abus, il reste qu'on peut prendre l'occasion de faire
mieux lorsqu'un nouveau projet de loi est étudié.
Et même si ça ne s'est pas présenté
jusqu'ici, à cause des circonstances peut-être parce que
les commissions scolaires ne sont pas encore très rodées et
qu'elles n'ont pas eu l'occasion de se servir de ça, les commissaires
étant trop heureux d'exercer leurs droits, pouvoirs et obligations et
n'ayant pas pensé à les déléguer il reste
quand même que, en tant que législateurs, nous sommes
obligés de prévoir toutes les possibilités qui peuvent se
présenter.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela se fait par règlement, M. le
Président. Une analogie peut être utile. Je vais vous lire
l'article 11 de la deuxième partie de la section I de la Loi de
l'instruction publique concernant le ministère de l'Education et la
délégation de pouvoir. "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut
autoriser le sous-ministre de l'Education et les sous-ministres associés
à exercer tout pouvoir dévolu au ministre en vertu de la
présente loi ou toute fonction qu'elle lui attribue."
Le fait qu'il y ait des possibilités de délégation
ne signifie pas que cette responsabilité sera nécessairement
exercée dans sa totalité à tout moment de façon
permanente. Je suis un peu étonné de voir qu'on cherche à
restreindre, d'une façon qui me parait peut-être dangereuse, les
prérogatives du conseil.
M. LAURIN: II y a peut-être une circonstance historique qui motive
nos craintes. C'est qu'on a vu la patate chaude se promener de...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Qu'est-ce que c'est que la patate chaude? J'ai
déjà entendu cette expression.
M. LAURIN: La patate chaude, c'est l'unification.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah bon!
M. LAURIN: On l'a vue se promener de la commission Parent au bill 28,
à la commission Pagé et là on la retrouve maintenant au
Conseil scolaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle a dû se refroidir un peu.
M. LAURIN: Nous nous demandons si nous ne retrouverons pas la patate
chaude de l'unification dans les mains du directeur général ou
d'un cadre quelconque qui sera chargé et investi tout à coup de
cette grande obligation d'avoir à garder, dans ses mains, une patate
chaude.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ecoutez, M. le Président, une
délégation ne signifie pas que la responsabilité du
conseil est annulée. Si je délègue un pouvoir à mon
sous-ministre, est-ce que ça signifie que ma responsabilité
disparait?
M. LAURIN: Non, mais si vous avez quelque chose qui vous pèse,
qui est très difficile, gênant ou embarrassant, si la loi vous
donne une occasion, une porte ouverte pour vous en débarasser, la
tentation peut être très grande de l'utiliser. On a
déjà vu ça dans l'histoire de l'humanité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'ai donné mon
avis. Je pense que le ministre des Terres et Forêts, qui est un
administrateur chevronné, a également...
M. DRUMMOND: Je ne suis pas nécessairement administrateur, mais
je pense qu'on parle un peu de rien ici. Même si on supprime ce
paragraphe, qu'est-ce qui arrive? Ils auraient probablement le même
pouvoir de déléguer.
M. LAURIN: Bien...
M. DRUMMOND: Et les délégations c'est fondamental dans
l'administration.
M. LAURIN: Ce serait tellement plus simple de dire...
M. DRUMMOND: La responsabilité relève du conseil.
M. LAURIN: Bon, d'accord. Je serais d'accord sur ce
projet-là.
M. DRUMMOND: Ils auront la responsabilité de présenter
leur rapport.
M. LAURIN: Je suis d'accord sur ça mais ce serait tellement plus
simple de dire que le directeur général est chargé de
l'administration du conseil scolaire à l'intérieur des
résolutions édictées par le conseil ou une phrase
semblable Ce serait beaucoup plus simple et on n'aurait pas besoin de craindre
en aucune façon.
M. DRUMMOND: C'est là-dedans.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que ça veut dire.
M. LAURIN: Je ne pense pas que ce soit défini...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai des craintes, mais enfin...
M. LAURIN: Voyez-vous, il y a une chaîne de
délégations qui est inscrite et on ne sait pas ce qui peut
être délégué. On sent qu'on peut
déléguer n'importe quoi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux apporter une précision à
l'article 610. Nous lisons: Sans restreindre la généralité
de l'article précédent c'est-à-dire l'article qui
fait l'objet de notre petite discussion le directeur
général, sous l'autorité du conseil et du comité
exécutif, assume la direction des affaires et activités du
conseil, exerce un droit de surveillance et de contrôle sur les
employés...
M. LAURIN: A ce moment-là, vous lui confiez autre chose. Cela
renforce ma position.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et veille à l'observance et à
l'exécution des règlements et décisions.
M. LAURIN: Cela renforce ma position. Cela veut dire que si à
l'article 610 vous lui confiez l'administration, à l'article 609 vous
lui confiez autre chose qui dépasse sa compétence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sans restreindre la
généralité de l'article.
M. LAURIN: C'est ça!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne vois pas de problème.
M. LAURIN: Je ne vois pas comment vous ne voyez pas de problème
là-dedans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que c'est vraiment une question de
style de gestion. On peut gérer, comme on nous l'a bien reproché
depuis des années, d'une façon tatillonne et contraignante ou on
peut gérer en faisant confiance aux instances locales et à leur
sens des responsabilités.
M. LAURIN: II y a une grande différence entre un conseil
quelconque, que ce soit celui d'une société privée ou d'un
ministère qui,
prenant très au sérieux ses droits, pouvoirs et
obligations assène à longueur de jour et de semaine des
directives et des normes à ses administrés, d'une part et,
d'autre part, un conseil qui délègue ses droits et ses pouvoirs.
Ce n'est pas du tout la même chose dont vous parlez. Dans le premier cas,
c'est "over government", c'est une attitude centralisatrice, au fond, selon
laquelle le pouvoir central exerce tellement ses pouvoirs qu'il n'y a plus rien
pour les instances de base alors que là je ne pense pas que ça
puisse entrer vraiment en ligne de compte si on regarde cet article à la
lettre.
M. PAUL: Le ministre nous déclare que les seuls pouvoirs
délégués sont ceux de l'administration.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas ce que j'ai dit. Le droit existe
pour le conseil, par règlement, de déléguer certains de
ses droits, dont il est juge, pouvoirs et obligations. L'article 610
détermine, en décrivant un peu, les fonctions du conseil, du
comté exécutif, du directeur général, sous
l'autorité du comité exécutif... Mais nous ne l'avons pas
fait d'une façon trop précise. Nous aurions pu faire, comme dans
certaines législations une énumération de toutes les
tâches, de tous les droits du directeur général, par
exemple. Nous avons conclu que c'était, là encore, trop
restrictif.
M. DRUMMOND: Au point de vue pratique, le grand problème est que
les gens ne veulent pas vraiment déléguer les pouvoirs. Alors,
est-ce qu'on pense que le conseil va déléguer tous les pouvoirs?
Cela ne va pas arriver. Ce n'est pas dans la nature humaine de le faire, il
s'agit simplement de leur donner une certaine souplesse. Je n'y vois pas aucun
inconvénient.
M. LAURIN: M. le ministre, je vous soumets que la seule
préoccupation qui m'anime dans mon intervention est de mieux
délimiter la différence entre le législatif et
l'exécutif.
C'est une distinction qui tend à s'atténuer de plus en
plus dans notre monde moderne au fur et à mesure que la vie devient plus
complexe. Mais, je pense, quand même, qu'il y a lieu de maintenir cette
différence entre le législatif et l'exécutif. C'est une
différence de nature. Cependant, cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas
des passages entre le législatif et l'exécutif. Cela ne veut pas
dire qu'il n'y a pas des interrelations qui peuvent s'exercer entre le
législatif et l'exécutif mais, comme dit le vieux proverbe:
Chacun son métier et les vaches seront bien gardées. Si le
législatif fait des erreurs, c'est la population qui l'a élu qui
l'en accusera et qui les lui fera payer, alors que si c'est l'exécutif
qui fait des erreurs, lui, l'exécutif, il est responsable au
législatif et c'est devant le législatif qu'il devra s'expliquer.
Au fond, c'est établir des lignes de communication plus nettes, plus
logiques, plus rationnelles.
M. DRUMMOND: D'accord, mais il y a toujours des zones grises.
M. LAURIN: II faudrait qu'il y en ait le moins possible.
M. DRUMMOND: Chaque fois qu'on essaie de vraiment limiter les choses,
les bien définir, dans la législation, on oublie toujours quelque
chose.
M. LAURIN: Quand il y a des sujets très difficiles, la tentation
première de quelqu'un c'est d'aller voir le projet de loi et de dire:
Mon Dieu, si le projet de loi me donnait une façon de me
débarasser élégamment du problème. C'est humain
cette affaire là. Cela se comprend très bien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne se rencontre pas à un certain
niveau de l'administration.
M. LAURIN: Les hommes sont des hommes partout où ils sont; il y a
eu des saints parmi les ouvriers, il y a eu...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous êtes très pessimiste sur la
nature humaine.
M. LAURIN: ... des saints parmi les rois, mais il y a quand même
eu des...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous sommes loin de Jean-Jacques Rousseau.
M. LAURIN: ... escrocs chez les rois comme il y en a eu à la cour
des Miracles. Que voulez-vous, le manque de vertu ou le vice c'est la chose du
monde la mieux partagée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, vous croyez que c'est par des
législations contraignantes...
M. LAURIN: Je pense que la législation nous a été
donnée précisément pour encadrer les activités des
hommes, pour les contenir dans les limites que fixent la raison et
l'expérience. Je pense que nous devrions...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une philosophie ça,
différente de la mienne mais c'est une philosophie pour laquelle j'ai
beaucoup de respect.
M. LAURIN: C'est une philosophie que j'aimerais défendre avec le
ministre. Je pense que nous avons eu assez d'exemples, au cours des
dernières années, de cette confusion croissante entre le
législatif et l'exécutif par le biais des tribunaux
administratifs. C'est une des façons par lesquelles nous pourrions
aborder le problème. Mais nous pouvons aussi bien l'aborder par cet
angle-là que par l'article 609. Je pense, que
même s'il n'y a pas eu d'abus ce serait étonnant
qu'il y ait eu des abus avec la loi 27, ça ne fait même pas un an
qu'elle a été adoptée. C'est peut-être seulement
dans trois ou quatre ans que vous verrez qu'il y a des abus vous pouvez
les prévenir, et ce serait peut-être mieux de le faire tout de
suite, étant donné que vous admettez vous-même que les
officiers du conseil ne sont là que pour administrer les affaires du
conseil. Si c'est si simple et clair dans votre esprit, pourquoi ne
l'admettriez-vous pas et ne préciseriez-vous pas la formulation...?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour une raison très simple. Dans mon
esprit, nous avons, au Québec, un système d'administrateurs de la
chose scolaire je ne veux pas faire de jugement de valeur sur ce
système-là qui est un système très
particulier, qui n'existe qu'en Amérique du Nord, ça n'existe pas
ailleurs. C'est donc dans la logique de ce que nous faisons. Et je me dis que,
lorsque quelqu'un est élu dans une structure que nous créons, il
faut lui donner la possibilité de prendre ses
responsabilités.
M. LAURIN: Pas de les déléguer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais de prendre la responsabilité de
déléguer ce qu'il veut déléguer.
Responsabilité que tous les élus ont d'ailleurs.
M. LAURIN: Mais, il y a des pouvoirs, moi, en tant que
député, que je ne pourrais pas déléguer à
personne, à mon secrétaire particulier, par exemple. Il y a
certains droits, devoirs sacrés qu'on ne peut pas déléguer
aux autres. Au moins, si vous spécifiiez.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que ça va de soi. Je pense que
vous ne pouvez pas déléguer le devoir ou le pouvoir d'aller
siéger à l'Assemblée nationale, par exemple. Et je crois
bien que le conseil ne pourra pas déléguer le pouvoir de
siéger au conseil à son directeur général.
M. LAURIN: Je vous fais remarquer que vous ne spécifiez aucun des
droits, pouvoirs et obligations qu'il peut déléguer au directeur
général.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais, ce n'est fait dans aucune loi; je vous ai
lu, par exemple, la loi du ministère, où vous avez exactement la
même situation, la Loi de l'instruction publique où on parle du
ministère de l'Education.
M. CHARRON: Le ministre, en réponse à l'argumentation de
mon collègue de Bourget, a fait référence aux dispositions
de même nature qui figurent dans le projet de loi 27, qui n'est quand
même pas très vieux. Il a fait allusion à l'article 202 d)
selon lequel le conseil des commissaires peut, par règlement,
déléguer certains de ses droits, pouvoirs, etc. Il a dit: Nous
faisons à Montréal ce que nous avons permis pour
l'extérieur. Il s'agit ici d'un territoire où la
délégation de pouvoirs, comme l'a signalé le
député de Bourget, peut avoir beaucoup d'implications politiques,
en particulier à cause du mandat bien spécial qu'a le conseil
scolaire, en vertu de l'article 593, et que n'ont pas les autres conseils de
commissaires dans le reste du Québec. Ils n'ont pas le mandat de
préparer une restructuration aussi politiquement, culturellement
importante. Pourtant, même s'ils n'ont pas ce mandat et cette fonction,
les conseils de commissaires, en vertu de l'article 202 de la loi, peuvent
déléguer des pouvoirs. Mais il est bien dit dans le dernier
alinéa de cet article que: "Ces règlements..." C'est bien dans la
loi 27, à laquelle le ministre s'est référé pour
répondre au député de Bourget en disant: Le droit de
délégation existe partout. C'est vrai qu'il existe dans des
endroits où le problème politique et le problème culturel
est beaucoup moins aigii qu'à Montréal, dans des endroits
où il n'y a pas d'article 593. Mais j'ai quelque chose d'important
à signaler au ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Qu'est-ce qui se passe?
M. CHARRON: Vous ne m'écoutez pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si. Je peux répéter mot à
mot ce que vous avez dit.
M. CHARRON: Ah oui!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'aurais qu'à me référer
aux discussions... Continuez.
M. CHARRON: Vous n'aurez qu'à vous référer à
quoi, monsieur le ministre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous écoute.
M. CHARRON: Vous avez répondu à côté de la
"track" au député de Bourget et c'est ce que je suis en train de
vous démontrer. Vous vous êtes référé
à l'article 202 d) pour dire que le conseil des commissaires avait le
droit de déléguer dans n'importe quelle régionale du
Québec, dans n'importe quelle des commissions scolaires qui ont
été regroupées. Mais il y a un dernier alinéa
à cet article: "Ces règlements par lesquels on peut
déléguer doivent être soumis à l'approbation du
ministre et n'entrent en vigueur qu'à compter du jour de cette
approbation". Pourquoi cette disposition, ce dernier alinéa que vous
avez pris la peine d'inscrire pour les commissions scolaires regroupées
du reste de la province, cette nécessaire approbation du ministre sur la
délégation de pouvoir n'apparaît pas et n'existe pas dans
l'article 609?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour une raison
très simple. Je pense qu'il y a beaucoup trop de contraintes et
beaucoup trop d'approbations ministérielles.
M. LAURIN: Donc vous n'êtes pas d'accord sur l'article 202 d).
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, je dois dire...
M. CHARRON: Vous ne répondez pas du tout à la
question.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai des réserves. Je pense que le
ministère de l'Education doit évoluer vers une
décentralisation de plus en plus marquée. C'est d'ailleurs la
raison pour laquelle...
M. CHARRON: Voyons.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... j'ai fait augmenter de façon sensible
le niveau des sommes qui doivent être approuvées pour l'île
de Montréal. Je considère qu'il est tatillon d'être
obligé d'avoir une approbation chaque fois qu'un organisme responsable
dépense $10,000 ou $15,000.
M. CHARRON: Est-ce que cela signifie que vous êtes prêt
à amender la loi 27 pour soustraire cette nécessaire approbation
du ministre sur les règlements de délégation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'élimine certainement pas cette
possibilité. Je ne crois pas qu'il faille que tous les règlements
soient constamment approuvés par le ministre. Il y a là une
liberté...
M. CHARRON: Pourquoi votre gouvernement l'a-t-il demandé pour les
commissions scolaires à l'extérieur du Québec alors
qu'à un endroit où c'est vital, où c'est important,
où cette délégation peut toucher des questions aussi
fondamentales que les projets de restructuration vous laissez, dans l'article
609, entière liberté de déléguer n'importe quel
pouvoir ou à peu près à des hauts fonctionnaires, aussi
férus et intelligents qu'ils puissent être? Il y a une
contradiction. Vous nous avez trop souvent vous-même ramenés
à la loi 27 pour que, une fois où le rapport peut avoir un sens,
vous rejetiez du revers de la main comme vous prétendez le faire
actuellement bien inutilement, laissez-moi vous le dire
l'argumentation que nous avons développée autour de cette
question. S'il est un endroit où la réglementation doit
être approuvée par le ministre en ce qui concerne la
délégation de pouvoir, c'est sur cette structure de l'île
de Montréal que vous implantez actuellement et qui survivra
longtemps.
A Montréal, c'est vital.
M. LAURIN: De temps en temps, pour détruire notre argumentation,
vous invoquez des articles de la loi 27. Quand vous ne pouvez plus invoquer la
loi 27 parce qu'on la lit au complet et que cela va à rencontre de ce
que vous dites, vous dites que la loi 27 devrait être amendée. On
ne sait pas quand cela vous sert ou quand cela vous dessert. Je pense que cela
va dans le sens de ce que je disais tout à l'heure, soit que la loi 27
était peut-être prématurée. Cet article-là
n'était pas bien inspiré et il faudrait le changer, au moins en
ce qui concerne la nouvelle loi que nous sommes en train d'approuver.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, pourrais-je vous
demander si nous avons un amendement devant nous sur lequel nous pourrions
voter ou s'il s'agit là d'une discussion académique?
M. LAURIN: Habituellement, avant de présenter un amendement, M.
le Président, on essaie d'inciter le ministre à présenter
un amendement lui-même. Nous essayons de le convaincre par nos arguments,
parce que nous savons l'exemple l'a prouvé que les
amendements qu'il présente ont bien plus de chances de passer que les
nôtres. Donc, avant de présenter un amendement, on essaie toujours
d'inciter le ministre à présenter son propre amendement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous ne serez sans doute pas
étonné d'apprendre, M. le Président, que je ne suis pas
convaincu par les arguments.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que l'on pourrait avoir entre les mains
l'amendement proposé par...
M. LAURIN: Je n'ai pas encore fini, M. le Président. Je voudrais
essayer de convaincre le ministre par un autre argument que je n'ai pas encore
utilisé. Etant donné que le troisième paragraphe de
l'article 609 ne spécifie pas lesquels des droits, pouvoirs et
obligations le conseil peut déléguer au directeur
général, est-ce qu'il n'est pas permis de penser que le conseil
peut déléguer, par règlement, certains droits, certains
pouvoirs surtout qui sont de nature politique: c'est-à-dire qui entrent
exactement dans le champ des attributions pour lesquelles un conseiller s'est
fait élire par ses commettants, de façon indirecte par
l'intermédiaire des commissions scolaires? Est-ce qu'on ne peut pas
entrevoir la possibilité, étant donné l'ambiguité
et l'imprécision de l'article, que le conseil va déléguer
des pouvoirs proprement politiques à un fonctionnaire qui a
été nommé là non pour des fins politiques, mais
pour des fins administratives?
C'est sûrement possible de l'imaginer et à ce
moment-là, qu'est-ce qui peut arriver? Si le
conseil délègue à son directeur
général des pouvoirs proprements politiques, que va-t-il arriver?
C'est que le directeur général va être doté, au sein
de cette structure, d'une autonomie de plus en plus grande. On sait que,
lorsqu'un pouvoir a été délégué par
règlement, il reste dans les mains de celui à qui on l'a
délégué et ça ne revient plus à l'instance
qui l'a délégué. On peut parfaitement imaginer, sans
être paranoïde en quoi que ce soit, une situation où un
directeur général aura une marge de pouvoirs beaucoup plus grande
que le ministre lui-même l'avait escompté. Cela, c'est une
première ligne d'argumentation.
Maintenant, il y a un autre principe du droit que le ministre
connaît sûrement, c'est que delegatus non potest delegare et, une
fois qu'on a délégué quelque chose à quelqu'un, par
exemple, à un haut fonctionnaire, que ce soit un sous-ministre, que ce
soit un directeur général, il devrait être impossible
à ce directeur général de déléguer, à
son tour, ses pouvoirs à du personnel de cadre, parce que, là, on
finit par ne plus se retrouver. Cette filiation amenuise, effiloche la
qualité du leadership ou des pouvoirs politiques dont je parlais tout
à l'heure.
Le ministre peut sembler ne prêter aucune attention à ces
propos, peut-être parce qu'il veut absolument faire adopter ce qui est
inscrit dans le texte tel qu'il l'a formulé et qu'il ne veut pas avoir
l'air de céder à une argumentation venant de l'Opposition. Ce
n'est pas parce que nous sommes de l'Opposition que nous présentons
cela, c'est simplement en tant que législateurs qui voudraient qu'un
article soit le plus parfait possible et le meilleur possible. Il me semble que
les considérations que nous avons développées, d'ailleurs,
n'ont rien de partisan.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je crois qu'il y a tout près de 35
minutes que nous discutons de l'article 609. Est-ce qu'on pourrait passer au
vote?
M. LAURIN: A ce moment, nous allons présenter un amendement.
M. CHARRON: C'est ça. L'amendement serait de biffer le dernier
alinéa de l'article 609.
M. DRUMMOND: Si on enlève ça, on peut
déléguer quand même, mais pas par règlement. Ici, on
a le règlement, c'est imprimé, c'est discuté par tout le
monde.
M. CHARRON: Non. M. DRUMMOND: Oui. M. CHARRON: Non.
M. DRUMMOND: Oui. Par règlement. Si on supprime ça, on
pourra le faire quand même.
M. CHARRON: Non, ce qui est exprimé dans le troisième
alinéa de l'article 609 n'est pas le fait que ça doit se faire
par règlement, c'est qu'on insiste dans la loi sur le fait que le
pouvoir de déléguer existe.
M. DRUMMOND: Oui, mais c'est par règlement.
M. CHARRON: Le règlement n'est qu'une modalité.
M. DRUMMOND: C'est publié, c'est décidé par le
conseil...
M. CHARRON: L'alinéa consacre le pouvoir de
délégation.
M. DRUMMOND: ... si on supprime le pouvoir, il pourra le faire d'une
autre façon.
M. CHARRON: Non, non.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est au député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne suis pas d'accord sur l'amendement qui
est proposé parce qu'il est entendu que dans une structure de cette
nature et de cette importance, il y a certainement, du simple point de vue
administratif, des pouvoirs qui doivent être
délégués. Le conseil lui-même ne pourra pas,
à chaque instant, intervenir dans toute question administrative. Le fait
de supprimer la possibilité de délégation de pouvoirs
revient à enlever au directeur général toute
possibilité d'action. Qu'est-ce qu'il va faire si on ne peut pas lui
déléguer des pouvoirs? On est dans un ordre...
M. CHARRON: Le conseil scolaire peut se faire aider, se faire assister.
Il est bien évident que l'ensemble du travail ne sera pas fait par les
conseillers eux-mêmes, pas plus que pour le ministère des Terres
et Forêts. C'est le ministre lui-même qui... le ministre
lui-même ne délègue pas de pouvoirs...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Par règlement.
M. CHARRON: ... ni à son sous-ministre, ni au concessionnaires de
la CIP, ni à personne. Le ministre est responsable, il n'y a pas de
pouvoirs délégués. S'il y a un principe qui s'applique
ici, c'est bien celui-ci: delegatus non potest delegare, le vieux principe que
j'ai entendu depuis que je suis à la Chambre. Cela n'écarte pas
l'existence d'une fonction publique alentour. C'est que là où il
est mandaté par la loi, le seul et unique responsable est incapable de
déléguer le pouvoir à qui que ce soit d'autre sur les
pouvoirs qui lui ont été nommément donnés par la
loi. C'est le conseil scolaire qui l'est là-dessus. Voilà la
question, ça n'écarte pas le rôle ça saute
aux
yeux primordial, essentiel, que jouera le directeur
général parmi tous les assistants des conseillers scolaires.
Mais jamais on ne réfèrera d'un ensemble de
décisions qui portent sur des attributions propres au conseil scolaire,
qui nous a occupés pendant une partie de l'après-midi
à moins qu'on ait jasé pour rien à l'article 591.
On a fait obligation, on a fait devoir au conseil scolaire de préparer
un plan de rattrapage pour les milieux défavorisés et de le faire
connaître aux commissions scolaires avant qu'elles ne préparent
leur budget en vertu de l'article 621. Ce devoir et ce pouvoir qu'il aura en
d'autres domaines ne peut pas être délégué au
directeur général. Cela ne veut pas dire que ce plan sera
préparé par les 17 conseillers scolaires ensemble autour d'une
table. Il est bien évident que le directeur général est
l'ensemble de la fonction publique, mais le responsable, celui qui aura la
décision finale à prendre, le détenteur du pouvoir de
décision sera le conseil scolaire.
Raison de plus lorsqu'on aborde la question fondamentale de l'article
593. Nous ne voulons pas que cette question devant laquelle le gouvernement
s'est déjà défilé soit à nouveau
évitée par un conseil scolaire qui aura la mission fantastique de
réunir autour d'une table huit anglophones ou neuf francophones, huit
catholiques, neuf protestants, je ne sais plus, quand les problèmes
culturels sont déjà difficiles. Ce ne sera pas à lui
d'éviter le problème et de le remettre au directeur
général, de déléguer ce pouvoir au directeur
général, aussi fin et aussi puissant qu'il soit. On ne peut plus,
à Montréal, remettre l'avenir culturel, l'avenir d'une situation
aussi explosive que celle de Montréal entre les mains d'un seul homme
qui aurait ainsi reçu une délégation de pouvoir d'un
conseil scolaire, l'ayant reçu lui-même d'un gouvernement
démissionnaire. On ne le peut plus.
Si on refoule la question de porte en porte, de pas en pas, on n'aura
pas de solution. C'est seulement cela qu'on vise. Ce n'est pas une chasse aux
fonctionnaires ou une chasse aux technocrates; on cherche des responsables. On
est en face d'un gouvernement qui ne veut pas de responsabilité, qui
n'accepte même pas que le conseil scolaire soit responsable, qui ne veut
même pas être obligé d'approuver les règlements de
délégation comme il l'a exigé pour les commissions
scolaires.
Le ministre ne veut tellement pas se mouiller dans la question qu'il ne
veut même pas être obligé de se prononcer un jour où
la commission scolaire arriverait et dirait: Nous proposons par
réglementation de remettre les pouvoirs et devoirs qui nous incombent,
en vertu de l'article 593, au directeur général. Le ministre
n'aurait même pas besoin de dire oui ou non là-dessus. Est-ce une
démission ou si ce n'en est pas une? C'est ce que nous voulons
éviter. A tout le moins, il faudrait que, s'il y a eu une
délégation, le ministre ait à se prononcer sur la
qualité de la délégation de pourvoir qui doit
survenir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, Le
député de Saint-Jacques, qui fait une argumentation qui est
valide à certains égards, du moins dans le fond et dans
l'intention, devrait bien lire l'article: Le conseil peut, par
règlement... Donc, dès le moment où le conseil a
légiféré par voie de règlement il est bien clair
que le conseil a assumé ses responsabilités et qu'il ne va pas
déléguer, même si j'ai certaines craintes, certains
pouvoirs et droits essentiels qui mettront en péril l'application des
mesures que le conseil est chargé d'appliquer.
Il est bien dit: Le conseil peut, par règlement,
déléguer certains de ses droits, pouvoirs et obligations. La
seule crainte que j'avais c'est qu'au départ ce procédé de
délégation ne fonctionne trop vite. Il est bien
précisé par règlement, ici. Quand on fait des
règlements, on spécifie le genre de délégation
qu'on entend confier à quelqu'un. Il m'apparaît ici que le danger
est écarté du fait que, si on lit bien l'article, il est dit que
c'est par règlement. Or, en faisant le règlement, on
détermine, on spécifie les pouvoirs qui seront
délégués. C'est par écrit, c'est par
résolution.
M. PAUL: C'est un frein.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un frein qui est mis. Il ne s'agit donc
pas d'une démission. Je ne pense pas qu'on puisse faire une projection
de ce qu'on a déjà dit au sujet de 593 aussi loin que celle que
le député de Saint-Jacques est en train de faire. Je veux bien
qu'on prenne toutes les précautions, mais qu'on ne verse pas non plus
dans une sorte de crainte qui risque de nous faire achopper à des
difficultés qui me paraissent mineures. La seule crainte, j'y reviens,
je ne voudrais pas qu'au départ, ni même par règlement, les
pouvoirs, droits et obligations qui sont délégués soient
tels qu'ils constitueraient une façon de passer le bébé
à un autre. Comme le dit le ministre, je veux bien faire confiance
à la démocratie. Etant donné qu'il a le cran d'arrêt
du règlement et étant donné qu'il y a toutes sortes
d'autres mécanismes qui permettent aux gens de se renseigner
là-dessus, il est assez facile d'exercer un contrôle, ce me
semble. Je ne veux plus parler là-dessus parce que j'estime qu'on est en
train d'instituer un débat qui, à certains égards je
ne le dis pas pour être désagréable à qui que ce
soit risque d'être académique.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Sur le sujet, M. le Président, si on prend l'exemple
dans la Législature, même si un fonctionnaire prend certaines
décisions, qui va être jugé par la population? C'est celui
qui aura délégué les pouvoirs, c'est-à-dire le
ministre ou le député, qui devra passer devant la population. Si
le conseil délègue certains pouvoirs, il se rend compte
lui-même qu'il est obligé de prendre certains risques. J'ai
l'impres-
sion que cela établit un certain frein parce que c'est lui qui
devra passer devant l'électorat, qui sera jugé par
l'électorat. S'il passe trop de pouvoirs, il risque lui-même sa
propre survie comme membre du conseil. Je ne vois pas les craintes au
même degré que le député de Saint-Jacques.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce qu'on peut passer au vote sur
l'amendement du député de Saint-Jacques aux fins de biffer le 3e
alinéa de l'article 609?
M. Drummond?
M. DRUMMOND: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Brochu? M. Paul?
M. PAUL: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Cloutier?
M. CLOUTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Dumont? M. Houde (Fabre)?
M. HOUDE (Fabre): Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Brisson?
M. BRISSON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Cornellier?
M. CORNELLIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Charron?
M. CHARRON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Houde (Limoilou)?
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Pearson?
M. PEARSON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Tremblay (Chicoutimi)?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'amendement est rejeté, 10-1.
M. LAURIN: A ce moment-là, M. le Président, je vais en
proposer un autre. Compte tenu de celui qu'on vient de rejeter, je vais
proposer l'amendement suivant: Ajouter, au troisième alinéa, les
mots suivants: Ce règlement doit être soumis à
l'approbation du ministre et n'entre en vigueur qu'à compter du jour de
cette approbation. C'est le texte même, M. le Président, de
l'article 202d) de la loi 27.
Si on l'a adopté pour la loi 27, comme le disait le ministre tout
à l'heure, à l'encontre de notre thèse, je ne vois pas
pourquoi il n'accepterait pas qu'on l'ajoute ici, d'autant plus que la
matière est beaucoup plus importante.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis d'accord.
M. LAURIN: C'est au nom de M. Charron, évidemment, que je
présente cet amendement-là. Surtout pour ce qui concerne
l'île de Montréal, ce sera encore beaucoup plus important,
étant donné qu'ils auront un plan de restructuration scolaire
à préparer en plus des affaires courantes du conseil scolaire, de
l'étude et de l'approbation des budgets. Je considère beaucoup
plus important que le ministre soit tenu régulièrement
informé, du moins, des délégations de pouvoirs.
Remarquez que c'est peu comparativement aux précisions que nous
aurions voulu avoir. Nous aurions préféré qu'on
spécifie, étant donné l'importance des fonctions en jeu,
quels droits, pouvoirs et obligations pouvaient être
délégués. Mais, faute d'avoir ces précisions, il
nous semble qu'à tout le moins on devrait se conformer à la loi
qu'on avait adoptée l'an dernier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous avez terminé,
docteur?
M. LAURIN: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense que c'est un
amendement positif. Tout à l'heure, on proposait de supprimer le
paragraphe; il s'agit ici de rétablir, dans le texte de l'article 609,
une disposition qui se trouve déjà dans la loi 27. Il y a
déjà un premier cran d'arrêt, c'est que le conseil ne peut
déléguer que par règlement. On y ajoute, pour des fins de
sécurité ça me satisfait davantage cette
disposition qui fait que ces règlements devront être
approuvés, ainsi qu'on doit le faire dans le cas de la loi 27, à
l'article...
M. LAURIN: L'article 202d).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis d'accord avec le proposeur de cette
motion.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Que cherchez-vous?
M. LAURIN: Le texte de la loi 27.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, nous l'avons.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce qu'on peut passer au vote sur
l'amendement du député de Saint-Jacques?
M. LAURIN: Le ministre n'est même pas d'accord sur la loi
adoptée par son prédécesseur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, beaucoup de gens pensent
qu'il y a trop d'approbations ministérielles, qu'il y a trop de
contrôles de la part du ministère de l'Education.
M. PAUL: Je vous conseille de ne pas assister à l'étude de
la loi 34 concernant la pollution.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pourquoi?
M. PAUL: Parce qu'il y a 90 approbations qui vont être requises
par le lieutenant-gouverneur en conseil ou par le ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela me semble beaucoup aussi. Notre
démarche semble souhaitée par tout le monde; j'ai pu m'en rendre
compte récemment en rencontrant un bon nombre de commissaires ou de
représentants de commissions scolaires du Québec. Je crois que ce
que nous faisons actuellement dans le cas de la loi 71 entre tout à fait
dans cet esprit et cette orientation.
M. PAUL: Nous avons étudié maintes lois depuis le
début de ce Parlement et, chaque fois, l'Assemblée nationale a
toujours exigé l'approbation du ministre. Pour ne citer qu'un cas,
prenons les lois ou à caractère municipal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La Loi des transports.
M. PAUL: La Loi des transports. Combien de lois?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les projets de lois 35, 36 et 37.
M. PAUL: Je me demande pourquoi le même gouvernement qui nous a
présenté il y a un an une législation répudierait
aujourd'hui le texte qu'il a demandé à l'Assemblée
d'accepter.
M. DRUMMOND: Il vaudrait peut-être la peine de faire les deux
expériences. On ne peut pas toujours faire une comparaison avec toutes
les autres lois. Je ne parle pas de la loi 27.
M. PAUL: Est-ce que vous convenez qu'il est normal que l'on retrouve
toujours les mêmes pouvoirs généraux dans les lois, qu'il y
ait continuité dans le texte de nos lois?
M. DRUMMOND: Je ne suis pas un grand légiste. Je ne parle ici que
de la délégation des pouvoirs afin que, lorsqu'arrivent les
rapports...
M. PAUL: Mais la délégation de pouvoirs n'est pas
restreinte, absolument pas.
M. DRUMMOND: Pourquoi ajouter d'autre paperasse? Ce sera un vrai
contrôle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas de la paperasse.
M. DRUMMOND: Même si c'est délégué à
une certaine autorité, on doit le faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre comprend très bien qu'il ne
s'agit pas ici de paperasse. Ce n'est pas sorcier de faire approuver les
règlements lorsqu'il s'agit de délégation de pouvoirs. Les
pouvoirs, ils vont en déléguer un certain nombre. Ils vont les
spécifier. Ils vont soumettre ça au ministre et puis, bonjour,
cela va être approuvé.
M. PAUL: C'est pour éviter, peut-être des
délégations de pouvoirs qui constitueraient en quelque sorte un
débarras.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ou une façon de s'en remettre à
d'autres.
M. PAUL: De s'en remettre à d'autres au lieu d'assumer leurs
propres responsabilités.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que je dois comprendre qu'il ne serait
pas question d'exiger de telles approbations pour les autres règlements?
Je ne veux pas alourdir le système. Pour moi, c'est un point mineur. Ma
tendance naturelle, c'est d'aller vers la décentralisation. C'est aussi
de tenter de tenir compte le plus possible des responsabilités locales.
Je ne veux pas faire un débat parce que, pour moi, ce n'est pas, encore
une fois, un point majeur.
M. LAURIN: C'est limité au plan administratif.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne voudrais pas, non plus, alourdir
considérablement une loi qui est, il faut qu'on le dise, remarquable sur
le plan de la légèreté et de l'autonomie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Légèreté!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Certainement. Elle n'a pas toutes ces structures
qui sont parfois extrêmement lourdes sur le plan administratif.
Voilà une loi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une loi légère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai, d'ailleurs, un sous-ministre
centralisateur.
M. LAURIN: Le vent va prendre dedans, si on continue.
M. PAUL: Ne soufflez pas trop fort parce que les fondations vont
s'écrouler.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je ne vois vraiment pas je
m'adresse au ministre particulièrement pourquoi le ministre
s'enferrerait dans les arguments qu'il vient de nous servir pour refuser cet
amendement. Quand il s'agit de se servir des lois antérieures pour
refuser des amendements, il est capable de ressusciter, à peu
près jusqu'à la Confédération, n'importe quelle loi
qui a servi à quelque chose. Là, nous en invoquons une qui date
d'à peu près un an, qui vient de son gouvernement. C'est vrai
qu'elle vient d'un homme qui avait une philosophie différente, qui
considérait l'unification comme essentielle sur le territoire de
Montréal. C'était le député de Verchères,
qui est encore membre du gouvernement et qui a jugé nécessaire
que les délégations de pouvoirs soient soumises à une
approbation au sein des commissions scolaires.
Le ministre nous dit: IL y a déjà trop d'approbations sur
mon bureau pour que je prenne celle-là. C'est trop fort ! Le ministre
essaie de nous faire confondre la qualité et la quantité des
approbations nécessaires. C'est sûr que si vous n'aviez pas
construit le ministère de l'Education ainsi, vous ne seriez pas
obligés d'approuver les achats de crayons et de craies. C'est votre
responsabilité. Vous êtes là depuis un an et, si vous vous
plaignez de ces approbations que vous avez à faire quotidiennement vous
n'avez qu'à les faire sauter. Mais lorsqu'ar-rive une approbation aussi
importante dans une structure scolaire aussi vitale pour l'ensemble de notre
collectivité que celle de Montréal où il peut, où
il va se produire des phénomènes politiques extrêmement
importants et que vous vous défilez alors que vous n'avez même pas
voulu corriger l'achat des craies, cela devient de la démission
complète. Vous vous êtes débarrassé du
bébé et vous l'avez remis au conseil scolaire.
Remplissez au moins une once de la responsabilité qui devrait
accompagner le poste que vous occupez et n'oubliez pas que vous avez, comme
ministre de l'Education, une responsabilité peut-être plus grande
à Montréal qu'ailleurs. Si vous refusez ce pouvoir que votre
ministère s'est arrogé dans les autres commissions scolaires, que
peut-il arriver?
Je trouve la démission du ministre trop facile, trop rapide. Il
ne veut même pas avoir à se prononcer sur les crises qui
pourraient surgir à l'intérieur du conseil scolaire, au moment
où on cherchera, comme l'a fait le ministre avec la patate chaude de la
restructuration, un bouc émissaire à qui le refiler, que ce soit
le directeur général ou n'importe qui. Ce sera trop facile
à ce moment-là et la population ne croira pas le ministre. Quand
le ministre nous dit : Je n'ai pas voté pour le bill 63. je
n'étais pas en Chambre, c'est une excuse qui peut passer, mais on ne
pourra pas dire toujours la même chose.
M. PAUL: Ses collègues y étaient, cependant, et ils ont
voté pour.
M. CHARRON: Le ministre aussi y était, quand il s'est
prononcé sur le bill 91 dernièrement.
Peu importe. Je peux admettre qu'un gouvernement soit peureux, qu'il ait
peur des raisons électorales ou pour des raisons politiques, pour ne pas
déplaire à une clientèle qu'il s'est assurée, pour
s'assurer un financement d'élection ou pour n'importe quoi. La
population jugera ce gouvernement sur le fait qu'il est peureux et évite
d'apporter une réforme essentielle que tout le monde réclame
à Montréal. D'accord, vous serez jugés là-dessus.
Mais qu'un ministre, détenteur d'un portefeuille aussi important que
celui de l'Education, alors qu'il s'arroge le contrôle des craies, des
tableaux et des effaces dans les commissions scolaires, refuse d'avoir à
contrôler une délégation de pouvoirs aussi importante que
celle qui pourrait traiter de la restructuration scolaire complète sur
l'île de Montréal, je trouve ça inadmissible.
L'incohérence entre deux ministres, l'obligation pour un ancien ministre
de venir rabâcher ce qu'il avait affirmé un an auparavant, cela
aussi, ça peut toujours passer. Mais l'entêtement d'un ministre
à approuver des règlements alors qu'il y a à peine un an
et demi il affirmait que c'était nécessaire dans le cadre des
autres commissions scolaires où il n'y a jamais de problèmes
aussi ardus et aussi importants que ce qui se passe à Montréal,
c'est de la lâcheté.
M. LAURIN: M. le Président, j'aurais une chose à ajouter.
J'ai dit qu'il se pouvait très bien, dans les circonstances que l'on
connaît, que le conseil délègue des droits qui traitent
précisément de problèmes cruciaux, explosifs comme celui
de la restructuration scolaire. J'ai dit aussi qu'on pouvait faire de ce
directeur général un superdirecteur général qui
deviendrait le maître réel du conseil scolaire, par
délégation justement de certains droits, pouvoirs et obligations
que le ministre refuse de spécifier aujourd'hui. Je voudrais, en
même temps, montrer à quel point ce peut être réel.
Par exemple, quand on regarde le bill 71 comparativement à la loi 28, on
se rend compte que le directeur général aura beaucoup plus de
pouvoirs en vertu de la loi 71 qu'il n'en avait en vertu de la loi 28. Dans la
loi 28, par exemple, si on regarde l'article 610 de la présente loi, on
voit que le directeur général n'avait pas cette fonction qui est
décrite au paragraphe a) de l'article 610 "d'aviser les membres du
conseil et du comité exécutif sur toute question prise en
considération par eux" alors que, dans le bill 71, on lui a
confié cette fonction.
On sait à quel point cette fonction d'aviser peut devenir
importante quand elle est exercée par un superfonctionnaire qui
possède tous les renseignements pratiques sur le fonctionnement courant
des écoles, qui possède tous les renseignements que peuvent lui
donner les directeurs généraux de toutes les autres commissions
scolaires et qui, à toutes fins pratiques, devient un peu le deus ex
machina de tout le système, de tout le dispositif scolaire. C'est sur la
foi des renseignements qu'il possède, sur la foi du rôle
très important qu'il exerce en tant que directeur du comité
métropolitain qu'il peut ensuite aviser les membres du conseil. C'est
donc lui qui possède toute l'information de base, même
l'information détaillée sur la plupart des problèmes.
On peut parfaitement comprendre, en l'occurrence, qu'un conseil
composé de membres à temps partiel, qui ne se réunit que
tous les deux mois, lorsqu'il y a une décision à prendre, s'en
remette complètement aux avis de celui qui l'avise, c'est-à-dire
à celui qui est le réservoir de toute l'information et qui
possède, en même temps, le maximum de connaissances techniques sur
la question.
C'est donc une raison supplémentaire pour entourer toute
délégation de pouvoirs que le conseil pourrait lui faire des
garanties qui, à tout le moins, permettraient in extremis au ministre,
qui est quand même responsable de ce qui va se passer au conseil scolaire
de Montréal, de voir à ce qu'on n'abuse pas de ces pouvoirs,
à ce qu'on ne les utilise pas pour des fins qui pourraient même
être contraires, directement ou indirectement, aux fins que doit
poursuivre le projet de loi.
C'est donc la raison pour laquelle nous pensons que cet additif à
l'article 609 nous parait même bien mince, en l'occurrence. Nous aurions
voulu qu'il soit plus étoffé mais, à défaut de
pouvoir en obtenir un meilleur, un plus dur, un plus serré, au moins
nous voudrions que celui-là soit accepté et nous comprendrions
difficilement que le ministre s'y refuse, d'autant plus, encore une fois, qu'il
l'a accepté et qu'il l'exerce, ce pouvoir, pour des commissions
scolaires où se posent des problèmes beaucoup moins aigus et
beaucoup moins explosifs. Pendant que nous parlions, j'ai vu que le ministre
consultait ses collègues on consultait ses collaborateurs...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Surtout le journal des Débats...
M. LAURIN: ... et j'imagine que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... pour voir quelle était votre attitude
lors du bill 28.
M. LAURIN: Est-ce que vous pourriez nous la dire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela s'en vient. M. LAURIN: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'ailleurs, vous verrez que nous allons
régler cela très facilement. Je vous laisse parler. J'attends de
voir exactement quel parti vous voulez tirer de ce problème très
mineur.
M. LAURIN: Quoi que ce soit que vous trouviez dans le journal des
Débats, je pense que, même si nos idées n'étaient
pas aussi précises à l'époque qu'elles le sont devenues
aujourd'hui, elles sont devenues plus précises d'ailleurs en raison de
la conjoncture montréalaise qui s'est détériorée
depuis lors et en raison des craintes beaucoup plus vives que nous
éprouvons en 1972 qu'en 1971. Donc, quelles que soient les choses que
vous puissiez voir dans le journal des Débats, nous demandons le
privilège d'avoir évolué nous aussi puisque nous sommes en
plein dans la pensée évolutive depuis le début de ces
débats, et j'espère que cette évolution que nous pouvons
manifester à cette occasion sera également partagée par le
ministre.
Maintenant qu'il a pu lire tout ce qu'il voulait lire et échanger
tout ce qu'il pouvait échanger avec ses voisins immédiats et
qu'il a très peu écouté, comme d'habitude, ce que nous lui
disions, peut-être pourrait-il nous faire l'honneur de nous donner le
fruit de sa pensée aventureuse, importante et profonde sur cette
question?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai rien d'autre à dire. J'ai
clairement expliqué qu'il y avait là une orientation, que nous
considérions que le conseil avait une responsabilité à
assumer et que nous ne tenions pas à approuver tous les
règlements du conseil.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que la question est mise aux voix?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Oui, Sur l'amendement du député
de Saint-Jacques qui se lit comme suit: "Le règlement doit être
soumis à l'approbation du ministre et n'entre en vigueur que le jour de
son approbation."
M. Drummond.
M. DRUMMOND: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Brochu est absent. M. Paul?
M.PAUL: Pour.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Cloutier (Ahuntsic)?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Dumont. M. Houde (Fabre)?
M. HOUDE (Fabre): Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Brisson?
M. BRISSON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Cornellier?
M. CORNELLIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Charron?
M. CHARRON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Houde (Limoilou)?
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Pearson?
M. PEARSON: Abstention.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Abstention.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Tremblay (Chicoutimi)?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Sept contre, trois pour et une abstention.
L'amendement du député de Saint-Jacques est rejeté.
Est-ce que l'article 609 est adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Nous passons à l'article 617.
Elections scolaires
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, sur les dispositions concernant les
élections scolaires.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté.
M. CHARRON: J'aimerais que le ministre m'explique le sens du
quatrième alinéa où on dit: "... reste en vigueur pour
trois ans ou quatre ans si le dernier alinéa de l'article 616
reçoit application..."
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le quatrième alinéa.
M. CHARRON: Je comprends mal. Pourquoi trois ou quatre ans?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me permets de vous ramener en arrière
à 616. C'est uniquement une question de concordance. C'est permettre
éventuellement le rapprochement pour ne pas avoir à intervenir
s'il était décidé de faire coïncider les deux
élections.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté.
M. LAURIN: Un instant. Est-ce que le ministre peut me dire de quelle
façon les quartiers sont divisés? Dans l'une ou l'autre de ses
interventions, je ne me rappelle plus laquelle, il a fait allusion aux
quartiers qui seraient divisés de telle façon à tenir
compte des groupes ethniques, à tenir compte des
homogénéités socio-culturelles ou ethniques qui pourraient
se présenter. Est-ce qu'il y a des directives qui ont été
émises, formelles ou informelles, à cet effet par le
ministre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, nous avons l'intention de préparer
tout un ensemble de guides, comme cela a été fait d'ailleurs dans
le cadre de la mission 27. Dans ces guides, nous allons énumérer
un certain nombre de critères. Les comités d'implantation auront
à se baser sur ces critères. Il y a un critère qui est le
critère numérique, ce n'est pas le seul, il y a également
le critère des populations, le critère... Nous considérons
que c'est le centre de décision locale qui sera le mieux placé
pour rendre la décision finale. Il y aura d'ailleurs toute une
série de guides.
M. LAURIN: Vous émettrez quand même des directives.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, bien sûr. Des guides.
M. LAURIN: Donc, cela veut dire que vous vous gardez le droit
d'édicter des normes générales.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des guides. Ce ne seront pas des normes
imposées et il appartiendra au milieu de fixer ces...
M. LAURIN: Est-ce qu'elles seront obligatoires, est-ce qu'on devra les
suivre ou si c'est juste un guide.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous n'avons pas pensé à des
orientations obligatoires. Nous avons pensé à des guides, comme
nous l'avons fait pour la mission 27 et les choses ont marché
parfaitement bien, sauf dans un cas.
M. LAURIN: Mais étant donné que dans la plupart des
commission scolaires couvertes par la loi 28, il n'y avait pas le
problème de pluralisme, soit ethnique ou confessionnel, qui existe
à Montréal, il pouvait s'avérer beaucoup plus facile
d'édicter sinon des normes, du moins
d'émettre ce que vous appelez un guide. En ce qui concerne
Montréal il peut, à première vue, sembler plus difficile
d'élaborer pareil guide.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire qu'il est relativement
facile d'élaborer un guide mais il serait impossible et probablement pas
souhaitable d'essayer de résumer cela dans un texte de loi en un
paragraphe. Un guide est un ouvrage assez considérable. Il y en aura
d'ailleurs toute une série qui portera sur différents aspects
pratiques des élections.
M. LAURIN: Justement, le projet de loi ne fait mention nulle part de ces
guides. En vertu de quels pouvoirs...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les pouvoirs normaux du ministère qui
constamment émet des guides, émet des directives, émet des
programmes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans le cadre de l'application de la loi 27,
il y a de tels guides.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, il y a eu une mission spéciale qu'on
a appelée la mission 27, dont le mandat vient d'être
modifié parce qu'après l'implantation des commissions scolaires
nouvelles, nous avons modifié un peu son mandat de manière que la
mission 27 puisse continuer de suivre l'opération et l'évaluer.
Nous avions toute une série de guides.
M. LAURIN: Est-ce que les commissions scolaires en général
ont suivi ces guides?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. LAURIN: En général et dans le détail, d'une
façon très...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, et il y a plus que des guides. Il y a cette
mission qui rend des services pratiques sur place, le cas
échéant. Nous aurons un système analogue pour
l'implantation.
M. LAURIN: A toutes fins pratiques, cela a été des
directives beaucoup plus qu'un guide.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela. Il y a eu des
difficultés.
M. LAURIN: Toutes les commissions scolaires s'y sont conformées
en fin de compte.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce ne sont pas des directives imposées,
ce sont des guides dont s'inspirent les commissions scolaires.
M. LAURIN: Mais elles auraient pu ne pas les suivre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. LAURIN: Maintenant, comme vous connaissez, étant
Montréalais vous-même, la difficulté de la question
à Montréal, est-ce qu'il y aura des caractéristiques
spéciales dans ces guides qui tiendront compte de la situation
montréalaise? Est-ce que vous avez une idée, pour le moment,
même si vous ne pouvez pas les spécifier en détail, des
principales orientations que vous suivrez dans l'élaboration de ces
guides?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous aimerions que l'on puisse tenir compte, non
seulement du critère numérique, comme je le disais il y a
quelques instants, mais également de la densité de la population,
dans la détermination des quartiers, par exemple. Il y a aussi le
problème de l'implantation des écoles. Ce sont autant de facteurs
qui devraient intervenir.
M. LAURIN: Prenons un cas, par exemple. Etant donné qu'il peut se
trouver, dans une circonscription montréalaise, plusieurs quartiers pour
fins municipales et que, dans ces quartiers, peuvent vivre des
communautés ethniques comportant une population
déterminée, est-ce que vous pourriez émettre des guides en
vertu desquels les quartiers seraient de taille inégale, de façon
que dans un quartier, un quartier corresponde à peu près aux
délimitations où se trouve cette communauté ethnique,
même si cela donnait à la population de ce quartier une dimension
moindre que celle d'un quartier voisin où se trouverait une population
beaucoup plus composite ou beaucoup plus différenciée? Le but de
ma question est celui-ci: est-ce que vous allez avoir tendance, dans
l'élaboration de votre guide, à privilégier la
représentation des minorités ethniques quel que soit leur nombre,
relativement parlant bien entendu, afin de contenter, de cette façon
indirecte, les anglo-catholiques qui, actuellement, vous demandent des
commissions scolaires distinctes? Est-ce qu'en vertu de ces guides, les
anglo-catholiques pourraient espérer avoir un nombre de commissaires qui
dépasserait peut-être un peu leur importance numérique
réelle, mais qui tiendrait compte quand même des revendications
particulières qu'ils peuvent avoir à proposer? On sait que, bien
souvent, ce qu'on ne peut obtenir directement, on peut l'obtenir indirectement
par le biais de directives administratives.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous considérons que c'est la
responsabilité des autorités locales, commissions scolaires ou
comités d'implantation, de déterminer ces quartiers
électoraux. D'ailleurs nous avons même, nous y arriverons avant
longtemps, introduit certaines dispositions permettant de déterminer le
nombre de commissaires. Nous n'avons pas voulu être trop rigides à
ce point de vue de manière que le comité d'implantation puisse
choisir entre un chiffre et un autre chiffre. Cette
responsabilité portera sur le recensement des électeurs,
la confection de la liste électorale, l'organisation matérielle
élémentaire, et vous verrez, à l'article 16, qu'il y aura
des dispositions transitoires, comme je vous l'ai signalé à ce
propos. Nous allons donc préparer des guides ou des documents qui vont
suggérer les meilleures façons de procéder pour ces
opérations. Dans les critères pertinents pour la
détermination des quartiers, je crois que la densité, comme je
l'ai dit tout à l'heure, est un des facteurs. C'est loin d'être le
seul facteur.
M. CHARRON : Qu'arrivera-t-il si le ministre accorde les deux
commissions scolaires aux anglo-catholiques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai clairement indiqué qu'il
n'était pas question d'accorder deux commissions scolaires aux
anglo-catholiques ou à quelque groupe que ce soit, pour tout un ensemble
de raisons sur lesquelles je peux revenir rapidement, si vous le
désirez.
M. CHARRON: Oui. Allez-y donc.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois qu'il n'est certainement pas
souhaitable de créer sur l'île de Montréal un
troisième système. Nous serions amenés à en
créer un quatrième et un cinquième. Pourquoi pas un
système pour les Juifs? Pourquoi pas un système pour les neutres?
De plus, créer un troisième système équivaudrait
à toutes fins utiles à consolider le statu quo. Ce qui n'est pas
notre intention quoiqu'on ait pu prétendre.
M. LAURIN: C'est ce qui sera quand même l'effet direct de la
loi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas du tout notre impression, ce n'est
pas notre intention. Nous croyons au contraire que nous partons du statu quo,
que nous tentons de faire évoluer ce statu quo; c'est la
confessionnalité, qui est d'ailleurs consacrée dans notre
constitution. Au cours des années qui viennent, l'évolution, par
le truchement d'une restructuration définitive de la carte scolaire,
nous forcera à faire une option qui peut fort bien être l'option
confessionnelle. Si telles sont les aspirations du milieu, cela me parait
parfaitement normal. Personnellement, je préférerais que ce soit
une autre orientation qui me parait peut-être davantage coller avec les
tendances un peu partout au monde mais ceci n'est qu'une opinion personnelle
pour le moment.
M. CHARRON: Pourquoi croyez-vous que les anglo-catholiques exigeraient
une commission scolaire à eux quand, depuis toujours, ils ont
fonctionné 44,000 d'entre eux à l'intérieur
de la CECM et que la CECM n'est aucunement touchée dans la structure
actuelle? Elle est protégée par ce territoire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois qu'en effet le député de
Saint-Jacques a tout à fait raison. A mon avis, les anglo-catholiques
n'ont aucune justification.
M. CHARRON: Quelles raisons vous ont-ils données?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous avoue que c'est là un dossier
assez difficile à comprendre. Tout ce que je peux dire c'est que, le
territoire de la CECM n'étant pas modifié, les anglo-catholiques
se retrouvent exactement dans la même situation avant la loi 71
qu'après la loi 71.
M. CHARRON: C'est le statu quo.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le statu quo en ce qui les concerne. Le
statu quo total. De plus, ils se retrouvent dans une situation
améliorée, dans une ou deux commissions scolaires, dans la mesure
où, en fusionnant certaines unités, nous avons augmenté la
population scolaire des anglo-catholiques.
M. CHARRON: Ce n'est pas ce qu'ils disent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exactement le contraire de ce qu'ils
disent mais c'est un fait. De ce point de vue il y a une amélioration
notable. De plus les anglo-catholiques se retrouvent dans le cas de tous les
citoyens de l'île, en ce sens que l'instauration du conseil scolaire, ne
serait-ce que par ses services communs, par la rationnalité
administrative qui s'ensuit, amène des avantages immédiats.
J'ai eu des rencontres avec les anglo-catholiques, comme avec un bon
nombre de groupes, et on m'a fait part de ces revendications. J'ai
immédiatement indiqué publiquement, parce qu'on avait choisi de
porter la querelle sur la place publique, qu'il n'était pas question de
permettre, pour les raisons que je vous ai énumérées, la
formation de commissions scolaires anglo-catholiques.
M. CHARRON: Quelle a été l'attitude des anglo-protestants
sur cette question depuis le début?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je l'ignore. Je n'en ai jamais parlé avec
les anglo-protestants. J'ai eu une réunion ou deux, il y a eu quelques
rencontres au niveau des fonctionnaires, mais la question des anglo-catholiques
n'a jamais été abordée. A vrai dire j'ai été
un peu surpris par cette réaction, qui est arrivée assez
tardivement d'ailleurs. Nous avions eu un certain nombre de discussions avec
les anglo-catholiques, qui, depuis déjà assez longtemps, ont des
revendications qui témoignent peut-être d'un certain malaise au
niveau de la CECM.
On m'informe qu'ils jouissent, à la CECM,
d'une autonomie complète, pour autant que leur orientation
pédagogique soit concernée.
M. CHARRON: C'est ce que je crois aussi mais est-ce que des
anglo-catholiques étaient membres de COCSIM? Un ou des
anglo-catholiques?
M. CLOUITER (Ahuntsic): C'est-à-dire qu'il n'était pas
là en tant qu'anglo-catholique, il était là en tant que
représentant de la CECM.
M. CHARRON: Comme on peut s'attendre qu'il y en ait sur les six de la
CECM?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout à fait. Je crois qu'il y en aura, ne
serait-ce qu'à cause de la distribution de la population des
anglo-catholiques. Je le crois et je le souhaite parce que je considère
qu'ils doivent être représentés. Je crois, en même
temps, qu'ils doivent être représentés par les
mécanismes démocratiques qui sont ceux qu'on instaure et non par
des nominations au niveau des commissions scolaires.
M. CHARRON: Le fait que l'on maintienne la structure confessionnelle
dans le projet de loi 71 devrait étreindre leurs craintes quant à
ce chapitre de la confessionnalité, qu'ils ont parfaitement le droit de
maintenir. Si donc ils sont si nerveux et exigent des commissions scolaires,
j'imagine qu'ils se sentent menacés du côté culturel, du
fait que leur langue, parce qu'ils sont anglo-catholiques, pourrait être
menacée par le fait que leur confessionnalité les joint à
un nombre de francophones majoritaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La situation a toujours été la
même.
M. CHARRON: Comment pouvez-vous expliquer qu'ils craignent, dans la
structure du projet de loi 71, pour leur avenir culturel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'avoue que je ne vois aucune raison, pour les
anglo-catholiques, de craindre. Ils sont dans une commission scolaire qui est
la CECM, qui est une commission scolaire catholique et ils y sont depuis
déjà très longtemps, depuis les origines en fait.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et ils se sont créé, à
l'intérieur de cette commission scolaire, un secteur qui est un secteur
anglophone. Soit dit en passant, il y a également un secteur francophone
au Protestant School Board of Greater Montreal, qui comprend environ 3,000
à 3,500 élèves.
M. LAURIN: II comprend 3,430.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont les chif- fres que nous vous avons
donnés hier, vous avez bonne mémoire.
M. CHARRON: Nous les avons appris par coeur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, au sujet de ces
anglo-catholiques, est-ce qu'ils vous ont donné des raisons
précises à vous, ou par les documents qui commencent à
s'acheminer vers votre bureau, pour leur opposition à cela? Quels sont
les arguments qu'ils pourraient invoquer?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne vous cache pas que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que c'est mystérieux pour vous?
Ils ne peuvent quand même pas, si le ministre me le permet,
alléguer la question de la confession...
M. CLOUTIER ( Ahuntsic): Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... puisque, comme tels, ils sont
représentés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ils ne peuvent absolument pas
l'alléguer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est même institutionnalisé.
Alors, est-ce que ce sont des raisons culturelles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Même là, je ne vois pas comment on
peut invoquer des raisons culturelles puisqu'ils ont déjà un
secteur anglophone au sein de la CECM avec le contrôle de leur
pédagogie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vais aller plus loin et je vais faire
référence à un discours, que j'ai appelé une
homélie, du député de Saint-Henri. Celui-ci nous a
rappelé les positions de principe de Mgr Grégoire concernant la
confession, patati, patata. Est-ce que la partie anglophone de
l'épiscopat catholique de Montréal vous aurait fait savoir
qu'elle ne serait pas d'accord avec l'épiscopat francophone de
Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, bien sûr! Mais je ne suis pas sans
lire les journaux. J'ai tout de même pris connaissance du fait qu'il
semble y avoir une véritable croisade si vous me permettez
d'utiliser le mot dans un sens qui n'est pas péjoratif.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Mais quand l'évêque auxiliaire
anglophone de Montréal...
M. LAURIN: Leonard Crowley.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand Mgr Lafontaine est venu, avec le groupe
de l'épisco-
pat de Montréal, qui représentait, en fait,
l'épiscopat du Québec, cet évêque était
là, je me souviens c'est un petit évêque enfin,
petit au sens physique du terme il était là, pas loin. Et
après les séances, alors que j'avais, à mon tour, servi
une semonce à Mgr Lafontaine qu'il n'avait pas aimée, j'ai
demandé à l'évêque anglophone: Et vous, qu'avez-vous
à dire dans tout cela?
M. CHARRON: "Sorry, I do not speak French !
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Il n'a pas répondu. Quoiqu'il
était capable d'user de la langue de travail du Québec. Mais il
ne m'a pas répondu. Il ne m'a pas donné de raison. Il m'a dit
qu'il avait certaines objections, mais pas plus. Enfin, c'est ce que j'ai cru
comprendre. Je m'interroge sur cette réaction massive qui semble
être émotive. Je demande au ministre, qui est mieux
renseigné que nous, je n'en doute pas, là-dessus, s'il y a des
raisons, s'il lui apparaît qu'il y aurait quelques fondements à
cette opposition.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les seuls fondements que je puisse voir, ce sont
des fondements que je qualifierais d'historiques. Il semble que les
anglo-catholiques ne se sentent pas très à l'aise au sein de la
commission scolaire où ils sont actuellement. Il semble que, en tant que
groupe, ils voudraient évoluer vers une forme d'autonomie. C'est
clairement impossible dans le cadre actuel. Encore faut-il savoir ce que
représente le groupe des Anglo-catholiques.
Dans les écoles de la CECM, il y a autour de 65 p.c. de ces
anglo-catholiques qui sont des Néo-Québécois, en grande
partie de la deuxième génération, souvent d'origine
italienne. Ce n'est donc pas culturellement, il faut bien le dire, je
crois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ni religieusement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Religieusement, j'imagine qu'ils sont tous
catholiques. Culturellement, ce n'est pas tout de même un groupe
homogène.
M. LAURIN: Est-ce que ce serait linguisti-quement, alors? A cause de la
langue anglaise?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Qu'en pensez-vous?
M. LAURIN: Je pense que c'est pour des raisons linguistiques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous pensez que c'est pour des raisons
linguistiques.
M. LAURIN: Je le crois.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, cette revendication s'expliquerait de
cette manière.
M. LAURIN: Pour des raisons linguistiques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La langue, gardienne de la foi, ou la foi
gardienne de la langue.
M. LAURIN: Non, mais la dimension linguistique, pour eux, passe en
importance la dimension confessionnelle et la dimension culturelle, à
cause du "melting pot" qu'est devenu Montréal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais elle n'est pas touchée.
M. CHARRON: La constitution que vous respectez vous aurait-elle permis
de faire des commissions scolaires sur la base linguistique, que vous n'auriez
pas rencontré ce problème?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Croyez-vous? De toute façon, je n'aurais
pas créé, dans l'esprit de celui de ce projet de loi, des
commissions scolaires sur quelque base que ce soit.
M. LAURIN: Peut-être parce qu'ils se sentaient plus à
l'aise dans la poussière de commissions scolaires que vous avez
intégrées dans l'est?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sûrement pas parce qu'ils invoquent
l'inverse comme argument et ils se plaignent justement de ne pas avoir
suffisamment de population. Ce qu'ils veulent, en fait, c'est la même
situation que les protestants, c'est-à-dire des commissions scolaires
qui n'ont pas un territoire fixe. Vous n'ignorez pas que le Protestant School
Board of Greater Montreal recouvre une grande partie du territoire de
l'île de Montréal.
Pour revenir à l'intéressante question du
député de Saint-Jacques, je ne suis pas convaincu que même
nous sommes en pleine hypothèse en ce moment les
commissions scolaires linguistiques les auraient satisfaits puisqu'ils seraient
obligés d'être avec les protestants anglophones. Il y a eu des
résistances très fortes qui se sont manifestées lors des
débats du bill 28, de sorte que, même là, vous ne leur
donnez pas satisfaction.
Leurs difficultés se traduisent sous forme de revendications qui
sont évidemment impossibles à satisfaire dans le cadre de cette
loi. Si j'en crois les journaux je n'ai pas encore reçu de
mémoires précis de ce point de vue, j'en ai eu un au début
on voudrait avoir une représentation assurée à tous
les paliers: au niveau du comité des directeurs généraux,
au niveau des commissions scolaires et au niveau du conseil. Evidemment, ce
n'est plus la démocratie qui joue, alors.
Je souhaite et je crois finalement que les grands groupes seront
représentés de par la force des choses au niveau des commissions
scolaires et se retrouveront au niveau du conseil également.
M. CHARRON: Croyez-vous qu'il soit possible de les satisfaire sans
ajouter des garanties explicites dans le projet de loi, comme l'ancien ministre
de l'Education l'avait fait au chapitre des directeurs adjoints, dans le bill
28? Il y avait aussi les deux observateurs qu'on ajoutait aux commissaires au
cas où l'élection au suffrage universel n'aurait pas donné
la représentation demandée tout le monde se rappelle
ça. Croyez-vous que vous allez être obligé de leur donner
des garanties ou si vous leur dites carrément ce soir: Aucune autre
garantie que celles contenues dans le projet de loi 71 ne viendra se
rajouter?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne pense pas que ce soit dans
l'économie de ce projet de loi de donner des garanties, parce qu'il n'y
aurait véritablement pas de fin. C'est d'ailleurs une des raisons, je
crois que nous l'avons admis, pour lesquelles la loi 28 s'est retrouvée
avec des structures tellement lourdes. Il y a là un mécanisme qui
est souple, flexible, qui colle le plus possible aux réalités du
milieu, mais nous irions à l'encontre de ce que nous voulons faire, je
pense, s'il fallait donner des garanties. C'est d'ailleurs une des raisons pour
lesquelles j'ai tout de même tenu aux trois nominations du
lieutenant-gouverneur au niveau du conseil parce que, sans donner de garanties,
il est quand même essentiel que l'on puisse compenser, dans la situation
montréalaise actuelle, à ce qui n'aurait peut-être pas
été assuré par les mécanismes habituels.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. CLOUTIER (Ahuntsic ): Je ne dis pas ce que ce sera, tout
dépendra de ce qui va sortir du résultat du vote et en fonction
du résultat du vote. D'ailleurs, j'ai remarqué qu'à
plusieurs reprises on a pensé que ces nominations se feraient
nécessairement sur une base ethnique. Ce n'est pas forcé; il est
peut-être utile de faire entrer au conseil quelques personnalités
particulièrement versées en administration, ou je ne sais pas,
tout est possible; ce sont des nominations gouvernementales, c'est
discrétionnaire. Et le gouvernement a la responsabilité de tenir
compte du résultat.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Saint-Laurent
demande la parole depuis un bout de temps.
M. PEARSON: M. le Président, je pense que, chez les
anglo-catholiques, aucune des deux solutions ne pourraient les satisfaire, que
ce soit la division linguistique ou la division confessionnelle. Je crois
qu'ils aimeraient tout simplement avoir une espèce d'autonomie comme
telle qui ne leur a jamais été reconnue. Ils sont à
l'intérieur des commissions scolaires catholiques et se sentent
minoritaires; avec la division confessionnelle, ils seraient également
à l'intérieur de la commission protestante et ils seraient
également minoritaires.
Tantôt, on a mentionné dans la commission de
Montréal qu'il y en avait déjà 44 p.c. qui conservaient un
certain statu quo. On a mentionné également qu'il y en avait
peut-être...
M. CHARRON: Au point de vue linguistique, ils seraient majoritaires.
M. LAURIN: Ils sont 44,760.
M. CHARRON: II y a plus d'anglo-catholiques que d'anglo-protestants.
M. PEARSON: Oui, peut-être. Quelle est la proportion? On
considère comme anglo-catholiques ceux qui sont inscrits dans les
écoles catholiques anglophones, mais quel est le pourcentage? Je ne sais
pas si le ministre aurait cette statistique de Canadiens français qui
sont inscrits dans les écoles anglo-catholiques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans les écoles anglo-catholiques? Il y
a...
M. PEARSON: II y en a un fort nombre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... vous le donner.
M. LAURIN: C'est 9 p.c.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne doit pas être loin de 9 p.c, nous
vous l'avons donné.
M. LAURIN: Cela veut dire qu'il y a 15 p.c. des élèves
francophones qui sont inscrits aux écoles anglaises à
Montréal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Aux écoles anglaises du secteur
anglo-catholique.
M. LAURIN: C'est pour ça qu'on s'oppose au bill 63, parce qu'il y
a 15 p.c. déjà de francophones qui sont inscrits.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): 15 p.c?
M. LAURIN: Oui, 15 p.c
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ou 9 p.c?
M. LAURIN: Non, 9 p.c dans le secteur catholique et 6 p.c dans le
secteur protestant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans le secteur protestant.
M. LAURIN: Ce qui fait 15 p.c.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En plus de ça, il y a la majorité
néo-québécoise de la deuxième
génération et la grande majorité des nouveaux
immigrants. C'est ça, le groupe anglo-catholique. C'est pour cela
que le député de Bourget s'était posé certaines
questions tout à l'heure?
M. LAURIN: Sûrement.
M. PEARSON: Pour résumer tout simplement, je suis un peu d'accord
avec le ministre. Je ne comprends pas l'ampleur de la réaction,
étant donné qu'en somme, pour eux, il s'agit d'essayer d'avoir un
droit ou un privilège nouveau. Ils ont toujours vécu selon une
certaine norme et ils ne se sont pas sentis malheureux. Maintenant qu'on
arrive, qu'on légifère et qu'on fait quelque chose de neuf, ils
voudraient bien être représentés comme tels, comme
organisme autonome, tout simplement. Qu'on fasse quoi que ce soit, je pense
qu'on ne pourra pas aisément les satisfaire parce que c'est un groupe
qui n'est pas suffisamment homogène, sauf qu'ils sont catholiques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait, c'est le seul groupe qui massivement
proteste actuellement contre la loi 71.
M. LAURIN: Ne serait-ce pas, M. le Président, parce que,
déjà, ils sont supérieurs en nombre aux protestants? Ils
sont 15,000 de plus et ils voient que les protestants ont déjà
leurs deux commissions scolaires distinctes. Il y a un sentiment de
rivalité et d'envie qui alimente leurs frustrations et qui les fait se
dire: S'ils l'ont, pourquoi pas nous?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce qui est tout de même curieux, c'est
que, lors du bill 28, il ne semble pas y avoir eu cette revendication des
Separate School Boards, Anglo-Catholic School Boards.
M. LAURIN: C'est parce qu'à ce moment-là ils ont
laissé faire la lutte contre l'unification par les protestants qui
étaient beaucoup mieux organisés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais ils étaient contre l'unification
parce qu'ils l'ont précisé.
M. LAURIN: Oui, mais ils se sont coulés derrière les
protestants et les ont laissé faire la lutte, sentant que ce que les
protestants disaient pour des raisons linguistiques, ils le partageaient, eux,
pour la même raison.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ils se disent à peu près aussi
nombreux que les protestants, mais nous avons décomposé tout
à l'heure leur nombre en tenant compte des
Néo-Québécois. Si on tient compte de l'aspect culturel, il
y a peut-être, dans le bloc anglo-protestant, quelque chose de plus
homogène.
M. LAURIN: Malgré que, là aussi, il y a beaucoup de Grecs,
d'Italiens.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais en moins grand nombre.
M. CHARRON: Dans les quelque 100,000 signatures que vous allez recevoir
sur votre bureau...
M. LAURIN: II va y avoir beaucoup de protestants.
M. CHARRON: ... il y aura beaucoup de noms italiens ou grecs, c'est
évident. Mais je crois, M. le Président, qu'on a choisi le
mauvais phénomène quant à faire la restructuration, le
regroupement de commissions scolaires et c'est ce que clament parmi tous les
autres groupes, les Anglo-catholiques parce que c'est chez eux que ça
fait le plus mal. La réalité...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Actuellement, ça ne fait pas mal.
M. CHARRON: ... des divisions à Montréal n'est plus
confessionnelle.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr!
M. CHARRON: Tout le monde sait très bien que les écoles
dites catholiques sont d'abord et avant tout des écoles
françaises, maintenant, pour nous. La réalité est
linguistique; c'est la constitutionnalité qui est confessionnelle. Ils
savent que, si on avait le courage de faire des regroupements linguistiques,
ils se retrouveraient à un endroit où ils seraient majoritaires,
74,000 contre 58,000. Cela les intéresserait de contrôler ce
système, mais le gouvernement, la constitution et tout ce que vous
voudrez font que la division est confessionnelle. L'endroit où ils
pourraient être majoritaires leur échappe par ce fait et ils se
ramassent inévitablement minoritaires, alors qu'ils savent que, dans
leur propre groupe linguistique, réalité première, ils
sont effectivement majoritaires. Ils sont obligés d'aller prendre le
deuxième rang parce que la division est confessionnelle, alors que, si
on ne faisait que suivre la réalité montréalaise et si on
appliquait à construire les structures scolaires sur cette base
réelle de Montréal, ils seraient majoritaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas unifié.
M. CHARRON: C'est la frustration d'un groupe ethnique normal. C'est un
peu comme nous qui sommes obligés d'être dans un endroit où
nous serons perpétuellement minoritaires, alors que l'on sait
très bien qu'ici il n'en tiendrait qu'à nous, si on
décidait de prendre la base réelle de nos différences,
d'être majoritaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, je suis d'accord sur cela et je souhaite
que l'évolution se
fasse dans ce sens-là. Le pari ou l'évaluation que j'ai
faite était que, pour y arriver, les chances seraient infiniment plus
grandes si nous procédions comme nous procédons maintenant. J'ai
déjà exposé, d'ailleurs, dans mes remarques
préliminaires, de quelle façon j'en étais arrivé
cette conclusion.
M. LAURIN: Donc, non seulement, d'un côté, ils ne peuvent
pas accéder à ce à quoi les protestants ont
déjà accédé, eux qui possèdent leurs deux
commissions scolaires, mais on les frustre d'un espoir qu'ils avaient avec le
projet de loi 28 où ils auraient pu, d'une certaine façon,
prendre le haut du pavé dans certaines commissions scolaires sur les
protestants.
M. DRUMMOND: Le bill 28 n'était pas pour cela, non plus.
M. CHARRON: Je sais qu'il n'était pas pour cela pour des raisons
culturelles. Eût-il été obligé d'accepter les
commissions scolaires unifiées...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'en serait tiré.
M. CHARRON: ... il l'aurait plus accepté que le bill 71 parce
que, dans quatre commissions scolaires où la majorité aurait
été anglaise, cela aurait été des anglo-catholiques
majoritaires en plus de cela. Là, ils n'ont le contrôle d'aucune
commission scolaire. Dans la structure unifiée, même en
étant obligés de travailler avec les francophones, ils en
auraient quand même contrôlé quatre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce qui est très curieux, c'est...
M. CHARRON: Ils auraient été assurés de quatre
sièges au conseil scolaire et, là, ils ne le sont pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ils peuvent très bien faire la lutte pour
une structure unifiée, rien ne les en empêche. En somme, leurs
revendications se situent pratiquement en dehors du projet de loi. C'est pour
cela qu'on a tellement de difficultés à les saisir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elles étaient en dehors de l'autre
projet de loi aussi parce que, quand ils sont venus ici je reviens
toujours à l'épiscopat ils en avaient contre l'unification
pour des raisons religieuses; il n'a jamais été question de
raisons culturelles, à ce moment-là. Je les ai interrogés
longuement sur ce désir qu'ils avaient d'être regroupés
selon leur confession. A ce moment-là, ils représentaient tout
l'épiscopat catholique.
M. LAURIN: Aujourd'hui, ils paient le fruit de leurs calculs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne sais pas, je n'ai pas le droit de leur
prêter quelque intention que ce soit, mais je me suis rendu compte que le
gouvernement a décidé d'accéder au désir de ceux
qui voulaient qu'on gardât la division confessionnelle et, maintenant,
ils s'en plaignent; je ne comprends plus rien.
M. LAURIN: C'est assez facile à comprendre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais bien avoir les attendus, les
pétitions.
M. LAURIN: Je pense que c'est facile à comprendre. C'est une
présomption, une hypothèse qu'on peut émettre, mais je
pense qu'elle a de fortes chances d'être vraie. Ils ont fait une lutte
linguistique sous le couvert d'une lutte religieuse et, maintenant que le
gouvernement satisfait la demande du point de vue religieux, ils restent tenus
avec leurs revendications linguistiques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai une seule petite correction. Le
gouvernement ne crée pas un nouveau système, c'est le statu quo.
Ils se retrouvent exactement dans la situation antérieure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce qu'ils ont demandé,
d'ailleurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est d'ailleurs ce qu'ils avaient
demandé, comme semble le dire le député de Chicoutimi.
M. LAURIN: On a fait luire un espoir...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le bill 28.
M. LAURIN: ...le bill 28.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II luit toujours.
M. LAURIN: Ils sont obligés d'y renoncer...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'en tient qu'à eux.
M. LAURIN: ... pour quatre ans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire pour trois ans. De toute
façon, le résultat aurait été le même, parce
que, même si le bill 28 avait été accepté,
l'unification ne se faisait pas instantanément, vous le savez fort bien.
Il y avait un échéancier qui est à peu près le
même que celui-ci. Je vous rappelle que, seulement, pour les
élections et l'installation du conseil, c'est l'année 1973 qui y
passe.
M. LAURIN: Cela leur donnait quand même l'espoir de
contrôler, au cours des trois ou quatre prochaines années, quatre
commissions scolaires, alors que, là, ils se retrouvent Gros-Jean comme
devant, n'ayant aucune commis-
sion scolaire et demeurant en minorité aussi bien à la
CECM que dans l'ouest, le centre-nord, le sud-ouest, Verdun et l'est.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais leur situation n'est pas changée;
elle est améliorée. C'est quand même une chose qu'il faut
admettre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous me permettez de terminer ce que
j'avais commencé, je ne veux pas leur prêter d'intention mais,
grand Dieu, quand ils sont venus ici, discuter avec nous et avec assez
d'âpreté, c'était toujours la question religieuse qui
était l'impératif catégorique. Pensaient-ils, gagnant sur
le plan religieux, marquer une étape qui leur permettrait d'en marquer
une autre? On est autorisé à le croire, encore que personne de
nous ne veuille leur prêter d'intention. Ce réveil, tout à
coup brutal, me parait confirmer ce que j'avais décelé quand ils
ont comparu devant la commission, il y a quelques mois.
D'ailleurs, à l'occasion de cette audience, on se souviendra que
nous avions eu très peu de recommandations pratiques, sinon rien.
On s'est contenté de nous relire ce que le député
de Saint-Henri nous a lu: une position de doctrine que tout le monde acceptait.
Quand je leur ai demandé je les ai interrogés
personnellement longuement comment nous allions procéder, quelles
seraient les étapes et ce qu'ils voudraient exactement, ils nous ont
répondu: Vous êtes les législateurs. Qu'on relise le
journal des Débats et on retrouvera tout cela.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de
Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. le Président, je pose une hypothèse.
J'imagine que s'il n'y avait pas eu de difficultés constitutionnelles,
la division linguistique du bill 28 aurait peut-être été
maintenue dans ce bill-ci?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y avait pas de division linguistique dans
le bill 28.
M. PEARSON: Dans le bill 28, on divisait les francophones et les
anglophones.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas du tout.
M. PEARSON: On ne maintenait pas les structures de la commission
protestante et de la commission catholique comme telles, on unifiait,
d'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y avait un délai sur le plan
administratif et au niveau de l'école, la division et religieuse et
linguistique était maintenue, ce qui, d'ailleurs, donnait une
demi-douzaine d'écoles de catégories différentes avec des
commissions scolaires dont le nombre n'était pas suffisant pour
justifier tous les services. Il y avait là des points d'interrogation.
La commission scolaire était unifiée.
M. PEARSON: Est-ce que le ministre peut dire que la constitution comme
telle ne peut pas l'avoir empêché de préparer un bill comme
celui-ci d'aucune espèce de façon?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas de problème constitutionnel,
semble-t-il, dans le projet actuel.
M. PEARSON: Parce que les protestants voulaient justement faire appel
à la constitution.
M. LAURIN: ... le ministre avait répondu à cela.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Un instant! Est-ce qu'on pourrait adopter
l'article 617 et suspendre un quart d'heure pour une pause-café?
M. LAURIN: Oui. J'aurais une dernière question avant la
suspension, M. le Président.
M. CHARRON: Oui, vous voulez arrêter jusqu'à quelle
heure?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Jusqu'à dix heures et demie.
M. LAURIN: Est-ce qu'il est possible de penser que ces minorités
anglo-catholique, dans les quartiers où elles habitent, seront
privilégiées au point de vue de leur représentation par
les directives que vous allez émettre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans les guides, il n'y a absolument pas de
mention d'Anglo-catholique, de Juifs, de neutres ou de qui que ce soit d'autre.
Nous nous sommes bien gardés de tomber dans cette démarche.
M. LAURIN: Vous ne parlez pas, dans le projet de loi, des guides.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans les guides, il n'en sera pas question non
plus.
M. LAURIN: Dans les guides, il n'en sera pas question?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne sera pas question, nommément, de
groupes. Nous allons simplement signaler que, parmi les critères, il y a
le critère numérique, le critère géographique, le
critère de l'implantation des écoles et également un
critère ethnique qui compte, par exemple. Il y a là une question
d'homogénéité des populations. C'est là que le
jugement local devra s'exercer. Il n'est pas question de privilégier
nommément un groupe plutôt qu'un autre. J'espère et je
crois que les anglo-catholiques se retrouveront avec une représentation
qui corresponde à leur nombre. Je suis convaincu que c'est ce qui va se
produire, d'ailleurs.
M. LAURIN: Si c'était le contraire, selon
vous, ce serait dû à la volonté locale et non pas
à l'orientation qui émanerait des directives du
ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, bien sûr, mais dans l'esprit que je
vous ai décrit. Maintenant, je reviens sur les nominations
gouvernementales qui ont un rôle de pondération dans la situation
qui me paraissent infiniment plus importantes, dans le cadre actuel, qu'elles
ne le seront peut-être dans une restructuration définitive,
lorsqu'il y aura des commissions scolaires plus équilibrées au
point de vue nombre.
Il reste qu'il ne faut pas s'imaginer que le projet de loi no 71 va
faire disparaître toutes les tensions du milieu montréalais, c'est
impensable! Il faudrait que les groupes cessent de se percevoir constamment
comme des représentants d'anglo-catholiques, de franco-catholiques,
d'anglo-protestants ou de franco-protestants, de Juifs, de neutres, mais aussi
comme des citoyens de Montréal qui ont droit à une
éducation de qualité, qui peut prendre des
caractéristiques culturelles et linguistiques mais qui constitue tout de
même un droit fondamental des citoyens.
M. LAURIN: Je retiens, en tout cas, que selon vous la
représentation des anglo-catholiques, au sein de ces commissions
scolaires, représentera leur importance numérique selon toute
probabilité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Même à la CECM, elle l'a toujours
représentée. Il y a toujours eu, à la CECM, un commissaire
anglo-catholique sur cinq, ce qui donne exactement la proportion. Maintenant,
il est exact qu'il n'était pas écrit blanc sur noir qu'un
anglo-catholique serait nommé, mais il y en a toujours eu un.
Je crois que c'est la responsabilité des élus de tenir
compte de cela.
M. LAURIN: Je suis d'accord.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 617 est-il adopté?
M. CHARRON: Non, M. le Président. J'ai deux amendements à
l'article 617. Nous pourrions peut-être prendre le café tout de
suite et y revenir après.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Nous allons suspendre jusqu'à dix
heures trente.
M. CHARRON: D'accord. (Suspension de la séance à 22 h
16)
Reprise de la séance à 22 h 40
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que chacun veut prendre sa place?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Deuxième représentation !
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre, messieurs! Le député
de Saint-Jacques a mentionné qu'il avait des amendements à
apporter à l'article 617. Le député de Saint-Jacques
voudrait-il nous faire part de ces amendements?
M. CHARRON: Oui, M. le Président. Le premier s'inscrit dans les
questions posées par le député de Bourget, concernant les
directives quant à la confection de la carte électorale, au
niveau de chacune des commissions scolaires. J'aimerais qu'on ajoute,
après le troisième alinéa, l'alinéa suivant...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le troisième alinéa de...
M. CHARRON: Le troisième, celui qui commence par: "La commission
scolaire établit"... A la fin de ce paragraphe, on ajouterait
l'alinéa suivant: "Chaque quartier doit comporter un nombre
d'électeurs qui ne s'écarte pas de plus de 25 p.c. du nombre
atteint, en divisant le nombre total des électeurs par le nombre de
quartiers".
M. LAURIN: Cela a l'air compliqué, â première vue,
mais c'est très simple.
M. CHARRON: C'est le principe de la loi 62. M. PAUL: Laquelle?
M. CHARRON: Celle qui, actuellement, subit les foudres de votre
parti.
M. LAURIN: Je pense que nous allons le dicter lentement, M. le
Président: Ajouter, après le troisième alinéa, le
suivant: "Chaque quartier doit comporter un nombre d'électeurs...
M. PAUL: Pourquoi pas comprendre?
M. LAURIN: Doit comporter ou comprendre, comme vous voulez. Donc:
"Chaque quartier doit comprendre un nombre d'électeurs qui ne
s'écarte pas de plus de 25 p.c. du nombre atteint, en divisant le nombre
total des électeurs par le nombre de quartiers". En fait, c'est
l'application à l'élection scolaire de Montréal de
l'article de la loi 80, que nous avons adoptée il y a un an, ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Après "le nombre total des
électeurs"?
M. LAURIN: "Le nombre total des électeurs par le nombre de
quartiers". Le mot quartiers, ici, prend la place du mot comtés, dans la
loi 80, mutatis mutandis.
M. CHARRON: M. le Président, il me semble
que cela saute un peu aux yeux. Nous voulons éviter, comme le
gouvernement a été soucieux de le faire sur le plan de l'ensemble
du Québec, que les élections scolaires créent des
quartiers disproportionnés en taille et qu'un commissaire soit
élu par une population qui pourrait être le double de celle du
quartier suivant.
On donne des indications il me semble que c'est notre rôle
et qu'il ne devrait pas aller plus loin aux commissions scolaires, quant
à la confection de leur carte.
Prenons la commission scolaire de l'ouest. Si on devait arriver â
l'idée qu'elle doit comporter onze quartiers et qu'il y ait
là-bas 110,000 électeurs, cela fait une moyenne. Le nombre total
des électeurs divisé par le nombre des quartiers fait 10,000.
Donc, il pourrait y avoir des quartiers de 12,500, il pourrait y avoir des
quartiers de 7,500 mais pas plus; non pas des quartiers de 5,000 et des
quartiers de 25,000. C'est tout.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Puis-je poser une question?
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'autre amendement, il serait peut-être
utile que nous le connaissions. Il doit y avoir une économie dans
l'ensemble de l'article.
M. CHARRON: II est d'un tout autre ordre. Il ne porte pas sur le
même problème.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non mais comme c'est au même article, cela
nous rendrait peut-être service.
M. CHARRON: Je peux vous le donner.
M. LAURIN: II s'agit de remplacer, au sixième alinéa, les
mots...
M. CHARRON: L'avant-dernier, autrement dit.
M. LAURIN: ... "la qualité d'électeurs" par les mots "sa
résidence". On l'expliquera en temps et lieu mais je pense que vous
devinez tout de suite où nous voulons en venir.
M. CHARRON: Nous l'avons déjà expliqué lors du bill
28. Il faut que ce soit là où il réside.
M. DRUMMOND: Comme propriétaire.
M. CHARRON: De voter à plusieurs endroits.
UNE VOIX: C'est cela.
M. PAUL: Pourquoi employez-vous le terme "résidence" plutôt
que "domicile"?
M. LAURIN: On peut dire son "domicile".
M. PAUL: C'est beaucoup plus fort. M. LAURIN: D'accord. Son "domicile".
M. PEARSON: Mais pourquoi...
M. LAURIN: On peut peut-être venir à celui-là
après.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Avec ce que vous avez présenté comme
amendement, je me demande si vraiment vous allez réussir à
atteindre le but que vous vous proposez. Je vous donne comme exemple certains
milieux défavorisés, particulièrement dans le vieux
Montréal, où la population diminue tandis que dans des
comtés comme le mien, c'est la pleine expansion. Il y a peut-être
3,000 ou 4,000 logements en construction. Alors comment serez-vous capable de
maintenir votre norme? Cela voudrait dire qu'il faudrait la réadapter.
Allez-vous donner les membres supplémentaires et diminuer dans
d'autres?
Le cas échéant dans votre comté supposément
défavorisé, comment allez-vous réussir à compenser
cet aspect de comté défavorisé, par rapport au mien ou
à d'autres, qui sont en pleine expansion, où normalement, si on
se fie seulement sur le nombre de votants il devrait y avoir plus de gens?
M. CHARRON: Je ne comprends pas l'objection que le député
de Saint-Laurent peut avoir. Quant à son comté, il dit que
puisque le comté est en expansion au point de vue
démographique...
M. PEARSON: Je veux dire la région.
M. CHARRON: Oui. On peut facilement permettez-moi
l'expression faire péter la norme entre deux élections,
alors que dans un comté comme le mien, où on est loin d'avoir de
l'expansion avec le gouvernement actuel, on reste avec une population â
peu près du même nombre et la carte, donc, serait plus stable.
Est-ce que vous voulez dire? On a le même problème pour tous les
comtés. C'est le même principe que votre gouvernement a
adopté pour les comtés. Il y a des comtés en pleine
expansion, où la population grossira beaucoup d'ici cinq ou six ans et
il y a des comtés où la population va diminuer. On a
essayé d'en tenir compte, dans les projections, j'imagine, et dans la
confection de la carte.
C'est pour cela, d'ailleurs, que je parle d'un écart de 25 p.c.
qui est quand même considérable. Je ne crois pas que des quartiers
puissent augmenter ou diminuer de population entre deux élections de
trois ans, à ce point de 25 p.c. C'est peut-être possible mais on
a prévu, aussi, dans les mécanismes... N'isolez pas inutilement
mon amendement. IL s'inscrit dans un projet de loi. Regardez l'alinéa
qui suivrait cet amende-
ment, s'il était accepté: "La désignation des
limites de chaque quartier doit être inscrite dans le livre des
délibérations et reste en vigueur pour trois ans ou quatre ans si
le dernier alinéa de l'article 616 reçoit application, et un avis
public de la liste des quartiers doit être donné avant le 15 mars
qui suit."
C'est donc dire que même sans mon amendement la loi prévoit
une vérification, au moins à chaque élection, de la
stature des quartiers. Je dis que, quand on fera cette vérification la
même norme, la possibilité d'avoir un écart de plus ou
moins 25 p.c. ne devrait pas être dépassée.
Ce n'est pas sorcier, c'est une indication qui ne compliquera pas la vie
de ceux qui vont faire les quartiers. C'est une assurance qu'une juste
proportion sera atteinte, c'est tout.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais pas si vous avez beaucoup de
commentaires à faire là-dessus, parce qu'on peut suspendre, pour
faire certaines vérifications.
M. LAURIN : II y a juste une autre chose que je voudrais ajouter
à l'intention du député de Saint-Laurent. Comme il est de
plus en plus rumeur qu'une liste électorale permanente sera
adoptée bientôt, ceci va faciliter davantage le travail de
révision, puisque l'énumération, selon ce projet de loi,
se ferait sur une base annuelle et que d'après ce que nous en ont
révélé les journaux, une copie de cette liste
révisée annuellement serait transmise aux présidents des
commissions scolaires ainsi qu'aux maires des municipalités qui
pourraient l'utiliser, mutatis mutandis, avec des spécifications
différentes, pour la confection de leur propre liste
électorale.
Donc, je ne pense pas que le travail de révision prendrait
tellement de temps, serait tellement difficile ou poserait tellement de
problèmes.
M. PEARSON: En sommes, ce que vous proposez joue en défaveur de
ce que vous aviez défendu un peu plus tôt, c'est-à-dire les
zones défavorisées. Normalement, on élimine beaucoup de
maisons, soit pour faire des autoroutes ou pour bâtir autre chose. Comme
exemple, simplement dans le comté où je suis, dans quatre ans on
a eu 10,000 électeurs de plus. D'ici la prochaine élection nous
aurons encore 10,000 électeurs de plus. Cela commence à faire du
monde.
M. LAURIN: II reste quand même que les gens qui sont
déplacés vont ailleurs; ils prennent qualité
d'électeurs ailleurs. Maintenant, il est entendu qu'on ne peut pas
prévoir tous les déplacements de population, il y en a
toujours.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas d'objection de principe à
cet amendement, sauf que je déclare forfait parce que je ne suis pas
suffisamment au courant des populations telles qu'elles sont distribuées
sur le territoire et des migrations de population. Je retiens simplement comme
valide, comme valable, dis-je, le principe. Je n'ai pas d'objection formelle
à donner mon agrément à une proposition comme
celle-là qui s'inspire d'un principe démocratique dont nous avons
déjà discuté et au sujet duquel nous nous entendons,
mutatis mutandis.
M. LAURIN: D'autant plus que dans ces quartiers-là,
évidemment, c'est une population homogène en ce sens qu'elle est
totalement urbaine qu'elle a été placée totalement dans
les mêmes conditions vis-à-vis de ses représentants.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Maintenant, vous vous rendez compte que les
quartiers vont varier. Il y aura un nombre de quartiers différents d'une
commission scolaire à l'autre étant donné cette latitude
que nous avons permise, de manière que chaque commission scolaire puisse
décider de la représentation dont elle a besoin. Toujours dans
cet esprit de souplesse.
M. LAURIN: Oui, nous n'avons pas mentionné de chiffres,
d'ailleurs, dans notre amendement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne gêne pas qu'il y ait dix quartiers
à un endroit, douze ailleurs ou sept ailleurs.
M. LAURIN: Mais il reste que chaque commission scolaire verra le nombre
d'électeurs, le nombre total d'électeurs qu'elle aura; le nombre
de quartiers qu'elle a, elle le connaît aussi. Elle n'aura qu'à
faire la simple opération mathématique que nous avons faite pour
arriver à un résultat analogue.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les limites des quartiers, M. le
Président, vont varier, risquent de varier. Cela signifie
déterminer les quartiers à chaque élection.
M. CORNELLIER: Comme c'est prévu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous sommes en présence
d'amendements?
M. LAURIN: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Disons que le premier amendement me parait
acceptable. Je vois bien d'ailleurs quelle est la préoccupation du
député de Saint-Jacques et du député de Bourget. Je
la partage également, parce que c'est certainement démocratique,
ça ne s'éloigne pas de l'économie générale
du projet de loi.
Pour ce qui est de la deuxième partie, la seule chose, c'est que
vous me permettrez très gentiment, parce que pour rien au monde je ne
voudrais susciter un débat, mais vous me permettrez de constater avec un
certain sourire
que tout à l'heure on me reprochait de ne pas m'en tenir à
la loi 27 lorsqu'il s'agissait de délégation de pouvoirs, et j'ai
tenté bien humblement d'expliquer qu'il ne paraissait pas anormal que
l'on puisse avoir des approches différentes, à des moments
différents, dans des situations différentes, alors que là
on me demande et on me félicitera peut-être de m'éloigner
de la loi 27.
M. LAURIN: On vous demande d'ajouter, non pas de retrancher, M. le
ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien enfin, c'est que la loi 27, elle...
M. LAURIN: On vous demande de perfectionner.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... l'article. Oui, bien sûr, mais vous me
permettrez de m'amuser un peu de cette contradiction...
M. LAURIN: Françoise Sagan serait bien d'accord avec...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce qui prouve bien que la nature humaine est la
même, on utilise au fond les textes en fonction de ce que l'on
désire. Quoi qu'il en soit, je suis d'accord.
Mais la formulation n'est peut-être pas idéale sur le plan
juridique, on va essayer de voir à...
M. LAURIN: D'accord, nous vous laissons toute latitude pour que la
formulation corresponde aux canons en vigueur.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons donc un texte qui colle à nos
besoins, nous remplacerions la qualité d'électeurs... Reprenez si
vous voulez le texte...
M. LAURIN: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais commencer à lire le paragraphe en
question: Un candidat ne peut être mis en candidature que dans un
quartier désigné et un électeur ne peut voter, je
m'arrête là et voici le texte que je propose: Que dans le quartier
où il a qualité d'électeur et où il est
domicilié. Parce qu'il est nécessaire nonobstant le dernier
alinéa de l'article 99...
M. LAURIN: Oui, c'est juste.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce qu'il faut quand même qu'on
fasse.
M. PAUL: II peut être électeur dans un domicile réel
et un domicile élu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est d'après la définition du
domicile dans la loi, parce qu'il faut faire appel à sa qualité
d'électeur. On va voir ce que la Loi de l'instruction publique nous
donne. Le domicile est défini.
M. LAURIN: Est-ce que je peux soumettre bien humblement au
député de Maskinongé que l'élection de domicile n'a
lieu que pour fins de contrat?
M. PAUL: Non, non.
M. LAURIN: C'est pour ça que je dis bien humblement, M. le
Président.
M. PAUL: Cela peut se produire aussi à l'annonce d'une
élection alors que les gens vont temporairement vivre dans un quartier.
Apparemment, cela s'est déjà produit dans mon comté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est l'article 4, de la loi 27, qui se
réfère à l'article 1 de la Loi de l'instruction publique
en le modifiant de la façon suivante: Le domicile d'une personne au sens
de la présente loi est au même lieu qu'en vertu du code civil pour
l'exercice de ses droits civils. Cela vous va?
M. LAURIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Alors, les deux amendements
présentés par le député de Saint-Jacques sont
adoptés?
M. LAURIN: Reformulés par...
M. PAUL: Le deuxième est reformulé.
M. CHARRON: Article 6, est-ce que je pourrais...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous gagnez un point à
l'alignement.
M. PAUL: ... quoi qu'il ait trois quarts.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 617 est adopté?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 618.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 618 requiert quelques explications. Il
s'agit de l'application des dispositions générales de la Loi de
l'instruction publique aux commissions scolaires de l'île. Les
commissions scolaires de l'île de Montréal avec la présence
d'un conseil scolaire qui se voit attribuer certains pouvoirs et devoirs
spécifiques, assumeront, règle générale quand
même, les mêmes fonctions que les autres
commissions scolaires qui sont régies par les dispositions
générales de la loi scolaire. Ce n'est pas autre chose que
cela.
M. LAURIN: Mais, M. le Président,...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Autrement dit, les commissions scolaires
conservent leurs droits. Il y a certains droits qui sont
délégués aux conseils scolaires, lesquels sont
définis dans le corps de la présente loi.
M. LAURIN: ... je remarque qu'il y a énormément
d'articles. Est-ce que vous pourriez quand même nous indiquer un peu la
nature...
M. CHARRON: ... vous trouvez mon amendement...
M. LAURIN: ... des dispositions qui vont prévaloir, simplement
par les titres, comme vous l'avez fait tout à l'heure?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, très bien. Reprenons les articles 64
et 65. Il s'agit de l'établissement du nombre et des limites des
quartiers. Mais cela revient à l'article 617 de notre...
M. LAURIN: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la même chose, tout revient comme
ça. L'article 127: date des élections annuelles, voir article 616
du projet.
M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 164: durée des mandats des
commissaires, voir l'article 616. Voulez-vous que je continue?
M. LAURIN: Oui. M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 166: remplacement de commissaires
déterminés par tirage au sort, inapplicable à cause des
élections générales au lieu d'élections par
rotation. Cela ne s'applique pas.
L'article 224, paragraphe 5 du premier alinéa: l'obligation
d'assurer les meubles et les édifices pour un certain montant.
Tout le reste, ce sont des pouvoirs analogues: les articles 224, 225,
228, 229, 236. Emprunt à court terme, voir l'article 220 b). Les
articles 237 à 244 concernent la taxe scolaire. Ceci a été
discuté dans...
M. CHARRON: L'autre chapitre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... l'autre chapitre. Cela continue. C'est toute
une série de concordances.
M. LAURIN: Les articles 51, 66, 70, ce sont toujours pour les taxes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quels articles?
M. LAURIN: Les articles 51, 66, 70, ce sont toujours des matières
immobilières ou...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cinquante-et-un...
M. LAURIN: Non, 251.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 251. Je vais vous le dire tout de
suite. Oui, ce sont toujours des matières immobilières.
M. LAURIN: Jusqu'à la fin ou est-ce qu'il y a d'autres
matières?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les articles 266 à 270, c'est le
processus concernant le recensement annuel, voir l'article 597 du
présent projet de loi.
L'article 312: certains avis qu'une commission scolaire doit
publier.
M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est à l'avenant.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté?
M. CHARRON: Non, M. le Président. J'ai un amendement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Eh bien, c'est calé, ça.
M. CHARRON: L'amendement viseraitje vais vous le donner en ses
termes juridiques d'abord à remplacer, aux sixième,
septième, huitième et neuvième lignes du premier
alinéa, les mots et les chiffres " le paragraphe cinquième du
premier alinéa et le dernier alinéa de l'article 224, les
articles 225, 228 à" par les chiffres "224, 225, 227 à". Ce jeu
mathématique a pour effet de retirer la propriété des
équipements aux commissions scolaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons faire les vérifications.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la proposition d'amendement que j'avais
annoncée. Mais je ne sais pas si l'on peut l'introduire ici. Je crois
qu'il va falloir en faire un article spécifique.
M. CHARRON: A l'article 620, il sera possible d'en donner la
propriété aux conseils scolaires. Pour le moment, on le retire
aux commissions scolaires. On leur trouvera un propriétaire...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a un petit problème juridique,
messieurs.
M. CHARRON: Oui?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 227 est abrogé de par la loi
27. Alors, c'est peut-être là qu'il faudrait... Nous comprenons ce
que vous voulez faire.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit de savoir si c'est ici qu'il convient
de le faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suggérerais qu'on reporte le
problème à l'article 620...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... pour en faire un article
spécial...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce serait peut-être plus facile.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... dont on pourra discuter une fois
là-dedans. Cela ne veut pas dire qu'on ne pourra pas revoir tout
ça pour faire la concordance.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si vous désirez... Oui, bien
sûr.
M. CHARRON: Parce que si, par hasard, à l'article 620,
l'amendement était accepté, il faudrait revenir à
l'article 618...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce que l'on peut très bien faire, c'est
de le suspendre dans cette perspective, si vous préférez.
M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne gêne en rien et,
automatiquement...
M. CHARRON: Agréé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... suivant la décision qui sera prise
à propos de cet amendement, on l'adoptera.
M. LAURIN: Remarquez, M. le Président, que ce ne serait pas le
seul article qu'il faudrait...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. LAURIN: ... je ne veux pas dire l'article 618, mais l'article 227.
L'article 227 ne devrait pas, si l'article 620 est adopté, être le
seul article qu'il faudrait revoir pour fins de concordance. Nous savons qu'il
y a beaucoup d'autres articles dans ceux que vous avez lus...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. LAURIN: ... rapidement où la question des immeubles revient
et, en conséquence du choix que nous ferions, il faudrait donc faire
concordance avec beaucoup d'autres articles...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, bien sûr.
M. LAURIN: ... qui apparaissent à l'article 618.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. LAURIN: C'est la raison pour laquelle nous préférons
peut-être, en effet, discuter du...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est plus facile de discuter du problème
de fond à l'article 620.
M. LAURIN: ... et ensuite, si jamais c'était adopté...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si, par une hypothèse que vous avez le
droit de faire, c'était adopté...
M. LAURIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 618 est suspendu. A l'article
619?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 619, M. le Président. Il y a un
problème qui se pose ici. C'est la question: "Lorsqu'une commission
scolaire établit des régions administratives ou des districts, le
comité de parents visé à l'article 68 est remplacé,
pour les mêmes fins, par les comités suivants: a) un comité
régional, etc".
J'aimerais attirer l'attention du ministre sur une demande qui a
été faite par l'Alliance des professeurs de Montréal qui
suggérait de supprimer l'article 619, en indiquant que cet article
prévoyait un régime d'exception, discriminatoire et
antidémocratique pour les parents de Montréal. J'ai lu un autre
texte plus explicite à ce sujet. Je pose le problème parce que ce
que j'en ai lu et ce qui m'a été communiqué à ce
sujet me paraît correspondre à des préoccupations qui sont
fondées. C'est pourquoi, avant d'aller plus avant, j'aimerais que le
ministre nous explique assez longuement le sens et la portée de
l'article 619 en fonction des comités de parents...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec plaisir, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... dont l'Alliance des professeurs dit qu'il
s'agit d'un système discriminatoire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La Loi scolaire, l'article 68, prévoit la
formation d'un comité de parents dans chaque commission scolaire. Il
est
formé des présidents des comités d'écoles.
Cependant, il se trouve que, dans certaines commissions scolaires, le nombre
d'écoles étant trop élevé, le comité de
parents peut atteindre des proportions qui le rend absolument peu fonctionnel.
C'est ce qui est arrivé, d'ailleurs, à la CECM. Je dois dire
qu'à la suite de cette difficulté, les parents de la CECM ont
accepté exactement la substance de cet article qui fournit un
mécanisme pour pallier la difficulté. Alors, ce que nous
proposons, c'est que, lorsque la commission scolaire comprend des districts
administratifs, ce qui est le cas de la CECM, le comité de parents est
remplacé par une structure à deux niveaux, c'est-à-dire
que les parents se retrouvent au niveau du district ou de la région et
se retrouvent au niveau de la commission scolaire. C'est tout simplement pour
réduire le nombre, parce qu'on se retrouverait avec des comités
de 100 ou 150 personnes.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, je comprends...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait, c'est 350 comités
d'écoles qu'il y aurait à la CECM.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): H y aurait 350 comités
d'écoles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit de les grouper par un mécanisme
en tenant compte des divisions administratives de cette commission
scolaire.
M. CHARRON: Est-ce qu'ils ne le sont pas déjà à la
CECM?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela l'est. M. CHARRON: Bon.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce que je dis. Les parents ont
accepté cette formule.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais, M. le Président...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quand cela a été fait à la
CECM je m'excuse cela a été fait sur une base ad
hoc.
M. CHARRON: Mais ils fonctionnent...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'excuse auprès du
député de Saint-Jacques. J'aimerais pouvoir poursuivre la
discussion afin d'avoir les renseignements que je demande. Le ministre me dit
qu'il y aurait 350 comités de parents à la CECM.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comités d'écoles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... d'écoles, dis-je...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, parce qu'il y a 350 écoles.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II y a 350 écoles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Etant donné la dimension de la commission
scolaire, ce n'est pas applicable.
C'est la loi 27, qui était pensée, conçue pour
l'ensemble du territoire québécois, hors de Montréal, qui
a déterminé cette formule de participation des parents. Comme
elle est applicable à Montréal, elle est applicable dans un cadre
pour lequel elle n'était peut-être pas très bien faite. Et
nous corrigeons puisque nous avons une loi spécifique pour
Montréal ce que ça pouvait avoir de
disproportionné.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre, avant le
dépôt du projet de loi a eu des discussions avec le groupe de
l'Alliance des professeurs de Montréal, au sujet de ces fameux
comités?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas sur ce point-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre aurait un commentaire
à faire sur ce que dit l'Alliance des professeurs, qui prétend
que c'est un régime d'exception discriminatoire et
antidémocratique pour les parents de Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ecoutez, je ne peux pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je veux bien que le ministre me comprenne. Je
ne suis pas de Montréal. Si je saisis la dimension du problème,
tel que le ministre l'a tout à l'heure exposé, il me parait
évidemment que s'il y avait 320 comités ce serait assez complexe.
C'est bien évident.
Mais comment pourrait-on tout en gardant des proportions raisonnables,
concilier la possibilité de fonctionnement de ce mécanisme sans
que cela comporte ce que l'Alliance des professeurs appelle une
discrimination?
Moi, je ne la perçois pas dans l'immédiat cette
discrimination, compte tenu de l'article que nous discutons. Mais comme nous
sommes législateurs et que des représentations nous ont
été faites certaines m'ont été faites
personnellement à ce sujet je voudrais comprendre pourquoi, d'un
côté, on dit que c'est discriminatoire et comment le ministre
perçoit le problème en fonction de l'article qu' il...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De quand date
l'entrefilet? Cela date déjà de quelques temps, je n'en
serais pas étonné.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ceci est de ce matin.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne me paraît absolument pas
discriminatoire. En fait, cet article reprend la pratique qui s'est
établie à la CECM et qui est souhaitée par tous les
parents, il l'institutionnalise.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a eu des consultations avec la
CECM à ce sujet. Qu'est-ce qu'on disait de ces comités?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons eu des consultations au niveau des
fonctionnaires sur des points de cet ordre-là. Les parents ont
approuvé cette formule. Et la CECM l'approuve également. Nous
considérons que c'est la seule formule applicable lorsqu'il y a un
nombre considérable d'écoles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si nous passons à d'autres commissions
scolaires, celles qui sont décrites dans le projet de loi, est-ce que ce
même phénomène d'une multiplication des comités
d'école se retrouve? Je parle des commissions scolaires, outre la
CECM.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A Montréal? M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est facile à calculer. Tout
dépend du nombre d'écoles. On peut en faire un relevé, si
vous voulez. Il ne semble pas y avoir la moindre difficulté. J'ai peine
à m'expliquer comment on puisse présenter cette
thèse-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la raison pour laquelle moi aussi je
m'interroge. Comme je vous le dis, j'ai eu d'autres documents, j'ai lu les
représentations qui ont été faites. Des
représentations m'ont été faites verbalement encore
aujourd'hui par téléphone à l'heure du déjeuner
et on parlait toujours de discrimination. J'aimerais que des gens de
Montréal, qui sont plus familiers avec le milieu, me disent, eux, ce
qu'ils en pensent, compte tenu de l'expérience qu'ils ont pu avoir des
comités d'école ou de la conception qu'ils ont du problème
des comités d'école.
Peut-être le député de Bourget pourrait nous dire ce
qu'il en pense. Est-ce que ça lui paraît discriminatoire?
M. LAURIN: Justement, j'étais en train d'en parler avec mon
collègue de Saint-Jacques, qui a eu l'occasion, lui, d'aller rencontrer
plusieurs de ces comités d'école, que ce soit au niveau des
écoles mêmes ou au niveau régional. Je pense qu'il pourrait
nous faire part de son expérience à ce sujet.
M. CHARRON: J'ai entendu l'article 619 comme une incitation à
étendre l'expérience que la CECM connaît aux autres
commissions scolaires qui deviendront de taille maintenant, y compris
même celle de Verdun qui est la plus petite, en établissant des
régions à l'intérieur de leur commission scolaire,
régions qui sont administratives.
Par exemple, dans le cas de la CECM on s'est efforcé de donner
aux régions une homogénéité socio-économique
assez grande. Mon comté, le faubourg à la mélasse,
constitue la région 2, à peu près exclusivement de la
CECM. Et ce sont les parents eux-mêmes qui ont demandé à
s'organiser sous le type de région.
Moi, je les ai encouragés à le faire lorsqu'ils m'ont
consulté là-dessus. J'ai travaillé avec eux,
formulé des demandes, piloté des demandes jusqu'au niveau de la
CECM, parce que je trouvais essentiel qu'ils apprennent à fonctionner
comme ça. Il me semble normal maintenant, par exemple, que tout l'ouest
soit regroupé, qu'aussi par régions on continue à
travailler.
Je dois dire que moi non plus je ne comprends pas pourquoi on dit:
Discriminatoire...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça que je voudrais savoir des
gens de Montréal.
M. CHARRON: ... parce que je les ai vus vivre l'expérience, je
les ai vus se satisfaire de cette expérience de regroupement au niveau
régional. Là où ils demeurent perpétuellement
insatisfaits, c'est quant aux pouvoirs qu'ils ont.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est autre chose.
M. CHARRON: C'est autre chose, mais c'est aussi important. Parce que le
fait que les parents ne soient réduits qu'au rôle consultatif
ce qui en soi n'est déjà pas un très gros pouvoir
lorsque ce pouvoir s'étaye de palier en palier et
là on crée un palier intermédiaire qui s'appelle la
région . Une fois formulé au niveau du centre de
décision qui est la commission scolaire, le pouvoir consultatif est
bénin.
Après avoir essayé de faire un compromis de toutes les
régions, pour des recommandations auprès de la Commission des
écoles catholiques de Montréal, et que ce compromis n'ait d'effet
qu'à la bonne grâce des dirigeants de la Commission des
écoles catholiques de Montréal, le fait qu'il y ait un palier de
plus rend encore plus pénible pour les parents l'insatisfaction de ne
voir leur pouvoir que consultatif.
C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles ils se sont
regroupés au plan régional. N'ayant qu'un pouvoir consultatif au
niveau de l'école, ils se sont dit: Plusieurs à la fois vont
peut-être faire plus pencher la balance et nous donner plus de pouvoirs
que nous n'en avons là, d'autant plus si nous sommes plusieurs provenant
du même quartier, ayant le même genre d'enfants, les mêmes
problèmes socio-économiques, etc. C'était en fait pour
pallier le manque
de la loi qu'ils se sont regroupés au plan régional. Il y
a à peu près dix jours, je pense cela fera deux semaines
lundi j'ai rencontré le président régional des
comités de parents de ce district. Satisfait de l'expérience de
regroupement des parents en bas, il n'est quand même toujours pas
satisfait des pouvoirs qu'il a auprès de la Commission des écoles
catholiques de Montréal.
Le ministre a bien fait d'innover, de reprendre l'innovation de la CECM
et de vouloir l'étendre; mais il aurait dû en profiter, quant
à moi, pour consacrer aux parents des pouvoirs plus grands qu'ils n'en
ont au sein de ces commissions scolaires. Parce que vous diluez
peut-être, même, le pouvoir qu'ils ont. Je ne sais pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En termes de pouvoir, je me rappelle les
discussions que nous avons eues à propos de la loi 27 et même
à propos du projet de loi 28. De l'avis de ceux qui vivent sur les
lieux, est-ce qu'il est possible et le ministre pourra me
répondre, parce que lui aussi vit sur les lieux de concevoir des
comités de parents, comme ceux dont on parle, qui auraient vraiment
certains pouvoirs décisionnels?
L'an passé, je me rappelle que nous avions eu une longue
discussion là-dessus; avoir un pouvoir décisionnel et un pouvoir
consultatif, c'est très différent. Et à partir du moment
où on remet la responsabilité de l'administration scolaire
à telle instance et qu'on en retire une partie en donnant à un
comité de parents des pouvoirs de décision je me posais la
question l'année passée, je me la repose encore est-ce que
cela peut fonctionner?
Je le demande au ministre, parce qu'il vit l'expérience ou,
à tout le moins, il l'observe comme ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a deux points:...
M. LAURIN: Avant que le ministre réponde, est-ce que je pourrais
ajouter quelque chose à votre question? Il reste que la loi no 27 est en
application depuis un certain nombre de mois. J'imagine que des comités
d'écoles ont été constitués, qu'ils ont
fonctionné. J'imagine qu'ils ne passent pas leur temps simplement
à se regarder. Ils ont discuté. Ils ont dû adopter des
résolutions. J'imagine que ces résolutions se sont
retrouvées fatalement, un jour ou l'autre, sur la table d'un conseil
d'administration d'une commission scolaire.
Est-ce que le ministère est au courant du sort qui a
été fait par les conseils d'administration des commissions
scolaires à ces résolutions qui leur sont parvenues des
comités d'écoles? Par exemple, dans quelle proportion ces
résolutions ont-elles fait l'objet à leur tour de
résolutions du conseil d'administration des commissions scolaires? Dans
quelle proportion les recom- mandations des parents ont-elles été
reprises à leur compte par les conseils d'administration? Dans quelle
proportion ont-elles été rejetées? Peut-être
qu'avant de reprendre la discussion sur le fond, sur la valeur, il serait
intéressant de savoir le sort qui a été fait, en pratique,
à ces comités consultatifs d'après la loi? Mais cela, seul
le ministre pourra nous répondre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, bien sûr. Voici la situation. C'est
qu'il y a à peine deux mois que ces comités sont implantés
et que les règlements en ont permis le fonctionnement. Je vous ai
expliqué, il y a quelque temps, que la mission 27 avait reçu un
nouveau mandat, maintenant que la phase d'implantation était
terminée, celui d'évaluer les résultats. La mission 27,
spécifiquement, va évaluer le résultat du fonctionnement
de ces comités de parents et de ces comités d'écoles.
C'est la seule réponse que je puisse donner pour l'instant. On nous dit
que cela va bien dans l'ensemble, mais ce n'est pas une réponse
satisfaisante. Il faut une évaluation véritablement scientifique.
C'est pour ça que je ne crois pas que nous puissions, à ce
stade-ci...
M. LAURIN: Mais même à travers les branches, vous n'avez
pas...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A travers les branches, c'est ce que je vous
dis. On nous dit que ça va bien, mais...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a que deux mois en
réalité que cela fonctionne.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a que deux mois, c'est beaucoup trop
court.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, est-ce que dans les bruits qui vous
sont parvenus, est-ce qu'on remet encore en cause cette question de l'absence
de pouvoirs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Moi, je n'en ai pas entendu parler depuis
quelque temps. Mais c'est une préoccupation qui n'est pas disparue,
très certainement. Ce que nous avons voulu régler par l'article
719, ce n'est pas la question des pouvoirs des comités d'école,
c'est la structure que le député de Saint-Jacques et je le
remercie a contribué à décrire, et le fait
d'institutionnaliser cette structure qui semblait avoir fait ses preuves au
niveau d'une commission scolaire...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Nous l'avons rattachée...
M. LAURIN: A quel autre article, le ministre peut-il nous le dire, cette
question des pouvoirs des comités d'écoles est-elle reprise?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle n'est pas
reprise. Si vous voulez en parler, on peut en parler ici. Ce serait
l'endroit idéal. C'est le bill no 27 qui parle de cette question.
M. LAURIN: Mais dans le bill no 28, on en parlait. Donc, cela veut dire
que vous n'avez repris, dans ce projet de loi, aucune des...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne suis pas sûr qu'on en ait
parlé dans le bill no 28, nous allons vérifier. Nous avons une
analyse...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne suis pas sûr, moi non plus, si on
en parlait...
M. LAURIN: Ou encore, il serait peut-être intéressant de
savoir à quel article, de la loi no 28, nous aurions pu en parler.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour ma part, ce sont à peu près
les seules remarques que j'ai à faire de ce point de vue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si j'ai abordé ce problème, ce
n'était pas dans le but d'instituer un débat, c'est parce que
j'avais été sensibilisé par un organisme en particulier,
par des individus qui travaillent dans le milieu; je voulais savoir de ceux qui
vivent à Montréal, jusqu'à quel point le reproche de
l'Alliance des professeurs, par exemple, ou d'autres reproches analogues,
pouvaient être fondés, en ce qui concerne la représentation
dont on dit qu'elle est antidémocratique, etc... Je suis satisfait,
quant à moi. Maintenant, comme je vous le dis, je suis obligé de
m'en remettre à des gens qui vivent dans le milieu. Je ne veux pas
poursuivre plus longtemps la discussion là-dessus...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais le fait qu'il y a un accord entre le
député de Saint-Jacques et moi, doit représenter un bon
dénominateur commun.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas nécessairement
rassurant.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 619 est adopté?
M. CHARRON: Non, non, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, il y a des choses...
M. CHARRON: J'ai une question à poser. J'ai eu l'occasion de
suivre, sur le territoire montréalais, plus que partout ailleurs, les
questions d'éducation de plus près. Une chose assez claire pour
ceux qui suivent et qui s'intéressent à la participation des
parents, qui la souhaitent, qui se sont efforcés de la
concrétiser, c'est que les différentes commissions scolaires sur
le territoire de l'île de Montréal je parle de celles qui
sont là ce soir ont développé, chacune à
leur manière, un rôle des parents dans la gestion de leurs
affaires.
Par exemple, je crois que la commission scolaire de Lachine en est une
qui, sur un certain chapitre, a considérablement innové. Elle a
laissé jouer aux parents un rôle beaucoup plus grand
peut-être que la loi, telle que rédigée actuellement, ne le
permettrait de le faire. Même à l'intérieur de la CECM, il
y a beaucoup de différences. Les parents des zones grises, des zones
défavorisées en sont encore, dans mon analyse personnelle, au
début d'une véritable participation. Je pense que le taux de
participation était encore, il y a quelques années, très
très faible quant aux comités de parents. Il augmente. Il s'est
amélioré, souvent grâce à l'instigation de certains
principaux d'école qui l'ont favorisé. Mais, chez nous, pour
toutes sortes de raisons socio-économiques sur lesquelles je n'ai pas
à revenir, la participation et l'intérêt sur cette question
est un phénomène neuf. Dans d'autres quartiers plus riches, je
pense à la région no 5 de la CECM, au quartier par exemple du
ministre de l'Education, que le ministre de l'Education représente ici,
une certaine forme de participation, de regroupement est plus habituelle chez
les parents. Donc, la CECM a accordé plus de latitude à ce
secteur, pendant qu'elle était encore dans d'autres secteurs de son
propre territoire en train d'appeler simplement les parents à se
mêler des affaires scolaires.
Ce que je veux dire, si je dis tout ceci, ce n'est pas pour faire un
tableau des connaissances du système scolaire montréalais, c'est
parce que cela a des conséquences à l'article 619. Je me dis
maintenant: Nous allons regrouper, bien faiblement soit, mais regrouper des
commissions scolaires par la loi no 71. On regroupera des commissions scolaires
qui, elles, avaient établi avec des parents des façons
différentes de travailler. Le ministre disait: Je ne veux pas que ce
soient les étudiants qui aient à payer de tous ces palabres
administratifs. Moi, je dis que je ne veux pas que ce soient les parents non
plus. Je crains que les parents qui avaient reçu un très bon
accueil d'une commission scolaire, par exemple, une fois cette commission
scolaire regroupée, noyée dans une autre plus grande qui, elle, a
développé une autre mentalité de relations de travail avec
les parents, s'en trouvent frustrés. Et elles perdent les bonnes
relations, parfois même les pouvoirs qu'elles avaient gagnés
négociation par négociation avec les parents.
Je m'inquiète de cela. Je pense que les parents aussi sont en
mesure de s'inquiéter. C'est peut-être pourquoi ils ont
favorisé les regroupements régionaux justement pour ne pas
être noyés immédiatement, entre autres.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que j'ai une réponse pour le
député de Saint-Jacques. D'ailleurs, les remarques qu'il fait
militent tout à fait en faveur de la formule que nous avons
choisie, c'est-à-dire de regrouper en tenant compte d'un certain
nombre de critères, comme des critères d'affinité. Nous
avons particulièrement tenu compte de cet aspect. Les quelques
regroupements que nous avons faits l'ont été, je pense, de telle
manière qu'il n'y aura pas de difficulté. Il n'y avait pas de
disparités trop grandes entre ces techniques. Je suis aussi partisan de
laisser une marge de manoeuvre assez grande.
C'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle nous n'avons pas voulu
forcer les commissions de Verdun, dont le député de Saint-Jacques
a parlé à plusieurs reprises, parce qu'il y avait deux
hypothèses possibles: l'hypothèse de la ville Eymard qui
n'était pas réalisable, étant donné l'option que
nous avions faite pour la CECM, et l'hypothèse de la ville de Lasalle.
C'est là qu'il y aurait eu des difficultés analogues à
celles que le député de Saint-Jacques soulignait, dans ce secteur
précis et dans d'autres secteurs également.
Nous avons tenté, dans cette approche, d'évaluer les
difficultés sur tous les plans. Dans le cas particulier de Verdun, nous
craignons exactement la situation que déplore le député de
Saint-Jacques.
En gros, disons que cela va se passer fort bien de ce point de vue.
Ce que j'ai aimé dans l'intervention du député de
Saint-Jacques, c'est qu'il met bien l'accent sur l'importance des personnes en
présence. Il est évident que ce type de participation est
largement une question de personnalités. Si vous avez un principal qui
désire ce type de consultation, qui le favorise et qui crée le
climat favorable, ça marche très bien. Mais si c'est l'inverse,
que voulez-vous? Il n'y a aucune législation qui va permettre la
participation.
M. CHARRON: Je trouve ça à la fois bon et dans le
sens que c'est inévitable, le caractère des personnes humaines en
cause a toujours joué malheureux aussi, parce que des parents,
très soucieux de participer à l'éducation de leurs
enfants, vont se faire barrer le chemin parce que le directeur de
l'école est un vieux de la vieille, avec de vieilles conceptions, et qui
ne veut pas que les parents mettent leur nez dans l'éducation de leurs
enfants.
A d'autres endroits, par exemple, justement dans le nord de la ville,
à l'école Sauvé, où on a fait une expérience
je ne pense pas exagérer en le disant à toutes fins
pratiques, ce sont les parents qui dirigent l'école. Le directeur s'est
fait une obligation de les impliquer et ça fonctionne très bien.
A d'autres endroits je peux nommer une école de mon comté
le directeur est absolument le contraire, il n'est ni plus ni moins
qu'un militaire.
Je sais que la loi ne peut pas remplacer les hommes, mais la loi ne peut
pas faire qu'un individu borné devienne intelligent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On légiférerait souvent.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Le problème sera de trouver des
législateurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très bien.
M. LAURIN: J'aurais un amendement à proposer, M. le
Président. Evidemment, pour que je puisse le proposer, il faudrait qu'on
puisse introduire 67 à 618 dans l'article qui a été
suspendu, 64, 65, 67, comme on a fait d'ailleurs pour 620. On a dit qu'on
discuterait du positif, 620, c'est-à-dire du transfert des immeubles, et
tout ça, avant de revenir à 618. De la même façon,
si l'amendement que je présente était adopté, il faudrait
ensuite faire la concordance avec...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je dois vous rassurer. A chaque fois qu'il y a
un amendement, nous vérifions toutes les questions de concordance.
M. LAURIN: Mon amendement se lirait comme suit: "Tout comité
d'école formé selon l'article 66 de la présente loi
c'est-à-dire la loi 27 devra être consulté sur le
choix des maîtres et leur affectation, l'adoption des programmes
d'études, le choix des manuels et du matériel didactique et
l'organisation des loisirs parascolaires".
Je pense que les raisons en sont évidentes. Il nous semble que
les matières énumérées dans l'amendement que nous
présentons intéressent de très près la vie
concrète, la vie quotidienne de l'étudiant et qu'il y a profit
à consulter les comités de parents sur ces questions. Ils ne sont
peut-être pas les seuls, mais ils sont quand même
privilégiés, pour connaître les conditions concrètes
d'apprentissage de leurs enfants. Ce sont eux qui savent, par exemple,
jusqu'à quel point ils peuvent avoir tel ou tel talent, telle ou telle
aptitude, telle ou telle difficulté, individuellement aussi bien qu'en
groupe.
Il nous semble que, si l'on se prive de cet apport extrêmement
précieux dans l'évaluation des programmes, dans
l'évaluation des manuels, dans le choix des maîtres, on risque de
faire de mauvais choix et on risque de compromettre l'avancement intellectuel,
l'avancement pédagogique de l'enfant.
Là, c'est simplement répéter ce que tellement de
pédagogues et de psychologues nous disent depuis plusieurs années
mais aussi répéter ce que les philosophes nous disent
également depuis des centaines d'années. C'est que ce sont
d'abord les parents qui sont responsables de la vie de l'enfant, de
l'éducation de l'enfant et l'éducation fait partie d'une
façon très importante de la vie de l'enfant. C'est donc rejoindre
des préoccupations éternelles aussi bien que contemporaines et
essayer de les harmoniser dans une formulation heureuse dont devraient tenir
compte, de toute façon, aussi bien la commission pédagogique que
le conseil d'administration, si elle ne veut pas oeuvrer dans le vide ou sie
elle ne veut pas oeuvrer simplement
à partir d'impératifs trop exclusivement technocratiques.
C'est très brièvement exprimé les raisons que je
présente à l'appui de cet amendement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, en substance, si on
examine la libellé de la proposition d'amendement du
député de Bourget, enfin qui le fait au nom du
député de Saint-Jacques, on pourrait être d'accord sur un
amendement de cette nature. Je me demande d'une part si cela est
réaliste. Ce que propose le député, c'est l'idéal.
C'est au fond un mécanisme de fonctionnement qui se situerait dans le
cadre d'une organisation scolaire idéale avec des gens à
caractère idéal également.
C'est au fond devancer l'évolution, puisqu'on parle toujours
d'évolution ici, de la société, ce qui n'est pas
condamnable en soi, loin de là. Je me demandais, du point de vue de
l'efficacité administrative, pédagogique, etc., j'accepterais que
la question des loisirs soit mise à part parce que cela me paraît
praticable la possibilité du choix des maîtres des manuels
je ne me rappelle pas complètement le libellé du
programme d'études, de matériel didactique, etc,... Supposons un
comité de parents idéal, des gens qui soient avertis, comme peut
l'être un éducateur de profession, de toutes ces questions. Je
parle un peu en connaissance de cause, sans prétendre que je sois un
éducateur idéal, mais j'ai vécu l'expérience et je
la vis encore périodiquement quand j'enseigne. Je suis obligé,
comme professeur, de prendre mes responsabilités. D'abord, je dois m'en
tenir aux règles de la maison. Il y a une discipline dans la maison. Il
y a un programme pédagogique, un matériel didactique et une
série d'options qui est offerte aux professeurs dans le choix des
instruments didactiques et manuels, etc..
Ayant conçu mon programme d'enseignement de telle façon,
pour tel type d'élèves, si je devais après cela, aller
soumettre mes choix à un comité de parents, par exemple, qui
serait composé de gens bien mais pas de spécialiste, je vous
avoue qu'à quelque niveau d'enseignement que ce soit,
j'éprouverais des difficultés énormes à accepter
des directives, non pas par autocratisme, à ce moment, mais...
M. LAURIN: Mais c'est consultatif.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... oui mais même dans la perspective de
la consultation. Parce qu'une consultation finit toujours par être une
sorte de pression et à supposer que je refuse ce qu'on me
présente sous forme de résultat de consultation, je vais subir
les mêmes conséquences que si c'était décisionnel en
réalité. Je vais avoir autant d'ennuis, peut-être plus,
parce que de toute façon, si je ne l'accepte pas, on va hurler et si je
l'accepte, je me suis soumis à quelque chose qui me dépasse et
qui m'enlève toute prérogative et toute possibilité
d'actions autonomes, comme professeur agissant ès qualité.
Ce que propose le député de Bourget me parait
procéder d'un certain angélisme.
M. LAURIN: Il en faut.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Je suis bien d'accord mais s'il n'y a que
des anges, il n'y aura plus d'humains à qui on pourra enseigner.
M. LAURIN: Comme disait mon professeur, on devrait viser à
atteindre tout idéal d'une façon asymptotique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Qu'est-ce que ça signifie?
M. LAURIN: C'est une courbe comme celle-là qui se rapproche de
plus en plus de son terme...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la description du projet de loi 71.
M. LAURIN: ... sans que jamais on puisse le rejoindre puisqu'il est
tellement élevé. Au fond seuls les saints...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Délaissant l'asymptote il est
bon de se détendre un peu je reviens à ce que je disais.
Cela me parait procéder d'un certain angélisme, du point de vue
strictement pratique, concret. Je vois des difficultés énormes
dans une proposition comme celle-là. D'abord, en ce qui concerne
l'autonomie du professeur, je serais curieux de savoir si les professeurs
syndiqués, organisés, tout ça et tant mieux, accepteraient
facilement cela. Je me demande, d'autre part, si les comités de parents,
avec toutes les qualités qu'on puisse reconnaître à chaun
de leurs membres il n'est pas question de mépriser qui que ce
soit sont vraiment capables de porter jugement sur les matières
qui font l'objet de l'amendement du député de Bourget.
M. LAURIN: Si on ne leur donne jamais de responsabilités, ils
seront encore bien moins préparés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis d'accord, dans un sens, avec le
député de Bourget à ce moment. Mais est-ce que c'est le
moyen de les leur donner, ces responsabilités, en les investissant d'un
pouvoir immédiat d'action dans une matière qui me paraît
relever de compétences déterminées? Je vais me servir
d'une analogie qui sera nécessairement boiteuse, parce que toute
comparaison est boiteuse. Supposons un conseil médical situé dans
un hôpital où se regroupe un ensemble de discipli-
nes hospitalières, paramédicales, etc. On crée,
à l'intérieur de cet hôpital, un comité de
spécialistes de l'hôpital de toutes les disciplines, et ces gens
ont, par pouvoir consultatif, la possibilité de dire aux membres du
conseil médical, des médecins des spécialistes, des gars
qui sont obligés de charcuter de temps en temps, de prescrire, de
diagnostiquer, ainsi de suite: Ecoutez, messieurs, nous allons vous choisir,
d'abord. Nous voulons avoir le droit de choisir les médecins qui vont
faire partie de l'hôpital. Deuxièmement, nous allons vous imposer
aussi des méthodes. Remarquez que l'analogie est toujours imparfaite.
Nous allons vous indiquer les moyens de faire des diagnostics. Nous allons
même vous suggérer les équipements dont vous auriez besoin.
Est-ce que le député de Bourget, tenant toujours compte de
l'imperfection de l'analogie, agissant es qualité, comme médecin
et dans une discipline encore beaucoup plus particularisée comme celle
de la psychiatrie, par exemple, accepterait ça facilement? Est-ce qu'il
ne se sentirait pas paralysé dans son action?
M. LAURIN: Remarquez que dans la loi 65, à la suite des
nombreuses demandes que nous avons faites au ministère des Affaires
sociales, le ministre s'est finalement rendu à nos demandes alors
qu'auparavant, il n'y avait jamais eu consultation ou possibilité de
représentation de la part des clients, des malades. Le ministre a enfin
consenti, pour la première fois, à instaurer une nouvelle
structure qui, au moins à quelques reprises au cours de l'année,
peut faire valoir ses représentations, ses doléances, ses
critiques, même si, comme vous le dites, le champ d'action est
très particularisé et très technique. Mais je vous soumets
immédiatement que dans le domaine de l'éducation, même s'il
y a un aspect technique, un aspect compétence que je ne nie pas, il
reste qu'il y a des aspects humains qui transcendent la discipline.
On ne peut pas séparer l'instruction de l'éducation et on
blâme souvent l'école, actuellement, de trop instruire et de ne
pas assez éduquer. L'éducation est un domaine je ne dirai
pas, comme le ministre des autoroutes, que c'est une zone grise qu'il faut
éclairer mais il reste quand même que c'est un domaine
conjoint où ont à oeuvrer, dans des perspectives
différentes, je l'admets, l'éducateur aussi bien que le parent et
que leurs efforts devraient au moins s'harmoniser d'une part.
Deuxièmement, je soumets ceci au député de Chicoutimi: A
la suite de la révolution scolaire, qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas,
que nous avons connue depuis une dizaine et même une quinzaine
d'années parce que cela a commencé avant qu'on l'appelle
la révolution le niveau de l'éducation a augmenté
et certaines personnes, qui ont maintenant atteint le statut de parents, sont
beaucoup plus sensibilisés qu'auparavant à cette dimension. La
preuve en est que dans les comités d'école, il y a maintenant
beaucoup plus de parents qu'auparavant, qu'il y a quel- ques années, qui
s'intéressent à ces questions, qui scrutent avec attention les
manuels scolaires, le matériel didactique, même s'ils n'ont aucun
pouvoir encore. Rien n'empêche qu'ils le font. Ils le font dans beaucoup
de secteurs avec assiduité. Ils font des représentations et
parfois, on retrouve leurs opinions à la radio, à la
télévision, sur les lignes ouvertes, dans les tribunes des
journaux. Ce qui montre, puisque nous sommes toujours dans une situation
évolutive, qu'il y a eu évolution dans ce domaine et que cette
évolution doit être encouragée...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II vient, il vient.
M. LAURIN: ... et que c'est dans la mesure où on l'encouragera
que se développera cette convergence, cette harmonisation entre
l'éducateur, qui a fonction non pas seulement d'instruire mais aussi
d'éduquer, et les parents qui en sont conscients de plus en plus et qui
ont, eux aussi, compris qu'ils avaient besoin d'éduquer d'une nouvelle
façon, c'est-à-dire de façon à préparer
leurs enfants à la vie moderne, et non pas simplement dans le sens
traditionnel du terme. C'est simplement en aidant ce mouvement de convergence
à se manifestera se concrédiser qu'on l'encouragera et qu'on se
rapprochera de plus en plus de ce point idéal dont vous parliez tout
à l'heure.
Je sais bien que cela peut paraître de l'angélisme, mais je
disais tout à l'heure à la blague qu'il en fallait, mais je pense
qu'il en faut de l'angélisme. On peut appeler ça d'un autre nom;
on peut appeler ça de l'utopisme, du fabianisme. Les Anglais appelaient
ça le fabia-nisme; Erasme appelait ça la folie. Le nom peut
varier mais la chose demeure la même ;
C'est que nous visons toujours à l'excellence. Je
préfère appeler ça comme ça. Nous visons à
l'excellence. Teilhard de Chardin appelle ça la
néo-genèse. Teilhard nous recommandait de nous diriger à
une allure de plus en plus rapide vers cette néo-génèse
qui, au fond, sera l'achèvement suprême de l'humanité. On
est loin d'avoir atteint ce terme. Si nous voulons atteindre ce terme, il faut
en préparer les premières étapes. C'est aux
premières étapes que nous en sommes dans ce projet de loi. Mais
pour atteindre les dernières, il faut poser les premières.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bravo! c'est excellent ça.
C'est la défense de plus en plus précise du projet de
loi.
M. LAURIN: C'est très précis.
UNE VOIX: Est-ce que je pourrais parler en mon nom?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais ajouter
une remarque...
M.CLOUTIER (Ahuntsic): Présentée avant minuit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais ajouter quelque chose à ce
qu'a dit le député de Bourget, pour bien lui faire comprendre
qu'au fond, nous sommes d'accord. Sur cet idéalisme, comme il dit, je
veux bien faire avec lui l'éloge de la folie...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Surtout la folie des autres, c'est très
agréable.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est toujours plus agréable; vous en
connaissez quelque chose, vous autres. Je m'interroge encore, parce qu'il faut
quand même être pratique. Je conçois très bien la
nécessité d'opérer cette jonction entre les parents qui
sont éducateurs et l'éducateur qui, par profession, enseigne et
doit être en même temps non pas seulement celui qui dispense
l'enseignement mais qui éduque aussi. Je suis d'accord là-dessus.
Je vous avoue en toute franchise que, sans refuser votre proposition
d'amendement, j'hésiterais beaucoup à donner mon agrément
complet.
Je pense que si on mettait la question aux voix, je voterais pour une
proposition semblable, encore que je m'interroge sur la possibilité
d'application et sur un certain nombre de conséquences
désastreuses qui se formuleraient sous forme de tracasseries de toutes
sortes de petites chinoiseries de la part de parents qui comprendraient les
choses d'une façon et de parents qui les comprendraient d'une autre. Je
me demande si on n'irait pas insérer dans une institution, parce que
cela en est une au sens étymologique du terme, si on n'y a pas
insérer dans une institution une sorte de germe qui provoquerait
constamment des tensions et même des crises et des éclatements.
Encore que tout ça peut être salutaire à certains
moments.
M. LAURIN: Cela ferait partie de la rumeur ultime.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et cela fait partie, aussi, de la dynamique de
l'évolution humaine.
M. LAURIN: Dans laquelle s'inscrit le progrès.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et d'ailleurs pour suivre la ligne
évolutive du ministre, je suis hésitant. Mon côté
pratique me fait dire: Non. Mon côté angélique me faire
dire: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que c'est un vote ça, M. le
Président?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Non, non! Le député de
Saint-Laurent a demandé la parole il y a déjà quelque
temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le balancier.
M. PEARSON: M. le Président, je suis d'accord sur les arguments
qui ont été invoqués par le député de
Chicoutimi. Quant à moi, disons qu'il n'y a pas d'hésitation, je
ne pourrais pas voter pour une suggestion semblable. J'ai évolué
également dans ce milieu. Je pense que ce n'est pas tout à fait
réaliste. Je ne pense pas que les parents, de façon
générale, aient la compétence voulue pour juger de la
valeur d'un professeur. Il suffit d'ajouter certains exemples. A un moment
donné, il y a des contestations ou des manifestations. Les parents sont
un peu les porte-parole des enfants. Les enfants n'aiment pas la face de tel
professeur, ils n'aiment pas la face de tel autre parce que, pour ne pas
être dans le vent, ils amènent une certaine discipline à
l'école. Automatique, cela peut se répercuter au niveau des
comités de parents. Qu'ils soient consultés, qu'on les
écoute, d'accord. Mais je pense qu'il y a quand même des
directeurs de personnel au niveau de chacune des commissions scolaires qui ont
la compétence voulue. Alors, consultation, je suis d'accord. Mais
allez-vous aussi loin que le député de Bourget l'introduit cette
suggestion? Je pense que ce ne serait pas réaliste, cela
amènerait énormément de complications. Cela pourrait
risquer d'amener un certain chantage.
M. LAURIN: Combien de progrès sont jugés réalistes
aujourd'hui et qui auraient été jugés complètement
irréalistes il y a seulement cinq ans?
M. PEARSON: Etes-vous capables de me dire, vous, supposons sur cent
parents, qu'elle est la proportion de ceux qui font partie des comités
scolaires, des comités de parents et dont le jugement n'est pas
influencé par le jugement des enfants?
M. CHARRON: Si c'est le cas, de façon
générale...
M. PEARSON: Je ne dis pas de façon générale, mais,
êtes-vous capable d'établir...
M. LAURIN: Cela pourrait servir d'utile contrepoids aux
préjugés des membres des conseils d'administration, surtout la
façon dont ils ont été choisis au cours des trois ou
quatre dernières années.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est au ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons voter contre cet amendement. Non pas
parce que nous ne sommes pas sensibles aux arguments invoqués par le
député de Bourget, mais parce qu'il ne nous parait pas
souhaitable d'inclure
dans un projet de loi le détail des différentes fonctions
dont pourraient être chargés les comités de parents. Ceci
nous paraît d'autant moins souhaitable qu'il existe des guides
pédagogiques qui portent sur cette question des comités de
parents. Dans ces lieux pédagogiques, nous suggérons au
comité de se déterminer eux-mêmes des priorités. Les
priorités peuvent varier suivant la compétence des parents,
l'intérêt qu'ils portent à un secteur plutôt
qu'à un autre secteur. Nous faisons un certain nombre de suggestions qui
reprennent les suggestions du député de Bourget puisqu'il s'agit
de toucher à la plupart des aspects de la vie scolaire. Je crois que les
choses comme ceci tiennent compte de la marge de manoeuvre nécessaire
à ces comités et en même temps de la
nécessité de l'administration. Je pourrais parler très
longtemps sur la participation, sur les conceptions que j'en ai, mais je crois
que nous pourrions peut-être prendre le vote à partir de ces
quelques explications qui se limitent à donner l'attitude du
gouvernement vis-àVvis de l'amendement.
M. CHARRON: Je ne suis pas encore intervenu sur l'amendement
présenté, par le député de Bourget, en mon nom
parce que je suis le seul légitimé à le faire à
cette commission et je crois important de le faire parce que chez nous, cela a
été depuis le début, que ce soit au projet de loi 27 ou au
projet de loi 28 ou lorsque nous avons à chaque année
étudié les crédits du ministère de l'Education, une
ligne sur laquelle nous sommes demeurés quasi inflexibles et sur
laquelle nous avons été rejoints par plusieurs groupes sociaux
avec lesquels nous avons eu à travailler.
Je résumerais l'angélisme du député de
Bourget par...
UNE VOIX: Par sa folie.
M. CHARRON: ... sa folie, une des plus saines que je connaisse. Je
résumerais cela sur le plan politique par l'accession aux
responsabilités. Je me souviens d'avoir évoqué je
le relisais tout à l'heure pour retrouver les termes exacts de cet
amendement que nous avons présenté lorsque nous
étions à étudier le bill 27, qu'un des objectifs
principaux, malgré toutes les embûches, les difficultés que
je connaissais pour l'application de cet amendement, était de faire...
Est-ce que nous ajournons sine die? Je suis prêt à ajourner sine
die et je reprendrai la parole...
LE PRESIDENT (M. Pilote): II n'est pas possible d'étudier cet
amendement et d'adopter l'article 619 ce soir?
M. CHARRON: Non! Nous le ferons lorsque nous reprendrons.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La séance ajourne sine die.
(Fin de la séance à 23 h 57)
Séance du lundi 11 décembre 1972 (Seize heures dix-neuf
minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs !
Avant que ne débute la séance, je voudrais faire les
changements suivants concernant les membres de la commission. M. Cornellier
remplace M. Assad, M. Rémi Paul remplace M. Cardinal, M. Phaneuf
remplace Mme Kirkland-Casgrain, M. Faucher remplace M. L'Allier, M. Houde
(Limoilou) remplace M. Leduc, M. Charron remplace M. Léger, M.
Larivière remplace M. Ostiguy et M. Pelletier remplace M. Pearson.
M. AUDET: Je remplace...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Vous remplacez M. Brochu?
M. AUDET: Oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Audet remplace M. Brochu.
M. CHARRON: Est-ce une motion débattable? Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On les aime tous les deux. Il n'y a pas de
raison. On les prend change pour change.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Samedi, dans la soirée, nous
étions rendus à l'article 619 et le député de
Saint-Jacques avait mentionné qu'il avait des amendements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous étions sur une proposition
d'amendement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si je me souviens bien, il y avait une
proposition d'amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est cela. M. CHARRON: C'est exact.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai rien d'autre à dire.
M. CHARRON: Moi, j'en ai.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous poursuivions une conversation
extrêmement intéressante, le Dr Laurin et moi.
M. CHARRON: Laquelle conversation, d'ailleurs,...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De l'angélisme! M. CHARRON: ... j'ai
continuée avec le député de Bourget entre Québec et
Montréal dans la nuit de samedi à dimanche et nous avons
vérifié notre accord de principe. Je répète
l'amendement à l'intention des membres de la commission qui ont pu
l'oublier durant la longue fin de semaine. Il s'agissait d'ajouter à
l'article 67 ceci: "Le comité devra être consulté sur le
choix des maîtres et sur leur affectation, l'adoption des programmes
d'études, le choix des manuels et du matériel didactique et
l'organisation des loisirs parascolaires".
Vous me voyez reprendre le texte de cet amendement à même
le journal des Débats. Effectivement, c'est un amendement
déjà présenté, le jeudi, 8 juillet 1971, au moment
où nous débattions la loi 67. C'est un amendement que nous avions
annoncé. Malheureusement, la décision gouvernementale ne nous a
pas permis de nous rendre jusque-là l'année dernière sur
le projet de loi 28, mais nous l'aurions eu et nous l'avons ici.
Le député de Bourget a expliqué, à sa
manière, pour employer une expression chère au ministre de
l'Education, la philosophie du changement qui, chez nous, prévalait
contrairement à chez lui. Au moment de l'ajournement, sans vouloir
m'écarter de la façon dont le député de Bourget
l'avait entrepris, au contraire, j'étais à resituer le
débat sur un plan politique, en ce sens qu'il s'agissait pour nous de
faire l'expérience de l'exercice de pouvoirs par les citoyens.
Il s'agissait de favoriser, de façon consultative, notez bien, le
droit de regard des parents, si souvent affirmé lors des grands
rassemblements et des grands "meetings", mais très peu
concrétisé dans les directives et les corridors dans lesquels ils
doivent s'enfermer. Il s'agissait de préciser, donc, ce droit de regard,
ce pouvoir sur l'éducation de leurs enfants. J'ajouterais un autre
argument. Je regrette de devoir m'y référer, mais dans le journal
Québec-Presse, hier, on faisait état c'est un sujet tout
à fait à côté de la lettre qu'un
suicidé avait écrite quelques heures avant sa mort. Il
expliquait, comme à peu près tous les suicidés que la vie
lui était devenue insupportable mais il citait un philosophe du XIIIe
siècle qui affirmait: Le meilleur moyen de rendre les gens raisonnables,
c'est d'agir avec eux comme s'ils l'étaient.
Cela vient s'ajouter aux éléments que le
député de Bourget avait avancés. Il s'agit effectivement
de considérer comme raisonnables des gens qui si on les
écarte perpétuellement de ces pouvoirs, si on les écarte
perpétuellement de ces milieux-là ou si on ne les aborde qu'avec
des bonbons de sucre restreignant à cela leur pouvoir deviendront
jamais raisonnables. Le député de Chicoutimi a exprimé une
crainte en se disant: Oui, mais. Je suis d'acord en principe, mais en
réalité... Cette crainte-là, je ne la reproche pas au
député de Chicoutimi, elle est celle de la majorité de la
population, mais, si on ne la serre pas entre ses doigts pour en avoir raison,
elle va se perpétuer.
Nous avons l'occasion ici de faire une tenta-
tive qui, devrait-elle échouer, serait beaucoup moins
désastreuse pour la société et pour l'économie du
Québec que d'autres projets gigantesques qu'on a lancés sans
avoir l'information suffisante. Il y a des endroits où cela va
réussir, il y a des endroits où ce sera un échec.
Là où cela réussira, tant mieux. C'est cet effort de
rendre les gens raisonnables en les considérant comme raisonnables qui
comptera. Actuellement, c'est un échec partout. Aux endroits où
cela pourrait devenir une réussite, les citoyens ne peuvent exercer leur
pouvoir, à cause de fait que de façon générale la
philosophie est celle du "oui, mais". Ils ne peuvent réussir.
Finalement, je crois que ce n'est pas simplement une question de
principe, mais éminemment de pratique quant à la qualité
du système d'éducation qui se trouvera un peu reformulé
sur le territoire montréalais.
On n'hésite pas, à plusieurs niveaux, à bousculer
les structures, à bousculer les mentalités. Je pense à
ceux qui seront regroupés, je pense à ceux qui devront apprendre
à fonctionner avec les autres commissions scolaires dans le cadre du
conseil scolaire. Je pense qu'on peut aussi bousculer les mentalités
à la fois des enseignants, qui, souvent, ont profité du fait que
les parents n'étaient pas éminemment mêlés à
l'éducation pour s'en considérer comme les uniques
détenteurs, et aussi à bousculer la mentalité des parents,
parce que, je crois que, comme philosophie du changement, ce genre de politique
constitue, à moyen terme et à long terme, le garant du
changement. A court terme, il peut être embarrassant parce que c'est une
bousculade de mentalité. Je n'ai pas besoin de prolonger la
précision de cet amendement, mais il fait très certainement
partie de notre philosophie. C'est pourquoi nous avons voulu profiter de
l'occasion pour la soumettre à nouveau à l'attention des membres
de la commission.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, faisant suite à
ce qu'a dit le député de Saint-Jacques, je peux lui dire que, moi
aussi, j'ai poursuivi ma réflexion sur le sujet que nous discutions
samedi soir à minuit. Le député de Saint-Jacques disait
tout à l'heure que les craintes que j'exprimais étaient celles de
la majorité de la population. Disons que ce n'est pas tout à fait
exact. D'accord, je partage partiellement les craintes d'une partie de la
population éclairée, qui comprend bien le problème et qui
est de plus en plus éclairée d'ailleurs sur la question.
Les craintes que j'exprime proviennent davantage de ma pratique de
l'enseignement. Ayant été à l'université, en
faculté des sciences de l'éducation, un des premiers professeurs
à travailler avec des étudiants et à choisir avec eux les
manuels, le matériel didactique, les formules de cours, le type
d'atelier de travail, etc, je ne suis pas, en principe, loin de là,
opposé à ce que propose le député de Saint-Jacques.
Mais, en réfléchissant, au cours de la fin de semaine, je suis
obligé de dire que j'y vois un danger. D'abord, parce que ça me
parait difficilement praticable dans l'état actuel des choses.
Même si on considère la nécessité d'une
évolution, je trouve que la pratique de ce genre de système que
préconise le député de Saint-Jacques me parait difficile,
sinon dangereux à certains égards.
Je disais aussi et j'y reviens, que, si on acceptait cet amendement, il
y aurait insertion en réalité, dans les mécanismes
déjà existants, d'un nouveau mécanisme qui risquerait
peut-être d'alourdir d'abord le mécanisme et de retarder le
fonctionnement, et de créer des tensions qui existent
déjà. Je suis c'est bien clair très
opposé à toute forme de mandarinat dans les écoles,
à quelque niveau que ce soit, mais, encore là, je m'interroge sur
l'autonomie qui resterait aux professeurs et aux responsables de la
programmation scolaire et de l'organisation de l'école. Je dis
l'organisation, au sens de la vie de l'école à tous
égards. Même si j'ai une opposition à cette formule de
mandarinat, je me demande quelle serait l'attitude de ceux qui sont
responsables de l'organisation de l'école et de sa vie.
Si on pousse jusqu'au bout la logique des prémisses que le
député de Saint-Jacques et son collègue, le
député de Bourget, ont adoptées, je me demande pourquoi on
n'habiliterait pas les parents, par le truchement des comités, à
discuter aussi de la question des salaires des professeurs. En effet, par
l'amendement que propose le député de Saint-Jacques, les
comités auraient le droit de mettre en cause l'engagement des
professeurs, ce qui pose, au départ, le principe de
l'appréciation du professeur. Lorsqu'on apprécie un professeur
sur le plan pédagogique, et on est obligé aussi de faire la
relation avec le salaire qu'il commande. Si je suis un spécialiste de
telle qualité, d'une qualité X, et que l'échelle syndicale
établit que je dois commander un salaire X, automatiquement, je tombe
dans telle catégorie de salariés.
Si on pousse au bout les prémisses, je pense que le
député de Saint-Jacques devra introduire dans son amendement un
droit de ce comité consultatif de parents d'apprécier les
professeurs et, en même temps, d'examiner l'échelle de leurs
traitements. Vous savez, apprécier les professeurs, c'est porter un
jugement de valeur.
Porter un jugement de valeur en termes d'administration, cela veut dire
également les apprécier, les peser, en fonction de leurs
qualités, en fonction de leur compétence pédagogique et en
fonction également des salaires qu'ils doivent commander étant
donné qu'ils ont telle ou telle qualification et qu'ils sont
agréés comme professeurs qualifiés. Je vois donc une
série de difficultés qui pourraient perturber en tout
début d'année, au moment où on met la machine en marche
pour le fonction-
nement de l'école, l'organisation de telle façon qu'il
s'ensuivrait des discussions interminables. C'est un ensemble de
réalités qui est difficile à appréhender mais que
mon expérience de praticien de l'école m'oblige à
considérer comme difficilement applicables dans les circonstances,
compte tenu de l'évolution actuelle et du fait que ces comités
n'ont pas encore vraiment commencé de fonctionner et de produire les
résultats que l'on cherche à atteindre.
M. CHARRON: Sur ce point précis, M. le Président,
j'aimerais signaler au député de Chicoutimi que de tout notre
amendement il a peut-être posé le doigt sur la partie qui est la
moins neuve de ce que consisterait l'amendement s'il était
adopté.
Je crois qu'une des premières raisons pour lesquelles les parents
se sont regroupés notez bien qu'avant la loi 27 cela
n'était statutairement reconnu nulle part pour se mêler des
affaires de l'école est très souvent le choix des maîtres,
en ce sens que c'était soit pour avoir la tête d'un enseignant
qu'on allait en délégation au bureau du directeur ou à la
commission scolaire, soit au contraire pour en avoir une promotion à
cause de services, mais le premier cas était plus fréquent que le
deuxième. La consultation des parents sur le choix des martres et leur
affectation n'est pas une chose neuve quant à moi. C'est peut-être
la fonction première. J'ai assisté à des réunions
de comités de parents où, à l'ouverture des
séances, l'ordre du jour comportait toujours des récriminations
quelconques contre l'agissement d'un enseignant. Il y avait aussi des
félicitations pour l'agissement d'un enseignant. Dieu merci, cela a
souvent été très positif. Je crois que c'est le premier
outil pédagogique, l'enseignant. Les parents en sont parfaitement
convaincus et c'est évidemment sur ce premier outil qu'ils se penchent.
Ce qu'il y aurait de nouveau ce serait de voir les enseignants discuter avec
eux des programmes d'études, du choix des manuels, du matériel
didactique. L'utilité de cela, la complexilité administrative,
dont fait mention le député de Chicoutimi, qui en naîtrait
et qui, pour lui, fait qu'il rejetterait actuellement l'amendement dans sa
formule actuelle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous me permettez, je n'ai pas dit que je
le rejetterais parce que l'autre soir, si vous vous souvenez bien, j'ai dit que
si la question était mise aux voix, je pense que je donnerais mon
agrément malgré toutes les difficultés.
M. CHARRON: Je crois que même si c'était pour rendre les
parents soucieux et conscients de cette complexité administrative, le
jeu en vaudrait la chandelle. La frustration que les parents ont actuellement
dans l'école tient du fait qu'ils s'imaginent pouvoir déterminer
tout ce que les enseignants, commissaires d'école et bureaucratie
scolaire de l'endroit décident à leur place.
Le jour où ils seraient consultés sur ces sujets, la
première chose qui leur viendra à l'esprit serait la
complexité de pareille décision. Ils comprendraient probablement
beaucoup mieux que ce genre de travail puisse être laissé à
des spécialistes, à condition qu'un rapport soit fait. Ils
comprendraient probablement beaucoup mieux qu'il ne s'agit pas là, comme
pour la petite école du rang des années 1920, d'un professeur
avec un manuel pour tout le monde, etc., que c'est rendu beaucoup plus
complexe. Ils se sentiraient beaucoup plus impliqués, beaucoup plus
intéressés et je ne crois pas qu'à cause de ça,
percevant la complexité administrative, ils en viendraient à
exiger d'être les détenteurs du pouvoir. Au contraire, ils sont
les premiers à mesurer leur faiblesse, leur manque de préparation
pour prendre telle et telle décision.
Mais lorsqu'on leur en donne l'occasion, ils deviennent plus respectueux
de ceux pour qui c'est la charge professionnelle, si je peux employer
l'expression, pour qui c'est le travail professionnel que de le faire.
Actuellement, ils ont l'impression que ces gens viennent leur voler un emploi
et ils en demeurent frustrés. Le jour où ils auront l'occasion
d'en discuter avec le professionnel de l'emploi, ils conseilleront, en ayant
perçu la complexité, et se garderont bien de prendre la
décision pour laquelle il a été mandaté, pour
laquelle il a été formé.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Nous avons discuté au moins pendant une
heure, de cette question samedi soir. Encore aujourd'hui, on a discuté
pas mal de cette motion. Je laisserais la parole au député
d'Abitibi-Ouest et on passera au vote après.
M. AUDET : Au sujet de l'entretien que vous avez eu, il semble y avoir
divergence d'opinion un peu. D'après moi, la valeur pédagogique
du professeur pourrait certainement être basée sur une
rémunération quelconque. Mais la valeur de la mentalité du
professeur, qui est peut-être le propre du choix des parents, est
difficile à évaluer. On pourrait laisser aux parents la
liberté, l'avantage de choisir les professeurs, mais pas pour autant
déterminer la valeur de leur rémunération.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que les membres sont prêts
à se prononcer sur la motion présentée par le
député de Saint-Jacques, qui se lit comme suit: "Tout
comité d'école formé selon l'article 66 de la
présente loi devra être consulté sur le choix des
maîtres et leur affectation, l'adoption des programmes d'étude, le
choix des manuels et du matériel didactique ainsi que les loisirs
parascolaires"?
Quels sont ceux qui sont pour cette motion? Quels sont ceux qui sont
contre?
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Cornellier. M. AUDET: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Audet. M. CORNELLIER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Rémi Paul est absent. M. Cloutier
(Ahuntsic):
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Dumont de Mégantic. M. Houde
(Fabre).
M. HOUDE (Fabre): Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Phaneuf.
M. PHANEUF: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Faucher.
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Fernand Houde.
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Charron.
M. CHARRON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Larivière.
M. LARIVIERE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Pelletier.
M. PELLETIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Tremblay (Chicoutimi).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La motion est rejetée par 8 contre 3.
L'article 619 est adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté. Article 620.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 620.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ici, M. le Président, que se pose
le très grave problème de la propriété des
immeubles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous ai remis le texte d'un amendement que
je voudrais proposer. Je vais le lire tout de suite, parce que l'article
620...
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'accord!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pouvez-vous nous en remettre une copie?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'en ai donné une copie...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, non, nous allons le noter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'excuse, mais je n'ai pas eu le temps
de...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si vous partez...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. le Président, vous êtes
bien gentil. L'amendement se lirait comme suit, ce qui nous obligerait
évidemment, s'il était adopté, à modifier l'article
620 qui existe actuellement dans la loi: Dès la création du
conseil, les commissions scolaires doivent lui transférer la
propriété des immeubles qu'elles possèdent avec les
servitudes et obligations qui y sont attachées.
Voici, très rapidement, la raison pour laquelle je fais cette
proposition d'amendement. On a discuté très longuement de
l'allocation des ressources, de la répartition des ressources, de la
distribution des ressources, si on veut des termes encore plus précis,
en fonction des défavorisés et dans le but d'établir un
équilibre dans les services, dans les facilités de services et
dans les moyens qui sont mis à la disposition des commissions scolaires
pour atteindre les objectifs dont parlait le ministre dans son discours de
deuxième lecture et qui sous-tendent d'ailleurs le projet de loi no
71.
Il me parait que, si la propriété des immeubles est
laissée aux commissions scolaires, il peut fort bien se faire je
devrais plutôt dire que je suis convaincu que cela arrivera que
les commissions scolaires propriétaires ou détentrices des
immeubles et de ce qui s'y rattache soient extrêmement parcimonieuses. Je
doute fort qu'elles accepteront le partage des biens sur une base
équitable qui irait dans le sens d'une affectation plus importante des
ressources scolaires aux groupes dits défavorisés. Même
dans le cas où il ne s'agit pas de groupes défavorisés, il
peut très bien se faire, sans connaître dans le détail
l'organisation scolaire de chacune des grandes écoles de
Montréal, que des commissions scolaires assez à l'aise soient
très bien nanties et que d'autres commissions scolaires,
également à l'aise, soient, par ailleurs, pas très bien
nanties parce qu'il n'y a pas de responsable de l'ensemble de la distribution
des biens, ressources, immeubles desdites commissions scolaires.
Par conséquent, il me semble que l'objectif que nous poursuivons,
qui est un objectif non seulement d'accessibilité, mais de
disponibilité du bien scolaire, serait atteint beaucoup plus facilement
si l'on acceptait de mettre en commun les biens actuellement existants et ceux
qui éventuellement s'y rattacheront et de confier à une
administration unique et centralisée, celle du conseil scolaire, la
responsabilité de la distribution, de l'allocation des lieux, etc.
Cet argument me paraît suffisamment con-
vaincant pour qu'il ne soit pas nécessaire de l'élaborer
longuement. Il suffit de faire l'analogie avec le propriétaire et celui
qui doit retirer quelque chose du propriétaire. A partir du moment
où quelqu'un est propriétaire d'un bien, il a la liberté
d'en disposer, de le distribuer et de le partager selon les principes de la
justice et de l'équité.
Le conseil scolaire, se trouvant propriétaire des immeubles,
toujours en fonction de la justice et de l'équité et de la
nécessité de répartir les biens pour aider les groupes
défavorisés et d'autres groupes qui le sont à des
degrés divers, est l'organisme le mieux placé pour
procéder à cette redistribution des ressources et des biens
scolaires. Le cas des immeubles est un cas type qui permettrait, à mon
sens, si on acceptait la proposition d'amendement, d'atteindre les objectifs
que se fixe le ministre en nous présentant ce projet de loi.
On pourrait discuter très longuement, présenter des
arguments de diverses natures pour montrer comment il est devenu
nécessaire de confier à une responsabilité
centralisée et unique les propriétés immobilières.
Je ne veux pas aller plus avant pour l'instant. Je fais la proposition formelle
que, dès la création du conseil, les commissions scolaires
doivent lui transférer la propriété des immeubles qu'elles
possèdent avec les servitudes et obligations qui y sont
attachées. Présumant que le ministre a sans doute des objections
à cela, j'écouterai avec beaucoup d'attention les arguments
à l'encontre de ma proposition, arguments qui, à mon sens,
devront être suffisamment explicites pour que je me rallie à
l'article 620 qui est proposé par le ministre.
Ma proposition est en discussion et j'attends les commentaires du
ministre et ceux des collègues qui voudront bien participer à la
discussion de cette proposition d'amendement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je préférerais peut-être
entendre les commentaires du député de Saint-Jacques, qui me
permettront de donner une réponse plus complète.
M. CHARRON: J'aime mieux entendre les vôtres, ce qui vous donnera
l'occasion...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très volontiers. Cela m'aurait permis de
faire un exposé peut-être plus complet, mais je me permettrai de
le compléter si le député de Saint-Jacques revient avec
des arguments nouveaux.
Ce que je vais dire constitue la position gouvernementale et nous allons
voter contre cet amendement pour tout un ensemble de raisons. Tout d'abord, je
dirais que le projet de loi 71 tente d'établir une espèce
d'équilibre entre les divers niveaux de l'autorité scolaire sur
l'île de Montréal, le conseil scolaire et les commissions
scolaires.
C'est d'ailleurs pour cette raison que dans une perspective de
décentralisation il y a, comme on l'a noté, beaucoup moins de
recours au ministre que dans les projets antérieurs, beaucoup moins
d'approbations et de contraintes.
La propriété des immeubles n'est pas en soi une fin. Il y
a intérêt à situer la responsabilité le plus
près possible des utilisateurs, c'est-à-dire des commissions
scolaires. Transférer la propriété des immeubles au
conseil ne permettrait pas, à mon avis, un meilleur partage en faveur
des milieux défavorisés.
En somme, le premier argument est un argument d'autonomie qui tient
également à l'autonomie pédagogique des commissions
scolaires. Il paraît normal que, dans l'optique de l'organisation
scolaire, les commissions scolaires puissent avoir la possibilité
d'utiliser leurs immeubles. Il reste à noter que cette utilisation n'est
pas absolument libre parce qu'elle doit tenir compte de l'article 593 qui
permet au conseil, par règlement, d'imposer une utilisation rationnelle.
Il y a d'ailleurs tout un ensemble de considérations plus pratiques qui
feraient que transférer les immeubles au conseil comporterait des
complications administratives considérables, surtout dans un projet
comme celui-ci, alors que dans le projet 62 il y avait tout de même
constitution de commissions scolaires de types tout à fait
différents.
Je vous ai cité un argument d'autonomie à la fois
administratif et pédagogique; je vous ai cité un argument de
complication administrative qui ne semble absolument pas indiqué, et il
y a un autre argument: c'est que nous ne souhaitons pas faire du conseil une
structure très lourde. H s'agit d'un organisme de coordination et d'un
organisme de coordination qui a surtout des pouvoirs de réglementation
et nous ne voyons pas pourquoi nous ne le transformerions en un palier, que
dénoncent très fréquemment et à juste titre les
créditistes. Dans ce cas particulier, les créditistes se trompent
parce que le conseil scolaire n'est pas véritablement une structure
lourde comme ils peuvent peut-être penser, son rôle étant
avant tout un rôle de supervision et de coordination.
Dans le problème qui nous intéresse, quant à la
meilleure utilisation des équipements scolaires, je vous cite
également l'article 591, son pouvoir de réglementation est clair
de ce point de vue. Il a également un pouvoir de planification
générale et un pouvoir de contrôle par le budget
d'investissement des commissions scolaires. Le conseil détient toute
l'autorité voulue pour établir graduellement l'équilibre
au besoin entre deux commissions scolaires desservant le même territoire
et il y a peut-être une note intéressante à faire
c'est le pouvoir d'emprunt du conseil qui justifierait, s'il
était entamé, que la possession de l'immeuble n'est pas
affectée puisque c'est le fond général du conseil et des
"commissions scolaires" qui défraie les emprunts et que les obligations
émises constituent nous le verrons d'ailleurs plus tard en
cours
de route à l'article 592 un engagement direct et
inconditionnel du conseil et des commissions scolaires.
Enfin, il y a un quatrième point qui est lié à
l'économie même de ce projet de loi. Nous cherchons à
éviter le centralisme et nous considérons que transférer
les immeubles au conseil serait créer véritablement là une
structure qui serait une structure centralisatrice. Par conséquent, M.
le Président, pour ces quatre arguments, l'autonomie administrative et
pédagogique, les complications administratives, le fait que nous ne
désirons pas une structure trop lourde et qu'elle n'est pas
nécessaire puisqu'il s'agit d'une structure de coordination, de
planification, et le fait que toute l'économie du projet de loi, comme
le souhaitent tous ceux qui s'occupent de problèmes scolaires au
Québec, semble s'éloigner du centralisme, nous considérons
que ce transfert des propriétés serait inutile et n'est
absolument pas souhaitable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aurais, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Fabre.
M. HOUDE (Fabre): Est-ce que l'utilisation des équipements et des
propriétés fait partie, au sens large, d'un autre article qu'on a
accepté concernant le rattrapage? Je suis parfaitement d'accord pour
sauvegarder l'autonomie des commissions scolaires, mais il reste qu'il y a des
régions défavorisées, des régions pauvres. Dans
certains quartiers, il doit y avoir des activités, que ce soit
culturelles, sportives ou sociales. Lorsqu'une commission scolaire exige un
certain montant d'argent pour l'utilisation de ces services que ce soit
la commission scolaire ou le conseil qui est propriétaire si les
gens n'ont pas d'argent pour payer, ils n'ont simplement pas le
théâtre, l'auditorium, le gymnase ou la piscine de l'école.
Je voudrais savoir si le conseil, dans ses pouvoirs, a également cette
possibilité de mettre plus facilement à la disposition des
populations moins fortunées les équipements, même s'ils
demeurent la propriété des commissions scolaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a aucun problème de ce
côté-là. Je reviens un peu à ce que je disais,
à savoir que le conseil a, de par son pouvoir de réglementation,
le devoir de planifier la meilleure utilisation des équipements
scolaires. Il suffit de s'en rapporter à l'article 591.
M. CHARRON: M. le Président, je suis convaincu que l'objectif
d'une répartition équitable des équipements scolaires sur
l'île de Montréal exige l'adoption de l'amendement du
député de Chicoutimi. J'allais en présenter un
d'ailleurs, je le ferai peut-être lorsque nous aurons disposé du
sien qui visait le même but et qui était peut-être
à caractère plus juridique, en ce sens qu'il supprimait des
pouvoirs de la commission scolaire, reconnus à l'article
présentement en discussion, plutôt que d'ajouter un alinéa.
Peu importe, M. le Président.
J'ai écouté le raisonnement du ministre. Le premier de ses
arguments était celui de l'autonomie des commissions scolaires. Je lui
rappellerai ce que j'ai entendu à l'Assemblée nationale, depuis
que j'en suis membre, quant à cette argumentation. L'autonomie des
commissions scolaires, maintenue et consacrée dans les structures
scolaires que nous avons, exige quand même, disait-on, qu'une
autorité supervise leurs activités lorsqu'il s'agit du bien
commun et d'objectifs communs. C'est par là qu'on justifie l'existence
du ministère de l'Education, comme de toutes les autres structures.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministère ne possède pas les
propriétés. Cependant, il agit par ses contrôles des
budgets et des normes. Le conseil scolaire fera exactement de même.
M. CHARRON: Je ne suis pas convaincu que, pour le conseil scolaire, ce
soit l'idéal. Le conseil scolaire, dans les buts et objectifs que nous
lui avons fixés, dans les tâches précises que nos
amendements lui ont données, concernant en particulier, disait le
député de Fabre, le rattrapage des milieux
défavorisés, doit être propriétaire des
équipements. Je suis convaincu que nous n'atteindrons pas le but ou que
nous pourrons l'atteindre mais de façon très lente
comparativement aux possibilités que le conseil aurait, s'il
était possesseur des équipements.
Je crois que le ministre, pour que nous adoptions son raisonnement,
devrait nous fournir des chiffres quant aux avantages que comportent certaines
commissions scolaires sur d'autres, quant à l'équipement
actuellement. En vertu de l'article 591 sur l'utilisation rationnelle des
équipements, le fait qu'elles en soient propriétaires et que ce
bien leur soit inaliénable pourrait facilement contrecarrer toute
planification d'utilisation rationnelle du conseil scolaire.
Je voudrais bien que le ministre nous dise comment, dans son esprit, il
a pu faire figurer à l'article 591 l'utilisation rationnelle. De quelle
façon cette utilisation rationnelle peut-elle se faire sans que le
conseil soit propriétaire des équipements? Le ministre vient de
nous signaler que le ministère joue le même rôle à la
grandeur du Québec vai les normes, via les subventions, etc. Si je
comprends bien le projet de loi 71, il ne supprime pas l'existence du
ministère de l'Education dans le territoire montréalais. Le
conseil scolaire devra fonctionner lui-même à l'intérieur
des normes et des critères de subventions, etc., du ministère de
l'Education, ce qui resterait encore plus son rôle, à mon avis,
quant à l'utilisation rationnelle des équipements. Voudrait-il
planifier des normes, des critères à lui qui ne pourraient
échapper à ceux du ministère de l'Education dont il
est membre? Ce sont précisément ces critères du
ministère de l'Education qui, actuellement, dans le statu quo
montréalais puisque les commissions scolaires sont jalousement
possesseurs de leur équipement n'ont pas joué en faveur
d'une utilisation rationnelle. Le ministre vient de faire un plaidoyer en
faveur du statu quo. C'est précisément le statuo quo qui a
désavantagé, sur le plan des équipements, certaines zones
du territoire scolaire montréalais par rapport à d'autres.
J'aimerais avoir plus de précisions avant de me prononcer sur
l'intention du ministre. Comment le conseil scolaire peut-il prévoir une
utilisation rationnelle et équitable des équipements sans en
être le possesseur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais essayer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait de lui
faire observer, avant qu'il ne réponde au député de
Saint-Jacques, que toute la discussion que nous avons devrait se faire en
regard des deux articles 591 et 592? Si on examine les pouvoirs du conseil et
si on examine bien 592, les droits qu'a le conseil de faire des emprunts,
assumer des hypothèques sur des immeubles, placer des fonds,
acquérir, posséder, louer, administrer et aliéner des
biens meubles et immeubles, adopter des règlements pour sa régie
interne, avec l'article 591, tout ce que le conseil scolaire doit promulguer
comme règlement pour rattrapage, etc., préparation des budgets,
il me semble que le ministre, considérant les droits et pouvoirs, droits
et obligations du conseil scolaire, va avoir du mal à nous convaincre
que cela n'entraîne pas nécessairement la propriété
des immeubles. Si le ministre me permet de compléter, si le conseil
scolaire a les pouvoirs, droits et obligations qui sont décrits aux
articles 591 et 592, comment pourra-t-il jouer le rôle de coordination,
dont parle le ministre, sans être propriétaire des immeubles?
Comment pourra-t-il même préserver l'autonomie pédagogique,
puisque, par l'organisation, par les droits qui lui sont donnés en vertu
des articles 591 et 592, il peut intervenir lui-même et paralyser cette
autonomie pédagogique? Le conseil scolaire a le droit d'intervenir
partout. Je ne vois pas pourquoi il n'aurait pas le droit d'intervenir aussi
dans la question des immeubles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II interviendra, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, il va intervenir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais vous laisser terminer, puis je vais
essayer de répondre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... par rapport à vos commentaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je souligne au ministre,
précisément pour lui permettre de faire des commentaires, que
j'aimerais le voir relier l'article 620 les refus qu'il semble opposer
à ma proposition d'amendement aux deux articles 591 et 592,
rétablir la ration précise sur le plan administratif, sur le plan
juridique entre ces deux articles et l'article 620 tel que lui nous le propose,
par opposition à l'amendement que j'ai soumis.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, c'est ce que j'ai
tenté de faire dans mes explications, alors que j'ai parlé du
pouvoir de coordination et du pouvoir de planification général du
conseil. Je vais essayer de donner un exemple purement théorique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le ministre me le permet je m'excuse
encore une fois tout à l'heure, le député de
Saint-Jacques parlait de chiffres. Est-ce qu'il serait possible d'avoir une
idée, pas vague, mais assez générale et par blocs, de
l'actif des commissions scolaires existantes? Cela nous donnerait une bonne
idée de la répartition des richesses en fonction des
ressources.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais d'abord tenter de répondre
à la question du député de Saint-Jacques, ce qui me permet
de répondre à celle du député de Chicoutimi. On
peut parfaitement, dans l'optique des pouvoirs de réglementation du
conseil (planification et coordination) imaginer que, dans le cas des
équipements communautaires je rejoins la question du
député de Fabre qui mettait l'accent sur un point important
on puisse obliger certaines commissions scolaires ou, si elles le font
d'elles-mêmes, institutionnaliser cette collaboration, à utiliser
conjointement des gymnases, des laboratoires, des ateliers, par exemple. Ce
sont certainement les équipements communautaires qui donneront lieu, le
plus, à ce genre d'ententes. Il ne faut pas oublier, cependant, que nous
ne parlons pas d'équipements mobiles, actuellement. Encore faut-il que
cela s'adresse au bassin de population. C'est de cette façon que le
conseil pourra intervenir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous parlez d'équipements mobiles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Je dis que les équipements dont nous
parlons sont des immeubles. On ne peut pas transporter un immeuble de Westmount
dans le comté de Saint-Jacques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord. Mais ce qui se trouve à
l'intérieur desdits immeubles, peut être immeuble par
destination.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut donc faire attention à la
distinction entre le bien meuble et le bien immeuble.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je connais la distinction.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous la connaissez, mais je vous la souligne
parce que cela va revenir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne peux malheureusement pas vous
présenter de meilleure argumentation que celle que j'ai tenté de
faire, avec les quatre points que j'ai mis en évidence. Je viens de vous
donner un exemple; il y en a sans doute bien d'autres. Je tenterai de vous
apporter d'autres renseignements.
M. CHARRON: Le fait que les commissions scolaires demeureraient
propriétaires des immeubles leur permettrait de refuser une pareille
utilisation. Si le droit de propriété signifie quelque chose au
point qu'on le mentionne encore dans le projet de loi, cela leur permettrait de
refuser pareille utilisation, si, dans leur autonomie pédagogique, elles
en ont prévu elles-mêmes un à cet équipement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Je ne le crois pas. Je pense que le
conseil, par l'article 591, a absolument le pouvoir de réglementer
l'utilisation des équipements. C'est véritablement une
convention, la propriété restant aux commissions scolaires.
D'ailleurs, comme je l'ai dit brièvement tout à l'heure en
repassant mes quatre points, sur le plan de l'entretien, sur le plan de
l'utilisation sur le plan de l'organisation des locaux, la commission scolaire
est infiniment mieux placée pour s'occuper de ces équipements. Ce
qui est important, c'est qu'ils soient utilisés, justement, et de
façon rationnelle. C'est là que le conseil aura à
intervenir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, quand vous parlez des pouvoirs
du conseil scolaire dans cette optique, est-ce que vous laissez entendre que,
même si le conseil scolaire n'est pas propriétaire des immeubles,
il a le droit quand même d'en disposer? Une affectation devient une
disposition, à ce moment-là, au sens du code civil. Le conseil a
le droit, vous savez.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous voulez dire en disposer en le rendant, par
exemple?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En disposer, comme il est écrit aux
articles 591 et 592, en les mettant à la disposition de quelqu'un
plutôt qu'à un autre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le conseil a le droit d'avoir ses propres
immeubles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. C'est indiqué à
l'article 592. C'est pour cela que je vous ai demandé d'établir
la relation entre les trois articles. On a donné quand même au
conseil scolaire des pouvoirs importants en matière d'immeubles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, et le conseil peut parfaitement,
dans l'optique de projets communs, contentieux, informatique, avoir besoin
d'immeubles. Mais il s'agit d'immeubles qui ont une affectation pour l'ensemble
de l'île.
A l'article 620, vous avez également le contrôle
ministériel de la part du conseil. Elle ne peut, si vous voulez vous
rapporter, par exemple...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bon. Lisez tout d'abord après la
série de lettres a) b) c) d) et f).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle ne peut acquérir...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): "La commission ne peut toutefois exercer les
pouvoirs mentionnés aux paragraphes a) b) et c)
c'est-à-dire contracter par lettre de change, prendre à
bail des immeubles, placer ses fonds; vous voyez qu'il y a déjà
un contrôle considérable sans l'autorisation du conseil."
Dans le cas visé au paragraphe c), c'est-à-dire prendre à
bail des immeubles, il faut même une approbation ministérielle si
le bail excède trois années ou si le loyer annuel excède
$100,000.
Nous avons essayé d'être le plus large possible mais nous
avons cru qu'il était nécessaire d'arriver à une
espèce d'équilibre de ce point de vue. Je continue la lecture;
"Elle ne peut acquérir, aliéner un immeuble, le construire,
l'agrandir, le transformer ou le démolir sans l'autorisation du
conseil." Cela va très loin. Le conseil n'est pas propriétaire de
l'immeuble parce que, encore une fois, ce serait une opération qui
deviendrait tellement complexe que le conseil se transformerait en une immense
commission scolaire, ce que nous ne désirons certainement pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans le cas, M. le ministre, où on
reconnaît au conseil qu'une commission scolaire ne peut pas disposer d'un
immeuble sans la permission du conseil, que faites-vous de l'autonomie dont
vous parliez tout à l'heure?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne parlais pas d'autonomie de cet
ordre-là, M. le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De pédagogie seulement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je parlais d'autonomie pédagogique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais l'autonomie administrative?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, je pensais, en parlant de l'autonomie
pédagogique, à l'organisation scolaire, c'est-à-dire
à l'organisation des programmes, l'organisation de la vie
étudiante.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De la vie de l'école.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais tout ça devra se faire dans une
optique très différente de celle d'aujourd'hui. Aujourd'hui, que
se passe-t-il? Chaque commission scolaire, à l'intérieur des
normes du ministère depuis peu d'années, d'ailleurs
à l'intérieur des normes budgétaires, fait au fond ce
qu'elle veut. Elle essaie de tirer le meilleur parti possible de ses
ressources, sans s'occuper du tout de ce qui se passe à
côté, sans s'occuper des autres commissions scolaires. C'est une
anomalie.
Une des raisons pour lesquelles j'y ai repensé par la
suite, ça intéressera le député de Saint-Jacques
il est tellement difficile de faire des fusions plus avancées que
ce que nous avons fait dans le préregroupement, c'est qu'il y a des
disparités telles, entre les commissions scolaires, qu'une commission
scolaire qui est déjà très bien organisée et une
autre commission scolaire mitoyenne qui serait très pauvrement
équipée sur le plan des services n'ont pas toujours
intérêt à se mettre ensemble.
Plus les disparités vont disparaître, plus il sera facile
d'équilibrer le monde scolaire. Voilà un moyen de faire
disparaître les disparités de façon progressive.
M. CHARRON: Je vais vous poser une question par l'absurde. Vous
êtes en train de nous convaincre que l'objectif de l'amendement du
député de Chicoutimi se trouve déjà atteint par le
projet de loi. C'est ce dont vous essayez de nous convaincre. Alors, quel
avantage habituellement annexé au droit de propriété, mais
qui se trouve, à toutes fins pratiques, attaqué dans l'article
620, selon votre analyse de cet article, y a-t-il pour les commissions
scolaires d'être propriétaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voulez-vous reformuler votre question?
M. CHARRON: Je la pose par l'absurde.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est que ça m'est difficile de suivre le
sens de votre raisonnement.
M. CHARRON: Je prends votre raisonnement par l'absurde; je n'ai pas dit
qu'il l'était.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais tenter de faire un effort.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais votre profession a dû vous habituer
à ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oh non! Pas du tout; vous savez que je n'aime
pas les questions hypothétiques ou les raisonnements absurdes. Mais si
ça peut aider à éclairer, je veux bien.
M. CHARRON: A ce que le député de Chicoutimi vise dans son
amendement, vous répondez: C'est déjà, en vertu de
l'article 591 et des grandes limitations que comporte l'article 620 aux
pouvoirs énumérés, assuré dans le projet de loi
actuel. Donc, nous n'aurions pas besoin de l'amendement du député
de Chicoutimi. Je vous pose la question à l'inverse, pourquoi avoir
voulu laisser la propriété des équipements aux commissions
scolaires si, de toute façon, les avantages accompagnant actuellement ce
droit à la propriété leurs sont enlevés par les
paragraphes a) b) c), ce qui ne peut se faire sans l'autorisation du conseil?
C'est ce que vous demandez au député de Chicoutimi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ils ne sont pas...
M. CHARRON: Que leur vaut maintenant d'être propriétaire
quand, habituellement, propriétaire veut dire: Droit de faire tout cela
sans l'autorisation de quiconque?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais c'est une limitation très
certainement sur le plan de l'utilisation.
M. CHARRON: Pourquoi...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cette concession que les
différentes commissions scolaires doivent faire sur le plan de
l'utilisation. C'est cette concession que les différentes commissions
scolaires doivent faire à une structure métropolitaine qui est
mise sur pied dans l'intérêt commun. Je vous ai donné et
expliqué quatre raisons. Nous pouvons y revenir.
M, CHARRON: Pourquoi leur avoir laissé la propriété
si, de toute façon, elles ne peuvent...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pourquoi leur avoir enlevé? Je vois
tellement de désavantage à lui enlever...
M. CHARRON: Lesquels?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous ai expliqué, tout à
l'heure, voulez-vous que je revienne sur mes quatre raisons? Peut-être
que...
M. CHARRON: Je trouve que, dans le débat que vous avez
formulé par la suite, vous les avez démolies.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas du tout!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vais poser une question au ministre qui va
lui permettre de raccrocher son affaire. Comment le conseil peut-il
réglementer les équipements scolaires des commissions scolaires
s'il n'en a pas à la disposition, s'il n'est pas
propriétaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est vrai ça! Il s'agit de
l'affectation, et je vous ai donné un exemple.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et l'affection, c'est la disposition.
N'oublions pas ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne peut disposer que si on est
propriétaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Par conséquent, en même temps que
vous donnez le droit de propriété vous l'enlevez, parce que vous
enlevez le droit de disposition. Le droit de propriété comporte
le droit de disposition...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les juristes sont absolument...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... plein et entier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... même la gestion reste entre les mains
des commissions scolaires. C'est le niveau le plus près, d'ailleurs,
pour l'assurer de façon efficace.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais ne confondez pas "gestion", M. le
ministre, avec "disposition". Ce n'est pas la même chose. Je peux vous
donner $100,000 à administrer, à ce moment-là vous
êtes un gestionnaire. Vous n'êtes pas propriétaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne parlais pas nécessairement de
gestion dans le sens de l'administration des immeubles. Il y a une
administration quotidienne, ne serait-ce que l'entretien des immeubles.
Alors, écoutez, je veux bien revenir sur ce que je vous ai dit,
mais ça représente les meilleures explications que je peux tenter
de vous trouver. D'abord, je ne vois aucun avantage à ce que les
immeubles passent au conseil. Je n'y vois que des inconvénients. Des
inconvénients, d'ailleurs, extrêmement sérieux, ne
serait-ce que la complexité de l'opération, le fait que le
conseil se transformerait en un organisme de gestion qui serait énorme
et bientôt nous aurions cette espèce de superstructure que
dénonce, à juste titre, les députés
créditistes. Ce sont déjà, au départ, des arguments
qui militent contre le fait de procéder de cette manière.
M. CHARRON: De toute façon, M. le minis- tre, cette
complexité administrative va exister pour au moins 25 des commissions
scolaires présentement existantes sur l'île de Montréal,
lorsque la carte du bill 71 deviendra... elles devront le faire, Verdun et la
CECM et le PSBGM qui demeurent propriétaire de leur équipement.
Les autres devront l'aliéner en faveur d'une nouvelle commission
scolaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact!
M. CHARRON: Plus que cela, votre projet de loi, si on doit en prendre
les explications que vous nous avez données prévoit un nouveau
regroupement, peut-être même une restructuration allant
jusqu'à l'unification dans quatre ou cinq ans. Donc, à nouveau
toute une complexité administrative d'opération.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y aura deux opérations. La
première opération qui va avoir lieu incessamment dans les...
M. CHARRON: J'ai dit que la complexité administrative du
transfert au conseil scolaire vaut bien celle de deux transferts de
propriétés à l'intérieur de cinq ou six ans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle l'est beaucoup moins. En plus de ça,
il y a le problème de l'administration. Je n'emploierai pas le mot
"gestion" pour qu'il n'y ait pas d'ambiguité de l'administration. Cette
administration se fait déjà par les commissions scolaires. Par
les commissions scolaires regroupées il y aura une période de
rodage, mais elle continuera de se faire. Nous ne confierons pas tout ce qu'il
y a d'immeubles dans l'île à un seul organisme qui devra se
transformer en un organisme, à mon avis, qui cesserait d'être
rapidement très efficace, et qui sortira de son rôle qui est un
rôle de planification et de coordination et non pas un rôle
d'administration directe.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): A longue échéance, M. le
ministre, vous envisagez toujours l'unification scolaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne l'envisage pas. Le projet de loi actuel ne
privilégie pas une solution plutôt qu'une autre.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Non, d'accord, le projet actuel...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On peut très bien envisager plusieurs
hypothèses d'évolution sur l'île de Montréal. Je ne
veux pas me prononcer même si j'ai manifesté une
préférence pour une unification qui fonctionnerait à la
condition qu'elle soit acceptée par les gens. Cela me paraîtrait,
dans l'absolu, un système idéal. Mais, je ne veux pas me
prononcer sur les options que feront les Montréalais dans les deux
années à venir alors qu'ils auront à vivre cette
première expérience traumatisante et très difficile,
déjà, d'une vie en commun.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, si le ministre me le permet, il me
semble acquis des propos du député de Verchères et des
propos même du ministre dans son discours de deuxième lecture
qu'on ne rejette pas, loin de là, l'hypothèse moi, je
n'appelle pas ça une hypothèse l'éventualité
assez prochaine d'une unification.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne rejette rien du tout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon! Alors, cette hypothèse
n'étant pas rejetée, il faut quand même en prévoir
les conséquences.
Toutes les complexités administratives qui surgiraient du
transfert de propriété, il faudra les envisager un jour ou
l'autre, et ne faudrait-il pas tout de suite mettre en place les
mécanismes qui permettraient de préparer cette grande
structure?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président, parce que
l'unification ne signifie pas nécessairement la propriété.
En somme, l'amendement du député de Chicoutimi vient du bill 62.
Cela n'a pas été repris dans le bill 28.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour ça que nous vous disions
qu'il y a un recul de l'un à l'autre, de 62 à 28 et de 28
à 71.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans le bill 28, les commissions scolaires
unifiées avaient la propriété des immeubles, bien
sûr, parce que c'était une opération plus compliquée
que celle que nous entreprenons, une opération du même genre, mais
ce n'est pas le conseil qui avait la propriété des immeubles. Ce
à quoi vous vous rapportez actuellement, c'est le bill 62. Nous avions
déjà laissé tomber cette possibilité dans le
bill...
Oui, bien sûr et c'est votre droit, d'autant plus que vous n'avez
pas à implanter une législation, vous pouvez vous permettre d'en
discuter à la lumière du bill 62.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quant à moi, je présente une
loi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je tiens à
faire savoir au ministre que même si ce n'est pas nous qui serons
obligés d'appliquer la loi que vous nous présentez, nous ne
pouvons pas nous désintéresser et faire à ce propos des
débats purement académiques. C'est en fonction de
réalités pratiques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est en fonction également d'une
hypothèse faite dans le bill 62. C'est simplement ce que je voulais
mettre en évidence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Disons que ça peut être cela, et
c'est bien dans la ligne évolutive de notre pensée et de la
vôtre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est dans la ligne évolutive de votre
pensée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et de la vôtre également.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De la mienne non, puisque j'ai fait une autre
option en cours de route.
LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. le Président, est-ce que ce n'est pas un peu cette
situation que nous vivons à Montréal au niveau de la
communauté urbaine? Je pense en particulier à
l'intégration des corps de police. Les municipalités demeurent
propriétaires de leurs immeubles et de leurs équipements et cela
n'empêche pas les organismes d'avoir une coordination et d'agir quand
même. Est-ce que ça ne ressemble pas un peu à
ça?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'analogie est bien imparfaite. Parce que les
responsabilités des corps policiers n'ont aucune sorte de rapport ni de
parenté avec l'organisation scolaire et la vie scolaire comme
telles.
M. PEARSON: Je donnais ça comme exemple tout simplement pour
peut-être indiquer que l'organisme de coordination comme tel, ça
ne l'empêche pas d'agir même si les municipalités
demeurent...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Cet exemple était boiteux, mais celui-ci
est cul-de-jatte.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: J'ai l'impression que le ministre voudrait faire croire
à la population qu'il y a une certaine décentralisation des
pouvoirs en remettant le droit de propriété aux commissions
scolaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous ne le leur remettons pas, il y est
déjà.
M. AUDET: On veut leur faire croire qu'elles sont propriétaires.
De toute façon...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On ne change pas ça du tout.
M. AUDET: ... on laisse la supervision complète au conseil
scolaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sur le plan des utilisations.
M. AUDET: Je m'excuse, M. le Président, mais je n'ai pas
terminé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, mais je voudrais vous aider à
comprendre, en cours de route.
M. AUDET: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, allez-y.
M. AUDET: J'ai déjà compris.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si vous avez compris, là...
M. AUDET: Je crois que le ministre veut tout bonnement essayer de faire
croire à une autonomie fictive, qui n'existe pas. Parce que les
propriétaires, même s'ils sont propriétaires, n'ont pas le
droit d'administrer leur propriété. Quelle sorte d'autonomie
est-ce?
Je ne comprends pas, réellement. C'est bien beau de dire que les
commissions scolaires ont une autonomie parfaite. Ce n'est pas réel
parce que le conseil scolaire a tous les pouvoirs. Il peut même, dans
l'article 591, réglementer au futur appliquer des
règlements qui n'existent pas encore pour faire en sorte de diriger les
commissions scolaires.
Je crois que c'est une autonomie fictive, et même si la population
aura l'impression d'être plus libre, d'être propriétaire des
immeubles, elle n'en sera même pas l'administrateur.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je voudrais attirer l'attention de
la commission sur un des arguments que le ministre a invoqués tout
à l'heure, et à cet effet relire avec lui l'article 591
précédemment adopté. Non pas que je veuille revenir sur la
discussion, ce n'est pas mon intention, je voudrais simplement savoir de quoi
nous parlons.
Le ministre se réfère au paragraphe d) de l'article 591.
Relisons-le ensemble. Il est dit: "Ces règlements peuvent notamment
porter sur des mesures propres à assurer: d) une utilisation des
équipements scolaires qui soit à la fois rationnelle et juste
pour les diverses clientèles à desservir".
Je vois dans cet article le pouvoir non pas le droit pour
le conseil scolaire de réglementer une utilisation des
équipements scolaires au sein d'une commission scolaire. Autrement dit,
il fera lui-même ses propres normes. Il dit: Ecoutez, je m'adresse aux
huit à la fois. Désormais, vous n'affecterez pas tel local
à tel endroit. Vous ferez attention à la disposition de tel
équipement ou de tel autre, normes généra- les qui devront
s'appliquer et que devront suivre les huit commissions scolaires. Mais on ne
parle pas d'une utilisation des équipements scolaires entres les
commissions scolaires. On va faire des normes à l'intérieur des
commissions scolaires, comme le ministère en a fait pour les commissions
scolaires du Québec. Mais la possibilité...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Lisez plus loin. M. CHARRON: Faites-le donc.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont les ententes.
M. CHARRON: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela renforce l'argument.
M. CHARRON: C'est cela. C'est que tout relève des ententes,
finalement. Il peut assurer des ententes entre les commissions scolaires, mais
les ententes ne viendront que si les commissions scolaires le veulent. Et c'est
là que la propriété des équipements jouera.
Personne ne pourra les empêcher de faire une entente. Si la commission
scolaire no 2 ne veut pas faire d'entente avec la commission scolaire no 3, il
n'y en aura pas. C'est là que vient jouer la propriété, et
l'amendement du député de Chicoutimi vient remplacer cette
disposition. J'admettrais que le conseil scolaire établisse des normes
d'utilisation rationnelle à l'intérieur d'une commission scolaire
pour éviter le gaspillage. Et il y a inégalité
là-dedans entre les commissions scolaires sur le territoire de
l'île de Montréal. Cela ne nous garantit pas, par exemple, que les
laboratoires et tout ce que vous avez mentionné pourront demain matin
être utilisés par la commission scolaire du sud-ouest qui irait
utiliser de l'équipement du PSBGM, par exemple, si le PSBGM ne veut pas.
Et le PSBGM est propriétaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le conseil est l'émanation des
commissions scolaires. C'est au sein du conseil que les décisions se
prendront. Je rappelle que les équipements ne sont pas mobiles. Ce sont
des équipements fixes. Il est bien évident qu'on ne pourra pas
déménager les immeubles. Mais il y a beaucoup d'exemples
où il sera possible d'avoir une affectation beaucoup plus raisonnable.
En plus, il faut penser à l'avenir parce que tout ce qu'il y aura
d'équipement, à partir de maintenant, devra être soumis
à la décision du conseil. Il se fera une planification beaucoup
plus rigoureuse. Mais en poussant puisque c'est une technique qui semble
plaire le raisonnement à l'absurde, également dans
l'optique d'un conseil propriétaire de ses immeubles, on en arrive
à créer une immense commission scolaire, une seule grande
commission scolaire pour l'île, une espèce de grande
régionale avec des espèces de commissions
scolaires locales. Cette immense commission scolaire gère les
immeubles, elle organise la vie étudiante, elle organise les programmes,
tout cela étant quand même pas mal bien et les commissions
scolaires...
M. CHARRON: Non.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela prouve bien que les raisonnements par
l'absurde...
M. CHARRON: Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Justement c'est là que...
M. CHARRON: Cela me surprend. J'aurais cru que vous étiez plus
fort dans l'absurde.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II a été question d'affectation
des locaux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est là que le ministre se trompe.
D'accord, l'affectation des locaux peut avoir une répercussion sur la
dimension pédagogique, mais il reste que la propriété des
immeubles par le conseil scolaire pose un problème d'administration et
de redistribution des ressources. Les commissions scolaires, une après
l'autre, demeurent quand même responsables de la vie, de l'organisation
de l'école, des programmes et de la pédagogie de l'école.
Ce dont nous voudrions nous assurer, c'est que, par le truchement de ce grand
organisme que sera le conseil scolaire, aucune commission scolaire ne puisse
faire échec à la volonté du conseil scolaire
d'établir la justice et l'équité dans la
répartition des ressources et dans la répartition des
équipements. Le ministre, tout à l'heure, invoquait le paragraphe
d), le député de Saint-Jacques aussi. Le ministre nous a dit de
nous référer au paragraphe e).
Les deux se complètent, se conjuguent. Comment le conseil
scolaire peut-il décider des commissions scolaires à organiser
des services communautaires si une des commissions scolaires bloque le conseil,
parce qu'elle est propriétaire des immeubles, et l'empêche d'avoir
les instruments qui permettraient justement d'organiser ces services
communautaires? Moi, je vois une contradiction formelle entre les articles 591,
592 et le 620.
M. HOUDE (Fabre): Je me pose la question suivante : Si une commission
scolaire une des huit refuse catégoriquement de
prêter son équipement à un organisme quelconque, que ce
soit un service communautaire ou pas, est-ce que le conseil peut l'obliger
à mettre son équipement à la disposition d'un organisme,
du public ou même des étudiants?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, mais n'oubliez pas que le conseil scolaire,
tel que conçu, n'est pas un organisme comme le ministère de
l'Education; c'est l'émanation des commissions scolaires. Il est fait
des représentants de toutes les commissions scolaires et le pouvoir de
réglementation lie les commissions scolaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le pouvoir de réglementation lie les
commissions scolaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr. C'est ce que nous croyons
dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un point de vue intéressant. Le
ministre nous dit que le pouvoir de réglementation lie les commissions
scolaires. Le conseil scolaire, par ses règlements, a donc
autorité sur quelque geste que puissent poser les commissions
scolaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, dans les matières qui
sont déterminées. Il a le pouvoir général. Il
faudrait peut-être s'en rapporter à l'amendement que j'ai
présenté, plutôt qu'au texte. Vous ne l'avez pas?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Nous l'avons ici.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, il y a le pouvoir général
d'adopter des règlements qui sont applicables aux commissions scolaires.
Par conséquent, elles sont liées. Ensuite, vous avez le devoir,
très particulier dans le domaine du rattrapage, qui est l'essence
même du projet de loi et que j'ai tenu à préciser. Je dois
dire que les partis d'opposition étaient tout à fait d'accord et
ont contribué à renforcer ce point de vue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous vous avons obligé à obliger
le conseil scolaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Disons que, collectivement, nous sommes
arrivés à le définir plus précisément. Je
suis très heureux de le souligner.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous nous sommes entendus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous énumérons un certain nombre
de secteurs, mais la liste n'est pas exhaustive. Le conseil peut très
bien décider de faire des règlements dans un autre secteur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Là, j'aimerais bien avoir des
précisions du ministre. Je prends l'article 591 amendé.
Après ce que le ministre vient d'évoquer sur le rattrapage, on
dit: Les règlements du conseil peuvent aussi porter sur d'autres
matières, notamment des mesures propres à l'éducation de
l'enfance inadaptée, l'organisation de cours d'études une
utilisation des équipements scolaires qui soit à la fois
ration-
nelle et juste pour les diverses clientèles, des ententes entre
les commissions scolaires. Alors, les règlements qu'édictera le
conseil scolaire, à ce moment-là, seront-ils
exécutoires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, cela revient à donner la
propriété des immeubles, M. le Président !
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ah si! Si c'est exécutoire que les
commissions scolaires, soient propriétaires ou...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela porte sur l'utilisation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. Si ces règlements sont
exécutoires, dès le moment où le conseil scolaire dira:
Par règlement, nous avons décidé ceci, cela devient
exécutoire. Par conséquent, on peut transférer les
propriétés et les équipements comme on le voudra. En
réalité, c'est donner le droit de propriété sans le
donner. Pourquoi ne pas l'inclure dans la loi?
M. CHARRON: Est-ce que je peux demander au député de
Chicoutimi et aux autres membres de la commission également de revenir
presque à la lettre de l'article 591? Je regrette, encore une fois, M.
le Président, mais c'est toute la discussion sur l'amendement du
député de Chicoutimi. Etre convaincus que l'article 591 veut dire
ce qu'on dit, probablement qu'on retirerait l'amendement à 620. Mais
revenons à la lettre: "Ces règlements peuvent aussi porter sur
d'autres matières, notamment c'est mal écrit, là;
ce n'est pas français, ça des mesures propres à
assurer des ententes entre les commissions scolaires", si je vais tout de suite
au paragraphe e).
Ce sont des mesures qui vont réglementer, non pas des ententes,
sur des mesures propres à assurer des ententes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous vous rendez compte que ce sont eux qui
réglementent.
M. CHARRON: Oui, oui! Le conseil scolaire...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la commission scolaire elle-même,
représentée au sein du conseil scolaire, qui
réglemente.
M. CHARRON: C'est-à-dire qu'on va établir un mode
d'entente. On va réglementer le genre de mesures propres à
assurer des ententes. Cela n'assure pas les ententes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il y a déjà un bon nombre
d'ententes entre les commissions scolaires. Il peut arriver que le conseil
n'ait pas à intervenir. Il peut arriver que le conseil tienne à
intervenir pour favoriser certaines ententes entre les commissions scolaires.
C'est pour ça que nous l'avons situé clairement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le président, je reviens à ce
qu'a dit le ministre tout à l'heure, c'est très important. Il
nous a dit que les règlements du conseil seraient
exécutés. Alors, ils ont force de loi. Par conséquent, le
conseil serait déjà nanti du pouvoir de disposer des
immeubles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit de l'utilisation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Utilisation. Il faut faire attention aux mots
utilisation et disposition. C'est ce que j'ai dit au ministre tout à
l'heure.
Si, par règlement, le conseil, promulgue et ça, de
façon exécutoire, que l'on doit procéder de telle et telle
façon en ce qui concerne les équipements et les immeubles en vue
ou dans le cadre d'ententes, etc., le gouvernement reconnaît au conseil
scolaire le droit d'imposer son utilisation des immeubles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'en conclus pas que la
propriété des immeubles passe de la commission scolaire au
conseil.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas nécessairement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne faut pas émettre ça parce
que ce n'est pas le cas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas nécessairement, mais virtuellement,
cela est compris.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas ma façon de voir les choses
et de l'exprimer. Pour moi, c'est très clair. Il s'agit de
réglementer en ce qui concerne l'utilisation, ce qui est tout à
fait normal de la part d'un organisme de coordination et de planification.
M. CHARRON: Est-ce que peut naître du conseil scolaire un
règlement exécutoire qui, nommément, affecterait un
établissement appartenant à une commission scolaire et en
assurant l'utilisation par une clientèle venant d'une autre commission
scolaire? Ou si, plutôt, ce que je crains, les règlements qui,
tout exécutoires qu'ils soient, sortiront du conseil scolaire seront
d'ordre général et que l'utilisation que propose l'entente sera
toujours entre les deux commissions scolaires souverainement
propriétaires de...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On semble l'oublier et c'est tout
l'intérêt de ces structures que le conseil scolaire n'est
pas un organisme de
l'extérieur, ce n'est pas un organisme dictatorial, ce n'est pas
un organisme qui juge de la situation et qui impose ses volontés. C'est
l'émanation des commissions scolaires et tout cela va se faire sous
forme de négociations dans certains cas, sous forme de consultations
dans d'autres. C'est l'essence même de la démocratie.
M. CHARRON: C'est le statu quo, les négociations. Vous avez
mentionné vous-même que des commissions en viennent à des
ententes. Bien sûr, mais il y a des commissions qui n'en viennent pas
à des ententes. Ce sont toujours des zones défavorisées
qui n'aboutissent pas à des ententes avec les plus riches qui ne veulent
pas voir leur équipement servir aux plus pauvres. C'est comme ça,
ils sont bâtis comme ça. C'est justement le statu quo, les
négociations. Ce qu'on veut, c'est assurer qu'une structure scolaire va
exiger des ententes de cet ordre. Un des moyens de les exiger, c'est quand elle
aura la propriété des équipements.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, parce que, même à ce
moment-là, la propriété des équipements irait
à un organisme où sont représentées toutes les
commissions scolaires. C'est exactement le même problème. Il n'y a
aucune hypothèse, sauf une hypothèse dictatoriale ou une
hypothèse où le ministère de l'Education imposerait ses
ukases sur l'île de Montréal, en disant: Vous allez faire telle et
telle chose. Il n'y a aucun organisme de concertation où se situe la
propriété des immeubles où il puisse en être
autrement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vais vous ramener
ici à des propositions que le ministre a faites auparavant. Il y a le
conseil scolaire dont il dit qu'il est une émanation des commissions
scolaires. C'est exact. Seulement, Ce conseil scolaire nous l'avons vu
et nous en avons discuté longuement a quand même un
système de représentation des diverses commissions scolaires au
sujet duquel nous nous sommes interrogés longuement et au sujet duquel
nous entretenons des craintes.
Si, par le jeu des voix au conseil scolaire, en préparant la
rédaction de règlements, il y a un poids qui va dans un sens, il
peut fort bien arriver que, justement, tout le programme d'utilisation des
équipements sont contrecarré par une volonté majoritaire
d'un groupe qui, lui représenterait les commissions scolaires les mieux
nanties. Que le ministre s'en avise bien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous sommes en pleine hypothèse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, ce n'est pas une hypothèse.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous ne légiférons pas en fonction
du pire. Nous créons une structure. C'est tout ce qu'un gouvernement
responsable peut faire. Le milieu aura à se servir de sa structure le
mieux possible. Comme nous avons un système d'éducation
démocratique ce qui, encore une fois, n'existe qu'en
Amérique du Nord; cela n'existe nulle part ailleurs au monde il y
a, bien sûr, un prix à payer, qui est la concertation. Nous ne
sommes pas dans la position d'un ministère de l'Education, comme cela se
trouve dans certains pays, qui possède des équipements, dont les
enseignants sont des fonctionnaires et qui donne des ordres comme ceux-ci:
Utilisez les équipements de telle façon. Tel professeur sera
affecté à tel endroit, sans aucun droit de recours d'ailleurs, ou
à tel autre endroit. Nous ne sommes pas du tout dans cette
situation.
M. CHARRON: Ne déplacez pas le sujet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne cherche pas à le
déplacer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Restons chez nous.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On a quand même voyagé pas mal dans
nos discussions. Je cherche à comparer un système unitaire et un
système décentralisé. Par définition cela me
parait important dans un système décentralisé, le
pouvoir se situe à certains niveaux, ce qui n'exclut pas la
responsabilité générale de l'Etat, laquelle s'exerce
là je réponds au député de Saint-Jacques
quand il se demandait si le ministère de l'Education resterait
présent; il restera présent par des normes et par des
politiques générales.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Le conseil scolaire émanant de toutes les commissions
scolaires, comment pou-vez-vous nous assurer que la représentation d'une
commission scolaire d'un milieu défavorisé, qui revendiquerait
certains services pourrait renverser les autres commissions scolaires de
milieux favorisés, qui ne voudront nécessairement pas se
départir de leurs droits ou de leurs propriétés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'est pas question de se départir de
ses propriétés. Il y a déjà, de par la structure
que nous mettons en place, un abandon très important de la part des
commissions scolaires nanties en faveur des commissions scolaires moins riches.
En effet, pour la première fois, nous normalisons le taux de taxation
partout, c'est-à-dire que le taux revient à être le
même, alors qu'il ne l'est pas.
Nous aurons une surtaxe qui ne fera plus que les disparités
augmenteront entre commissions scolaires riches et commissions scolaires moins
riches. Il y a déjà, dans le mécanisme même, une
amélioration considérable de ce point de
vue. Il est bien évident qu'il va falloir tenir compte des
ressources du milieu et que tout cela sera discuté au sein du conseil
scolaire. C'est la démocratie, c'est le prix que nous avons à
payer pour un système démocratique que semble souhaiter la
population.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En quoi, M. le Président, le fait de
donner la propriété des immeubles au conseil scolaire serait-il
antidémocratique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas dit qu'il ne l'était pas.
Non, je crois que mon raisonnement s'appliquait à autre chose. Ce n'est
pas du tout antidémocratique. Je répondais plutôt au
député d'Abitibi-Ouest: Ce ne l'est pas. C'est une
décision.
L'ancien gouvernement l'a fait dans le bill 62. Le gouvernement actuel y
a renoncé dans le bill 28 et a maintenu ce point de vue sur ce point
précis. Je considère, pour ma part, pour toutes les raisons que
j'ai tenté d'expliquer et je crains bien de ne pouvoir faire
davantage qu'il n'y a vraiment pas intérêt à ce que
la propriété passe au conseil scolaire. Je vois au contraire
énormément d'inconvénients et j'en ai cité
plusieurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a obtenu par bloc les
chiffres dont nous lui avons parlé tout à l'heure?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit d'un immense inventaire d'actifs et de
passifs. Ce sont les états financiers, en somme, des différentes
commissions scolaires. Nous pouvons très bien c'est impossible de
les amener instantanément, vous le comprendrez vous fournir ces
états financiers pour les principales commissions scolaires. D'ailleurs,
ces états financiers sont publics.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est évident.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On peut les compiler et vous en faire un
tableau. Cela ne change rien, quant à nous, au raisonnement que j'ai
tenté de vous présenter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne veux pas faire de reproche au ministre
mais, dans la perspective des mécanismes qu'il veut mettre en place,
j'aurais pensé que cette compilation existait déjà.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, nous ne pouvons pas aller vous la chercher
instantanément, mais nous avons tous les états financiers des
commissions scolaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. Ce que nous voulons obtenir ce ne
sont pas nécessairement tous les états financiers, les bilans
épais comme cela, mais une série de blocs de chiffres qui nous
indiquent un peu quels sont les actifs des commissions scolaires l'une par
rapport à l'autre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce qui vous intéresse
particulièrement, sont-ce les actifs de la CECM, qui sont beaucoup plus
élevés que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce qui nous intéresse, je vous l'ai
dit, c'est par blocs, afin que nous puissions faire une comparaison.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quelle sorte de blocs?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les blocs correspondant aux nouvelles
divisions qui sont proposées actuellement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les comités d'implantation auront
justement à faire l'inventaire de ces actifs et de ces passifs. Ce sera
un travail qui prendra plusieurs mois à consolider, mais nous allons
vous donner tous les renseignements que nous avons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous avez les
commissions scolaires, vous avez les six catholiques, les deux protestantes.
Est-ce vraiment un travail de bénédictin que de nous trouver cela
d'ici quelques heures? Quels sont, par blocs correspondant aux diverses
commissions scolaires, les actifs de ces commissions, pour qu'on puisse voir
comment se répartissent les richesses dans les différentes
commissions scolaires, celles que l'on regroupe et celles qu'on
crée?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Messieurs, est-ce qu'on peut passer au
vote?
M. CHARRON: M. le Président, j'ai une autre question avant de
pouvoir me prononcer librement sur l'amendement du député de
Chicoutimi. Le ministre, depuis le début, essaie de nous assurer que
l'objectif visé par l'amendement du député de Chicoutimi,
que nous avions préparé dans un autre amendement du même
ordre, se trouve atteint par les pouvoirs déjà décrits
à l'article 591.
J'ai mentionné que les pouvoirs mentionnés à
l'article 591 s'entendent comme suit:
Le conseil peut réglementer sur une utilisation des
équipements scolaires à l'intérieur des commissions
scolaires pour assurer les diverses clientèles... J'aimerais bien savoir
ce que "clientèles" veut dire parce que, en anglais, on dit "the various
groups". Est-ce qu'il s'agit des clientèles ethniques, des
clientèles...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La clientèle scolaire M. le
Président.
M. CHARRON: Mais quand on dit "diverses clientèles", on fait la
diversité sur quoi? Sur
l'option religieuse et neutre, par exemple, ou sur l'option
ethnique?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, ça peut comprendre aussi l'enfance
inadaptée, les différents groupes particuliers.
M. CHARRON: Bon! Et les pouvoirs mentionnés aussi... Le conseil
scolaire peut, par règlement, adopter des mesures propres à
assurer des ententes, mais ces ententes sont toujours laissées entre les
mains des commissions scolaires quant à la disposition des biens dont
elles sont propriétaires. Autrement dit, c'est le statu quo
là-dessus. Il peut favoriser les négociations, il peut
préparer des canaux de négociations mais si le PSBGM, demain, ne
veut pas négocier avec l'avantage qu'il a... Il est absolument faux de
comparer les actifs de la CECM avec ceux du PSBGM. Elle a cinq fois plus de
clientèle. Il est bien normal que les actifs de la CECM soient plus
gros.
Mais comparez per capita quant aux avantages et aux équipements,
comparez le nombre de piscines qu'a le PSBGM dans ses écoles par rapport
à la CECM per capita et vous allez voir que vos actifs vont changer de
bord. Toujours, le PSBGM est le dernier à décider si
l'utilisation de ses équipements dont il est propriétaire, par la
commission scolaire de Verdun, par exemple, ou par la commission scolaire du
Sud-Ouest, va se faire ou ne se fera pas.
Le conseil scolaire peut réglementer sur des mesures favorisant
ces ententes mais il ne les décide pas. Est-ce exact ou n'est-ce pas
exact?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne peux pas répondre par oui ou par
non.
M. CHARRON: Bien, si vous ne répondez pas...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Justement il y a là un tel tissu
d'imprécisions que cela ne m'est pas possible. Il ne faudrait
peut-être pas mêler tous les problèmes. Ce que je dis, c'est
que la propriété reste aux commissions scolaires, que le conseil
a des pouvoirs de réglementation qui sont clairement décrits, que
ces règlements lient les commissions scolaires, que le conseil agit
comme un organisme de coordination et de planification et que, ce faisant, la
propriété des immeubles ne semble pas essentielle.
M. CHARRON: Je suis d'accord pour dire que les règlements issus
du conseil scolaire le député de Chicoutimi l'a
rappelé aussi tantôt seront exécutoires. Mais quels
seront donc ces règlements?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Attendons que le conseil les fasse.
M. CHARRON: Non, non! N'essayez pas de détourner ma question. Je
viens de dire de quelle nature seront ces règlements. Ces
règlements seront ceci: Les pouvoirs obtenus à l'article 591 par
le conseil scolaire lui permettent de prendre des mesures propres à
assurer les ententes. Autrement dit, il réglementerait et dirait:
Désormais, toute entente survenant entre la commission scolaire X et la
commission scolaire Y devra être fignolée de telle façon,
comporter telles assurances, telles garanties pour les contribuables, etc. Mais
il ne fait pas les ententes à leur place. Il assure de quelle
façon seront faites ces ententes pour qu'elles soient respectées
et respectables, qu'elles aient valeur juridique, autrement dit. Mais ce n'est
pas lui qui va décider si le PSBGM ouvrira ses écoles, qui sont
parfois de l'autre côté de la rue, aux francophones appartenant
à la CECM dans l'autre, en face.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, que le
député de Saint-Jacques ne mêle pas deux choses. Vous
parlez en ce moment du paragraphe d) qui favorise des ententes. C'est tout
à fait exact. Il s'agit de services communautaires. La loi permet
d'autres ententes, la Loi de l'instruction publique à l'article 496
permet des ententes de toute nature. Et là, nous précisons des
ententes à des fins communautaires. A côté de ça, il
y a le pouvoir de réglementation qui porte sur le paragraphe c),
c'est-à-dire l'utilisation des équipements scolaires. Ceci peut
très bien se faire sans entente. Ceci peut se faire directement. C'est
peut-être là l'ambiguïté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous pourriez expliquer de nouveau
ce point? Cela paraît spécieux.
M. CHARRON: C'est là l'important. Quand vous dites: Les
règlements, en vertu du paragraphe d) de l'article 591 pourront
être de nature claire et nette et dire: Désormais, l'école
que possède le PSBGM sur la rue Rachel, face à l'école
catholique appartenant à la CECM sur la rue Rachel, de 4 heures à
6 heures ouvrira sa piscine aux étudiants francophones d'en face. Est-ce
exact?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Certainement. C'est ma compréhension du
texte. Le conseil peut faire des règlements dans les secteurs dont nous
avons parlé. En plus de ça, il peut favoriser des ententes.
M. CHARRON: Favoriser des ententes, c'est bien sûr!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce que ça existe. C'est une
technique.
M. CHARRON: C'est comme nommer un médiateur. Cela ne fait pas
pencher les parties en conflit.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oublions donc les ententes. C'est uniquement un
des aspects.
M. CHARRON: C'est de la frime!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas de la frime du tout.
M. CHARRON: Ah oui! c'est de la frime. C'est le statu quo!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a tout l'aspect des services
communautaires. Dans ce cas, M. le Président, j'essaie d'expliquer de
mon mieux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, je comprends que vous vouliez
expliquer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si on conclut que c'est de la frime.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a quelque chose qui n'est pas clair. Je
ne veux porter aucun jugement de valeur sur l'attitude du ministre, loin de
là. Mais que le ministre n'oublie pas qu'à c) et à d) il
est question de l'utilisation des équipements et des ententes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pourrais-je juste dire un mot?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Lisez donc le texte au complet. Ce n'est pas
seulement avec les commissions scolaires les ententes, c'est aussi avec les
corporations municipales.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui mais j'en viens à ceci, M. le
Président. C'est précisément...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais nous ne pouvons pas le faire avec les
corporations municipales et avec d'autres organismes, c'est à c) que
cela va le permettre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le ministre me permet de lui faire
comprendre ce que je veux dire. Le ministre dit, c'est la façon de faire
des ententes que nous allons examiner. Mais est-ce que ce sont les ententes
elles-mêmes?
Il ne faut pas oublier une chose. Avant que le ministre me
réponde qu'il pense bien à ceci: Son conseil scolaire fera des
règlements. Le ministre nous a dit qu'ils seront exécutoires.
Quelles que soient les modalités de ces règlements. Mais qu'il
n'oublie pas que le conseil scolaire, en ce qui concerne les points que nous
venons de soulever, peut faire des règlements; il n'est pas dit qu'il
doit en faire. Mais s'il ne veut pas en faire, là, je m'interroge, s'il
décide de ne pas en faire; il n'est pas dit qu'il doive en faire, il est
écrit qu'il peut.
M. CHARRON: M. le Président, je crois que nous devons ajourner,
la cloche a sonné à six heures moins quart.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pouvons-nous voter là-dessus?
M. CHARRON: Non.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous ne changerons pas d'idée. Moi je
veux bien continuer à répondre...
M. CHARRON: C'est sûr que vous ne changerez pas d'idée,
mais je veux que votre idée soit claire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois qu'il m'est difficile de m'exprimer
plus clairement que je ne le fais.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La commission suspend ses travaux
jusqu'à huit heures et quinze.
(Suspension de la séance à 17 h 51)
Reprise de la séance à 20 h 37
M. PILOTE (président de la commission de l'éducation, des
affaires culturelles et des communications): A l'ordre, messieurs!
Avant que l'on commence la séance, je voudrais mentionner que M.
Cloutier de Montmagny remplace M. Rémi Paul. Avant le dîner, nous
en étions à discuter de l'amendement à l'article 620.
Est-ce que quelqu'un a quelque chose à ajouter avant que l'on passe au
vote?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais poser une
question au ministre. Est-ce que, dans la perspective de cette redistribution
des ressources, des équipements, de la location des immeubles, etc, le
ministre, outre les règlements que peut faire le conseil scolaire, a des
moyens de pression qui seraient, par exemple, celui du budget?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer
ça, un peu, rapidement? Est-ce que ça veut dire qu'on pourrait
les guillotiner, les empêcher de...?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Le conseil a le premier recours par les
budgets puisqu'ils doit les approuver et qu'ils sont acheminés par lui
au ministère. C'est à ce moment que l'approbation finale se
fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre maintient toujours ce
qu'il a dit cet après-midi, à savoir que les décisions du
conseil sont exécutoires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre maintient que les décisions
sont exécutoires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sous forme de règlements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sous forme de règlements; que les
règlements deviennent des décisions exécutoires. Le
ministre maintient ça?
M. CHARRON : J'ajoute une question à celle du
député de Chicoutimi. Est-ce que, dans son entendement, l'article
591 précédemment adopté par la commission permet au
conseil scolaire de décréter, par règlement, que
l'utilisation d'un équipement scolaire appartenant à une
commission scolaire x peut être alloué à une commission
scolaire y, sans le consentement de la commission scolaire x?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne peux pas préjuger de la
façon que le conseil fonctionnera, mais je crois qu'il
procéderait plutôt...
M. CHARRON: Pouvoir?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... par règlements
généraux, c'est-à-dire qu'il déterminerait un
certain nombre de critères et si les commissions scolaires ne se
conformaient pas à ces critères, elles se placeraient dans
l'illégalité. C'est ainsi que là encore, c'est ma
façon de concevoir l'administration plutôt que de
décréter que telle piscine doit être utilisée de
telle façon, on peut très bien faire un règlement
général concernant l'utilisation des piscines, équipement
communautaire par excellence, sur l'ensemble du territoire.
C'est probablement la façon dont les choses se feront. Il n'y a
pas le moindre doute, les pouvoirs du conseil sont clairement exprimés,
il n'y a pas le moindre doute qu'il peut faire des règlements dans tous
les domaines.
M. CHARRON: II peut faire des règlements, mais le pouvoir de
contracter des ententes dans le cadre de ces règlements demeure toujours
aux commissions scolaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est qu'il y a une confusion que j'ai
essayé d'expliquer à plusieurs reprises. Lorsque nous parlons
d'entente à l'article d) de 591, il ne s'agit pas d'entente entre
commissions scolaires, mais dans l'optique des équipements
communautaires, d'entente entre commissions scolaires et corporations
municipales, par exemple. Nous avons plusieurs exemples d'ententes analogues
entre des CEGEP et la ville de Montréal, pour permettre l'utilisation
d'équipement pour la communauté je pense au CEGEP
d'ahuntsic, par exemple, qui est en relation contractuelle avec la ville de
Montréal. Sainte-Foy a également des types d'entente
analogues.
M. CHARRON: Sur les ententes entre les commissions scolaires seules,
entre le PSBGM et la commission scolaire du sud-ouest, par exemple, le conseil
scolaire n'a pas de pouvoir de réglementation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pardon?
M. CHARRON: Je répète ma question: Entre les commissions
scolaires elles-mêmes...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les autres ententes sont possibles de par la loi
de l'instruction publique, aux articles 96 et 496, et elles se font
constamment.
M. CHARRON: Et l'article 224 de la loi de l'instruction publique qui dit
que les biens et immeubles demeurent la jouissance... il est du devoir des
commissaires ou des syndics, dans une municipalité, d'administrer les
biens meu-
bles et immeubles appartenant à leur corporation scolaire. Cet
article n'a pas été supprimé parmi ceux que nous avons
supprimés à l'article 618.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Mais, il n'a pas à être
supprimé parce qu'il peut être limité par les
règlements du conseil. Il l'est effectivement.
M. CHARRON: Je ne veux pas mettre en doute, M. le Président,
l'intention et l'honnêteté du ministre dans ce qu'il affirme, mais
dans la lettre de la loi, je suis convaincu que ce n'est pas affirmé et
que nous devrions peut-être nous pencher immédiatement sur une
clarification de ces pouvoirs. Parce que dans mon entendement à moi
je regrette d'avoir à l'affirmer je le trouve aussi
probable et aussi possible en valeur que celui du ministre de l'Education. La
lettre ne traduit pas l'esprit que le ministre voudrait bien voir à
l'article 591.
M. le Président, je le répète une dernière
fois. On dit: Les règlements peuvent on ne dit même pas
"doivent", comme le signalait le député de Chicoutimi
"peuvent porter sur des mesures propres à assurer des ententes entre les
commissions scolaires". Il n'est pas dit que le conseil scolaire peut à
un moment donné décréter l'utilisation d'un
équipement appartenant à une commission scolaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II en a le pouvoir général et ce
que nous faisons après avoir...
M. CHARRON: La décision finale, M. le Ministre, demeure toujours
aux commissions scolaires, n'est-ce pas?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Les commissions scolaires devront à
l'intérieur des règlements...
M. CHARRON: Alors qu'est-ce que cela leur vaut d'être
propriétaire à ce moment-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'abord il faut bien s'entendre sur le sens du
mot "propriétaire" lorsqu'on parle de biens publics. Le
député de Montmagny en garde dans le domaine des affaires
sociales une certaine expérience. Le droit de propriété a
évolué et on est en présence au fond de fiduciaires qui
administrent des biens financés par des fonds publics, de sorte que les
commissions scolaires conservent ce droit de fiducie mais le conseil, de par
ses règlements, peut déterminer l'utilisation de ces biens.
A toutes fins utiles, le conseil a des droits qui sont extrêmement
précisés de ce point de vue. On les a vus à l'article
591.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II a des droits qui équivalent au fond
à un droit de propriété.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous voulez me le faire dire, et je ne le dirai
pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand même, vous l'avez dans
l'esprit.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, parce que je fais la distinction, et elle
est faite là-dedans, et c'est celle qui existe d'ailleurs à
Toronto où les propriétés des commissions scolaires
restent, dans le cadre de leur conseil métropolitain, la
propriété des commissions scolaires. C'est sur le plan de
l'utilisation que le conseil intervient par règlement. C'est ce qui est
important. J'ai expliqué, cet après-midi, devant d'autres
députés, que tout un ensemble de raisons m'évitait contre
transfert réel de propriété au conseil. Parmi ces raisons,
il y avait des raisons administratives, des raisons pédagogiques, il y
avait également le fait que nous concevons le conseil comme un organisme
de coordination et de planification et que nous ne voulons pas le transformer
en une immense structure qui aura à administrer directement des
immeubles.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'aurais une précision à demander
au ministre. Il a dit tantôt que, par les budgets, le ministre pouvait
influencer ces sortes d'ententes et les règlements entre les commissions
scolaires. Il a fait allusion aux Affaires sociales. Je voudrais dire au
ministre que dans le ministère des Affaires sociales, pour les
hôpitaux, les institutions de bien-être en général,
il est très facile pour le ministère des Affaires sociales
d'influencer l'utilisation de l'équipement parce qu'il refuse de
l'équipement au budget des Affaires sociales.
Il peut refuser à l'hôpital d'utiliser un espace pour
l'aménagement des lits pour des malades chroniques s'il n'a pas, dans
son programme... Je voudrais savoir du ministre si, quand il dit qu'il peut
influencer par les budgets, c'est aussi précis que dans le domaine des
Affaires sociales, ou si c'est plus flou, plus dilué à travers
toutes sortes de mécanismes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, c'est aussi précis. D'ailleurs,
même actuellement, le ministère peut intervenir de cette
façon-là parce que c'est lui qui approuve les budgets.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais il n'a pas, à
l'intérieur...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): n approuve...
M. CLOUTIER (Montmagny): H n'y a pas autant d'équipement
spécialisé à l'intérieur de ces
édifices-là qu'il y en a dans le domaine des Affaires
sociales.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, mais on ne peut pas exclure que, pour
l'avenir, de toute façon, le conseil aura un contrôle encore plus
grand sur les équipements. On ne peut pas exclure qu'il y ait des
équipements plus spécialisés; je pense en particulier aux
services communs d'informatique. Il existe déjà des services
d'informatique, au moins dans une grande commission scolaire. Mais ce service
deviendra un service commun à l'ensemble de l'île; voilà un
service spécialisé.
Il est évident que la situation n'est pas analogue et
superposable aux Affaires sociales mais, par le contrôle des budgets...
En somme, le conseil, comme le ministère d'ailleurs, peut intervenir par
le biais des règlements. Dans le cas du ministère, ce serait par
le biais de ses politiques générales et, dans les deux cas, par
le biais de l'approbation des budgets.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En fait, il y a deux paliers. Le conseil
scolaire peut approuver le budget et le ministre doit également
l'approuver.
M. CLOUTIER (Montmagny): Voilà. Il y a une espèce de
dialectique entre les commissions scolaires et le conseil scolaire qui est
l'émanation des commissions scolaires. Il y aura négociation,
entre le conseil scolaire et les commissions scolaires, sur leur budget. Le
conseil scolaire décidera des projets communs, de l'endroit où il
désire faire porter l'effort, mais tout cela devra être
approuvé par le ministère.
Nous avons d'ailleurs approuvé un article qui donnait certains
délais au conseil scolaire pour acheminer les budgets au
ministère de l'Education.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre vient de dire que le conseil
scolaire, à son avis, n'est pas l'organisme qui doit être
propriétaire de l'équipement et des immeubles. Si, par contre,
par les budgets et par les règlements, le ministre n'atteint pas aussi
directement les conséquences ou la planification qu'il veut obtenir dans
le domaine de l'utilisation des équipements, quel est l'autre
mécanisme qu'il entrevoit comme correctif?
Si ce n'est pas le conseil, est-ce que les commissions scolaires seront
toujours propriétaires de l'équipement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans le projet de loi actuel.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord! Mais, quel autre mécanisme le
ministre entend-il établir?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne veux pas préjuger d'autres
mécanismes. Je considère que le mécanisme actuel est celui
que nous suggérons et que nous considérons adéquat.
M. HOUDE (Fabre): M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous dire je lui en ai glissé un mot tantôt et la
réponse m'est apparue assez satisfaisante je pense que,
concernant les équipements, si on arrête de parler par
hypothèse et qu'on y va d'une façon pratico-pratique, il reste un
fait, c'est que dans Montréal en particulier, plus que n'importe
où dans la province, on a vraiment l'impression que les
équipements scolaires ne seront pas utilisés. Je m'explique. Dans
les commissions scolaires en banlieue ou ailleurs dans la province, c'est
ordinairement beaucoup plus facile d'utiliser les équipements d'une
commission scolaire pour la vie scolaire, parascolaire et pour les services
communautaires. Dans le cas de Montréal, et en particulier dans les
quartiers défavorisés, il est parfois extrêmement difficile
d'utiliser les locaux d'une école, que ce soit au point de vue du
théâtre, au point de vue de la culture, des activités
sociales ou des activités sportives. Là, j'aimerais savoir, avec
ce renouveau sur l'île de Montréal, quels seront les moyens, pour
un groupe en milieu défavorisé en particulier, d'utiliser les
équipements scolaires quand la commission scolaire, propriétaire
des lieux ou même si le conseil était propriétaire
des lieux exige et demande, par exemple, $8, $9 ou $10 la soirée
seulement pour les services du concierge. Cela fait quinze ans que dans tous
les mouvements de jeunesse on parle de ce fameux problème, on parle des
cadenas mis à nos cours d'écoles. Cela fait au moins quinze ans
que j'entends dire que les écoles ferment à quatre heures. C'est
un peu ça le problème dont on discute présentement.
Dans le cas de certaines municipalités, comme le ministre l'a dit
tantôt, c'est ordinairement très facile. C'est ce qui arrive en
dehors de Montréal plus souvent qu'ailleurs, c'est-à-dire qu'un
service municipal de la récréation ou du loisir, par exemple,
loue ou signe un protocole d'entente avec les autorités scolaires, pour
l'utilisation des lieux en dehors des heures de classe, même le samedi,
même le dimanche. Dans le cas de Montréal et dans le cas de
certains quartiers en particulier, ce n'est pas toujours facile parce que la
ville qui a ou qui n'a pas de protocole d'entente peut toujours dire: Nous
avons d'autres sortes de salles, nous avons d'autres centres culturels, de
loisirs ou sportifs à la disposition du public. Ce que j'aimerais bien
savoir, c'est si le conseil scolaire aura non seulement des pouvoirs de
réglementer et tout ça, mais aura les moyens d'incitation.
Aura-t-il des moyens financiers, sous formes de subventions
spéciales en milieux défavorisés pour aider justement les
commissions scolaires locales à mettre a la disposition du public,
étudiants ou non, des services, de l'équipement en les aidant
à payer un concierge, par exemple, qui reste à toutes fins
pratiques, le problème numéro un dans notre système
actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai répondu à cette question, cet
après-midi. J'apprécie beau-
coup les préoccupations du député de Fabre qui
rejoignent les miennes dans le domaine des activités parascolaires. J'ai
dit qu'il existait déjà des ententes non pas seulement entre
commissions scolaires mais entre commissions scolaires et corporations
municipales à ces fins. J'ai dit que, par son pouvoir de
réglementation, le conseil ne pouvait qu'améliorer et augmenter
ce nombre d'ententes. Je suis conscient que toutes ces ententes ne sont pas
satisfaisantes. J'ai d'ailleurs eu personnellement, dans mon comté
d'Ahuntsic, un cas tout à fait analogue à celui dont on parle. Je
ne voudrais pas prolonger le débat là-dessus, parce qu'il y a
quand même pas mal de choses qu'on a dites depuis le début et je
ne tiens pas à me répéter. Mais c'est peut-être
utile de parler de cet exemple. La piscine, à la suite d'un contrat
entre la ville de Montréal et Ahuntsic, était bel et bien ouverte
sauf que l'on demandait aux usagers je pense, $1.25 ou $1.50. Alors, lorsque
quelqu'un arrivait avec une famille de quatre ou cinq enfants, cela faisait
déjà une dépense élevée. Nous avons
réussi à revoir ce contrat avec la ville de Montréal. Je
pense que nous mettons quand même en place une structure. On ne
réglera quand même pas tous les problèmes
instantanément, mais nous pourrons certainement les régler un peu
dans cette optique.
M. CHARRON: Je ne pense pas que le ministre ait encore réussi
à me convaincre que les pouvoirs...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas cet espoir-là.
M. CHARRON: Bien, vous avez tort.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont deux philosophies qui s'affrontent.
M. CHARRON: Vous avez tort, parce que je suis pas mal plus disponible
que vous ne le pensez.
M. CLOUTIER: Oui, je l'ai constaté depuis le début. C'est
exact.
M. CHARRON: C'est parce que vous n'avez pas réussi encore. Et si
vous réussissez d'ici minuit, tant mieux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah, bon! Vous êtes parti pour en parler
longtemps!
M. CHARRON: Non, non! Je ne me suis pas fixé de "dead-line" mais
je me dis que ce soir, cela l'est. Les pouvoirs à l'article 591 et les
restrictions des pouvoirs des commissions scolaires qui figurent dans les
derniers paragraphes de l'article 620, qui est l'article présentement en
discussion, ne me convainquent pas qu'on retrouve là l'équivalent
de ce que donnerait l'adoption de l'amendement du député de
Chicoutimi.
A la question que j'ai posée et à laquelle le ministre a
répondu deux fois de façon différente, mais sans se
prononcer véritablement... Je regrette, mais tant que cette
réponse flottera, je serai obligé de croire que l'avantage
qu'apporterait l'adoption de l'amendement du député de Chicoutimi
n'y figure pas.
J'ai en tête un cas bien précis...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela.
M. CHARRON: ... qui peut se propager. Vous disiez que ce ne sont pas des
équipements mobiles. Je l'admets bien. On ne pourra jamais mettre
à la commission scolaire qui couvre le territoire de chez nous, dans le
comté de Saint-Jacques, l'équipement qui est à
Pointe-Claire. Cela serait de la folie. Mais par l'adoption de la carte,
précédemment...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que je peux répondre à
votre question.
M. CHARRON: Laissez-moi terminer pour être bien sûr que vous
y répondez.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais essayer encore une fois.
M. CHARRON: Cela fait déjà deux fois que vous essayez.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais...
M. CHARRON: J'aime mieux préciser encore plus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... je pense qu'il y a des philosophies qui
s'affrontent.
M. CHARRON: Oui, votre philosophie du changement. Vous savez que ce
n'est pas la mienne.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... une philosophie libérale et une
philosophie qui semble être davantage axée vers...
M. CHARRON: La philosophie...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... la prise en main...
M. CHARRON: La liberté du loup dans la bergerie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est votre droit.
M. CHARRON: Oui. Il y a, sur la rue Rachel à Montréal,
dans l'est c'est dans le comté de Maisonneuve face
à face, une école protestante, propriété du
Protestant School Board of Greater Montreal, et, en face, de biais, une
école, propriété de la CECM. Celle du PSBGM est neuve,
dotée d'un équipement magnifique, comme les Anglais sont capables
de s'en doter.
Celle de la CECM fait partie de ce que j'appallerais l'âge moyen
de l'équipement de la CECM et n'est donc pas dotée des avantages
que la dernière décennie a apportés à
l'équipement scolaire. Et on n'est jamais parvenu à l'entente
voulant que les étudiants de l'école francophone catholique
puissent utiliser l'équipement d'en face à des heures où
il n'est pas utilisé par les protestants anglophones.
On dit, bien sûr, actuellement dans la loi, qu'il pourrait y avoir
négociation et entente. La loi actuelle, même avant ce bill 71, le
permet. Mais on n'est pas parvenu à une entente. Le PSBGM et les
contribuables du PSBGM sont jalousement possesseurs de ce qu'ils se sont
donnés et ne veulent pas ques les francophones utilisent et
détériorent ce qu'ils auront eux-mêmes à payer.
Ce qui fait que les étudiants de la CECM, même s'ils sont
enface d'une école dotée d'une piscine et de l'équipement
moderne, je traduis piscine comme étant ce qu'il y a de plus
spectaculaire, mais on peut parler de laboratoires, on peut parler de n'importe
quoi ils ne peuvent pas y aller. Il faudrait qu'il y ait une entente.
L'article 591 permet au conseil scolaire d'adopter des règlements qui
favoriseront les ententes, mais il ne fait pas les ententes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Premièrement, revenons à 591. Vous
êtes concentré, si j'ose m'exprimer ainsi, sur le d) ou le e) ou
les questions d'ententes. Voulez-vous oublier complètement cette
histoire d'entente? Parce que les ententes, tel que l'article est
rédigé, ne concernent pas les commissions scolaires, elles
concernent votre recherchiste opine du chef les commissions
scolaires et les corporations municipales. Si vous réussisez à
mettre cela dans un coin de votre esprit on va peut-être toucher au
pouvoir de réglementation.
A votre question, je réponds: "Oui." Je dirai que le conseil
scolaire ne donnera pas l'ordre à telle commission scolaire de
libérer telle école. Cela ne se fera pas comme cela en saine
administration. Cela peut se faire sous forme de règlements
généraux concernant, par exemple, l'utilisation, concernant les
heures et les commissions scolaires devront s'y conformer. Maintenant, j'ajoute
que votre exemple est un peu théorique parce que vous partez du principe
que toutes les belles écoles sont à la PSBGM et toutes les
écoles moches à la CECM. Je dirais que c'est le contraire
à beaucoup de points de vue. Il est assez étonnant, lorsqu'on
visite beaucoup d'écoles comme je l'ai fait, de constater que vous
trouvez à la PSBGM quantité d'écoles qui ont entre 40 et
50 ans, qui sont, soit dit en passant admirablement tenues, très bien
entretenues et que les écoles les plus belles et les plus neuves, vous
les trouvez surtout du côté de la CECM. Ceci est une remarque
incidente. Je souhaiterais qu'on ne place pas le débat sur le ton d'une
espèce de rivalité entre commissions scolaires, mais qu'on essaie
de voir ce qui pourrait être réalisé du point de vue des
équipements collectifs. A votre question, je réponds oui, avec
cette nuance que, à cause de votre formulation, je suis obligé de
vous expliquer que cela va se faire par des règlements
généraux. Le conseil n'est pas une espèce d'organisme
dictatorial qui va donner des ordres. Ce n'est pas non plus un ministère
de l'Education qui est à l'extérieur, qui représente une
instance supérieure et différente. C'est l'émanation des
commissions scolaires sous forme de règlement général,
indiscutablement, et, oublions les ententes, parce que vous avez bel et bien
dans l'article 591, comme je l'ai expliqué au moins 20 fois, un pouvoir
général qui porte sur tout. Le conseil peut faire des
réglementations sur tout ce qui l'intéresse.
M. CHARRON: S'il veut l'exercer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, s'il veut l'exercer.
M. CHARRON: II ne "doit" pas, il "peut".
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a là une marque de confiance qu'il
faut donner à ceux qu'on met en place. Qu'est-ce que le gouvernement
peut faire? Créer une structure qui se veut démocratique et
espérer que les hommes l'habitent et la fassent vivre. Il n'est pas
possible de tout prévoir par réglementation. On ne peut pas
prévoir et préjuger de la bonne volonté de ceux qui sont
là. Moi, je pars du principe qu'il y aura de la bonne volonté,
sinon c'est la fin même de la société.
M. CHARRON: Je ne vous reproche pas d'avoir confiance en la bonne
volonté, mais je vous rappelle que votre devoir, comme gouvernant, est
d'assurer que les injustices soient corrigées, sinon vous êtes
là pour rien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que nous le faisons plus que ça
n'a jamais été fait sur l'île de Montréal et qu'il y
a une amélioration énorme par rapport au statu quo.
M. CHARRON: II a quand même fallu nous battre pendant plusieurs
heures pour assurer que le conseil scolaire doive réglementer un milieu
défavorisé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le député de
Saint-Jacques. J'avais un amendement tout prêt. Le député
de Chicoutimi a accroché le grelot, j'ai immédiatement sorti mon
amendement. Parce que, pour moi, les zones défavorisées
étaient une priorité. Je l'ai indiqué dans mon discours de
deuxième lecture et, comme l'Opposition je l'en félicite
a cru que les formulations n'étaient peut-être pas
suffisamment claires, immédiatement j'ai présenté mon
amendement pour le clarifier. Parce que, dans mon esprit, à cause des
attendus, à cause de
l'esprit même du bill, il était évident que le
rattrapage constituait une priorité. Comme l'Opposition a cru qu'il
fallait peut-être être plus explicite, j'ai accepté de
l'être. J'ai accepté tous les amendements de l'Opposition qui
étaient compatibles avec l'esprit du bill, de même que j'ai
refusé tous ceux qui allaient à l'encontre de l'économie
et de l'autonomie qu'on cherche à créer.
M. CHARRON: Vous considérez que celui que nous débattons
actuellement est contraire à l'esprit du bill.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, je crois qu'il est contraire à
l'économie du bill, je crois qu'il est inutile et pas souhaitable
je me suis expliqué longuement là-dessus cet après-midi,
je peux y revenir encore je vous ai donné tout un ensemble de
raisons. Je n'ai pas la prétention de vous convaincre. Tout ce que je
peux faire, c'est expliquer et tenter de faire comprendre. Je disais tout
à l'heure qu'il y avait deux philosophies qui s'opposaient. Il y a
probablement une philosophie libérale. Libérale dans le sens
libéra-liste du mot qui sous-tend toute cette approche. Il y a
probablement une philosophie qui cherche à contrôler davantage,
à mettre de plus en plus de contraintes. J'ai été
obligé, chose que j'ai trouvée presque paradoxale, de me battre
contre l'Opposition qui, lors du bill 28, disait qu'il y avait trop de
contraintes. J'ai été obligé de me battre pour qu'il y en
ait moins. Précisément parce que le gouvernement ne veut pas en
mettre. J'ai trouvé ça pour le moins curieux, mais je l'ai fait
pour ne pas nuire à l'esprit de cette législation.
On ne peut pas faire la législation du pire et croire renfermer
dans un carcan un conseil scolaire que l'on vient de créer, parce
qu'alors, ça ne vaut pas la peine de le créer. C'est pour
ça que j'ai défendu, chaque fois, le point de vue gouvernemental
chaque fois que ça me paraissait aller à l'encontre du
bill mais que j'ai immédiatement accepté avec grand
plaisir les suggestions de l'Opposition, lorsque c'était cohérent
avec nos prises de position.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je veux dire, avant de clore cette discussion
en ce qui me concerne, que les arguments que le ministre a apportés
à l'encontre de la proposition d'amendement que j'ai faite ne me
satisfont pas à tous égards et ne m'ont pas convaincu qu'il doit
rejeter l'amendement que j'ai proposé.
Le ministre nous dit qu'il est question de deux philosophies, une
philosophie libéraliste, une autre philosophie qui serait, dans l'esprit
du ministre, socialiste. Disons que le ministre, avec sa philosophie
libérale ou libéraliste n'est pas tout à fait sur la
même longueur d'ondes que son premier ministre qui, lui, dit qu'il est
beaucoup plus socialiste qu'autonomiste. Réglons ça une fois pour
toutes. Ce à quoi je veux en venir, c'est ceci: si le ministre a
accepté l'amendement qu'il a proposé à l'article 591,
c'est que nous avons fait des représentations.
Le ministre se targue de l'avoir accepté, même d'y avoir
pensé avant. Je ne lui en fais pas reproche. Au contraire, je suis bien
content qu'on ait au moins eu cette concession du gouvernement. Mais nous
voulions davantage puisque le "doit" qui se trouve dans l'article 591 ne
concerne que le rattrapage, mais ne concerne pas les autres mesures qui doivent
être prises pour l'éducation de l'enfance inadaptée,
l'organisation des cours d'études pour des "personnes autres",
l'utilisation des équipements scolaires, les ententes, etc. Nous
voulions qu'il soit écrit: Les règlements du conseil "doivent"
aussi porter sur telle ou telle matière. Pour toutes ces raisons, il me
parait que le ministre, qui ne cédera pas, j'en suis convaincu, parce
qu'il est fort de la majorité qui va l'appuyer tout à l'heure,
j'estime que le ministre a tort de s'entêter à ne pas comprendre
que, pour atteindre les objectifs à court, à moyen et à
long terme, que se propose le projet de loi qu'il soumet à notre examen,
pour ces raisons, le ministre ne pourra pas les atteindre parce que le conseil
scolaire n'a pas les pouvoirs et les obligations qu'il devrait avoir pour lui
permettre de prendre justement, de façon impérative, ces mesures
qui favoriseraient la poursuite des objectifs dont on parle depuis le
début de l'examen de ce projet de loi.
Le ministre nous a fourni des arguments valables, des
considérations intéressantes qui ont apporté un
éclairage sur ce qu'il appelle sa philosophie mais, en ce qui me
concerne, j'estime que toute cette philosophie est basée sur la
volonté de maintenir un statu quo, ce qui est un net recul par rapport
au projet de loi 28 et par rapport au projet de loi 62. C'est tout ce que je
veux dire, M. le Président. J'ai proposé mon amendement. Quant
à moi, je suis disposé à ce qu'on le mette aux voix
dès qu'on le souhaitera, mais je tiens à préciser que, sur
ce sujet particulier de la propriété des immeubles, le ministre
rate le coche et qu'il se rendra compte très vite que les tensions que
nous craignons tous se seront accrues à cause du
déséquilibre de la représentation au sein du conseil. Le
ministre devra aller régler sur place les petits différends et
aller éteindre les incendies quand ils commenceront.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que les membres de la commission sont
prêts à se prononcer?
M. CHARRON: Non, M. le Président, je serai prêt
quand...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je ne voudrais pas faire de
procédurite, mais il reste que...
M. CHARRON: Je suis d'accord, M. le Président. Je ne voudrais pas
allonger le débat, mais j'ai deux courtes questions à poser au
ministre,
si vous me le permettez. La première est double, M. le
Président. C'est le coût. Qui va payer? Quelle commission scolaire
va payer et y aura-t-il des frais de location qui devront être
payés par la commission scolaire X si elle utilise l'équipement
de la commission scolaire Y?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais répondre au fur et à
mesure. Cela devient compliqué. Cela rentre dans le cadre des
dépenses admissibles. Si c'est admissible, il n'y a pas de
problème. S'il y a un coût, c'est automatique.
M. CHARRON: Elle devra le compiler dans son budget?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une question d'écriture.
M. CHARRON: Elle devra le compiler dans son budget?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): S'il y a un coût, oui.
Cela deviendra une question d'écriture.
M. CHARRON: Donc, elle devra prévoir d'avance qu'elle est
obligée de couper des dépenses sur autre chose, dans son budget
des dépenses admissibles, si elle veut utiliser l'équipement
qu'une autre commission scolaire, elle, utilise sans payer la location.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des dépenses de transfert d'une
commission à l'autre. Cela existe, par exemple, pour les frais de
scolarité, pour un tas de choses, et cela ne signifie pas du tout couper
des dépenses à un autre poste.
M. CHARRON: S'il y a des dommages causés à
l'équipement de la commission scolaire Y pendant qu'elle a
prêté généreusement cet équipement à
la commission scolaire X, qui paiera?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II peut y avoir des assurances. Cela
dépend de l'entente. Je crois que le conseil aura à se pencher...
il aura toute latitude pour organiser. Je crois que c'est vraiment là un
détail pour déterminer de quelle façon il veut faire face
à cela. Il n'y a pas que des problèmes de responsabilités
qui se poseront, c'est certain, mais il existe des assurances pour cela.
M. CHARRON: Finalement, M. le Président, si, au début
d'une année scolaire, un problème comme celui que nous avons
vécu à l'intérieur de la CECM, cette année, dans
Saint-Henri, Ville-Eymard, se reposait, est-ce que, en vertu de la loi 71, la
commission scolaire est autonome quant à la répartition de ses
propres équipements entre la clientèle qu'elle a à
desservir ou si elle doit se soumettre, comme le dit l'article 591, à
une réglementation venant à cet effet du conseil scolaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle devra se soumettre à une
réglementation. J'espère que ce genre de phénomène
ne se reproduira pas.
M. CHARRON: C'est-à-dire qu'au lieu d'être tranché
par la commission scolaire, il sera tranché par le conseil.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui et, l'étant par le conseil, cela
permettra une meilleure utilisation des équipements.
M. CHARRON: Si, par exemple, comme dans le cas de l'école de
Saint-Henri qui nous a occupés, au début de l'année, on
décide de faire d'une école, une école anglophone
cela peut se produire à l'intérieur de la CECM, les deux groupes
ethniques s'y retrouvant pendant que telle autre école
jugée moins moderne, sera réservée aux francophones,
désormais on pourra s'adresser au conseil scolaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Certainement. Très certainement. Le
conseil scolaire sera là pour cela.
M. CHARRON: Si le conseil scolaire n'a pas fait de réglementation
à cet égard, parce qu'il peut en faire, mais n'est pas
obligé d'en faire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le conseil scolaire en principe devra prendre
ses responsabilités. J'en reviens toujours à la philosophie,
même si je sais que le mot plaît au député de
Chicoutimi, que j'essayais de vous exprimer. Le conseil scolaire est un corps
responsable qui a, de par la loi, un certain nombre d'objectifs à
remplir. On ne peut pas lui imposer tout, il faut lui laisser une marge de
manoeuvre. C'est ce que nous avons fait dans ce projet.
C'est là un problème auquel il devra s'attaquer. Ou on ne
fait pas de conseil scolaire et le ministère administre directement les
commissions scolaires sur l'île de Montréal. Nous avons choisi ce
"pattern" qui a donné des fruits dans d'autres grandes
agglomérations urbaines en Amérique. Je vous ai cité
Toronto et je pense vous avoir cité Philadelphie. C'est d'ailleurs un
"pattern" reconnu et retenu ici depuis aussi longtemps que le rapport Parent.
Je crois que tous ces problèmes importants, bien sûr, dont parle
le député de Saint-Jacques, sont des problèmes pratiques,
qui devront être réglés au niveau du conseil.
M. CHARRON: M. le Président, si nous avons insisté sur ce
point, ce n'est pas que nous voulions que le conseil scolaire devienne la
grande commission scolaire qui gère tout sur l'île de
Montréal. C'est que nous voulons qu'il réponde convenablement au
moins au tout premier objectif que lui a fixé, dans son
discours de deuxième lecture avec tambour et trompette, le
ministre de l'Education, soit celui de viser à un rattrapage des milieux
défavorisés. C'est au moins le but proclamé. Je ne crois
pas que ce soit le premier fruit atteint, loin de là. L'amendement que
propose le député de Chicoutimi va amplement là-dedans et
je dois dire que les arguments du ministre depuis le début de la
discussion ne m'ont pas convaincu et que je voterai favorablement à
l'adoption de l'amendement du député de Chicoutimi.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que ce sera nécessaire que je
lise l'amendement?
M. CHARRON: S'il vous plaît, oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): "Dès la création du conseil, les
commissions scolaires doivent lui transférer la propriété
des immeubles qu'elles possèdent avec les servitudes et obligations qui
y sont rattachées".
Vote sur la motion
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Cornellier? M. CORNELLIER: Contre. LE
PRESIDENT (M. Pilote): M. Audet? M. AUDET: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Cloutier? M. CLOUTIER (Montmagny):
Pour.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Cloutier (Ahuntsic)?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Dumont? M. Houde?
M. HOUDE (Fabre): Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Phaneuf?
M. PHANEUF: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Houde (Limoilou)?
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
Le PRESIDENT (M. Pilote): M. Charron?
M. CHARRON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Larivière?
M. LARIVIERE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Pelletier?
M. PELLETIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Tremblay (Chicoutimi)?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La motion du député de
Chicoutimi est battue par 8 contre 3. Est-ce qu'on pourrait revenir à
l'article 618?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que l'article 620 est
adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant.
M. CHARRON: L'article 618, M. le Président?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. CHARRON: Nous allons adopter l'article 618? Parce que j'ai un
amendement à l'article 620.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député de
Saint-Jacques veut qu'on revienne à l'article 618 tout de suite ou si
son amendement a une relation très directe avec l'article 618?
M. CHARRON: Non, on peut revenir à l'article 618 tout de
suite.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un simple problème de
concordance.
M. CHARRON: Mais l'article 620 n'est pas encore adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Puisque nous sommes à l'article 618,
j'aimerais proposer un amendement purement technique. A l'avant-dernière
ligne du premier paragraphe, je voudrais que l'on puisse supprimer les chiffres
508 à 518.
M. CHARRON: Pourquoi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce qu'il s'agit d'une série d'articles
qui concernent les appels à la cour Provinciale et ceci a
été placé à l'article 618 parce qu'on croyait que
ça ne s'appliquait pas à la CECM et à la PSBGM alors qu'en
fait,
ça s'applique déjà et que, par conséquent,
les articles sont inutiles.
M. CHARRON: Ce sont des articles qui visent quoi exactement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les appels à la cour Provinciale
concernent les contestations, l'appel en recours, les duplicata de cet avis,
toutes les procédures lors d'appel. C'est la section III,
Procédures et règlements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En matière de pourvoi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exactement. Il n'y a pas de raison que ça
ne s'applique pas à l'île de Montréal comme ailleurs et il
suffirait de supprimer les deux chiffres ainsi que le mot "à".
LE PRESIDENT (M. Pilote): Alors, l'amendement proposé par le
ministre de l'Education est adopté?
M. CHARRON: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. L'article 618 est
adopté.
UNE VOIX: Adopté.
M. CHARRON: A l'article 620, M. le Président, j'ai un
amendement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 620.
M. CHARRON: Mon amendement est simple, c'est de biffer le paragraphe e)
pour s'assurer que tout don, legs ou autre libéralité n'ira qu'au
conseil scolaire, comme nous l'avons voté précédemment
dans les pouvoirs et attributions du conseil scolaire. Je peux expliquer. Il me
semble que, à cause de la vocation première d'aide aux milieux
défavorisés que le ministre a affirmé être celle,
à son avis, du conseil scolaire et parce que l'étude de cette
mission avouée au conseil scolaire nous a permis de voir qu'il aurait
déjà un budget fort limité, nous devons donc multiplier
les efforts pour que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas la peine de continuer.
M. CHARRON: ... tout aille en ce sens. Il faudrait...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il s'agit d'un simple
pouvoir général de corporation, c'est pour ça qu'il est
là. Aucune objection à y renoncer; comme, de toute façon
tout passe par le conseil, ça ne crée pas de problème.
M. CHARRON: Alors, on le réserve exclusivement au conseil
scolaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On peut supprimer le paragraphe e); j'accepte
l'amendement.
M. CHARRON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Alors, l'amendement...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous voyez, chaque fois que ce n'est pas
nuisible à l'esprit général de la loi, je considère
comme des améliorations toutes ces excellentes suggestions.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'amendement proposé par le
député de Saint-Jacques est adopté?
M. CHARRON: Aussitôt que ça ne dérange pas les
Anglais, ça passe.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Eh! doucement! Conservons à ce
débat le ton élevé qui l'a caractérisé.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 620 est adopté?
M. CHARRON: Non, M. le Président. J'ai un autre amendement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me demande pourquoi j'ai été
gentil.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ne tentez pas de nous acheter avec des choses
aussi mineures.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut changer les lettres.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le paragraphe f) devient le paragraphe e),
tout simplement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça, le paragraphe f) devient le
paragraphe e).
M. CHARRON: M. le Président, il s'agirait d'ajouter après
l'alinéa qui est au milieu de la page je ne sais pas lequel, le
deuxième donc, entre le deuxième et le troisième,
après "Elle ne peut" et avant "Aux fins de", le paragraphe suivant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ajoutez un alinéa entre les
deux.
M. CHARRON: Oui, qui, je pense, clôturerait de façon
magnifique la discussion que nous avons eue sur cet article.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai l'impression que nous avons des chances de
ne pas être d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Là, nous allons avoir du plaisir.
Allons-y !
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II va essayer de retrouver par la bande ce qu'il
n'a pas acquis directement.
M. CHARRON: La commission doit, si une résolution du conseil
scolaire en ce sens est adoptée à la demande on le mettra
en français après, si vous le permettez ...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'est pas interdit de parler français
et anglais.
M. CHARRON: C'est parce que j'ai plusieurs idées.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Vous devriez le lire lentement, le dicter.
M. CHARRON: D'accord! "La commission doit, si une résolution du
conseil scolaire est adoptée en ce sens,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Virgule.
M. CHARRON: "... à la demande d'une autre commission
scolaire,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Virgule.
M. CHARRON: "... virgule, permettre l'utilisation d'un ou de plusieurs
de ses immeubles aux personnes et aux conditions que la résolution
stipule". Si vraiment c'est l'esprit de la loi, je ne vois pas pourquoi le
ministre ne permettrait pas qu'elle se transpose dans la lettre d'une
façon aussi claire. Il sera clair désormais que si la commission
scolaire du sud-ouest ou de la CECM...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce qu'on peut avoir le texte écrit?
C'est parce que ma seule préoccupation et c'est ça que je
veux évaluer c'est de ne pas créer de contrainte au
conseil. Il y a des innovations administratives extrêmement
intéressantes dans cette loi qui vont dans le sens de l'autonomie.
M. CHARRON: Oui, oui!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je le signale de temps en temps, parce que
l'Opposition en parle rarement. Il faut quand même que je mette les bons
points en valeur.
M. CHARRON: La réclame publicitaire étant passée,
peut-on revenir à l'amendement?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est parce qu'il explicite le statu quo. On
remercie le ministre d'expliciter le statu quo.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voudriez-vous relire le texte encore? Nous ne
sommes pas sûr d'avoir le bon...
M. CHARRON: II est parti, le texte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): "La commission doit..."
M. CHARRON: "La commission doit, si une résolution..."
M.. TREMBLAY (Chicoutimi): "... si une résolution du conseil est
adoptée..."
M. CHARRON: "... du conseil scolaire est adoptée en ce sens,
à la demande d'une autre commission scolaire permettre l'utilisation
d'un ou de plusieurs immeubles aux personnes et aux conditions que la
résolution stipule". Pas besoin d'expliquer plus longuement, M. le
Président. C'est ce qui est latent, qu'il a fallu chercher, fouiller et
sortir et qui demeure embrouillé à l'article 591, et ce qui
serait latent, embrouillé et difficile à sortir à
l'article 620, se trouve clairement expliqué dans un alinéa. Il
faudra s'en remettre au conseil scolaire maintenant. Mais lorsque le conseil
scolaire le stipulera il n'y aura pas moyen de détourner la question et
véritablement sa fonction, sa vocation sera remplie.
Je ne crois pas modifier l'économie de la loi. Vous m'avez
affirmé vous-même que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Sauf que c'est une contrainte
supplémentaire. C'est limitatif également.
M. CHARRON: Elle n'est pas supplémentaire. Elle est latente
déjà. Elle est juste mieux exprimée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me suis déjà opposé
à ce qu'on veuille tout prévoir. Il peut y avoir des dizaines
d'autres cas où le conseil aura à arbitrer ou à statuer.
Je ne vois pas pourquoi on reconnaît uniquement un aspect. J'avoue que
j'ai des doutes. Je demande à réfléchir encore.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'esprit de collaboration dont parlait le leader
parlementaire.
M. CHARRON: J'ajoute à votre réflexion, M. le ministre, si
vous me permettez, M. le Président, que je m'adresse directement au
titulaire que lorsque vous avez répondu à ma question à
savoir si oui ou non, à propos de la piscine d'une école face
à l'autre, vous avez répondu: "Oui". C'était exactement
ça! Le jour où le conseil scolaire stipulera que la piscine que
détient présentement le PSBGM sur la rue Rachel doit être
ou peut être utilisée par les personnes et dans les conditions
qu'il stipu-
lera lui-même et là ce n'est pas à nous
à décider à sa place le PSBGM ne pourra pas dire
non. Les étudiants de la CECM pourront y aller.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si le ministre me le
permet, il a dit tout à l'heure, que ça viendrait encore alourdir
et compliquer les mécanismes d'administration. Si le ministre est
conséquent avec ce qu'il a déjà dit à savoir qu'il
faisait du rattrapage et de l'aide aux groupes défavorisés un
impératif catégorique de sa politique et qui se trouverait
inscrit dans ce projet de loi, même si la proposition d'amendement ne
porte que sur un aspect qui est celui de l'utilisation des immeubles, je pense
que le ministre ne devrait pas hésiter à l'accepter parce que, de
toute façon, le conseil a déjà le pouvoir, mais il se
touve explicite à ce moment.
Et si les règlements du conseil scolaire, comme l'a dit le
ministre et il l'a répété encore tout à
l'heure, il y a à peine quelques instants sont exécutoires
ils vont avoir une force beaucoup plus grande. Alors, je reviens...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, oui! J'ai compris.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Non, M. le Président, vous n'avez pas
compris.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, on prétend que
vous n'avez pas compris.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand on dit, M. le Président, c'est le
canal à qui on parle. Parce que, lui, étant du Lac-Saint-Jean, je
suis certain qu'il a compris. Celui-ci comprendra beaucoup moins. Je disais
donc ceci: le ministre nous a dit l'autre jour, il nous a dit cet
après-midi je le lui ai fait répéter que les
règlements adoptés par le conseil sont exécutoires. C'est
bien vrai? Le ministre nous a-t-il dit ça?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais on en a parlé pendant à
peu près deux heures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais le ministre l'a dit.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais oui, bien sûr. Je l'ai dit à
vingt reprises.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Résolution exécutoire. Alors, si
la résolution est exécutoire, cela donne donc beaucoup plus de
poids et de validité à l'objectif qu'on poursuit, l'objectif du
rattrapage et de l'aide aux groupes défavorisés et aux
commissions scolaires, et enfin, à tous les groupes
défavorisés. Le ministre dit que cela ne porte que sur un aspect.
Mais le fait que déjà, ce seul aspect soit précisé
et qu'il touche à l'objectif majeur dont le ministre veut faire un des
points forts de son projet de loi, je crois que le ministre n'a aucune raison
de refuser cette proposition d'amendement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cependant, j'ai l'intention de refuser pour les
raisons que j'ai déjà exprimées. A cause de
l'économie du bill, à cause de la nécessité de
laisser au conseil une marge de manoeuvre, à cause du fait que le
conseil agira par réglementation dans le cadre de politiques
générales et n'aura pas à se prononcer de façon
déterminée de par le texte de la loi sur des cas particuliers.
Les cas particuliers trouveront leurs règlements dans le cadre des
politiques générales. Ceci me parait important et le gouvernement
votera contre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais comment le ministre peut-il nous dire
qu'une telle proposition pourrait restreindre la marge de manoeuvre d'un
conseil qui a déjà l'obligation de s'occuper
précisément de l'objectif du rattrapage et de l'aide aux groupes
défavorisés? C'est au contraire l'aider, lui faciliter la
tâche...
M. CHARRON: C'est exact.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et réduire d'autant d'avance les
tensions qui pourraient naître ou le désir que pourraient avoir
certains groupes de contester les objectifs du ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce que le conseil va faire, et c'est sa raison
d'être. J'ai fait tout un discours tout à l'heure sur la
signification de ce conseil.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais répétez-le.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, je n'ai pas l'intention de le
répéter. Je sais que cela vous intéresse...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, cela m'intéresse. C'est parce que
vous ne dites pas toujours la même chose.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oh, si, si, si! Il y a une certaine
cohérence.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Non, vous avez une cohérence, mais vous
apportez des nuances qui nous aident.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous me faites marcher, en ce moment. Le conseil
a pour fin d'orienter le développement scolaire à Montréal
de par des politiques générales. Il doit fixer des normes
d'utilisation, des critères d'utilisation. C'est cela, sa fonction. Je
ne veux pas lui en faire un organisme qui aurait tellement de contraintes tant
sur le plan des approbations ministérielles que sur le plan de sa
gestion quotidienne. C'est la seule raison pour laquelle je refuse.
M. CHARRON: Qu'est-ce que dit l'amendement, M. le ministre, si vous me
permettez? L'amendement dit simplement ce que vous venez de dire! Le jour
où le conseil scolaire se sera entendu sur des normes
générales d'utilisation d'équipement j'admets qu'il
ne se prononcera pas sur des cas particuliers il va se baser sur des
normes générales. Aucune commission scolaire ne pourra se
prévaloir du fait qu'elle est toujours propriétaire de son
équipement pour refuser de se soumettre à ces normes
générales. C'est simplement ce qu'ajoute le paragraphe. Notez
qu'on s'est entendu maintenant pour ne plus supprimer le droit de
propriété, on veut simplement s'assurer que ce droit de
propriété maintenu aux commissions scolaires ne sera pas un
obstacle à la vocation première du conseil votée à
l'article 591 qui est un devoir d'établir une politique de rattrapage
pour les milieux défavorisés et un pouvoir de réglementer
aux fins d'assurer un meilleur équipement et une utilisation plus
rationnelle des équipements.
On ne va pas du tout à l'encontre de l'économie de la loi.
On précise de façon indubitable. Sinon, il va falloir se
traîner de palabres politiques en palabres politiques et les zones
défavorisées, celles qui, semble-t-il, occupent vos nuits et vos
jours, à l'origine de ce projet de loi, ne devront plus se soumettre aux
aléas de la politique, mais auront, pour une fois, un texte clair, qui
confirme leur droit à l'utilisation de l'équipement qu'une autre
catégorie de population s'est établi, s'est donné,
à cause de ses avantages financiers. Ce n'est pas faire la
révolution que d'affirmer que le jour où le conseil scolaire
finira par s'entendre, il n'y aura plus personne qui s'en échappera.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai deux observations à faire. D'abord,
je trouve que la résolution du député de Saint-Jacques est
peut-être incomplète dans le sens qu'il ne parle que d'immeubles.
Il y aurait peut-être lieu, pour avoir dans l'ensemble de la
résolution plus de consistance, d'ajouter: ... et
l'équipement.
M. CHARRON: Je suis bien d'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): On peut avoir la possibilité de se
servir d'un immeuble et il y a de l'équipement spécialisé
dans cet immeuble. Pour compléter la résolution, je
suggérerais cela. Deuxièmement, sur le fond de la
résolution, le ministre me permettra encore cette analogie entre les
affaires sociales et l'éducation, parce que je pense que les deux
ministères ont beaucoup de choses en commun. Nous avons adopté le
projet de loi 65. C'est un projet de loi qui s'inspire de la philosophie
suivante: Rendre le plus accessible possible l'équipement hospitalier,
les immeubles, l'équipement qui se trouve dans ces immeubles et le
personnel. On a fait des catégories avec les établissements
hospitaliers. Il y a des établissements qui sont
surspécialisés. Il y en a d'autres qui donnent des soins
spécialisés. D'autres, des soins généraux. Enfin,
vous avez toute la gamme. Mais il n'est venu à l'idée de
personne, à la commission parlementaire et chez les
députés qui ont étudié ce projet de loi, de nier le
droit de quiconque d'avoir accès aux institutions qui donnaient des
soins surspécialisés ou des soins spécialisés,
même si elles étaient du côté anglophone ou du
côté francophone. Cela veut dire que quelqu'un de Gaspé
peut se faire hospitaliser au Royal Victoria si le médecin, qui est un
grand spécialiste, comme le Dr Penfield, fait l'opération. Je
parle de médecine et le ministre comprend particulièrement bien
le point que je veux souligner. Je pense que le médecin qui est
là, le Dr Penfield, ne peut pas refuser de rendre des services et qu'il
ne peut pas refuser au patient le droit de se servir de l'équipement
spécialisé qui est dans le Royal Victoria. De sorte que nous
avons la mise en commun pour tous les citoyens du Québec de tout
l'équipement, que cela soit dans les établissements qui donnent
des soins surspécialisés ou des soins
spécialisés.
Je fais cette analogie pour montrer au ministre combien c'est important.
Si c'est important dans le secteur des affaires sociales, c'est important aussi
dans le secteur de l'éducation de permettre l'accessibilité de
tout l'équipement, des immeubles et de l'équipement que
contiennent ces immeubles, de permettre l'utilisation rationnelle et
l'utilisation par toute la collectivité. C'est cette analogie que je
veux faire. Et si on ne va pas aussi loin que dans le projet de loi 65, je ne
vois pas pourquoi on ne prendrait pas les dispositions, on n'écrirait
pas dans le projet de loi les stipulations, les phrases qui nous permettent une
utilisation aussi poussée de l'équipement et des ressources, qui
ne sont pas illimitées, mais, malheureusement, limitées.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai vraiment très peu de choses à
ajouter à ce que je dis depuis trois heures cet après-midi. On ne
peut pas faire d'analogie...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes en évolution. Nous avons
progressé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Une évolution progressive et lente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. C'est toujours lent,
l'évolution.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas qu'on puisse faire
d'analogie...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela a pris du temps pour faire d'un singe, un
homme.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parfois, on se demande si cela a pris assez de
temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si on a réussi dans tous les cas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas qu'on puisse faire d'analogie
entre le secteur des affaires sociales et le secteur de l'éducation de
ce point de vue particulier, surtout sur l'aspect de l'équipement.
D'abord, il n'y a pas, dans le secteur hospitalier, d'organismes analogues aux
commissions scolaires, composées de représentants élus,
douées de leur propre pouvoir de taxation. Ensuite, dans la structure
où nous nous plaçons, il n'y a pas, dans le secteur des affaires
sociales, de conseil scolaire qui est une structure où chaque commission
scolaire se trouve représentée, et a, comme je l'ai abondamment
expliqué, un rôle de coordination et de planification qui porte
sur un certain nombre de secteurs dont, en particulier, le secteur des
équipements.
Je persiste à dire que c'est trop contraignant, avec
l'économie générale de la loi, d'isoler un secteur
seulement, alors qu'il y en aurait bien d'autres qu'il faudrait
considérer et d'en faire une obligation dans le cadre de cet article.
Par conséquent, le gouvernement va voter contre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Seulement une remarque sur ce que vient de dire
le ministre. Je suis d'accord sur le fait que les structures ne sont
peut-être pas tout à fait les mêmes, bien que j'aie un peu
de réserve sur ce que le ministre vient de dire parce qu'on a aussi, du
côté des Affaires sociales, des conseils régionaux des
Affaires sociales qu'on vient de mettre en place. Il y en a douze dans la
province qui sont identifiés aux régions économiques du
Québec; trois pour Montréal et les neuf autres pour les neuf
autres régions du Québec. Donc, il y a ces conseils des Affaires
sociales dans chacune des régions. Nous avons aussi pour chacun des
établissements des conseils d'administration, au sein desquels vont
siéger des membres qui vont être élus pas tous mais
quelques-uns pour représenter la clientèle de
l'institution, les patients des organismes socio-économiques et dans
certaines institutions, des maires qui vont se réunir et qui ont le
droit de nommer... Nous avons donc aussi, c'est nouveau, une partie des membres
qui sont élus. Alors, il y a une certaine analogie. Si on ne peut pas
comparer exactement les structures, peut-être qu'on peut comparer
beaucoup plus l'équipement qui fait appel à la capacité de
payer des individus. C'est pour cela que je dis au ministre de l'Education qui
est un médecin: Vous connaissez bien l'utilisation rationnelle et
poussée qu'on doit faire de l'équipement hospitalier. J'y vois
une certaine comparaison. S'il y avait du rattrapage nécessaire du
côté de l'Education, surtout à Montréal, il y en
avait aussi du côté des Affaires sociales parce qu'on avait
beaucoup trop tendance à réserver certains types d'institution
à certains types de clientèle. Il faut tenir compte aussi de
l'encombrement. C'est pour cela que si je parle d'urgence, il faut
nécessairement qu'il y ait un certain zonage pour que tout le monde
n'arrive pas en même temps au même endroit. Mais compte tenu de
cette réserve, je pense qu'on doit mettre à la disposition du
grand public tout l'équipement et surtout l'équipement plus
dispendieux et plus rare qu'on ne retrouve pas dans toutes les institutions; et
on voit cela dans l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Aussi est-ce la raison pour laquelle le conseil
pourra faire et fera des normes en matière d'utilisation des biens
meubles et des immeubles par la voie de sa réglementation. Je ne vois
pas l'intérêt, comme la résolution du député
le voudrait, de stipuler des conditions précises qui se
référeraient à des ententes intervenues entre commissions
scolaires. Par sa réglementation qui est exécutoire, le conseil
pourra obtenir ces fins sans qu'il y ait une restriction introduite dans le
texte même de la loi.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, cela fait longtemps qu'on discute du
même sujet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais ce n'est pas moi.
M. CHARRON: Oui, mais parce que c'est important. Ce n'est pas pour le
plaisir de discuter longtemps.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis d'accord. Allons-y. Nous
débordons largement le règlement, mais c'est acquis.
M. CHARRON: Pour ceux qui vivent le problème montréalais,
c'est mauditement important.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... un problème...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est bien ce que je pense; c'est pour cela que
je suis très heureux. Je vous remercie de votre collaboration.
M. CHARRON: M. le Président, je veux dire que et là
je m'adresserai peut-être plus particulièrement aux
députés ministériels l'amendement sur la table
clôture le débat, à toutes fins pratiques, qui va
rechercher dans ce que nous avons eu de consensus dans le débat. Le
ministre nous a dit que c'était latent dans le projet de loi que la
réglementation quant à l'utilisation de l'équipement
serait exécutoire. Nous avons conservé le doute et notre
vote sur l'amendement du député de Chicoutimi l'a signifié
que la propriété demeurant celle des
commissions scolaires pouvait se trouver là-dedans un obstacle
quant à la réalisation des objectifs précédemment
fixés à l'article 591, au conseil scolaire. Le ministre nous a
dit: Non, etc. Nous n'apportons rien de nouveau au débat dans
l'amendement que j'ai déposé là. Il s'agit simplement de
clarifier ce que le ministre avouait avoir vu latent dans le projet de loi.
Lorsqu'il y aura une réglementation générale venant
du conseil scolaire à cet effet, les commissions scolaires ne pourront
pas échapper à la réglementation du conseil scolaire.
C'est à la fois augmenter le respect que nous devons avoir à
l'égard de la nouvelle structure et de ses pouvoirs reconnus à
l'article 591 et c'est enlever le doute qui pourrait persister au fait qu'une
commission scolaire, demain matin, parce qu'elle est toujours
propriétaire de l'équipement, pourrait dire non, même si le
conseil scolaire l'incite à le faire. C'est simplement là-dessus
que nous appelons les membres de la commission à se prononcer.
Pour ma part, je ne sais plus quoi dire, sauf de voter; mais avant de
voter je rappelle qu'il s'agit simplement de s'assurer que la nouvelle
structure va remplir les buts qu'on lui a proclamés lorsqu'on l'a
présentée, sinon le doute va toujours persister, sinon, c'est
maintenir le statu quo. Je répète aux députés
ministériels qui ne sont peut-être pas familiers avec
Montréal, que le statu quo, les négociations, les ententes
à l'amiable n'ont, depuis toujours, jamais servi notre
collectivité sur ce territoire. Il a fallu les arracher. Il a fallu les
gagner. C'est quand la situation devenait criante à l'excès qu'on
pouvait obtenir des concessions de la part des minorités qui
possèdent plus que la majorité sur l'île de
Montréal. C'est simple et c'est clair. On n'enlève rien aux
Anglais. Lorsque le conseil scolaire jugera la situation inacceptable que les
riches parce qu'il y a aussi des francophones dans ce cas que les
commissions riches ne profitent pas du fait que la propriété leur
est laissée, dans l'article 620, pour contrecarrer une décision
qu'une communauté entière aurait décidé qu'il
serait venu à bout d'obtenir dans un consensus...
Il me semble que c'est le minimum du respect de la structure et en
même temps de l'échafaudage d'une justice sociale le moindrement
solide, structurée, qui pourrait apparaître sur le territoire
montréalais.
Là-dessus, en me fiant au fait que s'il y a un amendement doux et
modéré dans ceux qu'on a présentés, c'est
celui-là. Je le soumets au vote de la commission.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Les membres de la commission sont
prêts à se prononcer sur l'amendement du député de
Saint-Jacques. M. Cornellier?
M. CORNELLIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Audet.
M. AUDET: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Cloutier de Montmagny?
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Cloutier, Ahuntsic.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Houde, Fabre.
M. HOUDE (Fabre): Abstention.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Faucher.
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Houde, Limoilou.
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Charron.
M. CHARRON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Larivière.
M. LARIVIERE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Pelletier.
M. PELLETIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Tremblay, Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'amendement est rejeté: six contre,
quatre pour et une abstention.
M. CHARRON: M. le Président, est-ce que je peux vous signaler que
je regrette que, sur cette question en particulier, la députation
ministérielle n'ait pas été plus représentative de
l'île de Montréal où elle est quand même plus en
force qu'elle ne l'est actuellement? Je n'ai rien contre les
députés de Kamouraska, de Pontiac, de Yamaska, de Limoilou, de
Saint-Hyacinthe, mais il me semble que les députés
montréalais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ne semez pas la culpabilité chez les
députés.
M. CHARRON: Je ne sème pas la culpabilité, je respecte
entièrement mes collègues, je suis convaincu que comme
l'abstention du député de Fabre peut le signaler si les
députés
montréalais du Parti libéral avaient eu l'occasion de se
prononcer là-dessus je n'accuse pas encore une fois, ceux qui
sont en face de moi mais plus conscients du problème, et c'est
normal, le vote aurait pu en être autrement et cela aurait
été mauditement meilleur pour la collectivité
montréalaise.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 620. Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur division.
M. CHARRON: Sur division, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 621.
Budget des commissions scolaires
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit du budget de la commission scolaire.
Les dispositions sont analogues à celles applicables aux commissions
scolaires à l'extérieur de l'île.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait m'expliquer,
par simple référence à des exemples pratiques il
connaît bien son ministère le cas d'urgence au second
paragraphe.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II peut s'agir des réparations,
catastrophes quelconques, le dénombrement des élèves,
souvent des facteurs de cet ordre-là.
M. CHARRON: Je voudrais poser une question à M. le ministre. Dans
son entendement jusqu'à quel détail doivent se rendre les
prévisions budgétaires? Est-ce que cela peut aller jusqu'à
immeuble, par immeuble, quant aux frais d'entretien, aux frais d'utilisation
etc.?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En général ce sont des cahiers
d'à peu près deux pouces de hauteur, comme le journal des
Débats.
M. CHARRON: C'est ce que doivent fournir les commissions
scolaires...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est assez imposant. Je vous suggère une
visite à la direction générale du financement. C'est un
très long travail d'analyse.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 621 adopté. L'article
622?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit de la transmission par la commission
scolaire de ses états financiers au conseil.
M. CHARRON: Est-ce que ce sont les mêmes dispositions pour toutes
les commissions scolaires du Québec? C'est 60 jours aussi? Le biU 27,
c'était cela.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 622 adopté?
M. CHARRON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 623?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit de la transmission par une commission
scolaire au conseil, de tout projet d'entente ou de règlement.
Peut-être que l'article 226 pourrait nous en donner une idée de la
loi de l'instruction publique. Les conventions en particulier, les conventions
collectives. J'ai le texte ici: "Avec l'autorisation du ministre, les
commissaires et les syndics peuvent conclure des conventions pour des fins
scolaires avec toute personne, institution ou corporation". L'article 496 qui
touche aussi les ententes, est beaucoup plus long, mais je vais vous le lire
amendé, si vous voulez: "Toute commission scolaire ou commission
régionale peut conclure pour une période déterminée
une entente en vertu de laquelle des enfants relevant de sa compétence
peuvent, à ses frais, fréquenter une école d'une autre
commission, ou une institution d'enseignement privée,
conformément aux règlements établis par le ministre.
Aucune partie à une telle entente ne peut y mettre fin avant
l'expiration du terme fixé, sauf avec l'autorisation préalable du
ministre et aux conditions que celui-ci détermine. Une commission
scolaire, ou une commission régionale, peut décider par
résolution, de payer, pour chacun des enfants relevant de sa
compétence et fréquentant, hors de son territoire, une
institution d'enseignement privé qui a conclu avec une autre commission
une entente visée au présent article, les frais d'enseignement
stipulés dans cette entente". Les autres articles: 197a) et
suivants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans le cas des ententes, je m'excuse
auprès du ministre, c'est peut-être naiï ce que je demande
là, est-ce que cela va couvrir éventuellement les ententes dont
il est question à 591?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non pas du tout. Cela n'a aucun rapport. Il
s'agit d'ententes, pas les ententes avec les corporations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelles ententes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'excuse. J'avais dans l'esprit uniquement
les ententes entre les commissions scolaires, mais cela couvre également
les ententes avec d'autres parties.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela rejoint la prescription de l'article
591.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les ententes sont soumises à ces deux
articles que je viens de
vous lire. Ce que nous trouvons à l'article 591, c'est le cadre
général.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais en réalité cela peut
référer aux mêmes choses.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait, nous ne faisons qu'amender la Loi de
l'instruction publique depuis le début.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que je voulais savoir.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les formules dont il est question
aux articles 621 et 622, les formules de budget et les formules d'états
financiers, sont des volumes fournis par le ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans le cas où ces volumes
n'arriveraient pas dans le délai prescrit, est-ce que cela arrive?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons...
M. CLOUTIER (Montmagny): Il faudrait que le ministre l'avoue
humblement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, cela arrive. Il y a une amélioration
évolutive, semble-t-il. Maintenant, vous savez, il y a quand même
un facteur qui joue chez nous, c'est la diminution considérable du
nombre de commissions scolaires, la loi 27 et la loi 71 et puis la
qualité des administrateurs qui a beaucoup changé grâce aux
programmes que nous mettons sur pied en ce moment, de recyclage et de
formation.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 623.Adopté.
Taxation
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 624.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit tout simplement de la
définition du mot "immeuble" et cette définition, on la trouve
dans la Loi de l'instruction publique à l'article 1, paragraphe 15.
C'est la définition de la Loi sur l'évaluation
foncière.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce qu'on définit comme
immeuble?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense qu'on va nous faire une
référence à la Loi sur l'évaluation
foncière.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ira à la Loi sur l'évaluation
foncière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. La loi a été amendée
tellement fréquemment que je veux m'assurer que nous avons bien la
dernière version.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai oublié mon livre de
codification.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela n'a pas été changé, le
quinzièmement: "Les mots bien-fonds, terrain ou immeuble
désignent toute propriété foncière
possédée ou occupée par une seule personne ou par
plusieurs personnes conjointement et comprennent les constructions et
améliorations qui s'y trouvent. Ils comprennent aussi tout ce qui est
immeuble en vertu des lois municipales régissant le territoire compris
dans la municipalité scolaire et dans les territoires non
organisés..." Cela vous va?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est celle du code civil mutatis
mutandis.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 624. Adopté. L'article
625.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les trois articles qui suivent: 625, 626, 627
portent sur l'institution et la définition de deux catégories
d'immeubles. L'article 625 fait disparaître la liste des catholiques,
celle des protestants et celle des particuliers neutres ou autres que
catholiques ou protestants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait m'expliquer
cela un peu pour que je m'y retrouve?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Par la loi 71, nous amenons une réforme
du système de taxation sur l'île de Montréal. Actuellement,
il y a trois listes: une liste pour les protestants, une liste pour les
catholiques et une liste pour les neutres. J'ai déjà
signalé certaines anomalies: II y a le fait que des Juifs sur certaines
parties du territoire montréalais rentrent dans la liste protestante et
sur d'autres parties, dans la liste neutre. Tout cela disparaît par les
autres articles, alors que nous allons faire deux listes: une liste de
particuliers, à l'article 626, et une liste pour les immeubles de
corporation à l'article 627.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'y aura pas de discrimination.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela disparaît complètement dans la
réforme de la taxation. Il y a donc deux listes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que je voulais comprendre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont les trois articles.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Les articles 625, 626, 627. Adopté.
L'article 628.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il s'agit de l'inscription au rôle
d'évaluation de la catégorie de chaque immeuble par le
commissaire à l'évaluation. C'est purement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Cela va.
LE PRESIDENT (M. Lafrance ): L'article 628.Adopté. L'article
629.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les articles 629, 630 et 631 sont en rapport
avec les plaintes relatives à une inscription concernant la
catégorie et leur vérification.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est similaire au code municipal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait cela. En liaison avec
la loi de l'évaluation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui d'ailleurs reprend les mêmes
dispositions.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Les articles 629,630 et 631. Adopté.
L'article 632.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On trouve là aussi une concordance, M. le
Président, avec la Loi sur l'évaluation foncière. Il
s'agit du rôle de l'évaluation municipale servant de base pour
l'imposition de taxes scolaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce qu'on voit. C'est la loi, d'ailleurs.
C'est la loi du rôle de l'évaluation. Est-ce que cela tient bien
compte de la nouvelle Loi sur l'évaluation foncière?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La loi 48.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, c'est celle-là qui est
citée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On réfère à cette
loi.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 632, adopté. L'article
633.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il s'agit de la taxe scolaire concernant les
deux catégories d'immeubles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pourriez-vous m'expliquer un tout petit peu,
ici, l'article 633?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): H y a deux taux de taxe n'est-ce pas?
puisque nous avons maintenant deux listes. 11 y a un taux de taxe pour
les particuliers et un taux de taxe pour les compagnies.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il est le même pour toutes les
commissions scolaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour les compagnies?
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour les particuliers.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, parce que nous avons déjà
atteint, presque partout, le taux normalisé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais mentionner au ministre l'exemple
suivant: Tantôt, on a autorisé, par l'article 620, la location,
par une commission scolaire, d'un immeuble ou d'un équipement d'une
autre commission scolaire; si ça ne dépasse pas $100,000, c'est
le conseil qui donne son approbation et si ça dépasse $100,000,
c'est le ministre.
Je voudrais vous poser la question suivante: Dans le cas où la
commission scolaire X loue, de la commission scolaire Y, un immeuble au prix de
$100,000 ce sont des dépenses admissibles pour la commission
scolaire X et c'est un revenu pour la commission scolaire Y, de $100,000
est-ce que ça peut influencer le taux de taxe?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela n'a pas d'influence...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est seulement une écriture entre les
deux commissions scolaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça. C'est ce qu'on appelle des
dépenses de transfert. Il faut connaître un peu le système
de financement et je vous jure que c'est complexe.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux bien vous en parler, si vous voulez. Il
y a d'autres articles où ce sera peut-être... Je ne sais pas si
vous voulez vous attarder un peu là-dessus, mais...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense que c'est important, le financement,
la taxation; tout repose là-dessus en fait.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est vraiment complexe. Les dépenses
totales des commissions scolaires comprennent d'abord des dépenses dites
normalisées. Ce sont les dépenses
correspondant aux normes du ministère de l'Education, avec
l'approbation du Conseil du trésor. Elles peuvent aussi comprendre,
c'est le système actuel, les dépenses effectuées par les
commissions scolaires au-delà du niveau établi selon les normes
d'approbation de budget. Ce sont ces dépenses additionnelles qu'on
appelle des dépenses non admissibles aux subventions.
Voilà pour le type de dépenses. Ce qui est
intéressant, ce sont les sources de revenus. Pour équilibrer leur
budget de dépenses, les commissions scolaires disposent de deux sources
de revenus, la taxe foncière et les subventions gouvernementales.
Qu'est-ce qui va se passer à partir de maintenant? Toutes les sources de
revenus vont être données au conseil. C'est ça le grand
changement, et c'est le conseil qui, sur la base des budgets qu'il aura
négociés avec les différentes commissions scolaires, fera
la répartition.
Je pense que ça nous situe un peu plus clairement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et s'il arrivait qu'il y ait des
dépenses inadmissibles faites par une commission scolaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas possible.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais le conseil...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le conseil...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, d'accord mais, durant l'année, les
hôpitaux non plus n'ont pas de dépenses inadmissibles à
faire. Mais à la fin de l'année, il en arrive. Dans les rapports
qu'ils remettent au ministère des Affaires sociales, ils
défoncent le budget parce que les services donnés sont plus
considérables que ce qui avait été prévu. D y a
toutes sortes de choses qui arrivent; il va arriver des urgences. On l'a vu
tantôt, dans un paragraphe des cas d'urgence ou de
nécessité à l'article 621.
S'il arrive des dépenses inadmissibles faites par une commission
scolaire en cours d'exercice et que le conseil ne le sait pas? Il le saura
quand il va recevoir les états financiers à la fin de
l'année, au mois de juillet ou au mois d'août.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans ce cas, ça va être
réparti contre la commission scolaire concernée ou contre
l'ensemble de toutes les commissions scolaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Contre l'ensemble, et tout est prévu
à l'article 600 que nous avons adopté. Il s'agit justement de
l'approbation du budget par les commissions scolaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si je com- prends bien, la commission scolaire
du centre-sud va être responsable d'une dépense inadmissible de la
commission scolaire du centre-nord, ou quelque chose comme ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut une autorisation du conseil et du
ministre d'ailleurs.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais je suppose le cas où le
conseil ne le découvre qu'au mois d'août, quand les états
financiers de la commission scolaire seront transmis au conseil? Tout est fait.
L'année est terminée. Il y a eu des dépenses
inadmissibles. A ce moment-là, qu'est-ce qui arrive? L'année
suivante, les commissions scolaires font leur budget, ils l'envoient au
conseil, le conseil fixe les taux de taxe.
Il doit prévoir les dépenses de l'année courante,
donc les dépenses admissibles de l'année qui s'en vient, qui va
commencer et les dépenses inadmissibles de l'année qui est
écoulée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous parlez des dépenses non
autorisées.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ça, non autorisées, non
admissibles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la même chose pour nous. A ce
moment-là, ils se sont placés dans
l'illégalité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le conseil va revenir contre la
commission scolaire elle-même ou si ce sont toutes les commissions
scolaires qui vont payer pour la commission scolaire qui aura fait des
dépenses non autorisées?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si elles vont toutes porter la
responsabilité pour...
M. CLOUTIER (Montmagny): Chacune, de ses actes, des décisions
qu'elle a prises.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous sommes obligés de revenir à
la Loi de l'instruction publique. Effectivement, le député de
Montmagny a raison, cela se produit, et il y a toute une série de
recours.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a des recours, mais étant
donné qu'on fait l'uniformisation du taux de taxation, il y aura un seul
taux de taxation pour toutes les commissions scolaires. En supposant que ce
serait $1.10 pour tous les immeubles des particuliers, pour les corporations,
ce pourrait être $1.50.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous avez chaque somme...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je prends des chiffres au hasard. Qui va payer
pour les
dépenses non autorisées? Est-ce que ce sera l'ensemble des
commissions scolaires, toutes les commissions scolaires du territoire ou si ce
sera la commission scolaire qui va, dans son secteur, payer le surplus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est l'ensemble des commissions scolaires, dans
le système actuel et c'est là que le conseil aura la
responsabilité de surveiller de très près ces commissions
scolaires. C'est d'ailleurs pour ça que nous mettons sur pied un
conseil, de manière à avoir une certaine coordination.
M. CLOUTIER (Montmagny) : Je comprends que le ministre dise...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et là nous avons toute une série
de recours qui sont dans la Loi de l'instruction publique.
Cela peut aller très loin, on peut aller jusqu'à
l'enquête, par exemple, l'article 13 de la Loi de l'instruction
publique.
M. PELLETIER: Le conseil peut-il imposer différemment une autre
taxe? Si vous remarquez à 634, dernier paragraphe, "le conseil peut
fixer, subordonnément à la même approbation, un taux
différent de la taxe des corporations".
M. CHARRON : Vous voulez dire sur une partie du territoire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a deux taux, il y a un taux pour les
particuliers et un taux pour les...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui mais je ne suis pas encore convaincu que
ça ne créera pas certains problèmes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous voyez une difficulté de ce point de
vue-là?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, je vois une difficulté. Supposons
que l'on fait travailler ensemble des commissions scolaires qui travaillaient
isolément.
Il pourrait arriver que certaines commissions scolaires étaient
beaucoup plus indépendantes du ministère parce qu'elles disaient:
Si nous avons des dépenses non autorisées, inadmissibles, nous
les paierons. Nous les faisons et nous les payons. Elles avaient le moyen de le
faire. Là, on les groupe toutes ensemble par le conseil et on impose le
même taux de taxation à un particulier de Mont-Royal qu'à
un particulier de Saint-Jacques.
Si Mont-Royal, qui est dans la commission scolaire X, décide
qu'elle fait des dépenses non autorisées, les citoyens de
Saint-Jacques, à la fin de l'année, vont payer dans leur taux de
taxation une petite partie qui sera pour les dépenses non
autorisées. Est-ce que le recours ne devrait pas être
exercé contre la commission scolaire, parce que là c'est une
pénalité? Ce n'est pas la mise en commun de certains avantages,
c'est de déterminer contre une telle commission scolaire des
pénalités et des représailles. Je pense qu'on ne doit pas
mettre en commun des représailles contre...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons, si vous voulez, suspendre
l'article. Je crois que ces remarques sont très pertinentes. Je vais
vérifier auprès du directeur général du financement
parce que vous parlez il faut bien le préciser de
dépenses illégales.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ça, des dépenses
illégales. Cela peut se produire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Des dépenses inadmissibles, ça
peut se produire, ça se produira.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le conseil n'est pas là, tous les jours,
pour vérifier ce qu'elles vont faire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois qu'effectivement il faut s'interroger
sur la question du recours. Voilà un bel exemple de collaboration. Avec
votre permission, M. le Président, je suggérerais de suspendre
l'article. Il s'agit de l'article 633.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les articles 633 et 634.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous suspendrions les deux.
Puis-je m'adresser au député de Montmagny? Ce que vous
avez dans l'esprit, ce serait une forme de recours contre une commission
scolaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): La commission scolaire, parce qu'il s'agit de
représailles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, il s'agit de dépenses
illégales et nous pouvons nous demander, parce que la dépense
illégale, qui va la payer...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle est illégale, d'accord, mais elle a
été faite. Qui va la payer? Là, il y a un problème,
et peut-être qu'effectivement, nous pourrions donner au conseil une arme
de plus si c'était la commission scolaire qui en avait la
responsabilité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je vais donner un exemple concret au ministre.
Tantôt, j'ai donné un exemple, mais en restant dans des
généralités. Supposons que dans la commission scolaire X
qui a des moyens financiers un peu plus considérables que la commission
scolaire
Y, on décide de faire, dans une école, une dépense
d'immobilisation ou d'achat d'équipement de $50,000 qui n'est pas
autorisée, qui va au-delà des normes, que ce soit n'importe
quelle sorte d'équipement. C'est une dépense non
autorisée, une dépense illégale, inadmissible. Or,
l'année suivante, au mois de juillet, la commission scolaire va envoyer
ses états financiers au conseil. Ce dernier va regarder les état
financiers et va voir dans les déboursés de l'année:
$50,000 d'achat d'équipement non autorisé et qui existait dans
une autre commission scolaire et qui aurait pu être utilisé.
Là, cela devient une dépense inadmissible. Et si cela se fait
d'une façon générale...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela fait une dépense illégale,
non autorisée. Parce que nous avons une définition
différente.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. Alors, je reprends, je dis: "Une
dépense illégale." Ceci peut se reproduire à des dizaines
d'exemplaires dans le territoire, surtout la première année,
parce qu'on aura à rompre avec certaines habitudes, certaines
traditions, certaines façons d'opérer, certaine autonomie qu'ils
n'ont plus. Cela peut représenter $500,000. Cela peut représenter
$1 million qui sera réparti sur l'ensemble.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Puisque nous avons suspendu l'article, on
pourrait peut-être y revenir. Je vais faire les vérifications. Je
vous rappelle que nous avons, de par la Loi de l'instruction publique, des
mécanismes d'enquête. Cela n'empêche pas qu'il y a un
problème à savoir comment la dépense sera
résorbée. Alors, nous pourrons y revenir demain matin si vous le
souhaitez. Alors, on suspendrait les articles 633 et 634.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 635.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit de l'année d'imposition des
taux, et de la similitude des droits et obligations à ceux qui sont
attachés aux taxes municipales.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 635, adopté. Article 636.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'obligation à la corporation municipale
de percevoir les taxes scolaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Fixer le moment.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, exactement. Au moment qu'elle juge
opportun.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 636, adopté. Article 637.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Article 637. Il s'agit de l'obligation à
la corporation municipale de remettre le montant des taxes scolaires au
conseil, en deux versements. Les versements se feront le 1er novembre et le 1er
février. On est à l'article 637. Les budgets des commissions
scolaires prenaient fin le 1er juillet.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je demanderais au député
d'Abitibi-Est s'il est d'accord sur le taux d'intérêt qui est
chargé dans l'article?
M. VEZINA: M. le député, il y a un député
qui vous parle! On vous demandait si vous êtes d'accord avec le
taux...
M. AUDET: C'est justement ce que je regardais. Voir s'il n'y aurait pas
moyen de penser à un taux d'intérêt moindre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas d'intérêt. C'est-à-dire
qu'on pourrait peut-être envisager un financement par la Banque du
Canada. Ce serait préférable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On peut le mettre dans la loi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, cela me parait un peu compliqué. Je
ne suis pas sûr que ce soit...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On fera cela par règlement.
M. AUDET: M. le ministre pourrait peut-être nous dire si ce taux
d'intérêt est une pénalité ou si... C'est un genre
de pénalité, en somme, pour le retard des
municipalités...
M. VEZINA: C'est un "damnum emergens".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un mot qui l'a frappé,
arriéré?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Fixé par le lieutenant-gouverneur. C'est
vraiment de la routine.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 637, adopté. Article
638..
M. JORON: Je pense que, par l'article 638, on assiste à l'une des
premières tentatives d'introduire un élément de
progressivité dans la taxe foncière pour financement scolaire. Je
ne suis pas sûr que, de la façon dont on le fait par l'article
638, on rejoindra réellement cet objectif. Je présume que c'est
l'objectif.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas le seul. Il y a également le
problème de la fraude fiscale des corporations vers la liste des
particuliers, parce qu'on va se retrouver avec deux listes, la liste des
particuliers et la liste des corporations. Et le taux de la taxe des
particu-
liers est moindre que celui des corporations. Il y a peut-être
là un aspect dont il faut tenir compte également.
M. JORON: Ma question est la suivante. D'abord, je ne pense pas que l'on
touche beaucoup d'immeubles appartenant à des particuliers ou
appartenant sous forme de propriété en indivis à un groupe
de particuliers, à moins que l'on touche... C'est là ma question.
Si l'article 638 a pour objet de taxer les riches, ceux qui ont des
propriétés qui seraient évaluées à plus de
$100,000, je doute qu'on y parvienne. Je pense qu'on va plutôt attaquer
les gens à revenu modeste et, notamment, des locataires. Je pense, par
exemple, au cas suivant. Si une conciergerie appartient à un particulier
ou est une propriété en indivis à un groupe de
particuliers, donc tombe dans la catégorie numéro 1, par le fait
qu'elle est propriété d'un individu, si elle est
évaluée à plus de $100,000, si on pense à une
grosse conciergerie, la taxe augmente. Elle devient, pour l'excédent de
$100,000, la taxe des corporations.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle passe de la liste des particuliers à
la liste des corporations.
M. JORON: En conséquence, à cause du fait qu'une telle
conciergerie appartiendrait à un particulier, ce sont les locataires,
éventuellement, qui seront appelés à payer la
différence, puisque le propriétaire la répartit sur les
loyers. On ne vise plus le propriétaire, mais on touche les locataires.
Ce n'est plus un impôt progressif.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y avait eu un consensus là-dessus lors
de la discussion du bill 28. C'est une des provisions qui semblait avoir
été acceptée pas mal par tout le monde. Le problème
que j'y vois est surtout un problème de fraude fiscale. Je me suis
peut-être mal expliqué tout à l'heure, mais vous êtes
revenu sur mes explications. Il est plus avantageux d'être sur une liste
de particuliers que sur une liste de corporations, dans cette optique.
M. JORON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce qui signifie que de gros immeubles
appartenant à des corporations peuvent peut-être se retrouver sur
des listes de particuliers. C'est une façon de récupérer.
D'autre part, ce que vous faites observer, je pense que s'il s'agit de
particuliers bona fide, bien sûr, ils sont touchés.
M. JORON: Combien y a-t-il de maisons individuelles qui appartiennent
à des particuliers, qui ne sont pas des conciergeries, qui ne sont pas
des maisons de rapport?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De plus de $100,000?
M. JORON: Oui. Il ne doit pas y en avoir tellement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Je ne pense pas.
M. JORON: Mais, d'autre part, combien y a-t-il de conciergeries qui
appartiennent à des individus, à des particuliers, et qui valent
plus de $100,000? L'impôt sur ces propriétés augmente mais
ce que le propriétaire sera incité à faire, ce sera de
refiler sa surtaxe à ses locataires. Ce n'est pas lui qu'on vise, mais
le locataire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a là quand même une fraude
fiscale.
M. JORON: Je ne la vois pas. L'article dont, je le présume,
l'intention est bonne, vise à introduire une progressivité dans
l'impôt qui n'existait pas avant. Je ne pense pas du tout qu'on va
atteindre ces fins et qu'on va finalement...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a aussi cet aspect de fraude fiscale dont
je vous ai parlé et qui semble être...
M. JORON: Je le comprends. C'est vrai.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... un problème réel. Le
député de Montmagny a l'air de le penser aussi. Comment
allons-nous autrement y faire face? Je veux bien reprendre la question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le problème d'ailleurs que nous
avons dès que nous sommes locataires. Dès qu'il y a une
augmentation de taxe quelque part, c'est nous finalement qui la payons.
M. JORON: Sans en faire un amendement formel... Avant de le formuler, je
vous lis ceci. Si on ajoutait quelque chose comme ceci: "... sauf si cet
immeuble abrite plusieurs familles ou plus qu'un certain nombre de personnes
qui ne sont pas parentes entre elles."
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous pouvez vous expliquer un peu?
M. JORON: Cela décrit justement une conciergerie.
Cela décrit le cas d'un immeuble qui vaudrait par exemple,
$200,000, mais qui serait divisé en six logements. Alors, l'immeuble par
définition abrite plusieurs familles...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est justement cette catégorie qui est
visée.
M. JORON: C'est ce que je vous dis.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On calcule sur les loyers.
M. JORON: Mais la personne que vous pénalisez par cet article, ce
n'est pas le propriétaire de l'immeuble, c'est le locataire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous allez me laisser vérifier ce point?
Je demanderais de suspendre l'article aussi.
M. JORON: Volontiers.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a deux ou trois articles que je n'ai pas
d'objection à suspendre. Il y a eu des études approfondies de
faites sur chacun de ces articles, mais je désire quand même
revoir la situation devant les remarques judicieuses qui sont faites.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, l'article 638 est suspendu. Article
639?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 639, c'est l'obligation au greffier de
fournir au conseil les renseignements requis concernant les taxes
scolaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va de soi.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, 639 adopté. Article 640?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Paiement au conseil des contributions ou
subventions qui tiennent lieu de taxe scolaire. Tout retourne au conseil. C'est
pour cela que j'ai accepté l'amendement du député de
Saint-Jacques lorsqu'il s'agissait des legs, parce que de toute façon
ils seraient retournés au conseil.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Des "lés".
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous ne prononcez pas "legs"? Je n'aurai pas
perdu ma soirée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): "Something in between". Ne mettez pas cela
dans la loi.
M. CHARRON: Ne vous mêlez pas de cela; ça allait
déjà assez mal sans que vous embarquiez là-dedans.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 640, adopté. Article 641.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Remise au conseil des sommes dues. La même
chose, à cause des ajustements ou arrérages de taxes.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 641, adopté. Article 642.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Substitution du nouveau système de
taxation à celui qui existait auparavant et adaptation de l'article 54a)
à la nouvelle situation créée sur l'île. Nous avons
un amendement. Nous allons le distribuer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est directement relié à
l'article 638 que nous avons suspendu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Laissez-moi faire mon amendement d'abord et vous
verrez. L'idée de l'amendement je peux vous le dire tout de suite
est de faciliter la compréhension, d'étendre et d'adopter
le pouvoir que les commissions scolaires de la province ont d'imposer une taxe
spéciale additionnelle pour des dépenses non admissibles aux
subventions et encourues pour des années antérieures. Alors,
remplacez le deuxième alinéa par le suivant: "Nonobstant
l'alinéa précédent, toute taxe spéciale
additionnelle visée par l'article 54a) dont je vous ai
parlé tout à l'heure qui est un article de la loi 27 qui
s'applique mutatis mutandis à toute commission scolaire résultant
ou non d'une fusion ou d'une annexion s'ajoute aux taxes scolaires
imposées conformément à la présente section.
Cependant, seuls les immeubles faisant partie de la catégorie no 1 dans
le territoire affecté sont assujettis à cette taxe
spéciale additionnelle. De plus, les immeubles faisant partie de la
catégorie no 2 dans le territoire affecté et visé au
dernier alinéa de l'article 634 sont, pour une période
n'excédant pas celle qui est mentionnée, assujettis à
cette taxe spéciale additionnelle. Le produit de cette taxe appartient
exclusivement à la commission scolaire concernée. Pour
l'imposition de cette taxe spéciale additionnelle, la commission
scolaire concernée se conforme aux articles 624 à 632, 634 et 635
qui s'appliquent alors à elle mutatis mutandis. Dans ce cas, la
corporation municipale concernée est assujettie mutatis mutandis aux
articles 636, 637 et 639. Aux fins de l'alinéa précédent,
la commission scolaire est substituée au conseil pour l'application des
articles mentionnés."
Comme je l'ai dit au début, s'il y a eu des dépenses
pas des dépenses illégales, des dépenses
non-admissibles; inadmissibles mais non illégales, la distinction est
claire qui ont été faites par une commission scolaire dans
le passé, nous ne voulons pas qu'elles soient absorbées par
l'ensemble des commissions scolaires à cause de l'existence du
conseil.
Elle le sera pour les années antérieures en vertu de
ça, par le territoire intéressé parce que c'est le
territoire qui a fait les dépenses. Est-ce clair? C'est pour
éviter de mettre le fardeau...
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais là on parle de dépenses non
admissibles. Tantôt on parlait de dépenses illégales. C'est
une autre chose. Les dépenses non admissibles ont seulement rapport au
taux de taxation, la subvention du ministère. Le ministère
subventionne des dépenses admissibles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): II ne subventionne pas les dépenses non
admissibles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, bien qu'il les approuve.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais c'est la commission scolaire qui va payer
en prélevant plus de taxes...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la commission scolaire qui paie. Sur son
territoire en prélevant plus de taxes.
M. CLOUTIER (Montmagny): On reconnaît ici, dans l'amendement que
vous apportez, le principe qu'une commission scolaire peut garder le produit
d'une taxe, on dit que le produit de cette taxe appartient exclusivement
à la commission scolaire concernée. Donc, une commission
scolaire, quand elle a taxé pour des dépenses non admissibles,
peut garder le produit de cette taxe en exclusivité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire que jusqu'au premier juillet
1973, ce sont des dépenses qui ont été affectées
jusqu'au premier juillet 1973. Ce n'est plus le cas avec le nouveau
régime.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce que j'ai posé tantôt, c'est le
problème après le premier juillet 1973 pour les dépenses
illégales, mais on pourrait peut-être le poser pour les
dépenses... non, on n'a pas parlé des dépenses non
admissibles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, parce que le problème ne se posera
plus. C'est réglé maintenant. C'est le conseil qui assumera la
surtaxe, le cas échéant.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que c'est une chance que nous ayons ce
soir le député de Montmagny.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, M. le Président, parce que le
ministre serait...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et aussi le député de Gouin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que le ministre serait obligé de
déclarer forfait.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministre ne se débrouille
peut-être pas tellement mal. Il a au moins des fonctionnaires
compétents qui l'entourent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous avez le droit de le dire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je le dis très volontiers.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Est-ce que ça veut dire que cette surtaxe
imposée par la commission scolaire concernée ne passerait pas par
le conseil?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec le nouveau régime, cela va passer
par le conseil. Les commissions scolaires de l'île de Montréal ne
pourront pas avoir de surtaxe. Mais nous parlons du passé actuellement,
de ce qui s'est passé. Parce que nous ne voulons pas que ce qui a
été fait par un territoire donné, dans le passé qui
parfois peut être assez élevé, soit résorbé
par l'ensemble des commissions scolaires du territoire, cette disposition
permet de résorber ces dépenses par le territoire lui-même.
Question d'équité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais poser une question au ministre.
Elle est assez technique, mais je sais que son sous-ministre pourra
répondre. Quels sont les critères qui justifieraient un conseil
scolaire d'accorder la permission à une commission scolaire en
particulier, des dépenses non admissibles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour l'avenir?
M. CLOUTIER (Montmagny): A partir du 1er juillet 1973.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y en aura plus. C'est le conseil qui va
décider.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais je demande au ministre quels sont les
critères qui vont justifier le conseil scolaire d'accorder des
dépenses non admissibles à une commission scolaire en
particulier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela va dépendre des besoins. C'est le
conseil qui décidera en fonction des besoins, c'est là que se
situera le rattrapage et la péréquation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Supposons que vous arrivez pour parler de
l'enfance inadaptée, certains rattrapages effectués dans
certaines zones de Montréal, les normes du ministère ne
correspondront pas aux besoins. Ce sont surtout les besoins qui vont justifier
le conseil d'accorder des dépenses non admissibles parce que c'est
l'ensemble des commissions scolaires qui va payer pour les dépenses non
admissibles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est merveilleux! Je crois que l'Opposition
comprend très bien notre projet de loi depuis l'arrivée du
député de Montmagny. C'est exactement là que va jouer la
péréquation.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Cette partie de votre projet de loi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sous réserve de nos interventions.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'homonymie provoque une certaine sympathie
à l'endroit du député de Montmagny.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 642. Adopté avec amendement
sous réserve de l'adoption de l'article 634.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 634 est suspendu, on y reviendra.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 643.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 643. Il s'agit de l'exemption de taxe
foncière des immeubles du conseil, mais avec possibilité de
compensation pour les services municipaux conformes à la loi
d'évaluation foncière.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 643, adopté. L'article 5?
Autres dispositions
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 4. Il y a quelques suspensions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II ne peut pas être adopté, parce
qu'il y a des choses qui sont suspendues.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 5, ce sont les définitions, M.
le Président. D y a trois articles suspendus.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 5, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous enlevez "bureau métropolitain des
écoles protestantes"... àc)...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Nous sommes à quel article? A
l'article 5.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A c), M. le Président, on avait dit que
c'était une mauvaise dénomination: bureau métropolitain
des écoles protestantes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas dans ce texte-là. L'autre texte se
référait à la nouvelle commission dans l'annexe. Il n'y a
pas de problème sur la dénomination. Nous parlons de la
commission existante qui s'appelle le bureau métropolitain.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. Je comprends.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 5, adopté. L'article 6?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 6 devrait être
considérablement remanié à cause de la modification de
chiffres. Je demanderais peut-être de le suspendre, parce qu'il y a une
référence que l'on retrouve à l'article 15 qui concerne
des nominations au conseil provisoire. Alors, on peut régler les deux en
même temps. On peut discuter si vous voulez 15 et 6. Ou attendre et
revenir à 6. C'est peut-être plus simple de revenir à 6
puisque 6 n'est qu'un article de concordance avec les décisions qui
seront prises, qui sont déjà prises ou qui seront prises. Vous
voyez que je vais au devant des voeux du député de Saint-Jacques
parce que j'en ai une petite idée...
M. CHARRON: De mes voeux?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous sommes aussi assez bien
renseignés.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 6 est suspendu pour le moment.
Article 7.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit du rôle des membres provisoires
du conseil. Il y a un amendement. On va le distribuer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aurais une question à poser au
ministre...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): S'il s'agit de la troisième ligne du
paragraphe c), c'est exactement ce qui nous intéresse. Au
deuxième alinéa, après le mot "approprié", nous
ajouterions "auprès des associations les plus représentatives des
cadres et des associations accréditées des employés
concernés." Vous vous souvenez peut-être qu'on a trouvé
cette disposition ailleurs. Je suis sûr que le député de
Saint-Jacques...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il va falloir en reparler, à l'article
24, parce que c'est là que nous allons être obligés de
reparler de la négociabilité des plans d'intégration.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est prévu à l'article 24. C'est
à l'article 24, au fond, que nous devrions avoir une discussion, alors
qu'il s'agit simplement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, je préviens le ministre que
j'aurai un amendement à l'article 24.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très volontiers.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un problème difficile.
M. CLOUTIER(Ahuntsic): Oui, mais je crois que nous avons des
réponses à la plupart de vos questions.
M. CHARRON: Est-ce que le conseil provisoire sera autorisé
à conclure une entente qui aurait valeur de convention collective avec
les associations que vous venez de mentionner?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est selon le code du travail. Peut-être
qu'on pourrait faire cette discussion, si vous voulez, à l'article
24.
M. CHARRON: Très bien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est l'article idéal pour cela.
M. CHARRON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 7. Adopté avec
l'amendement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 7 avec l'amendement.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 8.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 8. Cet article prévoit le
financement des opérations du conseil pour les années 72/73.
M. CHARRON: Est-ce que cela figurera comme dépense admissible ou
inadmissible selon les normes du ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons discuter de cela comme chaque
année.
M. CHARRON: C'est, en tout cas, des dépenses
imprévues.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire que cela entre dans les
budgets.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas illégal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est certainement pas illégal. J'ose
espérer. Il y aura ce qu'il faut pour fonctionner, alors cela entrera
dans le budget des commissions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme budget supplémentaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Pas de budget supplémentaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): II doit y avoir tout de même une
surveillance spéciale d'ici le premier juillet 1973 pour empêcher
qu'en prévision du regroupement, l'on se permette des choses...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une mis- sion qui attend la sanction de
la loi pour commencer à fonctionner avec des échéanciers
extrêmement précis, tout un mécanisme. Il y a aussi la
question de l'inventaire des actifs et des passifs qui arrivera plus tard. Tout
sera surveillé de façon très rigoureuse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cette mission va commencer à pratiquer
en carême?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'implantation de la loi 27 a servi de
modèle à beaucoup de points de vue.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 8, adopté. L'article 9.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 9 vise la création du
comité d'implantation par les commissions scolaires qui doivent se
regrouper. C'est une étape dans le regroupement. Ces comités
comptent de cinq à neuf commissaires selon une entente qui intervient de
gré à gré ou, à défaut d'entente... Nous
avons préféré laisser un certain jeu pour que chaque
comité puisse tenir compte de ses besoins au point de vue de la
représentation.
M. CHARRON: A quel endroit définit-on de façon plus
précise peut-être que je l'ai mal trouvé, en termes
de devoir et de pouvoir le rôle du comité
d'implantation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un peu plus loin. Je n'ai pas l'article en
mémoire. L'article 11. Il s'agit simplement de la création.
M. CHARRON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 9, adopté. L'article
10.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Même formule que dans le bill 27, article
101. Il s'agit de conférer un statut juridique au comité
d'implantation.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 10, adopté. L'article
11.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit du rôle des comités
d'implantation et nous avons un amendement qui vise à préciser la
nature de la consultation auprès des associations
accréditées. C'est exactement le même amendement qui est
revenu à plusieurs reprises: "Remplacer dans les septième et
huitième lignes du paragraphe b) du deuxième alinéa de
l'article 11 les mots "autres employés de ces commissions scolaires" par
ce qui suit: "les associations accréditées des autres
employés de ces commissions scolaires".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre pourrait-il me fournir une
explication, enfin essayer de me décrire si c'est possible, au
paragraphe f)...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Paragraphe f) de l'article 11?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): "... engagera titre provisoire le personnel
requis pour l'application du présent article qui est notamment retenir
les services d'un directeur général pro tempore". Est-ce que ce
personnel requis sera pris à même un personnel qui sera
déjà dans les commissions scolaires? Je pose la question
suivante: Est-ce que ce personnel sera pris à même le personnel
déjà en fonction dans les différentes commissions
scolaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II pourraitl'être. Nous ne voulons pas
l'imposer et nous verrons lors de la discussion de l'article 24, ce que nous
protégeons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais dans l'hypothèse où ce
personnel ne serait pas pris à même un personnel
déjà en place et que le directeur général pro
tempore ne serait pas, lui non plus, choisi à même le personnel en
place, qu'est-ce qu'il adviendrait une fois cette tâche d'implantation
terminée?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme il s'agit de personnel provisoire...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II serait...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... le conseil pourra...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à contrat.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... spécifique, voilà.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ces gens-là seraient à contrat si
on ne les prend pas parmi le personnel...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voilà, et à ce moment-là,
le conseil pourra délibérer ou le comité...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ou l'intégrer s'il le juge
nécessaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ou l'intégrer. M. TREMBLAY (Chicoutimi):
D'accord.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 11, adopté? Article 12.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela découle des pouvoirs
généraux qu'on a reconnus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 12, ça va.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 12, adopté. Article 13.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit des dépenses
occasionnées par la mise en place et par le fonctionnement des
comités d'implantation qui seront financés par les commissions
scolaires et dont les budgets sont approuvés par le ministre. Et il
s'agit de dépenses admissibles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 13, adopté. Article 14.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Uniquement la question du nom de la commission
scolaire nouvelle.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 14, adopté. Article 15.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'article 15, M. le Président, est-ce
que le ministre pourrait nous expliquer? Je ne suis pas familier à tous
égards avec ce truc-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Article 15.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pourriez-vous nous expliquer, M. le
ministre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a actuellement, à la CECM, une
situation très particulière. Sept commissaires sont nommés
partiellement par l'archevêché et partiellement par le
gouvernement. Cette situation va disparaître avec l'implantation de la
présente loi. Nous nous sommes demandé s'il n'y avait pas
intérêt à ajouter, pour la période provisoire,
quelques membres aux sept membres, étant donné qu'il y aura six
membres maintenant au lieu de cinq, à la suite de l'amendement que j'ai
accepté, qui devront être délégués au
conseil.
Nous avons pensé qu'il y aurait peut-être
intérêt à avoir un nombre un peu plus élevé,
de manière que l'administration puisse continuer, qu'il n'y ait pas trop
de problèmes de quorum et que la représentation se fasse au
conseil.
M. CHARRON: Le ministre ne se surprendra pas de nous voir regarder cet
article 15 avec beaucoup de circonspection.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je comprends parfaitement bien et je m'y attends
d'ailleurs et j'aimerais savoir ce qu'en pensent le député de
Chicoutimi et le député de Saint-Jacques. Je suis prêt
à accueillir toute bonne suggestion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je comprends ce que nous a dit le ministre,
étant donné qu'on a porté à six, le nombre des
membres qui seront représentés au conseil scolaire. Alors, il y
aura quatre personnes désignées par le lieutenant-
gouverneur en conseil sur la recommandation du ministre, ce qui
porterait... Je vous avoue que j'aimerais que le ministre m'explique exactement
quelle est la situation actuelle de la CECM.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai tenté de le faire, il y a sept
membres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a sept membres.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Actuellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Au conseil, on en nommera...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ils sont tous nommés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, on en nommera...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une des anomalies qui va disparaître
avec la loi actuelle. Ils sont tous nommés et nous nous sommes
demandé...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous en ajouteriez quatre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous nous sommes demandé s'il n'y aurait
pas intérêt à en ajouter quatre pour la période
provisoire, de manière que le nombre soit plus important, étant
donné qu'il y a une représentation au conseil.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Six maintenant.
M. CHARRON: Même au conseil provisoire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au conseil provisoire, oui; il n'y a pas de
raison.
M. CHARRON: Six encore.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas de raison.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis perplexe ici. Je ne sais pas comment
formuler mes objections, mais j'ai des craintes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Qu'est-ce qui vous gêne dans ça?
Les nominations?
M. CHARRON: Oui. Je considère que la CECM sera dans la structure
de demain un pivot. Un groupe de six sur dix-sept, c'est quand même
important. Le conseil provisoire avec toute l'importance qu'on peut lui
accorder quant à l'implantation remplie de succès ou non de la
structure qui doit venir à compter du 1er juillet 1973, lui aussi va
jouer un rôle important. Voir le gouvernement intervenir en
dernière minute dans une nouvelle structure avec quatre personnes qu'il
désigne...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour six mois.
M. CHARRON: Pour six mois, oui, mais il y a des chances que ces quatre
personnes dont deux, une peut-être au minimum, quatre au maximum
se retrouvent dans la délégation de six membres au conseil
provisoire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah ça! il y a de fortes chances.
M. CHARRON: Oui. Ce sont donc des gens qui... j'imagine bien que pour
les nommer. Mme Roux sera parmi les députés, mais parmi les
autres...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au conseil provisoire, oui, il y a des
chances.
M. CHARRON: Plus que des chances. Je trouve que c'est un pouvoir que le
gouvernement se donne par cet article 15 pour influencer fortement
l'implantation de la nouvelle structure.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais vous êtes conscient qu'il y a un
problème, tel que je l'ai exposé, à toutes fins
pratiques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le ministre me permet une question, est-ce
que le ministre ne désigne pas déjà à l'avance les
membres qu'il se propose de désigner au conseil scolaire? Est-ce qu'il
ne prépare pas déjà tout, si vous me permettez
l'expression anglaise, le "set-up" du conseil scolaire par les nominations
qu'il va faire? Il va déjà infléchir le conseil
scolaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne vois pas comment on va l'infléchir
parce que c'est l'élection qui va amener un conseil scolaire
définitif.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Après. Ces gens-là vont avoir
été là...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ils auront été là, ce qui
est le cas d'ailleurs de tous les administrateurs actuels. Ils ont la
possibilité de se présenter s'ils le souhaitent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va les habiliter.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Effectivement, ils auront été
là six mois. Je vous pose le problème parce que moi-même
j'y ai longtemps réfléchi et je me suis dit: Est-ce qu'il est
possible de laisser sept membres nommés ac-
tuellement à la commission scolaire sachant quelles seront leurs
responsabilités. D'autant plus que, maintenant, j'ai accepté
d'augmenter le nombre à six pour coller un peu plus avec la
représentation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je comprends cette préoccupation du
ministre. Elle est fondée. Mais, j'ai comme la conviction que
déjà le ministre fait toute ses nominations à l'avance,
avant même que ces gens soient élus puisqu'il les dispose à
être élus, il les prépare. Le ministre leur donne
déjà les qualités qui vont leur permettre d'être
élus au conseil scolaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous ferai remarquer qu'ils ne sont pas
encore nommés.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Non, mais s'ils l'étaient? C'est
justement parce qu'ils ne le sont pas qu'on en parle.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense vous avoir présenté le
problème d'une façon très neutre.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord! Mais cette neutralité
nous inquiète. Nous voudrions que le ministre se commette davantage.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense qu'il y a un problème. J'ai
présenté un article qui est clair. Je me rends compte que le fait
des nominations pourrait être un peu gênant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne sais pas trop comment m'en sortir.
M. CHARRON: De toute façon, laissez-moi vous demander si,
comprenant l'objectif et étant en désaccord de principe, vous ne
trouvez pas que le nombre de quatre est excessif.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Qu'est-ce que vous suggéreriez?
M. CHARRON : Deux, ce qui porterait le nombre à...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela améliore la situation
peut-être de façon satisfaisante.
M. CHARRON: ...neuf.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un problème de quorum aussi. On
sait très bien que sept commissaires à la CECM, cela a toujours
créé des problèmes.
M. CHARRON: Le quorum serait de cinq.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le comité d'implantation aura un travail
considérable à faire même si nous avons réussi
à diminuer les difficultés pour la CECM en ne touchant pas au
territoire. Pensez à la détermination des quartiers, aux
élections. Nous ne voyons pas de moyens de les faire élire, ces
gens. Ils ne peuvent être élus que lorsque l'élection aura
lieu. En attendant il faut bien les nommer.
M. CHARRON: Est-ce qu'on ne peut pas, par exemple, en nommer sur
recommandation de l'association des parents?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne me parait pas tellement usuel.
M. CHARRON: Non, mais peut-être que, en nommer quatre comme cela,
sur la gueule, six mois avant l'implantation d'une nouvelle structure, ce n'est
pas bien usuel non plus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Deux, ce serait peut-être un bon
compromis. Si on a pensé de les nommer, c'est parce que c'est le statu
quo. Ils sont nommés actuellement. Ils sont nommés partiellement
par l'archevêché et par le gouvernement, ce qui est une situation
pour le moins archaïque.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi, j'ai l'impression que là,
remarquez que je n'impute pas de motif au ministre une fois qu'on aura
nommé ces personnes pour grossir les rangs de la CECM, on les
prépare drôlement à être élues un peu plus
tard.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est comme si on nommait des
députés en probation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est cela. On les met en probation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Des ministres en probation. Mais cela n'a pas
été notre cas.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est comme les primaires du Ralliement
créditiste. On les fait passer par des primaires.
M. CHARRON: H est bien possible aussi que...
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Pépin dit oui. Ce sera une nomination
avant...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'aperçois que nous faisons un travail
collectif tout à fait honorable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes tous perplexes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voilà ce que c'est qu'une commission qui
fonctionne bien.
M. JORON : Moi, je n'aime pas bien cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous n'aimez pas cela?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi, je n'aime pas cela non plus, mais j'ai
essayé de donner quelques raisons. Je cherche une façon d'en
sortir.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Gouin.
M. JORON: Je n'ai pas compris ce que le ministre a répondu
à la suggestion du député de Saint-Jacques de
réduire le nombre de quatre à deux. Est-ce que vous y avez
répondu?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Réduire de quatre à deux? Est-ce
que cela réduit vraiment les risques que vous semblez...
M. JORON: II y en a deux qui seront moins bien
préparés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous savez, moi, je suis bien prêt
à envisager d'abroger tout simplement l'article, mais pour ne rien vous
cacher, la CECM n'est pas très enthousiaste. Elle s'interroge aussi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la question que j'allais vous poser.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est pour cela d'ailleurs que j'adopte
l'attitude que vous constatez.
M. CHARRON: C'est une question d'essai.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais, je vous pose le problème comme je
me le suis posé. Comme la CECM n'y tient pas, ne l'a pas
réclamé, je n'aurais probablement pas d'objection à
abroger l'article.
M. CHARRON: A moins que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais le problème reste entier.
M. CHARRON: Attendez un peu, j'ai une idée.
M. JORON: Pendant que le député de Saint-Jacques cherche
son idée, j'allais vous en proposer une. Est-ce que dans ce cas, la
cooption ne s'imposerait pas, dans le sens qu'on pourrait dire, quel que soit
le nombre, quatre ou deux: sur recommandation des commissaires actuels?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des gens normaux.
M. JORON: Cela diminue le risque que l'attitude que peut avoir la CECM
dans l'im- plantation des nouvelles structures soit diluée ou, au pire,
torpillée par des étrangers que le gouvernement vient lui
additionner tout d'un coup.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'avais aussi des hésitations parce
qu'introduire dans un groupe déjà constitué des
éléments étrangers...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, d'un autre côté, la
proposition du député de Gouin qui est valable à mon sens
comporte quand même un risque analogue s'il se faisait au sein des gens
qui vont coopter une petite coalition. Cela revient au même.
M. JORON: Pourquoi est-ce qu'on ne regarde pas la CECM comme un homme,
dans ce cas-là?
M. CHARRON: C'est ce que je pense. Si l'article 15, l'article 6 qui, lui
désigne le conseil provisoire... Est-ce que le conseil provisoire, qui
sera en place pour six mois, doit nécessairement avoir la même
structure et la même face que le conseil définitif qui viendra,
c'est-à-dire 17 membres avec la même répartition de
sièges que celui qui viendra? Puisque, à toutes fins pratiques,
il sera lui aussi un conseil d'implantation, si vous voulez, comme on a
voté précédemment des comités d'implantation au
niveau des commissions scolaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela me parait quand même utile que tout
le monde y soit présent.
M. CHARRON: Que tout le monde y soit présent, je suis
parfaitement d'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous pensez à réduire le
nombre.
M. CHARRON: Mais est-ce que cela doit être dix-sept avec
exactement la même figure? Si on réduisait ça à...
Il faudrait travailler à l'article 6. Mais si on réduisait
ça à un groupe de onze où la CECM pourrait en avoir
quatre, par exemple? Cela pourrait être quatre sur les sept actuels et on
n'aurait pas besoin d'en ajouter quatre ni même deux autres, en laissant
"pour six mois". Puisque c'est un conseil d'implantation, il n'a pas à
avoir la même figure et la même répartition ethnique,
religieuse, économique qu'aura le conseil définitif
jusqu'à la restructuration définitive.
Pourquoi être obligé d'implanter tout de suite dans un
conseil qui a des obligations tout à fait différentes du
prochain, puisqu'il n'est que d'implantation, sans suffrage universel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je trouve la préoccupation
intéressante, mais je vois quand même un intérêt
à ce que cela soit la structure de départ. Ce que vous avez dans
l'esprit, c'est
de conserver le nombre de commissaires à la CECM et d'en
déléguer moins au conseil.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais, déjà il y aura une dynamique
de groupe d'ailleurs, on l'a accepté, ce n'est pas grave
qui va commencer à se manifester.
M. CHARRON: Mais la dynamique pourrait être différente, je
le rappelle au ministre, si l'intervention de nominations gouvernementales
pouvait altérer et c'est bien possible l'attitude que la
CECM a maintenue. Cela pourrait être néfaste, si pendant six mois,
où l'arrivée de nouveaux commissaires vient changer l'orientation
de la CECM...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au fond, je préfère abroger cet
article plutôt que de diminuer le nombre au conseil. Cela me
gênerait de diminuer le nombre de membres au conseil.
M. CHARRON: D'accord. Je le faisais parce que je voyais que vous
hésitiez. J'aime bien mieux abroger l'article 15 aussi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Entre une abrogation pure et simple et une
espèce d'accommodement, je préférerais l'accommodement
parce qu'il y en a quand même six qui vont aller au conseil.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans ce cas, la suggestion du
député de Saint-Jacques de nommer deux membres me semble
très heureuse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En nommer deux avec le risque que cela
comporte.
M. CHARRON: Attendez un peu. Si on en mettait quatre de la CECM... Non.
Deux pour les protestants au lieu de trois. A l'article 6, même dans le
conseil provisoire, vous faites trois nominations. "Le lieutenant-gouverneur en
conseil se réserve le droit de faire trois nominations"... en plus des
quatre dont deux ou trois pourraient se... C'est trop.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que j'ai dit tout à
l'heure.
M. CHARRON: On est beaucoup mieux de réduire...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans ce cas, je préfère
abroger.
M. CHARRON: Abroger...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce que réduire ne me parait pas
heureux. On pourrait en parler très longtemps.
M. CHARRON: D'accord. Abrogeons.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Abrogeons, et que la commission scolaire prenne
ses responsabilités. Cela semble être l'opinion
générale.
M. CHARRON : Parfait.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 15 est abrogé?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 6 était suspendu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous retournons à l'article 6 et nous
allons l'amender, de la façon suivante, en tenant compte de tous les
nombres...
L'article 6 de la présente loi est modifié: a) En
remplaçant dans la cinquième ligne du premier alinéa le
mot "seize" par le mot "dix-sept"; d'accord? b) En remplaçant dans la
première ligne du paragraphe a) du premier alinéa le mot "cinq"
par le mot "six"; c) En retranchant dans les troisième et
quatrième lignes du même paragraphe ce qui suit: "Compte tenu de
l'article 15 de la présente loi"; abrogation. d) En ajoutant
après le deuxième alinéa, l'alinéa suivant: "Toute
commission scolaire existante ou tout groupe de commissions scolaires
existantes qui ne compte qu'un membre au conseil peut désigner un
substitut au conseil de la façon et pour la durée de la
période visée aux alinéas précédents; le
troisième alinéa de l'article 585 de la Loi de l'instruction
publique s'applique mutatis mutandis à ce substitut".
Nous reproduisons, en somme, la structure du conseil.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 6 avec l'amendement est
adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Nous revenons à l'article 16 qui
devient l'article 15.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, c'est exact. L'article 16...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): ... ainsi que tous les autres articles vont
monter d'un échelon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous allons fonctionner avec ces
numéros. A la fin, nous ferons...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): .. la correction.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Cela sera
plus facile. Nous avons un amendement à l'article 16. Gardons les
mêmes numéros parce que nous ne nous y retrouverons pas. Ce sont
quelques amendements techniques. Il y en a très peu lorsqu'on
considère l'ensemble de la loi, mais je m'excuse d'avoir à en
présenter quelques-uns.
Ce que nous souhaitons, c'est d'adapter à la
réalité montréalaise certaines dispositions de la Loi de
l'instruction publique pour les élections de juin 1973 en attendant,
comme je vous l'ai indiqué déjà, une refonte plus
complète des dispositions de cette loi régissant les
élections scolaires. Comme je ne suis pas sûr de pouvoir
présenter à temps une refonte suffisante des dispositions qui
régissent les élections dans la loi scolaire, je souhaiterais que
l'on puisse les inclure dans la loi actuelle, parce qu'une refonte des
dispositions scolaires pour les élections suppose que l'on tienne compte
également de la loi électorale et il y a là un travail
d'ensemble qu'il vaut mieux faire d'un seul coup. C'est tout simplement la
séquence des événements: "Nonobstant toute disposition
contraire des articles visés par le paragraphe d) de l'article 11 pour
les fins d'élections visées à l'alinéa
précédent, a) Le nombre de commissaires est
déterminé au plus tard le 22 février 1973. Le jour de la
votation est fixé au 18 juin 1973. Le comité d'implantation peut
prendre toutes les mesures nécessaires à la préparation et
à la publicité de la liste des électeurs. Ces mesures
peuvent notamment comprendre". Et là nous énumérons les
modalités l'établissement d'organisations et les
modalités d'application d'un système de recensement des
électeurs. Cela ira plus facilement quand nous aurons la liste
permanente. La nomination de recenseurs effectuée conjointement avec
tout autre comité d'implantation du même territoire.
L'établissement de la procédure à suivre par les
recenseurs, les modalités de publication de la liste des
électeurs. Il y aura des guides pour compléter ces
instructions.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 16 est adopté avec
amendement. Article 17.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 17, c'est un article qui va de soi, je
pense.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 17 adopté. Article 18.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 18 et l'article 19, est-ce qu'on
pourrait les considérer ensemble? Les comités d'implantation...
Oui, c'est tout simplement une question de cohérence.
M. CHARRON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Articles 18 et 19. Adopté. Article
20.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 125 du bill 27 rendait inapplicable
aux commissions scolaires de l'île de Montréal certaines
dispositions relatives à la gestion des commissions scolaires. Le
présent projet de loi, rendant l'organisation scolaire sur l'île
de Montréal plus conforme au modèle général, il n'y
a plus lieu d'exempter les commissions scolaires de l'île des pratiques
de gestion qui prévalent dans l'ensemble des commissions scolaires. Il
n'y a vraiment pas de problème.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 20. Adopté. Article 21.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons un amendement à l'article 21.
A la fin, nous ajouterions: "Mutatis mutandis et compte tenu de l'article 642
de ladite loi..." Il y a un article que nous avons suspendu, ce qui nous a
imposé de suspendre l'autre. C'est purement technique.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 21 est suspendu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Je crois qu'il n'y a pas de
difficulté parce que cela se recoupera quand nous adopterons
l'autre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, accepté avec amendement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec le petit amendement. Et c'est la même
chose à 22 où nous avons un amendement qui dit la même
chose: "... et compte tenu de l'article 642 de ladite loi, cet article..."
Cet article est en rapport avec le rôle de financement, je pense
que le député de Montmagny... article 22?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 22. Adopté, avec amendement.
Article 23.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cet article vise à régulariser,
pour les émissions antérieures, le pouvoir de désigner un
agent pour le transfert des obligations en dehors du Québec. Pour les
nouvelles émissions d'obligations, le pouvoir est accordé en
vertu de l'article 25 de la Loi des dettes et emprunts municipaux et
scolaires.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 23, adopté. Article 24. Le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est là qu'est le tataouinage, comme
on dit. Ici se pose le problème de l'intégration des personnes.
Evidemment, il faudrait lire l'article au complet pour bien comprendre: "Les
personnes à l'emploi des commissions scolaires existantes, le 31 juin
1973 deviennent, le 1er juillet 1973, des employés soit du conseil, soit
des commissions scolaires nouvelles, conformément au plan
d'intégration dressé par les comités d'implantation et le
conseil, subordonnément aux droits et
obligations des commissions scolaires existantes et de leurs
employés, et sous réserve, quant aux salariés au sens du
code du travail et aux associations accréditées pour les
représenter, des articles 36 et 37 dudit code, et quant aux personnes
exerçant une fonction pédagogique ou éducative au sens de
la Loi de l'instruction publique, des dispositions de cette loi qui les
régissent."
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que je pourrai peut-être aider si
j'apporte...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le ministre me permet, je sais qu'il peut
apporter quelque chose là-dessus. Il y a pensé. On m'a
demandé c'est l'Alliance des professeurs qui l'a demandé
que soient négociés les plans d'intégration,
c'est-à-dire qu'on donne le droit de négocier les plans
d'intégration du personnel entre les commissions, le conseil et les
syndicats concernés. Il y a ici un vaste problème
d'intégration. Je voudrais que soit assuré le droit de
négociations ou de négociabilité de ce plan ou de ces
plans d'intégration parce qu'il y en a plusieurs.
Le ministre me dit qu'il a quelque chose à nous soumettre
à ce propos. J'aimerais l'entendre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Deux choses que je pourrais peut-être dire
pour contribuer au débat. C'est que les articles 36 et 37, parce que
c'est un problème du code du travail, seront amendés, pour
résoudre le problème des accréditations en cas de fusion
ou d'annexion. Ce n'est pas dans cette loi qu'on peut régler le
problème. Les amendements devraient être déposés au
tout début de l'an prochain, à la prochaine session, pour
être adoptés avant l'entrée en vigueur des nouvelles
commissions scolaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Naturellement, je ne veux pas percer les
secrets ministériels mais est-ce que le ministre a une idée de
l'esprit des amendements ou de la substance, si tant est qu'il puisse nous le
dire? Je connais les réserves qu'on doit faire en pareille circonstance.
Est-ce qu'il peut nous donner l'esprit de ces amendements?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne les connais pas, mais je sais qu'ils ont
été faits en consultation avec le Conseil du travail et de la
main-d'oeuvre. C'est vraiment un problème qui relève du
ministère du Travail. J'ai déjà précisé que
nous avons discuté de cette question avec l'alliance. Vous avez
d'ailleurs pu constater qu'il n'y ait pas eu de problème syndicaux
soulevés par l'ensemble de l'opération depuis que le texte de la
loi est connu. Nous avons pu nous convaincre, semble-t-il, qu'il n'y aurait pas
de problèmes. Nous tenons à protéger de la façon la
plus rigoureuse qui soit tous les employés qui seront
impliqués.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il yala protection des employés, mais
comme il s'agit d'une vaste opération d'intégration, ce que
l'alliance demande, c'est que cette intégration puisse faire l'objet, au
palier où ça se situe, de négociations entre le conseil,
entre les syndicats concernées et les commissions scolaires
concernées. Si le ministre pouvait me dire c'est pour ça
que j'ai la tentation de lui demander de suspendre cet article pour qu'il nous
donne demain des précisions après consultation avec le ministre
du Travail dans quel sens vont aller les amendements au code du travail,
il nous serait possible de voir si ces plans d'intégration pourront, en
vertu de ces nouveaux articles, être négociés.
C'est cela que j'aimerais savoir du ministre. J'ai examiné la
question longuement hier encore et il est à la fois facile et difficile
d'intégrer, d'insérer ici, un amendement pour mettre, par
exemple, sous réserve des droits de négociation desdits plans
d'intégration. On pourrait procéder comme cela. Mais, comme le
code du travail est assez complexe et comporte des spécifications
relatives aux divers types de travailleurs, aux divers types de syndicats,
modes d'accréditation, etc., cela rend complexe l'insertion d'un
amendement qui réserverait le droit de négociabilité.
M. CLOUTIR (Ahuntsic): Je crois que ça y est, M. le
Président. Vers le milieu du paragraphe: le "subordonnément aux
droits et obligations des commissions scolaires existantes et de leurs
employés" me semble couvrir cette partie. Nous avons dans notre
convention collective de 1968-1971 l'article 5505: "La commission ne peut
invoquer un surplus de personnel pour ne pas rengager les instituteurs
réguliers visés par une fusion, une annexion ou une
restructuration scolaire". Je ne sais pas quelle serait l'évolution des
négociations actuelles. Je ne veux pas en préjuger. Mais s'il y a
un décret, je m'engage à ce que nous reprenions cette disposition
en parlant de la restructuration scolaire montréalaise
nommément.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre nous a dit tout à l'heure
qu'il avait eu des entretiens, ou que ses fonctionnaires avaient eu des
entretiens ou des rencontres à ce propos avec l'Alliance des
professeurs. Est-ce qu'il pourrait nous dire à quoi on en est venu,
à quoi ont abouti ces négociations? Est-ce qu'on a
nommément discuté de cette négociabilité des plans
d'intégration?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que la CECM après le
dépôt du projet de loi a déclaré qu'elle
était d'accord en principe sur l'ensemble du projet de loi avec bien des
réserves, particulièrement cette réserve sur la
négociabilité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est à la suite de ces réserves
que nous avons eu une rencontre avec l'Alliance. Nous avons eu
l'impression...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle a été postérieure
à...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Postérieure, oui.
J'ai les textes en main et c'est pour cette raison que nous avons
introduit un certain nombre de paragraphes ici et là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, est-ce qu'elle a été
postérieure au 9 ou 10 décembre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce ne sont pas les plans en tant que tels qui
sont négociés. Ce sont les employés qui ont des droits en
vertu de leur convention collective.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Depuis le moment où vous avez appris,
par exemple, que, le 8, l'Alliance des professeurs de Montréal avait
remis en cause cette question de la négociabilité des plans
d'intégration, est-ce qu'il y a eu de nouvelles rencontres, de nouveaux
entretiens?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, hier ou avant-hier. Vendredi midi. Non,
samedi. J'ai assisté d'ailleurs à une partie de la rencontre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et à quoi cela a-t-il abouti, en gros?
Est-ce qu'ils ont...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Accepté un certain nombre des points
qui...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, est-ce qu'ils vous ont demandé de
changer l'article 24 ou d'insérer dans l'article 24 des dispositions
nouvelles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre aurait un amendement,
par exemple, qui exprimerait cette volonté?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui; on nous a suggéré une
modification vraiment mineure. Je n'aurais pas d'objection à l'accepter,
d'ailleurs. Je vais essayer de retrouver le texte.
M. CHARRON: C'est celui-ci: Aucun salarié ne peut être
congédié ou non rengagé par suite de la mise en
application des dispositions de la présente loi. Ce n'est pas
celui-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons le retrouver. L'article 24. Il y a
un "mais" qui pourrait aller. Ecoutez-moi, j'en fais l'objet d'un amendement.
Nous ajoutons le mot "mais", avant le mot "subordonnément". A notre
avis, cela n'ajoute rien, mais cela semble apporter une clarification
souhaitée. Alors, quand c'est possible de le faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): "Mais subordonnément aux droits et
obligations des commissions scolaires existantes". Est-ce que ce texte que vous
nous soumettez fait suite justement aux rencontres que j'évoquais?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Rencontre de samedi midi.
Nous avions déjà vu l'alliance parce que, pour une
opération de cette envergure, je souhaitais qu'on analyse bien les
problèmes de relations de travail. La rencontre de samedi a porté
spécifiquement sur le projet de loi 71.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne sais pas si mes
collègues ont d'autres choses à dire sur ce sujet, mais en
dépit de ce "mais" qui répondrait au désir de l'alliance,
j'aimerais suspendre l'article et prier le ministre de causer avec son
collègue du ministère du Travail, M. Brisson, de le revoir
à ce sujet pour nous donner demain des assurances plus précises.
Evidemment, je ne veux pas arracher au ministre du Travail le secret des
modifications qu'il veut apporter, mais je ne sais pas si une nouvelle
discussion ne permettrait pas au ministre de l'Education de nous apporter des
lumières additionnelles sur ce sujet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crains de ne pouvoir apporter de
lumière additionnelle. Je vous fais part des engagements que je prends.
Je vous fais part de l'intention du ministère du Travail. C'est assez
difficile d'aller plus loin. Ce genre de problème ne peut pas se
régler dans le cadre de la loi actuelle. Je vous ai dit ce qui en
était pour la convention collective et l'engagement que nous avions pris
pour la loi 27 comme pour la loi 71 concernant les intégrations et les
fusions, en rapport avec l'accréditation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a des zones grises...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'admire le souci de perfection du
député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... dans le texte ou peut-être dans mon
esprit, je ne le sais pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des problèmes incroyablement
complexes, depuis que je touche un peu ce secteur des conventions
collectives.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce que j'aurais aimé
énormément, c'est que le ministre du Travail soit venu ici.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le problème du ministre du Travail.
C'est cela.
M. CHARRON: M. le Président, un des objets de
préoccupation de l'alliance était le sort fait aux
employés enseignants et employés
de soutien de la commission scolaire de Saint-Laurent qui, en vertu de
la loi 24, se trouvent à la fois dans la commission 3 et dans la
commission 5.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons en tenir compte dans la convention,
ou enfin dans ce qui tiendra lieu de convention. Cela ne peut pas se
régler dans le cadre de la loi actuelle. La loi ne peut pas
préjuger de la convention. C'est vraiment un problème de
convention.
M. CHARRON: Est-ce que cette convention pourra venir avec le conseil
provisoire ou si on devra attendre l'établissement je reviens
à ma question de l'article précédent de la
structure définitive pour parler d'une telle convention?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous parlez de quelle convention en ce
moment?
M. CHARRON: De cette convention entre les enseignants, par exemple, de
Saint-Laurent. Viendra-t-elle durant le temps de juridiction du conseil
provisoire ou après?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela sera réglé avant. Ce sera
celle du 15 décembre. La loi 46 nous oblige à faire un
décret s'il n'y a pas de convention et c'est à ce
moment-là que le problème sera réglé.
Nous sommes satisfaits que nous protégions les droits d'une
façon adéquate.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous me le permettez, M. le Ministre, je
vais vous poser une dernière question qui résume un peu mon
inquiétude. Vous m'avez dit qu'ultérieurement, à la date
du 8, vous avez eu de nouvelles rencontres peut-être pas vous
personnellement, mais enfin, vous l'avez dit vous-même ...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. J'ai rencontré dernièrement
l'alliance. Il y a eu une réunion...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez eu et vos fonctionnaires ont eu,
avec l'alliance, des conversations et le "mais" qu'on ajoute: "mais
subordonnément", satisferait l'alliance, sur ce point. Est-ce qu'il y a
d'autres objections qui auraient été faites par l'alliance et qui
l'aurait incité à vous demander d'apporter un amendement pour
garantir des droits? J'ai reçu un texte que vous avez, je pense.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. C'est cela et nous avons tenté de
faire comprendre au président de l'alliance que ceci était
véritablement couvert par la convention collective.
M. CHARRON: Nous signalons au ministre qu'en rencontrant les gens de
l'alliance samedi également, lorsque nous avons parcouru ensem- ble le
texte anglais de l'article 24, et que nous l'avons analysé, leur
désir de voir le mot "mais" figurer au texte français avait
considérablement diminué, parce que "subject too" cela signifiait
beaucoup plus que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour nous, il n'y avait pas de problème
mais comme il semblait y en avoir un pour eux, nous avons accepté,
acquiescé avec plaisir. En fait, quand on peut clarifier quelque chose
à la satisfaction des gens, c'est toujours préférable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela me paraît assez complet dans
l'optique du code du travail que je connais assez bien.
Mais, comme il y a tous les mécanismes de conventions
collectives, évidemment, à un moment donné, on peut en
perdre un bout et c'est pour ça que je m'interrogeais d'abord sur les
représentations de l'alliance et, d'un autre côté, le
ministre nous dit qu'il y aura vraisemblablement des amendements au code du
Travail...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sûrement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui viendraient compléter ce
réaménagement à la satisfaction de ceux qui exigent la
négociabilité des plans d'intégration.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ajouterais d'ailleurs un élément
utile. C'est que le problème ne se pose pas seulement dans le secteur
scolaire, il se pose pour toutes les fusions, dans le secteur municipal
aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Aux Affaires sociales.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, aux Affaires sociales...
M. CLOUTIER (Montmagny): Voulez-vous vérifier avec le bill 65? On
a une disposition qui ressemble à ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la même.
M. CHARRON: M. le Président, si le ministre ne veut pas, dans le
cas des employés de Saint-Laurent, le faire figurer comme tel dans le
projet de loi, est-ce qu'on peut quand même avoir de lui un engagement
formel à l'effet que, dans le décret, les enseignants et les
employés garderont le privilège de se joindre à la
commission scolaire trois ou à la commission scolaire cinq?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous avez cet engagement formel. Il n'est pas
possible, dans le cas d'une loi, de faire...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De le spécifier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De spécifier. Je ne crois pas que ce
soit...
M. CHARRON: C'est ce que je voulais avoir à l'article 24, en tout
cas.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 24. Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 25.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cet article fait état de dispositions
normales à prévoir dans le cas d'organismes qui succèdent
à d'autres, dont ils devront assurer les obligations. C'est
vraiment...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la reconduction dans les droits et
obligations.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 25, adopté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'aimerais, M. le Président, avant que
vous ne passiez à l'article 26, ajouter un paragraphe a) à
l'article 25, comme on a déjà un trou à cause de
l'abrogation, vous aurez...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On a déjà pas mal de cas et
vous...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article est en cours de distribution.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): De l'article 15 à l'article 25, il
faut remonter d'un chiffre pour chacun des articles et nous reviendrons
à l'article 26 à sa place.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Nous allons l'appeler 25 a) pour le moment.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les pouvoirs que nous avions avant, concernant
l'uniformisation des rôles, que nous avions perdus de par la loi 50; la
loi 20, qui a amendé la loi 50 et qui créerait des
problèmes dans le secteur scolaire et qui, en fait, les crée
depuis le 1er juillet, nous profiterions de la circonstance pour y mettre bon
ordre.
M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas de problème?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 25 a) adopté. Article 26 qui
est l'article 26 régulier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça oui. L'article 25, c'est
fait.
M. CHARRON: Quel est ce traitement particulier de la commission scolaire
d'Harwood?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pardon?
M. CHARRON: Quelle est cette mention particulière? Que vaut
à cette commission scolaire de Harwood cette mention
particulière?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La mention particulière?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Son traitement particulier, à la
commission scolaire de Harwood.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est que la commission scolaire de Harwood est
rattachée à la commission scolaire du Lakeshore et, dans notre
plan, continuera d'être rattachée à la commission scolaire
nouvelle du Lakeshore, par le plan provisoire du bill. Or, il y a un
régime de taxation qui diffère, et le régime de taxation
qui prévaut, actuellement, dans le territoire de Harwood, se trouve
à différer de celui qui prévaut dans les parties centre et
est de l'île de Montréal, parce qu'il y a toute une série
de lois dans ce domaine-là, et de celui qui est instauré par la
nouvelle loi.
Nous voulons maintenir cette distinction afin d'éviter de faire
supporter par des contribuables de l'île de Montréal les
dépenses inadmissibles pour fin de subvention que la commission scolaire
nouvelle de Lakeshore pourrait être amenée à faire,
seulement pour la partie de sa clientèle qui se trouve en dehors du
territoire de l'île de Montréal.
C'est uniquement une disposition transitoire, étant donné
le cas particulier de Harwood.
Pour cette partie du territoire, c'est la loi 27 qui régit.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 26, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Adopté. Article 27.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 27 abroge les lois spéciales
qui régissent certaines commissions scolaires et qui sont contraires aux
dispositions de la présente loi. Il s'agit surtout de dispositions
relatives à la taxation dont le système se trouve
changé.
C'est de la concordance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut faire un acte de foi, ici.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne vous cache pas que je l'ai fait. Des
juristes y ont travaillé. C'est une jungle fiscale. Il y a des lois qui
datent d'avant la Confédération. C'est la première fois
que nous avons la chance de faire un vrai ménage sur l'île de
Montréal.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, article 27, adopté. Article
28.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Concordance pour permettre au conseil
d'acquérir des obligations de l'Office du crédit agricole comme
les commissions scolaires de la province et les corporations municipales.
M. CHARRON: Que vient faire le crédit agricole?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous remercie de me poser la question, cela
va me permettre de lire l'article 12 modifié par 1969, chapitre 41,
article 8, Loi du crédit agricole, SRQ 64? "Nonobstant toute loi
générale ou spéciale à ce contraire, les
corporations municipales et scolaires et les corporations des syndics de
paroisses peuvent placer leur fonds d'amortissement en acquisition des
obligations émises par l'office".
M. CHARRON: C'est pour ceux qui cultivent du "pot" dans les
écoles?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député de
Saint-Jacques...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me permets de vous faire remarquer que la loi
71 et le pouvoir de réglementation du conseil ne portent pas
là-dessus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député de
Saint-Jacques approuve cet article?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 28, adopté. Article 29?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Concordance pour ajouter le conseil dans la
description des services publics aux fins du code du travail.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 29, adopté. Article 30?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Concordance encore pour considérer le
conseil au même titre qu'une commission scolaire, aux fins des
prélèvements prévus par la Loi du salaire minimum.
M. CHARRON: Et 31, c'est pour la Commission des accidents du
travail.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 31 c'est la même chose pour la
Commission des accidents du travail.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 30, adopté. Article 31,
adopté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 32, c'est la même chose que pour
l'article 31.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 32, adopté. Article 33.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sauf, quant aux articles 34 et 92, la CECM et le
PSBGM ne sont pas assujettis à cette loi. Il s'agit d'étendre
cette situation au conseil et aux commissions scolaires sous sa
juridiction.
C'est la Loi de la commission municipale du Québec.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 33, adopté. Article 34,
adopté. Article 35.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Concordance pour assujettir le conseil à
cet article de la Loi des dettes et emprunts municipaux et scolaires concernant
les emprunts en monnaie étrangère. Voici le texte.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 36, adopté. Article 37?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Concordance pour assujettir le conseil à
cette loi.
M. CHARRON: C'est inclure le conseil partout, 38, 39, 40, 41, 42.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 43, c'est pour les subventions
statutaires.
Les articles 44, 45 c'est la Loi des syndicats coopératifs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Les articles 37 à 46,
adoptés.
M. CHARRON: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. A 46, on inclut tout le conseil scolaire
de l'île de Montréal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voilà. L'article 47, c'est la caisse de
dépôt.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 47, adopté. Article 48,
adopté. Article 49, adopté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Petit amendement à l'article 50. On va le
faire distribuer parce qu'il y a pas mal de chiffre dedans. Un certain nombre
d'articles ont pour effet de ne pas paralyser ce qui a été
entrepris dans le domaine des emprunts. C'est celui qui est écrit
à la main: "Certains emprunts peuvent être en
cours par des commissions scolaires, obligations," etc. Je pense qu'il y
a un petit acte de foi, là aussi.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 50, adopté.
M. CHARRON: Oui, M. le Président. M. CLOUTIER (Ahuntsic):
Amendé.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Amendé, oui. Article 51.
M. CHARRON: Amendement à l'article 51. A la place des mots: "le
jour de sa sanction", inscrire "jamais".
LE PRESIDENT (M. Lafrance): En faites-vous un amendement?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En principe, je serais d'accord mais en
technique législative...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 51, adopté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les annexes doivent-elles être
adoptées?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, c'est la carte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la carte. On a réglé cela
à un et deux.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, les annexes a).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur division.
M. JORON: Mais vous n'avez pas d'amendements sur la carte?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crains que ce ne soit...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On en a fait quelques-unes mais sans
succès. Alors, il y a des articles suspendus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais pas quelle est l'intention du
comité. Il est onze heures trente, nous pouvons suspendre dix minutes.
Il nous faut dix minutes, nous, pour vérifier avec nos juristes.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Pour les articles 33, 34 et 38?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ou bien, on peut remettre ça à
demain.
M. CHARRON: Quels sont les articles?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Les articles 633, 634 et 638.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ils ne sont pas très longs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le problème qu'a soulevé le
député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a le problème du
député de Montmagny qu'il est utile de reprendre. Qu'est-ce qu'il
y avait d'autre?
M. CHARRON: O.K. On peut partir et revenir à moins vingt.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si vous le souhaitez.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): La commission suspend ses travaux
jusqu'à minuit moins vingt.
(Suspension de la séance à 23 h 30)
Reprise de la séance à 23 h 43
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre, messieurs! Les articles 633, 634 et
638 avaient été suspendus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Et nous n'avons pas encore trouvé de
réponse satisfaisante au problème qu'a soulevé le
député de Montmagny. Cela est pas mal complexe et, si nous devons
chercher encore, soit que nous acceptions de siéger plus longtemps
il faudrait nous donner encore un bon quart d'heure pour que nous
puissions aller au fond des choses mais encore faut-il trouver un
mécanisme pour que ces dépenses illégales ne soient pas
assumées par l'ensemble du conseil. Il y a beaucoup d'implications de
tous les côtés et j'aimerais mieux m'assurer, de façon
certaine, que nous sommes dans le bon chemin. Alors, soit que nous suspendions
la séance maintenant et que nous nous revoyions demain à dix
heures, ou bien que vous nous donniez un quart d'heure, vingt minutes pour
aller au fond des choses.
M. JORON: ... le ministre avait une réponse à l'article
638 ou si...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour les $100,000?
M. JORON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela fait également partie de nos
réflexions. Elles nous ont quand même mené assez loin parce
que cela existe dans la charte de la ville de Montréal et c'est vraiment
pour des fins de fraude fiscale. Il semble que ce qui se produit très
fréquemment j'aimerais avoir l'opinion du député de
Montmagny c'est qu'on passe d'un rôle à l'autre,
c'est-à-dire du rôle des corporations au rôle des
particuliers, dans le cas de gros immeubles. Cela signifie des pertes de
plusieurs millions chaque année. Et le but de cette disposition est
uniquement d'éviter la fraude fiscale. Mais il est certain que cela a
pour un certain nombre de... je ne dirais pas de petits propriétaires,
parce que ce sont quand même des propriétaires d'immeubles, de
conciergeries de plus de $100,000, mais il n'y a pas de doute que cela se
répercute sur les loyers et nous sommes obligés de tenir compte
de ce problème de fraude fiscale. Il semble que la ville de
Montréal n'ait pas réussi à trouver d'autres
solutions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avez-vous une idée du nombre de
propriétés qui seraient visées par un tel article? Est-ce
qu'on a des statistiques? Si on l'a dans la charte de la ville de
Montréal, on doit avoir des statistiques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sûrement. Et très
considérables. C'est autant de points qu'il y aurait peut-être
intérêt à ce que nous vérifions et, pour ma part, je
souhaiterais peut-être qu'on se revoie demain matin. Ce sont des points
mineurs. Il n'y aura probablement pas beaucoup de débats.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Précisément parce qu'il s'agit
de questions techniques et de vérification, est-ce que nous ne pourrions
pas, dans le rapport que le rapporteur va devoir soumettre à la Chambre,
indiquer que le projet de loi est adopté avec réserve de certains
articles?
Il s'agit des articles au sujet desquels le parti ministériel
présentera immédiatement des amendements comme nous, nous avons
le droit d'en présenter si nous le souhaitons, et cela nous
éviterait de revenir demain matin à 10 heures pour une chose
comme celle-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Moi, je serais entièrement d'accord,
parce qu'il s'agit de trouver des solutions...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est tout à fait régulier.
M. CHARRON: Est-ce qu'on sait quand le rapport serait fait à la
Chambre? Le leader est avec nous.
M. LEVESQUE: Probablement demain après-midi...
M. CHARRON: Ce serait la première chose.
M. LEVESQUE: On dépose le rapport, et évidemment cela
prend quelques jours pour prendre en considération. Mais on va essayer
d'avoir le rapport assez vite sauf l'amendement, cette disposition
mentionnée par le député de Chicoutimi. On pourrait faire
cela. On va essayer de l'avoir demain aux affaires courantes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quant au problème des dépenses
illégales, il faut clarifier cela d'une telle façon que cela ne
devienne pas une incitation à faire des dépenses
illégales. Ce que nous avons trouvé, c'est qu'évidemment
en mettant le fardeau sur les commissions scolaires, on peut presque leur
suggérer de continuer à faire des dépenses
illégales. Parce qu'il y en a qui vont souhaiter imposer une surtaxe.
Or, nous ne voulons pas qu'elles imposent une surtaxe pour que ce soit le
conseil qui le fasse. Le conseil le faisant, lui, peut faire la
péréquation. Nous risquons par ce biais de se créer des
problèmes encore plus graves et il nous reste le recours des
procédures d'enquête. Alors, vous voyez un peu ma
préoccupation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans le cas de récidive, il y aurait
peut-être la mise en tutelle ou un administrateur...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les procédures d'enquête nous
permettent cela par d'autres voies. Maintenant, il y a un autre problème
qui se pose j'aimerais que le député de Saint-Jacques soit
là qui vient du fait qu'en acceptant un amendement â 617,
dans ce très grand esprit de collaboration qui, suivant l'expression
habituelle du leader parlementaire, s'est manifesté au cours de cette
réunion, en acceptant l'amendement du PQ nous nous sommes
créé une difficulté technique qui semble être
extrêmement compliquée. Il s'agissait...
M. CHARRON: Lequel. Ils étaient deux dans 617.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agissait de la délimitation des
quartiers avec les 25 p.c. Pour connaître le nombre d'électeurs,
il faut la liste des électeurs pour la première élection,
laquelle doit être déposée au 1er avril, de sorte qu'il est
totalement impossible de délimiter les quartiers en temps utile.
On pourrait utiliser les données des années
précédentes, mais elles ne correspondent pas, les
étudiants étant assez mobiles. Nous nous demandons donc comment
contourner cette difficulté.
M. CHARRON: Nous ne serons possesseurs de la liste des électeurs
que le 1er avril. Les élections ont lieu le 18 juin, donc il n'y aura
pas de temps suffisant pour diviser ça en quartiers selon la norme que
l'on a faite.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour la première élection.
M. CHARRON: A moins que l'on garde l'amendement que l'on a fait, mais
qu'on dise qu'il n'entre en vigueur que sur proclamation; donc, ça
n'aurait pas lieu à la première élection.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que l'on peut faire une proclamation pour
un seul article? Parce que le principe nous parait extrêmement
intéressant, mais encore faut-il qu'il soit applicable. Pour la
première élection, c'est une opération très
compliquée, il n'y a pas de liste permanente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je peux donner un exemple au ministre: la Loi
de la protection du consommateur on l'a proclamée...
M. CLOUTIER (Montmagny): Par morceaux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela réglerait notre problème, on
pourrait rectifier immédiatement les choses.
Pour ce qui est des dépenses illégales, si le
député de Montmagny nous dit qu'il a soulevé le
problème, il se rend compte de la difficulté.
Si nous faisons porter le poids de la dépense à la
commission scolaire et que nous lui permettons de la financer par une taxe
spéciale, nous ouvrons la porte à des abus et nous allons
même à l'encontre de l'esprit de péréquation.
M. CHARRON: Est-ce qu'on ne parlait pas des dépenses
passées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour les dépenses passées, c'est
réglé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Aussi pour l'avenir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Montmagny pensait aux
dépenses illégales de l'avenir. Je crois qu'il faut avoir recours
à la loi normalement, c'est-à-dire enquête qui peut aller
jusqu'à la mise en tutelle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça qui pourrait faire l'objet des
amendements.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas la peine à ce moment, si
nous procédons de cette manière, on n'a pas besoin d'amendement.
C'est prévu dans la Loi de l'instruction publique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Parce que l'arme que les commissions scolaires
ont toujours eue pour se défendre contre les dépenses
illégales, c'est la taxation directe. Tandis que dans le domaine des
affaires sociales, on n'a pas cette arme. Quand les dépenses
illégales sont faites ou les dépenses qui dépassent les
budgets, il n'y a aucun recours. Il n'y a pas de taxation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans ce cas, je crois vraiment que nous avons ce
qu'il nous faut. L'article 13 de la Loi de l'instruction publique dit:
"Lorsqu'une enquête porte sur quelque matière se rapportant
à l'administration ou au fonctionnement d'une commission scolaire ou
d'une commission régionale, le lieutenant-gouverneur en conseil peut
ordonner que les pouvoirs d'une telle commission scolaire ou d'une telle
commission régionale soient suspendus et nommer un administrateur qui
les exerce jusqu'à la date qu'il indique."
Je crois que nous allons nous contenter de ça, ce qui nous
permettrait déjà de régler le problème de l'article
617.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Si on ajoutait ceci: "n'entre en vigueur que
sur proclamation", à l'article 51, et, à l'article 617, au
quatrième alinéa.
L'article 617 est adopté tel qu'amendé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les autres articles suspendus, là?
LE PRESIDENT: M. Pilote): C'étaient les articles 633, 634 et
638.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 633 ne crée pas de
problème. A l'article 634, nous aimerions faire un tout petit amendement
technique que nous n'avions pas présenté parce qu'il était
suspendu. Je pense que nous allons tout régler; il ne restera que le
problème des $100,000.
Alors, à l'article 634, il s'agit d'erreurs techniques. Nous
aimerions retrancher, à la fin du cinquième alinéa, le mot
respectivement qui ne donne pas le même sens à la phrase et
remplacer, à la première ligne du sixième alinéa le
mot "durant", par le mot "pour".
C'était une formulation boiteuse.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. L'article 633 est adopté
aussi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne reste que l'article 638.
Cette disposition existe dans la charte de Montréal. Nous allons
quand même profiter de votre invitation. Je vais aller au fond des choses
et nous pourrons présenter un amendement lors de l'examen du rapport. Ce
sera un amendement ou bien nous le laisserons tel quel. Mais je veux m'en
assurer et faire les calculs nécessaires pour être absolument
sûr.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Alors, l'article 4 est adopté, sauf que
le sous-article 638 est suspendu. Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II est adopté, mais sous réserve
du droit du ministre de présenter un amendement lorsque le rapport sera
pris en considération. Du reste, il a ce droit en Chambre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai le droit de toute façon.
UNE VOIX: II a le droit de le faire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je laisse tout simplement entendre qu'il est
possible, après vérification, que j'apporte un amendement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. La loi 71. Adopté.
L'article 4. Adopté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'aimerais dire un mot avant que vous leviez la
séance.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est au ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très brièvement, j'aimerais
remercier tous ceux qui ont participé à cette commission. Je sais
qu'il y avait des réserves de la part de l'Opposition sur le principe de
la loi, mais, en dépit de ces réserves, je dois dire qu'il s'est
accompli ici un travail remarquable et dans un climat pour lequel je
témoigne de ma reconnaissance à tous ceux qui ont
été présents.
(Fin de la séance à 23 h 56)