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(Onze heures quarante-huit minutes)
La Présidente (Mme Juneau): Je déclare la
séance ouverte. Le mandat de la commission est de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 42, Loi sur
les accidents du travail et les maladies professionnelles. Y a-t-il des
remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Bourbeau
(Laporte) est remplacé par M. Maltais (Saguenay); Mme Dougherty
(Jacques-Cartier) est remplacée par Mme Saint-Amand (Jonquière);
Mme Harel (Maisonneuve) est remplacée par M. Gagnon (Champlain).
Projet de loi 42 Fonctions de la commission
(suite)
La Présidente (Mme Juneau): Lors de l'ajournement des
travaux, nous en étions rendus à l'article 173. J'appelle donc
l'article 173. Il n'y a pas d'amendement.
M. Fréchette: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: L'article 173, Mme la Présidente, a
pour objectif de faire en sorte que le travailleur accidenté ou
l'accidenté qui est en période de réadaptation
professionnelle puisse s'impliquer dans son processus de réadaptation.
C'est la raison pour laquelle l'article 173 prévoit que, si le
travailleur omet ou refuse de se prévaloir d'une mesure de
réadaptation prévue dans son plan, la commission pourrait, dans
cette éventualité, suspendre ou mettre fin à son plan.
Essentiellement, c'est pour amener le travailleur ou l'accidenté
à se responsabiliser - ce qu'il est sans doute capable de faire -et de
prévoir des sanctions pour le cas où sa collaboration ne serait
pas totale et entière.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Viau.
M. Cusano: À cet article, lorsqu'on dit que "la commission
peut suspendre", est-ce que cela veut dire "immédiatement" ou s'il y
aura un avis qui sera donné à l'accidenté, l'informant de
la décision que la commission prendra? Moi, je comprends que la
commission peut le faire instantanément et, dans l'esprit d'autres
amendements et d'autres articles qu'on a adoptés, je pense qu'il devrait
y avoir un avis indiquant une période pour que l'accidenté ne se
trouve pas dans une situation où son plan de réadaptation est
suspendu sans même qu'il sache la raison de la pénalité que
la commission invoque.
M. Fréchette: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: Il m'apparaissait, par la rédaction
de l'article 173, que la commission n'allait pas procéder instanter
à suspendre ou annuler un plan de réadaptation. Maintenant, la
suggestion du député de Viau est excellente. Nous pourrions
effectivement introduire une notion en vertu de laquelle un préavis
serait donné à l'accidenté, dans lequel préavis on
pourrait lui indiquer dans quelle mesure il ne se prête pas et on
pourrait lui dire également que, à défaut de
remédier à la situation dans les cinq jours, par exemple, le plan
de réadaptation sera ou bien suspendu ou prendra fin.
Mais qu'un avis soit donné à l'accidenté, ça
m'apparaît tout à fait correct de le faire. Ce n'est pas une
formulation que je viens de faire, mais l'esprit de ce qu'avait le
député de Viau en tête correspond un petit peu à ce
que je viens de dire.
M. Cusano: Cela va. Les cinq, dix ou quinze jours pour...
M. Fréchette: Comme c'est un plan de réadaptation,
il me semble que le délai doit être le plus court possible parce
que, s'il y a une interruption trop longue...
M. Cusano: Oui, mais lorsque vous dites cinq jours, c'est cinq
jours à partir du moment où il a reçu l'avis et non cinq
jours...
M. Fréchette: On peut mettre cinq jours francs, à
compter de la date de la notification.
M. Cusano: ...qu'il a en main.
M. Fréchette: C'est ça. Cinq jours
francs, on ne compte pas le jour a quo ni le jour ad quem.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article? M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: J'ai une question, Mme la Présidente.
L'article prévoit que c'est suspendu quand le travailleur "omet ou
refuse". On suppose que, quand il refuse, s'il a refusé, il est
déjà lui-même au courant de la situation. Quand ils
omettent, souvent ils ne sont pas informés et ça m'amène
à vous passer une réflexion. À propos des avis, on ne
tient jamais compte, dans l'administration publique, qu'il y a quand même
un bon pourcentage de la population - en particulier, les travailleurs qui sont
au salaire minimum - qui ne sait pas lire. On tient pour acquis que le fait de
leur envoyer des avis écrits, ça règle le
problème.
On rencontre ça beaucoup chez les assistés sociaux. Ils
reçoivent des avis ou de voir à remplir telle procédure ou
à se conformer à telle procédure et ils n'en tiennent pas
compte, pour la bonne raison qu'ils ne savent pas lire. En tout cas, je peux
vous dire que ça m'arrive fréquemment, du côté des
assistés sociaux.
Je ne sais pas si, dans le cas d'omissions... Cela pourrait se
régler; c'était juste une remarque que je fais, je ne veux pas
que ce soit dans le texte de loi. Juste au plan administratif, il faudrait que
ce ne soit pas juste un avis écrit, mais qu'on vérifie pour voir;
qu'on appelle l'individu pour le prévenir qu'il y a un avis qui a
été posté. On serait surpris du nombre de personnes
analphabètes, on serait surpris.
Souvent, on règle des affaires dans les lois et dans les
règlements en ne tenant pas compte de ce facteur et on se surprend
après ça, que ce ne soit pas appliqué. Je ne veux pas
l'inscrire dans la loi, mais je veux juste qu'on tienne compte de cela au plan
administratif.
M. Fréchette: Je comprends très bien la
préoccupation du député de Sainte-Marie, Mme la
Présidente et, de surcroît, elle est tout à fait bien
fondée. Ce qui ne devrait pas exclure, cependant, la notification par
avis écrit...
M. Bisaillon: Cela officialise.
M. Fréchette: II est également absolument sûr
et certain qu'il va falloir établir un contact personnalisé viva
voce, si vous me passez l'expression, avec l'accidenté...
M. Bisaillon: Ah oui, exactement!
M. Fréchette: N'est-ce pas du beau grec? Je prends bonne
note de l'observation du député de Sainte-Marie et c'est
évident que, dans l'application d'une mesure comme celle-là, il
va falloir, à un moment donné, établir un contact
personnel avec la personne visée. Quand je parle de contact personnel,
il est au-delà de l'avis écrit dont on vient de parler.
M. Bisaillon: Dans le fond, on met fin à un plan ou on le
suspend.
M. Fréchette: D'accord.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'article 173
est adopté?
M. Bisaillon: II y a un amendement. M. Fréchette:
II y a un amendement.
La Présidente (Mme Juneau): Excusez, on ne l'avait
pas.
M. Fréchette: C'est cela, il est à être
rédigé. On va lui demander si sa proposition est prête.
À l'article 173, ce serait un deuxième paragraphe. Le
deuxième alinéa de l'article 173 pourrait se lire de la
façon suivante: "À cette fin, la commission doit donner au
travailleur un avis de cinq jours francs l'informant qu'à défaut,
par lui, de se prévaloir d'une mesure de réadaptation, elle
appliquera une sanction prévue par le premier alinéa."
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que cela va?
M. Cusano: Cela va.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'amendement
à l'article 173 proposé par le ministre est adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'article 173 tel
qu'amendé est adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. J'appelle
l'article 174.
M. Fréchette: Mme la Présidente, cette disposition
prévoit simplement que la commission doit prendre les mesures qu'elle
croit nécessaires et faire les dépenses qu'elle croit opportunes
pour contribuer à la réadaptation d'un travailleur victime d'un
accident ou d'une maladie professionnelle, pour atténuer ou faire
disparaître toute incapacité résultant d'une lésion
et pour faciliter son retour à la vie normale et sa réinsertion
dans la société et sur le marché
du travail.
Maintenant, je signale tout de suite aux membres de la commission que le
député de Sainte-Marie, hier, a fait une suggestion dans le sens
de procéder à la formation d'un comité multidisciplinaire
pour les fins de l'application des dispositions de l'article 174. Nous sommes
disposés, Mme la Présidente, à introduire dans la loi une
disposition qui prévoirait la formation d'un semblable comité.
Après le paragraphe 5, on pourrait ajouter le petit alinéa
suivant: "Aux fins des paragraphes un, deux, trois, quatre et cinq, la
commission forme un comité multidisciplinaire. Je vois le
député de Sainte-Marie rire quasiment aux éclats...
M. Bisaillon: Je n'ai pas dit de l'appliquer uniquement à
l'article 174. Je pensais que le comité multidisciplinaire serait pour
l'ensemble du secteur de la réadaptation. (12 heures)
M. Fréchette: Je pense que, Mme la Présidente, si
on lit attentivement les dispositions de l'article 174, ce sont des
dispositions qui s'appliquent à l'ensemble des trois programmes de
réadaptation que l'on retrouve dans une section qui s'appelle: fonctions
de la commission. Ce n'est pas inscrit à l'intérieur du programme
de réadaptation physique, sociale ou professionnelle. C'est inscrit dans
le chapitre qui traite des fonctions de la commission. Alors, en ajoutant,
à l'article 174, le paragraphe dont je viens de parler, il
m'apparaît de toute évidence que cela couvre l'ensemble des
programmes de réadaptation. Ce sont des mesures d'ordre
général qui s'appliquent à tous les programmes de
réadaptation qui sont inscrits dans !a loi.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Saguenay.
M. Bisaillon: Si on me permettait, Mme la Présidente,
juste un commentaire...
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: ...parce que je dois quitter la commission. Est-ce
que le ministre accepterait, quitte à ce que les membres de la
commission procèdent à l'adoption des articles, de suspendre
juste cet aspect-là de la question parce qu'on pourrait en rediscuter
cet après-midi?
M. Fréchette: Bien sûr.
M. Bisaillon: Ça va?
M. Fréchette: Oui, ça va.
M. Bisaillon: Je m'excuse.
M. Maltais: Mme la Présidente, lorsqu'on lit attentivement
l'article 174...
M. Fréchette: Mais, entendons-nous bien, l'entente qu'on
vient de prendre avec le député de Sainte-Marie, est-ce que c'est
juste pour le dernier paragraphe...
M. Bisaillon: Non, non, c'est la mention du comité
multidisciplinaire,
M. Fréchette: Alors, on peut procéder pour
l'article 174. Très bien.
M. Maltais: Lorsqu'on regarde l'article dans son ensemble, on ne
peut que se poser une question. Moi, je trouve cela très lourd. Est-ce
que réellement ce sont des voeux pieux ou si c'est une méthode
fonctionnelle pour faire fonctionner la commission dans cesens-là ou si on met tout simplement ça là dans
l'espoir qu'on ne s'en servira pas toujours? Je trouve cela très lourd,
surtout si on rajoute un comité multidisciplinaire. Je ne vois pas, moi,
dans le cas pratique d'un travailleur de la Côte-Nord dont le
siège social est à Sept-Îles, le gars demeure à
Baie-Comeau, que les décisions vont se prendre dans la boîte ici.
Je trouve cela très lourd. Cela m'a l'air de voeux pieux, M. le
ministre. Je ne sais pas si, dans la pratique, cela va être fonctionnel,
cette histoire-là. J'aimerais bien voir comment on mettrait cela dans la
pratique parce que c'est lourd. Il y a cinq alinéas, plus un
sixième possible. Plus il y a du monde, moins il y a de
l'efficacité, cela est prouvé. Ou ce sont des
énoncés de principe qu'on met là et dont on pourrait
toujours se servir au cas où.
M. Fréchette: Si l'article 174 était en
référence avec l'élaboration d'un plan
individualisé de réadaptation, je serais disposé à
discuter avec le député de Saguenay de la préoccupation
qu'il nous soumet. Je lui signale cependant que ce n'est pas le cas ici. Ce
sont des énoncés d'ordre général - je n'en
disconviens pas - qui permettraient à la commission de développer
des politiques pour l'ensemble des trois programmes de réadaptation et
cela n'a pas de référence avec un cas particulier ou un plan
individualisé. Je pense qu'avec cette distinction cela peut
peut-être...
M. Maltais: C'est eux qui vont faire les énoncés de
politique et les applications en général...
M. Fréchette: Voilà.
M. Maltais: ...et non pas les cas de réadaptation en
particulier. Cela va.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Viau.
M. Cusano: Mme la Présidente, lors de la commission
parlementaire de décembre, lorsqu'on a examiné l'administration
et le fonctionnement de la CSST...
M. Fréchette: Je m'excuse. Je n'ai pas compris la
question.
M. Cusano: Ça va. Je disais, M. le ministre, que, lors de
la commission parlementaire sur l'administration et le fonctionnement de la
CSST, il a été soulevé un problème. Si, justement,
à plusieurs occasions, le conseil d'administration voulait faire
effectuer des études à l'extérieur, le problème qui
semblait exister, c'était l'article 154 de la loi 17, où on dit
que le directeur général de la commission est responsable de
l'administration et de la direction de la commission.
Ici, lorsque vous dites: "La commission", ces pouvoirs sont
donnés à qui exactement?
M. Fréchette: Au conseil d'administration.
M. Cusano: Le conseil d'administration. Mais, dans la loi
actuelle, est-ce qu'il y a des pouvoirs tels quels qui sont donnés?
M. Fréchette: Non.
M. Cusano: Non, il n'y en a pas.
M. Fréchette: Ce n'est dans la loi, c'est dans la
réglementation, actuellement.
M. Cusano: Bon. Là, vous me donnez la garantie, justement,
que, lorsque l'on parle de la commission, le juge Sauvé ne pourra pas se
cacher derrière l'article 154.
M. Fréchette: Parlons donc du président-directeur
général.
M. Cusano: Pardon?
M. Fréchette: Parlons donc du président-directeur
général. Il ne pourra pas, effectivement...
M. Cusano: D'accord, il ne pourra pas. M. Fréchette:
Non. M. Cusano: Bon.
M. Maltais: II ne pourra pas se sauver derrière cela.
M. Cusano: D'accord, cela va. M. Fréchette: Cela
va.
M. Cusano: Un instant, non, sur ce point-là. Alors, on
nous dit très clairement que le conseil d'administration peut faire
évaluer l'efficacité des politiques de la CSST.
M. Fréchette: Oui, il me semble.
M. Cusano: D'accord. Au cinquième paragraphe, lorsqu'on
dit: "prendre toute mesure qu'elle estime utile pour atténuer ou faire
disparaître les conséquences d'une lésion professionnelle",
quel est le rôle du médecin chargé du dossier dans tout
cela? Est-ce qu'il est consulté? Il me semble qu'on donne un peu un
pouvoir discrétionnaire à la CSST. Il me semble qu'on pourrait
ajouter à ce paragraphe-là "en consultation avec le
médecin chargé du dossier".
M. Fréchette: Mme la Présidente, le
député de Viau va se souvenir que, lorsqu'on a
étudié chacun des trois programmes de réadaptation
physique, sociale et professionnelle, il y avait, dans chacune de ces sections,
des énoncés de principe d'ordre général et, dans
chacun des cas, on disait: "la commission peut notamment". Lorsqu'on a
étudié ces dispositions, j'ai, quant à moi, attiré
l'attention des membres de la commission que ce n'était pas limitatif.
Ce n'étaient que des orientations ou, enfin, des indications de ce que
pouvait être la nature d'un plan de réadaptation.
Ce que le paragraphe 5 de l'article 174 fait ici, c'est très
précisément pour répondre aux dispositions dont je viens
de parler: "la commission peut notamment". Donc, si la commission décide
de déborder dans un programme de réadaptation, ce que l'on
'retrouve dans les trois sections dont je viens de parler, c'est à
partir du cinquième alinéa de l'article 174 qu'elle pourra le
faire. Cela va?
La Présidente (Mme Juneau): Si j'ai bien compris,
on adopterait l'article 174 à part...
M. Fréchette: On reviendrait à l'amendement en
suspens.
La Présidente (Mme Juneau): C'est cela. Est-ce que vous
êtes d'accord avec cela?
M. Cusano: D'accord.
La Présidente (Mme Juneau): II faudrait dire, à ce
moment-là, que l'amendement est retiré pour le moment et on
reviendra plus tard avec...
M. Fréchette: Vous comprenez, Mme la Présidente,
que je ne voudrais pas l'oublier, il faut se comprendre.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 175?
M. Fréchette: L'article 175, Mme la Présidente, est
une disposition qui permet au travailleur qui se prévaut d'un retrait
préventif et qui risque, en retournant à son emploi, de subir une
rechute, de bénéficier de diverses mesures de
réadaptation.
M. Cusano: Pas de commentaire. M. Fréchette: Cela
va?
La Présidente (Mme Juneau): L'article 175 est
adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 176?
Il y aura un amendement à l'article 176.1.
M. Fréchette: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: ...l'article 176 prévoit la
possibilité du versement d'une subvention qui ne peut pas excéder
4000 $ lorsqu'un employeur convient de procéder à la
création d'emplois pour des personnes ayant été victimes
d'une lésion professionnelle. Cet amendement, pour lequel vous avez le
document en main, amènera une balise à la disposition
qénérale en signalant que les montants d'argent pourront
être récupérés s'ils n'ont pas effectivement servi
aux fins pour lesquelles ils étaient prévus.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 176? M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: M. le ministre, au paragraphe 2, est-ce qu'on ne
pourrait pas appliquer la même règle que celle qu'on avait
appliquée... Parce qu'on fixe un montant d'argent dans la loi. Est-ce
qu'il y a une modalité disant que ce montant, dans quinze ans, va
être le même?
M. Fréchette: C'est la revalorisation annuelle comme toute
autre espèce d'indemnité. Chaque fois que l'on se
réfère à un montant en argent dans la loi, il faut retenir
qu'il est indexable annuellement.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'article 1.76 est
adopté? C'est 176. Adopté?
M. Cusano: L'article 176 est adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Merci. Adopté.
L'article 176.1. Il se lirait comme suit: Ajouter, après l'article 176,
le suivant: "176.1. La commission doit recouvrer tout ou partie d'une
subvention qu'elle a versée en vertu du présent chapitre dans la
mesure où celle-ci n'a pas été utilisée aux fins
pour lesquelles elle a été octroyée. "Les articles 408
à 413 s'appliquent au recouvrement visé dans le premier
alinéa."
M. Fréchette: Essentiellement, vous voyez par la
rédaction du texte que la possibilité de procéder à
réclamer les montants lorsqu'ils n'auraient pas servi aux fins pour
lesquelles ils étaient octroyés ne s'applique pas seulement
à l'article 176, mais s'applique également aux autres
dispositions dont on a parlé hier, comme l'adaptation d'un poste de
travail.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que cela va?
Adopté?
M. Cusano: Oui. Cela va aussi pour la question des subventions
à un travailleur qui ouvre son propre commerce, je présume.
M. Fréchette: Absolument, si cela n'a pas servi aux fins
pour lesquelles c'était destiné, il y aura une demande de
remboursement.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 176.1 est-il
adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
177.
Assistance médicale
M. Fréchette: À l'article 177, on entre
évidemment dans le chapitre de l'assistance médicale. L'article
177 n'est que l'article de consécration du principe
général du droit à l'assistance médicale qui est
prévu pour l'accidenté et en fonction des soins ou de
l'assistance que requiert l'état dans lequel il se retrouve à la
suite de sa lésion.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 177 est-il
adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. À
l'article 178, il y a un amendement. Cet amendement se lit comme suit: Ajouter,
à la fin du paragraphe 4, les mots: "ou, s'il s'agit d'un fournisseur
qui n'est pas établi au Québec, reconnu par la commission;".
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Maltais: Avant d'adopter l'amendement puisqu'il est au
paragraphe 4, j'aimerais revenir au paragraphe 1 de l'article 178. Lorsqu'on
lit ce petit texte, il
est écrit: "les services d'un professionnel de la santé;".
C'est limitatif.
M. Fréchette: Oui.
M. Maltais: Je suggérerais qu'on amende en disant: "les
services de professionnels de la santé;".
M. Fréchette: Je propose d'accepter l'amendement du
député de Saguenay.
M. Maltais: C'est très limitatif. Lorsqu'on va se
retrouver plus loin devant la commission d'appel, on va s'apercevoir que cela a
une incidence très importante.
M. Fréchette: Cela irait. Au lieu d'indiquer, au premier
alinéa "les services d'un professionnel de la santé;", il
faudrait lire "les services de professionnels...
M. Maltais: ...de professionnels.
M. Fréchette: ...au pluriel.
M. Maltais: Au pluriel.
M. Fréchette: ...de la santé;".
La Présidente (Mme Juneau): Cet amendement est-il
adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'amendement que nous avions
lu tout à l'heure est-il adopté? (12 h 15)
M. Maltais: Au paragraphe 3 de l'article 178, il est
écrit: "les médicaments et autres produits pharmaceutiques;".
Hier, à un moment donné, si je me rappelle bien, on a dit, dans
un article consacré à la réadaptation, que cela devrait
être fait au Québec.
M. Fréchette: On a dit: autant que possible, la
réadaptation doit se faire dans une institution d'enseignement au
Québec ou dans une entreprise du Québec. Autant que possible.
M. Maltais: Quand on parle de produits pharmaceutiques et
même, au paragraphe 4, des prothèses et des orthèses,
est-ce que, dans l'esprit de la loi, c'est limitatif à ce qui se passe
chez nous ou si c'est permis de par la loi et ce sera payé si on doit
recourir à des médicaments qu'on n'a pas ici pour des maladies
spécifiques, et pourra-t-on se procurer des prothèses et des
orthèses spécifiques qu'on n'a pas ici? Cela évolue
très rapidement. Je parle des maladies professionnelles.
M. Fréchette: Je pense bien que...
M. Maltais: ...ce n'est pas limitatif.
M. Fréchette: C'est cela, la loi telle qu'elle est
rédigée ne limite en aucune espèce de façon les
possibilités d'aller obtenir ce dont on a besoin là où
cela se trouve. Si le médecin traitant, par exemple, ou le
médecin qui a charge de l'accidenté prescrivait une
médication qu'on ne peut pas retrouver ici, il n'y a rien dans la loiqui empêcherait que cela puisse être acheté aux
États-Unis, en Ontario ou ailleurs.
M. Maltais: Au niveau des prothèses ou des orthèses
aussi?
M. Fréchette: D'ailleurs, vous voyez, l'amendement est un
ajout à l'alinéa 4 pour très précisément,
dans le cas des prothèses et des orthèses, permettre qu'elles
puissent être obtenues à l'extérieur à la condition
que ce soit reconnu par la commission. C'est la seule limitation pour les
seules orthèses et prothèses. Dans le cas des médicaments,
quant à moi, il n'y a aucune limitation.
M. Maltais: Cela me va.
La Présidente (Mme Juneau): L'amendement de l'article 178
est-il adopté?
M. Maltais: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 178
tel qu'amendé est-il adopté?
M. Maltais: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Je trouve que cela "ride" ce matin. L'article
5...
M. Fréchette: Paragraphe 5?
M. Maltais: Oui. Les autres frais déterminés par la
commission.
M. Fréchette: Les autres frais, qu'est-ce que cela
pourrait être?
M. Maltais: C'est quoi, oui.
M. Fréchette: Cela pourrait être l'acupuncture, par
exemple, dans le cas où le médecin traitant en venait à la
conclusion que ce genre de traitement peut être utile à
l'accidenté.
M. Maltais: II n'y a rien de bien sorcier là-dedans.
M. Fréchette: Il y a, me dit-on, une espèce de
traitement qui s'appelle la myoélectrique qui est utile dans le
traitement de certaines lésions professionnelles. Cela pourrait
couvrir ce genre de choses, mais toujours à partir de
l'évaluation qu'en fait le médecin qui a charge de
l'accidenté.
M. Maltais: À partir du moment où le professionnel
de la santé, agréé par la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, en fait une ordonnance.
M. Fréchette: C'est cela très exactement.
M. Maltais: Ces frais-là, habituellement, ne sont pas
payés par la Régie de l'assurance-maladie du Québec.
M. Fréchette: Voilà:
M. Maltais: La facture devient payable par la commission.
M. Fréchette: C'est cela.
M. Maltais: Quelle race nous donnerait des problèmes? Les
thérapeutes?
M. Fréchette: Quelle race!
M. Cusano: Les chiropraticiens seraient inclus dans ce
cas-là.
M. Fréchette: Oui, mais retenons que les chiropraticiens
ne sont pas des professionnels de la santé au sens de la loi.
M. Maltais: S'ils sont agréés?
M. Fréchette: Sur ordonnance médicale...
M. Maltais: D'accord.
M. Fréchette: ...l'accidenté pourra recourir au
traitement d'un chiropraticien.
M. Maltais: J'ai l'impression que cela n'arrivera pas souvent
dans la pratique.
M. Fréchette: Mais, enfin, la loi est faite comme
cela.
M. Lincoln: M. le ministre, par rapport à cette question.
Comme vous le savez, c'est tout un débat au sein de l'Association de
chiropraticiens. On a fait le point, dans le reste du Canada ou dans un grande
partie des autres provinces: ils sont reconnus, non par l'assurance
médicale, mais par la Loi sur la santé et la
sécurité du travail, spécifiquement. Alors, ici, on se
passe un peu la balle. On dit: Bon, quand ils seront reconnus comme
professionnels de la santé, ils seront inclus. Quelle est la raison pour
laquelle nous n'avons pas retenu l'expérience qui a été
faite par les autres provinces canadiennes de les utiliser pour les accidents
concernant la santé et la sécurité du travail? S'il y a
une expérience qui, selon eux... Je ne sais pas quel est leur son de
cloche, mais il y a des façons de vérifier si l'expérience
a été positive dans les autres provinces canadiennes.
M. Fréchette: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: Je suis bien conscient que la réponse
que je vais donner au député de Nelligan ne lui donnera sans
doute pas satisfaction, d'autant que, en posant sa question, il a donné
un élément de réponse. Je ne me sens pas habilité
à introduire dans une loi sectorielle une disposition en vertu de
laquelle on procéderait à faire des implications sur la loi
spécifiant très clairement qui sont les professionnels de la
santé. Dans tout le débat, je les ai rencontrés à
quelques reprises. Ils ont également rencontré le ministre des
Affaires sociales et je suis obligé de vous dire que, tant et aussi
longtemps que, du côté du ministère des Affaires sociales,
il n'y aura pas, à cet égard, de décision dans le sens que
ces gens le souhaitent, je ne serais pas disposé à introduire
cette notion dans la loi. D'autant plus que, dans le traitement de
l'accidenté, il faut bien tenir pour acquis, au départ, que le
médecin qui a charge de cet accidenté va prendre toutes les
dispositions qu'il croit utiles pour les fins de la consolidation de la
lésion et de la réadaptation de son patient. Si le
médecin, en cours de traitement, en venait à la conclusion qu'il
faille prescrire de la chiropractie, il n'y a rien, dans la loi, qui exclut
cela.
M. Lincoln: Nous sommes d'accord, excepté que nous savons,
en pratique, que l'Ordre des médecins ne reconnaît pas
fondamentalement la chiropractie. C'est presque un voeu pieux. Ce que je serais
intéressé de savoir, c'est ceci: mettons de côté la
question juridique et la question de la loi régissant les professionnels
de la santé; quelle est l'attitude de la commission elle-même mise
à part la question juridique? Est-ce que la commission a fait une
enquête pour savoir - je le dis d'une façon tout à fait
objective; je n'ai pas de parti pris du tout sur cette question; je ne sais pas
qui a tort ou qui a raison, je me pose la question à savoir si on a fait
des études - si, dans les domaines de la sécurité et de la
santé -c'est déjà un fait établi dans les autres
provinces - il y a une expérience qui s'est bâtie sur cela. La
commission est-elle intéressée à la question; la
commission a-t-
elle une vue là-dessus? Je réalise que la commission ne
décidera pas qui est un professionnel de la santé. Est-ce que la
commission s'est penchée sur la question?
M. Fréchette: II existe effectivement des renseignements
qu'a obtenus la commission, à partir de sa participation à des
colloques interprovinciaux sur la question très spécifique de la
chiropractie. C'est exact, comme le dit le député de Nelligan,
que, dans la plupart des provinces du Canada, la chiropractie est reconnue aux
fins des traitements des accidentés du travail. Ce dont on se plaint,
cependant, c'est de la multiplicité et du nombre des traitements. Je ne
suis pas en train de porter un jugement non plus. Je ne suis pas en train
d'évaluer si la situation est correcte ou non, mais la plainte
principale est celle en vertu de laquelle on dit: Écoutez, les
traitements de chiropractie sont sans doute utiles, sauf que, si on ne met pas
une limitation dans la loi quant au nombre, cela va se proliférer
à un tel rythme que, à un moment donné, on aura
l'impression, à tort ou à raison, qu'il y en a de trop. C'est une
évaluation dont la commission de la santé du Québec est au
courant pour avoir participé, avec des provinces qui ont le programme,
à des séminaires sur cette question très précise.
Maintenant, à part cela, je ne crois pas qu'il existe d'autres
évaluations à cet égard.
M. Lincoln: Est-ce que la commission a une influence quelconque
sur des décisions prises éventuellement? Est-ce qu'elle
maintiendrait la décision actuelle ou prendrait-elle une décision
différente? Si le ministre des Affaires sociales pressentait la
commission pour savoir où celle-ci se place, est-ce que la commission a
des vues favorables à ces gens ou non?
M. Fréchette: Écoutez! Je vais parler pour moi,
pour le moment. La commission a sans doute cheminé à cet
égard. Le jour où on me dira, du côté des Affaires
sociales, qu'il n'y a plus d'objection à l'introduction, autant dans la
loi générale que dans la loi qui nous occupe, qu'il n'y a plus
d'objection à introduire cette notion-là, personnellement, en
tout cas, je n'y verrais, aucune espèce d'objection. On me signale
qu'à la commission non plus. Là, il va falloir arbitrer entre la
Corporation des médecins et la Corporation des chiropraticiens. Enfin,
je vous dis quelle est l'état de la question. Moi, je vous
réitère - je viens d'avoir la confirmation qu'à la
commission c'est la même évaluation qu'on en fait - que le jour
où le ministère des Affaires sociales nous dira: Allez-y, nous,
on ajoute les chiropraticiens aux quatre professionnels de la santé qui
sont déjà reconnus dans la loi, nous allons le faire sans aucune
réserve. De toute façon, on n'aurait pas besoin d'amender notre
loi. Si le ministère des Affaires sociales ajoutait une cinquième
catégorie de professionnels de la santé, comme, ici, on se
réfère aux professionnels de la santé, celaréglerait le problème.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'article 178 tel
qu'amendé est adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. À
l'article 179, il y a aussi un amendement. L'amendement de l'article 179 se lit
comme suit: Remplacer le premier alinéa par les suivants: "L'employeur
doit immédiatement donner les premiers secours à un travailleur
victime d'une lésion professionnelle dans son établissement et,
s'il y a lieu, le faire transporter dans un établissement de
santé, chez un professionnel de la santé ou à la
résidence du travailleur selon ce que requiert son état. "Les
frais de transport de ce travailleur sont assumés par son employeur qui
les rembourse, le cas échéant, à la personne qui les a
défrayés."
M. Fréchette: Mme la Présidente, cetamendement vise à obliger l'employeur à donner les premiers
secours à tout travailleur qui serait victime d'une lésion
professionnelle dans son établissement, et non seulement à son
travailleur. Par ailleurs, il limite l'obligation de l'employeur aux
lésions qui surviennent dans son établissement. À titre
d'exemple, cet amendement aura pour effet d'obliger l'employeur chez qui un
étudiant effectue un stage sous la responsabilité d'une
institution scolaire à donner à celui-ci les premiers secours en
cas de lésion professionnelle, même s'il n'est pas l'employeur de
cet étudiant.
Le deuxième alinéa qui est proposé maintient le
coût des frais de transport à la charge de l'employeur du
travailleur victime d'une lésion professionnelle.
La Présidente (Mme Juneau): Y a-t-il des interventions sur
l'amendement?
M. Fréchette: Je signale simplement à l'attention
des membres de la commission que l'amendement est la reconduction textuelle du
mécanisme prévu dans la Loi sur les accidents du travail.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Cusano: Un instant!
La Présidente (Mme Juneau): Oui, M. ledéputé de Viau.
M. Cusano: Est-ce qu'on doit comprendre par l'article qu'il faut
qu'il y ait consentement de la part de l'employeur? C'est que la situation, je
pense, est la suivante: si le travailleur se retrouve seul, cela arrive parfois
que le travailleur est tout seul; alors, il est accidenté, il se rend
à l'hôpital par n'importe quel moyen. L'employeur n'étant
pas là lui-même, est-ce que cela pourrait amener des
problèmes, je veux dire si l'employeur n'a pas autorisé ce
transport? (12 h 30)
M. Fréchette: Je ne vois pas quel genre de problème
cela pourrait soulever. C'est une obligation qui est faite à l'employeur
si on se réfère au paiement, par exemple, des coûts. Ce
n'est pas le genre de circonstances où on peut prendre un
après-midi pour discuter de quelle façon le transport va se
faire. Alors, dans la situation décrite par le député de
Viau, dans le cas d'un travailleur isolé qui n'aurait pas d'autres
moyens de transport que le sien, il est tout à fait évident qu'il
va pouvoir le prendre, se faire rembourser des frais sans que personne ne
puisse lui faire quelque reproche que ce soit. Cela va?
M. Cusano: Cela va.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je serais intéressé de savoir, surtout
dans le cas des petites entreprises - je sais que cela ne s'applique pas
tellement dans le cas des grosses entreprises qui ont des infrastructures
d'infirmerie et, parfois, des médecins et des infirmiers sur place -
s'il y a un travailleur très grièvement blessé et que
l'employeur prend la décision d'envoyer l'employé chez un
médecin ou prend une décision quelconque de l'envoyer à
l'hôpital - il a le choix de l'envoyer chez un médecin en pensant
qu'il n'a pas quelque chose de grave, un choc à la tête ou quelque
chose comme cela - est-ce qu'il y a des statistiques qui disent que la
responsabilité civile de l'employeur a été
impliquée dans des cas comme cela? Est-ce qu'il y a eu des cas
où...
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: II n'y a jamais eu de cas semblable.
J'essaie d'imaginer que! sort serait réservé à une
poursuite en dommages qui serait intentée par un travailleur pour le
motif que l'employeur, dans les circonstances, n'a pas utilisé les bons
moyens. J'ai l'impression que, si l'employeur prouvait qu'il a agi avec la
meilleure volonté du monde, avec toute la bonne foi dont il était
capable dans ces circonstances, je serais étonné qu'un tribunal
de droit commun retienne une faute contre un employeur qui aurait
peut-être mal évalué une situation, mais sans que jamais,
d'aucune façon, on puisse mettre en cause sa bonne foi.
M. Lincoln: Dans le cas d'une petite entreprise où
peut-être il y a un système tout à fait minime de
sécurité, d'infrastructures, etc., est-ce qu'on ne devrait pas,
dans cet article, avoir un "waiver"?
M. Fréchette: Un "waiver"?
M. Lincoln: Un "waiver", cela veut dire qu'on annule...
M. Fréchette: "Exculpatoire".
M. Lincoln: ..."exculpatoire" pour les employeurs qui auraient
agi de bonne foi. En d'autres mots, l'employeur serait toujours...
M. Fréchette: J'essaie de voir comment, dans une loi comme
celle-là... Remarquez que cela fait partie intégrante du
processus de la réparation à compter du moment où
l'accident se produit. Dès lors que l'accident se produit, le processus
de réparation s'enclenche par le transport à l'hôpital ou
dans... Dans ce processus, on va retrouver un article un peu plus loin qui dit
que le travailleur n'a aucun recours civil possible à la suite de la
mise en oeuvre par l'employeur de l'une ou l'autre des obligations auxquelles
il est tenu.
M. Lincoln: Est-ce que c'est dans la loi, cela?
M. Fréchette: C'est dans la loi, on va le retrouver un peu
plus loin dans la loi. C'est d'ailleurs le principe fondamental de ce qui a
présidé à l'adoption de la loi il y a 50 ans.
M. Lincoln: À ce moment, cela...
M. Fréchette: Je me demande même s'il n'est pas
déjà adopté. L'article 415. Les articles 415 et 419.1, je
pense bien que cela couvre...
M. Lincoln: Je suis content de cela parce que cela confirme
qu'autrement il y aurait sûrement des possibilités que cela
existe.
M. Fréchette: C'est d'ailleurs à ce genre de droit
que les travailleurs ont renoncé il y a 50 ans.
M. Lincoln: Oui.
M. Fréchette: Ils ont dit: On aime
mieux être indemnisés même si cela ne correspond pas
au montant global ou total de nos dommages, mais être sûrs de
l'être. Ce que les travailleurs consentaient, à ce
moment-là, c'était de ne pas poursuivre effectivement.
La Présidente (Mme Juneau): L'amendement à
l'article 179 est-il adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 179,
tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 180,
il y a un amendement aussi.
L'amendement à l'article 180 se lit comme suit: Remplacer, dans
la première ligne, le mot "deuxième" par le mot
"troisième"; remplacer, dans la troisième ligne, le mot "ou" par
les mots "et un service"; remplacer, dans la dernière ligne, le mot "ou"
par le mot "et".
M. Fréchette: Alors, Mme la Présidente, cela vise
l'employeur constructeur et cela lui impose d'avoir et de maintenir sur le
chantier, à ses frais, un service de premier secours et, si l'amendement
était adopté, au lieu de dire "un service de premiers secours ou
de premiers soins", on dit: "service de premiers secours et de premiers soins".
C'est la même chose à la dernière ligne, on change le "ou"
pour le "et".
La Présidente (Mme Juneau): L'amendement est-il
adopté?
M. Cusano: L'amendement, oui.
La Présidente (Mme Juneau): Merci, M. le
député.
M. Fréchette: Je signale aux membres de la commission que
c'est la reconduction intégrale du texte actuel.
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 180, tel
qu'amendé, est adopté. L'article 181, il n'y a pas
d'amendement.
M. Fréchette: Mme la Présidente...
M. Cusano: II n'y a pas d'amendement. On ne fait plus de...
La Présidente (Mme Juneau): Non, on n'en avait pas, mais
je pense que M. le ministre va nous en présenter un.
M. Fréchette: Juste un petit instant, si vous voulez.
Alors, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: Je vais prendre une minute pour expliquer la
suggestion que je souhaiterais pouvoir faire aux membres de la commission.
L'article 181 consacre, dans un premier temps, le droit fondamental de
l'accidenté du choix du professionnel de la santé. Il y a un
deuxième alinéa, dans l'état actuel de la loi à
l'article 181, qui prévoit que, dans certaines circonstances et pour des
motifs sur lesquels on pourra revenir, la commission peut faire une suggestion
à un accidenté quant au choix de l'établissement de
santé.
Ce que je voudrais suggérer, Mme la Présidente, c'est que
l'on fasse deux articles avec ce seul article 18] actuel. Que, dans un premier
temps, l'on dise, à l'article 180.1: "Le travailleur a droit aux soins
du professionnel de la santé de son choix." C'est un article en soi qui
n'est incorporé à aucun autre texte.
M. Cusano: Avant que le ministre aille plus loin, pour concorder
avec les amendements qu'on a adoptés auparavant, on devrait y inclure la
notion de "autant que possible au Québec". On l'a incluse ailleurs, M.
le ministre.
M. Fréchette: Pour le choix du professionnel de la
santé?
M. Cusano: Pour l'établissement.
M. Fréchette: Mais là on parle du professionnel.
S'il y a un spécialiste à la clinique Mayo de Boston qui est
celui qui est habilité à donner les traitements qui sont
nécessaires à l'état de l'accidenté, est-ce qu'on
va obliger cet accidenté-là à venir requérir des
autorisations préalables, quand il peut y avoir urgence, par exemple,
pour requérir les services d'un professionnel de la santé de
Boston ou de New York?
M. Lincoln: Est-ce que...
M. Fréchette: Oui, il dirait tout simplement ceci: Le
travailleur a droit aux soins du professionnel de la santé de son choix.
Soyons bien conscients de ce que l'on ferait. On commencerait à limiter
le principe fondamental auquel tout le monde tient - on sait avec quelle
insistance - au choix de son médecin. Si on commence à y ajouter
des balises, on va avoir de sérieux problèmes. Je parle du
professionnel. Je ne parle pas de l'établissement.
M. Lincoln: Est-ce que ce n'est pas...
Une voix: "Redundant"...
M. Cusano: En français, comment ça ce dit?
Redondance.
M. Lincoln: Oui, n'est-ce pas une redondance, parce que,
d'après la loi 65, chapitre 48, l'article 1 dit que chaque citoyen au
Québec a droit au choix de l'établissement et des professionnels
de la santé?
M. Fréchette: C'est peut-être de la redondance, Mme
la Présidente, mais je vais présenter au député de
Nelligan deux arguments qui, à mon sens, en tout cas, font qu'on doit
garder dans cette loi cette disposition.
D'abord, dans les milieux qui sont touchés par la loi, c'est le
genre de choses à laquelle on tient avec, encore une fois, une
insistance tout à fait particulière. Vous allez voir, quand on va
arriver à la procédure d'évaluation médicale, que
l'on se réfère constamment au médecin qui a charge, au
médecin traitant, au médecin choisi par l'accidenté. Ne
serait-ce que pédagogique, pour les gens qui doivent vivre avec cette
loi-là, c'est presque une nécessité.
M. Lincoln: En principe, nous sommes tous d'accord, puisque la
loi le consacre maintenant. Mais, pour revenir à ce que disait mon
collègue, est-ce qu'on ne devrait pas mettre certaines balises? Par
exemple, si vous dites: Le choix du professionnel de la santé qu'il
veut, est-ce que, par exemple, quelqu'un qui est accidenté à
Rimouski a le droit de dire: Bon, moi, je préférerais aller voir
un professionnel à Montréal, à Boston ou à New
York? Est-ce que ce ne doit pas être dans les limites du raisonnable?
Autrement, il me semble que...
M. Fréchette: La règle générale de
l'application de cette disposition-là, dans l'état actuel des
choses, je pense que l'on peut affirmer que, dans des régions
périphériques - le député de Nelligan donne
à titre d'exemple la région de Rimouski -lorsqu'un accident
arrive dans une région comme celle-là et qu'il y a un
spécialiste de la santé habilité à donner les soins
que requiert l'état de l'accidenté, généralement
parlant, c'est là que ça se fait. On ne va à
l'extérieur avec un accidenté que dans les cas où, dans la
région où se produit l'accident, il n'y a pas de professionnel de
cette discipline spécifique.
Je vous réitère ma réserve, sinon mon opposition,
à commencer à baliser la notion du choix du médecin, parce
que, encore une fois, on va complètement bouleverser la culture et les
habitudes qui existent à l'intérieur... D'ailleurs, c'est avec
ça qu'ils vivent, actuellement.
Si, encore, il y avait des exemples ou une situation d'abus à cet
égard-là, on dirait: On peut regarder ça d'un peu plus
près. Ce qu'on me dit, c'est que, règle générale,
l'accidenté est traité dans sa région, quand il y a
là les spécialistes pour répondre aux besoins que requiert
son état. Il ne va à l'extérieur que lorsqu'il n'y en a
pas.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'amendement du
ministre est adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 180.1?
M. Maltais: Article 180...
La Présidente (Mme Juneau): Article 180.1.
M. Maltais: L'article 180.1 devient un article et on discute de
l'article...
M. Fréchette: L'article 181.
M. Maltais: Avez-vous des amendements à l'article 181? (12
h 45)
M. Fréchette: Oui. L'article 181, avec l'amendement qui
est suggéré, se lirait de la façon suivante: "Le
travailleur a droit aux soins de l'établissement de santé de son
choix." Et là, on continuerait: "Cependant, dans l'intérêt
du travailleur, si la commission estime..." On garderait le même texte
qu'actuellement, on ne ferait que le coiffer de l'en-tête dont je viens
de parler, c'est-à-dire: "Le travailleur a droit aux soins de
l'établissement de santé de son choix."
M. Maltais: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Cet article me fait énormément peur
parce qu'on s'en va vers un conflit juridictionnel entre la commission et les
établissements de santé. Règle générale,
lorsque vous êtes dans un hôpital, c'est l'établissement de
santé qui juge qu'il ne peut pas vous donner les soins requis, et non
pas la commission. Je comprends que, dans l'intérêt du
travailleur... On prend les hôpitaux en région qui n'ont pas
l'équipement nécessaire, par exemple, les grands
brûlés; j'en ai eu cet été dans mon coin, à
Reynolds, dont un est décédé et trois ont
été gravement brûlés.
Vous dites: Si la commission estime que les soins requis par
l'état de ce dernier ne sont pas disponibles dans un délai
raisonnable dans l'établissement qu'a choisi le travailleur. On parle de
blessures mineures parce que,
quand c'est une blessure majeure, le travailleur n'a pas le temps de
choisir son établissement de santé, c'est le premier du bord,
c'est clair. L'ambulancier le prend au lieu du travail et le rend au premier
hôpital qu'il voit. 11 ne va pas plus loin, parce que nous ne sommes pas
des spécialistes de la santé, personne. "Il peut se rendre dans
l'établissement que lui indique la commission..." Je voudrais bien voir,
pour un accidenté qui sera dans un hôpital, qui sera à
l'Enfant-Jésus, quelle sera la procédure que la CSST va prendre
pour le sortir de là, pour l'envoyer au CHUL.
M. Fréchette: Si l'accidenté est en traitement dans
un établissement de santé, la commission ne se mettra pas le nez
là-dedans. Ce n'est pas pour le sortir d'un établissement de
santé, c'est simplement... Retenez encore une fois que, dans ce cas-ci,
il semble que la disposition part d'un bon motif...
M. Maltais: J'essaie de...
M. Fréchette:, C'est le cas du travailleur
accidenté de la région de l'Abitibi ou de la région de la
Côte-Nord, qui est affecté d'une incapacité partielle
permanente importante et qui est obligé d'attendre dans sa région
à cause du nombre considérable de demandes d'admission dans
l'établissement de santé, d'attendre, dans certains cas, trois
mois, dans d'autres, six mois, dans d'autres, neuf mois, pour avoir une place
dans l'établissement de santé de chez lui.
Le seul motif de cet article - je vous signale que je ne ferai pas de
jaunisse à le retirer - c'est de pouvoir dire à ce travailleur:
Écoute, tu ne peux pas avoir d'admission à l'hôpital chez
toi avant six mois; je te signale - tu en feras ce que tu voudras - qu'à
l'Enfant-Jésus, à Québec, au CHUL de Québec, au
CHUS de Sherbrooke, tu pourras avoir ton admission demain matin et entreprendre
immédiatement les traitements pour arriver à ta consolidation.
C'est uniquement ça.
M. Maltais: Dans ce cas-là...
M. Fréchette: Si c'est dangereux, on va le retirer.
M. Maltais: Non, je suis d'accord avec le principe que vous
énoncez quand vous interprétez cet article de loi. Mais, à
la lecture, ce n'est pas tout à fait ce que ça veut dire. Ce que
vous énoncez, je suis entièrement d'accord. On vient de
régions où il n'y a aucun service de spécialistes; ils
viennent une fois par mois, par deux mois, par trois mois, et parfois ils ne
viennent jamais. Cela, ce n'est pas nouveau. Dans toutes les régions du
Québec, sauf dans les régions périphériques de
Montréal et de Québec, on affronte tous ces problèmes.
Ce dont je voudrais être certain... Je vais vous donner un exemple
bien concret. Je vais vous parler de quelqu'un de mon comté qui subit
une lésion, qui va à l'hôpital de Hauterive où il
n'y a aucune spécialité. Habituellement, les médecins de
pratique générale qui sont là vont lui désigner un
hôpital où aller. Cela ne sert à rien d'attendre pour
entrer à l'hôpital de Hauterive, parce que ce n'est pas là
que tu vas te faire soigner. Si tu es pour mourir, tu vas mourir, et si tu es
pris pour revenir, tu vas aussi bien revenir chez toi qu'à
l'hôpital de Hauterive. C'est clair comme bonjour.
À partir de ce moment-là, ce que je ne voudrais pas, c'est
que ce soit la CSST et non le professionnel de la santé de
médecine générale qui va dire: Tu as des problèmes
des os, tu vas aller à l'Enfant-Jésus, si tu as un
problème de brûlure, tu vas aller à Montréal ou
quelque part, que ce soit le professionnel de la santé qui va dire aux
travailleurs: Tu vas aller là, ou, pour ta réadaptation physique
en physiothérapie, tu vas aller à Sherbrooke. Et non pas la CSST
qui va dire... Elle peut lui offrir un éventail de services. C'est
toujours parce que, si le gars n'est pas satisfait, il faut qu'il revienne
toujours à son professionnel de la santé qui est allé voir
en premier.
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: Je comprends fort bien les
préoccupations du député de Saguenay, Nous n'allons pas
continuer la discussion si ce que je suggère répond à ses
inquiétudes.
Si on ajoutait, après le mot "peut", à
l'avant-dernière ligne, "si le médecin qui en a charge est
d'accord", est-ce que cela réglerait le problème?
M. Maltais: Pour moi, c'est bien correct.
M. Fréchette: "Peut, si le médecin qui en a charge
est d'accord, se rendre dans l'établissement que lui indique la
commission."
M. Maltais: J'en suis bien heureux, cela me satisfait d'autant
plus qu'il faut comprendre que, lorsqu'on fait un principe de loi, on inclut
dans une loi non seulement un principe, mais cela devient loi; c'est qu'il faut
regarder aussi avec quoi on vit en région.
M. Fréchette: C'est sûr.
M. Maltais: Je sais qu'un député de Montréal
n'a pas ce problème parce que des hôpitaux, il y en a
peut-être dix dans un
rayon de trois ou quatre milles, à côté de son
bureau, mais nous, on en a seulement un et il est inaccessible. Il faut
s'organiser pour que les travailleurs qui ont des blessures majeures, ceux qui
ont de la réadaptation à faire, que cela soit fait dans les
meilleurs conditions, mais toujours selon leur médecin traitant, leur
professionnel de la santé. Ils ne peuvent pas aller voir des
spécialistes dans la région, il n'y en a pas. Ils ne peuvent pas
changer non plus, il n'y en a pas. Tandis que le gars de Québec ou de
Sherbrooke ou de Montréal peut changer de médecin. II y en a plus
qu'un, mais nous, il y en a seulement un, quand il est là.
M. Fréchette: L'amendement vous convient?
M. Maltais: II me convient.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'amendement
à l'article 181 est adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'article 181 tel
qu'amendé est adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. À l'article
182, il y a aussi un amendement. L'amendement à l'article 182 se lit
comme suit: Remplacer par le suivant: "182. Le coût de l'assistance
médicale est à la charge de la commission. "Aucun montant ne peut
être réclamé au travailleur pour une prestation
d'assistance médicale à laquelle il a droit en vertu de Ia
présente loi et nucune action à ce sujet n'est reçue par
une cour de justice."
M. Fréchette: Mme la Présidente, l'amendement
remplacerait intégralement l'actuel article 182. Et cet amendement
remplace les mots "est assumé par la commission" par les mots "est
à la charge de la commission", pour éviter toute confusion avec
l'article 3 de la Loi sur l'assurance-maladie qui a été
modifiée et qui prévoit que la Régie de
l'assurance-maladie assumera le coût de certains frais d'assistance
médicale tels les services rendus par les professionnels de la
santé en vertu de la présente loi. Par ailleurs, l'article 2 rie
la Loi sur la Régie de l'assurance-malndie du Québec
prévoit que la régie récupérera ce montant de la
commission.
D'autre part, l'amendement au deuxième alinéa a pour but
d'interdire toute réclamation contre le travailleur non seulement en ce
qui concerne le coût de l'assistance médicale qui est à la
charge de la commission - ce que fait déjà le deuxième
alinéa de l'article 102 qui était proposé - mais aussi en
ce qui concerne tout excédent éventuel de ce coût.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'amendement
à l'article 182 est adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 182 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. À
l'article 183, il y a également un amendement.
M. Dussault: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Est-ce qu'on pourrait nous expliquer ce qu'on veut
dire, à l'amendement, en indiquant "article 183" et, en dessous,
"article 184.1"?
M. Fréchette: C'est parce que l'article 183, tel qu'il est
actuellement, on le décompose en deux articles. Vous voyez, dans
l'amendement, vous avez aussi 184.1.
M. Dussault: D'accord. Cela va. Merci.
M. Fréchette: II est renuméroté tout simplement.
Alors, cet amendement a principalement pour but de préciser le montant
que la commission devra rembourser à la RAMQ pour les lésions
professionnelles qui entraînent une incapacité de moins d'un jour.
Actuellement, ces lésions coûtent plus cher à la commission
en frais d'administration qu'en prestations. L'article 184.1 proposé
prévoit un remboursement annuel global pour toutes ces lésions,
afin d'éviter les frais d'administration élevés qui
découleraient d'une facturation à la pièce.
Je vous signalerai, Mme la Présidente, que les ententes dont on
parle ont déjà été négociées avec la
RAMQ; elles ont été signées et tout le monde s'est
entendu. Dans l'état actuel des choses, quand la RAMQ faisait des
réclamations à la commission, à la pièce, pour
chacun des dossiers, on se retrouvait avec une situation aussi aberrante que la
suivante: Il en coûtait 6 000 000 $ par année pour les frais
médicaux de moins d'une journée et il en coûtait 8 000 000
$ en administration. Là, on dit à la RAMQ, avec la commission:
Pourquoi est-ce qu'on ne s'entend pas pour quo vous nous envoyiez,
dorénavant, un compte, une fois par année, et on vous paiera d'un
coup sec? Alors, des frais d'administration, il n'y en aura plus à cet
égard.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je ne vois avec quoi l'administration... Pour
vérifier un compte facturé une fois par année, cela ne va
pas être un travail monstre?
M. Fréchette: La RAMQ vérifie ces comptes au fur et
à mesure qu'ils entrent dans ses services, à partir de son
système informatique très sophistiqué. Je pense qu'on est
tous d'accord là-dessus. Elle ne fait que la compilation, à la
fin de l'année, après avoir fait la vérification des
comptes au fur et à mesure qu'ils entraient et elle envoie une facture
globale à la commission de la santé.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'amendement de
l'article 183 est adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'article 183, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 184?
Il y a un amendement: Renuméroter 183 l'article 184.
M. Fréchette: L'actuel article 184 va devenir l'article
183.
M. Maltais: Il n'est pas adopté.
M. Fréchette: Non. Là, on vient d'adopter l'article
183, en deux mouvements.
M. Maltais: D'accord.
M. Fréchette: C'est 184 qui deviendrait 183, mais le texte
de l'actuel 184 demeurerait ce qu'il est.
M. Maltais: J'ai une question là-dessus.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: J'aimerais savoir si, en vertu des coûts
fixés par la RAMQ... On sait que, lorsqu'on va voir son médecin,
il a un catalogue de maladies. Telle maladie va donner 75 $, une autre 90 $. On
sait cela; c'est un principe général. Dans le cas des
lésions, est-ce que les coûts, pour les soins... Je ne parle pas
de lésions majeures, je vais parler de lésions mineures. Est-ce
que c'est la commission qui a déterminé quel est le prix que les
médecins vont facturer à la RAMQ pour soigner ce
gars-là?
M. Fréchette: Non.
M. Maltais: C'est la RAMQ qui établit son propre catalogue
de soins primaires?
M. Fréchette: Exactement, à la suite des
négociations avec les professionnels de la santé.
M. Maltais: Cela va.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'amendement
à l'article 184 est adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 184, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 185? Il y a aussi un
amendement. L'amendement se lit comme suit: Ajouter, à la fin, les mots
"et au sujet de la détermination des frais d'administration qu'elle fait
pour payer les services visés dans l'article 184".
M. Fréchette: Comme je le disais tout à l'heure,
c'est, à mon sens en tout cas, de la pure quincaillerie et les ententes
auxquelles on se réfère sont, à toutes fins utiles,
acceptées maintenant.
La Présidente (Mme Juneau): L'amendement est-il
adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 185, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 186?
M. Fréchette: II n'est pas treize heures, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Juneau): Je m'excuse. Voyez-vous, je
suis tellement emballée. La commission de l'économie et du
travail suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
M. Maltais: Mme la Présidente, une petite information.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Est-ce que, cet après-midi, on siège
ici?
M. Fréchette: J'ai fait prendre des informations, à
ce sujet.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 18)
La Présidente (Mme Juneau): À l'ordre! Pour le
quorum, je demanderais s'il y a possibilité que M. le
député de Dubuc remplace le député de Terrebonne.
Est-ce que vous êtes d'accord?
M. Cusano: D'accord, Mme la Présidente, ça nous
donne l'occasion de siéger; autrement, on ne pourrait pas
siéger.
La Présidente (Mme Juneau): Merci beaucoup, M. le
député. Je déclare donc la séance ouverte. Nous
sommes réunis pour étudier le projet de loi 42, Loi sur lesaccidents du travail et les maladies professionnelles. Nous en
étions à l'article 186.
Procédure d'évaluation
médicale
M. Grégoire: Moi aussi, j'aurais eu une remarque à
faire.
La Présidente (Mme Juneau): Oui, M. le
député, mais il fallait ouvrir la séance pour commencer.
M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: J'aurais une demande à faire au
ministre concernant la manière de procéder. De l'article 186, et
toute cette section, jusqu'à l'article 213, on parle de la
procédure d'évaluation médicale, section I, dispositions
générales, mais on parle toujours de lésions
professionnelles. Rendu à la section II, à l'article 213, on
parle de dispositions particulières aux maladies professionnelles
pulmonaires, mais toute la section I concerne également les maladies
professionnelles pulmonaires.
Sans me référer régulièrement à la
section II, il est difficile, dans un cas comme celui-là, de parler de
consolidation en termes où on l'entend ici ou de parler de
période de traitement, ou de parler de choix de médecin ou de
médecin traitant. Cela varie énormément quand on arrive
dans les dispositions particulières aux maladies professionnelles
pulmonaires. Là, il ne s'agit plus de médecins traitants, ce sont
des spécialistes qui, bien souvent, n'existent pas dans une
région.
Il faut dire que, dans des cas comme les maladies professionnelles
pulmonaires, l'avis du médecin traitant, ça ne vaut pas
grand-chose. C'est une évaluation... Le médecin traitant, tout ce
qu'il peut dire, c'est: II est fort possible que tu aies ci, que tu aies
ça. Je voudrais demander que l'on puisse discuter, tout en parlant des
articles 186 et suivants, des articles 213 et suivants, pour mieux comprendre
l'application de la section I en ce qui concerne les maladies professionnelles
pulmonaires. Cela ira plus vite après, quand on sera rendu à
l'article 213, M. le ministre.
M. Fréchette: Cela revient, il me semble, Mme la
Présidente, à la suggestion que faisait hier le
député de Sainte-Marie. Le député de Sainte-Marie
me suggérait que, lorsqu'on arriverait au chapitre de
l'évaluation médicale, on procède un peu comme on l'avait
fait au chapitre des indemnités, c'est-à-dire procéder
à une discussion d'ordre générai quant à toute la
question de l'évaluation médicale.
M. Grégoire: Les deux sections.
M. Fréchette: Oui, oui. Et après cela, entreprendre
l'étude, article par article, des dispositions spécifiques.
M. Grégoire: D'accord.
M. Fréchette: Si cela va aux autres membres de la
commission...
M. Cusano: Oui, oui, d'accord.
La Présidente (Mme Juneau): Tout le monde est
d'accord?
M. Bisaillon: Est-ce qu'on doit comprendre que le
député de Dubuc fait partie de la commission?
M. Fréchette: Mme la Présidente...
M. Bisaillon: Est-ce que je pourrais, M. le ministre, si vous me
le permettez...
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Ce ne sera pas long. C'est juste vous faire
préciser ce qu'on s'est dit entre nous, mais qui n'était pas
enregistré. On a un peu l'impression, par les temps qui courent,
d'être traités comme des pantins, les députés.
Est-ce qu'on peut connaître, selon ce que vous en connaissez
évidemment, en sachant que cela peut être changé aussi par
d'autres, mais au moins de votre part, quelles seront les heures où on
va siéger sur le projet de loi 42?
M. Fréchette: Sur le projet de loi 42
spécifiquement?
M. Bisaillon: Sur le projet de loi 42, oui.
M. Fréchette: Avec la réserve importante que vous
avez soulevée dans vos remarques, le programme dont on m'a fait part
serait le suivant: nous travaillerions cet après-midi jusqu'à 18
heures sur le projet de loi 42. Demain matin, je ne sais pas ce qui pourrait
arriver. Par ailleurs, les indications
que j'ai aussi font en sorte que, normalement, on travaillerait demain
après-midi de 15 heures à 18 heures également, pour
revenir lundi matin, à 10 heures. Et sous toutes réserves, encore
une fois, la semaine prochaine, ce seraient les heures normales des travaux de
la commission consacrés au projet de loi 42. Cela va?
La Présidente (Mme Juneau): Bon.
M. Fréchette: Ce soir, la commission siège, mais
sur d'autres projets de loi, c'est-à-dire les projets 11 et 9, je
pense.
M. Bisaillon: Le projet de loi 14. M. Fréchette: Le
projet 14.
La Présidente (Mme Juneau): On y va donc pour
l'explication du chapitre, M. le ministre.
Discussion générale M. Raynald
Fréchette
M. Fréchette: Mme la Présidente, je vais essayer
d'être le plus bref possible, tout en retenant la suggestion faite par le
député de Sainte-Marie de procéder à une discussion
d'ordre général sur le chapitre que nous entreprenons, qui est
celui de l'évaluation médicale. 11 me faut, en guise de remarques
préliminaires, rappeler les travaux de la commission parlementaire des
mois de février et mars derniers. À l'occasion des auditions que
nous avons tenues à ce moment-là, nous avons retenu entre autres
conclusions des positions fermes de toutes les parties quant au
phénomène global de l'évaluation médicale. Les deux
principaux points qui revenaient le plus souvent, c'était, d'une part,
les pouvoirs discrétionnaires de la commission en matière
d'évaluation médicale et, d'autre part, le
phénomène que des gens ont baptisé, qualifié,
identifié comme étant le phénomène des
"médecins de papier". Ce sont, au plan de l'évaluation
médicale, les deux sujets qui sont revenus le plus souvent et sur
lesquels on a, avec le plus d'insistance, attiré l'attention des membres
de la commission.
À partir de ces représentations qui ont été
faites en commission parlementaire, je ne ferai, ou à peu près,
que l'énumération des principes que l'on retrouve dans le
chapitre de l'évaluation médicale, y compris, évidemment,
la section II, à partir de l'article 213, le traitement des maladies
pulmonaires professionnelles. Nous suggérons, dans le projet de loi 42
tel qu'il est devant nous actuellement, que la priorité
d'évaluation soit accordée aux conclusions du rapport du
médecin traitant, ce qui est, par rapport è l'état actuel
des choses, un changement fondamental quant à la façon de
procéder.
Rappelons-nous que le projet de loi 42, tel que déposé en
novembre 1983, continuait de prévoir que la nature, la
nécessité et la durée des soins médicaux
étaient de la juridiction exclusive, si je peux m'exprimer ainsi, de la
commission elle-même. Nous retenons donc, dans le chapitre de
l'évaluation médicale, que la priorité en termes de
diagnostic et d'évaluation de l'état de santé d'un
accidenté doit être accordée au médecin traitant. La
règle générale, c'est que les conclusions du rapport de ce
médecin traitant vont lier la commission. Cela aura un effet
exécutoire vis-à-vis de la commission, ces conclusions du rapport
du médecin qui a charge de l'accidenté.
À partir de cette affirmation, Mme la Présidente, se pose
la question suivante: Est-ce qu'on va retenir que, dès lors que le
médecin qui a charge de l'accidenté s'est prononcé, le
processus de l'évaluation médicale doit se terminer là? Je
sais qu'il y en a qui plaident en faveur de cette théorie, de cette
thèse, mais, jusqu'ici, je pourrais très difficilement retenir
cette thèse, et je vous dis maintenant pourquoi.
Ce sont les employeurs qui, dans le système actuel - ce
système n'est pas changé par la loi 42 - cotisent à la
Commission de la santé et de la sécurité, qui paient donc
les indemnités de remplacement du revenu, les montants forfaitaires et
toute autre espèce d'indemnité que la loi prévoit. Il nous
est apparu que les notions fondamentales d'équité et de justice
naturelles faisaient en sorte que l'employeur pouvait avoir, non seulement
pouvait, mais devait avoir le droit de faire évaluer l'état de
santé de l'accidenté. Il est le payeur. Cela ne m'apparaît
que normal que ces droits lui soient consacrés dans la loi pour le motif
très simple qu'à un moment donné il voudra se
prévaloir des dispositions de la loi et contester des
réclamations.
Pour contester des réclamations, quand on est en matière
médicale, il faut de toute évidence que l'employeur ait aussi son
expertise. Ce que l'on dit, donc, à cet égard, c'est que le
rapport du médecin traitant doit être l'instrument prioritaire par
lequel l'évaluation se fait: ce rapport va lier la commission.
Cependant, si l'employeur décide de contester, après avoir
évalué l'état de l'accidenté, il aura le droit de
le faire et il aura aussi le droit de demander que l'accidenté soit
soumis à un examen médical chez son médecin à lui,
l'employeur. Il me semble, encore une fois, que ce sont des principes à
côté desquels ont ne peut pas passer. (15 h 30)
On ne peut pas avoir, vis-à-vis d'une instance, que des exigences
et ne pas
permettre que les droits normalement prévus, qui découlent
des exigences, puissent être exercés. Donc, le professionnel de la
santé choisi par l'employeur comme celui de la commission, d'ailleurs,
auront l'occasion et le droit de faire examiner l'accidenté.
S'il arrive que les conclusions des deux expertises médicales
sont identiques - je suis convaincu que cela va arriver dans beaucoup de
dossiers - le litige - il n'y en a pas de litige, effectivement - le dossier se
termine là et la commission va enclencher le processus
d'indemnité à partir des conclusions médicales auxquelles
en seront arrivés les experts des deux parties. Il va aussi arriver que
des médecins ne seront pas du même avis quant à
l'évaluation de l'état d'incapacité d'un accidenté,
quant à l'état de son incapacité temporaire permanente,
enfin, la période de temps pendant laquelle il ne doit pas retourner au
travail. Il peut donc y avoir des sujets d'ordre médical qui fassent
l'objet de controverses entre les experts des deux parties et, alors, il faut
se rappeler que dans l'état actuel des choses c'est la commission qui
aurait tranché. Ce que la loi dit pour l'avenir: Lorsqu'il y a
contradiction entre des conclusions des experts des deux parties, le processus
sera soumis à l'arbitrage médical par un tiers professionnel qui
n'aura été choisi ni par l'employeur, ni par la commission, ni
non plus par le travailleur. Il y a dans la loi le processus qui est
suggéré pour enclencher et terminer ce processus.
Mme la Présidente, je réitère - parce que c'est
important, je pense, d'attirer l'attention des collègues
là-dessus - qu'avec les mécanismes dont je viens de parler, cela
n'est plus, encore une fois, la commission qui aura le pouvoir et la
discrétion de décider de la durée, de la nature, de la
suffisance des traitements ou de l'assistance médicale. Ce pouvoir est
attribué au médecin qui a charge de l'accidenté et,
à défaut d'entente, dans les conditions dont je viens de parler,
il est attribué à l'arbitre médical.
On remarque également, à la lecture des dispositions de la
loi, que le contenu des rapports médicaux sera plus complet et va
permettre de prendre des décisions plus sages et plus
éclairées. Il va exiger également passablement plus de
rigueur de la part des médecins. Le médecin qui va être
conscient du fait que l'évaluation qu'il fait de l'accidenté,
qu'il s'agisse du médecin du travailleur, du médecin de
l'employeur ou du médecin de la commission, mais le médecin qui
va savoir que le diagnostic qu'il est en train de poser et que les conclusions
de son rapport médical peuvent être l'objet d'une
réévaluation par une autre instance d'ordre médical va
devoir être très circonspect quant au contenu autant du rapport
lui-même que des conclusions auxquelles il en arrive.
Quand l'arbitre médical aura pris une décision, encore
là, la Commission de la santé et de la sécurité du
travail va être liée par la décision de l'arbitre. Les
parties ne le seront pas; elles pourront faire appel à une autre
instance d'appel, mais la commission, elle, s'il n'y a pas d'appel d'inscrit de
la part de l'une ou l'autre des deux parties, sera liée par la
décison de l'arbitre médical. Ce qui est, quant à moi, un
changement fondamental par rapport à l'état actuel des
choses.
De plus, quant à ce qu'on a convenu d'appeler les médecins
de papier, dont je parlais tout à l'heure, nous allons introduire dans
la loi des dispositions telles que ce médecin, qu'il soit celui de
l'employeur ou celui du travailleur, ne pourra rendre de diagnostic
qu'après avoir examiné l'accidenté. C'est la disposition
qu'on va retenir dans la loi. Il y aura obligation pour le médecin de
l'employeur et/ou de la commission d'examiner l'accidenté avant
d'émettre des opinions quant aux séquelles que lui a
occasionnées sa lésion professionnelle. Cela aussi était
une récrimination sérieuse qui était faite par tous les
intervenants. L'exemple qu'on soulevait le plus souvent, c'était de nous
dire: Ou bien il n'y a pas d'examen du tout et l'évaluation se fait
à partir de la documentation écrite que l'on retrouve dans le
dossier de l'accidenté, ou, quand il y en a un, c'est un examen à
ce point sommaire qu'on ne peut pas honnêtement accepter et convenir que
ce médecin se prononce en toute connaissance de cause.
Alors, dans la loi, on impose au médecin de l'employeur ou de la
commission d'examiner l'accidenté et on fait la même obligation
à l'arbitre médical. L'arbitre médical va devoir rendre
une décision après, lui aussi, avoir procédé
à l'examen médical de l'accidenté, a moins que
l'accidenté ne veuille pas d'examen médical de la part de
l'arbitre. On ne peut pas le lui imposer, bien sûr. Je ne sais pas si les
textes sont faits pour répondre à ces exigences, mais cela
m'apparaîtrait un peu abusif que d'obliger un accidenté à
se soumettre à un examen médical, s'il ne le veut pas. Cela
m'apparaîtrait un peu abusif, sauf qu'on va certainement retenir le
principe de la nécessité de l'examen médical physique
avant de tirer des conclusions sur l'état d'un accidenté.
Mme la Présidente, finalement, je vous dirai un mot rapide du
mécanisme qui est retenu pour les maladies pulmonaires professionnelles.
Les articles 213 et suivants, et convenons - je sais que le
député de Frontenac va très certainement souhaiter amorcer
la discussion sur cela - que ce n'est pas parce qu'il y a une section
spéciale consacrée aux maladies pulmonaires professionnelles que
le chapitre dont on vient de parler ne s'applique pas aussi aux maladies
pulmonaires professionnelles. Le
médecin traitant d'un malade professionnel va avoir exactement
les mêmes droits comme !ss mêmes obligations que n'importe quel
autre médecin traitant de n'importe quel accidenté. Sauf que le
processus de la contestation, s'il doit y en avoir, sera enclenché
devant des spécialistes qu'on appelle les pneumologues, et qui
siégeront en comité de trois pour procéder à
l'évaluation de l'état de l'accidenté quant à
l'existence de la maladie professionnelle et, le cas échéant,
quant aux conditions de la pathologie. Y a-t-il diagnostic d'amiantose? Si oui,
quel en est le degré? Quelle en est l'ampleur, l'importance? Quelles
sont les capacités résiduelles de la personne qui en est atteinte
et peut-elle retourner dans le milieu ambiant? Les pneumologues vont devoir se
prononcer sur cela.
Comment le processus fonctionne-t-il? La loi prévoit la formation
de quatre comités de pneumologues composés de spécialistes
nommés, après consultation des corporations professionnelles, par
le ministre. Quatre comités de trois pneumologues chacun. Un cas est
soumis à un comité. Ce comité se prononce sur les
questions qui vont lui être soumises. Il arrive à des conclusions.
Peu importe les conclusions auxquelles le premier comité arrive, il y a
nécessité dans la loi de faire réévaluer le dossier
par un deuxième comité de pneumologues composé,
celui-là, de trois des quatre présidents des quatre
comités excluant celui qui a siégé lors de la
première audition. Donc, un deuxième comité de
pneumologues, composé des trois présidents qui n'auront pas
été, d'aucune façon, impliqués dans le dossier.
C'est à la suite de ce deuxième examen par le
deuxième comité de pneumologues que la décision va
être rendue. Après qu'elle est rendue, les partiesl'acceptent ou la refusent, ou l'une des parties l'accepte ou la refuse. Il
y aura, là aussi, la possibilité de recourir à l'arbitrage
médical. Je m'excuse: à l'appel, pas à l'arbitrage
médical. On vient de passer à travers deux étapes qui sont
très précisément de l'arbitrage médical. Si l'une
ou l'autre des parties n'est pas satisfaite du deuxième rapport du
deuxième comité de pneumologues, c'est la commission d'appel qui
pourrait être saisie du dossier et en disposer.
Je pense, Mme la Présidente, que, rapidement, j'ai fait le tour
de ce qu'on retrouve à l'intérieur de ces
chapitres-là.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Cusano: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Viau.
M. William Cusano
M. Cusano: Seulement un commentaire, parce que je
n'interprète pas ou je ne perçois par, ce chapitre de la
même façon que le ministre. Lorsqu'on parle du rôle de cet
arbitre qui devra évaluer deux rapports de médecins, je peux bien
comprendre que la médecine en est rendue à une étape
où c'est une science assez précise, mais je crois que c'est un
peu à l'encontre de la pratique courante des médecins,
aujourd'hui. Je m'explique: Aujourd'hui, en donnant un cas très
précis, si un individu entre dans un hôpital pour la moindre
opération ou intervention chirurgicale quelconque, c'est que les
médecins se consultent. Ils ne s'envoient pas des rapports. Ils se
consultent; ils étudient le cas et ça évite beaucoup de
problèmes. Je comprends que ça n'aura peut-être pas des
conséquences très graves, la question de l'évaluation
faite par l'arbitre d'un rapport, mais ça peut encore amener des
délais inutiles si les médecins n'auront à évaluer
que des dossiers.
On a toujours parlé de la question d'humanisation de tout le
processus et il me semble qu'une étude de dossiers est loin de vraiment
humaniser le car, des accidentés. Et, moi, je ne poux pas concevoir
comment une évaluation peut être faite sur le simple fait qu'un
médecin fasse l'étude de deux rapports, à moins qu'on nous
dise qu'on est tellement informatisé, que tous ces rapports pourraient
être informatisés et que l'ordinateur va rendre la
décision. Cela, c'est autre chose.
C'est le seul commentaire que j'avais à faire sur ce
chapitre-là, à la section. J'aurai d'autres commentaires à
faire un peu plus loin, lorsqu'on prendra les articles un par un.
La Présidente (Mme Juneau): Merci.
M. Fréchette: Je peux répondre tout de suite, Mme
la Présidente, si vous me le permettez.
La Présidente (Mme Juneau): Oui, M. le ministre.
M. Fréchette: Je suis obligé d'arriver à la
conclusion, après avoir entendu le député de Viau, que je
me suis mal exprimé ou expliqué tout à l'heure, parce que
ce que je retiens de l'argumentation du député de Viau, c'est que
la situation qui prévaut actuellement demeurerait quant à
l'évaluation médicale qui est faite par le médecin de
l'employeur ou le médecin de la commission de santé. On dit que
le médecin du travailleur devra rendre un verdict ou un diagnostic
après avoir examiné l'accidenté. Il y a un amendement qui
va être proposé dans ce sens-là.
Dans le cas de l'arbitre, l'amendement
que je suggérerais à l'article 207 se lit de la
façon suivante: Il doit - l'arbitre - aussi examiner le travailleur si
celui-ci le lui demande. C'est pour contourner la difficulté dont je
parlais tout à l'heure. On n'est certainement pas pour imposer une
obligation à un accidenté, si celui-ci ne veut pas être
examiné par l'arbitre médical. (15 h 45)
Alors, dans les deux cas, il va y avoir nécessité, quand
les parties évalueront qu'il faut que ce soit cela, de procéder
à l'examen de l'accidenté. Je me suis peut-être mal
expliqué tout à l'heure, mais il me semble qu'avec ces
amendements on va très certainement faire disparaître les
inquiétudes du député de Viau.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Frontenac.
M. Gilles Grégoire
M. Grégoire: Mme la Présidente, dans le cas des
maladies pulmonaires, il est bien évident que le médecin traitant
peut rendre un verdict, s'il est médecin généraliste, qui
en soi n'a pas une grande valeur médicale ou une grande valeur de preuve
pour constater cette maladie pulmonaire. Le médecin
généraliste ne peut que dire: Tu peux avoir cela, il me semble
que tu présentes les symptômes, mais ce ne sont que les
pneumologues et les spécialistes des poumons qui peuvent
déterminer si le gars est amiantosé ou non. Je pense bien, M. le
ministre, que vous allez l'admettre avec moi, j'ai vu tellement de cas de types
qui se sont rendus malheureux pendant des années à se faire dire
par un généraliste: D'après moi, tu as l'amiantose et le
type, après être passé devant cinq pneumologues et
s'être fait dire qu'il n'avait pas l'amiantose, croyait encore qu'il
avait l'amiantose parce qu'un généraliste lui avait dit: Tu as du
noir en dessous des ongles, il y a des manières de reconnaître
cela.
Dans ces cas, celui qui, à son travail, sans qu'il ait de
difficulté à respirer et qu'il présente des
problèmes respiratoires, ce n'est pas nécessairement son
médecin traitant qui va lui faire un véritable diagnostic. S'il
va voir un pneumologue - et je voudrais mettre ce point parce que l'autre jour
le ministre s'est entendu avec moi là-dessus - qui, après examen,
lui dit: Tu es amiantosé, à ce moment, ce type peut sortir - on
l'a convenu l'autre jour - et il serait indemnisé jusqu'à la fin
de ses examens prévus selon les articles 213 et suivants. Si les six
pneumologues auxquels il fait face par la suite, au lieu d'un, disent: Non, il
n'a pas l'amiantose, s'il était de bonne foi, il ne serait pas
obligé de rembourser, s'il était de bonne foi, il ne
rembourserait pas.
Là, il y a deux points sur lesquels je voudrais demander des
renseignements au ministre. Le premier, il me semble bien évident que le
droit d'appel à une commission, dans un cas comme celui des victimes
d'amiantose, dans la pratique, il n'y en aura pas. Le travailleur arrive devant
un comité de trois, ils sont trois qui l'examinent et ils le
déclarent amiantosé ou non amiantosé. Puis, les
présidents des trois autres comités de pneumoconiose sur les
quatre, qui sont tous des directeurs de services de pneumologie dans des
hôpitaux affiliés à des universités, donc, des
directeurs de services de pneumologie - cela fait donc trois autres - le
déclarent également, comme les trois premiers, amiantosé
ou non. Vous vous imaginez bien qu'après six pneumologues le droit
d'appel, il n'y a plus un arbitre au Québec qui va vouloir aller se
prononcer contre six dont quatre, en fait, directeurs de services de
pneumologie d'hôpital. C'est pour cela que je voulais vous dire que dans
les lois telles qu'elles sont proposées ici, le droit d'appel est
pratiquement inexistant parce que les pneumologues ne voudront pas aller se
prononcer contre six autres spécialistes.
Le deuxième point que je veux vous faire valoir, et c'est le plus
important, M. le ministre: il a toujours été reconnu que le
citoyen atteint d'amiantose, c'était une maladie qui ne se
guérissait pas, qui n'allait pas en régressant, qui, au
contraire, s'aggravait continuellement. Il a toujours été
reconnu, dans l'application de la loi 52, qu'une fois amiantosé,
continuellement amiantosé, on ne revenait plus sur les décisions
de l'indemnité jusqu'à l'âge de 65 ans.
Or, cela n'est pas reconnu dans la nouvelle loi. Dans la première
section, au contraire, on parle beaucoup de retour au travail, alors que dans
l'ancienne loi 52 on reconnaissait au citoyen amiantosé le fait qu'il
était indemnisé, qu'il ne pouvait plus retourner et occuper une
autre fonction et on le considérait comme amiantosé
jusqu'à l'âge de 65 ans. C'est un point que je crois qu'il
faudrait préciser.
Le troisième et dernier point qu'il faudrait préciser,
c'est sur l'indépendance du premier comité de pneumologie. Ici,
tel qu'il est mentionné dans la section II: "Ces pneumologues sont
nommés pour quatre ans par le ministre, à partir d'une liste
fournie par le Collège des médecins et après consultation
du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre." Là, cela va
bien. Mais c'est quand on arrive à: "Le comité des pneumoconioses
à qui la Commission réfère un travailleur examine celui-ci
dans les 20 jours de la demande de la Commission. "Il fait rapport par
écrit à la Commission de son diagnostic dans les 20 jours de
l'examen et, si son diagnostic est positif, il fait en outre état dans
son rapport
de ses constatations..." "Sur réception de ce rapport, la
Commission soumet le dossier du travailleur à un comité
spécial composé de trois personnes qu'elle désigne parmi
le président des comités des pneumoconioses...",
c'est-à-dire les trois autres.
Je voudrais savoir pourquoi est-ce que c'est la commission qui le
soumettrait à l'autre et pourquoi est-ce que cela n'irait pas
automatiquement à l'autre, sans que cela passe par la commission. Alors,
le deuxième comité des pneumoconioses ne se verrait pas confier
le dossier par la commission, mais cela lui viendrait automatiquement, comme
cela va lui revenir automatiquement, sauf qu'il faut que, dans votre loi
actuelle, cela fasse un détour par la commission. C'est la commission
qui va voir le deuxième comité des pneumoconioses pour lui
soumettre le dossier. Cela va y aller de toute façon. Cela pourrait
être transmis automatiquement, de telle sorte que cela ne semble pas
être la commission qui le soumet. Et puis, cela enlèverait un
point que je voulais faire corriger: "Sur réception de ce rapport, la
Commission soumet le dossier du travailleur à un comité
spécial composé de trois personnes qu'elle désigne
présidents..." C'est le seul point où il n'y a pas de
délai d'inscrit. Il y a toujours un délai de 10 jours ou de 20
jours ou de 30 jours, mais, pour la commission, il n'y a pas de délai
d'inscrit. Alors, si vous enlevez cela et que cela va automatiquement au
deuxième comité de trois pneumologues, cela va régler ce
problème.
Ce sont les points que je voulais faire valoir: premièrement,
qu'on fasse reconnaître que l'amiantose jusqu'à présent est
une maladie qu'on a toujours jugée incurable, qui ne va pas en
régressant, mais qui va toujours en augmentant; deuxièmement...
Là, vous semblez accepter de corriger l'article 217.
Troisièmement, je voudrais vous demander si un citoyen amiantosé,
qui est passé par les deux premiers comités, si, dans les faits
et dans la pratique, il existe pour lui un droit d'appel après
être passé entre les mains de six pneumologues.
M. Fréchette: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: ...il y a effectivement quatre questions qui
sont greffées à l'argumentation du député de
Frontenac. Je vais commencer par la fin, si vous me le permettez.
Le député de Frontenac nous signale, en tout cas, attire
notre attention sur le fait qu'avant d'être transmis au deuxième
comité de pneumologues, le premier rapport du premier comité doit
passer par la commission. Je lui signale tout de suite que nous allons faire en
sorte que la loi soit modifiée pour qu'il passe d'un comité
à l'autre, sans intermédiaire.
Deuxièmement, quand le député de Frontenac
s'inquiète de la possibilité pour un accidenté de se
prévaloir de son droit d'appel, lorsque six spécialistes en
seront arrivés à la conclusion qu'il n'y a pas de pathologie
d'amiantose, ce n'est pas sur le droit d'appel que je m'interroge, c'est sur
les chances de succès en appel. Le droit va continuer d'exister, mais il
est évident que si six spécialistes pneumologues se prononcent
unanimement sur une même conclusion, il va y avoir une très
sérieuse côte à monter devant n'importe quelle instance
judiciaire. Tout cela est tellement vrai...
M. Grégoire: Ou la compagnie, si le type a
été déclaré...
M. Fréchette: Tout à fait. À l'inverse,
c'est également vrai. Tout cela, c'est tellement vrai que, dans le
projet de loi 42 de novembre 1983, il était prévu que dans une
telle éventualité il n'y avait pas de droit d'appel. Il n'y en
avait pas du tout. Cela ne servait à rien de laisser des portes ouvertes
devant des situations qui sont d'une telle évidence que ce n'est que
dépenser de l'énergie et de l'argent que d'essayer de renverser
ce genre de situation. Mais, à la limite, on a dit: On va le laisser
là quand même, ce droit, et ceux qui prétendront, bien que
six spécialistes se seront prononcés, qu'ils peuvent avoir un
droit d'appel, ils l'exerceront. Je suis bien d'avis, avec le
député de Frontenac, que, moi, en tout cas, j'aurais beaucoup
d'hésitations à entreprendre des procédures d'appel quand
six spécialistes m'auront dit: Tu es affecté ou tu ne l'es pas.
Encore une fois, cela joue dans les deux sens.
Quant à la situation de ne pas retourner au travail, le
député de Frontenac nous dit: Si un accidenté ou quelqu'un
qui est un malade professionnel affecté d'amiantose, ne peut pas
retourner au travail, s'il ne peut pas retourner au travail, il n'y a rien qui
va l'obliger à y aller. C'est évident que rien ne va l'obliger
à y aller. Retenez que nous avons dans la loi 42 des dispositions qu'on
ne retrouve pas dans la loi 52, comme, par exemple, la présomption de
l'existence de la maladie dès qu'une attestation médicale est
déposée. Dans la loi 52, ce n'est pas cela. Dans la loi 52, vous
pouvez avoir votre attestation médicale qui est de la nature de la
confirmation d'un diagnostic positif d'amiantose, mais tant et aussi longtemps
dans l'état actuel des choses que la commission, et en dernière
instance, ne s'est pas prononcée, il n'y a pas cette possibilité
de se retirer du lieu de travail. Il faut que la preuve soit faite. Alors que
dans
la loi 42, on introduit le mécanisme de la présomption
dès que l'expertise médicale du médecin traitant,
même s'il n'est pas pneumologue, est déposée entre les
mains des instances concernées.
Le dernier aspect quant au phénomène qui veut que
l'amiantose soit une maladie qui ne régresse pas, je suis tout à
fait d'accord avec le député de Frontenac et, d'ailleurs, les
hommes de science s'entendent là-dessus. Cela ne régresse pas,
cela ne se guérit pas non plus, cela peut empirer si vous vous retrouvez
dans le milieu ambiant qui ferait en sorte que vous seriez au contact du
contaminant.
Ce que toutes les parties nous ont demandé en commission
parlementaire, et ceux qui y étaient vont s'en souvenir, je pense,
à moins que j'interprète mal les demandes qui nous ont
été faites, et quand je dis toutes les parties, j'inclus, bien
sûr, les syndicats: Pourquoi ne laissez-vous pas aux professionnels de la
santé l'autorité de se prononcer là-dessus? Cela n'est pas
à la Commission de la santé et de la sécurité du
travail de décider, à partir de l'évaluation de rapports
médicaux qu'on trouve dans les dossiers, de décider qu'une
personne doit ou ne doit pas retourner au travail. Toutes les parties
s'entendent là-dessus: syndicats, employeurs, associations
d'accidentés, tout le monde s'entend là-dessus. C'est pour cela
que vous avez l'article 216. Vous avez l'article 216 qui oblige le
comité des pneumoconioses à inscrire, dans sa décision,
à introduire dans sa décision les éléments
suivants: faire rapport par écrit à la commission de son
diagnostic dans les vingt jours de l'examen et, si son diagnostic est positif,
le même comité fait, en outre, état dans son rapport de ses
constatations quant aux limitations fonctionnelles, quant au pourcentage
d'atteinte à l'intégrité physique et à la
tolérance du travailleur à un contaminant au sens de la Loi sur
la santé et sur la sécurité du travail, qui a
provoqué une maladie ou qui risque de l'exposer à une
récidive, une rechute ou une aggravation. Ce n'est plus la Commission de
la santé et de la sécurité du travail qui va
décider cela, ce sont des professionnels de la santé, à
partir du sens commun des choses, d'abord - je pense bien que tout le monde va
s'entendre là-dessus - et à partir des demandes qui nous ont
été faites en commission parlementaire par tous les groupes qui
sont venus. (16 heures)
M. Grégoire: Un dernier point très court que
j'avais oublié. On sait que pour déterminer, hors de tout doute,
l'amiantose, l'ultime recours, c'est la biopsie. À défaut de
biopsie, il reste toujours un doute. Or la biopsie, c'est ni plus ni moins
qu'opérer le gars, le couper, aller lui chercher un morceau de poumon et
regarder si, qui ou non, il a de la fibre d'amiante.
M. Fréchette: On a parlé de tout cela hier ou
avant-hier et on a adopté un article qui dit que, si cette intervention
présente -l'article 135 - un danger grave pour l'accidenté, il
"peut" s'exempter de subir cette intervention. On l'a adopté.
M. Grégoire: Oui, mais l'expression "un danger grave", il
s'en est fait des biopsies, ce n'est pas que cela présente un danger
grave, mais que cela laisse des suites et des conséquences sur le
physique du... J'ai manqué quelques bouts de la commission, parce que
j'avais d'autres... Comprenez bien qu'on ne peut pas être durant dix
heures par jour, ici, en commission; des fois, on en manque quelques bouts
et...
M. Fréchette: Je vais ajouter un seul autre
élément, qui va sans doute rassurer le député de
Frontenac. On dit, à l'article 135, au paragraphe 2a: "entrave un examen
médical prévu par la présente loi ou omet ou refuse de se
soumettre à un tel examen, sauf s'il s'agit d'un examen qui, de l'avis
du médecin qui en a charge, présente habituellement un danger
grave". C'est le médecin de l'accidenté qui va dire: Mon patient
ne peut pas, sans danger, être soumis à ce genre
d'intervention.
M. Grégoire: La biopsie n'est pas une opération qui
présente habituellement un danger grave. La preuve, c'est qu'il y en a
une quantité qui ont été soumis à des biopsies.
Mais celui qui y est soumis - c'est de commune réputation maintenant
préférerait tout laisser tomber que de s'y soumettre, parce qu'il
sait que c'est dur. Sans présenter un danger grave, c'est quelque chose
de très dur sur le physique et le moral.
M. Fréchette: Entendons-nous bien sur la notion de danger
grave. Mon interprétation, c'est que le danger grave ne se
réfère pas nécessairement à un danger qui
affecterait la santé physique d'un travailleur. Si quelqu'un est
à ce point traumatisé par l'éventualité d'une telle
intervention, cela peut devenir pour lui un danger grave, pas
nécessairement sur le plan strictement physique, pas
nécessairement parce qu'il est atteint d'une maladie de coeur et qu'il
ne pourrait pas passer à travers, mais parce qu'au plan psychologique,
au plan du traumatisme que cela lui crée, il n'est pas capable
d'accepter que cela puisse se faire. En tout cas, mon évaluation, c'est
que cela aussi est un danger.
M. Grégoire: Je vais vous présenter le point. C'est
qu'avant, dans la loi - cela a été amendé par la loi 52 -
si l'employeur voulait présenter une contestation, il pouvait demander
une biopsie, parce que cela
pouvait, hors de tout doute... Ou si le travailleur, parce qu'il y avait
contestation de la part de l'employeur, voulait arriver et présenter une
preuve hors de tout doute, cela lui prenait une biopsie. Cela a
été enlevé que, si des pneumologues se prononçaient
en faveur du travailleur, à savoir qu'il est amiantosé, on ne
pouvait plus le soumettre à une biopsie simplement pour avoir une preuve
hors de tout doute. C'est cela que je voudrais qui reste dans la nouvelle loi,
qu'on ne peut plus soumettre un travailleur à la biopsie parce que
l'employeur conteste. On dit qu'il n'a pas de droit d'appel sur la
décision de six pneumologues, mais si l'employeur décide...
M. Fréchette: Non, non...
M. Grégoire: Non, non, on dit... Il a un droit d'appel
dans la loi, c'est correct, mais, dans la pratique, c'est difficile d'en
appeler. Si l'employeur décide d'en appeler et demande une biopsie,
c'est cela qu'il ne faudrait plus qui existe.
M. Fréchette: Bon. J'essaie de voir dans la loi en vertu
de quelle disposition l'employeur pourrait exiger une biopsie, d'une part;
deuxièmement, comme il existe maintenant une présomption sur
dépôt d'une attestation médicale, cela n'est certainement
pas le travailleur qui enclencherait le processus de se soumettre à une
biopsie; troisièmement, on me dit que dans la pratique, comme le
souligne le député de Frontenac, cela n'existe plus, la biopsie.
Il n'y a plus personne qui en exige et je ne vois pas pourquoi, avec les
dispositions du chapitre de l'évaluation médicale, il y aurait
maintenant des ouvertures qui feraient en sorte qu'un employeur pourrait exiger
une biopsie. Il peut la refuser, si on lui en demande une.
M. Grégoire: II peut la refuser. M. Fréchette:
Voilà.
M. Grégoire: C'est ce dont je voulais m'assurer qu'on ne
pourrait plus lui dire: II ne reste qu'une manière de prouver, c'est la
biopsie. Je ne voudrais plus que cela revienne dans nos lois. C'était
quasiment barbare que d'obliger un gars à se faire ouvrir pour aller se
faire arracher un morceau de poumon.
J'ai même vu des gars, M. le ministre, se faire faire une biopsie
et, après, des pneumologues dirent: On n'a pas pris assez du poumon, on
ne peut pas faire l'examen, il faudrait aller en chercher encore plus, trois
mois plus tard. C'est ce que je ne voudrais pas qui revienne dans la nouvelle
loi. Je pense que vous ne m'en voudrez pas de prendre toutes les
précautions pour qu'avec cette nouvelle loi cela ne se retrouve plus des
cas semblables.
M. Fréchette: Je pourrais ajouter deux autres
éléments qu'on ne retrouve pas dans cette loi, mais qu'on va
retrouver dans deux autres lois: La Charte des droits et libertés de la
personne, d'une part, et l'article 19 du Code civil, qui traite de
l'inviolabilité de la personne humaine, prévoient très
précisément la possibilité de s'opposer à tout
examen de cette nature.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Quelques considérations
générales, Mme la Présidente...
M. Grégoire: Juste pour terminer, je voudrais dire
à M. le ministre que tous les textes qu'il vient de prononcer, je vais
m'organiser pour faire savoir aux travailleurs qu'ils n'ont plus à
craindre ces opérations.
Une voix: En réalité, on est mieux de se
dépêcher d'adopter la loi, par exemple.
M. Grégoire: Moi, je n'ai pas de problème avec
ceux-là.
Une voix: Cela presse.
M. Grégoire: Je trouve que cela va vite.
Une voix: Pas de discussion là-dessus, cela va bien.
M. Grégoire: Cela va vite.
La Présidente (Mme Juneau): S'il vous plaît!
Une voix: II y a juste le député de Beauharnois qui
est...
M. Fréchette: II faut soulever la question comme cela en
passant.
M. Grégoire: Cela va assez bien. On est rendu à
l'article 213?
M. Fréchette: Non, non, on n'est pas rendu à
2131
La Présidente (Mme Juneau): La parole est au
député de Sainte-Marie.
M. Grégoire: On est au numéro 3, à
l'Éducation.
M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: Cela va, Mme la Présidente? Merci, Mme la
Présidente.
Quelques considérations générales,
brièvement, parce qu'on va avoir l'occasion d'y revenir, article par
article. D'abord, peut-être un petit commentaire préalable, Mme la
Présidente, on est à l'évaluation des maladies
professionnelles, des lésions professionnelles; à siéger
dans une salle comme celle-là, on risque d'être atteints nous
aussi par des lésions professionnelles, à moins que le leader ait
décidé de nous faire siéger de la même façon
que M. Bellemarre réglait les conflits autrefois: il les enfermait dans
une chambre, il montait le chauffage et il disait: Vous sortirez de là
quand cela va être réglé.
M. Fréchette: Vous sortirez de là, mais quand cela
va être réglé.
M. Bisaillon: Je ne sais pas si c'est la même tactique de
la part du leader du gouvernement, mais il va falloir à un moment
donné...
La Présidente (Mme Juneau): M. le
député.
M. Bisaillon: ...essayer de baisser le chauffage. Même le
ministre laisse tomber son veston.
Une voix: Mme la Présidente, toutes les mesures
nécessaires ont été prises pour que ce soit fait. Il y a
des techniciens qui sont censés venir nous baisser cela.
M. Bisaillon: Alors, quatre commentaires différents.
D'abord, la notion de médecin traitant. Je voudrais dire que les
commentaires que je vais faire, je les fais en fonction du texte du projet de
loi actuel et qu'il est possible qu'un certain nombre de choses soient
réglées par des amendements. Je les fais en fonction du texte
actuel. La définition, entre guillemets, qu'on donne du médecin
traitant dans le projet de loi m'amène à penser
qu'éventuellement on peut avoir des problèmes. "Le premier qui."
Le premier qui, cela peut être celui qui intervient au moment où
se produit un accident, ce n'est pas nécessairement le médecin
traitant. Peut-être que les amendements vont régler cela. Je
regarde l'amendement à l'article 186, on dit: Le médecin qui, le
premier, prend charge d'un...
Une voix: L'autre amendement?
Une voix: C'est réglé.
M. Fréchette: Cependant...
M. Bisaillon: On verra cela rendu là. Si c'est
réglé, tant mieux; c'était une des inquiétudes que
je pouvais avoir.
Deuxièmement, la contestation. Le ministre a invoqué
l'argument que celui qui paie devrait avoir le pouvoir de contester ou de faire
confirmer le diagnostic du médecin traitant. Tout en accordant la
priorité d'évaluation au médecin traitant, on confirme
dans la loi un droit que dans le passé on n'avait pas,
c'est-à-dire un droit de contestation directe de l'employeur. Ma
question est plutôt pourquoi deux fois, parce qu'il y a à la fois
la CSST qui peut contester le diagnostic et l'employeur, et,
éventuellement, peut-être les deux. Pourquoi ne se contente-t-on
pas.... Si, effectivement, celui qui a l'intérêt premier - parce
que celui qui paie, c'est l'employeur - tant au niveau de son entreprise qu'au
niveau de la CSST, pourquoi, s'il doit y avoir un droit de contestation, ne le
réserve-t-on pas à l'employeur? Pourquoi, de surcroît,
serait-on obligé d'avoir des possibilités de contestation
directement de la CSST? Ce sont des questions que je me pose. Je ne vois pas
pourquoi dans le cadre actuel de la loi, c'est la CSST qui peut contester un
diagnostic et, là, on ajoute l'employeur. D'après moi, cela
devrait être l'un ou l'autre. Si l'employeur ne juge pas utile de
contester, je ne vois pas pourquoi la CSST le ferait. C'est une question, qui,
selon moi, devra être débattue.
Troisième commentaire, ce sont les délais. Il y a dans les
articles 186 à 219 un paquet de délais: délais pour
fournir les documents, délais pour acheminer des rapports, des
délais qui sont impératifs et qui, finalement, vont se retourner
contre les travailleurs, même s'ils n'en sont pas les responsables. Je
pense qu'il y aura moyen ou qu'il devrait y avoir possibilité d'examiner
cette question des délais en fonction de cette inquiétude que je
peux avoir que cela se retourne contre le travailleur. Je pense, par exemple,
au médecin à qui on demande de fournir le rapport dans les dix
jours. S'il ne fournit pas le rapport dans les dix jours pour toutes sortes de
raisons, y compris des raisons qui pourraient être d'ordre professionnel,
jusqu'à maintenant, c'est le travailleur qui est pénalisé.
Je n'ai pas vu dans le projet de loi des mécanismes qui permettaient de
pénaliser le médecin plutôt que le travailleur, sauf celui
où on dit qu'on ne le paiera pas pour les services rendus, mais
au-delà de cela, c'est le travailleur quand même qui va être
lésé.
Je pourrais vous donner un exemple que d'autres députés
ont sûrement vécu d'un cas qui m'est arrivé un jour d'un
travailleur accidenté qui avait été coupé par la
CSST. Cela nous a pris un bon bout de temps avant de se rendre compte qu'il
avait été coupé parce qu'il n'avait pas produit une
radiographie que la commission lui avait demandée. En rencontrant
à nouveau le travailleur concerné, on s'est rendu compte qu'il
avait fait toutes les démarches pour obtenir sa radiographie, mais que
c'est le
médecin, son médecin traitant, qui lui avait refusé
la radiographie. Pour lui, c'était un cas réglé. Le
médecin, ce qu'il ne savait pas, c'est que la CSST, elle, couperait au
moment où elle ne recevrait pas la... On a donc appelé le
médecin traitant pour lui dire: Là, vous êtes après
pénaliser un travailleur. Veuillez donc communiquer avec la CSST et lui
envoyer son rapport. Cela m'a donné droit à une belle lettre du
médecin -je pourrais la fournir au ministre d'ailleurs, je l'ai encore,
je l'ai conservée - qui, tout en me donnant son numéro de carte
de membre du Parti québécois, m'indiquait qu'on n'avait rien
à voir dans la médecine et que, lui, il jugeait que le cumul de
radiographies, c'était dangereux de façon générale
pour les gens, en particulier pour son client, et qu'en conséquence
c'était à lui de décider s'il devait y avoir ou pas de
radiographie. Il se référait évidemment à sa
corporation professionnelle en disant: Jusqu'à nouvel ordre, c'est nous
qui décidons de quelle façon on doit opérer à
l'intérieur de cela. Je trouvais que le médecin avait raison
jusqu'à un certain point, que cela allait dans le sens de ce que
d'autres lois peuvent prévoir, mais cela pénalisait le
travailleur. Il y a un terrain sûrement au milieu qu'on peut
prévoir pour que dans des situations comme celle-là les
délais, qui ne sont pas imputables au travailleur, ne se retournent pas
contre lui.
Quatrième commentaire, c'est le tribunal d'arbitrage. Le tribunal
d'arbitrage qui est prévu dans la loi actuelle, le ministre ne nous a
pas expliqué pourquoi - le tribunal d'arbitrage médical - cette
nouvelle formule par rapport à ce qui existe actuellement. Le
mécanisme actuel, c'est que finalement cela va à la
révision - on aura l'occasion reparler de tout ce problème - et,
après, cela va à la Commission des affaires sociales. Si je
comprends bien la loi actuelle, cela suit le même mécanisme que
les autres contestations. Pourquoi dans ce cas prévoit-on un
mécanisme particulier? Et, à l'intérieur de ce
mécanisme particulier, le ministre nous a dit que l'arbitre va recevoir
le travailleur s'il le demande. Dans n'importe quelle autre cause, il me semble
que, lorsqu'on a à porter un jugement, à moins de se contenter de
porter un jugement sur deux rapports de pairs, finalement, parce que le tiers
médecin va juger sur des rapports de ses pairs, que ce soit le
médecin traitant, le médecin de la compagnie ou le médecin
de la CSST, cela demeure ses pairs... Jusqu'à nouvel ordre, on sait
aussi comment cela fonctionne dans ces corporations professionnelles. C'est
rare que vous entendez, M. le ministre, un avocat descendre un autre avocat.
Cela arrive, mais en privé, cela ne se fait jamais publiquement. Alors,
cela doit se passer un peu comme cela dans ces milieux-là. Donc, si on
demande à quelqu'un d'arbitrer, il me semble qu'on devrait lui demander
en permettant une preuve, pas seulement l'examen de la personne, mais aussi
qu'elle soit représentée cette personne-là. (16 h 15)
Si c'est un tribunal d'arbitrage, selon les termes du ministre, il faut
que toutes les règles que l'on applique normalement à ce genre de
tribunal ou de mécanisme d'arbitrage puissent jouer. Encore là,
ma première question était davantage: pourquoi changer la
procédure actuelle? Si on la modifie, pourquoi appelle-t-on cela un
tribunal d'arbitrage et ne fait-on pas suivre les mêmes règles que
normalement, c'est-à-dire une preuve, un droit d'être
représenté et de pouvoir se défendre
adéquatement?
Cela m'amène à remettre en doute cette possibilité
de recours multiple quant à l'évaluation médicale faite
par un professionnel. Les renseignements pris, il semble que les compagnies
d'assurances qui ont souvent à payer des sommes d'argent importantes,
soit à cause de maladies, d'absence de travail ou d'accidents, utilisent
rarement ce deuxième examen fait par leur propre médecin. Elles
prennent davantage, et le pourcentage était assez élevé,
selon les renseignements que j'avais, le rapport du médecin traitant.
Lorsqu'elles le font, de toute façon, il n'y a jamais d'arbitrage. Il
peut y avoir négociation entre les deux médecins, mais,
apparemment, il n'y a pas de mécanisme d'arbitrage de prévu dans
les lois d'assurances. Alors, la compagnie peut, à certains moments,
peut-être dans 20% des cas, faire voir l'assuré par son propre
médecin, mais, lorsqu'il y a divergence entre le médecin traitant
et son propre médecin, c'est entre les deux médecins que la
question se discute et se traite. Donc, c'est beaucoup plus par les
négociations, si j'ai bien compris le système des assurances, que
par l'arbitrage pur.
L'autre notion, et ce sera mon dernier commentaire, c'est toute la
notion de professionnel de la santé et la divulgation des
renseignements, mais on a déjà couvert une partie de cela qu'on a
mise plus étanche, mais les professionnels de la santé, c'est
beaucoup plus les médecins, c'est beaucoup plus large que les
médecins et, normalement, les diagnostics au plan médical cela ne
doit se communiquer qu'à un médecin. Là, en utilisant le
terme "professionnel de la santé" et en communiquant l'ensemble des
renseignements de nature diagnostique aux employeurs, par exemple, il me semble
qu'il y a un danger quant au respect de la vie privée des gens et que
des renseignements de nature médicale ne devraient être fournis
qu'à un médecin, alors que là on utilise l'expression
"professionnel de la santé"; cela pourrait être une
infirmière ou un infirmier. Ce n'est pas un professionnel de la
santé. Cela pourrait
être un dentiste, un pharmacien...
M. Fréchette: Un pharmacien, un dentiste et un
optométriste.
M. Bisaillon: Bon! Alors, ni l'optométriste ni le
pharmacien ne sont soumis au secret professionnel de la même façon
qu'on le constate chez le médecin et chez le dentiste. Alors, il me
semble que là il y a peut-être des dangers. À moins qu'on
me prouve le contraire, je ne suis pas fermé là-dessus, mais je
m'inquiète de cet élargissement de la communication des
renseignements de type diagnostique que, normalement, on devrait communiquer
uniquement à des médecins, comme le prévoient d'ailleurs
les lois de la santé actuellement. Les lois de la santé
prévoient la communication de ce type de renseignements uniquement aux
médecins.
Alors, j'ai reçu hier un document qui vient d'un groupe
d'intervenants de la santé, probablement du ministère des
Affaires sociales, d'après ce que j'ai pu comprendre, qui
soulèvent un certain nombre de points intéressants sur ces
notions que je viens de traiter. Je n'ai pas eu le temps de le lire, mais ils
nous font des commentaires sur un certain nombre d'articles, de chapitres qu'on
a à discuter et, au fur et à mesure, je pourrais les communiquer
au ministre.
La Présidente (Mme Juneau): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Fréchette: Mme la Présidente, une remarque
d'ordre général, d'abord. Je ne suis pas en mesure d'affirmer
à ce stade-ci que quelques-un des points, au moins quelques-uns des
points, soulevés par le député de Sainte-Marie vont
très probablement trouver réponse par les différents
amendements qui seront suggérés. J'ajoute à cela que, si
ces amendements-là n'étaient pas suffisants pour colmater ces
brèches dont il parle, je suis tout réceptif à examiner
d'autres options.
Maintenant, Mme la Présidente, sur la question du secret
professionnel pour l'optométriste et le pharmacien, je ne pourrais pas
l'affirmer, je ne pourrais pas être absolument catégorique, mais
mon souvenir, c'est que, eux aussi, sont soumis au secret professionnel. Cela
sera à vérifier. On va faire faire la vérification et on
pourra, à la suite du renseignement, prendre les dispositions qui
s'imposent.
Le député de Sainte-Marie nous dit qu'en matière
d'assurances, lorsqu'il y a litige, ce n'est pas soumis à une formule
d'arbitrage. Le député de Saguenay va sans doute confirmer ce que
je suis en train de dire là. Mais quand il y a une divergence d'opinions
au plan médical, c'est sûr que les polices d'assurances ou les
contrats d'assurances, bien qu'il puisse y en avoir, généralement
parlant, ne prévoient pas une forme d'arbitrage, l'arbitrage ultime
étant le tribunal de droit commun, la Cour supérieure ou les
autres instances. Cela est une forme d'arbitrage quand les parties n'arrivent
pas à s'entendre.
Je veux convenir, cependant, que, lorsqu'il s'agit de
réclamations qu'on pourrait appeler mineures, il pourra certainement
arriver et il arrive effectivement que des compagnies d'assurances vont
accepter d'indemniser à partir de l'évaluation faites par le
médecin traitant. Cela, c'est également vrai et je pense que,
dans certaines situations, ça se présente comme ça.
M. Bisaillon: Je ne sais pas si le ministre a compilé
ça, mais on me dit que les cas de double examen, c'est-à-dire
d'obligation ou d'examen par le médecin de la compagnie d'assurances,
ça ne dépasse pas 15% à 20%.
M. Fréchette: Je ne peux vous parler que de la petite
expérience que j'ai des tribunaux civils. Mais, du temps où il y
avait, par exemple, la responsalité civile en matière d'accidents
d'automobiles, il n'y a pas un cas qui se plaidait devant les tribunaux sans
que le juge soit renseigné sur l'état du demandeur, l'état
médical du demandeur, à partir des expertises qui venaient des
deux parties.
D'ailleurs, vous savez, ce mécanisme ou ce principe est reconnu
dans le Code de procédure civile. Le Code de procédure civile
contient des dispositions telles que quelqu'un qui est poursuivi pour dommages
corporels a le droit, pour les fins de sa défense, de faire examiner
médicalement le demandeur. C'est un principe qui existe au Code de
procédure civile depuis toujours et qui, sous une autre forme, bien
sûr, est introduit dans cette loi-ci.
J'espère qu'on n'a pas fait de confusion quand on a parlé
de l'examen médical à l'étape de l'arbitrage, si la
demande est faite, mais la demande est faite par le travailleur. C'est le
travailleur qui va indiquer à l'arbitre qu'il veut être soumis
à un examen médical physique. Ce n'est pas l'arbitre qui va
pouvoir dire: Moi, je te fais la demande de te soumettre à un examen
médical. C'est le travailleur qui va décider ça.
Si un accidenté soumettant son cas à l'arbitrage
décide, lui, de ne pas se soumettre à un examen médical de
l'arbitre, il aura toute la liberté de ne pas le faire. J'espère
que là-dessus on s'entend bien, qu'il n'y a pas de confusion et qu'on ne
pense pas que c'est l'arbitre qui a cette latitude-là. C'est le
travailleur, l'accidenté.
J'ai utilisé le terme "tribunal" pour le mécanisme de
l'arbitrage dans mes remarques
préliminaires et j'ai vraiment involontairement
créé de la confusion. Ce n'est pas, à proprement parler,
l'arbitrage au sens classique qu'on l'entend. C'est plutôt
l'évaluation par un tiers de l'état d'un accidenté que
l'arbitrage, à proprement parler, avec les auditions, les expertises et
ainsi de suite. Pourquoi? Parce que, si on n'est pas satisfait de la
décision de cet arbitre-là, de l'évaluation qu'il aura
faite, on a une instance qui permet d'y aller par la voie normale de l'audition
et de l'audi alteram partem et tout le monde pourra, devant ce tribunal
d'appel, si jamais il existe, faire le vrai débat à partir des
principes habituels des auditions de cette nature.
M. Bisaillon: C'est l'équivalent de la
révision.
M. Fréchette: Strictement médicale.
M. Bisaillon: Au plan médical, c'est l'équivalent
de la révision.
M. Fréchette: Oui, sauf qu'elle est faite par quelqu'un
qui est habilité à le faire.
M. Bisaillon: À l'étape de la révision, les
parties peuvent être représentées.
M. Fréchette: Actuellement, je suis d'accord avec le
député. D'accord. Quant à la question des délais,
je suis tout à fait disposé à regarder ça de plus
près tout à l'heure et éventuellement à y faire des
changements pour éviter surtout ce dont nous parle le
député de Sainte-Marie, c'est-à-dire pénaliser
quelqu'un pour une omission ou une action qui ne dépendrait pas de lui.
Je suis tout à fait d'accord à regarder ça de plus
près.
Quant au phénomène du double examen médical, autant
par le médecin de l'employeur que par le médecin de la Commission
de la santé et de la sécurité du travail, laissez-moi vous
dire un mot de la pratique actuelle, suivant les informations que j'en ai.
Généralement, c'est la commission qui doit procéder
à l'examen de l'accidenté, et la règle
générale, c'est que l'employeur ne le fait pas, sauf dans des cas
bien spécifiques, bien particuliers. L'exemple que je pourrais utiliser,
ce serait le cas d'une incapacité importante, 50% et plus de
degré d'incapacité permanente, là il pourrait arriver que
les deux le fassent, mais la règle, c'est que c'est la commission,
généralement, qui procède à l'examen de
l'accidenté, sauf avec la réserve suivante. Dans certains cas,
particulièrement dans certaines grandes entreprises, malgré le
fait que la commission demande cette expertise, elles aussi vont la
demander.
Une information que je viens de recevoir, Mme la Présidente, qui
peut être utile pour la discussion globale qu'on est en train d'avoir.
Actuellement, la commission reconnaît le rapport du médecin
traitant dans une proportion de 90% des réclamations. Je présume
que les 10% qui restent, ce doit être les cas lourds, ce doit être
les cas de gens qui, malheureusement, sont affectés d'une
sérieuse et très sérieuse incapacité. Il peut y
avoir des divergences... Il y a des cas de dos, oui. Mais 90% des dossiers sont
traités et évalués à partir du diagnostic du
médecin traitant. Je ne vois pas pourquoi, ni comment, ni pour quel
motif cette situation devrait changer.
M. Bisaillon: Cela m'explique encore moins pourquoi il devrait y
avoir une double contestation possible. Si la CSST accepte 90% des rapports des
médecins traitants et que, dans le projet de loi, on donne maintenant
à l'employeur, dès le départ, un droit qu'il n'a pas dans
la loi actuelle, il y a la double contestation. Il conteste quoi,
actuellement?
M. Fréchette: L'employeur et la commission peuvent tous
les deux contester l'expertise du médecin traitant, dans l'état
actuel des choses.
M. Bisaillon: Cela veut dire que si, actuellement, 90% des
dossiers sont traités sur la base du rapport du médecin traitant,
pourquoi avoir deux niveaux de contestation, pourquoi ne pas le laisser tout
simplement à l'employeur, étant donné qu'il paie?
Qu'est-ce qui justifie, autrement dit, la CSST de se donner des bretelles en
plus de la ceinture? À part les cas de dos; pour les cas de dos,
l'employeur aussi peut... (16 h 30)
M. Fréchette: Mme la Présidente, il y a deux motifs
pour lesquels il me semble qu'on doit garder cette disposition. D'abord, et je
vais convenir que ce n'est pas l'argument le plus fort, c'est le processus
actuel. Non, j'attendais cette réaction. Deuxièmement, et cela
rejoint un phénomène dont parlait le député de
Sainte-Marie tout à l'heure, qu'arriverait-il dans les cas où
l'employeur procéderait de sa propre initiative à faire faire
l'examen de l'accidenté, le médecin qu'il aurait choisi refusant
ou négligeant d'envoyer à la commission l'expertise dont elle a
besoin pour continuer le processus?
Si la possibilité de faire procéder elle-même
à un examen médical lui est enlevée, vous allez vous
retrouver avec des cas qui vont littéralement bloquer l'ensemble du
processus parce qu'il va manquer la pièce principale, le médecin
de l'employeur, pour toutes sortes de motifs, ne mettant pas la commission au
courant de l'expertise ou des
conclusions auxquelles il en arrive.
M. Bisaillon: Mme la Présidente, je ne voudrais pas
engager le débat trop à fond sur cette question, on va y revenir.
L'argument que vient de donner le ministre, c'est un peu comme si la CSST
n'avait qu'à préserver les droits ou les privilèges de
l'employeur. La CSST, dans le traitement de ces dossiers, est au centre, est
neutre, ne représente pas plus les employeurs, même si ce sont eux
qui paient, les représente pour bien administrer les sommes qui sont
là, mais représente aussi les travailleurs qui sont victimes
d'accident. Elle n'est pas plus d'un côté que de l'autre. Si
l'employeur décide de faire examiner l'accidenté, c'est parce
qu'il a des doutes sur le rapport du médecin traitant. S'il a des doutes
sur le rapport du médecin traitant et qu'il paie lui-même le
médecin, son médecin, pour le faire examiner, il me semble qu'il
lui incombe de s'assurer que la commission reçoive la contrepartie. Mais
si lui qui paie ne s'assure pas que la commission a la contrepartie, pourquoi
la commission prendrait-elle fait et cause pour lui? Autrement dit, ce que je
veux dire, c'est qu'il ne faut pas faire en sorte que la commission
défende plus ou soit plus partie d'un côté que de l'autre.
Elle défend, dans ce dossier, autant les intérêts des
employeurs quant à l'administration du fonds, à l'utilisation des
sommes d'argent et à l'application de la loi, qu'elle défend les
travailleurs aussi.
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: Mme la Présidente, comme le
député de Sainte-Marie l'a souligné tout à l'heure,
on va y revenir à un autre article de la loi qui va nous permettre de
continuer la discussion à cet égard.
M. Grégoire: Sur ce point, est-ce qu'il n'y a pas une
répartition aussi dans les paiements quand la Commission de la
santé et de la sécurité du travail s'aperçoit que,
dans telle industrie en particulier, il y a beaucoup plus de cas que la moyenne
dans le secteur? On cherche à en avoir une idée. Pourquoi est-ce
que les autres seraient obligés de payer une espèce de
péréquation pour cette industrie spécifique dans le
secteur? On cherche à savoir que...
M. Fréchette: II y a cela aussi.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Saguenay.
M. Grégoire: S'il y avait de l'abus dans une industrie en
particulier, dans un secteur.
M. Ghislain Maltais M. Maltais: Mme la Présidente, je
m'interroge un peu sur certains énoncés que le ministre a
donnés tout à l'heure. Dès qu'on met des professionnels...
Là, l'employeur a droit à son évaluation,
l'accidenté a droit à son évaluation et la CSST, qui doit
être en tribunal, appelons-le comme ça, être la commission
de révision, va avoir droit aussi à son évaluation
médicale.
Dans la pratique courante, et vous le savez très bien, M. le
ministre, lorsqu'on met trois ou quatre rapports d'experts, autant il y a
d'experts, autant il y a de versions. À partir du moment où tout
ce monde devra être confondu - comme dirait l'expression populaire - je
me pose la question suivante: nous allons faire face à des corporations
professionnelles. Est-ce que, parce qu'un professionnel, en vertu de sa
corporation, va contredire un avis juridique ou sera obligé de donner un
avis professionnel - pas un avis juridique parce qu'on parle des avocats,
parlons des médecins - un avis professionnel si sa corporation
l'oblige... Parce qu'à ce moment, cela va être son
évaluation, comme médecin, contre une autre évaluation,
comme médecin. La question que je me pose est la suivante: Au bout d'un
certain temps, va-t-on trouver des médecins qui vont se permettre ces
choses?
M. Fréchette: Le député de Saguenay, qui a
l'air d'avoir de l'expérience des contestations en matière
d'assurances, sait très bien que, quotidiennement, devant les tribunaux,
on se retrouve avec des médecins qui font des évaluations
différentes pour ne pas dire, dans bien des cas, contradictoires. Ces
médecins, qui sont en contradiction l'un avec l'autre sur les
conclusions à tirer d'un état de santé, viennent devant le
tribunal pour défendre leur thèse et personne jusqu'à
maintenant, à ma connaissance en tout cas, ne s'est
particulièrement plaint de cette situation.
M. Maltais: Justement, tout à l'heure, je lisais un petit
article qui disait que les médecins annoncent déjà ce que
j'anticipe un peu, en disant: Écoutez, est-ce que nous, nous serons
obligés d'embarquer dans cette galère? Il faut dire que,
lorsqu'on met des médecins en confrontation - on parlait des compagnies
d'assurances - vous savez très bien que, règle
générale, les compagnies d'assurances ont leurs propres
employés qui sont médecins et qui sont payés pour faire
des évaluations professionnelles et l'assuré a toujours le droit,
lui, de faire valoir sa propre évaluation devant un tribunal. Or, ici,
vous allez avoir des médecins qui vont être demandés par la
CSST, par le travailleur et par l'entrepreneur.
M. Fréchette: Oui.
M. Maltais: Alors, vous allez avoir trois rapports
différents et la question que je me pose... Ce n'est pas moi qui me la
pose, ce sont les médecins qui disent ici qu'au bout d'un certain temps,
dans la pratique courante, cela peut causer des problèmes. Ce n'est pas
moi qui le dis; je cite ce que les médecins disent. Sans doute que le
ministre a aussi pris connaissance de cet article. À partir du moment,
par exemple, où des médecins ne voudront pas donner d'avis
professionnels... Je voudrais être bien sûr d'une chose, c'est que
ces expertises tripartites... Là, on n'a pas affaire à un
tribunal, mais à une commission d'appel. En fait, c'est une
manière de tribunal, si on peut dire, mais qui n'est pas de justice
commune; c'est un tribunal spécifique. Il faut faire la
différence entre les deux et, puisque l'accidenté n'aura pas les
mêmes moyens qu'un tribunal de justice commune, il va être
représenté par ses médecins et non par ses avocats et tout
le principe. Ce que je voudrais savoir de ceux qui ont conçu cet esprit
de la loi, c'est si on est assuré que les médecins, au cours des
prochaines années - je ne dis pas au cours des six prochains mois - que
ces médecins ne feront pas front commun au niveau de ces
évaluations.
M. Fréchette: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: J'espère que le député
de Saguenay n'a pas entrepris de nous convaincre qu'il faudrait garder le statu
quo et faire en sorte que ce soit la commission qui décide de la
durée, de la nature des soins médicaux, ce qui est l'état
actuel des choses. L'objectif fondamental qui est visé, c'est d'en
arriver à faire prendre les bonnes décisions par les personnes
habilitées à les prendre.
Deuxièmement, la crainte du député de Saguenay,
c'est de nous dire, à partir de ce qu'il a lu dans les journaux
aujourd'hui: Est-ce que les arbitres, d'une part, vont vouloir arbitrer? Est-ce
que les médecins des parties vont vouloir continuer de travailler
à l'intérieur de ces mécanismes? Quant aux arbitres, je le
référerai à la façon prévue dans la loi pour
les choisir. Nous allons demander aux corporations professionnelles de voir,à l'intérieur de leur organisme, si des professionnels sont
intéressés à s'inscrire sur la liste d'arbitres pour ces
fins. Moi, le renseignement que j'ai, c'est que, dans l'une et l'autre des
quatre sections des professionnels de la santé, il va y avoir plus de
candidats qu'on n'en aura besoin, selon les renseignements que j'ai
jusqu'à maintenant. Ces arbitres-là vont être nommés
par le ministre et ce sera de leur propre initiative. Ils vont eux-mêmes
offrir leurs services par l'intermédiaire de leur corporation. Quant aux
médecins des parties, c'est sûr qu'il peut y en avoir, et il y en
a, qui évaluent - c'est la situation qui existe actuellement
rappelons-nous simplement les difficultés qui ont surgi à un
moment donné avec les orthopédistes pour toutes sortes de motifs
-qui vont être plus réservés parce que c'est plus rigoureux
pour eux. Ils vont devoir maintenant justifier le diagnostic qu'ils rendent:
déterminer la durée de l'incapacité totale permanente, la
durée de l'incapacité partielle permanente, ce qui n'est pas
obligatoire maintenant. C'est peut-être pour cela qu'il y a des
réticences de la façon dont on parle. Mais comment traiter un
dossier d'ordre médical autrement que par des professionnels de la
santé? Il y a une autre chose qu'il faut dire qui est bien importante et
à laquelle ils vont être sensibles, c'est que maintenant ils vont
être payés.
M. Maltais: Remarquez bien, M. le ministre, que je n'en ai pas
contre le principe; au contraire, je trouve qu'il est nouveau, louable et
excellent. Là où est ma crainte, c'est qu'on change une habitude.
Avant cela, les médecins émettaient des avis, des rapports
médicaux, et très rarement ils avaient à les
défendre. Vous savez très bien que pour les professionnels, les
professionnels de la santé en particulier, c'est compliqué
défendre un dossier parce qu'il faut amener des arguments. Il s'agit
d'examens beaucoup plus approfondis, et peut-être plus d'un examen, et il
faut suivre continuellement son patient, chose qu'ils ne font à peu
près pas dans la pratique privée. Si on va voir son patient tous
les trente jours et qu'on meurt en attendant, c'est une nouvelle maladie et on
ferme le dossier. Mais là, le client qu'ils vont traiter et qui, lui, va
choisir tel professionnel, à la fin de la course, ce professionnel aura
à défendre ces implications puisque ces rapports médicaux
aurant des incidences financières très importantes. Là
où est ma crainte, peut-être qu'elle n'est pas justifiée,
vous me dites que vous avez consulté les corporations professionnelles
et elles sont d'accord, je suis sûr que vous allez en trouver. Je
voudrais savoir - si le député de Sainte-Marie était ici:
Allons-nous trouver les bons? Il y a toujours un attrait qui s'en vient: comme
vous l'avez dit tantôt, c'est qu'ils vont être payés. Avant
cela, c'était plus ou moins laissé... Cependant, j'aimerais
être sûr que, lorsque vous allez consulter les corporations
professionnelles, on aura la qualité et que ces gens-là sauront
dans quoi ils s'embarquent.
M. Fréchette: Je suis obligé de présumer que
les corporations professionnelles ne vont pas nous soumettre des
candidatures
de gens qui n'auront pas toutes les qualités et toutes les
aptitudes pour accomplir ce travail. Je suis obligé de partir avec cette
présomption-là, sans quoi aucun mécanisme ne peut
s'enclencher.
Deuxièmement, une petite précision: le médecin
traitant ne sera pas obligé d'aller défendre son opinion devant
l'arbitre. L'arbitre va évaluer à partir du contenu de
l'expertise du médecin traitant. Il n'aura pas à se confronter
à l'arbitre et il n'aura pas à se confronter non plus au
médecin de l'employeur. Ils ne sont pas là, ni l'un ni l'autre.
L'arbitre a en main le dossier médical et il a aussi, à la
demande de l'accidenté, l'opportunité de l'examiner.
Supposons à la rigueur que cela nous amène
jusque-là. Le député de Saguenay dit: Oui, mais cette loi
va être contraignante un peu pour les médecins. Cela va les
obliger à aller défendre leur opinion. Il me semble que c'est une
raison de plus pour nous amener à la conclusion que, s'ils sont
pincés devant l'éventualité d'aller défendre leur
opinion, cela va aussi les obliger à peut-être un peu plus de
rigueur que ce qu'actuellement ils peuvent avoir.
M. Maltais: Je ne me plaindrai pas de cela, M. le ministre, loin
de là. Si on regarde tout le cheminement que ces dossiers auront
à suivre, ils auront des implications financières énormes.
Je parle des 10% de cas assez graves qu'on retrouve. Je veux être bien
sûr - je ne dis pas que les corporations professionnelles ne vous
fourniront pas les meilleurs sujets pour ces choses-là, loin de
là, en n'est pas ma pensée, mais je vnux être certain que,
lorsque vous allez les consulter, ces derniers sachent dans quoi ils
s'embarquent. (16 h 45)
M. Fréchette: Ils ont suivi les travaux de la commission
d'assez près pour savoir dans quoi ils s'embarquent. Et,
deuxièmement...
M. Maltais: Quel était leur opinion là-dessus?
M. Fréchette: Ils aiment beaucoup mieux le régime
proposé dans le projet de loi que celui qui existe actuellement.
Actuellement, ils peuvent même voir foutre au bout des bras par la
commission, pas par un autre médecin, leur expertise médicale.
Ils ne sont pas tout à fait heureux dans le régime actuel et les
corporations professionnelles nous disent qu'elles sont disposées
à s'impliquer expressément dans le processus qui est
suggéré là. Encore une fois, à partir de" la
garantie ou de la présomption que l'on doit avoir, que les corporations
ne vont pas nous soumettre des noms de gens qui n'auraient pas les
qualités pour faire ce travail-là, je me dis qu'il faut donner la
chance au coureur; il faut tenir pour acquis, prima facie, que tout le monde
est de bonne foi et que le système fonctionne bien. Je ne suis pas en
train de vous dire qu'il n'y aura pas de lacune; il va y en avoir, c'est
sûr.
M. Maltais: Merci. Mme la Présidente, y aurait-il
moyen...
La Présidente (Mme Juneau): Cela va, pour les
commentaires?
M. Maltais: ...qu'on arrache cette fenêtre-là, pour
que cela arrête de faire du bruit pendant qu'on parle? C'est
agaçant, cela en est insupportable.
La Présidente (Mme Juneau): On va essayer de
remédier à cela, M. le député. Est-ce que cela va,
pour les commentaires?
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Brièvement, j'aurais voulu faire quelques
commentaires pour enchaîner sur ce que mon collègue de
Saguenay...
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: II me semble, M. le ministre, quand vous lisez... Ce
n'est pas par rapport à cet article-là que je dis cela, parce
qu'on n'a qu'à voir tout le chapitre de la loi. Combien de fois
parle-t-on de formulaires, de rapports, d'attestations? Ce n'est pas croyable
comme on crée une bureaucratie presque monstre de paperasse. Comment
va-t-on être capable de naviguer à travers tout cela dans le
délai de dix jours qu'on demande, compte tenu, par exemple -l'article
l'a souligné - des délais dans les hôpitaux, dans les
établissements de santé, l'engorgement de la médecine,
surtout en certains endroits comme les régions éloignées
où on n'a pas de médecins, on n'a pas de spécialistes?
Est-ce qu'on a essayé de voir un peu ce qui se fait ailleurs?
Qu'est-ce qui se fait maintenant? Est-ce qu'on a essayé de comparer?Je ne dis pas qu'ailleurs on fait mieux qu'ici, je ne dis pas cela. Mais
sûrement que ces choses-là ont dû être testées.
Là, je vous voyais à l'article 186: Le médecin aura
à produire un formulaire prescrit par la commission, qui va certainement
être quelque chose d'assez conséquent s'il a besoin de donner des
diagnostics complets, plus de quatorze jours, par exemple, un rapport sommaire
de toutes sortes de choses. Article 189: II aura à fournir un rapport
qui comporte les précisions requises par la commission. À
l'article 190: II aura à expédier à la commission un
formulaire - qui va sûrement être bien long - qui contient quatre
ou
cinq...
Qu'est-ce que les autres font là-dessus? Est-ce qu'on a pu aller
voir, par exemple, ce que l'Ontario fait? Est-ce qu'ils ont ce
système-là? Quel système ont-ils? A-t-on pu voir si c'est
efficace ou inefficace? Est-ce qu'on a pu comparer?
M. Fréchette: Nous somme allés, Mme la
Présidente, en Saskatchewan, au cours de l'automne dernier, pour faire
ce genre vérification. Et nous sommes arrivés à la
conclusion que le régime qu'on est en train de proposer ressemble
étrangement à ce qui existe là-bas. L'Ontario, c'est
à peu près aussi avec certaines variantes, mais le fond est le
même - le mécanisme qu'on suggère là. Mais ce qui
est le plus important de tout, je pense, c'est que, lorsque l'on parle de
formulaires, d'obligation de remplir certains documents, tout ce
mécanisme a été préparé en collaboration
avec les différentes corporations professionnelles, qui nous ont dit:
Voulez-vous, les formulaires, nous allons collaborer avec vous à leur
préparation? Est-ce que vous nous permettez de nous impliquer dans la
formulation qu'on va retrouver dans ces documents? C'est ce qu'ils sont en
train de faire, actuellement, en collaboration avec la Commission de la
santé et de la sécurité du travail.
Deuxièmement, et je ne voudrais pas paraître terre à
terre quand je dis cela, jusqu'à maintenant, voyez-vous, ces
médecins-là n'étaient pas payés pour ce genre de
services qu'ils rendaient. La loi prévoit que, maintenant, ils vont
l'être, ce qui n'est que normal, me semble-t-il. C'est un service
professionnel comme n'importe quel autre qu'ils pourraient rendre. Cela peut
devenir un incitatif de collaboration plus étroite qu'à certains
moments on en a retrouvé dans l'état actuel des choses. Mais il
m'apparaît que la question importante à retenir, c'est le fait que
tout ce chapitre-là s'est élaboré, s'est
préparé, les formulaires dont on parle également, en
collaboration avec les corporations professionnelles. Ce qu'on sait des autres
mécanismes à l'extérieur, c'est que cela se ressemble
étrangement quant au fond. Il peut y avoir quelques techniques ou
quelques modalités qui varient d'un endroit à l'autre, mais
fondamentalement c'est à peu près partout la même chose,
à moins que l'on doive retirer le principe de la priorité du
rapport du médecin traitant et, de surcroît le principe que la
décision finale en matière médicale doit être prise
par un professionnel de la santé.
M. Lincoln: En d'autres mots, les vues qu'exprime ce Dr Fortin,
je ne sais pas lui qu'est-ce... Ce n'est pas typique, d'après vous?
M. Fréchette: D'après moi, ce n'est pas typique. Je
respecte l'opinion du Dr Fortin, il a droit à cette opinion-là,
mais cela peut être le même phénomène que celui que
l'on retrouve quant à l'évaluation globale de la loi. Vous allez
avoir certaines associations qui ne veulent pour aucune considération
que cette loi soit adoptée, qui en exigent même le retrait. On le
voit par le nombre de pétitions qui sont déposées à
l'Assemblée nationale; alors qu'une autre centrale syndicale importante
dit: Plus on retarde l'application de la loi, plus il y a préjudice pour
les travailleurs. Que des médecins évaluent de façon
différente les mécanismes ou les phénomènes qu'on
retrouve là, cela m'apparaît tout à fait normal, comme il
est normal que des gens veulent et d'autres ne veulent pas la loi
elle-même. C'est à peu près le même
phénomène. Il y a une chose sur laquelle on va s'entendre: il est
à peu près impossible d'espérer pouvoir satisfaire tout le
monde en même temps. Je pense que là-dessus c'est triste un peu,
mais c'est comme ça.
La Présidente (Mme Juneau): À la suite de ces
explications, est-ce qu'on peut procéder à l'étude de
l'article 186?
Une voix: Mme la Présidente, on peut commencer.
La Présidente (Mme Juneau): Oui, l'article 186.
Une voix: II s'est réveillé.
M. Bisaillon: C'est très péjoratif: on pourrait
commencer. J'ai l'impression qu'on a commencé depuis trois heures.
La Présidente (Mme Juneau): Nous pouvons continuer...
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 186?
M. Fréchette: J'ai l'information, Mme la
Présidente, pour le député de Sainte-Marie quant à
la question du secret professionnel. Les optométristes et les dentistes
sont liés par le secret professionnel. Les pharmaciens ne peuvent
être contraints de dévoiler les informations qui leur sont
transmises, les informations d'ordre médical qui leur sont transmises.
Ils peuvent bien le faire s'ils le veulent, mais personne ne peut les obliger
à le faire. De sorte qu'ils se retrouveraient devant un tribunal
à un moment donné et le pharmacien dirait au juge ou à
n'importe qui est là, en vertu des dispositions de la loi: Je ne suis
pas obligé de vous dévoiler des choses, n'insistez pas, je ne
vous le dirai pas. Ce serait conforme aux dispositions de la loi.
M. Bisaillon: Est-ce que c'est seulement
dans leur sphère d'activité ou si cela comprend tout
renseignement d'ordre médical?
M. Fréchette: Je le présume.
M. Bisaillon: C'est parce que c'est bien différent.
M. Fréchette: Ce qui leur est dévoilé dans
leur profession, me dit-on.
M. Bisaillon: Si, par exemple, un pharmacien prend connaissance
du dossier médical d'un individu ou qu'il est obligé d'agir dans
ce dossier, pour tout ce qui concerne sa profession à lui, il est tenu
au secret professionnel, mais pour ce qui ne concerne pas sa profession,
c'est-à-dire tout l'aspect traitement, médicaments... C'est cela
mon interrogation.
M. Fréchette: Cela lui serait communiqué dans
l'exercice de sa profession.
M. Bisaillon: D'accord.
M. Fréchette: C'est ça le critère.
M. Bisaillon: Ce qu'il entend dans l'exercice de sa profession.
Ça va.
Dispositions générales
La Présidente (Mme Juneau): II y a un amendement à
l'article 186. Si vous le voulez, on va lire l'amendement. Remplacer la
première ligne par la suivante: "Le médecin qui, le premier,
prend charge d'un." Remplacer, dans les deuxième et troisième
lignes des paragraphes 1° et 2° , les mots "elle s'est
manifestée" par les mots: "il est devenu incapable d'exercer son emploi
en raison de sa lésion". Ajouter à la fin l'alinéa
suivant: "Cependant, si le travailleur n'est pas en mesure de choisir le
médecin qui, le premier, en prend charge, il peut, aussitôt qu'il
est en mesure de le faire, choisir un autre médecin qui en prend charge
et qui doit alors, à la demande du travailleur, lui remettre
l'attestation prévue par le premier alinéa."
M. Bisaillon: Le nouveau texte, ce serait quoi?
M. Fréchette: L'amendement? Ah, le texte global?
M. Bisaillon: Si on adoptait tous les amendements de même,
cela ferait quelle sorte de texte?
M. Fréchette: Je vais courir le risque de vous lire cela.
Vous allez me le donner? Je ne courrai pas de risque, je vais attendre le
texte.
M. Lincoln: En attendant le texte, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Comment, en pratique, est-ce que les médecins
évaluent la question de quatorze jours, moins de quatorze jours? Est-ce
une espèce d'évaluation tout à fait estimative? Cela doit
être très difficile de situer quelque chose, la consolidation
d'une lésion. Je voulais demander en pratique comment cela se passe.
Est-ce que ce sont des estimations qui sont...
Une voix: "Tentative".
M. Fréchette: C'est très subjectif.
M. Lincoln: D'accord, mais est-ce que dans la pratique c'est
précis ou si cela varie beaucoup? Là, on situe les quatorze jours
et les plus de quatorze jours d'après l'estimation du médecin.
Est-ce que...?
M. Fréchette: Cela peut varier suivant la
méthodologie, si vous me passez l'expression, utilisée par le
médecin. Il peut bien arriver - ce ne serait pas une surprise absolue -
qu'un médecin dans un cas évalue une incapacité pour plus
de quatorze jours et dans le même cas un autre médecin dise: C'est
moins de quatorze jours. Il n'y a pas de moyen d'intervenir pour essayer de
faire une règle absolue avec cela. Il faut laisser le médecin, en
vertu de la connaissance qu'il a du cas et de l'appréciation qu'il en
fait, évaluer le phénomène dont il est question. On n'est
pas capable de poser de règle absolue à cet égard. C'est
absolument impossible. C'est tellement vrai que vous allez avoir des rapports
médicaux - on voit cela souvent - des médecins qui vont
évaluer qu'un accidenté de la route, du temps où cela
existait, était affecté d'une incapacité totale temporaire
de deux ans et un autre médecin, vis-à-vis du même
accidenté et des mêmes circonstances, disait: Bien non, c'est une
incapacité totale temporaire de trois ans. Il reste qu'il faut arbitrer
cela à un moment donné.
Mme la Présidente, le texte deviendrait le suivant...
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: Le médecin qui, le premier, prend
charge d'un travailleur victime d'une lésion professionnelle doit
remettre sans délai à celui-ci, sur le formulaire prescrit par la
commission, une attestation comportant le diagnostic et:
1° s'il prévoit que la lésion professionnelle du
travailleur sera consolidée dans les quatorze jours complets suivant la
date où il est devenu incapable d'exercer son emploi en raison de sa
lésion, la date prévisible de consolidation de cette
lésion ou 2° s'il prévoit que la lésion
professionnelle du travailleur sera consolidée plus de quatorze jours
complets après la date où elle s'est manifestée, la
période prévisible de consolidation de cette lésion.
La Présidente (Mme Juneau): Les mots "s'est
manifestée" doivent s'en aller dans le deuxième paragraphe.
M. Fréchette: Ah oui: il est devenu incapable.
La Présidente (Mme Juneau): C'est cela.
M. Bisaillon: II est devenu incapable.
La Présidente (Mme Juneau): C'est cela.
M. Bisaillon: Ce serait le même texte qu'au premier, la
même formule.
La Présidente (Mme Juneau): C'est cela.
M. Fréchette: Et le dernier paragraphe, qui est d'une
capitale importance, il me semble: "Cependant, si le travailleur n'est pas en
mesure de choisir le médecin qui, le premier, en prend charge, il peut,
aussitôt qu'il est en mesure de le faire, choisir un autre médecin
qui en prend charge et qui doit alors, à la demande du travailleur, lui
remettre l'attestation prévue par le premier alinéa."
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Viau.
M. Cusano: Oui, cela va. Sur les amendements, je suis d'accord.
Est-ce que l'on va traiter des amendements si l'on va permettre un commentaire
sur le nouvel article? (17 heures)
La Présidente (Mme Juneau): Si nous sommes d'accord avec
l'amendement, on fera adopter l'amendement et, après, on parlera...
M. Bisaillon: On pourrait peut-être discuter après,
on pourra adopter l'article en bloc.
M. Cusano: Oui, cela peut amener des changements.
La Présidente (Mme Juneau): Vous préféreriez
cela? Cela va.
M. Cusano: Je comprends les avantages et même la
nécessité qu'on se serve d'un formulaire prescrit par la CSST,
spécialement lorsqu'il s'agit d'absences de quatorze jours et plus, mais
est-ce qu'on pourrait me convaincre de la nécessité qu'on emploie
un formulaire de la CSST pour des absences de moins de quatorze jours? Parce
que la plupart des absences - vous l'avez dit; on l'a constaté par les
rapports annuels - ce sont des absences qui sont d'une durée de moins de
quatorze jours. Il me semble, à la suite de l'article...
M. Fréchette: Un commentaire là-dessus, Mme la
Présidente. Le formulaire dont il est question à l'article 186,
c'est un formulaire que le médecin a dans son cabinet et, me dit-on,
qu'il souhaite avoir. Le médecin préfère travailler avec
le formulaire que la commission lui transmet que d'écrire à la
longue main une évaluation ou alors de prendre le temps avec sa
secrétaire ou avec une autre personne d'élaborer l'attestation
dont il est question.
On me dit que la corporation négocie à la fois le contenu
et le prix du formulaire. Maintenant, si on est en train de me dire qu'on
devrait le faire disparaître, vous savez, je n'en ferai pas de jaunisse,
sauf qu'on rendrait un mauvais service à la corporation, parce que c'est
elle qui le veut.
Une voix: La corporation des médecins? M.
Fréchette: C'est elle qui le veut.
M. Cusano: Comme je l'ai dit tout à l'heure, M. le
ministre, je comprends la nécessité pour les absences
d'au-delà de quatorze jours. Pour une lésion qui est
consolidée à l'intérieur des quatorze jours, je n'en vois
pas la nécessité. Pour moi, un simple bout de papier serait
suffisant.
M. Fréchette: On peut l'enlever; on peut très
facilement l'enlever.
Complètement, si vous le voulez.
M. Cusano: Seulement pour quatorze jours et moins.
Une voix: C'est parce qu'il est obligé de faire ça
en plusieurs copies.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Le député de Viau n'a pas
terminé.
M. Fréchette: Vous comprenez que le médecin va se
retrouver dans un...
M. Bisaillon: Mais ça ne l'empêche pas de
l'utiliser.
M. Fréchette: II y aura un papier qui va à
l'employeur aussi.
M. Cusano: Si on pouvait prendre connaissance du formulaire en
question, on pourrait...
Une voix: À l'article 59, l'employeur l'exige pour
être payé.
M. Fréchette: À l'article 59, vous voyez les
obligations auxquelles est astreint le médecin et s'il doit commencer
lui-même - autant pour une incapacité de moins de quatorze jours
que de plus de quatorze - à préparer tous ces formulaires en
autant de copies que c'est nécessaire...
Une voix: C'est le genre de formulaire...
M. Bisaillon: Ce sont les amendements, ça?
M. Fréchette: J'ai un exemplaire du formulaire. Je ne sais
pas si cela peut être utile. En tout cas, ça ne me fait rien de
l'enlever, mais je vous...
M. Cusano: Je voulais savoir - vous êtes en train de nous
reconvaincre de sa nécessité - je me demandais si c'était
aussi nécessaire que ça. Là, vous dites: II s'en sert pour
se faire rembourser lui-même. Premièrement, j'avais oublié
cet aspect du paiement.
M. Fréchette: Ce n'est pas un formulaire qui est
compliqué beaucoup: juste le bas de la feuille que je vous montre
là et ça passe facilement sur la petite machine de la carte de
crédit.
M. Grégoire: II envoie une copie à la commission et
une à l'employeur?
M. Fréchette: Pas à la commission, à
l'employeur.
M. Grégoire: À l'employeur seulement.
M. Fréchette: Et à l'accidenté aussi. Il le
remet à l'accidenté, sans délai.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Mme la Présidente, ça ne me convainc
pas. J'avais le même commentaire sur ça. Je trouve que la pratique
administrative peut être exactement ce qui se fait actuellement.
Autrement dit, le formulaire peut exister, il peut être dans un cabinet
de médecin, ils peuvent trouver préférable de l'utiliser
sans . que nécessairement il soit inscrit dans la loi. Le fait de
l'inscrire dans la loi, ça voudrait dire que, si ce n'est pas fait sur
le formulaire prescrit par la commission, l'avis n'a pas de valeur.
Je trouve que la commission peut fort bien donner comme service à
la corporation et aux médecins le formulaire; les médecins
peuvent trouver fort bien que c'est plus facile pour eux d'utiliser ce
formulaire sans qu'on l'écrive pour autant dans la loi. Je trouve qu'il
y a une différence entre les deux. Le fait de l'inscrire dans la loi,
ça rend - je cherche le terme, s'il y avait un avocat, il me le dirait -
nul et non avenu un document qui donnerait les mêmes renseignements
exigés par la loi mais qui ne seraient pas sur le formulaire.
M. Fréchette: L'article 335 répondrait à
l'inquiétude du député de Sainte-Marie.
Deuxièmement, la loi de l'interprétation, me souffle-t-on, est
ainsi faite que ça ne rend pas nul...
M. Bisailion: À ce moment-là, il n'y a pas de
problème.
La Présidente (Mme Juneau): L'amendement...
M. Bisaillon: Juste un commentaire.
La Présidente (Mme Juneau): Cela va, M. le
député.
M. Bisaillon: Dans l'article 186, vous voulez couvrir le premier
examen, c'est-à-dire celui qui se fait immédiatement, au moment
où l'accident se produit, par exemple, où la maladie
professionnelle est constatée. C'est le premier examen qui, lui, si j'ai
bien compris, sera suivi, dans l'article 187, par un deuxième examen
dans les six jours où, là, on va demander davantage de
renseignements. Je vous dis ça, c'est pour la notion de qui prend charge
le premier.
La notion de médecin traitant est une notion que tout le monde
comprend et qui est facile à retenir. Je comprends que vous avez
écrit ça pour faire la distinction entre le médecin qui le
voit le premier et en disant, après ça, que le travailleur peut
changer et aller voir le médecin de son choix. En dehors de l'article
186, d'après moi, on devrait utiliser la notion de médecin
traitant et faire une distinction entre le médecin qui, le premier,
prend charge, qui peut devenir le médecin traitant... Autrement dit, le
médecin traitant, ce serait à partir du deuxième examen,
à partir du choix. Cela, c'est une notion qu'on comprend. Mais le
médecin qui, le premier, prend charge, ce n'est pas
nécessairement lui qui va rester après. Vous avez d'ailleurs un
amendement qui prévoit ça, qui prévoit qu'il peut le
changer. Je trouverais dommage qu'on enlève
la notion de médecin traitant que vous aviez déjà.
Je comprends pourquoi vous l'avez enlevée, mais il reste qu'il faudrait
trouver un moyen, entre l'article 186 et les autres, pour utiliser dans les
autres, peut-être, la notion de médecin traitant.
M. Fréchette: Est-ce que je peux simplement signaler au
député de Sainte-Marie qu'il y a une distinction de fond entre
l'expression utilisée à l'article 186 et l'expression qu'on
retrouve aux autres articles? Dans l'article 186, on dit: Le médecin
qui, le premier, prend charge.
M. Bisaillon: Oui.
M. Fréchette: Dans les autres, on dit: Le médecin
qui a charge. L'expression a été retenue à partir de
suggestions faites par le monde médical lui-même et à
partir de suggestions faites par plusieurs groupes qui ont été
consultés après le dépôt de la loi
réimprimée.
M. Bisaillon: Donc, les spécialistes de la santé
préféreraient l'expression "le médecin qui a charge"
plutôt que "le médecin traitant".
M. Fréchette: Oui. Et pas seulement les
spécialistes, les associations syndicales aussi, les associations
d'employeurs.
M. Bisaillon: Je trouvais que l'expression "médecin
traitant" était une expression commune qu'on utilise constamment.
M. Fréchette: Moi aussi, j'étais convaincu de
ça. On était tout à fait convaincu de ça, c'est
l'expression qu'on utilisait dans la première... C'est l'expression
qu'on utilise couramment et on sait très bien à quel
phénomène cela fait référence. On avait aussi
retenu dans la loi, comme on l'avait déposé en deuxième
lecture en novembre 1983, l'expression "médecin traitant", mais
là toute espèce d'inquiétude a commencé à
fuser partout et on nous a dit: Cela peut être la source de confusion
totale. Utiliser l'expression "qui prend charge", pour satisfaire à la
première exigence à l'article 186 et ensuite "qui a charge", vous
ne vous trompez pas. Parce que, si vous parlez du médecin traitant...
Prenons le cas où un médecin de médecine
générale a la responsabilité du dossier de
l'accidenté, mais qu'il demande en consultation un orthopédiste,
qu'il demande en consultation un neurologue, qu'il demande en consultation un
autre spécialiste. Qui est le médecin traitant des quatre ou cinq
qui sont impliqués dans le dossier? Alors que, nous dit-on, quand vous
utilisez l'expression "qui a charge", vous ne vous trompez pas et vous vous
référez au médecin qui est responsable du dossier.
M. Bisaillon: Qui commande les avis.
M. Fréchette: On voulait effectivement utiliser
l'expression "médecin responsable". La corporation nous a dit non, cela,
on ne veut pas...
Une voix: ...
M. Fréchette: Voilà! Mais le
phénomène dont je viens de parler au député de
Sainte-Marie, est réel. Lequel de l'orthopédiste, du neurologue
ou de l'autre va être le médecin traitant quand on voudra faire
référence à la loi? Alors que, nous dit-on, encore une
fois, quand vous utilisez l'expression "qui a charge", vous répondez
très précisément à l'objectif que vous voulez
atteindre.
M. Bisaillon: Une dernière question. La première
évaluation qui est faite et qu'on consigne sur le formulaire prescrit
par la commission, est-ce que cela lie, est-ce que cela peut être
renversé dans le deuxième examen? Autrement dit, est-ce une
première analyse faite sur les lieux, rapidement, et cette analyse
lie-t-elle?
M. Fréchette: Je pense, Mme la Présidente, que l'on
doive retenir le principe général dont on a parlé dans nos
remarques générales: en tout état de cause, le rapport du
médecin qui prend charge ou qui a charge lie effectivement la commission
sous la réserve, évidemment, des contestations possibles et
prévues dans la loi.
M. Bisaillon: Est-ce que cela lie le médecin aussi? Il
fait une première constatation et, si c'est le deuxièmement qui
s'applique, s'il pense que c'est plus de quatorze jours, dans les six jours, il
doit acheminer un autre rapport à la commission après le
deuxième examen. Mais s'il prévoit, lorsqu'il fait son premier
examen, que cela va être moins de quatorze jours pour la consolidation et
que dans la semaine qui suit il y a des complications qui se présentent,
est-ce que le travailleur, le médecin qui a pris charge est lié
par le premier rapport qu'il a fait?
M. Fréchette: Pas du tout. Je ne vois pas comment on
pourrait lier le professionnel de la santé à un délai
déterminé. S'il arrive une aggravation le lendemain qu'il a fait
l'évaluation, ou dans la semaine qui suit, ou pendant que les
traitements se font, qu'il découvre des choses qu'il n'avait pas
découvertes au début, je ne vois pas comment on pourrait
empêcher que le médecin réévalue sa situation
à l'intérieur
des quatorze jours et nous dise: J'avais prévu quatorze jours,
mais cela va être un mois, il n'y a rien dans la loi qui empêche
cela.
M. Bisaillon: II n'y a rien qui dit qu'il peut le faire non plus,
que cela peut être cela non plus.
M. Fréchette: Ce n'est pas défendu, c'est
permis.
M. Bisaillon: Cela va.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'amendement
à l'article 18...
M. Bisaillon: Un instant! On ajoute un autre alinéa. Pour
ce qui est des premières parties, cela va. Dans l'alinéa qu'on
ajoute... regardez votre deuxième alinéa...
M. Fréchette: Oui.
M. Bisaillon: "Cependant, si le travailleur n'est pas en mesure
de choisir le médecin qui, le premier en prend charge, il peut,
aussitôt qu'il est en mesure de le faire, choisir un autre médecin
qui en prend charge." L'autre médecin, c'est le médecin qui va
avoir charge, selon votre expression. Cela ne devrait pas être "qui en
prend charge", mais "qui en aura charge", si vous voulez faire la distinction
entre "qui le premier en prend charge" et "qui a charge".
M. Fréchette: Cela va.
M. Bisaillon: Qui en prendra charge.
M. Fréchette: Oui.
Une voix: Qui en aura charge.
M. Bisaillon: Non, qui en aura charge.
M. Fréchette: Oui, parce qu'on va retomber dans le
même piège. Qui en aura charge. (17 h 15)
La Présidente (Mme Juneau): Cela va? L'amendement à
l'article... Oui, M. le député de Viau.
M. Cusano: Est-ce que quelqu'un peut prendre cette
décision au nom de l'accidenté?
M. Fréchette: Bien noni
M. Cusano: Si l'accidenté est totalement...
Une voix: "Kaput"?
M. Cusano: ..."kaput", comme on peut dire, cela veut dire qu'il
faut qu'il soit... S'il reste à l'hôpital où il a
été transporté la première fois, les parents...
M. Fréchette: Ce sont les règles ordinaires qui
s'appliquent en semblables circonstances qui devraient continuer de
s'appliquer. Si l'accidenté est dans le coma pendant un mois et demi,
que son épouse ou ses enfants en viennent à la conclusion que les
soins qu'il reçoit ne sont pas satisfaisants, personne ne va
empêcher l'épouse, ou une personne responsable, enfin, quelqu'un
qui est lié à l'accidenté, de changer de professionnel.
Lui, quand il redeviendra en mesure de faire un choix-Une voix: II
pourra faire la même chose.
M. Fréchette: C'est cela. Il pourra faire le même
choix ou changer.
La Présidente (Mme Juneau): L'amendement à
l'article 186 est-il adopté?
M. Cusano: Adopté. M. Fréchette:
Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 186 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): À l'article 187, il y a
un amendement. L'amendement à l'article 187 se lit comme suit: Remplacer
l'article 187 par le suivant: "Dans le cas prévu par le paragraphe 2 du
dernier alinéa de l'article 186, le médecin qui a charge du
travailleur doit de plus expédier à la commission, dans les six
jours de son premier examen, sur le formulaire qu'elle prescrit, un rapport
sommaire comportant notamment: 1 la date de l'accident du travail; 2 le
diagnostic principal et les renseignements complémentaires pertinents; 3
la période prévisible de consolidation de la lésion
professionnelle; 4 le fait que le travailleur est en attente de traitements de
physiothérapie ou d'ergothérapie ou en attente d'hospitalisation,
ou le fait qu'il reçoit de tels traitements ou qu'il est
hospitalisé; 5 dans la mesure où il peut se prononcer à
cet égard, la possibilité que des séquelles permanentes
subsistent. Il en est de même pour tout médecin qui en prend
charge subséquemment." M. le député de Saguenay.
M. Maltais: M. le ministre, est-ce que j'ai bien lu dans la
dernière phrase du premier paragraphe: dans les six jours de son premier
examen, sur un formulaire qu'elle prescrit, un rapport sommaire? Lorsqu'on voit
toute la liste de choses que le médecin doit faire, ce n'est pas
plutôt un rapport
complet? Vous lui en demandez des affaires à ce
médecin-lè?
M. Fréchette: Un rapport complet, ce serait de dire:
fracture à la jambe droite; elle est de tel caractère; elle va
nécessairement engendrer un retrait complet du milieu de travail pour
une période de trois mois; elle se situe à tel niveau; c'est une
expertise médicale complète, si on enlève le mot
"sommaire".
M. Maltais: Oui, mais on écrit un diagnostic.
M. Fréchette: Oui, mais ce sont lesconclusions.
M. Maltais Non, non, la première chose de toutes, c'est ce
qu'il a eu, donc, c'est le diagnostic; deuxièmement, la nature et la
durée du traitement: cela veut dire le moment où il va retourner
au travail...
Une voix: Non, non.
M. Maltais: Passez-moi les amendements, je ne les ai pas encore,
mais ils reviennent au même.
M. Fréchette: La meilleure façon de répondre
serait peut-être de montrer au député de Saguenay quel est
le formulaire dont on parle.
M. Maltais: Bon...
M. Fréchette: À la toute fin de la feuille... la
grandeur d'une carte de crédit.
Une voix: Ce n'est pas le même que...
M. Fréchette: C'est le même format, mais ce n'est
pas le même contenu.
M. Bisaillon: C'est comme mettre la plomberie dans le programme
du parti.
La Présidente (Mme Juneau): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'amendement? M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Non, non.
La Présidente (Mme Juneau): Ah! Ça va.
Une voix: Vas-y.
M. Maltais: Quant à la formule, je vous concède
qu'elle n'est pas grande, mais le médecin, avant de cocher chacune de
ces choses-là, savez-vous qu'il doit y penser deux fois?
M. Fréchette: Voyez-vous, il y a des numéros
partout; cela procède par codes. Ils ont l'habitude de le faire. Ils
vont être payés pour le faire. C'est toujours un
élément dont il faut tenir compte, qui n'existe pas actuellement.
Ils en négocient autant le contenu que le coût.
M. Grégoire: Ahl Ils vont être payés
pour remplir la formule.
M. Fréchette: Bien oui! Cela va être un peu plus
contraignant cela aussi.
M. Bisaillon: S'il n'y avait pas de formules, ils ne seraient pas
payés.
M. Grégoire: Cela va créer de l'emploi. M.
Cusano: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Viau.
M. Cusano: Lorsque vous parlez de la période d'attente de
traitements de physiothérapie et d'ergothérapie, pourrait-on nous
dire quelle est la situation... On présume ici qu'il va y avoir une
période d'attente. Pourrait-on nous dire du côté de la CSST
quel est le problème et la période d'attente normale avant qu'on
puisse recevoir des soins de physiothérapie?
M. Fréchette: Après l'accident, l'accidenté
n'est pas toujours prêt à aller en physiothérapie. Dans le
cas d'une fracture, par exemple, vous allez convenir avec moi que, tant et
aussi longtemps que le plâtre est là, je ne vois pas comment on
peut se livrer à des traitements de physiothérapie. Cela pourrait
être une période d'attente; cela pourrait être
également une période d'attente à cause de l'engorgement
très probablement.
M. Cusano: II y a deux types de périodes d'attente.
M. Fréchette: Bien oui!
M. Cusano: Ce n'est pas sur la première, c'est sur la
deuxième pour savoir quel est l'état des choses
présentement à la CSST pour des personnes qui doivent attendre
avant de recevoir des traitements.
M. Fréchette: L'état de la situation, Mme la
Présidente, c'est le suivant: dans les régions
périphériques en dehors de Montréal et Québec, les
délais dus à la congestion sont de deux à trois jours, me
dit-on. Cependant, quand vous arrivez dans les grands centres, par exemple,
Montréal et Québec, ce délai est considérablement
prolongé, il varie entre dix jours et trois mois. Ce n'est la faute de
personne. Il y a
de la congestion et les gens ne peuvent pas être reçus en
physiothérapie. Devant cette situation, la commission a entrepris de
négocier, avec l'Association des hôpitaux du Québec, une
entente en vertu de laquelle des dispositions seraient prises pour que ce
délai soit rétréci le plus possible. On est en face d'une
situation dont la responsabilité ne peut être imputée ni
à la commission, ni aux travailleurs, ni à l'employeur dans ce
cas-ci.
M. Cusano: Où est-on rendu dans les négociations?
Est-ce seulement une intention de négocier ou...?
M. Fréchette: II y a déjà un projet de
contrat qui a été préparé entre les parties. On me
signale que, très probablement, à l'époque la plus
rapprochée après la période des fêtes, ce contrat
devrait être signé.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Deux questions commentaires. Le délai dans
les six jours... D'abord, que se passe-t-il si ce deuxième rapport
demandé n'arrive pas dans les délais?
M. Fréchette: II ne se passe rien, personne ne perd de
droit. Absolument personne ne perd de droit. En d'autres mots, ce n'est pas, en
matière de procédure civile, un délai qui est dit de
rigueur. Ce qui se passe effectivement si le deuxième rapport n'entre
pas là où il doit être acheminé, c'est le traitement
qui va être retardé et bloqué d'autant. Le traitement
général du dossier va être bloqué tant et aussi
longtemps que ce deuxième rapport ne sera pas entré. Mais s'il
n'est pas entré...
Une voix: ...
M. Fréchette: Non, pas du tout. De toute façon,
l'indemnité de revenu, à ce moment-là, n'est pas
payée, il n'y a pas de...
M. Bisaillon: ...jour? M. Fréchette: Oui.
M. Bisaillon: Alors, si la commission n'a pas reçu dans
les six jours le deuxième rapport, va-t-elle, après le
quatorzième jour, payer l'indemnité de remplacement du
revenu?
M. Fréchette: À partir de quoi?
M. Bisaillon: Elle a déjà eu un premier
rapport...
M. Fréchette: Oui.
M. Bisaillon: ...qui disait...
M. Fréchette: Le premier rapport a été
envoyé à l'employeur et a été remis au travailleur.
Il n'a pas été envoyé à la commission. C'est cela,
le phénomène.
M. Bisaillon: Voyez-vous le problème que je soulignais
tantôt?
M. Fréchette: Lequel?
M. Bisaillon: C'est que c'est le médecin qui ne
l'acheminera pas dans les délais prévus...
M. Fréchette: Oui.
M. Bisaillon: ...ce qui amènerait la commission à
ne pas verser l'indemnité de remplacement du revenu.
M. Fréchette: C'est pour cela qu'il faut mettre un
délai. Si on n'en mettait pas du tout, ce serait encore plus
laxiste.
M. Bisaillon: Je suis d'accord pour qu'on mette un délai.
Ce que je dis, c'est que si le médecin ne le fait pas dans le
délai prévu...
Une voix: II n'est pas payé.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Nelligan.
M. Fréchette: Si, pendant le temps qu'on prend à
retrouver les renseignements qu'on veut, le député de
Sainte-Marie pense à une formule, qu'il nous la suggère.
M. Bisaillon: Penser à une formule, mais qui pourrait
être plus générale, elle pourrait s'appliquer à
l'ensemble des délais. L'article 193 que vous dites?
Une voix: Oui, avec l'amendement.
M. Bisaillon: D'accord, ce que l'on prévoit à
l'article 193, c'est que, si la commission n'a pas reçu le rapport dans
les délais, elle avise le travailleur qu'elle ne l'a pas reçu et
que, dans les dix jours qui vont suivre, si elle ne le reçoit pas, elle
va lui désigner un médecin qui sera chargé de faire ce
rapport. Est-ce cela?
M. Fréchette: Non. C'est-à-dire que non, lui
désigner... Un instant!
M. Bisaillon: Un médecin qu'elle désigne.
M. Fréchette: Alors, l'article 193 prévoit que, si
cette éventualité arrive, c'est-à-dire que le
médecin ne remet pas dans les délais prévus l'expertise
qu'il doit remettre, la commission va informer le
travailleur que ce défaut existe et il va lui demander de prendre
les dispositions pour que le défaut soit corrigé dans les dix
jours de l'avis qu'elle lui donne. S'il n'est pas corrigé dans les dix
jours, il devra dans le même délai se choisir un autre
médecin traitant. Et à défaut du choix d'un
deuxième médecin traitant par le travailleur lui-même,
là, la commission interviendrait pour dire: Si on veut que le dossier
soit traité, il va falloir en désigner un qui va accepter de le
traiter et dans des délais raisonnables.
M. Bisaillon: Cela est à l'article 193? M.
Fréchette: C'est cela.
M. Bisaillon: Nous pouvons revenir à l'article 193. Le
délai de six jours qui est prévu, il doit tenir compte d'une
expertise qu'il y a à la commission.
M. Fréchette: Non, c'est celui qui est là depuis
toujours.
M. Bisaillon: Est-ce que, de façon générale,
c'est un délai qui est respecté?
M. Fréchette: De façon générale,
c'est 20 jours.
M. Bisaillon: C'est 20 jours, actuellement?
M. Fréchette: Actuellement.
M. Bisaillon: Même si, dans la loi actuelle, c'est le
délai de six jours qu'on y voit.
M. Fréchette: C'est cela. La moyenne.
M. Bisaillon: Bon. Alors, comment explique-t-on cela? À la
CSST, on a dû se pencher là-dessus. Comment explique-t-on cela?
Parce qu'au-delà de la négligence des médecins, il doit y
avoir d'autres raisons.
M. Grégoire: La négligence des postes
fédérales. (17 h 30)
M. Fréchette: Un des phénomènes -soyons
clairs entre nous - importants qui sont à l'origine de cette situation,
c'est que, lorsque tu n'es pas payé pour un service, tu peux bien
prendre le temps qu'il faut et ça fait pareil; ça ne presse pas.
Là, je ne suis pas en train de dire que c'était une pratique
condamnable. Je ne suis pas sûr de ce que j'aurais fait dans les
mêmes circonstances. Comme cette situation va être corrigée,
il me semble que cela devrait permettre d'améliorer sensiblement
l'état actuel des choses.
M. Bisaillon: Cette situation va être corrigée parce
qu'actuellement il y a des négociations entre la corporation et la CSST,
à la fois sur le contenu, c'est-à-dire les formulaires et la
façon de faire les rapports, et aussi sur le paiement qui va être
consenti aux médecins pour remplir les rapports exigés par la
commission. N'y a-t-il pas possibilité d'envisager une action? Une fois
que tu as négocié quelque chose avec quelqu'un, c'est comme un
contrat. N'y a-t-il pas possibilité d'envisager une action de la CSST
auprès de la corporation, un peu comme on le ferait au niveau de
l'Office de la protection du consommateur?
Reconnaissant qu'à cause de professionnels qui peuvent trouver
lourd à porter l'ensemble des rapports qu'on leur demande et des
formules qu'on exige, même si on les paie, ils ne sont pas... Dans le
fond, ils n'ont pas fait des études pour remplir des papiers. Ils ont
fait des études pour traiter du monde et les examiner. C'est sûr
que cela doit être un aspect de leur travail qui leur plaît moins;
comme celui de témoigner, par exemple, cela doit moins leur plaire que
de traiter du monde. Est-ce que cela ne serait pas envisageable de
régler ce problème en disant que, quand un médecin ne
respecte pas de façon régulière les délais, on
fasse plutôt une intervention auprès de sa corporation
professionnelle? Tantôt, je suis sûr que c'est le travailleur qui
va être pénalisé, j'en suis convaincu.
M. Fréchette: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: Vous comprenez que je ne suis pas du tout en
désaccord avec les observations qu'on est en train de faire. Là
où il y a des difficultés, à mon sens, c'est quand on
arrive à essayer de déterminer quelles solutions il faudrait
retenir. Je ne nous vois pas, par exemple, entamer des poursuites judiciaires
ou d'ordre pénal contre un médecin qui refuserait ou qui n'aurait
pas, pour quelque motif que ce soit, soumis son rapport dans les délais
prévus. Vous voyez d'ici quel genre de relations cela pourrait engendrer
pour l'avenir. Ce qui se fait actuellement dans les dispositions de la loi,
c'est qu'il n'y aurait évidemment pas de paiement lorsque le retard est
constaté. Deuxièmement, il y a depuis une année, à
ce qu'on me signale, des négociations qui ont été faites
régulièrement avec les corporations de professionnels pour
essayer de trouver des solutions au phénomène. Les
premières observations qui nous viennent des professionnels, c'est que
les dispositions de la loi 42 devraient permettre d'améliorer la
situation. L'une des façons de l'améliorer serait la suivante:
établir à partir de cliniques médicales -
évidemment, cela ne
couvrirait pas tous les cas - structurées, comme on en voit dans
plusieurs grandes villes, une espèce de système informatique qui
permettrait que, dès lors que le médecin a complété
son évaluation, il soit immédiatement transmis sur écran
à la commission. Il pourrait, dans certains cas, être soumis
à la commission la même journée où il est
préparé. C'est dans ce sens qu'actuellement les
négociations sont orientées. Encore une fois, certains
médecins responsables des différentes corporations
prétendent que les mécanismes qu'on retrouve à
l'intérieur du projet de loi 42 pourraient faire en sorte que les
délais dont on parle puissent être diminués
considérablement.
M. Bisaillon: Le délai de six jours... On a dit que
l'expérience à la CSST, c'était dans les 20 jours que cela
se faisait. Est-ce que cela ne pourrait pas s'expliquer aussi par la
difficulté qu'on peut avoir d'obtenir le rendez-vous dans ces
délais? On met un délai à la production d'un rapport, mais
ce n'est pas sûr qu'on puisse obtenir un rendez-vous chez le
médecin dans ce délai. Ce n'est pas surprenant qu'il y ait des
retards par la suite dans la production des documents.
M. Fréchette: C'est un délai de six jours à
compter de l'examen qui a amené le médecin à la conclusion
que...
M. Bisaillon: Je m'excuse, c'est dans les six jours de son
premier examen.
M. Fréchette: C'est cela.
M. Bisaillon: Oui, alors, cela veut dire qu'il examine l'article
186 et, si son rapport à 186, c'est 2 , à 187, cela
précise ce qu'il va devoir dire, en fonction du 2 de l'article 186,
autrement dit si c'est plus de quatorze jours. Là, il doit faire un
rapport, dans les six jours, du premier examen. Est-on sûr que tous les
médecins sont capables de recevoir un patient dans les six jours? Il l'a
examiné une fois. Est-ce sûr qu'il peut le recevoir dans les six
jours? En tout cas, pour moi, dans la région de Montréal, j'ai
l'impression que les délais de rendez-vous sont supérieurs
à six jours.
M. Fréchette: Mme la Présidente, il n'a pas besoin
de vous recevoir non plus. 11 n'a pas d'obligation qui lui est faite de vous
recevoir...
M. Bisaillon: C'est un deuxième rapport qu'il doit
envoyer.
M. Fréchette: Voilà! Il n'a pas besoin de vous
recevoir pour fournir les renseignements que contient l'article 187 qui
permettent d'enclencher le processus d'indemnité.
M. Bisaillon: Alors, pouvez-vous me dire, M. le ministre,
pourquoi est-ce qu'on ne lui demande pas ces renseignements-là tout de
suite la première fois?
M. Fréchette: II a peut-être à
procéder à des...
M. Bisaillon: Autrement dit, il y a deux situations quand le
médecin examine quelqu'un sur le champ: c'est moins de quatorze jours ou
plus de quatorze jours. Si c'est plus de quatorze jours, qu'on luidemande tout de suite. Là, on ajoute un autre délai qui
suppose, dans certains cas, qui lui demande plus de renseignements que ce qu'on
exige dans le premier cas. Dans le premier cas, il pose un diagnostic et il
dit: Cela va être plus de quatorze jours ou moins de quatorze jours. Si
c'est plus de quatorze jours, on lui demande de nous donner des renseignements
additionnels. Mais là, son diagnostic doit s'accompagner de
renseignements complémentaires pertinents. La date de l'accident de
travail, on l'a déjà, les traitements qu'il prévoit, les
possibilités de séquelles permanentes.
M. Fréchette: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: ...c'est évident que le
médecin qui, à la première constatation de la nature des
blessures, pourrait tout de suite en venir à la conclusion que, de toute
évidence, l'absence va être pour plus de quatorze jours, il
pourrait bien l'envoyer tout de suite. Il n'est pas obligé d'attendre
dans les six jours; rien ne l'oblige à attendre dans les six jours. S'il
a besoin de ce délai de six jours pour évaluer l'état
général de son patient et pour se prononcer en meilleure
connaissance de cause sur l'un ou l'autre des éléments de
l'article 187, cela se peut que, dans l'heure qui suit l'accident, il n'est pas
capable de donner le diagnostic principal. S'il est capable de le faire et
d'arriver à la conclusion ferme que cela va durer effectivement plus de
quatorze jours, rien ne l'empêche de faire cela, mais absolument
rien!
M. Bisaillon: Sauf que le rapport qu'on demandait à
l'article 186 a été remis au travailleur et à son
employeur, mais pas à la commission.
M, Fréchette: C'est cela parce que c'est à
l'intérieur des quatorze jours et l'indemnité est payée
par l'employeur.
M. Bisaillon: Oui, mais même si c'est
plus de quatorze jours, on lui demandait quand même de
délivrer quelque chose à l'employeur. C'était au 2° de
l'article 186.
M. Fréchette: Oui, oui.
M. Bisaillon: Il me semble qu'il y a un rapport de trop, en tout
cas... Je ne ferai pas de jaunisse si cela reste là.
La Présidente (Mme Juneau): Cela s'attrape.
M. Bisaillon: Un dernier commentaire. Dans le dernier paragraphe
de votre amendement: "II en est de même pour tout médecin qui en
prend charge subséquemment." Si j'ai bien compris "prendre charge",
c'est la première fois que tu le vois; après cela, c'est le
choix... Cela suppose que le travailleur a fait un choix; donc on devrait dire
"qui en a charge".
M. Grégoire: Cela peut être le troisième
changement de médecin.
M. Bisaillon: Bien oui, mais il en a toujours charge. Il en a
charge. Il faut faire la distinction entre le premier et les autres.
M. Grégoire: C'est cela, son troisième changement
de médecin.
M. Bisaillon: Oui, mais le premier, c'est au moment où...
Attendez un peu, vous avez peut-être raison.
M. Fréchette: On va effectivement faire le changement, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): Quel changement?
M. Fréchette: Le dernier paragraphe de l'article 187, je
suggère qu'il se lise de la façon suivante: "II en est de
même pour tout médecin qui en aura charge subséquemment."
Cela a l'air que parler au futur dans les lois ce n'est pas recommandable,
mais...
Une voix: Le juge Pigeon.
M. Fréchette: Je ne sais pas s'il s'est prononcé
là-dessus, mais...
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je voulais demander une chose au ministre, Mme la
Présidente. Dans le nouvel amendement, on a changé une notion,
soit le deuxième alinéa de l'article 187 comme il était
dans la loi avant: "la nature et la durée des traitements prescrits ou
administrés". Il semble qu'on a consolidé cela dans le 2° de
l'amendement qui dit: "le diagnostic principal et les renseignements
complémentaires pertinents; il aurait pour but d'inclure cela. Si on
voit les articles 188 et 189, on se réfère spécifiquement
à la nature et la durée des soins ou des traitements prescrits ou
administrés, comme si on avait quelque chose de très
spécifique en vue. En fait, si vous regardez l'article 189 de la loi
comme il était écrit, on disait: comporte des précisions
requises par la commission sur l'évolution de la pathologie du
travailleur. Dans l'amendement, on a pris le soin de dire: la nature ou la
durée des soins ou des traitements prescrits ou administrés,
c'est-à-dire qu'on retrouve cela dans l'article 188, dans le nouvel
article 189. Je me demande pourquoi. Il y a sûrement une raison pour
laquelle on l'a retiré à l'article 187.
M. Fréchette: L'explication, Mme la Présidente,
c'est la suivante. Comme ce deuxième examen, qui pourrait être le
premier aussi, à partir duquel les renseignements pourraient être
fournis est si près de la lésion, de la date de l'accident, ce
sont les médecins eux-mêmes qui nous disent: Cela pourrait,
à cette époque, nous créer des embêtements que de
nous demander, à ce moment, de nous prononcer sur la nature et surtout
la durée des traitements prescrits ou administrés à
l'intérieur des quatorze jours de la date de la lésion.
Après cela, quand on va avoir été en mesure de
mieux évaluer la situation générale, on va être sans
doute mieux placé pour faire cette évaluation. C'est à
leur suggestion qu'on a substitué ce qu'on retrouve au paragraphe 2,
c'est-à-dire le diagnostic principal et les renseignements
complémentaires pertinents, à ce qu'on avait dans l'article 187.2
tel qu'on le lit dans la loi.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Pour faire la référence avec ce qu'on
dit aux articles 188 et 189, on dit: Si l'évolution de la pathologie du
travailleur modifie de façon significative la nature ou la durée
des soins ou des traitements prescrits ou administrés... On retourne aux
quatorze jours et...
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'amendement de
l'article 187 est adopté?
Une voix: L'amendement tel qu'amendé.
M. Bisaillon: Qui aura...
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté.
Est-ce que l'article 187 tel qu'amendé est adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. J'appelle
l'article 188. Il y a un amendement aussi. L'amendement de l'article 188 se lit
comme suit. Remplacer l'article 188 par le suivant: "188. Si l'évolution
de la pathologie du travailleur modifie de façon significative la nature
ou la durée des soins ou des traitements prescrits ou
administrés, le médecin qui a charge du travailleur en informe la
commission immédiatement, sur le formulaire qu'elle prescrit à
cette fin."
M. Grégoire: C'est la troisième information que le
médecin envoie à la commission. Quand on les passe un par un,
cela ne paraît pas trop, mais en trois articles, on est rendu à
trois. (17 h 45)
M. Fréchette: C'est toujours dans l'intérêt
du travailleur.
M. Grégoire: On est rendu à trois.
M. Fréchette: La première attestation n'est pas
allée à la commission. La première est allée au
travailleur et à l'employeur.
M. Grégoire: Je veux dire de la part du médecin,
cela fait trois avis qu'il envoie.
M. Fréchette: Voilà.
M. Grégoire: Très bien, on va les compter.
M. Fréchette: On peut tous les enlever. Mais donnez-nous
une formule.
M. Grégoire: Je dis qu'on est rendu à trois.
M. Fréchette: On va en retrouver 20, 25, 30.
J'exagère à peine.
M. Bisaillon: À un moment donné, je suis sûr
que les médecins - je ne suis pas dans le débat...
M. Fréchette: ...vont se tanner.
M. Bisaillon: ...vont se tanner de cela et c'est encore les
travailleurs qui vont payer pour.
M. Fréchette: Si on a des suggestions à nous
faire.
M. Bisaillon: C'est bien évident que...
M. Grégoire: Ce qui m'encourage un peu, c'est que je vois
que vos formules sont faites pour aller sur ordinateur. Vous les avez faites
pour que cela puisse être des pièces de programmation. Vous
commencez à dire que ce ne sera pas le médecin qui va faire cela,
cela va être une secrétaire qui va tout envoyer sur ordinateur
à la Commission de la santé et de la sécurité du
travail. Cela a l'air d'être parti pour cela.
M. Fréchette: Quand on parle d'humaniser les services et
de simplifier la procédure, je suis tout à fait d'accord avec
cela. Je veux bien qu'on identifie le problème, mais qu'on nous fasse
des suggestions dans l'intérêt du travailleur, parce que c'est son
intérêt à lui. Je suis tout à fait d'accord à
l'identifier. Faites-nous des suggestions.
M. Grégoire: M. le ministre, vous trouvez quand même
que ma remarque était bonne de dire qu'en trois articles on est rendu
à trois avis envoyés par le médecin.
M. Fréchette: Tout à fait.
M. Grégoire: Boni
M. Fréchette: Tout à fait.
M. Grégoire: J'espère qu'il n'y en a pas
d'autres.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'amendement
à l'article 188 est adopté?
M. Bisaillon: Vous êtes pressée, Mme la
Présidente, on causait élégamment.
La Présidente (Mme Juneau): C'était pour vous
aider.
M. Grégoire: C'est un point général, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Juneau): C'est dans le but de vous
aider à faire avancer les travaux.
M. Grégoire: ...sur le nombre d'avis...
M. Fréchette: Est-ce que je peux simplement donner une
dernière information à cet égard et lancer un dernier
appel à tous pour suggérer des moyens de contourner la
difficulté? N'allons pas nous imaginer que cela se produit dans les 300
000 cas que la commission traite, n'allons pas nous imaginer celai C'est 10% de
l'ensemble.
M. Grégoire: Le premier avis en bas de quatorze jours,
c'est dans les 300 000 cas.
M. Fréchette: Oui.
M. Grégoire: Celui envoyé à
l'employeur, c'est 314 000. Est-ce que c'est que les bureaucrates ont
pris l'habitude qu'ils commencent avec des petites formules d'une demi-page et
qu'ils finissent avec des formules de douze pages?
M. Fréchette: Le député de Frontenac a
manifesté depuis le début un intérêt tout à
fait extraordinaire à la commission et j'en suis fort aise et
très heureux. D'ailleurs, j'attends toujours sa suggestion quant
à l'article 166, qui n'est pas venue encore. Je suppose que, dans
l'étude serrée à laquelle il s'est livré sur la
loi, il a dû voir ces difficultés dont il nous parle et, en homme
brillant et intelligent qu'il est, il doit avoir en poche quelque part des
suggestions à nous faire pour régler ce problème...
M. Grégoire: Je dois avouer, M. le ministre...
M. Fréchette: ...avec l'intérêt qu'il a mis
à critiquer la loi.
M. Grégoire: Je dois avouer, M. le ministre, que, si vous
relisez depuis le début tous les comptes rendus du débat, je ne
me suis pas attaché à tous ces points; je me suis attaché
à tous les points qui regardaient les travailleurs de l'amiante et je
n'ai insisté que sur ces points. Pour les autres points, je savais que
mon ami le député de Sainte-Marie s'y attacherait. Comme on ne
peut pas tout faire tout seul, je le laisse s'attacher aux autres points. Si
vous relisez, vous verrez que je n'ai attaqué que les points sur
l'amiantose.
M. Fréchette: Comme on s'est entendus,
généralement parlant, dans les dossiers de l'amiante, je vous
fais une invitation de faire le même exercice pour les formulaires. Cela
peut toucher les gens de l'amiante aussi.
M. Maltais: M. le ministre, je m'excuse, c'est une question de
règlement à Mme la Présidente. Je ferai remarquer au
député de Frontenac qu'il n'est pas tout seul ici.
M. Grégoire: Je vous laisse la parole. M. Maltais:
Continuez, M. le ministre.
M. Grégoire: II fallait d'abord que je fasse ma remarque
sur les trois formules.
M. Maltais: Fais-la comme il faut.
M. Fréchette: Qu'est-ce qu'on fait avec cela?
M. Grégoire: On prend note.
M. Bisaillon: Ce n'est pas nous, c'est elle qui n'est pas
prête.
M. Fréchette: L'article 188, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): L'amendement de l'article 188
est-il adopté?
M. Cusano: Un instant:
La Présidente (Mme Juneau): Bon!
M. Cusano: On se posait la question à savoir si les
députés étaient couverts par la CSST.
M. Fréchette: Non. M. Cusano: Non.
M. Fréchette: On a voulu, mais les députés
n'ont pas voulu.
M. Cusano: L'article 188 est adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'amendement est
adopté...
M. Cusano: L'amendement est adopté.
La Présidente (Mme Juneau): ...et l'article 188 tel
qu'amendé.
M. Cusano: Et l'article.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Merci.
L'article 189. Il y a un amendement: remplacer l'article 189 par le suivant:
"89. Dans les 10 jours de la réception d'une demande de la commission
à cet effet, le médecin qui a charge du travailleur doit fournir
à la commission, sur le formulaire prescrit, un rapport qui comporte les
précisions qu'elle requiert sur l'évolution de la pathologie du
travailleur et sur la nature ou la durée des soins ou des traitements
prescrits ou administrés."
M. Bisaillon: Je voudrais apporter une suggestion, M. le
ministre. Les articles 188 et 189 auraient pu être ensemble,
d'après moi. Cela vise les mêmes sujets sauf que, dans un cas,
vous faites un article pour dire que c'est le médecin qui va le faire
et, dans l'autre cas, vous dites que la commission peut le demander et, si elle
le demande, c'est dans les 10 jours.
M. Fréchette: Oui.
M. Bisaillon: Cela a l'air d'un autre formulaire de plus, mais
c'est sur les mêmes objets ou à peu près et cela aurait pu
être dans le même article.
Une voix: Même si on fusionnait cela,
il y aurait deux rapports quand même.
M. Bisaillon: Non. Il n'y en aurait qu'un.
M. Grégoire: Non, cela viendrait sur le même
rapport.
M. Bisaillon: Pourquoi faire des rapports différents si
c'est pour demander la même chose? Dans un cas, c'est le médecin
qui pense que, à cause de l'évolution de la pathologie, qui
informe la commission que la nature et la durée des traitements peuvent
être modifiées. Dans l'autre cas, c'est la commission qui dit:
Donnez-nous donc des précisions sur cela.
M. Fréchette: Cela créerait des problèmes
sérieux de numérotation, mais ce n'est pas insurmontable. Mais ce
sont deux phénomènes différents quand même.
M. Bisaillon: Oui, oui, je sais.
M. Fréchette: Ce sont deux phénomènes
différents. Dans un cas, c'est le médecin et, dans l'autre cas,
c'est de...
M. Bisaillon: Ce que je veux dire, c'est que le médecin...
À l'article 188, dans le fond, on aurait pu tout simplement ne pas le
prévoir. Si la commission veut avoir des renseignements additionnels,
elle pourrait les demander selon l'article 189 et l'article 188 n'aurait pas
été utile. Si on regarde cela sous tous les angles, à la
loupe, à la caméra, on photographie, on ausculte... Trop fort ne
casse pas.
M. Fréchette: Est-ce que je dois comprendre que le
député de Sainte-Marie en fait une objection de principe?
M. Bisaillon: Non, je ne fais pas d'objection de principe. Vous
demandiez des suggestions et je vous en fais une.
M. Fréchette: Très bien.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'amendement de
l'article 189 est adopté?
Des voix: Oui.
M. Bisaillon: Un instant:
La Présidente (Mme Juneau): II m'avait semblé que
c'était sur le point de...
M. Bisaillon: Non, dans un premier temps, c'était ma
suggestion. Vous avez vu la réception qu'elle a eue.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'amendement est
adopté? L'article 189 tel qu'amendé est-il adopté? Des
voix: Adopté.
M. Grégoire: Adopté.
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Article 190; il y a un
amendement.
M. Lincoln: C'est une loi d'amendements.
M. Cusano: Cela aurait été plus simple,
peut-être, de réimprimer toute la loi avec les amendements...
M. Lincoln: Prendre tous les amendements et faire une loi avec
cela.
La Présidente (Mme Juneau): L'amendement se lit comme
suit: Remplacer l'article 190 par le suivant: "190. Dans le cas du paragraphe
1° du premier alinéa de l'article 186, si le travailleur a subi une
atteinte permanente à son intégrité physique ou psychique,
et dans le cas du paragraphe 2° du premier alinéa de cet article, le
médecin qui a charge du travailleur expédie à la
commission, dès que la lésion professionnelle de celui-ci est
consolidée, un rapport final, sur un formulaire qu'elle prescrit
à cette fin. "Ce rapport indique, notamment, la date de consolidation de
la lésion et, le cas échéant: "1° le pourcentage
d'atteinte permanente à l'intégrité physique ou psychique
du travailleur d'après le barème des dommages corporels
visés dans l'article 83; "2° la description des limitations
fonctionnelles du travailleur résultant de sa lésion; "3°
l'aggravation des limitations fonctionnelles antérieures à celles
qui résultent de la lésion. "Le médecin qui a charge du
travailleur l'informe sans délai du contenu de son rapport."
M. Grégoire: C'est encourageant. Au moins, ils parlent de
rapport final. Ils disent: Le cinquième est final.
M. Gagnon: Attendez, il va en avoir d'autres.
M. Bisaillon: C'est comme quand les créanciers nous
envoient le dernier avis.
M. Cusano: Cela dépend si c'est un ordinateur qui l'envoie
ou bien si c'est une personne.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement de l'article 190.
M. Bisaillon: Je voudrais demander au ministre s'il a
déjà vu ou entendu le monologue des Cyniques sur "une Lauzon de
conduite", vous ne vous souvenez pas de cela?
M. Fréchette: "Une Lauzon de conduite"? Non.
M. Bisaillon: Cela s'appelait "une Lauzon de conduite". Ils
montraient comment conduire et ils disaient: D'abord, tu mets la clé, tu
ouvres la porte, tu t'assoies. Tout le cheminement me fait penser un peu
à cela. On a tout prévu. D'abord, on entre; après cela,
une fois que vous êtes entré... Je ne sais pas quoi
répondre de plus.
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: On n'aurait pas dû tenir de commission
parlementaire ni de consultation après le dépôt de la loi
réimprimée parce que tout cela procède
d'inquiétudes, de représentations qui nous ont été
faites, autant par les syndicats que par les employeurs. Ils nous ont dit:
Prenez le soin de boucher tous les trous.
M. Lavigne: ...qu'une partie de la mesure comme le party...
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'amendement de
l'article 190 est adopté?
M. Grégoire: S'ils vous ont dit cela, M. le ministre, vous
admettrez quand même avec moi qu'il y en a beaucoup qui protestent, une
quantité, des centrales syndicales qui protestent et disent qu'ils
aimeraient mieux ne pas la voir adoptée et...
M. Fréchette: Une centrale syndicale...
M. Grégoire: Oui, mais c'est tout de même un gros
morceau.
M. Fréchette: Oui, c'est un gros morceau. Mais, cela fait
une demi-heure que je vous demande des suggestions, une demi-heure.
M. Grégoire: M. le ministre, on reconnaît que vous
êtes épatant. Vous êtes un gars réceptif.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement de l'article 190, s'il vous plaît? Est-ce
qu'il y a des interventions sur l'amendement ou si l'amendement est
adopté?
M. Bisaillon: Sur le nouvel article ou l'article
amendé?
La Présidente (Mme Juneau): L'article amendé.
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 190,
tel qu'amendé, est adopté. L'article 191?
M. Fréchette: Les articles 191 et 192 sont
retranchés.
M. Bisaillon: Pourquoi?
M. Fréchette: Parce qu'on a la notion d'un médecin
qui prend charge et qui a charge...
M. Bisaillon: Oui, mais l'article 191 ne couvrait pas autre chose
que cela? Il me semble que cet article pouvait couvrir la
référence à un spécialiste ou... Non?
M. Fréchette: L'autre médecin va prendre charge,
mais le médecin référant va rester en charge. C'est
vrai.
M. Bisaillon: Vous aviez quelque chose quand même
d'intéressant à l'article 191. Vous donniez deux conditions: 1.
L'accord du travailleur, cela va, c'est déjà acquis dans l'autre
article, mais "s'assurer que l'autre médecin accepte de recevoir sans
délai le travailleur".
M. Fréchette: Là, on n'en a plus besoin.
M. Bisaillon: Je soulignais le problème tantôt et
vous m'avez dit que ce n'était pas nécessairement un
deuxième examen. Mais si cela doit faire l'objet d'un deuxième
examen, entre 186 et 187...
M. Fréchette: L'autre problème de fond, c'est que
les médecins nous disent: Obtenir l'accord du travailleur, cela peut
toujours aller, mais assurer que l'autre médecin accepte de recevoir
sans délai le travailleur, vous n'allez pas nous engager par un texte de
loi à respecter une condition comme celle-là. On n'est jamais
capable de donner l'assurance qu'on pourra respecter cette condition.
Alors...
M. Bisaillon: Ce qui me donnait un peu raison, tantôt,
quand je parlais des délais de rendez-vous chez les médecins.
Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Cusano: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté.
M. Lavigne: Alors, cela veut dire que 191 et 192...
La Présidente (Mme Juneau): 191 et 192 sont
supprimés.
M. Lavigne: ...sont supprimés.
M. Cusano: C'est cela qui est dit.
La Présidente (Mme Juneau): Je constate qu'il est 18
heures. La commission de l'économie et du travail ajourne ses travaux
sine die.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 17)
Projet de loi 11
La Présidente (Mme Juneau): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous avons le quorum, alors je déclare la séance
ouverte. Le mandat de la commission est d'étudier, article par article,
le projet de loi 11, Loi modifiant diverses dispositions législatives en
matière de relations du travail.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le Secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Bourbeau
(Laporte) est remplacé par M. Paradis (Brome-Missisquoi).
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce qu'il y a des remarques
préliminaires, M. le ministre?
M. Fréchette: Non, Mme la Présidente. J'ai eu
l'occasion, hier, à l'Assemblée nationale, d'expliquer
brièvement les motifs pour lesquels ce projet de loi était
présenté, de sorte que je ne crois pas nécessaire ni
utile, à ce stade-ci, de faire des remarques préliminaires.
M. Pagé: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Juneau): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: ...mes propos vont être très brefs.
Tout comme le ministre, on doit retenir que ce projet de loi ne modifie pas de
façon fondamentale ou en profondeur soit le Code du travail, d'une part,
ou la Loi sur les décrets de convention collective.
Essentiellement, comme j'ai eu l'occasion de l'indiquer hier, il s'agit
surtout et particulièrement de modifications de nature technique par la
désignation- d'un vice-président au Conseil des services
essentiels pour ce qui concerne le Code du travail. La Loi sur les
décrets de convention collective est modifiée, elle aussi, de
façon bien particulière, bien modeste.
Ceci, cependant, ne nous empêchera pas, il faut en convenir, au
cours de cette commission, dans l'heure ou les quelques heures qu'on y
consacrera, de soulever des questions bien concrètes et bien
particulières en regard de l'éclaircissement dont on a besoin,
plus particulièrement pour ce qui concerne la Loi sur les décrets
de convention collective, du pourquoi de la présentation de tels
amendements à la loi actuelle.
Alors, nous sommes prêts à procéder.
Code du travail
La Présidente (Mme Juneau): Donc, l'article 1 du projet de
loi 11?
Conseil des services essentiels
M. Fréchette: L'article 1 du projet de loi 11, Mme la
Présidente, est en fonction très précisément de ce
que vient de soulever le député de Portneuf. Nous souhaitons
pouvoir faire en sorte que le Conseil des services essentiels puisse
siéger à double division. Dans l'état actuel de la loi, il
n'y a que le président qui puisse présider une séance du
Conseil des services essentiels, de sorte que, pour arriver à atteindre
l'objectif que l'on vise, c'est-à-dire la possibilité que des
auditions se fassent à deux bancs, il nous faut, évidemment,
procéder à la nomination d'un vice-président. C'est
essentiellement l'objectif de l'article 1 du projet.
La Présidente (Mme Juneau): Avez-vous des commentaires sur
l'article 1? M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Mme la Présidente, sur le principe, il n'y
a pas de problème. On retient de l'exercice que la loi, telle qu'elle
était écrite, faisait en sorte qu'on aurait pu se retrouver dans
une situation de fait et de droit en vertu de laquelle le conseil aurait
été dans l'incapacité d'agir comme suite de l'absence du
président ou de son incapacité d'agir.
Ma première question au ministre est: Ne croyez-vous pas qu'il
aurait pu être plus utile - comme on le dit souvent, trop fort ne casse
pas - de modifier la loi dans le sens qu'un membre puisse agir comme
président sur une base ad hoc ou au besoin plutôt que de garder le
même libellé avec un président et un
vice-président?
M. Fréchette: La difficulté qui pourrait survenir,
si la suggestion du député de Portneuf était retenue, est
la suivante: il faut procéder à la nomination d'un
président et d'un vice-président parmi les membres qui
sont au conseil de façon permanente. Si, effectivement, il
fallait retenir, encore une fois, cette suggestion, il faudrait faire en sorte
que les membres... Si tous les membres peuvent devenir président, il va
falloir que tous les membres y siègent de façon permanente. Il
n'y en a que trois, actuellement, qui y sont de façon permanente et je
ne vois pas comment on pourrait atteindre cet objectif d'autant plus que, comme
l'objectif de la loi est prévu, le vice-président doit être
une personne qui est là à temps complet et qui est là en
permanence. On ne peut pas la prendre ailleurs, cette personne, que parmi les
membres qui y siègent régulièrement. Il y aurait une
difficulté à indiquer purement et simplement qu'il y a un
président et un vice-président qui peuvent être choisis
parmi les autres membres.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: La durée de son mandat va-t-elle demeurer
de trois ans ou si elle sera de cinq ans, comme c'est le cas du
président?
M. Fréchette: Au plus cinq ans. M. Pagé: Au
plus cinq ans.
M. Fréchette: Comme dans le cas du président.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 1 est-il
adopté?
M. Pagé: Vous modifiez l'article 111.0.4.
M. Fréchette: Oui, c'est cela.
M. Pagé: L'article 111.0.4, adopté, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 1 est adopté.
Article 2.
M. Pagé: Est-ce que vous avez quelqu'un en tête
à l'heure actuelle?
M. Fréchette: Non, pas actuellement.
M. Pagé: Cela me surprendrait bien gros.
M. Fréchette: Non, pas actuellement. Je ne vous dis pas
que je n'ai pas évalué un certain nombre de choses. Si vous me
demandez si j'ai quelqu'un en tête, tous les membres qui siègent
là de façon permanente pourraient, sans doute, très bien
remplir la fonction.
M. Pagé: Tous les membres sont susceptibles de le
devenir.
M. Fréchette: Tous les membres permanents sont
susceptibles de devenir vice-président ou vice-présidente.
M. Pagé: Vous n'avez personne en tête?
M. Fréchette: Non. Je n'ai pas fait de choix.
M. Pagé: Vous n'avez pas l'intention de nous faire de
confidences ce soir?
M. Fréchette: Pas ce soir.
M. Pagé: Vous n'êtes pas volubile sur les
confidences,
M. Fréchette: Non, on n'est pas...
M. Pagé: On va finir par le savoir pareil.
M. Fréchette: Ce ne sera pas long, d'ailleurs.
M. Pagé: Adopté.
M. Fréchette: Vous allez le savoir, ce ne sera pas
long.
La Présidente (Mme Juneau): Article 2.
M. Fréchette: C'est de la stricte concordance, Mme la
Présidente, quant à l'alinéa 1. À l'alinéa
2, je vais circonscrire un tout petit peu la réponse que je viens de
donner au député de Portneuf quant à un choix
éventuel que j'aurais en tête. Il nous , apparaît tout
à fait évident qu'il faudra choisir un vice-président
parmi les membres qui viennent du secteur qu'on est convenu d'appeler public,
c'est-à-dire qu'il ne faudrait pas que ce soit un membre qui ait
été désigné au Conseil des services essentiels
à la suite des consultations faites auprès des associations
patronales les plus représentatives ou des associations syndicales les
plus représentatives. Ce sera nécessairement l'une des trois
personnes qui proviennent du secteur public. Parce qu'on veut garder le nombre
de membres à huit, comme il l'est actuellement, il faudra réduire
de trois à deux le nombre de représentants du secteur public,
quand la vice-présidence sera comblée.
M. Pagé: D'accord.
M. Fréchette: Actuellement, ils sont trois du secteur
public.
M. Pagé: Oui.
M. Fréchette: C'est de là, c'est dans
ce groupe de trois que sera choisi... M. Pagé: Le
vice-président. M. Fréchette: Voilà. M.
Pagé: Ou la vice-présidente.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 2 est
adopté?
M. Pagé: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
3?
M. Fréchette: C'est de la concordance, Mme la
Présidente, pour tenir compte de la nouvelle fonction de
vice-président.
La Présidente (Mme Juneau): Vous êtes d'accord avec
l'amendement, M. le député de Portneuf?
M. Pagé: Lequel? Il reste combien de temps à courir
sur leur mandat?
M. Fréchette: Le président doit avoir un peu plus
de trois encore à écouler sur son mandat. Les membres permanents
qui ont été nommés pour trois ans doivent avoir encore une
couple d'années. Cela fait un an et quelques mois qu'ils sont en
fonctions. Ceux qui avaient des nominations pour au plus trois ans, il leur
reste deux ans et, le président, trois ans et quelques mois.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 3 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): Merci, M. le
député. L'article 4?
M. Pagé: Vous jugez bon de renforcer l'article 111.0.5.
Avez-vous eu des problèmes?
M. Fréchette: Non, mais pas du tout. M. Pagé:
Parce que vous... M. Fréchette: Pas du tout. M.
Pagé: ...ajoutez... D'accord.
M. Fréchette: On n'ajoute rien d'autre. Je ne pense pas,
en tout cas.
M. Pagé: Non. C'est que vous ajoutez l'obligation, pour le
président et le vice-président...
M. Fréchette: Voilà. C'est cela. C'est aussi de la
concordance, finalement.
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 4 est adopté.
L'article 5?
M. Fréchette: Enfin, c'est simplement une
disposition...
M. Pagé: C'est le président qui va avoir
l'autorité de déterminer si c'est lui qui agit ou si c'est son
vice-président.
M. Fréchette: Oui. Et, quand le président ne sera
pas là, le vice-président ou la vice-présidente va,
évidemment, être reponsable de l'administration du conseil.
M. Pagé: D'accord.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 5 est
adopté?
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
6?
M. Fréchette: C'est simplement la disposition qui va
permettre au vice-président ou à la vice-présidente de
remplacer le président et d'assurer la continuité des
activités du conseil, malgré l'absence du président. Cet
amendement prévoit la possibilité, pour le conseil, d'agir en
banc réduit à quatre membres, avec un quorum fixé à
trois membres, et cette modalité permettra au conseil de siéger,
le cas échéant, en deux endroits en même temps et assurera,
de ce fait, une action plus rapide et plus efficace. C'est l'objectif
fondamental, en fait.
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 6 est adopté.
L'article 7?
Services publics
M. Fréchette: Cet article 7, Mme la Présidente,
remplace l'obligation particulièrement onéreuse de publier les
avis d'assujettissement dans des journaux régionaux, pour informer les
parties. En fait, pour l'année 1983, cette obligation de publier dans
les journaux a entraîné des dépenses de 136 000 $. Or, nous
allons, évidemment, garder la disposition en vertu de laquelle les avis
doivent être publiés dans la Gazette officielle. Ce que le
président et les membres du conseil nous indiquent, c'est qu'ils
procèdent, de toute façon, à des avis qui proviennent
directement du conseil lui-même et qui sont adressés aux
parties concernées. L'expérience a démontré que ces
avis ont été suffisants pour informer les
parties concernées du fait qu'elles étaient assujetties
à la loi. Comme, maintenant, ce sont à peu près et
toujours les mêmes parties qui vont devoir être assujetties, on
nous informe également qu'elles sont, à toutes fins utiles,
habituées à la formule qui a été utilisée
pour donner l'avis d'assujetissement. (20 h 30)
M. Pagé: Est-ce que cela exclut la possibilité, au
cas où il serait important de le faire, qu'un tel avis puisse quand
même continuer à être publié dans les journaux?
M. Fréchette: Cela ne l'exclut pas. M. Pagé:
Cela ne l'exclut pas.
M. Fréchette: Cela enlève l'obligation qu'avait le
conseil de le faire. Mais rien ne lui défendra de continuer de le faire
si, dans des cas particuliers, il le juge utile ou nécessaire. Je
prends, par exemple, un cas patent, une grève dans le transport à
Montréal. Je suis à peu près convaincu que les avis
seraient publiés dans les journaux. Mais une grève, par exemple,
de...
M. Pagé: Est-ce que vous présumez qu'il y en aura
d'autres?
M. Fréchette: Enfin! Une grève, par ailleurs, chez
les cols bleus de la municipalité de Saint-Gabriel-Lallemant où
il y a deux employés, ce n'est peut-être pas strictement
nécessaire de procéder par publication dans les journaux.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
M. Pagé: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
8?
M. Pagé: Qu'est-ce que vous allez faire avec l'argent
épargné, les 130 000 $? Allez-vous bien l'investir? Allez-vous
l'investir en publicité pour la fabrique...
M. Fréchette: II va falloir payer le salaire du nouveau
vice-président.
M. Pagé: ...de panneaux. Ah! Pour payer le salaire du
vice...
M. Fréchette: On me dit qu'ils ont...
M. Pagé: Son "staff" et tout cela.
M. Fréchette: Pardon?
M. Pagé: Son "staff".
M. Fréchette: Son "staff". Cela a l'air qu'il peut
être utilisé assez facilement à bon escient.
M. Pagé: Cela, je n'hésite pas à croire que
vous allez trouver un moyen facile de le dépenser. Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 8?
M. Pagé: Pas la dépense, l'article. M.
Fréchette: Voilà!
La Présidente (Mme Juneau): C'est bien, M. le
député.
M. Fréchette: L'article 8, Mme la Présidente, c'est
essentiellement pour faire en sorte que, lorsque les parties sont
convoquées en audition par le Conseil des services essentiels elles
soient tenues d'y assister. C'est exactement le pendant de ce que l'on retrouve
dans le Code du travail pour une convocation qui est faite par le conciliateur,
par exemple. Les parties sont tenues d'y assister. Cela n'a pas
créé, jusqu'à maintenant, d'embêtement. Les
informations que je possède indiquent que, chaque fois que l'une ou
l'autre, que les deux parties ont été convoquées, elles
ont répondu à...
M. Pagé: Elles s'y sont conformées.
M. Fréchette: Merci! Elles s'y sont, en effet,
conformées. Mais il n'y a pas de raison pour laquelle on n'inclurait pas
dans la loi la même obligation qu'on retrouve...
M. Pagé: C'est bien. M. Fréchette: Voilà! M.
Pagé: Trop fort ne casse pas.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 8 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
9?
M. Fréchette: C'est pour éviter une
difficulté qui est survenue à la suite d'un jugement du Tribunal
du travail qui a conclu que les samedis et les dimanches, de même que les
jours fériés, devaient être inclus dans le calcul du
délai de l'avis de sept jours prévus à l'article 111.0.23.
La proposition que l'on fait, c'est que l'on parle maintenant de jours
juridiques. Vous savez, cet avis, c'est celui en vertu duquel le syndicat va
faire part de son intention de déclencher une grève. Cela peut
être dans un délai de sept
jours. C'est à l'intérieur de ce délai de sept
jours que le conseil doit entendre les parties, s'il le juge utile, et, en
même temps, déterminer quels devraient être les services
essentiels. S'il arrive à l'intérieur des sept jours qu'il y ait
un samedi et un dimanche et, dans le milieu de cela la fête de Noël,
c'est réduit à cinq jours. Cela fait très peu de temps
pour régler le dossier. Alors, on dit que cela devrait être sept
jours juridiques.
M. Pagé: C'est le seul problème qu'on a connu.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Portneuf.
M. Fréchette: Oui, c'est effectivement le seul
problème qu'on a connu.
M. Pagé: Dans quel cas était-ce?
M. Fréchette: C'était ici à Québec,
je pense, dans le cas de la CTCUQ, si mon souvenir est fidèle.
C'était la dernière grève de la CTCUQ, comme disent les
spécialistes.
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 9 est adopté.
L'article 10?
Loi sur les décrets de convention
collective
M. Pagé: Là, cela devient différent.
M. Fréchette: Là, on change de dossier? Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: L'article 10 du projet de loi vise
l'objectif suivant. La définition que l'on retrouvait à l'article
1 de la Loi sur les décrets de convention collective visait les
salariés de la construction avant qu'ils soient régis par la loi
290. Cette expression est évidemment devenue désuète
depuis l'adoption de la loi 290 et, alors, il n'y a plus aucune espèce
de motif pour lequel on devrait conserver cette disposition dans la Loi sur les
décrets de convention collective. Cela n'a plus aucun sens, étant
donné que cela n'est plus utilisé.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Alors, Mme la Présidente, au moment
où on aborde les modifications à la Loi sur les décrets de
convention collective, je voudrais profiter de cette occasion qui m'est
donnée pour poser au ministre - ce qu'on n'a pu faire,
évidemment, dans le cadre de nos interventions respectives durant le
débat en deuxième lecture - certaines questions sur des
modifications substantielles qui ont été annoncées lundi
par la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
et portant sur l'industrie de la coiffure. Le moins que l'on puisse dire, c'est
que les informations qui se dégagent, ou plutôt
l'interprétation qui se dégage du geste administratif posé
par la ministre comme devant s'appliquer au début de janvier 1985 a
créé beaucoup d'inquiétude dans l'industrie. Je voudrais
profiter du début de l'étude des articles portant sur la Loi sur
les décrets de convention collective pour demander au ministre de nous
donner l'heure exacte au regard des modifications proposées.
Vous êtes le ministre du Travail, vous avez la
responsabilité de l'application de ces décrets. Ce qui circule en
termes d'information, c'est que tout le temps de l'apprentissage sera
abrogé, sinon substantiellement modifié. On interprète
chez certains ou certaines la mesure proposée d'une façon. On
n'est pas sûr si c'est bel et bien là l'intention du gouvernement.
Alors, je voudrais vous ouvrir la porte pour, premièrement, vous
permettre de mettre les points sur les "i" et, deuxièmement, pour que
l'on sache exactement quelle est la portée des modifications que le
gouvernement entend faire valoir à compter du 1er janvier.
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: Mme la Présidente, je veux bien
tenter de donner au député de Portneuf les renseignements
auxquels il a essentiellement droit. Je ne veux pas non plus prendre des
précautions pour lui indiquer que c'est un dossier qui ne relève
pas de ma juridiction.
M. Pagé: C'est un autre problème.
M. Fréchette: C'est une autre situation que l'on pourrait
discuter à une autre occasion.
M. Pagé: Si l'occasion nous est donnée de le
faire.
M. Fréchette: Sauf que je vais donner au
député de Portneuf les renseignements que je peux lui donner et
il va sans doute comprendre que, lorsque arriverait le moment de discuter des
éventualités dans le détail très précis, je
ne suis sans doute pas la personne la mieux placée pour donner ce genre
de renseignements.
Comme le député de Portneuf vient de le signaler, Mme la
Présidente, la responsabilité du ministère du Travail est
en relation directe avec les décrets de convention collective qui
contiennent
évidemment les conditions de travail à partir d'une
négociation qui s'est faite entre les parties. Il est donc
évident, dans ces conditions, que le phénomène strict des
relations du travail concerne très précisément le ministre
du Travail. Ce qui a été déréglementé... La
compréhension que j'en ai, Mme la Présidente, est en relation
stricte, d'un autre côté, avec les phénomènes de la
qualification et de la formation. Je ne sache pas - et je ne sais pas s'il y a
des décrets de convention collective dans la coiffure - que, dans l'une
ou l'autre des conventions collectives, l'on retrouve des conditions de travail
qui sont en relation avec la qualification et la formation; en tout cas, moi,
je n'en connais pas.
Dans ces circonstances, la juridiction du ministre du Travail reste
très précisément la même, puisque ce n'est pas
à ce mécanisme des relations du travail qu'on a touché ou
qu'on va toucher par la décision administrative, mais bien, purement et
simplement, au phénomène de la formation et de la qualification.
Alors, en ce sens, je dis que la juridiction que le ministère du Travail
a demeure très exactement la même. Et, encore une fois, ce n'est
pas un phénomène qui est impliqué dans le processus des
relations du travail à proprement parler. C'est essentiellement ce que
j'ai à dire au député de Portneuf à cet
égard.
Maintenant, il est peut-être utile d'ajouter que, lorsque la
décision gouvernementale aura été
concrétisée dans un décret, il y aura évidemment
une prépublication de 30 ou de 45 jours, je ne sais trop, et, à
l'intérieur de cette période, les parties directement
impliquées ou les parties directement intéressées par la
décision vont être en mesure de soumettre leurs
représentations avant que le décret ne soit définitivement
adopté.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Le ministre nous livre évidemment des
choses qu'on connaissait. Les propositions annoncées par la ministre
visent le contrôle de la qualification et, finalement, l'accès
à l'industrie. Lors de la question avec débat de vendredi
dernier, nous vous avons demandé et je vous ai demandé au nom de
notre groupe, de vous pencher dans les plus brefs délais sur la
possibilité que l'industrie de la coiffure soit davantage
réglementée en s'appuyant sur le contrôle de la
qualification de ceux qui y accèdent, etc., plutôt que sur une
réglementation qui, à plusieurs égards, était
devenue tatillonne. La perception que j'en ai, à la suite de l'annonce
de la ministre, c'est que vous avez fait exactement le contraire et, à
titre d'exemple, j'aurais une question bien concrète.
Lorsqu'un membre du gouvernement parle, il parle évidemment au
nom de tous ses collègues, donc, vous êtes certainement
susceptible de pouvoir nous répondre à cet égard. Est-il
exact qu'en vertu des dispositions que la ministre s'apprête à
faire adopter une personne qui aura suivi son cours, que ce soit dans une
polyvalente, que ce soit dans une école privée, pourra
accéder directement à la profession et travailler, ouvrir son
propre salon sans être soumise aux 6000 heures d'apprentissage, etc.?
Cela est une préoccupation qu'on a dans le milieu. Il y a autant
d'interprétations qu'il y a de personnes qui se penchent sur cette
possibilité; cela est le premier volet.
Le deuxième volet: j'aimerais que vous me confirmiez ceci - et,
là je ne voudrais pas me référer à des dissensions
ou à des divisions. J'ai cru comprendre que votre philosophie à
vous, comme ministre du Travail, était tout à fait
différente de celle de la ministre. C'est-à-dire que vous, comme
ministre du Travail, vous auriez souhaité, vous auriez
privilégié un cadre réglementaire plus précis, au
regard de la qualification et de la formation alors que Mme la ministre
était animée d'un plus grand "libéralisme", si je peux
utiliser le terme. (20 h 45)
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: Alors, Mme la Présidente, je voudrais
d'abord signaler au député de Portneuf que ce que la ministre de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu a fait adopter par
le Conseil des ministres concerne le principe général de la
nécessité de déréglementer. Lorsque la discussion a
été faite - là, je ne pense pas révéler
quelque secret que ce soit - c'est très précisément autour
de la nécessité de procéder à
déréglementer sans qu'il soit question, à ce
moment-là, de la nature des actions ou des gestes très concrets
qui vont conduire à cette déréglementation. D'ailleurs, ce
phénomène a aussi été observé dans le
communiqué de presse qui a été émis par la ministre
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu lorsqu'elle a
annoncé la déréglementation.
Il est bien évident que le Conseil des ministres va devoir
être saisi, et bientôt, du dossier encore une fois pour, cette
fois-ci, arriver à particulariser la nature des actions à
être posées. C'est à ce stade-là du dossier que les
uns et les autres auront l'occasion d'émettre leurs opinions à
cet égard-là.
Maintenant, quant à la question concernant l'éventuel
accès à l'industrie, je crois me souvenir, sauf erreur, que la
question a été posée à la ministre; je ne sais pas
si c'est cet après-midi ou hier. Je pense même que c'est le
député de Portneuf qui la
lui a posée.
M. Pagé: Quand? M. Fréchette: Hier. M.
Pagé: Où?
M. Fréchette: Probablement à l'Assemblée
nationale, à la période de questions. La question lui a
été soumise à l'Assemblée nationale; j'essaie de me
rappeler si c'est hier ou aujourd'hui, et par qui elle lui a été
posée.
M. Pagé: Ah!
M. Fréchette: Je...
M. Pagé: C'est le député de...
Une voix: Sirros.
M. Pagé: Je ne sais pas lequel.
Une voix: Le député de Laurier?
M. Pagé: Non, non, ce n'était pas le
député de Laurier.
M. Fréchette: En tout cas, peu importe qui l'a
posée...
M. Pagé: C'était un député de la
majorité.
M. Fréchette: ...elle l'a été. On me signale
que ce pourrait être le député de Bellechasse. Enfin!
M. Pagé: C'est possible.
M. Fréchette: Peu importe lequel.
M. Pagé: II mâche de la gomme, lui, le petit! Je
pense que c'est lui, Mme la Présidente!
M. Fréchette: Et on... M. Pagé: D'accord.
M. Fréchette: ...pourrait se référer
très précisément au Journal des débats et on
verrait comment la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu envisage les effets de l'annonce qu'elle a faite à
l'égard de l'accès à l'industrie.
Quant à la troisième question, je dirai simplement au
député de Portneuf qu'au moment opportun j'émettrai mes
opinions à l'égard de la nécessité de
complètement déréglementer ou, alors, de baliser un
certain nombre de choses.
M. Pagé: Ce que j'ai compris de l'exercice, c'est
qu'à l'avenir les comités paritaires auraient la
responsabilité d'intervenir dans la perspective de
l'établissement des conditions de travail au sein de cette
industrie.
M. Fréchette: J'ai toujours compris que...
M. Pagé: Première question...
M. Fréchette: ...c'était leur vocation.
M. Pagé: Oui, mais ils avaient le contrôle
aussi.
M. Fréchette: Oui.
M. Pagé: Première question: Qui va contrôler
dans l'industrie? Est-ce que c'est le ministère? Est-ce que c'est la loi
sur la commission des normes du travail? Qui va assumer le contrôle
quotidien de l'application des dispositions en matière salariale et les
conditions? Qui va administrer cela? Qui va les appliquer? Qui va
contrôler l'application? Qu'est-ce qui arrive dans les régions -
je comprends qu'avec l'intégration ou la fusion des deux secteurs de
l'industrie, c'est-à-dire coiffure pour hommes et coiffure pour dames -
où il n'y avait pas de décret ou de comité paritaire pour
certains secteurs, certains pans? Est-ce que cela commande une consultation, un
vote ou un mécanisme en vertu duquel, dans le cadre des mesures
transitoires, chacun des membres de l'industrie, soit employeur et
employé, aura à se prononcer sur l'opportunité
d'être régi par un décret d'application
générale sur l'ensemble du territoire? Si, dans certaines
régions, on se dit en désaccord avec le principe d'un
comité paritaire et d'un décret applicable pour la région,
est-ce que les conditions de travail seront laissées aux parties?
Ici, par exemple, dans la région de Québec, il y a des
secteurs de la coiffure qui sont fortement syndiqués. Ce n'est pas le
cas partout. Je m'interroge, évidemment, sur la mécanique et,
à cet égard, on vous avait formulé des propositions, la
semaine dernière, qui ont certainement le mérite d'ajouter au
débat et d'ajouter à votre réflexion, mais j'aimerais bien
connaître vos intentions parce que ce sont les questions auxquelles on a
à faire face actuellement et auxquelles on n'a pas de réponse.
Vous savez que c'est très grave d'avoir des questions et de ne pas avoir
de réponse dans l'administration publique. Je comprends qu'à la
période des questions, c'est fréquent, mais, là, c'est
dans l'administration publique.
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: Mme la Présidente, je comprends que
c'est grave de ne pas donner de réponse quand on est impliqué
dans l'administration publique; il faut, par ailleurs, prendre le temps d'avoir
les bonnes réponses aux bonnes questions plutôt que de risquer
n'importe quelle improvisation et plutôt que de risquer n'importe quelle
évaluation sans avoir pris le temps d'analyser l'ensemble de la
question.
C'est un fait que, vendredi dernier, le député de
Portneuf, à l'occasion de l'interpellation, a attiré mon
attention sur six ou sept points très précis qui sont en relation
directe avec le statut du coiffeur. Il va se souvenir qu'à cet
égard je lui ai indiqué, dès ce moment, que le mandat
était déjà donné aux personnes responsables du
service, de même qu'au service du contentieux du ministère, de
procéder à l'analyse de toutes les questions qu'a soumises le
député de Portneuf.
Évidemment, si ce mécanisme est enclenché dans ce
sens, c'est parce qu'il va nous falloir arriver à donner ce,s
réponses au député de Portneuf et, évidemment
aussi, pour y arriver convenablement, raisonnablement, il nous faut prendre le
temps de les évaluer. Ce que j'ai dit au député de
Portneuf, c'est que, vraisemblablement, d'ici à l'ajournement pour la
période des fêtes, je serais en mesure de lui donner notre
évaluation de la situation, de même que les décisions qui
auront été retenues par rapport à la
nécessité, à l'opportunité de procéder
à des modifications au statut de coiffeur.
L'autre question qu'il me soumet est la suivante: Comment les conditions
de travail que l'on retrouve dans les conventions collectives ou dans les
décrets qui en tiennent lieu vont-elles, dorénavant, être
appliquées? Je ne sache pas, à moins que je n'évalue
très mal la situation ou que je ne passe complètement à
côté de cette même situation, que les comités
paritaires soient dépouillés de leur autorité de continuer
à voir et à s'assurer que les conditions de travail
prévues s'appliquent. Quand je parle de conditions de travail, je me
réfère de façon très évidente à
l'aspect salarial, par exemple, d'un décret, aux conditions normatives
d'un décret ou à toute autre espèce de conditions qui sont
en relation directe avec ce qu'on est convenu d'appeler, encore une fois, le
phénomène global des relations du travail.
L'annonce de la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu n'a pas pour effet de soustraire aux
comités paritaires qui existent la juridiction, encore une fois, de voir
à l'application des conditions de travail.
M. Pagé: Oui, mais vous allez convenir avec moi, M. le
ministre, qu'il y a des régions au Québec, dans cette industrie,
où il n'y a pas de comité paritaire.
M. Fréchette: En effet.
M. Pagé: Alors, qui va contrôler l'application de
quoi dans ces régions?
M. Fréchette: II faut que l'on parte d'un postulat.
Là où il n'y a pas de comité paritaire, c'est que les
parties n'en ont pas voulu. C'est également que les parties ont
accepté de vivre dans une situation comme celle-là. La question
fondamentale que le député de Portneuf me pose: Est-ce que, dans
ces régions, le gouvernement est disposé à procéder
à l'adoption d'une loi à caractère général
qui s'appliquerait partout et qui aurait l'allure, un petit peu, de la loi 290
dans la construction ou, alors, est-ce que le gouvernement est disposé
à faire en sorte que par des amendements ou des changements à la
Loi sur les normes du travail l'on couvre la situation qu'il nous soumet,
c'est-à-dire, les conditions de travail dans les régions
où il n'existe pas de décret?
Je lui répondrai, essentiellement, Mme la Présidente,
sachant à l'avance que je ne lui donnerai pas satisfaction, qu'à
cet égard il n'y a pas de décision qui a été prise,
en ajoutant que cela fait partie de la réflexion qu'il nous a soumise
vendredi dernier, d'une part, et, deuxièmement, qu'il est tout à
fait évident que je vais devoir, dans les meilleurs délais,
évaluer la situation avec la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et cheminer une décision à cet
égard.
M. Pagé: Et vous avez prévu une
échéance probable avant l'ajournement des fêtes.
M. Fréchette: Nous devrions, à cette époque,
avoir une indication passablement précise de l'orientation qui pourrait
être donnée.
M. Pagé: Est-ce qu'il m'est permis de vous
suggérer, M. le ministre, pour que les informations qui circulent et
l'interprétation qui est donnée au geste administratif que vous
vous apprêtez à poser soient claires et précises et pour
que l'ensemble des gens concernés dans le domaine soit bien
informé, de faire une déclaration ministérielle, soit l'un
ou l'autre des ministres, avant l'ajournement de nos travaux prévu pour
le 21 décembre, à 24 heures? Pensez à cela. Dormez
là-dessus.
M. Fréchette: Je vais prendre acte... M. Pagé: Pas
tout de suite. M. Fréchette: Non.
M. Pagé: Continuez.
M. Fréchette: Je vais prendre acte de la demande du
député de Portneuf.
M. Pagé: Ah! La suggestion! Vous savez, dans l'Opposition,
on est tellement modeste qu'on aime mieux suggérer que demander.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Pagé: Avant d'adopter l'article 10, Mme la
Présidente, j'aurais une question à poser au ministre. Je
comprends que la révision de la politique gouvernementale, à
l'égard des décrets... On sait qu'on a encore plusieurs
décrets au Québec. On sait que la loi n'est pas très
jeune. Elle a 50 ans. À 50 ans, dans la vie, on est jeune mais,
lorsqu'une loi qui a 50...
M. Fréchette: Je vous surveillais, par exemple.
M. Pagé: À 50 ans, dans la vie, on est jeune mais,
lorsqu'on est une loi, c'est différent. On est vieilli parce que, bien
souvent, on n'a pas été respecté. On a été
modifié. On a été tripoté. On a été
violé, etc. C'est vrai, Mme la Présidente, la loi!
Cette loi, avec les ans, n'a pas toujours été
respectée; elle a été modifiée, etc. Il y a un
problème sur lequel je suis persuadé que le ministre doit avoir
une opinion et s'il me la donne... J'apprécierais la connaître. Je
retiendrais, cependant, qu'il ne parle pas nécessairement pour et au nom
du gouvernement et que sa décision n'est pas prise. On sait que la
commission Beaudry a reçu le mandat de formuler des recommandations en
vue de modifications à apporter à cette loi. Je me risque
à demander ceci au ministre: Selon vous, croyez-vous que, dans le cas
où, à l'intérieur d'une entreprise qui est régie
par l'application d'un décret et où il y a une convention
collective, malgré les dispositions d'ordre public prévues dans
le décret, lorsque les travailleurs et les travailleuses ont
décidé de se donner un contrat collectif de travail sur la base
de leur entreprise propre, ces conditions devraient être régies
principalement par les conditions qu'ils se sont données dans le cadre
de la convention collective?
Je vais vous donner un exemple. J'ai vécu, ici, dans la
région de Québec... Il y a un décret sur le transport dans
la région de Québec. Une entreprise de mon comté avait un
syndicat d'environ 35 ou 40 travailleurs qui faisaient du transport. Le
décret prévoyait le paiement des repas pour les travailleurs qui
effectuaient un tel camionnage, lorsqu'ils étaient telle distance, etc.
La convention collective qui a été renouvelée comportait,
évidemment, toujours un problème au niveau du temps du
travailleur pendant qu'il prend son repas, s'il est payé ou s'il ne
l'est pas. Le contrôle de ce temps suscitait des problèmes. Quand
on est employeur et qu'on a 35 ou 40 chauffeurs et le même nombre de
véhicules sur la route, comment savoir si un chauffeur a pris deux
heures ou une heure ou quinze minutes ou vingt minutes pour dîner. (21
heures)
Alors, la façon dont les parties ont négocié a
été de dire... - le niveau de rémunération à
l'époque, si ma mémoire est fidèle, était de 7,00 $
ou 8,00 $ l'heure. On a dit: Au lieu de vous payer des repas, on va vous payer
votre temps pour manger. Pour le déjeuner, c'était, si ma
mémoire est fidèle, par exemple, une demi-heure; donc, cela
donnait au travailleur 4,00 $ pour prendre son repas le matin. Il avait une
demi-heure de payée automatiquement. Pour le dîner ou pour le
souper, c'était une heure. Tout le monde était heureux. Le
syndicat a signé cela et le problème était
réglé. C'était même plus intéressant pour
eux.
Un an après, le comité paritaire est arrivé pour
dire qu'il n'avait pas le droit de faire cela. Évidemment, il y a eu une
réclamation et l'entreprise a été obligée de payer.
L'entreprise a été obligée de verser, en plus de l'heure
qu'elle avait donnée pour le paiement du repas du travailleur, les
montants inscrits dans le décret. Cela a coûté quelques
milliers de dollars, 10 000 $ ou 15 000 $, je ne me rappelle pas trop
exactement, mais cela est le genre de conflits entre une disposition d'ordre
privé qui est dûment signée par des parties autour d'une
table dans le cadre d'une convention collective qui leur est propre et, d'autre
part, l'application générale et universelle d'un décret
dans une région.
Ce problème n'est pas nouveau, il est latent, et j'aimerais bien
avoir l'opinion personnelle du ministre. Je le rassure tout de suite en lui
disant que les paroles qu'il prononcera ne pourront être... Je ne pourrai
pas m'en servir contre lui, si jamais le gouvernement en décidait
autrement, éventuellement.
La Présidente (Mme Juneau): M. le
Ministre.
M. Fréchette: Alors, Mme la Présidente...
M. Pagé: Vous étiez occupé, M. le ministre,
je comprends. J'ai bien dit que je veux avoir votre opinion personnelle et je
m'engage à ne jamais m'en servir contre vous, éventuellement, si
la position gouvernementale était différente.
M. Fréchette: Les policiers font des mises en garde comme
cela, Mme la Présidente, quand ils arrêtent un détenu.
M. Pagé: Nous avons un rôle de police à jouer
quand on a un gouvernement comme celui-là, vous savez.
M. Fréchette: Mais, ils ajoutent: Vous n'êtes pas
obligés de dire quoi que ce soit.
M. Pagé: C'est cela.
M. Fréchette: Ils ajoutent cela.
M. Pagé: Cela va de soi. On est tellement habitué
à la période de questions que...
M. Fréchette: Alors, Mme la Présidente, il y a
effectivement au Québec, enfin, je risque de vous dire, entre 50 et 55
comités paritaires et, donc, de décrets. Cela se situe entre ces
deux chiffres. Peut-être 51 ou 52. Je suis très
préoccupé par le phénomène que soulève le
député de Portneuf. Je vais lui donner mon opinion personnelle,
sous deux réserves bien spécifiques, protection de la cour,
protection de la commission - ce serait une troisième, celle-là -
mais sous la réserve qu'il va nous falloir, avant de formuler une
opinion à cet égard, prendre connaissance.. Est-ce que c'est au
Journal des débats, ce que le député de Brome-Missisquoi
vient de dire, je n'ai pas... Je voudrais bien que cela y soit... Avant de
formuler une opinion, il va falloir, de toute évidence, prendre
connaissance des conclusions auxquelles la commission Beaudry en arrivera.
Cette commission va avoir été saisie de plusieurs mémoires
qui vont être consacrés très précisément
à l'évaluation globale de la Loi sur les décrets de
convention collective. Alors, il y a cette première réserve.
La deuxième réserve - je saute à pieds joints sur
l'offre que me fait le député de Portneuf - je ne parle
qu'à titre personnel, n'engageant que moi-même, si vous me passez
l'expression. Je suis l'un de ceux qui croient que, lorsque des parties, par
une entente, serait-elle sous seing privé, conviennent de
déterminer entre elles leurs conditions de relations au plan du
phénomène du travail à l'intérieur de l'entreprise,
ce devrait être la règle qui les lie, sans autre contrainte, avec,
bien sûr - cela, on doit le tenir pour acquis dès le départ
- un minimum qui ne pourrait pas être en deçà de ce que
prévoit la loi sur les normes minimales du travail. À
l'intérieur de ce cadre, je vous signale que, personnellement, je serais
favorable à cette situation qui ferait en sorte qu'on laisserait les
parties elles-mêmes vivre avec les conditions qu'elles se sont
elles-mêmes données.
M. Pagé: C'est bien cela.
M. Fréchette: Enfin, prenez-le comme vous le voudrez.
M. Pagé: On a une communion de pensée, M. le
ministre.
M. Fréchette: On va assez bien ensemble, nous deux.
M. Pagé: Oui, on est deux fédéralistes,
maintenant.
M. Fréchette: II y a le député de
Brome-Missisquoi qui vient parfois mettre de l'huile sur le feu.
M. Pagé: Ah! Ne me faites pas faire de commentaire sur ses
origines.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Brome-Missisquoi, vous avez demandé la parole.
M. Paradis: Si mon collègue de Portneuf a terminé,
Mme la Présidente.
M. Pagé: Oui. Je vais avoir d'autres questions, mais il
n'y a pas de problème.
M. Paradis: À l'article 10, je poserai une question
à laquelle le ministre pourra facilement apporter une réponse. La
question me vient quand même à l'esprit: Lorsqu'on supprime...
M. Fréchette: Je m'excuse, juste une minute.
M. Paradis: Cela va, pas de problème.
M. Fréchette: Je m'excuse, M. le député.
M. Paradis: Vous supprimez le paragraphe k: "Salarié
permanent" désigne le salarié préposé uniquement
à l'entretien d'une église, chapelle, cimetière,
séminaire -je vais sauter quelques mots pour utiliser ceux qui
retiennent le plus mon attention -monastère... si le louage
d'ouvrage...
Vous avez mentionné le nom de Saint-Benoît-du-Lac, et cela
me préoccupe. Pourquoi l'abolissez-vous complètement? Avez-vous
étudié chacun des termes, chacune des expressions, pour vous
assurer que cette abolition, qui est peut-être justifiée dans le
cas de certains termes qui sont utilisés, ne le serait pas dans d'autres
cas? Cela m'apparaît, à première vue, prima facie, quelque
chose de... On passe le pinceau, finalement, dans une partie de termes qui sont
différents aujourd'hui. Lorsque la loi a été
conçue, je comprends que les églises et les centres hospitaliers,
on pouvait peut-être
penser qu'il s'agissait du même genre d'oeuvres
bénévoles, etc. Mais, aujourd'hui, dans la société,
un centre hospitalier, on sait que c'est une entreprise gouvernementale; une
église, cela demeure d'aspect religieux, du bénévolat, du
volontariat, où des sentiments religieux interviennent, tout comme dans
le cas d'un monastère. Comment pouvez-vous tout mélanger cela,
aujourd'hui, de façon uniforme. Je me pose la question. Il me semble
qu'il y a quand même des choses qui distinguent un centre hospitalier
financé complètement par le gouvernement d'un monastère ou
d'une église. Comment pouvez-vous traiter cela sur un pied
d'égalité?
M. Fréchette: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: Je ne sais pas si le député de
Brome-Missisquoi était présent lorsque nous avons amorcé
la discussion là-dessus. Ce que j'étais en train de commencer
à expliquer - et, là, on a interrompu notre discussion pour en
amorcer une autre plus globale - lorsqu'on est arrivé à l'article
10 de façon spécifique, c'est que cette disposition était
nécessaire jusqu'à ce que la Loi sur les relations du travail
dans l'industrie de la construction soit adoptée, en 1969. Avant 1969,
il y avait, dans la construction comme dans beaucoup d'autres secteurs
d'activité, des décrets de convention collective et des
comités paritaires. C'est strictement et uniquement à cause de ce
phénomène que la disposition était là. Cela
s'appliquait à l'époque où l'industrie de la construction
était "régie" par des conventions collectives
particulières prolongées pour devenir des décrets et
administrées par des comités paritaires. Depuis 1969, cela
n'existe plus. Alors, on n'a plus besoin de cette disposition.
Quand le député de Brome-Missisquoi se préoccupe du
sort qui pourrait être réservé aux travailleurs qui,
autrefois, vivaient sous l'empire de ces dispositions, je lui dirai,
strictement, que cela ne peut concerner que deux ordres de travailleurs:
d'abord, ceux qui s'adonnent ou s'adonnaient à des travaux reliés
à un métier de la construction - si tel est le cas, ces
travailleurs seront évidemment assujettis aux dispositions de la Loi sur
les relations du travail dans l'industrie de la construction de même
qu'aux conditions que l'on retrouve dans le décret qui contient les
conditions de travail de l'industrie.
Si, par ailleurs, il a des inquiétudes pour les gens qui oeuvrent
dans l'entretien d'édifices publics, je lui dirai qu'un décret
couvre ces gens. Il me semble qu'à partir de ces constatations, les
inquiétudes que soulève le député de
Brome-Missisquoi devraient disparaître; il me semble, en tout cas.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Ces inquiétudes pourraient disparaître
si j'étais convaincu que cela tenait compte des discussions ou des
préoccupations qui ont été exprimées par des gens
qui ont comparu devant des commissions parlementaires sur le Code du travail et
qui nous ont, à ce moment-là, apporté des explications
suivant des décisions qui avaient été rendues par certains
commissaires du travail dans le cas de l'Université de Sherbrooke. Par
exemple, les peintres. Les salariés qui étaient à l'emploi
de l'Université de Sherbrooke - et, là, j'y vais de
mémoire, cela fait quand même plus d'un an que l'on a eu ces
discussions-là - n'étaient soumis à aucun décret
parce qu'ils étaient à l'emploi de l'entretien ménager de
l'Université de Sherbrooke depuis plus d'un an, etc., et cela ne
s'appliquait pas. Ces gens-là voulaient que la loi sur les normes des
métiers de la construction s'applique à eux lorsqu'ils
effectuaient des travaux régis..., etc. Est-ce que cela affecte -
là, je la pose bien naïvement, ma question - ce
problème-là, le fait d'enlever le paragraphe k de l'article?
M. Fréchette: Mme la Présidente, je prétends
que non parce que, très précisément, tous les
métiers de la construction sont maintenant assujettis au décret
de la construction. Il peut bien y avoir des discussions qui se font, par
exemple, devant le commissaire à la construction qui, lui, est
habilité à décider si, effectivement, un métier
tombe ou ne tombe pas sous le coup de l'application du décret. Il peut y
avoir des discussions de cette nature, mais je ne vois pas comment, en
conservant le paragraphe dont on parle, ou bien dans son entier ou
partiellement, on pourrait davantage protéger des personnes qui ont
déjà de toute façon une protection, ou bien sous l'empire
de la loi, ou bien sous l'empire d'un décret qui concerne les
activités dans lesquelles elles sont impliquées
précisément, ou bien alors dans une convention collective. Elles
peuvent aussi être assujetties à une convention collective qui
contiendrait des dispositions moins avantageuses que celles que l'on retrouve
dans le décret et, là, elles se disent: Si l'on pouvait devenir
assujetties au décret, on pourrait ainsi espérer des conditions
de travail plus avantageuses, mais qui sont quand même régies par
les dispositions d'une convention collective privée.
M. Paradis: Fort de cette garantie du ministre, c'était
simplement une interrogation que j'avais. J'en ai une autre quant à
l'article ou sous-alinéa que l'on maintient dans la loi et qui
vise l'exploitation agricole. La définition - et je sais que cela va
intéresser particulièrement Mme la Présidente - dit:
"Signifie une ferme mise en valeur par l'exploitant lui-même ou par
l'entremise d'employés." Est-ce que c'est l'intention du gouvernement
d'exclure l'application des décrets de l'ensemble des exploitations
agricoles? Est-ce que vous le maintenez là parce que cela continue
d'être votre intention?
M. Fréchette: Est-ce que le député de
Brome-Missisquoi voudrait me référer trèsprécisément à l'article dont il nous parle?
M. Paradis: L'article 10 du projet de loi dit: "L'article 1 de la
Loi sur les décrets de convention collective est modifié par la
suppression du paragraphe k."
M. Fréchette: Oui.
M. Paradis: Le paragraphe k, c'est la description strictement du
salarié permanent, désigne...
M. Fréchette: Oui.
M. Paradis: Mais dans ce même article il y a d'autres
sous-paragraphes. Avant d'arriver à k, il faut commencer par a...
M. Fréchette: Oui.
M. Paradis: ...et, au paragraphe a, on maintient, on ne donne
aucune modification. Je veux simplement avoir la philosophie ou l'orientation
du gouvernement lorsqu'on définit: "Exploitation agricole signifie une
ferme mise en valeur par l'exploitant lui-même ou par l'entremise
d'employés." Est-ce parce que le gouvernement désire que les
décrets ne touchent pas ce secteur d'activité
économique?
M. Fréchette: C'est ce que j'en comprends, Mme la
Présidente. C'est pour faire en sorte de ne pas assujettir, par exemple,
une ferme qu'on est convenu d'appeler "petite entreprise familiale" à
l'obligation d'être régie par des conditions de travail que l'on
retrouverait - prolongées dans un décret. C'est la
compréhension que j'en ai.
M. Paradis: D'accord, mais on n'utilise pas toujours la
même définition lorsqu'on parle d'une exploitation agricole. Sur
le plan de la construction, on parle d'une ferme mise en valeur par
l'exploitant ou par l'entremise de moins de trois employés à
temps plein. On a une définition plus restrictive. Au niveau du Code du
travail, on permet quand même, sur le plan des fermes, la syndicalisation
des personnes qui travaillent à une exploitation agricole avec les
conséquences que l'on peut prévoir. Dans le cas d'une
grève, c'est complètement déséquilibré.
Celui qui a des poules à soigner ou des poulets à griller, etc.,
c'est la catastrophe. Est-ce qu'il y a une philosophie gouvernementale
complète qui s'harmonise à l'intérieur de toutes les lois
ou si l'on va continuer à dire: Dans une loi, c'est cela; dans l'autre,
c'est cela; dans l'autre, cela va être cela? Finalement, l'agriculteur ne
sait plus comment s'y retrouver. (21 h 15)
M. Fréchette: L'idéal, Mme la Présidente, ce
serait, effectivement, de pouvoir arriver à cet objectif dont parle le
député de Brome-Missisquoi, de ne retrouver, à
l'intérieur de toutes les lois qui en donnent une définition,
qu'une seule définition de la même expression, comme, par exemple,
celle dont on parle, l'exploitation agricole. Cependant...
M. Paradis: Cela va plus loin, M. le ministre, je vous
arrête immédiatement. Il y a cet élément-là
et vous avez visé juste en disant que ce serait la situation
idéale, mais il y a également l'idée ou la philosophie
suivante: Est-ce que le gouvernement pense que sur les fermes on devrait, que
ce soit sous forme de décret ou sous forme de convention collective,
permettre la syndicalisation avec les droits que procurent le Code du travail,
le droit de grève, les lois "antiscabs"? Je sais que vous venez de la
région de Sherbrooke, que vous connaissez le milieu rural et semi-rural;
vous savez que dans le cas d'une exploitation agricole, où on est aux
prises avec des animaux vivants, cela déséquilibre
complètement le rapport de forces. Est-ce que vous êtes en faveur
de ces choses-là, comme gouvernement?
M. Fréchette: Écoutez, partons d'abord des
dispositions générales que contient le Code du travail. Dans
l'état actuel des choses et conformément aux dispositions dece code, rien n'empêcherait des employés d'un cultivateur de
procéder par voie de requête en accréditation et de devenir
syndiqués avec tous les droits et toutes les obligations que l'on
retrouve actuellement dans le Code du travail. Rien n'empêcherait cela,
on va convenir de cela.
Par ailleurs, à partir des exceptions qu'on a faites à
bien des égards, comme, par exemple, de ne pas assujettir l'exploitation
agricole au décret de la construction, pour des motifs que je
considère valables et corrects, il nous faut dans ce même esprit
ne pas imposer la syndicalisation là où on ne la voudrait pas
dans ce secteur très précis qu'est l'exploitation agricole.
Cependant, il y a toute la liberté d'accéder à la
syndicalisation, si on le veut.
Est-ce que là on va entrer dans les distinctions qu'il faut faire
entre la ferme et l'exploitation agricole - le député de
Brome-Missisquoi est beaucoup plus familier que moi dans ces dossiers -
à caractère familial, l'entreprise familiale ou l'exploitation
agricole qui est devenue, à toutes fins utiles, une entreprise
commerciale, une véritable industrie? Est-ce que là, dans ces
secteurs très précis, l'on doit continuer de retenir les
exceptions que la plupart des lois prévoient actuellement? Cela est une
autre affaire.
Quant à moi, je ne serais pas, à ce stade-ci, ni
prêt ni disposé à émettre une opinion tout de go
comme cela sans avoir une évaluation plus ponctuelle, plus
précise de l'ensemble de la situation.
M. Paradis: Une question complètement
générale, parce que vous connaissez quand même les besoins
en alimentation et en soins des fermes, qu'elles soient familiales,
commerciales ou industrielles, pour les animaux qui y sont
élevés. Est-ce que vous pensez qu'on peut appliquer l'ensemble
des obligations et droits, qui découlent du Code du travail, normalement
à ces entreprises?
M. Fréchette: Mme la Présidente, je suis tout
à fait d'accord avec le député de Brome-Missisquoi quand
il me dit que c'est une question d'ordre très général que
je suis en train de poser. Il faudrait, pour y répondre, y
répondre convenablement, avoir près de nous le Code du travail et
prendre chacun des articles qui prévoient des droits ou alors des
obligations et dire: Est-ce que dans le cas de l'exploitation...
M. Paradis: Je tenais pour acquis que vous les connaissiez.
M. Fréchette: Oui, oui, mais, écoutez, vous me
parlez de quoi? De "l'antiscab". Vous me parlez de quoi? Du processus de la
requête en accrédition. Vous me parlez du processus...
M. Pagé: Nul n'est censé ignorer la loi...
M. Fréchette: ...d'arbitrage de griefs. M. Pagé:
...surtout pas le ministre.
M. Fréchette: Vous parlez du processus de l'arbitrage
d'une première convention collective. Je ne sais pas de quoi vous me
parlez. Si vous me parlez de l'ensemble des processus qu'on retrouve à
l'intérieur du code, je ne suis pas capable de vous dire si oui ou non
on devrait retrouver cela in extenso dans l'exploitation agricole. Comment
est-ce que la disposition "antiscabs" s'appliquerait dans l'exploitation
agricole?
M. Paradis: C'est inquiétant.
M. Fréchette: Cela dépendrait de la nature de
l'exploitation. En tout cas, on n'est pas pour faire une longue discussion
là-dessus.
M. Paradis: Vous admettrez quand même que c'est
inquiétant. Si vous vous retrouviez à élever dans une
ferme familiale - je vois le député de Champlain à
côté -20 000 poules pondeuses, que vos employés se
mettaient en grève le lendemain matin et que vous aviez la loi
"antiscabs", c'est inquiétant.
M. Fréchette: On me dit que la loi"antiscabs"...
M. Paradis: Le député de Champlain me fait signe
que oui.
M. Fréchette: ...tous les employeurs la trouve
inquiétante. On me dit que tous les employeurs trouvent la loi
"antiscabs" inquiétante, que ce soit dans une exploitation agricole, si
encore cela existait, ou ailleurs. Il y en a même qui ont entrepris de la
contester devant les tribunaux, vous le savez.
Je retiens toujours que dans l'état actuel des choses la
possibilité de syndicalisation dans ce secteur n'existe qu'à
partir de la volonté de ceux qui voudraient se syndiquer et je
présume que ceux qui voudraient se syndiquer accepteraient, par voie de
conséquence, de vivre avec les dispositions qu'on retrouve à
l'intérieur du code. Je présume également qu'ils doivent
les connaître avant d'enclencher le processus d'accréditation.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci. On n'est pas beaucoup plus
éclairé en regard de la position de celui qui occupe le fauteuil
comme ministre du Travail qui a prêté serment, sa position en
regard de la question épineuse, délicate et importante qu'a
soulevée l'honorable député de Brome-Missisquoi.
Une voix: Ha, ha, ha! Honorablel
M. Pagé: Vous avez, vous aussi, le statut d'honorable
même si vous hésitez à le porter.
M. Fréchette: Mme la Présidente...
M. Pagé: C'est vrai, M. le ministre, quand on donnait
l'exemple tantôt du poulet de gril, vous savez qu'il y a des producteurs
au Québec qui ont des sommes importantes, ils sont devenus de
véritables industries. Cela implique que le produit est mis en
marché
ou abattu à un certain calibre, à un certain poids qui ne
peut souffrir aucun délai, évidemment. La question qu'il posait
était: Est-ce qu'il y a une volonté gouvernementale de mettre un
peu plus de cohérence dans ses lois en regard de l'industrie agricole?
Par exemple, on sait que l'industrie agricole est exclue du champ d'application
du décret de l'industrie de la construction. Cela, c'est parce
qu'à un moment donné le gouvernement s'est dit: Pour favoriser la
construction dans le domaine agricole à des coûts moindres que les
coûts réguliers dans d'autres secteurs, pour s'assurer que, entre
guillemets, le principe des corvées, de la contribution et de l'aide
puisse être consacré, cela a été exclu. Mais, en
même temps, l'entreprise agricole peut être soumise et avoir
à faire face à toute requête en accréditation comme
toute autre entreprise. La question se pose de plus en plus, compte tenu que
l'économie agricole qui, dans plusieurs régions du Québec,
s'appuyait sur l'exploitation d'une ferme familiale, aujourd'hui, est devenue,
dans la très grande majorité des cas, de véritables
industries.
Il y a 25 ans au Québec, quand on allait dans un village d'une
couple de mille habitants, les gros investissements étaient au village.
Les gros investissements, maintenant, sont dans les rangs, dans des fermes qui
valent 400 000 $, 500 000 $; ce n'est pas rare. C'est un problème qui
risque de se poser et c'est un problème de nature sociétale.
Nous aurions aimé vous entendre, comme ministre. Quelles sont vos
vues? Quelle est votre perception de la problématique? Quelle est votre
orientation? Si vous ne vous êtes pas convié vous-même et
que le gouvernement ne s'est pas convié à une telle
réflexion, bien qu'on le dise, et, si oui, qu'on le dise aussi.
C'était strictement le but de l'exercice. On ne veut pas...
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: Mme la Présidente, je venais à
cette commission parlementaire avec l'objectif très précis
d'étudier le projet de loi 11 qui est devant nous. Dans le projet de loi
11, je ne sache pas que l'on se réfère à quelque article
que ce soit au phénomène de l'exploitation agricole ou de la
ferme. Je ne sais trop comment l'article définit cela.
Cependant, je peux dire, sans aucune réserve, autant au
député de Portneuf qu'au député de
Brome-Missisquoi, que, si leur objectif est d'arriver à faire en sorte
qu'il soit interdit que la syndicalisation puisse se réaliser dans le
secteur de l'agriculture, je vous dirai que je n'accepterais pas que, par une
disposition législative, on interdise la syndicalisation pour ceux qui
veulent se syndiquer.
M. Pagé: Vous comprenez, Mme la Présidente,
que...
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: ...mon collègue aura une question et un
commentaire à faire. Le but de l'exercice, je retiens que c'est
l'étude du projet de loi, je retiens que nous en sommes à
l'article 10. Vous savez, rares sont les occasions de pouvoir échanger
dans un cadre aussi ouvert, aussi contributif de part et d'autre, et aussi
serein, il faut en convenir. N'allez pas croire que nous avions des intentions
obscures. Monsieur mon collègue, avez-vous un commentaire à faire
avant qu'on passe à l'adoption?
La Présidente (Mme Juneau): Le député de
Beauharnois avait demandé la parole.
M. Pagé: Après cela, on va...
La Présidente (Mme Juneau): L'alternance...
M. Pagé: ...être prêts pour l'adoption, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Je ne veux pas allonger le débat, si vous
êtes prêts... Je voulais, à titre d'information et pour me
rassurer aussi... Si on imagine une ferme avicole, que ce soit pour la ponte
des oeufs ou pour le poulet à griller, il y a quand même des
dispositions dans la loi "antiscabs" qui permettent au patron, au
propriétaire de l'entreprise de 'protéger ses biens. À ce
moment-là, il y a des mesures à prendre pour protéger ses
biens. Il sait très bien qu'il y a un certain nombre d'employés
qui sont syndiqués et qui, s'ils décident de faire la
grève et pendant une semaine, quinze jours ou trois semaines ne soignent
pas ses poules, ses biens sont menacés. La loi lui permettrait de
prendre les mesures nécessaires pour protéger ses biens. Donc, je
me demande si, à ce moment-là, il ne serait pas en
autorité, à partir d'une injonction, d'aller chercher des
employés qui, eux, accepteraient de protéger ses poules en les
soignant et en les nourrissant. Si j'ai raison dans mon raisonnement, je pense
que l'inquiétude que vous manifestez s'estompe.
M. Paradis: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: J'aurais un commentaire à faire à la
suite des remarques du ministre.
Je pense que le but des questions de l'Opposition n'était pas de
savoir si le droit d'association, qui est un droit garanti, de toute
façon, dans la Charte des droits et libertés de la personne,
s'applique, mais dans quelles limites il doit s'appliquer ou avec quels
pouvoirs il doit s'appliquer dans les cas d'exploitations agricoles où
il y a des animaux. Je viens d'entendre mon collègue, le
député de Beauharnois, dire que, si les poules ne sont pas
soignées pendant une semaine... Je voyais frémir son voisin de
droite, le député de Champlain, qui est un ancien éleveur
de poules. Il sait très qu'après une semaine il n'y a plus de
poule à soigner. Cela se compte en termes d'heures, finalement, pour en
prendre soin. Est-ce qu'on doit appliquer les dispositions "antiscabs" et
l'éleveur aura-t-il à se prémunir, aller en cour, etc.?
L'intention de l'Opposition était simplement de demander au ministre
s'il concevait que le Code du travail, tel que connu, doit s'appliquer dans le
cas des élevages, dans le cas de la production agricole, des
élevages d'animaux, avec toutes ses dispositions pour ces
entreprises.
Le ministre semble nous dire - c'est ce que j'ai compris de ses
réponses - que le gouvernement n'y avait pas pensé, n'y avait pas
réfléchi et que, peut-être, un jour, le gouvernement y
pensera, y réfléchira et nous fera part de ses commentaires au
moment où il y aura pensé et réfléchi. Si c'est la
situation, cela va. Vous nous l'avez dit et c'est ce qu'on a compris. Je ne
voudrais pas que les propos des membres de l'Opposition soient
interprétés, comme vous avez semblé les
interpréter, en voulant dire qu'on s'attaque au droit d'association, qui
est un droit fondamental garanti dans la Charte des droits et libertés
de la personne.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Pagé: Certainement, Mme la Présidente. Le
ministre pensait peut-être qu'on venait avec un "filibuster" sur le
projet de loi 11. Ce ne sont pas là nos intentions, Mme la
Présidente, vous savez que...
M. Fréchette: Ce ne serait rien de bien spécial par
rapport à ce qu'on vit depuis trois semaines.
M. Pagé: Pardon?
M. Fréchette: Ce ne serait rien de bien spécial par
rapport à ce qu'on vit depuis trois semaines.
M. Pagé: Mme la Présidente, je prends acte de la
déclaration du ministre, mais vous me permettrez de lui indiquer ceci:
Nous ne faisons pas de "filibuster" avec le projet de loi 42. Eh! Seigneur!
Vous n'avez jamais vu ça un "filibuster"! Si on s'était
donné comme directive de vous en faire un, vous auriez vu ce que
c'est.
M. Fréchette: Ce n'est pas cela que j'ai dit. Je n'ai pas
parlé de la loi 42, d'aucune espèce de façon.
M. Pagé: Tant mieux.
M. Fréchette: Je ne sais pas à partir de quoi le
député de...
M. Pagé: À partir du commentaire que vous avez
fait.
M. Fréchette: ...Portneuf arrive à ces conclusions.
Je ne me suis jamais référé à quelque loi
particulière que ce soit.
M. Pagé: Tant mieux. On s'entend encore. Continuons.
La Présidente (Mme Juneau): J'appelle donc l'article
11.
M. Pagé: L'article 11 semble être de
concordance.
M. Fréchette: Je vais vous dire cela, si vous me donnez
l'occasion d'y jeter un coup d'oeil. En effet, de concordance.
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 11 est
adopté. Article 12. (21 h 30)
M. Fréchette: Alors, Mme la Présidente, nous
proposons cet amendement à l'article 12 à la suite d'un jugement
rendu par la Cour d'appel qui en est venue à la conclusion que, lorsque
l'on parlait de la stipulation d'un salaire, il pouvait arriver que la
réclamation soit rejetée parce que les critères ou, enfin,
les éléments essentiels de ce qu'est une stipulation
n'existeraient pas. C'est la conclusion à laquelle la Cour d'appel
était arrivée dans ce dossier de H. J. Pants Contractors en 1972.
Alors, c'est la raison pour laquelle on ne fait qu'enlever les mots "stipuler
un salaire différent" pour les remplacer par les mots "de payer un
salaire inférieur".
M. Pagé: C'est donc dire que la stipulation ne stipulait
pas.
M. Fréchette: C'est-à-dire que la stipulation
pouvait stipuler, mais, dans certains cas, cela n'était pas
complètement stipulé.
M. Pagé: D'accord.
M. Fréchette: Est-ce assez clair?
M. Pagé: Oui, on regardera le jugement. Le jugement de la
Cour d'appel en 1972.
M. Fréchette: Voilà. Jugement 72-CA, page 388.
M. Pagé: D'accord, je vais vérifier cela en
arrivant. Votre gouvernement a attendu six ans et le nôtre aussi.
M. Fréchette: Quelque chose comme cela.
M. Pagé: Bon, parfait.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 12 est
adopté?
M. Pagé: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): Merci, M. le
député. Article 13.
M. Fréchette: C'est une concordance avec celui que l'on
vient d'adopter, Mme la Présidente.
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 13 est
adopté. Article 14.
M. Fréchette: Ce qu'on introduit, Mme la
Présidente, par l'article 14, c'est la responsabilité solidaire
entre le vendeur et le nouvel acquéreur d'une entreprise à
l'égard des sommes ou, enfin, des salaires qui sont dus aux
salariés ou à leur comité paritaire. Je vous signale qu'il
s'agit d'une harmonisation avec l'article 96 de la Loi sur les normes du
travail.
La Présidente (Mme Juneau): Des commentaires, M. le
député.
M. Pagé: Pour moi, il serait adopté, mais
l'honorable député de Brome-Missisquoi aurait un commentaire
à faire.
M. Fréchette: Ne me parlez pas des fermes agricoles avec
cela.
M. Paradis: Ni des femmes agricoles, ni des fermes agricoles.
M. Fréchette: Cela peut toujours aller pour un bout.
M. Pagé: Ce n'est pas dans le comté de Sherbrooke
que vous avez semblé informer le ministre, tantôt, du cas
des...
M. Paradis: Je me préoccupe strictement, M. le ministre,
en vous adressant la question, du cas des notaires qui ont passé des
contrats de cession lorsque cela n'est pas fait par vente en justice et
où l'ancien et le nouvel employeur sont conjointement liés.
Est-ce que les avis reçus de vos conseillers juridiques indiquent que le
notaire aura à prévoir une autre stipulation dans ces contrats de
façon que les parties soient liées?
M. Fréchette: Je ne pense pas qu'il soit nécessaire
pour le notaire d'inclure dans le contrat sous seing privé des
dispositions d'ordre public. Cela lie de toute façon, quelle que soit la
disposition que l'on retienne à l'intérieur du contrat. On ne
peut pas, par une disposition à l'intérieur d'un contrat
privé, introduire une clause qui serait, ou bien contre l'ordre public,
les bonnes moeurs - quel était le troisième... enfin, le
troisième m'échappe... Alors, je ne pense pas que cela
crée une obligation pour les notaires d'introduire dans les contrats
sous seing privé une stipulation à cet égard.
M. Paradis: Je vous le demandais strictement parce que, si on
fait le parallèle avec la loi sur le zonage agricole, on sait que,
même s'il s'agit de dispositions d'ordre public, les notaires ont quand
même l'obligation...
M. Fréchette: II doit y avoir une stipulation dans la loi
qui les oblige à le faire.
M. Paradis: II y a une stipulation dans la loi qui les oblige
à le faire, mais le notaire est quand même tenu responsable
lorsque les titres sont clairs, etc., sous seing privé. Ce sont des
vérifications que le notaire doit effectuer avant de mentionner que
c'est quitte et libre de toute charge, etc. Est-ce que c'est une
vérification additionnelle que le notaire sera obligé de
faire?
M. Fréchette: Non.
M. Paradis: II ne sera pas obligé de vérifier cela.
Il pourra marquer que c'est libre de toute charge, etc. Il ne sera pas
engagé.
M. Fréchette: Oui, c'est mon évaluation.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 14 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté.
Article 15?
M. Fréchette: Mme la Présidente, l'amendement
proposé a pour objectif de faire en sorte que le paragraphe a du 2e
alinéa de l'article 22 de cette loi soit modifié par l'addition
à la première ligne, après le mot "décret", des
mots "et de la présente loi". Pourquoi faut-il faire cela? C'est parce
que le texte actuel de la loi ne permet pas à un comité paritaire
d'exercer le recours en dommages et intérêts dans le cas d'un
renvoi abusif, par exemple, puisque le recours naît de la loi et la loi
ne fait que se référer au décret comme tel. Alors, il n'y
avait pas de... Pardon?
M. Pagé: Avez-vous eu une cause dans ce
sens-là?
M. Fréchette: Pas nécessairement une. Je ne sais
pas s'il y a déjà eu... On me dit qu'il y a eu des causes
effectivement qui se sont appuyées sur l'actuelle disposition de
l'article 22 pour rejeter des réclamations. C'est ce qu'on veut essayer
de régler.
La Présidente (Mme Juneau): Y a-t-il des commentaires sur
l'article 15, M. le député?
M. Fréchette: Ah! une autre disposition à l'article
15... Enfin, la suivante, c'est aux fins de l'objectif suivant: Dans
l'état actuel de la loi, lorsque le comité paritaire
procède à recouvrer des salaires qui sont dus à des
salariés, il peut retenir une proportion de 20% autant du travailleur
que de l'employeur pour une espèce de pénalité. Là,
on dit: Le travailleur ne devrait pas être pénalisé comme
cela. Le salaire qu'on réclame pour lui devrait lui être
versé intégralement. Il n'y a pas de motif valable pour lequel il
devrait payer 20% du salaire qu'on a réclamé pour lui quand il
paie une cotisation pour son comité paritaire. Alors, on dit
simplement...
M. Pagé: C'est de nature à corriger peut-être
pas un abus, mais cela ressemblait aux agences de perception...
M. Fréchette: Enfin, cela pouvait ressembler à
cela.
M. Pagé: ...qu'on a connues dans le passé avant
qu'elles ne soient mieux régies par les nouvelles lois.
Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 15 est
adopté. Article 16?
M. Pagé: Sommes-nous à l'article 16, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Juneau): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Allons-y!
M. Fréchette: Mme la Présidente...
M. Pagé: Ah! C'est le rapport annuel au lieu de
trimestriel.
M. Fréchette: Oui, au lieu d'être trimestriel, il
serait annuel et ce serait carrément suffisant pour les fins du
ministère du Travail. Quant au deuxième paragraphe, c'est une
concordance avec l'abrogation du paragraphe i de l'article 22.
M. Pagé: Cela va dans le néolibéralisme qui
semble animer le gouvernement.
M. Fréchette: L'article 16 serait adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 16 est-il
adopté, M. le député?
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Article 17?
M. Fréchette: On ajouterait, Mme la Présidente,
l'article 26.1, qui est là pour permettre au ministre, après
avoir estimé que le rapport d'enquêteur le justifiait, d'ordonner
que les pouvoirs du comité paritaire qui a été sous
enquête soient suspendus, qu'il soit procédé à la
nomination d'un administrateur qui en exercera les pouvoirs pour la
période de temps que le ministre déterminerait. Il est
également prévu que ce pourrait être la commission...
Adopté?
La Présidente (Mme Juneau): L'article 17 est-il
adopté, M. le député?
M. Pagé: Oui. Le ministre était parti pour se
"filibuster" lui-même.
La Présidente (Mme Juneau): Article 18?
M. Pagé: Je comprends, il n'en a jamais eu et il n'en a
pas eu au projet de loi 42, alors...
M. Fréchette: Non, j'en ai déjà eu un. M.
Pagé: Article 17, n'est-ce pas? M. Fréchette: Article
17.
La Présidente (Mme Juneau): Article 18.
M. Fréchette: L'article 18, pardon. C'est pour permettre
de procéder à la nomination d'un liquidateur et de
déterminer ses pouvoirs lorsque c'est nécessaire, ce qui n'est
pas permis actuellement.
M. Pagé: On était perturbé par le leader du
gouvernement.
M. Fréchette: Ce que je disais essentiellement, Mme la
Présidente, c'est qu'il faudrait que le pouvoir existe de
procéder à la nomination d'un liquidateur, de pouvoir
également déterminer sa juridiction lorsqu'il faudra en arriver
à la conclusion qu'effectivement il faut liquider.
M. Pagé: D'accord. Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 18 est
adopté. L'article 19?
M. Pagé: J'ai une seule question au ministre. Je comprends
que l'objectif de prolonger le délai de prescription de six mois
à un an vise à rendre la Loi sur les décrets de convention
collective concordante avec la loi sur les conditions minimales de travail. Sur
cela, il n'y a pas d'objection. Par contre, j'aimerais que l'on m'indique en
quoi la prescription de six mois a pu causer préjudice jusqu'à
maintenant.
M. Fréchette: N'y aurait-il aucun cas, Mme la
Présidente, que nous pourrions identifier et qui aurait causé
préjudice à qui que ce soit? Il me semble que le
phénomène, que l'objectif d'harmonisation à lui seul est
suffisant pour que l'on puisse procéder à adopter une disposition
comme celle-là. Deuxièmement, je demandais aujourd'hui à
des collègues avocats, j'essayais de sonder leurs souvenirs en
matière de prescription au Code civil lorsqu'on est en matière de
salaire, et les uns et les autres ne pouvaient pas me dire de mémoire ce
que c'était. Quelques-uns prétendaient que c'était six
mois, d'autres un an; vérification faite, c'est une année. Alors,
pourquoi faudrait-il qu'à l'intérieur d'une disposition
particulière comme celle-là, lorsque quelqu'un réclame du
salaire qui lui est dû, il ait moins de temps pour le faire que les lois
d'ordre général comme le Code civil et, deuxièmement,
comme une loi plus particulière qui est la Loi sur les normes du
travail?
M. Lavigne: Avez-vous consulté le bureau Paradis et
Paradis?
La Présidente (Mme Juneau): L'article 19 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté.
Article 20?
M. Pagé: L'avis est mis à la poste, c'est cela?
M. Fréchette: Oui. Cela aussi c'est une harmonisation.
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 20 est
adopté. Article 21?
M. Fréchette: C'est essentiellement, Mme la
Présidente, et c'est fait à la suite de demandes nombreuses qui
viennent de toute espèce de sources et plus particulièrement
d'organismes qui se consacrent à la réadaptation physique
professionnelle ou sociale de personnes qui deviennent handicapées
à la suite d'accidents ou qui sont peut-être handicapées
d'une autre façon, mais qui ont besoin de faire des stages dans le cadre
d'un programme de réadaptation, que ce soit dans une institution
scolaire ou que ce soit en entreprise. Dans l'état actuel de la loi, les
gens qui reçoivent ces personnes-là en stage sont assujettis
à la loi. Non seulement y sont-ils assujettis, mais dans bien des
circonstances et dans bien des cas ils ont été l'objet de
poursuites judiciaires pour réclamer du salaire alors qu'il s'agissait
de travailleurs qui étaient là pour les fins de la
réadaptation, et de façon bénévole, qui n'avaient
pas de rémunération, d'aucune espèce de façon.
M. Pagé: Et qui ont porté plainte.
M. Fréchette: Peut-être bien que les plaintes
viennent de là et qu'elles viennent d'ailleurs aussi. (21 h 45)
M. Pagé: Elles pouvaient être portées par le
comité paritaire.
M. Fréchette: Les plaintes pouvaient venir de n'importe
quelle source. Cela ne m'apparaît pas essentiel que d'essayer d'imaginer
ou, enfin, d'identifier la source...
M. Pagé: D'accord.
M. Fréchette: ...de l'information. C'est la protection, il
me semble, qu'il faut donner autant à ceux qui y travaillent qu'à
ceux qui les reçoivent.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 21 est-il
adopté?
M. Pagé: Sauf que l'article 29b ayant été
abrogé antérieurement par la loi de 1978, je présume, il
aurait été utile que "d" devienne "c", que "c" devienne "b" et
que "e" devienne "d".
M. Fréchette: Est-ce que cela peut se vérifier? Le
député de Portneuf me signale la nécessité de
procéder à... Voulez-vous, s'il vous plaît,
répéter votre suggestion?
M. Pagé: C'est que si je regarde l'article 29
actuel...
M. Fréchette: Oui.
M. Pagé: ...la présente loi ne s'applique pas: a)
aux exploitations agricoles; b) a été abrogé; c) à
l'exploitation d'un chemin de fer sous la juridiction, etc.
M. Fréchette: Oui.
M. Pagé: Et là, on ajoute "d" et "e".
M. Fréchette: Oui. C'est cela.
M. Pagé: Alors, il faudrait...
M. Fréchette: Alors, il faudrait que ce soit...
M. Pagé: ...que le "a" demeure...
M. Fréchette: Oui.
M. Pagé: ...que "c" devienne "b"...
M. Fréchette: C'est cela.
M. Pagé: ...que "d" devienne "c"...
M. Fréchette: Voilà.
M. Pagé: ...et que "e" devienne "d".
M. Fréchette: Voilà. C'est effectivement ce qu'il
faudrait faire, mais on me dit que cela aurait été fait
automatiquement par...
M. Pagé: La Commission de refonte des lois et
règlements.
M. Fréchette: Oui. M. Pagé: Bon!
M. Fréchette: De toute façon, ce sera fait.
M. Pagé: Ce n'était pas sans
intérêt... M. Fréchette: Mais pas du tout.
M. Pagé: ...puisque la Commission de refonte des lois et
règlements va s'en occuper.
M. Fréchette: Voilà. M. Pagé: Article
22.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 21 est-il
adopté?
M. Pagé: Oui, madame.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Article 22?
Merci, M. le député.
M. Fréchette: Ah oui, c'est aux fins d'ajouter le
phénomène du congédiement aux deux autres
phénomènes que l'on retrouve dans la loi sur la suspension ou le
déplacement.
M. Pagé: Vous augmentez les amendes de 800% dans certains
cas.
M. Fréchette: Oui. On augmente les amendes dans une bonne
proportion, c'est vrai.
M. Pagé: Bien, 800%...
M. Fréchette: Bon. Je dirai, cependant, que ces amendes
sont là depuis 50 ans, maintenant, au moins, et que,
deuxièmement, toutes les amendes que l'on retrouve dans la loi sont
alignées sur celles que l'on retrouve dans la Loi sur les normes du
travail, et les parties aux différents décrets nous indiquent -
quand je dis les parties aux différents décrets, je me
réfère autant aux syndicats qu'aux employeurs - qu'elles sont
tout à fait disposées à vivre avec ces
phénomènes et que, quant à elles, cela va avoir un tel
caractère incitatif qu'il y a un nombre de plaintes considérables
ou d'infractions considérables qui ne se reproduiront pas ou qui ne se
produiront pas, purement et simplement.
M. Pagé: Un genre de marteau automatique.
M. Fréchette: Enfin, appelez cela... Bien oui, c'est une
expression qui vous est familière...
M. Pagé: Et que vous caressez... M. Fréchette:
Beaucoup. M. Pagé: ...beaucoup.
M. Fréchette: Et que je vais continuer d'utiliser
d'ailleurs.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 22 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Article 23?
M. Pagé: Cela s'inscrit encore dans le
néolibéralisme du ministre.
M. Fréchette: Mme la Présidente, c'est pour
prévoir que, dans le cas d'un congédiement, d'une suspension ou
d'un
déplacement illégal, le montant qui pourrait être
accordé pour tenir lieu de dommages-intérêts passera d'un
mois à trois mois de salaire quand il n'y a pas possibilité de
réintégrer...
M. Pagé: De réintégrer. M.
Fréchette: ...le salarié.
M. Pagé: 200% d'augmentation, marteau automatique.
M. Fréchette: Interprétez cela comme vous
voudrez...
M. Pagé: Adopté.
M. Fréchette: ...mais cela ne nous apparaît pas
abusif.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 23 est
adopté.
M. Pagé: Cela veut donc dire que, parfois - là, je
suis bien heureux de l'entendre du ministre - l'utilisation d'un marteau
automatique n'est pas toujours abusif. Merci, on va le retenir.
La Présidente (Mme Juneau): Article 24?
M. Pagé: Même chose.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté?
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Article 25?
M. Pagé: 200% d'augmentation. Même chose,
adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Article 26?
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Article 27?
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Article
28?
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Article 29?
M. Fréchette: Article 51.
M. Pagé: Qu'est-ce qui arrivait lorsque la poursuite
pouvait amener le contrevenant à payer 200 $ ou moins?
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Fréchette: La raison pour laquelle on suggère la
suppression du paragraphe 2 de l'article 51, c'est purement et simplement parce
que la Cour d'appel a décrété dans un jugement que cette
disposition était tout à fait inopérante depuis la Loi sur
les poursuites sommaires. Ce n'était plus utile.
M. Pagé: On va se fier à l'autorité de la
Cour d'appel. Adopté,
La Présidente (Mme Juneau): L'article 29 est
adopté. Article 30?
M. Pagé: Comment concilier le fait que, dans les cas
d'infractions statutaires, la prescription est de six mois?
L'échéance, après six mois dans une poursuite en vertu de
lois statutaires...
M. Fréchette: Mme la Présidente, c'est exactement
le phénomène que l'on retrouve dans la Loi sur les normes du
travail. Quand le député de Portneuf nous réfère
à la loi sur les convictions sommaires, je suis d'accord avec lui que la
prescription est de six mois et on est, par ailleurs, en matière
criminelle.
M. Paradis: Bien non, en matière criminelle, ce n'est pas
prescriptible, M. le ministre.
M. Fréchette: Quand je dis en matière criminelle,
je parle de façon très large du Code criminel.
M. Pagé: D'accord, cela aurait été..
M. Fréchette: Je suis encore capable de faire la
distinction entre une accusation par voie de conviction sommaire et un acte
criminel. Je n'ai pas complètement perdu ces notions encore.
M. Paradis: Cela peut vous être utile.
M. Fréchette: Cela peut effectivement être
très utile.
M. Pagé: Ne vous fâchez pas, M. le ministre.
M. Fréchette: Je n'en disconviens pas du toutl C'est un
phénomène d'harmonisation ou, c'est un objectif, l'harmonisation
qui est poursuivie là.
M. Pagé: Bien non! Votre argument ne tient pas, M. le
ministre, je m'excuse. C'est
exactement le contraire. Toute poursuite pénale doit, à
peine de déchéance, être intentée dans un
délai de six mois à compter de l'infraction. C'est la
règle qui inspire toutes les poursuites de cette nature. Là, vous
nagez à contre-courant.
M. Fréchette: Non, non, mais entendons-nous bien. Je suis
d'accord que, lorsqu'on fait référence au Code criminel et de
façon plus spécifique à une accusation par voie de
conviction sommaire, on est en face d'une prescription de six mois. En
matière d'acte criminel, il n'y a pas de prescription...
M. Pagé: D'accord.
M. Fréchette: ...d'aucune espèce de
manière.
M. Pagé: Mais là, on ne parle pas d'acte criminel,
on parle de poursuite pénale. D'accord?
M. Fréchette: Voilà, c'est cela.
M. Pagé: La règle veut, dans le cas des poursuites
pénales, qu'il y ait une déchéance après six mois.
Pourquoi nagez-vous à contre-courant dans cette loi?
M. Fréchette: Mme la Présidente, l'information
qu'on me donne, c'est que dans toutes les lois de cette nature, et
particulièrement la Loi sur les normes du travail, la prescription est
d'une année pour une infraction de nature pénale. On me dit que,
dans toutes les autres lois qui prévoient des offenses de nature
pénale, la prescription a toujours été établie
à une année.
Une voix: Pardon?
M. Fréchette: Écoutez, je ne les ai pas
regardées l'une après l'autre.
M. Pagé: Tout le temps. La Loi sur les poursuites
sommaires, c'est de six mois,
M. Fréchette: Est-ce qu'on pourrait convenir qu'elle est
de six mois à compter de la connaissance de
l'événement?
M. Pagé: Cela va être encore plus nébuleux.
Vous êtes avocat, honorable collègue, vous devriez saisir la
dimension du caractère nébuleux de la proposition que vous venez
de formuler.
M. Fréchette: L'autre phénomène que l'on
rencontre ici, Mme la Présidente, c'est que les comités
paritaires - évidemment, on recevra cela de la façon que l'on
voudra -nous disent que, effectivement, avec la prescription de six mois,
compte tenu de la dimension de certains territoires, compte tenu du nombre
restreint d'inspecteurs, dans bien des cas, le délai n'est pas
suffisant.
M. Pagé: Mme la Présidente, on se disait, mon
collègue de Brome-Missisquoi et moi, avant que le ministre
n'intervienne: c'est certainement pour alléger le travail de certains
fonctionnaires, dans cette structure. C'est probablement à leur demande
et vous venez de nous le confirmer.
M. Fréchette: Les fonctionnaires des comités
partiraires.
M. Pagé: Oui. Acceptez avec...
M. Fréchette: Ce ne sont pas des fonctionnaires du
gouvernement.
M. Pagé: Non. Ce sont des fonctionnaires quand même.
Pour nous, quand vous parliez tantôt de normaliser, vous alliez à
l'encontre de la Loi sur les poursuites sommaires. Je tiens à vous
stipuler que c'est six mois, ce n'est pas un an. Vous nagez à
contre-courant et, nous, on aurait été satisfait si vous aviez
retranché cet article, purement et simplement. On n'aurait pas fait un
long débat là-dessus et cela n'aurait pas pris 20 minutes sur
l'amendement. Si vous voulez le présenter, on va le faire sans
débat, cet amendement.
M. Fréchette: Je prends note des observations qui me sont
soumises.
M. Pagé: Vous pourrez corriger. Dormez
là-dessus.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'article 30 est
adopté?
M. Pagé: Sur division.
La Présidente (Mme Juneau): Sur division. Article 31?
M. Pagé: Cela veut dire quoi, M. le ministre?
M. Fréchette: Un petit instant! Mme la Présidente,
le seul objectif de l'article 31 est de faire en sorte que les
règlements déjà adoptés, en vertu des dispositions
du huitième alinéa de l'article 15, continuent d'être en
vigueur, malgré les amendements qui interviennent dans ce cas-ci.
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 31 est
adopté. Article 32?
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce
qu'il y a un amendement?
M. Fréchette: Mme la Présidente, c'est ici qu'on
introduirait...
M. Pagé: II y aurait un ajout?
M. Fréchette: ...le papillon dont on a distribué
des copies au début des travaux de la commission. (22 heures)
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'amendement?
M. Pagé: L'amendement est adopté.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 32.1 est
adopté?
M. Pagé: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Article
32.2?
M. Pagé: Lui aussi.
La Présidente (Mme Juneau): Merci. Article 33?
M. Pagé: On pourrait passer une semaine là-dessus,
Mme la Présidente! Dans votre néofédéralisme, vous
n'auriez pas l'intention de biffer un tel article?
M. Fréchette: Pas ce soir!
Une voix: Quand tenez-vous votre assemblée?
M. Fréchette: Elle a été tenue et elle a
bien été.
M. Pagé: Louise n'était pas là? Sur
division, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): Merci. Article 34?
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté.
M. Fréchette: Mme la Présidente, il semble que ce
soit prudent que je fasse une motion de renumérotation du projet de
loi.
M. Pagé: Oui.
Une voix: Est-ce que c'est débattable?
M. Fréchette: Après douze heures dans la même
journée, je ne peux pas le dire!
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que la motion de
renumérotation est adoptée? Une voix: Adopté.
M. Pagé: Oui, oui.
La Présidente (Mme Juneau): Merci. Le projet de loi est
donc adopté, tel qu'amendé. Nous suspendons les travaux quelques
instants...
M. Pagé: De changer les occupants de fauteuils!
La Présidente (Mme Juneau): ...avant d'entreprendre
l'étude du prochain projet de loi.
(Suspension de la séance à 22 h 2)
(Reprise à 22 h 10)
La Présidente (Mme Juneau): Après avoir
constaté le quorum, je déclare donc la séance ouverte.
Projet de loi 14
Le mandat de la commission est d'étudier article par article le
projet de loi 14, Loi sur le ministère du Tourisme et modifiant d'autres
dispositions législatives.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Blais
(Terrebonne) est remplacé par M. Gagnon (Champlain); M. Bourbeau
(Laporte) est remplacé par M. Maltais (Saguenay); Mme Dougherty
(Jacques-Cartier) est remplacée par M. Côté (Charlesbourg)
et M. Kehoe (Chapleau) est remplacé par M. Paradis
(Brome-Missisquoi).
La Présidente (Mme Juneau): Merci. Est-ce qu'il y a des
remarques préliminaires M. le ministre?
Remarques préliminaires M. Marcel
Léger
M. Léger: Très brèves, Mme la
Présidente. D'abord, je suis très heureux, aujourd'hui, de
participer avec l'Opposition à l'étude, article par article, du
projet de loi créant le ministère du Tourisme et modifiant aussi
d'autres dispositions législatives en concordance.
Je pense que la rédaction des articles de ce projet de loi a
été fortement inspirée de la loi sur le ministère
du Commerce extérieur et la loi constituant le ministère de la
Science et de la Technologie. Donc, on verra que la façon dont la loi a
été rédigée
est semblable à deux autres ministères qui ont
été créés et c'est pour cela qu'au début,
les premiers articles concernent l'organisation du ministère du Tourisme
et la rédaction, spécialement aux articles 1 à 6, est
conforme à la nouvelle loi sur la Fonction publique et au projet de loi
15 modifiant diverses dispositions législatives qui ont
été déposés par le ministre de la Justice.
Donc, comme préambule, M. le Président, je n'ai pas
d'autres détails. Je pense que le représentant de l'Opposition a
des choses à nous communiquer avant de commencer l'étude article
par article. Je lui donne l'occasion de commencer immédiatement.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Viger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, Mme la Présidente. On sait l'essor que
connaît l'activité touristique depuis les 25 dernières
années. Cela nous démontre que le tourisme se veut un
phénomène de société à caractère
permanent en pleine expansion. Les barrières de temps et de distance ne
tiennent pratiquement plus devant notre mode de vie qui, sous l'influence des
facteurs tels l'innovation technologique, l'éducation, l'expansion
commerciale et autres, permet d'envisager des centaines de déplacements
de plus en plus fréquents et des séjours plus longs.
Parallèlement, les liens commerciaux et culturels entre les
continents et les pays se sont développés et raffermis pour
déboucher sur une multitude d'échanges. Le nombre, la
qualité et l'accessibilité des destinations touristiques se sont,
quant à elles, grandement accrues et sont maintenant mieux connues.
On peut ainsi anticiper que la capacité et le désir des
individus de voir un pays ou de se récréer ou encore le
décloisonnement des économies se traduiront par une plus grande
fragmentation du marché touristique. Ces déplacements, on le
sait, engendrent une activité économique qui compte pour une part
non négligeable de la balance commerciale de la plupart des pays.
L'attraction touristique représente ainsi un important facteur de
développement. La concurrence vive qui s'y livre vers diverses
destinations touristiques confirme très nettement cette dimension.
À titre d'illustration de l'importance du tourisme comme activité
économique, on évalue au-delà de 106 000 000 000 $ US pour
la seule année 1981 le total des dépenses affectées au
chapitre des voyages internationaux.
Ce résultat représente une augmentation de 11% par rapport
à 1980.
Ces chiffres devraient être augmentés de beaucoup pour
refléter vraiment la réalité puisque ne sont pas pris en
compte les dépenses effectuées par les touristes en visite dans
leur propre pays. Le Canada, quant à lui, a enregistré, en 1980,
des recettes touristiques de quasiment 15 000 000 000 $, soit 5% du total de
son produit national brut. De cette somme, 77%, c'est-à-dire 11 400 000
000 $ proviennent des dépenses effectuées par des touristes
canadiens en visite au pays. Le solde, soit 3 300 000 000 $,
représentait l'apport du tourisme étranger pour constituer la
septième source de devises pour le Canada.
On estimait, également, que pour la même année, le
tourisme représentait une source directe ou indirecte de substances pour
plus de 1 130 000 personnes et comptant sur près de 10% de la
main-d'oeuvre canadienne. Le Canada génère 5% du produit national
brut en cette ère et l'on estime que la rentabilité des
investissements se fait par un rapport de 1 à 6. On conviendra donc
qu'en dépit du choc pétrolier des années 1970, de la
profonde récession dont nous faisons toujours les frais et de la
réforme structurelle qui nous attend, les attraits touristiques
demeurent une industrie non négligeable.
Ces constatations sur le tourisme, tant mondial que canadien, nous
amènent à nous interroger sur la situation de l'industrie
touristique au Québec, sur son rôle dans la relance
économique et l'appui que lui réserve le gouvernement du
Québec.
Dans la conjoncture actuelle, certains estiment que notre industrie
touristique a réussi à tirer son épingle du jeu et que,
bon an mal an, elle peut se comparer avantageusement à celle d'autres
provinces au pays. D'autres croient que nous disposons de potentiel touristique
déjà fort attrayant, qui peut, certes, être
amélioré mais, que la plupart des efforts ont été
concentrés pour son développement, son accessibilité et sa
promotion. Mais, comme thème d'amélioration, celles-ci ne sont
possibles qu'à la marche.
Finalement, il y a ceux pour qui le secteur touristique ne porte son
titre d'industrie qu'en raison de certaines sommes d'argent qui circulent et
qui considèrent que son caractère saisonnier le place au rang des
industries d'appoint. Pour faire le point sur toutes ces questions et dans le
but d'examiner l'appui que nous pouvons apporter vers le point de notre
industrie touristique, nous avons tenté de répondre aux
questions, aux interrogations suivantes: Quelle est la perfomance réelle
de l'industrie touristique au Québec? Est-elle en mesure de faire mieux
en regard de la qualité de son produit communément appelé
"offre", face aux exigences de la clientèle touristique que l'on appelle
communément la "demande"? Quels
sont, le cas échéant, les moyens pouvant nous permettre
d'améliorer la performance?
Pour apprécier la performance touristique du Québec, nous
avons obtenu les éléments suivants, Mme la Présidente:
Premièrement, les entrées de touristes non-résidents au
Québec, deuxièmement, la répartition des touristes
québécois visitant l'étranger, troisièmement, la
répartition de la migration touristique.
Les entrées de touristes au Québec: de 1975 à 1982,
sans distinction de moyens de transport utilisés, le nombre total de
non-résidents entrant au Québec a chuté de 17%. Il est
passé de 3 800 000 individus en 1975 à 3 124 000 en 1982, pour
une baisse de 248 000 unités.
L'examen plus avancé de ces données sur les entrées
de non-résidents nous indique que ce résultat est exclusivement
dû à la baisse du nombre de touristes américains au
Québec qui est passé de 3 500 000 en 1975 à 2 750 000 en
1982 pour une diminution de près de 22%.
En 1975, à chaque entrée d'un non-résident en
provenance d'ailleurs que des États-Unis, 12 Américains
s'annonçaient. En 1982, ce rapport n'est que de 7 Américains
contre 1 touriste en provenance d'autres pays que les États-Unis. Au
total, on a donc assisté à une baisse des entrées et,
n'eût été de cette augmentation des entrées de
non-résidents en provenance d'ailleurs que les États-Unis, elle
aurait été encore plus marquée. C'est la même chose
cette année. On compare la situation du Québec avec celle de
l'Ontario et du Canada, on constate que le Québec arrive bon dernier au
niveau des entrées des non-résidents de toute provenance. De 1975
à 1982, la part de l'Ontario dans les entrées touristiques de
non-résidents au Canada est passée de 64% à 68%; celle du
Québec diminue de 10,65% à 9% et ce, malgré un potentiel
touristique justement comparable à celui de l'Ontario. Le Québec
dénombrait, en 1982, seulement 3 124 000 de non-résidents
comparativement à 23 000 000 pour l'Ontario.
La proportion de touristes québécois à
l'étranger demeure, quant à elle, préoccupante. Un fort
nombre de résidents du Québec continue à voyager à
l'étranger tant aux États-Unis que dans d'autres pays. Depuis
1975, à l'exception de l'année 1979, autour de 6 000 000 $ de
Québécois et de Québécoises rentrent au
Québec d'un séjour à l'étranger et ce, chaque
année. Pour la seule année 1977, le Québec a
enregistré plus de 6,5 millions de sorties.
Toutefois, de 1975 à 1980, la comparaison de la performance du
Québec avec celle du Canada et de l'Ontario nous indique qu'elle a connu
l'augmentation la plus faible du nombre de sorties. En effet, pour cette
période, le Québec a connu une hausse de 2% du nombre de sorties
vers les États-
Unis et les autres pays, alors que le Canada et l'Ontario connaissaient
respectivement des augmentations de 5% et 12% du nombre de sorties. Le
résultat du Québec s'explique en partie d'une baisse de 25 301
sorties en direction d'ailleurs que les États-Unis, 5,45% des
activités de déplacement. Toutefois, ce tableau de 5 ans, ne doit
pas nous faire oublier qu'après une amélioration sensible du
nombre de sorties en 1979, la situation semble vouloir s'inscrire dans une
tendance inverse. En effet, si dès 1978-1979, le nombre total de sorties
du Québec a diminué de 9%, il a augmenté depuis de 250 000
unités pour s'établir, en 1980, à 6 039 000. Or, ce
résultat est totalement explicable par une croissance de 307 000 sorties
vers les États-Unis et, n'eût été de la baisse de
11,16% dans les sorties vers d'autres pays, le résultat global aurait pu
se situer au niveau de 1978.
Mme la Présidente, cette performance touristique
québécoise n'offre pas une perspective particulièrement
réjouissante puisqu'elle tend de façon relative à se
détériorer. Pourtant le Québec n'a rien à envier
à un tel attrait aux destinations qui l'entourent. Pour lui comme pour
les autres, le marché potentiel ne demande qu'à être
exploité. Pourquoi le Québec ne réussit-il pas à
performer davantage? La réponse à cette question n'est pas toute
simple. Non pas qu'elle soit d'une complexité qui tienne de l'insoluble,
mais davantage parce qu'elle crée une foule de facteurs
inter-reliés d'importance différente et variable. Il aurait
été prétentieux de soutenir que nous aurions pu analyser
toute cette question de fond en comble dans le cadre de ce travail. Nous
n'aurions pu de toute manière y parvenir sans multiplier de beaucoup les
moyens dont nous disposons. Nous avons plutôt cherché à
isoler et à décrire ce qui nous apparaissait comme les
principales causes de l'insuffisance des performances touristiques au
Québec. Pour ce faire, nous nous sommes penchés d'abord sur les
produits touristiques, sur ses qualités et ses carences.
Le tourisme, comme un bon nombre d'activités humaines, peut
être traité à travers des notions de marché et de
concurrence, de productivité et de rentabilité. Comme tout
produit, il doit répondre à des critères de
qualité, de diversité, d'accessibilité, de prix et
parvenir à rencontrer le goût et les exigences des
clientèles. Le touriste se déplace tantôt pour affaires,
tantôt par agrément et souvent en combinant les deux. Le choix de
ses destinations lui est ainsi dicté par ses obligations, ses
intérêts propres ou encore les moyens dont il dispose. Il en est
de même du choix de ses modes de transport et de ce qu'il recherchera
nécessairement au cours du voyage et à destination.
Le marché touristique québécois
augmente de cette façon dans une multitude de cours et de besoins
à satisfaire. Notre aptitude à les rencontrer adéquatement
doit tendre à se renforcer pour affronter la concurrence. Nous nous
devons d'exploiter à fond nos avantages comparatifs, réduire nos
déficiences structurelles et développer la meilleure
énergie possible entre les différents éléments
composant notre produit touristique. Parmi ceux-ci, l'originalité de
notre société et son histoire, ses institutions et son
patrimoine, offrent un univers de découvertes et d'émerveillement
au visiteur. Celui-ci peut y apprécier non seulement le dynamisme de vie
française unique en Amérique mais également nos peuples
autochtones, un héritage britannique et l'apport de plusieurs
communautés ethniques. L'attrait de vie touristique, cette
originalité est une richesse en soi qui doit être certes
protégée et mise en valeur. Il importe également qu'elle
soit rendue accessible au visiteur dans tout ce qui est de nature à le
séduire et le fasciner. Il est possible de lui offrir une vertu humaine,
un dépaysement, une expérience culturelle qui s'ajoutera à
tout ce est apporté chez nous. Si nous, nous ne parvenons pas a le
joindre dans sa curiosité, si nous le réduisons à
l'état de simple observateur, il ne reviendra pas. Notre
spécificité n'a que peu d'intérêt si elle n'est pas
doublée d'un accueil chaleureux où s'exprime l'envie de faire
partager à d'autres la fierté de ce que nous sommes et notre
attachement à notre coin de pays. Vu sous cet angle, on a peu investi
dans l'avènement d'une véritable conscience touristique ou dans
une véritable prise de contact publicitaire avec le milieu. Par
ailleurs, cette dimension culturelle ne constitue pas à elle seule, une
force d'attraction suffisante pour palier aux autres carences dans la mise en
valeur de notre produit touristique.
Un autre élément qui fait partie des produits touristiques
et qui constitue une force de ce secteur au Québec, c'est sans doute la
géographie de notre province. Ses sites pittoresques, ses vastes
étendues d'eau et de forêts, sa faune et sa flore,
confèrent à la plupart de nos régions des ressources
naturelles susceptibles de leur procurer des atouts au plan touristique. On
commence à peine à penser en termes de complexes touristiques
polyvalents et de circuits touristiques intégrés à
l'intérieur des villes et des régions. Mais on se bute encore
largement à des problèmes de planification, de
l'élaboration de priorités et de coordination. On ne sent pas
vraiment les autorités gouvernementales exercer le leadership qui leur
revient quand il s'agit d'investissements dans des postes de
développement touristique. Les interventions sont plutôt
parcellaires et sporadiques. Les délais avec lesquels nous tentons de
mettre en valeur nos ressources nous obligent à un recul face à
la concurrence. Notre mésadaptation nous pénalise aussi
sûrement dans le secteur touristique que dans n'importe quelle autre
industrie. Si nous vendons notre neige aux skieurs et qu'on leur offre des
pentes rocheuses ou de glace, comment pouvons-nous exploiter nos centres de ski
avec un minimum de rentabilité? Si on compte plus de touristes en
Mauricie ou en Gaspésie en évitant de lui mentionner qu'il y a
là des parcs nationaux extraordinaires est-ce le gouvernement canadien
qu'on pénalise? Si on aménage des terrains de camping à
tout vent sans penser aux intempéries et aux enfants pouvons-nous
prétendre divertir les parents?
À l'occasion du sommet sur le tourisme, en 1978, on a
reproché la sous-utilisation et la vétusté de nos
équipements de loisir, leur manque d'intégration à
l'équipement touristique et les aménagements en place. On a
également dénoncé l'absence d'approche globale en
matière d'équipements de loisir et touristique. Le tourisme
d'hiver a souffert particulièrement. De plus - et je termine avec cela,
Mme la Présidente - la situation de l'industrie hôtelière
au Québec ne semble pas être des plus prospères. On ne peut
passer sous silence les cris d'alarme lancés par l'Association des
hôteliers de la région de Québec selon laquelle le
réseau hôtelier a accusé un déficit de 15 000 000 $
en 1982 sur 1978. Cette situation prévalait aussi à
Montréal. Ainsi en 1982, le taux d'occupation des hôtels membres
de l'association a été le plus bas depuis 1970. Le taux
d'occupation de 1982 s'est limité à 59,95%. Il s'agit d'une
baisse très importante par rapport à l'année
précédente puisque le taux d'occupation s'était
situé à 66,7% en 1981.
Faut-il en conclure que cette composante de notre produit touristique
n'a pas évolué en même temps que la nouvelle tendance du
marché, tendance qui se caractérise par des déplacements
en famille plus fréquents pour des séjours plus courts dans le
cadre d'un type d'hébergement plus modeste et par le biais de voyages
à forfait qui sont plus en en demande d'après des agences de
voyages.
Même si l'hébergement devait, dans l'avenir, se
développer dans le sens de nouvelles tendances, il nous faudrait aussi
trouver des solutions afin de rentabiliser les complexes hôteliers
déjà en place. Ainsi, il serait sûrement souhaitable que, '
par l'entremise d'agents de voyages dits "récepteurs"
l'hébergement de type modeste se développe à travers
l'adaptation d'une formule compétitive, voyages qu'on appelle voyages
à forfait. Pour y parvenir il faut réduire les coûts de
cette composante de notre produit touristique, notamment par
l'allégement des taxes et du fardeau fiscal.
L'histoire du tourisme, Mme la
Présidente, est dans une grande partie celle des moyens de
transport. Le transport est en effet une des composantes majeures de notre
produit touristique puisqu'il constitue le sens même du
phénomène du déplacement. Le trafic routier occupe
toujours une grande place de notre tourisme. Le Québec est relié
à ces marchés du sud de l'Ontario et au nord-est des
États-Unis par un bon réseau d'autoroutes qu'il reste à
compléter. Cependant, avec la taxe ascenseur, le temps où
l'essence ne coûtait presque rien est maintenant révolu. On
constate également ces dernières années une
détérioration générale de notre réseau
routier. On y déplore le manque de haltes routières et
l'ambiguïté de la signalisation. Sur ce plan, nos voisins
américains semblent plus perspicaces que nous. Les États du
nord-est n'ont pas peur de se franciser pour accueillir de nombreux
québécois qui les visitent pour fréquenter leurs plages et
pour les vacances. Mme la Présidente, ce sont quelques remarques
préliminaires qu'on voulait faire avant d'aborder l'étude article
par article du projet de loi, parce que nous considérons que c'est la
situation réelle qu'on retrouve ici au Québec actuellement dans
le domaine touristique.
La Présidente (Mme Juneau): Les remarques
préliminaires étant terminées, j'appelle l'article 1 du
projet de loi 14. (22 h 30)
M. Marcel Léger (réplique)
M. Léger: Mme la Présidente, je voudrais juste,
avant de passer à l'article 1, donner quelques... D'abord, je
félicite le député de nous apporter une analyse quand
même très intéressante concernant le tourisme et qui
démontre son intérêt pour le tourisme. Je voudrais apporter
quelques nuances importantes.
Je pense que la proximité d'un bassin américain
très important et d'une densité très supérieure sur
le bord de la frontière de l'Ontario, comparativement à la
densité de visiteurs américains très proches de la
frontière québécoise, fait que nous avons analysé
qu'à une distance très proche de Montréal, à moins
de 500 milles de distance de Montréal, il n'y a que 4 villes
américaines importantes alors que des villes d'une distance de moins de
500 milles de la frontière de l'Ontario, il y en a 9 aux
États-Unis, ce qui fait que le bassin de touristes possibles venant des
États-Unis vers l'Ontario touche un bassin d'une densité de
près de 50 000 000 d'Américains qui sont beaucoup plus
près de la frontière ontarienne et que le bassin de population
américaine très près de la frontière
québécoise se chiffre autour de 21 000 000, ce qui veut donc dire
un avantage marqué pour l'entrée par l'Ontario d'un plus grand
nombre de touristes possible.
De plus, je pense que ce qui est important, c'est qu'il y a des villes
frontières très collées sur l'Ontario qui sont... Je
donnerai comme exemples des villes telles que Détroit, collée sur
la ville de Windsor en Ontario, ou même les deux villes de Niagara Falls
du côté américain et du côté ontarien, ce qui
fait que les Américains qui viennent passer quelques heures aux chutes
Niagara, souvent, retournent directement aux États-Unis, comme me
l'expliquait, il y a une dizaine de jours, le ministre du Tourisme de
l'Ontario. Donc, très souvent, un Américain peut venir passer un
après-midi à Niagara Falls, du côté ontarien, et
retourner immédiatement aux États-Unis; il ne passe même
pas une journée.
Ces chiffres sont compilés, ce qui fait que, souvent, les
données peuvent nous donner une mauvaise image de la situation, parce
que les vraies données qui permettraient de connaître l'impact des
retombées économiques des visiteurs américains au Canada,
en Ontario ou au Québec, doivent être compilées beaucoup
plus, non pas sur le nombre de personnes qui passent la frontière, mais
à partir de celles qui passent au moins une nuit au Québec ou en
Ontario. Cela change les chiffres d'une façon assez impressionnante.
Donc, les statistiques dont on doit tenir compte, ce sont beaucoup plus celles
du nombre d'Américains qui viennent passer au moins une journée.
Finalement, les données que nous avons démontrent aussi que
près de 40% des visiteurs américains au Québec passent par
l'Ontario et ils sont compilés par la frontière de l'Ontario et
continuent à venir au Québec. C'est pour cela qu'il est important
de vérifier les chiffres sur le nombre d'Américains qui passent
au moins une journée au Québec et au moins une journée en
Ontario pour compiler les deux résultats. Mais dans les deux cas, quand
même, il faut admettre que les données citées comprennent
toutes les entrées aux frontières, même celles de moins de
24 heures. C'est pour cela que cela peut être trompeur. Ce qui est plus
significatif, c'est l'entrée aux frontières pour les visites de
la province, mais qui ont au moins une nuitée, où les chiffres
sont assez différents.
De toute façon, il est sûr que depuis 1980, on peut dire
qu'à l'occasion de la crise du pétrole, il y a eu une baisse du
tourisme partout au Canada, aussi bien en Ontario qu'au Québec, mais
que, de 1982 à 1983 - et même, on peut dire au cours des neuf
premiers mois de 1984 il y a nécessairement eu une nette remontée
du tourisme qui n'est pas encore faramineuse -j'admets ce que le
député vient de dire qu'il y a une énorme
possibilité d'amélioration de ce côté - mais il y a
quand même un indice
qu'au lieu de continuer à baisser, comme c'était le cas
depuis 1980 ou 1982, il commence à y avoir une petite remontée du
côté québécois, comme c'est le cas aussi d'une
petite remontée du côté ontarien, et c'est ce qui nous
donne beaucoup d'espoir.
Étude détaillée Organisation du
ministère
Concernant l'article 1, comme le disait la Présidente
tantôt, je veux juste répéter ce que je disais
tantôt, à savoir que les six premiers articles sont les articles
concernant l'organisation du ministère du Tourisme et sont la
répétition exacte des articles 1 à 6, les mêmes que
ceux pour la création du ministère du Commerce extérieur
et la Loi constituant le ministère de la Science et la Technologie. Ce
sont les mêmes termes légaux. L'article 1, c'est justement le
premier article qui touche cet aspect de l'organisation du ministère.
Pour l'article 1, je ne sais pas si le député a des choses a
dire.
La Présidente (Mme Juneau): Avez-vous des interventions
sur l'article 1 M. le député de Viger?
M. Maciocia: Non, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 1 est donc
adopté?
M. Maciocia: Adopté, oui.
La Présidente (Mme Juneau): Article 2?
M. Léger: Je n'ai rien de spécial, peut-être
que le député a quelque chose à dire sur l'article 2. De 1
à 6, je n'ai rien à ajouter.
La Présidente (Mme Juneau): D'accord.
M. Maciocia: J'aurais seulement quelques questions au ministre.
On pourrait faire les six articles en même temps, M. le ministre.
La Présidente (Mme Juneau): D'accord.
M. Maciocia: Le ministre peut-il nous indiquer le nombre de
fonctionnaires qui seront rattachés à son ministère dans
cela?
M. Léger: Dans ce qu'on appelle le programme
d'organisation administrative supérieure, les POAS, qui est en train
d'être rédigé, on peut dire que cela va toucher environ un
peu moins de 400 fonctionnaires. Cela reste quand même à
être confirmé par le Conseil du trésor qui recevra notre
POAS - programme d'organisation - dans les jours qui s'en viennent, mais c'est
environ 384, un peu moins de 400.
M. Maciocia: Est-ce le même personnel qui existait avant,
quand le tourisme était rattaché au ministère de
l'Industrie et du Commerce?
M. Léger: Auparavant, il y en avait 333 et il y aurait une
augmentation totale de 51 à différentes directions
générales ou directions tout court.
M. Maciocia: Dans les cadres, y a-t-il un gros... Quelle
différence y a-t-il actuellement?
M. Léger: Dans les cadres, ils passeraient de neuf à
vingt.
M. Maciocia: Pourriez-vous expliciter un peu sur les neuf
à vingt?
M. Léger: Je peux expliciter, mais sous la réserve
suivante: Ce n'est pas encore adopté par le Conseil du trésor.
C'est le projet que nous présentons au Conseil du trésor. Il y a
quand même un taux d'encadrement des fonctionnaires réguliers qui
était très faible auparavant et là, il y aura un taux
d'encadrement qui sera un peu plus proche de la moyenne de ce qui se passe dans
les autres ministères.
M. Maciocia: Quelle masse salariale cela
représente-t-il?
M. Léger: Oh! Boy! Est-ce qu'on peut vous revenir
tantôt pour la réponse? Ce sont des chiffres qui sont en train
d'être compilés. On doit les avoir en arrière.
M. Maciocia: Pouvez-nous nous donner la réponse?
M. Léger: Je peux revenir plus tard; ils vont me trouver
les chiffres et je vous les donnerai tantôt.
M. Maciocia: D'accord. Quel sera le budget du
ministère?
M. Léger: Cela rentre dans la même question. Je peux
peut-être vous donner les réponses dans quelques minutes. C'est le
budget actuel parce que le budget à venir n'est pas encore... Il va
être présenté devant la Chambre, il n'est pas encore
présenté, mais je peux vous donner le budget actuel avant d'avoir
les 384. Je ne pense pas être capable de vous donner... Le budget actuel,
c'est le budget que vous voyez dans votre livre du budget, le programme 5 de
l'Industrie et du Commerce. Cela va dans les 60 000 000 $. Mais il va changer
avec la présentation, dans le prochain budget, de ce
à quoi correspondent les 51 postes additionnels qui vont
être ajoutés.
M. Maciocia: C'est cela. Y a-t-il une prévision justement
de l'augmentation du budget?
M. Léger: On me dit que tant que ce n'est pas
adopté par le Conseil du trésor et présenté dans le
livre des crédits... Je ne peux pas vous le donner tout de suite,
d'ailleurs je ne le sais pas pour le moment. Mais l'analyse de ces chiffres se
fait à mon ministère et cela va être dans le livre des
crédits. Donc, vous me demandez une question qui va être dans le
livre des crédits en mars.
M. Maciocia: Oui, mais quand même, admettons que la loi est
adoptée au mois de décembre; d'ici le mois de mars, il y a quand
même un certain laps de temps. Est-ce que vous allez vivre avec le budget
qui existe jusqu'au mois de mars ou est-ce qu'il y aura une addition à
ce budget pour se rendre jusqu'au mois de mars?
M. Léger: Ce serait très imprudent de ma part de
vous donner des chiffres tant que cela n'est pas encore approuvé par le
gouvernement. Ce sont des chiffres que nous mettons de l'avant, qui doivent
être adoptés par le Conseil du trésor et le Conseil des
ministres après que le projet de loi est adopté. Mais on peut
quand même évaluer, comme vous pouvez le faire aussi bien que moi,
combien 51 personnes de plus vont coûter, sauf que celles-ci ne peuvent
pas arriver en poste immédiatement. Il y a toujours la période de
recrutement, de concours, ce qui fait que ce n'est pas pour une nnnée
complète dans le budget. Donc, cela va être quantifié
exactement pour le livre des crédits. Comme vous le voyez, il y aura 51
personnes de plus qui n'entreront pas toutes en même temps. Donc il m'est
très difficile de vous dire combien cela va coûter dans le
prochain budget. Cela est évalué par les spécialistes du
gouvernement, qui vont le mettre dans le livre des crédits du
gouvernement.
M. Maciocia: Mais vous avez quand même fait une
demande?
M. Léger: Non, ce sera fait après que le projet de
loi sera adopté. Mais comme je vous le dis, la première
étape, c'est une loi adoptée; la deuxième, celle que je
vous dis déjà d'avance, le programme d'organisation de
l'administration supérieure, qui permet de voir le nombre de personnes.
Cela étant adopté, par la suite, il y a des sommes d'argent qui
vont être collées à ces postes qui seront adoptés
par la suite par le Conseil du trésor. Donc, je ne peux pas, comme
ministre qui n'a pas encore fait approuver ce budget, vous dire, en commission
parlementaire, quel chiffre exact cela va être.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Nelligan.
M. Léger: Si je l'avais, je vous le donnerais, mais je ne
l'ai pas.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Mme la Présidente, je pense que j'ai envie de
poser une autre question au ministre, parce que le budget annuel 1984-1985,
c'est 53 500 $...
Une voix: Millions.
M. Lincoln: ...53 500 000 $.
M. Léger: Oui.
M. Lincoln: Après cela, il y a 13 000 000 $ pour les
crédits supplémentaires.
Une voix: Oui.
M. Lincoln: Donc 13 000 000 $ plus 688 000 $, cela fait, disons
13 500 000 $.
Alors vous parlez de 66 300 000 $; ce n'est pas 60 000 000 $, c'est 66
000 000 $.
Une voix: ...
M. Lincoln: D'accord. Enfin 6 000 000 $ "plus minus", c'est
beaucoup d'argent, c'est 10%.
Alors, est-ce que les 66 000 000 $, les crédits
supplémentaires de 13 500 000 $ qui vont être adoptés en
Chambre, en fait qui ont déjà été
présentés, qui sont dans les livres et tout, est-ce que cela
inclut les 51 personnes ou non?
M. Léger: Je ne pense pas. Non, ce ne sont pas les 51
personnes, cela touche surtout, je pense, le Palais des congrès.
M. Lincoln: Alors si, disons, 51 personnes par an, avec une
moyenne de 35 000 $ ou 30 000 $...
M. Léger: Peut-être 35 000 $.
M. Lincoln: ...on parle encore de 2 000 000 $ en plus, que vous
allez demander ou bien...
M. Léger: Les spéculations que le
député fait, je peux les faire moi aussi. Mais comme ce n'est pas
adopté et que ce n'est pas comptabilisé dans le sens de savoir
à
quel moment chacun de ces postes va être rempli, il y a des
personnes qui peuvent n'avoir qu'une demi-année, deux tiers
d'année...
M. Lincoln: D'accord.
M. Léger: ...le temps de les embarquer...
M. Lincoln: Je comprends.
M. Léger: Ce chiffre-là, je présume que si
tout le monde entrait demain, le chiffre que le député vient de
me donner serait à peu près correct.
M. Lincoln: Oui, mais ce que je veux vous demander, M. le
ministre: vous commencez un ministère, vous avez sûrement des
prévisions budgétaires que vous présentez au gouvernement
pour votre ministère. C'est cela qu'on veut savoir. Vous commencez un
ministère, il y a sûrement des prévisions
budgétaires, vous mettez des chiffres sur papier... Il me semble que
dans votre équipe, il y a sûrement quelqu'un qui a
préparé des chiffres. C'est cela qu'on veut savoir.
M. Léger: Maintenant, M. le député, vous
comprendrez avec moi qu'il y a des étapes de réalisation. La
première, c'est la loi qui crée le ministère; la
deuxième, c'est l'organisation dont je vous parle déjà, de
toutes les fonctions et les postes qui vont être comblés; ensuite
arrive la présentation au Conseil du trésor, qui fait que cela
prépare le livre des crédits. Donc, sur ce que vous me demandez
aujourd'hui, je ne peux pas vous donner plus de détails. La
spéculation que vous faites, c'est à peu près cela qui
devrait être exact. (22 h 45)
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: N'est-ce pas un peu extraordinaire que vous lanciez
un ministère... Vous avez été nommé il y a environ
un mois et demi, je ne sais pas, deux mois, et que jusqu'à
présent tout cela soit un petit peu dans l'air. On dit 51 personnes,
mais personne dans votre ministère n'a encore calculé combien
d'argent on va aller demander au gouvernement. On s'en va à l'aventure.
La semaine prochaine, la semaine d'après, etc., on va savoir si c'est 1
000 000 $, 2 000 000 $... C'est à peu près. On dirait qu'on met
un peu la charrue devant les boeufs. Je crois que la première chose
à faire serait - quand le gouvernement décide de séparer
le secteur du tourisme et faire un nouveau ministère - si on commence
une nouvelle entreprise, c'est de savoir de combien d'argent on a besoin pour
la machinerie, pour l'effectif, pour tout ce qu'il y a.
M. Léger: Je comprends les préoccupations du
député, mais je dois lui répéter ceci: ce n'est pas
au ministre, au moment du dépôt d'une loi. On n'est pas à
la période où on analyse les crédits, où ces choses
sont déjà toutes balancées par l'appareil gouvernemental.
On est à l'étape de présenter une loi qui nous permet de
préparer approximativement des chiffres et même de les
présenter au Conseil du trésor. Le seul ministre qui est
autorisé à présenter des chiffres, c'est le
président du Conseil du trésor qui, lui, présente
l'ensemble du budget. Je ne suis pas habilité à vous donner des
chiffres actuellement parce que ce n'est pas la période de
l'étude des crédits, où j'ai devant moi toute l'adoption.
Vous me demandez de vous parler de chiffres qui ne sont pas encore
adoptés.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: M. le ministre, vous n'allez pas nous faire croire
qu'on est là pour vous signer un chèque en blanc. Vous n'avez
aucune indication à nous donner du montant que coûtera le
ministère vraiment. Il y a eu sûrement une indication que vous
avez faite... Combien cela peut coûter? Quel est le budget total de ce
ministère? Il y a quand même une indication. Je ne crois pas que
vous vouliez qu'on vous signe un chèque en blanc.
M. Léger: Tout ce que je peux vous dire: vous savez fort
bien, M. le député, que le fait qu'il y ait un objectif de 51
nouveaux postes, les chiffres que vous avez mis de l'avant, une moyenne de 30
000 $ à 35 000 $ par personne, cela vous donne une idée. Mais il
y a plus que cela. Il y a aussi tous les projets ou les programmes que nous
voulons mettre de l'avant au cours de l'année. Ces programmes doivent
être présentés au Conseil du trésor qui, lui, va
accepter, amender, refuser les projets. Et il va ressortir de cette analyse par
le Conseil du trésor un chiffre qui va être dans le livre des
crédits. À ce moment, le député pourra poser toutes
les questions sur ce que le gouvernement a décidé.
C'est entendu que, comme ministre, nous avons évalué ce
que cela pourrait coûter, mais je ne suis pas en mesure, tant que le
gouvernement, par le Conseil du trésor et le Conseil des ministres,
n'aura pas décidé définitivement des sommes concernant les
différents postes et à quel salaire on les paie... La moyenne,
vous pouvez la faire comme moi, mais les postes et le montant d'argent qui
équivaut à chacun des postes, plus les programmes que nous
proposons et
qui ne sont pas encore adoptés... Supposons que j'aurais une
douzaine de programmes, de projets de dépense à présenter
au Conseil du trésor et que celui-ci en accepte la moitié, les
vrais chiffres seront ceux qui seront adoptés par le Conseil du
trésor et non pas les propositions que chaque ministère met de
l'avant. Chaque ministère amène des projets et le Conseil du
trésor doit faire l'équilibre de l'ensemble des moyens du
gouvernement pour établir, pour chaque ministère, la portion
qu'il peut accepter.
Aujourd'hui, je ne pourrais pas - si vous étiez à ma place
vous ne pourriez pas faire plus que cela - tant que cela ne sera pas
adopté, dire au nom du gouvernement que cela va amener un budget
précis.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Une autre question, Mme la Présidente. Par la
suite ce sera le député de Saguenay. Sur 333 employés
actuellement au ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme qui
font partie du Tourisme, il y a 9 cadres. C'est cela que vous m'avez dit
tantôt. Il y aurait une augmentation de 51 personnes, et de 9 cadres, on
passe à 20. Cela veut dire que sur 51 personnes additionnelles, il y en
a 11 qui seront des cadres. Pourriez-vous nous spécifier pourquoi et
motiver ce changement aussi radical: 9 cadres pour 333 employés et 11
cadres pour 51 personnes?
M. Léger: La raison première pour laquelle nous
passons de neuf cadres à vingt - cela veut dire onze de plus - c'est
justement à cause de la création d'un ministère.
Auparavant, ce n'était qu'une direction générale, laquelle
n'est pas aussi encadrée qu'un ministère. Un ministère
aura des responsabilités autonomes qui n'existaient pas avant parce
qu'il y avait des responsabilités qui étaient connexes avec
l'Industrie et le Commerce. Maintenant que la direction générale
du tourisme devient un ministère, il doit y avoir des cadres propres au
ministère pour fonctionner. Cette direction était
nécessairement sous-encadrée, et il n'y avait pas suffisamment de
cadres, compte tenu du nombre total de fonctionnaires. Il faut donc
.rétablir cela, et c'est pour cela qu'on passe de neuf à vingt,
donc onze cadres de plus, ce qui fait que 20 sur 384 fonctionnaires c'est
à peu près normal, dans la moyenne des autres ministères,
tandis qu'avant, neuf cadres sur 333, c'était réellement
sous-encadré.
M. Maciocia: Vous voulez dire que le Tourisme, auparavant
attaché au ministère de l'Industrie et du Commerce, était
seulement un appendice?
M. Léger: Je n'irais pas jusque-là, mais ce
n'était quand même pas un ministère autonome, vous l'avez
souligné vous-même dans votre discours. Tant que ce n'est pas un
ministère autonome, on ne peut pas donner à l'industrie
touristique les services que nous pourrons donner une fois que nous serons
devenus un ministère. Donc, c'est la raison pour laquelle, si on veut
donner l'élan nécessaire au milieu touristique, il est important
d'avoir, dans un ministère, l'encadrement qu'il faut pour lui donner le
dynamisme, le contrôle et la motivation nécessaires à
accomplir ses fonctions.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Mme la Présidente, dois-je comprendre que ce
que le ministre vient de nous dire depuis quelques minutes, c'est qu'au
Québec, on est en train de se donner un ministère du Tourisme
avec le projet de loi? On a le ministre et on va créer le projet de loi
qui va créer le ministère. Dans le futur ministère,
personne, au Conseil du trésor, n'a fait de pro forma pour savoir
combien cela va coûter et pour savoir si on a les moyens d'avoir un
ministère du Tourisme. C'est cela que vous êtes en train de nous
dire?
M. Léger: Je pense que le député
déforme ma pensée.
M. Maltais: Écoutez, j'aimerais bien que vous...
M. Léger: Oui, la seule différence qu'il y a c'est
que...
M. Maltais: Je vais l'écrire.
M. Léger: ...c'est sûr que le ministère a
fait des analyses des coûts que cela va amener. Tant que ce n'est pas
adopté... Le député mélange la période
d'analyse d'un projet de loi avec l'analyse d'un budget. Un budget, c'est une
décision gouvernementale qui est soumise à l'Opposition pour
analyse parce que la décision a été prise. Donc, c'est
sûr que ce que nous avons mis de l'avant comme analyse, à
l'intérieur du ministère, avec les chiffres, c'est quelque chose
d'à peu près exact, mais je n'ai pas le droit, en tant que
ministre responsable d'un ministère, de déclarer publiquement,
avant l'adoption par le mécanisme normal du Conseil du trésor et
du Conseil des ministres, qui eux approuvent, analysent et donnent le verdict
final, ce qui devient, à ce moment-là, la décision
gouvernementale sur laquelle l'Opposition peut discuter, tant que ce n'est pas
fait...
Contrairement à ce que le député dit, je n'ai
jamais dit que nous ne le savions pas.
II me dit qu'on n'a pas fait une analyse, qu'on n'a pas de chiffres; on
a cela, mais je n'ai pas le droit de le dévoiler tant que ce n'est pas
approuvé.
Aujourd'hui, on n'est pas à l'étude des crédits. Je
ne sais pas si le député était là à
l'étude des derniers crédits. Aux crédits, c'est l'endroit
précis où on discute, et l'Opposition peut poser des questions
sur un budget gouvernemental à adopter. Chaque ministère fait
partie de sa portion et aussi d'un tout qui est adopté par le
gouvernement. Là, vous me demandez, à moi, alors que les chiffres
que vous voulez feront partie du prochain budget, de vous dire d'avance ce
qu'on va présenter au Trésor pour adoption. Je ne peux pas vous
dire cela; ce n'est pas adopté. Quand ce sera adopté, ce seront
des chiffres. Mais, de là à affirmer, comme vous l'avez dit
tantôt, qu'on ne le sait pas! On serait irresponsable de ne pas le
savoir, mais on n'a pas le droit de le dévoiler tant que ce n'est pas
accepté. Un mécanisme gouvernemental qui permet, justement,
d'avoir un contrôle des finances, exige de passer par les étapes
d'approbation, par le Trésor et le Conseil des ministres.
M. Maltais: Mme la Présidente, ce n'est pas là du
tout la question. La question est de savoir... Le Québec a
décidé de se donner un ministère du Tourisme. La
première question qu'il faut poser: A-t-on les moyens d'avoir cela?
Deux: Cela va coûter combien? C'est très important. Est-ce que le
Québec a les moyens de mettre de l'argent là-dedans? Est-ce que
cela va coûter 100 000 000 $, 500 000 000 $, 1 000 000 000 $? On ne sait
pas. Vous dites que vous avez des programmes non quantifiés. Quels sont
les énoncés? C'est quand même, je pense, très
important, de savoir si, en adoptant ce projet de loi, le Québec a les
moyens de se le payer. Je ne pense pas que ce soit dévoiler des secrets
de polichinelle de dire: Cela va coûter 100 000 000 $, 200 000 000 $ ou
300 000 000 $. On sait que cela coûte de l'argent. Chaque fois qu'on
crée un ministère, on ne crée pas cela pauvrement, ce
n'est pas une société Saint-Vincent-de-Paul, c'est un
ministère avec tout ce qu'il coûte. Mais de prime abord, cela va
coûter combien le fonctionnement du ministère? Je ne parle pas des
programmes mais du fonctionnement. Quelle est l'ordre de grandeur? Est-ce entre
50 000 000 $, 100 000 000 $, 150 000 000 $, 200 000 000 $? Je pense que vous
êtes en mesure de nous le dire. Il y a certainement quelqu'un, dans votre
ministère, qui y a pensé.
La Présidente (Mme Juneau): M. le ministre.
M. Léger: Mme la Présidente, le budget actuel de 53
499 000 $ plus les 13 000 000 $ du Palais des congrès, c'est le budget
avec lequel je pourrais fonctionner actuellement avec 333 personnes dans le
ministère. Comme nous visons à recruter jusqu'à 384
personnes, le député peut facilement entrevoir combien peuvent
coûter 51 fonctionnaires de plus. C'est une moyenne gouvernementale. Il y
a aussi les programmes que nous devrons mettre de l'avant qui vont coûter
un montant X qui va être présenté dans le budget.
Donc, si je vous disais qu'on peut fonctionner, comme ministère,
avec le budget qui est devant vous, c'est sûr que ce ne serait pas un
ministère qui va progresser mais on pourrait fonctionner. On crée
un ministère et on a le droit de dépenser les montants qui sont
là, environ 66 000 000 $, mais on va aller demander plus la semaine
prochaine au Conseil du trésor parce que cela a été
analysé. Ces chiffres vont être donnés dans le prochain
budget et ce n'est pas à l'occasion d'une loi qu'on peut parler des
contenus, parce que l'objectif de la loi c'est d'adopter des articles de
fonctionnement, l'aspect juridique. L'aspect économique vient pendant
l'étude du budget.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Châteauguay.
M. Léger: Je voudrais bien vous en donner plus, mais c'est
de même que cela fonctionne.
M. Dussault: Mme la Présidente, pour bien comprendre la
réponse du ministre, je suppose que d'ici à la fin du budget,
d'ici à la fin de mars 1985, vous allez fonctionner avec les sommes qui
avaient été prévues au dernier budget et, la semaine
prochaine, vous irez chercher de l'argent supplémentaire pour faire
davantage de promotion touristique. Est-ce que c'est cela?
M. Léger: Exactement.
M. Dussault: Vous allez donc pouvoir compter sur les sommes qui
sont déjà au crédit pour la promotion touristique. Il dit:
Vous voulez en avoir davantage pour faire plus de promotion touristique. Le
surplus de ce que cela coûterait, si je ne me trompe pas, c'est le
personnel supplémentaire que vous iriez chercher. Est-ce cela?
M. Léger: Exactement, plus le coût des projets qu'on
a mis de l'avant. Si le Conseil du trésor approuve ces projets et ce
moment-là cela va être inclus dans le prochain budget que les
députés de l'Opposition pourront scruter ainsi que les
députés du gouvernement.
M. Dussault: Merci.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Mme la Présidente, d'abord je voudrais
souligner au ministre qu'il y a 332 employés permanents, 333
employés si vous voulez, mais il y en a aussi 135 qui sont occasionnels.
Vous allez prendre 51 employés permanents. Est-ce que vous allez prendre
des occasionnels additionnels? C'est ma première question.
La deuxième question; on ne vous demande pas de dévoiler
les secrets de l'empire, on vous demande, M. le ministre, quelque chose de bien
simple. J'ai fait le ministère du Commerce extérieur, j'ai fait
la loi avec le ministre. C'est une question bien simple, on lui a dit: Vous
allez commencer un nouveau ministère, quel est le budget que vous
présentez au Conseil du trésor? À ce moment, je pense, si
ma mémoire est bonne, c'était 9 600 000 $. On a dit: 9 600 000 $.
On ne vous demande pas de dévoiler des secrets. Tout ce qu'on demande...
Vous avez fait des prévisions budgétaires, vous allez prendre 51
personnes en plus d'ici mars, vous avez besoin d'augmenter... Il y a 688 000 $
qu'on vous donne en plus pour la promotion touristique dans les crédits
supplémentaires. Vous allez chercher un peu plus que cela
peut-être, vous allez prendre 51 personnes en plus. Ce qu'on vous dit: il
y a sûrement quelqu'un, dans votre nouveau ministère, qui a fait
un petit calcul sur un bout de papier quelconque, qui l'a donné au
Conseil du trésor qui a dit: D'accord. La semaine prochaine, quand cette
loi sera adoptée, on va vous demander 3 000 000 $, 2 000 000 $, 1 000
000 $, 500 000 $.
Tout ce qu'on cherche, c'est une estimation. On ne veut pas avoir des
chiffres en sous. On veut savoir, par rapport au budget actuel plus les sommes
supplémentaires de 66 000 000 $, si on parle encore de 1 000 000 $, 3
000 000 $ ou 4 000 000 $. Peut-être que vous pourriez nous dire si c'est
entre 3 500 000 $ ou 4 000 000 $. On serait tout à fait satisfait, mais
sûrement ce n'est pas demander un secret. C'est de l'argent public. On
commence un ministère, comme mon collègue le disait, on ne peut
pas concevoir qu'on commence un ministère sans savoir combien cela
coûte. On a envie de savoir, depuis maintenant jusqu'en mars, si vous...
Mais non! Vous prenez 51 personnes et vous ne paierez rien en plus? Il prend 51
personnes en plus et ça ne coûte rien? (23 heures)
M. Bordeleau: Écoutez, cela n'est pas acquis encore.
M. Lincoln: Cela est formidable, c'est un royaume de
fées.
M. Léger: M. le Président...
M. Lincoln: C'est plus que le tourisme. C'est le paradis
terrestre.
M. Léger: ...M. le député de Nelligan sait
fort bien, il s'amuse et il a beaucoup de "fun" dans sa présentation. Il
sait fort bien que l'adoption d'une loi n'est pas automatiquement l'adoption
d'un budget. Donc, ce que vous dites là, je vous ai répondu et je
vous le répète pour la cinquième fois que c'est sûr
qu'on a des prévisions, que cela va coûter un montant X. Ce
montant X, je le répète pour la cinquième fois, je ne peux
pas vous le donner tant que nous ne sommes pas passés au trésor
et qu'il ne nous a pas dit: D'accord.
Il y a aussi une autre phénomène, celui de la
péremption dont je vous parlais tantôt. À quel moment ces
personnes vont-elles entrer en fonction? Leurs salaires vont commencer à
être calculés au moment où elles vont entrer. Donc, il y a
des analyses pour connaître, selon que telle fonction peut commencer
immédiatement, l'autre dans quatre mois, l'autre dans six mois, l'autre
dans neuf mois...
Donc, au cours de l'année, il y a des analyses qui sont faites
par le Trésor qui doivent déterminer que, pour le livre des
crédits de mars 1985, il y aura un montant X qui correspond et au
programme qui aura été accepté ou qui n'est pas encore
accepté et au nombre d'employés qui vont être
affectés au budget, dépendant du moment où ils entrent en
office.
Donc, même si vous me demandez plus que cela, j'aimerais bien cela
vous satisfaire. Je n'ai jamais rien caché de chiffres, mais je ne les
ai pas à vous donner parce qu'ils ne sont pas encore adoptés.
Dès qu'ils seront adoptés, vous êtes le premier à
qui nous enverrons une copie du budget le plus vite possible et vous serez un
des premiers renseignés.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que les commentaires
sur la première partie de la loi 14 sont terminés, M. le
député de Viger.
Pour les fins du Journal des débats, on va passer article par
article pour les adopter.
L'article 2?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
3?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 4?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 5?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 6?
M. Maciocia: Oui.
Fonctions et pouvoirs du ministre
La Présidente (Mme Juneau): Nous passons à la
section 2, fonctions et pouvoirs du ministre. L'article 7.
M. Léger: Je vais laisser le député dire les
choses qu'il a dire sur chaque article et j'essaierai de répondre.
M. Maciocia: Vous n'avez rien à dire?
M. Léger: Sur l'article 7, non, si vous avez des
questions. Le texte est là. S'il y a des clarifications...
M. Maciocia: L'article 7, Mme la Présidente, se lit comme
suit: "Le ministre élabore, propose au gouvernement les politiques
relatives au tourisme. Il en dirige et coordonne l'exécution. Le
ministre a également charge de l'application dos lois confiées
à sa responsabilité."
Étant donné que le ministre a ces pouvoirs, l'article 7
confère, en réalité, au ministre le pouvoir
d'élaborer, de proposer, de diriger et de coordonner. Est-ce que le
ministre peut nous indiquer ses intentions en ce qui a trait à
l'orientation qu'il veut donner à son ministère?
M. Léger: En quelques mots, peut-être, Mme la
Présidente, on pourrait dire que ce sont des pouvoirs qui permettent ou
ministre d'être responsable de l'application des politiques touristiques
du gouvernement. Et je pense qu'un des aspects les plus importants de cette
fonction va être de favoriser, par les pouvoirs que la loi va nous
donner, la concertation entre les nombreux intervenants, qu'ils soient des
associations d'hôteliers, de restaurateurs ou des associations
touristiques régionales ou des municipalités, ou des organismes
du gouvernement, ou d'autres ministères du gouvernement. Donc, ce sont
des pouvoirs de faire ce que je disais dans mon intervention de deuxième
lecture sur le principe, d'établir une concertation entre tous ceux qui
interviennent et qui amènent des incidences dans le domaine touristique.
Donc, c'est pour cela qu'il est important que le ministre du Tourisme dirige et
coordonne l'exécution de toutes les politiques gouvernementales
relatives au tourisme.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 7 est
adopté?
M. Maciocia: Non, Mme la Présidente, si vous voulez me
permettre de poser quelques questions...
La Présidente (Mme Juneau): Certainement, M. le
député de Viger.
M. Maciocia: Est-ce que le ministre, au moins, je crois qu'il
devrait élaborer un peu plus. Il pourrait au moins nous dire les
priorités de son ministère.
M. Léger: Je ne voudrais pas revenir sur ce que j'ai dit
en deuxième lecture. J'y ai expliqué toute une série de
mesures, entre autres, je peux vous donner peut-être deux grandes mesures
importantes. Je ne veux pas faire encore un discours de deuxième
lecture, ici. C'est, d'abord de s'assurer qu'il y ait undéveloppement de l'infrastructure touristique et des attraits
touristiques des 10 régions du Québec. Donc, cela veut dire aider
les hôtels à se restaurer pour être à la hauteur de
la demande touristique, augmenter les attraits touristiques des milieux,
peut-être favoriser l'analyse et le développement de la structure
de chacune des régions, favoriser l'accueil des touristes au niveau de
ce qu'on appelle l'offre touristique dans les régions.
Le deuxième pôle dans les priorités, c'est le
marketing, ou la mise en marché du produit: permettre que les personnes
susceptibles de devenir touristes soient renseignées sur ce que le
Québec peut offrir comme destinations et ainsi mettre au courant les
Américains, les Ontariens, les autres personnes du reste du Canada, les
personnes venant des autres pays du monde, de ce que le Québec peut
offrir. C'est ce qu'on appelle la mise en marché du produit. Ce sont
donc deux grandes orientations de base. Je mets de côté toute une
série d'autres mesures qui vont servir de soutien à ces deux
grandes orientations que je veux donner au ministère.
M. Maciocia: Justement, vous avez parlé dans votre
discours de deuxième lecture de la mise sur pied des projets d'accueil
et d'information. Cela veut dire informatisation des renseignements
touristiques, informatisation des réservations pour hébergement,
implantation de centres d'accueil à Montréal et à
Québec. Pourriez-vous nous dire quand vous avez l'intention de mettre
sur pied l'informatisation des renseignements touristiques et des
réservations d'hébergement et l'implantation des centres
d'accueil à Montréal et à Québec?
M. Léger: Je pense que ce qui est important, c'est que le
touriste, quand il arrive au Québec, soit capable - et même
avant de partir de chez lui - de posséder des renseignements sur
les destinations où il veut aller, d'avoir la possibilité de
réserver des chambres d'hôtel qui correspondent à ce qu'il
désire. Donc, on veut informatiser ces renseignements de façon
que, ici même ou lorsqu'ils partent de chez eux, ils puissent avoir des
renseignements qui leur permettent déjà de décider
à quel endroit ils peuvent aller et réserver des chambres en
conséquence. Donc, une informatisation, et des renseignements
touristiques et des réservations.
Pour le moment, nous avons déjà un budget qui a
été voté pour une analyse particulière et
précise du coût de cette implantation d'informatisation. Nous
sommes rendus à l'étape de l'étude de faisabilité.
Nous allons tenter des expériences pilotes à certains endroits et
je pense qu'au cours de l'année 1985, ce projet va être mis, pas
nécessairement complètement en opération, parce que c'est
long et qu'on veut quelque chose de très important et de très
innovateur qu'on pourra peut-être exporter comme technologie. On en est
à l'étape de l'étude de faisabilité.
Finalement, le troisième point que le député vient
de mentionner, soit l'implantation d'un centre d'accueil international à
Montréal et à Québec. Nous sommes en discussion avec le
gouvernement fédéral et la ville de Montréal pour
l'implantation de ce centre international d'accueil qui s'appelle CARIM et il y
a également une possibilité d'en avoir un à
Québec.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Nelligan.
M. Maciocia: Mais...
La Présidente (Mme Juneau): Vous n'avez pas
terminé? Je m'excuse, M. le député.
M. Lincoln: Allez-y.
M. Maciocia: Vous n'avez pas répondu à ma question.
Quand allez-vous le faire? Vous n'êtes pas sans savoir, M. le ministre,
que ce que vous avez dit dans votre discours en deuxième lecture se
retrouve intégralement dans "Le virage technologique". Cela veut
dire...
M. Léger: On a de la logique. On a un suivi logique dans
nos affaires...
M. Maciocia: Oui, vous avez un suivi formidable, je dois dire,
vraiment formidable.
M. Léger: Merci beaucoup.
M. Maciocia: C'est seulement la réalisation qui n'est pas
formidable à ce moment-ci. C'était dans "Le virage
technologique", cela fait déjà deux ou trois ans de cela.
Aujourd'hui, vous n'êtes même pas capable de nous dire exactement
quand vous allez informatiser ces renseignements. Est-ce qu'on pourrait au
moins savoir si ce sera en 1985 ou en 1986? Quand pourra-t-on vraiment avoir...
Je considère ces atouts très importants pour la promotion
touristique au Québec.
M. Léger: II y a déjà des contrats qui ont
été donnés d'études et d'analyses de
faisabilité. On peut dire que c'est un projet de 1984 à 1986.
Donc, cela ne sera pas complètement implanté avant 1986. Il y
aura des projets pilotes en 1985 et aussi, graduellement, une série
d'implantations dans les années 1985. Maintenant, il faut toujours faire
une différence entre une analyse ou une projection de projets dans "Le
virage technologique", qui explique dans quelle direction on devrait aller.
Ensuite, l'analyse de la faisabilité par ceux qui doivent le faire,
comme c'est le cas chez nous pour ce dossier. Par la suite, après
l'analyse de la faisabilité, l'évaluation des coûts et
à quel rythme on peut l'implanter, c'est dans cette phase de
préparation que nous sommes actuellement. Donc, on ne peut pas implanter
du jour au lendemain quelque chose qui parle de virage technologique. On est en
train de virer, on n'est pas encore rendu à l'étape de la
réalisation comme telle.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je veux poser une question au ministre qui
intéresse beaucoup de gens. Je voyais, sous les fonctions et pouvoirs du
ministre que ceux-ci sont très vastes.
M. Maciocia: On n'est pas à l'article 8, mais à
l'article 7.
M. Lincoln: Excusez! Même à l'article 7: le ministre
dirige et coordonne les politiques et l'exécution... Son projet
d'acheter un île dans les Antilles est-il pour 1984-1985 ou
1985-1986?
M. Léger: Cela dépend des réservations que
le député va me demander.
M. Lincoln: Mais est-ce un projet sérieux? Est-ce un
projet que vous avez étudié? Est-ce un projet qui est
évalué, chiffre? Ou est-ce un projet un peu folichon?
M. Léger: C'est ni l'un ni l'autre.
M. Lincoln: Ah bon! Ce n'est ni folichon ni sérieux!
M. Léger: II faut faire une différence entre une
idée et un projet. Une idée, c'est une possibilité de
faire des choses. Cela devient un projet quand tout est analysé, quand
tout est étudié et que toutes les conséquences sont mises
de l'avant. En aucun temps je n'ai parlé que c'était rendu
à l'état de projet. Je n'ai dit qu'une phrase un jour et il en
est sorti des millions de réactions très intéressantes,
à 90% d'accord avec le projet. Mais ce n'était pas encore devenir
un projet. Donc je peux vous dire simplement ceci: Quand cette idée
deviendra projet, si elle le devient. Je suis convaincu que...
M. Maciocia: Quand? Avant ou après
l'indépendance?
M. Léger: ...le député a déjà
eu beaucoup d'idées qui sont devenues des projets et d'autres ne le sont
pas devenues. Vous avez l'idée de prendre le pouvoir, mais ce n'est pas
encore devenu un projet, ce n'est pas fait. Donc, il y a des étapes pour
arriver là.
M. Lincoln: Tout à fait!
M. Léger: Je refuse de discuter davantage d'une chose qui
n'est pas encore à l'état de projet. Je n'ai dit qu'une phrase:
que c'était une idée très intéressante, qu'il
fallait étudier la faisabilité de cela. C'est tout ce que j'ai
dit. Mais après cela, beaucoup de gens en ont profité pour mordre
è belles dents dans un projet. Mais je peux vous dire que beaucoup de
gens sont intéressés. Il s'agit de voir si c'est faisable ou non.
C'est trop tôt pour vous dire si c'est quelque chose qui est
réalisable ou non.
M. Lincoln: C'est cela. Je n'ai pas envie non plus de discuter
davantage parce qu'on n'a pas le temps. Mais très brièvement...
D'accord, peut-être qu'il fallait parler d'idée, mais je voulais
savoir si, dans votre esprit, c'était une idée réaliste,
une idée que vous avez "flyé" comme cela ou une idée que
vous avez soupesée, et si elle deviendra un projet durant votre mandat,
en admettant que le mandat du gouvernement aille jusqu'en 1986? Est-ce quelque
chose que vous voyez pour le prochain mandat ou si vous le voyez d'ici à
un ou deux autres mandats? Je voudrais savoir s'il faut penser en termes de
gros achats par le gouvernement pour bientôt, pour plus tard ou dans dix
ans?
M. Léger: Ce sont toutes des possibilités.
M. Lincoln: Ah bon!
La Présidente (Mme Juneau): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Juneau): À l'alternance.
M. Bordeleau: Dans la même veine que le
député de Nelligan, étant donné qu'il a
abordé le sujet et qu'il semble très intéressé par
une question d'île dans le Sud, sans nécessairement vouloir lui
poser une question directe, je me demandais - cela pourrait éclairer
notre ministre à savoir dans quelle île le député de
Nelligan aime voyager et quelle île il aurait à suggérer
dans ce cas? Cela pourrait aider le ministre éventuellement à
faire un choix, s'il y a lieu.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député
de...
M. Maltais: Vas-y encore dans les îles, moi cela ne
m'intéresse pas!
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: La question qui me vient...
M. Maltais: ...le gouvernement fédéral s'est
emparé.
M. Maciocia: Cela me vient à l'esprit, M. le ministre, et
vous allez me permettre de le demander: est-ce que ce serait avant ou
après la séparation du Québec?
M. Léger: En ce qui me concerne, j'ai pas mal tout dit ce
que j'avais à dire là-dessus. Je n'ai dit qu'une phrase
là-dessus et les gens en ont beaucoup parlé. Tout ce que je peux
vous dire, c'est qu'il ne faut jamais mêler une idée avec un
projet. Je voudrais simplement dire au député de Nelligan...
M. Maciocia: Non, mais je veux dire: est-ce que...
M. Léger: ...que votre parti avait l'idée en 1981
de prendre le pouvoir et le projet ne s'est pas réalisé. Je ne
veux pas commencer à parler d'idée et de projet tant qu'on ne
sera pas rendu à l'étape de projet.
M. Maciocia: Oui, mais est-ce que ce sera avant ou après
la séparation? Quand votre idée sera-t-elle réalisable?
Avant ou après la séparation?
M. Léger: De quoi?
M. Maciocia: Du Québec. (23 h 15)
M. Léger: Je ne comprends pas quel est le lien. Si jamais
une province faisait l'achat
d'une île, ce sera toujours sous juridiction canadienne. Donc, je
ne vois pas le lien qu'il y a entre séparation et
propriété d'une île.
M. Maciocia: II faudrait que vous passiez par le Canada. Vous
savez que vous ne pouvez pas l'acheter sans que ce soit...
M. Léger: Je n'ai jamais parlé de cela.
M. Maciocia: C'est cela. Est-ce que vous êtes pour que ce
soit canadien ou que ce soit strictement québécois. Si ce doit
être une île québécoise où un dominion
québécois, si on peut l'appeler ainsi, ce serait après la
séparation du Québec. Est-ce cela oui ou non?
M. Léger: Tout ce que je peux vous dire, c'est que c'est
une question hypothétique parce que ce n'est même pas rendu
à l'état de projet. Si jamais cela devient un projet, il y aura
l'analyse de tous ces détails et cela me fera plaisir de donner au
député tous les renseignements à ce projet. Je suis
convaincu que, le député qui nous a dit que ce projet est un
projet pour lequel il appuyait les données des différents
articles, il y a beaucoup plus d'importance à donner actuellement au
projet de loi qu'un projet qui n'est même pas encore existant sur la
table, celui que le député me mentionne depuis tantôt.
M. Maciocia: Cela a été touché et je ne
pouvais pas m'empêcher de vous poser... Ma dernière question est
celle-ci: Comment justifier une colonie dans les Antilles avec la
séparation du Québec?
M. Léger: Je vous laisse la question. Y répondre,
c'est encore embarquer dans une question hypothétique. Comme je vous
dis, je ne reparle pas de ce sujet tant qu'il n'y aura pas un projet. S'il n'y
a pas de projet, il n'y en aura pas et s'il y a un projet, on en arrivera
à quelque chose. Donc, d'ici ce temps, vous pouvez préparer vos
réservations au cas, mais ne dépensez pas tout de suite.
M. Maciocia: Où?
La Présidente (Mme . Juneau): Franchement, est-ce qu'on
pourrait revenir à l'article 7?
M. Bordeleau: Vous pouvez faire à vos suggestions, M. le
député.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Saguenay, est-ce que je peux vous donner la parole, vous l'aviez
demandée?
M. Maltais: C'est fini les îles? Je vais revenir les pieds
sur terre.
Tout à l'heure dans vos priorités... Est-ce qu'il y a deux
ministres, Mme la Présidente, ou s'il y en a seulement un?
La Présidente (Mme Juneau): Moi, j'en connais un.
M. Maltais: On va en reconnaître un, pour le moment, et on
passera à l'autre tantôt.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Saguenay, vous avez la parole.
M. Maltais: Tout à l'heure, M. le ministre, lorsque vous
avez élaboré vos priorités, vous avez parlé des 18
régions du Québec. Vous avez parlé d'une
amélioration, d'une modernisation des équipements des
hôtels. Excusez-moi si j'ai perdu la voix, mais il y a longtemps qu'on
est en commission parlementaire. Vous avez laissé entendre qu'une
priorité serait accordée pour les crédits
touristiques.
M. Léger: J'ai dit que c'est un moyen.
M. Maltais: Que ce serait un des moyens. Est-ce que vous avez -
pas pour l'année qui s'écoule, mais pour l'année 1985 - en
tête l'augmentation qui pourrait être donnée comparativement
à ce qui se donnait antérieurement au crédit touristique
pour l'amélioration des équipements? Dans votre nouvel esprit sur
les priorités, qu'est-ce que cela pourrait représenter comme
amélioration au niveau des crédits touristiques en montant
d'argent supplémentaire qui pourrait être disponible pour les
hôteliers qui voudront cadrer dans ces programmes?
M. Léger: Je pense qu'il y a une banque qui s'appelle la
Société de développement industriel dans laquelle il y a
des crédits qui sont disponibles pour toute entreprise qui désire
utiliser le crédit touristique pour améliorer, restaurer,
bâtir, changer les équipements, tout ce dont un intervenant
touristique peut avoir besoin pour augmenter sa capacité de recevoir des
touristes, tout est là. Ce qu'il faut pour le ministère, c'est de
susciter des entrepreneurs chez des propriétaires d'entreprises la
possibilité qu'eux-mêmes investissent sachant qu'il y a une aide
gouvernementale.
Donc, il y a de l'argent dans la Société de
développement industriel et ces projets peuvent être
acceptés selon les besoins du milieu et, jusqu'à maintenant, il
n'y a jamais eu un manque d'argent pour des projets qui correspondaient aux
normes et aux critères de la SDI. Donc, plus il y en aura, il n'y a
aucun problème de ce côté; le crédit touristique est
fait pour aider toutes les entreprises dans toutes les régions. Alors,
ce qui est important, c'est d'abord d'établir une analyse des besoins
qui auront aussi une
sorte de pertinence touristique nécessairement dans une
région et les promoteurs pourront utiliser le crédit. Ce n'est
pas n'importe quelle construction qui va se faire, mais si cela amène
une amélioration de l'infrastructure touristique, ils sont admissibles
à ce programme. Donc, il n'y a aucun problème et jamais on n'est
allé au fond du baril de ce côté. Il y a encore de l'argent
en masse de ce côté.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Je connais très bien la Société
de développement touristique. Mais, à l'intérieur de votre
ministère, je sais très bien que c'est la Société
de développement touristique qui a l'argent en banque. Mais quand vous
avez dit...
M. Léger: La Société de développement
industriel.
M. Maltais: Industriel, excusez-moi.
M. Léger: Parce que cela va répondre à votre
question. Juste ce que vous avez dit là répond à votre
question. C'est qu'il n'y a pas, dans le crédit du ministère du
Tourisme, une limite de montants d'argent votés qui correspondent
à notre portion dans la SDI. C'est le budget total de la SDI. Si le
secteur touristique va en chercher plus qu'un autre secteur économique,
tant mieux. C'est pour cela que je dis qu'on n'a jamais été au
maximum de ce que le tourisme peut aller chercher.
S'il y avait suffisamment de demandes touristiques, il y en a assez
à la SDI pour répondre à cela. Parce que la SDI, c'est une
banque pour toute une série de mesures de développement
économique. La partie touristique, il n'y a pas de limite pour cela. Il
y a la limite que la SDI a elle-même.
M. Maltais: Alors, si j'avais continué ma question
tantôt, vous n'auriez pas eu besoin de me donner cette
réponse-là, mais je la continue. Je sais que la SDI, c'est elle
qui a le rôle de jouer le banquier au niveau de ces crédits.
Maintenant vous, tout à l'heure, vous nous avez dit que votre
priorité, c'était de s'assurer du développement au niveau
des équipements. Qu'est-ce que vous allez investir là-dedans?
M. Léger: Le député n'a pas compris ma
question, ma réponse.
M. Maltais: Mais c'est moi qui pose les questions, ici, vous
permettez!
M. Léger: Non, mais vous n'avez pas compris ma
réponse. J'ai répondu à ce.la.
M. Maltais: D'accord, alors retournez-y.
M. Léger: Je viens de dire que le gouvernement via le
ministère de l'Industrie et du Commerce doit se faire voter un budget
pour la SDI. De ce budget - mettons-le donc à 100% - les
différents ministères peuvent aller chercher la portion qu'ils
désirent dans la banque de la SDI. Je n'ai pas à me voter des
montants d'argent à l'intérieur de mon ministère parce que
cette banque est administrée par le ministère de l'Industrie et
du Commerce. C'est donc lui qui a les sommes d'argent. On pourrait, dans une
année, pour la portion touristique, aller chercher 25 000 000 $, 15 000
000 $, 50 000 000 $ dans le budget de la SDI. Il n'y a pas, dans mon
ministère, de budget que je vote.
S'il y a tout à coup une demande de plus en plus importante
d'entrepreneurs qui veulent utiliser le crédit touristique, ils peuvent
le faire. Il n'y a pas de limite par mon propre budget. C'est la limite de la
banque.
M. Maltais: Je pense que le ministre n'a pas compris ma question
non plus, on ne se comprend pas du tout. La question est très
simple.
Une voix: ...
M. Maltais: Mme la Présidente, s'il vous plaît!
La Présidente (Mme Juneau): Vous avez la parole, M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Merci. Une voix: ...
M. Maltais: Le ministre, tout à l'heure, dans son
énoncé de priorités, a manifesté sa volonté
d'améliorer en régions les infrastructures et apporter de la
modernisation aux infrastructures existantes au niveau des hôtelleries.
Qu'est-ce que vous allez faire de votre part? Vous me dites que cela
relève de la SDI. Qu'est-ce que vous allez faire là-dedans?
M. Léger: Je veux bien essayer une troisième fois,
là!
M. Maltais: Non, non, ne me dites pas que c'est la SDI; c'est
vous qui avez dit dans votre volonté: On va s'atteler à la
volonté de développer et de moderniser le circuit hôtelier
en régions. C'est bien cela que vous avez dit! Et de votre part, en
laissant la SDI de côté, vous allez faire quoi?
M. Léger: M. le Président...
La Présidente (Mme Juneau): Madame!
M. Léger: ...je peux susciter chez des promoteurs, chez
des hôteliers ou tout autre groupe à l'intérieur de
l'industrie touristique le goût d'investir en venant aussi chercher des
nommes d'argent chez nous. Je n'ai pas à déterminer d'avance la
quantité d'argent dont ils vont avoir besoin, cela va dépendre du
dynamisme du milieu. Le milieu pourrait être plus dynamique si je joue
mon rôle de promoteur en éveillant chez les différents
entrepreneurs dans chaque région le goût de se lancer dans la
rénovation, la restauration, la construction.
Alors, mon objectif et ma responsabilité, c'est d'être un
partenaire de l'entreprise privée. Ce n'est pas à moi à
remplacer l'entreprise privée, c'est à cette dernière de
le faire; moi, c'est de lui donner les moyens et la possibilité
d'investir là-dedans. Donc, je ne peux pas, au départ, d'autre
chose, je peux susciter peut-être des forfaits, je peux donner des
conseils dans la gestion de leur entreprise via le ministère du
Tourisme. Mais les sommes d'argent sont à la SDI et les demandes, qui me
sont faites, je les analyse selon la pertinence touristique, je les achemine
à la SDI qui accepte ou refuse le projet et l'entreprise a l'argent.
Donc, je n'ai pas, dans la prospection d'une prochaine année, la
possibilité de dire combien d'entrepreneurs au Québec vont faire
appel à cette banque. Autrement dit, une banque a tant d'argent, mais
cela dépend du dynamisme des gens pour s'assurer qu'ils vont venir
chercher les sommes à cette banque pour faire leur développement.
Je ne sais pas si cela répond à sa question.
M. Maltais: Cela va pour le moment.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Toujours dans cette ligne de pensée, Mme la
Présidente, si je comprends bien, la SDI demeurera toujours sous la
responsabilité du ministre de l'Industrie et du Commerce. Il y aura
comme d'habitude des autorisations finales à donner par un ministre
relativement à l'aide financière qui sera apportée aux
entreprises. Ces dernières autorisations seront signées par le
ministre de l'Industrie et du Commerce ou par vous pour ce qui concerne les
entreprises touristiques.
M. Léger: C'est exactement cela. Le ministre de
l'Industrie et du Commerce demeure le responsable de la loi de la SDI.
Maintenant, le ministre du Commerce extérieur, le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et le ministre du
Tourisme peuvent aller chercher des sommes d'argent dans cette
banque-là. Mais de l'évaluation de la pertinence touristique,
c'est le ministre du Tourisme qui en décide.
M. Dussault: II y a donc des avis qui seront donnés par le
ministre responsable du tourisme.
M. Léger: Non seulement des avis, mais des acceptations ou
des refus par le ministre du Tourisme. Donc, c'est une façon de
s'assurer que les ministres sectoriels sont les responsables de la
décision finale, mais l'administration de la SDI relève du
ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Dussault: D'accord. Je pense que c'est clair.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'article 7 est
adopté? L'article 8?
M. Maciocia: Là, je crois que le ministre devrait parler
un peu sur l'article 8 avec les 10 ou 12 alinéas qu'il y a. Est-ce que
le ministre pourrait nous...
Une voix: II y en a 12 ou 10? M. Maciocia: II y en a
12.
M. Léger: Bien, on peut les prendre un par un. L'article
8.1 "élaborer et mettre en oeuvre des programmes d'aide en vue de
contribuer au développement du tourisme du Québec;". Donc, ce
sont les pouvoirs que le ministre se donne pour mettre en oeuvre des programmes
d'aide pour justement jouer le rôle du ministère,
c'est-à-dire contribuer au développement touristique. Donc, cela
veut dire que c'est à peu près le même article qui existe
dans la loi du ministre du Commerce extérieur ainsi que du ministre de
la Science et de la Technologie que nous avons réécrit. Il a
fallu en faire l'adaptation nécessaire pour viser le domaine
touristique, mais c'est exactement la même chose qui existe dans les deux
autres lois.
M. Maciocia: Sur le premier alinéa, comment seront
structurés ces programmes d'aide et, deuxièmement, à qui
ou à quoi seront-ils destinés?
M. Léger: C'est un peu comme on le disait à
l'article 7. Ce sont des programmes de développement, des programmes
d'aide technique, des programmes d'aide financière par un crédit
touristique. Cela peut être aussi des programmes de publicité,
publicité coopérative, des programmes de formation de la
main-d'oeuvre, tout ce qui peut permettre à l'industrie touristique de
progresser. C'est ce que l'article 8.1 permet.
M. Maciocia: La crainte que j'ai, M. le ministre, étant
donné que c'est des
programmes d'aide "at large", cela pourrait donner facilement ouverture
un peu à du favoritisme, ne croyez-vous pas?
M. Léger: Non, c'est impossible parce que ce sont des
programmes normes. L'exemple du crédit touristique. Il faut absolument
que les demandes des entreprises qui veulent avoir une aide soient...
M. Maciocia: Écoutez, M. le ministre, vous avez
prononcé un mot qui probablement est un mot clé: les entreprises.
Est-ce qu'on ne pourrait pas, par exemple, ajouter aux programmes et dire: des
programmes d'aide aux entreprises en vue de contribuer au développement
touristique au Québec?
M. Léger: Je ne pense pas parce qu'il y a des
propriétaires - je ne sais pas moi -par exemple, d'hôtels qui ne
sont pas nécessairement des entreprises comme telles sur le plan
juridique. Cela peut être des programmes de stages pour des stagiaires,
cela peut être des programmes de formation de personnes qui devront
être de bons gestionnaires. Cela touche donc autant des personnes qui
vont travailler dans l'industrie touristique. C'est un programme d'aide de tout
ce qui touche l'industrie touristique, aussi bien des élèves
à l'ITHQ, l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec,
c'est l'aide qu'on donne à des personnes qui peuvent vouloir se
perfectionner dans le domaine soit de la technique touristique, soit comme chef
cuisinier, soit comme gérant... (23 h 30)
M. Maciocia: Mais il y a l'Institut de l'hôtellerie
de...
M. Léger: C'est cela. C'est ce que cela me donne comme
pouvoir. C'est cela. C'est pour cela que cela touche tous ces programmes
d'aide. Il n'y a même pas le mot "argent", là. C'est:
"élaborer et mettre en oeuvre des programmes d'aide en vue de contribuer
au développement touristique du Québec;". Tout ce qui peut
être de l'aide, comme conseils techniques, comme formation, comme
développement d'un attrait touristique particulier, comme outil de
gestion, etc.
M. Maciocia: D'accord.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 8 est-il
adopté?
M. Maciocia: Non, non.
M. Léger: L'article 8.1 est adopté. Nous sommes
rendus à l'article 8.2° . L'article 8.1° est adopté.
La Présidente (Mme Juneau): D'accord.
M. Léger: L'article 8.2°. Est-ce que le
député a des questions à l'article 8.2°?
M. Maciocia: Moi, non. Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Le paragraphe 2 est
adopté. Paragraphe 3?
M. Maltais: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: À la lecture de cet article, "administrer,
exploiter et développer des équipements, des immeubles ou des
territoires à vocation touristique;", cela confère au
ministère le droit d'acquérir des territoires, de les exploiter,
de faire des revenus, d'acquérir des immeubles, de les exploiter et de
faire des revenus. C'est bien le sens que l'article donne?
M. Léger: Oui. Comme c'est le cas... Je pense que
l'exemple le plus frappant de cela c'est, quand, dans la région de
Charlevoix, par exemple, il est arrivé que le Manoir Richelieu, il y a
quelques années, était au bord de la faillite parce que
l'entreprise qui le possédait avait des difficultés
financières. Il y avait une conséquence directe pour l'industrie
touristique de toute la région. Pour les gens qui allaient au Manoir
Richelieu, si le manoir fermait, toute la restauration, tout le domaine
touristique du milieu était touché; 300 emplois, les gens qui
gagnaient leur vie annuellement à cette entreprise comme telle, le
Manoir Richelieu.
Donc, cet article nous permet d'aller tout de suite sauver une
région à cause de la possibilité pour le ministère
de devenir propriétaire, d'acquérir, comme cela a
été le cas pour le Manoir Richelieu et, par la suite, quand il
sera rentabilisé, il va être remis à l'entreprise
privée parce que le ministère n'a pas l'intention d'exploiter
pour lui-même, continuellement, des entreprises. Comme le
développement touristique tient compte d'une série de facteurs,
c'est important de le faire. Comme vous le savez, le Manoir Richelieu,
maintenant qu'il a été remis sur pied, a été remis
en vente et l'entreprise privée va faire des offres d'achat pour le
reprendre. Donc, c'est ce qui est arrivé dans le cas du Manoir
Richelieu, cela répond à cet article.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: À une partie de l'article qui touche les
immeubles, les territoires, c'est quoi?
M. Léger: Cela veut dire les terrains
qu'il peut y avoir autour.
M. Maltais: M. le ministre, un terrain, ce n'est pas un
territoire.
M. Léger: Par exemple, le Manoir Richelieu avait un
territoire de 1000 acres autour. Alors, il faut être capable de ne pas
prendre que l'édifice, il faut aussi prendre le territoire.
M. Maltais: Remarquez que c'est "des immeubles ou des
territoires". Est-ce que vous n'entrez pas un peu en conflit avec le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, maintenant?
M. Léger: Absolument pas, parce que le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche peut faire cela et, nous, on peut
faire cela aussi, mais chacun selon nos juridictions. Justement, dans le but
d'éviter les zones grises qu'il y a entre certains ministères
dont le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, nous
avons décidé, chacun ayant les mêmes pouvoirs - le pouvoir
de l'un ne limite pas le pouvoir de l'autre et le pouvoir de l'autre ne limite
pas le pouvoir de l'un -de nous doter d'un protocole d'entente pour
établir clairement la partie dont la responsabilité
relèvera du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche et la partie qui relèvera du ministère du
Tourisme.
M. Maltais: Donnez-moi l'exemple d'un territoire que vous
pourriez acquérir et exploiter.
M. Léger: Je viens de donner celui de... Il ne s'agit pas
du territoire, des 100 000 acres pour faire autre chose.
M. Maltais: On ne serait pas mieux de dire "terrain", à ce
moment-là?
M. Léger: Non, c'est "territoire" sur le plan juridique.
C'est une question d'aspect juridique. Moi aussi, j'ai posé la
même question quand j'ai vu la façon dont c'est libellé
juridiquement. Le mot "territoire", c'est pour tenir compte de tout ce qui peut
être une dépendance de territoire nécessaire pour aider sur
le plan touristique, dans le milieu.
M. Maltais: Vous allez convenir avec moi que, lorsque le
gouvernement se donne le pouvoir d'acheter des territoires, cela ouvre la porte
à bien des interrogations. Je n'ai rien contre le fait que vous achetiez
une édifice où il peut y avoir 2000 acres à
côté, ce sont des terrains, au sens juridique du Code civil. Mais
des territoires, c'est quoi, la définition du petit...
M. Léger: Je peux vous donner un exemple et je pense que
le député va tout de suite comprendre. C'est que, dans une
propriété, il peut y avoir un territoire qui comprend un lac, qui
peut comprendre des terrains plus grands que simplement le terrain de la
bâtisse ou d'un terrain de tennis. Donc, "territoire", cela peut nous
permettre de nous assurer que tout ce qui touche le besoin d'une région
touristique, y compris un lac - un lac, ce n'est pas un immeuble, ce n'est pas
juste un terrain... Un territoire, cela comprend tout cet aspect-là.
C'est beaucoup plus un libellé juridique qu'autre chose.
M. Maltais: Parce que, avec cette disposition-là vous
pouvez acquérir n'importe quoi. Vous pouvez acheter l'Île du
Prince-Édouard demain matin!
M. Léger: Oui, mais avec l'autorisation de tout le
gouvernement, nécessairement, non pas un ministère tout seul.
C'est un pouvoir qui est toujours...
M. Maltais: Je pense que vous commencez à mettre sur
papier le projet que vous aviez en tête!
M. Léger: Mais il ne faut pas oublier qu'on n'a pas de
pouvoir d'expropriation.
M. Maltais: Non, mais vous avez le pouvoir d'acheter...
M. Léger: C'est cela.
M. Maltais: ...d'administrer. Avec de l'argent, on peut faire
n'importe quoi.
M. Léger: C'est cela. Mais, si on en devient
propriétaire, il faudra être capable de l'administrer
après. Mais comme je vous dis que la vocation première, ce n'est
pas d'exploiter, c'est simplement d'aider au développement touristique,
si le besoin se fait sentir de protéger l'industrie touristique par
l'acquisition de territoires, temporairement - je peux vous dire que ce sera
toujours temporairement - c'est uniquement dans le but de sauver le milieu
touristique. Parce que, vous savez, les facettes du tourisme sont tellement
fragiles, sont tellement nombreuses, qu'il faut être capable d'intervenir
rapidement dans une situation qui peut être catastrophique pour une
région.
M. Maltais: Ce que veut dire cet article-là, c'est que
vous pourriez acquérir un club de pêche, qui a une vocation
touristique dans le milieu, qui est en difficulté financière,
dont des emplois dépendent; le ministère pourrait arriver,
l'acheter et l'exploiter.
M. Léger: Vous avez oublié juste une partie de la
réponse que j'ai donnée tantôt, quand je disais qu'il y a
un protocole d'entente entre le ministère du Tourisme et le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui était
en train de se signer. Il permettra de savoir lequel des deux ministères
devra faire le geste, selon que c'est un problème touristique ou un
problème de faune ou un problème de chasse et de pêche.
À ce moment-là, ce sera l'autre ministère qui le fera
plutôt que nous. N'oublions pas que ces deux ministères font
partie du même gouvernement, donc c'est le Conseil des ministres qui va
décider, en définitive. Mais il faut que les deux
ministères aient les mêmes pouvoirs.
M. Maltais: Remarquez bien, Mme la Présidente, que je ne
discuterai pas plus longtemps, mais cela ne me convainc pas du tout du sens
donné à cet article. En tout cas, on passe.
M. Maciocia: Une seule chose, M, le ministre, est-ce que vous ne
croyez pas être en concurrence avec l'entreprise privée avec
cela?
M. Léger: Justement, il ne faut pas qu'on soit en
concurrence avec l'entreprise privée parce que j'ai dit que celle-ci,
dans le domaine touristique, c'est le moteur. Et le ministère du
Tourisme doit être la bougie d'allumage. Cela est une façon
d'être une bougie d'allumage, parce que, par la suite, on la remet
à l'entreprise privée, aussitôt qu'elle est remise sur le
bon pied.
La Présidente (Mme Juneau): Le paragraphe 3 est-il
adopté?
M. Maciocia: Sur division.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Le paragraphe
4?
M. Maciocia: Le paragraphe 4... Non, il n'est pas adopté.
Dans les paragraphes 4 et 5, je dirais qu'on pourrait quasiment les faire
ensemble.
Comme je vous le disais dans mon discours de deuxième lecture, M.
le ministre, est-ce que vous ne croyez pas, considérant les
alinéas 4 et 5 et la crainte que je vous ai exprimée à ce
moment-là, que vous ne serez pas, vraiment, un ministère du
Tourisme autonome, mais que c'est plutôt de la consultation ou de la
coordination que vous allez faire parmi les treize ou quatorze
ministères qui sont impliqués dans la promotion touristique?
M. Léger: Le mot exact que le député a dit
en Chambre, c'est un ministère passif plutôt qu'un
ministère dynamique. Ce sont les mots que le député avait
dits et je comprends ce qu'il voulait dire.
M. Maciocia: C'est un peu...
M. Léger: Si vous remarquez bien, c'est que ce n'est pas
absolument essentiel que ce soit le ministère du Tourisme qui soit
l'instigateur d'un projet, mais il peut y avoir d'autres ministères qui
vont lancer des projets où il y aura des répercussions
touristiques. Donc, le ministère du Tourisme devra favoriser la
concertation entre les ministères qui proposeront des projets, qui
auraient un aspect touristique. C'est pour cela que le mot "concertation" est
le mot clé là-dedans, favoriser la concertation des
ministères et, comme il y a des conséquences aussi qui sont
autres que touristiques, s'assurer la consultation pour que les projets que
nous allons faire puissent aussi se faire en consultation avec les autres
ministères et l'inverse aussi, soit que d'autres ministères
puissent avoir des projets et, è ce moment-là, consulter pour
s'assurer que ce qu'ils veulent atteindre comme réussite soit atteint,
pourvu que la vision du tourisme s'y trouve. Donc, dans les deux articles,
c'est une question de s'insérer à l'intérieur d'un
ensemble de pouvoirs que chacun des ministères possède, mais
s'assurer que, dès qu'il y a une conséquence sur le tourisme, le
ministère du Tourisme puisse faire et la concertation et la
consultation.
M. Maciocia: Justement, vous n'allez pas prendre
l'initiative...
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: ...de le faire. Vous allez coordonner...
M. Léger: Oui.
M. Maciocia: ...parmi les autres ministères.
M. Léger: C'est que le député oublie que les
trois premiers articles, c'est la partie active. Celle-là, c'est quand
les initiatives viennent d'autres ministères. Alors, la partie d'un
ministère actif et dynamique, ce sont les articles 1, 2 et 3. Mais,
quand des initiatives viennent d'autres ministères, ce n'est pas au
ministère du Tourisme à être le directeur, mais...
M. Maciocia: Mais, quelle initiative, M. le ministre, peut venir
d'un autre ministère dans le domaine touristique?
M. Léger: Un autre ministère peut décider,
au niveau des transports, de faire une route qui ne convient pas exactement
à
la dimension touristique de cette région. Alors, il y aurait,
à ce moment-là, une intervention du ministre du Tourisme qui se
donne les moyens de s'assurer que le ministère des Transports,
après consultation, verra à assurer qu'il y a une vision et une
retombée touristique, ce qui n'était peut-être pas le cas
avant parce que, n'étant pas un ministère, mais une simple
direction, la voix n'était pas au même niveau
d'égalité qu'un autre ministère. Donc, maintenant que
c'est un ministère, il faut que, quand d'autres ministères
prendront des initiatives dans leur domaine particulier, le ministère du
Tourisme s'assure une concertation pour que la vision touristique soit
protégée, tel l'objectif que vous avez mis dans votre discours de
deuxième lecture.
M. Maciocia: Mais, prenons un exemple, M. le ministre. C'est pour
cela que je vous disais qu'il faudrait, à un certain moment, donner
toutes les responsabilités et tous les atouts au même
ministère pour avoir un ministère autonome. Prenons l'exemple des
agences de voyages qui relèvent du ministère de l'Habitation et
de la Protection du consommateur. Est-ce que vous êtes d'accord pour que
les agences de voyages relèvent encore du ministère de
l'Habitation et de la Protection du consommateur? C'est l'exemple...
M. Léger: C'est entendu que beaucoup de ministères
dont ceux que vous avez mentionnés - on pourrait ajouter le
ministère des Transports, le ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche, le ministère de l'Environnement - ont des pouvoirs
qui leur font prendre des décisions qui ont des répercussions
touristiques. On ne peut pas englober tous les ministères chez nous.
C'est pour cela qu'avec chacun des ministères qui ont à prendre
des décisions ayant des conséquences touristiques, nous allons
avoir un protocole d'entente pour nous assurer que chacun va s'occuper de sa
portion de responsabilités, mais quand cela touchera un aspect
touristique, eh bien, il y aura une entente qui nous permettra de savoir
quelles sont les "guidelines" permettant que le ministère du Tourisme
ait voix au chapitre.
C'est pour cela que c'est un aspect, peut-être, de concertation
plutôt que initiative, mais une suite.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Viau.
M. Cusano: Merci, Mme la Présidente. Je m'excuse
d'être en retard, mais je viens de prononcer un discours, de l'autre
côté.
J'aimerais - c'est une question de directive, peut-être, que je
demande, Mme la Présidente - savoir quel est le paragraphe de l'article
8 qui donnerait des pouvoirs au ministre d'acheter une île dans le
Sud?
La Présidente (Mme Juneau): On a discuté de cela
tout à l'heure.
M. Léger: Mme la Présidente, on a vidé la
question tantôt. Peut-être que, dans votre discours, vous ne
pouviez pas le savoir. Vous étiez de l'autre côté, mais on
en a parlé tantôt et je pense qu'on s'est entendu, l'Opposition et
nous, pour regarder d'une façon sereine le projet et l'adopter
probablement d'ici minuit. Mais, si on perd encore du temps sur une question
comme celle-là... On s'en reparlera tous les deux...
M. Cusano: Mais, cela a l'air d'être un projet assez
intéressant parce que vous en avez parlé. J'aimerais savoir
lequel des articles et des paragraphes. C'est une simple question. Vous pouvez
me dire: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 jusqu'à 12. C'est tout simplement la
question.
M. Léger: L'article 1 et suivants.
M. Cusano: Vous ne voulez pas... L'article 1 et suivants.
D'accord. J'ai hâte de voir cela, cette fameuse île.
Le député de Viger vous a posé une question,
justement, sur le contrôle des agences de voyages qu'on appelle les tours
et voyages, maintenant. Cela ne s'appelle plus les agences de voyages. On
appelle cela les tours et voyages. Je ne sais pas si le ministre était
au courant. On ne peut plus appeler cela une agence de voyages, maintenant. Et,
comme vous le savez, c'est justement le ministère de l'Habitation etde la Protection du consommateur.
Est-ce que vous avez consulté les gens qui travaillent justement
à ce ministère pour savoir où, à leur avis, ils
pourraient mieux servir l'ensemble des québécois en
matière de tourisme?
M. Léger: Mme la Présidente, je ne sais pas si le
député me pose la question au mauvais article; aux articles 4 et
5, on ne parle pas de cela. Je pense que c'est plutôt aux articles 8 et 9
qu'on pourrait peut-être parler de cela. Mais je...
M. Cusano: Je peux attendre aux articles 8 et 9, si vous voulez.
(23 h 45)
M. Léger: Je veux dire qu'on pourrait adopter ces
deux-là parce que cela ne touche pas du tout le sujet dont il parle.
M. Cusano: Je vais attendre aux articles 8 et 9.
La Présidente (Mme Juneau): Le paragraphe 4 est-il
adopté?
M. Maciocia: 4 et 5, sur division.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Le paragraphe 6?
M. Cusano: "Favoriser la concertation des ministères", ce
n'est pas cela?
M. Léger: Des ministères?
M. Cusano: Ministères, oui, et des organismes. La
protection du consommateur, ce n'est pas un organisme?
M. Léger: Pas des agences de voyages, des
ministères.
M. Cusano: Oui, mais ce n'est pas un organisme?
M. Léger: Reposez votre question. On va la régler
tout de suite et on gagnera du temps. C'est quoi?
M. Cusano: Je me demande si vous avez, dans toute votre
planification, parce que vous avez eu assez de temps pour travailler à
votre ministère, consulté, justement, les gens qui
émettent des permis et font des vérifications sur les tours et
voyages, ce qu'on appelle communément des agences de voyages, pour
savoir, de leur côté, où ils voudraient être
logés dans la foulée d'appareils gouvernementaux qui existent.
Est-ce que vous avez étudié cette question? Si vous l'avez
étudiée, pensez-vous qu'ils devraient rester là ou s'ils
devraient être sous votre juridiction?
M. Léger: J'ai rencontré, il y a peut-être
quinze jours, la présidente de cette association des agences et des
tours, Mme Saint-Jacques, et nous avons convenus de nous rencontrer
bientôt pour analyser ensemble le bien-fondé des
préoccupations...
M. Cusano: Ce n'est pas fait encore. Vous allez le faire.
M. Léger: C'est-à-dire que je l'ai
rencontrée, mais c'était à l'occasion d'une
conférence et nous avions convenus de nous rencontrer à nouveau
et d'en discuter davantage pour voir quelles sont ses
préoccupations.
M. Cusano: II n'y a rien de fait. Il n'y a absolument rien de
fait de ce côté.
M. Léger: On va attendre de la rencontrer et, après
cela, on aura des possibilités de voir s'il y a des choses qui peuvent
être faites de ce côté.
M. Cusano: Cela va être pour, quelle année?
M. Léger: Très bientôt.
M. Cusano: Ah bon! 1986? 1985?
M. Léger: Très bientôt.
M. Cusano: Merci.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que le paragraphe 6 est
adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Le paragraphe 7?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Le paragraphe 8?
M. Maciocia: Sur division.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté sur division. Le
paragraphe 9?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Le paragraphe 10?
M. Maciocia: Au paragraphe 10, Mme la Présidente, j'ai un
amendement à proposer. Après les mots "une aide financière
à toute", au lieu de "personne", on devrait mettre "entreprise".
M. Léger: Est-ce que le député y tient
absolument? Si on corrige l'article ainsi, on pourrait peut-être se
priver du programme "Stagiaires en emploi", du programme "Outils de gestion"
relatifs à des personnes, du programme "Bourses d'affaires", du
programme UNI-PME. Ce sont des programmes qui visent des personnes physiques et
non pas des entreprises. Si on enlevait cela... Est-ce que le
député y tient absolument parce que cela va être couper ces
programmes?
M. Maciocia: J'y tiens absolument, M. le ministre.
M. Léger: Alors, je vous en laisse la
responsabilité. Je suis d'accord qu'il est important que tout le projet
soit adopté rapidement, mais je tiens à dire que le
député doit assumer la responsabilité de ce qu'il vient de
faire.
M. Maciocia: Aucun problème.
M. Bordeleau: On la prend toujours. Vous vous n'en prenez pas
tellement.
M. Maciocia: On la prend.
M. Léger: S'il y a des personnes qui nous le demandent et
qui ne peuvent pas avoir le projet...
M. Bordeleau: On verra.
M. Léger: ...on peut avoir des difficultés.
M. Bordeleau: Achetez l'île...
M. Cusano: Achetez-la. C'est la surface... La surface de
l'île, c'est quoi?
M. Léger: On remplacerait "une aide financière
à toute entreprise ou organisme". C'est cela? On lirait, Mme la
Présidente, pour les fins du Journal des débats: Remplacer
l'article 8.10 qui se lisait ainsi: "Accorder, aux fins de l'exercice de ses
fonctions et pouvoirs et avec l'autorisation du gouvernement, une aide
financière à toute personne ou organisme..." On remplacerait le
mot "personne" par le mot "entreprise" et cela se lirait comme suit: "Accorder,
aux fins de l'exercice de ses fonctions et pouvoirs et avec l'autorisation du
gouvernement, une aide financière à toute entreprise ou
organisme."
La Présidente (Mme Juneau): Cela va? Est-ce que le
paragraphe 10 est adopté, tel qu'amendé?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Le paragraphe
11?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Le paragraphe
12?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
9?
M. Léger: C'est un article standard qui est dans toutes
les lois.
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
10?
M. Maciocia: Je propose le retrait de l'article 10.
La Présidente (Mme Juneau): Vous proposez le retrait?
M. Léger: Mme la Présidente, devant la gentillesse
du député de Viger, nous sommes d'accord pour laisser tomber
l'article 10.
La Présidente (Mme Juneau): Donc, on soustrait l'article
10 du projet de loi 14. Est-ce cela, M. le député de Viger?
M. Maciocia: Oui, l'article 10 au complet.
La Présidente (Mme Juneau): D'accord. L'article 11?
M. Maciocia: L'article 11, adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
12?
M. Léger: Les articles 12 à 15, on me dit que ce
sont des articles standard, c'est la question des modalités de signature
des sous-ministres et du ministre.
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 13,
adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
14?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
15?
M. Maciocia: Oui.
Conseil québécois du tourisme
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
16?
M. Maciocia: On a de petites questions à poser au
ministre. L'article 16: "Est institué le Conseil québécois
du tourisme?"
M. Léger: Oui.
Institution et organisation
M. Maciocia: Est-ce que le ministre pourrait me dire la
différence qu'il y a entre le Conseil du tourisme et le Conseil
québécois du tourisme?
M. Léger: C'est seulement pour qu'il n'y ait pas d'erreur
dans l'appellation du Conseil canadien du tourisme ou du conseil d'une autre
province. C'est tout simplement typiquement un Conseil québécois
du tourisme pour les entreprises québécoises, c'est-à-dire
pour tout ce qui se passe sur le territoire québécois.
M. Maciocia: Vous savez qu'il existe un Conseil du tourisme
actuellement au
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Léger: Oui, mais c'est celui-là qui
disparaît.
M. Maciocia: II est remplacé par celui-ci.
M. Léger: Oui. C'est la loi qui fait de ce Conseil du
tourisme le Conseil québécois du tourisme qui passe du
ministère de l'Industrie et du Commerce au ministère du
Tourisme.
M. Maciocia: Quelle serait la vocation de ce Conseil
québécois du tourisme?
M. Léger: C'est-à-dire qu'il s'agirait -c'est un
peu plus loin, peut-être, qu'on parle des objectifs... C'est dans le but
de conseiller...
M. Maciocia: Pour être plus précis, quelle est la
vocation et quelle est la différence entre le Conseil
québécois du tourisme actuel et le Conseil du tourisme qui
faisait partie du ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. Léger: II y a trois choses, je pense. C'est que, pour
avoir une concertation intensive entre les différents intervenants du
milieu touristique en général ainsi que de toutes les
régions du Québec, un Conseil québécois du tourisme
permettrait que tous les intervenants nommés à l'intérieur
dudit conseil et représentant tous les milieux et territoires pourraient
apporter une concertation du milieu touristique pour amener des recommandations
au ministre. Cela est la première chose: besoin de concertation.
Deuxièmement, ce conseil aurait un rôle élargi,
c'est-à-dire que ses membres pourront - cela est très nouveau; je
pense que l'Opposition ne peut pas s'opposer à cela; si j'étais
à sa place, je l'accepterais vite - donner leur avis de leur propre chef
et ils pourront faire des recommandations à la demande du ministre.
Donc, ce n'est pas uniquement ce que le ministre pose comme questions au
conseil, c'est ce que celui-ci peut lui proposer comme projets d'analyse ou
d'étude pour donner des avis, de leur propre chef, au ministre.
Finalement, le conseil va être représentatif autant de tous
les secteurs que de tout le territoire.
M. Maciocia: Mais c'est quoi, la différence, entre le
conseil qui existait avant et celui dont vous parlez actuellement?
M. Léger: C'est que l'autre n'existait pratiquement plus,
les membres étaient inactifs depuis déjà deux ans. Le
conseil n'avait pas la possibilité de donner son avis de son propre chef
et il n'était pas réellement représentatif du milieu
touristique. Cela va l'encadrer, lui donner un nouvel élan plus
dynamique à cause des trois points que j'ai mentionnés
tantôt.
M. Maciocia: Quelle est la raison pour laquelle il n'était
pas actif, le conseil?
M. Léger: Entre autres, parce qu'il n'y avait pas de
ministère. Maintenant qu'il y a un ministère, cela lui permet
d'être plus actif pourvu qu'on lui donne plus de pouvoirs. Donc, il a
plus de pouvoirs et, parce que c'est un ministère, il y aura maintenant
un plus grand dynamisme.
M. Maciocia: Si je pose la question à votre sous-ministre
adjoint, je ne crois pas qu'il va me répondre la même chose.
M. Léger: Non, mais vous n'avez pas d'affaire à lui
poser la question!
M. Maciocia: Est-ce que je pourrais demander au ministre de
quelle façon seront sélectionnés les membres de ce Conseil
québécois du tourisme?
M. Léger: C'est le ministre qui va les nommer, en tenant
compte de ce que je viens de dire, la représentation de tous les
secteurs d'activités reliés au tourisme, spécialement le
plus de territoires touchés dans la représentation.
M. Maciocia: Cela veut dire...
M. Cusano: ...des unionistes ou des fédéralistes ou
des néofédéralistes. Cela va être quoi?
M. Léger: Bien, si on veut représenter le milieu,
il faudrait en avoir de tous.
M. Cusano: Ah bon!
M. Maciocia: Est-ce que cela veut dire que vous allez contacter
toutes les associations, que ce soit les associations d'hôteliers, de
restaurateurs, les ATR et tout cela, avant de faire votre...
M. Léger: Ces consultations sont déjà
commencées.
M. Maciocia: Est-ce qu'il y a des critères de
sélection?
M. Léger: Oui, nous allons consulter encore, parce que ce
n'est pas terminé, tout le milieu donné. Mais, comme c'est le
ministre qui a la responsabilité de les nommer, je veux m'assurer qu'il
y aura réellement un éventail de tous les besoins,
de toutes les tendances touristiques qu'il y a au Québec. C'est
pour cela aussi que la consultation va me permettre d'avoir le point de vue des
milieux comme l'Association des restaurateurs, l'Association des
hôteliers, les ATR, les milieux du transport, les milieux de voyages et
tout. Tous ces milieux vont être réellement consultés, mais
la décision revient au ministre.
M. Maciocia: Vous avez parlé de tendances. Est-ce que cela
fait aussi partie des tendances politiques?
M. Léger: Non, je parle des tendances... Je pense, par
exemple, que cela prendrait peut-être des gens du domaine, des
employés. Cela peut représenter le domaine du marketing. Cela
peut être les transporteurs. Cela peut être... Le mot "tendance"
est peut-être un peu gros, mais de toutes les sources d'interventions
possibles dans le domaine touristique.
M. Maciocia: À partir de quoi la nomination du
président sera-t-elle faite?
M. Léger: II faudrait que ce soit une personne qui
représente une sorte d'acceptation du milieu, d'expérience
valable. Nous sommes en train de regarder toutes les possibilités autant
du côté du président, du vice-président que de tous
les secteurs qui vont être touchés par cela.
M. Bordeleau: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Juneau): M. le député
de...
M. Bordeleau: Au conseil, oui, en tout cas...
La Présidente (Mme Juneau): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Simplement, est-ce que je pourrais avoir
l'assurance du ministre qu'il va vraiment tenir compte des différentes
régions plus excentriques du Québec? Je comprends qu'il peut y
avoir une représentation selon les domaines, mais j'espère, en
tout cas, je lui demande de penser à une représentation
régionale. Comme certaines régions ont des produits touristiques
différents de l'une à l'autre, ce serait important que les gens
viennent des régions pour former ce conseil.
M. Léger: Je suis d'accord avec le député.
Il faut quand même dire qu'il y a 18 régions au Québec et
qu'il y a seulement douze postes au conseil. Alors, cela ne peut pas être
toutes les régions, proprement dites. Il faut que, comme dans les ATR,
l'esprit régional soit représenté quand même dans le
conseil.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Ma dernière question sur cela. À quel
endroit le gouvernement entend-il déterminer l'endroit pour...
M. Léger: Pour siéger?
M. Maciocia: Pour siéger, c'est cela.
M. Léger: Ce n'est pas encore déterminé.
J'ai bien l'impression que cela va être autour de Montréal.
M. Maciocia: Montréal?
M. Léger: Tout probable. Je ne veux pas m'engager tout de
suite, mais c'est plus logique d'être proche du grand centre. Mais cela
va se faire en concertation avec le conseil.
M. Maciocia: Cela va se faire, cela va se faire.
M. Léger: II n'y a pas de building nécessairement
pour cela.
Une voix: Non.
M. Léger: C'est un endroit où il y aura une adresse
postale, la place où il va siéger.
M. Maciocia: Pas de local. M. Léger: Pardon?
M. Maciocia: Pas de local. C'est la même adresse
postale.
M. Léger: Bon, je veux dire... M. Bordeleau: Un
petit local.
M. Léger: II faut quand même qu'il soit capable
de...
M. Maciocia: Où vont-ils faire lesréunions?
M. Léger: Nécessairement, s'il y a des
employés permanents...
M. Maciocia: À la maison?
M. Léger: ...genre secrétaires ou une
secrétaire ou je ne sais pas, ils vont déterminer eux-mêmes
ce qui est le plus efficace pour cela.
M. Maciocia: D'accord. Quel serait le budget pour le
secrétariat québécois, pour le Conseil
québécois du tourisme?
M. Léger: C'est le conseil lui-même quand il se
réunira qui va nous préparer son budget qui devra être
approuvé par le ministre et le Conseil des ministres...
M. Maciocia: Excusez, probablement que j'ai dû mal...
M. Léger: ...mais la seule dépense, au
départ, et je pense que c'est cette question que le député
veut poser, c'est qu'il y a - je ne sais pas si on le voit plus loin dans les
articles - des jetons de présence pour ceux qui sont... Il n'y a pas de
salaire, ce sont des jetons de présence.
M. Maciocia: C'est combien?
M. Léger: Je pense qu'habituellement ce sont des jetons de
250 $ par jour.
M. Maciocia: Mais cela...
M. Cusano: Plus les frais de déplacement?
M. Léger: Plus les frais de déplacement.
M. Cusano: Alors, cela revient à combien, à peu
près?
M. Léger: Tout dépend du voyage qu'ils font. Pour
les gens des grandes régions...
M. Lincoln: J'ai une brève question au ministre. Pourquoi
est-ce que, dans la loi antérieure, on spécifiait que les membres
du conseil ne reçoivent aucun traitement?
M. Léger: Ils ne reçoivent aucun traitement non
plus, sauf que le fait qu'il y ait un jeton de présence vient en
contradiction avec "aucun traitement", il n'y a pas de traitement, mais il y a
un jeton de présence; les mots "aucun traitement", c'était
équivoque.
M. Lincoln: Mais là...
La Présidente (Mme Juneau): M. le député, je
m'excuse de vous interrompre, mais je constate qu'il est minuit et que...
M. Léger: Est-ce qu'on peut continuer?
M. Maciocia: S'il y a consentement, on peut continuer.
La Présidente (Mme Juneau): Consentement. D'accord. Nous
continuons. Je m'excuse, M. le député de Nelligan. Est-ce que M.
le député avait terminé?
M. Lincoln: Je reviendrai à l'article 21. On parle des
traitements. Je reviendrai là- dessus.
La Présidente (Mme Juneau): D'accord. M. le
député de Viau, (minuit)
M. Cusano: Sur cette question que posait mon collègue, le
député de Viger, sur l'endroit où siégerait ce
Conseil québécois du tourisme, est-ce que le ministre a
envisagé de faire siéger ce conseil dans différentes
régions, justement pour faire suite à mon collègue, le
député d'Abitibi-Est? Pour prendre cela en considération,
est-ce qu'il y a un plan de rotation pour voir l'ensemble du Québec?
M. Léger: Je ne peux pas dire, à ce stade-ci, qu'il
y a un plan de rotation. C'est le conseil qui pourra le déterminer, mais
cela fera partie d'un budget qu'on nous présentera et qui devra
être analysé et adopté. S'il décide de se
réunir dans des régions éloignées, à ce
moment là, cela fera partie des dépenses qu'il devra faire
approuver. Il peut siéger partout, mais il faut quand même une
adresse postale pour dire que la correspondance va à telle adresse.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Est-ce que le président et le
secrétaire seront payés aussi par jetons?
M. Léger: C'est cela, oui.
M. Maciocia: Tout le monde? Les douze?
M. Léger: Tout le monde. M. Maciocia: Le
secrétaire...
M. Léger: Un instant. Le président et le
vice-président parce que le secrétaire n'existe pas
là-dedans. C'est le conseil du tourisme qui va nommer ou qui aura une
personne payée qui fera partie du budget du conseil, comme un
secrétaire ou une secrétaire, pour s'assurer des
procès-verbaux, des convocations, etc.
M. Maciocia: Est-ce qu'il y a une estimation comme vous le disiez
tantôt? On va y arriver à l'article 21.
M. Léger: D'accord? M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 16 est-il
adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
17?
M. Maciocia: Oui.
M. Léger: C'est la même chose, ce qu'on a dit
tantôt.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 17 est
adopté. L'article 18?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
19?
M. Maciocia: Est-ce qu'il y a une raison pour laquelle... Disons
que c'est plus ou moins, dans tous les... J'en ai vu plusieurs... Est-ce qu'il
y a des raisons pour lesquelles le président est nommé... Quand
on dit "pour au plus cinq ans", on sait que c'est toujours nommé pour
cinq ans.
M. Léger: Avant, c'était dix ans et depuis quelques
temps, on a limité cela à cinq ans.
M. Maciocia: Est-ce qu'il y a des raisons?
M. Léger: C'est parce qu'on s'apercevait qu'il pouvait
arriver des cas, dans les autres ministères, où il y avait des
conseils et, pour les personnes nommées pour les entreprises
gouvernementales ou paragouvernementales, on était pris avec des
contrats à long terme. À cinq ans, c'est plus court. Si vous
remarquez bien, c'est "au plus cinq ans". Cela pourrait être des ententes
de moins de cinq ans et aussi on pourrait, à n'importe quel temps, si
vous voyez bien, remplacer la personne, pour n'importe quelle raison. Donc,
c'est seulement une nomination pour au plus cinq ans et qui peut être de
trois ans ou quatre ans, mais pas plus de cinq ans.
M. Maciocia: Mais leur mandat ne peut être renouvelé
consécutivement qu'une fois. Cela veut dire que le président peut
être nommé, la première fois, pour cinq ans et, la
deuxième fois, pour un autre cinq ans. C'est cela?
M. Léger: C'est le gros maximum qui peut arriver.
M. Maciocia: Le gros maximum.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 19 est-il
adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté.
L'article 20?
M. Maciocia: D'accord.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
21?
M. Lincoln: C'est ce que j'avais demandé au ministre tout
à l'heure...
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: ...parce que je sais que, avant, dans la loi
antérieure, les membres du conseil étaient indemnisés pour
le coût de l'assistance à l'assemblée et pour les
allocations de présence. Maintenant, on dit: "Le gouvernement
détermine, suivant le cas, le traitement, les allocations, les
indemnités ou les autres conditions de travail du président et
des autres membres du conseil." On dirait qu'on a prévu beaucoup plus
que des jetons de présence et des frais de voyage. Qu'est-ce que vous
avez prévu?
M. Léger: J'y ai répondu peut-être un peu
tantôt en disant qu'il n'était pas dans notre esprit d'avoir un
salaire ou des honoraires. Cependant, il était question de jetons de
présence, dans notre esprit. Mais, sur le plan du libellé
juridique, il n'est pas exact de prétendre que des membres qui
reçoivent un jeton de présence, ce n'est pas un traitement.
Alors, derrière les mots "traitement" ou "indemnité", il y a des
jetons de présence de la valeur donnée tantôt, de 250 $ par
jour. C'est seulement sous l'aspect du libellé juridique qu'il faut
appeler cela, quand même, un traitement ou une allocation, etc.
M. Lincoln: Vous dites: "Les indemnités ou les autres
conditions de travail du président et des autres membres du conseil." En
fait, on parle réellement de bénévoles qui vont toucher
des sommes d'argent pour assister aux réunions, n'est-ce-pas?
M. Léger: C'est cela.
M. Lincoln: En tout cas, sans ouvrir la porte à quelque
chose de plus qu'un travail de bénévole, des conditions de
travail, est-ce que vous avez derrière la tête d'avoir un
président qui va travailler à temps partiel ou quelque chose
comme cela?
M. Léger: Non. Le mot "traitement", c'est surtout pour
couvrir la partie des jetons. Les mots "allocations, indemnités ou
autres conditions de travail", ce sont les dépenses qui peuvent
être données, qui peuvent être sous forme d'allocation, qui
peuvent être sous forme d'indemnité pour avoir fait une
représentation, mais toutes ces
dépenses vont faire partie de ce qu'on appelle le budget du
Conseil du tourisme, ce qui permet, entre autres, à la suggestion du
député de Viau, tantôt, si le conseil se réunissait,
supposons, en Abitibi, d'accorder les allocations, les indemnités qui
paieraient les dépenses occasionnées par la réunion de
ce conseil dans une région.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Est-ce qu'il y a un montant prévu pour le
fonctionnement de ce conseil?
M. Léger: Pas comme tel, sauf le fait qu'on s'imagine bien
que, normalement, les autres conseils - je pense au Conseil consultatif de
l'environnement, que le député de Nelligan connaît bien -
il peut y avoir à peu près une réunion par mois.
Peut-être qu'il y a des mois qu'il n'y en aura pas et d'autres mois
où il y en aura trois, selon les besoins. Cela équivaut à
peut-être douze réunions, multipliées par le nombre de
personnes par 250, c'est le prix, plus, peut-être, des
sous-comités qui peuvent être formés pour une question
particulière où il y aura des dépenses d'allocation ou des
jetons de présence.
M. Maciocia: Quand vous parlez des sous-comités, est-ce
que vous parlez des sous-comités parmi les douze membres?
M. Léger: Oui, supposons que le Conseil du tourisme
décide de mettre un groupe de trois ou quatre personnes pour travailler
sur un sujet particulier, ad hoc, c'est à l'intérieur du budget
qu'il devra nous présenter qu'il devra s'assurer que les dépenses
pour ce sous-comité seront faites, sous-comité qui, selon lui,
était nécessaire pour donner des avis ou des recommandations au
ministre. À ce moment, il y aura des dépenses qui vont faire
partie du budget qui va nous être présenté par...
M. Maciocia: Est-ce que vous avez prévu un budget pour le
fonctionnement de ce conseil? Est-ce que vous l'avez prévu?
M. Léger: Quand le conseil va être constitué,
à sa réunion, il va nous présenter un budget et, à
ce moment, on jugera de la pertinence ou pas du budget. Ce n'est pas à
moi à établir le budget d'avance.
M. Maciocia: Non, je comprends, mais vous avez fait quand
même une estimation, une prévision de combien pourrait
coûter ce Conseil québécois du tourisme.
M. Léger: En tout cas, certainement pas des sommes
énormes. Entre vous et moi, dire un conseil...
M. Maciocia: C'est quoi? 50 000 $ ou 100 000 $?
M. Léger: Je ne peux pas vous donner de chiffres. On me
dit qu'il y a une année où cela a coûté à peu
près 60 000 $.
M. Maciocia: C'est dans ces chiffres-là, plus ou moins.
Est-ce cela?
M. Léger: C'est ceia, y compris les permanents.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 21 est-il
adopté?
M. Maciocia: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Article 22?
M. Léger: Cela dépend de la question du
député de Viau.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 22 est-il
adopté?
M. Léger: Peut tenir à tout endroit au
Québec.
M. Cusano: ...tout à l'heure, mais le ministre aurait
dû nous référer à l'article 22.
M. Léger: Vous êtes en avance, cette fois-ci,
contrairement à d'autres circonstances.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 23 est-il
adopté?
M. Maciocia: Ah! Vous voyez! À l'article 23, c'est le
gouvernement qui nomme le secrétaire, ce n'est pas le conseil. Vous avez
dit, tantôt, que le conseil se nommait un secrétaire.
M. Léger: Qu'il peut nommer. M. Maciocia: Oui.
M. Léger: Cela veut dire que le conseil devrait
probablement lui suggérer quelqu'un et le gouvernement peut le nommer
par la suite.
M. Maciocia: Cela veut dire que le gouvernement peut prendre
l'initiative de le nommer sans que le conseil en soit saisi.
M. Léger: Cela pourrait être un fonctionnaire qui
pourrait être octroyé, aussi, et cela ne coûterait rien de
plus à ce moment.
M. Maciocia: Mais est-ce d'abord l'intention? C'est quoi? Le
secrétaire, ce serait quoi?
M. Léger: Cela ne serait pas un membre du conseil, votre
secrétaire, en tout cas. Ce n'est pas un des douze, c'est une autre
personne.
M. Maciocia: Mais est-ce que ce serait sur suggestion du
conseil?
M. Léger: Cela peut être sur la suggestion du
conseil.
M. Maciocia: Cela peut...
M. Léger: Cela peut parce que l'article dit: peut nommer.
Donc...
M. Maciocia: Oui, oui, mais, d'après vous, dans votre
esprit, est-ce que vous allez...
M. Léger: Cela pourrait aussi bien être
suggéré par le conseil; on n'a pas de préjugé au
départ...
M. Maciocia: D'accord.
Fonctions et pouvoirs
La Présidente (Mme Juneau): L'article 23 est
adopté. Article 24?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Article 25?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Article 26?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Article 27?
M. Maciocia: Adopté.
Rapport
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Article 28?
M. Maciocia: Oui.
Dispositions transitoires et finales
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. Article 29,
chapitre III.
M. Maciocia: Je crois que ce sont des articles de
concordance.
M. Léger: Ce sont tous des articles de concordance, des
articles 29 à... Ce sont pratiquement tous des articles de concordance
jusqu'à la page 17, me dit-on; jusqu'à l'article 52, ce sont tous
des articles de concordance.
M. Maciocia: L'article 29, d'accord.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 29, adopté.
L'article 30?
M. Maciocia: Oui, adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
31?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
32?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
33?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 34,
adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 35,
adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 36,
adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 37,
adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 38,
adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 39,
adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 40,
adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article
41?
M. Maciocia: D'accord.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'organisation
du ministère, dans la section I.
Une voix: Cela fait partie de l'article 41.
La Présidente (Mme Juneau): Ah, cela fait partie de...
M. Lincoln: Je crois que l'on peut prendre l'article 41,
là.
M. Maciocia: Oui, oui, c'est l'article 41.
M. Lincoln: L'article 41.
La Présidente (Mme Juneau): Attendez un petit peu, je
m'excuse. L'article 42, dans la section 11.1?
M. Léger: Ce sont tous des articles de concordance pour
enlever au ministère de l'Industrie et du Commerce le tourisme.
M. Maciocia: Oui, oui.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 43 est
adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 44
est adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 45
est adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 46
est adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 47
est adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 48
est adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 49
est adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 50
est adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 51
est adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): L'article...
M. Lincoln: Même l'article 51?
M. Maciocia: Un instant! À l'article 51, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Juneau): Oui. M. Maciocia: ...si
vous permettez...
La Présidente (Mme Juneau): Je vous en prie, M. le
député de Viger.
M. Maciocia: ...est-ce qu'on pourrait connaître au moins le
montant des crédits?
M. Léger: Bien, c'est le chiffre que j'ai donné
tantôt. Autrement dit, si vous n'acceptez pas cela, le ministère
du Tourisme n'aura pas de budget.
M. Maciocia: Non, non, je comprends.
M. Léger: C'est le budget qu'a le tourisme dans le
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Maciocia: Oui, oui.
M. Léger: Alors, c'est 53 000 000 $ plus 13 000 000
$...
Une voix: Ce sont des montants de 53 000 000 $, plus 13 000 000 $
qui sont actuellement en discussion au niveau du budget
supplémentaire.
M. Léger: C'est 66 000 000 $.
M. Maciocia: Oui.
Une voix: C'est le résiduel des budgets.
M. Maciocia: Jusqu'au 31 mars.
Une voix: Oui.
M. Lincoln: Pardon?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: J'aurais voulu revenir là-dessus puisqu'on en
parle. C'est parce que ce n'est pas clair dans notre esprit. Est-ce que vous
dites... On a le chiffre de 53 500 000 $ et, ensuite, d'une addition de 688 000
$ et de 12 765 000 $, donc un total d'environ 66 000 000 $, d'accord. Ce sont
les crédits transférés, les crédits de 1984-1985,
plus les crédits supplémentaires, jusqu'au 31 mars 1985.
Est-ce que vous allez devoir avoir des crédits
supplémentaires, pour que ce soit bien clair, du Conseil du
trésor à partir d'une date quelconque, à partir de la date
de la sanction de la loi jusqu'au 31 mars 1985? C'est cela que nous demandons.
Est-ce qu'il va y avoir plus de 66 000 000 $?
M. Léger: Oui. C'est pour cela la deuxième partie
de l'article, pour nous permettre d'aller au fonds consolidé, suivant
les montants qui vont être acceptés par le Conseil du
trésor, ces sommes vont être ajoutées dans le fonds
consolidé. Donc, c'est pour cela que vous avez 1984-1985 et
1985-1986.
M. Lincoln: Alors, en d'autres mots, vous dites qu'il faudra des
sommes additionnelles. (0 h 15)
M. Léger: C'est cela.
M. Lincoln: D'accord. Tout à l'heure, vous avez dit que je
faisais un peu de rigolade avec cela, mais je ne faisais pas de rigolade.
J'étais bien sérieux, et je veux le dire, je suis bien
sérieux. Là, vous nous demandez d'accepter une loi sur le
ministère du Tourisme. Une loi sur le ministère du Tourisme, on
le sait, nous sommes tout à fait d'accord avec les 53 000 000 $, cela a
déjà été voté. On est tout à fait
d'accord avec les crédits supplémentaires qui ont
été déposés à l'Assemblée nationale.
On fera un débat dessus ou non, mais, enfin, c'est connu.
Là, vous nous dites: Vous allez accepter une loi sur le
ministère du Tourisme. On veut savoir combien cela va coûter cette
affaire-là. Vous nous dites: Donnez-nous un chèque en blanc,
acceptez la loi, après cela, nous, on va se débrouiller. Il me
semble, M. le ministre, avec tout le respect que je vous dois, que ce n'est pas
prudent pour nous, comme citoyens, de venir ici et de dire: Vous allez nous
donner carte blanche pour aller le chercher. Si, par exemple, c'est 3 000 000
$, mais si c'était 15 000 000 $ que vous demandiez, après cela,
on va dire: Comment avez-vous adopté une loi sans même savoir
combien d'argent? On ne vous demande pas des chiffres exacts, on vous demande
une prévision. Il y a sûrement quelqu'un, dans votre
ministère, qui a dû faire un calcul quelconque pour dire: On va
aller chercher 3 000 000 $, 4 000 000 $, 5 000 000 $, 6 000 000 $, 10 000 000
$.
M. le ministre, je me souviens du débat avec le ministre du
Commerce extérieur quand on a créé le ministère.
C'était très simple, il faisait un ministère. On lui
disait: Bon, combien cela va nous coûter, au Québec?
M. Léger: À quelle date vous lui avez
demandé cela? Est-ce que c'est après les crédits ou avant
les crédits?
M. Lincoln: Si ma mémoire est bonne, c'est en novembre
1982, je pense, que cela a été créé...
M. Léger: En novembre?
M. Lincoln: En novembre. Alors, là, son budget de
départ était de 9 600 000 $. Cela a été
doublé après et c'est devenu 19 000 000 $, mais il savait, lui,
quel budget il allait chercher. Comment voulez-vous qu'on commence un
ministère sans savoir combien d'argent cela suppose?
M. Léger: Si cela peut satisfaire ledéputé, parce qu'il pose la même question... Je ne peux
pas lui donner de chiffre précis, mais je peux lui donner un ordre de
grandeur. Est-ce que cela vous satisferait?
M. Lincoln: C'est cela qu'on demande depuis le début.
M. Léger: Bon. Il reste peut-être quatre mois avant
la fin du budget. Je ne peux pas vous parler des budgets de l'année
prochaine, mais, d'ici au mois de mars, cela ne peut pas être plus de 1
000 000 $, entre 1 000 000 $ et 2 000 000 $, au maximum, parce que c'est la
balance de l'année qui équivaut à ce que peut coûter
le nombre de fonctionnaires qu'on va engager, ce qui peut être une
moyenne de 30 000 $ ou 35 000 $ pour 50 personnes qui ne sont pas toutes
engagées tout de suite. Les 50 ne seront pas toutes engagées
avant le 1er avril. Il va en avoir une partie d'engagées et d'autres ne
le seront pas. Donc, le gros maximum, c'est entre 1 000 000 $ et 2 000 000 $,
mais là, je m'aventure, je ne devrais même pas dire cela. Ce n'est
que pour satisfaire le député.
M. Lincoln: Écoutez, justement, ce qui nous fait peur,
c'est que ce soit une aventure. Si vous dites que vous vous aventurez, c'est
cela qui nous fait peur...
M. Léger: M'aventurer à vous donner un chiffre qui
n'est pas adopté...
M. Lincoln: Oui.
M. Léger: ...par le Trésor.
M. Lincoln: Je comprends très bien.
M. Léger: Donc, c'est un maximum de 1 000 000 $ à 2
000 000 $, au maximum.
M. Lincoln: Je comprends très bien. Est-ce que je peux
vous demander quelque chose qui va situer cela? Nous, on accepte cela. Vous me
dites 2 000 000 $. Ce qu'on aurait voulu vous proposer, c'est que d'ici le
rapport en Chambre ou à la troisième lecture qui va se faire, je
ne sais quand, peut-être la semaine prochaine ou à la fin de la
semaine, est-ce que vous pouvez nous donner un engagement que vous allez
vérifier? Si c'est plus de 2 000 000 $, en Chambre, avant qu'on ne
l'adopte en troisième lecture, vous allez nous le dire dans un ordre de
5% de différence. Je comprends que vous ne vouliez pas nous dire que ce
sera le... Combien...
M. Léger: J'aimerais bien satisfaire le
député. Est-ce que le député sait quelle est la
question qu'il me pose?
M. Lincoln: Oui, je sais très, très bien.
M. Léger: Non. Vous ne pouvez pas savoir quelle question
vous me posez parce que, si vous aviez été au gouvernement, vous
sauriez qu'un ministre ne peut pas dévoiler des montants qui ne sont pas
approuvés par le Trésor. Supposons qu'au Trésor, on me dit
qu'au lieu d'en engager 50 avant le 30 mars, vous allez en engager seulement 20
et, le reste, après le 30 mars. Donc, ce seront des chiffres d'un autre
ordre. Supposons que, devant un programme particulier, il faut en avoir plus,
c'est le Trésor qui décide. Je ne peux pas le lui dire
aujourd'hui, avant que le Trésor ait statué là-dessus. Ce
ne sera pas avant le mois de janvier. On est capable de fonctionner avec le
budget qu'on a, sauf qu'il faut une approbation du Trésor avant. Alors,
le Trésor va adopter d'abord l'organigramme. Il faut comprendre comment
cela fonctionne un gouvernement. C'est complexe. C'est qu'il y a la loi, il y a
l'organigramme; après l'organigramme, il y a un budget que le
Trésor va évaluer et qu'il nous accorde et, là, le
ministre a le droit de le déclarer. Ne me demandez pas de dire des
choses que je ne peux pas juridiquement dire. J'espère que le
député me comprend. Je vous ai donné un ordre de grandeur
et je n'aurais même pas dû dire cela.
M. Maciocia: Ce que le député vous a
demandé, c'est un ordre de grandeur. Vous avez dit de 1 000 000 $
à 2 000 000 $. On ne voudrait pas que, demain matin, dans une semaine ou
deux, au lieu de 2 000 000 $, ce soit 10 000 000 $ ou 5 000 000 $.
M. Léger: C'est impossible.
M. Maciocia: C'est cela, plus ou moins, qu'on voudrait
savoir.
M. Léger: Je vous dis que c'est impossible.
M. Maciocia: Si c'était 1 500 000 $ au lieu de 1 000 000
$, ou 2 100 000 $ ou 1 900 000 $, ce n'est pas une grosse
différence.
M. Léger: Si vous voulez être corrects...
M. Maciocia: On ne voudrait pas donner un chèque en...
M. Léger: ...vous pensez que vous pouvez légalement
me demander de m'exprimer sur des chiffres qui doivent être
contrôlés par le Trésor. Soyez donc quand même assez
compréhensifs et responsables pour savoir qu'un ministre ne peut
pas...
M. Maciocia: Oui, mais ce n'est pas cela...
M. Léger: Je vous dis l'ordre de grandeur que nous pensons
que nous allons demander au Trésor. Alors, j'ai été trop
loin déjà.
M. Lincoln: Moi, tout ce...
M. Léger: Je ne peux pas aller plus loin que cela.
M. Lincoln: Écoutez, M. le ministre, je comprends que vous
ne pouvez pas déclarer des chiffres qui n'ont pas encore
été approuvés par le Trésor. Mais, en fait, quand
le ministre des Finances présente un budget en Chambre, ce n'est pas
quelque chose qui est approuvé, c'est une proposition de budget. Un
budget, c'est une proposition. N'importe quel budget qui est fait...
M. Léger: ...est approuvé par le Conseil du
trésor et le ministre des Finances avant.
M. Lincoln: D'accord. Mais tout ce qu'on vous demande, vous allez
aller au Conseil du trésor. Là, vous nous présentez un
projet de loi. Tout ce qu'on vous demande, c'est sûrement... Quand vous
avez fait vos projections de 51 personnes dans votre tête, dans la
tête de vos cinq fonctionnaires-cadres, vous savez très bien que,
si vous demandez 51 personnes, vous n'allez pas en demander 450, vous en avez
demandé 51. Vous avez une idée de ce que vous allez faire avec
ces 51 personnes, quand elles vont entrer en poste. Il y a sûrement
quelqu'un dans la machine, avant même que vous ayez . -fait la loi, qui a
dû chiffrer toutes ces choses-là.
M. Léger: Bien, je vous l'ai dit tantôt, oui; sauf
que je ne peux pas vous donner de chiffres précis parce que le
Trésor peut les couper de moitié.
M. Lincoln: Je ne vous demande pas d'être aussi
précis.
M. Léger: Bien, je viens de vous donner une
réponse...
M. Lincoln: D'accord.
M. Léger: ...entre 1 000 000 $ et 2 000 000 $.
M. Lincoln: Entre 1 000 000 $ et 2 000 000 $. Donnez-moi un
chiffre maximum?
M. Léger: D'après moi, c'est au maximum 2 000 000
$.
M. Lincoln: D'accord, un maximum de 2 000 000 $. Là, par
exemple, arrivé en troisième lecture, tout ce que je vous
demande... Là, on commence à s'entendre. Si on arrive en
troisième lecture et que c'est plus que le maximum de 2 000 000 $...
Après avoir vérifié, demain, je suis sûr...
M. Léger: On ne pourra pas vérifier demain parce
que le Trésor ne siégera pas pour décider de sommes
d'argent avant, peut-être, le début de janvier.
M. Lincoln: Non, non, ce n'est pas cela que je vous demande. Au
sein de votre machine intérieure, par exemple, demain ou
après-demain, avant que la troisième lecture n'arrive, si vos
fonctionnaires vous disent -vous avez dit 2 000 000 $ au maximum; on comprend
que ce soir, à minuit, vous n'ayez pas les chiffres - et que cela
devienne au maximum 3 000 000 $, est-ce que vous pouvez vous engager - on ne
parle pas du Trésor, on parle de vos propres prévisions en vue
d'aller au Trésor - à un maximum - on ne vous demande pas un
chiffre précis - de dire si c'est 3 000 000 $ ou 4 000 000 $ au lieu de
2 000 000 $? Si vous arrivez en Chambre et que vous dites: J'ai dit 2 000 000
$? Non, c'est 4 000 000 $... C'est cela qu'on veut, un maximum.
Pour le moment, on comprend que c'est 2 000 000 $, mais si, après
vérification, c'était plus, est-ce que vous pouvez vous
engager... On va voter pour votre projet de loi, mais si, par exemple, il y
avait un changement radical des chiffres que vous nous avez donnés,
pouvez-vous nous donner un engagement que, en Chambre, ou privément, ou
au député de Viger... Ce n'est pas très important que vous
disiez: Bon, ce n'est pas 2 000 000 $, c'est 3 000 000 $ au maximum...
M. Léger: Je peux pratiquement vous affirmer que cela ne
peut pas dépasser les 2 000 000 $, pour une raison bien simple...
M. Lincoln: D'accord.
M. Léger: ...c'est que, dans les 51 personnes qui sont
là, il y en a 23 qui proviennent du ministère de l'Industrie et
du Commerce, qui font partie du budget de ce ministère. Donc, cela veut
dire qu'une partie de cela va être transférée chez nous.
Venant de là plutôt que venant du Trésor, je peux
pratiquement dire que cela ne peut pas dépasser...
M. Lincoln: En d'autres mots...
M. Léger: ...un maximum de 2 000 000 $.
M. Lincoln: ...d'ici au 31 mars 1985, le budget total, incluant
le MIC avant et vous à partir de maintenant, ce sera de 68 000 000 $
à 69 000 000 $, globalement, quelque chose dans cet ordre.
M. Léger: Tout ce que je peux vous dire, si cela peut vous
satisfaire, c'est qu'on ne pense pas que cela puisse dépasser les 2 000
000 $. S'il arrivait un renseignement supplémentaire, je pourrais aviser
le député de Viger.
M. Lincoln: Very good.
M. Léger: Mais pas plus de 2 000 000 $.
M. Maciocia: D'ici au 31 mars. C'est cela?
M. Léger: C'est cela.
La Présidente (Mme Juneau): L'article 51 est
adopté?
M. Maciocia: Oui.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté. L'article 52
est adopté?
M. Maciocia: Sur division.
La Présidente (Mme Juneau): Sur division. L'article 53 est
adopté?
M. Léger: À l'article 53, j'aurais un petit
papillon, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Juneau): Oui.
M. Léger: ...qui se lirait comme suit, à
l'intérieur, inscrire ici la date de la sanction de la présente
loi... Pour que cela puisse fonctionner, il faudrait que cela se lise
comme suit: La présente loi entrera en vigueur à la date
qui sera fixée par proclamation du gouvernement. Par proclamation du
gouvernement, cela nous permet, à cause des fêtes qui s'en
viennent, que le ministère ne soit pas avec une patte en l'air et qu'il
ne reste qu'un conseil des ministres. Il y a l'étape de l'adoption en
troisième lecture, il y a l'étape de la sanction par le
lieutenant-gouverneur et de la proclamation. Donc, cela se lirait plutôt:
"par proclamation du gouvernement".
La Présidente (Mme Juneau): L'article 53 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Maciocia: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Adopté.
M. Léger: II faudrait une proposition de
renumérotation des articles pour qu'on lise le bon numéro pour
chacun.
La Présidente (Mme Juneau): Cette proposition est-elle
adoptée?
M. Maciocia: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que les chapitre et
sections du projet de loi 14 sont adoptés? Est-ce que le titre du projet
de loi 14 est adopté?
M. Maciocia: Adopté.
La Présidente (Mme Juneau): Est-ce que l'ensemble du
projet de loi tel qu'amendé est adopté?
M. Maciocia: Adopté.
M. Léger: Je voudrais remercier les députés
de l'Opposition et les députés du gouvernement pour leur
participation à cette étape importante de la mise sur pied d'un
ministère pour développer le tourisme et je souhaite que cette
loi soit un nouvel élan pour le tourisme auquel on est tous
intéressé.
La Présidente (Mme Juneau): Merci beaucoup.
M. Maciocia: Comme je le disais, M. le ministre...
M. Léger: Je veux remercier aussi mes fonctionnaires -
excusez-moi - toute l'équipe qui m'a préparé les
réponses à prévoir à toutes les questions des
députés de l'Opposition, ainsi que les statistiques dont j'avais
besoin pour assurer que la population soit bien renseignée à la
suite des délibérations de la commission parlementaire.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: M. le ministre, vous savez sans doute l'importance
que le Parti libéral accorde à l'industrie touristique; il l'a
toujours démontré par le passé et il va continuer à
le démontrer. On va vous souhaiter, comme je l'ai dit dans mon discours
de deuxième lecture, bonne chance, mais à la condition que vous
preniez vraiment l'intérêt de l'industrie touristique et que vous
la mettiez à la place qui lui revient dans l'économie du
Québec. Merci.
M. Lincoln: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Juneau): Nous ajournons nos travaux
sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 0 h 27)