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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'économie et du travail est
réunie, à la suite d'un mandat d'initiative qu'elle s'est
elle-même donné, pour examiner les orientations, les
activités et la gestion de SOQUIP, tel qu'il a été convenu
à une séance de travail de la commission du 19 juin dernier.
Je demanderais au secrétaire de vérifier les
remplacements, s'il y en a.
Le Secrétaire: M. le Président, on m'a
informé qu'il n'y avait pas de remplacement pour cette
séance.
Organisation des travaux
Le Président (M. Bordeleau); Parfait! Cela veut donc dire
que nos membres sont intéressés. Comme ordre du jour, c'est assez
simple. Il s'agira de s'entendre peut-être, dès le début,
sur un processus ou une façon de faire avec l'aide du
vice-président de la commission. Normalement, il y a toujours les mots
d'ouverture. Est-ce qu'on pourrait, dès maintenant, définir le
temps dont on pense avoir besoin, l'ensemble des parlementaires de la
commission, les membres de la commission, pour faire le travail qu'on s'est
donné comme mandat? Oui, M. le vice-président.
M. Fortier: M. le Président, je pense qu'on devrait
s'entendre pour partager le temps peut-être motié-moitié en
principe. C'est seulement en principe. Si on n'a rien à dire, bien
sûr, on se tait, mais, en principe, je pense que les deux
côtés de la commission devraient avoir le droit d'intervenir pour
la moitié du temps.
Par ailleurs, je crois que le plus simple serait, lorsque nous
commencerons nos travaux, d'entendre SOQUIP. Je ne sais pas si quelqu'un du
côté ministériel est intéressé à
prononcer quelques mots avant le début de nos travaux. Par la suite,
nous pourrions commencer la discussion.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. Est-ce que je
comprends que, de part et d'autre, il n'y aurait pas de discours
préliminaires ou de discours d'ouverture? Oui, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, avant qu'on adopte
l'ordre du jour et avant qu'on passe aux discussions avec SOQUIP, je voudrais
faire valoir un point. Lors de notre dernière séance de travail,
la commission avait des propositions pour étudier deux
sociétés d'État: SOQUIP et la Société
nationale de l'amiante. Au sujet de la Société nationale de
l'amiante, c'était pour poser des questions sur le contrat à
intervenir pour former une société en commandite entre la SNA,
Campbell Resources et Asarco. Comme ledit contrat n'était pas encore
signé, on a décidé d'attendre que le contrat soit
signé pour décider de convoquer ou non la SNA.
Aujourd'hui, ce contrat est sorti, il a été publié
par le ministre de l'Énergie et des Ressources, pour former une
société en commandite. Il n'est pas encore signé.
Le Président (M. Bordeleau): Ce sont deux
problèmes.
M. Grégoire: Je vais me conformer complètement aux
règles.
Le Président (M. Bordeleau): J'aimerais savoir où
vous voulez en venir. On est ici pour discuter avec SOQUIP. On l'a
invitée et ses représentants sont là. Je ne vous laisserai
pas parler de SNA toute la journée.
M. Grégoire: Je parle de l'ordre du jour.
Le Président (M. Bordeleau): Il faudrait bien s'entendre
sur le mandat, je l'ai ici. Effectivement, on a parlé aussi de la SNA
à cette réunion, mais, on a décidé de parler de
SOQUIP aujourd'hui.
Motion proposant que la commission tienne une
séance sur la SNA
M. Grégoire: M. le Président, je discute de l'ordre
du jour parce que je veux terminer avec une motion pour ajouter, justement, un
point à l'ordre du jour. Le contrat à cette société
en commandite pose de nombreux problèmes, soulève de nombreuses
questions et cela semble confus pour tout le monde. C'est pourquoi je propose
d'ajouter ceci à l'ordre du jour que la commission se réunisse
aujourd'hui en séance de travail pour étudier
l'opportunité de convoquer d'ici quinze jours la Société
nationale de l'amiante.
Ma motion est donc de proposer une
séance de travail de la commission. Cette séance de
travail pourrait avoir lieu à l'heure du midi. J'exposerai alors toutes
les raisons qui peuvent m'amener à faire convoquer la
Société nationale de l'amiante. Je crois que cela serait à
l'avantage du gouvernement parce que cela permettrait alors d'exposer les
recherches faites grâce à l'initiative du gouvernement actuel, qui
ont entraîné des résultats et qui devraient influencer la
formation de cette société en commandite, par exemple, le
phosphatage de l'amiante qui, selon la SNA, va changer tous les marchés
de l'amiante dans le monde, les termes de l'entente signée et les
réserves présupposées de Campbell Resources Inc.
Le Président (M. Bordeleau): Ne discutez pas sur le fond,
M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Pardon?
Le Président (M. Bordeleau): Si vous avez une motion pour
amener un autre sujet, ne commencez pas à expliquer le sujet.
M. Grégoire: M. le Président, j'ai fait la
motion.
Le Président (M. Bordeleau): La motion est faite, à
ce que je sache.
M. Grégoire: Je peux parler sur ma motion aussi et dire
pourquoi je voudrais...
Le Président (M. Bordeleau): Il faudrait d'abord la
recevoir.
M. Fortier: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
vice-président.
M. Fortier: Je voudrais juste rappeler que, si le
député de Frontenac propose sa motion telle qu'elle est, soit un
ajout à l'ordre du jour, je ne suis pas sûr que ce soit recevable.
Maintenant, s'il propose aux membres de la commission qu'à l'heure du
lunch on se réunisse en séance de travail et que, par
consentement, nous le fassions, je crois qu'à ce moment-là le
député atteindrait ses objectifs, soit qu'il y ait discussion. Je
ne suis pas sûr que de la façon dont il le fait
présentement ce soit tout à fait recevable. Le but de son
intervention, comme je l'ai compris, c'est que les membres de la commission se
réunissent en séance de travail si possible à l'heure du
lunch pour nous permettre de statuer sur ce sujet.
Je lui ferais remarquer, d'autre part, qu'aujourd'hui nous sommes
réunis, comme l'a dit le président, pour entendre SOQUIP.
C'est une obligation qui est faite aux membres de la commission qu'une
fois par année, au moins, une société d'État soit
étudiée. Je ne suis pas sûr non plus que ce qu'il propose,
soit de le faire lors de la séance de travail, soit la bonne
façon parce que, s'il veut étudier l'ensemble de l'entente qui a
été rendue publique dernièrement, au lieu de se
prévaloir de l'article du règlement qui nous impose l'obligation
d'entendre une société d'État, on serait mieux d'invoquer
l'article du règlement que le secrétaire va me donner pour se
donner un mandat d'initiative afin d'étudier l'ensemble du dossier de
l'amiante parce qu'en plus de la Société nationale de l'amiante,
je crois qu'on devrait entendre également la société Lac
d'amiante qui est partie prenante. Si c'était limité à la
Société nationale de l'amiante, il se pourrait fort bien que
l'article 149 nous impose des limites. Il dit: "Toute commission peut, sur
motion d'un de ses membres, se saisir d'elle-même d'une affaire. Cette
motion doit être adoptée à la majorité des membres
de chaque groupe parlementaire. " C'est pour cela que je voulais faire ces
remarques-là au député. Si on était d'accord pour
en discuter lors de la réunion de travail, pas de l'évoquer dans
le sens d'entendre une société d'État, mais de se donner
un mandat d'initiative qui nous permettrait de demander à tous les
intervenants de venir, pas seulement à la Société
nationale de l'amiante, ceci nous permettrait de dresser un tableau beaucoup
plus complet.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, je ne pense pas que les
objectifs qui étaient poursuivis par le député de
Frontenac étaient de discuter du fond de cela ce matin, c'était
plutôt d'alerter les membres de la commission sur la
nécessité d'une séance de travail, comme l'a
souligné le député d'Outremont? Si on avait la certitude
que cette séance de travail pouvait se tenir quand même
aujourd'hui, on pourrait regarder quelle est la meilleure façon de
répondre aux attentes du député de Frontenac et, en
même temps peut-être, ajouter à ce que le
député de Frontenac veut proposer. Quelle sera la meilleure
façon sur le plan technique? On pourra voir cela au moment de la
séance de travail, si tout le monde convient qu'on peut avoir une
séance de travail aujourd'hui.
Le Président (M. Bordeleau): C'est cela. Ce qu'il s'agit,
donc, de faire, c'est convenir qu'il peut y avoir séance travail si
l'ensemble de membres...
M. Grégoire: M. le Président, étant
l'auteur de cette motion, je concours à ce qu'ont dit le
député d'Outremont et mon collègue de Sainte-Marie, et je
propose qu'une séance de travail de la commission de l'économie
et du travail ait lieu aujourd'hui pour étudier l'opportunité de
convoquer la Société nationale de l'amiante non seulement pour la
transaction de la société en commandite, mais, comme je crois que
l'annonce faite par le ministre de l'Industrie et du Commerce concernait
également Norsk Hydro, l'installation d'une usine de
magnésium-métal à Bécancour, cela devrait
également faire l'objet de la discussion. Je propose que la commission
de l'économie et du travail se réunisse aujourd'hui pour
étudier l'opportunité de la convocation de la SNA.
M. Fortier: À 13 heures? M. Grégoire: À 13
heures.
Le Président (M. Bordeleau): Cela conviendrait-il aux
membres de la commission? M. le député de Shefford.
M. Paré: Quant à moi, c'est non. Ce n'est pas que
je ne veux pas qu'on discute de cela, sauf qu'on est en commission pendant deux
jours complets et c'est sûr qu'on a d'autre boulot à faire aussi.
Moi, je suis pris de 13 à 15 heures. Je ne pourrais pas y être. Je
ne suis pas contre le fait qu'on en discute, sauf que, ce matin, on n'est pas
ici pour cela. On n'avait pas prévu, non plus, que, à l'heure du
lunch, on ne serait pas disponible pour travailler à d'autres dossiers
parce qu'on pourrait être retenu en séance de travail. On est ici
ce matin pour étudier le dossier de SOQUIP. On devrait procéder
comme cela et, à la fin de la journée, on pourrait s'entendre
pour discuter d'une séance possible de travail. Pour le moment, le
mandat qu'on s'est fixé aujourd'hui, c'est l'audition d'une
société d'État. D'une part, je ne serais pas prêt
à être ici de 13 à 15 heures et à annuler les
rendez-vous que j'ai déjà pris à l'heure du lunch.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, c'est exactement la
même préoccupation que j'ai. Je pense que, normalement, quand on
est convoqué en séance de travail, c'est parce qu'il s'est fait
un travail préalable; on est un peu au fait de ce qui s'en vient, et
cela nous permet de prévoir un agenda en conséquence. Là,
on est pris un peu au dépourvu et, personnellement, je pense qu'il
vaudrait mieux qu'on puisse prendre une telle décision, bien sûr,
aujourd'hui, mais plutôt vers la fin de la séance de ce matin ou
de cet après-midi, de façon qu'on soit en mesure d'adapter notre
agenda, mais pas comme cela, M. le Président. Ce n'est pas
sérieux, en tout cas, de cette façon-là.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je comprends que les ministériels n'ont
peut-être pas eu le petit papier qui leur disait quoi dire sur le sujet,
mais il me semble qu'il n'y a pas de danger à ce qu'on se
réunisse une demi-heure aujourd'hui, peu importe le moment. Si cela ne
fait pas à 13 heure, qu'on convienne de se réunir aujourd'hui en
séance de travail une demi-heure. Cela vous donnera le temps d'aller
chercher les directives et de savoir quoi dire sur le sujet par la suite. Je
blague.
M. Dussault: Tant mieux, M. le Président, si notre
collègue de Sainte-Marie blague, parce que cela veut dire que ce n'est
pas très sérieux, ce qui se passe, non plus. Je pense que le
sérieux de mon intervention, c'est de dire que j'aimerais bien avoir du
temps devant moi pour pouvoir adapter mon agenda. C'est exactement ce que mon
collègue de Shefford disait aussi. Pour cela, il faudrait qu'on puisse
prendre une décision là-dessus plus tard durant la
journée. C'est ce que je demande, moi, M. le Président, et je
n'ai ni petit mémo, ni petit papier à recevoir de personne
à ce sujet-là.
Le Président (M. Bordeleau): Boni Alors...
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Non, non, s'il vous
plaît! On va d'abord voir si on peut s'entendre, mais, de toute
façon, je ne prends pas cela comme une proposition formelle.
Il y a déjà un ordre du jour. Mais je veux voir si
l'ensemble des membres de la commission peut décider de se réunir
à la fin de la séance d'aujourd'hui, par exemple...
M. Dussault: M. le Président, si on nous demande...
Le Président (M. Bordeleau):... si cela convient.
M. Dussault:... de prendre immédiatement une
décision, moi, personnellement, je vais devoir voter contre, et ce ne
sera pas sur le fond. Cela va être sur la forme, malheureusement.
Le Président (M. Bordeleau): Non, mais est-ce qu'on
peut...
M. Fortier: Vers la fin de la séance,
autrement dit.
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Fortier: Nous sommes programmés pour entendre SOQUIP
jusqu'à 18 heures, mais, si on finissait avant 18 heures, est-ce qu'on
pourrait convenir, aussitôt que les travaux seront terminés, de se
muter en séance de travail jusqu'au plus tard à 18 heures?
Le Président (M. Bordeleau): Bon! Est-ce que cela
irait?
M. Fortier: Parce que, de toute façon, nous sommes
programmés pour terminer nos travaux à 18 heures ce soir.
Le Président (M. Bordeleau): Dans ce sens-là?
M. Dussault: Oui, M. le Président. Dans ce sens-là,
ce ne poserait pas de problème.
Le Président (M. Bordeleau): Bon! M. Grégoire:
M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député.
M. Grégoire:... j'ai un problème. Est-ce qu'on peut
dire qu'à 18 heures on commencerait la séance de travail, que
c'est terminé avec SOQUIP automatiquement?
Le Président (M. Bordeleau): Ce n'est pas ce qu'on a dit.
On a dit qu'immédiatement après avoir terminé le mandat
d'aujourd'hui, soit de discuter avec les gens de SOQUIP, on se réunirait
en séance de travail. Cela peut être à 16 h 30, 17 heures,
17 h 30 ou 18 heures.
M. Grégoire: Cela peut être à 18 heures?
Le Président (M. Bordeleau): On ne pourra pas fixer une
heure.
M. Grégoire: Cela peut être de 18 heures à 18
h 30? Très bien. Alors, il est adopté que, d'ici ce soir, nous
ferons une séance de travail.
Le Président (M. Bordeleau): Il y a un consentement des
membres pour se réunir en séance de travail à la fin de
l'étude de SOQUIP.
M. Grégoire: C'est bien. J'accepte cela, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. Bien. Nous revenons
alors à notre ordre du jour normal.
M. Fortier: Sur l'ordre du jour, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député d'Outremont.
M. Fortier:... est-ce qu'on peut demander au président de
SOQUIP de quelle façon il avait l'intention de procéder pour
éviter qu'il n'y ait un monologue de trois heures et qu'on ne commence
à en discuter ensuite? Est-ce que la présentation se fera par
étapes? Lors de la séance de travail, nous avions indiqué
que l'on voulait entendre SOQUIP. On avait aussi indiqué qu'il y avait
plus particulièrement trois sujets que l'on voulait aborder, mais je
pense bien que, de la façon dont le mandat a été fait, on
peut discuter de tout sujet qui touche SOQUIP d'une façon
générale; le secrétaire peut le confirmer.
Une voix: Oui.
M. Fortier: Mais il y avait trois sujets plus
particulièrement. De quelle façon SOQUIP entend-elle
procéder pour que cela ne soit pas seulement un monologue de trois
heures, mais que l'on puisse peut-être l'arrêter à certains
moments pour poser des questions et avoir des réponses?
Le Président (M. Bordeleau): Je demanderais à M.
Pouliot de nous présenter les gens qui sont avec lui et, ensuite, de
nous résumer un peu le scénario qu'ils avaient prévu. Si
cela reçoit l'accord des membres, à ce moment-là, nous
pourrions suivre cette direction. M. Pouliot.
M. Pouliot (Richard): M. le Président, évidemment,
nous sommes à la disposition des membres de la commission parlementaire.
Quant à la façon de procéder, nous nous sommes
préparés pour faire d'abord une présentation
générale de SOQUIP et, tel que le secrétaire nous invitait
à le faire dans sa lettre, vous faire une petite présentation
audiovisuelle de ce qu'est SOQUIP à l'heure actuelle. Plus
particulièrement, nous avons remis - et j'espère que les membres
de la commission l'ont reçu à temps - un document portant sur les
trois thèmes précis qui avaient été proposés
par le secrétaire dans sa lettre. Par conséquent, nous avions
prévu une présentation d'une vingtaine de minutes qui faisait
à peu près un tour d'horizon, y compris les trois sujets, quitte
ensuite à répondre à toutes les questions que les membres
de la commission auraient à poser.
M. Fortier: Et, par la suite, d'entamer chacun des trois sujets
plus en détail?
M. Pouliot: À votre convenance, si vous souhaitez le
faire, oui.
M. Fortier; C'est parce que je voudrais comprendre. La
présentation que vous ferez au début sera une présentation
générale. Pour les trois sujets qui avaient été
mentionnés, est-ce que, par la suite, vous ferez des
présentations plus succinctes ou plus particulières?
M. Pouliot: En réalité, la présentation que
l'on a préparée recouvrait également les trois
sujets...
M. Fortier: D'accord.
M. Pouliot:... mais de façon très
générale. Si vous souhaitez par la suite revenir sur chacun des
sujets en particulier...
M. Fortier: D'accord. Cela va.
M. Pouliot:... ou plus en détail, on pourra le faire
volontiers.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, avant de commencer la
présentation, j'avais demandé, par l'entremise du
secrétaire de la commission de l'économie et du travail, la
comparution, en même temps que SOQUIP, de M. Antoine Théoret,
d'Hydro-Québec, qui est plus spécialement versé dans le
domaine de l'hydrogène liquide et de la filière
énergétique électricité-hydrogène. Je sais
que SOQUIP dépense des fortunes pour équiper le Québec en
gaz naturel, mais, selon le Groupe de l'industrie de l'hydrogène et
selon la firme d'ingénieurs internationale SNC, que mon collègue
d'Outremont doit bien connaître également, l'avenir du domaine
énergétique est basé sur la filière
électricité-hydrogène.
J'ai ici le rapport de la firme SNC et le rapport du Groupe de
l'industrie de l'hydrogène, et c'est sur ces rapports que je me suis
basé pour demander la réunion de la commission afin de pouvoir
faire une comparaison entre les deux sources d'énergie et voir où
notre argent peut être le mieux dépensé, où l'argent
du Québec peut être le mieux dépensé pour assurer
l'avenir énergétique du Québec. J'avais demandé la
convocation de M. Antoine Théoret; est-ce que cela a été
fait; sinon, quelles sont les raisons pour lesquelles cela n'a pas
été fait?
Le Président (M. Bordeleau): Je vous rappelle
essentiellement, M. le député de Frontenac, que le mandat de la
commission a été défini et que nous l'avons défini
ensemble lors d'une séance de travail le 19 juin dernier. À ce
moment-là, à ma connaissance, en tout cas, je ne me souviens pas
que vous ayez, vous ou d'autres membres de la commission, indiqué un
intérêt pour ajouter un accessoire à ce qu'on s'est
donné comme mandat, c'est-à-dire les trois grands thèmes
qu'on a demandé de pouvoir développer avec SOQUIP aujourd'hui.
L'ordre du jour a été établi ainsi; je ne vois pas comment
on peut maintenant y ajouter autre chose.
Une voix: C'est complètement différent du
mandat.
M. Grégoire: M. le Président, c'est tout à
fait dans le sujet, parce que SOQUIP dépense des fonds publics pour
équiper le Québec en gaz naturel. Or, d'après le Groupe de
l'industrie de l'hydrogène et la firme d'ingénieurs SNC, l'avenir
énergétique du Québec et son indépendance
énergétique passeraient par la filière
électricité-hydrogène plutôt que par le gaz naturel,
tant au point de vue de l'hydrochimie, qui pourrait remplacer un secteur de
pétrochimie, qu'au point de vue du transport et autres. C'est pourquoi
je voulais que l'on convoque quelqu'un de ce domaine afin de voir où
l'argent du Québec serait le mieux placé. Je crois que c'est tout
à fait dans le sujet. Si on a un choix à faire, s'il y a une
science qui se développe...
Le groupe SNC dit que le Québec pourrait acquérir une
couple d'expériences dans ce monde industriel telles qu'il pourrait en
devenir le site de base mondial et être un exportateur net de la
technologie et des équipements reliés à ce domaine
jusqu'à au moins la fin du siècle. C'est dans le domaine de
l'hydroélectricité que le Québec possède des
avantages très nets, tant au point de vue canadien qu'au point de vue
nord-américain et même jusqu'à un certain point mondial.
C'est dans ce secteur et dans des activités industrielles qui en
découlent que l'on devrait concentrer les efforts.
Si SNC a raison, il serait bon de faire entendre des spécialistes
à ce sujet afin de réorienter nos capitaux là où
cela deviendra vital pour le Québec. (10 h 30)
Le Président (M. Bordeleau): M. le député...
Bon!
M. Grégoire: Si on a peur d'entendre un autre point de
vue, M le Président, qu'on nous le dise. Alors, bouchons-nous les yeux
et fermons-nous les oreilles!
Le Président (M. Bordeleau): Bien non! Vous vous
écartez très largement du sujet. De toute façon, je pense
que vous parlez plutôt d'une politique énergétique.
À ce moment-là, bien sûr, la commission pourrait
étudier un projet de politique énergétique ou je ne sais
pas quoi. C'est un autre mandat
beaucoup plus large.
M. Grégoire: C'est de la politique
énergétique.
Le Président (M. Bordeleau): On est ici dans le cadre d'un
mandat d'initiative pour étudier une société d'État
qui s'appelle SOQUIP, aujourd'hui, et on va s'en tenir à cela.
M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, je m'en voudrais de vous
contredire et de contredire aussi le député de Frontenac.
Le Président (M. Bordeleau): Ce ne serait pas la
première fois.
M. Bisallon: On n'est pas ici sur un mandat d'initiative, mais
sur un mandat d'analyse ou d'étude d'une société
d'État.
Le Président (M. Bordeleau): Excusez-moi. C'est un mandat
qu'on s'est donné.
M. Bisaillon: Ce mandat que chaque commission doit prendre
annuellement est fait pour examiner la mission des sociétés
d'État, leurs orientations, leur administration, la gestion de leurs
ressources à la fois financières et humaines. C'est là
l'objectif de la commission.
Ce que le député de Frontenac vise n'entre pas dans le
cadre de cette étude-là. Cela ne veut pas dire qu'en
étudiant la mission de SOQUIP il ne peut pas attaquer le sujet dont il
parle et vérifier pour voir si la mission de SOQUIP ne pourrait pas
être ou bien élargie ou bien réduite. Il a la
possibilité de faire cela, mais ce n'est pas un endroit où on
doit faire comparaître toute une série d'autres experts pour
parler à l'encontre ou dans le même sens que la
société d'État dont on doit examiner la gestion. C'est
dans ce sens-là que je diffère d'opinion avec le
député de Frontenac.
Le Président (M. Bordeleau): Je pense que vous avez assez
bien résumé la situation, M. le député de
Sainte-Marie. Est-ce qu'on peut maintenant procéder? Je demanderais au
président-directeur général de SOQUIP de présenter
ses collègues, les gens qui l'accompagnent et de nous faire la
présentation générale de SOQUIP telle qu'il voulait la
faire.
Exposé du président de SOQUIP M. Richard
Pouliot
M. Pouliot: M. le Président, madame, messieurs les membres
de la commission de l'économie et du travail, permettez-moi, d'abord, de
vous remercier d'avoir invité la direction de SOQUIP à faire une
présentation de ses objectifs et de ses activités.
Je crois savoir que SOQUIP est la première société
d'État que la commission ait choisi d'entendre en vertu des nouveaux
pouvoirs conférés aux commissions parlementaires par le
règlement de l'Assemblée nationale. Je m'en réjouis
d'autant plus que c'est la première fois aussi qu'à titre de
président et chef de la direction de SOQUIP j'ai l'honneur de me
présenter devant les membres de cette commission.
Avant d'aborder les thèmes qui font l'objet de cette
réunion, j'aimerais rapidement vous présenter mes principaux
collaborateurs. D'abord, à ma droite, M. Yves Rheault, qui est
vice-président et secrétaire de SOQUIP; à sa droite, M.
Jean Guérin, qui est vice-président à la planification;
à ma gauche M. Jean Lajoie qui est vice-président aux finances;
M. Pierre Boivin, qui est directeur de l'administration et des affaires
publiques chez SOQUIP; derrière, parce qu'il n'y a pas suffisamment de
place, M. René Bédard qui est vice-président,
chargé des affaires juridiques chez SOQUIP; enfin, M. Jacques Plante qui
est vice-président à l'exploration-production.
M. le Président, dans la lettre de convocation qu'il m'adressait,
le 27 juin dernier, le secrétaire de la commission demandait d'informer
cette commission sur trois sujets spécifiques: premièrement, le
regroupement de Gaz Métropolitain Inc. et de Gaz Inter-Cité Inc.
et ses implications sur la distribution du gaz naturel; deuxièmement,
les activités de SOQUIP Alberta à la suite de l'acquisition de la
société Sundance Oil, à la fin de l'année
dernière; enfin, troisièmement, le projet d'approvisionnement en
liquides de gaz naturel dans le but de soutenir le développement de
l'industrie pétrochimique montréalaise. À sa demande,
comme je le disais tout à l'heure, nous avons fait parvenir à
tous les membres de cette commission un texte qui visait à
répondre dans les grandes lignes aux préoccupations des
parlementaires sur les sujets précités. J'y reviendrai,
d'ailleurs, dans quelques instants.
Auparavant, cependant, nous avons cru qu'il serait utile de faire, sous
forme audiovisuelle, une rétrospective des activités principales
de SOQUIP, laquelle vous donnera non seulement une vue d'ensemble de ce que
nous faisons, mais également une vue de l'évolution des
activités du mandat de SOQUIP dans le temps. Ce tableau permettra aussi
de situer les trois thèmes principaux retenus pour étude
aujourd'hui.
Depuis sa création, en 1969, le développement de SOQUIP a
été largement dominé par la poursuite de trois objectifs
principaux: la recherche d'hydrocarbures au Québec, l'expansion du
réseau gazier et l'utilisation du gaz naturel et, enfin,
l'approvisionnement du Québec en hydrocarbures.
La recherche d'hydrocarbures au Québec fut dans le passé
et demeure encore aujourd'hui une préoccupation constante même si,
au terme d'une analyse des quinze dernières années d'explorations
effectuées sur le territoire du Québec dans l'estuaire et dans le
golfe du Saint-Laurent, nous sommes arrivés à la conclusion que
les chances de trouver et d'exploiter des gisements sur une base
économique sont faibles dans les conditions actuelles de la technologie.
Néanmoins, SOQUIP poursuit ses efforts, en particulier à Joly
actuellement où, en association avec des capitaux privés, elle
effectue un forage pour confirmer la présence de gaz naturel et
l'utilisation éventuelle d'un réservoir pour y effectuer du
stockage de gaz. Il en est de même, d'ailleurs, à
Pointe-du-Lac.
La décision prise par les gouvernements, à la fin des
années soixante-dix, de promouvoir, d'une part, une utilisation accrue
du gaz naturel au Québec et, d'autre part, de procéder à
l'extension vers l'est du réseau de transport de gaz amena SOQUIP
à jouer un rôle majeur dans la distribution du gaz naturel. Cette
implication se traduisit, au cours de la période de 1981 jusqu'à
la fin de 1984, par plus de 1 400 000 000 $ d'investissements dans le transport
et la distribution et ce, sans compter les investissements
réalisés par les consommateurs eux-mêmes pour effectuer les
conversions au gaz naturel.
Actuellement, comme on le sait, le gaz naturel occupe environ 13 % du
bilan énergétique du Québec. C'est donc dire que sa part a
doublé dans notre bilan énergétique en moins de dix ans.
Même s'il reste beaucoup à faire pour atteindre, voire même
dépasser l'objectif que nous nous sommes fixé pour 1990,
l'expansion du gaz naturel a déjà produit des effets
bénéfiques pour l'économie du Québec sur la base
des investissements, d'abord - je l'indiquais tout à l'heure - et sur la
base également des emplois. Ces investissements auront permis durant la
construction de créer ou de soutenir environ 4000 emplois directs et
6000 emplois indirects par année.
Sur la base de la structure industrielle du Québec, ces
investissements auront permis à des sociétés
d'ingénieurs-conseils et à des firmes de construction de
développer une nouvelle expertise dans un secteur jusqu'alors inexistant
au Québec.
Sur la base des économies régionales, ces investissements
auront été répartis dans la plupart des régions du
Québec. Sur la base, enfin, de la compétitivité et des
prix, la présence accrue du gaz naturel aura joué un rôle
significatif dans la stabilisation des prix de l'énergie au
Québec et dans l'amélioration de la compétitivité
de nos entreprises industrielles. La plupart des grandes entreprises au
Québec ont profité des programmes gouvernementaux et de ceux des
distributeurs pour s'équiper de manière à diversifier
leurs sources d'approvisionnement énergétique et, ce faisant,
pour réduire leur facture énergétique globale. Il existe
maintenant un plus haut degré de concurrence entre les
différentes formes d'énergie au Québec et c'est en grande
partie la présence du gaz naturel qui a contribué à
créer cette situation de marché.
Enfin, à partir du milieu des années soixante-dix, SOQUIP
s'est graduellement impliquée dans l'exploration et la production
d'hydrocarbures en dehors du Québec. Essentiellement, il s'agissait de
développer une meilleure connaissance de l'industrie et, dans un second
temps, de devenir un participant actif dans cette activité pour
éventuellement tirer avantage de notre position et également
tirer parti des bénéfices économiques reliés
à la production d'hydrocarbures.
Les efforts de SOQUIP ont, par conséquent, porté sur
l'exploitation de type conventionnel dans l'Ouest canadien et sur l'exploration
en région frontalière dans une perspective à plus long
terme. SOQUIP détient maintenant dans l'Ouest canadien un
intérêt dans des réserves prouvées et probables de
plus de 228 000 000 000 de pieds cubes de gaz naturel et de 9 000 000 de barils
de pétrole ou de liquides associés au gaz naturel, sans compter
400 000 hectares de terrain dont le potentiel nous apparaît important et
susceptible d'être développé dans l'avenir.
Par ailleurs, dans l'Atlantique, par l'entremise de PAREX, une
société qui est une filiale à laquelle participe SOQUIP,
SOQUIP a participé à trois découvertes importantes dont le
potentiel, évidemment, reste encore à définir. Il s'agit
de Terra Nova qui est à 30 kilomètres au sud-ouest d'Hibernia, la
découverte de Whiterose au nord-est et celle de Trave. Au moment
où on se parle, SOQUIP, avec des partenaires, participe également
à deux forages dans la baie d'Hudson.
Pour conclure ces remarques préliminaires, j'aimerais, M. le
Président, ajouter que la situation financière de SOQUIP s'est
améliorée considérablement au cours des dernières
années, passant d'une perte de plus de 2 000 000 $ en 1981-1982 à
un bénéfice de 7 600 000 $ en 1984-1985 grâce, en grande
partie, aux revenus découlant de la production d'hydrocarbures et des
placements effectués dans la distribution gazière.
Cela dit, j'inviterais maintenant M. Pierre Boivin, directeur de
l'administration et des affaires publiques, à vous faire la
présentation audiovisuelle qui vous donnera, en fait, visuellement un
peu plus de détails sur ce que je viens d'énoncer quant
à
l'évolution de SOQUIP depuis ses origines.
M. Boivin (Pierre): M. le Président, nous avons
préparé un document audiovisuel d'une durée d'environ
douze minutes qui, par son texte et ses images, vise à résumer
les principales activités de SOQUIP depuis sa création en 1969,
ainsi que son évolution au cours des 16 dernières
années.
J'invite donc les membres de cette commission à diriger leur
attention vers les deux moniteurs qui sont situés à l'avant de
cette salle.
Présentation audiovisuelle 1969. Sur un ton de rock and
roll et de Beatles en fin de carrière, c'était au choix, une
promenade sur la lune pour Armstrong et Aldrin ou encore une quatrième
coupe Stanley en cinq ans pour les Canadiens de Montréal. Mais
c'était aussi, devant la persistance des signes de tension au
Moyen-Orient et dans le golfe Persique, le sentiment de l'imminence d'une crise
pétrolière mondiale rendue plus évidente encore en raison
des difficultés de négociation entre les grandes
pétrolières et les membres de l'OPEP.
Les gouvernements prenaient alors conscience de l'importance vitale
qu'allait représenter bientôt pour leur pays la
sécurité en matière d'approvisionnement
énergétique et ils mesuraient l'impact que les coûts de
l'énergie auraient sur leur développement économique.
Le gouvernement du Québec, soucieux de ces
réalités, créait alors SOQUIP, la Société
québécoise d'initiatives pétrolières. En effet, en
1969, près des trois quarts de l'énergie consommée au
Québec provenaient du pétrole. Le gaz naturel albertain ne
satisfaisait que 4 % des besoins et l'électricité ne
représentait que 18 % du bilan énergétique.
Le Québec dépendait alors entièrement des
importations pour satisfaire ses besoins pétroliers malgré la
présence ici d'environ 20 000 000 d'hectares de terrains
sédimentaires potentiellement pétrolifères qui n'avaient
pas été explorés de façon exhaustive. À
l'époque, SOQUIP était considérée comme une
structure d'accueil chargée de promouvoir des initiatives industrielles
et commerciales susceptibles d'accroître la sécurité de
notre approvisionnement pétrolier et d'en réduire les
coûts.
En 1977, le gouvernement du Québec créait un
ministère de l'Énergie et s'engageait à préparer un
livre blanc sur sa politique énergétique. Publiés en 1978,
ses principaux objectifs visaient l'accroissement de l'autonomie
énergétique du Québec, ainsi que le renforcement de la
sécurité de ses approvisionnements.
Une transformation en profondeur du bilan énergétique
allait s'opérer jusqu'en 1990 dans le sens d'une plus grande
diversification des sources d'approvisionnement et des formes d'énergie.
Dans cette optique, SOQUIP voyait son mandat étendu en septembre 1980
pour lui permettre d'acheter, d'importer, de transporter, de faire raffiner, de
commercialiser ou de vendre des hydrocarbures. SOQUIP devient, par la suite, un
organisme aux activités plus diversifiées recouvrant aussi bien
l'exploration et la production pétrolière et gazière sur
terre et en mer que l'approvisionnement et la distribution du gaz naturel.
Au cours des premières années de son existence, SOQUIP
consacra la plus grande partie de ses ressources à l'exploration
systématique des bassins sédimentaires du Québec. En 1978,
après neuf ans d'activités, l'exploration était bien
avancée dans les Basses-Terres du Saint-Laurent, mais seul en 1975 le
gisement de Saint-Flavien situé à 50 kilomètres de
Québec avait été découvert. Il fallait donc
reconnaître que, même si la Gaspésie, ainsi que le golfe et
l'estuaire du Saint-Laurent offraient encore des perspectives
intéressantes, les efforts d'exploration de SOQUIP au Québec
n'auraient vraisemblablement pas un impact majeur sur son approvisionnement en
hydrocarbures. L'élargissement des activités d'exploration de
SOQUIP à l'extérieur du Québec, et notamment en Alberta en
1975, traduisait la volonté du gouvernement d'utiliser sa
société pétrolière pour jouer un rôle accru
dans la sécurité des approvisionnements en hydrocarbures
plutôt que seulement pour promouvoir l'exploration des bassins
sédimentaires du Québec. (10 h 45)
Les premiers revenus de production de SOQUIP dans l'Ouest canadien
étaient modestes, mais il était prévu qu'ils allaient
croître au fur et à mesure du développement des gisements
gazifères albertains de la ' société. Depuis, dans le
contexte de l'implication de SOQUIP dans la distribution du gaz, les
réserves de la société dans l'Ouest canadien se sont
considérablement accrues suite à l'accroissement des
activités d'exploration et à l'acquisition de
propriétés de Murphy Oil Company Ltd en 1982 et de Sundance Oil
Co., en 1984.
Tous les actifs de SOQUIP dans cette région ont été
transférés à SOQUIP Alberta. Cette filiale à part
entière dont le siège social est situé à Calgary a
pour mission de maximiser la production des réserves actuelles et d'en
acquérir des nouvelles pour l'approvisionnement du marché
québécois.
La côte atlantique du Canada renferme une des plus grandes
richesses pétrolières non encore exploitée au monde.
Situé près du Québec, ce territoire peut s'avérer,
à plus long terme, une source importante
d'approvisionnement en hydrocarbure.
En décembre 1982, SOQUIP s'engageait dans la première
étape d'un programme d'exploration par l'acquisition et le traitement
d'un relevé de 40 000 kilomètres de données
géophysiques dans les régions à plus fort potentiel.
La société d'exploration PAREX, issue de l'entente
intervenue en septembre 1983 entre SOQUIP Aberford Resources Ltd de Calgary, et
Denison Mines Limited, de Toronto verrait à intervenir dans
l'exploration de régions particulièrement riches en hydrocarbures
au large des côtes de Terre-Neuve et de Nouvelle-Écosse.
Suite à une série d'accords particulièrement avec
Petro-Canada, Bow Valley Industries Ltd et Esso Resources Canada Limited, PAREX
a pu acquérir un domaine minier offshore important comprenant, entre
autres, un intérêt dans le champ de Terra Nova, une
découverte significative de pétrole.
PAREX, c'est au total près de 200 000 kilomètres de
relevés géophysiques en cours d'interprétation. C'est
aussi l'analyse de près de 100 puits sur la côte est par une
équipe de professionnels de SOQUIP à Québec,
engagée dans cette activité en vertu d'un contrat de services
réalisé pour PAREX.
Enfin, depuis 1981, Exploration SOQUIP, une autre filiale à part
entière de SOQUIP, est engagée dans un programme d'exploration
dans la baie d'Hudson à la suite d'un accord d'amodiation avec Sogepet
Ltd. Ce programme couvre un vaste territoire adjacent au Québec.
Dans le domaine de l'approvisionnement, SOQUIP franchissait en mars 1983
une importante étape dans son développement en obtenant un
premier permis du gouvernement de I' Alberta l'autorisant à exporter du
gaz vers les marchés du Québec.
En janvier 1984, SOQUIP effectuait ses premières ventes de gaz
naturel à Gaz Inter-Cité Québec pour satisfaire les
besoins de l'Estrie et des Bois Francs. SOQUIP a depuis obtenu une
deuxième autorisation du gouvernement albertain. L'expansion du gazoduc
vers le SaguenayLac-Saint-Jean a permis à SOQUIP d'élargir
son marché au Québec. Le rôle de SOQUIP dans
l'approvisionnement gazier devrait aller en s'accroissant au cours des
prochaines années.
En 1975, le gaz naturel ne représentait que 6 % du bilan
énergétique du Québec alors que, à titre d'exemple,
il atteignait 29 % en Ontario. Le pétrole satisfaisait alors 71 % de nos
besoins.
En décembre 1981, l'Assemblée nationale autorisait SOQUIP
et la Caisse de dépôt et placement du Québec à
détenir conjointement un intérêt majoritaire dans deux
sociétés de distribution: Gaz Métropolitain Inc. et Gaz
Inter-Cité Québec Inc.
La part du gaz naturel atteint maintenant 13 % grâce aux efforts
de SOQUIP, des distributeurs et à des investissements de 1 400 000 000 $
au Québec. SOQUIP estime qu'en 1990 elle devrait passer à environ
17 %.
L'usage du gaz naturel, qui était jusqu'en 1980 limité
à la région de Montréal, s'étend maintenant sur un
territoire qui regroupe plus de 80 % de la population du Québec. D'ici
peu, le secteur industriel consommera plus de gaz naturel que de produits
pétroliers. Cet intérêt tient aux qualités
techniques indéniables du gaz naturel, telles la propreté, la
rapidité de chauffe, la capacité de maintenir une
température constante, éléments majeurs dans de nombreux
procédés de fabrication. Le gaz naturel permet, de plus, de
réduire la pollution atmosphérique et de minimiser les
retombées de pluies acides.
Dans un autre secteur de la distribution du gaz naturel, SOQUIP
effectuait le 31 mars 1980 la première livraison de gaz naturel
comprimé à partir des puits de Saint-Flavien jusqu'à
l'usine Brique Citadelle Limitée, de Beauport. Depuis, SOQUIP a
continuellement amélioré cette technologie. Aujourd'hui,
plusieurs industries importantes sont alimentées quotidiennement par les
fardiers de SOQUIP dont la flotte s'est accrue de plusieurs unités. La
desserte de clients industriels s'effectue également à partir du
gazoduc principal grâce à des installations des plus modernes
situées à Saint-Élie-d'Orford, près de Sherbrooke.
Enfin, il faut signaler que cette technologie du gaz naturel porté
devrait connaître des débouchés au plan international.
Enfin, la création de GNC Québec Limitée, en 1982,
par SOQUIP, CNG Fuel Systems et Gaz Métropolitain vise la
commercialisation du gaz naturel comprimé comme carburant pour les
véhicules.
Aujourd'hui, SOQUIP est devenue une société
d'énergie diversifiée et en pleine expansion. Depuis sa
création, les investissements et la force financière de
l'entreprise se sont accrus considérablement. Ses actifs, ajoutés
à ceux de ses sociétés associées, dépassent
maintenant 1 000 000 000 $.
Les efforts consentis ont largement contribué au
développement d'une solide expertise qui garantit à SOQUIP une
influence croissante sur le marché de l'énergie au Québec
et au Canada et lui permettent de participer à la croissance
économique du Québec. SOQUIP, au total, c'est la présence
sans cesse affirmée du Québec dans l'un des secteurs clés
de notre économie.
(Fin de la présentation audiovisuelle)
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. Pouliot.
M. Pouliot: Pour terminer, M. le Président, à ce stade-ci,
j'aimerais rapidement revenir sur les trois sujets qui ont été
mentionnés dans la lettre du secrétaire. Premièrement,
quant au regroupement de Gaz Métropolitain et de Gaz Inter-Cité,
il nous apparaissait inévitable à terme et, dans l'ensemble, nous
estimons qu'il sera bénéfique pour les consommateurs du
Québec. Dans le cadre des discussions actuelles sur la
déréglementation du secteur gazier au Canada et, par la suite,
lorsqu'il s'agira de négocier des volumes et dès prix du gaz
naturel dans un environnement concurrentiel, il nous apparaissait important de
constituer au Québec, un groupe majeur dans ce secteur. L'entreprise
regroupée, incluant les actifs de Gaz Inter-Cité et de Gaz
Provincial du Nord, comptera des actifs de près de 1 000 000 000 $, ce
qui la situera au quatrième rang des distributeurs du gaz au pays.
Cela dit, j'aimerais peut-être inviter M. Jean R. Lajoie, qui est
vice-président aux finances à SOQUIP, à vous faire un tour
d'horizon, une synthèse rapide du texte que vous avez eu - qui est le
premier texte ou le deuxième texte dans le document qu'on vous a
transmis - sur ce regroupement entre Gaz Métropolitain et Gaz
Inter-Cité.
M. Lajoie (Jean R. ): M. le Président, je vais essayer
d'être assez bref. Vous avez, à la page 10 du mémoire que
nous vous avons soumis, des textes qui portent sur le regroupement des
entreprises. Permettez-moi de vous rappeler succinctement les objectifs.
SOQUIP a procédé è la fusion des distributeurs
gaziers largement parce qu'on voulait consolider les infrastructures des deux
distributeurs gaziers, ce qui nous amènerait à améliorer
notre position concurrentielle en réduisant les coûts et cela au
bénifice des consommateurs de gaz au Québec.
Il va sans dire qu'en tant qu'investisseurs nous étions
convaincus également que la réunion des deux entreprises
réduirait les risques pour les investisseurs puisqu'on pouvait
effectivement marier deux distributeurs qui avaient une clientèle
quelque peu variée. Inter-Cité ayant une clientèle
largement axée à 80 % vers l'industriel présentait,
jusqu'à un certain point, un déséquilibre qui pouvait
être corrigé par la fusion avec Gaz Métro.
Je vais vous demander de regarder le tableau 4, à la page 13, qui
porte sur les aspects financiers de la transaction. Nous constatons que Gaz
Métro a payé 74 500 000 $ pour reprendre 100 % des actions de Gaz
Inter-Cité. SOQUIP, à ce point, avait un intérêt de
49 % dans Gaz Inter-Cité qui avait une valeur aux livres d'environ 33
000 000 $. Par ailleurs, ICG de Winnipeg, qui était l'un de nos
partenaires dans Gaz Inter-Cité, avait aussi 49 % et la
Caisse de dépôt détenait un intérêt de
2 % dans les actions ordinaires de Gaz Inter-Cité.
Gaz Métro, dans le cadre de cette acquisition, en a
également profité pour acheter Gaz Provincial du Nord qui est une
petite franchise dans le Nord-Est du Québec et Champion Pipeline qui
appartenait également à Northern and Central Gas. Le coût
total de la transaction, pour Métro, se chiffrait à 74 500 000 $
et SOQUIP a touché 34 000 000 $ lors de la vente de ses actions, SOQUIP
ayant reçu la valeur comptable de ses titres, plus une prime de 1 000
000 $ et SOQUIP recevant également un autre bénéfice qui
pourrait être quantifié, à savoir un contrat de livraison
de gaz vers Gaz Métro à compter du 1er novembre 1985.
Gaz Métropolitain a financé tout récemment,
d'ailleurs, cette acquisition en procédant à une émission
d'actions ordinaires de 103 000 000 $, je crois. On parle dans le texte de 100
000 000 $. À toutes fins utiles, les courtiers avaient une option
d'émettre 3 000 000 $ de plus de titres, qu'ils ont exercée
d'ailleurs. SOQUIP, pour maintenir sa position traditionnelle qu'elle avait
dans Gaz Métro à 20, 1 % des actions comportant droit de vote,
s'est portée acquéreur d'un même pourcentage de titres dans
la nouvelle émission, ce qui représente, pour SOQUIP, un
coût de 23 000 000 $ et ce qui a pour objet de maintenir sa participation
à 20, 1 %.
Vous avez ensuite des tableaux à la page - cela semble être
une page qui n'est pas numérotée - 15, d'après ce que je
peux voir, qui indiquent comment se résument les intérêts
dans Gaz Métro après la transaction. C'est l'essentiel. Je m'en
tiens à cela. On serait prêt à répondre à vos
questions.
M. Pouliot: Le deuxième... À moins que vous ne
vouliez, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. Pouliot.
M. Pouliot:... procéder tout de suite sur cette question,
je vais continuer à faire une présentation des deux autres
sujets.
Le Président (M. Bordeleau): Oui. On serait d'accord pour
entendre vos présentations et, après cela, on pourrait
peut-être vous questionner par secteur.
M. Fortier: Faites-le brièvement et on reviendra
spécifiquement sur cela.
M. Pouliot: Le deuxième sujet qui avait été
proposé concerne les activités de SOQUIP en Alberta et
particulièrement l'acquisition de Sundance Oil en 1984. Cette
acquisition visait à renforcer la présence de SOQUIP dans
l'approvisionnement en gaz naturel et à tirer avantage des
bénéfices
économiques reliés à la production d'hydrocarbures.
Cette opportunité apparaissait d'autant plus souhaitable que SOQUIP
était en mesure de négocier des contrats avec les distributeurs
québécois pour des volumes qui atteindront 22 000 000 000 de
pieds cubes par année à la fin de cette année-ci si
l'Alberta donne suite à la demande de permis qui est actuellement
à l'étude. Cette demande de permis est la troisième dans
la séquence des permis que SOQUIP a demandés à l'Alberta
pour le retrait du gaz albertain.
L'acquisition de Sundance Oil offrait également l'avantage de
détenir des droits dans des propriétés comportant un
potentiel de réserves considérables qui, une fois en production,
contribueront a satisfaire les besoins additionnels du Québec au cours
des prochaines années.
Je vais également demander à M. Lajoie de vous
résumer rapidement ce que vous avez à l'onglet 3 du document que
nous vous avons transmis. (11 heures)
M. Lajoie: À la page 3 de cet onglet, vous avez un petit
tableau qui résume les sources d'approvisionnement en gaz naturel au
Québec. J'attire particulièrement votre attention à la
dernière colonne "novembre 1985". Le tableau démontre que, si
SOQUIP obtient un nouveau permis qui est présentement demandé en
Alberta, elle et ses associés pourront contrôler
l'approvisionnement d'environ 13 % de tout le gaz consommé au
Québec. Ce chiffre de 13 %, nous le voulons croissant.
Nous savons que Gaz Métropolitain dans les années 1990 -
plus particulièrement, je crois, en 1995 - doit renouveler des contrats
considérables d'approvisionnement de gaz. Cette société,
Gaz Métropolitain, s'approvisionne dans le moment auprès de Trans
Canada Pipe Lines et de Pan Alberta. SOQUIP ayant donc identifié une
stratégie d'approvisionner les marchés du Québec, a'
été amenée à conclure qu'elle devait être
propriétaire de nombreuses ressources en Alberta.
La transaction Sundance a donc été faite dans ce contexte.
SOQUIP savait fort bien qu'elle devait avoir dans l'Ouest une entité qui
pouvait, en utilisant les fonds autogénérés provenant de
la vente d'hydrocarbures, financer un programme d'exploration pouvant nous
permettre de découvrir suffisamment de ressources pour au moins prendre
une large part dans les renouvellements de contrats. Nous n'avons pas la
prétention de pouvoir remplacer tous les volumes, même en 1995,
parce que vous devez savoir que, lorsque vous livrez 1 000 000 000 de pieds
cubes de gaz, vous devez avoir des réserves de quinze fois ce montant
pour pouvoir obtenir un permis d'exportation de l'Alberta. Nous croyons
plutôt que, vers 1995, GMI à elle seule vendra environ 185 000 000
000 à 200 000 000 000 de pieds cubes de gaz par année. Quinze ans
de réserves, c'est quinze fois ce chiffre; cela représente des
réserves de gaz que seules les multinationales ont présentement.
C'est considérable.
Néanmoins, pour, évidemment, prendre la plus grande part
possible dans ces volumes, SOQUIP a procédé à
l'acquisition de la Sundance Oil Company. Je vous demanderais de regarder le
tableau à la page 8, le tableau 4, qui démontre les
réserves prouvées et probables de notre filiale SOQUIP Alberta.
Ce qui est particulièrement intéressant, c'est de voir la part
dans ces réserves qui est attribuable à l'acquisition de
Sundance. Nous remarquons qu'à la fin, au 31 mars cette année, en
1985, nous avions des réserves prouvées et probables de gaz
naturel de 228 700 000 000 de pieds cubes. Pour donner un ordre de grandeur,
Gaz Métropolitain cette année consomme environ 140 000 000 000 de
pieds de cubes de gaz de sorte qu'en termes simplistes nous n'avons pas tout
à fait deux ans de volume de gaz. Nos réserves, si vous voulez,
représentent un an et demi environ de la consommation annuelle de Gaz
Métropolitain. Néanmoins, on voit que la part attribuable
à Sundance dans ces réserves est d'environ 556 000 000 000 de
pieds cubes et, si on regarde du côté des pétroles et des
liquides associés au gaz naturel, on se rend compte que nous avons
maintenant 9 000 000 de barils de pétrole dont 7 500 000 sont
attribuables à l'acquisition de Sundance.
On pourrait aussi regarder - ce qui est très intéressant,
d'ailleurs - le domaine minier maintenant en Alberta, à la page 10. Un
facteur important dans l'acquisition de Sundance, c'était justement la
qualité des terrains non explorés que détenait Sundance en
Alberta. On se rend compte que, présentement, SOQUIP a environ 438 000
hectares de terrains non développés en Alberta, dont 315 900
hectares sont attribuables à l'acquisition de Sundance. Nos
réserves pour l'avenir viendront essentiellement de ces terrains et
c'est largement pour cette raison que SOQUIP a procédé à
l'acquisition. Je m'en tiens à cela pour le moment et je serais
prêt à répondre à vos questions.
M. Pouliot: En dernier lieu, M. le Président, SOQUIP avait
reçu le mandat du gouvernement de regarder la possibilité
d'approvisionner Pétromont en liquides de gaz naturel de façon
économique, tout en procurant un avantage par rapport au prix des
charges d'alimentation actuelles. Jusqu'à tout récemment,
l'approvisionnement de Pétromont était principalement
composé de naphte provenant des raffineries de Montréal. Plus
récemment, Pétromont convertissait une
partie de ses installations pour utiliser également le butane et
est en voie de le faire également pour le propane. Or, sur le
marché de Montréal, ces produits ne sont disponibles que pendant
certaines périodes de l'année et en quantités
limitées. La seule alternative consiste à transporter à
partir de Sarnia par chemin de fer ou par camion les volumes nécessaires
aux besoins de Pétromont. Dans ce contexte, le manque d'infrastructures
entre Sarnia et Montréal pénalise l'industrie
pétrochimique montréalaise. Le projet, par conséquent,
dont la presse a fait largement écho, consiste à approvisionner
l'industrie pétrochimique de Montréal en liquides tirés du
gaz naturel, en modifiant la ligne actuelle d'alimentation appartenant à
IPL, Inter-Provincial Pipeline, de manière à pouvoir transporter
des liquides en même temps que les bruts. Puisque ce projet prendra
environ trois ans pour sa réalisation effective, il implique, pendant la
période intérimaire, l'approvisionnement sur le marché
international.
Bien que les discussions sur ce projet progressent selon
l'échéancier prévu, plusieurs conditions seront
nécessaires et restent posées à l'heure actuelle pour sa
réalisation effective. Encore une fois, je tiens à
préciser qu'il ne s'agit, pour l'instant, que d'un projet et ses
conditions essentielles me paraissent être les suivantes: d'abord la
disponibilité de liquides non fractionnés à des prix
inférieurs aux prix des produits spécifiques;
deuxièmement, l'aménagement des infrastructures par le
transporteur; troisièmement, l'implication de partenaires du secteur
privé; enfin, la conclusion d'ententes de commercialisation des produits
spécifiques une fois le fractionnement effectué à
Montréal.
Cela dit, je demanderais à M. Jean Guérin de vous faire
une présentation un peu plus détaillée du projet qui est
décrit à l'onglet 4 de votre document. Nous avons une maquette
là-bas, mais je ne sais pas si les micros vont permettre de capter le
son. En tout cas, il serait peut-être mieux de la présenter
d'ici.
M. Guérin (Jean): Je pouvais résumer le projet et,
ensuite, je pourrai me déplacer vers la maquette.
L'étude que nous avons faite avec Bechtel conclut qu'il y a moyen
de mettre de l'avant un projet d'approvisionnement en liquides de gaz naturel
pour Montréal, mais principalement pour Pétromont, qui serait
à la fois techniquement et économiquement réalisable. Quel
est ce projet exactement? Il s'agit d'acheter sur le marché de l'Ouest,
en Alberta principalement, un mélange de liquides de gaz naturel,
principalement les butanes et les propanes, à raison d'à peu
près 20 000 barils par jour, et de faire transporter ces liquides
mélangés sur le réseau d'IPL, qui est montré sur la
maquette que vous avez là.
Pour mettre en place ce réseau d'approvisionnement, SOQUIP doit
construire des installations de stockage à Edmonton, des installations
de stockage le long de la route, principalement à Superior, Wisconsin,
et à Sarnia en Ontario, et enfin des installations de réception,
de stockage et de fractionnement à Montréal. L'ensemble de ces
investissements pour le projet SOQUIP est de 200 000 000 $, en dollars
d'aujourd'hui. Vous avez environ 100 000 000 $ pour la région de
Montréal seulement. Le reste est réparti en réservoirs le
long de la ligne.
Pour que le projet se réalise, un des éléments
importants est le réseau IPL. IPL doit faire des investissements,
financés par cette compagnie à même l'ensemble des usagers
du système, pour augmenter, d'une part, la capacité entre
Edmonton et Sarnia et, d'autre part, convertir ou adapter la ligne entre Sarnia
et Montréal, parce que, présentement, entre Sarnia et
Montréal, on ne peut pas transporter de manière efficace des
liquides de gaz naturel, c'est-à-dire les propanes et les butanes, parce
que la ligne n'est pas faite pour transporter ce genre de produits. Elle ne
transporte présentement que des pétroles bruts. Pour donner un
exemple du manque d'infrastructures, en termes économiques, il en
coûte 1, 16 $ pour faire transporter un baril de liquide d'Edmonton
à Sarnia, là où est le centre pétrochimique
ontarien, et il en coûte 4 $ par baril pour faire le petit bout de chemin
entre Sarnia et Montréal, parce qu'il faut prendre le train. Le projet
repose sur l'adaptation de cette partie de la ligne et il devrait être
soumis à l'ONE par la compagnie IPL au cours de l'automne prochain.
En gros, l'investissement est de 200 000 000 $; la rentabilité
calculée par IPL et revue par nous est très bonne et est capable
d'attirer des investissements privés. C'est environ 15 % sur le total du
capital, après impôt. Je peux vous montrer la maquette, si cela
vous intéresse.
Le Président (M. Bordeleau): Nous pourrions
peut-être suspendre pendant quelques minutes pour permettre aux membres
de regarder la maquette. À moins que l'on ne passe aux questions
immédiatement.
Période de questions
M. Fortier: C'est ce que je voulais proposer, M. le
Président. On a eu un exposé assez vaste et j'allais proposer de
revenir sur chacun de ces sujets, un par un. Je pense bien que, si les membres
de la commission sont d'accord, il y a un premier sujet qui touche l'ensemble
de la politique énergétique. Ensuite, nous pourrons prendre un
par un les
trois autres sujets. Je ne sais pas si c'est ie moment opportun d'aller
plus en détail maintenant, parce que, si on saute d'un sujet à un
autre, je pense qu'on va être un peu mêlés.
Le Président (M. Bordeleau): Oui. Nous avons trois grands
sujets.
Politique énergétique
M. Fortier: Oui, et avec votre permission, M. le
Président, si c'est l'occasion, je voulais justement aborder le premier
de ces sujets qui était contenu dans l'exposé qu'on a eu. Je
voudrais remercier M. Pouliot, le nouveau président, et lui souhaiter
bonne chance, puisqu'il est le chef de la direction depuis le 2 juillet. Je
voudrais le remercier de la présentation qu'il nous a faite. Je crois
que le temps est propice pour une évaluation de vos activités et
c'est la raison pour laquelle les membres de la commission ont souhaité
vous entendre aujourd'hui, d'autant plus que nous avons eu l'occasion de vous
entendre il y a deux ans, justement, lorsque nous avons étudié la
politique énergétique, au mois de mars et au mois de septembre.
Au mois de mars, nous avions étudié l'aspect gazier, je crois, et
à l'automne nous avions étudié l'aspect pétrolier.
Vous nous aviez fait, à ce moment-là, des remarques très
pertinentes et je crois qu'il faut prendre avec beaucoup de sérieux tout
ce que nous dit SOQUIP parce qu'elle a une capacité de prévisions
qui dépasse les capacités de bien des personnes auQuébec.
Je vous donne un exemple. La semaine dernière, Gulf
annonçait la fermeture de sa raffinerie. J'ai ici un titre daté
du 9 septembre 1983 qui dit ceci: "La raffinerie Gulf de Montréal
pourrait fermer ses portes. " C'était, justement, après que les
membres de la commission eurent entendu SOQUIP, et c'était M. Martin,
président de SOQUIP, qui avait élaboré auprès des
représentants de la presse son point de vue à ce sujet et qui
avait évoqué cette fermeture très possible de Gulf. Comme
de raison, ce qui m'a surpris par la suite, c'est que les gens de SOQUIP
paraissaient mieux informés que les gens du gouvernement parce que le
gouvernement a semblé très surpris de cette annonce la semaine
dernière alors que les gens de SOQUIP, eux, le savaient depuis deux ans.
C'est un sujet extrêmement sérieux puisque, avec la fermeture de
Gulf, un déséquilibre va suivre du côté
pétrochimique; par ailleurs, c'est une consolidation, une
rationalisation qui est beaucoup plus poussée au Québec qu'en
Ontario et qu'ailleurs au Canada.
À ce moment-là, vous aviez aussi fait état d'un
tableau qui nous annonçait, même pour l'année 1985 -
c'était le tableau 8 - un déficit d'approvisionnement. Autrement
dit, en 1985, selon le tableau que vous aviez présenté, on
consommerait plus de produits pétroliers dans l'ensemble que ce qui
serait produit au Québec. Bien sûr, la société
Ultramar était venue nous dire que peut-être la capacité de
sa raffinerie, que vous aviez évoquée lors de cette
présentation à l'automne, était un peu plus grande que ce
que vous aviez escompté. Je crois que c'était M. Guérin
qui avait fait les calculs.
Mais il reste que, avec la fermeture de Gulf et si on reprend la
même information que vous nous aviez donnée, tout en
considérant le fait que peut-être Ultramar a une capacité
un peu plus grande que celle que vous aviez évoquée lors de votre
présentation en commission parlementaire, il semblerait qu'on se trouve
à ce moment-ci, en 1985, et peut-être en 1986, dans une situation
déficitaire de production de produits pétroliers et d'autant plus
qu'il y a eu déréglementation à peu près totale.
D'ailleurs, le ministre de l'Énergie et des Ressources du Québec
s'est dit complètement d'accord avec la politique de Mme Carney à
ce sujet.
Une dernière statistique assez révélatrice a
été produite le mois dernier par le ministère de
l'Énergie et des Ressources, une statistique assez surprenante
établissant que les importations de produits pétroliers depuis
deux ans avaient augmenté d'un facteur de 7. Autrement dit - c'est une
statistique qui date de juillet 1985, c'est tout récent - alors qu'en
1982 on importait de l'étranger 2 839 000 barils de produits
pétroliers de toutes sortes, en 1984, nous importions 3 158 100 barils.
Bien sûr, nous avions des exportations, mais les exportations vers les
autres provinces canadiennes ou vers l'étranger étaient à
peu près stables.
C'est donc dire qu'on se trouve peut-être dans la situation que
vous aviez décrite il y a deux ans et j'aimerais vous entendre
là-dessus. Est-ce que vous avez fait le point sur la situation
pétrolière du Québec? Est-ce qu'à la suite de la
fermeture de Gulf on se trouve dans la situation que vous aviez
appréhendée en 1983? Si c'est le cas, de quelle façon
envisagez-vous l'avenir et quelles sont vos recommandations?
Le Président (M. Bordeleau): M. Pouliot.
M. Pouliot: M. le Président, c'est une question
très large. Je vais demander à M. Guérin de vous donner
quelques indications sur la situation telle que nous la voyons à ce
moment-ci et j'aurai quelques remarques à faire par la suite sur la
question que vous avez posée.
(11 h 15)
M. Guérin: Si je me souviens bien, la prévision que
nous avions faite il y a deux
ans concernant la fermeture d'une autre raffinerie au Québec - il
avait été mentionné que cela pourrait être Gulf et
cela est arrivé - était basée sur le fait que, quand on
regarde l'équilibre entre la demande de produits pétroliers au
Québec et la capacité de production, on voyait là
matière à une autre fermeture parce qu'il y avait encore un
surplus de capacité par rapport à l'évolution de la
demande de produits pétroliers, qui décline d'année en
année.
On a regardé, à la suite de la fermeture de Gulf,
l'évolution récente de la demande de produits pétroliers.
On constate qu'en 1984 le Québec était un importateur net de
produits pétroliers. Pour les deux premiers trimestres de 1965, le
Québec est, cette fois-ci, un exportateur net de produits
pétroliers et, même avec la fermeture de Gulf, il reste une
capacité de production au Québec, selon les chiffres qu'on a
obtenus tout récemment, suffisante pour répondre à la
demande québécoise. Cela dépendra, bien sûr,
à la suite de la fermeture de Gulf, du genre de contrat de
façonnage qui sera conclu avec les raffineries du Québec par
rapport aux raffineries de l'extérieur du Québec.
Par exemple, si le réseau de Gulf passait entre les mains d'une
autre compagnie qu'une compagnie ayant une raffinerie au Québec, ce
façonnage pourrait être fait à l'extérieur du
Québec au lieu d'être fait par une raffinerie. En théorie,
la capacité de raffinage au Québec présentement,
même après la fermeture de Gulf, est suffisante pour
répondre à la demande québécoise. Cela est dû
au fait que chaque année la demande de produits pétroliers baisse
de manière très, très importante.
M. Fortier: Vous dites que la capacité de production est
suffisante. Vos chiffres de 1983 étaient plus pessimistes et, avec la
fermeture de Gulf, cela diminue la production d'environ 30 000 000 barils par
année. Dans le moment, est-ce que vous faites l'hypothèse que le
contrat qui liait Texaco à Gulf serait fait au Québec, autrement
dit, cette partie du contrat étant prise en charge par Petro-Canada? Je
crois que le syndicat des employés de Gulf nous dit qu'il n'est pas du
tout certain que ce sera fait par Petro-Canada, à Montréal. Cela
pourrait être fait par Petro-Canada en dehors de la province. Est-ce
qu'il y a eu des déclarations publiques là-dessus? Avez-vous
reçu certaines informations à cet effet?
M. Guérin: Dans nos calculs, M. le député,
je ne fais aucune hypothèse sur qui va façonner ces
produits-là. Tout ce que je dis, c'est qu'une capacité de
production, après la fermeture de Gulf, de 315 000 barils-jour est
suffisante pour répondre à une demande qui est de l'ordre de 287
000 barils-jour. La capacité est donc suffisante pour tout
façonner au Québec. Cela dépendra des ententes que Texaco
passera avec Pétro-Canada ou une autre et cela dépendra de qui
achètera le réseau d'Ultramar.
M. Fortier: Le réseau d'Ultramar?
M. Guérin: C'est-à-dire le réseau de
Gulf.
M. Fortier: Pas d'Ultramar. On a compris.
Le Président (M. Bordeleau): M. Pouliot.
M. Pouliot: J'aimerais faire un certain nombre de remarques
additionnelles concernant les contrats de façonnage. Quand Petro-Canada
a acquis la société BP, celle-ci avait déjà une
entente de dix ans avec la compagnie Shell pour faire raffiner la part de sa
production nécessaire à son réseau de distribution au
Québec, si bien qu'à l'heure actuelle il y a une partie
importante du réseau de Petro-Canada qui continue d'être
alimentée par Shell, compte tenu de ce facteur-là. Le contrat de
Texaco - les dirigeants de Petro-Canada l'ont d'ailleurs déclaré
dans la Presse - sera repris par Petro-Canada qui est certainement en mesure
d'assumer ce contrat.
Cela dit, sur l'équilibre entre l'offre et la demande au
Québec, c'est vrai que, lorsqu'on regarde la situation du marché
aujourd'hui et pour les années qui viennent, la demande se situe au
Québec à peu près au niveau de 315 000 ou 320 000
barils-jour. La fermeture de Gulf ramène notre capacité de
production autour de 325 000 barils par jour. Donc, théoriquement, il y
a un équilibre, mais celui-ci suppose que vos raffineries sont en mesure
de fonctionner à 100 % de leur capacité, ce qui n'est
généralement pas le cas. Une raffinerie doit
nécessairement, à un moment donné, arrêter ses
opérations pour faire des travaux d'entretien. Tout le problème
réside dans la possibilité, pour les raffineries, de fonctionner
à 100 % en moyenne pendant l'année.
Vous faisiez référence à Ultramar tout à
l'heure. Certaines raffineries, sinon toutes, peuvent, à l'occasion,
fournir plus que leur capacité nominale. Cela dépend de la
qualité et de la disponibilité des bruts qu'elles raffinent au
Québec. Cela dit, il y a quand même une certaine fragilité
dans cette situation.
Les désavantages que j'y vois personnellement sont, je dirais,
plus du côté économique que du côté
énergétique. Du côté énergétique, il
n'y a pas de problème en ce qui concerne l'approvisionnement en produits
au Québec. Si le raffinage ne se fait pas au Québec, il est
évident qu'il faudra recourir à
l'importation. Cependant, là où on risque de perdre le
plus, c'est du côté de la possibilité d'exporter du produit
raffiné aux États-Unis. L'une des raisons pour lesquelles,
jusqu'à la fin de 1984, le Québec était en mauvaise
position sur le plan de l'exportation tenait au fait que les redevances
à l'exportation sur les produits raffinés étaient plus
fortes au Québec qu'elles ne l'étaient dans le reste du Canada.
À partir du moment où, dans le discours sur le budget, on a
éliminé, en fait, les redevances à l'exportation de
produits raffinés, le Québec s'est trouvé en situation
où il pouvait davantage exporter. D'ailleurs, les chiffres que nous
avons pour les deux premiers trimestres de 1985 le démontrent de
façon très éloquente. Cela dit, à partir du moment
où vous n'avez plus la capacité de raffinage suffisante pour
exporter du produit è l'étranger, il est évident qu'il y a
là une perte en termes d'activité économique, encore une
fois, mais pas en termes d'approvisionnement, sur le marché du
Québec.
Par conséquent, ma conclusion, c'est que, de façon
générale, je crois que la situation actuelle est
extrêmement fragile pour le Québec. Selon ce qui se produira quant
au marché de la distribution, elle pourrait également
créer d'autres types de problèmes par la suite.
M. Fortier: M. le Président, si je comprends bien la
situation, selon ce que vous dites, c'est qu'on est dans un marché qui
est maintenant déréglementé, un marché libre qui
nous permet d'exporter et d'importer. En parlant avec certains
représentants des pétrolières, ils nous disent qu'ils
suivent de très près les prix spot sur les marchés
internationaux, ce qui peut les amener certains jours ou certaines semaines
à importer. Comme nous avons le fleuve Saint-Laurent au Québec,
cela nous permet d'importer et d'exporter, comme Ultramar exporte par bateaux
au nord-est des États-Unis. Donc, le fleuve Saint-Laurent qui est un
actif peut nous créer quand même des complications dans l'avenir,
parce que, s'il fallait que le phénomène d'importation de
l'étranger, même spot ou autre, se poursuive pendant cinq ou six
ans, il pourrait arriver qu'une autre raffinerie - Mon Dieu, je ne
l'espère pasl - mais enfin, que la capacité de raffinage soit de
beaucoup en deçà de notre consommation. À ce
moment-là, on serait tout à fait dépendants de
l'étranger pour se retrouver dans une situation où, dans six,
sept, huit ans d'ici, alors que la situation internationale du pétrole
ne serait plus ce qu'elle est présentement, le Québec serait en
difficulté.
La question que je voudrais vous poser est un suivi de ce qu'on avait
abordé lors de la discussion sur la politique de l'énergie du
Québec. Le gouvernement, à ce moment-là, vous avait
demandé de suivre très attentivement ce dossier. Vous aviez
indiqué que vous aviez fait des analyses sur l'achat possible d'une
raffinerie par SOQUIP, par le gouvernement du Québec. D'autant plus que,
dans le dernier programme du Parti québécois, qui a
été adopté au neuvième congrès national, les
8, 9, 10 juin 1984 et modifié au congrès exraordinaire du 19
janvier 1985, on dit expressément que "la politique
québécoise des hydrocarbures s'appuiera principalement sur la
Société québécoise d'initiatives
pétrolières... " On continue pour dire: "... afin que le
Québec réagisse plus rapidement quand il s'agira
d'acquérir une usine de raffinage et afin qu'il s'équipe pour
traiter les pétroles lourds, tout en mettant en place un réseau
de stations-service gérées démocratiquement. " Cela
m'amène à vous poser cette question: Compte tenu de la situation
politique que nous vivons présentement - de la situation
économique, devrais-je dire - à la suite de la fermeture de Gulf,
est-ce que le gouvernement vous a demandé de réactiver ce
dossier? Est-ce que vous faites des analyses de la situation qui vous
permettraient, éventuellement, de recommander au gouvernement d'acheter
les stations-service de Gulf ou d'acheter la raffinerie de Gulf, ou les
deux?
M. Pouliot: M. le Président, je n'ai pas eu de demande
formelle de la part du gouvernement pour rouvrir ce dossier et envisager, dans
l'optique dont vous parlez, l'acquisition d'une raffinerie ou d'un
réseau de distribution.
M. Fortier: Est-ce que vous l'examinez présentement?
M. Pouliot: Je ne vous dis pas que je n'ai pas de propositions.
Mais ce qui me paraît peut-être important à dire de ce point
de vue, c'est que, dans le cas de SOQUIP ou de n'importe quelle autre
entreprise, une entreprise qui serait strictement dans le raffinage et la
distribution s'expose à des problèmes très sérieux
sur le plan économique, compte tenu de l'évolution qu'on voit
dans la prévision de la demande d'énergie au cours des prochaines
années en ce qui concerne essentiellement le marché des
carburants et, en particulier, celui de l'essence. Comme vous le savez, la
situation économique d'une raffinerie repose essentiellement sur la
production et la distribution d'essence d'automobile. Je crois que c'est entre
40 % et 45 % de la production d'une raffinerie. Ce que l'on voit dans le
marché d'ici à une dizaine d'années, c'est une baisse
peut-être moins dramatique que celle qu'on a connue dans un passé
récent, mais quand même une diminution que le ministère de
l'Énergie et des Ressources, de mémoire, établit à
environ 2, 8 % ou 3 %
par année au cours des dix prochaines années.
En d'autres termes, le marché se rétrécit et vous
avez plus de joueurs dans ce marché, ce qui, en fait, suppose que vous
soyez en mesure de soutenir une concurrence qui sera nécessairement
féroce. Si vous n'êtes impliqués que dans ce que nous
appelons dans l'industrie le "downstream", c'est-à-dire le raffinage et
la distribution, vous risquez d'avoir à soutenir une guerre des prix
comme celles que nous avons connues, au pluriel, au cours des trois ou quatre
dernières années, sans avoir la possibilité de compenser
les pertes que vous assumeriez dans l'aval par des profits que vous pourriez
retirer de l'amont, essentiellement l'exploration et la production.
D'ailleurs, si vous lisez les rapports que fait annuellement
l'administration fédérale des pétroles et du gaz, vous
constaterez qu'au cours - des quatre dernières années, si les
entreprises pétrolières, sur une base intégrée, ont
fait des profits considérables, la partie du raffinage et de la
distribution a été en perte, sauf pour l'année 1984.
C'était la première année depuis au moins quatre ans que
ces entreprises faisaient des profits.
Par conséquent, s'impliquer dans ce secteur, à mon sens,
nécessite au départ et au préalable une implication
globale comme entreprise intégrée à la fois dans
l'exploration et la production et dans le raffinage et la distribution.
J'ajouterai d'autres éléments également. Avant
d'acheter une raffinerie, vous devez savoir ce que vous achetez et quel est
l'investissement qui sera nécessaire pour la moderniser, s'il y a lieu
de le faire. Si on parle de Gulf, je ne sais pas du tout dans quelle situation
actuelle se trouve la raffinerie de Gulf. C'est la plus vieille raffinerie au
Québec. Au cours des dernières années, je n'ai pas
l'impression que la compagnie Gulf a investi des sommes considérables
pour la moderniser, de sorte que je serais extrêmement prudent. Et si on
me demandait de le faire, je serais porté à regarder les chiffres
de très près avant de faire une recommandation positive au
gouvernement sur la question.
Cela dit, je pense, quand même, qu'il y a dans le milieu, dans le
secteur privé, des gens qui s'y intéressent et qui sont en train
d'étudier différents scénarios possibles pour permettre,
éventuellement peut-être, de récupérer cette
raffinerie et son réseau.
M. Fortier: Vous avez dit, M. le Président, que vous
n'avez pas eu de demande formelle de la part du gouvernement. Est-ce que vous
avez eu des demandes officieuses?
M. Pouliot: Non plus.
M. Fortier; Merci. Mon Dieu, le ministre dort!
Une voix: Est-ce qu'il y a quelqu'un qui voudrait parler
là-dessus?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, oui. J'ai des demandes
de l'autre côté, si vous avez terminé, dans le même
sens.
M. Fortier: Je n'ai pas terminé, mais je vais laisser la
chance à mes collègues...
Le Président (M. Bordeleau): Oui. Si on peut alterner,
cela va peut-être permettre à plus de monde, d'intervenir.
M. Dussault: Je voulais demander la parole dans l'esprit
qu'à partir d'une question qu'a posée le député
d'Outremont, il y a eu une réponse qui pouvait amener une question
supplémentaire. C'est dans ce sens que je souhaitais prendre la
parole.
Le Président (M. Bordeleau): Oui. Allez- y.
M. Dussault: Vous disiez, M. Pouliot, que le grand
désavantage que vous voyez au fait qu'il y ait fermeture de raffineries
dans l'Est de Montréal vu que, à toutes fins utiles, on peut
penser que, même si Texaco va être récupérée
d'une certaine façon, Petro-Canada va continuer à raffiner
particulièrement en Ontario, c'est que cela nous coupe du marché
américain. Je suppose que vous faites allusion, étant
donné sa proximité, à la Nouvelle-Angleterre. Est-ce que
vous voulez dire que, dans ce territoire de la Nouvelle-Angleterre, il y a
déficience, il n'y a pas vraiment d'activités fondamentales de
raffinerie et qu'à ce moment, si nous avions une activité
fondamentale en la reprenant sous la forme d'un Pétro-Québec ou
autrement, nous pourrions effectivement avoir un marché non seulement
local ici qui est en décroissance, mais un marché qui serait
élargi par le fait que nous pourrions exporter en Nouvelle-Angleterre?
Est-ce que c'est cela que vous voulez dire? Si c'est cela, est-ce qu'à
ce moment il n'y a pas, quand même, un certain espoir qu'on ait un jour
un Pétro-Québec qui est dans notre programme? On sait qu'un
programme, c'est une espèce de frigidaire dans lequel il y a toutes
sortes de mesures qu'on sort...
M. Fortier: C'est un frigidaire dans le moment.
M. Dussault:... quand on a besoin de s'alimenter et qu'on referme
la porte quand, à un moment donné, on n'a pas besoin de l'ouvrir.
C'est normal que cela se passe comme cela. En politique, cela a toujours
été comme cela. Je voudrais donc savoir si
c'est cela que vous voulez dire que l'ouverture de la
Nouvelle-Angleterre pourrait avoir un intérêt, bien sûr,
pour une continuité de raffinerie parce que cela veut dire des emplois.
C'est cela qui me préoccupe. Ce sont les emplois que nous perdons, des
emplois qu'on pourrait récupérer de cette façon
possiblement par un Pétro-Québec. (11 h 30)
M. Pouliot: M. le Président, en fait, ce à quoi je
faisais allusion, c'est au fait que, si actuellement la capacité
théorique des. raffineries est à peu près égale au
niveau de la demande domestique au Québec, tout ce que je dis, avec les
nuances que j'y faisais, c'est que nous n'avons que peu de capacités
excédentaires pour nous permettre enfin, je dirais, de percer ou
d'exporter sur le marché américain. Quand on parle du
marché américain, c'est celui du nord-est puisque, comme vous le
savez, depuis 1980 aux États-Unis, il s'est fermé à peu
près une centaine de raffineries. Il n'existe plus à l'heure
actuelle de raffineries dans le nord-est, au nord de New York, sauf une
raffinerie à Albany qui est essentiellement utilisée pour la
production d'asphalte. Par conséquent, il y a des possibilités
d'exportation. D'ailleurs, nos raffineries l'ont fait et non seulement au
Québec, mais également en Ontario.
Cela dit, est-ce qu'on peut fonder un investissement sur ce
marché, disons, sur une période suffisamment longue non seulement
pour amortir l'investissement, mais pour le rentabiliser? Je n'en suis pas
sûr. Le marché américain est un marché
extrêmement volatil et qui comporte aussi des capacités
excédentaires très importantes. Je doute fort que cela puisse
être suffisamment important pour nous permettre, à nous, de dire:
Il y a des possibilités de faire un investissement important, compte
tenu de ce qu'on vient d'évoquer. Par ailleurs, il faut dire aussi,
concernant la capacité de raffinage du Québec, qu'à partir
du moment où la demande québécoise est appelée
également à baisser au cours des prochaines années la
fragilité que j'observe à l'heure actuelle risque d'être
améliorée du simple fait que notre demande va également
diminuer même si, comme je le disais tantôt, la diminution, la
réduction ne sera pas aussi considérable que celle que nous avons
connue au cours des dernières années. Il restera peut-être
une marge qui nous permettra à l'occasion d'exporter. Enfin, pour
l'instant, j'en resterais là. Je ne sais pas si je réponds
à votre question.
M. Dussault: Si je me fie à ce que vous dites, ce n'est
pas très optimiste. C'est peut-être réaliste. À ce
moment, la suggestion que faisait récemment le député de
ce coin, M. Léger, le député de Lafontaine, quand il
disait qu'il y aurait peut-être lieu d'implanter dans l'Est de
Montréal une zone franche, est-ce que c'est une question que vous avez
étudiée? Vous avez sans doute lu les journaux comme nous. Est-ce
que cela vous a frappé, cette solution que préconise M.
Léger? Est-ce que vous voyez quelque chose qui pourrait être
poussé plus loin?
M. Pouliot: Il m'est difficile de répondre parce que je ne
suis pas familier avec la suggestion de M. Léger sur cette question de
la zone franche. Il faudrait vraiment que j'aie plus d'information.
Actuellement, il n'y a pas de taxe sur l'importation de produits et il n'y a
plus de taxe sur l'exportation de produits. En tout état de cause, on
peut dire que nous sommes déjà dans une zone franche, si je
comprends bien ce que zone franche veut dire.
M. Dussault: Ce que vise M. Léger, c'est, en fait, de
s'assurer qu'on attire dans ce territoire de l'Est de Montréal de
l'industrie lourde qui obligerait une activité de type
pétrochimique dans l'Est de Montréal, à faire en sorte
qu'il y ait des avantages à s'installer là plutôt
qu'à aller s'installer dans la région de Sarnia, en Ontario,
où tout finit encore par profiter aux Ontariens qui sont bien gentils,
mais enfin, charité bien ordonnée commence par soi-même. On
devrait donc essayer nous-mêmes de trouver des solutions. Si je me fie
à ce que disaient les journaux, même les dirigeants municipaux de
ce coin de Montréal incitaient le ministre, incitaient les gouvernements
locaux et du Québec à demander au premier ministre du Canada
l'implantation d'une zone franche. Il y a une préoccupation, tout au
moins, pour s'assurer de récupérer des emplois pour les emplois
qu'on perd.
On peut même dire, pour répondre un peu à ce que
disait tout à l'heure le député d'Outremont, que le
député de Lafontaine avait l'air, lui aussi, de savoir ce qui
s'en venait du côté de Gulf parce que c'est avant la fermeture de
Gulf qu'il faisait sa déclaration. Il avait l'air, lui, d'être au
courant. Sans doute qu'il a fait comme Petro, comme SOQUIP. Il a regardé
exactement quelle était la situation du marché et il est
arrivé à la conclusion qu'il y en avait une qui avait l'air
d'être un peu de trop et qu'elle allait être la prochaine victime.
Je pense qu'on peut tous faire ce cheminement.
M. Pouliot: Si c'est sur la pétrochimie que l'idée
porte, c'est essentiellement dans le projet qu'on vous présente, enfin,
dont on discutera en profondeur. L'idée d'utiliser notre position, notre
ouverture sur le marché international pour importer du produit fait
partie de ce projet, parce que nous avons, en fait, une voie d'eau qui nous
permettra
éventuellement de profiter des occasions qui se
présenteront sur le marché international. Cela rejoint
essentiellement le concept que vous évoquez.
M. Dussault: On est sur la bonne voie regardant dans cette
direction.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Châteauguay, avez-vous d'autres questions dans le même ordre?
M. Dussault: Pas pour le moment.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Seulement une précision, M. le
Président. Je ne comprends pas très bien où veut en venir
le député de Châteauguay. Quand on dit: Une zone franche,
franche de quoi?
M. Dussault: Ça doit vous endormir.
M. Bourbeau: Si on dit que c'est une zone franche, c'est franche
de droits d'impôt, et le président nous dit qu'il n'y a pas de
charges fiscales à l'entrée ni à la sortie. Donc, ce
serait une zone franche. Je ne comprends pas le sens. Peut-être que le
député de Châteauguay pourrait nous dire ce qu'est une zone
franche puisqu'il n'y a pas d'impôt. Est-ce que vous pourriez
préciser?
M. Dussault: Généralement, une zone franche... Le
député de Lafontaine parle - je me fie è ce que les
journalistes nous disent - d'une zone franche de douane. C'est une zone
industrielle franche de douane, très précisément, pour
compenser la perte des 1059 emplois directs consécutifs à la
fermeture des raffineries BP, Texaco, Esso et de celle probable de Gulf, comme
on le disait à ce moment. Est-ce qu'il y a une possibilité
d'arriver à quelque chose qui soit spécifiquement relié
à ce territoire de Montréal? C'est cela, dans le fond, qu'on
demande de regarder.
M. Bourbeau: Dans la mesure où, semble-t-il, il n'y a pas
de douane... Est-ce que vous pouvez confirmer qu'il n'y a pas de douane
actuellement? Êtes-vous sûr de cela?
M. Pouliot: Sur les importations de produits au Canada, les
produits entrent en franchise. C'est comme cela que les raffineurs...
M. Bourbeau: Ils sortent en franchise.
M. Pouliot:... peuvent importer du brut et même des
produits raffinés sans qu'il y ait de taxe ou de douane sur ces
produits.
Le problème qui a pu se créer, c'est la taxe sur les
carburants applicable au "jet fuel", c'est-à-dire à l'essence
pour l'aéronautique. Certains raffineurs sont intervenus auprès
du ministère des Finances pour demander que cette taxe soit abolie pour
l'essence qui est utilisée dans le ravitaillement des appareils qui font
des vols internationaux. Je ne sais pas de mémoire ce qui avait
été décidé. J'imagine que le ministère de
l'Énergie et des Ressources serait capable de répondre à
cette question.
Dans mon esprit, une zone franche, cela veut dire que cela permet
essentiellement d'éliminer la douane ou les redevances sur
l'exportation, d'importer en franchise et de réexporter en franchise. Il
y avait, jusqu'à tout récemment, une redevance sur les
exportations de produits au Canada. Celle-ci est disparue dans le dernier
budget fédéral. Sur l'importation, la seule chose qu'il y a eu au
Canada depuis un certain nombre d'années, cela a été des
contingentements, des quotas sur des importations surtout de mazout lourd qui
venait concurrencer sur nos marchés le gaz naturel et
l'électricité dans le marché industriel. Ces
contingentements n'existent plus maintenant non plus, mais cela n'a rien
à voir avec une zone franche.
On me confirme que la taxe sur l'essence pour l'aéronautique a
été abolie récemment au Québec. Actuellement, nous
sommes dans un... J'exclus, évidemment, l'impôt sur le revenu des
corporations; si c'est cela qu'on vise, c'est une autre affaire.
Le Président (M. Bordeleau): Merci.
Cela va, M. le député de Laporte? J'avais une demande du
député de Shefford. Est-ce sur un autre sujet?
M. Paré: C'est global. Ce n'est pas sur le sujet qu'on est
en train de discuter.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. On va essayer de
terminer cette partie. M. le député d'Outremont.
M. Fortier: Sur ce sujet, un dernier commentaire que j'aimerais
obtenir. En 1983, vous nous aviez donné des tableaux qui illustraient la
consolidation dans le domaine des raffineries en Ontario et au Québec,
et, de toute évidence, la consolidation s'est faite beaucoup plus forte
au Québec qu'en Ontario. Avec la fermeture de Gulf, cette, entre
guillemets, "rationalisation" qui se fait sur le dos des travailleurs, c'est
évident que c'est beaucoup plus fort ici qu'en Ontario. Vous donniez des
statistiques et la capacité de raffinage en Ontario par rapport à
sa quantité d'utilisation de produits pétroliers était
beaucoup plus forte qu'elle ne l'est au Québec. Au Québec,
d'après ce que vous nous dites, c'est à peu près 100 % et,
en Ontario, je ne sais pas, c'est autour de 140 % ou quelque chose comme
cela.
Dans les circonstances, on devrait conclure que les frais d'exploitation
des raffineries québécoises, si elles fonctionnent tout
près de leur point de capacité nominale, doivent être
très bas puisqu'en fonctionnant d'une façon constante tout
près de la capacité maximale des raffineries, cela devrait donner
à ces mêmes raffineries des coûts d'exploitation moindres.
Quoiqu'il n'y ait pas nécessairement de conséquence, par voie de
conséquence on devrait conclure que - du moins en excluant la taxe
ascenseur sur l'essence - le prix de vente des produits raffinés devrait
être plus bas au Québec qu'en Ontario. Or, c'est l'inverse qui se
produit. Autrement dit, dans la province voisine, avec une surcapacité
de production, les prix de vente au détail sont beaucoup moins
élevés. Comme raison, on pourra faire le commentaire que c'est
peut-être dû à la guerre des prix qui se fait à cause
de la surcapacité du raffinage en Ontario. C'est justement la raison qui
justifierait la baisse des prix en Ontario et pas ici.
Est-ce qu'il y a d'autres explications qui pourraient nous
éclairer sur la raison de la différence de prix très
marquée entre le Québec et l'Ontario, compte tenu du fait que les
raffineries québécoises exploitent, comme vous l'avez dit, tout
près de leur capacité maximale?
M. Pouliot: Bien, comme vous le savez, pendant une certaine
période, effectivement, les prix en Ontario - les prix de l'essence
surtout, j'imagine que c'est ce à quoi vous faites allusion - ont
été beaucoup plus bas qu'au Québec. En grande partie,
c'est le résultat des éléments que vous avez
mentionnés, à savoir la surcapacité de production de
l'Ontario par rapport à sa demande interne, deuxièmement, les
importations importantes de produits venant des États-Unis à la
frontière surtout et dans le sud-est et le sud-ouest de l'Ontario en
particulier, et, évidemment, la guerre des prix qui a joué un
rôle très important, mais aussi la différence dans la
fiscalité en Ontario par rapport au Québec.
Au cours de la dernière année, les prix se sont
considérablement raffermis en Ontario et les écarts sont beaucoup
moins grands qu'ils étaient. D'ailleurs, si vous consultez le rapport
qui a été fait par un comité interministériel sur
les prix de l'essence au Québec, vous constaterez qu'au cours des...
Enfin, je n'ai pas les statistiques, malheureusement, pour l'année 1985,
mais je n'ai pas l'impression que les choses aient changé radicalement.
Les écarts restent essentiellement des écarts qui ont trait aux
coûts de transport et à la fiscalité, en même temps,
évidemment, qu'à la surcapacité qui continue à
être substantielle quoique en réduction en Ontario,
également.
L'Ontario a une raffinerie qui est celle de Petrosar, à toutes
fins utiles, qui représente essentiellement une surcapacité par
rapport aux besoins de l'Ontario, mais, depuis un an et demi maintenant,
Petrosar a engagé un programme important d'investissements pour
moderniser et convertir cette raffinerie. Par conséquent, je crois que
la situation devrait aussi se stabiliser. Je ne veux pas parler pour l'Ontario,
je n'en connais pas suffisamment les paramètres pour tirer une
conclusion d'ensemble, mais je crois que les écarts qu'on a connus vont
être moins grands dans l'avenir qu'ils ne l'étaient au cours des
années 1982-1984. Malheureusement, je n'ai pas les chiffres sur
l'Ontario pour regarder avec précision.
M. Fortier: Mais, quand même, qu'est-ce qui fait que les
raffineries peuvent fonctionner en Ontario avec des surcapacités
beaucoup plus grandes qu'au Québec? Est-ce que c'est dû au fait
que, pour les grandes pétrolières canadiennes, très
souvent, c'est la dernière raffinerie qu'elles possèdent, elles
n'en possèdent plus d'autres, ou est-ce dû au fait que la
pétrochimie est plus développée en Ontario? Avez-vous, en
tête, des explications à nous fournir?
M. Pouliot: Il y a le fait également que les volumes sont
beaucoup plus gros qu'au Québec. Vous avez un marché en Ontario
qui est beaucoup plus considérable que celui du Québec, de sorte
que, sur une base de prix unitaire, vous réussissez avec un taux
d'utilisation de votre raffinerie un peu plus bas à rentabiliser quand
même votre raffinerie. Il n'en demeure pas moins qu'au Québec
j'imagine qu'un des effets bénéfiques de la rationalisation, si
on peut en trouver, c'est la consolidation, en fait, des raffineries qui
restent. Malheureusement, je ne peux pas aller beaucoup plus loin, je ne
connais pas suffisamment la situation de l'Ontario pour vous donner une
explication technique détaillée et satisfaisante sur le
sujet.
M. Fortier: Merci. (11 h 45)
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Beauharnois.
Pétrole et gaz naturel
M. Lavigne: Merci, M. le Président. J'aimerais savoir de
l'un de vous autres, celui qui sera en mesure de faire des comparaisons... On
sait que, finalement, vous êtes là pour vendre un produit qui est
le gaz naturel, d'autres sont là pour vendre de
l'électricité et d'autres sont là pour vendre du
pétrole. Bien sûr, ce sont trois sources
énergétiques qui peuvent être consommées plus ou
moins selon les prix d'achat pour le consommateur. J'aimerais savoir s'il n'y
aurait pas possibilité de faire une
comparaison, entre autres, entre l'exploitation du gaz naturel et toute
la question de la pétrochimie? En ce qui a trait, par exemple, à
l'achat des terrains qui vous permettent de forer, y a-t-il là une
grande différence? En ce qui a trait aux méthodes de forage,
entre forer un puits de pétrole et forer un puits de gaz, y a-t-il
encore là d'énormes différences? En ce qui touche le
transport, le raffinage et la distribution, est-ce que ce sont des
activités comparables ou s'il y en a qui sont beaucoup plus
dispendieuses dans un cas que dans l'autre, et qui font en sorte que vous avez
plus de difficulté ou plus de facilité à vendre votre
produit plus cher ou moins cher? Si on pouvait l'avoir, par exemple, en BTU...
Finalement, pour le consommateur, pour celui qui va acheter, c'est le rendement
du produit qui compte: le prix et le rendement du produit. Pour une
quantité X de pieds cubes de pétrole, par exemple, va-t-on sortir
autant de BTU pour la même quantité de gaz naturel? J'aimerais
avoir une espèce de comparaison entre les différentes
opérations de ces deux produits. Où, par exemple,
l'opération pourrait-elle être plus dispendieuse dans le gaz, ce
qui rendrait plus difficile la pénétration sur le marché?
Vous avez quand même été agressifs dans les
dernières années - on le voit dans les rapports que vous nous
avez fournis - vous augmentez votre production et vos ventes comparativement
aux dernières années. Le pétrole diminue et le gaz
augmente, mais n'y aurait-il pas moyen de l'augmenter davantage si on pouvait
arriver à découvrir d'autres façons de le transporter au
de le distribuer ou de le raffiner?
M. Pouliot: Enfin, je vois plusieurs sous-questions dans votre
question. La question du coût de production, c'est une chose. La question
des prix sur le marché et surtout des prix au consommateur en BTU,
c'est-à-dire rendu à la maison, c'est une autre affaire. Je vais
demander à M. Jacques Plante de traiter un peu de la question du
coût de production. Il est évident qu'il y a une différence
énorme, que vous soyez assis sur un puits de pétrole au
Moyen-Orient par rapport à faire un forage dans Hibernia ou dans Terra
Nova, les conditions n'étant pas, comme vous pouvez l'imaginer, tout
à fait les mêmes. Peut-être que Jacques pourrait parler de
la question du coût de production des hydrocarbures. On reviendra
après sur la question des prix parce que le mécanisme de la
détermination des prix sur le marché n'est pas
nécessairement relié à votre coût de production
à la tête de puits.
M. Plante (Jacques): Je crois que le premier commentaire à
faire, si on compare gaz et pétrole, c'est qu'il faudrait amener un
autre point: restreindre la question à la production de ces deux
hydrocarbures sur terre. Si on va en haute mer ou dans les régions
frontalières canadiennes, on fait appel à d'autres
problèmes. Présentement, sur terre, les réserves se
situent essentiellement dans l'Ouest canadien. On oublie l'Ontario, à
toutes fins utiles; il y a là des réserves restreintes, surtout
pétrolières. Le bassin de l'Ouest canadien qui nous a
amené le pétrole conventionnel. C'est une autre restriction que
je voudrais mentionner à ce point-ci: si on s'enlise dans le
problème des huiles lourdes et des sables bitumineux, cela devient une
comparaison inadéquate.
Donc, je veux comparer le pétrole conventionnel avec le gaz
naturel dans la région principale de l'Ouest canadien. Sur le
pétrole conventionnel, l'Alberta principalement, qui était le
meilleur producteur ou le plus grand producteur avec les plus grandes
réserves, est en période de déclin. Les deux hydrocarbures
ne peuvent pas être prédits exactement et aucune compagnie ne
peut, dans un budget ou dans une prévision de ses dépenses
d'exploration, dire: Moi, je m'attaque strictement au pétrole
conventionnel ou au gaz. Pour le pétrole conventionnel, les
découvertes étant en déclin, les gens se sont
naturellement dirigés un peu plus vers le gaz naturel pour obtenir du
"cash-flow", pour obtenir des revenus.
Le deuxième point, c'est que les réserves et les
occurrences de gaz naturel dans l'Ouest canadien sont beaucoup plus faciles
à découvrir. Si vous forez un puits dans l'Ouest canadien, dans
presque tous les cas vous allez avoir des occurrences de gaz. Donc, ces deux
points, diminution des réserves de pétrole et augmentation des
réserves de gaz naturel, que le prix par BTU à la tête de
puits est souvent meilleur pour le gaz. Par contre, si vous entrez dans les
infrastructures de collecte, si vous avez un baril de pétrole, vous
pouvez reculer votre camion, le charger et l'amener à un point de
distribution, à une raffinerie ou à un pipeline. Le gaz naturel,
on ne peut penser à le liquéfier ou à le transporter par
camion comme on le fait pour la distribution. Il faut une infrastructure
beaucoup plus pesante, même sur terre. Je ne sais pas si cela
répond... C'est une question assez complexe de comparer les deux. Au
BTU, c'est entendu que le gaz naturel est beaucoup plus cher à
transporter. Je crois que M. Guérin a les chiffres exacts
là-dessus, par BTU, pour transporter un BTU de gaz comparativement
à un BTU de pétrole. Le gaz est beaucoup plus cher.
M. Fortier: Autrement dit, ce que vous dites, M. Plante, c'est
qu'à moins d'acheminer le gaz par pipeline les coûts de
distribution sont très onéreux pour le gaz.
M. Plante: Même la distribution par
pipeline...
M. Fortier: C'est très cher.
M. Guérin:... est plus chère que le BTU de
pétrole par pipeline. Par BTU, c'est six à sept fois plus
cher.
M. Fortier: C'est six à sept fois plus cher.
M. Lavigne: Et dans le raffinage? Est-ce que le gaz se vend
directement tel qu'il sort du puits? Il n'y a pas de raffinage...
M. Guérin: Oui.
M. Lavigne: Vous êtes largement avantagés par
rapport au pétrole.
M. Guérin: On enlève les liquides dans les... Il y
a une petite opération d'épuration. On enlève les
liquides. C'est de là que vient le projet des liquides.
M. Lavigne: Mais ce n'est rien comparativement au raffinage du
pétrole.
M. Guérin: Ce n'est rien à comparer au raffinage,
mais c'est une petite opération de raffinage.
M. Lavigne: Et est-ce que le coût de raffinage du
pétrole, qui est beaucoup plus élevé que le coût de
raffinage du gaz, ne vient pas compenser pour les coût3 de transport?
Est-ce que cela peut s'annuler ou à peu près?
M. Guérin: Oui. En fait, pour répondre à
votre question, quand on regarde les prix observés sur le marché
au Québec présentement, on se rend compte que le gaz naturel est
ajusté pour son contenu énergétique et ajusté pour
son efficacité énergétique, parce que cela varie d'une
source d'énergie à l'autre. On voit que, dans le secteur
résidentiel, par exemple, le mazout se vend de 21 % à 28 % plus
cher que le gaz naturel, en tenant compte de tous les coûts, production,
transport, raffinage et distribution; et, dans le secteur commercial, par
exemple, cela se vend à 14 % à 25 % plus cher que le gaz
naturel.
M. Lavigne: Pour ce qui est du pétrole? Le pétrole
est plus cher que le gaz?
M. Guérin: Oui, oui, beaucoup plus cher.
M. Lavigne: Une fois toutes les opérations
terminées et rendu chez le client?
M. Guérin: Une fois toutes les opérations
terminées, rendu chez le consommateur et ajusté pour
l'efficacité.
M. Lavigne: Y inclus les taxes?
M. Guérin: Y inclus les taxes.
M. Lavigne: C'est finalement la conclusion à laquelle je
pensais que vous alliez arriver et c'est ce qui vous permet d'être
beaucoup plus dynamiques sur les marchés et de percer le marché
du gaz...
M. Guérir» C'est cela, et de pénétrer
le marché rapidement, oui.
M. Lavigne:... comparativement au marché du
pétrole, qui est en déclin par rapport à votre
marché.
M. Guérin: Oui.
M. Lavigne: Je vous remercie.
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Frontenac, vous aviez demandé la parole?
Hydrocarbures et autres sources
d'énergie
M. Grégoire: Oui, M. le Président. Je vois, par les
tableaux que vous nous avez présentés, que, de plus en plus -
attendez un peu, à la page 2 de la section Il, vous avez trois cercles
qui indiquent la répartition du bilan énergétique du
Québec - le pétrole diminue et que l'électricité et
le gaz naturel augmentent. Prévoyez-vous, étant donné que
le pétrole est tout de même une richesse naturelle non
renouvelable et qu'on est dépendant dans une forte mesure du
Moyen-Orient, que le pétrole continue à baisser au cours des
prochaines années, au cours des quinze ou dix-huit prochaines
années d'une façon encore plus grande, peut-être pas plus
rapidement, mais continue à diminuer? Quel sera le remplacement
principal du pétrole? Est-ce que c'est l'électricité, le
gaz naturel ou d'autres sources d'énergie qui sont à
l'étude à l'heure actuelle comme l'hydrogène, la
production d'hydrogène? On sait qu'à l'heure actuelle
l'hydrogène est à la mode dans les grands moyens de transport,
comme le transport aérospatial américain, et que les
États-Unis et plusieurs pays d'Europe travaillent sur un avion qui
volerait à l'hydrogène, ce qui permettrait une réduction
des coûts. Qu'est-ce que vous prévoyez qui sera l'énergie
dans l'an 2000 et qui remplacera tout cela, le pétrole, je veux
dire?
Le Président (M. Fortier): M. Pouliot.
M. Pouliot: M. le Président, pour ce qui est de la part du
pétrole dans le bilan énergétique, il y a une analyse qui
a été faite récemment par le ministère de
l'Énergie et des Ressources et, si ma mémoire est
fidèle, cette analyse donne en 1995 au pétrole une part d'autour
de 35 % du bilan énergétique par rapport à quelque chose
qui est autour de 50 %, peut-être un peu moins, à l'heure
actuelle. Par conséquent, sur l'horizon des dix prochaines
années, il y a encore une diminution ou une réduction du
pétrole, mais le pétrole reste très important. Un
pourcentage de 35 % du bilan est quand même très important en
1995.
Cela ne dit pas grand-chose, cependant, si vous ne regardez pas les
utilisations du pétrole comme tel. Quand vous excluez le secteur du
transport, la part du pétrole dans le bilan énergétique au
Québec va être, je ne dirais pas infime, mais va être
modeste. On va se retrouver avec une part probablement combinée
d'environ 15 %, peut-être même pas 20 % dans l'ensemble des
utilisations en dehors du secteur du transport. Là où le
pétrole demeure important, c'est dans le secteur du transport.
Jusqu'ici, on n'a pas trouvé de façon économique,
malgré toutes les technologies, et celle que vous mentionniez est une de
celles, dans mes fonctions antérieures, à laquelle je me suis
intéressé personnellement... Il n'y a aucune technologie qui
à l'heure actuelle permet de croire qu'à court terme et
même à moyen terme on puisse remplacer le pétrole comme
carburant, sinon pour certaines utilisations spécifiques. Cela ne veut
pas dire que, pour revenir à la question sur l'hydrogène,
l'hydrogène n'a pas un rôle à jouer. Actuellement,
l'hydrogène joue déjà un rôle très important
dans plusieurs secteurs de notre économie sur le plan industriel.
D'ailleurs, l'hydrogène, à 80 % dans le monde, est
fabriqué à partir du gaz naturel.
La technologie sur laquelle Hydro-Québec travaille est une
nouvelle technologie fondée sur l'électrolyse de l'eau et qui,
éventuellement, et c'est le pari, j'imagine, fait par
Hydro-Québec, deviendra une technologie commerciale, c'est-à-dire
concurrentielle par rapport à la production actuelle d'hydrogène.
Il n'est pas du tout impensable que cela soit le cas, mais est-ce que, d'ici
1995 ou même l'an 2000, cette technologie permettrait
éventuellement de transformer la technologie dans le transport pour
essentiellement aller vers des véhicules qui ne seront plus des
véhicules comme on les connaît aujourd'hui mais qui seront des
véhicules électriques, finalement, avec des piles à
hydrure? Les experts dans ce domaine sont extrêmement prudents. Ce qu'ils
disent, cependant, c'est que, même dans le secteur du transport, surtout
pour les gros transports - vous avez parlé de l'aéronautique,
mais cela peut être vrai aussi pour le transport ferroviaire, pour
l'utilisation de moyens de transport comme les autobus - l'hydrogène
pourrait éventuellement jouer un rôle important.
Le problème de l'hydrogène est que cela prend des
réservoirs très considérables pour vous donner la
même énergie, même si le système est
éventuellement plus efficace probablement que les systèmes
actuels. Par conséquent, la question de l'utilisation de
l'hydrogène électrolytique dans le transport est une technologie
nouvelle. C'est une technologie qui est appelée à se
développer, mais il n'y a personne actuellement qui prévoit que,
d'ici l'an 2000, elle sera suffisamment développée pour permettre
un remplacement, si c'était votre question, du pétrole dans les
utilisations actuelles. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas y travailler
parce que, encore une fois, il y a énormément d'autres
utilisations. Même dans les réseaux électriques, je l'ai
déjà dit, par exemple - je ne veux pas entrer dans des questions
qui regardent bien plus une autre société d'État que la
nôtre - pour des questions touchant les lignes de transmission à
très haut voltage, éventuellement, l'hydrogène pourrait
peut-être suppléer à la construction de lignes de
transmission. Mais on parle d'une technologie qui est en voie de
développement et qui va prendre plusieurs années avant de devenir
vraiment commerciale ou concurrentielle.
M. Grégoire: Justement, la firme 5NC, dans son rapport sur
l'hydrogène liquide, qu'elle a présenté conjointement avec
le Conseil de l'industrie de l'hydrogène, mentionne deux secteurs du
transport, dont le gros transport, soit le train, les bateaux, les camions,
l'avion... Elle mentionne que l'hydrogène pourrait facilement prendre la
place et qu'Hydro-Québec travaille sur un hydrogène
concentré, tout comme vous autres, avec le gaz naturel, travaillez sur
le gaz naturel comprimé. L'hydrogène comprimé, de la
même façon, tout en étant plus léger,
coûterait moins cher pour ces genres de transport, d'autant plus que le
Québec, d'après SNC, serait nettement en avance sur tout ce qui
existe au monde à l'heure actuelle pour la fabrication de
l'hydrogène. Comme je le disais tout à l'heure, il pourrait
même en arriver à posséder des avantages très nets
tant au point de vue canadien qu'au point de vue nord-américain et
même mondial, au point de vue du développement économique.
Ceci mettrait le Québec à la fine pointe de la technologie de
l'énergie et du transport. (12 heures)
Pour ce qui est du transport de plus petite dimension, comme
l'automobile ou l'automobile compacte, on reconnaît facilement que
l'hydrogène ne serait peut-être pas la solution. Vous parlez de
pile électrique ou d'électricité. J'ai assisté, il
y a quatre ans, à un congrès interaméricain sur
l'énergie, justement, et sur le pétrole. Il y avait des
spécialistes du gouvernement américain, du gouvernement
canadien et du gouvernement québécois. Cela a eu lieu aux
États-Unis. On nous disait que la grosse difficulté de la pile
électrique pour l'automobile n'était pas le rayon d'action, parce
qu'on pouvait en fabriquer à grand rayon d'action, à rayon
d'action normal. La preuve en est que depuis 25 ans il y en a qui jouent au
golf et qui se promènent dans une petite poussette électrique. Si
cela fonctionnait il y a 25 ans sur un rayon de 15 milles, il n'y aurait pas de
raison pour qu'au bout de 25 ans on ne l'ait pas développé pour
une rayon de 300 milles. Tout comme l'avion a commencé par faire 100
milles à l'heure et fait maintenant 2000 milles à l'heure, il n'y
aurait pas de difficulté à développer le rayon d'action
d'une poussette de golf de 15 à 20 milles et le transférer
à une petite automobile qui aurait un rayon d'action de 300 milles.
On nous disait que la grosse difficulté provenait du fait que les
citoyens américains, en arrivant chez eux à 17 heures ou à
23 heures, se connecteraient tous ensemble pour recharger leur batterie. Le
réseau de distribution électrique aux États-Unis comme au
Canada n'est pas fait pour cela et cela ferait sauter les transformateurs; on
prévoyait là de grosses difficultés. La solution
proposée était que l'on puisse changer de batterie à une
station-service comme lorsqu'on fait le plein d'essence afin que les batteries
soient rechargées dans les stations-service munies d'installations
spéciales de distribution d'électricité. Cela
résulterait en un moindre coût et le nombre actuel de
stations-service offrirait un service de pile qui résoudrait le
problème.
Est-ce que la baisse du raffinage du pétrole, de la vente du
pétrole, est-ce que le développement de l'hydrogène
grâce à l'électrolyse produite par Hydro-Québec -
qui s'en vient avec des solutions dans ce domaine - et est-ce que la pile
électrique pour l'automobile ne mettront pas le gaz naturel au
même niveau que le pétrole pour, dans quinze ou vingt ans, les
rendre un peu périmés par rapport aux nouvelles sources
énergétiques de pointe que seront l'hydrogène, pour
l'ensemble de l'énergie, et la pile électrique pour la petite
automobile, le transport en automobile?
M. Pouliot: Il n'y a rien que j'aimerais mieux, personnellement,
que de voir un jour la technologie électrolytique de l'hydrogène
s'imposer. Je vou3 avouerai très franchement que cela ne pose aucun
problème en ce qui concerne la position du gaz naturel' parce que, par
rapport aux utilisations auxquelles vous faites allusion, nous ne sommes pas
dans le même marché du tout. Le gaz naturel dans le transport va
probablement prendre une partie du marché, mais cela reste quand
même très faible et je doute...
Enfin, rien n'est impensable, mais je doute fort qu'il y ait une
préoccupation de vouloir remplacer le pétrole par le gaz naturel
dans le secteur du transport ou l'éliminer complètement.
Je crois qu'il y a aussi une question de coût économique.
S'il fallait, du jour au lendemain, remplacer quelque chose comme 25 % ou 30 %
de notre bilan qui est dans le secteur du transport à l'heure actuelle
pour faire fonctionner celui-ci à l'électricité, il
faudrait certainement aménager des installations considérables,
beaucoup plus considérables que celles que nous avons. Ceci dit, en
termes de coût, je suis persuadé que le pétrole resterait
très compétitif dans ces conditions par rapport a
l'électricité, aujourd'hui, dans l'état actuel de la
technologie. Dans quinze ans ou vingt ans, ce sera une autre affaire.
Malheureusement, je ne suis pas en mesure de dire comment cette technologie va
évoluer mais, ceci dit, je suis persuadé qu'elle a un avenir.
L'étude de SNC à laquelle vous avez fait allusion, j'y ai
participé moi-même. Je pense qu'il y a pour le Québec un
avantage indéniable et que le Québec doit s'en prévaloir
et faire tout en son pouvoir pour maîtriser, détenir et maintenir
l'avantage qu'il a et qui tient essentiellement au développement de la
technologie des électrolyseurs à ce moment-ci. Il est
évident que dans le secteur de la technologie on a une avance pendant un
certain temps mais on risque de la perdre. Il faut, j'imagine, continuer
à développer et à investir dans cette technologie pour
maintenir notre avance. Je suis persuadé qu'il y a pour le Québec
un filon intéressant dans ce domaine-là mais, encore une fois, je
n'ai aucune crainte en ce qui concerne la concurrence avec le gaz naturel pour
au moins les 10 ou 15 prochaines années.
M. Grégoire: Dix ou 15 ans, ce n'est peut-être pas
tellement long non plus, M. le Président. Je suis heureux de voir que
vous avez participé à cette étude qui est très
optimiste quant à l'avenir du Québec s'il se lance dans ce
secteur d'énergie.
Cela me ramène à une autre question. Quand on parle de
développer la phase Il de la Baie James à 12 000 mégawatts
et que cela prend énormément d'électricité pour
produire de l'hydrogène en gaz ou en liquide, est-ce que le
Québec ferait une bonne affaire en vendant à long terme,
c'est-à-dire sur une période de 40 ou 50 ans,
l'électricité produite par la phase Il de la Baie James si, dans
12 ou 15 ans... Vous avez participé - ce sont les échanciers que
vous donniez, 8, 10 ou 12 ans, il y a déjà deux ans - à
l'arrivée de l'hydrogène commercialisé sur le
marché. Cela est dans le rapport de la SCN. Est-ce que ce serait un
avantage pour le Québec de vendre son électricité sur des
échéances de 45 ou 50 ans alors que s'en viennent de
nouvelles technologies comme celles-là qui mettraient le
Québec à la pointe? Vous dites même dans le rapport de SNC
que, si Mirabel était le premier aéroport à
s'équiper à l'hydrogène liquide, toute la marchandise
cargo intercontinentale de New York à Toronto viendrait aboutir à
Montréal et que, si le Québec prenait le devant dans la
construction d'un aéroport à l'hydrogène, c'est lui qui,
à l'avenir, pourrait être le maître d'oeuvre du
développement de la technique des aéroports à
hydrogène liquide.
Si cette technologie doit être à point dans 8, 10 ou 12
ans, est-ce qu'il serait prudent pour le Québec de construire des lignes
à haut voltage pour aller vers les États-Unis, ce qui
entraîne des ventes d'électricité sur 50 ou 55 ans?
J'aimerais avoir votre point de vue là-dessus, surtout si vous avez
participé à l'élaboration de ce rapport.
Le Président (M. Bordeleau): M. Pouliot.
M. Pouliot: Vous comprendrez, M. le Président, que c'est
un peu difficile dans ma position actuelle de faire des commentaires sur les
objectifs et la stratégie d'Hydro-Québec en matière de
construction de barrages ou d'exportation. Tout ce que je me permets de dire
c'est que la technologie de l'hydrogène est certainement une technologie
intéressante. Le Québec a un avantage en ce domaine.
Éventuellement des utilisations pourront certainement être
intéressantes à développer pour le Québec. Quant
à savoir si c'est une énergie de remplacement aux énergies
actuelles, cela me paraît beaucoup plus problématique.
Même dans le transport aéronautique je me permets de
préciser qu'il y avait, il y a quelques années, un comité
international ad hoc pour l'hydrogène dans le transport aérien.
C'était un organisme privé que les compagnies aériennes
internationales avaient mis en place. L'une des difficultés c'est que
vous ne pourriez pas très franchement avoir un seul aéroport
équipé pour faire fonctionner des avions à
l'hydrogène. Si vous voulez avoir un avenir là-dedans, il faut
que vous ayez un réseau qui inclurait, au fond, les grands
aéroports du monde, équipés avec des infrastructures vous
permettant d'alimenter votre appareil là où il se destine. De
sorte qu'il y a des difficultés inhérentes de caractères
technique, économique et financier à l'extension rapide de cette
technologie à l'heure actuelle.
Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas un avenir, je vous dis simplement que
les choses progressent dans ce dossier-là, que le Québec a
certainement des avantages comparatifs et qu'il doit s'y intéresser,
mais aller plus loin que cela à ce moment-ci serait de la
spéculation de ma part et j'hésite à en faire devant la
commission.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
M. Grégoire: M. le Président, quand on parle de
vendre notre électricité avec des contrats de 50 et 60 ans, c'est
plus loin que l'immédiat, c'est à très long terme.
À ce moment-là est-ce qu'on sera content d'avoir vendu notre
électricité si, justement, cette nouvelle filière
énergétique qu'on appelle
électricité-hydrogène est prête à être
mise en place si le Québec a pris les devants, s'il est à...
Surtout que c'est une richesse qu'on retrouve au Québec. Vous dites dans
votre rapport que le Québec est en mesure, plus que n'importe quel autre
pays, de fabriquer l'hydrogène à partir de son
électricité et peut être à la tête du
progrès dans le domaine du transport de l'hydrogène. Non pas que
je sois contre le développement de la phase Il de la Baie James, au
contraire j'ai toujours été pour ça, mais je me dis que,
lorsqu'elle sera construite, on sera prêt à mettre quasiment en
pratique la nouvelle filière énergétique
électricité-hydrogène. Vous hésitez peut-être
parce que c'est une question politique. Je voudrais la dépolitiser
simplement pour voir quel est l'avenir du Québec. Évidemment, je
connais moins cela que le domaine de l'amiante. Mais c'est comme quand on vient
me dire qu'on veut passer un contrat de 65 ans pour une société
en commandite sur l'amiante, alors qu'un des partenaires n'a des
réserves que pour 20 ans. Je me dis: Là, c'est fou. Je me dis
aussi que, si on est pour construire la phase Il de la Baie James et qu'on vend
pour 60 ans alors que, dans 20 ans, peut arriver cette nouvelle filière
énergétique électricité-hydrogène, cela
donne matière à réflexion. Est-ce qu'on n'est pas en train
de faire comme Terre-Neuve avec Churchill Falls? Ils braillent à chaudes
larmes et se rongent les ongles jusqu'aux épaules parce qu'ils ont
signé pour 60 ans. Je voudrais avoir vos commentaires
là-dessus.
M. Pouliot: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Mais je voudrais que ce soit
dépolitisé. Vous avez participé à l'étude de
SNC. L'étude de SNC et du comité de l'industrie de
l'hydrogène m'a laissé entendre... Je crois que tout le monde
devrait la lire; c'est un document qui a été déposé
ici, à la commission de l'énergie et des ressources, en 1983,
sous le numéro 12M. Je crois que cela donne énormément
d'optimisme au Québec pour la création d'emplois dans tous les
domaines. Autant, aujourd'hui, on peut aller construire des barrages
électriques ailleurs, autant ce rapport nous permet de croire qu'on
pourrait aller construire des aéroports équipés
à
l'hydrogène, comme vous venez de le mentionner. C'est inscrit
ici.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, cela va? Je veux simplement rappeler au président de SOQUIP
que je considère que la question déborde largement le cadre qu'on
s'était donné aujourd'hui. Bien sûr, vous êtes
toujours libre de répondre, mais ne vous sentez pas obligé...
M. Grégoire: M. le Président, c'est de la
compétition entre différentes sources d'énergie et je
voudrais savoir...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, on pourrait, bien
sûr, parler de toutes sortes de sources d'énergie mais, ce matin,
on parle des activités de SOQUIP. Alors, j'aimerais bien, autant que
possible, sans brimer qui que ce soit, que les membres s'en tiennent au mandat
qu'on a. Je vous indique également qu'on avait trois sujets
précis qu'on n'a pas vraiment abordés de façon
spécifique jusqu'à maintenant. Il faudrait peut-être penser
à y passer.
M. Grégoire: M. le Président, si vous me le
permettez...
Le Président (M. Bordeleau): Je considère que j'ai
été pas mal large.
M. Grégoire:... juste pour justifier ma question en une
minute. SOQUIP, c'est une compagnie d'investissements pétroliers. On
nous dit que le raffinage ou la vente du pétrole peut diminuer et que
cela va être remplacé par autre chose. Ce par quoi cela va
être remplacé, SOQUIP peut être intéressée
à cela. C'est pourquoi je pose les questions et je crois que c'est
complètement dans l'ordre d'idées de la discussion.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, oui, votre question est
posée. Si M. Pouliot veut y répondre, je laisse cela à sa
discrétion.
M. Pouliot: M. le Président, comme je le disais au
début de mon intervention, je suis à la disposition des membres
de la commission pour répondre à toutes leurs questions.
Là-dessus, je reviens à votre question, M. le
député. Moi, je n'ai jamais considéré votre
question comme étant une question politique. Sur le plan strictement
technique, il ne faut pas oublier une chose: l'hydrogène n'est pas une
source d'énergie. Il faut la produire, c'est un produit de
transformation. Pour produire de l'hydrogène, même à partir
de l'électricité, cela vous prend d'abord de
l'électricité. Plus vous allez produire de l'hydrogène,
plus vous aurez besoin d'électricité pour le produire. Ce qu'il
faut regarder, c'est quels seront les coûts de
l'électricité et à partir de quoi vous allez le produire.
À partir du moment où vous avez des surplus, des
excédents, où vous avez une source à la base qui est de
l'eau qui coule et qui ne vous coûte pas grand-chose, il est
évident que vous avez un avantage. Mais pour qu'une forme
d'énergie, quelle qu'elle soit - dans ce cas-ci, ce n'est pas une forme
d'énergie, mais un vecteur énergétique -devienne, en fait,
une solution de remplacement à ce qui existe, il ne faut pas que vous
soyez le seul à bénéficier de cet avantage. Il faut que
l'avantage soit réparti un peu partout dans le monde, de telle
façon que votre solution s'impose. C'est là où, quand on
regarde à long terme, les problèmes commencent à se poser
pour l'hydrogène. Si vous regardez à 40 ou 50 ans encore une
fois, je parle d'hydrogène électrolytique - il y ad'autres façons de le produire, il faudrait commencer à
parler du solaire et des possibilités éventuelles de faire de
l'électricité directement à partir de l'énergie
solaire. Ma foil cela déborde un peu le cadre de la discussion de ce
matin.
Une voix: Oui.
M. Pouliot: Je tenais simplement à faire cette
précision, parce que les problèmes qui se posent pour
l'hydrogène sont essentiellement de caractère économique
et technique à ce moment-ci.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, en espérant que
ce sera la fin de la discussion générale, la parole est au
député de Chapleau, ensuite au député de Shefford
et, enfin, à la députée de Jacques-Cartier.
M. Kehoe: J'aurais juste une question plus ou moins
spécifique. Vous avez parlé des trois objectifs de notre
commission parlementaire, à savoir le regroupement des
différentes compagnies, l'acquisition de Sundance Oil et la fermeture
d'une compagnie de gaz naturel à Montréal. D'ailleurs, dans
l'ensemble, la situation de SOQUIP dans la société
québécoise... (12 h 15)
Une des choses que vous avez mentionnées, c'est que le gaz
naturel représente actuellement environ 13 % de l'utilisation de
l'énergie québécoise. D'ici 1990, cela va augmenter
à 17 %. Un des usages que vous faites du gaz naturel au Québec,
c'est pour des véhicules. Vous avez mentionné qu'actuellement le
transport est un usage très important du pétrole dans la
société québécoise. Quand vous parlez de l'usage du
gaz naturel dans les véhicules, j'ai vu dans le rapport annuel de
SOQUIP, à la page 17, les différents facteurs qui motivent
l'usage du gaz naturel, soit le prix, l'importance de marché potentiel
du Québec
et la croissance remarquable des réseaux de distribution. Voici
la question que je me pose, avec tout cela. Pour quelle raison n'utilisons-nous
pas plus le gaz naturel, que ce soit pour des flottes de taxis, des compagnies
de transport majeur, la CTCUM? Dans l'ensemble, on dirait que l'usage du gaz
naturel dans les véhicules, les véhicules lourds ou ordinaires,
cela n'a pas fait une percée majeure dans le marché
québécois. Pour quelle raison? Avez-vous un programme
spécifique ou avez-vous un marché, un marketing pour augmenter
cela? Y a-t-il des raisons majeures qui empêchent que le gaz naturel
s'approprie une partie plus importante du marché?
M. Pouliot: M. le Président, je vais demander à M.
Yves Rheault, qui est vice-président et secrétaire de la
compagnie et qui suit les activités de GNC Québec, de
répondre à cette question.
M. Rheault (Yves): En fait, ce que je devrais mentionner c'est
que, avant tout, cette entreprise n'est active que depuis le milieu de 1983. Ce
que la compagnie visait avant tout, c'est de s'adresser au marché des
flottes de véhicules, comme la flotte des véhicules-taxis dans
les grandes villes, Montréal et Québec.
Le rythme de conversion est fonction en bonne partie d'un réseau
d'approvisionnement. Le réseau d'approvisionnement de la compagnie en
question commence à s'élargir. Il y aura probablement, d'ici la
fin de 1985, une quinzaine de postes d'approvisionnement publics, lesquels
postes d'approvisionnement publics sont ouverts avec la participation
financière des grandes compagnies pétrolières comme Gulf,
Ultramar, Shell.
A ce stade-ci, cependant, se pose toujours, dans le cas du gaz naturel,
ce problème fondamental qui est lié à sa nature. Il est
difficilement stockable. C'est ce qui fait que dans le cas des voitures-taxis,
même si au niveau du prix les économies sont significatives, il se
pose le problème de la flexibilité de l'approvisionnement.
Actuellement, en fait, les voitures-taxis, pour prendre cet exemple, sont
dotées de deux cylindres qui vont permettre aux véhicules d'avoir
une capacité d'emmagasinage correspondant à l'équivalent
de neuf gallons d'essence. Alors, les voitures-taxis ou d'autres
véhicules doivent régulièrement se retrouver à des
postes d'approvisionnement. Comme le réseau est peu
développé, cela crée de ce côté, en fait, des
problèmes sérieux.
En 1984 le nombre de véhicules qui avaient été
convertis était de 400. Cette année, GNC Québec
prévoit que les conversions vont se situer autour de 1500. Une des
choses que l'on peut dénoter, c'est que le rythme de conversion est
beaucoup sensible au programme de commercialisation fait par GNC Québec
et Gaz Métropolitain. Gaz Métropolitain a beaucoup
d'intérêt à suivre le développement de ce
marché puisque c'est une avenue de développement de son
marché qui peut présenter de l'intérêt.
M. Kehoe: Seulement une dernière question. Actuellement, y
a-t-il des autos américaines ou européennes qui sont construites
spécifiquement pour l'usage du gaz naturel ou s'il y en aura? C'est une
chose de l'avenir. Est-ce que ce sont seulement des conversions des autos
actuelles qui se font ou s'il y a des autos qui vont être construites
spécifiquement pour l'usage du gaz naturel?
M. Rheault: À ma connaissance, il n'y a qu'un seul
fabricant d'automobiles, soit la compagnie Ford, qui, l'an dernier, a produit
une cinquantaine de camions de type Ranger, lesquels étaient
spécifiquement conçus pour l'utilisation du gaz naturel.
M. Kehoe: Y a-t-il une raison pour laquelle compte tenu de tout
le prix et...
M. Rheault: La raison fondamentale, c'est le stockage.
M. Kehoe: Pardon?
M. Rheault: Le stockage; avant tout, l'approvisionnement. Si le
gaz naturel pouvait être stocké plus facilement dans le
véhicule, je pense que cela améliorerait considérablement
le potentiel du marché. Je pense aussi que la technologie se doit
d'évoluer en fonction de l'évolution des voitures
américaines qui sont de plus en plus, au plan de la carburation, munies
d'équipements électroniques. Jusqu'à maintenant, la
technologie qui était utilisée était une technologie
italienne qui est maintenant adaptée au contexte nord-américain,
mais ce que l'on peut constater, c'est que l'évolution de la technologie
ne se fait pas au même rythme qu'évolue la technologie des
véhicules nord-américains. Je dirais que les deux
problèmes sont les suivants: S'assurer que la techonologie suit bien
l'évolution de la conception des véhicules nord-américains
et, d'autre part, voir si on ne peut pas améliorer la capacité de
stockage de gaz naturel dans les véhicules.
M. Kehoe: Est-ce que c'est un problème majeur, le stockage
de gaz naturel?
M. Rheault: À mon avis, cela en est un au même titre
que celui que l'on mentionnait tout à l'heure, c'est sept fois moins
coûteux de transporter du pétrole que du gaz naturel, même
par pipeline. Je dois dire que, de ce
côté, il y a des études qui se poursuivent afin de
trouver des façons d'emmagasiner dans un même cylindre plus de gaz
naturel et à une pression moins élevée que
présentement.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. M. le
député de Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président. Je dois d'abord
vous remercier pour les documents que vous nous avez fait parvenir. Ils sont
courts et clairs. Cela répond à plusieurs questions qu'on se
posait au départ, plus la présentation audiovisuelle. Quant
à moi, c'est vraiment un commentaire préliminaire et global qui
rejoint un peu une préoccupation du député de Frontenac,
par contre. Si on a décidé, nous autres, comme mandat,
d'étudier SOQU1P, il y avait plusieurs facteurs qui intervenaient et qui
justifiaient, à mon avis, que ce soit notre choix comme commission. Il y
avait entre autres que c'est le secteur énergétique. Il en est
question depuis tellement longtemps. Je pense qu'il va en être question
encore passablement longtemps. Il y avait le fait qu'on est mis au courant que
SOQUIP a des investissements très importants, donc en période de
croissance, qu'il y a beaucoup de placements qui se font aussi à
l'extérieur du Québec. À la lecture et aux commentaires
qu'on a entendus, c'est à l'avantage des Québécois, mais
c'est quand même des investissements qui se font à
l'extérieur.
Il y a les fusions qui étaient toutes récentes au moment
où on a décidé d'entendre SOQUIP, qu'on parle de Gaz
Métropolitain, Gaz Inter-Cité, Provincial Nord, et tout cela. Il
y a aussi un courant qui fait qu'au Québec étatisation par
rapport à privatisation, et SOQUIP est une société
d'État... Il y avait tous ces facteurs qui faisaient en sorte qu'il
fallait, je pense, comme gouvernement, et c'est notre rôle, je pense,
gouverner c'est prévenir et prévoir... Cela va bien, tant mieux,
sauf que, sans vouloir faire de mauvaises comparaisons, j'espère que
vous allez être capables de me convaincre du contraire. Dans d'autres
sociétés d'État, il y a aussi eu des moments de
progression pas mal formidables à certains moments où l'avenir
était rose. On pouvait investir par centaines de millions sans
s'énerver.
Malheureusement, on a des résultats -le député de
Frontenac sait de quoi je parle - qui ne sont pas toujours à la mesure
des prévisions qu'on avait faites au moment de la progression de
l'entreprise ou des entreprises du secteur comme tel. Je pense qu'il est
important comme commission et comme gouvernement de s'assurer qu'on est dans la
bonne voie dans les investissements qu'on fait dans un secteur aussi
névralgique que l'énergie. Cela rejoint un peu ma
préoccupation sauf que ma question va être différente. Si
gouverner c'est prévoir, c'est prévenir - dans un secteur aussi
névralgique que celui-là, on n'a pas le choix, le secteur
énergétique - on a quand même certaines données...
Si on reprend les tableaux qu'on prenait tantôt - je pense que c'est le
député de Chapleau - on y dit: Le gaz naturel va prendre de plus
en plus une place dans le secteur énergétique
québécois. Par contre, dans le même graphique, on
s'aperçoit que de 1975 à 1990, par exemple, on va passer de 1339
pétajoules à 1330. Donc, une diminution. On augmente notre place
dans le marché, mais le marché d'énergie diminue, lui,
globalement. Il va y avoir diminution d'énergie. Il va y avoir une plus
grande variété d'énergie qui va se rajouter aux
énergies nouvelles. Donc, c'est un secteur où on investit
beaucoup, mais on sait au départ qu'on s'en va vers un secteur en
diminution, une diminution qui n'est pas sur le seul gaz naturel, mais une
diminution globale d'énergie, donc, saturation à un moment
donné et probablement, comme dans tous les secteurs, déclin ou
maintien, en espérant que ce soit maintien.
Je ne suis pas contre le fait qu'on prenne notre place et qu'on profite
de ce secteur économiquement, qu'on en profite comme
société, au contraire; sauf que je voudrais qu'on me rassure - je
suis bien ouvert à cela - que les perspectives sont bonnes, que c'est un
choix qu'on a fait comme société où on a une certaine
sécurité et que si ce n'est pas... Je dois dire que j'ai
l'impression que j'y réponds un peu en disant cela.
À la lecture des documents et à l'audition, tantôt,
autant lors de la présentation qu'il y a eu que des commentaires que
j'ai entendus, on a une place du marché à prendre comme
société. Cela nous échappait totalement. Maintenant, on va
la prendre. Donc, est-ce que les perspectives d'avenir pour SOQUIP, c'est de
prendre une place du marché qu'on va contrôler et dont on va
pouvoir bénéficier comme entreprise, comme société,
en étant propriétaires, donc, décider un paquet d'affaires
et en profiter au niveau des profits? Est-ce que la perspective, c'est de
prendre une place du marché comme cela ou s'il y a des perspectives plus
larges qui soient l'exportation ou autre chose?
Mais ma crainte, ma question, en tout cas, c'est un peu dans le sens des
propos du député de Frontenac. On sait d'avance que ce secteur va
être saturé et on investit beaucoup là-dedans. Est-ce que,
dans le temps, on tombe bien ou si on tombe mal? On tombe bien... Beaucoup
d'autres se sont lancés dans ce domaine probablement dans les
années soixante-dix, au moment où le prix du pétrole
était à la hausse, où le problème
énergétique était majeur dans le monde. Maintenant, on est
rendu en 1985 et
on s'en va vers 1986; on trouve des solutions de rechange et le prix du
pétrole - on n'a qu'à regarder les conférences des pays de
l'OPEP - est à la baisse. Puis que ce sont les voies alternatives qu'on
est en train de regarder, est-ce que, maintenant que le prix du pétrole
est à la baisse, nous, on arrive dans un moment opportun ou si on arrive
au moment où le secteur est plutôt en déclin? Je suis
prêt à me faire rassurer et j'espère l'être.
M. Pouliot: La question m'apparatt évidemment
fondamentale. Je voudrais peut-être, avant d'y répondre, corriger
deux perceptions. Je ne veux pas vous faire dire des choses que vous n'avez pas
dites, mais, en tout cas, en termes de perception, tout d'abord en ce qui
concerne les investissements de SOQUIP dans le temps, 80 % -c'est un ordre de
grandeur - des investissements générés par SOQUIP ou
réalisés par SOQUIP ont été faits au Québec.
Bien sûr, dans l'optique de la diversification des approvisionnements, du
fait que nous avions une présence dans le gaz, les implications dans la
production devenaient importantes et, là où il y a du gaz
naturel, malheureusement - j'aimerais bien mieux que ce soit au Québec,
quant à moi, mais ce n'est pas au Québec - nous avons
pensé que c'était une bonne stratégie de s'impliquer dans
la production, encore une fois dans l'idée que c'était important
sur le plan économique d'être intégrés dans ce
secteur.
La deuxième impression ou perception que je voudrais corriger,
c'est sur l'évolution du bilan énergétique. Vous avez dit
qu'entre 1975 et 1990 on s'aperçoit que la consommation
énergétique au Québec diminue. C'est vrai, si vous prenez
cela sur toute la période. Cependant, si vous décomposez la
période en sous-périodes, on se rend compte d'une chose, c'est
qu'entre 1975 et 1979 la consommation énergétique au
Québec a augmenté. Elle a diminué considérablement
depuis la deuxième crise du pétrole jusqu'en 1983-1984 et ce
à quoi on assiste à l'heure actuelle, c'est au fond à une
remontée de la consommation énergétique qui a une tendance
à suivre grosso modo l'évolution de la croissance
économique. Par conséquent, d'ici 1990 et même
au-delà, ce n'est pas impensable de penser, malgré les
prévisions des scientifiques dans la matière, que la consommation
énergétique, au fond, suive grosso modo, sinon dépasse
même dans certaines occasions l'évolution de la croissance
économique.
Ceci dit, quant à l'activité de SOQUIP et à la
question du "timing" par rapport à l'évolution du prix du
pétrole, il est évident que, si l'idée était
d'amener SOQUIP à investir massivement dans la production du
pétrole à ce moment-ci, il faudrait sans doute se poser des
questions sur la rentabilité de l'investissement qu'on fait et sur
l'horizon dans lequel on pourrait être en mesure d'escompter
l'amortissement de cet investissement et le rendre rentable. (12 h 30)
Notre calcul est fait de la façon suivante: quand vous regardez
le bilan énergétique du Québec, cela sera de plus en plus
vrai, nous avons une part importante d'importations nettes de produits
énergétiques, si je puis dire, et la balance commerciale du
Québec, malgré nos exportations importantes
d'électricité, demeure déficitaire et largement
déficitaire. Le ministère de l'Énergie et des Ressources a
calculé que c'était d'environ 4 500 000 000 $ par année.
C'est à peu près le niveau où on se situait en 1975,
compte tenu de l'évolution des prix du pétrole.
Depuis la déréglementation des prix, il est probable et
même plus que probable qu'une part importante de notre approvisionnement
énergétique, surtout le pétrole, viendra de
l'étranger. De sorte que nous avons deux paramètres sur lesquels
on joue. Essentiellement, c'est le fait que nous avons une balance commerciale
qui est largement déficitaire; c'est donc de l'argent qui sort de
l'économie du Québec. Deuxièmement, c'est un fait que nous
allons retourner à la situation que nous avons connue il- y a quelques
années, dans une dépendance importante - il restera à la
situer - elle ne sera peut-être pas à 100 % comme cela a
déjà été le cas, mais elle pourrait être de
plus de 50 % vers l'importation de pétrole brut de
l'étranger.
Quand on regarde l'horizon à terme, on se ditr Pourquoi ne pas
essayer dans une stratégie, avec les moyens que nous avons et qui sont
nécessairement modestes, de voir si on ne peut pas
récupérer une partie de ces transferts d'argent, en d'autres
termes, d'investir pour récupérer une partie de la rente
économique reliée en fait à la production des
hydrocarbures en particulier? C'est la raison pour laquelle nous avons investi
en Alberta et que nous continuons à investir dans des ressources en
régions frontalières dans l'espoir un jour d'être en mesure
de participer à l'approvisionnement du Québec et de
récupérer, comme je le disais, une partie des
bénéfices économiques reliés à cette
activité. Cela ne veut pas dire qu'on serait en mesure de remplacer ou
de redresser la situation de la balance commerciale du Québec, mais je
crois que le fait de participer à cette activité
économique nous permet d'envisager en fait des bénéfices
économiques importants pour le Québec.
Par ailleurs, en termes de "timing", au cours des dernières
années, les politiques gouvernementales ont favorisé cette
activité. Les crises que nous avons connues sur le
plan international, la politique canadienne depuis 1980, qui comportait
une politique de remplacement du pétrole, ont largement favorisé
l'implication de SOQUIP dans le gaz naturel, tant dans la distribution que dans
l'exploration ou dans la production. Par conséquent, je crois qu'en
termes de "timing" ce que nous avons fait me paraissait tout à fait
juste par rapport au contexte énergétique. Évidemment, ce
contexte va changer et il faudra s'ajuster en conséquence. Mais, dans la
mesure où notre optique est de dire qu'il nous en coûte 5 000 000
000 $ par année pour nous approvisionner en hydrocarbures, pourquoi
n'investirait-on pas pour récupérer une partie de cette rente
économique, pour redresser la balance économique, pour
créer ou générer des emplois dans ce secteur? Je crois que
notre pari est bon.
M. Paré: Juste une dernière question rapide.
M. Pouliot: Oui.
M. Paré: Est-ce qu'il serait correct de penser qu'au
niveau des objectifs poursuivis par SOQUIP cela signifierait une
économie pour le consommateur, parce qu'on suscite une bonne
concurrence, on participe au développement pétrochimique par le
projet actuel entre autres, on fait de la récupération, vu le
fait qu'on est très dépendants, pour un montant de 4 000 000 000
$ de déficit énergétique, et on participe aux profits? Si
on développe ce secteur comme on peut le lire dans le volume,
finalement, on court la chance de profiter des exportations dans le secteur
nord-est américain? Est-ce que ce seraient les objectifs qu'on se fixe
comme société pour non seulement rentabiliser mais faire profiter
l'argent qu'on investit là-dedans?
M. Pouliot: Je crois que cela fait certainement partie de nos
objectifs et de notre stratégie. Comme je le disais tantôt, il est
important d'essayer d'améliorer et de générer le plus
possible d'activité économique au Québec, compte tenu de
l'importance qu'ont les hydrocarbures dans notre bilan
énergétique. Deuxièmement, il est aussi important de
penser en termes d'approvisionnement. À l'heure actuelle, en termes
d'approvisionnement, il n'y a pas vraiment de problème de
sécurité d'approvisionnement au Québec. Il y a des surplus
d'électricité; il y a des surplus de pétrole; et il y a
aussi des surplus de gaz.
Mais la situation énergétique a tellement
évolué et va tellement évoluer encore que personne ne peut
vraiment prévoir qu'il n'y aura jamais de crises ou plus de crise, sur
le plan des approvisionnements, comme celles qui ont pu être
appréhendées à la fin des années soixante-dix.
C'est donc un élément important.
La troisième dimension est une dimension technique ou enfin une
dimension qui vise essentiellement à essayer de faire participer les
Québécois à un secteur de pointe et à leur faire
acquérir une expertise dans ce domaine. Nous avons des gens qui sont
formés en génie ou ailleurs, que nous pouvons utiliser pour faire
des travaux et mieux prévoir l'avenir d'un domaine qui est quand
même très important. Les ingénieurs ou les géologues
que nous avons mandatés sur des travaux que nous faisons dans
l'"offshore" avec d'autres ou ceux que nous faisons en Alberta
acquièrent une expérience qui est non négligeable et
importante pour le Québec. Par conséquent, je crois que les
retombées économiques seront certainement très importantes
en dehors du fait que sur le plan énergétique... J'ai
oublié un élément que vous avez mentionné au
passage, la question de la compétitivité ou, en d'autres termes,
essayer de voir si on ne peut pas réduire les coûts de la
production économique au Québec.
Nous avons des coûts de production élevés au
Québec et l'une des façons de les améliorer, surtout pour
des industries où l'énergie constitue un pourcentage
élevé du coût de production, la façon de rendre ces
industries plus compétitives serait de travailler sur les coûts
d'approvisionnement énergétique. C'est peut-être un peu
prétentieux de le dire, mais l'un des éléments importants
des dernières années au Québec a été de
créer un marché de l'énergie, d'avoir des sources
d'énergie qui soient concurrentielles, ce qui a amené nos
entreprises industrielles à s'équiper pour être en mesure
d'utiliser l'électricité à bon prix lorsque c'était
possible, d'utiliser le gaz également et d'autres sources
d'énergie. Je crois que cela est important et que cela a
considérablement amélioré la compétitivité
de plusieurs de nos entreprises industrielles au Québec. Par
conséquent, si la contribution de SOQUIP est telle, à mon sens,
l'ensemble de l'économie du Québec y gagnerait dans l'avenir.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. Mme la
députée de Jacques-Cartier, toujours sur la discussion
générale.
Mme Dougherty: Oui. Vous prévoyez que, dans cinq ans, vous
aurez peut-être 17 % du marché énergétique du
Québec. J'aimerais savoir où est le potentiel; je n'ai pas vu,
dans la documentation que nous avons reçue, une ventilation de vos
prévisions à cet égard. Est-ce un marché
domestique, est-ce un marché industriel, est-ce un marché
commercial ou si c'est un marché des produits du gaz naturel, des
produits secondaires comme, par exemple, le projet
prévu LGN?
M. Pouliot: Si vous me le permettez, M. le Président, je
vais demander à M. Guérin de faire des commentaires sur cette
question et j'en aurai également à faire après. M.
Guérin.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. Guérin.
M. Guérin: Sur le marché qui reste à
pénétrer, l'objectif de 17 % correspond à 210 000 000 000
de pieds cubes. Aujourd'hui, en 1984, on est à environ 180 000 000 000
de pieds cubes et les 30 BCF additionnels se répartissent à peu
près également sur le territoire de Gaz Métropolitain et
de Gaz Inter-Cité. C'est largement ce que l'on appelle de l'"infill",
c'est-à-dire que, le long des conduites principales, on va rejoindre des
consommateurs de type résidentiel, petit commercial - c'est là
où se trouve principalement le potentiel - une fois que les gros clients
ont été desservis les premiers, parce qu'ils permettent de payer
rapidement la conduite qui a été construite. Alors, c'est ce que
l'on appelle de l'"infill", c'est-à-dire du remplissage autour des
conduites et du réseau existant, principalement à destination de
petits consommateurs.
Mme Dougherty: Est-ce que le coût de conversion constitue
un obstacle?
M. Guérin: Le coût de conversion est certainement un
élément qui va changer avec l'abolition des subventions du
gouvernement fédéral, qui rend la conversion plus difficile.
Cependant, l'avantage économique par rapport au mazout est encore
substantiel. J'ai parlé tantôt de 20 % à 25 % dans certains
cas; cela permet de justifier économiquement encore beaucoup la
conversion, mais n'ayant plus de subvention...
Mme Dougherty: L'avantage économique est de 25 %?
M. Guérin: Cela dépend des secteurs, cela varie
entre 10 %, 25 % et 30 % dans certains secteurs, oui, par rapport au
mazout.
Mme Dougherty: Sans compter le coût de conversion?
M. Guérin: Sans compter le coût de conversion, juste
le coût de l'énergie.
Mme Dougherty: Pour poursuivre la question de mon collègue
sur les véhicules, vous avez soulevé le problème de
l'efficacité du stockage. Est-ce que SOQUIP est impliquée dans la
recherche pour trouver une façon de stockage plus efficace et dans la
technologie en général que vous avez mentionnée qui vient
d'Italie? Est-ce que vous vous impliquez dans la recherche de ce secteur ou
est-ce que vous dépendez toujours d'une technologie qui vient
d'ailleurs? Troisièmement, est-ce rentable, sinon, est-ce que SOQUIP
doit se préoccuper de la recherche elle-même?
M. Rheault: Si vous me permettez, je vais y répondre. D'abord en
ce qui concerne le stockage, SOQUIP s'est impliquée dans un projet de
recherche avec l'Université du Québec à
Trois-Rivières, dans lequel est également impliqué le
ministère de la Science et de la Technologie. C'est un programme de
recherche de deux ans qui vise à trouver un adsorbant dans le domaine
physique qui permettrait d'emmagasiner du gaz naturel en plus grande
quantité et à plus faible pression. Ces études sont
déjà amorcées par des physiciens de l'Université du
Québec à Trois-Rivières, qui travaillent en collaboration
avec le Collège militaire de Kingston, qui s'était
déjà penché sur la question de l'adsorbant et par
l'Université Penn. State, qui travaillait déjà sur ces
questions-là.
Les orientations qu'ont prises les physiciens de l'Université du
Québec à Trois-Rivières, c'est de pousser un peu plus loin
la recherche qui avait déjà été
réalisée dans d'autres universités au Canada et aux
États-Unis. Comme je l'ai dit, c'est un programme de deux ans qui vise
à améliorer le problème d'approvisionnement, à lui
donner plus de flexibilité.
Quant à la technologie, SOQUIP et Gaz Métropolitain sont
partenaires dans GNC Québec avec une compagnie qui s'appelle CNG Fuel
Systems et qui, jusqu'à maintenant, a été la
pionnière au Canada dans le domaine de la technologie pour la conversion
des véhicules au gaz naturel.
Le constat que Gaz Métropolitain et SOQUIP peuvent faire de la
situation, c'est que les deux compagnies devraient maintenant tenter de prendre
en charge cette recherche pour que la technologie puisse évoluer plus
rapidement et, s'il y a lieu, non seulement profiter des forces de recherche
qui peuvent exister au Québec mais les conjuguer avec les entreprises
italiennes qui sont déjà impliquées dans la fabrication de
ces équipements.
Dans le cas du stockage, nous sommes impliqués dans la recherche
et, dans le cas de la technologie, nous sommes conscients que nous devrions
nous impliquer nous-mêmes dans la recherche parce que, comme on le
mentionnait tout à l'heure, la part du transport dans le bilan
énergétique est très importante. Je pense que les
objectifs de GNC Québec étaient peu ambitieux mais, tout en
étant peu ambitieux, ils représentaient une partie importante de
la
consommation actuelle du gaz naturel. Si les recherches du
côté de la technologie et du stockage donnaient les
résultats escomptés, je pense que ce serait une avenue en termes
de potentiel de marché qui serait très intéressante pour
Gaz Métropolitain.
Quant au prix, le gaz naturel n'a pas besoin d'être
raffiné, ce qui fait que le consommateur est déjà
avantagé quant au prix du gaz naturel au litre par rapport à
l'essence.
Mme Dougherty: Une troisième question
générale qui touche notre troisième sujet aussi.
Est-ce que ce serait plus économique... Par exemple, j'ai entendu
dire que, lorsque ces produits seront disponibles, ce serait plus
économique pour Pétromont d'utiliser ces produits, au lieu
peut-être du butane prévu au projet LGN. Est-ce que c'est
vrai? La question est: Est-ce que la disponibilité des produits des
explorations sur la côte est va changer tout l'équilibre de vos
prévisions en ce qui concerne le marché du gaz naturel?
M. Pouliot: Madame, en d'autres termes, si j'ai bien compris,
vous voulez savoir si les prix pour les liquides qui sortiraient de la
côte est risquent d'être concurrentiels par rapport aux prix de
l'Alberta puisque ce projet, comme vous le savez, comporte... (12 h 45)
Mme Dougherty: À cause du transport, peut-être.
M. Pouliot: Oui. Je vais demander à M. Guérin de
faire quelques commentaires. J'en aurai un à faire également
là-dessus.
M. Guérin: Oui, Mme la députée, vous avez
raison. À long terme, c'est une source d'approvisionnement qui va
contribuer aux besoins de la région de Montréal et aux besoins du
projet dans son ensemble. Mais on ne pense pas que la région de Venture,
par exemple, qui recèle beaucoup de gaz et de liquides de gaz naturel,
va se développer avant 1995 ou plus tôt. Avant l'an 1995 ou l'an
2000, cela ne sera pas une source qui va venir combler une partie des besoins
que vise le projet. Deuxièmement, quand on regarde les quantités
en cause, les chiffres qu'on a discutés, par exemple, avec le principal
producteur potentiel dans cette région, Mobil, nous donnent des
quantités d'environ 10 000 à 12 000 barils-jour de liquides qui
pourraient être disponibles dans un besoin que nous avons
identifié à environ de 20 000 à 25 000. Ce serait pour une
partie des besoins et c'est à long terme. Certainement qu'à ce
moment-là cela devient une source concurrentielle, oui.
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député d'Outremont, sur le même sujet?
M. Fortier: Non, je voulais aborder...
M. Grégoire: J'aurais juste une question
supplémentaire au sujet de l'augmentation de l'utilisation. Il avait
été prévu au tout début que le pipeline se rendrait
jusqu'à Thetford. Tout à coup, cela n'était plus dans vos
projets. Est-ce qu'on peut vous demander ce qui se produit? Est-ce que cela
sera fait éventuellement? Est-ce que c'est encore à
l'étude? Est-ce que cela doit être ajouté au
réseau?
Le Président (M. Bordeleau): Juste avant que vous
répondiez, on pourrait dès maintenant entreprendre l'étude
de ce volet, qui est la distribution du gaz naturel au Québec. Je
permettrai ensuite à M. Pouliot de répondre, s'il n'y a pas
d'autres questions d'ordre général. Est-ce que les membres sont
d'accord pour qu'on aborde immédiatement le point Il de la table des
matières du document de SOQUIP, qui est la distribution ou la fusion des
différentes sociétés de gaz?
M. Grégoire: J'aurais une autre question d'ordre
général.
Le Président (M. Bordeleau): Et on pourrait...
M. Grégoire: D'accord, on va attendre au deuxième
volet.
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Grégoire: J'aurais une autre question d'ordre
général. SOQUIP et Hydro-Québec sont deux
sociétés d'État. L'une travaille avec le gaz naturel,
l'autre fait d'énormes recherches sur l'hydrogène. Le gaz naturel
nous provient de l'Alberta, de la Baie d'Hudson ou de l'Atlantique. Ce n'est
donc pas sur notre territoire. Si on fait des recherches pour faire marcher le
camion lourd ou le train, l'avion ou les systèmes lourds de
véhicules au gaz naturel, ce sont les propriétaires du gaz
naturel qui, à un moment donné, en auront le contrôle,
c'est-à-dire l'Alberta ou les Territoires du Nord-Ouest, pour tout ce
qui est dans la Baie d'Hudson. Nous n'aurons aucun contrôle, sauf de
l'importer ici, mais la source ne sera pas à nous. Cela sera comme le
pétrole en définitive, alors qu'Hydro-Québec fait des
recherches depuis longtemps, justement sur le stockage. Elle a trouvé
des solutions au stockage de l'hydrogène. La richesse première,
la source provient de notre territoire et c'est chez nous. Est-ce qu'on ne
serait pas moins la victime des crises économiques si on se
lançait vers l'hydrogène plutôt que vers le gaz naturel
pour faire
marcher les camions lourds, les trains, les bateaux?
Une voix:... une décision, M. le Président?
M. Pouliot: Comme je le disais tantôt, cela dépend
de l'horizon temporel qu'on vise. Le mien est peut-être un peu plus
à court terme que le vôtre. C'est peut-être un
défaut, M. le député, mais, encore une fois, les
techniques d'utilisation de l'hydrogène dans le transport ne sont pas au
point où elles permettraient vraiment d'envisager à court terme
cette solution.
M. Grégoire: On mentionne huit ans, dix ans, dans le
rapport SNC.
M. Pouliot: Oui.
M. Grégoire: Cela n'est pas à long terme.
M. Fortier: Les ingénieurs-conseils sont toujours
optimistes.
M. Pouliot: Là-dessus, je me permettrais de dire
qu'à l'époque où le rapport avait été fait -
cela date de 1982, je crois - les prix qui étaient imaginés pour
l'évolution du pétrole en particulier n'étaient pas du
tout ceux qu'on imagine aujourd'hui dans le temps, de sorte que l'étude
elle-même... Je ne dis pas que l'étude n'est pas valable, je dis
simplement que les modèles utilisés faisaient des
hypothèses sur l'évolution des prix pour essayer de calculer la
rentabilité d'une source de remplacement qui mériterait
d'être mise à jour.
Évidemment, la technologie évolue pendant ce temps et il y
a peut-être moyen de réduire l'écart. Mais,
essentiellement, je vous avoue que c'est difficile de répondre à
cela parce que vous avez affaire à une technologie qui est en voie de
développement et dont on ne sait pas très bien encore à
quel moment elle sera vraiment au point où on peut l'utiliser de
façon commerciale, de sorte que c'est très difficile dans
l'état actuel, enfin dans mes connaissances, d'évaluer si oui ou
non c'est avantageux. Je crois qu'il faudra encore attendre quelques
années pour voir les résultats des recherches actuelles et nous
prononcer de façon un peu plus claire.
M. Grégoire: Mais, quant à mettre de l'argent dans
les recherches, ne trouvez-vous pas qu'il est plus avantageux de le mettre dans
des recherches sur des matières premières qui sont chez nous
avant de le mettre sur des matières premières qui sont ailleurs,
ce qui nous rend plus vulnérables devant les crises économiques,
comme on l'a été plus que l'Alberta, par exemple, au cours de la
dernière crise du pétrole?
M. Pouliot: Je veux bien répondre rapidement. Encore
là, je pense que c'est évident qu'on a avantage à investir
chez nous le plus possible. Je crois que le Québec l'a fait largement en
ce qui concerne l'électricité. L'investissement dans le gaz n'a
jamais été envisagé dans le but de remplacer
l'électricité, mais dans le but de diminuer notre
dépendance vis-à-vis du pétrole importé, donc
d'apporter un complément à notre situation
énergétique et éventuellement essayer de
récupérer, comme je le disais tantôt, une partie de la
rente économique qui est utilisée dans les hydrocarbures.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. Oui, M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Première des choses, j'aimerais rassurer le
président, je suis tout à fait d'accord avec la poursuite des
objectifs de SOQUIP. Même si j'ai travaillé chez SNC, je peux dire
que je suis d'accord avec les énoncés du président de
SOQUIP à savoir que le développement de l'hydrogène c'est
une chose qui viendra d'ici 20 ans, 25 ans.
M. Grégoire: On parle de huit à dix ans dans le
rapport de SNC.
M. Fortier: Oui, mais comme le président de SOQUIP l'a
dit, en tout cas, je ne veux pas reprendre la discussion, il est évident
que personne n'avait prévu la baisse des prix du pétrole en
particulier. On en a discuté, d'ailleurs, M. le député de
Frontenac, lors de la commission parlementaire sur les politiques
énergétiques. Même si les gens qui veulent faire le
développement de l'hydrogène sont très optimistes, il
reste qu'il s'agit d'une technologie qui est pour plus tard et, dans une
perspective énergétique, il faut quand même avoir des
stratégies à court et à moyen terme et à
très long terme, avoir d'autres stratégies. Cela ne veut pas dire
qu'on doive négliger le développement de l'hydrogène. Ce
n'est certainement pas, au moment où on se parle, l'état de la
question, et l'état de la question n'est certainement pas assez
affirmatif pour remettre en question les objectifs de SOQUIP.
Uniformisation des tarifs du gaz
Pour ma part, je voulais aborder tout de go, avant d'aller luncher, la
distribution du gaz et la fusion qui a été faite de Gaz
Métropolitain et de Gaz Inter-Cité. En fait, on peut même
se poser la question, cela semble tellement naturel qu'on peut se poser la
question: Pourquoi y a-t-il eu à l'origine deux compagnies? Enfin, celle
de l'Abitibi,
ça se comprend, parce que ça s'est développé
d'une façon séparée, mais en ce qui concerne Gaz
Métropolitain et Gaz Inter-Cité, dans les documents que vous nous
avez donnés et dans certains tableaux que vous nous avez
communiqués, il y a des économies d'échelle qui sont
importantes et qui devraient nous profiter, du moins en ce qui concerne le
coût de l'administration, parce que le coût du gaz provient de
l'Alberta et il inclut le coût du transport. Mais, en ce qui concerne le
coût de l'administration, semble-t-il, d'après les documents que
vous nous avez donnés, il va y avoir des économies
d'échelle appréciables. Bien sûr, la régie a
statué que la fusion pouvait se faire. J'ai ici devant moi la
décision de la régie, l'ordonnance G-422, qui permet la fusion,
mais tout en maintenant les franchises telles qu'elles existent. Par ailleurs,
j'ai un autre document de la régie qui compare les tarifications des
deux ou trois compagnies qui existent présentement au Québec. On
note, que ce soit le service général, le domiciliaire ou
l'institutionnel, que les tarifs de Gaz Métropolitain sont plus bas que
ceux de Gaz Inter-Cité. On peut se poser la question de la même
façon que lorsque le gouvernement libéral du temps, le
gouvernement Lesage, a nationalisé les compagnies privées. Enfin,
le but était une intégration de toutes les sociétés
qui produisaient de l'électricité. De la même façon
ici, il y a une fusion qui va se faire, qui se fait présentement, de Gaz
Métropolitain et Gaz Inter-Cité. On aurait dû prendre
avantage de cette fusion pour faire bénéficier les
résidents de la ville de Québec, de la ville de
Trois-Rivières, du Lac-Saint-Jean de rabais tarifaires qui
proviendraient d'une uniformité des tarifs. Je ne suis pas trop
sûr, M. le Président, qu'on doive blâmer la Régie du
gaz et de l'électricité d'avoir statué dans le sens
où elle l'a fait, parce que je crois que la régie essaie
d'opérer à l'intérieur des franchises qui ont
été données par le gouvernement du Québec. Le
gouvernement du Québec avait donné une franchise pour l'Abitibi,
une franchise pour la région de Montréal et une franchise pour
Gaz Inter-Cité, et les règles que suit la régie sont de
calculer les coûts et de s'assurer que les coûts encourus dans
chacune de ces franchises soient répartis pour les utilisateurs de
chacune de ces franchises. Voici donc la question que j'aimerais poser à
SOQUIP, puisqu'elle est une société d'État -et plus qu'une
société d'État, elle est un mandataire de la couronne,
donc assez près ou même très près du gouvernement du
Québec: Au moment où SOQUIP est intervenue, puisque, de toute
évidence, il a dû y avoir des discussions avec le gouvernement du
Québec, ou du moins le ministre de l'Énergie et des Ressources,
pour vous permettre d'acheter un bloc d'actions ou pour vous permettre de faire
la transaction que vous avez faite, est-ce que la question de la tarification a
été discutée? Pour quelle raison n'y a-t-il pas eu une
déclaration publique du gouvernement à savoir qu'il devrait y
avoir une uniformisation des tarifs de gaz? De toute évidence, il s'agit
d'une décision politique, et cela ne revenait pas à la
régie de statuer dans ce sens-là, cela revenait au gouvernement
du Québec de statuer dans ce sens-là et de l'exprimer
publiquement. Est-ce que ces sujets ont été discutés et,
comme les tarifs de Gaz Inter-Cité sont plus élevés, je
dirais, d'au moins 10 % que les tarifs de Gaz Métropolitain, pour quelle
raison... Avez-vous demandé vous-même au gouvernement du
Québec d'intervenir publiquement dans ce sens-là et quelles ont
été les discussions que vous avez eues pour permettre aux
utilisateurs, pas seulement domiciliaires, mais industriels de la région
de Québec et de la région du Lac-Saint-Jean de
bénéficier de tarifs plus bas qui viendraient d'une tarification
uniformisée dans tout le Québec? Et comme il s'agit d'un point
extrêmement important pour le développement économique de
la région de Québec et de la région du Lac-Saint-Jean,
comment se fait-il que ce sujet n'a pas été abordé? Est-ce
que cela a été abordé par SOQUIP et est-ce qu'il y a des
décisions qui ont été rendues par le gouvernement du
Québec en relation avec les sujets que je viens d'énoncer?
M. Pouliot: Je vais peut-être juste répondre en
partie à votre question et demander à M. Guérin
d'intervenir, si vous le permettez. Quant à une demande que SOQUIP
aurait pu faire au gouvernement sur la question d'uniformisation de la
tarification sur toute l'étendue du territoire, il n'y a pas eu de
demande de faite par SOQUIP au gouvernement. Comme vous le savez, la
tarification gazière est décidée par la régie.
C'est la régie qui décide, en vertu de sa loi, en dernier
recours. Le gouvernement n'a pas de juridiction, en vertu de la loi de la
régie, pour décider de la tarification comme telle du gaz.
Ceci dit, je crois comprendre que l'ordonnance de la régie serait
temporaire. Là-dessus, je vais demander à M. Guérin,
d'intervenir pour expliquer la position de Gaz Métro et l'ordonnance de
la régie telle que nous la comprenons à ce moment-ci. Comme vous
le savez, la décision rendue est un peu lapidaire, la régie
réservant ses motifs pour un avenir qu'on espère prochain de
sorte que, lorsque les motifs de la régie seront connus, on saura
exactement comment interpréter la décision qui a
été communiquée le 15 juillet dernier. Ceci dit,
peut-être que M. Guérin pourrait apporter des précisions
additionnelles.
M. Guérin: Ce qu'on croit savoir de la décision de
la régie, c'est que la condition qui est émise de ne pas
intégrer pour l'instant les grilles tarifaires et de respecter les
coûts des service régionaux, c'est temporaire et c'est à la
demande de l'acheteur, Gaz Métropolitain, que cette décision a
été rendue, sujette à cette contrainte. Les grilles
tarifairaires vont être fusionnées en fonction d'un nouveau
coût de service pour l'ensemble de la nouvelle entreprise lors de la
déposition de Gaz Métropolitain pour la nouvelle grille
tarifaire. C'est conforme à ce que Gaz Métropolitain avait
demandé.
M. Fortier: Je ne sais pas la raison, mais c'est malheureux que
la demande ait été faite par Gaz Métropolitain et non pas
par SOQUIP. C'est Gaz Métropolitain qui est intervenant et nous avions
invité le président de Gaz Métropolitain, qui s'est
excusé. Sans faire injure à notre invité, on doit dire que
c'est malheureux, parce que le président de SOQUIP - je ne voudrais pas
lui faire injure - je ne crois pas qu'il soit autorisé à parler
au nom de Gaz Métropolitain. Vous n'êtes qu'un actionnaire de Gaz
Métropolitain et, contrairement à vous, M. Martin était
à la fois président du conseil de Gaz Métropolitain et
président de SOQUIP; il avait un certain mandat, alors nous sommes un
peu en porte à faux. Je le déplore, du moins en ce qui concerne
la fusion parce que, pour les autres sujets, bien sûr, le
président de SOQUIP est tout à fait autorisé pour parler
au nom de SOQUIP.
À ma connaissance, la demande d'une fusion totale avait
été faite. J'ai ici devant moi la décision de la
régie, qui disait que la fusion était possible à la
condition qu'il y ait le maintien des deux règlements tarifaires
régionaux. On ne dit pas que c'est sur une base temporaire. Vous avez
raison de dire que, dans l'état actuel des choses, le gouvernement ne
peut donner de directive, puisque cela fait plusieurs années que le
président de la régie a demandé que la loi sur la
régie soit modifiée. M. Cloutier avait présenté un
mémoire au gouvernement en 1977. On me dit que des
représentations ont été faites au gouvernement pour
permettre, comme c'est le cas en Ontario et comme c'est le cas pour l'Office
national de l'énergie, au gouvernement de donner certaines directives
à l'intérieur desquelles la Régie du gaz et de
l'électricité pourrait fonctionner.
Il reste que je dois comprendre que la décision de la
régie se défend dans le sens qu'on dit: "La fusion de Gaz
Métropolitain et de Gaz Inter-Cité est autorisée à
la condition qu'elle maintienne les deux règlements tarifaires
régionaux qui reflètent les coûts des services fournis par
l'entreprise regroupée dans les territoires couverts par les franchises
des deux distributeurs concernés. " Il faut se rappeler que ce n'est pas
la régie qui donne les franchises, c'est le gouvernement qui les donne,
et la régie doit fonctionner à l'intérieur de cela. Si le
gouvernement avait une intention politique tout à fait raisonnable et
tout à fait normale de dire à la régie, même si
normalement la loi sur la régie n'a pas été
modifiée: En prenant votre décision, vous devriez prendre en
considération que notre intention politique est d'en faire profiter les
utilisateurs de Gaz Inter-Cité au Québec, au Lac-Saint-Jean, je
crois qu'il aurait été beaucoup plus facile pour les
régisseurs de la régie de prendre en considération un
objectif tout à fait politique et économique dans ce
sens-là. C'est la raison pour laquelle je demandais si ce
sujet-là avait été discuté, parce qu'il s'agit
quand même d'un sujet assez important; même si on me dit que c'est
temporaire, j'ai ici le document de la régie qui ne dit nullement que ce
soit temporaire.
M. Pouliot: Dans les considérants, M. le
député, de cette ordonnance, la régie indique - excusez,
je n'ai pas la page devant moi -à la page 10: "Considérant que la
régie juge qu'il y a lieu de maintenir en vigueur, jusqu'à la
prochaine cause tarifaire... " Quant à nous, notre interprétation
- remarquez bien que c'est notre interprétation, je ne dis pas
nécessairement que c'est celle de la régie -c'est que, au fond,
ce qui suit découle de ce considérant, à savoir
"jusqu'à la prochaine cause tarifaire". C'est pour cela que je disais
tout à l'heure que notre interprétation de cette décision
qui a été rendue le 15 juillet, à défaut d'avoir
les motifs qui, j'imagine, vont éclairer tout cela, c'est que c'est
effectivement jusqu'à la prochaine cause tarifaire de Gaz
Métropolitain que la régie a maintenu la structure tarifaire
actuelle, tout en précisant que les bénéfices
retirés par le regroupement devraient être retransmis aux
consommateurs, dans le cas de GICQ, dans la franchise de Gaz Inter-Cité.
C'est bien notre intention, en tout cas pour en avoir discuté avec Gaz
Métropolitain et comme actionnaire de cette compagnie, de nous assurer
que ce regroupement apporte des bénéfices aux consommateurs.
Ceci dit, quant aux franchises, la loi sur la régie
prévoit effectivement que c'est le gouvernement qui, à l'origine,
attribue les franchises, mais la régie a juridiction pour modifier les
franchises une fois qu'elles sont attribuées. Par conséquent,
dans le cas présent, il s'agirait de modifications de franchise et c'est
à la régie de décider si elle peut ou doit les modifier en
fonction des intérêts des consommateurs. C'est pour cela, à
mon sens, que nous n'avons pas formellement saisi le gouvernement des
hypothèses auxquelles vous faisiez référence,
en attendant de voir d'abord quelle position la régie prendrait
là-dedans. Si j'interprète bien ce que nous avons comme
décision, au fond, elle attend la prochaine demande tarifaire de Gaz
Métropolitain regroupé. Nous serons en mesure à ce
moment-là de voir avec la régie et le gouvernement ce qui
arrivera des franchises.
M. Fortier: Les prochaines demandes viendraient
normalement...
M. Pouliot:... au cours de l'automne normalement, pour...
M. Fortier: Cela est pour l'année suivante.
M. Pouliot:... l'année 1986. Gaz Métro devrait se
présenter à la régie - je ne sais pas si la date est
déjà arrêtée - au cours des prochaines semaines.
M. Guérin: Au cours de l'automne. J'aimerais rappeler que,
bien sûr, l'objectif de la fusion de ces compagnies, c'est bien
d'intégrer les grilles tarifaires en fonction d'un coût de service
réparti sur l'ensemble des territoires et c'est ce qui sera fait lors de
la prochaine cause tarifaire. La régie le reconnaît dans ses
considérants.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie. On va donc
suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 5)
(Reprise à 15 h 12)
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'économie et du travail reprend donc ses
travaux. Nous les avons suspendus à 13 heures, alors que nous
étions en discussion avec SOQUIP. Simplement pour faire le point, je
pense que nous en étions au premier des trois points, soit la
distribution du gaz naturel au Québec. Est-ce que vous aviez
terminé vos questions, M. le député d'Outremont? Non?
M. Fortier: Non, mais on avait fait état des tarifs.
SOQUIP nous indiquait que s'il n'en tenait qu'à elle, il était
éventuellement de son intention, en tant qu'actionnaire du moins, de
s'assurer qu'il y ait une tarification unique qui serait à l'avantage de
la clientèle commerciale, industrielle et résidentielle de Gaz
Inter-Cité, qui touche principalement la ville de Québec et la
région du SaguenayLac-Saint-Jean.
J'aimerais aborder un autre sujet qui a trait aux autres implications de
cette transaction. En ce qui concerne le coût de la transaction, vous
donnez à la page 13, tableau IV, les montants qui ont été
payés par Gaz Métropolitain. Pour Gaz Inter-Cité, c'est un
montant de 70 000 000 $. De quelle façon ce montant peut-il se
justifier? Est-ce que c'est à peu près équivalent à
la valeur aux livres? Est-ce que vous pourriez nous expliquer sur quelle base
il a été établi? De quelle façon peut-on le
justifier, compte tenu des actifs et des dettes de la compagnie?
M. Pouliot: Je pense que je vais demander à M. Jean Lajoie
de répondre à la question, s'il vous plaît.
M. Lajoie: Si on se réfère au prix que SOQUIP a
reçu, je pense que c'est un bon critère, parce qu'on voit que
SOQUIP a reçu 34 000 000 $. Or, les 34 000 000 $ sont la valeur aux
livres des actions, plus 1 000 000 $. Donc, par déduction, on en arrive
à dire que la part de SOQUIP à la valeur aux livres était
de 33 000 000 $. Par le fait même, la part de ICG était de 33 000
000 $.
À toutes fins utiles, cela revient à dire que SOQUIP a
reçu finalement toutes les mises de fonds qu'elle avait investies dans
la société, y compris sa quote-part des légers
bénéfices qu'a pu faire Gaz Inter-Cité, dans les derniers
mois d'opération. À toutes fins utiles, SOQUIP a presque fait une
opération blanche en ce sens que l'argent investi dans Gaz
Inter-Cité est récupéré par Gaz Métro. Gaz
Métro, par ailleurs, est satisfaite qu'en payant ce prix, elle peut non
seulement rentabiliser les opérations mais faire reconnaître la
légère prime qui a été payée par la
régie comme étant un coût justifiable pour faire
l'acquisition, sans pour autant faire en sorte que les consommateurs du
Québec soient pénalisés par la tarification.
M. Fortier: Mais, compte tenu - et corrigez-moi si je fais erreur
- que la valeur des actions cotées en Bourse a augmenté à
la suite de l'annonce de cette transaction, est-ce que cela ne signifiait pas
en toute objectivité que la valeur des actions était plus
élevée que les montants que vous avez reçus?
M. Lajoie: C'est-à-dire que ce sont les actions de
Métro qui ont augmenté parce que les actions d'Inter-Cité,
elles, n'étaient pas inscrites à la cote. D'ailleurs, si on
s'arrête deux secondes pour y penser, vous avez raison, les actions de
Métro, à la suite de l'annonce de l'acquisition, ont
progressé en Bourse, à tel point que...
M. Fortier: Elles ont augmenté de combien?
M. Lajoie: L'émission récente a été
faite à 11, 50 $ au moment où la transaction
a été annoncée, je vous avoue franchement
que...
Une voix: 9 $.
M. Lajoie: 9 $?
Une voix: Elles étaient à 9 $.
M. Lajoie: Elles étaient à 9 $. Ce qui arrive
à toutes fins utiles, c'est que la prime qui a été
payée par Gaz Métro aux trois anciens actionnaires, SOQUIP, ICG
et la Caisse, a été plus que compensée par le fait qu'ils
ont payé pour ces actions avec une émission d'actions à
prime. En d'autres mots, ils ont reçu une prime à
l'émission et ils ont payé une prime à l'achat. Pour eux,
cela s'équivaut à peu près et ils sont peut-être
même légèrement gagnants.
M. Fortier: Le fait que les actions de Gaz Métro ont
augmenté signifie que la transaction était
bénéfique pour Gaz Métro. S'il y a une augmentation de 2,
50 $, cela signifie qu'en acquérant les actions de Gaz
Inter-Cité, c'est une bonne affaire pour Gaz Inter-Cité. Ce que
vous me dites - et je n'en doute pas nécessairement - c'est que vous
avez vendu pour la valeur aux livres ou à peu près, même si
vous saviez, si vous pouviez supposer ou si quelqu'un pouvait supposer que la
valeur sur le marché pouvait être un peu plus
élevée.
M. Lajoie: C'est-à-dire que le marché a
interprété la fusion comme étant à long terme
bénéfique, c'est-à-dire que les profits seraient
supérieurs pour les actionnaires de Métro. Cela ne veut pas dire
pour autant que SOQUIP aurait dû recevoir, lors de la vente des actions
de Gaz Inter-Cité, ce bénéfice-là. SOQUIP
d'ailleurs étant prenante dans l'émission d'actions qui a
été faite récemment, pour 20 % - parce qu'on en a quand
même pris 23 000 000 $ - on se trouve à avoir aussi payé la
prime à l'acquisition...
M. Fortier: Oui, vous l'avez payée.
M. Lajoie:... pour garder une position institutionnelle à
20 % que la stratégie de SOQUIP lui imposait.
M. Fortier: Vous avez racheté des actions de Gaz
Métro, mais vous les avez rachetées à 11, 50 $.
M. Lajoie: Oui.
M. Fortier: C'est donc dire que SOQUIP a été -
entre guillemets - "pénalisée" indirectement par le succès
de la fusion.
M. Lajoie: Oui et non, parce que...
M. Fortier: Je n'en fais pas un plat mais c'est simplement pour
constater...
M. Lajoie: Non, non, non...
M. Fortier:... que vous avez vendu à la valeur aux livres
et que vous n'avez pas nécessairement vendu à la valeur du
marché, puisque celui-ci a révélé qu'au lendemain
de la transaction il y a eu une augmentation. Les faits sont là pour
prouver que vous n'avez pas vendu à la valeur du marché mais
à la valeur aux livres.
M. Lajoie: Ce que nous avons vendu, ce sont des actions de Gaz
Inter-Cité et ce qu'on a racheté ce sont des actions de
Métro. Il y a une petite nuance à faire, mais il faut comprendre
que SOQUIP a reçu quand même 1 000 000 $ de plus que la valeur aux
livres parce que le chiffre de 34 000 000 $ qui est ici, c'est la valeur aux
livres, plus 1 000 000 $. Si vous remarquez la note au bas de la page, SOQUIP a
aussi conclu avec Métro une entente à savoir que, dès
novembre 1984, Gaz Métro prendrait du gaz de SOQUIP Alberta, un nouveau
contrat pour 2, 5 BCF par année. D'ailleurs, notre demande de permis
devant l'ERCB en Alberta, qui est présentement pendante, tient compte de
ce nouveau contrat que nous croyons pouvoir remplir à partir du mois de
novembre.
Ce contrat de 2 500 000 $ est pour 15 ans. Comme le dit la note ici,
cela représente 6 000 000 de pieds cubes par jour ou 2 200 000 000 de
pieds cubes par année à compter du 1er novembre 1985 et pour
quinze ans. Normalement, on en retirera un bénéfice
substantiel.
M. Fortier: Est-ce que cette transaction qui a fait que vous avez
obtenu une livraison additionnelle de 2 000 000 000 de pieds cubes s'est faite
entre actionnaires? Est-ce que Inter-City Gas de Winnipeg est impliquée?
Est-ce elle qui diminue son approvisionnement pour en faire
bénéficier Gaz Métro?
M. Lajoie: Non, absolument pas. D'ailleurs c'est un des avantages
de la fusion en ce qui nous concerne. Comme vous le savez, Inter-City Gas de
Winnipeg avait 49 % de la franchise d'Inter-Cité. Il y avait une entente
non écrite avec Inter-Cité qui datait de quelques années
à savoir qu'on partagerait avec elle les marchés de gaz pour le
Québec parce que, à toutes fins utiles, les ventes de gaz
allaient vers ses filiales à 49 %. Inter-City Gas étant
achetée par Métro, comme nous l'avons été dans
cette transaction, elle a accepté désormais de ne plus partager
les volumes de ventes destinées vers le Québec.
Dans tous les nouveaux contrats qui
seront signés entre SOQUIP Alberta, notre filiale en Alberta, et
Métro maintenant, SOQUIP les aura, à toutes fins utiles, à
100 %. Quand je dis SOQUIP, il faut entendre SOQUIP et les gens avec qui SOQUIP
fait affaires en Alberta, les autres producteurs qu'on amène dans nos
contrats pour fournir...
M. Fortier: En moyenne quel est le pourcentage de la
participation de SOQUIP dans ces "joint ventures"?
M. Lajoie: Cela varie.
M. Fortier: Est-ce 20 %?
M. Lajoie: C'est au-dessus de...
M. Fortier: Étant donné que Gaz
Métropolitain consomme désormais, d'après votre tableau,
en 1985, 182 600 000 000 de pieds cubes...
M. Lajoie: En page 5?
M. Fortier: En page 4, qu'est-ce qui empêche SOQUIP et ses
associés de revendre à Gaz Métropolitain 182 600 000 000
de pieds cubes? Vous avez indiqué une contrainte tout à l'heure
à savoir que l'Alberta exigeait qu'il y ait des réserves pour 14
fois ou 15 fois les ventes...
M. Lajoie: Quinze années de réserve pour
chaque...
M. Fortier: Est-ce que SOQUIP possède présentement
en Alberta des réserves suffisantes pour vendre 182 600 000 000 de pieds
cubes?
M. Lajoie: Absolument pas.
M. Fortier: Qu'est-ce qui fait... Quel est l'état de la
question à ce sujet?
M. Pouliot: Là-dessus, M. le Président,
peut-être que je pourrais répondre à la question. Pour ce
qui est du contrat de 2, 2 BCF, nous avons les réserves
déjà approuvées qu'il s'agit simplement de sortir de terre
pour combler, en fait, ces besoins, puisque Brightview, l'un des champs que
nous avons acquis dans la transaction de Sundance, comporte des réserves
approuvées de 45 BCF. Alors, il n'y a aucun problème pour
répondre aux besoins additionnels qui font partie, en fait, du
troisième permis que nous avons demandé à l'Alberta au
mois de juillet. Cela dit, si on parle de 182 BCF, multipliez cela par 15,
divisez par la moitié et cela vous donnera une idée de
l'investissement qu'il faut faire pour aller s'assurer d'avoir les
réserves. Cela représente plusieurs centaines de millions de
dollars, sinon plusieurs milliards dans le cas présent. C'est donc dire
que nous n'avons pas, à l'heure actuelle, les réserves qui nous
permettraient de le faire si on voulait le faire tout seul, la règle du
jeu étant que, généralement, on ne le fait pas tout seul.
Nous avons au-delà d'une trentaine de partenaires qui sont
associés dans la livraison des contrats de gaz, de sorte que nous
utilisons les contrats pour nous associer à d'autres partenaires en
Alberta qui ont également du gaz à vendre sur le marché du
Québec.
M. Fortier: Sur une base théorique, compte tenu de vos
réserves et selon les règles de l'Alberta, quelle serait la
quantité maximale en pieds cubes que vous pourriez revendre
annuellement?
M. Pouliot: Si vous prenez les chiffres du tableau I...
Évidemment, je vais exclure, si vous voulez bien, les terrains que nous
avons acquis, parce qu'ils ne sont pas développés.
M. Fortier: Le tableau I, à quel endroit?
M. Pouliot: Le tableau I est à la page 3 de l'onglet Il -
de l'onglet III, plutôt -dans le document que vous avez. Essentiellement,
nous avons actuellement des contrats au Québec qui vont être de
l'ordre de 22 BCF par année. Nous avons des permis qui permettent de
combler à peu près 14 BCF de ces contrats. SOQUIP détient
à peu près 50 % de ces permis. Si vous ajoutez 50 % aux 2, 2 BCF,
nous arrivons à peu près 6 BCF par année. Multipliez cela
par 15, cela vous donne à peu près l'ampleur de ce que nous
sommes capables de livrer à partir de SOQUIP Alberta, c'est-a-dire
autour de 80 ou 90 BCF sur la période de3 15 ans. Au-delà de
cela, je reviens à ce que je disais à l'instant, à savoir
que nous avons acquis une société qui possède à peu
près 400 000 hectares de terrains qui ne sont pas
développés. Il est évident qu'à ce moment-ci, ce
serait un peu présomptueux de mettre des chiffres sur ce qu'on peut
tirer comme gaz de ces terrains. Mais nous savons qu'il y a un potentiel
certain dans ces terrains.
M. Fortier: Mais, présentement, les 182 600 000 000 de
pieds cubes, pourriez-vous m'expliquer le tableau 1 que vous avez cité
en me disant d'où viennent ces 182 600 000 000 de pieds cubes?
M. Pouliot: Alors, les 182 600 000 000 de pieds cubes, c'est la
projection des ventes globales de gaz naturel au Québec à la fin
de l'année 1985.
M. Fortier: Prenez 1984. Prenons 1984, qui était de 148
400 000 000 de pieds
cubes. Je voudrais savoir quelle est l'origine du gaz que nous
consommons présentement?
M. Pouliot: Dans le moment, si vous prenez l'année 1984,
en prenant le tableau 1, vous avez là-dedans les ventes à Gaz
Métro et à Gaz Inter-Cité, ce qui vous donne un total de
166 900 000 000. Les gros contrats là-dedans, M. le Président,
sont de 121 200 000 000 à la première ligne en haut dans le
tableau qui sont essentiellement des volumes contractés par GMI avec
TCPL.
M. Fortier: TransCanada PipeLïnes.
M. Pouliot: TransCanada, et c'est ce contrat qui se termine en
1995.
M. Fortier: Autrement dit, c'est déjà
contracté.
M. Pouliot: C'est déjà contracté. On n'y
peut rien. La deuxième ligne, le chiffre de 12 500 000 000
évidemment est partagé, mais il y a également une part de
ce contrat qui est contractée avec Pan Alberta. Vous avez Pan Alberta
sur la deuxième ligne, le volume annuel. Pardon, ce n'est pas 12 500 000
000, c'est 13 400 000 000. Cela est également contracté pour une
période qui se termine autour de 1992.
Par conséquent, notre marge de manoeuvre, c'est dans la
troisième ligne, les 22 BCF annuels qui représentent à
toutes fins utiles les demandes additionnelles de gaz en plus des contrats qui
sont déjà signés pour une certaine période.
M. Fortier: Alors, l'augmentation de 2 000 000 000 de pieds cubes
dont vous parliez provenait de cette augmentation pour laquelle Inter-City Gas
de Winnipeg n'était plus preneur, parce qu'elle n'était plus
actionnaire.
M. Pouliot: C'est exact. Plus des volumes additionnels de Gaz
Métropolitain.
M. Fortier: Est-ce que vous pourriez nous dire maintenant,
grâce à cette fusion de Gaz Métropolitain avec Gaz
Inter-Cité, quelle est l'importance de cette société par
rapport à d'autres compagnies de distribution de gaz au Canada?
M. Pouliot: Concernant les actifs, selon notre estimation et
compte tenu de l'acquisition que Inter-City Gas a faite de Northern and Central
Gas, Gaz Métropolitain regroupé serait le quatrième
distributeur en termes d'actifs au Canada.
M. Fortier: Uniquement dans te domaine de la distribution du
gaz.
M. Pouliot: Uniquement dans le domaine de la distribution.
M. Fortier: Parce que les autres compagnies sont en amont.
M. Pouliot: Exact.
M. Fortier: Pourriez-vous m'expliquer quel est l'avantage? Vous
avez dit que vous aviez acheté un certain nombre d'actions pour
maintenir votre position. Étant donné la position de la Caisse de
dépôt, quel est l'avantage qu'il y a pour l'État du
Québec de maintenir sa position en tant qu'actionnaire? Compte tenu du
fait que, de toute évidence, la vente qui a été faite
dernièrement des actions de Gaz Métropolitain a été
un succès fulgurant et que, selon les courtiers à qui on peut
parler, tous et chacun d'entre nous, on s'aperçoit qu'ils auraient pu en
vendre 50 % de plus, même 100 % de plus très facilement, quel est
l'avantage pour l'État québécois de maintenir sa position
alors que, de toute évidence, il y aurait eu un tas de gens qui, pour
leur REA, auraient bien voulu en acheter davantage? Et quel est
l'avantage pour le Québec, sur le plan économique, pour le
développement économique, de maintenir une position de SOQUIP
dans Gaz Métropolitain alors que tout le monde parle de privatisation?
Vous n'êtes pas obligé de répondre.
M. Pouliot: Je vais répondre. Je pense que c'est important
de répondre à cela parce que remarquez bien que nous aussi on
s'est posé la question avant même, je dirais, de justifier
auprès de notre conseil d'administration la recommandation que nous
avons faite. Je crois qu'il y a plusieurs avantages, le premier étant
que SOQUIP est une société d'État. Au cours des
dernières années, SOQUIP a été la seule entreprise
qui a obtenu des permis de retrait ou des permis d'exportation de gaz naturel
en Alberta pour le marché domestique canadien. Je ne parle pas du
marché d'exportation. L'avantage d'être une société
d'État est de pouvoir en fait avoir accès à des
discussions au niveau gouvernemental puisque les permis sont octroyés
par le gouvernement de l'Alberta sur recommandation d'une agence
gouvernementale de l'Alberta. Maintenir notre position, à l'heure
actuelle, est, il me semble en tout cas, nécessaire, compte tenu du fait
que les règles du jeu au Canada en ce qui concerne le gaz naturel ne
sont pas changées.
Je ne voudrais pas présumer ni préjuger de ce qui
adviendra dans les discussions actuelles qui ont lieu au niveau des
gouvernements comme au niveau de l'industrie pour ce qui est des règles
du jeu du gaz naturel au Canada, mais mon impression, c'est que ces
règles du jeu risquent de demeurer les mêmes pour encore
un bon bout de temps, tant et aussi longtemps, en tout cas, qu'il n'y
aura pas un consensus entre les principaux acteurs dans ce domaine.
Il n'y a aucun doute, sur ce plan, que SOQUIP a eu l'avantage de pouvoir
discuter avec des interlocuteurs au niveau gouvernemental albertain, pour toute
une série de raisons qui ont trait à la politique
énergétique de l'Alberta et à la politique
énergétique du Québec, au fait qu'il y avait des
convergences entre les intérêts de l'Alberta et les
intérêts du Québec dans le passé et que ces
convergences demeurent. Je crois que c'est un avantage important qui nous a
permis de faire ce que nous avons fait et qui nous permet de croire que nous
n'aurons pas de difficulté à obtenir le troisième permis
que nous avons demandé. (15 h 30)
Il y a également d'autres avantages. C'est le fait que, bien
qu'on dise que nous avons fait la pénétration du gaz au
Québec, il reste tout de même que, quand nous regardons le chemin
à parcourir, il est presque aussi important que celui que nous avons
parcouru. Quand ce ne serait qu'en termes de pourcentage du marché, nous
sommes partis de 6 % du marché, nous en sommes à 13 %, notre
objectif, c'est d'aller au moins à 17 %. Par conséquent, comme je
le disais, le chemin qui reste à faire est aussi important que celui que
nous avons fait. Il y a, en d'autres termes, un travail à faire et ce
travail n'est pas encore terminé.
Troisièmement, comme je le disais ce matin, du point de vue de la
politique énergétique du Québec, nous pensons toujours
qu'il est important de rechercher la possibilité de
récupérer une partie de la rente économique qui est issue
de l'exploitation ou de la production d'hydrocarbures. Le fait d'une
implication de SOQUIP dans la distribution nous permet également de
poser certains gestes au niveau de la production et de l'exploration. Je ne dis
pas qu'une entreprise privée ne pourrait pas le faire, mais ce que je
comprends des règles du jeu et de la situation en Alberta, c'est que le
fait que nous soyons une société d'État, encore une fois,
nous a donné des facilités que nous n'aurions pas eues
autrement.
Si on regarde, dans le passé, ce qui s'est fait historiquement au
Québec en ce qui concerne la pénétration du gaz, qui
était à l'époque privatisée et complètement
privatisée, l'expansion du gaz naturel ne s'est jamais
réalisée. Elle s'est faite au moment où les gouvernements
- ce n'est pas seulement le gouvernement du Québec qui a
décidé de la faire - se sont impliqués dans cette
opération.
Je crois également qu'il y a des considérations
d'implication dans une industrie où nous n'avions aucune espèce
d'expertise et dans laquelle c'est important qu'il y ait une expertise
québécoise, compte tenu des enjeux qu'elle représente sur
le plan énergétique et compte tenu des bénéfices
qu'on peut en retirer sur le plan économique. J'ajouterai un dernier
élément. Pour SOQUIP, l'implication dans la distribution, donc
dans Gaz Métropolitain, représente des revenus pour l'entreprise
qui est au fond un rendement tiré sur l'investissement que le
gouvernement a fait dans la distribution gazière au Québec. Nous
pensons qu'il est important pour SOQUIP de maintenir, pour l'instant en tout
cas, sa position là-dedans quand ce ne serait que pour rentabiliser
l'investissement que la société québécoise a fait
dans la distribution du gaz.
M. Fortier: Là-dessus, M. le Président, je suis le
premier à dire que la stratégie qui a été
poursuivie par SOQUIP depuis 1980 est positive et on aurait pu commencer un peu
avant parce, que dès 1977 et 1978, on savait fort bien qu'il n'y avait
pas de pétrole ni de gaz au Québec, mais on a pris deux ou trois
ans pour continuer à perdre de l'argent alors que, de toute
évidence, il aurait fallu poursuivre la stratégie actuelle. Cette
stratégie-là a donné de bons résultats. On ne
serait pas rendu au point où l'on en est, n'eût été
de l'action de SOQUIP. Loin de moi toute idée de critiquer ce qui s'est
fait jusqu'à maintenant.
Pour revenir au premier point que vous avez soulevé, vous avez
dit: Le fait qu'on était une société d'État, cela a
facilité les choses. Pour avoir parlé à ces mêmes
gens, je pense qu'il est bien évident que les gens de l'Alberta ont vu
dans le Québec - société d'État ou pas - un
partenaire extraordinaire pour mousser la vente du gaz au Québec et que
plusieurs de leurs décisions proviennent de ce partnership non officiel
qui fait que cela fait l'affaire de l'Alberta de vendre plus de gaz et que cela
fait l'affaire du Québec de l'avoir à des conditions qui lui
permettent d'augmenter la rente économique du gaz que nous
consommons.
Je pense bien que le fait que SOQUIP soit impliquée en amont et
l'achat de Sundance, en particulier, n'ont jamais été
perçus - en tout cas, par notre formation politique - comme étant
négatifs. Au contraire, nous croyons que c'est une stratégie qui
a marqué des points et qui permet aux Québécois de
bénéficier de la consommation d'une énergie que nous ne
possédons pas, mais comme par hasard on est propriétaire
indirectement d'une partie du gaz que l'on consomme, c'est donc une bonne
affaire.
Je me pose quand même des questions, à savoir - comme
raison, c'est un peu hypothétique pour le moment - si SOQUIP n'avait pas
maintenu sa position ou même si on pouvait rêver d'une plus grosse
société privée impliquant et les activités de
SOQUIP
et de Gaz Métropolitain, n'arriverait-on pas aux mêmes
résultats? Compte tenu du succès de l'entreprise et compte tenu
du fait qu'il y a des acheteurs au Québec pour ce genre d'actions,
est-ce que cela pourrait ne pas fonctionner? Cela me fait plaisir de constater,
dans le rapport financier de 1984, que vous avez fait 3 372 000 $ de profits et
en 1985, 7 500 000 $. Si on descend un peu plus bas, on s'aperçoit, dans
la provenance des fonds, que l'État québécois a
acheté des actions de SOQUIP pour 30 000 000 $ en 1984 et pour 39 900
000 $ en 1985. D'ailleurs, j'ai une sous-question, je ne vois pas beaucoup
où se trouvent les dividendes? Vos dividendes devraient entrer dans la
provenance des fonds. Or, ne les voit pas, les dividendes qui proviennent de
Gaz Métropolitain.
Enfin, c'est une question très générale et ce n'est
peut-être pas à SOQUIP d'y répondre comme telle, c'est une
question plus générale, pour quelle raison était-il
nécessaire de maintenir la propriété de Gaz
Métropolitain à plus de 50 % par le public? Je pense bien que
c'est la question fondamentale.
M. Pouliot: Remarquez bien, M. le Président, que si nous
combinons la participation actuelle de SOQUIP avec celle de la Caisse de
dépôt dans Gaz Métropolitain, de façon
réunie, notre position ou la position, disons, du secteur public dans
Gaz Métropolitain a diminué depuis l'émission d'actions.
Auparavant, nous étions à au-delà de 50 %, maintenant, on
se retrouve autour de 42 %. Par conséquent, il y a une dilution, si vous
voulez, du secteur public. Je n'ose pas qualifier la Caisse de
dépôt de société d'État dans Gaz
Métropolitain.
M. Fortier: C'est un mandataire de la couronne.
M. Pouliot: C'est un mandataire de la couronne. Quant à
votre question sur l'idée d'avoir une société
privée qui pourrait faire la même chose, c'est évidemment
très difficile de répondre à cette question-là
parce qu'au fond, c'est l'actionnaire de SOQUIP et le gouvernement du
Québec, et c'est à l'actionnaire de décider ce qu'il
entend faire de ses actions. Pour l'instant, ce que je peux dire, c'est que,
dans un passé récent, la participation de SOQUIP dans la
distribution, comme d'ailleurs dans la production de gaz, a été
très importante et significative, compte tenu du fait que les relations
avec l'Alberta étaient ce qu'elles étaient. Pour l'avenir, il est
difficile de prévoir ce qui va se produire. Au moment où on se
parle il y a des négociations à tous les niveaux concernant le
cadre général du gaz naturel au Canada, tant sur les prix que sur
la réglementation actuelle. Notre position nous permet d'avoir
accès et d'avoir la possibilité de discuter avec des
interlocuteurs de l'Alberta comme du gouvernement fédéral ou du
gouvernement provincial dans ces domaines. Je doute qu'une entreprise
privée pourrait avoir cette possibilité-là.
M. Fortier: Lorsque vous étiez sous-ministre au
ministère de l'Énergie et des Ressources... J'imagine que
quelqu'un a pris votre place comme sous-ministre à ce ministère
et que cette personne-là a l'avantage d'avoir les contacts dont vous
parliez. Est-il nécessaire qu'en plus on ait une société
d'État dans le même domaine, du moins dans l'avenir, en ce qui
concerne ces conversations? Je ne mets pas en question l'existence de SOQUIP
comme telle, mais vous venez de parler des relations privilégiées
lorsqu'on parle aux gens de l'Alberta. La question que je pose, c'est: est-ce
que le ministère de l'Énergie et des Ressources, avec un
sous-ministre de ce ministère, ne maintient pas justement ce genre de
relations qui lui permet d'aller chercher une information
privilégiée peut-être auprès des dirigeants de
l'Alberta?
M. Pouliot: Je dirai que l'avantage de SOQUIP dans ces
discussions, c'est d'avoir à la fois le pied du côté de
l'entreprise privée, de savoir ce qui se passe, de connaître
davantage les préoccupations des producteurs, de connaître
évidemment les préoccupations des distributeurs et non pas
seulement ceux du Québec, mais nous sommes aussi très
étroitement en relation avec les distributeurs de l'Ontario qui ont des
préoccupations similaires ou parfois divergentes des nôtres. C'est
un peu d'avoir la possibilité de savoir essentiellement quelles sont les
préoccupations de tous les acteurs dans ce milieu-là. Il est
évident que des conversations ont lieu au niveau des gouvernements et
entre fonctionnaires sur la politique énergétique. C'est une
chose qui se passait quotidiennement dans le passé; je suppose que cela
se fait encore aujourd'hui.
M. Fortier: J'ai seulement une sous-question, je vais laisser la
chance à mes collègues de poser des questions. Dans l'état
financier consolidé de SOQUIP, étant donné que vous
êtes actionnaire de Gaz Métropolitain, où se trouvent les
dividendes qui sont payés par Gaz Métropolitain? Devrait-on les
trouver dans la provenance des fonds? Y a-t-il une ligne?
M. Lajoie: Quelle est votre source, le rapport annuel?
M. Fortier: Oui.
M. Lajoie: Probablement qu'ils sont intégrés dans
la quote-part des bénéfices
des... Attendez un peu.
M. Fortier: C'est sur une base de la caisse. La provenance des
fonds, c'est plutût le mouvement de caisse, peut-être que je n'ai
pas une bonne vue, mais je ne le vois pas comme tel. Normalement, je n'ai pas
l'habitude de porter des lunettes.
M. Lajoie: Vous avez le poste qui s'appelle "Participation dans
les résultats nets des compagnies satellites...
M. Fortier:... dans...
M. Lajoie:... déduction faite des dividendes
versés".
M. Fortier: À quel endroit lisez-vous?
M. Lajoie: Je regarde dans l'évolution de la situation
financière dans le rapport annuel. C'est à la page 22.
M. Fortier: Non, je parlais de la provenance des fonds.
M. Lajoie: D'accord, c'est cela. Provenance des fonds: vous avez
le bénéfice net de 7 500 000 $, d'accord?
M. Fortier: Oui, oui.
M. Lajoie: Le bénéfice net de 7 500 000 $ comprend
notre quote-part dans l'ensemble des profits de GMI. Ce qu'on fait par
après, c'est qu'on soustrait ce qui n'est pas des dividendes de sorte
que pour y arriver, à toutes fins utiles, il faudrait... Attendez un
peu, est-ce qu'on les a d'une façon isolée?
M. Fortier: Ce n'est pas une provenance de fonds, bien oui c'est
une provenance de fonds.
M. Lajoie: Regardez en haut dans l'état des
résultats, vous avez: Participation dans les résultats nets de
compagnies satellites: 8 357 000 $, d'accord? Puisqu'on a repris dans
l'état de l'évolution de la situation financière
consolidée le bénéfice net de 7, 5 % qui comprend ce
montant de 8 300 000 $, on soustrait ensuite ce qui n'est pas dividende.
M. Fortier: C'est cela. Merci. C'est correct. Cela arrive
à 3, 3 %.
M. Pouliot: D'ailleurs, pour plus de précision, si vous
prenez la page 26, vous avez là les placements de SOQUIP et vous aurez
les détails. À la note 5 a), vous avez les détails
concernant les dividendes reçus de Gaz Métropolitain.
Fonds gouvernementaux
M. Fortier: Pour terminer, parce que je ne voudrais pas prendre
le monopole de la discussion... Compte tenu de vos besoins financiers dans un
avenir immédiat, soit pour 1986-1987, est-ce que SOQUIP a besoin d'aller
quérir de l'argent auprès du gouvernement du Québec?
M. Pouliot: Ma réponse à cela est qu'il n'y a pas
d'intention de la part de SOQUIP de demander, pour couvrir en fait les besoins
internes de l'entreprise, des fonds additionnels ou une participation
additionnelle au capital-actions. Les fonds qui normalement sont attendus du
gouvernement sont des fonds qui ont été commis lors de la
transaction de Sundance. Ce ne sera pas pour l'année financière
actuelle mais pour l'année financière 1986-1987, parce que dans
la transaction de Sundance, le gouvernement s'était commis pour un
montant de 25 000 000 $. Il y avait là-dedans un montant de 20 000 000 $
qui a été payé au moment de la transaction et un montant
de 15 000 000 $, qui a été séparé en trois tranches
de 5 000 000 $, étalé sur trois années financières.
La tranche pour l'année 1985-1986 a déjà été
versée par le gouvernement; il reste donc un montant de 10 000 000 $ en
deux tranches qui viendra dans les deux années financières
à venir.
En outre, il est évident qu'avec le projet des liquides, parce
qu'une chose dont je n'ai pas parlé tout à l'heure c'est qu'une
des activités de SOQUIP ou, en tout cas, qu'on espère voir se
développer, c'est de générer des projets dans le sens du
développement industriel du Québec. Nous avons demandé au
gouvernement la possibilité de faire un investissement pour permettre au
projet de démarrer et de maintenir SOQUIP pour l'instant dans ce projet,
parce qu'on suppose des contacts avec l'Alberta, le gouvernement
fédéral, l'Office national de l'énergie et le gouvernement
du Québec, évidemment. Ceci dit, nos conversations avec le
gouvernement ne sont pas terminées, de sorte qu'il pourrait
peut-être y avoir éventuellement une participation du gouvernement
à ce projet.
Mais pour ce qui est des activités de SOQUIP, notre objectif
très net et avoué depuis déjà maintenant un an et
demi, c'est de produire suffisamment de revenus pour nous permettre de couvrir
nos besoins en termes de fonctionnement et de développement
d'entreprises.
M. Fortier: J'ai terminé pour le moment.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. J'aurais une petite
question. Comme on est toujours dans les transactions et dans les
opérations de fusion, votre rapport indique effectivement ce dont
on a parlé tantôt, à savoir l'achat d'un certain nombre de
sociétés dont Gaz provincial du Nord, qui concerne
l'Abitibi-Témiscamingue. Même si SOQUIP est partenaire, je ne vous
demande pas de répondre au nom de Gaz Métropolitain qui est
maintenant propriétaire. Donc, il y a eu achat des actions pour un
montant de 3 200 000 $. Quand on sait par exemple que Gaz provincial du Nord
s'alimentait à partir du nord de l'Ontario, qui demeure donc une
région qui n'est pas reliée au reste du réseau
québécois...
M. Fortier: C'est meilleur marché...
Le Président (M. Bordeleau): Possiblement. Tant mieux.
Mais c'est quand même très limité. C'est peut-être
meilleur marché mais cela dessert une très petite partie de
l'Abitibi-Témiscamingue, soit essentiellement Rouyn-Noranda. Je voulais
vous demander, M. Pouliot, ou d'autres, s'il y a des projets à partir de
là, c'est très récent, mais s'il y a des projets de
développement du réseau en Abitibi-Témiscamingue ou, en
tout cas, des offres de service à certaines entreprises qui ne sont pas
actuellement branchées, enfin, dans le sens de développer un
réseau pour l'ensemble de la région...
M. Pouliot: Dans le comté d'Abibiti-Est, de
préférence?
Le Président (M. Bordeleau): Non. Cela pourrait être
dans l'ensemble des comtés, parce qu'il y a plusieurs petites
municipalités et petites villes qui ne sont pas desservies. (15 h
45)
M. Pouliot: M. le Président, pour bien spécifier,
il n'y a pas, à ma connaissance, de projet précis à ce
moment-ci. Ce que nous voulons faire cependant avec Gaz Métropolitain,
c'est regarder d'ici à quelque temps l'ensemble du marché
québécois à la suite du regroupement et passer
carrément région par région pour voir quelles sont les
possibilités de développement qui restent à venir en
termes de pénétration accrue du gaz naturel, y compris le gaz
porté qui, pour nous, constitue en fait une source d'appoint sur le plan
des revenus. J'aimerais être plus explicite que je ne le suis à ce
moment-ci mais, comme je le disais, nous voulons faire une évaluation de
l'ensemble du potentiel région par région au cours des prochains
mois.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que, par exemple, dans
le domaine minier, on peut trouver des avantages à alimenter certaines
sociétés minières en gaz plutôt qu'en
l'électricité ou souvent en pétrole comme cela se fait
actuellement?
M. Pouliot: Je vais laisser la parole à M. Rheault parce
que je crois que la chose a déjà été
regardée dans le passé. Cela ne veut pas dire que ce qui a
été fait dans le passé est nécessairement bon pour
l'avenir mais je vais lui laisser la parole car je crois qu'il sera en mesure
de vous apporter des précisions sur le sujet.
M. Rheault: On a, en fait, regardé, je ne dirais pas de
façon systématique mais sur une base exploratoire les
possibilités d'étendre, par fardier, la distribution du gaz
naturel à partir de Rouyn dans la région de Val-d'Or, dans la
région d'Amos. Les conditions, les prémisses essentielles pour
que l'on puisse songer à une extension de la distribution reposent sur
la présence de clients...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, je n'ai pas
compris votre dernière phrase.
M. Rheault: L'extension de la distribution du gaz naturel dans
votre région, M. le député, repose essentiellement sur la
présence de clients consommant de forts volumes, pour pouvoir tout au
moins justifier soit la construction d'infrastructures par gazoduc ou encore la
mise sur pied d'un réseau de distribution par fardier. Or, il s'est
avéré qu'une des régions qui auraient pu être
desservies à partir de Rouyn était la région d'Amos et
l'usine qui était visée était évidemment la
papeterie d'Amos, sauf que, comme moi, vous savez sans doute qu'elle
s'autosuffit avec les copeaux de bois, de telle sorte que la desserte de la
ville d'Amos n'a pas été considérée pour le
moment.
Du côté des mines, une question qui se pose lorsque vient
le moment de songer à une distribution par pipeline ou par fardier,
c'est l'importance de la consommation et la stabilité de la consommation
durant une période annuelle, de telle sorte qu'à première
vue, pour nous, en ce qui a trait à la distribution par fardier, cela
représentait dans un premier temps un intérêt
économique qui n'était pas certain. Mais comme maintenant Gaz
Métropolitain est impliqué dans Gaz provincial du Nord, je suis
convaincu qu'ils feront à nouveau des études de marché de
façon plus détaillée et qu'ils pourront sûrement se
faire une idée plus précise du potentiel de marché qui
existe véritablement dans votre région.
Le Président (M. Bordeleau): Donc, on ne peut pas vraiment
comparer les coûts, il faut regarder chaque entreprise au mérite,
selon...
M. Rheault: Il faut véritablement, avant tout, pour
étendre le réseau ou songer à desservir par fardier une
région donnée,
s'assurer de la présence de clients qui sont de forts
consommateurs d'énergie et qui ont une consommation passablement stable
au cours de l'année.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, merci.
J'ai reconnu le député de Shefford et ensuite le
député de Chapleau.
La distribution
M. Paré: Sur la distribution, quand on regarde les
tableaux, on dit que SOQUIP fournit 22 000 000 000 de pieds cubes de la
consommation québécoise qui est d'environ 174 000 000 000 de
pieds cubes. Sur le tableau SOQUIP Alberta, avec l'acquisition de Sundance on
retrouve en gaz naturel prouvé, 213 000 000 000 milliards de pieds
cubes. Cela veut dire qu'on en a passablement plus qu'au Québec. Le
reste est vendu où?
M. Pouliot: C'est presque un tiers, un tiers, un tiers entre le
marché de l'exportation, le marché domestique canadien, qui n'est
pas le Québec, et le Québec. Il y a peut-être quelque
pourcentage en plus ou en moins sur un des marchés, mais
essentiellement, cela se décompose à peu près en un tiers
pour l'exportation, un tiers pour le marché domestique et un tiers au
Québec.
M. Paré: Avant l'acquisition de Sundance, c'était
quoi? Est-ce que la production ou la réserve de SOQUIP Alberta
était totalement vendue au Québec à ce
moment-là?
M. Pouliot: Non. Je pense que les proportions étaient
sensiblement les mêmes, finalement, en termes de proportions. Il y avait
une partie de nos réserves - modestes, à l'époque - qui
servait aussi à alimenter... Le premier contrat important pour le
Québec à la suite de l'acquisition de Sundance, c'est celui qui
viendra au 1er novembre où là, vraiment, l'acquisition de
Sundance va nous permettre de livrer au marché québécois
2, 2 BCF à partir des 45 000 000 000 de pieds cubes que nous avons
acquis dans un champ qui s'appelle Brightview et qui est prêt à
être mis en production dès que ce contrat sera autorisé,
dès que le permis d'exportation sera donné par l'Alberta.
M. Paré: Est-ce que pour SOQUIP Alberta, c'est plus payant
ce qui est vendu ailleurs que ce qui est vendu au Québec en termes
d'unités?
M. Pouliot: Le prix... C'est une question, au fond, de prix
à l'exportation versus les prix canadiens. Comme vous le savez, les prix
canadiens, actuellement, sont gelés jusqu'au 1er novembre 1985. Les prix
sont gelés et les prix à l'exportation, évidemment, sont
libéralisés depuis déjà un certain temps, sauf que
la règle à l'Office national de l'énergie - parce que
quand vous voulez exporter, il faut obtenir une autorisation de l'Office
national de l'énergie - a été de n'accepter des contrats,
sauf nuances à venir, que sur la base d'un prix à l'exportation
qui correspond au prix domestique canadien moyen, c'est-à-dire, au fond,
le prix de Toronto, ce qu'on appelle Toronto city gate. Ceci dit, advenant la
déréglementation complète des prix canadiens, mon
sentiment est que ces prix devraient sensiblement se retrouver à peu
près les mêmes si le 1er novembre prochain, il y avait une
déréglementation complète des prix du gaz naturel
canadien. Par conséquent, nos prix à l'exportation sont à
peu près les mêmes que les prix domestiques canadiens à
l'heure actuelle pour le genre de gaz que nous vendons aux
États-Unis.
M. Lajoie: En fin de compte - juste pour ajouter une
précision - le prix étant réglementé à la
frontière de l'Alberta, cela importe peu où on vend notre gaz
présentement, parce que même si on le vend à l'exportation,
la différence entre le prix canadien et le prix américain revient
à l'ensemble des producteurs et est partagée par l'ensemble des
producteurs en fonction des volumes. Donc, pour le moment, cela importe peu
où on le vend.
M. Pouliot: Une autre précision, je devrais dire, par
rapport à l'exportation, c'est que la différence majeure,
finalement, en termes d'exportation versus la vente sur le marché
domestique, ce sont les réserves que vous devez détenir. On
disait tout à l'heure: Pour exporter sur le marché domestique
canadien, vous devez démontrer que vous avez quinze ans de
réserves pour libérer ou vendre une année de production.
Sur le marché de l'exportation à l'heure actuelle, l'Office
national de l'énergie exige 25 ans de réserves. Par
conséquent, en termes d'investissements, il faut que vous investissiez
davantage pour être en mesure d'exporter sur le marché
américain. Remarquez bien que l'une des discussions actuelles dans le
cadre des négociations sur les modifications des règles du jeu
concernant le gaz naturel porte exactement là-dessus. Il n'est pas
impensable que ces règles soient modifiées à la demande de
tous les producteurs actuels, mais surtout des petits producteurs canadiens qui
n'ont pas les possibilités d'investir de façon aussi massive pour
se permettre soit de livrer sur le marché canadien et encore plus de
livrer sur le marché américain. Mais pour l'instant, il faut que
vous prouviez que vous avez 25 années en réserve avant de vendre
un
contrat d'un an aux États-Unis, ce qui est très
considérable.
M. Paré: Quand on parle de fournir le marché
québécois, on retrouve les trois fournisseurs et on dit que pour
le premier, le contrat se termine en 1995, pour Pan Alberta Gas Limited en
1992, et on espère être, capable d'aller chercher une partie pour
desservir par SOQUIP. Quand vous espérez prendre cette partie du
marché, ce n'est pas en changeant nécessairement la destination,
de le prendre sur le marché d'exportation ou le marché hors
Québec, c'est en fonction des découvertes possibles de terrains
qu'on a acquis. C'est bien cela?
M. Pouliot: C'est essentiellement fondé sur
l'hypothèse que notre acquisition dans l'Ouest nous permettra de
dégager des volumes suffisants pour avoir une partie de ces
marchés. Cela dit, vous avez là un des gros problèmes dans
la déréglementation du gaz au Canada. C'est essentiellement ce
qu'on appelle la compétition gaz-gaz qui vient du fait que vous avez des
contrats à très longs termes. La grande difficulté est
d'arriver à un consensus entre les industries quant à savoir ce
que l'on fait avec ces contrats à longs termes. Il est évident
que ni TCPL ni la plupart des producteurs ne sont intéressés
à se départir d'un contrat de 10 ou 15 ans et même, dans
certains cas, de contrats qui sont beaucoup plus longs que cela.
Pour répondre à votre question, la problématique ou
la stratégie que nous avons mise en oeuvre c'est de se positionner non
seulement pour bien connaître les mécanismes de ce marché
ou de cette industrie, mais d'être en mesure éventuellement de
tirer partie de notre position et de développer des réserves qui
nous permettront d'aller chercher une partie de ce marché-là.
M. Paré: Il faut planifier en fonction des
découvertes des années 1992 et 1995. Tout cela implique aussi
d'aller chercher des permis, étant donné que le marché est
ouvert pour tant de distribution, c'est ouvert à tous les
fournisseurs...
M. Pouliot: Si en 1995 les règles du jeu étaient
les mêmes que celles d'aujourd'hui il faudrait effectivement, une fois
que vous avez des contrats avec des distributeurs ou avec des consommateurs,
retourner et demander un permis d'exportation de ce gaz de l'Alberta. Cela
prend un permis pour sortir ce gaz-là de l'Alberta. Dès que vous
voulez sortir de la frontière vous devez obtenir du gouvernement de
l'Alberta une autorisation pour le faire.
M. Paré: Une dernière question. Pan Alberta c'est
aussi une société d'État albertaine?
M. Pouliot: Pan Alberta est une filiale de Nova dans laquelle le
gouvernement de l'Alberta - je peux me tromper, à quelques pourcentages
près - occupe, je pense, presque 45 % en termes de position dans
l'équité de sorte que c'est, au fond, à toutes fins
utiles, une filiale d'une société mixte albertaine.
M. Paré: Et le fait qu'on entre directement en
compétition quant aux contrats qu'ils possèdent
déjà, si la réglementation ne changeait pas en 1992, on ne
prévoit pas de problème pour délivrer des permis qui
iraient contre une société qui leur appartient
déjà? De céder un marché?
M. Pouliot: C'est très difficile de répondre
à cette question-là. Qu'est-ce qui va se passer d'ici dix ans en
ce qui concerne les règles du jeu concernant le gaz naturel? Je n'en
sais rien. Pour l'instant, la libéralisation recherchée est celle
au niveau des prix. Éventuellement est-ce qu'il y aura une
libéralisation ou une déréglementation et que l'Alberta
acceptera de modifier les règles du jeu concernant ses permis,
concernant son prix à la frontière? je n'en sais rien pour
l'instant.
Ceci dit, je doute fort que l'on puisse, même si on le voulait,
à moins d'investir des sommes considérables,
récupérer la totalité de ces contrats. Il faudra
s'associer à d'autres et partager avec eux le marché que nous
aurions au Québec à ce moment-là. Je vous avoue que c'est
de la spéculation à ce moment-ci.
M. Lajoie: D'ailleurs j'allais ajouter que Pan Alberta a
largement été - j'exagère peut-être - formée
pour faire concurrence à TCPL parce qu'il faisait affaires avec un
groupe limité et connu de producteurs. Certains producteurs, surtout les
petits, n'étaient pas heureux de ne pouvoir passer leur gaz par les
contrats de TCPL et Pan Alberta a été formée, finalement,
pour permettre à un plus grand nombre de producteurs de vendre du gaz
à l'extérieur de l'Alberta. C'est ce qu'on fait d'ailleurs parce
que le gaz qu'on achemine vers le Québec est un gaz que SOQUIP Alberta
vend, mais SOQUIP Alberta n'ayant pas toutes les réserves voulues pour
conclure les permis, s'associe à de petits producteurs, un grand nombre
de producteurs en Alberta, pour vendre le gaz au Québec.
Je spécule mais il me semble que le gouvernement de l'Alberta ne
pourrait pas... et ne voit pas d'ailleurs d'un mauvais oeil la façon de
procéder de SOQUIP qui a pour objet de faire en sorte que de petits
producteurs acheminent leur gaz vers le Québec également.
M. Pouliot: Le Québec est le seul marché en
développement au Canada. Tout le monde reconnaît les efforts qui
ont été faits à tous les niveaux pour réaliser ce
développement. Par conséquent, je dirais que nous avons de
très grandes sympathies en Alberta. Cela ne veut pas dire que tous les
producteurs sont heureux de nous voir arriver dans ce paysage-là mais
ils comprennent très bien les objectifs que nous visons et, dans bien
des cas, se sont associés à nous spontanément pour nous
donner un coup de main. Par conséquent, dans la mesure où le
Québec apparaîtra comme étant un marché en
développement, je ne vois pas de difficulté majeure de ce point
de vue-là.
M. Paré: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Chapleau et ensuite le député de
Frontenac.
(16 heures)
Acquisitions
M. Kehoe: Une des raisons principales de la tenue de la
commission parlementaire est de discuter de l'acquisition de Sundance. En 1982
SOQUIP a fait l'acquisition de Murphy Oil et en 1984, de Sundance Oil. À
la page 8 de votre document, vous avez donné les critères
principaux qui ont motivé la compagnie pour acheter l'actif canadien de
Sundance Oil. Vou3 avez mentionné que c'était une compagnie qui
possédait une participation élevée dans les
propriétés pétrolières et gazéifières
et qui possédait un nombre considérable de terrains non
développés. La question que je me pose, c'est: Avec l'acquisition
de Murphy Oil, de Sundance Oil et d'autres compagnies que vous avez acquises
dans le passé, est-ce que, actuellement, SOQUIP est dans une position...
Avez-vous suffisamment de réserves, que ce soit dans le gaz ou dans le
minerai en général, pour les années à venir pour
compléter votre exploitation et pour fournir le gaz naturel à la
province de Québec? Avez-vous l'intention de procéder davantage
à l'acquisition d'autres compagnies?
M. Pouliot: Je pense qu'il faudrait se comprendre. Dans le cas de
Murphy Oil, nous ne l'avons pas acquise. Je pense que SOQUIP, malgré
peut-être la présentation que nous faisons, n'aurait pas
été en mesure d'acquérir Murphy Oil. Nous avons acquis, en
fait, des réserves de gaz de Murphy Oil et qui était au surplus
"shut-in". Quant à l'avenir, comme je le disais tout à l'heure,
nous avons, bien sûr, l'intention, puisque nous avons acquis une
compagnie qui a 400 000 acres de terrains à développer, d'assurer
le développement de ces terrains. Ce que nous recherchions,
c'était une entreprise qui avait un potentiel de développement de
ce point de vue, parce que, comme on le disait ce matin, nous pensons qu'il y a
un potentiel encore important de développement du gaz naturel au
Québec. Notre objectif n'est pas de fournir tout ce gaz au
Québec, mais de participer de façon significative aux
approvisionnements de ce gaz pour le marché québécois. De
quel pourcentage? Il faudrait voir. Cela dépendra de ce que nos terrains
pourront nous donner et également des débouchés
éventuels, parce qu'il peut y avoir d'autres débouchés.
Mais, essentiellement, l'objectif de SOQUIP n'est pas de prendre la place de
tout le monde dans le marché du gaz au Québec, bien au contraire.
Il s'agit de s'assurer une place raisonnable qui nous permette de continuer
à être présent dans ce marché sur le terrain. C'est
très important d'être présent dans l'industrie, parce qu'on
est en mesure d'apprécier au jour le jour les perspectives et les
développements qui peuvent se produire.
Donc, pour revenir à votre question, nous n'avons pas les
réserves, si je prends les chiffres tels que nous vous les avons
fournis, pour satisfaire tous les besoins en gaz naturel du Québec. Nous
avons, cependant, des réserves qui nous permettront de satisfaire une
partie des besoins additionnels que le Québec pourra avoir au cours des
prochaines années. Peut-être que M. Guérin pourrait
apporter des précisions là-dessus.
M. Guérin: Peut-être que je pourrais donner un
exemple. On a parlé du contrat de 120 000 000 000 de pieds cubes qui
vient à échéance en 1995. Par exempte, si on devait ou si
on voulait répondre à 50 % de ces besoins additionnels,
c'est-à-dire 60 BCF par année, il faudrait satisfaire aux
exigences du ERCB qui, lui, demande d'avoir dans le sol quinze ans de
réserves. Alors, 15 fois 60 BCF, cela fait 900 BCF, soit tout
près de 1 TCF. En dollars d'aujourd'hui, cela représente un
investissement d'à peu près 450 000 000 $ pour pouvoir obtenir le
permis nous permettant de vendre 60 BCF durant quinze ans. Il y a une limite
physique au potentiel de découverte, mais il y a une limite
financière également à ce qu'on peut espérer
satisfaire dans les besoins additionnels.
M. Kehoe: Lors de l'acquisition de l'actif canadien de Sundance
Oil, est-ce que c'était de gré à gré, par
consentement du conseil d'administration de l'autre compagnie? Est-ce qu'il y a
eu des négociations? Quelle était la situation au juste?
M. Pouliot: Je pourrais peut-être demander à M.
Lajoie de répondre à cela. Mais, effectivement, cela a
été une transaction de gré à gré qui a
été négociée
avec Sundance Oil et ses actionnaires.
M. Lajoie: Oui, effectivement, mais la transaction s'est quand
même faite en plusieurs étapes. Dans un premier temps, nous avons
offert aux actionnaires américains de Sundance Oil Company 10 $
américain l'action pour toutes les actions en circulation, ce qui
comprenait environ 10 600 000 d'actions. Le conseil d'administration de
Sundance Oil a recommandé à ses actionnaires d'accepter notre
offre, ce qui a été fait.
Par le fait même, SOQUIP devenait propriétaire è 100
% de Sundance Oil Company. Il faut dire qu'avant de rapatrier tout cela
jusqu'à un certain point, nous avons vendu tous les actifs qui
étaient situés aux États-Unis à une
société qui s'appelle RVK Holding de Denver, de sorte qu'il ne
restait plus dans Sundance Oil Company que l'actif canadien, des
réserves en Alberta, essentiellement. Une fois cette transaction faite,
SOQUIP, qui détenait encore la compagnie à 100 %, moins les
actifs américains qui avaient été vendus, a ensuite vendu
à sa filiale SOQUIP Alberta, les propriétés productives et
les terrains.
Dans une transaction subséquente, SOQUIP a vendu un
intérêt d'environ 50 % dans ces terrains qui étaient en
production. Je ne parle pas des terrains non développés mais tout
ce qui était déjà en production. Nous avons vendu un
intérêt de 50 % dans ces terrains à Westmin Resources
à Calgary tout simplement pour réduire la transaction à
une taille que nous croyions raisonnable, compte tenu de nos moyens
financiers.
Alors, c'est une transaction qui a été faite
réellement en trois étapes: acquisition de gré à
gré avec les actionnaires sur recommandation du conseil; vente des
actifs américains, bien que je doive dire que, techniquement, la vente
des actifs américains s'est faite quelques heures avant l'acquisition
des actions américaines; ensuite, vous avez eu la transaction avec
Westmin qui s'est faite dans un troisième temps. C'est une
opération assez complexe qui a quand même... La première
transaction a été faite le 21 décembre 1984.
M. Kehoe: Mais, dans l'ensemble de l'opération de l'achat,
de l'acquisition des actifs, vous n'avez pas acheté les parts sur
l"'open market" ou rien de cela?
M. Lajoie: Nous avons fait une première acquisition
d'actions non pas sur le marché proprement dit, mais nous avons
acheté un bloc d'actions qui étaient détenues par une
autre société américaine à un certain moment.
C'est-à-dire que les actionnaires de Sundance Oil Company étaient
éparpillés partout aux États-Unis et même au Canada,
mais nous nous étions d'abord, dans un premier temps, assurés
d'un bloc d'environ 10 % ou 11 %, je ne me souviens pas.
M. Pouliot: M. le Président, M. Bédard, qui est
vice-président aux affaires juridiques, là-dessus a suivi
évidemment la transaction et a été impliqué
directement dans l'opération. Il aurait peut-être des
précisions à apporter sur la transaction.
M. Bédard (René): L'accord de principe sur la
transaction avec les dirigeants d'entreprises a eu lieu en septembre 1984. La
transaction proposée était celle d'une fusion d'une filiale de
SOQUIP, créée à cette fin avec Sundance. SOQUIP a acquis
directement environ 25 % des actions.
Le conseil d'administration de Sundance, dans un prospectus, a
recommandé la fusion. Il y a eu une assemblée des actionnaires
où un nombre minimal était requis pour autoriser la fusion. Pour
avoir participé moi-même à l'assemblée des
actionnaires, je dois dire qu'il n'y a eu aucune opposition à cette
fusion. C'est le lendemain que, tel que prévu, la fermeture de la
transaction a eu lieu.
Peut-être que votre question visait à savoir si cela a
été un "takeover bid", un "aggressive takeover bid"?
Une voix: Ou "friendly. "
M. Bédard (René): Absolument pas. Cela a
été de gré à gré.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, M. le
député de Chapleau?
M. Kehoe: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, M. le
député de Frontenac.
La distribution (suite)
M. Grégoire: M. le Président, sur ce
deuxième point de la distribution, j'ai la même question à
poser, une simple question. Dans les plans originaux, il était question
de prolonger le pipeline du gaz naturel jusqu'à Thetford. Est-ce que
cela doit se faire et quand?
M. Pouliot: M. le Président, la réponse à
cela, que ce soit Thetford ou n'importe quelle autre destination, c'est que le
problème ou la question essentielle est de savoir s'il y a suffisamment
de volume pour justifier l'investissement. À l'heure actuelle, les
possibilités que nous avons déjà étudiées
semblent faibles. Nous avons évidemment l'intention d'examiner cela
à nouveau, comme je le disais tout à l'heure, pour l'ensemble du
réseau de gaz naturel au Québec, mais,
sur une base strictement économique, jusqu'ici, nous n'avons pas
été en mesure de justifier suffisamment de volume pour faire
l'extension, sans une participation des gouvernements dans cet
investissement.
Comme vous le savez, il y avait eu une entente avec le gouvernement
fédéral qui date de 1982 entre Gaz Inter-Cité et le
gouvernement fédéral sur l'expansion du réseau gazier.
Dans cette entente, il avait été question d'une extension de ce
réseau dans cette région. Cela dit, l'entente a pris formellement
fin à la fin de l'année 1984 dans le budget
fédéral. Je crois comprendre que le gouvernement
fédéral a toujours laissé la porte ouverte à cette
possibilité, mais la possibilité me semble faible, jusqu'ici en
tout cas, compte tenu de l'insuffisance de volume, je dis bien insuffisance. Il
faudra voir à nouveau si nous sommes capables de justifier les volumes
additionnels qui permettraient à l'investissement de se
réaliser.
Remarquez, je serais très heureux qu'on puisse le faire, mais
jusqu'ici, les indications, les analyses faites par GICQ n'ont pas pu les
amener à la conclusion qu'il y avait suffisamment de volume pour
justifier l'expansion du réseau compte tenu, en fait, de
l'investissement que cela représente.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: En ce qui concerne GICQ, la pénétration
du gaz naturel, les informations qu'on a veulent que... vous disiez
vous-même tout à l'heure que Gaz Inter-Cité a eu un
très grand succès du point de vue industriel. Vous laissiez
sous-entendre que, du point de vue résidentiel, la fusion vient aider un
peu parce que Gaz Métropolitain est mieux développé du
côté résidentiel. Dans Québec et dans les
marchés de Gaz Inter-Cité, où en est-on avec la
pénétration du gaz du point de vue résidentiel et
commercial?
M. Pouliot: Ce qu'on disait, c'est que, pour justifier en fait
l'extension du réseau de GICQ, il fallait d'abord identifier et
justifier l'existence de volumes importants. Ce qui fait que, dans la structure
du marché de GICQ à l'heure actuelle, vous avez des volumes
importants de gaz vendus dans le secteur industriel. Cela représente
même au-delà de 80 % des volumes vendus par Gaz Inter-Cité.
Une fois que le réseau est établi et fondé sur ces
volumes, il est évident que, comme le tuyau se trouve à passer
à certains endroits, là, le secteur résidentiel va devenir
important. En d'autres termes, profiter de la présence de
l'infrastructure et de la pénétration qui a été
faite pour rayonner autour et essayer de développer ce marché, ce
qui nous laisse croire, comme le disait M. Guérin ce matin, qu'il y a un
potentiel de développement dans la franchise de Gaz Inter-Cité,
notamment, pour le secteur résidentiel.
Maintenant, peut-être que M. Guérin pourrait apporter des
précisions en ce qui concerne la structure des marchés dans l'une
des franchises et dans l'autre; c'est évident que la franchise de Gaz
Métropolitain s'est développée depuis plus longtemps.
C'est un réseau qui est rendu à maturité. Ce n'est pas
tout à fait le même problème qui se pose de ce
côté.
M. Guérin: Quand vous regardez à la page 16 de la
section 2, vous voyez le secteur industriel, au bas du tableau 5. Vous voyez
que, dans le territoire de Gaz Inter-Cité, le secteur industriel
représente 82 % des ventes, ce qui est normal pour une compagnie qui est
au début de son expansion. Au fil des ans, la pénétration,
ce que j'appelais ce matin l'"infield", ou le rayonnement autour des conduites
principales va se faire chez les plus petits clients, notamment le
résidentiel et le commercial, de manière à rejoindre une
part relative de 60 % industriel, 20 % commercial et 20 % résidentiel,
ce qui est un ratio à peu près normal au Québec.
M. Fortier: Est-ce que vous croyez qu'en dépit de la
concurrence de l'électricité avec sa mise en marché
attrayante, cet objectif puisse se réaliser?
M. Guérin: La concurrence d'Hydro-Québec a
été particulièrement féroce, si on peut prendre ce
mot, dans le secteur des bouilloires industrielles. C'est maintenant un
marché qui est pleinement desservi et par Hydro-Québec et par Gaz
Inter-Cité. Concernant le secteur résidentiel, la concurrence est
forte avec le système de biénergie, mais quand même le gaz
est en meilleure position que c'est le cas dans le secteur des bouilloires.
Dans les bouilloires, grosso modo, un bonne partie de la guerre est faite, et
il y a encore une concurrence qui se fait concernant les volumes additionnels,
mais la majeure partie des dégâts, si on peut dire, a
déjà été faite.
L'achat de Sundance Oil
M. Fortier: Avec l'achat de Sundance, vous donnez, à la
page 8 de la section 3, les réserves prouvées et probables. Cela
donne 156, ce sont des milliards de pieds cubes. Comme résultat
immédiat, l'achat de Sundance - je devrais vous poser la question: avec
l'achat des actifs de Sundance, est-ce que vous avez acheté la
compagnie? Il y a eu fusion à l'intérieur de SOQUIP Alberta.
Est-ce qu'il y a des actifs qui vous donnent des revenus en dollars parce que
le résultat le plus immédiat avec vos réserves, c'est
de
permettre la vente de 2 000 000 000 additionnels au Québec qui
vous donnent annuellement quoi? 1 000 000 $ de plus, donc, cela fait 2 000 000
$ par année de revenus. Autrement dit, en termes concrets, en 1985,
qu'est-ce que vous donne l'achat de Sundance comme revenus concrets dans
l'année courante? (16 h 15)
M. Lajoie: Si vous me le permettez, M. le Président.
L'acquisition de Sundance fait en sorte qu'en 1985-1986, si on se rend jusqu'au
31 mars prochain, nos ventes globales dans l'Ouest seront d'environ 65 000 000
$ comparativement à des ventes d'environ 22 000 000 $ ou 23 000 000 $
que nous aurions connues si nous n'avions pas fait l'acquisition de Sundance.
C'est un accroissement de ventes considérable.
M. Fortier: À qui ces ventes se font-elles?
M. Lajoie: Ce sont des ventes qui sont faites, comme on l'a
mentionné tout à l'heure, dans la proportion d'un tiers dans le
marché de l'exportation, d'un tiers dans le marché domestique
canadien et environ d'un tiers au Québec. Sur les 65 000 000 $, il faut
comprendre...
M. Fortier: D'accord, sur les 65 000 000 $. Ce sont des ventes de SOQUIP
Alberta.
M. Lajoie: C'est exact, 65 000 000 $.
M. Fortier: Cet accroissement provient des...
M. Lajoie: Des puits en production de Sundance, que nous avons
acquis.
M. Fortier: Combien de revenus nets cela vous donne-t-il?
Pouvez-vous faire une estimation?
M. Lajoie: La contribution est d'environ 60 % avant les
dépenses. Nous projetons un revenu d'environ 2 300 000 $ cette
année dans SOQUIP Alberta.
M. Fortier: 2 300 000 $, et cela inclut les ventes additionnelles
qui seraient faites à Gaz Métropolitain ou à Gaz
Inter-Cité?
M. Lajoie: Cela comprend tout... M. Fortier: Cela comprend
tout.
M. Lajoie:... y compris les... Non, je m'excuse. J'allais dire "y
compris les 2 200 000 $" qu'on vient de contracter pour le 1er novembre, mais,
à toutes fins utiles, pour être conservateurs, nous n'avons pas
inclus de revenus additionnels découlant de ce contrat dans les quatre
derniers mois de la présente année.
M. Fortier: Autrement dit, les revenus de SOQUIP Alberta vont
être de l'ordre d'environ 2 000 000 $ de profits.
M. Lajoie: Environ 2 300 000 $.
M. Fortier: Il y en a une très grande partie à la
suite de l'achat de Sundance.
M. Lajoie: C'est exact. C'est difficile de faire le
départage, parce que...
M. Fortier: Si on compare les profits avec les coûts, vous
avez 2 300 000 $, donc il y en a une partie que vous aviez avant et il y en a
une partie qui vous permet de réaliser cet objectif. Combien cela vous
a-t-il coûté? C'est au tableau 3. Qu'est-ce que cela vous a
coûté pour acheter les actifs?
M. Lajoie: 195 000 000 $, effectivement. Le montant de 195 000
000 $ représente ce que cela nous a coûté pour faire
l'acquisition. Au tableau 4 de la page 8, c'est ce que cela nous a
coûté pour 156, 6 BCF de gaz, réserves prouvées et
probables, plus 7 500 000 de barils de pétrole et de liquides. Il faut
dire aussi que cela comprend les terrains non développés qui
apparaissent à la page 10 comme étant -en fin de compte, cela
dépend si on parle de brut ou de net - 438 000 hectares de terrains non
développés où nous croyons déceler des
réserves d'hydrocarbure assez importantes.
M. Fortier: En argent frais pour SOQUIP, combien avez-vous
déboursé?
M. Lajoie: Regardons cela de la façon suivante. Le
gouvernement lui-même a investi 25 000 000 $ dans la transaction au
moment où on se parle. Il y a un montant additionnel de 10 000 000 $
à venir. SOQUIP, à toutes fins utiles, a emprunté,
c'est-à-dire a fait faire des emprunts à SOQUIP Alberta pour
environ 154 000 000 $.
M. Fortier: C'est environ...
M. Lajoie: D'ailleurs, vous l'avez à la page 7, l'actif
acquis, c'est 195 000 000 $ et on dit que cela a été
réglé de la façon suivante...
M. Fortier: D'accord.
M. Lajoie: 179 000 $ comptant. Il y avait un fonds de roulement
et des dettes quand on a acquis Sundance, des dettes assumées pour
environ 15 500 000 $. C'est surtout du take or pay sur les contrats de vente de
gaz.
M. Fortier: Mais si cela vous a coûté 195 000 000 $
et que cela vous permet de faire un profit annuel d'environ 2 000 000 $ ou 3
000 000 $ par année, le retour de cet investissement va prendre du
temps. Cela va prendre au moins 60 ans.
M. Lajoie: Enfin, toute la dynamique de la transaction, je pense,
se trouve dans le marché du Québec, parce que, contrairement
à d'autres producteurs de gaz dans l'Ouest qui ont du gaz "shut-in",
nous croyons avoir un marché pour développer rapidement toutes
les réserves que nous allons trouver, ce qui, à mon sens, pourra
éventuellement être assez bénéfique. Le profit
semble petit, mais il faut quand même comprendre une chose. Il y a
énormément de financement et d'intérêts dans cette
transaction. À sa face même, c'est évident. Par exemple,
dans le bilan de SOQUIP Alberta, à la page 11...
M, Fortier: À la page 11.
M. Lajoie:... on voit qu'il y a un ratio
dettes-équité d'environ 25-75. Je fais un calcul rapide. Il y a
75 % de dettes et 25 % d'équité.
M. Fortier: Dans le secteur privé, c'est l'inverse.
M. Lajoie: On est conscient qu'il faut absolument renforcer la
situation financière de SOQUIP Alberta, soit avec du capital-actions
ordinaire, soit en amenant des partenaires nouveaux dans SOQUIP Alberta, qui
vont monnayer les dépenses futures d'exploration sans que SOQUIP ait
à mettre de l'argent dans le développement.
M. Fortier: J'ai porté un jugement selon lequel,
étant donné les emprunts que vous avez faits, le retour sur
l'investissement, dans le moment, n'est pas très élevé. Il
est loin d'être élevé, n'est-ce pas?
M. Lajoie: On parle de 2 300 000 $ sur un investissement de 25
000 000 $, parce que le propriétaire a mis 25 000 000 $ dans l'affaire.
Évidemment, vous devez...
M. Fortier: Vos 2 500 000 $, c'est net après le paiement
des intérêts? C'est ce que vous dites?
M. Pouliot: Absolument. C'est la contribution de SOQUIP Alberta
aux bénéfices de SOQUIP. Il ne faudrait pas comparer 2 500 000 $
avec les 195 000 000 $, parce que la dette est assumée par SOQUIP
Alberta et, évidemment, elle est payée par SOQUIP Alberta
à même des revenus autogénérés.
Le Président (M. Bordeleau): Je pense que M. Rheault avait
quelque chose à ajouter.
M. Rheault: Oui. Je voudrais simplement ajouter ceci, M. Fortier.
Cette année, avec les fonds autogénérés par
l'acquisition de Sundance et les actifs que détenait déjà
SOQUIP Alberta, SOQUIP Alberta sera en mesure de financer un programme
d'exploration de l'ordre de 10 000 000 $ ce qui, sans l'acquisition de
Sundance, nous aurait amenés à avoir un programme d'exploration
beaucoup plus modeste. Et ce qu'il faut également retenir, c'est que
SOQUIP Alberta s'est engagée a rembourser sa dette à long terme
sur une période de sept ans. Quand on parle d'un bénéfice
de l'ordre de 2 000 000 $, il faut assumer qu'il y a environ 18 000 000 $ de
frais d'intérêts et de remboursement de capital qui sont
déjà déduits de la contribution sur les ventes de
SOQUIP.
M. Fortier: Ce que vous dites, c'est qu'en dépit de cela,
votre profit brut est très élevé. Votre profit brut vous
permet de remettre la dette sur sept ans.
M. Rheault: Nos fonds autogénérés nous
permettent... Notre contribution sur les ventes nous permet de rembourser notre
dette sur sept ans.
M. Lajoie: Il y a 4 400 000 $ d'intérêts de
payés, mais je pense que pour en arriver au bénéfice de 2
300 000 $, c'était après avoir soustrait de l'épuisement
de 16 000 000 $. En d'autres mots, on dit: On a acheté une
réserve de gaz et elle s'épuise parce que l'on produit cette
réserve de gaz et le calcul de l'épuisement, qui est une
dépense non monétaire, est de 16 000 000 $, de sorte que cette
société génère du "cash flow" ou des fonds
autogénérés d'environ 19 000 000 $. On a une somme de 19
000 000 $ en "cash" qui est dégagée annuellement pour faire,
comme mon collègue le disait, un programme d'exploration d'environ 10
000 000 $ cette année.
M. Fortier: On va faire du bon développement
économique en Alberta. C'est bon pour nous, aussi.
Une voix: Oui.
M. Fortier: On n'a pas les profits et pertes de SOQUIP Alberta.
Vous avez mentionné des chiffres. Dans les documents que vous nous avez
donnés...
M. Lajoie: C'est une société privée. M.
Fortier: D'accord.
M. Lajoie: Évidemment, comme vous le savez, ses
résultats sont consolidés avec les résultats de SOQUIP,
mais je pense qu'on n'a jamais présenté dans le public des
états financiers détaillés de cette société
en Alberta.
M. Fortier: Je passerais au dernier sujet, à moins qu'il y
ait d'autres questions.
Projet d'approvisionnement en
LGN à Montréal
Le Président (M. Bordeleau): On va vérifier s'il
n'y a pas d'autres membres qui ont des questions sur le deuxième point.
Alors, oui, on peut passer à l'autre sujet qui est le projet
d'approvisionnement en LGN à Montréal.
M. Fortier: Liquides de gaz naturel.
Le Président (M. Bordeleau): C'est cela, liquides de gaz
naturel à Montréal. Des questions? M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Vous avez fait une présentation très
brève. Je ne sais pas si, à ce moment-ci, vous voulez entrer dans
les détails. On vous a coupé un peu la parole ce matin, mais je
pense que la question que tout le monde a en tête en ce qui concerne ce
projet, c'est: Est-il relié... Il est relié directement à
la pétrochimie québécoise dans un sens parce que c'est
à la suite d'une étude de Bechtel et, si mon information est
fidèle, cette étude avait été payée à
60 % par le gouvernement fédéral pour 300 000 $, 10 % par la
Société générale de financement pour 50 000 $, 10 %
par SOQUIP pour 50 000 $ et 20 % par le ministère de l'Énergie et
des Ressources. Donc, c'était une étude qui avait
été faite à la suite des démarches ou des promesses
du gouvernement conservateur pour trouver une solution au maintien et au
développement de la pétrochimie québécoise. C'est
relié, mais je pense que ce serait peut-être bon qu'on nous
explique le projet pour nous démontrer dans quelle mesure cela pourrait
être alléchant ou que cela peut maintenir les activités de
la pétrochimie québécoise. Est-ce que, par ailleurs, vous
pourriez nous dire si le projet pourrait exister indépendamment de cette
relation avec la pétrochimie québécoise?
M. Pouliot: Si vous voulez, M. le Président, je vais
demander à M. Guérin peut-être de traiter de la
première question. Pour la deuxième, j'y reviendrai tout à
l'heure parce que cela suppose plusieurs remarques.
Le Président (M. Bordeleau}: M. Guérin, avez-vous
quelque chose à ajouter?
M. Guérin: Oui. Disons que je ne suis pas un
spécialiste des questions pétrochimiques, mais on peut dire que
Pétromont ou l'industrie pétrochimique de Montréal fait
face à trois problèmes majeurs. Le premier est le coût trop
élevé de ses matières premières. C'est ce que notre
projet essaie de résoudre en réduisant le coût des
approvisionnements. Le deuxième problème de Pétromont est
un problème de modernisation. Présentement, son type de
fabrication n'est pas tellement efficace. Sur ce point, il y a un montant de 15
000 000 $ qui est déboursé actuellement pour moderniser
l'appareil de production de Pétromont. Le troisième
problème de Pétromont est un problème de marché.
Pétromont produit de l'éthylène et du propylène,
mais disons que le plus important produit sur le marché est
l'éthylène. Présentement, le marché de
l'éthylène reprend parce que son client principal, Union Carbide,
qui fabrique à partir de l'éthylène du
polyéthylène, le marché en Chine est présentement
très bon et Union Carbide a peine a répondre à la
demande.
On prévoit maintenant que la situation du marché du
polyéthylène, donc de l'éthylène de
Pétromont, va se remettre en marche et être bon pour trois ou
quatre ans. C'est vrai à un point tel qu'il y a à peine quelques
mois, Pétromont fonctionnait à 37 % de sa capacité;
aujourd'hui, à l'heure où on se parle, Pétromont
fonctionne à 70 % de sa capacité. La situation du marché
est en train de reprendre. Nous n'allons pas résoudre tous les
problèmes de Pétromont. J'en ai mentionné trois, mais le
problème premier est celui du coût des matières
premières. On ne peut pas espérer attirer des industries
nouvelles en aval de Pétromont - je pense, par exemple, à la
chaîne EDC-PDC - si on ne peut pas réduire le coût de
l'éthylène. Cela veut dire aussi réduire le coût des
matières premières.
Présentement ou jusqu'à tout récemment,
Pétromont était alimentée en dérivé du
pétrole à partir des raffineries de Montréal.
Principalement, elle utilisait du naphte et du gazole. Avec la fermeture des
raffineries, ces matières premières sont devenues moins
abondantes sur le marché local et, conséquemment, le prix s'est
élevé de manière importante.
On nous a demandé de regarder si on ne peut pas approvisionner
Pétromont, à partir du marché canadien, en liquides de gaz
naturel de manière économique. L'étude de Bechtel conclut
qu'on peut le faire de manière économique. Cela va permettre
à Pétromont de réaliser des économies d'environ 15
% sur le coût actuel de son "feed stock". Ce sont donc des
déboursés importants.
Le projet est donc fait pour aider Pétromont à se sortir
d'affaires. Est-ce que
notre projet peut fonctionner sans Pétromont? Si vous regardez
dans la section IV, l'étude ou le projet est basé sur environ 20
000 barils-jour de liquides de gaz naturel, dont 5000 barils vont à
Pétromont. Il s'agit de 5000 barils de normal-butane. Si
Pétromont est là comme client au début du projet, cela va
nous aider considérablement. Cependant, nos études de
marché montrent qu'il existe des clients intéressants qui
pourraient prendre facilement jusqu'à 5000 barils de butane à des
prix commerciaux dans les régions de Québec et de
Montréal, mais plutôt et surtout dans les régions du New
Jersey et de New York. Donc, pour lancer ce projet, il est important d'avoir
Pétromont parce que cela nous donne un gros volume de base au
départ, mais il y a un marché alternatif pour ces 5000 barils de
butane qui ferait en sorte que si Pétromont fermait ses portes dans
quelques années, on pourrait replacer ces quantités de butane
normal chez des consommateurs à des prix intéressants. Est-ce que
cela répond à votre question, monsieur?
M. Fortier: Merci. Est-ce qu'il y avait un deuxième
volet?
M. Pouliot: En fait, comme M. Guérin l'a mentionné,
je ne vais pas revenir sur ce qu'il vient de dire mais, essentiellement, comme
vous l'avez indiqué vous-même, le projet a été
conçu pour venir en aide à Pétromont. Par
conséquent, la présence de Pétromont dans ce projet est
absolument essentielle à ce moment-ci. Ce projet, à toutes fins
utiles, n'aurait pas existé s'il n'y avait pas eu en fait la question de
l'approvisionnement en liquides pour Pétromont à Montréal.
Mais en faisant l'analyse du projet, en regardant l'ensemble du marché,
Bechtel est arrivée à la conclusion que nous pourrions, en
important en fait une matière première, satisfaire
également d'autres besoins que ceux de Pétromont en
normal-butane. (16 h 30)
Essentiellement, le marché du propane nous paraît
intéressant parce qu'à l'heure actuelle au Québec, les
propaniers qui ne réussissent pas à combler tous leurs besoins
à partir des raffineries du Québec, doivent faire venir du
propane de Sarnia par camion ou par wagon-citerne. Cette industrie y gagnerait
considérablement à l'existence ou à la présence
à Montréal d'une usine de fractionnement, ce qui diminuerait
considérablement leur coût de transport; si bien que
l'économique dans l'ensemble du projet tient à la fois sur un
client pour le butane, qui servirait essentiellement à la
pétrochimie, mais également à l'existence d'un
marché important pour le propane non seulement au Québec et dans
les Maritimes mais également sur le marché américain,
d'où, en fait, le projet que nous avons regardé. La
recommandation que nous avons faite à notre actionnaire mentionne que
c'est un bon projet, que nous n'allons pas résoudre tous les
problèmes de la pétrochimie à partir de ce projet, mais
qu'il répondrait de façon commerciale à un de3
problèmes qui se posent à l'industrie pétrochimique
montréalaise.
M. Fortier: Sur sa viabilité, je pense que dans votre
analyse ici vous nous donnez certains renseignements sur les coûts d'un
tel projet. Une partie serait financée par IPL, Interprovincial
PipeLine, et l'autre partie par le secteur privé avec votre
collaboration, semble-t-il.
M. Guérin: En termes d'investissement, si on parle de
notre projet à nous, c'est environ 200 000 000 $, comme je l'ai
mentionné ce matin. Ce serait financé dans une proportion de
60-40. Le taux de rendement estimé sur l'ensemble du projet est
d'environ 15 % après impôt. Si on prend un financement à
60-40, ce taux de rendement sur l'équité équivaut à
plus de 20 % après impôt. C'est jugé par les milieux
privés comme étant un projet digne de mention et digne de
regard.
M. Fortier: Cette nouvelle possibilité d'avoir une usine
de séparation des liquides de gaz permettrait de développer ces
différents liquides pour lesquels il existe déjà un
marché au Québec - on parle du propane en particulier. Est-ce que
cela augmenterait le marché du propane ou si ce serait plutôt pour
l'exportation dans le nord-est des Etats-Unis ou si cela diminuerait les
coûts d'approvisionnement en propane pour le Québec?
Ma deuxième question: Dans quelle mesure le propane meilleur
marché entrerait-il en concurrence, du moins pour les applications
où le propane cherche à pénétrer, avec le gaz
naturel?
M. Guérin: Disons que sur le marché, dans un
premier temps certainement, le projet ne vise pas à développer de
nouveaux usages pour le propane mais tout simplement à fournir aux
distributeurs actuels de propane les quantités requises pour le
marché existant, mais à un prix plus raisonnable, étant
donné qu'on va réduire le coût de transport de
manière substantielle entre Sarnia et Montréal en
remplaçant le train par un moyen de transport plus efficace,
l'oléoduc. Cela va générer des économies
substantielles pour la clientèle existante.
Du fait que le prix du propane sera plus avantageux qu'il ne l'est
présentement, cela va certainement permettre au propane de
s'étendre davantage dans la région là où il est,
face surtout au mazout et au pétrole
lourd. Mais par rapport au gaz naturel, dans les franchises où on
est déjà, je ne pense pas que les écarts ou
l'amélioration dont on parle va rendre la concurrence difficile entre le
propane et le gaz naturel, parce que le propane est quand même, par baril
ou par unité énergétique, une forme d'énergie
beaucoup plus chère en termes de BTU que le gaz naturel. Alors, cela va
resserrer l'écart mais il y a encore beaucoup de marge pour laisser le
gaz naturel en toute sécurité dans ses franchises.
Le Président (M. Bordeleau): Dans le même ordre
d'idées, si le député d'Outremont me le permet, le propane
provient-il actuellement essentiellement de Sarnia? On n'en fait pas au
Québec, autrement dit?
M. Guérin: La consommation du propane à l'heure
actuelle est d'environ 10 000 barils-jour; environ 4000 sont produits
localement par les raffineries de Montréal et les autres 6000 barils
sont acheminés par train soit de Sarnia directement ou encore par train
directement d'Edmonton. On imagine les coûts prohibitifs que cela
entraîne pour les consommateurs du Québec.
M. Fortier: Si on vous demandait de nous donner un
échéancier approximatif, puisque c'est toujours à
l'étape de projet - si on veut rêver dans l'avenir, bien,
rêver de façon réaliste, peut-être - quelles seraient
les étapes prochaines ou un calendrier réaliste du
développement d'un projet comme celui-là?
M. Pouliot: Sur ce plan, j'attirerais peut-être votre
attention sur la page 11 de l'onglet III où on a essayé, en
étant réalistes, de dire qu'il y a un certain nombre de
conditions préalables qu'il faut réunir pour que ce projet puisse
exister. La condition première était que nous soyions convaincus
de l'économique - je dirais - de ce projet-là. Comme je le disais
à l'instant, notre jugement de l'analyse que Bechtel a faite nous
amène à la conclusion qu'il y a sans aucun doute quelque chose
d'intéressant à explorer davantage, donc à poursuivre en
fait les discussions.
Cela dit, pour établir un échéancier, il faut
être conscient des autres étapes qu'il faut franchir dans un
dossier extrêmement complexe. La première, évidemment,
c'est d'avoir la disponibilité en liquides, ce qui veut dire qu'il faut
arriver à mettre sur pied, à rassembler des volumes de liquides
suffisants pour assurer l'approvisionnement de l'usine de fractionnement
à Montréal. En termes d'échéancier, ce n'est
peut-être pas ce qui prendrait le plus de temps mais la question la plus
importante est l'aménagement des infrastructures de transport qui
suppose en réalité que Interprovincial PipeLine obtienne de
l'Office national de l'énergie l'autorisation d'abord de modifier sa
ligne actuelle entre Sarnia et Montréal et de procéder à
ces modifications.
La troisième contrainte de ce point de vue est la construction de
l'usine de fractionnement elle-même. De sorte que pour revenir à
votre question, M. Fortier, je crois qu'en termes d'échéancier si
nous réussissons à mettre sur pied un véhicule corporatif,
que IPL, d'ici quelque temps, se présente devant l'ONE au cours de
l'automne ou au début de l'année 1986 pour obtenir les
autorisations, l'usine de fractionnement pourrait peut-être
démarrer au cours de l'année 1986, au milieu ou à la fin
de l'année...
M. Fortier:... ou le début...
M. Pouliot: Le début des travaux.
M. Fortier: Oui
M. Pouliot: Ce qui nous permet de croire que d'ici le
début ou le milieu de l'année 1989 tout le système
pourrait être en place. Donc, on parle de quelque chose qui variera - on
me corrigera - entre trois et quatre ans à partir du moment où on
se parle.
M. Guérin: En termes d'échéancier, je
pourrais peut-être ajouter, pour remettre de l'emphase là-dessus,
que la cible la plus importante, c'est le dépôt de la
requête d'expansion par IPL qui doit avoir lieu au cours de l'automne
prochain. C'est vraiment le morceau central qui est en dehors de notre
contrôle, jusqu'à un certain point, qui est le plus important.
C'est ce qui commandera la suite en termes d'investissements et de travaux de
construction.
M. Fortier: Cela me semble un projet extrêmement attrayant.
J'imagine que pour SOQUIP, c'est un projet prioritaire, c'est le projet que
vous poursuivez dans le moment. J'imagine que vous avez été
autorisés, que vous avez les ressources financières. Je crois
qu'un décret a été adopté pour vous permettre de
faire ces études ou de les faire faire.
Sur le plan des autorisations du gouvernement du Québec, du moins
au niveau des études, vous avez obtenu les lumières vertes et le
financement requis pour procéder.
M. Pouliot: Oui. Nous avons obtenu du gouvernement une subvention
de 555 000 $ qui nous permet, en fait, de compléter toutes les
études et de faire les démarches qu'il faut auprès de
l'Office national de l'énergie pour obtenir les diverses autorisations.
Ce qui reste formellement à venir,
c'est de savoir quel sera le véhicule corporatif, est-ce qu'il y
aura une participation de SOQUIP dans ce véhicule et à quel
niveau dans l'équité. Enfin, ce sont des choses qui viendront au
cours des prochaines semaines.
Cela dit, pour nous, en termes de priorité, c'est une
priorité dans la mesure où la survie et le développement
de l'industrie pétrochimique au Québec sont une priorité
sur le plan économique, de la part du gouvernement et de la part de
l'industrie elle-même. Par conséquent, nous considérons que
ce projet est une priorité dans le sens où il faut trouver des
solutions même intérimaires pour permettre à l'industrie
pétrochimique montréalaise de diminuer ses coûts de
production le plus rapidement possible, d'où le projet qui est inclus
dans cette étude Bechtel d'importation éventuelle dans une phase
intérimaire de produits de l'étranger parce que, comme on le
disait à l'instant, avant d'obtenir les autorisations, avant que le
tuyau soit modifié et que l'usine de fractionnement soit construite, il
y a une période de trois à quatre ans. Pendant ces trois
années-là il faut trouver des solutions intérimaires pour
amener du produit Pétromont le plus rapidement possible.
M. Fortier: Et c'est là qu'on a besoin d'une aide d'un
niveau de gouvernement supérieur...
M. Pouliot: C'est exact.
M. Fortier:... pour obtenir les autorisations qu'il nous faut
pour approvisionner de différentes sources Pétromont et
peut-être pour payer une partie des déficits qui seront encourus -
quoique ils diminuent, semble-t-il durant les trois ou quatre prochaines
années. De ce côté-là, les journaux nous ont dit
qu'il n'y avait pas beaucoup de progrès. De votre côté,
avez-vous des indications qui nous permettraient de croire qu'on a lieu
d'être optimistes au Québec relativement à une aide du
gouvernement supérieur, du gouvernement fédéral à
ce sujet?
M. Pouliot: Évidemment, SOQUIP n'est pas présente
aux discussions qui ont lieu entre les gouvernements sur la question de la
pétrochimie. Je sais qu'il y a eu des conversations entre les deux
gouvernements sur la question. Je crois qu'il y a lieu d'être optimiste,
compte tenu des déclarations du gouvernement fédéral en ce
qui concerne l'industrie pétrochimique montréalaise. Je n'ai pas
de raison de croire, M. le Président, qu'à ce moment-ci, le
gouvernement fédéral ne serait pas en mesure d'apporter son
soutien à un projet du genre.
M. Fortier: Merci.
M. Pouliot: En fait, comme vous le savez, d'ailleurs, il y a
déjà plusieurs mois qu'ont été créés
des comités fédéral-provinciaux sur l'industrie
pétrochimique pour essayer de trouver des solutions pour assurer la
survie et le développement de l'industrie pétrochimique au
Canada, y compris Montréal. Le gouvernement fédéral a
participé directement à toutes ces analyses et aux
recommandations qui ont été formulées. Par
conséquent, je n'ai pas de raison de croire qu'il n'y aurait pas un
soutien de la part du gouvernement fédéral dans ce projet, bien
que je ne sois pas informé des détails des conversations qui ont
pu être tenues.
M. Fortier: En ce qui concerne le rapport Bechtel pour lequel le
gouvernement fédéral a contribué à 60 %, le
gouvernement fédéral a été directement
impliqué. C'était par l'entremise de quel ministère?
M. Pouliot: Par l'entremise du ministère de
l'Énergie et des Ressources jusqu'ici et également celle du
ministère du Développement industriel régional. Le
gouvernement fédéral a, bien sûr, eu l'étude
Bechtel en même temps que nous. Nous avons eu l'occasion, à
plusieurs reprises, de discuter du sujet avec les fonctionnaires d'Ottawa. Ils
sont très bien informés du projet.
M. Fortier: On a déjà dit - je crois que
c'était le premier ministre ou d'autres personnes - que les
fonctionnaires à Ottawa ne voyaient pas d'un bon oeil le
développement de la pétrochimie québécoise.
Même si les gouvernements changent, les fonctionnaires à Ottawa
sont toujours plus ou moins négatifs face à un
développement comme celui-là. Est-ce que vous avez des raisons de
croire que les fonctionnaires vont être plus sympathiques à ce
projet ou du moins à la proposition qui a été faite par
Bechtel dans son rapport?
M. Pouliot: Je ne voudrais pas parler à leur place, mais
j'imagine que même les fonctionnaires peuvent changer d'idée.
M. Fortier: Vous en savez quelque chose. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Oui. On dit que le projet est directement
relié à l'acceptation de la construction interprovinciale.
À la suite de ce que vous avez dit au sujet d'autres sources
d'approvisionnement possibles, est-ce qu'il faut dire que le projet est
directement relié à cet accord, sinon on verra à avoir
d'autres sources, mais que, pour vous, c'est un projet qu'on doit absolument
mettre sur
pied?
M. Pouliot: Je demanderais à M. Guérin de
répondre à cette question.
M. Guérin: D'accord. Il faut distinguer les sources des
systèmes de transport. Disons qu'au niveau des sytèmes de
transport, il y a des possibilités entre Edmonton et Sarnia et entre
Sarnia et Montréal. Cependant, on commence par les plus probables pour
aller aux moins faciles. Si on regarde Edmonton-Sarnia, il y a le
système de Cochin qui descend en parallèle au système de
IPL qu'on pourrait utiliser advenant le cas où IPL ne veut pas nous
accommoder pour transporter les volumes additionnels requis par SOQUIP. SI on
regarde entre Sarnia et Montréal, encore là, il y a des
alternatives. La ligne de IPL peut être convertie. Je pense que c'est la
façon la plus facile d'amener nos liquides, comme le recommande Bechtel.
Mais il y a d'autres possibilités, il y a d'autres pipelines entre
Sarnia et Montréal qui pourraient être adaptés à des
coûts qu'il faudrait évaluer. Mais il y a des solutions techniques
et technologiques.
Si on parle maintenant des sources, je crois que les réserves de
liquide de l'Ouest canadien vont demeurer la principale source importante
d'approvisionnement pour plusieurs années. La côte Est, comme je
l'ai mentionné ce matin, à long terme, va devenir une source pour
une partie des besoins. Je mentionnais environ 12 000 barils-jour. Tous ces 12
000 barils-jour ne viendront pas au Québec. Peut-être que 5000 ou
6000 barils pourraient venir de cette source d'approvisionnement. Dans
l'intérim, avant que le projet soit prêt, cela va prendre de trois
à quatre ans, le marché international peut être
intéressant. C'est ce qu'on est en train de faire présentement.
Mais, même à très long terme, le marché
international peut demeurer une source d'appoint sur laquelle on va jouer pour
combler les besoins du Québec à des moments précis dans
l'année. Alors, selon nous, pour les sources et les moyens de transport,
il y a plusieurs possibilités.
M. Pouliob; Y compris la suggestion qui a été faite ce
matin de regarder l'"offshore" canadien éventuellement. On n'exclut
aucune possibilité d'approvisionnement dans la mesure où,
économiquement, c'est rentable de le faire. (16 h 45)
M. Paré: Est-ce qu'on peut affirmer que la survie de
Pétromont est directement reliée à cela? Si on n'a pas
cela, à cause des trois problèmes de Pétromont dont on
parlait tout à l'heure, la modernisation, le marché et les
coûts, mais les coûts de 4 $ le baril contre 0, 15 $, c'est
sûr que si on ne règle pas ce premier problème, la
rentabilité de Pétromont, on est mieux de ne jamais compter
là-dessus.
M. Pouliot: Écoutez, jamais est un mot très
difficile à utiliser. Mais dans l'état actuel des connaissances
que nous avons et dans l'état actuel des choses, je crois que
l'alimentation pour Pétromont est certainement une condition essentielle
à sa survie. La diversité de ses approvisionnements, surtout avec
ce qui se produit en termes de raffinerie à Montréal,
c'est-à-dire sa conversion et l'introduction d'une plus grande
flexibilité, est certainement une condition essentielle à sa
survie.
Est-ce que cela va garantir cependant la rentabilité de
Pétromont sur le long terme, une fois que ce projet est
réalisé? Je n'aurai pas la prétention de dire que c'est le
cas. Je pense que cela va aider considérablement, mais qu'il y a
d'autres problèmes reliés à la structure de
Pétromont, à la taille de Pétromont, à
l'activité ou à la clientèle de Pétromont, qu'il
faudra également résoudre, j'imagine, avec le temps; mais notre
mandat était de regarder la partie énergétique des choses.
Nous présentons, en fait, une proposition dont on croit qu'elle aura
l'avantage de réduire considérablement les coûts pour
Pétromont, donc d'améliorer considérablement sa
rentabilité dans le temps.
M. Paré: D'accord. Donc Pétromont, c'est
peut-être le sujet qui apporte cela sauf qu'en regardant, on va
au-delà de cela. Comme vous le disiez tantôt, c'est que c'est tout
le secteur, c'est toute l'industrie pétrochimique qu'on veut aider.
Pétromont est importante là-dedans. Quand on parlait tantôt
de 5000 barils sur 20 000, c'est qu'il y a tout un secteur à
développer. Donc, on n'y va pas seulement dans le but de sauver
Pétromont, mais on y va dans le but de développer un secteur.
Donc on va amener du développement économique.
M. Pouliot: On essaie de faire d'une pierre quatre coups. Je ne
sais pas si cela va fonctionner. Essentiellement ce que vous dites
reflète l'économie générale du projet. C'est dire
bien sûr qu'il y a une nécessité d'amener des butanes,
normal-butane pour la pétrochimie, donc pour Pétromont dans le
cas présent, mais iso-butane peut servir également aux
raffineries, surtout compte tenu des nouvelles réglementations
concernant la norme de plomb dans l'essence. Le propane va aider les propaniers
qui doivent, comme on le disait, s'approvisionner à prix fort, donc
diminuer leur coût d'approvisionnement, améliorer leur
rentabilité, peut-être développer de nouveaux
marchés. Effectivement, dans l'ensemble, je pense que nous avons un
projet de développement qui répondra - s'il est
réalisé encore une fois, ce
n'est qu'un projet à ce moment-ci - à plusieurs
préoccupations de la part de l'industrie pétrochimique à
Montréal.
M. Guérin: En termes de volume, j'aimerais ajouter que la
rentabilité du projet est basée sur 25 000 barils-jour d'un
mélange de liquides. Mais l'usine de fractionnement est
dimensionnée pour une plus grande capacité. On parle d'une
capacité journalière de fractionner 36 000 barils-jour.
Là-dessus, il y a place pour accommoder des demandes additionnelles.
D'autre part, quand on regarde la demande de Pétromont,
Pétromont à 5000 barils-jour, c'est une petite partie de leurs
besoins. Présentement, à l'heure où on se parle,
Pétromont consomme 11 000 barils par jour et fonctionne à
près de 70 % de sa capacité. À pleine capacité,
Pétromont peut consommer jusqu'à 18 000 barils par jour.
Pour prendre un terme d'argot, si je descendais une soupe de 36 000
barils-jour, en théorie ils pourraient en prendre jusqu'à 18 000.
Alors, c'est un projet qui est encore plus considérable que les chiffres
qui ont servi au calcul économique du projet, mais il y a beaucoup de
flexibilité là-dedans.
M. Paré: C'est presque évident que si on s'en vient
enlever le principal problème à Pétromont, on lui permet
de se développer et elle aussi d'aller chercher les marchés du
Nord-Est américain.
M. Guérin: Oui. C'est cela. C'est la condition, ce que M.
Pouliot expliquait il y a quelques minutes. Notre projet est une condition
essentielle à la survie de Pétromont, mais ce n'est pas une
condition satisfaisante. Si on n'a pas cette condition, cela va être
difficile, quant à moi, d'essayer d'attirer des industries qui vont
devenir des clients pour l'éthylène de Pétromont parce que
le coût de ce produit va être trop élevé. Alors,
c'est essentiel mais non satisfaisant.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur le même sujet? M. le député
de...
M. Le Blanc: Montmagny-L'Islet.
Le Président (M. Bordeleau): Montmagny-L'Islet.
M. Le Blanc: Sur le même sujet qu'a abordé mon
collègue de Shefford. Vous avez fait mention des approvisionnements de
l'Ouest bien sûr et des approvisionnements aussi potentiels de l'Est. Il
y a eu un projet qui a fait couler assez d'encre pour faire flotter un
méthanier dans le cas de Gros Cacouna. C'était un
approvisionnement qui venait de l'Est et qui aurait impliqué la
construction d'un pipeline de Cacouna vers Québec. Il y a aussi les
puits en exploitation à l'île de Sable qui font partie de cet
approvisionnement potentiel en provenance de l'Est. Je relie cela à tout
le secteur rive sud de Québec, qui n'est pas approvisionné. Il y
a bien sûr des projets dans l'air d'Alu-Suisse, qui
nécessiteraient sans doute la traversée du fleuve avec la
distribution du gaz naturel, mais quelle est cette éventualité de
l'approvisionnement de l'Est?
M. Pouliot: Évidemment, vous avez fait mention du projet
pilote de l'Arctique, pour avoir témoigné devant l'Office
national de l'énergie au moment où ce projet a été
présenté, pour soutenir en fait ce projet à
l'époque. Comme vous le savez, pour l'instant, c'est un projet qui est
remis pour un certain temps. Ce n'était pas du gaz de l'Est,
c'était du gaz du Nord. Il n'est pas interdit de penser qu'un jour,
compte tenu en fait des réserves que l'on connaît dans l'Arctique
canadien, il y ait éventuellement du gaz qui vienne du Nord mais, pour
l'instant, l'économique de ce projet ne permettait pas de justifier un
investissement aussi considérable. Quant à l'Est, enfin,
l'île de Sable, comme vous le savez, les promoteurs de ce projet ont fait
une demande et vont se présenter devant l'Office national de
l'énergie au cours des mois qui viennent pour obtenir l'autorisation de
mettre ce gaz en valeur. C'est un gaz qui est destiné pour l'instant
essentiellement à l'exportation aux États-Unis mais, dans un
avenir qu'il est très difficile de prévoir à ce moment-ci,
il n'est pas impensable qu'il y ait une partie de ce gaz qui approvisionne le
Québec. Là, on parle d'horizons qui sont au-delà d'une
dizaine d'années.
Pour ce qui est de la traversée du fleuve, je ne le relirai pas
nécessairement à ces éventualités. Je crois que la
question de la traversée du fleuve, pour ce qui est du gazoduc,
dépend essentiellement de deux hypothèses. La première,
c'est la clientèle qu'on peut desservir de l'autre côté du
fleuve Saint-Laurent et par conséquent les divers projets qui sont en
discussion ou en tout cas dans l'air, des projets industriels. Actuellement, il
n'y aurait pas de client majeur sur la rive sud qui permettrait de justifier
à elle seule la traversée du fleuve. La deuxième
hypothèse, c'est l'utilisation éventuelle du réservoir de
gaz que nous avons dans Lotbinière, à Saint-Flavien, pour stocker
du gaz naturel. Vous savez qu'au fond l'économique du gaz naturel, c'est
un peu comme l'électricité: Vous avez une charge qui varie
pendant l'année et en hiver vous avez une pointe qui est très
coûteuse à rencontrer. Pour la rencontrer, l'une des façons
de le faire, c'est de stocker du gaz pendant la période où votre
charge est moins
importante sur le réseau. Donc, pendant l'été, vous
stockez le gaz que vous allez pouvoir utiliser l'hiver.
Une des façons de le faire, c'est de stocker le gaz dans des
réservoirs de gaz existants. Nous sommes en train, c'est toujours en
fait un projet chez SOQUIP, de regarder la possibilité éventuelle
d'utiliser le réservoir que nous avons à Saint-Flavien comme
réservoir pour stocker du gaz naturel, de sorte que pour répondre
à votre question, si la traversée devait se faire, elle serait
reliée soit à cette idée, soit encore une fois à
des projets ou enfin à l'existence de clients majeurs sur la rive sud,
mais pas nécessairement à l'éventualité beaucoup
plus lointaine, je dirais, d'importer ou de faire venir du gaz de l'offshore
canadien soit au Nord ou à l'Est.
Le Président (M. Bordeleau): M. Guérin.
M. Guérin: J'aimerais ajouter une précision
également. Quand vous parlez du projet de Gros Cacouna, il s'agit de gaz
naturel liquéfié, de gaz naturel provenant de l'Arctique et qui
est liquéfié. Nous, notre projet concerne des liquides de gaz
naturel qui sont des produits associés au gaz naturel. Ce n'est pas une
opération de liquéfaction. Ce sont des produits naturellement
liquides qui sont associés au gaz lorsqu'on le produit.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Est-ce qu'il y a
d'autres questions? Si on a épuisé notre... M. le
député de Chateauguay.
M. Dussault: Ma question découle un peu de l'ensemble des travaux
qui ont eu cours aujourd'hui avec nos invités de SOQUIP. Ce matin, le
président a évoqué l'expertise de SOQUIP et je pense qu'il
est important, quand on reçoit une société d'État,
de bien voir jusqu'où les ressources humaines qui sont reliées
à cette société sont valorisées de par leur
travail, bien sûr, de par la perspective qui se dégage de leur
travail aussi. Bien souvent on mesure un peu la valorisation de cette ressource
humaine à partir de l'appel qu'on fait des services d'une
société, du personnel d'une société pour des
travaux extérieurs. Est-ce qu'il y a des indications chez vous, à
savoir qu'effectivement cette expertise est maintenant reconnue à tel
point qu'on fasse appel à des services de votre société
dans ce sens-là?
M. Pouliot: M. le Président, je ne sais pas si c'est le
moment de faire de la publicité pour SOQUIP, mais effectivement nous
avons développé, au cours des années, une équipe
géologique, en fait un certain know-how. Notre intérêt,
évidemment, c'est de l'utiliser au maximum dans les travaux que nous
faisons.
Pour répondre plus spécifiquement à votre question,
nous sommes en train de négocier avec certaines entreprises
l'utilisation éventuelle de l'expertise que nous avons dans ce secteur
sur l'étranger et essentiellement, au fond, pour exporter la technologie
humaine, si je peux dire, que nous avons dans des projets pour des pays
étrangers. Il y a effectivement un certain nombre de projets qui sont
actuellement en discussion chez SOQUIP avec des utilisateurs
éventuels.
Remerciements
M. Dussault: Merci. Puisqu'on termine nos travaux, je pense que,
pour ce qui est de la partie ministérielle, mes collègues sont
d'accord pour que je remercie nos invités, les représentants de
SOQUIP, pour l'excellent travail qu'ils font et pour leur présentation
d'aujourd'hui. Le moins qu'on puisse dire, c'est que vous avez l'air de gens
qui possèdent bien leurs dossiers. On ne sera sans doute pas
étonné de constater les succès qui sont atteints et qui le
seront par SOQUIP dans l'avenir. Merci beaucoup pour votre apport à
cette commission.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. Le mot de la fin, M.
le député d'Outremont.
M. Fortier: Simplement en conclusion. En privé, j'ai
toujours eu toute l'information que je demandais, du moins l'information
officielle qu'on devait ou qu'on pouvait me remettre; en public, c'est la
même chose. On doit remercier SOQUIP de nous éclairer dans un
dossier qui, durant les cinq et dix prochaines années, va se
développer très rapidement, je crois. Comme on peut le voir par
les différents plans d'action que SOQUIP nous a soumis au cours des ans,
son évolution change très rapidement et à cause de cela,
les membres de la commission devront toujours, que ce soit nous ou nos
successeurs, M. le Président, se tenir informés de
l'évolution de la question énergétique, en particulier de
tout ce qui touche le gaz, le pétrole et, de plus en plus maintenant,
les liquides de gaz qui auront également un impact sur le bilan
énergétique du Québec.
L'intention des membres de la commission, en demandant à SOQUIP
de venir nous visiter en commission parlementaire, était de nous
informer de la situation actuelle eu égard aux trois sujets que nous
avions mentionnés, en égard également à l'ensemble
de la conjoncture énergétique. Je crois que le but que nous nous
étions fixé, qui était de nous informer, nous les membres
de la commission, a été atteint, et j'aimerais remercier le
président de SOQUIP ainsi que les vice-présidents et son
personnel qui l'accompagnent. Je vous remercie.
Le Président (M. Bordeleau): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: Je veux également remercier et
féliciter le président de SOQUIP et son équipe. Je
m'aperçois que c'est une équipe compétente. Je ne me suis
jamais spécialisé dans le domaine du gaz naturel; cela a toujours
été plutôt l'amiante. J'aimerais bien qu'on nous arrive
avec...
Une voix:...
M. Grégoire:... le même sourire pour ce qui est du
domaine de l'amiante.
M. Pouliot:... un jour l'affilier au gaz naturel.
M. Grégoire: Malheureusement, ce n'est pas le cas
aujourd'hui.
M. Fortier: Eux font de l'argent.
M. Grégoire: Oui, eux font de l'argent. Ce n'est pas le
cas de toutes les sociétés d'État, malheureusement. Cela
m'a fait plaisir et je vous félicite de votre beau travail et de votre
compétence. J'espère que cela se transmettra à d'autres
sociétés d'État que je connais bien. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): À mon tour, je
voudrais remercier les gens de SOQUIP et les membres de la commission. Je pense
que pour la commission de l'économie et du travail, c'était la
première fois qu'on réussissait à remplir le mandat qui
nous est fixé par le règlement, c'est-à-dire
d'étudier les activités d'un organisme public ou d'une
société d'État. C'est une première aussi pour moi,
comme président de la commission, récemment élu par mes
collègues. Je pense qu'on a vraiment eu une bonne collaboration de
SOQUIP et de l'ensemble des parlementaires membres de cette commission.
J'espère qu'on pourra continuer encore un certain temps. Et pour nous et
nos successeurs, comme le disait mon collègue vice-président, le
député d'Outremont, j'espère que le même esprit
continuera au sein de cette commission. Merci au président, aux adjoints
au président de SOQUIP, ainsi qu'aux membres de la commission. Je pense
que le mandat de notre commission est terminé pour aujourd'hui. Je
demanderais donc à nos invités de se retirer. On continuera -
j'en avertis les membres immédiatement - nous, en nous transformant en
séance de travail. La séance est levée.
(Fin de la séance à 17 h 2)