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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Beauséjour): La commission de
l'économie et du travail poursuit ses travaux concernant l'étude
détaillée du projet de loi 42, Loi sur les accidents du travail
et les maladies professionnelles. Je demanderais au secrétaire de nous
indiquer s'il y a des remplacements.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a des
remplacements: M. Bourbeau (Laporte), remplacé par M. Maltais
(Saguenay); Mme Dougherty (Jacques-Cartier), remplacée par M. Bissonnet
(Jeanne-Mance); M. Maciocia (Viger), remplacé par Mme Saint-Amand
(Jonquière).
Compétence de la commission et droit d'appel
(suite)
Le Président (M. Beauséjour): Merci. Nous sommes
rendus à l'article 336 et plus exactement à l'article 336.1. M.
le député de Viau, vous aviez la parole.
M. Cusano: J'avais la parole lorsque nous avons ajourné
les travaux.
Le Président (M. Beauséjour): Vous voulez que je
vous la redonne?
M. Cusano: S'il vous plaît, oui.
M. Fréchette: Simplement une remarque préliminaire
avant de remettre la parole au député de Viau. Lorsqu'on a
ajourné nos travaux jeudi soir dernier, vous vous souvenez que j'avais
demandé de considérer qu'il était 20 heures à 19 h
55, on s'en souvient. Cela avait eu l'air de susciter une réaction chez
mes collègues. Je veux simplement vous dire, M. le Président, que
je suggérerai en amendement que l'article 336.1 et l'article 336.2
soient purement retranchés du texte de loi.
Une voix: Cela valait la peine d'attendre.
M. Fréchette: Cela valait la peine d'attendre. Je ne sais
pas si le député de Viau veut continuer maintenant.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Viau.
M. Cusano: Non. Justement, je m'aperçois que les arguments
que j'avais apportés à ce moment ont eu pour effet deconvaincre le ministre de retrancher l'article 336.1. J'en suis fort
heureux et je n'ai pas d'autres commentaires. Le seul commentaire, c'est qu'il
semble que les périodes d'absence font réfléchir le
ministre dans la bonne direction.
Le Président (M. Beauséjour): L'article 336.1 est
retiré.
M. Fréchette: C'est ma suggestion, M. le
Président.
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Beauséjour): L'article 336.1 est
retiré. L'article 336.2 est retiré.
M. Fréchette: Également, M. le
Président.
Le Président (M. Beauséjour): II y a l'article
336.3.
M. Fréchette: M. le Président, quant à
l'article 336.3, il me semble de toute évidence qu'on doive le conserver
tel qu'il est libellé dans la documentation qu'on a devant nous. Vous
constaterez qu'il se réfère au plan de réadaptation et
l'article... Pardon?
M. Bisaillon: On pourrait le lire parce qu'on ne se retrouve
pas.
M. Fréchette: D'accord. "En matière de
réadaptation, le plan individualisé constitue la décision
de la commission sur les prestations de réadaptation auxquelles a droit
le travailleur et chaque modification apportée à ce plan, en
vertu du deuxième alinéa de l'article 139, constitue une nouvelle
décision de la commission."
M. Bisaillon: 336.3 devient 336.1.
M. Fréchette: C'est ça. La renumérotation se
fera à la toute fin, mais c'est dans ce sens-là.
M. Bisaillon: Très bien.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce que l'article
336.3 est adopté?
M. Cusano: Pas de commentaire. Il n'y a pas de commentaire ici.
Adopté.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté. Est-ce
que l'article 336 tel qu'amendé est adopté?
M. Cusano: Adopté.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté.
M. Fréchette: C'est l'article 336.3 qui est
adopté?
Le Président (M. Beauséjour): Oui. Est-ce qu'il y a
un autre amendement à être apporté?
M. Fréchette: Non, non.
M. Dussaulti C'est lequel? 336.3.
Le Président (M. Beauséjour): Non, non! Je suis
sur...
M. Dussault: II y a un papillon. M. Cusano: C'est
336.3.
M. Bisaillon: L'article 336 avait déjà
été adopté. Ce qu'on adopte, c'est l'article 336.3...
M. Fréchette: Voilà.
M. Bisaillon: ...après avoir supprimé 336.1 et
336.2.
M. Fréchette: C'est ça.
Le Président (M. Beauséjour): C'est l'ensemble de
l'article 336.
M. Bisaillon: C'est ça, tel qu'amendé.
Le Président (M. Beauséjour): J'appelle l'article
337. M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président. Les articles 334 et 335
avaient été suspendus pour qu'on attende les réponses,
est-ce qu'on les a?
M. Fréchette: M. le Président, on aécrit de nouveaux textes à cet égard. La seule
démarche qu'il nous reste à compléter, c'est de les
réviser une dernière fois. Je pourrais même en disposer
immédiatement, quant au texte, en en remettant une copie au
député de Sainte-Marie et aux autres membres de la commission,
pour qu'ils puissent en prendre connaissance, quitte à revenir cet
après-midi ou à un autre moment sur leur adoption.
M. Bisaillon: D'accord.
Le Président (M. Beauséjour): L'article 337? Il y a
un papillon.
M. Cusano: L'article 337 est-il retiré?
M. Fréchette: Non, M. le Président, il y avait un
amendement qui était prévu à l'article 337. C'est
l'amendement que je propose de retirer pour revenir au texte tel qu'il
apparaît dans le projet de loi.
M. Bisaillon: C'est simplement pour supprimer l'amendement.
M. Fréchette: C'est cela.
Le Président (M. Beauséjour):
C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'amendement, tout simplement, M. le
ministre. Nous considérons l'article 337 tel qu'il est
écrit...
M. Cusano: C'est cela. Est-ce qu'on pourrait nous lire l'article
337? On a tellement de papiers, M. le Président...
M. Fréchette: Tel qu'il apparaît dans le projet de
loi 42.
Le Président (M. Beauséjour): Dans le projet de
loi.
M. Fréchette: "II n'est pas nécessaire qu'une
décision de la commission soit signée, mais le nom de la personne
qui l'a rendue doit y apparaître."
M. Cusano: Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer le
pourquoi de cet article? Pourquoi une personne qui rend une décision
n'aurait-elle pas besoin de signer la décision qu'elle vend?
M. Fréchette: M. le Président, c'est sûr que,
s'il fallait considérer la situation au pied de la lettre et nous en
tenir, non pas strictement à la loi ou à la
réglementation, mais aux principes normalement et
généralement appliqués en cette matière,
l'idéal serait que l'agent ou le fonctionnaire qui rend la
décision puisse y apposer sa signature.
C'est le député de Viau qui, jeudi soir dernier, lorsqu'on
a abordé rapidement les articles 336.1 et 336.2, a abordé la
question de l'humanisation du processus que l'on retrouve à la
Commission de la santé et de la sécurité du travail. Il me
semble que l'un des critères importants de l'humanisation, c'est de
faire en sorte que celui qui attend une décision, d'où qu'elle
doive venir, est tout à fait en droit de s'attendre à l'obtenir
dans les meilleurs délais.
C'est la raison pour laquelle il apparaît évident qu'il
faut traiter ce genre de décision à partir des moyens modernes
d'informatique et de techniques. Sans quoi, si
chacune des décisions de chacun des fonctionnaires qui doit en
rendre doit être dactylographiée et signée par celui qui la
rend, convenez avez moi que les délais vont devenir
considérablement longs et, dans certains cas, pourront équivaloir
à une espèce de déni de justice.
Retenons que nous en sommes à la première étape du
processus décisionnel. Retenons également que le nom du
fonctionnaire qui rend la décision doit apparaître dans le texte
dont on parle. Si, à partir de cette première décision,
l'une ou l'autre des deux parties n'est pas satisfaite des conclusions
auxquelles on en arrive, il lui est évidemment loisible d'inscrire en
appel cette décision-là. À partir de la mention dans le
texte du nom du fonctionnaire qui a rendu la décision, si jamais cette
personne devait devenir un témoin dont on a besoin pour les autres
étapes d'appel, il est toujours possible de l'identifier, d'y faire
référence et de l'assigner ou bien devant le bureau de
révision ou bien devant la commission d'appel. C'est essentiellement, M.
le Président, le motif pour lequel la proposition est telle qu'on la
retrouve à l'article 337.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Viau.
M. Cusano: M. le Président, j'ai de la difficulté
à suivre les arguments du ministre. On parle d'humanisation et
j'aimerais bien qu'il m'explique comment une décision, une lettre, que
l'individu reçoit et qui n'est pas signée, cela la rend plus
humaine. Ce sont les robots de la CSST qui vont tout contrôler. On perd
l'aspect humain de l'affaire. Deuxièmement, vous savez autant que moi
que ces ordinateurs-là font beaucoup d'erreurs et, par le fait qu'il y
aurait une vérification justement de la signature de l'individu qui
devrait apparaître, selon moi, sur toute correspondance avec
l'accidenté, cela éviterait plusieurs problèmes
administratifs si ce qui sort de l'ordinateur peut être
vérifié par la personne qui a rendu la décision. Il me
semble que c'est très normal et cela pourrait éviter beaucoup de
problèmes. Je ne crois pas que cela va expédier les choses, le
fait que la signature n'apparaît pas. Il ne faut pas oublier que la CSST,
par le projet de loi, s'est débarrassé du travail qu'elle devait
faire en l'envoyant chez l'employeur. Alors, le travail sera réduit.
C'est une vérification par celui qui a rendu la décision. En
fait, c'est cela. Ce n'est pas lui qui va la dactylographier - cela sera fait
par ordinateur, je suis d'accord -mais le fait qu'il aura à afficher sa
signature ajouterait un mécanisme de vérification à ce qui
est écrit, justement, sur le texte communiqué à
l'accidenté.
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, je vais tenter
d'expliquer, par le phénomène vers lequel cela nous conduirait,
la nécessité de conserver l'article 337 tel quel dans le projet
de loi. Dans l'état actuel des choses, lorsque, dans les douze ou treize
régions du Québec, un fonctionnaire rend une décision,
cette décision est mise sur ordinateur et elle est acheminée vers
le bureau de Québec. De Québec, la décision est ensuite
communiquée, par voie d'ordinateur également, à la
personne à qui elle s'adresse. S'il fallait retenir que la
décision doive être signée par la personne qui l'a rendue,
vous voyez qu'il faudrait refaire à l'inverse le même trajet que
celui accompli pour acheminer la décision vers son destinataire. Il
faudrait l'envoyer à Québec - parce qu'il va falloir continuer
à traiter les textes par ordinateur - et, de Québec, elle devrait
retourner dans chacun des bureaux régionaux pour la signature du
fonctionnaire qui l'a rendue.
Évidemment, si on est en train de me dire que les
accidentés ou les employeurs préfèrent une décision
signée, mais qui va prendre un temps considérable, je suis bien
prêt à considérer cela. Mais il va falloir vivre avec le
phénomène du délai qui est un des irritants les plus
évidents dans toutes les lois et dans toutes les réglementations.
Si le député de Viau plaide dans le sens que, malgré le
fait que cela doive prendre plus de temps, malgré le fait que cela
crée de semblables inconvénients, il vaut mieux que cela soit
signé, je vous réitère, quant à moi, que je suis
bien disposé à considérer cela, mais on ne rendra service
à personne de la clientèle qui fait affaires avec la Commission
de la santé et de la sécurité du travail.
Je vous réitère, encore une fois, que c'est la toute
première décision qui est rendue lorsqu'un dossier est devenu
contentieux, lorsque l'une ou l'autre des parties l'a soumis à la
considération du fonctionnaire; c'est la toute première
décision qui est rendue. On va pouvoir identifier ce fonctionnaire et,
si les étapes d'appel, le processus d'appel doit continuer vers le
bureau de révision et vers la commission d'appel, il sera toujours
loisible et possible de faire appel à ce fonctionnaire qui l'a
rendue.
M. Cusano: Encore une fois, M. le Président, les arguments
du ministre nous prouvent que le projet de loi est fait pour s'adapter aux
ordinateurs de la CSST et non aux usagers de cette dernière. En ce qui
nous concerne, il sait fort bien que le système de la CSST permet
justement le transfert sur ruban magnétique d'un endroit à
l'autre. Alors, je ne crois pas qu'il va y avoir des délais. Il s'agira,
à ce moment-là,
à la CSST de s'ajuster en conséquence. Ce n'est pas la
population qui doit s'ajuster à la CSST. C'est la CSST qui doit
s'ajuster à la population. Je pense que c'est ce qui est important, mais
là, vous nous arrivez avec des arguments où c'est justement
l'ensemble des accidentés qui doit s'ajuster à un ordinateur qui,
la plupart du temps, fonctionne mal. En donnant cette possibilité, je
crois que vous allez empirer les choses. Il s'agirait de s'assurer que la CSST
fonctionne bien et que l'accidenté est traité d'une façon
humaine et personnelle.
M. Fréchette: Je veux seulement donner un autre
élément qui peut permettre de procéder à l'analyse
exhaustive de l'article qu'on est en train de voir. Je signalerai au
député de Viau qu'il y a, bon an mal an, plus de 1 000 000 de
décisions de cette nature qui sont rendues, entre 1 000 000 et 1 500 000
décisions qui pourraient être touchées par l'article 337.
Vous voyez d'ici que faire retourner à leur lieu d'origine 1 000 000 ou
1 500 000 décisions, vous voyez d'ici dans quelle espèce
d'imbroglio cela pourrait nous placer. Le député de Viau nous
dit: Que la CSST s'ajuste aux besoins de la clientèle. Je veux bien. Je
suis tout à fait d'accord avec ce principe tout à fait honorable,
sauf que nous prétendons, à tort ou à raison - remarquez
que je ne vais pas faire une guerre de principe qui va durer toute la
journée là-dessus - que c'est en considération de ce
service à la clientèle, justement, que cette disposition doit
être retenue. (10 h 30)
C'est bien sûr que, si on me parlait d'une décision rendue
par l'instance finale, si on me parlait d'une décision rendue par le
bureau de révision... D'ailleurs, on ne retrouverait pas de disposition
semblable pour des décisions rendues par le bureau de révision ou
par la commission d'appel, mais on parle ici de la décision de toute
première instance. Encore une fois, quand on considère le nombre
des décisions qui sont rendues, soit plus de 1 000 000, il me semble que
le souci d'efficacité et le souci de faire en sorte que les gens
sachent, dans les meilleurs délais, quelle est la décision rendue
par le fonctionnaire doit primer sur le reste.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Ce n'est pas tellement sur le fond de l'article 337
que l'argumentation développée par le député de
Viau a du sens, mais c'est quand on regarde l'ensemble et en particulier les
articles 336, 337, 338 et suivants. À l'article 336, le ministre a fort
bien compris, finalement, après avoir fait une déclaration de
principe où on disait qu'une décision devait être
motivée, qu'on prenait des moyens techniques qui répondaient
à un ordinateur et on disait que c'était la motivation. Le
ministre a compris qu'il n'y avait pas beaucoup d'argumentation
là-dedans et il a supprimé les premièrement et
deuxièmement, parce qu'il était tellement évident que
c'était un article placé là pour les besoins
administratifs.
Les articles 337 et 338 me paraissent répondre aussi à
cela. Ma question n'est pas tellement sur le fond, car on pourrait être
d'accord sur le fond de l'article 337. Mais qu'est-ce que des notions
semblables ont à faire dans un projet de loi?
Regardez ce qui va suivre à l'article 338. C'est du même
ordre: "La commission peut autoriser une personne qui doit lui transmettre un
avis, un rapport, une déclaration ou quelque autre document à le
lui communiquer au moyen d'un support magnétique ou d'une liaison
électronique." Là, parce que ce n'était pas encore assez
fort, on a ajouté un amendement qui va dire "aux conditions qu'elle
détermine". Alors, c'est la ceinture par-dessus les bretelles encore une
fois! Tout cela pour régler des problèmes de fonctionnement
quotidien, d'ordinateur. Il me semble que cela n'a rien à faire dans une
loi.
M. Fréchette: Je serais disposé à concourir
à l'argumentation que vient de faire le député de
Sainte-Marie, si on était certain que nous n'allions pas nous retrouver
avec des argumentations au niveau de la preuve devant l'une ou l'autre des
instances d'appel. Prenons, à titre d'exemple, quelqu'un qui se
retrouverait devant le bureau de révision avec en main la
décision du fonctionnaire qui l'a rendue en première instance et
qui entreprendrait d'invoquer que, parce que la décision n'est pas
signée par celui qui l'a rendue, parce que la décision a
été traitée par les ordinateurs et l'informatique, elle
n'a aucune valeur légale; vous voyez d'ici, encore là, quel genre
de difficultés pourraient être soulevées. C'est strictement
pour donner un caractère de légalité à la
disposition de traiter de la façon qu'on le dit, c'est strictement pour
lui donner un caractère de légalité au cas où la
décision de première instance devrait être traitée
devant les autres instances d'appel.
C'est évident que, s'il n'y a pas une disposition
législative qui prévoit la validité du processus qui a
été utilisé, la partie qui ne serait pas satisfaite de la
décision qui a été rendue va l'invoquer, par voie
d'objection préliminaire, en termes de valeur juridique et va soutenir
devant le bureau de révision ou devant la commission d'appel: Cette
décision n'a aucune valeur juridique; voyez, elle n'est pas
signée. C'est à cause de cela qu'il faut prendre la
précaution dont je viens de parler.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce
que l'article 337 est adopté? M. Cusano: Sur division.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté sur
division. Article 338?
M. Fréchette: II y a un amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Beauséjour): II y a un
papillon.
L'amendement dit ceci: Ajouter, dans la première ligne,
après le mot "peut", les mots "aux conditions qu'elle détermine".
Alors, cela ce lirait comme suit: "La commission peut, aux conditions qu'elle
détermine, autoriser une personne..."
M. Bisaillon: Est-ce qu'il n'y a pas un autre amendement?
Le Président (M. Beauséjour): À l'article
338, c'est un nouvel article.
M. Bisaillon: Bien non, c'est 338.1, c'est à
l'intérieur de 338.
Le Président (M. Beauséjour): Ajouter, après
l'article 337, l'article suivant. Alors, ce serait un nouvel article.
M. Fréchette: C'est un autre article, 338.1. Il y a un
premier amendement qui concerne strictement l'article 338.
M. Bisaillon: Très bien.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Bisaillon: Un instant!
Le Président (M. Beauséjour): Ah bon!
M. Bisaillon: Un instant! Je reprends une partie de
l'argumentation que j'ai faite tantôt, M. le ministre, pour vous dire que
l'article 338 me semble quelque chose qui touche le fonctionnement.
L'argumentation que vous avez développée sur l'article 337, qui
se justifiait, ne s'applique plus à l'article 338. Tout ce qu'on dit,
c'est: "La commission peut autoriser une personne qui doit lui transmettre un
avis, un rapport, une déclaration ou quelque autre document à le
lui communiquer au moyen d'un support magnétique ou d'une liaison
électronique." On pourrait ajouter Purolator, peut-être! On
pourrait peut-être demander que ce soit livré par courrier
spécial ou autrement. Ce sont des choses qui touchent le fonctionnement.
Si la commission veut permettre à quelqu'un de communiquer avec elle par
des moyens électroniques, elle le fera, cela n'a rien à voir avec
un projet de loi. Contrairement à l'article 338.1, là, je trouve
que cela ajoute quelque chose, effectivement.
M. Fréchette: Je vais expliquer ou, en tout cas, tenter
d'expliquer au député de Sainte-Marie le motif pour lequel
l'article 338 nous paraît nécessaire. Il y a actuellement des
discussions, des négociations qui sont en train de se faire avec un
nombre assez impressionnant de cliniques médicales du Québec. Ces
négociations tentent d'en arriver à une conclusion sur la
possibilité de faire transmettre une expertise médicale le jour
même où elle est signée par celui qui l'a faite, toujours
par ordinateur. Actuellement, vous le savez, la loi prévoit un
délai de 15 jours, je pense. C'est un des phénomènes
caractéristiques du fait que des délais pourraient être
évités dans le processus du rendement d'une décision.
Ce sont les cliniques médicales, les médecins
également, l'ensemble des hôpitaux qui ont demandé que ce
mécanisme soit mis sur pied afin, encore une fois, la journée
même où l'évaluation médicale est faite et
signée par l'expert, d'en transmettre le contenu à la Commission
de la santé et de la sécurité par ordinateur au lieu de le
faire par la poste avec les inconvénients que cela impose.
On revient exactement aux mêmes préoccupations dont je
parlais tout à l'heure. Ce document pourra éventuellement
être utilisé comme preuve devant l'une ou l'autre des instances.
S'il a été transmis par ordinateur, il faut prévoir que
cette transmission a tous les caractères de la légalité.
C'est le même phénomène que celui qu'on retrouve à
l'article 337.
M. Bisaillon: Votre argument s'applique à l'article 338.1
où on dit: les documents que la commission a sur ordinateur sont
considérés comme des documents de la commission. Donc, ils
peuvent être utilisés en preuve. C'est votre argument. Cependant,
l'article 338 n'est pas nécessaire. On n'est pas obligé de dire
dans une loi quel moyen on va utiliser. Vous dites: Les médecins ont
demandé qu'ils puissent communiquer les renseignements par ordinateur
pour que cela soit fait dans la même journée. Très bien, on
est d'accord avec ça. Je dis, cependant, qu'on n'est pas obligé
de retrouver ça dans un projet de loi pour que ça se fasse. Ce
dont on a besoin dans le projet de loi, c'est d'authentifier ces
documents-là et l'article 338.1 le fait. Donc, l'article 338 me semble
inutile.
Si on met l'article 338, est-ce que ça voudrait dire que tous les
moyens administratifs qu'on n'aura pas prévus et que,
éventuellement, la nouvelle technologie pourrait ajouter au
fonctionnement de la CSST ne pourront pas être utilisés parce que
ce n'est pas dans le projet de loi?
Je vais vous servir de nouveau, M. le ministre, des arguments que vous
m'avez donnés, mais à l'inverse. Vous m'avez dit, au tout
début de l'analyse article par article, qu'il était dangereux de
mentionner des articles d'autres lois parce que cela pouvait vouloir dire
à la longue que, lorsqu'on ne les mentionnait pas, ils ne s'appliquaient
pas. Vous m'avez donné ça, par exemple, au moment où on
voulait mentionner la loi 60, la loi d'accès à l'information. Je
vous renvoie le même argument. Si on met dans des projets de loi des
moyens de fonctionnement, est-ce que ça veut dire que tous ceux qu'on
n'aura pas mis ne pourront pas être utilisés? Il y a un danger
aussi à vouloir trop préciser.
M. Fréchette: M. le Président, une des raisons pour
lesquelles ces propositions sont faites, c'est pour essayer, encore une fois,
d'accélérer des processus. Actuellement, par exemple, je vous
signale que la loi prévoit que les transmissions de documents doivent
être faites par écrit. Il y a cependant des employeurs, en nombre
assez impressionnant, qui souhaitent pouvoir établir des communications
avec la Commission de la santé et de la sécurité, quant
aux obligations qui leur sont faites, par voix d'ordinateur; par exemple,
l'avis de l'accident, la journée où il se produit, tout autre
renseignement que l'employeur peut ou doit transmettre à la commission
et qu'il pourrait transmettre sans délai si, juridiquement, il
était habilité à le faire. C'est la seule
préoccupation qui est derrière les articles 337, 338 et 338.1,
comme on le retrouve actuellement dans la loi. C'est parce que, encore une
fois, l'un ou l'autre de ces documents pourra être utilisé devant
les instances quasi judiciaires, ou même ce pourrait être des
instances judiciaires lorsque, par exemple, on se retrouverait en
évocation devant un tribunal de droit commun. S'il n'y a pas dans la loi
habilitante des dispositions permettant d'utiliser ces
mécanismes-là, il va y avoir, de toute évidence, des
contestations qui vont s'engager strictement là-dessus par voie
d'objection préliminaire, par voie de plaidoyer au fond, enfin toutes
sortes de moyens que le député de Sainte-Marie connaît
très bien. Il y a donc, comme motif de base, comme motif principal, le
désir de traiter les dossiers dans les meilleurs délais
possible.
M. Bisaillon: M. le Président, je ne veux pas retarder
indûment les travaux. Je vais répéter une dernière
fois que, quant à moi, je trouve, premièrement, que les moyens de
fonctionnement d'un organisme, cela ne doit pas être inscrit dans une loi
et, deuxièmement, je trouve en plus dangereux d'en inscrire un certain
nombre puisque cela pourrait laisser supposer que, quand on ne les inscrit pas,
quand d'autres types de moyens de fonctionnement qui pourraient être
utilisés ne sont pas inscrits dans la loi, il n'est pas possible, il ne
devient pas possible de les utiliser. Pour toutes ces raisons, je trouve que
l'article 338 est inutile. Si j'en avais la possibilité, je voterais
contre.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce que...
M. Bisaillon: Un instant.
M. de Bellefeuille: Un instant. M. le Président, si j'ai
bien compris, le ministre vient de nous dire que la loi exige que ces
communications-là soient faites par écrit.
M. Fréchette: Actuellement.
M. de Bellefeuille: Est-ce que le ministre pourrait nous donner
la référence?
M. Fréchette: L'article 252, M. le Président, est
une disposition qui se réfère à cette
nécessité-là. Les articles 272 et suivants
prévoient la liste des déclarations écrites. On pourrait
probablement, à travers tous les chapitres de la loi, retrouver des
dispositions qui se réfèrent à des écrits.
M. Bisaillon: Quand on se réfère à des
documents écrits, on ne veut pas dire manuellement. Cela peut prendre
n'importe quelle forme. (10 h 45)
M. Fréchette: II semblerait, M. le Président, que
la jurisprudence a interprété que, lorsqu'on fait
référence à la notion ou au concept d'avis écrit,
l'on fait aussi référence à la nécessité
d'une transmission, soit postale, soit de main à main ou de cette
même nature. C'est la jurisprudence qui détermine cette
interprétation dont je viens de parler.
Deuxièmement, ne serait-ce que pour les fins de notre information
à tous, je vous dirai que, autant du côté des
réclamants que du côté des employeurs, il se dégage
une espèce, sinon d'unanimité mais un désir ferme
d'effectivement établir ce genre de processus pour arriver à
l'ultime objectif de traiter plus rapidement les réclamations qui sont
soumises à la commission.
M. de Bellefeuille: M. le Président.
Le Président (M. Beauséjour): Oui, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Pourquoi le ministre ne propose-t-il pas de
modifier précisément les articles en question comme, par exemple,
l'article 272, pour supprimer cette nécessité d'un avis
écrit? On pourrait tout simplement dire: L'employeur transmet à
la commission
un avis de son identité, etc. Ce n'est pas la seule loi qui va
présenter ce problème, il faut vraiment avoir un ordinateur pour
comprendre une loi ou avoir des textes de loi tout annotés comme:
L'article 272 ne compte pas parce qu'il faut voir l'article 338; l'article 338
n'a de sens qu'en fonction de l'article 252. Cela devient extrêmement
compliqué. Il me semble qu'une loi, surtout une loi toute neuve comme
celle-là, doit être plus limpide que cela, plus claire et que
l'article 272 qui dit: "L'employeur transmet à la commission un avis
écrit", compte tenu de la jurisprudence que le ministre vient de nous
décrire, ne devrait pas rester dans la loi si ce n'est pas là
l'intention du ministre.
M. Fréchette: M. le Président, je voudrais bien
faire l'exercice que nous suggère le député de
Deux-Montagnes mais je n'ai donné qu'une couple de
références où l'on utilisait expressément le terme
"avis écrit". À toutes fins utiles, il faudrait reprendre
à peu près toutes les dispositions de la loi où l'on parle
de ce genre de phénomène. Ce n'est pas là un exercice
impossible.
Je signalerai que la règle générale que l'on
retrouve dans la loi c'est effectivement celle de la nécessité de
procéder par avis écrit. Aux articles 337, 338, 338.1, on fait
référence à des dossiers ou à des traitements de
dossiers cas par cas et aux conditions que la commission pourra fixer. Ce n'est
pas une règle générale qui est en train de se faire aux
articles 337, 338 et 338.1, la règle, encore une fois, étant que
le principe qui doit être retenu est celui de l'avis écrit. On dit
ici: Dans certains cas, pour accélérer le traitement en termes,
par exemple, de réception d'une expertise médicale, la commission
pourra permettre que ces transmissions se fassent de cette façon aux
conditions qu'elle détermine. Cela n'est pas la règle
générale qui...
M. de Bellefeuille: M. le Président, je pense que le texte
de l'article 338 ne justifie pas l'intervention que le ministre vient de faire
puisque le texte dit: "La commission peut autoriser une personne qui doit lui
transmettre un avis, un rapport, une déclaration ou quelque autre
document"... C'est donc général, ce sont tous les documents.
M. Fréchette: Elle peut autoriser.
M. de Bellefeuille: Oui, en contradiction avec l'article 272 et
un certain nombre d'autres articles.
M. Fréchette: M. le Président, il est
évident que les articles 337 et suivants ne permettraient pas, par
exemple, à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail de se soustraire aux dispositions de
l'article 252, des articles 272 et suivants et de tous les autres articles qui
font référence à la nécessité de la
transmission d'un avis écrit quelle qu'en soit la nature. La commission
ne pourra pas se dispenser de s'en tenir à ce qui est indiqué
dans ces articles, encore une fois parce que c'est la règle qui est
établie, alors qu'ici on réfère à des exceptions
qui pourront être faites dans le but d'accélérer un
processus de traitement d'un dossier.
M. de Bellefeuille: Si je comprends bien, M. le Président,
le ministre souhaite que la commission puisse, aux conditions qu'elle
détermine, autoriser des dérogations à la loi.
M. Fréchette: II n'y a rien d'absolument nouveau dans une
disposition comme celle-là. On pourrait sans doute identifier un nombre
assez considérable de lois dans lesquelles on retrouve des dispositions
qui permettent, pour toutes sortes de motifs, de se dispenser de l'application
d'une règle générale pour des motifs, entre autres, comme
c'est le cas ici, d'efficacité de traitement d'un dossier.
Si on est train de nous dire que, par exempts, les ententes qui sont sur
le point de se compléter entre des cliniques médicales, des
centres hospitaliers ne doivent pas être conclues et que, par exemple, on
doive continuer de traiter par la poste la transmission des expertises
médicales - je ne parle que de cela pour illustrer ce à quoi je
pense - je vous réitère que ce ne serait pas, quant à moi,
une chose sur laquelle, encore une fois, on pourrait faire une guerre qui
durerait toute la journée, mais je suis convaincu qu'on pénalise
les gens qui font affaires avec l'organisme, en termes de délai de la
décision à être rendue.
S'il y a actuellement des rapports médicaux qui prennent 15, 30,
A5, 60 jours à être acheminés et qu'avec une disposition
comme celle-là on pourrait les avoir la journée même que le
professionnel les signe, bien...
M. de Bellefeuille: M. le Président, le ministre argumente
comme si le député de Sainte-Marie et moi voulions empêcher
la commission de recevoir ou de transmettre des communications par tous les
moyens de son choix. Au contraire, ce que le député de
Sainte-Marie et moi souhaitons, c'est que la commission puisse recevoir et
transmettre, en toute liberté, les communications par le moyen le plus
efficace et le plus rapide mais nous craignons que cet enchevêtrement de
textes de loi, l'article 338 qui amène des dérogations à
l'article 272 et à d'autres articles de la loi, ce soit une porte
ouverte à des contestations qui aient pour effet de ralentir tout le
processus.
M. Fréchette: À ce stade-ci, M. le
Président, je continue de prétendre, à tort ou à
raison, que, en retenant ces dispositions, on bonifie un régime, on
bonifie un système. Je veux bien prendre acte des inquiétudes qui
nous sont mises sur la table, mais je suggère, M. le Président,
qu'on adopte ces articles comme on les retrouve dans les textes.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, on le bonifie
peut-être, mais on lui crée peut-être des
inconvénients au travers. Par exemple, quand on dit: "La commission peut
autoriser une personne qui doit lui transmettre un avis, un rapport ou une
déclaration, à le faire au moyen d'un support magnétique",
est-ce que cette autorisation de la commission de transmettre une communication
par téléphone doit être faite par écrit? Parce que,
si elle n'est faite que verbalement, elle ne peut peut-être plus servir
en preuve par la suite.
M. Fréchette: II n'est d'aucune façon fait
référence à la transmission d'un renseignement de quelque
nature qu'il soit par la voie téléphonique, par exemple, ou par
communication verbale utilisant un autre moyen. Ce n'est pas du tout à
ce genre de communication que réfère les articles dont on
parle.
M. Grégoire: Je suppose que c'est par ordinateur.
M. Fréchette: Support magnétique.
M. Grégoire: Est-ce que la commission peut autoriser...
Est-ce que cette autorisation doit être faite par écrit ou
verbalement?
M. Fréchette: Je présume, M. le Président,
que, dans les cas où cela interviendra, il y aura eu au préalable
des discussions qui auront été faites. On parlait de cliniques
médicales, on parlait de certains centres hospitaliers, on parlait de
certains employeurs.
M. Grégoire: Le système pour faire tout cela est-il
installé?
M. Fréchette: Je présume qu'il faudra, de toute
évidence, M. le Président, avant de retenir cette politique,
établir des ententes avec les personnes et/ou les organismes qui
pourraient être touchés par une disposition comme celle-là.
Cela implique, de toute évidence, des négociations
préalables et des modalités de fonctionnement
préalables.
Une voix: Comment va-t-on savoir que...
Le Président (M. Beauséjour): Y a-t-il d'autres
interventions?
Une voix: Non.
Le Président (M. Beauséjour): L'amendement à
l'article 338 est-il adopté?
M. Cusano: Sur division.
Le Président (M. Beauséjour): L'article 338 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. de Bellefeuille: Sur division.
Le Président (M. Beauséjour): Sur division.
M. Fréchette: Si vous pouviez voter, c'est ce que vous
diriez.
M. de Bellefeuille: J'ai le droit de voter, M. le
Président.
M. Fréchette: Ah! vous pouvez voter.
M. de Bellefeuille: Oui.
M. Fréchette: Ah! je ne le savais pas.
M. de Bellefeuille: Oui, c'est ce que je fais.
Le Président (M. Beauséjour): L'article 338 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. de Bellefeuille: Sur division, M. le Président.
M. Cusano: Sur division.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté sur
division. J'appelle l'article 338.1
M. Bisaillon: C'est quoi "intelligible"? M. Fréchette:
Pardon?
M. Bisaillon: C'est quoi "intelligible"?
Qui va décider que c'est intelligible? Est-ce que cela veut dire
que si la transcription n'est pas intelligible le document n'existe plus?
M. Fréchette: Cela ne veut pas nécessairement dire
que le document n'existe plus, mais cela peut vouloir dire qu'il n'est pas
utile pour les fins auxquelles il doit servir.
M. Bisaillon: M. le ministre, c'est parce que je poursuis
l'argumentation que vous avez utilisée. On dit: "Une transcription
écrite et intelligible - et je me rends à la
fin - constitue un document de la commission." Est-ce que, selon le
processus de transmission de documents qui aura été
autorisé par la commission, selon l'article 338, si une transcription
n'est pas intelligible, cela n'est plus un document de la commission, cela ne
peut plus être utilisé en preuve et cela ne peut plus servir?
M. Fréchette: Une première observation, M. le
Président. Ce processus ou enfin la disposition qui est là est
reproduite presque au texte dans la loi sur l'accès à
l'information. Les mots "transcription écrite et intelligible", comme on
retrouve dans certains textes de loi "à haute et intelligible voix", on
entend cela très souvent et on lit cela très souvent.
Une voix: Pardon?
Une voix: "À haute et intelligible voix".
M. Fréchette: "À haute et intelligible voix". Mais
il faut quand même lire le texte tel que l'interprétation nous
amène à le lire. Il ne s'agit pas ici de documents que la
commission reçoit; il s'agit de documents qu'elle a reçus,
qu'elle a emmagasinés et qu'elle reproduit. C'est sa reproduction
à elle qui doit être écrite et intelligible.
M. Bisaillon: Oui, mais on se réfère aux documents
qu'elle a emmagasinés et qu'elle a reçus en vertu de l'article
338.
M. Fréchette: C'est cela.
M. Bisaillon: Je comprends que, si sa reproduction à elle
n'est pas intelligible, ce n'est pas un document de la commission, parce
qu'afin que cela le soit il faut que sa transcription soit écrite et
intelligible. À partir du moment où la transcription qui n'est
pas intelligible ne constitue pas un document de la commission, on n'a plus de
preuve et l'argumentation que le ministre donnait à l'article 338 ne
s'applique plus. C'est seulement cela que je veux dire.
M. Fréchette: Oui.
M. Bisaillon: Comment va-t-on procéder à ce
moment-là?
M. Fréchette: M. le Président, à supposer
que la retranscription d'un document qu'a reçue la commission ne soit
pas intelligible, comme on vient de le dire, rien n'empêche la commission
de se référer au document qu'elle a reçu. S'il arrivait
que c'est à cause d'un défaut d'imprimerie, par exemple, qu'il
soit devenu inintelligible, rien n'empêcherait la commission de se
référer au document qu'elle a préalablement reçu et
qu'elle a emmagasiné pour reproduction éventuelle, d'une part.
(11 heures)
Deuxièmement, retenons que l'article 338.1 fait une obligation
à la commission de reproduire le document dont on parle par une
transcription écrite et intelligible. Il me semble qu'à partir du
fait que c'est une obligation qu'elle va devoir assumer par les dispositions de
la loi elle va devoir en même temps s'assurer que le document qu'elle
reçoit pour emmagasiner va, lui, être écrit et intelligible
et que la reproduction qu'elle va en faire va avoir les mêmes
caractéristiques.
M. Bisaillon: Je comprends la deuxième partie de
l'argumentation du ministre, mais, ce que je crains c'est que les documents
qu'elle a reçus en fonction de l'article 338 devraient automatiquement
constituer des documents de la commission. Là, il y a une condition pour
qu'ils constituent les documents de la commission. Je vais reprendre mon
argumentation pour me faire bien comprendre. À l'article 338 on a dit:
Malgré les autres articles de la loi où un avis doit être
écrit, la commission peut autoriser une personne qui doit lui
transmettre ce type d'avis de le faire par des moyens qu'elle autorise aux
conditions qu'elle détermine, soit par support magnétique ou une
liaison électronique. La commission détermine des conditions et
autorise, par exemple, un centre hospitalier à lui communiquer la
documentation par une liaison électronique. Dès le moment
où elle est autorisée à communiquer par liaison
électronique, il me semble que les documents doivent constituer un
document de la commission. Mais, à l'article 338.1, vous donnez une
condition pour que cela constitue un document de la commission, c'est que la
transcription doit être écrite et intelligible des données
qu'elle a emmagasinées dans son ordinateur. Les données qu'elle a
emmagasinées par l'ordinateur peuvent venir de l'article 338. Je dis
qu'à partir du moment où la commission a autorisé la
production en vertu de l'article 338, automatiquement, cela devrait devenir des
documents de la commission parce que, si l'on ne fait pas cela, toute
l'argumentation que le ministre a développée à l'article
338, en tout cas la partie preuve tombe ou tomberait ou risquerait de
tomber.
Je veux risquer une suggestion au ministre. Si l'article se lisait comme
suit: "Une transcription écrite et intelligible des données que
la commission a emmagasinées par ordinateur constitue un document de la
commission de même que les données qui lui ont été
communiquées en vertu de l'article 338", on fait échapper aux
documents de l'article 338 la condition de la transcription écrite et
intelligible. Comme à l'article 338 la commission a le moyen de
déterminer les
conditions elle déterminera que dans ces conditions, cela doit
être intelligible et...
M. Fréchette: M. le Président, je me demande si on
n'est pas en train de faire de la redondance parce que les documents ... II y a
des lacunes dans le problème. Les dispositions que l'on retrouve
à l'article 338.1 font référence, il me semble, à
toutes les données dont on parle à l'article 338. Cela devient
évident à ce moment que ce que veut couvrir le
député de Sainte-Marie l'est déjà. C'est à
cela que l'article 338.1 réfère effectivement.
M. Bisaillon: À l'exception que ce à quoi on
réfère à l'article 338.1 pose une condition.
M. Fréchette: L'intelligible.
M. Bisaillon: "Une transcription écrite et intelligible",
et on dit "y compris les données qui lui ont été
communiquées en vertu de l'article 338." Si ce n'est pas une
transcription écrite et intelligible des données
emmagasinées dans l'ordinateur, cela ne constitue pas un document de la
commission. Moi, ce que je veux, c'est que la transcription écrite et
intelligible ne s'applique qu'aux données de la commission et que cela
constitue un document de la commission, de même que les documents ou que
les données recueillis en fonction de l'article 338. Autrement dit, si
on le disait de cette façon, cela ne pose pas de condition aux documents
écrits reçus en fonction de l'article 338.
M. Fréchette: Est-ce qu'on pourrait convenir de le
suspendre?
Le Président (M. Beauséjour): Mais, avant de
suspendre, le député de Viau.
M. Cusano: M. le Président. J'aimerais peut-être
amener certaines clarifications puisque le ministre a l'intention de suspendre
l'article. J'aimerais qu'il considère une de mes préoccupations.
Si je comprends bien, l'article 338 permet dans ses explications, justement, il
parlait des ententes entre des médecins, des cliniques ou des
hôpitaux, ainsi de suite - que cette information qui est transmise par
moyens magnétiques ou bien optiques, parce que là, en pensant
à l'avenir, il peut y avoir des changements et l'article 338 aura
peut-être à être modifié...
Mon inquiétude fondamentale sur ces deux articles, c'est que si
on prend l'information strictement médicale dont vous parliez qui est
transmise, si elle est transmise à la CSST et que par la suite c'est
emmagasiné dans la mémoire des ordinateurs de la CSST, si elle
était intelligible quand ils l'ont reçue, elle devrait être
intelligible une fois qu'elle est emmagasinée. Écoutez, je n'ai
pas fini. Mon inquiétude, ici, concernant l'information qui s'en va en
"storage", on emploie l'expression anglaise "doctoring the information"...
Est-ce que l'information qui va être reçue selon l'article 338
sera emmagasinée dans les ordinateurs telle qu'elle est ou bien
va-t-elle être codée ou transformée et que, dans un sens,
cela ne sera plus la même information? Si l'information selon l'article
338 comme tel est emmagasinée - on pourra s'en servir par après,
c'est autre chose - et qu'on l'interprète, c'est-à-dire qu'on
change le texte et que cela s'en va dans l'ordinateur pour d'autres raisons,
c'est sûr et certain que vous allez vous ramasser avec une situation, par
après, où l'information qui était parvenue selon l'article
338, une fois rendue dans l'ordinateur de la CSST, n'est pas tout à fait
la même que celle vous aviez dans l'information qui est envoyée
selon l'article 338.
M. Fréchette: M. le Président, c'est très
précisément pour éviter la difficulté à
laquelle réfère le député de Viau que les deux
articles sont libellés comme ils le sont. Quand on lit attentivement
l'article 338.1 on réfère de façon expresse aux
données de l'article 338. Alors, il est évident que la
documentation ou les données transmises à la commission en vertu
des dispositions de l'article 338 doivent être emmagasinées dans
l'état où elles sont reçues. Les documents de l'article
338, c'est ça que l'article 338.1 précise: "y compris les
données qui lui ont été communiquées en vertu de
l'article 338." C'est évident, à ce moment, que c'est une
obligation qui est faite à la commission; ce n'est pas facultatif. C'est
une obligation qui lui est faite de reproduire ces données de
façon intelligible. Il me paraît évident, à la seule
lecture des textes, que l'obligation de la commission est celle d'emmagasiner
les documents qu'elle reçoit en vertu de l'article 338 et de ne les
reproduire que sous la forme et de la manière qu'ils étaient
quand ils ont été reçus.
M. Cusano: Dans ce cas, M. le Président, pourquoi ne pas
être plus clair, dans le sens d'inverser le texte? Moncollègue de Nelligan aura une suggestion à faire dans ce
sens. Il faudrait peut-être inverser la façon dont le texte a
été rédigé à l'article 338. Si on disait:
L'information reçue selon l'article 338 est emmagasinée, point.
Il pourrait y avoir d'autres informations ajoutées par la CSST.
Là, cela irait. Vous dites: "Une transcription écrite et
intelligible des données que la commission a emmagasinées".
Quelles sont-elles? Vous avez deux sortes d'informations à l'article
338.1. Vous avez celles qu'elle a reçues et celles qu'elle a
emmagasinées. J'aimerais avoir
l'assurance... L'article 338.1 ne me donne pas l'assurance que le
contenu des informations de l'article 338 sera emmagasiné tel que
reçu et qu'on pourra le retirer de la mémoire de l'ordinateur de
la même façon qu'il a été envoyé.
M. Fréchette: Je voudrais suggérer qu'on suspende
l'adoption de ces deux articles, quitte à...
M. Cusano: Pourriez-vous entendre la suggestion de mon
collègue de Nelligan?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nelligan et, ensuite, M. le député de Frontenac.
M. Lincoln: Je pense que la question soulevée par mon
collègue de Viau est très importante. Justement, on a affaire
à un article de portée générale. C'est un article
qui réfère à l'article 338 qu'on vient d'adopter sur
division, plus toute autre matière qui pourrait être
emmagasinée dans l'ordinateur de la commission. Or, je ne vois rien
là-dedans qui oblige la commission... Je comprends que le ministre
interprète l'article 338.1 comme une obligation de la commission de
refléter les données, les documents de façon exacte. En
fait, je ne vois pas ce qui oblige la commission, à part qu'une
transcription soit être écrite et intelligible. En fait, si je
comprends bien... Je ne connais pas beaucoup la question des ordinateurs, mais
il est certain que le "storage" en ordinateur ne veut pas dire qu'on emmagasine
des informations de la même façon qu'on peut emmagasiner... C'est
une façon de réduire la documentation, de faire cela par codes,
par toutes sortes de codes. Comment ces codes seront-ils retransmis dans deux
ans? Comment seront-ils réinterprétés? Il me semble que
vous devriez ajouter à cet article 338.1 les mots "toute transcription
doit être un reflet exact des données ou documents originaux
reçus par la commission". Je trouve qu'il faut qu'il y ait quelque chose
qui puisse faire une obligation à la commission de faire toute
transcription qui devienne un document de la commission, mais que ce soit une
obligation que ce soit un reflet exact de toute donnée ou de tout
document reçu par la commission. Autrement, c'est emmagasiné dans
des codes, et dans deux ou trois ans, si on a besoin d'un de ces dossiers, cela
peut prêter à interprétation par des analystes et des
programmateurs d'ordinateurs et cela peut être quelque chose de tout
à fait différent du document original reçu.
Le Président (M. Dussault): Dans l'esprit où le
ministre offrait une suspension, on pourrait peut-être entendre
maintenant le député de Frontenac. Ensuite, le ministre pourrait
réagir.
M. Fréchette: D'accord. Mais je voudrais essayer de savoir
du député de
Sainte-Marie si la suggestion du député de Nelligan
rejoint ses préoccupations.
M. Bisaillon: ...m'enquérir de cela. M. Fréchette:
Bien.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Frontenac. (11 h 15)
M. Grégoire: Je veux seulement demander un renseignement.
Il y a des documents qui sont transmis à la commission et qui sont
transmis en même temps au ministre. Si, par exemple, en vertu des
articles 204, 209 et de quelques autres, le ministre voulant se tenir au
courant de l'évolution des dossiers, l'arbitre ou la commission lui
transmet ou si celle-ci reçoit des parties des avis, est-ce que le
ministre, lui aussi, pourra recevoir cela par moyens électroniques ou
est-ce que la personne pourra avoir à faire une transcription par moyens
électroniques à la commission et par écrit au
ministre?
M. Fréchette: II n'y a rien qui empêcherait de
transmettre la documentation par écrit au ministre.
M. Grégoire: Tout en la transmettant par
électronique...
M. Fréchette: Absolument.
M. Grégoire: Savez-vous que cela va faire...
M. Fréchette: L'inverse peut être vrai
également.
M. Grégoire: Cela va faire de la complication. Cela va
faire de l'ouvrage, à moins que le ministre...
M. Fréchette: Je ne comprends pas, là.
M. Grégoire: Si la même communication est transmise
une fois par électronique à la commission et une deuxième
fois, la même, par écrit au ministre, là, vous ne
simplifiez pas la chose. En tout cas, j'aimerais que vous y pensiez pendant que
vous allez suspendre l'article.
M. Fréchette: On va y penser, M. le Président,
comme le suggère le député de Frontenac.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que la suggestion du
ministre de suspendre l'étude de l'article est retenue? M. le
ministre.
M. Fréchette: Oui. J'ai compris par un signe de tête
du député de Sainte-Marie que...
M. Bisaillon: ...de signe de tête.
M. Fréchette: Oui, mais enfin... Je voulais le faire
confirmer à haute et intelligible voix.
M. Bisaillon: À haute et intelligible voix, M. le
ministre, effectivement, ce que proposent le député de Nelligan
et le député de Viau, c'est un ajout, quant à moi, par
rapport au texte actuel de l'article 338.1. Il restera à voir si,
lorsque vous referez un texte en fonction de ces arguments, l'autre partie de
mon argumentation est préservée. Si oui, je n'ai aucun
problème.
M. Fréchette: Bien. Alors, en suspens, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): D'accord. On convient de
suspendre l'étude de l'article 338.1. J'appelle donc maintenant
l'article 339, et il y a un amendement qui a été soumis par le
ministre.
M. Bisaillon: M. le Président, on se souviendra qu'au
moment des discussions, la semaine dernière, j'avais
déposé un amendement que le ministre souhaitait voir discuter
à l'article 339 plutôt qu'ailleurs. Est-ce que je dois comprendre
que, comme c'est un amendement qui a été reporté, on va en
tenir compte maintenant?
M. Fréchette: Un instant, si vous me permettez, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): II y aurait peut-être
lieu de clarifier les éléments avec lesquels nous aurions
à travailler maintenant. Il y avait d'abord un nouvel article 339 qui
avait été déposé par le ministre. Entretemps, une
suggestion avait été faite par le député de
Sainte-Marie et, dans un paquet d'amendements nouveaux qui avaient
été déposés plus récemment par le ministre,
il y avait un nouvel article 339 où on disait qu'il fallait
renuméroter l'article 347.1 et remplacer l'article 339 par le suivant,
ce qui veut dire qu'en plus de renuméroter il y avait un nouveau texte
de suggéré à l'amendement qui avait été
déposé par le ministre.
M. Bisaillon: ...mélangé dans les paquets du
ministre.
Le Président (M. Dussault): Ce sont tous les
éléments qui sont sur la table et je tenais à le
préciser pour qu'on sache bien où on s'en va.
M. Fréchette: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Je peux le
répéter, s'il le faut.
M. Cusano: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le ministre va
peut-être nous clarifier cela. M. le ministre.
M. Fréchette: Oui. M. le Président, on va essayer
de démêler un certain nombre de choses. Il y a eu des amendements
qui sont intervenus à l'article 211. Il y a des amendements qui vont
également être proposés quant au phénomène de
la révision. Ce que je suggère, M. le Président, c'est que
l'on retire, quant à l'article 339, tout ce que nous avions comme
propositions d'amendement, comme texte dans le projet lui-même, et que
l'on s'en tienne strictement au document que je viens de distribuer.
Le Président (M. Dussault): À celui qui s'intitule
article 339, article 347.1.
M. Fréchette: C'est cela. Ce qui indique que l'article
339, dont on parle, deviendrait, s'il était adopté, l'article
347.1.
M. Bisaillon: Dans le nouveau texte que vous nous distribuez
aujourd'hui, est-ce que vous avez tenu compte des discussions qu'on a faites
à l'article 211?
M. Fréchette: On va faire la référence
à l'article 211. Deuxièmement, on va introduire l'amendement
à cet article 211.
M. Bisaillon: Merci.
Le Président (M. Dussault): De toute façon, aux
fins du Journal des débats, il y aurait lieu que je fasse la lecture de
cet article sur lequel se ferait maintenant le débat.
Cela s'intitule: article 339, article 347.1, amendement.
Renuméroter "347.1" l'article 339 et le remplacer par le suivant: "347.1
Une décision de la commission ou d'un bureau de révision qui
accorde une indemnité de décès prévue par l'article
99.1, par le premier alinéa de l'article 100 ou par l'article 106 ou une
indemnité pour frais funéraires ou frais de transport du corps du
travailleur et un avis de classification et un avis de cotisation
délivrés par la commission ont effet immédiatement,
jusqu'à ce qu'une décision finale soit rendue. "Une
décision de la commission ou d'un bureau de révision qui accorde
une indemnité de remplacement du revenu a effet immédiatement
jusqu'à ce qu'une décision
finale soit rendue, sauf si une telle décision de la commission
est infirmée par une nouvelle décision rendue en vertu du
deuxième alinéa de l'article 211, auquel cas elle cesse d'avoir
effet. "Une décision de la commission rendue en vertu de l'article 135 a
effet immédiatement, jusqu'à ce qu'elle soit infirmée le
cas échéant. "Une décision de la commission en
matière de réadaptation a effet à l'expiration du
délai pour demander l'arbitrage médical, s'il y a lieu, ou pour
demander la révision de cette décision, quant à chacune
des prestations de réadaptation qu'elle accorde et pour laquelle
l'arbitrage ou la révision n'est pas demandé par le travailleur
à cette date. "Sous réserve de l'article 247, une autre
décision de la commission a effet lorsqu'elle devient finale."
Je me suis senti revenu à ma fonction de professeur de
français, M. le ministre. Vous avez la parole, M. le ministre.
M. Bissonnet: ...vous allez peut-être avoir de
l'ouvrage.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jeanne-Mance, ne me forcez pas à devenir partisan dans mon travail de
président. Merci, M. le député.
M. de Bellefeuille: ...des deux côtés de la
Chambre.
Le Président (M. Dussault): C'est vrai. Merci, M. le
député de Deux-Montagnes. M. le ministre.
M. Bisaillon: Avant que le ministre prenne la parole, au
deuxième paragraphe de ce qui nous est proposé, on fait
référence à l'article 211. Le ministre, tantôt, a
annoncé qu'on ajouterait un amendement à cet article 211. On se
souviendra qu'on avait adopté l'article 211 sous réserve. Est-ce
qu'on pourrait connaître, parce que ce sera nécessaire pour faire
la discussion, la nature de l'amendement à l'article 211?
M. Fréchette: Je le distribue immédiatement.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, M. le
député de Deux-Montagnes...
M. de Bellefeuille: Oui, je vous en prie.
Le Président (M. Dussault): Étant donné
qu'une question est posée sur l'article 211, on va le distribuer et je
vais le lire immédiatement...
M. de Bellefeuille: D'accord.
Le Président (M. Dussault): ...aussitôt que j'aurai
l'assurance que vous avez tous cet amendement en main. Cet amendement à
l'article 211 se lit comme suit: Remplacer l'article 211 adopté tel
qu'amendé par le suivant..." Donc, cela veut dire que c'est un retour
sur un article adopté. "211. Aux fins de rendre une décision en
vertu de la présente loi, la commission est liée par le
diagnostic et les autres conclusions établis par le médecin qui a
charge du travailleur relativement aux sujets mentionnés aux paragraphes
premièrement à cinquièmement de l'article 199. "Cependant,
si un arbitre rend un avis en vertu de l'article 208 infirmant le diagnostic ou
une autre conclusion de ce médecin, la commission devient liée
par cet avis et rend sa décision en conséquence, si elle ne l'a
pas rendue à la date où elle reçoit cet avis, ou modifie
sa décision en conséquence, si elle l'a déjà rendue
à cette date."
M. le député de Deux-Montagnes, vous avez demandé
la parole.
M. de Bellefeuille: À propos de l'article 339 qui devient
347.1, vous avez vous-même, M. le Président, gémi sous
certains caractères rédactionnels de cet article. L'avant-dernier
paragraphe - un paragraphe ou un alinéa - parle...
Le Président (M. Dussault): Qui commence par "une
décision".
M. de Bellefeuille: Oui. "Une décision de la commission en
matière de réadaptation a effet à l'expiration du
délai pour demander l'arbitrage médical..." Cette formulation me
paraît bien étonnante.
Le Président (M. Dussault): Ce serait "a effet de
demander".
M. de Bellefeuille: C'est "le délai pour" qui me
paraît...
Le Président (M. Dussault): D'accord, oui.
M. Fréchette: Le délai prévu pour
demander.
M. de Bellefeuille: Oui, je pense qu'il faudrait revoir cela.
Cela revient aussi une deuxième fois.
M. Fréchette: Oui.
M. de Bellefeuille: "Quant à chacune des prestations de
réadaptation qu'elle accorde et pour laquelle..." Non, non, pour cela,
cela va. Non, c'est: "...pour demander
l'arbitrage médical, s'il y a lieu, ou pour demander la
révision de cette décision". Donc, il y a deux fois le
"délai pour" qui, je crois, n'est pas une heureuse formule.
M. Fréchette: Je comprends les préoccupations du
député de Deux-Montagnes et les vôtres aussi, d'ailleurs,
mais c'est une question d'ajustement de texte, si j'ai bien compris, pour faire
en sorte qu'on se comprenne bien dans la lecture.
Le Président (M. Dussault): C'est plus une
préoccupation sémantique dans les circonstances.
M. Fréchette: Oui, mais on peut regarder de quelle
façon on pourrait bonifier le texte quant à la sémantique,
comme vous le dites, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Maintenant, sur le
fond, M. le ministre. M. le député de Sainte-Marie, oui.
M. Bisaillon: M. le Président, pour une bonne
compréhension de nos discussions, ne serait-il pas
préférable qu'on commence par l'article 211 et que l'on s'entende
correctement sur ce que contient l'article 211? Après, on verra ce qui
se réfère à l'article 211.
Le Président (M. Dussault): C'est une suggestion de
suspension de l'étude de l'article 339, devenant 347.1, pour
étudier maintenant l'article 211.
M. Bisaillon: L'amendement.
Le Président (M. Dussault): C'est-à-dire la
nouvelle suggestion à l'article 211, qui a déjà
été adopté. Donc, il faudrait le consentement pour que
nous ouvrions à nouveau l'article 211.
M. Fréchette: C'est très précisément
ce qui avait été convenu, M. le Président.
Procédure d'évaluation médicale
(suite)
Le Président (M. Dussault): II y a consentement à
cet effet. Nous étudions maintenant l'article 211, c'est-à-dire
l'amendement à l'article 211 qui n'est plus adopté. M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: J'aimerais entendre le ministre, M. le
Président, sur l'article 211, vu les discussions qu'on a eues la semaine
dernière. Est-ce que, selon lui, la formulation proposée à
l'article 211 correspond à la teneur et aux orientations des discussions
que nous avons eues la semaine dernière?
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Bisaillon: Et comment?
M. Fréchette: Le premier alinéa de l'article 211
est celui qui prévoit qu'en tout état de cause la commission est
liée par le diagnostic et les autres conclusions auxquelles pourrait en
arriver le médecin qui a charge de l'accidenté, même s'il
s'agit de conclusions qui ne sont pas en relation directe, par exemple, avec un
degré d'incapacité ou tout autre phénomène se
rattachant aux séquelles d'un accident.
Cela veut essentiellement dire, il me semble, que, lorsque la commission
est saisie ou est mise au courant ou dès qu'on lui a transmis ce
document du médecin qui a charge du travailleur, elle doit dès
lors commencer à indemniser à partir des conclusions auxquelles
en arrive le médecin traitant de l'accidenté. (11 h 30)
Le phénomène qui va se produire à cette
première étape est essentiellement le suivant: ou bien les
parties sont satisfaites des conclusions du rapport du médecin qui a
charge et alors l'indemnité est accordée et payée à
l'accidenté, conformément aux conclusions de cette expertise
médicale; sinon la loi prévoit - on l'a vu dans les jours
derniers - que l'un ou l'autre des deux autres intervenants éventuels
dans le dossier, c'est-à-dire l'employeur ou la Commission de la
santé et de la sécurité, peut entreprendre de contester
les conclusions auxquelles en arrive le médecin qui a charge de
l'accidenté.
Si cette contestation s'engage entre les parties et qu'à un
moment donné on se retrouve en arbitrage médical - ici, on le
sait, ce n'est pas l'étape du bureau de révision qui est retenue
- la conclusion à laquelle peut en arriver l'arbitre médical est
de trois ordres, finalement. Il y en a peut-être d'autres. Ou bien
l'arbitre médical confirmera le diagnostic du médecin traitant;
ou alors il l'infirmera totalement, enfin, il en arrivera à la
conclusion que le médecin qui a charge de l'accidenté a
évalué des choses qui ne sont absolument pas conformes à
la réalité; ou bien il procédera à modifier les
conclusions auxquelles en arrive le médecin traitant.
Si on est dans un mécanisme d'arbitrage, M. le Président,
et qu'un arbitre médical qui aura procédé
conformément aux dispositions de la loi en venait à la conclusion
de faire des modifications, il apparaît évident, et je ne vois pas
comment on pourrait procéder autrement, qu'il faudra que toutes les
parties se conforment à la décision que cet arbitre
médical aura rendue; autrement, ça n'a aucun sens. Ça n'a
absolument aucun sens de procéder autrement et de retenir un
mécanisme d'arbitrage médical.
Je signale, par ailleurs, parce qu'on peut difficilement discuter de
l'article 211 sans faire une référence à l'article 347,
que, lorsqu'on se retrouverait devant un phénomène d'une autre
nature, qui pourrait être le suivant: Si on était, par exemple,
à évaluer la situation pour essayer de savoir si, effectivement,
il s'agit d'un accident du travail ou non, dès lors qu'une
première décision est rendue et qu'elle conclut au fait qu'il
s'agit d'un accident du travail et, que, par la suite, la contestation s'engage
aux différents paliers d'appel, la première décision qui
aura été rendue quant à ce qui fait le contentieux dans le
dossier est exécutoire, nonobstant appel à toutes les
étapes. Nous nous retrouverions, par exemple, en Cour d'appel sur un
bref d'évocation, parce que l'employeur conteste qu'il s'agit d'un
accident du travail et qu'en toute première instance la conclusion
était qu'il s'agissait d'un accident du travail, cette première
décision aura été exécutoire jusqu'à ce
qu'une décision finale ait été rendue et lie l'ensemble
des parties impliquées dans le dossier.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, l'article 211, tel que le
ministre nous le propose maintenant, ne me convient pas. Je ne dis pas que
c'est de la fausse représentation, Dieu m'en garde! mais ça ne
correspond pas, mais pas du tout, aux discussions qu'on a eues la semaine
dernière. Dans ce sens-là, je trouve que l'amendement que j'avais
déposé à l'article actuellement voté, à
l'article 211, correspondait davantage aux discussions qu'on a eues. Mon
amendement se lisait comme suit: On gardait le texte de l'article 211 tel qu'on
l'a adopté sous réserve en ajoutant: "La commission doit
compenser de plein droit le travailleur selon l'attestation ou le rapport du
médecin qui a charge jusqu'à décision finale dans le
dossier." Toute la discussion qu'on avait eue était de dire que ce qui
compte, c'est le rapport du médecin qui a charge. Le ministre nous
disait: C'est la priorité. Dans le fonctionnement de la commission, cela
veut dire que, comme c'est la priorité, dès que la commission a
le rapport du médecin qui a charge et qu'elle ne le conteste pas, elle
paie l'indemnité au travailleur. Il peut y avoir contestation, auquel
cas on se retrouve, malheureusement, devant l'arbitre médical
plutôt qu'au bureau de révision, comme on le souhaiterait; on se
retrouve, en tout cas, devant l'arbitre médical. Ce que le texte dit,
c'est que, quand l'arbitre médical aura rendu sa décision, la
commission, automatiquement, va réajuster, même si le travailleur
n'est pas d'accord avec la décision rendue par l'arbitre médical
et qu'il va en appel. On ne dit pas que la commission va réviser sa
décision à partir du moment où les délais d'appel
sont passés. On dit: Dès que la décision est rendue par
l'arbitre médical, la commission réajuste. Ce n'est pas cela
qu'on avait dit la semaine dernière.
Supposons que l'arbitre médical rend sa décision et que la
décision de l'arbitre médical infirme le rapport du
médecin qui a charge, qu'est-ce qui va se passer? Selon le texte que le
ministre nous remet, actuellement, la commission va couper l'indemnité
au travailleur ou diminuer l'indemnité au travailleur, selon le type de
décision qui aura été rendue et, après, le
travailleur va être obligé d'attendre l'année ou
l'année et demie que cela va prendre pour avoir la décision du
tribunal d'appel qui va peut-être lui donner raison.
Je me souviens fort bien - et je suis sûr que, des deux
côtés de la table de cette commission, on s'en souvient aussi -
que le ministre nous a servi l'exemple des pensions alimentaires, pour dire
qu'il était tout à fait normal et que cela se passait comme
ça pour les pensions alimentaires, qu'on attend la décision
finale avant de réajuster. Par exemple, une pension alimentaire
déterminée par un juge de première instance, même si
elle est contestée, devra continuer d'être payée
jusqu'à ce qu'il y ait une décision finale. Le ministre avait
même dit, dans le cas d'une pension alimentaire, que cela pourrait
remonter à la Cour suprême, mais que tant que la Cour
suprême ne se serait pas prononcée dans un cas comme
celui-là, la pension alimentaire décidée par le juge de
première instance continuerait à être versée.
C'était cela le sens de nos discussions la semaine dernière.
C'était cela aussi le sens de l'argumentation du ministre.
C'était comme cela que le ministre nous avait fait comprendre qu'il
fallait adopter l'article 211 sous réserve de refaire la discussion
à l'article 339.
Mais ce n'est pas ce qu'on a maintenant à l'article 211. Ce qu'on
a maintenant à l'article 211, c'est que, dès qu'un arbitre va
rendre une décision, peu importe que le travailleur aille en appel ou
non, la commission va réévaluer son indemnité. M. le
Président, je dis qu'on a été amenés à voter
l'article 211 sans amendement la semaine dernière parce qu'on avait tous
compris que, sur le fond, on s'entendait et que cela voulait dire que
l'indemnité touchée par le travailleur ne serait pas remise en
cause tant que la décision finale ne serait pas rendue. Je
prétends aussi qu'à l'article 211 que le ministre vient de
déposer, il faudrait au moins que cela commence à partir du
moment où les droits d'appel sont épuisés, sont
dépassés. Si, effectivement, l'arbitre médical rend une
décision, que la décision aille dans le sens contraire de celle
du
médecin qui a charge du travailleur et que le travailleur accepte
la décision de l'arbitre médical, la commission attend. Si le
délai, c'est quinze jours, elle attend quinze jours et, après les
quinze jours, si le travailleur n'a pas contesté, elle applique la
décision de l'arbitre médical. Mais s'il conteste? On va quand
même le couper? Ce n'est pas cela que le ministre nous disait.
Je prétends qu'on a actuellement un article 211, que cet article
211 a été adopté sous réserve avec un amendement
déposé, qui était le mien. Je prétends qu'avant de
voter l'article du ministre, il faudrait qu'on dispose de mon amendement qui se
lirait comme suit: "La commission doit compenser de plein droit le travailleur
selon l'attestation ou le rapport du médecin qui a charge jusqu'à
décision finale dans le dossier."
Le Président (M. Dussault): On comprendra qu'on est
toujours à l'article 211. Vous dites que l'article 211 ne vous
apparaît pas acceptable et qu'il vaudrait mieux, à ce
moment-là, retenir votre amendement à l'article 339.
M. Bisaillon: Ma position, M. le Président, est la
suivante. Le ministre nous dépose, au moment de l'étude de
l'article 339, une nouvelle formulation de l'article 211 puisque l'article 339
va par la suite faire référence à l'article 211. Par
consentement, on a accepté de discuter de l'article 211. Or, l'article
211 est déjà adopté, mais adopté, de consentement,
sous réserve. On l'a adopté sous réserve en ayant sur la
table un amendement qui était le mien, qu'on avait convenu de rediscuter
au moment où on serait rendu à l'article 339. C'est le temps.
Je dis qu'avant de disposer du texte du ministre, à moins que le
ministre ne nous dise qu'il est maintenant prêt à changer son
texte, il faudrait ajouter à l'article 211 actuel ou discuter à
tout le moins à l'article 211 actuel l'amendement que j'avais mis sur la
table la semaine dernière et qui était beaucoup plus clair.
Le Président (M. Dussault): Ah! Là, je vous
comprends mieux. Vous voulez donc que votre amendement suggéré
à l'article 339 devienne un amendement à l'article 211.
M. Bisaillon: À l'article 211 actuel, tel
qu'adopté.
Le Président (M. Dussault): D'accord.
M. Fréchette: M. le Président, quelques remarques
à la suite de l'intervention du député de Sainte-Marie.
Première observation quant au fait que l'article 211 a été
adopté. Mais on va se souvenir avec quel genre de réserve et avec
quel genre de précaution on l'avait fait. Quant à moi, ces
réserves et ces précautions étaient telles que la
discussion que l'on est en train d'engager ce matin m'amène
carrément à la conclusion que l'article 211 n'est pas
adopté. Je pense qu'on va très facilement s'entendre
là-dessus.
J'ai souvenance, peut-être que ma mémoire me fait
défaut, mais il me semble que les préoccupations qu'on avait
quant au texte de l'article 211 tel qu'on le retrouve dans le projet de loi 42
se situaient au niveau suivant: encore une fois, il me semble que
l'argumentation qui a été développée allait dans le
sens que, tel qu'actuellement rédigé, l'article 211 pouvait
conduire à une interprétation en vertu de laquelle la commission,
même après avoir reçu le rapport du médecin qui a
charge de l'accidenté, pouvait ne pas payer jusqu'à ce que les
délais prévus par la loi pour porter l'instance en appel soient
expirés ou alors, si le processus d'arbitrage médical
était enclenché, ne pas payer pendant les délais
inévitables d'une décision par la commission d'appel. Je pense
que c'étaient les deux préoccupations fondamentales qui sont
revenues à l'intérieur de toutes nos discussions et de toutes les
conversations qu'on a eues à cet égard.
L'article 211, donc, dans son état actuel, au niveau de son
interprétation, peut amener à la conclusion qu'on ne doit pas
payer tant que les délais d'appel ne sont pas expirés et, lorsque
l'appel est enclenché, tant qu'une décision de l'arbitre
médical n'a pas été rendue. Je ne sais pas si je suis en
train de torturer la vérité ou les faits, mais il me semble que
c'est comme cela que la discussion s'était engagée.
Ce que je dis quant à l'amendement qui est suggéré,
c'est que, si ces dangers existaient, l'article 211 tel qu'amendé, quant
à moi, ferait complètement disparaître les deux dangers
dont je viens de parler, c'est-à-dire de ne pas payer dès que le
rapport du médecin qui a charge est déposé et, en outre,
de ne pas payer tant que l'arbitrage médical n'est pas terminé.
Ce sont là les dangers qui étaient soulevés.
Je reviens à une observation que j'ai faite tout à
l'heure. Il est clair que, si la contestation s'engage sur la
nécessité de savoir s'il s'agit ou non d'un accident du travail,
l'article 339 qui va devenir 347.1 est très clair et très formel
à cet égard: L'indemnité doit être payée
jusqu'à ce qu'une décision finale intervienne pour régler
le contentieux quant au fait qu'il s'agit ou non d'un accident du travail. (11
h 45)
Maintenant, on est devant le phénomène de l'arbitrage
médical. Ce que suggère le député de Sainte-Marie,
c'est que, nonobstant la décision qu'un arbitre médical pourrait
rendre quant au diagnostic ou quant aux autres conclusions du médecin
qui a charge,
la commission doit continuer d'indemniser en fonction des conclusions
auxquelles en est arrivé le médecin qui a charge de
l'accidenté. Qu'est-ce qui arriverait si l'arbitre médical
arrivait à une conclusion qui ferait que le degré
d'incapacité déterminé par le médecin qui a charge
n'était pas suffisant, que ce n'était pas 15%, mais 25% qui
devait être le degré d'incapacité de l'accidenté?
Comment une décision de ce genre pourrait-elle devenir
exécutoire?
Deuxièmement, de l'arbitrage médical, ou bien il y en a ou
bien il n'y en a pas, ou bien on continue avec les "médecins depapier", comme on les a identifiés depuis très longtemps. Si
l'arbitrage médical doit avoir un sens, il me semble qu'on doive aller
jusqu'au bout du raisonnement.
M. Bisaillon: Ce n'est pas un décret papal, un
arbitrage.
M. Fréchette: Non, ce n'est pas un décret papal, je
suis tout à fait d'accord. Ou bien le mécanisme de l'arbitrage
existe ou il n'existe pas. Le député de Sainte-Marie va convenir
avec moi que ce pourrait être, dans bien des cas, un incitatif qui ferait
en sorte que l'arbitrage médical serait très populaire. Ce serait
normal que cela puisse être cela. Même si l'arbitre médical
en venait à la conclusion qu'il n'y a pas de degré
d'incapacité du tout alors que le médecin qui a charge en avait
établi un de 5% ou de 10%, c'est bien évident que, dans tous les
cas de cette nature, le processus de l'appel va s'enclencher.
Comment pourrait-on arriver à la conclusion logique que les
conclusions de l'arbitrage médical ne doivent pas être
respectées dès qu'elles sont connues en droit ou autrement? C'est
le genre de chose auquel je suis disposé à me laisser
sensibiliser, si vous me passez l'expression. Mais comment arriver à une
conclusion autre que celle que les conclusions de l'arbitrage médical
doivent avoir un sens?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Viau.
Mise aux voix de la motion proposant
de compenser ie travailleur en
attendant une décision finale
M. Cusano: II me semble que l'amendement qui est proposé
par le député de Sainte-Maire est très clair. Je ne vois
pas pourquoi le ministre ne l'accepterait pas. À ce moment-ci,
j'aimerais vous demander le vote sur l'amendement proposé par le
député de Sainte-Marie.
Le Président (M. Dussault): Le vote est demandé,
mais avant de passer au vote, je voudrais vérifier s'il y a d'autres
interventions.
Des voix: Le vote est demandé. Il n'y a plus
d'interventions.
M. Bissonnet: Le vote est demandé, M. le
Président.
Une voix: On va se faire battre.
Une voix: Le président peut voter parce qu'il est membre
de la commission.
Le Président (M. Dussault): Nous allons procéder au
vote. L'article en question, c'est un amendement à l'article 211 qui se
lit comme suit: Remplacer l'article 211 adopté tel qu'amendé par
le suivant: "Aux fins de rendre une décision en vertu de la
présente loi, la commission est liée par le diagnostic et les
autres conclusions établis par le médecin qui a charge du
travailleur relativement aux sujets mentionnés aux paragraphes 1°
à 5° de l'article 199. Cependant, si un arbitre rend un avis en
vertu de l'article 208 infirmant le diagnostic ou une autre conclusion de ce
médecin, la commission devient liée par cet avis et rend sa
décision en conséquence si elle ne l'a pas rendue à la
date où elle reçoit cet avis ou modifie sa décision en
conséquence si elle l'a déjà rendue à cette date."
La motion du député de Sainte-Marie consiste à ajouter
à cet article 211 que je viens de lire les mots suivants...
M. Bisaillon: Mon amendement n'est pas là, M. le
Président. Il s'ajoute à l'article 211 tel qu'adopté
actuellement, au texte actuel du projet de loi.
Le Président (M. Dussault): Je vais devoir revenir
à l'article tel qu'adopté, je m'excuse.
M. Bisaillon: Oui, cela épuise du temps.
Le Président (M. Dussault): L'article tel qu'adopté
se lit comme suit: "Aux fins de rendre une décision en vertu de la
présente loi, la commission est liée par le diagnostic et les
autres conclusions établis par le médecin qui a charge du
travailleur relativement aux sujets mentionnés aux paragraphes 1°
à 5° de l'article 199 ou, le cas échéant, par
l'arbitre en vertu de l'article 208."
À ce texte, il s'agirait d'ajouter - c'est la motion du
député de Sainte-Marie - les mots suivants: "La commission doit
compenser de plein droit le travailleur selon l'attestation ou le rapport du
médecin qui a charge jusqu'à décision finale dans le
dossier." C'est donc sur cet amendement que le vote est demandé.
M. Fréchette: M. le Président, je ne veux pas
intervenir sur le fond de la question...
Le Président (M. Dussault): Non, parce que le vote est
demandé, M. le ministre. Il faudrait que ce soit une question de
règlement.
M. Fréchette: C'est effectivement une question de
règlement, M. le Président. Au début de chacune des
séances de la commission, la présidence a l'habitude de faire
état des membres de la commission et des remplacements. À mon
souvenir, cela n'a pas été fait, mais si on me dit que cela l'a
été, très bien.
Le Président (M. Dussault): Oui. On ne fait que nommer
ceux qui sont remplacés. Cela dit, je fais l'appel des
députés: M. Blais (Terrebonne), M. Bordeleau (Abitibi-Est) et M.
Maltais (Saguenay) sont absents; M. Cusano (Viau)?
M. Cusano: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Bissonnet
(Jeanne-Mance)?
M. Bissonnet: Pour.
Le Président (M. Dussault): Je saute mon tour. M. Fortier
(Outremont) est absent; Mme Harel (Maisonneuve)?
Mme Harel: Abstention.
Le Président (M. Dussault): Vous êtes absente?
Mme Harel: Non, abstention.
Le Président (M. Dussault): Abstention. M. Gravel
(Limoilou), M. Kehoe (Chapleau), M. Lafrenière (Ungava) sont absents; M.
Lavigne (Beauharnois)?
M. Lavigne: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Le Blanc...
M. Lavigne: Excusez, M. le Président, contre.
Le Président (M. Dussault): Votre réponse, M. le
député de Beauharnois, c'est que vous êtes contre.
M. Lavigne: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Dussault): M.
Le Blanc (Montmagny-L'Islet) est absent; M. Lincoln (Nelligan)?
M. Lincoln: Pour.
Le Président (M. Dussault): Mme Saint-Amand
(Jonquière) est absente; M. Pagé (Portneuf) est absent; M. Perron
(Duplessis)?
M. Perron: Contre.
Le Président (M. Dussault): Comme le ministre est membre
de la commission à cette occasion-ci, M. Fréchette
(Sherbrooke)?
M. Fréchette: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): J'ai cru jusqu'à
maintenant que je ne voterais que s'il y avait égalité des voix.
Je considère toujours que c'est le cas, parce que je préside la
commission présentement.
M. Bisaillon: C'est quatre à trois, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): II faut donc que je vote.
M. Bisaillon: Non, M. le Président, il n'y a pas
égalité. L'amendement est adopté: 4 à 3, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Les explications qu'on me
donne sont que je ne pourrais pas avoir le vote prépondérant
puisque la seule personne à cette commission qui pourrait avoir le vote
prépondérant, c'est le président par intérim de la
commission, M. Fortier (Outremont). Il faudrait donc que j'exprime dès
maintenant ma position sur l'amendement.
M. Bisaillon: M. le Président, il faudrait que vous
m'expliquiez comment un président d'assemblée, ce que vous
êtes actuellement, peut exprimer sa position sur un amendement. Vous
êtes actuellement président d'assemblée.
Le Président (M. Dussault): Je vais entendre un
avis...
M. Bisaillon: Même si vous l'exprimiez... Exprimez-le, M.
le Président.
Le Président (M. Dussault): ...sur cette question,
d'accord? Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. C'est en vertu de nos
nouvelles règles parlementaires et je suis certaine que le
secrétaire de la commission peut retrouver la disposition.
M. Bisaillon: Bon, d'accord, je n'ai pas d'objection. Alors,
votez, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): II faut bien comprendre que je
vote en tant que membre de la commission selon l'esprit du nouveau
règlement.
M. Bisaillon: Quel article?
Le Président (M. Dussault): Je vais entendre un conseil
là-dessus avant de répondre.
L'article 129 nous indiquerait peut-être l'explication: "Le
député qui n'est pas membre d'une commission peut, avec la
permission de cette dernière, participer à ses
délibérations, mais ne peut y voter ni y présenter de
motion. Cette permission n'est pas requise lorsqu'une commission étudie
les crédits." Alors, c'est par voie de conséquence.
M. Bisaillon: Relisez donc, M. le Président, les articles
qui concernent la présidence d'assemblée.
M. Grégoire: Ce qui veut dire que des gars comme moi qui
ne sont pas membres de la commission peuvent assister aux séances
même s'ils ne sont pas membres. Mais cela ne s'applique pas à
vous.
Le Président (M. Dussault): Je vais suspendre à
loisir afin de faire toutes les vérifications nécessaires. Le
président d'une commission a le pouvoir de suspendre les travaux d'une
commission à loisir. Puisqu'il y a un problème
d'interprétation du règlement présentement, je suspends
à loisir pour faire cette vérification.
M. Grégoire: On ne peut pas suspendre durant un vote.
Une voix: II est fait, le vote. Une voix:C'est 4
à 3.
M. Grégoire: Alors, s'il est fait, c'est 4 à 3.
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît! Moi, je suis bien à l'aise de voter immédiatement ou
d'attendre pour voter s'il y a un vote prépondérant à
exercer. Il n'y a pas de problème.
M. Bisaillon: M. le Président, si je comprends l'attitude
du ministre, le ministre dit que le vote est terminé; c'est 4 à 3
et il accepte cette décision.
M. Grégoire: On ne peut pas suspendre durant un vote
à l'Assemblée nationale; alors, pas plus en commission.
M. Fréchette: M. le Président, le vote est
terminé, bien sûr. Il s'est terminé 4 à 4, si j'ai
bien compris.
Une voix: Non, c'est 4 à 3.
M. Fréchette: À la suite de l'intervention de Mme
la députée de Maisonneuve, j'ai cru comprendre que tout le monde
avait donné son assentiment à l'interprétation qu'elle
avait faite de notre réglementation et, plus
particulièrement...
M. de Bellefeuille: M. le Président, c'est absolument
faux. Si j'avais compris qu'il fallait intervenir à ce moment-là,
je l'aurais fait parce que je n'accepte pas du tout cette
interprétation. Je m'en suis abstenu à ce moment-là parce
que je considère qu'on n'intervient pas durant le vote.
Une voix: C'est cela.
M. de Bellefeuille: M. le Président, vous êtes
là comme remplaçant par consentement d'un président de
séance. Vous devez, par conséquent, vous comporter comme un
président de séance et non pas comme un président ou un
vice-président de commission désigné en vertu du
règlement issu de la réforme parlementaire. Le président
de séance ne vote pas. C'est absolument clair. Vous ne pouvez pas, non
plus, voter.
Le Président (M. Dussault): Je pense que, si on se
réfère à l'ancien règlement, un président de
commission ne votait qu'en cas d'égalité. Je pense que c'est
clair. Dans ce cas-ci, il n'y a pas d'égalité...
Une voix: Non. Donc, le vote est fait.
Le Président (M. Dussault): ...mais le nouveau
règlement veut que, lorsqu'on est membre de la commission et qu'on
préside une commission en remplacement, on ait droit de vote. C'est
l'esprit du nouveau règlement.
M. de Bellefeuille: Non. Il n'y a pas de tel
règlement.
M. Grégoire: Quel article?
Le Président (M. Dussault): Mais comme il ne m'est pas
possible présentement de vous en donner une indication nette, je ne vois
pas d'autre solution que de suspendre les travaux de cette commission
jusqu'à ce qu'on ait une clarification là-dessus, compte tenu des
conséquences que cela a. Je pense que toute personne raisonnable devrait
s'entendre...
M. Grégoire: On ne peut pas suspendre
durant un vote.
Le Président (M. Dussault): Cela ne me dérange pas
de ne pas suspendre. Mais je vais rendre une décision et vous n'aurez
pas de moyen de la contester.
M. de Bellefeuille: Une décision sur quel point, M. le
Président?
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse. Je suis le
président de la commission et...
M. Grégoire: Alors, vous n'avez pas le droit de vote.
Le Président (M. Dussault): ...je vais vous dire quelle
est la décision que je vais rendre si vous ne me permettez pas de
suspendre. Vous ne, serez peut-être pas satisfaits, mais vous allez
être poignés -excusez l'expression - avec cette
décision.
M. Grégoire: Question de règlement. Vous n'avez pas
le droit...
Le Président (M. Dussault): Je vous dis que je suspends
les travaux de cette commission à loisir.
(Suspension de la séance à 12 heures)
(Reprise à 12 h 27)
Le Président (M. Dussault): Nous allons reprendre les
travaux de la commission et je vais rendre ma décision.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: ...puisque vous avez suspendu la
séance, nous n'avons pas pu intervenir sur les questions sur lesquelles
vous vouliez délibérer et nous souhaitons vivement le faire avant
que vous rendiez votre décision, étant donné qu'une fois
votre décision rendue nous ne pourrions plus le faire.
Le Président (M. Dussault): Je n'ai aucune objection
à entendre des avis sur la question. Je voudrais vous prévenir
immédiatement que normalement, selon le règlement, le
président entend un membre par parti. Comme il n'y a que deux partis
à l'Assemblée nationale et qu'il y a quand même des
indépendants qui parlent aussi à cette commission, je
souhaiterais entendre une personne par parti et, s'il y avait moyen, que vous
vous concertiez pour qu'il y ait une personne pour les indépendants qui
s'adresse au président. De toute façon, le président,
c'est lui qui détermine s'il est suffisamment informé. Alors, je
ne voudrais quand même pas que nous fassions une ronde à n'en plus
finir. Je n'ai aucune objection à entendre des avis. Je vais entendre
quelqu'un du Parti libéral, quelqu'un du parti ministériel et
quelqu'un des indépendants, s'ils souhaitent être entendus.
M. Lincoln: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: ...question de règlement. D'abord, je pense
que le règlement est clair, que tout député peut
intervenir au cours d'une commission. C'est clair dans le règlement.
Deuxièmement, je ne pense pas que vous puissiez faire des
règlements ex cathedra où vous dites: II y a un membre de tel
parti qui va parler et un autre membre. Moi, je suis membre de la commission,
j'ai le droit de parole. Si mon collègue veut parler lui aussi, il aura
le droit de parole. Je ne vois pas pourquoi on va dire: Bon! Il y a un
groupement. On va choisir un représentant des indépendants, un
autre représentant, et prendre des décisions ex cathedra. Je
pense qu'on a le droit d'intervenir.
Le Président (M. Dussault): Oui. J'ai bien compris, M. le
député de Nelligan, mais je voudrais vous rappeler que l'usage,
la tradition veulent - et cela a force dans notre fonctionnement parlementaire
- que le président entende une personne par parti. Il peut même le
dire quand il est suffisamment informé. J'ai suffisamment
présidé. J'ai fait des heures, des heures et des heures de
présidence de commission et je puis vous dire que c'est l'usage...
M. Lincoln: En tant que parlementaire.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nelligan, vous savez que nous avons un nouveau règlement et que le
nouveau règlement nous amène forcément à nous poser
parfois des questions. J'ai dit tout à l'heure que je souhaitais
entendre une personne parmi les indépendants. Quand j'aurai entendu une
personne, il se pourrait très bien que j'aie besoin d'entendre quelqu'un
d'autre. Mais je vous ai dit ce que je souhaiterais; je crois que le
président a le droit de dire cela. Quand j'aurai entendu quelqu'un du
Parti libéral et quelqu'un du parti ministériel, si j'ai besoin
d'entendre quelqu'un d'autre, soyez sûrs que je vais vous le dire avec
beaucoup de plaisir.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Ceci dit, il est 12 h 30.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, M. le
député de Frontenac. Il est 12 h 30. Nos travaux se terminent
à 12 h 30. Ils doivent être repris à 14 heures. Je suspends
les travaux de la commission jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 14 h 11)
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, messieurs.
Il n'y a pas de dames. Nous allons reprendre les travaux de la commission.
Comme il a été convenu avant de suspendre pour le dîner, je
devrais normalement entendre des avis des membres de la commission relativement
à la décision que j'ai à rendre.
M. Bisaillon: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: ...peu de temps avant la suspension de nos travaux,
à la suite d'une demande du député de Deux-Montagnes, vous
avez effectivement admis qu'avant de rendre votre décision vous
permettriez aux parlementaires membres de cette commission de s'exprimer sur le
point en cause. Vous avez, cependant, exprimé un désir à
ce moment-là, soit celui que l'argumentation soit formulée par un
représentant de l'Opposition officielle, un ministériel et un
indépendant, en souhaitant leur concertation.
Est-ce que je pourrais humblement vous souligner que, là-dessus,
notre règlement est assez clair? Sur une question de règlement,
tous les députés peuvent s'exprimer. J'admets avec vous,
cependant, que le président de l'Assemblée peut se
déclarer, à un moment donné, suffisamment informé
pour rendre sa décision. Cette décision du président de
l'Assemblée peut être rendue au moment où il le juge
opportun, au moment où il se juge suffisamment renseigné. C'est
le point légal de la question.
Est-ce que je pourrais maintenant vous soumettre un aspect de
légitimité plutôt qu'un aspect de légalité?
Les travaux de cette commission sont rendus possibles grâce à un
consentement des partis. On se souviendra que, depuis le tout début,
à cause de difficultés de fonctionnement et d'application de
notre règlement, c'est par le consentement des partis qu'un
président d'assemblée peut diriger les travaux concernant le
projet de loi 42. Cela étant, est-ce que je pourrais vous demander, M.
le Président, d'entendre tous les députés qui voudront
s'exprimer en ayant comme assurance, premièrement, qu'ils se limiteront
dans le temps; deuxièmement, qu'ils ne répéteront pas des
arguments déjà utilisés? Vous ne pourriez intervenir,
finalement, pour vous déclarer suffisamment informé qu'à
partir du moment où les arguments pourraient être
répétés. Mais rien ne vous dit que ou bien le
député de Frontenac ou bien le député de Nelligan
ou bien le député de Deux-Montagnes ou moi-même allons
utiliser le même type d'argumentation.
Je vous demanderais alors de tenir pour acquis que, de la façon
dont nos travaux ont fonctionné depuis le début, il serait
peut-être plus sage, même pour une question de temps, de laisser
à tout le monde l'occasion d'exprimer son point de vue sur le
problème qui est devant nous.
Le Président (M. Dussault): Sur cet appel, M. le
député de Sainte-Marie, je peux vous assurer que j'essaierai
d'être le plus large possible quant au droit de parole sur cet
éclairage. C'est évident qu'à partir du moment où
cela commence à se répéter le président va se
sentir obligé de mettre fin, selon l'esprit du règlement,
à cette séance d'éclairage.
Débat sur la procédure
Cela dit, nous devrions maintenant passer à cette partie de nos
travaux où on éclaire le président sur la décision
qu'il a à rendre. M. le député de Nelligan m'a
demandé la parole.
M. Lincoln: Tout d'abord, M. le Président, je voudrais
vous dire qu'un vote a eu lieu. Le vote a été pris et le fait
même que vous ayez suspendu la séance faisait que le vote qui a
été pris juste avant la suspension de la séance, selon
l'article 101 du règlement - c'est très clair au deuxième
alinéa - était terminé. Le deuxième alinéa
de l'article 101 est très clair: "Lorsqu'un vote a lieu - et un vote a
eu lieu - le président ne suspend ou lève la séance
qu'après en avoir proclamé le résultat".
De deux choses l'une: vous n'aviez pas le droit de suspendre la
séance avant d'avoir proclamé le résultat du vote. Il y a
eu un vote. Le vote était de quatre voix de ce côté-ci de
la commission à trois de l'autre côté. Il n'y a pas eu de
vote de votre part parce que vous ne saviez pas vous-même si vous aviez
le droit de voter ou non. Donc, ou bien vous avez dépassé vos
droits en suspendant la séance, ce que vous n'avez pas le droit de faire
sans avoir terminé le vote et l'avoir proclamé ou bien, si vous
l'avez
suspendu sans droit, est-ce que le fait même de l'avoir suspendu
n'est pas une reconnaissance tout à fait claire de votre part que le
vote était terminé?
Il est certain qu'un président ne peut suspendre une
séance pendant un vote. Votre suspension est donc de soi une admission
que le vote était terminé, que le vote était clos et que
vous ne pouviez, que vous n'aviez aucun droit de suspendre une séance
pour aller décider si, oui ou non, vous aviez le droit d'ajouter votre
vote à un vote qui était déjà pris, d'après
l'esprit même du règlement.
Par exemple, si vous jouez sur les mots du règlement qui dit:
"après en avoir proclamé le résultat", vous pourrez nous
dire: Je n'ai pas proclamé le résultat. À ce
moment-là, vous n'aviez pas le droit de suspendre cette séance.
De deux choses l'une ou vous avez fait un vice de forme en suspendant la
séance ou, deuxièmement, en ne proclamant pas le vote. Comment
voulez-vous que l'esprit du règlement soit respecté si vous
négligez de proclamer un vote qui a eu lieu, si vous ne savez même
pas, avant de suspendre la séance, que vous avez le droit de le faire
et, troisièmement, si vous décidiez vous-même de suspendre
une séance ultra vires - c'est ça que vous avez fait -pour aller
décider si vous avez le droit de voter ou non?
Deuxièmement, je veux vous souligner que le député
membre qui remplace le président de séance perd ses droits de
membre pour assumer la responsabilité de président de
séance. En fait, c'est tout à fait symbolique dans tout notre
droit juridique, dans tout ce qui a trait au droit parlementaire. Dans
n'importe quelle organisation, que ce soit une société, une
organisation publique ou privée, une organisation sans
bénéfices, une organisation parlementaire, le principe
fondamental du droit parlementaire, c'est que le président est le
symbole même de l'impartialité, d'une autorité
impartiale.
Le fait même que vous quittiez votre chaise... Si vous
étiez un simple membre de la commission, pourquoi n'êtes-vous pas
resté au siège où vous étiez? Vous quittez votre
siège, vous venez ici avec le consentement de la commission pour
être président. C'est là même un acte tout à
fait symbolique dans son impartialité que vous ayez à
référer aux autres membres de la commission pour demander le
consentement de vous mettre là comme président.
C'est tout à fait inacceptable. Si, par exemple, nous avions su
que vous alliez participer au vote, croyez-vous que nous, de notre
côté,"on aurait accepté de vous donner le consentement? On
n'aurait jamais donné notre consentement. On a donné notre
consentement pour que vous soyez président de séance, comme
à une personne impartiale.
On ne donnait pas le consentement pour que vous agissiez comme membre et
comme président. Ça, c'était clair. On vous a donné
le consentement de siéger en remplacement de l'ex-président et je
pense qu'il n'y a pas un seul membre de cette commission qui pensait à
ce moment-là qu'on vous donnait le consentement avec droit de vote.
Si vous faites référence à l'article 136 du
règlement: "Les débats d'une commission, à la demande de
son président ou par décision de l'Assemblée lorsqu'elle
lui confie un mandat, sont dirigés par un président de
séance. Celui-ci est désigné par le président de
l'Assemblée à partir d'une liste approuvée par la
commission de l'Assemblée nationale." Il n'y a aucune
référence à un droit de vote du président comme
membre.
Dans le projet de décembre 1983 de règlement de
l'Assemblée nationale, à la page 37, à l'article 131 on
lit: "Sur décision de l'Assemblée ou de la commission, les
débats de cette dernière sont dirigés par un
président de séance désigné par le président
de l'Assemblée à partir d'une liste approuvée par la
commission de l'Assemblée nationale." Le projet continue ainsi: "Le
député qui préside les délibérations d'une
commission exerce les pouvoirs du président de l'Assemblée
nationale quant à l'application du règlement." Donc,
c'était clair, dans l'esprit du règlement, dans l'esprit du
législateur, que le président de séance d'une commission
agissait comme le président de l'Assemblée nationale le fait; et
nous savons très bien que le président de l'Assemblée
nationale n'a pas un vote comme député. Il a seulement un vote
quand il y a égalité lors d'un vote en Chambre. À ce
moment-là, il peut exercer un vote prépondérant. Donc,
c'est très clair, dans le projet de règlement, à la page
37, article 131, que c'était délibérément
l'intention.
C'est sûr que vous n'avez rien apporté jusqu'à
présent pour nous indiquer que, dans le règlement, il y a une
disposition quelconque qui dit que, vous, comme président, avez un droit
de vote comme membre. Il n'y a rien dans le règlement. Si le
règlement est muet, je vous suggère que ce sont les
précédents et les usages qui, à ce moment-là, ont
effet. Vous-même l'avez souligné ce matin en me disant:
Écoutez! Je vous cite les usages en cours depuis tout le temps. Une
personne va parler par parti politique, parce que, bien que le règlement
soit muet à ce sujet, c'est l'usage. Là aussi, je vous dis: C'est
l'usage qui a voulu que le président d'une séance soit toujours
sans vote comme membre d'une séance. Donc, l'article 172 est clair:
quand le règlement est muet, ce sont les précédents qui
s'appliquent.
Je vais vous citer ce qu'on appelle le règlement Lavoie, l'ancien
règlement de l'Assemblée nationale. C'est l'article 139,
quatrième paragraphe, à la page 77: "Le
président d'une commission ne prend pas part à ses
délibérations et il a, à son égard, les pouvoirs du
président de l'Assemblée." C'est la même chose encore qu'on
retrouve dans le projet de règlement de 1983. Le président ne
participe donc que s'il y a égalité. Le règlement Lavoie
dit que le président ne participe pas aux délibérations de
l'Assemblée et ne vote pas sauf en cas d'égalité de
voix.
Pourquoi me diriez-vous que vous êtes membre seulement quand il
faut voter? Pourquoi, si votre argumentation tenait debout, ne
participeriez-vous pas aux délibérations et aux discussions sur
les articles? C'est la même chose que le président de
l'Assemblée nationale. Il ne prend pas part aux débats, il ne
prend pas part aux votes. Il vote seulement en cas d'égalité,
tandis que vous voulez exercer un droit de vote comme simple membre. Comment
expliquez-vous que, comme simple membre, si c'est ce que vous êtes
d'après votre argumentation, vous ne participiez pas aux travaux de la
commission et n'ayez pas voix au chapitre quand on discute d'un article
quelconque? Pourtant, vous agissez là comme arbitre, vous agissez
là comme personne impartiale qui décide qu'un règlement a
été bafoué ou qu'une personne a dépassé son
droit de parole.
Vous pourriez me dire aussi qu'il y a un projet maintenant, une
intention du législateur, de la commission de l'Assemblée
nationale de modifier le règlement. Il y a présentement un projet
de modifier le règlement actuel parce qu'on trouve que ce
règlement ne donne pas à un président de séance le
pouvoir de voter comme membre d'une commission. Il y a donc un projet qui a
été mis sur la table, qui a été discuté
à la commission de l'Assemblée nationale pour changer la
situation actuelle. Vous pourriez me fournir cet argument pour dire que vous
avez le droit de vote. Je vais vous souligner que ce projet est maintenant au
stade où il a été discuté et accepté en
principe à la commission de l'Assemblée nationale, mais qu'il
n'est pas loi. Cela ne fait pas partie du règlement présentement.
Vous ne pouvez invoquer quelque chose qui est au stade de l'intention pour nous
dire: Cela va se passer. C'est la même chose que ce que nous avons
souligné au ministre: ses fonctionnaires ne peuvent pas invoquer la loi
42 quand on est arrivé à l'étude de l'article 330 pour
dire: On va appliquer la loi 42 parce que c'est l'intention du
législateur de l'adopter. Tant que cette nouvelle disposition ne fait
pas partie du règlement, même si on voulait l'adopter, vous ne
pouvez l'invoquer comme étant aujourd'hui le règlement. Ce n'est
pas le cas.
Il faut donc faire abstraction totale de toute intention du
législateur de changer à l'avenir la situation actuelle. Qui plus
est, cette intention du législateur qui s'est mani- festée dans
un amendement futur à la loi vient même confirmer le fait que,
selon le législateur, le président de séance aujourd'hui
n'a pas le pouvoir de voter comme membre.
Si le règlement était clair - vous nous avez
suggéré, ce matin, avant de prendre la question en
délibéré, de suspendre la commission à loisir -
pourquoi alors le législateur prendrait-il la peine d'aller amender le
règlement pour dire que maintenant un président de séance
a un droit de vote, si c'était vraiment le cas qu'il n'y a pas besoin
d'amender la loi? C'est la preuve la plus convaincante que le règlement
actuel ne vous donne pas le droit de voter.
Donc, sous tous ces chefs, parce que vous avez suspendu la séance
ultra vires, que vous n'avez pas proclamé un vote qui avait
été tenu tout à fait dans la légalité
où il y avait quatre personnes de ce côté, trois personnes
de l'autre, que vous n'aviez pas le droit de vote - selon vous, vous n'aviez
pas le droit de vote lorsque vous avez suspendu la séance parce que, si
vous aviez senti que vous l'aviez, vous auriez voté; vous avez suspendu
la séance - pour toutes ces raisons, pour les raisons que le
règlement est tout à fait muet quant à votre droit de
vote, pour la raison que les précédents s'appliquent si le
règlement est muet, pour la raison encore plus convaincante que le
législateur a maintenant en tête un projet d'aller changer le
règlement actuel pour permettre au président de commission de
voter comme membre - c'est la raison la plus convaincante que le
règlement actuel ne lui donne pas ce droit - nous disons que le vote a
été pris ce matin, que le vote a été gagné
sur l'amendement du député de Sainte-Marie. II ne faudrait pas
que demain matin vous décidiez que ce vote, pour une raison ou une
autre, n'a pas été pris et que vous aviez le droit de voter, ce
que nous contestons tout à fait.
Nous allons traiter la chose avec beaucoup de sérieux parce qu'il
me semble que, dans l'esprit de cette commission, nous avons avancé un
amendement, en toute légitimité, qui a été
discuté en toute bonne foi. Si le côté ministériel
ne veille pas à son affaire, que des députés, pour une
raison ou une autre, ont pris la commission à la légère ce
matin et étaient absents pour le vote, ils ont à en subir les
conséquences. C'est cela, le Parlement. Cela pourrait arriver en Chambre
demain matin. C'est à vous de veiller à votre affaire. Si, parce
que vous n'avez pas veillé à votre affaire ou parce qu'un des
membres du côté ministériel a décidé de
s'abstenir, vous invoquez, en dernière minute, un droit que vous n'avez
pas, on prendra cette situation avec beaucoup de sérieux parce que nous
pensons que cela détruirait tout à fait l'esprit
démocratique qui a animé cette commission jusqu'ici. On
trouverait très
malheureux que vous alliez invoquer des droits très douteux pour
aller changer l'intention très claire d'un vote exprimé tout
à fait démocratiquement par des gens qui ont travaillé en
toute bonne foi à la bonification de ce projet de loi. J'espère
que vous allez prendre cela en considération avant de prendre une
décision qui pourrait être bien fâcheuse pour l'avenir de
nos travaux ici.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
député de Nelligan. M. le député de Deux-Montagnes
m'avait demandé la parole, mais je devrais normalement alterner. M. le
ministre. Oui, d'accord.
M. de Bellefeuille: En vue du principe de l'alternance, M. le
Président, je cède volontiers le tour à un
ministériel.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre. (14 h 30)
M. Fréchette: M. le Président, je vais faire de
très brèves remarques à la suite de la question qui est
soulevée et que nous sommes en train de discuter. C'est la
première fois, d'ailleurs, à mon souvenir, depuis que les travaux
de la commission sont engagés, que nous sommes à discuter d'une
question de règlement qui est importante, je n'en disconviens pas, et
qu'il faut prendre le temps d'évaluer et de voir sous tous ses angles.
Permettez-moi, M. le Président, de remercier le député de
Nelligan des leçons qu'il veut nous donner et des invitations qu'il nous
a faites de voir au bon fonctionnement de la commission de ce
côté-ci. Ce n'est pas le genre de chose dans lequel je souhaite,
quant à moi, entrer et faire des évaluations.
La première observation que je veux soumettre à votre
considération, M. le Président, ce n'est en quelque sorte que la
répétition de ce que vous a dit, ce matin, Mme la
députée de Maisonneuve. Sous réserve d'une
vérification plus spécifique, d'une vérification plus
rigoureuse, il me semble que Mme la députée de Maisonneuve nous a
soumis, ce matin, dans le cadre de la discussion que nous avons entreprise, une
argumentation qui procédait de précédents
créés à l'intérieur même des commissions
parlementaires depuis que les changements à la réglementation
sont survenus. Elle nous a indiqué - encore une fois, ce serait,
évidemment, sans doute plus convaincant si j'avais devant moi ces
précédents auxquels elle nous a référés -
très clairement que ce ne serait pas la première fois qu'à
une commission comme la nôtre, depuis que la nouvelle
réglementation de procédure existe, cette situation se produit et
que lorsqu'elle s'est produite, le président de séance avait
été déclaré habile à voter. Je ne vois pas
pourquoi maintenant ce même précédent ne pourrait pas
être appliqué ici et valoir à toutes fins que de droit
comme cela a pu valoir dans d'autres circonstances.
Le député de Nelligan a fait un survol d'un nombre assez
impressionnant d'articles. Il a plaidé avec la conviction qu'on lui
connaît, sauf qu'il a oublié le principal de tous les articles de
la réglementation qui doit nous guider en semblable matière.
Personne autour de la table ne va entreprendre de nier que nous sommes
actuellement à discuter d'une question de règlement. Je pense que
cela tombe sous le sens de tout le monde que nous sommes en train actuellement
d'étudier une question de règlement. M. le Président,
j'attirerai votre attention sur le fait que la question de règlement n'a
pas été soulevée par les membres ministériels de
cette commission. Elle a été soumise à votre
appréciation par les gens qui siègent à votre gauche comme
c'est leur droit tout à fait fondamental et strict.
On vous a fait un reproche amer de ne pas avoir proclamé le vote.
M. le Président, je comprends que vous n'ayez pas été en
mesure de proclamer le vote, on ne vous en a pas laissé
l'opportunité et on a invoqué la question de règlement
avant même que vous procédiez à la proclamation de ce vote.
Je pense que sur cela aussi on argumente à partir des faits et des
circonstances qui se sont produits à l'intérieur de la
commission.
Quoi qu'il en soit, M. le Président, je voudrais vous
référer et référer les collègues de la
commission à l'article que probablement très involontairement le
député de Nelligan n'a pas soulevé et auquel il n'a pas
référé les membres de cette commission, c'est l'article 41
de notre règlement. L'article 41 de notre règlement dit que "le
président se prononce sur les rappels au règlement au moment
où il le juge opportun, en indiquant le motif de sa décision. Il
peut aussi choisir de soumettre la question à l'Assemblée."
Indépendamment de toutes les autres références
qu'on vous a demandé d'apprécier, de toutes les autres
références sur lesquelles on a attiré votre attention, le
processus auquel, il me semble, en tout cas - et je vous le suggère
respectueusement - vous devez maintenant vous astreindre est très
précisément celui qui est prévu à l'article 41 et
le processus que vous avez suivi depuis le début du débat est
très précisément celui qui est décrit que l'on
retrouve à l'article 41. M. le Président, avant de pouvoir vous
prononcer sur la proclamation du vote parce que la question de règlement
a été soulevée avant, vous avez demandé de vous
retirer pendant un moment pour procéder à délibérer
sur la question qui vous est soumise. À la reprise après la
suspension, vous nous avez dit que vous aviez une opinion de faite sur la
nature de la discussion qui s'était
engagée, que vous étiez, par ailleurs, disposé
à entendre des argumentations de part et d'autre. Je sais, quant
à moi, M. le Président, à partir des dispositions encore
une fois de l'article 41, que vous avez jusqu'à maintenant
respecté l'esprit et la lettre de la réglementation. Ce que vous
avez fait, vous pouviez, de toute évidence, y procéder et de la
façon dont vous l'avez fait.
Pour ces motifs, je prétends respectueusement que vous avez,
d'une part, le droit de vous exprimer sur la question qui est en dicussion pour
le motif dont j'ai parlé tout à l'heure et quant à la
procédure elle-même, je réitère, M. le
Président, qu'en vertu des dispositions de l'article 41 de notre
réglementation vous vous y êtes jusqu'à maintenant
strictement conformé.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le ministre. M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président. M. le ministre
insiste beaucoup sur le fait que nous soyons en train de nous livrer à
une discussion de procédure. Je ne sais pas si M. le ministre veut
indiquer qu'il y a là quelque chose de répréhensible. Le
ministre me fait signe que non. Tant mieux, parce que les règles qui
régissent le fonctionnement de l'Assemblée nationale et des
commissions de l'Assemblée nationale qui ont les mêmes droits, qui
agissent au nom de l'Assemblée nationale, sont un des fondements de
notre démocratie. Je m'opposerais vivement, M. le Président,
à ce que nous donnions à entendre que ce qui se passe depuis ce
matin à la commission est en quelque sorte futile ou
déplorable.
Ce qui s'est passé ce matin, M. le Président, il faut
savoir se le dire et y faire face, c'est que le gouvernement a perdu un vote en
commission. C'est ça qui s'est passé ce matin. Et je ne dis pas
du tout que c'est une chose grave ou catastrophique. À mon avis, ce
n'est pas une chose grave et catastrophique. C'est même une chose
heureuse dans la mesure où nous avons remplacé un mauvais article
par un article qui est nettement meilleur; donc, c'est une chose heureuse qu'au
mérite de la question le gouvernement ait perdu ce matin. Mais il arrive
que le gouvernement n'accepte pas cette défaite. Il arrive que nous
soyons devant une situation qui n'est pas absolument claire par rapport
à notre règlement puisque notre nouveau règlement
n'indique pas en toutes lettres que le président de séance n'a
pas le droit de vote. Je reconnais que le nouveau règlement n'indique
pas en toutes lettres que le président n'a pas le droit de vote.
Cependant, dans la mesure où le nouveau règlement n'indique pas,
non plus, le contraire - parce que le nouveau règlement n'indique pas
que le président de séance a droit de vote - nous sommes donc
devant une espèce de vide et nous devons nous en remettre,
peut-être, à la cohérence des choses, d'une part, et,
d'autre part, selon l'article 172 de ce nouveau règlement, nous devons
nous en remettre aux précédents et aux usages.
Pour ce qui est de la cohérence des choses, M. le
Président, j'invoquerais très brièvement le fait que le
nouveau règlement, tel qu'il est, établit la distinction entre
des présidents de commission et des présidents de séance.
Lorsque dans notre ferveur de parlementaires nous avons mis en place la
réforme de notre institution, nous avons accepté l'idée
moderne, l'idée contemporaine que le président de commission soit
non pas un simple arbitre des débats, mais soit un animateur, un
dirigeant, soit un chef en quelque sorte. En France, on dirait un "rapporteur"
de commission, quelqu'un qui est vraiment responsable du contenu des travaux de
la commission. Alors, dans un esprit de modernité, nous avons
accepté que le président de commission, dans ce contexte, ait
droit de vote. Je ne retire pas, quant à moi, l'adhésion que j'ai
déjà donnée à ce principe.
Cependant, tel qu'il est, le nouveau règlement établit, je
le répète, une distinction nette entre le président de
commission et le président de séance. Comme il
n'interprète pas et n'explicite pas les attributions du président
de séance - à l'article 136, vous pourrez voir que ce n'est pas
explicité - nous devons donc - c'est mon deuxième point - nous en
remettre aux précédents et aux usages.
Qu'est-ce qui a précédé le nouveau
règlement? C'est l'ancien règlement, celui qui était
là dans les mois et les années qui ont
précédé l'entrée en vigueur du nouveau
règlement. Cet ancien règlement ne stipulait pas que le
président de séance avait droit de vote. Au contraire, vous vous
rappellerez qu'à l'époque il n'y avait qu'un seul type de
président de commission. Je ne me souviens pas, après huit
années et quelques mois comme membre de l'Assemblée, que les
présidents de commission aient exercé un droit de vote, sauf en
cas d'égalité des voix, ce qui, dans notre type d'institution,
bien sûr, est acceptable, mais qui ne correspond pas à la
situation qui existait ce matin où il n'y avait pas
égalité des voix, où il y avait, au contraire, une
majorité de quatre à trois en faveur de l'adoption de
l'amendement du député de Sainte-Marie.
Si l'on réfléchit, M. le Président, à la
nature de nos institutions, à moins qu'on ne veuille, dans ce souci de
modernité, transformer nos présidents de commission en dirigeants
actifs participant au contenu des débats... Lorsqu'on n'est pas dans ce
contexte, on revient dans le contexte classique de nos institutions dans
lesquelles
le président ne vote pas, sauf en cas d'égalité des
voix.
Ce matin, vous avez assumé personnellement la présidence
de la commission en vertu d'un consentement tacite qui a été
donné par tous les membres de la commission. Mais ce consentement
reposait, de toute évidence, sur la notion que, comme président
de séance, vous n'assumiez, en aucune façon, la fonction de
président de la commission comme définie dans le nouveau
règlement. Vous n'êtes, à aucun titre, président de
la commission comme défini dans le nouveau règlement. Vous
êtes, au contraire, un président de séance, donc, astreint
aux règles habituelles des présidents de séance qui n'ont
pas le droit de vote, sauf en cas d'égalité des voix.
Le ministre vient de faire allusion à un ou à plusieurs
précédents qui montreraient que des présidents de
séance ont voté sans qu'il y ait égalité des voix.
Cela m'étonne beaucoup, M. le Président. J'invite le ministre
à nous expliquer à quels cas il fait allusion. Je suis sûr
que, si moi, j'avais été là, je n'aurais jamais
accepté cela. Cela ne me paraît pas acceptable, en vertu du droit
parlementaire dans son ensemble, qu'un président de séance exerce
un droit de vote, à moins qu'il n'y ait égalité des
voix.
Le ministre prétend aussi que la question de règlement que
nous sommes en train de discuter a été soulevée par votre
gauche, M. le Président, c'est-à-dire par les
députés qui sont à votre gauche et non pas par les
députés qui sont à votre droite. M. le Président,
je crois que cela n'est pas exact. La question de règlement que nous
sommes en train de discuter n'a pas été soulevée par les
députés qui siègent à votre gauche. Elle n'a pas
été soulevée, non plus, par les députés qui
siègent à votre droite, selon mon souvenir. Elle a
été soulevée par vous-même, dans la mesure où
vous avez évoqué la possibilité, ayant pris note du
résultat du vote, que vous votiez vous-même et, sans que la
question ait plus de suite, vous avez suspendu la séance. (14 h 45)
Donc, la question de règlement, M. le Président, c'est
vous qui l'avez soulevée; ce n'est pas la gauche; ce ne sont pas les
députés qui siègent à votre gauche qui ont
soulevé cette question-là. La question est fondamentale, elle va
sûrement faire jurisprudence. Je serais très étonné
que la présidence de l'Assemblée nationale que vous
représentez aujourd'hui devant nous, M. le Président, accorde un
droit de vote à un président de séance en l'absence d'une
égalité des voix. Cela me paraîtrait une atteinte
portée à des règles absolument fondamentales dans des
institutions comme celle que constitue l'Assemblée nationale du
Québec. J'insiste auprès de vous, M. le Président, pour
que vous mainteniez le principe fondamental de l'impartialité du
président de séance sans laquelle nos travaux seraient, à
toutes fins utiles, paralysés. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de Deux-Montagnes. M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Le député de Sainte-Marie a
demandé la parole avant...
Le Président (M. Dussault): Je n'avais pas vu le
député de Sainte-Marie, mais, si on me dit qu'il l'a
demandée avant je n'y vois aucun problème. M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, j'essaierai d'être
bref. Je dois vous avouer qu'il m'importe peu de savoir, quant à moi,
qui a soulevé cette question de règlement. Elle me semble
suffisamment importante pour qu'on puisse en disposer de la même
façon que, depuis le début de nos travaux, on dispose des
questions qui sont devant nous.
Le ministre, dans ses réactions, a semblé
considérer le fait qu'on traite cette question de procédure comme
étant superficielle et un peu inutile. Je dois lui dire
qu'au-delà de la décision que vous devez rendre, il me semble
qu'il y a d'autres choses qui sont en cause, beaucoup plus importantes que la
jurisprudence que vous vous apprêtez à mettre de l'avant. Il me
semble que c'est toute la qualité des travaux des commissions
parlementaires qui est en jeu.
Le ministre a souligné et a réaffirmé dans le fond
que, depuis le début, nos travaux se déroulent de façon
plus que convenable, au fond des choses, sans qu'il soit question de
procédure ou du règlement, puisque c'était de consentement
que cela se faisait. Je dois comprendre aujourd'hui, M. le Président -
et c'est cela qui est en cause -que cela fonctionne tant et aussi longtemps que
ce sont les ministériels qui mènent la barque et que la
commission parlementaire et les parlementaires n'ont aucun autre rôle que
d'attendre le bon vouloir des ministériels.
Ce matin, qu'est-ce que c'était? C'était aussi une
question de fond qui a été tranchée par des membres d'une
commission. Les ministériels ont tout le loisir de revenir sur cette
question en vertu de notre règlement, à l'Assemblée
nationale, mais remettre en cause une décision prise normalement par des
parlementaires, c'est cela aussi qui est en cause. C'est aussi toute la suite
de nos travaux qui peut être mise en cause non seulement par la
décision que vous allez rendre, mais par l'attitude des
ministériels devant cette décision. Je considère donc
cette décision-là comme
importante.
Je voudrais vous donner trois arguments, M. le Président, qui
n'ont pas été utilisés jusqu'à maintenant. D'abord
il s'agit de faire la différence, quant à moi, entre un vote
prépondérant et le vote d'un président. Puisqu'on utilise
deux expressions, on doit vouloir exprimer deux réalités.
Qu'entend-on par un vote prépondérant? Notre règlement
actuel reconnaît un vote prépondérant au président
des commissions. Un vote prépondérant, c'est un deuxième
vote. Un vote prépondérant, c'est le vote qui s'exprime au moment
de l'égalité des voix, mais une fois que celui qui l'utilise a
déjà utilisé son premier vote. C'est la situation
actuelle. Le président de commission vote au même titre que tous
les membres de la commission. S'il y avait égalité des voix, le
président de la commission, selon notre règlement actuel, aurait
un deuxième vote, celui qu'on appelle un vote
prépondérant.
Dans le cas des présidents d'assemblée...
Une voix: ...de séance...
M. Bisaillon: ...de séance, d'assemblée, on ne
parle pas de vote prépondérant, on dit: Lorsqu'il y a
égalité des voix, le président vote. Cela veut dire qu'il
n'a pas déjà voté et qu'un président de
séance, au préalable, ne peut voter. Notre règlement a
reconnu cela uniquement aux présidents des commissions.
Je voudrais aller un peu plus loin dans l'argumentation que le
député de Nelligan a invoquée quant aux modifications
actuellement proposées au niveau de la commission de l'Assemblée
nationale. Je tiens à vous souligner, M. le Président, que, si on
a actuellement soumis à la discussion de la commission de
l'Assemblée nationale un projet voulant enlever le vote
prépondérant aux présidents de commission et
prévoyant qu'un président de séance, s'il était
membre, pouvait avoir le droit de vote, ce droit n'existe pas actuellement. La
conséquence logique... Si le droit existait, on ne se préparerait
pas actuellement à tenter d'amender le règlement. Il me semble
que cela découle des amendements déjà en discussion au
niveau de la commission de l'Assemblée nationale. Ce qui existe
actuellement, c'est l'application qu'on fait de l'ancien règlement,
c'est-à-dire qu'un président de séance ne vote pas. Il est
l'extension du président de l'Assemblée nationale et il ne doit
voter qu'en cas d'égalité des voix.
Pourrais-je vous souligner, M. le Président, comme
troisième argument, qu'une décision du président de
l'Assemblée ne doit jamais être mise en cause? Là-dessus,
on sera tous d'accord. Or, au Journal des débats, à la page - je
ne sais pas comment on calcule cela - R-1294 de ce matin, vous-même aviez
rendu une décision, aviez donné l'interprétation de notre
règlement par les phrases suivantes, après avoir
enregistré le vote du ministre: "Le Président (M. Dussault):
Comme le ministre est membre de la commission à cette occasion, M.
Fréchette (Sherbrooke)? "M. Fréchette: Contre, M. le
Président. "Le Président (M. Dussault): J'ai cru jusqu'à
maintenant que je ne voterais que s'il y avait égalité des voix.
Je considère toujours que c'est le cas, parce que je préside la
commission présentement."
C'était une décision de la présidence, M. le
Président. Vous reconnaissiez par cette phrase que vous ne pouviez voter
qu'en cas d'égalité des voix, ce qui, normalement, devait vous
amener à faire le décompte des voix qui était à ce
moment de 4-3, ce que je me suis empressé de vous souligner
immmédiatement après en vous disant: "C'est 4 à 3, M. le
Président." Je considère donc qu'une première
décision avait été rendue par la présidence qui
reconnaissait qu'un président de séance n'avait pas le droit de
vote sauf en cas d'égalité des voix, situation qui n'existait pas
au moment où vous avez rendu cette décision.
Un dernier argument, M. le Président. Au-delà des usages
et de l'application qu'on peut en faire, c'est aussi ce qu'on a vécu ce
matin. Au moment où toute cette discussion se faisait, au moment
où vous aviez accepté de remplacer le président de
séance - donc vous aviez changé de siège, donc vous aviez
changé de situation - le président de séance qui officiait
au début de nos travaux est revenu...
Une voix: Le député d'Iberville.
M. Bisaillon: Le député d'Iberville est revenu
pendant que nous faisions cette discussion. Si vous aviez voulu exercer votre
droit de vote à titre de membre de la commission, vous auriez eu tout le
loisir de reprendre votre siège de député et de laisser le
président d'assemblée, le député d'Iberville,
continuer à présider nos travaux. Vous avez refusé ou vous
avez... Mes termes doivent être corrigés: ce n'est pas de cette
façon que les choses se sont passées. Vous avez continué
à présider les travaux de notre commission et, ce faisant, vous
avez continué d'occuper le siège du président
d'assemblée. Vous teniez donc le rôle du député
d'Iberville et vous avez vous-même reconnu que le député
d'Iberville n'aurait pas eu le droit de vote sauf en cas
d'égalité des voix.
Pour tous ces arguments, mais aussi à cause de l'importance de
votre décision, non seulement sur les travaux de cette commission, mais
sur les travaux de l'ensemble des commissions qui vont suivre,
je vous appellerais à beaucoup de prudence en vous rappelant que
les ministériels ont tout le loisir, s'ils le désirent, de
revenir sur cette question à l'Assemblée nationale, au moment de
la prise en considération du rapport de la commission. Or, entre-temps,
on se doit, à la fois pour le succès de la réforme
parlementaire et pour le succès des travaux qui vont bon train depuis le
début, de maintenir une décision prise normalement,
démocratiquement, sans bousculade, par des parlementaires à une
commission normalement convoquée.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
député de Sainte-Marie. J'avais sur la liste M. le
député de Frontenac; ensuite, M. le député de
Viau.
M. Grégoire: M. le Président, je trouve que le
député de Sainte-Marie et le député de
Deux-Montagnes ont très bien argumenté...
Le Président (M. Dussault): ...donc. M. Grégoire:
Je voudrais seulement...
Le Président (M. Dussault): Non? Ah boni
M. Grégoire: ...ajouter une chose. L'article 101 me frappe
énormément. Il a été cité par le
député de Nelligan, je crois, l'article 101. Le
"deuxièmement", le deuxième paragraphe, a été
cité tantôt par le député de Nelligan et il me
frappe énormément. L'article dit: "Lorsqu'un vote a lieu, le
président ne suspend ou lève la séance qu'après en
avoir proclamé le résultat." Or, ce matin, il vous est
arrivé à un moment donné, avant qu'on ne commence à
discuter de votre droit de vote, de déclarer que le vote était de
4 à 3, avant que vous commenciez à vous interroger à
savoir si vous aviez aussi le droit de vote. Depuis ce temps, il y a eu de
l'argumentation pour ou contre, mais la séance a été
levée. La séance a été suspendue. Il y a eu un vote
de proclamé avant, 4-3, puis la séance a été
suspendue. Or, l'article 101 dit: Lorsqu'un vote a lieu, le président ne
lève la séance qu'après en avoir proclamé le
résultat. C'est quelque chose qui s'est toujours produit et à
l'encontre duquel il n'y a jamais eu de précédent dans toute
l'histoire du droit parlementaire britannique. La séance a
été suspendue en plein milieu d'un vote, ce qui ne s'était
jamais vu. Je crois que cela indique bien que votre premier prononcé du
résultat, celui que vous avez fait ce matin, que M. le
député de Sainte-Marie a lu tout à l'heure comme venant de
votre part, le résultat 4-3, après quoi la séance est
suspendue, est le seul résultat qui puisse prévaloir ici,
étant donné que la séance a été
suspendue.
Je ferai remarquer au ministre que, depuis le début de nos
délibérations - on est déjà rendu aux articles 333
et 334 - j'ai rarement vu une loi aussi compliquée que celle-là
se dérouler aussi rondement et je crois que c'est la première
fois qu'il est question de procédure autour de cette commission. Je ne
me souviens pas qu'il y ait eu des querelles de procédure ou de
procédurite. On a toujours travaillé au fond du problème
et non pas autour de la procédure. La preuve, c'est que je n'ai jamais
cru bon d'apporter un livre de règlement puisqu'on s'en est plutôt
tenu au fond de la loi qu'à la procédure entourant la discussion
sur la loi. Je demanderais au ministre de respecter le vote qui a eu lieu ce
matin. Il a les moyens de corriger la situation s'il le veut, mais le vote qui
a eu lieu ce matin représentait l'idée majoritaire de la
commission. Il est bon que ce soit su que la commission parlementaire,
majoritairement, souhaitait voir adopter l'amendement du député
de Sainte-Marie et le ministre se reprendra à une autre étape,
s'il le veut, mais, au moins, l'idée que s'est faite la commission
parlementaire sera connue. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Viau.
M. Cusano: Merci, M. le Président. Je voudrais très
brièvement ajouter aux arguments qui ont été
évoqués par mon collègue, le député de
Nelligan, ainsi que par les députés indépendants. Je vais
le faire en vous rappelant un peu l'historique de cette commission
parlementaire. Cette commission parlementaire a eu de la difficulté
à élire un président de commission. Je n'ai pas besoin de
vous le rappeler. Je pense que vous en êtes très conscients. Si je
me rappelle bien, aussi, cette commission ne peut pas siéger pour
d'autres fins que l'étude article par article du projet de loi 42 et
encore, si je me souviens bien, il y a eu une suspension des règles pour
qu'on puisse siéger tel quel. (15 heures)
Nous avons alors accepté que cette commission agisse sous le
règlement précédent où un président de
séance ne joue pas le même rôle que le président
d'autres commissions. En effet, nous n'avons pas de président de
commission. Nous n'avons ici qu'un président de séance. Ce matin,
votre geste symbolique comme membre de la commission - vous vous êtes
levé de votre siège pour vous asseoir dans le siège que
vous occupez présentement - démontre justement l'acceptation du
fait que vous n'avez agi que comme président de séance, dont le
mandat est très clair, selon les discussions qui ont eu lieu à
l'Assemblée
nationale lorsqu'on a éprouvé de la difficulté
à élire un président de commission.
Pour ce qui me concerne, nous n'avons pas de président de
séance. Si on n'a pas de président de séance, vous ne
pouvez pas le remplacer. Vous ne pouvez pas agir de la même façon
qu'un président de séance, en vous référant
précisément à l'article 172, où on dit qu'au besoin
la procédure est déterminée en tenant compte des
précédents et des usages de l'Assemblée. Les
précédents et usages de l'Assemblée sont basés sur
les autres commissions où il y a un président de commission. Nous
n'avons pas de président de commission pour cette commission-ci. C'est
un président de séance que nous avons.
Pour en revenir à la question de l'article 172, examinons un peu
ce qui se passe. Aujourd'hui, c'est la 18e séance de la commission sur
le projet de loi 42. À aucun moment - et j'ai toujours été
présent - un président de séance n'a-t-il prétendu
être le président de la commission. À aucun moment, ceux
qui vous ont précédé à votre siège ne
sont-ils intervenus ou n'ont-ils participé aux discussions pendant
qu'ils étaient assis dans le siège que vous occupez. Je ne vois
pas comment nous pourrions ignorer cet aspect.
Un instant, M. le Président. Vous serez assez
tolérant.
Le Président (M. Dussault): Je vais vous laisser
éclairer, oui.
M. Cusano: J'aimerais vous rappeler, M. le Président, si
on fait référence précisément à nos
débats de ce matin - et cela a été rappelé par le
député de Sainte-Marie - que vous n'aviez pas le droit de vote.
Vous l'avez dit vous-même. Par la suite, même si vous avez fait une
petite erreur, même si vous vous êtes échappé,
lorsque vous avez procédé à nommer les membres de cette
commission, je ne vous ai jamais entendu nommer le député de
Châteauguay. Vous-même l'avez accepté par le fait que vous
avez nommé les membres qui ont le droit de voter. C'est au Journal des
débats, M. le Président. Je peux vous donner la
référence. C'est sur le ruban 1294, au bas de la page
précisément: "Je saute mon tour. M. Fortier est absent". Vous
avez poursuivi avec Mme Harel. Vous avez vous-même reconnu que vous
n'aviez pas le droit de vote, à ce moment-là. De cette
façon, je crois que c'est très clair. Vous l'avez reconnu. Mais
cela n'a pas fait l'affaire et vous voulez maintenant revenir
là-dessus.
Je voudrais bien vous éclairer. Vous avez déclaré
le résultat du vote. Vous l'avez dit à une autre page. Je vous
cite, au cas où vous n'auriez pas entendu le député de
Sainte-Marie. Toujours sur le ruban 1294: "Le Président (M. Dussault):
M. Fréchette? "M. Fréchette: Contre, M. le Président. "Le
Président (M. Dussault): J'ai cru jusqu'à maintenant que je ne
voterais que s'il y avait égalité des voix."
On poursuit. Plus bas, vous dites: "C'est 4 à 3". Si quelqu'un
peut me prouver que 4 à 3... Ah oui! "Je considère toujours que
c'est le cas, parce que je préside..."
Le Président (M. Dussault): Faites attention! Ce n'est pas
le président; c'est le député de Sainte-Marie qui adit cela.
M. Cusano: C'est le député de Sainte-Marie.
Justement. Mais en ce qui me concerne, c'est ce qui devrait être le cas.
Vous dites: "J'ai cru que je ne voterais que s'il y avait égalité
des voix". C'était 4 à 3, M. le Président. Je ne vois pas
comment on peut dire que 4 à 3, sauf si on calcule à lamanière péquiste, c'est égal. Après que le
député de Sainte-Marie a constaté, à sa
façon, que le résultat était de 4 à 3, cela ne
faisait pas l'affaire du gouvernement et vous êtes revenu pour dire: Il
faut donc que je vote.
En ce qui nous concerne, c'est totalement inacceptable, c'est bafouer
les règlements que nous avons adoptés. Nous avons vu à
cette commission, tout au long et même durant les travaux auparavant,
comment la CSST a bafoué le rôle des parlementaires...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Viau, je vous demanderais de vous en tenir à l'objet du présent
débat, s'il vous plaît.
M. Cusano: Oui, je m'y tiens, on parle de bafouer les droits des
parlementaires.
Le Président (M. Dussault): Le règlement est
très strict là-dessus.
M. Cusano: J'insiste pour dire qu'on a vu comment la CSST abafoué les droits des parlementaires et je n'accepterai pas qu'on
bafoue encore une fois les droits des parlementaires.
M. Fréchette: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le
député de Viau! Il y a une question de règlement.
M. le ministre.
Est-ce que vous maintenez votre question de règlement, M. le
ministre?
M. Fréchette: Non, M. le Président, le
problème est réglé.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
député de Viau. J'ai sur ma
liste... En fait, j'ai présentement entendu tous les membres qui
avaient demandé la parole...
M. Bissonnet: J'aurais une question de règlement.
Le Président (M. Dussault): ... sauf M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Juste un petit mot, M. le Président, cela ne
sera pas long. Quand vous agissez comme président de séance, vous
avez les mêmes fonctions que le président de l'Assemblée
nationale. Moi-même, quand j'agis comme président de
séance, puisque je suis un président de séance, lorsque
l'Assemblée nationale me désigne pour présider une
séance, j'ai les mêmes fonctions que le président de
l'Assemblée nationale, je suis son représentant. Lorsque le
président de l'Assemblée nationale, qui est aussi
député, est nommé président, il perd son droit de
vote automatiquement et il n'a droit de vote qu'en cas d'égalité
des voix.
En tant que président de séance, je comprends que vous
êtes membre de cette commission, mais étant nommé par
l'Assemblée pour remplacer un président de séance vous
devenez à ce moment-là président de séance et votre
droit de vote comme membre, vous le perdez en devenant président de la
séance parce que vous devez agir avec impartialité. Vous ne
pouvez pas être juge et membre participant en même temps d'un
débat d'une commission parlementaire. Je vous le soumets humblement, M.
le Président.
J'ai présidé des séances et il est fort possible -
je vous dis cela sous toute réserve - qu'il soit souvent arrivé
qu'il y ait eu trois votes pour le parti ministériel et deux votes pour
le parti d'Opposition. Je n'ai jamais pensé pouvoir voter en tant que
président de séance car il n'y avait pas égalité
des voix.
Le Président (M. Dussault): Maintenant que j'ai entendu
tous les membres qui m'ont demandé la parole, je devrais normalement
pouvoir vous dire que je suis suffisamment informé. Le ministre a
demandé un nouveau droit d'intervention et le député de
Rousseau, qui n'est pas membre de cette commission, devra donc obtenir le
consentement de la commission pour pouvoir exprimer son point de vue devant
cette commission.
M. Cusano: Pas de consentement.
Le Président (M. Dussault): II n'y a donc pas de
consentement, cela règle une première question.
La deuxième est celle du ministre. Je ne devrais pas normalement
voir de problème fondamental à entendre le ministre, sauf que si
cela devait ouvrir un deuxième tour, je m'y refuserais parce qu'on a
suffisamment mis de temps sur ce sujet. Si la commission ne voit pas de
problème à ce que le ministre exprime son point de vue, je lui
demanderais qu'il soit bref, cependant.
M. de Bellefeuille: M. le Président, cela ne veut pas
nécessairement dire que le ministre sera le dernier intervenant.
Le Président (M. Dussault): À toutes fins utiles,
je souhaiterais que ce soit le dernier intervenant. Si on me dit qu'il y aura
un effet en chaîne, je vais immédiatement mettre fin au
débat. On a passé énormément de temps
là-dessus et comme ce n'est quand même pas l'objet des travaux de
cette commission, ce genre de débat, on comprendra que le
président... De toute façon, je me sens présentement
suffisamment informé.
M. Cusano: M. le Président, seulement une petite
réserve, à ce moment-ci.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Viau.
M. Cusano: Si le ministre, et député de Sherbrooke,
apporte de nouveaux arguments, je ne vois pas comment on pourrait
empêcher les membres ici de s'exprimer.
Le Président (M. Dussault): C'est ce que je crains en lui
donnant la parole.
M. Cusano: Bon.
M. Grégoire: On ne peut promettre d'avance, M. le
Président, d'après...
M. Fréchette: M. le Président, je vais
régler le problème, je vais renoncer purement et simplement
à mon droit de parole.
M. Grégoire: Mais il y avait consentement.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
ministre.
Ceci dit, je vais rendre ma décision et on comprendra, avec tout
ce que j'ai entendu, qu'il me soit difficile de rendre purement et simplement
une décision sans reprendre quelques-uns des éléments qui
m'ont été confiés à l'occasion de ce court
débat.
D'abord, je pense qu'il est...
M. de Bellefeuille: Pardon?
Le Président (M. Dussault): ...de ce court
débat.
M. de Bellefeuille: Court débat? Ah! Bon!
Le Président (M. Dussault): ...quelques-uns des
éléments qui m'ont été confiés à
l'occasion de ce court débat. D'abord, je pense qu'il est
important...
M. de Bellefeuille: ...
Le Président (M. Dussault): De ce court débat.
M. de Bellefeuille: Court débat. Ah bon!
M. Bisaillorc C'est parce qu'il avait compris "de ce faux
débat".
Le Président (M. Dussault): Je n'aurais jamais osé,
M. le député de Deux-Montagnes.
Je pense qu'il est important que les membres de la commission sachent
bien que le député de Châteauguay qui tient
présentement le rôle de président de la commission n'est
pas un président de séance. C'est très important pour bien
saisir la portée de ce qui se passe.
Deuxièmement, je pense qu'il est important de dire au
départ que le seul membre de cette commission qui peut revendiquer un
droit de vote prépondérant est le président de la
commission et que ce président de la commission est présentement
le vice-président par intérim. Il faut bien l'avoir aussi
à l'esprit sinon ça risque de mener à de fausses
interprétations.
Troisièmement, il me paraît bien important de dire au
départ que, contrairement à ce que disaient les
députés de Nelligan et de Deux-Montagnes, le vote sur la question
qui est en débat n'a pas eu lieu encore. Le processus du vote a
été entamé, mais n'est pas terminé. Au moment
où il a fallu trancher cette question à savoir si le
président qui était en cause pouvait voter, est intervenue cette
question de règlement dans les faits. Il ne s'agit pas de chercher
à savoir qui a fait valoir cette question de règlement. Cette
question de règlement s'est retrouvée de facto quand le
président de la commission en cause pour le moment a senti le besoin de
faire une vérification quant à son droit ou pas de voter. Donc,
on ne peut pas dire maintenant que le vote a eu lieu. C'est parce que des
membres de la commission ont demandé au président de les
éclairer sur sa décision qu'il a fallu que le président se
pose la question à savoir si on allait continuer, alors qu'il
était 12 h 30. On voit bien le débat que cela a engendré
depuis 14 h 10. Nous savons très bien que le résultat aurait
été que, à toutes fins utiles, à 13 h 30 ou
à 13 h 45 nous aurions encore été en train de nous poser
des questions de ce type-là.
Le président a donc pris l'initiative de dire que les travaux
étaient suspendus et il y a eu consentement tacite de la commission
à cet effet-là puisque les membres de la commission tenaient
à éclairer le président. Je pense bien que tout le monde,
tous ceux qui étaient présents ici, reconnaîtront qu'il n'y
a pas eu vraiment de levée de boucliers. On n'a pas entendu de gens
s'esclaffer parce que le président avait dit qu'on suspendait nos
travaux jusqu'à 14 heures. C'était évident que tout le
monde avait compris que ça permettrait aussi d'avoir un meilleur
éclairage.
Je pense qu'on peut dire, si on est de bonne foi et je veux prêter
la meilleure bonne foi possible à tout le monde ici, qu'il y avait
consentement pour que nous suspendions nos travaux.
Je voudrais reprendre d'autres éléments qui ont
été apportés, entre autres par le député de
Nelligan qui a fait valoir le code Lavoie. Je pense que le député
de Nelligan se rappellera que depuis le 13 mars dernier, le code Lavoie et son
esprit ne sont plus ce qui préside à nos travaux. Il y a
maintenant un nouveau code avec un nouvel esprit et c'est en fonction de ce
nouvel esprit, de ce nouveau code de procédure que les questions doivent
être regardées.
Le député de Deux-Montagnes nous dit que le
règlement n'indique pas si le président de séance a droit
de vote, mais il dit aussi, il ajoute qu'il n'indique pas s'il n'a pas droit de
vote. Effectivement, cela laisse le problème entier. Ce n'est donc pas
de ce côté-là qu'il faut chercher une réponse
à la question qui m'est, par les faits, posée. (15 h 15)
Je voudrais revenir sur un élément de l'exposé du
député de Sainte-Marie quand il a voulu nous faire comprendre la
différence entre le vote ordinaire d'un membre de la commission et le
vote prépondérant. Je voudrais qu'il soit bien clair que le
président de la commission, celui qui vous parle présentement,
qui était assumé implicitement quand il a commencé
à agir ici, par les membres de la commission, n'a pas exercé un
vote prépondérant. Si, effectivement, j'ai eu l'air d'errer
quelque peu dans une façon d'exprimer des choses, après que j'aie
constaté le vote de chacun des membres de la commission, quand j'ai dit
que je sautais mon tour, je voudrais vous rappeler que j'ai dit: J'ai cru
jusqu'à maintenant, ayant réalisé par la suite, d'une
façon indubitable, que le seul membre de la commission qui a un vote
prépondérant étant le président de la commission,
c'est-à-dire le vice-président actuel agissant par intérim
comme président de la commission, il était évident que je
ne pouvais pas revendiquer le vote prépondérant. Ce n'est donc
pas sur la base de cette revendication que j'ai à rendre une
décision. Je pense pouvoir dire cependant que la
décision que je vais rendre devrait être celle de quelqu'un
qui pense à préserver les droits fondamentaux des membres de
cette commission. Je pense que c'est sur cette base que je dois regarder la
question. Je dois aussi la regarder d'une façon bien pratique. Je pense
bien qu'aucun membre de cette commission ne souhaite, chaque fois qu'on aura un
président de séance qui aura besoin d'aller voir madame pipi,
comme on dit en France, être obligé de dire aux membres de la
commission: Messieurs et mesdames les membres de la commission, j'ai une envie
de vous savez quoi; je vais donc quitter pour quelques instants; il y a
quelqu'un qui va me remplacer, mais je vous préviens, il faudra que vous
disiez à ce membre qui va me remplacer s'il perd ses droits fondamentaux
à la commission ou s'il ne les perd pas. Je pense que cela n'aurait
aucun bon sens que, pour des raisons de cet ordre, les membres de la commission
qui auront à agir pour rendre service à un président de
commission perdent, pendant ce temps-là, un droit aussi fondamental que
celui de voter à une commission parlementaire. D'un point de vue bien
pratique, je pense qu'il fallait le dire, mais sur le plan même du
règlement de notre commission, je pense qu'il faut dire que, depuis le
13 mars dernier, il y a un nouveau règlement qui est en vigueur. L'effet
de ce nouveau règlement quant au droit de vote, c'est que tous les
membres de la commission ont droit de vote sauf exception ou restriction qu'on
peut retrouver aux articles 129 et 130, mais à l'article 129 tout
particulièrement. L'article 129 dit ceci: "Le député qui
n'est pas membre d'une commission peut, avec la permission de cette
dernière, participer à ses délibérations, mais ne
peut y voter ni y présenter une motion."
On a donc là une restriction pour certains membres, mais on ne
connaît pas de restriction dans le règlement pour un membre d'une
commission qui a un droit fondamental, qui doit remplacer pour quelques
minutes, non pas un membre de la commission, mais le président de la
commission qui est un président de séance. Je pense que l'on doit
dire - c'est le fond de la décision que je veux rendre - que c'est par
rapport à l'article 129 a contrario, celui qui est membre de la
commission garde tous ses droits de membre et a droit de vote tant et aussi
longtemps que, quelque part dans le règlement, il n'est pas dit qu'il
perd son droit de vote. Nulle part il n'est dit dans le règlement qu'un
membre perd son droit de vote lorsqu'il remplace temporairement un
président de séance. Celui qui vous parle était membre de
la commission. Il a voulu rendre service au président de la commission
qui était un président de séance en le remplaçant
pour quelques minutes. Le hasard a voulu qu'à ce moment-là une
décision d'importance soit rendue.
Une voix: Ce n'est pas vrai.
Le Président (M. Dussault): Je dois dire
immédiatement, pour...
Une voix: II était revenu.
Le Président (M. Dussault): ...répondre à
l'avancé de M. le député de Sainte-Marie -je me rappelle
bien qu'il m'a fait un signe de cette façon-là, en levant le
doigt -lorsque le président de la séance est revenu, je me
rappelle très bien que nous étions dans une situation complexe.
Je l'ai bien expliqué d'ailleurs à la fin des travaux, ce matin,
au député de Sainte-Marie; ce n'est pas une invention de
dernière minute. J'ai bien dit au député de Sainte-Marie
que, parce que nous étions dans une situation complexe, il aurait fallu
que je suspende les travaux de la commission pour expliquer au président
de séance qui revenait où nous étions rendus.
C'était une situation complexe. Rappelez-vous, M. le
député de Sainte-Marie, que vous aviez fait un amendement qui
n'était plus un amendement à l'article 339, mais bien à
l'article 211. Avec toute la difficulté de compréhension que cela
créait, vous vous rappelez, M. le député de Sainte-Marie,
que j'ai dû vous faire bien expliquer en quoi la difficulté qui se
posait à ce moment-là consistait. C'était pour ne pas
embarrasser le président de séance que j'ai voulu que nous
allions au bout du processus commencé de façon que les travaux de
la commission se fassent harmonieusement.
Pour revenir au fond de la question, c'est donc a contrario par rapport
à l'article 129 que le membre de la commission conservait son droit de
vote à cette commission parlementaire. C'est dans cet esprit que je dis
que celui qui préside présentement a encore le droit de vote
à la commission parlementaire, même en étant présent
ici, sur la motion d'amendement qui a été déposée
par le député de Sainte-Marie.
Cette décision étant rendue, je vais maintenant dire quel
est le vote que j'entends exprimer comme membre de cette commission
relativement à l'amendement à l'article 211 du projet de loi
42.
Le vote que je vais exprimer à la commission est le suivant: Je
vais voter contre l'amendement de M. le député de
Sainte-Marie...
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): ...ce qui fait qu'il y a
maintenant un vote à égalité à cette
commission.
M. Grégoire: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Frontenanc, sur une question de règlement.
M. Grégoire: Vous pouviez rendre la décision que
vous aviez rendue. Je ne la critique pas. Elle est fort probablement bonne ou
fort probablement mauvaise, je ne le sais trop. Je ne la critique pas, mais je
voudrais apporter le fait suivant: C'est que vous avez déjà
sauté votre tour. À ce moment, M. le Président, même
si la décision que vous rendez voulant qu'un président de
séance a le droit de vote est bonne, dans le cas présent vous
avez déjà sauté votre tour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Vous avez dit - c'est inscrit ici: Je saute
mon tour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Si vous l'avez sauté, vous ne pouvez
plus revenir.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Frontenac, je ne considère pas que présentement vous êtes
en train de remettre en question une décision du président.
M. Grégoire: Non.
Le Président (M. Dussault): Parce que, étant un
président assumé tacitement, implicitement par les membres de
cette commission, le président qui vous parle a tous les droits à
cet égard. Je ne pense pas que vous soyez en train de le faire, mais
vous amenez une question sur laquelle j'aurais pu tout à l'heure
effectivement donner un élément de réponse.
Je dois vous dire par analogie que lorsqu'un membre de
l'Assemblée nationale saute son tour, il ne renonce cependant pas aux
droits qu'il a. Je vais vous donner comme exemple quand, à
l'Assemblée nationale, vous avez un droit de parole et que vous sautez
votre tour, vous gardez la possibilité d'intervenir quand
même.
M. Grégoire: Pas pour les votes. Pas pour les votes.
Le Président (M. Dussault): Alors, sur cette question de
dire que je saute mon tour, vous avez très bien vu par la suite que le
président de la commission ne renonçait cependant pas à
voter. J'ai exprimé mon intention de le faire, cela a été
contesté dans les faits. Je dis: Le président actuel a
conservé son droit pour les raisons que j'ai exprimées tout
à l'heure et je pense qu'on ne devrait pas revenir sur cette question.
M. le député de Viau.
M. Cusano: Seulement une petite précision sur le fait que
vous avez dit que vous avez sauté...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Frontenac, c'est présentement M. le député de Viau qui a
la parole.
M. Grégoire: Non, mais j'avais la parole et je voulais
seulement continuer la phrase. Vous avez dit: Je saute mon tour. Puis vous avez
appelé le nom suivant sur la liste, M. Fortier, Outremont, est absent.
Mme Harel. Mme Harel a répondu: Abstention.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Frontenac...
M. Grégoire: Mais vous avez répondu.
Le Président (M. Dussault): Je n'ai pas dit: Je vote
pour.
M. Grégoire: Vous n'avez pas voté quand est venu
votre tour.
Le Président (M. Dussault): Je n'ai pas dit: Je vote pour;
je n'ai pas dit: Je vote contre, je n'ai pas dit: Je m'abstiens. J'ai dit: Je
saute mon tour. Vous comprenez pourquoi. Parce qu'à ce moment-là,
je l'ai bien exprimé d'ailleurs, c'est écrit dans le
procès-verbal; pas le procès-verbal, mais ce qui en tient lieu
pour le moment... J'ai bien dit que l'impression que j'avais, c'est que j'avais
un vote prépondérant. Comme j'avais cette impression que j'avais
le droit à un vote prépondérant, il est normal que j'aie
voulu attendre que je puisse exercer ce vote prépondérant si cela
devait être le cas. Je pense, M. le député de Frontenac,
que vous êtes capable de prêter la meilleure foi possible qu'il
faut à la personne qui préside présentement. C'est dans
cet esprit que cela s'est passé.
M. Grégoire: M. le Président, je dois vous dire
ceci. J'ai siégé pendant trois mandats à Ottawa, deux
mandats à Québec et je n'ai jamais vu un député
dire: Je saute mon tour puis, rendu à la fin, revenir et dire: Je
"dessaute" mon tour et je vote. Je n'ai jamais vu cela.
Le Président (M. Dussault): Si vous ne l'aviez pas vu vous
l'avez enfin vu, M. le député de Frontenac.
M. Cusano: On aura tout vu, M. le Président. On aura tout
vu dans cette commission.
M. Grégoire: M. le Président, je crois
que cela ne s'est jamais produit depuis qu'il y a un vote dans le
système parlementaire britannique, c'est-à-dire depuis la Magna
certa. Pour moi il faut remonter à la Grande Charte pour trouver que
cela ne s'est jamais fait.
Le Président (M. Dussault): Sauf que, M. le
député de Frontenac, votre devoir doit être de remonter au
13 mars uniquement. M. le député de Viau.
M. Grégoire: Cela ne se fait pas... M. Cusano: Je voulais
justement...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Frontenac, s'il vous plaît.
M. Cusano: Je voulais justement soulever ce qui a
été soulevé par le député de Frontenac.
À aucun moment - lorsqu'un vote est pris à l'Assemblée
nationale et ici, une commission parlementaire, c'est une extension de
l'Assemblée nationale - un député, qu'il soit dans
n'importe quel embarras lorsqu'il s'agit de voter, lorsqu'il est appelé,
il ne peut pas dire: M. le Président, je ne suis pas encore prêt
à prendre une décision, il faut que je regarde comment les autres
vont voter. Lorsqu'une personne est appelée à voter, elle peut
dire: Oui, je vote pour, contre, je m'abstiens. Jamais, et le
député de Frontenac a complètement raison, une personne
peut... On n'en finirait jamais. Verriez-vous la question de
précédent qui pourrait s'établir par votre
décision.
Cela veut dire qu'à partir d'aujourd'hui, à
l'Assemblée nationale, un député - pour des raisons de
tactique on peut retarder un vote infiniment - peut dire: Je saute mon tour, M.
le Président, donnez-moi la chance de bien y réfléchir,
revenez par la suite et une fois qu'il revient, on peut encore sauter notre
tour. Il faut bien faire attention. Mme Harel, qui était
présidente de cette commission, qu'a-t-elle fait quand vous avez
appelé son nom? Elle s'est abstenue, point final. Le fait que vous avez
sauté votre tour - je vous le répète parce que je l'ai dit
tout à l'heure - cela voulait dire que vous-même aviez
réalisé que vous n'aviez pas le droit de vote.
Le Président (M. Dussault): J'ai fini d'entendre des
points de vue. Je pense qu'à la longue...
M. Grégoire: On en est sur un autre point.
Le Président (M. Dussault): ...cela va finir par vouloir
dire une remise en question de la décision du président, ce qui
n'est pas permis dans nos travaux...
Une voix: Du tout. M. Grégoire: Non.
Le Président (M. Dussault): Je vais ajouter un seul
éclairage et nous allons mettre fin à ce débat.
L'éclairage que je vais apporter, c'est que le président, il ne
s'agit pas de n'importe quel membre de la commission, il s'agit du
président de la commission, qui a eu l'impression et vous savez
très bien qu'un président de commission peut reconnaître
son erreur et corriger plus tard. On a déjà vu des
précédents nombreux dans les procès-verbaux... quand un
président reconnaît son erreur, il peut la corriger.
J'ai eu une impression qui était celle d'avoir un vote
prépondérant. Je suis revenu sur cette impression pour dire
clairement que ce n'était pas un vote prépondérant, je
l'ai reconfirmé tout à l'heure. J'ai tout simplement reconnu, en
fin de compte, que le président de la commission avait un droit
d'expression complet, qui allait jusqu'à celui de voter. C'est cela que
je viens de reconnaître dans la décision que j'ai rendue tout
à l'heure. On voudra chercher toutes sortes de raisons pour remettre en
question la décision du président, ce qui n'est pas dans le droit
des membres de la commission. Cela n'empêchera pas qu'il est possible de
voir, dans le cheminement du président, qu'il a eu l'impression d'avoir
le droit d'un vote prépondérant; qu'il a fini par
reconnaître qu'il n'avait pas le vote prépondérant, ce qui
avait conditionné son attitude, et qu'à la fin, le
président reconnaissait qu'il avait un droit absolu de vote à la
commission, ce qui a été rendu par la décision que je
viens de rendre. Cela devrait clore le débat.
M. Lincoln: Cela ne clôt pas le débat du tout.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 211.
M. Lincoln: M. le Président, question de règlement.
J'ai envie de vous demander une question bien simple.
Le Président (M. Dussault): J'ai appelé l'article
211, M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Faites ce que vous voulez et nous aussi on va vous
poser des questions. Question de règlement, vous allez nous
écouter. Il se fout des gens.
M. Cusano: Est-ce qu'on a un président ou si on n'en a
pas?
Une voix: Non.
M. Cusano: Vous n'avez pas de
président alors, est-ce qu'on siège?
Le Président (M. Beauséjour): Oui.
M. Lincoln: M. le Président, j'ai envie de vous
demander...
M. Cusano: Vous avez dit que vous n'aviez pas de
président. Est-ce qu'on en a un ou si on n'en a pas?
Le Président (M. Beauséjour): Vous avez un
président.
M. Cusano: On avait des questions de règlement à
poser à la personne qui...
M. Lincoln: À l'honorable, M. le Président.
M. Cusano: ...au député de Châteauguay et il
n'est plus là.
M. Bisaillon: Avouez, M. le Président, que vous êtes
moins dans le jus maintenant que vous l'auriez été ce matin. (15
h 30)
M. Lincoln: M. le Président, j'ai envie de poser une
question au président qui a rendu la décision. S'il veut se
déroger de nous répondre, je vais vous la poser à vous. Je
voudrais savoir si la question qui a été soulevée, la
décision qui a été rendue, très boiteuse, selon
nous, très confuse, qui ne convainc pas du tout, si cette
décision en est une qui attache de la jurisprudence à
l'Assemblée nationale, c'est une décision qui va devenir un
précédent. Si elle devient un précédent, selon
nous, c'est une affaire très sérieuse que celle qui a
été soulevée aujourd'hui. Ce n'est pas la question de
l'amendement du député de Sainte-Marie per se, c'est la question
fondamentale que, demain matin, on puisse changer le résultat d'un vote
parce qu'un président décide qu'il a le droit de vote. Si, demain
matin, cela avait été un membre du parti de l'Opposition,
qu'est-ce qu'il aurait fait? 11 faut se demander si, à ce
moment-là, il aurait dit qu'il avait le droit de vote, mais le point est
ceci: Est-ce que cela fait jurisprudence? Si vous me dites que cela le fait,
nous allons prendre cela bien au sérieux, on va se demander si on n'a
pas besoin de temps pour évaluer notre position, parce que la question
peut se poser à nouveau, on peut faire un autre amendement et continuer
avec ce genre de débat vraiment ridicule comme celui d'aujourd'hui par
rapport à la décision extraordinaire prise par le
député de Châteauguay sur son propre vote qu'il a
changé, qu'il a voulu refaire pour justifier des moyens et
empêcher que le gouvernement se fasse battre.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Beauséjour): Un instant!
M. Bissonnet: M. le Président, cela n'a pas de bon
sens...
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député. Non, un instant:
M. Bissonnet: On va parler, cela n'a pas de bon sens.
Le Président (M. Beauséjour): M. le...
M. Bisaillon: Je n'ai jamais vu...
Le Président (M. Beauséjour): Non, je ne vous ai
pas donné la parole.
M. Bisaillon: Je vais attendre à tantôt...
Le Président (M. Beauséjour): D'accord, je vous la
donnerai. M. le député de Nelligan, ordinairement, lorsqu'un
président prend une décision, les autres présidents
peuvent se baser sur des décisions précédentes. S'il y a
des modifications à être apportées au règlement ou
des précisions, j'imagine qu'il y en a qui auront pris note de toutes
les interrogations qui auront été soulevées. Du moins j'en
ai confié à l'écriture. On sait que c'est un nouveau
règlement. On a fait allusion aussi, à un moment donné, je
crois, à la commission de l'Assemblée nationale qui,
actuellement, étudie des possibilités de modifications. À
ce moment-là, s'il y a lieu d'apporter des modifications afin que le
règlement soit plus clair, j'imagine que cette commission pourra les
apporter.
M. Lincoln: Est-ce que vous êtes prêt, en tant que
président de séance de cette commission, compte tenu que nous
n'avons pas un président de commission, compte tenu que nous avons eu
à donner un consentement spécial afin que cette commission se
tienne, à nous donner une garantie, aujourd'hui, compte tenu de toute la
question tellement floue de cette décision, de la question très
controversée, que cette décision tiendra pour seulement
aujourd'hui et qu'aucunement cela ne fera jurisprudence à
l'Assemblée nationale? Si vous ne pouvez pas nous donner cette garantie,
on va réévaluer toute notre position là-dessus, parce
qu'on trouve cela inacceptable.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Nelligan, je ne peux affirmer ce que vous voulez. Je
suis obligé d'assumer les décisions des autres présidents,
des gens qui ont présidé une commission parlementaire. M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je n'oserais pas
revenir sur la décision qui a été rendue par votre
suppléant, le député de Châteauguay, mais je me dois
de corriger, quant aux faits, une affirmation du député.
Là, ce n'est pas le fait de sa décision, c'est une affirmation
qu'il a faite avant de présenter sa décision. Cette affirmation,
c'était que la suspension que le député de
Châteauguay, siégeant à votre place, a
décrétée après que le vote a été pris
avait fait l'objet d'un consentement unanime. C'est ce que le
député de Châteauguay a prétendu. Je voudrais
seulement corriger les faits.
Le Président (M. Beauséjour): Veuillez
répéter, j'ai mal saisi.
M. de Bellefeuille: II n'y a pas eu de consentement unanime. Il
n'y a eu aucune espèce de consentement quant à cette
décision du président de suspendre la séance. Je crois
qu'il y a une confusion avec une autre suspension qui a été
rendue quelques minutes plus tard alors qu'il était 12 h 30. Là,
on peut présumer qu'il y avait eu consentement. Mais la première
décision de suspendre a été prise par le président
qui, à ce moment-là, était le député de
Châteauguay, sans consentement.
D'autre part, M. le Président, M. le député
d'Iberville, président de séance de nos travaux, j'ai deux
questions à vous poser. D'après la décision du
député de Châteauguay, le vote se solde par 4 à
4.
M. Grégoire: Non.
M. de Bellefeuille: C'est ce qu'il nous a dit. Je n'accepte pas
cela, mais c'est ce qu'il nous a dit.
M. Grégoire: Qui a voté?
M. de Bellefeuille: Je vous demande, M. le Président,
député d'Iberville, ce qui arrive de la motion du
député de Sainte-Marie dans ce cas où il y a un vote
quatre à quatre. C'est la première question. La deuxième
question: Est-ce que vous considérez vous-même avoir droit de vote
étant donné qu'il est implicite dans la décision rendue
par le député de Châteauguay que ce n'est pas comme
président de séance qu'il avait droit de vote mais que
c'était comme membre de la commission? Donc, le député de
Châteauguay, implicitement, accepte que le président de
séance n'a pas droit de vote. Je voudrais vous demander si c'est aussi
votre conception des choses.
Le Président (M. Beauséjour): Je ne reviendrai pas
sur la décision d'un président qui est intervenue avant mais vous
me demandez si...
M. Dussault: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Beauséjour): Juste un instant!
M. Dussault: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Beauséjour): D'accord.
M. Dussault: Depuis quelques minutes, M. le Président, des
membres de la commission ou un membre de la commission vous parlent en disant
qu'il y a une décision qui a été rendue par le
député de Châteauguay. M. le Président, je pense que
vous devriez refuser qu'un tel langage soit tenu à cette commission
parce que la décision n'a pas été rendue par le
député de Châteauguay, elle a été rendue par
le président de la commission. C'est très important qu'il y ait
une distinction, autrement, M. le Président - est-ce que je pourrais
terminer, M. le Président?
Le Président (M. Beauséjour): Oui, M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: Autrement cela aurait pour effet...
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Jeanne-Mance, s'il vous plaît.
M. Dussault: Cela aurait pour effet de laisser entendre ou de
laisser croire et de travailler à la commission comme si, à la
commission, la présidence n'est pas unique mais qu'elle peut être
multiple. Nous savons qu'il y a un principe d'établi à
l'Assemblée nationale que la présidence soit unique. Il y avait
un président de commission qui a rendu une décision et c'est le
président de la commission qui a rendu sa décision, M. le
Président.
Le Président (M. Beauséjour): Merci. M. le
député de Châteauguay. Non.
M. Grégoire: Sur une question de règlement.
Le Président (M. Beauséjour): Juste un instant! II
y a une réponse à donner au député de
Deux-Montagnes. J'admets que votre argument que la décision vient du
président et non du député de Châteauguay est exact.
Cela arrive des fois qu'il y a des membres de la commission qui emploient des
expressions qui ne sont peut-être pas tout à fait exactes, on a
déjà entendu cela.
M. le député de Deux-Montagnes, vous m'avez demandé
- c'est qu'avec toutes ces discussions je commence à oublier votre
question...
M. Bissonnet: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce que vous
pourriez me la répéter, s'il vous plaît?
M. de Bellefeuille: Si vous me permettez, M. le Président,
je vous ai posé deux questions.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Qu'est-ce qui arrive de la motion du...
M. Bissonnet: Sur la question de règlement du
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille:...député de Sainte-Marie sur
laquelle il y a eu, selon le député de Châteauguay, un vote
quatre à quatre...
Une voix: Ah non, non.
M. de Bellefeuille: ...alors qu'en réalité cela a
été un vote quatre à trois d'adoption de cette motion?
C'est la première question. La deuxième question: À la
lumière de la décision que vous avez rendue, étant
donné que la présidence est indivisible, est-ce que vous
considérez que vous avez droit de vote?
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Deux-Montagnes, pour ce qui est de la motion, tel que
la présidence en a décidé, la motion n'est pas
adoptée. Pour ce. qui est...
M. de Bellefeuille: Est-ce qu'elle est rejetée?
Le Président (M. Beauséjour): Elle n'est pas
adoptée.
M. de Bellefeuille: À quatre à quatre.
M. Grégoire: Une question de règlement, M. le
Président. Quand cette motion - une question de règlement - parce
qu'il y a une erreur.
Le Président (M. Beauséjour): Non, non, juste un
instant, M. le député de Frontenac, non. Je vais
compléter, ensuite je pourrai entendre votre question.
M. le député de Deux-Montagnes, pour ce qui est de... Je
regarde l'heure et, pour ce qui est de l'heure actuelle, je suis assis ici et,
comme président de séance, je n'ai pas le droit de vote.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: Je voudrais savoir quand est-ce que cette
motion est devenue une motion avec un vote de quatre à quatre. Est-ce
avant l'ajournement?
Une voix: Non, après.
M. Grégoire: Je ne crois pas, parce qu'il n'y a rien
d'indiqué. Il a sauté son tour avant et il n'a pas voté
avant. Est-ce après l'ajournement du midi? Si c'est après
l'ajournement du midi, si c'est au moment où il a rendu sa
décision, son vote est complètement illégal et à
l'encontre du règlement puisque l'article 101, paragraphe 2, dit:
"Lorsqu'un vote a lieu, le président ne suspend ou lève la
séance qu'après en avoir proclamé le résultat." Or,
voici qu'à l'encontre de l'article 101 le président lève
la séance sans le consentement des membres, s'en va dîner, prend
un bon dîner, revient et dit: Là, je vote.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: C'est contre l'article 101. Il n'avait pas le
droit de voter après la suspension de la séance.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Frontenac, je n'accepte pas que vous reveniez dans les
dicussions sur cette décision-là.
M. Grégoire: C'est un autre point que je fais valoir.
Le Président (M. Beauséjour): Juste pour votre
éclairage, M. le député de Frontenac, lisez donc
conjointement l'article 44 et l'article 101, deuxième paragraphe. M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président.
Le Président (M. Beauséjour): C'est une question de
règlement? Parce que nous devons...
M. Bisaillon: Non, M. le Président.
Le Président (M. Beauséjour): C'est surl'article...
M. Bisaillon: Non, c'est une question de fonctionnement
étant donné que l'article 211 a été appelé.
Ma question n'empêchera pas -j'en suis convaincu - toutes les questions
de règlement qui continuent à se poser. Le député
de Nelligan a soulevé, selon moi, un aspect fort préoccupant. Il
vous a demandé si la décision qui avait été rendue
faisait
jurisprudence et pouvait être invoquée comme
précédent. Il vous a demandé des garanties, ce que,
évidemment, à bon droit, je pense, vous ne pouviez pas lui
donner.
On reviendrait de toute façon à la question de fond. Les
discussions sur la question de fond ne sont pas terminées. Il y a un
amendement du ministre à l'article 211. Je prétends d'ailleurs
que le président d'assemblée aurait dû normalement appeler
l'amendement du ministre avant le mien et le mettre au vote avant le mien. Il
reste donc des questions de fond à régler. Ledéputé de Nelligan a dit aussi qu'il devait y avoir de notre
côté...
Le Président (M. Beauséjour): Un détail pour
comprendre des questions de fond sur la procédure?
M. Bisaillon: Sur l'article 211. Moi, je suis au fond du projet
de loi. Le député de Nelligan, quant à lui, a bien
indiqué que, de notre côté, compte tenu du fait que vous
n'avez pas pu nous donner de garanties quant à la jurisprudence que
cette décision-là créait, toutes nos oppositions
étaient à repenser de façon sérieuse.
Je ne voudrais pas, M. le Président, être obligé de
faire une motion en vertu de l'article 167. L'article 167 prévoit que
toute commission peut déposer un rapport intérimaire à
l'Assemblée. Cette motion de rapport intérimaire à
l'Assemblée ne peut être présentée qu'une fois par
séance. Pourquoi un rapport intérimaire à
l'Assemblée? Pour la saisir du problème qu'on a vécu
aujourd'hui. Je ne voudrais pas être appelé à faire une
motion selon l'article 167. J'aimerais mieux qu'on profite d'un moment de
répit pour, à la fois, permettre au ministre, sur les questions
de fond, d'aller rencontrer le Conseil des ministres et de
réévaluer la position des ministériels, et à
l'Opposition d'évaluer toutes les conséquences, non seulement sur
les travaux de cette commission mais surtout sur les travaux qu'on va devoir
entreprendre dans l'ensemble des commissions qui vont suivre, les
conséquences de la décision que la présidence a
rendue.
Je vous soulignerai d'ailleurs, M. le Président, que je parle de
la présidence. Le député de Châteauguay a d'ailleurs
lui-même tenu à ce qu'on fasse des distinctions entre le
député de Châteauguay qui est un et la présidence
qui est autre, ce qui a toujours été, de notre côté,
la prétention qu'on a soutenue. Lorsque le député de
Châteauguay fait cette distinction, il reconnaît implicitement que
nous avions raison.
Il me semble que la voie de la sagesse, M. le Président, serait
que le ministre nous annonce lui-même qu'il est prêt à
rediscuter d'un certain nombre de questions de fond avec le Conseil des
ministres et que, de notre côté, on prenne le temps que cela
prendra pour regarder les conséquences de la décision qui a
été rendue aujourd'hui. Cela supposerait qu'on ajourne nos
travaux jusqu'à ce que le ministre convienne de nous rappeler. Je ne
sais pas comment le ministre réagit à cela? Il me semble qu'avant
d'aller plus loin dans toutes les questions de procédure on devrait
peut-être disposer de cette question. Quant à moi, M. le
Président, avant même que le ministre nous donne des indications,
je vous indique que j'envisage toujours sérieusement le fait que toute
cette question soit à reporter à l'Assemblée nationale
parce qu'il me semble qu'on ne peut pas abuser de l'interprétation de
nos règlements et qu'on ne peut pas mettre en danger non plus le
fonctionnement des commissions parlementaires que l'Assemblée s'est
donné. Cela me semblerait suffisamment important pour qu'on revienne
devant l'Assemblée nationale avec une question de cet ordre.
Le Président (M. Beauséjour):
Monsieur... (15 h 45)
M. Lincoln: Moi, j'aurais voulu poser une question de directive
pour faire suite à ce que le député de Sainte-Marie a dit.
J'aurais voulu qu'on soit clair pour l'avenir de nos travaux, que nous
ajournions ou pas. La question va se poser que vous, comme président, si
vous êtes président attitré de la commission pour cette
loi, à chaque fois que vous quittez votre chaise, pour une raison ou une
autre, que ce soit la raison invoquée par le député de
Châteauguay ou une autre, il faudrait qu'on soit bien clair, si on se
comprend bien, que vous, vous n'avez pas le droit de vote, mais que n'importe
quelle personne qui vous remplace a le droit de vote. C'est bien ça?
Le Président (M. Beauséjour): Selon la
décision, si les membres de la commission...
M. Lincoln: Ah bon! Alors, là, est-ce qu'on vous comprend
bien qu'un membre qui est président temporaire, en vous
remplaçant, a un droit de vote simple, mais qu'il n'a pas de vote
prépondérant?
Le Président (M. Beauséjour): C'est ce que j'ai cru
comprendre.
M. Lincoln: Ah bon! Vous-même, vous n'êtes pas
sûr.
Le Président (M. Beauséjour): C'est cela.
M. Lincoln: Ah bon! Vous n'êtes pas trop sûr?
Le Président (M. Beauséjour): Si vous voulez avoir
une parole plus claire, c'est cela.
M. Lincoln: Ah bon'. Ce n'est pas trop sûr, mais c'est
clair. Bon, ensuite...
Le Président (M. Beauséjour): Le seul qui a le
droit de vote prépondérant, c'est le président
attitré d'une commission.
M. Bissonnet: M. le Président, celui qui vous remplace, il
n'est pas président de la commission, à ce moment-là?
M. Lincoln: C'est ça que je voulais vous demander, M. le
Président. Ma seconde question était ceci: Moi, j'ai toujours
cru, dans mon esprit peut-être un peu simpliste, que celui qui vous
remplaçait prenait tous vos droits comme président. Il avait vos
droits et, en même temps, il avait les restrictions qui s'imposaient
à votre office. Vous, ce que vous me dites, il est plus président
que vous. Il est président, il a tous vos droits. En plus de ça,
s'il est membre, il a un droit de vote que vous, vous n'avez pas. Est-ce que
j'ai bien compris?
Le Président (M. Beauséjour): ...
M. Lincoln: Alors, il a des droits que vous, vous n'avez pas
comme président. Il a des droits qui sont plus étendus que vous,
c'est bien cela?
Le Président (M. Beauséjour): Non, il semble que,
si je suis président à la commission de l'aménagement et
des équipements, dont je suis membre...
M. Lincoln: Cela n'a pas été tout à fait ma
question.
Le Président (M. Beauséjour): Juste un instant!
M. Lincoln: Cela n'a pas été tout à fait ma
question. Ce que je veux vous demander, M. le Président...
Le Président (M. Beauséjour): Si je préside
la commission de l'aménagement et des équipements, dont je suis
membre, j'ai le droit de vote, un droit de vote, pas de vote
prépondérant, comme membre de la commission.
Une voix: C'est écrit où, ça?
M. Lincoln: Ce que vous me dites, là, c'est que vous
êtes ici un président non membre de la commission et vous n'avez
pas le droit de vote.
Le Président (M. Beauséjour): C'est exact.
M. Lincoln: Celui qui vous remplace, qui est membre de la
commission, a plus de droits que vous en avez maintenant. C'est bien cela?
Le Président (M. Beauséjour): Cela dépend de
quelle façon vous considérez ça, "plus de droits".
M. Lincoln: Mais il a un droit de vote; vous, vous n'en avez
pas.
Le Président (M. Beauséjour): II y a une chose
certaine, c'est que je ne suis pas membre de la commission, je ne suis pas un
membre.
M. Bisaillon: Est-ce que je pourrais ajouter une question
à votre réflexion? C'est sous forme de demande de directive que
je vous la pose. Comme président d'assemblée, peu importe que ce
soit un député de la commission qui vous remplace ou que ce soit
vous, est-ce qu'on trouverait normal que le président de séance
intervienne dans les débats et donne son opinion sur l'amendement qui
est en discussion? Est-ce qu'il aurait été imaginable ou pensable
que vous, comme président de séance, ou n'importe quel
député qui vous remplace, puissiez intervenir dans le
débat? La question subsidiaire, c'est un vote, n'est-ce pas une
façon de s'exprimer dans un débat?
Je suis convaincu, M. le Président, qu'on n'aurait accordé
à aucun membre de la commission qui aurait siégé
temporairement comme président de séance le droit d'intervenir.
On a reconnu ça dans notre règlement aux présidents de
commission et, justement pour permettre davantage aux présidents de
commission de s'exprimer, on a prévu la présence de
présidents de séance, pour permettre aux présidents de
commission d'intervenir davantage dans le débat, ce qui supposait qu'un
président de séance n'intervenait pas dans le débat.
Je vous demande une directive, M. le Président, ce qui pourra
appeler une décision ultérieure, je ne la veux pas
nécessairement aujourd'hui. Si un président de séance ne
peut pas intervenir dans le débat - ce que personne ici n'aurait
autorisé à un président de séance, d'intervenir sur
le fond - le fait de voter, est-ce que ce n'est pas une façon
d'intervenir sur le fond et est-ce que ça ne devrait pas y être
assimilé?
C'est une question de directive que je vous laisse, M. le
Président, et sur laquelle vous pourrez me donner un avis dans les jours
ou les semaines qui viennent.
M. Dussault: M. le Président, sur cette question de
directive et, donc, sur la question de règlement.
Le Président (M. Beauséjour): Oui. M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: Sur la question de règlement, M. le
Président, je voudrais que, dans les éléments qui ont
été soumis par le député de Sainte-Marie en termes
de directives, il soit mis en question le fait que les vice-présidents
de l'Assemblée nationale n'interviennent pas dans les débats sur
les projets de loi, mais qu'ils ont le droit de voter sur les lois. Par
analogie, M. le Président, je voudrais que cela soit pris en
considération.
Le Président (M. Beauséjour): Je prends note de la
demande du député de Sainte-Marie. M. le député de
Sainte-Marie, je vous donnerai une réponse lors d'une séance
subséquente.
M. Bisaillon: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Sainte-Marie, je crois que vous aviez posé une
question au ministre.
M. Bisaillon: M. le Président, j'avais fait une
réflexion qui voulait être sur le fond et sur la sagesse. Je ne
sais si le ministre est prêt à me suivre et sur le fond et sur la
sagesse.
M. Fréchette: M. le Président, dans le même
esprit que celui qui a toujours présidé à nos travaux
depuis la toute première séance, et nous sommes à la 18e,
je n'ai pas de réserve à la suggestion du député de
Sainte-Marie. Il m'apparaît clair qu'autant au niveau de la
procédure qu'au niveau du fond de plusieurs questions qui sont
maintenant soumises à notre appréciation, il nous serait sans
doute utile de prendre le temps qu'il faut pour y penser comme il faut. Cela
m'amène, M. le Président, à réitérer ici des
remarques ou des observations que je formulais quelque temps avant
l'ajournement de nos travaux avant le congé des fêtes. Mon
attitude, à cet égard, n'a pas changé et je ne vois pas
qu'il existe de motifs pour lesquels elle devrait changer. J'avais
indiqué à l'époque de cet ajournement que nous
étions, quant à nous, convaincus, à tort ou à
raison - bien sûr que cela peut s'évaluer et que chacun peut y
aller de son interprétation, de son jugement - nous avions quant
à nous évalué, depuis le temps qu'il se fait du travail
dans le dossier, que les propositions que contient la loi 42 constituaient des
améliorations par rapport à l'état actuel des choses.
Cette conviction est devenue de plus en plus intense, profonde au fur et
à mesure que nos travaux en commission se sont
déroulés.
Avec la collaboration de tous les membres de la commission, nous avons
réussi jusqu'à maintenant à apporter un certain nombre de
modifications, un certain nombre de changements, qui ont eu comme effet
très précisément de bonifier les dispositions de la loi.
Mais je continue d'être d'avis que nous n'allons pas imposer ce projet de
loi si on n'en veut pas. C'est aussi simple et aussi clair que cela dans mon
esprit. Je le réitère. Une chose est cependant certaine: qu'on
n'espère pas le meilleur du régime actuel et le meilleur de ce
qui pourrait se trouver dans la loi 42, pour retirer tout le reste. Cela est le
genre d'avenue ou le genre de chemin dans lequel, de toute évidence, je
ne vais pas m'engager. Je suis, quant à moi, disposé à
ajourner sine die sans que je sois en mesure de vous dire aujourd'hui quand
nous pourrions revenir en commission parlementaire pour étudier la loi
42.
Je vais également prendre en sérieuse considération
la suggestion que me fait le député de Sainte-Marie de faire
évaluer par le gouvernement un certain nombre de choses auxquelles il
fait référence, en lui indiquant cependant que ce que l'on
retrouve actuellement dans la loi a déjà été
évalué par le gouvernement. Bien sûr que les travaux de la
commission peuvent être un indice, peuvent être une source de
réévaluation d'un certain nombre de décisions qui ont
déjà été prises. C'est surtout à partir de
cela que je suis, encore une fois, tout à fait disposé à
faire cet exercice auquel il m'invite. Mais je ne voudrais pas non plus,
à cause de ce genre de procédure ou d'exercice qui va être
fait, laisser de faux espoirs. Sans revenir encore une fois sur le débat
de procédure, je ne voudrais que signaler à titre de
référence les conséquences de l'amendement de ce matin,
par exemple. Si l'amendement de ce matin doit se retrouver dans la loi, les
évaluations que nous avons faites jusqu'à maintenant nous
amènent à la conclusion qu'en termes de coût - ce sont des
choses dont on n'a pas beaucoup parlé depuis le début de nos
travaux - cet amendement étant retenu, il ferait varier le coût
global de la réparation, en prenant comme point de repère le
minimum de l'utilisation qu'on ferait de ce qu'on introduit dans la loi, entre
un coût minimum de 25 000 000 $ et, si on l'utilisait à son
maximum, comme la disposition de la loi le permettrait, un coût
additionnel maximum possible de 50 000 000 $. Je vous signale qu'il s'agit,
bien sûr, d'une appréciation qui est à ce stade-ci
très préliminaire. Nous l'avons faite rapidement dès lors
que l'amendement a été porté à notre connaissance.
Mais c'est ce genre de choses que je vais devoir réévaluer pour
arriver à prendre une décision finale quant à
déterminer si on doit revenir en commission et, si oui, àquel moment.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Sainte-Marie. Une voix: ...saute...
M. Bisaillon: Est-ce que vous allez resauter.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Bisaillon: C'est une très belle intervention, M. le
Président, mais qui ne répond pas totalement à mes
suggestions, sauf que le ministre dit qu'il est prêt à, mais le
fait-il? Deuxièmement, je ne voudrais pas que la suggestion que j'ai
faite soit perçue par qui que ce soit - cela découle
peut-être un peu des propos du ministre - comme un chantage de ma part.
Ce n'est pas ce que j'ai fait. J'ai tout simplement dit qu'on en est
arrivé à un certain nombre de questions de fond qui restent en
suspens; que, sur cette question de fond, l'ensemble de l'argumentation n'a pas
été livré non plus sauf très brièvement la
semaine dernière et quelque peu ce matin mais cela suppose que,
lorsqu'on se reverra sur ces questions de fond, on ait une position la plus
définitive possible.
Le ministre nous dit: Je ne voudrais pas laisser de faux espoirs. C'est
dans ce sens que je voudrais qu'on continue nos travaux et qu'on sache
exactement où chacun loge. Ce n'est pas clair si on fait la comparaison
entre les débats de la semaine dernière et ceux de ce matin sur
l'article 211. Ce n'est pas clair; qu'on sache exactement où chacun
loge. La semaine dernière, il nous a paru clair que, non seulement le
ministre retenait notre position mais qu'en plus il lui mettait de la chair. Il
nous expliquait que c'était tout à fait aussi normal pour les
travailleurs de les traiter de cette façon qu'il était normal de
le faire pour des pensions alimentaires, par exemple. C'est lui qui nous a
expliqué tout le processus sur la question des pensions alimentaires. On
se rejoignait donc au niveau de l'argumentation. On ne se rejoint pas au niveau
des textes. C'est dans ce sens que je dis au ministre qu'il y a un conseil des
ministres mardi ou mercredi et que ce serait une bonne occasion de discuter de
la question.
Par ailleurs - et c'est un autre aspect qui va en dehors du fond - il
s'est produit des événements aujourd'hui qui, malgré le
fait qu'on voudrait bien continuer à mener les travaux dans la bonne
entente, avec bonne foi, exactement de la façon dont on les mène
depuis le début, peuvent poser des problèmes non seulement pour
les travaux de cette commission mais surtout et davantage pour les travaux que
les parlementaires seront appelés à mener dans l'avenir. Je dis
qu'il ne serait pas anormal que les députés de l'Opposition
puissent aussi discuter de cette question entre eux et voir quelles
procédures ils ont à leur disposition pour au moins s'assurer que
le travail qu'on fait dans une commission parlementaire n'est pas un travail
inutile.
C'est uniquement dans ce sens et dans cette optique que j'ai fait une
suggestion au ministre. Je n'ai pas fait de proposition. Je pensais que le
ministre était pour la faire lui-même, mais en tenant bien compte
que c'est comme cela que je le présente. Je ne le présente pas
pour dire: Mettez-nous tout ce qu'on veut sur la table et, à ce
moment-là, on va continuer à parler. Ce n'est pas ce que j'ai
dit. Si le ministre fait des choix différents de ceux qui sont les
nôtres, cela demeurera comme cela l'a été, à savoir
un projet de loi qui exprimera un choix gouvernemental. On le discutera et on
s'y opposera lorsqu'on ne sera pas d'accord, mais au moins on sera sûr
que les positions sont définitives. Je pense qu'au stade où on
est rendu on a besoin de savoir si les positions sont définitives.
M. Fréchette: M. le Président, je ne sais pas si
à ce stade-ci vous me permettez une courte et - je l'espère quant
à moi, en tout cas - dernière remarque. Je voudrais bien que
personne ne considère que les propos que j'ai tenus ont de quelque
façon que ce soit une connotation avec ce qu'on pourrait appeler du
chantage, mais d'aucune façon. Je considère essentiellement et
fondamentalement que les deux motifs pour lesquels le député de
Sainte-Marie réclame que nous ajournions dès maintenant nos
travaux sont bien fondés. Enfin, je suggère... Je
considère que tous les deux sont bien fondés, mais cela m'a
amené purement et simplement à la réflexion que j'avais
faite avant la période des fêtes - je ne veux pas me
répéter - mais qui demeure essentiellement la même et je
verrai, après une évaluation personnelle de l'ensemble de la
situation, une évaluation sans doute aussi par le Conseil des ministres,
s'il y a lieu de continuer plus avant ou, enfin, de prendre d'autres
décisions.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, puisque le ministre
se montre disposé à accepter la suggestion du
député de Sainte-Marie, je voudrais me permettre de lui
suggérer à mon tour, lorsqu'il consultera ses collègues du
gouvernement, de voir s'il ne pourrait pas revoir la question du tribunal
d'appel. Le ministre nous a informés durant les travaux de la commission
qu'il n'avait pas l'intention de revenir sur le projet de créer un
nouveau tribunal d'appel plutôt que de maintenir entièrement les
compétences actuelles de la Commission des affaires sociales. Je pense
qu'il serait opportun que
le ministre revienne là-dessus, revoie cette question et dans
l'une ou l'autre hypothèse, puisqu'on a fait état devant nous des
problèmes auxquels la Commission des affaires sociales a à faire
face - problème de retard, problème d'accumulation des appels,
constitution d'un rôle très long -j'apprécierais, comme
membre de la commission, que le ministre nous informe des dispositions que le
gouvernement entend prendre pour régler ce problème. Il s'agit,
évidemment, de moyens administratifs par lesquels le gouvernement peut
régler ce problème, mais ces moyens administratifs... Enfin, la
question est reliée de très près aux questions dont nous
avons discuté ici en commission, dans un cas comme dans l'autre,
puisqu'il a été proposé - et cela semblait faire l'objet
d'un consensus - qu'advenant la création d'un nouveau tribunal on
transférerait au nouveau tribunal des effectifs compétents en ces
matières venus de la Commission des affaires sociales, ce qui aurait
pour effet, plutôt que de régler le problème de la
Commission des affaires sociales - problème de manque d'effectifs
-d'aggraver ce problème. Je pense qu'on ne peut pas rester
indifférents devant cette question et j'apprécierais que le
ministre revienne devant la commission avec des décisions du
gouvernement pour régler ce problème.
M. Fréchette: M. le Président, à ce
stade-ci, je pense que le député de Deux-Montagnes va me
comprendre. Je ne peux que prendre acte des représentations qu'il me
soumet, faire le cheminement qui doit être fait en semblables
circonstances et l'informer des résultats que les démarches
pourront donner.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Viau.
M. Cusano: Quelques brèves remarques tout simplement pour
dire que je crois qu'il serait sage, à cause des
événements de cet après-midi et de la crainte de notre
part que de la jurisprudence s'établisse par la décision, que la
présidence puisse la revoir et se pencher sur cela.
Je voudrais revenir un peu sur la question soulevée par le
ministre dans ses remarques, au moment où on a ajourné nos
travaux avant Noël. Je crois qu'il ne faudrait pas confondre le
problème de cet après-midi avec le fond du projet de loi que nous
avons devant nous. Je pense qu'on est en situation, cet après-midi,
où on se demande jusqu'à quel point on peut, nous de
l'Opposition, contribuer à bonifier ce projet de loi. Je tiens à
vous rappeler qu'il y a eu une entière collaboration sur cet aspect pour
tous les articles que nous avons adoptés. Il y a au-delà de 50%
des articles qui ont été amendés. Ce n'est peut-être
pas un record en commission parlementaire mais ça l'est peut-être
aussi. Cela démontre que l'Opposition a fait un travail très
sérieux et qu'il ne faut pas confondre l'événement de cet
après-midi avec la volonté de l'Opposition d'en arriver à
un projet de loi qui aura du bon sens. Merci.
Le Président (M. Beauséjour): Merci. Alors, nous
ajournons sine die, M. le ministre?
M. Fréchette: Sine die, M. le Président.
Le Président (M. Beauséjour): La commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 7)