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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Kehoe): Le mandat de la commission est de
faire l'étude détaillée du projet de loi 65, Loi modifiant
la Loi sur la santé et la sécurité du travail. Je demande
au secrétaire d'annoncer les remplaçants.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. On m'a
informé que M. Gobé (Lafontaine) remplace M. Tremblay
(Iberville).
Le Président (M. Kehoe): Y a-t-il des motions
préliminaires? Je demande au ministre s'il a des déclarations
d'ouverture ou s'il a des commentaires.
Remarques préliminaires M. Yves
Séguin
M. Séguin: Quelques mots, M. le Président. Je
voudrais saluer les collègues de la commission pour l'exercice que nous
avons, l'étude du projet de loi 65 qui modifie la Loi sur la
santé et la sécurité du travail bien connue sous
l'appellation de loi de la CSST, afin d'Introduire un nouveau système
d'information. On aura l'occasion dans les prochaines minutes, M. le
Président, d'en étudier le fondement article par article.
Je voudrais simplement rappeler que ce projet de loi est le fruit d'une
vaste consultation commencée il y a plusieurs années, au tout
début de 1980-1981, qu'il y a eu des comités dans toutes les
provinces pour s'associer à un projet pancanadien qu'avait lancé
le gouvernement fédéral pour que, dans l'ensemble des entreprises
au pays, particulièrement au Québec en ce qui nous concerne, on
puisse retrouver un minimum d'obligation pour un employeur ou un fabricant de
donner une information sur l'étiquette qui accompagne certains produits
jugés dangereux ou dont la manipulation peut présenter des
risques, ce qui n'existe pas à l'heure actuelle.
Donc, c'est quand même une forme d'innovation; c'est un
complément, je pense, à tout exercice de prévention. Le
but de la loi, c'est simple, c'est d'obliger des employeurs, des fabricants
dans certains cas, à mettre un avis, une étiquette donnant un
minimum d'information sur le produit, accompagné d'une fiche
signalétique, c'est-à-dire une feuille un peu plus
complète qu'une simple étiquette qui donne les moyens
d'intervention s'il y a une manipulation dangereuse ou un bris, ou s'il arrive
un accident. Alors cette fiche donnera plus de détails.
Troisièmement, il y a l'obligation pour un employeur de fournir un
programme de formation sur les produits concernés; par exemple, les
moyens que l'employé peut utiliser en cas d'accident afin
d'éviter des brûlures, des problè- mes personnels.
C'est un projet de loi qui s'harmonise avec l'ensemble des provinces
à l'initiative du gouvernement fédéral pour que ce soit
uniforme dans toutes les provinces et que toutes les provinces aient les
mêmes obligations. Compte tenu du fait qu'au Québec plusieurs
employeurs font affaire dans plusieurs provinces, compte tenu du fait que
plusieurs fabricants peuvent faire circuler les mêmes produits d'une
province à l'autre, il aurait été plus difficile, et
même aberrant dans certaines circonstances, que chacune des provinces
procède séparément. Vis-à-vis des employeurs et des
produits qui circulent, on aurait trouvé des situations où, dans
une province, le traitement aurait été différent de celui
d'une autre. Alors, dans les années 1982, 1983, 1984 et les suivantes,
jusqu'à l'arrivée d'un projet de loi fédéral en
1986, tout le monde était d'accord pour qu'il y ait un système
uniforme dans l'ensemble des provinces, et particulièrement au
Québec, afin que l'obligation soit la même et que l'on n'en arrive
pas à des situations où certains en seraient exemptés
à un endroit et non exemptés à l'autre, ou que les
applications soient différentes d'une province ou d'une entreprise
à l'autre.
Ce projet de loi origine de la CSST qui me l'a recommandé de
façon unanime par son conseil d'administration. On sait qui siège
au conseil d'administration de la CSST. C'est un conseil paritaire. La
moitié du conseil est composée de représentants syndicaux
et l'autre moitié de représentants des parties patronales.
Pendant les années que j'évoquais tantôt, de 1982
jusqu'à 1985, 1986 environ, le premier avant-projet de loi a
été constitué au niveau fédéral et, par
ricochet, au niveau des provinces. Un représentant de la CSST
siégeait au comité pancanadien, si je peux dire, pour acheminer
les arguments et les représentations des parties patronales, syndicales
et autres du Québec.
Depuis que le projet de loi a été préparé -
c'était surtout durant le printemps et l'été derniers - il
a été acheminé aux différentes parties syndicales
et patronales du Québec, dont la CSST et d'autres. Les commentaires que
j'ai reçus depuis sont, dans l'ensemble, unanimement favorables.
Quelques-uns ont fait part de quelques points de perfectionnement, s'il y avait
lieu, mais on verra que le règlement peut apporter des
compléments au projet de loi. Il me semble que le projet de loi,
à l'heure actuelle, représente un équilibre, un consensus
très complet, sachant très bien qu'un nouveau système
comme celui-là n'est jamais parfait au moment où on le fait et
qu'il devra peut-être recevoir des bonifications l'année prochaine
et l'année suivante. On va voir comment le projet de loi va
fonctionner.
Je pense que les conseils reçus, l'expérience du
fédéral et la façon dont les autres provinces ont
adapté le même système dans chacune de
leurs lois nous permettent de croire que nous sommes actuellement
prêts à procéder raisonnablement à l'adoption du
projet de loi, d'autant plus que l'élément de l'uniformité
est très important, de sorte que l'ensemble des projets de loi et des
règlements au niveau des provinces est conforme à celui du
fédéral pour être sûr que l'obligation donnée
à l'employeur de faire les étiquettes, de fournir la fiche
signalétique et de donner des cours de formation se retrouve partout et
que personne n'ait de traitement différent. Je pense que la
sécurité des travailleurs en dépend, et c'est
important.
Il y a une question de délai que je voudrais évoquer en
terminant. Le projet de loi fédéral voulait que l'ensemble de la
réglementation de la loi soit en vigueur le 31 octobre; donc,
effectivement, le fédéral a sa loi et ses règlements en
vigueur depuis le 31 octobre et l'ensemble des provinces aussi, sauf
quelques-unes. Au Québec, avec notre système, on ne pouvait,
évidemment, pas avoir une loi adoptée le 31 octobre puisque la
session n'était commencée que depuis quelque temps. Le projet de
loi n'était pas tout à fait prêt parce que sur certains
points nous avons des particularités, nous les verrons tantôt. Ce
n'est rien de fondamental, mais quand même. Donc, je pense qu'il serait
important et très attendu que nous puissions procéder à la
sanction de la loi avant le mois de décembre pour que, à tout le
moins, après le retour du congé des fêtes, en janvier, on
puisse informer les employeurs de leurs obligations dont ils sont
déjà conscients, puisqu'ils ont déjà pris
connaissance du projet de loi, ne serait-ce que par le fédéral,
mais ils ont pris aussi connaissance de notre projet de loi. Je pense que le
délai est actuellement important pour que, sans nous bousculer
inutilement, mais sans perdre le peu de temps que nous avons dans la
présente session, nous procédions avant la fin de la session, le
21 décembre, à l'adoption de la loi.
M. le Président, j'aurai un amendement que je vous
présenterai lorsque nous arriverons à l'article 2 pour apporter
un petit ajout à l'article 62.19; je l'expliquerai à ce
moment-là. Par ailleurs, je suis accompagné de quelques
collaborateurs qui pourront, si besoin en est, fournir des renseignements ou
donner des explications puisqu'ils ont participé activement et de
très près à l'étude et à la confection du
système que nous présentons par le projet de loi. Il me fera
plaisir de répondre à toutes les questions que les membres
voudront poser. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Merci,M. le ministre. Je demande
au porte-parole de l'Opposition et député de Laviolette s'il a
des remarques préliminaires à faire.
M. Jean-Pierre Jolivet M. Jolivet: Oui, M. le Président,
j'en ai quelques-unes. Vous n'êtes pas sans savoir que le projet de loi a
été déposé à l'Assemblée nationale le
3 novembre dernier, que le ministre et moi avons eu l'occasion
d'échanger des idées sur le principe du projet de loi jeudi
passé, le 10. Lorsque j'ai discuté de ce projet de loi avec lui
sur le principe même, je lui ai fait mention que nous avions eu des
discussions et que nous allions fort probablement demander qu'on entende des
gens sur ce projet de loi, parce qu'il y va de la santé et de la
sécurité de l'ensemble des travailleurs mais qu'il y va aussi de
la sécurité de l'ensemble de la population qui vit autour de ces
usines-là. En conséquence, on ne pouvait pas regarder ce projet
de loi à la légère, sans consultations qui nous permettent
de bien voir si, oui ou non, l'ensemble des sujets touchés par le projet
de loi est convenables à notre avis.
J'avais pris la précaution, quand la présidente ou le
président - je ne me souviens pas duquel des deux était sur le
siège jeudi passé - nous a demandé si on acceptait le
principe du projet de loi, de poser une question au ministre, à savoir
s'il acceptait, à la suite des consultations qu'on est en train de
faire, d'entendre de façon restreinte certains groupes, plus
particulièrement ceux qui participent au conseil d'administration de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail,
c'est-à-dire au moins les côtés patronal et syndical, de
façon qu'on s'entende sur une liste qui pourrait être l'objet
d'une participation ici à l'Assemblée nationale, à la
commission parlementaire.
Je m'excuse, je ne suis pas considéré comme une personne
qui arrive en retard à ses rendez-vous. J'étais convoqué
pour 10 heures ce matin, mais je dois vous dire que depuis ce matin,
après la discussion que j'ai eue hier soir avec le ministre, qui m'avait
appelé à mon bureau et que j'ai vu ensuite à
l'Assemblée nationale, j'ai eu des consultations sur le sujet avec des
gens encore ce matin, ce qui m'a amené à un retard de quelques
minutes ici, parce qu'ils avaient beaucoup de choses à dire.
Ce matin, la commission entreprend ses travaux et comme
députés de l'Opposition, dans le "rush" de la fin de session,
comme on dit souvent, on se sent un peu bousculés. Le ministre a pris la
précaution de dire qu'il n'avait l'intention de bousculer personne, mais
je vous donne les dates. Moi, comme membre de l'Opposition, j'ai pris
connaissance du dossier - avec l'aide de notre recherchiste qui a fait les
contacts nécessaires - le 3 novembre dernier; le 10, on discutait du
principe à l'Assemblée nationale en exprimant les
réticences que nous avions sur certains points qui ont été
oubliés dans le projet de loi. Nos contacts nous indiquent
qu'effectivement il y a des gens qui seraient intéressés à
faire valoir leur point de vue et à voir de quelle façon on peut
améliorer le projet de loi. À la suite des discussions que j'ai
eues avec le ministre hier, j'ai quelques inquiétudes. On aura
l'occasion de l'entendre
parler davantage lorsque nous en serons à la motion que j'ai
l'intention de présenter. Je veux, quand même, vous mentionner que
des gens nous ont contactés et qu'on en a contacté aussi, parce
qu'on voulait être sûrs, nous aussi, de bien aller dans
l'intérêt des travailleurs.
Je faisais mention au ministre que j'avais eu l'occasion, comme simple
député à l'époque où Pierre Marois
était responsable du dossier, d'étudier à fond l'ensemble
du dossier de la santé et de la sécurité au travail. J'ai
eu l'occasion, au nom du ministre, d'aller faire des discours dans l'ensemble
du Québec, de rencontrer des gens au niveau patronal et au niveau
syndical. Je vous dis, comme je le disais à l'époque, qu'il n'est
pas question, d'aucune façon, de devoir entrer en scaphandre dans une
usine pour se protéger contre le bruit, contre les odeurs, contre les
bris qui pourraient survenir à une machine, contre tout ce qui pourrait
être dommageable à la santé de l'individu à
l'intérieur. En conséquence, il fallait plutôt s'assurer
d'avoir sur les lieux de travail des moyens de prévention pour la
diminution du bruit, la diminution des émanations, la diminution des
dangers de manutention. On allait plus loin en disant qu'il fallait aussi en
arriver, si on faisait de la prévention à l'intérieur,
à ce qu'il y ait en même temps de l'information à
l'extérieur.
Le projet de loi que nous avons devant nous, M. le Président, ne
nous indique pas que ce qui s'est produit à Saint-Basile-le-Grand par
exemple, ne pourrait pas se produire dans une usine fabriquant et faisant la
manutention de produits dangereux; que cela ne pourrait pas se reproduire si la
population à l'extérieur n'était pas informée. Si
des gens aussi importants que le chef des services d'incendie ne connaissent
pas la teneur de la fiche signalétique qui leur permettrait de
réagir rapidement à des dangers qui pourraient surgir dans le
milieu; si on ne permet pas, sous le signe de la confidentialité,
à l'ensemble du public d'être au courant de certaines
difficultés qui pourraient exister, par l'intermédiaire du
département de santé communautaire qui est un milieu de
prévention, un milieu de recherche... Le département de
santé communautaire, tel qu'on le connaît aujourd'hui par rapport
à ce qu'il a été à l'époque où il
était à la fois CLSC et département de santé
communautaire, est précisément ancré dans l'ensemble de la
recherche épidémiologique, comme on dit, dans l'ensemble des
problèmes qui peuvent exister dans un milieu donné, mais, en
même temps, il est responsable de la prévention, responsable de
l'information au public. On ne retrouve rien dans le projet de loi qui dise que
la population qui est désireuse de connaître ce qui se fait chez
elle, ce qui se passe chez elle, sera informée. Je pense qu'il y a
beaucoup de trous dans le projet de loi. On parle juste des agents physiques
dangereux qui, par rapport à la loi de l'Ontario ne sont pas dans notre
loi au Québec. Pourtant, on parle de faire une loi uniforme pour
l'ensemble du Canada. Il y a des problèmes qui peuvent exister, M. le
Président, vous en êtes certainement conscient. Seulement
concernant la langue, il y a dans une usine des gens qui ne parlent ni
français ni anglais, qui ont des problèmes relativement à
la connaissance du dossier. Il pourrait, dans certains cas, y avoir des
informations en italien ou en russe, s'il le fallait, M. le Président.
Il y a des choses qui n'existent pas dans la loi. On y reviendra en cours de
route.
Il y a toute la question des médecins qui seront informés
en cas d'urgence alors que, normalement, ils devraient être
informés, et vous êtes au courant, des maladies qui sont, à
long terme, cancérigènes ou qui peuvent rendre asthmatiques. Ils
pourraient être informés avant de la teneur des
ingrédients, des substances qu'on utilisera, de façon à le
dire aux médecins des départements de santé communautaire,
aux médecins qui, en vertu de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail, sont responsables du retrait
préventif ou du programme de santé à l'intérieur de
l'industrie, aux médecins qui, en vertu de la loi 42 sur le travail,
sont responsables de l'ensemble de cette information qu'ils doivent
posséder s'ils veulent non seulement agir dans les cas d'extrême
urgence, mais agir aussi dans le cas de maladies à long terme, parfois
pernicieuses, qui font que, si on ne les connaît pas dès le
départ, on a des problèmes.
Je pense qu'il n'y a rien là-dedans. Les chefs des services
d'incendie, je le répète, disent que ce serait
intéressant. Il y a des gens qui les ont contactés pour leur
dire: Oui, avant même qu'arrive un accident ou un incident, il faut que
ces gens-là soient informés de l'ensemble des produits
utilisés à l'intérieur de l'usine. Tout cela sous le signe
de la confidentialité. Même une personne pourrait vouloir
être informée et voir la fiche signalétique parce qu'elle
est dans l'environnement de l'usine et qu'elle voudrait savoir s'il y a des
effets sur sa propre santé par l'intermédiaire du
département de santé communautaire. Encore une fois, tout cela
sous le principe de la confidentialité. Rien dans le projet de loi ne
nous l'indique.
Le ministre pourra peut-être me dire: C'est dans la
réglementation, on y reviendra à ce moment-là, mais une
chose est certaine, c'est qu'il y a des affaires qui doivent être dans la
loi et qui permettraient à la population d'être
sécurisée. Le cas de Saint-Basile-le-Grand ne doit plus se
produire, on l'espère tous, mais on ne peut pas contrôler la
nature, ni tout; donc, il va encore y avoir des incidents et des accidents. A
ce moment-là, il faut que les gens soient préparés en
conséquence. Ça n'a pas de bon sens que dans la loi, à un
autre article, on exclue même certains produits et qu'on ne
réglemente pas la question de l'entreposage.
On dit qu'il y a des gens qui ont été consultés. Je
vous dis: Souvent, dans ma carrière,
j'ai participé comme individu à bien des comités
consultatifs. Le député de Saint-Maurice en est ici un
témoin vivant, même le député de
Trois-Rivières aussi, fort probablement, parce qu'il était aux
commissions scolaires. Ils ont vu le travail que j'ai fait au plan syndical
dans mon propre milieu. Je peux vous dire que j'ai participé à
bien des comités consultatifs, même à des comités
décisionnels, parfois, sauf qu'on prenait toutes les précautions
nécessaires pour protéger l'ensemble des gens qu'on
représentait contre ce qu'on croyait avoir besoin de les
protéger.
Qu'on vienne me dire aujourd'hui que MM. Laberge et Larose sont
d'accord, ainsi que d'autres personnes, soit. Même moi, je vais
être d'accord avec un principe qui est là. Peut-être ne
sera-t-on pas d'accord, cependant, avec l'ensemble qui est là-dedans,
que ce soit des personnes de la CSN, de la CSD ou de la FTQ. Ces gens ne nous
ont pas envoyé de la documentation pour rien, mais pour nous dire qu'il
y avait des choses à voir et à entendre.
C'est dans ce sens-là que, sans vouloir retarder quoi que ce soit
et sans vouloir être bousculé de quelque façon que ce soit,
comme membre de l'Opposition, je n'ai pas l'intention de faire un travail
où on me dirait: Jolivet, ce que tu as à faire aujourd'hui, c'est
"one, two, three, pass to go", mon cher, et c'est fini, on n'en parle plus, tu
es obligé de me faire confiance. Ce n'est pas de cette façon que
cela fonctionne.
Motion proposant la tenue de consultations
particulières
C'est dans ce sens-là, M. le Président, qu'en vertu du
règlement qui nous gouverne je ferais une proposition pour entendre - on
pourrait s'entendre, de part et d'autre, sur une liste sans nommer les gens ici
- des personnes qui vivent quotidiennement les problèmes de la
santé et de la sécurité dans leur milieu de travail. Que
l'on tienne donc des audiences particulières qui seraient restreintes
à un groupe de personnes dont on fera la nomenclature de part et
d'autre, sur lesquelles on pourra s'entendre, vu qu'il y a dans notre
règlement cette possibilité.
Alors, je fais la recommandation; j'argumenterai ensuite. Je fais la
motion actuellement. Je vous demande si elle est recevable ou non. Si elle est
recevable, je ferai l'argumentation ensuite.
Le Président (M. Kehoe): La motion, telle que vous la
présentez, c'est pour des consultations particulières...
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Kehoe): ...des groupes que vous allez
déterminer par la suite.
M. Jolivet: Ensemble.
Le Président (M. Kehoe): Bien sûr, la motion est
recevable. Maintenant, je vais demander au ministre de répondre, par
exemple, et de nous dire quelle est sa position sur la motion.
M. Jolivet: Avant de répondre, je voudrais au moins
la...
Le Président (M. Kehoe): Excusez-moi.
M. Jolivet: ...faire valoir.
Le Président (M. Kehoe): II y aura un débat qui va
s'engager.
M. Séguin: Elle est recevable.
Le Président (M. Jolivet): Peut-être pouvez-vous
commencer sur votre motion, M. le député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, à la suite de ce que
je disais au ministre sur l'acceptation du principe, jeudi dernier, le ministre
me répondait qu'il n'avait pas d'objection à ce que des groupes
soient entendus. Par l'intermédiaire de mon recherchiste et par les
appels téléphoniques que j'ai faits, les contacts que j'ai eus,
j'ai donc la conviction que, même s'il est louable et qu'il est
acceptable qu'on donne notre appui à cette motion d'adoption du projet
de loi article par article, il serait bien que l'on fasse entendre des groupes
qui auraient des recommandations à nous faire sur les points que j'ai
rapidement touchés tout à l'heure. Je vous fais mention de
lettres que j'ai reçues par l'intermédiaire du
télécopieur de la Centrale des syndicats démocratiques,
par la Fédération démocratique de la métallurgie,
des mines et des produits chimiques, de la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec, la FTQ, avec un long
commentaire pour le moment. C'est la même chose avec la CSN qui doit nous
faire parvenir... J'ai parlé avec quelqu'un de la CSN, ce matin, qui me
donnait les grands points de leur argumentation et ils demandent d'être
entendus. (10 h 30)
Dans un texte qu'elle nous envoyait, la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec "estime qu'il est
nécessaire que soient entendus ses représentants en commission
parlementaire, en comparution particulière et restreinte, au sujet du
projet de loi 65 qui a été débattu à
l'Assemblée nationale en première lecture la semaine
dernière". En fait, c'était en deuxième lecture, puisque
c'était le principe du projet de loi. "Avant que ne débute
l'étude article par article de ce projet de loi sur les SIMDUT en
deuxième lecture, il est dans l'intérêt des travailleurs et
des travailleuses du
Québec visés par la SIMDUT que certains
éléments du projet de loi soient corrigés ou
carrément retranchés.
Nos représentations peuvent se faire sans ajouter aux
délais déjà encourus." Là, on dit: "Ainsi, par
ordre chronologique, nous soumettons ce qui suit..." Et on donne une
série d'articles qu'ils voudraient voir amender. J'aurai l'occasion,
lorsque j'arriverai à l'étude article par article, de le faire.
L'expéditeur est Louis Laberge.
Ensuite, vous avez la même chose. L'expéditeur est M.
Claude Gingras, de la CSD, qui dit ceci au ministre: "Nous avons pris
connaissance du projet de loi 65 relatif aux SIMDUT, modifiant la Loi sur la
santé et la sécurité du travail. La CSD désire
déposer ses représentations dans le cadre de l'étude de ce
projet de loi à l'occasion de la commission parlementaire prévue
à cette fin. Nous espérons, M. le ministre, que vous
accéderez à notre demande et que nous recevrons communication sur
l'heure, l'endroit et la journée prévus à cet effet."
La CSN nous a rejoints par téléphone et elle doit nous
faire parvenir la documentation concernée.
D'un autre côté, le ministre pourrait nous dire
aujourd'hui: Écoutez, vous êtes un peu en retard, M. le
député de Laviolette, on est à l'étape de
l'étude article par article. Le ministre comprendra très bien que
j'ai pris mes précautions la dernière fois parce que ce n'est pas
moi qui détermine quand on va faire l'étude du projet de loi. Je
vous le répète: II était déposé le 3
novembre, le 10, on discutait du principe à l'Assemblée
nationale. Nous adoptons le principe, mais on a des recommandations sur les
modalités. Nous faisons mention, à ce moment-là, au
ministre que nous voudrions entendre des gens lors de l'étude article
par article.
Quand on m'a demandé si j'étais prêt à venir
ici, ce matin, pour l'étude article par article, j'ai fait mention au
ministre et on en avait parlé au téléphone ensemble, que
je ferais une première motion pour entendre des groupes, parce que cela
se fait, M. le Président. L'exemple que l'on a est le suivant. Pas plus
tard que le semaine dernière, le ministre de l'Éducation a
décidé, avec la motion qui avait été
présentée devant la commission, d'arrêter la commission. On
a fait une convocation de certains groupes; ils ont été entendus
hier toute la journée et, après cela, on continue le travail
aujourd'hui en s'assurant d'avoir tout l'éclairage
nécessaire.
Je suis un député de l'Opposition et j'ai compris le
message de la vice-première ministre au mois de décembre 1985 qui
disait: Premièrement, on ne bousculera personne et, deuxièmement,
on fera en sorte de mieux légiférer. Actuellement, avec les
points d'interrogation que nous avons sur le projet de loi, je pense qu'il est
de mon devoir, premièrement de ne pas me laisser bousculer,
deuxièmement, de ne pas recevoir de blâme pour quoi que ce soit
et, troisièmement, de permettre aux gens de venir s'exprimer sans
retarder quoi que ce soit.
Le ministre dit: Normalement, le projet de loi aurait dû
être adopté le 31 octobre", à plus forte raison ayant
été discuté et même recommandé par la
Commission de la santé et de la sécurité du travail au
mois de juin dernier au ministre qui l'a précédé. Je
comprends que l'actuel ministre ait saisi l'occasion, c'est normal, de le
rergarder avant de prendre quelque décision que ce soit. Je sais qu'on
siégeait seulement au mois d'octobre, mais ce n'est pas ma faute, si le
projet de loi est arrivé le 3 novembre. Donc, le ministre pourra dire,
il en a fait mention tout à l'heure, qu'il a reçu une demande de
la CSST qu'il a déposée à l'Assemblée nationale et
que les délais ne lui permettaient pas de la déposer avant. Mais
ce n'est pas ma faute.
Ce n'est pas, non plus, ma faute si on s'aperçoit que le projet
de loi mérite d'être bonifié. Il me semble que c'est mon
travail, comme membre de la députation ici, à l'Assemblée
nationale, de quelque côté que ce soit, de faire en sorte qu'on
entende des groupes qui viendront nous faire des représentations, sans
retarder, comme le disait le télégramme, envoyé par
télécopieur, de la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec. Ils disaient qu'effectivement ils ne voulaient
pas qu'il y ait de retard indu. Cela ne nous empêche pas de prendre le
temps qu'il faut pour bien légiférer et s'assurer que le projet
de loi réponde le plus possible à l'ensemble des demandes.
Le ministre dit que le projet de loi est perfectible. J'en conviens avec
lui. Je dois lui dire, tout simplement, que j'ai participé à une
autre commission parlementaire sur le projet de loi 150, Loi sur les
forêts, qui était perfectible et on le leur avait dit à
l'époque. Il y a des trous qu'ils sont en train de combler par un projet
de loi qui a été déposé hier. On le leur avait dit,
il y a deux ans, quand ils l'ont déposé. On le leur avait dit
pourtant. Aujourd'hui, ils vont les corriger, mais il ne faut pas oublier que
ce qu'ils sont en train de corriger dans certaines parties de la loi, pas dans
toutes parce qu'on n'est pas d'accord sur tout, on leur en avait parlé
à l'époque. On leur avait dit que des parties devaient être
corrigées et ils ne l'avaient pas fait. Ils ont dit: Non, non, ne vous
inquiétez pas, cela va être bon.
C'est la même chose quand j'ai parlé au ministre de
l'Éducation. Il présentait un projet de loi de quatre articles
sur une commission scolaire. Sur le coup, j'ai dit: Quatre articles, ce n'est
pas gros, cela va être facile à adopter. Je convoque les
représentants de la commission scolaire, je parle avec eux et le
député d'Ungava m'en parle. Je me retrouve avec la commission
scolaire qui dit: On est en train de se faire spolier par le gouvernement. Je
dis au ministre: Cela n'a pas de bon sens, est-ce que c'est vrai?
Écoutez, y aurait-il moyen d'avoir une convocation spéciale et
d'écouter les gens de la commis-
sion scolaire? Le ministre dit: C'est une bonne idée, M. le
député. Vous connaissez M. le ministre de l'Éducation. On
les convoque d'un commun accord. On se retrouve avec les gens comme
témoins. La commission scolaire fait la démonstration que les
gens qui ont préparé le projet de loi sont en train de spolier la
commission scolaire.
Le ministre sursaute un peu et dit: D'accord, on va regarder cela. Il
dépose un autre projet de loi et on est en pleine session intensive du
mois de décembre. De quatre articles qu'il avait, il présente un
projet de loi de huit articles, ce qu'on appelle un document
réimprimé, réécrit. Cela lui prenait mon O.K. comme
membre de l'Opposition parce qu'il n'avait pas le droit de faire cela en temps
de session intensive, on avait dépassé le 15 novembre. Comme tout
homme normalement responsable et sage, je dis: Oui, M. le ministre, ce que vous
avez écrit là-dedans, c'est exactement ce dont on a
discuté avec la commission scolaire et on est d'accord avec vous. Je me
souviens même d'avoir eu une discussion sur un point et j'avais dit: Si
vous ne mettez pas cela dedans, on ne vous donne pas notre permission. Cela
touchait les travailleurs. Le ministre a finalement accepté notre
position, malgré les recommandations de ses fonctionnaires. La loi a
été adoptée. Il n'y a pas eu de retard indu. On a fait un
projet de loi en bons législateurs et j'ai fait mon travail comme membre
de l'Opposition pour perfectionner le projet de loi.
Ce n'est pas moi qui ai la responsabilité de déposer les
projets de loi, mais j'ai, au moins, la responsabilité de les corriger
si nécessaire. C'est dans ce sens que mon travail de
député de l'Opposition doit se faire et j'ai l'intention de le
faire sans me laisser bousculer, sans me faire dire que ce sera ma faute s'il
est retardé. Ce n'est pas ma faute et je vous dis d'avance que je
n'accepterai jamais une telle offense à l'intégrité de mon
caractère et à ce que je suis capable de faire. Mon travail, je
le fais le plus honnêtement possible pour le bien-être des
travailleurs.
Je vous demande, donc, d'accepter la motion que je dépose ce
matin. On pourra arrêter les travaux de la commission. Le ministre et moi
pourrons nous entendre sur les groupes. Une fois qu'on se sera entendus, on
dira: Maintenant, on les convoque de telle date à telle date. On ira
voir chacun de nos leaders, on ira ensemble, s'il le faut, et on leur dira: On
s'est entendus et on veut que ce soit mardi prochain. On appellera
immédiatement tous ces gens par l'intermédiaire du
Secrétariat des commissions, en leur disant: Faites un mémoire,
vous avez 20 minutes pour la présentation, les membres du parti au
pouvoir et les membres de l'Opposition ont 20 minutes pour poser des questions
et on vous écoute. Après cela, on légiférera et on
fera les accommodements nécessaires à ce que vous proposez comme
étant logique. À ce moment-là, j'aurai avec eux les moyens
de faire les pressions qui s'imposent auprès du ministre pour le
convaincre de faire les amendements qui sont nécessaires au projet de
loi pour le rendre le plus parfait possible.
M. le Président, c'est le but de ma proposition. J'attends la
réponse du ministre sur cette question.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, sur la
motion.
M. Yves Séguin
M. Séguin: M. le Président, je remercie mon
collègue d'établir sa préoccupation pour perfectionner le
projet de loi. Il croit utile à ce stade-ci de suspendre nos travaux. Le
but de la motion serait de suspendre notre séance de ce matin, de
prendre une prochaine séance pour entendre quelques groupes, quelques
intervenants, ce qui prendrait probablement une journée ou une
demi-journée, enfin, une durée qu'on pourrait déterminer
pour, ensuite, revenir et continuer l'étude article par article à
la lumière des interventions qu'on aurait eues et des documents qui
auraient été déposés. Remarquez que je n'ai
absolument aucune hésitation à penser que cela pourrait
être intéressant, très valable, constructif et plein
d'enrichissements d'entendre les gens et de faire cet exercice. Cependant, je
l'ai déjà indiqué à mon collègue et je dois
le lui indiquer à nouveau: S'il arrivait que le projet de loi ne soit
pas sanctionné à la fin de la session - je pense que c'est le 21
décembre que se terminent nos travaux - il serait refoulé a la
prochaine session, au printemps et serait peut-être adopté en mai
ou en juin 1989. On serait donc la seule province au Canada à ne pas
suivre les SIMDUT, de sorte que les employeurs n'auraient pas l'obligation, au
Québec, de faire l'affichage et l'étiquetage de l'information sur
les produits dangereux. Et ce serait, je pense, un résultat regrettable
puisqu'on ne donne jamais assez de moyens d'intervention pour améliorer
la prévention et là on retarderait peut-être la mise en
oeuvre d'un système qui se veut un moyen d'intervention pour
améliorer la prévention des accidents dans les milieux de
travail.
Je comprends, par ailleurs, que, comme c'est nouveau - c'est la
première fois au Québec qu'on introduit cette
obligation-là - on va peut-être, sur tel ou tel point, penser
à telle façon de procéder qui pourrait être
meilleure. L'expérience d'un nouveau système mérite un
certain rodage et je pense que les règlements sont assez larges
d'application pour répondre déjà à des
interventions qui m'ont été acheminées. Le
règlement d'application répond déjà à des
questions qui ont été posées.
Mon inquiétude, M. le Président, la seule que j'ai si on
procède à la consultation, vu qu'il y a plusieurs projets de loi
et que notre commission, M. le Président, a probablement des engagements
vis-à-vis d'autres projets de loi, c'est toute la question du processus
parlementaire sur
lequel on n'a pas de contrôle. Si on fait la consultation qui va
peut-être retarder nos travaux d'une semaine, dix jours, parce qu'il y a
des questions de disponibilité de ma part, de la part de mon
collègue, le critique de l'Opposition, et de vous, M. le
Président, pour les travaux de la commission - je ne suis pas
très au fait des règles de procédure - est-ce que le
mandat de l'Assemblée nationale nous demanderait de retourner à
l'Assemblée nationale pour compléter notre mandat, pour engager
la consultation, ce qui va, évidemment, déférer dans le
temps l'exercice que nous faisons? Alors, à l'égard de toutes ces
procédures la seule inquiétude que j'ai, c'est d'arriver dans le
temps à une loi sanctionnée pour la présente session, pour
éviter de la retarder au printemps prochain.
M. le Président, j'ai eu beaucoup de demandes de l'ensemble des
travailleurs représentés par leurs dirigeants syndicaux pour
qu'on procède avec célérité, sans retard. Les
principales centrales syndicales ont participé au cheminement du
dossier, ont participé à l'élaboration de la loi que nous
voyons, ont participé aux discussions avec le fédéral et
n'ont pas hésité à me le recommander unanimement. Alors,
je me trouve dans la situation où, hier soir, j'ai parlé à
M. Laberge, à M. Larose, à Mme Céline Lamontagne,
représentante de la CSN intéressée au dossier, et ils
m'ont dit qu'idéalement ils auraient aimé avoir une consultation,
mais qu'ils comprenaient et n'en faisaient pas une demande sine qua non pour le
cheminement du dossier. Cela aurait été une
préférence et c'est vrai qu'ils auraient été
disponibles pour venir nous voir, pour nous faire part de leurs commentaires,
de leurs améliorations, mais, d'autre part, ils n'auraient pas voulu que
ça retarde l'adoption du projet de loi pour le mois de décembre,
en tout cas dans la présente session. Encore hier soir, on me disait: Si
c'était possible, bien sûr, mais on me disait que c'était
à nous, dans notre bon jugement, de voir, si c'était possible ou
non et qu'ils n'en faisaient pas, indépendamment de la décision
qu'on prenait, un cas particulier ou qu'ils ne s'en sentiraient pas
particulièrement offusqués ou frustrés. C'était une
préférence, c'était un souhait, mais dans la mesure
où c'était possible. Et ils sont conscients effectivement, que
dans les trois ou quatre semaines de travaux parlementaires qu'il nous reste,
bien des brouhahas peuvent faire que, si on retarde encore d'une semaine ou dix
jours le processus de notre deuxième lecture ou de l'étude
article par article, on n'a pas la garantie de se retrouver avec une sanction
le 21 décembre ou avant la fin de la session. (10 h 45)
Par ailleurs, j'ai offert aux parties de me faire parvenir leurs
commentaires que j'ai reçus hier par télex ou bélino et
dont j'ai pris connaissance. Je dois vous dire, M. le Président, qu'il y
a des points intéressants, mais qui ne soulèvent rien de
fondamental par rapport au projet de loi. Il y a plus de questions sur des
silences apparents du projet de foi que des objections formelles à
certains articles. Ainsi, je leur ai expliqué que, je pouvais en tenir
compte et tenir compte, évidemment, des commentaires que pourra me
formuler l'Opposition dans l'étude que nous ferons. Évidemment,
si on se rend compte qu'on peut bonifier un article, on peut le faire dans le
processus actuel et, en tout temps d'ailleurs, avant la sanction de la loi;
même en troisième lecture, on peut introduire un amendement si on
juge que c'est opportun de le faire. Deuxièmement, on peut le faire au
niveau du règlement qui est plus large d'application et qui peut, dans
certains cas, techniquement, combler des lacunes, des silences ou ce qui peut
nous apparaître des défauts dans la loi. Ou, à la rigueur,
on pourra en cours d'année ou l'année prochaine, bien sûr
en tout temps, revenir sur des dispositions qui nous apparaîtraient
mériter un amendement.
Par ailleurs, je pense qu'on peut comprendre que, s'il y avait des
amendements, ce n'est la faute de personne, mais je pense qu'il faut en
être conscient - je devrai consulter le conseil d'administration de la
CSST, par respect pour le fait qu'ils ont été les principaux
collaborateurs au cheminement du projet de loi et qu'ils sont
représentatifs des parties syndicales et patronales au Québec,
qui siègent au conseil d'administration de la CSST. Comme ils m'ont
transmis une résolution unanime recommandant l'adoption du projet de
loi, si on entrevoyait des amendements qui m'apparaîtraient nouveaux ou
des mesures nouvelles, etc., par respect pour le conseil d'administration de la
CSST, je leur soumettrais à nouveau les amendements pour être
sûr qu'ils sont d'accord.
Cela ne veut pas dire que, si on croit utile de procéder à
un amendement, on puisse pas le faire. Bien sûr, on n'est pas soumis
à une obligation automatique de procéder aveuglément. Moi
aussi, je pense être très intéressé à
regarder si on peut améliorer des dispositions, mais je devrai tenir
compte du temps qui est contre nous, dans l'intérêt des
travailleurs, et également de l'obligation pour moi de, quand
même, consulter ou revenir devant le conseil d'administration de la CSST
s'il fallait que nous introduisions des amendements jugés substantiels.
Si ce sont des amendements de forme, je pense qu'on peut les faire sans changer
la teneur d'une disposition, mais si ça devait la changer, je pense que
je ferai au moins une consultation avec le conseil d'administration de la CSST
où, comme je le disais, siègent les représentants
syndicaux et ceux du patronat.
Consulter des groupes de l'extérieur qui ont été
représentés et qui le sont encore par leurs leaders syndicaux et
le Conseil du patronat me semble peut-être utile en temps normal, mais,
dans les circonstances, cela peut être trop lourd compte tenu des
défais et compte tenu du fait, comme je l'ai mentionné, que le
Conseil du
patronat, qui représente les intervenants que nous pourrions
entendre, a déjà fait part de ses commentaires dont certains ont
été pris en considération et d'autres sont à
l'étude, et que les représentants syndicaux ont
déjà été consultés au sein de la CSST. Et
les organismes que nous pourrions entendre sont représentés soit
par la CSN, la FTQ, la CSD ou quelques autres dont les dirigeants m'ont
déjà fait part de leurs commentaires et de leur désir que
le projet de loi, évidemment, soit sanctionné pour le mois de
décembre.
Si ce n'était de cela, M. le Président, en terminant, je
dirais à mon collègue que nous pourrions même faire une
commission parlementaire consultative, pleine, large, sur un projet comme
celui-là pour entendre tous ceux qui ont des opinions à exprimer,
mais ma seule inquiétude, comme je le mentionnais, c'est de ne pas
pouvoir terminer nos travaux pour le 21 décembre. On serait alors dans
l'obligation d'attendre la session du printemps.
Malheureusement, compte tenu du fait que j'ai reçu les
commentaires, que je me suis engagé à en tenir compte et que je
me suis engagé à réagir à ces commentaires, par
exemple, en échangeant des idées avec ces gens-là - je
suis prêt à en discuter avec mon collègue de l'Opposition -
si on procédait à une audition de ces personnes, à toutes
fins utiles, elles viendraient juste répéter ce qu'elles m'ont
déjà acheminé par écrit. Je leur ai confirmé
personnellement au téléphone, hier, que j'avais reçu leurs
commentaires, que j'étais assuré que mon collègue de
l'Opposition les ferait valoir et que j'étais prêt à en
discuter et à en tenir compte dans la mesure du possible dans le
cheminement actuel. Je leur ai expliqué que la demande formulée
pour une consultation était très valable, mais qu'en pratique
elle n'était peut-être pas souhaitable. Ils m'ont assuré
qu'ils se fiaient à notre bon jugement pour le faire, mais que, dans le
cas contraire, ils ne soulèveraient pas d'objections majeures vu qu'il y
a déjà eu des consultations et qu'ils ont déjà
exprimé les points qui ont été soulevés depuis
hier.
Alors, M. le Président, soit que mon collègue veuille
peut-être tout simplement retirer la motion compte tenu des explications
ou, s'il le désire, on peut simplement procéder à un vote.
Il a suggéré une motion qui me semble intéressante, mais,
pour les raisons que j'ai expliquées, elle ne me semble pas
réalisable dans l'état actuel des choses.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui veulent intervenir sur la motion? M. le
député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Chez nous, on dirait: J'ai mon maudit voyage! Je vais
me retenir, je suis en commission parlementaire, je vais dire mon ardent
voyage! Le ministre vient de me dire: II n'y a pas de contrôle. Cela me
surprend bien gros. Premièrement, c'est sûr et certain que,
lorsqu'on dépose à l'Assemblée nationale 30 projets de loi
le 15 novembre pour adoption avant le 21 décembre, quelque part il y a
quelqu'un qui n'a pas fait sa "job". Deuxièmement, il faut absolument
arriver à faire en sorte qu'un choix soit fait. Parmi les 30 projets de
loi et les autres qui étaient déjà là, quels sont
ceux qui sont prioritaires et qui doivent être adoptés pour le 21
décembre? Si le ministre considère que celui-là doit
être adopté pour le 21 décembre, ne vous inquiétez
pas, la disponibilité, je l'ai et il va l'avoir; la commission va
l'avoir aussi. Si c'est une décision qui appartient normalement au
leader et qu'il dit: Moi, comme ministre, je tiens à ma loi, et que cela
se discute au Conseil des ministres... Il ne me fera pas accroire que cela ne
se discute pas quelque part, cette "priorisation" des projets de loi qui
doivent être adoptés. On a connu cela, on connaît cela et on
va continuer à connaître cela. D'une façon ou d'une autre,
il y a, à un moment donné, des projets qui ne seront pas
adoptés et d'autres qui le seront; finalement, on va arriver à la
fin et ceux que le gouvernement veut faire adopter, il va prendre les moyens
pour les faire adopter. C'est la première chose: pas de contrôle,
ce n'est pas vrai. Disponibilité: on se rendra disponibles, surtout si
c'est pour le bien-être des travailleurs.
Qu'on ne vienne pas me faire accroire, par exemple, qu'au bout de la
course le problème qui existe, c'est que cela ne sera pas adopté
pour le 21 décembre parce qu'on va avoir pris une journée pour
entendre des gens et voir s'il n'y a pas moyen de faire des changements. En
plus de cela, on me dit que, s'il y a des amendements majeurs, on va devoir
consulter le conseil d'administration de la Commission de la santé et de
la sécurité du travail, par souci de respect envers eux, alors
que, comme gouvernement et comme Opposition, nous avons ici la capacité
de prendre toutes les décisions qui s'imposent pour le bien-être
des travailleurs. Jamais on ne va me faire accroire que c'est notre
décision d'entendre du monde qui va retarder l'adoption d'un projet de
loi qui, normalement, aurait dû être présenté le 31
octobre dernier, qui va être adopté le 21 décembre, avec ce
que cela va comporter. Voyons donc, M. le Président! Cela veut tout
simplement dire: Jolivet, aujourd'hui, ne présente pas d'amendement,
cela ne sert à rien parce que, si je considère que c'est un
amendement de fond, tu vas retarder l'adoption du projet de loi. Jamais on ne
me mettra cette pression sur le dos comme membre de l'Opposition. Ce n'est pas
moi qui l'ai présenté le 3 novembre; ce n'est pas moi qui vous ai
demandé d'en discuter le 10 novembre. Écoutez, j'ai mon ardent
voyage!
Comme membre de l'Opposition, on vient de me dire aujourd'hui, dans le
fond: Prends donc le projet de loi tel qu'il est là; s'il y a des
amendements majeurs, laissez-moi les faire et, à ce
moment-là, on n'aura pas de problème, mais ne les propose pas.
C'est ce que cela veut dire, dans le fond. Si tu proposes des choses majeures,
il va dire: Moi, comme ministre, je voulais bien l'adopter, mais c'est Jolivet
qui l'a retardé. C'est ce qu'il va dire. Je ne suis pas fou; je suis
habitué en politique à me faire mettre sur le dos des choses que
je n'ai pas faites. C'est ça qu'il va dire. Il va dire: Si je ne l'ai
pas présenté avant, c'est parce que la CSST me l'a apporté
trop tard et si, à la fin, il n'est pas adopté, c'est la faute
à Jolivet. Voyons donc!
Ce n'est pas ce que je demande, je suis capable d'agir en homme
responsable. Je suis capable de dire au ministre: On va prendre une
journée, on va questionner le monde et on va voir; ensemble, on
déterminera si on présente des amendements. Je veux
améliorer le projet de loi. Les gens dont le ministre fait mention, MM.
Laberge et Larose, j'ai bien confiance en eux; je suis bien content. Je sais
que Céline Lamontagne était au comité, ainsi que Robert
Bouchard, de la FTQ; je vais parler des autres de la CSD. Je comprends tout
cela. Les gens disent: On a donné notre accord sur un principe de
départ, mais, sur les modalités, on a eu des objections, on en a
encore et on voudrait les faire valoir. C'est dans ce sens-là que les
gens le demandent. Ce n'est donc pas dans le sens de retarder quoi que ce soit.
C'est pour améliorer, au même titre que le ministre, pour le
bien-être des travailleurs et, j'ajoute davantage, pour le
bien-être des gens qui sont autour. Les gens qui vivent autour de cette
usine, quand ils voient exploser l'usine et les travailleurs qui y meurent, ils
ont intérêt à savoir ce qui se passe chez eux. C'est le
département de santé communautaire qui a des possibilités
au plan de la prévention, c'est la Commission de la santé et de
la sécurité du travail, c'est l'ensemble.
Comment se fait-il qu'on dise dans ce que j'ai, en termes d'information
qu'on donne aux gens: Pourquoi ne regarde-t-on pas l'association
accréditée? Pourquoi ne regarde-t-on pas cela? Pourquoi dit-on,
à ce moment-là: Faites-nous confiance, les règlements sont
larges? Bien, "bout de viarge" les règlements sont larges, là!
Quelqu'un me disait cela, de l'autre bord, que les règlements, ça
n'avait plus de bon sens. J'étais au pouvoir dans le temps et,
maintenant je suis dans l'Opposition. On nous a répété
cela en commission parlementaire lorsqu'on a étudié toute la
question réglementaire. Et là, on va donner à la CSST le
pouvoir de faire les règlements. Le ministre me dit: Écoutez,
peut-être qu'on regardera la question de la prépublication et ces
affaires-là pour éviter des délais, etc. Il est prêt
à regarder cela. Mais vous vous imaginez? On va donner à la CSST
le pouvoir, peut-être en catimini, de passer un règlement et les
gens seront mis au courant ensuite. Cela n'a pas de bon sens! Et moi, je vais
accepter cela comme membre de l'Opposition et, en plus de cela, je vais me
faire dire: C'est ta faute s'il n'est pas passé. Aïe! Un instant,
là! Je trouve cela un peu aberrant ce matin.
Les amendements que je voudrais apporter, je n'ose même plus en
parler. Je vais dire au ministre: Prenez-le, votre projet de loi, il est
adopté: 1, 2, 3, 4, 5, 6 et c'est fini, n'en parlons plus. Si j'ai la
malchance de proposer un amendement, le ministre va dire: C'est tellement
majeur qu'il faut que j'aille consulter la CSST, de telle sorte que je ne peux
pas adopter le projet de loi et le député de Laviolette a
retardé l'adoption du projet de loi. On sera la. seule province au
Canada qui ne l'aura pas, à cause de Jolivet. Je connais cela, ces
affaires-là. Mais vous ne me ferez pas accroire, M. le Président,
que cela a du bon sens. Pourquoi refuser d'entendre les gens une
journée? Je suis prêt à dire au ministre: Une fois qu'on
les aura entendus, donnons-nous un délai d'une journée pour
regarder cela, pour voir comment on va ajuster cela au gouvernement, pour
donner aux spécialistes du ministre le soin de le regarder et, ensuite,
faire les amendements qui s'imposent. Au lieu d'avoir comme ce matin, comme on
dit dans notre langage, un papillon d'un amendement, il y en aura
peut-être quatre ou cinq; il y en aura peut-être plus que cela et,
au mois de décembre, il sera adopté.
Je me suis fait avoir dans un dossier où le ministre m'avait
indiqué la même chose. Le ministre de l'Agriculture me l'avait dit
à l'époque sur les chevaux: C'est votre faute si ce n'est pas
passé. On l'a adopté, voyons donc! On a fait des amendements, par
exemple, qui s'imposaient. On a fait les recommandations qui s'imposaient; on a
fait valoir notre point de vue comme cela s'imposait.
Une fois qu'on a dit cela, M. le Président, ce n'est pas
difficile. On commence par adopter cela. On arrête notre réunion
ici dans deux minutes, on s'installe et on dit qui on convoque. On a le droit,
en séance de travail, de déterminer trois, quatre, cinq ou six
organismes. On leur dit: Écoutez, vous avez une heure; dans six heures,
c'est fini. Mardi prochain, on fait cela et, mardi soir, on est prêts. Le
lendemain, mercredi, on prend le temps de regarder cela et, le jeudi suivant,
on y va. Je pense qu'il n'y a rien qui nous empêche de faire cela. Comme
on va siéger cinq jours par semaine, du lundi au vendredi, de 10 heures
le matin à minuit, en commission parlementaire, dans les jours qui
viennent, entre le 1er et le 21 décembre, ne me faites pas accroire
qu'on n'aura pas le temps d'adopter ce projet de loi, mais on l'aura fait le
mieux possible. C'est cela que je dis.
Si on accepte cette proposition de part et d'autre, on va ensemble
assumer la responsabilité - on n'imputera pas la faute à
quelqu'un - en disant: Oui, on va l'adopter pour le 21 décembre
prochain. Je ne m'engage pas à le faire si le ministre m'amène
toutes sortes d'affaires en cours de route, mais je suis assez intelligent
pour prendre les meilleures décisions et pour dire: Oui, moi
aussi, je juge que cette loi doit être adoptée avant le 21
décembre, mais non pas dans la bousculade et par n'importe quel moyen.
En tout cas, c'est ma position et je la maintiens.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre. M. Yves
Séguin
M. Séguin: Oui, quelques mots, M. le Président. Mon
collègue a le verbe houleux facilement. Je pense que, dans le processus
parlementaire, on donne aux membres de la commission tout le temps voulu pour
faire l'étude article par article; c'est ce que nous faisons. Je ne vois
pas le problème.
Il se plaint qu'il n'aura peut-être même pas l'occasion de
présenter des amendements. Il a toutes les occasions de le faire. Il a
eu, par écrit, les suggestions que certains groupes veulent faire quant
au projet de loi. Quel est le problème? Il les a par écrit; il en
a lu une partie tantôt. N'est-il pas en mesure lui-même de les
regarder? S'il croit devoir les faire valoir quand nous serons à
l'article pertinent, il pourra le faire. Il peut même présenter
à chacun des articles les amendements qu'il veut. Je ne vois pas le
problème, M. le Président. Son droit n'est pas brimé. Il a
tout le temps voulu pour prolonger notre séance d'une semaine s'il le
veut et faire en sorte que nous passions une centaine d'heures sur l'ensemble
des articles. Je veux dire que notre règlement permet un droit de parole
à chacun des articles et le droit de faire des amendements. (11
heures)
Ce qu'il dit, c'est que lui, comme député, il aimerait
rencontrer, pour son enrichissement personnel et pour sa consultation
personnelle, des groupes. Je ne pense pas que l'ensemble des membres de la
commission trouve nécessaire, à ce stade-ci, de rencontrer les
gens qui ont déjà acheminé par écrit leurs
représentations. Je les ai, les représentations; ils sont
là, les points. Autant le député critique de l'Opposition
peut expliquer qu'il veut faire des amendements, autant j'ai le droit de
décider si je peux les accepter ou non dans le cadre du projet de loi.
Son droit, c'est de faire des représentations; nous sommes en
démocratie. Moi aussi, j'ai le droit d'être pour ou contre les
amendements. S'il me semble que les suggestions qu'il fait sont non recevables,
je ferai valoir qu'elles sont non recevables. Je porte la responsabilité
de présenter un projet de loi et il porte la responsabilité de
faire des représentations. Mais il y a quand même quelqu'un qui va
décider quelque chose quelque part. Et ce n'est pas parce qu'il a le
droit de parole qu'il peut s'étendre jusqu'au 21 décembre dans
l'exercice que nous faisons ici, s'il décide de le faire. Il peut
présenter des amendements à chaque article et on peut
siéger ici jusqu'au 21 décembre sans être capables de
sortir de la présente séance. Donc, je pense qu'il a toute la
chance, le temps voulu et les moyens qu'il faut pour faire valoir toutes les
suggestions et les recommandations qu'il veut.
J'ai indiqué tantôt que j'ai reçu de quelques-uns de
ces groupes, la CSN, la FTQ, l'AECQ et la CSD, les points sur lesquels ils
auraient aimé attirer notre attention; je les ai par écrit. Il
les a par écrit. Quel est le problème? Suspendre nos travaux,
faire tout un processus pour aviser ces gens, les réentendre en groupe,
le dépôt des rapports, l'étude des rapports - ils vont
peut-être compléter des choses ou ils vont s'en tenir à ce
qu'ils nous ont envoyé par télex - reprendre l'étude
article par article, et il me dit que cela ne peut pas retarder notre
processus. Nous sommes déjà le 16 novembre ce matin. On sait que
la session se termine le 21 et qu'il y a 30, 35 projets de loi. Les
disponibilités ne sont pas automatiques. Je vous pose la question, M. le
Président: Est-ce qu'on ne sera pas obligés de retourner à
l'Assemblée nationale pour demander un complément de mandat? Ce
que je comprends de notre mandat, c'est de procéder à
l'étude article par article.
Maintenant, c'est un détail et ce n'est pas là le point
parce que je suis d'accord avec la consultation si on en avait le temps. Je ne
voudrais pas que mon collègue trouve cela aberrant parce que cela ne
l'est pas. Je ne vois pas où est le problème fondamental. Il
suggère quelque chose qui pourrait être intéressant. Oui,
il pourrait être intéressant d'entendre des gens qui ont
déjà formulé leurs représentations par
écrit. Mais je ne crois pas que le fait qu'ils viennent nous les dire
verbalement va ajouter aux documents qu'ils ont déjà
déposés. Je les ai, les documents. Mon critique va faire valoir
les points et on verra à chaque article si on peut les accepter ou non.
La question que je dois en déférer au conseil d'administration de
la CSST, c'est mon problème, ce n'est pas le sien. Je l'ai
indiqué juste comme contrainte dans les délais pour informer un
conseil d'administration de quinze personnes. Et si j'ai des amendements, c'est
mon problème de les consulter. Je pense que les dirigeants syndicaux et
ceux du patronat qui siègent à la CSST, qui ont
élaboré le projet de loi et qui me l'ont recommandé
unanimement, ont le droit d'être saisis des amendements qui pourraient
surgir. Que ce soit à la demande de mon collègue de l'Opposition
ou à la demande des membres du parti ministériel, je pense que,
par respect pour les membres du conseil d'administration, je le ferai, comme
ils ont bien voulu, par respect, me recommander ce projet de loi avec
insistance pour qu'il ne soit pas retardé après la
présente session.
Je ne veux d'aucune façon que les gens de l'Opposition pensent
que mon intérêt est de les empêcher de faire des projets de
consultation, des amendements, etc. La seule chose que je souhaite, c'est qu'on
procède sans perdre de vue qu'il est de l'intérêt des
travailleurs qu'on
adopte ce projet de loi. Les principaux intervenants syndicaux me l'ont
demandé; je pense qu'ils ont raison et je voudrais me rendre à
leur souhait.
Deuxièmement, il est vrai que la consultation ne retardera
peut-être pas automatiquement. Il n'y a rien d'automatique dans cela.
Peut-être qu'une journée de consultation ne changerait rien, mais
déjà il faudrait ajourner la séance d'aujourd'hui. Il est
11 h 5, on annule la séance d'aujourd'hui. On n'a encore rien fait. On
n'a même pas étudié l'article 1. On n'a pas commencé
l'étude du projet de loi et on irait vers une consultation qui ne peut
pas avoir lieu avant la semaine prochaine. Quelle journée? Quelles sont
les disponibilités? J'ai quatre projets de loi. Mon collègue a
peut-être d'autres engagements à d'autres commissions. Admettons
qu'on trouve une journée qui fasse consensus entre les partis pour la
semaine prochaine, ces gens-là vont venir pendant une journée
déposer des documents qu'on a déjà et ils m'ont tous dit,
M. le Président, qu'ils n'avaient pas d'objection à ce qu'on
procède si on ne pouvait pas faire la consultation. Ils m'ont dit que
c'était un souhait mais qu'ils n'y tenaient pas étant
donné les échéanciers serrés. Hier soir, j'ai eu
l'appui des dirigeants syndicaux dans ce sens-là. Ils m'ont dit: Si vous
pensez que vous pouvez le faire, tant mieux. Si vous ne pouvez pas le faire, ce
n'est pas plus grave que ça. Nous vous envoyons nos notes. Mme
Lamontagne, de la CSN, m'a dit hier que, de toute façon, elle m'envoyait
les notes aujourd'hui, ce matin, par télex; elle se disait au moins
satisfaite que je les aie et que je puisse en tenir compte dans la mesure du
possible. Voilà!
Donc, je dis que, si on commence l'étude article par article,
l'Opposition - je l'ai dit tantôt - a pleine liberté, plein de
temps pour faire valoir toutes ses interventions et toutes ses
représentations. S'ils ont des amendements à chacun des articles,
ils peuvent les faire. Mais vous en conviendrez avec moi, M. le
Président, ce n'est pas parce que l'Opposition a le droit de faire des
amendements ou qu'un membre a le droit de faire un amendement qu'il va
être adopté automatiquement. J'ai toujours le devoir - dans
l'intérêt public et dans l'intérêt de ma charge, de
ma mission, de mes fonctions - de voir si un amendement peut être
acceptable ou non. Je verrai aussi à le faire à chaque article.
On comprendra que si j'indique, par exemple, que je dois en
référer à la CSST, ce n'est pas parce que ça fait
partie du projet de loi, c'est simplement pour expliquer le souci que j'ai
justement qu'on consulte ceux qui, les premiers, sont représentatifs du
mouvement des travailleurs, du mouvement syndical et des employeurs. Comment
voulez-vous, M. le Président, que je sois respectueux de faire un
minimum de consultations acceptable sur ce projet de loi si je ne me
réfère pas au conseil d'administration de la CSST, qui est un
consensus patronal-syndical où siègent directement les leaders
syndicaux qu'on connaît, MM. Larose, Laberge, la CEQ, M. Dufour, du
Conseil du patronat, et d'autres intervenants? Ils sont eux-mêmes, comme
chefs, comme leaders de leur mouvement, membres du conseil d'administration de
la CSST et ils m'ont demandé d'être informés si des
changements relativement importants intervenaient parce qu'ils ont
étudié le projet de loi et ils me l'ont recommandé
unanimement. Je souhaiterais que, si on change le cours du projet, ils soient
mis au courant parce que cela a fait l'objet d'un équilibre et d'un
consensus dans tout le Canada avec la législation
fédérale. Chaque changement qu'on risque d'introduire peut
soulever une modification de l'équilibre des choses sur lesquelles
toutes les parties se sont entendues. Je vous le dis c'est le fruit de quand
même six ou sept ans de travail. Et, dans l'ensemble, on est uniforme
avec la législation fédérale. J'indique ça
simplement pour dire que, si on veut introduire des changements, ça va
prendre de saprées bonnes raisons et de saprés bons arguments
pour modifier notre projet de loi, non pas qu'on n'aurait pas raison sur
certains points, mais juste pour tenir compte de ça. Voulez-vous qu'on
ait une législation tellement particulière au Québec que
les fournisseurs, par exemple, se retrouvent, dans certains cas, non
réglementés au Québec, mais réglementés en
Ontario parce qu'ils auraient adopté la législation
fédérale qui serait sur certains points plus rigoureuse que la
nôtre? Comment, pour les entreprises qui font affaire dans plusieurs
provinces avec des produits qui transitent dans plusieurs provinces, peut-on
s'assurer d'une uniformité minimale? Je dois vous dire que la FTQ est
celle qui me fait le plus de représentations pour m'indiquer qu'il est
très important, en termes de sécurité, que le
système soit uniforme. Il ne faut pas qu'il y ait de trous d'une
province à l'autre. Il ne faut pas qu'il y ait de distinctions chez les
employeurs.
Donc, je dis, M. le Président, qu'on devrait maintenant
procéder à l'étude article par article et, justement,
regarder chacun des articles, entendre les commentaires et les questions des
membres. Si certains veulent faire des amendements, ils sont les bienvenus. On
discutera pourquoi dans certains cas on peut les recevoir ou, dans d'autres, on
ne le peut pas. Et ça, c'est démocratique. C'est ce qu'on fait
actuellement et je ne vois pas en quoi ce droit-là serait brimé
parce qu'on n'entendrait pas verbalement des gens qui nous ont
déjà acheminé par écrit leurs commentaires. Et, au
danger que ça peut représenter de reculer d'une semaine ou de dix
jours notre processus, je dis simplement, M. le Président, que ça
ne nous donne aucune garantie qu'on pourra terminer le projet de loi le 20 ou
le 21 décembre. Je maintiens ce que j'ai dit, M. le Président.
J'accueille avec beaucoup de sympathie la demande de l'Opposition de faire une
consultation mais, pour les raisons que j'ai données, malheureusement,
je crois que, pour le
moment, ce n'est peut-être pas faisable. Je dis simplement
"faisable". Je ne dis pas que ce n'est pas souhaitable. Oui, c'est souhaitable
et ce peut être très valeureux, très intéressant
d'entendre des gens qui nous ont écrit, mais je peux assurer que j'ai
déjà les commentaires qu'ils ont formulés par écrit
et j'ai déjà eu des discussions avec eux au
téléphone ou par courrier là-dessus. Si, en cours de
route, ça peut amener un éclairage, tant mieux, et je suis
prêt à le faire...dans le sens qu'il ne me semble pas
approprié actuellement d'interrompre notre séance pour entendre
ces gens-là tout simplement.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. Je donne
la parole à M. le député de La Peltrie.
M. Lawrence Cannon
M. Cannon: Merci, M. le Président. Je vois bien que mon
collègue et critique de l'Opposition est un politicien très
habile. D'ailleurs, je me permets de lui souhaiter un joyeux anniversaire
à l'occasion de ses douze ans de vie parlementaire à
l'Assemblée nationale.
M. Jolivet: Merci beaucoup.
M. Cannon: J'ai écouté attentivement son
argumentation et je vous avoue, M. le Président, qu'elle m'a
ébranlé. Je me disais que c'est possible et, dans le fond, il a
raison. À écouter par ailleurs le ministre qui, de son
côté, a tenu à nous rassurer quant à sa
préoccupation très profonde de faire des consultations
auprès des différents intervenants, il me rassure d'autant plus
lorsqu'il m'indique que cette réforme-là est connue depuis au
moins six ou sept ans et qu'effectivement d'autres Parlements canadiens y ont
travaillé. Il s'agit d'une législation fédérale qui
vise à établir une certaine standardisation, une
uniformité dans tout le Canada en ce qui concerne ces choses-là.
Je me disais: Oui, il a peut-être raison s'il s'agit là d'une
réforme en profondeur, mais on n'est pas en train d'ouvrir l'ensemble de
la législation qui touche la CSST. On est en train d'inclure dans cette
législation un volet qui permette une standardisation. La question pour
nous, parlementaires, c'est: Est-ce que, finalement, nous sommes suffisamment
éclairés là-dessus? Je dis: Oui, nous sommes
éclairés. Le ministre s'est fait rassurant. Le ministre nous a
dit: Écoutez, j'ai effectué des consultations; j'ai des
commentaires écrits; je suis prêt à déposer ces
commentaires écrits. J'imagine, en bon politicien qu'est le
député de Laviolette, qu'il a également ces
commentaires-là. Si, au cours de nos conversations, au cours des
audiences que nous tiendrons ici dans les prochaines semaines, le
député arrive avec des amendements percutants qui pourraient
bonifier le projet de loi - je pense que c'est un objectif très louable
et extrêmement légitime de sa part d'essayer d'améliorer le
projet de loi, et le ministre s'est montré très ouvert
là-dessus - je ne vois pas, M. le Président, pourquoi nous
retarderions indûment la prise en considération, la discussion
à cette commission parlementaire de ce projet de loi article par article
pour entendre des choses qui sont effectivement déjà connues.
C'est le propos que je voulais tenir et j'espère que nous allons
procéder dans la plus grande diligence.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, vous allez peut-être me
dire qu'il me reste deux ou trois minutes encore. Je vais simplement vous dire
que, devant ce qui est le mur de l'autre côté, je ne prendrai pas
moins de deux minutes, mais je vais en prendre plus, c'est sûr. Sauf que,
pour éviter que vous ne me rappeliez à l'ordre et que vous ne me
disiez que je n'ai plus de temps, je pourrais faire une nouvelle motion, mais,
vu que je ne veux pas retarder quoi que ce soit, vous allez me permettre de
dépasser les deux ou trois minutes qu'il me reste.
Le Président (M. Kehoe): D'ailleurs, il vous reste douze
minutes, pour être précis.
M. Jolivet: Ah bon! D'accord. D'abord, je vais répondre au
ministre. Personne ne peut lui répondre ici parce qu'il n'a pas le temps
de répondre sur cette petite technicité-là. Si on
acceptait aujourd'hui de suspendre nos travaux, d'aller en consultation
particulière mardi prochain, disons, en déterminant entre nous le
nombre de groupes, il y a juste une chose à faire, c'est que, tout de
suite après le dîner, quand on arrivera à la période
des travaux parlementaires, le leader du gouvernement, en consultation avec le
leader de l'Opposition, détermine qu'à la suite d'une entente en
commission parlementaire, il y aura audition particulière. (11 h 15)
La convocation n'est pas la même que celle qu'on a habituellement
pour un avis public, de telle sorte que le secrétaire de la commission
pourra dire: On s'est entendus, vous êtes convoqués et,
entre-temps, vous et moi allons parler à ces personnes. C'est une
question de consentement unanime, on vous le donne tout de suite. Cela ne
retarde rien: mardi prochain, on fait la consultation; mercredi, on prend un
moment de réflexion; jeudi, on recommence l'étude article par
article du projet de loi. Vous, vous allez vous organiser pour que votre
leader, puisque c'est important pour vous, pour les travailleurs et pour les
employeurs, l'adopte. D'ici au 21 décembre, soyez sûr de ma pleine
collaboration. Mon but n'est pas de retarder quoi que ce soit,
soyez-en sûr. Regardez le travail que j'ai fait jusqu'à
maintenant dans toutes les commissions parlementaires, cela n'a jamais
été mon but.
Deuxièmement, quand le ministre nous dit qu'en commission
parlementaire on pourra apporter des amendements, il jugera si l'amendement est
acceptable ou pas. J'en suis bien aise parce que le président acceptera
s'il est recevable ou pas et, vous, vous déciderez, une fois qu'il est
reçu, si vous l'acceptez ou pas. Je comprends tout cela. Quand le
ministre dit: On veut avoir une uniformité dans tout l'ensemble canadien
des discussions qu'on a depuis sept ans sur le dossier, le député
de La Peltrie en a fait mention, je dois vous dire, M. le député,
que votre ministre ne vous a pas mis au courant des amendements qui sont
proposés parce qu'aucun amendement n'a pour but d'enlever
l'uniformité canadienne.
Cela dit, le but de l'argumentation qu'on apporte est de regarder aussi
ce qui se passe au Québec. Je dois vous dire qu'en vertu de la loi
ontarienne il y a des choses qui sont inscrites et qui n'existent pas dans la
loi du Québec. Donc, si on veut parler d'uniformité, on va le
faire. Dans ce contexte, on n'a pas, en aucune façon, de
préoccupation, à savoir si cela va défaire la belle
mosaïque canadienne. Cela ne la défera pas. Tout le monde semble
d'accord sur le principe. Le ministre me dit: J'ai consulté le monde. En
politique, ce n'est pas juste une question de demander au pouvoir de consulter,
il faut que l'Opposition soit aussi capable de consulter, ce qu'on fait. La
demande de consultation particulière n'est pas de savoir si vous avez
consulté et si je suis capable de consulter, cette question n'est pas
là du tout. La question est bien simple: Des gens vont venir consigner
dans un papier officiel, ici à l'Assemblée nationale, leur
position. J'ai entendu ça à l'Assemblée nationale de
quelqu'un qui est le ministre responsable de la région, le grand
organisateur en chef du Parti libéral du Canada et du Parti
libéral du Québec, un dénommé Marc-Yvan
Côté, député de Charlesbourg. Il a dit:
Écoutez, ces gens vont venir nous parler en pleine commission
parlementaire et cela va être écrit. Ils ne pourront plus reculer
comme ils l'ont fait en flouant le ministre de l'Industrie et du Commerce.
C'est ce qu'il a dit. Bien, donnez-moi donc la chance d'avoir la même
chose, si vous voulez, mais ce n'est pas cela que je demande parce que je suis
sûr qu'ils vont dire la même chose.
Quand je regarde ça, on vient me dire: Ce n'est pas
nécessaire, consultez de votre bord, on va consulter du nôtre et
amenez vos revendications. Voyons donc! Ce n'est pas ça la consultation
qu'on demande. On demande aux gens de venir s'exprimer et, là, on se
fera un jugement parce qu'on aura leur opinion, on les aura entendus. Je vous
donne des exemples de ça. Je fais la tournée de mon comté
depuis douze ans maintenant - merci de vos félicitations,
j'espère être encore là si la population me donne ce
pouvoir -deux fois par année avec le gars du transport et ses adjoints.
Dans chaque municipalité, on règle bien plus les problèmes
que si lui disait: C'est la faute à Jolivet, ou que moi je disais: C'est
la faute au chef de district. Il n'y a personne qui a une faute, tout le monde
est ensemble. Les MRC, dans mes territoires éloignés, quand je
vais à Clova et à Parent, on y va ensemble, le
représentant de la MRC et moi. Donc, jamais le gars de la MRC ne peut
dire aux gens de Parent ou de Clova: Jolivet ne veut pas, et je ne peux pas
dire que le gars de la MRC ne veut pas. On est ensemble devant tout le monde,
on décide et on discute ensemble. À la fin, on se trouve à
avoir devant nous la vraie version, il n'y a pas de chicane possible et on
règle des problèmes.
Dans ce contexte, le ministre vient me dire aujourd'hui: Je
déciderai si c'est important ou pas. Si c'est important, on l'amendera;
si ce n'est pas important, on laissera tomber. Si c'est important, j'ai un
problème. Il faut que j'aille consulter les autres ou, au moins, les
renseigner. Il me semblait que l'Assemblée nationale était
maîtresse de toutes ses décisions. Il nous propose, comme CSST, un
projet de loi; on l'accepte comme discussion et on y fait les amendements
nécessaires, selon les besoins de l'ensemble de notre population et des
travailleurs. Je n'accepterai jamais de me faire dire ça. Comme j'essaie
toujours, dans le travail que je fais, d'amener des parties positives, je
dirais au député de La Peltrie: Qu'il aille voir dans le
dictionnaire. J'aime bien qu'il me dise en bon politicien, mais je n'aime pas
le mot policitien parce que, dans le dictionnaire, cela veut dire
politicailleur. Non, non, je comprends ce que vous voulez dire: en homme
politique responsable, en femme politique responsable. Cela, j'accepterais
cela. C'est dans ce sens-là que vous l'avez dit. Mais je veux seulement
vous dire que je n'aime pas le mot politicien, c'est négatif.
M. Cannon: On corrige les galées.
M. Jolivet: Bon, parfait! Moi, dans ce sens-là, je vous
dis que j'agis en homme politique responsable. Maintenant, que le pouvoir me
dise après et là, je vais arrêter l'argumentation, je pense
que j'aurai fait valoir mon point de vue au nom des travailleurs... Qu'il dise
à ceux à qui j'ai parlé: M. Robert Bouchard, de la FTQ,
Mme Andrée Bouchard, de la CSN, qui m'a parlé au nom de
Céline Lamontagne que j'ai appelée ce matin à la suite de
l'audition qu'on a eue hier soir, les gens de la CSD qui nous ont
communiqué des documents par télégramme... Ces
gens-là disent: Oui, c'est vrai, le ministre a raison de dire qu'on a
consulté la CSST par l'intermédiaire du processus normal. Oui, il
n'y a pas de problème, mais on ne lui a pas donné le "wording",
le mot à mot de la loi. Ces gens ont aussi dit: Ils nous ont
consulté sur le principe. On a dit: Oui,
préparez le projet de loi, présentez-le et on le
discutera. C'est cela qui est arrivé. Les gens disent: On n'en a pas
contre le principe, et moi non plus je n'en ai pas contre le principe, mais
j'en ai contre les modalités, par exemple, qui vont permettre aux gens
à l'extérieur... J'aurais bien aimé, quand on avait la CIL
à Shawinigan, qu'on avait Carbure, qu'on avait ceci et cela... Les gens
des alentours auraient été intéressés à
savoir, quand Carbure ou quand Shawbec a sauté, ce qui se passait dans
cette affaire-là.
Le député de Saint-Maurice me comprend, il sait de quoi je
parle. C'est la réalité quotidienne des choses. Mme Lamontagne
vit cela tous les jours parce qu'elle va voir les gens dans le milieu. Robert
Bouchard fait la même chose. Je comprends que M. Larose et que M. Laberge
qui contrôlent tout cela en haut disent: Oui, on a consulté nos
gens et on est d'accord. Oui, mais ils ont le principe général
eux aussi. Ils n'ont pas l'actualité continuelle de chaque jour, sauf
que, lorsqu'on arrive à un problème, on le leur dit. C'est donc
le travail qu'ils font entre eux. Céline Lamontagne va parler avec
Gérald Larose. Robert Bouchard va parler avec M. Laberge qui va dire:
Oui, on est d'accord avec cela, et M. Laberge va normalement faire le travail
qui s'impose.
Tout cela pour dire que la préoccupation de M. Larose et de M.
Laberge est tout à fait louable; leur travail est tout à fait
exceptionnel. Je dis simplement qu'en plus de cela on devrait tenir compte
maintenant de l'actualité quotidienne: il y a des gens qui pourraient
venir le dire ici par l'intermédiaire de M. Larose ou de M. Laberge, et
de leurs adjoints pour confirmer que ce que dit M. Laberge est correct, que
c'est parfait. Mais qu'on ne vienne pas me dire qu'ils ont vu le projet de loi
mot à mot et qu'ils ont donné leur accord sur tel ou tel mot.
Non. Ils ont vu les principes de base; ils ont demandé de les mettre
dans le projet de loi; ils ont étudié cela au conseil
d'administration de la CSST et, après cela, ils ont déposé
cela. Mais il y a des gens qui disent que, malgré tout cela,
malgré tout le travail qu'ils ont très bien fait, il reste une
chose, c'est qu'il y a des modalités qu'il faut absolument regarder plus
à fond. C'est dans ce sens-là que je le fais.
Maintenant, si le ministre me dit: Je les ai appelés et j'ai dit
à Mme Lamontagne: Écoutez, vous savez, le temps nous presse. S'il
y a trop de délais, moi j'ai du travail, j'ai trois ou quatre projets de
loi à faire, ce n'est pas moi qui décide des projets de loi qui
seront adoptés à l'Assemblée nationale, ma
disponibilité et celle de l'Opposition, je ne les connaissais pas, vous
savez, il y a des dangers que cela ne soit pas adopté, dans ce contexte,
si j'étais membre de la CSN ou de la FTQ, je dirais: Câline,
passez-le que j'aie au moins le principe et on verra pour le reste, mais
essayez de tenir compte de ce que je vous ai envoyé par télex ce
matin. C'est comme cela que je vois cela. J'ai assez négocié dans
ma vie pour dire que c'est cela. Ce n'est pas la première fois, je ne
suis pas tombé de la pluie d'hier. Cela fait des années que je
négocie et que je discute avec des gens. Finalement, je comprends cela.
Je comprends que la personne, en voyant que le projet de loi ne sera pas
adopté et qu'on est déjà en retard sur la date du 31
octobre, dise: Écoutez, M. le ministre, on va accepter votre
décision. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Mais on va vous
envoyer un télex le plus rapidement possible. Je l'ai noté, je
l'ai ici ce que Mme Bouchard m'a donné ce matin, morceau par morceau;
j'en ai fait mention tranquillement. Je vais recevoir le texte par
télex, s'il n'est pas déjà arrivé à mon
bureau en haut. Je vais faire mon possible pour le présenter en leur
nom. Je vais espérer que le ministre le comprenne et l'accepte. Je vais
espérer que le ministre me dise en fin de compte: Ecoutez, M. le
député, vous savez, si vous me demandez d'adopter cet article,
cet amendement, cela va retarder encore parce qu'il faut que j'aille voir la
CSST. Je ne sais pas quand elle va se réunir, peut-être au
début de décembre. Je comprends tout cela, mais cela ne veut pas
dire que je l'accepte.
Devant cela, le mur étant devant moi, je vais demander, M. le
Président, ce qui est tout à fait normal, c'est votre droit
maintenant, que la motion soit passée aux voix; elle sera battue.
J'aurai l'occasion fort probablement de présenter des amendements, mais
j'ai l'impression qu'ils vont être battus. Comme je ne voudrais pas
être un gars battu d'avance, je vais faire valoir mon point de vue. Je ne
pense pas aller jusqu'au 21 décembre, ce n'est pas mon but non plus,
j'ai d'autre travail à faire que ça et j'ai à m'occuper de
mon comté.
Deuxièmement, le ministre, s'il s'était aperçu
qu'on faisait de l'obstruction systématique qui n'avait pas de bon sens,
aurait les pouvoirs de l'Assemblée nationale de mettre une clôture
à tout ça. Mais je ne pense pas que, pour le bien-être de
l'ensemble des travailleurs, mon travail soit de faire de l'obstruction
systématique, ce n'est pas vrai.
Ceci dit, en homme politique responsable, je ferai donc mon travail et
j'accepterai la décision démocratique qui sera prise ici en me
disant qu'elle a été prise sans nécessairement être
d'accord.
Le Président (M. Kehoe): Pardon? M.
Théorêt: J'ai une intervention.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Vimont.
M. Jean-Paul Théorêt
M. Théorêt: Oui, M. le Président, juste une
très courte intervention avant de passer au vote qu'a demandé le
député de Laviolette. De toute
l'argumentation qu'a faite le député de Laviolette, je
retiens une affirmation importante - et vous pourrez vérifier dans les
galées, M. le Président; je vais essayer de le dire textuellement
- c'est quand il a affirmé: Écoutez, M. le Président, il y
a 30 projets de loi et on sait tous par expérience qu'il y en a qui vont
passer et que d'autres ne passeront pas. Cette seule affirmation, M. le
Président, vient justement confirmer les inquiétudes du ministre
qui se demande s'il se pourrait que le sien soit celui qui ne passe pas parmi
ceux dont le député de Laviolette a dit qu'ils ne passeraient
pas. C'est également pour ces raisons, M. le Président, que les
travailleurs et travailleuses qui ont envoyé des notes au ministre hier
et qui ont présenté strictement certaines demandes, la veille de
l'étude du projet de loi article par article, ont compris que leur
priorité était de voir ce projet de loi adopté avant les
fêtes, avant la fin de la session, justement, pour qu'ils soient
protégés dès la fin de la présente session.
Comprenant qu'ils font leur demande la veille seulement de l'étude
article par article du projet de loi, ils ne tiennent absolument pas à
en retarder l'adoption, en aucune façon.
Le député de Laviolette, critique de l'Opposition, a
confirmé qu'il y a des projets de loi qui ne seront pas adoptés
avant la fin de la session. Cela vient confirmer les inquiétudes du
ministre et, à ce moment-là, M. le Président, on serait
d'accord pour passer au vote sur la motion.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le
député. Je vais lire la motion avant de procéder au
vote.
La motion proposée par le député de Laviolette est
la suivante: Que la commission tienne des consultations particulières
sur le projet de loi 65. Le vote enregistré est demandé. Je
demande aux personnes en faveur de la motion.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
Mme Bélanger: Contre.
Le Secrétaire: M. Cannon (La Peltrie)?
M. Cannon: Contre.
Le Secrétaire: M. Hétu (Labelle)?
M. Hétu: Contre.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
Le Secrétaire: M. Larouche (Anjou)?
M. Larouche: Contre.
Le Secrétaire: M. Philibert (Trois-Rivières)?
M. Philibert: Contre.
Le Secrétaire: M. Théorêt (Vimont)?
M. Théorêt: Contre.
Le Secrétaire: M. Séguin (Montmorency)?
M. Séguin: Contre.
Le Secrétaire: Sept contre, un pour, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Donc, la motion du
député de Laviolette est rejetée.
Nous allons procéder à l'étude du projet de loi 65
article par article. À cet effet, j'appelle l'article numéro 1.
M. le ministre.
Étude détaillée
Définitions
M. Séguin: En fait, M. le Président, à
l'article 1, on introduit la définition de produit
contrôlé. Ce sont les produits sur lesquels on veut faire porter
le nouveau système d'information. Alors, comme la loi le dit, c'est une
matière comprise dans la classification établie par
règlement ou répondant aux critères
déterminés dans cette classification. Tout au long du projet de
loi, les produits assujettis sont ceux qu'on définira comme produits
contrôlés. Par ailleurs, cela correspond à l'article 2 de
la loi sur les produits dangereux du gouvernement fédéral dans un
souci d'uniformité et comme résultat de différentes
consultations pour faire en sorte que, dans les différentes provinces,
les différents fournisseurs ou employeurs qui ont des activités
dans plusieurs provinces soient assujettis aux mêmes obligations. (11 h
30)
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Quand le ministre parle de produits
contrôlés, est-ce qu'il pourrait nous dire ce qu'il entend par
produits contrôlés? Est-ce qu'il entend des agents physiques
dangereux? On parie de laser de plus en plus. On parle d'utilisation à
ce sujet. Qu'est-ce qu'il pourrait nous donner comme indication en ce qui
concerne pour lui le produit dangereux?
M. Séguin: Comme je le disais, cela se
réfère à la classification qui est déjà
faite dans la loi fédérale, à l'annexe 2 de la Loi sur les
produits dangereux. C'est une classification qui apparaît à la
partie 5 du règlement sur les produits contrôlés sous
l'abréviation DORS-88-66 du 31 décembre 1987 et à la
partie 2 du 20 janvier 1988. Alors, c'est une nomenclature de produits qui sont
désignés. Ce sont habituellement, bien sûr, des produits
qui peuvent avoir
une certaine toxicité. Ce sont habituellement des produits
chimiques. On pense au chlore, on pense à des substances qui, à
l'état où elles sont présentées, soit dans des
récipients habituellement ou dans d'autres contenants, peuvent avoir des
émanations, peuvent avoir des effets corrosifs et autres et qui, par ces
effets, peuvent entraîner un certain danger dans la manipulation qui est
faite par les travailleurs.
M. Jolivet: Est-ce que dans ce dossier... On parle dans les
règlements ou ailleurs de tenir un inventaire, de déclarer
l'ensemble de l'inventaire sur les produits contrôlés. Ce sont des
matières comprises dans la classification, mais est-ce qu'on va devoir
tenir un inventaire de tout cela? Est-ce qu'on va avoir à faire les
déclarations qui s'imposent pour ce produit, cette matière
dangereuse?
M. Séguin: En fait, le système n'impose pas
à un organisme la confection d'un inventaire. Le but de la loi est de
dire, comme on le verra à l'article suivant, que le fabricant ou
l'employeur qui met à la disposition des travailleurs des produits dans
le cadre de leur travail, sur les lieux de travail doit apposer une
étiquette indiquant la substance qui est un produit
contrôlé, donc une substance qui peut avoir des effets dangereux
dans sa manipulation. C'est le but de la loi. Ce n'est pas de doubler ou de
compléter le travail que peuvent faire d'autres lois ou les
interventions que peut faire le ministère de l'Environnement. C'est
simplement une mesure de sécurité additionnelle dans les lieux de
travail pour faire en sorte que les contenants qui ont des produits à
caractère dangereux aient une affiche, une étiquette à
l'extérieur du contenant pour que le travailleur sache qu'il est en
train de manipuler un contenant qui contient une substance qui peut être
dangereuse. Ce sera accompagné d'une fiche signalétique, qui est
un autre document dans le lieu de travail - on verra comment - laquelle fiche
va donner plus de détails techniques sur le produit. Elle va donner, par
exemple, des moyens d'intervention, si besoin est. Donc, ce qu'on veut faire
avec le projet de loi, c'est au moins que le travailleur, s'il manipule des
barils, des contenants, qu'importe leur forme, sache par une étiquette
ce que cela contient. Le but de la loi n'est pas d'édicter ce que des
fabricants ou des employeurs peuvent avoir à l'intérieur de leurs
usines ou non. Il y a d'autres lois pour cela. Le ministre du Travail
présente un projet de loi pour assurer une information minimum sur des
produits dangereux qui sont sur les lieux de travail. D'autres lois peuvent
permettre des interventions, soit par le ministère de l'Environnement,
soit par certaines lois fédérales qui contrôlent la
circulation de certains produits dangereux, soit nucléaires ou d'autres.
C'est évident. Par ses inspecteurs, la CSST n'a pas mandat d'aller
vérifier la qualité de sécurité par rapport
à tel produit dangereux. Elle va avoir, par rapport à ce projet
de loi, la responsabilité de s'assurer que les étiquettes
apparaissent sur tes contenants, tel que le veut le projet de loi. Donc, pour
répondre plus précisément à la question, il n'y a
pas d'inventaire de fiches, il n'y a pas de constitution d'une banque de
données centrale avec le projet de loi puisque c'est l'employeur, au
risque de certaines sanctions, comme on le verra dans le projet de loi, qui
doit apposer l'étiquette pour assurer un minimum d'information.
M. Jolivet: Le ministre n'a pas répondu à ma
question de façon directe. Il y a répondu par l'information qu'il
nous donne sur la liste. À propos du laser, des agents physiques
dangereux, est-ce que le ministre peut nous dire qu'à l'intérieur
de ces produits contrôlés il est inscrit quelque part?
M. Séguin: Si vous permettez, M. le Président, je
suis accompagné de M. Marc Baril, chef du répertoire
toxicologique de la CSST, qui pourrait peut-être apporter une
précision technique à la question.
M. Jolivet: Parfait.
Le Président (M. Kehoe): Encore une fois, monsieur,
pourriez-vous vous identifier pour le Journal des débats, s'il
vous plaît.
M. Baril (Marc): Je suis le Dr Marc Baril, chef du service du
répertoire toxicologique de la Commission de la santé et la
sécurité du travail.
Le Président (M. Kehoe): Merci, pouvez-vous
répondre à la question.
M. Baril: Je m'excuse, pour le protocole, je pense que je dois
m'adresser à M. le Président. En fait, le système couvre
ce qu'on appelle les contaminants chimiques et les contaminants biologiques. Le
système comprend des catégories de contaminants, la
première étant les gaz comprimés, les matières
inflammables et les combustibles, les matières oxydantes, les
matières toxiques qu'on retrouve sous différentes classes,
c'est-à-dire matières ayant des effets immédiats et
graves, matières ayant d'autres effets toxiques, matières
infectieuses où l'on retrouve notamment les contaminants biologiques. On
retrouve également une catégorie pour les matières
corrosives et une pour les matières dangeureusement
réactives.
M. Jolivet: Dans le contexte où un changement
technologique s'en vient avec des dangers additionnels, est-ce qu'il n'y aurait
pas intérêt à ce moment-là à avoir une partie
qui concerne, par exemple, le laser, qui est utilisé de plus en plus
à l'intérieur des usines? Est-ce qu'il y
aurait intérêt à ce moment-là à faire
un amendement à quelque part, et où faudrait-il le faire? Comment
considérez-vous d'abord le laser?
M. Séguin: On me dit, M. le Président, que le laser
est considéré comme un contaminant physique.
M. Jolivet: C'est ce dont j'ai parlé, d'agents physiques
dangereux. C'est ce que je dis, vous parlez d'agents chimiques, biologiques,
mais il y a maintenant de plus en plus l'utilisation physique. Dans ce sens,
qu'est-ce qui se passe, est-ce que les travailleurs qui vont avoir à
manipuler des instruments au laser vont avoir une protection? Est-ce que la
Commission de la santé et la sécurité du travail n'a pas
intérêt, justement, à pousser sur cela pour en arriver
finalement à considérer l'information nécessaire pour
l'utilisation du laser?
M. Séguin: Si on dit au départ que le laser peut
être considéré comme un produit contaminant par ses effets,
j'imagine que l'énergie déployée par un laser peut
être suffisante pour provoquer des brûlures et autres et peut
constituer dans sa manipulation un certain danger, bien sûr. Maintenant,
je pense qu'il faut réaliser que le laser ne s'emmagasine pas; à
moins que je me trompe, c'est comme l'énergie électrique, comme
une énergie fournie par un appareil quelconque, donc qui n'est pas dans
un contenant. Je pense que les travailleurs qui travaillent auprès d'un
appareil qui fournit un rayon laser sont suffisamment informés qu'ils
travaillent sur un appareil de rayon laser que la présence d'une
étiquette disant que l'appareil produit un rayon laser me semble, plus
ou moins...
M. Jolivet: M. le ministre, vous êtes au courant qu'il y a
des gens qui ont des fours à micro-ondes. On leur dit de ne pas regarder
par la fenêtre, mais il y en a plusieurs qui regardent par la
fenêtre.
M. Séguin: Oui, mais ici le projet de loi ne vise pas
l'ensemble des produits. On verra qu'on veut s'assurer qu'une information est
donnée aux employés, aux travailleurs et travailleuses dans une
usine quant à la présence auprès d'eux de produits
dangereux et fournir une fiche signalé-tique qui peut donner des moyens
d'intervention en cas de danger. Nous ne sommes pas dans un projet de loi pour
légiférer sur la présence ou non, ou les dangers ou les
interventions. Cela peut relever soit du ministère de l'Environnement ou
d'autres lois qui peuvent contraindre la circulation ou l'utilisation de
certains produits. Par exemple, les fours à micro-ondes produisent de
l'énergie micro-ondes. Alors, il y a de la réglementation pour
assurer la sécurité du public. Ce n'est pas le ministre du
Travail, dans son projet de loi, qui vient compléter cette
législa- tion.
Le projet de loi SIMDUT vise, comme je le dis, à faire
apparaître, à tout le moins, une étiquette sur le contenant
du produit, ou sur le produit qui est jugé contrôlé. Dans
le cas du rayon laser, ma foi, s'il fallait qu'on soit obligé de mettre
une étiquette pour faire réaliser à ceux qui manipulent
l'appareil de rayon laser qu'il s'agit d'un appareil de rayon laser, contenant
un rayon laser qui peut être dangereux, bien, je n'ai pas de
difficulté à accepter ça. Ce n'est peut-être pas le
meilleur exemple à donner des effets bénéfiques du SIMDUT
dans une usine, je pense que mon collègue le comprend aussi. Le laser
n'est pas dans un contenant où le manipulateur ne le sait pas.
M. Jolivet: M. le Président, je ferai remarquer au
ministre qu'on a parlé de prévention; on parle aussi, dans ce
cas-là, de manutention et d'utilisation. Je dois dire au ministre que je
connais - et mes collègues de ma région pourraient en faire
mention - des gens qui travaillaient dans le cuir. On avait beau leur dire:
Faites attention quand vous pesez sur le bouton pour faire descendre la presse
qui coupe le cuir, pour faire des gants de telle dimension, des personnes se
sont coupé des doigts en dessous de ça. Qu'a-t-il fallu faire? Il
a fallu inventer des moyens où la personne n'avait pas les doigts en
dessous de cet appareil-là; donc, il fallait, pour que ça parte,
non plus peser au pied, mais peser sur le côté, il fallait que les
deux doigts soient dessus pour que ça puisse tomber.
L'autre chose qu'on avait regardée, à l'époque,
même la senteur humaine, la chaleur humaine faisait en sorte que la
machine arrêtait. Il y a combien de personnes qui ont eu les doigts
coupés, au Québec, parce qu'ils travaillaient dans des presses
à cuir? Venez voir ça chez nous et on vous en parlera.
Donc, ce que je dis, actuellement, on est en train de faire une loi qui
a pour but d'informer l'ensemble des travailleurs du danger de l'utilisation de
certains produits dangereux qui sont emmagasinés quelque part ou qui
servent à l'ensemble des besoins de l'usine. Vous disiez, lors de votre
discours en deuxième lecture, qu'il y a des produits, s'ils ne sont pas
dans les conditions normales d'utilisation, dont on ne pourrait même pas
faire la manutention, et la personne serait en droit de refuser de transporter
le contenant, si un danger quelconque pouvait se produire. Alors, je pense
qu'on s'en va vers des utilisations différentes. Vous dites: La personne
devrait, normalement, être bien au courant que, si elle utilise le laser
ou tel produit chimique, il peut arriver un problème. C'est une chose.
Mais de là à dire: Parce qu'ils sont censés être au
courant, on n'en parle pas, ça m'inquiète un peu. Je comprends
très bien le ministre qui me dit que le laser, c'est l'utilisation d'une
puissance, c'est une force qui n'est pas emmagasinable; je le comprends
très bien. Mais est-ce
que le projet de loi n'est pas là, non plus, pour faire mention
de ces agents physiques qui, de plus en plus, arrivent dans l'industrie et qui
sont aussi d'utilisation dangereuse?
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre.
M. Séguin: Si vous me permettez, M. le Président,
de simplement faire remarquer à mon collègue que le projet de loi
ne vise qu'un système SIMDUT d'information des produits dangereux, et
non pas toutes les autres interventions législatives possibles que peut
faire la CSST sur les questions de prévention, retrait préventif,
etc. Mon collègue mentionne la préoccupation qu'il a pour les
dangers au travail, mais avec le projet de loi on n'est pas en train de couvrir
l'ensemble des dangers au travail; on vise simplement à introduire un
système d'information. Par ailleurs, la CSST et d'autres intervenants
gouvernementaux ont la responsabilité d'assurer la
sécurité du public et des travailleurs, la circulation de
produits dangereux, la manipulation de produits, etc.
Il faudrait bien qu'on comprenne que le projet de loi ne visera pas
à compléter toutes les questions qu'on pourrait Imaginer dans la
protection des travailleurs. C'est déjà couvert par une certaine
réglementation sous la responsabilité de la CSST, mais ce n'est
pas le sujet de notre projet de loi. Il vise simplement à introduire une
nouvelle obligation aux employeurs d'informer, par un étiquetage
minimum, sur la présence de produits et des moyens d'intervention, et
aussi par de la formation, pour faire en sorte d'avoir une meilleure
information sur les produits dangereux. Mais la question à savoir si des
appareils dangereux, à l'Intérieur de certaines entreprises,
peuvent être perfectionnés... (11 h 45)
J'ai vu, l'année passée, que l'IRSST avait
recommandé, entre autres, que les scies à chaîne aient une
garde particulière pour éviter qu'on se blesse, lorsqu'on fait
une coupe à la renverse, comme on dit - et je connais cela parce
qu'ayant été draveur pendant un bon bout de temps, pendant que
j'étais étudiant, j'ai eu à manipuler des scies à
chaîne; alors je sais combien cela peut être dangereux. L'IRSST,
l'année passée, a réussi à convaincre l'industrie
de faire une garde particulière pour éviter qu'un certain retour
de chaîne coupe un bras ou fasse des blessures. Mais tout cela
relève d'une autre loi, d'une autre réglementation, en partie
sous le contrôle ou la responsabilité de la CSST, j'en conviens,
mais qui n'est quand même pas l'objet du présent projet de
loi.
Le projet de loi, comme je l'ai dit, vise à introduire une
responsabilité à pleine charge des employeurs à s'assurer
de la présence minimale des étiquettes et fiches
signalétiques et à offrir une espèce de cours de formation
sur la manipulation et les moyens d'intervention. On verra que la sanction
comme telle, s'il y a défaut, c'est de mettre les scellés sur les
contenants qui ne respecteraient pas le projet ou la réglementation et
cela peut aller jusqu'à faire interrompre les activités. La CSST
a un certain pouvoir de faire interrompre les activités et elle peut
même aller jusqu'à faire cesser les activités de toute
l'entreprise si, à la suite de certains avis, certaines prescriptions de
la CSST, l'entreprise continuait à ne pas avoir les étiquettes,
à ne pas se conformer au projet de loi. C'est cela la sanction.
Mais cela n'empêche pas que, pendant ce temps, toute la question
des moyens qu'on pourrait entrevoir pour assurer une meilleure protection...
D'ailleurs, sous la responsabilité de la CSST, il y a déjà
de la réglementation qui peut être perfectionnée. Ce n'est
pas l'objet du projet de loi, mais cela n'empêche pas que le commentaire
de mon collègue est intéressant, sauf que ce que je veux dire,
c'est que ce n'est greffé ni à l'article 1 que nous avons ni
à d'autres articles du projet de loi.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Jolivet: Avec les commentaires que j'ai faits, M. le
Président, adopté.
information concernant les produits
contrôlés
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 2, paragraphe
1, qui est le paragraphe 62.1.
M. Séguin: M. le Président, c'est un article
relativement long parce qu'il comporte un ensemble de sous-articles, par
l'article 62.1 et suivants, et qui se trouve être le coeur, proprement
dit, du projet de loi. Alors, à l'article 62.1... Je suggère, M.
le Président, que nous étudiions...
Le Président (M. Kehoe): Séparément chacun
des articles.
M. Séguin: ...séparément chacun des
articles. Le Président (M. Kehoe): D'accord.
M. Séguin: ...quoique certaines explications vont
déborder parce que les articles sont interreliés, mais mon
collègue comprendra l'ensemble des explications. Donc, à
l'article 62.1 - je pense que c'est l'article essentiel du principe du projet
de loi - on dit: "Un employeur ne peut permettre l'utilisation ou l'entreposage
d'un produit contrôlé sur un lieu de travail à moins qu'il
ne soit pourvu d'une étiquette et d'une fiche signalétique
conformes aux dispositions de la présente loi et des règlements
et que le travailleur n'ait reçu la formation et l'information requises
pour accomplir de façon sécuritaire le travail qui lui est
confié."
Le deuxième paragraphe vise particulièrement
l'entreposage. Il se lit comme suit: "Un employeur peut toutefois entreposer un
produit contrôlé sur un lieu de travail s'il fait, avec diligence,
toutes les démarches nécessaires afin que ce produit soit pourvu
d'une étiquette et d'une fiche signalétique conformes et que le
travailleur reçoive la formation et l'information prévues au
premier alinéa."
Dans un premier temps, c'est une forme d'interdiction d'avoir des
produits qui n'ont ni l'étiquette ni la fiche. Il y a ces deux
documents: l'étiquette est collée ou apposée sur le
produit ou le contenant, alors que la fiche est dans le lieu de travail. On
verra un petit peu plus loin de quelle façon. Le deuxième
paragraphe dit que, à la rigueur et pour un temps limité,
temporairement, il peut l'entreposer, le conserver comme tel sur les lieux de
l'entreprise, mais à la condition de faire avec diligence toutes les
démarches qu'il doit faire pour fournir l'étiquette, la fiche
signalétique, la formation et l'information.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je vais parler un peu plus
longuement sur celui-là parce que moi aussi je vais déborder sur
les autres. Je voudrais poser des questions au ministre. D'abord, il y a une
chose qui nous inquiète, je pense que je ne suis pas le seul à le
dire, les travailleurs le disent aussi, c'est... Le ministre parle de
diligence. Est-ce qu'il pourrait me dire, d'après lui, quel est le type
de délai qu'il envisage quand il dit que l'employeur doit traiter cela
"avec diligence"? Je pense que c'est important. Pourquoi dit-on "avec
diligence"? Y a-t-il un délai, y a-t-il quelque chose? Pourrait-il
arriver, par hasard, qu'on interprète de façon tellement
élastique le mot "diligence" que, finalement, l'absence de délai
précis entraînerait des abus? Moi, je voudrais avoir, de la part
du ministre, une première information en ce qui concerne le mot
"diligence".
Deuxièmement, question d'information, concernant les produits
contrôlés, disons qu'on décide, dans une usine
donnée, de mettre sur informatique l'ensemble de toutes les
données et qu'on dise: Écoutez, là, les gens vont
être informés, on met ça sur informatique. Faut-il
s'assurer que l'individu qui va avoir affaire à ça y ait d'abord
accès et, deuxièmement, qu'il soit préparé à
cela, donc qu'on lui donne la formation nécessaire pour pouvoir utiliser
la machine informatique? Vous savez, l'employeur dit: Écoutez, j'ai fait
ça avec diligence, j'ai mis tout ça sur informatique; ils ont
juste à peser sur un bouton, mais la personne n'a pas accès au
local parce qu'elle est trop loin et la machine à informatiser n'est pas
continuellement accessible. Et, deuxièmement, quand la personne n'est
même pas préparée à utiliser le lieu où se
trouve la machine à informatiser, je pense qu'on a à ce
moment-là l'obligation de donner le plus de visibilité possible.
Est-ce que le ministre veut en arriver à permettre aux travailleurs
d'être dans les conditions de vie les meilleures possible?
Je faisais mention, tout à l'heure dans ma discussion, du chef
des incendies. Est-ce que la fiche signalétique permettant d'avoir
toutes les données nécessaires aux réactions rapides -
toujours selon le principe de la confidentialité, bien entendu... Est-ce
que le chef des incendies sera mis au courant de la manière de
réagir à un incendie qui se produira dans le coin? Les chefs
d'incendie en font mention, ça les inquiète un peu, parce
qu'à Saint-Basile-le-Grand il n'y avait pas beaucoup de données
qui existaient là. Ce sont des occasions qu'on a, j'en suis
assuré, de ne pas reproduire de telles circonstances.
Je faisais mention du public. C'est beau d'avertir le travailleur, mais
que devient le public dans ça? Est-ce qu'il y a quelque chose qui
permettrait au public qui sent certains malaises d'aller au département
de santé communautaire, toujours sous la formule de la
confidentialité, avec la fiche signalétique qu'on lui donne de
tel produit, afin que la personne, comme médecin traitant, puisse y
avoir accès, et, comme public, être informée? Il me semble
qu'il y a quelque chose qui manque dans ça.
La première question que j'ai posée est sur la diligence;
la deuxième question, sur l'informatisation; la troisième
question, sur le chef des incendies et la quatrième question, sur le
public. J'aimerais entendre le ministre me donner des réponses à
ces questions. On pourra argumenter davantage. Sur la question de la diligence,
le mot "diligence", comme le dit la FTQ, ne définit pas assez bien le
laps de temps à l'intérieur duquel l'employeur doit faire les
démarches pour se pourvoir d'une étiquette et d'une fiche
signalétique sur la matière dangeureuse, le produit
contrôlé. Alors, j'aimerais entendre le ministre sur ces
questions.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Séguin: Oui, en fait, si je comprends bien, c'est le
deuxième paragraphe de 62.1 qui retient l'attention de mon
collègue. Sur la question de l'entreposage, il s'agit de prendre les
moyens avec diligence pour que l'étiquette et la fiche soient fournies,
tel que prévu au projet de loi.
Le mot "diligence" a été préféré
à un délai de rigueur parce que chaque cas sera relativement
particulier et les inspecteurs de la CSST, lorsqu'ils auront à entrer
dans un lieu de travail et a constater la présence de produits qui ne
seraient pas conformes, vont devoir tenir compte de délais minimaux
nécessaires pour expliquer pourquoi l'étiquette n'est pas
disponible. Ce n'est peut-être pas la faute de l'employeur, c'est
peut-être le fabricant qui a expédié une certaine
quantité de barils, qui, habituellement, avaient des
étiquettes, sans étiquette sur un certain lot; alors, le temps
qu'il puisse peut-être contacter qui de droit et obtenir les
étiquettes pour les apposer lui-même ou retourner les barils,
etc., on peut imaginer toutes sortes de scénarios. Comme c'est une mise
en vigueur nouvelle au Québec, il ne s'agit pas non plus d'arriver le
1er janvier 1989 avec un délai de rigueur pour dire à 250 000
entreprises au Québec: À partir du 1er janvier, si vos produits
n'ont pas d'étiquette, l'inspecteur peut les sortir ou arrêter
l'entreprise. Je pense qu'il y a une espèce d'équilibre. On
m'indique qu'on entrevoit, à la CSST, que l'inspecteur pourrait donner
un avis de contravention, un peu comme certains policiers le font lorsqu'on
n'est pas conforme au Code de la route. Ils vous donnent un avis de 48 heures,
une semaine, parce que vous avez un feu de brûlé, etc., pour que
vous vous conformiez. On pense avoir des délais assez serrés
d'une semaine, deux semaines, dans certains cas de deux ou trois jours, si on
croit que le défaut peut être réparé très
rapidement. Donc, les inspecteurs vont faire cela dans l'optique que le terme
"diligence" indique un temps très court: quelques jours, une semaine,
deux semaines et non pas trois mois, six mois, un an.
Les Inspecteurs vont quand même revenir sur place si on voit que
les pénalités ou les sanctions ou les amendes sont en crescendo,
s'il y a récidive, s'il y a vraiment une espèce de mauvaise foi
ou s'il y a de l'indifférence de la part d'employeurs. Je pense qu'on va
alors s'assurer que la récidive ne demeure pas non plus dans
l'indifférence des inspecteurs et qu'il y ait une sanction assez forte.
On va aller voir un peu plus loin que les pénalités, à un
moment donné. La sanction ultime de voir fermer l'entreprise par
l'inspecteur qui jugerait que l'ensemble des produits n'est pas conforme est
dangereuse; c'est quand même une épée de Damoclès
assez forte. Mais, pour répondre à la question, la diligence,
c'est un laps de temps très court. On parle de quelques jours, une
semaine, deux semaines. C'est l'optique qu'on va élaborer. S'il arrivait
qu'à l'expérience cela s'avérât malheureusement
inapproprié, c'est peut-être un élément sur lequel
on pourrait, éventuellement, suggérer des délais de
rigueur, des délais plus sévères. Mais, pour le moment, on
croit qu'on peut très bien fonctionner avec cela.
La deuxième question, sur l'aspect de l'informatique ou de la
forme que peut prendre l'étiquette ou la fiche, c'est prévu que
la forme physique tant des étiquettes que de la fiche comme telle doit
être sur du papier, etc. Donc, c'est vraiment un avis écrit sur un
carton ou un papier quelconque et non pas sur du traitement informatique. C'est
vraiment un support matériel physique. Alors, quand on parle
d'étiquette, je pense qu'on se comprend bien. C'est un morceau de papier
où est écrit l'avis que cela contient tel produit et que cela
peut être dangereux. Il ne faut pas non plus sous-estimer une autre loi
qui dit d'indiquer en signes symboliques certains produits, soit qu'ils sont
corrosifs, etc. Il y a des signes ou des symboles qui doivent apparaître
sur des contenants si, par exemple, il y a de l'essence, etc., soit par des
têtes de mort, enfin, les signes avertisseurs que tout le monde
connaît. Mais l'étiquette n'est pas... Ces symboles sont
déjà prévus dans une autre loi. L'étiquette doit
simplement afficher la présence du produit, son nom. La fiche
signalétique, elle, est un document. Cela peut être... On verra un
peu plus loin que cela se réfère aux règlements qui
donnent le détail du document remis à certaines parties. On va
voir cela un peu plus loin. Il y a un chapitre dans le règlement qui dit
comment confectionner la fiche, la grandeur, ce que cela doit contenir et
à qui cela doit être remis. Ce n'est pas un document qui est
susceptible d'être caché dans le tiroir de l'employeur, que
personne n'a vu et qui demeure secret. Au contraire, la fiche doit être
disponible et est automatiquement remise à certaines parties
définies dans le milieu de travail.
En ce qui concerne la question de la protection, le Bureau de la
protection civile, à notre invitation, a été invité
à participer au projet. Il y a un comité, actuellement, entre la
CSST et le Bureau de la protection civile, qui travaille sur des
modalités qui pourraient permettre, par exemple, aux pompiers,
lorsqu'ils arrivent sur un lieu où se trouvent des produits, de
connaître les éléments essentiels des produits ou de
prendre connaissance de la fiche signalétique. On ne sait pas exactement
comment et je vous avoue que même le Bureau de la protection civile ne
sait pas comment et ne veut surtout pas se constituer une banque de
données informatiques de l'ensemble de toutes les fiches
signalétiques, par exemple, au Québec. (12 heures)
Vous pouvez imaginer que, dans la seule région de
Montréal, s'il fallait que les employeurs soient obligés
d'envoyer au Bureau de la protection civile du Québec copie de chacune
des fiches signalétiques, et copie de chacun des changements de fiches
signalétiques, parce que dans l'année une grosse entreprise peut
changer les fiches, et la fiche vise un produit; alors, une entreprise qui
aurait 200 produits aurait 200 fiches signalétiques, donc, cela ferait
une gestion de documents absolument importante, de plusieurs millions de
pièces et - quoique ce pourrait être pensable, mais je pense qu'en
pratique cela fait peur - étant donné l'énormité
des documents à vérifier, à contrôler et, en cas
d'appel d'urgence, il n'est pas sûr que le Bureau de la protection civile
aurait le temps - pour une telle entreprise, dans ses millions de pièces
de fiches signalétiques - de sortir la bonne fiche, d'en prendre
connaissance, d'autre part, de s'assurer que c'est la dernière en date,
parce que cela peut avoir changé depuis deux ou trois mois. Mais, par
ailleurs, il ne s'agit pas non plus de demeurer
complètement indifférent à cela, et c'est pourquoi
nous avons un comité qui siège actuellement, entre les deux
organismes, pour penser à l'aspect le plus pratique et le plus
salutaire.
Je pense que, lorsque les pompiers arrivent dans un lieu, ils doivent
savoir qu'il y a des produits dangereux, leur nature, et ce qui est
suggéré comme moyen d'intervention. Est-ce que l'eau ou les
poudres sont plus indiquées pour éteindre le feu? On verra
peut-être à adopter avec le Bureau de la protection civile... Et
on lui a offert de nous Indiquer ce qu'il pouvait souhaiter comme information
et modalité pour prendre connaissance de ces fiches.
Ensuite, oui, j'oubliais le dernier aspect. Vous parliez de
l'intérêt public. Le projet de loi ne prévoit pas
d'information pour le grand public. Il n'y a pas d'avis dans les journaux,
disons que nous visons le milieu de travail, ce sont les travailleurs et
travailleuses, les représentants syndicaux, les représentants des
différents regroupements d'employés, s'il n'y a pas de syndicat,
qui peuvent demander l'information, avoir droit à l'information,
à la fiche et à la présence des étiquettes, et qui
peuvent de temps à autre soit porter appel ou contester, on verra cela
un petit peu plus loin. Mais le grand public n'est pas visé par le
projet de loi et, si un simple résident veut entrer dans une usine et
demander de prendre connaissance de la fiche signalétique, ce n'est pas
prévu comme tel, mais on peut imaginer que, par le droit que
possèdent les représentants des travailleurs, il pourrait
être relativement facile, à ce moment-là, de faire valoir
la demande et d'obtenir copie d'une fiche, parce que la fiche comme telle n'est
pas jugée un document confidentiel. L'information que peut contenir une
fiche ou une étiquette, on le verra, peut être exemptée
à la demande de l'employeur, et il y a des procédures à
suivre. Mais les étiquettes ne sont pas confidentielles; au contraire,
on veut qu'elles apparaissent très bien sur les contenants pour aviser
les gens, comme la fiche signalétique doit être à la
disposition du milieu de l'usine concernée, pour que l'information soit
connue.
Mais nous n'avons pas pensé avoir accès, comme tel, au
grand public, quoique dans certains cas, par exemple un médecin
traitant, si un travailleur dans l'usine a absorbé un produit dangereux,
va obtenir la fiche signalétique pour faire un bon diagnostic et prendre
les bons moyens d'intervention.
M. Jolivet: M. le Président, j'écoute le ministre
avec beaucoup d'attention et je dois dire que de plus en plus les gens veulent
être informés de ce qui se fabrique chez eux et des conditions
dans lesquelles se fabriquent ces produits. Alors, ce que nous avons devant
nous maintenant doit tenir compte de ce qui s'est passé
dernièrement, et on ne peut pas ne pas le vivre comme tel. On
espère toujours qu'il n'y ait pas d'incidents et d'accidents, mais
malheureuse- ment on ne peut pas les empêcher. Le principe même de
la définition d'un accident, c'est quelque chose de fortuit.
Ceci étant dit, nous nous retrouvons donc devant un
phénomène voulant que la discussion qui a été faite
au Québec et au Canada depuis six ou sept ans sur l'utilisation des
produits dangereux nous amène donc à davantage faire des
constatations, mais en même temps les préventions qui s'imposent.
Dans ce contexte, les frissons peuvent parfois nous passer dans le dos. Je vous
le dis bien honnêtement, M. le Président, nous sommes dans un
contexte où le monde, de plus en plus, au point de vue santé, au
point de vue écologique, se pose de sérieuses questions. Est-ce
qu'on doit impunément utiliser ces produits sans tenir compte qu'il y a
à la fois des gens qui travaillent à l'intérieur et
d'autres qui vivent à l'extérieur?
Vous savez, on ne se posait pas beaucoup de questions autrefois, en
1920-1930, sur l'utilisation de l'acier, qui avait remplacé le bois, on
s'en souvient. On en avait absolument besoin pour construire des bateaux,
à l'époque. Mais nous n'avons qu'à regarder ce qui s'est
passé à Sudbury: les émanations qui se sont
répandues et la végétation qui est disparue. Cela veut
dire qui, si cela a des effets sur la végétation, cela doit
certainement en avoir sur la population. Et si tel est le cas, on doit
être maintenant en mesure de le savoir et, lorsqu'on établit une
usine quelque part, d'informer l'ensemble de la population qui est de plus en
plus nerveuse vis-à-vis de ces questions. Vous avez l'exemple des BPC
alors que les gens ont réagi émotivement à des choses qui,
normalement, auraient dû être rationnelles, si on avait pris les
précautions qui s'imposaient.
Alors, dans ce contexte, le mot diligence, pour moi, devient important.
Le ministre dit que, dans le texte, on ne peut pas inscrire de date; on dit
qu'à compter du 1er janvier 1989 tout le monde a tant de semaines pour
se mettre à la page et l'indiquer. Je comprends très bien, le
ministre n'as pas besoin de me faire un dessin, ce n'est pas de cela que je
parie. Je demande, lorsqu'un produit arrive, dans combien de temps l'employeur
y sera-t-il obligé? Le ministre me dit: Cela dépendra de
l'inspecteur qui ira faire l'inspection, qui prendra une décision. Il
dira: Ecoutez, vous avez deux jours, trois jours, une semaine, un mois pour
vous conformer à la loi. C'est peut-être cela qu'il fallait
regarder. Et là, je trouve intéressant ce que le ministre disait:
L'individu vient et rédige une sorte de contravention. N'appelons pas
cela une contravention, disons un avis disant que, dans l'usine, l'utilisation
de tel produit exige qu'il y ait une fiche signalétique, des
informations qui soient fournies et une formation qui soit donnée pour
l'utilisation de ces produits.
Alors, je trouverais peut-être normal, à ce
moment-là, que quelque part - je ne sais pas si c'est dans le
règlement - le ministre indique
des délais maximums, parce qu'on ne peut pas parler de minimum,
on peut peut-être parler de maximum, dans un délai X, selon ce que
l'inspecteur, la personne qui vérifiera, a comme libre arbitre de
décider. C'est peut-être dans ce sens que je l'ai examiné.
Il faut peut-être donner un délai maximum sur la fiche qui sera
donnée à la compagnie, avec avertissement au niveau des
représentants syndicaux ou de l'organisme accrédité
à l'intérieur, ou des représentants des travailleurs s'il
n'y a pas de syndicat. Au moment où un produit entre dans l'usine, on
avertit la compagnie que dans un X délai ce produit devrait être
indiqué.
Donc, pour moi, le mot diligence ne veut pas dire, comme le ministre le
disait, qu'à compter de telle date tout le monde devrait... Je comprends
ça très bien et le ministre n'a pas besoin de me faire un
dessin.
Quant à la question de l'informatisation, il sera peut-être
plus pratique, dans certains cas - et c'est pour cela que je dis que je ne veux
pas empêcher qu'il y ait une fiche signalétique, un avertissement,
une affiche quelconque qui avertira les travailleurs des dangers - une fois
qu'on a donné l'avertissement majeur, d'informatiser l'ensemble des
données. Je pense bien qu'il y a du monde qui va les utiliser pour des
besoins internes de la compagnie et à ce moment-là, s'il se
produisait un événement, aller voir sur la fiche quels sont les
moyens qu'on a de contrôler tel incendie, tel dégât, telle
affaire, et ce qui arrive si quelqu'un, par malheur, a ingurgité tel
produit chimique, et quels sont les moyens à prendre. Donc, la fiche
signalétique, c'est une chose, soit signaler ce qui en est, le contenu,
mais c'est aussi la fiche qui va indiquer quels sont les moyens à
prendre pour pallier à une situation urgente.
Il est sûr et certain qu'il y aura dans les usines, compte tenu de
cette mentalité nouvelle, des données informatisées.
À ce moment-là, il faudrait que le travailleur soit
préparé à pouvoir les utiliser et qu'il ait accès
à ces données.
Quant à la question de la protection civile, le ministre me
permettra de penser qu'encore une fois, pour l'ensemble des données -
s'il me parle - autrefois on disait: à la mitaine - s'il me parle des
fiches et du système: si on a besoin de la lettre "A", on met le
bâton, toutes les fiches "A" tombent et on choisit dedans, c'est
dépassé. Aujourd'hui, c'est l'informatique. En l'espace de
quelques secondes, à partir d'un bouton sur lequel on pèse, on
peut avoir la donnée dont on a besoin; peut-être que c'est dans ce
sens-là que le comité dont il fait mention devrait se diriger.
C'est une information rapide qui ne demande pas de compiler dans des
boîtes et dans des bâtisses les données. Ce sont des fiches
informatisées de telle sorte qu'on sait, si un incendie se produit, quel
moyen on a pour l'éteindre; alors, au lieu d'activer l'incendie, on en
arrive à le contrôler.
Quant à la question du public en général, le
ministre me permettra de dire que de plus en plus il n'aura pas le choix, lui
comme les autres qui vont suivre à titre de ministres responsables, d'en
arriver, avec l'aide du ministre de l'Environnement, avec l'aide du ministre du
Travail, que vous êtes, ou du ministre responsable de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail, que vous êtes
aussi, il devra donner les informations que la population va demander. C'est
dans ce sens que je disais qu'il y a moyen de regarder cet article-là
dans cette grande nomenclature actuelle de la prévention à
l'intérieur des usines et de l'information à l'extérieur
des usines.
J'ai donné mon opinion là-dessus. J'aurais cependant un
amendement à l'article 62.1 qui se lirait comme suit: L'article 62.1,
tel qu'introduit par l'article 2 de ce projet de loi, est modifié par
l'insertion, à la première ligne du premier alinéa, entre
les mots "l'utilisation" et "ou", des mots "la manutention". Donc, ce que je
pense qui devrait être fait, parce que c'est une chose que je crois aussi
importante, c'est: "un employeur ne peut permettre l'utilisation ou la
manutention ou l'entreposage." Je pense que le ministre devrait comprendre
qu'il y a l'utilisation, qu'il y a l'entreposage, mais qu'entre les deux il y a
aussi la manutention du produit dangereux. Il me semble que ce ne serait pas un
amendement difficile à ajouter ici puisque tout le monde l'indique. On
l'a peut-être oublié, c'est peut-être un oubli, c'est
peut-être un trou, et le ministre peut me donner son impression de cet
amendement que je proposerais d'ajouter, les mots "la manutention".
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Séguin: Mme la Présidente, si vous me permettez
de répondre à la première question relative à
l'entreposage, au premier paragraphe, on prévoit déjà que,
si l'employeur n'est pas conforme et que dans certains cas il peut entreposer
le produit, il ne peut quand même pas l'utiliser, et l'utilisation
interdite est immédiate. Alors, dès que, à titre
d'exemple, il recevrait des produits non conformes, parce que
l'étiquette n'apparaîtrait pas sur les contenants, il lui est
immédiatement interdit d'utiliser les produits. Donc, c'est
immédiat et, si c'est vérifié par un inspecteur,
l'infraction sera immédiate et l'utilisation doit être interdite
séance tenante. La seule modération qui est apportée,
c'est qu'il peut continuer à l'entreposer temporairement simplement pour
se conformer dans un délai rapide à l'infraction et il ne doit
plus l'utiliser. Donc, les travailleurs sont protégés dans le
sens où, dès que le produit n'est pas conforme, il doit
être retiré du lieu de travail et entreposé, de sorte que
les travailleurs ne soient pas exposés au danger puisqu'ils n'ont pas
à manipuler ou à utiliser le produit.
En ce qui concerne la suggestion par amendement de l'Opposition...
M. Jolivet: Mme la Présidente, si le ministre me le
permet, justement, ce que les gens disent, c'est qu'un employeur peut toutefois
entreposer un produit. Puis, quant au mot diligence, c'est là qu'arrive
toute la question des délais. Parce que les gens, ce qu'ils disent,
c'est que, lorsqu'en milieu de travail quelqu'un n'est pas informé,
même si c'est indiqué "non utilisé", cette personne peut
aller fouiller dedans et se brûler pour une raison ou pour une autre. Je
pense que c'est important. Vous dites qu'il ne peut pas l'utiliser, soit, mais
qu'il peut l'entreposer. Puis on donne un délai pour qu'il ait la fiche
signalétique de telle sorte qu'il pourra l'utiliser à ce
moment-là. Mais mon problème est le suivant, c'est que, s'il y a
quelque chose d'entreposé, vous savez, le monde est curieux, il veut
aller voir ce que c'est pour une raison ou pour une autre. Quels sont les
moyens qu'on a de s'assurer que personne ne va y toucher? (12 h 15)
M. Séguin: Les employeurs ont, par ailleurs, beaucoup de
responsabilités vis-à-vis des dangers qu'ils peuvent constituer
et sont toujours... Indépendamment de cette législation, chaque
employeur a toujours le devoir d'être, en bon père de famille
comme on dit, diligent dans les moyens qu'il peut mettre. Il engage sa
responsabilité.
M. Jolivet: Si vous aviez la prison et la condamnation au bout de
la course, je vous croirais, mais ce n'est pas tout à fait cela qu'on a
vécu au Québec, pas plus ailleurs au monde.
M. Séguin: Non.
M. Jolivet: Le bon père de famille, il n'est pas toujours
bon.
M. Séguin: Je ne peux pas dire que le gouvernement
précédent a fait oeuvre dans ce sens-là.
M. Jolivet: Mme la Présidente, je n'accepte pas...
M. Séguin: Je pense que les comparaisons ne seraient pas
bonnes.
M. Jolivet: Je pense que le ministre aborde quelque chose que je
n'ai pas utilisé encore et que je n'utiliserai pas.
M. Séguin: C'est vous qui l'apportez, alors...
M. Jolivet: Non, ce n'est pas cela que je dis.
M. Séguin: Ne le dites pas et je n'en parlerai pas.
M. Jolivet: Non. M. le ministre, vous ne comprenez pas ce que je
dis. Ce que je dis, c'est que vous parlez de bon père de famille...
M. Séguin: Cela se peut-il, midi et quart?
M. Jolivet: ...et, comme bon père de famille, je vous dis
que ce n'est pas sûr que ce soit si vrai que cela quand on regarde
l'ensemble de ce qui s'est passé dans le monde, je ne parle pas d'ici
seulement. Je vous dis simplement cela et, à partir de cela, que la
curiosité humaine est toujours là pour qui que ce soit dans
quelque pays qu'on soit. Je vous dis qu'il y a un danger et je veux juste
savoir quand on dit avec diligence, parce que c'est de cela que vous faites
mention, quels sont les devoirs. Je dis que, s'il y avait un délai
maximum qui était prévu où la personne va visiter
l'usine... Parce que vous allez faire l'ensemble des usines pour
vérifier cela et dire: Voici, bon, sur tel produit on considère
qu'en vertu de la nouvelle loi vous devez mettre une fiche signalétique,
vous devez informer et former tout le monde sur son utilisation et, si vous ne
faites pas cela, vous ne pouvez pas l'utiliser, mais vous avez le droit de
l'entreposer. Le délai maximum, c'est quoi? Le délai minimum,
c'est quoi? Vous dites: On ne peut pas parce qu'on laisse au bon arbitre le
choix du personnage qui va aller visiter l'usine, mais je dis que ce n'est pas
suffisant.
M. Séguin: Je réponds par cela que le mot diligence
devrait s'interpréter en une durée très courte. Je disais
à titre d'exemple que cela pouvait être quelques jours, une
semaine, deux semaines et c'est ce que comprend que doit faire la CSST à
l'heure actuelle et ce seront les avis qu'elle donnera. Pendant cette
durée-là, les produits sont entreposés et, je l'ai
déjà indiqué, il y a d'autres réglementations,
lois, qui assujettissent les entreprises, les employeurs, les fabricants
à la manipulation et à l'utilisation d'un produit dangereux.
C'est beaucoup plus le ministère de l'Environnement qui pourrait,
à ce moment-là, par sa réglementation décider
d'intervenir que la CSST en application d'un projet de loi qui veut mettre en
marche un système d'information. On pense que, de toute façon,
ces produits-là sont déjà utilisés dans les usines,
et s'ils étaient de par leur nature jugés en soi si dangereux que
leur seule présence à l'Intérieur de l'usine serait
dangereuse, ils ne seraient pas là. La législation ne le
permettrait pas. Les lois fédérales, actuellement, interdisent la
seule présence de certains produits parce que dans leur seul état
ils sont dangereux. Donc, cela contraint les entreprises, les usines et les
fabricants à n'utiliser dans leur usine que les produits qui respectent
un minimum de sécurité en vertu de différentes lois tant
fédérales que celles du ministère de l'Environnement.
Nous, ce qu'on leur Impose en plus, et ce n'est pas la CSST qui
détermine quels sont les produits dont la présence est
tolérée ou accep-
table même s'ils sont dangereux, ce sont d'autres
législations, cela existe déjà et c'est vrai que, comme le
souligne le collègue de l'Opposition, à chaque désastre,
à chaque situation regrettable, les différents gouvernements de
différents pays introduisent des lois de plus en plus
sévères, de plus en plus contraignantes, que ce soit Bhopal et
d'autres. A chaque fois, on croit utile de le faire, que ce soit dans les bases
nucléaires, par exemple, sans rappeler Three Mile Island où on a
évacué toute la ville et encore aujourd'hui, après douze
ou quatorze ans, Seabrook, etc. et même chez nous au Québec. Une
base nucléaire a été stoppée étant
donné les dangers qu'on a découverts à un moment
donné, mais ce sont d'autres lois. Celle-ci vise à s'assurer que
l'information soit là et, à la rigueur, si elle n'y est pas, il
ne peut pas l'utiliser et il peut juste le garder pas loin, entreposé,
pour un temps minimum pour s'y conformer. Mais, si les produits sont si
dangereux que cela, il y a probablement interdiction totale par une autre loi
qui va faire en sorte qu'ils ne pourront pas... Mais, ici, ce sont des produits
tout de même courants dans l'entreprise.
M. Jolivet: Connaissez-vous l'huile à transformateur?
M. Séguin: Si je connais?
M. Jolivet: L'huile électrique? Je vais vous dire, M. le
ministre, écoutez, il y a des évolutions dans l'ensemble du monde
actuellement en ce qui a trait à l'utilisation de certains produits. La
fameuse huile électrique, savez-vous ce qu'on faisait chez nous dans
notre temps avec cela? Tout le monde se lavait les mains pour enlever la
peinture, jusqu'à ce qu'en 1979 on s'aperçoive que ce fameux BPC
était cancérigène s'il était chauffé. Il
faut faire attention: en lui-même il ne l'est pas, mais s'il est
chauffé à telle température il devient
cancérigène parce qu'il amène de la dioxine de furanne. Il
n'y a personne qui le savait; en 1972, chez nous, quand on utilisait cela dans
notre coin, et quand le gars ramassait un transformeur d'Hydro-Québec
dans le bois et qu'il le gardait dans la cour, il le faisait chauffer, il
partait même ses feux avec cela. Mais, quand on s'en est aperçu,
on a arrêté.
Aujourd'hui, ne me parlez pas de ce qui est dans les usines. Je pense
qu'on est à même de bien s'assurer que ces produits sont corrects
en sachant que ce sont des produits dangereux. Ce n'est pas cela que je dis,
c'est que désormais il va y avoir de plus en plus de nouveaux produits
qui vont entrer sur le marché; on en découvre à tous les
jours et à tous les ans il y a de nouveaux produits qui rentrent dans
les usines, c'est de cela qu'on parle, en plus.
Alors, moi, je vous dis que, quand on parle d'entreposage, l'employeur
qui veut entreposer quelque chose a le droit de l'entreposer, et avec diligence
il doit préparer une fiche signalétique à la demande d'un
inspecteur et il ne peut pas l'utiliser avant cela. Il va falloir qu'on
s'assure qu'il y ait un inventaire quelque part de ces choses qui rentrent,
qu'il se fasse. Il va falloir s'assurer que quelqu'un aille vérifier
immédiatement et, là, on aura l'occasion de discuter pour savoir
qui va être responsable de l'information de l'introduction de ces
produits dans l'usine.
C'est de cela qu'on parie. Je ne parie pas du passé, le
passé, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, on a vécu
avec. Ils ont découvert la roue à un moment donné et ils
ont commencé à rouler et depuis ce temps-là il y a des
accidents parce qu'on a augmenté les forces de moteur, mais cela ne veut
rien dire. Ce que cela veut dire, c'est que demain matin il va y avoir un
nouveau produit dans le laboratoire Untel à CIL ou à Consol ou
qu'à telle place ils inventent un nouveau produit, ils veulent
l'utiliser. Moi, je crois comprendre - si je me trompe vous me le dites - qu'au
moment où ils veulent utiliser ce produit on va devoir vérifier
s'il est dangereux ou pas, et là il y aura toute la fameuse
vérification qui sera faite par le fédéral et il y a le
provincial qui s'ajuste à cela, mais à un moment donné il
va arriver dans l'usine Unetelle qu'on dise: Un instant, tu ne peux pas
l'utiliser si tu n'as pas de fiche signalétique, et s'il n'en a pas une,
tu peux l'entreposer, mais en attendant tu ne peux pas l'utiliser; c'est de
cela que je parie. Si je me trompe dis-le-moi. Le passé est
passé, qu'est-ce que vous voulez que je dise, on allait avec les
connaissances qu'on avait. Aujourd'hui, on a de meilleures connaissances et
c'est normal, cela évolue. Ce n'est pas qu'il n'y avait pas de bonnes
connaissances dans le temps, on avait les meilleures connaissances du temps,
aujourd'hui c'est changé. C'est dans ce sens que je parie et c'est pour
cela que je parie, sinon je n'aurais pas aujourd'hui à vous parler. Je
m'en irais tout de suite et je dirais: Adoptez-le, votre mosus de projet de
loi. Mais c'est de cela que je vous parie. Je dis que les travailleurs doivent
être...
M. Séguin: Qu'est-ce que vous trouvez qui n'est pas
acceptable?
M. Jolivet: Je vous le dis là.
M. Séguin: Vous suggérez quoi? Qu'on fasse une
ordonnance pour que l'entreprise sorte les produits de l'usine et les renvoie
aux fabricants? Est-ce cela?
M. Jolivet: II y a peut-être...
M. Séguin: Cela ne me fait rien, faites-moi une
suggestion.
M. Jolivet: II y a peut-être une chose, c'est qu'on
délimite le mot "diligence". Je vous ai proposé de mettre un
maximum de temps dans lequel le libre arbitre de l'inspecteur va...
M. Séguin: Je comprends cela, c'est comme
dans la Loi sur l'impôt où on dit que le ministre rembourse
avec diligence, cotise avec diligence. Alors, on n'a jamais voulu
préciser parce que chaque cas peut être particulier. Dans des cas,
cela peut être deux jours, dans d'autres cela peut être deux mois.
Cela dépend de chaque entreprise. Je pense bien que mon collègue
est bien conscient qu'il ne s'agit pas non plus de faire stopper les
activités d'une entreprise parce qu'on aurait découvert trois
barils de chlore indispensable à la fabrication d'un produit qui ne
porteraient pas d'étiquette, simplement parce que l'étiquette
aurait été mal apposée sur un certain lot de barils ou
enfin... Je pense qu'on peut se fier. Pourquoi ne se fierait-on pas à la
notion de diligence par des inspecteurs? Est-ce qu'on pense que les gens de la
CSST vont être très évasifs,
désintéressés, qu'ils vont se complaire à donner
des délais exagérés? Si c'était le cas on serait
peut-être obligé, à ce moment, d'adopter un
règlement ou de sévir davantage et de restreindre. Mais, comme le
système est nouveau, c'est cela qu'il faut comprendre aussi, on va avoir
besoin d'une forme d'adaptation et on ne sait pas comment les cas par cas vont
se présenter. Je pense bien que mon collègue lui-même
serait bien embêté de trancher dans le vif ce qui serait un
délai. Serait-ce 2, 15, 30, 45 jours? C'est très difficile, et je
pense que c'est peut-être plus prudent à l'arrivée d'un
nouveau système... C'est nouveau, c'est la première fois. Et, si
on fait l'inventaire de l'ensemble des entreprises, on voit qu'il y a eu des
réactions des entrepreneurs qui disaient: Ce sera quand même assez
onéreux pour plusieurs employeurs qui devront s'y conformer. Dans votre
comté, dans le mien et dans tous les comtés, on aura
peut-être des représentations d'employeurs qui diront: J'ai une
petite shoppe, j'ai quinze employés, je suis obligé de faire des
étiquettes et des fiches signalétiques, comment cela va-t-il
fonctionner, etc? C'est pour cela que je dis que...
M. Jolivet: II n'y a rien de trop dispendieux pour la
sécurité et la vie d'une personne.
M. Séguin: ...dans le processus d'implantation d'un
système qui est totalement nouveau au Québec, il est
peut-être prudent de faire une balise par la diligence qui peut
être laissée aux inspecteurs de vérifier. Elle peut se
restreindre avec l'expérience qu'on aura et je vous indique
déjà que la CSST m'informe qu'elle a l'intention d'avoir une
politique de très courte durée en termes de diligence. Ce n'est
pas trois, mais six mois ou un an, on parle de quelques jours, peut-être
une ou deux semaines. C'est ce qu'elle calibre comme étant à peu
près le temps de diligence pour donner un avis à l'employeur, et
si l'inspecteur a eu connaissance de l'infraction, c'est un autre
problème. On n'a pas 15 000 inspecteurs qui vont toutes les semaines
inspecter toutes les usines et tous les lieux de travail au Québec.
Donc, on est confiants que les travailleurs, par leurs représentants,
par les comités de sécurité dans les différentes
usines, aviseront certainement la CSST ou les inspecteurs s'ils constatent des
anomalies. Les inspecteurs vont quand même se promener et vérifier
de temps à autre si c'est conforme et lorsqu'ils constateront
l'infraction, ils donneront un avis de se conformer, avec un temps raisonnable
de diligence, pour faire en sorte que la sécurité soit
assurée. Cela pourrait être dans certains cas une journée,
48 heures, si on voit que c'est simplement une négligence très
technique. Dans d'autres cas, par exemple, s'il s'agit du seul produit dont un
fabricant a absolument besoin, que la prochaine livraison est dans trois
semaines et qu'entre-temps il ne peut pas en avoir, est-ce qu'on va lui dire:
Tu ne peux pas les utiliser, tu ne peux même pas les entreproser, il faut
que tu les sortes?
M. Jolivet: J'espère qu'on n'aura pas le scénario
suivant et qui pourrait être plausible comme n'importe quoi. L'inspecteur
qui fait l'inspection dans une usine, dit: Vous avez trois jours pour vous
conformer, mon cher monsieur, entre-temps vous avez le droit de l'entreposer et
non de l'utiliser. Pendant ce temps l'entreprise appelle un
député, un ministre, le ministre rappelle l'inspecteur et dit:
Es-tu capable de lui donner un délai de cinq jours de plus? Finalement,
au bout de la course, l'individu lui accorde cinq jours de plus et il y a une
explosion: deux morts. Que fait-on avec cela?
M. Séguin: Comme ministre du Revenu, je reçois
beaucoup de demandes, et depuis un mois particulièrement, de
députés de l'Opposition qui me demandent d'utiliser certains
jugements arbitraires contenus dans la loi où le mot "diligence" donne
au ministre du Revenu certaines appréciations.
M. Jolivet: Le ministre du Revenu, avec un impôt qu'on ne
donne pas de façon diligente, il est évident que vous avez
raison, mais là ce n'est pas ça, c'est la santé et la
sécurité au travail, dans le milieu de travail.
M. Séguin: Oui.
M. Jolivet: Je comprends...
M. Séguin: Je vous explique que ce n'est pas à la
CSST, dans le cadre de ce projet de loi, de savoir si le produit, par sa seule
présence, est acceptable, dangereux ou inacceptable. Le projet de loi
vise à s'assurer que l'information par étiquette et fiche est
conforme. Il y a d'autres lois, par exemple, une qui permet au ministère
de l'Environnement d'intervenir sur un lieu s'il constate qu'on entrepose
là des produits jugés dangereux pour le public, la
sécurité publique. Ce n'est pas la CSST qui, en vertu de cette
loi, se donnera le pouvoir de faire sortir
d'un lieu de travail un produit que la CSST jugera dangereux. Ce n'est
pas dans notre mandat.
M. Jolivet: Vous m'inquiétez.
M. Séguin: Ce n'est pas le projet de loi, ce sont d'autres
lois et réglementations qui prévoient ça.
M. Jolivet: En tout cas, vous m'inquiétez beaucoup quand
vous dites ça. Je vous le dis bien honnêtement, vous
m'inquiétez énormément. Si j'étais employé
dans une usine et que j'entendais dire du ministre responsable de ma
santé et de ma sécurité au travail qu'il n'a pas certains
pouvoirs, même celui d'aller devant le juge pour déterminer telle
affaire... Vous m'inquiétez énormément.
M. Séguin: Là, vous mélangez les choses, je
pense.
M. Jolivet: Mais non.
M. Séguin: Si c'était si pressant, pourquoi ne
l'avez-vous pas fait dans le temps que vous étiez là?
M. Jolivet: Ne posez pas cela de même. Ce n'est pas
cela.
M. Séguin: Non, mais c'est la réalité.
M. Jolivet: Vous avez dit que c'était une discussion qui
était amorcée...
M. Séguin: On arrive...
M. Jolivet: Vous n'arrivez pas, cela fait trois ans que vous
êtes là.
M. Séguin: Qui a le droit de parole, Mme la
Présidente?
M. Jolivet: Excusez-moi.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est le ministre qui
a la parole.
M. Jolivet: C'est vrai. (12 h 30)
M. Séguin: Je dis simplement: Voilà un nouveau
système. On peut lui reprocher des défauts, c'est sûr. On
fait quelque chose de nouveau au Québec, pour la première fois,
dans un système d'informations au travailleur. Je ne prétends
pas, Mme la Présidente, que ce projet de loi est parfait. Je ne
prétends pas ça. Il n'y a aucun projet de loi dont on soit
vraiment sûr qu'il soit parfait. Peu importent les gouvernements qui se
succèdent ici, il n'est jamais sûr, peu importe le projet de loi,
qu'il soit parfait. Nous sommes des humains, des hommes et des femmes, on n'est
pas parfaits et c'est nous qui les faisons ou qui contribuons à les
faire. On y va d'après notre jugement et notre
"raisonnabilité".
Cet article me semble raisonnable. Mon collègue suggère
qu'on mette un délai. C'est difficile, à ce stade-ci. Comme le
système n'a jamais fonctionné au Québec, on ne sait pas,
à l'usage, ce qui va paraître être un délai, comment
les entreprises vont pouvoir s'adapter à ces délais. Est-ce qu'on
parle de quinze jours, vingt-et-un jours, deux mois, deux jours? On ne le sait
pas. Alors, je pense que c'est sage de se fier à la notion de diligence
et les inspecteurs de la CSST ont l'obligation d'appliquer la loi.
Ce que je disais il y a quelques minutes à mon collègue,
ce n'est pas que la CSST n'a aucun pouvoir et ne fera rien, seulement
vérifier des étiquettes. On n'est pas ici, Mme la
Présidente, pour parler du rôle de la CSST dans la question de la
prévention au travail, etc. Notre mandat, c'est d'étudier un
projet de loi.
Il y a une autre loi qui donne des pouvoirs à la CSST, comme il y
a d'autres lois qui donnent un pouvoir au ministère de l'Environnement.
D'ailleurs, il y a déjà un projet de loi devant
l'Assemblée nationale pour donner d'autres pouvoirs au ministre de
l'Environnement. Le débat actuel, ce n'est pas de savoir tout ce que
peut faire la CSST dans un lieu de travail, si elle constate que des
normes...
D'ailleurs, je pourrais ajouter, à titre de ministre du Travail,
que le ministère du Travail est responsable de l'application de la loi
sur la sécurité publique dans les bâtiments. Je pourrais
élaborer toute une autre dynamique d'interventions possibles quand, par
exemple, des circuits électriques ne sont pas conformes, quand les
lampes ne sont pas conformes, les tapis ne sont pas conformes, etc. J'ai 850
inspecteurs au ministère du Travail. Cela représente les deux
tiers de l'effectif de tout le ministère du Travail qui sont
voués à l'application de la sécurité publique dans
les bâtiments. J'en ai plus que dans les conflits de travail.
À ce titre, j'ai une loi qui me permet, au ministère du
Travail, d'intervenir dans certains lieux publics pour m'assurer, par exemple
dans les piscines, les lieux publics, les édifices, que les ascenseurs,
les escaliers, les murs, les planchers, les installations électriques,
sanitaires et autres sont conformes à des normes de
sécurité.
Mais ce n'est pas le débat ici de discuter de tout ce qu'un
gouvernement a fait, n'a pas fait ou fait actuellement par rapport à la
prévention. Je suis à l'étude d'un projet de loi qui vise
une nouvelle obligation aux employeurs de faire un affichage par
étiquette. L'étiquette, c'est quoi? C'est une feuille, c'est un
carton, c'est n'importe quoi sur lequel on peut écrire quelque chose qui
est apposé sur un contenant et qui dit: Là-dedans, il y a telle
chose.
La fiche signalétique donne plus de détails, c'est
décrit au règlement, par exemple, la
formule chimique ou des moyens d'intervention. Est-ce qu'on met de l'eau
pour l'éteindre si c'est en feu, une poudre ou telle chose? Ce sont des
informations purement pour aider pour que, en cas d'accident, des travailleurs
soient protégés vis-à-vis de ce produit. Mais on ne vise
nullement, dans le projet de loi, toute la dynamique qui peut exister ailleurs,
pour savoir si le produit, légalement, peut être dans l'usine ou
si l'entreprise a le droit d'en faire des rejets dans l'environnement.
Le cas des huiles usées qu'on me mentionnait tantôt n'est
pas couvert dans notre projet de loi, parce que c'est considéré
comme un déchet industriel qui est déjà assujetti à
une autre loi qui en interdit la manipulation ou l'utilisation dans certaines
conditions, par exemple, on interdit la présence de BPC dans ces huiles
depuis 1978. Mais cela n'a rien à faire avec notre projet de loi.
Donc, je reviens, Mme la Présidente, à la notion de
diligence qui, dans le concept actuel, me semble raisonnable, à
défaut de pouvoir déterminer avec la même
"raisonnabilité" un autre délai. Je peux assurer que la CSST va
vraiment envisager la notion de diligence dans une durée très
courte, très restreinte, très contraignante.
La deuxième intervention que je voulais faire, c'est au sujet de
l'amendement proposé par mon collègue...
M. Jolivet: ...recevable, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Elle est
recevable.
M. Séguin: ...d'ajouter au mot "utilisation", le mot
"manutention" ou "manipulation".
M. Jolivet: Manutention. M. Séguin: Manutention.
M. Jolivet: C'est plus que manipulation.
M. Séguin: Je crois comprendre que le mot "utiliser"
sous-entend la manutention. On ne pourrait pas penser faire de la manutention
si on n'utilisait pas le produit, mais on peut utiliser le produit en faisant
de la manutention.
M. Jolivet: Répétez donc cela, vous. J'ai mal
compris.
M. Séguin: Je pense qu'on ne pourrait pas dire qu'on fait
la manutention d'un produit si on ne l'utilisait pas.
M. Jolivet: Ah! C'est nouveau, cela.
M. Séguin: Bien non, par sens de déduction.
Pouvez-vous concevoir une situation physique où vous seriez capable de
faire la manutention d'un produit sans l'utiliser?
M. Jolivet: Vous êtes sûr que la manutention, cela
veut dire l'utilisation?
M. Séguin: Bien...
M. Jolivet: Allez donc chercher le dictionnaire, pour voir.
M. Séguin: À moins qu'on ne comprenne pas ce...
M. Jolivet: La manipulation, c'est une chose, on manipule une
personne, mais on manutentionne un produit.
M. Séguin: C'est cela. C'est dans le sens...
M. Jolivet: Manutentionner un produit, cela ne veut pas dire
l'utiliser.
M. Séguin: Non?
M. Jolivet: Bien non. Cela ne veut pas dire que je l'utilise au
bout de la course. Je peux le transporter...
M. Séguin: Bien, vous l'utilisez, le mot "utiliser"...
M. Jolivet: Non, non, l'utiliser... Un instant.
M. Séguin: Le mot "utiliser" ne veut pas dire: utiliser
dans la fabrication ou la production d'un autre produit...
M. Jolivet: Bien là, cela...
M. Séguin: Le mot "utiliser" veut dire qu'une personne
physique utilise le produit. Cela veut dire que cela comprend la manutention,
la manipulation, toutes les formes physiques de contact entre l'objet et la
personne, il me semble. Non?
M. Jolivet: "Utiliser", c'est "user". Il y a une bonne
différence. Quand j'use de quelque chose... Aie! Un instant,
là.
M. Séguin: Le dictionnaire...
M. Jolivet: Je vais aller chercher mes mots croisés...
M. Séguin: Le dictionnaire... M. Jolivet: Pas Le
Petit Robert.
M. Séguin: Oui, Le Petit Robert, dictionnaire de la
langue française. Je peux vous donner la date d'édition au cas
où vous croiriez que c'est édition tellement vieille qu'elle
n'est plus fiable. Je pense que c'est une édition...
Une voix: Ce n'est pas l'Ancien Testament, c'est le Nouveau
Testament.
M. Séguin: 1987; le Petit Robert 1987 nous dit, au
mot utilisation: "Action, manière d'utiliser. V. Application,
destination, emploi, maniement". Cela comprend maniement. Alors, je pense que
manutention et manipulation font partie du concept de manier un objet. Le mot
"utiliser", quand on parle d'une personne physique qui doit utiliser ou non un
objet, comprend, je pense, tout contact physique ou lien mécanique
interposé entre la personne et l'objet. Alors, pourquoi ajouter un
sous-entendu au mot "utilisation"? Qu'est-ce que cela ajoute à
l'article?
M. Jolivet: Oui. Vous n'êtes pas avocat, moi non plus.
M. Séguin: Oui, oui, je m'excuse.
M. Jolivet: Excusez-moi, vous êtes avocat. Je pensais que
vous étiez fiscaliste.
Une voix: C'est un fiscaliste avocat. M. Jolivet: Ah!
Excusez-moi. M. Séguin: Je m'excuse de l'être. M.
Jolivet: C'est vrai. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Quand je participais aux commissions parlementaires
où on m'en parlait toujours, quand je négociais, on disait: Trop
fort casse pas. C'est un bon principe.
Chose certaine, Mme la Présidente, c'est que, dans l'utilisation
du mot, les gens disent qu'il est mieux de le prévoir que de ne pas le
prévoir. La manutention ne veut pas nécessairement dire qu'on
utilise, mais on amène... Quand on dit, le maniement, le maniement
d'armes, c'est qu'on les utilise. Manutention, cela peut être apporter
l'appareil, apporter l'instrument, mais pas nécessairement en faire une
utilisation dans le milieu du travail. Donc, je peux manutentionner une huile
quelconque, l'apporter d'un lieu à l'autre sans nécessairement
l'utiliser dans la fabrication.
Une voix: Oh...
M. Jolivet: Non, non, vous riez, mais je pense que c'est
important. Bien oui. Ce n'est pas indiqué à la
télévision, il n'y a pas de télévision ici. Les
gestes qu'on pose ont quelquefois plus de signification que les mots qu'on dit.
C'est ce que je dis du député de La Peltrie qui fait toutes
sortes d'insinuations par les gestes.
M. Cannon: Je n'oserais jamais, M. le député.
M. Jolivet: Je vous connais assez pour savoir ce qui en est. Je
ne vois pas pourquoi on empêcherait le mot "manutention" qui va plus loin
que la simple utilisation.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
l'amendement est-il adopté?
M. Séguin: Ce que je dis, c'est que je ne vois pas
l'intérêt de préciser le mot "utilisation". Je me suis
même permis de vous donner une définition du dictionnaire qui est
éloquente. On dit que cela inclut le maniement et on veut le faire
préciser. Pourquoi l'ajouterait-on? Je pense que le mot "utilisation"
est pris dans son sens large. On dit: L'employeur ne peut utiliser, cela inclut
toutes formes d'intervention sur le produit, que ce soit manipulation,
manutention et d'autres, il ne peut même pas l'utiliser dans un lieu de
travail. Quel terme voulez-vous qui soit plus global, plus
général que "utiliser dans un lieu de travail"? Tous les autres
termes ne sont que des sous-entendus et des particules qui se rattachent au mot
"utilisation". Je veux bien comprendre qu'un amendement peut être
intéressant lorsqu'il bonifie, mais je ne comprends pas
l'intérêt de préciser le mot "utilisation", Mme la
Présidente. Je pense que c'est clair. À moins qu'on ne comprenne
pas le sens du mot "utiliser", ou peut-être que je fais erreur, mais il
me semble que, quand on dit: "Un employeur ne peut permettre l'utilisation ou
l'entreposage d'un produit contrôlé sur un lieu de travail", c'est
clair. À force majeure et a fortiori, il ne peut permettre ni
l'utilisation, ni le maniement, ni toute forme physique directe ou indirecte
d'intervention sur le produit, que ce soit par des machines ou par d'autres
formes, même par des robots, oublions la personne humaine. Cela veut dire
qu'il ne pourrait même pas le faire transiter, le faire travailler dans
l'usine, même par des robots.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va, M. le
député de Laviolette?
M. Jolivet: Oh non! Écoutez, je ne sais pas quel mot vous
avez lu. Vous avez lu "utilisation"?
M. Séguin: "Utiliser" ou "utilisation".
M. Jolivet: Bon, à "utilisation", c'est écrit:
"Action, manière d'utiliser. V. Application, destination, emploi,
maniement." Cela, c'est votre mot utilisation. Allons donc à
"manutention", toujours dans le même dictionnaire, de la même
année: "Maintien", "gestion. Cela, c'est la façon dont on le
décrit dans le dictionnaire, à partir du mot grec et du mot
latin. V. Maintenir cela veut dire: "Manipulation, ça comprend quelque
chose, cela, déplacement manuel ou mécanique de marchandises -
c'est autre chose
que ce que vous dites, soit que le mot manutention veut dire utilisation
- en vue de l'emmagasinage, de l'expédition et de la vente. Appareils de
manutention."
Je maintiens le mot "manutention", Mme la Présidente. La
manutention, c'est le moyen par lequel on déplace des objets
considérés dangereux, qui sont dans des contenants ou autres;
donc, il faut absolument éviter la manutention, pas juste l'utilisation.
Pour l'utilisation, c'est évident. Si je prends ça, je mets de
l'eau, j'utilise tout l'ensemble, je vais boire de l'eau au bout de la course,
si, au moins, je l'amène jusqu'à la bouche. Mais la manutention,
entre les deux, qu'est-ce qu'elle fait? Il y a un contenant et je peux
l'utiliser en prenant ce qu'il y a dedans. Mais la manutention, c'est de le
transporter, avec le fait que, s'il tombe à terre et s'ouvre, qu'il se
déplace et que ça va dans les égouts sanitaires ou
pluviaux de la bâtisse, il y a du danger pour l'environnement. Vous
comprendrez très bien que le mot "manutention" est intéressant,
tel que décrit dans le dictionnaire Petit Robert.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Séguin: Mme la Présidente, je suis
déchiré dans un combat spirituel intense, à savoir si on
doit utiliser le mot "utiliser".
M. Jolivet: Non. Pas "utiliser", les deux.
M. Séguin: Ou les deux. J'avoue que c'est là un
frisson ésotérique très important. Par contre, je me
rassure en pensant que, à l'exemple qu'il donne, on ne peut faire de
manutention si on ne peut utiliser un produit. Si je vous dis que vous ne
pouvez pas utiliser, que vous avez interdiction d'utiliser le produit, vous ne
pouvez pas y toucher, vous ne pouvez pas le transporter, vous ne pouvez pas le
manutentionner, vous ne pouvez rien faire.
M. Jolivet: Bien non!
M. Séguin: Alors, vous avez une notion du mot
"utiliser"...
M. Jolivet: Non, M. le ministre, l'utilisation du produit est
à l'intérieur, c'est la manutention du contenant qui amène
le produit interne. Voyons donc, vous! La manutention, ce n'est pas la
manutention du produit qui est à l'intérieur, c'est la
manutention de tout ce qui permet le transport du produit intérieur.
M. Séguin: On vient de lire dans le dictionnaire,
lui-même le concède, que le mot "utilisation" comprenait le mot
"maniement". Tout ce qu'il dit se réfère au maniement du produit.
La manutention, c'est de manier un produit pour le transporter. Il propose un
amendement, et il ne m'a pas convaincu que le mot "utilisation" n'était
pas complet en soi. Il ne m'a pas convaincu. C'est à lui à me
faire une démonstration que le mot "utilisation" ne serait pas global,
ne serait pas utile, ne serait pas le plus descriptif. Il veut faire ajouter
"manutention". Je lui dis: Manutention est compris dans le mot utilisation. Il
me semble que c'est clair.
M. Jolivet: Ce n'est pas vrai.
M. Séguin: On a un débat linguistique...
M. Jolivet: Important.
M. Séguin: Je dis simplement qu'il ne m'a pas convaincu de
l'opportunité d'accepter de changer le texte pour faire introduire le
mot "manutention".
Une voix: ...le mot "maniement"?
La Présidente (Mme Bélanger): Manutention.
M. Jolivet: C'est retenu?
Une voix: Oui.
M. Jolivet: "Maniement...
Une voix: Avec les mains.
M. Jolivet: ...:Action de tâter, de palper... Chacun des
amas graisseux..." Pas dans ce cas. "Manipulation...
Une voix: C'est ça. C'est celle-là, l'action. (12 h
45)
M. Jolivet: Action ou façon de manier, d'utiliser avec les
mains.
M. Cannon: Avec les mains.
M. Jolivet: Bon, vous allez comprendre une chose. Le produit, ce
n'est pas ce qui est là, ce n'est pas cela. Le produit est dedans. Vous
ne me ferez pas accroire que vous allez avoir des difficultés à
me faire comprendre cela. Le produit est à l'intérieur. Je ne
peux pas manier l'ensemble, manipuler l'ensemble, manutentionner l'ensemble
sans qu'il y ait de danger. Vous riez, mais que va-t-il se produire demain
matin si un produit quelconque est manutentionné d'une place à
l'autre comme les gens comprennent le mot manutention dans l'industrie. Ils
amènent ce produit et, le couvercle pour une raison ou pour une autre
tombe et il se répand à terre. L'ouvrier va être
obligé de l'utiliser, il n'aura pas le choix de le ramasser, n'est-ce
pas? La manutention amène d'autres actions subséquentes, mais
vous ne me ferez pas accroire que vous ne pouvez pas le mettre dedans.
M. Cannon: Ce n'est pas possible, un
enseignant de la langue française. M. Jolivet: Bien, je
comprends. M. Cannon: Incroyable!
M. Séguin: Vous êtes prêts à soutenir
cela en public?
M. Jolivet: Bien je comprends. M. Séguin: Ah, tant
mieux!
M. Jolivet: La preuve, c'est que tout ce que je dis est
inscrit.
M. Séguin: Ah! C'est sûr.
M. Jolivet: Je n'amène pas cela en public, c'est
public!
M. Séguin: Une chance que c'est inscrit.
M. Jolivet: Moi, je ne comprends pas pourquoi le ministre refuse
de mettre - trop fort ne casse pas - un mot de plus qui ne dérange en
rien ce qu'il pense, mais au moins rassure les gens.
M. Séguin: Je n'ai pas d'idée
préconçue pour ou contre. J'essaie aussi de regarder un projet de
loi avec "raisonnabilité" et intelligence. Si on me convainc d'ajouter
des mots, de changer des phrases, de changer des dispositions ou
d'améliorer, je suis le premier à y souscrire. Il faut tout de
même faire une démonstration comme je le fais dans mes arguments
quand je présente un projet de loi, j'essaie aussi de présenter
des amendements qui convainquent ou au minimum justifient la
présentation de mesures. Maintenant, si pour mon collègue c'est
un tel déchirement spirituel, je proposerais la chose suivante pour
montrer tout de même que je suis ouvert au dialogue et à la
possibilité. On peut retenir pour le moment l'article 62.1 et à
la fin de notre projet de loi on reviendra sur son désir de l'amender.
Cela me donnera le temps d'y penser un peu, de voir dans d'autres
dictionnaires, de consulter peut-être l'Office de la langue
française et de voir s'il est logique que nous introduisions un autre
mot pour compléter le sens du mot "utilisable". Je suis prêt
à momentanément suspendre et quand on reviendra à la fin
on aura l'occasion de le compléter.
M. Jolivet: Avant que vous acceptiez cette demande, je voudrais
rappeler une phrase afin que le ministre ait cela dans sa réflexion: "Un
employeur ne peut permettre l'utilisation ou l'entreposage d'un produit
contrôlé sur un lieu de travail à moins qu'il ne soit
pourvu d'une étiquette - j'espère que, si c'est un contenant
liquide, cela va être indiqué sur le contenant, non pas sur le
liquide - et d'une fiche signaléti- que conformes aux dispositions de la
présente loi et des règlements et que le travailleur n'ait
reçu la formation et l'information requises pour accomplir de
façon sécuritaire le travail qui lui est confié."
Il y a un travail de manutention dans l'industrie qui va faire que le
produit va être entreposé quelque part, il va être
transporté dans une autre pièce ou à côté
pour l'utilisation subséquente. C'est ce qu'on appelle la manutention.
L'utilisation, c'est une fois que j'ai manutentionné le récipient
dans lequel se trouve le produit, je l'ouvre et je prends pour utilité
la fabrication du produit que je veux produire avec le mélange de l'un
des deux, trois ou quatre produits que j'aurai qu'il y a à ce moment
utilisation. Mais la manutention, vous allez me permettre de penser que c'est
autre chose qu'une simple utilisation et l'utilisation comprend
nécessairement la partie de la manutention de l'ensemble du produit,
mais la manutention elle-même sans utilisation peut exister aussi parce
que je peux transporter d'une pièce à l'autre l'autre
récipient sans nécessairement utiliser le contenu du
récipient. C'est cela que j'essaie de démontrer au ministre
depuis tout à l'heure. C'est de cela que je parle. Je ne parle pas du
contenu, je parie du contenant qui, en le transportant, peut être
dangereux. Vous ne me ferez pas accroire que ce n'est pas possible.
M. Séguin: Est-ce que je peux me permettre un petit
complément d'information?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Séguin: Le mot "produit" que nous retrouvons à
notre projet comprend le contenant, il faut s'entendre, par définition
dans le règlement. Je pense que la distinction à faire entre le
produit à l'état pur, un liquide par exemple, et le contenant...
Il ne font qu'un au sens du projet de loi, étant bien entendu...
M. Jolivet: Lisez-moi donc cela!
M. Séguin: Étant bien entendu, Mme la
Présidente, qu'on peut difficilement imaginer une livraison d'une
certaine quantité de liquide, sans qu'il soit contenu dans un
contenant.
M. Jolivet: Donnez-moi donc le règlement.
M. Séguin: L'état physique du produit à
l'état pur nécessitant d'être contenu dans un contenant
doit apparaître et le sens du produit contrôlé, s'il est
dans une forme physique qui nécessite un contenant, parce que ce ne sont
pas tous les produits contrôlés qui nécessitent un
contenant... Vous avez des produits qui, à l'état pur, sont
manipulables. Cela peut être certaines barres de métal, de
l'amiante, des produits livrés en vrac comme la poudre, etc., ou qui
sont
livrés à l'état solide sans emballage. Cela peut
arriver. Des lingots de certains métaux, etc. Évidemment, les gaz
qui sont livrés, on peut l'imaginer, sont habituellement dans des
contenants. C'est difficile d'imaginer une situation physique où un gaz
peut être livré sans contenant. Alors, la notion de produit
contrôlé... D'ailleurs, dans les règlements on dit que
l'étiquette doit être apposée sur le produit ou le
contenant, si le produit est contenu dans un contenant. Alors, quand on parle
du mot "utilisation", c'est dans son sens très large, parce qu'on
pourrait, comme je l'ai dit tantôt, faire de l'utilisation sans
manutention, mais on ne peut pas faire de manutention si on ne peut pas
utiliser un produit.
Si mon collègue avait raison, je vois mal comment l'interdiction
d'utiliser un produit pourrait permettre sa manutention.
M. Jolivet: Je m'excuse, Mme la Présidente. M.Séguin: Je pense qu'on tourne en rond.
M. Jolivet: Non, on ne tourne pas en rond. Le ministre dit: On
peut entreposer, mais entreposer, cela veut dire quelque chose en
français, si j'entrepose, je le transporte. Si je le transporte, je le
manipule et si je le manipule, j'en fais la manutention dans le terme qu'on
emploie, mais l'utilisation du produit, c'est autre chose, c'est l'utiliser
pour fabriquer autre chose. Puis, quand le ministre me dit que dans le
règlement il y a une place où le contenant s'appelle produit,
dites-moi donc où parce que je ne l'ai pas encore trouvé. Ou vous
me dites que le contenant équivaut au produit. La seule chose que je
vois, c'est contenant: Tout emballage ou récipient, notamment, un sac,
un baril, une bouteille, une boîte, un tonneau, une canette, un cylindre
ou un réservoir de stockage, ce n'est vraiment pas un produit. Vous ne
me ferez jamais croire cela. Le produit n'est pas l'aluminium qui entoure
l'oxygène qu'il y a dedans.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Séguin: Mme la Présidente, le but de la loi,
c'est de faire en sorte qu'apparaisse une étiquette sur un produit.
Là, on est dans un débat profond, déchirant, à
savoir si le mot "utilisation" est suffisant. Quel est l'objectif de la loi? On
dit ici que, lorsqu'un employeur... La Présidente (Mme
Bélanger): Étiqueter les produits.
M. Séguin: On dit ici l'obligation: Un employeur ne peut
permettre l'utilisation s'il n'y a pas d'étiquette. Je dis à mon
collègue: L'étiquette doit être apposée soit sur le
produit, soit sur le contenant. C'est dans le règlement. Alors, je
l'invite à lire le règlement et la loi partout où on dit
"produit" ou "contenant" et à l'article 2 du règlement, on dit
que le contenant, c'est tout emballage ou récipient, notamment, un sac,
un baril, une bouteille, un tonneau, une canette, un cylindre ou un
réservoir de stockage. L'étiquette: l'article 1, un écrit
apposé sur un produit ou son contenant ou joint à ceux-ci par un
mode quelconque. Il peut notamment s'agir d'un dispositif, d'une
étiquette mobile, d'une estampille, d'un collant, d'un sceau ou d'un
papier d'emballage. Je voudrais bien comprendre le but de mon collègue
de suggérer une modification au mot "utilisation". C'est quoi,
l'idée?
M. Jolivet: C'est parce que je veux la santé et la
sécurité des travailleurs dans l'usine.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Jolivet: il me pose la question, je réponds.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre avait
suggéré de suspendre cet article. Est-ce qu'on le suspend ou si
on continue à le débattre?
M. Jolivet: Non, non.
M. Séguin: Là, il ne veut plus.
M. Jolivet: Ce n'est pas cela, la suspension se fera. On
arrêtera le travail et on arrêtera à 16 heures; ce n'est pas
mon problème. Actuellement, vous me posez une question, je vais vous
répondre.
M. Séguin: Quel est le but de votre modification?
M. Jolivet: Dans une usine quelconque, vous dites ceci: La
personne, tant et aussi longtemps qu'elle n'a pas une étiquette sur le
produit qui est là, peut l'entreposer, sauf que, dans un délai
dit de diligence, la personne qui fera la vérification par un moyen
quelconque lui dira: Tu as tant de jours pour faire ceci. Pendant ce
temps-là, je suis un travailleur, je ne connais aucunement le produit.
Le patron me dit: Tu vas le transporter, l'amener de telle place à telle
place en attendant. Je refuse de le manutentionner. Quel moyen j'ai comme
individu, si je m'aperçois que c'est un produit dangereux puis que je ne
veux pas le manutentionner pour le transporter d'une place à l'autre,
parce que c'est différent "manutentionner" et "utiliser", soyez
sûr de cela...
M. Séguin: Oui.
M. Jolivet: Non, laissez-moi finir! Si je dis: Tu vas le
manutentionner et je décide de ne pas le manutentionner, qu'est-ce qui
m'arrive?
Qu'est-ce qui m'arrive, comme individu? Est-ce que j'ai le droit de
refuser? Si j'ai le droit de refuser, en vertu de quelle loi ai-je le droit de
refuser si je n'ai même pas l'assurance que c'est ce que je pense qu'il y
a là-dedans? Je reçois une boîte et je n'ai pas le droit de
l'ouvrir et il faut que je transporte cette boîte, avec le danger que
ça comporte. Je fais quoi? En vertu de quelle loi ai-je le droit de ne
pas la transporter? Parce qu'on dit là-dedans, qu'il a le droit de
l'entreposer. S'il a le droit de l'entreposer, il a le droit de le
manipuler.
M. Séguin: Le droit de refus de l'empioyé
existe.
M. Jolivet: Où ça?
M. Séguin: À l'article 12... M. Jolivet:
Oui? On va y aller. M. Séguin: ...du projet de loi. M.
Jolivet: Qu'est-ce qu'on dit?
M. Séguin: C'est-à-dire l'article 12 de la Loi sur
la santé et la sécurité du travail.
M. Jolivet: Ah, excusez-moi! Je ne le trouvais pas non plus.
M. Séguin: C'est le retrait préventif. "Un
travailleur a le droit de refuser d'exécuter un travail s'il a des
motifs raisonnables de croire que l'exécution de ce travail l'expose
à un danger pour sa santé, sa sécurité ou son
intégrité physique ou peut avoir l'effet d'exposer une autre
personne à un semblable danger." L'article 12.
M. Jolivet: Oui et vous avez vu... Si le gars dit: Écoute,
ce n'est pas dangereux que je transporte tel produit. Tu vas le transporter et
il y a un accident qui se produit.
M. Séguin: Non, mais écoutez... M. Jolivet:
Non, je vous le dis.
M. Séguin: Si je comprends bien mon collègue, un
inspecteur constate qu'un certain produit dans une usine n'est pas conforme
parce qu'il n'a pas d'étiquette et on interdirait à l'employeur
de le transporter dans un autre lieu pour l'entreposer puisque, d'après
lui, ce serait inacceptable qu'on puisse le manutentionner pour le transporter
ailleurs. Comment l'employeur va-t-il pouvoir l'entreposer s'il ne peut pas
l'enlever du lieu de travail pour le mettre ailleurs? C'est quoi,
l'idée? Qu'est-ce qu'on veut faire? Voyez-vous la situation
concrète d'un inspecteur qui arrive dans une entreprise
pétrochimique à Montréal et qui dit: Tel produit n'a pas
d'éti- quette. Je vous donne quinze jours pour apposer vos
étiquettes.
Comme les barils ou les contenants sont dans un lieu d'une chaîne
de montage quelconque, l'employeur a le droit de les entreposer. Il peut,
à la rigueur, décider de les laisser là ou de les amener
ailleurs, en attendant. Est-ce qu'on va lui interdire la possibilité de
les déplacer alors que le projet de loi a pour but, justement, de les
mettre hors circuit des employés, des travailleurs, tant qu'ils ne sont
pas conformes? Comment vont-ils les sortir, les travailleurs, si on leur dit
qu'ils ne le peuvent pas?
M. Jolivet: Ce n'est pas ça que vous m'avez dit tout
à l'heure. Tout à l'heure, vous m'avez dit que le but du projet
de loi, c'est d'étiqueter.
M. Séguin: Bien, vous le savez autant que mol, le but.
M. Jolivet: Mais étiqueter, cela ne veut pas dire
transporter.
M. Séguin: Non, mais le but ici...
M. Jolivet: Non, mais, écoutez, vous dites la même
chose en même temps tout le temps.
M. Séguin: Bien oui, c'est ce que je vous dis. On veut
empêcher l'employeur d'utiliser un produit qui n'est pas conforme.
M. Jolivet: Mais de l'entreposer en attendant.
M. Séguin: On lui dit: Tu peux l'entreposer en attendant.
Cela veut dire qu'il n'est pas obligé de le sortir de l'usine. C'est
ça que ça veut dire. Si on se parle, c'est ce que cela veut dire.
L'inspecteur lui donne un délai raisonnable pour se conformer et il dit:
En attendant, tu peux le laisser là ou l'entreposer. D'autres lois
pourraient faire, comme je vous l'ai mentionné à l'article 12,
que si l'employé estime que c'est dangereux pour lui et qu'il refuse, il
demande, en vertu de l'article 12, son retrait préventif, parce que,
cela, c'est dangereux; ça ne peut pas rester là.
L'employeur va faire quoi? Ou bien il se conforme à ça ou
bien il prend les produits et il les enlève.
M. Jolivet: II demande à quelqu'un, à un individu:
On sait que c'est dangereux, mais transporte-le quand même.
M. Séguin: L'étiquetage du produit n'a rien
à faire avec la présence dangereuse ou non pour la santé
et la sécurité des travailleurs. C'est couvert par d'autres
dispositions. Je voudrais bien qu'on se comprenne, parce que si, à
chaque fois, c'est le cas qu'on évoque, dans chaque article, on va se
demander pourquoi la préven-
tion n'est pas assurée en vertu de notre projet de loi. Il n'y a
rien dans notre projet de loi qui veut compléter la loi actuelle de la
CSST sur les questions de présence de produits dangereux et de ce qu'on
peut faire, les droits. C'est déjà couvert. On peut en discourir
si on veut les bonifier ou non, mais ce n'est pas notre projet de loi.
Là, on regarde du matériel qui doit porter une
étiquette et on dit: Avec diligence, l'employeur doit les entreposer.
Mais il peut les entreposer là où ils sont. Il n'est pas
obligé de les déplacer. Je pense que le mot "utilisation" est
assez large pour comprendre tout ce qu'on peut faire avec des produits. Ce
n'est pas "utilisation" dans la production. On se rappelle, par exemple, des
barils de solvant pour nettoyer le plancher. Cela peut ne pas être un
produit qui entre dans la fabrication, mais qui est juste accessoire à
l'usine. Cela peut être des savons corrosifs pour se laver les mains.
M. Jolivet: Mais l'utilisation. En tout cas, prenez le mot
"utilisation", vous allez savoir ce que ça veut dire.
M. Séguin: Ce que j'offre à Mme la
Présidente, c'est de suspendre cet article et on continuera. On pourra
revenir à la fin de notre projet de loi avec la proposition.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. La
commission de l'économie et du travail suspend ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 16 h 27)
Le Président (M. Maltais): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux qui avaient été
suspendus à 13 heures. On reprend, à l'article 2, l'article 62.1.
La parole était au ministre.
Une voix: II était question de suspension.
Le Président (M. Maltais): Oui. Je pense que vous aviez
à ce moment, d'un commun accord, décidé de suspendre.
Est-ce que c'est toujours le cas?
M. Séguin: Oui, M. le Président, quitte à y
revenir un peu plus tard.
M. Jolivet: Juste une petite chose parce qu'entre-temps, M. le
Président, j'ai reçu le texte de la CSN et le ministre l'a
certainement reçu aussi. Le ministre a dit une chose ce matin, il a
parlé d'uniformisation quant à la loi canadienne. Je veux lui
rappeler ce pourquoi je faisais des interventions ce matin. Les rensei-
gnements que j'avais eus par téléphone et que j'avais pris sur un
bout de papier étaient sommaires, mais on dit que la loi ontarienne
couvre les agents physiques dangereux dont je faisais mention - je parlais des
lasers; deuxièmement, que les employeurs, dans la loi ontarienne, ont
l'obligation de tenir des inventaires des agents physiques, biologiques ou
chimiques qui sont dangereux et doivent déclarer ces inventaires, ce
dont je faisais mention. On dit aussi que la population peut avoir accès
à l'information sur les matières dangereuses par
l'intermédiaire d'un médecin responsable de la santé
publique, qui pourrait être l'équivalent, comme on le dit, d'un
chef de département de santé communautaire au Québec. On
dit que le chef du service des incendies de la localité où se
trouve l'établissement doit être également informé.
De plus, il y a une procédure de prévue en ce qui concerne la
dilligence de l'employeur à obtenir les informations requises du
fournisseur.
Tout cela simplement - je n'argumenterai pas plus longtemps - pour dire
pourquoi je faisais allusion ce matin à ces discussions-là.
C'était ce que j'avais lu, ce que d'autres confirment, parce que je
donne la confirmation de ce que nous avons fait comme recherche dans la loi
ontarienne. Je sais très bien que le ministre va me dire que la loi
n'est pas adoptée, qu'elle n'est pas terminée, qu'elle suit son
cours comme ici, qu'elle est déposée, etc., mais il reste quand
même qu'il y a des choses qui sont uniformes quant aux principes de base.
Il peut y avoir des modalités sur lesquelles le Québec peut
prendre position comme l'Ontario l'a fait et comme, j'ajouterai, la
Nouvelle-Écosse sur certaines autres parties dont j'aurai l'occasion de
faire mention plus tard dans nos discussions. C'est simplement cela et
j'arrête là mon argumentation. Je pourrais argumenter longuement,
mais je ne suis pas sûr que le ministre accepte mes positions. Alors,
pour le moment, c'est ce que je tenais à dire.
Le Président (M. Maltais): Alors, on suspend l'article
62.1 et son amendement. Avant d'entreprendre l'article 62.2, pour l'information
des membres de la commission, après entente entre les deux partis pour
fins d'accommodement, question d'urgence, la commission ajournera ses travaux
à 17 heures jusqu'à demain, 10 heures.
M. Jolivet: Demain, après la période des
questions.
Le Président (M. Maltais): Après la période
des questions, je m'excuse, sine die.
M. Jolivet: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Maltais): Alors, ce soir, les travaux se
termineront à 17 heures. L'article 62.2, M. le ministre.
M. Séguin: M. le Président, l'article 62.2
prévoit simplement cette obligation dont on parle depuis ce matin
concernant l'employeur qui doit s'assurer d'apposer une étiquette sur le
produit qu'il fabrique et élaborer une fiche signalétique
conforme aux lois et règlements.
Le Président (M. Maltais): Cela va, M. le
député de Laviolette?
M. Jolivet: Juste un instant, que je cherche.
Le Président (M. Maltais): Oui, M. le
député.
M. Jolivet: Non, rien de spécial. Adopté.
Le Président (M. Maltais): Alors, on adopte cet article.
L'article 62.2 est adopté. L'article 62.3. M. le ministre.
M. Séguin: Ici, on indique ce que doit contenir la fiche
signalétique dont on vient de parler à l'article
précédent, M. le Président. C'est, par exemple, la
dénomination chimique du produit et, selon la substance du produit, on
indique les concentrations, en fait, quelques particularités. C'est
énuméré ici à l'article 62.3.
Le Président (M. Maltais): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Voyez, M. le Président, pour dénoter
qu'on ne s'entête jamais sur des choses correctes, on adopte l'article
62.3.
Le Président (M. Maltais): L'article 62.3 est
adopté. Nous passons à l'article 62.4.
M. Séguin: Ici, M. le Président, on indique que
l'étiquette et l'affiche d'un produit doivent être en langue
française. Le texte français peut toutefois être assorti
d'une ou de plusieurs traductions. Ceci afin de s'assurer que, contrairement
à la législation fédérale qui dit que c'est le
bilinguisme et que l'étiquette ou l'affiche doit être faite dans
les deux langues officielles, ici on a pensé qu'il serait plus juste et
équitable, compte tenu de notre législation au Québec, de
nous assurer que le français soit prioritaire de sorte qu'on indique
qu'à tout le moins elle doit être en français, mais que,
évidemment, l'employeur peut décider de faire paraître une
traduction, par exemple, en langue anglaise. Comme les mêmes employeurs
devront se conformer à la législation fédérale qui
prescrit les deux langues officielles, il y a tout lieu de croire qu'en
pratique il serait assez peu vraisemblable de voir une entreprise n'afficher
qu'en français au Québec puisqu'au même moment elle doit
être conforme à la législation fédérale. Mais
pour ne pas brimer la possibilité pour un employeur et ne pas brimer les
droits de certains employés qui comprennent mal le français et
comme ce sont des questions de sécurité et qu'on doit quand
même être davantage précautionneux en termes de
prévention plutôt qu'en termes linguistiques, on permet que cela
puisse se faire dans une autre langue si l'employeur croit que l'autre langue
peut assurer une meilleure compréhension de l'information dans
l'entreprise.
Le Président (M. Maltais): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Oui. Les deux organismes qui nous ont fait parvenir
de la documentation ont une position qui, dans le cas de la FTQ, dit: Tout au
long de sa participation aux travaux d'élaboration du SIMDUT, tant au
niveau de la CSST qu'au niveau pancanadien, elle avait proposé que les
deux langues officielles soient inscrites sur la fiche signalétique.
Donc, on ne prévoit pas cette possibilité, dans le texte actuel,
de voir les langues française et anglaise inscrites, compte tenu
justement des difficultés qui pourraient survenir dans le milieu de
travail. La CSN parle, elle, toujours du texte français, mais elle aussi
parle d'une traduction qui devrait être prescrite en vertu de la langue
majoritairement parlée par la plupart des travailleurs et travailleuses
de rétablissement. Je ne sais pas si le ministre peut nous indiquer
à ce sujet-là de quelle façon on pourrait s'assurer...
Parce qu'actuellement c'est laissé entre les mains fort probablement de
l'inspecteur qui déterminera avec l'employeur quelle langue sera
inscrite sur l'étiquette, en plus du français, parce que le
français est obligatoire, et aussi sur la fiche signalétique.
Je veux savoir si le ministre serait d'accord pour indiquer que c'est
par prescription que devrait être inscrite une traduction qui serait
celle de la majorité des travailleurs et travailleuses de
rétablissement pour éviter les problèmes de
rapidité dans un contexte d'accident ou d'incident majeurs.
M. Séguin: C'est parce qu'on a des suggestions un peu
ambivalentes. Certains groupes nous demandent plutôt les deux langues
officielles, comme la FTQ dans son document. La CSN semble d'accord avec le
principe de primauté du français, avec possibilité de
traduction, mais traduction qui refléterait la majorité
concernée. En pratique, comme je vous l'ai indiqué, on croyait
que l'obligation du fédéral d'avoir les deux langues officielles
était déjà une garantie qu'au moins l'anglais et le
français apparaîtraient. Compte tenu du fait que, au
Québec, on ne semble pas croire que dans des usines il y a des
majorités d'employés qui ne parlent ni français ni anglais
- ce n'est pas impossible; ce n'est peut-être pas très
fréquent et j'avoue qu'on ne connaît pas de cas, à
première vue, où ça pourrait se présenter - on
croyait que, déjà, on faisait une légère entorse au
principe des langues officielles qui était reconnu au
fédéral
et qui était d'ailleurs recommandé par la FTQ.
Dans son dernier document, la FTQ nous répète qu'elle
préférerait revenir aux deux langues officielles pour être
sûre que, au moins, l'anglais et le français soient uniformes et
que, pour une question de sécurité... C'est un peu comme dans les
garages d'automobiles où les gens sont plus habitués à
comprendre le nom des pièces d'automobile en anglais qu'en
français. On s'est demandé comment pondérer cela. On veut
reconnaître que la Charte de la langue française doit trouver
l'application dans son principe en disant que c'est le texte français.
Je pense que c'est clair là-dessus. Quant à la possibilité
d'une traduction, la traduction peut être en anglais sans correspondre
à un groupe d'employés qui pourraient avoir une troisième
langue. Particulièrement au Québec, je pense que du seul fait que
ça doive apparaître en français... S'il y a d'autres
groupes ethniques qui ne comprennent ni le français ni l'anglais, est-ce
qu'on doit imposer la traduction dans cette langue? Je ne sais pas si on peut
aller jusque-là.
Le Président (M. Maltais): Si vous me permettez, je
rencontre moi-même ce problème dans mon comté avec les
autochtones. Vous savez que, pour la majorité d'entre eux... Il y a des
Naskapis, des Montagnais et des Attikameks chez nous. La deuxième langue
des Montagnais, c'est le français; celle des Naskapis est l'anglais et,
pour les Attikameks, c'est mêlé. Ces gens travaillent en
particulier sur les lignes de chemin de fer des villes nordiques. Il y en a qui
ne parlent que leur langue maternelle. Je me posais la question à savoir
si, dans des cas vraiment exceptionnels - ça doit également
exister en Ungava, ça doit exister en Abitibi et peut-être
même dans le nord de votre comté, M. le député de
Laviolette - dans la réglementation que vous allez soumettre avec le
projet de loi, on ne devrait pas indiquer à l'employeur, d'une certaine
façon, qu'il doit s'assurer que les travailleurs pourront comprendre les
étiquettes sur les produits. il y a un autre point que je voulais
soulever comme question d'information, M. le ministre. Les produits
d'importation qui sont, en général, dans la langue du pays
où ils sont fabriqués sont étiquetés en anglais.
Est-ce que dans la législation fédérale on a
indiqué que ces produits qui vont entrer au Québec et au Canada
devront être étiquetés en anglais et en français, ou
dans la langue du pays de provenance et uniquement en anglais?
M. Séguin: Les produits qui vont circuler au Québec
doivent avoir au moins le français et ils ne sont pas obligatoirement
accompagnés de la traduction anglaise. Comme la plupart des fournisseurs
et des employeurs vont vouloir avoir un système qui leur permette de
livrer ces produits en Ontario et dans d'autres provinces, tant qu'à
faire un étiquetage, ils vont le faire dans les deux langues
officielles. On n'a pas voulu le limiter au seul usage du français. On
aurait peut-être causé un problème en disant que seul le
français est permis en interdisant l'affichage d'une traduction
anglaise. On n'est pas dans l'affichage commercial, c'est simplement un
étiquetage de sécurité, et je pense que cela serait
allé au-delà de ce que la Charte de la langue française
prévoyait. Je pense qu'on est d'accord là-dessus. On aurait
soulevé un dilemme énorme pour les entreprises, en exigeant un
double étiquetage; si le produit s'en va au Québec, on
enlève la traduction, et s'il va en Ontario, c'est dans les deux langues
officielles.
Les échos qu'on a de l'industrie et de l'ensemble des employeurs,
c'est qu'ils ne courront pas de risque, ils vont faire les étiquettes
dans les deux langues pour être sûrs que le produit va circuler une
fois qu'il sera sur le marché. La plupart des employeurs
concernés ont des entreprises en Ontario et au Québec, alors j'ai
bien l'impression que... Cependant, on a estimé qu'on pourrait avoir une
entreprise au Québec qui ne fait affaire qu'au Québec, qui est
presque entièrement en langue française et dont certains
employés parlent une autre langue. On rejoint le principe même
suggéré par la CSN et la FTQ qui acceptaient une autre langue par
mesure de sécurité. Ce n'est plus le temps, quand vous avez une
explosion, de savoir si vous avez bien compris le mot français ou
anglais. Donc, on met les deux langues.
M. Jolivet: On a eu ça avec le mot "manutention".
M. Séguin: Utilisation ou manutention. On le met dans les
deux langues les plus connues, le français et l'anglais. Y a-t-il le
danger qu'une tierce langue soit... On ne veut pas non plus en faire une
prescription dans la loi pour obliger les entreprises à engager des
traducteurs du seul fait qu'elles n'auraient qu'un seul employé qui
parlerait une autre langue. Que déjà ça apparaisse dans
les deux langues, ça nous semble très correct, très
suffisant, et l'obligation est là. On a pensé que c'était
encore plus respectueux de la langue française de l'écrire comme
ça, en disant que ça doit être dans la version
française, et de laisser le libre choix à une traduction -
ça, c'est l'employeur qui l'ajoutera - que de permettre les deux langues
officielles pour éviter que le français ne passe en
deuxième par rapport à la façon d'étiqueter,
etc.
Je pense qu'on indique vraiment, dans notre projet de loi, une
espèce de primauté à la langue française et que le
reste est une traduction. Pour éviter des conflits
d'interprétation sur la rédaction du texte français, en
disant que c'est le texte français qui prime et que les autres sont une
traduction, on indique alors que la traduction est donnée à titre
de service pour ceux qui parlent anglais ou une autre langue.
M. Jolivet: La tendance dont vous faites mention, M. le ministre,
est justement de dire qu'on ne courra pas de risque, qu'on ne fera pas de
fiches signalétiques ni d'étiquettes qui ne soient
françaises et anglaises. Je pense que c'est l'impression qu'on peut
avoir. Toutefois, si on l'interprète de façon restrictive comme
des fois les gens sont portés à le faire, comme mon travail
m'invite à le faire actuellement, on dit: "Le texte français peut
être assorti d'une ou plusieurs traductions." La tendance qui pourrait
exister, c'est que les gens disent: II y a déjà une traduction,
elle est anglaise, ne m'achale plus, je n'en mets plus d'autres. Et c'est
là qu'arrive la question que pose mon collègue de Saguenay et que
je pose: Si on est à Montréal, par exemple, que des gens sont
espagnols, chinois ou d'une autre langue et que, pour des raisons de
sécurité, ils ont besoin d'une interprétation rapide, ils
ne voient pas leur langue. C'est là qu'on devrait obliger et c'est
là que je dis par prescription. Vous avez souvent dans le secteur du
textile des groupes qui sont italiens, qui travaillent là depuis fort
longtemps. On les voit, on les connaît. Vous avez d'autres personnes dans
d'autres secteurs. Y aurait-il moyen, si ce n'est pas dans la loi, qu'au moins
dans le règlement on dise: Après avoir consulté le monde
là-bas, on s'aperçoit qu'une majorité, pas la
majorité, qu'une majorité de travailleurs sont d'une autre langue
et que pour leur sécurité - c'est ce que vous recherchez - il
serait bon que la deuxième traduction - on ne considérerait pas
l'anglais comme une traduction - soit dans la langue de ceux qui la parlent
majoritairement?
Le Président (M. Maltais): N'y aurait-il pas une solution,
M. le ministre - si vous me le permettez, M. le député de
Laviolette - soit de permettre aux entreprises de réétiqueter
pour la majorité des travailleurs en faisant imprimer des
étiquettes et en les mettant là? On a vu ça dans certaines
usines. J'ai vu ça, par exemple, à Québec, à
l'Ontario Paper pour les autochtones; ils mettent une étiquette en
montagnais sur des barils. Cela veut dire: Ne touche pas, n'allume pas de
cigarette, ne fais rien là, ça va sauter. Mais il faut que le
gars comprenne. Est-ce que ça peut se faire par réglementation?
On n'est pas obligés de l'écrire dans le projet de loi?
M. Séguin: Remarquez qu'un employeur pourrait
décider de ne pas rendre disponible une traduction et se limiter...
Le Président (M. Maltais): À la loi. Parce que
c'est la sécurité...
M. Séguin: ...à l'étiquetage
français. À moins qu'on ne revienne à l'autre version qui
est de dire carrément que c'est dans les deux langues officielles,
l'anglais et le français, et que c'est une obligation, comme c'est au
gouvernement fédéral et comme certaines parties nous le
recommandent. À ce moment-ci, à l'article 62.4, seul le
français est obligatoire et l'employeur peut décider de rendre
disponible une ou des versions dans d'autres langues. Mais il pourrait arriver
que l'employeur décide de ne pas le faire, s'il est au Québec et
que ça ne lui cause pas de problème. Mais on se dit qu'on est
quand même au Québec, avec une population à 85 %
francophone. Si un comité de sécurité ou un
représentant syndical qui a reçu l'étiquette fait une
représentation au nom des employés pour qu'ils aient une version,
je ne vois pas pourquoi l'employeur refuserait. Ce n'est pas très
onéreux. (16 h 45)
M. Jolivet: Je comprends très bien le français. Je
pense que je n'ai pas d'objection que ce soit comme tel, c'est clair. La seule
chose, c'est que, si on dit par prescription, on met dans le règlement
quelque chose qui nous permet de dire: Après avoir vérifié
la langue parlée de la majorité, on indique que ce sera
l'anglais. Tant mieux si déjà... On parle de
sécurité; d'ailleurs, la loi 101 faisait mention de ces
problèmes parce qu'il faut tenir compte de la santé et de la
sécurité des gens. À ce moment-là, qu'on indique
que la langue prescrite dans cette usine, c'est l'anglais comme langue seconde
qui serait la traduction. Dans d'autres cas, ce pourrait être une autre
langue. C'est pour cela que je dis par prescription. On dit: Oui, d'accord,
c'est le français en priorité, assorti d'une ou plusieurs
traductions, lesquelles devraient être prescrites à la suite d'une
rencontre dans l'usine.
M. Séguin: Je vais apporter un éclairage à
mon collègue. L'article 51, au paragraphe 9°, de la Loi sur la
santé et la sécurité du travail dit que l'employeur doit
"informer adéquatement le travailleur sur les risques reliés
à son travail et lui assurer la formation, l'entraînement et la
supervision appropriés afin de faire en sorte que le travailleur ait
l'habileté et les connaissances requises pour accomplir de façon
sécuritaire le travail qui lui est confié". Dans ce
sens-là, si un employé se sent dans une situation
périlleuse parce qu'il ne comprend pas, il peut alléguer son
droit et demander à être protégé de ce
côté.
Le Président (M. Maltais): Vous avez raison, M. le
ministre.
M. Séguin: On veut éviter que, si dans une
entreprise dix personnes parlent espagnol, dix autres portugais, dix autres
chinois, chacun demande une traduction, alors que ces gens comprennent
peut-être communément l'anglais. Il y a plusieurs populations
immigrantes au Québec qui sont peut-être moins familières
avec le français, mais davantage avec l'anglais, ou l'inverse. C'est
peut-être à l'employeur, qui a la responsabilité d'informer
ses employés en vertu de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail, de mettre à leur disposition une
information qu'ils peuvent comprendre; on devrait peut-être
se fier au bon sens des parties. Remarquez que, si on voyait une
aberration se développer, on serait les premiers à réagir;
mais on a un peu de difficulté à voir des situations. On dit
à l'employeur: Vous pouvez faire des traductions pour informer vos gens;
si vous avez dix traductions à donner, parce que vous avez dix langues
courantes et que les gens ne comprennent ni le français ni l'anglais,
vous les ferez. Sans cela, il ne pourra pas parler, de toute façon, de
quoi que ce soit dans l'entreprise.
M. Jolivet: Je comprends ce que le ministre dit. La seule chose,
c'est que, quand on parlait de langue majoritairement parlée dans
l'usine, on comprenait que, si c'était le français,
peut-être que l'anglais serait l'autre langue majoritairement
parlée. D'un autre côté, des fois, ce peut être une
autre langue, soit l'espagnol, le portugais ou l'italien, de telle sorte que
les gens soient assurés qu'il y ait quelqu'un quelque part, comme
l'inspecteur, qui pourrait dire: Écoutez, je prescris que ce doit
être cette langue-là, pour qu'on s'assure que les gens aient fa
meilleure information possible. C'est dans ce sens-là. Ce n'est
peut-être pas dans la loi, mais peut-être dans le règlement,
qu'il faut inscrire qu'on donne le rôle à l'inspecteur,
après consultation, de prescrire une autre langue comme traduction en
disant: Écoutez, essayez de vous organiser pour donner l'information
aussi dans cette langue.
M. Séguin: On m'informe, comme je le mentionnais
tantôt, que c'est déjà couvert par l'article 51.9° de
la Loi sur la santé et la sécurité du travail. Les
inspecteurs ont déjà comme mission de voir... On semble dire que
c'est une protection suffisante pour le moment.
M. Jolivet: D'accord.
Le Président (M. Maltais): Adopté, mais avant, M.
le député de La Peltrie.
M. Cannon: Peut-être un point d'information, M. le
Président. Avant de me lancer activement en politique, j'étais
propriétaire d'une entreprise et notre matière première
nous parvenait à la fois des États-Unis et de la Suède.
Inutile de vous dire que, lorsque nous recevions notre matière
première de la Suède, ce n'était pas traduit. Nous ne
passions pas par un grossiste, pour une question d'économie. Je me
rappelle qu'à une occasion, un de nos fournisseurs des
États-Unis, en ce qui a trait à un produit chimique dans un
contenant plastifié - cela s'appelle du "flox", une espèce de
produit utilisé avant la phase de soudure - nous avait envoyé le
baril avec une fiche technique décrivant le contenant
complètement en anglais, sans aucune traduction. Moi, je voudrais
simplement être sûr, cet après-midi, dans
l'éventualité où un manufacturier ou un producteur
achète un produit de l'étranger sans passer par un grossiste
québécois, qui, lui, va en traduire l'étiquette, qu'il y
ait un mécanisme de prévu quelque part pour que celui qui
achète et que les travailleurs sur le plancher de l'usine sachent
très rapidement quel en est le contenu, advenant un cas de brûlure
avec de l'acide ou quelque chose comme cela.
M. Séguin: Effectivement, la loi assujettit les lieux de
travail au Québec, peu importent la provenance et la fabrication du
produit, de sorte que, dès qu'on a un lieu de travail, cela s'applique,
et les inspecteurs de la CSST vont pouvoir vérifier. On verra un peu
plus loin que les représentants des travailleurs dans l'usine, dans le
lieu de travail, ont certaines prérogatives pour s'assurer d'avoir
l'information, le fiche au moins en français. Déjà, en
partant, on s'assure de cela. L'employeur qui ne voudrait pas donner une
version anglaise pourrait le faire, comme je l'ai indiqué tantôt.
S'il y a des demandes à l'intérieur du groupe des travailleurs,
il va quand même devoir respecter son obligation d'informer
raisonnablement les travailleurs dans leur langue sur les conditions. Alors, en
pratique, il va être obligé de le faire et l'inspecteur de la CSST
pourrait sévir s'il ne le faisait pas. Par exemple, si des traductions
étaient en français et dans une autre langue comme le
suédois et que 40 % des ouvriers ne parlant qu'anglais se sentaient
lésés de ne rien comprendre du français ou du
suédois, ceux-ci pourraient alléguer l'article 59.1°;
à ce moment-là, on pourrait contraindre l'employeur à
donner, par la loi actuelle, l'information convenablement.
Le Président (M. Maltais): Ça va? L'article 62.4
étant adopté, j'appelle l'article 62.5. M. le ministre.
M. Séguin: Oui. Ici, on ajoute: "En outre des obligations
qui lui sont faites en vertu de l'article 51...", et je viens de donner une
obligation. L'article 51 est dans la Loi sur la santé et la
sécurité du travail et il prescrit un ensemble d'obligations et
d'engagements qui incombent à l'employeur, dont celle que je viens de
donner à l'article 51.9° d'informer convenablement les gens. Ce
matin, on a vu à l'article 51.12 une autre obligation.
Ici, on dit: En plus de cela, "un employeur doit appliquer un programme
de formation et d'information concernant les produits contrôlés
dont le contenu minimum est déterminé par règlement. "Le
programme de formation " et d'information est établi par le
comité de santé et de sécurité. La procédure
prévue à l'article 79 - toujours de la Loi sur la santé et
la sécurité du travail - s'applique en cas de désaccord au
sein du comité. "En l'absence de comité de santé et de
sécurité, le programme de formation et d'information est
établi par l'employeur, en consultation
avec toute personne désignée par entente entre celui-ci et
les travailleurs - à titre d'exemple, des représentants du groupe
de travailleurs. "Ce programme doit être mis à jour annuellement
ou aussitôt que les circonstances le requièrent." Si c'est avant
un an. "Il est intégré au programme de prévention
lorsqu'un tel programme doit être mis en application dans
l'établissement."
Je ne sais pas s'il y a des interventions?
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Maltais): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Je m'excuse auprès du secrétaire qui
nous a demandé de donner des amendements par écrit, mais on a
reçu cela cet après-midi. Alors, on s'organisera pour que demain
on puisse avoir les copies convenables. Je dois vous dire qu'on a un
problème qui se situe à l'alinéa 3 de l'article 62.5. On
dit: "En l'absence de comité de santé et de
sécurité, le programme de formation et d'information est
établi par l'employeur, en consultation avec toute personne
désignée par entente entre celui-ci et les travailleurs."
Il y a une logique qui devrait normalement nous appeler à
proposer un amendement: on devrait regarder l'association
accréditée dans chacun des lieux de travail. Quand on dit "les
travailleurs", cela laisse trop la porte ouverte à une
vérification que l'employeur pourrait faire par-dessus la tête de
l'organisme visé par le Code du travail. Donc, il me semble qu'il faut
s'assurer qu'en l'absence d'un comité formé en vertu de la loi,
comité qu'on appelle institutionnel pour l'ensemble de la santé
et de la sécurité du travail, la consultation se fasse par
l'association accréditée et, s'il n'y avait pas d'association
accréditée, parce que cela pourrait exister, par toute personne
désignée par les travailleurs. Donc, quand on dit "en
consultation avec toute personne désignée par entente avec
celle-ci et les travailleurs", c'est une chose, mais il y a aussi l'association
accréditée. Les deux organismes syndicaux indiquent que des
milliers d'établissements au Québec dont l'effectif est
syndiqué ne possèdent malheureusement pas de comité
institutionnel prévu par la Loi sur la santé et la
sécurité du travail et, pourtant, ils ont un interlocuteur
structuré, apte à discuter de programmes de formation et
d'information.
Donc, je pense que la proposition que nous ferions serait d'ajouter
à l'alinéa 3, après les mots "établi par
l'employeur", les mots "en consultation avec l'association
accréditée et, à défaut également de
celle-ci, en consultation avec le représentant des travailleurs au sein
de l'établissement." ou quelque chose de semblable. C'est la proposition
que nous ferions, à savoir de montrer une sorte de hiérarchie
qu'il est normal, convenable de présenter et qui indiquerait de
consulter d'abord l'association accréditée et, s'il n'y en a pas,
le représentant des travailleurs, mais au sein de
l'établissement, parce que rien n'indique que ce soient les travailleurs
qui sont au sein de l'établissement dans l'article qui est là. On
dit: "toute personne désignée par entente entre celui-ci et les
travailleurs".
Vous savez, des fois il y a des pressions qui peuvent exister dans les
lieux où il n'y a pas de syndicat ou de comité consultatif. Il
n'y a rien. Il n'y a pas de comité institutionnel en vertu de la Loi sur
la santé et la sécurité du travail. De telles pressions
pourraient être exercées et on pourrait dire: Vous allez prendre
celui-là, sinon je ne vous en donne pas. Je pense qu'il faut absolument
s'assurer que les travailleurs qui vivent dans l'établissement soient
ceux qui sont consultés, soit par la nomination d'une personne
nommée après rencontre avec les travailleurs ou, encore, par
l'association accréditée qui en est responsable en vertu de la
loi sur le Code du travail.
Alors, l'amendement qu'on déposerait - on peut le discuter. Je
pense qu'il est recevable - ce serait d'ajouter après le mot
"employeur", les mots "en consultation avec l'association
accréditée et, à défaut également de
celle-ci, en consultation avec le représentant des travailleurs au sein
de l'établissement." Donc, ça ferait sauter tout le reste
après le mot "employeur,". On déposerait l'amendement de
façon formelle demain matin, vu qu'on va terminer dans quelques
minutes.
Le Président (M. Maltais): M. le ministre.
M. Séguin: Juste avant que vous ne vous prononciez sur la
recevabilité - je pense qu'il n'y a aucun problème sur la
recevabilité - je veux juste suggérer une chose. À
l'article suivant, 62.6, il y a une formulation qui ressemble un peu à
ça, au paragraphe 3°, où on dit: "sous réserve de
l'article 62.7, révéler, sur demande, les sources de
renseignements relatifs aux données toxicologiques ayant servi à
l'élaboration de la fiche signalétique qu'il possède
à tout travailleur intéressé de l'établissement, au
comité de santé et de sécurité ou au
représentant à la prévention, ou, à défaut
de comité de santé et de sécurité et de
représentant à la prévention, à l'association
accréditée ou, à défaut également de
celle-ci, au représentant des travailleurs au sein de
l'établissement."
M. Jolivet: C'est exactement...
M. Séguin: Cette dernière formulation a fait
l'objet de discussions, il n'y a pas longtemps, avec les parties patronales et
syndicales et on croyait qu'ici on couvrait pas mal par cascades descendantes
les autorités qui peuvent être consultées et qu'à
leur défaut on passe à des... parce qu'il peut arriver que, dans
des entreprises, II n'y ait pas de syndicat, de groupe ou de comité.
Alors, on passe par priorité. Si mes
collègues de l'Opposition et les membres de la commission
étaient d'accord là-dessus, on pourrait convenir d'uniformiser
les deux textes 62.5 et 62.6.
M. Jolivet: Les deux textes, l'un pour l'information...
M. Séguin: La même phraséologie.
Le Président (M. Maltais): On adopterait l'article 62.5 et
on reviendrait demain matin à votre amendement à 62.6.3°?
Non?
M. Séguin: On peut le faire demain.
Une voix: Non, non! Ce n'est pas ce qu'il dit.
M. Jolivet: Non, non, non! Ce que je peux comprendre du ministre,
c'est qu'on dirait qu'en l'absence du comité... On prendrait la
même... Il faudrait peut-être le vérifier, mais je n'ai pas
d'objection majeure dans le contexte où on dit ceci: "En l'absence de
comité de santé et de sécurité, le programme de
formation et d'information est établi par l'employeur", et là, on
dirait: "en consultation avec l'association accréditée ou,
à défaut également de celle-ci, avec le
représentant des travailleurs au sein de l'établissement." S'il y
avait ça, j'accepterais, avec l'amendement qu'on reformulerait demain
matin pour être sûrs...
M. Séguin: Parfait! Reformulez votre amendement en vous
inspirant de l'article 62.6.
M. Jolivet: Parfait!
Le Président (M. Maltais): Demain matin, M. le
député de Laviolette, vous déposerez votre amendement et
on fera la coordination.
M. Séguin: Je peux dire d'avance qu'il est recevable, M.
le Président, et qu'on n'aura même pas besoin de débat.
Le Président (M. Maltais): C'est ça, il est
recevable, il n'y a pas de problème. Compte tenu de l'entente qu'il y a
eu, on adoptera l'article 62.5 demain avec l'amendement.
M. Jolivet: ...l'amendement qui, demain...
Le Président (M. Maltais): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 heures)