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(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Fortier): La commission parlementaire de
l'économie et du travail siège ce matin à la demande de
l'Assemblée nationale pour étudier la proposition tarifaire
d'Hydro-Québec pour l'année 1985 et entendre, à cette fin,
les membres du conseil de direction d'Hydro-Québec.
Même si le mandat est étroit, je crois que dans le
passé nous avons débordé ce cadre restreint de
l'étude tarifaire pour aborder l'étude des autres documents qui
nous ont été soumis par Hydro-Québec et, avec l'accord des
membres de la commission, j'avais l'intention de proposer que nous
étudiions non seulement le document traitant de la tarification qui nous
a été remis par Hydro-Québec, mais également les
autres documents qui parlent du plan de développement et du plan
d'équipement d'Hydro-Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des changements parmi les
membres de la commission?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, ce sont les
changements suivants: M. Cusano (Viau) est remplacé par M. Maltais
(Saguenay); M. Lincoln (Nelligan) est remplacé par M. Leduc
(Saint-Laurent); M. Maciocia (Viger) est remplacé par M.
Vallières (Richmond).
Le Président (M. Fortier): Y a-t-il des changements du
côté ministériel?
M. Rodrigue: M. le Président, ces changements seront
précisés dans quelques minutes.
M. Bordeleau: Pour le moment, il n'y en a pas.
Le Président (M. Fortier): Cela va. Je pense qu'il n'y a
pas de difficulté. De part et d'autre, il se peut qu'il y ait des
changements durant la journée et je crois que nous collaborerons d'un
côté comme de l'autre. Je rappelle que le ministre de
l'Énergie et des Ressources, qui n'est pas membre permanent de la
commission, a été nommé membre pour la durée du
mandat qui nous est donné aujourd'hui, conformément à la
motion adoptée à l'Assemblée nationale le 19 mars
1985.
Organisation des travaux
Nous n'avons pas convenu, messieurs les membres de la commission, de
l'organisation des travaux et je vous propose ce qui suit. J'en ai parlé
brièvement au ministre. Dans un premier temps, il y aura l'exposé
du ministre; dans un deuxième temps, l'exposé du porte-parole de
l'Opposition officielle; ensuite, l'exposé d'Hydro-Québec, suivi
d'une période d'échange de vues entre les parlementaires et la
direction d'Hydro-Québec et, à la fin de nos travaux, la
déclaration finale d'Hydro-Québec, celle du porte-parole de
l'Opposition officielle et celle du ministre.
De façon à peut-être un peu mieux structurer nos
travaux, j'ai préparé un ordre du jour qui résume les
points majeurs que nous aurions à traiter, pour nous permettre
simplement d'aborder les mêmes questions à peu près au
même moment. Je n'en fais pas une règle précise - bonjour
Mme l'ex-présidente. Cela vous est distribué présentement.
Si les membres sont d'accord, on pourrait procéder de cette
façon. Lorsque nous arriverons au moment de la période
d'échange de vues entre les parlementaires et la direction
d'Hydro-Québec, je propose que nous étudiions,
premièrement, la tarification et la gestion financière
d'Hydro-Québec; deuxièmement, la demande
d'électricité: marché interne et marché externe;
troisièmement, le programme d'équipements; quatrièmement,
le développement technologique; cinquièmement, la protection de
l'environnement; sixièmement, la qualité du service et finalement
la gestion des ressources humaines.
Enfin, je ne crois pas que ce soit limitatif, c'est simplement pour nous
permettre d'avoir une discussion mieux structurée et pour amener
à peu près les mêmes questions au même moment, que
les questions viennent d'un côté comme de l'autre, des
différents membres de la commission.
M. Rodrigue: M. le Président, quant à l'idée
qui sous-tend tout ça, de structurer un peu notre discussion, je pense
que ce serait fort utile. D'autre part, je vous soumets qu'il y aurait
peut-être lieu d'aborder le
programme d'équipement en premier lieu parce que toute la
question de la tarification et de la gestion financière
d'Hydro-Québec découle des éléments qu'on retrouve
au programme d'équipement, en particulier les projets
d'aménagement de nouvelles unités de production, de nouvelles
centrales, de même que les investissements qui doivent être
consentis dans le réseau de transport, le réseau de
distribution.
Évidemment, ça occasionne des besoins financiers, tous ces
travaux qui sont projetés dans le programme d'équipement, et
ça vient conditionner les hausses de tarifs qui sont demandées
par Hydro-Québec. Avec cette réserve, je pense qu'il y aurait
lieu, effectivement, de structurer nos travaux; ça nous permettrait
d'aborder la question sujet par sujet et de faire une discussion
peut-être un peu mieux structurée et plus cohérente.
Le Président (M. Fortier): Je n'ai pas d'objection. Je ne
sais pas si les autres membres ont des remarques à faire. Le programme
d'équipement, comme tel, a peu d'impact sur la tarification de 1985
parce que toutes les dépenses d'équipement sont
capitalisées, comme vous le savez, M. le ministre, et le plan
d'équipement qui pourrait être modifié dans l'avenir en
1987, 1988 ou 1989, encore là, a peu d'impact sur la tarification de
1985. Mais si les membres de la commission sont d'accord, je n'ai pas
d'objection à commencer par le programme d'équipement. On
commencerait par l'élément 3 avant d'aborder le premier. Les
membres de la commission sont-ils d'accord?
Des voix: D'accord.
M. Maltais: Pas de problème.
Le Président (M. Fortier): Est-ce que les gens
d'Hydro-Québec en ont des copies? Je demanderais que des copies leur
soient distribuées. Vous l'avez?
Alors, M. le ministre, votre exposé.
Déclarations d'ouverture M. Jean-Guy
Rodrigue
M. Rodrigue: M. le Président, collègues membres de
cette commission, représentants d'Hydro-Québec, mesdames et
messieurs, la commission de l'économie et du travail est réunie
aujourd'hui afin d'étudier les dernières demandes de hausse
tarifaire soumises à l'approbation du gouvernement du Québec par
le conseil d'administration d'Hydro-Québec. Il est d'usage
également de profiter de l'étude de la proposition tarifaire
d'Hydro-Québec pour analyser l'ensemble de son plan de
développement triennal ainsi que les principales orientations à
long terme de la société.
Cette commission parlementaire est surtout le lieu où
Hydro-Québec, l'une de nos plus importantes sociétés
d'État, vient rendre compte aux représentants élus de la
population de ses activités sur le plan de la gestion des ressources
humaines et financières ainsi que de ses efforts de recherche, de
production, de service à la clientèle et de développement
des marchés. C'est donc dire l'intérêt que revêtiront
les conclusions qui découleront de nos discussions sur la gestion du
secteur énergétique québécois et sur son incidence
sur le développement économique du Québec.
Avant de vous faire part d'un certain nombre de réflexions sur
l'évolution du contexte énergétique
québécois et canadien susceptible de modifier les règles
du jeu actuelles en matière d'énergie, je tiens à aborder
un premier point concernant le choix de la date de la présente
commission. Mon prédécesseur, M. Yves Duhaime, en ouvrant les
travaux de la commission parlementaire de l'énergie et des ressources de
décembre 1983, avait soulevé la question du choix de la date
optimale pour l'entrée en vigueur des augmentations de tarifs consenties
à HydroQuébec. M. Duhaime avait alors suggéré qu'il
serait préférable de repousser cette date du 1er janvier de
chaque année à la fin de l'hiver ou au début de
l'été. L'objectif était à la fois de tenir compte
des périodes effectives d'utilisation de l'énergie et de
permettre un déroulement mieux ordonné de nos discussions en
commission parlementaire.
Comme vous pouvez le constater, cette suggestion a été
retenue et, pour la première fois, nous nous retrouvons en commission
parlementaire afin de discuter des tarifs d'Hydro-Québec à la fin
de mars et au début de la reprise de la session, plutôt qu'en
décembre et en fin de session avec la bousculade que l'on connaît
à l'occasion de ces périodes de fin de session. De plus, la
hausse envisagée prendra effet en mai et non au début de janvier.
Il n'est pas besoin de rappeler les avantages que cela comporte en termes de
facilité d'adaptation pour le consommateur. Ce dernier n'aura pas
à subir une hausse additionnelle de sa facture de chauffage au moment
où elle est à son plus haut. Pour nous, parlementaires, en termes
d'échéancier de travail, ce déplacement de la date des
discussions sur les hausses tarifaires constitue, à mon sens,
également une amélioration importante.
Cette demande tarifaire s'inscrit, bien sûr, dans le contexte du
plan de développement d'Hydro-Québec qui lui-même
découle, pour une bonne part, du contexte économique et
énergétique dans lequel se développe la
société québécoise. J'aimerais donc prendre ici
quelques minutes pour vous rappeler brièvement les derniers
développements de la réorientation de la politique
énergétique canadienne. Je re-
viendrai plus spécifiquement par la suite sur le plan de
développement d'Hydro-Québec et sur les orientations retenues par
la société.
Sur la scène fédérale, le changement de
gouvernement a accéléré la remise en cause de la politique
énergétique canadienne. Depuis son élection, le nouveau
gouvernement fédéral a procédé à de
nombreuses consultations pour substituer à la politique de l'ancien
gouvernement libéral, qui était caractérisée par
une multitude de mécanismes de réglementation et de surveillance,
une politique de souplesse et de détermination des prix des ressources
énergétiques, en particulier le pétrole et le gaz, qui
soit basée sur les forces du marché. Comme vous le savez, le
gouvernement du Québec souscrit pleinement à cette approche. (10
h 15)
Au cours des derniers mois, j'ai eu, à quelques reprises,
l'occasion d'exprimer à mes homologues fédéral et
albertain, Mlle Carney et M. Zaozirny, les vues du Québec sur la
réorientation de la politique canadienne de l'énergie. En
particulier, j'ai souligné l'appui du Québec à la
déréglementation des prix du pétrole de façon
qu'ils s'ajustent d'eux-mêmes aux prix mondiaux. Concurremment à
cette déréglementation, j'ai souligné que le
système fiscal fédéral devrait être modifié
en profondeur de façon à inciter l'industrie
pétrolière canadienne à investir dans des travaux de
recherche et de production pétrolières. À ce moment, je
faisais allusion aux taxes sur la production.
J'ai également indiqué à Mlle Carney et à M.
Zaozirny que nous favorisions un assouplissement de la réglementation
associée au gaz naturel, de manière que les prix de cette source
d'énergie soient principalement déterminés par les forces
du marché. Cependant, noua croyons qu'étant donné le
caractère monopolistique du système de transport et de
distribution du gaz il y a lieu de maintenir une certaine forme
d'autorité gouvernementale dans la détermination des droits et
tarifs, en particulier, pour le transport.
En particulier, nous avons insisté sur le maintien de la zone est
de tarification de TransCanada PipeLines, dans laquelle le Québec est
regroupé avec le sud de l'Ontario. Ceci, afin de maintenir la
concurrence entre les entreprises des deux provinces. Également, pour
des raisons de compétitivité, il nous apparaît important
que le prix du gaz exporté dans les États américains, avec
lesquels nos entreprises se partagent le marché, ne soit en aucun cas
inférieur aux prix ayant cours dans la zone est.
Cette préoccupation de libéralisation et d'assouplissement
des réglementations existantes concorde tout à fait avec la
stratégie mise en place par le gouvernement du Québec dans le
secteur énergétique. L'ensemble de nos actions au cours des
dernières années a eu pour objet de diminuer la dépendance
de l'économie québécoise à l'égard du
pétrole tout en ouvrant largement le marché
énergétique québécois à des formes
d'énergie "alternatives" et, bien sûr, celles qui sont les plus
aptes à remplacer le pétrole, c'est-à-dire
l'électricité, en premier lieu, et le gaz naturel.
Cette politique avait ainsi un objectif stratégique, mais aussi
un objectif économique. Nos efforts visaient à la
création, dans les principaux centres de l'économie
québécoise, d'un véritable marché concurrentiel de
l'énergie. Le bilan énergétique de l'année 1984,
rendu public en février dernier, démontre d'ailleurs le
succès de cette politique. En effet, et le gaz naturel et
l'électricité ont connu une progression marquée de leur
part des marchés et ceci, dans la plupart des secteurs. Globalement, en
cinq ans, la part de l'électricité dans le bilan
énergétique québécois est passée de 25, 2%
à 36, 2%, tandis que la part du gaz naturel, elle, croissait de 7, 4%
à 12, 8%. Le phénomène est particulièrement
intéressant dans le secteur industriel, où
l'électricité a progressé en cinq années de 40, 7%
à 48, 2% et le gaz naturel de 12, 4% à 29, 8%. Il s'agit
probablement du secteur le plus concurrentiel, où la
disponibilité d'énergie au plus bas coût possible est une
constante préoccupation des agents économiques. Les entreprises
industrielles du Québec l'ont d'ailleurs bien compris et nombre d'entre
elles, au cours des dernières années, se sont dotées de
systèmes polycombustibles qui leur permettent de s'adapter rapidement
aux modifications survenant dans les conditions du marché.
Comme vous le savez, le gouvernement du Québec a consenti un
effort particulier afin de favoriser la pénétration du gaz
naturel qui, en plus d'être un facteur de développement
d'industries spécifiques, présente une sécurité
d'approvisionnement largement supérieure au pétrole
importé. Dans maints usages, le gaz naturel entre maintenant en
concurrence non seulement avec le pétrole, mais aussi avec
l'électricité. Ce nouveau phénomène a
peut-être causé par moments quelques difficultés à
Hydro-Québec. Cependant, je crois qu'il s'agit d'une transformation du
marché énergétique québécois
fondamentalement positive. La concurrence du gaz naturel oblige les
fournisseurs d'électricité comme ceux du pétrole à
constamment innover dans la mise en marché de leurs produits pour mieux
répondre aux besoins des consommateurs, ce dont l'économie
québécoise ne peut globalement que profiter. Il s'avère
qu'Hydro-Québec a démontré qu'elle était en
mesure
de relever le défi qui lui était ainsi posé.
Il était essentiel qu'il en soit ainsi, car le
développement de notre secteur hydroélectrique demeure
l'élément fondamental de notre politique
énergétique. Le Québec dispose, dans le domaine de
l'hydroélectricité, de très importantes richesses qui ne
sont pas encore exploitées. Pour le gouvernement du Québec, la
mise en valeur et l'exploitation de nos richesses hydrauliques, au mieux de nos
intérêts, constituent l'objectif fondamental qui sous-tend tous
les autres. L'exploitation planifiée et ordonnée de cette
richesse permettra d'accroître la sécurité de nos
approvisionnements énergétiques, d'améliorer l'un de nos
principaux avantages économiques comparatifs et de renforcer notre
structure industrielle. J'ajouterai qu'au niveau des consommateurs la
pénétration de l'électricité est également
un facteur de choix additionnel, leur permettant de bénéficier
ici aussi de marchés plus concurrentiels et de ne pas être
dépendants d'une détermination des prix qui se ferait
entièrement à l'extérieur du Québec.
La mise en valeur des richesses hydroélectriques du Québec
repose sur l'accroissement de la demande qui implique une mise en marché
efficace de cette production. Cet effort vise aussi bien à la
conquête du marché intérieur qu'à celle des
marchés d'exportation. À cet égard, les résultats
déjà obtenus sont fort encourageants, mais beaucoup de choses
sont encore possibles et c'est ici qu'on doit analyser avec soin les
propositions formulées à cet égard par Hydro-Québec
dans son plan de développement.
Le nouveau plan de développement présenté
aujourd'hui par Hydro-Québec nous permet en effet de discuter de cet
avenir du secteur hydroélectrique québécois. Ce plan de
développement reflète, sur de nombreux points, les modifications
du contexte énergétique que je viens de souligner. En fait, au
cours des dernières années, Hydro-Québec a dû
s'adapter rapidement à ce nouveau contexte et, sur plusieurs questions,
les orientations de notre société d'État ont
été profondément infléchies.
Il y a cinq ans, Hydro-Québec était encore dans une phase
d'addition à la capacité de production. L'aménagement de
la rivière La Grande était en pleine réalisation et la
principale préoccupation du plan de développement était le
choix des équipements de production appropriés à une
demande qu'on prévoyait toujours croissante.
Or, au cours des cinq dernières années, la capacité
de production propre d'Hydro-Québec a presque doublé, passant
d'environ 14 000 mégawatts à environ 23 500 mégawatts avec
l'entrée en fonction de la plupart des 40 turbines des trois centrales
de LG 2, LG 3 et LG 4. Hydro-Québec a réussi non seulement
à conduire à leur terme ces travaux, mais également
à les intégrer physiquement et financièrement à ses
opérations régulières et ce, dans un espace de temps
relativement court.
Parallèlement à cette augmentation de la capacité,
on a assisté, pendant cette même période, à un
accroissement de 30, 9% des ventes, soit une moyenne d'augmentation de 5, 5%
par année, ce qui s'est traduit par une augmentation des revenus de 111,
1%. Cette croissance s'est faite, il y a lieu de le souligner, sans
problèmes financiers majeurs, ce qui fait qu'Hydro-Québec est
actuellement l'une des entreprises publiques d'électricité les
mieux cotées en Amérique du Nord.
Le ralentissement de l'activité économique des
années 1981 et 1982 et l'accroissement plus rapide que prévu de
l'effet des mesures d'économie d'énergie ont amené des
écarts entre l'évolution de la capacité de production et
les ventes. Cependant, grâce à une action concertée du
gouvernement du Québec et d'Hydro-Québec, cet écart a
été réduit en raison d'une augmentation des ventes due,
pour la moitié, aux programmes spéciaux de subventions et de
rabais tarifaires et, pour un tiers, à l'accroissement des
exportations.
Le redressement de l'activité économique explique en
partie l'augmentation des ventes internes actuelles et prévues pour
l'électricité. Au niveau de la mise en marché, il faut
également souligner le succès exceptionnel des programmes
spéciaux mis en place par Hydro-Québec, qui auront permis
d'accroître de 11, 7 térawattheures les ventes
réalisées au Québec en 1984, soit 1, 1
térawattheure pour le programme biénergie, 0, 7
térawattheure pour le programme de rabais tarifaire accordé sur
les accroissements de charge et 9, 9 térawattheures pour le programme
des bouilloires.
L'année 1984 a été une année de très
forte croissance de la demande régulière
d'électricité au Québec, reflétant la reprise
économique et une pénétration substantiellement accrue de
certains marchés. Pour ce qui est des ventes d'énergie
excédentaire qui étaient de 3 térawattheures en 1983, on
constate qu'elles atteindront 16 térawattheures en 1987, permettant
ainsi de résorber les déversements pour ensuite se convertir, du
moins en partie, en ventes régulières, une fois cette
période de surplus absorbée par la croissance naturelle des
ventes.
Hydro-Québec a donc réussi, grâce à une
politique commerciale agressive et efficace, à amortir l'impact des
modifications survenues dans la consommation interne au Québec. Le
défi consiste maintenant, pour Hydro-Québec, à tenter de
mieux cerner l'évolution à moyen terme de cette consommation,
afin d'en déduire le
■ plan d'équipement le mieux adapté à nos
besoins. Sur ce point, il serait utile d'apporter certaines précisions.
Comme vous le savez, j'ai eu l'occasion de rendre publiques, au début du
mois de février, les dernières évaluations de mon
ministère quant à l'évaluation à moyen terme de la
demande d'énergie. Ces évaluations ne sont pas très
éloignées de celles communiquées aujourd'hui par
Hydro-Québec, même si quelques écarts subsistent.
Bien entendu, il est tout à fait normal que des visions
différentes de l'évolution de la demande coexistent ainsi. En
matière de prévisions, le contraire serait même surprenant.
Cependant, les prévisions retenues ont un impact sur le plan
d'équipement proposé et il serait utile pour notre commission de
connaître l'opinion d'Hydro-Québec quant à l'incidence de
ces écarts de prévision sur les programmes d'installation
envisagés.
Une autre modification d'orientation, très perceptible au cours
des dernières années, a trait aux exportations. Le Québec
a toujours vendu, selon les périodes, des quantités plus ou moins
importantes d'électricité hors de son territoire, mais ces
exportations étaient le plus souvent une résultante de la
situation prévalant sur le marché intérieur. Sous
l'impulsion du gouvernement, le dossier des exportations
d'électricité est devenu un élément essentiel de
l'ensemble de la gestion du secteur électrique québécois.
À court terme, les exportations accrues d'électricité vers
les États-Unis sont apparues comme l'une des solutions les plus
intéressantes afin de résorber les surplus de capacité
appréhendés. À plus long terme, le développement
contrôlé des exportations se présente comme un facteur
important dans l'accélération de la mise en valeur de nos
richesses énergétiques.
C'est dans cette perspective que le gouvernement du Québec et
Hydro-Québec se sont activement employés à rechercher de
nouveaux clients et à conclure, entre autres, les récents
contrats d'exportation. Les documents fournis font le point sur les ententes
récemment signées et sur les interconnexions mises en place pour
les satisfaire. (10 h 30)
Je suis, pour ma part, persuadé qu'avec les marchés
à l'exportation Hydro-Québec et la collectivité
québécoise disposent d'un puissant levier pour la mise en valeur
de nos richesses hydroélectriques. Dans le plan de développement
qui est déposé devant nous aujourd'hui, il apparaît
clairement que les interconnexions mises en place ne seront pleinement
utilisées que dans la mesure où un effort spécifique sera
consenti à la fois pour conclure des contrats intéressants et
pour adapter la capacité de production à cette nouvelle demande.
Je souhaiterais que les représentants d'Hydro-Québec nous
informent plus explicitement sur les stratégies qu'ils entendent suivre
à ces fins. Comme des informations concordantes l'affirment, il existe
des marchés, dans l'Est américain, pour
l'électricité québécoise et je veux m'assurer
qu'Hydro-Québec partage l'intérêt que représente
pour le gouvernement l'exploitation de ces marchés qui devrait
s'avérer profitable pour le Québec.
Un autre levier de développement de nos richesses hydrauliques
réside dans l'ouverture de nouveaux marchés au Québec,
grâce à l'implantation de procédés utilisant
l'électricité de façon privilégiée. La
recherche dans ces secteurs est bien amorcée; par contre, le
développement de ces nouveaux marchés nécessitera de la
part d'Hydro-Québec un effort soutenu de promotion de ces
technologies.
Le plan de développement déposé aujourd'hui
présente des objectifs concernant ces nouveaux marchés, ainsi que
des moyens pour les atteindre. Je souhaiterais que notre commission
parlementaire soit l'occasion pour Hydro-Québec de nous informer de
l'état actuel de ses analyses quant à ces nouveaux
marchés, quant au potentiel de consommation qu'ils représentent,
quant aux procédés considérés comme les plus
prometteurs et quant aux secteurs d'activités concernés. Au cours
des prochaines années, le renforcement du rôle joué par
l'électricité sur le marché énergétique
québécois passera, en bonne partie, par l'introduction de ces
nouvelles technologies. Hydro-Québec doit être en mesure de
contribuer puissamment au virage technologique. Hydro-Québec peut
favoriser la démonstration, dans l'industrie québécoise,
de nouveaux procédés performants d'utilisation de
l'électricité et permettre ainsi l'acquisition d'une technologie
de pointe.
J'ai noté, en particulier, qu'Hydro-Québec se donne des
objectifs de diversification de ses activités par un accroissement de
l'effort de recherche et par des prises de participation dans des entreprises
existantes ou de nouvelles entreprises et qu'elle entend de plus augmenter ses
efforts de démonstration de nouvelles technologies dans le transport, la
distribution et l'utilisation de l'électricité. Je souhaiterais
qu'Hydro-Québec nous donne des précisions additionnelles sur la
stratégie de diversification qu'elle entend appliquer à cet
égard et, plus spécifiquement, qu'elle nous précise ses
intentions quant au type d'entreprises qui pourraient faire l'objet d'une prise
de participation de sa part et quant aux limites qu'elle entrevoit à
cette orientation.
Je ne voudrais pas terminer cette introduction à nos travaux sans
rappeler le rôle et la responsabilité assumés par
Hydro-Québec dans la croissance de l'activité
économique québécoise. En plus de constituer l'un
des piliers de base de l'activité économique du Québec par
la seule masse de ses investissements, Hydro-Québec a suscité la
localisation au Québec d'importantes usines manufacturières,
notamment dans le secteur de la transformation des métaux et des
pâtes et papiers. Maintenant, HydroQuébec a la possibilité
de favoriser, au Québec, le développement d'une industrie de
fabrication d'équipements d'utilisation et de transformation de
l'électricité. On se souvient, évidemment, du râle
considérable que jouaient dans les années soixante-dix les
investissements de notre compagnie d'État dans la stimulation de
l'économie. Ces investissements ont représenté
jusqu'à près de 25% de l'ensemble des investissements non
résidentiels dans l'économie québécoise en 1978 et
1979.
Il ne faut cependant pas négliger l'impact indirect
d'Hydro-Québec sur l'activité économique
québécoise. Conformément aux objectifs
énoncés par le gouvernement du Québec, il a
été mis en place des programmes spéciaux de subvention et
de rabais tarifaire qui ont amené une importante croissance des
investissements manufacturiers. C'est à cette politique que l'on doit,
entre autres, la construction de l'aluminerie de Bécancour, l'expansion
de Reynolds à Baie-Comeau et des investissements dans les pâtes et
papiers pour plus de 300 000 000 $, de même que des investissements
miniers de 200 000 000 $ et des investissements dans diverses entreprises
manufacturières de moindre importance.
Il reste cependant à maximiser les retombées de tels
investissements. Jusqu'à maintenant, Hydro-Québec avait investi
surtout dans la production et le transport d'énergie. Elle
s'était employée à favoriser, par des politiques d'achat
préférentiel, la croissance des industries de production de biens
d'équipement et les entreprises de génie-conseil et de grands
travaux associés à ce type d'investissement. La baisse des
investissements reliés à ces travaux a amené ces
sociétés à réorienter leurs efforts dans d'autres
secteurs d'activité et sur la scène internationale.
Cependant, la part croissante des investissements d'Hydro-Québec
en distribution ou en équipement reliés à l'utilisation de
l'électricité implique que la société met en place
de nouvelles politiques pour que se développe un secteur de fabrication
qui permette d'atteindre des niveaux de contenu québécois au
moins égaux à ceux atteints dans les phases de
développement antérieur. Il serait utile qu'Hydro-Québec
nous expose plus en détail les mesures qu'elle a déjà
prises et qu'elle entend prendre ou poursuivre pour atteindre cet objectif.
De plus, il importe qu'Hydro-Québec s'assure que son appui
à la recherche et à la démonstration dans les technologies
de pointe se traduise, dans la mesure du possible, par l'émergence de
nouvelles entreprises québécoises de fabrication. Il faut
souligner que bon nombre de ces nouvelles technologies sont économes en
énergie et permettent une réduction globale des coûts
d'approvisionnement énergétique.
Ces quelques remarques préliminaires sur le plan de
développement d'Hydro-Québec nous amènent à
réfléchir sur les orientations du développement
économique du Québec. Les responsabilités
d'Hydro-Québec à cet égard n'ont jamais été
aussi importantes. Après les efforts considérables consentis pour
l'expansion de la capacité de production et de transport
hydroélectrique, le Québec doit maintenant s'engager
résolument dans un ensemble d'actions qui permettront d'utiliser au
maximum ce formidable potentiel. L'hydroélectricité constitue un
atout majeur pour le développement du Québec. Il nous revient
maintenant d'en multiplier les effets bénéfiques. Nous devons
poursuivre la mise en valeur de cette ressource, mais nous devons
également la mettre au service du développement économique
du Québec. Ceci nécessite que l'électricité doive
pénétrer dans tous les secteurs où son usage peut
être concurrentiel avec les autres formes d'énergie. Ceci implique
également que nous envisagions de desservir les marchés
d'exportation les plus rentables.
Enfin et surtout, l'atout électrique doit permettre le
développement d'une industrie de pointe de fabrication
d'équipement ou de service liée à l'utilisation de
l'électricité. C'est de cette manière
qu'Hydro-Québec continuera de servir les objectifs de la politique
économique du gouvernement du Québec et nous aidera à
prendre le virage technologique. C'est avec ces objectifs en mémoire que
nous devons maintenant entamer la discussion sur le plan de
développement d'Hydro-Québec. Merci, M. le Président.
M. Pierre-C. Fortier
Le Président (M. Fortier): Merci, M. le ministre.
Permettez-moi de souhaiter la bienvenue à la direction
d'Hydro-Québec qui, comme à chaque année, vient nous
rendre visite pour permettre aux parlementaires d'échanger des propos
avec elle, afin d'avoir une meilleure connaissance de l'impact de
l'activité économique d'Hydro-Québec et des augmentations
de tarifs qui, indirectement, ont une grande importance pour tous les citoyens
du Québec.
J'aurais quelques remarques préliminaires très
brèves à faire puisque, pour ma part, je trouve que le plan
développement qui est devant nous ressemble
en très grande partie à celui qui nous avait
été présenté l'an dernier, non pas parce
qu'Hydro-Québec n'a pas fait un grand travail, mais parce que les
données économiques qui sont à la base même des
prévisions d'Hydro-Québec sont à peu près les
mêmes que l'an dernier.
Nous avons fait l'an dernier une étude très approfondie de
la demande du plan d'équipement, et on se rend compte, dans le document
de cette année, que la demande, sur un période de 20 ans,
augmentera de 3, 4%, par rapport à 3, 3% l'an dernier. Quand on
connaît l'exactitude de telles prévisions à long terme, je
crois qu'on est obligé de conclure qu'en gros les prévisions
d'Hydro-Québec sont à peu près identiques à ce
qu'elles étaient l'an dernier. Bien sûr, il y a eu des ventes
d'énergie excédentaire qui ont fait que le surplus, qui
était l'an dernier de 52 térawattheures, est descendu un peu en
bas du niveau de ce qui était prévu en 1983, soit 29
térawattheures, qui sont descendus à 16 térawattheures
environ. C'est donc dire que dans une certaine mesure on voit qu'il y a eu un
effort de vente d'énergie excédentaire, mais que le tableau
d'ensemble n'a pas beaucoup varié, quoiqu'on sente un léger
optimisme dans les données que nous a soumises Hydro-Québec la
semaine dernière.
J'ai écouté attentivement le discours du ministre de
l'Énergie et des Ressources et j'ai été surpris de
constater qu'il n'a pas parlé du rapport Kidder, Peabody. J'imagine
qu'il a voulu laisser cette intervention au premier ministre qui, lui, a voulu
nous rassurer sur l'importance des ressources hydroélectriques au
Québec. Ce qui m'inquiète dans cette intervention du premier
ministre, c'est le fait que depuis quelque temps il a déjà
soutiré plusieurs dossiers à plusieurs de ses ministres et qu'en
se faisant le porte-parole du gouvernement dans le domaine
énergétique il vient de soutirer un autre dossier à un
collègue ingénieur. J'ai de la difficulté à
comprendre, ou peut-être qu'il a ses propres raisons pour ne pas faire
tout à fait confiance au ministre dans ce domaine.
J'aimerais évoquer une déclaration du ministre qui est
extrêmement importante et nous aurons l'occasion d'en parler durant la
discussion que nous aurons sur le plan de développement. C'est la
déclaration que le ministre a faite le jeudi le 7 février dernier
selon laquelle la phase I de la Baie James a été mal
planifiée et achevée trop tôt. Dana la Presse, on lit
l'article de Francine Osborne qui dit: "... soulignant les aléas des
prévisions à long terme, le nouveau ministre de l'Énergie
et des Ressources, Jean-Guy Rodrigue, est d'avis que la phase I de la Baie
James a donné lieu à des erreurs de planification et qu'on s'est
peut-être trop dépêché de la terminer. "
J'aimerais rappeler au ministre que, dè3 la prise du pouvoir par
le Parti québécois, en 1976, le ministre de l'Énergie et
des Ressources du temps avait fait une étude exhaustive de la
planification des travaux d'Hydro-Québec et qu'il avait conclu qu'il
était impensable - non pas sur le plan technique, mais surtout sur le
plan économique, prenant en considération le coût des
intérêts durant la construction et le coût de la
construction comme telle - de changer le calendrier du plan de
développement. J'ai ici devant moi une coupure de presse du Devoir, du
samedi 15 janvier 1977, où on dit: "Joron préfère un
contrôle des coûts et une modification de
l'échéancier. " On peut y lire ceci: "Le ministre
délégué à l'Énergie a expliqué, au
cours d'une entrevue, que l'examen complet du dossier des travaux l'avait
convaincu de l'impossibilité de prolonger au-delà de 1985, date
à laquelle est prévue la mise en opération de la centrale
LG 2, le calendrier de ces travaux. " Je voulais souligner que la
déclaration du ministre était pour le moins non conforme à
la réalité et était en contradiction avec celle d'un de
ses collègues qui était ministre de l'Énergie de 1976
à 1979. On se retrouve donc en commission parlementaire pour
étudier la planification, le plan de développement
d'Hydro-Québec et, comme le dit la loi, Hydro-Québec doit chaque
année soumettre son plan de développement pour approbation.
Lorsque j'ai rencontré les dirigeants d'Hydro-Québec, la semaine
dernière, j'ai posé la question, à savoir: Depuis que la
loi a été modifiée pour rendre plus explicite cette
obligation qui est de soumettre le plan de développement
d'Hydro-Québec, est-ce que le plan de développement de l'an
dernier a été approuvé? Est-ce que le plan de
développement d'il y a deux ans a été approuvé? La
réponse qu'on m'a faite, c'est qu'année après année
le plan de développement comme tel n'est pas approuvé. C'est la
raison pour laquelle on se retrouve ici en commission parlementaire croyant que
nous faisons une discussion qui pourrait amener le gouvernement à
approuver le plan de développement. Je crois qu'en définitive il
y aura discussion, que le gouvernement s'assurera d'approuver les projets
ponctuels, ce qui lui permettra une intervention dans les affaires
d'Hydro-Québec beaucoup plus considérable que s'il approuvait le
plan de développement dans son ensemble. La question qui est
posée est la suivante: Pourquoi ne pas approuver un plan de
développement puisque la loi l'exige nommément et, s'il y a
obligation pour Hydro-Québec de soumettre son plan de
développement, pourquoi le gouvernement ne l'approuve-t-il pas d'une
façon ouverte et définitive? (10 h 45)
Par ailleurs, j'aimerais déplorer le fait que nous sommes ici en
commission
parlementaire et que je croyais que nous venions honnêtement
discuter des prévisions d'Hydro-Québec, et peut-être
comparer les prévisions d'Hydro-Québec en ce qui concerne le
développement économique et le développement
énergétique avec celles du ministère de l'Énergie
et des Ressources, mais, en lisant les journaux durant le mois de
février, je me suis aperçu qu'il y avait eu discussion entre le
ministère et Hydro-Québec et, alors que cette commission devrait
être le forum privilégié pour s'assurer que les divergences
d'opinions puissent s'exprimer, on s'aperçoit que le ministre est
intervenu pour s'assurer que les écarts qui pouvaient exister entre son
ministère et Hydro-Québec soient amenuisés. J'ai devant
moi cette coupure de presse du mardi 19 février 1985, où l'on dit
ceci: "M. Rodrigue a en effet soutenu hier qu'il y avait une tendance au
rapprochement entre les deux évaluations et que l'écart
rapporté samedi par les journaux ne sera pas le même
lorsqu'Hydro-Québec publiera son plan de développement. "
Il faut bien se demander, à ce moment-là, à quoi
sert cette commission parlementaire s'il y a eu entente au préalable
avec le ministre et Hydro-Québec. Est-ce que nous sommes ici pour avoir
une discussion démocratique? Est-ce que nous sommes ici pour voir
quelles sont les divergences d'opinions qui peuvent s'exprimer entre les uns et
les autres ou sommes-nous ici simplement comme procédure, comme une
nécessité que voudrait le gouvernement pour donner l'impression
qu'il y a véritablement débat, alors qu'il y a eu entente au
préalable entre le gouvernement et Hydro-Québec?
Néanmoins, ce qui est sûr, et je remercie
Hydro-Québec de l'avoir porté à notre attention, c'est le
fait que de plus en plus Hydro-Québec est la vache à lait du
gouvernement. On le voit d'ailleurs dans le tableau qu'on nous a donné
avec le plan de développement, tableau qui donne l'évolution des
taxes imposées par le gouvernement sur Hydro-Québec, où
l'on voit que les taxes qui n'étaient que de 39 000 000 $ en 1976 seront
de l'ordre de 374 000 000 $, y inclus les dividendes, en 1985.
Ce qui est encore plus important et qu'il faut souligner et je crois que
cela pourra orienter nos discussions sur l'augmentation des tarifs, c'est qu'en
1984, si les chiffres que j'ai devant moi sont exacts, l'augmentation
était de 3, 4% et cela a permis à Hydro-Québec d'aller
chercher quelque 89 000 000 $, mais les dividendes payés en 1984 ont
été de 60 000 000 $. C'est donc dire qu'en gros l'augmentation de
tarifs n'a servi qu'à aller chercher des fonds pour payer des dividendes
au gouvernement. Cette année, avec l'augmentation de 2, 5%,
Hydro-Québec nous dit qu'elle ramassera quelque 84 000 000 $, avec cette
augmen- tation de tarifs, mais qu'elle devra durant l'année payer
quelque 156 000 000 $. Il est facile de faire une règle de trois pour
constater - si le gouvernement n'a pas encore décidé de cette
déclaration de dividendes, car on sait que cela revient au gouvernement
de décréter le dividende, ce n'est pas le conseil
d'administration d'Hydro-Québec qui décide - que, si le
gouvernement du Québec décidait de limiter le dividende à
celui qui existait l'an dernier, c'est-à-dire 60 000 000 $,
Hydro-Québec pourrait garder dans ses coffres quelque 86 000 000 $, qui
est le montant, justement, qui fait l'objet de la demande
d'Hydro-Québec. Ce faisant, prenant en considération les
difficultés des agriculteurs partout en région, prenant en
considération les difficultés de tous ceux qui sont sur le
bien-être social, de tous ceux qui utilisent l'électricité,
surtout dans le domaine domestique, si le gouvernement décidait de
limiter son dividende à 60 000 000 $, ceci permettrait à
Hydro-Québec de garder les 84 000 000 $ qu'elle nous demande par une
augmentation de tarifs et, ce faisant, HydroQuébec pourrait
considérer de ne pas demander d'augmentation de tarifs pour
l'année qui commence le 1er mai prochain.
Une autre considération qui, je crois, a un impact important - le
ministre ne nous en a pas parlé - c'est la politique du gouvernement qui
veut amener le gouvernement du Canada à favoriser le dollar le plus bas
possible. Vendredi ou samedi dernier, le conseiller du premier ministre, M.
Pierre Fortin, évoquait justement cette possibilité en faisant
remarquer que ce serait plus normal pour l'économie du Canada si le
dollar canadien était à 0, 62 $ au lieu de 0, 72 $, comme il est
présentement. Avec les documents que nous a remis Hydro-Québec,
on peut facilement faire le calcul qu'une baisse de 0, 10 $ du dollar canadien
par rapport au dollar américain - on nous dit que pour 0, 01 $, il en
coûte 29 000 000 $ -coûtera à Hydro-Québec quelque
290 000 000 $ et, en termes d'augmentation de tarifs, puisque 1% d'augmentation
amène 20 000 000 $ d'augmentation à Hydro-Québec, il
faudrait augmenter les tarifs d'Hydro-Québec de 14, 5%, en plus, bien
sûr, des 2, 5% qui sont devant nous. C'est donc dire que, si la
proposition du conseiller du premier ministre était suivie et si,
à partir du 1er mai, il fallait que le gouvernement canadien favorise le
dollar à 0, 62 $, je crois que cette commission devrait
sérieusement étudier la possibilité d'avoir une
augmentation de tarifs de 17% puisque c'est ce manque à gagner qu'aura
à subir HydroQuébec.
Ce sont donc, messieurs les membres de la commission, les quelques
commentaires que j'avais à formuler puisque, d'une part, on ne peut pas
considérer cette augmentation de tarifs et, d'autre part, l'augmentation
des
taxes imposées à Hydro-Québec Le ministre parlait
des taxes du gouvernement fédéral. Il faudrait bien parler ici,
à l'Assemblée nationale du Québec, des taxes du
gouvernement provincial par rapport à Hydro-Québec. Il faudrait
bien parler également de la politique que le gouvernement du
Québec recommande au gouvernement du Canada en ce qui concerne la valeur
du dollar canadien par rapport au dollar américain puisque cela a un
impact extrêmement important pour Hydro-Québec et j'ose
espérer que nous aurons l'occasion d'échanger avec les dirigeants
d'Hydro-Québec à ce sujet. Quel est l'impact du dollar
américain face au développement économique du
Québec par l'entremise d'Hydro-Québec? Ce sont là les
quelques remarques que j'avais. M. le ministre, si vous voulez prendre la
parole.
M. Rodrigue: Quelques minutes, brièvement, étant
donné que vous avez relevé une des déclarations que j'ai
faites à Mme Osborne, de la Presse. Je veux préciser dans quel
contexte cette déclaration a été faite. À une
question de Mme Osborne, qui me demandait ce que je pensais des surplus qui
existaient et de la planification qui avait été faite
antérieurement, j'ai répondu: Écoutez, madame, c'est
relativement facile de jouer au gérant d'estrade après coup
lorsqu'on constate qu'il y a 5000 mégawatts de puissance
installée qui sont en surplus et qu'il faut faire des efforts de
marketing pour résorber ces surplus. Donc, à la lumière
des faits qu'on connaît aujourd'hui, on est bien obligé d'admettre
qu'il y a eu erreur de planification. Par ailleurs, si on se reporte à
huit ans en arrière, est-ce qu'on doit blâmer les gens qui ont
fait la planification là-dessus? C'est une question sur laquelle je ne
m'aventurerai pas parce que ce n'est pas facile de faire des prévisions,
surtout lorsqu'on vit une période de récession économique
qui était absolument imprévisible comme celle qu'on a connue en
1981-1982.
Quant à ce qui concerne les écarts de prévisions,
effectivement, lorsque j'ai constaté qu'il y avait écart de
prévisions entre Hydro-Qubéec et mon ministère, j'ai voulu
connaître les raisons de ces écarts et comprendre pourquoi de tels
écarts pouvaient exister. J'ai demandé aux fonctionnaires de mon
ministère de rencontrer les experts d'Hydro-Québec dans ce
domaine pour tenter de clarifier la question. On a pu identifier sur quels
sujets portaient ces écarts, de sorte que, si nous voulons en
débattre aujourd'hui, je pense que la démarche qui a
été faite à ce moment-là va nous être utile
parce qu'aujourd'hui nous sommes en mesure de vous dire sur quels points
portent les écarts entre les prévisions du gouvernement et les
prévisions d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Fortier): Avec l'accord des membres de la
commission, je vais demander à M. Bourbeau, président du conseil
d'administration d'Hydro-Québec, de nous présenter les membres de
la direction qui l'accompagnent et de nous présenter son
mémoire.
Exposé du président
d'Hydro-Québec
M. Joseph Bourbeau
M. Bourbeau (Joseph): Merci, M. le Président. Je voudrais
vous présenter M. Guy Coulombe, président-directeur
général d'Hydro-Québec; M. Claude Boivin,
vice-président exécutif de la mise en marché interne; M.
Georges Lafond, vice-président exécutif de la mise en
marché externe; M. Michel Grignon, vice-président de la
planification générale; M. Laurent Hamel, vice-président
exécutif, équipement; M. Gilles Cloutier, vice-président
exécutif, technologie et affaires internationales; M. Pierre Godin,
vice-président exécutif, exploitation, et M. Michel Caron,
vice-président exécutif, finances et ressources.
M. le Président, M. le ministre et membres de la commission, il y
a quelques jours, Hydro-Québec publiait son nouveau plan de
développement pour la période de 1985-1987, Horizon 1994.
J'aimerais, ce matin, vous présenter les grandes lignes de ce document
et faire le point sur la réalisation des objectifs que l'entreprise
s'était fixés l'an dernier.
Comme vous le savez, Hydro-Québec a vécu de profonds
changements au cours des trois dernières années. La crise
économique a considérablement ralenti la consommation
d'électricité au moment même où on effectuait la
mise en service de nouvelles centrales au complexe La Grande. Par
conséquent, Hydro-Québec s'est retrouvée avec des surplus
de production et, surtout, une baisse importante des revenus sur lesquels elle
comptait pour soutenir son développement. Il fallait évidemment
réagir, et vite.
C'est ainsi qu'Hydro-Québec a entrepris, à travers ses
derniers plans, une vaste opération de redressement à court terme
qui visait deux grands objectifs: premièrement, relancer la croissance
des ventes pour écouler les surplus et, deuxièmement, raffermir
sa position financière. Aujourd'hui, on peut dire que cette
opération a pleinement réussi et même
qu'Hydro-Québec est prête à entreprendre une nouvelle phase
d'expansion sur des bases nouvelles et plus solides.
Il suffit d'ailleurs, pour s'en convaincre, de regarder les
résultats obtenus par l'entreprise en regard du dernier plan. Prenons
d'abord la commercialisation. L'an dernier, Hydro-Québec s'était
fixé un objectif d'accroissement de ses ventes totales de
11, 6%, objectif passablement ambitieux lorsqu'on tient compte des
résultats de 1982 et de 1983. Or, grâce au succès des
efforts commerciaux et malgré la forte concurrence des distributeurs de
gaz naturel et de mazout, les ventes totales de l'entreprise, l'an dernier, ont
marqué une croissance de 15%. Il faut souligner ici que le programme de
chauffage biénergie et le programme d'installation de chaudières
électriques lancés sur le marché québécois
ont connu énormément de popularité et que lesobjectifs de vente fixés dans ces deux cas ont été
largement dépassés. En outre, quelque 225 entreprises ont
déjà adhéré au programme des rabais tarifaires qui
devrait entraîner de nouveaux investissements industriels au
Québec de l'ordre de 3 700 000 000 $ d'ici 1987. L'ensemble de ces
programmes commerciaux a contribué à augmenter les ventes
d'électricité excédentaire au Québec de quelque 12
000 000 000 de kilowattheures en 1984 et l'on prévoit que celles-ci
doubleront pendant les trois prochaines années.
À la fin de 1984, Hydro-Québec a également
lancé un programme de stabilisation tarifaire qui s'adresse aux
industries du Québec. Grâce à ce programme, les industries
peuvent déterminer à l'avance, de concert avec
Hydro-Québec, et ce pour une période de dix ans, la fourchette de
tarifs à l'intérieur de laquelle se situeront leurs hausses
annuelles et, de cette façon, mieux planifier la part des coûts de
l'énergie électrique dans leurs dépenses futures. (11
heures)
Par ailleurs, comme le marché québécois ne pouvait
pas absorber à lui seul tous les surplus disponibles,
Hydro-Québec a dû également stimuler ses ventes à
l'exportation. Là encore, la concurrence s'est avérée
plutôt vive puisque d'autres producteurs canadiens et américains
cherchent aussi à écouler leur surplus de production.
Malgré cela, Hydro-Québec a réussi des percées
importantes. En 1984, par exemple, elle a signé un contrat renouvelable
de 150 mégawatts avec le Vermont et une lettre d'entente qui
prévoit la livraison de 70 000 000 000 de kilowattheures au New England
Power Pool entre 1970 et l'an 2000.
Ces deux nouveaux contrats viennent s'ajouter au contrat de 111 000 000
000 de kilowattheures conclu en 1982 avec la New York Power Authority et
à un autre contrat portant sur la livraison de 33 000 000 000 de
kilowattheures, entre 1986 et 1997, et qui a été signé
avec le New England Power Pool en 1983. Au total, donc, plus de 200 000 000 000
de kilowattheures seront acheminés vers les États-Unis d'ici l'an
2000. Cela représente le double des ventes totales effectuées au
Québec l'an dernier. Il va donc sans dire que nous continuerons de
prospecter ces marchés de manière très active au cours des
années à venir.
En outre, Hydro-Québec poursuivra ses ventes d'énergie
excédentaire en Ontario et au Nouveau-Brunswick. D'ici à la fin
de 1985, une nouvelle interconnexion de 500 mégawatts sera mise en
service avec le Nouveau-Brunswick, ce qui doublera la capacité
d'exportation vers cette province. Toutes ces ventes à l'exportation
procureront des revenus additionnels de 2 800 000 000 $ au cours des trois
prochaines années et contribueront à alléger d'autant le
fardeau tarifaire des consommateurs québécois.
Dans l'ensemble, Hydro-Québec a donc pleinement atteint le
premier objectif qu'elle s'était fixé, à savoir la relance
de ses ventes et la liquidation de ses surplus. On peut en dire autant pour le
second objectif qui visait à raffermir la situation financière de
l'entreprise. Au cours de 1984, en effet, Hydro-Québec a réussi
à limiter le taux de croissance de ses dépenses d'exploitation
à 4, 6% seulement. Ce résultat est en grande partie attribuable
au resserrement des contrôles en matière de gestion et à la
réduction des effectifs permanents.
Hydro-Québec a par ailleurs absorbé de nombreuses
dépenses supplémentaires en 1984, dépenses qui,
malgré leur effet négatif sur le bénéfice net,
contribueront à renforcer la position financière de l'entreprise
à long terme. Ces dépenses comprennent notamment les frais
d'amortissement et d'intérêt imputables à la mise en
service de la centrale de Gentilly 2, de même qu'à celle des huit
nouveaux groupes des centrales de LG 3 et LG 4 et des équipements de
transport et de répartition qui s'y rattachent, une partie des
dépenses de radiation causées par le report des projets NBR et La
Romaine, le virement à l'exploitation des intérêts encourus
sur certains projets interrompus pour plus de deux ans, ainsi que les
dépenses occasionnées par les nouvelles règles de
comptabilité des pertes de change. En absorbant ces dépenses
dès maintenant, l'entreprise réduit d'autant le coût de ses
futurs projets et s'assure ainsi une meilleure marge de manoeuvre sur le plan
financier.
Voyons maintenant ce que propose le nouveau plan de développement
d'Hydro-Québec. En premier lieu, j'aimerais attirer votre attention sur
la nouvelle orientation fondamentale que le conseil d'administration
d'Hydro-Québec a approuvée en novembre dernier. Tout en
poursuivant sa mission première qui consiste à fournir de
l'électricité au Québec aux meilleures conditions,
Hydro-Québec souhaite dorénavant aller plus loin en optimisant
l'avantage comparatif que constitue l'hydroélectricité pour le
Québec et en diversifiant ses activités dans des domaines
connexes à l'énergie. En d'autres mots, cela signifie optimiser
les bénéfices que peut procurer
l'exploitation de nos richesses hydroélectriques et maximiser les
retombées directes et indirectes des activités de l'entreprise au
profit de notre collectivité.
Sur le plan commercial, Hydro-Québec compte poursuivre son
offensive tant sur le marché québécois que sur les
marchés extérieurs. Du côté des exportations, elle
entend continuer la mise en place de nouvelles interconnexions à un
rythme accéléré afin d'augmenter sa capacité
d'exportation. Elle prévoit de plus étendre la gamme des produits
qu'elle offre aux marchés externes de manière à
répondre plus adéquatement aux besoins variés de sa
clientèle et à consolider sa position concurrentielle sur ces
marchés.
Au Québec, l'entreprise entend élargir l'application de
certains programmes mis en oeuvre au cours des dernières années
et en lancer de nouveaux, notamment sur le marché industriel où
elle cherchera à promouvoir les électrotechnologies. Elle
prévoit également consacrer des efforts importants à
l'amélioration de la qualité du service à la
clientèle et ce, tant sur le plan technique qu'en ce qui concerne ses
relations avec ses abonnés. À compter de l'an prochain,
Hydro-Québec amorcera une refonte de sa grille tarifaire en vue de la
rendre plus compatible avec les conditions du marché et les
caractéristiques de chaque catégorie d'abonnés.
En matière de construction, le plan de cette année annonce
le redémarrage des travaux de suréquipement de la centrale de
Manic 5, ainsi que la mise en chantier du suréquipement de la centrale
de LG 2 à la fin de 1986. Hydro-Québec entreprendra aussi la
construction de la sixième ligne du réseau de transport de la
Baie James et élargira le programme de réfection et
d'amélioration de ses centrales. Au cours des trois prochaines
années, les investissements globaux d'Hydro-Québec se chiffreront
à plus de 5 000 000 000 $, ce qui représente une importante
injection de capitaux dans l'économie du Québec.
Consciente aussi de l'importance des nouvelles technologies dans les
domaines des ressources énergétiques et de
l'électricité, Hydro-Québec entend de plus consacrer
d'importantes ressources à la recherche et au développement.
Durant les cinq prochaines années, plus de 600 000 000 $ seront
dépensés dans ce secteur d'activité, sans compter les 140
000 000 $ d'investissements immobiliers qui seront consacrés notamment
à la construction d'un laboratoire d'électrochimie et à
l'agrandissement du pavillon Lionel-Boulet, à l'IREQ.
Hydro-Québec envisage également de diversifier ses
activités en créant des associations avec des partenaires
industriels du Québec pour le développement et la
commercialisation des produits technologiques qui pourraient avoir des
applications locales et même internationales. Cette action devrait
permettre à Hydro-Québec de soutenir son expansion future et de
contribuer activement au virage technologique qu'a déjà
amorcé le Québec. L'entreprise compte aussi poursuivre ses
efforts en vue de renforcer sa gestion interne et d'accroître la
productivité de ses ressources. L'un de ses principaux objectifs dans ce
domaine consiste à assurer le développement de son personnel, qui
constitue de loin sa principale richesse et son plus grand atout face aux
défis de l'avenir.
Enfin, Hydro-québec juge important de s'assurer à court
terme une marge de manoeuvre financière suffisante pour faire face aux
risques que lui imposeront ses nouvaux défis. C'est d'ailleurs pour
cette raison qu'elle a recommandé une augmentation moyenne de ses tarifs
de 2, 5% à compter du 1er mai prochain. Comme on le sait, le financement
d'Hydro-Québec repose essentiellement sur ses emprunts et son
autofinancement. Or, étant donné l'incertitude qui entoure
l'évolution future des taux d'intérêt et des taux de
change, l'entreprise doit s'efforcer de limiter le plus possible son
endettement. En outre, elle ne peut guère accroître beaucoup plus
son autofinancement, puisqu'elle a déjà fortement comprimé
ses dépenses d'exploitation et largement accentué sa
pénétration sur le marché québécois et les
marchés extérieurs. Sa seule marge d'intervention réside
donc dans la hausse de ses tarifs. Toutefois, cette hausse est maintenue au
plus bas niveau possible de manière à soutenir la
pénétration de l'électricité sur les marchés
concurrentiels.
Voilà en bref les principales orientations qu'Hydro-Québec
s'est données pour les années à venir. Il est certain que
la concurrence restera vive, autant sur le marché
québécois qu'à l'extérieur, mais je crois que nous
pouvons faire confiance au dynamisme de l'entreprise qui saura certainement
relever les défis de demain avec la même efficacité qu'elle
a manifestée par le passé.
Merci M. le Président. À moins que M. Coulombe veuille
ajouter quelques mots, je crois que nous pouvons passer à la
période de questions.
Le Président (M. Fortier): Merci, M. le président
du conseil. Alors, comme nous l'avons convenu, nous allons tenter de suivre
l'ordre du jour tel qu'il a été modifié. Si je comprends
bien, M. le ministre, vous avez suggéré que le programme
d'équipement vienne en premier. Est-ce que la demande
d'électricité sera traitée en même temps?
M. Rodrigue: II faudrait, oui, parce que
c'est relié au programme d'équipement. Tout cela est
interrelié.
Le Président (M. Fortier): En fait, nous prenons les
articles 2 et 3 de la proposition tarifaire. Est-ce qu'en premier lieu, on va
avec la demande d'électricité? Je vous laisse le soin, allez-y M.
le ministre. Excusez-moi, M. le ministre. De façon
générale, nous allons tenter de partager le temps par
moitié et on pourra voir cet après-midi, car je crois que nous
n'avons été convoqués, M. le secrétaire, que pour
ce matin.
Le Secrétaire: Ce matin, dans un premier temps, et la
Chambre va nous donner l'ordre de siéger cet après-midi et ce
soir.
Le Président (M. Fortier): D'accord. Merci.
Période de questions
Plan d'équipement et demande
d'électricité
M. Rodrigue: M. le Président, en premier lieu, j'aimerais
répondre à une interrogation que vous avez soulevée tout
à l'heure concernant le sort qui est réservé finalement au
plan d'équipement d'Hydro-Québec et aux propositions tarifaires,
une fois que notre commission aura procédé à l'audition
des mémoires. Je veux vous signaler qu'en 1984, effectivement, le plan
d'immobilisation à Hydro-Québec a été
approuvé par décret du Conseil des ministres. De même, en
1983, le plan d'immobilisation d'Hydro-Québec avait été
approuvé par une décision du Conseil des ministres et, quant
à la grille tarifaire, il n'y avait pas eu d'approbation en 1984 pour la
bonne et simple raison qu'elle avait été approuvée vers la
fin de 1983.
Tout cela découle des modifications à la Loi sur
Hydro-Québec qui ont été apportées par le projet de
loi 4 que nous avons adopté, si ma mémoire est fidèle, en
juin 1983 et qui faisait obligation pour le gouvernement d'approuver le plan
d'immobilisation d'Hydro-Québec. Or, ces approbations ont
été accordées à la fois pour l'année 1983 et
pour l'année 1984 pour les plans d'immobilisation. Pour la grille
tarifaire, il est d'usage aussi que le gouvernement approuve, soit les hausses
des tarifs demandées par Hydro-Québec ou encore, demande à
Hydro-Québec de modifier s'il y a lieu - cela a déjà
été fait dans le passé - s'il n'est pas satisfait des
propositions qui sont faites.
Dans un deuxième temps, j'aimerais quand même relever une
affirmation que vous avez faite dans vos remarques préliminaires - avant
de passer à l'étape des questions - et qui avait trait aux sommes
d'argent qu'Hydro-Québec paie sous forme de taxes et de dividendes au
gouvernement. Je pense qu'il y a lieu de signaler, à cet égard,
les derniers chiffres connus d'une façon formelle qui sont ceux de
l'année 1983. En 1983, Hydro-Québec avait versé 83 000 000
$ pour la taxe sur le revenu brut et également 18 000 000 $ additionnels
pour les taxes foncières et les taxes d'affaires. Il s'agit donc d'un
montant de 103 000 000 $. Je vous signale que ces montants sont des sommes
perçues par le gouvernement, mais redistribuées par la suite aux
municipalités du Québec sous forme "d'en lieu" de taxes. Les
mêmes conditions sont appliquées aux autres entreprises de
services publics, je pense en particulier à Bell Canada qui occupe
pratiquement tout le territoire du Québec pour les services de
téléphonie. Il y a aussi quelques autres compagnies importantes
dans ce domaine, mais Bell est certainement celle qui domine. Les entreprises
de services publics, de façon générale, sont taxées
sur cette base et cet argent est redistribué aux municipalités du
Québec sous forme "d'en lieu" de taxed.
C'est donc dire que sur une somme globale, incluant le dividende de 60
000 000 $, sur une somme globale, dis-je, de 269 000 000 $ perçue par le
gouvernement sous forme de taxes et dividendes de toutes sortes, de taxes de
toutes formes et de dividendes en 1983, le montant de 101 000 000 $ a
été remis aux municipalités, ce qui laisse, pour le
gouvernement, un montant net de 168 000 000 $. (11 h 15)
Sur le chiffre d'affaires d'Hydro-Québec, sur les ventes brutes
d'Hydro-Québec, cela représente un pourcentage de l'ordre de 4%
à 5% seulement. Lorsqu'on utilise l'expression "Hydro-Québec,
vache à lait du gouvernement", je pense qu'il s'agit là d'une
nette exagération. Les faits qui sont devant nous nous indiquent qu'une
telle affirmation n'est pas justifiée, compte tenu des sommes d'argent
impliquées.
Quant au plan d'équipement lui-même, M. le
Président, bien sûr, un des sujets qui est dans l'air actuellement
et depuis un certain temps, c'est celui des ventes d'électricité
à l'exportation et, en particulier, des ventes à l'exportation
sur les réseaux américains. Dans le tableau de la page 33 du plan
d'équipement d'Hydro-Québec concernant les marchés et les
ventes à l'exportation, on note que, à partir de 1987, les
possibilités d'exportation augmentent et ce, grâce aux
interconnexions qui sont prévues et dont certaines sont actuellement en
voie de parachèvement et de réalisation. Par ailleurs, on
remarque que les ventes d'énergie excédentaire chutent, de
telle sorte qu'Hydro-Québec doit envisager de et je cite -
"délaisser graduellement son marché d'exportation
d'électricité excédentaire. " D'autre part, les ventes
d'énergie garantie se stabilisent à compter de 1990.
Voici la question que j'aimerais poser à Hydro-Québec.
Est-ce que la société d'État a des projets et des
perspectives en vue d'utiliser pleinement l'immense potentiel que
représentent les interconnexions existantes et celles qui sont
prévues être mises en place d'ici à 1990 et qui auront une
capacité de l'ordre de 55 milliards de kilowattheures annuellement?
M. Bourbeau. (Joseph): M. Coulombe va commencer à
répondre à cette question et je crois que M. Lafond
continuera.
M. Coulombe (Guy): En fait, comme M. Bourbeau l'a
mentionné tantôt, les ventes actuelles d'excédentaire
prévues se situent à environ 200 milliards de kilowattheures. Il
est évident qu'on est en train d'entrer dans une nouvelle phase de nos
exportations et on y est presque, avec l'entente de principe qu'on a eue avec
NEPOOL c'est-à-dire de vendre l'énergie ferme pour aller
graduellement vers de la puissance ferme. Il s'agit là, certainement,
d'un nouvel univers qui est beaucoup plus complexe parce que beaucoup plus
engageant de part et d'autre. Lorsqu'on vend de l'énergie ferme ou de la
puissance ferme, on ne peut pas, comme dans le cas de l'excédentaire,
terminer le contrat au moment où, par exemple, on en manque ou pour
toute autre raison.
Donc, la réponse est oui. Ce marché, qui est visible
à la page 33, est évidemment un potentiel intéressant sauf
que le problème qui est devant nous n'est pas tellement un
problème de quantité, mais un problème de prix. Dans la
mesure où on peut avoir des prix qui sont intéressants pour
Hydro-Québec et aussi intéressants pour les Américains,
parce que c'est une relation d'affaires qu'on a, je pense que, techniquement,
il n'y a pas de limite jusqu'où on peut aller. Les prix restent quand
même l'élément de base dans toute discussion. Ce ne sont
pas tellement les quantités de kilowattheures, ce sont les prix auxquels
on peut les vendre. Les Américains, comme c'est normal, essaient d'avoir
les kilowattheures au prix le moins cher possible et, comme c'est normal, nous
essayons de les vendre le plus cher possible. Vous savez comme moi que dans ces
négociations, c'est vraiment là que la preuve du pouding se fait,
c'est-à-dire l'établissement des prix.
Quant au marché de remplacement du charbon, il faut bien penser
que les types de marché, quand on remplace des installations actuelles,
la production qui est faite à partir d'installations actuelles est
très différente que de remplacer des installations et dire aux
Américains: Plutôt que de construire de nouvelles usines, on va
s'entendre sur les livraisons à un prix X. Actuellement, ce qu'on fait,
ce n'est pas cela. On dit: Plutôt que de produire à partir de vos
usines actuelles, voici à quel prix on peut vous fournir de
l'électricité. C'est pour cela que je dis que c'est un univers
complètement différent vers lequel on va avec de l'énergie
et de la puissance ferme et le remplacement de construction d'usines
américaines. Cela va prendre quelques années avant que ce soit
développé dans les moindres détails. M. Lafond, si vous
voulez...
M. Rodrigue: En fait, lorsque vous traitez des ventes d'énergie
à l'exportation, d'abord, vous souhaitez, bien sûr,
effectuer une percée durable sur ces marchés; c'est ce que
vous soulignez dans le plan d'équipement. Également, vous
soulignez que vous entendez partager les risques entre le vendeur et l'acheteur
sur ce marché. Est-ce que vous pourriez élaborer là-dessus
et, en particulier, indiquer quels sont les moyens que vous envisagez, ou du
moins les moyens potentiels qui pourraient être envisagés pour,
justement, arriver à ce partage des risques entre le vendeur et
l'acheteur sur les marchés d'exportation.
J'imagine qu'ici, on fait référence en particulier au
marché américain parce que les Ontariens ont quand même une
capacité importante installée en Ontario. Ils sont
eux-mêmes vendeurs de surplus sur le marché de l'Ouest
américain, enfin, de l'État de New York et d'une certain nombre
d'États limitrophes du côté des Grands Lacs. À ce
moment-là, ce sont surtout des surplus qu'on écoule du
côté de l'Ontario. J'imagine que vous faisiez
référence en particulier au marché américain,
peut-être au marché du Nouveau-Brunswick là-dessus.
M. Coulombe: En fait, quand on parle de partage de risque, c'est
une autre façon de dire qu'on veut faire avec les Américains des
transactions qui soient à l'avantage des deux parties. Je ne vois pas
pourquoi les Américains n'essaieraient pas d'en tirer le maximum et je
ne vois pas pourquoi nous non plus on n'essaierait pas d'en tirer le maximum.
C'est dans la convergence de ces deux intérêts, finalement, qu'il
va se signer des ententes intéressantes pour les deux parties.
Lorsque, actuellement, le prix de référence est en
fonction des énergies de substitution, c'est-à-dire le prix du
pétrole, le risque est au niveau de l'évolution des prix du
prétrole, du charbon et d'un mix des deux. En d'autres mots, si ces
énergies augmentent rapidement, c'est à l'avantage de l'un, et si
elles baissent rapidement, c'est à
l'avantage de l'autre.
Lorsqu'on va entrer dans le marché de l'énergie et de la
puissance ferme, je pense que, d'un commun accord, et les Américains et
nous, on a l'intention de se décrocher des prix des énergies de
substitution pour avoir une autre formule d'escalade des prix, parce qu'il
n'est pas question de s'entendre sur un prix fixe pour vingt ans. On sait tous
qu'avec l'inflation, ainsi de suite, ce serait courir à notre perte que
d'avoir des prix fermes. On sait, dans d'autres circonstances, ce que peuvent
donner des prix fermes dans un contrat.
Donc, il faut avoir des formules d'escalade, et là, on revient
à la formule de partage des risques. En d'autres mots, il faut mettre
sur la table des formules qui tiennent compte de l'évolution des prix,
de l'inflation américaine, de l'inflation canadienne, de la valeur du
dollar et ainsi de suite; donc, ce doit être une formule assez complexe
où le principe de base va être de dire: Chacun son risque, mais il
faudra s'organiser pour que la formule ne soit pas débalancée
d'un côté ou de l'autre si on veut avoir une relation d'affaires
qui soit valable et cohérente. C'est ce que veut dire partager les
risques, c'est-à-dire s'entendre sur une formule où les
Américains et nous allons y voir notre profit.
M. Rodrigue: Disons que sur cet aspect des ventes à
l'exportation, je n'ai pas d'autre question. Je ne sais pas si mes
collègues ont des questions à poser sur cet aspect particulier.
Moi, je passerais à un autre sujet.
Le Président (M. Fortier): Écoutez, c'est votre
temps de parole, on est toujours dans demande d'électricité,
marché interne, marché externe et programme d'équipement,
puisqu'on a décidé de l'aborder conjointement; j'aurais
préféré qu'on l'aborde séparément, mais
comme c'est ça qui est habituel, allons-y comme ça.
M. Rodrigue: J'ai une question, dans un autre ordre
d'idée, qui est un peu liée au développement des
technologies nouvelles dans le domaine de l'utilisation
d'électricité. Dans le plan d'équipement, vous mentionnez
à un moment donné qu'Hydro-Québec veut se donner une
nouvelle orientation qui pourrait l'amener à s'impliquer directement
dans des entreprises qui sont fortes utilisatrices d'électricité
ou dans celles qui s'engageraient dans le développement de ces
technologies. Et ça implique possiblement - je pense que vous avez
utilisé l'expression - des prises de participation même dans
certaines entreprises.
À la lecture...
Le Président (M. Fortier): M. le ministre, excusez-moi,
vous entrez dans la section développement technologique?
M. Rodrigue: J'aborde la question du développement
technologique. Est-ce qu'on y vient plus tard?
Le Président (M. Fortier): C'est le point 4.
M. Rodrigue: Bon, très bien, je vais attendre d'être
rendu là pour poser ma question.
Le Président (M. Fortier): MM. les membres
d'Hydro-Québec, en ce qui concerne le programme d'équipement et
la demande d'électricité, j'aimerais qu'on revienne publiquement
sur ce qui touche les surplus d'électricité. À la page 73
de votre plan d'équipement, vous faites état des
déversements. Quand on parle des déversements, ce sont des
déversements en plus de ce qui est emmagasiné derrière les
barrages.
À la page 74, vous faites état du fait que, dans le plan
1985-1987, les déversements ou les surplus étaient de l'ordre de
23, 8 térawattheures. L'an dernier, c'était 52, 3 et cette
année - si je lis bien à la page 73 - c'est 15, 8.
De plus, l'an dernier M. Dubé avait fait état de surplus
qui sont non comptabilisés. Je cite le Journal des débats
à la page B-10823 et je vais citer le texte ici. M. Dubé disait:
"II faut maintenant tenir compte d'un autre phénomène. On a aussi
parlé tantôt de l'état de nos réservoirs et bien
sûr, à partir du moment où on est en état de
surplus, nos réservoirs sont remplis à pleine capacité. Au
moment où l'on se parle, nos réservoirs contiennent environ 100
000 000 000 de kilowattheures de réserve. C'est une quantité
énorme. Le réservoir le plus important qui contient la
majorité de ces réserves est bien sûr le réservoir
de Manic 5. " Un peu plus loin, il disait: "Hydro-Québec désire
toujours maintenir dans ses réservoirs un minimum d'accumulation
égal à environ 70 000 000 000 de kilowattheures; il reste donc 30
000 000 000 de kilowattheures qui seront accumulés au-delà de nos
besoins propres. "
Alors, il laissait entrevoir que ce surplus-là, des
énergies non quantifiées qui n'apparaissent pas dans vos
documents, pourrait être utilisé dans l'avenir s'il y avait des
besoins d'énergie. Alors est-ce qu'on comprend bien qu'il s'agit
là de 30 000 000 000 de kilowattheures qui sont non comptabilisés
dans les documents que vous nous avez remis la semaine dernière?
M. Bourbeau (Joseph): Alors M. Coulombe va commencer les
réponses et sera assisté de M. Grignon, je crois, et de M.
Godin.
M. Coulombe: En fait, je pense que là-dessus M. Godin va
répondre plus clairement sur les 30 000 000 000 de kilowattheures. Je
voudrais seulement relever un point, c'est lorsqu'on parle de
déversements ou de surplus. Les déversements sont vraiment des
déversements au sens strict, c'est-à-dire des quantités
d'énergie qu'on ne peut pas vendre avec les marchés actuels. Les
surplus sont toutes les quantités d'énergie que l'on vend sur nos
marchés. La différence évidemment ce sont des
déversements au sens le plus strict du terme, c'est-à-dire de
l'énergie pour qui on n'a pas d'acheteur au moment où l'on se
parle. Donc, il faut déverser pardessus les barrages.
Sur la question de la "comptabilisation" - entre guillemets - parce que
le mot "comptabilité" dans ce domaine est un peu ambigu, peut-être
que M. Godin peut expliquer la question des 30 000 000 000 de
kilowattheures.
M. Godin (Pierre): Effectivement, tout ce calcul-là
découle de la réserve ou de l'accumulation que l'on peut faire
dans nos réservoirs qui est de 109 térawattheures. En fait, les
réservoirs peuvent contenir 109 térawattheures; il y a un minimum
à conserver dans ces réservoirs pour deux raisons qui sont les
suivantes: D'abord, une réserve de 24 térawattheures - je donne
ici les chiffres de 1985 - comme réserve intersaisonnière et,
par-dessus cela, une réserve de 49 térawattheures comme
réserve multiannuelle au cas où il y aurait des
sécheresses pour des périodes prolongées. Ce qui fait un
total de 73 térawattheures qu'il faut conserver en réserve pour
tenir compte de ces aléas et l'excédent de 36
térawattheures grossièrement est évidemment une
capacité disponible. Ce sont des réserves dont on pourrait
disposer, mais dont on ne peut pas disposer parce qu'on le déverse
déjà purement et simplement.
Le Président (M. Fortier): Ma question s'adresse surtout
à la planification de vos équipements. Dans le plan de
l'équipement, vous parlez en termes de surplus ou de déversement
en disant: On va construire nos équipements à telle ou telle date
ou on pourrait les avancer ou les devancer. De fait, vous avez devancé
Manic 5, et là il ne s'agit pas d'énergie, il s'agit de
puissance, si je comprends bien. Mais lorsqu'on parle de devancer des
équipements, dans vos documents vous ne parlez pas de cette
réserve qui est très importante puisqu'il s'agit d'à peu
près 30 térawattheures qui est l'équivalent de la
consommation totale d'Hydro-Québec pendant le tiers d'une année.
Si on multiplie cela par 30 mills du kilowattheures on arrive à des
milliards de dollars. Donc, lorsque vous faites votre planification
d'équipement, prenez-vous en considération cette réserve
considérable de 30 térawattheures, ce qui fait que vos niveaux
sont à un niveau plus élevé qu'ils devraient l'être
normalement?
M. Coulombe: Si vous allez à la page 40 du plan de
développement, vous allez voir que dans la stratégie de
planification des équipements, la deuxième, c'est-à-dire
lorsqu'on dit: Alimenter les marchés à même le tirage sur
la réserve hydraulique avant de procéder à la mise en
service du premier équipement de base, c'est là que vous
retrouvez cette réserve-là. Mais dans les stratégies,
toute chose étant égale, on pense que ce serait
intéressant, au lieu d'investir immédiatement, de prendre cette
réserve hydraulique qui est dans les réservoirs, comme M. Godin
vient de le dire, et ce pourrait être une stratégie de dire: On va
déplacer l'investissement d'une couple d'années et on va prendre
cette réserve pour l'écouler sur les marchés. On pourrait
le faire. Ce serait une stratégie qui serait valable parce que ces 30
térawattheures peuvent être disponibles. (11 h 30)
Maintenant, il peut survenir d'autres événements qui nous
incitent, au point de vue économique, à ne pas le faire. Cela va
dépendre des marchés et ainsi de suite. Mais cette réserve
est carrément prévue comme une des stratégies potentielles
de retarder un équipement de base et de le prendre.
Le Président (M. Fortier): Pourquoi dites-vous que
l'alternative, c'est: On pourrait le faire, on pourrait ne pas le faire? Est-ce
que cela ne s'impose pas, en bonne gestion, de ramener d'abord le niveau des
réservoirs à une moyenne de 70 000 000 000 de kilowattheures?
Comme vous l'avez dit l'an dernier, vous dites qu'il y a deux critères,
c'est la sécurité d'une part et pour, bien sûr, parer au
temps de sécheresse, comme on vient de l'expliquer. Est-ce que cela ne
s'impose pas en premier lieu ou s'il y a d'autres facteurs
économiques?
M. Coulombe: Cela va dépendre des prix qu'on va avoir pour
cet inventaire parce que c'est quasiment un inventaire comme pour n'importe
quelle compagnie. Cela pourrait être utilisé... C'est en relation
avec la mise en service d'un équipement de base. On peut le retarder
d'un an, on peut en prendre la moitié, on peut le retarder de deux ans,
on peut le prendre au complet, mais les réservoirs sont
gérés à ce niveau, même s'ils sont... Il y a une
gestion des réservoirs qui se fait actuellement au-delà des
déversements quand les réservoirs sont pleins.
Le Président (M. Fortier): Pour bien se
comprendre: Avec les équipements que vous avez dans le moment et
avec les réserves que vous avez dans tous les réservoirs
d'Hydro-Québec dont Manic 5, est-ce que, si les marchés
existaient, vous ne pourriez pas, dans un premier temps, avant de construire
tout autre barrage, utiliser cette réserve de 30
térawattheures?
M. Coulombe:...
Le Président (M. Fortier): C'est ce que vous dites. Ce que
vous me dites, c'est la façon dont vous planifiez vos équipements
présentement. Est-ce que c'est bien cela?
M. Bourbeau (Joseph): Dans la planification on se
préoccupe aussi des réserves nécessaires pour bien faire
fonctionner le réseau et avoir assez d'énergie. Il y a des
réserves qui sont interannuelles comme il y a des réserves qui
sont intersaisonnières. Si vous prenez à la page 29, vous allez
vous apercevoir que, dans un autre rapport, en l'année 1995 il y aura
des réserves totales nécessaires. Il faudra conserver dans les
réservoirs 110 térawattheures. Vous parlez actuellement des
réserves qui se montent à environ 70 térawattheures. Mais
il faudra, au cours des années, à aller jusqu'en 1995, avoir des
réserves de 110 térawattheures pour être capable de faire
face à ces variations intersaisonnières et, aussi,
interannuelles.
Le Président (M. Fortier): Deuxième question.
À la télévision, on a entendu parler des problèmes
d'interconnexion qui empêchent Hydro-Québec d'exporter autant
qu'elle le désirerait. J'aimerais savoir comment il se fait que vous
avez ces problèmes techniques. Quelle est l'ampleur du problème?
Quels sont les coûts qui sont engendrés pour Hydro-Québec?
En définitive, comment êtes-vous placés devant une telle
situation puisque, j'imagine qu'il y a deux ans ou l'an dernier, ce genre de
problème n'avait pas été évoqué? Il s'agit
d'un mauvais fonctionnement technique d'un équipement qui n'était
pas prévu. Est-ce qu'on peut nous donner les explications
nécessaires et l'ampleur financière qui entre en
considération? Est-ce que, pour les futures exportations, on aura
à faire face au même genre de problème?
M. Bourbeau (Joseph): Voici quelques mots d'introduction sur ce
problème. On a un équipement qui traite de courant continu. Il
transforme du courant alternatif en courant continu et immédiatement
reprend le courant continu et en refait du courant alternatif. Dans le monde
entier, tous les projets de courant continu ont connu des difficultés de
départ et ont connu des périodes de rodage assez longues. C'est
ce qu'on a actuellement au poste Châteauguay.
Vous-même, je pense que vous avez travaillé dans du courant
continu, M. le Président. Si vous vous souvenez ce qui est arrivé
à Manitoba Hydro lorsqu'elle a commencé ses lignes en courant
continu à partir de la Nelson, si vous vous souvenez du lien entre
Vancouver et Victoria, les câbles sous-marins en courant continu, si vous
vous souvenez des difficultés de Bonneville Power Authority livrant, en
courant continu, de l'énergie jusqu'à Los Angeles et si vous
passez à la traversée de la Manche en courant continu où
on a eu, pendant deux ans, des difficultés de relier l'Angleterre
à la France, vous vous apercevez que, du moment qu'on touche au courant
continu, on a des périodes de rodage et nous sommes actuellement dans
une période de rodage où il faut ajuster et réajuster nos
équipements pour être capable de les faire fonctionner comme il
faut. Je pense que je peux passer...
Le Président (M. Fortier): Sur ce point, les
problèmes que vous évoquez remontent quand même à
plusieurs années, certainement huit ou dix ans dans le cas de Manitoba
Hydro et autres. Est-ce que vous me dites qu'en 1985 les techniques de l'art ne
sont pas développées et que quiconque s'implique avec le courant
continu fait face aux mêmes difficultés? Et, compte tenu du fait
que l'expertise d'Hydro-Québec a toujours été dans le
domaine du courant alternatif puisque, dès le départ des projets
de Manicouagan et de Bersimis-Manicouagan, à la Baie James, une
comparaison avait été faite entre les techniques de courant
continu et de courant alternatif et la décision avait été
prise d'utiliser le courant alternatif, c'est donc dire que l'expertise
d'Hydro-Québec se retrouve dans le courant alternatif. Est-ce
qu'Hydro-Québec a eu recours à toute l'expertise
nécessaire dans le domaine du courant continu pourcomplémenter l'expertise qui lui manquait, étant donné
les décisions qui avaient été prises, il y a fort
longtemps, pour utiliser les techniques en courant alternatif?
M. Bourbeau (Joseph): Remarquez bien que, quand on regardait le
courant continu pour Manic-Outardes, à ce moment-là,
c'était du courant continu qui était formé à partir
de valves à mercure, alors qu'actuellement on a des installations qui
sont à l'état solide. On a deux technologies tout à fait
différentes de faire du courant continu. Maintenant, vous dites: La
Nelson ou le Manitoba, cela fait déjà quelques années, je
suis d'accord avec cela, mais si vous regardez le projet au Zaïre qui a
à peine deux ans, ce projet de courant continu a fonctionné
pendant quatre mois et quand je me suis présenté au Zaïre,
au mois de
janvier, cela fait déjà cinq mois que le projet ne
fonctionnait pas et on ne savait pas quand il serait mis en service.
C'était un projet tout à fait nouveau.
Le Président (M. Fortier): Donc, vous saviez, par vos
visites, qu'il pourrait y avoir des difficultés mais il semblerait que
présentement vous êtes un peu pris au dépourvu.
M. Coulombe: Je voudrais préciser un point qui est
fondamental. Le poste Châteauguay, actuellement, au point de vue
technique, technologique, fonctionne. Là où on a un
problème, c'est son intégration au réseau et surtout au
réseau américain. C'est un problème d'intégration
de réseau. Au point de vue mécanique, la botte qui est là,
cela fonctionne. Pourquoi y a-t-il des problèmes d'intégration
sur le réseau? On a affaire quand même à un
équipement qui massivement envoie ou devrait envoyer dans le
réseau américain jusqu'à 1500 et peut-être plus de
mégawatts et le réseau américain doit absorber cette
charge. Dans cette absorption de cette très grande quantité
d'énergie il se pose des problèmes d'oscillation que je n'oserai
pas essayer de vous définir et je vais demander à M. Godin ou
à M. Cloutier de le définir. Mais, il se produit un
phénomène qui doit être corrigé pour que tout
fonctionne comme il faut. Notre hypothèse à l'heure actuelle...
C'est un problème de semaines, ce n'est pas un problème de jours,
ce n'est certainement pas un problème d'années et on
espère que ce n'est pas un problème de mois non plus, c'est un
problème de semaines pour que les simulations dans le réseau
américain se fassent à la satisfaction des clients
américains. Ce sont des simulations qui ont été faites
à l'IREQ, en partie ici et, en ce qui nous concerne, on est satisfait
des résultats de ces simulations. Il reste maintenant aux
Américains de se satisfaire.
Deuxièmement, les chiffres qui ont été
mentionnés sont exacts, c'est de l'ordre d'environ 200 000 $ par jour de
manque à gagner pour Hydro-Québec; par rapport à nos
prévisions budgétaires on a 200 000 $ de moins par jour qui
entrent à Hydro-Québec. C'est la conséquence de ce
problème technique. Maintenant, l'intégration de ces 2000
mégawatts sur le réseau américain, je demanderais à
M. Godin en quelques mots d'en définir l'aspect plus technique. Je crois
que c'est fondamental de comprendre cela pour connaître un peu
l'explication de ce phénomène.
M. Godin (Pierre): Je ne suis pas un spécialiste en
oscillation et j'aurais de la misère à rentrer dans plusieurs
détails dans cela. Disons tout simplement que certains des
contrôles qui sont associés aux équipements en courant
continu ont des effets, si on veut, d'amplification de phénomènes
qui seraient, à ce qu'on peut comprendre, un peu naturels dans le
réseau américain dans lequel on tente d'injecter de grandes
quantités d'énergie. Alors, c'est un réseau qui a des
tendances naturelles à osciller, à ce qu'on nous dit, mais ce
sont des oscillations de faible amplitude avec lesquelles les Américains
sont habitués de vivre et sur lesquelles ils sont capables d'exercer les
contrôles voulus pour autant qu'on ne vienne pas superposer à cela
d'autres effets qui sont produits, justement, par les équipements en
courant continu. Ce sont des ajustements qu'il reste à faire pour
arriver à contrôler ces oscillations adéquatement au moment
où on injecte des grandes quantités à travers le courant
continu. Ce sont donc des contrôles additionnels qu'on est en train
d'ajouter qui sont des contrôles simples, des choses relativement simples
et c'est dans cet esprit que M. Coulombe dit que, c'est une question de
semaines qui devrait nous permettre de régler le problème.
Le Président (M. Fortier): Si j'ai bien compris les
explications que vous avez données et ce qu'on a dit à la
télévision, c'est que l'oscillation s'amplifie avec la distance
qui sépare le lieu où se fait la transformation du lieu où
est générée l'électricité; autrement dit, la
ligne de transport d'énergie est extrêmement importante.
En ce qui concerne la sixième ligne que vous avez l'intention de
construire et dont on parle dans le plan d'équipement, cette
transformation en courant continu va se faire à la source même.
Est-ce que vous prévoyez des problèmes d'intégration au
réseau du même genre puisqu'il va falloir transformer cette
énergie en courant alternatif lorsqu'on va arriver aux
États-Unis, j'imagine? Alors, on aura à faire face à des
problèmes semblables. Le fait que la transformation se fera à la
Baie James même, est-ce que cela aura tendance à amenuiser le
problème dont on parle présentement?
M. Coulombe: On espère que tous ces problèmes,
surtout du côté américain, vont être
réglés d'ici ce temps, on parle quand même de 1990. Entre
la solution du poste Châteauguay qui devrait se faire d'ici quelques
semaines on a aussi le poste de Madawaska avec le Nouveau-Brunswick où
on peut roder encore cette mécanique et on a le poste des Cantons en
1986. Ce sont toutes des étapes qui nous conduiront à raffiner
cette technologie assez sophistiquée et surtout à permettre aux
Américains, pendant ces années, de raffiner leur processus de
simulation de leurs réseaux et de se satisfaire que, technologiquement,
ils peuvent
absorber cette énergie. C'est en voie et on n'a pas de raison
d'être pessimistes sur cela parce que ce sont vraiment des
problèmes au niveau technologique. Si l'on regarde l'ensemble des
compétences qui sont impliquées dans cela, il n'y a pas de raison
d'être pessimistes à ce niveau puisque cela a fonctionné
ailleurs. Mais, le rodage s'avère un peu plus difficile parce qu'on a
affaire à des réseaux complexes, surtout du côté
américain, qui sont contrôlés, du côté
américain toujours, non pas par des entités comme
Hydro-Québec qui a une voie de contrôle sur l'ensemble du
réseau mais par une multitude de petites compagnies - des fois grosses,
mais souvent petites - et avec des productions d'électricité qui
sont de nature différente: thermiques, à l'huile, au charbon,
etc. Donc, c'est un réseau beaucoup plus complexe et il faut que cette
masse d'énergie que le Québec, l'Ontario ou ailleurs
s'apprête à leur fournir dans leurs réseaux ils soient
capables de l'absorber sans avoir des problèmes d'oscillation. On
espère que technologiquement cela va se régler dans les cinq
prochaines années.
Le Président (M. Fortier): Pour ma part, j'ai une
question, mais je voudrais laisser le temps à mes collègues de
poser des questions également. Compte tenu du fait que l'expertise
d'Hydro-Québec est dans le courant alternatif, est-ce que vous avez
engagé des experts de l'extérieur à
HydroQuébec?
M. Coulombe: Je vais clarifier cela et M. Cloutier pourrait en
parler un peu plus. Hydro-Québec a toujours gardé une expertise
dans le courant continu et lorsque je vous parlais tantôt de la
simulation, si jamais cela intéresse les membres du comité
d'aller voir cela à l'IREQ, c'est formidablement intéressant,
toutes les techniques de simulation du réseau. L'IREQ a eu plusieurs
contrats de simulation de réseaux en courant continu, en Inde et je ne
sais où. À ce niveau, l'IREQ est très avancé et on
y a toujours gardé cette expertise. M. Cloutier peut en parler un peu
plus.
M. Cloutier (Gilles): Effectivement, l'IREQ, déjà
dès 1974 ou au milieu des années soixante-dix, avait
démarré et développé une expertise du
côté du courant continu en fonction, en particulier, des
études qui se faisaient sur le réseau de transport pour la Baie
James. À ce moment, nous avons bâti, nous avons mis sur pied un
des systèmes les plus sophistiqués qui existent actuellement au
monde dans le domaine de simulation des réseaux à courant
continu. Nous avons avec cela une équipe d'experts vraiment de
très grand calibre. Pour les études qui se font actuellement sur
le problème du poste de Châteauguay - cela relève de M.
Godin - je crois qu'il y a des experts de l'extérieur qui ont
été appelés à regarder le problème et
à s'assurer que les solutions proposées soient les bonnes. (11 h
45)
Le Président (M. Fortier): Quand même, est-ce que
vous me dites que c'est l'IREQ qui est impliqué dans l'ingénierie
de détail et pour la mise en marche du poste de Châteauguay? 11
reste quand même que les ingénieurs d'Hydro-Québec qui,
dans le passé, avaient travaillé sur les lignes de transport
d'énergie, n'avaient pas travaillé sur les lignes de transport
d'énergie, du moins, dans des postes à courant continu.
M. Cloutier: Ce que je voudrais bien préciser, ce dont je
parle, c'est de toutes les études qui ont trait à la gestion, au
contrôle, si on peut dire, des réseaux et des interconnexions
à courant continu où on a des équipements qui nous
permettent de simuler dans nos laboratoires, de façon absolument exacte,
le comportement des systèmes de commande pour les réseaux
à courant continu. Maitenant, tout cela se fait sous la direction, selon
des demandes expresses du groupe d'équipement ou du groupe exploitation
d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Fortier): M. le député
d'Abitibi-Est. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président. Dans le domaine des ventes
sur le marché interne, dans le plan de développement vous
annoncez que vous comptez investir 150 000 000 $ dans les programmes
commerciaux au cours de la période 1985-1987 et, parmi ces
programmes-là, il y a bien sûr le programme de biénergie
qui a connu un succès assez remarquable, en particulier pour ce qui est
des résidences individuelles. C'était jumelé à une
subvention fédérale qui doit être abolie à compter
du 31 mars prochain. J'aimerais savoir de votre part si vous envisagez la
poursuite de ce programme de biénergie dans sa forme actuelle ou sous
une autre forme et quels moyens vous entendez mettre en oeuvre pour continuer
à intéresser les consommateurs à la transformation de
leurs fournaises, en particulier celles qui sont installées au
pétrole, à leur transformation à des systèmes
mixtes électricité-pétrole dans ce cas-là.
M. Bourbeau (Joseph): M. Claude Boivin.
M. Boivin (Claude): Concernant le programme de biénergie
dans le secteur de l'habitation, effectivement, un des supports importants de
ce programme était la subvention du programme canadien de remplacement
du pétrole. On sait que cette subvention est abolie à compter du
31 mars. Hydro-Québec, malgré ce fait, vient
d'annoncer que la subvention de 650 $ dans le secteur domiciliaire
serait maintenue jusqu'à la fin de l'année. Maintenant, il est
évident que nous avons des études et des sondages en cours
auprès des consommateurs pour tâcher de déterminer pourquoi
environ 250 000 propriétaires d'unité de logement unifamilial au
Québec ne se sont pas prévalus à ce jour des
différents programmes de sorte que, lorsque nous aurons ces
réponses-là, nous articulerons des programmes qui nous
permettront de convaincre ces consommateurs. Je vous avoue candidement que,
même si j'avais une partie des réponses à la situation du
marché actuel, j'hésiterais à la donner aujourd'hui,
compte tenu du fait qu'entre autres, nos concurrents, notamment
Gaz-Métro, refusent, probablement avec raison, de dévoiler
à la Régie de l'énergie et du gaz son plan de marketing.
Alors, pour les mêmes raisons, les raisons de concurrence, il y a
certains éléments qu'on aime garder à l'état de
surprise quand on sera prêt.
M. Rodrigue: Mais, dans le domaine domiciliaire en particulier,
pour le bungalow, je pense que la concurrence des gaziers est moins vive parce
que l'installation électrique dans bien des cas est déjà
faite. Parfois, cela peut demander une addition à l'entrée
électrique pour installer le système biénergie, parfois,
et surtout dans les résidences relativement récentes, les
installations ont été faites d'une capacité telle qu'il
n'y a possiblement pas besoin d'addition à la capacité des
entrées électriques dans ces résidences. Quant au
réseau de distribution gazier, dans bien des cas, il ne se rend pas aux
habitations, aux bungalows en particulier, et cela demeure, il me semble, un
marché qui est très accessible à Hydro-Québec et
pour nous la concurrence est moins vive que sur le plan des multihabitations,
c'est-à-dire les immeubles d'habitation de 12, 16 ou 24 logements ou
encore le commercial ou l'industriel. Là, évidemment, la
concurrence est plus vive. Dans le domaine résidentiel, cette
concurrence me semble, en tout cas, relativement ténue, d'autant plus
que le gaz ne se rend pas partout au Québec tandis que
l'électricité, elle, est présente partout.
Si je comprends bien, vous n'avez pas encore pu évaluer les
raisons pour lesquelles ces quelque 250 000 habitations n'ont pas
été transformées malgré les programmes très
alléchants qui ont été proposés et cela depuis de
nombreuses années. Le programme Énergain, je pense, venait aussi
contribuer à cela. Est-ce que vous avez une idée du nombre de
conversions qui pourraient potentiellement être réalisées
si de tels programmes étaient maintenus? On parle de 250 000 ou 225 000
habitations qui n'ont pas été converties. J'imagine que
l'ensemble de ces propriétés ne sont peut-être pas aptes
à l'être, pour des raisons diverses que j'ignore. Est-ce que vous
avez une idée du marché potentiel qui pourrait encore faire
l'objet de ces conversions dans le domaine résidentiel? Je
réfère en particulier à la résidence
individuelle.
M. Boivin: Dans le secteur résidentiel, les 250 000
habitations unifamiliales dont on parle sont, en grande majorité, des
habitations qui datent d'au-delà de vingt ans. Il y en a environ 200 000
qui utilisent des systèmes de chauffage à l'eau chaude. Alors, il
y a peut-être des adaptations à nos programmes à faire en
fonction de cela et nous sommes en train de tenter, par des sondages,
d'évaluer pourquoi les consommateurs qui habitent des résidences
plus âgées n'ont pas sauté sur les aubaines qui leur
étaient présentées. Effectivement, les programmes que nous
avions depuis deux ans étaient très avantageux.
M. Rodrigue: Il a été question - je pense que j'ai
lu cela dans les journaux -d'un projet qui était à l'étude
à Hydro-Québec, ou du moins d'une analyse qui a été
faite, de la possibilité d'installer des appareils de
télécommande sur ces systèmes biénergie de
façon qu'Hydro-Québec puisse contrôler sa charge, à
l'occasion des pointes en particulier, en délestant, pour la charge que
constituent les installations à la biénergie, la partie
électrique et en la laissant fonctionner temporairement au
pétrole. Est-ce que vous êtes bien avancés dans l'analyse
de ce projet qui consisterait à télécommander, directement
d'Hydro-Québec, l'opération des systèmes biénergie?
Est-ce que la cible d'installation de tels systèmes était en
particulier les systèmes biénergie résidentiels ou si
c'est aussi l'ensemble des systèmes biénergie, soit
résidentiels ou commerciaux? Est-ce que c'est quelque chose qui pourrait
se réaliser à court terme ou si c'est un projet encore sous
analyse?
M. Boivin: II faut se rappeler que, au moment où nous
avons lancé les programmes de biénergie, une des intentions que
nous avions, c'était justement d'être capables
éventuellement de télécommander ces installations. Comme
palliatif, entre-temps, ce que nous avons pour contrôler les
systèmes biénergie c'est une sonde extérieure qui
transfère automatiquement du mazout à
l'électricité, selon la température, chez le consommateur.
Il est intéressant, à moyen terme, pour Hydro-Québec
d'être capable de télécommander ces installations et
d'ajuster la demande chez ses consommateurs, en fonction de l'évolution
de la demande sur notre réseau. Présentement, les études
sont en cours à Hydro-Québec concernant, premièrement, le
choix des systèmes de télécommande que nous devrions
éventuellement installer. Ces études sont faites par le
groupe exploitation et sont présentement passablement avancées.
M. Godin pourra peut-être vous donner des précisions
additionnelles tantôt. Nous entrevoyons, à l'automne 1985,
être capables de faire les premières expériences. Avant de
choisir, de façon finale, un système plutôt qu'un autre,
nous avons l'intention d'expérimenter sur le réseau, à
petite échelle, différents systèmes de
télécommande avant de faire un choix définitif. Compte
tenu de nos prévisions actuelles, nous avons jusqu'à la fin de
1988 environ avant d'être obligés de réaliser les
installations complètes de télécommande. À ce
moment-là, cela voudra dire également, du côté des
consommateurs que, lorsque nous pourrons gérer nous-mêmes la
consommation chez eux, nous introduirons probablement pour eux des tarifs
préférentiels afin de les inciter à utiliser la
biénergie en laissant à HydroQuébec le choix de la
télécommande et des heures d'utilisation.
M. Rodrigue: Cela va. Je vous remercie.
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Saguenay.
Manic 5 PA
M. Maltais: Merci, M. le Président. Il y a une quinzaine
de mois, les membres du conseil d'administration d'Hydro-Québec
étaient ici, plus précisément le 12 décembre 1983.
À cette époque, vous avez annoncé le report pour plusieurs
années de Manic 5 PA parce que c'était une puissance
additionnelle, de l'électricité de pointe et qu'à ce
moment-là il n'y avait pas de marché ou les marchés
étaient peu importants comparativement à l'investissement qui
était nécessaire.
Je vous cite: "Le problème de Manic 5 est totalement
différent. C'est une énergie de pointe dont on n'a pas besoin
avant plusieurs années. " De la même façon que je vous l'ai
dit tantôt, l'année dernière, on avait examiné la
possibilité de retrancher LG 4. Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui,
après quinze mois, vous avez de nouveaux marchés pour Manic 5
PA?
M. Bourbeau (Joseph): Voici. Je crois qu'on a fait état,
au tout début de cette commission, de l'effort considérable qu'on
a fait pour vendre de l'énergie excédentaire soit au
Québec, soit aux États-Unis. Je voudrais vous faire remarquer
que, même si on a des excédents, même si on a des surplus -
c'est ce qu'on avait en 1983 lorsqu'on est venu ici - on voyait qu'on pouvait
déplacer la centrale Manic 5 de quelques années.
Cette année, sur le plan de l'énergie de pointe, toutes
les installations de la Baie James ont été mises à
contribution. Il ne restait, lorsqu'on est arrivé à la pointe,
que six mégawatts qui sont demeurés à la Baie James, qui
n'ont pas été transportés sur le réseau de
transport. On s'aperçoit que les ventes, ne serait-ce que les ventes
d'énergie excédentaire, exigent que, quand on arrive à la
pointe, on a besoin de tout le réseau. Or, on est en 1985, et il est
certain que si on continue - il nous reste encore trois groupes à
installer à LG 4 - vers 1989, il y aura un besoin de pointe qui
n'était pas prévisible en 1983, parce que nos programmes de mise
en marché n'avaient pas commencé. On connaît maintenant le
succès de ces programmes.
M. Coulombe: Je voudrais seulement ajouter un point.
L'année passée - on vient de me donner ça - on avait aussi
ajouté que, s'il y avait un projet de pointe à faire, Manic 5
serait le premier à être considéré et, donc, s'il y
avait une accélération au niveau des besoins d'équipement,
ce serait le premier qui serait devancé. C'est la façon dont on
avait présenté cela dans le cas de Manic 5.
M. Maltais: D'accord. Au sujet de la dépense, qui est de
l'ordre d'environ 680 000 000 $, vous étiez rendus l'an passé
à environ 20 % des travaux lorsque vous les avez arrêtés,
le gouvernement avait décidé que vous alliez investir
plutôt dans la rénovation d'autres centrales hydrauliques et
d'autres équipements devenus désuets. Cela faisait
également partie du programme de relance gouvernemental en ce sens
qu'Hydro-Québec devait diversifier ses investissements dans d'autres
régions et en profiter aussi pour rénover certains
équipements, certaines centrales dont, en particulier, Beauharnois.
À la fin de 1986, alors que vous prévoyez mettre en
chantier Manic 5 - 1986 ou 1987 - à ce moment-là, le coût
excédentaire sera de combien, comparativement à ce qu'il aurait
été si vous aviez continué les travaux en 1983-1984?
Est-ce que c'est le même montant? Il n'y a pas d'augmentation? Tout est
demeuré stable?
M. Bourbeau (Joseph): M. Michel Grignon.
M. Grignon (Michel): Je n'ai pas très bien saisi la
question, mais...
M. Maltais: En 1983 ou 1982, lorsque vous avez commencé
les travaux de Manic 5, ils étaient estimés à X millions
de dollars; je n'ai pas les chiffres. Mais le fait que vous les ayez
retardés de trois ou de quatre ans, est-ce que ça
n'entraîne pas une augmentation des coûts, une légère
augmentation des coûts ou si ça reste le
même montant qui était prévu dans Ies années
quatre-vingt?
M. Grignon: D'une façon générale, les coûts
augmentent parce que, si on fait les travaux d'avance, il faut emprunter de
l'argent à l'avance. D'autre part, les coûts diminuent parce que
si on construit plus tôt, les matériaux et la main-d'oeuvre
coûtent moins cher à cause de l'inflation. En fait, comme, en
général, les taux d'intérêt sont plus
élevés que l'inflation - c'est-à-dire qu'il y a un taux
d'intérêt réel - plus on devance un projet, plus ça
coûte cher. (12 heures)
Dans le cas de Manic 5, cependant, au moment où on se parle, il y
a pour 275 000 000 $ de dépenses qui ont été
effectuées, et ça représente, en termes de volume des
travaux, la moitié des travaux. De fait, il est prévu de le
mettre en service en 1989, parce que les coûts de devancement à ce
moment-ci, compte tenu des contrats qui sont signés et de l'application
des clauses d'indexation si on devait prolonger l'arrêt du chantier et,
d'autre part, du bénéfice qu'on peut en retirer -
c'est-à-dire qu'un suréquipement comme Manic 5 permettrait quand
même de revaloriser, de rendre plus d'énergie disponible au moment
où les marchés le requièrent - permettraient d'obtenir de
meilleurs prix pour notre énergie. La décision économique
a essentiellement porté là-dessus. C'est rentable, si on veut, de
mettre Manic 5 en service au moment où il est prévu dans le plan
de développement.
M. Coulombe: Pour répondre spécifiquement à
votre question, on pourrait apporter cet après-midi le petit tableau.
Votre question précise est par rapport au coût prévu au
début des travaux: la différence exacte...
M. Maltais C'était de l'ordre de 700 000 000 $.
M. Coulombe:... entre les coûts prévus aujourd'hui.
On va sortir le petit tableau puis on vous le donnera cet
après-midi.
Le Président (M. Fortier): Je pense bien qu'il y a
certainement un coût additionnel.
M. Coulombe: Oui, oui. C'est exact.
Le Président (M. Fortier): À ce
moment-là...
M. Coulombe: Mais comme on ne l'a pas sur les doigts, on va le
sortir clairement et on va vous le donner.
M. Maltais: L'an passé on avait évalué
grosso modo que le coût total serait de 1 122 000 000 $ et c'était
de 700 000 000 $ à ce moment-là. Ce qui veut dire que cela fait
une différence de 400 000 000 $.
M. Coulombe: On va vous le donner clairement cet
après-midi.
M. Maltais: C'est à peu près 60 % du coût
total à cause du fait qu'on l'ait retardé de trois ans.
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Saguenay, avez-vous terminé?
M. Maltais: Non, je n'ai pas terminé. Le
Président (M. Fortier): Non, cela va.
M. Maltais: Lorsque vous allez refaire Manic 5 ou que vous allez
construire ces choses-là, avez-vous prévu, dans vos
investissements, le fameux problème des trous dans Manic 5? Je sais
qu'à un moment donné on voulait mettre un mur de pierres en avant
et que cela pouvait poser certains problèmes. Je suis sûr que vous
avez fait beaucoup de déclarations depuis qu'on a senti que Manic 5
pouvait avoir de petites failles, mais vous allez comprendre que c'est d'une
importance capitale pour les 35 000 personnes qui sont à la sortie de la
rivière Manicouagan, de la rivière aux Outardes et aussi des gens
de la rive sud. Qu'allez-vous faire exactement pour pallier
définitivement ce problème-là?
M. Coulombe: Peut-être que M. Hamel pourra faire le point
sur la question des failles, mais avant, il faut tout de suite faire une
distinction: les travaux de Manic 5, puissance additionnelle, n'ont pas de
rapport. Je veux dire que les travaux peuvent se faire en attendant la solution
définitive aux failles de Manic 5.
M. Maltais: Je suis bien d'accord avec vous, mais le
problème existe quand même depuis quatre ou cinq ans et le fait
que vous fassiez des travaux additionnels là, je pense que vous voulez
sans doute profiter de l'occasion pour régler une fois pour toutes ce
petit problème-là.
M. Coutombe: M. Hamel peut peut-être faire le point exact:
où en sont les études et quel est l'échéancier
prévu pour la solution de Manic 5?
M. Maltais: D'accord.
Le Président (M. Fortier): M. Hamel.
M. Hamel (Laurent): En ce qui concerne le barrage Daniel-Johnson,
on a entrepris des études en 1982 à la suite de l'apparition
de
fissures et d'écaillés à la superficie de certains
contreforts et de certaines voûtes.
En fait, ces études visaient à confirmer la durée
de la vie du barrage. Lorsqu'on l'a construit, on avait prévu une
existence minimum de 50 ans. On voulait s'assurer à court, moyen et long
termes que ce barrage allait tenir le coup. Alors les études ont
été entreprises en 1982, et on en a eu les premiers
résultats très préliminaires au cours de l'année
1984. Ces résultats préliminaires nous ont démontré
qu'à court terme le barrage n'était pas en danger. À
l'heure où l'on se parle, on continue les études pour confirmer
qu'à moyen ou à long terme le barrage pourra tenir le coup tel
que prévu originalement. Alors ces études devraient être
terminées à la fin de cette année. Entre-temps, on essaie
d'imaginer les scénarios les pires et on entrevoit actuellement
possiblement des mesures de confortement de certaines zones du barrage. Ce
n'est pas encore sûr. Vers le milieu de 1985, les études vont nous
confirmer si on aura besoin ou non de mesures de confortement. Entre-temps on
fait toutes sortes de scénarios pour voir ce que cela pourrait donner et
se préparer à entreprendre ce travail le plus tût possible,
si nécessaire.
Alors à la fin de cette année, on saura exactement si on a
besoin de travaux de confortement et aussi quelle sorte de travaux on va
entreprendre. Et à votre question, on espère être capable
de réaliser ces travaux, s'il y a lieu, au même moment où
l'on va achever la centrale Manic 5 PA.
M. Maltais: D'accord. M. le Président, en 1986, c'est dans
quelque 18 ou 20 mois, vous prévoyez commencer les travaux à la
fin de 1986, n'est-ce pas, dans votre programme d'investissement? Est-ce que
d'ici à ce temps, il y a des choses qui peuvent se produire? Est-ce que
le marché peut tomber ou vous pouvez perdre les contrats, je ne sais pas
trop quoi? Mais qui fait qu'à la fin de 1986, ce soit encore
reporté? Ou un changement ou un événement politique, un
changement de ministre parce qu'à chaque fois qu'on change, il y en a un
qui a des idées nouvelles et on recule. L'an passé, on nous a
dit: Le premier ministre veut relancer l'économie au Québec et
Hydro-Québec devra y participer en ne faisant pas ces industries de
pointe jugées non nécessaires dans le temps. Est-ce que d'ici
à 1986 il peut arriver les mêmes incidents qui ont fait que cela a
retardé la construction de la Manic 5 PA de trois ans?
Le Président (M. Fortier): On parle de puissance, M.
Bourbeau.
M. Bourbeau (Joseph): Je disais tout à l'heure que le
succès de nos ventes d'excédentaire faisait que cette
année on avait dû mettre à contribution toutes nos
installations pour rencontrer la pointe. Je crois qu'on a fait état, au
tout début de cette commission parlementaire, du fait qu'on va doubler
nos ventes excédentaires d'ici à 1987. Cela laisse supposer qu'en
1986, lorsqu'on voudra commencer les travaux à Manic 5, on aura encore
dans l'idée qu'il faudra avoir Manic 5 en 1989.
M. Maltais: Ce qui veut dire que, selon vos prévisions,
Hydro-Québec...
M. Bourbeau (Joseph): À l'heure où on se parle.
M. Maltais:... à l'heure où vous me parlez,
à moins d'un bouleversement total, Manic 5 PA va commencer à la
fin de l'année 1986. Vous me confirmez cela, c'est bien cela?
M. Bourbeau (Joseph): C'est cela. M. Maltais: Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Fortier): Juste une question brève
à M. Hamel sur la question de Manic 5. Il y a des journalistes qui
m'avaient rejoint et qui me parlaient d'un empierrement de Manic 5.
D'après les questions qui m'étaient posées, j'avais comme
l'impression qu'il était question de transformer le barrage de Manic 5
en barrage-poids avec un empierrement qui serait tout au tour. Si je comprends
bien, l'option d'empierrer Manic 5, si c'est une des options, elle n'a
nullement, comme résultat, de modifier la structure de Manic 5 pour en
faire un barrage-poids.
M. Hamel: Là-dessus, disons qu'à court ou à
moyen terme, et à long terme si on pense en terme la vie du barrage,
pour nous il n'en est pas question. Par contre, si on pense au-delà de
50 ans, au-delà de la vie utile du barrage, si on se reporte dans 100
ans à partir d'aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il va falloir, à
un moment donné, prendre des décisions de cette nature, dans
cette...
Le Président (M. Fortier): Aux fins de la discussion, on
sait qu'il s'agit d'un barrage-voûte alors qu'Hydro-Québec au
début avait le choix entre bâtir un barrage-poids et un
barrage-voûte. Vous me dites que l'une des options, au-delà de 50
ans, ce serait peut-être de considérer d'en faire un
barrage-poids. C'est une des options que vous considérez.
M. Hamel: Nous avons regardé cette option très
brièvement et on a dit: C'est peut-être une des options à
considérer à très long terme. Pourquoi l'a-t-on
regardée? Parce que, comme vous le savez, on va
s'apprêter à parachever la centrale Manic 5 PA et on
voulait voir, avec une étude très courte, si jamais on devait,
dans 50 ans d'aujourd'hui, construire un barrage en enrochement en aval du
barrage actuel, est-ce que ce barrage, éventuellement, viendrait fermer
la centrale Manic 5 PA ou boucher les ouvertures des sorties d'eau de la
centrale Manic 5 PA. Alors, on a fait juste une petite étude de quelques
jours et on s'est aperçu que, si jamais on devait, dans 50 ans, 60 ans,
d'aujourd'hui, faire un barrage en enrochement en aval du barrage actuel,
à ce moment, cela ne mettrait pas en cause la centrale Manic 5
PA.
Le Président (M. Fortier): J'imagine que ces études
de vos ingénieurs, ils les font en collaboration avec les concepteurs
originaux, français et québécois. Dans combien de temps,
peut-être vous l'avez dit, vous attendez-vous avoir un rapport plus
définitif sur cette question?
M. Hamel: II y a un rapport sur l'ensemble des études qui va
être présenté en octobre prochain. Alors, au mois d'octobre
1985, à la fin d'octobre, au début de novembre 1985 au plus tard,
on devrait être fixé sur la situation concernant le barrage
Daniel-Johnson.
Le Président (M. Fortier): Vous dites que l'ampleur des
études sera telle que la direction d'Hydro-Québec pourra statuer
d'une façon plus définitive sur des corrections à
apporter, si besoin est.
M. Hamel: S'il y a besoin de confortement, cela nous permettra,
au mois d'octobre, de préciser ces mesures de confortement et d'essayer
de les réaliser au cours des années 1987-1988, alors qu'on sera
à terminer la centrale Manic 5 PA.
Le Président (M. Fortier): Mais avec cette option, je sais
que ce n'est qu'une option d'étude, on parle de milliards de dollars,
j'imagine, si on va dans cette direction.
M. Hamel: Cela peut être aucun confortement, comme cela
pourrait être un confortement qui pourrait coûter plusieurs
dizaines de millions, peut-être 100 000 000 $, cela reste à voir.
Mais ce n'est certainement pas des milliards de dollars.
Le Président (M. Fortier): Non?
M. Hamel: C'est de l'ordre de quelques dizaines de millions de
dollars, tout au plus une centaine de millions de dollars.
Le Président (M. Fortier): Merci. M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Merci, M. le Président, dans la même
veine que le député de Saguenay, dans votre document sur votre
plan de développement, vous parlez d'équipements qui sont
ramenés dans le temps. Il y a Manic 5 PA, LG 2 PA, ce qui
m'intéresse davantage aussi.
Je regarde votre tableau à la page 39. C'est un devancement de
1998 à 1992 que vous prévoyez actuellement. Ce que j'aimerais
savoir... Je voudrais avoir plus de détails, particulièrement sur
LG 2 PA, ce en quoi consistent par exemple les travaux que vous voulez ajouter.
Est-ce que vous avez déjà un échéancier pour une
mise en service en 1992? Est-ce que votre échéancier est
déjà prêt, afin de savoir quand les premiers travaux, les
premiers emplois seront créés là-bas? Les coûts,
j'avais cru comprendre qu'ils étaient de l'ordre de 1 500 000 000 $.
Est-ce que je pourrais avoir des détails du genre, c'est-à-dire
les emplois annuels jusqu'en 1992, où on devrait être en
service?
M. Bourbeau (Joseph): M. Laurent Hamel.
M. Hamel: En ce qui concerne le suréquipement de LG 2,
c'est un projet dont les travaux commenceront à la fin de 1986 ou au
début de 1987, suivant l'obtention des permis requis. Les mises en
service vont se faire en 1992-1993, et les travaux se termineront en 1994. Le
coût total du projet, en dollars courants, nous l'estimons actuellement
à 1 435 000 000 $.
En fait, j'ai manqué un bout de la question, je m'en excuse, j'ai
été distrait. Pardon?
M. Bordeleau: Par rapport à la main-d'oeuvre, les emplois
progressivement...
M. Hamel: D'accord. En ce qui concerne la main-d'oeuvre, je n'ai
pas les données avec moi. Ici, j'ai les dollars par année. On
pourrait vous fournir, cet après-midi, un tableau qui vous donnerait les
dollars par année et aussi le niveau des effectifs. Mais juste pour
votre information, à la pointe, on parle d'à peu près 1200
personnes sur le chantier...
M. Bordeleau: Qui seraient...
M. Hamel:... incluant les effectifs de gérance du
projet.
M. Bordeleau: Oui, la pointe viendrait...
M. Hamel: La pointe, ce sont les années 1990, 1991.
Le Président (M. Fortier): Cela va commencer...
M. Hamel: Excusez, 1989, 1990, 1991,
les trois années de pointe.
M. Bordeleau: Les trois années de pointe. Maintenant, la
nature des travaux, c'est un autre barrage à côté de celui
déjà existant.
M. Hamel: La centrale de LG 2, c'est un suréquipement. On
sait que le barrage principal est terminé, il est en service, il y a les
digues. Alors, au niveau des réservoirs, il n'y a pas de travaux
à faire. La seule chose qu'il nous reste à faire, c'est d'excaver
une nouvelle prise d'eau, qui se trouvera à environ 1000 pieds à
l'ouest -pour ceux qui connaissent le site - de la centrale existante; alors il
s'agit de creuser un nouveau canal, une nouvelle prise d'eau. Ce sont des
conduites forcées souterraines, c'est un complexe souterrain qui est, en
fait, une copie de la centrale actuelle, mais en plus petit. On sait que la
centrale actuelle en est une de seize unités. Alors, on va construire
à LG 2 PA une centrale de six unités. En termes de sections, de
profil, c'est exactement une copie de la centrale actuelle, seulement qu'elle
est plus courte. On passe de seize à six unités.
Il va falloir, pour avoir accès à cette nouvelle centrale,
percer de nouvelles galeries d'accès souterraines et de nouvelles
galeries de fuite souterraines, pour évacuer l'eau qui passera dans les
turbines.
M. Bordeleau: Concernant un autre équipement, soit celui
de la sixième ligne du transport, est-ce que les travaux de cette
dernière et ceux de LG 2 seront simultanés? Ils vont se faire,
j'imagine, à peu près en même temps, ils vont partir de LG
2 pour descendre...
M. Hamel: La sixième ligne, en fait, est réellement
requise pour l'année 1992; on a décidé de la devancer de
deux ans pour des questions d'exportation. Alors les travaux sur le terrain de
la sixième ligne vont commencer à peu près en même
temps que LG 2 PA, c'est-à-dire au début de l'année 1987.
Ils devraient être terminés, incluant le poste redresseur à
Radisson, à la fin de l'année 1989, pour nous donner, de 1989
à 1990, une année d'essai et de rodage. Et la mise en service de
la sixième ligne du poste de Radisson devrait être faite à
l'automne 1990 tel que prévu. (12 h 15)
Le Président (M. Fortier): Si le député me
le permet, vous parlez d'un début des travaux en 1987, est-ce que vous
pourriez préciser où en est l'état des travaux
présentement? Si je comprends bien, comme la loi l'exige et comme
l'entente de la Baie James l'exige, vous devez vous soumettre à toute la
loi en ce qui concerne la protection de l'environnement, à l'entente de
la Baie
James, impliquer les autochtones? À quelle étape de vos
études et de la soumission des documents êtes-vous rendus et
est-ce que vous prévoyez que deux ans c'est suffisant pour vous assurer
d'obtenir les autorisations nécessaires avant que les travaux commencent
en 1987?
M. Hamel: En gros, actuellement, concernant la sixième
ligne, nous sommes à l'étape du choix du corridor
préférentiel. On a divisé le réseau en trois
tronçons. On sait que cela part de Radisson et que cela se termine au
poste des Cantons. Or, nous avons trois grands tronçons, le
tronçon du territoire conventionné qui est le territoire de la
Baie James, il y a un tronçon centre qui est au nord du fleuve et le
tronçon sud qui est la traversée du fleuve et la partie sud du
fleuve. Alors, en ce qui concerne les deux tronçons du nord,
c'est-à-dire la partie conventionnée et le centre, disons qu'au
niveau du corridor, la décision est pas mal arrêtée. En ce
qui concerne la partie sud, les études, les discussions sont en cours
actuellement. On s'attend d'avoir le premier décret nous permettant de
pousser nos études dans le corridor préférentiel,
c'est-à-dire l'étude des tracés détaillés,
à la fin d'avril ou au début de mai. Déjà,
même avant d'avoir le décret, on commence à regarder dans
la partie nord, partie qui n'est pas conventionnée, les tracés
détaillés.
Alors, cela se déroule tel que prévu, selon notre
programme, et nous, à moins qu'il nous arrive quelque chose de
réellement imprévisible, on s'attend d'avoir nos permis pour
l'année 1986 tel que prévu.
Le Président (M. Fortier): Vous devez obtenir les
autorisations du ministère de l'Environnement?
M. Hamel: Exact.
Le Président (M. Fortier): À quel moment allez-vous
soumettre les documents officiels au ministère? Ensuite, il y aura les
auditions du BAPE, j'imagine?
M. Hamel: À la fin de cette année, cela nous laisse
une année, soit l'année 1986 pour passer les audiences publiques
et obtenir les permis.
M. Coulombe: M. le Président, vous permettez. Je ne
voudrais pas qu'on donne l'impression que tout se déroule sur un tapis
magique. Cela va être assez complexe d'avoir l'ensemble des
autorisations, pas par mauvaise volonté de personne, mais parce que
c'est un processus qui est très complexe et on n'aura pas trop de l'aide
de tout le monde pour vraiment arriver avec ce genre
d'échéancier. Aujourd'hui, cela va passablement bien, mais les
étapes des deux
prochaines années sont cruciales pour aboutir à avoir une
ligne en fonctionnement, si on veut que le contrat qu'on s'apprête
à signer avec le NEPOOL puisse fonctionner tel que prévu, et
là on parle de centaines de millions de dollars de revenus. On se croise
les doigts parce qu'il n'est pas clair que cela va toujours continuer sur des
roulettes.
Le Président (M. Fortier): C'est pour cela que je pose la
question, M. Coulombe, parce que, c'est bien sûr, chaque fois que vous
devez construire une ligne de transport d'énergie, que ce soit dans la
partie conventionnée ou que ce soit en milieu plus urbain, dans le sud,
on sait les difficultés que vous devez affronter. D'ailleurs, c'est
normal que le public soit impliqué vu que cela a des implications
très considérables pour l'ensemble de la population et pour les
autochtones dans le nord. C'est pour cela que je posais ces questions pour
essayer de voir que, comme cette étape est une étape très
décisive, vous ne pouvez vous permettre de ne pas rencontrer votre
échéancier. J'essayais de savoir quelle était votre marge
de manoeuvre de ce côté et quel était votre calendrier de
façon plus précise.
M. Rodrigue: M. le Président, je voudrais ajouter que,
tout en ayant le souci de respecter les mécanismes de consultation des
populations, qui ont été mis en place par les lois qui ont
été adoptées depuis un certain nombre d'années au
Québec, le gouvernement, pour s'assurer qu'il n'y aurait pas de
délai indu à cause des échanges qui peuvent exister d'un
ministère à l'autre dans ce domaine, a mis sur pied un
comité interministériel qui a déjà tenu deux
réunions importantes où Hydro-Québec a été
appelée à expliquer les contraintes auxquelles elle fait face en
vue de la réalisation de ce projet. Nous sommes assurés, de cette
façon, par des discussions interministérielles, dès
l'amorce des études d'impact et d'environnement qui sont menées
pour évaluer ce projet. Nous nous sommes assurés de cette
façon qu'il n'y aurait pas de délai additionnel dû aux
discussions qui doivent se faire d'un ministère à l'autre. Tous
les ministres concernés ont participé à ces rencontres.
Ceci nous assure qu'une fois le processus de consultation publique
enclenché, il n'y aura pas de délais additionnels qui pourraient
être causés par les discussions interministérielles, mais
que ces discussions vont se faire au préalable.
Le Président (M. Fortier): Avec l'assurance du ministre,
Hydro-Québec peut aller en paix. M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Oui, je continue. Toujours au sujet de la
sixième ligne, est-ce que cette ligne va être
intégrée au reste du réseau par rapport aux cinq autres
lignes ou est-ce que c'est une ligne qui va directement servir pour
l'exportation aux États-Unis sans être rattachée au reste
de l'ensemble du réseau?
Le Président (M. Fortier): M. Hamel.
M. Hamel: Tout à l'heure, j'ai mentionné que la
sixième ligne était requise, en fait, pour la mise en service de
LG 2 PA en 1992. On a décidé de devancer de deux ans pour des
questions d'exportation. Alors, de la date de sa mise en service, en 1990,
jusqu'en 1992, cette ligne ne sera pas intégrée au réseau
d'Hydro-Québec. Par contre, en 1992, nous prévoyons construire un
poste à Nicolet, un poste onduleur qui va permettre d'intégrer la
sixième ligne au réseau d'Hydro-Québec au niveau du poste
de Nicolet.
M. Bordeleau: Moi, cela va.
Le Président (M. Fortier): Juste une courte question avant
de passer la parole à mon collègue. L'an dernier, en
réponse à une question que j'avais posée, on avait dit que
le coût était de l'ordre de 1 000 000 000 $. Je ne sais pas si
dans votre document vous... Pourriez-vous nous dire l'importance de cette ligne
et si elle pourrait être construite par modules au fur et à mesure
des ventes d'électricité aux États-Unis? Autrement dit,
vous pourriez déterminer le corridor, vous pourriez construire les
pylônes, et tout cela, et ajouter des lignes. Sur le plan technique,
est-ce que vous croyez que la construction pourra se faire par modules selon
les échéanciers d'exportation? Quel est le prix global, de toute
façon?
M. Hamel: Au niveau du prix global du projet, incluant le poste
de Radisson, on parle d'un projet de l'ordre de 1 200 000 000 $. La ligne
proprement dite, c'est de l'ordre d'à peu près 900 000 000 $ et
le restant c'est pour le poste de Radisson. Si j'exclus le poste de Nicolet, le
poste de Radisson et la ligne sont complètement requis pour la mise en
service en 1990.
Le Président (M. Fortier): Pour une capacité
de?
M. Hamel: Pour une capacité éventuelle de 2000
mégawatts, mais lorsque nous allons construire la ligne, pour passer les
premiers 100 mégawatts, cela va nous prendre la ligne à son
étape finale, c'est-à-dire avec une capacité de 2000
mégawatts. Tranquillement, au fur et à mesure du temps, on va
augmenter la puissance de la ligne pour, éventuellement, la monter
jusqu'à 2000 mégawatts en 1992. C'est sûr que pour la
construction, c'est-à-dire de 1987 jusqu'à
1990, on va procéder par étapes, c'est-à-dire par
tronçons. Les contrats vont être adjugés par tronçon
pour ne pas engorger le marché.
Le Président (M. Fortier): Par tronçons, mais la
ligne va être complète.
M. Hamel: Oui, il faut que la ligne soit complète. Il faut
comprendre que cette ligne ne sera pas intégrée au réseau
du Québec pendant deux ans; alors, il faut qu'elle se tienne par
elle-même de Radisson jusqu'au poste des Cantons.
Le Président (M. Fortier): Merci. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Tout le monde dit qu'on a des
excédents; vous le dites également. On parle beaucoup
d'exportation. L'an passé, j'ai retenu qu'on était
intéressé à exporter, mais que les États-Unis
particulièrement avaient certaines réserves quant à leur
degré de dépendance vis-à-vis du Québec. Comment
concilier ces réserves avec l'affirmation du président, M.
Bourbeau, qui dit qu'au total plus de 200 térawattheures seront
acheminés vers les États-Unis d'ici l'an 2000? Est-ce que cela
veut dire que maintenant il n'y a plus de restrictions, de réserves de
la part des États-Unis, que la porte est grande ouverte et qu'on peut
exporter tant qu'on veut et tant qu'on peut? Si je me rappelle bien, l'an
passé, je pense qu'on avait dit que les États-Unis ne voulaient
pas dépendre pour plus de 20 %. Est-ce que c'est cela, 20 % de leur
consommation? Je voudrais avoir des éclaircissements à savoir si
cela a changé depuis l'an passé ou si la politique
américaine est toujours la même, enfin la politique des
États de l'est.
M. Bourbeau (Joseph): Dans les remarques que j'ai faites au
début de la commission, je pense que j'ai rappelé les contrats
qu'on a signés: d'abord en 1982 avec la NYPA, le contrat qu'on a
signé en 1983 avec le NEPOOL et, en 1984, l'an dernier, malgré
qu'on pensait qu'on pourrait avoir certaines difficultés, on a
signé un contrat avec le Vermont et une lettre d'entente avec le NEPOOL.
Tout ceci représente une somme d'environ 220 000 000 000 de
kilowattheures. Certainement qu'il y a aux États-Unis certains lobbies.
Comme celui du charbon, et il y a aussi des législateurs. Vous avez
certainement entendu parler des déclarations du secrétaire
à l'Énergie, M. Hodel, qui est maintenant secrétaire de
l'Intérieur, à savoir qu'on avait des importations
d'électricité qui semblaient trop importantes et qu'on mettait
trop ses oeufs dans le même panier, parlant des Américains
vis-à-vis du Québec. On semblait vouloir dépendre beaucoup
du Québec et M. Hodel disait: Pourquoi,
Américains, n'allez-vous pas chercher votre énergie, votre
électricité dans le Midwest? Construisez de longues lignes de
transport mais alimentez-vous à partir des centrales du Midwest.
Évidemment, c'est le lobby du charbon à ce moment-là qui
fait son action.
Alors, on est vis-à-vis de ces faits-là. J'ai
mentionné qu'on continue d'être très actif sur le
marché américain. Cette année on a commencé
à discuter avec l'État de New York pour une vente possible, non
plus d'énergie ferme, mais de puissance ferme maintenant. Je pense bien
qu'au cours des années on aura à considérer d'autres
contrats. Maintenant, je n'irai pas plus loin, je vais laisser la parole
à M. Coulombe, qui pourra vous donner plus de détails, et surtout
à notre vice-président exécutif aux marchés
externes, M. Lafond, qui vit à tous les jours avec les
Américains, sur ce qui se passe dans leur pays.
M. Lafond (Georges): La mosaïque générale dans
laquelle on se situe demeure relativement la même. Cependant, il faut se
rendre compte du chemin parcouru. M. Bourbeau y a fait allusion. En 1982, cela
a été un important contrat: 111 térawattheures. Nos amis
de New York vont pouvoir compléter les infrastructures requises à
un coût de 600 000 000 $ à 700 000 000 $ vers le début de
l'année 1988. Donc, pour un contrat signé en 1982, leurs
installations seront complétées en 1988. Du côté de
la phase I du NEPOOL, à laquelle M. Bourbeau a fait allusion, on parlait
de 33 térawattheures et leurs installations seront
complétées en 1986 à un coût d'environ 200 000 000 $
pour eux. Quant à la phase II du NEPOOL, pour laquelle nous avons des
lettres d'entente, c'est un contrat de 70 térawattheures qui prendrait
effet en 1990 et qui va nécessiter chez eux des contrats, des
investissements de 600 000 000 $ à 700 000 000 $. Quant au contrat du
Vermont, 13 térawattheures, cela va nécessiter chez eux des
investissements de l'ordre de 40 000 000 $ à 50 000 000 $, qui devraient
être complétés en septembre 1985.
Tout cela fait qu'Hydro-Québec, au cours des trois
dernières années, a été extrêmement active.
Elle a livré un produit au Québec qui fait l'envie des autres
provinces qui n'ont pu en faire autant. Nous avons présentement - pour
utiliser les termes des compagnies manufacturières - un carnet de
commandes, quand je fais allusion à ces contrats, qui va
s'échelonner jusqu'à l'an 2000 comme livraison, mais un carnet de
commandes global, consolidé, qui s'est établi à 10 000 000
000 $ et qui doit être digéré. Je comprends que
l'appétit vient en mangeant, mais quand même cela
nécessite, tant chez nous que chez eux aux États-Unis, une
période d'investissements, de rodage - on
y a fait allusion - et de digestion: digestion technique, digestion
économique et surtout digestion financière.
Cela ne nous empêche pas d'identifier constamment les besoins de
ces réseaux qui deviendront plus réels au cours des
années, vraisemblablement de 1992 à 1996, besoins de
capacité et de puissance, mais besoins pour lesquels ils n'ont pas
encore à prendre de décision. Cependant, Hydro-Québec est
constamment présente sur tous ces marchés pour détecter
tous les créneaux possibles qui peuvent s'ouvrir, que ce soit sur une
base consolidée vis-à-vis du NEPOOL, que ce soit vis-à-vis
de l'État de New York ou que ce soit vis-à-vis des compagnies
particulières dans certains États. Les grandes réserves
auxquelles nous avons fait allusion demeurent encore les mêmes. On a eu
des déclarations récentes du gouverneur de l'État de New
York, et les grands paramètres des 20 %, 21 % correspondent à la
philosophie des États-Unis, où a été
inventée, au début de la dernière grande guerre mondiale,
la politique du "stock piling" en vertu de laquelle ils accumulaient chez eux
des réserves essentielles de matières premières qu'ils ne
pouvaient pas générer à l'intérieur de leurs
propres frontières. Cela s'applique au domaine de
l'électricité et c'est ce qu'on vit.
Le fait qu'il y ait eu ces contrats au cours des années 1983 et
1984, M. le député de Saint-Laurent, et ce que M. Bourbeau dit
dans son discours n'est pas contradictoire avec l'affirmation de l'an dernier.
Notre percée sur les marchés de la Nouvelle-Angleterre, où
nous n'étions pas présents comme Québécois,
s'insère et est encore à l'intérieur de la limite des 20
%, ce n'est pas encore franchi. On peut sentir des assouplissements, mais il
faut qu'ils aient besoin de notre électricité pour pouvoir signer
des contrats et nous, de notre côté, devons être prêts
à l'acheminer chez eux pour aussi signer des contrats.
Le Président (M. Fortier): Je m'excuse, on y reviendra
après le lunch.
M. Rodrigue: M. le Président, j'ai une courte remarque
à faire, si vous me le permettez. En fait, je comprends que cela puisse
soulever certaines inquiétudes...
Le Président (M. Fortier): Écoutez...
M. Rodrigue: Cela va prendre une minute. Je comprends que cela
puisse soulever certaines inquiétudes chez des Québécois,
mais il faut se rappeler que, lors de la rencontre Mulroney-Reagan qui a eu
lieu récemment à Québec, le communiqué final
traitait effectivement de cette question. On a indiqué qu'il s'agissait
là d'un secteur où il fallait encourager les échanges
entre le Canada et les États-Unis. Donc, l'administration centrale
américaine a pris finalement officiellement position en faveur de ces
échanges et cela devrait atténuer les effets que le lobby du
charbon tente de provoquer dans l'opinion publique américaine.
Le Président (M. Fortier): On y reviendra cet
après-midi. Il y a beaucoup de questions sur ce sujet. Nous suspendons
la séance sine die puisque nous avions un mandat pour ce matin
uniquement. Cependant, après la période des questions, le leader
du gouvernement nous reconvoquera, c'est-à-dire vers 15 h 15 ou 15 h
30.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 15 h 37)
Le Président (M. Fortier): À l'ordre!
La commission parlementaire de l'économie et du travail reprend
ses travaux. Elle a été convoquée pour entendre
Hydro-Québec concernant l'augmentation des tarifs pour 1985. Au moment
où on s'est quitté, la parole était au
député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, j'ai
écouté la réponse donnée par M. Lafond sur les
exportations d'électricité. Si j'ai bien compris, vous indiquiez
que le plafond de 20 % subsistait en ce qui concerne l'acceptation ou le quota
d'électricité provenant du Québec. Vous persistez à
dire que ces États sont prêts à acheter
l'électricité du Québec pour autant que ça ne
dépasse pas 20 % de leurs besoins, même si, à la lecture du
document du président, on voit que d'ici l'an 2000 nous acheminerons
vers les États-Unis 200 téra-wattheures.
M. Lafond: Les chiffres que vous voyez dans le plan de
développement d'Hydro-Québec seront réalisables à
l'intérieur du "plafond" de 20 %. Cependant, je crois au bon sens
économique de nos clients américains. Lorsque nous nous
approcherons du soi-disant plafond de 20 %, c'est possible qu'il y ait plus de
flexibilité à ce moment-là. Ayant eu la chance
d'apprécier au cours de plusieurs années la valeur du produit du
Québec, c'est possible qu'ils fassent preuve d'une certaine
flexibilité. Il est bon d'énoncer le plafond de 20 %, mais il n'a
pas encore été atteint.
M. Leduc (Saint-Laurent): Quel est le pourcentage des achats
québécois?
M. Lafond: C'est une situation qui varie d'État à
État. Dans le cas de New York, si ma mémoire est bonne, je pense
que, conjointement avec l'Ontario, nous devons
être aux environs de 15 %. Dans le cas de la Nouvelle-Angleterre,
nous avons encore du chemin à faire, mais il faut tenir compte aussi du
Nouveau-Brunswick et on ne dépasse pas 20 %. Dans le cas d'un petit
État qui est intéressant, celui du Vermont, il y a de la
flexibilité de ce côté-là et on dépasse
marginalement les 20 %.
Ce n'est pas une règle écrite, fixe et gravée dans
le ciment ou dans des lois américaines, c'est une philosophie
américaine. C'est pour cela que j'ai fait allusion dans ma
présentation à cet état d'esprit.
M. Leduc (Saint-Laurent): Alors, quand vous parlez de 200 000 000
000 de kilowattheures, est-ce qu'on pourrait en déduire qu'il serait
possible à ce moment-là de penser à la phase II de la Baie
James?
M. Lafond: Je ne crois pas que le débat se pose dans ces
termes-là. Petit à petit et au fur et à mesure que les
Américains auront identifié un besoin réel qui les
amènera à signer un contrat avec Hydro-Québec, par
tranches, par marges et par étapes, à ce moment-là
Hydro-Québec, comme elle l'annonce aujourd'hui, devancera certains
équipements qui seront les plus économiques et identifiés
comme étant les plus rentables pour satisfaire le besoin que les
Américains auront reconnu comme réel, que ce soit sous forme de
vente d'énergie excédentaire, de vente d'énergie ferme ou
de vente de capacité avec l'énergie associée pour
remplacer la construction de centrales. Ce à quoi nous nous acharnons,
le principe et l'idée que nous nous efforçons d'identifier,
c'est, de notre part, d'identifier notre produit et les façons les plus
économiques de le mettre sur le marché et, d'autre part,
d'identifier chez eux leurs besoins les plus urgents pour lesquels ils seront
prêts à payer les plus hauts prix. C'est la loi du marché
des exportations.
Mini-centrales
M. Leduc (Saint-Laurent): Une dernière question. En ce qui
concerne les mini-centrales, M. Coulombe, est-ce que cela a été
abandonné complètement?
M. Coulombe: J'ai mal compris votre question.
M. Leduc (Saint-Laurent): En ce qui concerne les mini-centrales,
est-ce une chose qui a été abandonnée complètement
chez vous?
M. Coulombe: Non. D'ailleurs, cela dépend à quoi
vous faites allusion exactement. Je sais que, dernièrement, il y a eu
dans les journaux de la part de nos syndicats une espèce de protestation
contre cette étude qui avait été faite à
HydroQuébec. Le contexte est assez simple. C'est que dans plusieurs
pays, en Amérique du Nord, aux États-Unis et de plus en plus dans
d'autres pays, lorsque l'électricité n'est pas produite
exclusivement par l'hydraulique ou par l'eau, souvent les municipalités
ou même des entreprises privées développent leur moyen de
production et il y a des législations qui encadrent cette
opération. Évidemment, au Québec, le problème se
pose très peu, tout simplement à cause des immenses
réserves hydrauliques qu'on a. Les économies d'échelle
sont tellement importantes que le problème ne se pose pas. Mais à
l'intérieur on étudie ce genre de problème, les
mini-centrales et les microcentrales et cela fait partie des études
normales qu'on entreprend. Cela c'est le problème des
micro-centrales.
Sur les centrales de petite taille, mais plus élevée que
quelques mégawatts, nous sommes actuellement en collaboration avec
Marine Industrie et les deux gouvernements pour développer une sorte de
turbine qui pourrait servir dans ces projets. Nous avons l'intention, d'ici
quelques années, de faire un projet autour de ce nouveau concept de
turbine, mais c'est au niveau expérimental, au niveau du
développement plutôt que vraiment commercial ou ainsi de suite.
C'est de la technologie qui vaut la peine d'être développée
pour d'éventuelles exportations si jamais ce produit était
intéressant.
Donc, c'est à peu près là où on en est. Si
on va dans une gamme un peu plus haute, évidemment, il y a à
l'horizon le projet de Robertson qui est de...
Une voix: 22 mégawatts.
M. Coulombe:... 22 mégawatts, qui n'est pas au niveau des
micro-centrales ou des mini-centrales, mais qui est quand même de petite
taille par rapport à ce qu'Hydro-Québec a fait normalement.
Donc, selon les gammes et selon les sortes de produits, on a des
approches différentes, et on n'a pas l'intention de laisser tomber ce
genre de dossiers parce que, tôt ou tard, il va devenir une
réalité.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je voudrais revenir sur la Baie James,
phase II. Combien de térawattheures faudrait-il exporter aux
États-Unis pour justifier la construction de la phase II?
M. Coulombe: Si vous comprenez la phase II, c'est-à-dire
LG 1 puissance additionnelle plus les centrales de LA 1 et Brisay, combien
est-ce que cela donne de mégawatts?
Une voix: 3000. ..
M. Coulombe: Environ 3000 mégawatts. Comme disait M.
Lafond, plutôt que de penser la phase II comme un tout de 3000
mégawatts, vous avez la centrale LG 1, vous avez les autres centrales de
500 mégawatts et plus. Alors, cela peut être
développé à des rythmes différents, c'est tout
à fait possible... D'ailleurs, dans les faits, ce sont des projets qui
sont différents. Donc, selon le rythme de signature des contrats, selon
les avantages en termes de prix qu'on peut avoir, cela peut être
développé, mais c'est de l'importance de 3000 mégawatts
pour la phase II. Maintenant, cela peut être un bloc de 1500, cela peut
être un bloc de 500, cela dépend des prix et des sortes de
contrats qu'on va signer avec les Américains. (15 h 45)
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Le Blanc: Merci, M. le Président. Ce matin on a
soulevé un point, assez brièvement - c'est le monsieur au bout de
la table qui a répondu à une question -concernant le
contrôle des systèmes de biénergie. Vous faites
actuellement une étude sur une application d'un contrôle
télécommandé sur les systèmes de biénergie
qui sont installés et vous avez ajouté qu'un incitatif devra
être offert pour intéresser une clientèle à
véritablement continuer à faire fonctionner son système de
chauffage en utilisant la biénergie, les deux systèmes. Lors des
installations, il y a une certification, je pense, qui était obligatoire
pour la qualité du système de chauffage et du brûleur pour
une période de cinq ans. Comme beaucoup de vieux systèmes qui
sont en place ont été convertis è la biénergie,
est-ce qu'après cette période de cinq ans il y a encore
l'obligation pour l'usager de fonctionner à la biénergie, compte
tenu que c'est très avantageux de fonctionner avec le système
électrique seulement? Quel genre d'incitatif faudra-t-il mettre en place
pour inciter, justement, le consommateur à renouveler son système
à l'huile pour pouvoir le faire fonctionner à la
biénergie, s'il est à toutes fins utiles hors d'usage à un
moment donné et si cela nécessite son remplacement?
M. Boivïn: Lorsque la chaudière au mazout devient
défectueuse, présentement, il n'y a pas d'obligation pour le
consommateur de restaurer ou de rénover sa chaudière au mazout
pour continuer à fonctionner au système de la biénergie.
L'incitatif que nous entrevoyons éventuellement, lorsque nous aurons la
télécommande, se fera par le biais d'une tarification
préférentielle. Si, en mode de chauffage biénergie, il y a
un tarif qui est préférentiel par rapport au chauffage tout
à l'électricité, è ce moment-là il y a une
incitation, un avantage économique pour le consommateur à
maintenir son système au mazout en bonne condition.
M. Le Blanc: En fait, le but de cela c'est d'éviter la
surcharge de pointe. Dans un autre ordre d'idées, je reviens sur un
sujet qui a fait l'objet d'une question tantôt à
l'Assemblée nationale. C'est en rapport avec la variation du taux de
change. Comme on vend de l'énergie électrique aux
États-Unis et qu'on est payé en dollars US, dans la conjoncture
actuelle du taux de change, il y a certainement des avantages lorsqu'on
reçoit les chèques US sur les ventes que nous faisons. Je sais
qu'en contrepartie il a été évoqué par le
député d'Outremont que le taux de change peut nous
pénaliser au niveau des intérêts que nous payons sur le
financement. Est-ce que l'orientation qui se fait actuellement, je parle au
niveau de situation financière... Je voudrais que vous nous expliquiez
quels sont les avantages de la situation actuelle. Est-ce qu'il y a progression
de ces avantages actuellement?
Le Président (M. Fortier): M. Michel Caron.
M. Canin (Michel): Dans le document du plan de
développement, à la page 79, le tableau 28 vous présente
un grille de sensibilité des différents points du plan de
développement à des variations. Entre autres, au niveau du taux
de change, on démontre qu'une variation de 0, 01 $ du taux de change du
dollar canadien exprimé en dollars américains a un impact de 31
000 000 $ sur les bénéfices nets d'Hydro-Québec. Cet
impact, en termes nets, se compose, au niveau de nos revenus à
l'exportation, d'une hausse de 9 000 000 $ pour 0, 01 $ d'accroissement de la
valeur du dollar américain et d'une augmentation des paiements de frais
d'intérêt et de capital de 0, 41 $. Donc, pour chaque hausse de 0,
01 $ dans la valeur du dollar américain, c'est 9 000 000 $ de plus de
revenus à l'exportation. Toutefois, au niveau de nos dépenses
d'intérêt ou frais d'intérêt, c'est 40 000 000 $ de
plus, pour un montant net de 31 000 000 $.
M. Le Blanc: Je vous remercie.
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Chapleau.
Programme de stabilisation tarifaire
M. Kehoe: Merci, M. le Président. M. Bourbeau, ce matin,
dans votre allocution, vous avez mentionné les différentes
démarches entreprises par Hydro-Québec pour la vente de surplus
de production aux États-Unis de 200 000 000 000 de kilowattheures qui
leur seront acheminés pour l'an 2000. Entre autres, vous avez
mentionné, pour le
Québec, un nouveau programme de stabilisation tarifaire qui
s'adresse aux industries et par lequel elles pourront savoir d'avancé,
pour une période de dix ans, quels seront les tarifs. Pourriez-vous nous
dire sur quels critères vous vous basez? Est-ce que le critère
sur lequel vous vous basez pour établir les tarifs, pour les dix
prochaines années, pour les industries du Québec est le
même que celui qui sert à établir le prix pour
l'exportation de l'électricité? Quels sont les critères
pour les deux?
M. Bourbeau (Joseph): Ce ne sont pas les mêmes
critères qui sont utilisés. Dans le cas des États-Unis,
actuellement, lorsque l'on vend, on vend à un coût qui est
basé sur le remplacement du combustible qui est utilisé dans les
centrales américaines, tandis qu'ici -le programme de statibilisation
tarifaire est basé sur un tarif que pourraient avoir les industries
pendant une période de dix ans. Je pense que M. Boivin peut vous donner
une meilleure réponse et aller plus loin dans les détails.
M. Boivin: Le programme de stabilisation tarifaire que nous avons
lancé en 1984 visait un objectif bien précis, visait à
répondre à une demande très précise de la part des
grands industriels chez qui le coût de l'énergie électrique
ou la facture d'électricité représente une part
substantielle des coûts de production.
On nous faisait, avec raison, le reproche que nos hausses avaient
été, dans les années passées, grandement
imprévisibles pour eux. Cela les empêche de prendre, d'une part,
des engagements de marketing ou de vente à long terme;
deuxièmement, cela rend leur décision d'investissement
difficile.
Pour répondre à cette demande, après analyse, nous
avons décidé de partager avec eux les risques inhérents
à des prévisions à long terme, sur un horizon de dix ans.
Nous leur avons offert un programme, que nous appelons le programme de
stabilisation tarifaire, selon lequel nous garantissons à l'industriel
un plafond maximum d'augmentation; mais, en retour, il nous garantit un
plancher minimum. Alors, si, une année donnée, nous n'avions pas
d'augmentation de tarif, il accepterait quand même d'avoir une
augmentation selon le plancher qui est déterminé; par contre, si,
une année donnée, nos augmentations de tarif dépassaient
le plafond qui a été choisi par l'industriel, la hausse de tarif
qui s'appliquerait à celui-ci serait limitée au plafond qu'il a
choisi.
Nous avons voulu dans ce programme offrir des options aux industriels,
parce que nous savons, en fait, selon les types d'industries, que les
critères ou les contraintes ne sont pas les mêmes. L'industriel a
donc l'option de choisir les fourchettes d'augmentation, plancher-plafond, de
2%-6% ou de 3%-5%, ou encore une fourchette mobile de 2%-5% et 3%-7%, si ma
mémoire est bonne. Je peux vous donner le chiffre exact. Le programme de
stabilisation tarifaire a été articulé pour
répondre à cette demande; il se veut un mécanisme de
partage de risques avec l'industriel concernant ses coûts
d'électricité.
M. Kehoe: Cela vient juste de commencer, vous ne pouvez pas
encore donner de compte rendu sur la bonne marche du programme. Il vient tout
juste de commencer, à la fin de 1984.
M. Boivin: Le programme a été lancé en
septembre 1984, mais les industriels ont, effectivement, jusqu'au 31
décembre 1985 pour prendre une décision et signer un contrat avec
nous. Présentement, les grands clients industriels admissibles ont tous
été rencontrés. Ils sont en train de faire leurs propres
études. On s'attend, en fait, d'avoir des résultats pour
probablement le début de l'automne.
M. Kehoe: Savez-vous si vos compétiteurs ont
instauré des programmes similaires, surtout en ce qui concerne le gaz
naturel? Est-ce qu'ils ont un programme similaire dans ce domaine?
M. Boivin: Je pense qu'un programme de ce genre peut
difficilement être offert par nos concurrents. D'ailleurs, à ma
connaissance, aucun programme semblable n'a été offert par aucune
autre compagnie d'électricité en Amérique du Nord. On est
présentement, je pense, dans une situation privilégiée,
dans le sens que notre programme d'équipement est quand même
relativement faible par rapport à ce qu'il a été dans le
passé. Nous avons un parc d'équipement capable de répondre
à la demande pour les années qui viennent et il y a moins
d'incertitudes du côté de l'évolution de nos coûts
à Hydro-Québec, probablement, parce que nous contrôlons
à peu près tous les paramètres internes, ici au
Québec.
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président. Ma première
question: On retrouve dans votre présentation de ce matin que, conscient
de l'importance des nouvelles technologies dans le domaine de la
recherche...
Le Président (M. Fortier): M. le député, je
voudrais juste vous arrêter. Nous sommes présentement à:
Demande d'électricité et programme d'équipement. On va
arriver à la question technologique dans quelque temps.
M. Paré: D'accord. Je vais avoir une question
là-dessus. Probablement que cela va cadrer un peu mieux. Je reviendrai
tantôt là-dessus.
Le Président (M. Fortier): Cela va. Politique
d'environnement
M. Paré: On retrouve dans les journaux de ce matin:
Hydro-Québec dédommagera les municipalités. Pour le
passage de la ligne à haute tension, Hydro offre 3 800 000 $ à 21
municipalités. J'aimerais savoir si c'est une nouvelle politique, si
c'est une nouvelle orientation. C'est nouveau, cela?
Le Président (M. Fortier): M. Coulombe.
M. Coulombe: Effectivement, la politique d'environnement qui a
été adoptée par Hydro-Québec, le conseil
d'administration, l'an passé, prévoit que dans les grands travaux
un certain pourcentage des coûts va être consacré à
la mise en valeur. Le mot "dédommagement" est plus ou moins ambigu,
mais, fondamentalement, pour les travaux d'Hydro, que ce soit dans des postes,
des lignes ou des centrales, on veut consacrer une partie des coûts
à la mise en valeur des sites. Là-dessus, c'est basé sur
une collaboration avec les autorités responsables. La plupart du temps,
dans les territoires organisés, cela va être avec les MRC ou les
municipalités. On va signer des protocoles avec elles sur l'utilisation
d'un montant connu d'avance pour la mise en valeur des territoires, parce qu'il
y a certains problèmes reliés au développement, à
la construction des postes ou des lignes. Lorsque l'environnement subit
certains dommages, on peut les réparer, mais il y en a d'autres qui ne
sont pas réparables au sens physique du terme. On pense que certaines
sommes d'argent concernant la mise en valeur pourraient compenser pour certains
problèmes que certaines constructions d'Hydro apportent.
Pour les pourcentages, je ne sais pas, M. Hamel, si vous avez les
pourcentages de la politique de l'environnement concernant les coûts des
projets.
M. Hamel: Là-dessus, en fait, il y a des projets
d'au-delà de 500 000 000 $ et des projets de moins de 500 000 000 $.
Pour les projets d'au-delà de 500 000 000 $, ce sont des politiques ad
hoc, alors la formule des pourcentages ne s'applique pas. Chaque projet est
regardé à son mérite. Pour les projets qui sont moins
dispendieux que 500 000 000 $, nous avons effectivement une politique où
il y a des pourcentages qui s'appliquent. Alors, pour les projets de lignes,
c'est une politique de 1% et, pour les centrales, 2%.
Le Président (M. Fortier): Une politique qui s'applique
à tous les investissements d'Hydro-Québec?
M. Hamel: Tous les investissements et c'est basé sur le
coût du projet au moment de son approbation, le coût total incluant
le coût des intérêts, etc.
M. Coulombe: II faut préciser que ce sont tous les projets
significatifs et qui demandent des études d'impact. Il ne s'agit pas,
par exemple, nécessairement...
Le Président (M. Fortier): Même des projets de la
Baie James?
M. Coulombe: Oui.
M. Bourbeau (Joseph): C'est la politique d'environnement
d'Hydro-Québec et c'est dans cette politique que nous avons
établi ces critères de modification.
Le Président (M. Fortier): Si le député me
le permet, je sais que, dans le cas de la Baie James, phase I, vous avez
payé... Enfin, l'entente de la Baie James a amené, soit le
gouvernement, soit Hydro-Québec, soit les deux, à payer certains
montants aux Cris et aux Inuit. Est-ce que cette politique s'inscrit à
l'intérieur de cela ou si c'est en sus de cette politique qui avait
été définie lors de l'entente de la Baie James?
M. Bourbeau (Joseph): Notez bien que, dans l'entente de la Baie
James, il y a eu des montants d'argent qui ont été versés
aux Inuit et aux Cris, mais ces montants d'argent étaient pour couvrir
les terres qui étaient utilisées pour les fins de construire des
centrales. Alors, il y a une différence entre ce dont on parle
actuellement, il s'agit réellement des montants d'argent
dépensés pour l'environnement, pour créer un meilleur
environnement autour de nos projets, et les montants d'argent qui sont
dépensés à la Baie James et qui sont donnés aux
Indiens et aux Inuit.
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Shefford. (16 heures)
M. Paré: Je veux demander un peu plus de
précisions. Je comprends, quand il y a un gros chantier comme celui de
la Baie James ou quelque chose qui se passe dans une municipalité ou
dans un territoire donné, qu'on s'occupe d'environnement par la suite,
ce qui est tout à fait normal quand on change des cours d'eau ou qu'on
change vraiment l'environnement. Or, là, il y a deux mots qui m'ont
frappé dans ce qu'on a discuté: dédommagement et
aménagement. Ce n'est certainement pas un reproche qu'on s'occupe
d'aménagement et d'environnement,
mais cela veut dire que, par sa politique de dédommagement, Hydro
va s'occuper d'aménagement. Donc, on dit qu'on va dédommager les
municipalités lorsqu'on va passer... Il semble que ce soit vrai; vous me
dites que c'est vrai, que c'est une nouvelle politique. Quand il y aura une
ligne de haute tension qui va passer dans une municipalité,
forcément ou, en tout cas, selon la nouvelle politique, cela va
être automatique qu'on va dédommager la municipalité.
M. Coulombe: C'est pour cela que j'ai dit tantôt que le mot
"dédommagement" était plus ou moins adapté. Ce qui arrive,
c'est qu'Hydro reconnaît qu'en faisant des projets de
développement dans un territoire municipal ou non municipal on peut
créer certains inconvénients. Par exemple, si le sol est
bouleversé, on le remet en place. Ce sont des mesures de mutilation qui
sont normalement faites dans tous les projets, par tous les promoteurs. Mais il
y a certains autres impacts, soit de nuisance ou tout ce que vous voulez, qu'on
ne peut pas réparer tout simplement parce que, pour le réparer,
il faudrait ne rien faire. Et comme il faut faire des choses, on
reconnaît comme un équivalent une espèce de compensation
qui est discutée avec la municipalité ou les autorités en
place.
Pour donner un exemple concret, si vous avez un projet de 3 000 000 $
dans le cadre d'une MRC, que donne 1%? 30 000 $. Alors, on va dire à la
municipalité: Voici 30 000 $; c'est prévu dans le cadre du
budget. Il y a un protocole qui est signé avec la municipalité et
il y a un comité qui est créé. Voici 30 000 $, parce qu'on
reconnaît que le poste qu'on a mis dans votre municipalité peut
créer certains problèmes. Alors, la municipalité peut
soumettre des projets. On a un règlement interne parce que cela ne peut
quand même pas servir à n'importe quoi. Il y a un protocole qui
est signé avec les autorités. Il y a des discussions et les gens
s'entendent entre eux. Ces 30 000 $ peuvent servir à une partie d'un
projet, cela peut être le projet total; cela dépend des
municipalités et cela dépend des autorités locales qu'en
discuteront avec les gens d'Hydro-Québec. C'est d'ailleurs
commencé. Dans le coin de Sherbrooke, on a une expérience
concrète qui est en marche à l'heure actuelle avec cette nouvelle
politique.
Évidemment, c'est nouveau. Il y a peu d'entreprises
d'utilité publique qui ont ce genre de politique. On ne connaît
pas encore l'ensemble des problèmes - si problème il y a - qu'on
pourrait avoir. Il y a une partie un peu expérimentale qu'on va vivre
dans les prochains mois ou la prochaine année et, à un moment
donné, on fera le point pour savoir ce que cela a donné. Cela
correspond à de nombreuses demandes et à de nombreuses rencontres
qui ont eu lieu avec les milieux intéressés et cela nous a
semblé un mécanisme qui répondait à la fois
à nos objectifs et aux exigences ou aux objectifs des milieux où
ces travaux étaient faits.
Le Président (M. Fortier): M. le député,
cela va?
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Pour être
bien sûr que c'est bien clair, parce que j'ai déjà eu des
questions là-dessus, c'est effectivement un protocole. Donc, il y a
signature. Il faut que ce soit pour de l'aménagement.
M. Coulombe: Oui.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Donc, on ne donne
pas nécessairement un chèque de 30 000 $ - si on regarde
l'exemple que vous aviez - à la municipalité qui peut
faire...
M. Coulombe: Absolument pas. On a certains critères
généraux qui sont expliqués à la
municipalité ou aux autorités en question. Ces critères
généraux sont publiés; ils sont publics. La
municipalité ou le conseil - cela dépend - crée un
comité et il y a des discussions. Le projet en question - les montants
d'argent peuvent en payer la totalité ou une partie - doit entrer dans
cet encadrement. Il ne s'agit pas de donner un chèque - dans l'exemple
que j'ai donné tantôt - de 30 000 $ et que cela serve à
n'importe quoi. Il faut que ce soit relié, d'une certaine façon,
à la mise en valeur du site qui a été modifié par
les actions d'Hydro-Québec. Ce sont des critères très
globaux, mais qui obligent quand même les gens à ne pas... C'est
assez délicat à manipuler et cela se discute carrément
bilatéralement. Lorsque le protocole est signé, la discussion
prend... On n'a pas encore, que je sache, je pense, été au bout
de la logique, au moment où on se parle. La politique vient de sortir.
On a deux, trois places où cela commence, mais je pense qu'il n'y en a
aucun qui est terminé - en d'autres mots - signé et
réglé. Cela commence, comme politique.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): D'accord, mais il
y a déjà au moins des critères sur lesquels on peut se
baser et qui sont publics.
M. Coulombe: Absolument. Il y a un encadrement qui est public,
qui est remis aux autorités concernées et elles l'acceptent ou ne
l'acceptent pas.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témisca- mingue): D'accord, merci,
cela répond à ma question.
Le Président (M. Fortier): Je fais remarquer au
député que nous allons aborder la protection de l'environnement
plus tard, mais, comme on a recommencé la discussion là-dessus,
je donne la parole à. Mme la députée de Chomedey.
Mme Bacon: M. le Président, j'aurais peut-être des
questions un peu plus précises quant à un projet précis,
le projet Nicolet-Des Cantons. Est-ce que ce sont les municipalités,
dans ce projet, qui ont demandé des subventions de la part
d'Hydro-Québec? Vous dites que les demandes viennent du milieu; est-ce
que le milieu que vous mentionnez, ce sont les municipalités et
strictement les municipalités?
M. Coulombe: Lorsque c'est dans des territoires organisés,
on privilégie évidemment les MRC ou les municipalités.
C'est clair. La politique à laquelle je fais référence est
en élaboration à Hydro-Québec depuis au moins deux ans. On
a essayé de voir à l'extérieur et c'est assez complexe
à mettre sur pied et assez difficile à manipuler, cette
politique. On ne peut pas dire que c'est une municipalité en particulier
qui l'a demandée ou non. Il y avait un besoin de reconnaître un
mécanisme qui, s'il n'existait pas, nous conduirait à une
espèce de situation un peu fausse, où il faudrait faire quelque
chose, mais sans critères, sans organisation, sans rien. Alors, on aime
mieux que les règles du jeu soient très claires et qu'on joue le
jeu. On verra ce que cela donne. Parce que, si on n'avait pas ces
règles, souvent, on est amené à avoir des discussions
infinies avec les milieux en question pour des projets qui débordent,
soit au point de vue financier, soit au point de vue logique, soit à
tous les points de vue, carrément le cadre de ce qu'il est
réaliste de faire.
Alors, on a voulu encadrer. Cela entre carrément dans le
coût du projet. Ce n'est pas dans notre esprit... Évidemment, cela
prend la forme peut-être d'une subvention ou d'une participation, mais,
dans notre esprit, c'est carrément une partie du coOt du projet.
Mme Bacon: C'est parce que, lorsque l'on parle de milieu, il y a
des producteurs agricoles souvent qui se plaignent que les indemnités -
vous le savez - ne sont pas suffisantes, d'après les demandes...
M. Coulombe: Cela est un autre dossier...
Mme Bacon: C'est un autre domaine. M. Coulombe:... qui est
ouvert.
Mme Bacon: C'est pour cela que, lorsque vous parliez du
milieu...
M. Coulombe: Oui.
Mme Bacon:... il faut savoir de quel milieu on parle.
M. Coulombe: Tout le domaine des...
Mme Bacon: Est-ce qu'on peut comparer?
M. Coulombe: C'est-à-dire que c'est un problème qui
est très différent. Parce que, quand on parle des expropriations,
on tombe dans un domaine qui est géré par des lois, des
pratiques; à Hydro-Québec, cela existe depuis de très
nombreuses années. On a un comité de travail, actuellement, avec
l'UPA; on discute depuis plusieurs mois de tout le mécanisme de
compensation financière dans le milieu agricole, qui est un
problème assez complexe. On est en train de revoir en profondeur nos us
et coutumes, si je peux employer cette expression. On espère, d'ici
à quelques mois, avec l'UPA, en venir à une entente très
précise sur un renouveau de cette approche.
Évidemment, c'est de la négociation au sens strict. Ceux
qui demandent voudraient que ce soit compensé beaucoup plus
généreusement; nous, nous voudrions diminuer nos coûts.
Fatalement, on va en arriver à une entente qui, je l'espère, va
satisfaire les exigences des cultivateurs et nos exigences de minimiser nos
coûts. Cette discussion va assez bien, avec l'UPA. Mais c'est
différent de la politique sur l'environnement.
Mme Bacon: Jusqu'où peut aller la possibilité pour
Hydro-Québec de contrôler, d'avoir un contrôle qui soit
exercé sur l'utilisation des fonds qui sont attribués?
Jusqu'où vous pouvez aller...
M. Coulombe: Le protocole...
Mme Bacon:... pour contrôler ces fonds?
M. Coulombe: Nous, évidemment, dans la politique sur
l'environnement, on s'est bien gardé de jouer un rôle qui pourrait
nous entraîner dans des domaines où on aurait de sérieux
problèmes. Par exemple, on voudrait que, dans le protocole final, pour
l'utilisation des fonds, on distingue bien qu'Hydro-Québec ne s'engage
que pour le montant qui est cité. Donc, on va éviter tous les
problèmes de dépenses d'exploitation. Si, par exemple, pour un
projet, la municipalité, la MRC veut faire un centre...
Une voix: Une aréna.
M. Coulombe:... peut-être pas une aréna, mais un
centre pour le public, pour faire visiter la place, un kiosque et ainsi de
suite. Alors, on va dire: Très bien. Si cela
coûte 50 000 $ et que le projet en permet 30 000 $, on en paie 30
000 $ et c'est terminé. S'il faut du monde dans le kiosque, ce n'est pas
notre problème, on ne s'occupera pas des dépenses d'exploitation.
Alors, on a une série de règles qui, en ce qui nous concerne,
permettent de très bien limiter notre participation et notre
responsabilité, évidemment.
Quant à l'utilisation de base, on va se fier, évidemment,
au protocole qui va être signé, lequel va avoir quand même
une valeur plus que symbolique; en d'autres mots, l'utilisation des fonds va
être soumise aux critères qui vont être marqués dans
le protocole. Quant au reste, on fait confiance à
l'honnêteté et à l'intérêt public que les
dirigeants des MRC vont devoir avoir en tête. On ne pense pas qu'à
ce niveau on aura des problèmes, en ce qui nous concerne. On sait
comment limiter nos responsabilités là-dedans. Quant au reste, on
verra ce que cela donne quand on aura quatre ou cinq exemples concrets devant
les yeux.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a un code spécial que les
municipalités doivent suivre? Je regarde ici, dans le dossier de
l'Office national de l'énergie, les motifs de décision, à
un moment donné, où on va à l'impact sur l'environnement.
Il est fait mention d'un code de l'environnement. Est-ce qu'on impose un code
de l'environnement qui serait peut-être similaire au code d'Hydro, par
exemple?
M. Coulombe: C'est-à-dire que les encadrements dont j'ai
parlé tantôt sont issus du code interne qu'on a pour les
problèmes de l'environnement. Je pense que ce n'est pas notre rôle
de l'imposer à qui que ce soit, mais, dans la mesure où ils
acceptent le protocole, ils acceptent l'encadrement qui est dedans. C'est un
peu la sûreté qu'on a pour le respect de ces normes minimales.
Mme Bacon: Comment pouvez-vous comparer le code - et là je
déborde peut-être un peu, M. le Président - de
l'environnement d'Hydro par rapport à la Loi sur la protection de
l'environnement? Est-ce que cela peut être similaire?
Le Président (M. Fortier): Est-ce qu'on peut revenir
à cela?
Mme Bacon: Vous pouvez garder votre réponse pour
tantôt, peut-être à l'article 4.
M. Coulombe: Oui, cela va me permettre d'y
réfléchir en plus.
Le Président (M. Fortier): C'est cela. Je ferais remarquer
aux députés qu'on s'était donné un ordre du jour.
Là, on a abordé les demandes d'électricité et les
exportations.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous me le permettez, M. le
Président.
Le Président (M. Fortier): Un instant, M. le
député. C'était juste pour souligner qu'on n'a pas
terminé ce dossier et ceux qui peuvent avoir des questions, c'est encore
le temps, parce que, dans une minute ou dans quelques minutes, on va aborder la
tarification et la gestion financière. J'avais une question à
poser...
M. Leduc (Saint-Laurent): C'était très court. Je
voudrais savoir, dans le concret, quels sont les projets qui ont
été réalisés jusqu'à maintenant.
M. Coulombe: Dans le cadre de cette politique?
Le Président (M. Fortier): Non, il n'y en a pas.
M. Leduc (Saint-Laurent): Dans les fameux
dédommagements.
M. Coulombe: L'expérience qu'on a à Sherbrooke,
c'est sur quel projet, Laurent?
M. Hamel: Sur la ligne des Cantons aux frontières. On a
une expérience actuellement en cours et on...
M. Leduc (Saint-Laurent): Quels sont les projets que vous avez
financés?
M. Coulombe: Ce n'est pas encore fait.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce une aréna? Est-ce un
centre? C'est quoi?
M. Coulombe: On va voir ce que cela va donner.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous ne le savez pas encore?
M. Coulombe: Non, parce qu'il faut que la municipalité
s'assoie avec nous autres pour en discuter.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous n'êtes pas encore rendus
là?
M. Coulombe: Cela commence.
M. Leduc (Saint-Laurent): D'accord.
Le Président (M. Fortier): Oui, M. Hamel.
M. Hamel: Sur ce projet en particulier, nous avons
rencontré récemment les municipalités régionales de
comté pour leur expliquer un peu notre politique et actuellement elles
sont en période de
réflexion et il y a d'autres rencontres prévues. On est au
tout début du processus. On a aussi le projet Robertson qui pointe
où la politique va s'appliquer.
Le Président (M. Fortier): Toujours sur la question de la
demande d'électricité, programme d'équipement, j'aurais
une couple de brèves questions. S'il y a des députés qui
ont des questions, c'est le moment de les poser; on va y revenir. Je fais
remarquer que le député de Portneuf, je pense, ne pourra
être avec nous que ce soir vers 20 heures. Alors, comme il est
intéressé à l'usine pompée, on en parlera ce
soir.
Ce matin, quand on a abordé les questions d'exportation, M.
Coulombe, vous avez fait allusion au fait, on le savait -c'était un
rappel - qu'en ce qui concerne Hydro-Québec c'est un réseau
intégré et, même si cela a été
intégré, cela pose un certain nombre de problèmes
techniques. Lorsqu'on vend de l'énergie électrique aux
États-Unis, on a NYPA, New York Power Authority, on a NEPOOL, mais, de
toute façon, il s'agit, dans tous ces cas, d'un nombre assez
considérable de petites compagnies d'utilité publique - si on
écarte NYPA, New York Power Authority, qui est plus considérable
- cela pose quand même et un problème sur le plan strictement
technique de "dispatching" et d'équilibre des réseaux. Ce
problème est fondamental parce que M. Lafond parlait de 20%. Il y a
certaines personnes qui disent: Nous, on ne voudrait pas importer plus de 20%
et cela semble être une balise qui a été
évoquée de la même façon que les Américains
disent: On ne voudrait pas importer du pétrole de l'Arabie Saoudite plus
que tant de pourcentage. Alors, c'est un peu ce genre de balise. Je crois que,
sur le plan politique, il y aurait peut-être moyen de s'assurer que cette
balise politique soit dépassée avec le temps. Ce qui
m'inquiète davantage, c'est cette balise technique. Le fait que les
réseaux américains ne soient pas intégrés,
contrôlés, quoiqu'il y ait peut-être des efforts de faits
quand ils forment des pools, est-ce que ce problème technique ne sera
pas un problème extrêmement important si l'on veut augmenter de
beaucoup et même dépasser les pourcentages qui ont
été évoqués sur le plan politique?
M. Coulombe: Je pense que vous avez parfaitement raison. C'est un
problème important. On ne pense pas, au moment où on se parle,
que cela soit un problème insurmontable, mais c'est certainement un
problème qui est important, aussi important peut-être que les
prix. Cette dimension est et va devenir extrêmement importante. Par
contre, souvent c'est devant ce genre de défi que les gens s'organisent.
Lorsque c'était de l'interruptible, en petite quantité, des
surplus, ce n'étaient pas des problèmes qui tracassaient ou,
enfin, qui pouvaient tracasser autant les Américains, quoique cela fasse
plusieurs années qu'ils font des études conjointes avec
Hydro-Québec sur ce problème, mais disons que cela
n'empêchait pas le quotidien de se passer. Concernant l'énergie et
la puissance ferme, il faut que les deux côtés étudient le
problème avec, peut-être, des perspectives et surtout des
techniques de travail qui seront un peu plus raffinées et un peu plus
directes. (16 h 15)
Le Président (M. Fortier): Est-ce que les
Américains sont conscients de ce problème?
M. Coulombe: Ils en sont très conscients. Il y a des
échanges continuels. M. Godin pourra peut-être élaborer sur
le genre d'échange qui se fait quotidiennement au niveau de
l'exploitation avec les réseaux américains. Il y a des groupes de
travail qui étudient depuis plusieurs années ce genre de
problème. Maintenant, je pense qu'il va falloir que tous les efforts
soient faits pour l'attaquer de front. On est un peu plus
privilégié qu'eux à cause de l'unicité de notre
réseau. Dans ce sens, on a moins de problèmes qu'eux. Il faut se
fier un peu et même beaucoup à l'ingéniosité de ces
gens-là qui voient nécessairement leur intérêt
à avoir de l'énergie fiable et à un prix
intéressant. Il va falloir qu'ils trouvent eux-mêmes les moyens
pour passer au travers. Ils sont en train de s'organiser. Ils sont en train de
s'équiper au point de vue humain.
Le Président (M. Fortier): Est-ce que les solutions
techniques qui seraient nécessaires, du côté
américain, vont exiger d'eux une restructuration des compagnies
d'utilité publique? Est-ce que cela ne pose pas un certain
problème dans le sens que ces compagnies vont peut-être voir une
perte d'autonomie les unes par rapport aux autres, parce que cela va
nécessiter un commandement, un commandement plus centralisé pour
faire face à une telle situation?
M. Coulombe: Oui, en fait, ils ont déjà
répondu à ce problème avec les pools qu'ils ont
créés où, évidemment, lorsqu'on parle de pool, ils
abandonnent une certaine partie de leur autonomie par définition
puisqu'ils acceptent d'avoir un comité exécutif et ainsi de
suite. Au point de vue technique, ils ont des organismes très
précis. Peut-être que M. Lafond ou M. Guèvremont pourrait
expliquer le genre d'organisme qu'ils ont entre eux pour essayer de
régler ces problèmes. Mais je ne pense pas que cela conduise
nécessairement à une restructuration corporative de ces
compagnies. J'en douterais. Évidemment, on est au niveau des
opinions strictement personnelles là-dessus.
Le Président (M. Fortier): Est-ce que M. Lafond et M.
Guèvremont veulent...
M. Lafond: Juste en résumé, on pourrait dire que,
dans la Nouvelle-Angleterre, tout le dispatching est contrôlé
entièrement et fait par le NEPOOL. Dans le cas de l'État de New
York, ce n'est pas PASNY ou NYPA qui font le dispatching, PASNY et NYPA sont
membres du New York Power Authority et le même système vaut dans
l'État de New York.
Situation aux Iles-de-la-Madeleine
Le Président (M. Fortier): Une question brève, sur
les Iles-de-la-Madeleine. Je ne crois pas que ce soit dans vos documents, mais
vous avez une patate chaude aux Iles-de-la-Madeleine, cela vous coûte
extrêmement cher parce que les gens chauffent à
l'électricité. On a évoqué la construction d'une
ligne de transport d'énergie sous la mer. Où en est-on avec ce
projet-là? Est-ce que cela fait partie de vos priorités
immédiates?
M. Bourbeau (Joseph): M. Laurent Hamel.
Le Président (M. Fortier): M. Hamel.
M. Hamel: Disons que nous avons en cours, actuellement, un
avant-projet pour la réalisation d'un lien entre la terre ferme et les
Iles-de-la-Madeleine. Au terme de cet l' avant-projet, c'est-à-dire
d'ici la fin de 1985, on devrait être capable de prendre une
décision, à savoir si on va aller de l'avant avec le projet en
question ou continuer avec la méthode classique d'alimenter les
Îles avec les génératrices diesel.
Le Président (M. Fortier): Un câble souterrain, on
parle de combien de millions de dollars, est-ce que c'est un gros projet en
termes d'ordre de grandeur?
M. Hamel: On parle d'un projet qui peut aller entre 100 000 000 $
et 150 000 000 $, peut-être 170 000 000 $, globalement. C'est sous toutes
réserves, on est au début de l'avant-projet, alors... L'ordre de
grandeur, entre 100 000 000 $ et 170 000 000 $, est assez...
Le Président (M. Fortier): N'y a-t-il pas danger qu'une
fois que vous aurez votre câble les gens disent: On peut utiliser
l'électricité pour le chauffage? C'est toute la question de la
tarification de l'électricité. Ils ont le même tarif
qu'ici. Les coûts pour Hydro-Québec sont plus
considérables. Ils n'ont pas de motivation à part le programme
que vous avez mis sur pied pour tenter de convaincre les gens de retourner au
pétrole ou au mazout pour chauffer et d'utiliser
l'électricité uniquement pour l'éclairage. Vous faites
face à une situation très difficile. Est-ce qu'il y a eu des
progrès, parce que je crois que c'est il y a trois ans que vous avez mis
sur pied un programme spécial là-dessus?
M. Boivin: Oui, effectivement, aux Iles-de-la-Madeleine, nous
avons un programme spécial vu que l'électricité que nous
générons avec les groupes diesel nous coûte très
cher et que nous vendons au tarif normalisé, c'est-à-dire au
même tarif que dans le reste de la province. Nous avons un programme
selon lequel nous offrons un montant jusqu'à concurrence de 2 500 $ pour
améliorer l'enveloppe thermique des résidences, l'isolation, la
fenestration, etc. Nous offrons également, pour ceux qui ont des
systèmes de chauffage à l'électricité, de les
convertir en entier en un système de chauffage au mazout aux frais
d'Hydro-Québec afin qu'ils utilisent le mazout; pour ceux qui chauffent
présentement au mazout, nous subventionnons la facture de mazout
à la fin de l'année, de sorte que cela leur coûte, en
pratique, 30 % moins cher de chauffer au mazout aux Îles-de-la-Madeleine
que s'ils chauffaient à l'électricité, par rapport aux
tarifs normalisés d'électricité.
Ces programmes ont connu assez de succès, ce qui fait que,
présentement, l'augmentation de charge est très limitée
aux Îles-de-la-Madeleine et nous avons converti un bon nombre de
résidences. D'ailleurs, à titre d'exemple, nous avons investi
à ce jour environ 18 000 000 $ dans ces différents programmes au
niveau de l'amélioration de l'enveloppe thermique des résidences
ainsi que la conversion des systèmes de chauffage.
Le Président (M. Fortier): Alors, c'est, si je comprends
bien, 30 % meilleur marché que l'électricité alors que le
mazout, normalement, coûte 20 % plus que
l'électricité...
M. Boivin: Aux Iles-de-la-Madeleine, à peu près 35
%.
Le Président (M. Fortier):... c'est un rabais de 50 %.
M. Boivin: À peu près.
Le Président (M. Fortier): Quelqu'un des Îles me
disait que vous financez la construction des systèmes de chauffage et
que les gens se permettaient même de construire des systèmes
à l'eau chaude. Est-ce que vous financez tout genre de système de
chauffage, pas seulement des systèmes à air chaud qui sont
beaucoup moins
dispendieux qu'un système à eau chaude?
M. Boivin: Jusqu'à concurrence d'un montant fixe, par
contre. Il y a un plafond de fixé. Si ma mémoire est bonne, dans
le cas d'une nouvelle construction, c'est 4 000 $. Alors, si on veut mettre un
système, je ne sais pas, de pompe à chaleur qui coûte plus
cher que cela, bien...
Le Président (M. Fortier): Alors, les gens peuvent, avec
ces montants qui sont fixes, s'équiper d'un système qui peut
être assez cher, dans certains cas.
M. Boivin: On peut s'équiper d'un très bon
système.
Le Président (M. Fortier): Tant mieux pour les gens des
Iles-de-la-Madeleine. M. le député d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Sur le même sujet, par rapport au programme
que vous avez développé sur la biénergie pour les
chaudières industrielles et pour les économies d'énergie
par rapport au rabais tarifaire, dans votre plan de développement,
à la page 85, vous avez un tableau qui donne un certain nombre d'emplois
en personnes-année, les emplois qui auront été soutenus
par ces activités. On voit, pour 1983, 3 360; pour 1984, 3 240. Vous
prévoyez donc une diminution. Vous les mettez ensemble là-dedans.
Est-ce que c'est possible d'avoir plus en détail, par exemple, ces trois
programmes différents pour voir combien cela a pu soutenir d'emplois, le
développement de ces programmes?
M. Coulombe: On peut prendre en note votre... À moins que
Claude ne l'ait parce que...
M. Bordeleau: Non, mais, si vous ne les avez pas...
M. Coulombe: Non, on va chercher et on va revenir avec la
réponse car je ne pense pas que ce soit distingué dans le
plan.
M. Bordeleau: Je remarque également, à cette
même ligne, les programmes reliés aux mesures d'incitation au
développement industriel. Vous indiquez une prévision de
progression, soit de 5 000 en 1984 à 8 750 en 1985. Est-ce à dire
que allez développer de nouveaux programmes pour différents
types? Vous mentionnez, au point 1, que cela tient compte surtout des projets
majeurs. Est-ce que, pour des projets plus mineurs, vous prévoyez une
augmentation de main-d'oeuvre ou d'emplois soutenus par ces activités?
Est-ce à dire que vous allez pousser plus loin, vers des plus petites
entreprises, des programmes d'incitation comme cela au développement et
de rabais tarifaires aussi?
M. Boivin: Je vais revenir peut-être à la
première partie de votre question. Vous m'avez demandé de vous
donner la répartition, en fait, des retombées, ou des emplois
créés par les programmes commerciaux. La biénergie
unifamiliale, environ 1 800 personnes année; dans la biénergie
multifamiliale et institutionnelle, environ 200 personnes année et dans
le programme d'énergie excédentaire, environ 1500 personnes
année pour l'année 1984. Ce sont les chiffres que je vous donne.
Malheureusement, je n'ai pas présentement la répartition pour
1985. Si vous la voulez, je peux vous la fournir plus tard.
M. Bordeleau: Oui, éventuellement, si vous pouvez
l'avoir.
M. Boivin: Pour ce qui est des programmes à venir, en-
fait, tous ces programmes sont construits ou conçus autour des besoins
des consommateurs et, nécessairement, les retombées
économiques viennent chez les installateurs, chez les fabricants
d'appareillage, etc. Je ne prévois pas de changement d'orientation. Les
programmes commerciaux ont des retombées économiques dans toutes
les régions où ces programmes ont du succès.
Présentement, on peut dire qu'on a eu des succès
intéressants dans à peu près toutes les régions de
la province. Est-ce que cela répond à votre question?
M. Bordeleau: Oui.
Le Président (M. Fortier): Ce matin, je crois que vous
aviez promis des réponses, certains chiffres. Étant donné
qu'on termine la discussion des programmes d'équipement, est-ce que vous
avez des réponses?
M. Coulombe: Concernant les coûts de Manic 5, est-ce que M.
Mercier ou M. Hamel ont ces chiffres?
Le Président (M. Fortier): Oui, M. Hamel.
M. Hamel: En ce qui concerne Manicouagan 5 - Manic 5 PA - si on
se rappelle, dans le plan de développement de 1983-1985, on
prévoyait une mise en service en 1989. À ce moment, le coût
capitalisé, à la date de la mise en service, c'est-à-dire
1989, était de 1 069 000 000 $. L'année suivante,
c'est-à-dire l'année dernière, dans le plan 1984-1986, on
prévoyait une mise en service pour 1992 plutôt que pour 1989 et le
coût capitalisé, pour une mise en service en 1992, est
passé à 1 122 000 000 $. Cette année, dans le plan, on
présente une mise en
service pour 1909 mais, en fait, on se disait auparavant que Manic 5 est
réellement requis pour les besoins du Québec en 1991. Pour une
mise en service, en 1991, le coût capitalisé est de 987 000 000 $
et, si on devance Manic 5 PA, tel qu'on le propose dans le plan, en 1989, le
coût capitalisé -toujours pour une mise en service en 1989 -est de
799 000 000 $ ou 800 000 000 $. Si on regarde une mise en service en 1991 par
rapport à 1989 - un devancement de deux ans - si on actualise ces
dollars en dollars 1984, on s'aperçoit que le devancement va nous
coûter à peu près 13 000 000 $ de plus qu'une mise en
service en 1991. Avec nos programmes d'exportation et nos programmes
commerciaux, en mars, on estime que nous allons avoir des revenus additionnels
qui vont venir combler ce coût additionnel de devancement.
Tarification et gestion financière
Le Président (M. Fortier): Merci, M. Hamel. Si les
députés sont d'accord, nous allons procéder à
l'étude de la tarification et de la gestion financière
d'Hydro-Québec et je rappelle que, par la suite, on parlera de
développement technologique, de protection de l'environnement, de
qualité du service et de la gestion des ressources humaines. Donc,
maintenant, nous abordons la question plutôt financière, la
tarification et la gestion financière d'Hydro-Québec. M. le
ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, j'ai de courtes remarques
là-dessus. La proposition tarifaire d'Hydro-Québec qui propose
une hausse de tarifs de l'ordre de 2, 5 % prenant effet le 1er mai 1985, par
rapport aux hausses de tarifs qui ont été consenties au cours des
dix dernières années, si elle était agréée,
serait la plus basse et de loin des hausses de tarifs au cours de ces dix
dernières années au Québec. Il faut rappeler, je pense,
que c'est beaucoup inférieur au taux d'inflation que nous avons connus
cette année au Québec. C'est presque la moitié du taux
d'inflation environ.
Je pense que, pour faire une évaluation correcte de cette demande
de hausse de tarifs, il faut comparer avec ce qui se passe ailleurs, au Canada
en particulier, où les demandes ou les hausses consenties au cours de
l'année 1985 ou qui ont un effet important en 1985 sont de 5 % au
Manitoba, avec une entrée en vigueur le 1er avril 1985. On constate que,
au Manitoba, il y a eu des hausses de tarifs consenties de 24 % depuis 1983,
pour effectuer un rattrapage parce que, en fait, la compagnie
d'électricité du Manitoba fait des déficits et c'est le
gouvernement provincial qui comble ces déficits à même les
revenus généraux, de sorte que les comparaisons de tarifs qu'on
peut faire avec le Manitoba sont un peu faussées à cause de ce
facteur.
En Ontario, on assiste à une hausse de tarifs de l'ordre de 8, 6
% qui a pris effet le 1er janvier 1985. En Saskatchewan, ils ont eu une hausse
9, 8 % au mois de juin 1984 et je ne sais pas quelles sont les perspectives
pour l'année 1985 dans son cas. Finalement, en Colombie britannique, il
y a une requête de l'ordre de 6, 5 % qui a été
présentée pour une hausse de tarifs dans cette province. (16 h
30)
Si la hausse tarifaire proposée par Hydro-Québec
était acceptée - ce sera la décision qu'aura à
prendre le gouvernement à la suite de nos travaux - j'aurai à
faire une recommandation quant à la hausse tarifaire proposée.
Disons que les travaux de notre commission m'indiqueront s'il y a lieu de faire
une recommandation positive ou négative là-dessus.
Cette hausse va être de nature, je pense - c'est ce qu'on constate
dans les documents d'Hydro-Québec - à préserver la
position concurrentielle d'Hydro-Québec sur le marché
intérieur et, également, à lui permettre d'élargir
ses marchés, autant à l'intérieur qu'à
l'exportation. C'est également une hausse qui va permettre de maintenir
les tarifs industriels d'Hydro-Québec à leur niveau relativement
avantageux par rapport à ceux des autres régions
d'Amérique du Nord. Comme on se compare beaucoup à l'Ontario, je
me permets de souligner que, si cette hausse était consentie, les tarifs
industriels pratiqués au Québec seraient quand même de
l'ordre de 24 % inférieurs à ceux qui existent en Ontario en
1985.
Donc, M. le Président, je pense que cela explique sans doute
cette hausse modeste qui est demandée; cela explique sans doute la
réaction plutôt positive de tous les médias d'information -
de façon générale, on n'a pas eu de réaction
négative de la part du public là-dessus - qui ont souligné
que cette hausse était, somme toute, relativement modeste et que le
consommateur d'électricité québécois serait encore
favorisé au cours de l'année 1985 par comparaison avec les
consommateurs des autres provinces, et évidemment beaucoup plus si on
compare les tarifs pratiqués ici avec ceux du Nord-Est américain,
ce qui explique d'ailleurs pourquoi les Américains sont tellement
intéressés à l'achat d'électricité
québécoise.
M. le Président, je vais limiter mes remarques, à ce
stade-ci de nos délibérations, à ces quelques
considérations. Par la suite, je verrai s'il y a lieu d'en ajouter.
Le Président (M. Fortier): Mes chers collègues,
j'aurais des questions sur l'effort fiscal d'Hydro-Québec, puisque ceci
fait partie intégrante, dans une très grande mesure, des
coûts de production d'Hydro-
Québec. Je crois que cela vaut la peine de l'analyser.
Le ministre, ce matin, semblait dire que, somme toute, ce n'était
pas aussi élevé ou que ce qui était affirmé
n'était pas nécessairement vrai, c'est-à-dire
qu'Hydro-Québec était devenue la vache à lait. Sans entrer
dans une discussion à ce sujet, j'aimerais regarder avec les dirigeants
d'Hydro-Québec l'importance des taxes.
Ma première question, bien sûr, a trait au fait que la taxe
sur le capital est considérable, 119 000 000 $ en 1985. J'aimerais
savoir si les autres compagnies d'utilité publique au Canada, avec
lesquelles on se compare, sont sujettes à une taxe sur le capital aussi
importante que celle-là. Même au Québec, si on
considère la totalité des taxes sur le capital qui sont
perçues par le gouvernement du Québec, combien représente
l'effort fiscal d'Hydro-Québec à ce titre-là, en
particulier? Quelqu'un me disait que c'était peut-être de l'ordre
de 20% ou 25%, la contribution d'Hydro-Québec en ce qui concerne la taxe
sur le capital. Est-ce que vous avez fait une analyse de cela? Comme de raison,
vous pouvez répondre que c'est le législateur qui a
décidé de nous imposer cette taxe, point final. Plus tard, je
vais aborder les questions de rentabilité d'Hydro-Québec; je me
demande... Lorsque l'on parle de rentabilité, c'est sur le capital;
mais, quand on parle de "profitabilité", en particulier, il faut savoir
de quoi l'on parle. Si les taxes sont plus élevées ici
qu'ailleurs, cela diminue votre "profitabilité". Je me demandais si vous
vous étiez penchés sur ce dossier.
Alors, ma question précise, pour commencer, a trait à la
taxe sur le capital.
M. Grïgnon: Je pense que la situation au Québec est
particulière, dans le sens suivant: Au Québec,
Hydro-Québec, depuis quelques années, comme, je pense, toutes les
sociétés d'État du Québec, est assujettie à
l'ensemble des impôts et taxes d'application générale au
Québec, sauf, évidemment, l'impôt sur le revenu des
corporations. Si on pense à Hydro-Québec, au Québec, on a
un régime de taxation où on taxe la main-d'oeuvre, le capital et,
bien sûr, les profits. Les sociétés d'État ne sont
pas imposées sur les profits, mais elles paient toutes une taxe sur leur
main-d'oeuvre. C'est la contribution à l'assurance-maladie, je pense, et
une taxe sur le capital.
La taxe sur le capital n'existe pas dans toutes les provinces, mais en
général, dans les provinces où elle existe, les
sociétés d'État, d'une façon
générale, ne sont assujetties ni à la taxe sur le capital,
ni d'une façon générale à l'ensemble des taxes
d'application générale, de sorte qu'au Canada, sauf pour la
Colombie britanique qui paie des redevances, des droits d'eau assez importants
depuis quelques années, le Québec a un effort fiscal plus grand
que d'autres utilités publiques dans d'autres provinces, parce qu'il est
assujetti aux taxes d'application générale. C'est à peu
près cela la situation qui nous régit par rapport à celle
des autres provinces.
Le Président (M. Fortier): Parce que, si la taxe sur le
capital...
M. Grignon: Effectivement, comme Hydro-Québec est
probablement l'entreprise la plus intensive en capital au Québec, si on
prend la taxe sur le capital isolément évidemment, la quote-part
d'Hydro-Québec par rapport à l'ensemble des
sociétés au Québec est relativement élevée,
comme vous l'avez mentionné. Cela reflète tout simplement que la
partie de capital utilisée par Hydro-Québec est très
élevée dans l'économie du Québec.
Par ailleurs, si on considère la taxe sur la main-d'oeuvre,
Hydro-Québec n'est pas une entreprise intensive en main-d'oeuvre et sa
quote-part est relativement faible par rapport aux autres entreprises.
Le Président (M. Fortier): En 1984, vous avez une taxe sur
le capital, 115 000 000 $; la taxe sur le revenu brut, 91 000 000 $; les taxes
foncières, 18 000 000 $, ce qui fait un total de 224 000 000 $ plus un
dividende possible de 156 000 000 $ qui n'a pas encore été
décrété, ce qui fait un total de 380 000 000 $. A cela
doit s'ajouter, bien sûr, la taxe de vente de 9 % qui est de l'ordre de
211 000 000 $, ce qui veut dire qu'en taxes, en tout et partout, c'est 591, 000
000 $ en 1984 sur un chiffre d'affaires d'environ 4 000 000 000 $.
M. Bourbeau (Joseph): 4 100 000 000 $.
Le Président (M. Fortier): Oui. Sur le chiffres d'affaires
de 4 000 000 000 $, c'est quand même 11 %...
M. Grignon: 14 %.
Le Président (M. Fortier):... 14 %, alors c'est
très considérable. Tout à l'heure, on pourra en arriver
à la discussion de ce qui détermine votre "profitabilité"
ou votre rendement sur le capital. Lorsqu'on fait des comparaisons de rendement
sur le capital, il faut se poser la question: Est-ce que vos charges fixes se
comparent? On peut se poser la question, mais ce n'est peut-être pas
à Hydro-Québec d'y répondre. Quand même, si vous
voulez prendre votre défense... Est-ce qu'une taxe sur le capital,
étant donné que vous êtes "capital intensive", que vous
avez une capitalisation
extrêmement poussée, vous pénalise plus que
d'autres? Dans des cas comme cela, l'État québécois peut
percevoir les taxes qu'il veut, de la façon qu'il le veut. Si on voulait
établir un critère de rendement, est-ce qu'on ne devrait pas
examiner, lorsqu'on vous compare à d'autres sociétés,
même à des compagnies d'utilité publique aux
États-Unis en particulier, si les compagnies d'utilité publique
aux États-Unis ont des obligations de ce genre? Bien sûr, elles
ont des impôts à payer sur le revenu, mais j'imagine qu'elles
n'ont pas ce genre de taxe sur le capital. Autrement dit, la structure des
coûts n'est pas la même ici qu'ailleurs et j'imagine que cela
fausse un peu les comparaisons qu'on peut faire lorsqu'on compare le rendement
sur le capital en particulier ou sur la "profitabilité"
d'Hydro-Québec.
Est-ce qu'Hydro-Québec prend la loi telle qu'elle est ou si elle
a fait des comparaisons qui lui permettraient de faire des recommandations au
législateur, le cas échéant, à cet
égard?
M. Grignon: Je pense que, tant qu'il s'agit de taxation
d'application générale, dans une société, les
individus comme les sociétés doivent payer leur quote-part au
Trésor public et, dans le cas d'Hydro-Québec, il s'agit dans tous
les cas de taxes d'application générale, sauf, possiblement, dans
le cas de la taxe de vente qui est imposée sur
l'électricité, mais pas imposée sur l'huile à
chauffage ou le gaz naturel. Dans ce cas, il y a clairement un effet qui agit,
d'ailleurs, sur les positions concurrentielles. Mais en ce qui concerne les
autres taxes, je pense qu'Hydro-Québec paie sa taxe de 3 % sur sa
main-d'oeuvre. Il n'y a pas beaucoup de main-d'oeuvre; cela ne lui coûte
pas très cher. Elle paie une taxe qui est un peu l'équivalent de
3 % sur le rendement de l'ensemble du capital qu'elle utilise. Dans son cas,
cela lui coûte plus cher, mais, bon an mal an, puisqu'il s'agit de
taxation d'application générale, il n'y a pas là, en tout
cas, matière à penser que cela donne lieu à une mauvaise
allocation des ressources dans l'économie du Québec. Par rapport
à d'autres juridictions, évidemment, on sait tous que les
régimes de taxation sont différents d'une juridiction à
l'autre et qu'il peut y avoir ces conséquences, mais, à
l'intérieur du Québec, je pense qu'Hydro-Québec est
traitée, en ce qui concerne la taxe sur le capital ou ses contributions
comme employeur ou comme société, sur le même pied que les
autres corporations.
Le Président (M. Fortier): Alors, c'est votre attitude
comme raison... Il arrive que des sociétés, qui sont sujettes
à des taxes générales, faisant partie d'une chambre de
commerce ou d'une association de manufacturiers, décident de faire des
représentations auprès du législateur pour modifier un
état de choses, mais, si je comprends bien votre réponse, pour le
moment, vous considérez la situation actuelle comme elle est et vous
fonctionnez à partir de là.
En ce qui concerne la sensibilité, à la page 79 - on
l'évoquait tout à l'heure - le ministre, en réponse
à une question que je lui posais à l'Assemblée nationale
tout à l'heure, disait qu'il ne s'agissait que d'écriture
comptable. Je crois que la situation est un peu plus complexe que cela. Si on
reprend l'exemple que j'évoquais ce matin, d'une diminution du dollar
canadien de 0, 10 $, aux fins de la discussion - j'espère que cela
n'arrivera pas cette année, mais, à supposer que cela arrive,
quoique votre étude soit faite à partir de 0, 76 $, ce qui
voudrait dire que le dollar canadien, pendant un an, serait à 0, 66 $,
disons, à partir du 1er mai -alors, si je lis bien votre tableau, vous
dites que la sensibilité est de 29 000 000 $ par cent; donc, pour 0, 10
$, cela ferait 290 000 000 $. D'une part, il y a peut-être report dans le
temps d'un certain coût éventuel; je pense en particulier au fait
que, si la dette devient plus lourde en raison de l'ajustement que vous devez
faire dans vos livres, en partie, cela peut être vrai, mais, pour la
partie des coûts réels que vous encourez durant l'année, je
ne sais pas quelle est la proportion, cela peut être 40% ou 50% du
coût de sensibilité de 30 000 000 $ le cent. Alors, si on prend 0,
10 $, cela fait 300 000 000 $. La première question, c'est: Quelle est
la proportion de ce coût qui est un coût réel?
Ma deuxième question, c'est que, dans une optique de baisse du
dollar, quel est l'impact sur la tarification? Autrement dit, si, au lieu de 0,
76 $, le dollar était à 0, 66 $, est-ce que cela vous aurait
amenés, dans les calculs de vos besoins financiers, à recommander
une tarification qui vous aurait apporté 0, 10 $ multiplié par 29
000 000 $, donc 290 000 000 $, ou 50% de ce montant? Autrement dit, il y a
sûrement un impact réel sur la tarification d'Hydro-Québec.
J'aimerais savoir dans quelle mesure il s'agit d'un impact réel sur les
augmentations de tarifs, parce que cela touche même à la
capitalisation de l'entreprise et le facteur de 25%, les dividendes, cela
touche à plusieurs aspects. Alors, ma première question est:
Quelle est la proportion des coûts qui sont réels et dans quelle
mesure - ils sont toujours réels, éventuellement, mais ils sont
réels dans l'année même où ils se produisent - et
dans quelle mesure cela a-t-il un impact sur la tarification de
l'entreprise?
M. Bourbeau (Joseph): M. Michel Caron.
M. Rodrigue: M. le Président, avant que le
représentant d'Hydro-Québec réponde,
j'aimerais préciser, cependant que j'ai indiqué qu'il
s'agissait d'une écriture comptable, sauf pour la portion qui
était remboursable durant l'année, parce qu'il est
évident...
Le Président (M. Fortier): M. le ministre, j'ai
posé la question à Hydro-Québec...
M. Rodrigue: Oui, oui.
Le Président (M. Fortier):... si vous voulez parler
après, vous parlerez.
M. Rodrigue: Mais c'est parce que...
Le Président (M. Fortier): M. le ministre, je m'excuse,
c'est à mon tour de parler. J'ai posé une question à
Hydro-Québec. Si vous voulez faire des commentaires après, vous
pourrez les faire.
M. Rodrigue: M. le Président, j'ai demandé la
parole.
Le Président (M. Fortier): Je voudrais entendre la
réponse d'Hydro-Québec.
M. Rodrigue: Bien sûr, je veux l'entendre moi aussi;
cependant, vous m'avez cité.
Le Président (M. Fortier): M. le ministre, c'est moi qui
ai la parole et je donne la parole à Hydro-Québec. M. Caron.
M. Rodrigue: M. le Président, sur une question de
privilège.
Le Président (M. Fortier): II n'y a pas de question de
privilège dans une commission parlementaire, je m'excuse.
M. Rodrigue: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Fortier): II n'y a pas de question...
Quel est votre règlement?
M. Rodrigue: M. le Président, vous m'avez cité et
je veux tout simplement préciser dans quel contexte j'ai fait cette
déclaration.
Le Président (M. Fortier): M. le ministre, je vous
rappelle à l'ordre. C'est à Hydro-Québec de
répondre, vous parlerez après. Je vous remercie.
M. Rodrigue: M. le Président, je pense que c'est trop
facile de nous citer comme cela hors contexte en ne donnant pas la citation
complète pour ensuite tenter de nous "fermer la boîte". Je veux
tout simplement faire une mise au point. C'est relativement simple et nos
travaux se sont bien déroulés jusqu'à maintenant, alors,
je ne vois pas pourquoi tout à coup vous prenez la mouche.
Le Président (M. Fortier): Parce que c'est au tour
d'Hydro-Québec à parler. Vous parlerez après.
M. Rodrigue: Oui, mais j'en ai pour une minute et, après
cela...
Le Président (M. Fortier): Allez-y, en trente
secondes.
M. Rodrigue: Trente secondes, si vous voulez.
Le Président (M. Fortier): Vous faites tellement d'erreurs
que vous passez votre temps à corriger vos citations. C'est depuis le
matin que vous faites cela. (16 h 45)
M. Rodrigue: Bien, si vous n'êtes pas capable de comprendre
ce que l'on dit, ce n'est pas mon problème, mais je n'aime pas que vous
me citiez hors contexte. J'ai indiqué qu'effectivement il s'agissait
d'une écriture comptable, sauf pour les portions qui devaient être
remboursées au cours de l'année. Évidemment, dans ce cas,
quand on doit rembourser des emprunts, il est sûr que, si le dollar est
dévalué par rapport au dollar américain, on absorbe la
différence.
Le Président (M. Fortier): Alors, je vais vous citer au
texte, M. le ministre: "M. le Président, mon collègue a
certainement eu un vieux réflexe étant donné qu'il
était au ministère de l'Énergie et des Ressources -vous
parliez de M. Duhaime - il n'y a pas longtemps. Effectivement, lorsque le
dollar canadien chute d'un cent par rapport au dollar américain, il en
coûte en intérêt additionnel... Il n'en coûte pas, il
faut comptabiliser, dans les dépenses d'Hydro-Québec
annuellement, 30 000 000 $ par cent de baisse du dollar canadien; et c'est le
taux de change du 31 décembre qui permet à Hydro-Québec de
fixer dans ses livres les sommes d'argent qu'elle doit prévoir pour
compenser la baisse du dollar canadien. Cependant, cela n'entraîne pas un
déboursé immédiat de la part d'Hydro-Québec. Cela
n'entraîne même pas un déboursé au cours de
l'année qui vient. " Alors, qui avait raison? Vous avez la citation
ici.
M. Rodrigue: Oui, mais ce n'est pas toute la réponse. La
réponse continue.
Une voix: Vous prenez seulement le bout qui fait votre affaire,
M. le Président.
Le Président (M. Fortier): Je peux continuer si vous
voulez, je l'ai ici.
M. Rodrigue: Je l'ai aussi...
Le Président (M. Fortier): "Cela coûtera 30 000 000
$ (... ) lorsqu'elle devra rembourser ses emprunts. C'est strictement une
écriture comptable. "
M. Rodrigue: Durant l'année.
Le Président (M. Fortier): Alors, qui avait raison, M. le
ministre? Est-ce que c'est moi qui ai bien cité?
M. Rodrigue: Vous n'avez pas toute la réponse
là-dedans.
Le Président (M. Fortier): La discussion est
terminée, M. le ministre?
M. Rodrigue: Elle se poursuivra... Le Président (M.
Fortier): M. Caron.
M. Caron (Michel): M. le Président, si vous le permettez,
je voudrais prendre 1984 où on a eu l'expérience et on l'a
calculé de façon exacte au 31 décembre. La perte de change
non réalisée s'est établie à 202 000 000 $
exactement. De ces 202 000 000 $, 110 000 000 $ étaient dus aux
modifications de la règle comptable et n'étaient donc pas une
perte réelle. Des 92 000 000 $ restants, il y en avait environ la
moitié qui était une perte véritablement encourue au cours
de 1984 et l'autre moitié avait trait à l'estimation de la perte
que l'on encourrrait au cours de 1985 si le taux de change du 31
décembre se maintenait. Grosso modo, en 1984, des 202 000 000 $, environ
le tiers a été un déboursé réel et les deux
tiers étaient une écriture comptable via l'amortissement.
Au niveau du tableau auquel vous vous référiez, à
la page 79, le tableau 28, lorsqu'on voit le taux de change du dollar canadien,
les 31 000 000 $, essentiellement, il y a deux parties: le taux de change moyen
de l'année au niveau du bénéfice net, les 29 000 000 $, et
l'incidence du bénéfice net du taux de change en fin
d'année. La partie des 29 000 000 $ serait véritablement encourue
en 1985 comme déboursé réel pour une variation d'un sou du
dollar américain et les 2 000 000 $ seraient la perte comptable si le
taux de change se maintenait à 0, 76 $.
Le Président (M. Fortier): Je n'ai pas tout à fait
bien saisi. Vous avez dit que pour 1984 l'expérience a été
qu'il y avait un ajustement qui faisait que, pour les deux tiers,
c'était une écriture comptable et pour un tiers une perte
réelle. Maintenant, vous me dites que pour l'année 1985... Quel
est le raisonnement? J'aimerais comprendre exactement ce que vous me dites.
M. Caron (Michel): Pour l'année 1985, au niveau du
bénéfice net, dans le taux de change moyen de l'année, une
variation d'un sou signifierait une variation de 29 000 000 $ sur le
bénéfice net. Ceci serait un déboursé ou une
recette réelle.
Le Président (M. Fortier): Une recette réelle ou
une perte, suivant la direction où le dollar allait.
M. Caron (Michel): Exact.
Le Président (M. Fortier): Pour quelle raison dites-vous
que, pour 1984, c'était aux deux tiers une écriture comptable et
que pour l'année qui vient c'est quasiment 100%?
M. Caron (Michel): C'est strictement en fonction, M. le
Président, des remboursements que nous avions à effectuer en 1984
et des remboursements que nous aurons à effectuer en 1985.
Le Président (M. Fortier): Alors, vous me dites que
suivant les remboursements que vous avez à faire, la situation peut
varier d'une année à l'autre. En 1984, c'était aux deux
tiers une écriture, tandis qu'en 1985 ce sera 100% ou à peu
près. En 1986 et 1987, selon la quantité de remboursements
d'emprunts que vous aurez à faire, la situation pourra changer. Donc,
vous me dites, dans un sens, que, pour 1985, c'est réel, c'est tout
à fait réel, mais qu'on ne peut pas extrapoler dans le temps pour
une période donnée. Mais, pour 1985, c'est bien un avantage
réel ou un coût réel.
M. Caron (Michel): D'autre part, M. le Président, pour
1985, il y a aussi des remboursements qui ont été
effectués à des taux de change qui sont connus et qui ont
été rencontrés soit en 1976 ou en 1975. Il y en aura
d'autres, je pense, en mai ou en juin. À ce moment-là, il est
plus difficile de faire des hypothèses de taux au 31 décembre
à 0, 70 $, 0, 72 $ ou 0, 60 $.
Le Président (M. Fortier): Pour l'année...
M. Caron (Michel): Pour 1985, pour la première partie, la
partie des déboursés réels que nous avons à
rencontrer.
Le Président (M. Fortier): Votre étude a
été faite à 0, 76 $. Depuis ce temps, nous sommes rendus
à 0, 72 $, mais on étudie l'impact à partir du 1er mai
puisque l'augmentation de tarifs sera effective, s'il y en a une, à
partir du 1er mai. Vous nous dites: Pour l'année qui commence le 1er
mai, une réduction de 0, 01 $ ou de 0, 04 $ coûtera
véritablement 100 000 000 $ à partir du 1er mai. Supposons que
les choses
restent à ce niveau, quelle est la compensation qui provient des
ventes d'énergie aux États-Unis? C'est combien cette année
et à quel rythme ces ventes, compte tenu des contrats que vous avez en
main pour les trois prochaines années, pourraient-elles augmenter?
M. Caron (Michel): II y a deux éléments de
réponse. D'abord, pour ce qui est des prévisions au 1er avril ou
au moment où on se situe, effectivement il y a eu une
dépréciation du dollar canadien par rapport au dollar
américain de l'ordre de 0, 04 $ par rapport à nos
hypothèses. Il y a eu, cependant, en contrepartie partielle seulement,
une appréciation du dollar canadien par rapport aux devises non-dollar,
les devises européennes et le yen. On voit, au dernier
élément, que, pour une variation de 1%, cela représente
une somme de 5 000 000 $. L'estimation que je peux faire à ce moment-ci,
c'est que l'appréciation, depuis le moment où le cadre financier
a été établi, du dollar canadien vis-à-vis des
monnaies non-dollar, a été d'un peu plus de 1%. Donc, il y a
déjà une compensation et les 31 000 000 $, en termes de devises,
ce serait 31 000 000 $ moins 5 000 000 $ ou 7 000 000 $.
Le deuxième élément de réponse, les 31 000
000 $, c'est un montant net, compte tenu d'une amélioration, d'une
augmentation de nos revenus à l'exportation de l'ordre de 9 000 000 $
pour une variation de 0, 01 $, contrebalancé et maintenu par une
augmentation de nos déboursés ou de nos dépenses
d'intérêts de l'ordre de 40 000 000 $. Ce serait 40 000 000 $
moins 9 000 000 $, grosso modo.
Le Président (M. Fortier): Les revenus sont de l'ordre de
9 000 000 $, vous dites?
M. Caron (Michel): C'est cela, pour 0, 01 $, c'est de l'ordre de
9 000 000 $.
Le Président (M. Fortier): Supposons que le prix du
pétrole soit fixe et que, pour les trois prochaines années, vos
ventes se fassent selon le calendrier que vous avez. Dans trois ans,
approximativement, combien de ventes pourriez-vous faire? Est-ce que les ventes
aux États-Unis augmenteraient d'une façon significative, ce qui
pourrait modifier ce rapport dont on parle, s'il y avait baisse du dollar
canadien, d'une part, par rapport au gain que vous faites et, d'autre part, par
rapport au coût réel que vous encourez?
M. Caron (Michel): Présentement, les revenus provenant de
nos exportations aux États-Unis nous permettent de rencontrer entre 35%
et 40%, grosso modo, de nos déboursés, intérêt,
capital, etc. Dans le cadre du plan de développement tel qu'il est ici
et des hypothèses ou des prévisions de revenus à
l'exportation, ce ratio de l'ordre de 35% à 40%, je pense, augmenterait
vers 50%, mais je doute qu'il dépasse 50%.
Le Président (M. Fortier): Dans les trois
années...
M. Caron (Michel): Dans les trois ans.
Le Président (M. Fortier):... qui sont couvertes par le
plan de développement.
M. Caron (Michel): D'autre part, il y a un élément
additionnel, si vous me le permettez, c'est qu'Hydro-Québec a fait des
efforts depuis quelques années pour réduire la part de sa dette
en dollars US et ce, de deux façons, en augmentant de beaucoup le niveau
de ses emprunts en dollars canadiens et en effectuant - le terme technique -
des accords de SWAPS avec d'autres emprunteurs, nous permettant de
réduire graduellement la part de notre dette en dollars
américains, ce qui ferait que nos charges en dollars américains,
toutes proportions gardées, seraient diminuées. Donc, on pourrait
de cette façon réduire notre - appelons-la ainsi - balance
commerciale ou l'équivalent à moins de 50%.
Déclaration de dividendes
Le Président (M. Fortier): En ce qui concerne les
dividendes, c'est le gouvernement qui les déclare. Mais lorsque vous
faites votre prévision budgétaire pour l'année qui vient,
vous devez faire l'hypothèse que, compte tenu des ratios qui sont dans
la loi, s'il y a un surplus susceptible de dividendes, il se pourrait que vous
auriez à déclarer 100% du potentiel à partir duquel le
gouvernement pourra déclarer un dividende. C'est la façon,
j'imagine, dont vous avez fait ces prévisions sur trois ans.
M. Caron (Michel): C'est une hypothèse.
Le Président (M. Fortier): Mais cette hypothèse
peut être fausse en partie ou peut être réelle. Étant
donné les montants qui sont en jeu, je vois ici, pour 1985, 131 000 000
$, pour 1986, 294 000 000 $, pour 1987, 305 000 000 $, il s'agit de montants
quand même substantiels. Comme de raison, il s'agit d'une
prévision, mais dans votre planification financière, cela doit
avoir un certain impact de savoir ou de ne pas savoir quel sera le montant de
dividendes qui sera décrété. Ceci a un impact direct
également sur l'augmentation des tarifs. J'imagine que, dans votre
planification, vous essayez de prévoir quelle sera l'augmentation des
tarifs pas seulement pour cette année. D'ailleurs, vous faites toujours
une prévision
de trois ans; je ne l'ai pas vue pour les deux prochaines années.
Je me souviens que, l'an dernier, vous en aviez fait une également.
Eu égard à cette incertitude quant à la
déclaration de dividendes, vous allez vers l'hypothèse la pire,
j'imagine, en vous disant: Le gouvernement pourrait nous amener à
déclarer la majorité des dividendes qui pourraient être
déclarés. Est-ce que cela ne vous gêne pas de ne pas avoir
une politique de dividendes, qui vous permettrait de faire une meilleure
planification financière?
M. Caron (Michel): La planification financière que nous
faisons, comme vous le dites vous-même, est basée sur
l'interprétation rigoureuse de la Loi sur Hydro-Québec, à
savoir que la totalité du surplus susceptible de dividendes sera
déclarée par le gouvernement comme dividendes. Cette
hypothèse étant faite, il reste qu'il y a des sommes qui sont en
jeu, qui sont à l'intérieur des paramètres comme bien
d'autres dans l'horizon du plan financier et qui nous permettent de planifier
en conséquence.
Le Président (M. Fortier): II y a plusieurs facteurs sur
lesquels vous n'avez pas de contrôle, le taux de change et la
déclaration de dividendes en sont. Comme vous l'évoquiez tout
à l'heure dans le cas du taux de change, à supposer que dans une
année le taux de change ne varie pas plus que de cinq points, 5%, on
parle de 150 000 000 $ possiblement. Ici, on parle de plus que cela. Alors,
autrement dit, ce facteur du dividende est certainement important dans votre
analyse financière future ou dans votre prévision
financière.
M. Caron (Michel): C'est exact. Si l'hypothèse que nous
faisons, à savoir que la totalité du surplus serait
déclarée par le gouvernement, s'avérait non fondée
et que le gouvernement déclarait moins que la totalité du
surplus, en termes de planification financière, cela amènerait
une certaine amélioration, du moins, à notre position de caisse
et à notre liquidité. Mais, pour ce qui est du taux de change, il
est difficile et impossible, à toutes fins utiles, de prévoir ce
qu'il sera au 31 décembre de l'année.
Le Président (M. Fortier): Mais si on prend l'année
1985, pour laquelle vous demandez 2, 5%, ceci amènerait dans vos coffres
84 000 000 $. Oublions la variation du taux de change. Au moment où vous
l'avez fait, vous avez fait l'hypothèse que cela resterait fixe à
0, 76 $. Si vous étiez dans la position, comme Gaz Métropolitain,
d'aller devant une régie pour dire: Écoutez, on aimerait avoir
telle augmentation pour nous donner tel genre de revenu, pour rencontrer nos
flux de capitaux, ce facteur, en soi, serait extrêmement important, parce
que là vous avez déclaré que la dividende maximum serait
de 156 000 000 $. Alors, vous avez, dans vos calculs, présumé que
cet argent, vous ne l'aviez plus durant l'année. Le gouvernement, si je
comprends bien, n'a pas encore statué sur la déclaration de
dividendes. (17 heures)
Donc, vous venez ici devant la commission pour dire: Notre analyse
financière dit que nous avons besoin de 84 000 000 $ de plus,
l'augmentation est de 2, 5%. Par ailleurs, vous évoquez dans le tableau
qu'un dividende possible de 150 000 000 $ n'a pas encore été
payé. Je pense bien que n'importe qui va constater que la
déclaration de dividendes est plus importante que l'augmentation que
vous demandez. J'entendais des commentaires de la part d'Hydro-Québec
qui disait: L'augmentation de tarif est requise pour assurer la
stabilité financière de l'entreprise. Comme de raison, il y a des
observateurs qui pourraient dire: Elle est requise parce que, d'une part, vous
ne savez pas combien le gouvernement va vous demander comme déclaration
de dividendes et elle est requise pour payer le dividende, d'autre part. Cela
ne vous gêne pas, cette situation?
M. Caron (Michel): D'abord, pour ce qui est des 156 000 000 $, le
dividende de 156 000 000 $ a été déclaré par le
gouvernement.
Une voix: Quand?
M. Caron (Michel): On a eu le décret vendredi ou lundi.
Une première tranche de 125 000 000 $, je crois, a été
versée, en date du 25 mars et le solde de 35 870 000 $ en date du 28
mars.
Le Président (M. Fortier): Au moment où vous avez
fait votre analyse, vous ne le saviez pas.
M. Caron (Michel): Non mais nous présumions que le
dividende serait déclaré et versé avant le 31 mars.
Le Président (M. Fortier): Là, on parle de millions
de dollars. Je comprends que vous faites des hypothèses et que vous
présumez des choses, mais j'ai de la misère à comprendre
parce qu'il y a des gens qui font des recommandations au gouvernement et qui
nous disent: Pour quelles raisons devons-nous avoir un comportement
différent vis-à-vis d'Hydro-Québec et vis-à-vis de
Gaz Métropolitain? Si vous deviez aller devant Gaz Métropolitain,
vous ne pourriez pas faire l'hypothèse d'une déclaration de
dividendes. J'imagine que, quand Gaz Métropolitain va devant la
régie, elle sait pertinemment
quelle est sa politique de dividendes pour l'année qui vient,
tandis qu'ici vous avez un point obscur qui ne vous permet pas de juger de la
situation en toute connaissance de cause. Vous faites l'hypothèse
maximale et vous dites: Cela nous prend 2, 5%. Mais si le gouvernement n'avait
pas statué vendredi dernier, on serait encore en train de discuter pour
savoir quel est le dividende déclarable et on est en train de discuter
pour savoir si vous avez réellement besoin des 84 000 000 $ de plus. Je
trouve que cela vous met sûrement dans une situation fausse. Dans vos
documents, vous n'avez pas fait de recommandation disant que ce serait
peut-être préférable si la politique de dividendes
d'Hydro-Québec était connue à l'avance. Lorsqu'on a
discuté de la loi, d'ailleurs, vous aviez évoqué la
possibilité que la déclaration de dividendes soit faite par le
conseil d'administration. Cela n'a pas été retenu comme solution,
mais j'ai de la difficulté à voir comment, lorsqu'on va arriver
à des montants plus importants comme l'an prochain - cette année,
131 000 000 $, l'autre année après 300 000 000 $ ou à peu
près - vous pouvez continuer comme cela à l'avenir si les
dividendes sont importants sans connaître d'avance pour l'année
d'après, quel sera le montant de la déclaration de dividendes au
moment où vous faites votre recommandation au législateur ou au
gouvernement pour décider de l'augmentation véritable des
tarifs.
M. Caron (Michel): À ce jour, parmi toutes les
hypothèses que l'on fait pour établir un cadre financier, une
hypothèse qui s'est toujours avérée juste, c'est celle
concernant le dividende. Les surplus susceptibles de dividende ont toujours
été déclarés. Là-dessus, au moins, il n'y a
pas de difficulté.
M. Rodrigue: II faut dire qu'on a une courte expérience
là-dessus.
M. Caron (Michel): Effectivement. Deuxième
élément, concernant le dividende de 1984 effectivement
versé en 1985, il a été comptabilisé dans nos
livres en 1984. En termes de cadre financier ou en termes de structures
financières, de structures comptables, il a trait à 1984.
L'élément 1985 concernant ces 156 000 000 $ en est un -excusez
l'expression anglaise - de "cash flow" ou de liquidités. À ce
moment, c'est à nous de prévoir la gestion de notre encaisse
pour, fin mars, au moment où normalement le dividende est
déclaré, être capable de le verser au moment
approprié en maximisant ou en optimisant la gestion de notre encaisse. A
cette fin, on discute avec le ministère des Finances et on s'entend sur
les dates approximatives pour verser ce dividende et ne pas indûment
affecter nos placements à court terme ou notre position de caisse.
Le Président (M. Fortier): Sur la base du tableau que vous
nous avez fourni pour l'augmentation de tarifs de cette année, quels
sont les critères qui gouvernent l'augmentation de tarifs? En fait, les
facteurs qui sont dans la loi: capitalisation, 25% et couverture des
intérêts, ce sont uniquement deux critères qui gouvernent
la déclaration de dividendes. Ce ne sont pas nécessairement des
critères qui gouvernent la gestion d'Hydro-Québec en termes
d'objectifs. Est-ce que dans votre document vous évoquez des objectifs
comptables bien précis? En fait, vous dites que vous n'avez pas
d'objectifs précis en ce qui concerne le rendement sur le capital
investi. L'autre fois, lors de la réunion, je crois que quelqu'un me
disait que, si vous deviez rencontrer le rendement que Gaz Métropolitain
obtient, 15 1/2 %, vous devriez accroître vos revenus de 1 000 000 000 $
et augmenter de je ne sais pas combien, 20%... Je ne me souviens pas des
chiffres exactement. C'est l'ordre de grandeur.
M. Coulombe: Maintenant, là-dessus, je voudrais faire une
remarque. C'est qu'en ce qui concerne les critères financiers, nos
objectifs de base à Hydro-Québec, c'est d'avoir un rendement sur
l'équité qui est comparable à n'importe quelle autre
compagnie dans le domaine privé. Historiquement, Hydro-Québec a
eu ces rendements de l'ordre de 15% à 16%. L'an passé, vous vous
rappelez que, dans le plan de développement, on avait
délibérément proposé, dans le cadre d'une baisse
des profits, une baisse temporaire du rendement sur l'équité pour
permettre, entre autres, d'augmenter notre position concurrentielle parce qu'on
savait que les années qu'on traverserait, 1984, 1985, 1986 et 1987,
étaient des années cruciales pour le choix de beaucoup de
consommateurs concernant les sources d'énergie. Alors, on s'est dit: On
va sacrifier temporairement notre rendement sur l'équité, ce que
n'importe quelle compagnie fait de temps à autre compte tenu de
l'évolution de l'environnement externe; il y a même certaines
grandes corporations où c'est, des fois, des rendements négatifs
parce qu'elles traversent une période difficile. Alors,
délibérément, l'an passé, on a proposé dans
notre plan de développement de mettre de côté
temporairement, l'espace de quelques années, les critères du
rendement sur l'équité, de diminuer nos profits, d'augmenter
notre position concurrentielle, de faire ce qu'on appelle des radiations
importantes pour baisser le prix de notre kilowattheure dans les années
1990, toutes choses qui ont été faites exactement comme
prévu.
Le résultat, évidemment, c'est que le profit est
passé de 700 000 000 $ à 300 000 000 $. Le rendement sur
l'équité, cette année, va être de l'ordre de 4%,
alors qu'historiquement il se situait beaucoup plus autour de 12%, 14% ou 15%,
mais c'était une stratégie délibérée. Toutes
choses étant égales, notre hypothèse c'est que
graduellement le rendement sur l'équité va remonter
jusqu'à la fin des années 1980 pour se retrouver dans la position
où, historiquement, Hydro-Québec était,
c'est-à-dire autour de 12%, 13%, 14%, 15% et 16% à la fin des
années 1980.
Mais cela fait partie d'une stratégie, je le
répète, délibérée et qui était
marquée en toutes lettres dans le plan de développement de l'an
passé. On a expliqué pourquoi on le faisait, les avantages de le
faire. Dans notre esprit, c'est un investissement qui est fait en
1984-1985-1986. Évidemment, la conséquence, c'est pour
Hydro-Québec des profits moindres, un rendement sur
l'équité moins intéressant que dans les années
futures ou que dans les années passées, aussi des dividendes
moins considérables pour le gouvernement. Donc, cette stratégie
financière, nous pensions et nous pensons encore que c'était la
meilleure pour Hydro-Québec pour traverser les années
consécutives à la récession, d'une part, et aussi pour
faire face au challenge posé par les nouvelles sources d'énergie,
principalement le gaz où il fallait qu'il y ait des décisions qui
se prennent. La preuve, c'est l'augmentation de nos ventes de 15% l'an
passé. On marche à un rythme passablement intéressant
cette année aussi. Lorsqu'on pense au coût du kilowattheure qu'on
a baissé dans les années 1990, c'est véritablement un
investissement pour l'avenir, mais il a fallu, temporairement, proposer quelque
baisse dans les profits nets et dans le rendement sur
l'équité.
Le Président (M. Fortier): Merci, M. le président.
M. le ministre.
M. Rodrigue: Je n'avais pas demandé la parole.
Le Président (M. Fortier): Est-ce qu'il y a quelqu'un du
côté ministériel?
Une voix: Non, cela va.
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Saint-Laurent.
Électricité et gaz naturel
M. Leduc (Saint-Laurent): Alors, je vois ici que vous
établissez la taxe de vente à 211 000 000 $. Si je comprends
bien, vous avez fait des ventes au Québec. Les ventes
québécoises en électricité l'an passé ont
été de 3 500 000 000 $, je pense. Comment pouvez-vous arriver
à 211 000 000 $? Moi, j'arrive plutôt à 315 000 000 $.
Évidemment, il y a... Oui.
M. Grignon: Parce que la Loi sur la taxe de vente prévoit
que l'électricité est taxable, mais pas dans tous les cas. Si
l'électricité est utilisée dans le processus de
fabrication, elle est exemptée. Donc, il n'y a pas une relation de 9 %.
La taxe de vente sur l'électricité ne représente pas
exactement 9 % de nos ventes au Québec, mais beaucoup moins que cela.
Par exemple, presque toutes les ventes au secteur industriel sont
exemptées de la taxe de vente.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous me dites: On a augmenté
l'an passé nos ventes de 15 %. C'est bien. Mais, vous avez un concurrent
qui a augmenté également et rapidement, c'est le gaz naturel.
Quand je vois que, l'an passé, on a déversé 8
térawattheures, c'est énorme. Est-ce que vous pensez que c'est
raisonnable que l'on encourage, dans ces conditions, les ventes de gaz naturel
et qu'on ne taxe pas - c'est encore un handicap, j'ai l'impression que le
gouvernement est en train de piper les dés -le gaz naturel, qu'on
n'impose pas la taxe de 9 %? Est-ce que vous croyez que c'est une situation
décente? À mon sens, cela frise l'indécence qu'on
encourage la vente du gaz naturel et, en fait, qu'on en favorise la vente,
qu'on l'exempte de la taxe de vente alors qu'on déverse, qu'on laisse
passer pardessus les barrages l'équivalent de 8 000 000 000 de
kilowattheures. Est-ce que vous pensez que c'est une situation qui est
tolérable? Cela me semble, en tout cas, une situation inacceptable si je
regarde la quantité d'électricité qu'on a. Parce qu'il
faut bien comprendre que la part du marché qu'on perd, c'est au profit
du gaz naturel. C'est perdu, dans beaucoup de cas,
irrémédiablement. S'il y a eu une conversion de faite, j'ai bien
l'impression qu'elle est faite pour longtemps. Je ne pense pas que vous
puissiez la récupérer. Or, est-ce que le gouvernement ne pipe pas
les dés au départ, en favorisant l'implantation du gaz?
M. Bourbeau (Joseph): C'est évident que la perte du
marché... Quand on regarde ce qui se joue sur la scène
énergétique, il y a le pétrole, le gaz et
l'électricité. Lorsque vous regardez au point de vue des taxes
s'il y a un avantage pour le gaz naturel vis-à-vis de
l'électricité, vous allez vous apercevoir, toutefois, que
l'électricité, l'an dernier, a augmenté sa part du
marché. Le gaz naturel a aussi augmenté sa part du marché,
mais cela a été au dépend du pétrole. C'est
réellement le pétrole qui baisse et qui perd de son
marché. Les deux qui montent sont le
gaz naturel et l'électricité.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je veux bien.
M. Coulombe: Maintenant, en ce qui nous concerne, en
décembre 1984 ou mars 1985, le fait qu'il passe de l'eau par-dessus les
barrages, remarquez que cela nous fait mal au coeur aussi parce que, chaque
fois qu'on voit l'eau passer, ce sont des millions de dollars qui passent en
même temps. Regardé comme cela, je pense que c'est troublant.
Toutefois, il faut bien penser que ces choses ne se décident pas dans
trois mois ou dans quatre mois. L'introduction du gaz naturel, en ce qui nous
concerne, au Québec, a été décidée à
une époque où Hydro-Québec avait des plans
d'investissement tellement énormes qu'il était nécessaire,
équitable et même urgent que d'autres sources d'énergie
puissent venir à la rescousse de l'électricité qui devait
doubler son parc de production tous les dix ans avec la demande qui
était prévue à ce moment-là. Donc, l'introduction
du gaz avait un sens économique, avait un sens d'alternative pour
beaucoup de clients du Québec. Maintenant, la réalité a
ceci de particulier qu'elle n'obéit jamais aux prévisions de qui
que ce soit. Il y a eu la récession. Il y a eu des changements dans la
demande. (17 h 15)
Cette politique, à l'origine, était parfaitement
légitime. Lorsque est venu le moment de l'implanter, la situation
était différente et cela a donné une problématique
un peu différente. Toutefois, en ce qui concerne Hydro-Québec,
malgré toutes les plaisanteries qu'on pourra faire autour de cela, avec
la stratégie financière qu'on vous a expliquée
tantôt, Hydro-Québec a réagi et on était
parfaitement conscient qu'il y avait un segment du marché qu'on ne
devait pas abandonner et c'est la façon dont Hydro-Québec a
réagi. L'augmentation de nos ventes depuis l'an passé et les
prévisions pour cette année prouvent qu'Hydro-Québec s'est
parfaitement ajustée à cette situation. Les déversements
s'amenuisent; on a vu les chiffres dans le plan. On les a coupés en deux
juste en l'espace d'un an et ils vont s'amenuiser de plus en plus. Nous pensons
que, pour certains types d'industries et pour certains usages, le gaz naturel
est un avantage réel. La concurrence s'est révélée
un aspect non négligeable du dynamisme des trois compagnies, finalement,
Gaz Métropolitain, Gaz Inter-Cité et Hydro-Québec. Dans ce
sens, tout en regrettant certains dossiers précis - nous sommes d'accord
avec vous qu'il faudra peut-être que quelqu'un revoie la taxe de vente
éventuellement, si l'on veut mettre cela sur un pied
d'égalité - d'une façon globale, on ne pense pas que cela
soit tragique pour Hydro-Québec, au contraire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ne croyez-vous pas que, si le gaz
naturel était imposé et subissait une taxe de 9 %, cela pourrait
aider les ventes d'électricité?
M. Coulombe: Cela augmenterait le prix du gaz naturel de 9 %. Vu
qu'il y a une certaine sensibilité au prix, c'est évident que le
produit, le kilowattheure, deviendrait plus alléchant parce que son
concurrent aurait une augmentation automatique de 9 % Cela est
évident qu'il y aurait de l'impact.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais croyez-vous que c'est
tolérable qu'on taxe un produit québécois comme
l'électricité et qu'on ne taxe pas le gaz naturel qui n'est pas
un produit québécois?
M. Coulombe: Nous avons toujours pensé - et à moins
qu'on n'interprète mal la situation - qu'il s'est agi là d'une
mesure qui avait un caractère temporaire pour permettre l'introduction
du gaz naturel au Québec, dans la mesure où cela faisait partie
de la stratégie et des engagements du Québec pour permettre les
investissements du fédéral dans le pipeline. L'aspect temporaire
élimine un peu l'odieux que cela aurait si c'était une politique
fondamentale à très long terme. On a toujours pensé que
c'était une politique d'introduction du produit et, dans cette
perspective, les choses vont peut-être se rétablir à un
moment ou l'autre.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais, dans l'intervalle, il y a des
dommages qui sont causés. Dans le cas du parti au pouvoir, j'ai
l'impression que le temporaire devient permanent. Il y a eu une
déclaration qui a été faite par un ancien ministre des
Finances qui a prétendu que cela serait peut-être une bonne chose
qu'on privatise, qu'on vende une partie d'Hydro-Québec. Est-ce que vous
seriez favorable à cette idée?
M. Coulombe: La question de la privatisation ou de la
propriété d'Hydro-Québec, en ce qui concerne le management
d'Hydro-Québec, nous pensons que nous administrons Hydro-Québec
comme si c'était une compagnie privée et nous mettons la
même rigueur administrative peu importe le type de
propriété d'Hydro-Québec. Donc, au niveau du management,
cela n'affecterait pas nécessairement notre façon de
gérer. Quant à l'orientation de privatiser ou non, nous pensons
que la Loi sur Hydro-Québec est extrêmement claire à
l'heure actuelle. Le capital-actions appartient à 100 % à
l'actionnaire qui est le gouvernement ou le ministre des Finances - si on entre
dans les détails juridiques - et il appartient à l'actionnaire de
se brancher sur cela. C'est-à-dire que, s'il veut changer cette
règle du jeu ou cette règle législative qui a
régi
Hydro-Québec, en ce qui nous concerne, cela ne nous cause aucune
espèce de problèmes. S'il s'agit de le faire, on va participer
aux discussions qui devront entourer cela parce que là on tomberait au
niveau des modalités. Le principe de la privatisation, comme le
professeur d'université auquel vous vous référez l'avait
mentionné, cela peut être des actions privilégiées,
des actions ordinaires. Ensuite, on tombe facilement et rapidement au niveau
des modalités et c'est là que la discussion prend tout son
contenu. Quant au principe, cela ne nous dérange pas. On dit que c'est
à l'actionnaire de s'orienter sur cela.
M. Bourbeau (Joseph): Au niveau du conseil d'administration,
à tout événement, il n'y a eu aucune discussion encore sur
ce que serait cette privatisation d'Hydro-Québec.
M. Leduc (Saint-Laurent): Au conseil d'administration y
seriez-vous favorables?
M. Bourbeau (Joseph): Comme le disait M. Coulombe, il faudrait
savoir quelles sont les modalités. Une fois qu'on connaîtra les
modalités, on discutera et on prendra une décision.
M. Leduc (Saint-Laurent): Votre dette à long terme est
d'environ 18 500 000 000 $ ou 18 300 000 000 $. Sur ce montant, vous avez, je
pense, 53% ou 54% qui sont des emprunts en dollars américains, enfin,
qui ont été faits sur le marché américain.
Actuellement, je pense, depuis peut-être un an ou deux, pour la majeure
partie de vos emprunts, vous vous restreignez au marché canadien.
La première question: Est-ce que vous avez des directives quant
aux emprunts? Est-ce que le gouvernement intervient lorsque vous décidez
d'emprunter, à savoir si cela doit être sur le marché
intérieur ou sur le marché étranger?
La deuxième question: Est-ce que vous n'avez pas manqué de
prévoyance en empruntant une part aussi importante sur le marché
américain? Évidemment, on s'aperçoit que cela nous
coûte très cher ou que cela va nous coûter très cher.
Est-ce qu'il aurait été possible d'emprunter, pour la majeure
partie de nos emprunts, sur le marché canadien?
M. Bourbeau (Joseph): M. Michel Garon.
M. Caron (Michel): Concernant le premier volet de votre question,
effectivement, au cours des deux dernières années, on a
tenté de restreindre notre présence sur le marché
américain. En 1984, nous n'avons pas effectué d'emprunt aux
États-Unis. 11 y a cependant eu une livraison en janvier 1984. En 1985,
nous avons fait un emprunt de 265 000 000 $, équivalent canadien, sur le
marché américain. C'est dans notre stratégie de
réduire, à ce moment-ci, la part de notre dette qui est en
dollars américains. Vous avez raison, elle est effectivement de 53% des
18 500 000 000 $ en dollars américains. Il est possible de le faire au
moment où nos besoins d'emprunt sont moins importants qu'ils ne
l'étaient dans le passé et où les disponibilités de
fonds canadiens sont plus grandes, plus importantes qu'elles ne l'ont jamais
été dans le passé. Il y a le marché public canadien
qui a plus de profondeur, il y a le marché de l'eurocana-dien et, par
exemple, il y a un phénomène tout à fait nouveau,
l'importance du marché canadien au Japon, avec la force et la puissance
des compagnies d'assurances japonaises, marché qui n'existait absolument
pas il y a à peine quelques années.
Le deuxième élément, les emprunts
d'Hydro-Québec sont garantis par le gouvernement du Québec. Donc,
le gouvernement est partie contractante aux contrats d'emprunt que nous signons
avec les différents emprunteurs. Hydro-Québec est un emprunteur
important, le gouvernement du Québec est un emprunteur important et,
strictement pour des fins de stratégie, afin de ne pas perturber les
marchés, il est essentiel que l'un et l'autre se parlent et que l'un et
l'autre coordonnent leurs emprunts. Régulièrement, lorsqu'on
prépare notre programme d'emprunt, on en discute avec Québec et
on discute de son programme strictement pour des fins d'échange et,
lorsque nous effectuons des emprunts, il y a consultation avec le
ministère des Finances et approbation du gouvernement par
décret.
M. Coulombe: Pour l'autre partie de votre question qui
était sur le "manque de prévoyance", entre guillemets je pense
que M. Lafond qui s'occupe actuellement des marchés externes a
déjà joué un rôle considérable dans le
secteur des emprunts. Je pense qu'il meurt d'envie de dire quelques mots sur
cette expression "manque de prévoyance".
M. Caron (Michel): Je compléterai.
M. Coulombe: Et M. Caron complétera.
Le Président (M. Fortier): M. Lafond, on vous donne votre
chance.
M. Lafond: M. le Président, j'aimerais dire pour le
bénéfice du député de Saint-Laurent que j'endosse,
non seulement parce que j'y ai été associé, mais parce que
c'était très important pour le Québec, ce qui a
été fait dans le passé. D'une part, il faut
réaliser que, en 1965, lorsque je me suis joint à l'équipe
de financement à Hydro-Québec, la dette d'Hydro-Québec se
composait comme suit: 65% environ en
devises canadiennes et 35% strictement en devises américaines.
Nous n'avions pas pénétré les marchés
européens. Hydro-Québec étant ce qu'elle était,
connaissant une demande de 7% par année qui forçait, comme M.
Coulombe l'a dit tantôt, le doublement de la capacité de
production et des investissements, petit à petit, nous sommes devenus un
facteur important pour l'économie du Québec, mais aussi des gens
qui faisaient des ponctions importantes sur le marché des capitaux. De
telle sorte que, à la marge, si on avait maintenu ou essayé de
maintenir le ratio original de 1965, nous aurions fait monter dangereusement
les taux que nous aurions dû payer par rapport à nos concurrents.
C'était sain aussi, à ce moment-là, de créer une
diversification. Petit à petit, la dette s'est établie au ratio
de 50-50. Est venue, à ce moment-là, la vision de la Baie James,
qui a fait que notre programme d'emprunt est monté graduellement de 300
000 000 $ par année à 500 000 000 $; on a franchi le cap du 1 000
000 000 $ par année.
Pendant les trois dernières années où
j'étais responsable de la fonction, HydroQuébec - cela est une
perspective qu'on a oubliée - a dû emprunter 2 100 000 000 $, 2
200 000 000 $ et 2 300 000 000 $. Il est évident que le marché
canadien ne pouvait pas satisfaire les besoins d'Hydro-Québec, pas plus
qu'il ne pouvait satisfaire les besoins d'Ontario Hydro, de la Colombie
britannique et du Manitoba. Nous avons, à ce moment-là, pour
éviter de faire ce qu'on appelle du "crowding out", utilisé, de
la façon la plus prudente possible, notre pouvoir d'emprunt aux
États-Unis, où le réservoir d'épargne était
beaucoup plus élevé. Nous avons pénétré les
marchés suisse et allemand, ceux de la livre sterling, de la devise
hollandaise, de l'écu, du yen et aussi les réservoirs
d'épargne du Moyen-Orient et du Alberta Heritage Fund.
Il ne faut pas oublier que, dans les trois dernières
années dont j'ai parlé, Hydro-Québec empruntait plus -
Hydro-Québec, une compagnie de la couronne - que les pays
européens, comme la Hollande et d'autres, et cela a été
fait avec ordre, de façon équilibrée. Aujourd'hui, nous
mettons - le Canada, voisin des États-Unis - le focus seulement sur la
devise américaine. Mais, si on examinait le contenu de la dette
élément par élément, il y a des emprunts en livres
sterling, et ceux qui ont été contractés dans les trois
dernières années en écus et d'autres, qui sont
extrêmement profitables. Cela se compte par dizaines de millions de
dollars.
Depuis que j'ai laissé cette fonction, je dois admirer le travail
fait par mes successeurs, qui ont développé le processus de
protection contre les risques de change en faisant des SWAPS; qui ont
jugé opportun, en 1984, de s'abstenir d'emprunter sur le marché
américain pour donner une chance aux portefeuilles des marchés
privé et public de digérer leur position dans les titres
d'Hydro-Québec. Compte tenu des énormes programmes de
construction et de financement d'Hydro-Québec, le résultat
s'avère, l'un portant l'autre, satisfaisant pour le Québec,
d'autant plus que le ralentissement de la demande nous a permis de
développer le marché d'exportation qui nous donne des devises US,
qui nous donne une protection contre ce qui apparaît un contenu trop
élevé dans notre dette de devises américaines. Merci, M.
le Président, de m'avoir donné la parole.
M. Leduc (Saint-Laurent): Des 18 300 000 000 $, quelle est la
partie en emprunts étrangers autres que les emprunts
américains?
M. Caron (Michel): De l'ordre de 10%, M. le Président.
M. Leduc (Saint-Laurent): De 10%. Environ 2 000 000 000 $.
Merci.
Le Président (M. Fortier): M. le ministre. (17 h 30)
M. Rodrigue: M. le Président, le député de
Saint-Laurent a fait allusion à la concurrence que le gaz fait subir
à l'électricité sur le marché
énergétique québécois. Effectivement, il ne s'agit
pas ici d'une politique à court terme, mais plutôt d'une politique
à long terme. Si on se rappelle un peu l'énoncé de
politique du gouvernement du Québec en 1978, lorsque M. Guy Joron
était ministre délégué à l'Énergie,
qui suivait de quelques années le fameux choc pétrolier que tout
le monde occidental, ainsi que le monde industriel, avait subi quelques
années auparavant, cela avait sensibilisé nos
sociétés au fait que nous étions peut-être un peu
trop dépendants des approvisionnements en pétrole en provenance
de pays où la stabilité politique était - c'est le moins
qu'on puisse dire - assez aléatoire et où les dirigeants se
concertaient pour décider qu'ils allaient profiter beaucoup plus de
l'avantage important que leur procure la présence de ces ressources sur
leur territoire et augmenter les prix. On se rappelle que les prix avaient
augmenté de façon considérable dans une très courte
période.
En 1978, un énoncé de politique avait été
fait à l'occasion de la publication d'un livre blanc par l'actuel
gouvernement du Québec dans le but d'assurer une sécurité
énergétique, d'une part, et dans le but de s'assurer que les
sources d'énergie qui sont disponibles au Québec soient
suffisamment diversifiées pour que, si les producteurs de l'une de ces
sources d'énergie décidaient de
profiter indûment de l'avantage que cela leur procure sur le plan
financier, le Québec, d'autre part, puisse quand même se tourner
de bord rapidement et utiliser d'autres sources d'énergie qui seraient
disponibles sur le territoire, en particulier le gaz naturel qui est en
surabondance, entre autres, dans l'Ouest canadien. Il y a des
découvertes de gaz qui se sont faites, également, sur la
côte Est et, à l'horizon 1992-1995, on pense que ce gaz pourrait
devenir, également, disponible pour nos marchés.
Donc, il y a eu une décision de prise afin de favoriser et
d'encourager la pénétration du gaz naturel au Québec pour,
justement, atteindre ces deux objectifs qui étaient la
sécurité des approvisionnements et, également, la
diversification des sources d'énergie disponibles au consommateur. Il y
a eu des ententes faites avec le gouvernement fédéral du temps
pour investir considérablement dans les oléoducs, dans les
pipelines pour le transport du gaz sur le territoire du Québec et
également dans des réseaux de distribution du gaz, en particulier
sur le territoire de Gaz Métropolitain et sur le territoire de Gaz
Inter-Cité. Dans le cadre de ces ententes, il avait été
convenu que pour favoriser la pénétration du gaz, il y aurait
abandon, du moins temporairement, de la taxe au consommateur qui était
perçue sur le gaz.
Un autre facteur aussi qui a amené le gouvernement à
favoriser la pénétration du gaz, c'est le fait que le gaz sert de
matière première pour de nombreuses industries, en particulier
dans le domaine de la pétrochimie, avec les retombées qu'on
retrouve en aval dans plusieurs types d'industrie comme les plastiques, entre
autres. À ce moment, la présence du gaz au Québec en
quantité importante pouvait, en plus des deux critères que je
mentionnais précédemment, devenir un élément
structurant pour le développement industriel du Québec parce que
certaines industries ont absolument besoin du gaz comme matière
première.
C'est la politique qui a été suivie depuis de nombreuses
années. Comme l'a souligné M. Coulombe tout à l'heure, il
faut se rappeler que c'était dans un contexte où il n'y avait pas
de problème de surplus, ni de déversement à
Hydro-Québec. Il n'y avait pas de problème, non plus, quant au
marché futur d'Hydro-Québec. On en était à des
hausses annuelles de l'ordre de 6, 5% à cette époque. La demande
doublait pratiquement tous les dix ans. C'est dans ce contexte que ces
décisions ont été prises. Je pense que, encore
aujourd'hui, malgré les difficultés temporaires que cela peut
causer du fait que la récession économique a fait
qu'Hydro-Québec a des surplus importants qui seront
résorbés d'ici à la fin de la décennie
quatre-vingt, cette politique énergétique du gouvernement du
Québec se justifie toujours, ne serait-ce que pour continuer d'assurer
la sécurité des approvisionnements dont je parlais, de même
que la diversification des sources.
D'autre part, il faut bien comprendre aussi que les consommateurs du
Québec profitent pleinement de cette situation du fait qu'il y a des
sources diversifiées d'énergie auxquelles ils peuvent faire
appel. Vous savez qu'il y a des industriels au Québec qui
s'approvisionnent à la fois au gaz et à
l'électricité; d'autres vont s'approvisionner au gaz et au mazout
lourd et, selon l'évolution des prix, à ce moment-là, vont
passer d'une source à l'autre pour profiter des meilleurs prix possible.
Je pense que cela, pris globalement, est dans l'intérêt de
l'ensemble des consommateurs québécois et en particulier des
consommateurs industriels. Je pense que cette politique est toujours valable et
qu'elle continue de se défendre, même si, temporairement, comme on
l'a souligné, elle peut causer quelques embêtements à
Hydro-Québec, entre autres.
Le Président (M. Fortier): Sur le même sujet,
j'aimerais revenir à la tarification. Comme de raison, il y a une
question qu'on pourrait débattre dans l'avenir, M. le ministre, compte
tenu du fait que lorsque vous avez enlevé la taxe de 9%, il s'agissait
d'une entente avec le fédéral qui lui devait investir 500 000 000
$. Il n'a pas respecté cette obligation puisque le dernier gouvernement
conservateur a décidé de mettre fin à ce programme. Enfin,
la question se pose à savoir quelles sont les régions qui sont
pénalisées. D'autre part, est-ce que le gouvernement ne serait
pas justifié de ne pas donner suite à l'entente puisque le
gouvernement fédéral n'a pas donné suite, justement,
à l'entente qui avait été signée entre les deux
parties?
Sur la question de l'augmentation de tarifs d'Hydro-Québec, je
prends votre mémoire sur la tarification proposée par
Hydro-Québec pour 1985, je regarde le tableau 1 à la page 2 et je
vois que pour 1985-1986, pour une période de 12 mois, l'augmentation de
tarifs que vous souhaitez amènerait dans les coffres
d'Hydro-Québec 84 000 000 $, selon les hypothèses qui sont
formulées dans le document. De ces 84 000 000 $, 40 000 000 $
viendraient du tarif domestique et, pour la grande puissance, ce ne sont que 14
000 000 $. Une première conclusion s'impose. De quelle façon le
gouvernement, celui qui va approuver la demande, peut-il se justifier
d'approuver une augmentation de tarifs qui, dans une proportion d'environ 50%,
pénalise surtout ceux qui utilisent le tarif domestique? Quand on parle
de tarif domestique, c'est celui du monde ordinaire et même des
agriculteurs dans une très grande
mesure. On sait que plusieurs agriculteurs ont, dans différentes
régions du Québec, des difficultés énormes qui
proviennent de leur surendettement par suite de politiques d'encouragement pour
chercher à rejoindre une certaine autarcie sur le plan de
l'agriculture.
Étant donné que la recommandation vient
d'Hydro-Québec, je pose la question à Hydro-Québec. Par
ailleurs, j'ai un document ici qui ne vient pas d'Hydro-Québec -
peut-être indirectement - et qui m'indique que, si on prend le
pourcentage des revenus par rapport au coût pour Hydro-Québec,
dans le tarif domestique, c'est de l'ordre de 91% et, pour la grande puissance,
c'est 82%. Cela semblerait indiquer que le domestique, rapporte beaucoup plus
par rapport au coût d'Hydro-Québec que le tarif grande puissance.
Dans la mesure où cette augmentation provient en très grande
partie uniquement du domestique, la question est générale:
Comment justifier une augmentation, même si elle est minime et même
si elle aurait pu être évitée eu égard à la
déclaration de dividendes, même si elle est moindre que
l'inflation, comment peut-on justifier, dis-je, une augmentation qui, en
très grande partie, entraîne une augmentation de revenus pour
Hydro-Québec en provenance, en très grande majorité, de
vos clients du domaine domestique, y inclus le domaine agricole?
M. Bourbeau (Joseph): M. Claude Boivin.
M. Boivin: M. le Président, d'abord, j'aimerais parler
surtout d'augmentation en pourcentage parce que, effectivement, quand on parle
des 40 000 000 $ de revenus générés dans le domestique,
c'est à peu près la moitié, en fait, des revenus
additionnels générés par la hausse de tarifs. Mais les
revenus du domestique, en volume d'affaires, sont plus importants que les
revenus des autres catégories. La hausse de tarifs au domestique est de
2, 7% alors que, dans le secteur de la grande et de la moyenne puissance, elle
est de 2, 5% et, dans la petite puissance, de 2, 2%. On aurait pu choisir une
hausse de 2, 5% de tous les éléments des tarifs, mais au cours
des dernières années, lorsque nous avons eu des hausses de
tarifs, nous avons tenté graduellement de redresser nos courbes
tarifaires afin que les taux auxquels nous vendons l'électricité
reflètent le plus fidèlement possible les coûts
réels de fourniture du service en tenant compte des
caractéristiques de charge, des caractéristiques d'utilisation.
Effectivement, notre tarif domiciliaire, notamment au niveau de la redevance
d'abonnement, qui couvre simplement les frais fixes de maintenir un compteur,
un branchement, d'effectuer la relève des compteurs, c'est un des
éléments qui est déficitaire par rapport au coût de
la fourniture. Alors, présentement, la hausse de tarifs, sans corriger
complètement notre grille tarifaire, se veut, un pas graduel dans cette
direction, tout comme on l'avait fait l'an dernier.
Maintenant, il est évident que la deuxième tranche du
tarif domestique à 2, 5%, qui est située, en fait, au niveau de
la hausse moyenne, s'est voulue plus faible afin de maintenir, dans la limite
du possible, notre position concurrentielle. On se souviendra que l'an dernier,
en février 1984, lors de la dernière hausse, la dernière
tranche du tarif domestique n'avait pas été touchée. Cette
tranche touche notamment la consommation qui est utilisée pour des fins
de chauffage à l'électricité, ce qui veut dire en pratique
que pour la partie chauffage nous avons passé 30 mois, en fait, sans
hausse de tarifs. Il y aura une hausse sur cette partie de 2, 5%, soit
exactement la moyenne de la hausse générale, qui touchera la
partie chauffage électrique en mai prochain.
Le Président (M. Fortier): Vous dites que le service
domestique est déficitaire, mais d'après l'information que j'ai,
le service grande puissance est encore plus déficitaire que le service
domestique. Vous dites que la raison qui vous incite à un peu de
prudence est la compétition, la compétition d'autres provinces,
j'imagine, ou d'autres États.
M. Boivin: Je ne connais pas la source de vos informations, M. le
Président, mais nous avons indiqué dans le plan de
développement que nous avions l'intention de revoir, à la fin de
cette année ou au début de l'an prochain, notre grille tarifaire
à la lueur d'études plus poussées en vue d'établir
une politique à moyen terme qui régira notre structure tarifaire.
Les études en cours nous indiquent présentement, en fait,
qu'à toutes fins utiles le service grande puissance fait à peu
près ses frais. Le service moyenne puissance nous apporte de
légers profits. Le service petite puissance est probablement
situé à un niveau un peu trop élevé et le secteur
domicilaire est déficitaire, de son côté. Nous sommes en
train de raffiner ces études. Il est possible qu'il y ait des
divergences, entre le moment où je vous parle et le moment où
nous aurons terminé les études, au niveau des quantums de
déficit. C'est la raison pour laquelle j'aimerais mieux ne pas citer ce
que j'ai aujourd'hui, mais je ne pense pas que cela change la
répartition que nous avons présentement. Je pense qu'on est assez
avancé dans ces études...
Le Président (M. Fortier): Mais, quand on évoque
des ratios comme ceux que je viens d'évoquer, que vous évoquez,
on parle du tarif officiel et cela ne prend pas en
considération les rabais tarifaires... M. Boivin: Non, c'est
exact.
Le Président (M. Fortier):... qui s'appliquent à la
grande industrie. En fait, si on parle en termes de fardeau, il est
proportionnellement plus lourd pour ceux qui ne bénéficient pas
de rabais tarifaires que pour les autres.
M. Boivin: C'est évident que, quand je vous cite ces
comparaisons ou ces équilibres, cela ne tient pas compte, pour la grande
et la moyenne puissance, enfin, le secteur industriel, de rabais tarifaires,
sauf que ces tarifs ont été consentis aux industriels dans la
période de surplus, dans l'optique, justement, de nous aider à
accélérer l'écoulement des surplus et d'en faire
bénéficier les industriels. Il y a une bonne partie des revenus
que nous obtenons présentement grâce aux rabais tarifaires qui
n'aurait tout simplement pas été là si ce programme
n'avait pas été mis sur pied. Alors, l'équilibre est
probablement quand même là. (17 h 45)
Le Président (M. Fortier): Rapidement, parce que je sais
que la députée de Jacques-Cartier est impatiente d'aborder le
développement technologique, j'ai seulement une question. J'ai en main
un article du Devoir du 12 février 1985 où on dit ceci: D'ici
1990, Iron Ore investira 32 500 000 $ en échange du rachat d'un contrat
d'électricité. On dit aussi que le gouvernement a passé un
décret pour racheter ce contrat. Lorsqu'il y a des arrangements de ce
genre, qui paie la note? Est-ce que c'est le gouvernement ou bien
Hydro-Québec?
M. Coulombe: Dans le cas de l'Iron Ore?
Le Président (M. Fortier): Oui.
M. Coulombe: La note, cela dépend...
Le Président (M. Fortier): Dans le cas d'un manque
à gagner.
M. Coulombe: On a traité de ce dossier - M. Lafond pourra
donner plus de détails -sur une base d'affaires. L'Iron Ore ferme ses
portes, ne prend plus d'électricité. On a négocié
avec cette compagnie le paiement de l'électricité, dans le
passé, comme s'il y avait eu un tarif régulier plutôt qu'un
tarif spécial, ce qui était le cas. Cela nous a semblé et
cela nous semble encore une proposition d'affaires qui était acceptable,
et qui a été acceptée. Dans ce cas, le gouvernement, en
plus, a négocié avec Iron Ore, les investissements de cette
compagnie faisant partie de ce "package deal". En ce qui nous concerne, le
règlement avec Iron Ore nous satisfaisait et nous satisfait encore,
strictement en regard de notre perspective Hydro-Québec. Quant au reste,
les négociations au niveau des investissements de l'Iron Ore, c'est le
gouvernement qui les a faites et on n'a pas été impliqué
là-dedans.
Le développement technologique
Le Président (M. Fortier): On aborde le quatrième
volet: le développement technologique. Est-ce que le ministre ou Mme la
députée de Jacques-Cartier veut commencer la discussion?
M. Rodrigue: Étant donné que j'ai eu l'occasion de
poser plusieurs questions...
Le Président (M. Fortier): Madame.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Dans le chapitre 9
de votre plan de développement, vous abordez plusieurs objectifs et
stratégies en termes très généraux afin de
diversifier et d'exploiter le potentiel commercial de votre expertise
technologique et les produits de votre recherche. Un des buts envisagés
- si je comprends bien - de cette expansion est les marchés externes.
Première question: quels sont ces marchés externes
envisagés? Quels sont les projets prometteurs en technologie? Parmi les
produits de votre recherche, quels sont les projets prometteurs
envisagés pour les marchés externes?
M. Coulombe: Dans cette perspective, lorsque le plan de
développement présente la diversification, je pense qu'il faut
donner quelques explications sur l'environnement de cette diversification.
Premièrement, on pense qu'à long terme la
pénétration de l'électricité aura atteint une
certaine maturité et que les marchés seront mûrs.
Évidemment, on a encore un grand potentiel dans l'introduction des
électrotechnologies dans l'industrie. Mais dans tous les autres secteurs
on pense que tôt ou tard il va y avoir une certaine maturité. Dans
la mesure où la population du Québec croît à raison
de 0, 5% par année, c'est évident que le nombre de clients, le
nombre de ménages va atteindre un certain palier.
Deuxièmement, Hydro-Québec a accumulé au cours des
années un "know-how" important, ne serait-ce que par les quelques
centaines de chercheurs qui ont évolué à l'IREQ depuis
bientôt 15 ou 20 ans. Donc, il y a un "know-how" qui s'est
développé et qui est très important. Ce "know-how" dans la
recherche peut se traduire par la mise au point de licences, l'obtention de
licences et des relations avec les fabricants qui se
limitent à recevoir des royautés sur des projets ou sur
des choses mises au point à l'IREQ. C'est une voie - M. Cloutier pourra
donner des exemples précis tantôt - qui est déjà en
marche. On reçoit des revenus de royautés et de paiement de
licences. Mais on pense qu'il y a moyen de faire beaucoup plus que cela.
Troisièmement, à Hydro-Québec, on a vu l'avantage
qu'on avait dans les exportations, mais il faut bien penser que le
réseau... Hydro-Québec a 2 500 000 clients; il y a des dizaines
de milliers de kilomètres de lignes de transport, de distribution; il y
a un équipement extrêmement sophistiqué dans cette
infrastructure qui existe, qui est développée. On a parlé
de télécommande, cet après-midi, dans les maisons
particulières, c'est une technologie nouvelle. Les technologies de
communication, dans un réseau aussi gigantesque que celui
d'Hydro-Québec, et l'infrastructure sont là; les équipes
de recherche sont là. On pense aussi à un certain "know-how"
financier qui existe à Hydro-Québec et qui peut permettre le
financement de certains projets intéressants.
Donc, cela est l'encadrement du tournant qu'on suggère
qu'Hydro-Québec prenne dans les prochaines années. C'est un
tournant qui va être modeste au début, on ne se fait pas
d'illusions sur le temps que cela va prendre. Les chiffres qui sont
mentionnés dans le plan et qui se veulent plus indicatifs que vraiment
des objectifs -les 160 000 000 $ dont on parle, les 600 000 000 $ de chiffre
d'affaires - sont des "targets", des objectifs. On pense qu'au début
cela va être modeste, mais on pense qu'il y a là une voie
extrêmement importante pour Hydro-Québec dans les 15 ou 20
prochaines années. C'est l'environnement qui nous a conduits, depuis
deux ans, à avoir une réflexion pour faire ces
recommandations.
Vous dites: Quels sont ces marchés et ces produits? Je vais vous
donner un exemple sur lequel on travaille - encore une fois, M. Cloutier pourra
l'expliquer d'une façon un peu plus précise - à savoir le
problème de l'hydrogène, qui est une énergie à
laquelle tout le monde fait référence de plus en plus et qui,
dans 20, 25, 30 ou 40 ans, pourra jouer un rôle extrêmement
important sur la scène énergétique. Personne ne se fait
d'illusions, à savoir que c'est une source d'énergie qui, en
1986, va révolutionner la scène énergétique au
Québec ou ailleurs, mais, tôt ou tard, cette forme
d'énergie va prendre de l'importance. Des façons de fabriquer de
l'hydrogène, il y a en beaucoup à l'heure actuelle. On peut
prendre du gaz, on peut prendre d'autres formules, mais il y a aussi
l'électrolyse de l'eau; c'est donc basé sur des techniques qui se
servent de l'électricité.
Donc, Hydro-Québec a deux choix. Premièrement, de regarder
l'avenir et de dire que dans 25 ans, quand d'autres équipes de recherche
auront découvert cela, on ira l'acheter, on ira demander peut-être
à ces gens de venir établir une usine au Québec pour
fabriquer quelque chose, on deviendra des assembleurs peut-être brillants
et intéressants, mais des assembleurs de technologies qui auront
été développées ailleurs. C'est ce qui a
été fait dans les 20 ou 25 dernières années, dans
certaines technologies comme les turbines, comme certaines autres technologies,
quoique, dans certains autres cas, il y a eu des technologies originales qui se
sont développées au Québec, mais très peu. Cela est
une première voie.
La deuxième, c'est de dire: Vu qu'on a
l'électricité, vu que l'eau est une matière renouvelable,
vu qu'il y a une technologie qui est peut-être là pour
l'électrolyse de l'eau, pour fabriquer de l'hydrogène, est-ce
qu'il n'y a pas moyen de s'y intéresser de façon plus
concrète et à court terme, plutôt que d'attendre 25 ans que
d'autres la découvrent?
C'est ce qui a été fait depuis deux ans. On est en
communication avec une entreprise qui travaille là-dessus. On s'est
entendu pour acheter, participer à une technologie d'électrolyse
de l'eau pour fabriquer de l'hydrogène. Notre intention, c'est de
pousser cela plus à fond pour vraiment faire des expériences
concrètes de fabrication d'hydrogène à partir de cellules
électrolytiques qui sont actuellement en démonstration à
l'IREQ. Encore là, cela ne révolutionnera pas la scène de
l'énergie, mais on va développer un "know-how" sur la fabrication
et l'utilisation de ces cellules qui fonctionnent à partir de
l'électricité. Cela va peut-être prendre un, deux ou trois
ans. On a l'intention de s'allier à des fabricants ou à des
corporations qui ont un "know-how" dans le domaine de la fabrication et de leur
offrir une participation dans le développement de cette cellule
électrolytique.
Où est-ce que cela va nous conduire dans quelques années?
Si c'est un succès, on va avoir une technologie pour fabriquer de
l'hydrogène à partir de l'électricité. Aujourd'hui,
c'est au stade expérimental. Est-ce que cela va être rentable?
Est-ce que cela va être plus rentable que le gaz? Est-ce que cela va
être ceci? Est-ce que cela va être cela? Ce sont des questions
auxquelles on n'a pas de réponse définitive, mais on va
s'efforcer de leur trouver des réponses dans les prochaines
années.
Voilà un exemple précis de développement d'un
produit avec des partenaires, d'une technologie qui est nouvelle, qui n'existe
pas ailleurs, pour un produit dont une des matières premières est
l'électricité, donc, qui est spécifiquement adapté
au Québec, pour un projet à long
terme qui est l'hydrogène. Unanimement, les gens pensent que cela
va être l'énergie de l'avenir. Donc, on s'inscrit à long
terme, mais on veut agir à court terme dans des projets concrets. C'est
un exemple. Je pourrais donner l'exemple des piles, je pourrais donner d'autres
exemples, mais je m'arrête là parce que peut-être que M.
Cloutier pourrait expliquer de façon plus claire la question de
l'électrolyse de l'eau et l'expérience de la cellule
éiectrolytique qui est en marche à l'heure actuelle.
Le Président (M. Fortier); M. Cloutier, nous avons trois
minutes avant 18 heures, si vous voulez commencer. Nous allons suspendre
à 18 heures précises.
M. Cloutier: Je pourrais peut-être dire juste quelques mots
sur l'hydrogène. Je pense que c'est important pour la commission
d'apprécier l'importance de l'hydrogène dans l'ensemble des
besoins actuels et futurs au plan énergétique, mais
également au plan industriel.
On connaît déjà très bien les ressources en
hydrocarbures, le charbon, le pétrole et le gaz naturel, qui contiennent
tous de l'hydrogène à des degrés différents. En
passant du charbon au pétrole et au gaz naturel, on augmente la
quantité d'hydrogène. Le coeur de la richesse, si vous voulez, de
ces ressources, c'est l'hydrogène.
Donc, l'hydrogène sert non seulement au chauffage pour faire la
combustion, mais il est à la base de toute l'industrie
pétrochimique. Il ne faut pas oublier que les ressources, dans les
hydrocarbures, sont non renouvelables et qu'à long terme, comme le
disait M. Coulombe il y a quelques minutes, dans 40 ou 50 ans,
l'hydrogène va devenir une denrée de très grande
valeur.
Maintenant, pour produire de l'hydrogène, on peut actuellement,
simplement pour se situer dans le domaine de l'hydroélectricité,
pour tirer avantage, en fait, d'un de nos objectifs qui a été
défini au cours de cette réunion, qui a été
déjà mentionné, qui est d'optimiser l'avantage de
l'hydroélectricité, utiliser l'hydroélectricité,
qui est une énergie renouvelable. Pour produire de l'hydrogène on
a un moyen physique qui est, peut-on dire en utilisant un terme anglais, le
"by-pass", du cycle thermique, qui a un rendement beaucoup plus
élevé que tous les systèmes thermiques qu'on peut imaginer
normalement dans l'industrie. Ainsi, avec les développements
technologiques dans ce secteur on peut arriver - et déjà on y
arrive - à produire des systèmes qui produisent de
l'hydrogène à partir de l'électricité à des
rendements qui sont assez près de ce qu'on peut attendre sur le plan
théorique.
Sur cette base, il existe déjà un potentiel de
marché - vous parliez de marché externe - dans ces pays qui ont
très peu de ressources en hydrocarbures, mais qui ont des ressources
hydroélectriques. Ce sont des marchés qu'on vise actuellement
dans ce secteur.
Le Président (M. Fortier): Là-dessus, je crois que
nous allons avoir beaucoup de questions sur le développement
technologique puisqu'il s'agit d'une nouvelle orientation
d'Hydro-Québec. La commission suspend ses travaux jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 8)
Le Président (M. Fortier): La commission parlementaire de
l'économie et du travail reprend ses travaux. Alors, je crois que la
parole était à Mme la députée de Jacques-Cartier,
au moment où on s'est quitté.
Mme Dougherty: Là, on était en train de discuter du
potentiel de la production de l'hydrogène. Je ne sais pas si vous avez
complété votre réponse.
M. Cloutier: J'aimerais dire que, sur l'hydrogène,
naturellement, on a déjà à Hydro-Québec, à
l'Institut de recherche d'Hydro-Québec, comme M. Coulombe l'a
mentionné, plusieurs expériences en cours et, depuis
déjà deux ans et demi, on est à expérimenter des
cellules à l'échelle commerciale, à l'échelle
industrielle et qui devraient faire l'objet d'un projet de démonstration
sous peu, où on pourra faire la démonstration dans une usine
commerciale.
Dans la question que vous avez posée au tout début, vous
demandiez comment on envisageait les marchés externes. Je pense que
c'est important de bien situer le type de recherche qu'on fait à
Hydro-Québec dans ce contexte-là. Disons qu'environ 60% de la
recherche qui est exécutée à l'Institut de recherche
d'Hydro-Québec est faite pour répondre à des besoins, pour
anticiper des besoins, si vous voulez, et répondre à des
problèmes d'Hydro-Québec en tant que société
exploitante d'électricité, une société qui doit
continuellement apporter de nouveaux équipements sur son réseau.
Ceci permet aux responsables, aux ingénieurs qui sont responsables, de
définir les programmes d'équipement, d'avoir accès aux
technologies les plus avancées. En même temps, cela permet aux
gens de l'exploitation de pouvoir faire appel aux technologies les plus
récentes pour l'exploitation du réseau. Je pense que c'est
important de voir, de comprendre qu'à Hydro-Québec l'avantage
qu'on a sur le plan du développement technologique, un avantage
particulier, c'est celui qu'en plus d'avoir un
institut de recherche on a également un réseau sur lequel
on peut mettre à l'essai des nouvelles technologies qui, ensuite, ont
accès au marché nord-américain. Et, sur ce plan,
Hydro-Québec, je pense qu'on peut le dire, est à l'avant-garde
des sociétés d'électricité en Amérique du
Nord, de sorte que, pour nous, quand on parle de marché externe dans ce
secteur, on pense au marché des États-Unis, qui est un
marché très vaste, un marché gigantesque, qui est à
notre portée. Il utilise les mêmes types de technologie que nous
sommes prêts à développer, à Hydro-Québec, et
à mettre à l'essai sur notre propre réseau. C'est un
avantage absolument extraordinaire.
Maintenant, ce qui est important, c'est que ce qui nous intéresse
dans le processus de diversification dans lequel on veut avancer, c'est de
trouver des partenaires qui ont l'expertise sur le plan de la manufacture,
également sur le plan du marketing; ils vont compléter, si vous
voulez, les points forts sur lesquels on peut se reposer.
Si vous voulez avoir quelques exemples de produits ou de domaines sur
lesquels on se penche actuellement, cela traite... En fait, si vous regardez
dans le plan de développement, à la page 50, on a
présenté un tableau qui donne, dans le fond, les grandes
priorités de recherche dans lesquelles on se propose de porter nos
efforts dans les cinq ou six prochaines années, en particulier. Si on
regarde dans le carré supérieur gauche, ce sont les technologies
en évolution plus rapide, celles qui demandent le plus de recherche et
celles également qui ont le plus grand intérêt pour
Hydro-Québec. Donc, au niveau de protection, d'automatisme, des
télécommunications, en particulier, on examine actuellement
plusieurs systèmes qui sont reliés à l'automatisation de
gestion des réseaux électriques. C'est un des domaines, on peut
dire, après les études qu'on a faites au cours de l'année
dernière, qui est ressorti comme le plus prioritaire sur le plan de la
recherche et du développement. Ce sont des développements de
produits qui font appel aux technologies les plus récentes dans le
domaine de la micro-électronique, qui font appel à la
micro-électronique et à l'informatique; ils sont
réellement à la pointe du développement. Il y a certains
produits qu'on veut identifier, qu'on a déjà identifiés,
mais dont on veut développer et étudier les possibilités
du marché. Nous croyons que nous pouvons dans ces domaines trouver un
créneau où on pourra réellement être à
l'avant-garde sur l'échelle internationale.
Donc, protection des télé- communications. Les lignes et
postes à courant continu, on pense surtout aux systèmes de
commande pour le contrôle des réseaux à courant continu; il
y a également dans cette case un point important, celui des batteries
à haute concentration d'énergie où, grâce à
une invention d'un ou de plusieurs chercheurs de l'IREQ, nous sommes à
l'avant-garde dans le développement d'un nouvel accumulateur, sur lequel
on fonde de très grands espoirs. Dans ce domaine, on travaille avec une
société française, mais on se cherche, actuellement,
d'autres partenaires pour nous permettre d'industrialiser cet accumulateur en
Amérique du Nord.
Mme Dougherty: Alors, je crois que vous avez mentionné la
Scandinavie. Quel est l'avantage, le statut de l'évolution de la
recherche au Québec par rapport à la recherche en Scandinavie?
Est-ce que les pays comme la Suède et la Norvège sont des
concurrents importants en ce qui concerne le développement de la
recherche au Québec?
M. Cloutier: Voilà, c'est une question très vaste
parce que le domaine de la recherche est réellement très vaste
dans le secteur où Hydro-Québec va oeuvrer. Il existe certains
secteurs, comme le secteur des lignes de transport, en courant alternatif et en
courant continu, où, je crois, la Scandinavie et le Québec sont
en position très similaire.
Par ailleurs, dans le domaine du développement du
côté de la micro-électronique, des technologies qui font
appel à la micro-électronique, l'avantage qu'on a au
Québec, c'est qu'on est très près du marché
nord-américain, du marché des États-Unis. Les pays
Scandinaves sont très progressifs dans ce secteur, mais le
véritable marché et les leaders dans le monde entier actuellement
dans ce secteur, on les trouve surtout aux États-Unis.
Il ne faut naturellement pas oublier le Japon qui est une puissance
très grande sur le plan technologique, mais je dois dire que, depuis
cinq ans, les Américains qui semblaient être un peu au
deuxième rang vis-à-vis des Japonais semblent avoir repris leur
leadership et, actuellement, je crois qu'ils sont les grands favoris dans le
domaine de l'évolution des technologies au point de vue
micro-électronique, sur le plan de la robotique ou de l'informatique ou
de l'intelligence artificielle, qui sont les domaines en évolution la
plus rapide actuellement dans le monde.
Mme Dougherty: Est-ce que vous avez prospecté les besoins
du marché mondial? Il y a deux façons de procéder: ou on
essaie de vendre la technologie, le "know-how" que nous avons ici au
Québec, ou on prospecte les besoins spécifiques du marché
sur le plan mondial pour essayer de répondre aux besoins
spécifiques. Est-ce qu'Hydro a l'intention de s'orienter vers une vente
des technologies ou du "know-how" qui existent déjà ou est-ce que
vous avez l'intention de prospecter les besoins de répondre selon la
demande des
besoins spécifiques?
M. Cloutier: Nous voulons prendre une approche très
pragmatique parce que c'est un domaine, comme je l'ai mentionné,
très vaste, où il y a énormément de concurrence. Je
crois qu'il faut procéder avec une certaine prudence avant de se lancer
sur la définition d'un seul produit à l'échelle
commerciale. Ce que nous faisons, nous essayons d'identifier et nous avons
déjà identifié un certain nombre de produits très
spécifiques auxquels Hydro-Québec fait appel pour ses propres
besoins. Il y a des technologies qui devraient nous permettre
d'améliorer l'efficacité de notre réseau
électrique, mais également qui devraient être
intéressantes pour, en particulier, le marché
nord-américain. J'ai bien dit qu'on visait, d'abord, le marché
nord-américain parce que c'est peut-être le marché le plus
important, et si on arrive à pénétrer, dans notre esprit,
le marché nord-américain, je pense que cela sera relativement
facile après cela de faire accepter nos produits dans d'autres pays
à l'extérieur de l'Amérique.
Ce que l'on fait, c'est que, pour chaque produit, nous sommes en train,
en fait, d'examiner avec des partenaires américains qui connaissent bien
le marché américain, de faire des études de marché
aux États-Unis, en particulier pour ces produits, pour nous aider
à définir le partenaire commercial avec lequel on devra
s'entendre pour mettre ce produit à l'échelle industrielle. Donc,
c'est une approche très pragmatique où on veut se trouver des
créneaux très précis dans un certain nombre de secteurs et
où on voudra attirer cette industrie à s'implanter au
Québec, comme l'a mentionné M. Coulombe plus tôt, non pas
comme une industrie qui ne fait que des montages, mais une industrie qui va
créer de nouveaux produits, qui va continuer à améliorer
ces produits. On aura un contrôle complet de l'évolution de cette
technologie et de cette "business", si vous voulez.
Mme Dougherty: Un média a parlé d'une batterie
hydroquébécoise; est-ce que cela représente un potentiel
considérable, important?
M. Cloutier: Oui, madame, c'est précisément ' ce
qu'on indique ici. C'est indiqué dans le diagramme à la page 50
dans le carré supérieur gauche: les batteries à haute
concentration d'énergie. C'est une invention qui a été
réalisée par des chercheurs de l'IREQ en collaboration avec une
équipe de chercheurs français de la compagnie Elf-Aquitaine, en
France, à laquelle ils ont été associés.
Maintenant, c'est à l'état où on est en train de passer
à l'étude de modèles de laboratoire, mais c'est
expérimental, à l'échelle commerciale, si vous voulez, non
pas à l'échelle industrielle. Les résultats qu'on a
obtenus à ce jour sont tels que nous croyons avoir une avance
très grande pour ce qui est de la densité d'énergie par
unité de poids, par unité de masse. Également, ce seront
des batteries qu'on pourra recharger un très grand nombre de cycles,
même plus grand que les batteries très connues, les accumulateurs
très connus aujourd'hui, les accumulateurs au nickel-cadmium qui sont
déjà très connus sur le marché. Nous avons
déjà atteint en laboratoire des taux de rechargement qui sont
deux fois plus élevés que ceux qu'on retrouve dans ces
accumulateurs au nickel-cadmium.
Maintenant, tant qu'on n'est pas rendu à la démonstration
à l'échelle industrielle, à l'échelle commerciale,
il reste encore un certain nombre de problèmes à régler,
mais nous croyons, d'ici à la fin de 1985, avoir complété
des essais en laboratoire à l'échelle industrielle.
M. Coulombe: Je pense que la question de la batterie illustre un
peu la façon dont on veut fonctionner dans les expériences de
diversification. On parle depuis longtemps -pas depuis toujours, mais depuis
longtemps -d'une batterie pour l'automobile. C'est un rêve qui existe et
qui va peut-être être réalisé dans 20 ans, 25 ans ou
30 ans. Personne ne le sait. Plutôt que de continuer à travailler
dans cette perspective à si long terme, en termes de 20 ou 30 ans, les
chercheurs de l'IREQ ont été orientés vers des prototypes
et des modèles de batteries qui serviraient dans des équipements
ménagers et ainsi de suite, pour mettre au point la technologie. Donc,
même si, cela s'inscrit - c'est un peu comme l'hydrogène -dans une
perspective de long terme, on dit qu'à court terme il faut absolument
déboucher sur des utilisations. Pour ce faire, actuellement, au niveau
de la recherche, on est avec - comme le disait M. Cloutier -Elf-Aquitaine qui
apporte ses connaissances en termes de chimie, mais on se cherche un partenaire
américain qui va, lui, apporter la dimension du marketing et la
dimension de la fabrication commerciale. Donc, c'est un exemple. En d'autres
mots, il y a une technologie qui est là, qu'on pense novatrice.
Jusqu'à preuve du contraire ça l'est, à moins que les
Japonais ou d'autres, après demain matin, ne nous aient
dépassés, mais, d'après nos consultants américains,
cela ne semble pas le cas. On est en avance un peu là-dedans.
Plutôt que de rêver à long terme à aboutir, dans 15
ans, 20 ans, dans une production hypothétique, on dit: À
très, très court terme, il faut absolument, tout en continuant la
recherche de base, que cela débouche sur des choses concrètes.
C'est pour cela qu'on cherche des partenaires là-dedans. On en a
déjà un au point de vue de
la recherche et du développement, mais il faudra en avoir un
autre au niveau du marketing. Ceci est un exemple parallèle à
celui de l'hydrogène. Dans les deux cas, il y a des risques. C'est
évident que, dans les deux cas, ce sont des investissements qui sont
quand même minimes par rapport à un potentiel à long terme.
Ce sont des investissements qui sont minimes à court terme. Je dis
minime, mais tout est relatif, ce n'est pas considérable. Par contre, si
ces étapes sont traversées, d'autres étapes suivront et
toujours dans la perspective d'avoir des résultats à court terme,
mais dans une perspective de long terme. C'est cela qu'on est en train
d'essayer de bâtir et c'est cela qui est la base de la diversification
telle qu'on la présente dans le plan de développement.
Le Président (M. Fortier): Cela va, Mme la
députée?
Mme Dougherty: Alors, la dernière question. Cela touche
les ressources humaines.
Le Président (M. Fortier): On l'aborde, c'est le sujet
suivant.
Mme Dougherty: En ce qui concerne la recherche, est-ce que la
disponibilité des ressources humaines est suffisante en ce qui concerne
les besoins de ia recherche, l'expansion de la recherche envisagée?
M. Cloutier: Ce que nous prévoyons dans le plan pour les
cinq prochaines années, c'est une augmentation d'approximativement 7% en
termes réels par année, pour les cinq prochaines années.
Je pense que c'est difficile de penser à un rythme plus
accéléré que celui-là, de façon à
intégrer cette croissance avec les programmes de recherche que nous
sommes à développer, mais je crois que c'est très
significatif parce que cela veut dire, sur une période de cinq ou six
ans, une augmentation d'environ 50% de façon composée des
effectifs à l'IREQ sur cette période qui, je pense, va apporter
une contribution très considérable. Ce que j'aurais
peut-être pu mentionner, c'est que, dans le plan de cette année,
dans les sujets qui sont mentionnés à la page 50 - c'est le
résultat qui apparaît ici, c'est très succinct - on fait
état de priorités, en fait, que l'on s'est données dans
notre plan de développement vis-à-vis des activités de
recherche à Hydro-Québec. Dans ce cadre, les effectifs que nous
allons ajouter seront rajoutés dans les secteurs jugés
prioritaires dans le plan de développement. Il y aura en même
temps un réalignement de certains des chercheurs qui sont dans des
sujets moins prioritaires. Nous allons graduellement en sortir pour nous
diriger vers les domaines plus prioritaires, de sorte que l'impact sur la
recherche devrait être très considérable dans les cinq
prochaines années.
M. Coulombe: J'aimerais vous dire qu'à Hydro-Québec
il y a eu, pendant une période d'environ 20 mois, un gel sur
l'embauchage externe, sauf dans un secteur, le secteur de la recherche. Il n'y
a jamais eu de gel et cela a toujours été ouvert et toutes les
possibilités qu'on avait d'aller chercher les meilleurs
éléments... On l'a toujours conservé même si, dans
tout le reste de l'entreprise, à tous les niveaux, il y a eu un gel de
l'embauchage externe.
Le Président (M. Fortier): Maintenant, nous allons passer
au ministre. Non, je crois que M. le député de Chapleau avait une
mini-question.
Distribution d'électricité
M. Kehoe: Justement, en ce qui concerne la recherche et le
développement, à la page 50, il y a l'élément: les
réseaux souterrains de distribution et les réseaux aériens
de distribution. Est-ce que ce sont des modes de distribution de
l'électricité de l'avenir? Qu'est-ce que cela veut dire, la
distribution aérienne, dans ce contexte, ou quel genre de mode
d'exploitation envisagez-vous?
M. Cloutier: Le réseau aérien se
réfère au réseau de distribution que l'on utilise
conventionnellement dans la grande partie des installations
d'Hydro-Québec, dans l'ensemble du réseau de distribution
d'Hydro-Québec, c'est-à-dire le réseau qui utilise les
fils à l'extérieur. Les réseaux souterrains sont des
réseaux où on utilise des câbles souterrains enfouis. Dans
les grandes villes, de plus en plus, on se dirige vers une augmentation, si
vous voulez, de l'équipement souterrain.
M. Kehoe: Est-ce que c'est beaucoup plus dispendieux? (20 h
30)
M. Cloutier: C'est une technologie -excusez-moi - qui est
très différente, qui demande des équipements
différents et nouveaux, pour laquelle il y a un intérêt
plus grand, parce qu'il y a une demande plus grande dans ce secteur, et dont
l'évolution technologique est vraiment importante. C'est un peu la
raison pour laquelle on retrouve des équipements de réseaux
souterrains, dans le deuxième carré de gauche, alors que les
réseaux aériens de distribution qui sont très importants
demeurent dans ce qu'on appelle la zone où l'on veut conserver nos
efforts de recherche. Cela ne veut pas dire qu'on n'en fera pas, mais on veut
conserver nos efforts de recherche qu'on fait déjà dans ce
secteur.
M. Coulombe: Je dois vous signaler que, dans le réseau
souterrain de distribution, l'an passé, on a signé une entente
avec la ville de Montréal pour des investissements de l'ordre de 500 000
000 $, pour l'enfouissement des câbles dans tout le centre-ville de
Montréal. C'est une rénovation. Une grande partie de cet argent
sert à la rénovation complète de tout le réseau
souterrain de l'île de Montréal; une partie sert aussi à
des fins d'embellissement. Mais, fondamentalement, c'est une réfection
du centre-ville de Montréal pour une somme d'environ 500 000 000 $
à 600 000 000 $; n'est-ce pas, M. Godin?
M. Godin (Pierre): Oui, 500 000 000 $.
Le Président (M. Fortier): Est-ce à dire que la
recherche que vous allez entreprendre va arriver trop tard pour cet
investissement? Autrement dit, dans le moment, vous utilisez une technologie
déjà connue.
M. Coulombe: C'est exact. Je ne pense pas que les recherches dans
le souterrain puissent révolutionner l'effort des 500 000 000 $. C'est
déjà commencé, il y a déjà presque 50 000
000 $ ou 75 000 000 $ de dépensés. C'est un programme qui est en
marche. Mais l'élargissement du souterrrain dans l'ensemble des
centres-villes du Québec va être une réalité de
l'avenir, de plus en plus. Évidemment, c'est plus dispendieux.
M. Kehoe: Est-ce beaucoup plus dispendieux?
M. Coulombe: Quelle est la relation? Pardon?
M. Godin (Pierre): De six à dix fois plus cher que
l'aérien.
M. Kehoe: Si je comprends bien, la distribution souterraine,
c'est seulement dans les centres urbains. Quand on songe à la Baie
James, c'est absolument hors de question...
M. Coulombe: Là, vous tombez dans les hautes tensions; je
sais qu'il y en a beaucoup qui rêvent, dont plusieurs Américains,
entre parenthèses, de passer des câbles souterrains de 735 000
volts dans les montagnes du Vermont ou d'ailleurs. Mais on nous dit,
technologiquement parlant, que ce n'est pas pour demain. Cela va prendre un bon
bout de temps avant de développer cela.
M. Kehoe: Y a-t-il des recherches qui se font actuellement dans
ce domaine pour savoir si, à long terme, ce sera possible, si ce sera
faisable?
M. Bourbeau (Joseph): Dans ce domaine, il y a des limites,
surtout en courant alternatif; cela devient prohibitif, dès qu'on monte
à des tensions très élevées. Il y a certaines
technologies, les technologies au gaz, entre autres, le gaz SFfi,
qui permettent d'utiliser des hautes tensions avec un minimum de perte. Le
problème avec ces très hautes tensions, c'est que les pertes par
unité de longueur ou par mille deviennent prohibitives. Il y a tout de
même une possibilité qu'on ne doit pas rejeter: le transport
à courant continu souterrain qui peut exister à très haute
tension, mais cela reste encore très éloigné comme
possibilité. Théoriquement ou en principe, on peut dire que le
transport à courant continu, souterrain à très haute
tension, est possible, mais il n'y a pas de technologie qui existe actuellement
qui nous permette de réaliser cela dans le moment.
M. Kehoe: À court ou moyen terme...
M. Bourbeau (Joseph): Je parle de 700 kilovolts, à
très haute tension, à ce niveau.
M. Kehoe: D'accord.
Le Président (M. Fortier): M. le ministre.
Développement
électrotechnologique
M. Rodrigue: M. le Président, HydroQuébec nous a
indiqué qu'elle comptait investir 30 000 000 $ au cours de la
période 1985-1987 pour la mise en oeuvre d'un programme commercial qui
viserait à encourager le développement, surtout l'implantation
d'électrotechnologies performantes dans toutes sortes de
procédés industriels. Est-ce que vous avez mesuré l'effet
de l'introduction de ces nouvelles technologies sur le taux de croissance de la
demande d'énergie régulière au Québec?
M. Coulombe: Lorsqu'on parlait, au début de la
journée, des différences de prévisions de la demande entre
le ministère et Hydro-Québec, un des points de divergence qu'on a
avec le ministère, c'est justement sur le rythme d'introduction des
électrotechnologies et de leurs conséquences sur la demande. Le
ministère - c'est flatteur pour nous - semble avoir une immense
confiance en Hydro-Québec et met dans sa demande de nombreux
térawatts consécutifs à l'introduction de nouvelles
technologies. On vous avoue qu'on est un peu plus modeste ou réaliste;
l'avenir dira lequel des deux est le bon objectif, mais on est un peu plus
prudent. En d'autres mots, on y croit beaucoup, mais on n'a pas introduit dans
notre demande autant de kilowattheures vendus.
Là-dessus, je vais laisser Claude Boivin
continuer parce qu'il est en charge de ce programme. C'est un programme
nouveau, qui commence et je demanderais à M. Boivin d'expliquer comment
ce programme a été introduit à Hydro, surtout dans la
formation d'individus se spécialisant dans ce domaine.
M. Rodrigue: Je voudrais aussi vous demander si vous aviez
fixé certains objectifs de vente pour l'introduction de ces nouvelles
technologies, les procédés que cela implique.
M. Boivin: En fait, comme le dit M. Coulombe, nous sommes
modestes, mais cela fait partie également de nos stratégies.
C'est toujours mieux de se fixer des objectifs qu'on peut atteindre et de les
dépasser.
M. Rodrigue: C'est l'élément prudence.
M. Boivin: C'est l'élément prudence. Effectivement,
nous prévoyons lancer au printemps, dans le courant du mois de juin, un
programme de promotion des électrotechnologies ou de
l'électrification des procédés industriels. L'objectif que
nous nous sommes fixé au cours des trois prochaines années, c'est
d'aller chercher environ 350 mégawatts de charge, soit en énergie
environ deux térawattheures par année au cours des trois
prochaines années. Maintenant, cumula-tivement, cela ne fait pas six
térawattheures, mais, vraiment, sur un horizon de trois ans, on veut
augmenter notre consommation de deux térawattheures.
La raison pour laquelle nous entrevoyons lancer le programme en mai,
c'est que, depuis un an, nous avons travaillé d'abord à des
études de marché exhaustives et, deuxièmement, à
l'organisation de notre personnel technique de vente. Nous avons
commencé, l'an dernier, par la mise sur pied d'un groupe que nous
appelions les attachés commerciaux, avec une segmentation des
marchés, et nous avons confié à un ingénieur la
responsabilité de chacun des grands secteurs industriels du
Québec.
Nous avons formé une équipe de sept ingénieurs pour
supporter, au niveau des études, ces attachés commerciaux et nous
sommes présentement en train de donner un programme de formation
à une vingtaine d'autres ingénieurs qui, eux, à compter du
mois de mai, seront transférés dans les différentes
régions administratives, de sorte qu'en juin nous entendons lancer un
programme d'aide à l'électrification des procédés
industriels. Nous aurons, à ce moment, quelque 25 à 30
ingénieurs qui auront suivi un cours de formation sur les
différents procédés industriels, qui pourront visiter
notre clientèle industrielle, y inclus toutes les PME de la province.
Ces gens auront également à leur disposition un outil qui sera un
programme promotionnel selon lequel nous prendrons à notre charge les
études de préfaisabilité ainsi que les études de
faisabilité - si la préfaisabilité s'annonce positive -
qui pourront être effectuées par des ingénieurs-conseils et
défrayées par Hydro-Québec afin d'établir la
rentabilité de certains procédés dans chacune des usines.
Si les études de faisabilité s'avèrent positives, nous
serons prêts à donner certains niveaux de subventions pour
électrifier, donc, en même temps, moderniser différents
procédés industriels chez nos clients à travers la
province.
M. Coulombe: Nous avons des exemples expérimentaux
concrets.
M. Boivin: Oui, depuis un an et demi, nous avons fait plusieurs
cas pilotes d'électrification de procédés industriels et
cela s'avère jusqu'à maintenant positif non seulement dans la
très grande majorité, mais dans tous les cas que nous avons
réalisés. C'est sur la foi de ces expériences que,
maintenant, nous nous sentons prêts à lancer vraiment un programme
à l'échelle de la province.
M. Coulombe: Je voudrais ajouter juste un point parce que je
pense que cela illustre ce qu'on a voulu faire dans plusieurs autres domaines.
En même temps que les programmes d'équipement baissaient en
importance, cela donnait lieu, chez M. Hamel, à la détermination
de surplus d'effectifs qui étaient moins utilisables à court
terme dans la construction, parce que le programme baissait. Tous les individus
dont M. Boivin vient de parler sont des gens qui ont été pris au
programme d'équipement et à qui on a offert - évidemment,
tout cela, c'est sur une base volontaire - les cours nécessaires pour se
recycler en termes d'ingénieurs dans ces domaines un peu nouveaux de
l'électrotechnologie. Cela a été véritablement un
effort de reclyclage interne, aux frais d'Hydro, et qui a permis à des
individus, qui étaient dans le programme d'équipement depuis dix
ans, quinze ans, et parfois dans le nucléaire, de se recycler dans des
fonctions extrêmement nouvelles, intéressantes. Je pense qu'on est
relativement et même plus que relativement fier de cette façon
qu'on a eue de réussir à convaincre les gens de changer
d'orientation, de changer véritablement, pas de carrière, mais
d'orientation professionnelle et de faire les efforts nécessaires. Dans
le cas des 20 ingénieurs en électrotechnologie qui sont en
formation, cela va quand même être un cours de six mois plus de
nombreux stages dans l'industrie; cela implique donc un effort interne de
perfectionnement, de promotion et de réorientation de la ressource
humaine.
M. Rodrigue: Est-ce que vous pourriez
donner quelques exemples des technologies visées? Est-ce que
celle des plasmas dans l'industrie de la métallurgie est l'une de ces
technologies qui pourraient trouver application dans les prochaines
années?
M. Boivin: Les technologies, si on y va par ordre d'importance,
il est évident qu'au niveau potentiel la résistance, la bonne
vieille résistance électrique, mais avec des méthodes de
contrôle moderne, demeure la technologie qui présente le plus
grand potentiel. Maintenant, il y a énormément de potentiel du
côté des pompes à chaleur à haute température
dans le secteur industriel, la recompression mécanique des vapeurs,
notamment dans le secteur des pâtes et papiers. Il y a également
la technique de l'infrarouge, entre autres, dans l'industrie du textile, qui
présente de plus en plus d'intérêt. La technique de la
micro-onde est un cas assez unique, en ce sens que c'est une technologie qui a
été introduite dans nos cuisines avant d'être introduite
dans l'industrie, mais qui présente aujourd'hui, avec les
développements qui se sont produits au cours des dernières
années, un potentiel intéressant. À plus moyen terme, la
technologie des plasmas est, je pense, une technologie qui nous
intéresse beaucoup. L'IREQ fait actuellement des recherches et des
expériences dans ce domaine, mais il y a probablement, dans ce secteur
en particulier, encore un an et deux ou peut-être trois ans de mise au
point de l'application technologique elle-même.
M. Rodrigue: Un peu relié aux nouvelles technologies, mais
en même temps aux orientations nouvelles que l'entreprise veut se donner,
vous avez mentionné dans votre programme d'équipement
qu'Hydro-Québec souhaitait, dans certains cas, prendre des
participations dans des entreprises. J'aimerais que vous précisiez un
peu quelles seraient les balises que vous vous fixeriez ou que vous
souhaiteriez vous fixer dans cette optique nouvelle. J'imagine que vous n'avez
pas l'intention de vous lancer dans la production de l'aluminium et de
concurrencer les compagnies actuelles, alors... Parce que prendre des
participations importantes, disons que c'est un peu nouveau pour
Hydro-Québec, et vous le soulignez vous-mêmes dans votre plan
d'équipement, mais il y a sûrement des limites que vous avez
envisagées à ce type d'action parce que Hydro-Québec ne
peut pas être fournisseur de services et en même temps concurrent
de ceux qui utilisent le service de façon abondante.
M. Coulombe: Je pense que, dans la discussion actuellement au
niveau de l'entreprise, tant au niveau d'un comité spécial du
conseil qu'au niveau du management, il y a un principe de base qui est inscrit
dans la loi, c'est qu'il faut que ce soit dans un domaine connexe à
l'énergie. Alors, cela limite tout en étant très vaste
comme définition potentielle, le domaine connexe, mais cela limite quand
même le champ.
Un deuxième aspect: évidemment, il s'agit de haute
technologie dont on parle. Il ne s'agit pas de technologie déjà
connue et a fortiori déjà en fabrication. En d'autres mots,
Hydro-Québec n'a nullement l'intention de se lancer dans la fabrication
de turbines, transformateurs et ainsi de suite. Il y a déjà tout
ce qu'il faut au Québec. Ce sont des technologies qui sont sous
contrôle. Donc, ce n'est pas ce genre d'exemples. Même si c'est
relié à l'énergie d'une certaine façon, ce n'est
pas le domaine qui nous intéresse. Il s'agit donc de domaines de hautes
gammes technologiques et de produits qui ne verraient pas le jour sans une
participation effective d'Hydro-Québec. (20 h 45)
Donc, il s'agit de produits nouveaux, de produits à
développer et pour lesquels la participation d'Hydro-Québec peut
s'avérer un atout important, soit parce qu'on a un centre de recherches,
soit parce qu'on a un réseau où on peut installer certains
appareils, alors que ce n'est pas possible de les installer ailleurs, et ainsi
de suite. Alors, on a des atouts dont on peut se servir et je pense que ces
critères peuvent nous servir d'encadrement. Encore là, tout en
étant extrêmement pragmatique, notre loi nous oblige à nous
référer à l'actionnaire dans la plupart des cas, qui vont
occuper... Donc, dans les premiers temps, notre hypothèse, c'est qu'on
va y aller cas par cas, de façon très pragmatique, mais il n'est
nullement question qu'Hydro, dans notre esprit, se lance dans l'industrie
manufacturière "at large" pour concurrencer des choses qui existent
déjà. Ce n'est pas notre objectif, ce n'est pas notre rôle.
On veut vraiment que la diversification passe par de la haute technologie,
produits nouveaux dont le développement repose sur une présence
effective d'Hydro-Québec par l'une ou l'autre de ses dimensions.
Le
développement technologique
(suite)
Le Président (M. Fortier): Sur le même sujet,
j'aimerais revenir sur ce secteur, le développement de la technologie.
Je crois que cela illustre un commentaire que je faisais au début parce
que, quand on parle du plan de développement d'Hydro-Québec
1985-1987, cela inclut plusieurs chapitres. Si on prend la table des
matières, on parle des orientations, de l'environnement externe, du
développement des marchés internes, des équipements, de la
qualité du service, du développement de la technologie. En
réponse à une observation que j'avais faite, le
ministre disait: Mais oui, le Conseil des ministres approuve les
investissements, surtout dans le domaine de l'équipement. À ma
connaissance, les investissements ont toujours été
approuvés par le gouvernement. D'ailleurs, M. Coulombe, qui était
secrétaire exécutif de la province, pourrait en témoigner:
les investissements ont toujours été approuvés, mais la
loi a été changée. La loi dit: Hydro-Québec devra
soumettre son plan de développement et je crois que la discussion que
nous avons est une discussion très importante parce que cela va orienter
Hydro-Québec dans une direction nouvelle, audacieuse, même, et je
crois que, quand on examine les sociétés d'État, si jamais
le Parlement ou le gouvernement doit avoir une influence, c'est justement
à ces moments-là pour permettre, pour donner l'approbation pour
s'assurer que l'orientation va être prise, qu'elle va l'être dans
la direction qui est favorisée par le gouvernement ou par le
Parlement.
C'est la raison pour laquelle je disais: Mais lorsqu'Hydro-Québec
prend la peine de nous donner de nouvelles orientations d'ailleurs, on doit
féliciter Hydro-Québec de nous donner une information qui est
quand même intéressante, même si, pour une nouvelle
orientation comme celle du développement technologique, je crois qu'il
faudrait aller beaucoup plus à fond pour connaître exactement
quels sont les modes d'intervention qui seront utilisés - je crois que
cela illustre très bien ce que j'avais en tête lorsque je disais:
Mais comment se fait-il que le gouvernement n'approuve pas le plan de
développement, et pas seulement les investissements dans le domaine
traditionnel, les nouvelles turbines, les nouveaux barrages?
Je crois qu'on a eu une bonne discussion avec Mme la
députée et le ministre sur différents aspects et
j'aimerais qu'on revienne sur les objectifs et les stratégies. Alors,
sur l'objectif no 1, vous dites: accentuer l'effort de développement
technologique et obtenir, dans le cadre de la diversification des revenus bruts
annuels atteignant quelque 350 000 000 $. Vous parlez de revenus bruts, vous
parlez de dépenses dans le domaine de la recherche, de dépenses
pour l'IREQ ou des revenus. De quoi parle-t-on exactement? Est-ce qu'on parle
de dépenses de la part de l'IREQ ou de revenus de la part
d'Hydro-Québec?
M. Coulombe: Vous êtes à quelle page?
Le Président (M. Fortier): À la page 48, premier
objectif.
M. Cloutier: Ce qu'on indique, c'est un cadre. Ce qu'on indique
au niveau de la diversification, c'est réellement un cadre dans lequel
on entend planifier nos activités de diversification. Les 350 000 000 $
qui sont mentionnés là correspondent au chiffre d'affaires, au
revenu brut qui serait généré à partir de
l'investissement de 160 000 000 $ dont il est question dans le tableau 17, au
bas de la page 48, à la dernière ligne. Ces 160 000 000 $
seraient mis - un instant, je vais vous donner un peu la base sur laquelle on a
établi cela, on a proposé plutôt ce chiffre! - cela
correspond à un investissement de l'ordre de 300 000 000 $ ou 140 000
000 $ où, nous, on mettrait 160 000 000 $ et un autre montant de 140 000
000 $ qui proviendrait de nos partenaires du secteur privé, ce qui
générerait environ 600 000 000 $ en 1990 comme chiffre
d'affaires. Cela donne une idée approximative. Ce ne sont pas des
chiffres garantis, c'est le cadre dans lequel on peut maintenant, avec
l'approbation du conseil d'administration et du gouvernement, planifier une
activité de diversification où, comme le mentionnait M. Coulombe,
on examinera les activités de diversification cas par cas. On les fera
accepter une par une, à mesure que nous aurons des projets
spécifiques à faire accepter. Cela donne l'ampleur de
l'activité de diversification qu'on projette pour les cinq prochaines
années.
Le Président (M. Fortier): II est un peu tôt, mais
est-ce que vous vous êtes fixé des objectifs de rentabilité
sur ces investissements? Comme de raison, les investissements sont assez
difficiles à calculer, parce que c'est l'accumulation des
dépenses faites à l'IREQ depuis nombre d'années; à
un moment donné, vous allez vous lancer dans une entreprise qui, par
définition, sera manufacturière, j'imagine...
M. Coulombe: Dans...
Le Président (M. Fortier): Vous parlez d'une participation
majoritaire d'Hydro-Québec avec des gens du secteur privé. Est-ce
que vos critères pour lancer une entreprise sont définis, dans
une certaine mesure, pour que l'influence politique, quelle qu'elle soit,
n'aille pas toujours dans la direction suivante: Cela est bon pour le prestige
du Québec, on y va même si ce n'est pas rentable?
M. Coulombe: Là-dessus, il y a deux éléments
clés qu'on va discuter à fond lorsqu'on aura un exemple
précis. Entre parenthèses, dès 1985, on s'attend à
avoir des exemples précis de cette stratégie. La première
dimension, c'est qu'on veut que cela se fasse dans le cadre d'une clarté
et d'une transparence financière complètes, en ce sens qu'on n'a
nullement l'intention de tomber dans le problème... Il faut que le
financement de cela soit clairement défini et
clairement séparé, en termes de livres, de la question des
revenus généraux d'Hydro-Québec. On ne veut pas qu'il y
ait de mélanges là-dedans, on veut que cela soit clairement
établi, d'où la nécessité d'avoir des structures
juridiques qui permettent cette transparence financière afin qu'il n'y
ait pas de mélange.
La deuxième, c'est qu'on pense que ce devrait être des
exigences, des critères de rentabilité associés à
un risque qui est plus grand que le risque de vendre de
l'électricité, tel que c'est défini à l'heure
actuelle. Donc, ce devrait être des objectifs de rendement compatibles
avec le risque qui est pris.
Le Président (M. Fortier): Donc, des rendements beaucoup
plus élevés que les 15%, 20% ou même 25% traditionnels.
M. Coulombe: Cela dépendra de l'élément
risque dans chaque projet, parce qu'on peut faire quand même des choses
où le risque est très limité. On peut aussi s'embarquer
dans des affaires qui sont pas mal risquées.
Il y a un autre aspect aussi: quand on dit que c'est une
réorientation, je pense plutôt que c'est un élargissement
de ce qui était déjà compris. Depuis 20 ans qu'il y a des
développements technologiques à Hydro-Québec, il y a eu
beaucoup de contacts entre Hydro-Québec et l'entreprise; il y a eu des
licences qui se sont produites... Je ne sais pas exactement combien on a de
revenus par année pour des redevances. Est-ce 1 000 000 $ ou 2 000 000
$?
M. Cloutier: Cela ne dépasse pas 1 000 000 $.
M. Coulombe: Bon, de redevances qui sont payées à
Hydro-Québec parce qu'il y a des compagnies qui exploitent des brevets.
Donc, ce n'est pas un élargissement soudain, cela fait partie de la
mission même d'Hydro-Québec qui s'est dégagée
tranquillement. Vous n'avez pas 400 chercheurs qui, depuis dix ou quinze ans,
dans différents secteurs, manipulent des concepts nouveaux, mettent au
point des choses nouvelles sans que surgisse le besoin d'aller au-delà.
On mentionnait tantôt les pays Scandinaves, c'est Mme la
députée qui le mentionnait. Il y a une chose qui est certaine,
prenez un pays comme la Suède: on a réussi à
développer des entreprises autochtones, carrément de haute
technologie, avec un marché qui n'était pas plus important que le
marché du Québec, chose qu'on n'a pas été capable
de faire ici.
C'est évident qu'il y a de la place pour de l'innovation
technologique. On pense qu'Hydro-Québec est particulièrement bien
placée, mais j'insiste encore une fois pour dire qu'il ne s'agit pas
complètement d'un nouveau champ d'activité qui s'ouvre comme une
nouvelle floraison. Cela se dégage carrément de
l'expérience de dix, quinze ans, du tâtonnement qu'il y a eu, des
expériences multiples qui se sont faites et de la diversification en
tant que telle. Lorsque Hydro-Québec a décidé de vendre
son "know-how" au point de vue international, c'était une forme de
diversification que d'aller sur le marché international pour vendre son
"know-how". Donc, c'est un élargissement de ce qui était
déjà inscrit; c'est plus important.
Le Président (M. Fortier): La loi d'Hydro-Québec le
permet: vous pouvez procéder même jusqu'à 50%.
M. Coulombe: Oui.
Le Président (M. Fortier): Mais, quand on dit que ce n'est
pas nouveau, c'est vrai que l'IREQ a été fondé il y a X
années. Quand même, cela va orienter Hydro-Québec dans le
domaine manufacturier. C'est là que c'est nouveau. Personnellement, je
ne peux pas dire que j'y suis nécessairement opposé ou que ma
formation politique y est opposée, quoiqu'il faille y aller avec
prudence parce qu'une fois que l'Hydro sera engagée dans cette
direction, comme une étude des sociétés d'État nous
le démontre, c'est facile de lancer des entreprises et c'est plus
difficile pour le gouvernement de les arrêter une fois qu'elles sont
lancées.
Quand on dit que cela va être dans un domaine connexe de
l'énergie, c'est vaste comme champ d'application. Quand on dit que c'est
plutôt dans la haute gamme du domaine technologique, cela précise
peut-être davantage. Quand même, ce qui m'inquiète un peu,
c'est lorsque vous dites que, pour le premier projet, vous aurez plus de 50 %
des actions. Donc, vous semblez indiquer qu'il n'y aura au Québec, ni en
Amérique du Nord -puisque vous recherchez des partenaires
américains - des gens qui, avec l'appui d'Hydro-Québec,
pourraient développer, dans le domaine manufacturier, ce genre
d'entreprises.
Une voix: On n'a pas mentionné que c'était...
Le Président (M. Fortier): Je ne sais pas. Tout à
l'heure on a dit: Pour un investissement de 160 000 000 $, un autre partenaire
investirait 140 000 000 $. Alors, 160 000 000 $ plus 140 000 000 $, cela me
semble être un peu majoritaire comme investissement, à ce moment.
C'est pour cela que je me demandais si certains... Sur les critères, je
pense que vous m'avez répondu en disant que c'est en fonction d'une
rentabilité accrue compte tenu des risques,
du moins sur papier, et, en termes d'investissements, vous me dites:
Majoritaire, pas nécessairement. C'est donc dire qu'au moment où
on se parle, ces critères, ces balises ne sont pas tellement bien
définies.
Le ministre disait que vous alliez vous donner des balises. Je crois
que, dans un domaine aussi important que cela, non seulement vous devriez
suggérer des balises, mais que les balises devraient sûrement
être cautionnées et approuvées par le gouvernement parce
qu'il s'agit d'un nouveau domaine. Il faudrait que les règles du jeu
soient bien connues de tout le monde.
M. Coulombe: Assez rapidement, je pense qu'on va pouvoir avoir un
exemple concret tant au sujet des balises, des orientations que de la
façon de procéder. J'ai l'impression que c'est à partir
d'une couple d'exemples qui n'auront pas un caractère
d'irréversibilité, qu'il va y avoir moyen de préciser
cela. On veut nettement avoir une approche pragmatique dans ce domaine et je
pense que le meilleur moyen, c'est encore d'avoir un ou deux exemples
précis, clairs, avec des partenaires en chair et en os avec qui on aura
discuté, avec qui il va être possible d'articuler ces
critères. On en a une bonne idée, mais même si je vous
disais, aujourd'hui, qu'on ne fera pas d'investissement, s'il n'y a pas un
rendement sur l'équité de 25 %, cela serait artificiel.
Après avoir exprimé le principe qu'il faut que la
rentabilité soit en fonction du risque, je pense qu'il s'agit là
de prendre le premier dossier et de voir ce que cela va donner.
Maintenant, en ce qui concerne nos relations avec l'actionnaire
là-dessus - on n'a pas attendu d'envoyer le plan, formellement, auministre pour commencer à aborder ce genre de dossier - cela fait
plusieurs mois, cela fait même au-delà d'un an que ce concept est
non pas approuvé - je ne dis pas qu'il est approuvé - mais est
sur la table dans nos discussions où il y a eu des exemples
donnés, potentiels, hypothétiques, de plus en plus concrets
à mesure que le temps passe. Donc, c'est un processus de va-et-vient
d'idées, mais l'orientation fondamentale est dans le plan. C'est
évidemment à l'actionnaire, finalement, de dire si cela
fonctionne ou si cela ne fonctionne pas, mais nos idées, notre
orientation, c'est là.
Le Président (M. Fortier): Enfin, on s'entend pour dire
que certains des critères ne sont pas tout à fait bien
définis.
M. Coulombe: Tous arrêtés.
Le Président (M. Fortier): L'avantage d'y aller à
la pièce, c'est qu'on va discuter d'un cas concret lorsque cela viendra.
Le désavantage, c'est que, si Hydro-Québec annonce une
possibilité d'un investissement de X millions de dollars dans un domaine
de haute technologie, la pression populaire va être très forte
pour dire: On veut ce projet à tout prix. À ce moment-là
ce qui était peut-être des critères pour un projet
donné va devenir la règle du jeu pour l'ensemble des projets
à venir. C'est le désavantage d'aller à la pièce.
C'est pour cela que je me demandais si vous aviez discuté ou si vous
aviez des règles plus précises à offrir que ce qui est
contenu dans le document. Ici, cela évoque une tendance, cela
évoque ce que j'appelle une certaine réorientation dans le sens
que cela va vous amener dans le domaine manufacturier, mais les règles
du jeu sont loin d'être précisées.
M. Coulombe: Elles ne sont pas complètes encore, c'est
exact. (21 heures)
La fusion nucléaire
Le Président (M. Fortier): À la page 50, il y a des
orientations qui sont conservées et d'autres amplifiées. Dans le
domaine de la fusion nucléaire, je crois qu'il y a des mauvaises
nouvelles qui viennent de ce côté-là. Dans le Soleil du
mercredi 13 février, on lisait: Le projet Tokamak à Varennes est
mis en péril. Où en est-on présentement? Est-ce le
gouvernement fédéral qui a décidé de couper ses
subventions par l'entremise du Conseil national de recherche, qui vous
finançait, je crois. Est-ce que ce projet a des chances de continuer ou
s'il va s'arrêter? Et, de toute façon, étant donné
que vous avez mis cela dans la catégorie de la conservation de l'effort,
ce n'est pas dans la catégorie où vous croyez qu'on devrait
amplifier la recherche à tout prix. Mais quand même, il y a un
effort qui a été fait depuis quatre ou cinq ans à
Hydro-Québec. Je croyais... Du moins l'an dernier, lorsque vous
êtes venus en commission parlementaire, vous nous avez dit que
c'était un secteur quand même prioritaire pour vous.
M. Cloutier: Pour répondre à cette question je
pense que c'est important de situer la fusion nucléaire dans le tableau
auquel vous venez de vous référer. Fusion nucléaire, on a
dit conservation de l'effort, il faut dire que c'est un domaine qui implique
des technologies en très grande évolution, en évolution
rapide. C'est un domaine qui demande des ressources très grandes pour
pouvoir faire partie de l'effort mondial et avoir accès aux
résultats des recherches mondiales. L'implication d'Hydro-Québec
dans ce dossier est une implication d'ordre stratégique où
Hydro-Québec, par son initiative, a réussi à amener au
Québec une partie importante du programme canadien de
recherche en fusion nucléaire. C'est dans ce contexte que nous
disons que nous devons conserver l'effort que nous avons fait jusqu'à
maintenant mais à la condition que le gouvernement du Canada continue
à maintenir son intérêt pour ce programme, qui est un
programme national pour le Canada. De sorte que notre stratégie est de
dire: Oui, nous voulons continuer cet effort mais à la condition que le
gouvernement fédéral continue à fournir son apport
à ce programme. Si le gouvernement fédéral décidait
de retirer sa contribution, effectivement nous arrêterions ce projet dans
un temps raisonnable.
Maintenant, les indications pour répondre à votre question
concernant la situation actuelle: nous avons une entente avec le Conseil
national de recherche qui couvre la période jusqu'à septembre
1985. Nous sommes en discussion actuellement avec différentes personnes
et du Conseil national de recherche et du ministère de l'Énergie,
des Mines et des Ressources à Ottawa afin d'établir la position
du gouvernement fédéral dans ce secteur. Nous n'avons pas encore
de réponse définitive. Il y a des signaux qui nous disent que ce
n'est pas très sûr que le gouvernement va continuer et d'autres
qui nous disent qu'il y a d'excellentes chances que le gouvernement fasse une
contribution, peut-être pas à un niveau aussi élevé
qu'on l'aurait espéré mais à un niveau suffisant pour
poursuivre le programme pour au moins cinq ans. Je pense qu'on ne s'attend pas
à avoir de réponse définitive d'ici quelques mois et, au
cours de l'été, nous devrions être en mesure de finaliser
notre position par rapport à ce programme.
Le Président (M. Fortier): Pour ce projet, quelle est
l'ensemble budgétaire dont vous avez besoin? Combien vient d'Ottawa?
Combien vient du gouvernement? Est-ce qu'il y a une partie qui vient
d'Hydro-Québec et du gouvernement du...
M. Cloutien Le budget global avait été fixé
à environ 40 000 000 $ avec une participation de 50 %
d'Hydro-Québec et de 50 % du Conseil national de recherche.
Actuellement, la construction de la machine à fusion, la machine
Tokamak, est sur le point de finir, devrait être terminée d'ici la
fin de 1985. Il y a une période, après cela, qui débute
pour les études qui devront être effectuées sur cette
machine. Pour les recherches, c'est un programme qui devrait
s'échelonner sur une période de quatre à cinq ans au moins
initialement. Pour ce programme, on estime de 10 000 000 $ à 12 000 000
$ par année le coût, pour l'exploitation optimale de la machine,
de l'investissement dans ce projet-là. Ce que nous fournirions à
l'intérieur de ce programme, c'est l'équivalent d'environ 2 500
000 $ par année. Donc, on ne veut pas augmenter l'effort, au niveau de
l'exploitation, que nous avons mis jusqu'à présent, de sorte
qu'il faudra trouver de 7 500 000 $ à 10 000 000 $ ou 9 000 000 $, si
vous voulez, pour avoir un programme optimal. Nous avons déjà des
indications que le gouvernement fédéral serait prêt
à mettre au moins 5 000 000 $ dans ce projet - peut-être 6 000 000
$ - et il s'agira peut-être de trouver d'autres partenaires qui nous
aideront à contribuer 1 000 000 $ ou 2 000 000 $ additionnels, à
ce moment là.
Le Président (M. Fortier): En ce qui concerne
l'hydrogène, le président en a parlé tout à
l'heure, il y avait des centres d'électrochimie qui avaient
été annoncés. D'ailleurs, c'est assez cocasse parce qu'il
y avait un centre d'électrochimie provincial et un centre
d'électrochimie fédéral, à Shawinigan. On en avait
deux dans la même ville et, dans le moment, on n'en a aucun. Où en
sommes-nous présentement? On en a un?
M. Cloutien Là encore, il y aura un centre.
Hydro-Québec est en train de construire un centre d'électrochimie
à Shawinigan. Nous avons la collaboration du ministère de la
Science et de la Technologie du Québec qui, par le truchement de ses
programmes, va inciter les universités et les industries du
Québec à se joindre à nous dans les activités du
laboratoire d'électrochimie que nous sommes en train de construire.
Récemment, le Conseil national de recherche nous a indiqué qu'il
était prêt aussi à contribuer jusqu'à 1 000 000 $
par année pendant cinq ans à une participation aux
activités de ce centre, de sorte que, finalement, on aura un seul centre
qui sera le centre d'Hydro-Québec, mais avec une possibilité pour
l'industrie, pour les universités et pour le gouvernement
fédéral d'y participer également.
Le Président (M. Fortier): Dans le domaine de
l'hydrogène, avec ou sans la collaboration d'Hydro-Québec, des
projets seront-ils lancés prochainement?
M. Coulombe: Oui.
Protection de l'environnement
Le Président (M. Fortier): Oui. Prochainement. On m'avait
dit que ce serait dans dix jours; cela, c'est prochainement. S'il n'y a pas
d'autres questions sur le développement technologique, on va passer
à la protection de l'environnement. Est-ce qu'il y a des questions sur
la protection de l'environnement? Mme la députée de Chomedey.
Mme Bacon: J'ai posé, M. le Président, cet
après-midi, une question qui est très vaste et on m'a dit qu'on
aurait la réponse ce soir. Je comprends que ce n'est pas facile
mais...
M. Coulombe: Sur la question précise du code de
l'environnement qui est à HydroQuébec, cela ne couvre point que
la loi, c'est un agencement des principes qui sont dans la loi, adaptés,
évidemment, à Hydro-Québec, sauf qu'on a des chapitres ou
des dimensions sur le reboisement et le... - une autre dimension qui
m'échappe - qui ne sont pas dans la loi. Dans ce sens, on va plus loin
que la loi mais, plus loin, en ce sens que la loi n'en parle pas. Dans le
reste, c'est le respect intégral de la loi, cela ne va pas plus loin;
c'est un agencement qui est adapté à Hydro-Québec, sauf
dans le domaine du reboisement. L'autre, c'était quoi? le terrassement.
C'est ce qui fait la...
Mme Bacon: La différence entre les deux?
M. Coulombe:... liaison entre le code d'Hydro-Québec et la
Loi sur l'environnement.
Mme Bacon: D'accord. SVP avait demandé un moratoire de
deux ans sur l'aménagement du lac Robertson. J'ai l'article du Devoir du
2 mars 1985. Est-ce qu'il y a de récents développements dans ce
dossier? Quel est le processus décisionnel?
M. Coulombe: Sans qu'il y ait de relation avec ce que SVP avait
demandé, et nullement dans un esprit de compromis parce qu'on n'en est
pas rendu là, il y a un report d'un an du projet qui est dû
strictement à la façon de planifier nos projets. Et on ne veut
pas s'avancer trop dans ce projet avant d'avoir eu toutes les autorisations
nécessaires. Le BAPE est supposé remettre son rapport au mois de
mai, je crois, et, lorsqu'on aura étudié ce rapport et les
conséquences des recommandations de ce rapport, s'il y en a, on va
revoir la rentabilité totale du projet. Et cette revue nous oblige, pour
des raisons que M. Hamel pourra expliquer, à retarder, à toutes
fins utiles, ce projet d'un an, à cause des saisons.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a d'autres développements que
vous voulez ajouter, M. Hamel?
M. Hamel: En fait, la décision est prise de retarder la
mise en service des unités d'un an, mais cela ne retarde pas pour autant
d'un an le début de certaines activités. Cela va nous permettre
de décomprimer un peu l'échéancier. On a
démarré, au début, avec un échéancier
très serré. On l'a voulu serré, justement, pour essayer de
mettre nos turbines hydroélectriques en service le plus tôt
possible pour économiser sur le carburant. Finalement, avec les quelques
retards qui se sont annoncés, à ce moment-là, en retardant
la mise en service d'un an, cela va nous permettre de décomprimer et
d'avoir un échéancier qui va être un peu plus facile pour
travailler.
Mme Bacon: Dans une copie de Telbec que j'ai devant moi ici, on
disait: Le porte-parole d'Hydro-Québec a donné l'assurance
à la commission, lors de l'audience tenue par le Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement - le BAPE - qu'il n'est pas responsable de la
décision du conseil d'aministration. Est-ce que ce sont des
décisions qui sont prises par le conseil d'administration
d'Hydro-Québec? Quel pouvoir décisionnel avez-vous, à ce
moment-là?
M. Coulombe: La décision finale du projet, c'est le
conseil d'administration qui décide.
Mme Bacon: Qui décide. C'est cela. D'accord.
M. Bourbeau (Joseph): II faudra passer la période
d'avant-projet et, lorsque l'étude de l'avant-projet est terminée
et qu'on veut s'engager dans le projet, il y a une décision du conseil,
à ce moment-là.
M. Coulombe: Mais, il y a aussi, parallèlement à
cela, toute la nomenclature des permis, et de tout cela.
Mme Bacon: Oui.
M. Coulombe: C'est un tricot...
Mme Bacon: D'accord.
Le Président (M. Fortier): Dans le domaine de la
protection de l'environnement, Hydro-Québec utilise des phytocides
continuellement pour tuer la végétation au sol, sous les lignes
de transport d'énergie. On m'indiquait qu'en Colombie britannique, on
utilise, je ne sais pas si c'est dans tous les corridors des lignes de
transport, mais dans plusieurs corridors, on utilise d'autres formules
d'aménagement qui font qu'on n'a pas besoin de phytocides. Est-ce
qu'Hydro-Québec serait intéressée à ces
méthodes plus douces qui permettent d'utiliser de moins en moins de
phytocides et même de les éliminer complètement? Est-ce que
vous avez examiné l'expérience de la Colombie britannique et
est-ce que vous pensez pouvoir, éventuellement, aller dans cette
direction au Québec?
M. Bourbeau (Joseph): M. Pierre Godin.
M. Godin (Pierre): Effectivement, on essaie de diminuer le plus
possible l'utilisation des phytocides. D'ailleurs, on a passablement
modifié nos méthodes de travail dans ce domaine. On utilisait,
par exemple, l'avion pour répandre des produits chimiques; on a
cessé de faire cela. En ce qui a trait à l'utilisation des
phytocides, on n'en est pas encore au point où on est rendu à
arrêter leur utilisation, mais ce sont des choses qu'on examine et aucune
décision, à ce moment-ci, n'a été prise
là-dessus. Mais, on cherche à s'éloigner le plus possible
des produits nocifs pour les remplacer par ceux qui sont moins nocifs.
Le Président (M. Fortier): Est-ce que vous êtes au
courant de l'expérience qui se fait en Colombie britannique sur un
aménagement - je ne sai3 pas comment on l'appellerait -
l'aménagement de la végétation au sol selon l'aspect, une
certaine végétation au sol croît et s'arrête, de
sorte que l'utilisation des phytocides n'est plus nécessaire.
M. Godin (Pierre): Malheureusement non, je ne suis pas au
courant, mais je suis pas mal convaincu qu'il y a des gens chez nous qui sont
au courant. Je vais sûrement m'informer de ces expériences.
Le Président (M. Fortier): Quelle est l'exigence que vous
avez face à cette végétation au sol sous les lignes de
transport? Est-ce que c'est que la végétation n'atteigne pas les
fils? C'est d'avoir...
M. Godin (Pierre): Exact.
Le Président (M. Fortier):... un écart important,
tout simplement. Il pourrait y avoir une certaine végétation
quand même.
M. Godin (Pierre): II peut y avoir une certaine
végétation. D'ailleurs, dans les nouveaux corridors de lignes de
transport, on ne fait plus maintenant le nettoyage comme on le faisait,
auparavant, complètement. C'est fait de façon plus
sélective et il est possible de laisser croître certaines
espèces pour autant qu'elles atteignent une hauteur qui reste assez
éloignée des lignes de transport. Je ne pourrais pas vous donner
les données exactes là-dessus. Mais, il faut, par contre aussi,
conserver des possibilités d'accès à tout le droit de
passage pour l'entretien et la surveillance des lignes.
Le Président (M. Fortier): Est-ce qu'il y en a qui ont des
questions à ce sujet? Alors, on passe au dernier élément,
la gestion des ressources humaines. M. le ministre.
M. Rodrigue: Je n'ai pas de question là-dessus.
Le Président (M. Fortier): C'est Mme la
députée de Jacques-Cartier, tout à l'heure, qui voulait
poser une question, non?
Mme Dougherty: Merci.
Gestion des ressources humaines
M. Bordeleau: Alors, M. le Président, concernant justement
la gestion des ressources humaines, Hydro-Québec a pris une
décision en décembre 1984 sur la fusion de la région de la
Baie James à la région de l'Abitibi qui sont devenues maintenant
une seule région. Bien sûr, tout le monde chez nous, en
Abitibi-Témiscamingue, s'en réjouit. Quand cette décision
a été annoncée, on indiquait, en tout cas, à moins
que je ne me trompe, que pour des raisons d'économie, on utiliserait...
C'était plus facile d'utiliser le siège régional existant
pour la région de l'Abitibi, mais que, éventuellement, on
penserait à construire un nouveau centre régional, mais on avait
prévu cela plutôt pour 1989-1990. (21 h 15)
Dans une déclaration du directeur régional
d'Hydro-Québec, M. Ouellette - je pense que c'est le 9 mars - devant la
chambre de commerce, ce dernier indique qu'Hydro-Québec doit
bâtir, dès 1986, son siège social régional à
Noranda. Cela représente des dépenses de 5 000 000 $. Quelques
questions à ce sujet. Est-ce que c'est une décision qui
relève du conseil d'administration ou est-ce une décision qui
peut se prendre au niveau de la région, d'abord? Il me semble que 5 000
000 $, c'est assez important. Remarquez que je ne m'en plains pas, des
investissements, c'est toujours intéressant. Si c'est le cas, s'il y a
une décision du conseil d'administration ou d'une instance
d'Hydro-Québec, est-ce que c'est dans le même cadre du devancement
de certains travaux de la Baie James, ce qui amènerait un devancement de
construction d'un siège régional dans ma région?
Une voix: M. Godin.
M. Godin (Pierre): En ce qui a trait à la construction
d'un centre régional à Rouyn, c'est un projet qui est dans l'air,
mais qui n'est pas approuvé. Je ne l'ai pas encore vu sur mon bureau.
C'est le type de projet qui me passe entre les mains, comme responsable des
régions d'Hydro-Québec. Seulement, c'est un projet qui va devoir
se faire; mais de là à dire qu'il est déjà
approuvé, c'est peut-être aller un peu vite. C'est sûr que
cela va se faire.
M. Bordeleau: Ouil À votre
connaissance, il n'y a pas de modification aux échéanciers
déjà prévus.
M. Coulombe: Non.
M. Bordeleau: Toujours dans cette même veine, une autre
question. Même si la région de la Baie James a maintenant,
théoriquement en tout cas, fusionné avec
l'Abitibi-Témiscamingue, il reste que la division du transport de la
région de la Baie James demeure à Dorval. Je pense qu'il y a
déjà eu des rencontres là-dessus. Est-ce qu'on peut
s'attendre - ma question s'adresse à M. Coulombe - qu'une
décision, après étude des impacts ou des avantages...
Est-ce qu'on peut s'attendre que la division du transport concernant les
marchandises de la région de la Baie James puisse
déménager éventuellement en région, je ne sais pas,
dans quelques mois ou à partir de l'an prochain?
M. Coulombe: Non. Ce qui a été prévu et ce
qu'on avait dit aux gens de Val-d'Or qu'on avait rencontrés,
c'était que, pour des raisons de logistique et d'efficacité,
c'était mieux que cela reste à Dorval. M. Godin pourrait
expliquer, de façon plus précise, pourquoi cela doit rester
à Dorval. Maintenant, ce qu'on a dit et ce qu'on a promis aux gens de
Val-d'Or, c'est de regarder plus à fond les conséquences de cette
fusion dans le cadre - on ne pouvait pas en parler dans ce temps-là
parce que le plan n'était pas publié - du début des
nouveaux travaux, en 1986-1987. Évidemment, il va y avoir de l'impact
sur le transport. Quel va-t-il être de façon précise? On
n'a pas d'idée clairement encore. On a promis de les rencontrer à
nouveau pour examiner cela, parce qu'ils sont très inquiets sur
l'orientation ou les conséquences de cette réorganisation, sur le
rôle de l'aéroport de Val-d'Or. Alors, on a promis des rencontres
futures. Mais que je sache, M. Godin, je pense que sur la question du groupe de
l'aéroport de Dorval, pour le moment, c'est... Alors, vous pouvez
peut-être expliquer pourquoi cela doit rester là.
M. Godin (Pierre): En fait, c'est une base où on accumule,
si vous voulez, tout ce qu'on doit amener à LG 2 par fret aérien.
C'est aussi l'endroit où sont entreposées les pièces de
rechange, les pièces d'assurance des avions de la SEBJ qui sont
utilisés dans la région de la Baie James pour le transport des
employés vers LG 2. Alors, ce sont les raisons fondamentales pour
lesquelles on est là. Pour le moment, il n'y aurait pas avantage
à changer d'endroit.
M. Coulombe: D'ailleurs, on parle d'un groupe de combien de
personnes?
M. Godin (Pierre): Douze personnes. M. Coulombe: Douze
personnes.
M. Bordeleau: Bien sûr, ce n'est pas tellement en
termes de personnes que cela peut être intéressant qu'en termes
d'achats, de stockage. Mais dans tout cela, je voudrais simplement que le
directeur général rassure peut-être les gens de Val-d'Or,
sur le fait qu'il y aura vraiment une étude des impacts possibles et
aussi peut-être, comme Val-d'Or se situe dans la ligne
Montréal-Baie James-Nord, qu'au moins il y ait des arrêts de
prévus à Val-d'Or et que, pour certaines marchandises, pourquoi
pas, par exemple, ce sera F. A. B. pour la région ou pour Val-d'Or?
M. Coulombe: Lorsqu'on les avait rencontrés, on
était un peu mal placés; je les ai rencontrés avec M.
Godin. On a tâché de les rassurer le plus possible sur l'avenir,
mais on n'a pas osé dire que LG 2 recommencerait parce que ce
n'était pas le moment d'en discuter, à ce moment-là.
Depuis, j'espère qu'ils ont pris connaissance du plan ou j'espère
que le président de la région les a averties du contenu du plan
ou de cette dimension. Les connaissant - enfin, je ne les connais pas
intimement - j'ai cru remarquer qu'il s'agissait de gens dynamiques. Je suis
à peu près persuadé qu'ils vont sauter sur l'occasion et
sur les avantages qu'ouvrent ces développements dans les prochaines
années, pour aller chercher tout ce qu'ils peuvent aller chercher comme
retombées pour leur région. Il n'y a pas de doute qu'ils vont
s'en charger. Je pense que le problème est presque à
moitié résolu avec cette nouvelle donnée du début
des travaux de LG 2, en 1986-1987.
M. Bordeleau: Merci.
M. Rodrigue: J'ai reçu des représentations de la
part de petits entrepreneurs qui se plaignaient, à un moment
donné, que les contrats accordés par Hydro-Québec
étaient d'une taille telle qu'ils ne pouvaient pas soumissionner. En
particulier, celui auquel je réfère, c'était dans le
domaine de l'émondage. On m'indiquait qu'Hydro-Québec avait
divisé les contrats et qu'il y avait peut-être 20, 25, 30 contrats
accordés à certaines dates et que, par ailleurs, le même
entrepreneur qui était bien équipé et fort finissait par
en rafler une vingtaine. Les petits entrepreneurs, souvent, trouvaient pour
leur part que les contrats étaient trop gros et ils ne pouvaient pas
soumissionner parce qu'ils ne se sentaient pas les reins assez solides. Il y a
le problème que si c'est le même entrepreneur qui finit par rafler
tous les contrats, bien sûr, à court terme, c'est parce qu'il
soumissionne au plus bas coOt mais, à long terme, s'il fait
disparaître tous les autres, cela peut le placer dans une position
concurrentielle un peu monopolistique.
D'autre part, du fait de la décentralisation qui a
été entreprise par Hydro-Québec pour certaines
activités, est-ce que vous avez été sensibilisé
à ce problème en particulier par des gens des régions?
C'est le cas de celui que j'ai à l'esprit, mais cela pourrait se faire
dans d'autres domaines que l'émondage. Le cas pourrait se
présenter dans d'autres domaines. Est-ce que dans le cadre de la
politique de décentralisation des activités et également
avec le transfert d'un peu de personnel - pas beaucoup à ce qu'on me dit
- vous avez songé aussi à la possibilité de tailler un peu
les contrats et les appels d'offres pour permettre à de plus petits
entrepreneurs de soumissionner, d'obtenir des contrats et,
éventuellement, de pouvoir, eux aussi, progresser dans des
sphères d'activité comme celle-là?
M. Coulombe: II y a deux points dans votre question. En ce qui
concerne les entrepreneurs d'émondage, je voudrais seulement soulever un
point. Vous savez que dans le plan il y a un effort très
considérable sur l'augmentation de la qualité du service et il a
fallu, en 1984, négocier assez rondement avec les syndicats pour
permettre un effort très substantiel dans le domaine des travaux qui
sont faits un peu partout dans les régions. Les négociations ont
très bien été. On a une entente avec le syndicat et il y a
beaucoup plus d'entrepreneurs qui vont être engagés cette
année, l'année prochaine et l'autre année après,
pendant trois ans. C'est un fait où, dans le cas de l'émondage,
l'ensemble des entrepreneurs du Québec sont... Cela ne couvre pas
l'émondage? Cela couvre les entrepreneurs de...
M. Godin (Pierre): De construction de lignes de distribution.
M. Coulombe:... construction de lignes de distribution. Sur les
conséquences ou les achats de la décentralisation, je ne sais pas
si c'est M. Caron ou M. Godin...
M. Godin (Pierre): Effectivement, les limites qui sont
dévolues aux régions en matière d'achat ont
été rehaussées. Auparavant, les régions ne
pouvaient pas faire d'achat localement ou commander localement pour des
montants qui dépassaient 50 000 $. Cela a été
remonté à 100 000 $. Autrement dit, un vice-président
régional peut passer une commande de 100 000 $ dans sa région.
Mais, quand on arrive à des contrats de la nature de ceux auxquels vous
faites référence, ce sont des contrats qui ont plus d'envergure
de façon générale et il n'y a rien qui empêche, dans
ces contrats, qui sont généralement tous des appels d'offres
publics, un plus petit entrepreneur de soumissionner pour une partie du
contrat. C'est clair que celui qui va l'emporter, c'est celui qui va avoir le
meilleur prix. Si un petit entrepreneur peut fournir quelques équipes
à un prix inférieur à celui d'un gros entrepreneur, on va
lui laisser obtenir une partie du contrat pour ce petit nombre
d'équipes. Cela reste toujours une question de prix.
M. Rodrigue: II faut savoir que le régime des soumissions
publiques, c'est effectivement pour obtenir les meilleurs prix possible et, en
même temps, donner la chance à tous les fournisseurs de biens et
services de présenter des soumissions. Je pense bien que c'est un
principe qu'on ne rejettera pas, loin de là; au contraire, je pense
qu'il faut le retenir. Ce sont là les indications que j'avais; mais vous
m'indiquez qu'ils pourraient soumissionner sur une partie, donc ils peuvent
eux-mêmes procéder au découpage d'un contrat et tenter d'en
obtenir une partie. Cela va être considéré par
Hydro-Québec à ce moment.
M. Godin (Pierre): C'est cela. Absolument, cela se fait
couramment.
M. Rodrigue: Merci! Cela va pour moi en ce qui concerne les
questions là-dessus.
Le Président (M. Fortier): En ce qui concerne les
ressources humaines, brièvement, l'an dernier Hydro-Québec nous
avait soumis un tableau donnant l'écart des salaires, de la
rémunération globale entre les salariés
d'Hydro-Québec et les employés travaillant pour les grandes
sociétés québécoises. À la suite des
différentes négociations, est-ce que cet écart demeure
très important? Est-ce qu'il s'est amenuisé un peu? Où en
sommes-nous présentement?
M. Coulombe: II s'est amenuisé lors de la première
convention collective. Il s'est amenuisé du quart. L'écart s'est
rétréci de 25%. Actuellement, nous sommes en train de
préparer les prochaines négociations et l'enquête du
marché est en cours au moment où on se parle; il va y avoir une
révision de ces chiffres qui va être prête au mois de mai ou
juin et qui va servir de base aux nouveaux objectifs qu'on va se fixer. Je
pense que, dans le plan, c'est très clair. Notre objectif, c'est
vraiment de s'aligner sur un marché de comparaison. Par contre, cette
année on a fait un effort très grand tant au niveau des cadres
qu'au niveau des différents syndicats pour les impliquer davantage dans
les études de marché. Avec les cadres, cela a très bien
été, il y a eu une critique de la méthodologie, il y a
eu
des discussions et ça, c'est en cours et ça va bien; avec
le syndicat des ingénieurs, ça va extrêmement bien. Je ne
sais pas si on a reçu la réponse mais, le 31 mars, on est
supposé recevoir une réponse de leur part et à quelles
conditions ils participeraient eux-mêmes à l'étude de
marché. Alors ce serait conjoint, ingénieurs et
Hydro-Québec sur l'étude de marché. Quant aux autres
syndicats, c'est beaucoup moins avancé, mais les études de
comparaison sont en cours. Au mois de juin, on va être fixé et
là on va continuer, espérons-le, à se fixer des objectifs
de rétrécissement de l'écart qui nous sépare du
marché de comparaison, marché des grandes entreprises au
Québec.
Le Président (M. Fortier): Merci. On a sauté un
article. Je ne sais pas si les membres voulaient poser des questions.
M. Rodrigue: Là-dessus, non.
Le Président (M. Fortier): Pardon?
M. Rodrigue: Je n'avais pas de remarque là-dessus.
Le Président (M. Fortier): Sur la qualité du
service.
M. Rodrigue: À moins qu'il y en ait de mes
collègues qui aient des...
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Sur les ressources humaines, je
constate que vous avez coupé 1500 employés. Vous êtes
passé de 20 000 à 18 500. Vous avez coupé également
des cadres. Est-ce que c'est terminé cette opération? Est-ce que
la rationalisation est complète?
M. Coulombe: Je dois vous avouer franchement que je pense que
cela serait prétentieux de notre part de dire que tout est
terminé et que la rationalisation est terminée. Je pense que
c'est un travail qui devra se poursuivre longtemps encore. Mais je pense que le
coup général a été donné. Il y a eu 1300
personnes qui ont quitté l'entreprise sur une base volontaire avec des
primes de départ. Il y a eu 2500 personnes qui ont changé
d'emploi à l'intérieur d'Hydro-Québec; 2500 personnes ont
quitté le poste X pour aller au poste Y. On en a donné des
exemples tantôt chez les ingénieurs en électrotechnologie,
cela n'a pas toujours été aussi raffiné que cela, mais il
y a 2500 personnes qui ont changé de poste. On a gelé l'embauche,
comme je l'ai dit tantôt, sauf pour les chercheurs de l'IREQ.
Accompagnés d'un processus de décentralisation dans les
régions, il y a 2000 postes du niveau régional qui sont
allés au niveau des secteurs et il y a quelques centaines de personnes
qui sont parties du siège social et qui sont allées dans les
régions. Ces grands mouvements ne sont pas terminés parce que,
surtout dans la décentralisation, c'est en 1985 que cela se fait de
façon plus précise. Le groupe équipement a diminué
de 1300 personnes, nécessairement à cause d'un programme
d'équipement qui était de 60 000 000 000 $ et qui est descendu
à 20 000 000 000 $. Donc, ces grands mouvements, on peut dire qu'ils
sont arrêtés. Je ne dirais pas qu'ils sont terminés, parce
qu'il y a des conséquences à cela. Les
déménagements ne sont pas tous faits et ainsi de suite. On peut
dire que les grands mouvements sont terminés. On entre dans une
période un peu plus stable, à moins que l'environnement externe
ne change de façon radicale. Le recrutement reprend. Dans les
régions, le recrutement qui était gelé depuis deux ans est
repris et, au siège social, on le dégèle defaçon progressive dans le courant de l'année 1985.
Évidemment, on ne veut pas revenir au rythme antérieur d'une
croissance des effectifs de 3, 5% par année en aucune espèce de
façon, mais on va venir à un rythme plus normal au niveau de
l'organisation. Je pense que la période de tempête, au bout de
trois ans, est terminée. Il s'agit maintenant de bâtir sur les
acquis et de continuer à avoir les contrôles nécessaires
pour ne pas avoir à nouveau les mêmes problèmes dans deux
ou trois ans. (21 h 30)
C'est d'ailleurs dans cette perspective qu'on a discuté avec les.
syndicats en leur expliquant que le programme d'amélioration de
qualité dans lequel on mettait 1 000 000 000 $, on ne pouvait pas se
permettre d'engager des centaines de personnes pour faire un travail qui allait
durer deux ou trois ans. On a essayé de les convaincre. On a dit: Si on
ne veut pas se ramasser dans trois ans avec d'autres programmes obligatoires de
transfert et ainsi de suite, on ne peut pas se permettre d'engager des
permanents pour faire un travail pendant trois ans. Donc, êtes-vous
prêts à ouvrir certains articles de la convention pour permettre
d'engager plus d'entrepreneurs pendant ces travaux? Cela a été
accepté, négocié, signé et cela a
fonctionné.
Donc, la grande période se termine, mais il reste beaucoup de
travail à faire en termes de rationalisation. Je pense que l'ensemble
des cadres, même s'il y en a 35% de moins, est fermement
décidé à continuer de rationaliser l'entreprise. Je pense
que les conséquences sur les dépenses d'exploitation, cela s'est
fait sentir radicalement dans les deux ou trois dernières
années.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous êtes un gros employeur, bien
sûr. Les cadres mis à part, est-ce que vous avez certains
problèmes à recruter du personnel compétent? Je lisais
dernièrement un document par l'entreprise indépendante. Il disait
que les deux tiers des PME avaient de la difficulté à trouver du
personnel compétent. Est-ce que vous avez ce problème chez
vous?
M. Coulombe: II faudrait distinguer les catégories de
personnel. Dans le domaine des chercheurs, on doit avouer que le recrutement
est très long. C'est très difficile d'aller sur le marché
et d'avoir des chercheurs d'expérience, surtout dans notre milieu
québécois uniquement. Là-dessus, c'est long, c'est
pénible, c'est compliqué. Pour la majorité des autres
emplois, évidemment, depuis deux ans, comme il y a eu un gel du
recrutement externe, on ne peut pas en tirer beaucoup de conclusions. Mais le
recrutement qui est recommencé, il faut dire que les conditions de
travail à Hydro-Québec, on ne peut pas les qualifier de
repoussoir pour engager du monde. Au contraire, je pense que les conditions de
travail, de façon générale, permettent d'avoir un
recrutement dans ce qu'il y a de mieux dans les catégories d'emploi.
C'est tout ce que je peux dire parce que depuis deux ans, comme je vous
dis, comme il y a un gel, c'est très difficile d'en tirer de grandes
conclusions. Je ne pense pas - je ne sais pas si mes collègues ont
quelque chose à ajouter là-dessus - qu'on ait de la
difficulté, sauf dans des catégories très
spécialisées comme des chercheurs à l'IREQ ou des choses
semblables.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je référais surtout
à la déficience dans la formation professionnelle.
M. Coulombe: II faut dire qu'Hydro-Québec dépense
de l'ordre - je n'oserais pas dire un chiffre définitif parce qu'il est
en constante évolution - de 15 000 000 $ à 20 000 000 $ par
année dans la formation de son personnel. Je vous dirais que, dans la
prochaine convention collective, c'est évident qu'on va
énormément mettre l'accent sur cette dimension. Cette
année, on a lancé des programmes de formation qui ont
donné des résultats extrêmement intéressants. Donc,
on dépense beaucoup d'argent dans ce domaine. M. Godin peut parler
des... On a à peu près 300 ou 400 personnes qui s'occupent
à temps plein de formation à Hydro-Québec et on donne une
série de cours assez incroyables pour tous les débutants dans le
domaine de l'exploitation; M. Godin pourrait en parler davantage. On a des
cours hautement spécialisés; on a fait des ententes l'an
passé avec Polytechnique pour une maîtrise qui est donnée
à Hydro-Québec même, d'une dizaine d'ingénieurs
spécialisés dans... M. Hamel pourrait en parler, c'est dans son
secteur. Encore là, c'est une expérience qu'on a faite. Il va se
donner une maîtrise approuvée par Polytechnique à la suite
de cours qui se donnent à Hydro-Québec. Donc, on essaie toutes
sortes d'expériences et on dépense beaucoup d'argent dans la
formation, à tous les niveaux.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous êtes d'accord avec la
formule qu'on propose, l'épargne-recyclage, vous pensez que ce pourrait
être une très bonne formule?
M. Coulombe: II faudrait que vous m'expliquiez toutes les
dimensions de cette formule. J'avoue que je ne suis pas assez au courant
pour...
M. Leduc (Saint-Laurent): On va vous fournir notre programme
politique très bien élaboré...
Le Président (M. Fortier): Mais c'est toute la
différence entre la petite, la moyenne et la grande entreprise. La
grande entreprise peut faire ce que vous faites.
M. Coulombe: II faut dire aussi qu'il y a beaucoup de
métiers à Hydro-Québec qui sont carrément
spécialisés. C'est extrêmement difficile d'aller sur le
marché et de trouver certains types de techniciens et c'est quasiment
indispensable que la formation se donne à l'intérieur même
de l'entreprise.
Le Président (M. Fortier): Est-ce que cela va, M. le
député?
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui d'accord. Je ne sais pas si vous
avez "Maîtriser l'avenir", je vous l'enverrai avec plaisir.
Qualité du service
Le Président (M. Fortier): On a sauté un article,
Qualité du service, je ne sais pas si des collègues avaient des
questions, j'en avais seulement une. Quant à la qualité du
service, quand on s'est rencontré la semaine dernière vous avez
eu l'amabilité de me remettre le document que je vous avais
demandé, le rapport sur le sondage auprès des abonnés. On
y lit - ce qui est assez surprenant - que le taux de satisfaction des
répondants est très élevé. Il y a seulement deux
groupes où la satisfaction est moindre, c'est commerce gros et
détail et industriel secondaire. C'est surprenant de la part de
l'industriel secondaire. De prime abord, j'aurais cru que les gens du secteur
domestique, qui ont à subir des pannes à l'occasion, se seraient
plaints le plus; mais le
taux de satisfaction est quand même très
élevé, selon le sondage. Comme de raison, les industriels, eux,
ne veulent pas voir arrêter leur production, c'est peut-être
là qu'est... De fait, du côté industriel, vous avez
beaucoup de plaintes. Est-ce que le sondage reflète une
vérité que vous saviez déjà? C'est une
réalité que vous connaissez.
M. Boivin: Effectivement, on avait de bonnes indications, mais le
sondage les confirme. Par contre, il est intéressant de noter aussi dans
le sondage que le taux de satisfaction - comme vous le mentionnez -est
très élevé. Même chez les gens qui sont insatisfaits
de la continuité du service, quand on parle du coût pour
améliorer cette qualité, dès qu'on parle d'une
augmentation qui pourrait se traduire par des hausses de tarifs de l'ordre de
5% pour améliorer la qualité du service, le nombre de
répondants qui se disent d'accord pour payer cet écart diminue de
façon très importante. On est en train de faire des
évaluations finales autour de cela et de voir comment on peut
répondre à ces attentes. Il semble en fait que, pourvu que ce
soit gratuit, tout le monde veut un service parfait mais, quand il y a un
coût additionnel à payer pour une meilleure qualité de
service, c'est beaucoup plus nuancé.
Le Président (M. Fortier): Même si je prends le
quartier résidentiel où je demeure, ce n'est pas toujours une
question de coût, d'après ce qu'on m'a expliqué. On m'a dit
a Hydro-Québec que c'est une certaine exigence de la part des syndicats.
Lorsqu'ils veulent travailler sur une ligne résidentielle en particulier
et qu'ils ont déterminé qu'ils devaient absolument couper le
courant pour faire les réparations... Est-ce que vous avez les
statistiques sur les accidents qui auraient pu arriver ou qui arrivent dans le
domaine de la santé et de la sécurité du travail? C'est
assez cocasse que les syndicats vont permettre à des ouvriers de
travailler sur les lignes à 750 000 KV, mais sur des voltages beaucoup
plus bas on en arrive à une procédure qui fait que dans certains
quartiers il y a des coupures inattendues et qui créent une très
grande insatisfaction, quoique le sondage ne semble pas révéler
un degré d'insatisfaction si considérable malgré tout.
Vous n'avez pas de statistiques bien précises?
M. Godin (Pierre): Si vous parlez du quartier où vous
habitez, vous avez été sûrement choyé en termes
d'interruptions de service pendant un certain temps.
Le Président (M. Fortier): Malgré que le
système est censé être neuf.
M. Godin (Pierre): Quand je dis que vous avez été
choyé en termes d'interruptions, c'est parce que vous en avez eu
beaucoup. Le nombre d'interruptions faites volontairement a augmenté
considérablement depuis les dernières années. J'ai des
statistiques révélant qu'au cours des cinq dernières
années, si je me souviens bien, le nombre d'interruptions a
doublé et le doublement du nombre d'interruptions provient finalement
presque exclusivement de l'augmentation des interruptions planifiées.
Les interruptions planifiées, il y en a plus qu'avant parce qu'on
travaille à des niveaux de voltage plus élevés qu'avant.
Il y a eu des conversions de tension de 12 000 à 25 000 volts pour
lesquelles notre personnel n'était pas nécessairement
préparé à travailler sous tension. Depuis ce temps, on a
développé la formation du personnel dans le travail de
méthode sous tension et on poursuit ces programmes. Par les
améliorations qu'on va apporter sur les réseaux eux-mêmes
dans notre programme d'amélioration de la qualité du service, on
va avec le temps éliminer une bonne partie de ces interruptions. Alors,
il y a deux éléments: la formation du personnel pour faire plus
de travail sous tension et l'élimination de certaines interruptions
simplement par l'amélioration des réseaux.
Le Président (M. Fortier): Je ne sais pas si c'est le
syndicat des monteurs de lignes; enfin, ce sont ceux qui font les
réparations dans des districts résidentiels. Dans quelle mesure
avez-vous la collaboration du syndicat pour améliorer la qualité
du service, du moins pour éviter des interruptions qui pourraient
être évitées avec un cours de formation
approprié?
M. Godin (Pierre): Dans le fond, il n'y a pas de désaccord
fondamental avec le syndicat là-dessus, sauf sur un point. Disons que,
fondamentalement, le syndicat comprend que le travail sous tension fait partie
du métier de monteur. La seule chose sur laquelle il y a un
désaccord à ce moment-ci avec le syndicat qui représente
seulement une partie des employés dans ce domaine, c'est sur ce qu'on
appelle le travail au contact. C'est le travail sous tension avec des gants de
caoutchouc. Le syndicat reconnaît que, dans les deux principales
régions, Montréal et Laurentides, par exemple, Saint-Laurent et
Laurentides, le personnel ne fait que du travail sous tension par la
méthode contact, la méthode avec des gants de caoutchouc et il ne
veut pas utiliser d'autres méthodes parce qu'on se rend compte que, dans
le cas des monteurs qui sont formés à cette
méthode-là et à toute autre méthode de travail sous
tension, c'est toujours celle au contact qui est préférée
parce qu'elle est plus facile, au plan ergonomique, elle est meilleure que la
méthode avec des grands bâtons. Il y a un
désaccord là-dessus qu'on est en train de redresser et il
y a même des monteurs, à qui on n'a pas encore donné la
formation pour le travail sous tension avec la méthode contact, qui
veulent absolument prendre cette formation. On va la mettre à leur
disposition et ils auront toujours le choix de la méthode. On laisse
quand même au monteur le choix de la méthode de travail. Parmi
trois méthodes de travail sous tension disponibles, c'est lui qui
choisit celle qu'il veut utiliser.
M. Coulombe: Mais il ne faut pas se cacher qu'à la
prochaine convention cela va être un débat très,
très...
Le Président (M. Fortier): Malgré le fait que les
statistiques ne semblent pas alimenter les craintes qui existent.
M. Coulombe: Cela va être un très gros débat
dans les prochaines conventions.
Remerciements
Le Président (M. Fortier): Je ne sais pas si mes
collègues ont des questions. Je crois que nous avons terminé.
Pour ma part, je veux remercier Hydro-Québec et la direction. Je dois
les féliciter - je l'avais fait l'an dernier - pour la qualité de
la documentation qu'on nous donne qui est quand même très bonne.
En plus, avec certains de mes collègues on a eu la chance de rencontrer
les dirigeants d'Hydro-Québec qui ont pris le temps de nous donner
certains détails et les informations que nous voulions avoir.
Là-dessus, je vais être très bref, je vous dis merci
beaucoup. Peut-être que M. Bourbeau et M. Coulombe voudraient dire le mot
de la fin. M. Bourbeau.
M. Bourbeau (Joseph): Oui, je voudrais vous remercier, M. le
Président, ainsi que les membres de la commission. Je crois
qu'Hydro-Québec est toujours heureuse de venir tous les ans
présenter son plan de développement et ses hausses tarifaires. Je
vous remercie et j'espère qu'on a répondu à toutes vos
questions.
Le Président (M. Fortier): M. le ministre.
M. Rodrigue: Je pense que cette commission nous a quand
même permis de constater qu'on a fait face aux perturbations qu'on a
connues jusqu'à un certain point sur le plan économique en
1981-1982 et en partie en 1983 au Québec et qui ont causé
certains problèmes à Hydro-Québec, entre autres à
cause de la présence de surplus importants de capacité non
vendue. Je me rappelle qu'à la commission parlementaire d'il y a deux
ans ou trois ans il y avait appréhension que nous resterions avec des
surplus assez importants. Finalement, on constate par le programme
d'équipement qui nous a été présenté
qu'Hydro-Québec a pu faire face à la musique en
développant de nouvelles orientations et en poussant ses
réflexions plus loin. Elle est parvenue par des mesures dynamiques,
d'abord, à faire face à ce problème à court terme,
qui était de résorber ses surplus dans les meilleurs
délais possible et, en même temps, elle a profité de tout
cela pour revoir un peu l'ensemble de ses opérations et se donner de
nouvelles orientations qui percent à travers les éléments
qu'on retrouve dans le plan d'équipement.
Je pense que cela a été fort intéressant pour nous,
les membres de la commission, de pouvoir prendre connaissance de cet effort de
réflexion et des résultats de cet effort de réflexion qui
s'est fait à Hydro-Québec autant sur le plan du
développement des équipements que sur celui de la percée
des marchés internes et externes, en particulier du développement
de nouveaux créneaux dans les marchés internes, de même que
sur le plan du développement technologique et de l'implication
qu'Hydro-Québec y voit pour elle-même.
Cela nous permet de voir que la société est toujours tout
aussi dynamique et que, finalement, elle pourra continuer à jouer un
rôle important dans le développement économique du
Québec, comme elle l'a fait dans le passé. J'ai eu l'occasion de
le souligner dans mes remarques préliminaires; je ne voudrais pas
reprendre cela ici. Hydro-
Québec demeure un élément clé, un
élément important dans le développement économique
du Québec et dans les stratégies de développement
économique du Québec. Je peux en témoigner, le
gouvernement a eu la collaboration entière d'Hydro-Québec
lorsqu'il s'est agi de faire un effort particulier pour essayer de sortir le
plus rapidement possible de la récession économique très
sévère que nous avons connue. Dans ce sens, je pense qu'on doit
remercier les gens d'Hydro-Québec qui ont fait l'effort
nécessaire pour relever ces nouveaux défis.
En terminant, je me permets de saluer à la fois les dirigeants
d'une entreprise d'État qui est sous ma responsabilité et en
même temps d'anciens collègues de travail. J'étais heureux,
entre autres, de voir - vous me permettrez ici une petite touche personnelle -
que le projet Manic 5 allait redémarrer. C'est le premier projet que
j'ai étudié à Hydro-Québec lorsque je suis
passé aux avant-projets en 1966 et 1967. Cela m'amène parfois
à dire aux gens que, dans la vie, il faut savoir être patient
parce que j'ai fait le projet de Manic 5 en 1966-1967 et il va se terminer en
1989. Alors, j'ai dit: Ne vous pressez pas, les choses finissent toujours par
arriver. Merci beaucoup.
Le Président (M. Fortier): M. le ministre, il y a deux
choses, j'espère, que vous avez remarquées: d'une part, c'est que
le club Med n'existe plus et, d'autre part, Hydro-Québec organise des
cours de recyclage. J'espère que vous avez noté l'information.
Là-dessus, j'ajourne sine die. La commission ayant terminé son
mandat, je lève la séance.
(Fin de la séance à 21 h 47)