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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail entreprend ce matin
l'étude de la proposition tarifaire d'Hydro-Québec pour
l'année 1988.
Organisation des travaux
Je voudrais, d'abord, souhaiter la bienvenue à la direction,
ainsi qu'aux employés d'Hydro-Québec qui sont ici et m'excuser
auprès de vous, mesdames, messieurs, pour la salle que nous avons
à notre disposition pour ces deux jours; c'est indépendant de la
volonté des membres de la commission. II semble qu'il y ait un spectacle
de télévision qui soit plus prioritaire que la
présentation d'Hydro-Québec, au salon rouge. Alors, nous serons
obligés de nous contenter de ces lieux, ce qui veut dire que j'ai
autorisé ce matin que, contrairement à la règle, les gens
puissent assister debout, à la condition expresse que cela se fasse dans
l'ordre et le silence. C'est évident qu'à cause de la nature des
lieux on ne pourra pas permettre du va-et-vient et du brouhaha qui feraient
qu'on ne s'entendrait plus dans la salle. Je demanderais un peu de
collaboration à tous ceux qui sont contraints d'assister aux travaux de
la commission debout dans la salle. Je pourrais vous suggérer de faire
une rotation si le coeur vous en dit.
Pour le reste, il y aurait également, à l'égard de
l'acceptation de l'enregistrement pour les reportages de la
télévision, une entente qui ferait que les remarques
préliminaires du ministre, ainsi que celles du critique de l'Opposition,
le député d'Ungava, et la présentation préliminaire
d'Hydro-Québec pourront être filmées et enregistrées
au niveau sonore. Par la suite, les règles de reportage seront les
mêmes, c'est-à-dire qu'il y aura possibilité
d'enregistrement de film, mais pas de son. Alors, à moins qu'il n'y ait
des questions préliminaires de la part des membres de la commission, on
va immédiatement engager nos travaux. Je sais qu'il n'y a pas de
remplacements; alors, notre secrétaire intérimaire ne pourra pas
prendre la parole ce matin.
Déclarations d'ouverture
Sans plus tarder, je vais demander au ministre de l'Énergie et
des Ressources de faire sa présentation.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Chers
collègues, membres de cette commission, mesdames et messieurs, les
travaux de cette commission parlementaire sont généralement un
événement attendu. Cependant, cette année, le plan de
développement d'Hydro-Québec prend une importance
particulière à la suite de l'annonce faite par le premier
ministre, M. Robert Bourassa, du début de la phase II de la Baie James.
C'est là un tournant marquant et j'aurai l'occasion de revenir sur cette
question.
Mais, d'abord, je voudrais rappeler qu'Hydro-Québec, qui
gère l'une de nos principales ressources naturelles, est la plus
importante société d'État du Québec. C'est un de
nos premiers leviers économiques et elle est devenue l'une des
principales sociétés canadiennes en termes d'actifs et
d'employés. Ses décisions ont des impacts à plusieurs
niveaux. Elles touchent notre sécurité énergétique,
notre développement économique, nos entreprises et l'ensemble des
familles québécoises. On comprendra donc que son action doit
être encadrée par des orientations et des décisions du
gouvernement. Cet encadrement est, d'ailleurs, prévu à la loi
constitutive d'Hydro-Québec. De plus, l'importance des mandats
confiés à Hydro-Québec nécessite qu'elle demeure
une organisation forte et efficace.
À cet égard, je m'en voudrais de ne pas souligner l'apport
précieux fourni par le président d'Hydro-Québec au cours
des dernières années. M. Coulombe, votre travail acharné,
votre maîtrise des dossiers complexes, votre sens de la direction et
votre esprit de décision ont permis à Hydro-Québec de
traverser des années difficiles. Qu'il me soit permis de rappeler le
début des années quatre-vingt, alors que la crise
économique provoquait une chute de la demande et une
détérioration de la situation financière
d'Hydro-Québec. Votre action énergique a su alors imprimer un
virage essentiel à la gestion interne de l'entreprise et au
développement de ses marchés. Je voudrais, M. Coulombe, au nom du
gouvernement (et, je crois, de toute l'Assemblée nationale) vous
remercier de votre contribution exceptionnelle au développement
d'Hydro-Québec et, conséquemment, à celui de la
collectivité québécoise.
Par ailleurs, je voudrais souligner la qualité de la
présentation du plan de développement qui nous permettra de
discuter avec clarté des principaux enjeux qui nous sont proposés
cette année. Le gouvernement aura à évaluer ce plan en
fonction d'attentes qui sont toujours élevées à l'endroit
d'Hydro-Québec. En fait, nos attentes et nos préoccupations sont
à la mesure de l'importance d'Hydro-Québec dans notre
société.
Avant de vous faire part de ces attentes et de ces préoccupations
et pour situer leur contexte, je voudrais parler de l'importance
d'Hydro-Québec. Prenons quelques instants pour regarder sa position dans
notre bilan énergétique, son support aux entreprises du
Québec, le service essentiel qu'elle offre aux consommateurs et
l'importance de la taille de cette entreprise.
En 1971, l'électricité représentait 19 % de
la consommation énergétique totale. Maintenant, elle
répond à 42 % de nos besoins en énergie. C'est une bonne
chose. En effet, grâce à ce mouvement, notre
sécurité énergétique est plus forte que jamais.
L'électricité a rejoint le pétrole comme première
source d'énergie au Québec. En 1986, l'électricité
répondait à 56 % des besoins en énergie du secteur
résidentiel, à 45 % des besoins du secteur commercial et à
57 % des besoins du secteur industriel.
Dans le seul secteur industriel, HydroQuébec fournit de
l'électricité à plus de 13 000 entreprises de toute nature
et de toute taille, réparties dans toutes les régions du
Québec. Ces entreprises comptent sur une électricité
disponible, fiable et compétitive pour assurer leurs opérations.
Elles ont, d'ailleurs, utilisé, en 1987, 42 000 000 000 de kWh
d'électricité régulière.
L'énergie, peu importe sa forme, est un facteur de production
critique pour plusieurs entreprises. Permettez-moi de rappeler que nos
industries orientées vers la transformation des ressources naturelles
sont exigeantes en termes d'énergie. Ainsi, pour chaque dollar de valeur
ajoutée dans le processus de production, jusqu'à 0, 20 $ sont
dépensés sur la facture énergétique. Or, ces
entreprises représentent 50 % de l'emploi de l'industrie
manufacturière localisée à l'extérieur de la
région de Montréal. La présence de
l'électricité contribue à une concurrence
bénéfique entre les formes d'énergie et ce, dans le
meilleur intérêt des entreprises.
Enfin, qui n'est pas abonné à Hydro-Québec? En
fait, ses services rejoignent plus de 2 900 000 abonnés à travers
un réseau de transport et de distribution qui atteint 140 000
kilomètres. Au total, en 1987, Hydro-Québec a vendu 111 000 000
000 de kWh au Québec. C'est le plus gros détenteur industriel
d'actifs du Québec, soit 32 000 000 000 $. Il fournit plus de 18 000
emplois permanents. Il est, en conséquence, le deuxième employeur
industriel.
Ce que je retiens de toutes ces statistiques, c'est que la place
d'Hydro-Québec en matière de fourniture d'énergie est plus
forte que jamais. Je constate aussi que la grande taille de cette
société influence notre vie économique et sociale. Ceci
confirme la responsabilité du gouvernement dont j'aimerais maintenant
exprimer certaines attentes et certaines préoccupations.
Le développement économique est, aujourd'hui encore, une
des principales attentes du gouvernement par rapport à l'action
d'Hydro-Québec. Ce souci de développement économique est,
d'ailleurs, la marque de commerce de notre gouvernement. Nous avons
été élus précisément dans cette perspective
et notre action doit tendre à procurer aux Québécois une
meilleure vie grâce au progrès économique. En effet,
l'impact d'Hydro-Québec sur l'économie québécoise
peut être plus ou moins important selon les orientations que le
gouvernement lui donne. À titre d'exemple, pendant les travaux de la
Baie James I, Hydro-Québec effectuait 20 % des investissements totaux au
Québec. Une fois ces travaux terminés, Hydro-Québec ne
comptait que pour 10 % de ces investissements. Cette différence
représente des milliers d'emplois et une activité
économique importante.
Il est clair qu'avec la demande interne croissante les travaux à
la Baie James auraient repris éventuellement. Cependant, avec une
politique d'exportation d'électricité, ces travaux peuvent
être et ont été devancés. C'est là le
résultat d'orientations gouvernementales qui se reflètent
aujourd'hui dans le plan de développement d'Hydro-Québec.
Les décisions du gouvernement ont donc un impact
considérable sur les activités d'Hydro-Québec et sur le
développement économique du Québec. C'est pourquoi,
dès le début de son mandat, le gouvernement a exprimé sa
conviction face aux opportunités offertes par le développement
des marchés externes. C'est dans le plan de développement
présenté en 1986 que cet objectif fut clairement
identifié. Si on s'en souvient, dans le plan de développement de
1985, il n'y avait pas de date prévue pour la mise en chantier de
barrages, quoiqu'il faut dire qu'Hydro-Québec avait Identifié les
possibilités et exprimait le voeu de faire des études sur les
exportations d'électricité. En 1986, dans le plan de
développement, le scénario de référence
prévoyait que LG 1 devait être mise en chantier en 1987-1998, LA 1
en l'an 2001 et Brisay en l'an 2002. Ce plan a été discuté
avec les gens de mon ministère et Hydro-Québec et on a
communiqué nos préoccupations à Hydro-Québec en ce
qui concernait la croissance de la demande interne, ainsi que nos
prévisions et notre préoccupation avec les exportations
d'électricité. Notre ministère a travaillé en
étroite collaboration avec HydroQuébec.
De plus, nous avons aussi insisté sur d'autres avenues de
développement économique: identifier, de nouvelles
possibilités technologiques, exploiter l'expertise technique
d'Hydro-Québec et redéfinir les programmes industriels d'une
manière plus agressive afin de favoriser davantage la création
d'emplois.
Il va de soi que ces objectifs doivent être poursuivis dans le
respect de la qualité de vie des Québécois. Ainsi, pour la
première fois, Hydro-Québec rend publics, avec son plan de
développement, une image prospective des équipements de
production et de transport devant être installés d'ici à
l'an 2004, de même qu'un document exposant la démarche de
l'entreprise aux fins de protection de l'environnement. Cet effet correspond
bien à la volonté du gouvernement d'intégrer les
dimensions environnementales et économiques des projets dans une
planification à long terme.
Bien que nous soyons satisfaits de cette initiative, il n'en demeure pas
moins qu'on souhaite toujours demeurer sur le qui-vive. On peut toujours se
demander: Qu'est-ce qu'on peut faire de plus dans un monde toujours en
évolu-
tion? Que pouvons-nous faire, par exemple, pour une politique
industrielle, pour une politique tarifaire qui suscitera la création de
nouvelles industries, l'expansion des industries existantes et la
création d'emplois? Dans cette perspective, le contexte que
créera l'accord sur le libre-échange entre le Canada et les
États-Unis ouvre la voie vers de nouveaux défis. Nos exportations
d'électricité vers les États-Unis seront
facilitées. Par ailleurs, nos entreprises seront appelées
à être plus compétitives que jamais.
Bien que de nouvelles possibilités seront offertes aux
entreprises de transformation de ressources naturelles, ces industries
demeurent énergivores. Comme elles sont principalement localisées
dans des régions périphériques, nous avons donc là
une occasion de stimuler des économies en général
fragiles. Hydro-Québec n'a-t-elle pas là un rôle à
jouer? Je pense tout particulièrement à la stratégie
d'Hydro-Québec vis-à-vis de l'énergie excédentaire
qui nous amène certaines inquiétudes. Hydro-Québec propose
d'éliminer complètement la vente d'électricité
excédentaire au Québec d'ici à l'an 1991.
Or, l'industrie des pâtes et papiers sera sérieusement
affectée par cette politique d'Hydro-Québec. De celle-ci
dépendent 225 000 emplois surtout situés en régions, ainsi
que des exportations de 4 000 000 000 $. Le prix de l'énergie est un
facteur déterminant dans le coût de production de cette industrie.
Il semble qu'elle sera obligée, selon les représentations qu'elle
nous a faites, d'effectuer des investissements majeurs pour se convertir au gaz
naturel. Est-ce dans l'intérêt du Québec et
d'Hydro-Québec d'aller dans cette direction? Est-ce que la politique de
surplus d'électricité qui nous a aidés à
développer notre secteur industriel et à attirer des
investissements au Québec doit être complètement
abandonnée? Ce sont des questions que nous allons aborder durant cette
commission parlementaire.
Du point de vue strictement corporatif, je comprends
Hydro-Québec, mais il me semble qu'il faille distinguer entre l'objectif
d'une saine gestion financière qu'on doit faire nôtre et le choix
des moyens pour y arriver. Il faut maintenir un équilibre entre, d'une
part, les actions corporatives d'Hydro-Québec qui visent à
augmenter ou à maximiser les profits et, d'autre part, les exigences du
développement économique, et ceci est l'une des
responsabilités du gouvernement.
Nos attentes vis-à-vis d'Hydro-Québec ne sont pas
limitées au développement économique. En effet, je garde
toujours à l'esprit le fait qu'Hydro-Québec fournit un bien
essentiel à la population. Il faut s'assurer que tous et chacun sur le
territoire du Québec aient un accès facile et économique
à cette forme d'énergie. C'est pourquoi je porterai une attention
particulière au cours de cette commission parlementaire à la
qualité du service qu'offre Hydro-Québec.
Enfin, je suis particulièrement sensible à l'impact sur
notre société des gestes que pose Hydro-Québec. Ces
impacts sont multiples et ils affectent toute la population. Aussi, lorsque les
décisions d'Hydro-Québec débouchent sur des enjeux de
société, le gouvernement a la responsabilité de mettre ces
enjeux et ces orientations en perspective. Ai-je besoin de rappeler, par
exemple, le problème de la sous-traitance? Au cours des deux prochains
jours, nous aurons l'occasion de revenir sur les orientations
d'Hydro-Québec et nous discuterons aussi des moyens qu'elle entend
utiliser.
Afin d'exploiter au maximum le potentiel hydroélectrique du
Québec, le gouvernement a décidé, en 1963, de créer
un monopole. De cette façon, on voulait s'assurer que tous les citoyens
du Québec aient accès au même service, au même prix.
Ceci a favorisé le développement d'une entreprise de grande
dimension pouvant réaliser des aménagements
hydroélectriques majeurs au profit des Québécois.
Cette approche s'est révélée bonne puisque
Hydro-Québec est devenue un actif remarquable. Elle a
développé de nombreux sites et dispose maintenant d'une puissance
installée de quelque 24 500 mégawatts. Sa taille et son effet
d'entraînement sur la société ne peuvent donc être
ignorés.
Cette décision politique, entérinée par une vaste
majorité de Québécois, doit toujours servir
d'éclairage aux relations d'Hydro-Québec avec le gouvernement du
Québec. Cette perspective doit demeurer la toile de fond lorsqu'il est
question du plan de développement et de toute l'orientation future
d'Hydro-Québec. Cependant, le gouvernement, en conférant un
statut de monopole à Hydro-Québec, l'a soustraite à la
concurrence et à ses effets bénéfiques sur la gestion et
sur les prix. Il importe donc au gouvernement que les moyens pris par
Hydro-Québec pour atteindre ses objectifs soient compatibles avec
l'intérêt public qui a présidé à sa
création.
L'examen des moyens consiste, entre autres, à prendre en
considération les ressources affectées à la poursuite des
objectifs, ainsi qu'à examiner les hausses tarifaires demandées.
C'est dans cet esprit que nous examinerons les questions sur la croissance des
charges d'exploitation de l'entreprise. Elles augmentent à un rythme qui
correspond à presque plus que le double du taux de l'inflation. Une
économie de 1 % sur les charges d'exploitation représente
près de 13 000 000 $, ce qui n'est pas négligeable comparé
à la hausse tarifaire proposée par Hydro-Québec. Les
hausses tarifaires demandées par Hydro-Québec ont suscité
de vives réactions. J'ai déjà indiqué à
Hydro-Québec que je veux discuter avec elle de différents
scénarios.
Cette ouverture sur la gestion d'Hydro-Québec m'amène
à aborder sa gestion financière. À ce sujet, je tiens
à dire publiquement que j'appuie, évidemment, une gestion
responsable. En ce sens, je soutiens les objectifs des gestionnaires
d'Hydro-Québec d'asseoir la société sur
une position financière saine. Hydro-Québec, je le
répète, gère des actifs de 32 000 000 000 $. Il s'agit
d'un des plus grands employeurs du secteur industriel. Sa présence
influence toute l'économie du Québec. (10 h 30)
En terminant, M. te Président, je voudrais revenir sur le
leadership qu'a su exercer le présent gouvernement à
l'égard du développement de nos ressources
hydroélectriques. En effet, ce n'est que depuis notre arrivée au
pouvoir que le plan de développement d'Hydro-Québec exprime des
objectifs chiffrés en matière d'exportation. Ils ont permis
l'annonce du début de la phase II de la Baie James, des investissements
évalués à plus de 7 500 000 000 $, la création de
40 000 emplois personnes-années au cours des prochaines années.
Je voudrais souligner que les investissements doubleront entre 1986 et
1990.
Voilà ce que peut donner un leadership gouvernemental
éclairé lorsqu'il est appuyé par une société
d'État dynamique. J'espère que nos échanges des prochains
jours nous permettront de continuer sur cette voie.
M. le Président, si vous me le permettez, je voudrais juste faire
un commentaire sur l'ordre du jour. Normalement, nous acceptons les sujets dans
l'ordre où ils sont présentés par HydroQuébec.
Mais, cette année, a la suite des représentations qui nous ont
été faites par le critique de l'Opposition, le
député d'Ungava, nous avons accepté de modifier l'ordre du
jour et d'accéder à la demande du député d'Ungava.
Au lieu de commencer avec les marchés internes et de suivre les sujets
qu'Hydro-Québec avait normalement proposés dans son plan de
développement, nous allons commencer avec le plan d'équipement,
les marchés internes, les marchés externes et procéder
demain selon l'ordre du jour tel qu'il avait été originalement
proposé. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Si je comprends bien,
d'ailleurs, dans l'ordre du jour, les questions d'environnement vont être
discutées en début d'après-midi, après la
période de questions. Cela me concerne au premier chef. À moins
qu'il n'y ait des difficultés dont je vous ferai part à ce
moment-là, ce sera comme cela. M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je vais commencer par
souhaiter la bienvenue à cette commission parlementaire aux responsables
d'Hydro-Québec, M. Coulombe, le président, qui en est fort
probablement à sa dernière commission parlementaire à
titre de président d'Hydro-Québec pour défendre les plans
d'équipement et les politiques de tarification de la
société, du moins, ce sont les rumeurs qui courent; enfin,
à toute l'équipe d'Hydro-Québec qui a fait un travail
énorme au cours des dernières années pour arriver au plan
de développement qui nous est proposé en 1988. Ce plan de
développement est d'ailleurs comme le soulignait le ministre, d'une
qualité hautement supérieure à ce qui nous a
été présenté par le passé. On n'a
qu'à regarder le plan de développement de 1985 et à faire
la comparaison avec celui de 1988 pour voir toute l'ampleur du travail
réalisé par ces plans de développement.
M. le Président, étant donné le très court
délai qui nous a été donné entre le
dépôt du plan de développement, comme tel, et la tenue de
la commission parlementaire, vous conviendrez que le gouvernement et le
ministre responsable du dossier nous ont laissé à peine le temps
de nous virer de bord et de commencer à comprendre ce qu'il y avait dans
ce volumineux document techniquement très à point, à jour.
Alors, mes remarques préliminaires sont, en fait, de véritables
remarques préliminaires. Je ne suis pas ici pour lire un texte de haute
densité intellectuelle, mais bien pour faire des remarques
préliminaires qui vont orienter l'état d'esprit dans lequel nous
allons, en tant qu'Opposition, aborder les deux jours de commission
parlementaire que nous avons la chance de commencer en ce moment.
M. le Président, il convient de situer dans son contexte
historique tout ce qui se passe au sein d'Hydro-Québec, ce qui nous
amène aujourd'hui à discuter de l'implantation ou de la
construction de nouveaux équipements de base, construction qui
était, de toute évidence, impossible dans le passé. Quoi
qu'en dise le ministre de l'Énergie et des Ressources lorsqu'il parle du
passé d'Hydro-Québec ou du passé récent et de
l'intervention de l'ancien gouvernement - parce qu'il aime bien cela le dire -
dans le dossier d'Hydro-Québec, on va voir que, dans l'évolution
historique d'Hydro-Québec depuis 1971, il est impossible pratiquement de
faire mieux que ce qui a été fait. Si, aujourd'hui, on est
capable d'arriver à développer des équipements de base,
à augmenter le potentiel de puissance énergétique ou de
production hydroélectrique au Québec, c'est parce que, justement,
il y a eu dans l'histoire d'Hydro-Québec des décisions qui ont
été prises au bon moment qui ont permis de rectifier des choses
ou, enfin, de faire les mises à jour nécessaires.
En 1983, Hydro-Québec se voyait obligée pour la
première fois par le gouvernement du Québec de déposer un
plan de développement avec un horizon sur dix ans, qui devait
établir les bases de son intervention immédiate avec une vision
sur une décennie quant aux perspectives, aux possibilités et au
potentiel. En 1983-1984, on avait au Québec, à la suite d'une
mise en chantier énorme qui a fait du bruit - c'est
considéré comme l'un des gros chantiers réalisés
sur le plan international au cours des années soixante-dix - des surplus
d'électricité énormes, une capacité de produire
hautement supérieure à la capacité de consommer.
On se souviendra qu'en commission par-
lementaire, en 1985, lors du dépôt du plan de
développement de 1985-1987 d'Hydro-Québec, les intervenants
avaient beaucoup parlé du surplus d'électricité, du
surplus d'eau derrière les barrages, dans les réservoirs
d'Hydro-Québec. On disait même qu'il y avait quelque 30 000 000
000 de kilowattheures de surplus dans les réservoirs, que c'était
vraiment de l'argent perdu et qu'il fallait faire quelque chose avec cette
électricité.
On a mis en place, entre 1983 et 1986, une politique administrative qui
visait à liquider ces surplus par le biais de ventes d'énergie
excédentaire aux réseaux voisins et, plus
particulièrement, à certains réseaux des États de
la Nouvelle-Angleterre. Tout cela nous a amenés en 1985-1986 à
une situation financière un peu plus équilibrée, à
une capacité de production et de consommation plus
équilibrée grâce à la vente de ces surplus.
Lorsqu'on parle de surplus, ce n'est pas une invention de l'Opposition.
On n'a qu'à prendre connaissance du plan de développement 1988
d'Hydro-Québec dont je me permets de citer deux ou trois paragraphes.
Entre autres, en page 3 du plan de développement dont on discute
actuellement, on peut lire: "Au début des années quatre-vingt, un
profond déséquilibre est apparu entre l'offre et la demande,
aggravé par la récession de 1981-1982. Cette dernière a
détérioré la situation financière de l'entreprise.
" C'est bien évident qu'il y a là une reconnaissance de fait du
problème. En page 52, on peut aussi lire: "... au début des
années quatre-vingt, avec l'apparition d'importants surplus
résultant de la baisse non anticipée du taux de croissance de la
demande québécoise. Cette situation prévalait d'ailleurs
dans l'ensemble des entreprises d'électricité des régions
voisines qui présentaient, elles aussi, des surplus de capacité
de production. "
Quand le ministre dit: Écoutez, pourquoi on n'a pas vendu
antérieurement de l'énergie ferme, pourquoi on n'a pas pris de
contrats de vente de puissance avec les réseaux voisins, c'est bien
clair, Hydro-Québec lui donne sa réponse tout de suite: il y
avait partout, dans tous les réseaux voisins, des surplus de
capacité de production par rapport à la consommation, qui
découlent tous du même problème, de la même crise
économique que le Québec a vécue au même titre que
l'ensemble des pays industrialisés et que nos voisins
industrialisés. Donc, il n'y a pas là matière à
s'arracher les cheveux et à essayer de chercher midi à quatorze
heures pourquoi on n'a pas vendu d'électricité ferme avant
1985-1986. C'est parce qu'il y avait des surplus partout. Cela, ce n'est pas la
chasse aux sorcières de l'Opposition, c'est Hydro-Québec qui le
dit en page 52 de son plan de développement.
De plus, en page 62, on peut aussi lire: "À cause du
ralentissement imprévu de la croissance de la demande au début
des années quatre-vingt, Hydro-Québec s'est retrouvée,
jusqu'à ces dernières années dans une situation de
déversements où des efforts supplémentaires de gestion de
la production auraient été inutiles. " Donc, il y a, encore
là, une reconnaissance de fait d'un surplus de production, surplus qui
est apparu à la suite d'un déséquilibre entre l'offre et
la demande et d'une modification, par le fait même, des prévisions
qui avaient été faites en 1971. On se souviendra que, le 30 avril
1971, au moment où le premier ministre du Québec, au petit
Colisée de Québec, annonçait le projet de la Baie James,
on misait sur une croissance du taux d'utilisation, une croissance de la
consommation d'électricité au Québec qui doublait tous les
dix ans. Cela ne s'est pas révélé exact et
déjà, en 1979, on pouvait prévoir que ce ne serait plus le
cas dans la décennie qui viendrait. Par contre, les travaux
étaient tellement avancés que cela aurait été
vraiment du gaspillage de les arrêter. Il était de bonne guerre,
à ce moment-là, pour HydroQuébec de terminer ses travaux,
quitte à avoir des surplus qui pourraient être
résorbés par la suite. En 1983, 1984, 1985, Hydro-Québec
et le gouvernement du Québec ont développé des politiques
pour résorber, justement, ces surplus.
On se retrouve donc, en 1985, avec une société
d'État qui commence à voir clair à travers tout cela et
qui a les moyens, à la suite de l'absorption d'une grande partie de ces
surplus, de pouvoir penser à l'avenir avec un sourire peut-être un
peu plus radieux que par les années antérieures. On retrouve un
plan de développement 1985 basé sur deux points essentiels.
D'abord, la mise en place d'infrastructures de pointe. On pense, à ce
moment-là, qu'il est temps de développer des infrastructures, des
équipements qui vont permettre de combler les périodes de pointe,
des équipements, si vous me permettez l'expression, M. le
Président, que l'on peut qualifier de "kick down" sur un moteur, des
équipements qui vont permettre d'augmenter rapidement la puissance et de
pouvoir, de cette façon, passer à travers les périodes de
pointe, à la suite, aussi, d'une augmentation de la demande qui a
commencé à croître rapidement à partir de 1985-1986.
On a commencé trois nouveaux chantiers dont on a parlé
antérieurement, Manic 5 PA, LG 2A et la construction de la ligne 6. Cela
date du plan de développement 1985. Mais, dans le plan de
développement 1985, on retrouvait aussi des hypothèses de travail
pour les années qui viennent. On commençait à
débroussailler l'avenir en termes d'implantation de nouveaux
équipements et en termes de recherche de nouveaux marchés; il
s'agissait de produire de nouveaux produits, d'offrir de nouvelles alternatives
hydroélectriques, d'électricité, de puissance ou
d'énergie à une clientèle qui pouvait, elle aussi,
être diversifiée.
À titre d'exemple, je lirai seulement un paragraphe de la page 34
du plan de développement 1985 où l'on disait - c'était la
dernière possibilité, finalement; on avait proposé trois
éléments dans un plan d'action avec un horizon 1994 - "Elle
pourrait, enfin, chercher à élargir son marché
d'exportation en concluant de
nouveaux contrats portant sur des ventes d'énergie garantie avec
ou sans garantie de puissance, ce qui pourrait impliquer la mise en place
d'interconnexions additionnelles et une modification du plan
d'équipement. " Donc, on avait là les prémisses de base de
ce qu'on pouvait faire maintenant qu'on avait vendu toute notre énergie
excédentaire. Et le plan de développement 1985 donne beaucoup de
chiffres là-dessus. Enfin, il commence à parler des
possibilités d'un avenir plus glorieux pour Hydro-Québec.
En 1986, Hydro-Québec continue la même démarche. Il
n'y a rien de nouveau. Ce n'est pas le changement de gouvernement en 1985-1986
qui a fait changer la vision d'Hydro-Québec, qui a modifié sa
vision des choses. Vous savez, une année est composée de 365
Jours et il faut prendre le temps de faire les choses, surtout quand on
travaille dans des dossiers aussi importants. On ne peut pas tout avoir en
même temps. Alors, à partir des prémisses qui avaient
été acceptées en 1985, au moment du débat sur le
plan de développement, en 1986, on commence à définir,
d'abord, une chronologie dans les implantations des nouveaux
équipements, mais sans arriver avec des constructions. Et, d'ailleurs,
on disait déjà en 1985: II n'y a pas de problème, on a
jusqu'en 1988 pour prendre des décisions sur tout ce qui est de
l'horizon après 1994. On disait: Là, on prend les
décisions pour nos besoins et les besoins à l'exportation,
d'après ce qu'on connaît, jusqu'en 1994 et, après cela,
après 1994, de toute façon, cela ne sert à rien de tout
mettre aujourd'hui et de se bousculer, on a jusqu'en 1988 pour prendre les
décisions qui s'imposent. En 1986, on va là-dedans. On identifie
un potentiel de l'ordre de 3500 mégawatts de vente d'énergie
ferme ou de puissance aux réseaux voisins. On retrouve cela aux pages 48
et 49 du plan de développement 1986. (10 h 45)
En 1987, on va encore un peu plus loin. Là, on définit les
échéanciers d'une façon plus précise par rapport
aux constructions possibles ou potentiellement réalisables et
économiquement les plus rentables en termes d'équipement de base.
On dit, en page 45 du plan de développement 1987, que là on
s'entend sur une base de 3500 mégawatts et je lis: "Dans des conditions
favorables, cette quantité pourrait aller jusqu'à 4500
mégawatts. " Cela, c'est pour des ventes jusqu'en l'an 2001, horizon
2001 et on dit: Après cela, dans une troisième étape, une
étape ultérieure, on aura à penser à l'après
2001 parce qu'on peut prévoir un déficit de puissance important
dans les réseaux voisins à partir de 2001, peu importe le
gouvernement qui sera en place à ce moment-là. On commence
à travailler là-dessus. On a un déficit de puissance qui
risque d'être très important à partir de 2001, mais on a
encore le temps avant de prendre des décisions. On a jusqu'au tournant
de l'année 1995 avant de prendre des décisions sur des
implantations qui pourront servir après 2001. Pourquoi se bousculer tout
de suite pour prendre des décisions qui risqueraient d'avoir des effets
négatifs parce qu'on est encore trop loin des marchés de 2001?
Prévoyons et préparons-nous pour prendre, au moment où ce
sera nécessaire, les décisions qui s'imposeront, exactement comme
on l'a fait entre 1985 et 1988.
D'où la logique implacable, inébranlable
d'Hydro-Québec d'assurer une saine gestion, d'aller de l'avant dans des
projets fermes avec des garanties sans risquer pour rien, l'argent des
Québécois dans des projets qui pourraient s'avérer,
finalement, d'immenses éléphants blancs si jamais les
prévisions à long terme ne devaient pas se réaliser. Mieux
vaut prévoir à long terme, oui, mais rapprocher l'implantation
des équipements de l'échéancier en termes de besoins ou
d'absorption du marché afin d'être certains de ne pas avoir des
équipements qui vont nous coûter une fortune et qui ne produiront
pas.
On me dit que mon temps avance passablement vite; j'aurais encore
beaucoup à dire, sur le plan de développement. On aura l'occasion
de s'en parler dans les jours qui viennent. On voit, à toutes fins
utiles, dans le plan de développement 1988, qu'on a réussi
à vendre 2400 mégawatts sur les 3500 qui étaient
prévus, déjà, en 1986, précisés en 1987. On
en a vendu 2400 pour 1988 et on prend les décisions qui s'imposent
à ce moment-là, dans un horizon ultérieur à 1994.
On est toujours fidèle à ce qu'on avait dit en 1985-1986 en
termes de plan d'équipement. Puis, les équipements
annoncés, cela fait déjà plusieurs fois qu'ils sont
annoncés; tout le monde les connaissait. On sait que c'étaient
les premiers qui étaient identifiés par Hydro-Québec comme
étant les plus réalisables à court terme et les plus
rentables économiquement au moment où l'on se parle.
Parlons rapidement de la situation financière
d'Hydro-Québec. Il y a tout un débat qui devra probablement se
faire sur la tarification, la situation financière, l'état des
marchés, pourquoi Hydro-Québec doit aller dans tel secteur
plutôt que tel autre. Vous savez, on ne parle pas beaucoup de la
situation financière d'Hydro-Québec; on s'en garde bien. On fait
facilement un plat sur la situation financière de l'État
québécois. On parle d'un déficit accumulé de 30 000
000 000 $. On parle de besoins financiers nets, de besoins d'emprunts de
l'État du Québec, de déficit de l'État
québécois de 2 000 000 000 $, 3 000 000 000 $. On ne s'entend pas
sur les chiffres, mais cela fait peur à tout le monde. Savez-vous
qu'à la lecture du plan de développement 1988,
Hydro-Québec a une dette accumulée de l'ordre de 22 000 000 000
$, pratiquement autant que la dette accumulée du Québec depuis
ses origines? Savez-vous que les besoins financiers nets d'Hydro-Québec
année par année sont à peu près les mêmes que
le déficit, sinon supérieurs au déficit annuel du
Québec, de l'ordre de 2500000000$ à 3 000 000000$? Savez-vous que
l'on emprunte 3 000 000 000 $
par année à Hydro-Québec pour l'Implantation
d'équipement totalisant en moyenne, bon an mal an, 2 000 000 000 $
à 3 000 000 000 $ et que les intérêts sur la dette
s'élèvent à 2 500 000 000 $?
Je pense qu'il s'agit là de chiffres qu'il vaudrait la peine,
à un moment donné, de soumettre à la population. Il
faudrait faire, d'ailleurs, ce que proposait dernièrement le
président d'Hydro-Québec, un véritable débat public
pour savoir vers où on s'en va au Québec dans notre bilan
énergétique total. Pourquoi continue-t-on à investir,
à coups de milliards, pour développer des équipements,
pour augmenter la dette? Ce sont des sommes qui entreront, soit, dans quelques
années, mais qu'il faut payer aujourd'hui. Il y a là tout un
débat.
La tarification est aussi très reliée à ce
débat. On aura beau amener toutes les statistiques qu'on voudra. On aura
beau dire: Les 4, 5 % ou les 4, 9 % d'augmentation qu'on vous demande cette
année, ce n'est pas avec ça qu'on va payer le service de la dette
et ce n'est pas avec ça qu'on financera les nouveaux équipements
qu'on est en train de mettre en place pour vendre de
l'électricité aux Américains. Non, ce sera une autre
tranche du budget qui servira à ça. On aura beau le dire, mais il
faudra, quand même, finalement, s'entendre sur ce qu'on veut dire.
Le taux de l'électricité augmente au Québec. On
aura à payer notre électricité toujours plus cher. Qui
doit payer pour quoi? Par exemple, est-ce qu'on va accepter que le consommateur
domestique qui n'a plus besoin, à toutes fins utiles,
d'électricité nouvelle... On le voit dans le plan de
développement d'Hydro-Québec, le taux de croissance de la
consommation domestique est de 1, 9 %, 1, 6 %, 2 % peut-être dans de
bonnes conditions et peut-être un peu moins. Si on continue à
augmenter le taux de l'électricité, le coût du
kilowattheure, probablement que des gens consommeront moins. Savez-vous que,
pour les revenus de moins de 900 $, qui est la limite de la pauvreté
selon les indices canadiens du revenu, l'électricité pour ces
ménages-là compte pour à peu près 2 % de leur
budget annuel? C'est beaucoup. Peut-être que ces gens-là ne
pourront pas aller plus loin dans la consommation d'électricité,
ils devront se priver d'électricité, ajouter des couvertures et
baisser les calorifères la nuit en hiver? C'est peut-être
ça qui se passera.
Est-ce que ces gens-là devront payer pour des équipements
qui ne leur serviront pas? Il y a là tout un débat. Il serait
possible que ies Québécois disent: Oui, on est prêt
à payer beaucoup plus cher nos kilowatts dans la mesure où il y
aura des implantations d'entreprises qui nous assureront plus d'emplois chez
nous. C'est ça qu'on veut et on est prêt à payer plus cher.
Mais ce n'est pas évident. Il peut y avoir d'autres
interprétations aussi. Il est possible que les Québécois
disent: Wo! Nous en avons assez de payer pour des infrastructures qui ne nous
servent pas, finalement. On vend de l'électricité à
l'étranger, on ne sait pas trop à quel prix, ça va
peut-être aider à bâtir des entreprises à
l'extérieur. On ne sait pas tout ça.
Il est plus que temps, je crois, au nom de l'Opposition, que l'on
réorganise, que l'on repense globalement notre bilan
énergétique québécois. Pourquoi fait-on telle
intervention, dans quelles conditions, qu'est-ce que ça nous
amènera à long terme? Il y a là tout un débat sur
lequel on aura à parler.
Enfin...
Une voix: Enfin!
Le Président (M. Charbonneau): Vous êtes à
l'étape de la conclusion!
M. Claveau: J'ai fini? C'est l'étape de la conclusion.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien.
M. Claveau: Je conclurais, M. le Président, par une
citation du Journal des débats du 18 décembre 1981
où l'actuel ministre de l'Énergie et des Ressources du
Québec, alors dans l'Opposition, disait, lorsqu'on parlait des
transferts de dividendes d'Hydro-Québec au gouvernement du
Québec, et je serai bref: "Si ie projet de loi est adopté tel
qu'il est présentement sans les amendements que nous suggérons,
il va avoir des conséquences économiques. M. le Président,
Hydro-Québec réinvestit son surplus dans des projets
hydroélectriques. Si Hydro-Québec est obligée de prendre
cet argent pour payer des dividendes au gouvernement pour éponger les
dettes du gouvernement, c'est de l'argent qui ne sera pas disponible pour faire
d'autres développements hydroélectriques. On n'a pas besoin
d'être un grand génie, un grand administrateur pour voir cette
conclusion et c'est ce que le gouvernement fait, M. le Président. Le
gouvernement freine le développement économique possible
d'Hydro-Québec. Il va freiner, il va affecter le développement
économique du Québec parce qu'Hydro-Québec est une des
principales forces motrices pour développer l'économie du
Québec. "
À ce moment-là, l'actuel ministre de l'Énergie et
des Ressources arrachait sa chemise, se scandalisait et son collègue,
l'actuel ministre délégué à la Privatisation,
disait, dans la même lancée: "C'est un moyen
détourné d'imposer de nouvelles taxes aux contribuables
québécois. " Or, pas plus tard que mercredi dernier, le premier
ministre du Québec se réjouissait à Montréal de la
possibilité qu'Hydro-Québec verse, à partir des
années 1989-1990 des dividendes garantis de 400 000 000 $ par
année au trésor public du Québec. J'attends que le
ministre de l'Énergie et des Ressources du Québec, au nom des
contribuables québécois, au nom des équilibres financiers,
du réinvestissement de l'argent nécessaire à
Hydro-Québec pour assurer sa propre survie,
fasse comme il l'a fait en 1981, qu'il se lève et qu'il
défende l'intérêt des contribuables québécois
en disant: Non, M. le Président, nous sommes contre une augmentation de
tarifs qui va se traduire par une augmentation du versement des dividendes
d'Hydro-Québec au gouvernement du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député d'Ungava.
Maintenant, tel que convenu, je vais céder la parole au
président d'Hydro-Québec, M. Coulombe.
Exposé d'Hydro-Québec M. Guy
Coulombe
M. Coulombe (Guy): Merci, M. le Président. Je serai
extrêmement bref dans mes remarques pour une raison très simple;
c'est que nous avons eu l'occasion de déposer à votre commission
un ensemble de documents qui constituent une synthèse des études
et des préoccupations d'Hydro-Québec. Je vais demander dans
quelques minutes, avec votre permission et selon l'ordre du jour qui nous a
été distribué, à Mme Bertrand, qui est
vice-présidente à la planification générale, de
donner, en quelques minutes, avec des moyens un peu plus visuels, l'essentiel
de ce plan de développement.
J'aurais juste deux ou trois remarques à faire. La
première, c'est que, dans notre esprit, le plan de développement
constitue un document essentiel des interrelations entre Hydro-Québec et
le gouvernement. Cet instrument de travail est raffiné année
après année. Nous estimons - et j'en ai la confirmation
après avoir écouté M. le ministre et M. le
député d'Ungava - que ce plan de développement s'est
toujours fait dans le cadre, contrairement peut-être à certaines
légendes, des politiques gouvernementales au moment où ces
documents sont préparés. Premièrement, ils ne sont pas
préparés en serre chaude; ils font constamment l'objet
d'interrelations avec le gouvernement et avec le ministère de
l'Énergie et des Ressources. Les perspectives présentées
dans le plan ont normalement fait l'objet d'un consensus dans leurs grandes
lignes avec le gouvernement en place et nous sommes fiers de pouvoir dire, du
moins depuis que je suis à Hydro-Québec - et je ne doute pas que
cela ait été le cas avant - que ces plans de développement
reflétaient globalement les politiques gouvernementales.
Juste deux points. D'abord, M. le ministre mentionnait tantôt
l'état de monopole d'Hydro-Québec. Je voudrais juste vous dire
que, pour 40 % de nos ventes, l'aiguillon de la concurrence, comme vous
l'appelez, se fait sentir clairement, que ce soit dans nos marchés
d'exportation et même sur le marché interne, vis-à-vis du
gaz et vis-à-vis d'autres formes d'énergie. Cet aiguillon
indispensable à Hydro-Québec s'est fait sentir et se fait de plus
en plus sentir. Je pense que c'est une excellente chose pour Hydro et pour les
consommateurs d'électricité.
Deuxième point, il y a aussi une remarque du député
d'Ungava qui a dit que j'avais demandé un débat public sur
l'aménagement de nos centrales. Je voudrais préciser exactement
ce que j'ai voulu dire dans cette perspective. Lors d'une discussion avec une
série de journalistes sur l'environnement, nous étions à
nous poser la question fondamentale: Est-ce que les Québécois
veulent vraiment développer leurs ressources hydroélectriques?
J'ai soutenu - je le soutiens encore et je continuerai à le soutenir,
même lorsque j'aurai quitté Hydro - que les
Québécois, dans l'ensemble, devraient être d'accord avec le
développement de nos ressources hydroélectriques. S'il y avait un
débat public, je pense qu'il serait intéressant de
démontrer que le développement de cette richesse naturelle, avec
l'avantage comparatif que cela représente pour les
Québécois, devrait faire l'unanimité par rapport, par
exemple, au nucléaire ou à toute autre forme actuelle
d'énergie, dans l'état actuel de la technologie. C'est dans ce
sens-là que j'ai dit que n'importe que! débat public en ce qui
concerne Hydro serait le bienvenu, parce que nous sommes persuadés que
les Québécois comprendraient cette perspective de
développement de nos richesses naturelles dans le cadre des avantages
comparatifs.
Je ne voudrais pas parler plus longtemps et je voudrais laisser la
parole à d'autres. Un dernier mot pour remercier le ministre.
Évidemment, c'est effectivement ma dernière commission
parlementaire. Durant les dix dernières années, comme
président de la SGF et comme président d'Hydro, j'ai eu
l'occasion de venir quinze ou seize fois en commission parlementaire. C'est un
exercice dont j'ai toujours apprécié la tenue et la
vivacité des échanges. Cela a permis à HydroQuébec
de présenter ses documents et de faire valoir ses points de vue. Je
pense que cela a toujours été des exercices démocratiques
absolument essentiels et importants, en plus d'être intéressants
et vivants la plupart du temps. Mon départ est simplement un
épisode dans l'histoire d'Hydro parce que je pense qu'il y a là
une équipe assez remarquable en termes de compétence
professionnelle. (11 heures)
Je voudrais en profiter pour vous présenter quelques personnes.
Malheureusement, plusieurs sont en arrière. J'aurai l'occasion de vous
les présenter au fur et à mesure du déroulement de l'ordre
du jour. Pour ce matin, je voudrais présenter Mme Bertrand qui est la
vice-présidente à la planification générale,
à ma droite, M. Benoît Michel, vice-président
exécutif à l'équipement et M. Claude Boivin,
vice-président exécutif à l'exploitation.
Avec votre permission, je voudrais peut-être demander à Mme
Bertrand de résumer le plus rapidement possible les articulations
essentielles
du plan de développement.
Le Président (M. Charbonneau): Madame. Mme Lucie
Bertrand
Mme Bertrand (Lucie): On va faire une présentation assez
brève, mais on va quand même en une vingtaine d'images essayer de
résumer les éléments importants du plan de
développement cette année. C'est un plan de consolidation par
rapport à celui de l'an passé. Donc, on va passer assez vite sur
les concepts déjà bien connus.
D'abord, la période 1988-1994 qui s'annonce est un retour
à l'équilibre. La partie au développement de
marchés est une période de raffermissement des ventes. On va
aussi voir que c'est une période où l'intensification des
investissements se fait sentir de façon importante. Un bref coup d'oeil
du côté de la technologie et des ressources humaines pour ensuite
déboucher sur l'aspect financier et voir dans quelle mesure ces
orientations répondent aux attentes des partenaires.
Donc, un retour à l'équilibre - la prochaine, s'il vous
plaît. On en a déjà discuté dans les
précédents plans. On a mis en place au début des
années quatre-vingt, lorsqu'est apparu un déséquilibre
entre l'offre et la demande, des stratégies de redressement des
activités: reporter la construction des installations de production,
faire des efforts de commercialisation très dynamiques, d'autre part,
les charges d'exploitation ont été comprimées autant sur
le nombre d'employés que sur l'avance de rémunération et,
finalement, les hausses tarifaires ont malgré tout respecté
l'évolution de l'inflation pendant cette période. Donc, c'est la
situation financière de ces critères financiers qui a dû
écoper un peu en termes de rentabilité.
Si on regarde justement les efforts de vente, on a dit qu'au
début des années quatre-vingt on avait un
déséquilibre. Ce qui est en vert foncé, donc, sur le
dessus complètement des boîtes, ce sont les déversements
qu'on n'a pas pu éviter en termes de déséquilibre
offre-demande. Par contre, en bleu, c'est l'impact des rabais tarifaires. En
bleu plus foncé, c'est l'impact du programme de chaudières
industrielles. Et en rose en haut, c'est l'impact des exportations
additionnelles.
Si on prend 1987 comme exemple, ce sont 700 000 000 $ de revenus
supplémentaires que les efforts de commercialisation ont permis de
réaliser. Et, en termes de kilowattheures vendus, c'est 26 % des ventes
de 1987 qui résultent de ces efforts de commercialisation agressive.
Si on veut regarder ce qui se passe pour la période 1988-1994, le
déséquilibre est en voie de disparaître. Il ne reste que 67
térawattheures de surplus à disposer sur nos marchés
d'excédentaire. Pendant la même période, on remplira
à nouveau nos réservoirs pour une quantité de 30
térawattheures. Dès 1994, on aura retrouvé un
équilibre entre l'offre et la demande et ceci, grâce, d'une part,
aux stratégies de redressement des dernières années, mais
aussi aux stratégies de développement des marchés à
long terme.
À titre d'exemple, 1994 représente l'équilibre dans
la mesure où nos stratégies de développement de
marchés de 3500 mégawatts se concrétisent. Si on n'avait
pas fait ces stratégies, l'équilibre ne serait rencontré
qu'en 1997, soit trois ans plus tard.
Dans le plan de l'an passé les surplus anticipés pour la
même période étaient de 129 térawattheures. Dans le
plan actuel, ce n'est que de 67 îérawattheures dont on parle.
Pourquoi cette diminution? D'une part, c'est l'augmentation des besoins au
Québec pour 30 térawattheures qui sont le succès du
programme biéner-gie, entre autres, au niveau industriel, institutionnel
et commercial. D'autre part, les ventes d'exportation régulières,
entre autres sur le marché du Nouveau-Brunswick, conclues cette
année et, en plus, situation spéciale de l'année 1987,
l'hydraulicité a été plus faible que prévu. Donc,
on a dû piger dans nos réservoirs. Ce sont donc des surplus qui ne
seront pas disponibles pour vente sur nos marchés.
Sur le plan niveau financier aussi on voit réapparaître une
période un peu plus saine. Pour la période 1984-1987, on a un
taux de rendement moyen de 4, 8 %. La période 1988-1990, on part en 1987
avec un taux de rendement de 7 % et on pense en 1990 atteindre un taux de
rendement de 10 %. Ce qui veut dire pour cette période, 1988-1990, un
taux de rendement moyen de 8, 5 %. Ce qu'on vise à plus long terme,
c'est d'atteindre à nouveau un taux de rendement d'environ 14 % qui
correspond à la moyenne de la période 1966-1983.
Concernant le développement des marchés, au niveau
interne, la prévision de vente d'électricité au
Québec - la courbe rouge, celle de la croissance des ventes selon le
plan 1988-1990, et la courbe verte, selon le plan 1987-1989 - on a près
de cinq térawattheures de plus par année de vente
anticipée. Ceci grâce au succès du programme
biénergie. Maintenant, l'horizon 2006, c'est une prévision qui
est cohérente avec la prévision de l'an passé, soit 176
térawattheures. Maintenant, dans cette courbe, on aperçoit qu'on
confirme l'hypothèse de l'an passé de l'abandon ou de la fin du
programme des chaudières au terme des contrats en 1988.
Ceci pourquoi? D'une part, on a vu tout à l'heure qu'il y avait
une diminution importante des surplus disponibles. Ces surplus, on peut les
acheminer sur des marchés plus rentables. En bleu, c'est la plus petite
des boîtes, c'est l'image en dollars par mégawattheure des prix de
différents produits qu'on a à vendre sur les marchés
d'exportation et sur les marchés au Québec. La plus petite
boîte, c'est 0, 01 $ le kilowattheure ou 10 $ le mégawattheure,
c'est le prix qu'on a des ventes excédentaires au Québec, le
programme des chaudières. Maintenant, on
appelait cela l'électricité excédentaire, mais, en
fait, c'était de l'énergie garantie pour les clients de 8760
heures par année.
Comparativement à ce produit, les boîtes rouges, on a, par
exemple, la première boîte à gauche, l'énergie
régulière sur les marchés américains qu'on arrive
à vendre à des prix trois fois plus élevés, soit
à 32 $ le mégawattheure. L'énergie excédentaire sur
les marchés américains, c'est un produit spot qu'on
négocie d'heure en heure; on arrive à avoir un prix qui est le
double de ce qu'on a pour les chaudières au Québec. Les clients
des pâtes et papiers, par exemple, dont on parlait tout à l'heure,
sont aussi des clients d'énergie régulière pour ce qui est
de la force motrice et de leurs procédés et ces clients pour
l'énergie régulière paient le tarif L, soit en 1987 un
prix d'environ 0, 027 $ le kilowattheure.
Pour ce qui est du développement des marchés des quinze
prochaines années, c'est intéressant de le comparer au
développement des quinze dernières années. En vert, c'est
la croissance du secteur industriel, en bleu pâle, le secteur
général, et en bleu plus foncé, le secteur domestique.
Dans les quinze dernières années, c'est le secteur domestique qui
a été le moteur de croissance des ventes au Québec. Ceci
est particulièrement dû à une substitution massive: le
chauffage électrique remplaçait le chauffage au mazout.
Maintenant, on est déjà rendu à 65 % de part de
marché dans le secteur domestique concernant le chauffage, donc, dans
les années qui viennent, les possibilités de substitution sont
vraiment réduites.
La croissance dans les quinze prochaines années, ce sera
simplement les nouveaux marchés. On prévoit, d'ici l'an 2006, 700
000 nouveaux ménages au Québec. C'est 95 % qui choisissent
l'électricité dans les nouveaux ménages. Donc, c'est ce
qui expliquera ia croissance des marchés au niveau résidentiel.
Pour la période 1986-2001, le moteur ce sera le secteur industriel, 57 %
de la croissance proviendra du secteur industriel, autant les secteurs
fonte-affinage, pâtes et papiers que l'ensemble des autres industries au
Québec.
Le taux de croissance moyen est de 2, 7 %. Cependant, ce taux de
croissance est beaucoup plus accéléré pour la
première période, soit la période 1987-1991, le taux moyen
de croissance de nos ventes est d'environ 4 % alors qu'il s'en va en
décroissant en suivant, finalement, l'évolution attendue de la
croissance démographique. Ce scénario cible de la croissance de
la demande, évidemment, on l'encadre d'un scénario fort et d'un
scénario faible pour pouvoir analyser les stratégies de
développement sous l'angle de choc possible à la suite d'une
évolution différente de l'évolution des ventes. Le
scénario fort qui serait un taux de croissance moyen sur la
période de 3, 3 % correspond à une croissance économique
très forte et à une croissance démographique
également très soutenue. À l'inverse, le scénario
faible correspond à un scénario démographique et de
croissance économique plus faible.
L'image, ici, qui essaie d'illustrer l'importance des charges hors
pointe qui ont été développées dans les
dernières années pour la gestion du parc d'équipement
d'Hydro-Québec à l'horizon 2006, c'est près de 3500
mégawatts de charges biénergie qu'on devrait avoir sur les
réseaux et ces charges devraient déjà être à
leur apogée dès !e début des années
quatre-vingt-dix. Or, 3500 mégawatts de charges qui s'effacent dans les
grands moments de pointe, lors des grands froids, c'est un peu plus de 10 % des
besoins du Québec.
En plus des programmes biénergie, on a aussi la puissance
interruptible chez les grands clients industriels qui, présentement,
correspond à 500 mégawatts de charges qu'on peut interrompre dans
les moments de grands froids et qui devrait, d'ici 1995, atteindre 2000
mégawatts.
Un rappel des objectifs de développement de marchés
externes qui étaient déjà présentés dans le
plan de l'année dernière et surtout de ce qui a été
fait en matière de réalisation, à savoir comment ces
stratégies se sont concrétisées. Au niveau de l'objectif
1, tirer le maximum des surplus existants, ce sont des stratégies mises
en place dans les dernières années et qui se poursuivent. Entre
autres, cette année, l'entente avec ie Nouveau-Brunswick pour des
livraisons d'ici 1992 et 1994 et le permis obtenu pour les livraisons de NEPOOL
devant l'Office national de l'énergie. Au niveau de l'objectif 2 qui
était de vendre de la puissance et de l'énergie garanties,
l'objectif de 3500 mégawatts - on en a parié un peu plus
tôt - 70 % de l'objectif sous forme d'ententes ou de contrats dont 900
mégawatts avec le Maine, 500 mégawatts avec Vermont Joint Owners
et 1000 mégawatts avec NYPA.
Pour ce qui est de l'objectif 3, c'est un objectif similaire à
l'objectif 2, c'est-à-dire la puissance et l'énergie garanties,
mais certains éléments se distinguent. Entre autres, les horizons
de décision autant pour les acheteurs que pour les équipements
qu'on aurait à mettre en service pour alimenter les charges
supplémentaires à 3500 mégawatts dépassent
l'horizon de décision. D'autre part, on se rappelle que, si on avait
dépassé 3500, les interconnexions supplémentaires seraient
sûrement nécessaires. Des hypothèses novatrices de
financement devraient aussi être mises de l'avant.
Qu'en est-il des déficits du côté des réseaux
voisins? Selon leur plan de développement publié en 1987, c'est
près de 18 000 mégawatts de déficit qu'ils
prévoient avoir à l'horizon 2001. Une première
quantité du déficit devrait être comblée par les
programmes de gestion de la consommation. Donc, près de 7000
mégawatts, ce qui est en vert, devraient venir des programmes de gestion
de la consommation dans leurs réseaux à eux. Pour ce qui est en
bleu, ils présentent dans leur plan de développe-
ment deux types d'équipements, des projets non engagés de
la part des producteurs indépendants et des projets non engagés
dont la construction n'est pas encore commencée par les services publics
eux-mêmes. La quantité totale de ces deux blocs représente
8000 mégawatts. Au-delà de cela, en rose, c'est une
quantité de déficits pour lesquels ils n'ont pas identifié
d'équipements pour les satisfaire et cette quantité est de 2700
mégawatts.
Quand on parle de potentiel de remplacement d'équipements dans
les réseaux voisins, ce que nous pensons atteignable, ce sont les
projets non engagés plus le déficit pour lequel il n'y a pas
d'équipements identifiés et on vise là-dessus 3500
mégawatts comme étant un objectif de vente. (11 h 15)
Si on parle de la rentabilité de ces contrats de puissance et
d'énergie garanties, on met en comparaison ici le prix obtenu sur les
contrats de vente au Maine, au Vermont et avec NYPA en comparaison du tarif L
qui est le tarif pour les grandes entreprises au Québec. Si on regarde
au début de 1992, le prix obtenu sur les ventes d'exportation est de
l'ordre de 0, 08 $ en dollars canadiens et, comparativement, le prix pour les
clients au tarif L, si on suppose que les prix augmenteraient à
l'inflation, serait de l'ordre de 0, 037 $. Sur toute la période,
l'écart reste très important.
Si on jette un coup d'oeil aux investissements, le plan 1988-1990 par
rapport au plan 1987-1989 réaffirme les mêmes orientations.
J'attire votre attention, cependant, sur le complexe La Grande phase II, la
centrale Laforge 1 serait devancée de deux ans et le succès du
programme biénergie nous demande de mettre en service un peu plus
tôt cet équipement pour satisfaire à la fois et les besoins
du Québec et les besoins d'exportation.
Pour ce qui est de la Côte-Nord, le complexe Manic,
c'est-à-dire l'amélioration des roues de Manic 5, Manic 3 en
1995, les suréquipements de Manie 3, Manie 2, Manie 1, pour l'instant
ont été reportés d'un an ou deux parce que, justement, le
succès du programme biénergie nous permet de repousser un peu
plus loin les projets de pointe.
Pour ce qui est du projet Sainte-Marguerite sur la Côte-Nord, il
est inchangé, en 1998.
Les équipements de transport associé pour les 10 000
mégawatts qu'on doit mettre en service d'ici 2006, une première
ligne de transport serait requise pour acheminer l'énergie provenant de
La Grande phase II. La suivante serait requise sur la Côte-Nord pour
acheminer l'énergie provenant de la rivière Sainte-Marguerite.
Par la suite, c'est le développement du complexe Grande Baleine qui
nécessitera une troisième ligne et le début de
l'aménagement NBR vers l'année 2004 nécessiterait une
quatrième ligne.
Pour ce qui est du devancement des équi- pements par rapport
à l'exportation, la ligne rouge représente l'évolution des
besoins pour le Québec et la courbe blanche au-dessus représente
l'impact des exportations sur la demande d'électricité. On verra
ce qui en est au tableau suivant sur les dates de mise en service, dans un
scénario où on n'aurait pas eu de ventes d'exportation de 3500
versus le scénario cible présenté dans le plan de
développement avec 3500 mégawatts d'exportation. Par exemple, les
projets de La Grande I auraient été réalisés trois
ans plus tard s'il n'y avait pas eu ce développement des marchés
d'exportation, et plus on va loin dans les projets, par exemple le projet
Grande Baleine, c'est un devancement de huit ans qui est requis pour satisfaire
à notre objectif d'exportation de 3500 mégawatts.
Les investissements du scénario cible, c'est 39 000 000 000 $ sur
la période de dix ans, 1988-1997, dont près de 28 000 000 000 $
pour les équipements de production et transport associé. C'est
une intensification des investissements aussi pour les trois premières
années comparativement aux trois dernières, on est à une
moyenne de 2 500 000 000 $ par année, soit 7 500 000 000 $ pour les
trois premières années.
En comparaison des dernières années, c'est la partie en
rouge qui représente les investissements en production qui reprennent de
l'intensité dans les trois prochaines années ainsi que la partie
du transport associé, celle qui est en vert, alors que les
investissements en distribution restent du même ordre de grandeur que
pour les dernières années.
Sur le plan de la technologie et des ressources humaines, l'accent est
mis sur la productivité. Les orientations principales de la RDD, c'est,
premièrement, mettre tous les efforts pour chercher des solutions
à la réduction des coûts de fourniture
d'électricité. C'est aussi s'attaquer aux problèmes
technologiques reliés aux exportations, se soucier de plus en plus de la
qualité du service, de la santé et de la sécurité
au travail et de l'environnement dans lequel on vit, c'est mettre l'accent sur
la mise au point et la diffusion des électrotechnologies pour le secteur
industriel, se préoccuper davantage de l'exploitation commerciale de nos
innovations technologiques et susciter le plus possible l'innovation et la
participation du personnel.
Quant aux orientations en ressources humaines, l'enjeu des prochaines
années, c'est la productivité, tant dans l'allocation des
ressources où on doit chercher une plus grande souplesse et aussi avoir
un peu plus d'innovation dans la façon de faire les choses. D'autre
part, on poursuivra les efforts de rattrapage de la rémunération
globale et on mettra l'accent sur la formation de notre personnel tant sur le
plan technique que sur le plan de la sécurité au travail.
L'aspect financier. Un bref coup d'oeil sur le cadre financier
présenté au plan de développement. En 1987, ce sont 508
000 000 $ de
bénéfice net qui couronnent l'année, soit 10 % de
marge bénéficiaire par rapport au produit
généré en 1987 qui était de 5 095 000 000 $. Pour
la période 1988, 1989, 1990, ce bénéfice net ira en
croissant pour atteindre, si les hypothèses sous-jacentes se
réalisent, 847 000 000 $ en 1990, soit un ratio de 14 % sur les revenus
attendus cette année-là qui devraient atteindre 6 056 000 000 $.
Maintenant, ce cadre financier est soumis, comme n'importe quelle année,
à des éléments qui sont hors de notre contrôle, si
on pense, par exemple, aux prévisions du prix du baril de
pétrole. Dans le scénario d'hypothèse de base, on avait
pensé que le pétrole pourrait être à 18 $ le baril
en moyenne en 1988. Maintenant, ce matin, il était à 14 $, 14, 50
$, donc, bien en bas de notre hypothèse de départ. On se rappelle
que, pour chaque dollar de variation dans le prix du baril de pétrole,
ce sont 22 000 000 de delta sur le bénéfice net. À
l'inverse, si on regarde le taux de change du dollar américain, la
prévision du cadre financier 1988 a été faite sur une
hypothèse d'une valeur de 0, 76 $ en moyenne pour l'année. Chaque
variation d'un cent représente une amélioration ou une
détérioration du bénéfice net de l'ordre de 10 000
000 $.
La hausse tarifaire proposée dans le mémoire est, en
moyenne, de 4, 2 % applicable au 1er mai et elle est
différenciée. C'est-à-dire qu'on demande une augmentation
légèrement supérieure à la moyenne aux clients du
domestique pour permettre aux clients de petite et moyenne puissance, donc
petites et moyennes entreprises, aux tarifs G et M, d'avoir une hausse
légèrement inférieure afin de commencer à
réduire l'inter-financement entre les catégories de clients.
Qu'est-ce qui en est de l'interfinancement? La prochaine image nous
situe l'hypothèse d'interfinancement en 1987. Ce que les clients,
grandes entreprises, au tarif L, nous payent comme électricité
versus ce qu'il nous en coûte, est à peu près en
équilibre. Par contre, les clients, petites et moyennes entreprises aux
tarifs G et M, payent beaucoup plus que ce qu'il nous en coûte alors
qu'en ce qui concerne les clients résidentiels c'est l'inverse. Donc,
c'est à cette hypothèse de réduction de l'interfinancement
qu'on propose une première réduction de l'interfinancement dans
la hausse de 1988.
Finalement, bien que cela ait été assez bref comme survol,
je crois que ce plan de développement permet de faire l'arbitrage entre
les attentes des différents partenaires, que ce soient les clients,
l'actionnaire ou les bailleurs de fonds et, permet donc, de rencontrer
l'orientation fondamentale d'Hydro-Québec, optimiser l'avantage
comparatif que constitue l'hydroélectricité pour le Québec
et ce, en collaboration avec son personnel, ses fournisseurs et sous-traitants.
Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va, madame? Alors,
merci pour cette présentation.
Période de questions
Je crois qu'à partir de maintenant nous allons engager la
discussion sur le plan d'équipement proprement dit. Si le ministre veut
commencer. M. le ministre.
Plan d'équipement
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je veux remercier Mme
Bertrand et l'équipe d'Hydro-Québec et les féliciter pour
la clarté et la qualité de leur présentation et de leur
plan de développement.
L'exploitation et le développement des installations permettent
notamment de satisfaire le besoin en électricité du Québec
et, de plus, ils constituent un puissant levier économique en raison des
importantes activités d'investissement et d'emploi qu'ils
génèrent. Et, à cette fin, je crois que la volonté
du gouvernement d'exporter notre électricité et la planification
d'Hydro-Québec viennent renforcer notre croissance économique
future. En effet, elle permet de devancer la mise en valeur de nos ressources
hydroélectriques et je crois que c'est assez évident par la
présentation que vous avez faite des différents graphiques qui
démontrent l'augmentation de la part des marchés internes, de la
part du secteur industriel et de la part, aussi, du secteur d'exportation. Pour
les dix prochaines années, la réalisation du plan
d'équipement cible d'Hydro-Québec nécessitera des
investissements de l'ordre de 39 000 000 000 $, selon votre plan de
développement. Cette masse d'investissements entraînera plusieurs
retombées économiques pour le Québec. Afin de permettre
aux membres de la commission d'apprécier l'importance des
investissements prévus, pouvez-vous, M. Coulombe ou Mme Bertrand,
décrire brièvement les retombées économiques qu'ils
entraînent pour le Québec?
ML Coulombe: Je voudrais en profiter pour présenter M.
André Mercier, vice-président à la planification des
équipements. Je demanderais à M. Benoît Michel de
répondre à la question.
Retombées économiques des
investissements
M. Michel (Benoît): Concernant les équipements de
production au transport, les investissements vont être de l'ordre de 29
000 000 000 $ au cours de la prochaine décennie. Cela se traduit par des
emplois directs et indirects très significatifs. Quand on fait le
décompte des emplois directs et des personnes-années de travail
qui vont être créés, on arrive au total de 125 000
personnes-années pour la réalisation des équipements de
production au transport pour les dix prochaines années.
Évidemment, il y a un facteur multiplicateur qui s'ajoute à cela
et les emplois indirects, quant à eux, se chiffrent à 140 000
personnes-années de travail, pour un total de 265 000
personnes-années. Le devance-
ment des équipements pour les contrats d'exportation est
responsable de ces 265 000 personnes-années et d'environ 117 000
personnes-années de travail; elles résultent directement du
devancement de nos équipements.
M. Ciaccia: Pouvez-vous nous dire quelles seraient les
retombées pour les différentes régions? Est-ce possible
d'évaluer pour les régions du Québec les retombées
des investissements ou des emplois? Est-ce que, dans vos travaux, vous avez
pu...
M. Michel: Dans les très grandes lignes, oui. Les
centrales dont on parle pour la prochaine décennie se situent, d'une
part, dans le territoire de la Baie James, donc, des retombées
significatives pour le Nord-Ouest du Québec. D'autre part, il y a des
travaux importants qui vont être effectués au cours de la
même décennie dans la région de Manicouagan. On a
mentionné tout à l'heure des changements de roue à Manic 5
et à Manic 3. On a mentionné aussi des équipements
additionnels à Manic 3, Manic 2 et Manic 1, des centrales de pointe
qu'on va ajouter, de la même façon qu'on est en train de
compléter le projet Manie 5 puissance additionnelle. On va aussi
amorcer, au cours de cette décennie, les travaux de la centrale
Ashuapmushuan qui est au Saguenay. Bref, c'est une répartition qui n'est
pas complètement uniforme, mais qui tend à toucher l'ensemble des
territoires du Québec. Quant aux lignes, les axes de production
étant du nord-ouest vers le sud et de la Côte-Nord vers le sud,
cela va de soi que les retombées économiques de ces lignes vont
toucher l'ensemble de ces régions.
Au plan de la fabrication, dans un premier temps, si on regarde les
projets LG 1, LA 1 et Brisay, qui sont les trois premiers projets qu'on va
réaliser, à titre d'exemple les turboalternateurs, c'est 20
turboalternateurs qu'on va devoir fabriquer au Québec. Bref, cela aura
des retombées dans l'industrie électrique, dans l'industrie de
fabrication et des retombées en main-d'oeuvre de construction un peu
partout au Québec.
M. Ciaccia: Dans le passé, certaines régions se
sont plaintes, du fait qu'il y avait des travaux, qu'elles n'en
bénéficiaient peut-être pas pleinement ou autant qu'elles
l'auraient espéré. Est-ce qu'il y a possibilité ou y
a-t-il des mesures qu'Hydro-Québec pourrait prendre pour s'assurer que
les régions reçoivent leur part adéquate des emplois et
des travaux qui pourraient être effectués à la Baie James?
(11 h 30)
M. Coulombe: La première préoccupation
d'Hydro-Québec est de fonctionner en regard des lois existantes: par
exemple, le décret de la construction et tout le règlement qui
régit le placement dans l'industrie de la construction. On s'y soumet,
les entrepreneurs à qui nous donnons des contrats par soumissions
publiques s'y soumettent, etc.
Quant à ce qui concerne l'usinage, on parle des turbines, on sait
qu'au Québec il y a trois turbiniers, tous situés dans la grande
région métropolitaine de Montréal. Il y a plusieurs usines
qui fabriquent des équipements pour Hydro-Québec qui sont
situées en dehors de la région métropolitaine de
Montréal, mais c'est surtout là que c'est concentré.
La position d'Hydro-Québec là-dessus, c'est que, si le
gouvernement ou n'importe quel organisme régional veut s'asseoir avec
nous pour élaborer des méthodes qui permettraient une plus grande
participation régionale à certains types d'investissements, non
seulement nous n'avons aucune objection, mais on a déjà
commencé à le faire dans la région de l'Abitibi en ce qui
concerne les travaux de La Grande. S'il s'agit d'une préoccupation
réelle qui doit être mise en oeuvre, Hydro-Québec est
prête à participer à toute forme de collaboration
là-dessus.
M. Ciaccia: Justement, vous avez mentionné les travaux que
vous aviez faits à Hydro-Québec pour informer la population de la
région de l'Abitibi. Est-ce possible d'avoir ce genre d'information par
un comité ou un groupe de travail à Hydro-Québec pour
évaluer, premièrement, ce qu'une région peut offrir et
informer exactement de ce qu'ils peuvent faire pour bénéficier
des travaux qui seront en cours?
M. Coulombe: En fait, notre stratégie - ce n'est pas
toujours facile parce que c'est tellement bousculé - c'est via nos
régions. Vous savez qu'à Hydro-Québec on a dix
régions. Je pense que M. Boivin, qui est le vice-président
exécutif à l'exploitation, pourra en parler tantôt: une de
nos intentions a toujours été, justement, non seulement de
susciter chez ces vice-présidents régionaux le désir
d'informer les populations régionales, mais de les faire passer à
l'action. On n'a pas que les équipements de production et de transport
auxquels M. Michel vient de faire allusion; on a quand même les
équipements de distribution qui représentent, pour les dix
prochaines années, à peu près 6 000 000 000 $ ou 7 000 000
000 $. Ce type d'équipements est beaucoup plus dispersé au
Québec. Par exemple, les grands barrages, tout le monde sait où
ils sont, mais les investissements dans la distribution c'est vraiment chacun
des villages, chacune des villes et presque chacune des rues du Québec
qui en profitent, etc.
Donc, notre volonté, c'est, via nos régions, d'informer la
population, les députés, les maires, les instances locales des
investissements qui sont faits. Évidemment, c'est délicat parce
que ce sont souvent des plans pour l'avenir. Ce n'est pas toujours facile. On
prévoit pour dix ans. Dans cinq ans et demi, est-ce que ce sera tel ou
tel projet? C'est très difficile à manipuler lorsque c'est
réduit à une place précise, mais on
s'efforce de faire ça et c'est une tâche très
considérable parce qu'informer chacun des éléments de la
population de tout ce que ça peut impliquer est extrêmement
complexe. On s'efforce de raffiner ça chaque année et c'est un de
nos objectifs d'avoir un système de communications avec les populations
régionales et locales pour mieux les informer de ça.
M. Ciaccia: Ce serait possible pour les travaux que vous avez
annoncés, de 7 500 000 000 $...
M. Coulombe: Par exemple, ce que M. Bourassa a annoncé
cette semaine, LG 1, LA 1 et Brisay, c'est beaucoup plus clair parce que
ça représente 7 500 000 000 $ sur 38 000 000 000 $. Pour les
autres 30 000 000 000 $, c'est une dispersion extrêmement
généralisée, mais qu'on peut reprendre par blocs. On a
mentionné les lignes de transport, c'est assez clair: on a
mentionné la fabrication, c'est assez clair et on peut donner cette
information.
M. Ciaccia: Vous pouvez informer, par exemple, les chambres de
commerce, les associations, les groupements qui ont un intérêt
dans les travaux qui pourraient être faits.
M. Coulombe: C'est exact. D'ailleurs, on me mentionne que le
vice-président de l'Abitibi qui était à la chambre de
commerce samedi dernier pour expliquer justement...
M. Ciaccia: Et vous pouvez faire ça d'une façon
structurée afin que toutes ces régions aient toute l'information
possible.
M. Coulombe: On n'a aucune objection à ça. M.
Ciaccia: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. M. le président
d'Hydro-Québec, je vais reprendre, si vous le permettez, quelques-uns
des thèmes qui ont été abordés par le ministre au
début de son questionnement et on pourrait essayer de tirer un autre
éclairage ou une nouvelle vision de l'ensemble de la
problématique, entre autres, du plan d'équipement.
Devancement des travaux et emplois
créés
On parle du devancement des travaux. En réalité, par
rapport au plan de développement et, à moins que je ne m'abuse,
par rapport à ce qu'on avait comme chiffres à partir de
1985-1986, j'aurais plutôt tendance à dire qu'on a joué
avec les chiffres et les échéanciers. On a changé de place
certains projets. Il y en avait qu'on retrouvait en 1986 dans un meilleur rang
chrono- logique qu'en 1988-1989. Par contre, d'autres ont été
devancés. On a plus ou moins joué avec le damier pour finir par
s'ajuster en fonction de ce qu'on disait en 1986, pour prendre des
décisions en 1988 qui permettront de dépasser l'horizon 1994. Si
je me réfère, entre autres, si vous le permettez, aux chiffres
qu'on a dans le scénario cible d'équipement qui est
présenté, on parle beaucoup de devancement, mais je remarque,
entre autres, qu'entre le plan de développement 1987-1989 et celui de
1988-1990, il y a eu un recul ou un renvoi dans le temps du
développement de Manic 3 PA, Manic 2 PA et Manic 1 PA. Est-ce que le
renvoi dans le temps de ces trois projets fait aussi partie du bilan des
emplois en surplus, des 117 000 personnes-années dont vous avez
parlé qui font partie de la masse de gens qui viennent parce qu'il y a
eu des devancements?
M. Coulombe: Deux points. Lorsque vous affirmez que l'on joue
avec les projets, ainsi de suite, je voudrais vous rassurer. C'est loin
d'être un jeu. Il faudra peut-être demander à M. Mercier,
qui est vice-président à la planification, quelles tortures son
équipe et lui rencontrent pour situer les projets les uns par rapport
aux autres. Le critère de choix des projets est strictement un
critère économique; ce n'est pas un critère en fonction de
la création d'emplois ou ainsi de suite; c'est le coût du projet.
Or, lorsque les études et les avant-projets se raffinent, souvent les
coûts se précisent et ils permettent au projet X de passer avant
le projet Y et, l'année suivante, au projet Y de retourner un peu plus
loin. Donc, c'est la méthodologie générale.
Deuxièmement, quant au report des roues de Manic 3, 2 et 1, on
vous a expliqué tantôt que !e report de cet équipement de
pointe était dû au succès de notre programme de
biénergie, ce qui nous permet, avec le devancement des centrales de
base, de faire face à la situation telle qu'on la perçoit en
fonction du succès de nos programmes de vente.
Troisièmement, les chiffres qui ont été
donnés tantôt comprennent, évidemment, le report de ces
projets.
M. Claveau: M. le Président, quand je dis: Vous jouez avec
le meccano, je pense qu'il faut l'entendre dans un sens péjoratif. On
remarque, par exemple, en 1986, il y a des équipements qui devaient
être plus proches dans le temps et on les retrouve plus loin. C'est ce
que vous nous avez dit, d'ailleurs. Je pense qu'on dit la même chose. Le
terme "jouer" n'était peut-être pas adapté aux milliards
dont il est question là-dedans. C'est plutôt de l'imagerie
populaire et vous devez le comprendre comme cela.
Puisqu'on aborde la question des emplois créés, je pense
qu'on entre dans le vif du sujet concernant toute la question des
équipements de pointe et les annonces faites la semaine
dernière.
J'aimerais bien qu'on précise un certain nombre de choses
à ce sujet. D'abord, M. le Président, j'aimerais savoir si vous
avez et si vous pourriez déposer à cette commission
l'échelonnement dans le temps ou le calendrier des embauches pour
chacune des centrales tel qu'il existe, par exemple, pour la centrale de LG 2 A
avec les effectifs de chantier, les courbes de personnes-années ou de
personnes-mois disponibles pour chacune des centrales.
M. Coulombe: Si vous étiez d'accord, on pourrait
déposer cet après-midi une photocopie des chiffres, année
après année, des emplois prévus dans ces projets.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je pense que la
commission sera d'accord.
Pour continuer dans la même lancée, on parle d'emplois
ajoutés à cause du devancement de certains travaux. Par contre,
ce devancement est relié à certains facteurs précis qui
étaient connus dans le temps et qui ont évolué avec ies
années depuis 1985; entre autres, l'hypothèse de 1986 d'une base
de 3500 mégawatts de puissance ou d'énergie ferme à
l'exportation. Donc, on se situe dans une perspective... D'abord, dans la
démarche que je faisais tout à l'heure en réflexion
préliminaire, est-ce que je me trompe en disant que cela a
commencé en 1983 avec la liquidation de l'énergie
excédentaire, avec la phase préparatoire d'une réflexion
qui nous amènerait à une nouvelle lancée vers la
production de nouveaux équipements, etc., avec l'étude des
marchés extérieurs, le développement de ces
marchés, la mise en place des équipements nécessaires pour
faire face à cette demande, tout en s'assurant une croissance interne,
enfin tout ce qu'on retrouve dans un cheminement global? Est-ce que je me
trompe en situant tout cela dans une perspective à long terme qui a
commencé ou qui s'est du moins concrétisée,
cristallisée, qui a pris une apparence palpable à partir de 1983
au moment du dépôt des premiers plans de développement
d'Hydro-Québec?
M. Coulombe: Je pense que la logique fondamentale était
perçue par tout le monde. Lorsque M. Bourassa soutenait, et il la
soutient encore, l'importance des exportations, j'ai eu souvent l'occasion de
le dire, cette logique était partagée, à mon avis, par
beaucoup de monde. M. Bourassa l'a indiqué lui-même,
c'était prudent d'avoir des contrats en main avant de construire de
nouveaux équipements. Ce n'est pas une thèse nouvelle ni
soudaine. M. Bourassa l'a soutenue. Le précédent gouvernement
appuyait cette façon de voir les choses aussi. Assez curieusement,
fondamentalement Hydro-Québec s'est toujours sentie à l'aise avec
le gouvernement actuel comme avec l'ancien gouvernement concernant cette
stratégie de développer nos ressources naturelles pour le
mieux-être de la population, créer de l'emploi et ainsi de
suite.
Donc, je pense que l'actuel gouvernement a clairement donné ses
perspectives à Hydro. L'ancien gouvernement nous avait clairement
donné des perspectives aussi. Comme je l'ai dit au début dans mon
introduction, tous les plans de développement d'Hydro ont
été faits en collaboration avec l'actionnaire, avec le
gouvernement et ils reflétaient les politiques des gouvernements avec
qui nous faisions affaire. Dans ce cadre, on ne se sent inconfortable ni avec
ce qui s'est passé il y a cinq ans, ni il y a trois ans, ni il y a deux
ans, ni cette année.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Combien me reste-t-il
de temps, M. le Président?
Le Président (M. Charbonneau): Oh! Vous pouvez y aller
encore. Les réponses ne sont pas comptabilisées dans le temps des
députés.
M. Claveau: D'accord. On va poser des questions
brèves.
M. le Président, à la suite du dépôt du plan
de développement 1985, on a eu un apport important de travaux sur les
chantiers de la Baie James, bien, sur... les chantiers d'Hydro-Québec en
générai. On parle d'investissements d'environ 2 000 000 000 $ par
année jusqu'à 1989-1990 et qui vont passer ensuite à 3 000
000 000 $ pour entreprendre les nouveaux chantiers.
C'est certain qu'on parle d'emplois qui vont être
générés par ces investissements. Il y a aussi des emplois
qui sont générés par ies investissements actuels.
D'après les chiffres que j'ai et qui viennent de chez vous:
Évolution des effectifs directs et indirects des projets
déjà approuvés en production et en transport
associés, en personnes-années, on voit qu'à partir de 1990
l'ensemble des travaux est presque fini. Sur les projets de Manic 5 PA de la
ligne 6 qui est devenue la ligne 11 et de LG 2 A, en 1988, on a 7050
personnes-années; en 1989, on en a 4785; en 1990, on en a 3575; en 1991,
on est rendu à 2300. Ce sont des. effectifs directs et indirects. Puis,
on s'en va en diminuant.
Parallèlement, d'après ce qu'on peut voir dans votre plan
de développement, à partir de 1989-1990, on va commencer à
faire le véritable travail de chantier dans la construction de LG 1 et
de LA 1, Brisay étant reporté un peu plus loin dans le temps. (11
h 45)
Alors, quand on fait la continuité de tout cela en termes de
personnes affectées - et je parle des emplois directs - sur les
chantiers, cela représente quoi comme courbe jusqu'en 1995? On a les
chiffres jusqu'en 1990. Entre 1988 et 1990, en emplois directs sur les
chantiers, il y a 825 travailleurs de plus. Jusqu'en 1995, cela
représente quoi comme variation?
M. Coulombe: Vous venez de citer les chiffres de l'an
passé, qui étaient les chiffres de LG 2 A, Manic 5, la
onzième ligne. Cet après-
midi, on va vous déposer les chiffres de LG 1, LA 1, Brisay, si
possible, ce sera simplement une addition qu'il faudra faire à ce
moment; je ne sais pas si on a en main le texte de l'an passé, mais on
pourra tout simplement additionner les deux courbes et cela vous donnera les
emplois totaux qu'on va vous déposer cet après-midi.
M. Michel: Je ne les ai pas présentement sous forme de
courbes, mais les projets LG 1, LA 1, Brisay et la douzième ligne
représentent 16 000 personnes-années de travail direct.
M. Coulombe: Qu'on va vous donner année après
année, cet après-midi.
M. Michel: On va vous donner une répartition cet
après-midi.
M. Claveau: C'est 16 000 personnes-années d'emplois
directs?
M. Michel: D'emplois directs.
M. Claveau: Sur à peu près sept ans, avec des
périodes de pointe plus grosses en ce qui concerne probablement LG 1, LA
1, qui vont être construits en même temps.
M. Michel: C'est exact.
M. Claveau: Est-ce que cela devrait normalement répondre
à peu près à la même courbe des effectifs qu'on a
pour LG 2 A? Je suppose. Tout cela se ressemble.
M. Coulombe: Cela va ressembler à cela.
M. Claveau: On pourra en discuter à ce moment. On pourra
revenir là-dessus, M. le Président, quand on aura les courbes
disponibles.
Peut-être deux ou trois autres petites questions tout de suite
concernant cela. Vous avez parlé des groupes alternateurs, des turbines,
si vous voulez. Il y a 20 groupes alternateurs qui vont être construits
pour LG 1, LA 1 et Brisay. Il y en a combien qui sont construits actuellement
pour Manic 5 PA et LG 2 A?
M. Michel: Manic 5 PA, il y a 1000 mégawatts pour quatre
groupes. LG 2 A, il y a six turbo-alternateurs pour 2000 mégawatts de
puissance installée.
M. Claveau: Cela veut dire 10 groupes en tout et partout pour
quelque 2900 mégawatts contre 20 groupes pour quelque 2460, quelque
chose de semblable.
M. Michel: C'est 2650 environ de puissance installée.
M. Claveau: C'est 2650 de puissance instal- lée. D'accord.
Les travaux de construction, enfin les délais de livraison des groupes
actuellement en construction pour Manic 5 et LG 2 A?
M. Michel: Manic 5, ils sont en train d'être
complètement Installés présentement, les quatre, parce que
la mise en service, c'est l'an prochain en 1989. Il y a 600 postes au chantier
environ, cette année, et cela va nécessairement
décroître l'an prochain. L'an prochain, en pointe, on va avoir
environ seulement 300 personnes. Quant à LG 2 A, les dates de livraison,
je demanderais peut-être à M. Paul-F. Tremblay,
vice-président et directeur des opérations, de nous indiquer les
dates de livraison des groupes.
M. Tremblay (Paul-F. ): Les dates de mise en service à LG
2 A sont 1992 et 1993. Nous avons adjugé le contrat en 1987.
Actuellement, l'entrepreneur fait ses dessins.
M. Claveau: Actuellement, on est en train de faire la conception
du groupe?
M. Tremblay (Paul-F. ): On est à faire la conception.
M. Claveau: Même si ce sont des groupes qui ont la
même puissance exactement que ceux qui sont déjà en place
à LG 2, ce n'est pas nécessairement le même modèle,
le même moule de groupes alternateurs?
M. Tremblay (Paul-F. ): Non. Chaque groupe est different. Cela
dépend de la tête d'eau, cela dépend du débit, cela
dépend de plusieurs facteurs. Il faut faire un nouveau design pour
chaque groupe.
M. Coulombe: Dans le cas des nouveaux travaux, notre intention
c'est d'aller en soumission à la fin de l'année ou au
début de l'année prochaine, pour les nouveaux travaux.
M. Claveau: Par exemple, je sais qu'actuellement la plupart des
groupes alternateurs qui sont installés ont été produits
soit par Marine Industrie ou par la Compagnie générale
électrique.
M. Coulombe: Oui. Vous savez qu'il y a un troisième
turbinier au Québec. C'est Dominion Bridge Sulzer et il faut le
considérer dans les turbiniers du Québec.
M. Claveau: D'accord. Les emplois qui sont créés
par ces turbiniers sont comptabilisés dans les emplois indirects ou les
emplois directs?
M. Coulombe: Dans les 16 000 dont M. Michel parlait tantôt,
les emplois de turbiniers ne sont pas là-dedans, ils sont
considérés dans les 23 000 ou les 24 000 autres emplois
indirects. Ce chiffre peut varier entre 21 000, 22 000 ou
24 000...
M. Claveau: Oui.
M. Coulombe:... selon le dynamisme de nos entrepreneurs
québécois de profiter au maximum de toutes ces commandes. Alors,
c'est pour cela qu'on dit environ 40 000, le nombre de 16 000 emplois directs
est assez clair au point de vue des chantiers, celui de 24 000 est un peu moins
clair parce que cela peut être 22 000, 23 000 ou 24 000. Si nos
entreprises profitent à 100 % des offres de fabrication, cela va
être 24 000; si elles en profitent à 95 %, cela va être 23
000 et ainsi de suite. Mais on s'attend, normalement, dans ce genre de travaux,
qu'elles en profitent environ à 80 % ou 85 %. Il y a certains types
d'équipements qui ne sont pas faits au Québec et il ne serait pas
économique de les faire au Québec, mais, encore là, cela
dépend du dynamisme des entrepreneurs et de l'organisation. S'ils
veulent accélérer leurs investissements pour en profiter, la
participation du Québec va monter de 80 % ou 85 % à 95 % ou 100
%.
M. Claveau: J'allais vous demander quelle est la part de produits
de fabrication québécoise qui rentre dans tout le contexte...
M. Coulombe: C'est à peu près 80 %. M. Claveau:
Donc, 80 %.
M. Coulombe: Mais, selon les types d'équipement, cela peut
varier et, encore une fois, selon le dynamisme des entrepreneurs. La
stratégie de base là-dedans, c'est que les projets sont
organisés pour avoir des investissements de façon continuelle et
éviter un peu les "peak", pour permettre aux entrepreneurs de calculer
ieurs investissements, d'avoir leur rentabilité, etc. Alors, c'est un
des objectifs qui est poursuivi dans l'orientation du plan de
développement.
M. Claveau: Alors, vous confirmez, grosso modo, qu'on a raison de
dire qu'il n'y aura pas nécessairement de nouveaux emplois, de nouveaux
postes affichés dans les centres de main-d'oeuvre pour des gens qui vont
travailler avec des turbines. C'est que ce sont des gens qui travaillent
déjà dans l'industrie. Le commencement des travaux pour ces
turbines va coïncider à peu près avec l'installation de
celles qui sont déjà en production.
M. Coulombe: Connaissant très bien les turbiniers, je ne
vous garantis pas qu'il va y avoir des affiches dans les centres de
main-d'oeuvre, mais je vous dis qu'il y a des listes de rappel qui vont
être drôlement...
Une voix: Occupées.
M. Coulombe:... occupées parce que la plupart de... Si on
prend Marine ou d'autres, ils ont des listes de rappel presque sans fin. Je
vous garantis que cela va fonctionner lorsque... Je ne dis pas que c'est eux
autres qui vont avoir...
M. Claveau: Mais, actuellement...
M. Coulombe:... ou lequel va avoir le contrat, mais ce que je
veux dire, c'est que leur liste de rappel va être utile pour engager des
gens pour cette fabrication. Cela fait partie des 24 000 emplois indirects ou
24 000 années-personnes consacrées à ces projets.
M. Claveau: Mais est-ce que vous pensez, par exemple, qu'il va y
avoir un écart énorme entre le nombre d'années-personnes
qui travaillent actuellement ou qui ont travaillé dernièrement
sur la fabrication des turbines de Manic 5 PA et de LG 2 A et le nombre de ceux
qui vont travailler à la fabrication des groupes - c'est vrai qu'il va y
en avoir deux fois plus...
M. Coulombe: Pour l'ensemble des équipements
nécessaires pour les trois projets, donc la partie équipement, 7
500 000 000 $, c'est évident que le nombre de 24 000
années-personnes va s'ajouter.
M. Claveau: II va s'ajouter.
M. Coulombe: Donc 24 000 années-personnes
supplémentaires causées par ces investissements.
M. Claveau: En prenant en considération les
années-personnes qui vont arrêter de travailler le jour où
les groupes alternateurs de...
M. Coulombe: Non, je ne me prononce pas si cela va remplacer ou
non. Ce que je vous dis, c'est que cela va nécessiter 24 000
années-personnes.
M. Claveau: C'est cela.
M. Coulombe: Si c'est Marine qui a le contrat, ce que j'ignore
totalement parce que cela va être une soumission publique, si c'est
Dominion Bridge ou Dominion Engineering, n'importe laquelle des trois qui a le
contrat, cela va dépendre de son carnet de commandes actuel, soit pour
des turbines pour le Québec ou pour des turbines pour l'extérieur
ou par d'autres travaux d'ingénierie ou de fabrication de ces
compagnies. C'est à ce moment-là qu'on saura si cela s'ajoute
vraiment ou si cela remplace des emplois; cela va dépendre de leur
carnet de commandes parce que ces trois compagnies ne vivent pas uniquement
d'Hydro-Québec. Elles ont des contrats à l'extérieur.
Alors, quel est l'état actuel ou l'état dans deux ans de
leur carnet de commandes? Je n'en sais rien, mais ces 24 000
années-personnes qui,
d'ailleurs, ne sont pas uniquement des turbiniers, il ne faut pas
exagérer...
M. Claveau: Non, non.
M. Coulombe:... c'est l'ensemble des équipements, cela va
nécessairement demander 24 000 années-personnes ou 22 000 ou 23
000 - selon le dynamisme des entrepreneurs - nouvelles. Maintenant, est-ce que
leur carnet de commandes va être plein quand ils vont recevoir ces
commandes? On n'en sait rien.
M. Claveau: J'ai un autre sujet, peut-être rapidement.
Le Président (M. Charbonneau): Bien, c'est parce que je
voudrais faire l'alternance...
M. Claveau: D'accord.
Le Président (M. Charbonneau):... quitte à ce qu'on
revienne.
M. Claveau: On reviendra.
Le Président (M. Charbonneau): Alors, M. le
député de Saguenay.
Renforcement de Manic 5
M. Maltais: Merci, M. le Président. Dans un premier temps,
M. Coulombe, je voudrais vous remercier pour vous être rendu si bien
à notre demande concernant la solidité de Manic 5. M. Michel est
venu rencontrer tous les intervenants du milieu avec un rapport tout à
fait compréhensible pour le commun des mortels. Je dois vous
féliciter, c'était très bien fait et la population en a
été grandement impressionnée, et surtout
rassurée.
Il y a un petit point, et je pense que je pourrais adresser cela a M.
Michel. Lorsque vous êtes venu, vous avez dit que, effectivement, on
avait arrêté la modalité de solidifier Manic 5 et que,
à l'heure actuelle, à cette période, certaines compagnies
d'ingénierie offriraient des services à Hydro-Québec pour
régler la situation au cours des prochaines années. Est-ce que
vous avez reçu des offres ou êtes en voie de recevoir des offres
qui vont permettre de régler le problème?
M. Michel: Les travaux suivent leur cours. Je vous avais
informé, à ce moment-là, qu'il y avait deux choses qu'on
voulait regarder: l'aspect sismique du barrage, bien que, comme je l'avais dit
à la population et à tous les intervenants du milieu, on n'avait
aucune crainte quant à la possibilité de séisme dans cette
région, mais les règles de l'art évoluent dans toute chose
et, au moment où on se parle, dans ces milieux, on effectue des
études sismiques sur le barrage. Donc, on allait procéder
à une étude sismique pour laquelle on n'entrevoit pas de
modification à effectuer. Nous allons donner, sous peu, incessamment -
on a défini les critères d'étude - le contrat
d'étude au point de vue sismique.
Quant au renforcement thermique, on se souviendra qu'on veut
protéger certaines des voûtes du barrage du froid qui lui cause
des contractions dommageables à long terme. Nous avons l'intention de
procéder par concours pour un nombre restreint de firmes
québécoises pour arriver à des propositions d'installation
du renforcement thermique. Il ne représente pas un défi
technologique de taille, il s'agit d'isoler le barrage, à toutes fins
utiles. Par ailleurs, il y a bien des façons de faire cela, et la
façon qu'on va retenir peut faire varier les coûts
énormément. On veut tâter l'imagination de nos
ingénieurs-conseils pour arriver avec la proposition qui sera la
meilleure marché et la plus satisfaisante pour nous. On devrait faire
cela d'ici quelque temps, d'ici un mois ou deux, aller en appel de propositions
pour un nombre restreint de firmes. Cela suit son cours normalement.
M. Maltais: D'accord. Deuxième question, tout à
l'heure on a dit qu'à cause du programme biénergie, la demande
d'électricité de pointe était moins importante et que cela
retarderait certaines améliorations de turbines additionnelles sur la
chaîne Manicouagan et Outardes. Est-ce que cela dérange ou cela
retarde aussi les travaux que vous avez entrepris à Labrieville-Nord et
Labrieville-Sud?
M. Michel: Non. Les travaux à la centrale de Bersimis
suivent leur cours. On est en train de modifier les alternateurs, augmenter la
puissance des alternateurs en changeant les roues, et cela est
déjà enclenché.
M. Maltais: Cela va compléter ce programme.
M. Michel: Cela va compléter.
Par ailleurs, M. le député, tout à l'heure, j'ai
omis de parler du projet Sainte-Marguerite. Le projet Sainte-Marguerite - c'est
dans votre région - est toujours maintenu pour une date de mise en
service en 1998.
M. Maltais: D'accord. Alors, on reviendra cet après-midi
sur le plan des emplois. Je pense qu'on attendra le rapport. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député. M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. À mon
tour, du côté de l'Opposition, je voudrais souhaiter la bienvenue
au président, de même qu'à tous les principaux
collaborateurs de M. Coulombe à Hydro-Québec. J'aimerais faire
une mise au point en ce début de commission parlementaire, tout en ne
prenant pas trop le temps de mon collègue, qui est critique officiel
en matière d'énergie et de ressources. Pour avoir suivi
les commissions parlementaires, depuis les trois dernières années
à l'Assemblée nationale, où on présentait le plan
d'Hydro-Québec, je peux dire que j'ai trouvé une
amélioration fort importante dans la présentation, le
raffinement, et je tiens à féliciter, bien sûr, le
président et les principaux dirigeants d'Hydro-Québec pour
l'amélioration de la présentation. (12 heures)
Si je me souviens bien, l'année passée, nous avions un
plan qui prévoyait des scénarios, encore comme cette
année, faibles, moyens et forts, et on avait aussi, dans ces
scénarios, bien sûr, les fameux 3500 mégawatts possibles
sur le plan d'un développement accéléré qui pouvait
se faire. Je trouve un peu dommage - je le dis comme je le pense; d'ailleurs,
mes collègues ici me connaissent maintenant depuis deux ans et demi,
j'aime dire les choses comme je les pense - qu'on soit rendu à faire
beaucoup trop de politique avec une société comme
HydroQuébec. On est rendu, que ce soit le président
d'Hydro-Québec ou qui que ce soit à la direction, qu'on met
beaucoup de choses sur le dos d'Hydro-Québec. Si cela va mal, cela
pourrait être à cause d'Hydro-Québec. Si cela va bien,
c'est à cause d'Hydro-Québec. Et je trouve que les nouvelles
conventions comptables au gouvernement, surtout, font en sorte que,
dorénavant, et ce, depuis le 31 mars 1987, la santé
financière du Québec, son déficit est rendu maintenant
directement relié aux profits d'Hydro-Québec. Je trouve important
de démystifier cela, puisque je suis aussi un critique en matière
financière. Cela n'a rien à voir avec Hydro-Québec, sauf
que, pour l'ensemble des Québécois, c'est loin d'être
clair. Hydro-Québec a fait 508 000 000 $ au 31 décembre 1987, 508
000 000 $ de bénéfice, chapeau! Je pense que, de quelque parti
politique qu'on soit, dans l'Opposition ou au pouvoir, on doit être
heureux et on doit être contents et je pense qu'on n'a pas à
dénoncer cela. Il y avait 337 000 000 $ prévus, donc, une
augmentation de 171 000 000 $, si ma mémoire est bonne et, de ces 171
000 000 $, si je ne m'abuse, il y a 117 000 000 $ qui sont dus directement au
taux d'intérêt qui a été un peu moindre. C'est ce
qu'on retrouve dans les tableaux de votre plan de présentation. Donc,
c'est une bonne gestion, bien sûr, mais il y a aussi un impact important
quant au taux d'intérêt; le gouvernement actuel, ni qui que ce
soit, n'y peut rien. S'il y avait eu effet contraire, le taux
d'intérêt aurait pu aussi causer des baisses importantes. Alors,
premier point, première constatation.
Par contre, à partir du moment où les règles du
jeu, où les conventions comptables nouvelles recommandées par le
Vérificateur général du Québec, et j'en conviens,
font en sorte que les bénéfices d'Hydro-Québec et des
sociétés d'État se retrouvent maintenant
reflétés dans le portrait financier et dans le déficit du
Québec, cela vient quand même changer quelque peu pour la
population. Ce qui a fait dire, finalement, au gouvernement l'année
passée, au 31 mars 1987, que le déficit du Québec
s'était amélioré de 500 000 000 $. Mais on sait que, sur
une même base comparative avec l'année d'avant et les
années antérieures, le déficit ne s'est pas
amélioré de 500 000 000 $. On sait fort bien, et cela n'a pas
été nié non plus par le ministre des Finances...
Mais ceci est un débat qui continuera à se faire par les
parlementaires, mais je trouve un petit peu dommage que, finalement, dans tout
ce tournant-ià, Hydro-Québec devienne une source importante de
revenus pour le gouvernement du Québec. Et, aujourd'hui c'est le
gouvernement libéral, demain ce sera le gouvernement du Parti
québécois et après demain quelque autre gouvernement
bénéficiera de l'impact direct d'Hydro-Québec, de sa bonne
gestion, de sa planification à moyen et à long terme. Sauf que,
sur une base comparative des chiffres, on ne parle plus de la même chose.
Et, à partir du moment où c'est reflété dans les
états financiers du gouvernement du Québec, je pense que cela
vient changer un petit peu les règles du jeu. Cela les change sur
papier, mais dans les faits cela ne les change pas. Du moins, pour 1987
c'était le cas parce que vous n'avez versé aucun dividende.
Même chose pour 1988, à ce que je sache, il n'y a aucun dividende
de prévu. Et, à compter de 1989, 1990, 1991, il y aura des
dividendes qui, de mémoire, seront de l'ordre de 400 000 000 $, 396 000
000 $ à 400 000 000 $. C'est bien sûr qu'à ce
moment-là les dividendes viendront améliorer la liquidité
du gouvernement mais les bénéfices seront de l'ordre d'à
peu près 800 000 000 $ ou 750 000 000 $ à ce
moment-là.
Je pense qu'il faut, de part et d'autre, avoir l'honnêteté
de dire les choses telles qu'elles sont et les replacer dans leur contexte. Que
ce soit le ministre de l'Énergie, que ce soit le gouvernement ou qui que
ce soit, il devra toujours avoir cette honnêteté-là pour ne
pas biaiser le débat. Cela me semble important. Je trouve que l'ensemble
de la population a de la misère à suivre là-dedans parce
que c'est complexe. Sauf que, quand les règles du jeu changent, c'est
important de le dire et de ramener les choses comme elles sont.
En ce qui a trait particulièrement à HydroQuébec,
il y a eu aussi des règles du jeu qui ont changé. Et pour parler
très brièvement du devancement des travaux annoncé par le
premier ministre il y a quelques semaines, là aussi, avec tambours et
trompettes... Cela n'a rien à voir avec la direction
d'Hydro-Québec sauf que cela a à voir qu'il y a un premier
ministre qui a décidé de jouer à nouveau les cartes
politiques. J'aimerais, juste pour les membres de la commission et pour ceux
qui sont présents à cette commission qui suivent ces
débats-là, lire brièvement ce qui est mentionné
dans le plan d'Hydro-Québec à la page 4, lorsque vous dites, et
je pense que c'est tout à fait correct de le mettre comme cela:
"Les mises en service d'équipements de production prévues
après la phase I du complexe La Grande ont cependant été
retardées. " Si on se reporte au plan de développement de 1984
auquel mon collègue a fait allusion à quelques reprises, on se
souviendra qu'entre 1985 et 1997, sur cette période de douze ans
commençant en 1985, on devait aménager quelque 26 000
mégawatts. La conjoncture a fait en sorte qu'on ne l'a pas fait. Ce
qu'on a tout simplement fait en 1985, on a arrêté ou on a mis un
frein et on a regardé cela sous un autre angle, et je pense que
c'était sain de le faire. C'était sain de la part de la direction
d'Hydro-Québec et c'était sain de la part du gouvernement de
s'assurer qu'on ne fasse pas seulement de l'aménagement des
rivières, qu'on ne mette pas des investissements pour mettre des
investissements, qu'on ne crée pas des jobs pour créer des jobs
et qu'on se ramasse avec des surplus importants. De ces 26 000
mégawatts, il n'y en a qu'environ 25 %, comme vous le mentionniez, 6500,
qui sont remis en fonction. Cela est important parce que les 3500 qui ont
été annoncés, c'est tout simplement ce qui a
été retardé il y a deux ans et réavancé
aujourd'hui. Tant mieux si on peut en avancer encore plus. Je replace cela
simplement dans son contexte.
Il y a eu aussi à Hydro-Québec - je tiens à le
souligner - des modifications qui ont apporté des turbulences au cours
des dernières années. Je parle particulièrement des effets
sur les bénéfices nets d'Hydro-Québec pour les
années passées parce que, lorsqu'on parle de l'avenir, on a de
nouvelles règles du jeu. Mais le passé se traduit
particulièrement, à la page 5, au graphique 1. Il est dit que
"l'importance des mises en service, la radiation ou le virement à
l'exploitation des intérêts relatifs aux études
préliminaires des projets abandonnés ou suspendus, la
détérioration du taux de change du dollar canadien, ainsi que les
changements dans la comptabilisation des pertes de change depuis 1984, ont
augmenté fortement les charges d'amortissement, d'intérêt
et des pertes de change. L'augmentation entre 1982 et 1986 de 1 827 000 000 $
à cet effet a été deux fois et demie supérieure
à celle qui est survenue entre 1978 et 1982. De 1982 à 1986, la
faible croissance des produits tirés par HydroQuébec de ses
marchés traditionnels québécois et externes, soit 352 000
000 $, a été compensée par des ventes additionnelles de
548 000 000 $ résultant des efforts de vente décrits. " Tout cela
a eu, dans le passé, des impacts importants sur Hydro-Québec. Je
dois dire que si les règles du jeu qui prévalent aujourd'hui - je
dis les règles du jeu, les règles d'inscription au niveau
comptable qui n'ont rien à voir avec le côté administratif
et le côté développement d'Hydro-Québec - si ces
nouvelles règles du jeu avaient existé dans le passé, on
peut voir à quel point cela aurait aussi détérioré
le portrait du Québec. Maintenant qu'elles sont positives, elles vont
améliorer, tout en ne le faisant que sur papier, à toutes fins
utiles.
Je termine mon intervention en vous posant quelques questions.
L'année dernière, nous étions quelque peu chatouilleux,
pour ne pas dire qu'on était en désaccord avec l'augmentation
proposée par Hydro-Québec. Nous avions même fait des
motions ici, en commission parlementaire. Les chiffres de cette année
ont à peu près le même impact, c'est-à-dire qu'une
augmentation de 1 % !e 1er mai donne un effet net sur les
bénéfices d'environ 27 000 000 $. Cela veut dire que
l'augmentation de quelque 4 % qu'on a fait subir aux contribuables
québécois, à tort ou à raison, aurait, dans la
conjoncture actuelle, changé, grosso modo, d'environ 100 000 000 $. Cela
me fait dire que, l'année dernière en commission parlementaire,
si ce que nous réclamions, étant donné la situation
privilégiée d'Hydro-Québec - cela peut être
discutable et je sais que le ministre n'était pas d'accord - si on
n'avait pas comme scénario, parce qu'on devrait le voir pour cette
année, mais si on n'avait pas permis une augmentation par
Hydro-Québec à l'ensemble des Québécois, une
espèce d'année sabbatique en termes d'augmentation de la
tarification de l'électricité, il y aurait eu cette année
des bénéfices d'environ 100 000 000 $ de moins. S'il n'y avait
pas eu d'augmentation pour l'ensemble des Québécois, tant pour
les entreprises que les individus, donc les particuliers, Hydro-Québec
aurait encore autour de 400 000 000 $ de bénéfices nets. Je pense
que c'est quelque chose d'important à prendre en considération.
C'est cet effet de 1 %, 2 %, 3 % ou 4 %, et je comprends qu'on veuille
être capables de maintenir un écart avec l'augmentation du
coût de la vie, et on a fait de la récupération dans le
passé aussi, mais il reste que cet effet, par rapport à l'ampleur
des bénéfices actuels et à venir d'Hydro-Québec,
c'est 100 000 000 $ qui deviennent maintenant, par les nouvelles règles
comptables, une taxe déguisée parce que, dans le fond, si vous
augmentez de 4 % ou de 5 % vos tarifs en 1988, cela aura un effet...
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Bertrand...
M. Parent (Bertrand): Oui?
Le Président (M. Charbonneau):... je m'excuse de vous
interrompre. Je voudrais simplement vous dire deux choses. D'abord que vous
avez dix minutes, soit pour faire une intervention...
M. Parent (Bertrand): Je pensais que c'était 20.
Le Président (M. Charbonneau): Non, c'est dix selon
l'entente intervenue, y compris des questions. Deuxièmement, vous
abordez la question des tarifs qui est prévue pour demain. Je voudrais
vous ramener au plan d'équipement et demander que vos questions portent
d'abord sur
le plan d'équipemment...
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je conclus.
C'étaient des commentaires d'ordre général et cela se
terminait par la question des tarifs. C'est bien sûr qu'on y reviendra
demain.
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela. J'aimerais
mieux qu'on garde la question...
M. Parent (Bertrand): Pour le dessert, demain?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, le dessert ou à
peu près.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Voilà les commentaires et
j'aurai l'occasion de revenir. Je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? M. le
ministre.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Sur la question des
tarifs, je ne répondrai pas aux commentaires du
député.
Le Président (M. Charbonneau): Vous allez garder le
même dessert. Très bien!
Nouvelles conventions comptables
M. Ciaccia: Demain, on pourra clarifier toute la question des
tarifs, les responsabilités et les demandes d'Hydro-Québec. Je
voulais juste clarifier un point que le député de Bertrand a
soulevé, soit la question des pratiques comptables. Il a dit: Le
gouvernement utilise maintenant les profits d'Hydro-Québec avec les
nouvelles pratiques comptables pour réduire ou en tenir compte dans les
revenus globaux du gouvernement et on devrait en informer le public. Le
député de Bertrand trouve que ce n'est pas exact et que ça
donne une fausse impression au public. Je voudrais dire à la commission
et au député, à la suite de ces remarques-là, qu'il
y a une raison à savoir pourquoi le Vérificateur
général a suggéré les nouvelles pratiques
comptables. Il faut donner toute la réalité. Justement, le
député de Bertrand donnait la moitié de la
réalité. Il donnait les revenus d'Hydro-Québec. Les
canards boiteux du gouvernement, quand on perd de l'argent dans Quebecair, dans
SNA, dans tout le reste, si on ne le dit pas au public, est-ce qu'on informe le
public? Les nouvelles pratiques comptables c'est justement pour être
honnête avec le public, pour leur dire: Voici, il y a un profit à
une telle compagnie mais il y a des pertes dans l'autre. Le gouvernement
précédent ne le faisait pas et le Vérificateur
général a porté, avec juste raison, à l'attention
du gouvernement... Il a dit: Donnez donc l'heure juste à la population.
Donnez non seulement tous les revenus mais informez la population sur les
pertes. Cette pratique comptable de prendre en considération les revenus
d'Hydro-Québec a une raison très valable, c'est d'informer la
population et, en informant la population, le gouvernement est forcé de
prendre des décisions sur les canards boiteux parce que la population
dit: Écoutez! vous perdez 12 000 000 $ par année avec Quebecair,
vous perdez 500 000 000 $ avec SNA, prenez les actions qui s'imposent et, de
cette façon, on agit pour se débarrasser des canards boiteux et
pour redresser la santé financière du gouvernement. Maintenant,
c'est vrai que, si on élimine les canards boiteux, on prend avantage des
sociétés comme HydroQuébec, mais c'est la
réalité et cela force le gouvernement à prendre les
mesures nécessaires pour soit éliminer les déficits des
sociétés qui perdent de l'argent, qui coûtent de l'argent
aux contribuables ou éliminer les compagnies.
Le Président (M. Charbonneau): Sur cette réplique,
M. le ministre...
M. Ciaccia: Oui, oui.
Le Président (M. Charbonneau):... j'ai laissé le
député intervenir et j'ai permis la réplique, mais je
n'aimerais pas qu'on prenne tout le temps imparti pour l'étude du plan
d'équipement d'Hydro-Québec.
M. Ciaccia: Non, exactement. On prend le temps d'Hydro, et je
voudrais juste ajouter que c'est dans ce contexte, M. le député
d'Ungava, que j'ai critiqué la loi des dividendes de M. Parizeau.
Une voix: En...
(12 h 15)
M. Ciaccia: Oui, parce qu'il utilisait cet argent pour payer
l'épicerie. Il faut lire la critique du moment dans le contexte
où elle était faite. Si on dit qu'il y a des dividendes à
Hydro, oui, il y en a, à la suite de la loi du gouvernement du Parti
québécois.
M. Claveau: La page 137, ce n'est pas de l'épicerie?
M. Ciaccia: Cette année, il n'y en a pas.
M. Claveau: La page 137, ce n'est pas de l'épicerie?
M. Ciaccia: Vous savez, Hydro-Québec vous a payé,
quand vous étiez au pouvoir, 230 000 000 $ en dividendes, mais la
critique que je faisais, c'est ce que, malgré cela, le déficit
augmentait et augmentait toujours. Je n'ai pas de gêne à dire: On
va prendre les dividendes d'Hydro-Québec, mais on va réduire le
déficit et, au lieu d'avoir un déficit de 4 500 000 000 $ ou de 3
500 000 000 $, on va en avoir un de
2 800 000 000 $, de 2 400 000 000 $ et peut-être inférieur
à 2 000 000 000 $. Je n'ai aucune gêne à dire que l'argent
d'Hydro-Québec sera bien utilisé.
Le Président (M. Charbonneau): Cela étant
dit...
M. Ciaccia: Cela étant dit, nous allons revenir, M. le
Président...
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. M.
Ciaccia:... au plan des équipements.
Gestion des réservoirs
Mme Bertrand, vous avez montré dans votre graphique la gestion
des réservoirs, l'augmentation certaines années où
l'hydraulicité n'était pas assez élevée.
Pouvez-vous expliquer d'une façon simple en quoi consiste la gestion des
réservoirs?
M. Mercier (André): Peut-être en termes très
simples, si on veut comprendre de façon générale la
gestion des réservoirs, je pense qu'il s'agit de se rappeler qu'un parc
hydroélectrique comme celui d'Hydro-Québec est un endroit
où on accumule l'eau dans des réservoirs pour l'utiliser au
moment où on a besoin de la pointe du réseau, selon la demande
qui se place à des endroits différents.
Si on regarde en fait ce qui se passe de façon simple, vous vous
rappelerez qu'à la fin de la fonte des neiges la crue maximum se produit
à la fin du printemps. C'est à ce moment-là qu'on accumule
le plus d'eau dans l'ensemble des réservoirs. Or, le maximum de la
demande d'électricité ne se produit pas à ce
moment-là, mais il se produit aux mois de novembre, décembre,
janvier et février. Donc, c'est à peu près en opposition
par rapport à la crue printanière des eaux. Ce qu'on doit faire,
c'est accumuler à l'intérieur de nos réservoirs les eaux
nécessaires pour nous permettre de répondre aux besoins au cours
de l'année. Ainsi, on garde dans nos réservoirs la
quantité d'eau nécessaire pour faire face aux variations
annuelles qu'on appelle les variations saisonnières au cours d'une
année.
Par exemple, si je vous donne des ordres de grandeur, la quantité
d'eau que l'on garde dans l'ensemble du parc d'Hydro-Québec, cela
représente environ 110 térawattheures, l'équivalent en eau
si vous voulez. Je vous rappelle aussi en même temps que la production
annuelle d'électricité correspond actuellement à peu
près à 150, 160 térawattheures, donc à peu
près l'équivalent de 80 % à 90 % est gardé en
réserve en eau.
Les réserves interannuelles, finalement, représentent
environ 50 à 60 térawattheures par année. C'est cette
variation qui nous permet finalement de gérer l'ensemble des
réservoirs et de satisfaire la demande au moment voulu durant
l'année.
On garde aussi une quantité équivalente, à peu
près, à 40, 50 térawattheures à l'intérieur
des réservoirs pour couvrir ce qu'on appelle les années
sèches. On se garde toujours une réserve à
l'intérieur des réservoirs en supposant qu'on aura 15 % de moins
d'hydraulicité à l'intérieur d'une période de
quatre ans. Il faut aussi garder une certaine quantité d'eau à
l'intérieur de nos différents réservoirs.
Lorsque l'on parle de la gestion des réservoirs comme tels, c'est
qu'on peut optimiser la gestion de l'eau qu'on a à l'intérieur
des réservoirs. En particulier, on a trois bassins de base. Le premier,
un grand bassin, évidemment, comme vous le connaissez sans doute, c'est
le bassin de la Baie James avec le complexe La Grande. Un autre bassin
important, c'est le bassin du complexe Manicouagan-Outardes. Évidemment
aussi, on a le bassin de Churchill Falls mais celui-là on peut moins le
gérer de façon optimisée parce qu'il est sous le
contrôle d'une autre entité juridique et institutionnelle. Il y a
d'autres réservoirs qui existent mais qui ont peut-être moins de
capacité comme, par exemple, le complexe du Saint-Maurice et aussi l'eau
qui passe... Finalement, il y a beaucoup moins de réservoirs, ce sont,
par exemple, les canaux et les centrales de Beauharnois, Carillon et les
Cèdres. À ce moment, les réservoirs sont
extrêmement, minimes et on se sert plutôt des centrales au fil de
l'eau. Finalement, on fait une gestion de l'ensemble de tous nos
réservoirs pour être capables d'optimiser l'exploitation de nos
ressources.
Lorsqu'on a mentionné, surtout dans le plan de
développement, qu'il y avait moyen de gagner sur la gestion de
l'ensemble des réservoirs, c'est parce que cela nous permettait
d'optimiser l'utilisation de l'eau et éviter les déversements en
tout temps de l'année et de cette façon avoir des gains assez
appréciables; même s'ils sont minimes, ils sont quand même
significatifs.
Ml. Ciaccia: Lorsqu'on regarde le bilan de l'offre et de la
demande d'énergie électrique, si on regarde au plan de
développement, votre tableau 17 en page 86, on constate
qu'Hydro-Québec accumulera au-delà de 20 térawattheures
dans ses réservoirs entre 1988 et 1997. En 1989, près de 10
térawattheures seront accumulés. La question que je me pose:
Est-ce que ces accumulations sont nécessaires? Quand vous accumulez, je
présume que cela va réduire, et corrigez-moi si je me trompe, le
montant d'électricité que vous pouvez livrer. Alors, si vous
augmentez votre réservoir de 10 térawattheures, vous accumulez.
Quel serait l'effet? Comment avez-vous choisi le chiffre dix? Supposons qu'au
lieu de dire qu'on va en accumuler dix on va en accumuler cinq. Quelles
seraient les conséquences parce que dans un des plans de
développement, je pense - je ne sais pas à quelle page - que les
exportations vont être réduites de quelque 60 000 000 $; moins
d'exportation. Est-ce que
cela est relié au niveau des réservoirs?
M. Coulombe: En fait, lorsque M. Mercier explique la gestion des
réservoirs, il y a une gestion que j'appellerais technique, physique,
tout simplement ce qu'il vient de nous expliquer, les réserves
interannuelles, les prévisions des sécheresses, etc. Cela est
l'aspect que j'appellerais technique. L'ingénierie de la gestion des
réservoirs. Il y a une deuxième gestion qui est une gestion
économique. En d'autres mots, l'eau c'est un ensemble de kilowattheures
potentiels. Si vous l'accumulez en fonction d'un marché sur lequel vous
pouvez avoir 0, 04 $ le kilowattheure plutôt que de le vendre aujourd'hui
à 0, 01 $ le kilowattheure, vous accumulez donc 0, 03 $ de
bénéfice supplémentaire éventuellement.
Au-delà de la gestion que j'appellerais d'ingénierie, qui est
fondamentale parce qu'il faut quand même que ce soit géré
de façon optimum au point de vue ingénierie, il y a donc la
gestion économique. Là il y a des choix à faire. On a vu,
par exemple, que certains de nos marchés nous rapportaient beaucoup
moins; il y a des marchés qui nous rapportent beaucoup plus. Compte tenu
de la gestion de ces réservoirs, est-ce que ce n'est pas mieux
d'accumuler de ces kilowattheures qui peuvent rapporter beaucoup plus?
En rapportant beaucoup plus, cela permet à Hydro-Québec
d'avoir des augmentations de tarifs plus basses pour l'ensemble de nos clients
simplement parce que le même kilowattheure, la même eau rapporte
plus. Il y a là une question de gestion économique. C'est
évident que là il y a des choix qui peuvent être
critiquables au point de vue économique. Un gain immédiat vaut-il
mieux qu'un gain supérieur, deux, trois, quatre, cinq ans plus tard?
Cela va toujours rester une analyse économique critiquable selon le
point de vue où on se place.
M. Ciaccia: Les conséquences économiques, au lieu
de dix térawattheures, d'en accumuler cinq, du point de vue technique,
je pense que ce n'est pas cela le problème. Vous pouvez accumuler cinq,
dix, huit...
M. Coulombe: Si on respecte tous les critères dont M.
Mercier a parlé, il n'y a pas de problème là.
M. Ciaccia: D'accord. Alors, ce n'est pas une question technique.
Vous n'accumulez pas les dix térawattheures pour des raisons techniques,
vous les accumulez pour des raisons économiques, si je comprends
bien.
M. Coulombe: On peut accumuler aussi pour des raisons techniques.
Manic 5, par exemple, depuis quelques années, on en parlait
tantôt, la cote a baissé à cause des...
M. Ciaccia: Mais, dans votre plan de développement, vous
dites qu'en 1989 près de 10 térawattheures seront
accumulés. Est-ce que c'est pour des raisons techniques?
M. Coulombe: II y en a trois là-dedans qui sont pour Manic
5, pour reconstituer le stock à Manic 5 parce qu'on a rehaussé la
cote. Maintenant que les études sont terminées, on a dit: On va
remettre dans le réservoir l'eau qui normalement devrait y être.
Donc, il faut rajouter environ 3, 5...
M. Ciaccia: D'accord. Les sept autres, c'est pour des raisons
économiques.
M. Coulombe: Les sept autres sont...
M. Mercier: Je pense qu'on peut résumer, de façon
générale, en disant que, dans les variations que vous observez au
tableau 17, il y a deux raisons principales qui ont fait qu'on doit
réaccumuler de l'eau dans nos réservoirs. Une première
concerne l'énergie excédentaire. C'est exactement dans ce
sens-là que M. Coulombe explique que, pour des raisons
économiques, on a préféré satisfaire certains
marchés excédentaires, mais il faut maintenant
récupérer ces réserves à l'intérieur de nos
réservoirs.
La deuxième partie, c'est le problème technique qu'on a
vécu avec le réservoir de Manic 5 où on a dû baisser
les cotes pour des questions de sécurité. Ce sont les deux
raisons de base qui font que, maintenant, pour une période de temps, on
va réaccumuler de l'eau à l'intérieur de nos
réserves.
M. Ciaccia: Si je mets de côté les raisons
techniques, pour remonter le niveau, est-ce que je pourrais interpréter
cela d'une autre façon et dire: Écoutez, vous accumulez pour des
raisons économiques cinq, six ou sept térawattheures; est-ce que
ce sont les térawattheures qui pourraient être vendus aux
industries de pâtes et papiers? Est-ce que je tire une fausse... Est-ce
que c'est une possibilité? On peut revenir à cela, on parle sur
le plan des équipements. Vous augmentez ces sept térawattheures,
vous prenez une décision économique en prévision des
ventes plus chères à l'année, si je comprends bien.
M. Mercier: Je pense que, pour y répondre de façon
claire, il faut se rappeler que parce qu'on a fait des ventes à
l'excédentaire... Une vente à l'excédentaire, surtout
lorsqu'on le fait en période de surplus, on n'a pas besoin de garder
à l'intérieur de nos réservoirs la pleine capacité
des réserves. À ce moment-là, on peut très bien
comprendre, finalement, que les réserves... il y avait un besoin de
réserves qui était moins élevé durant cette
période de surplus. Maintenant, vers les années 1994, 1995, on va
se sortir de cette période de surplus. Il faut aller rechercher toutes
nos réserves. L'excédentaire, finalement, est une forme de
réserve qu'on peut avoir parce que, si au cours de l'année 1988,
par
exemple, on pense vendre une dizaine de térawattheures à
l'excédentaire, si pour des raisons de difficultés techniques,
comme l'hy-draulicité qui serait plus faible que prévue, on peut
bloquer les ventes à l'excédentaire, à ce
moment-là, cela constitue une forme de réserve pour nous.
M. Ciaccia: C'est de l'inventaire. Autrement dit, vous vous
gardez de l'inventaire pour vendre plus tard.
M. Coulombe: C'est cela. M. Ciaccia: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Sur cette réponse,
comme il est 12 h 30, nous allons suspendre nos travaux jusqu'après la
période des questions et nous poursuivrons encore quelques instants,
à la reprise cet après-midi, sur le plan d'équipement
parce que je pense qu'il y a encore des membres de la commission qui voudraient
continuer sur ce sujet.
Les travaux sont suspendus jusqu'à cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 15 h 17)
Le Président (M. Charbonneau): La commission de
l'économie et du travail reprend l'étude de la proposition
tarifaire d'Hydro-Québec pour l'année 1988. Je dépose
l'estimation des emplois soutenus par la phase II du projet de La Grande qui a
été déposé par Hydro-Québec. S'il y a des
membres de la commission qui veulent en avoir des copies... Il nous reste une
quinzaine de minutes sur le plan d'équipement. Par la suite, nous allons
passer à l'autre sujet qui était prévu, sur
l'environnement, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, juste le temps de me
retrouver dans mes notes. En fin d'avant-midi, on a terminé en parlant
de la question des énergies excédentaires et de la
possibilité d'augmenter le volume en eau dans les réservoirs
d'Hydro-Québec, ou le nombre de térawattheures disponibles, afin
d'avoir une valeur ajoutée plus importante plutôt que de vendre
ces térawattheures en énergie excédentaire. Cela
m'amène à poser une question: À qui est-ce qu'on veut
vendre ces térawattheures qui traînent ou qui vont être
emmagasinés dans les bassins?
Vente de l'énergie excédentaire
M. Coulombe: L'énergie excédentaire, on a dit
tantôt qu'on pouvait remplir nos réservoirs pour aller vers les
marchés les plus rentables pour Hydro-Québec. Cela pose le
problème - vous le savez, nous avons été
questionnés là-dessus entre ies deux séances - cela pose
le problème du programme d'énergie excédentaire qu'on
avait lancé il y a quatre ans, qui se termine à la fin de 1988 et
dont l'industrie forestière revendique la continuation. On a
exprimé notre position à l'Association des industries
forestières dans un mémoire. Si les membres de la commission
veulent avoir une copie de ce mémoire, cela nous fera plaisir de le
déposer. En deux mots, nous ne sommes pas d'accord pour continuer ce
programme pour les raisons suivantes: premièrement, il s'agissait d'un
programme essentiellement temporaire en raison du fait que nous avions
l'alternative de déverser plutôt que de vendre. Plutôt que
de déverser, il fallait donc vendre. Nous avons institué ce
programme dans un double but. d'abord, d'empêcher des déversements
et, deuxièmement, pour favoriser l'industrie québécoise en
même temps. On a averti l'industrie québécoise qu'il
s'agissait d'un programme temporaire de quatre ans. Nous avons financé
les chaudières et nous leur avons dit et redit que ce programme avait
essentiellement pour but d'éliminer des déversements.
Arrive la fin du programme. À la fin de 1988, on rencontre
l'industrie forestière qui nous présente un mémoire dans
lequel elle dit qu'il faut absolument continuer cela, et ainsi de suite.
Prévoyant un peu ce qui allait arriver, parce que c'est très
difficile de commencer un programme et de l'arrêter, même si c'est
connu de tous, en mai 1987, nous avons écrit à chacune des
compagnies, à l'association, et nous leur avons dit: Vous vous
rappellerez qu'à la fin de 1987 le programme va être
terminé. Elles veulent le renouveler. Nous ne sommes pas d'accord, en
deux mots, tout simplement parce que la période des déversements
est terminée. Il n'y a plus de déversement à
Hydro-Québec. Nous avons encore des excédentaires, mais nous
préférons les emmagasiner dans nos réservoirs pour les
réserver à des marchés plus lucratifs pour
HydroQuébec. Vous allez me demander à qui. Je vais vous
répondre: aux marchés qui sont les plus payants. On sait ceux qui
ne sont pas payants. Le premier qui n'est pas payant, c'est celui-là,
c'est-à-dire le marché des chaudières excédentaires
pour l'industrie forestière. Il y a d'autres compagnies aussi, il n'y a
pas que l'industrie forestière, mais les principaux clients sont dans
l'industrie forestière. Nous estimons que de continuer le programme
pendant un an coûterait 100 000 000 $ à Hydro-Québec. On ne
voit aucune espère de raison de donner une subvention de 100 000 000 $
à l'industrie forestière, en ce qui nous concerne. Nous estimons
aussi que la plupart des grandes entreprises forestières fonctionnent
à l'heure actuelle avec ce qu'on peut appeler la triénergie.
Elles ont des chaudières au gaz, elles ont des chaudières au
mazout et elles ont des chaudières électriques. Les
chaudières électriques ont été payées en
grande partie par Hydro-Québec. On nous apprend aussi que le
gaz naturel a des programmes très avantageux pour aller chercher
ces clients-là, des programmes de subventions et ainsi de suite.
Voici donc une industrie qui, actuellement, fonctionne à 94 % ou
95 % de sa capacité, qui fait des profits extraordinaires, qui est en
très bonne santé et qui a profité d'un programme
exceptionnellement avantageux pendant quatre ans, après avoir
été avertie que cela arrêterait à la fin des quatre
ans. Nous estimons, dans le cadre actuel, que de fournir cela à cette
industrie serait une subvention qui serait payée par l'ensemble des
consommateurs d'électricité. Alors, notre position est
d'arrêter le programme. Nous le lui avons dit. Évidemment,
l'industrie n'est pas d'accord. Je ne la blâme pas de ne pas être
d'accord parce que c'est un avantage concret dont elle a profité pendant
quatre ans, mais, au point de vue économique, au point de vue de
l'équité envers notre clientèle et au point de vue de
l'opportunité, notre position est relativement claire,
c'est-à-dire d'arrêter ce programme.
M. Claveau: D'accord. Je comprends votre raisonnement
jusque-là, mais j'essaie d'aller plus loin là-dedans. Moi, j'en
arrive à conclure, et vous me direz si je me trompe, que les
marchés les plus lucratifs qu'on a actuellement, semble-t-il - du moins,
aux dires du ministère - ce sont les marchés d'exportation
où on vend le kilowatt ou le térawattheure beaucoup plus cher
qu'au marché local. Donc, cela veut dire, à la limite, qu'on
emmagasine actuellement dans nos réservoirs dans le but d'avoir des
excédents qu'on va pouvoir transformer en énergie ferme ou en
puissance garantie et vendre à l'étranger. Dans la mesure
où cela se réaliserait, comme on n'aurait plus d'excédents
ou d'énergie excédentaire qui va se vendre aux
Québécois, à l'industrie et à la consommation
québécoise, cela va impliquer des augmentations de coûts de
la part de l'industrie québécoise pour pouvoir rentrer dans le
barème normal, ou de certaines catégories d'industries. On en
arrive à la conclusion que, par ce biais, ce sont les entreprises et les
consommateurs québécois qui vont, déjà là,
avoir à payer une partie de la note des kilowatts ou des
térawattheures que l'on va vendre à l'exportation.
M. Coulombe: Bien, je pense que le raisonnement que je viens de
vous faire est que l'énergie électrique, pour les fins de vapeur
pour l'industrie, n'est pas une énergie concurrentielle au moment
où on se parte vis-à-vis du gaz et du mazout, surtout au prix
où est le mazout, et certainement pas vis-à-vis du gaz. Pour
vendre cela de façon concurrentielle, il faut vendre en bas de nos
coûts. Si on vend en bas de nos coûts, quelqu'un va payer pour
à un moment donné.
Les marchés. Je pense que le devoir d'Hy-dro-Québec est de
vendre ses kilowattheures au meilleur prix possible, compte tenu des
marchés.
Nous avons une tarification pour l'ensemble de nos clients, mais II ne
faut pas oublier que l'époque des excédents douze mois par
année, comme je viens de vous l'expliquer, est terminée. On va
avoir des excédents une certaine partie de l'année. On va vendre
sur des prix "spot", comme on vend régulièrement aux
États-Unis, à l'Ontario ou au Nouveau-Brunswick, ou pour des
énergies de substitution. Pour remplacer de l'huile, par exemple, on va
vendre quelques heures, quelques mois, quelques semaines. Cela est très
payant et cela se reflète inévitablement dans les coûts des
consommateurs québécois. Cela empêche une augmentation trop
rapide des tarifs québécois, parce qu'on vend à un prix
extrêmement intéressant. Dans ce sens-là, je pense que cela
profite à l'ensemble. Deuxièmement, pour l'industrie, il faut
bien penser qu'on vendait 90 % de l'énergie de substitution, parce qu'on
avait des déversements, mais, aujourd'hui, cette industrie peut aller
vers le gaz avec des programmes de subvention très
intéressants.
Donc, pour nous, investir 100 000 000 $, cela nous coûterait 100
000 000 $ et l'industrie économiserait 20 000 000 $. On pense que c'est
un mauvais placement, un mauvais placement pour nous et un mauvais placement
pour la collectivité.
M. Claveau: Quand vous dites, M. le Président, que le fait
de vendre de l'énergie à l'étranger à bon prix,
cela représente des entrées d'argent qui vont permettre
d'abaisser la facture, en ce qui concerne les entrées, j'en conviens.
Dans la colonne comptable, on dit: II y a tant de millions, 708 000 000 $ ou
710 000 000 $, ou quelque chose de semblable, qui sont entrés cette
année des ventes d'exportation de l'électricité. Cela va
jusque-là. Par contre, ne croyez-vous pas que le fait de vendre à
l'étranger... J'en tire la conclusion, à la suite des
explications que vous nous donnez dans le besoin d'emmagasiner des
térawattheures dans les barrages ou derrière les barrages, que
cela oblige également, par le fait même, Hydro-Québec et
ses actionnaires, ou son actionnaire qui représente l'ensemble de la
population du Québec, à faire des investissements
supplémentaires, à retourner se financer sur les marchés
internationaux, à aller chercher de l'argent. On en est rendu maintenant
à un taux de quelque 2 500 000 000 $, juste en intérêts,
sur la dette annuelle. On continue à emprunter et à investir dans
le but de faire des équipements qui, en partie, vont nous faire entrer
de l'argent. Mais est-ce qu'on ne change pas quatre trente sous pour une
piastre, finalement?
M. Coulombe: Mais, là, vous admettrez qu'on quitte le
domaine des excédentaires.
M. Claveau: Oui, mais...
M. Coulombe: D'accord. Si vous voulez parler...
M. Claveau: On parle du programme d'équipement.
M. Coulombe: Si on s'est bien entendu sur le domaine des
énergies excédentaires, ce problème-là est
réglé. Je suis d'accord avec vous que, si on construisait pour
créer de l'énergie excédentaire, je ne suis pas certain
que ce serait une bonne stratégie. Ce n'est d'ailleurs pas la
stratégie proposée dans le plan de développement et ce
n'est pas le cadre de la stratégie telle qu'exprimée par le
gouvernement, dans laquelle nous nous inscrivons et à laquelle nous
souscrivons. Non seulement nous nous inscrivons dans cette stratégie,
mais nous y souscrivons, c'est-à-dire de bâtir quand on a des
contrats. En d'autres mots, nous ne bâtissons pas pour créer de
l'énergie excédentaire; ce n'est pas la stratégie
d'Hydro-Québec. Donc, lorsque nous avons des contrats - on verra cela
peut-être tantôt dans l'ordre du jour, lorsqu'on va parler des
exportations - qui, pour nous, sont rentables, c'est-à-dire, en ce qui
concerne l'équité, que nous y mettons un rendement
supérieur à 20 % et, en ce qui concerne le capital total, un
rendement supérieur à 13, 5 %, nous pensons qu'il s'agit
là d'une base fondamentalement saine pour construire, pour payer nos
intérêts, pour faire un profit et, à long terme, profiter
à la tarification québécoise. C'est cela, notre
stratégie. Mais là, nous ne sommes plus du tout dans le domaine
des excédentaires.
M. Claveau: Oui, mais on est quand même dans le domaine de
la dynamique globale du plan d'équipement.
M. Coulombe: Oui.
M. Claveau: J'aurais d'autres questions en dehors de cela, mais
on reviendra là-dessus au moment où on parlera des marchés
extérieurs probablement. En ce qui concerne les autres formes de
production d'énergie dans lesquelles Hydro-Québec avait
commencé à intervenir, entre autres, les éoliennes. J'ai
vu dernièrement, par exemple, à Kuujjaq, que vous venez de mettre
en place une éolienne qui va remplacer une partie de la centrale au
diesel là-bas. Est-ce qu'il s'agit là d'un programme qui est en
voie d'expansion ou cela en est seulement au niveau expérimental?
M. Coulombe: Dans le cas des communautés auxquelles vous
faites référence, c'est un programme nouveau absolument fascinant
et je vais demander à M. Huppé de dire quelques mots concernant
ce sujet. Il faut distinguer le problème de l'éolienne dans ce
territoire du problème de l'éolienne de Cap-Chat que nous avons
remises à l'entreprise privée. Cadrant avec notre
stratégie de sous-traitance au privé, on a remis cette
éolienne au privé. Mais pour l'autre aspect, M. Huppé peut
vous expliquer clairement com- ment ça fonctionne. (15 h 30)
M. Huppé (Maurice): En ce qui concerne le programme de
Kuujjaq, c'est un programme expérimental et il faut comprendre qu'on ne
construit pas d'éolienne, on installe des éoliennes. Le but du
programme expérimental est de travailler sur les contrôles de
façon à faire travailler l'éolienne avec le diesel. C'est
un programme expérimental.
M. Claveau: Est-ce que vous êtes en mesure de tirer des
conclusions ou, du moins, de commencer à émettre des
hypothèses sur l'expérience que vous avez entreprise à
Kuujjuaq?
M. Huppé: On a fait des études. C'est un programme
qu'on estime rentable, d'après les études économiques
qu'on a faites. Le programme est à moitié complété
et la rentabilité semble se confirmer.
M. Claveau: Est-ce que le coût du kilowatt produit par une
éolienne, avec son installation et son entretien, est concurrentiel par
rapport à une centrale au diesel?
M. Huppé: Pour les réseaux éloignés,
c'est concurrentiel. Avec un diesel, cela coûte à peu près
0, 18 $ le kilowatt pour produire de l'énergie dans les réseaux
éloignés, parce qu'il faut transporter le diesel. Tandis qu'avec
des éoliennes, on pense qu'on pourrait baisser les coûts à
0, 16 $ le kilowatt. Alors, cela serait rentable.
M. Claveau: D'accord. Je voudrais rêvenir - je crois que le
député de Saguenay en a parlé rapidement - sur la question
du barrage de Manic 5. À L'élude du plan d'équipement de
1987-1989, M. le président d'Hydro-Québec, vous avez dit que la
question du renforcement du barrage de Manic 5 était à
l'étude et que cela serait prêt pour 1988. Les décisions
seraient prises à ce moment-là. Où est-ce qu'on en est
exactement dans ce dossier?
M. Coulombe: M. Michel va répondre, mais je pense que cela
se passe comme on vous l'avait dit. Il y a un aspect miraculeux
là-dedans. Si vous saviez le nombre de spécialistes qui se sont
penchés sur ce problème, qu'on soit arrivé à une
conclusion, je considère cela comme un minimiracle.
Une voix:...
M. Coulombe: Oui, peut-être.
M. Michel: Le problème qui a été vécu
avec le barrage de Manic 5, c'est que c'est une immense structure de
béton qui a maintenant 25 ans et il était difficile de
répéter, sur modèle mathématique, son comportement
réel. C'est ce qui a pris une période assez longue pour
arriver
à la conclusion que le barrage était totalement
sécuritaire. Le scénario qui avait été
évoqué, il y a quelques années, de faire des massifs de
béton ou d'enterrer le barrage dans des enrochements ne s'avère
pas nécessaire. Comme je l'ai mentionné rapidement ce matin, on
va protéger le barrage au niveau thermique, parce que les fluctuations
de température induisent des contraintes dans le barrage. Ce qu'on a
appelé le confortement thermique va nous permettre de garder le barrage
en bonne condition pour le restant de sa vie utile.
M. Claveau: On me dit que mon temps est terminé sur la
question du plan de l'équipement, alors on se reprendra plus tard.
Merci.
M. Ciaccia: Pour revenir, juste un instant, sur l'énergie
excédentaire, M. Coulombe, vous avez déjà donné une
partie de la réponse à la question que je vais vous poser mais
peut-être pourriez-vous élaborer un peu. Le programme de
l'énergie excédentaire pour les pâtes et papiers se termine
à la fin de l'année. \
M. Coulombe: II se termine à la fin de 1988; après
que nous aurons donné une extension à quelques-uns d'entre
eux.
M. Ciaccia: Plusieurs d'entre eux, pour remplacer ce programme,
vont devoir faire des investissements additionnels. C'est ce qu'ils nous
soumettent dans le rapport auquel vous vous êtes
référé. Pour faire cela, ils vont aller vers le gaz
naturel. Je pense que vous avez donné une partie de la réponse,
mais vous pouvez peut-être élaborer. Pourquoi le gaz naturel - eux
n'ont pas de déversement, évidemment - avec des investissements
additionnels, peut-il remplacer votre programme à des coûts
compétitifs ou moins élevés?
M. Coulombe: Là-dessus, on pourrait - je ne sais pas si
c'est dans le plan ou dans l'annexe - vous montrer la position concurrentielle
de l'électricité pour ce genre d'usage. Il s'agit d'une question
d'efficacité. Je ne sais pas si M. Finet...
À la question précise: Pourquoi le gaz est-il plus
concurrentiel? Évidemment...
M. Ciaccia: Pour ce programme-là.
M. Coulombe:... il y a le prix de base mais, pour ce
programme-là, je ne sais pas si M. Finet pourrait ajouter.
M. Finet (Jacques): Oui. D'abord, je désirerais apporter
une précision. Lorsque vous dites que certaines industries doivent faire
des investissements, c'est peut-être parce qu'elles ont
négligé d'en faire ou de faire l'entretien, du moins, pendant la
période de quatre ans. Il faut se souvenir qu'avant que ne débute
le programme de vente d'électricité excédentaire, ces
clients-là utilisaient, pour la plupart, du mazout pour chauffer leurs
bouilloires, et on leur a dit: Pendant quatre ans, on va remplacer ce mazout
par de l'électricité.
Certains ont été très prévenants et ont
continué à faire l'entretien des bouilloires. Je peux vous dire
que dès demain, ils seront prêts à retourner à leurs
bouilloires à l'huile, ils n'auront pas de difficulté. D'autres
ont négligé l'entretien, peut-être parce que la bouilloire
commençait déjà à être désuète
ou à avoir de l'âge; donc, ils sont maintenant forcés de
faire l'investissement qu'ils auraient dû faire, d'une façon ou de
l'autre, s'ils avaient gardé leur bouilloire à l'huile.
M. Ciaccia: Ils ne sont pas obligés de faire des
investissements additionnels pour convertir ces bouilloires pour l'utilisation
du gaz naturel?
M. Finet: C'est-à-dire que oui. Ceux dont la bouilloire
est en bon état peuvent, disons, investir légèrement pour
passer au gaz naturel, mais certains ont tout simplement abandonné leur
bouilloire et l'ont même enlevée; maintenant, il faut qu'ils
investissent pour se redonner cet équipement soit à l'huile, soit
au gaz.
À présent, je sais que le gaz, ces temps-ci, dispose de
surplus. Ils vivent un peu ce qu'on a vécu, nous, il y a quelques
années et ce sont les raisons pour lesquelles ils sont prêts
à faire des programmes commerciaux spéciaux qui offrent à
l'industrie des rabais et même des subventions pour ceux qui s'installent
au gaz, à la condition, bien entendu, que ces industries-là
s'engagent à signer un contrat pour une durée de trois, quatre ou
cinq ans, suivant l'ampleur des investissements.
M. Coulombe: Maintenant, remarquez que, si l'industrie
forestière veut payer un prix plus élevé, on n'a aucun
problème à lui fournir l'électricité, au contraire.
C'est au prix actuel que nous ne sommes plus d'accord pour la lui fournir.
M. Ciaccia: C'est au prix compétitif avec le gaz
naturel.
M. Coulombe: Non, pas nécessairement, parce que,
même là, on a des marchés beaucoup plus lucratifs. Mais si
l'industrie forestière veut tellement se servir de
l'électricité, qui a d'autres avantages que simplement le prix,
et qu'elle est prête à payer le tarif régulier, il n'y a
aucune espèce de problème, au contraire.
M. Ciaccia: Oui.
M. Coulombe: On serait extrêmement heureux de les avoir
comme clients.
M. Ciaccia: Mais le tarif régulier sera
supérieur à celui qu'ils peuvent obtenir pour le gaz
naturel...
M. Coulombe: Voilà.
M. Ciaccia:... en faisant la conversion.
M. Coulombe: Voilà. Et là, il y a deux
problèmes. Ceux qui ont entretenu tout leur stock de bouilloires, qui
sont restés à la triéner-gie, n'ont aucune sorte de
problème. Demain matin, ils se mettent au gaz et ont très peu
d'investissement à faire. Ceux qui n'ont pas de chaudière au gaz,
à Gaz métropolitain, à ce qu'on nous dit - on n'est pas
ici pour faire la publicité du gaz - on nous dit qu'il y a des
programmes qui existent là-dessus, qui ressemblent étrangement
à ceux qu'on a lancés, il y a quatre ou cinq ans, pour payer les
bouilloires qu'on a installées chez les clients. En plus, il faut dire
que, pour des ventes "spot" ou des choses, on est prêts à
considérer avec eux des dispositions spéciales. D'ailleurs, la
vente d'électricité dans les chaudières n'est pas
nouvelle. Les premières ont été installées en
1900...
Une voix: Vingt-huit.
M. Coulombe:... 1920 ou 1930. Cela a toujours existé. Et
cela va continuer d'exister et on va continuer à avoir des surplus
saisonniers, passagers, et on est prêt à en faire des ventes
à un moment donné, à établir des ententes avec eux.
Ce dont nous parlons, c'est d'un programme extrêmement nouveau,
c'est-à-dire de fournir sur une base excédentaire un produit
extrêmement sophistiqué qui était le produit le plus
dispendieux dont Hydro dispose, c'est-à-dire énergie et puissance
ferme pendant toute l'année; et on le vendait à un prix
excédentaire. Pourquoi on le faisait? Parce qu'on avait des
déversements. On n'en a plus. C'est injustifié de continuer.
M. Ciaccia: Est-ce que vous avez exploré, avec
l'industrie, la possibilité, admettons, d'avoir une période de
transition? Cela termine, d'un coup sec, je pense le 30...
Une voix:... décembre...
M. Ciaccia:... le 31 décembre ou à la fin de
1988.
M. Coulombe: C'est-à-dire qu'on a examiné avec
eux... Pour plusieurs, d'abord, on l'a prolongé, le programme.
M. Ciaccia: Au-delà de 1988.
M. Coulombe: Deuxièmement... Non, non, non. Il devait
finir très prochainement, on l'a prolongé jusqu'à la fin
de 1988. Donc, pour plusieurs, il s'agit là d'une ristourne pure.
Deuxièmement, en mai 1987, on leur a dit que la période se
terminait dans un an et demi. Donc, il y a eu un an et demi de transition pour
se préparer là-dessus. Nous avons dit aussi dans notre
réunion, et on l'a marqué, que, s'il y avait des cas
exceptionnels qui se présentaient, HydroQuébec a toujours
été de bonne entente avec son principal client qu'est l'industrie
forestière. On a beaucoup d'amitié et de respect pour eux, on est
prêt à regarder cela, mais ce serait sur une base très ad
hoc et en aucune espèce de façon pour continuer le programme tel
qu'il était, parce qu'encore là, cela nous coûterait 100
000 000 $ et qu'on ne voit pas sur quelle base économique justifier une
subvention de 100 000 000 $ à l'industrie forestière.
NI. Ciaccia: Si je vous comprends bien, vous n'excluez pas la
possibilité d'examiner, cas par cas, pour certaines...
M. Coulombe: Pour certaines industries qui, par exemple, ne
seraient pas dans une zone où le gaz est disponible et ainsi de suite.
Il y a peut-être des arrangements qui pourraient être faits.
Là-dessus, je ne peux pas en dire plus parce que tout simplement...
M. Ciaccia: II faut négocier.
M. Coulombe: On le leur a offert il y a quelques semaines ou
quelques mois et on attend leur réaction.
M. Ciaccia: Alors, il y a ceux qui ne sont pas dans une zone
où il y a le gaz naturel...
M. Coulombe: Et qui représentent des cas spéciaux.
Il faut s'entendre avec eux sur ce qu'est un cas spécial.
M. Ciaccia: Dans cette industrie, je sais que le niveau des
profits pour cette année est assez intéressant mais, il y a des
secteurs dans l'industrie qui sont moins profitables que d'autres. Je ne veux
pas nommer de sociétés parce que ce ne serait pas juste envers
elles. Dans ces cas, est-ce que vous êtes prêts aussi à
regarder les possibilités pour les problèmes particuliers
qu'elles peuvent avoir?
M. Coulombe: Si vous voulez mon opinion personnelle, je pense
qu'on ne devrait pas le faire. Je pense qu'Hydro ne devrait pas le faire tout
simplement parce que ce n'est pas le rôle d'Hydro-Québec, a mon
avis, d'aider des entreprises particulières dans un secteur où
l'économie générale est excellente. On a des programmes
qui s'appliquent à cela. En d'autres mots, si une entreprise veut
investir, on a notre programme de partage de risques dans lequel on est
prêt à donner des tarifs spéciaux pour le début de
la transition avec son investissement. Mais dans le cadre de prolonger le
programme de chaudière
parce qu'une entreprise fonctionne mal ou est dans un secteur qui va
mal, à mon avis, ce n'est pas le rôle d'Hydro-Québec. Si le
gouvernement veut le faire, il n'y aura aucune espèce d'objection. Cela
ne nous regarde pas, cela regarde le gouvernement. Mais à mon avis
personnel, on ne devrait pas s'embarquer là-dedans. Ce sont des
subventions qui sont injustifiées par rapport à l'ensemble des
autres clients qu'on a. On a des programmes réguliers de partage de
risques et d'autres programmes qui s'appliquent à des entreprises qui
veulent investir, modifier leur système de production et ainsi de suite.
On a le programme d'électrotechnologie qui est dans le même
domaine. On a beaucoup de programmes qui s'ajoutent à cela. Mais
carrément prolonger le programme des excédentaires pour une
entreprise qui va mal, moi, personnellement, je pense que ce serait une erreur
de la part d'Hydro-Québec.
M. Ciaccia: Nous pouvons revenir, car je crois que nous devons
terminer l'examen du plan d'équipement. Nous pourrons revenir sur ce
sujet quand on va aborder tout le plan de développement sur les
marchés internes.
Une autre question sur le plan d'équipement. En 1987,
Hydro-Québec a adopté une politique d'achat pour
l'électricité produite par de petits producteurs dans le cadre du
développement des petites rivières. Est-ce qu'Hydro-Québec
peut exposer brièvement cette politique d'achat et expliquer
également de quelle manière le développement des petites
rivières s'harmonise avec celui des grands bassins?
M. Coulombe: Pour vous démontrer que M. Guevremont, qui
est vice-président exécutif aux marchés externes, n'est
pas hanté seulement par les exportations, il va nous exporter...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Coulombe:... expliquer ce qu'il entend faire avec le
marché québécois des petites centrales où on peut
acheter de l'électricité.
M. Ciaccia: II va exporter les petites centrales. Continuez.
M. Guevremont (Jacques): Pour ce qui est de l'achat des petits
producteurs, il y en a un certain nombre qui se sont présentés
à notre porte pour nous vendre de l'électricité qu'ils
produiraient de différentes façons, avec des éoliennes ou
d'autres petites usines hydrauliques. Notre position là-dessus est une
tarification neutre. On est prêt à leur accorder le même
prix que cela nous coûterait de produire à partir d'installations
d'Hydro-Québec.
Notre approche est très simple. On a des règles
détaillées d'écrites là-dessus, mais notre approche
est claire. Il faut que cela ne nous coûte pas plus cher,
c'est-à-dire le même prix que cela nous coûterait de
produire cette élec- tricité nous-mêmes.
M. Ciaccia: Est-ce que vous avez des projets en discussion? Quel
serait l'ordre de grandeur de ces projets?
M. Guevremont: Ces projets varient de 7 à 25
mégawatts. J'ai une liste ici des projets en cours d'évaluation:
les chutes Wilson, High Falls, Sainte-Adèle, Saint-Elzéar,
Chaudière, Chambly, Montmorency, Saint-Narcisse, Kipawa, Val-Jalbert,
enfin, j'en passe. Il y en a plusieurs. (15 h 45)
En ce qui regarde Hydro-Québec, nous ne sommes pas un
élément de blocage là-dessus. Nous sommes à
l'écoute de ces gens. Notre position a été établie
clairement avec eux qu'on était prêt à leur payer le
même prix que cela nous coûterait pour produire
l'électricité. Cela doit s'adapter. Si c'est une éolienne,
par exemple, il ne faut pas oublier que dans le cas d'une éolienne qui
fournit de l'électricité quand il y a du vent, si on est
obligé de maintenir un diesel à côté quand il n'y a
pas de vent, il faut en tenir compte. C'est-à-dire, cette valeur de
l'électricité produite par éolienne, elle vaut ce qu'elle
nous fait économiser au niveau du pétrole dans la centrale diesel
qui est à côté. Mais c'est une tarification neutre,
c'est-à-dire qu'il ne faut pas que cela nous coûte plus cher,
autrement cela serait une subvention aux petits producteurs.
Le Président (M. Charbonneau): Merci.
M. Ciaccia: Je pense que mon collègue avait une
question.
Le Président (M. Charbonneau): Sur le plan
d'équipement?
M. Cannon: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): Une dernière.
M. Cannon: Oui, peut-être une sous-question. M. Guevremont,
dites-moi, est-ce que cette expertise que vous êtes en train de
développer vous permettra d'attaquer des marchés de
cogénération aux États-Unis?
M. Guevremont: Ce serait le même... Aux États-Unis,
avez-vous dit?
M. Cannon: Oui.
M. Guevremont: Aux États-Unis, c'est notre
compétiteur, c'est autre chose. C'est-à-dire que l'approche
là-bas, c'est que les clients qui achètent de nous aux
États-Unis, actuellement, regardent et nous comparent à des
"small indépendant producers", qu'ils appellent, ou des IPP, ou les
cogénérateurs. Cela devient un
compétiteur important en Nouvelle-Angleterre et à New
York.
M. Coulombe: II faut vous dire que le génie-conseil
québécois a beaucoup de projets américains dans le domaine
des petites centrales SNC, par exemple, a plusieurs contrats. Elles est en
train de construire plusieurs centrales. Évidemment, au Québec,
c'est un peu plus compliqué parce que le coût du kilowattheure
produit par Hydro-Québec est tellement bas que cela n'avantage pas ceux
qui veulent développer des projets dans des rivières et ainsi de
suite, à quelques kilowatts ou deux, trois, quatre ou cinq
mégawatts. Ils n'auront jamais l'économie d'échelle que
nous pouvons avoir. Alors, c'est beaucoup plus avantageux dans les
régions où on fait de l'électricité à partir
du mazout, du charbon, et ainsi de suite. Là, les prix sont un peu plus
compétitifs. Mais au Québec, M. Guevremont a quand même
nommé plusieurs projets qui sont en discussion, mais cela pose des
problèmes. Ces gens-là ne sont pas très heureux des prix
qu'on leur offre, parce que la tarification neutre, évidemment, ce n'est
pas ce qui est des plus encourageants pour eux. Donc, là, on a un
problème à cause du coût très bas des kilowattheure
qu'on produit ici.
M. Cannon: Tout simplement, M. Coulombe, la question était
de savoir si la technologie ou, enfin, l'expertise que nous
développions, nous ne pourrions pas nous-mêmes l'exporter aux
Etats-Unis soit en partnership ou d'une autre façon et développer
auprès des Américains cette nouvelle forme?
M. Coulombe: Oui, mais ce ne sont pas des technologies qui sont
si, comment dirais-je, si sophistiquées et si nouvelles, sauf si on
tombe dans le domaine des turbines bulbes très sophistiquées. On
pourrait en parler un peu plus tard, mais la technologie dans ces domaines est
très connue et l'expérience de nos grandes maisons
d'ingénierie est parfaitement au point pour faire face à
n'importe quelle demande de ce côté. Ce n'est pas une technologie
à développer, c'est une technologie qui existe. Nos grandes
maisons d'ingénierie en ont fait à gauche et à droite dans
d'autres pays et elles sont parfaitement capables d'exploiter ce marché
qu'il n'est pas dans notre intérêt, à Hydro-Québec,
de pousser au maximum, parce que chaque fois qu'il y a un auto-producteur qui
produit aux États-Unis, cela nous fait une chance de moins pour vendre
notre électricité, mais, comme c'est à un niveau
très minime en termes de mégawatts, c'est plus ou moins important
au moment où on se parle.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Cannon: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): Nous allons maintenant
passer à la discussion sur les aspects environnementaux.
Environnement Consultations et études
d'impact
Si vous me le permettez, et l'alternance me donne l'occasion d'y aller
notamment comme critique de l'Opposition en ce domaine, je vais d'abord vous
demander, M. Coulombe, si HydroQuébec a été invitée
dans la préparation de son plan de développement, en particulier
dans l'optique des nouveaux travaux annoncés il y a quelques jours dans
le nord du Québec, si vous avez été invités
à préparer d'une façon quelconque une forme de
consultation qui donnerait un peu suite aux propos que vous teniez l'an
dernier, justement, à peu près à cette date, sur les
impacts environnementaux des projets d'Hydro-Québec. À ce moment,
vous disiez à mon collègue d'Ungava que c'est vraiment une
discussion collective qu'il devrait y avoir sur la façon de maximiser
les effets de cette richesse en minimisant les coûts et les
conséquences environnementales.
Je vous pose cette question parce que le gouvernement, par la bouche du
représentant de la reine, récemment, lors du discours
d'ouverture, nous a annoncé une nouvelle politique
énergétique qui tiendrait compte des impacts environnementaux et,
avant que cette politique soit annoncée, on nous annonce les travaux.
Est-ce que, au minimum, le gouvernement, quand il a... Vous nous avez dit ce
matin qu'il y avait une espèce de symbiose des consultations, qu'avant
d'annoncer un plan de développement, vous présentiez le plan de
développement en public. C'est clair qu'Hydro s'est assurée,
d'une certaine façon, d'un certain accord du gouvernement. Est-ce que le
gouvernement vous a demandé, d'une façon ou d'une autre, de
procéder à des consultations sur les impacts environnementaux des
travaux additionnels que vous allez devoir faire dans le nord du Québec
?
M. Coulombe: Le gouvernement est parfaitement au courant de nos
stratégies dans le nord et, comme on le répète souvent,
les règles du jeu, dans ce domaine, sont relativement claires. Si on
parle du nord, il y a une convention de la Baie James qui existe. Nous la
respectons intégralement. Nous avons discuté très
longuement avec les autochtones de la région et nous en sommes venus, au
mois de novembre, enfin, l'an passé, en 1986, à une entente
formelle avec les autochtones concernant le développement de la ligne
nouvelle de LG 1, LG 2 A, LG 1, LA 1, Brisay.
Donc, au point de vue des consultations dans le cadre des règles
du jeu actuelles, nous avons fait notre devoir. Quant aux nouvelles
règles éventuelles, nous espérons, vous savez qu'il y a
une annexe au plan de développement
qui résume l'ensemble de nos stratégies d'environnement
et, si le gouvernement veut nous consulter, nous serions extrêmement
heureux de donner notre opinion concernant toute nouvelle stratégie sur
l'environnement.
Le Président (M. Charbonneau): Autrement dit, ce que vous
nous dites, c'est que le gouvernement ne vous a pas demandé d'orchestrer
d'une façon quelconque un débat public collectif important
où les groupes environnementaux, pas seulement les résidents du
Nord québécois, mais l'ensemble des gens qui sont
préoccupés par les impacts environnementaux pour le Québec
et son potentiel de richesses naturelles, et pour ses systèmes
écologiques, on ne vous a pas demandé, avant de préparer
le plan de développement et avant d'annoncer les nouvelles
constructions, de mettre cela en balance avec les impacts environnementaux.
M. Coulombe: Le gouvernement ne nous a pas donné le mandat
d'organiser une telle consultation et, quant à nous, notre
stratégie, comme je vous l'ai dit, respecte les règles du jeu qui
existent actuellement: convention de la Baie James, l'ensemble des lois qui
gouvernent ces faits, notre stratégie d'étude des impacts
cumulatifs de l'environnement, notre suivi de la phase 1 de la Baie James qui
est tout expliqué en détails dans l'annexe, mais, pour
répondre à votre question, le gouvernement ne nous a pas
donné de mandat supplémentaire à ce niveau-là, et
je me demande même si ce serait à Hydro-Québec d'avoir un
mandat dans ce domaine-là. En d'autres mots, si c'est une consultation
aussi large, c'est au gouvernement à organiser cela et non pas
Hydro-Québec, qui est un des partenaires de développement parmi
d'autres même si c'en est un important.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord, mais je ne vous
demande cela parce que, dans le plan de développement, à la page
90, vous précisez que, dans l'objectif d'intégrer le plus
tôt possible les préoccupations environnementales au processus de
planification des projets, vous avez apporté l'an dernier des
modifications au processus de réalisation des équipements de
production et de transport. Vous dites un peu plus loin: "Ceci devrait
permettre une plus grande consultation des gestionnaires du territoire et du
public en général aux termes de chacune des phases". Et, donc, la
phase si on veut en ce qui concerne les équipements de production et les
équipements de transport. Donc, dans la mesure où vous nous dites
qu'il va y avoir plus de consultation et que les impacts environnementaux vont
faire l'objet d'une plus grande analyse, comment peut-on concilier ce que vous
avez dit dans votre plan de développement avec ce que vous venez de nous
dire ?
M. Coulombe: C'est parfaitement compatible en ce sens que, dans
l'annexe, nous avons dit: On s'en vient avec des grands travaux, tant au point
de vue production qu'au point de vue transport. Avant cela, on avait un
avant-projet et nous allions chercher nos permis soit au ministère de
l'Environnement, soit au ministère de l'Énergie. Nous
suggérons, dans cette annexe, et aussi surtout dans l'annexe sur les
lignes de transport...
Une voix: Dans le réseau futur.
M. Coulombe:... dans le réseau futur, nous
suggérons une méthode un peu plus sophistiquée. Nous
séparons les avant-projets en deux phases: une première phase au
niveau des grands secteurs de production où il y aurait une
préconsultation et une deuxième phase de l'avant-projet. Nous
suggérons cette méthode-là pour mieux situer la
consultation. Dans notre esprit, cette suggestion est au niveau du
gouvernement, à l'heure actuelle, depuis quelque temps. Comme d'autres
dimensions du plan, nous espérons qu'elle va faire l'objet d'une
étude par ceux qui ont à décider dans ce domaine-là
et nous espérons qu'il y aura une décision éventuelle
concernant cette recommandation qui est une stratégie qu'on propose pour
clarifier l'aspect consultation. Maintenant, elle pourra être
complétée par d'autres suggestions, elle pourra être
modifiée et ainsi de suite, mais cela nous a semblé une bonne
façon de clarifier les points et d'éviter les
ambiguïtés qu'on a vécues, par exemple, si on prend les
lignes de transport, le fameux problème des corridors et des
tracés, cela nous a semblé une méthode nouvelle, une
méthode qui respecte plus une véritable consultation et qui ne
soit pas un gigantesque happening sur à peu près tous les sujets,
mais qui se concentrerait un peu plus sur la consultation.
Le Président (M. Charbonneau): Ce dont vous parlez, cela
s'applique aussi aux équipements de production.
M. Coulombe: Aussi.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, si je comprends bien,
il faudra que le gouvernement réponde à votre ouverture ou
à votre intérêt particulier. Si jamais il le faisait,
est-ce que cela veut dire qu'éventuellement cela pourrait s'appliquer
pour les travaux de construction d'équipements de production dans le
nord du Québec?
M. Coulombe: C'est-à-dire que les avant-projets actuels
pour LG 1 sont terminés pour la onzième... C'est la
douzième ligne?
Une voix: La douzième ligne.
M. Coulombe: La douzième ligne. Nous sommes en train de
demander nos permis au gouvernement. Cette suggestion en est une parmi
50 ou 75 recommandations qu'on fait dans ce plan à l'actionnaire.
Alors, l'actionnaire va ies examiner. On va en reparler et on va voir ce que
cela va donner au bout de la ligne.
M. Michel: Mais je vous ferai remarquer que dans les projets LG
1, LA 1, Brisay, comme on le mentionnait tantôt, ces projets
étaient soit dans la Convention de la Baie James et du Grand-Nord
québécois de 1975. Dans le cas de LG 1 particulièrement,
la construction du barrage était commencée et, du point de vue
environnemental, tout avait été obtenu en ce qui concerne les
permis auprès du gouvernement. On augmente la capacité de la
centrale de 10 à 12 groupes et on va impliquer le ministère de
l'Environnement là-dedans. De la même façon, LA 1
était dans la convention de 1975. Brisay ne l'était pas, mais
elle a été incluse dans la convention de 1986.
M. Coulombe: C'est vrai. Pour la nouvelle ligne, nous sommes
parfaitement prêts à prendre la nouvelle stratégie qui est
impliquée là-dedans si le gouvernement est d'accord avec cette
stratégie.
M. Michel: Ce qu'on veut éviter, c'est que,
présentement, on fart une étude préliminaire et un
avant-projet assez massif. Par le moment qu'on termine notre avant-projet, il y
a beaucoup de travail de fait et les scénarios alternatifs ne sont
peut-être pas toujours faciles à identifier. En scindant
l'avant-projet en phase I et phase II, nous pourrions vérifier
auprès des populations des groupes concernés les orientations
qu'on prend avant d'être rendu trop loin dans l'avant-projet. Cela
implique que nous devrons commencer nos travaux d'étude
préliminaire, avant-projet phase I et avant-projet phase II, plus
tôt dans le temps. Si on consulte davantage, il va falloir se donner le
temps de consulter
Le Président (M. Charbonneau): Je vous dis cela parce
qu'à la page 50 du document "HydroQuébec et l'environnement",
vous admettez qu'il y a des impacts environnementaux que vous aviez
sous-évalués à l'époque. C'est un aveu important
et, dans la mesure où vous reconnaissez qu'il y a des impacts
environnementaux qui avaient été sous-évalués,
quels sont les mécanismes que vous avez mis en place ou que vous
prévoyez pour que, dorénavant et en fonction des travaux futurs
qui vont être faits, on fasse des évaluations plus
précises, qu'on ait de meilleurs outils d'évaluation et qu'on
puisse savoir plus précisément quels sont les impacts
environnementaux réels? Dans ce sens-là, on voit pius
l'utilité d'une consultation.
M. Coulombe: Je vais laisser la parole à M. Dubeau, qui
est directeur de l'environnement.
Juste avant cela, j'espère que cela ne vous surprend pas de
savoir qu'Hydro-Québec peut, dans un domaine aussi complexe que
l'environnement, parfois sous-évaluer, parfois surévaluer. C'est
tout à fait normal, on est dans une science, entre guillemets,
nouvelle.
Le Président (M. Charbonneau): Je suis d'accord avec vous.
Ce n'est pas cela qui m'inquiète.
M. Coulombe: Par exemple, il y a des traversées du fleuve
qui nous ont extrêmement surpris, dont on avait sous-évalué
l'importance.
Le Président (M. Charbonneau): On va en parler
tantôt.
M. Coulombe: Mais M. Dubeau peut expliquer le contexte de
l'annexe sur l'environnement et surtout la page des effets cumulatifs.
Le Président (M. Charbonneau): Juste pour qu'on se
comprenne bien, M. Coulombe, je comprends qu'on peut sous-évaluer avec
les connaissances qui évoluent constamment, mais dans la mesure
où vous reconnaissez que les connaissances peuvent évoluer au
cours des années, on reconnaît aussi qu'il y a des
précautions importantes à prendre parce qu'on pourrait se rendre
compte dans quelques années que, finalement, ce qu'on est en train de
faire ou ce qu'on a déjà fait dans le nord du Québec et ce
qu'on pourrait faire de plus pourrait avoir des conséquences
écologiques bien plus importantes que celles qu'on a
évaluées jusqu'à maintenant, de la même façon
qu'au Brésil on commence juste à se rendre compte que la
destruction de la forêt amazonienne peut avoir des conséquences
sur la planète bien plus importantes qu'on l'estimait il y a quelques
années.
M. Dubeau (Daniel): Si vous me le permettez, M. le
Président, la citation que vous prenez à la page 50 du document,
est-ce que cela est bien au quatrième paragraphe?
Le Président (M. Charbonneau): J'ai une citation ici. Je
n'ai pas la...
M. Dubeau: C'est parce que ce que nous avons écrit, c'est
que nos études d'impact ont eu tendance à surévaluer ies
impacts qui étaient anticipés et non pas à les
sous-évaluer.
Une voix: Une autre de mes erreurs.
Des voix: Ha, ha, ha! (16 heures)
Ml. Dubeau: Effectivement, il faut retourner quinze ans en
arrière alors que les méthodologies d'étude d'impact
étaient très peu développées au Québec. Il
faut se rappeler qu'Hydro-Québec est sans doute le promoteur qui depuis
quinze ans en a le plus réalisé. On a environ 150
études
d'impact à notre crédit. On a fait beaucoup évoluer
les méthodologies. Par ailleurs, les études, au début,
avaient tendance à exagérer les problèmes qui
étaient pressentis. À la pratique, surtout depuis qu'on fait du
suivi environnemental, c'est-à-dire une fois le projet
réalisé et qu'on retourne au terrain pour voir les effets
réels et la pertinence des mesures d'atténuation, on se rend
compte, effectivement, avec les années, qu'il y a des choses qui avaient
été malheureusement exagérées lors des
études d'impact. Je pense que de plus en plus on arrive à cibler
de façon beaucoup plus précise les impacts des projets.
Concernant la phase II du complexe La Grande et votre
préoccupation, il est intéressant quand même de remarquer
qu'on bénéficie dans le cadre de ce projet-là d'une
infrastructure déjà existante. Donc, les impacts réels du
complexe La Grande ont découlé davantage de la phase I, dans
laquelle on a investi 250 000 000 $ en mesures d'atténuation.
Le Président (M. Charbonneau): Ce qu'il est
intéressant de savoir, c'est: Est-ce qu'Hydro-Québec est en
mesure, avec les connaissances qu'elle a acquises au fil des années,
d'établir une espèce de bilan en termes de pertes
écologiques nettes? Autrement dit, les constructions occasionnent une
perte brute au plan écologique. Vous avez des mesures de compensation et
des mesures de mise en valeur, donc de correction d'une certaine façon,
qui jusque dans une certaine mesure atténuent ou diminuent la perte
brute. Mais, le résultat final, est-ce qu'on peut être en mesure
d'établir un bilan quantitatif en termes de pertes ou de gains
écologiques? Je ne pense pas qu'il y ait de gains... Je n'ai pas
l'impression qu'Hydro-Québec va aller plus loin que la nature peut le
faire, donc avec des gains additionnels à ce que la nature avait
déjà fait, mais dans quelle mesure pourrait-on évaluer la
perte nette au plan écologique?
M. Dubeau: Bien, nous avons amorcé l'année
dernière une étude qui s'appelle "Les effets environnementaux
cumulatifs du plan des installations d'Hydro-Québec". C'est une
étude de longue haleine. C'est évident qu'il n'existe pas de
modèle ailleurs dans le monde qui nous indique comment procéder
dans ce genre d'étude-là. Mais ce que nous voulons
évaluer, c'est, advenant qu'Hydro-Québec aménage les 18
000 mégawatts dits économiquement rentables dans le plan des
installations et réalise les huit nouvelles lignes additionnées
aux équipements déjà existants, quels seront les effets
sur l'environnement, effectivement, en termes globaux et est-ce qu'il y aura
perte d'une façon ou d'une autre concernant certaines des ressources? Si
oui, quelles mesures pourraient être prises pour, si vous voulez,
éviter toute perte nette de ressources? L'exemple qu'on peut donner:
Supposons que le potentiel comme tel des rivières à saumons
du
Québec pourrait être affecté par l'ensemble de
l'aménagement des rivières hydroélectriques où II y
a un intérêt économique pour Hydro-Québec et
également la ressource saumons. Vous disiez tantôt que
peut-être on n'est pas rendu à ce point à optimiser
même les ressources, mais il est peut-être pensable
d'aménager d'autres rivières sur lesquelles Hydro-Québec
n'a pas d'intention de développement énergétique et
d'augmenter leur capacité de production de la ressource saumons; c'est
pensable. Par exemple, dans le projet de l'Ashuapmushuan, on pense être
en mesure d'aménager les tributaires en amont des barrages pour
développer davantage la culture de la ouananiche. Donc, il est pensable
qu'avec le développement hydroélectrique il y a des ressources
qui peuvent être non seulement, je dirais, affectées mais d'autres
même bonifiées.
Donc, les effets environnementaux cumulatifs, ce que nous venons
d'entreprendre, on s'est donné jusqu'à cette année, vers
la mi-année, pour déposer un premier bilan, à la haute
direction de l'entreprise, décrivant les axes de recherche. On devra
approfondir effectivement pour déterminer si oui ou non il y aura des
effets environnementaux cumulatifs. Au total, le programme qu'on a à
l'heure actuelle nous amène sur un horizon de deux ans. Donc, on se dit:
D'ici deux ans, voyons voir le chemin qu'on va faire. On va définir des
créneaux de recherche très spécifiques et, bien sûr,
tout cela basé sur l'expérience acquise depuis quinze ans.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que vous êtes
en mesure à ce moment-ci de déposer une analyse des impacts
réels et de la nature des mesures de compensation, de mise en valeur que
vous prévoyez pour l'étape 2 de la phase I qui a
été annoncée?
M. Oubeau: Bien, on vient de déposer au gouvernement le
rapport concernant LG 1; ceux de Brisay et LA 1 sont en préparation.
Dans le cas de LG 1 et de Brisay, il n'y a pas d'impact significatif
étant donné l'aménagement comme tel qui est
déjà existant. Dans le cas de LA 1, il y aura création
d'un réservoir additionnel de 1000 kilomètres carrés.
Donc, cela était déjà prévu à la Convention
de la Baie James et il y a des mesures particulières qui vont être
prises concernant les rives. Mais, dans ce sens-là, ce n'est rien de
particulier par rapport aux efforts antérieurs dans l'aménagement
du complexe La Grande.
M. Coulombe: Dans ce sens-là, les nouveaux projets, les
études auxquelles M. Dubeau a fait allusion, les effets cumulatifs,
espérons qu'ils seront assez avancés pour pouvoir prévoir
lorsqu'on va être rendu à développer Grande Baleine et
ainsi de suite.
Le Président (M. Charbonneau): La vraie
phase II.
M. Coulombe: C'est-à-dire le développement de
Grande Baleine et de NBR.
M. Ciaccia: ...pas objectif.
Le Président (M. Charbonneau): Le président n'a pas
à être objectif, M. le ministre, il n'a qu'à faire son
travail correctement.
Il y a un article du Devoir de décembre 1986 qui disait
qu'Hydro-Québec ou la Société de la Baie James aurait
tenté de soustraire deux projets de barrages de la Baie James,
c'est-à-dire Grande Baleine et LG 2, aux directives du ministère
de l'Environnement, en déposant ses études d'impact avant
même que le ministère ait pu lui communiquer, tel que prescrit par
l'article 158 de la loi, ses directives et recommandations sur les
études d'impact à produire. Autrement dit, je ne sais pas si
c'était exact, mais est-ce une approche d'Hydro-Québec de
devancer d'une certaine façon le ministère de l'Environnement
pour un peu le placer devant le fait accompli que les études d'impact
sont réalisées?
M. Coulombe: Cela me surprendrait énormément que ce
soit le cas, mais M. Dubeau doit être au courant.
M. Dubeau: Dans ce cas-là, c'était surtout
concernant la grande phase II. Il y a eu, bien sûr, des études qui
ont été faites antérieurement au moment de la grande phase
1, en fonction de LG 1 et LA 1. Donc, les études ont été
déposées au ministère de l'Environnement. Par la suite, le
ministère a émis des directives précises concernant Brisay
et LG 1, afin qu'on actualise les études qui ont été
faites à l'époque. Dans ce sens-là on n'a pas
été cachottiers, on a tout simplement fourni au ministère
de l'Environnement l'état de nos connaissances par rapport à ces
projets-là. Les directives du ministère ont été
émises. En fonction de ces directives, on est en train de finaliser les
études pour Brisey, comme je vous l'ai dit tantôt, et celles de LG
1 ont été déposées, conformément aux
directives.
M. Coulombe: D'ailleurs, M. le Président, même si on
voulait être cachottiers à HydroQuébec, on ne serait
même pas capable. Au rythme où les documents sortent, il n'y a pas
de problème.
Le Président (M. Charbonneau): Je connais ça. J'ai
déjà été dans un autre domaine un utilisateur de
fuites.
À la page 8 du rapport "Hydro-Québec et l'environnement",
on dit aussi que cette société met en place graduellement les
mécanismes comptables qui permettront de distinguer le coût
environnemental du coût global des activités et des projets.
Est-ce qu'on peut connaître un peu les coûts environnementaux dont
vous parlez et les méthodes comptables? Est-ce que déjà on
a ces instruments en main pour...?
VI. Dubeau: Concernant la question des coûts, effectivement
il y a beaucoup d'activités que nous menons à
Hydro-Québec: par exemple, placer un récupérateur d'huile
sous un transformateur, ce geste-là est purement environnemental, il n'a
pas pour but de produire de l'électricité. Donc, il y a beaucoup
d'activités que nous réalisons normalement dans nos
activités d'exploitation ou lors de la réalisation des projets
qui ont une vocation purement environnementale. D'autres, dans une moindre
mesure, ont quand même des conséquences positives pour
l'environnement. Ce que l'on veut tenter de mettre sur pied, c'est, par le
système comptable de l'entreprise, de pouvoir identifier
précisément ces coûts. C'est en cours de discussion
actuellement avec les gens de la comptabilité et on essaie effectivement
de bien cerner quelle est la part environnementale dans l'ensemble de ces
activités tant du côté des activités d'exploitation
que du côté des projets.
De plus, en ce qui a trait aux projets, dans le cas des lignes et des
postes, il faut bien réaliser que l'ensemble de la démarche c'est
d'abord une démarche environnementale: la localisation comme telle, le
choix des corridors et des tracés correspondent strictement à une
volonté d'une meilleure intégration possible à
l'environnement.
Du côté des aménagements hydroélectriques,
c'est évident que les rivières sont où le bon Dieu a bien
voulu les placer et dans ce sens-là ce qu'on tente de faire,
effectivement, ce sont des mesures d'atténuation pertinentes. Dans ces
cas-là, c'est beaucoup plus facile pour les équipements de
production d'isoler les coûts inhérents à l'environnement,
puisque, l'impact étant créé quant à un
réservoir, ce sont des travaux d'atténuation particuliers autour
de ce réservoir même; par exemple, la coupe des arbres qui est
faite avant l'ennoyage des réservoirs.
Je ne sais pas si je réponds bien à votre question.
Le Président (M. Charbonneau): Au sujet de la ligne de
transport, la sixième ligne, à laquelle le président a
fart allusion tantôt, est-ce que vous êtes aussi optimiste que le
ministre de l'Énergie et des Ressources et que le ministre de
l'Environnement, lorsqu'ils ont indiqué que le gouvernement autoriserait
une ligne aérienne temporaire en attendant que la ligne sous-fluviale
soit terminée et que toutes les autres traversées fluviales se
feraient selon la méthode sous-fluviale plutôt qu'aérienne?
Est-ce que vous êtes confiant d'être en mesure de livrer la
marchandise que le gouvernement s'est engagé à livrer?
M. Coulombe: Je suis d'autant plus à l'aise pour
répondre un oui résonnant que je ne serai plus là pour en
vérifier l'exactitude, mais je
peux vous dire que toutes les mesures sont en place pour
qu'effectivement ce problème qui, en dehors du contexte de la
sixième ligne qu'on a vécu, où on avait de
l'électricité à livrer à telle date... Cela a
redéfini complètement le problème. En dehors de cette
exigence, c'est un problème technologique auquel Hydro-Québec va
travailler et cela va être réglé comme n'importe quel autre
problème technologique. Le problème de fond de la ligne RNDC n'a
jamais été que c'était une technologie qui n'était
pas surmontable. Le problème fondamental, notre position était
que le régler pour novembre 1990 était illusoire et un risque
trop grand. Cela a toujours été notre thèse. Non pas que
ce n'était pas possible à long terme. Dans cette
perspective-là, nous croyons fermement que les études qui sont en
marche à l'heure actuelle vont conduire à des traversées
sous-fluviales, sauf, je me garde peut-être une porte ouverte,
catastrophe technologique qui n'est pas prévisible aujourd'hui.
Le Président (M. Charbonneau): La procédure que
vous avez utilisée dans le cas de érondines, qui est de signer
des ententes particulières avec des groupes de citoyens avec des
conditions qui vous amènent aussi à des obligations qui vous
engagent à prendre un certain nombre d'obligations en regard des gens
concernés et aussi du public en général, est-ce que vous
considérez que cela va être maintenant la façon de faire
d'Hydro-Québec?
M. Coulombe: Nous espérons que non. La conjonction de
phénomènes, ou enfin de caractéristiques tout à
fait spéciales dans ce dossier-là, c'est un peu comme la
probabilité que plusieurs phénomènes se produisent en
même temps. Nous osons espérer que la présence des
phénomènes qui nous ont conduits là où cela nous a
conduits ne se répétera pas dans d'autres lignes. Dans ce
sens-là, nous croyons que ce dossier est un dossier unique. Modifier les
règles du jeu concernant la traversée du fleuve au moment
où tout est en marche et tout est presque terminé est une
conjoncture exceptionnelle qui, nous espérons, ne se reproduira pas.
Dans la mesure où on vient de s'engager à traverser en
sous-fluvial, je pense que cela ne se reproduira pas. Maintenant, je tiens
à souligner que, sauf le fait des 200 000 $, toutes les autres
dimensions de ce dossier-là respectent les politiques
générales d'Hydro-Québec. Elles les portent à leur
limite, mais c'est quand même dans le cadre des politiques
d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Charbonneau): Je sais que le ministre
voudrait aussi intervenir à ce sujet-là. Je reviendrai un peu
après.
M. le ministre.
M. Ciaccia: Je ne veux pas retourner sur la question de la ligne
Grondines, mais je voudrais seulement porter à l'attention du
président que le problème a commencé, avec la ligne
Grondines, quand il y avait un décret de l'ancien gouvernement et qu'on
a été pris avec les délais d'échéancier
qu'on connaît. Alors, il y avait des conditions assez spéciales
qui, j'espère, ne se répéteront pas dans d'autres projets
de lignes de transmission.
Contribution d'Hydro-Québec à la
protection de l'environnement
M. Coulombe, Hydro-Québec nous présente pour la
première fois cette année, en plus des considérations
déjà contenues dans son plan de développement, deux
documents complémentaires dont un est consacré aux questions
environnementales et l'autre est dans le domaine des équipements de
production et de transport. En matière d'environnement,
Hydro-Québec dresse ainsi un tableau assez exhaustif qui nous renseigne
non seulement sur la nature des difficultés qui se posent à
l'entreprise, mais également sur les efforts déjà
consentis et sur les recherches poursuivies en vue de les résoudre. Je
crois que cette démarche est d'autant plus appréciée
qu'elle correspond à l'orientation du gouvernement, à nos
préoccupations et aux préoccupations exprimées par la
population en regard de la protection de l'environnement et de
l'amélioration de la qualité de vie.
Le président, le député de Verchères, posait
des questions sur les mécanismes. Je pense qu'il voulait en venir aux
mécanismes de consultation. L'année dernière, quand on
avait abordé ce sujet, j'avais exprimé les inquiétudes que
nous avions d'impliquer davantage la population dans la question des lignes de
transport. On avait eu une expérience assez difficile. Je crois que,
à la suite des préoccupations que nous avons exprimées,
vous avez élaboré dans votre document une proposition de
consultation en termes d'avant-projets et en termes de corridors et de
tracés. Je dois vous dire que, présentement - j'ai informé
le député de Verchères - une proposition est prête
au secteur de l'énergie, visant un renouveau des procédures
d'approbation. (16 h 15)
Cette proposition vise un allégement des procédures par
une meilleure intégration des actions des intervenants, une plus grande
participation de la population aux étapes préliminaires de la
définition d'un projet et une plus grande coordination dans le processus
de préparation de décrets. Nous voulons éviter certains
problèmes que nous avons eus dans le passé. Et cette proposition
sera discutée, une fois qu'on en aura discuté au
ministère, par les autres ministres impliqués et avec
Hydro-Québec. Alors, la proposition que vous faites, je pense bien qu'on
va pouvoir faire un mariage entre votre proposition et ce que nous discutons au
ministère.
Et je crois que vous avez répondu en ce qui concerne les
études environnementales sur LG 1, Brisay et LA 1. On avait prévu
un régime
spécial dans l'entente de la Baie James et je crois
qu'Hydro-Québec a respecté entièrement toutes les
conditions de ce régime. Je pense que vous avez mentionné que
vous avez dépensé 225 000 000$...
M. Dubeau: 250 000 000 $.
M. Ciaccia:... 250 000 000 $ pour les études
environnementales de cette phase du projet.
Maintenant, je voudrais connaître avec précision les
coûts associés aux orientations environnementales que vous
exprimez dans vos documents. Et pourriez-vous nous exposer la synthèse
des études et des recherches qui seront entreprises ou poursuivies au
cours des trois prochaines années en cette matière et,
peut-être, pourriez-vous nous indiquer aussi les sommes qui seront
consacrées dans la même période?
M. Dubeau: Je pense que, pour avoir un portrait d'ensemble, je
vous référerais aux pages 60 et 61 du document annexe
d'"Hydro-Québec et l'environnement", où il y a un tableau qui
résume l'ensemble de nos efforts historiques et, à la fois, qui
donne une projection par rapport au futur.
Très rapidement, au chapitre du développement des
connaissances, à ce jour, Hydro-Québec a investi 74 000 000 $
pour environ 350 études générales concernant les milieux
humains et naturels et l'effort de 1988 est de l'ordre de 6, 3 millions. C'est
donc le budget annuel d'études de la direction Environnement qui vise le
développement des connaissances par rapport à diverses
activités, par exemple: le déversement accidentel, le bruit, la
gestion des réservoirs, les ravages de chevreuils, etc.
Le deuxième point: les études d'impact dans le cadre,
comme tel, des projets. À ce jour, Hydro-Québec a donc investi
107 000 000 $ pour environ 150 études d'impact, comme je le disais
tantôt, et le programme de cette année est de 16 400 000 $ en
études d'impact sur l'environnement liées aux projets du plan des
installations de l'entreprise.
Le troisième dossier: les effets biologiques des champs
électrique et magnétique. Il faut dire que, depuis 1974,
Hydro-Québec s'intéresse à cette question. Nous avons
adopté, il y a maintenant un an, un plan d'action qui porte sur un
horizon de cinq ans - jusqu'à 1990 - qui prévoit un effort de 7
400 000 $ d'Hydro-Québec concernant ce dossier. C'est intéressant
de signaler que nous sommes l'entreprise d'électricité
nord-américaine qui investit le plus dans le domaine de la recherche des
effets biologiques des champs électrique et magnétique.
La modification à la centrale de Tracy, cela a été
quand même une grande mesure environnementale de la part de l'entreprise
lors des modifications qui ont été apportées aux
cheminées et cela a coûté 50 000 000 $ à
l'entreprise.
Le complexe La Grande, phase I, comme je le disais tantôt, les
mesures d'atténuation et de mise en valeur: il y en a eu pour 250 000
000 $.
Le réseau de suivi environnemental de la Baie James, c'est donc
ce réseau que nous avons mis au point afin de suivre l'évolution
de la performance environnementale du complexe La Grande, phase I, et nous
injectons 1 000 000 $ par année dans ce dossier. Et, en termes
d'horizon, c'est évident que, pour l'instant même, tenant compte
de la décision du gouvernement concernant LG 2 A, au minimum, on suivra
le réseau jusqu'en 1996.
L'engagement volontaire qu'on a pris au moment de la négociation
de la Convention de la Baie James, c'était d'assurer un suivi
environnemental du complexe La Grande, phase I, jusqu'au retour de
l'équilibre naturel du milieu, tel qu il était au moment
où l'on a entrepris les travaux.
La mise en valeur environnementale, comme vous le savez, c'est une
notion qui découle de la politique d'environnement d'Hydro-Québec
qui a été adoptée en 1984. Depuis 1985, donc,
l'entreprise, en fin 1987, avait injecté près de 5 000 000 $ en
initiatives de mises en valeur. Donc ce sont des montants qui sont
accordés aux municipalités qui sont concernées par la
réalisation des projets de l'entreprise et Horizon 1990 prévoit
10 400 000 $ de plus. Le seul cas de la ligne Radisson-Nicolet-Des-Cantons
prévoit un budget de mise en valeur environnementale qui serait
accordée aux municipalités et aux MRC de l'ordre de 7 900 000 $.
Cela implique 46 municipalités et onze MRC qui vont donc profiter de ce
programme environnemental de l'entreprise.
Le plan d'action sur les BPC, Hydro-Québec l'a donc adopté
en 1985. Il y a une erreur dans le document. On dit "horizon 1990"; il faudrait
lire "horizon 1995". Donc, l'effort total sur dix ans est de 100 000 000 $ et
naturellement cela inclut le coût de remplacement des
équipements.
Plan et bilan de l'amélioration des équipements et
propriétés d'Hydro-Québec. C'est un premier programme de
trois ans que l'entreprise s'est donné concernant les équipements
qui sont déjà en exploitation, afin de s'assurer que leur
performance environnementale est aussi satisfaisante que celle des autres
équipements plus nouveaux que nous avons mis en service au cours des
dernières années et suivant la législation
environnementale en vigueur au Québec.
Les études sur les effets environnementaux cumulatifs,
tantôt je vous ai expliqué de quoi il s'agissait. Donc on
prévoit 500 000 $ cette année et 1 500 000 $ pour l'horizon 1989,
mais, comme je vous l'ai dit tantôt, c'est certainement à courte
vue cette prédiction-là. Nous attendons de voir les
résultats de nos études entreprises dans la phase I pour
être en mesure de déterminer un programme de recherche et de
préciser le budget qui sera requis.
La convention sur le mercure qui a été signée
conjointement avec le gouvernement du
Québec et les Cris, Hydro-Québec a dépensé
en 1987 800 000 $. L'effort total de l'engagement d'Hydro-Québec est de
12 000 000 $. Donc, il reste 11 200 000 $ pour l'horizon 1997. Le total du
programme, comme vous le savez, est de l'ordre de 20 000 000 $.
Finalement, le plan d'action sur les contaminants, les différents
produits utilisés par Hydro-Québec pour toutes sortes
d'activités, soit la répression de la végétation ou
l'entretien de nos équipements, on prévoit un plan d'action qui
coûtera à l'entreprise environ 1 000 000 $ pour gérer
davantage et mieux, on l'espère, les contaminants sur un horizon d'ici
1992. Donc, voilà un tableau, M. le ministre, qui résume
l'ensemble de nos activités.
M. Coulombe: Aussitôt qu'on aura réglé nos
problèmes de comptabilité pour identifier vraiment nos
coûts, vous allez voir que le discours qui vient après sera deux
fois plus long.
M. Ciaccia: Cela veut dire qu'ils vont dépenser plus?
M. Coulombe: Non, on va identifier mieux les coûts.
M. Dubeau: Peut-être un complément de réponse
là-dessus concernant les coûts associés aux études
d'impact, il est intéressant de remarquer que, dans le cas de la ligne
Radisson-Nicolet-Des-Cantons, l'étude d'impact sur l'environnement a
coûté 5 300 000 $ sur un budget total d'avant-projet de l'ordre de
10 000 000 $. Donc, c'est 50 % du coût de l'avant-projet qui a
été consacré à l'environnement. Pour donner une
comparaison avec un équipement de production, la phase I de
l'avant-projet de Sainte-Marguerite que nous avons entreprise l'année
dernière, l'étude totale est de l'ordre de 10 000 000 $ et
l'environnement c'est 1 500 000 $, donc 15 % du coût de l'étude
d'avant-projet, phase I, Sainte-Marguerite.
M. Ciaccia: Justement, j'étais pour vous poser la question
et vous m'avez répondu pour ce projet spécifique, mais tous les
projets que vous avez ont un coût de construction rattaché au
projet, mais quel pourcentage moyen de coûts globaux des projets
d'équipement est alloué à la protection de
l'environnement? Vous venez de mentionner un avant-projet. C'est monté
aussi haut que 50 %. Quel pourcentage pouvez-vous dire en
général? Est-ce que cela comprendrait les études d'impact,
les mesures d'atténuation, le suivi et le programme de mise en valeur?
Quel pourcentage des coûts globaux cela pourrait-il
représenter?
M. Dubeau: Cela rejoint un peu ce que disait tantôt M.
Coulombe, par rapport à l'effort de comptabilité que nous voulons
faire. On veut arriver à mieux cerner cela dans l'avenir. L'ordre de
grandeur théorique, pour l'instant en tout cas, peut être autour
de 2 % à 5 %, selon la nature du projet. Mais c'est le total, incluant
la réalisation, la construction, l'achat d'équipements et les
travaux réalisés. On peut dire de 2 % à 5 %, selon
l'ampleur du projet. Dans le domaine des études, c'est là que
c'est peut-être le plus significatif, parce que, dans un projet qui a eu
une bonne étude d'impact, on est arrivé à bien cerner la
problématique environnementale et à éviter d'injecter de
l'argent pour corriger inutilement des choses qui, de toute façon, si
elle ont été bien pensées, ont peu ou pas d'impact sur
l'environnement. C'est l'objectif qu'on poursuit.
M. Ciaccia: Autrement dit, par exemple, les travaux
remédiateurs qui ont eu lieu avec la première phase, avec vos
études, maintenant, vous allez pouvoir sinon les éliminer mais
les réduire considérablement, parce que les études auront
déjà été faites. Est-ce que c'est exact?
M. Dubeau: C'est exact et, d'autre part, il est sûr qu'on
en a tenu compte quand on a fait des travaux. Par exemple, quand on a
replanté 1 000 000 d'arbres et d'arbustes à la Baie James, on
s'est arrangé pour ne pas les planter là où on allait
créer de nouvelles zones inondées avec le nouveau
réservoir de LA-1. En ce sens, les mesures d'atténuation qui ont
été réalisées dans le cadre du complexe La Grande,
phase I, vont rester très performantes et le suivi environnemental que
nous continuons à exercer sur le complexe La Grande va nous permettre de
nous assurer que c'est effectivement ce qui va se produire.
M. Ciaccia: Je vous remercie de cette explication, parce qu'il y
a plusieurs personnes qui nous disent, étant donné certains
problèmes qu'on a eus en 1973: Vous venez d'annoncer le devancement des
travaux à la Baie James, quelles sont les mesures ou les études
environnementales que vous avez prises pour négocier ou finaliser les
ententes avec les autochtones? Je crois que c'est clair, selon vos explications
et d'après tout ce qui a été fait jusqu'à
maintenant, qu'avant d'annoncer le devancement des travaux on a fait tous nos
devoirs, si je puis dire, en ce qui concerne les études
environnementales et les ententes qui étaient nécessaires avec
les autochtones affectés par ces travaux.
M. Dubeau: C'est tout à fait exact. C'est
particulièrement intéressant de le signaler, parce que dans le
cas de LA 1, même si le projet est réalisé tel que
prévu dans la convention de 1975, on a quand même tenu à
actualiser une étude d'impact, donc à la mettre à jour et
à la déposer au ministère de l'Environnement, même
si le projet est déjà sur le plan environnemental
préautorisé par la convention de 1975.
M. Ciaccia: Merci, M. Dubeau.
Le Président (M. Charbonneau): Dans la même
foulée, est-ce qu'il n'y a pas un risque à... Dans le document
"Hydro-Québec et l'environnement", vous indiquez que, lorsque les
coûts sont inférieurs à 500 000 000 $, Hydro-Québec
a décidé que le budget maximal qui serait consacré
à la mise en valeur ne dépasserait pas 1 % ou 2 % du coût
du projet. En fixant à l'avance les montants maximaux qu'on veut
dépenser alors que des études pourraient nous amener à
conclure qu'il faut en dépenser beaucoup plus compte tenu de la nature
des problèmes, n'y a-t-il pas un danger qu'on ne fasse pas tout ce qui
doit être fait?
M. Dubeau: C'est-à-dire que le pourcentage que vous citez
concerne les budgets accordés, les crédits de mise en valeur que
nous donnons aux municipalités et aux MRC qui sont concernées par
la réalisation de nos projets. Cela n'a rien à voir avec le
pourcentage des budgets alloués à l'environnement pour les fins
d'étude et de réalisation par l'entreprise de ses obligations.
Donc, ce sont les budgets... On a prédéterminé dans la
politique à combien pourrait être fixé le maximum d'un
budget accordé à une municipalité ou à une MRC,
mais pour la réalisation d'initiatives dans son milieu qui, elles, n'ont
rien à voir avec la réalisation comme telle du projet
d'Hydro-Québec. Ce sont des mesures de mise en valeur du milieu, qui
profite d'un crédit. S'il n'y avait pas eu le projet
d'Hydro-Québec, peut-être que la municipalité ou la MRC
n'aurait pas cette marge de manoeuvre pour réaliser des initiatives
environnementales.
Le Président (M. Charbonneau): Tantôt, au
quatrième paragraphe, on parlait d'effets qui avaient été
surévalués et, dans le même paragraphe, on parlait aussi
d'effets qui avaient été sous-évalués; les deux
étaient là. Vous aviez raison, mais j'avais raison aussi. Votre
réponse pouvait donner l'impression que je m'étais trompé,
que j'avais mal lu.
M. Dubeau: C'est parce que j'ai compris que globalement, si vous
lisez bien le paragraphe, c'est surévalué, c'est l'ensemble des
études d'impact qui avait cette tendance. Mais ce qu'on a
sous-évalué, ce sont certains problèmes très
particuliers. Par exemple, le phénomène du mercure dans...
Le Président (M. Charbonneau): Ce qui n'est pas
négligeable, entre vous et moi.
M. Dubeau: Mais, actuellement, en tout cas, il y a une bonne
nouvelle: le CRSSS de Chisasibi vient de lever des contraintes de pêche
qui étaient imposées aux autochtones précisément en
tenant compte du fait que le phénomène est effectivement en train
de se résorber. Donc, le phénomène de méthyle de
mercure est un phénomène temporaire dans les réservoirs
et, avec le temps, l'eau va retrouver sa qualité naturelle et revenir
à son degré de mercure tel que la nature l'avait
déterminé.
Le Président (M. Charbonneau): Justement, j'avais une
question à poser un peu plus tard mais je vais la poser maintenant,
parce qu'on a parlé de la convention sur le mercure et du programme qui
comprenait, entre autres, un impact environnemental. Je voudrais savoir quel
est le bilan de ce programme, où on en est rendu à l'égard
des actions de correction qui feraient qu'on puisse espérer voir revenir
la situation à la normale. (16 h 30)
M. Dubeau: La première année... Il faut bien
remarquer que c'est dans la convention de novembre 1986 que cela a
été convenu. Donc, le comité a vraiment fonctionné
pour une première année en 1987 et d'abord et avant tout je pense
que ce qui était essentiel était que les représentants
tant du gouvernement du Québec, d'Hydro-Québec et des Cris se
mettent sur la même longueur d'onde en termes de connaissances
scientifiques concernant l'ensemble de cette problématique-là.
Entre autres, il y a une mission d'étude extrêmement importante
que le comité a effectuée en Scandinavie pour aller voir
justement les études qui ont été poussées
là-bas assez loin. Ils sont en avance sur nous, parce qu'ils ont
constaté des problèmes avant nous là-dessus. On a
bâti un réseau d'échange d'informations extrêmement
important avec les pays Scandinaves.
Donc, les premières études concernant, en tout cas,
Hydro-Québec, c'est sûr que nous on traite le volet
environnemental, donc c'est surtout la question de la bio-accumulation du
mercure dans la chair des poissons. Du côté du ministère de
la Santé et des Services sociaux, c'est la problématique
santé qu'eux mettent de l'avant et dont ils ont la
responsabilité. Les activités de l'année dernière
ont davantage porté sur un bilan global de l'état de santé
de la population crie en regard de la problématique du mercure et le
volet qui relève de la responsabilité des autochtones,
c'est-à-dire le volet socioculturel, bien, ils sont un peu - et c'est
normal - en attente des premières conclusions tant du côté
environnemental que du côté santé pour être en
mesure, eux, d'évaluer quels pourraient être, si on veut, les
changements de comportement temporaires, entre autres concernant l'alimentation
des autochtones lors de la réalisation et surtout de l'ennoyage des
réservoirs. Donc, le programme porte sur dix ans; il y a une
première année faite et je pense qu'on peut dire que c'est un
dossier qui avance bien.
Le Président (M. Charbonneau): Avec les connaissances
qu'on a maintenant, est-ce qu'on est en mesure de dire qu'on pourrait faire
les
choses de façon différente pour qu'on n'ait pas à
revivre ce problème-là les prochaines fois, ou on aura toujours
à le vivre pour un certain temps à cause...
M. Dubeau: Non, il faut bien comprendre que le mercure se
retrouve dans la nature.
Le Président (M. Charbonneau): Je le sais.
M. Dubeau: Et c'est le fait d'ennoyer qui fait que le mercure qui
est contenu dans les minéraux et les végétaux est
libéré et passe dans l'alimentation des poissons. C'est quelque
chose qu'on retrouve dans leur chair et qui s'accumule
Le Président (M. Charbonneau): Donc, il n'y a pas moyen
d'éviter cela?
M. Dubeau: Non.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que, par ailleurs,
sur un autre sujet, on a abordé rapidement tantôt la question des
BPC, mais, juste avant, une question que j'allais oublier: Est-ce que vous
avez... Il me semble que j'ai vu un mécanisme que vous aviez d'experts
extérieurs qui intervenaient avec vous; est-ce que finalement
Hydro-Québec, le grand public a d'une certaine façon des
espèces de personnes qui n'ont pas d'intérêt... Je ne dis
pas que les gens d'Hydro-Québec font mal leur travail; ils sont
là pour finalement organiser les affaires de l'environnement pour que
cela aille en fonction des intérêts de production
d'Hydro-Québec. Mais vous comprendrez que pour bien des gens qui sont
plus préoccupés... Tous les producteurs quels qu'ils soient, dans
le domaine industriel, sont toujours suspects. Dans quelle mesure peut-on
donner des garanties à ceux qui se préoccupent à bon droit
de ces questions-là que ce que vous avez mis en place est suffisant pour
que tout ce qui peut être fait à l'égard de la protection
de l'environnement et de la protection des écosystèmes se fasse
et se fasse bien?
M. Dubeau: Bien, d'abord, la politique d'environnement
d'Hydro-Québec adoptée en 1984 prévoyait la
création d'un comité consultatif en environnement. Ce
comité-là est formé de onze membres, dont sept de
l'extérieur de l'entreprise et actuellement il est présidé
par Me Michel Yergeau que vous connaissez sans doute, qui est avocat chez
Lavery, O'Brien et qui est un ancien vice-président du Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement. Je pense que Me Yergeau est
quelqu'un qui est bien connu pour son caractère pour le moins critique
des activités d'Hydro-Québec. Les six autres membres de
l'extérieur représentent entre autres le milieu universitaire,
l'Université de Montréal et l'Université Laval, et
également l'entreprise privée. Le comité a, depuis sa
création et sa mise sur pied en 1985, pris connaissance et
commenté l'ensemble des éléments qui sont contenus dans le
bilan que nous vous avons présenté en annexe avec notre plan de
développement. Donc, l'ensemble de nos projets d'équipement
majeurs sont soumis pour commentaires et avis au comité consultatif en
environnement et toutes nos études de développement de
connaissances, nos études majeures, sont également soumises au
comité consultatif; également notre programmation annuelle, nos
budgets qui sont proposés, afin d'avoir une analyse critique et que
l'entreprise puisse avoir un son de cloche majoritairement venant de
l'extérieur de l'entreprise lui disant si oui ou non l'effort qu'elle
consent en matière d'environnement est juste, correct et pertinent. Par
ailleurs...
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que ces
avis-là peuvent être disponibles?
M. Dubeau: C'est-à-dire que, naturellement, de la
façon qu'on s'est engagé à travailler avec eux, on les a
engagés comme des contractuels, des consultants privés. Leurs
recommandations pour l'entreprise... Il faut bien comprendre que quand les
dossiers sont amenés devant eux, ils n'ont pas eu le droit au
troisième polissage. Ce sont très souvent des manuscrits, des
brouillons, donc des choses qui font que - en termes critiques par rapport
à notre performance officielle à l'extérieur de
l'entreprise - il y a une certaine réserve là-dessus que
l'entreprise s'est toujours donnée. Les membres du comité,
étant donné leurs activités dans divers milieux, je ne
pense pas qu'il soit dans leur intérêt - ils ne l'ont jamais
souhaité non plus - que les avis et commentaires du comité soient
rendus publics. Cependant, c'est sûr que le comité répond
de son mandat au vice-président exécutif à
l'équipement. Donc, c'est un des seniors de la boîte. Je pense que
M. Michel a vécu ces expériences depuis qu'il est
vice-président exécutif, il a rencontré le comité
à trois reprises. Je pense qu'il a pu voir la pertinence des
commentaires et parfois les avis extrêmement sévères; le
comité nous oblige à reprendre des devoirs. Donc, c'est une
critique interne, mais extrêmement importante. Je dois dire, pour ma
part, étant à l'environnement depuis quatre ans, que l'ensemble
des recommandations du comité consultatif été suivi par
l'entreprise.
Concernant maintenant l'extérieur. Si on regarde la Loi sur la
qualité de l'environnement au Québec, au niveau des promoteurs,
celui qui est le plus concerné par l'application de la loi c'est
Hydro-Québec. Dans quelle mesure est-ce qu'Hydro-Québec fait ce
qu'elle doit faire en matière d'environnement? Je vous disais
tantôt qu'on a fait au-delà de 150 études d'impact en 15
ans. Je pense qu'il n'y a pas beaucoup d'entreprises qui ont ce score. Le
ministère de l'Environnement a exercé une analyse critique sur
chacun des projets en question.
BPC et autres contaminants
Le Président (M. Charbonneau): Merci. Concernant le
dossier des BPC, pourquoi avoir abandonné le projet de l'usine pilote de
destruction de BPC à Saint-Élie-d'Orford pour des raisons -
a-t-on appris - financières, alors que de votre avis même et de
l'avis de gens qui ont été associés au dossier - je pense,
entre autres, au chimiste M. Lalancette, de l'Université de Sherbrooke -
on avait un taux d'efficacité, selon lui, de 99 %? Autrement dit, on a
un projet qui semble très performant en termes d'efficacité et on
l'abandonne pour des raisons économiques. Vous qui êtes à
ce point préoccupé d'environnement, est-ce que cela coûtait
tellement cher qu'il fallait avoir recours à un autre
procédé?
M. Dubeau: Lorsqu'on s'est embarqué dans cette
étude, il faut voir qu'on était au tout début de cerner fa
problématique des BPC à Hydro-Québec. Comme vous le savez,
HydroQuébec a 20 % des BPC liquides au Québec, probablement la
majorité des solides. À l'époque, donc, on connaissait nos
quantités liquides, mais on n'avait pas une idée très
précise du problème des solides. Cela dit, la technologie pyrale,
celle qu'on a tenté de développer, effectivement
l'expérience de Saint-Élie-d'Orford, ne visait que la destruction
des BPC liquides. Au stade expérimental, à
Saint-Élie-d'Orford, des BPC ont été détruits. La
performance était reconnue comme étant 99, 49 %, ce qui veut dire
une très haute performance au niveau de la destruction des BPC, et sans
dioxine ni furanne. Cependant, malheureusement, la machine avait
également le défaut de se détruire elle-même.
L'investissement que l'entreprise aurait dû consentir pour
développer une usine commercialement exploitable pour détruire
les BPC à partir de cette technologie semblait un très grand
effort additionnel à consacrer, en n'ayant pas toutes les chances de
succès au plan technologique. Non pas au plan de la réussite
environnementale: c'était acquis que cela pouvait marcher. C'est au plan
technologique que le problème se posait.
Par ailleurs - un élément de conjoncture - le ministre de
l'Environnement du Québec nous a communiqué son
énoncé de politique concernant les BPC. Il a dit que le
gouvernement du Québec allait autoriser la réalisation d'un
système de destruction des BPC, mais éprouvé. Donc, dans
les discussions qu'on a eues avec les gens du ministère de
l'Environnement, on comprenait que ce n'était pas de l'aventure que
souhaitait le ministère de l'Environnement, mais beaucoup plus la
réalisation, au Québec, d'une usine de destruction de BPC,
basée sur de l'expérience, et donc existant ailleurs. Autre
élément de conjoncture, il s'est annoncé dans le
marché une série de promoteurs qui se sont donné comme
objectif d'implanter un centre de destruction des BPC au Québec. Donc,
étant donné que le mouvement s'est lancé - dans les
entreprises, il semblait y avoir un intérêt certain, pour
quelques-unes d'entre elles, de développer quelque chose - on s'est dit
qu'on allait laisser cela à l'entreprise privée.
Le Président (M. Charbonneau): M Coulombe, vous
voulez...
M. Coulombe: C'était juste pour confirmer que notre
retrait de ce projet a été basé sur des critères
strictement de rentabilité économique et sur l'étude qui a
été faite en termes de limitation au point de vue de la
destruction des liquides et de l'impossibilité d'aller aux solides.
Même si, au point de vue technologique, la démonstration de M.
Lalancette était concluante, au point de vue économique ça
ne l'était pas, à travers toutes les dimensions dont M. Dubeau
vient de parler. Donc, ce n'est pas un projet qui est abandonné, M.
Lalancette ou d'autres promoteurs peuvent le reprendre, mais, en ce qui nous
concerne, cela a été mis de côté sur des bases
strictement de rentabilité économique.
Le Président (M. Charbonneau): M. Dubeau, quand vous
disiez, dans les éléments de conjoncture, que le ministre de
l'Environnement voulait avoir une technologie plus éprouvée,
est-ce que c'est la raison pour laquelle vous vous êtes tourné
vers l'Angleterre et qu'au mois de janvier dernier vous avez exporté
pour... ? Est-ce que c'est dans cette ligne que ce geste-là a
été posé?
M. Dubeau: Oui. Ce geste-là a été
posé parce que le problème c'est qu'actuellement au Québec
il n'y a toujours pas de site d'entreposage autorisé, ni de site de
transfert autorisé, ni de système de destruction autorisé.
À HydroQuébec, étant donné notre plan d'action et
le fait que depuis trois ans maintenant on enlève
systématiquement de notre réseau les équipements contenant
des BPC, actuellement on a un problème d'engorgement, sur nos propres
installations, à devoir les emmagasiner. Au rythme où s'annonce
malheureusement le développement d'un site de destruction au
Québec, Hydro-Québec a décidé de tenter une
expérience... Et on n'est pas la seule compagnie canadienne à
exporter entre autres des BPC. Il y a au-delà de 1500 tonnes de
déchets organiques que le Canada a exportés à
l'étranger pour fins de destruction l'année dernière.
Donc, on a fait une expérience pilote de 45 tonnes pour vérifier,
en termes technique, économique et environnemental, la
possibilité d'exporter des BPC. Cette expérience-là a
été faite, comme vous le savez, avec une firme en Angleterre et
on est en train actuellement de terminer le rapport là-dessus pour le
soumettre à la haute direction de l'entreprise.
M. Coulombe: II faut bien souligner que si une entreprise qui
s'installe au Québec offre des services de destruction de façon
rentable, en
qualifiant le mot "rentable" évidemment, il n'y a aucun
problème en ce qui nous concerne. On va donner le maximum d'aide, mais
on ne voudra pas non plus être l'otage des prix chargés pour la
destruction de ces produits chimiques. Alors, c'est pour ça qu'il y a
une phase assez sérieuse à traverser d'ici un an ou deux pour
savoir quelle est l'entreprise qui va se lancer là-dedans et quels vont
être les prix à la tonne de destruction. Alors, c'est pour
ça qu'on étudie attentivement et que cette expérience a
été faite, qui n'est pas une expérience nouvelle au
Canada, mais qui est une expérience nouvelle pour nous.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que ça veut
dire que finalement, parce que vous étiez probablement un des plus gros
utilisateurs de ces produits-là, le jour où on aura
éliminé les BPC qui étaient produits par
Hydro-Québec, on aurait réglé une bonne partie du
problème?
M. Coulombe: II ne faut pas non plus généraliser.
M. Dubeau peut donner les pourcentages dans lesquels on est impliqué. La
situation est un peu plus complexe que ça.
M. Dubeau: II y a 5000 tonnes de BPC liquides à
Hydro-Québec. Cela représente 20 % des BPC liquides au
Québec. Par ailleurs, HydroQuébec détient 3000 tonnes
d'équipements solides contaminés aux BPC. Donc, tantôt je
disais qu'il y avait la problématique des liquides, mais il y a aussi la
problématique des solides. On est environ 50 % des solides.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ce sujet-là,
j'ai juste deux autres questions. Qu'est-ce qui arrive des sites
régionaux d'entreposage? Est-ce qu'il y a des développements pour
l'entreposage régional de vos stocks contaminés?
M. Dubeau: C'est-à-dire qu'actuellement, avec
l'autorisation du ministère de l'Environnement, on stocke nos BPC dans
des containers sur nos installations, dans nos postes, d'accord?
Le Président (M. Charbonneau): Dans vos installations.
M. Dubeau: Oui. Il faut bien se rendre compte que ce ne sont pas
des endroits accessibles au public, ce sont des endroits clôturés,
gardés, donc cela ne présente pas une problématique
très grave, sinon la multiplicité des sites et, d'autre part, le
fait que, qu'est-ce que vous voulez? ce sont des déchets. Dans le cas de
ce déchet-là, la vraie solution c'est effectivement
l'élimination.
M. le Président, j'aimerais apporter un correctif sur la question
des BPC liquides, les 5000 tonnes liquides, c'est 100 % Québec.
HydroQuébec a 20 % donc, 1000 tonnes de BPC liquides.
Le Président (M. Charbonneau): En ce qui
Concerne le plan d'action pour la gestion des autres contaminants,
j'aimerais savoir où on en est. (16 h 45)
M. Dubeau: Comme on l'explique dans le plan de
développement au chapitre de l'exploitation, c'est une des
problématiques auxquelles l'entreprise, étant donné la
législation en vigueur concernant les contaminants au Québec,
s'intéresse depuis plusieurs années. Mais ce qu'on veut
maintenant bien cerner, c'est, dans l'ensemble du cycle achat, utilisation et
disposition de ces contaminants-là, comment sont effectuées les
opérations à Hydro-Québec et tenter, là où
il y aurait lieu de le faire, d'améliorer la performance
environnementale de l'entreprise. Donc, c'est une réflexion d'ensemble,
pour l'ensemble de la problématique des contaminants utilisés par
l'entreprise et, s'il y a lieu, des recommandations en vue d'améliorer
la performance environnementale globale dans l'ensemble du cycle de
l'utilisation de ces produits-là.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a une raison
pour laquelle l'Hydro-Québec ne s'est pas présentée
à la commission parlementaire qui a étudié la question des
pesticides, puisque vous êtes un utilisateur de pecticides, notamment
pour l'entretien de vos corridors des lignes de transmission?
M. Dubeau: Est-ce qu'il n'y a pas eu... Est-ce que vous faites
référence à la consultation du ministère sur les
déchets solides, par hasard ?
Le Président (M. Charbonneau): Non, non, non, la question
des pesticides.
M. Dubeau: Des pesticides. Je m'excuse.
M. Coulombe: Ce n'est pas la gêne, c'est le manque
d'information, semble-t-il.
M. Dubeau: Enfin, ce qu'on utilise dans nos corridors, ce sont
des phytocides, pour le contrôle de la végétation.
Le Président (M. Charbonneau): Je comprends. Mais ce ne
sont pas des produits biologiques.
M. Dubeau: C'est-à-dire qu'on étudie
également des solutions dites biologiques pour le contrôle de la
végétation, mais ce sont des études relativement jeunes et
qui méritent d'être optimisées avant d'arriver à
cette solution-là.
Le Président (M. Charbonneau): Les produits que vous
utilisez, ce sont des produits chimiques...
M. Dubeau: Exact.
Le Président (M. Charbonneau):... inclus dans la
catégorie de ce qu'on appelle des pesticides, au sens large.
M. Dubeau: L'ensemble des produits que nous utilisons, bien
sûr, ce sont des produits homologués par le ministère de
l'Agriculture et de l'Alimentation du gouvernement fédéral.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, mais, entre vous et
moi, vous savez bien que cela ne veut pas dire grand-chose. On a
découvert avec les années que bien des produits homologués
- on s'en est rendu compte après coup - avaient des conséquences,
en termes environnementaux, ou en termes de santé publique, qu'on avait
sous-estimées, pour reprendre une expression qu'on a utilisée
tantôt. Vous conviendrez que ce n'est pas nécessairement une
garantie à toute épreuve.
M. Coulombe: On a tellement de respect pour tout ce qui vient des
ministères et des gouvernements qu'on ne met pas cela en cause,
nous!
Le Président (M. Charbonneau): D'accord. Écoutez,
j'aurais bien d'autres questions à poser, sauf que ce n'est pas une
comparution seulement sur la problématique environnementale avec
Hydro-Québec. Je pense que le ministre avait quelques autres questions
sur le sujet, et après cela nous allons passer à l'étude
des marchés internes.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Au sujet de la
question du mercure, je pense, M. Dubeau, que vous avez signalé
correctement que ce n'est pas une question qu'on peut éviter, cela
existe. Mais, pour l'information de la commission parlementaire, l'entente que
vous avez signée avec les Cris avec la participation du ministère
des affaires sociales, je pense que c'est une première mondiale. La
question du mercure existe dans plusieurs pays, ce n'est pas seulement ici,
mais, pour la première fois, ce n'est pas seulement une étude
pour, mettons, faire l'inventaire, voir les causes et identifier les
problèmes; pour la première fois il y a des mesures
préventives dans cette étude. Alors, je crois que c'est un des
éléments très positifs de cette étude, qui a
déjà eu, comme vous l'avez mentionné, des
résultats, sinon spectaculaires, assez positifs, pour les autochtone de
la région.
Je voudrais revenir pour un instant sur le projet
Radisson-Nicolet-Des-Cantons qui est présentement en voie de
réalisation et représente des investissements majeurs au
Québec mais qui implique également des travaux importants sur le
territoire. On a attiré l'attention du public sur le cinq
kilomètres de la traversée sous-fluviale, mais il y a aussi 1095
autres kilomètres, je pense, de cette ligne, avec des travaux et
l'implication d'Hydro-Québec qui est assez importante. J'aimerais si
vous pouviez faire le point sur l'état d'avancement de la ligne, qui
couvre en total quelque 1100 kilomètres, parce que je crois qu'on est
tous intéressés, particulièrement, aux relations
qu'entretient HydroQuébec avec les citoyens et les municipalités
dont l'environnement est touché par le projet.
M. Michel: Très brièvement, il y a 46
municipalités touchées par le projet, si on part du sud du 49e
parallèle, et 11 MRC. Il y a 681 propriétaires avec lesquels nous
devrions négocier; c'est-à-dire du 49e parallèle à
Hervey-Jonction: 51; de la traversée au poste Nicolet: 250; de
Hervey-Jonction à la traversée: 180; du poste Nicolet à
Des Cantons: 175; et la traversée: 25.
L'ensemble du projet requiert 48 autorisations ou permis
gouvernementaux, que ce soit du ministère de l'Énergie et des
Ressources, du ministère de l'Environnement ou de la Commission de
protection du territoire agricole.
Où en sommes-nous avec ce projet-là? Comme vous le disiez,
sur les 1120 kilomètres, nous procédons par segments. Le premier
segment, qui s'appelle Radisson-Opinaca, d'une longueur de 100 milles, ou 156
kilomètres, la construction en est réalisée à 70 %.
On prévoit la fin de ce tronçon-là en mai 1988. On
procède par tronçons, de façon à pouvoir
répartir nos contrats à un plus grand nombre d'entrepreneurs.
Opinaca-Rupert: 131 kilomètres, en construction
réalisée à 55 %. La fin est aussi prévue en mai
1988.
Rupert-Chibougamau: 185 kilomètres. Le déboisement est
débuté et complété à 85 %. La construction,
à compter du mois de juin de cette année à aller au mois
de mai 1989, est de 12 mois.
Chibougamau-49e parallèle, déboisement: de ce printemps
à aller à l'automne, et la construction: de cet automne à
aller jusqu'au mois de mai prochain. 49e parallèle à
Rapide-Blanc, en Haute-Mauricie, le déboisement: cet automne, et la
construction à compter de l'automne jusqu'au mois de mai 1989.
Rapide-Blanc à Hervey-Jonction: déboisement à
l'automne.
Hervey-Jonction au fleuve: déboisement par les
propriétaires et construction en 1989, de mars a octobre.
Du fleuve à Nicolet: déboisement par les
propriétaires et construction de mars à octobre 1989.
Finalement, de Nicolet à Des Cantons: déboisement par les
propriétaires et construction de décembre 1988 à octobre
1989.
Tous les travaux se déroulent normalement, en ce qui concerne
tant la traversée sous-
fluviale que la traversée aérienne. Nous allons
enclencher, à la suite du décret que nous avons obtenu, tous les
contrats requis pour mener le projet à bonne fin dans les
échéanciers prévus.
M. Ciaccia: Alors vous allez respecter les
échéanciers prévus dans le contrat de NEPOOL pour livrer
le 1er septembre 1990?
M. Michel: Je n'ai pas d'indice à ce moment-ci qui me
permettent de douter de cela.
Utilisation rationnelle de l'énergie
Le Président (M. Charbonneau): J'aurais peut-être
une dernière question qui, d'une certaine façon, serait une
espèce de transition avec le prochain sujet, qui est le sujet de
l'étude des marchés.
La Commission mondiale sur l'environnement, dans son rapport, a
indiqué et recommandé finalement que les États et les
gouvernements adoptent des politiques de réduction de la consommation
énergétique. Ce qu'on constate, nous, c'est que d'une certaine
façon on est engagé dans une espèce de dynamique
d'augmentation de notre production et de notre consommation
énergétique. Est-ce qu'il y a des efforts de faits de la part
d'Hydro-Québec pour diminuer notre consommation
énergétique, pour qu'on ait à moins intervenir sur les
écosystèmes par des constructions ou si, de toute façon,
tous les efforts qu'on fait pour essayer de réduire notre consommation
sont annulés par les besoins qu'on a de vendre de
l'électricité à tout prix aux Américains ou
ailleurs?
M. Coulombe: Dans cette perspective, nous préférons
parler d'utilisation rationnelle de l'électricité. Nous ne sommes
pas, au Québec, dans le contexte où l'électricité
est produite à partir du pétrole, du gaz ou du charbon, qui sont
des ressources naturelles non renouvelables. Nous sommes dans une perspective
où notre richesse naturelle, qui est l'eau, est renouvelable.
Deuxièmement, nous avons des coûts de production assez bas, ce qui
constitue donc pour le Québec un avantage comparatif extrêmement
considérable. Troisièmement, cet avantage comparatif ne doit pas
conduire au gaspillage. C'est pour cela que nous parlons d'utilisation
rationnelle de l'énergie. Depuis plusieurs années,
Hydro-Québec a lancé des programmes de rationalisation de
l'utilisation de l'énergie, des programmes chez les particuliers,
où nous avons investi des dizaines et des dizaines de millions pour
améliorer l'efficacité énergétique dans les maisons
privées, dans les commerces et dans les industries. Nous nous sommes
rendus au bout de la logique de ce programme. Je vais vous donner un exemple
très simple, au début du programme cela nous coûtait 125 $
pour faire une visite dans une maison, ce qui donnait lieu à des
investissements d'environ 800 $ ou 900 $ d'améliorations
énergétiques. À la fin du programme, cela nous
coûtait encore 125 $ ou 150 $ mais cela donnait lieu à 50 $ de
travaux; c'était donc de l'argent jeté à l'eau et on a
arrêté le programme. On s'est donc rendus au bout.
Deuxièmement, sur l'utilisation efficace que vous avez vue ce
matin avec Mme Bertrand dans les diapositives qui vous ont été
présentées, on a parlé de biénergie,
c'est-à-dire "décréter" la pointe d'Hydro-Québec;
en l'an 2000, on a parlé d'environ 3000 mégawatts de moins de
construction, d'équipement de pointe. Disons que c'est une
économie de milliards de dollars et, en même temps, des impacts
sur l'environnement qui ne se produiront pas. En ce sens, tous nos efforts
d'utilisation de nos programmes d'électrotechnologie et ainsi de suite
sont pour une meilleure utilisation de l'énergie. Nous favorisons donc
l'utilisation rationnelle de l'énergie pour éviter le gaspillage
et même notre tarification - on aura peut-être l'occasion d'en
reparler demain - participe à cet effort de rationalisation de
l'utilisation de l'énergie. Envoyer un signal que l'énergie est
trop bon marché conduit au gaspillage et on pense qu'un signal d'un prix
relatif qui reste fondamentalement bas est un signal important à envoyer
au consommateur. C'est notre position concernant cette situation. Vous vous
rappellerez qu'entre le moment de la mise en chantier de la dernière
centrale de base au Québec et le moment de la mise en service de la
nouvelle centrale de base il se sera écoulé quinze ou seize ans,
ce qui est une période de temps considérable en termes
d'investissements. C'est ce que nous vivons à l'heure actuelle, il se
sera écoulé seize ans entre la construction d'une centrale et la
mise en service de la suivante. Donc, c'est assez énorme comme
période de temps pour aller au bout de la limite de l'utilisation
rationnelle de l'énergie. C'est à peu près le
résumé de notre position sur ce problème.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord. M. le ministre.
On va enchaîner avec l'autre sujet qui est le marché interne.
M. Ciaccia: Le marché interne.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. Dubeau.
Marchés internes
M. Coulombe: M. le Président, j'aimerais vous
présenter M. Jacques Finet, qui est vice-président des
marchés internes, et M. Claude Boivin, qui est vice-président
à l'exploitation, deux vice-présidents exécutifs, l'un
étant chargé de la vente et l'autre de la distribution
d'électricité. Toutes les questions relatives aux services
à la clientèle, à l'efficacité du service et aux
rares pannes que nous avons, ces deux messieurs sont capables d'y
répondre.
M. Ciaccia: Merci. La croissance des ventes
d'électricité au Québec pendant la prochaine
décennie, d'après votre plan de développement et la
présentation que vous avez faite, proviendra surtout du secteur
industriel. Alors, le développement de ce marché appuyé
par l'utilisation d'une ressource hydroélectrique disponible à
bon prix constitue, je crois, une base solide pour l'économie
québécoise. Hydro-Québec met également plus
d'emphase sur la gestion de la consommation dans le but de réduire ses
coûts de fourniture et, par conséquent, de maintenir ses tarifs
à un niveau compétitif.
Ventes d'électricité
excédentaire
Je voudrais revenir sur la question des ventes
d'électricité excédentaire. On en a discuté un peu
avec le plan d'équipement. Dans le passé, peut-être y en
avait-il trop et, maintenant, vous vous acheminez vers une période
où vous allez totalement éliminer l'énergie
excédentaire. Mais la mise en service des centrales
hydroélectriques, normalement, engendre des surplus d'énergie
pour quelques années, alors que les variations annuelles
d'hydraulicité augmentent ou diminuent ces surplus. Vous avez
parlé ce matin, pour des raisons techniques, d'augmenter de 3
térawatt-heures et de 7 autres pour des raisons économiques. Dans
ce contexte, est-ce qu'il serait envisageable d'imaginer la présence
permanente de surplus qui viseraient à appuyer le développement
économique du Québec? (17 heures)
J'essaie de faire la distinction. Écoutez, on ne va pas
construire un barrage pour avoir des surplus. Ce n'est pas cela que je propose,
ce n'est pas cela que je vous demande d'envisager. Mais dans tous les
différents secteurs du marché - maintenant, évidemment, le
remplacement du mazout, ce n'est pas un bon marché, le mazout vient de
baisser; mais cela ne restera pas toujours bas - si vous faites
différents scénarios où vous pourriez envisager
différentes ventes, différents marchés, est-ce que c'est
envisageable d'avoir toujours un minimum d'énergie
excédentaire?
M. Coulombe: Avant de donner la parole à mes
collègues, vous avez raison de dire qu'il y aura toujours de
l'énergie en surplus. Le problème, c'est de savoir quel est le
pourcentage de ces surplus. Parce que de l'énergie vraiment
excédentaire... Il faut s'entendre sur le vocabulaire. On ne parle
certainement pas de déversements; on ne parle pas de choses semblables.
On parle donc de surplus par rapport à la consommation qui est
prévisible.
M. Ciaccia: Peut-être que, pour le bénéfice
de la commission, vous pourriez faire la distinction entre les
déversements et l'énergie excédentaire.
M. Coulombe: En fait les déversements, te mot le dit,
c'est de l'eau qui coule sur les barrages tout simplement parce qu'on ne peut
pas faire de l'électricité, on n'a pas de preneurs pour
l'électricité qui serait produite par cette eau. Dans la mesure
où cela ne s'emmagasine pas, il faut laisser couler l'eau par-dessus les
barrages. Cela veut dire qu'on n'a pas de preneurs. Quelqu'un nous dirait: On
en a, des preneurs, mais il faut réfléchir comme il faut; il y a
une limite à l'utilisation de l'électricité. Quand les
usines fonctionnent, que les maisons sont éclairées, puis
chauffées et ainsi de suite, à un moment donné, elles n'en
ont plus de besoin. Donc, c'est exceptionnel dans l'histoire d'Hydro les
périodes où il y a eu de tels déversements. On parle de
déversements sur une longue période. Il y a, annuellement - M.
Mercier l'a mentionné ce matin - une possibilité de
déversements si la crue est trop forte ou ainsi de suite. Vous avez vu
des déversements de 24 heures ou de 48 heures. Cela se produit
régulièrement mais on ne parle pas de cela. Donc, les
déversements, j'élimine cela.
Les surplus peuvent être à la pointe, les surplus peuvent
être saisonniers. On a, par exemple - M. Finet pourrait en parler - des
programmes spéciaux pour les serres et pour les centres de ski. Dans les
centres de ski, des machines à neige fonctionnent la nuit; on leur donne
des tarifs spéciaux parce que, la nuit, l'électricité est
moins utilisée que le jour et ainsi de suite. Il y a toutes sortes de
programmes qu'on a réussi à mettre sur pied, qui tiennent compte
de surplus hebdomadaires, quotidiens, mensuels, semestriels et ainsi de suite,
qui peuvent être envisageables et dont M. Finet pourra parler plus
longuement tantôt.
Alors, le problème, c'est de se dire: Est-ce que cela peut
servir? Nous, notre objectif, c'est de gérer nos réservoirs le
plus serré possible, de gérer nos équipements le plus
serré possible. Quelqu'un pourrait nous dire: Pourquoi ne vous
gardez-vous pas, comme on le dit en français, un peu de "slack" pour
servir, justement, de bonnes causes à gauche ou à droite? On se
dit: La meilleure cause qu'on peut servir pour les tarifs industriels du
Québec, c'est de gérer le plus serré possible nos
équipements, de les rendre les plus productifs. Certainement, cet hiver,
il y en a qui ont dû être un peu scandalisés de savoir que
nous avons dû acheter, pendant quelques heures, de
l'électricité aux États-Unis. Eh bien, dans notre
perspective, c'est un signe d'excellente gestion d'utiliser nos instruments de
production au maximum, quitte à ce que, pendant quelques heures, on en
achète d'un réseau voisin. Nos interconnexions sont basées
sur cette philosophie-là; donc, on s'en est servi.
M. Ciaccia: Est-ce que cela veut dire que vous n'avez pas de
marge de manoeuvre si vous n'avez pas d'excédentaire?
M. Coulombe: On a des marges de manoeuvre, comme je viens de vous
le dire, qui peuvent être semestrielles, hebdomadaires, mensuelles, selon
des créneaux de marchés très précis. Mais
créer, enfin se servir de l'excédentaire, cela veut tout
simplement dire que nos coûts moyens augmentent. Et nous, notre objectif,
c'est de gérer le plus strictement possible nos équipements et
c'est la meilleure garantie que nos tarifs n'augmenteront pas beaucoup. En
effet, plus la gestion va être serrée, moins les coûts
seront élevés. Avoir trop d'excédentaire dans notre
réseau nous semble une façon un peu plus sûre d'augmenter
nos coûts que de gérer de façon très rigoureuse.
Je pense que ce qui est important pour l'industrie - on revient au
problème de l'excédentaire dont on discutait tantôt - c'est
que les tarifs réguliers de grande puissance ne montent pas trop vite.
Ils sont parmi les plus bas au Canada et en Amérique du Nord.
Fondamentalement, ce qui est intéressant pour l'industrie du
Québec et l'industrie qui vient de l'extérieur, c'est que nos
tarifs de base n'augmentent pas trop vite. Ce n'est pas tellement le programme
qu'on peut sortir pendant un an, deux ans, trois ans, quatre ans ou des choses
semblables qui sont intéressantes, mais c'est vraiment leur
électricité de base quotidienne dont ils se servent pour la
production normale de leurs entreprises. Ces tarifs doivent être les plus
bas possible. Pour qu'ils soient les plus bas possible, il faut que les
coûts de production soient les plus bas possible. Dans cette perspective,
il faut avoir le moins de marge de manoeuvre disponible. Il faut gérer
le plus serré possible en tenant compte des exigences du réseau.
M. Boivin pourra en parler. En termes d'exploitation, il nous faut des marges
de manoeuvre pour gérer un réseau de la taille de celui
d'Hydro-Québec. Mais, au-delà de ces marges, notre intention est
de gérer le plus serré possible, comme c'est exprimé dans
le plan.
Je ne sais pas si mes collègues ont quelque chose à
ajouter là-dessus.
M. Finet: C'est très complet, cela.
M. Ciaccia: Est-ce qu'Hydro-Québec aura besoin à
l'avenir d'une clientèle pour l'électricité
excédentaire au Québec? Je vous comprends lorsque vous dites que,
si vous avez de l'excédentaire, cela va augmenter le prix du
kilowattheure pour le reste du réseau. Mais est-ce que c'est une
question d'équilibre? Est-ce que c'est une question de proportion?
Est-ce que cela dépend du pourcentage excédentaire qui est
disponible? Est-ce qu'il y a des mesures que vous pouvez prendre? Par exemple,
ce matin, on parlait d'augmenter les réservoirs, l'inventaire de sept
autres térawattheures. Est-ce qu'il y a quelque chose? Est-ce que cela
se peut qu'Hydro-Québec ait besoin à l'avenir d'une
clientèle pour l'électricité excédentaire?
M. Finet: Aussi, on disait ce matin que de l'énergie
excédentaire, il s'en vendait au Québec depuis 1920. C'est un
fait: lorsqu'on a un réseau hydraulique principalement, à cause
d'une plus forte hydraulicité ou à cause de conditions un peu
particulières dans la disponibilité de l'équipement pour
produire la puissance, il peut arriver à l'occasion qu'il y ait des
surplus. Mais c'est généralement de façon très
temporaire et occasionnellement; ce n'est pas de façon
régulière.
Le pourquoi de la discussion d'aujourd'hui provient surtout du fait que,
lorsqu'on a décidé d'avoir un programme d'énergie
excédentaire au début des années quatre-vingt, c'est qu'il
y avait non seulement des surplus non seulement d'énergie, mais
également des surplus de puissance qui nous permettaient de livrer cela
8760 heures par année, soit 100 % du temps. Alors, tous ces clients se
sont habitués à avoir une année excédentaire qui
était, en fait, de la puissance garantie pendant une période de
quatre ans. On revient aux conditions d'équilibre, comme on le sait, on
revient aux conditions normales. Dans un réseau optimal, bien
planifié, on n'a pas de ces surplus, sauf qu'occasionnellement cela va
encore arriver.
Pour répondre directement à votre question, le conseil
qu'on donne à nos clients, j'entends les grands clients industriels,
c'est: Conservez vos bouilloires électriques de sorte qu'à
l'occasion on puisse vous offrir de l'électricité
excédentaire lorsqu'on en aura.
Pour peut-être vous rassurer, on offre aussi à nos clients
industriels le programme biénergie. Pour ceux qui fonctionnaient avec de
l'huile légère - ce n'est pas le cas des papetiers pour la
plupart - cela peut devenir intéressant de s'inscrire à notre
programme de biénergie. Pour d'autres clients, on offre également
le programme de puissance interruptible qui consiste à avoir de la
réserve chez le client. On lui demande d'interrompre au moment où
on en est à des périodes de grands appels de puissance sur le
réseau. Cela permet au client non seulement de nous aider, mais aussi
d'économiser à peu près 10 % sur sa facture. Donc, il y a
un ensemble de pratiques commerciales qui vont faire que, finalement, nos
clients, oui, vont arriver à bien s'ajuster et vont pourvoir profiter
d'énergie excédentaire, mais de façon très
occasionnelle, temporaire, comme je le disais tout à l'heure, à
cause de surplus d'hydraulicité temporaires.
M. Ciaccia: Quand vous mentionnez que, depuis 1920, il y a eu de
la vente d'énergie excédentaire, avec tout cela, quand
même, nous avons toujours eu les tarifs d'électricité les
plus bas au Canada ou presque. Cela veut dire dans mon esprit que ce n'est pas
la présence de l'excédentaire qui empêche le consommateur
d'avoir un tarif d'électricité convenable, tenant compte, en plus
de cela, des autres avantages
industriels, des avantages de développement économique en
vue de faire un équilibre entre les prix de l'électricité
et les avantages de développement économique dont certains
secteurs peuvent avoir besoin.
On a parlé de l'industrie des pâtes et papiers. Est-ce
qu'il y a eu des études faites qui peuvent démontrer si, d'une
façon ou d'une autre, à la fin du programme d'énergie
excédentaire, cela peut affecter à long terme la
compétitivité de l'industrie papetière
québécoise?
M. Coulombe: Je vais demander à M. Finet de
répondre mais, juste avant cela, sur ce que vous avez dit avant, depuis
1920, il en existe et on a encore des tarifs très bas.
Hydro-Québec n'a jamais donné de garantie sur
l'excédentaire. Quand il y en avait, on en faisait profiter; quand il
n'y en avait pas, il n'y en avait pas. Là-dessus, on a continué
d'être exactement dans la même situation. Prenez une petite
récession économique qui arriverait au Québec, les
premiers frappés, c'est l'industrie. On peut vendre 3, 4, 5 ou 6
térawattheures de moins dans un an, dès qu'il y a la moindre
récession.
M. Ciaccia: Excepté...
M. Coulombe: Cela crée des excédentaires dont on
pourrait profiter dans des programmes spéciaux. Mais, on ne peut pas
garantir des excédentaires. C'est le coeur de la discussion. Si on
garantit des excédentaires, on garantit à quelqu'un qu'il va
avoir un produit moins cher que ce qu'il coûte. Si on ne garantit
pas...
M. Ciaccia: Sans garantir l'excédentaire, dans le
passé, Hydro-Québec n'a jamais eu comme politique
d'éliminer l'excédentaire. Je comprends qu'elle ne pouvait pas le
garantir, mais aller d'un point où on ne garantit pas
l'excédentaire à une politique qui dit: II n'y en aura plus, je
pense qu'il y a une nuance.
M. Coulombe: Mais, M. le ministre, j'ose espérer
qu'Hydro-Québec, depuis des temps immémoriaux, a toujours voulu
gérer le plus serré possible. Je pense que cela revient à
cela. Plus la gestion va être serrée, moins les coûts vont
être élevés. Et si on gère de façon à
avoir des excédents, cela veut dire qu'on accepte de gérer de
telle sorte qu'on crée systématiquement des kilowattheures qu'on
va vendre moins cher que ce qu'ils coûtent. C'est un cul-de-sac,
même si cela aide temporairement des secteurs industriels ou ainsi de
suite. Les secteurs industriels qui se fieraient sur de l'excédentaire
pour être rentables, tôt ou tard, vont aller frapper à la
porte de quelqu'un pour avoir des subventions pour leur sauver la vie et ainsi
de suite parce que ce n'est pas vivable.
Dans ce sens, qu'il y ait des excédents, oui, c'est
inévitable avec notre système hydraulique: il va toujours y en
avoir, il y en a toujours eu.
Notre intention - et je pense que cela devrait être l'intention,
si on veut baisser les coûts, d'avoir des tarifs réguliers qui
soient les plus bas possible pour attirer de l'industrie et rendre
compétitives celles qui existent au Québec - c'est de
gérer de la façon la plus serrée possible et
d'éliminer ces excédents, mais quand on en a - parce qu'on va
toujours en avoir - de faire des programmes spéciaux et d'en faire
profiter l'industrie. Il n'y a pas de problème là-dessus.
M. Ciaccia: J'avais mêlé les deux questions. Sur
I'autre question, la compétitivé à long terme?
M. Finet: Sur l'effet de la fin du programme, il faut bien
réaliser que ces compagnies - je parle uniquement des pâtes et
papiers - ont fait des économies de l'ordre de 65 000 000 $ au cours des
quatre dernières années. Cela a été drôlement
intéressant. Chaque fois qu'on va revenir et qu'on va leur dire: Pour
quelques mois vous pouvez encore faire des économies, je suis certain
qu'elles vont encore nous répondre oui.
À votre question précise, de ce temps-ci, l'industrie des
pâtes et papiers va à merveille. M. Coulombe parlait ce matin d'un
facteur de productivité de 95 %. Je sais qu'il y a certaines industries
pour qui c'était encore plus élevé que cela. Elles sont
à pleine capacité. Elles sont même dans des conditions
où elles doivent refuser des commandes. Donc, cela va très bien.
Cela ne peut pas être plus prospère. Il faut comprendre que c'est
général. J'en connais une, par contre, qui est en
négociation avec HydroQuébec, qui a besoin d'améliorer sa
productivité et qui nous a parlé d'investissements importants
pour être capable de mieux compétitionner. Le programme
d'énergie excédentaire n'est nullement remis en question. C'est
vraiment l'aide d'Hydro-Québec qu'on recherche, dans une formule de
partage de risques, pour une expansion qui pourrait les aider à avoir
une meilleure productivité, donc une meilleure
compétitivité sur le marché.
Mais, en dehors de cela, de façon générale, les
gens de l'industrie des pâtes et papiers ont fait, il faut le comprendre,
un essai pour pouvoir continuer à profiter de ces économies qu'on
leur a fait faire. Mais, je pense qu'ils comprennent très bien aussi
qu'en gens d'affaires sérieux on ne peut pas continuer. Ils l'acceptent,
de façon générale. (17 h 15)
M. Ciaccia: Vous avez parlé du programme de partage des
risques. Est-ce que vous pourriez, brièvement, nous faire une revue de
ce programme? Je pense qu'il a été mis de l'avant par
Hydro-Québec en 1986. Est-ce que vous savez combien d'entreprises se
sont prévalues du programme? Dans quel secteur d'activités ces
entreprises agissent-elles? Quels sont, si vous les avez, les effets
bénéfiques de ce programme sur
les entreprises?
M. Finet: Pendant que quelqu'un me fournira l'information sur les
clients et sur le type d'industries qui en ont profité, voici, d'abord,
sommairement, une description générale du programme. C'est un
programme qui s'applique, en fait, après analyse de la demande du
client, parce qu'il faut bien comprendre qu'on ne fait pas cela pour tous les
clients, on le fait pour les industries fortes consommatrices
d'électricité dont l'implantation ou la survie pourrait
être mise en doute en fonction du climat économique dans lequel on
peut vivre, ou du moins en fonction du type d'industries qui s'implante, en
fonction de leurs marchés à elles, etc.
L'approche d'Hydro-Québec consiste à mettre à
risque la partie du profit qu'on fait normalement sur les ventes
d'électricité de façon générale et à
faire une entente avec le client de telle sorte que, le jour où il
redevient en position de faire des profits et d'avoir un rendement convenable
sur ses investissements, il retourne à Hydro-Québec une partie de
ses profits.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, c'est strictement le profit que
vous pourriez faire sur la vente de ce contrat à l'entreprise.
M. Finet: C'est cela. Notre approche, ce n'est pas de vraiment
faire des rabais à fonds perdus. C'est de ne mettre que la partie de nos
profits à risque pour une période déterminée, deux
ou trois ans, dépendant du type d'implantation qu'il se fait et de faire
une entente pour que ces "subventions" - appelons cela, entre guillemets, des
subventions - nous soient retournées avec ou sans intérêts,
dépendant du risque de l'industrie en question.
M. Ciaccia: II n'est pas question de perte pour vous. C'est un
"no-loose proposition". C'est strictement le profit potentiel. Et s'ils font
des profits, est-ce que vous pouvez récupérer plus que vos
profits?
M. Coulombe: Les contrats sont "designés" sur mesure selon
le type d'industrie. Habituellement, on ne cherche pas à dépasser
ce qui aurait été le tarif normalisé pour ces entreprises.
Je dis bien habituellement, car il peut y avoir des cas spéciaux. J'ai
ici la liste des douze ou treize compagnies avec lesquelles nous avons ou nous
négocions, à l'heure actuelle, des partages de risques.
La première en liste a été QIT. Vous savez, QIT,
voilà quelques années, était en difficulté
considérable. C'est un des plus gros clients d'Hydro-Québec et
nous avons, en quelque sorte, "designé" le programme avec son aide. On
peut dire qu'actuellement cela va extrêmement bien. QIT nous remet, au
début de chaque année, un chèque qui est le retour, le
paiement du risque qu'on a pris. On a reçu plusieurs millions de dollars
de cette compagnie en retour de l'accord que nous avons fait avec elle.
Actuellement, nous sommes en discussion avec l'Aluminerie de Bécancour
pour sa troisième ligne. On en a eu avec Hydrogénal. Le cas le
plus complexe qu'on a eu à traiter et qui s'est bien
réglé, c'est Norsk Hydro, son établissement à
Bécancour, qui est basé sur un partage de risques. Nous avons
treize cas d'industries précises où soit que c'est
réglé, soit que c'est en négociation à l'heure
actuelle.
L'objectif étant de dire qu'Hydro-Québec ne donne pas de
rabais pour l'industrie, ceci basé sur l'hypothèse que nos tarifs
sont assez bas et qu'il y a une stabilisation à long terme de la
croissance de nos tarifs. On le dit: Dans la mesure où il y a des
augmentations raisonnables de façon régulière, il va y
avoir une augmentation normale des tarifs et il y a peu de pays au monde qui
peuvent garantir cette stabilité à long terme de la tarification
industrielle. C'est grâce, justement, à l'aspect hydraulique de
notre réseau où on peut se permettre cette garantie aux
compagnies de leur dire: II n'y aura pas d'augmentations en dents de scie,
comme le gaz ou le pétrole qui, à un moment donné,
augmentent de 25 % et baissent après, dans la mesure où le
gouvernement va accepter une hausse graduelle, normale et rationnelle des
tarifs dans le domaine industriel comme dans les autres domaines.
M. Ciaccia: Cela dépend de notre définition de
"rationnel", une définition pas mal objective.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: Subjective, excusez. Une définition
subjective.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Puisqu'on est dans le
rationnel, on va continuer mais, dans un tout autre ordre d'idées,
j'aimerais qu'on travaille un peu la question de l'évolution du
marché interne.
Ventes d'électricité
régulière
J'essaie de comprendre et je vous avoue que j'ai des problèmes
à trouver les justifications aux chiffres qu'on voit d'un plan de
développement à l'autre. Par exemple, en page 27 du plan de
développement de l'année dernière, de 1987-1989, horizon
1996, on avait un graphique du scénario d'évolution des ventes
d'électricité régulière au Québec. Elles se
situaient, avec un niveau moyen, à une cible de 175
térawattheures, avec un maximum de 206, puis un minimum de 139. Taux de
croissance moyenne, référence 2, 7, fort 3, 5,
puis faible 1, 5.
On arrive cette année avec un tableau semblable en page 45 du
plan de développement 1988-1990, horizon 1997, où - ce n'est pas
tout à fait par hasard - la référence reste la même.
C'est 2, 7 en termes de taux de croissance annuelle moyenne entre 1986 et 2006.
La demande cible est toujours la même en termes de térawattheures:
176 contre 175, mais, par contre, le maximum et le minimum varient
passablement. Je me demande jusqu'à quel point on peut s'en tenir
à la fiabilité de ces chiffres-là. Je vous pose la
question brutalement, mais c'est là où je veux en venir: Comment
se fait-il, alors qu'on modifie le scénario fort et le scénario
faible, qu'on maintienne toujours le même cap, le même
objectif?
Mme Bertrand: Même si la courbe est la même et qu'on
arrive à un chiffre similaire: 176 térawattheures versus 175 si
vous prenez la page 25 du plan de développement de l'an passé,
vous avez la répartition des 175 térawattheures par secteurs
d'usage. Dans ce plan, on avait, pour le domestique, par exemple, à
l'horizon 2006, une prévision de 58, 6 térawattheures alors que,
cette année, c'est 54, 3 qui est notre vision de ce que sera la
consommation du secteur résidentiel. Donc, c'est par pur hasard qu'on a
le même chiffre cette année, parce que toutes les analyses ont
été reprises sur la croissance démographique, sur la
croissance des secteurs industriels. L'addition de chacun des secteurs arrive
au même total, mais chacun des secteurs est différent. Donc, ce
n'est pas juste la partie forte et faible. Tout le travail de prévision
de la demande a été repris cette année.
M. Claveau: Sur quelle base travaillez-vous pour établir
la partie forte et la partie faible de la fourchette à ce
moment-là?
Mme Bertrand: L'an passé, la prévision forte de
croissance était basée sur une croissance économique et
démographique forte, avec une hypothèse de substitution, dans les
marchés particulièrement industriels, très forte de
l'électricité pour remplacer le mazout.
Avec le succès qu'on constate cette année des programmes
de biénergie, cet effort de substitution a déjà
été gagné. Donc, quand on veut faire des scénarios
comparatifs, c'est déjà acquis à
l'électricité. Donc, on ne peut plus les mettre en comparaison
dans un scénario fort et dans un scénario faible.
M. Claveau: Mais, par contre, on remarque que, si on fait le
total de la croissance de la demande au Québec en térawattheures
entre 1971 et 1986 et entre 1986 et 2006, il n'y a pratiquement pas de
changement. Dans les secteurs, cela varie beaucoup, mais la demande comme telle
reste pratiquement la même. Il y a une augmentation de l'ordre de deux
térawattheures.
Mme Bertrand: En térawattheures, c'est la même
chose: 55 et 59 térawattheures relativement, mais ce sont des taux de
croissance tout à fait différents. Pour la période
1971-1986, c'était plus de l'ordre de 6 %, la croissance des ventes et,
pour la période qu'on aura à vivre, c'est plutôt de l'ordre
de 2, 7 %. C'est le même nombre de kilowattheures ou de
térawattheures qu'on a comme croissance, mais cela ne représente
pas le même taux de croissance.
M. Claveau: Puisque vous parlez du taux de croissance
économique qui vous sert de référence, j'ai aussi fait des
comparaisons avec les plans de développement antérieurs. En 1986,
vous prévoyiez, dans le plan de développement, 3 % de taux de
croissance pour 1986. Cela a été 3 %. Donc, vous avez
été très prudents dans l'analyse. Cela, on le voit par la
suite. En 1986, vous avez prévu 3. 2 pour 1987. En 1987, vous aviez
prévu 2. 8; c'était encore plus modéré puisque,
finalement, dans la réalité, cela a été 5, que l'on
retrouve dans le plan de développement 1988.
Vous avez gardé, entre 1986, 1987 et 1988, le même taux de
croissance, 2, 8. Mais par contre, déjà, vous rajustez à
la baisse 1989, qui était, l'année dernière, 2, 8 et qui
devient maintenant 1, 5. Entre nous, ce n'est vraiment pas fort.
Mme Bertrand: Cela s'appelle une récession ou un
ralentissement.
M. Claveau: Un ralentissement. Mais si on voit
l'évolution, dans le passé, à Hydro-Québec,
probablement en vertu d'une saine gestion, vous avez pris tout ce qu'il y avait
de plus serré comme prévision et, au cours des dernières
années, vous arrivez avec un taux de croissance qui est toujours
inférieur au taux de croissance réel. Est-ce que cela va se
perpétuer comme cela longtemps avant qu'il y ait un réajustement
de la courbe en fonction du taux de croissance réel?
Mme Bertrand: Je pense qu'il y a deux hypothèses. C'est
plus facile de dire ce qu'est le chiffre une fois l'année finie qu'au
début de l'année. Je vous reporte à la page 18 où
l'on fait une comparaison entre nos prévisions économiques et
celles d'autres prévisionnistes: pour l'année 1988, le taux de
croissance de 2, 8 est à comparer, avec la moyenne des
prévisionnistes à 2, 7. Alors, évidemment, vous pouvez me
dire: Si on a toujours été plus bas, on va être plus bas
encore cette année, mais c'est plus difficile à établir au
début de l'année qu'à la fin de l'année si on est
plus bas ou plus haut.
M. Claveau: Mais l'historique nous démontre que,
généralement, vous êtes plus bas.
M. Coulombe: Cela dépend des variables, M. le
député. Si vous en prenez une autre, qui est extrêmement
importante et dont on va rediscuter
à fond demain, notre prévision d'inflation, en 1985, au
début de l'année, était de 4 %. Le taux d'inflation
réel a été de 4 %. Le taux d'inflation de 1986
prévu par Hydro, de 3, 9 %, a été, en
réalité, de 4, 1 %. Là, on s'est trompé de deux
dixièmes. En 1987, on avait prévu 4, 4 %. Le taux réel a
été de 4, 4 %.
M. Claveau: Oui, mais je remarque que, dans le rapport financier
de 1987, c'était le taux d'inflation à Montréal, alors
que, dans le rapport de 1988, c'est le taux d'inflation canadien.
M. Coulombe: Oui, on s'est aperçu, justement, que cela
amenait de la confusion un peu partout et surtout dans nos comparaisons avec
notre grande liste, qu'on va vous présenter demain, des 35
prévisionnistes. Alors, on s'est dit: Plutôt que de faire bande
à part, on va revenir aux prévisions canadiennes même si
effectivement, pour mieux comparer, c'est peut-être plus
intéressant d'avoir le taux d'inflation de Montréal que celui du
Canada, mais, enfin, c'est un problème secondaire.
M. Claveau: Dans le rapport financier de 1987, au chapitre du
taux d'inflation, vous prévoyiez, si je ne me trompe pas, 4, 9 %.
À quelle page, le taux d'inflation? Je vais retrouver la page; il y a un
chiffre là qui m'échappe.
Mme Bertrand: C'est à la page 80 du plan 1987-1989, si
c'est cela que vous cherchez.
M. Claveau: Probablement, madame. Oui.
M. Coulombe: À 4, 4 %.
M. Claveau: À 4, 4 %. Par contre, on avait un taux
d'inflation réel de 4, 9 % en 1986, sur la base de Montréal,
alors que si on le ramène au taux d'inflation sur une base canadienne,
cela donne 4, 1 %, selon le rapport de 1988.
Mme Bertrand: La prévision était basée sur
l'inflation au Canada et non pas à Montréal.
M. Claveau: La prévision de 1987.
Mme Bertrand: De 1987 était pour l'inflation au
Canada.
M. Claveau: Là, il y a une erreur.
Mme Bertrand: On s'excuse, la ligne n'était pas bien
intitulée.
M. Claveau: II y a une erreur dans le plan de
développement.
Mme Bertrand: Oui, il y avait une erreur.
M. Claveau: On dit: "Hausse de l'indice des prix à la
consommation - Montréal (%).
Mme Bertrand: II y avait confusion.
M. Claveau: Ce n'était pas cela. C'était
Canada.
Mme Bertrand: Canada pour le futur et Montréal pour le
passé, pour le taux réel.
M. Coulombe: Mais cela, on l'avait indiqué à la
commission parlementaire l'an passé.
M. Claveau: Est-ce que cela veut dire que, pour 1986, c'est 4, 4
%, là?
Mme Bertrand: C'était l'inflation Canada... M. Claveau:
O. K.
Mme Bertrand:... l'IPC entrevu pour l'ensemble.
M. Claveau: L'année passée, vous aviez revu 4, 7 %
pour 1988, puis là, vous le ramenez à 4, 6 %. (17 h 30)
M. Coulombe: Dans le plan, la prévision pour
l'année 1988 est de 4, 6. On aura l'occasion de discuter, demain, de
certains scénarios; cette prévision date de novembre,
décembre. Le panier des prévisionnistes a eu tendance, depuis
trois ou quatre mois, à baisser les prévisions d'inflation.
M. Claveau: Je me souviens qu'au moment où on a
discuté du plan de développement l'an dernier - enfin,
c'était l'analyse qui était faite à ce moment-là et
je pense qu'elle continue à se défendre très bien - dans
l'éventail des possibilités de taux d'inflation par rapport au
taux de croissance, vous preniez la possibilité maximale en termes de
taux de croissance, voyons...
M. Coulombe: D'inflation.
M. Claveau:... de taux d'inflation et vous preniez le taux de
croissance le plus bas possible. On constate que, dans le fond - cela se
justifie, là aussi - vous arrivez avec un taux d'inflation qui est
relativement le taux réel, mais qui par contre, était
supérieur, l'année dernière, aux prévisions
gouvernementales. Vous prévoyiez un taux d'inflation supérieur
à celui que le gouvernement prévoyait.
M. Coulombe: Dans la réalité, cela a
été exact.
M. Claveau: La réalité vous a donné raison,
d'accord, mais vous êtes allés au maximum.
M. Coulombe: Par hasard.
M. Claveau: Par hasard! Vous êtes allés au maximum
en termes de taux d'inflation; par
contre, quand on parle du taux de croissance, vous essayez toujours de
le mettre le plus bas possible.
M. Coulombe: Pour être honnête - on peut
régler cela une fois pour toutes - on a à peu près
toujours la même méthode chez nos prévi-sionnistes. On n'a
pas, à Hydro-Québec, 25, 30 ou 40 économistes qui ne font
que de la prévision. On a des économistes, en petit nombre, de
haut calibre. Volontairement, on n'a pas l'intention d'avoir toute une batterie
d'études pour faire nos propres prévisions parce qu'on pense que
ce serait un investissement qui serait un peu démesuré par
rapport à la réalité.
Par exemple, au point de vue démographique, on se fie en
très large partie à Statistique Canada et au Bureau de la
statistique du Québec. Ils sont équipés, ils ont du monde
et ils font des prévisions. On en discute avec eux et on s'ajuste. Dans
le reste des prévisions, on regarde l'ensemble des
prévisionnistes. C'est analysé en fonction de nos propres
connaissances parce que, au point de vue des secteurs industriels, des
consommateurs privés, on a beaucoup de données que même ces
gens-là n'ont pas. On essaie de comprendre leurs structures et d'ajuster
cela en fonction de nos propres données. On se situe, normalement, dans
la fourchette des prévisionnistes. En d'autres mots, il faut pas
chercher midi à quatorze heures pour arriver à notre propre
méthodologie. On essaie, à la lumière de nos propres
renseignements, de comprendre le panier des prévisionnistes et,
normalement, on essaie de ne pas être trop extravagants, en d'autres mots
d'être un peu plus prudents dans nos prévisions. C'est la
méthode générale qu'on emploie.
On a non seulement les variables des prévisionnistes, mais on est
tellement sensible aux prix du pétrole et au dollar canadien que ces
variables sont extrêmement importantes. Encore là, on en est
réduit à regarder l'ensemble des prévisionnistes. Vous
allez voir, en regardant l'ensemble des prévisionnistes, que, lorsqu'on
a fait le plan, les grands chiffres économiques aux mois de novembre et
décembre, parce qu'ils datent de trois ou quatre mois, au point de vue
du dollar, on s'est orienté vers 0, 76 $. On était conscient pour
le dollar que c'était modéré. On est à 0, 79 $ et
quelque aujourd'hui. Par contre, on se situe à 18 $ le baril de
pétrole et là on s'est dit: On prend peut-être une chance,
mais les prévisionnistes s'en allaient vers là. Aujourd'hui, il
est à 14 $. On s'est trompé dans les deux cas, mais une erreur
compense l'autre en partie. C'est le grand équilibre de ces
prévisions. On espère qu'une erreur corrigeant l'autre, sur
l'ensemble de la moyenne - c'est exactement ce qui se produit normalement dans
la plupart des prévisions: l'une compense l'autre - on arrive, à
un moment donné, à avoir... On est très sensible à
certaines variables.
M. Claveau: D'accord. J'aurais encore une couple de petites
questions, je vais les poser rapidement, brièvement, en tout cas, dans
ma formulation.
Dans le tableau de la page 45, graphique 15, qu'on a au plan de
développement, quand on parle de scénario fort et de
scénario faible, ce sont des chiffres qui sont similaires aux chiffres
de Statistique Canada ou de toute analyse économique qui prévoit
jusqu'en 2006?
M. Coulombe: Ce qui influence à long terme, ce sont
principalement des hypothèses démographiques, formation des
ménages, etc., auxquelles on ajoute notre prévision du
développement industriel. On fait l'hypothèse qu'il va y avoir
une aluminerie de plus, quelques centaines de mégawatts pour une autre
usine de magnésium; c'est une analyse qu'on fait pour cela. Mais,
à très long terme, la variable démographique étant
l'élément clé au point de vue de la consommation
domestique, la formation de ménages et l'augmentation de la population,
on se fie à l'interprétation que le Bureau de la statistique du
Québec donne de l'évolution démographique.
M. Claveau: Toujours sur la question de la croissance, on semble
comprendre, en tout cas dans le plan de développement, que pour 1987
vous aviez d'abord prévu, entre 1986 et 1991, un taux de croissance de
la demande d'électricité de 3, 8 %. Dans le plan de
développement de 1988, vous réajustez cette demande, entre 1986
et 1991, à 4, 5 %. Est-ce que c'est bien cela?
Mme Bertrand: Oui, c'est exact. C'est le succès, entre
autres, du programme biénergie dont les installations entrent en service
pendant l'année 1988 et au début de l'année 1989, plus la
force de l'activité industrielle qui permet le devancement de certaines
charges. Donc, c'est un peu plus vigoureux.
M. Ciaveau: D'accord. C'est juste à l'interne; cela ne
touche pas la demande externe. C'est clair.
Mme Bertrand: C'est la croissance des ventes au
Québec.
M. Claveau: D'accord, mais quel impact a cette augmentation des
prévisions de la demande sur le pian d'équipement comme tel?
Mme Bertrand: On a vu ce matin, quand j'ai présenté
les deux courbes, qu'à l'horizon 2600 on rejoint les besoins, mais,
pendant la période, on dégage à peu près un besoin
supplémentaire de 5 térawattheures. Ces besoins-là, qui
sont prioritaires au Québec, viennent diminuer les surplus qu'on a
à vendre pour les marchés excédentaires.
M. Claveau: Cela veut dire que cela nous
oblige à bâtir des équipements de plus si on veut
vendre de l'électricité à l'extérieur. En fait,
à devancer des travaux.
Mme Bertrand: À devancer lorsque notre parc
d'équipements devient en équilibre, oui. Mais, entre-temps, cela
diminue les surplus disponibles pour vente d'excédentaire.
M. Claveau: L'excédentaire autant au Québec
qu'à l'extérieur?
Mme Bertrand: Exactement, les 67 térawatt-heures qu'on
voyait ce matin.
M. Claveau: Juste une chose en terminant, puisque vous avez
parlé tout à l'heure des implantations industrielles et des
différents programmes de participation à risque, de toutes sortes
d'approches prises par Hydro-Québec. L'année dernière, on
avait posé des questions sur Alusuisse et on n'avait pas eu de
réponses parce qu'on nous disait que, comme c'était en
négociation, on ne pouvait pas parler de l'état des
négociations avec la compagnie Alusuisse. Maintenant qu'il semble que
les négociations soient rompues, est-ce qu'il serait possible de savoir
ce qu'Hydro-Québec offrait à Alusuisse?
M. Coulombe: Vous me voyez complètement
embêté. Les discussions avec Alusuisse, en ce qui concerne
Hydro-Québec, ne se sont pas rendues à un point qu'on pourrait
appeler de rupture ou de... Comment dirais-je? Cela ne s'est pas rendu
là. Alors, si rupture il y a eu, cela s'est produit à un autre
niveau qu'à Hydro-Québec, parce qu'on n'a pas été
impliqué dans le dossier pour pouvoir vous dire aujourd'hui: On a rompu
les négociations ou on les avait entreprises de telle ou telle
façon. C'était, donc, antérieur à notre implication
dans ce dossier.
M. Claveau: Vous nous dites que, si Alusuisse s'est
retirée ou a été retirée du dossier ou n'est plus
intéressée à investir au Québec, cela ne
dépend pas du coût de l'électricité?
M. Coulombe: Honnêtement, je ne sais pas ce qui est
arrivé avec Alusuisse. Ce que je peux vous dire, c'est
qu'Hydro-Québec n'était pas impliquée dans les
négociations des tarifs avec Alusuisse.
M. Claveau: D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): C'est la faute du
gouvernement.
M. Ciaccia: Je peux assurer le député d'Ungava que,
si Alusuisse n'a pas complété encore - ce n'est pas
terminé - ou si elle ne complète pas ses offres, cela n'a rien
à faire avec la position d'Hydro-Québec. Hydro-Québec est
prête a discuter avec elle sur une base de partage de risques. Ce n'est
pas cela, le problème. Le problème se situe ailleurs, du
côté d'Alusuisse et pas du côté du gouvernement.
M. Claveau: D'accord, merci.
Le Président (M. Charbonneau): Alors, M. le
vice-président de la commission.
M. Théorêt: Oui, M. le Président. M.
Coulombe, vous mentionniez un peu plus tôt que, pour le
développement industriel québécois et pour les industries
qui voudraient venir s'installer chez nous, le plus intéressant
semblerait que ce soit le taux de base du coût de
l'électricité et qu'il ne connaisse pas d'augmentations trop
élevées ou en dents de scie. Par contre, à la page 40 du
plan de développement d'Hydro-Québec, on peut lire que, pour
inciter les nouvelles entreprises à venir s'implanter au Québec,
Hydro-Québec compte, notamment, sur son programme de prospection
industrielle.
Est-ce que vous pourriez expliciter un peu plus les objectifs et les
stratégies inhérentes à ce programme, étant
donné que vous dites que ce qui est le plus intéressant semble,
en fait, le taux de base?
M. Coulombe: Le mot "programme" est peut-être emphatique.
Nous avons une équipe, que nous avons mise sur pied depuis quelques
années, qui s'occupe systématiquement de prospection industrielle
ailleurs qu'au Québec. En d'autres mots, ce n'est pas un programme dans
le sens où on a des tarifs spéciaux, des rabais, des ci ou des
ça. C'est une équipe qui systématiquement, en
collaboration avec le ministère de l'Industrie et du Commerce à
Québec et son équivalent au fédéral, est un peu au
coeur de plusieurs dossiers d'industries énergivores. On a une
équipe qui s'occupe spécialement de cela. Lorsque l'industrie est
attirée ou qu'il y a eu des contacts préliminaires, là,
évidemment, ce sont les marchés internes qui se chargent de
parfaire le dossier à l'aide des programmes réguliers d'Hydro,
comme le partage des risques, les électrotechnologies, ainsi de suite.
Alors, ce qu'on appelle "programme de prospection" là, il ne faut pas
lui donner une importance trop considérable. C'est une équipe qui
fait carrément de la prospection industrielle d'investissements
étrangers énergivores pour le Québec.
M. Théoret: Donc, ce que vous appelez "programme", en
fait, peut être le partage des risques dans certaines industries et
l'autre point serait strictement le coût peu élevé,
finalement.
M. Coulombe: Exact. Notre hypothèse, c'est que le tarif
industriel, à 0, 026 $ le kilowattheure, est un des plus bas. Je ne dis
pas le plus bas; il y a des poches, en Amérique du Nord, latine ou
même en Australie où les tarifs sont effectivement plus bas. Mais,
globalement, c'est
un des tarifs les plus avantageux au monde. Ce qui le rend avantageux,
ce n'est pas tellement qu'il soit à 0, 026 $ cette année; c'est
que l'industriel soit persuadé que c'est une des rares parties au monde
où cette stabilité a un sens. Dans beaucoup de pays d'Afrique ou
d'Amérique latine, cette stabilité-là à long terme
est moins assurée. Dans le cas de l'Australie, c'est aussi
assuré. Mais l'Australie et le Canada sont peut-être les deux pays
où, justement, on a cette notion de stabilité dans l'augmentation
des tarifs. On est à 99, 9 % hydrauliques. Les coûts de production
de l'hydraulique sont relativement connus dans le monde, parce que c'est une
technologie qui est parfaitement contrôlée, qui est connue de tout
le monde. Donc, ils connaissent la possibilité de stabilisation des
augmentations de tarifs. Et cela, c'est une valeur qui attire fondamentalement
l'industrie.
On ajoute à cela un programme de partage des risques où
Hydro-Québec est prête à partager les problèmes de
démarrage de nouveaux procédés industriels. Norsk Hydro,
par exemple, va apporter au Québec une technologie complètement
nouvelle au point de vue de la fabrication du magnésium. Au
début, il va y avoir un peu de difficultés. On partage le risque
des difficultés de mise en marche d'une l'usine. Et cela, c'est un
nouvel avantage. Et on ajoute à cela nos autres programmes
d'électrotechnologies ou même de biénergie, parce qu'il y a
un avantage réel pour l'indutriel de participer à un programme de
biénergie. C'est payant pour lui. C'est payant pour Hydro, mais c'est
payant pour lui. En fait, on partage les bénéfices de ce
programme-là.
Alors, si on met tout cela ensemble, cela fait un "package deal" qui est
extrêmement intéressant pour des industries et qui, à notre
avis, nous évite de donner des rabais. Mais là, c'est notre
opinion. On sait que tout le monde n'est pas d'accord avec cela. Mais cela nous
évite de donner des rabais, rabais qui vont être d'autant plus
difficiles à justifier dans le cadre de libre-échange qu'on est
appelés à vivre avec les États-Unis. Ces rabais-là
vont devenir de plus en plus difficiles à justifier dans le cadre du
développement industriel. Donc, tout cela va dans le même sens
d'attirer l'industrie éner-givore, mais non pas en subventionnant, en
partageant le risque et en mettant en valeur l'avantage comparatif de nos
tarifs.
M. Ciaccia: Je voudrais juste revenir sur les chiffres. Je ne
voudrais pas être obsédé par les pâtes et papiers,
mais j'essaie d'obtenir certains chiffres. Vous avez mentionné que les
ventes d'énergje__excédentaire aux pâtes et papiers
pourraient vous coûter 100 000 000 $.
M. Coulombe: Oui.
M. Ciaccia: J'ai des chiffres de I987; peut-être ont-ils
changé en I988. Les ventes totales d'énergie excédentaire
d'Hydro étaient à 144 000 000 $, et vous en vendiez pour 80 000
000 $ aux pâtes et papiers.
ML Coulombe: C'est l'ensemble du programme qui coûterait
100 000 000 $. Les pâtes et papiers représentent quel pourcentage
là-dedans?
Une voix: À peu près 80 %. Mme Bertrand: 60
%.
M. Coulombe: 60 %, c'est les pâtes et papiers. Le reste,
c'est dans d'autres secteurs. Donc, c'est 60 000 000 $, si on veut ajuster cela
au secteur,
M. Ciaccia: Parce que le montant d'électricité que
les pâtes et papiers achètent globablement d'Hydro-Québec,
c'est 350 000 000 $, à peu près?
M. Boivin (Claude): Oui. C'est exact. De l'ordre de 350 000 000
$.
M. Ciaccia: Et sur ces 350 000 000 $, il y a à peu
près 80 000 000 $ d'excédentaire?
M. Coulombe: Non, c'est en plus, cela. 350 000 000 $, c'est
l'énergie régulière. (17 h 45)
M. Ciaccia: Plus 80 000 000 $ d'excédentaire. Alors,
approximativement, c'est 420 000 000 $ d'électricité que les
pâtes et papiers achètent. Et sur les 80 000 000 $ qu'ils
achètent de vous, vous calculez que vous effectuez une perte.
M. Coulombe: C'est-à-dire que c'est 60 % du total. On dit
que le total est 100 000 000 $; donc, c'est 60 000 000 $ pour l'industrie des
pâtes et papiers. Notre certitude, c'est que, si on le vend ailleurs, on
va avoir 60 000 000 $ de plus de revenu que si on le vendait à
l'industrie forestière.
M. Ciaccia: D'accord. Vous pouvez obtenir plus ailleurs.
M. Coulombe: C'est exactement la base de notre raisonnement. En
d'autres mots, on mettrait 60 000 000 $ sur la table pour permettre à
l'industrie forestière de profiter de ces ventes. Ce sont 60 000 000 $
qu'on n'aurait pas.
M. Ciaccia: Pour les 80 000 000 $ d'excédentaire que vous
vendez aux pâtes et papiers, vous pourriez obtenir 60 000 000 $ de
plus.
M. Coulombe: À partir de l'année prochaine, parce
que le programme existe encore cette année.
M. Ciaccia: Oui. L'année prochaine.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? M. le
député d'Ungava.
Consommation domestique et agricole
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir
à la consommation du secteur agricole et domestique. J'aimerais savoir,
dans un premier temps, quel est la part effective du secteur domestique et du
secteur agricole dans cette catégorie. Est-ce qu'il y aurait moyen
d'avoir un tableau là-dessus? Est-ce qu'agricole comprend vraiment tout
ce qui est agriculture?
Mme Bertrand: Ce sont les clients qui font une utilisation
domestique et non pas ceux qui font une utilisation "petite industrie" de leur
exploitation agricole. Donc, cela ne comprend pas tout le secteur agricole.
Celui qui est plus de taille...
M. Claveau: La ferme familiale. Mme Bertrand: Plus,
oui.
M. Claveau: Mais cela comprend tout le secteur domestique?
Mme Bertrand: Oui. 2 200 000 clients.
M. Claveau: Si on regarde votre tableau de la page 32, on a la
consommation de base. La consommation de base est restée à peu
près la même, même exactement la même, entre 1971 et
1986. On a parlé de cela un peu tout à l'heure. Mais, entre 1986
et 2001, cela triple.
Mme Bertrand: C'est seulement une expression, "consommation de
base". Ce qu'on a essayé d'expliquer par ce graphique, ce sont les
différences entre les sous-périodes. Ce qui existait
déjà en 1986, c'étaient déjà des
consommations existantes. Qu'est-ce qu'il y a de plus entre 1986-2001?
L'appellation porte peut-être un peu à confusion.
M. Claveau: Cela ne veut pas dire que les ménages vont
consommer plus.
Mme Bertrand: Non.
M. Claveau: D'accord. Si on regarde l'évolution du tableau
8, en page 44, on a, à toutes fins utiles, une stagnation de la
consommation domestique et agricole. Entre 1986 et 2006, il y a un taux de
croissance qui est vraiment très faible, un taux de croissance moyenne
de 1, 5 % sur vingt ans. Donc, pratiquement stagnation à ce niveau.
Mme Bertrand: Parce que la croissance démographique
stagne. Donc 500 000 nouveaux foyers d'ici l'an 2000. Mais, en population,
c'est une croissance de 0, 3 % seulement d'ici l'an 2006.
M. Claveau: Donc, on peut prétendre que ce n'est pas la
consommation domestique et agricole qui va susciter ou qui va obliger
Hydro-Québec à de nouvelles implantations d'équipement au
cours des prochaines années.
Mme Bertrand: Tout est relatif dans la vie. Si on prend la
version abrégée du plan de développement où on
reprend les deux tableaux que j'ai présentés ce matin, dans le
secteur domestique, quand même, c'est plus que 15 térawattheures
de nouveaux besoins qu'on a à desservir. 15 térawattheures, c'est
l'équivalent de deux centrales LG 1. Alors...
M. Claveau: Sur vingt ans.
Mme Bertrand: Oui, mais c'est l'équivalent, quand
même, de...
M. Claveau: Parce que...
Mme Bertrand: C'est au niveau production et transport.
M. Claveau: Parce que le montant est élevé, sauf
que...
Mme Bertrand: C'est au niveau production et transport. Il y a les
nouvelles lignes de distribution ou l'entretien de nos lignes de distribution
pour les nouveaux clients et l'entretien des installations qui alimentent
présentement les 2 200 000 clients.
M. Claveau: J'aimerais savoir s'il est exact de dire que la
consommation énergétique de pointe au Québec est
principalement due à la consommation domestique.
Mme Bertrand: C'est-à-dire que les clients domestiques ont
une plus grande consommation pendant les heures de pointe, en proportion, que
l'industriel. L'industriel consomme de façon uniforme sur toute la
ligne, alors que le secteur domestique consomme de façon plus
marquée dans la période d'hiver que le secteur industriel, par
exemple.
M. Claveau: Cela veut dire que, si on a besoin de
suréquipement pour faire face à des périodes de pointe,
c'est en grande partie dû à la consommation domestique qui est
beaucoup moins continue que la consommation industrielle et commerciale.
Mme Bertrand: C'est exact. Ces équipements vont être
requis, entre autres, parce qu'il y a accroissement des besoins de chauffage,
mais aussi parce qu'il y a aussi accroissement des besoins industriels.
M. Claveau: Est-ce qu'il est plus coûteux de produire un
kilowattheure en énergie de pointe
qu'en énergie de base?
Mme Bertrand: Absolument. C'est pour cela que, dans nos
stratégies, on a tenté d'offrir à nos clients des produits
hors pointe, pour leur permettre, à eux, justement, d'économiser
et, à nous, de retarder le plus possible les équipements de
pointe.
M. Claveau: Là, on entre un peu dans la question de la
tarification.
Mme Bertrand: Un peu.
M. Claveau: On pourra y revenir à ce moment-là. On
est en train de dire qu'effectivement le kilowattheure qui est consommé
par un consommateur domestique, parce qu'il le prend en période de
pointe, coûte plus cher à produire que si c'était un
industriel qui le consommait sur une base régulière.
Mme Bertrand: II y a deux choses. D'une part, parce que c'est un
client alimenté en distribution, en plus des équipements de
production et de transport associés, on a aussi tous les
équipements de distribution pour aller rejoindre le client chez lui.
Donc, en soi, le client domestique est un client qui coûte plus cher
à desservir qu'un client industriel pour qui on n'a pas besoin de faire
les équipements...
M. Claveau: J'ai une autre question qui, elle, est assez proche
de la problématique du plan de développement, du plan
d'immobilisations. Cela veut dire, par contre, que, si on n'exportait pas, si
on se contentait de régulariser la consommation interne, à ce
moment-là on n'augmente pas la base d'énergie ferme,
d'énergie garantie, de puissance qui est vendue. Dans la mesure
où on peut vendre de l'énergie excédentaire, mais qu'on
n'augmente pas la puissance garantie au départ, notre énergie de
pointe n'est pas plus coûteuse à produire, finalement, parce
qu'elle entre dans l'ensemble des équipements de base qu'on a en
place.
M. Coulombe: Si on vendait sur les marchés d'exportation
en bas du prix coûtant, vous auriez parfaitement raison. Comme notre
hypothèse - non seulement c'est notre hypothèse, mais on est
capable de le démontrer - c'est que, dans nos contrats à
l'exportation, on fait un rendement supérieur dans nos ventes à
l'exportation que ce que l'on fait dans nos ventes à l'interne, c'est,
donc, que la pointe qui est assumée dans ces contrats est largement
compensée par les revenus qu'on en retire. C'est notre hypothèse
de base. Mais vous auriez raison si on vendait à perte ou si on vendait
constamment dans cette perspective-là. Mais ce n'est pas le cas; les
contrats qu'on a signés et qui justifient le devancement
d'équipements sont plus rentables que le rendement moyen, ont un
rendement plus élevé que le rendement moyen des ventes au
Québec, donc nous assurent à moyen terme et à long terme
un retour sur l'investissement qui va avoir comme conséquence, si tout
se passe comme prévu, de baisser la pression sur les tarifs internes au
Québec.
M. Claveau: Mais vous dites dans votre réponse que, dans
le fond, il y a une partie du coût supplémentaire ou de la valeur
ajoutée aux térawattheures qu'on vend à l'étranger
qui sert à payer les équipements de pointe parce que cela
coûte plus cher de produire en équipement de pointe pour la
consommation locale.
M. Coulombe: C'est-à-dire que les prix que l'on exige
à l'exportation compensent largement les coûts que nous assumons
pour la construction des équipements de base nécessaires pour
exporter et dont le devancement est financé par des prix
consécutifs aux contrats qu'on signe. C'est ce que je dis en d'autres
mots. Pour exporter, on devance. Le coût de ce devancement-là est
calculé et les prix que nous négocions sont supérieurs au
coût, de telle sorte que ça nous garantit un rendement sur
l'équité d'au-delà de 20 % et un rendement sur le capital
investi de l'ordre de 13 %. C'est cela en fait.
Si tout se passe comme prévu - je dis bien: Si tout se passe
comme prévu - c'est donc dire que ces revenus-là à moyen
et à long termes vont enlever de la pression sur l'augmentation des
tarifs au Québec. C'est ce que je dis.
Le Président (M. Théorêt): Une
dernière question.
M. Claveau: La dernière question? D'accord. Si ce que vous
vendez n'est que de l'énergie excédentaire, à ce
moment-là - c'est le principe d'aplanir les montagnes et de remplir les
vallées - on peut se comprendre. Mais à partir du moment
où on fait les contrats en ce que vous appelez le produit de
première qualité: l'énergie ferme, la puissance garantie,
on augmente la base de la production dans le fond, mais on ne change pas la
courbe de pointe. On rend le plancher plus épais, mais on garde les
mêmes crêtes en surface.
M. Coulombe: Vous avez raison. Oui, c'est exact. Mais le
coût du devancement est financé avec un profit dans le prix de
vente qu'on donne. Alors, cela ne change rien fondamentalement à la
courbe de consommation québécoise, c'est bien évident.
M. Claveau: Mais, cela ne change rien, non plus, aux surplus et
aux coûts qu'on doit payer pour avoir des équipements de pointe
pour suffire à la demande de pointe au Québec.
M. Coulombe: Techniquement, non, parce
que, tout simplement, comme je viens de vous le dire, la partie
devancement est entièrement financée par nos prix de vente. Donc,
pour le Québec, même si à moyen terme et à long
terme, cela baisse la pression sur l'augmentation des tarifs, le
problème reste le même pour nos programmes de biénergie,
d'écrêter la pointe. Lorsqu'on écrête la pointe, on
partage nos bénéfices avec l'industrie du Québec. En
d'autres mots, on baisse ses coûts d'électricité en
baissant nos propres dépenses de pointe. C'est ce qui se produit et cela
n'a rien à voir avec nos ventes de puissance et d'énergie ferme
à l'exportation. C'est une stratégie qui est
différente.
M. Claveau: D'accord. Cela va pour le moment. On me dit que mon
temps est terminé.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député d'Ungava.
Étant donné l'heure, nous allons suspendre les travaux de
la commission de l'économie et du travail jusqu'à 20 heures ce
soir.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
(Reprise à 20 h 13)
Le Président (M. Charbonneau): On reprend les travaux de
la commission de l'économie et du travail et l'étude de la
proposition tarifaire d'Hydro-Québec. La parole était attendue
avec impatience par le député d'Ungava.
M. le député d'Ungava, vous avez la parole. C'est la
raison pour laquelle nous vous attendions avec tant d'impatience.
M. Claveau: J'avais demandé la parole, M. le
Président?
Le Président (M. Charbonneau): Je ne sais pas si vous
l'aviez demandée, mais, moi, je vous la donne parce que c'est à
votre tour. Si vous ne la voulez pas, dites-le-moi tout de suite.
M. Claveau: Remarquez que je peux toujours la prendre.
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, vous avez
l'air tellement surpris, je peux la passer au député de
Rosemont.
Une voix: En concluant, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Non, je pense qu'on était rendu aux
marchés externes.
Une voix: Non, au marché interne.
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, si vous
avez épuisé toutes vos questions, le député de
Rosemont, semble-t-il, en a d'autres; cela va peut-être vous permettre
d'en trouver d'autres.
M. Claveau: Je suis prêt à lui céder la
parole.
Le Président (M. Charbonneau): Alors, M. le
député de Rosemont.
M. Rivard: M. Coulombe, je pense que nous sommes rendus, à
cette heure, ce soir, à parler un petit peu de la qualité du
service qui est offert à votre clientèle.
L'électricité, c'est un bien essentiel et, comme je vous le dis,
chaque année, nous rencontrons, nous, les députés,
beaucoup plus de vos clients que nous ne vous rencontrons vous-mêmes et
nous entendons parler de la qualité de ces services.
Pannes sur le territoire
québécois
Vous n'auriez pas, par hasard - vous avez beaucoup de diapositives ici -
une petite diapositive qui nous montrerait l'évolution des pannes sur le
territoire québécois? Vous n'auriez pas, pour présenter
à la commission demain, advenant le cas, une espèce
d'évolution dans le temps du nombre de pannes spontanées et des
interruptions provoquées? Ceci m'amène à vous demander de
nous préciser un peu ce que vous avez été capables
d'accomplir, à l'occasion, à l'aide de votre programme
d'amélioration de la qualité du service.
M. Coulombe: M. Claude Boivin.
M. Boivin: Oui, l'épineux dossier des pannes, comme on
dit. Malheureusement, je n'ai pas de diapositives de préparées,
mais on pourra déposer demain les tableaux montrant l'évolution,
du taux de la qualité du service et du nombre de pannes depuis 1981
jusqu'à 1987. Les chiffres de 1987 sont des chiffres, en termes
comptables, qu'on peut dire non validés ou non-finals, parce que les
analyses de fin d'année prennent environ trois mois avant de donner des
chiffres vraiment complets pour l'année 1987; on les a seulement
à la fin de mars.
Ce qu'on peut dire dans l'ensemble, c'est que, à la suite du
programme d'amélioration de la qualité du service, le programme
PAQS, globalement, on constate, à compter de 1986
particulièrement, une diminution de l'ordre de 10 % du nombre de pannes.
Donc, si on veut le prendre autrement, une amélioration de 10 % de la
continuité du service sur nos différents réseaux. Il est
évident qu'il reste, bien que le programme PAQS tire à sa fin un
certain nombre d'endroits où on dénote encore des faiblesses,
donc, où des programmes additionnels de correction ou de renforcement
des réseaux devront être mis en place. Je peux citer des exemples:
sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal, on est en
train de regarder la zone de Côte-Saint-Luc où on a fait depuis
quelques années un
très grand nombre de travaux, mais où, en ce qui a trait
aux réseaux secondaires, il reste encore des travaux à faire
durant l'été. Je peux mentionner également, les Cantons de
l'Est, un des seuls endroits de la province où il nous reste un
réseau de répartition de l'ordre de 600 kilomètres
à 49 KV qui, a montré des signes de fatigue et de vieillissement
particulièrement au cours de l'hiver qui se termine, ce qui nous a
causé un certain nombre de problèmes. On est en train de faire
l'expertise. J'avais sur mon bureau vendredi matin un premier rapport qui
indiquait que, dès l'été prochain, par exemple, on devrait
investir probablement quelque chose comme 1 500 000 $ ou 2 500 000 $ sur ce
réseau à 49 KV dans les Cantons de l'Est. Tout cela pour dire que
partout à travers la province, au fur et à mesure que les
chiffres sur les pannes à la fin d'un hiver deviennent disponibles, des
analyses sont faites et les correctifs sont planifiés le plus rapidement
possible pour l'année qui vient.
M. Rivard: Quand on parle de pannes, j'imagine que, dans la
plupart des cas, ce ne sont pas des pannes majeures. On va parler tout à
l'heure des marchés externes, de l'exportation de notre
hydroélectricité et on va se rappeler que, dans ce
dossier-là, les Américains sont très désireux de ne
jamais subir de pannes majeures en provenance de leur fournisseur
d'hydroélectricité. Est-ce que cette évolution favorable
dont vous nous faites part ce soir a un impact sur la façon dont les
Américains évaluent la fiabilité de notre
réseau?
M. Boivin: Prenons cela autrement. Quand on parle de pannes pour
le client d'Hydro-Québec d'ici on parle vraiment de toute interruption
de service, qui est donc perçue par lui comme une panne. Maintenant,
dans les interruptions de service, il y a vraiment des Interruptions qui sont
programmées, c'est-à-dire que pour le client il y a vraiment
interruption. Même si on l'a avisé d'avance, il n'a pas de service
pendant une certaine période en raison de travaux. Il y a vraiment des
pannes qui sont causées par des actes fortuits, soit des bris
d'équipement, la foudre en été, les tempêtes,
etc.
Maintenant, du côté du réseau de transport, il est
évident que la continuité du service sur notre réseau de
transport au cours des dernières années s'est grandement
améliorée. On se souviendra que dans les années 1970, bon
an mal an, on avait presque une panne générale sur le
réseau de transport d'Hydro-Québec, c'est-à-dire qu'on
perdait tout le réseau de transport, je dirais, presque une fois par
année. Aujourd'hui, la dernière panne provinciale,
c'est-à-dire la dernière panne générale sur le
réseau de transport, remonte à décembre 1982. Donc, les
investissements qu'on a faits, notamment concernant certains appareillages
additionnels tels que des parafoudres sacrificiels, sur le réseau de
transport au cours des dernières années ainsi que l'ajout d'un
certain nombre d'automatismes ont eu un impact positif, puisque, depuis cinq
ans, on n'a pas eu de panne générale.
En ce qui a trait aux marchés de l'exportation, on est en train
de planifier des investissements de l'ordre de 600 000 000 $ sur le
réseau de transport d'Hydro-Québec au cours des années qui
viennent, bien qu'une décision finale ne soit pas prise sur ces
investissements, afin de rendre les critères de fiabilité de
notre réseau de transport compatibles avec les critères de
fiabilité du NPCC, qui est l'organisme du nord-est américain qui
coordonne les actions dans ce domaine des différents réseaux du
nord-est des États-Unis. Ces investissements sont
considérés par Hydro-Québec comme des devancements parce
que, de toute façon, sur un horizon de dix ou quinze ans, au fur et
à mesure que de nouveaux besoins québécois seront
nécessaires et que notre réseau de transport devra ajouter un
certain nombre de lignes, il y aura des appareillages plus sophistiqués
à installer sur notre réseau de transport. Maintenant, la logique
présente étant qu'on tente, par tous les moyens possibles, de
percer du côté des marchés de l'exportation et que pour
être capable d'exporter les quantités qu'on envisage vers les
réseaux voisins, il faut absolument être capable d'exporter ces
quantités, non pas à partir de réseaux
"dédiés" ou de centrales "dédiées", mais à
partir de notre grand réseau de transport. On tente de rendre les
critères de fiabilité du service de notre grand réseau de
transport compatibles avec les critères de fiabilité
exigés par les réseaux américains. Il faut comprendre,
quand on dit cela, que cela ne veut pas dire qu'on a un mauvais réseau
de transport au Québec. Au contraire, on a un très bon
réseau de transport, mais le réseau de transport
d'Hydro-Québec a été conçu volontairement de
façon très différente des réseaux de transport
américains d'électricité. Nous, Ici, on a un réseau
de transport qui présente une caractéristique, c'est que les
sites de production sont très éloignés de nos sites de
charge. On a donc une immense grille, de très longues distances à
très hautes tensions, alors qu'aux États-Unis, dans les
États du nord-est, la très grande majorité de
l'électricité est produite à partir de centrales
thermiques qui sont très près des centres de charge. Donc, le
réseau de transport est hautement interconnecté. C'est une
grille, en fait, plutôt qu'un réseau du type de celui qu'on a.
Nécessairement, les critères de fiabilité qui
président à la conception de ces réseaux ne sont pas les
mêmes que pour nous. En d'autres mots, nous, s'il survient une panne sur
le grand réseau, on est capable de rebâtir notre réseau en
moins d'une ou deux heures, alors que s'il survient une panne sur un
réseau intégré maillé du côté
américain, cela peut prendre de 48 à 72 heures avant de
rétablir le service. Donc, ils n'ont pas les mêmes critères
de fiabilité.
M. Rivard: Merci pour ces explications. Si
on continue dans le dossier de la qualité, vous avez, comme
clients, un nombre absolument phénoménal de foyers, d'industries.
Vous en avez mentionné 2 800 000. L'an passé, à la
commission parlementaire, vers la même date, vous aviez annoncé
une sorte de révision de vos pratiques d'affaires, en particulier en ce
qui concerne les relations avec votre clientèle. Qu'est-ce qui a
été fait de ce côté-là? Est-ce qu'il y a des
mesures spécifiques qui ont donné des résultats
spécifiques et attendus, sinon souhaitables? M. Finet: Les
consultations à cet effet se sont terminées l'année
dernière, en 1987. Des directives ont été
approuvées en fin d'année visant à améliorer nos
services à la clientèle sous plusieurs de leurs aspects, sous
l'aspect facturation, entre autres. De nouvelles dispositions devront
être prises pour faciliter le paiement des factures. Par exemple, la
majorité de nos clients résidentiels sont facturés tous
les deux mois. Eh bien, il y a une pratique qui voudrait qu'on envoie une
facture intercalaire, entre deux relevés, entre deux factures
régulières. On enverra une facture estimée, que le client
pourra payer ou non, à son gré. Il y a d'autres mesures, par
exemple, sur le plan de la représentation auprès des clients. On
est peut-être la seule entreprise qui vend un produit mais qui n'a aucune
force de vente concrète pour visiter ses clients, pour les conseiller
non seulement sur les possibilités d'utilisation additionnelle de
l'électricité, mais aussi sur l'utilisation rationnelle du
produit comme tel et, aussi, voir les possibilités de ventes
additionnelles. Sur la rapidité avec laquelle on peut donner
accès ou donner des réponses aux clients qui communiquent avec
l'entreprise, dans certains endroits, nos efforts, nos forces de travail
doivent être réorganisées pour nous permettre de mieux
répondre aux appels de la clientèle. Les systèmes
informatiques ont besoin d'être ajustés pour fournir aux
employés les outils dont ils ont besoin pour améliorer tout cet
aspect du service à la clientèle.
De façon plus sommaire, oui, neuf directives majeures ont
été approuvées en fin d'année pour lesquelles, dans
le budget de 1988, nous avons fait approuver une dépense de 5 000 000 $
spécifiquement aux fins d'améliorer nos relations avec la
clientèle.
M. Rivard: Peut-être un dernier volet sur le même
sujet en ce qui concerne les attentes. Je pense que cela fait partie d'un
objectif que vous mentionnez dans votre plan, vos attentes à
l'égard de vos employés, eu égard à la
qualité du service. Je me rappelle qu'en commission parlementaire, au
sujet du dossier de la sous-traitance, et vous me pardonnerez si je rappelle un
souvenir un peu douloureux, on avait assisté à une
présentation de ce qu'on pourrait appeler à bon droit, je pense,
des anecdotes concernant \a rapidité d'exécution ou la fourniture
de service de certaines équipes qui travaillent pour
Hydro-Québec. Je ne sais pas si je peux faire un lien entre les deux
dossiers, mais il me semble que vous devez avoir des attentes
particulières en ce qui concerne l'amélioration continuelle de la
réponse de vos employés, eu égard à la
qualité du service, à la réparation des pannes. Est-ce que
vous avez des commentaires là-dessus? Si vous avez des attentes à
l'égard de vos employés, c'est que vous avez sans doute des
problèmes à régler. Quels sont-ils?
M. Finet: Je vous donnerai une opinion très personnelle en
vous disant qu'Hydro-Québec a fait des efforts incroyables pour
écouler tous ses surplus d'énergie au cours des dernières
années. Je suis même surpris de voir le succès avec lequel
Hydro-Québec est arrivée à écouler tous ses surplus
sur le marché. Soit dit en passant, on faisait un petit calcul cette
semaine, il y a eu des hausses de tarif totalisant 13 % au cours des trois
dernières années. S'il n'y avait pas eu tous ces efforts pour
écouler ces surplus, autant sur le marché québécois
que sur le marché américain, c'est une hausse de 26 % qu'il
aurait fallu pratiquer sur trois ans au lieu de 13 % pour arriver à vous
montrer les rapports financiers qu'on a actuellement. Tout cela a donc
mobilisé énormément d'énergie dans la boîte
et, alliez à cela le fait qu'on était en période de pleine
rationalisation, c'est-à-dire de resserrement des dépenses d'une
façon extrêmement importante, avec le résultat que, sur le
plan du service à la clientèle, j'ai l'impression qu'on a pris un
peu de recul. La fierté qu'on a comme boîte d'être capable
de donner un bon service aux clients et de répondre aux attentes de
cette population en a souffert un peu. Aujourd'hui, on est conscients qu'on
doit mettre les bouchées doubles pour arriver vraiment à la
qualité de service que la population ou les clients sont en droit
d'attendre d'Hydro-Québec.
Donc, il y a des mesures concrètes qui vont être prises
pour améliorer à la fois les systèmes et les pratiques
d'affaires de l'entreprise. Il faut aussi vous attendre que, l'automne
prochain, on revienne avec un programme de communication qui mette l'accent sur
le service à la clientèle et qui, bien entendu, fasse appel
à l'implication des employés. Lorsqu'on met nos employés
en évidence dans la promotion, c'est faire d'eux des
représentants à tous les points de vue, même le releveur de
compteurs, même le monteur de lignes. C'est un représentant
d'Hydro-Québec et le mettre à contribution par le biais de notre
publicité est certainement un pas important qu'on fera à ce
moment-là.
M. Rivard: Je n'ai jamais pensé poser cette
question-là, mais avez-vous beaucoup de plaintes?
M. Finet: J'ai...
M. Boivin: Là-dessus, on a à peu près
une
communication par année par client. On a 2 900 000 clients, donc
on a 2 900 000 communications par année, soit, des communications
téléphoniques, soit des visites, la très grande
majorité étant les communications téléphoniques,
soit par écrit. Comme statistique, c'est à peu près une
communication par client par année, ce qui ne veut pas dire que tous nos
clients communiquent avec nous chaque année, mais un certain nombre de
clients peuvent communiquer avec nous plusieurs fois durant l'année. (20
h 30)
La très grande majorité, entre 75 % et 80 % des causes
d'appel de notre clientèle sont des questions reliées à la
facturation, soit la crainte d'une facture trop élevée de la part
d'un client ou un mauvais relevé de compteur; en fait, un client qui ne
comprend pas sa facture. De ce côté-là, on travaille
énormément sur les causes. Par exemple, l'une des choses qu'on
doit reconnaître et qu'on reconnaît à Hydro-Québec
depuis un bon moment, c'est qu'on a une facture qui est difficile à
comprendre. De toute façon, notre tarification est passablement
difficile à comprendre. On travaille depuis un an - malheureusement, on
marque un certain délai - on avait planifié émettre ou
commencer à émettre une nouvellle facture à la fin de l'an
dernier; cela va être au mois de septembre maintenant. Il y a eu un
certain nombre de problèmes de système. Mais, en septembre
prochain, on va avoir une nouvelle facture qui va être beaucoup plus
explicite, qui devrait normalement aider nos clients à mieux comprendre
le montant qu'on leur facture, donc, diminuer le nombre d'appels, parce qu'il y
a 75 % des appels qui touchent la facturation.
J'aimerais revenir à ce que mon collègue, M. Finet, disait
concernant nos employés. Je suis redevable pour à peu près
14 500 employés, soit tous les employés de l'exploitation. Il est
évident que je vais être le dernier à prétendre ou
à reconnaître que tout est parfait dans l'exploitation à
Hydro-Québec. Il y a encore place à amélioration. Par
contre, je pense qu'en règle générale, on doit
reconnaître que nos employés sont efficaces, donnent un assez bon
service à la clientèle. On a simplement à regarder les
périodes de tempête ou de grande perturbation sur le réseau
pour se rendre compte qu'effectivement, lorsqu'on est capable de les motiver,
nos employés sont capables de répondre à l'appel. On a
peut-être un certain nombre de problèmes de motivation avec notre
personnel. On y travaille, mais je pense qu'on s'en va dans la bonne
direction.
M. Rivard: Mes collègues, à ma gauche, font des
calculs pour me dire combien de plaintes ou de communications se font par jour.
Cela en fait beaucoup, presque autant que votre nombre d'employés. C'est
considérable, mais, comme vous le dites, il y a des raisons techniques
à cela.
Dernière question de ma part concernant la facturation par
versements égaux, la possibilité d'acquitter sa facture totale
par versements égaux. Nous sommes dans une province dont la population
vieillit, donc les personnes âgées ont un revenu qui est
relativement fixe, une province où il y a quand même un taux de
chômage assez élevé, il y a des assistés sociaux,
etc. Donc, beaucoup de gens ont une facture fixe. Ce système de
versements égaux, premièrement, est-ce que c'est populaire?
Deuxièmement, quel est le pourcentage de vos ménages
abonnés qui s'en servent? Troisièmement, si, par hasard, vous
nous dites que ce n'est pas utilisé par beaucoup de gens, est-ce que
vous le publicisez suffisamment?
M. Boivin: En fait, je peux répondre, parce que c'est un
dossier avec lequel je suis assez familier. Il y a à peu près 6 %
ou 7 % de notre clientèle qui utilise actuellement le mode de versements
égaux. Il y en aurait probablement plus que cela, parce qu'effectivement
c'est un mécanisme ou un système dont on n'a pas fait la
promotion de façon intensive au cours des dernières années
pour un certain nombre de raisons techniques touchant au système de
facturation lui-même. On est en train de mettre à jour notre
système de facturation pour être capable de supporter davantage le
mode de versements égaux et, notamment, la méthode
d'évaluation, d'estimation de la consommation. Dans l'année qui
vient, on va certainement lancer un programme pour augmenter le mode de
versements égaux. Pour nous, sur le plan administratif, c'est un
système qui est intéressant. Il est intéressant pour le
client, il est intéressant pour les deux. Cela devrait être
normalement un "deal" en or qui satisfasse les deux parties. Je pense qu'on a
un objectif de rejoindre, dans les trois ou quatre ans qui viennent, quelque
chose comme 35 % ou 40 % de notre clientèle sur les modes de versements
égaux, avec, également, dans les années qui viennent,
d'autres mécanismes, dont la domiciliation des factures,
c'est-à-dire la possibilité de paiements
préautorisés, mensuels, à la banque, etc., ce qui ferait
notre affaire et devrait également être satisfaisant et
intéressant pour un certain nombre de nos clients.
M. Rivard: Merci beaucoup.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vimont.
M. Théorêt: Oui, M. le Président. Cet
après-midi, on parlait de la gestion de la consommation, en particulier
de la consommation résidentielle. Madame nous informait que les
kilowattheures utilisés en temps de pointe coûtaient plus cher
à produire qu'en temps continu. C'est pourquoi j'imagine que votre
programme biénergie encourage vos clients qui sont équipés
d'un système au mazout et à
l'électricité de ne pas passer entièrement à
l'électricité, afin de ne pas augmenter cette consommation
d'heure de pointe. On sait également qu'Hydro-Québec vise un parc
de 150 000 unités. Alors, j'aurais deux questions à poser sur ce
sujet-là: Premièrement, de combien cet objectif
dépasse-t-il le chiffre actuel au moment où l'on se parle et
sera-t-il nécessaire de mettre en oeuvre d'autres moyens pour atteindre
l'objectif de 150 000 unités?
M. Finet: II y a, grosso modo, actuellement 110 000
abonnés ou clients résidentiels qui ont un système
biénergie chez eux. Nous avons lancé, à la fin de
décembre 1987 et au cours des premiers mois de 1988, un programme qu'on
appelle Biénergie plus qui vise justement à s'assurer que l'on
puisse conserver ce parc de clients biénergie. Le programme
Biénergie plus couvre trois aspects, trois avantages pour la
clientèle: d'abord, une inspection gratuite de son système de
chauffage; deuxièmement, un plan d'assurance ou d'entretien pour lequel
nous versons une subvention de 50 $ et, troisièmement, un tarif
appelé, entre guillemets, DT, différencié dans le temps,
qui permet à l'abonné une réduction de sa facture annuelle
de l'ordre de 200 $. Au moment où l'on se parle, il y a 25 000 clients
environ qui ont accepté notre offre, mais il faut reconnaître que
nous les avons rejoints par la publicité de masse, c'est-à-dire
qu'il n'y a pas eu de contact direct de la part de nos représentants, et
c'est ce que nous allons devoir faire dans les prochaines semaines ou dans les
prochains mois, c'est-à-dire avoir une approche beaucoup plus
personnalisée, voire visiter le client pour l'inciter à
adhérer à ce programme.
Lorsque nous connaîtrons les résultats de ce programme
Biénergie plus, il est possible que nous ayons à ajuster notre
tir, c'est-à-dire à y aller de façon encore plus
vigoureuse en termes de programme de marketing ou tout simplement maintenir le
même programme, de sorte qu'on puisse dans une deuxième
étape aller rejoindre une autre quantité de clients pour monter
éventuellement notre parc à environ 150 000 clients. C'est
l'objectif qu'on vise par ce programme biénergie.
M. Théorêt: M. Finet, avec cette approche
personnalisée auprès des consommateurs, avez-vous une idée
de l'échéancier qui va vous permettre d'atteindre ces 150 000
unités? Est-ce qu'on parle d'un an, deux ans, trois ans?
M. Finet: D'abord, en 1988, si on peut arriver à rejoindre
nos 110 000 clients et à aller en chercher un bon nombre - et j'entend
par un bon nombre 80 % qui puissent adhérer à toutes les
nouvelles offres qu'on leur fait - c'est à la fin de 1989 qu'on pourrait
espérer atteindre le niveau de 150 000, avec des ajustements au
programme si nécessaire.
M. Théorêt: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): II reste juste une seconde,
M. le député de Bertrand, sur le marché interne. Je vous
signale que j'aimerais bien qu'on aborde le plus rapidement possible les autres
questions. En fait, ce soir, c'est le marché externe qui était
prévu et on ne s'en rend peut-être pas compte, mais le temps file.
On va se retrouver demain en fin de journée et on n'aura pas
complété le programme. M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Rapidement
sur les marchés internes, j'ai deux ou trois questions. On dit, à
l'objectif 2 sur les marchés internes d'Hydro-Québec: "Maintenir
et développer sélectivement les marchés
québécois de façon à pouvoir offrir des options
avantageuses pour les clients. " Mon collègue de Vimont a touché
à la question de la biénergie, mais, en ce qui regarde les
expériences de télécommande résidentielle qui font
partie de votre stratégie, est-ce que vous pouvez nous faire le point
là-dessus et nous dire s'il y a eu des développements de ce
côté-là?
M. Finet: Je m'excuse, M. le député. Il y a eu un
bruit en arrière juste au moment où vous arriviez à
l'essentiel de votre question.
M. Parent (Bertrand): II y a des stratégies dans la
présentation de votre rapport à la page 41 et, parmi elles, il y
a celle de promouvoir la consommation hors pointe. Là-dessus, il y a
différents points: accroître le parc de puissance interruptible,
maintenir et élargir le parc de biénergie résidentielle,
dont on a parlé tantôt, attirer à la biénergie les
clients d'électricité excédentaire et, finalement,
poursuivre l'expérience de télécommande
résidentielle. Je voudrais savoir où cela en est de ce
côté-là très rapidement et, ensuite, j'aurai une
question au sujet de l'objectif 3.
M. Finet: Pour parler de la télécommande en
particulier, il y a 600 clients résidentiels sur la rive sud de
Montréal, c'est-à-dire Longueuil, Brossard - un territoire que
vous connaissez bien - où nous expérimentons différents
systèmes de télécommande, que ce soit par ondes radio, par
téléphone ou par le système Videoway, que Vidéotron
vient d'annoncer la semaine dernière à grands coups de
publicité, justement pour arriver à d'abord connaître le
comportement des clients lorsqu'on interrompt le chauffe-eau pour une heure ou
deux et à connaître aussi le comportement de la charge chez le
client lorsqu'on interrompt le chauffage pendant quelque temps, parce qu'on
mesure également la température. On mesure toute une série
de données qui peuvent permettre de vraiment porter un jugement sur la
valeur de ces systèmes de télécommande, l'objectif
étant que, dans un avenir à moyen
terme, on puisse recourir à ces systèmes pour
contrôler certaines charges peut-être plus importantes qu'un
chauffe-eau électrique, parce que la charge est relativement moins
importante; je pense, entre autres, à nos clients de la
bi-énergie, commerciaux et institutionnels, où la charge devient
très importante et où la télécommande pourrait
s'avérer très efficace, d'abord, pour s'assurer que la charge
n'est pas sur le réseau lorsqu'elle ne doit pas y être ou à
toute autre fin de gestion. Actuellement, tous nos systèmes de
biénergie fonctionnent en fonction de la température
extérieure. Lorsque la température descend sous un certain
degré, le système électrique est remplacé par le
système au mazout. Avec des systèmes de
télécommande, il y a beaucoup d'autres solutions qui pourraient
être étudiées dont, entre autres, n'interrompre la charge
électrique qu'au moment, vraiment, des fines pointes sur le
réseau. Il y a tout un développement qui se fait de ce
côté et on doit, je pense, rester à la fine pointe de toute
la technologie pour pouvoir l'utiliser lorsque le temps sera venu.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, est-ce que
l'expérience a été concluante, ce qui a été
fait depuis un an? Nous en avons parlé brièvement, l'année
passée, en commission parlementaire. Je parle de l'expérience de
la rive sud faite sur tant de foyers. Est-ce qu'on peut dire que cela a
été concluant jusqu'à maintenant ou pas suffisamment pour
être capable de le propager ailleurs?
M. Finet: Comme laboratoire, c'est très concluant, parce
que cela nous a permis de voir vraiment comment se comporte toute cette
technique, mais de là à conclure qu'on peut étendre cela
à des quantités très grandes de clients, non, c'est encore
prématuré.
M. Parent (Bertrand): Une dernière question concernant
l'objectif 3 sur les marchés internes. Vous parlez d'options tarifaires
pour la consommation hors pointe. Est-ce que je pourrais savoir comment cela
fonctionne, les tarifs variables, les négociations de tarifs ou les
options concernant les périodes hors pointe?
M. Finet: Pour ce qui est de la consommation
d'électricité en dehors de nos périodes de grande pointe
sur le réseau, il est avantageux de les encourager parce que cela nous
évite d'installer des équipements de pointe très
coûteux, du style turbine ou gaz ou suréquipement de centrale.
Tous ces équipements s'avèrent très coûteux parce
que leur utilisation est relativement courte et, dans le cas des turbines au
gaz, en plus, il y a le combustible qui est très dispendieux. Donc, on a
avantage à vraiment encourager toute charge qui n'est pas
présente à la pointe. Cela se traduit par divers programmes. Vous
avez, entre autres, des programmes de vente de biénergie. On a
parlé, tout à l'heure, du résidentiel, mais la même
chose est proposée au commercial, à l'institutionnel et à
l'industriel. On a aussi des programmes de vente d'énergie
interruptible, c'est-à-dire que, le client de la grande industrie qui
peut se permettre d'interrompre une partie de sa charge au moment des pointes
du réseau, on lui consent un tarif plus avantageux. Il y a
également des programmes expérimentaux. L'année
dernière, on a signé une entente avec l'Université Laval
pour effectuer une étude sur la culture en serre, la serriculture, avec
des systèmes de biénergie. D'autre clients, de forts
consommateurs d'électricité, en sont rendus à regarder des
possibilités même de délestage de leur part avec des moyens
de téléinformation qui leur donneraient instantanément le
signal de délester au besoin. Donc, il y a toute une série de
moyens qui sont regardés en parallèle. D'aucuns sont des moyens
de masse comme la biénergie; d'autres peuvent être aussi
raffinés qu'une négociation, comme celle qu'on a eue avec
Aluminium Bécancour, Norsk Hydro ou d'autres avec qui on regarde tous
ces moyens. On en est rendu à aller chercher les derniers raffinements
possibles.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que c'est du cas par cas ou s'il y a
des balises, lorsqu'on parle d'une entreprise? Prenons le secteur des
entreprises qui ont une forte consommation d'énergie. Pour les inciter,
d'abord, il y a, j'imagine, des récupérations importantes,
c'est-à-dire qu'elles peuvent faire, des économies importantes.
Mais est-ce que c'est du cas par cas? Bien sûr que Bécancour est
un cas, mais on parle des entreprises qui consomment à un coût
beaucoup moindre. (20 h 45)
M. Finet: Non, ce n'est pas du cas par cas, sauf de très
rares exceptions comme une aluminerie ou une usine de magnésium. Mais le
reste de tous ces programmes sont soit normalisés et très bien
connus en matière de subvention, lorsqu'il y a subvention, soit qu'ils
fassent l'objet d'un tarif qui est publié dans un règlement
d'ailleurs approuvé par le gouvernement. Il n'y a pas tellement de cas
par cas, exception faite lorsque cela en vaut la peine et que les
quantités de puissance sont fort intéressantes.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Labelle.
M. Hétu: Le nouveau programme de cette année dont
vous parlez, Biénergie plus, est-ce que vous avez une idée du
coût d'installation de l'appareil pour être capable de
contrôler et des ristournes que cela va donner au client? Pour un client
de 2000 $ par année, on parle d'à peu près 200 $, pour le
programme Biénergie plus. Calculez un potentiel de 110 000 clients, une
possibilité de 110 000 clients, et 150 000 d'ici
quelques années, quels seraient les coûts de ristournes et
les coûts d'installation? Avez-vous une idée?
M. Finet: On calcule que, pour le client moyen, l'économie
qu'il peut réaliser grâce au tarif DT est de l'ordre de 200 $ par
année. Cela peut varier. Je dis de l'ordre, parce que cela peut varier
entre 180 $, dans certains cas, et 250 $ dans d'autres cas. Mais pour
être prudent, compte tenu que nos paroles peuvent être
rapportées, je dis que, règle générale, c'est
à peu près 200 $ par année qui peuvent être
économisés.
À présent, les frais sont très faibles, si on
regarde les frais directs chez l'abonné. Tout ce que cela prend, c'est
un compteur à double registre, et c'est moins de 100 $, plus un signal
lumineux qui lui indique le moment où on est en période de
pointe, de sorte que, s'il veut faire des économies additionnelles, il
peut éviter d'utiliser le chauffe-eau, ou la sécheuse à
linge, ou d'autres appareils fort consommateurs d'électricité.
Tout cela nous permet d'épargner sur des équipements de pointe
fort dispendieux et on calcule qu'à ce jour on ne donne même pas
encore 40 % des économies à l'abonné. On a encore une
marge de manoeuvre. Remarquez bien que l'objectif n'est pas de donner 100 %
parce qu'à ce moment-là on serait mieux d'installer des
équipements de pointe, c'est peut-être plus souple encore,
l'objectif étant de séparer ces économies-là entre
le client et Hydro-Québec.
Marchés externes
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Alors, je pense
que l'on va maintenant aborder la question des marchés externes et je
vais céder la parole au député d'Ungava. Je suis convaincu
que cette fois ses questions sont prêtes.
M. Claveau: Probablement, M. le Président.
M. Cannon: Ses questions sont toujours prêtes.
M. Claveau: Merci, M. le député de La Peltrie.
Une voix: On va attendre. M. Guevremont.
M. Claveau: Oui. M. Guevremont va se faire un plaisir de nous
informer. M. le Président, on parle des marchés externes et je
pense qu'il s'agit là d'un des points les plus cruciaux d'une politique
d'orientation d'Hydro-Québec à moyen et long terme, et même
à court terme. On a suffisamment parlé de la question des
marchés d'exportation depuis 1985 à Hydro-Québec pour que,
je crois, en 1988, il soit temps de faire la mise au point, pour savoir
où l'on en est exactement là-dedans. On a eu, à toutes
fins utiles, à Hydro-Québec, trois ans pour évaluer toutes
les hypothèses, regarder les choses. On se souvient qu'en 1985 on
émettait l'hypothèse d'aller dans ce sens, surtout en termes de
vente d'énergie ferme et de puissance garantie. Où en est-on?
C'est là ma question, finalement? La première question que je
vais poser, qui est très générale mais qui demande, je
pense, une réponse suffisamment élaborée: Où en
est-on par rapport aux possibilités de vente d'énergie
actuellement, au moment où l'on se parle, en 1988? Je parle de vente
d'énergie à l'exportation, c'est bien évident.
Stratégie d'exportation
M. Coulombe: Bien! Avant de laisser la parole à M.
Guevremont, en deux points, vous savez que notre stratégie d'exportation
suit trois axes: le premier, vendre nos surplus, bâtir des
interconnexions pour vendre ces surplus, et c'est une période qui est,
à toutes fins utiles, terminée en termes de décision. Ce
n'est pas terminé en termes d'exécution parce que cela va aller
jusqu'en 1995, 1998, mais les décisions sont prises et M. Guevremont
pourra donner la liste des contrats qui ont été signés
dans ce premier axe ou cette première phase. La deuxième:
puissance et énergie ferme en se servant des autoroutes
déjà ouvertes, des interconnexions déjà
bâties en grande partie. Objectif: 3500 à 4500. Nous en sommes
à 2400 de vente de puissance et d'énergie principalement dans
trois grands contrats. Nous espérons compléter cet objectif d'ici
un an ou deux.
Axe trois, ou phase III: des contrats d'envergure dont nous n'avons pas,
au moment où l'on se parle, d'objectifs aussi quantifiés que pour
la phase II. Est-ce que cela va être 2000, 4000, 6000? Le débat
reste ouvert. Le marché est en train de se préciser. Nos clients
sont en train de mettre la dernière main à leur plan de
développement. Ils précisent d'année en année leur
rythme de croissance. On a vu ce matin que, par différents moyens, il y
a un marché qui existe dont les contours ne sont pas tout à fait
clairs encore et dont les objectifs précis ne sont pas clairs,
même à Hydro. En termes quantitatifs, on sait qu'ils existent,
mais on n'est pas capable de fixer de montant précis. Les
caractéristiques de cette troisième phase sont de
nécessiter de nouvelles interconnexions et probablement aussi de
modifier notre formule de prix à l'exportation. Par formule de prix,
j'entends aller un peu plus en fonction de nos coûts de production, comme
on l'a fait dans la deuxième phase où on y est surtout
allé en ce qui concerne les coûts évités. On a eu
l'occasion de vous expliquer à la dernière commission
parlementaire le processus de "pricing" ou notre façon de fixer les
prix.
Donc, cela résume les trois axes. Un est terminé. Le
deuxième est, à toutes fins utiles, en bonne voie d'être
terminé et le troisième est ouvert. Les caractéristiques
de ces trois axes, pour les deux premiers, se sont avérées
exactes
et conformes à la réalité concrète qui s'est
passée. Quant au troisième, les efforts se font à l'heure
actuelle surtout en fonction du marché ontarien et de certains
marchés américains. Mais les contours restent à
préciser pour cette troisième phase.
Maintenant, en ce qui concerne chacune des phases, M. Guevremont pourra
donner plus de précisions parce que je pense que cela éclairerait
les membres de la commission.
M. Guevremont: Dans la première phase, il y a eu certains
contrats assez importants comme le contrat de diversité de la New York
Power Authority qui, à la suite d'un contrat qui a été
signé en 1974, a amené une ouverture importante. Ce contrat qui
couvre la période de 1978 à 1998 est un contrat substantiel qui
fait partie de notre première phase, ce qu'on appelle la première
étape de notre stratégie d'exportation. Maintenant, on a aussi
des conventions d'interconnexion avec tous les réseaux voisins qui
servent à vendre de façon spécifique les surplus
lorsqu'ils se présentent. On en a parlé. Tout surplus peut
être vendu lorsque le prix est adéquat. Il peut être vendu
sur les réseaux voisins canadiens et américains au moyen de
conventions d'interconnexion qui ont été approuvées dans
le cas des interconnexions avec les États-Unis par l'Office national de
l'énergie. Ce sont des contrats-cadres, peut-on dire, selon lesquels on
peut vendre passablement d'énergie.
Effectivement, dans la première étape de notre
exportation, à peu près 80 % de nos exportations, de l'ordre de
75 % à 80 % sont faits sous ce type de contrats. Alors, il y a un autre
contrat comme celui qu'on a avec l'État du Vermont dont les livraisons
ont commencé en 1985, qui vont jusqu'en 1995 et qui est un contrat
ferme. Il est dans la première phase, mais c'est quand même un
contrat couvrant la période de 1985 à 1995.
Il s'apparente aux contrats de la deuxième phase, mais il s'est
situé quand même dans la première phase. En fait, on a
d'autres engagements avec le Vermont Joint Owners et avec NEPOOL La phase I et
la phase II. Les contrats avec NEPOOL ont permis d'ouvrir ce qu'on a
qualifié d'autoroute majeure qui, dans sa deuxième phase, nous
amène près de Boston, c'est-à-dire que l'extension de la
première phase selon laquelle tes premières livraisons ont eu
lieu à la fin de 1986 va Des Cantons à Comerford, dans
l'État du New Hampshire, en passant par le Vermont et qui, dans sa
deuxième phase, est le contrat NEPOOL phase II, qui est un contrat
d'énergie ferme de 1990 à l'an 2000; c'est un contrat de treize
ans. 7 000 000 000 de kilowattheures par année amène à
compléter l'autoroute Des Cantons Comerford et de l'étendre
jusqu'à Sandy Pond, du côté américain, avec des
investissements qui excèdent 600 000 000 $ US. Au Québec, bien,
c'est le prolongement Des Cantons jusqu'à Radisson ce qu'on appelle la
sixième ligne.
Je pense que, pour la première phase, j'ai couvert, grosso modo,
l'ensemble des choses. On a aussi de plus petits contrats comme avec Citizens
Utilities, du Vermont, qui remontent assez loin, mais cela couvre en gros la
première étape. Évidemment, on a dans cette
première étape "exité" ou vendu aux réseaux
canadien et américain un peu la même quantité. Disons que,
depuis dix ans, cela a permis de réaliser des revenus de 4 700 000 000
$, dont 2 70 0 000 000$ aux États-Unis et 2 000 000 000 $ au Canada.
Là, on entre dans la deuxième phase. Je pense que M.
Coulombe a très bien décrit la deuxième phase, celle qui
est assez bien explicitée dans le plan de développement, qui est
cette phase suivant laquelle on a déjà vendu 2400
mégawatts. On espère excéder notre objectif de 3500
mégawatts. Évidemment, ces phases ne sont pas des murs
étanches et il pourrait arriver qu'une troisième phase se
produise avant que la deuxième phase soit finie. Je vous mentionnais le
contrat: du Vermont qui est un peu du type deuxième phase, mais qu'on a
associé à la première phase de nos exportations. Je ne
sais pas si j'ai couvert assez bien votre question, M. le
député.
M. Claveau: Oui. Je me demande si la notion de phase est
strictement reliée à des étapes sur la façon de
vendre de l'énergie et j'en veux pour preuve le contrat du Vermont, 47
300 000 $ de revenus, la vente de 150 mégawatts sur 20 ans. Est-ce
cela?
M. Guevremont: C'est-à-dire par année. Vous devez
avoir un chiffre pour un an. Si vous donnez 47 000 000 $ ou 50 000 000 $ pour
le contrat avec l'État du Vermont... C'est cela que vous avez,
peut-être?
M. Claveau: Oui, avec...
M. Guevremont: C'est peut-être 50 000 000 $ par
année, ce contrat-là.
M. Claveau: C'est cela, 47...
M. Guevremont: Oui. C'est le contrat de 1985-1995. Je ne sais pas
quelle année vous avez, mais cela flotte alentour de...
M. Claveau: 1985-1995; puissance: 150 mégawatts...
M. Guevremont: Oui, 150; c'est cela.
M. Claveau:... en énergie, un térawatt par
année...
M. Guevremont: Oui, c'est cela, c'est juste.
M. Claveau:... 1985-1986 et 0, 6 térawatt par
an à partir de 1990-1991 jusqu'en 1995-1996. Ce genre de contrat,
vous dites que vous l'associez à la première phase, alors qu'il
est du type deuxième phase. Est-ce que ces phases sont directement
reliées aux implantations ou à la construction de nouveaux
équipements? On constate, actuellement, que ce que vous appelez la
deuxième phase, la vente d'énergie ferme, cela correspond
à l'implantation ou à la construction de nouveaux
équipements qui ont été annoncés.
M. Guevremont: La première phase, c'est une phase pendant
laquelle on n'a pas construit d'équipement de production; il n'y avait
pas de construction. C'est une des choses qui différencient la
deuxième phase de la première et de la troisième qui, elle
aussi, nécessitera de nouvelles installations. Hydro-Québec n'a
pas construit pour remplir les contrats de la première phase, mais,
étant donné la situation de surplus. Le contrat du Vermont est un
contrat ferme. Dans ce sens-là, il s'apparente à la
deuxième phase. C'est un contrat de puissance et d'énergie ferme,
c'est un contrat "gold-plated", si vous me permettez l'expression anglaise;
c'est la meilleure qualité de produit qu'on a. Alors, ce type de
contrat, étant donné qu'il est court, qu'il dure seulement
jusqu'en 1995 et qu'on est capable d'y faire face au moyen des surplus, il n'y
a pas de construction spécifique associée à la
première phase...
M. Coulombe: Par contre...
M. Guevremont:... excepté les lignes de transport.
M. Coulombe:... il faut bien distinguer: première phase,
pas de construction de centrales, construction de lignes de transport;
deuxième phase, en général, construction de centrales,
non-construction de lignes de transport. Alors, vous voyez
l'interdépendance de ces deux phases. (21 heures)
M. Claveau: On va avoir la ligne 12 qui va être construite
dans la deuxième phase aussi.
M. Coulombe: La ligne? C'est cela. Des voix: Mais
l'interconnexion ?
M. Claveau: II n'y a pas d'interconnexion de prévue,
d'accord.
M. Guevremont: Dans les contrats récents que l'on a
signés, le Maine nécessitent une interconnexion de 1000
mégawatts, Par contre, le Vermont, et New York là qui ne
nécessite pas de nouvelles interconnexions. Ce sont les interconnexions
existantes. Alors, cela, c'est dans la deuxième phase. Cela fait
que..
M. Coulombe: Alors que, dans la troisième phase, c'est
plus que probable que cela va demander des nouvelles centrales et des nouvelles
lignes.
Financement des phases II et III de la Baie
James
M. Claveau: Puisque vous parlez de la troisième phase, M.
le Président, en commission parlementaire l'an dernier, le 4 mars 1987,
vous disiez en parlant du financement de la troisième phase: On pense
qu'il y aura peut-être des méthodes différentes de
financement qui pourraient intervenir au niveau de ces grands contrats. Mais on
n'a pas de propositions à faire aujourd'hui. On continue d'y penser,
soit du "projects financing", soit des financements de types différents,
partagés, ainsi de suite. C'est à l'étude à l'heure
actuelle, dans l'horizon des 3500 mégawatts on ne voit pas de
problèmes fondamentaux de financement pour Hydro-Québec. Cela,
c'est la deuxième phase. Maintenant, tous ces types de
financement-là dont vous commenciez déjà à poser
les prémices pour le développement d'une troisième phase,
est-ce que cela avance. Est-ce que vous avez des idées nouvelles?
M. Coulombe: C'est-à-dire que non seulement la
réflexion, mais la concrétisation opérationnelle avance.
On a des dossiers, à l'heure actuelle, principalement avec l'Ontario, et
avec d'autres où là on dépasse les concepts
généraux pour arriver à dire: Bon, si on faisait tel type
de structure financière, qu'est-ce que cela donnerait sur les prix,
qu'est-ce que cela donnerait sur le rendement? Et ainsi de suite. Là, on
travaille de façon beaucoup plus concrète. Mais pas plus que l'an
dernier, je ne peux vous dire aujourd'hui que cela va être du "projects
financing" qui va coûter tant, que cela va être une prise
d'équité dans des projets qui va coûter tant. Je ne suis
pas capable de vous le dire, sauf qu'on est plus avancés qu'on ne
l'était l'an passé, on est plus avancés en termes
opérationnels. Là, on travaille à des projets
précis, des mégawatts, des coûts et je pense que cela va
prendre encore, de façon concrète - là je m'aventure
peut-être - au moins un an, un an et demi avant de débloquer dans
des projets précis et clairs en termes de nouvelles méthodes de
financement. Mais je maintiens la même opinion que l'an passé, on
est plus avancés, et aussi pour la deuxième phase notre
hypothèse est encore d'y aller par le financement traditionnel d'Hydro
et c'est en bonne marche à l'heure actuelle.
M. Claveau: Mais est-ce qu'il y a, au moment où l'on se
parle, des solutions qui semblent plus "privilégiables" que d'autres, ou
plus intéressantes que d'autres?
M. Coulombe: Non, pas à ce moment-ci et on pense que cela
va dépendre beaucoup de la réaction des clients. Parce que cela,
c'est
vraiment quelque chose qui se négocie. On ne peut pas rêver
d'un "package deal", arriver avec un client et lui dire: Tu le prends, c'est
à prendre ou à laisser. Cela dépend de la nature du
client, l'Ontario ne réagit pas comme NEPOOL, NYPA ne réagit pas
comme une compagnie privée dans un État nord-américain,
cela dépend, c'est taillé sur mesure. Ce qu'on veut, c'est
préciser nos modèles de référence et, lorsqu'on
arrive à un client, lorsqu'il réagit d'une certaine façon,
être capables de nous retourner de bord et d'arriver avec une autre
formule. C'est là-dessus qu'on travaille à l'heure actuelle. Et
il y en a une multitude de ces formules-là.
M. Claveau: Vous dites aussi que pour le financement de 3500
mégawatts de la deuxième phase - ou 4500, en tout cas, on va
s'entendre sur un ordre de grandeur - vous dites qu'il n'y a pas de
problèmes fondamentaux. Actuellement, il y en a 2400 de vendus. Est-ce
qu'on peut savoir comment vont se financer ces 2400?
M. Coulombe: Cela va se financer par la méthode normale
d'Hydro-Québec, c'est-à-dire par environ, à larges traits,
75 % d'emprunt et 25 % d'équité, avec un "cash flow" de
l'entreprise qui, depuis les cinq ou six dernières années, est
allé en montant en flèche. Quand je dis qu'on ne prévoit
pas de problème, cela ne veut pas dire qu'il ne faudra pas faire des
efforts considérables, et je ne voudrais pas diminuer l'importance des
travaux ou du travail de notre vice-président au financement, qui doit
être ici.
Une voix: II est sorti. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Coulombe: II vient de sortir. Alors, il est allé
négocier. Et j'ai eu l'occasion au mois de janvier ou février,
avec M. Dubuc, notre vice-président au financement, de rencontrer tous
nos prêteurs institutionnels et tous nos courtiers. On a rencontré
au-delà de 200 personnes des institutions financières, et on leur
a exposé à larges traits, sans révéler de choses
confidentielles, les intentions et les projections de financement et
d'investissements et nous avons eu une réception sans aucune
espèce de problème. La capacité financière
d'Hydro-Québec... Il faut bien se le dire, on n'est plus à
l'époque où la première phase de la Baie James a
été annoncée alors qu'Hydro-Québec avait moins de
10 000 000 000 $ d'actifs et il s'agissait de doubler l'ensemble de la
capacité de production. Aujourd'hui, Hydro-Québec contrôle
directement ou via Churchill presque 30 000 mégawatts. On parle de
construire 2400 mégawatts. On a 30 000 000 000 $ d'actifs et on veut en
ajouter pour 7 000 000 000 $. Donc, toute proportion gardée, cela
devient "manageable" et si vous regardez les investissements pour les dix
prochaines années, on parle de 38 000 000 000 $.
Donc, nous sommes persuadés d'avoir le financement
nécessaire traditionnel d'Hydro-Québec pour exécuter ces
travaux et à même la marge de manoeuvre d'Hydro-Québec en
termes de coût et on aura l'occasion peut-être de reparler du
problème de la marge de manoeuvre d'Hydro-Québec. Nous sommes
persuadés de pouvoir financer ces devancements de projets de
façon tout à fait normale sans que cela puisse influencer les
tarifs des consommateurs internes au Québec.
M. Claveau: Dans la façon de fixer les prix... J'ai eu
l'occasion, d'ailleurs, d'en parler à M. Guevremont déjà
et il m'expliquait un peu brièvement la façon dont on fixe le
prix dans un horizon 2020 par exemple, dans le cas du dernier contrat qui vient
d'être signé, pour s'assurer que le consommateur
québécois n'aura pas à payer la note. Pourriez-vous, pour
le bénéfice de la commission, nous expliquer de quelle
façon on en arrive à fixer ou à déterminer par
exemple le prix du kilowatt qui sera payé en 2005 pour s'assurer qu'on
reste toujours à l'intérieur de normes raisonnables pour le
consommateur québécois?
M. Guevremont: La formule de prix pour les 2400 mégawatts
pour chacun de ces contrats, c'est une formule de prix identiques qui retient
deux formules d'indexation: une est le "Handy and Whitman" et l'autre est le
"GNP implicit price deflator". C'est un indice très large d'inflation
aux États-Unis. Alors, pour ce qui va de l'énergie nos
références de prix dans le cas de ces trois contrats, le prix sur
lequel on a négocié pour les trois contrats, c'est le prix 1985.
Alors, on s'est entendu sur un prix de puissance et d'énergie en 1985.
Le prix de la puissance est indexé par l'indice "Handy and Whitman" - on
pourra parler de la définition précise de cet indice - jusqu'au
début des livraisons et en général ces trois contrats sont
des "packages" de 20 ans. Ce sont des contrats superposés de 20 ans.
Dans le cas de New York, par exemple, il y a 500 mégawatts pour 20 ans
qui commencent en 1995 et encore 500 mégawatts pour 20 ans qui
commencent en 1996, pour un total de 1000 mégawatts pendant la
période où les deux sont en même temps.
Maintenant, pour la puissance, prenons le contrat de New York encore
comme exemple, on s'est entendu sur un prix en 1985 qui est indexé alors
pour les premiers 500 mégawatts jusqu'en 1995 et à partir de
là, la partie puissance du total reste constante, à toutes fins
utiles, jusqu'à la fin du contrat.
Pour ce qui va de la partie énergie, l'indexation commence en
1985, mais se continue avec le "GNP and product price deflator" jusqu'à
la fin des livraisons. Alors, c'est la combinaison de ces deux indices. Ce
modèle ressemble jusqu'à un certain point, s'ils se dotaient
eux-mêmes d'une centrale au charbon... Il n'y a pas de
charbon dans notre formule, mais s'ils se dotaient d'une centrale au
charbon, la performance serait grosso modo à peu près la
même. L'énergie, tout le monde reconnaît que les coûts
d'exploiter une centrale et les coûts du combustible, ce sont des choses
qui vont monter avec le temps, tandis que les investissements, lorsqu'ils ont
construit une centrale, s'arrêtent pour la durée d'utilisation la
durée de vie qui, dans le cas d'une centrale thermique, serait de 35 ou
40 ans. Une centrale hydraulique, c'est quoi? 75 ans.
Grosso modo, c'est l'approche qu'on a prise dans cette
étape-là. Maintenant, on n'est pas gelés dans ces formules
de prix, même dans la deuxième phase, si un client voulait une
formule avec des variantes là-dedans, on n'impose pas au client quand on
négocie une chose, on discute avec lui et si nos intérêts
sont bien protégés, à ce moment-là on signe un
contrat. C'est ce qui fait notre succès actuellement. On n'arrive pas en
imposant un encadrement aux clients en leur disant: C'est cela ou c'est rien.
Ce n'est pas comme cela qu'on négocie. On négocie, on s'assied
avec eux. Il y a des variantes dans les contrats. Dans le contrat de Central
Maine, il est important pour eux d'avoir un prix plancher, un prix plafond. New
York ne veut rien savoir de cela. On pourrait parler des heures des avantages
de l'un et de l'autre, pour l'acheteur et pour le vendeur. Il y a des
variantes, mais le prix lui-même est basé sur la formule telle que
je viens de la décrire dans le cas de ces trois contrats-là.
M. Coulombe: Maintenant, il faut préciser aussi que,
lorsque ces négociations ont lieu, le résultat final est le prix
qui vient d'être expliqué, mais on a des objectifs
antérieurs à cela. Ce qu'on a fixé au marché
externe comme objectif à poursuivre, c'est un rendement supérieur
à ce qu'on reçoit de nos marchés internes. En d'autres
mots on a dit: Le cadre de référence de l'acceptation des prix
qui vont être négociés, en acceptant que toute
négociation est une partie de bras de fer un peu: Je demande tant, tu
offres tant et cela finit un petit peu entre les deux comme d'habitude... Il y
avait quand même des planchers en bas desquels on ne voulait pas
descendre. Un de ces planchers était le rendement sur le capital investi
de l'ordre de 13 %, 13, 5 %. Si l'équipe était arrivée
avec un rendement inférieur à cela, notre recommandation aurait
été de ne pas signer ce contrat. On s'était fixé
comme balise un rendement supérieur au rendement qu'on a sur le
marché interne. C'est une balise générale.
Deuxièmement, il y a des hypothèses qui sont contenues
dans ces contrats comme l'hypothèse qu'on fait que l'indice Handy and
Whitman va réagir de telle façon pendant les prochaines
années. On se fie sur l'expérience. On dit: Dans les quinze
dernières années il a réagi de telle façon. Selon
les experts, selon ci, selon les hypothèses d'inflation, cela va donner
telle chose. Le "GNP deflator", qui est l'équivalent d'un indice
d'inflation, on dit: Dans les vingt dernières années, il a
réagi de telle façon. Cela va suivre telle évolution. On a
des hypothèses concernant le taux de change du dollar. C'est
l'évolution de l'ensemble de ces hypothèses, dans le cadre de
référence d'un rendement sur le capital investi et d'un rendement
sur l'équité en haut de 20 %, qui nous donne le prix
escaladé au fil des années du contrat.
M. Guevremont: J'aurais dû mentionner aussi qu'une des
choses qui caractérisent ces contrats-là et qui les
différencient de la plupart des engagements de la première
étape, c'est que le client est obligé de prendre livraison ou il
y a une pénalité très forte s'il ne la prend pas. Et nous,
nous sommes obligés de livrer. Par exemple, pour NEPOOL phase 1, il n'y
a pas de pénalité si on ne livre pas. La plupart des livraisons
qu'on fait actuellement, si on n'a pas de surplus - je dis la plupart, il y a
de petites exceptions dans la première étape - il n'y a pas de
pénalité pour Hydro-Québec. Si l'acheteur ne le prend pas,
il n'y a pas de pénalité.
Une voix:...
M. Guevremont: C'est cela. Les prix sont plus bas. Ce n'est pas
la même chose. Là, on construit pour ces 2400. Il est
obligé de le prendre et nous sommes obligés de le livrer. Si on
ne le livre pas, il y a des pénalités très
considérables qui sont imposées à l'acheteur et au
vendeur.
M. Claveau: J'ai ici un tableau qui doit sûrement venir de
chez vous. Cela s'appelle "Le revenu en dollars courants ou en dollars
constants de 1988 projeté pour les contrats d'énergie et de
puissance fermes avec le Maine, le Vermont et NYPA en millions de dollars
canadiens. " On donne, en bas du tableau, trois ou quatre indices auxquels on
travaille. Taux de change: 1, 30 %; taux d'intérêt: 10, 7 %;
indice Handy and Whitman: 5, 2 %, etc. Comment fait-on pour en arriver... Pour
fixer un revenu, on calcule que le revenu de ces trois contrats va être
de 41 280 000 000 $. C'est cela? En dollars constants, cela ne sera que 17 143
000 000 $, en dollars constants 1988, pour des revenus de 41 000 000 000 $
qu'on a annoncés. Mais cela, c'est en dollars courants. On finit
même par dire qu'en l'an 2020 l'IPC sur la base de 1988 sera de 502, 09.
Il me semble que c'est très précis comme chiffre. Je ne sais pas
comment on fait pour en arriver à dire que cela peut vraiment être
un chiffre qui soit...
M. Guevremont: Si on n'est pas précis...
M. Claveau: En l'an 2020. (21 h 15)
M. Guevremont: Si on n'est pas précis, M.
Claveau, on va nous reprocher de ne pas être précis. Si on
l'est, vous dites qu'on l'est trop. Mais alors, on ne gagne jamais avec cela.
Mais regardez, ce qui est rassurant, c'est qu'on a pris les hypothèses
que vous avez sur le tableau que vous avez en main, l'indice pour Handy and
Whitman et l'indice GNP implicit price deflator; si on regarde l'historique de
1970 à 1985 pour le GNP implicit price deflator, c'est 6,7 %. Alors,
notre chiffre d'inflation est passablement conservateur, vous devez quand
même, l'admettre on a pris 5,2 %. Dans le cas de Handy and Whitman, le
taux historique de 1970 à 1985 est de 8,1 % et on prend 5,2 %. Moi,
j'aimerais bien que cela soit 8,1 %, mais là on vous donnerait des
chiffres qui seraient peut-être le double de ceux qu'on vous a
donnés. Alors, tout contrat qui a des indices dedans, qui contient des
formules d'indexation... Mais je pense que, si ces indices-là ne
fonctionnaient pas comme on les prévoit, il y a bien autre chose aussi
qui se passerait, nos coûts diminueraient, en fait, mais on croit qu'on a
été conservateurs dans nos évaluations et je prends la
feuille que vous avez devant vous, que vous semblez avoir devant vous avec les
indices qu'on a utilisés comme référence pour compiler ces
prix, alors...
M. Coulombe: Le cadre de référence, ce qu'on vous
dit, c'est: Voici nos indices de base et multipliez ces choses-là par le
nombre d'années, le nombre de kilowattheures qu'on vend avec les indices
qu'on a là, cela va vous donner immanquablement ces chiffres-là.
Là, vous pouvez nous répondre: Je ne crois pas que l'indice Handy
and Whitman va être de 5,2 % d'ici 1995. Vous ne croyez pas cela.
Quelqu'un peut dire: Moi, je crois qu'il va être 8 %. L'expérience
prouve qu'il était dans les dernières années à 8
%.
M. Guevremont: À 8,1 %.
M. Coulombe: Bon, on pourrait en discuter très longuement
et probablement que personne de ceux qui discuteraient n'aurait raison de toute
façon, cela se situerait peut-être entre les deux. Quelqu'un
pourrait dire: Bien, écoutez, le taux de change, 1,30 %, si je ne me
trompe pas, c'est le dollar à 0,78?
Une voix: 0,77 $.
M. Coulombe: 0,77 $, il est à 0,79 $ aujourd'hui.
Théoriquement, cela est moins payant, au moment où l'on se parle,
s'il se tenait là. C'est mieux qu'il soit à 0,77 $ dans ce
modèle-là. Par contre, on a une marge de manoeuvre
considérable en ce qui concerne l'indice Handy and Whitman et
probablement l'indice implicite du produit national brut des États-Unis,
je ne sais pas si on est sur une moyenne de 5,2 %, je n'en sais rien. On
devrait être un peu plus bas au moment où on se parle. Donc, cela
va varier au fil des années. L'important est qu'au bout d'un certain
nombre d'années on fasse le point et on dise: Bon, dans le tableau que
vous avez, en 1997, on est supposé recevoir en dollars courants 1 431
000 000 $. L'important est de dire que, si on reçoit 1 531 000 000 $,
c'est-à-dire 100 000 000 $ de plus, c'est parce que l'indice untel ou le
dollar aura été modifié de telle façon. Si on
reçoit 75 000 000 $ de moins, vous saurez exactement pourquoi. Je pense
que cela est une... Avec ces garanties-là, je pense que tout le; monde
va savoir exactement où on va, où Hydro va et à quelle
place il y a des problèmes. Ce que M. Guevremont pourra vous expliquer,
c'est que dans les contrats il y a pas mal de clauses, aussi, où on peut
réagir à une situation. Comme, par exemple, dans le cas du Maine
si le prix plancher ou le prix plafond joue un peu trop, on peut se retirer du
contrat d'une période de sept ans.
Une voix: C'est cela.
M. Coulombe: Eux peuvent se retirer d'une période de sept
ans, la période de sept ans étant la période
nécessaire de construction. Alors, il y a toutes sortes de clauses dans
les contrats qui nous permettent de réagir à une situation et
c'est pour cela qu'il y a une apparence d'exactitude pour dire qu'en l'an 2020
on va avoir 342 041 000 $ de revenus dans ces trois contrats-là. Cela
peut fort bien être 360 000 000 $ comme cela peut être 240 000 000
$. Mais, au moins, ceux qui examineront cela, si on est encore en vie, pourront
dire: Bien, voici pourquoi cela ne s'est pas produit comme cela, on sait
exactement pourquoi.
M. Claveau: Ce que vous voulez nous dire dans le fond, c'est que
vous nous assurez qu'étant donné tous les paramètres que
vous avez mis dans les négociations du contrat, il reste qu'en l'an
2020, à la fin de ces trois contrats-là, on aura encaissé
quelque chose de relativement près de 41 280 000 000 $ en dollars
courants.
M. Guevremont: Oui, c'est cela, exactement.
M. Coulombe: Cela peut être 42 000 000 000 $, cela peut
être 40 000 000 000 $, cela peut être 39 800 000 000 $, comme cela
peut être 44 200 000 000 $.
M. Claveau: Même si ce n'est pas cela, à la limite,
ce sera aux dirigeants de ce temps-là à s'en occuper, il n'y aura
plus personne de nous qui sera là.
M. Coulombe: Ouf! Mais, lorsque vous signez des contrats à
long terme, je me rappelle m'être fait reprocher amèrement par
plusieurs le fait que j'avais dit qu'il y avait des risques à long
terme, vous avez la nature exacte du risque
auquel on pensait. Vous ne pouvez pas signer des choses à long
terme sans un certain élément de risque. Ce qu'on vous dit, c'est
que ces risques-là on les a calculés du mieux possible et voici
ce que cela donne exactement. Cela comprend un rendement, comme je vous l'ai
dit tantôt, plus élevé que nos marchés
québécois.
M. Claveau: Vous savez, nos contribuables dans les comtés
ont toujours des anecdotes, ont toujours des références par
rapport au passé. Et puis on peut se réjouir, en tant que
Québécois, peut-être, d'avoir signé un très
bon contrat concernant l'achat de l'électricité de Churchill
Falls, mais, éventuellement, les gens de Terre-Neuve qui ont
signé ce contrat-là, à la fin des années soixante,
étaient aussi très satisfaits du contrat, sauf que les dirigeants
d'aujourd'hui sont pris avec.
M. Coulombe: Mais il faut vous dire aussi qu'on apprend à
mesure... Une des raisons pour lesquelles on a divisé toute notre
stratégie d'exportation en phases, ce n'était pas pour faire
semblant d'être raffiné. C'est qu'on était persuadé
que la deuxième phase on pouvait, avec cette méthode de
travail-là, passer au travers de façon relativement intelligente
en termes de prévision.
En d'autres mots, connaissant le type de financement qu'on faisait,
connaissant nos coûts, connaissant l'évolution des variables et
posant comme hypothèse qu'il y avait une escalade, parce que le drame du
contrat de Churchill, pas en ce qui nous concerne, mais en ce qui concerne
Terre-Neuve, le drame, c'est qu'il n'y a pas de formule d'escalade dans ce
contrat-là, alors, on a appris à partir de là, et on a
modifié nos contrats, on s'est efforcé de ne pas commettre
d'erreurs. Lorsqu'on va aller... On va apprendre avec cela encore, on va
préciser. Je pense qu'on contrôle les principales variables de ces
contrats-là.
C'est pour cela que, pour la troisième phase dont je vous parlais
tantôt, on réfléchit, on réfléchissait l'an
passé, on continue à réfléchir; puis on va y mettre
le temps nécessaire pour s'assurer que la troisième phase, qui
est un peu plus complexe que celle-là, puisse nous donner les
mêmes balises de rendement.
M. Claveau: Mais là-dessus, justement, puisqu'on parle
souvent de rendement, de quelle façon est finalement calculé le
taux de rendement sur un contrat de ce genre-là?
M. Coulombe: Bien, le taux de rendement est calculé de
manière classique. Nous connaissons... D'abord, ce sont des coûts
de devancement. Vous savez que, pour les centrales, la construction a un
coût total; nous imputons à ces contrats-là le coût
du devancement.
Donc, nous connaissons nos coûts. Nous connaissons le coût
du capital dont il faut se servir pour financer ces projets. À partir de
là, c'est la méthode classique de rendement, à partir des
coûts et des revenus, qui se met en place. Mais les deux concepts de
base, ce sont les coûts de devancement et le coût de notre capital;
et, après cela, c'est la méthode normale.
M. Claveau: D'accord. Une dernière question,
peut-être, avant de passer la parole à un de mes collègues
là-dessus. On parle toujours - et on va continuer à en parler,
j'ai bien l'impression, au cours des prochaines années -d'une
deuxième phase qui se situe autour de 3500 à 4500
mégawatts de marché d'exportation. Qu'en est-il finalement de
l'ensemble du gros projet de 12 000 mégawatts, de la possibilité
de 30 000 mégawatts, etc. ? Vous allez peut-être me dire qu'on l'a
relégué à la troisième phase, mais, actuellement,
si je comprends bien, on n'en parle plus du tout. On parle de 4500
mégawatts de puissance et énergie garantis pour les prochaines
années.
M. Coulombe: Non, je pense que tantôt quand je vous ai
expliqué la différence entre la deuxième et la
troisième phase... Dans la deuxième phase, nous sommes
très explicites: 3500, 4000, 4500, bon!
Dans la troisième phase - je vous ai dit tantôt qu'on
travaillait fermement à cette phase-là - je vous ai dit que les
contours n'étaient pas précis - certains soutiennent que cela
peut aller jusqu'à 5000 ou 6000 mégawatts de plus. D'autres
disent que cela va se limiter à 2000 ou 3000. Je pense que les opinions
se valent dans ce domaine-là. Il y en a qui disent: les plans de
développement des compagnies américaines sous-estiment la demande
et on va en avoir besoin de plus. Nous, on dit: Peut-être que c'est vrai.
Mais, lorsqu'on fait notre planification, on se fie sur les documents publics
de ces compagnies-là et on regarde leurs chiffres publics tout en
admettant que, dans certains cas, ces gens sous-estiment leur demande, tout
simplement parce qu'ils ne veulent pas construire, parce qu'ils sont
coincés en termes de régulation et de tarification et qu'ils ne
sont pas intéressés à faire des dépenses
d'immobilisations. Donc, cela se peut qu'ils soient coincés par leur
demande et qu'il y ait une demande plus forte qui se dégage.
Actuellement, nous, on dit: Dans les plans de développement de
nos clients... Et vous pouvez regarder le dernier plan paru, qui est le plan
d'Hydro-Ontario, qui est officiel et qui a été
déposé à l'Assemblée législative de
l'Ontario. Ces gens définissent très clairement leurs besoins;
ils disent: Oui, on en a besoin, mais voici nos coûts, et ainsi de
suite.
La troisième phase existe, le marché existe. Est-ce que
c'est 2000, 4000, 6000 de plus que les 3500? Moi, personnellement, je ne me
risquerais pas à dire un chiffre précis. Mais chose certaine, le
marché est là. Il va se préciser au fur et à mesure
que les clients vont ouvrir leur jeu aussi,
parce qu'il n'y a pas que nous qui comptons là-dedans. On vous a
montré ce matin, en fait, le plan de développement de ce que
c'était à la Nouvelle-Angleterre où l'ensemble des
marchés avaient besoin de 18 000 mégawatts, mais disaient: On va
en prendre 6000 en conservation, 6000 en cogénération et ainsi de
suite. Il y en a qui soutiennent qu'ils se font des illusions sur la
cogénération, qu'ils n'auront jamais ce nombre de
mégawatts dans la cogénération. Peut-être que c'est
vrai. Peut-être que c'est vrai, mais on le saura dans un, deux ou trois
ans. C'est comme cela qu'on considère la troisième phase. Je ne
pense pas que cela se pose en termes de dire: II n'y a pas de marché,
c'est fini; ou: II y a un marché de 30 000. Je pense que, comme
d'habitude, cela va se situer entre les deux et que cela va se dégager
graduellement au fil des deux, trois ou quatre prochaines années.
M. Claveau: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Alors, M. le ministre,
c'est à votre tour.
Taux de rendement sur les contrats
d'exportation
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais revenir un peu
sur les taux de rendement sur les contrats d'exportation. Vous avez
mentionné que vous cherchiez ou aviez évalué à 13,
5 % le taux de rendement sur le capital investi. Maintenant, pour
préciser seulement, ces 13, 5 % sont par année?
M. Coulombe: Oui. C'est-à-dire que c'est l'ensemble du
contrat.
M. Ciaccia: La raison pour laquelle je vous mentionne cela est
qu'il y a eu une manchette cette semaine dans un quotidien disant que le profit
ou le rendement sur les devancements de 7 500 000 000 $ pour 30 ans serait de 1
000 000 000 $. Ils ont pris les 13, 5 % sur l'ensemble des coûts. Ils ont
dit: C'est 1 000 000 000 $ et cela arrive à 30 000 000 $ par
année. Je ne voulais que préciser que ce n'est pas la
façon que vous calculez le rendement.
M. Coulombe: C'est exact.
M. Ciaccia: Vous avez mentionné un autre chiffre
tantôt: 20 % sur le capital investi.
M. Coulombe: Sur l'équité.
M. Ciaccia: L'équité d'Hydro-Québec.
M. Coulombe: La partie emprunt et la partie équité,
dans le capital total.
M. Ciaccia: Alors, par exemple, seulement pour essayer de
vulgariser cela pour qu'on puisse comprendre les principes, si demain vous
dépensiez 17 500 000 000 $ et que vous investissiez 25 %, mettons en
chiffres ronds 2 500 000 000 $, cela veut dire que le rendement à
Hydro-Québec sur les 2 500 000 000 $ serait de 20 % par
année.
M. Coulombe: C'est exact, si c'était effectivement 2 500
000 000 $.
M. Ciaccia: Oui, oui, c'était cela. M. Coulombe:
C'est cela. M. Ciaccia: Ce serait 20 % par année. M.
Coulombe: C'est exact.
M. Ciaccia: Ce serait 500 000 000 $ par année, en chiffres
ronds.
M. Coulombe: Bien, c'est-à-dire que non, je ne veux pas
dire par année. Sur le projet global, c'est-à-dire que, si cela
nous a coûté, pour prendre votre exemple, 2 500 000 000 $, on va
faire 400 000 000 $ ou 500 000 000 $ pour ces 2 500 000 000 $, ce qui comprend
la totalité du projet. On ne fera pas cela par année.
M. Ciaccia: Non.
M. Coulombe: Cela va être sur l'équité
nécessaire pour réaliser ce projet-là.
M. Ciaccia: Oui, mais vous n'allez pas investir 2 500 000 000 $
la première année?
M. Coulombe: Non.
M. Ciaccia: Cela, c'est clair.
M. Coulombe: C'est exact.
M. Ciaccia: Sur les sommes que vous investissez, vous allez avoir
20 % par année?
M. Coulombe: Oui. Divisez cela pendant cinq ou six ans.
D'accord.
M. Ciaccia: Pendant la durée, exactement. M. Coulombe:
Théoriquement, c'est cela.
M. Ciaccia: Oui. C'est un rendement par année; alors, ce
ne sont pas les chiffres...
M. Coulombe: Si vous mettez les investissements
étalés sur quatre ou cinq ans, théoriquement vous avez
raison de dire cela puisque si c'est le total, si on le divise en quatre ans,
cela va rester aussi vrai.
M. Ciaccia: Mais si c'est un contrat de 20
ans, vos 20 %vont...
M. Coulombe: Ce ne sera pas à chaque année.
M. Ciaccia: Mais cela va être sur les montants que vous
avez investis?
M. Coulombe: C'est cela. C'est cela. On a investi des...
M. Ciaccia: Alors, les montants que vous allez investir, pour
combien d'années les calculez-vous?
M. Léveillé (Jean-Pierre): Sauf que cela va
être sur la part de l'équité seulement. Alors, lorsque
l'investissement total est de 2 500 000 000 $ et que 25 % sont financés
par des fonds propres, cela fera environ 600 000 000 $.
M. Ciaccia: Non, non. J'utilisais l'autre chiffre de 7 500 000
000 $, 2 500 000 000 $ d'investissement.
M. Léveillé: Alors, il y en a 25 % qui seraient
financés par l'équité? (21 h 30)
M. Ciaccia: Oui.
M. Léveillé: À ce moment-là, le
rendement de 20 % sur le fonds propre serait calculé sur le coût
de devancement, supposant que le coût de devancement est de 7 500 000 000
$.
M. Coulombe: Je pense que l'exemple que vous donnez avec les 7
500 000 000 $ est le coût total des trois projets.
M. Ciaccia: Oui.
M. Coulombe: Dans les contrats qu'on signe, c'est seulement une
partie de ces 7 500 000 000 $ qui est affectée au contrat.
M. Ciaccia: Oui.
M. Coulombe: Comprenez-vous? C'est le devancement de trois ans
qui est affecté à nos contrats d'exportation, le reste...
M. Ciaccia: Et comment...
M. Coulombe:... étant pour la demande interne du
Québec.
M. Ciaccia:... calculez-vous? Parce que le contrat continue pour
20 ans.
M. Coulombe: Mais les investissements aussi continuent pendant
les 20 ans...
M. Ciaccia: Oui.
M. Coulombe:... parce qu'il faut devancer LG 1 de trois ans, il
faut devancer Grande-Baleine et les autres d'un an ou deux ans. C'est la
totalité de ces coûts qui nécessite un capital total de X
milliards de dollars.
M. Ciaccia: Les 20 % de rendement sont calculés...
M. Coulombe: Et, là-dessus, il y en a 20 % qui sont
calculés...
M. Ciaccia:... sur ces montants.
M. Coulombe:... sur la totalité des investissements.
M. Ciaccia: Oui.
M. Coulombe: On investit continuellement parce que la demande
interne augmente, ils ont besoin de travaux. La partie devancement, parce qu'on
va plus vite, cette partie est imputée au marché externe,
c'est-à-dire aux contrats qu'on signe.
M. Ciaccia: Oui.
M. Coulombe: Non seulement cela, mais on vous a parlé
tantôt d'un montant de 600 000 000 $ pour les réseaux de
transport, une partie du devancement de ces 600 000 000 $ est affectée
aux contrats d'exportation.
M. Ciaccia: Mais calculée dans les 7 500 000 000 $.
M. Coulombe: On a mis, je ne sais pas, 50 000 000 $ dans le
contrat du Maine, 40 000 000 $ dans le contrat du Vermont et je ne sais pas
combien dans...
M. Ciaccia: Et le rendement est calculé aussi sur ce
montant.
M. Coulombe: Cela fait partie des investissements totaux qui sont
financés, une partie équité, une partie emprunt.
M. Guevremont: On a déjà 44 %, pour être
précis, des 600 000 000 $ qui sont imputés aux contrats qui sont
signés; 44 % des 600 000 000 $ sont imputés aux contrats,
même si, comme vous l'a expliqué M. Mercier, ces investissements
auraient dû être faits pour le Québec; ils sont
devancés à cause de l'exportation, mais il fallait les faire
quand même éventuellement pour le Québec.
M. Ciaccia: Alors, la partie que vous imputez aux contrats, vous
calculez votre rendement sur cette partie...
M. Coulombe: Exactement.
M. Ciaccia:... sur les montants que vous avez investis.
M. Coulombe: Exactement. Donc, 44 % de 600 000 000 $, cela
donne... Une voix: 250 000 000 $.
M. Coulombe: 250 000 000 $ ou 260 000 000 $. On le finance
à 75 % de dette, 25 % d'équité et 25 % de 250 000 000 $,
cela s'ajoute, c'est 25 000 000 $.
M. Ciaccia: Je pense que vous avez...
M. Coulombe: II faut un rendement de 4 000 000 $ de profit sur
les 25 000 000 $ qui sont investis.
M. Ciaccia: Je pense que mon collègue, le
député d'Ungava, a déjà posé la question sur
les 3500 à 4500 mégawatts. Je voudrais poursuivre un peu,
essayer... Vous avez donné un tour d'horizon sur la totalité des
exportations possibles. Si je comprends bien, l'objectif des exportations
pourrait passer de 3500 à 4500, d'après votre plan de
développement si les conditions sont favorables; cet objectif de 4500,
est-ce que cela constitue votre scénario fort dans l'optique du besoin
américain à combler à 7600? Si vous prenez les chiffres
officiels de 7600, votre scénario serait que vous pourriez exporter 4500
mégawatts.
M. Guevremont: M. le ministre, les 4500, comme je l'ai
mentionné, ce chiffre n'est pas absolu...
M. Ciaccia: Oui.
M. Guevremont:... parce que cela va dépendre. C'est
surtout la mécanique qu'on pense qu'on va atteindre avec cela. Si vous
regardez aux pages 55 et 56 du plan, vous allez voir, en termes de potentiel...
Le potentiel, c'est un des éléments qui vont jouer dans cela. Le
potentiel, on voit qu'en 1988-1990 les plans des réseaux voisins, le
total pour New York et la Nouvelle-Angleterre, le Nouveau-Brunswick et
l'Ontario, cela donne un potentiel d'à peu près 7600
mégawatts. Maintenant, si leur demande était de un demi de 1 %
plus élevée, eh bien! vous aboutiriez avec un potentiel de
l'ordre de 14 000 mégawatts en l'an 2001, je pense, quelque chose comme
cela. En l'an 2001, on aura un potentiel de 14 000 mégawatts.
Maintenant, au moment où nous arriverons avec des prix - il faut quand
même toujours protéger l'intérêt des
Québécois et d'Hydro-Québec - au moment où les
prix, à cause de nos coûts deviendront trop hauts, c'est là
que va se produire l'arrêt, c'est-à-dire que l'arrêt, on ne
peut pas le dire avant. Ce n'est pas le manque de volonté de l'acheteur,
ni le manque de volonté du vendeur, le point d'arrêt, cela va
être quand ils ne pourront plus nous donner un prix qui va nous donner un
rendement de 13 1/2 % sur le capital investi et un rendement sur l'avoir propre
de l'ordre de 20 %. Quand on ne pourra plus satisfaire à ces
critères, M. Coulombe a dit précédemment que, à ce
moment-là, en ce qui nous concerne, le conseil d'administration devrait
dire: Non, allez refaire vos devoirs.
M. Coulombe: Actuellement, oui. Ce qui va se passer dans dix
ans...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: Non, mais pour revenir au potentiel d'exportation,
c'est basé sur les 7600. Par exemple, comme M. Coulombe l'a
mentionné, ce sont les chiffres officiels des "utilities" qui
sous-estiment souvent pour ne pas construire ou pour ne pas être dans
l'obligation de faire des investissements additionnels. La New England
Governers Conference avait estimé à 10 000 mégawatts...
C'est strictement pour les besoins de la Nouvelle-Angleterre. Cela excluait
naturellement Seabrook. En plus, il y a eu le contrat de NYPA avec New York
parce que, officiellement, New York n'en avait pas besoin. Si vous vous
souvenez, M. Guevremont, les discussions qu'on avait eues, c'est que vous nous
disiez que New York n'avait pas besoin de puissance et d'énergie, mais
ces gens ont quand même signé un contrat de 1000
mégawatts.
M. Coulombe: Cela a réalisé l'hypothèse
qu'on avait souvent dite que New York, effectivement, dans les derniers
documents, n'avait pas besoin de cette puissance cette année-là,
mais cela leur a donné un petit électrochoc de voir les deux
contrats qui venaient d'être signés et ils savaient fort bien
qu'à un moment donné nos coûts augmentent. M. Guevremont
vient de le dire, les prochains contrats devraient être normalement, sauf
circonstances exceptionnelles, à un prix un peu plus élevé
que celui qui a été signé au début, parce que nos
coûts augmentent en fonction des coûts... Cela réalisait, en
fait, une des hypothèses qui étaient conclues dans le plan et
dans toutes les discussions et je pense qu'à New York, on s'est rendu
compte qu'il y avait intérêt à y aller et au plus
tôt. Les deux premiers contrats ont déclenché la
volonté de New York même d'en avoir un an ou deux avant même
que ce soit évident qu'elle en a besoin.
M. Ciaccia: Oui, pour 1995. Mais, à la lumière de
ces considérations, du fait que même les gouverneurs de la
Nouvelle-Angleterre, d'après leurs études, auront besoin de 10
000, à New York, le fait qu'on n'en avait pas besoin était
basé sur un scénario très faible de croissance. Vous avez
avancé certaines hypothèses, mais est-ce qu'Hydro-Québec a
effectué des analyses de sensibilité de ce déficit?
M. Guevremont: On a mentionné justement qu'un demi de 1 %
de plus de croissance, ça nous fait passer de 7600 mégawatts, M.
Ciaccia, à 14 000. De plus, j'aimerais toucher la question de la
conférence des gouverneurs. Cet organisme respectable n'est quand
même pas l'acheteur. Il y a 80 compagnies en Nouvelle-Angleterre et les
entreprises qui négocient des contrats avec nous, ce sont ces
entreprises et elles publient ce qu'elles croient être leur demande.
Alors, c'est très difficile de dire: Messieurs, vous voulez
négocier avec moi. Négociez donc sur la base de ce qu'ont dit vos
gouverneurs, au lieu de ce que vous pensez. Vous voyez le contexte.
M. Ciaccia: Je comprends.
M. Guevremont: L'acheteur dit: J'ai devant moi les
prévisions, les dernières, les plus récentes, lesquelles
on a rapportées dans notre plan de développement, mais si on
regarde New York, il y a un taux de croissance de prévu de 87, 2002
à un 1, 5 %, tandis que la Nouvelle-Angleterre, pour ses plans de
développement officiels qui ont été publiés en
avril de l'an prochain... D'ici à quelques semaines, à la fin
d'avril, on aura un nouveau plan de prévision pour ces réseaux,
mais pour le moment, les gens avec qui on travaille se basent sur leurs
prévisions. On construit selon ce sur quoi on s'entend sur la
prévision des besoins québécois et d'exportation; eux
achètent selon leurs prévisions, pas celles qu'on pourrait
faire.
J'aimerais retoucher le cas de New York. Ils ont beaucoup de centrales
d'un certain âge qui auront peut-être besoin de réfections
majeures. Ce qui a pu affecter New York, c'est qu'ils ont pu décider...
Certaines de ces centrales, au lieu d'étendre leur vie... On ne sait pas
en détail toutes les difficultés qu'ils ont avec chacune de ces
centrales thermiques dont plusieurs arrivent à la fin de leur vie de 35
ans ou environ. Or, ils peuvent très bien dire dans leurs calculs
internes, ils ne sont pas obligés de nous montrer tous leurs calculs,
ils peuvent bien décider: Voici, cette centrale, on va la
considérer comme n'étant plus valable, puis ils en prennent deux
ou trois de même, et les 1000 mégawatts qu'ils négocient
avec nous viennent de disparaître. C'est aussi simple que cela. On
regarde dans d'autres plans, ils étendent la vie des centrales de cinq
ans et la demande disparaît et réapparaît quand ils
décident d'en annuler une. Comme on pourrait élargir le
scénario et dire que pour le moment, dans leur plan de
développement, ils ont la centrale Seabrook et la centrale Shoreham
comme constituant des choses qu'ils prétendent qui seront en service.
Alors, vous avez là 1700 ou 1800 mégawatts environ - c'est de cet
ordre-là - dont beaucoup de gens nous disent qu'ils ne seront jamais mis
en service. Moi, je n'en sais rien, dans le fond, et l'acheteur, dans le
moment, croit qu'ils seront mis en service. Alors, cela pourrait
déjà varier de 1800 si ces centrales ne sont pas mises en
service.
Mais l'acheteur, à New York, malgré cela, peut-être
que lui sait qu'il ne la mettra pas en service et il y croit maintenant et ne
la met pas dans son plan de développement pour des raisons qu'on... Cela
pourrait être la raison, vous savez, dans le cas de New York. Si la
centrale Shoreham n'est pas mise en service, eh bien! les 1000 mégawatts
que ces gens négocient d'Hydro, ils en ont besoin plus tôt qu'ils
n'en auraient besoin... Et, dans leur plan, ils montrent la centrale Shoreham
comme étant en service.
M. Ciaccia: II y avait aussi l'aspect que les "utilities" ce
n'était pas dans leur intérêt de prévoir plus de
demandes, qu'elles devraient être plutôt conservatrices dans leurs
prévisions de demandes parce que cela impliquerait certaines
décisions, et même les gouverneurs qui ont répondu aux
"utilities", de dire: D'après vos prévisions, cela veut dire que,
dans six des douze prochaines années, nos États vont être
dans un état de récession. C'est vrai que ce sont les "utilities"
qui font les achats mais, dans la réalité des choses, si leurs
prévisions s'avèrent exactes, cela veut dire que, pendant une
année sur deux, les États de la Nouvelle-Angleterre seront dans
un état de récession, ce qui n'a pas été le cas des
cinq dernières années et ne semble pas être le cas
maintenant.
Impact des exportations sur la facture
d'électricité
Dans votre plan de développement, vous mentionnez, à la
page 57, que le développement des marchés externes doit assurer
une marge de rentabilité correspondante à ce qu'exigeraient les
actionnaires du secteur privé, compte tenu des coûts et des
risques associés à un tel développement. On vient un peu
d'expliciter les taux de rendement et ce que cela représente, et la
façon de calculer mais, pour les consommateurs québécois,
quel sera l'impact des exportations sur leur facture
d'électricité? Je pense que vous avez déjà
touché à ce point-là, mais peut-être que vous
pourriez expliciter un peu plus.
M. Coulombe: Notre position est qu'il faut distinguer entre deux
phases. D'aujourd'hui jusqu'en 1994 ou 1995, c'est-à-dire lors de la
mise en service des équipements dont on a parlé depuis quelque
temps... Durant cette période, notre conviction est que les tarifs des
consommateurs québécois ne seront pas affectés par les
travaux mis en place pour la réalisation de ces centrales. Les
coûts supplémentaires seront absorbés à même
la marge de manoeuvre d'Hydro et, principalement, à partir de la marge
de manoeuvre des dividendes payés à l'actionnaire. Donc, ce ne
sont pas les tarifs du consommateur qui vont absorber ces
coûts-là.
À partir de 1995, c'est-à-dire à partir du moment
où les mises en service se font, à la
phase 2, les revenus rentrent en même temps; les revenus des
contrats américains entrent. SI les hypothèses qu'on a vues
tantôt se réalisent, on a donc notre marge de manoeuvre
nécessaire pour qu'à moyen terme, au-delà de 1995, cela
puisse diminuer la pression à la hausse sur les tarifs du Québec.
Ne me demandez pas de combien, de un, deux ou trois pour cent, je n'en sais
rien. Mais, fatalement, cela ne pourra pas faire autrement que d'enlever la
pression sur la hausse des tarifs, tout simplement parce que ce sont des
contrats qui ont une rentabilité plus élevée que ceux des
marchés internes au Québec.
Donc - et il y a une hypothèse de base quand même - il faut
que l'actionnaire accepte - actionnaire dans son sens le plus large -
qu'Hydro-Québec est une corporation qui utilise un capital sur lequel il
faut un rendement, un rendement compatible avec le risque qui est pris, qui
n'est pas très élevé, on l'a vu ce matin, que même
si 40 % de nos ventes sont sujettes à de la concurrence au sens
réel, il y en a 60 % qui sont un peu plus captives. (21 h 45)
Donc, le risque est limité au point de vue des marchés
internes du Québec. Cela n'empêche pas qu'il faut un rendement sur
le capital investi, sur l'équité qui est accumulée au nom
des Québécois dans cette compagnie; il faut un rendement au moins
supérieur à celui de la même somme d'argent investie en
obligations du Québec. Sans cela, il n'y a plus rien qui a de sens en
termes d'utilisation de capital. Si on admet ce principe - je ne dis pas que
c'est tout le monde qui l'admet - nous disons que le raisonnement que je viens
de défiler va s'exécuter de façon intégrale et il
n'y aura pas d'impact sur les tarifs.
Maintenant, si quelqu'un nous dit: Hydro n'a pas besoin de rendement sur
l'équité, cela devrait être zéro. Là, il y a
quelqu'un quelque part qui va payer pour. C'est bien évident, parce
qu'il y a des investissements de plus. Si HydroQuébec n'a pas une
garantie normale d'un rendement normal pour le risque normal qu'elle prend, et
que c'est de l'argent des Québécois qui est investi
là-dedans en termes d'équité, s'il n'y a pas un rendement
normal là-dessus, il n'y a plus aucun raisonnement économique qui
tient. On tombe dans un autre univers, on tombe dans une autre façon de
procéder, qui n'est pas celle qui est sous-jacente au plan de
développement. Si on accepte cette hypothèse, aucun impact sur
les tarifs d'ici à 1995. Après 1995, l'influence qu'il peut y
avoir va être une pression pour empêcher une hausse trop rapide et
même, espérons-le, plus explicite. Et la marge de manoeuvre qui
est nécessaire pour réaliser cela est inscrite dans le rendement
normal d'Hydro-Québec. S'il faut une marge supplémentaire, ce
sont les dividendes du gouvernement qui vont être réduits.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a quelqu'un qui vous dit qu'Hydro ne
devrait pas avoir de rendement sur son équité?
M. Coulombe: Je n'ai jamais entendu personne le dire
explicitement. Donc, cela veut dire qu'il y a unanimité. Si
l'unanimité se fait là-dessus, il n'y a plus aucun
problème pour la discussion tarifaire de demain matin, de demain
après-midi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: II s'agit du taux de rendement.
M. Coulombe: C'est cela.
M. Ciaccia: II s'agit du taux de rendement.
M. Coulombe: Taux de rendement qui, je l'admets d'avance, peut
être réalisé en trois ans, en quatre ans, ou en deux ans et
demi, et là est toute la discussion probablement fondamentale autour de
la reconstitution de la marge de manoeuvre. Celle que nous proposons est
rapide, pour une fois on n'est pas trop conservateur. On veut aller vite, mais
cela peut prendre un plus de temps, un peu moins de temps, cela dépend
du rythme de tolérance d'un peu tout le monde.
Levée de la limite de capacité des
interconnexions
M. Ciaccia: Une dernière question, je ne sais pas si cela
vous a été posé. Je ne le crois pas. L'an dernier,
Hydro-Québec prévoyait lever la limite de la capacité des
interconnexions de 2200 mégawatts avec les réseaux voisins en
augmentant les critères de fiabilité de son réseau de
transport en Investissant les 600 000 000 $.
M. Coulombe: Peut-être, si vous voulez... Je dois
comprendre que cela se termine vers 10 heures...
M. Ciaccia: Oui.
M. Coulombe: Je pourrais demander à M. Mercier, s'il n'est
pas parti, de nous faire un bref résumé d'où nous en
sommes rendus. Vous savez que cela fait partie de la fiabilité de notre
réseau avec celui des Américains. C'est là qu'est tout le
problème. M. Mercier, d'ailleurs, a été nommé - je
tiens à le féliciter devant vous - dernièrement. C'est un
honneur pour un Québécois, c'est le premier
Québécois qui atteint cette fonction. Il a été
nommé président du sous-comité... Explique donc
clairement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: C'est une bonne nomination.
M. Coulombe: Une excellente. Alors, précise ton nouveau
titre et résume donc le dossier.
M. Mercier: J'ai été nommé
dernièrement le "chairman" du comité de conception. En fait, on a
parié tout à l'heure du NPCC. Le NPCC est un "council" de
fiabilité aux États-Unis. Il sert à déterminer si
oui ou non on satisfait aux critères de fiabilité aux
États-Unis. L'ensemble du NPCC a été formé à
partir de la panne de 1965. Je ne sais pas si vous vous rappelez le "baby boom"
où New York a été dans un blackout
général.
M. Ciaccia: Félicitations! Pas pour le "baby boom", mais
pour votre nomination.
M. Mercier: Effectivement, je pense que c'est important de
rappeler... M. Boivin a fait tout à l'heure un très bon
résumé de la situation, en termes de fiabilité du
réseau. Le réseau du Québec est différent du
réseau américain. Si on veut interconnecter ces réseaux,
il faut se conformer à leurs critères de performance comme
tels.
Un des critères de performance à la base est que le
réseau Hydro-Québec étant totalement différent
à cause de sa nature - il est hydroélectrique - il utilise de
très longues lignes alors que le réseau américain est
surtout un réseau thermique, qui lui est extrêmement
maillé. Pour être capable de faire l'interconnexion sans avoir
d'impacts majeurs sur l'ensemble de la fiabilité, il faut être
capable de modifier les critères de conception. Pour faire cela, ce sont
600 000 000 $ qu'il faudrait Investir sur l'ensemble du réseau du
Québec et modifier la conception même de l'ensemble du
réseau hydroquébécois.
M. Boivin a aussi illustré tout à l'heure
qu'au-delà de la performance du réseau de distribution, il y a
aussi la performance du réseau de transport qui s'est drôlement
amélioré ces dernières années, mais pas encore
suffisamment pour convaincre les Américains de s'interconnecter avec
l'ensemble du réseau québécois. Avant d'investir
l'ensemble des 600 000 000 $, Hydro-Québec a voulu s'assurer que si on
fait ces investissements, si on fait les modifications, cela va être
accepté par l'ensemble des réseaux américains, en
particulier du NPCSA. Peut-être que ma nomination comme "chairman" d'un
des comités de conception, en termes de fiabilité... Il y a un
comité d'exploitation et un comité de conception. On peut
comprendre très bien que, si on veut tenir compte de tous les aspects de
la fiabilité, il faut tenir compte de l'aspect de la conception et de
l'aspect de l'exploitation. Je suis responsable maintenant du comité qui
s'occupe de la conception. On se retrouve un petit peu en conflit
d'intérêts, si vous voulez, jusqu'à un certain point. C'est
mon comité qui va accepter les critères d'Hydro-Québec. Je
pense que c'est de très bonne guerre.
M. Coulombe: La limite de 2200 n'est pas levée encore.
Quand prévois-tu qu'il va y avoir une entente avec les États-Unis
là-dessus?
M. Mercier: Je pense qu'on marche très bien cette
année pour faire accepter le nouveau critère de conception
d'Hydro-Québec. On pense qu'à l'automne 1988, si on veut
être un peu optimiste, ou plus pessimiste, vers la fin de l'année
1988, on devrait faire accepter les nouveaux critères de conception
d'Hydro-Québec. La limite de 2200 mégawatts devrait être
levée à ce moment.
M. Ciaccia: Les montants de 100 000 000 $ seront
échelonnés. Ces investissements seront faits...
M. Coulombe: Quatre à cinq ans. M. Ciaccia: De
quatre à cinq ans.
M. Mercier: On voudrait une mise en service pour 1992.
M. Ciaccia: Cela veut dire que des travaux pour 600 000 000 $
commenceraient...
M. Coulombe: C'est cela. Ils commenceraient aussitôt que
les équipements sont...
M. Ciaccia: Aussitôt que...
M. Mercier: L'avant-projet va être complété
au cours de 1989.
M. Ciaccia: Aussitôt que vous aurez autorisé, que
vous aurez donné votre opinion que c'est acceptable pour les
Américains, HydroQuébec va pouvoir commencer ses travaux.
M. Mercier: Je voudrais qu'on comprenne bien que le "chairman"
n'autorise pas comme tel, c'est le comité qui autorise.
M. Coulombe: Maintenant, on n'est pas prêt à vous
déposer beaucoup d'argent pour la date où cela va être
fini, par exemple, dans ces investissements.
M. Ciaccia: Merci.
Le Président (M. Théorêt): Je vais maintenant
donner la parole au député de Bertrand, en lui rappelant que,
malheureusement pour lui, et pour nous peut-être, il reste cinq
minutes.
M. Parent (Bertrand): Trois ou quatre questions sur les
interconnexions avec les réseaux voisins. M. le Président,
actuellement la capacité simultanée des interconnexions est
quelque part autour de 5375 mégawatts. On voit que l'addition, pour 1990
et 1992, va monter ce 5375 à 7500. Il est dit dans votre
présentation que le niveau des exportations ne peut pas atteindre la
capacité maximale. Jusqu'à quel pourcentage dans les
interconnexions, pourrait-on aller du 7500 en 1992?
M. Guevremont: Si vous allez au 7500, on mentionne une
capacité totale simultanée. Si vous regardez cette colonne, vous
allez remarquer où il est indiqué à la page 51 du plan de
développement, le 6600 simultané veut dire qu'on ne peut pas
alimenter une partie de New York en même temps que l'Ontario. Cela veut
dire que la centrale de Beauharnois vient jouer là-dedans, si vous
voulez passer par-dessus les détails. Mais c'est là qu'est cette
différence.
Alors, 6600. Évidemment, il n'est sûrement pas pratique de
charger à pleine capacité les lignes de transport. Ce n'est pas
comme cela que cela fonctionne. Il y en a dans cela comme l'Ontario; il y a, je
crois, 13 interconnexions avec l'Hydro-Ontario, dont certaines sont petites.
Certaines sont conditionnées à ce qu'ils ont besoin. Par exemple
aussi, avec le Nouveau-Brunswick, on a 350 mégawatts de ce qu'on appelle
des charges radiales, c'est-à-dire qu'ils ont isolé, à
cause du problème du 2220 et d'autres problèmes semblables, Ils
ont isolé une partie de leur charge et c'est synchronisé avec le
réseau d'Hydro-Québec. Or, les fluctuations varient selon la
charge dans cette poche. Ce ne sera jamais 350 exactement parce qu'on ne
pourrait pas le laisser connecter à nous. Ce sont des problèmes
d'ordre technique.
En fait, quel pourcentage? Je ne sais pas si on peut mettre un
pourcentage là-dessus. Cela varie beaucoup. Ce que je viens de vous
donner, des 1050 mégawatts que nous avons avec le Nouveau-Brunswick, 350
sont dus à cela. Il y a l'entretien, il y a des tas de choses qui
affectent dans cela, mais je ne sais pas comment on pourrait vous donner un
pourcentage.
M. Mercier: Je pense peut-être que la difficulté de
fournir continuellement avec les différentes interconnexions vient
beaucoup plus des problèmes d'entretien et d'exploitation de l'ensemble
du réseau. Il faut se rappeler aussi que les seuls problèmes
qu'on a pour l'alimentation autres que le problème de 2200
mégawatts viennent des problèmes de pointe où à ce
moment-là on ne peut pas alimenter tout l'ensemble de ces
interconnexions-là. Mais pour les contrats garantis finalement, il faut
absolument alimenter à partir des interconnexions qui sont
présentes.
M. Parent (Bertrand): Le but de ma question, c'est que face au
tableau Justement de la page 51, c'est que je comprends difficilement, je
comprends mal. On augmente finalement la capacité totale
simultanée de quelque 2000 mégawatts entre maintenant 1988 et
1992, d'accord? On l'augmente de quelque 2000 mégawatts. Vous dites
aussi dans une note au bas de la page que les équipements communs
permettant la livraison d'énergie à l'Ontario et à
l'État de New York limitent la capacité d'exportation
simultanée. On s'aperçoit qu'en 1988 avec les 5300
mégawatts sur les possibilités d'intercon- nexions, on a une
capacité simultanée de 3300 mégawatts. Et même si on
augmente de 2000 mégawatts, la capacité simultanée vers
l'Ontario et l'État de New York, la compatibilité Ontario
État de New York diminue en termes de chiffres absolus. Au lieu de 3300
mégawatts, on va pouvoir avoir une capacité simultanée
seulement de 3200 mégawatts. Alors, c'est dans le tableau... Même
s'il y a 2000 mégawatts possibles de plus sur la ligne
d'interconnextions, ce que j'essaie de comprendre, c'est que lorsqu'on va vers
les équipements simultanés, c'est-à-dire Ontario et
État de New York, on diminue. Alors, ce sont les chiffres du dernier
tableau à la page 51.
M. Léveillé: Alors, le paradoxe est le suivant: Les
augmentations des capacités d'inter-connection ne se font pas vers New
York ni vers l'Ontario, d'une part. En principe, cela devrait laisser
inchangée notre capacité simultanée vers l'Ontario et
l'Etat de New York. Cependant, II y a une prévision à moyen terme
en ce sens que l'hydraulicité sur le fleuve Saint-Laurent devrait
être plus faible. Depuis quelques années, elle était
extrêmement élevée; alors, il est possible de faire des
projections sur quelques années. Les grands spécialistes de ce
domaine-là prévoient que cette capacité devrait être
légèrement diminuée à cause de ce
facteur-là. Il y a l'autre facteur, évidemment: puisque les
augmentations des capacités d'interconnextions sont vers NEPOOL, cela
laisse inchangée la capacité simultanée vers l'État
de New York et la province de l'Ontario.
M. Parent (Bertrand): Une dernière question, M. le
Président, étant donné l'heure: Qu'arrivera-t-il avec les
prochaines négociations avec l'Ontario? Vous avez des
négociations en marche actuellement et face aux capacités, par
exemple, concernant les interconnexions actuelles, comment se fera le partage
de l'utilisation des interconnexions État de New York et Ontario?
M. Coulombe: Cela dépend des scénarios qui vont
être retenus. On est actuellement à développer, depuis deux
ans, en fait, des scénarios différents. C'est extrêmement
difficile avec l'Ontario parce que les gens là-bas ont une
décision fondamentale à prendre: Est-ce qu'ils vont continuer le
nucléaire ou non? C'est une décision qui ne nous regarde pas
directement, mais qui a des conséquences énormes pour nous. Cette
décision n'est pas prise en Ontario. Évidemment, tous les
scénarios sont influencés par cette décision.
Les interconnexions actuelles peuvent servir dans un contrat de 400,
500, 600 ou 700 mégawatts. Si c'est un contrat plus élevé,
il faudra une autre interconnexion. Tous ces scénarios sont
étudiés et, c'est un peu ce que je disais tantôt, les
coûts sont associés aux scénarios. Mais tout cela reste un
peu, je ne dirais pas
académique, mais en suspens tant que la décision du
gouvernement de l'Ontario et/ou d'Hydro-Ontario concernant le nucléaire
ne sera pas prise.
Dans leur cheminement critique, il y a un comité de
l'Assemblée législative qui siège là-dessus.
D'après ce qu'on sait dans les documents publics à la fin de
l'année, ces gens font leur rapport au gouvernement. Le gouvernement
étudie cela au début de 1989 et est supposé rendre une
décision sur l'orientation nucléaire. Parmi tous ces
scénarios qui sont élaborés, il y en aura un qui va
devenir plus réaliste que d'autres. Espérons que cela va
déboucher à ce moment. Mais, tant que la décision sur le
nucléaire n'est pas prise en Ontario, tout scénario reste un
scénario.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Bertrand. Alors, compte tenu qu'il est 22 heures, les
travaux de la commission de l'économie et du travail sont
ajournés et reprendront demain à 10 heures. Merci et bonne fin de
soirée!
(Fin de la séance à 22 heures)