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(Quinze heures quarante-deux minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre s'il
vous plaît! La commission de l'économie et du travail
procède à l'étude détaillée du projet de loi
29 Loi modifiant la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles. Est-ce que nous avons des remplacements M. le
secrétaire?
M. le Secrétaire: Oui, madame. Il y a trois remplacements.
M. Cannon (La Peltrie) est remplacé par Mme Hovington (Matane); M.
Hétu (Labelle) est remplacé par M. Cusano (Viau) et M. Tremblay
(Iberville) est remplacé par M. Latulippe (Chambly).
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que vous avez des remarques préléminaires?
Remarques préliminaires
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je n'ai pas de remarques
préliminaires sauf de remercier l'Opposition pour l'ouverture d'esprit
dont elle a fait preuve en votant pour le principe du projet de loi à la
deuxième lecture. Nous sommes prêts, sans apporter aucun
amendement, à procéder à l'adoption des articles.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
1. M. le ministre.
M. Gendron: Mme la Présidente, vous ne m'avez pas
demandé...
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse, M. le
député de l'Opposition. Est-ce que vous avez des remarques
préliminaires?
M. Gendron: II me semble que les règles bafouant les
droits fondamentaux de l'Opposition ont été votées jeudi
dernier et non ce matin et, en conséquence, je ne verrais pas pourquoi,
vous ne me donneriez pas l'occasion de dire que si l'Opposition a
collaboré, comme le ministre vient de le signaler en remarques
préléminaires, c'est parce que là il nous apparaît
que nous avons un projet de loi où, entre les notes explicatives et le
libellé de l'article 1, il n'y a pas un monde de différence. Les
notes explicatives disent que c'est un projet de loi qui est requis pour
modifier la loi sur la CSST afin de permettre un financement du coût
à 100%. J'ai eu l'occasion d'expliquer que la conjoncture n'étant
pas celle que nous avons connue, d'ailleurs, nous avions posé le geste
que vous savez à la demande des parties, dans le temps. En
conséquence, nous souscrivons et la seule remarque préliminaire
c'est que je suis dans le même état que le ministre du Travail et
je suis prêt à procéder immédiatement à
l'adoption de l'article 1.
Étude détaillée
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
1.
M. Paradis: Oui, Mme la Présidente, l'article 1 se lit
comme suit: "La Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles est modifiée par la suppression des deuxième et
troisième alinéas de l'article 284." Pour que l'on se comprenne
bien, l'article 284 de la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles comprend présentement trois alinéas. Le premier
alinéa demeure et se lit comme suit: "La commission choisit son mode de
financement d'après la méthode qu'elle estime appropriée
pour lui permettre de faire face à ses dépenses au fur et a
mesure de leur échéance et d'éviter que les employeurs
soient injustement obérés par la suite à cause de
paiements à faire pour des lésions professionnelles survenues
auparavant.
Le deuxième alinéa et le troisième alinéa
dont le projet de loi propose l'abolition se lisent comme suit: "Cependant pour
les années 1984 à 1988, la commission perçoit une somme
égale à 90% de la somme suffisante pour permettre le paiement des
prestations auxquelles ont droit les bénéficiaires pour les
lésions professionnelles survenues au cours de chacune de ces
années respectivement puis à 2% de plus par année pour
chacune des cinq années subséquentes."
Alinéa 3: "Pour les années 1986 à 1993, la
commission ne peut augmenter le taux de cotisation en raison du déficit
actuariel relatif aux lésions professionnelles survenues avant le 1er
janvier 1986 ni en raison de celui qui résulte de l'application du
deuxième alinéa."
Le projet de loi vise tout simplement l'abolition des alinéas 2
et 3 et n'oblige plus la CSST à produire un déficit annuel de
l'ordre de 10% décroissant de 2% par année jusqu'à 1993.
On connaîtra donc dès cette année la situation qu'on aurait
connue normalement après 1993.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Tout en ne revenant pas sur ce que j'ai
indiqué il y a peut-être une minute et demie, soit que nous
étions d'accord pour l'adoption de l'article 1, je pense que c'est quand
même la place pour avoir réponse aux quelques questions qui
avaient été soulevées lors de l'adoption du principe de ce
projet de loi à l'Assemblée Nationale. Dans ce sens-là, je
ne pense pas que le ministre soit en désaccord pour profiter de la
discussion sur l'article 1 pour éclairer la lanterne de l'Opposition sur
trois
aspects.
La première question que je voudrais poser au ministre du Travail
est: Est-ce qu'il peut effectivement nous confirmer que cette modification
apportée à la Loi de la CSST, en particulier à l'article
284, qu'il a bien cité, qui comportait trois alinéas... La
question est la suivante: Est-il certain que la modification
suggérée par l'article
I du projet de loi 29 aujourd'hui n'aura pas comme conséquence
d'entraîner des hausses de cotisation aux employeurs en 1989?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je sais, pour en avoir
été informé par la direction de la CSST, que la Commission
de la santé et de la sécurité du travail, formée de
représentants patronaux, syndicaux, paritaires, présidée
par une présidente directrice générale, juge qu'elle n'a
pas besoin d'augmenter les contributions pour l'année 1988. En ce qui
concerne 1989, les indications que possède le conseil d'administration
sont qu'il n'y aurait pas lieu non plus d'augmenter les contributions pour
1989, toutes choses étant égales. Maintenant, vous savez que la
Cour d'appel du Québec a rendu une décision en ce qui concerne
certains programmes de la CSST, dernièrement, et cette décision
de la Cour d'appel peut avoir des conséquences importantes sur
l'équilibre financier de la CSST. Vous savez également que la
Cour suprême du Canada a rendu une décision, il y a deux semaines,
qui peut également avoir des conséquences sur les
équilibres financiers. Ce sont les deux réserves que
j'apporterais à ma réponse.
M. Gendron: Deuxième question, Mme la Présidente.
La présidente de la CSST, Mme Forget, a affirmé le 25 novembre
1987 que la hausse de 0,20 $ pour passer de 90 % à 100 %...
II y a eu une hausse de 0,20 $ en 1987, et elle laissait entendre que
cette hausse en 1988 était reliée à l'objectif d'une
couverture à 100 % des obligations de la CSST. La question que je pose
est la suivante: Est-ce à dire, dans la perspective où le
législateur n'aurait pas légiféré tout de suite
que, de toute façon, la direction, par la présidente de la CSST,
avait prévu la réserve d'argent requis pour assumer cette
responsabilité à I00 % sans qu'il y ait une loi pour l'autoriser
puisque, je répète là, le 25 novembre 1987, elle laissait
entendre que la hausse de 0,20 $ en 1988 était reliée à
une couverture à 100 % des obligations de la CSST?
Est-ce que c'est la présidente qui n'était pas dans la
bonne direction, qui tenait des propos qui n'étaient pas conformes ou si
c'est le ministre qui dit vrai? Aujourd'hui, je veux avoir l'heure juste.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les deux disent vrai. Depuis que
Mme Monique Jérôme
Forget assume la présidence de la Commission de la santé
et de la sécurité du travail, l'équilibre financier de la
commission qu'elle dirige demeure une de ses premières priorités.
Maintenant, compte tenu de l'augmentation de la contribution, de resserrements
de la gestion administrative, des programmes de prévention mis de
l'avant, on m'indique que la CSST, compte tenu des résultats financiers
qu'elle pourrait rendre publics prochainement, serait placée dans une
situation d'illégalité vis-à-vis l'article 284 de la loi,
compte tenu de ses excellentes perfomances financières et qu'à ce
moment-là, elle n'aurait d'autre choix, si le législateur
n'adoptait pas le présent projet de loi, que de diminuer les
contributions des employeurs de façon à se retrouver dans une
position légale. C'est ce qui explique que le vote au conseil
d'administration n'ait pas été unanime. Une partie patronale
aurait souhaité des diminutions de contributions plutôt qu'une
diminution du déficit.
M. Gendron: Est-il exact, Mme la Présidente, que le
ministre de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu,
responsable de la CSST, a reçu à deux reprises une demande de la
présidente de la CSST pour apporter la correction législative
qu'il nous apporte aujourd'hui par le projet de loi 29?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De mémoire, à mon
dossier je retrouve une résolution du conseil d'administration qui date
d'environ soixante jours. Il s'agit de la demande formelle et officielle que le
conseil d'administration de la CSST m'a adressée.
M. Gendron: ...demande de modification à l'article 284 au
cours de l'année 1987 et vous dites... Mais non, moi je pose la question
sur 1987. La question, M. le ministre, était: Est-ce que vous avez
reçu une ou deux demandes de la présidente de la CSST de modifier
l'article 284 au cours de l'année 1987? Moi, j'ai l'information que oui.
Vous êtes le ministre, je vous le demande.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'information que je peux vous
communiquer au moment où on se parle a trait à une
résolution du conseil d'administration de la commission à sa
séance du 11 avril 1988 qui me demande, comme ministre, de bien vouloir
présenter le projet de loi que je vous présente.
M. Gendron: Oui, M. le Président, je pense que le ministre
est assez habile à s'habituer... je ne demande pas si l'on a
demandé en 1988 de présenter un projet de loi. La question est:
Est-ce qu'en 1987, la présidente de la CSST vous a saisi, comme ministre
responsable de la Loi sur la santé et de la sécurité du
travail, d'une demande de présenter ou pas, parce que la formule du
projet de loi...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va, je pense que je saisis
bien votre question. Si vous voulez que je vous réponde, je peux vous
répondre. Non pas de la part du conseil d'administration mais de la part
de la présidente-directrice générale, nous avons
été sensibilisés - ou on peut même utiliser le terme
"demandés" - à la présentation d'un projet de loi. Notre
réaction à l'époque a été la suivante:
Faites-nous parvenir une résolution du conseil d'administration pour que
cela soit bien clair qu'il s'agit-là du voeu de l'ensemble, sans mettre
en doute le plan de la forme. Il y a un conseil d'administration à la
CSST qui est là pour prendre des décisions qui s'imposent et je
pense qu'en termes de mesure législative, il est important d'impliquer
l'ensemble du conseil d'administration qui est paritaire et
deuxièmement, d'effectuer des études sur le plan des taux de
capitalisation, etc. qui sous-tendaient la demande de la présidente. Il
est arrivé que nous avons pu donner suite après avoir reçu
et la résolution du conseil d'administration et l'information sur le
plan des taux de capitalisation, etc.
M. Gendron: A quel moment, comme ministre, avez-vous
indiqué à la présidente de la CSST de procéder
comme vous venez de l'indiquer? A quel moment en 1987?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'imagine que j'ai reçu la
demande et que j'y ai répondu dans les délais normaux.
M. Gendron: Vous ne vous rappelez pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je n'ai pas de souvenance
possible et exacte de...
M. Gendron: Serait-il possible d'avoir cette information?
À quel moment avez-vous indiqué à la présidente de
la CSST que vous, comme ministre, préfériez avoir une
résolution officielle - je ne blâme pas cette façon de
faire, je pose une question - vous préfériez, comme ministre, que
le conseil d'administration de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail procède formellement par voie de
résolution?
Là, vous m'indiquez que la résolution, vous l'avez obtenue
seulement en avril 1988. Alors, je voudrais savoir à quel moment vous,
comme ministre, vous avez dit à la présidente de la CSST: Si tu
veux qu'on présente un projet de loi là-dessus, voici la
façon, comme ministre, que j'entends que tu procèdes. C'est de
m'envoyer une résolution formelle du conseil d'administration de la
CSST.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que je peux faire, je peux
vérifier si cela s'est fait par écrit. Si cela s'est fait par
écrit, je peux le retrouver. Mais, de mémoire, cela s'est fait
verbalement à l'occasion des rencontres que j'ai avec la
présidente-directrice générale. Mais, de mémoire,
c'est de façon verbale. Mais je vais vérifier si c'est par
écrit. Si c'est par écrit, cela me fera plaisir de communiquer
cette date à l'Opposition.
M. Gendron: C'est une question...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si c'est verbal, j'ai beau
fouiller ma mémoire, je n'ai pas de date précise en
tête.
M. Gendron: Une autre question. Est-ce que la hausse de 0,20 $ en
1988, c'est une hausse - vous savez à quoi je fais
référence, à la hausse de 0,20 $ en 1988 - conforme
à une pratique administrative en ce sens qu'on devait, par la suite,
procéder par projet de loi pour officialiser et concrétiser cette
hausse-là ou, en d'autres termes, on aurait pu ne pas présenter
de projet de loi et la hausse de 0,20 $ aurait continué à
s'appliquer et elle aurait été applicable à ce que nous
discutons, c'est-à-dire assumer 100 % des coûts, des frais, par
rapport aux différents niveaux d'accidents à couvrir?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est une question à
laquelle il est à la fois extrêmement difficile et
extrêmement facile de répondre. L'augmentation des contributions
imposée aux employeurs ne joue que sur un des postes budgétaires
qu'on appelle les revenus. L'état de la situation financière de
la CSST est bien sûr affecté par cette partie qu'on appelle les
revenus. Mais l'état de la situation financière est
également affecté par toute la colonne des dépenses.
Là, il y a eu action combinée sur le plan du resserrement de la
gestion interne de la CSST et il y a eu, en même temps - il s'agit
peut-être d'un des éléments les plus importants lorsqu'on
parle de la Commission de la santé et de la sécurité du
travail - un programme de prévention, le programme de prévention
que Mme la présidente a appelé le "moins 10 %".
Lorsque vous combinez augmentation des revenus, diminution des
dépenses de gestion et diminution dans le nombre d'accidents à
cause des mesures de prévention, vous vous retrouvez dans une situation
financière qui ferait en sorte que, étant donné le
libellé des alinéas 2 et 3 de l'article 284, la CSST serait
placée soit dans une position d'illégalité, soit dans une
position de diminuer obligatoirement les contributions aux employeurs de
façon à se maintenir dans une situation légale.
M. Gendron: Mais dans la perspective où la
présidente de la CSST et son conseil d'administration n'auraient pas eu
les garanties que le ministre avait l'intention... En tout cas, vous ne pouvez
pas, s'il n'y a pas de garantie, mais s'il n'y avait pas eu l'information -
appelez cela comme ça - s'il n'y avait pas eu l'information à
savoir que le ministre la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu, donc vous, vous aviez l'intention...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): et ministre du Travail.
M. Gendron: Oui, mais c'est vous quand même.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais c'est un autre
ministère.
M. Gendron: Je le sais. Aviez l'intention... J'ai
arrêté là dans vos titres pour parler de vous. C'est vous
qui avez la responsabilité. Alors, dans la perspective où la CSST
n'aurait pas eu l'information a savoir que vous procéderiez, en 1988,
par projet de loi, est-ce que cette même hausse aurait été
autorisée en 1989?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La réponse, c'est oui,
parce qu'ils n'avaient pas cette information. Les contacts que nous avons pu
avoir en 1987 sont de l'ordre de ceux que vous avez récités
tantôt, des contacts d'exploration, si je peux utiliser l'expression, qui
ont été suivis d'une demande ministérielle visant à
requérir plus d'information sur le plan financier et d'obtenir une
demande de l'ensemble du conseil d'administration. Même au moment
où nous parlons, le conseil d'administration de la CSST sait très
bien que, le projet de loi étant déposé à
l'Assemblée nationale, il est soumis à nos règles et qu'en
aucun temps un ministre ne peut donner une garantie d'adoption tant que
l'Assemblée nationale ne l'a pas adopté en troisième
lecture et que le lieutenant-gouverneur ne l'a pas sanctionné.
M. Gendron: Est-ce que le ministre peut nous indiquer quelles
sommes additionnelles il ira chercher par ce projet de loi sur une base
annuelle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Aucune somme additionnelle par ce
projet de loi. Ce projet de loi n'autorise pas la perception. On peut
l'interpréter, a contrario, en disant, s'il n'était pas
présenté, quel niveau de diminution de contribution des
employeurs on pourrait escompter. Il faudrait diminuer les prestations des
employeurs pour une somme approximative de quelque 100 000 000 $. (16
heures)
M. Gendron: Cela va, Mme la Présidente, je n'ai pas
d'autres questions.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député. M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Merci Mme la Présidente. Puisqu'on parle
précisément de la CSST et d'un projet de loi qui touche son
financement, je ne sais pas si le ministre a en mémoire que, de 1983
à 1985, on avait reporté dans le temps des déficits
accumulés au montant de 800 000 000 $ sur les années 1987, 1988
et 1989. Dans le dernier rapport qui a été soumis par votre
prédécesseur, M. Fréchette, député de
Sherbrooke à l'époque, on avait reporté un déficit
de 800 000 000 $ qui était en réalité pour 1982, 1983 et
1984. On l'a reporté à 1987, 1988 et 1989. Est-ce que la CSST
traîne toujours ce déficit accumulé? De quelle
façon, allons-nous le combler un jour ou l'autre? Avec les
intérêts d'aujourd'hui, c'est rendu à pas loin du milliard
de dollars, à mon avis, depuis le temps. Comment ce problème
va-t-il se régler?
Si je me rappelle bien, dans le temps, le prédécesseur aux
Finances avait déclaré en Chambre que la CSST était ni
plus ni moins en faillite. Si cela n'avait pas été une commission
gérée par l'État, cela aurait été une
faillite. Je ne sais pas si François se souvient de cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux donner aux membres de la
commission, l'information suivante: Entre 1978 et 1986, la dette non
provisionnée en millions de dollars était, en 1978, de 433 300
000 $; en 1979, 444 000 000 $; en 1980, 393 300 000 $; en 1981, 495 800 000 $;
en 1982, 679 600 000 $; en 1983, 866 700 000 $; en 1984, 1 322 900 000 $; en
1985, 1 870 800 000 $; en 1986, 2 228 100 000 $. Il faudra prévoir le
remboursement de cette dette. Quand on le fait, on le fait sur un
échéancier d'environ 25 ans.
M. Maltais: Mais si je me rappelle bien, c'est que l'ancienne loi
ne permettait pas à la CSST de faire le déficit. Donc, son bilan
devait arriver "break even" ou quelque chose comme ça. Quel était
le but d'avoir reporté ce déficit? Quel était
l'objectif?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si je comprends bien l'objectif de
la loi telle qu'elle existait, si je comprends bien l'article 284 de la loi et
des explications qui ont été fournies par l'Opposition en
deuxième lecture, cette loi ayant été adoptée dans
un contexte économique plus difficile pour les petites et moyennes
entreprises, il s'agissait de reporter à une période où le
contexte économique serait plus favorable, le paiement des sommes
encourues en cours d'exercice.
M. Maltais: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On prévoyait que la
situation économique se redresserait en 1993 et on prévoyait sans
doute que le Parti québécois était pour gagner les
élections, etc..
M. Maltais: Malheureusement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le Parti libéral ayant
remporté les élections, ayant
contribué à rétablir la situation
financière, on est donc en mesure de devancer le remboursement de 1993
à 1989, ce que nos amis d'en face avait présenté comme
alternative sur le plan financier.
M. Maltais: Cela va.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Mais dans les faits, permettez-moi tout simplement de
signaler que ce n'est pas aussi simple que cela, Mme la Présidente. J'ai
ici une note du président du CPQ, mais, de toute façon, cela ne
donne pas grand-chose d'orienter le débat sur cette perspective...
M. Maltais: S'il s'agit d'information...
M. Gendron: Oui, mais l'information exacte n'est pas
celle-là. C'est carrément à la demande des
concernés qui ont demandé de reporter le financement du
coût des accidents dans le temps en espérant qu'on puisse revoir
cette décision dans les meilleurs délais. Ce n'est pas pour rien
que M. Ghislain Dufour, le président du Conseil du patronat, disait: La
décision de la CSST, prise en 1982, était légitime. On
était d'accord là-desssus et ainsi de suite. On trouvait que
c'était une bonne décision. C'est toujours lui qui parie.
M. Maltais: Ah oui! Mais cela ne veut pas dire que c'est la
vérité...
M. Gendron: Non, je ne dis pas que c'est la vérité
mais ce sont les faits et ce n'est pas l'Opposition. Effectivement, ici, il
donne son accord au projet de loi qu'on a à discuter, M. le
député de Saguenay...
M. Maltais: D'accord...
M. Gendron: ...parce qu'il prétend qu'actuellement, cette
réserve de retenir 10 % de couverture sur le coût des accidents
n'est pas appropriée dans un contexte où, effectivement, on sait
qu'on doit assumer un coût de facture à 100 %, un de ces jours. Et
quand on est capable de l'assumer, cela ne donne rien de pelleter cela dans
l'avenir, comme vous l'avez fait dans le budget. On ne le pellette pas, on
l'assume.
M. Maltais: On va payer les vieilles dettes mais je
préfère de beaucoup l'explication du ministre que celle de M.
Dufour. Vous allez comprendre que...
M. Gendron: Ah, cela ne me dérange pas. Moi, en autant que
ce soit au moins conforme aux faits, cela ne me dérange pas. Vous
prendrez celle que vous voulez, M. le député.
M. Maltais: Vous savez, M. Dufour n'a pas l'habitude
nécessairement de dire uniquement la vérité.
M. Gendron: Moi, je ne défends pas M. Dufour.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: Que Dieu vous garde, mon cher collègue. Moi,
alors, Mme la Présidente, j'ai terminé.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, revenons
à la pertinence du débat. Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 1 est
adopté, j'appelle l'article 2.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente,
l'article 2 du projet de loi est habituel. Vous êtes familier avec ce
libellé. Il se lit comme suit: "La présente loi entre en vigueur
le..." et on indique la date de la sanction de la loi. Donc, le projet de loi
entrera en vigueur dès que le lieutenant-gouverneur l'aura
sanctionné, après adoption par l'Assemblée nationale du
Québec.
M. Gendron: Comme le lieutenant-gouverneur est toujours en
exercice, je ne peux pas grand-chose contre cet article.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais faire un débat
sur le jugement...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que le
titre du projet de loi est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le projet
de loi dans son ensemble est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
de l'économie et du travail a accompli son mandat et ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 16 h 8)