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(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Théorêt): La commission
permanente de l'économie et du travail se réunit pour
procéder à l'étude des crédits du ministère
du Travail. M. le Secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Le seul
remplacement est celui-ci: M. Cannon (La Peltrie) est remplacé par Mme
Dionne (Kamouraska-Témiscouata).
Le Président (M. Théorêt): Je vous rappelle
qu'il a été entendu, selon l'ordre de l'Assemblée, que
l'étude aurait une durée totale de quatre heures, de 10 heures
à 12 h 30 et de 15 h 30 à 17 heures.
Il a été convenu également, M. le ministre, si vous
êtes d'accord, de procéder, après vos remarques
préliminaires et celles du critique, tout simplement à une
discussion et d'approuver vos crédits à la toute fin, le critique
officiel étant d'accord sur cette procédure.
Je vous cède immédiatement la parole, M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, dans un
premier temps, vous me permettrez de vous saluer, ainsi que les membres de la
commission parlementaire, et de vous présenter les gens qui
m'accompagnent à la table en avant.
À ma droite, Mme Johanne Turcotte, qui est attachée
politique, responsable des relations du travail, au bureau du ministre; M.
Denys Jean, qui est l'attaché politique responsable des travaux
parlementaires; et à ma gauche, vous aurez reconnu le sous-ministre du
Travail, M. Raymond Désilets, qui, comme l'an passé, m'accompagne
pour l'étude de ces crédits. Mais, cette année, sur deux
pattes plutôt qu'une. D'autres sous-ministres adjoints et directeurs de
services sont également ici présents dans le but de fournir aux
parlementaires les réponses les plus précises possible aux
questions qui nous seront adressées.
Vous me permettrez quand même, M. le Président, de
commencer avec quelques remarques préliminaires.
L'étude des crédits constitue, comme vous le savez,
à plusiers égards, une étape importante pour la
majorité des gens qui gravitent autour de l'appareil gouvernemental, que
ce soit les administrateurs du ministère, les fonctionnaires dans leur
ensemble, les députés ministériels et de l'Opposition, les
membres de la presse, bref, chacun se montre intéressé à
connaître les dépenses pour les différents postes
budgétaires des ministères et des organismes qui en
dépendent.
Tout comme nous l'avions fait les deux dernières années
à pareille occasion, nous aborderons le ministère du Travail
ainsi que les sept organismes qui sont sous ma responsabilité, en
traitant de ce qui s'est fait au cours de l'exercice financier qui a pris fin
le 31 mars dernier et, surtout, en indiquant ce que nous entendons mettre de
l'avant à court et à moyen terme. Je commencerai mon intervention
en évoquant les principaux points à retenir relativement au
ministère du Travail.
D'abord, durant l'exercice financier 1987-1988, le ministère a
procédé à l'intégration des services administratifs
de la Direction générale de l'inspection et de la Direction
générale de la recherche et de l'administration afin de
rationaliser et d'unifier les fonctions dévolues antérieurement
à ces deux entités.
C'est dans ce contexte général que le ministère a
modifié son POAS et a procédé au calibrage des postes
d'encadrement des unités administratives relevant du sous-ministre
adjoint de la recherche, de la normalisation et de l'administration et du
sous-ministre adjoint à l'inspection. Il a aussi élaboré
de nouveaux plans de gestion financière et de délégation
des pouvoirs en matière de gestion des ressources humaines,
conformément aux orientations gouvernementales visant une
responsabilisation accrue des gestionnaires. Soucieux d'assurer
l'uniformité d'application et d'interprétation administrative des
diverses lois en matière de sécurité dans les
bâtiments et dans les lieux publics, le ministère s'est
doté des mécanismes de coordination nécessaires à
l'atteinte de ses objectifs.
Au chapitre des ressources humaines, la direction a
élaboré un programme d'aide au personnel et en a amorcé
l'implantation. Le ministère du Travail a, depuis le début de
l'année 1987, son propre programme d'aide pour son personnel aux prises
avec des problèmes de comportement ou de rendement au travail. Le
personnel du ministère a été sensibilisé à
l'existence de ce programme d'aide et des mesures administratives ont
également été prises pour en assurer la mise en
application. A ce jour, 18 personnes ont fait appel aux programmes d'aide. Le
programme d'aide au personnel est donc implanté dans notre
ministère et la Direction des ressources humaines intensifiera au cours
de la prochaine année ses interventions pour le publiciser
davantage.
Quant à la gestion des relations du travail, la direction
générale a, au cours de l'exercice 1987-1988, coordonné
certaines activités touchant les différentes unités
administratives. Elle a notamment participé au comité sur la
révision du
Code du travail, évalué la possibilité de
développer de nouveaux types d'interventions en relations du travail et
expérimenté la médiation préarbitrale dans les
secteurs public et parapu-blic. Elle a mis en oeuvre un plan pour le
perfectionnement de ses conciliateurs.
Dans les secteurs public et parapublic, la Direction de la
médiation a traité 109 dossiers. Dans le secteur privé, la
médiation préventive a offert ses services aux parties dans 48
entreprises et l'intervention de médiation préventive a
été réalisée ou est actuellement en cours de
réalisation dans 22 de ces entreprises.
Par ailleurs, sur le plan législatif, la Loi constituant la
Commission des relations du travail et modifiant diverses dispositions
législatives a été sanctionnée le 18
décembre 1987. On se souviendra que, l'année dernière, au
cours de l'étude des crédits du ministère du Travail,
j'avais exprimé l'objectif d'améliorer la structure
administrative dans le domaine des relations du travail afin de répondre
efficacement aux besoins de la clientèle.
Au chapitre des structures, l'adoption du projet de loi 30 qui
crée la Commission des relations du travail constitue un pas dans la
bonne direction. Depuis son adoption, nous avons formé des
équipes au sein du ministère, qui préparent la mise en
opération de cette commission. Nous procédons également au
recrutement des membres de la future commission avec l'expertise d'une
firme-conseil qui nous permettra de choisir des candidats qui répondront
aux objectifs fixés pour la commission. Il est bon de rappeler que la
nouvelle commission disposera des pouvoirs nécessaires pour assurer le
libre exercice du droit d'association, pour administrer le processus
d'accréditation, pour faire respecter les dispositions du Code du
travail en vue de régler rapidement certains conflits du travail, pour
voir à la détermination et au respect des services essentiels en
cas de grève, selon les règles prévues pour les services
public et parapublic, et pour interpréter les dispositions relatives au
champ d'application de la loi sur l'industrie de la construction.
D'autre part, toujours sur le plan législatif, à la suite
d'une entente intervenue entre les parties dans l'industrie de la construction,
l'Assemblée nationale a adopté, le 18 décembre 1987, le
projet de loi 114, Loi modifiant la Loi sur les relations du travail, la
formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de
la construction. Cette pièce législative a pour effet de
prolonger la période prévue pour les négociations
collectives dans l'industrie de la construction, de déplacer la
période de changement d'allégeance syndicale dans cette industrie
et de faire coïncider l'entrée en vigueur du choix
d'allégeance syndicale des travailleurs avec le début des
négociations. Signalons que cette entente est intervenue grâce
à la maturité et à l'esprit d'ouverture des parties
patronale et syndicale.
Les orientations pour 1988-1989. Sur le plan administratif, compte tenu
de l'adoption de la Loi constituant la Commission des relations du travail et
modifiant certaines dispositions législatives, le ministère devra
réajuster sa structure organisationnelle en fonction du transfert
à la commission des responsabilités relatives à la
protection du libre exercice du droit d'association et à
l'administration du processus d'accréditation.
En matière de gestion des relations du travail, le
ministère poursuivra ses efforts dans le but d'accentuer des
activités ou des types d'intervention nouveaux en vue d'aider les
parties patronale et syndicale à établir, maintenir et
améliorer leurs relations. Le ministère prévoit, à
ce chapitre, poursuivre le développement de son personnel
spécialisé en relations du travail.
Quant au Conseil des services essentiels, au cours de l'année
financière 1987-1988, le gouvernement a adopté cinq
décrets, assujettissant ainsi 398 syndicats et 277 employeurs à
la juridiction du conseil. Pendant cette période, 39 avis de
grève ont été adressés au conseil et 26
grèves ont eu lieu. Le conseil a tenu 18 auditions publiques et a
émis 33 décisions portant sur la suffisance des services à
maintenir. Également, à la réception de chaque avis de
grève, le conseil a organisé des séances de
médiation auprès des parties, pour les aider à conclure
une entente sur les services à maintenir, ce qui, dans la plupart des
cas, s'est révélé fructueux.
En vertu des mêmes pouvoirs de redressement qui lui sont
conférés, le conseil est intervenu dans 27 conflits survenus
durant le dernier exercice financier, et il a tenu 15 auditions et émis
15 décisions dont 8 ordonnances de retour au travail et une ordonnance
de réparation. Mentionnons qu'outre la poursuite de ses mandats
habituels, le conseil prépare son intégration prochaine à
la Commission des relations du travail. (10 h 15)
Quant à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, au cours de 1987, le gouvernement a
adopté un changement majeur à la représentation patronale
au sein de son conseil d'administration. Ainsi, six nouveaux
représentants ont été nommés pour un mandat de deux
ans. Ces personnalités sont représentatives du monde de la grande
industrie, du monde des affaires, du monde médical, du domaine de la
construction et du monde des petites et moyennes entreprises. Leur
compétence et leur expérience apporteront une dimension nouvelle
dans la recherche d'un régime plus juste et plus équitable, d'une
saine gestion de notre régime en santé et sécurité
du travail. On sait que le conseil d'administration se compose de quinze
membres: la présidente-directrice générale, sept
représentants des employeurs et sept représentants des
travailleurs.
Une nouvelle vice-présidence a été
créée. Cette fonction de vice-présidence aux relations
avec les bénéficiaires permet aux accidentés,
particulièrement aux travailleurs et travailleuses non syndiqués
de s'informer de leurs droits, de soumettre leurs doléances, de recevoir
de l'information et de faire jeter un regard neuf sur leur dossier.
D'autre part, la CSST s'était fixé cinq objectifs pour ses
opérations, à savoir, premièrement, l'implantation du
règlement sur les barèmes des dommages corporels,
deuxièmement, une application plus équitable des programmes de
réparation, troisièmement, un contrôle plus rigoureux des
coûts, quatrièmement, un programme visant à la
réduction de 10 % du nombre des lésions professionnelles dans
plus de 2000 établissements ayant un taux d'accidents
particulièrement élevé, cinquièmement, la
réalisation d'une vaste étude visant à améliorer
l'efficacité des services offerts aux bénéficiaires par la
CSST.
Enfin, signalons qu'au cours de l'exercice financier 1987, )a CSST a
entrepris une analyse de tous les aspects du financement du régime
québécois de la santé et de la sécurité du
travail. Au cours de la même période, diverses études ont
été entreprises afin de mieux situer notre régime par
rapport aux régimes existant chez chacun de nos voisins canadiens et
américains.
Concernant l'exploitation des systèmes informatiques, plusieurs
lacunes sérieuses ont été décelées. Il a
donc fallu remettre en question plusieurs éléments de ce secteur
comme fournisseur d'informations de gestion. À court terme, un plan de
redressement a donc été élaboré et mis en oeuvre
afin de corriger rapidement les déficiences majeures au système
informatique.
De plus, des efforts très valables ont été
consentis de façon à freiner le déficit financier de la
commission. Une gestion plus serrée, plus éclairée, de
concert avec les efforts très louables consentis par les employeurs face
à la hausse de leurs cotisations annuelles, ont fait en sorte de
réduire le déficit de façon considérable. On sait
que le déficit a chuté, au cours de l'année 1986, de 547
000 000 $ qu'il était au 31 décembre 1985 à 357 000 000 $
au 31 décembre 1986. Bien qu'il soit encore trop tôt pour annoncer
officiellement le montant du déficit au 1er janvier 1988, nous avons
cependant toutes les raisons de croire qu'une autre baisse importante du
déficit sera annoncée lors de la publication du rapport annuel de
la CSST. Il s'agit là d'un redressement remarquable de la situation
financière de la commission, et tous les efforts et toutes les
ressources seront utilisés pour continuer dans cette voie.
Pour 1988, les orientations premières de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail viseront à
l'amélioration de l'efficacité de l'administration, à
promouvoir la prévention et à se fixer l'objectif de diminuer le
nombre et la gravité des lésions professionnelles par la
poursuite de l'opération -10 %, à assurer un meilleur suivi
médical des différents dossiers et, finalement, à faire en
sorte que le service aux clientèles devienne la grande priorité
dans tous les aspects du fonctionnement de la CSST.
Quant au Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, le
projet de loi 41, qui crée le Conseil consultatif sur l'emploi et la
sécurité du revenu, a été réinscrit au
feuilleton. Le projet vise notamment à modifier la composition du
conseil afin de permettre à un plus grand échantillonnage de la
population québécoise d'exprimer ses opinions sur les
différents sujets relevant de la compétence du nouvel organisme.
La consultation que je viens de terminer sur la politique de
sécurité du revenu en commission parlementaire auprès
d'une centaine de groupes organisés et non organisés m'a
confirmé qu'il serait intéressant de permettre à ces gens
de s'exprimer par le biais d'une structure permanente, tel que proposé
dans le projet législatif.
Quant à l'IRIR, il a pour fonction d'informer le public de
l'état et de l'évolution de la rémunération des
employés des secteurs public et parapublic, comparée à
celle des autres salariés québécois de toutes
catégories qu'il détermine. Lors de la dernière
année, l'Institut de recherche et d'information sur la
rémunération a déposé différentes
études comparatives et a transmis le rapport aux parties
intéressées. Pour l'année qui vient, l'IRIR entend
poursuivre la diffusion d'informations techniques auprès des
parties.
Quant à la Commission de la construction du Québec et au
secteur de la construction, l'année 1987 aura été une
année bien remplie pour les gens de l'industrie de la construction.
Mentionnons, à titre d'exemple, que le nombre d'heures
travaillées s'établit en 1987 à 104 900 000 d'heures,
comparativement à 87 200 000 heures pour 1986 et à 84 200 000
d'heures pour 1985. À la suite de l'adoption de la Loi sur les relations
du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction, la Commission de la construction du
Québec, où siègent majoritairement des
représentants patronaux et syndicaux, s'est vu confier le mandat de la
formation et de la qualification professionnelles, permettant de former une
relève suffisante et compétente, selon ses propres
critères. À ce chapitre, l'année 1988-1989 marquera aussi
une étape importante dans l'industrie de la construction. Dès mai
1988, des cours de connaissances générales seront disponibles et
deviendront obligatoires pour tout nouveau salarié désirant
travailler dans cette industrie à titre de manuvre. En septembre,
les postulants de 13 métiers ou spécialisations de métier
devront recevoir une formation en milieu scolaire avant de travailler sur les
chantiers du Québec. En fait, c'est à l'automne 1989 que les 23
métiers assujettis seront tous intégrés au régime.
Pour atteindre cet objectif, 14 autres comités seront formés
cette année afin de compléter l'ensemble des programmes de
formation.
La Commission de la construction du Québec devra, en 1988,
procéder au renouvellement des certificats de compétence, voir
à l'application du règlement sur la priorité
régionale en matière de placement d'embauché et de
mobilité de la main-d'oeuvre, prendre en charge le mandat de la
délivrance du carnet d'apprentissage, du suivi de l'apprentissage et de
l'examen de la qualification, estimer les besoins en main-d'oeuvre de la
construction pour l'année 1989-1990 et les années suivantes.
D'autre part, le comité chargé d'étudier la loi 53,
Loi sur le bâtiment au Québec, soumettra des correctifs qui
permettront un meilleur ajustement entre les divers intervenants du milieu, que
ce soit la Régie des entreprises en construction du Québec, le
ministère du Travail et la Commission du bâtiment. D'ailleurs,
quant à la Régie des entreprises en construction du
Québec, je vous signale qu'au cours des dernières années,
elle a accru son volume d'activités qui est directement relié
à la hausse du nombre des entrepreneurs licenciés. La
régie a posé les gestes administratifs visant une meilleure
utilisation de ses resources humaines et financières.
Après un tel survol des réalisations et des orientations
du ministère et des organismes s'y rattachant, je peux donc affirmer que
les décisions prises et les gestes posés au cours de
l'année ont permis d'atteindre, un peu plus chaque jour, l'objectif
ultime que je m'était fixé, soit l'amélioration du climat
des relations du travail au Québec.
Je profite donc de l'occasion pour remercier les différents
intervenants qui ont su collaborer à la bonification de notre
système des relations du travail au Québec. Je les invite bien
cordialement à poursuivre le travail amorcé afin qu'ensemble,
nous puissions contribuer à maintenir le climat social et
économique favorable que nous connaissons présentement. MM. et
Mmes les membres de la commission, je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le critique de l'Opposition.
M. François Gendron
M. Gendron: M. le Président, rapidement, je voudrais
saluer et remercier les membres de la commission, ainsi que les fonctionnaires
du ministère du Travail, pour leur travail au cours de l'année,
à la suite du rapport ou de la présentation que vient de nous
faire le ministre du Travail.
Il est évident que j'aurai moins de choses à reprocher
à ces gens-là qu'au ministre, parce que, de toute
évidence, il s'agit d'un document à caractère
administratif, d'une réflexion très administrative que n'importe
quel gestionnaire aurait pu nous faire. Même si le ministre a cru bon
d'indiquer l'importance de l'étude des crédits au tout
début de son préambule en disant que c'était une
étape importante pour la majorité des gens qui gravitent autour
de l'appareil gouvernemental - je pense que c'est exact - il devrait comprendre
comme porteur du ballon du ministère du Travail comme ministre que c'est
aussi important d'entendre le ministre sur ses préoccupations en termes
d'orientations politiques, politiques au sens de décider des choses, de
modifier des orientations du ministère sur ce que j'appellerais les
problèmes de l'heure.
C'est un peu renversant, ce matin, que le ministre n'ait absolument rien
à dire sur toute la question, par exemple, de maintenir ou non le
régime des décrets. On sait un peu ce qu'il a dans la tête,
mais ce n'est pas normal qu'on ne profite pas de l'étude des
crédits pour en savoir un peu plus sur ses lenteurs, son inaction, ce
qu'il fait dans ce domaine-là, combien il y en a sur la table en
période d'attente de décisions du ministre. Même chose au
sujet de la Commission des relations du travail, qui devait
révolutionner le monde du travail.
C'était une étape majeure, une espèce de situation
mitoyenne entre la nécessité de faire une réforme du Code
du travail, que plusieurs intervenants dans ce domaine étaient
convaincus qu'il était opportun de faire, qu'il était requis de
faire... On n'a rien entendu ce matin de la part du ministre du Travail quant
à ses intentions réelles comme ministre du Travail. Est-ce que,
oui ou non, il a l'intention de modifier le Code du travail?
C'est un peu normal, parce qu'on ne le sait plus vraiment. Vu ses
nombreuses préoccupations dans un autre champ d'activité, avec
son double chapeau, étant pris à refaire ses devoirs deux fois
plutôt qu'une, il est pris énormément à l'aide
sociale. Il a passé presque toute son année comme ministre de la
Sécurité du revenu, mais très peu comme ministre du
Travail. Il s'agit juste de regarder les coupures de journaux. On ne sait plus
qui sera le ministre du Travail, on ne sait pas si c'est le prochain ou
l'actuel qui parle. Son collègue M. Johnson dit: Le Code du travail ne
sera pas modifié. Pour lui, c'est clair, il parle au nom du gouvernement
et il dit: II n'est pas question de toucher à cela. Pourtant, je pensais
qu'il était le ministre de l'Industrie et du Commerce et non le ministre
du Travail. Quant au ministre du Travail, on ne l'a pas entendu parler. Si on
regarde plus précisément ce qu'il nous indique dans sa
déclaration d'ouverture, c'est quand même une bonne
réflexion administrative, comme je le disais tantôt, où il
nous indique ce qui se passe sur le plan interne de son ministère.
D'apprendre que le ministère a modifié son plan d'organisation
administratif supérieur, c'est intéressant pour eux, mais cela ne
change pas grand-chose pour les problèmes de l'heure par rapport
à ce qui se passe ou à ce qui va se passer pour les agents
d'accréditation, par exemple, dans la nouvelle Commission des relations
du travail et ce qui va se passer avec les commissaires généraux
du travail. Comment se
fait-il que les garanties nous avaient été données
ici en commission, à deux ou trois reprises, concernant un banc
spécialisé de la nouvelle commission pour que tout le judiciaire
ou le quasi-judicaire soient vraiment à la même place avec des
spécialistes et non pas dans le paysage général, sans
savoir comment cela va atterrir? On n'a aucune information
là-dessus.
La loi 42. Qu'est-ce qui se passe au sujet des modifications
éventuelles de la loi 42? Il y a des problèmes fondamentaux
relativement à cette loi. Nous sommes dans une période de
prospérité économique, supposément en tout cas. Le
ministre des Finances et le ministre de la Baie James, le premier ministre,
porteur d'un seul projet comme premier ministre au Québec, nous
indiquent, de temps en temps, que les conditions de l'emploi sont
extraordinaires. Pourtant, à la CSST, il y a des demandes
répétées de regarder la possibilité de
réinstaurer une formule d'indexation pour les deux régimes de
stabilité, que ce . soit la stabilité économique ou la
stabilité sociale, où les travailleurs perdent constamment des
avantages acquis, à la suite de la non-indexation de leurs prestations.
Pas un mot là-dessus!
Pas un mot également sur toute la question majeure du rôle
de plus en plus inquiétant et prépondérant de
l'évaluation médicale sous le régime de la loi 42, parce
qu'il y a de plus en plus d'intervenants qui doutent, avec raison, de la
prétention suivant laquelle le médecin traitant avait un
rôle important et prioritaire. On se rend compte que, dans la loi 42, ce
n'est pas du tout comme cela que ça se passe. Le médecin traitant
n'a à peu près plus aucune signification avec les multiples
niveaux de contestation qui sont instaurés dans la loi et surtout quand
le ministre donne la directive à sa présidente de la CSST de
systématiquement contester presque toutes les évaluations
médicales qui proviennent d'un médecin traitant. J'aurai
l'occasion d'y revenir et de citer des déclarations qu'elle a faites. Je
pense que cela doit être exact. Si le ministre peut se vanter aujourd'hui
que le déficit de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail a été passablement
résorbé, il faut voir comment. C'est exact. Je suis très
heureux de cela. Mais quand c'est uniquement sur le dos des travailleurs,
là, c'est inquiétant. Et je pense qu'il faut questionner cet
aspect.
Il n'y a absolument rien concernant le fameux organisme qui, je le sais,
fatigue énormément le ministre du Travail qui s'appelle le CCTMO.
Nous, on sait qu'il veut le faire sauter, sauf que le CCTMO a toujours
prétendu qu'il avait un rôle important à jouer dans les
relations du travail au Québec, parce que c'est l'instance qui a
développé une certaine expertise pour aviser et conseiller le
ministre. Il n'y a absolument rien là-dessus, si ce ne sont ces
nombreuses semaines et ces nombreuses heures consacrées aux
réformes avortées et constamment reprises, qui ne se traduisent
jamais par une orientation concrète au niveau du terrain. Il avait
indiqué qu'il avait l'intention... Et sa présence pendant de
nombreuses heures à la commission pour ce qui est de la réforme
de laide sociale, l'avait convaincu qu'il y avait lieu d'avoir là aussi
une instance-conseil parce que, effectivement, en ce qui regarde les
problèmes de la sécurité du revenu, il y a des
difficultés, il y a des gens qui ont des choses à dire. Et c'est
exact. On n'a jamais opposé cela à la création d'une
instance plus spécialisée pour conseiller le ministre au sujet
des relations du travail. Dans ce sens-là, il est étonnant que le
ministre persiste dans sa volonté d'intégrer deux organismes qui,
à ma connaissance, ne devraient pas l'être manifestement puisque
tous les intervenants le lui déconseillent. (10 h 30)
Mais c'est un peu ce qui se passe avec ce ministre du Travail, chaque
fois qu'il y a unanimité sur quelque chose, on dirait que le ministre
veut la contrer. On avait l'occasion - et c'est concret, puisque c'est ce matin
- d'entendre tous les intervenant dans le domaine des décrets dire:
C'est un régime qui va bien, c'est un régime qui permet de
fonctionner normalement. Et autant les gens du patronat concerné par ce
type de modèle que les gens qui vivent l'application du régime
des décrets disaient ce matin: Nous, on souhaiterait que cela demeure
tel quel, quitte à ce qu'il y ait des modifications, mais pas cette
inquiétude totale, cette inaction totale qui fait que tout le monde ne
sait pas où on s'en va. Cela permettait à M. Laberge, disait-on
hier, de souligner l'incongruité de la situation. Je n'aurais jamais cru
voir, un jour, un régime de relations du travail qui fonctionne, qui est
appuyé par l'ensemble des gens qui ont à le vivre, menacé
d'être supprimé par le ministre. Ce qui marche, on dirait que,
lui, cela ne l'intéresse pas et qu'il veut changer ces
choses-là.
M. le Président, c'est un peu mes remarques d'ouverture en
indiquant que c'est certain qu'on aura l'occasion, au cours des prochaines
heures, même si c'est un débat assez court, de revenir
systématiquement sur les points suivants. Je les résume. Moi, ce
que je voudrais toucher c'est bien sûr la nouvelle Commission des
relations du travail. Qu'est-ce qui se passe concrètement? Je
répète que c'était la révolution dans son discours
de deuxième lecture à l'Assemblée nationale, en
février et mars 1987. Donc, un an et quelques mois plus tard,
étant convaincu qu'il y avait urgence de mettre cela en application
dès le début de l'automne 1987, ses devoirs ayant
été très mal faits, on a dû arrêter
l'opération en juin 1987 parce que tous les intervenants disaient que
ça n'avait pas de bon sens, y compris le premier ministre. Dans ce
temps-là, il l'appelait à peu près aux demi-heures pour
lui dire: Où est-ce que tu t'en vas avec cette réforme? Il a
été obligé de négocier avec le premier ministre
jusqu'à ce que le premier ministre lui fasse comprendre que cela n'avait
pas de bon sens,
qu'il fallait qu'il s'arrête.
C'est ce qui est arrivé en juin 1988. On n'en a pas entendu
parler parce qu'on pensait qu'il avait oublié cette réforme mal
foutue. Il a décidé, à la dernière minute, de nous
remettre cela dans les pattes à la fin de la session de décembre
1987, dans la situation toujours pénible d'une fin de session. Tout le
monde sait comment cela se passe en fin de session. Dans les derniers jours
avec quelques modifications arrachées grâce à une vigilance
sans précédent des concernés et de l'Opposition, on
était en mesure d'apporter quelques petites bonifications. Là, on
s'attendait que la promulgation de la Commission des relations du travail qui
était l'instance et l'outil d'avenir pour, comme il le souhaitait, et je
pense qu'un ministre responsable des relations du travail doit toujours
souhaiter cela, que les relations du travail soient les plus harmonieuses et
les plus innovatrices possible et permettent que les parties puissent davantage
se parler que de s'affronter dans un contexte qui le favorise.
Là, on avait tout un beau discours sur une médiation
préventive, un travail préventif qui conditionnerait la
mentalité des parties et, dans ce sens-là, il souhaitait que les
parties puissent effectivement réformer et se conditionner mieux
à des relations du travail plus civilisées dans un contexte plus
serein. Et c'est la Commission des relations du travail qui devait donner cela.
Aujourd'hui, on est rendu à la fin d'avril et on est dans une
espèce de chasse aux sorcières avec une firme. On n'a jamais vu
cela que des gens recourent à une firme privée et recourent
presque à la recherche de quasi-juges dans un domaine très
spécialisé. Il y a une instance qui aurait aimé en
entendre parler, le CCTMO, où les gens sont quand même
spécialisés dans ce secteur et dire: Nous, on pourrait te
conseiller des personnalités qui pourraient accepter la
présidence. On a eu toute la saga du président nommée et
discutée avec les centrales syndicales.
À un moment donné, le premier ministre a parlé au
ministre du Travail qu'il ne veut rien savoir de ces "deals" en dessous de la
table. Là, le ministre du Travail nous a dit: Écoutez, je n'ai
jamais rien "dealé". Alors que c'est manifeste. Louis Laberge, le
président de la FTQ, la CSN et Ghislain Dufour du Conseil du patronat
ont été dans le coup. Ils ont été consultés
sur l'éventuel président. On a même abandonné des
orientations de la Commission des relations du travail. On en a retenu d'autres
en mettant en jeu la candidature à la présidence de M. Raynald
Fréchette. Aujourd'hui, on ne sait pas où c'est rendu,
c'est-à-dire qu'on sait que c'est rendu, mais ce n'est plus rendu du
tout dans le canal des engagements du ministre du Travail. C'est une firme
privée qu'on va questionner tantôt.
Une autre chose que je veux absolument vérifier et qui
m'apparaît importante, parce que... Là j'ai plusieurs questions
à poser sur la Commission des relations du travail, il y a toute la
question des décrets, je l'ai indiqué tantôt, le
régime des décrets, où cela en est, où le ministre
du Travail s'en va avec cela? L'autre question que je voudrais poser, c'est au
sujet de la Commission des normes du travail. Un jour, un samedi matin, le
ministre se réveille, après son jogging, et il décide
d'indiquer qu'il a l'intention de faire une grosse réforme de la
Commission des normes du travail. On n'en a plus jamais entendu parler comme
parlementaires, pas plus les siens que les miens. On ne sait, en aucune
façon, où il va avec cela. Il n'a rien déposé de
concret, il n'a rien indiqué de précis. C'est la même chose
pour la Commission de la santé et de la sécurité du
travail. Je pense qu'il y a des questions de fond qu'il va falloir aborder.
Est-ce que, oui ou non, le ministre convient qu'il y aurait lieu de revoir en
particulier la loi 42? Est-ce que, oui ou non, il est légitime
d'envisager qu'un jour on reviendra à une formule d'indexation pour les
prestations des travailleurs, en particulier pour les deux régimes que
j'ai évoqués tantôt, la stabilisation sociale et la
stabilisation économique? Il y a toute la question du régime
d'arbitrage qu'il faudrait regarder, comment cela fonctionne, parce qu'on a mis
la main sur certaines informations qui sont inquiétantes. De même,
je l'ai mentionné tantôt, le système d'évaluation
médicale sous le régime de la loi 42.
Il y a aussi, en plus court, quelques questions que je vais vouloir
poser sur la Commission de la construction, en particulier sur les fameux cours
qui doivent être donnés incessamment, à partir du 22 avril,
cours de connaissances minimales et générales sur l'industrie de
la construction pour la formation des manoeuvres. Ce sont les principales
questions que je vais vouloir aborder.
M. le Président, mes remarques préliminaires étant
faites, je suis prêt à commencer tout de suite avec la Commission
des relations du travail, à moins que d'autres collègues n'aient
des remarques préliminaires.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest et critique de l'Opposition officielle.
Est-ce qu'il y a d'autres remarques de la part des députés? M. le
député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: M. le Président, j'aimerais juste prendre
quelques secondes pour indiquer au ministre que, bien sûr, en 1983, 1984,
1985, 1986, 1987 et 1988, j'ai suivi l'étude des crédits du
ministère du Travail, notamment ceux de la CSST, pour un problème
qui existe et qui perdure au Québec, celui de la disproportion des taux
de cotisation à la CSST pour les pêcheurs côtiers et pour
les pêcheurs hauturiers. J'espère que dans les quatre heures que
nous passerons ici, on aura quelques minutes pour regarder ce problème.
Cela touche quand même une proportion des travail-
leurs de la mer, comme on peut les appeler, qui, à mon avis, ont
toujours été défavorisés par ces taux malgré
que, depuis quelques années, il y ait eu une recrudescence. Ces
travailleurs sont drôlement affectés et, bien souvent, cela met en
péril la petite entreprise familiale. On pourra regarder cela.
Il y a un autre point que le député d'Abitibi-Ouest a
soulevé, et je suis très heureux que ce soit lui-même qui
l'ait fait, il s'agit du statut du médecin traitant dans la loi 42.
À l'époque où la loi 42 a été adoptée
à l'Assemblée nationale, pendant les 22 semaines qu'a duré
la commission parlementaire, malheureusement, nous avons manqué la
présence du député d'Abitibi-Ouest qui se serait joint aux
voix de l'Opposition pour donner un meilleur statut au médecin traitant.
Je suis tout à fait d'accord avec lui pour dire que, si la loi 42 avait
été faite dans un meilleur esprit, on ne se serait pas
réveillé avec un problème pareil aujourd'hui. Je suis
très intéressé à sa demande de pardon afin de se
joindre à nous pour apporter une solution à ce problème
qui est stagnant. Je suis très heureux également de constater que
son ouverture d'esprit n'est pas la même que celle qu'il avait en 1985.
Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Saguenay. Est-ce que d'autres parlementaires veulent
intervenir pour faire des remarques préliminaires? M. le ministre,
est-ce que vous avez une intervention à faire?
M. Pierre Paradis (réplique)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, avant qu'on procède
aux questions, très rapidement. J'ai pris bonne note des propos que le
député de Saguenay a soulevés. Je prends également
bonne note que, parmi les parlementaires autour de la table, il est sans doute
le doyen dans la continuité de nos travaux, ayant participé
à l'étude des crédits du ministère du Travail
depuis 1983, comme il l'a indiqué.
Quant aux propos du député d'Abitibi-Ouest qui, au
début, ont été très critiques à l'endroit du
ministre, je comprends que son importante fonction de leader de l'Opposition
fasse en sorte qu'il n'ait pas tout le temps qu'il souhaiterait avoir pour
fouiller à fond les dossiers de relations du travail et que cela
l'amène à exprimer certains propos auxquels on pensait avoir
apporté, en tout cas, en partie, des réponses dans les notes
d'ouverture. À moins que ce ne soit le député de Taillon
qui l'ait trop dérangé. Je sais que c'est également
relié à sa fonction de leader de l'Opposition et je ne lui en
fait absolument pas grief. Il s'agit, dans notre système parlementaire,
M. le Président, vous en conviendrez, d'une fonction très
importante.
Maintenant, le député d'Abitibi-Ouest avait
également raison de souligner qu'il n'y avait pas dans mes remarques
préliminaires - ce n'est pas parce que cela lui a échappé
durant la conversation qu'il a eue avec le député de Taillon - de
commentaires sur la question des décrets de conventions collectives. Je
pensais que les réponses apportées, que vous retrouvez dans
l'ensemble des quotidiens de ce matin auraient pu vous éclairer et vous
satisfaire. Si ce n'est pas le cas, je demeure disponible pour apporter les
précisions que vous pourriez requérir.
Quant à l'autre élément qui était
également absent, vous aviez raison de souligner toute la question de la
Commission des normes du travail. Je n'ai pas d'objection à en discuter
si vous me donnez un petit peu de temps, au cours des présents
crédits. Mais la Commission des normes relève du ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, donc, j'avais
tenu pour acquis que Mme la députée de Maisonneuve m'adresserait
ces questions au cours de l'étude des crédits qui aurait lieu la
semaine prochaine. Sur ce, M. le Président, je suis prêt à
répondre aux questions.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Abitibi-Ouest.
Commission des relations du travail
M. Gendron: Oui, M. le Président. Je vais commencer tout
de suite sur une série de questions qui entoure la Commission des
relations du travail et son avenir, si jamais elle en a un. La première"
question c'est concernant le mandat de la firme Price Waterhouse, je voudrais
savoir du ministre du Travail, "depuis quand cette firme a un mandat
précis du ministre du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que la façon la
plus pratique et la plus exacte de répondre à une question aussi
précise est peut-être de communiquer à la commission les
mandats qui ont été confiés à la firme dans leur
totalité, ce qui inclurait le montant qui est commis, les
périodes de temps et les mandats tels que libellés avec la firme.
Je demande à mes adjoints de trouver ces contrats et de les communiquer
aux membres de la commission.
M. Gendron: Je veux bien attendre, mais c'est un peu
étonnant. Je suis convaincu que le ministre du Travail qui est
responsable du ministère n'a sûrement pas confié, par un
coup de téléphone, un mandat à la firme Price
Waterhouse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est pour cela que je vous offre
les documents écrits.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que vous en
avez une copie ici, M. le ministre?
Une voix: On va le sortir.
Le Président (M. Théorêt): Alors, on va
en
faire faire des copies immédiatement par le
secrétariat.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. C'est justement...
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que vous
voulez avoir le document, ou si vous voulez qu'il réponde à
partir du document?
M. Gendron: Non. Je veux avoir une copie. Le Président
(M. Théorêt): D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous acceptez, je peux
m'engager à vous fournir l'original. J'ai également le contrat
qui a été signé par le sous-ministre, M. Désilets,
mais je n'ai pas l'original signé.
M. Gendron: J'aimerais qu'on puisse l'avoir. Je n'exige pas
l'original signé. Si vous avez ici une copie du contrat, cela me
satisferait.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'il est
parti faire les copies?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Théorêt): Ah bon! On va
laisser ce document-là. On va en faire faire des photocopies
après coup. Mais on va le laisser, pour accélérer les
travaux de la commission. (10 h 45)
M. Gendron: Même si, M. le ministre, la date de la
signature de ce contrat n'apparaît pas ici, est-ce que le ministre du
Travail se rappelle à quel moment ce contrat a été
signé avec la firme Price Waterhouse?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne l'ai pas signé. Si
vous regardez la première page, c'est le sous-ministre qui signe ces
documents au nom du ministère, même si c'est marqué "le
ministre". Au début, dans les définitions, vous avez "le ministre
représenté par le sous-ministre", si ma mémoire est
fidèle.
M. Gendron: Oui, mais peu importe que ce soit le sous-ministre ou
le ministre, le ministre doit sûrement savoir, pour un document
d'importance comme ça, à quel moment a eu lieu la signature avec
la firme Price Waterhouse?
M. Désilets (Raymond): De mémoire, fin
février.
M. Gendron: Fin février?
M. Désilets: Excusez-moi, fin mars.
M. Gendron: Alors, si le contrat a été signé
à la fin de mars, comment le ministre du travail explique-t-il que,
dès le 20 février, une annonce de Price Waterhouse était
publiée dans un quotidien montréalais, offrant des emplois en
! ressources humaines et en relations du travail pour une
organisation prestigieuse qui est celle dont on parle, la Commission des
relations du travail? Comment s'explique que la firme a été
autorisée à faire des publications officielles avant la signature
de son contrat ou de son mandat du ministère du Travail?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le sous-ministre est prêt
à répondre.
M. Désilets: M. le Président, nous avons
procédé en deux étapes au ministère du Travail.
Nous avons demandé une première évaluation dans le cadre
d'un contrat que le sous-ministre en titre ou les sous-ministres adjoints sont
autorisés à signer, en bas de 5000 $, pour une première
évaluation de ce que pourrait coûter, éventuellement...
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que vous
pouvez vous identifier juste pour l'enregistrement des débats?
M. Désilets: Raymond Désilets, sous-ministre par
intérim, ministère du Travail.
Le Président (M. Théorêt): Parfait.
M. Désilets: Un premier contrat, selon les règles
établies par le Conseil du trésor, doit être
inférieur à 5000 $, pour une première évaluation,
en fonction des coûts éventuels de ce qu'une telle étude
pourrait coûter. C'est pour cela que, dans un premier temps, la firme
Price Waterhouse a décidé de publier - si vous remarquez, sans
mettre le nom de la commission - pour le recrutement éventuel de ces
postes.
Dans un deuxième temps, avec l'autorisation du Conseil du
trésor, nous avons procédé à la signature du
contrat. Mais cela s'est fait en deux temps.
M. Gendron: Dans la recherche de candidatures par la firme Price
Waterhouse, est-ce que le ministre du Travail est en mesure de nous indiquer
combien de candidatures ont été reçues au moment où
on se parle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le chiffre qui m'a
été communiqué et que j'ai le plus frais à la
mémoire est aux environs de 330 individus qui auraient soit
manifesté de l'intérêt, soit été
contactés par la firme Price Waterhouse pour l'ensemble des postes qui
seraient ouverts.
M. Gendron: Vous comprendrez, M. le ministre, que je n'ai pas eu
le temps de prendre connaissance en détail du contrat. Je viens de
l'avoir et il a quand même huit ou neuf pages. La question que je pose au
ministre est celle-ci: Dans le libellé contractuel, est-ce que,
manifes-
tement, la firme devait envisager la recherche de candidatures pour des
postes autres que président, vice-présidents et commissaires?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas inclus dans son
mandat. Ce sont pour les postes que vous avez
énumérés.
M. Gendron: Président, vice-présidents et
commissaires. Donc, il y avait...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vice-présidents au pluriel
et commissaires au pluriel.
M. Gendron: Président au singulier, vice-présidents
au pluriel et commissaires au pluriel, on comprend cela avec le nombre de
candidatures. Est-ce que le ministre peut confirmer que, dans un premier temps,
lorsqu'on regarde le texte du contrat avec la firme Price Waterhouse, il est
évident que c'était pour arriver à la fin à
suggérer une série de noms de personnes qui,
éventuellement, pourraient être disponibles ou
intéressées par les postes de président,
vice-présidents et commissaires?
En ce sens, est-ce qu'il peut m'expliquer davantage l'objectif de faire
un précontrat qui ne requiert pas l'autorisation du Conseil du
trésor, 5000 $ et moins, sachant qu'après il ferait une demande
plus importante en termes de coûts, au Conseil du trésor, pour
faire la recherche des candidats additionnels?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan administratif...
M. Gendron: Précisément et très
succinctement, quel était le mandat ou le prémandat de la firme
Price Waterhouse?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Là aussi, il existe...
M. Gendron: Non, ça, c'est le Conseil du trésor,
après...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Cela, c'est le mandat; je parle du
prémandat.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Là aussi, il existe un
écrit. Il n'y a rien de plus exact que de se référer aux
écrits. Si on l'a avec nous, on peut vous le soumettre. Il y a un
écrit, on ne l'a pas ici, mais on peut vous l'acheminer. En se
référant à l'écrit, on risque d'éviter des
erreurs.
M. Gendron: M. le Président, j'aimerais que le
secrétaire prenne note que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce sera acheminé à
la commission.
M. Gendron: D'accord.
Le Président (M. Théorêt): Parfait.
M. Gendron: Toujours pour ne pas avoir eu l'occasion de prendre
connaissance des détails du contrat de la firme Price Waterhouse avec le
contractant qui était le ministère du Travail, est-ce que le
ministre du Travail peut m'indiquer l'échéancier précis
qui a été donné à la firme? Selon nos informations,
on a appris que la firme Price Waterhouse devait fournir les candidatures avant
le 1er avril. Est-ce que c'est bel et bien l'échéancier et la
seule date qui figurait au contrat avec la firme et est-ce que le ministre
entend reporter ou modifier cet échéancier?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce dont je me souviens, c'est que,
dans la demande que j'ai adressée au Conseil du trésor, j'avais
effectivement indiqué la date que vous venez de mentionner. Maintenant,
dans le contrat signé par le sous-ministre, la date a été
modifiée pour celle du 15 mai.
M. Gendron: Dans le contrat dont je vais pouvoir prendre
connaissance, vous êtes en train de m'informer que ce n'est plus le 1er
avril, mais le 15 mai?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans la demande adressée au
Conseil du trésor sous la signature du ministre et du sous-ministre, la
date fixée était le 1er avril. Maintenant, à la suite de
négociations qui ont sans doute eu lieu - et vous êtes à
même de le demander au sous-ministre qui est présent et qui a
signé le contrat - entre la firme et le sous-ministre du
ministère, la date du 15 mai aurait été indiquée au
contrat que vous avez présentement sous la main.
M. Gendron: Un instant... Dans le contrat avec la firme Price
Waterhouse, est-ce que le ministère du Travail a fourni ou donné
un profil passablement détaillé de ses attentes par rapport aux
postes de président, de vice-présidents et de commissaires ou si
on a tout simplement fait mention qu'on était à la recherche d'un
président, de vice-présidents ou de commissaires? Quelle
était la connaissance précise de la firme Price Waterhouse quant
aux exigences, aux attentes du poste, a la spécificité
fonctionnelle de chacune des responsabilités?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Afin d'avoir l'exactitude du
profil - on sait qu'il y a un profil - je demanderais au sous-ministre par
intérim de vous donner le détail de ce qui est convenu dans le
contrat écrit.
M. Désilets: II y a un comité d'implantation qui
existe sur la Commission des relations du travail, au ministère du
Travail. Au comité
d'implantation, avec des collègues de travail, nous avons fait un
certain profil des postes éventuels de président, de
vice-présidents et de commissaires. Nous sommes même allés
jusqu'à la description d'emploi de chacun de ces postes et de toute leur
structure administrative. Ce sont des documents qui peuvent être connus,
selon les besoins, natla firme Price Waterhouse.
M. Gendron: Est-ce que le ministre du Travail pourrait nous
indiquer, de façon un peu plus précise et
détaillée, comment procède la firme Price Waterhouse dans
cette recherche, comme chasseur de têtes, de personnes hautement
qualifiées pour envisager de les retenir à de tels postes?
Comment procèdent-ils, avec un peu plus de détails que
strictement mettre une annonce dans le journal, parce que j'ai des questions
reliées au coût?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sans être, et loin de
l'être, un spécialiste dans le domaine, pour n'avoir jamais
oeuvré au sein d'une telle firme ou n'avoir jamais effectué de
telles opérations, je pense qu'il est de connaissance
générale, et vous devez sans doute également le savoir,
que ces firmes procèdent par le moyen que vous avez mentionné, un
peu un type d'invitation publique dans ce genre de concours. Ces firmes sont
également généralement embauchées par plusieurs
entreprises qui recherchent des personnes avec des qualités qui, dans
l'ensemble ou pour une partie, peuvent rejoindre certaines des qualités
qui sont recherchées chez les personnes qui pourraient assumer des
fonctions. Ils conservent généralement, d'un mandat à
l'autre, des banques de données, des informations pertinentes et de
l'expérience. Selon ce qu'on me dit, la firme concernée serait
très compétente dans le domaine et fonctionnerait,
habituellement, suivant les règles de l'art généralement
reconnues, qui sont sans doute beaucoup plus complexes que celles que je viens
de tenter, bien maladroitement, je m'en excuse, de vous résumer.
M. Gendron: Est-ce que le ministre du Travail peut nous indiquer,
parce que si on lit le CT: autoriser le ministère du Travail à
retenir les services de la firme Price Waterhouse... Je ne suis pas un
spécialiste de tout, sauf que la question que je pose, c'est: Pourquoi
Price Waterhouse? Quelle expérience cette firme a-t-elle
précisément dans le domaine des relations du travail et dans un
domaine où, effectivement... C'est toujours selon les dires propres du
ministre du Travail. Il faut se rappeler ses discours en commission
parlementaire, que ce soit en deuxième ou troisième lecture, ses
longs discours en commission plénière où on a
étudié le projet de loi article par article. Combien il
était important pour le niveau d'indépendance et de
crédibilité de cette éventuelle commission de s'assurer de
la haute compétence et de la très grande qualité
professionnelle, j'allais même dire dignité professionnelle, de
ces personnes pour, dès le départ, consacrer la plus grande
crédibilité possible. Et jamais on n'a entendu le ministre du
Travail s'exprimer sur les critères qui l'auraient amené à
sélectionner comme cela, sans aucune justification ou analyse, la firme
Price Waterhouse pour dire: Bon, c'est la firme la plus pertinente, la plus
habilitée, qui a la plus grande expérience pour être en
mesure de faire ma "job" à ma place. Alors, c'est quoi les
critères qui vous ont guidé, M. le Ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour traiter de ce type de
dossier, il n'existe quand même pas une multitude infinie de firmes. Je
vais vous donner un exemple. Je n'en connais pas, dans mon comté, des
firmes qui font cela. Je ne sais pas si vous en connaissez dans votre
comté. Elles sont généralement installées dans les
plus importantes municipalités au Québec, qu'il s'agisse de
Québec ou de Montréal. On m'indique que, dans ce qu'on appelle
les firmes de chasseurs de têtes, pour vous mentionner quelques noms,
vous pouvez avoir Peat Marwick, Touche Ross, Price Waterhouse, peut-être
même que Samson Bélair, la maison de comptables, effectue ce genre
de travail à l'occasion.
M. Gendron: C'est ce qu'on a comme information, que Samson
Bélair en fait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Ce que l'on me dit,
c'est que ces firmes jouissent généralement d'une excellente
réputation et, parmi les firmes qui jouissent de cette excellente
réputation qui, à notre avis, est difficile à critiquer,
à moins que vous n'ayez des informations que l'on ne détient pas,
la firme Price Waterhouse figure parmi les meilleures de ces firmes.
Maintenant, vous avez raison d'insister sur le fait que le personnel qui
occupera ou les individus qui occuperont les fonctions de président, de
vice-présidents ou de commissaires sont des individus très
importants. C'est pourquoi il nous a semblé opportun, dans les
circonstances, d'agir avec le maximum d'efficacité, de prudence et de
sagesse. C'est pourquoi nous avions également inclus dans la loi, si
vous vous en souvenez, à l'époque également - parce que
vous l'avez mentionné tantôt dans vos remarques
préliminaires - l'obligation légale de consulter le Conseil
consultatif du travail et de la main d'oeuvre, qui possède
également des connaissances dans le domaine. (11 heures)
Mais il nous semble, et je pense que les faits nous donnent raison
aujourd'hui, qu'avec plus de 300 candidatures, il s'agit quand même d'un
travail très important et, constatant aujourd'hui le nombre de ces
candidatures qui est plus élevé que celui auquel je m'attendais
comme ministre, que nous avons pris la bonne décision. Les autres
étapes du processus de consultation
vont quand même être suivies et les étapes
obligatoires expressément prévues dans la loi et même
celles qui, dans la loi, apparaissent comme des étapes accessoires
peut-être pas obligatoires. Nous entendons procéder à la
consultation la plus large et la plus vaste possible avec les partenaires parce
que, de la nomination de ces individus, dépend, et je pense que tous les
intervenants l'ont souligné, la crédibilité sur le plan du
fonctionnement de cette Commission des relations du travail, qui aura un
rôle très important à jouer.
M. Gendron: Je veux bien que le ministre du Travail commente
à nouveau les questions que j'ai posées, mais la question ne
portait pas sur l'importance, être surpris du nombre, etc. Il
reconnaît très clairement que, en plus de la firme Price
Waterhouse - je n'ai pas les chiffres ici, mais c'est ce qu'on m'indique - il y
a six à sept firmes au maximum au Québec qui font une telle
expertise. Et dire qu'il n'y en a pas dans mon comté, cela ne
règle pas le problème, je sais qu'il n'y en a pas dans mon
comté. Je ne voulais pas nécessairement qu'ils viennent dans mon
comté. La question que je pose, c'est que, normalement, pour un mandat
professionnel de cette envergure, quand il y en a peu justement,
habituellement, on détient, et surtout au ministère du Travail,
des informations précises concernant la pertinence et
l'expérience de ces firmes. Si le ministère du Travail ne les
avait pas, il y a d'autres instances qui les ont. Le Conseil du trésor a
sûrement des informations sur l'expérience professionnelle de
Touche Ross et Associés, par exemple, ou des autres firmes. Alors, la
question que j'ai posée c'est: Pourquoi avoir retenu Price Waterhouse?
Il doit y avoir une raison, puisqu'il y en a sept autres, six autres si on
élimine Price Waterhouse. Deuxièmement, même si je
reconnais que la firme Price Waterhouse fait ce qu'on appelle essayer de
trouver de hautes candidatures pour des postes majeurs importants, ce qu'on
appelle communément dans le jargon être des chasseurs de
têtes, sans être péjoratif, sur la qualification des
personnes. Puisque le ministère du Travail s'est arrêté sur
cette firme, est-ce qu'il diposait d'informations privilégiées
indiquant que c'était la firme ayant la plus grande expérience et
étant la plus en mesure de réaliser un mandat opportun comme
celui-là? Il me semble que ce n'est pas la façon traditionnelle
de travailler ou de procéder. Règle générale, on va
quérir des informations et on y va sous forme d'appels d'offres
où on justifie pourquoi on a retenu telle firme plutôt que telle
autre. Ce sont ces informations que j'aimerais avoir du ministre du
Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moi, je suis d'emblée
d'accord avec les propos tenus par le député d'Abitibi-Ouest qui
nous indique qu'il existe cinq, six ou sept firmes. Au ministère du
Travail nous ne possédons pas, parce que ce n'est pas une pratique
courante de créer une Commission des relations du travail ou ce type
d'organisme au ministère, une expertise ad hoc spéciale dans le
cas des firmes, pour utiliser l'expression consacrée maintenant, de
chasseurs de têtes. Nous les connaissons de réputation un peu
peut-être comme vous les connaissez. Je ne pense pas que vous adressiez,
par vos propos, sur le plan de la qualité des travaux ou de l'expertise,
quelque reproche que ce soit à Price Waterhouse. Cette firme nous est
apparue également comme étant l'une des firmes les plus
qualifiées oeuvrant au Québec.
Maintenant, sur la question de savoir pourquoi choisir Price Waterhouse,
alors qu'il existe d'autres procédures, votre question relève du
procédé, et vous avez déjà siégé au
Conseil du trésor, habituellement utilisé au Conseil du
trésor où on invite par soumissions, etc. Si c'est dans Rosalie,
on procède par sélection. Cela nous arrive au ministère du
Travail d'utiliser des procédures qui, comme dans d'autres
ministères, sont par dérogation. Justement lorsqu'on le fait,
habituellement, moi, je pense que, dans à peu près tous les cas
au ministère du Travail où j'ai eu à le faire, il
s'agissait de cas qui étaient motivés ou justifiés par
l'urgence d'agir. Vous avez vous-même souligné dans vos notes ou
remarques d'introduction que la commission était censée
être en exercice à l'automne, au printemps, etc. Nous tentons,
dans ce dossier, étant donné que, comme je l'ai
déjà indiqué au cours de l'étude article par
article, des individus concernés vivent présentement des
situations qui, sur le plan humain, ne sont pas d'une sécurité
totale et entière, nous avons tenté de procéder le plus
rapidement possible et, pour ce faire, nous avons demandé au Conseil du
trésor de procéder par dérogation. L'un des
éléments que nous avons inclus dans cette demande que nous avons
adressée au Conseil du trésor, et dont nous vous avons transmis
une copie, se retrouve au quatrième paragraphe.
Sur le plan des coûts, nous avons quand même effectué
certaines vérifications et nous avons indiqué au Conseil du
trésor que, quant au coût exigé, le ministère le
considère inférieur à ce qui se négocie sur le
marché présentement, soit environ 3200 $ par poste, alors que le
marché exige habituellement 20 % du salaire à payer. Cela fait
suite à une vérification qui a été effectuée
par le ministère. Donc, sur le plan des coûts, nous
prétendons qu'il n'y a pas là surpaiement et que, au contraire,
il pourrait y avoir de la part du ministère une économie sur le
plan financier. Et sur le plan du fonctionnement, nous avons voulu agir avec le
maximum de célérité, compte tenu des arguments que je vous
ai présentés.
M. Gendron: Le ministère du Travail a-t-il demandé
une dérogation au Conseil du trésor pour procéder comme il
est mentionné dans l'objet de la demande? C'est très clair, on
dit...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est exactement ce que vous avez
devant vous, ce que nous vous avons remis comme document qui a
été signé le 17 février 1988 par le sous-ministre,
M. Désilets, et par celui qui vous parie. Le dernier paragraphe du
document que nous vous avons remis est libellé comme suit:
Considérant l'impact de la commission et l'urgence d'agir, le
ministère du Travail demande au Conseil du trésor l'autorisation
de réaliser ce recrutement et cette évaluation et de
déroger...
M. Gendron: Déroger.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...pour le réaliser,
à la procédure habituelle en embauchant directement la firme
Price Waterhouse.
M. Gendron: Quand le ministre du Travail a-t-il annoncé
officiellement que le firme Price Waterhouse avait été
retenue?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne pense pas avoir fait
d'annonce officielle à ce sujet. Cela a sorti, je pense... Vous
connaissez le monde du travail et vous savez que, lorsque quelque chose bouge
et que deux personnes sont au courant, il ne s'agit plus d'un secret. La
nouvelle a été annoncée, si ma mémoire est
fidèle, par le quotidien Le Devoir qui l'a mentionné a un
moment donné. Ce que je vous dirai, c'est qu'à partir du 17
février 1988, j'ai adressé pour le mandat, jusqu'à un
maximum de 83 000 $, une demande officielle. Mais auparavant, comme le
sous-ministre vous l'a indiqué, il y avait eu un contrat
d'évaluation de l'ampleur de la tâche - je n'ai pas la date exacte
- dont nous vous transmettrons copie. Vous pourrez voir la date exacte à
ce moment-là.
M. Gendron: J'espère que le ministre du Travail suit un
peu l'évolution de ce dossier parce que, là, on arrive, je pense,
à la chose la plus curieuse. La firme est au travail le 20
février dans une annonce; le 17, le ministre du Travail avait obtenu,
non pas obtenu excusez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...demandé.
M. Gendron: ...signé une demande de dérogation. Je
ne suis pas sûr qu'il avait la réponse le 20 février, mais
indépendamment de cela, le 20 février - parce que je n'ai pas le
moyen de savoir si le ministre avait eu une réponse - la firme Price
Waterhouse faisait publier une annonce disant: Nous sommes à la
recherche de candidatures, patati, patata... conformément au contrat qui
a été signé a posteriori.
Le deuxième fait troublant et...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux peut-être vous
arrêter sur le premier pour vous le nuancer au moins, si cela vous
trouble. Il a été clairement établi dans les
réponses que nous vous avons données qu'il y avait eu deux
contrats avec la firme Price Waterhouse. L'un ne commandait pas de
dérogation spéciale - vous connaissez bien les règles de
l'administration publique - et était inférieur à 5000 $.
À ce moment-là, il est certain que ce contrat était, de
mémoire, antérieur au 17 février 1988 et qu'il
était même antérieur à la date de la publication.
Les documents parlent d'eux-mêmes. Le premier contrat vous sera remis,
vous avez copie du deuxième contrat et jusqu'à maintenant, je ne
vois pas, comme ministre responsable, ce qui peut apparaître troublant
dans cette chaîne d'événements qui m'apparalt plutôt
une continuation dans le temps, qui est des plus logiques.
M. Gendron: C'est dans la question qui suit en ce qui me
concerne.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Gendron: Pourquoi un délai quand même assez long
entre la première annonce de la firme Price Waterhouse et un geste
officiel du ministère? J'ai ici un document du 24 mars 1988 du service
des communications du ministère du Travail qui indique que, pour
recruter le personnel de niveau supérieur de la future Commission des
relations du travail, le gouvernement du Québec fait appel au service de
la firme-conseil Price Waterhouse. Price Waterhouse doit soumettre au
gouvernement du Québec une liste de candidats et de candidates
potentiels pour occuper les postes suivants: président,
vice-présidents et commissaires. Les personnes intéressées
à poser leur candidature ou désireuses d'obtenir plus de
renseignements concernant les postes précités doivent faire
parvenir leur demande à l'une ou l'autre des adresses suivantes, et
ainsi de suite.
La question précise, c'est pourquoi n'a-t-on communiqué
l'information que le 24 mars à l'interne, alors que la firme
était au travail depuis un mois et une semaine préalablement?
À l'interne ou à l'externe, parce qu'à partir du moment
où vous publiez un document de la Direction des communications, le 24
mars, en disant que c'est Price Waterhouse qui est au travail, c'est sûr
que tout le monde de ta boîte le savait, tout le monde de l'interne le
savait et peut-être tout le monde de l'externe qui pouvait mettre la main
sur cette communication.
Alors, la question: C'est quoi la raison du délai de cinq
semaines entre le moment où Price Waterhouse était au travail sur
le plan public, la presse, et le moment où le ministère du
Travail, lui, pour ce qui est des personnes concernées qui seraient
intéressées éventuellement à postuler
là-dessus, l'apprend le 24 mars 1988?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis très
à l'aise pour répondre à votre question. Si vous
m'annoncez qu'il y a eu ou qu'il y aurait une autre communication publique qui
serait faite le 1er mai, je pense qu'on ne fait jamais trop de publicité
sans en faire un abus sur ce type de concours qui est ouvert et que tous les
efforts qui sont faits dans le but de prévenir, d'avertir, d'alerter, de
susciter l'intérêt du maximum possible de candidats potentiels
sont des efforts qui m'apparaissent, comme ministre responsable, non seulement
sains, mais louables de la part de tous les individus qui participent à
communiquer cette information, de façon qu'après, lorsque les
gens seront nommés, le moins d'individus possible puissent alerter soit
le ministre, soit l'Opposition officielle sur le fait qu'ils ou qu'elles n'ont
pas eu connaissance qu'il y avait des postes d'ouverts, que cela s'est fait en
catimini, que les gens n'ont pas eu les moyens raisonnables d'être mis au
courant, de poser leur candidature, etc.
Cette atmosphère de publicisation, d'ouverture, de communication,
je la trouve saine. Si l'Opposition avait des recommandations à nous
adresser, parce que les délais ne sont pas encore terminés, si
l'Opposition a été alertée qu'il y avait des poches de
sociétés ou des endroits où on aurait oublié
d'atteindre ou de rejoindre des candidats potentiels et intéressants, il
nous ferait plaisir soit de suggérer à Price Waterhouse, si c'est
dans leur mandat, de faire pour le ministère du Travail, sur le plan
administratif, la publicité nécessaire pour susciter ces
candidatures qui auraient pu être oubliées.
M. Gendron: M. le Président, ce n'est pas cela, la
question. La question, c'est pourquoi ce document n'a été
publié que le 24 mars 1988? S'il n'y a aucune raison et que c'est
arrivé comme cela, cela aurait pu être publié le 26
février. Pourquoi, le 24 mars 1988, la Direction des communications au
ministère du Travail indique que Price Waterhouse recrute?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que l'on me dit, c'est que
l'annonce ayant été publiée dans les journaux...
M. Gendron: Cinq semaines au préalable.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...il est apparu que toutes les
personnes qu'on aurait pu penser qu'elles auraient posé leur candidature
ne l'avaient pas fait. Il s'agissait d'un rappel de façon à
solliciter ces gens qui auraient pu se trouver à l'extérieur du
pays, en vacances, qui n'auraient pas pris connaissance de cette publication
dans les journaux, un rappel de façon à ne pas échapper
les ressources mieux connues par le ministère du Travail et donner une
chance égale à tous ces gens-là d'avoir accès
à ce concours. (11 h 15)
M. Gendron: Est-ce que ce ne serait pas plutôt...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Entre autres, le sous-ministre
m'indique les jeunes du centre de recherche, qui ne sont pas
nécessairement dans les relations du travail proprement dites, mais qui
pourraient avoir une expérience qui pourrait être
bénéfique, qui pourrait apporter une contribution. C'était
pour s'assurer que le maximum de gens étaient...
M. Gendron: Est-ce que ce ne serait pas plutôt parce que
les agents d'accréditation et les commissaires du travail à
l'interne de l'ancien BCGT, le Bureau du commissaire général du
travail, commençaient à trouver un petit peu odieux le processus
du ministre du Travail?
J'ai ici, pour peut-être éclairer la lanterne du ministre,
une lettre confidentielle qui m'a été transmise, indiquant que
les agents d'accréditation et les commissaires du travail vivaient et
vivent toujours dans l'incertitude sur ce qui leur arriverait pour ce qui est
du personnel actuel du Bureau du commissaire général du travail
et d'eux en particulier lorsque la nouvelle Commission des relations du travail
sera créée. Ce que ces gens-là ont appris, ils l'ont
appris comme tout le monde par les journaux et le Journal des débats
de l'Assemblée nationale. Il n'y a eu aucune rencontre formelle en
mars 1984 avec un sous-ministre, et ces gens-là ne savaient pas du tout
quel serait le projet, le caractère du projet définitif. Et je
comprends que ces gens-là ne savaient pas quelle allure aurait
définitivement le projet de loi créant la nouvelle Commission des
relations du travail tant que les étapes n'étaient pas
franchies.
Depuis que le projet a été adopté, aucune rencontre
n'a eu lieu avec ces gens-là, et, récemment, un avis de concours
par la firme Price Waterhouse était publié sans que personne au
BCGT ne nous dise que les futurs postes de la nouvelle commission s'obtiennent
en participant à ce concours. Ce n'est qu'à force de questionner
que, finalement, nous l'avons appris et, en ce qui concerne les agents
d'accréditation, vous trouverez en annexe l'avis qui leur a
été envoyé. Comme explication, je vous dis que ce n'est
pas drôle. Je vous lirai tantôt cette lettre qui a
été envoyée aux agents d'accréditation. Cela n'a
pas de bon sens. La lettre adressée aux commissaires par le commissaire
général du travail était plus claire sur les postes
visés, et on leur mentionnait que, probablement, leur dossier serait
transmis par le ministre à la firme - oui, c'est bien écrit -
serait transmis par le ministre à la firme Price Waterhouse mais, que
pour être certains, ils seraient bien mieux de transmettre
eux-mêmes leur curriculum vitae. Aucune mention du statut futur ni du
salaire. Dans le cas des agents d'accréditation, à l'article 120,
la loi prévoit que le président peut en nommer. Il n'est pas
obligé, dans la nouvelle loi, mais elle prévoit qu'il peut en
nommer. Je parle des agents d'accréditation, je vais y revenir.
N'étant pas syndicales - je termine - ces gens-là
s'inquiètent quant à leur protection, évidemment.
Après 20 ans de service, je pense que ce n'est pas une façon de
traiter des gens qui ont donné leur prestation de travail le plus
professionnellement possible, et il me semble que la décence minimale
aurait exigée qu'ils aient été rencontrés.
Voilà pourquoi, M. le Président, je faisais le lien,
tantôt, entre une firme qui fait une annonce, la première fois, le
20 février... Ces gens-là, en termes de communication officielle
du ministère ou du ministre, n'apprennent rien avant le 24 mars 1988,
alors qu'il n'y a aucune espèce de raison, en tout cas, je n'en vois
pas, que ces gens n'auraient pas pu être informés par directive
interne. Puisqu'on a décidé de le faire le 24 mars, pourquoi
n'a-t-on pas décidé de le faire le même jour ou quelques
jours avant que l'annonce paraisse? Cela aurait été un petit peu
plus convenable, un peu plus décent, un peu plus normal. Écoutez,
c'est le ministre qui s'occupe des relations du travail. Pensez-vous que c'est
la meilleure façon d'avoir de bonnes relations du travail de
procéder comme cela quant à l'interne? On n'a même pas
cette convenance par rapport à deux catégories de professionnels,
soit les agents d'accréditation et les commissaires du travail, qui
disent: On n'en revient pas qu'on soit complètement dans l« flou,
puis qu'à la fin, on se décide et on dise: Bien, écoutez,
faites donc comme tout le monde, indépendamment du passé,
indépendamment de votre carrière ici, envoyez vos curriculum
vitae à la firme Price Waterhouse qui, elle, décidera si vous
êtes retenus ou pas.
La question simple que je pose au ministre du Travail: Est-ce qu'il
trouve que c'est une façon correcte de procéder? Est-ce que
c'était convenable pour ces personnes qui sont en poste? Et, la
même question demeure: Comment se fait-il qu'il n'ait pas cru bon, lui,
comme ministre du Travail, de donner une directive interne indiquant que le
processus de recherche de candidats pour ces postes-là serait
confié à la firme Price Waterhouse et, dès le
début, exprimer à l'interne que, bien sûr il souhaitait -
j'espère - que les gens qui sont en exercice, qui ont
développé une expertise de travail et - probablement que le
ministre va partager au moins ce point de vue - qui connaissent le
régime et les conditions de travail à l'intérieur du
ministère, puissent avoir éventuellement la priorité
d'embauché à la nouvelle Commission des relations du travail?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis un peu
étonné des propos du député d'Abitibi-Ouest qui est
en train de suggérer au ministre du Travail d'accorder des
priorités d'embauché dans des postes de commissaires à la
Commission des relations du travail, alors que la loi...
M. Gendron: Pas des priorités d'embauché, je
m'excuse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est ce que vous venez
d'indiquer. Je suis stupéfait...
M. Gendron: Non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que je tente...
M. Gendron: M. le Président, un instant! Question de
règlement. Le ministre a raison. Si j'ai dit "priorité
d'embauché", je me suis mal exprimé. Ce n'est pas ce que je veux
dire. C'est au moins bénéficier de l'information
privilégiée parce que tout mon questionnement porte sur la
parution de l'annonce et l'information qui a été
communiquée le 24 mars. Je dis: Qu'est-ce que c'est ça? Comment
se fait-il qu'il y ait un délai de cinq semaines? C'est de cela que je
parle. Ce n'est pas d'une priorité d'embauché, c'est
évident.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Premièrement, je pense
qu'il faut discerner quelque chose sur le plan des faits. Au sujet de toute la
question des agents de relations du travail, la firme Price Waterhouse n'a
aucun...
M. Gendron: Les agents d'accréditation, on reviendra
là-dessus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...mandat sur les...
M. Gendron: Exact.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...agents de relation du travail,
et même le processus qui...
M. Gendron: Je suis bien d'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...est prévu pour la
sélection, je pense que c'est une fonction qui relèvera, suivant
la loi que nous allons voter à l'Assemblée nationale, des
fonctions présidentielles de la commission.
M. Gendron: Exact.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Maintenant, quant à
rejoindre le maximum de gens possible, nous continuons à déployer
tous les efforts. Si vous nous reprochez de ne pas avoir alerté - je
vous invite à nous le faire - un groupe de citoyens dans une
région où la communication n'aurait pas pu se rendre pour quelque
raison que ce soit, nous demeurons ouvert parce que nous souhaitons que tous
les individus qualifiés puissent avoir une chance de poser leur
candidature et de devenir soit président, soit vice-présidents,
soit commissaires à la Commission des relations du travail après
que le processus d'évaluation et de sélection
spécifiquement prévu dans la loi aura été
épuisé. Dès que ce processus aura été
complètement épuisé, et je pense qu'une
des étapes consiste à la recommandation par le ministre du
Travail au Conseil des ministres, je procéderai à cette
étape. Mais je ne peux, au moment où nous nous parlons,
procéder à cette étape, les prescriptions prévues
par la loi n'ayant pas encore été franchies. Mais ce qui
m'intéresse et ce qui m'inquiète, c'est le fait de pouvoir
rejoindre de la façon la plus objective possible chacune des ressources
humaines capables d'offrir de bons services, de façon que la commission
soit constituée, dans le plus parfait équilibre possible, des
meilleures ressources humaines.
M. Gendron: Le ministre du Travail vient d'affirmer, pour ce qui
est des agents de relations du travail ou agents d'accréditation - cela
va, agent de relations du travail ou agent d'accréditation, on se
comprend? - qu'il était clair que la firme Price Waterhouse n'aurait pas
à soumettre de candidatures pour ce genre de postes. Vous venez de
l'affirmer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas au ministre. Ce n'est pas le
ministre qui nomme, ce n'est pas le Conseil des ministres qui nomme, c'est le
président.
M. Gendron: Je le sais, c'est ce que je dis. Vous venez
d'affirmer que ce n'est pas la firme Price Waterhouse qui aura à
suggérer des candidatures pour ce genre de postes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, au ministre.
M. Gendron: ...parce qu'il est prévu dans la loi...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elle n'aura pas à
suggérer au ministre ou au Conseil des ministres ou au Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre qui doit être
consulté, etc.
M. Gendron: Je sais, c'est ce que je dis. M. Paradis
(Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Gendron: La question que je pose: Pourquoi alors le 26
février dans une communication à tous les agents
d'accréditation, le chef enquêteur, M. Raoul Joseph, que je ne
connais pas, qui doit sûrement bien faire sa "job", a-t-il indiqué
ceci, je le repète, à tous les agents d'accréditation: "Je
ne peux vous dire si les agents de relations du travail seront choisis à
partir des candidatures soumises à l'attention de Price Waterhouse".
Alors, la question: Pourquoi un chef enquêteur interne au
ministère donnait-il cette information à tous les agents
d'accréditation semant le doute, semant l'inquiétude et
créant effectivement un climat difficile à l'intérieur de
la boite, sachant très bien que c'était inexact de dire, dans une
note le 26 février, après que la firme Price Waterhouse eut
commencé son boulot et que, dans le contrat, c'était
très clair, très spécifique que c'était la
recherche pour les postes de président, vice-présidents et
commissaires à la nouvelle Commission des relations du travail, et non
des agents d'accréditation: "Je ne peux vous dire si les agents de
relation du travail seront choisis à partir des candidatures soumises
à l'attention de Price Waterhouse".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À moins qu'il n'y ait une
précision, je ne vois pas l'empêchement qu'aurait un agent de
relations du travail à postuler un emploi de commissaire à la
Commission des relations du travail. Je ne vois pas.
M. Gendron: Moi non plus, M. le Président, je ne vois pas
d'empêchement. Ce n'est pas cela la question, c'est que la lettre dit "je
ne peux vous dire si les agents de relations du travail seront choisis", comme
si on indiquait que la firme Price Waterhouse avait aussi la
responsabilité dorénavant de faire le choix des agents
d'accréditation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La personne en question, qui
était signataire de la lettre, n'avait sans doute pas pris connaissance
du contrat qui a été signé entre le ministère et la
firme Price Waterhouse et, plutôt que de s'en enquérir, a choisi
de formuler sous la forme interrogative. Mais je ne veux pas entrer dans
l'analyse psychosomatique des gens qui écrivent des lettres;
l'important, c'est que les personnes n'induisent pas en erreur et la forme
interrogative utilisée demeure la forme interrogative. Non?
M. Gendron: Bien oui, mais écoutez, M. le
Président, c'est drôle que le ministre du Travail... Il sait comme
ministre du Travail que ce n'est pas possible que dorénavant les agents
de relations soient nommés. Mais un instant. La question était...
Ils ne peuvent pas être nommés à la suite de recherches de
candidatures par la firme Price Waterhouse pour les postes d'agents
d'accréditation. Je le sais.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ils peuvent être
nommés commissaires.
M. Gendron: Un agent d'accréditation a le droit de vouloir
améliorer son plan de carrière, je lui souhaite et je sais tout
cela qu'il peut postuler les postes de président, vice-président
et commissaire. Ce n'est pas de cela qu'il s'agit. J'ai indiqué au
ministre du Travail qu'à l'intérieur de la boîte, les
agents d'accréditation étaient déçus de la
façon dont le ministre procède, étaient inquiets quant
à leur avenir, et la question était: Est-ce que vous croyez
qu'une lettre comme celle-là avait comme conséquence de les
sécuriser en disant: Je ne peux pas vous
dire si, comme agents d'accréditation, en termes d'avenir, vous
devez également faire votre application à la firme Price
Waterhouse, pas comme président, pas comme commissaire, pas comme
vice-président, comme agent d'accréditation?
Je trouve étonnant que le ministre du Travail dise: Je ne suis
pas au courant de cela, la forme interrogative couvrait cet aspect-là.
Ce n'est pas ce qu'il disait dans sa lettre. Je ne peux vous dire, donc c'est
la meilleure façon de semer l'inquiétude en leur disant:
Écoutez, je ne sais pas ce qui va vous arriver, je suis chef
enquêteur et je vous dis que les agents d'accréditation seraient
mieux effectivement d'appliquer, s'ils sont intéressés à
offrir leurs services à ces postes. C'est correct, je vous l'ai dit
tantôt, parce qu'il leur disait: Si vous voulez éventuellement
postuler un poste qui vous convient plus que le poste d'agent
d'accréditation, libre à vous. Ce bout-là est correct. Ma
question était uniquement: Est-ce qu'il trouve correct, pour
sécuriser les agents d'accréditation, de leur dire qu'il ne
savait pas si dorénavant ces gens-là, pour être agents
d'accréditation à la Commission des relations du travail ou
agents des relations du travail, devaient faire affaire avec la firme Price
Waterhouse?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne veux pas tomber dans la
sémantique logique, mais je pense qu'il ne peut pas le dire. Il a raison
d'écrire qu'il ne peut pas le dire, car il ne le peut pas.
M. Gendron: Comment se fait-il, s'il ne peut pas dire, que...
Dans la loi, c'est très clairement exprimé que c'est le
président de la nouvelle Commission des relations du travail qui,
dérona-vant, aura la responsabilité de choisir, de retenir et de
prévoir s'il y aura des agents de relations du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez complètement
raison, mais étant donné que je présume que lui non plus
ne sait pas encore qui sera président et de quelle façon le
président va procéder à l'emploi de l'autre personnel, je
comprends qu'il ne peut pas le dire. Moi non plus, je ne peux pas vous le
dire.
M. Gendron: M. le ministre, peu importe qui sera le
président, admettez-vous ici aujourd'hui que cette responsabilité
est dévolue au nouveau président? Donc, par conséquent,
même si on ne sait pas qui va l'exercer, une chose est sûre, cette
responsabilité n'appartenait pas du tout à la firme Price
Waterhouse, elle appartenait au futur président. Cela se dit aux agents
d'accréditation: Ne soyez inquiets d'aucune façon si vous voulez
rester agents d'accréditation, la firme Price Waterhouse n'a pas affaire
à vous. Si vous voulez devenir président, vice-président
et commissaire, là, la firme a affaire à vous.
(11 h 30)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le poste de président qui
est créé est un poste - et nous avons eu de longues discussions
en commission parlementaire lors de l'étude article par article et des
trois lectures - qui se veut relever de la neutralité la plus absolue.
Comment voulez-vous que quelqu'un au ministère, un fonctionnaire ou
même le ministre vous dise de quelle façon le président va
s'y prendre pour s'acquitter de l'obligation qui est prévue dans la loi
et qui lui incombera? Il peut choisir le moyen qu'il jugera le plus
approprié. Et si j'avais à être questionné
aujourd'hui sur la façon dont va s'y prendre le nouveau
président, je serais obligé de vous répondre, comme
ministre, que j'ose croire que la personne qui sera nommée
président agira avec le maximum de sagesse et que cette
sagesse-là l'inspirera dans le choix des moyens qu'elle adoptera pour
recruter le personnel.
M. Gendron: M. le Président, le ministre du travail nous a
indiqué qu'il y avait au-delà de 300 candidatures qui avaient
été retenues par la firme Price Waterhouse à ce jour.
Est-ce que le ministre du Travail peut nous donner la garantie que c'est
lui-même, comme ministre du Travail, qui assurera le traitement
postérieur de ces candidatures? Sur le plan concret, comment
procédera-t-on quand la firme Price Waterhouse se sera acquittée
de son mandat? Est-ce qu'elle remet l'ensemble des candidatures qu'elle
prétend intéressantes pour les postes de président,
vice-présidents et commissaires? Ou est-ce que c'est la firme
elle-même qui va commencer, à l'intérieur des candidatures
intéressantes, compétentes, qui sont parvenues à la firme
pour ces postes-là, à faire la sélection en disant: Toi,
je te suggère au ministre, toi tu ne te rendras pas au ministre? Comment
cela va-t-il se passer concrètement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La firme Price Waterhouse
procède suivant les règles de l'art. Il s'agit, pour le
ministère, d'un outil de travail et, dès que la firme aura
complété son mandat, il s'agira d'un outil important que nous
aurons utilisé de façon à nous préparer le mieux
possible pour franchir, une par une, les étapes qui sont prévues
dans la loi sur la création de la Commission des relations du travail,
de façon à aboutir aux nominations prescrites.
M. Gendron: Mais le ministre ne me répond pas que Price
Waterhouse a un pouvoir d'élimination ou pas, à la question
précise: Est-ce que Price Waterhouse aura un pouvoir
d'élimination ou pas des candidatures reçues, bien sûr, pas
de ceux qui n'enverront pas leur candidature?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Suivant les règles de l'art
- que, encore une fois, je connais à distance - de ces firmes,
généralement, elles nous indiquent les forces et les faiblesses
des
candidats, et c'est généralement accompagné sur le
plan confidentiel, vous en conviendrez, de recommandations de retenir ou de ne
pas retenir dans certains cas.
M. Gendron: Est-ce que le ministre est conscient ou
considère-t-il que, d'une certaine façon, il abdique ses
responsabilités si, effectivement, Price Waterhouse a la
possibilité - parce que, là, la réponse était loin
d'être claire de la part du ministre - si oui ou non elle va en retenir
un certain nombre et en éliminer d'autres?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le contrat prévoit que
Price Waterhouse achemine au ministère l'ensemble des données
nominales et autres qu'elle a recueillies.
M. Gendron: Sur toutes les candidatures?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur toutes les candidatures.
M. Gendron: Donc, M. le ministre, si c'est exact ce que vous me
dites, Price Waterhouse n'a pas l'autorisation, dans son contrat,
d'éliminer les candidatures reçues?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. M. Gendron:
Parfait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elle fait des recommandations.
M. Gendron: Parfait là-dessus. Sur
l'échéancier général, pour la promulgation de la
loi, est-ce que le ministre pourrait nous indiquer s'il est plus en mesure,
à ce moment-ci, de faire connaître aux membres de cette commission
et, bien. sûr, à toutes les parties intéressées
à quel moment précis il entend promulguer la loi?
Deuxièmement, entend-il la promulguer en entier, en partie et, si sa
réponse était qu'il a l'intention de la promulguer en partie,
quelle partie entend-il promulguer dans un premier temps?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que la réponse
quant à la mise en place sur le plan opérationnel d'une telle
législation commande que le ministre réponde qu'à moins
d'événements extraordinaires sur le plan administratif, ce sera
en parties successives que la loi sera mise en application. Quant à la
première partie qui devrait être promulguée, vous
conviendrez avec moi que le ministre se retrouve devant l'obligation
légale et pratique de promulguer, premièrement, les articles qui
ont trait à la composition et à la nomination du personnel.
M. Gendron: Considérant que le poste de président
est assurément le poste le plus important de cette nouvelle Commission
des relations du travail pour donner, comme il le souhaite, cette
indépendance, cette crédibilité de démarrage
très importante, est-ce que le ministre a discuté avec le premier
ministre de cette éventuelle candidature?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lorsqu'il s'agit de nommer
quelqu'un à des fonctions aussi importantes, sans entrer dans ce que
nous appelons des discussions formelles, il y a toujours, surtout lorsque c'est
véhiculé par les médias, certains noms qui reviennent
à la surface. J'ai eu l'occasion, dans des discussions avec des
collègues, même de l'Opposition, je ne sais pas si on peut appeler
cela discuter, mais de mentionner quelques noms de façon à
m'enquérir de certaines réactions.
Je l'ai également fait comme ministre avec certaines des parties
représentatives et intéressées dans la
société. Mais en aucun temps il n'a été
mentionné une décision sur le plan de la recommandation
légale que doit effectuer le ministre du Travail, conformément
aux prescriptions de la loi, en aucun temps, le ministre n'a adressé une
telle recommandation. Et je vous indique que je ne pourrais légalement
le faire non plus, ayant l'obligation consacrée dans la loi de consulter
le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre de façon
formelle, ce qui n'a pas encore été fait.
M. Gendron: Est-ce que le ministre peut nous garantir qu'il n'y a
pas eu de discussion avec le premier ministre quant à la nomination de
M. Fréchette?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous répondrai, quant au
nom que vous avez mentionné, la même chose que pour les autres
noms qui ont été mentionnés de façon publique et
pour d'autres noms qui circulent de façon moins publique, mais quand
même à l'interne dans ce qu'on peut appeler le monde des relations
du travail au Québec.
M. Gendron: Est-ce que vous avez discuté de la candidature
de M. Latulippe avec le premier ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La réponse que je viens de
vous adresser concernant le nom que vous aviez mentionné à la
question précédente s'applique à cette question.
M. Gendron: Je n'ai pas eu de réponse, M. le
Président. Je veux savoir si le ministre du Travail a discuté de
candidatures à la présidence de la Commission des relations du
travail? Je sais que, dans la loi, il doit consulter formellement le CCTMO. La
question est précise. Est-ce qu'il a eu des discussions avec le premier
ministre sur l'un ou l'autre des noms qui ont été
évoqués publiquement par des parties
intéressées,
que ce soit des présidents de centrale syndicale ou que ce soit
d'autres personnes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je répète au
député d'Abitibi-Ouest que, lorsque des noms circulent, soit
à l'interne dans le monde des relations du travail ou plus publiquement
à la manchette, à la une ou même en page 7 de certains
médias, cela provoque, de la part de collègues et de
députés des deux côtés de la Chambre, certaines
interrogations, et que j'ai eu, sans en discuter, à m'entretenir de
façon très brève chaque fois avec chacune des personnes
concernées, de façon, dans certains cas, à tester
certaines réactions.
M. Gendron: Puisqu'il y a obligation, dans la loi, de consulter
le CCTMO formellement, quelle procédure entend prendre le ministre avec
le CCTMO quant aux éventuelles propositions?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La consultation est
légalement prévue. Elle est, non seulement légalement
prévue, mais éminemment souhaitable, et elle aura lieu dans les
formes habituellement pratiquées lorsque le conseil consultatif est
consulté.
M. Gendron: Le ministre ne croit-il pas que c'est un peu
procéder à l'envers, puisqu'il sait que ce processus est inscrit
formellement dans la loi? Est-ce que cela n'aurait pas été plus
logique d'aller discuter avec le CCTMO de certaines candidatures possibles
préalablement? Si le CCTMO n'est pas d'accord avec les candidatures
proposées par le ministre du Travail, qu'entend-il faire?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, je pense que si
j'avais procédé comme vous me le suggérez, j'aurais
procédé à l'envers. En permettant à tous les
individus de postuler, en demandant une analyse ou une expertise ou en
utilisant comme outil de travail une firme spécialisée, en se
dirigeant par la suite au Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre, en procédant par la suite à des consultations avec
d'autres organismes, à la recommandation du ministre du Travail et
à des nominations par le Conseil des ministres, nous suivons là
un cheminement qui est, non seulement logique, mais également conforme
à la loi.
M. Gendron: Disons que le ministre est certain que la
procédure qu'il suivra avec le CCTMO sera postérieure à la
rétention d'un certain nombre de candidatures que lui-même
analysera à la suite du dépôt des candidatures
reçues par la firme Price Waterhouse. Est-ce qu'il entend soumettre au
CCTMO uniquement les candidatures que lui-même aura
sélectionnées par rapport à l'ensemble de
l'échantillonnage reçu ou si toutes les candidatures
suggérées et retenues par la firme seront au moins données
comme information au Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'attendrai, dans un premier
temps, de recevoir le rapport de la firme d'experts et, par la suite,
j'aviserai.
M. Gendron: Donc, à ce moment-ci, vous n'avez pas
d'information à ce sujet-là à communiquer aux membres de
la commission?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À ce moment-ci, je n'ai pas
encore reçu le rapport de la firme.
M. Gendron: Quand au fond, M. le Président, le ministre du
Travail avait indiqué à quelques reprises, lors du débat
sur le projet de loi créant la Commission des relations du travail, que,
quant à lui, même s'il reconnaissait qu'il y avait lieu
d'envisager éventuellement une réformeplus en profondeur
du Code du travail,le moment n'était pas venu, ce n'était pas
opportun de faire tout de suite une grande réforme parce qu'il
prétendait que les mentalités n'étaient pas
évolutives à ce point pour accepter une réforme plus
globale du Code du travail, surtout à la suite des recommandations de la
commission Beaudry, où il y avait une série
d'éléments qui étaient suggérés. Dans son
plaidoyer d'introduction ou les notes qu'il nous a livrées en remarques
préliminaires avant d'aborder l'étude des crédits, il a
indiqué - et là il faudrait que je me réfère
à son texte, je ne l'ai pas précisément - que les
officiers du ministère avaient effectivement procédé
à une analyse, une réflexion, sur cette orientation de modifier
plus fondamentalement le Code du travail. Est-ce qu'il pourrait nous indiquer
sur quel élément, plus particulièrement, il souhaiterait
voir des modifications plus substantielles au Code du travail?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Considérant les
étapes importantes qui ont été franchies au cours de
l'année civile que nous venons de terminer, considérant les
étapes importantes que nous franchissons présentement, il
m'apparaît opportun de compléter, au cours de l'année en
cours, la mise en place de la Commission des relations du travail qui
constituait la principale recommandation du rapport Beaudry. Je vous indique
également que, pour ce qui est de la codification des lois du travail,
le ministère est à l'oeuvre et que nous progressons assez
rapidement. Vous n'êtes pas sans savoir non plus qu'il faut nous
préparer, comme ministère du Travail, à
l'éventualité qui, sans doute, se rapproche chaque jour d'un
jugement de la Cour suprême du Canada quant à l'article 45 du Code
du travail. Pour le moment, ce sont là les précisions qu'il
m'apparaît souhaitable d'apporter.
M. Gendron: Dans vos commentaires d'introduction, en page 3,
très clairement vous dites que la Direction générale des
relations du travail a notamment participé au comité sur la
révision du Code du travail, qu'elle a évalué la
possibilité de développer de nouveaux types d'interventions en
relations du travail. Est-ce que le ministre du Travail pourrait déposer
cette réflexion de ses fonctionnaires sur les nouveaux types
d'interventions en relations du travail ou, à tout le moins, puisqu'il
indique que cela a été une activité importante de son
ministère au cours de l'année 1987, nous donner l'essentiel des
réflexions que ses fonctionnaires ont faites jusqu'à ce jour? (11
h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministre pourrait toujours le
faire, mais il hésiterait, vous comprendrez, à le faire lorsque
les réflexions ne sont pas complètement terminées et
davantage lorsque, sur le plan des échéances, cela pourrait
sembler prématuré.
M. Gendron: Est-ce que vous indiquez aux membres de cette
commission que, pour le moment, vous ne souhaitez pas nous donner ces
informations?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que j'indique, c'est que
j'hésiterais, comme ministre du Travail, à donner des
éléments d'une réflexion qui n'est pas terminée.
Cela m'apparaîtrait nettement prématuré. Et, lorsque c'est
fait dans de telles circonstances, le résultat est plutôt de semer
des inquiétudes, des appréhensions ou des souhaits de
législation sur laquelle les réflexions ne sont pas
terminées, et ce n'est généralement pas propice à
un travail sain et continu et au maintien, comme je l'ai indiqué
à la toute fin de mon exposé du début, de relations du
travail calmes et sereines au Québec.
M. Gendron: M. le ministre, vous indiquez à tout le moins
que cette réflexion n'est pas terminée. Je le comprends, et c'est
votre privilège comme ministre. Mais est-ce qu'à tout le moins,
vous convenez qu'il serait important que vous indiquiez aux membres de cette
commission et à l'Opposition officielle les échéanciers
assignés à vos mandataires pour s'assurer que cette
réflexion sera quand même connue à un moment donné
et qu'elle porte sur un calendrier qui, à tout le moins, pourrait nous
indiquer qu'il y a une volonté précise d'avoir cette information.
Quel échéancier est-il assigné à vos
mandataires?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lorsque l'on confie des mandats
qui relèvent du domaine de la réflexion, la prudence la plus
élémentaire nous indique justement de ne pas fixer
d'échéancier ou de calendrier précis de façon
à ne pas brimer ou entacher de quelque façon que ce soit une
réflexion qu'on veut la plus ouverte possible. Je vous ai
indiqué, en réponse à votre première de cette
série de questions, que, sur le plan des modifications à
apporter, la commande au cours de la présente année est
importante, que la mise en place d'une Commission des relations du travail
constitue un mandat, non seulement sur le plan administratif, mais
également sur le plan des attitudes et de la philosophie, un mandat
très important au ministère du Travail et dont nous comptons, en
toute première priorité, nous acquitter le plus
adéquatement possible au cours de l'année qui vient.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre, je
vais maintenant donner la parole au député de Saguenay qui aurait
une intervention à faire sur le même sujet.
M. Maltais: M. le Président, pour continuer un peu dans le
dialogue entrepris par le député d'Abitibi-Ouest concernant la
Commission des relations du travail et tout le processus de recherche de
candidatures enclenché par la firme Price Waterhouse, à mon avis,
cela me semble une excellente façon de trouver des personnes
compétentes et acceptées par le milieu. Est-ce que,
ultérieurement à votre assermentation, M. le ministre,
c'était une habitude ou avez-vous créé cette
habitude-là de confier à une firme indépendante le soin de
trouver les personnes qui doivent être nommées par le Conseil des
ministres, que ce soit à la CSST ou dans d'autres secteurs de vos
différents ministères, Commission des affaires sociales, vous en
avez un paquet? Est-ce que c'était une nomination directe ou s'il y
avait un comité consultatif? Est-ce qu'on devait soumettre les noms au
CCTMO, comme le mentionnait le député d'Abitibi-Ouest, ou est-ce
que c'étaient des nominations carrément d'un coup sec ou s'il y
avait un comité de recommandation ou une firme indépendante qui
faisait la sélection des candidats et qui en recommandait au ministre?
Comment cela fonctionnait-il?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II m'apparaît que la
procédure utilisée - et je pense que cela a été
souligné dans certains articles de journaux, par certains observateurs
du monde du travail - est une procédure qui, en tout cas depuis que je
suis ministre, est d'un genre nouveau. Maintenant, je ne peux pas
répondre pour les années antérieures. Je ne sais pas si
vous-même, ayant eu l'occasion d'étudier les crédits du
ministère du Travail depuis 1983, n'avez pas eu connaissance de
l'utilisation d'une telle procédure?
M. Maltais: Non, mais ce n'est pas une question partisane, je
pense que c'est une question de savoir de quelle façon... Si vous avez
jugé depuis que vous êtes là - vous m'indiquez vers le 15
ou 16 décembre 1985 - que vous procédez de cette façon, je
dois comprendre
qu'avant cette période-là, cela ne se faisait pas comme
cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis beaucoup plus à
l'aise, M. le député, pour vous répondre quant à
l'exercice des fonctions ou l'administration du ministère du Travail
depuis que j'en ai la responsabilité que sous...
M. Maltais: Qu'est-ce qui vous a porté...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...l'administration de mes
prédécesseurs.
M. Maltais: ...à confier ce mandat à la firme Price
Waterhouse? Qu'est-ce qui vous a porté à donner un pareil mandat
qui coûte quand même 87 000 $, 83 000 $ plus 5000 $, si je
comprends bien le contrat? Pourquoi avez-vous fait cela? Est-ce que vous auriez
pu prendre les procédures usuelles au ministère ou celles de vos
prédécesseurs? Qu'est-ce qui vous a porté à faire
un choix aussi tranchant par rapport aux choses usuelles?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agissait de donner la
possibilité au plus grand nombre d'individus possible de poser leur
candidature, de recevoir l'évaluation qui soit la plus professionnelle
possible, de façon à embarquer dans un processus de
sélection sur la base la plus équitable possible.
M. Maltais: D'accord. Merci.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député.
M. Gendron: Sur la Commission des relations du travail, ma
dernière question serait la suivante. Lors de la discussion - encore
là, peu importe les étapes où elles ont eu lieu - le
ministre du Travail, à moins que je ne me trompe, s'était
engagé formellement à maintenir un banc spécialisé
à la Cour provinciale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne vois pas, sous toutes
réserves, comment celui qui vous parle puisse prendre un tel engagement
n'ayant aucune autorité sur la Cour provinciale - là, je parle de
l'autorité administrative.
M. Gendron: Oui. Mais si vous...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je m'étais
engagé...
M. Gendron: ...laissez poursuivre, dans les discussions avec les
centrales syndicales, vous vous étiez engagé à en discuter
avec le ministre de la Justice.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: Dans le projet de loi que le ministre de la Justice
devait déposer sur la réforme des tribunaux, il avait
été question dans les discussions entre vous et les centrales
syndicales, que vous lui suggéreriez de maintenir un banc
spécialisé à la Cour provinciale. Selon les informations
qu'on a, le ministre de la Justice a déposé son projet de loi
à l'Assemblée nationale concernant la réforme des
tribunaux et, en aucune façon, il n'est prévu d'avoir un banc
spécialisé à la Cour provinciale. Alors, qu'en est-il
exactement? Quelle est votre position, à ce moment-ci, puisque vous avez
la même information que nous, soit que, contrairement aux discussions que
vous avez eues avec les centrales syndicales, le ministre de la Justice, de qui
relève cette autorité - je le sais - n'a pas prévu dans
son projet de loi d'avoir un banc spécialisé à la Cour
provinciale?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tiendrais à vous dire
que les informations que vous détenez sont, pour l'essentiel, exactes;
quant aux discussions que j'aurais eues avec certains représentants de
certaines centrales syndicales, je me suis acquitté de l'engagement que
j'avais pris en en discutant avec mon collègue, le ministre de la
Justice. Je peux vous indiquer que ces discussions ne sont pas terminées
et que, bien que la législation actuellement connue ne contienne pas la
clause à laquelle vous faites référence, il est toujours
possible, avant l'adoption d'un projet de lof, que des amendements soient
introduits. Il demeure que l'Assemblée nationale est souveraine dans ce
domaine, mais que je poursuis avec le ministre de la Justice les discussions
dans le sens de celles que j'avais eues antérieurement avec les
représentants syndicaux.
M. Gendron: Donc, en conclusion là-dessus, est-ce à
dire que le ministre du Travail, même si je reconnais que ce n'est pas
dans son champ de juridiction, a toujours la même intention de souhaiter
et d'exiger du ministre de la Justice qu'il envisage la création d'un
banc spécialisé à la Cour provinciale?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous rayez le mot "exiger" de
votre libellé, dire que le ministre du Travail le souhaite et qu'il
poursuit les discussions dans ce sens-là, ce serait exact. Je ne suis
pas en position, et vous le comprendrez, compte tenu du poste de Procureur
général qui est une institution en soi, de manifester quelque
exigence que ce soit, mais j'aiguise mes arguments de façon qu'ils
deviennent de plus en plus pénétrants afin de convaincre le
ministre de la Justice de procéder dans le sens que nous avons
mentionné.
M. Gendron: M. le Président, je pense que je peux toujours
maintenir mon terme "exiger" compte tenu de l'extraordinaire position de
faiblesse dans laquelle se trouve le ministre de la
Justice depuis quelques jours. Il n'est pas en mesure de refuser
grand-chose qui a du bon sens, compte tenu de son attitude depuis une couple de
jours sur le dossier que tout le monde connaît.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, ce sont
des propos qui, à l'endroit d'un collègue de l'Assemblée
nationale, ne doivent pas être tolérés devant cette
commission.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député.
Décrets de conventions collectives
M. Gendron: Je voudrais à ce moment-ci, M. te
Président, aborder toute la question des décrets de conventions
collectives. Tout le monde se rappelle que...
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Saguenay, est-ce que vous pourriez m'indiquer, car j'ai
l'intention...
Une voix:...
Le Président (M. Théorêt): Pardon?
Une voix: Le député d'Abitibi-Ouest.
Le Président (M. Théorêt): J'ai dit Saguenay?
Excusez-moi. J'ai l'intention d'intervenir sur la CSST et il y a des questions
que je tiens absolument à poser. Est-ce que vous avez l'intention
d'aborder la CSST au cours des débats, sinon je vous demanderais votre
accord pour me laisser savoir quand je pourrai intervenir à ce sujet
parce que, pour moi, c'est important?
M. Gendron: La réponse, c'est oui. C'est sûr, et
j'ai indiqué dans mes remarques préliminaires que, pour toute la
partie de l'après-midi, ce sera presque exclusivement la CSST.
Le Président (M. Théorêt): D'accord,
merci.
M. Gendron: J'ai l'intention, au cours de la période qui
nous est allouée, de finir, pour la partie de ce matin, avec les
décrets de conventions collectives et les examens anticipés de la
Commission de la construction. Pour l'heure et demie de cet après-midi,
ce sera davantage des sujets tournant autour de la CSST.
Le Président (M. Théorêt): Merci.
M. Gendron: Pour ce qui est des décrets de conventions
collectives, tout le monde sait qu'un des collègues du ministre du
Travail, un des membres du gouvernement, dans un fameux rapport qui a
été prétendument mis aux calendes grecques, mais pas
véritablement dans les faits, puisqu'en sourdine et un peu
hypocritement, comme c'est la tendance de ce gouvernement, il introduit
graduellement des notions des rapports des sages que tout le monde souhaitait
avoir oubliés... Malheureusement, on les a toujours dans le portrait,
les trois fameux rapports Scowen, Gobeil et j'ai oublié l'autre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II ne vous le pardonnera pas.
M. Gendron: Concernant le rapport Scowen, il y avait la
recommandation d'abolir le régime des décrets de conventions
collectives. Dans cette optique, on recommandait au ministre d'établir
un plan de déréglementation s'étalant jusqu'au 31
décembre 1988, au plus tard. Pour se parler clairement, la
recommandation, c'était qu'il n'y ait aucune reconduction au-delà
du 31 décembre 1988. Comme je voudrais prendre le temps de faire le tour
du régime des décrets de conventions collectives, la
première question que je voudrais poser au ministre est la suivante: Au
moment où on se parle, combien de décrets sont encore en
vigueur?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le Service des décrets
m'indique qu'i y aurait présentement 37 décrets de conventions
collectives qui seraient en vigueur dans la province de Québec.
M. Gendron: S'il y en a 37 qui sont actuellement en vigueur,
combien de requêtes sont-elles actuellement pendantes comme on dit
communément dans le jargon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Des requêtes en modification
de décrets de conventions collectives, on m'indique, et ce sera facile
à retenir, que c'est également 37. Mais ce n'est pas
automatiquement, et je le dis pour éclairer la commission, 37
requêtes en modification dans 37 décrets. Il peut y avoir un
décret où vous avez plus d'une requête en modification. Ma
mise en garde, c'est: Ne mariez pas les deux 37.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que je me
trompe quand je dis que les 37 finissent en même temps, cette
année?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, c'est faux. Ils ont tous des
dates de terminaison qui sont différentes, mais, en
quasi-totalité, ils sont dotés de clauses de renouvellement
automatique.
Le Président (M. Théorêt): Merci. (12
heures)
M. Gendron: Mais justement parce qu'il ne faut pas mêler
les 37 décrets qui sont actuellement en vigueur et les requêtes
qui sont actuellement pendantes, peu importent les motifs pour lesquels elles
sont pendantes, de temps en temps ce sont des modifications, de temps en temps
c'est relié à l'échéance du décret...
Une voix: Pas beaucoup.
M. Gendron: Non, pas beaucoup? C'est justement ce que je veux
savoir. Combien, lesquelles et depuis quand?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce sont quelques-unes des
requêtes. Quant à l'échéance, je vais tenter de
répondre... Je peux répondre d'une façon plus
détaillée à toutes les questions. La seule
échéance que nous avons d'un décret qui ne contient pas de
clause de renouvellement automatique et dont je suis informé est celle
que vous connaissez bien d'ailleurs et dont nous avons eu l'occasion de
discuter à la période de questions à l'Assemblée
nationale, c'est la question des édifices publics de Québec dont
la date d'échéance est le 30 juin 1988.
M. Gendron: C'est le seul?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le seul.
M. Gendron: Mais combien y en a-t-il sur votre bureau ou ailleurs
qui traînent quelque part dans le paysage et pour lesquels il y a des
décisions qui auraient dû être prises, qui n'ont pas
été prises et depuis quand?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour répondre à
votre question, il n'y en a aucun.
M. Gendron: Pardon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y en a aucun.
M. Gendron: II n'y en a aucun.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
M. Gendron: II n'y a aucun décret expiré qui est
sur votre bureau et pour lequel des organismes sont actuellement dans
l'expectative de savoir ce que vous faites, si oui ou non vous allez abolir le
régime des décrets ou si vous allez reconduire certains
décrets qui, à ma connaissance, sont expirés?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La seule requête que nous
avons qui pourrait se voir affectée par une clause de
déchéance sans renouvellement automatique est celle que je vous
indique.
M. Gendron: Quelles sont les dates d'expiration des
décrets qui sont actuellement en vigueur? Est-ce que vous pouvez
déposer cela? Vous avez sûrement cela dans vos données. Je
voudrais avoir copie des dates d'expiration des décrets, mais des
décrets qui sont en vigueur actuellement, pas des décrets
terminés. Je voudrais avoir la liste des décrets qui sont en
vigueur et, pour chacun de ces décrets, la date d'expiration
prévue.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et je vous suggère une
information additionnelle: si le décret est accompagné d'une
clause de renouvellement automatique ou non. Cela me semble être un
élément important. Je peux vous le fournir également.
M. Gendron: Oui. Alors plus...
Le Président (M. Théorêt): Alors, qu'on fasse
des copies pour tous les membres de la commission.
Une voix: Cet après-midi. M. Gendron: Cet
après-midi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au début des travaux cet
après-midi.
M. Gendron: Plus généralement que cela M, le
ministre, au-delà des informations que je veux avoir, est-ce que le
ministre du Travail est en mesure de nous indiquer qu'il a fait conduire une
étude, une recherche ou un mandat par ses fonctionnaires concernant le
régime des décrets à l'intérieur de son
ministère?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a eu deux comités de
fonctionnaires qui, de façon contemporaine, ont évalué la
loi. Il y en a eu un en 1983 et un en 1986.
M. Gendron: Et quelles sont les conclusions du comité
contemporain de 1986?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En 1983, la conclusion du
comité a amené un resserrement des critères administratifs
ce qui a amené à l'époque - et vous vous en souviendrez -
la disparition de la quasi-totalité des décrets dans le secteur
de la coiffure. Et, quand au comité de 1986, il s'est surtout
penché sur la distinction à faire entre les décrets dans
le secteur manufacturier et le secteur des services.
M. Gendron: Le ministre du Travail nous dit-il qu'actuellement,
si quelqu'un, un tiers, un parlementaire, lui demandait que son
ministère dépose un document, une étude, une
réflexion un peu plus à jour, on est en 1988 que je sache,
concernant le vécu, concernant ce que j'appellerais le dégagement
d'orientations, concernant les bons effets, les mauvais effets, les
difficultés vécues par le régime des décrets des
conventions collectives pour les secteurs non conventionnés, il ne
dispose d'aucune information?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De la façon dont nous
traitons les décrets au ministère du Travail, nous les traitons
conformément à la loi présentement, cas par cas, tel que
la loi le
prescrit, et, comme l'a indiqué un ou une porte-parole du
ministre, hier, nous n'avons pas, à court ou moyen terme, l'intention
d'apporter des modifications à la loi sur les décrets. Nous avons
l'intention de nous acquitter des obligations qui sont contenues dans la loi,
telle qu'actuellement libellée.
M. Gendron: Reconnaissez-vous que cette information est
probablement méconnue des concernés? Alors, qu'attendez-vous
comme ministre du Travail pour sortir de l'ombre et indiquer on ne peut plus
clairement que vous, comme ministre du Travail, vous n'avez pas l'intention de
rester assis sur vos mains et, autant aux patrons et aux syndiqués qui
vous somment de le faire, dire on ne peut plus clairement si vous avez
l'intention, oui ou non, de maintenir les 38 décrets qui
régissent les conditions de travail de plus de 150 000 travailleurs? Je
veux bien que le ministre ait toujours cette attitude très sereine comme
si on parlait de la planète Mars ou du sexe des anges. Mais il faudrait
qu'il se rende compte que, là, ce dont on parle, c'est de 150 000
à 160 000 travailleurs pour lesquels... En tout cas, ce sont les
informations que nous avons. Si ce n'est pas cela, encore là, au lieu de
rester assis sur vos mains, donnez-les les chiffres dont le ministère du
Travail est censé disposer. On essaie d'avoir des informations
très précises du ministère du Travail. Combien y a-t-il de
personnes, des êtres humains là, hommes, femmes, touchés
par cela et règle générale, vous le savez, M. le ministre,
dans les secteurs les plus difficiles en termes de conditions de travail, dans
les secteurs les plus mal rémunérés, où, en
majorité, ce sont des femmes, dans les secteurs couverts par les
décrets. On peut faire le tour, M. le ministre.
Je sais bien que vous pourriez apporter des nuances. Vous ne me ferez
jamais croire que le salaire industriel moyen est surtout dans le secteur de la
coiffure, qu'il est surtout...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez aboli quasiment tous les
décrets de la coiffure.
M. Gendron: Je le sais. C'est pour donner l'exemple que dans des
secteurs comme cela, le décret chez les salariés de garage, le
décret sur le personnel de l'entretien d'édifices publics, le
décret sur le personnel d'entretien d'édifices publics de la
région de Québec, le décret sur les coiffeurs des
régions de Hull et Trois-Rivières, il existe encore...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: ...le décret sur l'industrie du camionnage de
la région de Québec, le décret sur l'industrie de la
chemise pour hommes et garçons, l'industrie du meuble, du sac à
main. Dans le décret du sac à main, vous ne me ferez jamais
croire, M. le ministre, que c'est là qu'on a le salaire industriel moyen
payé aux hommes et aux femmes qui oeuvrent là. Je pourrais faire
un très long plaidoyer. Je ne pense pas que c'est la place. Tout ce que
je demande au ministre, c'est qu'il soit un peu plus sérieux qu'il
semble l'être en disant: Écoutez, moi, tout ce qui se dit
là-dessus, c'est dans les nuages, ce sont des choses qui sont
erronées, qui sont faussées. Pourtant, encore ce matin, en pleine
page: Le ministre Paradis invité à maintenir tous les
décrets. Si j'étais le seul à prétendre qu'on n'a
pas d'indication sérieuse du ministre du Travail, quant à ses
convictions, en a-t-il, lui, des convictions sur cette question? A-t-il une
orientation ou une pensée, comme ministre du Travail, sur toute la
question du régime des décrets qui, en ce qui me concerne, permet
à tout le moins d'offrir une protection minimale aux travailleurs et aux
travailleuses concernés pour éviter le "cheap labour et
l'exploitation?
Cela maintient, à tout le moins, une concurrence minimale, une
certaine concurrence ordonnée dans des secteurs industriels qui, tout le
monde le reconnaît, ont eu des difficultés au fil des ans, que ce
soit le meuble, le vêtement, la chaussure, le textile. Ce n'est pas pour
rien que, pendant des années, on a appelé cela les secteurs mous
de l'industrie. Ce n'est sûrement pas parce que c'était les
secteurs où il y avait le plus de possibilités pour les
travailleurs et les travailleuses d'avoir les meilleures conditions de travail.
La question est simple. Ce n'est pas moi qui accuse aujourd'hui le ministre du
Travail d'être assis sur ses mains. Je reprends une accusation que je
partage parce que j'ai la même information qu'il n'y a pas moyen, chaque
fois qu'on a abordé cela, en Chambre, j'y suis revenu une couple de
fois, et le ministre souvent se congratule en disant qu'on ne lui pose pas de
questions concernant les relations du travail... C'est un peu vrai, on n'en a
pas de ministre du Travail. Et quand on pose des questions là-dessus, il
nous dit ce qu'il vient de nous dire ici: II n'y a rien là, je
procède normalement, je procède comme il faut procéder,
donc les parties s'inquiètent inutilement. Ma question précise:
Est-ce que, oui ou non, le ministre du Travail a la volonté politique de
maintenir le régime des décrets qu'il connaît? Si
c'était aussi rassurant qu'il le laisse voir sans rien dire, mais juste
par des mimiques faciales, comment se fait-il que ces gens conservent des
inquiétudes? Comment se fait-il que, dans l'article du mois de mars
concernant l'éventuelle réforme des normes minimales du travail,
il ait laissé voir là que, dans sa réflexion, ce serait
peut-être une place où il y aurait lieu de transférer la
responsabilité du régime d'application des décrets, pas
à la commission qui existe, parce qu'elle n'en a pas le mandat, mais
à une nouvelle Commission des normes du travail modifiée, qui
pourrait éventuellement hériter de la responsabilité du
champ d'application des décrets? C'est dans l'air, même si le
ministre veut laisser voir qu'il n'a
jamais été question de cela. C'est dans un article, que je
n'ai pas ici, paru au mois de mars dans Le Soleil.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas moi qui ai dit
cela.
M. Gendron: Ce n'est pas vous qui avez dit cela. Bon! Alors
oubliez cette partie que vous n'avez pas dite, sauf que, les patrons et les
syndiqués, c'est à vous qu'ils s'adressent en disant: Est-ce que
M. le ministre du Travail peut nous indiquer quelles sont ses intentions
concernant le maintien ou non du régime de décrets?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que je vais
compléter l'élément avancé par le
député d'Abitibi-Ouest, qui m'apparaît primordial. Il y a
136 825 individus au Québec dont les conditions de travail sont sous
l'autorité de la Loi sur les décrets de convention collective. Le
nombre est légèrement inférieur au nombre d'individus qui
dépendent, pour leurs conditions de travail, de ce qu'on appelle la
convention collective de base, le plancher, la Loi sur les normes du travail,
où on retrouve à peu près 150 000 individus au
Québec.
Quant au nombre d'entreprises qui sont touchées ou assujetties,
dans certains cas, elles sont au nombre de 17 443. De façon à
compléter le tableau partiel qu'a fait le député
d'Abitibi-Ouest quant aux secteurs d'activité où s'appliquent des
décrets de conventions collectives, je ne commencerai pas par les
secteurs où il y a le moins de problèmes, vous avez le bois
d'oeuvre et le verre plat. Je suis certain que vous avez déjà
été sensibilisé à certains problèmes
concernant l'harmonisation essentielle entre ces deux décrets. Les
boîtes de carton, les produits, papiers et cartons ondulés, les
cercueils, l'équipement pétrolier, les matériaux de
construction, la menuiserie métallique à Montréal, la
métallurgie à Québec, les meubles, l'automobile dans les
régions d'Arthabaska, Granby, Sherbrooke, Drummond,
Laurentides-Lanaudière, Mauricie, Montréal, Québec,
Malbaie et Rimouski, Saguenay-Lac-Saint-Jean, Hull, Beauharnois, Richelieu,
Saint-Hyacinthe, Saint-Jean, Trois-Rivières. Dans les services: agents
de sécurité, camionnage à Montréal, camionnage
à Québec, distributeurs de pain à Montréal.
Là aussi, on peut indiquer - je le dis de mémoire - qu'il se pose
quelques problèmes pratiques quant à la distribution du pain.
Déchets solides de Montréal, musiciens de Montréal,
entretien des édifices publics à Montréal, entretien des
édifices publics à Québec, chapellerie pour dames,
chapellerie pour hommes, chemises pour hommes et garçons, confection
pour dames, confection pour hommes, fourrure au détail à
Montréal, gants de cuir, sacs à main.
Il y a des secteurs, comme vous l'indiquiez M. le député
d'Abitibi-Ouest, qui sont traditionnellement reconnus pour être des
secteurs qui étaient payés près du salaire minimum ou au
salaire minimum, si je peux utiliser l'expression. Il y a d'autres secteurs
d'activité où on ne parle même pas de parenté avec
le salaire minimum. Et, dans certains cas, on parle d'un niveau
supérieur au salaire industriel moyen. (12 h 15)
Quant à l'intention ministérielle, je sais que nous avons
commencé nos travaux ce matin et que vos autres occupations ne vous
laissent sans doute pas le temps de prendre connaissance de tous les quotidiens
chaque matin avant le début des travaux. Je vous référerai
donc au Devoir de ce matin dans lequel, en réaction à ce
qui s'est passé hier, à l'inquiétude manifestée par
certains intervenants, sous la plume de Paule Des Rivières, on lit:
"À Québec, un porte-parole du ministre a déclaré
hier soir qu'il n'est pas question d'abolir les décrets, que M. Paradis
n'a aucune intention en ce sens dans les prochains mois..." C'est dans la
langue de Molière. Dans la langue de Shakespeare, dans The Gazette
de ce matin, sous la plume de... Je n'ai pas le nom du journaliste...
M. Gendron: M. le Président, je ne veux pas que le
ministre lise Paule Des Rivières...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sylvie Marier.
M. Gendron: Vous êtes là, ce matin, pour
défendre les crédits du ministère du Travail. Vous
êtes ministre du Travail. La question que je vous pose, c'est: Est-ce que
le ministre du Travail a l'intention de laisser mourir le régime des
décrets, oui ou non? C'est simple comme réponse. Vous, comme
ministre du Travail, pas Paule Des Rivières qui communique avec un
attaché politique du cabinet qui dit: Non, je ne pense pas que le
ministre ait l'intention... Alors que tous les intervenants font le même
constat et disent qu'actuellement, patrons et syndiqués sont inquiets,
qu'ils ne veulent pas retourner à la loi de la jungle et demandent au
ministre de prendre une position très claire. Si j'ai tort, pourquoi
demande-t-on à vous rencontrer? Pourquoi dit-on que, demain, le chef de
la FTQ doit rencontrer M. Paradis pour aborder la question des décrets?
Je vous ai aujourd'hui aux crédits.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Faites confiance...
M. Gendron: La question que je pose, ce n'est pas à Sylvie
Marier ou à je ne sais pas qui, Reed Scowen, je vous pose la question
à vous, le ministre du Travail. Est-ce que, oui ou non, comme ministre
du Travail, vous allez maintenir le régime de décrets qu'on
connaît qui a l'air de satisfaire les deux parties avec quelques
ajustements? Les parties souhaitent des ajustements, comme c'est normal,
quelques
améliorations au régime. Est-ce que, oui ou non, vous
allez maintenir le régime?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si le député
d'Abitibi-Ouest privilégie le contact direct, je lui dirai que les
propos qui ont été attribués à mon personnel et que
je retrouve dans Le Devoir de ce matin, dans The Gazette de ce
matin, dans La Presse et dans Le Soleil de ce matin, sont des
propos dont j'assume l'entière responsabilité comme ministre.
M. Gendron: Donc, le ministre du Travail dit aux membres de cette
commission: Ne soyez pas inquiets au sujet des décrets, ils vont
demeurer, ils vont continuer à s'appliquer. Vous prétendez
qu'effectivement, c'est une formule qui permet d'avoir un régime de
relations du travail qui fonctionne correctement et qui, par bonheur, dans le
domaine des relations du travail, on doit le souhaiter, est appuyé par
les parties concernées qui le vivent. C'est votre commentaire et votre
compréhension du régime des décrets.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne le traduirai pas dans le
vocabulaire avez lequel vous l'avez traduit. Je vous indiquerai que, comme l'a
indiqué mon porte-parole hier, je n'ai pas l'intention d'apporter des
modifications à la loi et que j'ai l'obligation comme ministre de voir
à ce que, dans chacun des cas de chacun des décrets, la loi soit
rigoureusement appliquée et que j'ai l'intention de l'appliquer.
M. Gendron: Donc, on peut annoncer publiquement qu'on peut
annuler la rencontre prévue avec M. Laberge. Dans ce domaine, tout va
bien, il n'a pas besoin de venir vous rencontrer pour discuter de cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas encore l'avantage ou
la possibilité d'avoir le député d'Abitibi-Ouest comme
préposé à l'agenda. La personne qui accomplit
présentement cette fonction le fait merveilleusement, et je n'ai pas
l'intention de la remplacer.
M. Gendron: Mais est-ce qu'elle vous a indiqué, cette
personne qui fait magnifiquement son travail, que vous avez une rencontre de
prévue avec M. Laberge là-dessus?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai, à l'occasion, des
rencontres avec les divers représentants du monde syndical et du monde
patronal, et il est rare qu'au cours de ces rencontres, on n'aborde qu'un seul
sujet.
Formation obligatoire dans l'industrie
de la construction
M. Gendron: Un autre sujet que je voudrais aborder dans les dix
minutes qui nous restent, M. le Président, c'est la question des
connaissances générales de l'industrie de la construction. Tout
le monde sait que, dans la modification de la loi de la construction, il y
avait une obligation concernant les connaissances générales dans
l'industrie de la construction. Il fallait avoir un minimum de connaissances
générales lorsqu'on aspire à être manoeuvre, ce
qu'on appelait communément à l'époque des journaliers. En
termes familiers, ce sont des journaliers. C'est un problème
réel, je pense que le ministre a raison, le problème est
réel dans tout le Québec. Ce qui est inquiétant un peu,
c'est de voir comment cela marche.
Le 8 avril, nous recevions à nos bureaux de députés
une communication du ministre du Travail, datée du 30 mars 1988. Je ne
suis pas préposé au courrier, on a moins de personnel que vous,
mais on en a un petit peu et...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Changez votre job à
l'agenda...
M. Gendron: ...le sceau indique le 8 avril. Le 8 avril 1988, je
recevais la communication datée du 30 mars 1988, dont l'objet
était le suivant: cours de connaissances générales de
l'industrie de la construction. Il y avait des critères
d'admissibilité: un, deux, trois. Je n'ai pas l'intention de lire cela.
En gros, on disait que cela prend un certain nombre d'heures, et, pour la
deuxième catégorie, ce sont des candidats détenant une
garantie d'emploi d'au moins 40 heures de travail par un employeur qui devra
verser une caution de 300 $. Un troisième critère, c'est
n'importe qui d'autre qui n'entre pas dans la catégorie A ou B et qui
aspire à devenir journalier. Parfait, correct, conforme à la
loi.
Cependant, on disait: L'inscription au cours se fera aux bureaux
régionaux de la Commission de la construction du Québec du 11 au
22 avril 1988.
La question que je pose, c'est que, comme je l'ai indiqué, cette
communication est arrivée à nos bureaux le 8, et, moi, en
Abitibi-Témiscamingue, j'ai toujours pensé que, si cela se
passait comme cela en Abitibi, comme on est sur la même planète
que d'autres régions, cela doit passer pas mal de la même
façon dans d'autres régions... M. le Président,
pensez-vous que le ministre fait sa "job" dans ce domaine quand ce n'est dans
les hebdos que le 19 avril, pour une date limite d'inscription du 22 avril,
donc trois jours après la parution dans les hebdos, que cela va
permettre que la Commission de la construction dans les diverses régions
puisse effectivement avoir cette liste d'inscriptions pour les obliger à
suivre les cours requis? Le portrait concret en Abitibi, M. le ministre, est le
suivant: C'est qu'au moment où je vous parle, il n'y a pas un chat ni
une chatte d'inscrit parce que la communication est arrivée trop tard,
la plupart ne l'ont pas su. Actuellement, comme c'est centralisé au
bureau de Val-d'Or, pour un type
de La Sarre ou un type d'Amos ou des autres régions, je trouve
que c'est très préjudiciable parce qu'il doit poser un geste
concret d'inscription à la commission à Val-d'Or. Actuellement,
le résultat concret, c'est qu'il n'y a personne d'inscrit, alors que la
possibilité prévue par la Commission de la construction à
Val-d'Or était, sur une possibilité réelle de bassin de
110 inscriptions, mais avec une marge de manoeuvre, compte tenu des abandons,
de 150 à 160 personnes.
Je pense que c'était requis parce que, dans nos bureaux de
comté, il y a beaucoup d'individus qui viennent nous voir pour se
qualifier et qui souhaiteraient être manoeuvres. Alors, je pose
précisément deux questions au ministre. Est-ce qu'il pense qu'il
va avoir atteint son objectif avec une procédure qui fait que les gens
avaient un délai entre la parution dans les hebdos et la date limite
d'inscription de trois jours? Deuxièmement, pourquoi n'envisage-t-il
pas, puisque déjà c'est la CFP, la Commission de formation
professionnelle, qui a l'autorité pour dispenser le cours de
sécurité sur les chantiers de construction, que ce soit la
Commission de formation professionnelle qui, elle, rèlge
générale, est beaucoup plus décentralisée?
Je donne un exemple. La CFP est à Amos, à La Sarre,
à Ville-Marie, à Rouyn, à Malartic, à Val-d'Or.
Donc, les travailleurs seraient beaucoup plus proches de la capacité de
s'inscrire à une instance, qui a l'habitude de dispenser la formation,
qui aurait sûrement la capacité de le faire également. Et
après, que le tout soit sous la supervision de la Commission de la
construction du Québec, qui est située à Val-d'Or, afin
que les concernés, les usagers du système, puissent
bénéficier de cette formation requise pour devenir journalier et,
en conséquence, atteindre l'objectif prévu dans la loi pour
permettre que de nouvelles personnes puissent avoir ce certificat de
compétence comme journaliers après avoir à tout le moins
suivi ce que vous exigiez, c'est-à-dire un certain nombre d'heures de
cours de connaissances générales sur l'industrie de la
construction.
J'aimerais que le ministre nous explique ce qui s'est passé et
nous dise s'il est bien satisfait de s'être traîné les pieds
jusqu'à cette date, ce qui a eu comme conséquence que, chez moi,
je vais continuer à recevoir dans mon bureau les plaintes des
travailleurs qui n'auront pas pu s'inscrire puisqu'ils l'ont appris deux ou
trois jours avant la date limite d'inscription.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, vous me
permettrez de commencer ma réponse par l'accessoire et de la conclure
par le principal. L'accessoire, c'est la façon de fonctionner, soit par
les CFP ou les bureaux de la Commission de la construction du Québec. Je
vous indiquerai que, chez vous, vous nous décrivez la proximité
de la CFP face à celle de la Commission de la construction du
Québec. Je vous dirai que, chez moi, c'est le contraire. Si je fais le
tour de la province, et ce n'est pas votre comté qui a été
visé ou votre région, il y a des endroits où le bureau de
la Commission de la construction est plus près et d'autres endroits
où c'est celui ou ceux de la Commission de formation professionnelle.
Mais cela m'apparaît être l'accessoire. L'important...
M. Gendron: Cela va. Mais, rapidement, M. le ministre, est-ce que
vous acceptez le fait qu'il y a probablement plus de bureaux de CFP que de
bureaux de la Commission de la construction au Québec? Est-ce que vous
acceptez cela, que c'est dans la proportion de trois contre un?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous incluez les sous-bureaux,
vous avez raison. Il y a des sous-bureaux.
Mais, de toute façon, on pourrait aller dans les centres
Travail-Québec, il y en a encore plus, etc. C'est l'accessoire. Je vous
dirais que, l'important, c'est que l'individu reçoive le service, soit
traité de façon équitable, ait accès et ne soit pas
privé parce que, sur le plan administratif, il y a des délais qui
l'ont placé devant une quasi-impossibilité.
Je vous dirai que la Commission de la construction du Québec est
administrée de façon majoritaire par les parties patronales et
syndicales, et que ce sont elles qui, sur le plan administratif,
déterminent les règles du jeu. J'ai choisi, comme je l'ai fait
depuis que je suis ministre du Travail, dès que l'information m'est
acheminée de ne pas la conserver sur mon bureau, mais de
l'expédier à l'ensemble des députés. Maintenant, le
cas que vous nous dénoncez m'apparaît un cas qui mérite
qu'on lui apporte une attention particulière et que, dans la mesure du
possible, on lui apporte les correctifs appropriés. Si vous voulez,
là, je reprendrai en détail les éléments
d'information que vous m'avez donnés et que je crois exacts. Et si c'est
le cas, comme ministre, j'interviendrai auprès de la Commission de la
construction du Québec pour qu'i! y ait réparation, non seulement
dans votre cas, mais dans l'ensemble des autres cas où il pourrait y
avoir eu des gens qui aient été brimés.
Quant à la Commission de la construction du Québec, je
vous indiquerai que la loi ne m'accorde pas le pouvoir de donner des
directives. J'ai un pouvoir d'intervention qui est moral et que j'entends
utiliser de façon à ce que les travailleurs ne soient pas
pénalisés par des délais administratifs qui semblent
inappropriés.
M. Gendron: Mais rapidement, est-ce que vous pouvez expliquer
pourquoi la parution dans les hebdos régionaux, qui habituellement est
une source d'information pertinente, a fait que cette information-là n'a
paru que dans les hebdos de la semaine dernière, 19 avril, alors que le
délai était le 22, dans une couple de jours, demain.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je constate, comme vous que, sur
la base de ces informations, les travailleurs sont placés dans une
situation qui est inacceptable et je m'engage, comme ministre, à
utiliser mon autorité morale pour demander à la Commission de la
construction du Québec de remédier à ce qui
m'apparaît être une injustice qu'auraient subie certains
travailleurs dans certaines régions.
M. Gendron: Comme il ne reste qu'une minute ou deux, j'aimerais
aborder uniquement à la séance de l'après-midi les deux
autres sujets que vous indiquez et, entre autres, la CSST.
Le Président (M. Théorêt): Alors cela
étant dit, les travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 15
h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
(Reprise à 15 h 37)
Le Président (M. Théorêt): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux sur l'étude des
crédits du ministre du Travail. Je cède immédiatement la
parole au critique de l'Opposition et député d'Abitibi-Ouest.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, si vous le
permettez...
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...nous nous étions
engagés ce matin à remettre en début de séance,
pour donner suite à une question du député
d'Abitibi-Ouest, la liste des décrets, leurs dates
d'échéance, de renouvellement, etc. Nous avons le document et
nous le communiquons à la commission.
Le Président (M. Théorêt): Les documents sont
déposés.
M. Gendron: Merci, M. le ministre, on en prendra connaissance
juste avant de toucher - cela va durer 30 secondes - les points qui, comme je
l'avais indiqué, pour cet après-midi, porteraient essentiellement
sur la CSST. Ce sera le cas en ce qui me concerne. Peut-être que d'autres
membres vont se joindre à nous lors de cette commission, et ils pourront
discourir des sujets qu'ils veulent. Je veux seulement quand même
rappeler que, pas plus tard qu'aujourd'hui, la FTQ émettait ce qu'on
appelle communément un telbec, concernant la question que j'ai
soulevée au moins pendant une demi-heure lors des crédits du
ministre du Travail concernant le régime des décrets. Je veux
seulement signaler, par là, parce que, essentiellement le
ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quand le telbec a-t-il
été émis? Hier?
M. Gendron: II a été émis hier soir en fin
d'après-midi...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais c'est parce que j'en ai
pris connaissance.
M. Gendron: ...mais il est arrivé à nos bureaux
aujourd'hui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, parce que moi, je l'ai
eu hier.
M. Gendron: C'est uniquement pour illustrer, M. le
Président, que ce n'était pas une préoccupation qui
était partagée uniquement par le critique en matière de
relations du travail. Même si le ministre avait toujours l'air de tomber
des nues sur cette question, il est évident que c'est on ne peut plus
clair dans le communiqué. On exigeait que, deux ans après le
rapport Scowen, le ministre du Travail ait une position on ne peut plus claire.
Et je répète que si j'avais été dans les patates,
comme il a essayé de le laisser voir, je suis convaincu qu'il n'y aurait
pas un Telbec de la FTQ et des autres centrales disant: Y aurait-il moyen, M.
le ministre, d'avoir votre point de vue une fois pour toutes? J'ai l'impression
qu'on l'a eu ce matin, peut-être pas aussi clairement que les
médias l'auraient souhaité, mais en ce qui me concerne, comme on
est obligés, selon nos règles, de se fier à la parole du
ministre - et je tiens cela pour acquis -lorsqu'il m'a dit, comme critique du
travail: Ne vous en faites pas, M. le critique, il n'y a pas de
problème, mon lit est fait sur les décrets, cela va bien, cela va
continuer, et il n'est pas question de les abolir. Alors, j'espère
que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne voudrais pas que...
M. Gendron: ...la remarque est claire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je voudrais que les remarques qui
sont prononcées par le député d'Abitibi-Ouest lui soient
imputées et que les remarques que j'ai prononcées me soient
imputées, mais j'ai prononcé iesdites remarques en ayant en
tête et après avoir pris connaissance d'un telbec, tel que M. le
député d'Abitibi-Ouest l'a mentionné, qui a
été émis à 15 h 19 hier par la
Fédération des travailleurs du Québec et qui compte deux
pages. Je pense qu'on parle du même telbec. J'avais en tête ledit
document, ledit telbec, lorsque j'ai émis des commentaires ce matin.
Commission de la santé et de la
sécurité du travail
M. Gendron: D'accord. Maintenant sur la
CSST, M. le Président, je veux indiquer au ministre du Travail
qu'au-delà de ce que j'appellerais des questions spécifiques...
Et j'en ai une couple sur des problèmes particuliers. Je vais toucher
toute la question de l'arbritage médical entre autres, la question des
cotisations qui, dans certains secteurs, apparaissent carrément
abusives, et on ne comprend pas ce qui justifie qu'elles soient si
élevées.
Il y a deux problèmes de fond, et ce n'est pas de la philosophie
que je veux faire, ce sont deux problèmes réels, des
problèmes de 1988. Il y en a plus de deux, mais il y en a deux qui, en
ce qui me concerne, sont majeurs. Tout le monde se rappelle que, lors de
l'ancienne loi - sans faire un historique très long, mais cela va
prendre quelques minutes pour bien camper la problématique - avant
l'arrivée de la loi 42, il y avait une loi quand même concernant
les cas d'accidentés du travail, où, même s'il n'y avait
pas de garantie légale, textuelle ou législative, pour les rentes
pour incapacités permanentes, la CAT d'alors, par directive, avait
autorisé des prestations indexées, même pour les
prestations dites temporaires. Rapidement, la pratique a voulu que les
indemnités aux accidentés, pour des périodes
inférieures à de très longues périodes,
étalent indexées. On a commencé, dans un premier temps,
pour des 18 mois et plus, pour en arriver finalement, un peu plus tard,
à une indexation dès que des indemnités étaient
versées sur une période annuelle. En 1982, il y a eu des
modifications, ce qui a eu comme conséquence qu'on a mis fin à
l'indexation, même si je viens d'indiquer que ce n'était pas,
comme tel, dans la loi, mais que la pratique administrative avait voulu que les
prestations soient indexées.
Ce que je veux dire au ministre, aujourd'hui, c'est qu'il est au courant
que, pour chaque année, il y a un certain nombre d'accidentés qui
sont sur ce qu'on appelle le régime de stabilisation économique
ou le régime de stabilisation sociale. Indépendamment du chiffre,
parce que cela m'apparaît secondaire, ce qui est fondamental, c'est qu'il
y en a un nombre suffisamment important pour que les concernés
prétendent, avec raison en ce qui me concerne, que si on faisait la
comparaison d'une colonne de leurs prestations sur l'ancien régime, que
ce soit pour ce qui est de la stabilisation économique ou de la
stabilisation sociale, par rapport aux prestations indexées dans la
perspective que nous aurions continué la formule d'application de 1982,
n'importe qui qui sait compter va se rendre compte - là j'ai des cas
précis que je pourrais déposer... Dans un cas que j'ai ici, un
dénommé M. Fontaine, indépendamment de l'endroit
d'où il vient, est une personne qui perd 10 000 $ sur la base de
1983-1987, dû à la non-indexation des prestations. Dans les faits,
même si on additionne à l'allocation actuelle du concerné
sa rente pour ce qu'on appelle une IPP, une incapacité partielle
permanente, à sa rente de la Régie des rentes du Québec,
M. Fontaine ne touche toujours pas plus que la prestation mensuelle qu'il avait
lors de la fin de l'indexation qui, à ce moment-là, pour cet
exemple, était à 343,75 $ et qui est toujours à 343,75 $,
compte tenu qu'elle n'est pas indexée, alors que, si elle était
indexée, elle serait à 414,56 $. C'est seulement un cas. J'ai un
autre cas d'une perte de 25 000 $. On a une série de cas que je pourrais
illustrer qui sont toujours dans le même sens.
Je n'ai pas l'intention de continuer l'énumération de la
série de cas, j'ai l'intention de dire que, pour ceux qui sont sur un
programme de stabilisation économique dans le cadre de la
réadaptation, étant donné que la base de salaire n'a pas
été revalorisée, il est évident que le travailleur
s'en trouve pénalisé pour plusieurs années. Je ne veux pas
vraiment aller plus loin sur ce cas-là, si ce n'est d'indiquer au
ministre que j'aimerais qu'il prenne quelques minutes pour me donner
l'état de sa réflexion sur une question aussi importante que
celle-là. Est-ce que, oui ou non, il prétend qu'il y aurait lieu
d'apporter des modifications à la loi ou aux pratiques administratives,
parce qu'il n'est pas obligé de s'appuyer uniquement sur des
dispositions législatives? Je suis convaincu de ce que j'avance,
puisque, de toute façon, par directive administrative, pour autant qu'il
y aurait une provision de crédits requis en termes de demande
budgétaire et que le tout serait autorisé par le Conseil du
trésor, la pratique pourrait très bien être établie,
selon laquelle, dorénavant, la Commission de la santé et de la
sécurité du travail restaurerait la formule de l'indexation pour
les deux cas que je viens de citer qui sont des cases bien précises dans
les prestations de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail à savoir - je les ai
mentionnées tantôt, mais je peux les réutiliser - le
programme de stabilisation économique et le programme de stabilisation
sociale. (15 h 45)
J'aimerais que le ministre nous indique son intention à ce sujet,
de même que son intention concernant les promesses qui avaient
été faites aux victimes d'accidents concernant le droit à
l'indexation de leurs prestations ou à la revalorisation de leurs
salaires antérieurs, puisque n'ayant pas de revalorisation de leurs
salaires antérieurs, il y a lieu de prendre une formule ou l'autre. Je
voudrais que le ministre nous indique, je l'ai bien signalé,
l'état de la question.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Dans un premier temps, je me
permettrai de rappeler au député d'Abitibi-Ouest que la
Commission de lasanté et de la sécurité du travail
est administrée de façon paritaire par des représentants
des travailleurs et des employeurs. Il y a aussi, dans le cas qui nous
concerne, la présidente-directrice générale qui est
nommée par le gouvernement.
Donc, toute la question de savoir si l'approche gouvernementale
relève d'une modification législative ou d'une approche
administrative est quand même assez importante. Parce que sur le plan
législatif, c'est l'Assemblée nationale qui peut changer les
règles du jeu. Sur le plan administratif, il relève de la
juridiction du conseil d'administration d'adopter les procédures
administratives requises. Dans la meilleure des possibilités, le pouvoir
ministériel s'étend ou s'allonge jusqu'à la nomination
d'un observateur, sans droit de vote, auprès du conseil d'administration
de la Commission de la santé et de la sécurité du travail.
Je tenais à faire cette mise en garde au début pour que l'on ne
demeure pas sous l'impression que si le ministre voulait, demain matin, changer
une pratique administrative à la CSST, il en a le pouvoir. Le pouvoir du
ministre est celui de recommander au Conseil des ministres la nomination du
président-directeur générai, des membres issus des parties
patronale et syndicale, et, une fois les nominations effectuées pour des
mandats déterminés, le conseil d'administration quant à
l'administration et à l'intérieur des paramètres
définis par la loi a pleine juridiction. '
Maintenant la question soulevée par le député
d'Abitibi-Ouest est une question importante et sérieuse qui
mérite qu'on y porte une attention particulière à
l'intérieur des juridictions qui sont nôtres. C'est pourquoi j'ai
demandé à mon adjoint parlementaire, le député de
Trois-Rivières, qui est spécialement chargé du dossier de
la CSST au cabinet, de se pencher sur ce problème. Un comité a
été formé où il siège en compagnie d'un des
vice-présidents de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, le vice-président à
l'administration, M. Pierre Shedleur. Et on m'indique que, quant à ce
problème d'indexation ou de révision, je devrais avoir un rapport
d'ici la fin de la session. Ce comité siège déjà
depuis combien de temps, M. Philibert?
M. Philibert: Deux mois.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Deux mois. Le comité
siège déjà depuis deux mois. Il s'agit d'évaluer,
sur le plan des coûts, l'ampleur du problème, cas par cas. Il
s'agit de problèmes qui sont importants. Moi, je ne veux pas
nécessairement corriger parce qu'il y aurait plus d'individus ou moins
d'individus. Je pense que, si des individus ont subi des injustices par le
passé, qu'ils soient plusieurs ou non, cela mérite toute
l'attention gouvernementale requise. S'il s'agit de correctifs qui peuvent
être adoptés sur le plan administratif, le conseil
d'administration de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail en sera saisi. S'il s'agit de correctifs qui
peuvent être apportés sur le plan législatif, si nous
jugeons opportun d'intervenir, nous interviendrons à ce
moment-là.
M. Gendron: M. le Président, c'est évident que je
voulais plus aujourd'hui vérifier jusqu'à quel point il y a une
volonté politique du ministre responsable, et que l'on ait pris un peu
plus de temps sur la nuance entre les dispositions législatives et les
dispositions administratives, je pense qu'il y a peut-être lieu de le
faire, mais ce n'était pas là mon point important. C'est que je
dis qu'on l'a déjà fait par pratique administrative.
C'était plus: est-ce que, oui ou non, le ministre du Travail est
convaincu qu'il y a une perte de droits importante pour les accidentés
concernés et que nous ne sommes pas dans une conjoncture, il me semble,
où on ne peut être complètement ni attentifs ni ouverts
à être sensibles à la problématique vécue par
les concernés, compte tenu que cette formule d'une indexation est quand
même assez courante pour des travailleurs qui ne sont même pas dans
les conditions vécues par les travailleurs accidentés?
Ce n'est pas parce que dans la restauration générale de la
loi 42 le principe a été complètement discarté
qu'on n'a pas le droit de se repencher et de reconsidérer les questions
importantes. Je sais que le ministre n'a pas dit cela. Je veux tout simplement
être sûr que, s'il a mis un comité au travail
là-dessus, c'est probablement parce cju'il a l'intention de regarder
cela et d'évaluer effectivement les coûts qui seraient
afférents à d'éventuelles modifications. Cependant, je
voudrais savoir de lui s'il a sensibilisé ou s'il a l'intention
d'indiquer au Conseil des ministres que, effectivement, il y aurait lieu,
après que le comité sera en mesure de lui fournir des
données chiffrées, d'envisager une modification
législative?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si nécessité il y a.
Ce que je dis au député d'Abitibi-Ouest, c'est que le dossier
nous apparaît important sur le plan de la justice et de
l'équité. Je pourrais peut-être faire un parallèle
bien que les parallèles soient toujours un peu boiteux. Je me souviens
du dossier des ex-religieux enseignants et de la question des fonds de
retraite. Je pense que cela ne posait pas, sur le plan des principes, quelque
difficulté que ce soit de la part des membres de l'Assemblée
nationale, mais sur le plan budgétaire et administratif et du
fonctionnement, le dossier avait une ampleur qui a fait en sorte que cela a
pris plusieurs années pour le régler. Le dossier dont on parle -
j'ajoute au fardeau ministériel qui est mien lorsque j'utilise cette
expression - traîne depuis 1982. Nous nous y attaquons en y affectant,
entre autres, des personnes extrêmement compétentes et en
autorité. J'ai mentionné l'implication personnelle de mon adjoint
parlementaire, le député de Trois-Rivières, et j'ai
également indiqué que, de façon à avoir, sur le
plan des chiffres, les données les plus précises possible, le
vice-président à l'administration de la CSST était
également dans le même comité. Bien sûr,
dès
que j'aurai reçu ledit rapport, il me fera même plaisir de
communiquer à l'Opposition l'ampleur du dossier sur le plan financier.
Je lui dirai strictement que, si ce comité a été mis sur
pied, c'est parce que le ministre et son entourage, son adjoint parlementaire,
sont convaincus qu'il y a là une problématique quant à
l'équité et à la justice face à l'ensemble des
travailleurs et que nous entendons faire tous les efforts nécessaires
dans la mesure des moyens dont disposent l'État et la Commission de la
santé et de la sécurité du travail pour apporter des
correctifs nécessaires en faveur de ces personnes.
M. Gendron: Pour accommoder le président de cette
commission, on en a jasé il y a quelques minutes, je suis d'accord pour
lui prêter, excusez l'expression, la parole pour les minutes qui vont
suivre. Après cela, j'ai d'autres choses sur lesquelles je veux
revenir.
Le Président (M. Théorêt): Je remercie le
député d'Abitibi-Ouest de sa collaboration. Devant quitter avant
la fin de la commission, l'aurais des interventions à faire sur la CSST
et je ne pense pas que vous en soyez surpris, M. le ministre, puisque vous
savez que, depuis que j'ai été élu député de
Vimont, chaque fois que j'en ai eu l'occasion, je suis intervenu auprès
de vous et de votre ministère pour discuter des problèmes de la
CSST, pour discuter de ce gouffre financier, des charges, des exigences et des
coûts que représentait la CSST auprès des petits
employeurs. Vous savez fort bien que chaque fois que j'intervenais,
c'était au nom de ces petits employeurs qui trouvaient que tous ces
coûts et ces charges étaient tout à fait aberrants et
risquaient de les rendre non concurrentiels. Sans rejeter du revers de la main
la demande que je vous ai faite à quelques reprises de convoquer une
commission parlementaire pour examiner tout le dossier de la CSST, ses
opérations, ses déficits, etc., vous avez mentionné qu'il
y avait des étapes premières à suivre, c'est-à-dire
que vous aviez formé certains comités et commandé
certaines études. Ce matin, j'écoutais attentivement vos
remarques préliminaires. Vous étiez fier, je pense qu'on en est
tous fiers, de la réduction importante du déficit, laquelle,
disiez-vous, dans l'un des vos paragraphes était due, non seulement
à la bonne gestion, mais aux efforts très louables consentis par
les employeurs à la hausse de leurs cotisations. Moi, j'appelle cela
peut-être des efforts plus que louables, M. le ministre, puisque de 1985
à 1986, il y a eu 20 % d'augmentation des cotisations chez les
employeurs, 194 000 000 $.
Contrairement peut-être à l'inquiétude qu'exprimait
le député d'Abitibi-Ouest ce matin, il est bien clair, à
la lecture du bilan, que cette réduction du déficit n'a pas
été faite au détriment des bénéficiaires
puisque, effectivement, pour les programmes de réparation, les montants
versés passaient de 716 000 000 $ à 861 000 000 $ pour la
même période. M. le ministre, le critique vous demande de regarder
où vous en êtes dans l'indexation des prestations. Je pense que
c'est raisonnable et justifié de le demander. Mais toutes ces demandes
parlent encore d'augmentation de coûts. Moi, ce que je vous demande cet
après-midi, M. le ministre c'est: Quand vont cesser ces augmentations
aussi aberrantes, dirais-je, pour les petits employeurs qui ne pourront plus
vraiment absorber des augmentations de cet ordre tous les ans? Il est vrai que,
si vous accordiez également l'indexation et d'autres avantages
additionnels à vos bénéficiaires, cela aussi va augmenter
les coûts. Ce que j'aimerais savoir c'est où en sont rendues les
études que vous avez commandées sur le financement ou sur la
gestion administrative. Je sais que le conseil d'administration compte
plusieurs nouvelles figures. Cela vient d'être mis en place il y a
quelques mois seulement. Mais est-ce que vous pourriez au moins nous indiquer
s'il est dans votre intention de faire en sorte qu'on retrouve enfin un moyen,
non seulement de réduire les coûts, mais également de
trouver un financement adéquat pour que les petits employeurs qui ont
à faire face à une concurrence de plus en plus importante
puissent effectivement ne pas subir ce poids énorme que sont tous les
coûts reliés à la CSST?
M. Paradis (Brome-Missisquoi)- M. le Président, si vous me
le permettez, c'est exact de dire que vous êtes venu à
répétition cogner à la porte du ministre, j'oserais
même dire que vous nous avez harcelé quant à ce dossier.
Lorsque nous sommes arrivés au gouvernement, le déficit annuel,
je dis bien annuel, de la CSST pour la dernière année de
l'administration du gouvernement précédent s'élevait
à quelque 547 000 000 $. Un déficit accumulé de tout
près de 2 000 000 000 $, une capitalisation qui devenait risquée
et qui mettait en péril l'avenir même de tout le régime de
santé et de sécurité du travail. Nous avons dû
procéder à plusieurs niveaux et de façon vigoureuse. Oui,
les entreprises ont été mises à contribution, pour des
augmentations de contributions en deux ans de 35 %, ce qui est énorme,
nous l'admettons, mais nous n'avions, sur le plan financier, aucun choix. Ces
augmentations de contributions ne se sont pas faites de façon
isolée. Elles ont été accompagnées d'actions sur le
plan de la gestion de la CSST, qui commencent à porter fruit. Le conseil
d'administration a été remodelé. La haute direction a
été complètement transformée, et, sur le plan de la
gestion, nous percevons présentement des signaux à tous les
niveaux - conseil d'administration, haute direction, personnel - qui vont dans
le sens d'une gestion beaucoup plus efficace de la CSST. Il y a
également tout l'élément de la prévention. Nous
avons pris le virage de la prévention parce que nous savons que ce n'est
qu'en combinant les revenus,
l'augmentation des revenus, la diminution des dépenses et la
diminution des accidents du travail par la prévention, que nous pouvons
en arriver à un sain équilibre financier. (16 heures)
Sans vous révéler, comme je l'ai indiqué ce matin,
les chiffres de la situation financière au dernier rapport parce qu'il
manque quelques vérifications de dernière étape, on me
signale que la situation financière s'est nettement
améliorée au cours de la dernière année et que, si
on continue de combiner non pas cette fois-ci augmentation de contributions,
parce que nous pourrions nous retrouver dans une situation où,
après 35 % d'augmentation, il n'y aurait plus pour un certain temps
l'obligation d'augmenter les contributions, il y aurait quand même
nécessité de continuer à gérer sainement et
à accentuer davantage vers la prévention des accidents du
travail, nous pourrions nous retrouver au Québec dans une brève
période de temps dans une situation très comparable avec les
entreprises ou la situation qu'ont à vivre les entreprises des provinces
avoisinantes et des états américains avoisinants.
C'est toujours cette situation de compétitivité et de
concurrence que nous recherchons en nous assurant, par exemple, que les
travailleurs sont toujours adéquatement protégés en cas
d'accident. Nous avons, à ce chapitre, choisi d'investir dans la
prévention et nous continuerons de faire diminuer, année
après année, le nombre d'accidents du travail. Nous avons
même signé, en décembre 1986, avec les autres provinces
canadiennes et le gouvernement fédéral une entente en ce qui
concerne l'utilisation des matières dangereuses dans les entreprises.
Cette entente-là devrait normalement être en application l'automne
prochain, et il est possible que nous ayons besoin de l'assentiment des
députés ministériels et des députés de
l'Opposition de façon à procéder aux modifications
législatives que commande une telle entente. Mais, encore là, il
s'agit d'un geste qui a reçu l'approbation des parties syndicales et
patronales et qui va dans le sens de la prévention.
Pour résumer, M. le Président, oui, augmentation abrupte
des contributions, oui, resserrement draconien sur le plan de la gestion et,
oui également au travail minutieux et important sur le plan de la
prévention, ce qui doit nous amener, d'ici la prochaine
échéance électorale, à avoir une Commission de la
santé et de la sécurité du travail dont la capitalisation
ne met pas en péril la survie même du régime et dont les
contributions sont à un niveau comparable à un entourage
commercial avec lequel il nous faut faire concurrence, et dont les travailleurs
reçoivent des prestations justes et équitables. C'est l'objectif
que nous visons et c'est la direction qu'a prise le nouveau conseil
d'administration et la nouvelle haute direction de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail.
Le Président (M. Théorêt): Si je comprends
bien vos affirmations, M. le ministre, et là je parle toujours des
petites entreprises, les employeurs peuvent s'attendre dans l'immédiat,
c'est-à-dire donc dès la prochaine année, à ne pas
avoir à faire face à une augmentation substantielle ou à
tout le moins à une augmentation qui dépasserait le coût de
fa vie ou ces choses-là. Est-ce qu'ils peuvent...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous répète ce
que j'ai dit au député d'Abitibi-Ouest. Ce n'est pas le ministre
qui, sur le plan de la gestion...
Le Président (M. Théorêt): Non, je sais.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...ou de l'administration de la
CSST doit prendre ces décisions. J'ai été informé,
par le passé, quelques heures à l'avance, que des augmentations
importantes de contributions seraient décrétées par le
conseil d'administration de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Ce que je vous dis, c'est que les
renseignements que je possède présentement sur le niveau de
capitalisation, sur le niveau du déficit annuel de l'année
courante, me permettent de vous dire que, toutes choses étant
égales, le conseil d'administration ne devrait pas, pour la prochaine
année tout au moins, annoncer d'augmentation des contributions à
la Commission de la santé et de la sécurité du
travail.
Le Président (M. Théorêt): En ce qui concerne
les déboursés pour les prestations versées, M. le
ministre, une augmentation aussi importante de 145 000 000 $, 20 % sur
l'année précédente de 1985-1986, est-ce dû aux
augmentations, aux tarifs, aux barrières ou est-ce dû à un
nombre d'accidents plus élevé, de prestataires plus nombreux ou
est-ce les deux? Parce qu'on parle d'une augmentation, encore là, quand
vous parlez de prévention, j'en comprends toute l'importance en voyant
passer les dépenses des prestations de 716 000 000 $ à 861 000
000 $. C'est dû à quoi? C'est 145 000 000 $ de plus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les deux phénomènes
que vous avez mentionnés, plus le phénomène de
l'augmentation des masses salariales.
Le Président (M. Théorêt): Là,
j'aurais bien aimé avoir les statistiques qui viendraient
équilibrer ces chiffres. Mais au sujet des prestations versées
aux travailleuses enceintes, connaissant le taux de dénatalité au
Québec, est-ce strictement une augmentation de la masse salariale et des
prestations? On peut difficilement comprendre une augmentation de 26 % des
prestations, alors qu'on parle de dénatalité au
Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les taux de variation que nous
avons sont les suivants: taux de variation du nombre de travailleuses, 7,3 %;
taux de variation des indemnités de remplacement du revenu
versées à ces travailleuses et cumulées au 30 septembre
des années considérées, soit 1986 et 1987, 9,6 %.
Tout ce que je peux vous exprimer, c'est une opinion, parce que, comme
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, j'ai
également la responsabilité d'administrer le Régime des
allocations familiales. Il y a eu une légère augmentation quant
au nombre d'enfants, on le perçoit immédiatement sur le plan des
allocations familiales, mais pas aussi importante que celle traduite au niveau
de la Commission de la santé et de la sécurité du
travail.
L'interprétation que nous en faisons au cabinet est la suivante.
Les travailleuses connaissent de plus en plus leurs droits et sont de plus en
plus prudentes quant aux risques possibles sur les lieux du travail qui
pourraient compromettre la santé de la mère ou de l'enfant.
Également, il y a le fait que les médecins ne veulent, dans leur
opinion professionnelle, prendre aucun risque. Vous pouvez facilement
comprendre quelles pourraient être les conséquences, sur le plan
des assurances, d'un médecin qui ne donnerait pas le
bénéfice du doute à la travailleuse qui se prétend
dans une situation dangereuse. Nous croyons que ces éléments
expliquent la croissance davantage que l'augmentation du nombre d'enfants.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'il est
dans l'intention...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez, je voudrais ajouter un
autre élément. Il y a de plus en plus de femmes sur le
marché du travail. C'est l'autre élément important. Parmi
les emplois nouveaux créés au Québec, l'an passé,
les quelque 100 000 emplois, environ 70 % sont occupés par des femmes.
La proportion de femmes en âge de procréer étant là,
cela contribue également à augmenter les pourcentages dont nous
venons de discuter.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'il a
déjà été question, en ce qui concerne les
déboursés pour les femmes enceintes, M. le ministre, de
transférer ces coûts à un autre organisme que la CSST? J'ai
toujours eu de la difficulté à comprendre comment la Commission
des accidents du travail était responsable ou pouvait considérer
une femme enceinte comme un accident du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II en a été
question, publiquement et privément, le conseil d'administration de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail m'a
déjà alerté sur le sujet. Je me souviens d'avoir pris
connaissance d'articles de journaux qui traduisaient la même
préoccupation de l'ancien conseil qui avait alerté
également mon prédécesseur. La Commission de santé
et de sécurité du travail avait ce qu'elle considérait
comme des dossiers litigieux avec le ministère du Travail. Dans l'ordre
de priorité, celui dont nous traitons présentement n'était
pas au premier niveau. Et comme nous avons l'habitude de régler les
dossiers par niveaux de priorité, nous en avons réglé
d'autres.
Au moment où nous nous parlons, je le dis ouvertement, quitte
à être corrigé par les administrateurs de la Commission de
la santé et de la sécurité du travail, je ne sens ou ne
pressens pas, comme ministre responsable de la loi, de pressions importantes
quant à des modifications à apporter à la loi au chapitre
du retrait préventif de la travailleuse enceinte. Et je me souviens
bien, si ma mémoire ne me fait pas défaut, que même le
président du Conseil du patronat, M. Ghislain Dufour, à
l'occasion de la rencontre annuelle avec les députés - cela a
dû se produire du côté du Parti québécois
également - ne fait plus de cette question une priorité pour le
patronat qui paie à 100 % la facture de la CSST. C'est l'état du
dossier tel qu'on m'en a informé et que je le perçois, comme
ministre responsable.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre.
M. Gendron: M. le Président, l'autre question que j'ai que
j'aborderais et qui est très importante est celle de toute la place
prépondérante que devait avoir le médecin traitant dans la
loi 42.
Je ne veux pas lire les articles du projet de loi 42, mais je veux vous
indiquer au moins que, selon les articles 212, 224 et ainsi de suite, on devait
accorder une place prépondérante au médecin traitant de la
victime, dans le cas d'accidents du travail.
Tous doivent savoir cependant que cela devient de moins en moins vrai,
surtout avec les pratiques administratives développées à
la CSST. Surtout quand on considère qu'il y a une autre disposition dans
le projet de loi qui dit qu'elle a le pouvoir de contester chacun des rapports
du médecin traitant sur l'une ou l'autre de ces questions à 212
et 214, ce qui a comme conséquence qu'à partir du moment
où l'arbitre fait connaître son avis, la commission est
liée par cet avis et doit rendre une décision qui lui est
conforme. Donc, dans les faits, le médecin traitant de
l'accidenté est tout simplement discarté. C'est juste pour camper
la problématique.
En plus d'être discarté, on se rend compte qu'on a affaire
également à un système où la loi prévoit un
droit d'appel devant la Commission d'appel en matière de lésions
professionnelles, qu'on appelle la CALP. Je vous fais grâce, je
vous donnerai une indication tantôt comme cela n'a pas de bon sens
de la façon dont cette boîte-là marche. Je suis aussi bien
de le faire tout de suite.
J'ai une note administrative de Hélène Huot - ce n'est pas
la personne que je blâme, elle fait sa "job" - responsable du greffe,
à un accidenté du travail par l'intermédiaire de son
avocat, parce qu'il a été obligé de prendre un avocat,
à peu près un an et demi après la contestation, qui lui
indique ceci dans une lettre du 20 janvier 1988, et n'oubliez pas qu'on est en
avril 1988: "Nos rôles d'audition étant complets jusqu'en avril
1988 et le nombre de déclarations d'appel reçus à la
Commission d'appel en matière de lésions professionnelles
étant tellement considérable, il nous est présentement
complètement impossible de prévoir la date qui sera fixée
pour entendre cette cause."
Je vous dis que c'est satisfaisant pour les travailleurs et
travailleuses syndiqués concernés. J'espère que tout le
monde m'a bien compris. Deux ans et demi après
l'événement, alors que le type est rémunéré
par la CSST, il y a une contestation de l'employeur. Au premier niveau de
révision, la CSST maintient la décision qu'elle a rendue.
L'employé est obligé, à la suite d'une lettre lui
indiquant que l'employeur a décidé d'aller en appel à la
commission d'appel, de prendre un avocat pour s'occuper de sa cause. Il
apprend, je le répète, toujours deux ans et demi plus tard, le 28
janvier 1988 même si on est rendu en avril 1988, qu'on ne sait pas quand
sa cause pourra être inscrite sur ce qu'on appelle communément le
rôle d'audition à la Commission d'appel en matière de
lésions professionnelles. Cela n'a pas de bon sens. J'y reviendrai
tantôt, mon point étant sur le médecin traitant.
De toute évidence, qu'est-ce que la CSST fait depuis un certain
temps? Je pense que la CSN l'a très bien traduit dans un document
qu'elle rendait public le 29 mars 1988. Nous avons affaire à une
série de contestations des médecins de papier de la CSST qui ont
comme conséquence que les médecins de la CSST rejettent du revers
de la main, M. le ministre, les diagnostics établis par les
médecins traitants. J'ai même des cas où les
concernés accidentés n'ont même pas été vus
par les médecins arbitres, si ce n'est qu'une fraction de seconde, pour
renverser le rapport des médecins traitants. Je pense que cela devient
une situation très coûteuse. C'est un peu étonnant de
toujours imputer les déficits uniquement sur le dos, de temps en temps,
des employeurs par les cotisations ou, de temps en temps, des accidentés
par l'absence de prestations qu'ils reçoivent. Sauf qu'on se rend compte
qu'on a des accidentés qui sont surexaminés. J'ai un cas ici
où, la même journée, le même sujet a vu quatre
médecins différents. Il n'est pas rare d'ailleurs de voir un
accidenté examiné successivement par trois ou quatre
médecins, en quelques jours, pour la même lésion, pas pour
des lésions différentes: son médecin traitant, le
médecin du patron, celui de la CSST et les médecins arbitres qui,
en ce qui me concerne, sont exactement les mêmes que ceux de la CSST,
même s'ils ont une appellation différente, pas en termes de
personnages, mais en termes de résultats. En termes de personnages,
c'est évident que les personnages ne sont pas les mêmes. Quand tu
es médecin de la CSST, tu ne peux pas être également
médecin arbitre. (16 h 15)
Je ne veux pas être plus long là-dessus, mais le ministre
est-il conscient que, dans ce que je viens d'illustrer, il y a
énormément de temps, d'énergie, de disponibilité
perdus? Est-Il conscient qu'avec une telle pratique, une telle formule, il ne
faut pas se surprendre qu'un tas d'accidentés n'aient pas les outils ni
le courage ni les éléments nécessaires d'entreprendre ou
de s'enfoncer dans ce dédale de procédures qui, comme par hasard,
conduit à peu près toujours au même résultat? Et
surtout et là, je demanderais au ministre d'être
très attentif - quand il a affaire à une
présidente-directrice générale, Mme Forget, qui ne se
gêne pas d'ailleurs pour dire publiquement - c'est une entrevue qu'elle
accordait au journal Les Affaires le 11 juillet 1987 où elle
disait ceci - je la cite au texte: "Je veux montrer aux employeurs que c'est
payant d'aller en expertise médicale et faire comprendre aux
médecins que leurs rapports d'examen peuvent être contestés
en tout temps." Comme si c'était son voeu, son souhait et la
volonté ferme qui semble être bel et bien inscrite comme
fonctionnement au sein de la CSST. C'est payant de constester, c'est payant
d'aller récupérer de l'argent sur le dos des travailleurs,
indépendamment du traitement qu'on accorde à ces gens qui sont
souvent dans la misère ou en difficulté.
Je voudrais bien que le ministre nous explique deux choses. Est-ce que,
d'abord, il partage cette volonté ou ces dires de la directrice
générale, Mme Forget, à savoir que, oui, il y a une
volonté de la CSST d'encourager les employeurs à être le
plus mesquin possible et à s'assurer que, dans presque tous les cas, il
faut aller en expertise médicale. C'est ce qu'elle a essayé de
faire comprendre aux médecins que c'était payant de contester le
rapport des médecins traitants, alors qu'on établit une
règle, un principe qui voulait, en tout cas dans la loi 42, en termes
d'esprit, que le médecin traitant ait une plus grande place, une plus
grande prépondérance et que, effectivement, règle
générale, à moins que, manifestement, il n'y ait des abus,
on essaie de se fier au rapport du médecin traitant pour éviter
ces coûts inutiles, cette dimension de surexamen. Quand un même
accidenté est examiné jusqu'à deux, trois ou quatre fois
pour la même lésion, il me semble que cela fait un système
de fous où les médecins traitants sont exaspérés,
les médecins traitants n'ont pas beaucoup confiance en leurs
capacités professionnelles, que leurs rapports soient
écoutés.
II me semble qu'on bafoue les principes de justice naturelle dans le
processus d'arbitrage médical. Ce qui faisait dire, d'ailleurs, et je
conclus là-dessus avant d'avoir les commentaires du ministre... Quand la
CSN a émis un communiqué le 29 mars, qu'est-ce qu'elle a dit dans
le fond? Elle a dit ce que je vis comme député de comté et
ce que beaucoup de collègues vivent s'ils ont un peu
d'honnêteté ou d'objectivité, c'est que, dorénavant,
la CSST ne défend plus les travailleurs accidentés. La CSST ne
reconnaît plus des accidents qui en étaient dans le passé.
Elle ne reconnaît plus des maladies professionnelles. Il y a des reculs
importants concernant la réadaptation et il y a également des
reculs importants dans le régime de stabilisation avec une série
de révisions à la baisse, parce que, arbitrairement, elle a
décidé de changer la base de calcul sur laquelle ces
gens-là s'appuyaient au préalable.
Je veux savoir du ministre du Travail s'il est conscient qu'on a presque
éliminé la responsabilité du médecin traitant, dans
la loi 42. Entend-il prendre des dispositions politiques, comme ministre
responsable de la loi, pour s'assurer qu'on revienne à un meilleur
équilibre dans les dossiers et que, par le fait même, on
réduise une série de coûts qui m'apparaissent
complètement inutiles? Et cela, je le prouverai tantôt avec un
autre beau petit dossier qui est l'arbitrage médical. En
éliminant les coûts inutiles, on élimine aussi des
coûts de déficit et il n'y a pas seulement là sa
satisfaction, comme il semblait l'éprouver tantôt à la
question du député de Vimont: Combien je suis heureux de dire
qu'on a réduit le déficit. Moi aussi, je poursuis cet objectif
sincèrement. Je pense que cela n'avait pas de bon sens! Mais il n'y a
pas qu'une façon de réduire un déficit si la grosse
majorité des coûts est Imputable à des pratiques qui ont
comme conséquence que c'est la Commission de la santé et de la
sécurité du travail qui, elle-même, par sa pratique
administrative douteuse, dans bien des cas, a comme conséquence qu'on
augmente les coûts de traitement du même accidenté pour la
même lésion à deux, trois, quatre, cinq ou six
étapes.
Je donne le même cas que je vous donnais tantôt et cela ne
me ferait rien de le citer. M. Samuel Morin, qui a 64 ans et qui est
condamné à ne plus travailler. Tout ce qu'il sait, au moment
où on se parle, c'est que là, il doit attendre d'être
inscrit sur le rôle concernant la Commission d'appel en matière de
lésions professionnelles et que c'est à la suite d'une
troisième contestation de niveau de décision de l'employeur, ce
qui aura comme conséquence possible qu'il apprenne, à 71 ou 72
ans, qu'il avait raison. Mais durant tout ce temps-là, il continuera
à recevoir une facture de son avocat qui lui dit: Vous m'avie2
donné une avance pour votre dossier, je ne pensais pas que cela
niaiserart comme ça - je vais seulement finir là-dessus -
considérant le travail à faire à ce jour et votre premier
dépôt - et là, je restreins le montant - auriez-vous
l'obligeance de nous faire parvenir un autre dépôt à titre
d'acompte sur nos honoraires et déboursés passés,
présents ou futurs?
Imagine-toi quand on finit une phrase comme cela, en voulant dire: On ne
le sait, cela peut bien vous coûter 25 000 $ en l'an 1999. Si c'est comme
cela que le ministre du Travail a l'intention de traiter les accidentés
du travail, je serais très déçu. J'ose croire que ce n'est
pas son attitude. C'est pour cela que je voudrais l'entendre parler beaucoup
plus en termes de principes, en termes de volonté politique. Est-ce
qu'il considère qu'actuellement il y a des abus sur le volet de la
capacité du médecin traitant de jouer un rôle plus conforme
à l'esprit de la loi, pour éviter des situations abusives
absolument "dénonçables", comme je viens de le faire?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, sans me
prononcer sur le cas que vient de porter à l'attention de la commission
lé député d'Abitibi-Ouest, j'aurais quand même des
remarques sur quelques éléments de la longue introduction qui a
précédé la question à relever.
Vous avez mentionné qu'il s'agissait bien de pratiques
administratives. Je pensais avoir été clair, dès que nous
avons abordé ce dossier. Les centrales syndicales sont
représentées au conseil d'administration de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail et ont autorité
sur ses pratiques administratives.
La dernière fois que j'en ai été informé, la
quasi-totalité des décisions étaient prises de
façon unanime au conseil d'administration de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. Je présume donc
que la centrale syndicale que vous avez mentionnée ou d'autres ont
voté en faveur ou ont approuvé les pratiques administratives dont
vous avez fait mention.
Maintenant, vous avez pris le problème par le...
M. Gendron: Mme la Présidente, je m'excuse, parce que,
là, on ne se comprendra pas. Quand j'ai parlé de pratiques
administratives - c'est parce qu'on ne peut pas tout faire dans les
préambules - c'était uniquement sur une question et je voudrais y
revenir, M. le ministre. Je pourrais peut-être la citer tout de suite. La
pratique administrative, c'est uniquement sur le fait que, dans le
passé, le taux d'indemnisation était calculé sur la base
de la perte réelle de revenu. Depuis environ une année, la CSST a
décidé de baser désormais ses calculs sur le maximum
assurable.
Que je sache, cela est une pratique administrative. Tout le reste, sur
l'essentiel de mon propos quant à la place qui a glissé du
rôle
prépondérant du médecin traitant, ce ne sont pas
des pratiques administratives. Ce sont carrément des dispositions du
projet de loi 42.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais, à ma connaissance,
les dispositions du projet ; de loi 42 n'ont pas été
modifiées depuis mon arrivée comme ministre du Travail. Donc, il
s'agit de dispositions législatives adoptées sous l'ancien
gouvernement et administrées dans le quotidien par un conseil
d'administration dont je vous ai expliqué tantôt le fonctionnement
et l'étendue, entre guillemets, des pouvoirs de celui qui vous
parle.
Mais l'essentiel de mon propos... Je voudrais peut-être reprendre
le problème où vous l'avez pris, en vous plaçant dans les
souliers d'un député de comté qui reçoit quelqu'un
qui prétend, à tort ou à raison, avoir droit à des
indemnités de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Je pense que vous faites là
l'exercice qu'il nous faut faire comme parlementaires pour tenter de prendre
les meilleures décisions possible.
Vous avez des accidentés du travail dans votre comté dont
les cas - j'en ai également ainsi que les autres députés -
sont clairs et qui sont facilement indemnisés, etc. Les cas qui se
retrouvent dans nos bureaux de comté sont généralement des
cas problèmes parce que, s'il n'y avait pas de problèmes, ils ne
viendraient pas nous voir au bureau de comté pour rien. Je vous dirai
que j'avais et que je conserve une préoccupation pour les délais
que vous mentionnez. Il y a une expression en droit commun, en "common law",
qui dit à peu près ceci: "Justice delayed is justice denied."
Lorsque vous prenez trop de temps à rendre la justice, que les
délais sont trop longs, il n'y a plus possibilité de rendre
justice.
Lorsque j'ai été assermenté ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, j'ai eu la
responsabilité de la Commission des affaires sociales qui,
jusqu'à un certain moment, avait la responsabilité d'entendre,
sur le plan administratif, quasi judiciaire, les appels en révision de
la CSST jusqu'au moment où la CALP a pris la succession. Je vous dirai
que le délai moyen d'attente devant la Commission des affaires sociales,
pour un citoyen, au moment où j'ai été assermenté
ministre, était d'environ trois ans. J'ai déployé beaucoup
d'efforts en collaboration avec le président de la Commission des
affaires sociales, le juge Poirier, pour mettre en place des règles de
pratique, des façons de fonctionner, qui visent à raccourcir ces
délais, afin que le justiciable puisse avoir une réponse finale
dans son dossier, dans un délai inférieur à trois ans. Je
vous dirai que nous avons accompli des progrès, mais que je ne suis pas
complètement satisfait des délais qui demeurent extrêmement
longs. De trois ans, nous sommes passés à environ deux ans.
Maintenant, les appels en fonction ou en vertu de la Loi sur les accidents du
travail vont devant la Commission d'appel en matière de lésions
professionnelles, que l'on appelle communément la CALP, qui
relève du ministre de la Justice. Je pense qu'en toute justice pour
celui qui vous parle, quant aux délais des causes qui sont devant la
CALP, ces questions devraient êtres adressées dans le cadre de
l'étude des crédits du ministère de la Justice, mais que
je suis également, comme député de comté, conscient
que les délais sont très importants. Maintenant, sur le plan
administratif, la Commission de la santé et de la sécurité
du travail conserve quand même tous les dossiers en révision.
Là aussi, il y a des délais au niveau de la révision.
J'ai déjà eu l'occasion de faire part de mes
préoccupations à la CSST quant au délai entre la
première décision administrative et la décision au bureau
de révision. Je vais vous donner les dernières informations que
je détiens, quant à ce délai dont j'assume la
responsabilité, comme ministre, en tant que responsable de la loi devant
l'Assemblée nationale.
Le 1er juillet 1987, la commission procédait à la
restructuration des bureaux de révision par voie de centralisation et
d'intégration des unités régionales au service de
coordination révision. En effet, à la suite de l'exécution
du plan de résorption des dossiers en révision, le nombre de
dossiers actifs en révision est passé de 3662 dossiers au 1er
janvier 1987 à 1212 dossiers actifs au 31 décembre 1987. La
réduction progressive du nombre de nouvelles contestations
résultant de l'application de l'article 478 ainsi que de la
répartition géographique des dossiers à traiter soulignait
la nécessité d'une telle restructuration. Cette opération
a permis de réduire de 72 % les effectifs affectés à
l'exécution des tâches en révision tout en garantissant des
services à la clientèle équivalant à ceux existant
auparavant, le tout dans un souci d'efficience et de rentabilité.
J'ajouterai à cet élément que j'ai insisté
auprès de la CSST pour que l'une des vice-présidences soit
strictement consacrée au service à la clientèle, et
employeurs et travailleurs accidentés. Je suis conscient, comme
député et comme ministre, des problèmes que vous soulevez.
Ce que je vous indique, c'est que dans le cadre des responsabilités et
des pouvoirs qui m'ont été attribués, je me suis
attaqué à ce problème, que les délais qui
étaient - et vous étiez sans doute également
député avant 1985 - extrêmement longs à tous les
paliers ont été raccourcis en ce qui concerne la révision
des dossiers par les bureaux de révision dans un nombre très
important de dossiers et en ce qui concerne également la juridiction que
conserve, pour les anciens dossiers, un autre organisme dont je suis
responsable en tant que ministre de la Main-d'uvre et de la
Sécurité du revenu, la Commission des affaires sociales. À
ces deux niveaux-là, il y a eu raccourcissement des délais. Si
vous me demandez si je suis satisfait que les
délais sont maintenant suffisamment courts, ma réponse est
non, je ne suis pas satisfait, il y a encore beaucoup d'améliorations
à apporter.
Ce que je vous dis, c'est que nous avons hérité du dossier
sur le plan des délais dans un état qui était lamentable,
déplorable, mal géré, et que nous avons apporté, au
cours des deux dernières années, des amendements à des
règles de pratique, des modifications aux politiques administratives que
nous avons suggérées et qui ont été
entérinées par les responsables des organismes concernés,
et qu'ainsi nous avons réussi à diminuer, dans l'ensemble,
d'environ 33,33 % les délais qui avaient cours sous l'ancienne
administration. Maintenant, il faut faire davantage.
M. Gendron: Mme la Présidente, je m'excuse.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je pense que le ministre touche une petite parcelle
de mon laïus de tantôt. Les délais, c'est une chose.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est important.
M. Gendron: C'est Important mais, fondamentalement, ce qui serait
plus important, c'est plus de savoir votre opinion sur l'affaiblissement
graduel du rôle du médecin traitant dans la loi qui va à
rencontre de l'esprit de la loi 42 et surtout de me dire, comme ministre
responsable de la Loi sur la santé et la sécurité du
travail, donc, de la CSST, s'il considère qu'un propos comme celui que
je lui ai cité de la directrice générale de la CSST, Mme
Jérôme Forget, qui disait vouloir indiquer aux employeurs que
c'est payant d'aller en expertise médicale et vouloir faire comprendre
aux médecins que leurs rapports d'examens peuvent être
contestés en tout temps, est le genre de propos qui va contribuer
à renforcer le rôle du médecin traitant?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais peut-être commencer
par la deuxième partie de la question du député
d'Abitibi-Ouest. Je lui indiquerai que le rôle de
présidente-directrice générale d'une commission, telle que
la Commission de la santé et de la sécurité du travail,
n'est pas un rôle extrêmement facile. Il s'agit de la seule
personne au conseil d'administration qui n'est pas issue soit de la partie
patronale, soit de la partie syndicale, et qui, en pratique ou en
définitive, détient la balance du pouvoir dans le cas d'un vote
partagé entre la partie patronale et la partie syndicale.
À la lecture des procès-verbaux des conseils
d'administration de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, je me suis rendu compte, et je l'ai
indiqué tantôt, que, dans la quasi-totalité des cas, les
décisions sont prises de façon unanime, ce qui évite
à Mme la présidente-directrice générale d'avoir
à trancher par un vote entre la partie patronale et la partie syndicale.
Sans doute que ce n'est pas accidentel si ces votes sortent de façon
unanime. C'est sans doute parce qu'on réussit à amener les
parties à s'entendre sur des sujets qui sont difficiles et où,
souvent, les intérêts des employeurs et des travailleurs peuvent
paraître, a priori, opposés.
Je vous dirai qu'on a également reproché - en tout cas, je
l'ai lu dans les journaux - par le passé, à Mme la
présidente-directrice générale ou à la CSST de ne
pas avoir requis de contre-expertises médicales. Je me souviens d'un cas
qui a fait les manchettes, il y a quelques mois, où, pour avoir
payé strictement sur le rapport du médecin traitant, sans exiger
une contre-expertise, la commission avait été
sévèrement blâmée par les médias ou par
certaines personnes par l'intermédiaire des médias.
Il s'agit donc d'une situation où l'équilibre n'est pas
facile à atteindre. Je vous dirai que la majorité des cas - vous
en êtes également conscient dans votre comté comme les
autres députés en sont conscients dans le leur - sont
réglés sans qu'il y ait contre-expertise médicale ou quoi
que ce soit.
Maintenant, la loi prévoit qu'il y ait une possibilité,
soit pour l'employeur, soit pour la commission de procéder par
contre-expertise médicale, qu'il y ait également
possibilité pour le ministre, dans le cas de rapports médicaux
qui sont contradictoires, de nommer un arbitre médical.
Tantôt, vous nous avez fait part de commentaires sur les arbitres
médicaux. Je vous dirai que la liste d'arbitres médicaux que
j'utilise et la liste d'arbitres médicaux qui m'est
suggérée ou recommandée par le Conseil consultatif
du...
Une voix: C'est le conseil qui décide.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah, c'est le conseil qui
décide?
M. Gendron: ...ce pouvoir-là, M. le ministre. (16 h
30)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Alors, c'est le Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Donc, il ne me reste plus, dans
le dossier, beaucoup de pouvoir d'intervention. Je vous rappellerai, parce que
vous n'avez peut-être pas eu le bénéfice de les entendre,
les propos, entre autres, du président de la Corporation professionnelle
des médecins du Québec, M. Augustin Roy, à l'occasion de
la commission parlementaire sur la proposition d'une politique de
sécurité du revenu, qui nous demandait,
comme parlementaires des deux côtés de la table, de laisser
ces décisions médicales entre les mains de professionnels de la
santé et de ne pas y substituter le jugement d'administrateurs...
M. Gendron: Le médecin traitant n'est-il pas un
professionnel de la santé? Que je sache, le médecin traitant est
un professionnel de la santé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je ne nie pas que le
professionnel...
M. Gendron: Pourquoi est-il discarté dans l'esprit...
Parce que là, de toute façon, vous me donnez toutes sortes
d'explications, mais, en ce qui me concerne, elles ne me satisfont pas. La
question que je voulais vous poser est la suivante. Partagez-vous les dires de
Mme Forget selon laquelle, if faut qu'il y ait une volonté de dire
à tous les employeurs: on va effectivement contester. Vous dites: Oui,
mais c'est prévu dans la loi. Je sais tout cela. Je n'ai jamais dit que
la loi 42 ne prévoit pas tout cela. Tout ce que j'affirme, M. le
ministre, c'est qu'il y a eu un changement radical depuis un an.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous l'affirmez et moi, je vous
dis...
M. Gendron: Et on a les chiffres...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...que vous avez peut-être
raison dans votre prise de position - et vous pouvez avoir la prise de position
que vous voulez - de l'affirmer. D'un autre côté, je vous dis que
je prends connaissance des médias où, dans certains cas, font
plus les manchettes les reproches à la CSST de ne pas
procéder...
M. Gendron: À quoi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans les médias
dernièrement...
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...une fois. Mais il y a d'autres
cas où on a reproché, moins à la manchette - je peux
peut-être vous les transmettre - à la CSST de ne pas avoir
exigé de contre-expertise.
M. Gendron: Mais oublions tout cela. Vous, comme ministre du
Travail, partagez-vous cette impression que le rôle du médecin
traitant a été drôlement effacé,
atténué, amoindri, et que cela a comme conséquence
d'allonger indûment les délais, d'augmenter
énormément les coûts de traitement de ces cas? Et il me
semble que ce n'est pas comme cela que vous, comme ministre responsable,
devriez vous acquitter de vos responsabilités envers la Ioi 42 et la
CSST.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne part sans doute pas des
mêmes prémisses ou de la même réalité
vécue. En ce qui concerne l'arbitrage médical, pour vous donner
le nombre de cas... Parce que souvent, à partir du nombre de cas, on
peut déceler des courbes ou des changements soit sur le plan
législatif ou administratif. Nous sommes donc conscients qu'en 1986-1987
ou en 1987-1988, il n'y a pas eu de changement sur le plan législatif,
donc pas de possibilité d'influer sur la courbe. Vous semblez
prétendre qu'il y aurait eu des changements importants sur le plan
administratif. Ce n'est pas ce que les chiffres que je reçois
officiellement m'indiquent. En matière d'arbitrage médical, il
n'y a pas eu de 1986-1987 à 1987-1988 d'augmentation importante du
nombre de dossiers. En 1986-1987, on m'indique qu'il y aurait eu 4677 dossiers
d'arbitrage médical et, en 1987-1988, 4985. Ces statistiques, ces
chiffres, cette compilation du nombre de dossiers traités ne semblent
pas donner foi aux arguments que vous avancez, à moins que vous ne
possédiez d'autres informations qui ne m'auraient pas été
transmises.
M. Gendron: En tout cas, vous avez situé 1987-1988?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: Pour 1988, on n'est pas tellement avancé.
Quant à moi, entre les chiffres de 1986...
Une voix: L'année financière 1988...
M. Gendron: Oui mais, pour des statistiques, j'aimerais mieux
figurer les années civiles et non pas les années
financières.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): 1987-1988 se termine au mois de
mars.
M. Gendron: Une chose qui est sûre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique que le chiffre pour
1988 se termine au mois de mars, c'est l'année financière
gouvernementale habituelle.
M. Gendron: Une chose est sûre, M. le ministre, j'ai ici un
tableau - je vous l'ai dit tantôt que j'y reviendrais - pour 1986 et
1987, mais en années civiles et non en années financières,
une note qui est transmise par le ministère du Travail, par M. Marcil,
responsable ministériel de l'accès aux documents des organismes
publics et de la protection des renseignements personnels concernant des
informations sur l'arbitrage médical en 1986 et 1987.
J'ai des chiffres qui attestent qu'il y a une progression à la
hausse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais je ne vous dis pas qu'il n'y
a pas progression à la hausse. Je vous ai cité le nombre de
dossiers qui incluent les dossiers en matière de lésions
professionnelles et les dossiers en matière de maladies professionnelles
pulmonaires, soit 4677 pour l'année 1986-1987 et 4985 pour
l'année 1987-1988.
M. Gendron: Ce sont des types particuliers de lésions.
Mais quand je prends la globalité des cas qui sont allés
à...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La globalité des dossiers
d'arbitrage médical.
M. Gendron: Oui. Mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis prêt à faire
un exercice de conciliation de chiffres. Je n'ai rien à cacher.
M. Gendron: Non, parce qu'il n'y a pas une grande
différence entre ce que j'ai et ce que vous avez.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah!
M. Gendron: Tout ce que je dis, c'est qu'il y a une augmentation.
Je parle par rapport à ce que vous avez cité. Là où
est la différence, c'est quant à l'augmentation du nombre de cas
entre 1986 et 1987. C'est quelque 300?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur 4000, il s'agit d'environ 300,
pour être exact. C'est environ 300 sur 4000.
M. Gendron: D'accord pour les 4000, mais l'autre année
aussi, 4600 contre 4009.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous faites un pourcentage
d'augmentation, vous êtes obligé de prendre 300 sur 4500 de
moyenne.
M. Gendron: Avant de laisser la parole et de revenir...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'augmentation des contributions a
été beaucoup plus importante en pourcentage.
M. Gendron: Avant de laisser la parole à M. le
député de Saguenay, je voudrais terminer avec une dernière
question sur le rôle du médecin traitant et je reviendrai
spécifiquement sur les arbitrages médicaux. Est-ce que le
ministre est en mesure de nous indiquer à partir de quel moment
précisément la CSST a cessé de calculer le taux
d'indemnisation sur la base de perte réelle de revenu, alors que, au
moment où on se parle, la CSST a décidé de baser
désormais ses calculs sur la maximum assurable?
Premièrement, depuis quand cela se fait-il? Deuxièmement,
qui a décidé cela? Troisièmement, est-ce que le ministre
est au courant?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit d'une question
très précise. Je souhaiterais vous donner une date très
précise. Mais c'est de l'initiative de la commission.
M. Gendron: Donc, le ministre n'a pas été
informé de cela? Il n'a pas eu à indiquer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II faut bien comprendre le
fonctionnement de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. La commission a été
formée - je pense que c'est là le but du législateur - de
façon à administrer les prescriptions de la loi, et ce, par le
biais d'un conseil d'administration presque totalement paritaire, sept
représentants du patronat, sept représentants des syndicats et un
président-directeur général. Tout comme le cas des
augmentations de contributions dont on a parlé tantôt, on tient
généralement le ministre averti par communication des
décisions majeures que la commission prend.
Je prends également connaissance, parce que c'est une discipline
que je m'impose, des procès-verbaux du conseil d'administration de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail.
Mais le seul pouvoir que le ministre possède quant à
l'administration, aux décisions administratives comme telles, est un
pouvoir moral et celui de déléguer un observateur aux
réunions du conseil d'administration. Les pouvoirs d'administration
relèvent réellement du conseil d'administration de la
commission.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Mme la Présidente, je pense que vous nous
permettrez, pour les quelques minutes qui sont à nous, de regarder la
loi 42 en rétrospective. Je suis un peu étonné et je me
réjouis avec ferveur de l'intérêt du député
d'Abitibi-Ouest pour la loi 42. Nous allons nous rencontrer sur beaucoup de
points. Il faut se rappeler que la loi 42 a été un projet de loi
qui a quand même pris quelque chose comme 30 semaines du Parlement
québécois avant d'être votée, où des
dizaines, sinon des centaines, d'intervenants sont passés en commission
parlementaire, un projet de loi qui, lorsqu'il a été
terminé en commission parlementaire, est arrivé en
troisième lecture avec 600 amendements, M. le député
d'Abitibi-Ouest. C'était quelque chose à voir, parce que la pile
d'amendements était beaucoup plus haute que le projet de loi. (16 h
45)
II y a toujours une chose qu'on a défendue. Je la défends
encore aujourd'hui, malgré qu'on ait changé de côté
de Chambre, comme on le dit régulièrement. C'était dans
l'objectivité de la loi 42. On votait une loi qui avait pour objectif
fondamental de défendre d'abord l'accidenté du travail et la
réadaptation. C'étaient deux des objectifs fondamentaux de la
loi. Mais on est venu y mettre une barrière, et cette barrière
perdure depuis 1985 et elle perdurera tant que l'esprit de la loi sera
administré par un comité paritaire. Nous l'avons vu tout le long
de la commission parlementaire, du moment où l'ex-ministre du Travail et
ex-député de Sherbrooke, M. Fréchette, avait
annoncé que cette loi, après qu'elle aurait été
adoptée, serait administrée d'une façon paritaire en ce
sens que, des deux côtés de la table, il y aurait des
intérêts. Je déplore ce fait et tant qu'on aura un
comité paritaire pour administrer une loi. Qu'est-ce qu'on remarque
après trois ans d'administration de la loi 42? C'est que c'est le
même gars qui, comme sous l'ancienne Commission des accidents du travail,
est pénalisé, c'est-à-dire l'accidenté. Toute cette
belle démarche, ce beau programme et cette belle administration
impliquée n'a pas fait, après usage, mieux que l'ancienne
Commission des accidents du travail.
Parce que le Jos. Bleau qui vient à notre bureau n'est pas mieux
rémunéré. Les délais ont été
raccourcis, il faut vous en donner le crédit M. le ministre, je vous en
félicite, de même que les administrateurs de la CSST, ceux qui
l'ont administrée, oui. Vous parliez d'un petit cas de deux ans et demi,
M. le député d'Abitibi-Ouest, mais c'est tout à fait
récent, je vais vous en sortir d'autres, si la salle était assez
grande, je les amènerais ici... Quant à ceux que j'ai
amenés en commission parlementaire, il y en avait de dix, douze et
quinze ans. Vous savez, un petit cas de deux ans et demi, cela ne
m'émeut pas comparativement à ceux que je peux avoir dans mon
comté, des gens qui ont été blessés sur le barrage
de la rivière Bersimis, qui est terminé depuis 20 ans, et ce
n'est pas réglé encore.
Je veux dire que, dans l'esprit de la loi, on n'a pas atteint l'objectif
qui était d'abord et avant tout d'indemniser normalement
l'accidenté du travail. À ce moment-là, pour chaque dollar
perçu par la CSST, 0,33 $ retournaient à l'accidenté et
0,66 $ retournaient aux "brasseux" de paperasse.
Et je vais en venir aux médecins traitants.
Particulièrement là où on avait les accidentés, on
avait indiqué à ce moment-là au ministre et aux membres de
la CSST qu'il aurait été préférable d'avoir une
ouverture relativement au traitement des cas, c'est-à-dire les cas
légers et les cas lourds. Malheureusement, on a retrouvé tous les
cas dans un melting-pot. Les médecins traitants, qui font affaire avec
les médecins légalistes de la CSST, médecins qui ont
à trancher des morceaux de papier, sont devenus hargneux, tannés.
La plus belle preuve, la majorité des médecins traitants vont
demander 25 $ aux clients pour remplir la formule de la CSST. C'est un fait
vécu dans le quotidien, alors qu'on a déjà
l'assurance-maladie qui est censée remplir cette charge.
Au départ, les accidentés du travail sont
pénalisés. Pourquoi? Parce que les médecins traitants - je
ne veux pas les défendre ni les accuser, mais je veux donner l'heure
juste - n'aiment pas voir arriver un accidenté léger dans leur
bureau, cela les tanne parce qu'il y a de la paparasse et qu'ils doivent mettre
leur diagnostic sur papier. M. le député d'Abitibi-Ouest, vous
devriez écouter cela, c'est très important pour les cas de votre
comté. Je dis que ce qui met les médedins traitants en maudit
là-dedans, c'est qu'ils doivent mettre leur diagnostic sur papier. Et
à partir du moment où on met le diagnostic sur papier, on peut le
contester. Vous savez que les médecins, qui sont des disciples
d'Esculape, n'aiment pas trop se faire contester. Et par qui sont-ils
contestés? Par leurs collègues. Ils aiment encore moins cela! Ce
sont aussi des médecins professionnels qui contestent une
décision, un rapport médical.
À partir du moment où on a des cas légers, je pense
qu'il devrait y avoir une division à l'intérieur de la CSST pour
les traiter. Entendons-nous sur un cas qui nécessite trois mois. C'est
à peu près la grosse majorité des cas. Ce qui
allégerait à ce moment-là la procédure pour
permettre de traiter les cas lourds. Tant qu'on n'aura pas cet esprit, les
médecins traitants ne devraient pas, je pense, pour les petits cas de
moins de trois mois, prendre deux, trois ou dix ans à se régler.
Cela devrait se régler dans des délais de 90 ou 120 jours. Ce qui
est encore bien difficile à supporter pour le père de famille qui
n'a que son chèque de paie pour faire vivre sa famille. C'est à
celui-là qu'il faut penser.
Je pense que la CSST devrait se pencher là-dessus. Mais encore
là, ce ne sont pas les objectifs visés par la comité
paritaire. Cela me met en beau fusil aujourd'hui lorsque je vois arriver les
deux parties, les deux organismes, membres du comité paritaire, qui
viennent nous dire qu'avec la loi 42, il faudrait faire ci, il faudrait faire
ça, alors que c'est eux-mêmes qui l'administrent, c'est
eux-mêmes qui donnent les décisions. Ce sont des
irresponsables.
Je les ai vus en commission parlementaire, les deux parties. M. le
Président, si je le dis aujourd'hui, c'est parce que cela fait trois ans
que j'attends. Je l'ai dit au président du Conseil du patronat. Je vais
vous le dire à vous et vous le répéterez aux gens de la
CSN, aux gens de la FTQ, aux gens des autres syndicats, parce que, leur
responsabilité première, c'est l'accidenté du travail.
À l'heure actuelle, dans l'administration de la loi 42, ce sont
des intérêts qu'on défend et pas les intérêts
des travailleurs, encore moins ceux de l'employeur, parce qu'on fait un
melting-
pot d'intérêts et, souvent, c'est le travailleur qui a
à payer la facture. Tant qu'on aura cet esprit dans l'administration de
la loi 42 par un "mautadit" comité paritaire en lequel il n'y a personne
au Québec qui croit, je pense que l'accidenté du travail au
Québec, le médecin traitant et tous les découlements de
l'application de la loi 42... Dans les objectifs qui avaient été
donnés par l'ancien ministre, on y souscrivait.
Je prends à témoin ici mon collègue de Viau, qui a
passé quelque chose comme 27 semaines, responsable du dossier, à
ce moment-là, dans l'Opposition, de toutes les demandes
répétées. On s'est fait rabrouer bien souvent soit par les
syndicats, soit par le Conseil du patronat qui, entre eux, devant un verre de
vin à l'Assemblée nationale au Parlementaire disaient: On peut
vivre avec cela.
Quand je vois ces faces de pleutres aujourd'hui venir pleureur aux coins
des rues: La loi 42, on ne peut pas vivre avec, mon oeil! Ces gens-là
n'ont pas de sincérité vis-à-vis des travailleurs du
Québec, vis-à-vis des entreprises également, parce que
avec toute cette formule, on a inventé des coûts qui deviennent
tout à fait aberrants pour les entreprises et qui ne règlent pas
le problème des travailleurs. Voilà, M. le Président, on
reviendra sur la tarification des pêcheurs tantôt.
M. Gendron: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Vous en conviendrez, c'est plus une opinion - et le
député de Saguenay a droit à son opinion - qu'une question
au ministre du Travail. Mais je pense que, lors des crédits, il faut
profiter de l'occasion, lorsqu'on a affaire au ministre responsable, pour
connaître davantage ses orientations, sa façon de voir ou
d'aministrer la responsabilité qu'il a.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous me permettez, M. le
député d'Abitibi-Ouest...
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...il s'agit quand même
d'une observation qui a son importance. Je répondrai très
brièvement, car je le prends comme une question du député
de Saguenay. On peut avoir des divergences d'opinions, qu'on soit dans
l'Opposition, au pouvoir ou qu'on change de bord, etc. Mais lorsqu'une loi est
adoptée par l'Assemblée nationale par quelque gouvernement que ce
soit, il faut donner suffisamment de temps à la loi pour tenter de faire
ses preuves, parce que je tiens pour acquis qu'une loi adoptée par
l'Assemblée nationale l'a été par les parlementaires de
bonne foi. Et cette loi-là est quand même nouvelle.
Vous nous faites part de l'expérience que vous avez vécue,
des réticences que vous avez manifestées et des réserves
que vous continuez à avoir quant à l'administration. J'en prends
bonne note, mais je vous dirai que cette loi-là n'a pas trois ans dans
son application, que c'est relativement jeune et que s'il y a lieu d'apporter
des correctifs... Si on en vient à la conclusion, comme
législateurs, de quelque côté qu'on se trouve de la table,
qu'il s'agit là d'un mauvais choix et que cela ne peut rendre service
aux travailleurs, ce sera notre obligation d'apporter des modifications. Mais
je persiste à croire qu'il faut donner à cette loi ce qu'on
appelle l'a chance au coureur.
M. Gendron: J'aurais une question...
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, mais en raison du principe d'alternance, c'est
après un commentaire de l'Opposition, c'est le ministériel.
La Présidente (Mme Bélanger): Allez-y, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: C'était là-dessus, une phrase?
D'accord, allez-y, M. le député de Viau.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Viau.
M. Cusano: Merci, Mme la Présidente. Je veux seulement
demander au ministre... Par la loi 42, on avait créé une nouvelle
commissiond'appel en matière d'accidents du travail. La raison
qui avait été donnée à ce moment-là, c'est
qu'il y avait un retard énorme à la Commission des affaires
sociales, que c'était rendu à deux ou trois ans, le retard, avant
que l'accidenté puisse être entendu.
Je m'excuse, la question a peut-être déjà
été posée. J'ai fait le tour des commissions, M. le
député. Ma question, c'est de savoir à ce moment-ci, en ce
qui concerne la commission d'appel, quels sont les retards? Y a-t-il des
retards? Je pourrais également vous demander si la situation s'est
améliorée à la Commission des affaires sociales du fait
que l'autre commission a été créée? C'est tout; ma
question est brève.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur les délais, je vais
répondre brièvement. Quant à la Commission des affaires
sociales, oui, les délais sont améliorés, mais les
délais sont améliorés surtout à cause de l'adoption
de nouvelles règles de pratique; à la manière de
fonctionner. Quant à la CALP, je vais vous donner les derniers chiffres
dont je dispose. Entre le 1er janvier 1987 et le 31 décembre... Non, il
s'agit du bureau de révision paritaire. Ce sont les chiffres que j'ai
donnés tantôt. Quant à la CALP. Je sais
que les délais sont importants. Pour les chiffres exacts, si vous
vouiez demeurer avec nous pour cinq minutes, le temps qu'on les retrouve, nous
allons vous les donner. Mais comme député de comté, je
peux vous dire qu'ils sont assez longs. Je voudrais vous donner les derniers
chiffres.
M. Gendron: Je préférerais que vous... Oui, dans
quelques minutes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, dans quelques minutes,
cela va.
M. Gendron: ...vous les produirez. Cela va. Une question toujours
sur la Commission de la santé et de la sécurité du
travail, M. le ministre - et j'aimerais avoir votre attention c'est
effectivement le fameux système d'arbitres médicaux ou
d'arbitrage médical On sait que la loi 42 a su garder contrôle du
niveau médical; en effet toute contestation médicale devant cette
commission doit être examinée par le service de l'arbitrage
médical. Même si vous avez cette responsabilité, M. le
ministre du Travail, dans la loi, je comprends que vous l'avez
déléguée - c'est ce qu'on appelle une
délégation de pouvoir - à d'autres officiers. Je vais vous
faire grâce de ceux qui ont hérité de vous ce pouvoir.
Cependant, je veux tout simplement vous alerter sur une situation qui
m'apparaît on ne peut plus incongrue. Je ne sais pas si vous êtes
au courant qu'en 1986, seulement 71 médecins sur une possibilité
de 270 ont fait des arbitrages. Il y en a 270 qui sont listés, mais
seulement 71 en ont fait. De ces 71 médecins qui ont fait de
l'arbitrage, 20 ont fait 1805 arbitrages, ce qui représente 71 % de tous
les arbitrages effectués au Québec. Je voudrais que vous me
compreniez bien. Il y en a 270 qui sont capables d'en faire et juste 71 en ont
fait; sur les 71, il y en a 20 qui en ont fait 1805, ce qui représente
71 % de tous les arbitrages. Parmi ces 20, comme par hasard, il y en a cinq
qui, eux, sont extraordinairement favorisés parce que, à eux
seuls, ayant un rendement des plus extraordinaires, ils ont accaparé 30
% des 2544 arbitrages, soit 759. Je vous fais grâce, quoique cela ne me
dérangerait pas... Comment se fait-il que ce soit toujours les
mêmes: les Drs Jacques Parent, orthopédiste, Roger Samson,
orthopédiste, Antonio Fournier, chirurgien général,
Bernard Perreault et Pierre Bourgeau? Là, on ne comprend pas comment il
se fait qu'une année, ce soit comme cela. Il y en a 270, je le
répète, et seulement 71 en font. Parmi les 71, 20 en font en
maudit et, parmi les 20 qui en font en maudit, seulement 5 en font presque jour
et nuit. Selon les chiffres, qu'un même médecin fasse plus de 200
arbitrages par année, par exemple, le Dr Jacques Parent qui a fait 453
arbitrages au cours d'une même année en plus de son salaire comme
médecin, là, on dit: Écoute, je ne comprends plus, c'est
de la folie furieuse, c'est une farce, c'est une mécanique tout
simplement ou je ne sais trop quoi! Je me rappelle que, lorsque j'étais
prof, il y avait 200 jours ouvrables par année, imagine-toi! Cela veut
dire environ deux arbitrages et quelque chose par jour. Là, j'ai dit:
Écoutez il y a quelque chose qui ne marche pas, on va regarder si cela
aurait changé en 1987. Comme par hasard, le portrait de 1987
était à peu près le même. On apprend encore
là qu'il y a 270 médecins qui ont la possibilité de faire
des arbitrages et que 68 seulement en font. De ces 68, comme par hasard, il y
en a encore 20 qui, à eux seuls, ont fait 80 % de tous les arbitrages;
parmi les 20, on en retrouve 7 qui ont un taux d'efficacité plus
particulier, qui est de 50 %, pour un total de 2452 cas d'arbitrage. S'agit-il
d'amis du régime? Comment le ministre du Travail peut-il expliquer une
situation aussi aberrante et faire accroire à des accidentés que
le système d'arbitrage médical est fonctionnel, est prescrit dans
une loi pour donner des bénéfices à des accidentés
qui y ont recours? Cela n'a pas de bon sens! C'est du jamais vu! (17
heures)
J'ai trois questions comme conclusion là-dessus. Le ministre
était-il au courant de ces chiffres? Deuxièmement, a-t-il
l'intention de regarder cela de plus près pour s'assurer que de telles
aberrations ne se reproduisent plus? Troisièmement, va-t-il s'assurer
qu'il y ait un meilleur équilibre dans la répartition des
arbitrages par rapport à une liste légitimement logique de 260 ou
250, parce que, dans les faits, cela se résume à cinq ou six
privilégiés du système qui peuvent se faire des salaires?
On est toujours à la question des coûts. On dit: Cela coûte
cher, la CSST. Je comprends, avec des folies comme cela! Cela va continuer, de
plus en plus, à coûter cher. Quand je vois, par exemple, que tu as
des personnes qui vont chercher au-delà de leurs revenus de
médecins - c'est de leurs affaires et je n'ai pas à jaser
là-dedans - des revenus d'arbitrage pour 350 000 $, 209 000 $, 220 000
$, 208 000 $ au-delà de leurs prestations médicales annuelles
à la Régie de l'assurance-maladie, je dis que c'est un
système qui est malade. Quand est-ce que vous allez vérifier cela
comme ministre?
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, M. le
ministre. Avant de poursuivre pour dix minutes supplémentaires
après 17 heures, pour reprendre les dix minutes de retard, cela me prend
le consentement des membres de la commission. Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Consentement. Il s'agit d'un
débat intéressant. Je n'avais pas en tête ou devant moi les
chiffres qu'a mentionnés le député d'Atibitibi-Ouest.
Est-ce que ce serait trop lui demander de me citer les chiffres pour 1985?
M. Gendron: Pardon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas devant moi les
chiffres que vous mentionnez. Il existe beaucoup de chiffres au
ministère. Quant aux chiffres que vous avez mentionnés, vous avez
mentionné les années 1986 et 1987. Est-ce que vous auriez les
chiffres pour 1985?
M. Gendron: J'ai mentionné les chiffres qu'on m'a fournis
sérieusement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Gendron: J'ai mentionné les chiffres qu'on m'a fournis
effectivement pour les années 1986 et 1987, parce que, selon les
informations dont je dispose, c'est surtout en 1986-1987 qu'il y a eu cette
restriction du nombre de médecins sur la liste qui faisaient les
arbitrages médicaux, en tout cas, selon le tableau que j'ai. Qu'est-ce
que vous voulez que je vous dise? Je vous ai posé la question. Si vous
avez d'autres informations, transmettez-nous-les. C'est pour cela que je
questionnais ce que j'ai questionné, parce que c'est le document qu'on
m'a produit et c'est le document qui est en relation avec les années
1986 et 1987.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter de vous fournir ce
qu'on appelle...
M. Gendron: Une seconde, en passant, je l'ai dit tantôt, il
n'y a pas de cachette. Ce que j'ai, cela vient du ministère du Travail,
du responsable ministériel de l'accès aux documents des
organismes publics et de !a protection des renseignements personnels. Objet:
information sur l'arbitrage médical en 1986-1987. Parce que c'est ce qui
a été demandé et c'est là-dessus qu'on m'a
donné des informations. Je n'ai pas pris cela...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non cela va. Je ne vous le
reproche pas. Ce qu'on m'indique, ce qui peut expliquer, dans une certaine
partie - je ne prétendrai pas l'expliquer en totalité - c'est
que, dans 90 % des cas, il s'agirait de cas d'orthopédie. Donc, il
s'agit de spécialistes en orthopédie qui doivent être
amenés en consultation. Une proportion importante des cas se situe
également a Montréal ou dans les environs de Montréal, ce
qui explique, encore une fois, en partie.
Quant aux explications additionnelles, je m'adresserai à celui
qui, d'après la loi, a la responsabilité de dresser la liste, de
la tenir à jour, etc., qui est le Conseil consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre. Je peux vous dire que j'ai remarqué un
phénomène quasi identique en ce qui concerne la fameuse liste des
arbitres qui est également dressée par le Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre. Il se pose là des problèmes de
fonctionnement. Et, sans mauvaise foi, Je pense que, lorsque l'on dresse des
listes, habituellement, on a toujours tendance à ajouter des noms et
à éviter de rayer des noms qui ne sont plus mis à
contribution pour des raisons qui sont quelquefois des choix personnels de
l'individu, qui relèvent du vieillissement de l'individu, etc., de sorte
que les noms demeurent sur les listes.
Il faut se méfier des statistiques. J'ai été
à même de constater cela dans plusieurs listes. Mais il s'agit de
s'assurer que l'accidenté obtient un bon service et qu'il y a
suffisamment de professionnels de la santé mis à contribution. Je
prends bonne note de vos commentaires à ce sujet et j'aviserai ceux qui,
en vertu de l'article 216 de la Loi sur les accidents du travail, sont
chargés de ladite liste, parce qu'il ne s'agit pas d'un pouvoir que je
délègue, M. le député d'Abitibi-Ouest, il s'agit
d'un pouvoir qui est stipulé dans la loi. Donc, je ne peux même
pas le rapatrier.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest, je vous ferai remarquer qu'il reste cinq
minutes et qu'il faut adopter les programmes.
M. Gendron: Oui, on a du temps en masse. Cinq minutes, cela va
vite. À la dernière minute, les progammes, on règle cela.
Oui, sur les pêches...
M. Maltais: C'est une petite question...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguerjayr"
M. Maltais: ...une petite demande, M. le ministre. C'est la
cinquième ou sixième année que je la fais à tous
les ministres qui vous ont précédé ainsi qu'à
vous-même. C'est que j'ai toujours trouvé que, dans la
tarification de la CSST pour les pêcheurs, étant donné que
ce sont des travailleurs quasi autonomes et que la période de
pêche n'est quand même pas de douze mois par année, je pense
particulièrement aux hauturiers que sont ces travailleurs de la mer et
aux côtiers, il y a une disproportion, à mon avis, malgré
les statistiques qui nous ont été fournies par la CSST, sur
lesquelles je ne suis pas d'accord.
La demande que je vous fais, finalement, c'est que, si on révise
cela un jour ou si on le révisait en cours d'année, l'on tienne
compte que ces travailleurs n'ont pas la protection ni les avantages sociaux de
l'ensemble des autres travailleurs du Québec et que le seul avantage
social que ces gens-là sont en mesure de se payer après la
Régie des rentes, c'est la CSST.
Étant donné leurs revenus, c'est une protection qu'ils ne
sont presque plus capables de se payer et, malheureusement, je dois vous
informer - vous le savez sans doute - qu'il y en a beaucoup qui outrepassent la
loi, parce qu'ils n'ont pas le moyen de payer, et c'est très malheureux.
Particulièrement dans mon comté, un
bateau a coulé dernièrement, quelqu'un a été
blessé très gravement. Il n'est pas couvert par la CSST, parce
que, tout simplement, il n'avait pas le moyen de payer ces
cotisations-là.
Alors, je me demande si dans... Pour cette classe de travailleurs, c'est
peut-être exceptionnel. Bien sûr, elle est une des plus
élevées dans votre codification à part les puisatiers ou
les gens qui travaillent dans les mines ou les puits. Mais c'est quand
même quelque chose comme 5000 personnes au Québec. Je vous
demanderais, au cours de l'année, de demander à la CSST de
regarder s'il y une possibilité. Je ne le sais même pas. Mais je
le demande chaque année, parce qu'on a des représentations de nos
pêcheurs, que ce soit sur la Côte-Nord, en Gaspésie ou aux
Îles-de-la-Madeleine, et je pense qu'on devrait regarder...
C'est une situation qui est particulière pour ces gens-là,
surtout étant donné que c'est la seule sécurité
qu'ils pourraient avoir comme Québécois. Je pense qu'on devrait
regarder leur cas d'une façon particulière. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député de
Saguenay, très brièvement, je ne vous ferai pas l'historique du
dossier. Je ne vous répéterai pas que, depuis 1982, la CSST
reconnaît la crabose comme étant une maladie reliée au
travail, que les coûts ont augmenté et qu'il y a eu une
quarantaine de tavaiileurs d'impliqués, etc., et qu'il y a très
peu de pêcheurs qui contribuent à des coûts très
élevés.
Le problème que vous soulevez est exact et il demeure que
lorsqu'il arrive un accident et que le travailleur ne cotise pas, il est
handicapé pour le reste de sa vie et il se retrouve sans protection.
Cela pose des problèmes. Je m'engage à donner suite à
votre demande. Déjà, le vice-président à
l'administration de la CSST a eu une rencontre avec des gens de votre
comté, entre autres, et nous tenterons, au cours de l'année qui
vient, d'apporter une solution qui soit équitable pour ces
pêcheurs.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest, une dernière question.
M. Gendron: Avant d'adopter les programmes, je voulais faire le
même appel. Si mon collègue, le député de Duplessis,
avait été ici, il aurait dit la même chose au ministre du
Travail, mais, comme critique en cette matière, j'ai également eu
des représentations qui m'ont été faites par l'Association
québécoise de l'industrie de la pêche en disant: Cela n'a
pas de bon sens, il faut regarder cela.
Je ne suis pas convaincu que, s'il n'y a pas plus de volonté que
des rencontres administratives, on va corriger le problème. Vous avez
été sollicité dans une lettre au début de mars.
Vous l'aviez été antérieurement avec d'autres pour donner
suite à cette problématique spécifique qui a comme
conséquence que les coûts sont trois, quatre, cinq fois
supérieurs à ce qui se passe partout ailleurs.
Le problème de... Là, j'ai oublié le terme qui
est...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La crabose.
M. Gendron: La crabose. On ne doit pas avoir inventé cela
uniquement au Québec. Oui, c'est juste au Québec, cela? Du crabe,
il n'y a en pas à part qu'au Québec?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est-à-dire que la crabose
peut exister ailleurs. Mais on m'informe que ce ne serait qu'au Québec
qu'on la reconnaît comme maladie professionnelle.
M. Gendron: Mais, selon les informations qu'on avait, elle
était bien localisée à une place spécifique
à Madelipêche.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: Alors, conclusion...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): 42 sur 43.
M. Gendron: Oui. Conclusion là-dessus, M. le ministre,
essayez de regarder cela sérieusement, parce qu'il y a un
problème, parce que les coûts sont astronomiques, étant
donné les engagements qu'on a pris sur les heures et étant
donné le temps où nous en sommes, oui, Mme la Présidente,
on devrait passer à l'adoption des programmes.
Adoption des crédits
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
programme 1 sur les relations du travail est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Le programme 2 sur
l'aide financière à l'Institut de recherche et d'information sur
la rémunération, adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Le programme 3 sur
les services essentiels et le droit d'association?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Le programme 4 sur la
direction et la gestion interne?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Le programme 5 sur la
qualification professionnelle des entrepreneurs en construction?
M. Gendron: Adopté, sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors le
programme...
M. Gendron: En ce qui nous concerne, adopté sur
division.
Une voix: C'est correct de notre bord.
La Présidente (Mme Bélanger): Le programme 6 sur la
sécurité dans les bâtiments et dans les lieux publics?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Et enfin le programme
7 sur l'aide financière à la Commission de la santé et de
ia sécurité du travail?
M. Gendron: Adopté, sur division. Une voix: L'aide
financière?
La Présidente (Mme Bélanger): ...sur l'aide
financière à la commission...
M. Gendron: Oui, mais de la manière dont le programme est
listé, je suis bien d'accord sur les 40 000 000 $, c'est cela le
chiffre?
La Présidente (Mme Bélanger): 45 000 000 $.
M. Gendron: Bon, l'aide financière apportée
à la CSST, sauf que le programme sur lequel, nous, comme Opposition, on
est obligé de marquer nos réticences, c'est uniquement à
ce niveau. Il n'y a pas, dans les crédits du ministre du Travail, un
poste précis où je pourrais exprimer mes réserves
concernant le fonctionnement, etc. Alors c'est dans ce sens-là.
La Présidente (Mme Bélanger): Le programme 7 est
adopté sur division. Est-ce que l'ensemble du programme...
M. Gendron: Ce n'est pas grave, on fonctionne avec.
La Présidente (Mme Bélanger): L'ensemble des
programmes...
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): ...du ministre du
Travail sont adoptés?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): La commission a
rempli son mandat et elle ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 11)