Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures trente et une minutes)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Maltais: M. le Président, il est 15 h 40.
Le Président (M. Audet): Je le sais, M. le
député de Saguenay. Je déclare la séance ouverte.
Je vous rappelle le mandat de la commission: procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 74, Loi modifiant la
Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles et la Loi sur
les accidents du travail.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a un seul
remplacement. M. Théorêt (Vimont) est remplacé par M. Audet
(Beauce-Nord).
Projet de loi 74
Le Président (M. Audet): Merci. Il n'y a pas de motions
préliminaires concernant les travaux. M. le ministre.
M. Jolivet: Vous avez dit des motions préliminaires?
Le Président (M. Audet): Dans la présentation,
oui.
M. Jolivet: Ce sont des remarques.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, vous avez la
parole.
Remarques préliminaires M. Yves
Séguin
M. Séguin: Oui, M. le Président, je vous remercie.
J'aimerais indiquer, à l'occasion de l'étude du projet de loi 74,
que je suis accompagné de certains collaborateurs du ministère du
Travail et de la CSST. De plus, j'aurai l'occasion de déposer certains
amendements pour tenir compte des représentations qui m'ont
été acheminées par différents organismes et
même par mon collègue, Se critique de l'Opposition. Ce sont des
représentations qui me sont apparues intéressantes, dans le but
d'apporter une bonification au projet de loi et d'apaiser en même temps
certaines inquiétudes. Donc, je n'hésite pas à y
souscrire.
Le projet de loi est relativement court, quelques articles, il a pour
but de contrecarrer, si je puis dire, l'effet d'un jugement de la Cour d'appel
qui a eu comme conclusion de déclarer certains programmes
élaborés par la CSST depuis 1980 illégaux permettant
à des employeurs de se soustraire aux engagements financiers de ces
programmes, de payer des frais qui en découlaient au motif que ces
programmes n'avaient pas été établis par la CSST par
règlement. Donc, le projet de loi 74 n'a pour seul but que de
réparer ou d'empêcher l'effet d'un jugement de la Cour d'appel
qui, actuellement, si nous ne procédions pas, et le plus rapidement
possible étant donné qu'un appel à la Cour suprême
du Canada a été rejeté récemment, de sorte que le
jugement de la Cour d'appel du Québec a pleinement son effet en faveur
des employeurs qui ont contesté ces programmes, lesquels pourraient
actuellement, pour le passé, demander remboursement et, pour le futur,
ne plus payer les indemnités que reçoivent encore un grand nombre
d'accidentés du travail qui, malgré que l'accident ait eu lieu
avant le 19 août 1985, parce qu'ici je fais une parenthèse, ce que
nous avons à discuter ne s'applique que pour une période de
quelques années arrêtée au 19 août 1985,
entrée en vigueur de la loi 42 qui, pour le reste, a pris en charge les
programmes en question... de sorte que le Jugement de la Cour d'appel aurait un
effet vis-à-vis des personnes qui ont réclamé des
indemnisations et qui ont bénéficié d'indemnisations pour
cette période arrêtée dans le temps au 19 août 1985,
mais qui en reçoivent encore, étant donné ces accidents ou
réclamations établis avant le 19 août 1985...
Le projet de loi n'a pas une portée de revoir les politiques, les
programmes ou les orientations de la CSST vis-à-vis de ces
programmes-là. La seule intention, comme je l'indique, c'est de
contrecarrer l'effet de jugement pour que ni la CSST ni les accidentés
se retrouvent devant un arrêt des programmes et, évidemment, des
versements. Les quelques amendements vont répondre favorablement aux
commentaires reçus. Je dois indiquer, tout de suite, M. le
Président, que ce projet de loi ne traite malheureusement pas de la
question de l'indexation de ces programmes. Je sais que des groupes, des
représentants ont voulu qu'on s'y attarde, que les personnes qui ont
reçu des indemnisations avec ces programmes-là jusqu'en 1985, se
sont plaintes de ne pas avoir eu d'indexation dans le temps et que cela leur
porte préjudice étant donné, comme on le sait,
évidemment, le pouvoir économique s'affaiblit d'année en
année par l'inflation, etc. Donc ils auraient souhaité une
indexation.
Très brièvement, je réponds que j'ai une
très grande sympathie à la question. J'ai déjà
demandé à la CSST de faire une étude sur l'ensemble de ces
programmes arrêtés dans le temps au 19 août 1985 et
d'établir un rapport me permettant de faire une analyse et de voir
comment on pourrait, à l'intérieur de ces groupes, apporter une
bonification, une indexation
ou, en fait, toute forme d'appellation qui ferait qu'on permettrait
à ces gens de faire du rattrapage économique sur les
indemnités qu'ils ont reçues. Il a été impossible,
compte tenu des courts délais et de la rapidité avec laquelle
nous devons procéder à l'adoption du projet de loi, de faire
toute cette étude assez complexe de l'indexation. Cependant, dans un
deuxième temps, après ce projet de loi, je vais continuer les
discussions avec la CSST et voir de quelle façon, possiblement dans les
prochains mois, on pourra convenir d'un cheminement qui pourrait valoriser les
indemnisations reçues par ces gens.
Un autre aspect nous empêcherait peut-être de
procéder au volet de l'indexation, même si nous avions pu
procéder rapidement dans l'élaboration d'un dossier. Étant
donné, M. le Président, que le projet de loi a un effet
rétroactif et qu'il est assez exceptionnel que le gouvernement du
Québec procède par un tel projet de loi avec une
déclaration, dans le fond, dans un projet de loi avec effet
rétroactif, à ma connaissance, c,est la première fois que
ça se fait ainsi au Québec et peut-être la deuxième
si je prends en compte la déclaration du ministre des Finances
concernant l'application de la taxe de vente sur le matériel roulant,
décision prise par le ministre des Finances iI y a environ six ou huit
mois. Ce sont là, je pense, deux précédents dans
l'histoire du Québec où un gouvernement, en application d'une loi
après plusieurs années, procède par une loi pour amender
rétroactivement et confirmer l'intention du législateur,
rétroactivement; compte tenu de l'intérêt public et compte
tenu que, si nous ne le faisions pas, comme je l'expliquais tantôt, les
jugements auraient effet, amputeraient ces programmes et soustrairaient les
employeurs à leur obligation. Le gouvernement a donc convenu de
procéder à ce projet de loi, de sorts que l'indexation se
retrouverait dans un volet rétroactif et créerait une nouvelle
obligation aux employeurs par effet rétroactif, ce qui nous semble - je
ne veux pas donner une opinlon juridique - ou pourrait sembler, en tout cas,
illégale ou comporter un volet facilement attaquable devant les
tribunaux ou par les employeurs, ce qui pourrait également mettre en jeu
l'ensemble du projet de loi 74. C'est donc une autre raison qui s'ajoutait
à la premiere pour ne pas, dans ce projet de loi, impliquer autre chose
que l'intention de ne pas permettre l'effet du jugement de la Cour d'appel du
Québec en portant illégalité des programmes en
question.
C'était essentiellement, M. le Préssient, mes quelques
commentaires à ce stade-ci. J'aurai l'occasion, bien sûr, à
chaque article, de préciser les objectifs de chacun des articles, de
répondre aux questions des membres de la commlssion et d'introduire, au
fur et à mesure, les amendements. Il y en a un au premier article et
quelques autres. Dès qu'ils seront disponibles, dans quelques minutes,
on pourra les distribuer aux membres. Je vous remercie.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Le but que nous
recherchons tous - nous avons déjà regardé le principe du
projet de loi à l'Assemblée nationale - est de légaliser
des programmes qui avaient été jugés illégaux.
Compte tenu de la décision de la Cour supérieure de ne pas
entendre l'appel, cela fait en sorte qu'on doit procéder. Cependant, on
ne doit pas procéder, et c'est ce que je veux discuter avec le
ministre... On ne peut pas changer cette décision et faire en sorte que,
finalement, on se retrouve avec des modiflcations aux programmes
déjà existants et, surtout, si on considère chacun des
travailleurs qui sont à l'intérieur de ces programmes, que ce
soit ceux qui doivent être étudiés au nombre d'environ
2000, le ministre faisait mention de 7000 au total; les 5000 qui sont
déjà d'anciens programmes. On ne veut pas, en aucune
façon, venir changer à la baisse comme semblerait vouloir le
faire certaines personnes qui sont membres du conseil d'administration de la
CSST et qui représentent le côté patronal, des gens qui ont
eu des droits et qui, finalement, se retrouveraient dans des conditions
vraiment désagréables. Donc, il y a, par le projet de loi,
à corriger une situation. Le ministre l'a dit: C'est rare qu'on le fait
rétroactivement, j'en conviens, mais on ne pourrait pas et on ne devrait
pas non plus, par un projet de loi qui vient corriger une situation, engendrer
par le fait même de nouvelles injustices.
Le ministre parle de ta difficulté d'intégrer dans le
projet de loi -- puisqu'on le voit très bien, elle n'y est pas en aucune
façon inscrite - toute la question de l'indexation. Le ministre sait
très bien aussi et, comme membre de l'Opposition, je le sais aussi,
qu'il est le seul à pouvoir introduire une nouvelle disposition dans la
loi qui aurait pour effet d'augmenter le coût du projet de loi. Vous
savez que les règlements de l'Assemblée nationale sont
très explicites. Si j'avais, comme membre de l'Opposition, un amendement
à vous apporter, qui aurait pour effet d'augmenter le coût
inhérent au projet de loi, vous me déclareriez
immédiatement non conforme au règlement puisque la loi sur la
responsabilité, quant aux décisions, appartient à un
ministre. Donc, seul le ministre pourrait introduire un amendement en ce sens
dans le projet de loi.
Les raisons que le ministre nous donne sont à savoir que
d'Introduire une clause qui aurait un effet rétroactif, qui est un droit
nouveau, engendrerait, par le fait même, une possibilité pour des
personnes, quelles qu'elles soient, de contester la valeur juridique de cette
clause d'Indexation dans la loi et, en conséquence, le ministre nous
dit: Nous aurons d'autres moyens à notre disposition pour le
régler et nous devrons,
à ce moment-là, nous asseoir avec la CSST pour regarder
l'ensemble de ce dossier.
Je voudrais rappeler au ministre que, dans certains cas, c'est
près de 40 % du pouvoir d'achat de ces personnes qui est perdu par la
non-indexation et qu'une injustice a été créée.
Alors, le ministre pourra répondre, dans son droit de parole de tout
à l'heure, pour prendre peut-être même dès maintenant
un engagement à savoir que si, après toutes les discussions qu'il
aura avec la Commission de la santé et de la sécurité du
travail, ils ne peuvent pas arriver à une solution que, lui, comme
ministre, il prendra la responabilité - il a le droit - de régler
ce problème-là. Donc, on peut accepter que le ministre nous dise
aujourd'hui: Écoutez, nous allons regarder cela avec les responsables de
la commission. Nous allons voir comment on pourrait revaloriser le gagné
de ces personnes pour le rendre au moins équivalent à ce qu'elles
auraient eu, si cela avait été indexé. On verra quels
moyens seront mis à notre disposition quitte peut-être même
à présenter un nouveau projet de loi pour ce faire. Mais je ne
sais pas de quelle façon le ministre a l'intention de le régler.
C'est à lui qu'appartient cette décision. Nous allons, cependant,
surveiller pour que cela se fasse dans les plus brefs délais, mais d'un
autre côté, le ministre - j'en suis assuré - est capable de
prendre ici une décision personnelle, comme ministre, en disant:
Écoutez, si la CSST, à partir des discussions qu'on aura avec
elle, ne trouve pas le moyen qu'il faudrait pour le faire, moi, je m'engage,
comme ministre, à soumettre une proposition au Conseil des ministres.
(15 h 45)
Vous savez très bien que le conseil d'administration de la CSST
est formé paritairement de représentants des organismes syndicaux
et de représentants patronaux. D'un autre côté, il y a une
personne, la présidente, qui, dans certains cas, doit trancher certaines
questions puisqu'elle a ce pouvoir. Dans ce sens, la tendance que l'on a
observée de ce côté de la table, c'est que la tour de Pise
commence, de ce côté-là aussi, à pencher pas mal
plus du côté des patrons que des employés. Dans ce
sens-là, nous vous le disons d'avance, il faudra que le ministre prenne
une très bonne décision pour faire en sorte que des travailleurs
ne soient pas toujours considérés comme les perdants à la
suite des décisions de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. La tendance qu'on observe depuis une couple
d'années est beaucoup plus à l'inverse de ce qu'était la
philosophie, l'économie même des projets de loi qui ont
présidé à la mise en place de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail compte tenu aussi des
lois antérieures, que ce soit la Commission des accidents du travail, la
loi actuelle et les autres lois qui ont suivi.
C'est donc la question de l'indexation. Je m'attends donc que le
ministre, tout à l'heure, nous indique qu'il va prendre tous les moyens
qui sont reconnus, c'est-à-dire discussion avec la CSST. La CSST adopte
une résolution et présente au ministre une proposition. Ce
dernier la présente au Conseil des ministres, sous forme
réglementaire ou autre, et elle suit le processus normal de
décision du Conseil des ministres.
La deuxième partie, c'est celle des droits acquis. Plusieurs
personnes concernées par ce projet de loi ont fait mention que le
ministre - il nous a dit tout à l'heure qu'il a l'intention de
présenter des amendements; nous aurons l'occasion de l'entendre, mais,
pour le moment, je dois parler de l'article qui est devant nous - ne veut pas
en aucune façon changer les programmes actuels. Le danger est le
suivant. Si on garde l'article tel que libellé dans le projet de loi 74,
on se retrouve avec la possibilité d'avoir deux genres de personnes,
deux genres de programmes, surtout si la CSST gardait le pouvoir, comme c'est
prévu encore une fois à l'article 570 remodelé... Je le
lis: "La commission peut, par résolution et avec l'autorisation du
ministre, modifier ces programmes; la Loi sur les règlements ne
s'applique pas à ces modifications." Le danger qui existerait à
ce niveau - la CSST, par le processus normal, la tour de Pise penchant toujours
du même côté - c'est qu'on en arrive à diminuer les
programmes alors que le ministre nous dit: Non, la tendance serait
peut-être à l'effet de les augmenter, au contraire. Je n'ai pas
cette garantie. Le ministre a dit: Nous allons avoir un amendement qui va
probablement vous satisfaire. Si jamais ça n'existe pas, il faut dire au
ministre qu'à ce sujet, il y a deux groupes de travailleurs. Il y a ceux
qui doivent être évalués et ceux qui ont déjà
été évalués. La difficulté qui pourrait
exister, c'est qu'il y a des personnes, à un certain moment, en vertu
des articles prévus par la loi 37.4... qui ont eu recours à une
décision qui était celle qui existait à l'époque,
c'est-à-dire que s'ils ne s'entendaient pas, ils allaient à la
Commission des affaires sociales.
Or, devant la montée en flèche des coûts que
représentaient les décisions de la Commission des affaires
sociales, il y a donc eu la proposition à l'effet de dire aux gens: Ou
vous prenez ça en argent immédiatement, ou vous prenez
ça... devant des décisions qui seront prises à la
Commission des affaires sociales. Donc, nous nous retrouvons aujourd'hui avec
des gens qui auraient perdu si jamais cela revenait à dire:
Écoutez, on dévalue vos programmes; on diminue les montants
d'argent qui nous sont donnés, de telle sorte qu'aujourd'hui ces
personnes-là n'auront plus aucun droit; elles ont refusé,
à un moment donné, ce droit de faire appel à la Commission
des affaires sociales. Est-ce que ça veut dire, si jamais le ministre
allait jusque-là, qu'il donnerait à ces personnes la
possibilité d'aller en vertu d'un droit d'appel quelconque? Je pense que
c'est tout à fait normal et tout à fait logique. Si le ministre
me dit: Écoutez, par un amendement que nous allons vous apporter,
nous allons répondre à la demande faite par tous les gens
qui ont fait des interventions depuis une semaine et demie et nous allons
préserver les droits acquis en vertu du présent article 570 de la
loi qui dit ceci: "Le travailleur qui bénéficie d'un programme de
stabilisation économique ou de stabilisation sociale de la commission le
19 août 1985, a droit de continuer d'en bénéficier
après cette date, aux conditions et dans la mesure prévues par ce
programme" Selon ce que le ministre nous dit, s'il a l'intention de
réintroduire et de voir comment on pourra le réintroduire dans le
programme du projet de loi actuel, tant mieux. Cela veut dire qu'il a
l'intention de protéger les acquis des individus et non pas seulement
les acquis des programmes. Je pense que c'est important. Il ne faudrait pas
arriver avec deux genres de gens indemnisés indifféremment dans
un contexte où le projet de loi continuerait à être celui
qu'il est là.
L'autre sujet de discussion qui a fait l'objet de beaucoup de lettres ou
de télex que le ministre a reçus, c'est toute la question du
pouvoir que le ministre voudrait donner à la commission de changer,
c'est toujours dans la même optique que l'autre jusqu'à
maintenant, c'est qu'on permettra de modifier ces programmes par
résolution. Alors que tous les gens disent que ça devrait
être par la formule de règlement et qu'à ce moment, la CSST
présentant, après discussion, une résolution, l'envoie au
ministre qui fait appel à son Conseil des ministres, qui fait ensuite
prépublication des règlements, qui fait ensuite publication
officielle. Donc, il permet à tout le monde de pouvoir faire les
pressions en cours de route qu'il importe de faire, pour non pas
dévaloriser les programmes, mais davantage pour les valoriser.
C'est ce que nous avons convenu cet après-midi comme membres de
la commission parlementaire: nous assurer que les individus qui se trouvent
dans les programmes actuels ne verront en aucune façon les droits
coupés, les programmes dévalués, qu'on puisse voir plus
à long terme toute la question de l'indexation arriver pour les gens qui
ne l'ont pas été et qui mériteraient de l'être pour
éviter l'injustice qui a été créée, et,
finalement, de ne jamais donner à la CSST des pouvoirs qu'il serait
dangereux de lui donner parce que nous croyons que si c'est tout simplement par
résolution, nous craignons beaucoup pour l'ensemble des travailleurs du
Québec.
C'étaient les remarques préliminaires que j'avais à
faire. Le ministre nous a dit qu'il avait l'intention de présenter des
amendements. Si vous pouviez me permettre une suggestion, M. le
Président, je dirais au ministre pour nous permettre de les analyser
comme il faut et pour qu'on puisse faire un travail plus rapide, que lorsque
les remarques préliminaires de tous les membres de cette commission
auront été faites, il nous donne les amendements, qu'on puisse
prendre un moment de répit pour les regarder à fond. Là on
pourra peut-être accélérer le proces- sus de l'étude
du projet de loi.
Le Président (M. Audet): D'accord, merci, M. le
député. M. le ministre, vous avez des commentaires à
ajouter.
M. Yves Séguin (réplique)
M. Séguin: Très brièvement. Parce que mon
collègue, le député de Laviolette, me posait quelques
questions. J'ai pensé y répondre tout de suite. Sur la question
d'indexation, ce que je peux indiquer, c'est que depuis un mois, M. le
Président, j'ai demandé à la CSST de regarder, de faire un
examen de ce qu'impliquerait une forme de valorisation, de bonification,
d'indexation, de ces programmes. Ce sont des programmes qui. dans le temps, ont
connu certains ajustements qui ont des groupes différents de
bénéficiaires. L'étude est relativement complexe. J'ai
Indiqué tantôt mon intention: examiner ces programmes et voir
assez rapidement comment on pourrait les améliorer dans la mesure du
possible et voir avec la CSST, également, ce qui peut être fait
dans cette optique.
En ce qui concerne les autres commentaires soulevés par mon
collègue, en particulier, sur les craintes soulevées par des
modifications, je vais présenter un amendement au projet de loi qui,
dans son essence... dans quelques minutes, M. le Président, j'attends la
photocopie, les notes manuscrites, on l'a fait à la main tantôt.
J'avais quelques amendements, le tout regroupé dans un seul amendement,
le nouvel article 570 qui va reprendre l'ancien article 570
intégralement. Je pense que ça va rassurer les
représentations que j'ai eues à ce sujet. Donc, dans l'amendement
proposé tantôt, je reprends intégralement l'ancien article
570, les deux paragraphes intégralement. J'y ajoute, évidemment
notre troisième paragraphe qui était contenu dans notre nouvel
article 570 qui déclare que ces programmes étaient valides dans
le temps.
J'ajouterai un quatrième paragraphe qui dira que des
modifications seront possibles, mais par règlement. Je pense que ce
nouvel article 570 apparaîtra beaucoup plus en consensus avec l'ensemble
des représentations et plus dans le sens de protéger ces
programmes comme on le fait présentement contre des jugements ou un
jugement de la Cour d'appel et contre toute forme de modifications qui ne
suivraient pas, à tout le moins, un processus important compte tenu
qu'un changement, aussi minime soit-il, va avoir des effets importants dans ces
programmes. Donc, on s'assure que, par règlement, ce qui implique de
saisir le Conseil des ministres, va assurer un minimum de prudence et de
vigilance et va restreindre considérablement les possibilités
qu'on puisse procéder à ces modifications. Il faut voir aussi que
les modifications peuvent être dans un sens positif. Si tantôt je
parlais d'indexation, de bonification et de valorisation, je pense que
procéder par règlement va permettre
une ouverture. Mais, compte tenu des représentations
écrites qui m'ont été acheminées et qui
étaient un peu dans ce sens, je pense que cela pourrait permettre aux
parties d'être rassurées sur la portée du projet de loi
qui, fondamentalement, tient beaucoup à l'article 570 qui est le premier
article du projet de loi. Le reste - on le verra tantôt - je ne dirais
pas qu'il est d'une importance moindre, mais il présente moins de
problèmes, en tout cas. Je vous remercie.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
d'Ungava, vous avez demandé la parole pour présenter des
remarques préliminaires.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Oui, j'ai quelques petites remarques à faire
avant de commencer l'étude du projet de loi, ne serait-ce que pour
exprimer certains points de vue sur l'administration de la CSST et, en
même temps, sur quelques éléments de cette loi qu'il me
semble important de relever tout de même, même si le ministre nous
dit, au moment où l'on se parle, qu'il a un amendement qui semble
chambarder tout son projet de loi. ll faudra tout de même prendre le
temps de l'étudier comme il faut et en discuter.
Quant à moi, je voudrais dire au ministre que, de toute
façon, je trouve Intéressant qu'on essaie de trouver un moyen
pour contrecarrer une décision de la Cour supérieure - est-ce
cela? - de la Cour d'appel qui voulait brimer les droits des travailleurs. Non,
c'est possible qu'on se trompe. Je vols le député de La Peltrie
qui rit. Moi, j'ai remarqué en lisant certains mémoires,
même qu'on parlait de décision de la Cour suprême alors que
c'était de la Cour d'appel qui a été refusée
d'être entendue à la Cour suprême. Sauf que ce n'est pas
tout le monde qui est habitué de jouer avec les cours à
volonté. Alors, il est possible à l'occasion qu'on se
mélange un peu dans tout ce charivari de cours qui se superposent dans
notre administration judiciaire.
Toujours est-il que nous avons un jugement devant nous qui risque, s'il
est appliqué comme tel, de brimer considérablement le droit des
travailleurs québécois, d'une certaine catégorie de
travailleurs. On parle de 5000 travailleurs actuellement qui
bénéficient de ces programmes de stabilité
économique et de stabilité sociale et d'indemnités de
réadaptation pour ceux, qui, à la suite des accidents de travail
ou de maladies professionnelles, font face à des incapacités
partielles, temporaires et qui peuvent avoir droit à des programmes
semblables pour se réinsérer sur le marché du travail ou
pour pouvoir assurer leur avenir économique. C'est excessivement
important. Je crois qu'il est de bon ton de trouver, par le biais de la loi, un
moyen de contrecarrer une décision semblable de la cour qui pourrait
être très dramatique pour un certain nombre de travailleurs. On en
connaît 5000 actuellement qui bénéficient en gros de ces
programmes et 2000 qui ont des cas en attente et qui pourraient
éventuellement bénéficier des mêmes programmes sans
compter que dans l'avenir ce sont des choses qui peuvent encore arriver. On n'a
pas encore éliminé totalement les accidents du travail et les
maladies professionnelles, que je sache. Ce sont des programmes qui sont
toujours nécessaires. Là où on a de grandes
préoccupations Justement et à juste titre aussi à l'instar
de l'ensemble des intervenants qui représentent le milieu des
travailleurs, même si le ministre nous dit qu'il veut contrecarrer les
effets de la loi et même si le ministre nous dit: Écoutez, on
prend cela en considération et on va faire en sorte que tous les
travailleurs qui, dans un Intervalle de 1982-1985 ou 1978-1985, se trouvent
dans une situation semblable pourront bénéficier des programmes
malgré le jugement de la Cour d'appel, il reste qu'il se donne
actuellement, au moment où l'on se parle... (16 heures)
Une voix: On a de la misère à entendre.
M. Claveau: Je vais être obligé de parler plus fort,
cela ne me fait rien, j'ai beaucoup plus de voix. Le ministre dit dans un
premier temps: On va faire en sorte qu'il n'y ait pas d'injustice de
créée envers ces travailleurs-là malgré le jugement
de la Cour d'appel. Dans le projet de loi actuel, là il nous
dépose un amendement, mais on ne discute pas de l'amendement, on discute
du petit feuillet de deux pages qui a été déposé en
Chambre en deuxième lecture. Il reste que là-dedans, il y a une
volonté exprimée de dire: D'accord, on va le faire, mais par
contre on va permettre à la CSST, donc à une corporation
créée en vertu d'une loi, de modifier à volonté ces
programmes-là, après que la modification aura été
acceptée par le conseil d'administration et avec consultation et
approbation du ministre. Il reste que c'est une dynamique très
dangereuse quî peut nous amener dans de curieuses situations et dans de
drôles de problèmes. On peut se retrouver après une
période de deux ou trois ans avec un certain nombre de travailleurs qui,
après avoir subi les mêmes dommages à la suite d'accidents
semblables ou même par maladie professionnelle, vont sa voir
traités de façon tout à fait différente parce
qu'entretemps on a décidé de jouer avec la normalisation et de
changer les règles du jeu en cours de route, sans pour autant avoir eu
l'obligation de revenir devant le gouvernement pour faire accepter par
réglementation, par décret ou par le biais d'un projet de loi,
des modifications dans l'application des programmes de sécurité
du revenu pour les travailleurs victimes de ces accidents ou de ces maladies,
ce qui est difficile. Je voudrais vous dire que, par exemple, dans un milieu
comme le mien, un comté où on vit prioritairement de l'industrie
primaire, de l'Industrie minière, de l'industrie forestière, du
transport, c'est un comté où on a énormément de
problèmes d'acci-
dents du traval. C'est bien évident, ce sont des mileux
difficles, des milieux où il y a toujours un certain coefficient de
risque qui est patent à n'importe quelle activité au traval.
Quand vous travallez dans le secteur minier ou la secteur forestier, les
accidents du travail, c'est quelque chose qui vous trotte toujours dans la
tête. On dit qu'en moyenne un mineur a un accident grave tous les cinq
ans. Alors, on peut calculer que quelqu'un qui a travaillé pendant 20
ans dans une mine a au moins la chance, statistiquement, ou la malchance
devrais-je dire, d'avoir eu quatre accidents compensables, suffisamment graves
en tout cas, qui auraient même pu mettre ses jours en danger. Alors, on
est habitués à vivre avec cela. Je peux vous dire, pour le
bénéfice de ceux qui n'ont peut-être pas les mêmes
problématiques dans leur coin, qu'actuellement on vit d'énormes
problèmes avec l'application de la Loi sur les accidents du travail et
les maladies professionnelles. Je remarque, par exemple, actuellement, quand on
y pense, c'est absolument aberrant, à mon avis, c'est un non-sens et le
ministre aurait dû profiter de son projet de loi, je ne sais pas, il
aurait pu essayer de vérifier d'autres problèmes ou de
régler d'autres problèmes à l'Intérieur de la CSST
parce que, après information, je ne crois pas qu'il y ait d'autre projet
de loi ou d'autre intention annoncée de la part du gouvernement de
modifier quelques éléments à l'intérieur de la loi
42 sur la CSST, mais, actuellement, il y a quand même 8000 cas devant la
commission d'appel de la CSST, c'est à-dire que, au moment où
l'on se parle, le moindre petit accident qui pourrait coûter quelque
chose à un travailleur est automatiquement contesté. Quand il est
contesté, il va devant la commission d'appel et, quand il est devant la
commission d'appel, il y a quelque chose comme 25 ou 26 commissaires qui
travaillent là, qui reçoivent les causes et qui doivent
s'organiser pour les entendre. Alors, actuellement, il y a au moins 8000 cas
qui traînent, avec un délai minimal de 18 mois pour être
entendus. Savez-vous ce que cela représente quand vous êtes un
travailleur et que, par mégarde ou malchance, vous vous cassez une jambe
au travail ou vous vous faites écraser par un arbre, et que vous
êtes pris pendant, je ne sais pas, huit, dix ou douze mois sans pouvoir
travailler et que votre cause, supposément parce que ce n'est pas
évident, parce que cela peut être contestable, parce que la
compagnie n'a pas l'intention de payer, votre cause est envoyée devant
la commission d'appel à le CSST et cela va prendre 18 mois avant qu'elle
soit entendue. Avez-vous une petite idée de ce que cela veut dire?
Qu'est-ce que vous avez pour vivre en attendant? Je ne sais pas si vous le
savez mais j'en entends parier régulièrement parce que les cas
semblables ne manquent pas actuellement dans un comté comme le mien.
C'est sans gêne, et avec raison d'ailleurs, que ces gens rebondissent au
bureau du député et disent: Écoute, mon gars, tu es
là pour nous défendre, essaie de trouver une solution à
mon problème. Des cas comme ça, il y en a. C'est absolument
Inadmissible qu'on ait actuellement 8000 cas en attente avec un délai
minimal de 18 mois pour tout nouveau cas.
Qu'est-ce qu'on vous dit? On vous dit: Ah! En vertu de l'article 204, si
je ne me trompe pas, de la Loi sur la CSST, la loi 42, vous pouvez demander que
la décision ou la première décision s'applique tant et
aussi longtemps qu'il n'y a pas eu un jugement ou une décision qui a
été prise par la commission. Quand vous vous
référez là pour voir ce que ça veut dire, on vous
dit encore: Bien, écoutez, on peut prendre votre cas en vertu de
l'article 204. On va étudier votre cas, mais ça va prendre deux
mois parce qu'on est en train de s'embourber aussi... tout le monde se retire
derrière cet article de loi pour faire prévaloir ses droits, pour
que la première décision de la CSST qui a été
contestée par l'employeur qui, lui, ne veut pas payer, que ça va
prendre 18 mois avant que ça passe pour que la première
décision puisse être appliquée en vertu de l'article 204,
bien, tout le monde se garroche de ce côté parce qu'il n'y a pas
d'autre façon de se faire payer en attendant les 18 à 20 mois que
ça va prendre avant que la cause ne soit entendue. Et on est rendu
à un minimum de deux mois de refoulage. Cela commence à
être drôlement long. Et entre-temps, il faut que le monde vive.
Quand on ajoute par-dessus ça des problèmes comme celui
qu'on a là et quand on ajoute la problématique de la dynamique
actuellement à l'intérieur de la CSST où on dit qu'il ne
faut pas que la société coûte trop cher et les employeurs
et toute la dynamique qu'on est en train de créer, l'espèce de
frénésie qu'on est en train de créer autour du fait que ta
CSST, ça coûte cher, et que les employeurs ne sont plus
concurrentiels ... Et quand on ajoute par-dessus toute la dynamique qui va sa
créer avec le libre-échange qui va arriver encore pour essayer de
nous faire accroire que la CSST augmente les coûts de production et que
de cette façon, eh bien, si on veut rester concurrentiels et envahir les
marchés américains, il va falloir qu'on diminue les coûts
de la CSST auprès des employeurs, etc., on voit venir comment la
dynamique se dessine avec les problèmes qu'on connaît au moment
où l'on se parle parce qu'il n'y a à peu près plus un
employeur qui va accepter la première décision de la CSST sans
l'envoyer en appel et attendre au moins 18 mois avant de payer. Cela veut dire
que la situation commence à être drôlement critique pour les
travailleurs. Cela veut aussi dire que parce qu'on se sert de quelques
éléments dans la loi... Quand, par exemple, on a pensé
à créer une commission d'appel à la CSST qui permettrait
de réviser des cas qui pourraient être contestables, on l'a fait
honnêtement en disant que l'on va donner une possibilité dans
certains cas de pouvoir réviser ça à l'interne et de
pouvoir réévaluer une décision qui aurait peut-
être été prise un peu rapidement, en l'absence de
certaines données et pour permettre à toutes les parties de
pouvoir se faire entendre et de trouver une solution.
On fait quelque chose, on introduit une notion avec un principe qui se
veut louable et on se rend compte, après deux ou trois ans d'application
que ce n'est plus ça du tout. Tout le monde s'en sert justement pour
justifier son propre point de vue et on dit: La possibilité est
là, bien, tant pis! Je peux vous citer des cas où les employeurs
ne regardent même pas, à peine s'ils vont ouvrir la lettre qui
leur arrive de la CSST en disant: M. Untel, à partir de demain matin,
vous lui donnez tant parce qu'on a jugé qu'il avait tel taux
d'invalidité ou parce qu'il a droit à tel programme de
réadaptation ou à telle chose... On n'ouvre même plus les
lettres. On les envoie à la poubelle avant de les ouvrir et on se
retourne devant la commission d'appel et on dit: Je m'assieds et j'attends
encore vos 18 mois avant de commencer à payer. C'est à peu
près ça l'esprit qui règne actuellement dans
l'administration de la gestion d'un programme aussi louable et aussi important
pour nos travailleurs québécois qu'est le programme de
santé et sécurité au travail pour les accidentés du
travail et les victimes de maladies professionnelles. C'est une situation
absolument incroyable.
J'ai eu l'occasion de parler avec des gens qui défendent les
travailleurs dans ce domaine. Par exemple, la question de la contestation et
même d'une évaluation médicale. Il me semble que dans la
mesure où on a un projet de loi qui vise à régler un
problème bien spécifique, c'est clair, on s'entend
là-dessus. Mais, dans la mesure où on présente un projet
de loi qui modifie certaines dispositions de la Loi sur les accidents du
travail et les maladies professionnelles, on aurait pu en profiter aussi pour
régler deux ou trois autres petits problèmes en même
temps.
Par exemple, une évaluation médicale. Tout le monde peut
contester une évaluation médicale de l'expert d'un travailleur
sauf le travailleur lui-même. Est-ce assez aberrant en fin de compte?
J'ai un accident de travail, je me choisis un expert parce que la loi me permet
de me choisir quelqu'un pour m'évaluer. Lui me fait une
évaluation. D'accord? Si la compagnie n'est pas satisfaite de cette
évaluation, elle peut la contester. Si la CSST n'est pas satisfaite de
l'évaluation, elle peut la contester. Mais si moi, comme travailleur, je
ne suis pas satisfait de l'évaluation, je ne peux pas la contester.
Des représentations ont été faites
là-dessus. Je suis certain que le ministre est au courant de ces
représentations, pour permettre une fois pour toutes à un
travailleur de pouvoir contester une évaluation. Même si on va
dire, à la limite: C'est moi qui ai choisi mon expert pour
l'évaluation, ça ne veut pas dire que je vais être
satisfait de sa réponse, ça ne veut pas dire que la
réponse va être vraiment incontestable. Même si c'est moi
qui l'ai choisi, il peut arriver que dans son évaluation, il ait
oublié certaines données. Il peut arriver qu'il y ait des
éléments complémentaires qui soient arrivés
entre-temps et qui font en sorte que je peux dire: Non, je ne suis pas
d'accord, mon taux de DAP n'est pas juste, c'est autre chose, et pour telle
raison, parce que, entre-temps, j'ai eu un rapport, une évaluation
différente ou un élément qui manquait au dossier. Mais,
comme c'est mon expert qui a rendu la décision, je n'ai pas le droit de
la contester, alors que tout le monde peut le faire.
Il y a là un problème fondamental qu'il s'agit de
réviser. Une loi aussi importante, une loi aussi fondamentale et souvent
aussi complexe que peut l'être la Loi sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles qui est une loi de base, qui demande d'abord une
certaine volonté politique ou une volonté politique
évidente au départ pour la faire adopter... Ce n'est pas
nécessairement clair que l'employeur va être
intéressé à en payer le coût au départ. Donc,
iI faut commencer par avoir la volonté politique de faire adopter cette
loi. Une fois qu'elle est adoptée, c'est le genre de loi qui est en
évolution constante. C'est le genre de loi qui doit toujours s'adapter
à de nouvelles situations. La dynamique du marché du travail
s'est modifiée. Il y a des types d'accidents ou des façons de
faire au niveau des équipements de travail etc., qui ont
été passablement modifiés depuis 1982 ou 1985. Alors, il
faut une loi qui, une fois qu'on a fondu le principe de la
nécessité de reconnaître des droits et des
privilèges aux accidentés du travail parce que ce n'est pas leur
faute finalement, normalement, tu ne cours pas après un accident de
travail, n'est-ce pas? j'en sais quelque chose, sauf que le jour où tu
en es victime, il faut que tu continues à vivre... Avant, ce
n'était pas compliqué. Un gars se cassait une patte dans le bols,
il l'envoyait chez lui, va te faire réparer, et pendant ce temps, je
vais mettre un autre gars sur le "bucksaw" et quand tu seras prêt
à bûcher de nouveau, tu reviendras. C'est comme ça que
ça fonctionnait.
Aujourd'hui, on n'est plus dans une société qui fonctionne
comme ça. On est dans une société où on a reconnu
des droits au travailleur. Politiquement, ses droits sont établis.
Maintenant, il s'agit de faire en sorte qu'une loi telle que la loi 42, au
départ, qui émane elle-même de la loi 17, etc., l'autre
émanait de l'ancienne Loi sur la CAT. Bon, ce sont des lois qui sont en
constante évolution qui doivent s'adapter à des conditions qui,
eIles-mêmes, évoluent continuellement dans l'entreprise. À
ce moment, il est tout simplement normal que quand on voit qu'une partie de la
loi, un article, une modalité prévue à l'intérieur
de la loi ne correspond plus à un moment donné de l'histoire du
développement économique et social de notre
société, eh bien, qu'on la rectifie, qu'on l'adapte, qu'on la
rédige plus dans la réalité du moment.
C'est dans ce sens que, finalement, en terminant, je dis au ministre
qu'en ce qui me
concerne tout à fait personnellement, Je vois d'un bon oeil qu'on
trouve un moyen de contourner une décision d'une cour qui pourrait
être vraiment néfaste pour un certain nombre de travailleurs si
jamais elle était appliquée. Maintenant, quand on dit ça,
il faut faire attention à ce qu'on fait dans un projet de loi parce
qu'il ne faut pas, par la même occasion, donner des ouvertures grandes
comme des portes de grange qui vont permettre à n'importe qui
après de pouvoir jouer dans les modalités d'application de ces
droits qu'on a voulu sauvegarder par une loi. Je dis aussi au ministre que, par
la même occasion, j'aurais aussi vu d'un très bon oeil qu'il
profite d'un tel projet de loi qui remet en cause certaines dispositions de la
Loi sur les accidents du travail pour régler d'autres problèmes.
Il y a un certain nombre d'autres problèmes. Ils ne sont peut-être
pas nombreux. Peut-être que régler deux ou trois autres
problèmes, entre autres, quant aux délais et les dispositions
quant au recours à la Commission d'appel, quant à l'application
de l'article 204- il me semble que c'est le numéro de l'article,
je n'ai pas vérifié depuis quelques jours - qui donne la
possibilité de faire appliquer une décision de la CSST tant et
aussi longtemps qu'elle n'a pas été entendue par la Commission
d'appel. (16 h 15)
II y a certaines modalités semblables, par exemple, la
possibilité pour le travailleur de contester une évaluation
médicale, ce qui n'est pas dans la loi actuellement, alors que tous les
autres intervenants peuvent contester la même évaluation
médicale. Il y a peut-être une dizaine d'articles qu'il aurait
été intéressant de voir s'ajouter à cela et qui
aurait permis de vraiment régler plus d'un cas. Actuellement, on a un
cas et c'est déjà louable en soi qu'on puisse en discuter. Mais
on aurait pu profiter de la même démarche pour régler
plusieurs autres cas qui sont un peu des irritants qui deviennent de plus des
entraves pour l'application des droits des travailleurs, de par la Loi sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. M. le ministre, avez-vous des commentaires à
ajouter à ces remarques?
Discussion générale
M. Séguin: Juste quelques-uns, si mon collègue me
le permet. Je vais tout de suite commenter ses propres commentaires. Pour ma
part, je trouve ces remarques intéressantes, bien sûr. Et, par
ailleurs, elles vont alimenter ma propre réflexion sur ce sujet fort
important de la CSST. Toute amélioration susceptible de mieux
répondre aux besoins des accidentés du travail est certes
envisageable. Je ferai remarquer, cependant, que la question des délais
de la commission d'appel est contenue au chapitre 12 de la loi sur la
commission d'appel en matière de lésions professionnelles et
relève du ministre de la Justice. Mais cela ne veut pas dire pour autant
qu'on n'est pas sensible à cela et que des discussions et des
améliorations... D'ailleurs, je dois rencontrer probablement avant
Noël les membres de la commission d'appel en matière de
lésions professionnelles et discuter avec eux de leurs modalités,
de leur dynamique, de leurs problèmes, etc. Et s'il y a des
améliorations qu'on peut apporter, je vais y souscrire
entièrement.
En terminant, je veux tout simplement indiquer à mon
collègue qu'il y a une raison bien simple pour laquelle on ne peut pas
apporter des correctifs peut-être fort intéressants à
l'intérieur de ce projet de loi qui modifie la loi sur la santé
et la sécurité du travail. Notre projet de loi 74 a une
portée rétroactive dans le temps pour régler l'effet des
jugements de la Cour d'appel et, me semble-t-il, on ne peut pas y greffer
d'autres modalités que celles qui sont envisagées dans la
portée du jugement de la Cour d'appel pour ne pas créer une
nouvelle cause qui serait elle aussi contestable devant les tribunaux, si on
s'éloigne de l'intention du législateur qui nous permet
actuellement de procéder rétroactivement pour reconfirmer
l'intention du législateur avec un effet rétroactif. C'est la
raison pour laquelle il n'est pas possible, me semble-t-il - c'est une question
de forme - de procéder dans ce projet de loi. Mais cela ne veut pas dire
que je ne suis pas intéressé plus tard à regarder de
très près des améliorations que l'on peut discuter en ce
qui concerne la CSST. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: J'aurais Juste une question. Au ministre sur la
question de l'indexation. Peut-être que je vais forcer la main du
ministre. J'aimerais qu'il prenne un engagement aujourd'hui. Tout d'abord il
nous dit: Oui, je vais regarder cela avec la CSST, je vais examiner avec la
CSST... Ce n'est pas la première fois qu'on lui en parle. Ce n'est pas
la première fois qu'il est sensibilisé à cette demande. Je
sais que le ministre qui l'a précédé y avait aussi
été sensibilisé. Mais la réponse est toujours la
même: Moi, je regarde cela avec la CSST. Est-ce que le ministre pourrait
dire: Écoutez, je me donne un délai précis pour qu'on
puisse peut-être prévoir, à la prochaine session, un projet
de loi ou une décision, peu importe la forme. Il me semble que le
ministre pourrait, au nom de ce qu'il nous dit depuis tout à l'heure,
c'est-à-dire vouloir corriger une situation, le faire jusqu'au bout en
ce qui concerne l'indexation et qu'il s'engage aujourd'hui à dire:
Écoutez, pour le délai, je vérifie auprès des
intéressés, je les rencontre - vous venez de le dire - et on va
trouver une solution pour revaloriser les sommes reçues par ces
personnes depuis que la non-Indexation
existe, on va trouver une solution, mais je me donne un délai,
d'ici six mois, d'ici trois mois, un laps de temps quand même assez
court, mais qui permettrait de voir... Jusqu'à maintenant, on voit, par
la décision que le ministre a prise de rectifier le projet de loi qu'il
est de bonne foi, et c'est dans ce sens qu'on veut travailler sur le
dossier.
M. Séguin: D'une part, j'ai déjà
indiqué tantôt que cela fait au delà d'un mois, un mois et
demi, que j'ai demandé à la direction de la CSST de commencer un
dossier de réflexion sur ce point particulier, qu'on appelle
"l'indexation" de ces programmes, et j'anticipe après les Fêtes,
le plus rapidement possible, dans quelques mois, pouvoir avoir un bilan, un
dossier complet sur toute cette question assez complexe, et pouvoir essayer de
déterminer de quelle façon on pourrait agir, avoir des actions
à ce moment-là.
D'autre part, il y a également la question que c'est un dossier
qui va probablement faire l'objet d'une discussion au niveau du conseil
d'administration de la CSST, je suis quand même respectueux du conseil
d'administration qui, comme vous le savez, est composé paritairement du
monde patronal et syndical, donc je dois quand même avoir des discussions
et cheminer avec ces gens dans cette réflexion. Ce à quoi je peux
souscrire et m'engager, c'est de faire vraiment un examen très
sérieux et profond de toute cette question et voir par toutes les
façons possibles, avec la CSST, quelle serait l'avenue qu'on pourrait
envisager, en dehors de toute question juridique ou de problématique
légaliste. Ce qui m'intéresse, finalement, c'est de voir comment
ces travailleurs, ces accidentés, qui auraient subi une perte
réelle par la non-indexation ou par l'effet de l'inflation annuelle, au
cours des années, pourrait-on leur apporter un soulagement
économique.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre sait que si on doit
procéder par voie législative, il faut que son projet soit
déposé dans des délais permettant au comité de
législation de pouvoir examiner la légalité de son projet
de loi, aller ensuite devant le Conseil des ministres pour l'adoption finale,
pour présentation à l'Assemblée nationale, donc ce sont
des délais qui sont enclenchés au moment où l'on se parle,
qui font que la session reprenant normalement en mars, vous avez jusqu'au 15
mal pour le présenter et jusqu'au 15 janvier je pense pour
présenter le sujet que vous voulez voir discuter. C'est sûr et
certain que ce n'est pas nous qui allons vous empêcher de passer un
projet de loi qui permettrait de rectifier cette condition. Et c'est dans ce
sens que je veux inciter le ministre à nous dire, oui soyez
assurés que s'il faut procéder par voie législative, cela
se fera à la prochaine session, donc d'ici juin prochain on pourrait
dire que c'est réglé.
M. Séguin: Écoutez, il est peut-être
difficile à ce stade-ci de savoir par quel processus légal cette
action pourrait être entreprise. On peut prévoir
déjà dans l'amendement que je dépose dans quelques minutes
que des modifications seraient possibles par règlement. À ce
moment, cela pourrait ne pas nécessiter d'avoir recours à un
projet de loi si c'est par règlement. De toute façon, comme je
l'ai indiqué tantôt, ce qui m'importe, je suis convaincu qu'une
fois qu'on aura trouvé une action à entreprendre, le processus
suivra. Je pense que tout le monde saluera une telle action et je pense qu'il
n'y aurait pas de difficulté à trouver la façon, soit par
règlement, soit par un amendement à la loi, ou par un projet de
loi particulier.
M. Jolivet: D'accord. M, le Président, compte tenu de
l'article que le ministre à l'intention de présenter comme
amendement, est-ce qu'on pourrait suspendre quelques instants, le temps de
faire les vérifications qui s'imposent et de revenir dans une quinzaine
de minutes.
Le Président (M. Audet): II n'y a pas de problème?
Cela va? D'accord on suspend quinze minutes et on reprend.
(Suspension de la séance à 16 h 24)
(Reprise à 16 h 34)
Étude détaillée
Le Président (M. Audet): Nous allons reprendre nos
travaux. Je crois que nous sommes prêts à commencer l'étude
du projet de loi article par article. Cela va? Nous commençons donc
l'étude du projet de loi article par article, étant donné
que l'article 1 modifie l'article 570 par deux articles.
M. Jolivet: Nous pourrions peut-être procéder de la
façon que le ministre nous l'a annoncé tout à l'heure, par
l'amendement qu'il devait apporter; cela va régler bien des choses, M.
le Président.
Le Président (M. Audet): De toute façon, il faut
quand même commencer par 570.
M. Jolivet: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Audet): II faut commencer quelque part,
si nous amendons.
M. Jolivet: C'est ça.
Le Président (M. Audet): Nous en sommes à 570.
Est-ce que vous voulez que je lise l'amendement, M. le ministre, ou si vous
aimez mieux le lire?
M. Séguin: M. le Président, j'ai distribué
des copies. L'article 570 est remplacé par un nouvel article 570 qui se
lirait...
Le Président (M. Audet): Oui, ce serait
préférable de le lire.
M. Séguin: ...ainsi: "Le travailleur qui
bénéficie d'un programme de stabilisation économique, de
stabilisation sociale ou d'Indemnités de réadaptation de la
commission le 19 août 1985 a droit de continuer d'en
bénéficier après cette date, aux conditions et dans la
mesure prévues par ce programme. "Le travailleur qui a été
victime d'un accident du travail avant le 19 août 1985 ou qui a produit
une réclamation pour maladie professionnelle avant cette date et qui a
droit, à cette date, à une rente pour incapacité totale
temporaire en raison de cet accident ou de cette maladie, a droit de
bénéficier d'un programme de stabilisation économique, de
stabilisation sociale ou d'indemnités de réadaptation de la
Commission aux conditions et dans la mesure prévues par ce programme.
"Ces programmes établis en application de l'article 56 et 56.1 de la Loi
sur les accidents du travail (L.R.Q. c. A-3) sont et ont toujours
été valides malgré tout jugement à l'effet
contraire. "La Commission peut, par règlement, modifier ces programmes
conformément aux articles 56.1, 124 et 125 de la Loi sur les accidents
du travail."
Le Président (M. Audet): D'accord. Avez-vous d'autres
commentaires, M. le ministre, sur cet amendement? Cela va?
M. Séguin: Enfin, simplement pour expliquer, M. le
Président, comme je l'indiquais à la suite des quelques
observations, commentaires et... Tantôt, j'entendais également les
commentaires des membres de la commission représentant l'Opposition. Il
ne s'agit plus maintenant, d'une part, d'un paragraphe validant simplement tas
paragraphes, mais on reprend le libellé de l'article 570 pour garantir
la plénitude de ces programmes tels qu'ils existent présentement
comme si le jugement de la Cour d'appel n'existait pas. C'est ce qu'on veut
faire, d'une part; d'autre part, permettre des modifications
éventuellement mais par règlement et non pas par
résolution et avec ce que cela comporte comme procédure
attachée habituellement au règlement.
Le Président (M. Audet): D'accord, M. le
député de Laviolette?
M. Jolivet: Avant d'aller plus loin, je veux juste m'assurer
d'une chose, M. le Président. Au deuxième paragraphe, est-ce que
vous laissez toujours le "ou" ou si vous mettez un "et" par concordance? Est-ce
que cela reste "ou"?
Une voix: Cela devrait être deux "ou".
M. Jolivet: Donc, le premier devrait être un "ou".
M. Séguin: On me suggère ici peut-être de
mettre deux "ou" dans le texte. Au premier paragraphe, à la
quatrième ligne, on lirait "ou" après "stabilisation sociale ou
d'indemnités de réadaptation". Dans l'autre paragraphe, la
même chose.
M. Jolivet: Donc, ce serait "ou" plutôt que "et"?
M. Séguin: Oui.
M. Jolivet: Le "ou" est déjà en bas dans le
deuxième paragraphe. Vous suggérez de le mettre en haut dans le
premier paragraphe comme concordance?
M. Séguin: C'est cela.
M. Jolivet: Juste une chose. Quand on considère l'ensemble
de l'article 56, il faut le référer à l'ancien. Là,
on a cherché longtemps pour avoir ces fameux articles dans la loi
actuelle par rapport à ce que c'était. C'était l'ancienne
loi. chapitre 57, de 1978. C'étaient les articles 51 et 51a qui ont
été renumérotés à l'époque, 56 et
56.1. On voit que dans la section 5 de cette loi de 1978, la rédaction
disait: La commission - à l'article 51 qui est le nouvel article 56 -
prend les mesures qu'elle croit nécessaires et fait les dépenses
qu'elle croit opportunes pour contribuer à la réadaptation d'un
travailleur victime d'un accident ou d'une maladie professionnelle, pour
atténuer ou faire disparaître toute Incapacité
résultant d'une lésion et pour faciliter son retour à la
vie normale et sa réinsertion dans la société et sur le
marché du travail. Quant à l'article 56a qui est l'article 56 1
actuel... excusez-moi, l'article 51a qui est l'article 56.1 actuel, cela
donnait tous les pouvoirs à la commission. On faisait
référence au problème qui était le paragraphe j, si
on le considère comme tel. C'est: Assuré l'octroi d'une
assistance financière au travailleur atteint d'une incapacité
résultant d'un accident ou d'une maladie professionnelle dans le cas
où elle le juge utile ou nécessaire à sa
réinsertion au travail, pendant un stage de formation,
d'éducation ou d'apprentissage ou dans d'autres cas qu'elle
détermine par règlement ou... Par règlement, ici, il faut
bien s'entendre, quand on va faire la correction à la loi actuelle, on
dit: La commission peut par règlement modifier ces programmes. Donc,
c'est le règlement qui va être adopté par le conseil des
ministres en vertu de la prépublication et de la publication. Ce n'est
pas un règlement Interne à la CSST. Il faut bien s'entendre sur
cela. Cela veut dire que ce que le ministre amènerait comme amendement
viendrait
enlever les craintes que tous les gens avaient, qu'ils nous ont fait
valoir en disant: Le ministre risque, par ce qu'il nous apporte, d'abord de
permettre à la CSST par simple résolution de changer les
programmes, donc d'avoir deux groupes possibles de personnes. Il ne touche pas
aux droits acquis des individus et fait en sorte qu'on s'assure que les
programmes demeurent toujours, peu Importe la décision rendue à
cet effet par une cour, quelle qu'elle soit.
Dans ce contexte, on viendrait amender ta loi qui est devant nous
à l'étude en disant qu'on amende l'article 1, à la
troisième ligne, par le remplacement du paragraphe 570 par le nouveau
paragraphe 570 et on discuterait ensuite du paragraphe 570.1 qui est la
proposition suivante.
Le Président (M. Audet): Vous me tirez les mots de la
bouche, M. le député.
M. Jolivet: Alors, M. !a Président, toute la discussion
que nous avons eue, les consultations que nous avons faites, les discussions en
dehors de la commission avec le ministre, nous sommes d'accord avec cet article
1 nouvellement modifié.
Le Président (M. Audet): L'amendement est
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. On passe au
paragraphe 570.1.
M. Séguin: Oui, M. le Président, au paragraphe
570.1...
Le Président (M. Audet): Toujours dans l'article 1.
M. Séguin: On prévoit que: "Une décision de
la commission rendue en application d'un programme de stabilisation
économique, de stabilisation sociale ou d'indemnités de
réadaptation peut faire l'objet d'une révision et d'un appel
comme s'il s'agissait d'une décision rendue en vertu de la
présente loi."
Je pense que l'énoncé est assez clair.
Le Président (M. Audet):: Cela va? Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires là-dessus?
M. Jolivet: Oui, M. le Président. On fait
référence è l'article 4 et je pense que les discussions
que nous avons eues avec le ministre vont nous apporter probablement un
amendement à cet article. Nous voulons nous assurer qu'il n'y a pas deux
instances où des gens, par difficulté, iraient à la
mauvaise instance. On a déjà vu cela quelque part où
quelqu'un dit: Vous n'êtes pas à la bonne instance et perdre son
droit légal de contester parce qu'il n'est pas arrivé à
temps à l'autre. Alors, le ministre nous garantit qu'à l'article
4, il y aura un amendement dans ce sens qui ferait qu'on éviterait
d'arriver à deux Instances et qu'on aurait juste une seule Instance
où on devrait aller. Dans ce contexte, M. te Président, on
accepterait l'article 570.1 tel que libellé.
Le Président (M. Audet): D'accord. Est-ce que l'article 1
tei qu'amendé est adopté?
M. Jolivet: Oui, M. le Président, en s'as-surant de bien
faire attention que dans l'amendement qui a été écrit par
le ministre on lit bien à la troisième ligne du paragraphe 570
"ou" au lieu de "et".
Le Président (M. Audet): D'accord. Cela va. J'appelle
l'article 2. Est-ce que vous aimerie2 que je ilse les articles, M. le ministre?
C'est comme vous le vouiez.
M. Séguin: Non, je peux simplement les commenter, si vous
le voulez.
Le Président (M. Audet): Allez-y.
M. Séguin: La Loi sur les accidents de travail est
modifiée par l'article 2 de notre projet en remplaçant le
deuxième alinéa de l'article 56.2 par le suivant: "Lorsqu'un
employeur appartient à une industrie mentionnée dans l'annexe S,
il doit, dans les 30 jours d'une demande à cet effet, rembourser
à la commission ces dépenses et déboursés. À
défaut, la Commission rend une décision qui indique la nature, le
montant et la date de ces dépenses et déboursés ainsi que
les nom et prénom du travailleur pour qui ils ont été
faits."
Ici, c'est dans le processus des modalités d'application du
projet de loi vis-à-vis des employeurs concernés.
Le Président (M. Audet): D'accord. M. le
député de Laviolette.
M, Jolivet: J'aurais une question, M. le Président. Je
sais qu'à l'intérieur de la commission, c'est le Conseil du
patronat du Québec qui représente les employeurs. Je sais aussi
que des employeurs auraient, semble-t-il, fait des démarches
auprès de certains députés libéraux ou
peut-être auprès du ministre, j'en ai eu connaissance tout
récemment. Est-ce que le ministre a des choses à ajouter sur les
demandes des employeurs qui ne voulaient pas que le projet de Soi passe tel
qu'il est devant nous, au moment où l'on se parle, même avec les
amendements qu'on va y apporter?
Le Président (M. Audet): M. le ministre. Des voix:
Ha, ha, ha! M. Séguin: Enfin!
M. Jolivet: Donc, il en a entendu parler.
M. Séguin: Non, M. le Président, je n'ai vraiment
pas été saisi d'objections ni du Conseil du patronat ni de...
À vrai dire, je n'ai eu aucune représentation, à mon
bureau, d'employeurs ou d'associations patronales, encore moins du Conseil du
patronat, étant donné que la résolution du conseil
d'administration de la CSST qui m'a recommandé de procéder
à l'adoption du projet de loi est unanime. Je n'ai eu aucune
réaction. Tout ce que je sais, c'est qu'il y a eu certains employeurs
qui avaient bénéficié de l'application du jugement et qui,
dés le lendemain de la décision de la Cour suprême du
Canada - si ma mémoire est bonne, je pense que c'est le 19 novembre -
avaient déjà demandé à la CSST d'être soit
remboursés ou libérés des engagements de ces programmes.
Alors, je pense que cela nous a forcés davantage à réagir.
C'est la seule préoccupation qu'on a eue.
M. Jolivet: J'en al eu une tout récemment, je devrais
même dire, à l'heure du dîner, m'indiquant qu'il y a
beaucoup de déductions qui pourraient être faites dans ce
sens-là. C'est pour cela que je voulais savoir si les
députés ministériels avaient été mis au
courant. Parce qu'on m'avait dit que, possiblement, les députés
ministériels apporteraient des amendements dans ce sens. Alors,
j'attendais.
M. Séguin: Non, je n'ai vraiment pas eu connaissance de
commentaires ni de projet d'amendement.
M. Jolivet: D'accord.
Le Président (M. Audet): Est-ce que cela va à
l'article 2?
M. Jolivet: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Audet): L'article 2 est adopté.
J'appelle l'article 3. "L'article 124 de cette loi est modifiée par
l'abrogation du paragraphe il."
M. Séguin: On suggère une abrogation par mesure de
concordance.
Le Président (M. Audet): Pas grand-chose à dire
là-dessus, M. le député de Laviolette? Non.
M. Jolivet: Non.
Le Président (M. Audet): L'article 3 est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Audet): L'article 4?
M. Séguin: J'ai un petit amendement. C'est à la
suite d'ailleurs de ce que l'on disait tantôt, avec mon collègue,
le député de Laviolette. L'article 4 suggère l'amendement
suivant, M. le Président. J'ai des copies pour les membres de la
commission: "Remplacer, dans la quatrième ligne de l'article 4 du
projet, les mots "et qui concerne" par les mots "en regard des décisions
de la Commission de la santé et de la sécurité du travail
rendues avant le (indiquer ici la date de la sanction de la présente
loi) qui concernent". Par la suite, cela s'insère dans l'article 4.
Le Président (M. Audet): D'accord.
M. Jolivet: Juste une minute. Ici, M. le Président, le
ministre a été mis au courant des problèmes qui existaient
en vertu de ceux qui sont déjà en instance d'appel à la
Commission des affaires sociales. Donc, elles demeureraient en ce qui concerne
la Commission des affaires sociales. Est-ce que le ministre peut nous dire si,
dans le cas de tous les autres qui n'ont pas encore fait l'objet d'un appel
à la Commission des affaires sociales, il serait plutôt opportun
de pouvoir faire appel à la même Instance pour n'avoir aucune
ambiguïté?
M. Séguin: M. le Président, on m'indique que la
Commission des affaires sociales n'a jamais réclamé la
juridiction sur les matières d'appel provenant des programmes de
réadaptation au travail. Il y a, non pas un vide Juridique, mais un lien
direct qui n'est pas établi à ce moment-là. C'est pour
cela que la CSST n'a pas déplacé ces dossiers vers la Commission
des affaires sociales étant donné qu'il semble y avoir un rejet
de juridiction ou de compétence en ce qui concerne les dossiers de
réadaptation.
M. Jolivet: Je sais que la CAS - Commission des affaires sociales
- a souvent fait référence au fait qu'elle n'avait pas
juridiction pour vérifier le droit d'appel qu'une personne pourrait
avoir dans ces programmes. Alors, je veux m'assurer qu'il n'y aura
d'ambiguïté pour personne, qu'on s'assure que, dans le fond, on
n'ouvre pas la porte à des gens qui seraient un Jour ou l'autre
malencontreusement arrivés à se voir perdre un droit légal
d'appel parce qu'ils se sont adressés à la mauvaise place,
c'est-à-dire au mauvais bureau de révision.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Séguin: En fait, ce qu'on veut faire par l'article 4 et
l'amendement suggéré, M. le Président, c'est que les
quelques centaines de dossiers qui sont pendants actuellement puissent cheminer
normalement. On veut protéger et c'est pour cela que la date qu'on
suggère est celle de la sanction du projet de loi et qui va couvrir une
période bien déterminée dans le temps. Ils pourront
éventuellement aller en appel à la CALP - Commission d'appel pour
les lésions
professionnelles - tel qu'est le cheminement normal.
M. Jolivet: En fait, le but recherché, c'est de vider les
anciens droits d'appel dans l'ancienne loi et de faire en sorte que la loi
nouvelle s'applique et que ce soit à cette commission.
M. Séguin: C'est cela, effectivement. C'est pour cela
qu'on a mis la date du projet de loi comme une frontière entre les deux
régimes.
Le Président (M. Audet): D'accord? Est-ce que cela va pour
l'amendement, M. le député?
M. Jolivet: Cela a l'air d'aller, il n'y a pas de
problème. On va demander une suspension, M. le Président, de
quelques minutes.
M. Séguin: Peut-être de quelques minutes, pour
éclaircir un peu...
Le Président (M. Audet): Quelques minutes, quelques
secondes... Nous suspendons la commission.
(Suspension de la séance à 16 h 51)
(Reprise à 17 heures)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux. Un
amendement a été déposé à l'article 4.
Est-ce qu'il y a des commentaires à ajouter là-dessus, M. le
député de Laviolette?
M. Jolivet: Oui, M. le Président, pour m'assurer de bien
comprendre toute la portée de cet amendement et de la loi quand elle
sera adoptée.
Le Président (M. Audet): Allez-y, nous vous
écoutons.
M. Jolivet: II y a d'abord ceux qui sont sur le droit de
révision actuel, on pariait de 200 personnes, mais on me dit que c'est
possiblement 150 personnes qui sont en demande de révision, qui
continuent selon la procédure habituelle. Il y a les nouveaux qui vont
arriver avec les nouvelles procédures de révision et il y a ceux
qui ont fait le choix, à un moment donné, entre le droit d'appel
à la Commission des affaires sociales ou le droit d'avoir une
compensation dans les programmes qui pourraient peut-être, en fin de
compte, recevoir les...
J'aimerais entendre le ministre sur les possibilités de
régler ce problème au même titre que nous avons
regardé, tout à l'heure, la question de l'indexation
rétroactive à 1982.
Le Président (M. Audet): D'accord, M. le ministre?
M, Séguin: Oui, M. le Président, brièvement, II est
exact que la portée de l'article 4 et de l'amendement n'a pas pour but
de revoir les modalités existantes pour les dossiers pendants devant
l'ancien bureau de révision. Il n'y avait pas d'appel de la
décision de l'ancien bureau de révision, et l'article 4 n'a pas
pour but d'en créer un ou d'en innover un. Cependant, on m'indique que
c'est peut-être regrettable et je suis intéressé à
ce point. D'ailleurs on m'a remis une note tantôt et mon collègue
le député de Laviolette est un peu dans le même sens, donc
je vais regarder cela attentivement et je vais en discuter avec la CSST, pour
voir ce qui en est. Mais malheureusement, pour ce qui est de notre projet de
loi aujourd'hui, je ne peux pas aller plus loin que l'article 4 qui est devant
vous.
M. Jolivet: On va attendre de la part du ministre, à la
suite de la discussion qu'il aura avec le conseil d'administration de la CSST
au sujet de ce problème ainsi que de celui de l'indexation, dans les
mois à venir, des réponses à nos questions.
M. Séguin: Je vais porter à la connaissance de la
direction de la CSST le problème qui m'est soumis, voir ce qu'il en est
et entendre l'opinion de la direction de la CSST sur cette question.
M. Jolivet: Donc, dans ce contexte, M. le Président,
l'amendement ainsi que l'article 4 amendé seraient adoptés?
Le Président (M. Audet): Alors, l'amendement est
adopté; l'article 4 est adopté tel qu'amendé. L'article
5?
M. Séguin: Oui, M. le Président, l'article 5
prévoit des modalités qui concernent les employeurs qui sont les
parties intéressées aux dossiers qui ont été
contestés et qui ont fait l'objet du jugement que je commentais il y a
quelques Instants et qui a pour but de prévoir la façon par
laquelle certains remboursements ou modalités financières qui
concernent la CSST, vis-à-vis de ces employeurs et d'autres employeurs
vont tenir compte des effets de notre projet de loi.
Il y a un amendement, M. le Président, très simple. Il
s'agit de supprimer dans la dernière ligne du deuxième
alinéa de l'article 5 le mot "lui".
Le Président (M. Audet): Dans la dernière ligne du
deuxième alinéa, dites-vous? D'accord: "Supprimer, dans la
dernière ligne du deuxième alinéa de l'article 5 du
projet, le mot "lui"."
M. Séguin: Oui, on lisait la phrase comme suit: "par
ailleurs, la commission doit rembourser
l'employeur qui lui a personnellement payé le coût de ces
prestation". Cela devrait se lire: "La commission doit rembourser l'employeur
qui a personnellement payé le coût de ces prestations".
M. Jolivet: "Lui" représentait la commission, à
l'époque?
M. Séguin: Pardon?
M. Jolivet: Le pronom "lui" qui était là - "La
commission doit rembourser l'employeur qui lui a personnellement payé le
coût de ces prestations" - cela devient: qui a personnellement
payé à la commission, représentait la commission.
M. Séguin: En fait "lui" représente l'employeur,
mais comme on le désigne déjà, il y a redondance tout
simplement.
M. Jolivet: Est-ce que vous pouvez me dire le coût de cela?
Avez-vous des détails sur ce que peut coûter maintenant cette
décision?
Pour le ministre, je mentionnerai dans le discours de l'adoption du
principe que ce pouvoir n'était pas ouvert à d'autres employeurs
qui n'avaient pas contesté. Donc, c'est bien clair que c'est seulement
ceux qui, en vertu des droits légaux, ont fait une contestation qui
seront remboursés. Il n'est pas question de rembourser tout autre
employeur qui aujourd'hui dirait: Avoir su, j'aurais fait cette contestation.
Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer quel est le coût de ces
remboursements? De plus, le ministre peut-il nous indiquer le nombre
d'employeurs qui y ont fait appel et ceux qui auraient pu le taire, et qui ne
l'ont pas fait? Est-ce que le ministre à des chiffres à ce
sujet?
M. Séguin: On m'Indique que ça peut impliquer plus
d'une centaine, environ 100, 150 et peut-être 200 employeurs. Les
montants peuvent représenter plusieurs millions. Il y a même des
projections maximales qui peuvent aller jusqu'à environ 20 000 000 $, 25
000 000 $, on ne le sait pas trop, ça dépend des droits qu'ils
vont vouloir exercer, mais c'est à peu près l'ampleur maximale
que ça peut avoir.
M. Jolivet: Est-ce que la commission, à l'époque,
étant donné la contestation, a fait en sorte de placer cet argent
quelque part dans un fonds ou si elle va devoir le prendre à même
ses fonds généraux?
M. Séguin: Non, dans le passé, M. n'y avait pas
vraiment de ce qu'on pourrait appeler de réserve, de provisions.
Cependant, il y a un système mis en place pour l'avenir et c'est pris
à même les fonds de ce qu'on appelle la caisse
générale des employeurs; donc, ça ne vise pas de fonds
publics mais c'est simplement une redistribution des comptes qui se fera
à même les cotisations habituelles des employeurs.
M. Jolivet: M. le Président, il n'y a pas de
problème à adopter l'amendement.
Le Président (M. Audet): Alors, l'amendement de l'article
5 est adopté. Est-ce que l'article 5, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Jolivet: Adopté, tel qu'amendé.
Le Président (M. Audet): J'appelle l'article 6.
M. Séguin: C'est un article qui est conséquent
à l'article 5 qu'on vient de voir, M. le Président. On y
précise que les sommes remboursées aux employeurs,
conformément à l'article 5 qu'on vient de voir, sont
financées au moyen de la cotisation annuelle fixée
conformément au chapitre IX de la Loi sur les accidents du travail et
les maladies professionnelles ou, selon le cas, conformément à
l'article 343 de cette loi.
Le Président (M. Audet): D'accord?
M. Jolivet: Adopté. En fait, c'est sur la façon de
répartir, pour que le remboursement ne se fasse pas d'un coup sec.
Le Président (M. Audet): C'est ça. Est-ce que
l'article 6 est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Audet): J'appelle l'article 7.
M. Séguin: Voilà, je pense que c'est
simplement...
Le Président (M. Audet): L'entrée en vigueur de la
loi.
M. Séguin: ...l'entrée en vigueur de la loi, M. le
Président.
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Audet): L'article 7 est adopté.
J'appelle maintenant le titre du projet de loi: Loi modifiant la Loi sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles et la Loi sur les
accidents du travail. Est-ce que le titre du projet de loi est
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. Il n'y a pas de
renumérotation. Est-ce que l'ensemble du projet de loi est
adopté?
M. Jolivet: Avant, M. le Président, j'aimerais.
Le Président (M. Audet): M. le député. M.
Séguin: Nous avions des commentaires. M. Jolivet: Oui. Le
Président (M. Audet): En conclusion.
M. Jolivet: J'aimerais dire au ministre que le travail que nous
avons fait dans ce dossier, les représentations que nous avons eues et
la façon dont on termine les travaux nous indiquent que, finalement,
nous avions eu raison de voter l'adoption du principe, tout en disant que, sur
les modalités, nous avions plusieurs questions à poser au
ministre, que nous avons fait valoir lors de l'étude du principe
à l'Assemblée nationale. Il me fera plaisir, lors de la prise en
considération du rapport, de dire que, à la suite de toutes les
discussions que nous avons eues avec des gens qui, même s'ils n'ont pas
été invités en consultation particulière, nous ont
permis, lors des intermissions, de faire des consultations
particulières, de régler un dossier qui était devenu
difficile pour les travailleurs, en espérant qu'à l'avenir, on
tirera le meilleur parti de ce projet de loi pour permettre aux travailleurs
d'avoir des conditions de vie meilleures, malgré le fait qu'un accident
sera toujours un accident et qu'une maladie professionnelle ou une
lésion professionnelle demeurera toujours une maladie ou lésion
professionnelle, mais, au moins, nous espérons ne pas voir ces
programmes à la baisse mais, au contraire, revalorisés...
Il restera donc toute la question de l'indexation et la question du
droit d'appel qui seront encore un point d'interrogation, mais je suis
assuré qu'on en trouvera les solutions dans les plus brefs
délais.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le ministre.
M. Séguin: M. le Président, je veux remercier les
membres de la commission et aussi ceux qui m'accompagnent. Ils m'ont
appuyé dans la démarche. Je remercie plus
particulièrement, si vous me le permettez, les gens de la CSN, dont
quelques-uns sont ici d'ailleurs avec nous dans la salle, de leur
collaboration, de l'enrichissement qu'ils ont apporté. Je voudrais
également mentionner la collaboration de mon collègue, critique
de l'Opposition, le député de Laviolette, qui, dans ce dossier
comme dans d'autres que nous avons eu l'occasion d'étudier, a
apporté des commentaires que j'ai retenus souvent. Je pense qu'il peut
en témoigner lui-même, en dehors de toute considération
politique ou partisane, lorsqu'on travaille dans l'intérêt public,
il y a toujours moyen d'accepter des commentaires et d'apporter des
améliorations. Cela s'est fait très cordialement et je trouve
cela formidable. Dans d'autres projets de loi, nous aurons sans doute,
j'espère, la même façon de procéder, M. le
Président. Alors, merci beaucoup.
Le Président (M. Audet): D'accord. Est-ce que le projet de
loi 74 tel qu'amendé est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 heures. Nous étudierons le projet
de loi 84, Loi modifiant la Loi sur les forêts.
(Suspension de la séance à 17 h 11 )
(Reprise à 20 h 11)
Projet de loi 84
Le Président (M. Audet): Je déclare la
séance ouverte. Nous sommes ici pour étudier le projet de loi 84,
Loi modifiant la Loi sur les forêts. Nous devons procéder à
l'étude détaillée de ce projet de loi.
M. le secrétaire, pouvez-vous annoncer les remplacements, s'il
vous plaît?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a un
remplacement. M. Théorêt (Vimont) est remplacé par M. Audet
(Beauce-Nord).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Audet): Merci. Avant de commencer
l'étude du projet de loi article par article, M. le ministre
délégué aux Forêts, vous avez certainement des
remarques préliminaires à faire. M. le ministre.
M. Albert Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. Nous avons déjà fait plusieurs remarques au
sujet des amendements à la Loi sur les forêts lors de l'adoption
du principe du projet de loi 84. Essentiellement, les modifications que nous
proposons ont pour objet de résoudre des problèmes administratifs
et ne modifient en rien l'esprit et la lettre de la loi originale,
c'est-à-dire la loi 150, Loi sur les forêts, qui a
été votée en 1986. C'est pour permettre également,
avec certaines modifications, certains amendements, d'attribuer à
plusieurs bénéficiaires, sur une même aire forestiers, des
volumes de bois de même essence ou des groupes d'essence.
Évidemment, cela réfère à des cas concrets que nous
avons oubliés lors de la présentation de la loi. Je
réfère au cas des Appalaches où il y a sept, huit ou neuf
entrepreneurs industriels de bois de sciage à qui la Coopérative
forestière des Appalaches et REXFOR, qui exploitaient cette partie de
forêt, vendaient des bois, ainsi que F.F. Soucy. Cet amendement
permet à tout ce
groupe-là de continuer à obtenir des bois on provenance de
la forât des Appalaches. Cela nous permettra aussi de continuer à
garantir à FF. Soucy une suppléance en cas de défaut des
producteurs privés de fournir les 100 000 cordes de bois. Lorsqu'il y
aura plusieurs bénéficiaires sur un même secteur, il est
évident que, en raison du morcellement de la forêt et de la
complication des travaux d'aménagement à y apporter, il faudra
que ces bénéficiaires s'entendent pour désigner un
bénéficiaire responsable, de façon que le ministère
ait un Interlocuteur pour l'exécution des activités
d'aménagement forestier. Ce projet de loi, à la demande
principalement des MRC qui ont à confectionner des schémas
d'aménagement, nous le mettons à la disposition du public,
c'est-à-dire pour rendre accessibles au public les plans annuel,
quinquennal et général que chaque bénéficiaire
obtiendra à la suite de la discussion et de l'attribution des contrats,
lorsque les données d'inventaire seront connues et lorsque tous les
calculs pouvant déterminer la possibilité sur une base de
rendement soutenu seront déterminés et négociés
avec les entrepreneurs. Ces plans seront à la disposition de la
population, des Québécois et des Québécoises, de
façon que le ministre puisse prendre connaissance et tenir compte des
remarques que ces personnes peuvent faire concernant ces plans
d'aménagement forestier. Vous savez, aujourd'hui, la forêt, on
veut qu'elle soft polyvalente, on veut qu'elle soit accessible à
plusieurs utilisateurs et que tous se respectent entre eux et respectent
l'environnement et notre qualité de vie. Ce sont toutes ces
données qui sont accessibles au public de façon que le ministre
tienne aussi compte des revendications dans la mesure du possible des autres
utilisateurs et des représentations du public.
Dans ces amendements à la Loi sur les forêts, on veut aussi
éliminer les contraintes en ce qui concerne les détenteurs de
permis d'éra-blière. On sait bien que dans l'ancienne loi 150, le
titulaire d'un permis devait être une personne physique et non une
personne morale Pour les fins fiscales et pour les fins pratiques, on a
enlevé ces contraintes. On a enlevé également les
contraintes en ce qui concerne les superficies. On enlève les
contraintes pour les détenteurs, les exploitants
d'érabllère, les acéricul-teurs, les contraintes de deux
ans d'expérience, parce que le ministère de l'Éducation ne
donne pas de cours pour les acérlculteurs. Donc, c'est une contrainte
qu'on avait imposée qui n'était pas justifiée. Dans les
amendements proposés, on enlève ces contraintes.
On veut également permettre la récolte de bois de
chauffage pour l'usage exclusif d'une pourvoirie, ou d'une zone d'exploitation
contrôlée, ou à l'intérieur d'une réserve
faunique; cela, afin d'harmoniser et légaliser les opérations.
C'est tout à fait normal et régulier que les propriétaires
de ZEC puissent s'occuper du bois de chauffage lorsqu'ils sont en pleine
forêt et chauffer leur camp en conformité avec la loi et
légaliser tout cela.
Concernant la mise en valeur des forôts, on veut également
étendre le statut du producteur privé. Dans la loi, on
restreignait le statut du producteur privé à celui qui en faisait
fa demande, mais qui détenait un secteur forestier d'un seul tenant
d'une dizaine d'hectares. Dans le but d'atteindre les objectifs de la Loi sur
les forêts, c'est-à-dire de mettre en valeur tous les terrains
forestiers, nous avons accepté et décidé d'étendre
le statut du producteur forestier à ceux qui détiennent les
quatre hectares de forêt seulement. En plus, il a été
convenu que le statut du producteur forestier sera à concéder...
ou la Corporation forestière autochtone, c'est-à-dire les Indiens
ou les autochtones qui occupent des territoires forestiers pourront être
reconnus comme producteurs forestiers, de façon à être
admissibles aux subventions attribuées aux producteurs forestiers dans
le cadre du programme de mise en valeur de la forêt privée. Je
pense bien que c'est une autre bonne intervention ou un amendement très
valable.
Dans tout cela, on veut également obliger les détenteurs
de permis d'intervention ou les bénéficiaires de contrats
d'aménagement et d'approvisionnement forestier à faire partie des
organismes de protection des forêts contre le feu. Pour les obliger
â en faire partie, il est prévu des sanctions dans les amendements
à la loi que l'on propose ce soir.
Les deux dernières remarques que je veux faire concernent le bois
saisi à la suite des coupes sans permis dans les forêts du domaine
public. On prévoit que cette saisie s'effectue dans le cadre d'une
inspection si ce bois se trouve sur les terres du domaine public.
Enfin, pour faciliter l'administration de la loi, les amendements sont
proposés afin que les contraintes administratives quant au versement des
sommes d'argent aux bénéficiaires soient créditées
plutôt que, comme on l'avait prévu originalement, versé
sous une forme d'aide financière. On veut également, dans les
amendements proposés, légaliser les remboursements d'argent
à la suite de la taxe fédérale sur le bois d'oeuvre de 8
%. La taxe fédérale de 15 % est arrivée après
l'adoption de la loi en 1986 et c'est nécessaire qu'on le fasse dans les
amendements, de façon à tout légaliser cette
opération administrative autant pour les travaux qui sont faits à
même des redevances, lors de l'exécution du contrat, que pour le
remboursement de la taxe de 8 % qui est demandée sur le bois d'oeuvre.
Cette taxe compensatoire nous a été Imposée par les
Américains et a été modifiée en une taxe
fédérale de façon à garder les sommes d'argent au
Québec, c'est-à-dire au Canada.
Ce sont là à peu près les remarques, un tour
d'horizon sur les amendements que nous proposons, M. le Président. Nous
sommes prêts. J'aimerais entendre les remarques de mes collègues,
de l'autre côté. Il me fait plaisir de les
saluer. il me fait plaisir de les recevoir. Il y a deux ans, on
s'était vus sur une longue période lors de l'adoption de la Loi
sur les forêts. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre. M. le
porte-parole de l'Opposition, le député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Nous voilà donc
rendus, après l'adoption du projet de loi 150, Loi sur les forêts,
du mois de décembre 1986, deux ans plus tard, à des amendements
au nombre de 68 dans le projet de loi qui est là et j'exclus - donc 67 -
le dernier article qui indique la mise en vigueur de cette loi 84.
D'entrée de jeu, je voudrais dire au ministre que l'Opposition dans ce
projet de loi fera un travail consciencieux, s'assurera que ce qu'on a dit lors
de l'étude du projet de loi 150 ne se reproduira pas
nécessairement dans celui qu'on va adopter ce soir ou dans les jours qui
viennent, du moins qu'on va commencer à adopter ce soir.
Je dois dire, M. le Président, 67 amendements dont les uns sont
techniques, d'autres majeurs, d'autres de concordance. Une loi qu'on disait
à l'époque être une loi pleine de trous qui demandait une
étude plus approfondie. Mais vous savez, dans le contexte du travail que
nous avons à mener dans des sessions intensives comme celle qui a
débuté la semaine passée, on a de la difficulté
quelquefois à faire notre travail le plus conscieusement possible, de
légiférer pour éviter justement ces difficultés que
l'on rencontre aujourd'hui. Même malgré tout cela, M. le
Président, je dois vous dire que le ministre, quant à nous, ne va
pas suffisamment loin pour corriger ses erreurs de la loi 150. Nous n'aurons
pas la même tolérance que nous avons eue en 1986 où il a
fallu donner une chance au ministre. Il était à sa
première grosse loi. Elle faisait suite à des principes pour
lesquels nous avions été d'accord et pour lesquels nous
étions toujours d'accord. Mais aujourd'hui, la loi ayant sa pleine
vigueur le 1er avril 1990, trois ans après l'adoption en 1987 de
l'entrée en vigueur, au 1er avril 1987 tout en sachant qu'elle a
été adoptée au mois de décembre 1986... Le
ministre, à cette époque, disait: C'est évident que ma loi
n'est pas parfaite, on l'améliorera. Mais je ne pensais pas qu'on
serait, deux ans après, obligé de la modifier de cette
façon-là. Surtout qu'au mois de décembre 1985 la ministre
des Affaires culturelles et vice-première ministre avait indiqué
qu'on légiférerait moins mais qu'on légiférerait
mieux. Nous sommes trois ans après cette assertion de la ministre et
nous nous apercevons qu'on ne légifère pas moins et qu'on ne
légifère pas mieux non plus. Moins, parce que la façon
dont sont tombés sur notre table le 15 novembre dernier 29 projets de
loi privés et publics, la majorité des projets de loi
étant publics, qu'on se voit déjà aujourd'hui, vers 13
heures, devant la guillotine sur un projet de ici majeur qui est la loi 37 sur
l'aide sociale, qu'on se voit obligés de fonctionner dans des conditions
où on nous refuse de verser les amendements ou les règlements, je
vais vous dire, M. le Président, que nous allons prendre tout le temps
pour essayer de faire la meilleure législation qui soit. C'est là
un des premiers rôles des personnes qui sont autour de cette table et qui
ont des pouvoirs de légiférer.
Nous sommes donc avec un projet de loi où le ministre,
malgré ce que la ministre des Affaires culturelles et
vice-première ministre disait à l'époque: Nous allons
moins réglementer, nous avons même eu de la part d'un ministre
responsable de la déréglementation ou, devrais-je dire, d'un
député, adjoint au premier ministre, responsable de la
déréglementation qui, depuis ce temps, a été
nommé à Londres, vous vous en souvenez, encore pris avec des
règlements additionnels, avec des pouvoirs additionnels donnés
par règlement... Je vais vous dire, M. le Président, que nous
allons scruter à la loupe chacun des articles de ce projet de loi. Nous
allons faire toutes les recommandations qui s'imposent, mais nous n'accepterons
pas, dès l'entrée de jeu, de sa retrouver avec un projet de loi
de cette ampleur.
Vous savez très bien ce qui va se produire dès la semaine
prochaine. Vous n'êtes pas sans savoir qu'un jugement de la Cour
suprême doit être prononcé sur la langue d'affichage. Nous
serons bousculés, dans le temps, pour des raisons évidemment,
celles de ce qu'on a appelé le non-gouvernement. Nous serons donc
obligés, dans des circonstances telles que nous allons être dans
des conditions qui ne nous permettront pas de discuter des amendements
possibles à des projets de loi en discussion dans des conditions tout
à fait normales... Dans ce contexte, M. le Président, nous allons
regarder et nous allons dire au ministre que le projet de loi qui est devant
nous amène plusieurs pouvoirs réglementaires. Je suis
assuré que le ministre a aussi des amendements à ce projet de
loi, ce qu'on appelle des papillons; habitués que nous sommes de voir
arriver la cohorte qui l'accompagne, on sait qu'on va avoir des
problèmes. Le projet de loi qui est devant nous ne répond
probablement plus déjà aux attentes que le ministre
s'était fixées quand il avait présenté son projet
de loi au comité de législation et au Conseil des ministres.
M. le Président, devant ces faits, il est évident que si
on veut faire un travail convenable, le ministre pourra nous le dire dans son
droit de réplique, ce dernier devrait nous déposer, en vrac, les
amendements qu'il a l'intention de présenter pour qu'on soit à
même d'évaluer l'ampleur de ce projet de loi. Je ne lui demande
pas de déposer les règlements, parce que je sais très bien
que les règlements suivent l'entrée en vigueur d'une loi avec le
système de prépublication et de publication, mais il me semble
que le ministre devrait aujourd'hui, avant
même que l'on commence l'étude du projet de loi article par
article, nous donner une copie des projets de règlement qui nous
permettraient de saisir l'ensemble de l'ampleur qu'il veut donner à ce
projet de loi. Le ministre peut refuser. Il est en plein droit de refuser, mais
il me semble que s'il veut que nous fassions, comme député, un
travail convenable, il devrait permettre de le voir de cette
façon-là. À titre d'exemple, je vous donne une discussion
que nous avons eue cet après-midi avec un autre ministre, M. le
Président. Vous en étiez vous-même le président.
Nous avons eu l'occasion d'échanger certains propos avant le
début de la commission. Nous avons eu l'occasion de discuter durant la
commission. Nous avons même pris la responsabilité, d'un commun
accord, de suspendre pendant quelque temps la séance, parce que le
ministre s'était rendu à notre argumentation et à celle de
beaucoup d'autres personnes qui étaient venues dans cette salle et avec
lesquelles nous avions eu des conversations avec le ministre sur des
amendements possibles devant, par le fait même, éviter à
des personnes d'être pénalisées par un projet de loi qui,
s'il avait été adopté comme on l'avait entre les mains,
aurait défavorisé 7000 personnes, 5000 d'entre elles étant
déjà sous des programmes de réadaptation et de
stabilisation économique et sociale, et 2000 étant en attente de
révision. Nous nous sommes donc retrouvés avec un ministre qui a
accepté avec nous de jouer - si vous me permettez l'expression que je
n'aime pas, parce qu'on dit toujours jouer notre rôle de
député de l'Opposition - ou de pouvoir, devrais-je plutôt
dire, faire notre travail de législateur dans les meilleures conditions.
Qu'est-ce que cela a donné comme résultat? C'est qu'un projet de
loi qu'on pensait discuter jusqu'à minuit ce soir, à 17 h 15,
avant l'heure du souper, il était terminé et adopté, parce
que nous avions pris le temps de le regarder avant. (20 h 30)
Donc je vous le dis, M. le Président, j'ai devant moi un projet
de loi, je sais que le projet de loi apporte des modifications substantielles.
D'ailleurs un de mes collègues aura l'occasion de venir à cette
commission, on le fera inscrire à ce moment-là pour qu'il puisse
venir, relativement à la question des érablières, parce
que ça touche en même temps à un domaine du collègue
du Lac-Saint-Jean, responsable pour l'Opposition de toute l'agriculture et
l'alimentation. Il aura, certainement, sur ces articles-là, 4, 5, 6, 7,
8, à faire des recommandations au ministre pour que ça puisse
s'ajuster avec la Loi sur le zonage agricole et la loi sur les
érabllères au niveau du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, quant à l'utilisation des produits
de l'érable. Il aura l'occasion de venir ici et de faire valoir son
point de vue.
Je dois vous dire, M. le Président, que si je ne sais pas
d'avance quels seront les amendements, les papillons, comme on dit dans notre
langage de parlementaire, que le ministre a l'intention d'apporter au projet de
loi, je ne verrais pas toute l'ampleur. Le ministre pourra me dire:
Écoutez, vous allez le voir au fur et à mesure. C'est une
façon de voir les choses. Je vous dis que si on avait, cet
après-midi, cet exercice-là au fur et à mesure,
peut-être qu'on serait encore, ce soir, à discuter du projet de
loi, parce qu'on aurait beaucoup de choses à dire avant que le ministre
se décide. Mais le ministre a trouvé plus convenable qu'on puisse
arriver à l'adoption des articles, un par un, du projet de loi, par la
façon de procéder qui était, je pense, une façon
très normale.
La même chose quant aux règlements. Les règlements
ont des effets sur le projet de loi. Le ministre, encore une fois, par un
projet de loi, se donne d'autres pouvoirs réglementaires lui permettant
d'intervenir dans un projet de loi et dans une loi qu'il a lui-même fait
adopter, donc en addition aux règlements déjà
adoptés. Si le ministre veut que l'on fasse un travail convenable, iI va
assurément être d'accord avec moi pour déposer de
lui-même, sans qu'on insiste davantage, les projets de règlement
qui nous permettraient de faire la jonction entre l'article qui est là
et le règlement qui vient donner les conditions dans lesquelles ce
projet de loi doit s'appliquer.
Exemple, M. le Président, pour vous démontrer ce que
ça donne comme résultat, le même ministre de cet
après-midi, sur un autre projet de loi, le projet de loi 65... Cet
après-midi, c'était la loi 74, concernant la légalisation
des programmes de stabilisation, des programmes de réadaptation et les
programmes de stabilisation économique et sociale. Ce même
ministre, sur les produits toxiques, sur l'étiquetage et sur les
documents permettant de prévenir dans certains milieux le travail le
moins dangereux possible avec des produits dangereux et toxiques, a
accepté de déposer non seulement les règlements qui le
concernaient, lui, comme ministre, en termes de projet de règlement
qu'il avait l'intention de faire adopter, il a même déposer,
puis-quelle touchait a une entente-cadre avec le fédéral, les
règlements et les projets de règlement en discussion au
fédéral, ce qui nous a permis de voir l'ampleur de la discussion
et l'ampleur de ce que donnerait le projet de loi dans le futur. Ce qui nous a
permis de faire la jonction de l'un à l'autre et même, dans
certains cas, de faire des propositions pour corriger le règlement avant
sa publication. Parce que dans ce cas-là, le ministre, à la suite
des discussions qu'on avait eues avec lui, acceptait, finalement, il nous le
proposait et on l'a accepté, de faire une non-publication des projets de
règlement, parce qu'il fallait aller rapidement dans le dossier.
Ce projet de loi sera adopté incessamment, après
l'étude du rapport de la commission à l'Assemblée
nationale, parce que le ministre a accepté d'agir, dans ce
contexte-là, conformément avec le Parti libéral lorsqu'il
était en
campagne électorale et lorsqu'il était au pouvoir, au 2
décembre 1985, quand il nous a dit: Les législateurs auront
l'occasion de faire valoir leur point de vue sur les règlements. Dans ce
contexte, M. le Président, il est évident que le ministre, s'il
veut nous permettre de faire une étude la plus attentive et la plus
exhaustive possible du projet de loi, devrait nous fournir les
règlements sans autre argumentation que celle que je vous donne
actuellement. Ce qui nous permettra, dans le contexte du projet de loi qui est
devant nous, de voir à ce qu'il faille, si nécessaire,
restreindre les pouvoirs réglementaires du ministre. Je pense bien que
mes collègues autour de la table, incluant le député de
Saint-Maurice qui m'écoute avec beaucoup d'attention, nous permettront
de parier dans le même sens.
Le député de Saint-Maurice, j'en suis assuré, est
d'accord avec mol. D'ailleurs, il la disait lui-même pendant la campagne
électorale, que c'est ainsi qu'il agirait à l'avenir. Alors dans
ce contexte, je ne vois pas pourquoi je n'aurais pas son appui ce soir. Quand
on insistera, il aura l'occasion de parler, il aura l'occasion de dire au
ministre: Écoutez, M. le député de Laviolette a
complètement raison, même si je suis son député de
tutelle dans sa région, soyez assurés que je suis d'accord avec
lui.
Mais je vous dis, M. le ministre, reprendre l'exercice qu'on est en
train de faire actuellement, dans des conditions qui ne nous permettent pas de
le faire dans les meilleures conditions possible, c'est, je pense, sans vouloir
accuser encore une fois le ministre, dilapider les énergies des
parlementaires parce qu'on va être obligé de revenir encore une
fois, dans un an, un an et demi, deux ans, faire d'autres amendements.
Le ministre, M. le Président, vous ne l'avez pas entendu, je l'ai
entendu, a dit: On reviendra. C'est justement ce qu'on veut essayer
d'éviter, de revenir trop souvent sur un projet de loi d'une ampleur
qu'on a connue en 1980... 1986, plutôt. La loi 150, on l'avait dit
à l'époque, il y a des dangers que le ministre, même en
cours de route, ait des difficultés pour faire en sorte d'appliquer son
projet de loi.
Un exemple que je vous donne en passant, qui fera l'objet de discussions
en cours de route, c'est celui des agriculteurs qui étaient
habitués d'avoir du bois sur le domaine public, dans le cas de feu, dans
le cas de désastre à la ferme. Ils pouvaient avoir du bois leur
permettant de faire cela dans les meilleures conditions possible.
Vous aviez la même chose pour des gens qui se trouvaient en
forêt, qui avaient à construire un camp en bois rond, que ce
soient des gens dans mon coin qui sont Attikameks-Montagnais - j'ai un cas,
actuellement, qui est en discussion dans ce sens - qui se voient actuellement
obligés de dire: Écoutez, achetez cela à telle place et ne
le demandez pas sur la terre publique, parce qu'on est pris avec des contrats
d'approvisionnement et d'aménagement forestier.
J'ai cette réponse dans mon comté, je vous la donne comme
je l'ai, j'aurai l'occasion de revenir là-dessus. Et c'est une personne
qui a toujours vécu toute sa vie comme membre du groupe des
Attikameks-Montagnais, et son chalet, sa maison, est finie et il demande
d'avoir du bois et il ne peut pas l'avoir. Il y a des gens qui disent:
Écoutez, il y a du bois qui est en perdition dans la forêt. Ce
bois, on pourrait en faire la récupération et cette
récupération, même la compagnie qui en fait
l'aménagement du secteur n'y touche même pas. Donc, on ferait
simplement une bonne utilisation. Cela va aussi toujours dans les mêmes
cas et cela dure depuis un an et demi. Ils se font répondre:
Écoutez, faites des ententes avec les compagnies et si ça marche,
ça ira. Mais je vous le dis bien honnêtement, on donne comme
réponse, actuellement: malheureusement, il y a les contrats
d'approvisionnement et d'aménagement forestier qui existent et en
conséquence, on ne peut pas vous le donner.
M. le Président, vous me faites signe qu'il ne me reste plus de
temps pour mes remarques préliminaires. Je vous dis que 68 articles,
quand on regarde la teneur de ce que cela modifie, nous avons besoin d'un
rapport du ministre, des meilleurs renseignements, c'est-à-dire les
amendements et les projets de règlement qui nous permettront
d'évaluer l'impact des discussions que nous allons faire avec lui dans
les heures qui viennent.
Le Président (M. Audet): D'accord, merci. M. le
député de Saguenay, adjoint parlementaire.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: M. le Président, brièvement. Sans
relever les propos du critique de l'Opposition en matière de
forêt, il nous a fait connaître ses couleurs, et c'est de bonne
guerre. Je respecte entièrement, sans la partager, son opinion; il n'y a
pas de problème là-dessus. Nous sommes, bien sûr, devant le
Parlement après deux ans pour apporter certains correctifs à une
loi qui était tout à fait essentielle pour l'ensemble du domaine
forestier au Québec. Si la loi est Imparfaite, on n'a jamais eu la
prétention qu'elle était parfaite, si on revient aujourd'hui,
c'est parce qu'on s'est aperçu qu'à l'usage, certains articles
demandaient des modifications. Il faut se rappeler le contexte global de la loi
150. M. le député de Laviolette le sait fort bien, il avait
présenté un livre blanc à son époque mais,
malheureusement, les gouvernements antérieurs - peu importe la couleur -
ont toujours négligé d'apporter cette loi fondamentale qui
était essentielle à la prise en main de notre héritage
national qu'est la forêt. il est évident que ce n'est pas par un
article législatif d'une session qu'on pouvait apporter tous les
correctifs possibles et imaginaires à ce grand besoin qu'est la
forêt. Après deux ans d'usage, il faudrait peut-être
regarder
aussi les côtés ultra-positifs de la loi 150. À
partir de ce moment là, je pense que, mon Dieu, les personnes qui ne se
trompent pas ne sont pas autour de cette table. Vous le savez fort bien,
messieurs les députés, peu importe du côté où
on est. Lorsque l'esprit de la loi 150 a été apporté
à l'Assemblée nationale, et pour qui tout le monde a
avantageusement voté, c'est parce qu'on était conscient de la
gravité de la situation et qu'il fallait se retrousser les manches. Vous
savez, la première maison qu'on bâtit est autant imparfaite
malgré notre bonne volonté qu'elle le soit. Cependant, si on
n'apporte pas les correctifs, on peut être considéré comme
un imbécile. Lorsqu'un gouvernement s'aperçoit qu'à
l'usage d'une loi, il y a des correctifs à apporter, il fait preuve
d'humilité et de sagesse en même temps. La sagesse est profitable
à l'ensemble des citoyens. L'humilité, c'est son mea culpa
à lui. Mais l'humilité, souvent, est le commencement de la
sagesse. Le ministre, dans son début de sagesse, après ce qu'on
pourra appeler la plus grande loi forestière au Québec, la loi
150, après consultation et les amendements qu'il apporte ici ne sont pas
des amendements facultatifs ou de sa présomption... Ce sont des
amendements qu'il apporte après usage de la loi.
Bien sûr, dans l'avenir, il faudra en apporter d'autres. Nous
sommes dans une ère électronique, et l'évolution se fait
beaucoup plus vite souvent que le désir du législateur. Le projet
de loi qu'on apporte aujourd'hui est essentiel dans la meilleure application de
la loi 150. Peut-être que dans deux ou trois ans, il faudra revenir
devant le Parlement pour apporter d'autres modifications puisque
l'évolution... Écoutez, la loi 150 - il faut le dire - a
chambardé de fond en comble notre façon de vivre relativement a
la forêt au Québec. On a touché le socle - je me plais
à le dire - fondamental de la forêt au Québec quant
à sa façon de l'utiliser et le comportement des utilisateurs.
Cela ne peut pas se faire en douce partout en même temps d'une
façon tout à fait splendide et magistrale. Ce qui est important,
c'est de constater des lacunes qu'il y a eu après usage et d'avoir la
sagesse d'apporter les corrections. Bien sûr, l'Opposition voudrait qu'on
dépose tous les règlements, les amendements en bloc ou les
papillons. Mais il est de bonne guerre entre législateurs et entre
gouvernements souvent d'attendre que les couleurs soient mises sur le table.
Dans ce cas-ci, vous avez déposé les vôtres tout à
l'heure même avec certains points de hargne et je vous ferai grâce
de ce qui se passe dans les autres commissions. Les autres commissions, bien
sur, ont leurs problèmes comme toutes les commissions parlementaires
d'une fin de session. Ce qui est important, c'est qu'ici, on fasse un travail
de législateur qui corresponde aux besoins et aux attentes des gens du
milieu. Et cela est important. Sans relever de points particuliers, MM. les
membres de l'Opposition, je vous rappellerai simplement que, tout à
l'heure, vous avez semblé scandalisés lorsque le ministre a dit
qu'il ne déposerait pas la réglementation ou qu'il la
déposera sous peu. Je me rappelle fort bien, M. le Président,
pour avoir été de l'autre côté de la table pendant
quelques années, attendre encore certaines réglementations. Je
parle en particulier de la loi 48. Je suis sûr que mon collègue
d'Ungava connaît particulièrement bien la loi 48, mais j'attends
encore la réglementation et pourtant cela fait quand même cinq ou
six ans de cela. Or, II ne faut pas se surprendre que la réglementation
ne soit pas attachée automatiquement au projet de loi. La
réglementation, souvent, se fait dans les mois ou dans les semaines,
parfois dans les années qui suivent. L'usage nous a apporté cette
réalité. (20 h 45)
Tout simplement et en conclusion, M. le Président, puisque je ne
voudrais pas prendre plus de temps qu'il faut, je voudrais simplement dire que
le législateur a un travail à faire. Les gens de la forêt,
les 250 000 qui sont touchés de près ou de loin au cours de cette
présente session attendent ardemment que les modifications soient
apportées et, surtout, qu'elles soient faites dans un esprit
constructif. Je pense que, de ce côté-ci, toutes les suggestions
constructives qui nous proviendront de l'autre côté de la table
seront fortement les bienvenues, mais à partir du moment où on
gardera l'esprit créatif et l'esprit que tout le monde s'est
donné lors de l'adoption de la loi 150. Je pense que c'est le souhait de
tous les parlementaires, ici, autour de cette table.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
d'Ungava. Vous avez encore des remarques à nous faire?
M. Claveau: Ah oui, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Vous souhaitez encore en faire.
Allez-y. Vous avez la parole.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Si vous me le permettez, M. le Président,
j'aimerais bien glisser une ou deux petites phrases pour, d'une part, soutenir
l'intervention de mon collègue, le député de Laviolette,
qui a été très pertinente et en même temps
peut-être, pour ajuster un peu le tir ou, enfin, pour éclaircir
les esprits du député de Saguenay qui, déjà,
dès ses remarques préliminaires, sous-entend un certain nombre de
comportements ou une certaine façon de fonctionner ou des remarques qui,
à mon sens, sont un peu déplacées dans le contexte d'une
démarche parlementaire qui se veut raisonnable et qui se veut aussi
à bon escient pour l'ensemble justement de nos commettants
québécois qui ont droit à des lois bien
étudiées, bien travaillées, pensées,
discutées en commission parlementaire, pour en arriver vraiment avec une
législation qui soit conforme
aux besoins du milieu et une législation qui se veut
complète et non pas retouchable à tout bout de champ, comme
semblait prétendre le député de Saguenay, que cela
était tout à fait normal de revenir dans la législation
pour en modifier les portées et ce, d'une façon continuelle.
M. le Président, j'ai eu l'occasion, en 1986, de participer d'une
façon assez active à la commission parlementaire, enfin, à
tout le processus qui a amené l'adoption du projet de loi 150. Je peux
vous assurer que je ne suis pas du tout impressionné par les remarques
du député de Saguenay quant aux intentions du gouvernement actuel
et aussi un certain laxisme, semble-t-il, qu'il suggère quant au
comportement du gouvernement antérieur. Si le gouvernement actuel a
amené le projet de loi 150, en 1986, ce n'est probablement pas de
gaité de coeur, ce n'est probablement pas parce qu'il avait envie de
l'amener, mais c'est parce que la démarche était tellement bien
enclenchée, tellement bien partie qu'il ne pouvait pas reculer. Il y
avait eu déjà, depuis 1984, un travail honnête qui
s'était fait, de consultations, d'élaboration avec le milieu et
qui avait amené à la préparation d'un livre blanc qui
énonçait un certain nombre de principes qui devaient se traduire
dans la législation. Des consultations ont été faites et,
à ce moment-là, tout le monde avait réussi à
s'entendre dans l'opinion publique en général, et en ce qui
concerne l'industrie forestière en particulier, on avait réussi
à s'entendre sur l'opportunité, la nécessité
même de modifier notre approche quant à l'exploitation, à
l'utilisation globale de la ressource forestière. Après les
élections de 1985, le gouvernement qui a pris le pouvoir et qui,
finalement, se vante encore après trois ans de ne pas gouverner, si on
se fie aux réponses qu'on a régulièrement en Chambre de la
part des différents ministres qu'on a l'occasion de questionner et qui
se contentent d'accuser, qui se contentent de réprouver les
comportements des gouvernements antérieurs, mais qui se gardent bien de
gouverner et de prendre les décisions... alors, dans le cas de la loi
150, il n'avait pas le choix, il fallait qu'il aille de l'avant. Sauf
qu'à ce moment-là, on a eu l'occasion d'en discuter avec le
ministre et on a dit: M. le ministre, vous passez à côté
des principaux objectifs du livre blanc, de la démarche qui a
été entreprise. Vous êtes en train d'oublier l'essentiel.
Vous êtes en train de vous écrémer un petit projet de loi
qui va vous permettre d'appliquer une politique forestière, une
modification dans l'approche forestière mais qui fait fi de certains
éléments particulièrement essentiels et importants, par
exemple, un des grands principes qui ont été omis au moment de
voter ou de discuter le projet de loi 150, celui de donner une priorité
aux boisés privés et de dire: D'accord, nous allons diminuer le
stress, nous allons diminuer la tension sur la forât publique en
maximisant l'approche de l'exploitation de la fibre à partir de la
forêt privée et encore, au moment où l'on se parle, il y a
des intervenants qui disent: M. le ministre, il faudrait que, dans le domaine
des feuillus en particulier, vous soyez plus mordant, que vous poussiez plus
vers la priorisation du feuillu qui émane de la forêt
privée, parce qu'actuellement, on est en train de saigner à
toutes fins utiles la forêt privée de tout ce qui s'appelle
conifères, mais par contre, en ce qui concerne les feuillus, il y a un
gros manque. Il faudrait aller plus loin de ce côté. C'est d'abord
et avant tout dans la forêt privée que l'on devrait exploiter ou,
enfin, établir des critères d'exploitation qui permettent de
diminuer le stress sur la forêt publique.
On demande que le principe du rendement soutenu soit appliqué
aussi dans la forêt privée par toutes sortes de modalités
que le ministère pourrait mettre de l'avant, qui permettraient de faire
en sorte que ce qui est bon dans le domaine public devrait aussi être bon
dans le domaine privé, en tant qu'exploitation forestière on
s'entend bien, et que si c'est vrai que le principe du rarement soutenu doit
s'appliquer dans la forêt publique, qu'on fasse en sorte que cela
s'applique aussi dans la forêt privée par toute une série
de mesures qui pourraient être prises pour que cela se fasse. On ne
retrouve pas cela dans le projet de loi actuel.
La loi 150 a été votée à la hâte, on
s'en souvient, et même, si je ne m'abuse, il y a eu bâillon
là-dessus parce qu'on trouvait que l'Opposition faisait trop bien son
travail et demandait...
Une voix: II n'y a pas eu bâillon.
M. Claveau: S'il n'y a pas eu bâillon, cela a passé
proche en tout cas, on me dit que cela a passé proche.
M. Maltais: Ah oui! S'il n'y a pas assez de beurre, on met de la
margarine.
M. Claveau: On se souvient qu'à ce moment-là, on a
demandé au ministre à maintes reprises de réviser des
positions. Le ministre a dit: Non, ce n'est pas grave, je sais où je
m'en vais. Il savait tellement où il s'en allait qu'il a fallu d'abord
qu'il dépose un avant-projet de loi qui est ailé en commission
parlementaire et il a dû le remanier au complet pour faire un projet de
loi qui, finalement, ne ressemblait plus du tout à son avant-projet de
loi. Le même projet de loi, il a dû le réécrire
presque au complet en commission parlementaire, amendements pardessus
amendements et sous-amendements pour en arriver, finalement, après un
troisième brouillon, avec une loi finale qui, à la regarder et
à en faire la comparaison avec l'avant-projet de loi, était comme
le jour et la nuit. Il y avait plein de principes, d'approches, de
technicités qui avaient été modifiés. Le ministre
va dire: Oui, mais on a fait des consultations. Sauf que si le ministre
était parti fondamentalement avec les
principes qui émanaient du Iivre blanc et des démarches
qui avaient été faites par l'ancien gouvernement, il se serait
probablement évité un bon six mois de rédaction, de
réflexion, de reprise de ses brouillons et de retour à la table
de travail, la tabie à dessin. Parce qu'il e voulu justement nous amener
un projet de loi qui continuait dans la foulée de ce qui avait
été entrepris par l'ancien gouvernement, il a dû reprendre
ses devoirs au moins trois fois. On se rend compte aujourd'hui après
même pas deux ans ou à peine deux ans après l'acceptation
de cette loi, avoir passé cette loi en troisième lecture, et
avant même qu'elle sort en application totale, parce qu'on se souviendra
qu'il a jusqu'au 1er avril 1990 pour négocier les fameux contrats
d'approvisionnement et d'aménagement, on n'est même pas encore
rendu à cette limite et déjà on revient avec un projet de
loi en 68 articles qui amènent au-delà d'une centaine
d'amendements sur une loi qui est votée d'il y a à peine deux ans
et qui comprenait 257 articles. Il faut quand même le faire.
En réalité, c'est le quatrième brouillon. On se
demande à quand le cinquième. C'est le quatrième brouillon
d'un projet de loi sur les forêts. Voilà ce qui se passe.
Entre-temps, il y a eu la Commission Bélanger-Thérien qui s'est
promenée dans tout le Québec pour essayer de faire comprendre au
ministre, après consultation encore une fois des intervenants, comme si
cela n'avait pas été suffisant la première fois, et qui a
essayé de faire comprendre au ministre: Écoutez, votre grille de
tarification, vous devriez peut-être la modifier, parce qu'elle ne
correspond pas tout à fait aux besoins de l'industrie forestière.
Je peux vous en donner des exemples. J'ai des industriels forestiers dans mon
coin qui coupent dans l'épinette de cette grosseur-là à
50, 60 et 80 kilomètres dans le bois, dans de petits chemins et qui
paient 5,50 $ le mètre cube alors que, normalement, cela devrait se
situer autour de 1,80 $ à 2,30 $, 2,50 $. Le ministre dit: Bien, c'est
une erreur qu'on a faite. On a peut-être mal évalué. On ne
peut pas vous le rembourser parce que, vous savez, des remboursements
rétroactifs, comment cela se fait, etc. Par contre, on pourrait
peut-être vous donner un petit coup de main ailleurs pour compenser pour
le trop qu'on vous a chargé dans vos droits de coupe. Le ministre le
sait il va dans le coin vendredi. De toute façon, j'ai l'impression
qu'encore là, il s'imagine qu'on va avoir beau-coup de temps parce qu'il
est supposé être à Chibougarnau. Il y a même des
mauvaises langues dans le milieu de ses organisateurs qui prétendent et
qu'ils le disent à tout vent que M. le ministre s'en va faire du
financement pour le Parti libéral du Québec vendredi dans le
comté d'Ungava. Alors, Je ne sais pas s! c'est vrai mais il y a des
mauvaises langues qui le disent dans le milieu.
Une voix: Pourriez-vous rappeler à la pertinence, monsieur
le député?
M. Cannon: II est rendu dans les campagnes de financement du
parti. Question de règlement, M. le Président?
M. Claveau: Tout cela pour vous dire que le ministre est au
courant.
Le Président (M. Audet): Question de règlement, M.
le député d'Ungava.
M. Cannon: Je voudrais simplement souligner la pertinence du
débat et rappeler au député que nous sommes en train de
discuter du projet de loi 84. Cela n'a strictement rien à voir avec les
campagnes de financement ni du Parti québécois ni de celle du
Parti libéral du Québec.
M. Claveau: On ne sait jamais.
Le Président (M. Audet): Alors, M. le député
de Dubuc, sur la question de règlement.
M. Desbiens: Oui, sur la question de règlement, M. le
Président. D'ailleurs vous l'avez saisi vous-même, c'était
tout simplement une façon pour le député de....
M. Cannon: De soulever la pertinence du débat.
M. Desbiens: ..ralentir ce que mon collègue, le
député d'Ungava, était en train de démontrer. C'est
très pertinent avec le débat. Il s'agit que vous puissiez
entendre la suite pour pouvoir en déterminer, je pense.
M. Claveau: C'est excessivement... Le Président (M.
Audet): Un instant.
M. Claveau: Voulez-vous me donner la parole?
Le Président (M. Audet): Oui. Cela va, M. le
député de Dubuc?
M. Desbiens: Ceci pour dire qu'il n'y avait pas là de
question de rappel au règlement.
Le Président (M. Audet): Écoutez, je pense que dans
l'Intérêt des membres de la commission, il faudrait
peut-être. C'est sûr que les remarques préliminaires
permettent une certaine largesse, mais il faudrait quand même être
prudent parce que vous risquez de soulever des débats qui n'en finissent
plus et on va s'égarer des objectifs de la commission qui sont d'adopter
le projet de loi 84. Alors, vous pouvez continuer, M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, cela va, M. le Président. Je n'en
reparlerai plus. Tout simplement, ce que
je voulais dire, c'est qu'un gouvernement, des ministres ou, enfin, des
intervenants politiques se fichent des priorités, n'est-ce pas? Et on
arrive ici en commission parlementaire, aujourd'hui, avec un projet de loi
particulièrement Important en pleine fin de session, durant la session
intensive, un projet de loi qui vient modifier à presque 50 % des
dispositions d'une loi qu'on vient à peine de voter et qui n'est pas
encore en application dans sa totalité. Au lieu de prévoir son
temps pour se rendre disponible à 100 % pour la commission
parlementaire, pour prendre tout le temps nécessaire pour discuter de
ces articles-là, le ministre se garde d'autres activités à
l'extérieur qui vont l'amener, encore une fois, à se retirer ou
à s'éloigner du Parlement on pleine session intensive et qui vont
aussi, par le fait même, empêcher les parlementaires de disposer de
tout le temps nécessaire pour pouvoir regarder à fond les
différents articles du projet de loi, et pour donner les
éléments de base au ministre pour qu'il ne se trompe pas et pour
éviter qu'il nous revienne dans six mois avec un cinquième
brouillon du même projet de loi. Vous voyez, dans le fond, que ce sont
toutes des choses qui se regroupent.
Alors, je disais qu'après, il a fallu la commission
Bélanger pour se promener sur le terrain et dire au ministre:
Écoutez, votre grille de tarification, vous êtes peut-être
un peu exagéré là-dedans. Cela ne correspond pas à
la réalité. Je donnais un exemple très pertinent de ce qui
se passe chez nous actuellement. On coupe de l'épinette de quatre ou
cinq pouces à 5,50 $ le mètre cube en termes de droit de coupe,
alors que c'est très loin de sa valeur commerciale. C'est un exemple de
chose que le ministre aurait mieux fait d'écouter avant, de nous
écouter et de prendre la parole de l'Opposition, de vouloir discuter
ouvertement avec l'Opposition plutôt que de dire: Moi, j'ai la
vérité; moi, Je sais où je m'en vais; l'Opposition est
dans l'erreur. On va prouver que cela est vrai. Je me souviens. J'ai
participé à tout le débat sur les droits de coupe quand on
a discuté de la loi 150. Le minisire disait: L'Opposition est alarmiste.
L'Opposition n'a rien compris. On sait ce que cela vaut, du bois. On en a
déjà vu du bois, nous autres aussi. Moi aussi, j'ai
été gérant de moulin à scie. Moi aussi, j'ai
travaillé pour Rexfor. Je sais ce que c'est, de la forêt. J'ai
été en Abitibi pendant onze ans. Je sais ce que c'est. On voit ce
que cela donne, en fin du compte. On met des droits de coupe absolument
irréalistes sur de la forât qui n'a qu'une valeur commerciale
minimale. Cela fait partie des exemples. (21 heures)
Encore ià, je vais vous donner un exemple pour vous dire
jusqu'à quel point les gens peuvent être mêlés
à ce sujet. La semaine dernière, j'ai vécu une rencontre
de ce qu'on appelle le comité consultatif de la municipalité de
la Baie James, où les différents intervenants, les
municipalités, qui sont les municipalités enclaves au territoire
de la Baie James, avec les gens de la Société de
développement de la Baie James, etc. On avait Invité a ce moment
les représentants du ministère de l'Énergie et des
Ressources pour nous expliquer toute la question reliée au plan
d'affectation des terres du domaine public qui découle de la loi sur les
terres.
Dans la discussion, ces gens du ministère nous disaient,
Écoutez un peu, de toute façon, vous savez qu'il y a des
garanties sur le plan d'affectation des terres. On sait qu'on ne peut pas faire
n'importe quoi sur les terres, parce que le plan d'affectation est intimement
relié au manuel Modalités d'intervention en milieu forestier et,
dans ce sens, vous pouvez être convaincu que le jour ou le pian
d'affectation sera mis en place, il est évident qu'il y a là un
chien de garde qui existe et qui s'appelle Modalités d'Intervention en
milieu forestier. Vous n'avez pas de crainte à avoir quant à la
superposition d'activités ou à des conflits éventuels de
différents intervenants sur le territoire.
Je me suis permis de demander aux représentants du
ministère s'ils pouvaient me confirmer le fait que le plan d'affectation
des terres du domaine public relève de la loi sur les terres, alors que
manuel Modalités d'intervention en milieu forestier, lui, est
relié à la Loi sur les forêts, la loi 150, et que,
même s'il pouvait y avoir occasionnellement des interrelations entre les
deux, dans la mesure où on a défini qu'une activité
particulière, quant au plan d'affectation des terres, s'appellerait
droit de coupe ou Intervention spécifique en milieu forestier, à
ce moment, il pouvait y avoir des Interrelations, mais que l'un n'était
pas une garantie que l'autre allait s'appliquer.
Savez-vous ce que les gens du ministère de l'Énergie et
des Ressources m'ont répondu? Ils m'ont dit: De toute façon, il
n'y a pas de problème, c'est le même ministre. J'ai dit:
Voulez-vous me répéter cela, s'il vous plaît?
Êtes-vous en train de me dire que la loi sur les terres et la Loi sur les
forêts... Ils m'ont dit: Oui, oui, il n'y a pas de problème, de
toute façon, c'est le même ministre.
Une voix: C'est vrai que c'est le même ministre.
M. Claveau: Ah bien, j'ai alors compris qu'effectivement il y
avait un ministre, au ministère de l'Énergie et des Ressources,
qui s'occupait de la loi sur tes terres, la Loi sur les forêts, la Loi
sur les mines et que, dans l'esprit de ces gens, il n'y avait pas d'autre
ministre. Ce sont les fonctionnaires du ministère qui l'ont dit devant
les maires de toutes les municipalités présentes, les
représentants de la Société de développement de la
Baie James, et devant les représentants de la municipalité de la
Baie James. Il y avait trois fonctionnnaires du ministère de
l'Énergie et des Ressources, ils m'ont dit: De
toute façon, c'est le même ministre. Cela veut dire
Jusqu'à quel point on commence à être mêlé
dans l'application de toutes ces lois, et que sur le terrain, le message n'a
finalement pas passé aussi bien que ce que l'on prétend du
côté du gouvernement actuel.
D'où la nécessité de travailler à fond les
pro)ets de loi, pour empêcher qu'il y ait d'autres erreurs ou des
intreprétations semblables qui puissent se glisser, de faire en sorte
aussi de rectifier éventuellement certaines interprétations dans
le milieu quant aux portées d'application ou de la réglementation
d'une loi par rapport à une autre.
Alors cela fait partie du décor, cela fait partie de notre
travail de parlementaire d'avoir le temps nécessaire pour étudier
à fond les projets de loi. Quand on nous amène un projet de loi
comme celui-ci, qui modifie au delà de 100 portées ou
dispositions de la Loi sur les forêts, il est bien évident qu'on
n'a pas l'intention de passer cela en trois ou quatre minutes. SI on n'avait
qu'à prendre ne serait-ce qu'une dizaine de minutes par article, ce qui
serait tout à fait raisonnable pour faire une discussion, permettre
à tout le monde de se prononcer là-dessus et de vérifier
certains aspects de la loi, cela veut dire qu'il faudrait au moins 880 minutes.
C'est seulement à dix minutes par article. Vous savez, on ne viendra pas
nous dire ici qu'on veut faire un travail malhonnête, comme on a
tenté de le suggérer tout à l'heure, dans la mesure
où on est intéressé d'aller à fond dans ces
articles, et où le ministre, Jusqu'à maintenant a fait preuve
pour le moins de laxisme quant à sa compréhension de la Loi sur
les forêts. Parce que, comme j'ai eu l'occasion de l'expliquer, à
partir de l'avant projet de loi du printemps 1986 jusqu'à aujourd'hui,
nous sommes rendus à la quatrième version de la loi, qui va
probablement devenir une cinquième version lorsqu'on aura fini de
l'amender, puis ça risque de ne pas se ressembler encore puisque le
ministre nous annonce déjà un certain nombre d'amendement. Cela
commence à faire plusieurs versions de la même loi et nous, de
l'Opposition, sommes tout à fait justifiés de nous interroger
là-dessus.
Quant à la portée réelle de la politique
forestière, Jusqu'à maintenant, j'ai l'impression que le
député du Saguenay, tout à l'heure, a aussi un peu
exagéré en disant que nous avons carrément modifié
l'approche des forêts, etc. La seule approche que je comprends et qui a
été modifiée jusqu'ici, c'est de dire aux industriels
forestiers en région: II va falloir que vous diminuiez votre droit de
coupe de 20 % en moyenne.
M. Maltais: Je suis obligé de te le dire, Christian,
remarque bien que ce n'est pas la première fois que tu n'aurais pas lu
une loi.
M. Claveau: C'est ce qu'on dit. Vous Irez vérifier en
Abitibi-Témiscamingue, vous ferez le tour des industriels forestiers du
coin pour voir ce qu'ils en pensent,...
M. Maltais: Voyons, Christian, arrête de charrier,
là. Tu ne parles pas à ta mère, ce soir.
M. Claveau: ...je vous l'ai déjà dit, pour vous
confirmer.
La Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît. À l'ordre, à l'ordre!
M. Maltais: Laisse Jean-Pierre parler. Jean-Pierre est pas mal
plus intelligent.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: Oui, M. le Président.
M. Maltais: Laisse Jean-Pierre parler, là.
Le Président (M. Audet): M. le député de La
Peltrie, à l'ordre, s'il vous plaît! M. le député
d'Ungava, vous avez encore la parole, il vous reste...
M. Claveau: Je vois que ça fait mal au
député de Saguenay.
Le Président (M. Audet): ...une minute et demie pour vos
remarques préliminaires.
M. Claveau: Je vois que le député de Saguenay a de
la difficulté à voir la vérité en face.
Une voix: Ha! Il a de gros bobos.
Le Président (M. Audet): Messieurs, s'il vous plaît!
À l'ordre! Messieurs.
M. Claveau: C'est là le message qu'on donne actuellement
aux industriels forestiers. On dit: Là, la conclusion des contrats
d'approvisionnement et d'aménagement s'en vient, et il va falloir que
vos droits de coupe, en moyenne générale, pour la région,
soient diminués de 20 %. Organisez-vous en conséquence.
Jusqu'ici, c'est à peu près le portrait de la modification qu'a
apportée le projet de loi. Le ministre a eu l'occasion de le
vérifier lui-même, grâce à certaines photos de
l'année dernière, par exemple, dans des coupes...
Le Président (M. Audet): SI vous voulez conclure, s'il
vous plaît.
M. Claveau: ...de certaines compagnies forestières bien
connues, certaines papetières bien connues, il y avait des
amoncellements de bols qui pourrissaient depuis 1986 sur le bord des routes.
Alors, on a demandé au ministre ce qu'il entendait faire avec ça.
Je sais qu'il y a eu des
correctifs d'apportés, sauf que c'est encore ce qui se passe au
moment où l'on se parle et je n'ai pas l'impression que, dans le moment,
on a modifié fondamentalement...
Le Président (M. Audet): En conclusion, M. le
député. Votre temps est quasiment écoulé.
M. Claveau: ...l'approche en regard de l'industrie
forestière. On va probablement y arriver, mais il va falloir encore
faire un gros travail et, au moment où l'on se parle, on n'a pas
modifié grand chose.
Le Président (M. Audet.): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre, en réplique, avez-vous un
petit mot à ajouter là-dessus?
M. Albert Côté (réplique)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne sais pas si
ça vaut le coup mais, tout de même, je ne m'attendais pas plus de
mes collègues de l'Opposition.
Je voudrais peut-être leur signaler qu'il y a une foule de
règlements, plusieurs règlements qui ont été
publiés et, quand le député d'Ungava parle du manuel
Modalités d'intervention en milieu forestier, je lui dirai que c'est
devenu règlement, il a été publié. Ce n'est plus un
manuel, c'est un règlement.
M. Claveau: ...des forêts...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais, oui. Et,
qu'il y ait eu du bois ici et là de laissé de côté,
de gaspillé, il y en aura encore. Il y a toujours de ces incidents qui
se produisent et on les corrige lorsqu'on en a connaissance. Là-dessus,
je vous remercie de me l'avoir dit à cette occasion et je pense bien que
votre commettant est heureux aujourd'hui de l'intervention que nous avons
faite. Cela se produira encore ici et là, vous savez, parce que la
perfection n'est pas chez nous, elle n'est pas non plus chez vous, et,
là où il y a des hommes, il y a de l'hommerie. C'est
évident qu'on reviendra encore là-dessus, on essaiera de
s'améliorer.
Je ne vois pas pourquoi vous vous offusquez de voir qu'on tente
d'améliorer une loi. C'est une loi très importante, et,
même si ça fait seulement deux ans, il y a des mesures
administratives Importantes dans cette loi et les modifications qu'on propose
dénote qu'on a été à votre écoute comme
à l'écoute du public, de la population des industriels, des
intervenants en forêt. Je pense que, lorsqu'on est à
l'écoute de tout le monde, c'est le devoir d'un ministre ou d'un
député, comme vous l'êtes pour vos commettants,
d'intervenir dans les meilleurs délais plutôt que de retarder. On
aurait pu le retarder d'un an juste pour faire plaisir? Je ne le pense pas. Je
pense qu'il était opportun qu'on le fasse, qu'on le propose
aujourd'hui.
Évidemment, on ne propose pas de légiférer à
la hâte, on ne propose pas de bâcler en cinq minutes toute cette
histoire; on prendra tout le temps qu'il faudra. Vous partez de ma visite dans
votre comté d'Ungava, c'est une visite qui avait été
convenue il y a plusieurs mois, et, si la commission siège vendredi, je
n'irai tout simplement pas. Vous savez, je ne tiens pas plus que cela à
aller dans votre comté, sauf qu'il y a des commettants chez vous qui
tiennent à ce que le gouvernement soit présent et que J'y aille.
Evidemment, ils ont des choses à me montrer. Vous en aviez a me montrer.
Je ne vols pas pourquoi cela vous fâche de voir que |e vais dans votre
comté pour voir des choses que vous vouliez nous montrer sur des photos,
que je prenne contact directement avec les gens qui ont la forêt, avec
les industriels. Ce serait peut-être une bonne chose pour vous. Ce serait
peut-être une bonne chose pour vos commettants. Mais si vous ne voulez
pas, vous savez, si la commission siège, cela me fera plaisir de rester
ici. Cela a été prévu il y a trois ou quatre mois.
Lorsqu'on parle d'objectif du livre blanc et de priorité aux
boisés privés, vous savez, dans ma réplique lors de la
discussion sur le principe de la loi, lorsque les particuliers, les
privés de la Fédération des producteurs de bois
demandaient la priorité sur les boisés privés, c'est parce
qu'on prévoyait dans ces années-là qu'il y aurait des bois
de surplus. On parlait surtout du résineux. Le feuillu, c'est tout
récent. C'est tout récent parce que les Industriels comme les
propriétaires privés font des travaux d'aménagement
forestier et ils ont des feuillus dont ils doivent disposer. Mais, lorsqu'on a
parlé de la loi, c'était pour prévenir les surplus de
résineux sur boisés privés. La Fédération
des producteurs de bols a fait ses devoirs avec les offices de producteurs et
les syndicats, et on s'aperçoit aujourd'hui que la forêt
privée a été évidemment surexploitée mais
elle a été également surexploitée de
différentes façons par certains pilleurs. Elle a également
été affectée par la tordeuse des bourgeons de
l'épinette beaucoup plus sévèrement qu'on ne l'avait
prévu. Il y a eu une surexploitation due à la tordeuse et due
à des pilleurs. On s'aperçoit aujourd'hui que la forêt
privée ne peut plus donner. On doit réduire de beaucoup les
coupes en forêt privée sinon elle disparaîtra pratiquement
complètement. C'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, on n'insiste
pas tellement pour la priorité sur les boisés privés, mais
on parle de feuillus parce qu'il faut enlever les essences qui ne sont pas
commerciales et qui n'ont pas d'avenir pour les remplacer par des essences
commerciales. C'est un problème qui a été souligné
par le comité Audet et non par vous. Le comité Audet m'a remis
son rapport le 2 novembre dernier. Vous savez fort bien qu'on doit
déposer en Chambre les projets de loi avant le 15 novembre, à
moins d'avoir le consentement de l'Opposition. Alors, du 2 novembre au 15
novembre, c'est très évident que les recomman-
dations du comité Audet n'ont pas été incluses dans
le projet de loi qu'on propose à la province, au Québec. Elles le
seront probablement dans une prochaine étape, mais il faut prendre le
temps d'évaluer les recommandations du comité Audet au point de
vue faisabilité, au point de vue budgétaire. Il faut prendre le
temps de bien faire les choses. C'est ce que vous me demandez ce soir. On va
prendre le temps de faire les choses. On va prendre le temps de faire les
choses. Par contre, cela ne sera jamais parfait Parce que cela n'est pas
parfait, cela ne veut pas dire de l'oublier et de ne pas s'en occuper On
reviendra là-dessus. Quant à la tarification, la commission
Bélanger-Thérien a fait le tour du Québec. À la
suite de ses recommandations, il est évident que la tarification devra
ou a été réajustée pour tenir compte du
caractère géomorphologique de la forêt, pour tenir compte
de la grosseur des arbres, des peuplements, de la distance des transports, des
marchés, de la distance des usines. Il y a toute une série de
critères sur lesquels on s'est entendus et sur lesquels des experts
reconnus ont refait la tarification. Je vous dirai que vous êtes
complètement dans l'erreur quand vous dites qu'il faudrait
réduire de 20 % dans un endroit, ou des affaires comme cela Ce n'est pas
comme cela que cela a été fait. Cela a été fait
d'une façon scientifique pour tenir compte de ce qui existe
réellement, pour tenir compte des caractères
géomorphologiques du terrain. Cela a été fait de cette
façon-là, non pas à l'oeil, comme vous le suggérez.
Je vous défie de trouver des failles dans cette proposition-là
qui deviendra un règlement très prochainement. La
différence entre les deux? Il y a des plus et des moins, il y a des
endroits où on nous propose d'augmenter les redevances et des endroits
où on nous suggère de réduire, en raison de tous les
critères qui sont exposés dans le rapport sur la tarification
fait par le fonds de recherche de Laval et... Comment? Vous êtes dans
l'erreur quand vous dites cela. Sur l'ensemble, il y a peut-être 3 % ou 4
% de différence sur les revenus globaux de la tarification, alors ce
n'était pas si mauvais que cela. (21 h 15)
Quant au rendement soutenu, vous savez, la meilleure personne pour
s'occuper du rendement soutenu, c'est le propriétaire. C'est comme la
vertu, cela, c'est celui qui doit la pratiquer. C'est facile de demander aux
autres de pratiquer la vertu lorsqu'on n'est pas équipé pour
la... Tout le monde est pour cela. Le rendement soutenu, on regardera, pour
faire suite aux recommandations du comité Audet. On regardera de quelle
façon on interviendra pour aider les propriétaires privés
à respecter le rendement soutenu sur leur boisé privé.
C'est de cette façon que j'entend procéder. On va prendre le
temps qu'il faut, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, est-ce que je pourrais avoir
un 30 secondes pour rectifier quelque chose, préciser.
Le Président (M. Audet): Cela me prend le consentement des
membres de la commission parce que votre enveloppe est épuisée en
ce qui concerne les remarques préliminaires, M. le député
d'Ungava. Est-ce qu'il y a consentement de la commission?
M. Claveau: Est-ce que le ministre permet que je lui pose une
question?
Une voix: Trente secondes.
Le Président (M. Audet): Un instant. Alors, vous avez le
consentement, si cela ne dépasse pas 30 secondes. Allez-y!
M. Claveau: Trente secondes. Quand je parlais de 20 %, ce
n'était pas en ce qui concerne les droits de coupe, c'était en ce
qui concerne le volume des coupes, la diminution du volume des coupes en
Abitlbi-Témiscamingue.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président. Le Président (M. Audet): M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, il faut toujours appeler les choses correctement. Parce que
dans le temps, le député d'Ungava parlait des droits de coupe, il
parlait de tarification.
M. Claveau: Vous vérifierez avec le texte.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La tarification,
ce ne sont pas des volumes, cela. Hein? J'ai vu le député de
Laviolette avec un dictionnaire, tout à l'heure, il pourrait
peut-être le prêter au député d'Ungava.
M. Claveau: Le ministre a toujours l'occasion de vérifier
dans le texte par après. Je parlais de niveau de coupes en
Abitibi-Témiscamingue.
Le Président (M. Audet): Vos remarques
préliminaires sont terminées, M. le député
d'Ungava. Je vous rappelle le règlement. Vous aviez 20 minutes, votre
temps est écoulé. Vous m'aviez demandé 30 secondes, il y a
eu consentement, on vous les a autorisées. Alors, est-ce qu'il y a
d'autres remarques? On serait prêt à passer à l'article 1?
M. le député de Dubuc, vous avez des remarques
préliminaires à faire?
M. Desbiens: M. le Président, je vous remercie. Cela ne
sera pas très long, j'ai...
Une voix: Vingt minutes. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): M. le député de
Dubuc, vous avez la parole.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: J'écoutais les réactions du ministre
aux propos de mon collègue d'Ungava qui disait qu'il voulait faire
plaisir aux députés de l'Opposition. Je ne pense pas qu'on soit
ici, à l'Assemblée nationale, pour faire plaisir aux
députés de l'Opposition ou à ceux du pouvoir. Je pense que
notre rôle et notre devoir, c'est justement de s'assurer que, dans le
domaine qui est étudié, comme Ici dans le cas de la Loi sur les
forêts, l'on puisse réaliser les projets de loi les meilleurs pour
répondre aux situations vécues par les
Québécois.
Je sais très bien aussi, comme le ministre, qu'il y a toujours de
la place pour l'amélioration. Ce n'est pas facile de réaliser des
projets de loi et qu'on ne peut pas, d'une seule venue, dans chaque cas, sur
des projets de loi aussi vastes et des domaines aussi vastes que celui de la
forêt au Québec, du jour au lendemain, s'assurer d'avoir une loi
qui soit parfaite. De toute façon, il n'y aura jamais de loi parfaite.
Il ne faudrait pas parce qu'on n'aurait plus besoin de députés,
en tant que législateur, du moins.
Malgré toute la bonne volonté que les ministres et les
avocats des contentieux pourront y mettre en tout temps, il y aura toujours des
lois qui devront être davantage améliorées, ne serait-ce
que pour suivre l'évolution de la vie elle-même ou de ce qui se
passe. C'est d'autant plus raisonnable, il me semble, pour les
députés et je dis bien les députés en
général, parce que c'est aussi vrai pour tous les
députés, qu'ils siègent de quelque côté que
ce soit de l'Assemblée nationale, d'avoir tous les instruments et tout
le temps nécessaires. J'étais heureux d'entendre le ministre dire
qu'il n'y avait rien qui urgeait, qu'il était prêt à
prendre tout le temps nécessaire pour faire une étude approfondie
de sa loi. Alors, que tous les députés, donc, aient en main et le
matériel et le temps voulus pour essayer de bien comprendre, d'abord, le
projet de loi qui est présenté par le ministre et aussi pour
faire valoir, à partir des expériences qu'on vit dans nos
comtés, dans des comtés comme celui de mon collègue
d'Ungava, celui de Laviolette et le mien également, ce sont des
comtés où la forêt elle-même, les industries qui s'y
rattachent jouent un rôle extrêmement important, entre autres, au
point de vue économique.
Je me souviens quand mon collègue était ministre
délégué aux Forêts, à l'époque, le
député de Laviolette avait présenté le livre blanc
sur la forêt québécoise, j'avais pu suivre avec lui toutes
les... on peut presque appeler ça une négociation qui avait
dû être faite au ministère par des officiers. Le ministre
lui-même auprès des divers intervenants dans le milieu forestier,
pour en arriver à présenter un pro|et de loi qui modifiait et
qu'ils sont appelés à modifier... a commencé à
modifier d'ailleurs la façon de gérer la forêt au
Québec. C'est évident qu'un projet de loi a suivi, avec le
changement de gouvernement, qui a été présenté par
l'actuel ministre, le projet de loi 150 qui ne satisfaisait pas, à notre
avis, à l'époque, et maintenant après au-delà de
deux ans, la vision qu'on avait représentée avec le livre blanc
sur la gestion de la forêt au Québec, qui n'allait pas, à
notre goût, suffisamment loin. On a fait des représentations lors
de l'étude du projet de loi 150. Je pense que mon collègue de
Laviolette, entre autres, l'avait assez clairement exprimé, à ce
moment-là, au ministre, qu'il devrait se retrouver, parce qu'il y avait
trop de trous dans la loi 150, devant l'Assemblée nationale avant
longtemps pour corriger. C'était déjà visible et
très visible, à ce moment-là.
Aujourd'hui, il arrive avec le projet de loi 84 pour modifier encore une
fois la Loi sur les forêts. Lors de l'intervention du
député de Laviolette à l'Assemblée nationale sur
l'étude du principe, il a très bien démontré,
encore une fois, qu'il y avait encore des manques qui feraient en sorte que la
vision de gestion forestière qu'on s'était donnée au
Québec et que le ministre a sans doute achetée, même si le
gouvernement n'est plus le même, en gros, ne pourrait pas être
réalisé, encore une fois, par ce projet de loi là. Bien
sûr, il y a toujours de la place pour l'amélioration, comme le dit
le ministre; cette amélioration, il faut toujours bien qu'un minimum
vienne, à un moment ou à un autre. Lorsque l'Opposition, en
faisant le travail qui est normal et qui est voulu dans le système,
démontre à un ministre ou au gouvernement qu'il y a des morceaux
importants dans sa législation qui font défaut, qui
n'apparaissent pas, et dans le cas présent, je pense que celui qui est
le plus visible, c'est celui qui concerne la forêt privée... Dans
un rapport qui a été précédé d'une
étude qui nous a semblé assez poussée de la part de
collègues du ministre, le rapport Audet, vous le connaissez très
bien, il y a une recommandation particulièrement importante qui, je
pense, a reçu l'assentiment des intervenants. Elle porte justement sur
la forêt privée. SI on parte de rendement soutenu dans la
forêt publique, je pense qu'il est aussi Important pour des raisons que
le ministre connaît mieux que moi, sans doute, pour des raisons qui sont
assez évidentes et qui sont démontrées encore davantage
dans le rapport Audet, qu'il y a nécessité d'y aller par la
législation de façon à s'assurer véritablement que
dans le domaine privé, il y ait aussi cette obligation et que ce soit
plus que de l'incitation, comme le ministre le disait. D'ailleurs, le ministre
est quand même conscient de ce phénomène parce que c'est ce
qu'il disait lorsqu'on a fait l'étude du projet de loi 150. C'est ce
qu'il disait lui-même en pariant de la mise en valeur de la forêt
privée. Il disait qu'il faudrait que des mesures incitatives soient
utilisées aussi pour pouvoir favoriser l'aménagement de la
forêt privée. La recommandation essentielle qui appa-
raît au rapport Audet est la même. Comment justifier
aujourd'hui le fait qu'on ne retrouve pas à l'intérieur du projet
de loi 84, à moins que le ministre ait des amendements, c'est fort
possible, sinon probable parce qu'il est au courant que déjà,
dès qu'un projet de loi est déposé dans sa formulation
à l'Assemblée nationale, la plupart du temps, sinon toujours, les
ministres eux mêmes ou leur contentieux se rendent compte de certaines
faiblesses dès le départ et qu'ils désirent corriger
immédiatement... Mais c'est évident que si le ministre avait
déjà des amendements importants, particulièrement sur cet
aspect de la forêt privée qu'on soulève, cela
m'apparaîtrait important qu'il nous les dépose
immédiatement comme les autres ministres l'ont fait.
Cet après-midi, M. le Président, on avait commencé
l'étude du projet de loi 74, sauf erreur, le projet de loi du ministre
du Travail sur la CSST. Le ministre avait des amendements très
importants qui venaient apporter un éclairage absolument nouveau et il
répondait par ces amendements à une volonté
exprimée de la part des intervenants dans le domaine du travail
concernant la CSST. Cela a permis, en quelques heures, à peine deux
heures finalement, un travail de discussion et d'argumentation qu'on croyait
justifié et avec raison, puisque le ministre l'a reconnu lui-même
en apportant ces amendements, un travail qu'on se croyait obligé de
faire ici même en commission parlementaire concernant ce projet de loi,
et donc, en déposant au départ ces modifications importantes
à son projet de loi, le ministre a permis que, finalement, le travail de
la commission soit considérablement facilité et aussi raccourci
puisqu'on serait sans doute encore ici à discuter de ce projet de loi.
Le ministre délégué aux Forêts devrait encore
attendre dans l'antichambre que nous ayons terminé nos travaux sur la
loi 74 si le ministre du Travail n'avait pas apporté ces modifications
à son projet de loi. À moins que le ministre
délégué aux Forêts n'ait lui-même des
amendements Importants à apporter sur cet aspect essentiel qui touche la
forêt privée et qui a fait l'objet de recommandations unanimes
à l'intérieur du travail qui a été effectué
par le comité Audet, ce serait de mise et cela
accélérerait beaucoup nos travaux qu'il nous les fasse
connaître dès le départ pour qu'on puisse procéder
de façon plus rapide à l'adoption et à l'étude
article par article de tous les 68 articles de son projet de loi. Cela
éviterait sûrement beaucoup de discussions et de retard si on
pouvait connaître immédiatement ces modifications.
Alors, sinon, M. le Président, on essaiera de présenter au
ministre, au moment de l'étude article par article, les raisons qui nous
font croire que ce projet de loi est Incomplet, qu'il devrait être
amélioré de telle ou telle façon, et que quant à
nous, de l'Opposition, on se retrouve devant l'obligation de devoir, non pas
allonger pour allonger, mais allonger dans le sens de devoir présenter
des amendements qui feront en sorte qu'en fin de compte, surtout quand on est
pris en fin de session comme cela avec une foule de projets de loi qui ont
été mal planifiés, un travail parlementaire qui a
été mal planifié par le gouvernement. Le ministre
délégué aux Forêts se retrouve coincé entre
tous des projets de loi, mais l'Opposition aussi, et quand on veut
réaliser un travail convenable, iI est absolument nécessaire
qu'on prenne ce temps, qui pourrait être consacré plus
efficacement peut-être par le ministre à faire d'autres travaux,
aller faire un tour en Ungava où mon collègue est toujours
heureux de le voir, je n'en doute pas. Le ministre n'est jamais là, je
sais que le député d'Ungava est toujours là.
Les remarques supplémentaires que j'aurais à faire, M. le
Président, concernant l'étude article par article, viendront en
temps voulu. Je vous remercie.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Alors, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: On n'est pas prêts. J'aurais des questions
à poser au ministre.
Le Président (M. Audet): Dans le cadre des remarques
préliminaires?
Discussion générale
M. Jolivet: Non, dans le cadre des décisions que j'ai
à prendre selon les réponses du ministre. J'aurais une question
à poser au ministre, qui serait la suivante.
Le Président (M. Audet): Parce que votre enveloppe est
écoulée pour les remarques préliminaires.
M. Jolivet: Je le sais. Si vous voulez que je commence par ma
motion, ce sera bien plus le "fun", mais c'est peut-être mieux d'avoir la
réponse avant de passer à la motion, si vous le prenez comme
cela.
Le Président (M. Audet): II vous reste une petite minute,
à ce qu'on me dit. Allez-y.
M. Jolivet: Bon, j'ai une première question
adressée au ministre: Est-ce que le ministre a l'intention de
déposer les amendements en vrac9 Et la deuxième
question: Est-ce que le ministre a l'intention de déposer les
règlements en vrac?
Le Président (M. Audet): M. le ministre? M. Jolivet:
Les projets de réclamation.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour l'instant Je
n'ai pas l'intention de déposer les papillons ou les amendements en
vrac. La plupart des règlements ont été publiés et
la loi actuelle propose
les règlements en ce qui concerne la forme et la teneur des
rapports, c'est tout. Cela n'a aucun effet de fond sur la loi. SI vous regardez
la liste, à l'article 172, on dit "Déterminer la forme et la
teneur de l'état de l'avancement des traitements sylvicoies". C'est
surtout sur la forme et la teneur des rapports, des plans qui seront soumis
qu'il y aura des règlements. Cela n'affecte pas le fond de cette loi ou
de la Loi sur les forets.
M. Jolivet: M. le Président, j'aurais...
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laviolette, oui?
Motions préliminaires
M. Jolivet: J'aurais une motion préliminaire qui serait la
suivante: Les membres de la commission parlementaire souhaitent que le
ministre, avant l'étude détaillée du projet de loi 84,
dépose les amendements qu'il a l'intention de proposer.
Le Président (M. Audet): D'accord Est ce qu'elle est
écrite votre motion. Non, nous n'en avons pas besoin, c'est une motion
de forme, de toute façon. Alors cela va, je pense que vous pouvez...
M. Maltais: Est-ce que la motion est recevable?
Le Président (M. Audet): Oui, la motion est recevable.
C'est un souhait que l'Opposition formule avant d'amorcer l'étude
article par article.
Il y a eu des motions semblables qui ont été apparemment
acceptées, des motions de forme comme celle-là...
M. Maltais: J'aimerais voir la jurisprudence.
Le Président (M. Audet): ...et elles ont été
jugées recevables.
Une voix: Est-ce qu'il y a eu jurisprudence là-dessus
M. Maltais: M. le Président, je regrette, j'aimerais voir
la jurisprudence.
M. Jolivet: Ah bien dans ce cas, on peut suspendre, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Oui.
Une voix: Nous ne sommes pas pressés.
M. Jolivet: Nous non plus
Le Président (M. Audet): Nous allons suspendre quelques
minutes pour que M. le secrétaire ait le temps d'aller chercher le
rapport et on reprend dans quelques minutes, quelques secondes.
(Suspension de la séance à 21 h 35)
(Reprise à 21 h 40)
Le Président (M. Audet): La commission reprend ses
travaux. À l'ordre, s'il vous plaît!
Pour faire suite à la demande de M. le député de
Saguenay, je vous ferai lecture d'une décision rendue par mon
collègue, le député de Laval-des-Rapides, M.
Bélanger, qui présidait la commission des affaires sociales cet
après-midi, à la suite de la présentation d'une motion
semblable à celle-là, motion de forme, par M. le
député de Laviolette. La motion a été jugée
recevable. La décision stipule que le président a jugé que
la motion était recevable puisqu'elle ne faisait que formuler un
souhait, un voeu. Alors, la motion est acceptée.
M. Maltais: M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Si vous le permettez, puisque c'est mol qui ai
soulevé la question, je pense que j'ai quelques minutes pour en discuter
avec vous, non pas que je veuille maintenant aller contre votre
décision, loin de là, mais j'aimerais en prendre connaissance et
avoir le compte rendu de la décision. Bien sûr, lorsqu'il s'agit
d'une motion, d'un voeu, il faudrait faire la différence entre la motion
du voeu du député de Laviolette, qui n'a pas été
écrite et sur laquelle je ne peux pas me prononcer... Alors, je voudrais
qu'on suspende pour quelques minutes et que le député de
Laviolette nous écrive sa proposition, nous la soumette pour
étude, et nous donne en même temps copie de la
décision.
Le Président (M. Audet): Alors, on va imméditament
faire une photocopie de la décision rendue...
M. Maltais: Je voudrais une copie de la résolution du
député...
Le Président (M. Audet): ...cet après-midi. Une
voix: Môme si on n'est pas rendu...
Le Président (M. Audet): La motion que le
député de Jolivet... vient de faire est à l'effet que le
ministre remette les amendements en vrac et les règlements dans le cadre
du projet de loi.
M. Maltais: Je voudrais l'avoir par écrit, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): La commission va suspendre ses
travaux pour quelques secondes, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Avant de suspendre, M. le Président, je
voudrais vous remercier d'avoir encore appelé le comté Jolivet,
ce sera un voeu que j'espôre voir se réaliser
bientôt.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Nous suspendons pour quelques
secondes, le temps - à l'ordre, s'il vous plaît, messieurs! - que
le député non pas de Jolivet, mais de Laviolette nous
écrive sa motion, d'en faire faire des photocopies et de les remettre
aux membres de la commission.
La commission est suspendue pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 42)
(Reprise à 21 h 52)
Le Président (M. Audet): La commission reprend ses
travaux. M. le député du Saguenay.
M. Maltais: Toujours sur la même question de
règlement, M. le Président. En vertu de la décision que
vous avez rendue, vous basant sur la jurisprudence d'une décision
ultérieure d'hier soir ou de cet après-midi, la décision,
et je cite le texte ici: "Le président Juge la motion rece-vable
puisqu'elle ne fait que formuler un souhait et un voeu." SI je Ils le souhait
déposé par le député de Laviolette: "Que les
membres de la commission parlementaire de l'économie et du travail
souhaitent que le ministre délégué aux Forêts
dépose en vrac les amendements qu'il a l'intention d'apporter à
ce projet de loi."
À ce stade-cl, je voudrais m'informer, en vertu de l'article 189,
qui donne le droit de parole sur une motion et non pas d'un souhait. J'aimerais
que le président statue là-dessus, parce qu'au sens propre du
dictionnaire, le mot "souhait" ou "Voeu" n'est pas le même que "motion"
ou "proposition".
M. Jolivet: Avant que vous ne regardiez...
Le Président (M. Audet): Je vais vous entendre avant de
rendre ma décision.
M. Jolivet: Je dois dire, M. le Président, que vous n'avez
pas à m'entendre avant de rendre une décision, vous avez rendu
une décision. Ce n'est pas pareil. Je voudrais seulement rappeler au
député qu'il est en retard sur ce qu'il propose. Ce que vous avez
dit tout à l'heure, c'est que la motion était recevable.
L'argumentation est facile à faire. Je l'avais fait parce que ce que
vous avez entre les mains est le résultat des décisions prises
par la commis- sion. J'avais, auprès du président de
l'époque, fait une première proposition qui était la
suivante. Je vous la lis: "Que la commission parlementaire des affaires
sociales demande au ministre de déposer les amendements qu'il a
l'Intention de nous présenter dans le projet de loi." À la suite
de cette demande, le président nous avait Indiqué qu'il ne
pouvait pas forcer le ministre à déposer et qu'en
conséquence, tout ce qu'il pouvait accepter, c'était un souhait.
Nous avons donc reformulé notre proposition et c'est dans ce sens que
nous avons fait...
M. Maltais: Question de règlement toujours.
Le Président (M. Audet): Un instant, un dernier
commentaire, M. le député de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, je regrette. Le
député de Laviolette n'a certainement pas compris mon
intervention. J'accepte le dépôt de la résolution.
J'accepte votre décision et le dépôt du souhait. Il n'y a
pas de problème là-dessus. Je vous demande qu'en vertu de
l'article 189, qui accorde le droit de parole de dix ou quinze minutes à
chaque intervenant...
Une voix: Une demi-heure.
M. Maltais: Une demi-heure. Est-ce que le droit de parole
s'applique sur une motion ou sur un souhait?
Le Président (M. Audet): D'abord, pour répondre
à ce que M. le député de Laviolette vient de dire. Ma
décision a été rendue, effectivement. Je ne reviendrai pas
là-dessus. Je suis peut-être un peu mal interprété.
La première intervention du député de Saguenay
était à titre d'information. C'était une information qu'il
me demandait et j'ai dit que je rendrais ma décision.
L'information que Je veux vous donner, c'est que la motion a
été déposée dans le cadre d'une motion de forme et
non pas de fond. Ce qui a été accepté cet
après-midi, la décision a été rendue dans ce sens,
à l'effet que la motion a été déposée par
écrit. On l'a devant nous. La motion formule un souhait. C'est une
demande qu'on fait auprès du ministre. Je l'ai jugée recevable,
Je ne reviendrai pas là-dessus. Cela a été fait aussi cet
après-midi.
L'article 186 nous dit ici: Toute motion adoptée devient soit un
ordre, soit une résolution de l'Assemblée: un ordre quand
l'Assemblée enjoint à une commission, à un
député ou à toute autre personne de faire quelque chose; -
on l'a bien ici: - une résolution quand elle exprime une opinion ou une
intention, affirme un fait ou un principe." Alors, je pense que...
M. Maltais: M. le Président, ce que je vous demande, c'est
de...
Le Président (M. Audet): Je ne voudrais pas
que vous reveniez là-dessus. Ma décision était
rendue, M. le député de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, je regrette mais je ne
conteste pas du tout votre décision sur la recevabilité de la
motion, du souhait. Je suis bien d'accord avec vous. Voici ce que je vous
demande. Donnez-moi une interprétation de l'article 186 qui nous dit que
le temps de parole est accordé aux membres en vertu d'une motion ou
d'une résolution présentée à la commission.
Le Président (M. Audet): Ce n'est pas l'article 186, M. le
député de Saguenay, c'est l'article 209.
M. Maltais: L'article 209, je m'excuse.
Le Président (M. Audet): C'est cela. On y dit: "Cependant,
l'auteur d'une motion, le premier ministre ou les autres chefs de groupes
parlementaires ou leurs représentants, ont un temps de parole d'une
heure pour les motions de fond et de trente minutes pour les motions de
forme."
Étant donné qu'on a jugé recevable la motion de
forme du député de Laviolette...
M. Maltais: Je regrette...
Le Président (M. Audet): II a un droit de parole de 30
minutes et le ministre aussi.
M. Maltais: M. le Président, je regrette. Moi, je veux
qu'on me donne la définition entre un souhait - qui est bien
écrit ici, ce n'est pas moi qui l'ai écrit - et une motion
posée en bonne et due forme.
M. Jolivet: M. le Président, si vous me permettez de vous
aider.
Le Président (M. Âudet): Un instant, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je vais vous donner l'argumentation pour vous
permettre de prendre une décision.
Le Président (M. Audet): C'est ce que j'étais pour faire,
mais allez-y si vous pouvez éclairer le débat.
M. Jolivet: Oui, je vais vous l'éclairer facilement, M. le
Président. Il ne peut pas y avoir autre chose qu'une motion de forme et
une motion de fond.
Le Président (M. Audet): C'est cela.
M. Jolivet: II y a l'une ou l'autre.
Le Président (M. Audet): C'est cela.
M. Jolivet: La motion de fond, c'est une heure par
représentant de parti politique et 20 minutes par Individu autre que la
personne qui présente la motion et quelqu'un, de l'autre
côté, qui réplique. Dans la question de la motion de...
Le Président (M. Audet): Forme.
M. Jolivet: ...forme, c'est 30 minutes et 10 minutes. C'est la
façon dont on l'a toujours interprété. Il n'y en a pas
d'autre que celle-là. Une motion, si vous l'avez reconnue comme motion,
donc, dans ce cas-là, de forme. Toutes les motions préliminaires
sont jugées - vous avez des articles à ce fait-là - comme
le seul moment où j'ai le droit de les présenter, avant
l'étude du premier article du projet de loi. J'ai le droit de faire des
remarques préliminaires. J'ai le droit de faire des motions
préliminaires. Les motions préliminaires sont toujours
considérées comme des motions de forme...
Le Président (M. Audet): Cela va.
M. Jolivet: ...et non pas de fond. En conséquence, le
droit de parole est d'une demi-heure et de dix minutes.
Le Président (M. Audet): Je vais rajouter un commentaire
final. En vertu de l'article 186 - je vais le relire - qui dit que toute motion
adoptée devient... Bon, on va passer ce bout-là. On dit: Quand
l'Assemblée enjoint à une commission, à un
député ou à toute personne de faire quelque chose; une
résolution quand elle exprime une opinion ou une intention, affirme un
fait ou un principe. C'est ce qu'on dit ici. Alors, la motion a
été jugée recevable. On ne peut plus en débattre.
Je pense que J'ai laissé, de part et d'autre, deux ou trois
Interventions.
M. Maltais: M. le Président, à ce stade-ci... Le
Président (M. Audet): Un instant. M. Maltais: Si vous me le
permettez.
Le Président (M. Audet): On a aussi ici l'article 192 qui
stipule: Seul un ministre peut présenter une motion visant l'engagement
de fonds publics... Cela nous concerne moins. On dit plus bas: Cette
règle ne s'applique pas à une motion n'exprimant qu'une
idée générale ou une opinion sur la matière
énumérée ci-dessus. Alors, je pense que la motion a
été jugée recevable. Non, je pense que...
M. Maltais: M. le Président, est-ce qu'on peut apporter un
amendement? J'ai le droit de proposer un amendement.
M. Jolivet: M. le Président?
Le Président (M. Audet): Habituellement, quand il y a une
motion... Un instant, M. le
député de Saguenay. Quand il y a une motion
présentée, d'abord, il faut entendre celui qui dépose la
motion. Après, si vous avez des amendements à formuler, à
la suite de l'intervention du député de Laviolette et de la
réponse du ministre, vous avez des amendements à déposer
sur la motion, vous aurez droit, vous aussi, à un temps de parole de 30
minutes ou d'une heure selon que ce soit une motion de forme ou...
M. Maltais: Je vous réfère à une
décision que vous avez vous-même prise cet après-midi avec
le député de Laviolette et le ministre qui a apporté un
sous-amendement et le droit de parole est arrivé d'abord au
ministre.
M. Jolivet: M. le Président?
M. Maltais: M. le Président, je demande qu'on sorte les
galées. C'est arrivé cet après-midi. J'étais
témoin.
M. Jolivet: M. le Président?
Le Président (M. Audet): Un instant. M. le
député de Saguenay, répétez donc ce que vous venez
de mentionner.
M. Maltais: J'ai dit que cet après-midi, vous avez rendu
une décision, il y avait une proposition sur la table et le ministre a
apporté un sous-amendement. Vous avez accordé à ce
moment-là le droit de parole au ministre.
Le Président (M. Audet): Écoutez, cet
après-midi, ce n'est pas moi qui présidais cette
commission-là, la commission dont on a parlé tantôt. Moi,
ce que je peux vous dire à ce stade-ci, c'est que je suis prêt
à reconnaître le député de Laviolette qui a
déposé cette motion. Si vous avez un amendement à
formuler, vous pourrez le faire à la suite des interventions lorsque
chacun des individus aura utilisé son temps de parole. Je vous rappelle
que le député de Laviolette a un droit de parole de 30 minutes,
le ministre, un droit de réplique de 30 minutes et chaque membre, que ce
soit du côté ministériel ou de l'Opposition, a une
enveloppe de dix minutes. Alors, M. le député de Laviolette, je
vais vous reconnaître dans votre motion. Vous avez trente minutes. (22
heures)
M. Jolivet: M. le Président, je voudrais d'abord dire une
chose: ou le ministre ou quelqu'un de son parti pourrait utiliser les trente
minutes. Ce n'est pas obligatoirement le ministre. D'un autre
côté, je dois vous rappeler que, cet après-midi, ce dont
faisait mention le député de Saguenay avait trait à une
commission parlementaire sur la Commission de la santé et de la
sécurité du travail où le ministre et moi nous
étions entendus sur une motion d'arrêt des travaux pour nous
entendre sur les amendements à venir et sur les possibilités. La
motion que j'apporte est dans ce sens.
Le Président (M. Audet): Cela va, M. le
député de Laviolette, allez-y sur votre motion.
M. Jolivet: C'est ça, dans mon argumentation. La motion
que je présente est simple. Tout le monde a intérêt
à connaître, avant même qu'on étudie article par
article, les amendements que le ministre a lui-même l'Intention
d'apporter au projet de loi 84. Ce que les membres de la commission...
J'espère entendre les autres députés de la formation
politique en face de nous dire qu'eux aussi souhaitent ça. Les exemples
de gens qui collaborent et qui nous permettent d'avancer dans le débat
font en sorte, finalement, qu'au lieu de prendre des heures et des heures, on
peut le faire en beaucoup moins de temps, et l'exemple de cet après-midi
est vraiment frappant.
Je donne d'autres exemples. J'essaie de convaincre le ministre que s'il
nous donnait les amendements, on prendrait le temps qu'il faut pour les
regarder, on prendrait le temps convenu entre nous, et même, s'il le
faut, arrêter une demi-heure. Cet après-midi, vous avez
vécu avec mol exactement le même phénomène. À
un moment donné, le ministre dit: J'aurais un amendement à
apporter et le député dit: J'aurais un amendement à
apporter. On dit: Écoutez, si vous avez des amendements, M. le ministre,
déposez-les donc. Il a même écrit lui-même le texte
de l'amendement, il l'a déposé pendant qu'on était en
train de discuter, et on a dit: À la suite de ça, suspendons dix
ou quinze minutes Vous étiez ici cet après-midi, comme
président, le ministre et moi, pendant les quinze minutes de suspension,
avons fait un travail d'assurance, c'est à-dire qu'on s'assure qu'on est
d'accord avec l'article, et quand on revient aux discussions, ça se fait
plus rapidement.
Tous ceux qui sont ici à cette table, excepté le ministre
et ceux qui l'accompagnent, puisque c'était un autre ministre avec
d'autres personnes qui l'accompagnaient, ont vécu ce
phénomène cet après-midi. C'est un projet de loi qui, si
le ministre n'avait pas accepté de faire les dépôts, aurait
amené des discussions jusqu'à minuit ce soir, et vous ne seriez
probablement pas ici pour discuter. Le ministre l'ayant fait, à 17 h 15,
nous avions terminé l'étude des 6 ou 7 articles de son projet de
loi. Pourtant, il y avait des discussions de fond, ça touchait des gens
qui, actuellement, sont soumis à des programmes de stabilisation
sociale, de stabilisation économique et de réadaptation. Cela
touchait 7000 personnes, vous vous en souvenez, M. le Président. Cela
nous a permis de nous assurer que les droits acquis de ces personnes
n'étaient pas perdus, qu'il y avait une possibilité à
venir, avec des discussions entre la Commission de la santé et de la
sécurité du travail et le conseil d'administration, de
régler le problème de l'indexation depuis 1982, ça
permettait de s'assurer que la
CSST ne serait pas juge et partie, et ça permettait, en
même temps, de faire en sorte que, dans la loi, on ne crée pas
préjudice à des personnes.
Tout cela s'est fait parce que le ministre a voulu collaborer. Ce qu'on
demande au ministre par cette motion, j'aurais pu dire "que le ministre
dépose", mais compte tenu de l'argumentation qui a été
faite sur te projet de loi 37 sur l'aide sociale, la semaine dernière,
et dont j'étais responsable de la proposition, elle avait
été refusée. Le président avait alors
accepté que l'on discute de Sa deuxième façon, celle du
souhait. C'était le seul moyen qu'on avait de demander au ministre
d'être au moins cohérent avec ce que ces gens ont
prôné pendant la campagne électorale, ce qu'ils ont
prôné au dépôt du projet de loi sur la
réglementation. Que dit le Parti libéral, alors qu'il
était dans l'Opposition, pendant la campagne électorale? Qu'il
devrait y avoir une réglementation moins volumineuse, une
réglementation qui soit aussi plus respectueuse du désir des
députés, de quelque côté que ce soit de la table
ici, de faire valoir leur point de vue. C'est ce que ça dit.
Après, arrivés au pouvoir, ces gens déposent
même un projet de loi dans ce sens-là et nous voilà donc
revenus à peu près à ce que disait le premier ministre au
Manitoba la semaine qui précédait les élections, le 15
novembre dernier, je crois: Vous savez, ce qui est dit avant les
élections, c'est une chose, et ce qui est fait après, c'est autre
chose. Est-ce que c'est à cela qu'il faut s'attendre? Est-ce que le
ministre a quelque chose qui l'empêcherait, ce soir, de déposer en
vrac les amendements qu'il a l'intention d'apporter?
M. le Président, un exemple encore typique que je peux vous
donner d'un ministre qui collabore, et cela n'en est pas un des moindres, le
ministre de l'Éducation: un projet de loi d'environ 700 articles, il a
déposé en vrac dans un cartable comme celui que j'ai devant moi
près de 400 autres amendements à son projet de loi. Ce qui a
permis au député qui voulait avoir des amendements, de Ses avoir
entre les mains ot ce que j'ai fait, je les ai pris et comme tout
député responsable, je les ai envoyés à toutes mes
commissions scolaires pour leur demander de regarder cela et de me faire des
recommandations pour la personne responsable du dossier à l'Opposition,
le député d'Abitibi-Ouest, et lui demander de faire un travail
convenable. Le ministre n'a pas eu crainte, il a déposé 700
articles, 400 amendements. Cela fait une mosus de différence.
On se retrouve avec un autre projet de loi. Je vous donne un exemple qui
semblait anodin, et mon collègue, le député d'Ungava, l'a
vécu avec moi: quatre articles, M. le Président. Quand tu lis le
document, tu dis: Quatre articles, ce n'est pas long, cela va passer vite. Sauf
que tu dis: II faut consulter, je vais vérifier On consulte la
commission scolaire de son secteur qui nous dit: Un instant, il faut avoir des
audiences particulières. Ce n'est pas ce que l'on veut, ils sont en
train de nous spolier. On parle de cela au ministre de l'Éducation. On
lui fait montra des discussions qu'on a eues avec la commission scolaire, II
accepte une commission parlementaire où on fait venir les témoins
dans cette même salle, puis on se retrouve à la fin avec un projet
de loi réamendé, à tel point que le ministre demande de le
réécrire.
On est en pleine session intensive, M. le Président. Le ministre
accepte de réécrire son projet de loi. Quand il est revenu sur la
table, huit articles, aucun des quatre précédents, puis qu'est-il
arrivé? C'est qu'il a pris la peine d'associer l'Opposition à ce
travail laborieux d'un projet de loi de quatre articles. Il a fallu que le
ministre ait de la part du député de Laviolette, qui est votre
humble serviteur, le droit, parce que j'aurais pu lui refuser, de
déposer à l'Assemblée nationale, alors que tous les
délais légaux étaient dépassés, un nouveau
projet de loi réécrit et ce faisant, ce que nous avons
accepté de bon coeur, nous avons permis à la commission scolaire
de ne point être spoliée. Par conséquent, on s'est
retrouvé avec une commission scolaire heureuse, un ministre heureux de
ne pas avoir eu en fin de compte, malheureusement si cela avait existé
comme c'était là, la malchance de présenter un mauvais
projet de loi. Le travail des membres da l'Opposition est de mettre en garde le
ministre contre ces choses qui peuvent se produire. Or, nous lui disons
à M. le ministre: Déposez-les vos amendements. Cela nous permet
quand vous les aurez déposés de prendre le temps. On pourra
même, une fois qu'il les aura déposés, M. le
Président, dire: On ajourne nos travaux après la période
de questions quand on aura l'ordre de la Chambre. Entretemps, ce soir, au lieu
de travailler de 22 heures à minuit, on travaillera sur les amendements
avec nos conseillers juridiques qui les regarderont avec attention. Ils diront:
Écoutez, ce qu'ils proposent, c'est correct par rapport à tel
article.
M. le Président, je peux vous dire, pour vous donner la preuve
que j'ai entre les mains ce que j'ai appelé l'avant-avant projet de loi
du projet de loi qui est là, je vous donne un exemple. On dit: Loi
modifiant la Loi sur les forêts, article 1. L'article 5 de cette loi est
modifiée par l'insertion à la fin du quatrième
alinéa de la phrase suivante: Dans une zone de tarification
forestière où s'exécute un contrat d'approvisionnement et
d'aménagement, le taux unitaire peut varier par unité ou
partie de l'unité par aménagement où s'exerce ce contrat.
J'avais même la justification de l'amendement que le ministre voulait
apporter qui disait: Cet article ajoute aux fonctions et pouvoirs du ministre
le pouvoir d'ajuster les taux unitaires de la valeur marchande des bols sur
pied et de la valeur des travaux sylvicoles retenus pour l'unité
d'aménagement, de manière à tenir compte des
particularités biophysiques de la forêt dans certaines parties de
l'unité d'aménagement.
Je pourrais vous en lire d'autres, M. le Président, de ces
amendements que le ministre proposait à un autre. On disait: L'article
32 de cette loi modifiée par le remplacement à la
troisième et quatrième ligne des mots 'du chapitre III du
présent titre" par les mots "de la présente loi", et on dit:
Justification: cet article permet d'étendre à tous les
intervenants l'obligation d'obtenir un permis d'intervention pour construire ou
améliorer un chemin et, par le fait même, s'assurer que les normes
d'intervention forestière seront respectées dans tous les cas. Ce
sont des documents dont J'ai fait mention au ministre pendant la période
de questions. Et je lui disais: M. le ministre, voici ce que vous avez
l'intention de faire et voici ce que cela peut avoir comme conséquence.
Alors, cela nous permettait de travailler avec des documents qui étaient
des documents qui nous permettaient de travailler convenablement et de ne pas
agir a la vapeur. Or, les amendements que le ministre a dit lui-même
devoir apporter à son projet de loi, quelle en est la teneur? Quelle en
est, je ne sais pas comment dire le mot, la partie cachée, puisque le
ministre ne veut pas nous les présenter? Pourquoi le ministre veut-il
avoir l'effet de surprise de proposer des amendements à la pièce,
article par article, alors que de plus en plus cela devient la coutume que le
ministre veuille faciliter le travail des membres de l'Opposition et permette
par le fait même d'avoir un projet de loi le mieux structuré
possible, et qu'il puisse le faire avant.
Je vais vous donner un autre exemple, M. le Président. Hier, non,
ce matin plutôt, pas plus tard que ce matin, nous avions fait une
proposition au ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu de nous donner les amendements en vrac comme cela. On l'avait
demandé par souhait. Le ministre a refusé. Savez-vous ce qui est
arrivé ce matin? Il les a déposés. Savez-vous pourquoi iI
les a déposés? C'est surprenant quand même, c'est parce
qu'il savait, parce que son leader lui avait dit qu'il mettait la guillotine.
Est-ce que c'est cela que le ministre serait en train de nous dire:
Écoutez, si cela ne marche pas, on verra en temps et lieu? Je ne pense
pas. Je pense que le ministre, s'il veut que son projet de loi soit
analysé correctement et convenablement, devrait être à
même de nous donner les amendements. Il ne devrait même pas nous
permettre, dans le fond, de faire toute cette discussion-là. Il devrait
nous dire: Écoutez, M. le député, vous avez raison,
arrêtons la discussion, je fais faire les photocopies qui s'imposent tout
de suite, on vous le donne et là on va faire l'étude. C'est, je
pense, tout à fait normal que l'on arrive a cette formulation maintenant
normale de travailler avec tous les outils nécessaires. Je me souviens
de ce que la ministre des Affaires culturelles et vice-première ministre
disait au mois de décembre 1985. Elle disait: Nous allons
légiférer moins, nous allons légiférer mieux. Je
vous dis qu'au moment où l'on se parle, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas
vrai. Dans la bousculade de 30 projets de loi déposés le 15
novembre dernier pour adoption avant le 21 décembre, tenant compte de ce
que l'on sait qui va arriver dans un jugement qui va être
promulgué le 15 décembre prochain, il va y avoir de la
bousculade. D'ailleurs, le premier ministre lui-même l'a dit: Nous allons
bousculer l'Assemblée nationale pour faire adopter un projet de loi pour
éviter un vide Juridique. Quand on sait très bien que c'est
lui-même qui a créé le vide juridique, que c'est
lui-même qui n'a pas pris ses responsabilisés et qu'il y aurait
des moyens plus simples que de bousculer tout le monde pour régler un
problème de vide juridique possible.
C'est tout simplement, M. le Président, pour vous dire à
nouveau: Qu'est-ce que le ministre a à cacher en ne nous donnant pas ces
amendements? D'abord, on ne sait pas combien il en a. Est-ce que, sur ces 77
articles, il y a la valeur de 40, 30, 50, 10 ou 9? Le ministre pourrait nous
les donner et nous permettre de faire un travail convenable. Je ne comprends
pas l'entêtement que la ministre a actuellement de refuser les
amendements. Est-ce que le ministre, par les amendements qu'il veut nous
apporter, serait en train de nous causer une surprise, une surprise heureuse
qui vous satisferait, M. le Président, comme président d'un
comité qui a eu à étudier tout le secteur de la
forêt privée? Est-ce que le ministre, dans le fond, est en train
de préparer un beau cadeau de Noël à du monde en disant:
Écoutez, j'ai une responsabilité, d'ailleurs vous l'avez dit
vous-même tout à l'heure, seul le ministre peut ajouter des
amendements qui ont pour effet d'augmenter le coût du projet de loi...
Vous avez bien lu cela tout à l'heure? Seul le ministre a le droit de
présenter des amendements. C'est évident que mol comme
député de l'Opposition, je ne peux pas. de mon propre chef,
proposer un amendement qui aurait pour effet de dire que nous allons mettre
tout le principe du rendement soutenu au niveau des forêts privées
pour permettre, justement, le problème qu'on verra en cours de route,
cette surproduction de bois pour les scieries, qui pourrait être un
bénéfice à court terme pour des gens. Parce que dans le
fond, vous savez qu'il y a, par les rendements soutenus, les contrats de vente
par le Syndicat des producteurs de bois et autres à des usines de
pâtes, ce moyen de contrôle par la Régie des marchés
agricoles, qu'on n'a pas par la question des scieurs dans ce projet de loi.
Est-ce que la ministre est en train de présenter ça? Et lui seul
aurait le droit de. le présenter. Parce que pour mettre en place un tel
système, ça demandera de l'argent additionne! au gouvernement, et
si ça prend de l'argent additionnel au gouvernement, seui le ministre
peut présenter un amendement dans ce sens-là. Est-ce que c'est ce
qu'il est en train de nous préparer? Et comme il s'aperçoit que
la pression est de plus en plus forte dans ce sens, il se dit: Écoutez,
nous croyons que le député de Laviolette a raison et
on pourrait proposer un amendement. On va vous en avoir un, d'abord,
nous autres aussi... Je ne sais pas si c'est toi qui l'a, l'article 47? (22 h
15)
Une voix: Une motion?
M. Jolivet: Non, non, pas tout suite.
Simplement pour vous indiquer un amendement qui pourrait être
apporté au projet de loi 84 qui a trait à l'article 45 et qui a
trait à ce que je dis, M. le Président, et on verra comment le
ministre va l'accepter, comment vous, vous allez l'accepter, comment il va y
avoir danger qu'on se fasse refuser un tel amendement. C'est sûr et
certain qu'on va faire tous les efforts, on va le soutenir, on va regarder la
possibilité que vous l'acceptiez. Le ministre pourrait de lui-même
le faire cet amendement, ça réglerait notre problème. Cela
nous amènerait, par le fait même, la possibilité de dire
qu'on a ensemble, d'un commun accord, bonifié le projet de loi.
Le ministre va s'en souvenir, quand nous avons étudié le
projet de loi 150, iI y en a eu des amendements. Je rappellerais l'autre
discussion que nous avons eue avec le ministre de l'Énergie et des
Ressources responsable des terres, ce n'est pas lui, il ne faudrait pas
mêler, lui, le ministre délégué aux Forêts,
n'est pas responsable de la Loi sur les terres, c'est le ministre de
l'Énergie et des Ressources qui en est responsable. Combien de
discussions le député d'Ungava et moi avons apportées au
ministre et combien de suggestions et d'amendements ont été
adoptées? Non, mais Je pense, M. le Président, que ça fait
partie du travail qu'on a à faire, mais le ministre nous avait
donné des occasions de les faire dans les meilleures conditions
possible. Or, les amendements sont un Instrument essentiels à
l'accomplissement de notre travail dans les meilleures conditions possible.
M. le Président, \e ministre, refusant ça, nous invite
à avoir plutôt des idées sombres de ce qu'il veut nous
présenter, plutôt que d'avoir le goût de penser qu'il veut
s'assurer que le projet de loi soit le meilleur possible. Je comprendrais
très bien le ministre disant que la perfection ne se situe ni de notre
bord ni du sien, je pense qu'il n'y a personne sur cette terre qui va vouloir
penser qu'ils sont parfaits. La vanité est une partie de l'orgueil qui
est malheureuse pour les hommes.
Il y a une chose certaine, c'est que nous en sommes devant le fait que
le ministre nous a dit - vous ne l'avez pas inscrit au Journal des
débats parce que le ministre l'a dit sans avoir le droit de parole mais
on l'a entendu, par exemple, de notre côté - que oui, il y en aura
d'autres et oui, on reviendra dans deux ans et oui, on reviendra dans un an et
oui, on reviendra; il y a d'autres amendements à venir, futurs, à
l'usure, comme disait le député de Saguenay, qui font que
finalement, on va se retrouver avec un autre projet de loi qui va amender le
projet de loi qui amende déjà un autre projet de loi.
Vous savez, cela me fait penser à un autre projet de loi, M. le
Président, sur lequel nous avions combattu, et c'est le
député d'Abitibi-Ouest, le leader de l'Opposition qui l'avait
fait, sur le travail, la fameuse loi 30. Imaginez-vous, nous sommes devant un
projet de loi qui est adopté, qui n'est pas encore promulgué, qui
est même actuellement tablé, et auquel on pense déjà
à apporter des amendements, sans l'avoir appliqué; c'est fort en
maudit, et c'est vrai. La loi 30 qui est devant nous, M. le Président,
c'est ça. Elle a été adoptée en bonne et due forme,
le ministre a fait un moratoire sur sa non-application, et il nous indique
qu'il y aurait certainement des amendements à y apporter, et on n'a
même pas encore utilisé, je ne devrais pas dire "utilisé"
parce que ce n'est pas le bon mot, on n'a même pas mis en place le projet
de loi. Imaginez-vous, alors que nous sommes actuellement avec un projet de loi
qui existe, avec un projet de loi qui vient l'amender, on ne connaît
même pas encore les amendements que le ministre a l'intention
d'apporter.
Peut-être qu'on aurait l'occasion de lui suggérer de
meilleurs amendements. Peut-être qu'on aurait l'occasion de lui dire que
tel amendement n'est pas nécessaire. Peut-être qu'on aurait
l'occasion de lui dire qu'on aurait d'autres amendements à apporter, et
là, on pourrait davantage, ensemble, mieux travailler. Ce n'est pas pour
moi que je fais le projet de loi, vous savez. Le projet de loi, c'est pour les
gens qui ont à le vivre. Ce sont des industriels de la forêt, ce
sont des industriels dans le bois de pulpe, dans les pâtes et papiers,
dans les scieries, dans le déroulage, dans les panneaux
agglomérés, les gens qui sont propriétaires de
boisés privés, qui peuvent être aussi bien la compagnie
Domtar qu'un simple travailleur à l'usine de la Wabasso Coton quelque
part ou la carbure fermée du député de Saint-Maurice.
Peut-être qu'à ce moment-là, on aurait un
travailleur qui aurait intérêt à connaître comment il
va s'en sortir parce qu'actuellement, il est à l'assurance-chômage
et bientôt bénéficiaire du bien-être social, si cela
continue ainsi. Et cela, simplement pour vous dire, M. le Président, que
ces personnes sont en droit de connaître la teneur du projet de loi qui
est devant nous avec tous les amendements qu'on a l'Intention d'y apporter.
Elles pourraient peut-être nous donner des Indications sur des
amendements à venir, sur des façons de voir tes choses. Parce que
c'est à eux que va s'adresser le projet de loi, ce sont eux qui vont
avoir à vivre de ce projet de loi, que nous amenons de tels
amendements.
Alors je dois vous dire, M. le Président, que le fait que le
ministre nous refuse de déposer des amendements m'inquiète
beaucoup. Cela m'inquiète parce que j'ai toujours l'impression qu'on en
arrive à vouloir prendre par surprise les membres de la commission,
bousculer les membres de la commission, arriver finalement à faire en
sorte qu'on fasse un mauvais travail.
Vous savez, seulement l'exemple des érablières, les
articles 4, 5, 6, 7 et 8 parlent des permis pour permettre l'entaillage. Bien,
mon collègue, le député de Lac-Saint-Jean, va avoir
à venir discuter de cela. Il serait intéressant de
connaître quelles sont les intentions du ministre, s'il y a des
amendements à apporter, à la suite de recommandations, à
la suite de rencontres qu'il a eues avec certains représentants des
producteurs de boisés privés. Vous savez, M. le Président,
il ne serait peut-être pas mauvais... On pourrait même être
tenté de faire une motion afin d'inviter ici, à la commission, le
ministre responsable de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, responsable, justement, du domaine des
érablières.
Il n'y a rien qui nous empêcherait de venir dire: Écoutez,
vous êtes touchés par ce projet de loi. Quelles sont vos
recommandations par rapport à ce qui est écrit dedans? Qu'est-ce
que vous avez, comme ministre, à proposer, même, comme amendement
à votre collègue, le ministre délégué aux
Forêts. Le ministre aura bien beau nous dire que cela ne coûte
rien, ce n'est pas la question. Cela a quel effet sur l'ensemble du territoire
des érablières au Québec, surtout quand on
considère le domaine public. Quand on considère le fait
qu'actuellement, il y a une surcapacité de production et qu'on en arrive
à faire en sorte qu'on s'intéresse à la banque de sirop
d'érable, cela vous touche, M. le Président, malgré les
problèmes que vous avez dans votre région et comme la
nôtre, dans les Bois-Francs, en ce qui concerne les pluies acides?
Mais cela vous intéresse quand même de savoir si la
surproduction de ceux qui vont être dans le comté du ministre,
dans les Appalaches, responsables de la fabrication de sirop d'érable
additionnel, n'aura pas un impact sur le prix de vos érablières
chez vous. Est-ce que cela n'aura pas des effets comme cela? Le ministre peut
bien rire, mais le ministre sait très bien que dans le marché,
plus tu en as et plus tu en as en surplus, plus tu as des chances que le prix
baisse; moins tu en as et plus tu as des chances que le prix monte.
Mais une chose certaine, c'est que si on est arrivé à
mettre en place une banque de sirop d'érable, c'est parce qu'il doit y
en avoir trop. S'il y en a trop, il faut le conserver, et c'est pour le vendre
plus tard, mais à un certain moment nous en aurons trop et nous ne
saurons plus qu'en faire. Mais cela a des effets sur les producteurs actuels,
qui sont des agriculteurs, qui vivent une deuxième partie de leur vie de
l'argent qu'ils font des érablières. Il n'y a personne qui va
contester ces faits. Et si par une surcapacité de production
additionnelle qu'on vient mettre sur le marché on en arrive à
faire baisser les prix, comment vos agriculteurs, chez vous, vivront-ils, M. le
Président?
Je suis sûr que vous avez été
intéressé par ce sujet lors de vos rencontres avec les
producteurs de boisés privés, en particulier ceux qui ont des
érablières. Je suis sûr que ce sont des gens que mon
collègue, le ministre, connnaît très bien à
Sainte-Thècle, qui ont même été choisis il y a
quelques années par le mérite forestier, c'est bien ça? Le
mérite forestier...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ne comptez pas sur
mon aide.
M. Jolivet: Le ministre en est conscient, 11 est même
allé dans une érablière chez moi faire une campagne de
financement pour le Parti libéral. Il le connaît. Le sirop est
très bon là-bas.
Uns voix: ...de l'Opposition.
M. Jolivet: On s'en doute... Mais il y a une chose certaine,
c'est que le ministre serait certainement intéressé de savoir ce
que pense cette personne que le député de Saint-Maurice est
habitué de visiter. Lui, le ministre de tutelle de mon comté.
Mais je dois vous dire, M. le Président, que si le ministre
déposait ses amendements, quelle facilité il nous donnerait pour
mieux légiférer. Je suis sûr que le ministre est conscient
de cela. Je ne sais pas ce qui l'empêche de passer de la pensée
à l'acte qu'il devrait faire, c'est-à-dire de nous les donner. Il
devrait considérer ces personnes qui essaient de lui donner quelques
conseils, en fait de le conseiller, ses conseillers qui doivent certainement
lui souffler à l'oreille: Donnez-lui donc, M. le député,
donnez-lui donc les amendements, comme cela, vous allez perdre moins de temps,
vous allez être assuré que le travail va être mieux
fait.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Non, c'est vrai. Je suis sûr. Vous êtes
l'adjoint parlementaire au ministre de l'Énergie et des Ressources, mais
non pas adjoint parlementaire au ministre délégué aux
Forêts qui est sous la tutelle du ministre de l'Énergie et des
Ressources. Vous pourriez peut-être, vous, M. le député de
Saint-Maurice, convaincre le ministre responsable de dire au ministre sous sa
tutelle de nous donner les amendements. Je suis sûr que de vous j'aurais
certainement un appui assuré, tandis que je ne l'aurais pas du
député de Saguenay, malgré le fait que le
député de Saguenay est l'adjoint parlementaire du ministre
délégué aux Forêts. Il me semble que le conseil du
ministre de tutelle devrait être très intéressant dans ce
dossier.
M. le Président, je ne sais plus quel argument utiliser pour
convaincre le ministre. Je sais que vous me faites signe que malgré
toutes les argumentations que j'ai employées, il ne me reste que
très peu de temps pour essayer de convaincre le ministre. Il me semble
que le ministre va prendre la parole après moi, puisqu'il a droit de la
prendre immédiatement ou laisser à
son adjoint parlementaire, qui a la parole facile lui aussi, le soin de
nous donner la réponse. Mais s'il nous la donne, le ministre devrait
nous dire:
M. le député, vous m'avez convaincu et je vous donne les
amendements Immédiatement. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député de
Laviolette. M. le ministre en vertu du règlement vous avez droit
à un temps de réplique de trente minutes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, je ne
prendrai pas mes trente minutes Immédiatement. J'aimerais simplement
passer quelques remarques au député de Laviolette.
Évidemment, dans ce que le député de Laviolette
expose, M. y a une certaine logique. Il reste que je me pose des questions
à savoir si le député de Laviolette ne poursuit pas un but
bien précis, à savoir un amendement qu'il aimerait proposer, et
même un amendement qu'il aimerait voir dans les amendements qui seront
proposés, et étant donné que c'est là ou pas
là, quelle sera son attitude, sa collaboration, c'est tout cela... Quand
on parle de cohérence et de respect, M. le député de
Laviolette, je respecte évidemment... Si vous ne vous étiez pas
absenté tout à l'heure, j'ai dit à votre collègue,
le député d'Ungava qu'on prendrait tout le temps qu'il faut pour
bien faire ce qu'on a à faire, bien faire nos devoirs, vous comme
député de l'Opposition et nous, comme député de la
partie gouvernementale, on prendra le temps. J'ai également dit au
député d'Ungava que si la commission siégeait vendredi, je
n'irais pas dans son comté, parce que c'était un engagement que
j'avais pris il y a deux ou trois mois, mais que la commission de
l'économie et du travail passe avant une visite dans le comté du
député de l'Ungava, même si cela peut lui être
profitable. Cela peut être profitable à ses commettants. Il en
sait quelque chose. (22 h 30)
Vous pariez beaucoup des érablières et c'est votre
privilège de faire une autre motion pour parler encore pendant une
demi-heure, motion pour amener le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation ici, pour lui demander ce qu'il pense des
amendements concernant les érablières, alors que, d'un commun
accord, nous avons levé le moratoire sur les érablières.
Si, cette année, il y a abondance de sirop, c'est dû à un
climat un peu spécial, une température un peu spéciale et
cela ne veut pas dire que cela va se produire l'an prochain, à moins que
vous ayez le pouvoir de le faire, à moins que vous ayez le pouvoir de
contrer, aussi, les pluies acides qui affectent principalement les
comtés de Mégantic, Beauce et cette région-là
plutôt que ceux de ma région. Évidemment, est-ce qu'on doit
attendre de corriger les pluies acides? Cela ne s© fera pas demain matin.
Môme avec la collaboration des Américains, la col- laboration de
tout le monde, la collaboration de l'Opposition, cela va prendre des
années. C'est pourquoi il y a un programme de fertilisation des
érablières. C'est pourquoi, je pense, 1 faut profiter de
l'occasion qui nous est offerte de produire du sirop et vous avez raison, la
grande loi de l'offre et de la demande, c'est celle qui règle les prix
du marché. C'est une grande loi. Il n'y a pas de gouvernement, il n'y a
personne qui peut l'influencer de façon permanente sans combler par des
subsides.
Quant au conseil que mon voisin m'a donné, on a parlé des
nouvelles à la radio, on parlait des discussions sur le GATT. On n'a pas
parlé du tout de céder à l'effet de vous déposer
immédiatement tous les amendements. C'est comme cela.
M. Jolivet: Les nouvelles sont-elles bonnes?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les nouvelles
sont...
Une voix:...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Toutes les
personnes qui ont à vivre avec le projet de loi qui est la Loi sur les
forêts sont beaucoup plus nombreuses que celles que vous avez
énumérées. Il y a encore tous les citoyens qui
fréquentent la forêt d'une façon ou d'une autre pour leur
plaisir, la chasse ou la pêche, etc. Vous avez mentionné les
industriels, je comprends qu'ils vous influencent mais cela fait partie de
l'ensemble, cela fait partie de la société. Que ce soit un
industriel, un petit ou un grand, ou un chasseur ou un pêcheur, cela fait
partie du groupe de ceux qui fréquentent la forêt.
Pour l'Instant, ce sont mes remarques, M. le Président. Je n'ai
rien à ajouter. Je n'ai pas eu de conseil de déposer les
amendements en bloc tout de suite, Immédiatement comme cela.
Le Président (M. Audet): D'accord, M. le ministre. Merci.
M. le député d'Ungava, vous avez une enveloppe de dix
minutes.
M. Claveau: À peine. Une voix: Pas plus.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je me réjouis
que le ministre délégué aux Forêts
s'intéresse beaucoup aux comtés des députés de
l'Opposition et à juste titre d'ailleurs. Parce qu'il faut quand
même comprendre que dans un comté comme le comté d'Ungava
que le ministre connaît, je sais bien qu'il le connaît, il a
d'ailleurs résidé aux portes du comté d'Ungava lors de son
séjour à Amos pour le ministère, mais dans le comté
d'Ungava on a, entre autres, à Chapais la plus grosse scierie
indépendante du Québec avec des droits de coupe supérieurs
à 700 000 mètres cubes par année. On a la
présen-
ce de Donohue avec la nouvelle Scierie Le Comptois avec une série
de contrats qu'elle vient d'acheter et qui a fait de Donohue la plus grosse
compagnie de sciage au Québec. On a Normic-Perron qui coupe par chez
nous. On a Kruger qui coupe dans le coin, tous les droits de coupe de Kruger en
forêt publique sont dans le comté d'Ungava. On a Domtar qui est la
deuxième plus grosse compagnie de sciage au Québec depuis que
Donohue l'a dépassée avec l'achat de Comptols qui opère
une scierie, même deux scieries maintenant, s'étant portée
acquéreure de la scierie de Matagami, plus une usine de pâte
kraft. C'est quand même un comté où l'activité
forestière est très importante. Ce qui fait que j'ai, à
l'occasion, Intérêt à me pencher sur les lois qui
régissent les activités forestières, ce qui me permet de
parler en connaissance de cause et aussi de pouvoir rencontrer très
régulièrement les différents Intervenants du domaine
forestier, étant donné que chacune des quatre principales villes
du comté ont leurs compagnies implantées qui ne sont pas parmi
les plus petites compagnies au Québec dans le domaine du sciage, comme
vous pouvez le constater. Il y a longtemps qu'on a dépassé le
stade du "truck saw", comme on dit dans le comté. Je me réjouis
que le ministre s'intéresse au comté. Je sais qu'une petite
visite de quelques heures peut être très Intéressante pour
lui, surtout qu'on est déjà dans la neige; cela peut le
rafraîchir. Mais, connaissant l'horaire de sa visite, et je ne suis pas
certain que ce soit nécessairement uniquement pour ! industrie
forestière, mais il y va quand même. Une visite a
été prévue dans une scierie, en avant-midi, c'est vrai,
avant le dîner de la Chambre de commerce.
La motion présentée par mon collègue, le
député de Laviolette, est très importante dans la mesure
où elle nous permet de voir clair dans tout ce qui s'en vient et de voir
les intentions qu'il y a dans le projet de loi. J'ai beaucoup de
difficulté à Imaginer qu'on puisse déposer un projet de
loi, surtout quand, comme on l'a dit tout à l'heure, on est rendu
à la quatrième et peut-être à la cinquième
façon de le modifier, de jouer là-dedans, pour essayer de se
comprendre. Ce projet de loi vient tout juste d'être
déposé; il est encore tout frais, il vient de sortir du salon
bleu après avoir été discuté en deuxième
lecture et on nous annonce une liasse d'amendements. J'ai de la
difficulté à saisir le cheminement derrière tout
ça. Je veux bien croire qu'il y a toujours des possibilités
d'amendement; la plupart du temps, en tout cas de ce qu'on connaît
historiquement de la mécanique parlementaire, quand le gouvernement
dépose un projet de lol, il est censé l'avoir pensé,
mastiqué et articulé, et il doit normalement l'avoir
vérifié sous tous ses aspects, regardé les deux
côtés rie Sa médaille et en avoir observé toutes les
facettes avant de le déposer pour une deuxième lecture et,
à ce moment-là, II peut y avoir, en commission parlementaire, des
interventions de l'Opposition avec des amendements émanant de
l'Opposition disant: Écoutez, M. le ministre, éventuellement,
vous allez peut-être oublier telle chose. Quant à nous, il y a
peut-être une facetta qu'on n'a pas vue et que vous n'avez pas vue. Il y
a une nouvelle façon de voir une nouvelle dynamique qui s'Installe dans
le mécanisme global d'approbation ou de discussion d'un projet de loi,
de sorte que, encore là, il est possible d'amender pour bonifier le
projet de Ici du ministre même après qu'il l'ait observé ou
analysé dans tous ses recoins avant de le déposer en Chambre.
Ce gouvernement nous a habitués, depuis trois ans, à une
mécanique un petit peu différente dans la mesura où il
dépose un projet de loi qu'il est supposé avoir
étudié à fond et dont le ministre est supposé
connaître toute la portée, les dimensions et toute l'importance
qu'il peut avoir. Et puis, tout à coup, juste au début de
l'étude article par article, à peine quelques heures après
l'avoir adopté en deuxième lecture en Chambre, on nous dit: Ah!
J'avais oublié telle chose. Il y a telle affaire que je n'avais pas vue
de la même façon. On a eu des interventions qui nous ont fait
changer d'idée et on revient tout de suite en vous annonçant
qu'il va y avoir toute une série d'amendements. J'ai déjà
eu l'occasion de l'exprimer d'ailleurs, à d'autres moments sur d'autres
lois, et même sur la loi 150 sur les forêts, il y a deux ans. Je
trouve cette mécanique quelque peu particulière et, à
certains égards, un peu cavalière en ce qui concerne le respect
du droit des parlementaires à pouvoir bénéficier du
maximum d'information nécessaire à la réalisation d'un bon
travail d'étude d'un projet de loi pour en arriver, comme j'ai eu
l'occasion de le dire tout à l'heure, à en sortir vraiment le jus
et à donner quelque chose pour qu'on ait une loi qui représente
réellement les intérêts du milieu et, la plus possible,
à la fine pointe tout en étant conscient que la perfection
n'étant pas de ce monde, Il est plutôt difficile de s'imaginer
qu'une loi sera parfaite, immuable, qu'elle n'aura pas quelques failles quoique
part qui permettront à certains d'en tirer profit et à d'autres,
d'y amener des amendements ou des nouvelles versions. Ça, c'est
vrai.
Mais, dans la mesure où on a devant nous un projet de !o! tout
chaud sorti de la deuxième lecture au salon bleu, qui arrive ici et
qu'on nous annonce déjà des amendements, comme Opposition
responsable, nous avons tout à fait le droit de flairer le piège,
de se dire qu'il y a peut-être anguille sous roche. On a le sentiment
qu'il y a comme quelque chose qui nous a été caché. Si
ça n'avait pas été le cas, après que le ministre
ait eu tout le temps voulu depuis deux ans de mastiquer, de remâcher les
différentes interventions, de pouvoir bénéficier des
rapports de certains de ses collègues qui ont parcouru le Québec
pour prendre l'information, il nous arrive avec un projet de loi. On se dit que
s'il n'avait vraiment rien d'anormal là-dedans. II aurait normalement
dû déjà déposer en deuxième lecture un projet
de loi complet et ne pas revenir deux,
trois ou quatre jours plus tard en disant: Écoutez, j'ai encore
oublié des choses et je dois amener des amendements.
C'est dans ce sens qu'il nous semble nécessaire et opportun, pour
pouvoir réaliser un bon travail de l'Opposition, que l'on puisse, avant
de commencer à débattre d'un projet de loi, en connaître
toute la portée que le ministre entend lui donner, ce que l'on aurait
normalement dû avoir en deuxième lecture au moment du
dépôt du projet de loi. On aurait dû avoir toute la
portée, toute l'ampleur des modifications que le ministre veut amener
dans sa Loi sur les forêts.
Il me semble qu'il est tout simplement normal, tout simplement
respectueux de la démarche parlementaire qui se veut honnête, de
donner à l'Opposition tous les éléments nécessaires
pour pouvoir faire un bon travail sur ce projet de loi. C'est dans ce sens que
j'ai la plus intime conviction que le ministre devrait nous déposer
déjà, avant de commencer l'étude article par article, tous
les amendements qu'il prétend avoir en main concernant la
possibilité d'améliorer son projet de loi qui, comme je viens de
le dire, est encore tout chaud sorti du four, ce qui me semble assez bizarre
comme démarche de devoir déjà le modifier ou l'amender
alors qu'il vient tout juste de le pondre, à toutes fins utiles.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
d'Ungava. Messieurs de la formation ministérielle.
M. Maltais: On reviendra tantôt.
Le Président (M. Audet): D'accord. Est-ce qu'il y a d'autres...
M. le député de Dubuc. Je vous rappelle votre temps de parole qui
est de dix minutes. Allez-y.
M. Desbiens: Le ministre n'a pas pris sa décision.
Merci, M. le Président. J'étais bien certain de ne pas
avoir à intervenir quand j'ai entendu mon collègue de Laviolette
dire qu'il y avait une certaine logique dans la présentation qu'en a
faite mon collègue. J'ai dit bon, il ne s'est pas rendu à la
deuxième partie. J'ai pensé que mon collègue de l'Ungava
l'amènerait justement à dire: C'est vrai, iI y a une certaine
logique et aussi une logique certaine dans votre argumentation, l'argumentation
de l'Opposition, nous vous déposons nos amendements
immédiatement.
Je comprends très difficilement, parce que le ministre nous dit,
parmi ses premières paroles, qu'il y a toujours de la place pour
l'amélioration, il faut améliorer, on a un travail à faire
comme députés au pouvoir, un travail à faire comme
députés de l'Opposition. En fait, on a les députés
de l'Opposition, les députés au pouvoir. On est tous pareils
à ce moment-ci. Quand vient le temps d'étudier un projet de loi,
on n'est pas député de l'Opposition ou député du
pouvoir. On est un groupe de représentants élus d'une population,
le seul d'ailleurs qui ait reçu un mandat de la volonté
populaire, le seul qui, pour reprendre les paroles de Laurent Laplante dans
La Soleil d'il y a quelques jours, "le seul pouvoir qui exprime le coeur
de la démocratie". Alors, c'est dans ce sens que je veux apporter une
argumentation supplémentaire à celle de mes deux
collègues. Si le ministre est conscient qu'il y a toujours de la place
pour l'amélioration, il reste qu'au moment même où on a un
projet de loi que, lui, a préparé avec ses fonctionnaires, il a
sans doute discuté, ou qui n'a pas passé le crible du Conseil des
ministres, le COMPADR, comme on l'appelle, il reste que ce projet de loi en
particulier, à cette étape-ci du cheminement de son
ministère, je suis convaincu qu'il veut en faire un
élément le plus complet possible pour cette étape-ci.
Même si on peut présumer et on sait que de toute façon dans
la pratique, il y aura dans l'avenir sûrement des améliorations
qu'il faudra apporter. Il en est conscient. Il nous le dit. (22 h 45)
C'est pourquoi il dit aussi que les députés doivent faire
un bon travail. Il nous a dit qu'on prendrait tout le temps qu'il faudrait. Il
est même prêt à déplacer les sorties qu'il a à
son agenda pour qu'on prenne tout le temps voulu. Je ne comprends pas. Il n'y a
pas de logique dans son affaire de refuser justement de nous donner les
Instruments qu'il faut, non pas seulement aux députés de
l'Opposition, mais aussi aux députés de sa formation. Pour moi,
rendu à cette étape-ci, il n'y a plus de député de
pouvoir, il n'y a plus de député de l'Opposition. Il y a des
députés qui ont un mandat et un rôle à jouer qui est
d'étudier les projets de loi qui sont proposés par le ministre
délégué aux Forêts, en l'occurrence, sur le projet
de loi 84 et qu'on doit, nous autres, à la lumière de nos petites
connaissances et des contacts qu'on a dans le milieu, essayer de voir avec lui
s'il n'y aurait pas des améliorations à apporter dans
l'immédiat au projet de loi qu'il nous présente.
Ce que mon collègue de Laviolette lui propose, et propose aux
membres de la commission, c'est de souhaiter que le ministre dépose ses
amendements en vrac. Ce n'est pas quelque chose de nouveau. Ce n'est pas une
demande farfelue, je ne pense pas, parce que d'autres ministres l'ont fait,
dans d'autres commissions; l'exemple de cet après-midi est assez
éloquent, quant à moi, du ministre du Travail qui a
déposé des amendements fondamentaux. Cela modifiait
considérablement, ça virait peut-être le projet de loi de
bout en bout, on peut dire. Il nous a déposé ça dès
le départ, dès nos premières représentations. Je
n'ai même pas eu besoin d'intervenir, cet après-midi. Il a
déposé immédiatement ses modifications qui ont
amélioré son projet de loi dans le sens justement
désiré, non pas par l'Opposition, comme telle, mais par la
population des travailleurs et organismes qui
auraient à vivre les articles de ce projet de loi.
Cela n'a pas été plus compliqué que ça.
Puisque ça répondait vraiment aux besoins, ces amendements, cela
a évité, comme je l'ai dit dans ma première intervention,
de longues discussions et argumentations entre le ministre du Travail et les
députés de l'Opposition, entre autres. Cela a permis au lieu de
siéger ce soir, sur semaine, d'étudier ce projet de loi; sans
doute, s'il n'avait pas procédé de cette façon... tout le
monde est heureux et le ministre et les intervenants mentionnés. L'autre
exemple qu'il a donné, très pertinent et très
éloquent aussi, c'est lui qui, l'an passé, le ministre de
l'Éducation et la plupart des ministres maintenant, ont accepté.
Cela correspond un peu, et j'en suis heureux quant à moi, du moins,
à ce que la vice-première ministre avait déclaré,
je n'ai jamais oublié ça, cela m'avait Impressionné de
l'entendre dans son premier message Inaugural en décembre 1985 qu'il y
aurait moins de lois, mais qu'on légiférerait mieux.
Légiférer mieux, il n'y a pas cinquante-six façons.
C'est que tous les députés, qu'ils soient du pouvoir encore une
fois, ou de l'Opposition, ce sont tous des députés égaux,
comme représentants de la population, donc, légiférer
mieux, ça veut dire avoir en main les meilleurs instruments possible et
avoir en main tout ce que le ministre, lui, a entre les mains, les
informations. On sait évidemment que le ministre est
privilégié à cet égard par rapport à tous
les députés. C'est normal. Il a entre les mains l'information de
première ligne de la part de ses conseillers, de ses fonctionnaires,
etc. Je pense qu'il est de son devoir de faire partager ces Informations, lors
de l'étude, entre autres, des projets de loi d'une façon toute
particulière, à moins qu'il y en ait certaines qui soient
absolument confidentielles, on connaît ça. En
général, ce sont des informations qui permettraient aux
députés de l'aider à atteindre son objectif, en fin de
compte. Je suis bien convaincu que l'objectif du ministre, c'est toujours de
présenter le meilleur projet de loi, c'est ce qui me semble du moins.
Dans le cas présent, c'est ça.
Je dis qu'il n'y a pas de logique certaine qui se manifeste de la part
du ministre, je vais le lui dire comme ça, puisqu'on est parti avec
cette expression. Je me demande même s'il y a une certaine logique dans
son attitude, de vouloir nous refuser... Je n'arrive pas, comme mes
collègues, à voir quels sont les avantages que le ministre peut
espérer en retirer, étant donné tout ce qu'on a dit, les
démonstrations qu'on a faites et les exemples qu'on a donnés,
l'exemple de l'attitude de certains ministres face à la
présentation et à l'étude de leurs projets de loi, face
aussi à la volonté de certains ministres d'améliorer, si
possible, dès cet Instant, dès le moment où Ils nous
présentent un projet de loi, sachant encore une fois que l'avenir
nécessitera toujours des modifications à des projets de loi...
Pour les projets de loi qu'on étudie, au moment où on les
étudie et pour le moment où on les étudie, iI
m'apparaît que c'est absolument essentiel qu'on essaie d'éviter
à tout le moins des erreurs.
Cela m'apparaît important de souligner de nouveau les exemples qui
ont été apportés et les nombreux autres qui pourraient
être soumis à l'attention du ministre; ils vont toujours dans le
sens d'une meilleure législation lorsque tous les députés
ensemble travaillent pour l'amélioration d'un tel projet de loi. M. le
Président, en espérant que le ministre manifeste une logique
certaine, je vous remercie.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Alors, est-ce qu'il y a d'autres... M. le ministre,
est-ce que vous avez un commentaire à ajouter?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, je pourrais
faire quelques commentaires parce qu'on semble soupçonner une partie
cachée, une partie confidentielle. Cela ne donne rien parce que,
évidemment, chaque article va être discuté, ainsi que
l'amendement. Il n'est pas question de cacher quoi que ce soit; d'ailleurs, je
ne serais pas capable de le faire et ce n'est pas le but d'éviter la
discussion non plus.
Quand le député de Laviolette parle d'un amendement
concernant le rendement soutenu, qui implique des sommes d'argent, il est
évident que, comme il l'a mentionné, il ne peut pas le proposer
comme amendement. Le fait de déposer les amendements
immédiatement, je me demande quelle est la poursuite, le but. Parce que,
un par un, ça va bien aussi. Vous savez fort bien que le rapport Audet,
je le répète parce que le député de Laviolette
était absent tout à l'heure, a été
déposé le 2 novembre.
Une voix: Encore absent.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui! Ayant
été déposé le 2 novembre et qu'il fallait
déposer le projet de loi pour le 15 novembre à l'Assemblée
nationale, il est bien évident qu'on n'a pas eu le temps de mesurer
toutes les implications budgétaires et pratiques pour donner suite aux
recommandations du comité Audet. Je n'ai pas l'Intention de bousculer.
Cela aurait été une bousculade, comme vous le mentionniez dans
votre discours. Évidemment, les amendements, on les verra au fur et
à mesure et à moins que mes collègues aient autre chose
à ajouter, c'est le commentaire que je voulais faire à la suite
du discours du député de Dubuc qui endosse, évidemment, la
thèse des députés de Laviolette et d'Ungava.
Le Président (M. Audet): M. l'adjoint parlementaire et
député de Saguenay, avez-vous des commentaires?
M. Maltais: Merci, M. le Président. J'ai
écouté très attentivement - une grosse toux, M. le
député de Laviolette, il faut vous surveiller - les 50 minutes
d'intervention de l'Opposition. Et je ne peux m'empêcher de regarder une
caricature de La Presse: Le PQ, c'est comme de la mayonnaise, il faut la
brasser pour que cela poigne. Et tout de suite à côté, pour
illustrer la cohérence, c'est écrit: Le projet de loi du PQ
s'écarte du radicalisme, les députés, déjà,
sont contre l'unilinguisme intégral voté au congrès. Au
début de nos travaux, le député de Laviolette indiquait
clairement tout le programme du Parti libéral, toutes les actions
posées à l'Assemblée nationale. J'aimerais retourner un
peu dans le passé pour rappeler à ces gens ce qu'ils ont
été et ce qu'ils étaient. Le député d'Ungava
aurait avantage à rester, puisqu'il n'a pas vécu cette triste
période.
Une voix: Il est jeune encore.
M. Maltais: J'aimerais leur rappeler que, pour les projets de loi
auxquels l'Opposition du temps avait à faire face, de la collaboration,
il n'y en avait pas. Je vais citer quelques exemples. J'ai été
moi-même 17 semaines sur la loi 42 sur la CSST et, après trois
réécritures - le secrétaire de notre commission est
là comme témoin - nous avions vu en troisième lecture
déposer environ 680 amendements. Je rappellerai la loi 40 qui a
duré 21 semaines à l'Assemblée nationale, au salon rouge,
M. le député de Laviolette. On a écrit trois fois qu'elle
a été adoptée sans opposition à l'Assemblée
nationale, parce que les amendements n'avaient jamais été
déposés. D'ailleurs, la loi n'a jamais été mise en
application en totalité.
La réglementation, M. le député de Laviolette. Je
pourrais vous citer des dizaines de projets de loi, au cours des quatre
dernières années de pouvoir, où jamais la
réglementation n'a été adoptée. Vous vous servez de
ce qui se passe à la commission des affaires sociales, sur la loi 37. Je
vous rappelle qu'après environ 60 heures d'étude peu d'articles,
en fait, rien du tout n'a été adopté. La bonne
volonté gouvernementale est ici. Si on avait commencé...
Très peu d'articles, quelque chose comme huit articles - si je ne me
trompe pas - c'est très peu en 60 heures de commission parlementaire. Si
vous aviez la bonne foi que vous avez prêchée pendant 50 minutes,
on aurait commencé à étudier le projet de loi dès
ce soir.
On aurait eu des choses importantes à dire, M. le
député de Laviolette, à l'article 28 qui nous dit qu'il
doit être remplacé - parce qu'elle est importante - à la
fin de chaque année, le bénéficiaire d'un contrat doit
préparer, soumettre au ministre, dans la forme, à l'époque
et selon la teneur qu'il détermine - le gouvernement - par voie
réglementaire, un rapport approuvé par un ingénieur
forestier sur les activités d'aménagement forestier
réalisées durant l'année sur ces évaluations de la
qualité et de la quantité des traitements silvicoles
réalisés dans cette période. La silviculture n'est pas
née avec le gouvernement libéral, mais a été
appliquée avec le gouvernement libéral. Elle a été
appliquée intégralement, et c'est important.
Combien il aurait été intéressant, ce soir, de
discuter de la section III de la loi qui parle de la garantie de
suppléance dont le député d'Ungava se lamente à se
tordre les tripes à l'Assemblée nationale, parlant des garanties
de suppléance dans des régions comme l'Abitibi, qui font face -
M. le Président, vous le savez fort bien parce que vous êtes
allé vous-même en région - à des ruptures de stock.
Par exemple, à l'article 95.3, combien il aurait été
intéressant de parler des garanties de suppléance que le ministre
doit accorder à certaines entreprises qui sont souvent en faillite.
Combien il aurait été intéressant de parler de l'article
123, qui parle du statut du producteur forestier, statut accordé par la
loi 150 et par le ministre et député de Rivière-du-Loup.
Combien il aurait été intéressant pour les producteurs
forestiers, ce soir, d'améliorer cet article. Combien on a perdu de
temps en palabres, ce soir. Les gens de l'Opposition n'avalent pas la foi
qu'ils nous ont prêchée puisqu'ils sont arrivés avec des
mesures dilatoires.
En conclusion, M. le Président, vous permettrez que j'apporte un
sous-amendement à l'amendement que le député de Laviolette
proposait. Je vais le lire pour que tout le monde puisse bien me comprendre:
Ajouter "lorsqu'il - en lettres majuscules, puisqu'on parle du ministre - le
jugera opportun". Voilà, M. le Président, je dépose mon
amendement.
Le Président (M. Audet): Nous allons juger de la
recevabilité, M. le député.
M. Jolivet: ...cela.
M. Maltais: À la fin de votre point. (23 heures)
M. Jolivet: Est-ce qu'on peut l'avoir par écrit?
M. Maltais: II est déposé.
Le Président (M. Audet): Est-ce que vous voulez que je
lise l'amendement?
M. Maltais: S'il vous plaît. Pour la bonne
compréhension de tout le monde.
Le Président (M. Audet): D'accord. Nous avions une motion
qui se lit comme suit: "Que les membres de la commission parlementaire de
l'économie et du travail souhaitent que le ministre
délégué aux Forêts dépose en vrac les
amendements qu'il a l'intention d'apporter au projet de loi", et nous
ajouterions, et c'est l'amendement qui est déposé, "lorsqu'il le
jugera opportun". Est-ce qu'il y a des commentaires? M.
le député de Dubuc, avez-vous des commentaires?
M. Jolivet: J'attendais qu'il l'explique. J'attends.
M. Maltais: Les explications sont très brèves. Si
nous commençons à étudier...
Le Président (M. Audet): Sur la recevabilité. M.
Maltais: Oui. Si nous commençons...
M. Jolivet: Est-ce que vous avez dit qu'il était
recevable?
Le Président (M. Audet): Non. On regarde ça.
M. Jolivet: D'accord.
M. Maltais: Je vous dis, M. le Président, que je
dépose l'amendement et je crois qu'il est recevable compte tenu de
l'importance du projet de loi et étant donné qu'il y aura aux
articles des modifications de concordance à une loi existante. Il est
important que le ministre puisse, en temps opportun, déposer ses
amendements puisqu'il y en a là-dedans, entre autres, qui ont une
implication financière.
M. Jolivet: Je n'ai aucune objection, M. le Président.
Quant à moi, il est recevable, mais...
M. Desbiens: C'est la question que je me pose. C'est une question
que Je voulais poser au président. Cela m'apparaît contradictoire.
Je ne sais pas si je fais erreur. Nous autres, on a demandé "en vrac" et
la proposition du député de Saguenay, c'est de déposer
"lorsqu'il le jugera opportun". Cela veut dire qu'il va les déposer un
à un. Ce n'est plus en vrac.
M. Maltais: Absolument pas.
M. Desbiens: C'est donc absolument contraire à la
proposition de...
M. Maltais: Voulez-vous relire ma proposition, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Audet): Je vais la lire une
dernière fois et je vais décider de la recevabilité de
l'amendement après. "Que les membres de la commission parlementaire de
l'économie et du travail souhaitent que le ministre
délégué aux Forêts dépose en vrac les
amendements qu'il a l'intention d'apporter au projet de loi", et on ajoute
"lorsqu'il le jugera opportun".
M. Desbiens: Cela veut dire qu'il va les déposer en vrac
quand même. Est-ce que c'est ça?
M. Maltais: Lorsqu'il le jugera opportun.
La Président (M. Audet): C'est la motion qui est
déposée.
M. Desbiens: Demain matin, on peut arriver et il va
déposer ça en vrac. C'est ce que cela veut dire.
Le Président (M. Audet): C'est un peu ce que cela veut
dire aussi. Ce peut être demain soir. Ce peut être dans trois
semaines. Peut-être pas dans trois semaines...
M. Jolivet: M. le Président, le recevez-vous, oui ou
non?
Le Président (M. Audet): Oui, il est recevable. Pas de
problème.
M. Jolivet: S'il est reçu, il va commencer...
Le Président (M. Audet): Je voulais simplement
connaître vos commentaires là-dessus. Si le proposeur avait des
commentaires, on les a entendus. Je juge la motion recevable. Cela s'est fait
à d'autres commissions.
M. Jolivet: C'est maintenant qu'il argumente sur sa
proposition.
Le Président (M. Audet): M. Maltais, vous avez un gros 30
minutes à vous.
M. Maltais: Je ne prendrai pas 30 minutes, M. le
Président, puisque j'ai expliqué tout à l'heure
très brièvement le sens de ma proposition. Il y a beaucoup
d'articles auxquels le ministre apportera des amendements. Il y a des articles
qui ont des incidences financières. Comme on la dit au début de
la soirée, le ministre doit se réserver le droit de
déposer, quand bon lui semble, les amendements. Cela ne veut pas dire
qu'il les déposera un par un. Cela ne veut pas dire qu'il les
déposera en vrac non plus. Cela voudra dire que, lorsqu'il sera rendu
à l'article concerné, le ministre aura la liberté. Je
pense que c'est une prérogative du pouvoir législatif et c'est
aussi une prérogative très importante du pouvoir exécutif.
Le ministre, on le sait, fait partie du pouvoir exécutif et, à
partir de ce principe, Je pense que si, dans d'autres projets de loi, certains
ministres ont désiré apporter les amendements en vrac ou en bloc,
dans ce projet de loi-ci, le ministre doit se réserver le droit de
déposer les amendements lorsqu'il le jugera opportun. Je ne pense pas
qu'argumenter pendant des semaines ferait avancer la qualité de la
discussion sur les amendements et également les articles de loi lesquels
ont des incidences très importantes pour les gens qui vivent de la
forêt au Québec. M. le Président, je ne prendrai pas 30
minutes; soyez-en sûr.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député.
M. le député de Laviolette, vous avez un temps de parole
de 30 minutes.
M. Jolivet: M. le Président, j'ai un mosus de
problème. Je vous le dis bien honnêtement, mais c'est vrai. Le
député vient de faire son argumentation. C'est pour ça que
ça ne me dérangeait pas que vous receviez cet amendement qu'on
vous a dicté, M. le Président. Je trouvais l'argument de mon
collègue, le député de Dubuc, très à propos,
mais vous avez |ugé bon de l'adopter. Je vous dis que, quand |e regarde
ça, le député est même venu dire: Cela ne veut pas
dire que le ministre va les déposer un par un; cela ne veut pas dire
qu'il va les déposer en vrac, mais il les déposera quand il
voudra. C'est ce que je pense. S'il a dit ça, M. le Président,
vous voyez ce que cela veut dire vouloir prendre et être pris. Le
député doit voter cela. On pourrait même arrêter
l'argumentation et l'adopter avec lui comme cela. Mais je ne veux en aucune
façon entraîner le ministre dans cela, cela n'a pas de bon sens.
Cela n'a pas de bon sens. Les mots voulant dire ce qu'ils veulent dire... On
dit: "Que les membres de la commission parlementaire de l'économie et du
travail souhaitent que le ministre délégué aux
Forêts dépose en vrac..." Ce n'est pas un à un, c'est en
vrac. Voulez-vous m'apporter le dictionnaire s'il vous plaît? Vous allez
voir ce que cela veut dire en vrac; en vrac, cela veut dire... Écoutez,
ce n'est pas pour rien que je l'ai mis là. Je vais prendre le Petit
Robert, pas le grand Robert, celui qui a eu de la difficulté à se
faire élire une première fois pendant qu'il y en avait 99 autres
qui se faisaient élire. Mais ce n'est pas grave, la seule chose, c'est
qu'il n'était pas là pareil. En vrac: pêle-mêle sans
être arrimé et sans emballage. Donc, on peut dire: en
désordre ou encore: au poids, en paquet. Donc, en paquet, cela veut dire
que le ministre les donne en vrac, il ne nous dit pas... Non, non, mais en
vrac...
Une voix: II conte ses peines.
M. Jolivet: Non, mais en vrac, cela veut dire que le ministre
peut les déposer - c'est l'expression habituellement employée -
comme cela, tout au complet, en paquet. Ce qui veut dire que le ministre nous
les donne et il pourrait, s'il le voulait, jouer au plus fin, mettre le premier
en dernier et le dernier en premier et mélanger tout le monde, mais ce
n'est pas cela que je demande... Quand il dit: "En vrac, les amendements qu'il
a l'intention d'apporter au projet de loi, lorsqu'il le jugera opportun." Cela
veut dire que le ministre, lorsqu'il va les déposer, pourrait les
déposer et être pris, parce qu'on va avoir adopté des
amendements. s'il décide de le faire au septième article du
projet de loi et qu'entre-temps, il y avait des amendements aux deuxième
et au troisième, est-ce que cela veut dire, M. le Président,
quand on va les avoir adoptés que le ministre ne pourra plus revenir en
arrière et dire: Écoutez, j'avais un amendement sur le
deuxième, parce qu'il les a donnés pêle-mêle, il les
a donnés comme il voulait au moment où il le voulait. Cela n'a
pas de bon sens. Mais, cela n'a pas de bon sens que les membres de la
commission parlementaire de l'économie et du travail souhaitent que le
ministre délégué aux Forêts dépose en vrac
les amendements qu'il a l'intention d'apporter au projet de loi lorsqu'il le
jugera opportun. Cela veut dire qu'on empêcherait le ministre de
déposer des amendements en cours de route, parce qu'on lui donnerait un
ordre, un souhait. On dirait au ministre: Vous avez des amendements à
apporter sur tel article, mais là, écoutez, s'il ne vous tente
pas de les déposer, vous attendrez plus tard, vous savez ce que cela
veut dire, en termes parlementaires, "légal". La légalité,
c'est quand on est passé sur un article et qu'on l'a adopté, on
ne peut pas revenir dessus, à moins qu'il n'y ait, de la part des deux
parties, le consentement unanime. Vous savez, des décisions ont
été rendues dans ce sens-là. Le jour où une
décision est prise, elle n'appartient plus à celui qui l'a
déposée, elle appartient à ceux qui l'ont adoptée,
et il faut l'unanimité des membres de la commission. C'est ce que
ça veut dire. Cela veut dire que là, on s'enfoncerait dans une
procédure qui n'a pas de maudit bon sens. On en arriverait à
faire en sorte que le ministre soit obligé, si je comprends bien, s'il
dépose en vrac, en paquet, pêle-mêle, s'il le veut, ses
documents, il le fera au moment où il arrivera au premier amendement...
Si le premier amendement a lieu à l'article 7, il va devoir le
déposer à l'article 7, pour qu'on puisse tout suivre. Donc,
à ce moment-là, ce n'est plus lorsqu'il le jugera opportun", mais
lorsque l'obligation lui sera donnée de les déposer, parce qu'il
n'aura pas d'autre choix que de les déposer, à ce
moment-là, on les aura les amendements. Mais si on est rendu à
l'article 10 et qu'il s'aperçoit en cours de route qu'il a fait fausse
route et qu'il est obligé de revenir sur l'article 3, mon Dieu Seigneurl
il va avoir quelques problèmes.
Je suis en train de faire ma comparaison, parce que je n'ai pas eu le
temps avant, j'ai été pris avec d'autres projets de loi, pendant
qu'on parlait tout à l'heure, j'étais en train de regarder
l'avant-projet de loi qu'on avait et que j'ai entre les mains par rapport au
projet de loi que j'ai devant moi, je suis en train de faire les concordances
avec les articles. On va avoir du plaisir tout à l'heure, M. le
Président. Dans l'avant avant-projet de loi que le ministre a
déposé ici, il y a des articles qui y sont modifiés
déjà. Il y en a d'autres qui ne se trouvent pas du tout dedans.
Et il y en a d'autres qui ont été ajoutés et qui ne se
trouvent pas dedans. Cela veut dire que le ministre, dans l'avant avant-projet
de loi, par rapport au projet de loi qui est là, il a fait du travail,
il a épuré son affaire,
il a enlevé des affaires sur lesquelles j'avais posé des
questions à l'Assemblée nationale, parce qu'il s'est
aperçu finalement que, peut-être que là, il faisait fausse
route. J'aurai l'occasion d'y revenir sur une autre motion.
Je pourrais parler longuement, M. le Président, je ne veux pas
faire perdre le temps de la commission...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: ...sur un amendement qui n'a pas de bon sens. Cela
n'a pas de bon sens. C'est un amendement farfelu, présenté
à la dernière minute pour essayer de prendre les gens de
l'Opposition au piège, mais on s'aperçoit en fin de compte qu'on
va se prendre soi-même au piège. Qu'est-ce que cela donne comme
résultat? Ce que cela donne, c'est ceci. Les membres du parti
ministériel vont être obligés de voter à la fois
contre l'amendement et contre la motion principale s'ils ne veulent pas
s'enferrer. Cela démontre l'amateurisme du député de
Saguenay. Non, j'allais dire de Sacré-Coeur. Je me suis repris, j'allais
dire de Sacré-Coeur parce que le député de
Sacré-Coeur tout le monde le sait très bien... M. le
Président, cela n'a pas de bon sens. Je n'ai pas d'autres argumentations
que celle-ci à apporter. Le député adjoint parlementaire
au ministre est en train de jouer un mauvais tour à son ministre. Le
ministre qui a un adjoint parlementaire qui lui joue un mauvais tour, pour ne
pas dire autre chose. Cela n'a pas de bon sens. M. le Président, je suis
sûr que le député de Saint-Maurice qui est lui-même
adjoint au ministre de l'Énergie et des Ressources aura certainement des
réprimandes, lui qui est l'adjoint parlementaire de tutelle ou l'adjoint
parlementaire au ministre délégué aux Forêts, cela
n'a pas de bon sens! II faudra lui faire des remontrances et dire:
Écoute, cela n'a pas de bon sens, mon cher ami, de faire une proposition
comme celle-ci. Le député de Dubuc est certainement d'accord avec
moi.
M. le Président, j'arrête mon argumentation parce que j'ai
une proposition plus intéressante à faire ensuite.
Le Président (M. Audet): D'accord. M. le
député de Saguenay, prenez la parole.
M. Maltais: M. le Président, on n'est pas ici pour savoir
qui est plus fin stratège ou non. J'ai présenté une motion
et Je demande le vote sur la motion.
M. Jolivet: Vous n'avez pas le droit de demander le vote puisque
vous avez parlé. La personne qui a parlé n'a pas le droit
demander le vote.
M. Maltais: M. le député, avez-vous
vérifié cela?
M. Jolivet: M. le Président, vous allez revérifier
cela. Comment une personne qui a le droit de parole, qui a utilisé son
droit de parole peut demander le droit de vote? Depuis quand fait-on cela?
Le Président (M. Audet): A l'ordre, s'il vous plaît!
Un instant, un instant! M. le député de La Peltrie, vous avez la
parole. Une question de règlement.
M. Cannon: Un délai absolument inouï. Je demande donc
le vote pour me conformer à la bonne volonté de mon
collègue, le député de Laviolette.
Le Président (M. Audet): Alors, c'est M. le
député de La Peltrie qui demande le vote. Nous allons
immédiatement procéder à la mise aux voix de l'amendement
proposé par M. le député de Saguenay. C'est Inutile de
relire Ici l'amendement.
M. Jolivet: Si le député de Saguenay a
demandé de voter, il a pu utiliser son droit de parole parce qu'il avait
encore du temps sur son droit de parole, est-ce que cela veut dire, selon
l'alternance, que ce ne serait pas mon collègue qui aurait le droit de
parler sur l'amendement?
Le Président (M. Audet): Non, non, pas du tout. Il y a un
vote qui est demandé. Le député de La Peltrie...
M. Jolivet: Un instant! Le député de Saguenay a
profité de son droit de parole pour demander quelque chose; donc, il a
utilisé son droit de parole pour une seconde fois. S'il a utilisé
son droit de parole une seconde fois et il s'est trompé, comme il l'a
fait d'ailleurs pour l'amendement, est-ce que cela veut dire que mon
collègue, le député de Dubuc, n'aurait pas le droit de
parler?
M. Cannon: Une question de règlement.
M. Jolivet: L'alternance!
Le Président (M. Audet): Un instant! Est-ce que le fait
que M. le député de La Peltrie ait demandé le vote...
M. Jolivet: Oui, je sais mais avant qu'il...
Le Président (M. Audet): ...est-ce qu'à ce
moment-là on ne doit pas Immédiatement procéder à
la mise aux voix?
M. Jolivet: Je ne conteste pas mais est-ce que c'était lui
qui avait le droit de parole par règlement ou si c'était mon
collègue? Il n'a même pas eu la chance de parler.
Le Président (M. Audet): Un instant, M. le
député de La Peltrie, sur une question de
règlement.
M. Cannon: Oui, j'aimerais simplement refaire à rebours
les dernières cinq minutes que nous avons connues. Le
député de Laviolette en réplique à l'amendement qui
avait été présenté a pris le temps de se prononcer.
Donc, par conséquent, il a pris son droit de parole. Le
phénomène de l'alternance faisant en sorte que la parole revenait
de ce côté-ci de la table.
M. Jolivet: D'accord.
M. Cannon: Mon collègue, le député de
Saguenay, non pas en parlant et en demandant un droit de parole, a simplement
demandé le vote. Puisque vous vous êtes, M. le
député, opposé en disant que légalement il ne
pouvait pas le faire, le phénomène de l'alternance a fait que moi
j'ai demandé le vote. (23 h 15)
Le Président (M. Audet): Oui, M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, la question de mon
collègue de Laviolette est de savoir ceci. Je pense qu'il a raison. Le
député de Saguenay avait utilisé cinq ou dix minutes pour
sa présentation sur ses 30 minutes. Est-ce qu'il avait le droit de
ravoir son temps de parole pour compléter ses 30 minutes? Il me semble
que oui. Je voudrais m'assurer de ça. Dans ce cas-là, il a repris
son droit de parole pendant dix ou quinze secondes, mais il l'a repris quand
même. Est-ce que je fais...
Le Président (M. Audet): Un instantl On va regarder.
M. Desbiens: Est-ce clair, mon affaire? Est-ce que c'est comme
ça?
Le Président (M. Audet): Le député de
Saguenay qui a proposé l'amendement à la motion disposait de 30
minutes, il en a pris une partie lorsqu'il a fait le dépôt de la
motion, la proposition. Il avait le droit de revenir, selon l'alternance.
M. Desbiens: II avait le droit de reprendre la parole?
Le Président (M. Audet): Maintenant, il a proposé
la mise aux voix. Votre collègue de Laviolette a soulevé une
question de règlement à savoir si le parrain d'une motion ou d'un
amendement à une motion peut demander une mise aux voix. C'est ce qu'on
va regarder. Laissez-moi deux secondes.
Ici, une décision qui a été rendue concernant...
Bon. Est-ce qu'une motion d'amendement peut faire l'objet d'une motion de mise
aux voix immédiate? En vertu de l'article 202, il n'est pas possible de
demander la mise aux voix immédiate d'une motion d'amendement. Seule une
motion de fond peut faire l'objet d'une motion de mise aux voix
immédiate. Si on réfère à l'article 202,
tantôt, c'était peut-être un pou plus explicite. L'article
203 dit aussi que "Le président peut d'office rejeter une telle motion,
s'il estime que le débat sur la motion de fond ne s'est pas
indûment prolongé ou que les droits des députés
seraient lésés par une mise aux voix immédiate".
A ce stade-ci, je pense que je n'ai pas le choix, en vertu de l'article
203, vous avez utilisé une partie de votre temps de parole. Vous avez
proposé la mise aux voix, je suis obligé de vous refuser la mise
aux voix que vous avez: proposée.
Une voix: ...accorder...
M. Desbiens: Dix minutes à monsieur...
Le Président (M. Audet): On va accorder le droit de parole
au député de Dubuc qui avait souligné son Intention de
prendre la parole sur la motion et on pourra revenir après pour...
M. Cannon: M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de La
Peltrie.
M. Cannon: Si vous avez retiré le droit de parole à
mon collègue, le député de Saguenay, ce n'est pas parce
qu'il a effectivement épuisé tout son temps, c'est que vous avez
indiqué qu'il n'avait pas le droit de demander le vote. C'est bien la
décision que vous avez rendue. Par conséquent, compte tenu du
phénomène de l'alternance, la parole est toujours de ce
côté, que je sache.
Une voix: C'est exact.
M. Cannon: Donc, techniquement, M. le député de
Saguenay a toujours le droit de compléter le temps et
l'intervention.
Le Président (M. Audet): M. le député de La
Peltrie, le député de Saguenay a soulevé le fait qu'il
n'avait plus grand-chose à dire et qu'il demandait la mise aux voix.
M. Maltais: C'est ça.
Le Président (M. Audet): En ayant dit que...
NI. Cannon: Vous lui avez interdit la mise aux voix, mais dans son
enveloppe de temps...
Le Président (M. Audet): Oui, mais là, je viens de
lui interdire parce qu'une question de règlement a été
soulevée là-dessus...
M. Cannon: Non.
Le Président (M. Audet): ...en vertu de l'article 202.
M. Cannon: Vous avez raison, M. le Président.
Le Président (M. Audet): À ce moment-là, si
le député de Saguenay a mentionné
antérieurement...
M. Cannon: La question est de savoir, lorsque le
député de Saguenay a demandé la mise aux voix de la
motion, est-ce que cela signifie que son enveloppe de temps est techniquement
épuisée?
M. Desbiens: M. le Président...
M. Cannon: Est-ce que vous lui prêtez l'intention de
dire...
Le Président (M. Audet): Je ne vous dis pas que son
enveloppe de temps est épuisée. Toutefois, concernant le droit de
parole qu'il avait demandé et que je lui ai reconnu d'ailleurs sur son
enveloppe de 30 minutes, il lui restera du temps s'il veut revenir
ultérieurement, sauf que, selon ses propos, il semble, quant à
moi, avoir terminé. Je dois, à ce moment-là,
reconnaître immédiatement le député de Dubuc qui a
demandé la parole en vertu de la règle de l'alternance.
M. Maltais: M. le Président, juste une petite
question.
Le Président (M. Audet): Est-ce une question de
règlement, M. le député de Saguenay?
M. Maltais: De règlement. Si vous m'enlevez le droit de
parole parce que j'ai demandé le vote et que je n'avais pas le droit de
demander le vote, vous me redonnez automatiquement le droit de parole.
M. Cannon: Oui, oui.
Le Président (M. Audet): Non, non.
M. Maltais: La droit de parole est au député de
Saguenay pour combien de temps?
Le Président (M. Audet): Je ne peux pas revenir sur ma
décision, M. le député de Saguenay. Vous avez dit, avant
de demander le vote, que vous n'aviez plus rien à ajouter
là-dessus et que vous demandiez la mise aux voix.
M. Maltais: Sur le droit de vote. Sur le droit de vote.
Le Président (M. Audet): Non, non. Avant de demander la
mise aux voix...
M. Maltais: Mon cher monsieur.
Le Président (M. Audet): ...vous avez dit: Je n'ai plus
rien à ajouter là-dessus, M. le Président. Je demande la
mise aux voix. Si vous n'aviez rien à ajouter...
M. Maltais: Non, non, je...
Le Président (M. Audet): ...je suis obligé - et
j'ai rendu ma décision à ce sujet - de reconnaître le
député de Dubuc.
M. Maltais: Mais ce qui me restera de temps, j'ai quand
même le droit de l'utiliser.
Le Président (M. Audet): Oui, oui, on va y revenir plus
tard.
M. Jolivet: Ce serait surprenant, mais... M. Maltais:
Voilà! On se reprendra.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, est-ce que vous
aviez un commentaire à formuler là-dessus?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M. le
Président. Je voulais vous signaler que le député de
Laviolette, lorsqu'il a terminé, s'est adressé à son
collègue pour lui demander s'il avait quelque chose à
ajouter.
M. Maltais: Et l'autre n'avait rien à ajouter.
M. Desbiens: Ce n'est pas lui qui est président.
Une voix: Ce n'est pas moi qui décide.
Le Président (M. Audet): Non, c'est moi, en tant que
président, qui reconnais le droit de parole. Si le député
de Laviolette l'a fait, c'est de son propre chef, mais ce n'est pas un
privilège qu'il a en temps que membre de la commission. M. le
député de Dubuc, vous avez la parole. Vous avez une enveloppe de
dix minutes à votre disposition.
M. Desbiens: Ce ne sera pas long, trente secondes. Tout
simplement pour... Vous ne m'en voudrez pas si c'est 31 secondes? Et ça
va nous permettre de s'en remettre à la proposition et à
l'amendement du député de Saguenay. Si j'ai bien compris, et il
pourra m'éclairer justement puisqu'il lui reste encore un temps de
parole, je comprends de la proposition de mon collègue de Laviolette
telle qu'amendée par... M. le Président.
M. Jolivet: On va attendre, M. le Président.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs! M. le député de Dubuc, vous avez toujours
la parole. Allez-y.
M. Desbiens: C'est surtout que je veux avoir un
éclaircissement justement du proposeur.
M. le Président, ce que je comprends de la proposition... Il ne
pourra pas me répondre s'il ne comprend pas ma question. Ce que je
comprends de la proposition de mon collègue de Laviolette telle
qu'amendée par le député de Saguenay, c'est que le
ministre devra déposer en vrac les amendements lorsqu'il le jugera
opportun. Mais, comme l'a souligné mon collègue de Laviolette, je
ne sais pas à quel article il y a un amendement. C'est peut-être
l'article 2, 10, bon. Mais si c'est à l'article 2, ça veut dire
qu'à l'article 2 il va falloir qu'il dépose les amendements en
vrac. C'est ça que je comprends de la proposition de mon collègue
de Laviolette telle qu'amendée par le député de Saguenay.
Est-ce bien là sa volonté?
M. Maltais: C'est ce que dit l'amendement. M. Desbiens: C'est
ça?
M. Maltais: ...je pense que M. le député de Dubuc a
terminé.
Le Président (M. Audet): Excusez-moi. Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de
Dubuc?
M. Desbiens: Terminé, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Saguenay, vous avez la parole. Allez-y.
M. Maltais: Pour combien de temps, M. le Président.
Le Président (M. Audet): II va vous rester encore une
vingtaine de minutes.
M. Maltais: Bon. Pas de problème.
Le Président (M. Audet): Un gros 20 à 22
minutes.
M. Maltais: De 20 à 22 minutes. Faites-nous venir du
café.
M. le Président, bien sûr, le député de
Laviolette pourra parler de stratégie et avoir la panacée de la
stratégie, mais il restera une chose, c'est que lorsqu'on a senti au
départ une foi incertaine vis-à-vis du projet de loi... et je lui
rappellerai ses propres paroles à l'Assemblée nationale lors de
la prise en considération. Il a dit qu'il mettrait tous ses efforts pour
retarder d'une façon pas certaine mais de vouloir améliorer
à sa façon un projet de loi qui relève de son devoir de
législateur, bien sûr, mais aussi un projet de loi qui se veut une
volonté du milieu.
Ce qui est important, ce que l'Opposition a semblé oublié
ce soir, c'était la volonté du milieu. Il faut avoir fait le
parcours du Québec à quelques reprises comme j'ai eu l'occasion
de le faire et comme d'autres de mes collègues et même des
collègues de l'Opposition. Là-dessus, je leur dis toute mon
admiration qu'ils s'intéressent à cette grande question qui est
la forêt. En faisant la tournée du Québec, j'ai
constaté que des améliorations importantes devaient êtreapportées dans ce projet de loi. Bien sûr, il aurait
été préférable ce soir, lorsqu'on est entrés
en commission à 20 heures, de commencer à étudier le
projet de loi. Puisque ce n'est pas là la volonté de
l'Opposition, nous sommes certains aussi que le débat de
procédure qu'on se livre depuis 20 heures n'est pas une chose unique
à l'Opposition. Écoutez, si on veut débattre aussi de
cette question de procédure, je pense qu'on vous l'a
démontré ce soir, on peut le débattre aussi longtemps que
vous le voudrez, mais les grands perdants dans tout ce débat de
procédure ce sont les gens qui attendent après les amendements,
les travailleurs, les producteurs de bois privés et les syndicats de
producteurs de bois. C'est tous ceux-là, ce soir, qui ont payé la
facture.
Je termine là-dessus, M. le Président, en souhaitant que
par les amendements, d'abord on votera bien sûr sur mon amendement, mais
j'espère que l'Opposition souscrira aux amendements que les
collègues ministériels apporteront dans quelques minutes pour
commencer le plus rapidement possible l'étude de ce projet de loi tant
attendu. Merci.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Saguenay. M. le député de La Peltrie.
M. Cannon: Oui. Je demanderais donc le vote.
Le Président (M. Audet): Est-ce que c'est un vote nominal
ou...
M. Jolivet: Un vote nominal, certainement.
Le Président (M. Audet): Alors, la mise aux voix. M. le
secrétaire, si vous voulez procéder à la mise aux voix sur
l'amendement à la motion.
L'amendement, c'est qu'on ajoute, à la suite de la motion, que
les membres de la commission parlementaire de l'économie et du travail
souhaitent que le ministre délégué aux Forêts
dépose en vrac les amendements qu'il a l'intention d'apporter au projet
de loi et l'amendement se lit comme suit: "lorsqu'il le jugera opportun." M. le
ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Contre.
Le Secrétaire: Contre l'amendement. M. Maltais
(Saguenay)?
M. Maltais: Contre l'amendement. Le Secrétaire: M.
Cannon (La Peltrie)?
M. Cannon: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Je suis contre.
Le Secrétaire: M. Hétu (Labelle)?
M. Hétu: Contre.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
Le Président (M. Audet): ...
Le Secrétaire: Oui, vous avez le droit de voter. Vous
êtes membre de la commission. Vous pouvez vous abstenir aussi.
Le Président (M. Audet): Je m'abstiens. 5 contre, 2 pour,
une abstention.
M. Jolivet: M. le Président, je vous avais bien dit qu'il
voterait contre.
Le Président (M. Audet): Alors, l'amendement est
rejeté. Il ne reste plus d'enveloppe de temps pour la motion comme
telle?
M. Jolivet: Non.
Le Secrétaire: Non. Les enveloppes de temps sont
écoulées.
M. Jolivet: II en reste, mais ils ne veulent pas...
Le Président (M. Audet): Sur la motion comme telle?
M. Côté (Rivière-du-Loup): La motion est
déposée d'une façon Irrecevable, c'est-à-dire pas
acceptable. Le député de Laviolette en a parlé longuement
sur le vrac, en désordre, n'importe comment. J'ai l'intention de
procéder avec ordre. Le vrac du député de Laviolette,
c'est évident que je vais voter contre.
Le Président (M. Audet): D'accord. Cela dit, est-ce un
vote par appel nominal?
M. Maltais: Nominal, M. le Président, s'il vous
plaît.
Le Secrétaire: M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Contre.
Le Secrétaire: M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Contre.
Le Secrétaire: M. Cannon (La Peltrie)?
M. Cannon: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre.
Le Secrétaire: M. Hétu (Labelle)?
M. Hétu: Contre.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
Le Président (M. Audet): Contre. 6 contre, 2 pour. La
motion est rejetée.
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de La
Peltrie.
M. Cannon: Droit de parole, s'il vous plaît. J'aimerais
proposer un amendement, M. le Président.
M. Jolivet: Une motion.
Le Président (M. Audet): Une motion ou un amendement?
M. Cannon: Une motion. Merci, M. le député. Il est
proposé que le ministre délégué aux Forêts
dépose ses amendements en temps opportun.
Une voix: II a copié tout le monde.
Le Président (M. Audet): On va suspendre une bonne
minute.
M. Jolivet: Vous êtes mieux, parce qu'on aura la chance de
parler sur la recevabilité.
(Suspension de la séance à 23 h 28)
(Reprise à 23 h 29)
Le Président (M. Audet): La commission reprend ses
travaux. À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
La Peltrie, j'aimerais vous entendre
sur la recevabilité de votre motion.
M. Cannon: Bien sûr, M. le Président, avec plaisir.
L'objectif, durant toutes les délibérations que nous avons pu
entendre, les propos qui ont été tenus de la part des
collègues ministériels et de l'Opposition font en sorte que le
débat se situe ce soir autour de la question de la probité de
déposer des amendements soit en vrac ou en temps opportun. Nous, de
notre côté, contrairement à ce que les gens voudraient
interpréter, sommes tout à fait disposés à
déposer des amendements. Comme le ministre l'a indiqué, nous
pourrons le faire en temps opportun. Il est tout à fait normal de
procéder ainsi. Ma courte expérience parlementaire m'indique, M.
le Président, que sur...
M. Jolivet: M. le Président, je m'excuse, question de
règlement.
Le Président (M. Audet): Oui? Question de
règlement, M. le député?
M. Jolivet: Est-il en train de parler de la
recevabilité?
Le Président (M. Audet): Oui, M. le député.
M. Jolivet: Ou de la motion elle-même?
Le Président (M. Audet): De la recevabilité de la
motion.
M. Jolivet: Ce que j'entends de ce qu'U dit, c'est
vraiment sur le fond.
Le Président (M. Audet): Laissez-moi le soin d'en juger.
Je vais le laisser continuer, il doit achever.
M. Jolivet: D'accord, je vais vous laisser le soin d'en
juger.
Le Président (M. Audet): M. le député de La
Peltrie.
M. Cannon: Merci, M. le Président. Nous avons
indiqué, et j'indique, que cette motion quant à nous est tout
à fait réglementaire, recevable et conforme, puisque c'est la
pratique courante à l'Intérieur de nos commissions parlementaires
de procéder ainsi.
Le Président (M. Audet): D'accord. Est-ce que les membres
de la formation de l'Opposition ont des commentaires à ajouter sur la
recevabilité de cette motion? M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Non, M. le Président. SI vous avez
jugé...
Le Président (M, Audet): Vous n'en avez pas?
M. Jolivet: Non. C'est à vous de juger si elle est
recevable ou pas. On verra après. On pourra la discuter.
Le Président (M. Audet): À ce stade-ci,
messieurs...
M. Jolivet: Vous allez vous coucher, vous?
Le Président (M. Audet): Ha, ha, ha! M. le
député de Laviolette, s'il vous plaît! Dans le fond et dans
la forme, la motion que vous déposez ne m'a pas convaincu qu'elle
apportait bien du nouveau sur ce qui a été déposé
antérieurement. Si on relit la motion qui avait été
déposée antérieurement et l'amendement qui avait
été déposé, elle se lit de façon identique
sauf qu'il y a certains termes qui ont été enlevés. On
vient de voter sur une motion qui vise les mêmes objectifs et qui, dans
sa forme, est la même. Dans le fond aussi. Je suis obligé de vous
dire, M. le député de La Peltrie, que votre motion est
irrecevable.
M. Jolivet: M. le Président, il n'y a pas de
problème de ma part. Il a décidé de...
M. Cannon: Question d'information parce que vous avez
indiqué que comme nous avions déjà voté sur une
proposition semblable... Sans vouloir remettre en cause la décision que
vous avez prise...
M. Jolivet: J'espère.
M. Cannon: ...j'aimerais simplement relire avec vous, parce que
vous alléguez, finalement, que puisque cela se ressemble à
l'exception du fait qu'il y a quelques mots qui n'y sont pas... mais
voilà, M. le Président, toute la question.
M. Jolivet: M. le Président, question de
règlement.
M. Cannon: Les paroles en question...
M. Jolivet: M. le Président, question de
règlement.
M. Cannon: ...les mots en question, M. le Président, n'y
sont pas et dans ce sens...
M. Jolivet: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laviolette, s'il vous plaît!
M. Cannon: ...nous avons indiqué...
M. Jolivet: Non, M. le Président, question de
règlement, j'ai le droit. J'ai le droit, écoutez, cela fait trois
fois que Je le demande.
M. Cannon: M. le Président, je suis déjà
sur...
M. Jolivet: Question de règlement.
Le Président (M. Audet): II a soulevé... M. le
député de Laviolette.
M. Cannon: Je suis déjà sur une question de
règlement.
M. Jolivet: Non, question de règlement.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laviolette, M. le député de La Peltrie a soulevé une
question de règlement pour connaître l'information. SI vous le
permettez, juste quelques secondes, je voudrais...
M. Jolivet: Non. Je m'excuse, M. le Président, question de
règlement. Je vais vous dire.
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le
député de Laviolette, je vous reconnais, question de
règlement.
M. Jolivet: Bon, je vous remercie. Pourquoi une question de
règlement, M. le Président, c'est parce que le
député est en train par la bande, de façon indirecte, de
remettre en question votre décision. C'est simplement cela que je
voudrais que vous vérifiez. Mais ce qu'il est en train de faire, c'est
qu'il est en train d'argumenter sur le fond, sur la recevabilité. Et
vous avez décidé qu'elle n'était pas recevable. Il remet
en cause votre décision.
M. Cannon: Je regrette, M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laviolette, sur la question de règlement que vous soulevez, le
député de La Peltrie a souligné qu'il ne remettait pas en
cause ma décision.
M. Jolivet: II a bien beau le dire, mais il le fait
Indirectement.
Le Président (M. Audet): J'étais pour le rappeler
à l'ordre si vous l'aviez laissé continuer, possiblement qu'on
l'aurait fait.
M. Jolivet: D'accord.
Le Président (M. Audet): Alors, M. le député
de La Peltrie, est-ce que vous avez d'autres commentaires à formuler sur
la recevabilité de cette motion et sur ma décision?
M. Cannon: Tout simplement pour rassurer le député
de Laviolette que je n'ai nullement l'intention de remettre en cause votre
décision. C'est respecté. Le seul point que je voudrais clarifier
avec vous c'est le suivant. Vous aviez indiqué que, effectivement,
à l'intérieur de ma proposition, par rapport à celle qui a
été présentée auparavant, iI y a des mots qui n'y
sont plus. Alors l'aimerais peut-être que vous puissiez me "substancier"
davantage votre réflexion, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Je vais tout simplement, à
ce stade-ci, vous lire l'article 151 de Geoffrion...
M. Jolivet: Pas Geoffrion-Leclerc.
Le Président (M. Audet): Article 151.1 qui dit: "Que nulle
motion ne doit soulever une question qui soit au fond identique à une
question dont la Chambre a décidé pendant la session en cours."
C'est ce que je vous mentionnais. Dans le fond et dans la forme, elle vise les
mêmes objectifs et elle est quasiment identique à l'autre. C'est
que vous avez peut-être été plus bref, peut-être plus
condensé et avec peut-être un peu plus de clarté que cela a
été fait auparavant, je ne veux pas porter de Jugement sur
d'autres motions, mais je dois, malheureusement, vous dire à ce stade-ci
que votre motion est irrecevable. J'ai rendu ma décision et...
M. Jolivet: Un bel effort.
Le Président (M. Audet): À ce stade ci, je pense
qu'on est prêts à procéder à l'étude de
l'article 1. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Non, M. le Président. J'ai une proposition
préliminaire. Le député de Laviolette vous propose ce qui
suit.
Le Président (M. Audet): C'est une motion, M. le
député de Laviolette?
M. Jolivet: Oui. Que la commission de l'économie et du
travail souhaite que le ministre mette à la disposition de ses membres
copie des projets de règlement d'application du projet de loi 84.
Une voix: Est-ce qu'on peut en avoir une copie?
M. Jolivet: Bien, on va vous en faire des photocopies.
M. Maltais: Non, non.
Une voix: Non.
M. Jolivet: Non, mais ça se donne.
M. Maltais: J'aimerais bien entendre le député de
Laviolette faire son argumentation pour déposer ça.
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le
député de Laviolette, on veut vraiment être un
peu...
M. Maltais: Allez-y.
M. Jolivet: Est-ce que vous la Jugez rece vable ou pas?
M. Maltais: Non, non, II n'est pas question. M. Cannon:
Non, sur la recevabilité
Le Président (M. Audet): Non, je voudrais connaître
vos...
M. Maltais: On parle sur la recevabilité.
Le Président (M. Audet): Je voudrais connaître vos
arguments...
Une voix: C'est ça.
Le Président (M. Audet): ..sur la recevabilité pour
m'aider dans ma décision...
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Audet): ...M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Audet): Vous avez déjà
été président de la Chambre...
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Audet): ...allez y, je vous
écoute.
M. Jolivet: D'accord, si vous voulez, je vais vous parler de la
recevabilité. M. le Président, je ne pensais pas avoir besoin de
recommencer l'argumentation que nous avons eue au début de la
soirée. C'est le même genre de proposition que je vous ai faite.
Cette fois-ci, ça concerne les règlements. Donc, est-ce que je
suis au bon moment pour proposer une motion préliminaire? Oui. Le seul
moment que j'ai pour présenter des motions préliminaires, c'est
à ce moment-ci. Avant qu'on commence l'étude du projet de loi
article par article, il est prévu deux choses: premièrement, des
remarques préliminaires, deuxièmement, des motions
préliminaires.
Le temps des remarques préliminaires ayant été
utilisé, chacun ayant pris son droit de parole et ceux qui ne voulaient
pas ne l'ayant pas pris, je prends l'exemple du député de
Saint-Maurice qui ne veut pas prendre son droit de parole, il ne l'a pas pris,
mais nous, nous avons pris notre droit parole, tel que le règlement le
prévoyait.
Maintenant, nous en sommes rendus à des motions
préliminaires. La première motion préliminaire que je vous
ai proposée, M, le Président, avait trait à une demande
que la commission faisait au ministre, qu'elle souhaitait avoir les
amendements. Le ministre, avec ses collègues, à la suite de la
discussion qu'on a eue ce soir, a dit non. Nous passons à une
deuxième étape, c'est celle des règlements. J'aurai
l'occasion de revenir sur la question de règlement quant au fond. Donc,
cette motion est recevable.
Deuxièmement, il y a d'autres motions qui pourraient venir dans
l'avenir, qui pourraient avoir pour objet de faire venir ici un ministre, comme
celui de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, si on
désirait le faire. Donc, la motion, quant à moi, est du
même type que l'autre, elle vise un sujet qui est différent de
celui qu'on a discuté jusqu'à maintenant, c'est celui des
règlements que le ministre veut amender dans le projet de loi. J'aurai
l'occasion d'argumenter sur le fond.
Le Président (M. Audet): D'accord. Est-ce que...
M. Maltais: M. le Président...
Le Président (M. Audet): D'accord, une dernière
intervention, M. le député de Saguenay.
M. Maltais: ...je comprends la stratégie... Le
Président (M. Audet): Sur la recevabilité.
M. Maltais: ... - oui - du député de
Laviolette...
Le Président (M. Audet): La recevabilité, M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Bien oui. Indirectement, il tente de faire ce que le
règlement lui défend de faire directement. Or, dans son contenu,
bien sûr... tout à l'heure, on a parlé de déposer
des amendements et le député voudrait, à ce stade-ci,
qu'on laisse tomber les amendements et qu'on passe au règlement, alors
qu'il sait fort bien que la réglementation est faite article par
article, comme le ministre l'a expliqué dans ses remarques
préliminaires. Si le député de Laviolette avait
été attentif, il n'arriverait pas avec une proposition comme
celle-là. Je vous prie de relire le Journal des débats,
lorsque le ministre a indiqué, dans ses remarques
préliminaires, que pour des raisons techniques, la réglementation
était difficile à déposer parce qu'elle s'appliquait
article par article. Le député de Laviolette, est-ce qu'il
n'arriverait pas avec une pareille motion, à ce stade-ci, pour retarder
tout simplement l'étude du projet de loi?
Une voix: Exactement ça. M. Maltais:
Voilà.
M. Jolivet: II a parlé sur le fond, il n'a pas
parlé sur la recevabilité, M. le Président.
M. Maltais: Bien non, bien non.
M. Jolivet: Est-ce qu'elle est recevable ou non?
Une voix: Voilà la question.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, messieurs!
M. Maltais: C'est pour cela que je dis qu'elle n'est pas
recevable.
Le Président (M. Audet): Messieurs! Alors, je me
réfère. .
M. Jolivet: Vous pouvez prendre quelques instants.
Le Président (M. Audet): Non, non, je vais rendre ma
décision. Les arguments que vous avez apportés de part et d'autre
m'ont éclairé. Alors, si on réfère à la
décision que j'ai rendue tantôt, lors la séance du mercredi
30 novembre 1988, la décision de Guy Bélanger, président
de la commission des affaires sociales... La motion qui est
déposée ici par le député de Laviolette, dans le
fond, est différente de l'autre qui a été
déposée tantôt. Dans la forme, c'est sensiblement la
même chose. C'est un souhait qui est formulé, un voeu, sauf
qu'elle vise d'autres objectifs. Alors, Je n'ai pas d'autre choix que de la
recevoir, de la juger recevable.
Alors, M. le député de Laviolette, vous avez un temps de
parole de trente minutes.
M. Jolivet: M. le Président, si vous avez besoin
d'être éclairé, il ne faudrait peut être pas se fier
sur le réseau d'Hydro-Québec.
Une voix: Entre sept heures et neuf heures du matin.
M. Jolivet: M. le Président, je vais donc aller sur le
fond de la question en vous mentionnant qu'il est essentiel qu'on puisse avoir
les règlements. Je pourrais vous demander - il reste vingt minutes, je
vais les prendre - M. le Président, de ne pas couper mon droit de parole
parce que j'aurai dix minutes demain. Je vais le faire immédiatement. M.
le Président, vous m'écoutez?
Le Président (M. Audet): Oui, je vous écoute, M. le
député de Laviolette Allez-y!
M. Jolivet: Le député de Duplessis... Pouquoi
est-ce que je dis toujours Duplessis quand c'est Saguenay? Vous me
mêlez.
Une voix: Ils ne vous reprennent seulement pas.
M. Jolivet: Non, ce ne sont pas les mêmes gros bras.
Une voix: II y en a un qui a du bon sens. M. Jolivet: Oui,
celui de Duplessis. Le Président (M. Audet): Continuez!
M. Jolivet: M. le Président, le député de
Saguenay, tout à l'heure, disait que je n'écoutais pas le
ministre. Je vais vous donner la preuve que je l'écoutais.
Ordinairement, à moins de m'absenter de la commission pour des raisons
personnelles - j'avais une discussion à faire sur un dossier de ma
région avec le député de Saint-Maurice quand je me suis
absenté tout à l'heure - je suis là et j'écoute. Et
quand je suis là, j'écoute.
Le ministre nous a fait mention que, découlant de ce projet de
loi, il ne pouvait pas déposer les règlements. Il disait:
Écoutez, les règlements qu'on a devant nous se situent à
l'article 55. A l'article 55, il est fait mention de la voie
réglementaire: "Le gouvernement peut, par voie réglementaire...",
on explique et on donne les contenus de ces règlements. Le ministre
disait: Écoutez, sur le fond, ce ne sont pas de gros règlements,
d'une façon ou d'une autre, cela tient compte de la teneur des
registres, de la teneur de ceci, des rapports d'activités, de la teneur
et de l'état d'avancement des traitements, etc. C'est ce que l'article
55 dit, M. le Président.
Cependant, l'article 55 a une partie essentielle - on aura l'occasion
d'y revenir plus tard - l'alinéa 4° qui dit: "par l'addition,
à la fin du paragraphe 10", des mots "ou déterminer par une autre
règle de calcul pour la fixation de ces droits par le ministre". C'est
ce que nous avons et c'est ce que le ministre nous indique. Mais nous avons des
prétentions et c'est ce qu'on veut savoir. Et, s'il dépose des
règlements... En fait, je ne devrais pas dire des règlements. Le
député de Saguenay a raison, à ce moment-là. Le
ministre ne peut pas déposer les règlements parce que le projet
de loi n'est pas adopté. On ne dépose, en fait, que des projets
de règlement qui ont fait l'objet de discussions à des
comités de législation et à des comités du Conseil
des ministres.
M. le Président, j'aimerais vous faire rapport d'un document qui
est l'avant-projet du projet de loi. Vous allez voir que cela tient compte de
certains articles qui se trouvent ici. Je vais aller à ce que l'on
appelle dans le projet de loi actuel, à l'article 10. Vous allez voir,
ce ne sera pas long. Je pense que c'est important.
Une voix: Page 4.
M. Jolivet: Non, ce n'est pas à fa page 4. Vous allez
voir. Je fais allusion à l'avant-projet de loi. C'est l'article 10 qui
est, dans le projet de loi 84, l'article 8, alinéa 17.1. On dit:
Cette
loi est modifiée par l'insertion, après l'article 17, de
l'article suivant: Le titulaire d'un permis doit exploiter 90 % ou plus de la
capacité d'entaillage de la superficie ajoutée au territoire sur
lequel porte son permis dans les trois années suivant l'application. Et
là, on donne une justification: Cet article vise à ajouter aux
pouvoirs du ministre le pouvoir de retrancher d'un permis toute superficie non
exploitée au-delà des termes prévus par la loi, ceci pour
favoriser une attribution optimale des forêts à potentiel
agricole.
Je vais à l'article 10 du projet de loi actuel. On dit: "24.1
Dans une unité d'aménagement, le ministre peut délivrer
à une personne qui en fait la demande..." Je suis sûr qu'il ne
peut pas déterminer cela de lui-même, tout seul dans son cabinet,
avec ses collègues ou son sous-ministre. Il va le faire à partir
de conditions qui permettent aux gens de pouvoir faire les recommandations qui
s'imposent.
Je vais à l'article 18 du projet de loi actuel, M. le
Président. Vous allez voir que les raisons pour lesquelles je demande
cela sont importantes. L'article 18 du projet de loi actuel, dans
l'avant-projet de loi, fait référence à l'article 23. Et,
quand je lis le texte, c'est le même. Dans l'avant-projet de loi,
à l'article 23, on dit: "L'article 53 de cette loi est modifié -
lisez en même temps que moi l'article 18-1° par le remplacement, dans
la deuxième ligne du premier alinéa, des mots "dans la forme et
à l'époque" - vous voyez, il y a déjà des
changements qui sont inclus dans le projet de loi actuel - par les mots "dans
la forme, aux époques et selon la teneur". Ensuite, on dit: "2° par
le remplacement, dans la première et deuxième lignes du
deuxième alinéa, des mots "dans la forme et à
l'époque" par les mots "dans la forme, à l'époque et selon
la teneur". Donc, on regarde le texte de l'article 18 par rapport à
l'avant-projet de loi que j'ai entre les mains. Qu'est-ce qu'on donne comme
justification? C'était pour les besoins du ministre, les justifications.
"Cet article ajoute aux pouvoirs du gouvernement celui de réglementer la
teneur des informations requises pour une bonne gestion des plans et rapports
d'aménagement forestier exigés en vertu de la loi". (23 h 45)
On s'en va à l'article 19 du projet de loi et on arrive à
l'article 24 de l'avant-projet de loi. Qu'est-ce qu'on donne comme
réponse? Voir justifications à l'article 23. C'est quoi l'article
23? Cet article ajoute aux pouvoirs du gouvernement celui de
réglementer. Je m'en vais à l'article 22, M. le Président.
Qu'est-ce que dit l'article 22 dans le projet de loi actuel? Encore une fois,
je vais voir, et ça réfère à l'article 26 de
l'avant-projet. Qu'est-ce qu'on donne comme réponse? Voir justifications
à l'article 23. Et, à l'article 23, qu'est-ce qu'on dit comme
détail? Cet article ajoute aux pouvoirs du gouvernement celui de
réglementer. Je m'en vais à l'article 37 du projet de loi actuel.
L'article 37 fait référen- ce à l'article 36 de
l'avant-projet de loi qui était déposé, et qu'est-ce qu'on
dit? Cet article ajoute aux pouvoirs du ministre celui de vérifier en
cours d'année. Donc, encore une fois, ce sont des pouvoirs
réglementaires que le ministre se donne. On s'en va à l'article
42 du projet de loi actuel, celui qui est déposé. Qu'est-ce que
dit l'article 42? À l'article 42, on dit "déterminés par
le gouvernement", donc, pour moi, ce sont des pouvoirs réglementaires.
Je m'en Irais à l'article 55, M. le Président, du projet de loi
actuel et j'arriverais aux mêmes conclusions où on dit: "Le
ministre peut conclure avec toute personne un projet..." On dit: "Le ministre
peut conclure cette entente s'il juge que les..." Donc, ce sont des choses qui
peuvent être, dans certains cas, sous la responsabilité du pouvoir
réglementaire du ministre. Excusez-moi, je me suis trompé
d'article. C'est ici, celui que je lisais tout à l'heure: "par
l'addition, à la fin du dixième paragraphe, des mots, etc."
Donc, nous avons dans l'avant-projet de loi que le ministre ne nous a
pas déposé, bien entendu, mais que nous avons eu, et qui nous
indique à ces articles-là des pouvoirs réglementaires
nouveaux que le ministre se donne. J'aurai l'occasion en cours de route, au fur
et à mesure qu'on avancera, de faire la correspondance entre ce que le
ministre avait l'intention de proposer et ce qu'il a amendé à
l'intérieur de ce projet de loi que nous avons devant nous. Là,
vous comprendrez, M. le Président, les raisons pour lesquelles on
demande que le ministre nous dépose les projets de règlement. Les
projets de règlement, le ministre peut avoir toutes sortes
d'argumentations pour nous les refuser en disant: Écoutez, c'est
tellement minime, M. le député, que, finalement, ça n'a
pas grande importance. Le ministre a dit: Ce que vous m'avez lu dans chacun des
articles se retrouve dans les pouvoirs réglementaires que je me donne
à l'article 55. Il aurait totalement raison. Au bout de la course,
ça veut donc dire que les pouvoirs réglementaires qu'il se donne
à l'article 55 font allusion aux articles déjà dans le
projet de loi présenté ou à l'avant-projet de loi
présenté, parce qu'il donne cette argumentation. Je suis
sûr, quand on va arriver à ces articles-là, le premier que
je vous mentionnais, l'article 23, que le ministre va nous donner exactement
l'argumentation que j'ai apportée. On relira la transcription des
débats à la commission parlementaire et on verra très bien
que je ne me suis pas trompé. Nous avons étudié à
fond ce que le ministre a présenté. Nous savons qu'il y a des
pouvoirs réglementaires nouveaux. Quelle que soit la teneur, si je veux
employer le terme qu'il emploie, de ces règlements, j'aimerais les
connaître. J'aimerais avoir la chance, comme député, de lui
faire des recommandations pour qu'il ne fasse pas de bêtise en cours de
route. C'est le but que nous souhaitons. Il y a des ministres qui ont
accepté de faire ce travail. Je vous rappelle, M. le Président,
que le ministre responsable de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail
nous a présenté ses règlements bien avant même qu'on
commence l'étude article par article. Il a, dans le sens même de
la décision qui a été prise par le gouvernement, agi en
présentant la réglementation aux députés qui ont eu
la chance de les regarder en même temps que les articles du projet de
loi. Mieux encore, le ministre s'en souviendra, il a eu l'occasion d'avoir une
rencontre ici sur un pro|et de loi, pendant deux heures, pour regarder
justement les règlements qu'il présentait. Il s'en souvient, M.
le ministre. Nous avons eu l'occasion de regarder - je l'avais demandé
au ministre de l'Agriculture avant que je quitte ce travail de porte-parole de
l'Opposition en matière d'agriculture - les règlements qu'il
avait présentés sur les projets de loi 46 et 49, et cette
étude devait se faire. Pourquoi le ministre, actuellement, sachant que
son gouvernement a dit que la réglementation, c'était trop,
comment se fait-il que ce gouvernement-là, ce ministre qui
représente ce gouvernement a dit: On va corriger ce problème en
présentant une Loi sur la réglementation. Comment se fait-il que,
ce soir, pour des raisons que je ne connais pas, il décide de dire: Non,
je ne le présente pas? C'est la ministre des Affaires culturelles et
vice-première ministre qui disait...
Une voix: ...qui lui avait dit. M. Jolivet: Non, qui
disait... Des voix: Ha!
M. Jolivet: ...à l'époque: vous savez, nous allons
mieux légiférer, nous allons moins légiférer et
nous allons nous assurer que la réglementation sera faite dans des
conditions voulant que tous les députés qui sont autour de cette
table puissent en prendre connaissance et, en même temps, avoir leur mot
à dire sur les règlements comme tels.
M. le Président, le ministre qui a présenté cette
loi sur la déréglementation doit certainement actuellement, s'il
est couché, se retourner dans son lit. Cela n'a pas de bon sons. Le
ministre de la Justice de l'époque, actuellement Solliciteur
général, a présenté un projet de loi et vous savez
l'argumentation... Il faudrait, M. le Président, qu'on arrête ce
soir et qu'on aille chercher les galées de cette commission
parlementaire, de ces discussions à l'Assemblée nationale du
ministre qui nous disait qu'il fallait le faire dans ce sens-là, M. le
Président. Je ne comprends pas le ministre de s'entêter encore une
fois et, surtout, s'il me dit que c'est mineur. Qu'a-t-il à cacher, si
c'est mineur? Si c'est mineur, qu'il le dépose tout de suite et ce sera
fini.
Il est évident qu'on n'a pas le droit de les adopter ici. Ce
n'est pas notre travail. On a le droit cependant de faire des recommandations
au ministre et de voir si, vraiment, la réglementa- tion est conforme
à la loi. Je pense que c'est notre travail comme député.
Ce n'est pas une fois qu'il aura été prépublié,
qu'on aura 45 jours pour faire valoir nos points de vue, que tout le monde
pourra les faire valoir, que le ministre fera la publication finale et, en fin
de compte, on se retrouvera avec un règlement tout croche.
Nous croyons que le ministre devrait avoir la décence de nous les
déposer. D'abord, cela concerne la teneur de certains registres, la
teneur de certains travaux, calculs etc. Mais il y a en a un parmi
ceux-là, j'en suis assuré, qui est très primordial, je
vais vous le rappeler, M. le Président. Quand je regarde le projet de
loi actuel... Où est mon projet de loi? Ici. L'article 55, M. le
Président, il vaut la peine qu'on le lise. Je vais vous le lire, M. le
Président. Cela va nous permettre de bien comprendre ce que je veux
dire: L'article 172 de cette loi est modifié. Lisez l'actuelle loi,
l'article 172 dit: "Le gouvernement peut, par voie réglementaire - il y
en a 19 pouvoirs - déterminer pour toute essence, tout groupe d'essences
ou toute qualité de bois, le taux unitaire ou les règles de
calcul du taux unitaire selon lequel le ministre prescrit, par toute
catégorie des permis d'intervention, les droits que doit payer le
titulaire; 2° Établir des zones etc." Il y a 19 pouvoirs
réglementaires. Que vient faire l'article 55? Il vient modifier cet
article.
On s'en souvient, et le député d'Ungava va m'appuyer, on a
fait une bataille sur les pouvoirs réglementaires à
l'époque, vous vous en souvenez? Cela n'avait pas de bon sens. On disait
au ministre: Vous allez devoir les corriger, vous allez devoir faire les
changements, bien, les voilà, les changements.
Qu'est-ce qu'on dit? "1° par l'insertion, après le paragraphe
3° du suivant: 3.1° déterminer la forme et la teneur de
l'état de l'avancement des traitements sylvicoles soumis au ministre en
vertu de l'article 89.1 ; 2° par l'insertion, après le paragraphe
5°, du suivant: 5.1° déterminer la forme et la teneur du rapport
d'activités que le titulaire d'un permis d'intervention pour la culture
et l'exploitation d'une érablière à des fins
acéricoles doit soumettre au ministre ainsi que l'époque
où ce rapport doit être soumis; 3° par l'insertion, dans la
première ligne du paragraphe 7°, après le mot "forme", des
mots "et la teneur"..." Qu'est-ce que cela veut dire pour le ministre "et la
teneur"? Qu'est-ce que le règlement va dire à cet égard?
"4° - il est plus important que les autres - par l'addition, à la
fin du paragraphe 10°, des mots "ou déterminer une autre
règle de calcul pour la fixation de ces droits par le ministre. Je vais
à l'article 10: fixer les droits dûs en vertu de l'article 106.
J'irais dans la loi actuelle à l'article 106, et j'en parlerais
Ion-temps, M. le Président. Là, je vais revenir à 4°,
quand on dit "paragraphe 10°, des mots à
déterminer". Savez-vous pourquoi je vais vous en parler, M. le
Président? Parce que, dans l'avant-projet de loi du ministre, on disait
ceci à l'article 1 - il est différent de celui qu'on a: L'article
5 de cette loi est modifié par l'Insertion, à la fin du 4°
alinéa de la phrase suivante: Dans une zone de tarification
forestière où s'exécute un contrat d'approvisionnement et
d'aménagement, le taux unitaire peut varier par unité ou partie
d'unité à l'aménagement où s'exerce ce contrat.
Qu'est-ce que le ministre nous donnait comme justification, M. le
Président? "Cet article ajoute aux fonctions et aux pouvoirs du ministre
le pouvoir d'ajuster les taux unitaires de la valeur marchande des bois sur
pied et de la valeur des travaux sylvicoles retenus pour l'unité
à l'aménagement de manière à tenir compte des
particularités - c'est beau - biophysiques de la forêt dans
certaines parties d'unités à l'aménagement" Cela veut dire
quoi, M. le Président? Si on y va et on avait le règlement devant
nous, on pourrait vérifier si c'est vrai ce qu'on a comme insertion.
Cela veut dire ceci. Cela veut dire que dans une unité
d'aménagement, il pourrait y avoir des choses différentes. Un
instant, M. le Président, ce ne sera pas long, je m'excuse.
D'accord.
L'article 1, selon nos interprétations des amendements
proposés dans l'avant-projet de loi, est un très bon exemple de
ce qu'on va dire. La loi actuelle dit à l'article 5, à
l'alinéa 4 que le taux unitaire - donc des droits à payer - peut
différer selon les zones de tarification forestières que le
gouvernement établit par voie réglementaire. Dans les amendements
qui étaient apportés dans le projet de loi qui va amener des
questions au ministre, on ajoute que le taux unitaire peut varier par
unité ou partie d'unité à l'aménagement où
s'exerce le contrat. Avec cette addition, le ministre pourra fixer
individuellement les droits que chaque utilisateur aura à payer. La lui
actuelle lui donne le pouvoir de les fixer par grandes zones qui comprennent
par définition plusieurs unités d'aménagement, donc,
plusieurs utilisateurs. Si on avait la loi actuelle, dès qu'elle est
là, si le ministre veut faire une faveur à des amis, d'autres au
moins en profitent. Là, je donnais comme exemple en 1987, le ministre -
ce n'était pas grave, c'est seulement, je ne sais pas quelque 300 000 $
- après avoir vendu Scierie les Outardes à QNS Ontario Paper le
ministre par voie réglementaire a pu abaisser les droits de coupe de la
zone où sont localisées les coupes de bois de QNS et de Scierie
les Outardes, j'ajoutais que cela a baissé un peu le prix de l'achat...
le ministre a dit: Ce n'est pas grave, c'est juste quelque 300 000 $. Comme les
droits sont fixés par zones, d'autres utilisateurs ont pu en profiter.
Avec les amendements proposés, seuls les amis que le ministre aura
déterminer pourront en profiter. Mais c'est important, c'est par voie
réglementaire qu'une chose comme celle-là peut se faire. Il me
semble que le ministre, s'il n'a rien à cacher, s'il veut qu'on le
regarde comme il faut et qu'on soit sûr que le règlement ne vient
pas donner des droits que la loi ne donne pas, serait bien mieux de le
déposer. Cela nous permettrait de nous rassurer et de rassurer
l'ensemble des utilisateurs, de rassurer l'ensemble des gens qui auront
à vivre avec ce projet de loi dans le futur. Je le disais, je suis
sûr et certain que le ministre me disait: Oubliez les gens qui vont
cueillir des fruits et qui vont à la chasse et à la pêche.
Là, je voulais juste donner cela comme exemple. Je ne voulais pas aller
trop loin dans tout cela. Je continue à l'article 55: "5° par
l'insertion, dans la première ligne du paragraphe 15° après
le mot "forme", des mots "et la teneur"; "6° par le remplacement, dans les
quatrième et cinquième lignes du paragraphe 17°, des mots "du
registre qu'elle doit tenir en vertu de l'article 168", par les mots "et la
teneur du registre qu'elle doit tenir en vertu de l'article 168 et
l'époque où ce registre doit être transmis"; "7" par le
remplacement du paragraphe 18° par le suivant: "18° définir les
travaux visés à l'article 218 et déterminer la
méthode de calcul de la valeur résiduelle de ces travaux;".
Vous savez, cela a l'air banal, mais je pense que c'est plus important
qu'on ne puisse l'espérer dans certains cas. Il faut absolument que le
ministre nous l'indique et nous donne la certitude que le but recherché
est de bonifier pour l'ensemble des utilisateurs.
Je pense que vous me faites signe que mon temps est terminé pour
ce soir, M. le Président. Je reviendrai demain matin après la
période de questions.
Le Président (M. Audet): Un instant, M. le ministre, sur
une question de règlement. En vertu de l'article 44 toute commission
peut, du consentement unanime de ses membres, modifier l'horaire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je demande le
consentement unanime de continuer étant donné que le
député de Laviolette s'est réchauffé.
M. Jolivet: Non, non...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...et qu'il a pris
une bonne envolée, j'aimerais l'entendre continuer.
M. Jolivet: Non, je pourrai reprendre mon temps demain.
Le Président (M. Audet): Alors, il n'y a pas consentement.
Selon l'ordre de la Chambre, la commission doit ajourner ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à minuit)