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(Neuf heures cinq minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail est réunie ce
matin afin de procéder à l'interpellation, soulevée par le
député de Bertrand au ministre du Commerce extérieur et du
Développement technologique, concernant l'avis du Conseil de la science
et de la technologie rendu public le 26 avril.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Il y a un
seul remplacement: M. Perron (Duplessis) est remplacé par Mme Blackburn
(Chicoutimi).
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. J'aimerais
rappeler les dispositions régissant l'interpellation. Le
député qui a donné l'avis d'interpellation intervient en
premier pendant dix minutes et le ministre a son droit de réplique
pendant dix minutes. Par la suite, il y a alternance entre les
ministériels et les membres de l'Opposition. M. le député
de Bertrand.
Exposé du sujet
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, Mme la Présidente. Si on a
demandé cette interpellation, vous comprendrez que par un vendredi, le
lendemain du discours sur le budget, il est fort important d'apporter certains
éclaircissements quant à tout ce qui se passe en matière
de recherche et de développement, particulièrement sur deux
volets. Bien sûr, le rapport du Conseil de la science et de la
technologie de mars 1988 qui faisait état de la situation et aussi des
recommandations au ministre et qui, de loin, n'ont pas été
suivies. On aura la chance d'y revenir.
Mais, d'autre part, il y a aussi le volet du rapport du Conseil de la
science et de la technologie pour la politique d'impartition qui fait en sorte
que le Québec devrait avoir ce qu'on pourrait appeler sa juste part ou
sa quote-part en matière des retombées des contrats d'Ottawa en
matière de recherche et de développement.
Le ministre du Commerce extérieur et moi-même avons eu la
chance, au cours des derniers mois, de croiser le fer sur ledit sujet et je
pense qu'on l'a à peine effleuré. L'exercice de ce matin est
d'avoir des explications additionnelles parce que pour autant qu'on est
concerné... Là, le ministre me connaît suffisamment bien
pour savoir que lorsqu'il s'agit de sujets comme ceux-là, sujets aussi
sérieux qui y vont de l'économie du Québec, qui y vont
même de l'avenir du Québec en matière de recherche et de
développement, je pense qu'ils doivent s'élever un peu au-dessus
de la partisanerie politique.
Je dois reconnaître que le ministre a déchiré -
contrairement à d'autres collègues et contrairement à son
premier ministre - à quelques reprises, sa chemise sur la place
publique, disant qu'il n'était pas satisfait. Il est satisfait. Avec son
collègue, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, probablement celui qui a montré le plus haut taux
d'insatisfaction vis-à-vis du gouvernement fédéral. Mais
une fois qu'on a fait cela, M. le ministre, je pense qu'il y a lieu de se poser
la question à savoir si cela ne bouge pas plus à Ottawa. Il se
passe des choses à notre insu. Vous êtes victime comme
gouvernement et nous sommes victimes comme Québécois et pour
nous, de l'Opposition, il s'agit non seulement de dénoncer cette
situation mais de vous demander ce que vous allez faire
concrètement.
Pour ma part, dans l'Opposition, je me sens tout à fait l'aise
après deux ans et demi dans un tel dossier, étant appuyé
par d'autres collègues, puisque deux autres collègues viendront
m'épauler au cours de cet exercice de deux heures soit le
député de Lac-Saint-Jean et la députée de
Chicoutimi. Je me sens tout à fait l'aise d'amener le sujet aussi
brutalement et draconiennement au ministre du Commerce extérieur et du
Développement technologique parce que cela fait deux ans et demi qu'il
est en poste également. Il ne peut pas nous dire: Écoutez, on a
pris des mesures, on a fait des démarches et cela va donner des
résultats. Voilà deux ans et demi qu'on a un rapport du Conseil
de la science et de la technologie qui nous brosse un tableau - et j'y
reviendrai subséquemment aujourd'hui - dans lequel il nous dit: Depuis
1985, 1986, 1987 et jusqu'à maintenant, il y a une baisse draconienne
dans la quote-part que le Québec reçoit. Sans entrer dans les
détails, on passe du simple au double c'est-à-dire qu'on avait
environ 20 % et qu'on est tombé à 10 % au cours des
dernières années.
Je pense qu'il y a de ce côté non seulement matière
à réflexion mais ce que je voudrais c'est qu'on sorte d'ici
aujourd'hui non seulement avec un ministre qui soit sensibilisé mais
également avec un plan d'action concret. Des mesures ont
été prises comme l'engagement d'un lobbyist, etc., mais on y
reviendra parce que je pense que les bonnes relations ou les relations dites
harmonieuses avec le gouvernement fédéral ne semblent pas donner
les résultats escomptés en termes stratégiques.
Comme problématique, j'aborde le premier volet soulevé par
le rapport du Conseil de la science et de la technologie concernant la
politique d'impartition du gouvernement fédéral. On se
souviendra que cette politique a été mise de l'avant en 1973 et
elle avait des buts particuliers qui étaient de favoriser le
développement de la capacité de recherche et développement
de toute l'industrie canadienne. Or, entre 1976 et 1985, le Québec a
exécuté environ 18 % des contrats en vertu de cette politique et
cette part équivaut à 78 % de sa capacité de recherche et
de développement dans l'ensemble canadien. Sauf que pour le Conseil de
la science et de la technologie - et je pense qu'il est bon de le rappeler - il
s'agit d'un conseil consultatif qui relève du gouvernement du
Québec, du ministre de l'Éducation et du ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Ce Conseil de la science et
de la technologie tire des conclusions tout à fait apolitiques. Je pense
qu'elles sont basées sur une analyse très sérieuse. Je ne
pense pas que le ministre va aller mettre en doute le rapport du Conseil de la
science et de la technologie.
Mais la part du Québec - et on nous le dit très clairement
dans ce fameux rapport - a chuté à 10 % des contrats en 1985,
sort 45 % de sa capacité actuelle en recherche et développement.
Je pense que depuis le début de l'application de cette politique en
1973, le Québec n'a jamais reçu la part qui lui revient.
Même si dans les années antérieures, on a eu jusqu'à
22 % et 24 %, on s'est maintenu aux environs de 20 % avant 1985. Ce qui est
carrément inexplicable, c'est que maintenant on est rendu à la
moitié, c'est-à-dire qu'on a 10 % de ces contrats.
Il y a bien sûr plusieurs explications dans le rapport, mais je
dois vous dire que je les crois plus ou moins sérieuses. Qu'on pense
à la localisation des ministères fédéraux, à
la méthode de sollicitation, aux correctifs de disparité
régionale, aux besoins des ministères adjudica-teurs, à la
faible participation québécoise au processus d'attribution des
contrats. Il reste quand même une chose importante, c'est que pour le
conseil, les hypothèses qui méritent le plus de
considération concernent les mécanismes d'application de la
politique du gouvernement fédéral. Le conseil juge en effet que
le comportement des ministères fédéraux est
inéquitable envers le Québec et que la méthode de ne pas
faire appel à la concurrence pénalise le Québec. On sait
que, dans ce sens-là, il y a un fort pourcentage des contrats, je pense
que c'est de l'ordre de 67 % à 70 %, qui sont donnés à des
fournisseurs exclusifs sans appel d'offres comme tels.
Il est bien sûr qu'il y a un problème dans l'appareil
gouvernemental fédéral, mais les questions que je pose au
ministre ce matin, c'est: Qu'est-ce qu'il y a de fait concrètement pour
changer, pour faire volte-face avant cette situation-là? Je ne voudrais
pas qu'on commence à se renvoyer la balle et qu'on dise: Nous n'y
pouvons rien, cela marche comme cela, il va falloir commencer à changer
ci, à changer cela.
Mais, le plan d'action, demain matin? On est en 1988, voilà deux
ans et demi que vous êtes à la barre du ministère du
Commerce extérieur, voilà une situation qui est
décriée et tout ce qu'on réclame c'est que le
Québec aille chercher sa juste quote-part. Surtout quand on sait que
depuis un an, un an et demi on se bat, ici au Québec, pour pouvoir aller
chercher, entre autres, l'Agence spatiale canadienne. Mon collègue, le
député de Lac-Saint-Jean y reviendra de façon beaucoup
plus explicite tantôt. On se bat pour aller chercher cela, pour montrer
qu'on a ce qu'il faut ici comme infrastructure, comme masse critique. Tout est
est là au Québec, tout est là dans la région de
Montréal. On n'est même pas capable, dans l'ensemble de
l'enveloppe qui devrait nous être impartie, d'aller chercher quelque part
autour de 25 %, 30 %, 35 % même - même si les chiffres de 35 % ont
été avancés comme étant le plafond qu'on devrait
obtenir - mais on est loin. Qu'est-ce qu'on va faire concrètement pour
qu'au cours de 1988-1989 les choses changent, M. le ministre du Commerce
extérieur et du Développement technologique? Il va falloir qu'il
y ait un coup de barre. Il va falloir que quelqu'un, quelque part se
lève et commence à brasser la cage parce que je pense qu'on ne va
nulle part. (9 h 15)
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je trouve cela drôlement
inquiétant de savoir qu'après deux ans et demi que vous
êtes en place, je n'ai rien vu de concret. C'est dans ce sens que j'ouvre
le débat. On aura ta chance d'aller de façon beaucoup plus
explicite sur les autres sujets.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre du Commerce extérieur
et du Développement technologique.
Réponse du ministre
M. Pierre MacDonald
M. MacDonald: Merci, madame. C'est avec plaisir, malgré le
moment de l'année et la charge de travail, que nous avons reçu la
demande d'interpellation du député de Bertrand concernant ce que
nous pouvons appeler le dossier Québec-Ottawa, mais également
qu'on doit étendre au reste du Canada en ce qui concerne la science et
la technologie et plus particulièrement les contrats en matière
de recherche et de développement. C'est avec plaisir, parce que - comme
l'a mentionné le député de Bertrand - au cours de la
dernière année plus particulièrement, ce que nous avions
entrepris dès 1986, et en 1987 on a commencé à recevoir
les résultats des analyses que nous voulions faire de la
répartition de ces contrats, de la présence
québécoise dans les milieux subventionnâmes d'Ottawa.
Nous
avons été immédiatement fort
inquiétés par le genre de chiffres que nous avons vus et, comme
l'a mentionné le député de Bertrand, il a appelé
cela: déchirer sa chemise; c'était l'expression fort
légitime d'une inquiétude et aussi la volonté de vouloir
bien se comprendre, savoir quelles sont les bases à partir desquelles
nous pouvons - comme d'ailleurs il le suggère, et j'en suis fort heureux
- partir à la recherche d'une meilleure performance.
On parle de cette recommandation, tout à fait récente
d'ailleurs, du Conseil québécois de la science et de la
technologie. Pour répondre peut-être très rapidement aux
préoccupations de M. le député de Bertrand, je pourrais
lui faire remarquer que sur les huit recommandations du conseil, nous en avons
une première qui dit que le conseil recommande que le gouvernement du
Québec entreprenne les démarches nécessaires auprès
du gouvernement fédéral pour faire toute la lumière sur
les faibles résultats du Québec.
Je crois que vous allez admettre avec moi, M. le député,
que nous avons fait la lumière. Nous avons publié, nous avons
donné, soit en provenance directement de notre ministère, soit du
ministère de l'Enseignement supérieur et des Sciences, soit avec
l'aide de plusieurs membres des médias qui, à Ottawa comme
à Québec, se sont intéressés au domaine et qui ont
fait l'analyse de statistiques qui sont publiques ou qu'ils ont obtenues sous
d'autres formes. Effectivement, le gouvernement du Québec a entrepris,
et bien avant la publication du rapport du Conseil des sciences, une analyse de
cette performance.
Quand on va aux recommandations 2, 3, 4 et 5 du rapport du conseil, ce
sont des recommandations adressées directement au gouvernement
fédéral. Si on va à la recommandation 6 où on
recommande que les fournisseurs et le gouvernement du Québec mettent sur
pied un service qui aurait pour mission d'inciter les fournisseurs à
participer davantage à la politique fédérale
d'impartition, c'est quelque chose que nous avons annoncé il y a environ
six mois. Nous avons fourni multiples explications à ce sujet et ce
matin c'est avec plaisir qu'on pourra y ajouter. Vous vous rappellerez, M. le
député de Bertrand, cette coopération de l'ADRIQ,
l'Association des directeurs de recherche industrielle du Québec, le
CRIQ, le Centre de recherche industrielle du Québec et notre
ministère vis-à-vis de non seulement cette possibilité
mais cette absolue nécessité due à un plus grand nombre
d'inscriptions au fichier du gouvernement fédéral par des
entreprises québécoises.
Pour ce qui est de la recommandation 7, le conseil recommande que les
fournisseurs et les ministères québécois multiplient les
initiatives pour nouer les liens avec les ministères et laboratoires
fédéraux.
Je suis parfaitement d'accord avec le député de Bertrand
pour garder le débat hors de la partisanerie politique, mais vous
admettrez avec moi, sans trop tomber dans des détails scabreux, que les
relations fédérales-provinciales dans les années qui ont
précédé la venue de notre gouvernement ont
été pour le moins sabotées. Dans de multiples domaines et
départements, j'irais même vous dire qu'on m'a relaté,
à l'intérieur de la boîte administrative
québécoise, qu'à divers moments on avait des instructions
précises de ne même pas communiquer avec la contrepartie d'Ottawa.
C'était défendu. On doit partir de loin pour essayer de
rebâtir des ponts et pour essayer de nouer le genre de relations qui,
dans toute organisation où il y a plus d'une partie, organisation qu'on
appelle en anglais "old-boy net", l'organisation qui très souvent fait
la différence surtout lorsqu'on est dans un système où il
peut y avoir des distributions de contrats, des allocations de projets sur une
base non compétitive.
Nous avons engagé, comme nous l'avons déjà
annoncé, le Dr Aurèle Beaulnes. Nous songeons très
sérieusement à l'heure actuelle à élargir
considérablement cette présence, soit à partir de
Québec, soit à partir d'Ottawa même ou de Hull,
préférablement. Une présence très proche de la
capitale nationale, une présence qui permettrait les contacts
fréquents absolument nécessaires pour établir cette
relation.
Finalement, vous avez la recommandation 8 qui dit que le gouvernement du
Québec continue d'examiner et de rendre publics les résultats
dans le cadre de la politique d'impartition. Il est évident que nous
n'avons pas fait tout cet effort et que nous ne sommes pas ici ce matin comme
un exercice final. Nous allons devoir être très vigilants,
continuer de s'assurer que le Québec, une fois positionné,
organisé, faisant les efforts qui doivent être
déployés tant par le gouvernement que par les universités
et les entreprises, ait les moyens de suivre les résultats et d'agir en
conséquence.
M. le député se rappellera que nous avons eu à
faire face à un genre d'analyse statistique qui était pour le
moins discutable, c'est-à-dire l'introduction par certains intervenants
fédéraux de la notion, à toutes fins utiles, dans le
domaine qui nous intéresse, métaphysique de la région de
la capitale nationale, il faut donc que, dans l'analyse de ces statistiques, et
c'était le but poursuivi lors de ces mandats que nous avons
donnés à nos fonctionnaires, d'établir la base à
partir de laquelle nous devons chercher à améliorer notre
situation. Il faut absolument, ensemble, s'entendre sur les chiffres de base,
sur les définitions et, également, se comprendre très bien
sur les moyens utilisés pour obtenir de meilleurs résultats.
C'est dans cet esprit, M. le député, que mes
collègues, le député de La Peltrie, M. Cannon, mon adjoint
parlementaire, le sous-ministre adjoint, le Dr Coulombe, accompagné d'un
des ses experts, M. Pierre-Etienne Grégoire, sommes à votre
disposition pour répondre à toute question que vous pourriez
avoir et chercher à
expliciter le plus possible. Si, par hasard, nous n'avons pas, ce matin,
réponse à une question que vous voudrez bien poser, je
m'assurerai de vous obtenir la réponse au bon moment et dans des
délais convenables. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Lac-Saint-Jean.
Argumentation M. Jacques Brassard
M. Brassard: Mme la Présidente, je m'étonne que le
ministre ait jugé bon d'accuser l'ancien gouvernement d'être, en
quelque sorte, responsable de la dégradation pour ce qui est de la part
du Québec des contrats fédéraux en matière de
recherche. Je m'étonne parce que les chiffres démontrent le
contraire. L'avis du conseil est formel. Sous le gouvernement du Parti
québécois, la part du Québec, en moyenne, des contrats
fédéraux, se situait autour de 20 %, ce qui était
déjà insuffisant, j'en conviens, je le reconnais, mais ce qui
était nettement supérieur à ce qui existe
présentement depuis trois ans, en fait, depuis l'arrivée des
libéraux au pouvoir, où cette part a chuté, selon le
conseil et c'est confirmé par tout le monde, à 10 % des contrats
en provenance du gouvernement fédéral en matière de
recherche et développement.
Alors, si l'attitude et le comportement du gouvernement du Parti
québécois était, selon le ministre, critiquable, il faut
constater que l'attitude et le comportement du gouvernement libéral
l'est encore plus parce que la situation s'est détériorée,
s'est dégradée davantage. Une telle dégradation de la part
du Québec en matière de contrats de recherche et de
développement en provenance du gouvernement fédéral est un
peu surprenante dans les circonstances, dans la mesure où ion sait que
l'attachement au fédéralisme du gouvernement libéral et du
Parti libéral du Québec, devait, nous disait-on, du moins
à l'époque, se traduire dans les faits par une reconnaissance de
son rôle comme partenaire majeur au sein de la fédération
et forcément cela devait se traduire aussi concrètement par la
multiplication de décisions favorables d'Ottawa à l'endroit du
Québec.
Ce n'est pas le cas, ce n'est pas ce qui s'est produit. En tout cas,
certainement pas en matière de recherche et de développement.
L'avis du conseil est clair à ce sujet. La part québécoise
au chapitre des contrats fédéraux a diminué de plus de
moitié depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement
libéral. Je pense qu'il faut se rappeler les deux objectifs du
gouvernement libéral en matière de stratégie de relations
fédérales-provinciales. Il y a chez ce gouvernement une
espèce d'obsession, de volonté et de détermination de
maintenir un climat de relations harmonieuses avec le gouvernement
fédéral à tout prix, y compris au détriment des
intérêts mêmes du Québec. Il y a bien quelques
velléités de livrer combat de la part de certains ministres,
comme le rappelait tantôt mon collègue, entre autres du ministre
qui nous fait face ce matin et également du ministre de l'Agriculture.
Mais on peut parler de velléités parce que cela apparaît
comme des cas isolés au sein du gouvernement et cela ne cadre pas avec
la stratégie développée, adoptée et soutenue par le
premier ministre, c'est-à-dire par le chef du gouvernement
lui-même.
L'avis du conseil c'est qu'il faut aussi, je pense, reconnaître
l'échec de la fameuse stratégie intégrée,
mijotée et mise au point piar le ministre responsable des relations
fédérales-provinciales, dont il nous parlait il y a plus d'un an
et qui ne semble pas, en tout cas, c'est l'évidence, donner des
résultats concrets et modifier de façon substantielle la
situation. Cela ne marche pas, cela ne fonctionne pas. La stratégie
intégrée du ministre responsable des relations
fédérales-provinciales en cette matière ne fonctionne pas,
n'est pas efficace, je pense qu'il faut le reconnaître. Il y a donc
d'autres actions qu'il convient de mettre en branle sinon la situation
désastreuse qui prévaut présentement va perdurer. Il faut
donc que le Québec intervienne vigoureusement auprès d'Ottawa.
J'ai été étonné de voir le ministre, lorsqu'il a
passé en revue les recommandations du conseil, laisser tomber
très rapidement les recommandations 2, 3 et 5 en disant que cela
concernait le gouvernement fédéral, et ne pas en dire plus. Oui,
je sais bien que cela concerne le gouvernement fédéral, mais ce
sont des recommandations majeures qui devraient être appliquées si
on veut que la situation change. En particulier, je pense au fait que 70 % des
contrats sont accordés sur le bras, je dirais, sans concurrence, sans
appels d'offres. Il faut que cela change, il faut que la stratégie du
gouvernement libéral prévoit des actions visant à faire en
sorte que le gouvernement fédéral en arrive à appliquer
rapidement, dans les plus brefs délais, ses recommandations du conseil,
qui le concerne. Merci, Mme la Présidente. (9 h 30)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. M. le ministre du Commerce
extérieur et du Développement technologique.
M. Pierre MacDonald
M. MacDonald: Merci, Mme la Présidente. Je pense que je
voudrais reprendre les propos du député de Lac-Saint-Jean en
notant nécessairement qu'il n'est pas tellement familier avec le
dossier, qu'il aurait peut-être dû laisser le député
de Bertrand ou Mme la députée de Chicoutimi discuter de ces
choses, parce qu'ils sont beaucoup plus compétents. Mais, je lui
rappellerai les premières pages du rapport - que je ne sais s'il a lues.
En page 6, on dit: Tout
d'abord, les résultats du Québec ont été
satisfaisants durant les trois premières années d'existence de la
politique d'impartition. De 1973 à 1974, en 1975 et en 1976, sa part de
la valeur des contrats a été en moyenne de 24,4 % du total
canadien. Je continue. Mais, à partir de 1976-1977, je pense que vous
vous rappelez exactement quelles sont ces dates, la performance du
Québec s'est détériorée. Hormis en 1982-1983, la
proportion des contrats accordée au Québec est toujours
restée inférieure à 21 % et à quelques reprises a
même subi des chutes considérables, quoique passagères,
comme en 1976-1977, je pense que vous vous rappelez ces
années-là, 1979-1980 et 1980-1981.
Je suis d'accord avec vous et je ne cherche pas à dire que vous
n'avez pas raison sur la baisse, particulièrement celle de 1985-1986. Il
faut se rappeler que notre gouvernement est venu au pouvoir en décembre
1985. Mais, en 1985-1986, année où se sont terminés des
contrats importants qui avaient été donnés au
ministère des Communications et où ce pourcentage pour ce strict
contrat a vu le total passer de 20 % à 10 % environ. il faudrait
également, pour ceux qui nous écoutent, comprendre que
l'intervention totale du gouvernement fédéral, dans le domaine de
la science et de la technologie, se chiffre à plus de 4 000 000 000 $.
Quand vous dites que 70 % des contrats sont distribués sans appels
d'offres, je vous rappellerais que cela s'applique particulièrement
à ce qu'il y ait des contrats de recherche sur une base d'impartition et
que le montant global des dernières statistiques que nous avons dans une
année donnée pour cette catégorie était de 280 000
000 $.
Alors, il ne faudrait pas laisser croire à ceux qui nous
écoutent que 70 % des 4 000 000 000 $ sont donnés comme ça
à travers le "old-boy net". Ce n'est pas le cas. Mais, cela étant
dit, j'oserais espérer, autant pour moi que pour vous, que nous allons
revenir à l'appel qui a été fait par le
député de Bertrand, qu'on mettra ce passé et ces
éléments de partisanerie de côté et qu'on cherchera
plutôt à s'entendre, justement comme je l'ai pointé, sur la
base à partir de laquelle nous voulons partir tous ensemble pour
améliorer la situation du Québec dans ce domaine.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Mme la Présidente, d'abord, une petite
remarque. Ma connaissance du dossier n'est peut-être pas exhaustive. Le
ministre peut peut-être se vanter d'avoir une meilleure connaissance du
dossier, mais on peut constater, cependant, que le résultat de ses
actions est moins brillant et moins éblouissant que sa connaissance du
dossier, ce qui signifie que ce n'est pas tout de connaître un dossier,
encore faut-il que les actions entreprises donnent des résultats.
Cela étant dit, il a cité un extrait du rapport. Je peux
lui en citer un autre. C'est en page 2. Il a cité la page 6. Je peux lui
citer la page 2, où on dit: Cette situation inacceptable au cours des
trois dernières années, l'apport du Québec, s'est
effondrée à 10,6 % en 1985-1986, c'est-à-dire au moment
où vous êtes arrivé au pouvoir. Par conséquent,
citation pour citation, la mienne vaut la sienne et indique très
clairement que c'est depuis trois ans précisément qu'on assiste
à un effondrement et à une chute assez catastrophique en
matière d'octroi des contrats fédéraux au
Québec.
J'aborderai un autre dossier. C'est celui de l'Agence spatiale. On sait
qu'il y a également des statistiques inquiétantes à ce
sujet en ce qui concerne la recherche spatiale. C'est ainsi, par exemple, qu'en
mars dernier, sur les 9 200 000 $ de contrats accordés en matière
de recherche spatiale, ie Québec n'en a retiré aucun. Pour
l'année 1987-1988, le Québec n'a obtenu que 3,3 % des 44 000 000
$ de contrats accordés par le Conseil national de la recherche en
matière spatiale. Ce sont là des statistiques à la fois
inquiétantes et je pense que cela nécessite des actions
énergiques pour changer la situation.
Il faut rappeler que déjà 80 % des 40 000 000 $ de
contrats accordés dans le cadre du programme spatial canadien en 1987
l'ont été à des entreprises de l'Ontario. Je pense qu'il
faut être conscient qu'en décrochant ces premiers contrats, cela
va permettre à ces entreprises ontariennes de mieux se positionner pour
les prochains contrats du programme spatial. Cela nous paraît
évident. De même qu'au projet de participation à la station
orbitale américaine, cela au détriment des entreprises
québécoises de l'aérospatiale. On sait pourtant que 80 %
des activités de recherche et développement dans le secteur se
font au Québec. Le Québec compte plus de 59 % des emplois
canadiens dans le secteur aérospatial.
Donc, dans le dossier de l'Agence spatiale, Ottawa multiplié
deé décisions qui nous paraissent néfastes pour le
Québec et, en tout cas, très inquiétantes. D'abord,
l'octroi de la maîtrise d'oeuvre du projet de station orbitale à
une firme ontarienne, SPAR Aerospace, était déjà
prévisible. C'est maintenant chose faite. Bon nombre de contrats lui
sont accordés. Il y a donc une espèce de conflit
d'intérêts qui me paraît évident. D'autre part,
l'embauche de 160 chercheurs, par le Conseil national de recherche, qui vont
oeuvrer au sein de ce projet de station orbitale. On s'inquiète
évidemment de savoir s'ils vont être
déménagés si vous me permettez l'expression, à
Montréal, au cas où l'Agence spatiale s'implanterait à
Montréal.
Dans le cadre du projet de station orbitale, la décision
fédérale est maintenant claire. La part des retombées pour
le Québec sera plafon-
née à 35 %. À notre avis, c'est un niveau
insatisfaisant. Le ministre lui-même le confirme, en convient. Il
confirme que 35 % sont insuffisants. Pourtant, Ottawa n'a pas modifié sa
position d'un iota. La part du Québec est maintenue à 35 % et on
n'est pas certain, au train où vont les choses, si vraiment on va
réussir à atteindre ce plafond des 35 %.
Donc, l'Agence spatiale, ça presse. Elle doit être
implantée à Montréal, bien sûr. Mais le gouvernement
du Québec ne doit pas se satisfaire d'une coquille vide, d'un simple
siège social qui n'accueillerait que du personnel administratif alors
que le centre décisionnel serait basé à Toronto et que les
activités de recherche seraient réalisées dans la
région d'Ottawa. Pour assurer de véritables perspectives de
développement au secteur aérospatial au Québec, je pense
qu'il faut une véritable agence spatiale à Montréal et pas
simplement une façade ou une coquHte vide. À ce sujet, on attend
toujours, bien sûr, le résultat des interventions du gouvernement
de même que celles du ministre du Commerce extérieur et du
Développement technologique et du ministre des relations
fédérales-provinciales dans ce dossier. On attend toujours une
décision positive qui favoriserait !e Québec pour ce projet.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. M. le ministre.
M. Pierre MacDonald
M. MacDonald: Eh bien, pour une rare fois, je suis totalement
d'accord avec vous sur cette obligation pour le Canada de prendre une
décision intelligente et rationnelle et d'installer dans la
région montréalaise l'Agence spatiale nationale.
Si vous consultez votre voisin, le député de Bertrand, il
pourra vous faire une longue liste des interventions qu'il a faites, que nous
avons faites, individuellement ou collectivement, et que nous avons fait faire.
Notre association avec la Chambre de commerce de Montréal, le Board of
Trade, les médias, qui ont lancé une campagne de publicité
de 750 000 $, jamais vue auparavant, où une mobilisation de tous les
intervenants de la région de Montréal, appuyés même
par plusieurs autres organismes de ia province de Québec, cherchait
à faire refléter l'évidence crasse que, pour une raison ou
pour une autre, nous pouvions sûrement dire, un certain nombre,
limité par contre, de fonctionnaires d'Ottawa ne semblaient pas vouloir
percevoir et donnaient des avis fort discutables à leurs patrons
élus de la région d'Ottawa.
Nous croyons sincèrement que l'attitude positive que nous avons
prise là-dessus, accompagnée d'interventions soutenues... Et je
pourrais vous dire, M. le député de Bertrand, qu'au cours du
dernier mois j'ai fait deux voyages à Ottawa pour rencontrer des
collègues ministres et d'autres intervenants pour continuer à
plaider, entre autres choses, cette évidence de la venue
éventuelle de cette agence spatiale à Montréal de
même qu'à intervenir dans les autres dossiers de recherche et de
développement qui nous intéressent tous deux.
La décision, vous vous le rappellerez, je suis malheureusement
obligé de la souligner: lorsque j'étais en voyage, j'ai lu dans
un journal qu'elle devait venir dans un mois. Cela fait, je crois, huit ou neuf
semaines de cela. Alors, j'attends encore avec vous et je continue d'insister -
oui, vous avez l'article de journal - et je vous saurais gré de bien
vouloir continuer à m'aider en faisant toutes les interventions que, je
sais, vous êtes capable de faire, vous et vos collègues.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Chicouthmi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, Mme ta Présidente. Le ministre nous
dit: On va essayer de se rapprocher d'Ottawa, mais je pense que ce n'est pas
suffisant. Lorsqu'on parle de recherche à travers le monde, cela ne
repose pas exclusivement sur le lobby, cela prend un certain nombre de
conditions dont les premières et les plus importantes sont le bassin de
chercheurs. Dans le bassin de chercheurs au Québec, nous avons moins du
tiers de diplômés de 3e cycle de doctorat que l'Ontario et le
quart moins de maîtrise. Pour former des chercheurs, H faut créer
des équipes de recherche, il faut ouvrir des centres de recherche,
créer des emplois scientifiques et, évidemment, faire de la
recherche fondamentale. Je me rappelle la toute première
déclaration du ministre au moment où il est entré en
fonction. Il disait: II faut de la recherche utilitaire. Comme si la recherche
fondamentale n'avait pas son utilité. C'était mal comprendre le
rôle et les fonctions de la recherche fondamentale. La recherche
appliquée ne peut que reposer sur la recherche fondamentale. La
recherche appliquée vient chercher des applications à la
recherche fondamentale et ce n'est jamais l'inverse. Je pense qu'il faut
connaître un peu ces principes de base plutôt que de faire une
déclaration qui était aussi farfelue. D'ailleurs, je n'ai pas
été la seule à le soulever.
Mais, pour ces actions concertées, qui consistent en la formation
des chercheurs, la formation d'équipes, l'ouverture de centres de
recherche, il faut une solide politique de développement scientifique et
technologique qui commande une action structurée, vigoureuse et
planifiée.
En décembre 1985, la première décision du
gouvernement a été de constituer le ministère du Commerce
extérieur et d'y rattacher le développement technologique. Nous
avions à l'époque contesté la pertinence d'une telle
décision qui
venait enlever le développement technologique au ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science et qui risquait de laisser
une espèce de vide entre les deux.
Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science, je dois
dire plus particulièrement, raillait l'Opposition à
l'époque en disant qu'on ne comprenait rien à cela. Il y avait
toutes sortes de modèles et cela devait avoir du bon sens. Ce qu'on
constate aujourd'hui, c'est que le gouvernement n'a même pas eu le temps
de créer, par voie de législation, le ministère que vous
occupez, M. le ministre, que déjà, il est
démantelé. Je dirais qu'aujourd'hui, bien que vous soyez le seul,
à notre connaissance, à vous être élevé
contre la diminution de l'apport du Québec dans les différents
programmes de subventions en matière de développement
technologique et de recherche que c'est un peu votre chant du cygne. Vous
êtes la seule personne à qui on puisse s'adresser pour demander
d'apporter des corrections à une situation qui demanderait une
intervention d'urgence.
Le Conseil de la science et de la technologie, au moment où le
gouvernement prenait cette décision de séparer science et
technologie, disait en commentant cette décision: Cette organisation de
la politique scientifique risque de laisser en plan des fonctions importantes
de nature horizontale et intersectorielle. On peut se demander aujourd'hui si
l'absence de coordination, de concertation, de planification, n'a pas eu
effectivement comme effet de voir la part du Québec diminuer en
matière de subventions, de recherche du gouvernement
fédéral.
Il nous semble également que le ministre est seul dans ce
débat. L'actuel gouvernement veut-il trop protéger ces
négociations par rapport au lac Meech, par rapport au
libre-échange? Le seul qu'on ait entendu se prononcer là-dessus,
c'est le ministre et, je le rappelle, il n'occupera vraisemblablement plus ces
fonctions-là d'ici peu. (9 h 45)
Je voudrais savoir du ministre du Commerce extérieur et du
Développement technologique quel est l'appui concret, officiel, formel
qu'il a de ses collègues? Je pense autant à celui du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science
qu'à celui du ministère de l'Industrie et du Commerce qu'au
premier ministre lui-même. On se fait extrêmement silencieux. Je
voudrais savoir quelles sont les actions concrètes et l'appui concret
que reçoit le ministre dans sa lutte qu'il essaie de mener pour obtenir
que le Québec, au moins, gagne le terrain qu'il a perdu depuis que le
gouvernement est au pouvoir.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre.
M. Pierre MacDonald M. MacDonald: Mme la Présidente, je me
vois au départ un peu surpris du manque de substance auquel ne m'a pas
habitué la députée de Chicoutimi dans ses interventions.
Je prends particulièrement le moment au début justement,
où elle s'est attardée à ce triste article fait par une
journaliste à un moment donné, qui n'avait pris que
l'en-tête qui n'avait même pas été faite par le
journaliste qui avait écrit l'article et qui, sans que nous ne nous
soyons jamais rencontrés, consultés, parlé ou
croisés sous quelque forme que ce soit, avait conclu ce que vous avez
rappelé, à savoir que je faisais un quasi-fossé qu'on
n'est pas capable de traverser entre recherche fondamentale et recherche
appliquée. Ce qu'étaient nos paroles, à ce
moment-là, si vous voulez revenir à l'article, c'était que
le Québec et le Canada avaient des ressources limitées, tant sur
le plan des personnes que sur le plan des fonds et qu'il fallait faire des
choix; qu'il fallait, sûrement pas, et jamais en abdiquant sur les
besoins de recherche fondamentale, le plus possible, aller vers cette tendance
des pays qui ont eu des grands succès en matière de
développement technologique qui sont passés de ce qui
était - la formulation est anglaise - cette attitude de "technology
push" de la part des centres de recherche fondamentale vers ce qui est un
"market pull", c'est-à-dire, cette association entre les besoins du
marché, les besoins des consommateurs, les besoins de la
clientèle et les orientations générales de la recherche
fondamentale. J'ose espérer que les quelques explications vous
éviteront de faire un rappel à ce sujet.
Vous avez posé une question précise à la fin et je
vais me permettre d'y répondre. Vous me demandez quel est l'appui
concret que vous croyez, ou que je croirais, moi, que mes collègues, le
gouvernement, le premier ministre, nous accordent dans notre volonté de
vouloir améliorer la position du Québec. Je vous rappellerai en
premier lieu que, dans le domaine que vous avez mentionné, celui de la
formation, ce genre de question s'adresse pfus particulièrement à
M. Ryan. Si vous aviez accepté, comme Opposition, de le recevoir ce
matin, nous aurions pu ensemble répondre à cette
préoccupation qui est la vôtre. Mais, pour une raison que je ne
comprends pas encore, vous avez refusé catégoriquement la
présence de M. Ryan ici ce matin. Je crois que c'est vous, à ce
moment-là, qui faites un écart, une séparation entre ce
qui est, entre nos deux ministères, une collaboration de chaque
jour.
Vous parlez d'appui. Madame, je vous rappellerai, le budget, pas celui
de cette année pour tout de suite, mais, celui de 1987-1988, alors que
nous proposions et que M. le ministre des Finances amenait d'une façon
assez innovatrice un programme d'incitation à la recherche et au
développement qui dépassait les 100 000 000 $, et cela rejoint
votre préoccupation particulière de cette entité ou de ces
milieux de recherche fondamentale que sont les universités, je vous
rappellerai donc le budget
d'hier dans lequel vous pouvez retrouver encore des mesures nombreuses
qui se traduisent encore dans des montants qui vont dépasser 100 000 000
$ et où, sous les points de cette coopération
industrie-universités et sous l'élément plus particulier
de la recherche précompétitive - il nous fera plaisir d'en parler
plus longuement si vous voulez - vous avez, en termes tout à fait
concrets, une incitation à la réunion des différents
intervenants, à la stimulation de la recherche fondamentale, et en y
mettant les montants nécessaires à coup de dizaines de millions
de dollars pour faire face à cette situation et à ces
responsabilités.
Je terminerai en vous disant aussi, madame, que dans le discours
d'inauguration avait été annoncée par le
lieutenant-gouverneur la tenue d'un Sommet de la technologie qui doit se faire
maintenant et que je peux préciser comme devant avoir lieu les 12, 13 et
14 octobre prochains. À ce moment, vos préoccupations et les
nôtres seront adressées et nous prévoyons de multiples
mesures pour continuer à optimiser cette situation au Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Mme la Présidente, je voudrais d'abord dire
au ministre que, généralement, l'interpellation ne peut demander
que la participation d'un ministre. Alors, comme il s'agissait
particulièrement de la participation du Québec en matière
de recherche issue des programmes fédéraux, cela allait de soi
que c'est vous qui deviez être ici.
J'avais demandé au ministre de façon très claire:
Quels sont ces mécanismes de concertation et est-ce qu'il ne serait pas
urgent de mettre en place des mécanismes qui permettent d'assurer une
certaine cohésion entre les actions des différents
ministères? On ne peut pas faire de recherche dans les
universités, dans les entreprises, dans les centres de recherche
privés ou publics, dans les ministères, si on n'a pas de
chercheur. Tout cela est interrelié et l'action doit être
concertée et vigoureuse.
En ce qui concerne la part et l'effort du Québec, on sait qu'ils
sont considérables. Il y perd considérablement par rapport aux
subventions qu'il va chercher à Ottawa. Le ministre de l'Enseignement
supérieur nous disait, ici en Chambre, en réplique à mon
collègue de Bertrand, que le Québec allait chercher, par le biais
des différents conseils de recherche en sciences humaines, naturelles,
en génie et en sciences médicales, 27 % de ce budget, mais ce
budget ne représente que 11 % de l'ensembie des budgets consentis
à la recherche par les organismes fédéraux. Ce sont 27 %
de 11 %, alors que pour les 89 %, on ne va chercher que 10 %. C'est ce qui est
inacceptable.
Au cours des dix dernières années, le gouvernement
fédéral a coupé de 2 000 000 000 $ dans les paiements de
transfert à l'enseignement universitaire. On reçoit au
Québec 2 000 000 000 $ de moins que ce que l'on aurait normalement
reçu, et Ottawa prend 1 300 000 000 $ pour venir ajouter à ses 4
000 000 000 $ pour réinvestir dans des programmes de recherche. On sait
qu'il doit créer des bourses d'excellence, des centres d'excellence et
faire passer une partie de ces 1 300 000 000 $ dans les organismes
subventionnâmes.
Je voudrais savoir du ministre si cet ajout de 1 300 000 000 $ que le
gouvernement donne à tout le Canada, après en avoir enlevé
2 000 000 000 $ au cours des dix dernières années, quand on sait
que le gouvernement fédéral pourra choisir et orienter les
recherches qui seront effectuées au Québec par le biais de ces
programmes, quelles mesures concrètes entend-il prendre pour que le
Québec aille chercher dans ces 1 300 000 000 $ les sommes qui
permettraient un peu de corriger les inéquités dont souffre le
Québec en matière de subvention de la part du gouvernement
fédéral? On sait que l'on va chercher à peu près 17
% ou 18 % des 4 000 000 000 $, ce qui représente un manque à
gagner d'environ 7 %, c'est-à-dire d'à peu près 200 000
000 $. Qu'est-ce que le ministre entend faire pour que cette nouvelle somme
ajoutée à cette enveloppe vienne corriger les
inéquités dont souffre le Québec? Et la deuxième
question à laquelle le ministre ne m'a pas répondu: Quels sont
ces mécanismes de concertation entre les différents
ministères et n'y aurait-ii pas lieu que le gouvernement donne suite aux
suggestions? Parce qu'il y avait plusieurs hypothèses d'avancées
par le Conseil de la science et de la technologie concernant la mise en place
de mécanismes de concertation et de coordination intersectorielles.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre.
M. Pierre MacDonald
M. MacDonald: Je ne me rappelle pas si Mme la
députée de Chicoutimi était présente au
début de la présentation de l'interpellation, mais si elle
l'était, elle n'a donc pas écouté; si elle ne
l'était pas, je vais me permettre de répéter en
réponse à sa question, à savoir: Quels sont les
mécanismes qu'on met en place pour chercher à améliorer la
situation?
D'abord, pour ce qui est de la relation interministérielle, il
existe, tant pour les fonctionnaires que pour les ministres, une relation
continuelle, une relation où justement non seulement ces deux
ministères se consultent, mais également les autres
ministères québécois concernés dans le domaine de
la recherche, que ce soit le ministère de l'Industrie et du Commerce qui
a la responsabilité du CRIQ, ou le ministère de
l'Énergie et des Ressources qui a cette relation avec le Centre
de recherche en électricité d'Hydro-Québec ou le Centre
d'électrochimie, ou le ministère de l'Agriculture qui a
également des activités de recherche assez importantes et j'en
passe. Nous avons continuellement des relations, des conversations, des
discussions, de façon justement à ce que - pour le dire d'une
façon plus simple - la main gauche sache ce que la main droite fait.
Pour en venir à la question de concertation que j'appellerais des
autres intervenants, et en prenant des exemples très pratiques de
réalisation où le gouvernement du Québec, au cours des
deux dernières années, a été très
présent, parlons du Parc technologique de Québec qui est, en soi,
une association réellement des intervenants industriels du
Québec. La meilleure réflexion de cet exemple que je veux donner,
c'est qu'au conseil d'administration, nous retrouvons six industriels et
intervenants du milieu et six représentants de l'Université
Laval.
Si nous allons à Montréal, vous avez la CITECQ, le Centre
d'initiatives technoloqiques, qui veut réunir et qui réunit
justement des intervenants tant du milieu industriel que du milieu
universitaire, que des centres de recherche privés comme des centres de
recherche du gouvernement, ainsi que les représentants des gouvernements
fédérai et provinciaux pour assurer une meilleure coordination et
une meilleure production de résultats concrets.
Revenant à une action particulière de notre
ministère, je rappelle à Mme la députée que c'est
en 1987 que nous annoncions une subvention à l'Association des
directeurs de recherche industrielle du Québec. Cette subvention
était là pour leur permettre - le but avoué -
d'accroître la représentation des entreprises
québécoises dans le fichier de fournisseurs du gouvernement
fédéral. Je vous rappelle que l'héritage que vous nous
avez laissé, je le prends à la fin de l'année 1985, il y
avait à peine 400 entreprises québécoises d'inscrites
à ce fichier. Il est tout à fait normal, particulièrement
lorsque je regarde dans ces octrois de contrats qui sont faits sans
nécessairement d'appels d'offres, mais plutôt de recherche d'une
expertise dans un domaine quelconque, expertise qui est vérifiée
par les documents qui sont au dossier et au fichier, que si nous n'avons pas
autant d'entreprises que les provinces compétitrices, nos chances sont
moins bonnes.
Nous avons donc cherché, en coopération avec le CRIQ qui a
un fichier assez complet des entreprises québécoises et de leur
capacité, de nous entendre avec eux et avec les entreprises. Nous avons
fixé un objectif, un objectif difficile, peut-être, un objectif
qui représente un défi, mais qui veut qu'à la fin de
l'année prochaine ou dans un délai le plus court possible, que ce
soit maintenant 900 entreprises, et non pas 400, qui soient inscrites au
fichier à Ottawa.
Voilà un exemple. Si on est intéressé à en
avoir d'autres ou si on voulait expliciter plus longuement sur le rôle
joué par le Dr Beaulnes et les gens qui vont se joindre à lui
prochainement, cela me fera plaisir d'y répondre si vous avez d'autres
questions dans ce sens-là. (10 heures)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, Mme la Présidente. Un
commentaire ou deux par rapport à ce qui vient d'être dit et je
reviendrai à la politique d'impartition.
D'abord, je pense que le débat de ce matin ne peut pas couvrir
tous les angles; il est bien sûr qu'il aurait été
préférable que le ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur soit là. Il semble que ce n'était
pas une chose possible. Il reste que, lorsque ma collègue, la
députée de Chicoutimi, s'adresse au gouvernement du Québec
par l'intermédiaire du ministre du Commerce extérieur qu'on
interpelle ce matin, je pense que c'est normal que le ministre puisse
être la personne qui va véhiculer nos préoccupations, qui
va aller chercher les réponses que nous n'avons pas et pour reprendre
aussi les informations que le ministre nous a données en tout
début, c'est de dire: Écoutez, s'il y a lieu, j'apporterai
ultérieurement les informations. Ma collègue, la
députée de Chicoutimi, et moi-même avons beaucoup de
préoccupations. Si je voulais qu'elle puisse faire ce volet, c'est
qu'elle est encore beaucoup plus dans son élément concernant tout
cet aspect de la formation, de ce que j'appelle toute la partie du chercheur et
toute la partie de ceux qui sont à former actuellement dans les
universités. C'est bien sûr que ce volet relève d'un autre
ministre, mais écoutez on ne pourra pas faire quatre interpellations sur
le même sujet parce que nous avons tellement de sujets à
couvrir.
Je prierais le ministre du Commerce extérieur de bien
véhiculer nos préoccupations de façon à ce que nous
n'ayons pas un dialogue de sourds et à sens unique de manière
à ce que nous puissions de ce côté... Notre démarche
est simple. On veut aider le Québec, on veut vous aider pour finalement
être capable d'avoir des changements et des modifications profondes dans
notre système. Il y a actuellement des lacunes. Ce que ma
collègue, la députée de Chicoutimi, a mentionné, et
on doit être conscients qu'on doit aujourd'hui, cette année, en
1988-1989 être capable de poser des gestes si on veut avoir des
modifications de comportement. On ne peut pas juste dire: Écoutez la
situation est là. On doit vivre avec. Je pense qu'on est là, nous
comme élus à l'Assemblée nationale, et je pense que le
ministre, s'il est venu en politique, aussi bien comme moi et aussi bien comme
ma collègue la députée de Chicoutimi, c'est qu'on avait le
goût de changer des choses. On avait le goût d'ap-
porter des modifications et de restructurer des choses. Il y a un virage
à prendre de ce côté et il y a des lacunes. Il ne s'agit
pas seulement de s'envoyer la balle, en tout cas dans ma façon à
moi de voir et de se dire: Bien, écoutez, c'est ma faute et c'est la
faute de l'ancien gouvernement, etc. D'accord, je pense qu'on ne va nulle part
si on tire ce genre de bilan. Mais si on dit, il est temps qu'on s'assoie, il
est temps qu'on fasse des choses, sauf que le pouvoir de ce côté,
on ne l'a pas. On peut faire des recommandations. On peut crier très
fort. On peut aller sur la place publique, on peut aller en interpellation, on
peut supplier le ministre et on peut supplier le gouvernement et dire:
Écoutez, êtes-vous d'accord avec ce qu'on dit? Êtes-vous
d'accord sur le constat de la situation actuelle? Je pense que le ministre du
Commerce extérieur, sur cela, s'est relativement bien exprimé. Il
est d'accord que cela ne fonctionne pas. Il est d'accord qu'il y a des lacunes
profondes. Plus que cela, j'ai cru comprendre qu'il est d'accord à faire
des choses. Mais là on va essayer de s'entendre aujourd'hui avec cette
interpellation, de voir comment se programmer, quel plan d'action.
J'aimerais qu'à compter d'aujourd'hui cet exercice soit fait le
plus sérieusement possible et que le ministre soit en position de nous
proposer un plan d'action concernant tous les points que nous avons
mentionnés jusqu'à maintenant et ceux que je mentionnerai
ultérieurement au cours de cette interpellation. Je suis même
prêt, dans une séance de travail, on ne pourra pas tout faire ici
à l'Assemblée nationale pas plus qu'en commission parlementaire,
à offrir ma collaboration comme député qui est
préoccupé par ces questions pour faire en sorte que nous
puissions préparer un plan d'action qui sera en deux, trois ou cinq
volets, peu importe pour dire: Voilà! On part avec cela et on veut avoir
des modifications. On veut viser tel ou tel objectif. Dans ce sens, qu'on
puisse voir l'ombre du début d'un virage et de modifications de
comportement, que ce soit à Ottawa ou ici à Québec, qu'on
puisse effectivement obtenir cela de façon concrète et ce,
à courte échéance. J'y reviendrai
ultérieurement.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre.
M. Pierre MacDonald
M. MacDonald: Nous ne pouvons que souscrire à ce que vous
avez dit. Cela prend un plan. Nous avons un plan que nous allons publier dans
les semaines qui vont suivre. C'est un plan qui regroupe la coopération
des différents ministères et des différents intervenants
et qui cherche justement des moyens d'assurer que l'objectif que nous avons
annoncé il y a quel ques mois, lors du congrès organisé
par Transtech... Objectif qui vise qu'en 1992 le Québec puisse retrouver
des dépenses de l'ordre de 2 % de son PIB orientées vers la
science et la technologie. Pour ce faire, vous admettrez avec moi qu'il y faut
nécessairement la contribution du gouvernement du Québec. J'ouvre
une parenthèse et je vous rappelle que la contribution proportionnelle
du gouvernement du Québec par rapport aux autres intervenants est la
contribution la plus importante de toutes les provinces du Canada. Nous y
faisons notre effort.
Il y a deux autres intervenants qui doivent voir leurs résultats
augmenter substantiellement, sans dire pour cela que le Québec n'a pas
d'autres efforts à faire dont un est le gouvernement
fédéral - et cela fait le sujet de notre préoccupation ce
matin - mais un gouvernement fédéral qui, sûrement,
pourrait, à l'analyse des résultats de ces opérations dans
les années à venir voir des chiffres beaucoup plus importants
à côté du nom du Québec. Mais je vous rappellerai,
M. le député - et je pense qu'il est tout à fait naturel
de constater - que ce n'est pas seulement une diminution de ce qui pourrait
être des préjugés de certains fonctionnaires à
Ottawa, ou une diminution - et il ne faudrait pas espérer cela - de
l'efficacité des démarcheurs et des organisations des autres
provinces qui va amener une amélioration des résultats du
Québec. C'est une action concertée des intervenants du
Québec allant chercher aux endroits où on les distribue et allant
chercher en offrant l'excellence et la compétence que le gouvernement
fédéral est en droit d'attendre, aller chercher, dis-je bien, les
contrats qui vont changer dramatiquement les chiffres de fonds
fédéraux que nous allons retrouver en recherche et
développement ou plutôt dans l'ensemble science et technologie au
Québec.
Et, finalement, autant, d'ailleurs, au Canada qu'au Québec,
d'autres intervenants qui ont à faire un effort majeur sont les
entreprises privées. Comparativement aux autres pays
industrialisés, les efforts du privé au Canada laissent
considérablement à désirer. Nous devons - encore là
et ce n'est pas strictement et purement soit par des mesures fiscales ou par
des discours - continuer à faire la promotion de la rencontre de ce que
j'appellerais - encore malheureusement dans plusieurs cas - la rencontre des
deux solitudes, pour ne pas plagier McLuhan c'est-à-dire ces
intervenants industriels qui ont encore une certaine méfiance des
milieux de recherche fondamentale, et l'inverse est également vrai.
Et peut-être, M. le député de Bertrand, que
justement le genre d'interpellation que vous avez demandée ce matin, le
genre d'intervention que vous faites ou que nous faisons ensemble,
peut-être que cela sert. Cela ajoute quelques pierres à cet
édifice qu'on veut bâtir, cette confiance, et
éventuellement cette complicité de tous les intervenants,
complicité qui n'existe pas à l'heure actuelle mais qui est l;i
clé fondamentale, la base fondamentale du succès dans l'atteinte
de l'objectif que nous avons mentionné.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de La Peltrie.
M. Lawrence Cannon
M. Cannon: Je vous remercie, Mme la Présidente. Quelques
commentaires en ce qui concerne l'interpellation de ce matin. J'ai
écouté très attentivement les propos de mon
collègue, le député de Bertrand, de même que les
propos qui ont été tenus par les députés de
Chicoutimi et de Lac-Saint-Jean concernant cette interpellation. Somme toute,
je pourrais les résumer ainsi: Vous n'avez rien fait. Vous ne faites
rien et nous, on a tout fait à l'époque où on était
au pouvoir parce que les statistiques . nous l'ont démontré.
C'est une attitude, je vous dirai, Mme la Présidente, qui me
déçoit un peu venant du député de Bertrand
puisqu'au tout début de son énoncé, il a clairement
indiqué qu'il avait l'intention de collaborer. Je le connais depuis deux
ans et demi et, à chaque fois que nous avons l'occasion de siéger
à la même commission, c'est avec une volonté positive et
une position qui laisse toujours, dans l'esprit de celui qui l'écoute,
planer l'impression que oui, il est prêt à contribuer, il est
prêt à collaborer. Je dirai simplement au député de
Bertrand que sa position m'étonne d'autant plus que le
député, qui a une très large expérience à la
SDI, sait très bien que, lorsqu'on doit diagnostiquer un
problème, on peut en regarder plusieurs éléments, le
regarder de plusieurs façons. J'aurais souhaité de sa part, ce
matin, qu'il puisse dire au ministre: Écoutez, voici ce que nous avons
fait de 1976 à 1985 avec le gouvernement fédéral, ce qui
nous a permis d'avoir une part plus grande que ce que nous avons actuellement,
et le plan d'action que nous avions mis en place, c'est un plan d'action qui
nous a donné des résultats escomptés ou, enfin, des
résultats extrêmement positifs. Finalement, à vous
écouter ce matin, vous dites: Nous, on a tout fait et vous, vous ne
faites rien. Nous, de notre côté, on dit: Oui, il y a un plan
d'action qui est là; essayons de le valider ensemble; dites-nous ce que
vous avez fait qui a fait en sorte qu'aujourd'hui vous puissiez vous
péter les bretelles en nous disant: Voici, nous autres, on a tout fait.
L'interpellation, c'est un moment privilégié où les deux
côtés peuvent s'affronter. Je vous pose la question, M. le
député de Bertrand.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de La Peltrie. M. le député de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, Mme la Présidente. Je dirai
tout simplement au député de La Peltrie, à moins qu'on se
soit mal compris, qu'il n'y a pas de pétage de bretelles de ce
côté-ci. Je lui rappellerai tout simplement que, oui, j'ai offert
ma collaboration. Ce qui s'est passé dans le passé, si vous me le
permettez, on va tirer une ligne parce le passé, on n'y peut rien. On a
un constat. On pourrait passer des heures à essayer de dire: II y a
telle chose qui a été faite; elle est bonne; elle n'est pas
bonne; vous étiez meilleurs; on était meilleurs. Ce qui est
important, c'est ce qui va se passer demain, c'est ce qui va se passer dans
l'avenir. Le constat du passé, il est là. J'en fais une analyse,
je devrais dire une lecture, à partir d'un rapport, celui du Conseil de
la science et de la technologie qui nous dit qu'il y avait, en matière
de répartition des contrats, 20 % venant d'Ottawa et qu'il y en a
maintenant 10 %. C'est un constat qui permet de tirer certaines conclusions.
Peut-être que les conclusions tirées ne sont pas tout à
fait exactes; on réajustera notre tir. Mais il reste que,
profondément, je suis convaincu qu'on n'est pas dans la bonne direction.
On est sur une pente dans laquelle on glisse. Voilà. C'était
concernant le passé.
En terminant sur la politique d'impartition, parce qu'il y a d'autres
sujets que j'aimerais regarder concernant l'avenir, dans les cinq prochaines
minutes qui vont m'être accordées, j'aimerais
particulièrement toucher le rapport de mars 1988 du Conseil de la
science et de la technologie et les recommandations en parallèle, parce
que cela adonne bien qu'on ait l'interpellation ce matin, avec le discours sur
le budget d'hier et les mesures annoncées et ce qui aurait dû,
à mon avis, être annoncé. Quant à la proposition que
je faisais tantôt, je suis heureux d'apprendre ce matin qu'il y a un plan
d'action, qu'il y a une stratégie globale qui va nous être
déposée sous peu. Je dis au ministre: Oui, je vais tenter
d'apporter le maximum de collaboration pour obtenir le maximum de
résultats. C'est cela notre objectif. C'est d'avoir une idée
constructive pour faire avancer les choses. C'est bien sûr que si vous ne
faites pas votre job on n'ira pas vous donner de tape dans le dos pour vous
féliciter. C'est sûr que notre job, c'est de vous le dire et de
vous pousser dans le dos, et on va continuer à le faire parce que,
demain matin, les rôles seront changés et j'imagine que le
rôle de l'Opposition sera toujours d'être capable de pousser pour
que cela aille de l'avant. (10 h 15)
Aussi bien, hier soir, j'ai été assez honnête pour
être capable de reconnaître qu'il y avait de bonnes mesures dans le
discours sur le budget, je pense que je suis assez honnête aussi pour
être capable de dire qu'il y a des choses qui sont montrées et qui
ne sont pas là, particulièrement concernant la recherche et
développement, et j'aurai la chance d'y revenir tantôt. Mais
l'image qu'on a voulu donner, et j'ai failli tomber dans le panneau, 1 800 000
000 $, pour les cinq prochaines années, et là tout le monde se
roulait par terre et l'assemblée se leva et applaudit. Je ne suis pas
sûr que le ministre du Commerce extérieur ait bien dormi cette
nuit; on y revien-
dra tantôt.
Concernant la politique d'impartition, je voudrais juste aborder deux ou
trois points. La politique d'impartition, pour terminer sur ce point-là,
devrait respecter les principes de mise en concurrence, d'impartialité
et de transparence dans son fonctionnement et ses résultats, ce qui
n'est pas le cas actuellement. De plus, il faut aussi s'interroger, M. le
ministre, quant au refus du gouvernement fédéral et, en
particulier, du ministère des Approvisionnements et Services, de fournir
des données essentielles au Conseil de la science et de la technologie
concernant le processus de sollicitation des soumissions, le choix des
fournisseurs et l'octroi des contrats. Cette attitude reflète le manque
de collaboration du gouvernement fédéral et il faut
s'élever contre ça. Faisons-le ensemble s'il le faut, mais le
porte-parole, celui qui est capable de le faire et de taper sur la tête
du gouvernement fédéral, c'est le ministre qu'on interpelle ce
matin. L'indifférence du fédéral face aux demandes du
Conseil de la science et de la technologie, de la part de nos gens, ce qu'on se
doit au moins d'avoir et le refus dans ce sens-là du gouvernement
fédéral est, à mon avis, tout à fait et
carrément inacceptable. Je reviendrai sur d'autres sujets tantôt
parce que le temps est déjà écoulé, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Bertrand.
M. le ministre, j'aimerais vous faire remarquer qu'on est rendu à
vos dernières dix minutes de réplique. M. le ministre.
Conclusions M. Pierre MacDonald
M. MacDonald: Merci, Mme la Présidente. Je ne prendrai pas
nécessairement les dix minutes parce que je vois que les
déclarations du député de Bertrand sont réellement
celles que j'aurais pu faire moi-même. Je me permettrai de
répéter qu'il fait, comme nous, le constat d'une situation qui
nous est inacceptable. Nous avons dit, à maintes reprises, que les
chiffres qui sont le résultat au Québec sont, pour plusieurs
raisons, injustifiables.
Nous voulons, avec lui, mettre en place toutes les mesures
nécessaires pour chercher à améliorer la situation et nous
notons ce qui a toujours été, et je me permets de le souligner,
son attitude dans ses interventions en jouant très bien son rôle
de député de l'Opposition, c'est-à-dire chercher à
faire ressortir les domaines, les façons ou les mesures qui peuvent
être améliorés, tout en offrant toujours le maximum de
collaboration pour atteindre des résultats positifs. J'aimerais
l'encourager en lui disant que, dans ses exposés - ses collègues
aussi d'ailleurs, mais cela s'explique assez bien chez ses collègues qui
sont plus ou moins familiers avec le dos- sier - il a limité ses
statistiques plutôt sur la question des contrats de recherche venant du
ministère des Approvisionnements et Services, contrats d'impartition, ou
même parlé aussi de ce que nous appelons les soumissions
spontanées.
Les démarches que nous avons faites à Ottawa, soit
personnellement, soit par l'entremise de nos fonctionnaires, soit directement
par la présence fréquente du Dr Beaulnes auprès des ,
différents organismes, nous ont permis, M. le député, non
seulement d'avoir un portrait plus précis de ces chiffres dont vous avez
parlé, mais également d'approcher beaucoup d'autres intervenants
extrêmement importants dans la distribution de contrats divers dans tout
le Canada et où les efforts du Québec, que ce soit de la part des
universités ou des entreprises, ont été-inexistants ou
très modestes.
Je voudrais parler, par exemple, d'un domaine que vous n'avez pas
abordé, celui du programme des technologies stratégiques. Je
crois que le député de Lac-Saint-Jean a parlé des 1 300
000 000 $ auxquels a fait allusion et qu'a présentés le premier
ministre Mulroney lors de la conférence de science et technologie
à Ottawa. Dans ces 1 300 000 000 $, on a parlé depuis quasi
exclusivement de centres d'excellence, mais on n'a pas parlé de ce qui
doit également exister comme un programme pointu de technologies
stratégiques tel que déterminé par le Canada et qui
comporte des crédits aussi importants. Nous avons déjà mis
en place les concertations universités-entreprises pour nous assurer
d'être représentés, d'être les premiers,
probablement, à la table des soumissions lorsque le gouvernement
fédéral va bien vouloir mettre en action ce programme.
Revenant sur les centres d'excellence, nous avons nous-mêmes
organisé des rencontres au sein de la CREPUQ, la Conférence des
recteurs des universités, peut-être pas pour la première
fois, mais cela n'a pas été très fréquent. Nous
avons cherché une collaboration des six universités ensemble
assumant un centre d'excellence dans une université, assumant l'autre
dans la deuxième ou dans la troisième. Nous avons réuni
les intervenants de la CITECQ. La semaine prochaine, nous allons réunir
la CITECQ et les représentants des universités pour assurer ce
qui devrait être, d'après les indications que nous avons, la
formule ou tout au moins la façon de se préparer pour
connaître le succès, c'est-à-dire une action
concertée du gouvernement provincial, des entreprises du Québec
et des universités du Québec. Nous serions en droit de nous
attendre à de bien meilleurs résultats, ayant fait nos efforts
dans ce domaine.
Nous avons également approfondi les programmes de recherche qui
peuvent se retrouver au sein d'Énergie atomique du Canada. L'application
pacifique de l'énergie nucléaire dans certains domaines tels que
l'environnement et la capacité que le Québec a de s'associer
à Énergie atomique du Canada et d'aller chercher justement
des contrats qui seront à l'avantage de nos chercheurs, de nos
organismes et de l'ensemble du Canada. Nous avons également
fouillé ces chiffres qui semblent, à prime abord,
désastreux, c'est-à-dire ces chiffres de l'aérospatial
compte tenu des contrats donnés à SPAR, contrat initial du
premier grand projet dans le domaine spatial, c'est-à-dire cette
plate-forme et plus particulièrement le module de service.
Il est normal que le maître d'oeuvre ayant été
choisi, SPAR, et maître d'oeuvre qui veut exécuter cette partie de
contrat à Toronto, que nous retrouvions sous l'en-tête Toronto des
pourcentages absolument effarants si on limite notre observation à ce
mois-là. Nous avons également pris connaissance - et le
député de Lac-Saint-Jean l'a mentionné - que la part du
Québec dans l'ensemble des programmes de l'agence spatiale serait de 35
%. J'aimerais vous dire qu'au moment où je vous parle, il y a au sein
des industries de l'aéronautique au Québec - dont j'ai
rencontré les principaux dirigeants il y a trois semaines - une
coordination de leurs efforts de façon à s'assurer d'optimiser la
présence d'entreprises québécoises petites, moyennes et
grandes, comme sous-traitants à des SPAR, ou à des MacDonald
Dettwiler de Vancouver, ou à des IMP de Halifax, une sous-traitance qui
est absolument nécessaire tant pour le maître-d'oeuvre que pour
les principaux entrepreneurs et que la résultante de cette
coopération pourrait être un chiffre considérablement accru
strictement et purement sur la base de la capacité compétitive
des entreprises québécoises et non pas sur un cadeau ou sur une
décision arbitraire de quelque fonctionnaire d'Ottawa qui voudrait
limiter notre participation à 35 %.
Ce genre d'intervention d'entreprises présentant leur
capacité d'excellence est un autre moyen qui peut changer radicalement
les pourcentages que nous avons connus auparavant. Je terminerai en vous disant
- et je pense que vous voulez faire allusion à ceci - en
répétant, en fait, que la part du gouvernement du Québec,
comme gouvernement provincial, en chiffres arbitraires, au moment où
l'on se parle, c'est le gouvernement qui fait le plus au Canada. Dans les
mesures qui ont été annoncées cette année, dans le
budget d'hier particulièrement, en stimulant plus que jamais cette
coopération universités-entreprises, en allant dans le sens
d'encourager avec des méthodes très efficaces la recherche
précompétitive, nous y amenons là une intervention
additionnelle où non seulement les mesures mais les crédits qu'on
y alloue sont très importants. Je me permettrai également de
répéter, pas parce que vous n'avez pas compris, je sais que vous
avez compris, mais pour tous les intervenants qui nous écoutent,
qu'à l'automne, résultat d'une concertation de ces intervenants
privés et publics dont j'ai parié, nous aurons un sommet de la
science et de la technologie au Québec. Là encore, comme
résultat de nos travaux qui sont en cours et témoins d'une
volonté ferme du premier ministre et de son gouvernement, nous pourrons
annoncer des mesures additionnelles qui nous permettront d'atteindre cet
objectif parfaitement réalisable que nous nous sommes fixé il y a
quelques mois de retrouver, en 1992 au Québec, 2 % du produit
intérieur brut consacrés à la science et à la
technologie.
Je vous rappellerai - nous pouvons maintenant faire ces comparaisons qui
sont très certainement à l'avantage du Québec et pas
seulement dans le domaine de la science et de la technologie - que le
gouvernement de l'Ontario s'est fixé un objectif de 2,5 % en 1998 et un
objectif de 1,8 % en 1992. Chez nous, nous avons pensé mieux: viser un
programme structuré et bien fait de cinq ans, mais un programme qui vise
2 % en 1992. Vous le savez très bien, il y va de l'avenir, de la
qualité de vie des Québécois d'être
compétitifs sur les marchés internationaux. Il ne saurait y avoir
succès dans cette compétitivité si on ne réussit
pas à atteindre ces objectifs que nous nous sommes fixés.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. ministre.
M. le député de Bertrand, vous avez dix minutes pour faire votre
réplique.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, Mme la Présidente. Avant de
répondre au dernier point soulevé par le ministre et d'apporter
différentes conclusions à l'interpellation de ce matin, je
rappellerai que, lorsque le ministre nous a mentionné qu'il avait
réussi au cours des deux dernières années à
augmenter le nombre important d'inscriptions dans les fichiers, la question que
je lui pose et à laquelle il pourra me répondre dans les
prochains jours, c'est: Comment peut-il expliquer, si on a plus d'entreprises
au fichier, que nous ayons moins de contrats?
M. MacDonald: On va en avoir plus.
M. Parent (Bertrand): Peut-être allons-nous en avoir plus,
mais ce que j'ai compris, c'est qu'effectivement on s'alignait pour plus, mais
au moment où on se parie, les résultats sont moindres.
Ce que j'aimerais souligner en terminant, c'est l'état de la
situation en recherche et développement au Québec qui n'est pas
rapporté par le député de Bertrand, mais par le Conseil de
la science et de la technologie. Il faut lire et relire les tableaux des pages
40 à 46 du rapport de mars 1988, pas un rapport qui date de trois ans,
mais de quelques semaines. Je cite trois ou quatre situations qui sont
extrêmement importantes: Sur la base de la plus récente des
informations statistiques, l'ensemble des dépenses de recherche et
développement au Québec s'élève à 1 400 000
000 $ en 1985, ce qui représentait
22,1 % des dépenses canadiennes. En comparaison, les
dépenses de recherche et développement de l'Ontario
s'élevaient à 3 300 000 000 $ en 1985, ce qui représentait
51,6 %. C'est donc dire que c'est du simple au triple à cet
égard. De plus, une façon d'évaluer l'effort relatif
d'investissement en recherche et développement est de comparer le niveau
d'investissement et la capacité de dépenser. Constatons en
premier lieu, dit le conseil, que l'Ontario dépense en R & D, en
recherche et développement, une somme de 2,3 fois supérieure
à celle du Québec en 1985, où une économie dont le
PIB n'est que de 1,7 fois supérieure. Le conseil dit que les
dépenses de recherche et développement au Québec en 1985
représentaient 1,33 % du PIB pendant qu'en Ontario, elles
représentaient 1,83 %. De plus, on nous dit que les dépenses en
recherche et développement industriels en Ontario sont 2,5 fois plus
importantes qu'au Québec. Les dépenses dans les entreprises sont
directement proportionnelles aux incitatifs que nous allons leur donner.
L'Ontario, 2,5 fois. (10 h 30)
J'attire également l'attention du ministre sur d'autres points.
L'importance relative des dépenses de recherche et développement
des industries hautement technologiques au Québec diminue dans
l'ensemble canadien depuis 1981. Un autre point important. D'autre part, la
comparaison des mesures mises en place au Québec et en Ontario au cours
des deux dernières années afin d'accroître les
investissements en recherche et en développement fait apparaître
un effort massif d'investissement du gouvernement de l'Ontario. Et là,
on nous donne toute l'explication à la page 45.
Au Québec, outre l'amélioration des avantages fiscaux
visant à stimuler les activités de recherche et de
développement - hier, on en a fait sauter de ces avantages fiscaux parce
qu'ils ne fonctionnaient pas - le gouvernement québécois n'a pas,
dans les deux dernières années, instauré de nouveaux
programmes. Les nouvelles injections budgétaires annoncées par le
gouvernement du Québec au cours des deux dernières années
sont donc d'importance beaucoup moindre.
La situation est catastrophique, pour autant que le Québec est
concerné. Le mot catastrophique n'est pas trop fort. Dans la conclusion
du conseil, à la page 36, on nous parle de l'urgence de la situation au
Québec. Le ministre, s'il est honnête, va le reconnaître. On
a une situation d'urgence. Mais comment se fait-il que lors du discours sur le
budget, hier soir, le ministre des Finances ne nous a pas annoncé des
mesures pour être capable de corriger cette situation-là?
Si le Conseil de la science et de la technologie nous dit
carrément qu'au cours des deux dernières années, on n'a
pas mis suffisamment de mesures pour aller de l'avant, comment peut-on nous
arriver aujourd'hui et ne rien nous annoncer dans le budget? Effectivement, on
nous a annoncé 1 800 000 000 $ et le ministre des
Finances de s'exprimer ainsi: Au total, la contribution du gouvernement
du Québec en matière de recherche et de développement pour
les cinq prochaines années sera considérable. Les programmes...
Et là, il s'en va pour nous expliquer qu'il va y avoir 1 800 000 000
$.
Il faut le faire, Mme la Présidente! Il faut surtout aller voir
l'annexe à la page A93. Là, j'ai trouvé cela aberrant,
parce que quand j'ai lu à huis clos, hier, le discours sur le budget,
à la première lecture, j'étais très heureux. J'ai
pensé au ministre du Commerce extérieur qui devait être
dans la hâte de lire le budget hier soir. Mais quand j'ai lu l'annexe A93
pour nous expliquer ce qu'étaient les 1 800 000 000 $... Et je pense
qu'il faut la lire: La contribution du gouvernement du Québec en
matière de recherche et de développement pour les cinq prochaines
années sera donc considérable, de dire le ministre des Finances.
Les sommes prévues à cet effet représentent 1 824 000 000
$. En effet, selon la compilation - imaginez-vous - du ministère du
Commerce extérieur et du Développement technologique, sur ses
programmes de recherche, le coût des programmes mis de l'avant en 1987 et
avant 1987 et en y ajoutant des mesures fiscales existant avant 1987 est de 1
300 000 000 $.
Ce que le ministre des Finances nous dit, c'est: Écoutez,
rendez-vous compte que des mesures déjà annoncées au cours
des dernières années font en sorte qu'il y a un 1 300 000 000 $.
Cela, c'est un constat de la situation. En plus de cela, il nous dit: On ajoute
- avec beaucoup d'ampleur - on ajoute 40 %, on ajoute... De plus, les
initiatives entreprises à cet égard au cours des deux
dernières années représentent 516 000 000 $.
Il faut que le ministre des Finances n'ait pas lu le rapport, en page
45, du Conseil de la science et de la technologie qui dit que depuis les deux
dernières années, je regrette, cela ne marche pas. Qu'il vienne
nous dire que là il y a 516 000 000 $ qui sont... ce que le ministre a
annoncé ou ce qui a été fait depuis le dernier discours
sur le budget, donc depuis le mois d'avril 1987, il n'y a rien de nouveau
d'annoncé là-dedans.
Lorsqu'on fait le décorticage des 1 800 000 000 $, on
s'aperçoit que dans la colonne 1988-1989, donc pour la présente
année, il n'y a que 87 000 000 $ sous la rubrique "Nouvelles
initiatives" et ce sont les dispositions annoncées depuis le discours
sur le budget 1987-1988. Ceci veut donc dire, à toutes fins utiles,
qu'il y a des miettes et des miettes dans le discours sur le budget concernant
la recherche et le développement. Si j'étais le ministre du
Commerce extérieur et du Développement technologique, je serais
passablement découragé parce que les recommandations qu'il a
sûrement faites au ministre des Finances et au premier ministre n'ont pas
été suivies. Comment le gouvernement peut-il se prendre au
sérieux? Je suis très
sérieux et je défie qui que ce soit de me prouver le
contraire de ce que j'avance là-dessus. J'ai passé une partie de
la nuit jusqu'à très tôt ce matin à essayer de
l'analyser pour être sûr que je comprenais comme il faut.
J'inviterais le ministre du Commerce extérieur et du
Développement technologique à me l'expliquer par la suite,
à moins que j'aie mal compris mais je suis certain que j'ai bien compris
et le ministre également. Lorsque le gouvernement du Québec nous
dit que le développement et la recherche sont importants, au moins,
là-dessus, le ministre du Commerce extérieur et du
Développement technologique et moi-même sommes sur la même
longueur d'ondes. Le député de La Peltrie également. Nous
sommes au moins trois à comprendre que c'est important pour le
Québec pour les années quatre-vingt-dix et pour les années
deux mille. C'est important, surtout dans le cadre du libre-échange
où on va avoir un commerce nord-sud, où on va avoir de plus en
plus de compétition et où il va falloir de plus en plus avoir les
coudées franches et non pas se battre sur les prix mais plutôt sur
des produits qui seront différents et des produits de haute technologie;
cela part de la recherche et du développement. L'avenir du Québec
est en train de se jouer. Le Conseil de la science et de la technologie nous
confirme qu'on a un retard important par rapport à l'Ontario. Il ne faut
pas se poser de questions par la suite: Comment cela se fait-il que...
J'aurais espéré et j'aurais applaudi s'il y avait vraiment
eu les montants nécessaires annoncés dans le discours sur le
budget hier. Mais ce ne sont pas des farces. On a annoncé un montant de
30 000 000 $ dans le réseau routier et c'est une plus grande nouvelle
que ce qu'on va mettre dans le domaine de la recherche et du
développement au Québec, après nous avoir dit que
c'était important et surtout après l'avoir si bien enrobé
en nous disant qu'il y a un montant de 1 800 000 000 $ pour les cinq prochaines
années. J'ai divisé cela rapidement et j'ai dit: Voilà des
mesures de 300 000 000 $ ou 400 000 000 $ par année, cela va être
excitant. Rien de tout cela.
Je trouve déplorable, et je termine là-dessus puisque mon
temps est écoulé, que la chance que nous avions et que le
ministre avait après deux ans et demi d'efforts, à la veille de
la fermeture de son ministère pour marquer maintenant "porte close",
aboutisse à une situation de cul-de-sac que je déplore au plus
haut point. J'espère que l'exercice de ce matin va nous permettre de
nous ouvrir sur d'autres exercices afin d'êtres capables d'atteindre
l'objectif fixé par le ministre, soit 2 % du PIB en 1992. Mais comme
c'est parti là, je vous garantis, je vous mets au défi - je ne
sais pas où vous serez en 1992 et où je serai, M. le ministre -
mais je peux vous dire que de la façon dont cela va actuellement, les 2
% du PIB ne seront jamais atteints en matière de recher- che et
développement. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Bertrand. La commission de l'économie et du
travail a accompli son mandat et ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance 10 h 39)