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(Seize heures cinq minutes)
Le Président (M. Guay): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission permanente de l'économie et du travail se
réunit afin de procéder - touchons du bois - à
l'élection d'un président de la commission. Cette commission est
orpheline depuis un bon moment.
M. Pagé: On s'est bien porté.
Élection du président
Le Président (M. Guay): J'imagine qu'étant
donné que nous sommes en train d'enregistrer les débats, nous
allons enregistrer cette partie des débats, parce que ce n'est pas
automatique que les débats de la commission pour l'élection d'un
président soient enregistrés. Puisque le Journal des
débats fonctionne déjà, nous allons continuer, j'imagine,
à le laisser fonctionner.
Donc, comme vous le savez, le président de la commission doit
venir de la majorité ministérielle. C'est une commission qui est
présidée par un député de la majorité. Cela
étant, tout député peut faire la proposition
d'élire un député ministériel, membre de la
commission, président de cette commission de l'économie et du
travail. S'il y a des propositions, je serais fort heureux de les entendre. M.
le député de Beauharnois.
Motion proposant le député de
Nicolet
M. Lavigne: M. le Président, j'ai l'un des membres de
notre formation politique à proposer. Je formule le souhait que le nom
que je vais proposer fasse enfin l'unanimité pour ce qui est du
président de la commission de l'économie et du travail. Il
s'agirait de proposer le député de Nicolet, M. Yves Beaumier.
J'espère que M. Beaumier va faire l'unanimité et qu'on l'aura
comme président de la commission de l'économie et du travail.
Le Président (M. Guay): Y a-t-il d'autres propositions ou
des personnes qui souhaitent intervenir? M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, sans nier la
capacité ni la compétence du député qui vient
d'être proposé, j'aimerais, quant à moi, faire une
proposition différente, ce qui ne présume pas de l'endossement
que je ferais éventuellement au président de la commission qui
est proposé par la majorité. Je souhaiterais, quant à moi,
que les membres de la commission puissent se prononcer sur la nomination comme
président de la commission du député de Châteauguay,
que je propose.
Le Président (M. Guay): C'est déjà fait, M.
le député.
M. Bisaillon: Le député de Châteauguay est
proposé?
M. Blouin: Vous êtes en retard, M. le député
de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: C'est excellent: Va-t-on prendre un vote
là-dessus aujourd'hui?
Le Président (M. Guay): Sur le député de
Châteauguay, c'est déjà fait. Y a-t-il d'autres
propositions ou des interventions?
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Brièvement parce que le temps fuit
déjà. On se réunit aujourd'hui pour étudier les
crédits du ministère du Travail. Il va donc de soi que la
commission doit élire un président avec toutes les
responsabilités qui incombent à la personne qui aura à
occuper cette fonction dans l'esprit de la réforme parlementaire
adoptée il y a quelques années. Comme vous l'avez dit tout
à l'heure, cette commission a été privée de la
présence de son président depuis que Mme la députée
de Maisonneuve a démissionné. Le gouvernement, malgré
qu'elle soit demeurée dans l'équipe de la majorité, n'a
pas jugé opportun de lui reconfirmer son mandat, ce à quoi nous
aurions très probablement souscrit. Le gouvernement a eu l'occasion, par
la voix de ses députés autour de cette table, par la voix de la
majorité, de nous proposer d'autres collègues, si ma
mémoire est fidèle, lesquels n'ont pas fait l'unanimité.
Je n'ai pas l'intention de revenir là-dessus aujourd'hui.
Cependant, la proposition du député de Beauharnois est
valablement et positivement
reçue par nous, assurés que le député de
Nicolet pourra remplir la tâche qui lui incombe avec tout le sens des
responsabilités qui est dévolu à la personne du
député qui a à assumer cette fonction. Vous aurez un
leadership certain à assumer. On vous connaît depuis quelques
années. Vous avez présidé votre caucus, soit dit en
passant, ce qui confère une objectivité certainement
particulière. On appuie la proposition en espérant que cela ira
pour le mieux dans le meilleur des mondes, appuyé que vous serez
d'ailleurs par l'honorable député d'Outremont.
Le Président (M. Guay): Y a-t-il d'autres interventions
sur cette proposition? Tous les députés membres de la commission
sont-ils d'accord avec cette proposition? Le député de Nicolet
devient donc président de la commission de l'économie et du
travail.
M. Bisaillon: Un vote nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Guay): Vous voulez avoir un vote
nominal?
M. Bisaillon: S'il vous plaît.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Nicolet, cela commence par vous.
M. Beaumier: Je m'abstiens.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Pour.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Rousseau.
M. Blouin: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Guay): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Viau.
M. Cusano: Pour.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Pour.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Pour.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Beauharnois?
M. Lavigne: Pour.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Montmagny-L'Islet?
M. Le Blanc: Pour.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Présent... pour.
Une voix: Pauvre vous!
Le Président (M. Guay): M. le député de
Portneuf?
M. Pagé: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Guay): La motion est donc adoptée
presque à l'unanimité. Il n'y a qu'une seule abstention. Je
m'excuse. M. le député de Limoilou?
M. Gravel: D'accord.
Le Président (M. Guay): Est-ce que j'en oublie d'autres?
Mes excuses. La motion est donc adoptée à l'unanimité
moins une voix, c'est-à-dire M. le député de Nicolet, qui
s'est abstenu. Avec toutes mes félicitations, mes meilleurs voeux de
bonne chance, je vous cède le fauteuil pour...
Le secrétaire de la commission a raison. Nous étions en
séance de travail et la séance de travail est donc
ajournée sine die. L'étude des crédits du ministère
du Travail va pouvoir commencer dans quelques minutes, le temps que vous
assumiez vos nouvelles fonctions.
(Suspension de la séance à 16 h 12)
(Reprise à 16 h 13)
Le Président (M. Beaumier): Mes premières paroles
seront pour remercier les membres de l'Assemblée nationale, des deux
côtés de la Chambre, pour la confiance qu'ils viennent de me
témoigner pour l'accomplissement d'une tâche que je ferai de mon
mieux et aussi pour une responsabilité que j'assumerai avec la plus
grande capacité possible. J'entends accomplir ma fonction avec toute
l'éthique, toute l'équité possible, et avec
impartialité. Ce sont d'ailleurs des qualités que j'ai apprises
de vous, des deux côtés de la Chambre.
Le porte-parole de l'Opposition officielle me disait qu'il me souhaitait
ce qui soit de mieux dans le meilleur des mondes, je ferai de mon mieux et je
considère que je suis dans le meilleur des mondes également.
Étude des crédits du ministère du
Travail
Je déclare la séance ouverte, c'est-à-dire que la
commission de l'économie et du travail commence ses travaux pour
procéder à l'étude des crédits budgétaires
1985-1986 du ministère du Travail. J'inviterais...
Ordre des travaux
M. Pagé: M. le Président, si vous me le permettez.
A la suite d'un échange d'opinions avec des collègues de la
majorité et avec l'honorable ministre du Travail qui comparait devant
nous cet après-midi, il a été convenu que nous avions
quatre heures de prévues pour étudier les crédits,
d'où la possibilité que nous siégions jusqu'à 18
heures pour ajourner de 18 heures à 20 heures, pour reprendre de 20
heures jusqu'à 21 h 15, 21 h 30 environ. Il a été convenu,
en dehors de cette table, avant le début des travaux de cette
séance, qu'on pourrait très probablement filer jusqu'à 20
heures - au maximum 20 h 15 - pour respecter l'allocation de temps qui a
été donnée, en ayant à l'esprit, évidemment,
que, si on veut accélérer, on pourrait peut-être terminer
vers 19 h 30, 19 h 45, en rappelant toutefois que cela demeure toujours
flexible, mais si c'est unanime et si tout le monde est d'accord, on pourrait
s'entendre là-dessus. Je rappelle tout de suite à mes amis de
Montréal que ce n'est pas parce que j'ai l'intention d'aller voir les
Nordiques, ce soir; je me propose d'y aller jeudi, soit lorsqu'ils recevront
Boston à Québec. Je suis bien réceptif, M. le
Président, à cette proposition.
Le Président (M. Beaumier): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, vous m'avez
évidemment consulté pour procéder à cette entente
dont vient de parler le député de Portneuf, J'avais, quant
à moi, demandé, dans l'allocation du temps, au moment des
négociations ou des discussions qui ont eu lieu entre les "dealers", une
période de temps pour examiner de plus près le fonctionnement et
le budget de la Commission de la santé et de la sécurité
du travail. J'accepterais, compte tenu des ententes qui ont été
faites, que ce temps ne soit pas nécessairement utilisé
totalement et, si on me le permettait, dès que les commentaires
généraux seront faits, j'ai exactement quatre questions à
poser au ministre concernant la CSST, ce que je pourrais faire dès le
départ et ce qui réglerait, quant à moi, cet aspect du
temps. On pourrait, par la suite, procéder à l'adoption des
crédits du ministère du Travail.
M. Grégoire: M. le Président, j'abonde dans le
même sens que le député de Sainte-Marie et le
député de Portneuf pour l'horaire de travail. Quant à moi,
j'aurais au moins une question à poser sur la CSST, une question qui est
d'actualité et une en ce qui concerne l'Office de la construction du
Québec.
M. Bisaillon: Vous ne déterrez pas les morts.
M. Grégoire: J'aurais ces deux questions à poser
après quoi...
Une voix: On va commencer.
Le Président (M. Beaumier): Est-ce que, du
côté...
M. Lavigne: ...ministériel, je n'ai pas d'objection
à répondre à la demande du député de
Portneuf quant à l'horaire.
Le Président (M. Beaumier): Allons-y. J'en conclus que
nous siégerons jusqu'à 18 heures et après jusqu'à
20 heures. C'est bien cela, jusqu'à 20 heures, au plus tard.
M. Pagé: Jusqu'à 20 heures, 20 h 15, on fera motion
de suspendre l'horloge. On va bien s'arranger avec le président,
fiez-vous sur nous.
Le Président (M. Beaumier): D'accord. Alors, les membres
de la commission seraient intéressés à faire des remarques
préliminaires? Je pense qu'on pourrait déjà commencer.
Alors, M. le ministre du Travail.
Exposés préliminaires M. Raynald
Fréchette
M. Fréchette: Merci, M. le Président. Je ne suis
pas intervenu dans la courte discussion qui vient de se tenir quant à la
façon dont les travaux allaient être menés parce que,
voyez-vous, en ma qualité de "comparant", comme le disait le
député de Portneuf, je ne savais même pas si je pouvais le
faire. Quoi qu'il en soit, je vous signale, quant à moi, que ce dont on
vient de convenir me va parfaitement. Comme l'a aussi soulevé le
député de Portneuf, à partir des expériences du
passé, il me semble assez évident qu'on va pouvoir facilement
s'entendre.
M. le Président, permettez que ma remarque préliminaire
vous soit adressée à titre de félicitations pour la marque
de confiance qui vient de vous être faite par les membres de la
commission parlementaire de l'économie et du travail. Il s'agit d'un
vote unanime et je pense que ceux qui ont posé ce geste, M. le
Président, n'auront pas à le regretter. Je pourrais simplement
attirer
votre attention sur le fait que, si les activités de cette
commission doivent continuer au même rythme que celui qu'elle a connu
depuis un certain nombre de mois, vous devez, à toutes fins utiles,
tenir pour acquis que vous êtes locataire à temps plein du salon
rouge ou à peu près.
M. le Président, permettez que je procède d'abord à
présenter aux membres de la commission les fonctionnaires qui sont avec
moi à la table et qui sont là, évidemment, pour donner aux
membres de la commission tous les renseignements, toutes les informations qui
leur seront demandés. À mon extrême droite, Me Benoît
Belleau, qui est directeur du contentieux au ministère; M.
François Delorme, secrétaire général du
ministère; M. Rodrigue Desmeules qui est au service de l'administration;
M. Réjean Parent, qui est sous-ministre adjoint à la recherche et
à l'administration; M. Yvan Blain, le sous-ministre. À mon
extrême gauche: M. Pierre-Paul Morissette, qui est directeur du service
des décrets; M. Marcel Béliveau, qui est directeur du service de
la conciliation; M. Michel Sainte-Marie, qui est directeur
général des relations du travail; M. Robert Levac, qui est
commissaire général du travail et M. Raymond Désilets, le
sous-ministre adjoint aux relations du travail.
M. le Président, mes remarques préliminaires seront fort
brèves. Elles seront coupées, à peu près dans la
même proportion qu'a été coupé le temps
généralement consacré à l'étude des
crédits du ministère. Je me contenterai de rappeler rapidement
aux membres de la commission trois dossiers majeurs sur lesquels le
ministère du Travail, le ministre du Travail et les fonctionnaires ont
eu à travailler intensément au cours de la dernière
année.
C'est peut-être futile de rappeler à cette commission les
travaux qu'elle a menés depuis un certain nombre de mois dans le cadre
de l'étude de la loi 42 sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles. Je vais rappeler aux membres de la commission des choses
qu'ils savent déjà, puisque pour la plupart d'entre eux, sinon
tous les membres qui sont ici, ont participé aux travaux de cette
commission. Il est peut-être utile, cependant, de nous rappeler ensemble
qu'à l'étape de l'étude article par article de la loi 42,
nous avons mené des travaux qui ont duré - on le sait -à
peu près 135 heures.
Les informations qu'on nous a transmises - évidemment, c'est
toujours la curiosité qui nous amène à essayer d'obtenir
ce genre de renseignements - veulent qu'il s'agisse là d'une commission
qui a consacré la plus longue période de temps dans l'histoire
parlementaire législative pour l'étude article par article d'un
projet de loi. Ces longues heures, M. le Président, nous ont par
ailleurs permis d'introduire dans la loi pas moins de 330 amendements dont les
effets très clairs sont d'avoir bonifié, et de beaucoup, le
projet tel qu'il avait été préalablement
déposé au début. Ces amendements ont à ce point
bonifié le projet de loi qu'à un moment donné j'ai cru
qu'il pouvait peut-être faire l'unanimité mais, malheureusement,
je me suis trompé. Les membres de l'Opposition qui étaient
à la commission parlementaire, sauf le député de
Frontenac, malgré le travail intense qui a été fait et
malgré l'adoption de plus de 330 amendements, encore une fois, ont pris
la décision, que je ne conteste pas, que je ne discute pas non plus, de
ne pas souscrire et de ne pas retenir le projet de loi tel qu'il se retrouvait
après autant d'amendements.
Le député de Sainte-Marie me signale que s'il y en avait
eu trois ou quatre autres, peut-être bien que cela aurait
réglé le problème à cet égard. M. le
Président, je ne veux pas refaire le débat mais on va se
souvenir, pour ceux qui était là, que ce que suggérait le
député de Sainte-Marie ne pouvait pas être retenu comme
amendement. Ce qui fait que nous sommes maintenant arrivés à
l'étape du dépôt du rapport de la commission à
l'Assemblée nationale qui devra se faire dans les jours qui viennent.
Toute chose étant normale aussi, nous devrions dans les jours ou les
semaines qui viennent, entreprendre l'étude de la troisième
lecture ou de l'adoption de la loi. Si les dispositions qu'on y retrouve
actuellement devaient être retenues, cette loi devrait entrer en vigueur
le 19 août prochain. Je n'irai pas plus loin, M. le Président,
dans ce dossier spécifique de la loi 42. Mais il m'apparaissait
important et utile de faire ce court résumé à l'amorce de
l'étude des crédits du ministère.
L'autre dossier que je considère, quant à moi, majeur, qui
a fait l'objet de beaucoup de préoccupations du ministère, qui
continue d'ailleurs de faire des préoccupations, c'est celui qui
concerne le processus qui a été engagé aux fins d'arriver
à refondre l'actuel Code du travail, qui est là - vous le savez,
M. le Président - avec la plupart de ses dispositions depuis 1964, qui a
maintenant subi l'usure du temps en même temps que l'exercice des moyens
et des dispositions qu'on y retrouve. Il y a donc eu la mise sur pied ou la
formation de cette commission consultative sur le travail, dont le mandat
très explicite était à trois volets: Premièrement,
de procéder à des audiences autant régionales que
nationales, pour entendre tous les intervenants qui étaient
intéressés à lui soumettre des appréciations, des
recommandations ou des suggestions qui pourraient servir de base à cette
refonte du Code du travail. Dans le mandat spécifique de la commission
Beaudry, puisqu'on l'appelle communément comme cela, il y a trois lois
majeures du travail qui doivent faire l'objet de ces préoccupations:
Évidemment, en tête
de liste, on va le comprendre, le Code du travail lui-même;
deuxièmement, la Loi sur les décrets de convention collective,
qui, comme la Loi sur les accidents du travail, a un peu plus de 50 ans,
maintenant; finalement, la Loi sur les normes du travail. Il s'agit donc de
trois lois importantes sur lesquelles la commission Beaudry a le mandat
explicite et exprès de se pencher, de retenir encore une fois les
suggestions qui lui ont été soumises en vue de la
préparation et du dépôt d'un rapport. Première
étape donc de la commission Beaudry, ce sont ses audiences nationales et
régionales.
Il est important que l'on sache, M. le Président, que la
commission Beaudry, très précisément dans
l'exécution de cette première partie de son mandat, a entendu,
régionalement et nationalement, tout près de 300 mémoires,
qui lui sont venus, comme je viens de le dire, d'autant d'intervenants qui sont
des praticiens, si vous me passez l'expression, quasi quotidiens des lois du
travail et qui sont aussi - c'était là un des objectifs
fondamentaux - des intervenants qui, sans être des praticiens du droit du
travail, sans être impliqués quotidiennement dans
l'interprétation et l'application de ces lois, sont touchés d'une
façon ou d'une autre, parfois et plus souvent qu'autrement de
façon indirecte; mais ce sont des gens qui sont venus aussi expliquer
à la commission Beaudry comment ils voient nos lois du travail et des
amendements éventuels à l'ensemble de la législation.
La deuxième étape, c'est celle dans laquelle nous sommes
actuellement. Les cinq commissaires de la commission Beaudry sont actuellement
à procéder, à colliger, à retenir, à faire
l'évaluation des différentes propositions qui leur ont
été soumises, de faire un résumé de ces
propositions, d'en faire également un recueil pour que l'on sache
très précisément quelle est la nature des propositions qui
ont été faites par les intervenants et, finalement, M. le
Président, il restera à la commission Beaudry de prendre une
décision quant à la forme qui devra être retenue pour la
concertation des intervenants aux fins de tenter - et c'est à bon
escient que j'utilise le terme "tenter" - de dégager des consensus, s'il
en existe, à partir des recommandations ou des conclusions des quelque
300 mémoires dont je vous parlais tout à l'heure qui ont
été soumis à son appréciation. Finalement, la
dernière étape que devra franchir la commission Beaudry sera
celle de procéder à la remise de son rapport au gouvernement qui,
lui, devra par la suite prendre les décisions politiques qu'il jugera
indiquées et appropriées dans les circonstances. Le mandat de la
commission Beaudry devait normalement expirer à la fin du mois de mai
prochain, mais à la suite d'une demande qui a été
formulée par le président de la commission, appuyée en
cela unanimement par ses quatre commissaires, le mandat de la commission
Beaudry a été reconduit ou prolongé jusqu'à la fin
du mois de septembre qui est l'époque la plus indiquée, me
dit-on, pour la remise du rapport de la commission. (16 h 30)
Finalement, M. le Président - ce sera ma dernière remarque
- il y un autre champ d'activité au ministère du Travail qui a
retenu notre attention au cours de la dernière année. On va sans
doute deviner que je veux faire référence au secteur toujours
intéressant, toujours palpitant de la construction. Nous étions -
et c'était normal qu'on en parle plus souvent que dans une
période ordinaire - vous le savez, dans l'année de l'expiration
du décret qui tient lieu de convention collective. Il fallait
évidemment s'attendre que, compte tenu de cette situation, nous soyons
appelés à discuter et à évaluer de façon
plus spécifique le secteur de la construction. Tout cela nous a
amenés à la tenue de cette commission parlementaire, les 6, 7 et
8 août dernier, au cours de laquelle une bonne vingtaine d'organismes
intéressés au secteur de la construction et au
phénomène des relations du travail dans le secteur de la
construction sont venus expliquer aux parlementaires, à cette
occasion-là, quelle était leur évaluation et leur
perception de nos lois, de notre réglementation en cette matière
et qui ont également - c'était d'ailleurs tout à fait
indiqué de le faire -suggéré un nombre important de
changements qu'ils voudraient voir introduire à nos différentes
législations actuelles en matière, encore une fois, de
construction.
À la fin de cette commission. parlementaire, M. le
Président, j'avais immédiatement annoncé la formation d'un
groupe de travail formé de représentants des différents
ministères concernés par le secteur de la construction. Il est
peut-être important de vous signaler, M. le Président, que, dans
l'état actuel des choses, pas moins de dix ministères,
régies ou organismes ont un brin de juridiction en matière de
construction. À partir de cet état de fait, il était
important sinon péremptoire, de retrouver à l'intérieur de
ce groupe de travail autant d'intervenants qu'il y avait de juridictions pour
l'application des différentes lois ou des différents
règlements du secteur de la construction. Ce groupe de travail avait
comme mandat de retenir les suggestions qui avaient été faites
par les différents intervenants que nous avons entendus en commission
parlementaire et ensuite de soumettre le tout au ministre du Travail qui, lui,
s'engageait à enclencher un processus qui devait conduire à de la
législation qui aurait effectivement comme objectif de rajeunir en
quelque sorte l'ensemble de la législation en cette matière.
M. le Président, il m'apparaît important de vous signaler
que ce groupe
interministériel a effectivement rempli son mandat, qu'il l'a
rempli à l'intérieur du délai qui lui était imparti
et que le document de travail qui était utile pour arrêter des
avenues de suggestion a été remis à celui qui vous parle
pour le cheminement de décisions politiques.
Or, M. le Président, au début de la semaine prochaine, je
devrais avoir en main le document final qui procède des travaux de la
commission du mois d'août dernier, des travaux du groupe
interministériel dont je viens de vous parler et des décisions
préliminaires, plutôt d'observations préliminaires retenues
par le ministre du Travail aux fins de suggérer des amendements à
l'ensemble de nos lois dans le secteur de la construction, ce qui fait que
d'ici au maximum quinze jours, je serai en mesure de procéder, à
l'Assemblée nationale, au dépôt de ce document dont je
viens de vous parler et qui contiendra ce que j'appellerai, à ce
stade-ci, des suggestions quant aux changements qui pourraient intervenir dans
nos lois du travail dans le secteur de la construction. Ces suggestions
toucheront toutes les matières qui ont été
soulevées à cette commission parlementaire du mois d'août
dernier, autant, par exemple, le champ d'application de la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction que la
nécessité de procéder à une instance
habilitée à disposer des litiges en matière de
construction, enfin, tous les phénomènes ou les mécanismes
qui ont été soulevés par les intervenants en commission
parlementaire.
Au même moment où le dépôt se fera à
l'Assemblée nationale, le document sera également remis au
comité mixte de l'Office de la construction du Québec pour
évaluation, appréciation et commentaire de même qu'au
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre pour le même
exercice, après sans doute aussi une nouvelle discussion en commission
parlementaire, tout cela pour arriver à la préparation et au
dépôt d'un projet de loi dans ce secteur de la construction.
Voilà, M. le Président, rapidement trois dossiers que je
considère, encore une fois, d'importance majeure qui ont fait l'objet
des préoccupations du ministère du Travail au cours de la
dernière année et qui devraient, dans les trois cas, normalement
cheminer vers les objectifs qui ont prévalu lorsque les décisions
ont été prises de mettre tous ces wagons sur les rails.
Je veux, à ce stade-ci, me limiter à ces commentaires
d'ordre très général, j'en suis conscient, quitte, par la
suite, à aller dans plus de détails si c'était le souhait
et le désir des membres de la commission.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le ministre. La
parole est au député de
Portneuf et porte-parole de l'Opposition. M. Michel
Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Si l'exercice que
nous commençons aujourd'hui et qui se répète annuellement,
c'est-à-dire l'étude des crédits du ministère du
Travail ainsi que l'examen de l'administration du ministère depuis un
an, en était un de photographie, nous n'aurions nullement besoin de nous
réunir aujourd'hui. Il suffirait simplement de sortir la même
photographie que l'an dernier.
En effet, en avril 1984, lors de ma déclaration d'ouverture et
tout au long du débat entourant l'étude des crédits,
j'avais eu l'occasion d'invoquer de façon assez claire, à l'aide
d'exemples suffisamment éloquents, le manque de leadership du ministre
du Travail ainsi que l'absence de volonté politique de son gouvernement
à vouloir régler certains dossiers, ce qui fait que nous en
sommes encore au même point qu'à pareille date l'an dernier. Mais
l'obligation nous étant donnée de procéder à
l'adoption des crédits nécessaires aux fins de permettre le
fonctionnement administratif du ministère pour la prochaine année
financière, je profiterai de l'occasion qui m'est offerte aujourd'hui
pour établir le bilan des relations du travail sous le régime du
gouvernement dont le député de Sherbrooke est membre, soit le
gouvernement du Parti québécois.
Au niveau des relations du travail, voici un domaine dans lequel le
gouvernement péquiste promettait beaucoup avant son arrivée au
pouvoir. N'avait-on pas vu les ténors du futur gouvernement monter sur
les barricades, encourageant la surenchère politique des chefs
syndicaux, lors des affrontements avec le gouvernement, en 1976?
Lâchez-pas les gars! - disaient-ils. Voyez-vous, le Parti
québécois est un parti de gauche, d'inspiration
sociale-démocrate, il a un préjugé favorable à
l'endroit des syndicats et, puisqu'il connaît si bien le monde syndical,
il sera sûrement en mesure d'instaurer et de maintenir la paix sociale.
C'était avant le 15 novembre 1976, à l'époque des beaux
discours.
Après 1976, les beaux discours ont continué du moins
jusqu'au référendum. Le problème, toutefois, c'est que
l'action n'est pas venue, la volonté politique étant, à
toutes fins utiles, inexistante. Déjà, en mars 1977, lors du
premier message inaugural, te premier ministre, M. Lévesque, nous
disait: "II nous faudra sans doute, d'ici quelque temps, effectuer de profonds
changements dans le Code du travail. Ce n'est pas d'hier qu'on en ressent le
besoin de toute façon puisqu'on a même annoncé à
diverses reprises quelque chose comme une révision ou une refonte qui
n'est pas venue." René Lévesque, 8 mars 1977.
Depuis cette déclaration, plusieurs autres, à
l'intérieur de ce même gouvernement y sont allés en belles
paroles. M. Pierre-Marc Johnson, qui est nouvellement assermenté
ministre du Travail, déclarait -et c'est M. Johnson qui parle - "qu'il
voulait appliquer des principes de médecine préventive aux
relations du travail. Cette médecine préventive pourrait
justement commencer par la mise en place d'un Code du travail plus
approprié au contexte d'aujourd'hui dans le domaine des relations du
travail." Le Devoir, 18 juillet 1977.
Deux ans plus tard, le même ministre du Travail déclarait
encore "qu'il envisage maintenant la possibilité d'une réforme du
Code du travail, à compter de l'automne prochain." C'était dans
la Presse du 5 mai 1979.
Nous pourrions, M. le Président, continuer encore assez longtemps
cette litanie. Que s'est-il vraiment passé? En réalité, il
faut distinguer deux périodes qui sont bien contrastantes dans
l'attitude du gouvernement péquiste en regard des relations du travail
au Québec. Ces deux périodes, avec leurs excès, leurs
déséquilibres, leur rhétorique bien particulière,
illustrent fort bien le comportement ambigu, la démarche mal
assurée, l'incohérence profonde qui caractérisent l'action
du gouvernement du Parti québécois dans ce domaine, comme
malheureusement dans bien d'autres domaines.
Jusqu'au référendum, nous étions sous l'empire du
préjugé favorable. Le gouvernement péquiste se faisait
tout miel à l'endroit des chef syndicaux et des centrales. Son action
était manifestement guidée par des impératifs partisans,
dans une perspective de démarche référendaire. C'est ainsi
qu'il régla hors cour, pour 200 000 $, une poursuite de 30 000 000 $
relative au saccage de 1974 à la Baie-James. Il a fallu attendre
plusieurs années pour connaître le rôle du bureau du premier
ministre et d'autres détails de cette ténébreuse affaire
qu'on ne qualifie ni de près, ni de loin.
Plus tard, il s'attaqua à la réforme de notre
régime d'indemnisation des accidents du travail, promulgua une
législation antibriseurs de grève, continua à laisser
entrevoir la possibilité de légiférer en matière
d'accréditation multipatronale - on se le rappellera, cela a
traîné longtemps dans le décor, cela a été
repris, évoqué, signalé, souligné, etc. - et au
niveau des négociations sectorielles, évidemment, deux
éléments qui, du reste, apparaissent toujours au programme
politique du Parti québécois, mais qui n'ont pas fait l'objet de
législation, de proposition, d'avant-projet ou de quoi que ce soit de la
part du gouvernement.
Avec l'argent des contribuables, le gouvernement essaya d'acheter la
paix sociale et l'appui des centrales syndicales et des syndiqués en vue
du référendum de 1980. Il instaura une dynamique
financière qui, en période inflationniste, faisait grimper la
masse salariale de l'État à 15 % par année, cette masse
salariale qui représente 52 % de toutes les dépenses
budgétaires. C'était suicidaire au plan financier comme on l'a vu
un peu plus tard, après le référendum. (16 h 45)
Après ce référendum et surtout après
l'élection de 1981 où l'honorable député de
Sherbrooke est revenu à la politique passant de l'Union Nationale au
Parti québécois, il a été désigné
comme membre de ce gouvernement. Ce fut la période du réveil
brutal. On découvrait soudainement que le préjugé
favorable avait un prix dans une économie ouverte à la
concurrence comme celle du Québec. On découvrait que la limite
était dépassée en matière de finances publiques et
la rhétorique changea du tout au tout, particulièrement à
l'égard des syndicats du secteur public. Du jour au lendemain, les
employés du gouvernement découvraient qu'ils étaient
maintenant des enfants gâtés, des travailleurs peu productifs,
trop grassement payés. Les enseignants se faisant dire qu'ils
étaient trop vieux, etc. On se rappellera les commentaires qui ont
été formulés par les membres du gouvernement à
cette date.
Le gouvernement poussa aussi loin que de renier lui-même sa propre
signature en rappelant les augmentations déjà prévues aux
conventions collectives signées avant le référendum.
Évidemment, ce fut l'affrontement. Convaincu comme d'habitude qu'il
était le seul à avoir raison, le gouvernement du Parti
québécois n'hésita aucunement à imposer ses
conditions par décret puis à suspendre plusieurs libertés
fondamentales dans sa fameuse loi matraque de janvier 1982 à laquelle le
ministre a participé.
De tels affrontements rendent évidemment impossible tout dialogue
sérieux et toute démarche rationnelle vers l'établissement
d'un minimum de consensus social. Voilà pourquoi à la fin d'un
second mandat, ce gouvernement qui a perdu l'essentiel de sa
crédibilité se rabat aujourd'hui sur la formation de commissions
et de comités de toutes sortes dans l'espoir d'apaiser les
mécontents et, finalement, de gagner du temps. Autrefois, le
problème était peut-être en bonne partie du
côté des syndicats qui voulaient casser le système avec
l'encouragement du Parti québécois, on se le rappellera. Mais
aujourd'hui que les chefs syndicaux sont revenus à des positions
beaucoup plus responsables, beaucoup plus équilibrées, le
problème réside beaucoup plus maintenant du côté du
gouvernement du PQ.
Il y a d'abord eu la commission Chàtillon mise sur pied avec le
mandat très ambitieux d'examiner le Code du travail et
les lois connexes et dans le but de réformer l'ensemble de nos
lois du travail. Vaste entreprise qu'il aurait fallu entreprendre bien avant la
quatrième année d'un second mandat, M. le ministre. Cette
commission a connu de nombreux problèmes de départ, quelques
ratés; elle a dû changer de président pour ainsi devenir la
commission Beaudry. On a beau croire aux miracles, mais vous savez fort bien -
par surcroît vous avez déjà été membre d'une
équipe ministérielle entre 1966 et 1970 - que les grandes
réformes sont rarissimes en période
préélectorale.
Dans l'industrie de la construction, la loi maîtresse qui
régit les relations du travail de ce secteur a été
modifiée à 21 reprises depuis son adoption en 1968, sans avoir
été l'objet d'une révision ou encore d'une analyse
complète et exhaustive. Lors du renouvellement du décret, on a eu
à faire face une fois de plus à de sérieux
problèmes risquant de paralyser tout ce secteur d'activité. On se
le rappellera, on était ici autour de la table. Combien de fois les
députés libéraux ont demandé au gouvernement
d'apporter aux lois régissant l'industrie de la construction les
correctifs qui s'imposent, mais toujours sans réponse. Combien de fois
aussi avons-nous demandé de modifier le règlement de placement
dans l'industrie de la construction qui prête flanc et donne ouverture
à toutes sortes de discrimination entre les salariés
eux-mêmes. Combien de fois aussi avons-nous demandé à ce
gouvernement de modifier le règlement de placement et de revoir toute la
question du contingentement de la main-d'oeuvre dans le but, entre autres,
d'enrayer le travail au noir dans cette industrie. Le ministre ne pourra pas
nier qu'un pourcentage important des heures travaillées dans le domaine
de la construction est fait au noir.
Toujours rien de la part du ministre du Travail à part la
déclaration suivante qui a été faite en commission
parlementaire le 8 août dernier par celui-ci - c'est vous-même qui
parliez à ce moment-là: "J'annonce la création d'un
comité multidisciplinaire formé de représentants des
ministères de l'Habitation et de la Protection du consommateur, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et aussi,
évidemment, le ministère du Travail auquel s'adjoindront des
représentants d'organismes tels l'Office de la construction et la
Régie des entreprises en construction du Québec." C'était
à la commission permanente du travail, le 8 août 1984. Le
24 octobre dernier, à une question que je posais au ministre du Travail
concernant l'accès des jeunes à l'industrie de la construction,
vous me répondiez, M. le ministre: "Nous sommes le 24 octobre. Le 26
octobre, donc vendredi, l'Office de la construction sera saisi d'un projet
qu'il faudra analyser et pour lequel des avis seront donnés au ministre
responsable de l'application de la loi. Je signale cependant au
député de Portneuf que dans l'état actuel des choses, le
gouvernement, en vertu des dispositions de la loi, n'a pas d'autorité ou
de juridiction pour procéder à des modifications aux
règlements de placement. Si l'avis de l'office, je le dis très
clairement, est dans le sens qu'il ne faille pas procéder aux
modifications des règlements de placement, le gouvernement prendra ses
responsabilités en cette matière." C'est vous qui parliez,
là. "C'est donc le 26 octobre que l'office doit analyser la situation
et, dès lors que l'avis de l'office m'aura été transmis,
nous prendrons les décisions qui s'imposent." Le 26 octobre 1984. En
regard du ratio compagnon-apprenti, le ministre poursuivait: "Je sais
pertinemment aussi que la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu qui est responsable de l'application de cette
réglementation a déjà, au moment où on se parle,
des propositions très spécifiques à faire à cet
égard." De plus, M. le Président, le ministre affirmait: "Or, je
vais demander simplement au député de laisser le processus dont
je viens de parler jouer jusqu'à la limite et je vous signale qu'avant
que nous quittions, en décembre, il y aura des changements substantiels
aux dispositions réglementaires dont on vient de parler." Et il
réaffirmait encore plus loin, il péchait encore par excès:
"Avant que nous quittions en décembre, les changements dont on parle
seront effectués."
Il n'y a pas grand-chose à ce jour. Aujourd'hui, le ministre est
plus prudent, il nous dit: Dans deux semaines. Dans deux semaines, allons-y
voir. Avec tous les impératifs que la situation dans le domaine de la
construction et plus particulièrement au chapitre du placement, avec
tous les impératifs que la situation commande, vous comprendrez, M. le
Président, que j'exprime aujourd'hui ma surprise, mon inquiétude
et, finalement, mes regrets de voir que l'action du ministre du Travail a
été caractérisée par autant d'immobilisme et autant
de laisser-aller.
La Loi sur les décrets de convention collective qui existe depuis
1934, dont l'anniversaire a été célébré
l'automne dernier, et qui touchait ou touche plus de 143 000 travailleurs et
travailleuses pour les années 1983-1984, ne subit aucune transformation
substantielle depuis cette date, depuis 50 ans. Pourtant, le gouvernement
devrait savoir et le ministre du Travail devrait comprendre, entre autres,
à la lumière des représentations régulières
qui lui sont faites par les députés des deux côtés
de la Chambre, le ministre devrait comprendre, dis-je, que cette loi à
des carences. Parlons-en aux coiffeurs et aux coiffeuses actuellement, M. le
ministre, et vous aurez tût vite fait de constater qu'il y
a des problèmes très aigus comme suite de l'engagement qui
semblait unilatéral de la part de la ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, le 18 décembre dernier. D'ailleurs,
celle-ci nous promettait des modifications pour la fin janvier. Il semble que
rien n'a transpiré encore et on a surtout bien hâte de
connaître votre opinion comme ministre du Travail ou encore l'opinion de
M. Morissette, qui est directeur de ce service, sur ce projet de
"déréglementation" - entre guillemets - de l'industrie de la
coiffure et des effets d'une telle déréglementation sur les
autres décrets. On aimerait bien profiter du moment qu'on a aujourd'hui
de se réunir pour savoir qui assume le leadership, qui est
l'interlocuteur gouvernemental à qui on doit s'adresser pour faire des
représentations au niveau des décrets. Est-ce que c'est à
Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre ou à vous? À quelle enseigne
vous logez-vous, M. le ministre du Travail? On aura l'occasion d'ici à
20 heures d'y revenir.
Que dire maintenant de la réforme maintes fois promise des
relations du travail dans le secteur public et parapublic. Ici
également, on parle, on consulte, on promet, on va à la
pêche, on retire, on recule, on avance, on soumet, on émet des
hypothèses. La première phase des négociations a
débuté ou aurait dû débuter le 5 avril dernier, il y
a quelques jours seulement et rien ne nous certifie, encore une fois, que nous
ne nous retrouverons pas devant les mêmes difficultés que lors des
négociations précédentes.
M. le ministre du Travail, c'est regrettable, j'aimerais beaucoup mieux,
aujourd'hui, vous dire le contraire, mais je vous le dis bien ouvertement, bien
loyalement: On doit vous adresser un blâme sévère du fait
que vous avez été complètement absent du dossier de la
réforme du régime de négociations dans les secteurs public
et parapublic. Vous avez été écarté du débat
laissant toute la place au président du Conseil du trésor lorsque
ce n'est pas le premier ministre lui-même qui la prend.
Un ministre du Travail qui, par surcroît, de façon
conjoncturelle, voit l'ensemble des relations du travail dans le secteur
privé déféré à une commission dont le mandat
a, par surcroît, été ajouté. On serait normalement
en droit de s'attendre que le ministre du Travail profite de ce momentum
où il aurait un peu plus de disponibilité pour assumer le
leadership d'une équipe mise en place et dont les destinées
devraient être de réformer notre régime de
négociations et celui des secteurs public et parapublic.
Où étiez-vous comme ministre du Travail lors du conflit
à l'hôpital Saint-Ferdinand d'Halifax? Où étiez-vous
comme ministre du Travail lors du conflit à la
Sûreté du Québec? Vous étiez absent, laissant
à d'autres le soin de régler des problèmes de relations du
travail avec les conséquences qu'on connaît. Qu'il suffise de se
reporter au conflit à Saint-Ferdinand d'Halifax pour soutenir que le
règlement, en vertu duquel, à la dernière minute, des gens
quelque part sont intervenus pour mettre de côté la direction de
l'établissement, risque de créer des précédents qui
pourraient être préjudiciables a l'ensemble de l'économie
de nos relations de travail.
J'ai bien hâte, soit dit en passant, de vous entendre demain, M.
le ministre, quand du haut de votre chaire ministérielle vous aurez
l'occasion de nous informer de vos propositions relatives au conflit à
Marine, un conflit qui a duré trop longtemps, un conflit qui fait mal
à des travailleurs et à des travailleuses, qui fait mal à
une entreprise dans laquelle le gouvernement est actionnaire indirectement
à 65%, un conflit duquel il demeurera des séquelles dans cette
région-là pour plusieurs années, un conflit qui a fait
perdre beaucoup de capital financier à ses travailleurs et à sa
région, un conflit qui aura marqué tragiquement les relations du
travail dans cette région et ce, depuis longtemps.
Tout ce qui reste à régler, le gros du problème,
c'est la question des congédiements. Comment un syndicat comme celui de
la CSN là-bas n'est-il pas légitimé de soutenir de telles
propositions où une telle position en regard des congédiements?
À voir la façon dont le gouvernement, unilatéralement ou
presque, a réglé le conflit à Saint-Ferdinand d'Halifax et
encore dans ce conflit, que dire des déclarations qui ont
été faites, que ce soit par M. Biron, le ministre de l'Industrie
et du Commerce, par le ministre régional, M. Martel, alors que ce n'est
que tout récemment qu'on apprenait par la voix du premier ministre que
c'est vous qui étiez responsable de ce dossier, une fois de plus, on a
beau espérer, mais il faut tout de même un minimum de
réalisme. Il se fait tard. Vous en êtes à la
cinquième année de votre second mandat, dont le premier aura
duré cinq ans. Votre gouvernement, avec un taux d'insatisfaction de 62%
dans la population, avec les problèmes internes assez graves qui ont
failli ébranler les colonnes du temple, vous savez pertinemment que vous
n'avez plus la force d'imposer grand-chose à grand monde. Ce bilan qu'il
faut faire en matière de relations du travail du gouvernement du Parti
québécois, c'est que nous en sommes presque au même point
qu'il y a huit ans. L'ordre du jour des réformes est resté le
même. Notre Code du travail demeure désuet. La Loi sur les
décrets de convention collective se dégrade. L'industrie de la
construction continue d'être régie à la pièce. Vous
tentez de gagner du temps. Les relations du travail dans le secteur public
sont toujours au même point, sans garantie de la primauté
du droit des citoyens à la santé et à la
sécurité sur toute autre considération. Pour nous, les
huit ans de votre régime, cela représente huit ans de temps perdu
ou presque pour le Québec, entre autres, en matière de relations
du travail, (17 heures)
Le jugement est peut-être sévère. Il n'est
très certainement pas agréable à recevoir, j'essaie de me
mettre dans vos souliers. Cela ne doit pas être ce qu'il y a de plus le
"fun". Mais tout le monde est unanime à constater au Québec que
le ministère du Travail, particulièrement le ministre du Travail,
n'a pas assumé le leadership auquel il aurait pu se consacrer depuis
quelque temps. Je conviens et j'accepte que la commission parlementaire pour
étudier le projet de loi relatif au régime d'indemnisation de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail a pris
beaucoup de votre temps; beaucoup de capital humain de vos fonctionnaires a
dû être investi au regard de ce projet de loi. Mais cela n'excluait
pas, mais pas du tout, la possibilité que vous aviez, depuis avril 1984,
de voir, à défaut de régler le problème du Code du
travail, que vous avez acheminé sur ce qu'on peut appeler un "side
track", une voie d'évitement ou une voie dilatoire, vous auriez au moins
pu intervenir de façon plus radicale, plus forte, plus vigoureuse au
chapitre des décrets de convention collective de l'industrie de la
construction et des négociations dans les secteurs public et
parapublic.
Voilà, M. le Président, l'essentiel du commentaire initial
que j'avais à faire et je vous en remercie.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le
député de Portneuf et porte-parole de l'Opposition. M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, quant à moi, je n'ai
pas de commentaire préliminaire à faire. Je ne sais pas s'il y a
d'autres députés qui, à ce stade-ci, veulent intervenir
avec des commentaires préliminaires. Quant à moi, je serais
prêt, comme je l'avais annoncé, à poser un certain nombre
de questions.
M. Laurent Lavigne
M. Lavigne: M. le Président...
Le Président (M. Beaumier): Un instant! M. le
député de Beauharnois.
M. Lavigne: ...à la suite de la remarque faite par le
député de Sainte-Marie, je voudrais, avant de commencer
l'étude proprement dite des crédits, passer quelques
réflexions concernant les propos tenus par le député de
Portneuf.
Le député de Portneuf avait l'air de reprocher au ministre
que c'était une répétition de ce qu'il a entendu l'an
passé. Je peux vous dire que j'étais à l'étude des
crédits, l'an passé; je pourrais lui dire que ce que je viens
d'entendre de sa bouche, c'est aussi une répétition de ce qu'il a
dit l'an passé.
Une voix: Ah!
M. Pagé: À son action!
M. Lavigne: Ce que je veux vous dire, M. le
Président...
M. Pagé: Merci de la confirmation.
M. Lavigne: ...c'est que le député de Portneuf,
quand il nous dit qu'on ne consulte pas assez, il nous traite de dictateurs;
et, quand il trouve qu'on consulte trop, il dit qu'on manque de leadership. Je
pense que, finalement, quand on regarde ce que le gouvernement du Parti
québécois a fait depuis qu'il a pris le pouvoir en 1976, il a eu
un certain leadership, parce qu'on a quand même réglé, en
grande partie, l'attitude qu'avaient les gens sur les lignes de piquetage par
la loi 45, la loi contre les briseurs de grève. On a réglé
aussi, en grande partie, même si ce n'est pas complètement
réglé mais c'est en voie de l'être, ou en tout cas, on
améliore sûrement la situation dans le monde du travail, par la
venue de la loi 17, la Loi sur la santé et la sécurité du
travail. Tout dernièrement, M. le Président, je pense que ce
n'est pas d'avoir manqué de leadership que d'avoir entrepris
l'étude du projet de loi 42, avec toute la souplesse qu'on a connue du
ministre qui l'a piloté; je pense qu'avec ce dernier, ce n'est pas
manquer de leadership et, justement, c'est le contraire, que d'avoir
accepté de faire de la consultation auprès des organismes qui
étaient touchés par ce projet de loi, d'avoir accouché
d'une loi qui améliorera inévitablement le sort de nos
travailleurs. Quant au Code du travail, je pense que d'avoir institué
une commission, la commission Beaudry, pour justement consulter les gens... Si
on ne l'avait pas fait, on nous aurait peut-être traité de
dictateurs; si on avait décidé nous-mêmes, sans consulter
les gens qui sont touchés par ce genre de problème, je pense
qu'on aurait eu sûrement des reproches du député de
Portneuf. Mais là, on a décidé de consulter par le
truchement d'une commission, puis on nous dit qu'on manque de leadership. Mais,
en temps et lieu, quand la commission Beaudry nous remettra son rapport, nous
prendrons les décisions qui reviennent à un leadership.
Je voudrais aussi mentionner au député
de Portneuf que la modification au règlement de placement, s'il a
encore un peu de patience, je pense qu'elle devait être faite. Quand on
parle aux gens du monde de la construction, il ne serait pas question que ces
derniers acceptent qu'on retire complètement le règlement de
placement, même si cela a été le voeu du parti de
l'Opposition à plusieurs reprises, que ce soit par le truchement des
questions en Chambre ou par les interventions qu'il a faites dans les
différentes commissions parlementaires. Pendant longtemps, l'Opposition
nous demandait de retirer carrément le règlement de placement.
Par la suite, elle s'est rendue compte que ce règlement était
nécessaire et je pense qu'il est encore nécessaire. Si vous me
permettez l'expression, c'est peut-être un mal nécessaire, mais je
suis d'accord, jusqu'à un certain point, qu'il va y avoir des
modifications à apporter au règlement de placement et cela
devrait se faire incessamment.
Si on regarde très rapidement, et la presse en faisait
état il n'y a pas si longtemps, on titrait que, depuis seize ans, on n'a
jamais connu une période où on a eu un aussi faible taux de
grèves et de journées de travail perdues, si on compare, par
exemple, avec les années de vaches grasses qu'a connues le Parti
libéral du temps qu'il était au pouvoir par rapport aux huit ans
que nous venons de passer au pouvoir. Si on tient compte de la crise
économique que nous avons traversée, je pense que la performance,
au niveau des journées perdues et du nombre de grèves a
été nettement améliorée et c'est justement par une
consultation avec le monde du travail. Ce n'est pas en bousculant les choses,
mais c'est en s'assoyant avec les gens concernés et en essayant
d'établir des consensus qu'on arrive à régler beaucoup
plus de problèmes qu'en mettant les gens en prison.
La crise économique a été là, je pense que
tout le monde en convient, et quand les taux d'intérêt montent
à 22 %, cela ne peut pas faire autrement que d'avoir des influences sur
le monde économique et, par le fait même, sur le monde du travail
en augmentant, bien sûr, la tension dans les usines, un peu partout dans
les industries et, par le fait même, le chômage.
Je pense que c'étaient les quelques réflexions que je
voulais faire. Je ne voulais pas laisser passer tous les propos du
député de Portneuf sans réagir, mais je pense qu'on est en
commission parlementaire non pas pour s'envoyer des roches, mais pour essayer
de regarder le plus objectivement possible et avec le moins de partisanerie
possible. Ce qu'eux ont fait de bon, ils l'ont fait et je leur en accorde le
crédit; mais je pense que de regarder seulement ce que quelqu'un ou un
organisme peut faire de négatif, sans être capable de regarder,
avec un minimum d'objectivité, imbus de partisanerie, les
côtés positifs de l'autre côté de la clôture
qui est, en l'occurrence, nous, je pense que c'est manquer une bonne occasion
d'être correct et d'être juste. Donc, je ne dis pas cela pour
défendre le ministre du Travail, mais je pense que le ministre du
Travail a tout à gagner, particulièrement dans un monde aussi
difficile que celui du travail, à consulter et à essayer
d'établir des consensus plutôt que de maintenir des affrontements
et de l'agressivité. Je pense que c'est avec doigté que le
ministre a su le faire et il a su, par le fait même, adopter la loi 42
qui n'était pas une loi facile, ce qui a permis le fait qu'on ait
peut-être moins de grèves et moins de tensions.
Bien sûr, cela dit, M. le Président, tout n'est pas
parfait. Il y a encore des choses à améliorer, mais je ne suis
pas sûr que, si le député de Portneuf avait le loisir
d'être le ministre du Travail un jour ou l'autre, chose que je lui
souhaite honnêtement, il pourrait voir ce que c'est que d'être de
l'autre côté de la clôture, il pourrait voir qu'il y a
certains dossiers qui ne sont pas toujours faciles à régler et
que c'est toujours plus facile de critiquer que de poser des gestes concrets.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le
député de Beauharnois. On aurait terminé, si j'ai bien
compris, les remarques préliminaires. M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, comme je l'avais
annoncé au début des travaux de la commission, je voudrais faire
porter l'essentiel de mes questions sur la CSST, la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. Ce n'est pas parce que
les différents programmes du ministère du Travail sont sans
intérêt pour moi, au contraire, j'aurais aimé, entre autres
choses, avoir un bilan, une analyse du mécanisme qui a été
mis sur pied il y a quelques années par le ministère du Travail
en ce qui concerne l'arbitrage accéléré ou volontaire. Je
trouve que cela serait intéressant de suivre de près
l'évolution de ce mécanisme qui a été mis sur pied
et l'analyse qu'on peut en faire à l'interne par rapport aux
résultats envisageables à court terme.
Cependant, M. le Président, dans le cahier explicatif des
crédits...
M. Grégoire: M. le Président, juste avant que le
député de Sainte-Marie commence son exposé...
Le Président (M. Beaumier): Oui, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: ...est-ce que cela veut dire qu'en
commençant le programme 2, on a passé le programme 1, ou est-ce
qu'on peut
revenir? Je vois que l'équipe a changé. M. Bisaillon:
Non.
Le Président (M. Beaumier): Non, pas du tout. J'ai cru
comprendre qu'on pourrait convenir qu'on ne procéderait pas
nécessairement programme par programme, élément par
élément.
M. Grégoire: On va prendre le programme 2 d'abord,
très bien.
Le Président (M. Beaumier): Oui, dès que vous aurez
le droit de parole. Alors, le député de...
M. Grégoire: Voyant les équipes changer, je me suis
dit que les relations du travail, c'était peut-être fini.
M. Bisaillon: Cela commence, les relations du travail.
M. Fréchette: Non, on fonctionne...
Le Président (M. Beaumier): Un instant! M. le
député de Beauharnois.
M. Lavigne: Si j'ai bien compris, M. le Président, on va
revenir pour voter le tout après.
Le Président (M. Beaumier): Nous voterions l'ensemble
à la fin, d'accord? Alors, M. le député de
Sainte-Marie.
Aide financière à la Commission de la
santé et de la sécurité du travail
M. Bisaillon: Je disais, M. le Président, au moment
où, si gentiment, le député de Frontenac m'a interrompu,
que dans le cahier explicatif des crédits qui nous a été
remis par le ministre du Travail, au programme 2, tout ce qui apparatt,
finalement, comme renseignement pour les parlementaires, ce sont les sommes de
transfert, l'aide financière à la CSST, contrairement, par
exemple, au Conseil des services essentiels où on a une ventilation des
dépenses du Conseil des services essentiels.
Dans le cas de la CSST, et je comprends fort bien pourquoi, on n'a que
le seul renseignement du transfert de l'aide financière à la
CSST, sans pour autant avoir les chiffres qui correspondent aux dépenses
et au fonctionnement de la CSST. Il me semble que l'étude des
crédits... Je ne dis pas que c'est caché, je dis uniquement que
je comprends que ce ne soit pas nécessairement le bon moment, quoique je
mette en doute le fait qu'on ne puisse pas, au moment où on fait
l'étude des crédits, non seulement des ministères mais
aussi des organismes dont le ministre est parrain, avoir l'ensemble des
données dont on aurait besoin. Je remercie quand même le ministre
de permettre d'aller chercher les renseignements qui pourraient nous être
utiles concernant la CSST.
Pour ce qui est de l'aide financière apportée à la
CSST, M. le Président, dans les crédits, ce qu'on voit
apparaître en 1985-1986, c'est une somme de 5 418 100 $. Je vais laisser
le député de Viau traiter de l'ensemble de cette question.
J'aimerais cependant savoir de la part du ministre, étant donné
qu'en commission parlementaire, au moment de l'étude de la loi 42, cette
somme visait essentiellement à assumer les coûts de fonctionnement
de la commission d'appel en matière de lésions professionnelles,
cet amendement ayant été retiré par le ministre à
notre demande, si les sommes demeurent toujours les mêmes et si on a
plutôt prévu un transfert de ces sommes au ministère de la
Justice, puisque dans les crédits du ministère de la justice, je
n'ai vu aucune prévision en ce qui concerne la commission d'appel en
matière de lésions professionnelles. Pour ce qui est de la
comparaison entre la somme qui devrait apparaître en 1985-1986 par
rapport à celle qui était nécessaire en 1984-1985 pour les
frais d'inspection, je vais laisser le député de Viau faire toute
l'argumentation sur le sujet et poser toutes les questions pertinentes. Le
ministre sait fort bien que j'aimerais au moins savoir si, aux yeux de la CSST,
les prévisions des sommes d'argent nécessaires pour l'application
de la loi 17 quant à l'inspection sont supérieures à
celles qui étaient prévues pour 1984-1985, qui étaient de
l'ordre de 20 360 900 $.
Dans un autre ordre d'idée, M. le Président, j'ai cinq
questions à adresser à la CSST ou au ministre. Je vais les poser
en bloc et peut-être qu'on pourra me répondre par le suite.
Au niveau de la réadaptation, on a, dans le rapport annuel de la
CSST, les cas qui ont été traités, ceux qui ont
été réglés et ceux qui restent en suspens.
J'aimerais savoir de la part de la CSST quelles sont les sommes d'argent qui
ont été impliquées dans les "dossiers de
réadaptation" sous l'ancien régime. Quelles sont ses
prévisions quant à la rubrique réadaptation, en admettant
que la toi 42 soit adoptée avant décembre?
M. Fréchette: Je n'ai pas saisi le dernier bout de
phrase.
M. Bisaillon: Le président de la CSST aurait
souhaité voir adopter le projet de loi avant décembre, alors je
lui demande, en admettant que le projet de loi 42...
M. Fréchette: Ne commencez pas la chicane, cela allait
bien.
M. Bisaillon: ...soit voté tel qu'il a été
amendé en commission parlementaire, quelles sont les sommes
prévues, prévisibles, des coûts pour la CSST. Donc, la
comparaison entre les sommes effectivement dépensées dans
l'ancien régime et celles qui sont prévisibles dans le
régime qui est proposé par le projet de loi 42. (17 h 15)
Deuxièmement, j'aimerais connaître de la part du ministre
ou du président de la CSST la politique de la CSST quant aux voyages et
à la participation de membres de la CSST à des congrès
extérieurs? Quand je parle de l'extérieur, je parle à
l'extérieur du Québec. Autrement dit, est-ce qu'il existe une
politique quant à la participation de la CSST, dans un premier temps,
et, dans un deuxième temps, une fois que la participation de la CSST a
été endossée ou retenue, est-ce qu'il existe des
critères de dépenses et de rémunération des
personnes qui participent à ces congrès à
l'étranger? Dans le même ordre d'idée, j'aimerais savoir si
les sommes d'argent qui sont dépensées à la CSST pour le
perfectionnement, c'est-à-dire le développement des ressources
humaines, lors des voyages à l'extérieur sont
comptabilisées dans les frais de développement des ressources
humaines. On voit dans le rapport annuel de la CSST qu'il y a un
équivalent de 1,8 journée/personne/année attribué
au développement des ressources humaines. Je voudrais savoir si, en
termes de coûts, la participation de la CSST aux voyages à
l'extérieur est comptabilisée à l'intérieur de ces
sommes.
Quant aux voyages à l'extérieur et à la
participation aux congrès à l'étranger -l'étranger
comprenant les autres provinces canadiennes - est-ce qu'il y a eu une
évolution de cette participation durant les dernières
années à la CSST? Est-ce qu'on pourrait retracer par exemple les
sommes dépensées à cet égard il y a deux ans, l'an
dernier et ce que l'on prévoit pour l'année qui vient?
Troisièmement, s'il y a une telle politique, j'aimerais
connaître les critères qui font en sorte que la CSST décide
de ne pas participer ou de participer à une organisation à
l'étranger. C'était ma troisième question.
Première, réadaptation; deuxième, politique de voyages,
critères et évolution des sommes dépensées à
cet égard; troisième question, est-ce qu'on comprend ces sommes
dans les sommes attribuées au développement des ressources
humaines?
Ma quatrième question, c'est le coût de fonctionnement des
organismes décisionnels de la CSST. Si on se fie au rapport annuel de la
CSST, on voit qu'il y a un conseil d'administration prévu par la loi.
J'aimerais avoir le coût de fonctionnement du conseil d'administration,
avec une ventilation de ces coûts, c'est-à-dire ce que cela
comprend en termes de rémunération, de déplacements, de
sommes dépensées pour la tenue des assemblées, et les
mêmes types de renseignements, pour ce qu'on appelle le comité
administratif. Si je comprends bien le fonctionnement de la CSST, il y a
à l'intérieur du conseil d'administration des personnes qui sont
dégagées pour décider sur les choses les plus
quotidiennes, ou en tout cas sur les questions pour lesquelles elles ont
été mandatées par le conseil d'administration. Alors,
quels sont les coûts de fonctionnement de ce comité administratif,
avec la même ventilation, rémunération,
déplacements, coûts de fonctionnement. Suivant les réponses
que j'aurai, M. le Président, j'aurai peut-être une
dernière question à poser au président de la CSST par la
suite.
Le Président (M. Beaumier): Merci, M. le
député de Sainte-Marie. M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, M. le
député de Sainte-Marie met tout son menu sur la table du
même coup. Je voudrais simplement, quant à moi, aborder la
première des questions qu'il a soulevées pour ensuite, si vous me
le permettiez, demander au président de la commission de même
qu'au vice-président de l'un ou l'autre des services de répondre
plus spécifiquement à la demande de renseignements
formulée par le député de Sainte-Marie.
Le Président (M. Beaumier): M. le ministre, serait-il
possible que vous puissiez identifier pour nous les personnes qui vous
accompagnent?
M. Fréchette: Excusez-moi. J'ai oublié de faire
cette présentation. Alors, M. le Président, de la droite vers la
gauche, il y a M. Lionel Bernier, qui est vice-président à la
réparation, M. Jean-Louis Bertrand, qui est vice-président
à l'inspection et à la prévention; M. Paul-Émile
Boucher, qui est président à l'administration et le juge Robert
Sauvé, qui est président-directeur général de la
commission.
Le Président (M. Beaumier): Merci. M. Bisaillon:
...de gauche à droite?
M. Fréchette: J'ai dit de droite à gauche.
M. Bisaillon: De droite à gauche.
M. Fréchette: Voilà, je commence toujours par
cette... Pardon?
Le Président (M. Beaumier): Alors, M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, comme je vous le
signalais, le député de Sainte-Marie soumet cinq questions. Deux
ou troi3 ont de multiples volets. Je voudrais, quant à moi, soumettre
des observations quant à la première des questions du
député de Sainte-Marie, qui concerne les prévisions que
l'on retrouve dans ce document que vous avez en main, plus
spécifiquement à la page 18. Il y a une première chose que
je veux signaler, M. le Président. Il est évident que, lorsque
cette documentation a été préparée, nous n'avions
pas terminé nos travaux en commission parlementaire sur la loi 42. Donc,
la préparation de ces prévisions était faite à
partir des intentions qui étaient annoncées quant aux
dispositions que contenait la loi 42. Le député de Sainte-Marie
l'a soulevé, les travaux de cette commission parlementaire ont fait en
sorte que ce qui était des intentions ne s'est pas
concrétisé et la loi 42 a été adoptée sans
que, en aucune espèce de façon, il ne soit fait
référence à l'article 249 de la loi 17, qui est cet
article qui prévoit que le gouvernement doit assumer les coûts de
l'inspection. Cet article 249 de la loi 17 n'a donc pas été
amendé. Je me souviens fort bien qu'au moment où on a fait la
discussion, c'était l'objectif que visaient en particulier les membres
de l'Opposition et le député de Sainte-Marie aussi. Cet objectif
a été atteint. Je me souviens fort bien que le
député de Sainte-Marie en particulier m'a dit à ce
moment-là: Si l'intention gouvernementale doit demeurer ce que l'on en
sait maintenant, ce sera dans un autre forum ou dans une autre instance ou
alors au moment d'une autre discussion qu'il faudra faire cette
discussion-là. M. le Président, cela veut dire essentiellement
que, prenant la situation juridique telle qu'elle existe au moment où
l'on se parle, il est vrai que ce que l'on retrouve à la page 18 du
document dont je viens de parler n'est pas conforme à la situation
juridique telle qu'elle existe actuellement. C'est probablement aussi à
partir du même phénomène ou du même mécanisme
de la préparation de la documentation avant la mise au point de la loi
42 en commission parlementaire que les crédits du ministère de la
Justice ne font pas état de ce que devrait lui imposer la loi 42,
c'est-à-dire d'assumer les frais généraux de la commission
d'appel en matière de lésions professionnelles.
Quant aux autres aspects, M. le Président, comme je vous
l'indiquais il y a quelques instants, si vous me le permettiez, je demanderais
aux officiers de la commission de répondre en détail aux
questions que soumet le député de Sainte-Marie.
Le Président (M. Beaumier): Merci. M. Sauvé.
M. Sauvé (Robert): À la dernière question
que le député de Sainte-Marie a posée - je les prends dans
l'ordre inverse puisque j'ai sorti les documents dans cet ordre - sur le
coût de fonctionnement du conseil d'administration du 1er janvier 1984 au
31 décembre 1984, donc pour une période d'un an, nous
fonctionnons selon l'année de calendrier et non sur l'année
fiscale comme au gouvernement. Quant aux allocations au conseil
d'administration, les membres du conseil d'administration externe -
c'est-à-dire les quatorze personnes nommées, sept de la partie
patronale et sept de la partie syndicale - ont reçu 29 500,59 $.
Pourquoi cela? C'est qu'au mois d'août 1984, il y a des gens qui ont
été changés, cinq des douze membres ont été
changés à la suggestion des parties, ce qui fait que, par
exemple, une personne a pu recevoir 1666,70 $ et une autre, arrivant au mois
d'août, 666,68 $. Cela fait 29 500,59 $.
M. Bisaillon: Au total ou si...?
M. Sauvé: Au total pour les allocations. Chaque membre du
conseil d'administration reçoit une allocation annuelle de 2000 $ plus
des jetons de présence de 250 $ par jour de séance ou 125 $ par
demi-journée. Pour les jetons de présence, 34 625 $; pour les
frais de voyage...
M. Bisaillon: Au total toujours.
M. Sauvé: ...toujours. Écoutez, je pourrais...
M. Bisaillon: Cela va. C'est au total.
M. Sauvé: ...je ne veux pas vous dire combien M. Godbout,
M. Laberge, etc., vous a donné. Je peux vous le donner, je l'ai.
M. Bisaillon: Oui, le total.
M. Sauvé: Mais je vous donne le total. Les frais de
voyage, 10 791,42 $. Quant à la contribution de l'employeur, c'est que
les gens ont reçu un avis de cotisation du ministère du Revenu.
Alors, nous avons remboursé 3078 $ aux membres pour un grand total de 77
995,01 $. C'est le conseil d'administration comme tel. Il y a des
comités ad hoc. Vous savez que, quand il y a une question de
particulière importance, la politique du conseil d'administration est
d'avoir à former un comité ad hoc, normalement et
généralement de trois personnes de chaque côté,
l'une venant du conseil d'administration et deux autres nommées par la
partie patronale et la partie syndicale qui sont censées être des
experts. Chaque comité ad hoc est présidé par un
vice-président suivant sa juridiction et jamais le P.-D.G. ou les VP ne
reçoivent des jetons
de présence.
Alors, les jetons de présence pour les différents
comités ad hoc, toujours pour la même période, M. le
député de Sainte-Marie, du 1er janvier au 31 décembre
1984, 14 750 $, et les frais de voyage, 1161,70 $, la contribution des
employeurs, 708 $ pour un grand total...
M. Bisaillon: Excusez, M. le juge, le deuxième chiffre que
vous m'avez donné...
M. Sauvé: Frais de voyage, 1161,70 $, 708 $ de
contribution à l'impôt pour un grand total de 16 619,70 $. Alors,
cela veut donc dire pour l'ensemble du fonctionnement des 35 comités ad
hoc plus le conseil d'administration, cela fait 94 500 $ en gros. Non pas au
cent près. Je pense que cela répond à votre question.
M. Bisaillon: Oui, pour le comité administratif
maintenant.
M. Sauvé: Le comité administratif, c'est le
même principe. Il n'y a pas de jetons, l'allocation est comprise dans
l'allocation annuelle. Ils n'ont pas une deuxième allocation et 250 $
par session. Il n'y a évidemment pas de frais de voyage parce que les
deux, M. Laberge et M. Dufour, sont à Montréal. II y a juste le
nombre de séances - je n'ai malheureusement pas cela - c'est douze fois
à peu près... C'est 5000 $ par année à peu
près, en gros.
M. Bisaillon: Avez-vous calculé à partir du nombre
de réunions de ce comité administratif?
M. Sauvé: C'est cela.
M. Bisaillon: M. le Président, si je pouvais me
permettre... M. Sauvé vient de nous donner les chiffres globaux, ce qui
répond à la question que j'avais posée. Par ailleurs, il
nous a indiqué qu'il avait le détail de chacune de ces
dépenses. Je trouverais inutile de les faire donner verbalement à
la commission, mais si M. Sauvé n'avait pas d'objection,
j'apprécierais, quant à moi, qu'on puisse les recevoir
ultérieurement.
M. Sauvé: D'accord.
Le Président (M. Beaumier): À ce moment-là,
excusez, M. Sauvé...
M. Sauvé: La deuxième question...
Le Président (M. Beaumier): ...vous pourrez faire parvenir
les documents demandés au secrétariat de la commission.
M. Sauvé: Avec plaisir, pour 1984.
Le Président (M. Beaumier): Merci.
M. Sauvé: La deuxième question ou la
troisième était sur la politique des frais de voyage, des
congrès, etc. Nous poursuivons, quant aux voyages a l'extérieur
du Québec, la même politique que le Conseil du trésor. Cela
s'appelle la directive no 1079 qui a été amendée un
certain nombre de fois et qui se réfère à la loi, au
chapitre A-6, Loi sur l'administration financière. Nous suivons
exactement les mêmes conditions pour les frais de voyage. (17 h 30)
M. Bisaillon: Quant aux critères de
rémunération...
M. Sauvé: ...quant aux critères de remboursement de
dépenses, je pense que c'est important. Au départ, on suit
exactement les mêmes politiques. Maintenant, ce qui vous
intéresse, je pense, c'est notre politique de décision.
M. Bisaillon: De décision.
M. Sauvé: Nous avons, comme vous le savez, trois grands
champs chez nous: il y a la prévention-inspection, la réparation
et l'administration. Lorsqu'il s'agit de la prévention-inspection, je
dirais qu'il y a trois grands organismes ou trois grands endroits où
nous envoyons du monde quand il s'agit de médecine du travail. La
médecine du travail, c'est ordinairement - mon collègue de
prévention-inspection me corrigera - rattaché au BIT, donc en
Europe. Quand il s'agit d'hygiène, la grande association
d'hygiène industrielle est américaine. Nous avons un
troisième groupe, qui est ce qu'on appelle la normalisation, les normes
de l'ACNOR pancanadiennes, auxquelles nous devons participer, je pense, pour
des fins de normalisation utiles a tout le monde. Ça, c'est en gros pour
la prévention-inspection. Normalement, nous envoyons pour les
États-Unis et pour ACNOR une personne provenant des régions et
une personne de la direction; en gros, nous envoyons deux personnes, et ce
n'est pas compris dans les frais de perfectionnement.
M. Bisaillon: Cela répond à l'autre question que
j'avais.
M. Sauvé: C'est ça. Quand il s'agit de la
réparation, les gen3 de la réparation participent à des
congrès de réadaptation, soit sur le plan canadien ou sur le plan
international. Voici un exemple. Je pense que, dans un des rapports que vous
avez, M. Giasson est allé à un congrès international au
Portugal sur la réadaptation. Si mon souvenir est bon, il était
seul. Nous avons comme politique d'en envoyer deux parce que, très
souvent, au Canada et aux États-
Unis il y a des problèmes de langues; c'est pour être bien
certain que tout se fait dans l'ordre. Toujours là, cela ne va pas dans
le perfectionnement.
Quant à l'administration, je pense que le seul secteur où
les gens participent à des congrès américains ou
internationaux, c'est aux systèmes, l'informatique. Là encore,
nous envoyons deux personnes. Maintenant, si vous voulez savoir s'il y a une
politique générale, ça ne fonctionne pas comme cela. Nous
regardons le programme du congrès. S'il y a un mérite quelconque
à envoyer quelqu'un là, ce n'est pas sur une base de
récompense, c'est sur une base d'efficacité. Vous pouvez voir
que, dans l'ensemble des voyages de l'année, il y a très peu de
gens qui sont sortis. Je pense que vous avez un document à cet
effet-là. J'espère avoir répondu, M. le
député de Sainte-Marie...
M. Bisaillon: Quelle a été l'évolution de ce
type de participation, l'année précédente, l'année
dernière, et qu'est-ce que vous prévoyez dans l'année qui
vient?
M. Sauvé: On ne prévoit pas de changement majeur
dans la prévention-inspection, parce qu'on participe toujours au
congrès américain d'hygiène et on y a un
intérêt très important; en 1987, nous serons l'hôte,
à Montréal, de ce congrès qui réunit 6000
congressistes. Nous participons au congrès mondial de la médecine
du travail, parce qu'en 1990, nous recevrons 3000 spécialistes de la
médecine du travail, encore à Montréal. Donc, on ne fait
pas de changement dans ce cas-là parce que ça, c'est à
tous les trois ans, et l'hygiène, c'est à tous les ans. Sur le
plan de l'ACNOR, cela se maintient à longueur d'année, ce sont
les différents organismes gouvernementaux, paragouvernementaux et de
l'industrie qui se réunissent à l'occasion à Toronto,
à Vancouver.
Sur le plan de la réparation, on participe principalement
à des congrès de réadaptation lorsqu'ils sont valables et
sur le plan des systèmes, il s'agit pour nos gens, comme nous sommes
à la fine pointe, de nous tenir à la fine pointe. On se tient
à jour là-dessus, mais on ne prévoit pas d'augmentation.
Notre budget de 1985 ne prévoit pas d'augmentation.
M. Bisaillon: Vous m'avez dit tantôt que les remboursements
des dépenses correspondaient à la politique émise par le
Conseil du trésor là-dessus. Est-ce qu'il y a des
différences entre les fonctionnaires de la CSST et les membres du
conseil d'administration de la CSST? Est-ce que cela suit des normes
différentes?
M. Sauvé: Oui. Il y a deux normes, comme vous le savez.
Pour les professionnels et les fonctionnaires, il y a une norme. Quand un
professionnel accompagne un sous-ministre ou un ministre, il y a une norme
supérieure. Les gens du conseil d'administration ont les mêmes
normes que les sous-ministres.
M. Bisaillon: C'est ce qui justifierait des dépenses assez
différentes, finalement. Vous avez fait référence
tantôt au voyage que M. Giasson a fait au congrès mondial de la
réhabilitation internationale; cela durait cinq jours. Si on pense aux
déplacements, on peut facilement penser que c'était plus que sept
jours, que cela a dû durer neuf ou dix jours, pour un coût total de
1934 $...
M. Sauvé: C'est raisonnable.
M. Bisaillon: ...ce qui me semble relativement normal.
Par ailleurs, quand je vois que M. le président voyage aussi,
là il me semble que les normes sont tout à fait
différentes. Si je prends votre voyage en Irlande, pour une durée
de deux semaines...
M. Sauvé: Deux semaines.
M. Bisaillon: Ce n'est pas mal, cela, deux semaines; 6666 $ pour
le vice-président, 6390 $ pour le président - le
vice-président dépensait plus, si j'ai bien compris: - et Mme
Kerjean - je pense qu'elle est également vice-présidente...
M. Sauvé: Adjointe du président.
M. Bisaillon: ...adjointe du président, 5344 $. Si j'en
prends un autre, à Linz, en Allemagne, du 17 au 19 octobre, trois jours,
c'est moins que le voyage de M. Giasson, cela pourrait être un bon point
de comparaison, MM. Dufour, Laberge et Sauvé - j'aurais aimé cela
être dans le train - des sommes respectivement de 4386 $, 4721 $ et 5308
$, pour un total de 14 412 $, trois jours pour deux personnes.
M. Sauvé: Ce n'est pas tout à fait juste. Alors, je
me permets de vous expliquer les grandes différences. Quand il s'est agi
du congrès de Dublin, nous avons décidé malheureusement
à la dernière minute d'y participer. Nous étions
logés, si on se compare ici au Québec, à
l'équivalence de Mirabel par rapport au congrès qui se tenait au
centre-ville de Montréal, ce qui nous a occasionné beaucoup de
dépenses de transport. Deuxièmement, nous étions là
pour faire de la vente pour obtenir le congrès de 1990, ce que nous
avons obtenu. Alors, nous avons dû faire des frais de location
d'équipement sur place, etc., qu'on a mis dans nos frais de voyage.
Malheureusement, cela donne l'impression qu'on a dépensé
beaucoup. On aurait aimé faire le voyage que vous avez
présumé.
Quand il s'agit de l'Allemagne et de l'Autriche, nous étions
partis six jours. Là encore, vous savez que pour un voyage en Europe,
les billets d'avion, si vous les prenez pour moins de quatorze jours - vous
avez fait cela déjà - c'est beaucoup plus coûteux que
lorsque vous les prenez pour plus de quatorze jours. Nous avons fait trois
villes en Allemagne et deux en Autriche, c'est ce qui explique les frais de
déplacement. Ce sont principalement des frais de déplacement. Mes
deux collègues, MM. Dufour et Laberge, ainsi que moi-même, si nous
avions fait notre compte de dépenses suivant les normes
gouvernementales, cela aurait coûté plus cher que ce qu'on a
demandé comme frais réels.
M. Bisaillon: Donc, on doit comprendre qu'il y a des causes
particulières qui justifient la différence de montant. Ce ne sont
donc pas les différences de...
M. Sauvé; De normes.
M. Bisaillon: ...normes entre celles de sous-ministre et celles
qui s'appliquent à un directeur de service. Mais est-ce que cela
pourrait aussi se justifier si on prenait comme exemple le voyage en Alberta,
à Edmonton, du 22 au 25 juillet, 2302 $. Si je compare avec, je ne sais
pas, n'importe lequel car, celui de M. Talbot, à Edmonton, en Alberta,
du 22 au 25 juillet, pour la même période, 1142 $, cela fait une
bonne différence, il me semble...
M. Sauvé: Oui.
M. Bisaillon: ...entre un sous-ministre et un directeur de
service.
M. Sauvé: Là encore, il y a malheureusement une
raison qui ne me plaît pas beaucoup, mais chaque président de
commission a une suite qui est louée par l'organisation provinciale,
c'est automatique. Alors, comme je ne suis pas fumeur, vous pouvez voir que
cela me plaît beaucoup parce qu'il y a une suite et quand j'arrive pour
me coucher cela sent le beau diable et je suis obligé de payer les frais
supplémentaires. Ce sont les frais de la chambre, c'est tout. Au lieu
d'avoir une chambre de 80 $, j'ai une chambre de 150 $, mais cela ne m'avantage
pas. Et c'est une décision...
M. Bisaillon: Alors, quand on est non fumeur, vaut mieux
être sous-ministre que directeur d'un service.
M. Sauvé: C'est sûr. C'est une décision que
l'association canadienne a prise pour chaque président parce qu'il y a
des réunions qui se font dans sa suite. J'aimerais mieux qu'elle loue
une salle de réunion pour tout le monde et j'aimerais mieux participer
aux frais de la salle de réunion.
M. Bisaillon: Une dernière question, M. le
Président, et j'aurai terminé par la suite, c'est concernant le
développement des ressources humaines. Le dernier rapport annuel
démontre une utilisation de 1,8 journée-personne. La formation du
personnel, son ressourcement, son perfectionnement, c'est un facteur important
dans une organisation. Compte tenu du fait qu'il y a un gel des ressources de
plus en plus dans l'administration publique, est-ce que la CSST compte
dépenser davantage en termes de développement de ses ressources
humaines? S'il y a une augmentation l'an prochain, est-ce que cela ne pourra
être attribuable qu'à l'application ou à la mise en
application d'une nouvelle loi?
M. Sauvé: De la nouvelle loi. Je ne peux pas vous
répondre à cela parce que vous avez des souhaits et on a des
souhaits, c'est-à-dire qu'on prévoira les sommes. C'est
évident que nous devrons faire de la formation supplémentaire
pour les gens de la réparation en particulier, comme on l'avait fait
lors de l'adoption de la Loi sur la santé et la sécurité
du travail, particulièrement du côté des inspecteurs
où on avait consacré, au départ, 20 jours de formation
à tous les gens qui arrivaient des différents ministères
et organismes et de l'OCQ pour pouvoir comprendre la nouvelle loi et leurs
nouveaux pouvoirs.
M. Bisaillon: Mais ces programmes de formation dont vous parlez
ne sont pas déjà sur cassettes?
M. Sauvé: Nous écoutons la musique, comme vous,
mais ce n'est pas avancé.
M. Bisaillon: Un dernier commentaire, M. le Président.
Pendant les travaux de la commission sur l'étude du projet de loi 42, on
a tenté d'obtenir, de la part du ministre du Travail, la
possibilité de visionner les cassettes préparées par la
CSST en prévision de la loi 42, ce à quoi le ministre du Travail
nous a toujours répondu qu'il n'était pas responsable du
fonctionnement de la CSST et qu'il faudrait s'adresser au président de
la CSST pour pouvoir visionner un jour ces cassettes. Maintenant qu'on a
l'occasion d'avoir le président de la CSST devant nous, est-ce qu'on
pourrait lui demander si ce que le ministre du Travail nous a constamment
refusé nous sera accordé enfin par le président de la
CSST?
M. Sauvé: Vous aurez, je pense, beaucoup de
difficultés puisque ces cassettes
ne sont plus à jour étant donné qu'il y a eu des
amendements. Je voudrais juste attirer votre attention sur un point: c'est
moins coûteux et plus efficace de faire des cassettes que de faire des
tournées régionales. Premièrement, mes collègues le
savent également, lorsque nous faisons le tour des douze bureaux
régionaux, c'est coûteux et, en bon français, "time
consuming", cela prend beaucoup de temps. Faire une cassette que nous pouvons
donner au directeur du service pour explication, c'est très efficace et
moins coûteux.
Alors, nous avons décidé depuis longtemps à la
commission, quand on fait de la formation rapide, d'utiliser les cassettes.
Quand elles sont à jour, nous les utilisons; quand elles ne sont plus
à jour, nous les détruisons.
M. Bïsaillon: Vous avez compris, M. le Président, que
ce n'était pas sur le moyen utilisé qu'on questionnait le
président de la CSST, c'était beaucoup plus sur le moment
où il voulait les utiliser.
Le Président (M. Beaumïer): Je constate que vous avez
compris, M. le député, et je vous en remercie. M. le
député de Viau.
M. Cusano: Merci, M. le Président. Avant de passer aux
questions, je remarque que dans la salle il y a des gens qui ont
participé avec nous au marathon du projet de loi 42, qui a duré
135 heures et demie, je crois, et au cours duquel on a adopté 383
amendements. Je ne veux pas contrarier le ministre, mais il me semble que ce
n'est pas 350 mais 383. Je ne sais pas s'il y en a quelques-uns qui souhaitent
le voir débarquer, mais... (17 h 45)
Une voix: Ce n'est pas 50 de plus ou de moins qui va faire la
différence.
M. Cusano: ...qui va faire la différence. Je peux assurer
les gens qui ont passé ces 135 heures avec nous que ce n'est pas
l'intention de l'Opposition aujourd'hui ou dans les jours à venir de
prendre 135 heures pour étudier des crédits. On va se limiter
à une trentaine de minutes, je l'espère.
Ma première question porte sur l'inspection à la CSST: son
financement, les rapports du gouvernement. Maintenant, nous en avons
discuté longuement lors de la proposition d'amendement que le ministre
apportait, je pense que c'était vers l'article 418.1. C'est bien cela M.
le député? À la suite des arguments de l'Opposition, le
ministre a décidé de retirer cet amendement. Alors, cela veut
dire que l'article 249 de la Loi 17 demeure tel quel: il n'est pas
amendé, il n'y a pas de proposition d'amendement, que je sache, par
l'entremise d'un projet de loi omnibus. En faisant la lecture des
crédits de l'année dernière, la même question se
posait sur le montant que le gouvernement était prêt à
verser à la CSST. Je me permets de citer le ministre, et de lui demander
s'il est encore du même avis que le 10 mai 1983 lorsqu'il disait à
la suite d'une réévaluation qu'il avait faite, il avait pris la
décision de revenir au statu quo ante. Il a alors réajusté
les montants pour cette subvention. Il disait, de plus, qu'il y avait une loi
et qu'il avait l'intention de la respecter. Je voudrais demander au ministre -
et je m'attendais, dans ses remarques préliminaires justement, qu'il
nous annonce que le montant de la subvention aurait été
amené au statu quo ante - quelles sont ses intentions sur la subvention
qui est accordée à la CSST.
Le Président (M. Beaumier): M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, il m'apparaissait
que la décision qui a été prise en commission
parlementaire de retirer cet amendement à l'article 418.1 du projet de
loi 42 était suffisamment claire pour que mes intentions - comme le dit
le député de Viau - soient tout aussi claires. Comme il l'a
souligné dans ses remarques, l'article 249 de la Loi 17 n'a pas
été amendé, comme c'était préalablement
l'intention. Ce qui fait - et je l'ai dit tout à l'heure au
député de Sainte-Marie - que l'état actuel des choses fait
que nous sommes dans le statu quo. Et si mon intention n'avait pas
été d'arriver à cette conclusion, peut-être
serions-nous encore en commission parlementaire sur la loi 42, mais l'article
418.1 serait resté ce qu'il était, tel qu'il a été
annoncé. Je pense, M. le Président, encore une fois, que la seule
décision qui a été prise en commission parlementaire est
suffisamment claire pour répondre à la question du
député de Viau.
M. Cusano: Alors, quel serait le montant qui va être
accordé cette année?
M. Fréchette: M. le Président, le chiffre auquel
réfère le député de Viau est de 22 000 118 $, tel
qu'évalué par le Conseil du trésor. Je dois signaler au
député de Viau que l'état actuel de la situation,
l'état actuel des dossiers nous amène à cette
conclusion-là.
M. Cusano: Est-ce que les estimations de la CSST, en ce qui a
trait à l'inspection, concordent avec l'estimation faite par le Conseil
du trésor?
M. Fréchette: Cela concorde effectivement, M. le
Président, et il est peut-être utile de signaler que, pour le
dernier exercice financier, du montant qui avait été
accordé à la commission de la
santé et de la sécurité pour les fins d'inspection,
un million de dollars de cette somme ont servi à des fins de recherche
et un autre million, on me corrigera si je fais erreur, à des fins de
formation, tout le reste étant exclusivement et expressément
consacré à l'inspection.
M. Cusano: C'est bien. Sur une question qui toucherait les
communications, le député de Sainte-Marie a parlé des
vidéocassettes, nous en avons parlé en commission parlementaire
et je voudrais rectifier certains commentaires du juge Sauvé, lorsqu'il
a parlé de l'efficacité de communication de
vidéocassettes. C'est jamais sur cela que les membres de l'Opposition
ont posé des questions. C'était sur le fait, de la part de la
CSST, de produire des vidéocassettes ou d'autres moyens de communication
sur un projet de loi qui n'avait pas encore été adopté ici
par l'Assemblée nationale. C'était cela notre objection et non
sur l'efficacité des vidéocassettes.
Pour justement parler de ces vidéocassettes, est-ce qu'on
pourrait me dire, à ce moment-ci, combien d'heures ont été
utilisées pour la préparation de vidéocassettes ou autres
moyens de communication pour publiciser le projet de loi 42 dans sa forme
originale?
M. Sauvé: M. le Président, à mon tour, je
voudrais faire une petite correction. Il ne s'agissait pas de publiciser le
projet de loi, il s'agissait de l'expliquer à des gens qui auraient
à l'appliquer, et d'essayer de prendre les moyens de former nos gens
pour ne pas qu'ils soient mal pris si la loi avait été
adoptée rapidement.
Pour l'ensemble des cassettes, du tournage et des copies des cassettes,
le tout a coûté la somme de 12 247,69 $.
M. Cusano: Est-ce que les heures ont été
comptabilisées?
M. Sauvé: Je n'ai pas compté le nombre d'heures de
M. Bernier. Je compte le coût du tournage. Autrement dit, l'équipe
qui a fait cela, la production, le nombre de cassettes qui ont
été reproduites, sauf le temps de M. Bernier: 12 247,69 $. On
peut voir que c'était... Il y avait quatre cassettes à six
copies.
M. Cusano: Est-ce qu'il y a eu d'autres documents qui ont
été produits?
M. Sauvé: Non, aucun.
M. Cusano: Aucun autre document.
Dans le domaine des communications en général, quel est
votre budget, vos dépenses...
M. Sauvé: La politique?
M. Cusano: ...pour les communications, sur les opérations
en général de la CSST? Vous avez des brochures que vous
communiquez en plusieurs langues, ainsi de suite, alors...
M. Sauvé: Exact. Je...
M. Cusano: ...je ne me reporte pas à 1983, je voudrais
savoir pour 1984, parce qu'on n'a pas le rapport annuel encore.
M. Sauvé: Oui. Comme vous savez, chaque fois que nous
produisons un document, nous faisons au début de l'année un appel
d'offres et nous retenons les six plus bas. Nous appelons, quand nous publions,
par exemple, le rapport annuel - vous allez lire cela dans vos documents -
quand nous publions le journal de la CSST, quand nous publions des brochures en
plusieurs langues, et, pour un total de 1 035 000 $, y compris les lois.
Nous avons une politique adoptée par le conseil d'administration
qu'un règlement doit se vendre 1 $. L'éditeur les vend plus cher.
Il vend la loi santé et sécurité... le projet de loi 42,
si mon souvenir est bon, se vendait 7,50 $, et le conseil d'administration a
demandé que nous le vendions 2 $. Alors nous assumons, par le budget des
communications, la différence entre 2 $ et 7,50 $ pour les gens qui
demandent le projet de loi santé et sécurité. Si on a bien
lu la loi santé et sécurité, on parle fréquemment
de formation et d'information, et il nous apparaît normal que les gens
puissent obtenir des copies de la loi et des règlements. Nous faisons un
certain nombre de publications, le tout, pour un total de 1 035 000 $.
M. Cusano: Dans le domaine de l'informatique on a appris, lors
des travaux de la commission parlementaire sur le projet de loi 42, que
certains établissements de santé et même certains
employeurs avaient la possibilité d'être liés au
système central de la CSST. Est-ce qu'on pourrait nous dire, à ce
moment-ci, combien d'institutions et combien d'employeurs sont liés
à la CSST?
M. Sauvé: II y a les 32 DSC avec qui nous sommes
forcément en contact, les onze associations sectorielles qui sont au
monde présentement et 51 employeurs, je pense, plus un projet pilote de
liens électroniques avec l'hôpital de Chicoutimi pour la
physiothérapie. En gros, je ne pense pas oublier les liens
électroniques. Parmi les employeurs, il y a un projet pilote avec
Bombardier, à titre d'exemple, où nous pourrions
immédiatement saisir le rapport d'accident de façon à en
accélérer le traitement. Le but de l'exercice, c'est
d'accélérer le traitement. Je dois dire de tout cela que
c'est payé par les usagers. On ne paie rien de cela. C'est un service
que nous offrons. Les gens s'équipent d'écrans et paient les
frais des lignes téléphoniques et les coûts de
transaction.
M. Cusano: L'équipement que vous avez en place est un
équipement qui est définitivement compatible avec
l'équipement que vous avez à la centrale. Est-ce que ces usagers,
ces institutions, ces employeurs, doivent acheter ou louer cet
équipement de la CSST ou du fournisseur?
M. Sauvé: Du fournisseur. C'est volontaire, M. le
député de Viau.
M. Cusano: Est-ce que vous avez une équipe qui fait la
promotion de ces équipements?
M. Sauvé: Oui, parce que pour nous, c'est avantageux. Il y
a une association d'usagers des liaisons électroniques. Les 50
employeurs se réunissent à l'occasion et invitent nos gens des
systèmes. Effectivement, je pense qu'il y a une réunion à
la fin du mois d'avril, où les usagers rencontreront l'équipe des
systèmes qui s'occupe de cela pour voir ce qu'il y a à
améliorer, à changer, à modifier, etc.
M. Cusano: Cette équipe est composée de combien de
personnes?
M. Sauvé: Deux ou trois personnes.
M. Cusanoi Est-ce que l'institution ou...
M. Sauvé: Elle ne fait pas exclusivement cela, je veux
dire c'est...
M. Cusano: Une partie de ses tâches. Est-ce que l'usager en
question peut choisir un équipement compatible avec votre
équipement, ou doit-il acheter ou louer l'équipement que la CSST
lui suggère?
M. Sauvé: Non. On n'a rien à voir là-dedans.
C'est à l'usager à décider si ce qu'il veut peut se
brancher sur notre équipement. Je parle des employeurs.
M. Cusano: Vous, vous parlez, mais je n'ai rien compris.
M. Sauvé: L'employeur a le choix de son équipement,
à la condition qu'il soit compatible, pour qu'il puisse avoir
l'information à partir d'un ordinateur central.
M. Cusano: L'employeur a le choix.
M. Sauvé: 11 a le choix de son équipement.
M. Cusano: Et les institutions?
M. Sauvé: Jean-Louis, les institutions.
M. Bertrand (Jean-Louis): Dans le cas des CHDSC et des
associations sectorielles, c'est de l'équipement de la commission qui
est mis sur place, après entente. Dans le cas des CHDSC, ce sont des
terminaux comme ceux qu'on a dans nos bureaux. Dans le cas des associations
sectorielles, après entente avec eux, on a opté pour un
rnicro-ordinateur avec écran cathodique, pour qu'elles puissent aussi
les utiliser pour leurs propres fins internes de gestion. (18 heures)
M. Cusano: Cela va, à ce sujet.
Au niveau des associations paritaires ou des comités de
santé et de sécurité, il y a une lettre qui avait
été adressée au ministre - cette question, je la pose
plutôt au ministre - en date du 12 novembre 1984, signée par les
Travailleurs unis de l'automobile; elle concerne les représentants de la
prévention de l'usine General Motors de Boisbriand. Est-ce qu'il y a un
comité de santé et de sécurité qui est en place
à l'usine?
M. Fréchette: M. le Président, je sais très
précisément à quoi réfère le
député de Viau. Je sais également quel genre de situation
ce phénomène a créé. Je pense que le
vice-président à l'inspection et à la prévention
est en mesure de donner au député de Viau des renseignements qui
vont répondre très précisément à sa
préoccupation.
M. Bertrand (Jean-Louis): À la suite de la demande des
Travailleurs unis de l'automobile pour l'usine de GM à
Sainte-Thérèse, j'ai personnellement rencontré les deux
parties concernées, la partie syndicale, le local et l'international,
qui représente aussi ce local, de même que la partie patronale.
J'ai eu l'occasion de les rencontrer de façon séparée et,
par la suite, ensemble pour expliquer le cheminement de la loi. Actuellement,
on est toujours en processus avec eux pour voir comment pourrait s'actualiser -
à la fois en regard de la convention collective qu'ils ont d'ailleurs
signée récemment, et aussi des autres groupes qui sont
présents dans l'usine; vous avez deux autres groupes présents
dans l'usine, des travailleurs non syndiqués et les gardiens de
sécurité - ou s'harmoniser, si vous voulez, chaque groupe pour
que l'ensemble de l'usine puisse être couverte par un comité de
santé et de sécurité, à la manière GM. Car
le but qu'on poursuit, c'est d'abord de faire en sorte que les gens s'entendent
pour régir dans leur milieu de travail la façon dont un
comité de santé et de sécurité peut fonctionner
avec,
évidemment, la loi et le règlement comme façon de
faire. Mais, au départ, on amène les gens à tenter de
s'entendre, ce qui semble être en voie de se faire à l'usine de
GM, avec aussi d'autres aspects reliés à la mise en place du
comité de santé et de sécurité. Je pense en
particulier aux études de nature ergonomique, sur lesquelles les deux
parties sont sur le point de s'entendre.
Je pense que l'évolution du dossier est intéressante,
actuellement, pour satisfaire les besoins des travailleurs et, en même
temps, faire en sorte qu'un véritable programme de prévention
soit en oeuvre. D'ailleurs, l'employeur a déjà soumis un
programme de prévention et on espère qu'il va être
étudié conjointement, bientôt, par les deux parties dans un
comité qui leur soit propre.
M. Cusano: Bientôt, d'après vous, je ne voudrais
pas...
M. Bertrand (Jean-Louis): J'ai rencontré...
M. Cusano:... nuire...
M. Bertrand (Jean-Louis):... les parties. J'ai eu l'occasion de
signer une lettre pour résumer un peu tous nos échanges de vues.
Je dois dire que sur deux points, c'est-à-dire une question de robotique
et sur un document d'ergonomie, où il y a eu des échanges
d'opinions il y a eu accord des deux parties pour publier des documents qui
sont, je pense, importants pour eux, puisque vous savez que GM a annoncé
son intention de moderniser, y compris l'introduction de la robotique dans
l'usine. Sur ces deux textes, il y a accord. Je pense que c'est
déjà un bon signe que les parties soient prêtes à
cheminer ensemble. J'ai eu un accord de la partie patronale et de la partie
syndicale sur les deux textes concernés.
M. Cusano: Très bien. Alors, on peut s'attendre, dans les
deux ou trois prochains mois, que le comité soit en place.
M. Bertrand (Jean-Louis): J'ose espérer, mais cela
dépend évidemment des parties.
Association de sécurité des industriels
forestiers du Québec
M. Cusano: D'accord. Une autre question, celle-ci sur
l'Association de sécurité des industriels forestiers du
Québec. Je ne sais pas lequel de vous va répondre à
cela.
Les informations que je possède, c'est que la CSST
s'apprête à éteindre complètement la subvention qui
leur est accordée. Est-ce qu'on pourrait nous donner les motifs de cette
décision?
Une voix: Bon!
M. Cusano: Parce que c'est un organisme, selon ma connaissance,
qui oeuvre depuis des années, qui semble avoir eu des résultats
considérables, honorables dans le domaine. Il me semble que
détruire quelque chose ou arrêter le fonctionnement d'un organisme
qui semble bien fonctionner, ce n'est pas très logique. On dit
même aussi qu'il y aurait une vingtaine d'employés qui se
retrouveraient sans emploi. Est-ce qu'on pourrait nous justifier cette
décision?
M. Sauvé: Je dépose immédiatement au
secrétaire de la commission un certain nombre de copies d'une lettre que
j'ai écrite à la demande du conseil d'administration aux
différents organismes impliqués, le 29 mars 1985.
Le Président (M. Bissonnet): II y a consentement pour la
distribution.
M. Sauvé: Je ne sais pas si j'en ai pour tout le monde,
malheureusement, mais à ceux...
Le Président (M. Bissonnet): Le secrétariat fera
des photocopies pour ceux qui n'en ont pas.
M. Sauvé: Bravo! Merci, M. le Président.
M. Cusano: C'est efficace.
M. Sauvé: Je peux vous la lire, cela a deux pages, et je
pense que cela résume très bien la situation. "Comme vous le
savez, le budget 1985 de votre association était à l'ordre du
jour de la réunion du conseil d'administration de la commission tenue le
20 mars dernier, à Montréal. Ainsi que vous en avez
été informé, je vous fais part qu'après discussion,
il a été décidé sur division d'accorder à
votre association une subvention pour les mois d'avril, mai et juin sur la base
de la subvention demandée pour l'exercice 1985. "La proposition mise aux
voix demandait que la permanence vous donne avis par la même occasion
qu'il s'agissait de la dernière subvention consentie. La proposition
précisait que si, par suite de cette décision, votre association
avait des problèmes de reclassement de personnel et qu'elle ait besoin
d'une aide financière pour respecter ses obligations, les
administrateurs étaient disposés à considérer la
question. "Veuillez croire que c'est avec une profonde déception que je
vous communique cette décision. J'aurais préféré de
beaucoup vous écrire pour partager la joie de la naissance d'une
association paritaire pour le secteur de la sylviculture et des scieries.
"L'espoir de la création d'une telle association était
déjà présent durant la première année
d'existence de la commission. À l'adoption du budget de votre
association, le 19 février 1981, les parties au conseil d'administration
s'étaient interrogées sur l'utilisation de la subvention dans
l'éventualité de la création d'une association
sectorielle. Le transfert de biens semblait la meilleure solution.
L'année suivante, même dossier, môme scénario. "En
1983, les délibérations sont plus longues et laborieuses.
D'optimisme en pessimisme, le conseil d'administration arrive, à la
séance de mai, à adopter sur division, le président votant
avec la partie patronale, le budget des associations patronales de
prévention du secteur de la sylviculture et des scieries. "En 1984, un
développement d'importance: l'effet de l'entrée en vigueur le 22
octobre 1983 de l'article 268 de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail abrogeant les articles 115 et 116 de la Loi
sur les accidents du travail en vertu de laquelle la commission subventionnait
ces associations. "En définitive, un compromis intervient à la
faveur d'une entente de principe sur la délimitation des trois secteurs
en vue de la constitution, dans l'année, d'associations paritaires. Le
budget des associations est adopté sur division, avec une abstention, en
vertu des articles 104 et 106 de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail, nonobstant la politique de subventions aux
associations d'employeurs. "La suite des événements devait,
hélas! confirmer les pronostics des pessimistes. Les associations
paritaires souhaitées n'existent toujours pas. "À la
séance de février 1985 du conseil d'administration, il a
été résolu de faire l'exercice d'une rencontre avec les
associations patronales du secteur. À la demande des
intéressés, la réunion s'est tenue au comité
administratif plutôt qu'au conseil d'administration le 11 mars 1985. La
partie patronale est restée sur ses positions. Dans les circonstances,
il apparaissait inutile de poursuivre un débat stérile qui avait
déjà trop duré. "Il est désolant de constater
qu'après tant d'efforts et tant d'espoirs nous en soyons arrivés
à ce résultat que la partie patronale attribue à la Loi
sur la santé et la sécurité du travail. L'affirmation ne
tient tout simplement pas. La situation ne m'a pas laissé le choix; j'ai
dû prendre position. Contrairement à 1983 où j'avais
voté avec la partie patronale, il m'a fallu, cette fois, appuyer la
position de la partie syndicale qui allait dans le sens de l'application de la
loi. "Je vous rappelle, par ailleurs, que les associations patronales ont
toujours droit à des subventions dans le cadre de la politique de
subventions à l'intention des associations d'employeurs en vertu des
articles 104 et 106. "
Pour votre information, M. le député de Viau, les articles
104 et 106 permettent aux parties patronale et syndicale de partager
également la somme de 4 750 000 $, ce qui veut dire que la partie
patronale reçoit 2 375 000 $ et la partie patronale 2 375 000 $ pour
fins de formation.
Ce que je dis à la fin de la lettre, c'est qu'il reste encore de
l'argent à même les articles 104 et 106, le programme de
formation, pour que les gens puissent continuer leur association si la partie
patronale veut bien que ces sommes leurs soient données. Ce n'est pas la
commission qui décide du partage de ces 2 375 000 $, ce sont les parties
syndicales entre elles et les parties patronales entre elles. On nous dit
à qui faire le chèque, et c'est ce que nous faisons. Par
là suite, nos vérificateurs vont voir si ces sommes ont
été utilisées suivant les fins du programme.
M. Cusano: Selon les articles 104 et 106, l'association des
employeurs aurait droit à combien? Vous dites 2 000 000 $?
M. Sauvé: 2 375 000 $, c'est l'ensemble.
M. Cusano: En 1983, l'association en question a reçu
combien?
M. Bertrand (Jean-Louis): En 1983, pour l'Association de
sécurité des exploitations forestières, le montant est de
273 890 $. Pour les industriels forestiers, le montant a été de
949 722 $ et pour le groupe des pâtes et papiers, de 246 569 $.
M. Cusano: Cela fait un total de combien, grosso modo?
M. Bertrand (Jean-Louis): Cela fait 1 400 000 $ environ.
M. Cusano: Puisque l'ensemble est d'environ 2 000 000 $...
M. Sauvé: Le centre patronal de formation dépense
à peu près 600 000 $, ce qui fait 2 000 000 $; l'UPA, 24 000 $,
25 000 $; la construction, 100 000 $; il y en a encore.
M. Cusano: Vous dites, dans votre lettre: "La situation ne m'a
pas laissé le choix". Pouvez-vous préciser cela?
M. Sauvé: On subventionnait, jusqu'en 1984, à
même les articles 115 et 116 de la Loi sur les accidents du travail,
laquelle n'existe plus. Dans l'ancienne Loi sur les accidents du travail, les
articles 115 et 116
permettaient des subventions aux associations patronales de
prévention; par le biais de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail, à l'article 268, quand elle a
été proclamée, ces deux articles ont été
abrogés. C'était, je pense, une conséquence logique du
système des associations paritaires. Je ne pouvais plus, cette
année, prolonger cette situation. Et la partie syndicale a dit: En vertu
de quoi pourriez-vous voter là-dessus, M. le président, encore
une autre fois en la faveur des subventions aux parties patronales? Je n'avais
plus le choix.
M. Cusano: Encore sur le même sujet, mais un peu
différemment. J'ai entendu entre les branches que la commission
s'apprête à former des comités de santé et de
sécurité régionaux. Est-ce que vous pouvez le
confirmer?
M. Sauvé: Des comités de santé
régionaux, j'essaie...
M. Cusano: Un comité paritaire de santé et de
sécurité au niveau régional.
M. Sauvé: Ce sont des comités consultatifs
régionaux peut-être?
M. Cusano: Je n'ai pas de... Comme je vous ai dit, c'est...
M. Sauvé: Des comités de santé
régionaux, c'est du chinois. Cela ne rime à rien pour nous.
M. Cusano: Est-qu'il y a quelque chose peut-être... Je n'ai
peut-être pas l'information précise sur l'appellation d'un tel
organisme, mais...
M. Sauvé: II n'y a rien dans l'air ou quoi que ce soit.
Dans les régions, comme vous le savez nous avons douze régions,
il y a des secteurs prioritaires qui ont été adoptés et
certaines régions - un bon nombre d'entre elles - convoquent les gens
par secteur sur le plan consultatif régional, pour les aider. Les
associations sectorielles, quand elles commencent, c'est évidemment sur
le plan provincial mais les gens des régions disent: On ne les voit pas
assez souvent. Alors, il y a des comités consultatifs régionaux
qui n'ont rien à voir à l'encontre des structures. C'est pour
aider les gens, à l'initiative de la région. Cela n'a rien
à voir avec des comités de santé et de
sécurité.
M. Cusano: Je voulais être sûr qu'il n'y a pas une
autre structure qui soit...
M. Sauvé: Non, surtout pas.
M. Cusano: Surtout pas, il ne faut pas l'oublier. Merci.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Frontenac.
Décret sur l'amiante et ses produits
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais poser des
questions sur le fameux décret qui a été publié
à la Gazette officielle par votre organisme, à l'effet d'indiquer
que l'amiante c'est dangereux et que sur les produits il devrait y avoir une
tête de mort ou quelque chose du genre. Avant de vous poser des questions
là-dessus, est-ce que je pourrais vous demander de me donner simplement
l'idée générale de ce décret et à qui il
s'adresse, à quel produit, est-ce généralisé et
tout? (18 h 15)
M. Fréchette: M. le Président, je suis content que
le député de Frontenac soulève la question.
Peut-être l'occasion nous sera-t-elle fournie d'aller effectivement au
fond des choses.
M. Grégoire: Ce qu'on ne peut pas faire à la
période des questions, alors qu'ici on peut aller un peu plus au fond
des choses.
M. Fréchette: Voilà. Oui. Alors, il y a dans le
secteur de la construction un comité - et là, je parle en dehors
des cadres de la commission de santé et de sécurité - un
organisme, un groupe de travail, enfin peu importe l'appellation, qui se
préoccupe du domaine de la sécurité et de la santé
aussi dans le secteur de la construction. Ce groupe-là est
composé de représentants de l'AECQ, l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec qui, en vertu de la loi - le
député de Frontenac le sait sans doute - est l'organisme
habilité à négocier les conditions de travail dans le
secteur de la construction. Il y a donc des représentants de l'AECQ et
des représentants des parties syndicales qui ont des mandats de
représentation à l'intérieur de différentes
centrales syndicales, nommément des représentants de la CSN, de
la CSD, de la FTQ et du CPMC, c'est-à-dire le Conseil provincial des
métiers de la construction. C'est dans cette première instance
que la discussion a débuté quant à l'obligation devant
laquelle se trouvaient ces intervenants de procéder à l'adoption
d'un règlement concernant la santé et la sécurité
dans la construction lorsque l'on doit manipuler des produits d'amiante, autant
dans la construction que dans la démolition d'ouvrages dans lesquels se
retrouveraient des produits de l'amiante. Dans cette première instance
donc, la discussion s'est faite. Toutes les personnes qui siègent
là se sont finalement entendues sur une réglementation dont
l'objectif serait très précisément de faire en sorte que
la santé et la sécurité seraient intégralement
respectées dans le
maniement - si vous me passez l'expression -de matériaux
d'amiante. Ce n'était pas suffisant pour répondre aux exigences
de la loi. Il fallait que cette réglementation soit soumise à
l'appréciation de la commission de santé et de
sécurité, ce qui a été fait.
Je rappellerai ceci au député de Frontenac. On l'a
d'ailleurs dit tout à l'heure. Au Conseil d'administration de la
commission de santé et de sécurité on retrouve quinze
membres dont sept sont issus des parties syndicales, et sept sont issus des
parties patronales. Le projet de règlement sur lequel a travaillé
la première instance dont je viens de parler - c'est-à-dire cette
instance formée de représentants de l'AECQ et des centrales
syndicales - a été soumis au conseil d'administration de la
commission qui en quelques séances en a fait l'évaluation, a
procédé à analyser sa pertinence, de même que la
nécessité de retenir la réglementation, avec des
amendements sans doute, enfin l'a évaluée dans son ensemble.
C'est à une réunion du conseil d'administration...
M. Grégoire: Avez-vous une copie du décret? Du
règlement? Si oui, peut-on en avoir?
M. Fréchette: Oui, on a des copies du
règlement.
C'est donc à une réunion du conseil d'administration de la
CSST, une réunion tenue au mois de janvier 1985, à laquelle
assistaient tous les membres du conseil d'administration, donc les sept
représentants syndicaux et les sept représentants patronaux,
c'est à cette réunion du début de l'hiver 1985 qu'à
l'unanimité encore, au conseil d'administration, les personnes qui y
siègent ont retenu le projet de règlement que vous avez entre les
mains, autant au niveau du texte qu'on peut lire dans la prépublication
qu'au niveau du sigle - ou enfin, je ne sais pas comment appeler cela -le
symbole qui est également reproduit dans le projet de décret. Or,
à partir des préoccupations qui ont été
soulevées ces derniers temps, la première question qui m'est
venue à l'esprit a été la suivante. Comment se fait-il que
sept représentants syndicaux provenant de trois centrales syndicales
importantes donnent leur aval, leur assentiment à ce projet de
règlement? C'est la même chose du côté patronal et on
sait que du côté patronal siège un représentant de
l'Association des mines du Québec. Donc, projet de réglementation
adopté à l'unanimité des membres du conseil
d'administration. Et c'est le projet qui a été adopté par
cette instance qui est actuellement sous ma signature en prépublication
dans la Gazette officielle du Québec pour une période de 60
jours, période pendant laquelle ceux ou celles, ceux et celles qui ont
des représentations à faire peuvent le faire. À
l'expiration de la limite de 60 jours, il appartiendra au gouvernement, ou bien
d'adopter le règlement conformément au projet qui a
été publié à la Gazette officielle, d'y faire des
amendements, ou alors de le rejeter purement et simplement. La décision
finale appartient, en vertu de la loi, au gouvernement.
Maintenant, M. le Président, je sais ce qui fait problème,
c'est cette figure que l'on voit dans le projet de règlement. C'est
à partir de là que les répercussions,
particulièrement dans la région qui intéresse le
député de Frontenac et dans la région plus
spécifique d'Asbestos aussi, que les représentations sont
arrivées.
M. le Président, ce que l'on retrouve dans ce projet de
règlement, autant dans son texte que dans la figure qu'on y voit, ce ne
sont que des mesures de précaution tout à fait
élémentaires pour, assez curieusement, mais je n'ai pas
d'hésitation à le dire, revaloriser l'amiante. Dans quel sens?
Soit en expliquant le plus simplement du monde que lorsque l'on manipule le
produit en retenant ou en appliquant les règles
élémentaires de la prudence que l'on retrouve là-dedans,
il n'y a aucun danger à manipuler ce matériau, l'amiante. Par
ailleurs, l'inverse est également vrai. Si on ne fait pas attention
quand on va démolir une vieille école à l'intérieur
de laquelle on retrouve des produits d'amiante, que les poussières
envahissent tout le monde, qu'on ne prend pas les précautions que l'on
retrouve à l'intérieur de cette réglementation, là,
évidemment, il peut y avoir danger.
Maintenant, le fameux sigle en question. Vous retrouvez ce genre de...
Comment avez-vous appeler cela?
Une voix: Un symbole.
M. Fréchette: Le symbole qui est reproduit dans le projet
de règlement, vous le retrouvez sur toute une série de produits
de toutes sortes qui sont quotidiennement utilisés. Laissez-moi
simplement vous parler, par exemple, de certains produits de savon qui sont
utilisés quotidiennement dans toutes les cuisines du Québec, mais
sur les contenants desquels vous allez retrouver le même symbole. Je vous
signale en passant que c'est un symbole utilisé internationalement.
Alors, ce n'est pas plus que cela et ce n'est pas moins que cela. Encore une
fois, mon opinion de l'ensemble de la question, c'est qu'effectivement, quand
on prend la peine de lire l'ensemble de la réglementation qui est
proposée dans la manipulation du matériau, on va se rendre compte
de l'objectif. La conclusion à laquelle j'en arrive est que cette
réglementation a très précisément, encore une fois,
pour objectif ultime de signifier que lorsque l'on travaille correctement avec
le produit, il ne
représente aucun danger. D'ailleurs, si on est en train de
m'expliquer que ce genre de précaution qu'il ne faut pas prendre, c'est
le genre de précaution qui n'est pas indiqué et qu'il n'y a plus
maintenant de danger à manipuler le produit, je veux bien qu'on essaie
de me faire cette démonstration. Mais j'aimerais bien qu'elle soit
appuyée par des considérations d'ordre scientifique, par exemple,
qui nous amèneraient à la conclusion que l'on souhaite tous,
c'est-à-dire celle qui ferait qu'on pourrait dire maintenant qu'il n'y a
pas de danger à manipuler ce produit. On n'aurait pas eu besoin de la
loi 52 en 1975 et on n'aurait pas besoin des dispositions de la loi 42
actuellement.
M. Grégoire: M. le Président, je ne chercherai pas
à convaincre le ministre, loin de là, qu'il n'y a pas de danger
à manipuler de l'amiante. Il y a du danger à manipuler de
l'amiante, tout comme il y a du danger à manipuler de
l'électricité. Je suis convaincu qu'au début il y a eu des
hommes qui ont installé des systèmes d'électricité,
qui ont oublié de mettre du caoutchouc autour ou qui les ont mal
isolés; il y en a qui sont morts électrocutés. Donc,
l'amiante brut, je n'hésiterai pas à admettre avec le ministre
qu'il y a un danger à l'inhaler, surtout si c'est en grande
quantité.
Je vois ici une certaine partie de ce que le ministre vient de dire, je
l'approuve également. Mais je vois qu'il y a dans ce projet de
règlement deux parties distinctes. La première partie commence
à 3. 23. 1, travaux émettant de la poussière d'amiante;
cela se rattache surtout à des travaux où l'on démolit des
structures, des écoles qui ont été construites il y a 30
ans avec de l'amiante. Si on veut un exemple plus frappant ici, à
Québec, le tunnel qui sépare le pavillon De Koninck du pavillon
Pollack, à l'Université Laval; on avait fait, ce qu'on appelait
en termes populaires, "floquer" de l'amiante dans le tunnel, c'est ce qu'ils
appellent ici l'application d'amiante par jet. Évidemment, à ce
moment-là, quand on fait ces travaux ou quand on a construit ces
écoles, avec l'application de l'amiante par jet, on n'avait pas les
connaissances qu'on a aujourd'hui. On s'est aperçu, 25 ou 30 ans plus
tard, que c'est devenu dangereux, que cet amiante se détachait.
C'était dangereux pour ceux qui passaient autour, ceux qui
fréquentaient l'école ou ceux qui passaient dans le tunnel que
j'ai mentionné tout à l'heure. On les a démolis.
Alors, qu'on ait pris toutes les précautions établies de
3. 23. 1 à 3. 23. 10 inclusivement, qu'on prenne toutes ces
précautions quand il s'agit de démolition, je suis nettement
d'accord avec tous ces articles. Il s'agit de la démolition de
bâtisses qui ont été mal construites ou construites selon
des normes dangereuses, ce qui permettait à la poussière
d'amiante de se détacher à l'usage, de se répandre dans
l'air et de devenir un danger pour les élèves dans les
écoles ou pour ceux qui passaient dans les endroits où l'amiante
avait été appliqué par jet. Je suis d'accord avec cela.
Quand on a commencé à annoncer qu'on démolissait des
plafonds de classes dans des écoles parce que cela avait
été appliqué par jet, on a dit: Le gouvernement du
Québec veut nuire aux produits d'amiante et veut démolir. J'ai
approuvé la démolition, j'ai dit que, dans ce temps-là,
cela avait été mal fait, c'est dangereux. Mais, aujourd'hui, on a
trouvé des moyens de l'appliquer autrement. On a fait comme pour
l'électricité, on a pris des moyens qui protégeaient
l'électricien qui travaille ou l'usager qui vient connecter son fil
à une prise de courant. On a trouvé des moyens pour que ce ne
soit plus dangereux. (18 h 30)
Alors, ce que vous dites de 3. 23. 1 à 3. 23. 10, je suis
d'accord avec cela. Quand on démolit des structures qui ont
été mal construites, il faut prendre des précautions pour
que ceux qui travaillent dans ces endroits n'aspirent pas la poussière.
S'il y a, aujourd'hui, aux États-Unis, tant de poursuites de ceux qui
ont travaillé dans l'amiante, surtout pendant la Seconde Guerre, c'est
que justement on appliquait à l'intérieur des bateaux l'amiante
par jet. On "floquait" de l'amiante, comme on disait. Si on comptait les
citoyens américains qui ont été atteints d'amiantose et
qui, vingt ans plus tard, avaient une amiantose aggravée, si on les
comptait et qu'on les comparait au nombre de marins qui ont été
sauvés parce que l'amiante leur a donné environ deux heures ou
deux heures et demie de temps supplémentaire pour évacuer, la
différence serait énorme.
On a vu l'exemple d'un croiseur britannique à la guerre des
îles Falkland qui n'était pas lambrissé d'amiante, qui
n'avait pas de protection contre le feu, en une demi-heure, personne n'a eu le
temps d'évacuer, le croiseur entier était en feu, fini. Il y a eu
167 marins qui sont morts dans le feu. S'il avait été
lambrissé d'amiante, peut-être qu'il y en aurait eu un à
l'autre bout qui aurait attrapé l'amiantose, mais cela aurait
peut-être donné deux heures de plus à ces marins au lieu
d'une demi-heure pour évacuer le croiseur.
Aujourd'hui, on a trouvé des méthodes pour lambrisser
d'amiante ou pour fabriquer des plaques d'amiante-ciment qui ne comportent plus
de danger et par où l'amiante ne s'échappe plus. Je vois arriver
l'article 3. 23. 11 où on ne parle plus de démolition
d'édifices mal construits, où on ne parle plus d'amiante qui peut
rester dans l'air et y circuler, on y dit maintenant ceci: Une étiquette
doit être apposée sur tout
récipient contenant de l'amiante ou destiné à en
contenir, qu'il s'agisse de matériaux neufs ou usagés.
L'étiquette doit comporter, sous forme indélébile ou
permanente et facilement lisible, les indications et représentations
suivantes: matière toxique, contient de l'amiante, toxique par
inhalation, conserver le récipient bien fermé, ne pas respirer
les poussières.
Aujourd'hui, on ne met plus de l'amiante à l'état brut
dans des récipients. L'amiante sert à être imbriqué
dans d'autres matériaux et on a découvert les moyens pour que
l'amiante soit imbriqué de telle sorte que les fibres ne
s'échappent plus des matériaux. Alors, est-ce que cette
étiquette sera appliquée sur les matériaux qui ne
présentent plus de danger? Est-ce que la Commission de la santé
et de la sécurité du travail est allée consulter - je les
mentionnerai et la Commission de la santé et de la
sécurité du travail pourra me donner sa réponse à
ce sujet - la Société nationale de l'amiante, qui a
été créée par l'actuel gouvernement en 1979, qui a
fait un travail énorme, qui a installé trois bureaux distincts,
le Centre de recherche pour les produits nouveaux, l'institut de recherche sur
la santé et l'hygiène des travailleurs par rapport à
l'amiante et aux produits utilisés et le bureau de l'amiante? Celui-ci a
été installé en collaboration avec le gouvernement
fédéral et les compagnies minières. Il fait la promotion
de l'amiante, mais aussi des produits nouveaux qui ne présentent plus
aucun danger et la façon de manipuler l'amiante sans qu'il n'y ait de
danger. Il est évident qu'en 1984-1985 au moment de la grève
d'Asbestos nous ne sommes plus en 1949, alors que le père D'Auteuil
Richard, le père Jacques Cousineau, le père Richard Arès,
dans la revue Relations, publiaient pendant plusieurs mois, avec de gros
titres, les dangers de l'amiantose chez les travailleurs de l'amiante. Nous ne
sommes plus à cette période.
Aujourd'hui, l'institut de recherche pour la santé des
travailleurs de l'amiante et des usagers des produits de l'amiante a fait des
recherches et peut maintenant dire quels sont les matériaux qui sont
produits et de quelle façon ils doivent être produits de
façon à ne plus présenter de danger. Est-ce que vous irez
également mettre la tête de mort sur ces produits? Est-ce que vous
ferez une nette distinction entre les anciennes méthodes qui sont
condamnées aujourd'hui et les nouvelles méthodes qui sont
approuvées comme ne présentant plus de danger? Est-ce que vous
allez faire une distinction entre l'amiante à l'état brut comme
on le connaît aujourd'hui et l'amiante phosphaté comme on a
commencé à le produire pas loin d'Asbestos, qui perd 99% de ses
propriétés biologiques, c'est-à-dire qu'il ne peut plus
affecter les poumons une fois phosphaté et l'amiante à
l'état brut qui, lui, peut affecter la santé pulmonaire? Est-ce
que votre 3. 23. 11 n'est pas quelque chose de généralisé
qui ne doit plus s'appliquer quand on dit, par exemple: Une étiquette
doit être apposée sur tout récipient contenant de l'amiante
ou destiné à en contenir, qu'il s'agisse de matériaux
neufs ou usagés?
Même si on fait des recherches, même si on arrive avec des
produits qui ne présentent plus de danger, ou si recherches ont
été faites pour que cela ne présente plus de danger au
même titre que les recherches ont été faites pour
l'électricité, au même titre que les moyens ont
été pris pour rendre l'électricité sans danger
à ceux qui savent bien s'en servir - on a fait la même chose pour
l'amiante - est-ce que cet article 3. 23. 11 va condamner d'avance, avec une
tête de mort, tout produit nouveau qui sera approuvé par
l'institut de recherche qui se spécialise à protéger la
santé non seulement du travailleur dans les mines, mais du travailleur
en transformation, du travailleur en manipulation et l'usager? Est-ce que votre
article 3. 23. 11 va rester tel quel et va condamner à l'avance tout ce
que la recherche et les connaissances auront entraîné pour que les
produits en amiante ne présentent plus de danger? Je vous dirai bien
franchement que si j'avais à construire un immeuble d'habitation en
hauteur, aujourd'hui, je le construirais en plaques d'amiante-ciment avant de
le construire en béton.
À Québec, vous en avez eu un exemple, il y a eu un feu au
Saint-Laurent et en moins de quelques heures le béton était
fondu. S'il avait fallu que le feu commence en bas et monte vers le haut, les
occupants n'auraient pas eu le temps d'évacuation voulu. Les
hélicoptères ne peuvent pas aller chercher les gens par le toit,
c'est trop chaud, mais si cela avait été en amiante-ciment, vous
auriez eu douze heures d'évacuation de plus pour une bâtisse de 20
étages. Combien est-ce qu'il y en a qui auraient attrapé
l'amiantose par rapport au nombre de vies que vous auriez sauvées?
Nommez-moi donc un gars vivant dans un hôtel construit en amiante-ciment
qui est mort d'amiantose. Il n'y en a pas, mais s'il prend en feu il y en a
beaucoup, par exemple, qui vont se réchapper et qui auront le temps
voulu pour s'échapper.
Il y a des moyens nouveaux, il y a des produits nouveaux en
amiante-ciment. Il y a des manières nouvelles de le fabriquer, et votre
article 3. 23. 11 n'en tient pas compte. On dit: Tout produit neuf ou
usagé. Alors, je me demande si la Commission de la santé et de la
sécurité du travail est allée discuter avec l'institut de
recherche? Est-ce qu'elle a rencontré les gars de la
Société nationale de l'amiante? Est-ce qu'elle a rencontré
les gars
du centre de recherche à Sherbrooke? Est-ce qu'elle a
rencontré les gars du bureau de l'amiante qui est un bureau
financé à la fois par les gouvernements fédéral et
provincial, les mines et la Société nationale de l'amiante?
Est-ce que vous avez fait ces rencontres pour essayer de mettre un distinguo,
de distinguer entre les produits qui peuvent être toxiques ou les
produits d'où l'amiante ne peut pa3 s'échapper, où
l'amiante est tellement imbriqué dans la matière première
qu'il ne peut pas s'échapper? Est-ce qu'on a consulté le bureau
de l'amiante quand on a inscrit "produit neuf"? Est-ce qu'on a consulté
l'institut de recherche sur l'amiante pour l'amiante phosphaté? Est-ce
que cela va s'appliquer également à cela? Voilà les
réponses que j'aimerais avoir pour le moment.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, l'expertise du
député de Frontenac nous est toujours utile quand on amorce des
discussions de ce phénomène sauf qu'il y a plusieurs questions
dans une même intervention. Je vais essayer quant à moi, en tout
cas, de répondre à quelques-unes de celles-là et je sais
que des membres de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail pourront peut-être ajouter certains
renseignements utiles.
D'abord, le député de Frontenac, parmi ses questions, nous
en soumet une de la nature suivante: Est-ce que, dorénavant, il faudra
apposer ce symbole sur tout contenant de produits d'amiante, qu'il s'agisse de
produits neufs ou de produits usagés. À ce stade-ci, M. le
Président, je ne pense pas qu'il y en ait un d'entre nous qui soit en
mesure de répondre. C'était très précisément
le motif pour lequel il est en prépublication, pour faire la discussion
qu'on est en train de faire et, ensuite, prendre la décision qui
s'imposera.
Deuxièmement, M. le Président, je...
M. Grégoire: Concernant la prépublication, est-ce
que la Commission de la santé et de la sécurité du travail
a posé des questions ou s'est informée auprès des
organismes que j'ai mentionnés?
M. Sauvé: Écoutez, je connais personnellement tous
les organismes d'amiante que vous avez mentionnés ici. J'en ai
discuté aussi, mes collègues en ont discuté avec eux et,
sur ce point précis, je ne sais pas. Mais, ce que je sais, c'est que les
comités de la construction qui en ont discuté et les
comités chez nous qui en ont discuté ont des membres qui viennent
du secteur de l'amiante. Alors, on présume qu'ils les ont
consultés aussi parce que, dans d'autres domaines, ils le font quand il
s'agit de plombémie, par exemple. La minute qu'on veut regarder un
sujet, ce n'est pas long que les industries écrivent tout de suite au
ministre ou au député pour dire: On veut changer un
règlement alors qu'on est à l'étude. Alors, je
présume que tout ce beau monde a été consulté ou a
eu à donner son avis. S'ils n'ont pas eu la chance de le donner, ils ont
60 jours pour donner leur avis. Je pense que cela est important, comme l'a dit
M. le ministre, cela vise avant tout les débris de démolition
où l'amiante n'est pas stabilisé, ou encore l'altération
aux matériaux sur les chantiers.
Vous parlez d'électricité qui était dangereuse,
mais, pour ma part, quand je vais près d'un transformateur, je vois une
tête de mort, cela me signale que c'est dangereux. Quand je vois, chez
nous, une bouteille d'iode, il y a une tête de mort sur la bouteille et
c'est un remède pour nous soigner, pour soigner une blessure, cela veut
dire qu'on ne peut pas le boire. L'amiante, quand il est "lousse" - comme on
dit - peut être dangereux. C'est tout ce qu'on veut dire. Je pense que
tout le monde chez nous favorise les produits de l'amiante. Tout ce qu'on
cherche, c'est qu'il soit utilisé de façon sécuritaire.
Tout le monde est d'accord là-dessus, le monde patronal et syndical.
Quand il s'agit de la construction, vous savez comment les gens travaillent; on
dit: Cela est une chose et cela nous a été recommandé par
le secteur construction. On dit: Ils connaissent cela encore mieux que nous
autres. Ces gens nous recommandent cela. Quant à l'amiante
phosphaté, c'est un nouveau produit qui sera utilisé au
mérite, comme toute nouvelle substance qui va venir sur le
marché. Mais, dans ce cas-là, ils ont... Si, par malheur, ils
n'ont pas eu la chance de se prononcer, ce qui me surprendrait, ils ont encore
60 jours. Je pense qu'il y a eu assez de publications dans la région sur
le sujet qu'ils ne manqueront pas de se prononcer ou de nous le signaler.
M. Grégoire: Mais, si on... M. Fréchette:
Juste une...
Le Président (M. Bissonnet): Pour que le ministre puisse
conclure, on va venir à bout de conclure parce qu'on doit étudier
les programmes également. Alors, M. le ministre.
M. Fréchette: Une seule observation que je voudrais
ajouter à celles qui ont été faites jusqu'à
maintenant. Le député de Frontenac se préoccupe du
phénomène de la consultation et se pose la question à
savoir si des spécialistes ont été vus et si on a
demandé à des spécialistes des évaluations à
cet égard. Sa référence plus précise est la SNA. M.
le Président, le jour où des
scientifiques établiront avec certitude et arriveront à la
conclusion certaine que ce matériau usagé ou neuf ne
présente aucun danger, il n'y aura pas besoin de symbole, de sigle,
aucunement. Mais il me semble qu'on n'est pas encore rendu à ce stade.
C'est tellement vrai qu'on n'est pas rendu à ce stade-là, que le
Bureau international du travail a mis à son agenda pour son
congrès annuel de juin prochain à Genève des
séances d'étude très précises sur le
phénomène qu'on est en train de discuter. Non seulement des
séances d'étude, mais tout le congrès de Genève est
consacré à l'étude, l'évaluation de la
"dangerosité", entre guillemets, du produit de l'amiante.
Alors, je ne sais pas si le député de Frontenac est en
train de plaider dans le sens qu'il faudrait, même sur du produit neuf,
emballer ou enfin, présenter dans la forme ou selon le format dont il
nous parle, même s'il s'agit de produits neufs, qu'il ne faut mettre
aucune indication, là, j'ai beaucoup de réserves. D'ailleurs, il
existe déjà de ces symboles dont on parle. Celui auquel on se
réfère est un symbole international, encore une fois, qui est
utilisé à travers le monde. L'association des mines
elle-même a des symboles. Je vous dirai que l'on retrouve actuellement
sur des contenants du produit des symboles du genre de celui que je vous montre
ici, avec l'indication suivante: "Take care with asbestos. Breathing asbestos
dust can dammage health. Observe the safety rules. " Cela existe actuellement
dans la forme et la teneur dont je viens de vous parler. (18 h 45)
Je ne sais pas si le député de Frontenac a comme objectif
de faire disparaître complètement, dans les circonstances
idéales dont il vous parle, les règles élémentaires
de la prudence élémentaire, de ne rien indiquer à cet
égard.
M. Grégoire: Non, M. le ministre, ce n'est pas cela, j'ai
admis...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Frontenac, s'il vous plaît, si vous voulez conclure, il vous reste trois
minutes.
M. Grégoire: Mettons cinq minutes. Je ne veux pas dire que
l'amiante à l'état brut n'est pas dangereux, au contraire, je
l'admets, je l'avoue et je reconnais que de 3. 23. 1 à 3. 23. 10, c'est
correct. Il y a eu des constructions mal faites qui laissent de l'amiante dans
l'air; si les fibres se détachent et que c'est dangereux, qu'on en
prévienne la population. J'admets que manipuler de l'amiante, c'est
dangereux. Mais si on veut dire par une tête de mort la même chose
que sur une bouteille d'iode -sur une bouteille d'iode on met la tête de
mort pour dire: Ne le buvez pas comme de l'eau - si on veut dire: Ne mangez pas
de l'amiante, je vais être d'accord avec vous. Mais ce que je crois que
veut dire le règlement 3. 23. 11 et qui devrait être
révisé, à mon avis, c'est qu'on dit qu'une
étiquette doit être apposée sur tout récipient
contenant de l'amiante ou destiné à en contenir, qu'il s'agisse
de matériaux neufs ou usagés: L'étiquette doit comporter
sous forme indélébile et permanente, et facilement lisible, les
indications et représentations suivantes... Je suis d'accord sur
l'ensemble des produits, peut-être, à l'heure actuelle. Mais
lorsque la science moderne a démontré, comme on est en train de
le démontrer, avec de nouveaux produits, de nouvelles méthodes de
production, que les fibres d'amiante ne peuvent pas se détacher du
produit, c'est à ce moment-là que je trouve que votre
règlement est trop large, est trop généralisé et
qu'il devrait en tenir compte. C'est pourquoi on présume qu'il y a eu
des consultations avec les scientistes de l'institut de recherche et du bureau
de l'amiante. Parce que je ne crois pas qu'ils lisent tous la Gazette
officielle, du moins dans leur domaine, j'aimerais qu'ils soient
consultés pour ce qui est des progrès qui ont été
faits. Que le ministre ne me fasse pas dire que je crois que l'amiante n'est
pas dangereux. Au contraire. Mais bien utilisé, bien manipulé,
bien scellé avec une autre matière, cela devient un produit un
peu rare. C'est le meilleur isolant, le meilleur insonorisant, le meilleur
ignifuge qui soit. Alors, avant d'adopter le règlement 3. 23. 11, on
devrait consulter. Parce que les scientistes ne sont pas toujours les premiers
à se présenter. Qu'on les consulte. C'est la demande que je fais
à la Commission de la santé et de la sécurité du
travail; qu'on consulte sur ce sujet, sur le progrès qu'ils ont fait
dans leurs recherches pour sécuriser les usagers de l'amiante. C'est
cela que je veux
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député.
M. Fréchette: La consultation va durer jusqu'à la
fin du mois de mai, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
J'apppelle maintenant le programme 1.
M. le député de Portneuf.
M. Grégoire: Je remarque que le président de la
CSST va voir s'il y a des consultations avec eux.
M. Pagé: Merci, M. le Président.
M. Fréchette: Est-ce que je dois comprendre qu'on revient
au programme...
Une voix: Un instant, là!
M. Pagé: On avait convenu, je pense, qu'on pourrait
aborder nos questions et...
M. Fréchette: Allez-vous avoir des questions pour les gens
de la commission?
M. Pagé: J'aurais peut-être une seule question, M.
le Président. Je vais en profiter tout de suite...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Portneuf, je n'étais pas ici au moment où la commission a
commencé, mais il est convenu que chaque député qui veut
s'exprimer vingt minutes, maintenant...
M. Pagé: Non, il n'a même pas été
question de vingt minutes, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): On en est au programme 1,
actuellement.
M. Pagé: Le tout se fait sous l'égide de la bonne
entente, de la cordialité et de la sérénité.
Le Président (M. Bissonnet): Parfait. Alors, M. le
député de Portneuf, sur l'étude générale des
crédits et on reviendra au programme 1 dans quelques instants. Vous avez
la parole.
M. Pagé: À la toute fin, très probablement,
et on les adoptera plus rapidement.
Le Président (M. Bissonnet): C'est cela. M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: J'aurais une question très brève
à poser en regard de certaines dépenses et portant sur les
voyages à l'extérieur du Québec. Vous nous avez fourni des
documents à quelques jours du congé pascal, on vous en remercie,
M. le ministre.
Concernant les voyages à l'extérieur du Québec, on
se réfère à des voyages qui ont été
effectués par MM. André Quesnel, Jules Houde, Émile
Boudreau, Conrad Chapdelaine, Mmes Roxanne Desrosiers, Hélène
Masson et M. Jean-Charles Hamelin. Oui.
M. Fréchette: La question... M. Pagé: Non,
mais... M. Fréchette: Oui:
Enquête sur la chute du pont de la
Sainte-Marguerite
M. Pagé: Je sais que la question ne concerne pas la CSST,
mais l'objet la concerne, je vais y revenir tantôt.
Si j'ai bien compris, vous, comme ministre du Travail, avez
recommandé au Conseil des ministres de constituer une commission
d'enquête au sujet du pont de la rivière Sainte-Marguerite
à Sept-îles, arrêté en conseil qui a
été adopté le 7 novembre, qui a été
modifié le 14 novembre, entre autres, pour permettre des dépenses
nécessaires à l'exécution du mandat jusqu'à
concurrence de 495 000 $; il a été modifié aussi le 28
novembre et le 21 février 1985 pour voir ses recommandations et son
rapport soumis au plus tard le 28 février 1985, c'est-à-dire
prolonger son mandat jusqu'au 31 juillet 1985.
Je comprends - on retient tous et toutes que l'accident qui est survenu
sur la rivière Sainte-Marguerite, à Sept-tles, a engendré
des décès, des travailleurs y sont morts - que cela
nécessite une enquête particulière. On retient que MM.
Quesnel, Houde, Boudreau, Chapdelaine se sont rendus à Toronto pour
rencontrer les représentants du ministère des Transports de
l'Ontario et l'Ordre des ingénieurs de cette province, pour un
coût de 1317 $; qu'ils se sont rendus ensuite à Washington,
où ils ont rencontré des représentants du ministère
des Transports concernant les lois et règlements régissant la
construction des ponts. Un peu plus tard, ils se seraient rendus à
Sacramento, en Californie, pour un coût de 6435 $, pour vérifier
la nature des examens de qualifications particulières pour devenir
"structural engineer", dans l'État de la Californie, rencontre avec le
State Board of Examiners. Enfin, ils se sont rendus rencontrer divers
organismes ou ministères, exemple, le ministère des Transports,
le Département des ponts et des chaussées à Paris,
à Bruxelles en Belgique, à Bonn et Stuttgart en Allemagne,
à Stockholm en Suède, à Trondheim et à Oslo en
Norvège, à Amsterdam en Hollande, à Glasgow en
Écosse, à Londres en Angleterre, pour un coût de 30 560
$.
J'aimerais demander au ministre du Travail s'il a eu l'occasion
d'autoriser de tels voyages, premièrement, ou s'il en a
été informé seulement une fois qu'ils furent
complétés. Deuxièmement, j'aimerais demander comment il
peut expliquer que, lorsque l'on va à Toronto, on y va à quatre
seulement; lorsque l'on va à Washington, on y va à quatre; mais
lorsque l'on s'en va à Paris, Bruxelles, Bonn, etc., il faut être
sept. J'aimerais qu'il prenne l'engagement de déposer les rapports qui
font suite à ces voyages parce que je présume que, lorsque l'on
fait un voyage qui coûte 30 560 $ à l'État et qu'on est
sept à le faire, il doit y avoir un rapport de produit. Est-ce qu'il y a
eu des rapports individuels qui ont été produits ou si c'est
seulement un rapport collectif? J'aimerais aussi savoir si ces renseignements
auraient pu être fournis,
premièrement, par les maisons du Québec qu'on a
là-bas, ou encore par le Bureau international du travail, ou quelque
organisme international qu'on a - on en a plusieurs à Genève -
lesquels auraient pu nous acheminer de telles informations.
M. Fréchette: M. le Président, pour répondre
à la question du député de Portneuf, je pense que la
première préoccupation que l'on doit avoir, c'est celle
d'évaluer le mandat qui a été confié à cette
commission Quesnel. Évidemment, elle a le mandat de procéder
à évaluer et identifier, si c'est possible, les causes qui ont
occasionné la chute de ce pont. Deuxièmement, elle a aussi le
mandat de procéder à soumettre des recommandations pour
éviter, à l'avenir, de semblables situations, tant concernant les
travailleurs qui peuvent évoluer sur des chantiers comme ceux-là
que le public en général. C'est le genre de mandat qui est
confié à la commission en question.
Cette commission, donc, si elle a le mandat de soumettre des
recommandations pour éviter la répétition de gestes ou
d'événements comme ceux-là, est, il me semble, tout
à fait justifiée d'essayer de voir ce qui se passe à
l'extérieur, que ce soit à l'extérieur de la province, que
ce soit à l'extérieur du pays. Elle est tout à fait
justifiée de se renseigner, par exemple, sur l'état des
législations qui peuvent exister dans les différents endroits
où elle est allée, l'état des précautions que l'on
prend à ces endroits, et ainsi de suite. À partir, donc, de ce
mandat de la commission qui est plus explicitement le suivant: faire des
recommandations sur les mesures à prendre pour éviter la
répétition de tels événements, notamment sur le
plan de la sécurité publique, elle a besoin de savoir ce qui
existe à l'extérieur.
Maintenant, M. le Président, autant pour l'un ou l'autre des
voyages auxquels actuellement on se réfère, je dois vous dire que
celui qui vous parle n'a pas donné de mandat explicite pour qu'ils
soient faits et que, par ailleurs, je n'ai pas eu de demande en ce sens non
plus. J'ajouterai qu'en vertu du décret 22. 32 adopté en 1981,
une semblable commission est régie par la Loi sur les commissions
d'enquête et que c'est le président de la commission qui a toute
juridiction pour obtenir les autorisations nécessaires auprès des
instances concernées pour faire des voyages de cette nature. Alors,
c'est le président de la commission qui a signé le CT, ou la
demande au Conseil du trésor, pour être autorisé à
effectuer ces voyages dans le cadre du mandat dont je viens de parler.
Maintenant, il est absolument évident et clair que, lorsqu'on m'aura
fait rapport des activités de l'un et l'autre de ces voyages, je
déposerai sans aucune espèce d'objection et sans réserve
non plus toute la documentation pertinente à ce genre de situation.
M. Pagé: Devons-nous comprendre, M. le ministre, que, par
suite de l'arrêté en conseil du 7 novembre - en vertu de la Loi
sur les commissions d'enquête, j'en conviens - cela leur donne le droit
de faire le tour du monde?
M. Fréchette: Si, dans l'exécution du mandat, M. le
Président, il faille voyager, je pense que cela leur donne le droit de
voyager. Encore une fois, c'est laissé à l'appréciation de
la commission, qui a le mandat dont je parle, et je réitère que
le décret auquel je viens de me référer autorise le
président d'une commission d'enquête à faire les
démarches qui sont prévues autant par la loi que par la
réglementation pour obtenir cette autorisation, ce qui a
été fait dans ce cas-ci.
M. Pagé: J'espère qu'ils sont allés passer
quelques jours au ministère des Transports du Québec.
M. Fréchette: Ils y avaient passé quelques semaines
auparavant.
M. Pagé: M. le juge Sauvé, concernant toujours
l'accident du pont de Sainte-Marguerite... D'abord, je voudrais lui dire que je
suis bien heureux de l'avoir en commission cet après-midi. Je l'ai
privé du plaisir de le questionner pendant l'étude du projet de
loi 42.
M. Fréchette: 11 n'était pas ici pendant
l'étude du projet de loi 42.
M. Pagé: À certains moments.
M. Fréchette: Bien non.
M. Pagé: À un certain moment.
M. Fréchette: Vous n'auriez pas pu avoir ce plaisir.
M. Pagé: Pardon?
M. Fréchette: Vous n'auriez pas pu avoir ce plaisir.
M. Pagé: II n'était quand même pas loin.
M. Fréchette: II n'y avait pas de témoin ici.
M. Pagé: II était personne-ressource, on a vu cela.
Vous avez mené une enquête à la CSST?
M. Sauvé: Oui.
M. Pagé: Est-ce que les conclusions de l'enquête
sont écrites?
Une voix: Cela a été déposé cet
après-midi.
M. Pagé: Est-ce que vous avez collaboré? Est-ce que
vous avez des échanges de propos encore aujourd'hui avec la commission
Quesnel? (19 heures)
M. Sauvé: Je pense qu'il y a une partie technique
importante, M. le député de Portneuf. En vertu de l'article 62 de
la Loi sur la santé et la sécurité du travail, nous devons
faire enquête immédiatement sur un accident où il y a des
morts, qui est de plus de 50 000 $: lorsqu'il y a décès d'un
travailleur, des dommages matériels de 50 000 $ et plus. Il y a une
série d'exemples où il faut absolument faire enquête. Dans
ce cas-là, nous étions là, je dois dire presque qu'une
demi-heure après l'accident, qui était fort malheureux, mais qui
se doublait d'une partie qui ne relevait aucunement de nous, qui est l'aspect
sécurité du public, qui relève du ministère des
Transports. Alors, je pense que c'est là qu'est venue au monde la
commission dite Quesnel et nous devrons probablement, la semaine prochaine,
déposer à la commission Quesnel notre rapport, de même
qu'aux parties impliquées. Nous devrons, en vertu du même article,
en vertu de la Loi sur la santé et la sécurité du travail,
donner aux parties le résultat de notre enquête. Nous sommes
presque prêts à donner aux parties et à la commission
Quesnel notre rapport.
M. Pagé: Est-ce qu'il sera rendu public?
M. Sauvé: Oui, c'est public. Il va être
déposé... Comme tous nos rapports, d'ailleurs. Quand on le donne
aux parties, vous allez comprendre que, d'habitude, elles ont
intérêt à le rendre public.
M. Pagé: II devient public, quoique le geste peut
être fait par les parties ou par vous; ma question était dans ce
sens-là.
M. Sauvé: Exact.
M. Pagé: D'accord, merci, M. le juge.
M. Sauvé: Merci. ■
M. Pagé: J'apprécierais bien que le ministre
retienne la petite question que je lui posais: Pourquoi quatre à Toronto
et sept dans le périple européen?
M. Fréchette: Cela va.
M. Pagé: M. le Président, dans le propos du
début, j'ai eu l'occasion de me référer aux engagements
électoraux du gouvernement dont fait partie le ministre du Travail.
Comme on le sait, M. le Président, à la lumière de la
crise difficile que le Québec a traversée et, si je dis
difficile, c'est parce qu'elle a été très difficile pour
les emplois au Québec depuis quelques années... La crise a
été plus durement ressentie au Québec que partout ailleurs
au Canada. Des milliers de personnes se sont retrouvées sans emploi.
Qu'il nous suffise de nous référer aux statistiques du
début du mois d'avril où on constate...
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît, un peu
de silence dans la salle! Nous sommes en commission parlementaire ici. M. le
député de Portneuf.
M. Fréchette: Oui, M. le Président, il y a du
va-et-vient presque...
Le Président (M. Bissonnet): Je comprends, mais il aurait
peut-être dû rester ici.
M. Fréchette: C'est parce qu'il y a d'autres
fonctionnaires qui doivent venir ici.
M. Pagé: On va laisser le temps aux autres fonctionnaires
de s'attabler - c'est le cas de le dire - et on va reprendre le fil des
questions, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que vous avez d'autres
fonctionnaires qui doivent s'asseoir près de vous?
M. Fréchette: Oui, ce sont les fonctionnaires du
ministère.
M. Pagé: Oui, oui, évidemment.
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez les faire
asseoir pour qu'on puisse travailler convenablement.
M. Fréchette: Très bien.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Portneuf, vous pouvez poursuivre.
Réduction de la semaine de travail
M. Pagé: Merci, M. le Président. M. le ministre,
messieurs. Je ne peux pas dire mesdames, il n'y en a pas. La première
question que je voudrais poser au ministre est la suivante: J'en étais
à lui dire: Le Québec, comme les autres provinces du Canada, a eu
à vivre une crise qui a été assez dure. Elle a
été plus durement ressentie au Québec que partout ailleurs
au Canada. Encore au mois de mars, 400 000
personnes devaient vivre de prestations d'assurance-chômage; 712
000 personnes, soit 390 familles ou à peu près, devaient vivre de
la prestation d'un chèque d'aide sociale au Québec. Le
gouvernement a eu l'occasion d'être sensibilisé et de jongler
à quelques reprises publiquement, soit lors d'échanges de vues
à l'Assemblée nationale, soit par des questions qui ont
été adressées aux membres du gouvernement, avec
différents principes ou éléments permettant de
dégager un nombre d'emplois pour de nouveaux travailleurs ou de
nouvelles travailleuses. Une des propositions qui revient occasionnellement,
c'est le principe de la réduction de la semaine de travail ou, comme
élément additionnel, la limitation du temps supplémentaire
au sein des entreprises et, plus particulièrement, au sein des grandes
entreprises.
Comme on le sait, le programme du Parti québécois dit
ceci: Réduction de la semaine de travail, édition 1982,
huitième congrès national, à la page 48... À ma
connaissance, ces dispositions n'ont pas été corrigées,
comme on le sait, au dernier congrès, au début de 1985. On n'a
pas eu l'occasion de traiter de la réduction de la semaine de travail,
mais beaucoup plus de la réduction des effectifs dans le PQ. Je cite: Le
gouvernement fixe à 40 heures la semaine maximum régulière
de travail. Les heures supplémentaires seront
rémunérées à temps et demi, les dimanches et les
jours fériés à temps double. Un employeur ne pourra
obliger un employé ou une employée à fournir des heures
supplémentaires. En outre, l'application de la semaine de 40 heures ne
devra pas entraîner de diminution de salaire. Par la suite, viser
à diminuer progressivement ce nombre d'heures, compte tenu de
l'évolution de la technologie.
On pourrait ensuite se référer au plan d'action
gouvernementale pour intensifier la relance qui avait été
annoncé le 13 novembre 1983, lorsqu'on a reporté la session d'un
mois pour concevoir un plan de relance qui n'a pas pris son envol. On dit que
le gouvernement mettra au point, pour ses propres employés, un
régime de travail à temps partiel et un régime de travail
à temps partagé sur une base volontaire. Qu'on se rappelle
l'intervention de Mme Denise Le Blanc-Bantey concernant la politique de gestion
du temps partiel le 30 mars 1984, ainsi que le manifeste du Conseil
exécutif national du PQ de mai 1984: Face à un monde nouveau,
pour relever le défi du virage technologique dans la perspective du
plein emploi et de la justice sociale, il faudra donc que l'innovation sociale
accompagne l'innovation technologique et une redistribution équitable
des revenus, etc.
Comme on le sait, la réduction de la semaine de travail avec
pleine compensation a fait l'objet de représentations
particulières de la part de travailleurs pendant la dernière
année et, plus particulièrement, dans le cadre de
négociations de conventions collectives qui ont fait l'objet de
grèves. Cela a été le cas à la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal, on se le
rappellera. Cela a été le cas à Marine Industrie.
J'aimerais demander au ministre du Travail s'il est d'accord avec la
réduction de la semaine de travail avec pleine compensation.
M. Fréchette: M. le Président, il y a une
très longue entrée en matière pour arriver à une
question toute courte et fort simple. Je pense bien que l'équité
me permettra de relever quelques-unes des affirmations du député
de Portneuf. Par exemple, quand le député de Portneuf signale que
cette récession économique ou cette crise économique a
frappé le Québec plus durement qu'ailleurs pour des motifs
très précis de structure industrielle tout à fait
particulière, je suis tout à fait d'accord avec lui. Ce qu'il
faudrait cependant ajouter, M. le Président - cela m'apparaît
important dans le cadre de cette évaluation qu'il est en train de faire
- c'est que le Québec s'est sorti le mieux et le plus rapidement de
cette crise. Il s'agit là d'un jugement ou d'une évaluation qui
est faite par des observateurs de l'extérieur. Ce ne sont pas des
membres du gouvernement qui sont arrivés à cette conclusion, mais
des observateurs de l'extérieur et, par surcroît, des observateurs
de l'extérieur du Québec.
Maintenant, M. le Président, que l'on se réfère au
principe de la réduction des heures de travail, que l'on se
réfère à l'interdiction d'effectuer du temps
supplémentaire, que l'on se réfère au
phénomène du temps partagé, si le député de
Portneuf me demande mon opinion, je lui dirai, sans aucune réserve et
sans aucune espèce d'arrière-pensée non plus, que je suis
effectivement l'un de ceux qui croient que d'arriver à réaliser
ces objectifs permettrait, par la même occasion, de réaliser
d'autres objectifs tout aussi importants, c'est-à-dire la
réduction du chômage.
Il s'agit d'avoir fait le tour avec les intervenants qui seraient, au
premier chef, touchés par des décisions de cette nature pour se
rendre compte que l'opinion que j'ai, personnellement, à cet
égard, l'opinion que d'autres peuvent avoir n'est pas
nécessairement partagée par les principaux intervenants. Quand je
parle des principaux intervenants, je me réfère, bien sûr,
aux associations syndicales, de même qu'aux associations patronales. Il
s'agit - je ne cite qu'un exemple - simplement d'avoir assisté à
un bout des travaux de la conférence socio-économique sur
l'électronique et l'informatique, la semaine dernière, pour se
rendre compte que, dans le milieu même du
travail, les opinions varient du noir au blanc et se rencontrent
très difficilement, selon que l'on est d'un côté de la
table plutôt que de l'autre, selon que l'on est d'une telle association
patronale ou d'une telle association syndicale.
M. le Président, encore une fois, mon opinion personnelle, c'est
que, oui, il faut arriver à réaliser ces
phénomènes. Quoi que puisse en penser le député de
Portneuf, il faut arriver à les réaliser avec l'assentiment, le
consentement, l'adhésion du plus grand nombre possible d'intervenants.
Je vous dirai, par ailleurs, qu'à l'intérieur même du
gouvernement, à l'intérieur de la fonction publique, il y a
déjà des décisions qui ont été
arrêtées, qui ont été prises, qui sont à
l'extérieur des conventions collectives ou des décrets qui en
tiennent lieu, mais qui permettent effectivement d'arriver à
réaliser cet objectif de temps partiel, de temps partagé, ou,
plus globalement, de la réduction des heures de travail. Alors, si on me
demande mon opinion là-dessus, je dis: Oui, il faut arriver à
réaliser ces objectifs, mais je ne suis pas, par ailleurs, de ceux qui
croient que c'est en utilisant le marteau automatique qu'on va y arriver.
M. Pagé: Vous êtes donc d'accord, M. le ministre,
avec le principe de la réduction de la semaine de travail.
Êtes-vous d'accord avec le principe de la réduction de la semaine
de travail avec pleine compensation?
M. Fréchette: Cela est une toute autre situation. À
cet égard, je vous dirai que j'ai passablement plus de réserves
que sur le principe général de la réduction et d'une
compensation proportionnelle à la prestation de services. Je ne peux pas
vous dire que j'accepterais, sans autre considération, sans autre balise
et sans autre forme d'encadrement, le principe global de la réduction
des heures de travail avec pleine compensation. Non.
M. Pagé: Vous seriez contre. (19 h 15)
M. Fréchette: C'est-à-dire que je suppose que
chacune des situations peut avoir ses particularités. Il peut y avoir
des secteurs, des entreprises ou des activités pour lesquels cela peut
être possible sans que cela ne crée de préjudice
sérieux à l'une ou l'autre des parties, comme dans d'autres
secteurs ou d'autres domaines d'activité, cela ne peut pas être
réaliste d'y penser. Au surplus, je pense qu'il ne faut jamais perdre de
vue qu'en cette matière la première instance qui est
habilitée à arrêter des décisions, c'est
évidemment l'instance à l'intérieur de laquelle vont se
négocier les conditions de travail, plus précisément la
convention collective. Ce sont les parties elles-mêmes qui sont à
l'origine de décisions de cette nature, mais je comprends qu'on en est
actuellement à la discussion du principe d'ordre général
et, encore une fois, ma position à cet égard est de dire que je
n'accepterais pas, sans aucune espèce de balise, le principe qui ferait
qu'on est compensé dans sa prestation de services dans une proportion
plus forte que les heures qu'on y a consacrées.
M. Pagé: Cela semble assez difficile de vous faire dire si
vous êtes pour ou contre. Devons-nous comprendre, M. le ministre, que
vous êtes favorable au principe - d'ailleurs, vous n'avez pas le choix,
il est contenu dans votre programme politique - mais que vous ne pouvez
souscrire au principe de la réduction de la semaine de travail avec
pleine compensation, compte tenu de l'impact que cela aurait pour les
entreprises québécoises en termes de concurrence et finalement de
prix de revient du produit?
M. Fréchette: C'est très précisément
ce que j'essaie de dire au député de Portneuf. Je comprends que
cela peut ne pas être aussi clair qu'il le souhaiterait, mais, si vous me
demandez de faire une affirmation solennelle qui serait de la nature d'un
principe général, je vous dirai que je ne peux pas souscrire
à la philosophie qui ferait, par exemple, qu'on travaille 35 heures par
semaine et qu'on est payé pour 40 heures. Je ne pourrais pas souscrire
à une philosophie générale de cette nature. Je dis, par
ailleurs, qu'il peut y avoir des circonstances particulières qui
feraient en sorte que des parties à un contrat collectif de travail
pourraient convenir d'un semblable mécanisme et, si elles le font par
voie de négociation, tant mieux pour ces parties chez qui une
disposition ou un principe d'ordre général comme celui-là
pourrait s'appliquer. Quant à moi, j'hésiterais à inscrire
cela sans balise, comme principe général, encore une fois, dans
nos lois.
M. Pagé: Cet article de votre programme est donc entre
guillemets, entre parenthèses, en suspens. Est-ce que des études
ont été faites par le service de M. Parent, le sous-ministre
adjoint, sur l'impact de la réduction de la semaine de travail avec
pleine compensation sur les entreprises québécoises, soit sur le
nombre d'emplois qui seraient ainsi libérés ou encore sur la
faisabilité, sur les coûts au sein des entreprises
québécoises, par exemple, de 500 employés et plus?
M. Parent (Réjean): En réponse directe à
votre question, c'est le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu qui a fait des études d'impact sur la
possibilité de la réduction des heures de travail et je pense que
les résultats ont été
publiés dans le rapport de la commission numéro 3 de la
conférence sur la micro-électronique qui a eu lieu cette
semaine.
M. Pagé: Est-ce que le ministère du Travail et
votre service ont été associés à cette
démarche?
M. Parent (Réjean): Pas à cette démarche
précise.
M. Pagé: Est-ce qu'ils ont été
associés à d'autres démarches touchant le même
sujet?
M. Parent (Réjean): Aménagement du temps de
travail?
M. Pagé: Oui.
M. Parent (Réjean): Non.
M. Pagé: Effet sur les coûts pour les entreprises
québécoises?
M. Parent (Réjean): Non.
M. Pagé: Non plus. Toujours avec M. Parent: Quels sont les
sujets principaux sur lesquels vous travaillez actuellement?
M. Parent (Réjean): Présentement, la programmation.
Je vais citer les principales. D'abord, vous avez pris connaissance, dans la
revue Le Marché du travail qui vous a été envoyée,
je pense, comme membre de la commission, du bilan de 1984 sur l'état des
relations du travail. C'est un bilan consolidé que nous faisons sur une
base annuelle.
M. Pagé: Cela a été bien fait, soit dit en
passant.
M. Parent (Réjean): Merci. Nous avons également
publié une brochure de vulgarisation sur le Code du travail sous forme
de questions et de réponses et, après l'avoir distribuée
à 14 000 entreprises et syndicats - en fait, il y a à peu
près 7000 accréditations au Québec - nous l'avons
également mise en vente par l'Éditeur officiel.
M. Pagé: Si vous permettez, M. Parent, la question ne
portait pas sur ce qui a été fait, mais sur ce sur quoi vous
travaillez actuellement.
M. Parent (Réjean): Actuellement. M. Pagé:
Oui.
M. Parent (Réjean): En fait, nos gros dossiers
présentement, c'est que nous terminons l'enquête salariale, la
rémunération globale qui porte sur l'année 1984. Nous
travaillons également sur un dossier qui est à l'amorce, les
impacts des changements technologiques de ce qu'on appelle CAO-FAO, conception
assistée par ordinateur et fabrication assistée par ordinateur.
C'est un dossier conjoint avec le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Nous tentons d'évaluer l'impact sur
l'emploi, l'organisation du travail et les conditions de travail. D'autres
dossiers principaux: Également, nous avons amorcé cette
année et cela, après consultation avec le comité 26-CCTM,
la production de ce qu'on appelle les profils sectoriels et nous en avons un en
chantier présentement dans le secteur municipal et également dans
le secteur de l'alimentation. Ce sont deux gros dossiers majeurs où
l'idée de fond est de permettre aux parties négociantes, si vous
voulez, aux parties syndicale et patronale, de s'asseoir sur les mêmes
bases de données pour entamer des négociations.
Également, une étude qui est en cours concerne l'arbitrage
de différends dans le cas des premières conventions collectives
qui est un régime qui est en place depuis, je pense, le bill 45, en tout
cas...
M. Pagé: Quelques années seulement.
M. Parent (Réjean):... quelques années, et on
touche la question de ce qu'on appelle l'arbitrage de différends des
policiers-pompiers, particulièrement vu sous l'angle de l'augmentation
des salaires qui ont pu être donnés depuis 1983, depuis
l'avènement de certaines modifications qu'il y a eues au code
également.
M. Pagé: Est-ce que vos services ou les services de votre
personnel, à l'intérieur de votre botte particulière, ont
été sollicités dans le cas du conflit à la
Sûreté du Québec?
M. Parent (Réjean): Non, pas du tout.
M. Pagé: Non, pas du tout. Est-ce que vos services ont
été sollicités par le Conseil du trésor dans son
approche ou dans la préparation du projet de loi pour les modifications
au régime de négociations dans les secteurs public et
parapublic?
M. Parent (Réjean): Au niveau du centre de recherche,
non.
M. Pagé: Pas au niveau du centre de recherche qui est
projeté...
M. Parent (Réjean): En fait, le centre de recherche n'a
pas été sollicité pour examiner ces questions.
M. Pagé: II l'a été ou il ne l'a pas
été?
M. Parent (Réjean): Le centre de recherche n'a pas
été sollicité.
M. Pagé: Ah! C'est tout de même curieux. Merci, M.
Parent.
M. Fréchette: M. le Président, juste un
détail additionnel. Le service de recherche du ministère, comme
vient de le dire M. Parent, n'a pas été consulté, mais le
ministère a été consulté et a émis son avis
sur le projet de loi dont on parle. Il a été consulté
à plusieurs reprises. Il a donné plusieurs avis et il ne faudrait
pas rester avec l'impression, comme le disait d'ailleurs le
député de Portneuf dans ses remarques préliminaires, que
le ministère du Travail n'a pas été associé
à ce dossier-là.
M. Pagé: D'accord. Le ministère du Travail a donc
été associé à l'avant-projet ou au projet de loi
qui sera déposé d'ici à quelques jours?
M. Fréchette: À tout le processus, M. le
Président.
M. Pagé: À tout le processus. Par la participation
de qui à l'intérieur de votre boite?
M. Fréchette: Par la participation de celui qui vous
parle. Par la participation du sous-ministre, du sous-ministre adjoint. On a
émis, M. le Président, un long avis écrit au
gouvernement...
M. Pagé: Est-ce que vous pourriez le déposer?
M. Fréchette: Je ne pense pas que cela soit utile qu'on le
dépose, M. le Président, pour des motifs qui sont fort clairs. Ce
n'est pas d'intérêt public que ce document soit
déposé ici. Si le député de Portneuf veut me croire
sur parole...
M. Pagé: Je vous crois sur parole.
M. Fréchette:... je lui dirai qu'effectivement le
ministère du Travail a été consulté, encore une
fois. Il a émis les opinions dont je viens de parler et des opinions
écrites qui étaient contenues dans un document
élaboré qui a été soumis au gouvernement et dont
plusieurs des recommandations ont été retenues.
M. Pagé: Dans le cadre de la préparation de
l'avant-projet de loi ou du projet de loi?
M. Frechettes C'est cela. Vous imaginez bien, M. le
Président, que lorsque, par exemple, l'on se réfère
à la possibilité de proclamer les actuels articles du code qui
concernent les services essentiels dans les matières de santé ou
les autres matières connexes ou bien de retenir de nouvelles
dispositions pour remplacer celles qui sont actuellement au code et qui n'ont
jamais été proclamées, vous allez comprendre facilement
qu'autant le ministère que le Conseil des services essentiels à
cet égard a été consulté et je dirais même
qu'à plusieurs égards il a participé à
l'élaboration de l'avant-projet, du projet, enfin, il a
été impliqué dans le dossier depuis le début
jusqu'à la fin.
M. Pagé: En regard du volet des services essentiels
seulement?
M. Fréchette: En regard du volet des services essentiels
et en regard, également, d'autres mécanismes qu'on retrouvait
dans l'avant-projet de loi.
M. Pagé: Comme?
M. Fréchette: La période prévue de
médiation, comment doit-elle être faite? Quelle période de
temps? Combien de temps doit-elle durer? Doit-il y avoir une période de
"cooling off"? Si oui, de quelle durée doit-elle être?
Enfin...
M. Pagé: D'accord.
M. Fréchette:... des considérations de cette nature
ont été soumises à l'appréciation du
gouvernement.
M. Pagé: Est-ce qu'il y a un fonctionnaire du
ministère du Travail ou des fonctionnaires du ministère du
Travail qui sont affectés à temps plein à cette
démarche ou qui ont été affectés à temps
plein a cette démarche?
M. Fréchette: II y a des fonctionnaires qui y ont
été affectés à temps plein, mais il n'y en a plus
maintenant au moment où on se parle. Je pense qu'il est indiqué,
également, de souligner que le temps qui a été
consacré à cette activité n'a pas duré des semaines
et des mois. Cela a pris une certaine période de quelques jours, au
maximum quelques semaines pour arriver, encore une fois, à
émettre les opinions dont je viens de parler.
Bureau du commissaire général du
travail
M. Pagé: Merci pour ce volet, M. le ministre. Le Bureau du
commissaire général du travail: Une étude externe a
été effectuée sur le fonctionnement administratif du
bureau. Dans le rapport annuel 1983-1984 du ministère, il est
mentionné qu'il faudra voir à implanter les mesures
recommandées selon leur faisabilité. Le bureau du commissaire
s'était fixé comme objectif la
réduction des délais, particulièrement en
matière d'accréditation et de plaintes de congédiement.
Plusieurs facteurs peuvent contribuer à allonger les délais, que
ce soit l'absence de disponibilité des parties aux dates d'audition
suggérées par les commissaires ou le contrôle du bureau du
commissaire, c'est difficile. Mais, comme le mentionne votre rapport annuel, le
bureau du commissaire considère qu'il est important d'agir sur les
variables qu'il est à même de contrôler, tels les
délais administratifs, les délais de convocation, etc. Est-ce que
le ministre pourrait nous indiquer, aujourd'hui, quels sont les moyens qui ont
été pris ou qui seront pris pour aller dans le sens des
recommandations des résultats de cette étude et ce qui reste
à faire? Qu'est-ce qui sera fait?
M. Fréchette: M. le Président, je voudrais
simplement soumettre une considération d'ordre général
quitte à demander au sous-ministre aux relations du travail de
préciser davantage sur la dernière partie de la question du
député de Portneuf. Je voudrais simplement dire que cette
étude de la firme COGERI a été commandée dans le
seul et unique but d'évaluer le fonctionnement opérationnel du
BCGT. J'ajouterai à cela que le même mécanisme ou la
même opération va se faire dans les autres services du
ministère pour, très précisément, avoir une
idée la plus exacte possible du fonctionnement opérationnel de
chacun des services du ministère.
Quant à la suite ou au suivi qui a été donné
à l'étude de COGERI, je vais demander au sous-ministre, si vous
me le permettiez, de vous donner quelques précisions là-dessus.
Je suis demandé d'urgence quelque part pour trois minutes, M. le
Président. Est-ce que cela crée des embêtements? (19 h
30)
M. Pagé: Aucun embêtement.
Le Président (M. Bissonnet): M. le sous-ministre, pour le
ministre.
M. Pagé: M. Desilets.
Le Président (M. Bissonnet): M. Désilets.
M. Désilets (Raymond): M. le Président, le
ministère du Travail a adopté un plan directeur annuel du Bureau
du commissaire général du travail, à la suite du rapport
de COGERI. Ce plan directeur annuel est divisé en trois grandes parties:
la première partie traite du fonctionnement opérationnel du BCGT;
la deuxième partie traite du fonctionnement administratif du BCGT; la
troisième partie s'intitule "Cueillette de statistiques de gestion". Ce
plan annuel se terminait en mars dernier. On peut dire et affirmer qu'à
peu près 70 % des objectifs ont été atteints, surtout au
niveau du fonctionnement administratif. Nous avons procédé au
recrutement et à la dotation de trois personnes clés que le
rapport COGERI nous identifiait, c'est-à-dire un chef des agents
d'accréditation, un coordonnateur des dossiers et aussi - important,
celui-là - un adjoint administratif.
Donc, sur le plan administratif, l'opération est à toutes
fins utiles complétée. Sur le plan des opérations
courantes, sans vous donner des détails de tous les objectifs
visés dans le plan annuel, cela a été atteint, en grande
partie, au cours de l'année. Il nous reste d'autres objectifs à
atteindre, qui n'ont pas été atteints cette année, en
termes de formation et de perfectionnement du personnel, d'orientation, de
conciliation ou de médiation plutôt que d'adjudication des
dossiers. Ce sont des efforts que nous ferons. Le plan directeur annuel de
l'année passée, qui n'a pas été
réalisé, est reproduit pour l'année qui vient. Nous
tenterons sûrement... Je pense être capable d'atteindre les
objectifs du plan directeur quant à la formation, au perfectionnement et
aux orientations à être données aux activités du
personnel du BCGT.
M. Pagé: M. Désilets, devons-nous comprendre que le
plan directeur, qui a été établi, l'a été
à partir de l'étude?
M. Désilets: Oui.
M. Pagé: Est-ce que vous pourriez déposer
l'étude aux membres de la commission ou, tout au moins, est-ce que je
peux en recevoir une copie?
Une voix: Pas de problème.
M. Pagé: Pas de problème!
Une voix: II n'y a aucun problème.
Le Président (M. Bissonnet): Alors...
M. Désilets: Je ne vous dis pas, cependant, que le plan
directeur...
Le Président (M. Bissonnet): M. Désilets...
M. Désilets:... ne contient pas autre chose.
Le Président (M. Bissonnet):... vous pourriez la faire
parvenir, pour dépôt, au secrétaire de la commission, pour
qu'il puisse la distribuer à chacun...
M. Pagé: Qui va me l'acheminer ou l'acheminer aux autres
collègues.
Le Président (M. Bissonnet):... des membres de cette
commission.
M. Pagé: On dit que c'est assez volumineux et c'est
explicable qu'il en soit ainsi.
M. Blain (Yvan): Juste un mot pour compléter un peu
l'exposé de M. Désilets. C'est que, oui, il y a des choses qui
émanent du plan COGERI, mais ce n'est pas uniquement à cause du
plan COGERI que le plan directeur est bâti. Cela se fait
régulièrement dans toutes les directions. Évidemment, il y
a des choses qui viennent de là, mais, en plus des recommandations, il y
a des choses normales qui doivent être ajoutées au plan directeur
du BCGT.
Le Président (M. Bissonnet): Pour les fins du Journal des
débats, c'était M. Blain. C'est exact?
M. Blain: Voilà!
M. Pagé: Qui ne connaît pas M. Blain!
Le Président (M. Bissonnet): Je ne le connaissais pas.
M. Blain: Des fois, je ne me...
M. Pagé: Comment vous dites, M. Blain?
M. Blain: Des fois, je ne me connais pas moi-même! Je me
surprends.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Portneuf, si vous voulez poursuivre.
M. Pagé: Oui. Merci, M. Désilets. C'était la
seule... Pour autant que j'aie le rapport, cela va être suffisant.
J'aurais une question à poser à M. Morissette. J'aimerais que
vous informiez les membres de cette commission... Est-ce que vous avez
été consulté? Quelles ont été ces
consultations par le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu?
M. Blain: Excusez? M. Pagé: Oui. M. Blain:
Je n'ai pas... M. Pagé: M. Morissette...
M. Blain: Non, mais j'aimerais comprendre la question comme il
faut.
M. Pagé: Oui. J'ai une question à poser...
M. Blain: À M. Morissette.
M. Pagé:... et portant sur le décret de la
coiffure.
M. Blain: Oui.
Décret sur la coiffure
M. Pagé: J'aimerais savoir, plus particulièrement
de M. Morissette, les consultations qui ont été faites par le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
avant l'annonce par Mme la ministre de ses intentions en regard du volet de la
qualification dans l'industrie de la coiffure.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre, est-ce que
vous pouvez poursuivre l'étude des crédits?
M. Fréchette: Je suis bien disposé à
continuer, M. le Président, mais là...
Le Président (M. Bissonnet): Non, non...
M. Fréchette:... la question, je ne sais vraiment pas
où elle est.
Le Président (M. Bissonnet): Vu que c'était une
urgence, vous pouvez rester avec nous, maintenant. C'est ce que je voulais
mentionner.
M. Fréchette: Tout à fait, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, M. Morissette, si vous
voulez répondre a la question.
M. Morissette (Pierre-Paul): La direction des décrets a
subi un certain nombre de commentaires et a participé à des
travaux d'identification de la problématique dans le secteur de la
coiffure. Cela a été transmis aux autorités
sous-ministérielles en ce qui concerne plus spécifiquement la
coiffure.
M. Pagé: Est-ce que le ministère du Travail est
d'accord avec l'énoncé de Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu lorsqu'elle disait qu'à compter
de cette date - c'est ce qu'elle disait à l'Assemblée nationale -
toute personne...
M. Morissette: Personnellement, en tant que directeur du service
à l'intérieur de la structure, je n'ai pas à être
nécessairement en accord avec une position. Je soumets des commentaires
et la problématique au bureau du sous-ministre qui voit à
examiner l'ensemble de la situation. Ce qui a été fait
dans ce dossier, c'est qu'on a véhiculé les commentaires
des parties syndicale et patronale et on a soumis un ensemble de données
statistiques sur l'historique des décrets de la coiffure par l'entremise
des commentaires et des données qu'on a reçus des comités
paritaires.
M. Pagé: Mme la ministre a indiqué ceci à
l'Assemblée nationale: Toute personne pourra devenir coiffeur ou
coiffeuse sans autres formation et qualification. Est-ce que vous êtes
d'accord avec cela?
M. Morissette: Comme je vous le mentionnais tout à
l'heure, je n'ai pas eu à me prononcer sur la décision de Mme
Marois à cet égard. J'ai soumis un certain nombre de
données et de recherches sur l'ensemble du dossier. Il n'y a pas eu
d'autre contribution que celle-là.
M. Pagé: D'accord. Est-ce que les recommandations du
ministère peuvent être déposées?
M. Morissette: II faudrait demander au sous-ministre.
M. Pagé: Je comprends qu'elle est embarrassante, mais
quand même.
M. Fréchette: Pardon?
M. Pagé: Je ne parle pas de la ministre, je parle de la
question.
M. Fréchette: M. le Président, ce à quoi se
réfère le député de Portneuf a, de toute
évidence, non seulement une référence, mais c'est
très précisément un document de travail interne
préparé par les services du ministère pour les fins de la
consultation qui a été engagée à cet égard.
C'est exactement le même phénomène que celui dont je
parlais tout à l'heure quant au caractère privé des
documents dont on parle, autant à l'égard de la situation
à laquelle on se référait tout à l'heure
qu'à l'égard de celle qui nous préoccupe actuellement. Il
n'est très certainement pas d'intérêt public, M. le
Président, de procéder au dépôt de cette
documentation.
M. Pagé: Je ne veux pas, M. le ministre, vous imputer de
motifs, mais je dois vous dire que, personnellement, je suis convaincu que, si
vous aviez été d'accord avec Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu dans un document produit au sein du
ministère, vous l'auriez très probablement déposé
d'emblée.
M. Fréchette: II ne veut pas m'en imputer, mais il m'en
impute quand même, M. le Président.
M. Pagé: C'est mon opinion personnelle.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre, je ne suis
ici que pour présider.
M. Fréchette: J'ai compris.
M. Pagé: Cela, c'est la coiffure. Est-ce que vous
êtes d'accord, car vous êtes quand même solidaire de la
décision de Mme la ministre d'abolir tout le volet de la formation, de
la qualification? Vous n'avez pas le choix; par solidarité
ministérielle, vous vous devez d'être d'accord. Jusqu'où
est-ce que cela ira? Quels sont les autres secteurs, les autres métiers
qui seront éventuellement touchés dans cette nouvelle approche de
déréglementation?
M. Fréchette: C'est un phénomène curieux que
celui devant lequel on se retrouve, M. le Président. Curieux en ce sens
que, dans certains secteurs, pour ne pas le nommer, celui de la
construction...
M. Pagé: On y reviendra tantôt.
M. Fréchette:... on réclame à grands cris la
déréglementation. Tantôt, on réclamera l'abolition
pure et simple du règlement de placement; tantôt, on
réclamera que des amendements soient introduits au règlement de
placement. Voici que le gouvernement prend une décision de
procéder à déréglementer dans un secteur bien
spécifique qui est celui de la coiffure, et là, on a des
réserves comme ce n'est pas possible. Sur le seul plan de la
considération générale, M. le Président, je me
demande comment on peut allier les deux choses dont on parle. Dans un cas, la
déréglementation est dangereuse et dans l'autre cas, il faut
absolument qu'elle se fasse.
Deuxièmement, on a dû le dire pendant que j'ai
été absent quelques minutes, tout cela va se retrouver en
prépublication dans la Gazette officielle dans les jours, sinon les
semaines, qui viennent parce que tout a déjà été
envoyé pour prépublication et on va se retrouver exactement
devant le même mécanisme que celui dont on a longuement
parlé tout à l'heure, c'est-à-dire celui du
règlement qui concerne la santé et la sécurité dans
la construction lorsqu'on fait du maniement ou de la manipulation, entre
guillements, de matériaux d'amiante. Cette période de
prépublication est là très précisément pour
permettre aux intervenants de s'exprimer sur les intentions qui sont
annoncées par le gouvernement dans la prépublication de ce projet
de règlement.
Comment est-ce que tout cela va finir? Je serais fort
présomptueux de me prononcer à cet égard, M. le
Président, avant d'avoir entendu - et je sais qu'il va y en avoir des
représentations - ceux qui sont intéressés à
s'exprimer là-dessus.
M. Pagé: Vous parlez de la coiffure? M.
Fréchette: Je parle de la coiffure.
M. Pagé: Ce qui devait être fait en janvier.
M. Fréchette: Ce qui a été annoncé en
janvier.
M. Pagé: En décembre.
M. Fréchette: En décembre, quelques jours avant
l'ajournement des fêtes.
M. Pagé: Ce qui devait être fait en janvier,
annoncé en privé aux partis comme devant être
prépublié le 4 avril et qui ne l'est pas encore. C'est cela?
M. Fréchette: Je signale simplement au
député de Portneuf qu'il y a neuf décrets qui sont
spécifiquement visés par le phénomène dont on parle
et que, s'il y a eu un retard de quelques jours, cela peut être dû
à ce phénomène, l'important étant que, finalement,
les parties concernées sachent très précisément
quelles sont les intentions gouvernementales à cet égard.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Quels sont les huit autres? M. Morissette doit le
savoir.
M. Morissette: Ce qui se produit, ce sont des décrets
régionaux. Il y a un décret à portée provinciale
pour l'ensemble du Québec qui s'appelle le statut du coiffeur. Alors, au
total cela fait neuf projets de prépublication. Il y en a un qui est en
vertu de la loi sur la qualification et la formation professionnelle, celui qui
touche à l'apprentissage et à la qualification, et il y a huit
projets qui visent à intégrer certaines dispositions du statut du
coiffeur dans les décrets régionaux. Ce sont des
prépublications qui concernent tout décret...
Autres décrets
M. Pagé: Toujours au chapitre des décrets, dans
l'industrie de la fourrure, une tutelle a été
décrétée à la suite d'une enquête qui a
été faite par le ministère du Travail. Une enquête
policière a d'ailleurs été conduite. Le rapport de
l'enquête policière, selon les informations que je possède,
a été complété à l'automne 1984. Aucune
poursuite n'a été déposée. Est-ce que le ministre
du Travail pourrait nous indiquer ses intentions en regard de ce décret?
Est-ce qu'il est exclu que toute poursuite puisse être
déposée? La tutelle était initialement prévue comme
pouvant être levée au printemps 1985; quelles sont vos intentions,
M. le ministre?
M. Fréchette: M. le Président, je pense qu'il est
important, comme première observation, que j'attire l'attention des
membres de la commission parlementaire sur le fait que l'enquête
policière dont parle le député de Portneuf n'a pas
été commandée par le ministère du Travail; pas
plus, d'ailleurs, que cet autre phénomène d'enquête qui
s'est passé devant la CECO. Nous n'avons, quant à nous, en vertu
des pouvoirs que la Loi sur les décrets de convention collective nous
accorde, que fait une enquête qui est en relation avec l'administration
du comité paritaire. (19 h 45)
Quant au rapport de l'enquête policière, M. le
Président, à partir de ce que je viens de dire, soit que nous
n'avions pas été ceux qui avaient donné cette commande, je
dois dire aujourd'hui aux membres de la commission que le rapport ne nous a
jamais été remis. Il a été remis au ministre de la
Justice - il l'a d'ailleurs indiqué publiquement au moment où il
l'a reçu - et sous réserve de défauts de mémoire,
il avait aussi indiqué à la même occasion qu'il mandatait
des procureurs du ministère pour procéder à l'étude
et à l'évaluation des conclusions et du contenu du rapport de
cette enquête policière et qu'il aviserait en conséquence
au moment où les procureurs affectés au dossier lui feraient part
de leur évaluation et de leurs recommandations.
Ceci m'amène à dire, M. le Président, que je ne
peux pas affirmer aujourd'hui qu'il n'y aura pas de poursuite judiciaire, comme
je ne peux pas affirmer non plus qu'il y en aura. C'est au ministre de la
Justice, au moment où les crédits de son ministère seront
soumis à l'étude de la commission parlementaire, qu'il faudra
poser la question et c'est lui qui devra répondre à ce genre de
question.
M. Pagé: Mercredi prochain.
M. Fréchette: Voilà.
M. Pagé: En ce qui concerne la tutelle?
M. Fréchette: Au moment où on se parle - vous savez
que cette tutelle est en vigueur depuis mai 1984 - il n'y a. pas d'indications
ou de circonstances qui feraient que l'on doive procéder à sa
levée actuellement.
M. Pagé: Malgré l'effort de réorganisation
de M. Boily, qui a été nommé comme tuteur, c'est cela?
M. Fréchette: Malgré cette situation, et il y a un
certain nombre d'autres situations qui doivent être clarifiées,
mais pas dans le sens péjoratif du terme. Ce sera à
réévaluer dans un proche avenir quant à
l'opportunité de lever ou non cette tutelle.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Le
règlement de placement dans l'industrie de la construction?
M. Fréchette: On va changer d'assesseur, si vous me le
permettez.
M. le Président, est-ce que je dois toujours tenir pour acquis
qu'un peu avant 20 heures on va procéder à adopter les
différents programmes?
Le Président (M. Bissonnet): Le mandat de la commission,
c'est quatre heures pour l'étude des crédits, et deux minutes
avant 20 heures, je passerai au programme 1, au programme 2, etc.
M. Fréchette: M. le Président, je vous en serai
éternellement reconnaissant.
M. Pagé: Et je vous en serais éternellement
reconnaissant si vous ne preniez pas tout le temps pour répondre. Si
vous ne preniez pas tout le temps pour...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Portneuf, si vous voulez poser votre question immédiatement, compte tenu
du temps.
M. Pagé: Le premier ministre du Québec, M.
René Lévesque, s'est engagé, lors de l'annonce du plan de
relance en novembre 1983, ici même dans cette salle - et je l'ai
écouté et je l'ai entendu dire à la
télévision que les dispositions du règlement de placement
étaient inacceptables, qui privaient des milliers de jeunes du
Québec, formés par le ministre de l'Éducation, bien
souvent à la suite de recommandations de gens du ministère de
l'Éducation... Dans le monde de l'éducation, des orienteurs
disent à un jeune: Mon vieux, tu devrais t'en aller comme
électricien dans le domaine de la construction. Le diplôme obtenu
à la fin du cours professionnel, il n'a aucun moyen d'aller se chercher
un carnet d'apprentissage, aucune possibilité d'avoir un permis de
travail, le sacro-saint permis de travail de l'OCQ, sauf si son père est
entrepreneur. Qu'est-ce que vous allez faire concrètement et dans quel
délai comme suite aux engagements du premier ministre et des
vôtres, ceux-ci évoqués lors de la commission
parlementaire, l'année dernière, formulés en
décembre, repris à quelques occasions depuis? Vous n'avez, M. le
ministre, absolument rien fait malgré les hauts cris auxquels je me suis
référé dans mon intervention du début par rapport
au règlement de placement dans l'industrie de la construction.
Là, vous nous dites: Dans deux semaines. À quoi doit-on
s'attendre et dans quel délai? Est-ce que c'est illusoire d'en parler?
Est-ce qu'on devrait attendre qu'un gouvernement libéral fasse le
ménage là-dedans?
M. Fréchette: Cela serait curieux qu'un gouvernement
libéral fasse le ménage dans son propre ménage, M. le
Président, parce qu'il provient de là...
M. Pagé: Ce n'est pas vrai.
M. Fréchette:... le règlement de placement.
M. Pagé: Non.
M. Fréchette: Nous n'allons pas...
M. Pagé: Le 1er juillet 1978, M. Pierre-Marc Jonhson.
M. Fréchette:... M. le Président, réengager
toute la discussion là-dessus sauf, peut-être, pour faire une
observation. Quand on dit que la question de la possibilité de
travailler dans la construction tourne autour et alentour du marché qui
est ouvert à cette activité, je voudrais simplement me
référer aux chiffres de 1983 par rapport à ceux de 1984,
pour réaliser qu'effectivement c'est purement et simplement une question
de marché. En 1983, M. le Président, si on parle de certificats
de classification A, de certificats de classification apprenti, de
classification spéciale, dans ces trois catégories le nombre de
nouveaux salariés était de 2143. En 1984, pour les mêmes
catégories de jeunes travailleurs, 4411 ont pu intégrer le
marché du travail dans le secteur de la construction. De 1983 à
1984, avec la même réglementation, le nombre de jeunes au travail
dans le secteur de la construction a plus que doublé, M. le
Président.
L'Office de la construction, au mois de décembre, au mois de
janvier, au mois de février dernier, ayant pris les décisions que
l'on sait et soumis au gouvernement, conformément aux dispositions de la
loi, un certain nombre de considérations quant à
l'éventualité d'amendements au règlement de placement, je
veux simplement redire ici, M. le Président, ce que j'ai dit en Chambre
deux ou trois fois jusqu'à maintenant: L'opportunité de
procéder ou pas à des amendements au règlement de
placement va être déterminée par les travaux que nous
allons entreprendre, comme je l'ai dit au député de Portneuf,
d'ici à deux semaines. Pour le rassurer, je voudrais lui dire que ce
livre dont je parle depuis un certain nombre de semaines, qu'il soit vert,
blanc, jaune, peu importe la couleur, on me l'a remis cet
après-midi. Je l'ai en main aujourd'hui. Il va rester quelques
séances de travail et des séances de lecture à faire avant
de procéder à son dépôt, très probablement au
cours de la semaine prochaine.
M. Pagé: Merci. Comme suite à la commission
parlementaire qui a étudié l'industrie de la construction
l'année dernière, est-ce...
M. Fréchette: Je m'excuse.
M. Pagé:... qu'on peut prévoir des modifications au
niveau du ratio compagnons-apprentis? Est-ce qu'on peut prévoir un
régime particulier pour le secteur résidentiel? Et enfin,
j'aimerais vous poser, parce que le temps fuit, une dernière question.
Est-ce que vous avez fait une évaluation, aussi difficile qu'elle puisse
être, du volume du travail au noir dans le monde de la construction?
M. Fréchette: Quant au ratio compagnons-apprentis, M. le
Président, je voudrais simplement attirer l'attention des membres de la
commission sur le fait qu'il s'agit d'une réglementation dont
l'application relève de la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Mais il est clair qu'à la suite de ces
travaux de la commission parlementaire du mois d'août dernier et,
également, du désir de procéder à des changements,
c'est le genre de phénomène qui va être compris dans
l'ensemble des choses auxquelles on se référera dans ce document
dont je viens de parler.
Deuxièmement, M. le Président, il y a eu plein
d'études qui ont été faites quant à la
possibilité de cerner le phénomène du travail au noir.
Mais, par définition, on va comprendre que c'est tout à fait
impossible d'arriver à évaluer la proportion de ce que cela peut
être. C'est comme si on me demandait combien il y a de contribuables qui
ne paient pas leurs impôts, combien il y a de fiscalité au noir?
Par définition, on ne le sait pas. On n'est pas capables d'arriver
à des conclusions à cet égard. Mais je dirai cependant, M.
le Président, que les infractions qui ont été
constatées à la suite des inspections ont considérablement
augmenté en 1984. Elles sont maintenant de 33 862 alors qu'elles
étaient de 1k 055 en 1983.
Il y a une troisième question que j'ai oubliée, que le
député de Portneuf m'a posée.
M. Pagé: Le secteur résidentiel.
M. Fréchette: M. le Président, avec son
habileté habituelle, le député de Portneuf est en train de
me demander quel sera le contenu du document dont je viens de parler. Je lui
dirai qu'à ce stade-ci sa curiosité ne peut pas être
satisfaite. Elle le sera dans quelques jours.
M. Pagé: C'est ce que j'ai pensé.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que les programmes 1
à 5 du ministère du Travail sont adoptés?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté. Je
déclare les crédits prévus aux programmes 1 à 5
adoptés et, sur ce, la commission ajourne ses travaux sine die.
M. Pagé: M. le Président, il reste une minute. Je
voudrais remercier le ministre, MM. les sous-ministres et les fonctionnaires de
leur comparution devant nous cet après-midi. Allez dépenser et
ramenez-nous des crédits périmés.
M. Fréchette: II y en a qui avaient pris des billets de
loge et qui n'ont été que spectateurs toute la journée, M.
le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Sur ce, M. le ministre, la
commission ajourne ses travaux sine die.
M. Fréchette: Mes hommages et mes remerciements, M. le
Président.
(Fin de la séance à 19 h 57)