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(Dix heures dix-sept minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Je déclare la séance de la commission de l'économie
et du travail ouverte. La commission est réunie ce matin afin
d'étudier la proposition tarifaire d'Hydro-Québec pour
l'année financière 1989 et pour entendre à cette fin la
direction d'Hydro-Québec.
Je voudrais tout d'abord souhaiter la bienvenue aux membres de la
direction ainsi qu'aux employés d'Hydro-Québec qui, au cours de
ces deux jours d'audition, soumettront aux membres de cette commission la
proposition tarifaire d'Hydro-Québec. Je n'ai aucun doute que nos
échanges seront des plus fructueux à cet égard et
bénéfiques pour l'ensemble des citoyens du Québec.
Cependant, compte tenu du fait que l'assistance et les
représentants sont nombreux dans cette salle, je compte sur la
collaboration de tous pour que nos discussions se poursuivent dans l'ordre et
le silence afin de ne pas occasionner de retard à nos travaux.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, Mme la Présidente, il n'y a
aucun remplacement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Mme la Présidente, je solliciterais le
consentement des membres de cette commission pour que le ministre de
l'Énergie et des Ressources en soit membre pendant sa durée.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement?
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): II y a consentement.
M. le ministre, vous êtes membre de cette commission.
J'aimerais faire part à la commission de l'ordre du jour. Avec un
peu de retard - c'était supposé d'être de 10 heures
à 11 heures - les remarques préliminaires du ministre de
l'Énergie et des Ressources doivent durer 20 minutes, celles du
porte-parole de l'Opposition, le député d'Ungava, 20 minutes et
celles d'Hydro-Québec, 20 minutes. De 11 heures à 11 h 30: la
présentation et le survol du plan de développement; de 11 h 30
à 12 h 30: la qualité du service; de 14 h 30 à 15 heures:
la qualité du service, la suite; de 15 heures à 16 h 30: les
marchés québécois; de 16 h 30 à 18 heures: les
marchés externes; et, en soirée, de 20 heures à 21 heures:
la gestion des ressources humaines; de 21 heures à 22 heures: questions
d'ordre général. J'invite donc sans plus tarder le ministre de
l'Énergie et des Ressources à nous faire sa présentation
d'usage. M. le ministre.
Remarques préliminaires M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, Mme la Présidente. Chers
collègues membres de cette commission, mesdames et messieurs, nous nous
retrouvons de nouveau pour discuter du plan de développement
d'Hydro-Québec. Ce document est fondamental. En effet, il doit
représenter la réponse d'Hydro-Québec aux orientations et
aux préoccupations de notre gouvernement. La volonté
gouvernementale doit s'y traduire en objectifs d'entreprise et en
stratégies pour les atteindre de façon efficace, tant sur le plan
technique que financier.
Tout gouvernement a des obligations face à l'ensemble de la
population. Il doit veiller aux intérêts de cette population,
s'adapter à ses besoins et s'assurer que les politiques répondent
aux préoccupations et aux attentes de tous. Non seulement faut-il
identifier les problèmes immédiats afin d'y remédier
rapidement, mais aussi faut-il préparer le plus long terme. Les
orientations gouvernementales doivent donc refléter une vision du
Québec de demain.
Vous n'êtes pas sans savoir que nous attachons une très
grande importance au bien-être économique des
Québécois. En effet, la satisfaction des besoins sociaux de la
population passe d'abord par la mise en place d'une base économique
solide. La croissance économique est porteuse d'emplois et, en
conséquence, de richesses collectives. C'est une partie de cette
nouvelle richesse qui nous permet de satisfaire davantage les besoins de la
population.
Sur le plan de l'énergie, nos orientations sont contenues dans la
politique énergétique rendue publique au mois de septembre
dernier. Comme on le sait, j'accorde une grande place au développement
économique et je vois l'énergie comme l'un des principaux leviers
à notre disposition pour assurer le développement. En ce sens,
Hydro-Québec est une pierre angulaire de la stratégie du
gouvernement. La structure économique québécoise est
nettement privilégiée par la présence d'une telle
entreprise. HydroQuébec a les connaissances, les expertises, la
capacité de répondre aux besoins et d'alimenter le
développement économique avec les politiques appropriées
qui sont des atouts incontestables pour la population. Les retombées
sont telles qu'il est primordial d'assurer la pérennité de cette
entreprise. Elle doit se retrouver dans une position solide pour
répondre aux besoins des Québécois.
Pour sa part, le gouvernement véhicule les aspirations sociales,
politiques et économiques de la population. Son rôle est
d'identifier les préoccupations, d'établir les objectifs et de
choisir les priorités. Hydro-Québec, quant à elle, doit
gérer ses actifs et son développement en fonction de certains
critères de gestion très exigeants et ce, tout en maintenant un
équilibre entre les demandes diverses qui lui sont adressées.
Concilier ces deux responsabilités exige une coopération
constante entre le gouvernement et Hydro-Québec. Les discussions autour
du plan de développement sont une occasion privilégiée de
raffermir cette coopération.
En tant que gouvernement, que recherchons-nous dans le plan de
développement? Face aux besoins majeurs du Québec au cours de la
prochaine décennie et à la situation particulière qui a
prévalu cette année quant au nombre de pannes, ma
préoccupation se situe, évidemment, au plan des besoins du
Québec. En effet, au cours de la dernière année, il y a eu
un nombre appréciable de pannes, particulièrement dans certaines
régions du Québec. En conséquence, le gouvernement du
Québec s'attend que des mesures concrètes soient prises pour
répondre aux besoins de la population. Le nombre de pannes doit
être réduit et un service de meilleure qualité doit
être fourni aux Québécois. D'ailleurs, à cet effet,
j'ai nommé un comité d'experts pour me conseiller et pour
travailler avec Hydro-Québec afin d'identifier les causes des pannes et
de proposer des solutions. J'ai rendu publiques les recommandations de ce
comité en ce qui concerne le réseau de distribution. Je suis
heureux de constater qu'Hydro-Québec a commencé et entend
continuer à prendre des mesures pour mettre en oeuvre ces
recommandations. Ces mesures font d'ailleurs partie du plan de
développement déposé par Hydro-Québec. Elles
attestent la coopération manifestée de part et d'autre pour
trouver des solutions aux problèmes spécifiques auxquels nous
faisons face.
La capacité d'Hydro-Québec de satisfaire tous les besoins
internes du Québec à partir de ses propres ressources est une
autre préoccupation du gouvernement. Nous devons être en mesure de
pouvoir satisfaire, en tout temps, tous les consommateurs
québécois, aussi bien actuels que potentiels, en mettant à
profit nos imposantes ressources hydroélectriques.
La croissance économique passe par de nouveaux investissements.
En utilisant notre potentiel hydroélectrique nous pouvons favoriser
l'implantation ou l'expansion d'industries importantes au Québec et
ainsi contribuer significativement au développement économique.
Quand nous encourageons l'expansion des industries québécoises ou
en attirons de nouvelles au Québec en leur garantissant l'accès
à toute l'énergie électrique qui leur est
nécessaire, ce sont ultimement des emplois qui sont créés.
Nous ne devons jamais nous placer dans une situation qui nous priverait de la
venue de nouvelles entreprises et des emplois qu'elles créent parce que
nous ne pouvons leur procurer toute l'électricité requise. Cest
un risque qu'on ne peut pas se permettre.
En planifiant soigneusement et judicieusement, nous serons dans une
position enviable pour toujours répondre aux besoins des consommateurs
québécois, pour stimuler la croissance économique et pour
vendre sur les marchés d'exportation les excédents temporaires
que nous pourrons avoir.
Mme la Présidente, Hydro-Québec construira de nouvelles
installations pour combler les besoins des consommateurs et être capable
d'attirer de nouvelles industries avec leurs investissements et leurs nouveaux
emplois. L'année dernière, le premier ministre, M. Bourassa,
annonçait la phase II de la Baie James, un projet de 7 500 000 000 $.
Depuis ce temps, nous avons annoncé le devancement de projets et en
examinons d'autres. Les plan de développement présentement
à l'étude met l'accent sur le Québec d'abord. Ainsi, nous
devons premièrement construire pour satisfaire nos besoins. Quand nous
les aurons comblés, nous pourrons alors regarder du côté du
marché de l'exportation. D'ailleurs, nous avons déjà
signé certains contrats intéressants pour nous. Non seulement
nous respecterons les contrats existants, mais nous chercherons activement
à signer d'autres contrats pour l'exportation à de bons prix.
Nous possédons un potentiel abondant qui peut être
développé par Hydro-Québec et ce, pour le
bénéfice de la population, il y a des marchés très
intéressants en Ontario, dans l'État de New York et en
Nouvelle-Angleterre.
Mme la Présidente, développer de nouvelles installations,
améliorer la qualité de services, appuyer le développement
économique, tous ces objectifs doivent se traduire par la mise en place
d'outils efficaces. On aura besoin de rassembler des ressources humaines
motivées, de développer des technologies de pointe et d'obtenir
les capitaux nécessaires.
Sur le plan technologique, le rôle qu'Hydro-Québec peut
jouer est clairement ressorti tant dans la politique énergétique
du Québec que dans le programme d'action technologique. Celui-ci, vous
vous en souviendrez, a fait l'objet d'un sommet en octobre 1988. Lors de ce
sommet, on a parlé de la contribution d'Hydro-Québec dans les
grands projets mobilisateurs qui favorisent l'innovation et les transferts de
technologies. On a également souligné son rôie proactif
dans le renforcement de la structure industrielle du Québec. Je souhaite
voir l'entreprise s'associer au secteur privé pour développer des
biens dont la société d'État a besoin. Ceci
entraînera la création d'entreprises au Québec qui
pourront, de plus, "performer" sur les marchés internationaux. Nous
avons sans doute la possibilité de susciter chez nous la création
de l'équivalent d'un Silicon Valley pour l'électricité.
Pour y arriver, Hydro-
Québec a un rôle clé à jouer.
La santé financière d'Hydro-Québec est un autre
élément important dans ce plan de développement. Nous
voulons que le consommateur soit satisfait. Nous voulons que la mise en valeur
se fasse mais nous devons être sûrs qu'HydroQuébec
maintienne sa situation financière saine. Il ne faut pas se laisser
impressionner outre mesure par le bénéfice d'Hydro-Québec
d'environ 600 000 000 $. Il faut bien prendre soin de le mettre en perspective.
On doit évaluer ce bénéfice net à la lumière
des investissements d'Hydro-Québec, de ses actifs, de ses ventes. On
doit aussi tenir compte de ses besoins futurs et des risques qu'une entreprise
de cette envergure doit affronter. Par exemple, si une cantine mobile faisait
un profit de 619 000 000 $, elle n'aurait jamais à s'en faire pour
l'avenir, peu importe ce qui pourrait se produire. Mais lorsque vous
administrez une compagnie de 20 000 employés, qui distribue de
l'électricité à plus de 2 900 000 consommateurs, qui doit
investir 47 000 000 000 $ au cours des dix prochaines années pour faire
face aux besoins de ses consommateurs, alors 619 000 000 $ ne sont pas
exagérés. (10 h 30)
Quant aux dividendes versés au gouvernement, ils ne le sont
qu'après que des critères financiers très stricts soient
respectés. Ces critères de base, de même que ces besoins
futurs doivent être pris en compte avant que des dividendes ne soient
versés. Enfin, le paiement de dividendes n'affecte pas la politique
tarifaire qui vise que les taux de croissance ne dépassent pas
l'inflation. C'est le rôle du gouvernement d'évaluer les mesures
qui sont requises pour maintenir la bonne santé financière
d'Hydro-Québec, tout en fournissant un bien essentiel à la
population au meilleur prix possible.
Il doit exister un équilibre entre les besoins
d'Hydro-Québec et les moyens qu'elle compte utiliser pour les atteindre,
d'une part, et les intérêts des consommateurs, d'autre part.
À cet égard, il semble qu'Hydro-Québec pourra assumer ses
obligations adéquatement tout en maintenant les hausses tarifaires
moyennes à un niveau qui n'excède pas l'inflation. Cette
année, HydroQuébec propose d'appliquer une hausse de 5,7 % aux
petits consommateurs, donc supérieure à l'inflation, afin de
réduire l'interfinancement dont ils bénéficient. Nous
aurons, au cours de cette commission, l'occasion de discuter de
l'interfinancement. Peut-être pourrons-nous le démystifier et
établir une règle de conduite pour le futur. Mais, pour le
moment, j'aimerais signaler certains éléments.
Avec un taux de 20 % supérieur au taux d'inflation prévu,
la hausse suggérée par HydroQuébec exige un effort
important pour le petit consommateur. J'aimerais donc suggérer à
HydroQuébec de ne pas seulement demander aux consommateurs de faire un
effort pour que ses besoins financiers soient satisfaits, mais aussi de
supporter une partie de l'augmentation demandée aux petits consommateurs
par une croissance de sa productivité. C'est ce que j'appellerais une
participation positive de la part d'Hydro-Québec. Ma suggestion s'appuie
sur la connaissance d'études qui existent chez Hydro-Québec sur
la productivité du personnel dans certains endroits, dans certains
secteurs. Je connais aussi la fierté et le désir du personnel
d'Hydro-Québec de donner le meilleur de lui-même pour fournir un
service de grande qualité dans l'intérêt de la population.
Je crois que cette approche consolidera les liens qui existent entre
HydroQuébec, son personnel et ses clients et cela renforcera la
fierté des Québécois envers HydroQuébec.
Mme la Présidente, le gouvernement et Hydro-Québec ont
chacun leur rôle à jouer, et ce, sans complaisance et sans
détour. Ils peuvent parfois susciter des divergences de vues et de
solides discussions, mais en fin de compte la mission d'Hydro-Québec est
claire et pour y arriver, il faut construire sur la collaboration et la
complémentarité. Cela est d'autant plus vrai
qu'Hydro-Québec, tel que je l'ai déjà mentionné,
est le principal exemple de consensus social au Québec. En effet, la
mise sur pied et le développement d'Hydro-Québec au cours des
années représentent le plus bel exemple de la convergence entre
la volonté politique d'une population à maîtriser ses
ressources et les impératifs de développement économique
propres à une société moderne.
En conclusion, je veux souhaiter à nouveau la bienvenue aux
dirigeants d'Hydro-Québec, ses présidents et ses
vice-présidents. Je suis certain que dans les deux jours à venir
nous aurons des discussions très fructueuses sur le plan de
développement. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources. M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources, membres de la commission parlementaire de
l'économie et du travail, permettez-moi d'abord de souhaiter la
bienvenue à la haute direction d'Hydro-Québec qui, j'en suis
certain, fera tous les efforts nécessaires pour éclairer les
membres de la commission quant aux intentions d'Hydro-Québec et au
contenu du plan de développement, aux orientations qu'entend prendre la
société d'État, ainsi que pour répondre à
certaines interrogations que nous sommes en droit de nous poser en tant que
législateurs et répondants devant la population du Québec,
devant nos commettants, nos contribuables, dans chacun des comtés, des
agissements de l'ensemble des sociétés d'État
québécoises, y compris Hydro-Québec, qui tout en
étant la plus grosse et la plus importante de nos
sociétés d'État doit, à mon humble avis,
malgré tout, répondre de ses agissements devant la population du
Québec et devant ses principaux et ses véritables actionnaires,
c'est-à-dire ses utilisateurs. On sait bien qu'Hydro-Québec,
comme société d'État, a un marché captif et se
doit, de par sa raison d'être, de fournir de l'électricité
à une tarification unifiée sur l'ensemble du territoire du
Québec, à l'ensemble des Québécois et à un
prix raisonnable, tout en respectant les principes d'une saine gestion. C'est
ce qu'on retrouve dans la Loi d'Hydro-Québec et ça demeure,
jusqu'à nouvel ordre, la principale, pour ne pas dire l'unique raison
d'être d'Hydro-Québec, Hydro-Québec qui appartient donc
à ceux à qui elle fournit de lélectricté et qui
doit répondre devant eux de ses agissements.
Mme la Présidente, j'ai écouté attentivement les
remarques préliminaires du ministre de l'Énergie et des
Ressources du Québec et je dois dire qu'on a très peu appris de
nouveau, dans ses remarques, sur les intentions du gouvernement, sauf
peut-être que le ministre de l'Énergie et des Ressources a
insisté un peu moins que par les années antérieures sur le
volume des exportations possibles ou probables selon un horizon très
rapproché. On se souviendra même que dans sa politique
énergétique, qu'il a déposée en septembre dernier,
à la page 51, il nous parlait d'une possibilité d'augmenter dune
façon substantielle les exportations d'électricité
à I'hori2on de l'an 2000 que l'on retrouve dans le plan de
développement d'Hydro-Québec en termes de croissance de la
demande québécoise mais où on n'apprend rien de nouveau
quant aux possibilités d'augmenter substantiellement les orientations.
Je pense que le ministre de l'Énergie et des Ressources devra
réviser soit sa politique énergétique ou soit demander
à Hydro-Québec de réviser son plan de développement
mais, déjà là, il nous semble apparaître une
contrainte importante. Donc, sur ce plan de développement, les notes
préliminaires du ministre nous apprennent très peu.
Nous aurions aimé entre autres apprendre, dans les notes
préliminaires du ministre, le pourquoi du délai si court qu'il a
donné aux membres de cette commission pour prendre connaissance du plan
de développement avant d'en arriver à le discuter devant cette
commission parlementaire. Mme la Présidente, nous avons cru en la bonne
foi du gouvernement lorsque, le 23 janvier dernier - ce n'est pas d'hier - nous
avons confirmé notre accord pour la tenue de cette commission
parlementaire pour les 7 et 8 mars. À ce moment, nous croyions que le
ministre ne répéterait pas ce qui s'était fait
l'année dernière, où on avait eu cinq jours de
délai; nous nous étions plaints, on nous avait fait des
promesses, cela allait changer, on aurait plus de temps. Cette année,
nous avons encore eu une coupure et nous avons eu quatre jours de délai.
Nous trouvons la situation déplorable, d'autant plus que nous avons
entre les mains un document extrêmement important, d'une très
belle présentation, très complet, qui soulève un certain
nombre de questions qui valent la peine d'être étudiées en
profondeur. En nous donnant un déiai si court, tant pour l'Opposition
que pour les membres de la commission qui appartiennent à l'aile
gouvernementale, il s'agit là d'une façon, à notre avis,
de nous bâillonner, de nous empêcher de pouvoir y aller à
fond et questionner sur tous les aspects fondamentaux que l'on retrouve dans le
plan de développement, y compris les critères de
rentabilité, les politiques d'exportation, etc.
Puisque je viens de faire référence aux critères de
rentabilité, et que le ministre, au moment de son discours et de ses
notes préliminaires, tout à l'heure, nous a parlé de la
rentabilité des contrats qui étaient actuellement signés
ou en voie de l'être avec les États américains, je me dois
de souligner ici que nous continuons à nous poser de sérieuses
questions quant aux propos que le ministre vient de îeni1-. En
juin dernier, nous avons déposé une question au feuilleton,
devant l'Assemblée nationale du Québec, demandant d'avoir
accès à certains documents, qui, pour nous, sont des documents
que nous croyons être' d'intérêt public, dans la mesure
où les résultats de ces ventes ou de ces contrats risquent
d'engager la population, les contribuables québécois qui sont
aussi le marché captif d'Hydro-Québec pour la fourniture de
l'électricité. Devant un certain nombre de choix ou de
dépenses à long terme qui sont évidentes, on connaît
le niveau do dépenses, mais pas celui des revenus. Nous vouions avoir
des précisions sur le niveau des revenus et, à ce jour, le
ministre refuse de nous donner accès à toute cette documentation,
ce qui, jusqu'à maintenant, à moins qu'on réussisse
à nous prouver le contraire - nous le souhaitons, d'ailleurs -alimente
notre position que les contrats ne sont pas aussi rentables que le ministre
voudrait bien nous le laisser croire.
J'ai aussi fait rapidement référence tout l'heure à
la politique énergétique du ministre de l'Énergie et des
Ressources, en page 51. Je crois qu'il est important, pour bien situer la
position du ministre dans son document de politique énergétique,
que j'ai ici d'ailleurs, de relire la note de la oage 51 pour qu'elle soit bien
inscrite dans les galées de cette commission parlementaire. Au chapitre
de la promotion des exportations d'électricité, après
avoir fait référence au grand besoin d'électricité
que les Américains ont et auront dans les années prochaines,
à la problématique reliée à leur production
d'électricité à partir de centrales thermiques et
nucléaires, le ministre disait ceci: "Ces facteurs, joints au coût
de production relativement bas de l'électricité
québécoise, laissent entrevoir l'existence d'un important
potentiel de vente sur ces marchés à l'horizon 2000. Le
gouvernement est convaincu que cette situation pourra justifier une
augmentation substantielle des exportations sur le même horizon." C'est
la
politique énergétique de laquelle le ministre est s»
fier et dont il se vante continuellement.
Par contre, à la lecture des documents qui nous ont
été donnés sur plan de développement, nous nous
sommes permis un certain nombre de recoupages, malgré le peu de temps
que nous avons eu, pour essayer de comprendre jusqu'à quel point
c'était possible ou non. Nous avons retrouvé, à la page
A6.2 du document jaune qui nous est fourni en annexe au plan de
développement, une référence quant aux besoins
énergétiques du Québec pour l'an 2001. Donc, on reste
toujours dans le même horizon 2000. On nous dit que pour satisfaire
à la demande interne du Québec, y compris l'énergie de
base et toutes les pertes liées au transport et aux ententes
particulières, il faudra une puissance installée de 35 020
mégawatts contre une puissance totale installée et connue au
Québec de 28 998 mégawatts.
Supposons que l'augmentation de la demande sera de 6122 mégawatts
jusqu'à 2001 pour satisfaire uniquement aux besoins du Québec.
Avec cela, Hydro-Québec continue à maintenir sa politique
d'exportation de 3500 mégawatts d'énergie ferme à
puissance garantie, politique connue depuis 1986 et même
antérieurement et qui faisait partie des vues d'Hydro-Québec.
Déjà, on la retrouvait dans les documents de 1983-1984. Donc, il
n'y a rien de nouveau par rapport aux 12 000 mégawatts du fameux livre
Énergie du Nord. Tout reste tel que c'était prévu. Il y a
une seule chose que l'on retrouve dans ces 3500 mégawatts. On parle d'un
facteur d'utilisation des équipements de l'ordre de 0,75 ou de 75 %,
alors que pour l'ensemble du parc d'équipement d'Hydro-Québec on
travaille actuellement sur la base d'un facteur d'utilisation de 0,6, donc 60
%. Cela signifie que, pour nos 3500 mégawatts, sur une base de 75 % de
taux d'utilisation si on la ramène à l'ensemble de la gestion du
parc, donc sur une base de 60 %, il nous faudra une puissance additionnelle
installée de 4375 mégawatts afin de répondre à
cette demande, dans la mesure où la politique d'exportation reste la
même. Si on ajoute cela à la croissance de la demande interne du
Québec, cela signifie une demande totale de l'ordre de 10 497
mégawatts, donc d'ajout de puissance, afin de répondre à
ce qui est prévu actuellement au plan de développement. On n'a
toujours pas parlé de la page 51 de la politique
énergétique. (10 h 45)
Par contre, si on fait le total des devancements de travaux que l'on
retrouve à la page 91 du document de base du plan de
développement, on voit que d'ici à l'an 2001 Hydro-Québec
n'a pas l'intention ou ne peut même pas aller plus loin - on le verra
plus tard - que l'installation de 11 661 mégawatts
supplémentaires. Si on enlève la demande déjà
exprimée, vérifiée ou enfin prévue dans les
prévisions, soit 10 497 mégawatts, on a un surplus net
disponible, selon un scénario cible, de 1164 mégawatts. Alors,
avec 1164 mégawatts, on ne sait pas comment le ministre va
réussir pour amener Hydro-Québec à appliquer la page 51 de
son plan de développement.
Cela est d'autant plus dramatique, à notre humble point de vue,
qu'au cours des dernières années c'est toujours le
scénario fort prévu dans le plan de développement
d'Hydro-Québec qui s'est réalisé. Hydro-Québec et
le ministre vont probablement nous dire qu'à l'horizon 2006 ça va
être leur scénario cible. Ils nous le disaient aussi en 1986 que
le scénario cible était le plus probable; en 1987, en 1988, en
1989, on s'aligne toujours et, depuis 1986, on est sur le scénario fort.
On peut toujours prétendre qu'Hydro-Québec est plus connaissante
que bien des experts et que sa politique en termes d'investissements à
long terme surpasse la politique du gouvernement; ce sera à
vérifier, on aura sûrement l'occasion d'en parler. Je ne crois pas
qu'un gouvernement responsable puisse se satisfaire du devancement de certains
équipements qui pourraient être installés en termes de
production sur le territoire québécois, que ce soit des
alumineries, des papeteries, des usines de transformation, qui demandent de
hauts potentiels énergétiques. Au contraire, même si on a
devancé temporairement ou pour le moment ces équipements qui
étaient prévus pour plus tard, on suppose que le gouvernement
sera assez responsable pour continuer à chercher des investissements et
à en ramener à long terme. Donc, à moins que le
gouvernement nous dise qu'il n'y aura plus d'investissements de haute
technologie ou d'importants consommateurs d'énergie qui vont être
recherchés par lui-même ou par ses différents
investisseurs, on ne voit pas pourquoi le scénario cible
d'Hydro-Québec serait à considérer, surtout pour un
horizon 2006, alors qu'Hydro-Québec s'est trompée, année
après année, sur l'horizon, l'année suivante. On ne voit
pas pourquoi ça se réaliserait.
Donc, à partir de cette analyse, si on considère le
scénario fort prévu par HydroQuébec pour l'horizon 2001,
en ce qui concerne l'augmentation de la demande interne du Québec, ce
n'est pas un surplus d'équipements de 1164 mégawatts qu'on va
avoir en 2001, mais bien au contraire un déficit d'équipements,
un déficit de capacité de production ou de puissance de l'ordre
de 2586 mégawatts. Hydro-Québec nous dit, dans son cahier bleu -
il y a toutes sortes de couleurs, comme vous pouvez le voir, il s'agit de
vérifier - en page 7: "Par ailleurs, l'offre d'énergie
était à la baisse... Non, on n'est pas à la bonne page,
vous allez m'excuser. C'était effectivement la page 8...
Une voix: Le cahier rouge.
M. Claveau: Le cahier bleu, à la page 8,
Hydro-Québec nous dit... Non, le cahier bleu est probablement...
Une voix: Plus voyant.
M. Claveau: ...une référence beaucoup plus
précise.
Une voix: Bleu royal.
M. Claveau: Donc, le cahier bleu, HydroQuébec, en page 8,
nous dit que "d'ici 1996 l'entreprise ne peut guère compter sur de
nouveaux équipements...
Une voix: Ah!
M. Claveau: ...puisque les travaux réalisables
jusqu'à cette date sont déjà devancés au maximum."
C'est Hydro-Québec qui le drt, ce n'est pas l'Opposition officielle.
Donc, si on croit que le scénario fort pour l'horizon 2001 a tout autant
de chances de se réaliser que le scénario cible,
qu'Hydro-Québec, d'ici 2001, d'ici 1996 pour le moins, ne pourra pas
aller plus loin qu'elle va actuellement dans ses devancements, eh bien, on
risque de se retrouver devant un déficit énergétique
réel au Québec. Parallèlement à ça, le
ministre, au mois de septembre, nous disait dans sa politique
énergétique: Pour l'horizon 2000, on est capable d'aller chercher
de l'électricité pour en exporter. Le ministre va peut-être
me dire: La situation a changé; l'économie du Québec n'est
plus ce qu'elle était; elle s'améliore, etc. Tant mieux! Nous le
souhaitons tous. Nous avons traversé la crise des années
1980-1983, qui n'a pas affecté uniquement le Québec, d'ailleurs,
mais qui a affecté l'ensemble des pays industrialisés.
Actuellement, nous sommes dans une reprise importante et nous en sommes
fiers. Mais si cette situation-là est connue aujourd'hui, elle devait
être connue aussi au mois de septembre dernier parce que ce n'est pas
depuis six mois que la reprise économique est faite au Québec.
Cela date de 1983. Alors, c'était prévisible. Il semblerait,
à la lecture du document qu'on avait entre les mains au mois de
septembre - donc il y a à peine six mois - que le ministre n'avait pas
encore pris connaissance de cette situation. De toute façon, nous aurons
certainement l'occasion d'en discuter au cours des heures qui vont suivre,
aujourd'hui et demain.
Devant cette situation, nous aurions aimé que le ministre nous
apporte quelques idées plus précises sur la façon de
faire, parce que ce n'est pas évident que le Québec va avoir de
l'énergie à revendre à long terme, et il aurait
été intéressant de voir comment le ministre entend faire
face à cela. Tout ce qu'il nous dit, c'est: On va essayer. Nous disons:
M. le ministre, il est Important de décréter un moratoire
immédiat sur les ventes d'énergie, quelle que soit l'exportation,
pour donner le temps aux Québécois et aux
Québécoises de se faire une idée d'où se situe
exactement le problème de la production et de la consommation
d'électricité au Québec.
Cette idée-là devra se faire par une vaste consultation
publique, consultation dont il a été question l'année
dernière et à laquelle l'ex-président
d'Hydro-Québec avart fait référence ici même en
commission pariementaire, où HydroQuébec devra exprimer ses
points de vue et où la population du Québec et les
différents intervenants à tous les niveaux devront exprimer au
gouvernement leurs attentes par rapport à Hydro-Québec.
Cette consultation, M. le Président, devrait normalement
déboucher sur certaines positions très précises qui
devront être considérées et qui devront être
gérées et suivies par quelqu'un ou par un organisme quelconque.
Alors, nous souhaitons et demandons au gouvernement du Québec, à
la suite de cette consultation, qu'il mette en place une commission
québécoise de l'énergie qui, à l'instar de ce qui
se fait a:ileurs, pourra contrôler I'appication des résultats de
cette consultation, verra à évaluer la rentabilité ou la
non-rentabilité das contrats de vente par Hydro-Québec, tant
à l'interne qu'à l'externe, et, enfin, s'assurera que la
politique énergétique du gouvernement du Québec est
utilisée à bon escient et respecte les critères de base et
les voeux de la population.
M. le Président, on mes dit que...
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
Présidente.
M. Claveau: Mme la Présidente, on me dit que je dois
déjà conclure. On aura sûrement l'occasion de s'en
reparler. On parlera du comité d'experts. On parlera sûrement de
la politique de tarification du gouvernement, de cette politique de
rapatriement de l'argent ou des taxes déguisées qu'on appelle
versements de dividendes. On aura sûrement l'occasion de se parier de
tout ça au cours des prochaines heures.
Là-dessus, je conclus mes remarques préliminaires en
souhaitant que nous sortions de cette commission beaucoup plus informés,
renseignés et rassurés que nous le sommes en rentrant quant aux
intentions du gouvernement du Québec et quant aux possibilités
d'Hydro-Québec d'approvisionner les Québécois en
électricité sans contraintes en termes de capacité ou de
volume d'énergie à fournir. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava.
M. le président du conseil et chef de la direction, M. Richard
Drouin, si vous voulez bien présenter les personnes; qui vous
accompagnent pour le bénéfice du Journal des
débats.
Exposé d'Hydro-Québec M. Richard
Drouin
M. Drouin (Richard): Mme la Présidente, merci beaucoup.
Mme la Présidente et MM. les membres de la commission, je voudrais
d'abord
vous présenter, à ma droite, le président et chef
de l'exploitation d'Hydro-Québec, M. Claude Boivin, et, à ma
gauche, M. André Delisle, vice-président à la
planification générale. Quant aux autres vice-présidents
ou membres de la direction d'Hydro-Québec, nous aurons l'occasion de
vous les présenter au fur et à mesure qu'ils interviendront pour
répondre à des questions ou pour faire des
énoncés.
Mme la Présidente, j'ai compris des interventions
précédentes que nous aurions probablement à
répondre à quelques questions au cours de cette commission
parlementaire. C'est notre rôle et nous avons l'intention de tenter
d'éclairer cette commission le plus adéquatement possible sur
notre plan de développement 1989-1991. En premier lieu, vous me
permettrez de faire une courte présentation des grandes orientations du
plan de développement 1989-1991 pour, ensuite, confier à notre
vice-président à la planification générale le soin
de vous faire une présentation un peu plus détaillée.
Tout d'abord, je voudrais indiquer que, pour Hydro-Québec, les
années 1988 et 1989 sont des années charnières et
très importantes. Elles sont importantes parce que, pour l'année
1988, l'augmentation de la demande d'électricité au Québec
a été de l'ordre de 8,5 %. C'est donc une croissance des plus
fortes depuis une dizaine d'années. Depuis 1983, l'augmentation de la
demande d'électricité au Québec a été de
l'ordre de 40 %. Ceci témoigne, bien sûr, d'une vitalité
économique importante au Québec. Cette forte demande
d'électricité, accompagnée d'une quantité de
précipitations réduites, d'une faible hydraulicité pour
les cinq dernières années, est un retour à
l'équilibre entre l'offre et la demande, un peu
prématurément d'ailleurs. Ceci amène donc
Hydro-Québec à exécuter un réajustement de son plan
de développement par rapport à celui de 1988. Dans ce sens, je
voudrais donc vous présenter les cinq grands thèmes de notre plan
de développement 1989-1991 et vous énoncer les changements que
nous préconisons dans ce plan.
D'abord, les cinq grands thèmes. Le premier, c'est la
capacité d'adaptation à l'évolution de la demande. C'est
la flexibilité que nous aurons l'occasion de vous expliquer plus en
détail au cours des exposés qui vont suivre. Le deuxième
grand thème, c'est la qualité du service; le troisième,
les ressources humaines; ensuite, la santé financière de
l'entreprise, et les retombées économiques et le
développement durable. Pour votre bénéfice, je reprends
chacun de ces thèmes, toujours en termes des grandes orientations, de
façon que nous puissions les aborder en détail un peu plus tard
dans l'exposé.
La flexibilité d'adaptation à l'évolution de la
demande, c'est évidemment pour faire face à la forte croissance
de l'économie et de la demande d'électricité. Cela nous
oblige à réviser le scénario cible de 1989 pour adopter le
scénario fort que nous avions prévu en 1988 et ce, jusqu'en 1993,
pour prévoir une augmentation de l'ordre de 4,5 % par année.
Au cours de l'année 1988, nous avons pris certaines
décisions, puisque nous commencions déjà à
percevoir cette forte croissance de la demande d'électricité et
ces décisions ont débouché sur les devancements de travaux
déjà annoncés, devancement de LG 2A d'un an, LG 1 et
Brisay, la Phase II du complexe La Grande, en tenant compte évidemment
de l'entrée en service de la puissance additionnelle de Manie 5
dès septembre 1989 et en tenant également compte des
troisièmes travaux dans la Phase II de la Baie James,
c'est-à-dire la centrale Laforge 1. Tout ceci amène une puissance
additionnelle de l'ordre de 5500 mégawatts d'ici 1995. (11 heures)
Comme vous l'avez constaté, nous avons également pris
certaines autres décisions, par exemple celle d'arrêter la vente
à l'excédentaire tant aux exportations qu'à l'interne. Ces
décisions ont été prises durant l'année 1988 et le
plan 1989 prévoit, bien sûr, des mesures que j'appellerais des
mesures de flexibilité. Mesures de flexibilité parce que nous
aborderons au cours des prochains mois des séries d'études
d'avant-projets importantes sur l'ensemble des projets qu'il nous reste
à développer. Ceci en vue de pouvoir prendre des décisions
au cours de l'année 1990 quant à des devancements additionnels de
travaux prévus pour les années 1998 à 2000. Cela peut
même nous amener à réviser l'ordre de la mise en service
des différents travaux, des différents projets.
Donc, flexibilité pour faire face à cette demande plus
forte ou aussi pour faire face à une demande qui pourrait faiblir,
auquel cas nous n'aurions engagé que des coûts pour des
études d'avant-projets sans avoir à engager des travaux
importants pour le moment. A cela s'ajoutent, dans notre plan de
développement, des projets sur l'implantation de nouveaux programmes de
gestion à la consommation. Nous voulons continuer à proposer
à nos clients des programmes faisant en sorte qu'ils trouvent leur
compte à utiliser rationnellement l'électricité.
L'utilisation rationnelle de l'énergie doit être au centre
des préoccupations de l'entreprise, croyons-nous. Pour résumer
sur ce chapitre de la flexibilité, Hydro-Québec, par sa
volonté exprimée dans le plan de développement 1989-1991,
entend se donner tous les moyens pour faire face à la demande du
Québec et, également, aux demandes d'exportation.
Le deuxième chapitre, Mme la Présidente, c'est la
qualité du service. La forte croissance de la consommation, les
conditions climatiques assez perplexes durant les deux dernières
années, le très haut taux de conversion du chauffage à
l'électricité ont eu, quant à nous, des
conséquences fâcheuses sur la qualité du service. Nous
aurons l'occasion d'élaborer davantage sur ce chapitre, mais qu'on
tienne compte que l'entreprise a déjà mis près de 1 000
000 000 $ dans un programme d'amélioration de la qualité du
service, qu'elle s'apprête à mettre, en fonction du plan
d'ici 1995, 700 000 000 $ dans la distribution et 1 300 000 000 $ dans le
transport d'ici 1994. Avec les autres programmes, l'ensemble des travaux que
nous prévoyons sur une période de dix ans est d'environ 2 300 000
000 $, soit 1 200 000 000 $ de plus que ce que nous avions prévu dans le
plan de développement de 1988.
Troisième chapitre, celui des ressources humaines.
Évidemment, les investissements que nous prévoyons, les travaux
que nous envisageons pour assurer la qualité du service amènent
une mobilisation générale de nos ressources humaines. La
productivité est au coeur de nos préoccupations.
Déjà nous avons entrepris certaines mesures ponctuelles et
importantes à l'égard des 2100 cadres de l'entreprise et nous
avons mis de l'avant dès l'automne 1988 un projet Action-Cadres dont je
suis sûr que nous aurons l'occasion de discuter selon l'horaire qui est
projeté par les ressources humaines.
Qaunt aux spécialistes, 2700 personnes, nous avons
également un projet envisagé pour l'année 1989. Nous
comptons déployer des ressources additionnelles concernant la formation
technique et ce, spécialement concernant les bureaux, les métiers
et les ingénieurs.
Nous avons également des conventions collectives à
négocier en 1989. Bien sûr, l'enjeu de ces négociations est
très important. L'entreprise a trois grandes préoccupations
concernant les prochaines négociations de conventions collectives: la
première, comme vous pouvez vous en douter, est celle de trouver une
solution au dossier de la sous-traitance. Depuis deux ans que l'entreprise a
des difficultés avec le dossier de la sous-traitance, il faut que nous
puissions, avec nos syndicats et dans l'intérêt des deux parties,
trouver une solution et les points de démarcation entre le faire et le
faire faire.
Le deuxième point est celui d'améliorer un peu nos outils
de gestion dans l'entreprise et d'essayer d'éliminer des conventions
collectives certains irritants de gestion. Cela pourra donner plus de souplesse
à nos gestionnaires et les responsabiliser davantage. Ce point est au
coeur de nos préoccupations puisqu'il fait partie de cette mobilisation
dont nous avons besoin auprès de nos gestionnaires dans le but de les
responsabiliser et leur donner l'occasion de prendre leurs décisions
où elles doivent être prises.
Le troisième point concernant la négociation des
conventions collectives est celui de l'harmonisation salariale. Harmonisation
salariale parce que, comme vous le savez, d'une façon
générale et en moyenne, les employés d'Hydro-Québec
sont payés environ 12 % de plus que le marché de comparaison
d'Hydro-Québec. Quand je dis "le marché de comparaison
d'Hydro-Québec", c'est bien sûr un marché des 20 plus
grandes entreprises au Québec qui servent de comparaison. Donc, nos
employés ont une telle rémunération. Je dois vous dire que
là-dessus, au cours des sept, huit ou dix dernières
années, il y a déjà eu une telle
récupération importante puisqu'elle était plutôt de
l'ordre de 20 % ou 22 % et elle est maintenant réduite à 12 %.
C'est cependant là un objectif important dans la négociation de
la convention collective. Finalement, au chapitre des ressources humaines, il
faut déployer des efforts additionnels, avec ces programmes plus
précis dans le dossier de l'égalité des chances.
Le quatrième chapitre, celui de la marge de manoeuvre
financière. Vous avez rapidement constaté que l'entreprise doit
investir au cours des dix prochaines années 47 000 000 000 $. On
constate également, en termes de rendements financiers, que l'entreprise
a un rendement sur le capital investi de l'ordre de 8 %. il est de commune
renommée que nous recherchons, comme toutes les autres entreprises
d'utilité publique du même type, une rentabilité de l'ordre
de 13 %. Là aussi, des améliorations importantes ont
été obtenues puisqu'en 1985 le rendement sur le capital
n'était que de l'ordre de 3,2 %. Il y a donc des actions importantes et
nécessaires pour faire face à des fluctuations
économiques. Il faut se donner une marge de manoeuvre, de façon
à éviter à l'avenir des chocs tarifaires importants. Nous
comptons le faire en améliorant la productivité,
c'est-à-dire en maîtrisant nos charges d'exploitation. Nous
comptons le faire également en exploitant nos dossiers d'exportation, d
énergie ferme et de puissance ferme, puisque ces dossiers d'exportation
rapportent des taux, le kilowattheure, de près de deux fois et demi
à trois fois ceux que l'on obtient au Québec.
Finalement, les hausses tarifaires. On a eu l'occasion de
présenter au public les énoncés de notre hausse tarifaire
projetée. Qu'il suffise de remarquer qu'au cours des 25 dernières
années les tarifs d'Hydro-Québec ont été maintenus
sensiblement ou à peu près au niveau de l'inflation. Les
prévisions d'Hydro-Québec de l'inflation pour l'année 1989
sont de l'ordre de 4,7 %. Nous proposons donc des hausses tarifaires de l'ordre
4,7 %. Il y a cependant, et je suis sûr que nous aurons l'occasion d'en
discuter plus à fond, le problème de l'interfinancement entre les
différentes catégories de consommateurs qui nous amène
à suggérer des hausses de tarifs différentes selon que
c'est dans la classe domestique ou au chapitre de la grande puissance et celle
de la petite et de la moyenne puissance. À ce sujet, je veux juste faire
remarquer que nous prétendons que, pour les consommateurs du domestique,
les coûts de fourniture ne sont pas remboursés au total et les
rendements de tarifs sont d'environ 13 % inférieurs aux coûts de
fourniture. En ce qui concerne la petite et la moyenne entreprise, cette classe
de consommateurs paie 24 % au-dessus des coûts de fourniture. La
différence entre ces deux classes est de l'ordre de 40 %. Notre
proposition, considérons-nous, d'augmenter le tarif domestique de 5,7 %,
celui de la petite et de la moyennne puissance de 3,6 % et celui de la grande
puissance de 4,7 %, c'est-à-dire au
taux de l'inflation, est une proposition modérée
puisqu'elle s'assure de régler une partie de ce problème
d'interfinancement sur une période de dix ans, c'est-à-dire la
moitié de l'interfinance-ment. Pour nous, il s'agit d'une question de
justice et d'équité entre les différentes classes de
consommateurs.
Le dernier chapitre, Mme la Présidente, celui des
retombées économiques et du développement durable. Qu'il
suffise de mentionner que les travaux que nous envisageons au cours des trois
prochaines années feront passer le chapitre des emplois directs et
indirects en années-personnes de 55 000 à 70 000; qu'au cours des
prochaines années les achats de biens et services annuels seront de
l'ordre de 2 000 000 000 $; que, grâce à nos programmes pour
attirer l'industrie, nos programmes de partage de risques et de
bénéfices, il y a des sommes engagées à ce jour par
les entreprises qui viennent s'installer de l'ordre de 2 400 000 000 $ et, en
tout dernier lieu, je ne voudrais pas oublier la recherche et le
développement pour lesquels nous envisageons d'investir 474 000 000 $ au
cours des trois prochaines années en soulignant qu'Hydro-Québec
est la première entreprise d'électricité au Canada en
termes de recherche et de développement et, en général,
elle est au cinquième rang au Canada.
Tout ceci cependant, cette réalisation des projets
d'Hydro-Québec, l'exploitation de nos richesses hydrauliques, doit se
faire en intégrant à l'étude de ces projets des
préoccupations environnementales autant que techniques et
économiques. Nous devons privilégier davantage la consultation
des publics et tenir compte de leurs opinions. Il faut assurer la
pérennité de nos ressources pour les générations
futures. C'est donc un objectif important pour Hydro-Québec dans les
années à venir d'intégrer les préoccupations
environnementales et, pour nous, c'est un défi sans cesse
renouvelé. Hydro-Québec veut protéger et mettre en valeur
l'environnement dans ses activités.
En guise de conclusion, Mme la Présidente, vous pouvez constater
que le plan de développement pour assurer la flexibilité
d'adaptation à l'évolution de la demande, pour reconstituer notre
marge de manoeuvre financière sans subir de choc important sur le plan
tarifaire dans les années à venir et dans le but d'assurer la
plus grande qualité de services à notre clientèle, c'est
de donner des objectifs importants tant sur le plan financier et sur le plan
des ressources humaines. C'est avec une mobilisation de nos ressources et aussi
de tous les partenaires d'Hydro-Québec que nous entendons donc le faire.
Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. Drouin.
Nous sommes rendus à la présentation, au survol du plan de
développement. (11 h 15)
M. Drouin: Mme la Présidente, je voudrais demander
à M. Delisle, vice-président à la planification
générale, de vous faire l'exposé plus
détaillé sur le plan de développement, si vous me le
permettez.
La Présidente (Mme Bélanger): Parfait, M.
André Delisle, s'il vous plaît.
M. André Delisle
M. Delisle (André): D'accord. Les commentaires vont
surtout porter sur trois des cinq thèmes qu'a abordés M. Drouin;
la flexibilité d'adaptation à l'évolution de la demande,
la qualité du service et le maintien de la santé
financière.
D'abord, concernant le premier thème, il faut se rappeler que la
croissance de la demande en 1988 a été de 9,4
térawattheures, c'est-à-dire 9 400 000 000 de kilowattheures.
C'est, comme on l'a vu, 8,5 % de croissance de la demande, par rapport à
1987, pour ce qui est des ventes régulières. Cette croissance est
supérieure au taux qui était prévu au plan de
l'année dernière, qui était de 4,9 %. Pourquoi a-t-il
été supérieur au taux de l'an dernier? D'abord parce que
l'économie a crû à un rythme supérieur à 4 %,
alors que l'an dernier on prévoyait un taux de 2,8 %. Également,
pour ce qui est des conversions au chauffage électrique, on a
constaté 58 000 conversions au cours de l'année 1988 et le nombre
qui avait été prévu était de beaucoup
inférieur à cela. Quand on regarde la ventilation des 9,4
térawattheures, on voit qu'il y a 3 térawattheures qui sont
expliqués par l'augmentation des charges du chauffage; pour la
biéner-gie, il y a 1,8 térawattheure qui est expliqué par
ce facteur. Il s'agit essentiellement ici de l'impact de nos programmes
commerciaux. Concernant les industries, 2,6 térawattheures de
croissance, alors que les autres usages représentent 2
térawattheures.
Partant de cette base, on a révisé les trois
scénarios de prévisions qu'Hydro-Québec fait. D'abord le
scénario cible: on constate qu'à l'horizon 2006, c'est le
même point d'arrivée, pour une croissance totale sur la
période de 2,1 %. Ce scénario cible intègre une
prévision moyenne du point de vue démographique,
énergétique et économique et intègre aussi les
objectifs que poursuit l'entreprise par sa politique commerciale. Ce qui
distinque le scénario cible du scénario fort et du
scénario faible, c'est en fait la prévision économique.
Dans le scénario cible, celle-ci est de 2,5 % en moyenne sur l'horizon,
alors qu'elle est de 3 % pour le scénario fort et de 1,7 % pour le
scénario faible. Ce qu'on voit, ce qui a l'air un petit peu bizarre
à prime abord, c'est que d'ici 1993 le scénario cible est au
niveau du scénario fort de l'année passée alors que, comme
je le mentionnais, à la fin de l'horizon, en fait, on retrouve le
même scénario que l'an dernier. C'est quelque chose que je vais
expliquer un petit peu ultérieurement
Ce que j'aimerais, par contre, mentionner immédiatement, c'est
que chaque côté du scénario cible, le fort et le faible,
à l'horizon 1996, accorde à Hydro-Québec une marge de
flexibilité de 8 %, alors qu'à l'horizon 2006 cette même
marge est de 14 %. Donc, la prévision qu'on fait du futur comporte quand
même une fourchette, et on croit que l'avenir devrait se situer fort
propablement à l'intérieur de cette fourchette.
Maintenant, pour ce qui est des explications des écarts
cumulatifs, ici, sur le tableau, à la dernière ligne, on voit
que, pour chacune des colonnes, il y a deux chiffres. D'abord, 40,2
térawattheures, c'est la variation totale prévue des ventes
régulières pour la période 1989-1995, pour un montant
moyen annuel de 5,7 térawattheures. Dans la deuxième
période, la période 1996-2006, le montant cumulatif est de 18,1
térawattheures, soit 1,6 térawattheure de révision
à la hausse par année. Donc, les montants ne sont pas du tout les
mêmes pour les deux périodes.
On a décomposé les différents
éléments de la prévision pour mieux vous expliquer ce qui
se passe réellement. D'abord, il y a des éléments à
caractère de...
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse, M.
Delisle. M. le député de l'Opposition aimerait que vous donniez
la référence de ces tableaux dans le livre du plan de
développement.
M. Delisle: Ces tableaux n'existent pas comme tels dans le livre
du plan de développement. Si vous voulez, je pourrai vous en donner une
copie après mon exposé.
M. Claveau: S'il vous plaît.
La Présidente (Mme Bélanger): On vous remercie
beaucoup, M. Delisle. Vous pouvez continuer.
M. Delisle: D'accord. Donc, en ce qui concerne les premiers
éléments, les éléments à caractère de
devancement, comme je vous le mentionnais tout à l'heure, les demandes
de conversions du mazout vers l'électricité applicables aux
logements ont été beaucoup plus nombreuses que ce qu'on avait
anticipé; elles se chiffrent à 58 000 conversions. Dans la
prévision de l'année dernière, ces 58 000 conversions
devaient être réparties dans les années ultérieures.
Comme elles ont toutes été faites au départ, cela ajoute
à la demande dans la première période. Mais, dans la
deuxième période, cela n'en ajoute pas beaucoup compte tenu du
fait que ces conversions étaient déjà prévues.
De la même façon, en ce qui a trait à la fonte et
à l'affinage, des projets ont été devancés par
rapport à la prévision de l'année dernière. Par
contre, comme on part en 1988 avec une économie qui est plus forte, on
voit qu'il y a des éléments à caractère permanent
dans la révision. Ils sont de 2,6 térawattheures par année
dans la première période et de 2,8 dans la deuxième. Ces
éléments expliquent les 30 térawattheures prévus
dans la révision pour la période 1996-2006.
Il y a un autre élément qu'il est également
important d'avoir à l'esprit. On a révisé les
prévisions de vente dans le cadre du programme Biénergie
générale et industrielle, notamment. C'est ce qui fait que dans
la deuxième période on prévoit perdre 19
térawattheures de marché par rapport à ce qu'on avait
prévu l'année dernière.
Cette révision des besoins réguliers du Québec
s'ajoute à celle des besoins réguliers nécessaires
à l'exportation et cela donne la première ligne qu'on voit
à cette étape-ci. On voit très bien qu'il n'y a presque
pas de révision dans nos projets de vente régulière
à l'exportation, si bien que les révisions concernant les besoins
sont de 42 térawattheures dans la première période et de
20 térawattheures dans la deuxième.
Par contre, il y a un facteur très important qui s'ajoute
à cela, c'est le niveau de départ des réservoirs. Comme
l'a mentionné M. Drouin tantôt, l'année 1988 a
été une cinquième année où l'on a eu une
hydraulicité plus faible que d'habitude. Compte tenu de cela, nos
réservoirs ont été de près de 25
térawattheures inférieurs à ce qu'on avait prévu
qu'ils seraient au début de l'année 1989. C'est très
important parce qu'un tel montant c'est la production annuelle de trois Manie 5
vendue au prix que l'on obtient sur les marchés de l'excédentaire
à l'exportation. C'est une somme de 750 000 000 $ qu'Hydro-Québec
ne pourra pas toucher parce qu'il a moins plu qu'on ne l'avait
anticipé.
Donc, au total, les besoins additionnels qu'on a à satisfaire
dans le plan, c'est 67 térawattheures pour la première
période et 19 térawattheures pour la deuxième. En fait, on
va compenser ces besoins de trois façons. D'abord, on vendra moins de
surplus; c'est environ 50 térawattheures de surplus en moins qui seront
vendus sur ce qu'on avait prévu. De plus, on accélérera un
certain nombre d'équipements. Ces équipements, venant avec des
réservoirs, 14 térawattheures vont être compensés
par ces devancements. Finalement, il y a 3 térawattheures qui
s'expliquent par le niveau des réservoirs, à la fin, qui est plus
bas qu'au départ.
Comme je le mentionnais, cela amène des devancements. Pour ce qui
est des projets engagés par rapport au plan de l'année
dernière, LG 2A est devancé d'un an, LG 1 est devancé d'un
an également, de même que Brisay. Ce qu'il faut retenir, c'est
qu'au total les additions engagées sont de l'ordre 5500 mégawatts
d'ici 1995. Près de la moitié de ces nouvelles additions sera en
équipements de pointe.
Quant aux projets pour l'avenir, encore là, il y a une
accélération pour ce qui est des roues de Manie 5, du complexe
Ashuapmushuan, de
Laforge 2 pour l'intégrer à la première phase de La
Grande et du complexe Grande Baleine. Pour ce qui est des équipements de
pointe, on prévoit avoir des besoins à combler dès 1992.
En fait, l'entreprise, à cet égard, jongle avec un certain nombre
d'hypothèses, roues de Manie 5, TAG, etc. C'était le
scénario cible.
Que faire si la demande forte se présente? D'abord, on a
entrepris plusieurs études de faisabilité concernant un certain
nombre de nouveaux programmes commerciaux axés sur l'efficacité
énergétique. Ici, on parle de pompes à chaleur à
appoint non électriques, de moteurs à vitesse variable, de
meilleure isolation des chauffe-eau, etc. Il faut avoir présent à
l'esprit le fait que plusieurs de ces programmes pourraient être,
éventuellement, adoptés dans le plan cible de l'année
prochaine, s'il s'avérait rentable de le faire.
L'autre axe d'action pour faire face à la demande forte, c'est
que l'entreprise a entamé tout de suite des études
d'avant-projets pour réduire les délais d'implantation quant aux
projets de NBR et de Grande Baleine. Il n'y a pas de décision de mise en
chantier qui serait prise avant l'été 1990, mais, comme on
entreprend des études d'avant-projets immédiatement, cela nous
permettra de le faire à l'été 1990 s'il y a lieu. Ce
faisant, dans le fond, on se trouve à reconstituer la marge de
manoeuvre, la marge de flexibilité qu'on avait et qu'on a
utilisée l'année dernière pour faire face à la
situation.
Si la demande faible se présente, comme je le mentionnais
à l'égard de Grande Baleine et NBR, les seuls engagements
d'Hydro-Québec auraient porté sur des études, si bien
qu'on n'aurait pas d'engagements trop importants et on décalerait la
mise en chantier de ces équipements. Également, il faut voir que
la situation de l'entreprise aujourd'hui est très différente de
ce qu'elle était au début des années quatre-vingt, dans le
sens que maintenant on a des capacités pour vendre ce qui est
excédentaire sur les marchés à l'exportation. Incidemment,
en 1987, on en a vendu pour près de 21 térawattheures, si bien
que, si l'on avait des surplus, on pourrait les écouler sur ces
marchés. De même, au Québec, on compte susciter le maintien
des chaudières qui existent chez nos clients et qui ont
été mises en place au cours des dernières années.
Cela nous permettrait, advenant le besoin, d'écouler des surplus aussi
au Québec.
En conclusion, Hydro-Québec possède la marge de manoeuvre
nécessaire pour satisfaire à l'éventail des besoins
prévisibles de croissance de l'économie du Québec et
à la demande.
Avant de quitter le thème de l'offre et de la demande, quelques
remarques sur les exportations. Depuis le début des années
quatre-vingt, on a vendu pour 5 000 000 000 $ d'énergie sur les
marchés d'exportation en ce qui concerne l'excédentaire et le
régulier. Cela nous a permis de développer 2200 mégawatts
d'interconnexion pour un total de 6300 mégawatts et de susciter une
intégration plus poussée avec les réseaux voisins. Par
contre, compte tenu de la situation que je mentionnais tantôt, maintenant
on arrête les ventes excédentaires en vue de reconstituer nos
réserves énergétiques. À court terme, ce qu'on
compte faire avec ces interconnexions, c'est surtout de s'en servir dans le
cadre d'opérations d'achat-vente.
Par contre, à moyen et long termes, compte tenu de la
capacité qu'on a de devancer les équipements qui ne sont pas
nécessaires pour satisfaire aux besoins du Québec, on maintient
dans le plan de développement l'objectif de 3500 à 4500
mégawatts de vente d'énergie de puissance garantie à
l'horizon 2000. Dans le cadre de cet objectif, comme vous le savez, il y a
déjà deux contrats et deux ententes de principe de signés
pour une puissance totale de 2550 mégawatts. (11 h 30)
Pourquoi fait-on cela? Dans le fond, c'est parce que c'est rentable pour
Hydro-Québec et le Québec. On retirera de ces contrats-là
en moyenne 0,09 $ le kilowattheure en 1995. C'est 2,5 à 3 fois plus
élevé que pour l'équivalent au Québec. Les ventes
importantes dans le cadre de cet objectif-là ne vont survenir
qu'à partir de 1995. On parle, à cet horizon, de 1500
mégawatts et cela représenterait 4,6 % de la demande totale.
Donc, quant à l'offre et à la demande, c'est la fin de la
période des surplus. On a utilisé la marge de manoeuvre qu'on
s'était donnée. On tente de s'en donner une autre, tant en termes
d'équipements qu'en termes de programmes commerciaux favorisant
l'économie d'énergie.
D'abord, un petit état de la situation quant à la
qualité du service. Comme vous le savez, avant 1978, l'entreprise rodait
une nouvelle technologie dans le domaine du transport. Cela a donné lieu
à des pannes générales et partielles relativement
fréquentes. Depuis cette date, il y a eu une amélioratrion
très sensible. Notamment, la construction de la ligne de transport vers
la Baie James a favorisé la stabilisation du réseau. Plusieurs
autres améliorations ont été apportées. Par contre,
en 1988 on a connu une panne générale et trois pannes partielles.
Ces pannes-là affectent beaucoup de clients, comme on le verra
ultérieurement.
Ce qu'on peut voir au chapitre de la distribution, si l'on regarde la
ligne supérieure, c'est que, de 1981 à 1986, le nombre moyen de
pannes par client était en nette régression. Ces résultats
sont liés aux efforts que l'entreprise avait faits notamment dans le
cadre du programme d'amélioration de la qualité du service. Il y
a eu une détérioration à partir de 1986. Ce qu'il faut
avoir présent à l'esprit c'est que 60 % de cette
détérioration-là est reliée directement ou
indirectement aux intempéries. Le reste est, en bonne partie,
relié à la surchauffe qui a entraîné un certain
nombre de bris d'équipements. Au niveau de la ligne inférieure on
voit que, depuis
1985, la durée moyenne des pannes est en croissance. C'est en
relation directe avec les nouvelles normes en matière de
sécurité, notamment, le "cadenassage". En résumé ce
qu'on voit, du point de vue du client, c'est que le nombre moyen d'heures
d'interruption augmente de l'année 1987 à l'année 1988.
Par contre, comme je le mentionnais, de 1982 à 1987, on voyait une
amélioration de la situation. En fait, pour expliquer la
détérioration de 1988, il faut regarder les deux bandes
inférieures. On voit que c'est l'augmentation des pannes en transport
qui a provoqué une augmentation importante du nombre moyen d'heures
d'interruption par client cette année-là.
Pour améliorer l'ensemble de la situation Hydro-Québec
propose un plan d'action en matière de qualité du service.
D'abord, quant au réseau de distribution, il y a un nouveau programme
d'amélioration de la qualité du service de 704 000 000 $ de
prévu sur sept ans, qui accorde la priorité aux sections
surchargées du réseau. On compte aussi terminer en 1989 la
révision des critères de conception du réseau souterrain,
cela, bien entendu en vue de réduire le nombre d'interruptions mais
aussi en vue d'améliorer la sécurité des travailleurs.
Quant au réseau de transport, on parle de la modification de la
conception du réseau. Il y a une somme de 1 300 000 000 $ qui sera
impliquée d'ici 1994. D'ici 1991, nous comptons augmenter la
capacité du couloir Manic-Outardes-Québec avec 280 000 000 $ et
augmenter la marge de manoeuvre globale en vue de faciliter l'entretien et la
conduite du réseau. D'ici 1994, on compte rehausser la fiabilité
du réseau de transport au niveau des autres réseaux du nord-est
américain. Ici, il y a 850 000 000 $ qui sont en jeu; le standard de
notre réseau de transport serait modifié par rapport au standard
qui était visé antérieurement.
Le plan réfère aussi à la constitution d'une
réserve de 48 000 000 $ pour équipements stratégiques. Des
efforts sont aussi faits actuellement en vue d'élaborer un programme
d'amélioration du service d'entretien.
Toujours sur le plan du service d'électricité, d'ici 1991
nous comptons compléter l'automatisation des centres de conduite du
réseau, encore là pour 48 000 000 $. Aussi, nous mettrons en
vigueur une nouvelle politique de maintenance, c'est-à-dire que nous
chercherons à intervenir lorsque cela sera requis plutôt que de le
faire systématiquement. En fait, c'est à l'aide de senseurs ou
d'indicateurs de performances que nous tenterons de déterminer les
moments où les équipements nécessiteront une
intervention.
L'ensemble de ces actions amène dans la période 1989-1998
des investissements de 2 300 000 000 $ directement reliés à
l'amélioration de la qualité du service. Ces investissements sont
de 1 200 000 000 $ plus élevés que ce qui était
prévu au plan de l'année dernière.
Quant aux autres programmes, l'entreprise compte engager 4 000 000 000 $
essentiellement pour la réfection des installations de production. Comme
vous le savez, le réseau de production d'Hydro-Québec est
relativement jeune. Par contre, il y a des éléments qui sont plus
vieux.
Quant au service à la clientèle comme tel, à la fin
de l'année dernière un comité consultatif des
consommateurs a été formé. Il a commencé à
siéger au cours de l'année. Sur le plan du traitement des
plaintes, l'entreprise compte mettre en place un mécanisme pour traiter
les plaintes des consommateurs de façon à leur permettre de se
faire entendre, tant auprès du bureau d'affaires que du bureau
régional et du siège social. Il y a également un
système de messagerie vocale, lors des interruptions programmées,
qui sera mis en place. L'entreprise compte augmenter son taux de réponse
aux appels téléphoniques à un niveau de 90 %.
Donc, en ce qui concerne la qualité du service, si l'on se
résume, il y a un nouveau programme d'amélioration de la
qualité du service établi à 704 000 000 $; il y a un
programme de fiabilité en transport établi à 1 300 000 000
$; iI y a un programme d'amélioration de la maintenance en cours
d'élaboration mais auquel le plan ne réfère pas comme tel
en termes de montant précis. En matière de qualité du
service à la clientèle, l'entreprise compte être plus
près de ses clients qu'elle ne l'a été par le
passé.
En matière de maintien de la santé financière de
l'entreprise, avant d'aborder comme tel les différents
éléments, il faut avoir à l'esprit au moins trois facteurs
importants dans l'explication de l'évolution des indices et des
résultats. D'abord, en 1988, le bénéfice net
d'Hydro-Québec était en augmentation par rapport à ce
qu'on avait prévu au dernier plan: 619 000 000 $ par rapport à
583 000 000 $. Par contre, il faut voir que cette amélioration est plus
que due au taux de change puisque l'amélioration de nos résultats
due au taux de change est de 223 000 000 $ par rapport à ce qu'on avait
prévu.
Ce qui est essentiellement en cause ici c'est que, comme le taux de
change est plus élevé que ce qu'on avait prévu, la dette
d'Hydro-Québec exprimée en dollars canadiens est
inférieure. Également, comme notre dollar est plus
élevé, nos paiements d'intérêt sont aussi moins
élevés, exprimés en dollars canadiens.
Je mentionnais antérieurement qu'on avait fait face à une
hydraulicité faible encore une autre fois en 1988. Comme tenu de cette
situation, l'entreprise doit reconstituer ses réserves
énergétiques et les ventes qu'on prévoyait faire
concernant les 25 térawattheures auxquels je référais
antérieurement ne sont pas sans avoir d'effet sur notre cadre financier
des trois prochaines années. Enfin, l'augmentation des besoins de fonds
pour l'investissement et l'amélioration de la qualité du service
affectent nos charges également.
Si l'on regarde le cadre financier comme tel, on voit que les produits
augmentent de
5 306 000 000 $ à 5 547 000 000 $, soit un taux de croissance de
4,5 % entre 1988 et 1989, alors que les charges, elles, augmentent de 6,4 %
à 2 541 000 000 $.
Concernant le bénéfice net, le bénéfice est
en croissance jusqu'à 893 000 000 $ d'ici l'année 1991. Quant aux
dividendes maxima en vertu de la Loi sur Hydro-Québec, ils varient de
150 000 000 $ à 330 000 000 $ sur la période. Quant aux
dividendes qui seront déclarés, bien entendu, cela
dépendra des négociations qu'il y aura entre Hydro-Québec
et le gouvernement. On peut remarquer, par contre, qu'en 1988 les dividendes
déclarés ont été inférieurs aux dividendes
permis par la loi. Concernant nos réseaux financiers, le rendement sur
l'avoir propre continue de s'améliorer de 8 % à 9,9 %. Par
contre, c'est encore loin de notre objectif de 13 %. Quant à la
couverture des intérêts, le ratio est en diminution soit de 1,26
à 1,19 en 1991. En fait, c'est essentiellement dû à
l'augmentation de nos besoins de financement et à l'évolution de
nos produits, évolution reliée - comme je le mentionnais -
à nos ventes excédentaires.
Le taux de capitalisation, lui, est au seuil minimal sur l'horizon. Par
contre, il faut avoir à l'esprit que ce ratio est calculé en
tenant pour acquis que le dividende maximal est versé. La stabilisation
du ratio au seuil minimal est reliée de façon importante à
l'augmentation de la dette, qui elle-même est reliée aux besoins
d'investissements et aussi à l'évolution présumée
du dollar canadien qui, suivant nos prévisions, sur l'horizon de
prévisions, descend à 0,77 $ US. Quant à
l'autofinancement, on passe de 41 % en 1987, à 29 % en 1991. C'est notre
critère minimum. Cette décroissance est essentiellement due
à la forte croissance des investissements.
Quant à nous, il y a une nécessité de nous
constituer une marge de manoeuvre financière. Les éléments
qui justifient cela sont, bien entendu, la croissance des investissements dans
les dix prochaines années, 48 000 000 000 $ si l'on fait face à
un scénario cible, 61 000 000 000 $ si l'on fait face à un
scénario fort. La dette augmente de 22 000 000 000 $ en 1988 à 50
000 000 000 $ en 1998, suivant nos prévisions également. Il faut
aussi prévoir que le risque global de l'entreprise au cours des
prochaines années va être en croissance. Pourquoi? Parce que 52 %
de la croissance de nos ventes s'appliquent au secteur industriel. Le
bénéfice net aussi à 619 000 000 $ n'accorde que 8 % de
rendement sur les quelque 8 000 000 000 $ investis par les
Québécois. Il faut voir aussi qu'un tel niveau de rendement,
comme on l'a vu, permet à peine à l'entreprise de satisfaire ses
ratios financiers minima.
Ce bénéfice se compare au taux de 10 % à 11 % de
rendement au niveau des taux bancaires, et à celui de 13 % à 14 %
obtenu par les compagnies de services publics. Si Hydro-Québec cherche
à obtenir un rendement plus élevé que le rendement
minimum, c'est pour être en mesure de faire face aux aléas. Donc,
notre objectif c'est de rehausser le rendement sur l'avoir propre à 13 %
en vue de se constituer une marge de manoeuvre. Il est certain que, dans les
bonnes années où cette marge de manoeuvre n'est pas requise, une
partie de celle-ci peut être payée en dividendes à
l'actionnaire, comme dans n'importe quelle entreprise. Si l'on regarde le
passé, puisque c'est une politique qui a été
appliquée dans le passé, on voit qu'elle a fait ses preuves. On
voit qu'elle a permis à Hydro-Québec, dans les années 1979
à 1985, de passer à travers une récession, une chute
abrupte du dollar canadien, tout en évitant, aux consommateurs
québécois, les augmentations tarifaires supérieures
à celles de l'inflation.
On voit aussi, quand on regarde le futur, qu'on est en train de
reconstituer notre marge de manoeuvre, mais qu'on est très loin de ce
qu'on a connu dans le passé et qu'on est loin, également, de
notre objectif. Comment veut-on se constituer cette marge de manoeuvre
financière? Il y a la poursuite des efforts visant à
l'amélioration de la productivité, que ce soit dans la gestion de
la demande, la gestion de l'offre, de la dette, des interconnexions, de
l'exploitation, etc.; je vous fais grâce de l'énumération
des mesures spéciales qu'on prend à l'égard de chacun de
ces moyens. Il y a aussi le développement des marchés
d'exportation, par des ventes d'énergie et de puissance garantie, comme
on l'a vu antérieurement. C'est un marché très lucratif
pour Hydro-Québec. (11 h 45)
Enfin, le dernier moyen consiste en une politique tarifaire visant
à refléter nos coûts de fourniture. Les coûts de
fourniture, qu'est-ce que c'est? C'est l'ensemble des coûts
qu'Hydro-Québec doit encourir pour produire de
l'électricité: charge d'exploitation, d'intérêt,
d'amortissement et aussi rendement sur son avoir propre. Ces coûts
suivent généralement l'inflation, selon notre expérience
et d'après nos prévisions. Un des facteurs qui expliquent
l'augmentation prévue pour les prochaines années, c'est la mise
en service d'équipements, principalement d'équipements de pointe,
d'ici 1991 pour une somme de 7 000 000 000 $.
Les tarifs, à notre point de vue, doivent suivre également
l'inflation pour deux raisons: d'abord, si on ne le faisait pas, on se
trouverait à vendre l'électricité en bas du prix
coûtant, incluant un rendement normal sur le capital investi, et, ce
faisant, on inciterait à la surconsommation. Deuxième raison
aussi, c'est que, si l'on ne le faisait pas, ceux qui profiteraient du fait que
l'on ne charge pas le prix que cela coûte, ce sont ceux qui consomment
beaucoup. Ceux qui consomment beaucoup ce sont les grands utilisateurs, des
compagnies de pâtes et papiers, etc., mais ce sont aussi des
consommateurs domestiques. Dans le secteur domestique, ce n'est pas tout le
monde qui consomme les mêmes quantités
d'électricité, si bien que, si l'on
ne traduisait pas nos coûts, on avantagerait ceux qui consomment
beaucoup, et ces derniers sont parfois des gens dont le revenu est plus
élevé.
Donc, les tarifs doivent suivre nos coûts de fourniture et par
conséquent l'inflation, en vue de favoriser une meilleure
efficacité et une meilleure équité. Compte tenu de ce que
l'on prévoit faire au niveau de l'amélioration de la
productivité et également en ce qui concerne nos objectifs en
matière d'exportation, ce qu'il faut aussi avoir présent à
l'esprit c'est que cette politique est une condition nécessaire et
suffisante pour qu'Hydro-Québec soit en mesure de faire face à
l'ensemble de ses obligations dans les dix prochaines années. Donc,
comme Québécois, si l'on veut qu'Hydro-Québec passe
à travers son programme d'investissements, à travers l'ensemble
d'investissements en matière d'équipements de production et
l'ensemble des opérations qu'elle compte faire pour améliorer la
qualité de services et si l'on ne veut pas subir en moyenne des
augmentations supérieures à l'inflation, c'est la politique qu'il
faut appuyer. Encore là, c'est une politique qui a été
appliquée dans le passé. On voit très bien qu'elle a
permis une stabilité tarifaire, elle a fait ses preuves, puisque, si
l'on compare l'évolution du prix de l'électricité à
celle de l'inflation, on voit que depuis 1963 c'est presque la même
évolution et, si l'on compare cela à l'évolution du prix
du mazout et celui du gaz, on voit encore là que cela a
été beaucoup plus favorable du côté de
l'électricité.
Donc, il s'agit d'une politique qui favorise la stabilité des
tarifs, qui favorise, comme on l'a vu, l'efficacité de l'allocation des
ressources et également l'équité, tout en, comme je le
mentionnais, permettant à Hydro-Québec de se créer une
marge de manoeuvre financière qui lui permettra de faire face à
ses obligations d'une façon correcte dans les prochaines
années.
Il est important de revoir la question de l'interfinancement aussi.
Comme on le voit, c'est le secteur résidentiel qui ne couvre pas
entièrement ses coûts: coûts comprenant un rendement sur
l'avoir des actionnaires, alors que les tarifs P et M. (petite puissance et
moyenne puissance) font beaucoup plus que couvrir leurs coûts.
Compte tenu de cette problématique et de cette politique que je
viens d'évoquer, la proposition tarifaire d'Hydro-Québec de cette
année, comme vous le savez, comporte des hausses moyennes de 4,7 % des
tarifs. Par contre, cette hausse, en vertu de notre proposition, est
modulée de 3,6 % à 5,7 % en fonction de la couverture des
coûts. Il faut voir que 5,7 % par rapport à 3,6 % cela semble bien
important. Une personne qui chauffe à l'électricité, en
hiver, paie en moyenne 250 $ de facture d'électricité pour deux
mois. L'augmentation que l'on propose va augmenter sa facture de 14,76 $ soit
5,9 % d'augmentation. Par contre, si l'on suivait la politique d'augmenter le
tarif D à 4,7 %, il n'y aurait qu'une économie de 2,48 $ pour
deux mois pendant ces mois de grande consommation d'électricité
l'hiver. Donc, ce n'est pas quelque chose qui est énorme. Comme le
mentionnait M. Drouin, cette politique, en fait, est compatible avec une
réduction de î'interfinancement de moitié pour les dix
prochaines années.
En conclusion, à l'égard de la question de la santé
financière de l'entreprise, elle est sur la bonne voie, il faut, par
contre, poursuivre plus avant compte tenu des sommes que l'entreprise doit
engager pour les prochaines années. Les politiques passées en
matière de marge de manoeuvre financière et tarifaire ont fait
leur preuve et Hydro-Québec se propose de les poursuivre. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. Delisle. M.
le ministre.
Période de questions
M. Ciaccia: Merci, Mme la Présidente. Toute la question de
la tarification et de l'interfinancement, d'après notre calendrier, je
crois que nous allons la discuter demain. Donc, demain nous pourrons
préciser la définition de "coûts de fourniture" qui inclut
un profit de 13 %. Nous allons préciser "rendement" qui inclut le
bénéfice et un profit sur chaque catégorie d'usagers et
nous allons pouvoir clarifier, pour la population, exactement ce que ces
différentes catégories d'usagers représentent en termes de
rendement et en termes de coût de fourniture qui inclut, d'après
Hydro-Québec, un rendement hypothétique de 13 % que vous n'avez
pas.
M. Drouin: Exact.
Plan de développement Pannes sur le territoire
québécois
M. Ciaccia: Pour le moment, on va commencer avec la
qualité du service. , Le plan de développement, -je crois, est
attendu avec impatience par la population, spécialement en ce qui
concerne le problème de la qualité du service et les pannes qu'on
a connues durant la dernière année. En tant que ministre
responsable, j'estime qu'il s'agit là d'une question de toute
première importance. Nous avons déjà fait savoir
publiquement notre position dans le cadre de la politique
énergétique et, en plus, nous avons discuté avec vous,
Hydro-Québec, sur les moyens à prendre pour améliorer la
qualité du service et les recommandations ayant trait au réseau
de distribution. Je constate que votre plan de développement propose des
mesures de redressement en plus de consacrer des montants importants à
l'amélioration du réseau. Pour le bénéfice des
membres de cette commission et celui de la population qu'elle
représente, pourriez-vous détailler les mesures
déjà prises, préciser les
correctifs envisagés et surtout expliciter les résultats
escomptés?
M. Drouin: Vous avez raison de dire, M. le ministre, que c'est
notre préoccupation importante dans le plan de développement
1989-1991. Je demanderai donc au président et chef de Exploitation de
développer la question. Il est assisté de M. Jean-Claude Roy,
vice-président à la production, au transport et à la
distribution, et, à sa droite, M. Gilles Béliveau,
vice-président exécutif à l'exploitation
régionale.
La Présidente (Mme Bélanger): Donc, M.
Claude Boivin.
M. Boivin (Claude): On a eu l'occasion, au cours des trois ou
quatre derniers mois, de parler abondamment de la qualité du service, de
parler également de la problématique des pannes. Si vous me le
permettez, pour le bénéfice des membres de la commission, je
voudrais peut-être faire un bref historique, c'est-à-dire faire
vraiment un état de la situation sur les statistiques des pannes. Pour
être certain qu'on se comprenne bien, lorsqu'on parle des pannes, je
ferai la distinction au chapitre des pannes causées par le réseau
de transport contre les pannes causées par le réseau de
distribution dans le sens que ces pannes n'ont pas le même impact, ne se
produisent pas de la même façon, et également au chapitre
des correctifs que nous entendons apporter pour les années qui viennent;
ce sont deux types de correctifs différents. Le réseau de... Oui,
M. Claveau.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Si vous le permettez, M. Boivin, afin qu'on puisse
bien suivre les distinctions que vous venez d'établir, quant aux
différentes sortes de pannes et les niveaux de pannes, est-ce qu'il
serait possible de nous déposer tout de suite le tableau qui a
été présenté tout à l'heure?
M. Boivin: Oui, je vais y revenir. On peut le faire
déposer également à la photocopie, mais je vais les faire
projeter de nouveau tantôt sur les écrans, si vous me le
permettez.
M. Claveau: D'accord.
M. Boivin: Le réseau de transport, tout d'abord, pour bien
se comprendre, c'est le réseau à 735 kV, qui amène
l'énergie des grandes centrales de la Côte-Nord ou de la Baie
James, vers les centres de consommation que sont Montréal et
Québec, tandis que le réseau de distribution, c'est le
réseau à basse tension, qu'on retrouve dans toutes les rues, le
long des routes, le long des rangs de campagne, qui, à partir du
réseau de transport, amène l'électricité
directement vers les consommateurs dans toute la province.
Si vous me le permettez, je vais demander qu'on projette la diapositive
A-103, c'est-à-dire celle qui représente le tableau de la page 47
du plan de développement. Cette diapositive fait état de
l'historique des pannes totales des réseaux d'Hydro-Québec et,
malheureusement, je vois qu'il y a une couleur qui ne ressort pas très
bien.
Une voix: Le bleu. M. Boivin: Le bleu. Une voix:... Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Boivin: Je vous assure que c'est tout à fait par
hasard.
Cette diapositive montre quand même - vu qu'elle n'est pas bonne,
vous pouvez vous référer à la page 47 du plan de
développement, vous avez le même graphique - les statistiques
générales de toutes les pannes qui ont affecté la
clientèle au cours des années. Cela inclut aussi bien les pannes
du réseau de transport que celles du réseau de distribution. Si
l'on remarque, à compter de 1981, en excluant l'année 1983, qui
était l'année d'un verglas exceptionnel, on remarquera qu'en fait
le niveau des pannes se situait aux environs de 35 000 par année. De ces
pannes, il y a des interruptions qui sont programmées, soit la partie du
bas, qui est en vert sur les diapositives projetées. Ce sont les pannes
programmées, c'est-à-dire les interruptions de courant
volontaires provoquées par Hydro-Québec pour effectuer des
travaux sur le réseau. La partie supérieure du graphique nous
montre révolution des pannes fortuites, causées par des
intempéries ou des bris d'équipement. On remarquera qu'à
compter de 1984, avec le début du programme d'amélioration de la
qualité du service, la tendance du taux de pannes s'est située
à la baisse jusqu'en 1986. Malheureusement, en 1987 et 1988, il y a eu
une inversion de cette tendance, et nous avons connu, en fait, en 1988, un
sommet avec environ 46 000 pannes sur nos réseaux.
Nous allons maintenant demander de projeter la diapositive A-101, pour
revenir, non pas à la problématique générale des
pannes, mais à la problématique particulière des pannes
sur le réseau de distribution. La diapositive A-101, s'il vous
plaît. Ce sont des bâtonnets. On a un problème de... Si vous
le voulez, vous allez me donner A-102, qui donne les causes d'augmentation du
nombre des pannes. Comme je l'ai mentionné tantôt, pour ce qui est
de la tendance, vous avez remarqué sur la diapositive
précédente, qu'il y a une augmentation importante du nombre des
pannes en 1987 et 1988. J'aimerais situer les principales causes de l'aug-
mentation de ces pannes au cours de ces deux années. La
diapositive que je vous projette présentement nous donne, par
catégorie de causes de pannes, le pourcentage causé par chacun de
ces facteurs. (12 heures)
On voit dans la partie inférieure de la diapositive, ou de la
tarte que nous avons là, que 61,2 % de l'augmentation du nombre de
pannes en 1987 et 1988 a été causée, soit par des branches
d'arbres ou par des intempéries. 25 % de l'augmentation a
été causée pas des bris d'équipement et des
surcharges sur le réseau. Quand je parle de bris d'équipement, ce
sont principalement des problèmes reliés à des
para-foudres, des interrupteurs, des petits conducteurs surchargés et
à des surcharges générales dues à l'augmentation de
la consommation. On verra qu'il y a 13,8 % des augmentations du nombre de
pannes dues à d'autres causes. Souvent, ces cas dont dus à des
causes inconnues, causés par des véhicules, causés par des
animaux, notamment des écureuils qui, de façon
régulière, dans certains secteurs causent des interruptions de
service, par exemple. En ce qui concerne le réseau de distribution, cela
nous donne les principales causes qui ont amené une augmentation du
nombre des pannes au cours des années 1987 et 1988.
Maintenant, il faut dire que cette augmentation du nombre des pannes ne
s'est pas produite de façon uniforme dans tous les secteurs ou dans
toutes les régions de la province. Il y a un certain nombre de points
chauds, de points de surcharge, dans le réseau de distribution où
la qualité du service s'est détériorée plus
qu'ailleurs, effectivement. En général, ces points chauds
coïncident avec les endroits où nous avons connu les hausses de
consommation ou les hausses de charge les plus importantes au cours des
dernières années - pour les nommer rapidement - notamment dans
certains secteurs de l'île de Montréal et surtout dans le secteur
de réseaux souterrains, à Montréal. Nous avons
également des problèmes assez importants dans certains secteurs
de la rive sud de Montréal et dans certains coins des Cantons de l'Est.
Nous avons des faiblesses dans les Hautes-Laurentides et également dans
la ville de Québec en ce qui concerne les réseaux
souterrains.
Programmes d'amélioration de la qualité
du service
Au chapitre des programmes que nous allons mettre en place pour
améliorer la qualité du service en distribution, soit les 704 000
000 $ qui seront dépensés au cours des sept prochaines
années au rythme d'environ 100 000 000 $ par année, en
priorité, nous allons nécessairement, commencer par tenter de
corriger la situation aux endroits où il y a des surcharges ou aux
endroits où il y a des points chauds dans le réseau de
distribution. À titre d'exemple, je pourrais vous montrer les
principales régions où nous allons dépenser ces 704 000
000 $. Je vous demanderais la diapositive A-109. Vous allez voir, sur la
diapositive, dans le coin inférieur, que l'on retrouve les 704 000 000 $
de dépenses que représente le programme d'amélioration de
la qualité du réseau de distribution. Vous verrez que nous avons
morcelé les dépenses dans le secteur des immobilisations et dans
le secteur de l'exploitation, particulièrement à l'entretien.
Cette diapositive vous donne le "break down" de ces dépenses par
région administrative d'Hydro-Québec. Vous verrez que l'île
de Montréal, avec 198 000 000 $, va recevoir la plus large part de ce
programme. Dans la région des Laurentides, particulièrement dans
les Hautes-Laurentides - je vous ai mentionné tantôt que
c'était l'un des points chauds que nous avions sur le réseau -
nous allons consacrer 181 000 000 $, sur la rive sud de Montréal et dans
les Cantons de l'Est, 90 000 000 $ et, dans la région de Québec,
83 000 000 $. Ces quatre régions, qui représentent
peut-être les points les plus difficiles de notre réseau
présentement, recevront donc plus de 75 % des investissements
prévus par le programme d'amélioration de la qualité du
réseau de distribution. On remarquera ensuite qu'un montant substantiel
est consacré à la région de l'Abitibi, un montant de 35
000 000 $ pour la région de la Mauricie, un montant de 27 000 000 $ pour
la région de la Matapédia, qui comprend le Bas-du-Fleuve et la
Gaspésie, ainsi qu'un montant de 24 000 000 $ pour le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, alors qu'il n'y a que 3 000 000 $ pour la
région de la Manicouagan, sur la Côte-Nord.
Maintenant, pour ce qui est de l'objectif. Vous nous avez demandé
quel était l'objectif que nous visions par l'amélioration de la
qualité du service. Je pourrais peut-être vous montrer la
diapositive A-120 qui donne l'état de la situation actuelle et
l'objectif que nous nous fixons à court terme. Je pourrai vous
entretenir également de l'objectif que nous nous fixons à moyen
terme.
Ici, il s'agit de l'indice de continuité du service,
c'est-à-dire le nombre d'heures d'interruption par client par
année, qui est le principal indice de continuité de service que
nous utilisons. Nous remarquons que nos résultats de 1988 nous ont
amenés, en ce qui concerne le réseau de distribution, à un
indice de continuité de 9,1. La moyenne historique des années
1981 à 1986 se situait à 5,5. L'objectif à court terme que
nous nous fixons, c'est-à-dire au cours des deux prochaines
années, en apportant les correctifs les plus urgents au réseau,
est de revenir à la moyenne historique de 1981 à 1986, à
5,5. Il est évident que sur un horizon 1995, alors que nous aurons
dépensé entièrement les montants d'argent prévus,
soit 704 000 000 $, nous devrions revenir à un indice de
continuité d'environ 4 ou 4,5, ce qui, à ce moment-là, se
comparerait à l'indice de continuité général de la
moyenne canadienne.
M. Ciaccia: Au cours des deux prochaines années, vous
allez réduire de moitié ou presque, d'après ces
chiffres.
M. Boivin: Ou presque de moitié. En fait, passer d'une
mauvaise année comme 1988 où nous avons eu 9,1 - c'est vraiment
une année, je ne sais pas si on devrait dire record car ce ne sont pas
des records enviables - à 5,5, qui est une performance qu'on a connue
dans la période de 1981 à 1986.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a des régions
particulières où vous avez des priorités ou est-ce que
vous faites ça de façon générale, dans toutes les
régions? Tout à l'heure, vous avez donné une liste.
M. Boivin: II est évident que nous allons donner
priorité aux endroits où il y a des surcharges sur le
réseau, aux endroits où il faut amener de nouveaux circuits pour
absorber les augmentations de charge que nous avons connues, tout en maintenant
des réserves adéquates. En fait, on a réussi, au cours des
dernières années, à absorber des augmentations de charge
considérables, mais souvent au détriment de notre capacité
de réserve. C'est ce qu'il faut rétablir en priorité au
cours de 1989 et 1990.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
d'Ungava, est-ce que vous avez des questions?
M. Claveau: Oui, M. le Président. Par rapport au montant
qui avait été annoncé l'an dernier, et ce qui devait
être investi dans l'entretien normal... Avant même les grosses
pannes du mois d'avril, on se souvient que même le ministre nous avait
parlé de sommes additionnelles pour l'entretien du réseau.
Où sont ces sommes d'argent dans les montants que vous nous annoncez
aujourd'hui? Est-ce qu'ils sont inclus ou est-ce que ce sont vraiment des
montants en surplus qui sont annoncés au moment où on se
parle?
M. Boivin: Comprenons-nous bien. Le montant de 704 000 000 $ dont
on vient de parler est un montant qui concerne exclusivement le réseau
de distribution. Jusqu'à ce moment-ci, je n'ai pas parlé des
investissements qui sont orévus, soit 1 300 000 000 $, pour le
réseau de :ransport. En ce qui concerne nos réseaux de
distribution, le montant de 704 000 000 $, que nous entendons investir,
au-delà du rythme normal d'investissements historiques que nous
maintenons dans les réseaux de distribution, ■eprésente un
nouveau programme qui n'était nclus d'aucune façon dans le plan
de développement de 1988, c'est-à-dire dans le plan de l'an
dernier.
M. Claveau: D'accord. Si on inclut ce qui §tait prévu
comme entretien normal, quel serait le total des montants d'argent disponibles
pour investir dans le réseau de distribution?
M. Boivin: Pour ce qui est du réseau de distribution, avec
les investissements de 704 000 000 $, à un rythme additionnel d'à
peu près 100 000 000 $ par année, au cours des prochaines
années, les investissements totaux en immobilisations dans le
réseau de distribution seront supérieurs à 500 000 000 $
par année, sans compter les montants d'argent qui sont utilisés
pour fins d'entretien et d'exploitation, il faut faire la distinction entre les
immobilisations dans le réseau et les montants d'argent
dépensés pour l'exploitation du réseau.
M. Claveau: Vous dites qu'il y aura un investissement de 100 000
000 $ par année; pendant combien d'années? Sur les sept ans qui
sont prévus là ou...
M. Boivin: Si vous voulez les prévisions relatives aux
investissements au cours des trois prochaines années dans le
réseau de distribution - attendez que je retrouve la bonne page dans le
plan de développement - nous avons dans le plan de développement
les prévisions relatives aux investissements en distribution. Je vous
réfère à la page 140 du plan de développement
où nous donnons, pour chacune des grandes catégories
d'investissements, les investissements prévus. Vous verrez qu'au
chapitre du réseau de distribution, pour l'année 1989, nous avons
un budget d'immobilisations et nous prévoyons un investissement total de
539 000 000 $; en 1990, de 609 000 000 $ et, en 1991, de 665 000 000 $. Ce sont
les sommes investies en immobilisations. Cela ne comprend pas l'argent qui est
utilisé pour fins d'exploitation et d'entretien du réseau de
distribution.
M. Claveau: D'accord. Ce sont les sommes qui sont investies pour
le rallongement, pour de nouveaux raccords, le développement de nouveaux
quartiers résidentiels, des connexions pour de nouveaux édifices,
etc. Cela comprend tous les ajouts au réseau actuel.
M. Boivin: Cela comprend également la portion annuelle de
704 000 000 $ additionnels que nous prévoyons investir. Elle est incluse
dans ces prévisions. Il y a à peu près 100 000 000 $ qui
proviennent du programme spécial d'amélioration de la
qualité du service.
M. Claveau: D'accord. Est-ce que ça comprend aussi le
programme de réseau souterrain qui avait été
élaboré en 1983 entre la ville de Montréal et
Hydro-Québec et qui devait s'échelonner sur cinq ans?
M. Boivin: C'est exact. Cela comprend la poursuite du programme
de reconstruction du réseau souterrain du centre-ville de
Montréal qui
avait été amorcé en 1982 ot qui devait se terminer
vers les années 1992-1993. Ce programme accuse présentement un
retard d'à peu près deux ans que nous allons tenter de rattraper
au cours des prochaines années.
M. Claveau: Est-ce que vous pouvez nous expliquer les raisons de
ce retard?
M. Boivin: En ce qui concerne la reconstruction du réseau
souterrain du centre-ville, vous comprendrez que de reconstruire un
réseau souterrain entier dans un centre-ville comme celui de
Montréal représente un certain nombre de problèmes. il! y
a un certain nombre de problèmes de coordination parce que la
reconstruction des canalisations se fait par la Commission de services
électriques. Il y a un certain nombre de problèmes internes
à Hydro-Québec quant à la disponibilité de la
main-d'uvre pour faire travailler à la reconstruction de
réseaux dans une période où le taux de croissance de la
charge est extrêmement élevé. !! s'agit d'une
période où il faut consacrer en priorité nos ressources
à l'alimentation des nouvelles charges plutôt qu'à la
reconstruction de réseaux, ce qui fait que nous avons marqué un
certain retard dans le programme de reconstruction du réseau souterrain
de Montréal, retard que nous allons rattraper au cours des années
qui viennent. Est-ce que ça répond à votre question?
M. Claveau: Oui, dans un premier temps. On aura peut-être
l'occasion de revenir là-dessus au cours de l'après-midi parce
qu'on va continuer avec le même sujet en début
d'après-midi. Dans le tableau que vous venez de nous présenter,
vous dites que votre objectif de retour à une situation normale comprend
un indice de 5,5 de continuité de service. À quel moment? Pour la
fin du programme, soit sept ans, ou si on devrait voir une amélioration
sensible au cours de l'année prochaine ou de cette année?
M. Boivin: Comme je vous l'ai mentionné, l'objectif de 5,5
que je vous ai présenté tantôt est un objectif à
court terme, donc, à l'intérieur de l'horizon du plan, soit au
cours des deux prochaines années, ou deux années et demie. Nous
sommes d'avis, compte tenu de la "priorisa-tion", que nous ailons être
capables rapidement de revenir au niveau historique des années
récentes.
Je vous ai également indiqué que, sur l'horizon 1995 du
programme de 704 000 000 $, nous nous sommes fixé l'objectif d'abaisser
cet indice de continuité de 5,5 à environ 4 ou 4,5, ce qui se
comparerait à la moyenne des services publics ou des
sociétés d'électricité canadiennes.
M. Claveau: D'accord. J'essaie de comprendre la façon dont
vous allez gérer ces affaires, c'est-à-dire la distribution dans
le temps. Vous avez indiqué les priorités en ce qui concerne
Montréal, 198 000 000 $; Laurentides, 181 000 000 $; rive-sud, 90 000
000 $; Québec, 83 000 000 $. Est-ce que ça veut dire qu'au cours
de la première année, si vous avez un montant
supplémentaire prévu de 100 000 000 $, vous allez l'investir
massivement, par exemple, dans la région de Montréal? Vous allez
investir le montant de 100 000 000 $ au complet au cours de la première
année - et les autres régions attendront - ou s'il va y avoir une
répartition échelonnée au pourcentage du montant de 100
000 000 $ dans chacune des régions?
M. Boivin: Vous comprendrez, M. le député, que les
investissements sont répartis dans chacune des régions, à
chaque année. Même si on voulait dire que la première
année on va mettre tout l'argent, par exemple, dans le réseau de
Montréal, ce serait impossible parce qu'on ne veut pas transférer
toutes nos ressources d'une région à l'autre, dans toute la
province. On peut effectuer un certain rééquilibre de nos
ressources mais rien de draconien, parce que nous avons besoin de personnel d
exploitation dans toute la province. (12 h 15)
Donc, comme je vous l'ai indiqué, l'accélération
des investissements au cours des années qui viennent sera faite selon la
répartition géographique que je vous ai montrée
tantôt, et cela, à chaque année. L'accent ne sera pas mis,
disons, particulièrement à Montréal, pour la
première année et, pour la deuxième année, à
Québec. En fait, nous allons travailler dans toutes les régions
de la province, dès l'année 1988, à la modernisation de
notre réseau de distribution.
M. Claveau: Pour être plus précis quant au
réseau de transport, même s'il n'a pas encore été
question de chiffres, vous nous avez parlé du réseau de 735 kV
comme étant le réseau de transport. Je pense que c'est le nerf
principal. Comprenez-vous aussi dans le réseau de transport les 161
kVetles315kV?
M. Boivin: C'est exact. En fait, dans notre jargon, c'est ce
qu'on appelle un réseau de répartition. Mais, globalement, pour
fins de présentation ici, on a fait une distinction entre le
réseau de distribution et le réseau de répartition et de
transport.
M. Claveau: L'argent investi dans le réseau de
distribution, peut-on s'imaginer que ça va commencer autour des 25
kV?
M. Boivin: C'est exact. M. Claveau: D'accord.
M. Boivin: D'ailleurs, on a changé un peu cette
présentation. Vous vous souviendrez que l'an dernier, en commission
parlementaire, il y
avait eu confusion entre les investissements du réseau de
distribution et de répartition qui étaient inclus. Cette
année, on les a séparés pour qu'il n'y ait pas de
confusion.
M. Claveau: D'accord. Vous n'avez pas trouvé la
diapositive exprimant le graphique qu'on voit en page 48 sur la distribution
entre le réseau de transport et le réseau de distribution, la
répartition du nombre de pannes. Allez-vous revenir
là-dessus?
M. Boivin: On va profiter de l'heure du déjeuner pour
faire une recherche intensive dans les caroussels. On pourra vous la projeter
au cours de l'après-midi.
M. Claveau: Est-ce que c'est le même tableau qu'on a en
page 48?
M. Boivin: C'est le même tableau, mais
présenté de façon différente. Ce sont les
mêmes chiffres présentés sous forme de bâtonnets,
donc peut-être de façon un peu plus explicite.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Saint-Maurice.
M. Lemire: M. Boivin, en ce qui concerne les pannes au
réseau de distribution, j'aimerais savoir comment Hydro-Québec se
compare aux autres provinces canadiennes et aux États voisins
américains? Pourriez-vous peut-être faire des comparaisons?
M. Boivin: Si vous voulez m'accorder seulement 30 secondes pour
retrouver les données. Tout d'abord, comprenons-nous bien. Nous parlons
de l'indice de continuité pour le réseau de distribution. Pour
utiliser le même jargon d'indice de continuité que j'ai
utilisé tantôt, vous avez remarqué qu'au Québec
l'année 1988 a été très mauvaise, et nous avons eu
9,1 heures d'interruption par client. Nous visons 5,5 à court terme et
environ 4 à moyen terme. La moyenne des entreprises canadiennes, par
exemple, à titre d'exemple, en 1986, se situait à 4. Maintenant,
j'aimerais attirer votre attention sur le fait que faire une comparaison
directe de la moyenne de l'indice de continuité de service entre des
entreprises canadiennes et Hydro-Québec n'est pas nécessairement
une comparaison qui est valable. C'est une comparaison intéressante, que
nous faisons, d'ailleurs, de manière régulière
nous-mêmes, mais qui n'est pas absolument valable parce qu'au Canada, le
Québec - et ce n'est pas la seule région - représente
l'une des régions où les conditions climatiques sont les plus
sévères.
Compte tenu de cette problématique, il serait normal que l'indice
de continuité de service au Québec soit légèrement
inférieur. Je dis bien légèrement. Je ne vous dis pas que
les 9,1 heures-client que nous connaissons actuelle- ment sont normales et
satisfaisantes. Mais je dis qu'il serait probablement normal et acceptable que
l'indice de continuité de service au Québec soit
légèrement inférieur à la moyenne canadienne parce
que quand on prend, par exemple, une ville comme Montréal et qu'on fait
une comparaison avec Vancouver, on n'obtient pas les mêmes
résultats, le climat à Vancouver n'étant pas le même
qu'à Montréal.
M. Lemire: Lorsque Hydro-Québec fait des comparaisons,
malgré le climat... Je sais bien qu'à Vancouver il y a moins de
tempêtes de neige, il y a moins de verglas, mais, comme on a connu des
pannes et des interruptions majeures au Québec, je voulais savoir:
Est-ce qu'on fait le même calcul?
M. Boivin: Fondamentalement, oui, et les statistiques sont
accumulées par l'Association canadienne de l'électricité.
Au cours des dernières années, des efforts importants ont
été déployés pour tâcher de normaliser la
façon d'obtenir les données, ce qui n'était pas le cas au
cours des années soixante-dix. Depuis les quatre ou cinq
dernières années, lorsque nous comparons les données,
elles sont valables, mais je devrais spécifier les données qui
sont effectivement compilées par l'Association canadienne de
l'électricité. Je peux vous donner, à titre d'exemple,
l'Ontario; c'est l'Association canadienne de l'électricité qui
compile les données fournies par Hydro-Ontario. Maintenant, on sait
qu'Hydro-Ontario alimente en Ontario les clients du secteur rural, mais
n'alimente pas, au niveau de la distribution, par exemple la ville de Toronto.
C'est la société Toronto-Hydro qui fait la distribution et les
statistiques des réseaux municipaux, que ce soit en Ontario ou ailleurs
au Québec, ne sont pas incluses dans les statistiques de l'Association
canadienne de l'électricité.
Une voix: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Mme la Présidente, est-ce que l'on retrouve
quelque part, dans le plan de développement, le tableau indiquant le
niveau réel des dépenses en entretien du réseau de
distribution depuis 1981, puisque c'est la référence qu'on a
utilisée tout à l'heure?
M. Boivin: Vous me parlez des dépenses d'entretien et
d'exploitation?
M. Claveau: Oui. Celles que l'on retrouve actuellement dans les
500 000 000 $ dont on parlait tout à l'heure.
M. Boivin: Concernant les immobilisations, non, parce qu'U faut
toujours faire la distinction, pour bien se comprendre, entre l'argent que
nous dépensons en entretien et exploitation et l'argent que nous
dépensons dans les investissements. Vous me demandez
spécifiquement...
M. Claveau: En termes de référence, pour savoir de
quoi on parle exactement, tout à l'heure vous m'avez donné un
tableau où il était question des dépenses dans les trois
prochaines années: 500 000 000 $ ou 600 000 000 $ cette année et
l'année prochaine.
M. Boivin: Comment cela se compare-t-il à
l'historique?
M. Claveau: Comment cela se compare-t-il à l'historique?
Je suppose que vous devez avoir un tableau ou des notes comparatives quelque
part.
M. Boivin: J'ai certainement cela quelque part. Malheureusement
Je n'ai pas de diapositives à projeter, mais je peux vous citer,
à titre de référence, les chiffres de comparaison pour les
années... Peut-être que remonter dix ans en arrière, c'est
un peu trop loin. Est-ce que cela vous satisfait depuis 1982?
M. Claveau: Oui, on peut commencer par 1982.
M. Boivin: Alors, en 1982, les dépenses d'immobilisations
reliées au réseau de distribution d'Hydro-Québec se sont
chiffrées à 247 700 000 $; en 1983, à 229 800 000 $; en
1984, à 275 000 000 $; en 1985, on voit vraiment l'effet du début
avec 358 000 000 $; en 1986, 342 000 000 $; en 1987, 346 000 000 $ et en 1988,
400 000 000 $.
M. Claveau: 400 000 000 S pour nous amener en 1989
à...
M. Boivin: 539 000 000 $, tel qu'indiqué au tableau 10.2
de la page 140 du plan et à 609 000 000 $ en 1990 et à 665 000
000 $ en 1991.
M. Claveau: D'accord. En ce qui a trait à la longueur du
réseau sur lequel on a travaillé, depuis 1982 jusqu'à
1988, il y a sûrement eu des augmentations, des ajouts, à la
longueur du réseau. Pouvez-vous nous dire aussi dans quel pourcentage on
pourrait évaluer cela parce que c'est beau de rajouter de l'argent mais,
si on a un plus grand nombre de réseaux à entretenir, ça
en fait peut-être moins par kilomètre de ligne?
M. Boivin: Actuellement, le réseau de distribution
d'Hydro-Québec comprend approximativement 92 000 kilomètres de
réseau primaire, c'est-à-dire de réseau à 25 kV.
Maintenant au chapitre des taux d'accroissement, je vais demander, si vous le
voulez, à M. Camille Gaudreault, directeur de la distribution, de vous
répondre. Il possède sans doute de façon plus
complète ce genre de données.
M. Ciaccia: Le député semble être
étonné du fait que vous dépensez plus d'argent depuis 1985
pour le réseau qu'auparavant.
M. Claveau: Cela ne m'étonne pas, le programme PAQS n'a
pas été une émanation libérale, à ma
connaissance.
M. Ciaccia: Il aurait donc voulu que vous disiez que vous
dépensez moins, mais malheureusement...
M. Claveau: Non, c'est le programme PAQS? qui a fait la
différence et ce n'est pas vous qui l'avez créé, à
mon avis.
M. Ciaccia: Non plus. C'est Hydro-Québec.
M. Boivin: Je vais répondre à la question que vous
posez. Vous nous demandiez quelle a été l'augmentation des
longueurs du réseau de distribution. De 1981 à 1986, la longueur
du réseau de distribution moyenne tension a augmenté de 6,5 % en
kilométrage pour se situer, aujourd'hui, comme je l'ai mentionné,
à environ 92 000 kilomètres et cette augmentation s'est
répartie comme ceci. Nos réseaux aériens ont pris de
l'extension, passant à 4,2 % alors que nos réseaux souterrains
ont augmenté en longueur de 59,6 %. On peut voir qu'au cours des
dernières années, il y a eu une tendance très forte
à l'augmentation de la distribution du côté souterrain.
M. Claveau: Ce qui est probablement beaucoup plus coûteux
à l'unité de kilomètre que le réseau
aérien.
M. Boivin: C'est de six à huit fois plus coûteux que
la distribution aérienne.
M. Ciaccia: Dans la construction.
M. Boivin: Dans la construction, pour ce qui est des
immobilisations.
M. Claveau: Cela fait partie des coûts d'immobilisation.
Toute la construction du souterrain fait partie des coûts
d'immobilisation.
M. Boivin: C'est exact.
La Présidente (Mme Bélanger): Une dernière
question, avec une réponse très brève.
M. Claveau: Je vais prendre ces chiffres pour l'instant, et on
pourrait peut-être se revoir à 14 heures.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
M. Drouin: Mme la Présidente, avec votre
permission, est-ce qu'on pourrait déposer la photocopie des
diapositives qui ont été projetées par M. Delisle?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M.
Drouin, vous pouvez en faire le dépôt, et nous allons la
distribuer aux membres de la commission.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 14 heures, mais je
tiens à informer tous les participants à cette commission que cet
après-midi nous nous réunirons au salon rouge, à 14
heures.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 14 h 13)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux en
poursuivant l'étude de la proposition tarifaire d'Hydro-Québec
pour l'année financière 1989. Lors de la suspension des travaux,
nous en étions à la discussion de la qualité du service.
M. Ciaccia.
M. Drouin: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. Drouin.
M. Drouin: ...avec votre permission et la permission de la
commission, M. Boivin aimerait apporter quelques corrections à des
chiffres qui ont été fournis ce matin.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord, mais
j'aimerais faire une petite remarque. Les membres de la commission auraient
beaucoup de questions à poser et j'aimerais que les réponses
soient un peu plus brèves, si c'est possible. M. Boivin.
M. Boivin: Ce sont des ajouts ou des compléments aux
chiffres que j'ai fournis ce matin. Ce qu'on peut faire, à ce
moment-là plutôt que de les revoir ici, on peut vous offrir
d'avoir recours rapidement aux services du secrétariat de la commission,
de les faire dactylographier et de lesdéposer à la
commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce serait une
très bonne idée.
M. Boivin: Tout simplement pour vous expliquer, que les chiffres
que j'ai donnés ce matin, en ce qui concerne le réseau de
distribution, excluaient, pour les années 1984 à 1987, les
dépenses du programme d'amélioration de la qualité du
service. Donc, ils étaient incomplets en ce qui concerne la partie de la
distribution.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
M. Ciaccia: Mme la Présidente, je n'aurais pas d'objection
si M. Boivin voulait prendre quelques minutes pour nous donner les chiffres
additionnels.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. Je pense qu'on
peut prendre le temps de donner les chiffres.
M. Ciaccia: On n'aurait pas d'objection à ce que vous
preniez quelques minutes pour nous donner les chiffres additionnels.
M. Boivin: En fait, pour les années 1982 et 1983, je vous
avais donné 248 000 000 $ et 230 000 000 $, c'est exact. Pour les
années 1984 et suivantes, en 1984, il faut ajouter 40 000 000 $, ce qui
fait passer le total à 315 000 000 $; en 1985, il faut ajouter 95 000
000 $, ce qui fait passer le total à 453 000 000 $; en 1986, il faut
ajouter 85 000 000 $, ce qui fait passer le total à 427 000 000 $; en
1987, il faut ajouter 102 000 000 $, ce qui fait passer le total à 448
000 000 $; et, en 1988, on ajoute 40 000 000 $, ce qui fait passer le total
à 426 000 000 $. Ensuite, en 1989, on a 429 000 000 $ en distribution
parce que le chiffre de 539 000 000 $ pour les années 1989 et suivantes,
au tableau 10.2 de la page 140 du plan, inclut également les
dépenses de répartition. Donc, pour la distribution pure, les
chiffres pour les années 1989, 1990 et 1991 sont respectivement de 429
000 000 $, 463 000 000 $ et 469 000 000 $. Si vous me le permettez, on va les
faire dactylographier immédiatement et on va les déposer à
la commission.
M. Ciaccia: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Très bien, M.
Boivin.
M. Ciaccia: Mme la Présidente, je crois qu'il était
important, pour les fins du Journal des débats, d'avoir les
montants exacts qu'Hydro-Québec avait mis à la disposition de ces
programmes, plutôt que de seulement distribuer la liste ou les chiffres
aux membres de la commission.
Ce matin, on a parlé, M. Boivin, du réseau de
distribution. Vous nous avez fait part des sommes additionnelles, des mesures
qu'Hydro-Québec prenait pour améliorer le réseau de
distribution dans toutes les différentes régions et dans les
différents secteurs d'exploitation.
Je voudrais, pour un instant, passer au réseau de transport. Au
cours de l'année 1988, le réseau de transport a été
la cause d'une panne générale et de trois autres pannes. Dans un
premier temps, pourriez-vous identifier les gestes posés depuis ces
événements et aussi faire connaître le plan d'action que
vous entendez
mettre de l'avant, au cours des années à venir, en ce qui
concerne le réseau de transport?
M. Boivin: Certainement. Pour ce qui est du réseau de
transport, comme on l'avait signalé ce matin dans la présentation
de M. Delisle, lorsqu'on a montré les courbes à bâtonnets
qui indiquaient la performance du réseau de transport depuis 1971, on a
indiqué qu'on a eu, malheureusement, le 18 avril 1988, une panne
générale et, également, aux mois d'août et de
novembre 1988, des télédélestages, c'est-à-dire des
problèmes d'automatismes qui ont fait qu'environ 20 % de la charge du
réseau ont été délestés pendant une
période de 30 minutes à une heure.
Dans le cas de ces pannes, particulièrement au plan des
automatismes ou de certaines déficiences des systèmes de
relève, je peux indiquer dès maintenant aux membres de cette
commission que les correctifs appropriés concernant ces malheureux
incidents ont été apportés au cours de l'année
1988. Maintenant, pour ce qui est de la performance générale du
réseau de transport, il est évident, comme on l'a
déjà indiqué à de nombreuses reprises, que notre
réseau de transport a été conçu selon des
critères de performance qui sont différents de ceux des
réseaux auxquels nous sommes interconnectés, donc,
critères de performance qui font que la fiabilité de notre
réseau n'est pas aussi bonne, si on veut, ou encore n'offre pas les
mêmes garanties de ne pas avoir de panne générale au
Québec que celles qu'on pourrait retrouver sur des réseaux
voisins.
Et, à ce sujet-là, nous avions indiqué l'an
dernier, en commission parlementaire, que des études étaient en
cours pour revoir les critères de conception de notre réseau de
transport et que nous envisagions que la révision de ces critères
représenterait des investissements de l'ordre de 600 000 000 $. Les
études se sont poursuivies de façon très intensive au
cours de l'année 1988 et, aujourd'hui, la conclusion finale de ces
études-là s'en vient. Des décisions finales seront prises
et quelques-unes ont même déjà commencé à
être prises, de sorte qu'en ce qui a trait à la révision
des critères de performance de notre réseau de transport nous
envisageons maintenant des investissements de l'ordre de 850 000 000 $
plutôt que les 600 000 000 $ auxquels nous avions fait
référence l'an dernier.
De plus, en vue d'augmenter la capacité de transit,
particulièrement sur le réseau en provenance de Churchill-Manic
vers Québec et Montréal, et également en vue
d'accroître la flexibilité d'exploitation de ce
réseau-là, nous envisageons dépenser sur cette
portion-là environ 350 000 000 $ au cours des années qui
viennent. De sorte que nous envisageons pour le réseau de transport des
investissements totaux de 1 300 000 000 $ pour la période 1989-1994.
M. Ciaccia: M. Boivin, est-ce qu'il vous est possible de
quantifier vos objectifs en termes de réduction de la fréquence
et de la durée des pannes sur le réseau de transport? Je sais que
ce matin vous noua avez donné des objectifs pour le réseau de
distribution. Est-ce que ces objectifs sont les mêmes pour le
réseau de transport et est-ce possibie de les chiffrer à ce
moment-ci?
M. Boivin: On peut dire que, dans le réseau actuel, tel
qu'il se comporte et tel qu'il a été conçu, on peut
prévoir une panne générale aux quatre ou cinq ans. Selon
les nouveaux critères de performance du réseau de transport,
l'objectif est de réduire cette fréquence à au plus une
panne en dix ans. Maintenant, il est même possible, avec la compensation
série ou les nouveaux critères, lorsque ceux-ci auront
été implantés, que des pannes générales du
réseau de transport soient un petit peu chose du passé. Mais
l'objectif est de le réduire à au plus une panne en dix ans.
M. Ciaccia: Merci. Je n'ai pas d'autres questions pour le
moment.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, Mme la Présidente. Des derniers chiffres
que vous nous avez donnés concernant le niveau d'entretien et
l'investissement sur le réseau de distribution - je ne les ai pas au
complet - il semble quand même se dégager une constante Avec
l'arrivée du programme PAQS à partir de 1984, on a eu une
augmentation sensible de l'argent investi dans le programme de distribution,
sauf que, comme on l'a dit tout à l'heure, on a quand même eu une
augmentation, sur une période à peu près semblable, de
l'ordre de 6 % à 6,5 % du kilométrage du réseau et on a
beaucoup travaillé dans le souterrain, ce qui s'avère très
coûteux; on a dit de six à huit fois le coût d'une ligne
aérienne.
Est-ce que vous avez des chiffres qui pourraient nous donner, de
façon plus précise, les sommes allouées depuis 1982 et qui
font partie intégrante du chiffre global que vous nous avez
donné, donc des sommes qui auraient été allouées
strictement à l'aspect entretien des équipements
déjà en place?
M. Boivin: J'aimerais apporter une précision pour qu'on se
comprenne bien. Les chiffres que je vous ai donnés sont, en fait, des
chiffres des budgets ou des dépenses d'immobilisations ou de
capitalisation sur le réseau de distribution pendant cette
période. Au-delà de ces investissements, il y a également
des dépenses d'exploitation et d'entretien qui ont été
effectuées, mais je ne vous ai pas fourni ces chiffres. Les chiffres que
je vous ai donnés concernent les Immobilisations, c'est-à-dire
reconstruction, construction, ajout d'équipements, etc.
M. Claveau: Quand on change un transformateur, est-ce que c'est
de l'immobilisation ou de l'entretien?
M. Boivin: C'est une dépense d'immobilisation.
M. Claveau: D'accord. D'abord, il serait peut-être
intéressant que vous nous fournissiez les chiffres spécifiquement
liés à l'entretien du réseau.
M. Boivin: Si vous me donnez quelques minutes, on va les obtenir.
Je ne les ai pas ici avec moi, malheureusement, mais quelqu'un les a.
M. Claveau: D'accord. Ces chiffres comprendront-ils la partie des
nouveaux équipements ou des équipements qui ont été
changés sur le réseau?
M. Boivin: Les chiffres que je vous ai donnés en
immobilisations, donc les dépenses capitalisées qu'on a faites
sur le réseau, incluent la reconstruction et le remplacement
d'équipements, mais ils n'incluent pas nécessairement tout le
remplacement d'équipements parce que vous connaissez comme moi la
complexité et souvent les caprices comptables auxquels il faut se plier.
À titre d'exemple, dans les programmes que nous mettons en place
présentement, on en a un en vertu duquel on va dépenser 42 000
000 $ pour remplacer les parafoudres défectueux sur le réseau.
Les nouveaux parafoudres font partie des dépenses d'exploitation et non
pas d'immobilisations.
M. Claveau: D'accord. Quel est l'état actuel du
réseau souterrain?
M. Boivin: II faudrait qualifier la réponse, en ce sens
qu'on a plusieurs réseaux souterrains. On a des réseaux
souterrains un peu partout dans la province. Maintenant, la majorité ou
la masse importante de nos réseaux souterrains se trouve principalement
dans le centre-ville de Montréal et dans le centre-ville de
Québec. Dans le centre-ville de Montréal, nous sommes à
reconstruire ce réseau. On en a parlé ce matin. La partie qui est
reconstruite est en bon état, je dirais. La partie qui reste à
reconstruire, particulièrement la vieille partie à 4 kV, est dans
un état plus précaire. C'est en priorité celle à
laquelle nous allons nous attaquer.
Même chose dans la région de Québec. Le
réseau de distribution, règle générale, je pense,
peut être qualifié de bon, sauf que présentement il est
surchargé. Il s'agit d'installer de nouveaux circuits pour permettre
d'avoir une marge de manoeuvre sur ce réseau pour faire face à
des bris ou à des conditions climatiques extrêmes.
M. Claveau: Quelle est la partie du réseau qui,
actuellement, demeure en désuétude? Je vais y aller moins fort,
disons qu'il est plutôt ancien. Est-ce celui que vous avez
mentionné, le 4 kV?
M. Boivin: En fait, les circuits à 4 kV sont
localisés principalement, en très grande majorité, je
pense exclusivement, d'ailleurs, si l'on peut dire, à Montréal,
et il y en a quelques-uns à Québec, mais peu; ces réseaux
sont nécessairement les plus vieux. Ils datent de 40, 50, 60 ans.
M. Claveau: Sont-ils encore importants dans l'ensemble du
réseau souterrain ou si ça va en diminuant tranquillement?
M. Boivin: Si vous le voulez bien, je vais demander à M.
Jean Houde, qui est vice-président, région de Saint-Laurent, de
venir vous donner des précisions sur le réseau de IHe de
Montréal.
La Présidente (Mme Bélanger): Veuillez vous
identifier, s'il vous plaît.
M. Houde (Jean): Jean Houde, vice-président, région
Saint-Laurent; c'est la région qui couvre le territoire de l'île
de Montréal. Pour répondre à la dernière question
qu'a posée M. Claveau, à savoir qu'est-ce qu'il restait comme
volume de 4 kV sur l'île de Montréal, disons deux choses. À
l'égard des 4 kV, la conversion est commencée depuis plusieurs
années. Elle a été accélérée à
compter de 1982. Il y a 50 % de ce qui restait en 1982 qui sont
déjà réalisés et les autres 50 % seront
réalisés d'ici 1993.
Quand on regarde l'état du 4 kV en termes d'importance sur
l'île de Montréal, principalement au centre-ville, il reste 246
kilomètres en souterrain 4 kV, sur un total dans la région en
souterrain, de 3000 kilomètres. Cela vous donne une idée de la
proportion en kilométrage, mais si vous le prenez en termes de charge,
c'est l'équivalent, si on veut, de peut-être 2 %.
M. Claveau: D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Combien y a-t-il d'abonnés sur l'île de
Montréal pour lesquels transite de l'électricité qui va
chez eux?
M. Houde (Jean): 840 000, monsieur.
M. Claveau: 840 000 qui doivent relever d'une façon ou
d'une autre du réseau 4 kV actuellement.
M. Houde (Jean): Non, pardon, sur l'île de Montréal
vous avez...
M. Claveau: C'est cela. Combien d'abonnés reçoivent
de l'électricité qui a transité d'une façon ou
d'une autre par le réseau 4 kV avant
d'arriver chez eux?
M. Houde (Jean): En termes de clients, je ne peux pas vous le
donner, mais en termes de charge raccordée, je peux vous le donner. On a
sur l'Île de Montréal 10 400 000 kVA raccordés et vous en
avez 249 000 en 4 kV. Quant au reste, une moitié est en 12 kV et l'autre
en 25 kV.
M. Claveau: Vous avez parlé de
l'accélération de l'amélioration du réseau
souterrain de l'Île de Montréal à partir de 1982. On sait
qu'il y a eu pendant ces années-là, probablement en 1983, un
programme sur six ans qui devait permettre l'investissement de quelque 538 000
000 $ partagés entre Hydro-Québec et la ville de Montréal,
pour finaliser tout cela et mettre à jour l'ensemble du réseau
souterrain de la ville de Montréal. Jusqu'à présent, selon
l'information que l'on a pu obtenir, la ville de Montréal a
dépensé, entre 1983 et 1988, 213 826 000 $ sur ce réseau,
donc ce qui correspond à la partie qui devait être faite par la
ville de Montréal. Où en sont les travaux d'Hydro-Québec,
quant à elle?
M. Houde (Jean): En termes d'argent, à la fin de 1988,
votre chiffre est dans l'ordre de grandeur, mais c'est un peu plus que cela de
la part de la ville de Montréal. Ce sont 246 000 000 $ au 31
décembre 1988 que la ville de Montréal a dépensés
et, du côté des travaux électriques faits par
Hydro-Québec, il s'agit de 80 000 000 $. (14 h 30)
Si on regarde l'entente avec la ville de Montréal, dans les
projets pour des fins techniques, il avait été prévu que
l'on ferait 189 kilomètres de travaux, principalement au centre-ville de
Montréal. La ville de Montréal en a fait actuellement 157; nous
avons utilisé 106 kilomètres de structures faites nouvellement
par la ville de Montréal. Donc, il nous reste 51 kilomètres,
déjà construits, à doter de nouveaux équipements
électriques, la ville de Montréal faisant la partie civile et
Hydro-Québec faisant la partie électrique. Nous avons
jusqu'à la mi-1992 pour compléter les travaux électriques,
tel que le prévoit l'entente.
M. Claveau: Selon l'entente, en 1988, les infrastructures,
c'est-à-dire la partie civile, devaient être
réalisées.
M. Houde (Jean): Graduellement la ville devrait terminer ses
engagements au 31 décembre 1989 et nous avons jusqu'à la mi-1992
pour utiliser les structures faites par la ville de Montréal, tel que le
prévoit l'entente.
Maintenant, comme vous l'a dit M. Boivin ce matin, nous avons un retard
de deux ans, actuellement, par rapport à ce qui avait été
anticipé et nous avons l'intention de le rattraper au cours des
prochaines années.
M. Claveau: Pour que cela finisse en 1992 tel que
prévu?
M. Houde (Jean): Cela peut déborder
légèrement 1992.
M. Claveau: J'essaie de comprendre la différence dans les
montants. Dans l'entente, on parlait au départ de 538 000 000 $; vous
nous dites que pour 246 000 000 $ de travaux de génie ont
été faits par la ville de Montréal.
M. Houde (Jean): Oui.
M. Claveau: Cela veut dire qu'il ne reste pas tout à fait
300 000 000 $, 288 000 000 $.
M. Houde (Jean): Dans l'entente, M. Claveau, il faut compter
également nos investissements.
M. Claveau: C'est cela, mais vous avez mis 80 000 000 $
jusqu'à maintenant sur 288 000 000 $. Cela veut dire qu'il resterait
quelque 200 000 000 $ à mettre dans la partie de 51 kilomètres
qui reste.
M. Houde (Jean): Oui, mais il y a aussi une autre partie, je vous
ai parlé de la partie pour des considérations techniques. Il y a
la partie pour les fins d'embellissement où nous ne sommes pas
très avancés, compte tenu des charges et des autres
priorités que nous avons eues. L'entente portait donc sur deux
éléments: la partie technique, dont je viens de vous parler, et
la partie des travaux réalisés à des fins
d'embellissement, c'est-à-dire pour de l'enfouissement de réseau
ailleurs qu'au centre-ville et également, par exemple, pour le
déplacement du réseau aérien hors rues. Cette partie pour
fins d'embellissement couvrait 188 kilomètres, et il y a seulement, du
côté de la ville de Montréal, 48 kilomètres de faits
et, de notre côté, 11 kilomètres. On a concentré nos
travaux sur le plan technique. La différence sera donc utilisée
pour la fin des travaux techniques et pour la dimension embellissement.
M. Claveau: D'accord. Et, lorsque ces travaux seront
terminés, tout le réseau 4 kV va être disparu, à
toutes fins utiles, de l'Île de Montréal.
M. Houde (Jean): Oui, en 1993, le réseau 4 kV sera disparu
de l'île de Montréal.
M. Claveau: Et pour le réseau de la ville de
Québec?
M. Houde (Jean): Pour le réseau de la ville de
Québec, M. Béliveau.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
pourriez vous Identifier, s'il vous plaît?
M. Béliveau (Gilles): Gilles Béliveau,
vice-président à Hydro-Québec. Le réseau 4 kV de la
ville de Québec fait l'objet d'une conversion à 25 kV depuis
à peu près cinq ans. Il reste une infime partie du réseau
qui se situe dans le quartier Saint-Roch, dans le bas de la ville. Cela
représente des travaux à compléter de l'ordre de 1 500 000
$ à 2 000 000 $. Ces travaux devaient être complétés
l'an passé et justement, à cause de problèmes de
croissance de charge qui ont mobilisé nos équipes, ils seront
complétés cette année, en 1989.
M. Claveau: D'accord. D'après ce que vous me dites, tout
va relativement bien dans le réseau souterrain. J'aimerais avoir une
explication par rapport à une étude sur le réseau de
distribution à Hydro-Québec, datée du 30 mars 1988 et
signée par un certain nombre d'ingénieurs et de
représentants d'Hydro-Québec dans plusieurs régions, qui
dit, en page 23, au paragraphe 2.5: "Absence de programmes d'entretien. Les
problèmes générés par la présence d'eau et
par le manque de fiabilité des équipements sont accentués
par l'absence à peu près complète de programmes
d'entretien et de nettoyage des structures et appareillages de tout type."
Est-ce que quelqu'un pourrait commenter cet élément du rapport du
30 mars 1988?
M. Houde (Jean): Si vous me le permettez, quand on regarde le
problème du réseau souterrain à moyen terme, une
décision a été prise en 1982 et on y a fait
référence dans l'entente avec la ville de Montréal. C'est
une amélioration de la qualité des structures à la fois
civiles et électriques qui est en cours depuis 1982 et on vient d'en
parler. Mais, il y a un an et demi, HydroQuébec a également
décidé de faire une étude sur révolution de son
architecture de réseau souterrain. Le rapport auquel vous faites
référence est sûrement un des rapports d'étape du
groupe de travail créé pour examiner l'architecture du
réseau souterrain. Ce groupe de travail doit terminer ses travaux
à la fin du mois de mars - donc, dans un mois - et il est prévu
que des modifications seront suggérées à l'architecture du
réseau souterrain.
Je pense qu'il ne faudrait pas conclure, à partir des
informations qu'on vient de vous donner sur la situation quant à
l'application de l'entente convenue avec la ville de Montréal, qu'il n'y
a pas de problèmes au plan du réseau souterrain. Il y a
effectivement des problèmes pour ce qui est du réseau souterrain.
Ainsi, on examine la possibilité que, graduellement, on puisse modifier
l'architecture du réseau pour donner un meilleur service à la
clientèle et assurer une meilleure sécurité à nos
travailleurs.
À court terme, si on regarde les problèmes qui se posent
sur le plan du réseau souterrain, vous avez la conversion du 4 kV dont
on vient de parler. Il y a également des investissements importants pour
des fins de sécurité qui sont faits dans le réseau
souterrain, principalement pour permettre d'installer des mises à la
terre qui protègent les travailleurs qui ont à oeuvrer dans les
réseaux souterrains. Vous avez également, pour ce qui est du
réseau souterrain, des investissements qui sont faits en entretien et,
plus particulièrement dans une région comme la région
Saint-Laurent, vous avez depuis quelques mois une application que l'on veut de
plus en plus systématique, c'est-à-dire un examen par un appareil
à infrarouge des points chauds qui existent sur le réseau. On
fait en sorte que, dans toute la mesure du possible, avant que les travailleurs
aient à descendre dans les structures souterraines, on puisse utiliser
l'infrarouge pour identifier les points chauds et les réparer autant que
faire se peut avant que les gens aient à y travailler.
De même, à l'égard du problème de la
présence d'eau auquel vous faites référence, il y a trois
possibilités. Le comité fera sûrement des recommandations
en ce sens. Premièrement, il y a la possibilité de rendre
étanches un certain nombre de structures souterraines. Sur l'île
de Montréal, il y a 20 000 structures souterraines. Il y en a 2000
où on a des problèmes d'eau de façon chronique,
c'est-à-dire 10 %. Il est possible de les rendre étanches.
Deuxièmement, 1 y a la possibilité d'installer des
systèmes de drainage dans un certain nombre de structures. Il y a
également la possibilité d'installer du pompage permanent lorsque
nous n'avons pas le choix de maintenir une structure souterraine où il y
a une présence d'eau et où il n'y a pas d'autres solutions que le
pompage permanent.
Si vous avez pris connaissance du rapport auquel vous faites allusion,
vous avez sûrement constaté qu'il se peut qu'on recommande, dans
certains cas, de sortir les interrupteurs et les transformateurs du souterrain
pour éventuellement ne maintenir que le câble en souterrain.
À ce moment-là, les interrupteurs, les sectionneurs et les
transformateurs seraient installés dans des chambres annexes hors terre,
permettant ainsi une plus grande rapidité d'intervention et une
meilleure sécurité pour nos travailleurs. Il y aura une
décision importante à prendre de la part d'Hydro-Québec
parce qu'il y a beaucoup d'investissements impliqués dans les
modifications d'envergure à l'achitecture du réseau
souterrain.
Pour ce qui est des investissements des prochaines années, dans
les 704 000 000 $ dont M. Boivin a parlé ce matin, 200 000 000 $ sont
réservés à l'île de Montréal et 143 000 000 $
en immobilisations sont prévus pour le souterrain.
M. Boivin: Pour ce qui est de l'entretien, dans les 704 000 000
$, 12 000 000 $ seront consacrés à la mise en place de programmes
d'entretien préventif des réseaux souterrains.
M. Claveau:12 000 000 $?
M. Boivin: Consacrés à la mise en place de
programmes d'entretien préventif pour les réseaux
souterrains.
M. Claveau: C'est en plus de ce qui se fait
déjà.
M. Boivin: Exact.
M. Claveau: Étant donné qu'on me dit qu'il y a
quand même du travail qui se fait au chapitre de l'entretien du
réseau, ce qui est évident de toute façon, est-ce qu'il y
aurait moyen d'avoir les chiffres précis sur l'évolution, au
cours des dernières années, des budgets qui ont été
spécifiquement affectés à l'entretien du réseau
souterrain?
M. Boivin: On va les trouver et on y reviendra dans quelques
minutes, si vous le permettez.
M. Claveau: D'accord. Le rapport auquel je me
réfère conclut, à la page 27, chapitre 4, qu'il y a deux
grands types de problèmes que l'on retrouve dans le réseau
souterrain sur lesquels vous aurez à prendre des décisions. Vous
m'avez parlé du premier de ces deux grands thèmes où on
trouve des problèmes, la question de l'ingénierie -
Pengineering", si vous voulez - des structures qui ne sont pas
nécessairement adéquates, ne correspondent pas aux besoins et,
entre autres, la possibilité de faire les installations de
transformation d'électricité et des disjoncteurs à
l'extérieur du réseau souterrain.
Le rapport parle abondamment d'un autre type de problème qui est
peut-être un petit peu plus délicat à traiter, qui n'est
pas nécessairement un problème d'ordre monétaire, pas
nécessairement, non plus, un problème de relations du travail,
mais est de l'ordre de commandes, si vous voulez; il s'agit du
dédoublement d'activités qui se fait parce que les tâches
ne sont pas bien définies. Ici, on dit: "Le second porte sur
l'organisation et l'utilisation des ressources" et, plus avant, on
spécifie un peu ce que c'est. Est-ce qu'on pourrait avoir quelques
commentaires là-dessus parce qu'il me semble que ça fait vraiment
partie intégrante de toute la problématique de la qualité
de la distribution d'électricité?
M. Houde (Jean): Oui. Si vous me le permettez, je peux faire
quelques commentaires là-dessus. Effectivement, que ce soit en ce qui
concerne le souterrain ou même - c'est vrai aussi, en bonne partie -
l'aérien, quand on parle d'organisation du travail au sens du rapport,
il y a quelques éléments qui doivent être
considérés. Dans un premier temps, il doit y avoir une meilleure
banque de travaux d'avance afin de pouvoir mieux les planifier et les
exécuter.
Il faut se rappeler que, sur l'île de Montréal notamment,
au cours des dernières années - M. Boivin et d'autres y ont fait
allusion ce matin - on a eu une croissance de charge très importante et
on est allé au plus pressant. Dans certains cas, on était -
l'exemple de l'entente avec la ville de Montréal est patent - en retard
et souvent on intervenait avec une planification qui n'était pas faite
très longtemps d'avance. Il est clair qu'au cours des prochaines
années, connaissant le programme d'investissements que Ion a à
faire, qui est ambitieux et important sur l'île de Montréal, il va
nous falloir, au plan des banques de travail, systématiser cette
question. (14 h 45)
Deuxième élément: nous aurons vraisemblablement
besoin, au cours des prochaines années, d'une modification à
certains horaires de travail. Notamment, il faudrait avoir un horaire de soir
pour le souterrain. Vous connaissez probablement les contraintes importantes au
plan de la réalisation des travaux dans le centre-ville. Vous ne pouvez
pas travailler avant 9 h 30 et, à 16 h 30, a cause des contraintes de la
circulation de l'après-midi, vous devez être repartis de l'endroit
de travail. Cela limite sensiblement la durée du temps de travail et,
dans le cadre des négociations que nous avons avec nos syndicats, nous
mettons sur la table le problème que nous avons, en particulier au
centre-ville, pour la réalisation de l'ambitieux programme de travaux
que nous avons. Voilà deux éléments qui font en sorte que
l'organisation du travail pourrait être modifiée et nous rendre
plus efficaces.
M. Claveau: On me dit que le temps est presque
écoulé.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député.
M. Claveau: Une dernière question. Je vais faire
référence à un autre rapport sur la question de
l'entretien-diagnostic et de la fiabilité du réseau de transport,
du 14 septembre 1988. Dans ce rapport, on dit et j'aimerais avoir des
commentaires là-dessus parce que le réseau de transport fait
partie de la période de discussions dans laquelle on est: Tant le
vieillissement des équipements que leur utilisation au-delà des
limites planifiées a amené certains d'entre eux à la
limite de leur capacité. On peut citer, à titre d'exemple, les
lignes 120 kV Beauharnois-Les Cèdres. La hausse du facteur d'utilisation
des transformateurs alimentant les réseaux voisins
accélère le vieillissement de ceux-là." Est-ce qu'on
pourrait me préciser un peu ce que signifie, en termes de
fiabilité pour le réseau, l'approvisionnement interne? Qu'est-ce
que ça signifie aussi par rapport à la possibilité de
surcharger des équipements pour vendre à l'exportation?
M. Drouin: M. Jean-Claude Roy, vice-président production,
transport et distribution, va
répondre à cette question.
La Présidente (Mme Bélanger): Brièvement,
s'il vous plaît, parce que le temps du député d'Ungava est
écoulé et que votre temps compte sur le sien.
M. Roy (Jean-Claude): En termes de fiabilité quant
à l'alimentation des clients internes, II n'y a aucune relation puisque
ces lignes de 120 kV entre Beauharnois et Châteauguay sont
utilisées lorsqu'on exporte soit vers New York ou vers l'Ontario. Ce qui
est mentionné aussi en termes d'utilisation et peut-être de retard
dans l'entretien de Beauharnois s'est produit effectivement il y a quelques
années lorsqu'on avait beaucoup de surplus et même qu'on le
déversait. À ce moment-là, il a été
calculé qu'il valait mieux retarder certains entretiens
préventifs de façon à pouvoir écouler
l'énergie le plus possible. Alors, dans ce sens-là, il y a
peut-être eu une usure prématurée, mais c'est, quand
même, minime sur l'ensemble de la centrale de Beauharnois qui a, quand
même, 50 ans d'âge. Et c'était un risque calculé,
à ce moment-là.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Si on revient à la question du réseau
de transport dont vous avez parlé tout à l'heure, une grosse
partie des sommes que vous investissez vont l'être à partir de
l'année 1991 et après. D'ici 1991, dans le réseau de
transport, quelles sont les urgences? Est-ce que vous avez ciblé
certaines lignes de transport qui sont plus urgentes que d'autres? Je pourrais
parler en particulier, par exemple, de la région du poste Montagnais
vers Québec ou quelque chose comme ça. Est-ce que vous avez
ciblé des endroits? Quels sont les montants que vous avez
décidé d'investir là-dedans, par exemple de 1989 à
1991 et qui vont assurer une certaine fiabilité au réseau?
M. Boivin: II y a deux choses que nous allons faire, si vous
voulez. Il y a une intensification des programmes d'entretien que nous avons
déjà commencée et il y a également les
investissements. Concernant le choix des priorités des investissements,
je demanderais à M. André Mercier, vice-président
planification des équipements de vous donner les explications.
M. Mercier (André): Merci. Je ne sais pas si on peut avoir
la diapositive B75, s'il vous plaît. C'est peut-être encore un peu
difficile de voir l'image. Je reviens sur cette diapositive parce qu'elle
présente, en fait, l'ensemble des dépenses de 1 300 000 000 $
dont M. Boivin a expliqué la provenance tout à l'heure, avec
trois éléments de base qui vont permettre d'améliorer la
fiabilité du réseau. Je pense que ça demeure
extrêmement difficile de pouvoir lire. Si je continue alors, disons que
des 1 300 000 000 $, il y a des montants qui vont être
dépensés assez rapidement. En fait, à partir de la panne
de 1988, tout à l'heure, on a dit que certaines corrections ont
été apportées au système de
télédélestage, par exemple, et à certains
automatismes. Il est aussi vrai que, sur le montant de 1 300 000 000 $ - qui
comprend trois rubriques, soit une rubrique pour l'amélioration des
critères du réseau, 850 000 000 $, une rubrique qui concerne
l'amélioration du transit sur la partie Churchill-Manicouagan qui, elle,
représente, 280 000 000 $ et, enfin, une partie qui est une marge de
manoeuvre additionnelle pour l'exploitant, qui représente 170 000 000 $
- déjà, des montants sont acceptés et recommandés
pour réaliser des travaux au cours des prochaines années. Entre
autres, un montant de 390 000 000 $ a été accepté par le
conseil d'administration d'Hydro-Québec pour les premiers travaux qu'on
entreprendra pour permettre d'améliorer déjà une partie de
la performance du réseau d'Hydro-Québec.
Par contre, il faut savoir une chose: il y a, tout de même, la
partie essentielle ou fondamentale des correctifs, qui représente 850
000 000 $, qui est notre solution pour corriger le problème de la
vulnérabilité du réseau d'Hydro-Québec. Le
bénéfice qu'on retirera de ce système ne se fera sentir
que lorsqu'on aura complètement mis en place les différentes
mesures correctives. Si le réseau d'Hydro-Québec est
vulnérable, c'est à cause des grandes distances entre les centres
de production et les centres de consommation. Pour corriger ce problème
des grandes distances qui rend le réseau d'Hydro-Québec
vulnérable et, donc, redonner une robustesse au réseau
d'Hydro-Québec, il faut que la solution que l'on a proposée et
qui consiste à utiliser la compensation série soit
complètement installée. Tout ça sera
complété pour 1994. C'est un projet d'envergure qui va demander
énormément de ressources, d'investissements et, tant qu'il ne
sera pas tout à fait complété, on ne pourra pas profiter
de tous les bénéfices de cette correction.
M. Maltais: Très rapidement. Quant aux dernières
pannes qui ont causé des problèmes et dont la majorité
provenaient du poste Montagnais et, bien sûr, à cause des tours
qui se sont effondrées à Franklin, est-ce qu'on peut compter,
dans les sommes d'argent que nous avez indiquées, qu'à partir de
1989, l'amélioration au poste Montagnais, comme vous l'avez dit, sera
effectivement faite? Pour ce qui est des problèmes des tours mises en
péril par le froid, le verglas ou par le tremblement de terre, est-ce
que tout ça est corrigé ou en voie d'être corrigé
pour la saison 1990 qui va commencer?
M. Mercier: Si vous faites effectivement référence
aux problèmes survenus lors de la panne du mois d'avril 1988, je pense
que le
système de télédélestage a été
corrigé. Non seulement il a été corrigé, mais il a
été doublé et cela lui donne une réserve s'il
devait reflancher comme il l'a fait. On l'a, tout de même, remis en
état pour être certains qu'il fonctionne correctement, mais, en
plus, on lui a donné une relève et tout ça, à
toutes fins utiles, est installé maintenant. Cela a même
été installé à l'automne 1988. Les premiers
correctifs ont donc déjà été implantés sur
le réseau.
Les autres correctifs sont de plus grande envergure. Ils étaient
prévus même avant la panne de 1988. Ceux-ci demanderont beaucoup
plus de temps avant d'être complétés. Mais,
déjà, vous pouvez être rassurés à ce sujet,
les premiers correctifs ont été apportés.
M. Maltais: Cela va. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ciaccia: M. le président, certains rapports ont
mentionné les problèmes spécifiques associés
à certaines composantes du réseau, tels les transformateurs et
les parafoudres. Pourriez-vous brièvement nous décrire un peu les
problèmes qui existent quant à ces équipements, ce que
fait Hydro-Québec pour résoudre ces problèmes et, si
possible, les échanciers?
M. Boivin: À ce moment-là, M. le ministre, nous
revenons au réseau de distribution. Je vais demander la diapositive A112
qui donne, justement, tant pour les réseaux aériens que pour les
réseaux souterrains, les principales composantes qui seront revues dans
le réseau, ainsi que les montants alloués à ces
actions.
Si on regarde le coin supérieur gauche pour les réseaux
aériens, on voit que 82 000 000 $ seront consacrés au
remplacement d'interrupteurs, que 200 000 000 $ seront consacrés au
remplacement de petits conducteurs, aujourd'hui désuets, que 37 000 000
$ iront pour des poteaux en mauvais état et 31 000 000 $ pour faire face
à des accroissements de charge. On voit également dans le coin
inférieur gauche, que, parce que c'est Imputé à
l'exploitation, 39 000 000 $ seront consacrés au remplacement des
parafoudres sur le réseau de distribution. Est-ce que ça
répond à votre question, M. le ministre?
M. Ciaccia: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Avez-vous d'autres
questions?
M. Ciaccia: Je n'ai pas d'autres questions.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est tout pour les
questions sur la qualité du service. Nous allons maintenant passer, de
15 heures à 16 h 30, aux marchés québécois. M. le
ministre?
Les marchés québécois
M. Ciaccia: Merci, Mme la Présidente. Je remarque que, sur
les marchés québécois, les ventes
d'électricité régulière ont fait un bond de 8,5% en
1988, soit un accroissement de 3,9 térawattheures par rapport à
la prévision du mois de mars de l'année passée. La
performance économique du Québec explique certainement une bonne
part de cet accroissement, l'augmentation du PIB de 1988 ayant
été de 4,2 % plutôt que de 2,8 % comme prévu.
Je constate aussi que l'hydroélectricité a
été faible en 1988 avec des apports de 16 % inférieurs
à la moyenne, soit 27 térawattheures. Par ailleurs, vous nous
indiquez que les surplus disponibles tombent à zéro
térawattheure cette année alors qu'ils étaient de 167
térawattheures en 1987 et à 67 térawattheures en 1988. En
effet, tous les surplus d'apport hydraulique d'ici 1992 serviront à
remplir les réservoirs.
Maintenant, quand on parle des marchés québécois,
ce matin, le député d'Ungava a fait état de la politique
énergétique à la page 51, en disant qu'un des objectifs de
la politique du gouvernement et du ministre était de promouvoir les
exportations, mais qu'en effet dans le plan de développement
d'Hydro-Québec il n'y a pas eu d'augmentation dans les prévisions
cibles pour les exportations. Je voudrais faire remarquer au
député d'Ungava qu'avant de lire la page 51 il devrait lire la
page 2 concernant la politique énergétique et faire une
distinction entre les objectifs de la politique et les moyens. Il y a sept
objectifs. Parmi ceux-ci, le gouvernement utilisera l'énergie pour
stimuler le développement économique et appuyer le
développement régional. Un autre objectif, c'est de
développer et de maximiser l'utilisation de nos ressources
hydroélectriques. Aucunement, dans les objectifs de la politique
énergétique, n'avons-nous comme objectif d'augmenter Ses
exportations.
La question des exportations devient un moyen. Si on peut arriver
à stimuler le développement économique du Québec
par le développement interne, Dieu merci, c'est ça qu'on cherche
vraiment. Que cherchons-nous? On cherche à développer les
ressources du Québec. Si, en les développant, on peut en
même temps répondre aux besoins internes, bien là, on a
encore des bénéfices additionnels. Si j'ai le choix de
développer pour mes besoins internes ou bien de développer pour
les exportations, c'est clair que le premier choix va être pour
répondre aux besoins internes du Québec, pour promouvoir le
développement industriel du Québec.
Je pense qu'on doit se féliciter d'avoir besoin de nos ressources
hydroélectriques pour le moment et de devoir devancer les travaux parce
que la croissance économique au Québec a augmenté. Les
chiffres qui avaient été avancés dans L'Énergie
du Nord, on ne le contredit pas, sont aussi exacts aujourd'hui, même
peut-être, plus exacts aujourd'hui qu'ils ne l'étaient quand
le livre a été écrit en ce qui concerne le
potentiel. Le but de L'Énergie du Nord, c'était de
développer les ressources hydroélectriques à la Baie James
sur le territoire québécois. Nous allons poursuivre cet objectif,
mais si, entretemps, on a besoin de les développer pour nos besoins
internes, on va faire ça en priorité mais cela n'écarte
pas les possibilités d'exportations. (15 heures)
Cela étant dit, il est bon de rappeler, et je le rappelle encore,
que l'objectif premier d'Hy-dro-Québec est de fournir toute
l'électricité requise par la population et, dans ce but, il faut
évaluer soigneusement les besoins en termes de croissance de la demande
et également tenir compte des aléas qui peuvent affecter
l'offre.
Je suis le premier à reconnaître avec vous qu'il s'agit
là d'un exercice difficile, mais en même temps essentiel.
Pourriez-vous nous expliquer comment l'une des orientations principales de
votre plan de développement, à savoir la flexibilité
d'adaptation à l'évolution de la demande, vous permettra de
répondre aux exigences du marché québécois à
l'avenir?
M. Drouin: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. Drouin.
M. Drouin: ...c'est sûr que, dans notre plan de
développement, il s'agit d'un des objectifs majeurs, celui de s'adapter
à l'évolution de la demande, parce que, dans un premier temps, il
faut constater, comme l'a dit le ministre, l'évolution récente de
la demande importante au Québec: 8,5 % en 1988 et 40 % depuis 1983.
Déjà, nous avons devancé à peu près tout ce
qu'il est possible de devancer dans les travaux engagés, mais, là
encore, on complète des études pour s'assurer que nous avons
effectivement tout devancé et qu'il n'y a pas de possibilité
additionnelle. Il pourrait peut-être y avoir des possibilités
additionnelles de devancement de certains travaux, mais cela ne pourrait pas
être aussi significatif que les devancements que nous avons
déjà faits.
La flexibilité que nous recherchons, puisque nous allons, d'ici
1995, avoir en service près de 5500 mégawatts, c'est au cours de
la prochaine année et demie, de constater ou de vérifier
davantage l'évolution de la demande qui pourrait être ou non
accompagnée de contrats d'exportation et, durant cette
période-là, de mettre en marche plusieurs études
d'avant-projets qui nous permettraient d'être à jour relativement
à nos importants projets pour le développement des 18 000
mégawatts qu'il reste à développer économiquement
au Québec. Donc, nous évaluons la portée de ces
études d'avant-projets de l'ordre de 200 000 000 $ à 220 000 000
$. Bien sûr qu'elles ne seraient nécessairement pas toutes
complétées pour l'été 1990, mais elles nous
permettraient, tout de même, d'avoir un état d'avancement
suffisamment intéressant pour nous permettre, à ce
moment-là, de faire des choix basés premièrement, sur les
coûts des projets et deuxièmement, sur l'état de la demande
et de nos contrats d'exportation.
Donc, c'est cette flexibilité que l'on recherche au cours de la
prochaine année et demie, si je puis dire, parce qu'on sera à
l'été 1990 et on pourra faire, durant l'année 1989 et une
partie de l'année 1990, un peu le "monitor-ing" que l'on fait
actuellement sur l'évolution de la demande qui, effectivement, a
dépassé depuis quelques années ce que l'on avait
prévu.
M. Ciaccia: Avec la hausse de la demande pour les prochaines
années et les possibilités de notre parc de production,
Hydro-Québec a-t-elle la capacité de fournir en
électricité tout projet majeur d'implantation industrielle d'ici
les quatre ou cinq prochaines années?
M. Drouin: Je pense que la réponse est oui. M. Boivin, qui
a été impliqué de plus près dans différentes
négociations au cours des dernières années relativement
à l'implantation de grandes industries telles que Norsk Hydro ou les
alumine-ries, pourrait vous apporter certaines précisions à ce
sujet.
M. Ciaccia: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Boivin.
M. Boivin: Dans la prévision de la demande que nous avons
déposée avec le plan de développement, il y a
effectivement des prévisions d'augmentation de la charge dans certains
secteurs industriels bien spécifiques. Alors, à titre d'exemple,
je peux vous indiquer que, d'ici l'horizon 1996, dans le plan de
développement, donc, dans la prévision actuelle de la demande,
nous avons une marge de manoeuvre qui prévoit la possibilité
d'implantation - attendez, je veux être certain de mon tableau parce que
j'ai des tableaux en mégawatts et d'autres en tonnes -de 57 000 tonnes
de production de magnésium et de 241 000 tonnes de production de
ferroal-liages. Nous prévoyons également des accroissements assez
importants dans le secteur des pâtes et papiers, et des accroissements
dans le secteur des alumineries, de 270 000 tonnes en 1992 et de 90 000 tonnes
en 1996. Donc, ce sont des marges de manoeuvre que nous avons. Ce n'est pas une
certitude absolue que les réalisations se feront spécifiquement
dans chacun de ces secteurs, mais il peut y avoir des déplacements ou
des substitutions d'un secteur à l'autre. Fondamentalement, d'ici 1996,
nous avons à peu près 900 mégawatts de charge non
allouée dans le secteur industriel pour faire face à de nouveaux
projets d'implantation industrielle.
M. Ciaccia: Alors, la réponse, c'est que vous pouvez, avec
le parc de production d'Hydro-Québec, répondre aux projets qui
sont connus,
sans tous les mentionner, et dont on discute. Il n'est pas question
qu'Hydro-Québec ne puisse pas répondre à cette demande
dans les quatre ou cinq prochaines années.
M. Boivin: Pas pour le moment. Pour tous les projets, en fait,
où il y a eu et où il y a des discussions en cours, je pense que
nous sommes en position pour répondre à cette demande.
Maintenant, si tous ces projets devaient se matérialiser, ce qui n'est
pas toujours le cas si on se base sur notre expérience passée, il
est évident que cela aurait pour impact d'induire un scénario
plus élevé au chapitre de la demande que le scénario cible
que nous avons présentement. Donc, d'induire un scénario qui
serait peut-être à mi-chemin entre le scénario cible et le
scénario fort. Je crois qu'on a déjà mentionné ce
matin que nous sommes effectivement en position de rencontrer, durant cette
période, un scénario fort. Mais, pour le rencontrer dans la
période 1989, 1994, 1995, il faudrait effectivement avoir recours
à des moyens non traditionnels ou exceptionnels, pour satisfaire la
demande durant cette période spécifique puisque, pour cette
période, il reste peu de marge de manoeuvre, s'il en reste, pour
devancer des projets.
M. Ciaccia: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): M le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, Mme la Présidente. Advenant le cas
où c'est le scénario fort, sur l'horizon 2001, qui se
réalise... Ceci est hypothé-tiquement tout aussi valable que le
scénario cible, dans la mesure où on a vu au cours des
dernières années une variation très importante du
scénario cible. Même sur un horizon de douze mois, c'est le
scénario fort qui se réalisait alors qu'on avait prévu un
scénario cible. Alors, sur un horizon de douze ans, on peut imaginer que
le risque de marge d'erreur est pour le moins aussi grand. Donc, advenant que
ce soit le scénario fort qui se réalise sur l'horizon 2001,
comment Hydro-Québec comblera-t-elle la demande?
M. Drouin: Mme la Présidente, nous n'avons pas d'objection
à répondre immédiatement à cette question mais je
dois vous dire qu'elle aurait pu être traitée plutôt au
chapitre du développement des installations et de l'équipement.
Mais, si vous exprimez le désir qu'on y réponde
immédiatement, nous pouvons le faire.
M. Claveau: À mon sens, cela fait partie de la demande
québécoise.
M. Drouin: C'est comme vous le voulez, on peut le faire.
M. Boivin: C'est le programme d'équipement.
Vous apportez là la question du programme d'équipement
pour répondre à un scénario de croissance forte de la
demande. On n'a pas d'objection à l'aborder tout de suite; cela fait
plus partie de la réponse que de la prévision de la demande
elle-même. Si vous voulez qu'on l'aborde, on va le faire
immédiatement. Je vais demander à M. Mercier, de le faire.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
préférez attendre qu'on soit rendus à cette rubrique?
M. Claveau: Si vous voulez, oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on reviendra à
cette question.
M. Claveau: Est-ce que vous pouvez nous fournir... C'est
peut-être parce qu'on n'a pas eu suffisamment de temps, étant
donné qu on a eu juste quatre jours pour passer à travers toute
cette parerasse.
M. Ciaccia: Vous n'aviez pas besoin de plus de quatre jours.
M. Claveau: On n'a pas tout le support technique de certains.
M. Ciaccia: Cela fait six mois que le plan de
développement est dans les journaux, depuis le mois de
décembre.
M. Claveau: Non, les 7500 mégawatts annoncés comme
exportations l'automne dernier mais cela n'avait pas l'air de se
concrétiser! Je me souviens, si le ministre veut en parler, qu'il nous a
dit: Pas de problème. Vous allez voir, 7500, on est capables de vendre
cela n'importe quand.
M. Ciaccia: On peut en vendre 7200, pas 7500. On va y revenir aux
marchés externes.
M. Claveau: En tout cas, il faudrait voir où on va les
prendre aussi. J'ai hâte de voir cela. Ce n'est sûrement pas dans
le Mont-Royal qu'on va trouver cela.
M. Ciaccia: On va en trouver plus dans l'Ungava qu'à
Montréal, vous avez raison.
M. Claveau: Probablement. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Mais j'espère qu'on ne fera pas ce qu'on a
fait avec le fer de la Côte-Nord, qu'il va servir pour nous autres
d'abord avant de l'exporter pour rien.
La Présidente (Mme Bélanger): On l'a dit tout
à l'heure, Québec d'abord.
M. Claveau: Étant donné qu'on n'a pas réussi
à trouver les chiffres, est-ce que vous pourriez nous dire les
prévisions qui avaient été faites en 1985 et en 1986 par
rapport à un scénario cible, à un horizon plus
éloigné?
M. Drouin: Je demanderais à Éric Maillé,
directeur des études économiques et énergétiques,
de répondre à cette question.
M. Maillé (Éric): Si j'ai bien compris, vous voulez
savoir quelle prévision a été faite des besoins du
Québec - c'est cela - en 1985? Pour quelle année, disons...
M. Claveau: Si vous étiez capable de nous donner trois ou
quatre références dans le temps.
M. Maillé: Trois ou quatre années...
M. Claveau: Des références dans le temps qui
pourraient s'harmoniser avec les références qu'on a, par exemple,
1996, 2001, 2006.
M. Maillé: En 1985, dans le plan 1985-1987, on publiait,
par exemple, pour l'horizon 1996, une prévision pour les besoins
réguliers du Québec de 139,2 térawattheures et, en 2001,
155,5 térawattheures.
Si vous voulez savoir comment cela se compare, par exemple, aux
prévisions actuelles, je pourrais tout de suite...
M. Claveau: Par rapport à ce qu'on a aujourd'hui?
M. Maillé: C'est cela. Disons que, si on regarde les
mêmes dates, soit 1996, dans le plan de cette année, on
prévoit 151 térawattheures et, en 2001, 164,4.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: J'essaie de retrouver toutes mes données
là-dedans. Il y a un tableau quelque part - probablement que vous allez
le retrouver plus facilement que moi parce qu'on en a vu plusieurs en quatre
jours, vous comprenez - où on assiste, d'ici 1990, à la
disparition à peu près totale, c'est 0,6 térawattheure, de
la vente d'énergie excédentaire. C'est cela, page 79. En
même temps, on prévoit, entre 1989 et 1990, une augmentation de
5,2 térawattheures pour ce qui est de la vente
d'électricité régulière. Par contre, entre 1988 et
1990, on aura diminué de 8 térawattheures la vente
d'énergie excédentaire. À quelle place va aller cette
énergie? Est-ce que vous avez la ferme conviction que ceux qui
n'achèteront plus d'énergie excédentaire vont aller vers
d'autres sortes d'approvisionnement énergétique? C'est parce
qu'on ne le retrouve pas dans les prévisions.
M. Drouin: Le premier volet de votre question c'est à
quelle place va aller cette énergie qu'on ne vend pas à
l'excédentaire.
M. Claveau: À quelle place vont aller ceux qui
achètent actuellement l'excédentaire?
M. Drouin: M. Boivin.
M. Boivin: Effectivement, vous vous sou- viendrez que le
programme québécois d'énergie excédentaire, le
fameux programme des bouil- loires industrielles, dans le fond, avait
été mis sur pied en 1983-1984 pour écouler les surplus
importants et les déversements que nous avions à ce moment. Il
était prévu, au moment où ce programme a été
mis en place, que la plupart des contrats se termineraient à l'automne
1988 et quelques-uns au printemps 1989.
(15 h 15)
L'installation de ces bouilloires dans les secteurs industriels a tout
simplement visé à remplacer le mazout ou le gaz naturel par de
l'électricité, de façon temporaire, pendant la
période où nous avions des surplus. Mais, au fur et à
mesure que les contrats sont arrivés à échéance,
les clients qui utilisaient leur bouilloire électrique pour produire de
la vapeur sont retournés à leur source conventionnelle
d'énergie, soit le mazout, soit le gaz, pour continuer à produire
la vapeur dont ils ont besoin pour leurs procédés industriels.
Maintenant, je dois dire que, compte tenu de la faible hydraulicité que
nous avons connue en 1988, nous avons devancé la fin du programme
d'énergie excédentaire et, au mois de juin 1988, nous avons
racheté des clients industriels les contrats d'énergie
excédentaire pour être capables de garder cette eau dans nos
réservoirs pour le moment où on en aura besoin.
M. Claveau: Si on applique votre raisonnement aussi - je suppose
que cela doit se vérifier - entre 1987 et 1988, cela veut dire que les 9
térawattheures d'augmentation des ventes d'électricité
régulière qu'on a connue entre 1987 et 1988 sont vraiment des
ventes tout à fait nouvelles. Il n'y a pas eu ou à peu
près pas de transferts venant de ceux qui ont abandonné le
programme d'énergie excédentaire.
M. Boivin: Très peu, en fait. Dans le cas de la fin du
programme d'énergie excédentaire, il y a à peu près
30 % des petits clients, c'est-à-dire des clients de moins de 5
mégawatts, particulièrement dans le secteur institutionnel, qui
ont converti leur bouilloire en un programme de biénergie, commercial et
industriel. Mais, en termes de térawattheures, c'est une fraction de
térawattheure. La très grande majorité des 13,7
térawattheures que nous vendions historiquement dans les bouilloires, au
Québec, par le programme des bouilloires, ce sont des ventes qui ont
été éliminées et des installations qui ont
été tran-
férées à des sources concurrentes, soit le mazout
ou le gaz naturel. Donc, la croissance des ventes régulières au
Québec ne vient pas du transfert des bouilloires d'un tarif
excédentaire à un tarif régulier.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: D'où vient cette croissance, ces 9
térawattheures de plus qu'on a connus en ventes
d'électricité régulière?
M. Drouin: Ce matin, on vous a donné une ventilation. On
pourrait peut-être la reprendre. M. Delisle...
M. Claveau: La tarte divisée en trois?
M. Drouin: Non. C'est un bloc, une colonne où on a le
chauffage tout à l'électricité, la biénergie, les
électrotechnologies, les industries et les autres usages. C'est la
diapositive A3; on pourrait vous la montrer à nouveau. Je demanderais
à M. Delisle ou à M. Maillé de vous donner les
explications que vous désirez avoir, M. le député.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Maillé.
M. Maillé: D'accord. Comme M. Delisle vous l'a dit ce
matin, en 1988, on a enregistré une croissance de 9,4
térawattheures par rapport à l'année
précédente. SI on la ventile, tel que montré dans le
tableau à l'écran, vous voyez qu'une part importante est due au
chauffage tout à l'électricité. À peu près 3
térawattheures de cette croissance sont dus au chauffage tout
électrique. Ces 3 térawattheures se décomposent ainsi, de
façon approximative: à peu près la moitié est due
à la température, c'est-à-dire qu'il a fait plus froid en
1988 qu'en 1987. Le reste, le 1,5 térawattheure, provient en grande
partie, peut-être aux deux tiers, de la pénétration
beaucoup plus forte que prévue du chauffage électrique dans les
conversions d'anciens logements: 58 000 conversions en 1988, alors que la
prévision était de 7000. Cela explique les deux tiers du 1,5
térawattheure qui ne sont pas dus à la température.
L'autre tiers, ce sont des mises en chantier plus importantes que
prévues au Québec, en 1988: 58 000 unités, alors qu'on en
avait prévu 44 000. Donc, c'est le premier bloc.
Ensuite, vous voyez un bloc orange qui s'appelle "Biénergie et
électrotechnologies". C'est la croissance qui est associée aux
programmes commerciaux de la biénergie, principalement la
biénergie commerciale et industrielle et, également, le programme
des électrotechnologies au secteur industriel, pour un total de 1,8
térawattheure. Ensuite, en bleu pâle, vous avez la croissance due
au secteur industriel. Disons que la majeure partie de ces 2,6
térawattheures du secteur industriel est due aux industries fortes
consommatrices d'électricité, principalement les pâtes et
papiers et la chimie, et, dans une moindre mesure, les aluminenes. Il faut dire
que les pâtes et papiers ont connu, en 1988, comme vous le savez, une
année assez exceptionnelle avec des taux d'utilisation record. L'autre
1,8 térawattheure du secteur industriel, c'est le reste du secteur
industriel, ceux qui consomment moins d'énergie que les forts
consommateurs.
Finalement, vous avez un bloc qui s'appelle "Autres usages", qui
comprend les électroménagers du secteur résidentiel,
disons la partie de la consommation à secteur général qui
n'est pas le chauffage. Enfin, ce sont les usages dans les secteurs
résidentiel, commercial et général qui ne sont pas
associés au chauffage: l'éclairage, !es
électroménagers, la climatisation, etc.
M. Claveau: Ce que vous nous donnez là, est-ce que c'est
bien le même tableau, enfin présenté différemment,
qu'on retrouve à la page 2 du plan de développement, le cahier
jaune intitulé: "La demande d'électricité au
Québec"?
M. Maillé: À la page 2, vous dites? M. Claveau:
Tableau 1.
M. Maillé: Disons que cela doit être compatible avec
ce tableau, bien que la répartition puisse être
légèrement différente, mais ce sont les mêmes
données de base, oui.
M. Claveau: D'accord. Donc, vous dites à la page
précédente, à l'avant-dernier paragraphe, que,
malgré le prix du mazout, les gens ont tendance à aller, quand
même, vers le tout à l'électricité dans les
programmes de rénovation et de nouvelles constructions. L'année
dernière, donc pour 1988, cela a représenté 3
térawattheures d'augmentation. Dans les prévisions que vous
faites pour 1989, on a un total de 5,5 térawattheures, pour l'ensemble
de la demande interne au Québec. Est-ce que ça veut dire que vous
prévoyez qu'il va y avoir un ralentissement dans la construction
résidentielle et dans le tout à l'électricité dans
la construction résidentielle, ainsi que dans la rénovation, non
pas pour l'horizon 2000, mais pour l'horizon 31 décembre 1989?
M. Maillé: Oui. Effectivement, il y a plusieurs facteurs
qui sont derrière ce ralentissement. Premièrement, il faut dire
que vous n'avez pas nécessairement l'effet de la température,
c'est-à-dire qu'on ne prévoit pas la température; on ne
prévoit pas que l'année sera particulièrement chaude ou
particulièrement froide; alors, vous n'avez pas cet
élément qui jouait en 1988. En fait, on suppose implicitement,
dans ces prévisions, qu'on aura à peu près la même
température qu'en 1988. C'est un élément en moins, bien
sûr.
Il y a également, comme vous dites... Oui?
M. Claveau: Je vais vous arrêter parce que, depuis le
début de 1989, on y a déjà passa-blement
goûté. Depuis te 1er janvier 1989, on y a passablement
goûté en termes de température.
M. Maillé: Je sais qu'on a atteint des records
récemment, mais l'année n'est pas encore terminée et on ne
peut pas juger sur la base de cette première partie de l'année.
La prévision, en tout cas, est basée sur une température
moyenne. Je vous dis que c'est seulement à la fin de l'année
qu'on sera en mesure de juger.
Par ailleurs, il y a un autre élément qui est
incorporé dans la prévision, soit, effectivement, une baisse du
nombre de conversions. Enfin, le niveau de 1988, à 58 000, est vraiment
assez remarquable. Dans la prévision de 1989, on le rabaisse à 32
000. Cela reflète, disons, plusieurs phénomènes, dont
l'hypothèse d'un ralentissement de la croissance économique en
1989. Disons que ça va être un climat général, au
plan économique, qui favorisera moins le "boom" qu'on a connu dans le
secteur résidentiel, en 1988. Cela signifie donc une baisse du nombre de
conversions...
M. Claveau: II fait des pronostics à la place du
gouvernement.
M. Maillé: ...à l'électricité,
associée à une baisse d'activités en matière de
rénovation et de construction résidentielle. Quant aux mises en
chantier, nous prévoyons également une baisse par rapport au
nombre de 58 000 qui avait été atteint en 1988. Pour ce qui est
de l'activité industrielle, les taux de croissance prévus sont
moindres qu'en 1988. Enfin, pour tout vous dire, le produit intérieur
brut aaugmenté de plus de 4 % en 1988, mais la prévision pour
l'année qui s'en vient est plutôt de l'ordre de 2,2 %.
M. Claveau: Est-ce qu'on pourrait vous demander où vous
prenez vos sources quand vous faites des prévisions semblables?
M. Maillé: Oui, d'accord. Disons que les prévisions
sont...
Une voix: Sont noires.
M. Maillé: ...faites de deux façons. D'une part,
nous avons nos propres spécialistes, à Hydro-Québec, qui
analysent en détail l'économie du Québec. Nous regardons
principalement les industries fortes consommatrices et nous faisons
également des prévisions sur l'ensemble de l'économie du
Québec. Pour ce qui est des économies canadienne et
nord-américaine, nous faisons nos propres analyses, mais nous comptons
aussi sur l'aide de consultants externes, principalement des compagnies comme
Data Resources Incorporated qui sont des consultants assez connus dans le
domaine.
Donc, les prévisions que nous faisons sont établies
à partir de nos propres analyses pour le Québec, mais dans un
climat nord-américain qui provient de consultants externes. Nous nous
assurons aussi, en fin de compte, que les prévisions que nous retenons
pour le plan de développement ne s'éloignent quand même pas
trop du consensus, c'est-à-dire que nous faisons toujours une
vérification pour savoir comment nous nous comparons aux autres. En
général, disons que nous ne nous éloignons pas tellement
de la prévision du consensus. Ainsi, par exemple, pour 1989, la
prévision de 2,2 % s'inscrivait à l'intérieur du consensus
des prévisionnistes, au moment où on a fait la prévision,
qui était de l'ordre de 2,3 % à 2,4 %. Si vous voulez que je vous
en cite quelques-uns...
M. Drouin: En attendant, je pourrais peut-être apporter une
information au député d'Un-gava relativement à nos ventes
pour le début de 1989. Elles sont inférieures à 1988 de
0,6 téra-wattheure, pour le mois de janvier seulement, ce qui
représente des revenus en moins - mois sur mois, janvier sur janvier -
de l'ordre de 30 000 000 $, parce que la température a effectivement
été beaucoup moins basse en janvier 1989 par rapport à
janvier 1988, globalement.
M. Claveau: Donc, juste pour le mois de janvier, on a 0,6
térawattheure...
M. Boivin: Oui.
M. Claveau: ...de moins en termes de vente.
M. Boivin: Par rapport à la moyenne.
M. Claveau: On va sûrement avoir l'occasion de se reprendre
au mois de mars. J'ai hâte de voir.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Oui, ça va bien.
M. Maillé: Si vous voulez quelques chiffres, vous savez,
dans le plan de développement, au tableau 2.2, on indique un peu le
recensement qu'on a fait auprès des autres prévisionnistes. On
vous indique ici que la moyenne, pour l'année 1989, est de 2,3 % avec un
quartile supérieur de 2,7 % et un quartile inférieur de 1,8 %.
Nous nous situions à 2,2 %. De toute façon, la plupart des
prévisionnistes s'entendent pour dire qu'il y aura un ralentissement de
la croissance en 1989, par rapport au taux de 1988 qui était une
année, quand même, exceptionnelle à plus de 4 %. On va
savoir le chiffre exact dans quelques mois, mais il y a beaucoup
d'éléments de ralentissement qu'on peut déjà
prévoir dans l'économie, notamment dans le secteur
résidentiel et dans le secteur industriel également. Les
exportations canadiennes ont commencé à ralentir depuis
déjà deux trimestres. Il y a les taux
d'intérêt qui ont été augmentés en raison des
poussées inflationnistes. Donc, beaucoup d'éléments font
en sorte que la plupart des prévisionnistes prévoient un
ralentissement en 1989. Donc, la moyenne, au moment où on a fait nos
prévisions, était de 2,3 %. Quelques chiffres: pour la Banque
Royale, c'était 1,8 %; la Caisse de dépôt, 2,7 %; le
Conférence Board, 2,2 %; le mouvement Desjardins, 2,6 %.
M. Claveau: Globalement, est-ce que vous avez un indice, un
chiffre que vous utilisez au besoin qui pourrait faire un genre de rapport
entre la croissance de la demande d'électricité et la croissance
du produit intérieur brut?
M. Maillé: Oui, disons qu'il est possible d'établir
un tel rapport. D'ailleurs, je pense que nous avons un graphique dans le
document jaune qui - si je peux le retrouver - vous donne, justement, cette
mesure. Attendez! Excusez-moi, c'est dans le document principal, à la
page 76. Vous avez là un graphique, le graphique 6.2, qui vous donne le
ratio que vous recherchez, c'est-à-dire la quantité
d'électricité consommée au Québec, dans les ventes
régulières, sur le produit intérieur brut. (15 h 30)
M. Claveau: Vous prévoyez donc qu'à partir de 1986
le produit intérieur brut ira en baissant...
M. Maillé: Non, pas le produit intérieur brut.
M. Claveau: ...puisque la consommation
d'électricité baissera.
M. Maillé: C'est le ratio. Disons qu'on prévoit une
diminution de la consommation d'électricité par dollar de produit
intérieur brut. Exactement. Un léger gain
d'efficacité.
M. Claveau: D'accord.
M. Maillé: Maintenant, si vous voulez en connaître
un peu les causes, je dois vous dire que la première période,
c'est-à-dire de 1971 à 1986, qui montre une intensification de la
consommation d'électricité par dollar de PIB, est malheureusement
un peu faussée par le fait que, durant cette période, il y avait
une très forte pénétration du chauffage électrique
dans le secteur résidentiel et dans le secteur commercial. Or, la mesure
que vous avez ici tient compte de toute la consommation
d'électricité sans égard à son utilisation. Donc,
durant la période où l'électricité a
pénétré de façon très importante le
marché du chauffage, cela a fait en sorte de gonfler, si l'on veut, la
consommation d'électricité par rapport à la tendance
qu'elle aurait suivie normalement s'il n'y avait pas eu ce
phénomène. De 1971 à 1986, on voit une inten- sification
de l'électricité par dollar de PIB. Si on enlevait le
phénomène du chauffage, on aurait vu, au contraire, une
amélioration de la consommation par dollar de PIB.
Ensuite, au-delà de 1986-1987, étant donné que la
pénétration du chauffage électrique a tendance à
ralentir - il n'y a plus que 360 000 unités chauffées au
pétrole, par exemple, aujourd'hui, dans le secteur résidentiel -
ce facteur jouera moins à l'avenir pour gonfler la croissance de
l'électricité et on verra davantage, à ce
moment-là, les phénomènes intrinsèques dé la
consommation d'électricité. Si vous enlevez le chauffage, on
observe qu'en général les gens ont quand même
réalisé des économies, depuis 1971. Il y a eu des gains
d'efficacité dans la plupart des secteurs. Dans les secteurs tels les
alumine-ries, par exemple, les nouvelles technologies sont de 17 % plus
efficaces que les anciennes, en termes de consommation
d'électricité. Il faut donc surtout y voir un ralentissement de
la pénétration du chauffage électrique qui fait
apparaître des gains d'efficacité qui se produisent à cause
des économies d'énergie.
M. Claveau: J'aimerais comprendre une chose. L'entonnoir 2006, on
peut l'appeler comme ça, je ne le sais pas. Il y a déjà eu
des émissions Cosmos 2001, méils, dans le cas
d'Hydro-Québec, cela semble être l'entonnoir 2006. Quelles que
soient les prévisions qu'on puisse faire avant ou après, jusqu'en
1994-1996, avec des fourchettes du plus haut ou du plus bas et tout ce que vous
voulez, il semble que 2006 soit un point précis et qu'il faille que
ça passe là. Comment cela se fait-il?
M. Drouin: Pour l'avoir entendu souvent donner cette explication,
je dois vous dire que M. Maillé est rendu expert là-dessus.
M. Claveau: Je veux bien le croire, mais il me semble qu'il y a
un minimum de logique. Sans vouloir insulter personne, à douze mois
d'avis, Hydro-Québec réussit à se tromper d'environ 50 %
dans ses prévisions, mais, pour 2006, elle ne se trompe jamais; il faut
que cela passe par là.
M. Drouin: On ne va pas jusque-là. M. Maillé.
M. Maillé: Oui, disons, premièrement, que c'est
vrai qu'on s'est trompés de 50 % dans nos prévisions en termes de
pourcentage, mais, si on regarde quand même en termes de niveau, c'est 3
%, sur le niveau de la demande.
Effectivement, on donne certainement l'impression qu'on tient beaucoup
à notre chiffre pour 2006, puisque cela fait au moins deux ans qu'on ne
bouge pas. Par contre, je dois vous dire que, si on regarde l'historique, on ne
faisait pas toujours des prévisions jusqu'à 2006. C'est
relativement récent. Par exemple, on n'en faisait
pas en 1985 ni en 1986. Si on regarde l'historique des prévisions
à Hydro-Québec, si je remonte à 1983, il y avait, à
ce moment-là, pour l'horizon 2001 une prévision de 147
térawattheures. Aujourd'hui, pour le même horizon, c'est 162
térawattheures. L'histoire du 2006 est, quand même, un
phénomène récent parce qu'on n'a pas prévu
l'horizon 2006 depuis très longtemps. Mais, si on regarde l'horizon
2001, en tout cas, on note, depuis 1983, une révision à la
hausse. Donc, on a quand même réagi aux phénomènes
dont vous parlez qui sont qu'on a été un peu surpris, de
façon positive, par la croissance économique du Québec au
cours des dernières années.
Toutefois, c'est vrai ce que vous dites, soit que, depuis deux ans, on
n'a pas touché le niveau de 2006. Les raisons qui sont derrière
ça vous ont été expliquées par M. André
Delisle pour ce qui est, en tout cas, de la prévision de cette
année de façon générale, ce qu'on peut dire, c'est
qu'il y a, d'une part, des éléments de la croissance de 1988,
notamment ces fameuses conversions au chauffage électrique, qui ne nous
amènent pas nécessairement à rehausser notre
prévision a long terme, pour la raison suivante: c'est qu'à long
terme on prévoyait capturer la majeure partie de ce marché.
Lorsqu'on le pénètre plus rapidement que prévu, cela fait
en sorte de gonfler la prévision à court et à moyen
termes, mais, comme, de toute façon, à long terme, on l'avait mis
presque au complet, ça ne nous fait pas changer notre chiffre de long
terme. Cela c'est pour le phénomène des conversions. C'est donc
un phénomène dit de devancement: cela vient gonfler la
prévision à court terme, mais ça ne vient pas
nécessairement la rehausser.
En ce qui concerne l'autre élément, vous avez raison, face
à la croissance économique plus forte, on a bougé notre
point. En fait, comme le disait M. Delisle, il y a eu des
éléments de révision dans la demande de cette
année, ce qu'on appelle des éléments permanents de
révision, qui ont touché toute la période, incluant 2006,
qui sont d'environ 2,6 térawattheures par an. Cela, c'est le
résultat de la croissance économique plus forte. Autrement dit,
on n'est pas restés complètement indifférents au fait que
la croissance était plus forte que prévue. On l'a
incorporé dans nos prévisions.
Toutefois, cette année, il y a eu un élément
compensatoire, soit la baisse de la prévision de la consommation des
systèmes biénergie. Les ventes de biénergie, cela a
été un élément important qui est venu hausser nos
prévisions de la demande dans le passé. Cette année, on a
fait une révision à la baisse, à long terme, des ventes
dans le secteur biénergie. Vous savez ce que c'est. Les ventes dont je
parle, c'est la biénergie dans les secteurs institutionnel et
commercial. C'est un programme qui a été mis au point par
Hydro-Québec, il y a quelque temps, qui a été fait
principalement dans un climat de vente excédentaire, bien sûr, et
qui a permis de développer un marché assez important de
remplacement du pétrole dans les secteurs commercial et industriel.
Dans la prévision de cette année, il y a eu une
révision à la baisse des ventes à long terme dans la
biénergie. Si vous cherchez un tableau qui va vous illustrer ce
phénomène, il y en a un, je pense, dans le document jaune. Il y a
donc eu une révision à la baisse des ventes dans le secteur
biénergie. Bien qu'il ne présente pas l'écart par rapport
à la prévision de l'année dernière, vous avez ici,
dans le document jaune, à la page A6.8, les prévisions qui sont
faites des ventes dans le secteur biénergie. Il y a eu une
révision, disons, par rapport aux prévisions de l'année
dernière, d'à peu près 2 térawattheures à
long terme, principalement pour tenir compte d'un effet d'effritement de ce
marché. Un effet d'effritement provient de deux hypothèses
principales: l'une, c'est la prise en considération de la
désuétude de certains systèmes de chauffage. Ce sont des
systèmes existants qui sont convertis à l'utilisation de
l'électricité. Disons qu'on a pris en considération une
hypothèse de désuétude de ces systèmes et le fait
qu'au moment où les gens auraient à remplacer ces systèmes
il n'est pas certain qu'ils iraient à l'électricité, ou
tout électrique. Disons que, compte tenu des positions concurrentielles
et surtout de la position concurrentielle améliorée du gaz
naturel, on a fait l'hypothèse qu'on perdait une partie de ce
marché à long terme.
M. Claveau: Juste sur ce que vous venez de dire, par contre, au
tout début, à la page 1 du document jaune, vous dites que,
malgré l'avantage concurrentiel du gaz ou du mazout, les gens ont quand
même tendance à aller vers l'électricité.
M. Maillé: C'est vrai qu'au secteur résidentiel,
par exemple, dans le nouveau marché résidentiel, on
pénètre à 95 %. C'est acquis. Dans l'ancien marché
résidentiel, les 58 000 conversions dont je vous parlais cette
année indiquent que, pour certains types de conversions
résidentielles, lorsque les gens rénovent les condos ou autres,
il y a une tendance à choisir l'électricité pour certains
avantages, par exemple, la possibilité de mesurer individuellement
chaque appartement. Au secteur résidentiel, de toute façon, notre
position concurrentielle est bonne. Vous avez pu le voir dans certains
tableaux, on dit que, par rapport au système conventionnel au
pétrole et au gaz, on a des avantages de l'ordre de 10 % à 15 %,
lorsqu'on tient compte de tous les coûts.
Au secteur général et commercial, par contre, si on
compare le coût de l'électricité et celui des autres formes
d'énergie, tout simplement en regardant le coût par unité
d'énergie, les frais variables, bêtement, on voit des
écarts qui peuvent varier entre 25 % et 50 % en faveur
des autres énergies. Par contre, dans la nouvelle construction
commerciale et institutionnelle, en raison des avantages, par exemple, de
pouvoir utiliser des pompes à chaleur, en raison de certaines
technologies très efficaces qui utilisent l'électricité,
on pénètre quand même à 75 % le nouveau
marché institutionnel et général. Mais, dans l'ancien
marché institutionnel et général, dans des fournaises
existantes, là où il n'y a pas nécessairement de la haute
technologie, la bataille au niveau concurrentiel est pas mal plus forte. On a
réussi à pénétrer avec le programme
biénergie, qui impliquait des baisses de prix par rapport à nos
tarifs traditionnels en retour de la possibilité d'interrompre, mais,
par contre, lorsque quelqu'un arrive à la fin de la vie utile de son
système et qu'il doit le remplacer, ce n'est pas certain qu'il va le
remplacer par un système électrique, parce qu'il y a un
écart de 25 % à 50 %. C'est une problématique qui est
spécifique au secteur général et commercial.
M. Drouin: M. Delisle voudrait ajouter un mot, si vous le
permettez, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. Delisle.
M. Delisle: Je vous vois essayer de comprendre nos
prévisions et j'ai l'impression que, pour le faire, a la page 5 du
document jaune, il y a peut-être cinq points que j'aimerais souligner
très rapidement en synthèse. L'allure de nos scénarios
cibles, tant forts que faibles, dans le fond, s'explique par le comportement de
la croissance de la population. Il faut voir que ce que l'on présume,
c'est que la population, qui croissait de 1981 à 1987 à 0,6 % par
année, devrait, d'ici l'horizon 2001, pratiquement se stabiliser. En
fait, le scénario qu'il y a en arrière de cette croissance, c'est
le scénario moyen du BSQ et c'est le même scénario que
l'année passée. En ce qui a trait aux ménages, si vous
voulez comprendre encore là, c'est que, surtout à partir de
1996-2001, on voit très bien que le taux de croissance des
ménages ralentit beaucoup. En plus, il y a un autre
phénomène qui se passe aussi, c'est le vieillissement des
ménages. Cela change beaucoup la consommation électrique des
ménages, ce phénomène-là.
Enfin, en ce qui concerne le produit intérieur brut, on voit que,
compte tenu de ce scénario de croissance de la population et des
ménages, surtout de la population, il y a un peu une réduction du
taux moyen à partir de 1991-1996. Ici, ce qu'il faut voir, c'est que,
malgré cette réduction du taux de croissance du produit
intérieur brut, le taux par habitant est assez constant selon l'horizon
des prévisions. Ce qui se passe ici, dans le fond, c'est que l'effet de
la population se trouve à expliquer le fait que, globalement, notre
économie croîtra moins rapidement, mais que, par habitant, elle
croîtra à peu près comme elle a crû dans le
passé. Cette croissance s'expliquera par la productivité. En
fait, on sera obligés d'augmenter notre productivité, si on veut
être compétitifs, à un taux de 1,6 % par année selon
l'horizon des prévisions. (15 h 45)
Ce sont les variables économiques, mais, en plus, il y a les
variables énergétiques qui jouent dans la dernière
colonne. À partir de 1991, cela casse. Je ne sais pas si vous le voyez,
on a un taux de 5 % et, tout à coup, on casse à 2,4 %, 1,7 %, 1,3
%. Ce qui arrive, c'est qu'en ce qui a trait à la demande
d'électricité, il y a deux phénomènes au moins qui
jouent. D'abord, la substitution à laquelle on a
référé avant ne joue plus, en fait. Les habitations vont
être chauffées à l'électricité pour
l'essentiel à cet horizon. La substitution du mazout à
l'électricité aura été faite, donc elle
n'expliquera plus la croissance de notre demande du côté
résidentiel. Je pourrais faire le même raisonnement du
côté général institutionnel. Il faut
également voir qu'à partir de l'horizon 1991 notre
prévision ne postule plus de programmes commerciaux autres que
l'interruptible et la biénergie. Dans le cas de la biénergie, on
ne prévoit pas revoir les modalités de ce programme même
si, comme on l'a vu ce matin, il y a un effritement de la demande dans la
période 1996-2006. Donc, quand on veut comprendre l'évolution de
notre croissance, il faut mettre en relation population, ménages,
croissance per capita, programmes commerciaux et fin de la substitution dans le
domaine énergétique.
M. Claveau: Avant de passer la parole à un autre, je
voudrais juste me permettre un petit commentaire. Vous n'êtes vraiment
pas rigolos dans vos prévisions. S'il fallait que toutes les entreprises
aient le même type de prévisions pour investir au Québec,
tout le monde se sauverait demain matin. D'après ce que vous nous dites,
à compter de 2005 il n'y a plus d'horizon: croissance de la population
nulle, investissements à peu près à zéro, il n'y a
plus personne qui va dépenser. Vous ne vous êtes pas
avancés sur la moyenne d'âge de la population en l'an 2006. En
tout cas, je souhaite de tout coeur que vous vous trompiez dans vos
prévisions, parce que ce ne sera pas drôle de vivre au
Québec en 2006, n'est-ce pas, M. le ministre?
M. Delisle: Encore là, c'est la prévision du
BSQ.
M. Ciaccia: Ce n'est pas souvent qu'on s'entend.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Ciaccia: Mais des fois.
M. Claveau: On va s'organiser pour que vous sautiez par-dessus le
cap que vous visez pour 2006, parce qu'à moins de cela on n'a plus
rien à faire ici.
M. Drouin: Quant au taux de natalité, Mme la
Présidente, bien sûr qu'avec une panne générale par
année, Hydro-Québec fait sa juste part.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: On se demandait, justement, si cela ne faisait pas
partie de la stratégie du gouvernement en termes de natalité.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Anjou.
M. Larouche: Mon collègue, le député
d'Ungava, m'a enlevé plusieurs questions de la bouche, mais j'aimerais
quand même avoir certaines précisions. Il est clair, comme vous le
dites dans votre plan de développement, que le bilan de la demande et de
l'offre est essentiel à la planification de vos activités et de
vos équipements et qu'il détermine, en fin de compte, ce que sera
un peu le futur. Le député d'Ungava parlait d'une erreur de la
demande de 50 % et vous dites dans votre rapport annuel, à la page 5,
que c'est 100 %. On dit que cette demande aurait augmenté de plus du
double de ce qui a été prévu. Alors, le double, c'est 100
%.
M. Drouin: En fait, on avait prévu 4,9 % pour
l'année 1988 et ce qui a été réalisé, c'est
8,5 %.
M. Larouche: C'est cela. J'aimerais avoir une réponse
toujours en référence à votre rapport annuel, à la
page 52, où vous parlez de pertes. Il y a toujours à peu
près 10 % à 12 % de pertes. Cela me semble constant. Comment
évaluez-vous ces pertes et en quoi consistent-elles? Ce sont des pertes
en kilowattheures et non en dollars, évidemment.
M. Boivin: Vous parlez des pertes sur le réseau?
M. Larouche: Oui, il y a toujours 10 % ou 12 % de pertes.
M. Boivin: Effectivement, se sont les pertes que nous avons sur
les différents réseaux de transport, répartition et
distribution, ainsi qu'au niveau de la transformation. On sait, à moins
qu'on n'ait éventuellement un "break-through" dans la
supraconductivité, qu'il y a une perte causée par le transport,
dans nos appareils de transformation, dans les réseaux de
distribution...
M. Larouche: Ce sont des pertes naturelles dues au
système.
M. Boivin: Grosso modo, en fait, c'est 10 % de ce qu'on produit
qui sont perdus avant d'être livrés au consommateur.
M. Larouche: Toujours concernant les tableaux, évidemment,
je ne souscris pas au scénario de la disparition, au tableau 3,
2001-2006, 0 %. D'autre part, si vous comparez ce tableau à celui de la
page A4.2, pour ce qui est de la consommation dans les industries, c'est
étrange qu'au même moment où il y a une diminution de la
population et d'autres indicateurs, vous prévoyez une augmentation pour
le secteur industriel sans qu'il y ait une corrélation de cause à
effet.
M. Boivin: Non, parce que dans les années qui viennent,
compte tenu, justement, de l'avantage comparatif de
l'hydroélectricité, on prévoit une augmentation de la
consommation dans le secteur industriel causée par l'implantation
d'industries énergivores et, effectivement, quand on regarde la
prévision de croissance de nos ventes pour les années qui
viennent, le plus fort taux de croissance provient du secteur industriel
à cause, justement, de l'avènement d'industries
énergivores.
M. Larouche: Évidemment, je suis heureux lorsque vous vous
trompez dans vos prédictions et qu'il y a plus de développement
économique que prévu. Alors, on peut ajuster, en
conséquence, notre avenir.
Concernant la question du partage des risques et des
bénéfices, on voit que le Québec se développe au
niveau économique et que le rôle d'Hydro-Québec est
extrêmement important à ce niveau, et je pense qu'on doit vous en
féliciter. Concernant l'expansion de ABI et Québec Fer et Titane
et les projets Alouette et Alumax, est-ce que vous pouvez nous indiquer quels
sont les avantages de la formule de partage des risques et des
bénéfices pour Hydro-Québec et les investisseurs?
M. Drouin: II y a M. Boivin qui, évidemment, est issu des
marchés internes, des marchés québécois et qui, par
conséquent, connaît bien les dossiers. Il y a également M.
Michel Labonté, vice-président aux marchés industriels,
qui peut vous donner des informations. Je vais demander d'abord à M.
Boivin d'aborder le dossier.
M. Boivin: La formule de partage des risques et des
bénéfices que nous avons développée au cours des
dernières années se voulait une formule plus efficace et plus
avant-gardiste que celle que nous avons utilisée, d'abord, au
début des années quatre-vingt dans la période où
nous avions des surplus. Là, nous avions offert carrément des
rabais tarifaires pendant une période qui nous permettait
d'écouler les surplus, tout en moussant le développement
industriel. Elle se voulait également une formule plus valable que celle
qui a été utilisée dans les
années soixante et soixante-et-dix pendant lesquelles, pour
attirer les industries au Québec, on donnait tout simplement certains
types de garanties tarifaires à long terme.
On pense aujourd'hui - d'ailleurs, les résultats que nous avons
obtenus au cours des dernières années nous ont donné
raison - qu'il est plus intéressant tant pour l'industriel que pour
Hydro-Québec de proposer plutôt des formules de partage des
risques et des bénéfices selon lesquelles, si jamais cela allait
mal, s'il y avait un coup dur, effectivement, Hydro-Québec absorberait
avec le client ce coup dur dans des périodes de cycles
économiques défavorables. Par contre, dans des périodes
où l'économie va bien et où l'entreprise cliente fait des
bons profits, Hydro-Québec aura également l'occasion de partager
ces profits. Nous croyons que c'est une formule qui est plus
intéressante, d'abord, pour l'entreprise qu'est Hydro-Québec.
Également, si on considère les résultats que nous avons
eus avec ces propositions au cours des dernières années, il
semble évident que notre clientèle industrielle apprécie
ce genre de formule. Mais il faut reconnaître que, sur un horizon de 10,
15 ou 20 ans, il peut y avoir, effectivement, certaines mauvaises années
où il faudra qu'Hydro-Québec ait la marge de manoeuvre
financière pour faire face, occasionnellement, à une ou deux
mauvaises années sur la période.
M. Ciaccia: Excusez-moi, je ne veux pas vous interrompre, mais
cette formule répond aux normes du libre-échange. On ne
contrevient pas aux engagements du libre-échange en utilisant cette
formule.
M. Boivin: C'est exact. On est beaucoup moins vulnérables,
en tout cas, du côté du libre-échange, avec une telle
formule qu'on ne le serait si on donnait carrément des rabais, comme on
l'a déjà fait au début des années quatre-vingt;
à ce moment, cela pourrait être considéré ou ce
serait considéré comme des subventions directes.
M. Larouche: En terminant, est-ce que vous avez identifié
certains secteurs industriels particuliers en dehors de ceux dont on vient de
parler?
M. Boivin: II est évident que des formules de ce genre
s'adressent à des secteurs Industriels pour qui le coût de
l'énergie est un facteur important du coût total de production du
produit fini. Donc, on parle nécessairement du secteur de l'aluminium,
des ferroalliages, du secteur du magnésium, du secteur de
l'électrochimie également, donc de tous les secteurs où le
coût de l'énergie électrique représente un facteur
important, et possiblement, mais de façon beaucoup moins importante, du
secteur des pâtes et papiers parce que dans ce secteur le facteur de la
localisation géographique d'une usine, ce n'est pas la
disponibilité d'énergie électrique, mais la
disponibilité de matière ligneuse, enfin de bois.
M. Ciaccia: Cette formule est moins appliquée dans le
secteur des pâtes et papiers.
M. Boivin: C'est exact.
M. Drouin: Mme la Présidente, est-ce que je pourrais
apporter juste une précision à l'intention du
député d'Ungava et du député d'Anjou? Nos
prévisions relativement à la population, enfin ce qui est
indiqué au tableau 3, le taux de croissance zéro de 2001 à
2006, ce sont les prévisions d'un scénario moyen du Bureau de la
statistique du Québec. Donc, ce ne sont pas les prévisions
d'Hydro-Québec comme telles. Je veux juste le préciser pour que
vous sachiez que, si on se trompe là-dessus, on n'est pas tout
seuls.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: Vous vous êtes couverts dans votre plan parce
que vous avez mentionné que vous avez une flexibilité
d'adaptation à l'évolution.
M. Drouin: C'est cela.
M. Ciaccia: Alors, si cela change, vous allez vous adapter.
M. Drouin: C'est notre devise pour les prochaines
années.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): J'aimerais aborder un
peu le service à la _cileotèle. Je pense que la
satisfaction de la clientèle est un élément j important de
la qualité du service. L'abonné qui / entre en relation avec le
distributeur doit pouvoir faire valoir son point de vue auprès du
distributeur. C'est d'autant plus vrai qu'une entreprise comme
Hydro-Québec est pratiquement en situation de monopole. Je constate
qu'Hydro-Québec a introduit dans son plan de développement une
procédure de révision Interne des plaintes. D'abord,
pouvez-vous nous dire combien de plaintes reçoit Hydro-Québec
annuellement et, ensuite, nous expliquer quels types de plaintes pourront
être soumises dans le cadre de votre procédure, ainsi que les
délais prévus pour le traitement des dossiers? Je ne sais pas qui
peut répondre à ces questions.
M. Drouin: M. Jacques Finet, vice-président
exécutif aux marchés québécois, Mme la
Présidente.
M. Finet (Jacques): C'est un sujet assez délicat. Il
faudra faire bien attention aux mots que je choisis. Le nombre de plaintes
comme telles? Il faudrait, d'abord, définir le mot
"plainte". Si vous voulez, je vais plutôt vous parler du nombre
d'appels téléphoniques qui peuvent entrer à nos bureaux au
cours d'une année. La façon de se rappeler le chiffre est simple;
c'est à peu près équivalent au nombre de clients que nous
avons, soit, grosso modo, 3 000 000 d'appels téléphoniques.
Souvent, ce n'est pas toujours pour faire une plainte, mais pour avoir une
explication, pour faire part d'un déménagement ou pour quelque
autre raison. Cependant, à l'occasion, ce sont des plaintes.
Dans le plan de développement, on indique notre volonté de
mieux structurer et de faire connaître à notre clientèle la
façon dont elle peut obtenir satisfaction de la part
d'Hydro-Québec ou du moins quels sont les recours qu'elle a à sa
disposition si elle n'est pas satisfaite de sa première intervention au
bureau du service à la clientèle. C'est simple, le client qui a
une démarche à faire auprès d'Hydro-Québec consulte
sa facture sur laquelle est indiqué le numéro de
téléphone du secteur qui le dessert. À ce bureau de
service à la clientèle, il reçoit une réponse. S'il
n'est pas satisfait, nous allons l'informer qu'il a un droit de recours au
niveau du gérant du secteur, encore dans son arrondissement. S'il n'est
pas encore satisfait de la réponse du gérant du secteur, il sera
informé qu'il pourra avoir recours au vice-président
régional. Et, en dernier recours, finalement, s'il n'a vraiment pas
obtenu satisfaction, il aura recours au président et chef de
l'exploitation d'Hydro-Québec. Vous savez, c'est un peu pour parer
à une carence. Souvent, des clients interviennent auprès du
service à la clientèle, ils n'ont pas satisfaction et ne savent
pas trop à quel endroit ils peuvent se diriger dans l'entreprise. Alors,
ils se dirigent soit chez l'un de leurs amis, soit vers le
vice-président de la région, soit au président et
même souvent au bureau du ministre. Nous allons diffuser ce
mécanisme de recours. Nous allons le faire connaître afin qu'on
puisse s'assurer qu'à tout le moins le client reçoit toute
l'attention qu'il mérite. (16 heures)
M. Ciaccia: Excusez-moi, je ne veux pas vous interrompre, mais
c'est un nouveau mécanisme que vous allez mettre en place ou qui est
actuellement en place, c'est relativement nouveau.
M. Finet: Je dirais, M. le ministre, que nous allons
l'officialiser ou mieux le structurer et surtout le faire connaître, un
peu comme une des grandes banques québécoises l'a fait
récemment, en publiant une petite brochure qui a été
envoyée avec les factures faisant connaître à ses clients
que, s'il y a insatisfaction, ils peuvent recourir à tel ou tel niveau
dans l'entreprise, cependant en suivant la filière, de sorte que le
client qui est insatisfait dans le secteur n'ait pas recours tout de suite au
président. Je pense qu'il y a un ordre à suivre qu'on va
suggérer.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va corriger,
alors, les plaintes que les abonnés font en disant qu'il est très
difficile d'avoir des renseignements par téléphone à
Hydro-Québec, qu'il est très difficile d'avoir la ligne. Est-ce
que ça va corriger cette lacune?
M. Finet: Mme la Présidente, oui. Par la même
occasion, je pense que c'est M. Boivin qui le mentionnait hier, dans la
région Saint-Laurent en particulier, il y a un problème avec le
système téléphonique, le réseau
téléphonique comme tel. Ce réseau sera remplacé
dès le mois de septembre 1989.
En parallèle aussi, nous allons tenter de mieux organiser le
travail dans chacun des secteurs afin qu'il y ait le plus d'employés
disponibles possible au moment où surviennent les charges de travail. Ce
que nous visons sur un horizon de deux ans, c'est de passer du taux de
réponse au téléphone de 82,5 % que nous avons
actuellement, à un taux de 90 %. Je m'explique. Lorsqu'on donne un
chiffre de 82,5 %, cela veut dire que c'est sur un premier appel; on
répond, à 82,5 % actuellement, au premier appel. Malheureusement,
les autres doivent essayer une deuxième fois et, quelquefois, une
troisième fois, et c'est ça que vous mentionniez qui est
désagréable. On veut corriger cette situation en atteignant, sur
une période de deux ans, ce qui serait une norme acceptable, 90 %.
La Présidente (Mme Bélanger): Une dernière
petite question. Est-ce qu'il est normal et équitable d'expédier
à un abonné qui déménage une facture finale
basée sur une estimation de sa consommation et non sur la lecture du
compteur?
M. Finet: Je vous dirai que c'est une pratique répandue au
Canada et aux États-Unis puisqu'il y a un nombre incroyable de
déménagements qui se font à peu près en même
temps et, ici au Québec, c'est le 1er juillet. Si on voulait faire un
relevé dans chacun des cas, on arriverait avec une facture très
importante à payer pour faire ce relevé. Finalement, il faudrait
la refiler à la clientèle sous forme de frais de
déménagement ou de frais de raccordement, comme d'autres
distributeurs le font.
Puisque nos techniques pour produire des estimations sont suffisamment
précises, on a plutôt choisi de procéder avec des
estimations qui font en sorte que, pour tout le monde, pour le consommateur et
pour la collectivité, on minimise les coûts. Cependant, le client
qui se croirait lésé ou qui souhaiterait avoir un meilleur
traitement peut lui-même faire un relevé de son compteur,
c'est-à-dire indiquer la position des aiguilles sur chacun des cadrans,
et nous le transmettre; à ce moment-là, on s'en servira pour lui
faire sa facture.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
ministre.
M. Ciaccia: Merci, Mme la Présidente. L'été
dernier, Hydro-Québec a installé un nouveau programme d'aide
à l'implantation des électro-technologies. Je pense que vous y
faites référence à la page 25 de votre plan de
développement Pouvez-vous nous décrire les particularités
de ce programme?
M. Finet: M. le Président, dans un premier temps, je peux
vous parler de la Phase il du programme qui s'est terminée en juin 1988.
Je pense que ce serait utile pour les membres de la commission d'avoir les
résultats. D'abord, c'est un programme qui couvrait trois ans, de 1985
à 1988. Nous avions un objectif de vendre pour 300 mégawatts de
nouvelles électrotechnologies et nous avons réussi à en
vendre pour 410 mégawatts.
M. Ciaccia: Pour le bénéfice des membres de la
commission et du Journal des débats, est-ce que vous pourriez
nous donner une petite description des électrotechnologies? Qu'est-ce
qu'on traite avec ça?
M. Finet: Oui. Les électrotechnologies, je les
décrirais comme étant des procédés faisant
l'utilisation de l'électricité, un procédé
industriel, et qui remplacent, la plupart du temps, des procédés
qui étaient autrefois au mazout ou au gaz.
M. Boivin: De façon plus efficace.
M. Finet: Oui, de façon plus efficace. Cela permet souvent
de réduire les coûts pour l'industriel ou d'augmenter la
qualité de son produit ou, à quelques occasions, les deux
à la fois.
M. Ciaccia: Est-ce que cela pourrait être utilisé
aussi dans l'amélioration de la productivité, des coûts de
production de l'industrie?
M. Finet: Forcément, oui. Cela améliore la
productivité.
M. Ciaccia: D'accord.
M. Finet: Donc, nous avions un objectif de 300 mégawatts
et les résultats ont été de 410 mégawatts sur la
période de trois ans. Nous avons versé des subventions pour un
montant de 60 000 000 $ et ces subventions ont généré des
investissements totaux de 240 000 000 $, dont 167 000 000 $ qui ont
été faits par l'entreprise privée. Il reste 13 000 000 $
qui viennent d'autres programmes d'aide à l'implantation de ces
électrotechnologies.
Devant le succès obtenu, nous avons préparé une
deuxième phase qui a été approuvée en milieu
d'année 1988 et qui vise, pour les trois prochaines années, un
objectif de 250 mégawatts cette fois-ci avec des subventions de 35 000
000 $. Ce programme est doublé, en ce qui concerne les petites et
moyennes entreprises, d'un mode de financement. Le client qui aura à
financer une partie de l'investissement pourra s'adresser à une banque
pour obtenir un financement égal à 75 % de la somme
nécessaire et, pour cet investissement, Hydro-Québec est
prête à consentir une garantie de 75 % de la partie qu'il
emprunte.
M. Ciaccia: Alors, l'avantage pour la PME, c'est une aide au
financement, en termes d'une garantie par Hydro-Québec afin d'obtenir le
prêt nécessaire, et ça doit, évidemment, diminuer le
taux d'intérêt que la PME devrait payer autrement.
M. Finet: Oui, il y a aussi un avantage de ce
côté-là. C'est exact. Je peux vous donner à titre
d'information des exemples d'investissements qui ont été faits de
ce côté-là. J'ai un certain nombre de fiches, d'ailleurs,
qui pourraient être déposées pour le bénéfice
de la commission parlementaire. Il y en a une qui indique que la Compagnie du
Gypse du Canada Itée a maintenant des fours électriques à
résistance, ce qu'elle n'avait pas auparavant et, grâce à
cela, je résume: "II a été possible d'augmenter la
production d'environ 5 % et ainsi de réaliser des économies
annuelles significatives sur les coûts de production." La compagnie
Rolland, qui avait des rejets annuels d'environ 6000 tonnes de papier produit,
aujourd'hui, grâce aux électrotechnologies qui y ont
été installées, réduit ces rejets de 850 tonnes par
année, d'où des économies de 165 000 $ par année.
Il y a toute une série d'exemples de compagnies
québécoises qui ont pu profiter du programme.
M. Ciaccia: Vous avez mentionné que les 60 000 000 $ ont
provoqué des investissements de 240 000 000 $. Est-ce que ces
investissements représentent des équipements? Quel serait le
contenu québécois de ces investissements? Est-ce que ce sont des
équipements qui viennent d'en dehors du Québec? Qu'est-ce que
ça peut représenter en termes d'investissements au
Québec?
M. Boivin: II y a une partie de ces équipements-là
qui sont fabriqués au Québec. Je ne pourrais pas vous donner le
pourcentage exact, parce que les objectifs que nous poursuivions au moment de
la mise en place de la Phase il, du programme, il y a déjà
quelques années, c'était, justement, d'amener l'implantation de
certains fabricants du côté des électrotechnologies. Mais
il reste que, dans certains cas de technologies plus sophistiquées
telles que les fours à induction ou ces choses-là, il n'y a pas
encore, au moment où on se parle, de fabricants québécois.
Par contre, du côté des fours à infrarouge, il y en a qui
se sont développés grâce au programme des
électrotechnologies. Mais je ne pourrais pas
vraiment vous donner aujourd'hui le pourcentage des appareillages qui
sont fabriqués au Québec.
M. Ciaccia: Mais il y en a un pourcentage...
M. Boivin: Je risquerais de dire que c'est probablement quelque
chose comme 40 %.
M. Ciaccia: Est-ce que ceci pourrait faire partie de la rechercha
et développement que vous avez dans votre plan de développement
et dont on peut peut-être discuter?
M. Boivin: C'est exact. En fait, particulièrement, c'est
originalement ce programme-là qui nous a amenés à mettre
sur pied le laboratoire des technologies électriques de Shawinigan
où, en collaboration, dans la plus grande partie des cas, avec des
industriels québécois, nous travaillons à mettre au point
des procédés électriques efficaces.
M. Ciaccia: Quelle est la réponse des entreprises
québécoises à ce programme? Est-ce que vous envisagez
qu'il va y avoir encore plusieurs autres industries qui vont pouvoir
l'utiliser?
M. Finet: Mon collègue, Michel Labonté,
vice-président aux marchés industriels, pourra vous donner
certains détails.
M. Labonté (Michel): Je pense, M. le ministre, que, dans
l'ensemble, la réponse des entreprises québécoises est
enthousiaste. Les industriels nous connaissent de plus en plus et montrent une
ouverture à travailler avec nous à l'amélioration et
à l'utilisation de nos installations d'essai qui sont de plus en plus
complètes au LTEE, au laboratoire des technologies électriques de
Shawinigan. On a aussi essayé de développer des plates-formes
mobiles de manière à se rendre chez les industriels pour faire in
situ, dans le fond, les tests avec eux.
Du côté des fabricants, cela dépendra beaucoup des
technologies et l'un des objectifs évidents que poursuit
Hydro-Québec, c'est d'essayer, dans certains secteurs où c'est
surtout de l'expertise, de l'amener au Québec pour la développer
ou d'aider certaines entreprises au Québec comme cela a
été le cas dans la Phase il. Mais cela va essentiellement se
faire autour de technologies précises. Selon la technologie
envisagée, c'est plus ou moins facile de le faire étant
donné le marché qu'on peut leur ouvrir ici au Québec.
M. Ciaccia: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava, il vous reste cinq minutes et demie.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente.
M. Ciaccia: Si vous en prenez six, on n'en fera pas de cas.
M. Claveau: Je vais me permettre de revenir encore sur l'horizon
2006. Cela me semble important parce que beaucoup de choses seront, par la
suite, conditionnées, par cela comme le devancement des travaux,
particulièrement le projet NBR, je pense, qui fait partie du
décor et qui commence à nous rentrer passablement dans le corps
à partir de 2006. Je suis toujours surpris par l'effet d'entonnoir,
comme je le disais; peu importe le gonflement des différents
scénarios, on finit toujours par arriver avec un scénario cible
de 2006 qui est le même, du moins pour les deux dernières
années. Avant, on ne l'avait pas; on finissait à 2001, si je ne
me trompe pas, ou quelque chose comme ça.
Dans le cahier jaune, aux pages A1.12 et A1.13, vous faites allusion au
libre-échange. D'ailleurs, il en était fait mention un peu avant,
si je ne m'abuse, à la page A1.4, où il est question du
libre-échange et de la pénétration des marchés
américains. Je retiens la dernière phrase de la page A1.12:
"Globalement, l'Accord de libre-échange devrait contribuer à
consolider la position concurrentielle du Québec comme site
d'implantation pour les industries grandes consommatrices
d'électricité." Vous continuez au haut de la page A1.13, mais
toujours en identifiant cela au scénario fort. À la page A1.4, on
disait: "Ainsi, dans le scénario fort, les marchés
extérieurs offrent un potentiel plus élevé." C'est
toujours en fonction du scénario fort.
Il me semble que, quand on prévoit la possibilité d'un
avantage concurrentiel important qui peut avoir une incidence positive non
négligeable sur notre comportement économique, on devrait la
considérer en termes de scénario cible, à moins qu'on ne
fasse pas confiance en la capacité de nos investisseurs d'aller chercher
la part de marché qu'ils pourraient aller chercher et que vous semblez
déjà identifier au départ. Pourquoi considérez-vous
ça comme une hypothèse pouvant se réaliser dans le
scénario fort, alors que, à notre point de vue, quand on fait un
scénario cible, c'est parce que c'est probablement le scénario
qu'on s'attend à atteindre? J'essaie de comprendre la logique qu'il y a
là et j'ai beaucoup de difficulté.
M. Drouin: M. Deilsle, peut-être. (16 h 15)
M. Deilsle: En fait, il faut voir que nos prévisions de
croissance économique canadienne / et québécoise
étaient faites dans l'hypothèse du / libre-échange. Quand
est arrivé l'Accord de il libre-échange, cela n'allait pas
changer nos taux de croissance estimés sur l'horizon des
prévisions. Les études indiquent en général que le
libre-échange aurait un effet d'environ 0,3 % sur la croissance
économique au Canada et on anticipe un peu les mêmes taux au
Québec. Donc, quand on réfère à notre
scénario cible, il y a
déjà une anticipation de l'accord de libre-échange,
sauf que vous avez bien raison de poser la question, dans le sens que c'est
clair que c'est difficile, au moment où on se parle, de prévoir
comment les entrepreneurs québécois vont réagir au
libre-échange, etc. Dans la prochaine année, un des
problèmes qu'on veut étudier plus profondément, surtout
qu'on a des décisions à prendre à l'été
1990, c'est la question de savoir: Est-ce que le libre-échange pourrait
avoir des impacts plus grands que ceux qui ont été
traditionnellement estimés? En fait, qu'en est-il?
Nos taux de croissance anticipaient déjà une
libéralisation des échanges. Par contre, c'est clair que ce sont
des phénomènes difficiles à analyser. Il nous faut les
considérer à nouveau et c'est ce qu'on va faire dans la prochaine
année.
M. Claveau: Vous dites que vos prévisions faisaient
déjà état ou considéraient, pour reprendre votre
terme, l'accord de libre-échange. Par contre, à plusieurs
reprises dans le texte, vous écrivez des phrases comme celle-ci: "Cette
possibilité constitue une des hypothèses du scénario
fort."
M. Delisle: Dans le fond, une réaction à l'Accord
de libre-échange a été anticipée par les analyses
qui ont été faites. Comme je vous le disais, la réaction
qui semble être retenue dans les analyses actuellement, c'est qu'on
évalue, à moyen et à long termes, l'impact du
libre-échange à environ 0,3 % de taux de croissance sur le PIB.
Par contre, il pourrait s'avérer que les entrepreneurs
québécois, notamment, réagissent encore beaucoup plus
agressivement à ce nouvel environnement et qu'on déborde le taux
estimé. C'est pour ça qu'on a un scénario fort. Le
scénario fort, dans le fond, tient compte d'une croissance de la
population plus forte que celle qu'on anticipe dans le scénario cible.
Il tient compte aussi d'une réaction plus favorable à l'Accord de
libre-échange de la part de nos entrepreneurs, etc.
M. Drouin: Autrement dit, notre scénario cible tient
déjà compte, dans une certaine mesure, des effets du
libre-échange. Mais il reste que ces effets pourraient être plus
importants que prévu, auquel cas nous tomberions dans la
possibilité d'un scénario fort, d'où l'importance, dans
notre plan de développement de 1989, du thème de la
flexibilité.
M. Claveau: Une dernière question - vous y avez fait
référence un peu tout à l'heure - concernant les
alumineries, par exemple. Dans Le Soleil de samedi, on avait un article
intitulé "Hydro n'a pas assez d'électricité pour tous les
projets d'aluminerie." Vous en retenez deux. Vous dites: II y en a deux qui
sont probablement plus réalisables que d'autres. Les autres, on y
pensera plus tard dans la mesure où ils pourraient se
concrétiser. Il pourrait peut-être y avoir des devancements
là-dedans aussi, par exemple, parce qu'on a vu que ça existait,
les devancements, dans les investissements.
Mais, prenons l'hypothèse - étant donné que toutes
les hypothèses sont bonnes, pour le moins jusqu'en 2006 - que tous les
projets d'investissements dont il est question actuellement dans le domaine des
alumineries se réaliseraient d'ici 1993. Prenons aussi
l'hypothèse qu'à partir de 1993 le gouvernement du Québec
et les investisseurs québécois n'arrêteront pas leurs
démarches pour attirer de plus en plus d'usines ou d'implantations
industrielles énergivores sur le territoire québécois,
est-ce que, malgré son scénario de flexibilité qui est sur
le point de devenir son slogan, Hydro-Québec sera en mesure de
répondre à toute cette demande si jamais cela se
présentait?
M. Drouin: Avant de céder la parole à M. Boivin, je
voudrais faire une remarque. À mon avis, le titre de cet article dans Le
Soleil ne rend pas tout à fait justice au contenu parce que le contenu
ne reflète pas tout à fait le fait qu'il y ait un manque
d'énergie si des alumineries viennent s'installer au Québec.
À tout événement, M. Boivin va faire le point
là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Boivin.
M. Boivin: Effectivement, on peut faire tous les scénarios
qu'on veut et on peut en faire qui vont beaucoup au-delà de ce qu'on a
dans nos scénarios. Pour être capable de vous répondre
spécifiquement, il faudrait que vous me disiez combien vous envisagez de
milliers ou de centaines de mégawatts additionnels à tel horizon.
Je peux vous dire que, dans notre scénario cible, on a envisagé
à l'horizon 1995, 475 mégawatts additionnels.
Nous avons également dans le scénario cible, comme je l'ai
mentionné précédemment, des disponibilités
d'environ 900 mégawatts qui n'étaient pas alloués à
des projets spécifiques, mais qui peuvent être soit dans le
secteur de l'aluminium, dans le secteur du magnésium ou dans d'autres
secteurs des électrochimies. Vous allez convenir avec moi que, d'abord,
c'est déjà périlleux de faire des prévisions, mais
prévoir de façon précise des implantations industrielles
dans chacun des secteurs, c'est très difficile. Alors, nous
prévoyons un certain nombre de mégawatts non alloués pour
des implantations industrielles.
J'aimerais simplement corriger une chose: dans notre scénario
cible, c'est 800 mégawatts que nous avons et non pas 475, comme je l'ai
mentionné, pour des alumineries. S'il arrive des alumineries exigeant
1200 mégawatts à l'horizon 1994, par exemple, automatiquement,
comme je l'ai dit tantôt, cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas
capables de répondre à cette demande-là, mais cela veut
dire que nous allons dépasser le scénario cible que nous nous
étions
fixé et nous irons vers un scénario mi-fort ou vers le
scénario fort. Effectivement, il est évident que, si d'autre
chose arrivait qui nous faisait tomber au-delà du scénario fort -
présentement la marge de flexibilité qu'on s'est donnée,
c'est celle du scénario fort - il faudrait à ce moment-là,
regarder quel serait l'impact.
Encore là, cela dépend beaucoup de la date à
laquelle ces implantations arriveront, parce qu'on a vu également que,
d'ici 1995, on a peu de flexibilité pour devancer davantage des
équipements. Presque tous les équipements en construction ont
déjà été devancés. Avec les études
d'avant-projets que nous avons mises en marche cette année, on pourrait
décider à l'été 1990 de devancer le programme
d'équipements pour les mises en service prévues au-delà de
1995 et, à ce moment-là, se donner une marge de manoeuvre
additionnelle.
Il est évident qu'à l'ultime limite il reste 18 000
mégawatts à développer au Québec. En fait, c'est
ça, finalement, le potentiel et la marge de manoeuvre ultime qu'on a,
mais il est évident qu'on ne peut pas mettre 18 000 mégawatts en
service pour 1995.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. Boivin. M.
le ministre.
M. Ciaccia: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais juste
revenir sur les prévisions. Vous avez indiqué que les ventes au
secteur biénergie industriel, commercial et institutionnel baisseraient
de 19 kilowattheures sur la période 1996-2006 par rapport à la
période 1986-1996. Je pense que vous avez fait un peu allusion à
certaines des baisses, mais est-ce que vous pouvez nous expliquer les
phénomènes qui engendrent cette baisse? C'est une baisse assez
remarquable.
M. Boivin: Effectivement. Je passerai tantôt la parole
à M. Maillé pour donner des explications plus précises.
Mais il faut comprendre que le marché biénergie commercial,
industriel et institutionnel est un marché qu'on est allés
chercher récemment grâce à des programmes de subventions,
programmes qui nous aidaient, à ce moment-là, à
écouler les surplus importants que nous avions.
Ce qu'on anticipe à moyen terme, c'est qu'il y aura une
érosion graduelle de ce marché au moment où les
installations actuelles deviendront désuètes. Dans ces
cas-là, il y avait une installation de chauffage, en règle
générale, au mazout. On a greffé à cette
installation un appareil de chauffage électrique, de sorte que cela peut
fonctionner dans les périodes hors pointe avec l'appareil
électrique et, dans les périodes de pointe, avec l'appareil au
mazout.
Au moment où les appareillages au mazout deviendront
désuets et demanderont à être remplacés, on pense
qu'il y aura un certain effritement de la participation biénergie
là- dedans parce que, à ce moment-là, on ne pense pas que
tous les clients choisiront de reconstruire la partie mazout et
d'intégrer la partie électrique, mais peut-être se
donneront-ils un nouveau système, soit totalement au mazout, soit
totalement au gaz. On pense que, sur un horizon de douze à quinze ans,
il y aura un effritement à cause de ce phénomène.
M. Ciaccia: Ces clients utiliseront quelle forme
d'énergie, à la fin? Ce sera où?
M. Boivin: Dans le secteur commercial et industriel, vu que la
position concurrentielle de l'électricité est fortement
défavorable - ce qui n'est pas le cas au secteur résidentiel - on
pense, justement, qu'une partie de ces clients opteront pour du chauffage au
gaz naturel ou au mazout, plus probablement au gaz naturel, sur un horizon de
dix à quinze ans.
M. Ciaccia: Comment la gestion de la demande à la pointe
en sera-t-elle affectée?
M. Boivin: En fait, présentement à fa pointe,
l'avantage du parc biénergie, c'est que c'est un effacement en pointe.
Ces clients ne sont donc pas présents en pointe. Si jamais il y avait un
effritement de ce marché et transfert d'une partie de ce marché
vers des sources concurrentes, cela n'aurait pas d'impact sur la pointe. Par
contre, s'il y avait transfert d'une partie de ce marché vers le tout
à l'électricité, ce qui est peu probable, comme je l'ai
mentionné, compte tenu de la position concurrentielle de
l'électricité dans ce marché, cela pourrait avoir un
impact en pointe.
M. Ciaccia: Merci.
M. Boivin: Mais il est moins probable.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il reste du temps?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, vous avez
jusqu'à la demie, M. le ministre.
M. Ciaccia: Je voudrais revenir sur la réserve. Dans la
politique énergétique, on parle d'une réserve pour fins de
développement industriel. Peut-être pourriez-vous indiquer aux
membres de la commission comment la société d'État mettra
en place une réserve en énergie et en puissance pour fins de
développement. Vous dites que vous en avez maintenant une de 900
mégawatts. Elle sera possiblement utilisée, si toutes les
alumineries voient le jour. Alors, quels sont les moyens, les mesures que vous
prendrez pour reconstituer cette réserve?
M. Boivin: Je demanderais à M. André Delisle, qui
a, d'ailleurs, un tableau ou des données pour expliciter ça de
façon précise, de répondre à votre question.
Là Présidente (Mme Bélanger): M.
Delisle.
M. Delisle: En fait, comme on l'a mentionné tantôt,
dans le scénario cible, il y a 900 mégawatts de marge non
alloués qui existent à l'horizon 1996. À l'horizon 2006,
en fait, la marge est de 1850 mégawatts. Par ailleurs, on a vu ce matin
qu'Hydro-Québec prenait cette année toutes les dispositions
nécessaires pour être en mesure de rencontrer le scénario
fort d'ici 1996, en termes d'équipements traditionnels. Il faut voir que
le scénario fort veut dire beaucoup de capacité
supplémentaire au scénario cible. On parle de 2400
mégawatts supplémentaires à l'horizon 1996 et de 4400
mégawatts supplémentaires à l'horizon 2006. Donc, on peut
dire qu'aujourd'hui Hydro-Québec a une réserve pour le
développement industriel et que cette réserve est très
importante, beaucoup supérieure à celle que vous envisagiez
vous-même dans la politique énergétique, si j'ai bien
compris. Par contre, l'été prochain, si on arrivait et qu'on
disait: Non, on n'enclenche pas les travaux pour être sur le
scénario fort en termes d'équipements à l'horizon 1996,
c'est clair que la réserve pour développement industriel
n'existerait plus ou pas d'une façon aussi importante que celle que je
viens d'évoquer. D'ici ce temps, on a des travaux en cours à
Hydro-Québec concernant les critères de fiabilité
énergétique et ce concept de réserve, et on devrait
pouvoir, avec ça, voir quels sont les moyens, au fond, avec lesquels il
faut qu'on jongle, en termes d'équipement de base, d'équipement
de pointe, de programme commercial, pour être en mesure de
réaliser la volonté de la politique énergétique et
de faire face aux occasions de développement industriel qui peuvent se
présenter dans l'avenir.
M. Ciaccia: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): La période de
temps pour discuter des marchés québécois étant
terminée, nous aborderons maintenant les marchés externes. M. le
ministre.
Les marchés externes
M. Ciaccia: Merci, Mme la Présidente. En ce qui concerne
les marchés externes, je crois que j'ai fait le point, durant la
discussion sur les marchés québécois, sur la politique du
gouvernement qui affecte les marchés externes. Nous sommes
principalement intéressés au développement
économique et à maximiser le développement de nos
ressources hydroélectriques. Si, pour des raisons qui ont
été expliquées dans le plan de développement, des
raisons de croissance interne, les travaux ont dû être
devancés pour répondre aux besoins internes, naturellement, cela
veut dire que la cible d'Hydro-Québec concernant les objectifs pour les
marchés d'exportation n'a pas changé pour le plan de
développement.
Avant d'aborder les marchés externes, je voudrais,
premièrement, vous demander de faire une mise au point en ce qui
concerne ces exportations et les événements de l'année
1988 parce qu'il semble s'être développé une certaine
confusion dans la population en ce qui a trait à la satisfaction des
besoins québécois et à nos exportations
d'électricité. Certaines personnes semblent associer les pannes
aux exportations. Est-ce que vous pouvez nous éclairer là-dessus?
(16 h 30)
M. Drouin: Jacques Guèvremont, vice-président
exécutif aux marchés externes.
M. Guèvremont (Jacques): C'est vrai, M. le ministre, qu'il
y a une certaine confusion et certains reportages qui indiquent qu'il y a une
relation entre certaines pannes au Québec et les exportations. Or, vous
le savez très bien, cela est faux. C'est-à-dire que, lorsqu'on a
une panne dans un territoire du Québec, ce n'est pas parce qu'on manque
d'électricité. Ce n'est pas en coupant les exportations qu'on
aurait de l'électricité pour alimenter ce secteur. Le
problème est local et ces pannes ne sont pas occasionnées parce
que Hydro-Québec coupe le courant à certains de ses clients
québécois pour alimenter les exportations. On n'a pas besoin
d'une recherche bien approfondie pour indiquer qu'il n'y a pas de relation avec
les exportations. Ce n'est pas un manque de disponibilité de la
ressource qui nous empêche d'alimenter ces clients.
M. Ciaccia: Vous m'aviez déjà donné cette
explication, mais je voulais, pour le bénéfice de la commission
et pour la population, faire le point qu'il n'y a pas de lien entre l'un et
l'autre.
M. Guèvremont: II n'y en a pas. Les clients externes du
Québec sont alimentés à très haute tension. Cela a
été discuté à d'autres moments. Lorsqu'il y a une
panne générale au Québec - cela s'est produit une fois en
1988; avant, cela s'était produit une fois en décembre 1982
-évidemment, les exportations et l'alimentation des
Québécois en même temps sont interrompus. Dans le cas des
pannes locales qu'il y a eu cet hiver, ce n'est pas parce qu'on
privilégie les exportations au détriment des
Québécois.
M. Ciaccia: On n'a jamais coupé l'énergie au
Québec pour fournir nos exportations.
M. Guèvremont: C'est parfaitement juste, M. le
ministre.
M. Boivin: On pourrait même ajouter à ce sujet, si
on regarde les dernières années, que nous avons exporté
beaucoup d'énergie excédentaire aux États-Unis pendant la
période où nous avions des surplus. Nous avons, effectivement,
été cherché 5 000 000 000 $ de revenus dans cette
période à partir des ventes d'excédentaire
aux marchés voisins. Tout ce que cela a fait, cela nous a
aidés à maintenir nos tarifs à un bas niveau et à
garder une santé financière relativement satisfaisante même
dans cette période difficile sans causer d'impact négatif du
côté de la qualité du service pour ce qui est du
réseau de distribution.
M. Ciaccia: À la page 44 de votre plan de
développement, vous mentionnez, à la stratégie 3, que vous
entendez "poursuivre les études en vue de vendre des quantités
additionnelles importantes d'électricité garantie aux
réseaux voisins, au-delà de l'objectif cible", soit 3500
mégawatts. Par ailleurs, sur la base du tableau 4.4 de la page 42, je
constate que le potentiel de marché au-delà de l'objectif cible
se situe entre 6000 et 10 000 mégawatts selon l'évolution de la
demande des réseaux voisins. La demande moyenne, c'est 6000
mégawatts au-delà de l'objectif cible et la demande forte, c'est
10 000 mégawatts. Pourriez-vous nous indiquer, M. Guèvremont,
quels sont les éléments qui permettraient de dépasser
éventuellement l'objectif cible? Vous indiquez clairement que le
potentiel est là, mais comment pourriez-vous excéder l'objectif
de 3500 mégawatts?
M. Guèvremont: M. le ministre il me semble y avoir deux
volets à votre question. Le premier se réfère à la
stratégie 3 de l'objectif 1, à la page 44. Si vous voulez, je
vais commencer par répondre à cette partie et j'irai à
l'autre qui m'apparaît comme une deuxième question. Sur la
première partie, ce qu'on entend faire, c'est augmenter, la
capacité de notre interconnexion avec le Vermont, par exemple. Aussi, on
veut mettre en place les moyens pour pouvoir aussi bien acheter que vendre
à partir du poste de Châteauguay, près de Beauharnois, pour
avoir une utilisation plus grande de cette interconnexion avec New York. Dans
le même sens, on veut améliorer nos interconnexions avec le
Nouveau-Brunswick, toujours dans le but d'avoir une utilisation plus grande de
nos interconnexions. Cela va pour la première partie de votre question,
peut-être. En fait, ce sont les éléments de la page 44
auxquels on se réfère sur la stratégie.
Maintenant, si on revient à la question sur notre objectif de
3500 à 4500 mégawatts, effectivement, c'est un objectif que je
pourrais considérer comme minimal. Ce n'est pas un maximum, mais bien un
minimum. C'est ce qui nous apparaît comme réalisable, de 3500
à 4500, à l'horizon de l'an 2000. Cela ne veut sûrement pas
dire, croyez-moi, M. le ministre, qu'on va se limiter s'il y a des
possibilités de vendre au-delà de cela; ce n'est pas une limite.
Vous avez raison, à la page 42, en demande moyenne dans les
réseaux voisins - c'est au-delà des 4500 qu'on a prévus
dans notre objectif - il y aurait un potentiel, pour les réseaux
voisins, de l'ordre de 6000, ce qui fait un potentiel total de 10 500, si on
comprend les 4500.
M. Ciaccia: Je vais vous donner un exemple. C'est peut-être
un exemple un peu extrême. Je vais utiliser une situation qui est
improbable, impossible. Si on n'avait pas de demande interne du tout, que la
demande interne serait arrêtée aux équipements qui existent
aujourd'hui et, que dans la prochaine décennie, il n'y aurait aucune
croissance au Québec, ce qui n'est pas le cas, cela voudrait dire que,
pour respecter le plan de développement de 10 000 mégawatts que
vous vous fixez, il faudrait aller chercher des contrats d'exportation.
M. Guèvremont: S'il n'y a pas de demande
québécoise et qu'on veut avoir le même
développement, il m'apparaît évident que le total de
l'exportationa et de l'interne doit faire un montant X.
M. Ciaccia: De 10 000.
M. Guèvremont: 10 000 mégawatts.
M. Ciaccia: Votre objectif cible, comme vous le dites, c'est un
minimum et vous pourrez peut-être aller en chercher d'autres. La raison
pour laquelle, pour le moment, vous fixez l'objectif à 3500, 4500, c'est
parce que vous voulez être réalistes. Vous voyez que la demande
interne a augmenté et vous voyez que les besoins internes du
Québec vont nécessiter 6500 mégawatts au cours de la
prochaine décennie.
M. Guèvremont: M. le ministre, j'aimerais apporter un
correctif.
M. Ciaccia: Certainement.
M. Guèvremont: II y a une nuance avec laquelle je ne suis
pas d'accord. Les marchés externes n'ont jamais été
restreints à HydroQuébec par la demande interne.
M. Ciaccia: Oui, je comprends. Il y a des interconnexions...
M. Guèvremont: Je voudrais corriger. Il y a une demande,
comme vous le dites, de 6500 au Québec. Nous ne restreignons pas notre
effort de vente hors Québec à cause de la demande au
Québec actuellement. Nous indiquons, dans notre plan de
développement, comment on arrive à construire pour le
Québec au-delà de 3500. Et si on a des contrats au-delà
des 3500... En ce qui me regarde, à Hydro-Québec il n'y a eu
aucune tentative de limiter nos efforts de vente à cause de la demande
québécoise.
M. Ciaccia: Cela voudrait dire qu'au cours...
M. Drouin: D'où, M. le ministre, dans le plan de
développement, notre objectif d'évaluer au cours des prochaines
années la demande interne et, deuxièmement, de voir quels sont
les
contrats d'exportation et, dans ce sens, avec les études
d'avant-projets dont nous avons fait mention, d'être prêts à
engager des travaux importants pour respecter la demande interne du
Québec à l'horizon 1996, 1998, 2000 et également le niveau
des exportations qui pourrait s'avérer présent au moment
où on prendrait ces décisions.
M. Ciaccia: Alors, vous poursuivez vos démarches pour des
contrats d'exportation d'au-dessus de 3500 à 4500 mégawatts, tout
en étant très conscients que les devancements de travaux qui,
actuellement, sont annoncés dans le plan de développement, c'est
pour satisfaire les besoins internes au Québec.
M. Guèvremont: II y a deux choses. Notre plan montre que
c'est pour satisfaire les besoins internes du Québec, selon la
prévision. On ajoute, à la page... Un instant, je crois que je
peux vous trouver cette page. Effectivement, M. le ministre, le graphique 7.2,
à la page 89, montre le devancement des projets pour exporter 3500
mégawatts. SI nous avons, effectivement, en l'an 2000, les 3500
mégawatts, à ce moment-là on aura construit pour les
besoins du Québec; c'est la ligne du bas. Les Québécois
sont complètement protégés avec cela. On ajoutera, on
devancera des équipements pour satisfaire les 3500 mégawatts
d'exportation ou les 4500 ou, selon ce que ce sera dans le temps, on modifiera
cette courbe si nécessaire.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va pour le
moment, M. le ministre. M. le député d'Un-gava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Quoi qu'en dise le
ministre, on voit qu'il est toujours intéressé par
l'accélération de la vente à l'extérieur et il
essaie de démontrer que ce sont 10 000 mégawatts et non pas 3500
qu'Hydro-Québec a comme prévision.
M. Ciaccia: Regardez à la page 42 du plan de
développement, c'est ça que ça dit.
M. Claveau: Oui, oui, c'est toujours...
M. Ciaccia: Ce n'est pas moi qui ai inventé ce
chiffre.
M. Claveau: ...par rapport au long terme. Pour le moment, on
parle de 3500 à 4500.
En page 37, vous dites: "Le développement à long terme des
marchés à l'exportation implique le devancement du programme de
construction du parc d'équipements." Là-dessus, on s'entend. Cela
fait partie de la demande. Vous dites aussi "qu'il s'agit là de
remplacer des équipements", enfin c'est une énergie de
remplacement pour les Américains. Vous dites, au début de la page
38, que "cette marge découle essentiellement de l'écart entre les
coûts de devancement des projets hydroélectriques
québécois et les coûts de construction et d'exploitation
des nouvelles centrales de l'acheteur."
Quelles sont ces centrales? Enfin, quelle source d'énergie vous
sert de barème de base par rapport aux nouvelles centrales de
l'acheteur? Est-ce qu'on parle de charbon, de pétrole, de gaz naturel,
de nucléaire?
M. Guèvremont: Nous avons fait des modèles et nous
étions arrivés à la conclusion... Dans le contrat,
ça n'apparaît pas comme tel, mais notre référence a
été la source la plus probable de génération
d'électricité aux États-Unis, soit à partir de
centrales au charbon. Par exemple, pour le marché de la
Nouvelle-Angleterre, les gens du Midwest aimeraient bien compétitionner
avec nous par la construction de centrales au charbon, puisque c'est une
région qui a beaucoup de possibilités de ce
côté-là. Alors, on a pris comme référence une
centrale au charbon, mais on n'a pas collé nos ventes proprement dites
à ça.
M. Claveau: Vous dites qu'on parle de trois contrats pour le
moment avec le Maine, le Vermont et New York.
M. Guèvremont: II y a deux contrats et il y a deux
ententes sur les prix et sur les quantités, de sorte que ça
mène normalement à des contrats. On peut dire, à toutes
fins utiles, que c'est comme des contrats.
M. Claveau: Est-ce que ça ressemble au cas de Central
Maine Power...
M. Guèvremont: Central Maine Power...
M. Claveau: ...900 mégawatts en partant, c'est rendu
à 300 mégawatts et ce sera peut-être rien?
M. Guèvremont: Là, vous faites un peu de
cynisme.
M. Claveau: Non, mais j'essaie de voir quand vous dites qu'une
entente débouche nécessairement sur un contrat. (16 h 45)
M. Guèvremont: Ce qu'on fait avec Central Maine Power est
conforme au contrat qui a été signé le 17 juillet 1988.
C'est exactement conforme à ce contrat. La situation où on est,
c'est ça. C'est un contrat de base de 300 mégawatts, avec des
options qui pourraient les amener à 600 mégawatts. Enfin, il y a
des particularités au contrat. On peut en parler davantage si vous
voulez, mais Central Maine, c'est un contrat de 300 mégawatts de base
avec des options qui peuvent les amener jusqu'à 600
mégawatts.
M. Claveau: Est-ce que ce ne serait pas plutôt pour 600
mégawatts d'options qui pour-
raient les amener jusqu'à un total de 900?
M. Guèvremont: Non. Le contrat a été
signé avec des options qui vont jusqu'à 600 mégawatts et
le contrat indique qu'Hydro-Québec obtient en même temps un droit
de passage, de 500 mégawatts sur le réseau existant au Maine, ce
qui nous amène à un total de 1100 mégawatts.
M. Claveau: D'accord. Ce que j'essayais de comprendre, c'est:
dans les contrats auxquels on fait référence, dans les lettres
d'entente, est-ce qu'on prend toujours le charbon comme énergie de
remplacement?
M. Guèvremont: Dans ces contrats-là, les formules
de prix sont dépendantes... Éventuellement, c'est le "Handy and
Whitman" et c'est le "GNP implicit price deflator" qui servent à mesurer
l'inflation dans ces contrats-là. Cela nous sert de modèle au
départ et on se rend compte qu'au Maine, actuellement, un des
problèmes qu'on rencontre à la Maine Public Utilities Commission,
c'est qu'ils considèrent que c'est trop près de leurs coûts
évités. En d'autres mots, beaucoup de gens au Maine
considèrent qu'ils peuvent produire cette électricité
à notre prix. Ce qui nous indique, après coup, qu'on a
visé pas mal juste, parce qu'un des problèmes dans les
approbations en cours au Maine actuellement, c'est ça, c'est que notre
prix est très près de ce qu'ils peuvent obtenir en faisant
eux-mêmes de petites centrales chez eux.
M. Claveau: Ce qu'on dit, dans le fond - parce que j'essaie
toujours de le faire par rapport à ce qui est écrit dans le plan
de développement - c'est qu'il s'agit de construction ou de remplacement
de nouvelles constructions qui devraient être faites par les
Américains. Vous nous avez dit qu'il semble que ce soit plus pausible
que ce soit le charbon qui serve de base de calcul ou de
référence. Alors, je voudrais tout simplement savoir si c'est le
charbon qui sert de référence dans le cas de tous les contrats
dont il est question actuellement, y compris le contrat de Central Maine
Power.
M. Guèvremont: Dans tous les contrats qui sont devant
vous, excepté le contrat d'achat de 400 mégawatts de New York,
nous avons utilisé la même formule de prix. C'est la même
formule de prix. C'est la même base. C'est la même
référence.
M. Claveau: D'accord. Mais est-ce que c'est par rapport au
coût de remplacement du charbon?
M. Guèvremont: C'est par rapport à une centrale au
charbon qui aurait été construite. Si j'hésite à
répondre directement à cette question, c'est que, dans certains
contrats qui ont été signés ailleurs aux
États-Unis, on prend une centrale réelle au charbon et on dit: On
va fonctionner selon l'évolution de ces coûts-là. Nous
sommes complètement décollés de ça. Il n'y a pas
une centrale qui est construite quelque part qu'on utilise comme
référence. C'est pour ça que j'hésite à
dire... La référence nous a servi pour établir les
coûts évités, c'est-à-dire les coûts
alternatifs s'ils n'achetaient pas l'électricité de nous, ce que
ça leur coûterait pour la fabriquer eux-mêmes. C'est dans ce
sens-là qu'on a utilisé la centrale au charbon comme
référence, M. Claveau.
M. Claveau: Vu que vous y avez fait référence, la
formule de prix que vous retenez qui fait partie de la lettre d'entente -
finalement, il y a toujours une formule de prix prévue dans la lettre
d'entente - est-ce que c'est généralement la même formule
que l'on retrouve aux contrats?
M. Guèvremont: C'est la même formule qu'on
retrouve...
M. Claveau: C'est la même formule.
M. Guèvremont: ...aux contrats. Oui, absolument.
M. Claveau: Est-ce que vous pourriez nous parler rapidement des
grands éléments qui composent cette formule de prix?
M. Guèvremont: Oui. Il y a deux éléments
principaux. Il y en a un qui représente le coût de la puissance et
l'autre le coût de l'énergie. Alors, deux indexations
différentes sont faites à partir de cela. La négociation
s'est faite avec un prix de référence de 1985. La
négociation s'est faite à partir du prix de la puissance et de
l'énergie de 1985. Pour la partie puissance qui représente
l'immobilisation, nous avons pris un indice très connu qui est l'indice
"Handy and Whitman", aux États-Unis. Cet indice, à toutes fins
utiles, s'arrête lorsque les livraisons commencent. Cela, c'est pour la
partie du coût qui représente l'investissement et c'est le
coût de la puissance, si vous voulez. Ce modèle-là, c'est
comme s'ils s'étaient construit une centrale eux-mêmes. Il n'y a
plus de capital à investir lorsque les livraisons commencent,
lorsqu'elle entre en fonction.
L'autre élément qui représente le coût de
l'énergie, c'est un coût de l'énergie qu'on a établi
en 1985. L'indice utilisé est le "GNP implicit price deflator", un
indice très large aux États-Unis; cet indice part en 1985 et
l'indexation est annuelle jusqu'à la fin des livraisons, contrairement
à l'autre, qui représente la partie capital, qui se termine au
début des livraisons. Grosso modo, c'est ainsi que sont
constituées les formules de prix dans ces contrats.
M. Claveau: Dans la mesure où le taux
d'inflation ne serait pas celui prévu... D'ailleurs, concernant
le taux d'inflation, juste une petite information; est-ce que vous fonctionnez
à partir de l'IPC américain ou de l'IPC canadien?
M. Guèvremont: II s'appelle le "GNP implicit price
deflator". On pourra peut-être vous en donner la définition. Mais
c'est un indice très large qui correspond, au niveau canadien,
à... À quel indice est-ce que cela correspond?
M. Léveillé (Jean-Pierre): Je pense que nous avons
l'indice équivalent au Canada. C'est l'indice implicite des prix du
produit national brut. C'est le dégonfleur qui sert à mesurer le
taux d'inflation sur l'ensemble des biens produits dans une économie,
à la différence de l'IPC qui, lui, se réfère
exclusivement au panier du consommateur.
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse,
monsieur. Est-ce que vous pourriez vous identifier, s'il vous plaît?
M. Léveillé: Jean-Pierre Léveillé,
des marchés externes.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci.
M. Guèvremont: C'est cette définition de cet indice
qui sert pour la partie puissance du contrat.
M. Claveau: C'est par rapport à l'économie
américaine.
M. Guèvremont: Oui, vous avez raison.
M. Claveau: Alors, si on suppose que l'économie
québécoise ne se comporte pas tout à fait de la même
façon que l'économie américaine, que le taux de change
varie passablement et qu'il y a un paquet de facteurs qui, je pense, sont
à prendre en considération à travers ça, qui paie
la note, finalement, dans la mesure où les risques inhérents
à la signature d'un tel contrat sont toujours existants et que quelqu'un
devra payer, à un moment donné, si les éléments ne
se comportent pas tel que prévu?
M. Guèvremont: Oui, cet indice est très large.
Évidemment, un comportement absolument différent de
l'économie américaine créerait des différences.
Mais nous nous assurons, lorsque nous négocions ces contrats-là,
d'avoir un coussin suffisant dans nos profits pour que ces contrats demeurent
rentables.
M. Claveau: Quel taux de change vous sert de base pour le
contrat?
M. Guèvremont: On peut vous le dire...
M. Claveau: Dans la mesure où vous êtes payés
en argent américain, je suppose? M. Guèvremont: Un
instant.
M. Léveillé: C'est de 0,77 $ US. Alors, on fait
l'hypothèse qu'un dollar canadien vaut 0,77 $ US.
Une voix: À long terme.
M. Léveillé: À long terme.
M. Guèvremont: Pour la durée du contrat.
M. Drouin: Je voudrais juste mentionner, concernant le taux de
change, que nos contrats à l'exportation sont, quand même, un bon
contrepoids, en dollars américains, à nos emprunts sur le
marché américain et minimisent donc davantage les effets du taux
de change à la hausse ou à la baisse. Puisqu'on reçoit les
paiements en dollars américains et qu'on rembourse nos emprunts en
dollars américains, il y a un équilibre qui se fait.
M. Claveau: Oui, mais par rapport au contrat comme tel, quand on
parle de rentabilité d'un contrat et tout ça, je pense que...
M. Drouin: Non, je ne parle pas de la rentabilité. C'est
parce que vous avez mentionné, dans votre question, l'impact du taux de
change. Je peux juste vous dire qu'avec les exportations c'est
intéressant pour nous parce que vous avez vu, selon les résultats
de 1988 à Hydro-Québec, que le taux de change a joué un
rôle important dans nos résultats financiers. Donc, à
l'avenir, des exportations ou des contrats d'exportation comme ceux qu'on
envisage viendront minimiser les effets du taux de change que nous pourrions
avoir négativement dans un sens et positivement dans l'autre, mais il y
a un contrepoids intéressant pour nous.
M. Claveau: Vous m'avez dit que le taux de change est à
0,77 $; actuellement, il joue entre 0,83 $ et 0,84 $. Supposons qu'il se
maintienne de façon semblable jusqu'en 1995 environ, ce qui est aussi
plausible que le fait qu'il soit à 0,77 $, quel impact aurait-il en
termes de rendement, en termes de bénéfice? Enfin, qu'est-ce que
cela va faire jouer par rapport au taux de rendement?
M. Guèvremont: Pour établir ça, je crois
qu'il faudrait faire certains calculs; disons à un certain pourcentage
du taux de change, quel impact cela a-t-il sur l'ensemble des contrats? Je n'ai
pas ce chiffre-là, mais on pourrait faire les calculs; mais il faudrait
aussi les autres hypothèses. Comme je vous le disais, ça fait
partie de nos coussins qu'on a prévus dans ces contrats. Maintenant,
c'est calculable. On pourrait faire le calcul, dire que si le taux de change se
modifie... Dans notre plan de développement, il y a un
tableau qui donne comment varient les revenus par rapport à
certains facteurs. On pourrait faire le calcul pour n'importe quel de ces
cas.
M. Claveau: D'accord. L'année dernière, lorsqu'on a
parlé des questions d'exportation, toujours à cette commission
parlementaire, Hydro-Québec nous disait que le taux de rendement minimal
qui serait exigé sur les ententes à l'exportation serait
d'environ 13 % sur le capital emprunté et de 20 % sur
l'équité investie. C'est comme ça qu'on nous a
exprimé ça. Est-ce que les contrats qu'on a entre les mains
jusqu'à maintenant nous permettent de croire qu'Hydro-Québec a de
grandes chances d'atteindre ces objectifs?
M. Guèvremont: Nous avons établi que notre
critère minimum était de 13,5 % sur le capital total investi et
d'environ 22 % sur l'avoir propre d'Hydro-Québec. C'est le
critère minimum. Les contrats que nous avons signés
jusqu'à maintenant atteignent des critères meilleurs que
ça. C'est le critère minimum. Meilleur que ces critères,
ça veut dire que nous avons un rendement plus haut que 13,5 % et que
nous avons un retour sur l'avoir propre qui est pas mal plus haut que 22 %,
mais ça ne nous semble pas dans l'intérêt public de monter
sur les toits pour te chanter.
M. Claveau: Cela, c'est entre autres, dans le contrat de Central
Maine Power, de CMP.
M. Guèvremont: C'est vrai dans tous nos contrats.
M. Claveau: Vous avez des études qui démontrent que
cela peut arriver, que c'est effectivement ça, en prenant en
considération l'ensemble des paramètres, des variables, des
risques qu'Hydro-Québec aura à endosser.
M. Guèvremont: Nous croyons avoir certains des meilleurs
économistes du Québec à HydroQuébec, c'est notre
prétention. Je suis certain qu'ils discutent avec les économistes
de l'extérieur, de sorte que nous sommes convaincus que les calculs qui
ont été faits dans chacun de ces contrats répondent
à nos objectifs.
M. Claveau: Avez-vous fait des tests... M. Guèvremont:
Pardon?
M. Cannon: C'est de valeur que ce ne soit pas le ministre qui les
ait près de lui; vous avez tous les meilleurs économistes.
M. Guèvremont: Je m'excuse, on en a peut-être
laissé quelques-uns ailleurs, M. Cannon.
M. Claveau: Avez-vous fait des tests de sensibilité sur
les différentes variables?
M. Guèvremont: Oui.
M. Claveau: Les résultats de ces tests, c'est quoi?
M. Guèvremont: Peut-être que Jean-Pierre
pourrait...
M. Léveillé: Justement, lorsqu'on a
mentionné tout à l'heure que l'exigence minimale de rendement
était de 13,5 % sur le capital total, cette exigence n'avait pas
été établie au hasard, en ce sens qu'un certain nombre de
tests de sensibilité avaient été faits pour voir quels
étaient les différents risques qui peuvent être
associés à un contrat d'exportation. Il faut reconnaître
que, dans de tels contrats, il y a des risques. Quelques-uns ont
été mentionnés, comme le risque du taux de change, par
exemple, qui, dans une certaine proportion, peut exercer un impact sur la
rentabilité du contrat. Alors, l'approche qui a été suivie
a été de mesurer un certain nombre de risques et d'en
considérer un certain nombre à la fois. Il a été
établi qu'avec une exigence de rendement de 13,5 % sur le capital total,
sur la base des hypothèses moyennes, ça nous assurait une marge
par rapport aux coûts d'exécution des différents projets
qui serait suffisante pour absorber la plupart des risques qui pourraient
être encourus dans ce genre de contrats. (17 heures)
II y a une relation, justement, entre les hypothèses moyennes,
sur la base de laquelle nous estimons la rentabilité des contrats et
ça nous génère une marge de manoeuvre, un coussin oui nous
permet d'absorber les risques négatifs. Évidemment, il y a toute
la brochette des risques positifs parce que le taux de change pourrait avoir
également une évolution positive et il y a d'autres facteurs
également qui pourraient jouer dans le sens positif.
M. Claveau: Est-ce que la rentabilité dont vous faites
état ici prend en considération la partie du contrat qui devra
être fournie par l'arrivée de NBR autour de 2010, s'il n'y a pas
de devancement significatif?
M. Guèvremont: Je pense que ça reviendrait
peut-être plus à M. Michel de répondre à cela. C'est
le programme total qui est impliqué. Ce sont les devancements requis.
Dans le cas de Central Maine Power qui est un contrat qui débutera en
1992, je crois, pour une période de 29 ans, on prend le programme
d'équipement qui doit suivre jusqu'à la fin des livraisons.
Alors, cela inclura sûrement tous les projets requis pour réaliser
ce contrat-là au-dessus de la demande du Québec.
M. Claveau: Donc, en supposant qu'à cause de
l'augmentation de la demande du Québec on doit rapprocher NBR et La
Romaine, encore, dans
un horizon de 2001 ou 2002, les coûts liés à
cela, étant donné que l'électricité
générée à NBR est censée être plus
chère qu'ailleurs, du moins par rapport à des chiffres qui nous
ont été déposés, si je ne m'abuse, en 1986 par
HydroQuébec où on faisait la comparaison avec le coût du
nucléaire; on nous disait que le projet NBR était de 0,945 % du
coût du nucléaire, alors que l'électricité que l'on
produit actuellement, par exemple, à LG 1 serait de 0,567 % et à
Brisay, de 0,729 %. Donc, c'est beaucoup plus coûteux en fonction du
nucléaire. On suppose qu'il doit y avoir un tableau pareil qui existe
pour le charbon, puisqu'il semble que c'est du remplacement de charbon que l'on
fait.
Donc, quand vous avez calculé votre taux de rentabilité,
vous avez pris en considération aussi le fait que cette
électricité sera plus coûteuse à produire si on est
obligés de faire un devancement relié à l'augmentation de
la demande interne du Québec ou à la signature d'autres contrats
d'énergie.
M. Guèvremont: C'est pris en considération.
Lorsqu'on est prêts à signer ces contrats-là, on s'assure
qu'on a au moins 13,5 % de retour sur le capital total investi, ce qui
représente les coûts totaux de devancement de l'ensemble des
équipements requis pour répondre à ces
contrats-là.
M. Claveau: À votre connaissance, est-ce que le
ministère de l'Énergie et des Ressources a fait faire des
études complémentaires pour appuyer ou contredire les
prétentions d'Hydro-Québec dans ce domaine-là?
M. Guèvremont: Je pense que cela reviendrait plutôt
au ministère de répondre.
M. Claveau: Mais avez-vous eu connaissance vous, qu'il y a eu des
études semblables de faites ou les gens d'Hydro-Québec?
M. Ciaccia: Ce serait plus approprié de demander cela au
ministère que de placer HydroQuébec dans une situation où
elle doit répondre si vous...
M. Claveau: Je ne vois pas. Est-ce qu'ils en ont eu connaissance
ou non? Je ne leur demande pas...
M. Ciaccia: Je sais où vous voulez en venir et je vous
attends.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Vous avez beau m'attendre tant que vous voudrez, je
veux savoir s'il y a eu d'autres études de faites au ministère
dans ce sens-là.
M. Ciaccia: II y a eu des demandes de
faites, mais on n'a jamais déposé le rapport final
au ministère. Malgré les demandes internes, on a
déposé seulement un rapport préliminaire sur
l'étude à laquelle vous faites référence.
M. Claveau: Vous parlez de l'étude de M. Lamonde?
M. Ciaccia: Exactement.
M. Claveau: II y a eu un rapport préliminaire qui a
été déposé.
M. Ciaccia: Oui, strictement préliminaire, on a
demandé le dépôt du rapport final mais on ne l'a jamais
eu.
M. Claveau: Vous n'avez jamais eu le rapport final?
M. Ciaccia: Non.
M. Claveau: À l'étude des crédits, on a
quand même vu passer l'argent qui a été versé pour
payer cette étude-là.
M. Ciaccia: On paie nos comptes, c'est certain. Des rapports
préliminaires, cela ne se fait pas pour rien, on a payé les
rapports préliminaires. On n'a pas payé la totalité du
montant, parce qu'on n'a jamais reçu le rapport final.
M. Claveau: II n'y a jamais eu de rapport final?
M. Ciaccia: Pour la troisième fois, je n'ai jamais eu le
rapport final.
M. Claveau: Qu'attendez-vous pour rédamer le rapport final
si vous avez payé le préliminaire?
M. Ciaccia: Qu'est-ce qu'on attend? On l'a réclamé,
on ne l'a pas eu. Que voulez-vous que je fasse? Je ne suis pas pour lui tirer
une balle dans la tête pour qu'il me le donne. Il ne me le donne pas!
M. Claveau: Comment s'appelle cette étude?
M. Ciaccia: II y a quatre autres rapports sur différents
thèmes des exportations.
M. Claveau: Comment s'appelle l'étude intitulée
"Rentabilité des exportations d'énergie et puissance garanties,
nouveau test sur le scénario 6000 mégawatts", Pierre Lamonde,
INRS-Uurbanisme, 1er décembre 1987?
M. Ciaccia: C'est une étude parmi quatre études qui
ont été faites.
M. Claveau: Parmi quatre études?
M. Ciaccia: Oui, et ce sont des analyses
préliminaires.
M. Claveau: Des analyses préliminaires? Rapport
préparé par la DGE, ministère...
M. Ciaccia: Le potentiel, la rentabilité des premiers
contrats...
M. Claveau: C'est bien écrit: Rapport final, ici, à
la page couverture.
M. Ciaccia: Excusez-moi. Un instant, je vais corriger ce que je
viens de dire: Le rapport final est sur la rentabilité des premiers
contrats. On n'a pas reçu le rapport final, on a reçu seulement
une analyse préliminaire. On a eu un rapport sur le potentiel
d'exportation aux États-Unis, la rentabilité d'un scénario
de 3500 mégawatts et la rentabilité d'un scénario de 6000
mégawatts. Mais le rapport sur la rentabilité des premiers
contrats, ce n'est qu'une analyse préliminaire.
M. Claveau: Pourtant, ici l'étude porte le titre de
Rapport final. Rapport préparé par la DGE au ministre de
l'Énergie et des Ressources du Québec, 1er décembre
1987.
M. Ciaccia: Ce n'est pas le rapport final des premiers contrats.
Quel est le titre? C'est un rapport final, mais quel est le titre du
rapport?
M. Claveau: "Rentabilité des exportations d'énergie
et puissance garanties: nouveau test sur le scénario de 6000
mégawatts".
M. Ciaccia: Rentabilité d'un scénario de 6000
mégawatts, oui, c'est le rapport final, mais on n'a pas le rapport final
sur la rentabilité des premiers contrats. Le 6000 on l'a eu, oui.
Une voix: Le rapport final? M. Claveau: Oui. Une voix:
Ah bon!
M. Ciaccia: Mais celui dans lequel vous cherchez des
informations, c'est sur la rentabilité des premiers contrats
d'énergie et puissance garanties. C'est celui-là que vous
voulez?
M. Claveau: On parle d'une étude faite à partir de
la rentabilité du contrat avec Central Main Power.
M. Ciaccia: Alors, le rapport sur la rentabilité des
premiers contrats d'énergie et de puissance garanties, qui inclut les
contrats signés, celui-là est seulement une analyse
préliminaire.
M. Claveau: M. le ministre, vous avez sûrement pris
connaissance de l'étude, puisqu'elle existe au ministère, de
toute façon.
M. Ciaccia: L'analyse préliminaire existe, et on ne
discutera pas de ce rapport tant et aussi longtemps qu'on ne recevra pas le
rapport final.
M. Claveau: Mais est-ce que je peux le déposer, Mme la
Présidente, devant la commission? C'est marqué: Rapport
final.
M. Ciaccia: Mme la Présidente, on a eu une demande pour
que ce rapport soit déposé en vertu de la loi sur l'accès
à l'information, et il y aura une audition sur la question de
l'accès devant la Commission d'accès à l'information; le
ministère estime que la divulgation de ce rapport peut nuire aux
intérêts commerciaux d'Hydro-Québec face à ses
concurrents sur les marchés d'exportation. La divulgation peut nuire
à des négociations ultérieures, c'est un outil d'analyse
parmi d'autres utilisés par le ministère, c'est une analyse qui
n'a pas fait l'objet d'une acceptation par le ministère. Puisque ce
sujet est devant la Commission d'accès à l'information, je
m'oppose à ce qu'il soit déposé devant cette commission,
ainsi que tout rapport qui est relié au sujet en litige; l'audition sur
la question de l'accès à ce rapport est fixée au 4 avril
1989 devant la Commission d'accès à l'information.
M. Claveau: II y a devant la Commission d'accès à
l'information, Mme la Présidente, une série de demandes de
documents, d'études, comme le dit le ministre, dont ce document. Ce
n'est pas le seul.
M. Ciaccia: Alors, puisque cela fait l'objet d'une demande devant
la commission et puisque les auditions ont été fixées pour
le 4 avril, ce n'est pas tellement loin, je vous suggère d'attendre les
auditions et d'attendre la décision de la commission. On sera
liés, en temps et lieu, par cette décision.
M. Claveau: Est-ce que vous êtes d'accord avec les
conclusions de ce rapport?
M. Ciaccia: Quel rapport?
M. Claveau: "Rentabilité des exportations d'énergie
et puissance garanties: nouveau test sur le scénario de 6000
mégawatts", Pierre Lamonde, rapport final, 1er décembre 1987?
M. Ciaccia: Je ne discuterai d'aucun de ces rapports tant et
aussi longtemps qu'on ne déposera pas le rapport final sur la demande
qu'on a faite à M. Lamonde. Celui auquel vous faites
référence, sur les 6000 mégawatts, on n'est pas d'accord
avec les conclusions.
Claveau: Vous n'êtes pas d'accord sur les
conclusions.
M. Ciaccia: En tout cas, les hypothèses ne sont pas celles
sur quoi ont été fondés les contrats qui ont
été signés par Hydro-Québec. D'ailleurs, M.
Guèvremont vous a répondu clairement sur les questions que vous
avez posées en ce qui concerne la rentabilité de ces contrats. Je
pense que vous êtes mieux de poser la question à ceux qui ont
signé les contrats que de vous fier à une étude qui n'a
pas été complétée, qui fait l'objet d'un litige
devant la Commission d'accès à l'information.
M. Claveau: Je le veux bien.
M. Ciaccia: C'est une suggestion que je vous fais.
La Présidente (Mme Bélanger): J'aimerais vous faire
part d'une petite réflexion si vous le voulez bien. Je pense que le but
de la commission est d'interroger Hydro-Québec et non pas d'interroger
le ministre sur un document qui n'est pas encore rendu public.
M. Claveau: D'accord, Mme la Présidente. Le but de la
commission, entre autres, est d'établir les faits concernant la
rentabilité ou la non-rentabilité des contrats d'exportation avec
les États-Unis. L'ensemble des citoyens du Québec en tant que
propriétaires d'Hydro-Québec et en tant que payeurs - ceux qui
vont avoir à payer la note si jamais cela ne marche pas -sont en droit
d'être informés, au moment où l'on se parle, de
l'état de la négociation, de la manière de fixer les prix,
des risques encourus par Hydro-Québec à tous les niveaux
là-dedans et de qui va bénéficier du partage de la rente
économique qui se dégagera de tels contrats. Ce sont les citoyens
du Québec, Mme la Présidente, les contribuables, les 3 000 000
d'abonnés, comme on le disait tout à l'heure, qui verront
l'augmentation sur leur note d'électricité si jamais on arrive en
dessous avec ces contrats. Il y a une étude qui a été
commandée par le ministère de l'Énergie et des Ressources,
qui a coûté plusieurs milliers de dollars aux contribuables du
Québec aussi, pour voir si cela fonctionnait. Cette étude, Mme la
Présidente, n'arrive pas aux mêmes conclusions que celles qui nous
sont données par Hydro-Québec. Elle établit un taux de
rendement de 8,7 %. Elle nous donne des conclusions qui sont très
différentes de celles qui sont là. Cela fait partie de ma
responsabilité de parlementaire, Mme la Présidente, d'essayer de
voir plus clair là-dedans. Le ministre refuse de nous donner de
l'information, on prend celle qu'on a. S'il est capable de contredire
l'information qu'on a, qu'il dépose les documents qui lui permettront de
nous contredire. Jusqu'à maintenant, on n'a aucune raison de croire que
d'autres études existent puisqu'on ne veut pas les déposer. Donc,
on travaille sur ce que l'on a et ce que l'on a, malheureusement - cela a
coûté plusieurs milliers de dollars aux contribuables du
Québec, et je le dis, pour avoir ce papier-là - n'arrive pas aux
mêmes conclusions que celles qui sont données par
Hydro-Québec actuellement. Je me sens tout à fait dans mon droit
et tout à fait à l'aise de bénéficier de la
présence des gens d'Hydro-Québec et de la présence du
ministre pour essayer de voir plus clair là-dedans et pour faire en
sorte aussi que l'ensemble des citoyens du Québec qui auront,
probablement, à payer la note un jour, si les contrat:; ne
s'avèrent pas aussi rentables qu'on nous le dit, voient plus clair dans
tout ce dossier.
M. Ciaccia: Mme la Présidente, l'étude à
laquelle se réfère le député d'Ungava, sur Sa
rentabilité d'un scénario de 6000 mégawatts, est
basée sur des contrats hypothétiques qui ne sont pas ceux qui
onî été signés par Hydre-Québec. Ce sont des
contrats de quinze ans sur des installations totalement différentes que
ce qu'Hydro-Québec a fait dans ses contrats. Avant de faire toute cette
démagogie et d'insulter les représentants d'Hydro-Québec
qui vous ont donné des chiffres, qui vous ont expliqué toutes les
conditions des contrats, je pense que vous devriez vous-même vous
informer sur les prémisses de l'étude de 6000 mégawatts,
sur les hypothèses et sur Ses conditions de ces hypothèses qui
sont totalement différentes des conditions des contrats qui ont
été signés. En ce qui concerne l'étude sur les
contrats qui ont été signés par Hydro-Québec, on
n'a jamais eu l'étude finale. Que voulez-vous que je vous dise de plus?
Tout ceci est devant la Commission d'accès à l'information. Le 4
avril, vous serez en mesure d'avoir la réponse de la Commission
d'accès à l'information et vous pourrez agir en
conséquence. Je ne pense pas qu'on puisse aller plus loin que cela
aujourd'hui. (17 h 15)
M. Claveau: D'accord. Maintenant, on a déjà de
toute façon un élément qui nous permet de croire que les
bases sont à peu près semblables: le taux de change prévu
de 0,77 $ est le même dans cette étude et dans les chiffres qu'on
m'a donnés tout à l'heure; l'énergie de remplacement est
la même. On a déjà posé quelques questions qui nous
permettent de croire que cela corrobore passablement les informations. De toute
façon, il est très bien précisé là-dedans
qu'il s'agit d'une étude d'un contrat signé entre
Hydro-Québec et Central Maine Power.
Mme la Présidente, je me dois de faire part devant la commission
de l'une des conclusions de cette étude qui dit que les contrats de trop
longue durée...
M. Cannon: Question de règlement!
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant!
M. Claveau: Je suis à l'intérieur de mon
droit de parole. Je suis tout à fait dans mon droit.
M. Cannon: Mme la Présidente, question de
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): Question de
règlement. M. le député de La Peltrie.
M. Cannon: Question de règlement, Mme la
Présidente. Le député est en train de citer un document
qui est considéré comme confidentiel. Mme la Présidente,
je vous rappelle l'article 162 de nos règlements qui dit qu'un document
ne peut être déposé en commission qu'avec la permission de
son président. Et en ce qui a trait aux précédents qui ont
été consignés au recueil des décisions, je vous
rappelle une décision qui a été rendue le 10 octobre 1984
et où il y a un contexte particulier. C'est la décision 162-1.
Cette décision est la suivante: "Lorsqu'il s'agit de déposer des
documents contenant des renseignements de nature confidentielle - j'imagine que
cela signifie également de lire des documents de nature confidentielle -
la commission doit agir avec prudence. Même si les membres consentent
unanimement au dépôt de tels documents, le président
conserve toute la discrétion pour refuser le dépôt."
Et plus loin, Jean-Claude Rivest avait rendu une décision au
moment où il était député, toujours le 10 octobre,
disant que le président rappelle au ministre qu'en vertu de l'article
162 du règlement seul le président de la commission peut
autoriser le dépôt d'un document. La présidence n'a pas
à chercher ou à obtenir le consentement de qui que ce soit.
Alors, Mme la Présidente, j'aimerais que vous preniez votre
décision, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député, je vous ferai remarquer que le député
d'Ungava n'a pas demandé si la commission acceptait le
dépôt du document. Il voulait faire une citation du document.
Étant donné que ce document en est encore à l'état
confidentiel et qu'il est en ce moment devant la Commission d'accès
à l'information, je demanderais à M. le député
d'Ungava de ne rien citer de ce document.
M. Claveau: Écoutez, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): La présidence
ne permet pas le dépôt du document.
M. Claveau: Nous voulons donner la possibilité à
tous les parlementaires et à tous les membres de consulter le document.
Cela ne me dérange pas, de toute façon, vous allez le lire dans
les journaux demain matin. C'est une information à laquelle les citoyens
du Québec ont droit. C'est une étude qu'ils ont payée en
tant que contribuables...
M. Cannon: Question de règlement, Mme la
Présidente!
M. Claveau: ...et c'est une information à laquelle Us ont
droit.
M. Cannon: Est-ce que je comprends bien que le
député d'Ungava...
La Présidente (Mme Bélanger): Conteste la
décision.
M. Cannon: ...est en train de contester votre décision? Et
même, il vous menace en disant que, de toute façon, demain, le
document va se retrouver dans les journaux? Est-ce que j'en conclus que le
député a l'intention de faire circuler ce document au-delà
d'une décision d'une commission parlementaire de l'Assemblée
nationale?
M. Ciaccia: Attention! Vous allez être en mépris de
la commission.
M. Claveau: Pardon?
M. Ciaccia: Vous allez être en mépris de la
commission.
M. Claveau: Comment dites-vous?
M. Ciaccia: Vous allez être en mépris de la
commission.
M. Claveau: Je ne suis pas en mépris de la commission.
Vous ne voulez pas accepter le document, mais cela ne m'empêche pas de
l'utiliser ailleurs.
Une voix: C'est déjà en audition.
M. Ciaccia: Vous avez une demande devant la Commission
d'accès à l'information pour que ce document soit rendu public.
Alors, à quoi cela sert-il d'avoir cette demande devant la Commission
d'accès à l'information si...
La Présidente (Mme Bélanger): Le 4 avril...
M. Ciaccia: Le 4 avril, c'est presque dans un mois.
M. Claveau: II s'agit d'une étude qui a déjà
été commentée, que l'on a vu passer lors d'études
de crédits et d'engagements financiers, identifiée avec le nom
qu'on avait demandé. Vous avez jugé que ce n'était pas
public.
M. Ciaccia: Prenez vos responsabilités.
M. Claveau: On ne voit pas comment il se fait que vous
avez...
La Présidente (Mme Bélanger): Bon! Un
instant, s'il vous plaît!
M. Claveau: ...aussi peur de cette étude. M. Ciaccia:
Prenez vos responsabilités.
M. Claveau: Si cette étude n'a aucune raison d'être
pour vous...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: ...et si vous êtes capables de la
dénoncer n'importe quand, à ce moment-là, il n'y a rien
qui l'interdise. Allez-y! Dénoncez-la! Mettez-en 25 par dessus pour dire
qu'elle n'est pas vraie. Allez-y, si c'est ce que vous voulez.
M. Ciaccia: Ce n'est pas cela que je veux.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Vous dites que vous êtes capables de le faire.
Pourquoi cette étude vous fait-elle si peur que cela?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava...
M. Ciaccia: Elle ne me fait pas peur du tout.
La Présidente (Mme Bélanger): ...s'il vous
plaît! La décision est prise. Le document n'est pas
déposé et...
M. Claveau: Je fais une motion.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous faites une
motion?
M. Claveau: Je fais une motion.
La Présidente (Mme Bélanger): On va voir si votre
motion est recevable.
M. Claveau: Oui, Mme la Présidente. Que,
conformément à l'article 170 de nos règles de
procédure, cette commission entende en consultation particulière
M. Pierre Lamonde, auteur de l'étude intitulée
"Rentabilité des exportations d'énergie et puissance garanties:
nouveau test sur le scénario de 6000 mégawatts". La consultation
pourrait se tenir le mercredi 8 mars 1989, de 9 heures à 10 heures ou
à toute autre heure convenant aux députés
ministériels.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava, je vous dis tout de suite que cette motion est
irrecevable parce que le mandat de la commission n'est pas de demander des
consultations particulières. C'est une consultation particulière,
oui, mais sur la proposition tarifaire d'Hydro-Québec.
M. Claveau: Mme la Présidente, tout d'abord, vous pourriez
nous laisser le temps de plaider sur la recevabilité avant de vous
prononcer.
M. Ciaccia: C'est tellement ridicule que ça saute aux
yeux.
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez...
M. Ciaccia: On n'a pas besoin de vous écouter; ce que vous
demandez est ridicule.
La Présidente (Mme Bélanger): ...je peux accepter que vous
discutiez de la recevabilité, mais je vous dis qu'elle est irrecevable.
Si vous voulez qu'elle soit recevable, vous n'avez qu'à convoquer une
séance spéciale de la commission, une séance de
travail.
M. Cannon: Mme la Présidente, si vous me le permettez,
juste pou' éciairer la lanterne de mon collègue. Le 6 mars 1987,
alors que nous étions en commission parlementaire pour analyser le plan
de développement d'Hydro-Québec, il y a une motion qui avait
été présentée par votre collègue, le
député de Roberval, M. Gauthier, qui n'est plus avec nous
aujourd'hui. Sur la foi de la présentation de la motion, le
président, M. Charbonneau, avait immédiatement rendu sa
décision, sans autre discussion.
La Présidente (Mme Bélanger): Exactement. La motion
est irrecevable et je ne vois pas pourquoi, étant donné qu'elle
est irrecevable et que la décision est rendue, vous en plaideriez la
recevabilité.
M. Claveau: Je veux savoir, Mme la Présidente, pourquoi
c'est irrecevable comme motion. Pourquoi ne peut-on pas se
référer à ce document?
La Présidente (Mme Bélanger): Parce que le but de
cette commission, c'est d'entendre HydroQuébec sur la proposition
tarifaire.
M. Claveau: Mais on est là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, cela n'a rien
à voir avec l'étude demandée à M. Lamonde.
M. Claveau: La commission, Mme la Présidente, est
actuellement en consultation particulière sur le plan de
développement d'Hydro-Québec. On a le point de vue
d'Hydro-Québec. On a une étude en particulier qui a
été payée par le ministère, avec les deniers
publics, qui donne un autre...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député
d'Ungava...
M. Claveau: ...son de cloche...
M. Ciaccia: Vous ne pouvez pas contester la décision de la
présidence.
M. Claveau: ...que ce qu'on a dans le rapport
d'Hydro-Québec. Cela fait partie de la même consultation
particulière...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava...
M. Claveau: ...et cela peut avoir les mêmes impacts, sinon
plus grands, sur la proposition tarifaire.
M. Ciaccia: Si vous voulez parler tout seul, on peut se
retirer.
M. Claveau: Alors, on est tout à fait dans notre
droit.
M. Ciaccia: Si vous voulez parler tout seul, on peut se
retirer...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava...
M. Ciaccia: ...vous pourrez continuer à parler tout
seul.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, M. le
ministre. M. le député d'Ungava, la mission de la commission est
de recevoir Hydro-Québec; pour l'instant, c'est sa seule mission. Alors,
votre motion est irrecevable, c'est clos, nous continuons le débat.
Alors, qui est-ce qui a la parole?
M. Claveau: Juste une seconde, combien de temps me reste-il?
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que c'est
vous, M. le ministre? M. le député de La Peltrie.
M. Cannon: Merci, Mme la Présidente. Si mon
collègue, le député d'Ungava, a maintenant terminé,
j'aimerais poser ma question à M. Guèvremont. M.
Guèvremont, mon collègue d'Ungava a fait tout à l'heure
référence au contrat de la Central Maine Power qui est
présentement en suspens. On sait évidemment que la Public
Utilities Commission de l'État du Maine a refusé
d'entériner le contrat. Récemment, le gouvernement du Maine, par
l'intermédiaire ou l'entremise du Public Advocate, a demandé une
révision de cette décision. Pourriez-vous nous fournir des
informations, s'il y en a, sur l'évolution de ce contrat ou de ce
dossier en particulier?
M. Guèvremont: Effectivement, le Public Advocate du Maine
- je pourrais vous donner les dates, je les ai dans mon dossier - a
demandé à la commission de revoir sa décision. Elle devait
rendre cette décision la semaine dernière, lundi dernier. Elle a
remis ça à hier, lundi, à savoir si oui ou non elle
consentait à revoir sa décision. Or, hier, elle a tenu des
discussions publiques. On arrive à la conclusion que sa décision
sera négative, mais elle sera rendue publique et formelle seulement
lundi de la semaine prochaine.
Ce n'est qu'à partir des discussions qui ont eu lieu qu'on arrive
à la conclusion qu'elle va voter négativement sur la
reconsidération de sa décision; donc, elle ne consentirait pas
à la revoir. Elle pourrait aussi changer d'idée dans le courant
de la semaine, mais c'est lundi prochain qu'elle va déposer un document
qui devrait rendre publique sa décision.
M. Cannon: Dans le cas où la décision serait
négative, ultimement, on sait qu'il y a toujours un recours devant la
Chambre des représentants de l'État du Maine. Est-ce qu'il y a
d'autres démarches qui peuvent être entreprises par le Central
Maine Power ou le bureau du gouverneur ou Hydro-Québec pour qu'on puisse
renverser cette décision?
M. Guèvremont: Oui. À partir du moment où la
cause a été remise en vie par cette demande du Public Advocate et
à partir du moment où la décision sera réellement
déposée, si elle l'est lundi, tous les participants à
cette cause pourront demander une révision judiciaire de la
décision du Maine Public Utilities Commission. Ils ont une
période de 30 jours à compter de lundi prochain pour
décider si, oui ou non, ils veulent une révision judiciaire de la
cause. C'est un chemin possible à suivre.
Un autre chemin serait que Central Maine Power décide de
reprendre la cause au point zéro, si vous voulez, et dépose une
nouvelle demande devant la commission. Cela aussi est possible et il n'y a pas
d'échéance de 30 jours là-dessus.
M. Cannon: Alors, dans les options, c'est clair pour vous, pour
Hydro-Québec, pour Central Maine Power. Il n'est nullement question de
renégocier les termes de ce contrat?
M. Guèvremont: II n'est nullement question de
renégocier les termes de ce contrat ni de près ni de loin en ce
qui me regarde. C'est très clair. Et il y a eu une information fausse
qui a circulé selon laquelle on assumait l'inflation. C'est
complètement faux. Si on a bien compris la façon dont j'ai
expliqué tout à l'heure les formules de prix, ça va de soi
que l'inflation n'est pas assumée par nous. Alors, cette information qui
a circulé est absolument fausse.
M. Cannon: D'accord. En changeant de sujet juste pour une
seconde...
M. Drouin: Mme la Présidente, si vous me le
permettez...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Drouin: ...juste pour ajouter un complément de
réponse. Quant à Central Maine, je me permets d'ajouter tout de
même le fait qu'Hydro-Québec, dans tout le processus de la
négociation et des auditions devant la Public Utilities Commission, a
toujours reçu une note très favorable de la part des "regulators"
si je puis utiliser l'expression. À la suite de cette
décision-là, M. Guèvremont et moi sommes allés dans
le Maine pour constater, d'abord, la déception de l'ensemble des hommes
politiques du Maine sur ce dossier-là et également la
conscientisation du monde des affaires dans le Maine au point qu'il y a
même eu des annonces de publiées à la demande d'hommes et
de femmes d'affaires de la région de Portland, de la Chambre de
commerce, etc., pour tenter de faire revivre ce contrat-là. Je le dis
parce qu'il semble y avoir une volonté populaire forte au Maine pour le
contrat qui avait été négocié. Bien sûr
qu'Hydro-Québec n'a pas du tout le contrôle des audiences et des
tractations au sein du gouvernement du Maine ou au sein de la Public Utilities
Commission, mais qu'il suffise de dire que dans le rapport des commissaires il
a été clairement mentionné que le prix ou les prix offerts
par Hydro-Québec étaient plus avantageux que ceux du
Nouveau-Brunswick qui avaient été explicités publiquement.
Donc, bien sûr, nous n'avons pas l'intention - et cela a
été clairement établi - de bonifier ce contrat-là
de quelque façon que ce soit. Et la seule conclusion qu'il faut tirer,
si jamais il devait être annulé définitivement, c'est une
nouvelle négociation avec des paramètres complètement
nouveaux, mais sans aucune bonification de notre part. C'est très
important qu'on le souligne.
M. Cannon: D'accord. Juste une autre question avant de
céder la parole aux députés de l'Opposition. M.
Guèvremont, à la page 35 du plan de développement, on y
retrouve le tableau 4.2 et on y voit les contrats d'énergie
excédentaire. Aux États-Unis il y en a un conclu avec NEPOOL, qui
a été signé, je pense bien, en mars 1982, si je ne
m'abuse, qui couvre la période - Pardon. En 1982, c'est celui avec NYPA,
de 1984 à 1997 - de 1986 à 1997 qui a été
signé, je pense, en 1983. Est-ce que la politique d'Hydro-Québec
vise maintenant à mettre un terme à ces contrats-là ou
est-ce qu'ils vont se poursuivre jusqu'à l'échéance ou
à la date d'expiration en 1997? (17 h 30)
M. Guèvremont: Les deux contrats au milieu de la page 35
auxquels vous vous référez sont des contrats de surplus
d'énergie. Il est établi clairement dans ces contrats que ce sont
des contrats qu'on livrera si nous avons des surplus, et l'acheteur n'a pas
d'obligation d'acheter. Il peut en acheter ou non, si cela fait son affaire
vis-à-vis d'autres possibilités qu'il peut avoir. Ce sont des
contrats qui ont été signés en vue du développement
des interconnexions avec les voisins. Je dirais que le contrat, par exemple, de
NEPOOL a été un contrat qui a suscité des investissements
de 700 000 000 $ à 800 000 000 $ en Nouvelle-Angleterre, sur lequel
s'appuie la Phase II, et c'est un contrat ferme. Dans le cas de NYPA, ils ont
développé ce qui a été appelé Marsy South
qui a aussi investi des sommes de 600 000 000 $, 700 000 000 $, peut-être
800 000 000 $ pour augmenter leur capacité d'acheter de
l'électricité du Québec. Dans ce cas-là, on n'a pas
fait d'investissements au Québec parce que c'est l'interconnexion
existante qui va servir. Par contre, ils ne pouvaient pas absorber dans leur
réseau les quantités qu'on pouvait livrer. C'est comme ça
que ces contrats ont été faits, c'est pour vendre des surplus.
Les contrats sont clairs, nos interlocuteurs de New York comprennent
très bien ça. Parfois, en dehors de ceux qui connaissent bien les
contrats, certains disent qu'on ne satisfera pas à nos engagements, mais
les gens avec qui on a négocié, les vrais interlocuteurs, sont
conscients que c'est tout à fait normal ce qui se passe. Dans le cas de
ces contrats, les offres qu'on fera en juin pour la période allant de
septembre à août seront de zéro.
M. Cannon: Merci.
M. Claveau: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Est-il possible d'avoir de la part
d'Hydro-Québec un tableau identifiant le coût par rapport au
charbon de chacune des centrales qui va être construite à
l'avenir? Vous avez fait le même exercice déjà pour le
nucléaire. Est-ce que l'exercice a été fait pour le
charbon?
M. Guèvremont: M. Claveau, je vous ai mentionné que
la référence à la centrale au charbon, on l'a
utilisée tout simplement comme un modèle de départ, pour
développer une formule de prix qui permettait à l'acheteur de se
référer à quelque chose. On n'est pas obsédé
par la centrale au charbon. C'est tout simplement que la centrale au charbon a
été utilisée comme référence seulement.
Quand on vous parle des indices qu'on a utilisés, ce sont justement des
indices qui nous permettent de nous éloigner de cela. Le "Handy and
Whitman", par contre, est un indice qui évolue selon le coût des
centrales thermiques aux États-Unis. On pourra vous
donner la définition. On l'a déjà donnée en
commission parlementaire mais on peut vous la trouver, si vous le voulez. C'est
un indice très large pour le coût de développement de
centrales thermiques aux États-Unis. La référence au
charbon dans notre esprit était surtout pour arriver à des prix
qui étaient très près de ce qu'on appelle "avoided cost".
Lorsqu'on arrive à ce prix-là et que le marché est capable
de le prendre, on est assuré ensuite qu'on a un rendement - dont je vous
ai parlé plus tôt - de retour assez élevé sur le
capital total investi, sur le coût de nos devancements. À ce
moment-là, on dit qu'on accomplit un marché rentable pour
Hydro-Québec. Pour comparaison quant à l'évolution des
prix, peut-être qu'on pourrait projeter - je ne sais pas si cela va
aider, mais cela pourrait peut-être aider - la diapositive A-94. La ligne
verte, ce sont les tarifs L au Québec et les contrats qu'on a
signés; l'évolution du prix, c'est la ligne rouge. Vous voyez la
marge. Je pense qu'on a dit précédemment à cette
commission qu'on arrivait avec le coût de fourniture pour cette
catégorie de clients. Je ne veux pas aller là-dedans, ce n'est
pas mon domaine, mais regardez où on en est avec les contrats
d'exportation.
Donc, c'est une façon de voir qu'il y a une certaine marge entre
les deux et l'alimentation se fait un peu de la même façon. C'est
pour cela que je vous présente cette diapositive. Je vous remercie pour
la diapositive, à moins qu'il n'y ait des questions.
M. Claveau: Oui. Dans la diapositive qu'on a là, vous nous
donnez le prix de vente, finalement, les revenus unitaires, mais cela ne tient
pas compte du coût de l'équipement qui produit cette
électricité.
M. Guèvremont: Pour le tarif L non plus, M. Claveau.
M. Claveau: Mais on sait que globalement, par rapport au parc
d'équipements qu'on a au Québec, de quelque 28 000
mégawatts de capacité de production, on a des équipements
qui sont en grande partie amortis;...
M. Guèvremont: Oui.
M. Claveau: ...on bénéficie du contrat avec
Terre-Neuve dans le cas de Churchill qui nous permet de
l'électricité qui est quand même relativement faible en
termes de coûts; on a la production du complexe La Grande, du complexe
Manic-Outardes, qui est quand même aussi relativement bas en termes de
coûts unitaires, par rapport à ce qu'on risque d'avoir avec les
futurs travaux. Bon. Actuellement, la ligne verte, le prix de vente...
M. Guèvremont: C'est vrai. Vous avez raison.
M. Claveau: La ligne verte, c'est en fonction du coût qu'on
connaît, de revient global sur ('ensemble de notre parc
d'équipements.
M. Guèvremont: Vous avez raison.
M. Claveau: Si ça coûte trois fois plus cher pour
produire un kilowatt - vous pouvez avoir un mégawatt de puissance
installée pour pouvoir le vendre à l'exportation - selon votre
ligne rouge, on n'a pas beaucoup avancé quant au revenu global
d'Hydro-Québec.
M. Guèvremont: Je vais me répéter, mais ce
sont les 13,5 % minimum de rendement plus un retour, si vous voulez, de 22 %
sur l'avoir propre. Alors, c'est ça. On a cette marge.
M. Claveau: Quand vous nous dites que vous vendez trois fois plus
cher, deux fois et demie, trois fois - c'est ce qu'ils disaient ce matin
-d'accord. En termes réels, je veux dire, comme entrées et
sorties de l'argent, ça va par rapport à la vente. Mais, quant
aux coûts de production, vous ne nous avez pas dit combien plus cher
c'était.
M. Drouin: M. André Mercier.
M. Ciaccia: II vous a répondu. Le rendement est de 13,5
%.
M. Claveau: Dans le fond, si le rendement est à peu
près le même que celui qui est exigé pour les
Québécois, cela veut dire que les coûts de production de
ces térawattheures sont beaucoup plus élevés que ce que
ça coûte actuellement pour notre consommation interne.
M. Drouin: Mme la Présidente, je demanderais à M.
André Mercier, de répondre.
La Présidente (Mme Bélanger): Voulez-vous
répéter le nom, s'il vous plaît? Mercier?
M. Drouin: André Mercier.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Mercier.
M. Mercier: Dans les études de rentabilité,
lorsqu'on fait les calculs des coûts de production, on calcule deux
coûts. Un coût venant des équipements de production et de
transport qui sont devancés, et ce sont des comparaisons de programmes.
Vous avez raison de dire que ces comparaisons de programmes font que pour un
contrat additionnel on compare sans le contrat et avec le contrat. Ce que l'on
vient toucher, ce sont les équipements les plus chers de l'ensemble du
parc d'équipements. Ce sont eux qui nous servent à faire le
calcul pour évaluer la rentabilité des contrats. Je comprends ici
que c'est une comparaison qui est sur une valeur moyenne; vous avez raison
là-dessus. Mais la rentabilité
des contrats est toujours calculée à partir de deux
programmes d'équipement qui sont différents. L'un avec le contrat
et l'autre sans le contrat. Évidemment, on fait appel aux
équipements de production et de lignes de transport. Les derniers, donc,
les plus dispendieux.
C'est avec ça qu'on fart la comparaison. En plus, on ajoute comme
coûts les coûts additionnels requis pour les interconnexions et la
ligne elle-même qui relie le réseau québécois avec
le réseau américain.
M. Claveau: Maintenant, si pour ses besoins du réseau
interne du Québec on doit devancer les travaux, ce qui est probable
d'après ce qu'on peut voir - on doit devancer entre autres NBR et La
Romaine; selon le scénario de prix qu'on a actuellement pour le contrat
de Central Maine Power, cela ne devrait pas entrer en production avant 2010 ou
2012 pour La Romaine, et 2012 en continuant pour NBR - si c'est devancé,
ça veut dire que notre coût de revient pour notre
térawattheure qu'on va consommer au Québec sera plus
élevé que ce qu'il serait s'il n'y avait pas de vente à
l'exportation et, donc, pas de devancement de ces centrales.
M. Mercier: Lorsqu'on fait l'étude de rentabilité,
on fait des études de sensibilité. Parmi ces études, ce
qu'on fait, c'est qu'on augmente la demande interne. En augmentant la demande
interne, ce que vous faites, c'est que vous allez prendre des
équipements encore plus chers parce qu'on présuppose qu'on devra
d'abord satisfaire la demande québécoise. À partir de ce
moment, s'il y a une demande interne plus élevée, la façon
de satisfaire au contrat d'exportation va se faire avec des équipements
plus chers et ça nous permet de savoir - évidemment, ça
fait partie des études de sensibilité - quelles sont les pertes
qu'on peut encourir avec le contrat. Je dis les pertes par rapport aux
bénéfices qui sont calculés initialement. Vous avez une
réduction du bénéfice, si vous voulez.
M. Claveau: Mais une fois que le contrat est signé puis
qu'on a établi nos paramètres par rapport à
l'évolution du prix de vente à l'exportation, les coûts
reliés à un devancement précipité des travaux, par
après, ne sont pas pris en considération pour modifier le prix de
vente à l'exportation. Donc, cela fait partie des risques
qu'Hydro-Québec doit assumer. À ce moment-là, la
rentabilité à long terme du contrat sera inférieure
à ce qui était prévu. Évidemment, pour le
Québec, dit-on, cela ne change rien, c'est de l'argent qu'on rapatrie
des centrales et qu'on aurait dû rapatrier de toute façon. Mais
à mesure qu'on avance dans le temps, dans les contrats pour des
centrales qui sont plus coûteuses à produire, on diminue la marge
de rentabilité sur le contrat à long terme d'exportation.
M. Mercier: Vous avez absolument raison.
Si la demande interne est plus forte, évidemment, les coûts
de production pour le Québec sont plus élevés pour
alimenter le contrat en question et, à ce moment-là, les
bénéfices réalisés sont moins élevés.
Mais cela fait partie de l'analyse de sensibilité.
M. Orouin: M. Léveillé voudrait ajouter quelque
chose là-dessus.
M. Léveillé: Je voudrais juste mentionner que le
risque que la demande québécoise soi: plus élevée
et qu'elle entraîne des devancements de projets plus chers, un peu plus
rapidement, ceia fait partie des risques qui ont été pris en
considération dans la détermination do notre exigence minimale et
cela fait partie de 'ensemble des sensibilités qui sont faites. Cela
fait partie des risques qui doivent être couverts par cette marge, par ce
coussin que nous avons par rapport à nos coûts. Aiors, c'est un
risque qui a déjà été étudié.
M. Claveau: Selon le scénario global qu'on connaissait en
1987, au moment où vous avez négocié le contrat, on
prévoit la dernière partie de la fourniture, 2012-2029 dans le
cas de Central Maine Power, couverte par NBR. Avez-vous fait un test de
sensibilité sur la différence du taux de rendement sur le contrat
si on devait construire NBR en 2005-2006, si on devait devancer de cinq ans
NBR, par exemple, par rapport à ce qui est prévu?
M. Léveillé: C'est le genre de test de
sensibilité qui est fait lorsque des contrats sont recommandés.
il s'agit de prendre le scénario de la demande forte tel qu'il est dans
le plan de développement et de voir quel est le coût du contrat
d'exportation si le scénario fort se réalisait.
Évidemment, cela va donner une rentabilité moindre, c'est
évident. Cependant, cela tombe à l'intérieur des risques
qui nous semblent acceptables à l'égard de notre taux de
rendement. Alors, dans l'hypothèse moyenne, notre taux de rendement de
13,5 % sur le capital total va se réaliser. De plus, lorsque certains
risques adverses se réalisent, c'est le coussin qui absorbe une partie
de ces risques-là et, évidemment, s'il y a des risques positifs,
le coussin sera plus grand.
Alors, cet exercice de sensibilité se fait par rapport à
la demande forte, telle qu'elle est dans le pian de développement. On ne
se donne pas la peine, de façon générale, de le faire par
rapport à un scénario fermé.
M. Claveau: Donc, par rapport à la formule de prix qui est
retenue, vous nous avez dit tout à l'heure qu'il fallait que la piastre
soit à 0,77 $ pour que cela reste dans les normes. Prend-on en
considération une augmentation possible des coûts de construction?
Sur un certain laps de temps, on sait qu'il est possible qu'il y ai? des
variations de coûts de construction. Par exemple, le contrat est
signé aujourd'hui, ou en 1987, qui échelonne, dans le temps, les
coûts par rapport à certains paramètres. Est-ce que le
paramètre "variable" dans les coûts de construction est
inclus?
M. Léveillé: C'est un autre risque qui fait partie
de la brochette de risques qui est étudiée à ce
moment-là?
M. Claveau: Un deuxième risque.
M. Léveillé: II y a une sensibilité qui est
prise par rapport aux coûts de base de nos projets hydrauliques.
M. Claveau: On est rendu à trois risques
qu'Hydro-Québec doit assumer: taux de change, coûts de production
et devancement par rapport à l'augmentation de la demande
québécoise.
M. Léveillé: La demande québécoise.
y.
M. G/èvremont: Oui, et ces risques avaient
été identifiés.
M. Léveillé: Ainsi que d'autres.
M. Guèvremont: Si nos études internes, M. Claveau,
n'avaient pas tenu compte de ces différents risques, et on pourrait vous
en trouver d'autres, si on n'en avait pas tenu compte, vous auriez
peut-être raison de dire que c'est très dangereux. Mais on a fait
ces études, ces risques ont été évalués et
nous croyons que nous avons le coussin nécessaire pour absorber les
fluctuations qui peuvent exister dans ces différents
scénarios.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava, une dernière question.
M. Claveau: Une dernière question. Est-ce que la formule
de prix qui est fixée au départ tient compte du coût de
l'équipement spécifique qui va servir à produire
cela...
Une voix: Oui.
M. Claveau: ...ou si elle tient compte d'un coût
pondéré sur l'ensemble du parc d'Hydro-Québec, d'une part,
puisque c'est ma dernière question? Et pouvez-vous me dire quelle a
été la différence de coût entre le moment où
on a annoncé la construction de LG 2 et son coût de
réalisation, le complexe La Grande, Phase il? (17 h 45)
M. Guèvremont: La centrale LG 2 a été
construite en dedans des prévisions. Je n'ai pas les chiffres devant
moi, mais je crois qu'il avait été prévu que cela
coûterait 16 000 000 000 $ et cela a coûté 15 000 000 000 $,
quelque chose comme cela.
M. Claveau: Pas au moment où on l'a annoncé, en
1971.
M. Guèvremont: Je ne sais plus. Sur quelle étude
avez-vous basé votre chiffre? Il y a tellement d'études.
M. Claveau: Le premier volet de ma question, c'était si la
formule de prix tient compte du coût de construction de
l'équipement spécifique qui va permettre de fournir cette
électricité.
M. Léveillé: La formule de prix en tant que telle
n'est pas reliée à nos équipements. C'est un prix de base
négocié, c'est une formule de prix. Ce sont des prix de base
négociés de gré à gré entre un acheteur et
un vendeur. Maintenant, compte tenu d'hypothèses que nous devons faire
en regard de l'inflation, que ce soit l'indice "Handy and Whitman", que ce sort
l'indice implicite des prix du produit national brut, que ce soit sur le taux
de change, sur les taux d'intérêt, cette formule a la
propriété de générer des revenus, n'est-ce pas?
Maintenant, lorsque les études et les recommandations se font, on le
fait sur la base des hypothèses moyennes. On considère le
coût de devancement des équipements qui seraient requis pour
réaliser un tel contrat, selon les hypothèses moyennes. En plus
de cela, un certain nombre d'études de sensibilité sont faites
où on incorpore l'impact de divers risques pour vérifier si le
coussin que nous obtenons va être suffisant. Notre formule de prix ne
réfère pas à des équipement spécifiques.
Elle est là pour...
Une voix: Le devancement de l'ensemble des trois...
M. Léveillé: Effectivement, cela doit couvrir les
coûts de devancement de chacun des projets qui sont là, selon nos
hypothèses moyennes.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Trois-Rivières.
M. Philibert: Dans le cadre du bilan de la demande et de l'offre
d'énergie électrique, on constate qu'Hydro-Québec anticipe
d'accumuler l'équivalent de 12,9 térawattheures dans ses
réservoirs, tout en écoulant 3,2 térawattheures
d'excédent à l'exportation. Compte tenu d'un bilan serré,
comment peut-on justifier cette orientation?
M. Guèvremont: C'est à la page 79 du pian de
développement. Nous avons indiqué effectivement, à
l'année 1989, une vente de 3 200 000 000 de kilowattheures. Tout
à l'heure, votre collègue, le député de La Peltrie,
référait à des types de contrats à la page 35 et je
vous dis que les années du plan de développement ne
coïncident pas avec les contrats, c'est-à-dire au point de vue des
années. C'est pour cela qu'on se retrouve avec 3,2. C'est une offre
qu'on a faite au
mois de juin l'an passé à NEPOOL et à NYPA qui
couvre la période du 1er septembre jusqu'au dernier jour d'août de
l'an prochain. Nous allons honorer cette obligation puisque nous avions
annoncé cela en juin dernier. C'est pour cela que, dans ce même
tableau, pour les années subséquentes, c'est zéro. Cela
explique pourquoi, malgré le problème d'hydraulicité, on
continuera à alimenter ces contrats, tels qu'offerts, jusqu'à la
date qui coïncide avec la date de notre offre de juin de l'an passé
parce que, lorsqu'on a fait l'offre, on croyait être capables d'arriver
à offrir ces quantités. C'est comme cela.
M. Philibert: Au cours des trois prochaines années,
quelles sont les obligations contractuelles minimales d'Hydro-Québec
pour satisfaire les marchés externes d'exportation?
M. Guèvremont: Vous avez au même tableau...
M. Philibert: Quelle est l'importance relative par rapport aux
ventes totales d'Hydro-Québec?
M. Guèvremont: Cette information se retrouve aussi
à la page 79, au même tableau. Si je comprends bien votre
question, vous demandez dans quel ordre sont nos obligations contractuelles
fermes pour ces années-là. Dans les ventes
d'électricité régulière à l'exportation,
vous voyez, dans la colonne 1989, le chiffre 9,2. Est-ce que vous pouvez le
retracer à la page 79, au tableau 6.3? Vous avez 9,2 pour 1989; pour
1990, 11 et, pour 1991,13,6.
Maintenant, pour comprendre ce que sont ces obligations, il faudrait
retourner à la page 35 qui fait une récitation de tous les
contrats de puissance et d'énergie garanties, le haut de ce tableau, et
vous voyez les contrats en cours. Évidemment, cela ne comprend pas les
engagements à long terme. Ceux-là se retrouvent à la page
40, mais ils n'ont rien à voir avec la question que vous venez de
poser.
Vous avez posé aussi une question sur le pourcentage?
M. Philibert: Le pourcentage, compte tenu des exportations.
M. Guèvremont: On vient de me rappeler que vous avez
posé cette question. C'est 8 % environ. On peut le calculer. Vous avez,
au bas, le total des besoins à satisfaire, 157,7, et vous avez le
chiffre en 1989. Si vous faites le total de 9,2 plus 3,2 et, ensuite, vous
continuez, cela donne, grosso modo, à peu près 8 %. C'est 11 sur
160 en 1990.
M. Philibert: Sur la base des analyses du potentiel
d'exportation, quels sont les marchés les plus prometteurs pour
l'avenir?
M. Guèvremont: Les marchés les plus
\ prometteurs seraient, théoriquement, l'Ontario et la
Nouvelle-Angleterre. Comme vous le savez, nous avons fait une offre qui est en
train d'être analysée par Hydro-Ontario. Quant aux potentiels,
à la page 42, qui sont exprimés, sans les décortiquer par
région, c'est la Nouvelle-Angleterre qui, là-dedans, nous
apparaît être le marché encore le plus prometteur.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que cela va,
M. le député de Trois-Rivières?
M. Philibert: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ciaccia: Mme la Présidente, je voudrais rassurer... Si
le député d'Ungava a des préoc cupations, des
inquiétudes en ce qui concerne les études auxquelles vous avez
fait référence, qui sont présentement devant la Commission
d'accès à l'information, je voudrais publiquement vous dire que
les fonctionnaires du ministère seront prêts en tout temps
à s'asseoir avec vous et à vous donner des explications sur ces
études et sur les raisons pour lesquelles elles ne s'appliquent pas. La
raison pour laquelle on ne peut pas le faire publiquement - vous allez
être en mesure de le juger, mais c'est pour vous montrer exactement ce
qui est en jeu ici - c'est que ces explications comportent des informations qui
sont très confidentielles. Placez-vous, non seulement dans la position
d'Hydro-Québec qui doit négocier avec New York, NEPOOL, etc.,
mais aussi dans la position de New York qui doit négocier avec d'autres
fournisseurs. Ils ne sont pas intéressés à étaler
sur la place publique toutes les Informations qui peuvent être contenues
dans certains contrats. Mais, n'importe quand, si vraiment vous avez des
préoccupations, si vous n'êtes pas satisfaits des; réponses
qui vous ont été fournies par la haute direction
d'Hydro-Québec aujourd'hui, qui vous ont assurés des taux de
rendement de 13,5 % et de 20 %, 22 % au fil des années, je peux vous
assurer que les fonctionnaires du ministère vont vous expliquer,
étude par étude, même pour celle qui n'est pas
terminée, qui est préliminaire, les raisons pour lesquelles elles
ne sont pas exactes. Ils vont vous donner toutes les informations. Alors, c'est
une offre que je vous fais, pour vous assurer qu'on n'a rien à cacher.
Mais on doit agir de façon responsable en vue des négociations
qui sont présentement en cours et des négociations futures avec
des clients, soit de l'Ontario, de New York ou de NEPOOL
M. Claveau: Mme la Présidente, je suppose que j'ai un
droit de réplique...
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va prendre le
consentement parce que votre temps de parole est terminé, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Est-ce que j'ai le consentement pour quelques
minutes?
M. Ciaccia: Ah oui! Allez-y.
La Présidente (Mme Bélanger): Sur votre temps, M.
le ministre.
M. Ciaccia: Si vous me promettez de ne pas être
démagogue. D'accord. Non, non, non, vous avez le consentement.
Consentement.
M. Claveau: Je vais répondre, de toute évidence
sans démagogie, que je trouve assez curieux que, tout à coup, le
ministre soit prêt à nous fournir des informations qu'il
n'était pas prêt à nous fournir auparavant. Si on avait eu
ce genre...
M. Ciaccia: Écoutez, si vous voulez intervenir...
M. Claveau: ...d'entente, éventuellement, on aurait pu en
discuter. Je maintiens...
M. Ciaccia: ...pour me faire dire des mots que je n'ai pas
dits... J'ai toujours été prêt, mais pas publiquement.
D'ailleurs, si vous voulez commencer à faire un débat... Ce n'est
pas ça le but. Je vous ai fait une offre, de bonne foi. Mes
fonctionnaires sont ici. Ils peuvent vous rencontrer n'importe quand,
après la commission parlementaire, et vous expliquer la teneur, le
contenu de ces études et les explications, à savoir pourquoi
elles ne s'appliquent pas. Ces explications contiennent des informations
extrêmement confidentielles. Alors, on est prêts à le faire,
parce qu'on se fie au sens des responsabilités du député -
comme il a à coeur les intérêts du Québec et ceux
d'Hydro-Québec il ne divulguera pas ces informations confidentielles -
mais on ne peut pas le faire sur la place publique. C'est pour ça qu'on
s'y oppose. On va aller à la Commission d'accès à
l'information pour lui faire part de nos préoccupations.
M. Claveau: II y a une chose que je constate dans tout ça,
c'est que le ministre nous dit que ce sont des études partielles, qui ne
sont pas terminées, sauf qu'il a quand même signé,
autorisé des contrats. Alors, à ce moment-là, on se
demande où il a pris ses informations, si les études
n'étaient pas terminées.
M. Ciaccia: II y en a une qui n'est pas terminée.
M. Claveau: Bon, une qui n'est pas terminée.
M. Ciaccia: L'étude importante... M. Claveau: Quant
au contenu...
M. Ciaccia: L'étude sur les contrats existants, c'est
celle-là qui n'est pas terminée.
M. Claveau: Si cette étude n'est pas terminée,
à ce moment-là, je ne vois pas...
M. Ciaccia: C'est celle-là qui est importante. Les autres,
ce sont des scénarios hypothétiques.
M. Claveau: ...ce qui fait si peur au ministre dans le fait
qu'elle soit connue. De toute façon, le rôle de la Commission
d'accès à l'information, c'est de dire au ministre si, oui ou
non, elle considère que c'est un document confidentiel ou non pour le
ministère. Quant à moi, à partir du moment où j'ai
le document entre les mains, je n'ai pas à avoir l'autorisation ou non
de la Commission d'accès à l'information pour le divulguer ou
pas. C'est un autre aspect qui est complètement différent du fait
de savoir si le ministère devrait ou non le rendre public. Je pense que
le ministre devrait mettre pardessus ça, ici, devant la commission,
toutes les études qui, supposément, vont à ('encontre de
ça. Comme ça, ce serait clair pour la population et on saurait
à quoi s'en tenir une fois pour toutes.
M. Ciaccia: C'est clair que vous n'avez rien compris. Alors,
l'heure étant avancée, Mme la Présidente, je vais demander
qu'on ajourne nos travaux.
La Présidente (Mme Bélanger): La commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 13)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux
afin de poursuivre l'étude de la proposition tarifaire
d'Hydro-Québec, pour l'année financière 1989.
Lors de la suspension des travaux, nous avions fini de discuter
l'élément: Marchés externes. Nous débutons nos
travaux par la gestion des ressources humaines. M. le ministre.
Gestion des ressources humaines
M. Ciaccia: Merci, Mme la Présidente. Nous abordons
maintenant le thème de la gestion des ressources humaines chez
Hydro-Québec. C'est un thème majeur puisqu'il implique la vie
quotidienne de l'entreprise. Tous les objectifs et toutes les stratégies
qu'on peut énoncer ne peuvent véritablement prendre forme et se
concrétiser sans l'apport de ressources compétentes,
motivées et dynamiques. C'est d'autant plus vrai que les
ressources humaines chez Hydro-Québec oeuvrent à toutes
les étapes de la réalisation de sa mission. En effet, on ne peut
penser développement et exploitation des installations sans y associer
les ressources correspondantes. On ne peut pas non plus penser
développement des marchés et, particulièrement,
qualité du service à la clientèle sans l'implication du
personnel de l'entreprise.
Les ressources humaines à Hydro-Québec sont le moyen
privilégié pour atteindre les objectifs visés. Ou coup,
cela entraîne des responsabilités. On doit penser
efficacité et productivité. Ce matin, j'ai fait allusion à
la possibilité d'un partage de l'effort entre le personnel
d'Hydro-Québec et le consommateur, en ce qui concerne l'augmentation des
tarifs, et à l'apport qu'Hydro-Québec ou son personnel pourrait
faire sous forme d'une meilleure productivité. Je sais que, dans le plan
de développement, on parle de productivité. La question que je
voudrais poser au président est la suivante: De quelle façon
concrète Hydro-Québec entrevoit-elle améliorer sa
productivité?
M. Drouin: Mme la Présidente, en ce qui concerne la
productivité, je vais demander à mon collègue, M. Boivin,
de vous présenter un historique de la productivité et notre
vision pour les années à venir de la productivité à
HydroQuébec.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Boivin.
M. Boivin: Si vous me le permettez, je vais demander qu'on
projette la diapositive A-122 qui situera un peu le contexte.
Je pense que pour parler de la productivité à
Hydro-Québec il faut regarder par périodes. Il est de mise de
regarder la période 1983-1987 ou 1988, en fait la période des
dernières années où l'entreprise s'était
fixé des objectifs d'augmentation de la productivité globale.
Dans un deuxième volet, il faudra regarder la période de 1989 et
les années qui s'en viennent où les objectifs sont beaucoup plus
axés sur l'augmentation de la productivité individuelle.
Au cours des années récentes qui se sont inscrites dans un
contexte de baisse de la demande et d'un programme d'équipement qui
était en train de se terminer mais qui était important,
particulièrement au cours des années 1982 à 1985, nous
avions senti le besoin de rétablir la santé financière de
l'entreprise. Les moyens qui ont été pris pour réaliser
cet objectif étaient axés sur des liens de productivité
mais, particulièrement pour les moyens, sur la réorganisation
administrative de l'entreprise, sur la rationalisation des activités et
des ressources ainsi que sur des programmes agressifs de vente et de marketing
qui devaient nous permettre d'écouler les surplus auxquels nous faisions
face avec la fin des mises en service du complexe La Grande et la baisse de la
demande sur les marchés québécois.
Je pense qui! serait intéressant de prendre quelques minutes pour
regarder les résultats de cette période quant à la
productivité globale de l'entreprise. Pour illustrer ceci, je
demanderais la diapositive C-25. On ne l'a pas? Alors, si on ne l'a pas, je
vais demander la diapositive C-15, s'il vous plaît. La diapositive C-16?
On a des problèmes de projection. Heureusement qu'on a des
mécanismes de rechange. Diapositive C-16. En fait, c'est un bon
indicateur des résultats de la rationalisation que nous avons faite. Si
on regarde les effectifs permanents d'Hydro-Québec, les ressources en
main-d'oeuvre, les effectifs par térawattheure ou par milliards de
kilowattheures vendus, on verra, à l'aide de cette diapositive, qu'en
1982, au moment où nous avons amorcé un redressement, nous avions
274 personnes par térawattheure vendu et grâce à la
rationalisation nous avons atteint, en 1986-1987, un ratio de 181 ou 177
personnes par térawattheure vendu.
On remarquera également que les tendances de ces courbes nous
indiquent que nous avons, par la rationalisation et la réorganisation,
atteint le plancher, c'est-à-dire que nous sommes allés chercher
tous Ses gains de productivité auxquels nous pouvions nous attendre par
ces méthodes.
Vous me permettrez de citer quelques-uns des indicateurs de
productivité que j'avais également sur la diapositive C-25 qui,
malheureusement, n'était pas disponible. Durant cette période de
1982 à 1988, nous avons augmenté le nombre de clients sur le
réseau de 18,2 %. La puissance installée du réseau, avec
la fin des mises en service du complexe La Grande entre 1982 et 1985, a
été augmentée de 28,5 %. Les ventes
régulières au Québec se sont accrues de 43,5 %. Quand on
regarde la croissance des effectifs permanents, il y a eu, entre le 31
décembre 1982 et le 31 décembre 1988, une diminution nette de 3,5
% de nos effectifs.
Donc, au niveau de la rationalisation globale de l'entreprise, nous
croyons que nous avons atteint la limite à laquelle nous pouvions nous
attendre avec ces méthodes. Je pense que la courbe que vous avez devant
vous indique bien que depuis les trois dernières années nous
avons atteint ce minimum et qu'il n'y a plus maintenant de gain possible de
productivité dans les mécanismes de rationalisation.
Si vous le voulez, nous allons maintenant revenir à la
diapositive A-122 et regarder rapidement comment nous entendons aborder
l'année 1989 et les suivantes pour l'augmentation de la
productivité individuelle. Pour les années qui viennent, nous
allons fonctionner dans un contexte où la demande est à la
hausse. On l'a vu cet après-midi dans le cadre de nos nouvelles
prévisions de la demande. Nous allons également vivre dans un
contexte d'accélération ou de devancement de notre programme
d'équipement et, également, dans un contexte où, au cours
des prochaines années, l'entreprise fera des efforts très grands
pour améliorer tant la fiabilité de
ses réseaux de distribution, par des investissements additionnels
de 700 000 000 $, que celle de son réseau de transport, par des
investissements de 1 300 000 000 $.
Nous avons besoin en même temps, dans ce contexte-là, de
reconstituer et de maintenir une marge de manoeuvre financière
acceptable pour nous permettre de faire face aux aléas de la conjoncture
dans les années qui viennent.
Les moyens que nous mettons de l'avant sont maintenant d'une part,
l'introduction de nouvelles technologies. Concernant l'introduction de
nouvelles technologies, différents moyens sont envisagés et sont
même déjà à l'étude ou en voie d'être
implantés. On peut penser à la télélecture des
compteurs dans les endroits difficiles d'accès, donc des endroits
où il pourrait y avoir réduction du temps que nous perdons,
devrais-je dire, pour avoir accès à des compteurs difficiles.
On peut parler des systèmes de surveillance permanents de
l'état des groupes turbines alternateurs qui sont une nouvelle
technologie que nous introduisons graduellement sur notre réseau, qui
nous permettra de "monitorer", de suivre de façon constante
l'état des groupes et d'introduire graduellement à travers
ça les méthodes de maintenance préventive conditionnelle
qui nous amèneront à intervenir moins fréquemment, mais au
bon moment, sur nos équipements.
On peut penser à l'introduction des robots supercompacts pour la
réparation des turbines. On peut penser également au
système de patrouilles vidéo pour nos lignes de transport qui
nous permettront, de façon plus accélérée, de
détecter les déficiences lors d'inspection des lignes. On peut
penser également au système d'estimation mécanisée
des travaux en distribution souterraine ou encore de la fin du programme
d'automatisation des centres d'exploitation et de distribution.
Le deuxième volet de l'augmentation de la productivité
nous viendra nécessairement de l'augmentation de la productivité
de nos ressources humaines. Ce volet sera réalisé, d'une part,
par l'amélioration de la formation de nos employés,
particulièrement dans le secteur des métiers et des techniciens,
par une meilleure formation préparatoire qui permettra à nos
employés d'accéder plus rapidement à des postes
requérant des connaissances techniques minimales de niveau
collégial et ça, c'est particulièrement dans le secteur
"bureau". Et, de façon spécifique, du côté de nos
métiers et de nos techniciens, par des programmes de formation qui leur
permettront de bénéficier des transferts technologiques et de
maîtriser les nouvelles technologies que nous introduisons graduellement
sur nos installations.
Nous pourrons également obtenir des gains substantiels de
productivité au chapitre des heures travaillées,
c'est-à-dire des heures efficaces, des heures à pied d'oeuvre
dans le travail, par une augmentation du temps productif à pied
d'oeuvre, particulièrement dans la réalisation des travaux de
distribution, par la réduction de la durée d'inspection des
groupes auxquels j'ai fait référence tantôt qui sera
amenée en partie par l'introduction de nouvelles technologies, par la
réduction de la durée de réfection de nos groupes turbines
alternateurs, en réorganisant les équipes et les horaires de
travail. Nous croyons, à titre d'exemple, que nous pouvons
réduire le temps de réfection majeure d'un groupe turbine
alternateur de 52 semaines à 35 semaines dans les années qui
viennent et, également, par l'augmentation de la productivité de
nos monteurs de lignes de transport.
Le troisième volet de l'augmentation de la productivité
dans les années qui viennent concerne une gestion plus rigoureuse. Dans
ce sens-là - et M. Drouin en a fait état dans sa
présentation ce matin - nous sommes à mettre en place un
programme d'action qui vise particulièrement les cadres de l'entreprise
et, également, un autre programme d'action qui vise le régime de
gestion des spécialistes de l'entreprise.
À l'égard des activités d'exploitation, des
activités opérationnelles, nous avons également
amorcé l'accentuation des contrôles de gestion et la mise en place
des mesures correctives qui en découlent. Maintenant, il est
évident que nous sommes présentement en période de
négociations avec nos principaux syndicats. Les orientations que nous
avons mises sur la table visent également une amélioration de la
productivité et plusieurs des mesures auxquelles j'ai fait
référence au cours de mon exposé touchent ou supposent
justement un règlement harmonieux de ces conventions collectives.
Ce sont les principaux paramètres ou les principaux axes sur
lesquels nous avons l'intention de travailler au cours de l'année 1989
et des années qui viennent.
M. Ciaccia: Malheureusement, M. Boivin, je n'ai pas tout le temps
d'aller dans les détails de votre exposé. Je voudrais demander
ceci à M. Drouin: Dans le plan de développement
d'Hydro-Québec, on indique que l'année 1989 en sera une de
réflexion, de transition. Je crois que vous avez parlé
d'élaborer une stratégie de développement des ressources
humaines pour faire face au défi de la prochaine décennie. Est-ce
que vous pourriez indiquer les grandes orientations sur lesquelles cette
stratégie pourrait reposer?
M. Drouin: Certainement. Mme la Présidente, dans la
foulée de ce que M. Boivin vient de mentionner en termes de notre
orientation relativement à la productivité, je pense qu'il serait
utile de remettre un peu dans le contexte Hydro-Québec 1989, par rapport
aux ressources humaines. D'abord, si on se reporte antérieurement
à 1989, comme l'a mentionné M. Boivin, le contexte
économique et énergétique a profondément
secoué l'entreprise. Des mesures de redressement pour soutenir sa
santé financière et
améliorer sa productivité ont dû être mises en
place, soit par la réduction de la croissance des frais d'exploitation,
des programmes commerciaux agressifs et, évidemment, une certaine
récupération salariale. Deuxièmement, il y a eu des
mesures pour améliorer le service à la clientèle et
réduire le temps de réaction de l'entreprise. Cela s'est traduit
par la décentralisation dans les sièges régionaux et, par
la suite, dans les secteurs, la réorganisation administrative comme
telle, et la révision des pouvoirs d'approbation. (20 h 30)
Ces actions, jusqu'en 1988, ont eu des effets bénéfiques,
mais ont tout de même engendré des répercussions dans le
personnel. La période de 1983 à 1988 a été, au
chapitre des ressources humaines, caractérisée par deux types
d'activité, d'abord celle qui visait un ensemble de tâches pour
gérer la décroissance du personnel, la décentralisation et
la rentabilité financière, ceci au moyen de programmes incitatifs
de départ, de programmes de relocalisation de personnel
excédentaire, de transfert de ressources et de
récupération du marché en matière de
rémunération. L'autre type d'activité, ce sont de nouveaux
besoins exprimés par le personnel en conformité avec
l'évolution des valeurs sociales, amenant des aménagements du
temps de travail et des programmes de formation et de préparation
à la relève. Cela s'est traduit dans des règlements de
convention collective en 1983 et en 1986, amenant de nouveaux besoins qui ont
eu des répercussions considérables sur la gestion. Donc, une
période de croissance normale s'amorce. Le temps est propice au
repositionnement du personnel. Avec la nouvelle direction d'Hydro-Québec
et le nouvel organigramme, l'occasion était toute donnée au
président et chef de la direction et au président et chef de
l'exploitation de se donner un vice-président, d'une part, du
développement des ressources humaines en la personne de Jacques Nadeau
qui est ici, à ma gauche, et un vice-président du personnel de
l'exploitation, sous Claude Boivin, M. Michel Blais, à la droite de
Claude Boivin.
Pour les années à venir, les grands axes que nous voulons
développer en matière de ressources humaines, en plus de celui de
la productivité individuelle, comme l'a mentionné M. Boivin, sont
ceux de la communication et de la formation. Je ne voudrais pas oublier, en
énonçant ces deux grands axes, les objectifs que nous nous sommes
donnés dans une action ponctuelle appelée Action-cadres qui vise
à donner la responsabilisation aux cadres de l'entreprise. Mais la
communication comme telle est un élément essentiel de gestion.
Nous avons comme objectif de favoriser les discussions dans toute
l'organisation et d'être aussi, bien sûr, à l'écoute
de l'organisation. Nos projets, nos objectifs devraient être ceux de tout
notre personnel. Pour ce faire, Mme la Présidente, il faut
développer et renforcer les sentiments d'appartenance par des
mécanismes appropriés. Il faut impliquer le personnel à
tous les niveaux, pas seulement ceux d'en haut. Il faut que chacun ait quelque
chose à dire et que cela se sente dans l'entreprise. Dans ce contexte,
bien sûr, le gestionnaire, au premier chef, est appelé à
jouer un rôle nouveau. Ce gestionnaire devrait devenir un
"développeur", un animateur plutôt qu'un simple opérateur
exécutant.
Le deuxième axe de la stratégie, Mme la Présidente,
repose sur la formation continue. Nous l'avons souligné dans notre
discours d'ouverture, ce matin, et cela nous apparaît important. Une
tournée que nous avons amorcée dans la province démontre
carrément les besoins criants, au sein de l'entreprise, sur le plan de
la formation: formation technique et formation professionnelle; dans tous les
sens, nous devons y apporter un sccenf important. Dans un contexte où le
changement c'est la permanence, il faut être à la fine pointe des
nouveaux développements technologiques II faut anticiper les changements
et favoriser l'innovation et la créativité.
Bien sûr que dans le plan de développement nous n'avons pas
pu évoquer l'ensemble de ces objectifs d'une façon plus
précise, puisque l'entrée en fonction des deux nouveaux
vice-présidents, dont j'ai évoqué l'embauche, est survenue
au cours des mois d'octobre et de novembre 1988, peu de temps après que
nous soyons entrés en fonction. Par conséquent, nous croyons que
ces objectifs se traduiront, tout au cours de l'année, par des actions
précises comme celles que nous avons mentionnées au chapitre
d'Action-cadres, d'Action-spécialistes et de la formation. Mais ils se
traduiront encore plus précisément dans le plan de
développement de l'an prochain puisque, pour nous, ce sont des objectifs
à court, à moyen et à long terme que nous devons traduire
dans plusieurs plans de développement, à l'avenir.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. Drouin.
Merci, M. le ministre. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Mme la Présidente, quelques petites questions
rapides. J'aimerais savoir combien il y a d'employés, actuellement,
à Hydro-Québec, d'employés permanents, employés
temporaires ou sur une base saisonnière.
M. Boivin: Est-ce que vous accepterez le chiffre du 31
décembre dernier?
M. Claveau: Oui.
M. Boivin: Au 31 décembre dernier, comme on l'indique au
tableau de la page 132 du plan de développement, il y avait 19 252
employés permanents, à ce moment-là, et 3521
employés temporaires. Pour ce qui est des employés temporaires,
ce ne sont pas les effectifs, au 31 décembre, mais les
années-personnes utilisées au
cours de l'année 1988.
M. Claveau: Cela veut dire qu'on a exactement le même
niveau d'emploi qu'on avait en 1982, à quelques unités
près.
M. Boivin: C'est légèrement inférieur, parce
que, si vous regardez les effectifs permanents de 1982, nous avions, au 31
décembre 1982, 19 959 employés permanents, comparativement
à 19 252 employés permanents au 31 décembre 1988, soit une
diminution de 700 personnes, plus ou moins quelques-unes. Cela se traduisait
d'ailleurs dans les chiffres que je vous ai donnés tantôt,
où j'indiquais que nous avions effectivement 3,5 % d'employés de
moins à la fin de 1988 par rapport à l'année 1982.
M. Claveau: D'accord. J'ai un problème. Je vais vous dire
honnêtement que j'ai un problème. Je me demande comment cela va se
résoudre à Hydro-Québec. J'ai ici toute une panoplie de
rapports internes d'Hydro-Québec, pour à peu près toutes
sortes de choses. J'espère que je n'ai pas besoin de passer par la
Commission d'accès à l'information pour en parier. J'ai toutes
sortes de rapports...
M. Ciaccia: Si vous voulez.
M. Claveau: ...sur toutes sortes de facettes
d'Hydro-Québec. M. y a une constante dans ces rapports, les
problèmes de relations du travail, et ces rapports ne traitent pas
nécessairement de la gestion humaine. On parle de l'entretien du
réseau, de l'entretien des centrales, d'inspection des barrages ou des
ouvrages, d'augmentation de l'offre ou de l'augmentation de la clientèle
dans certains secteurs régionaux donnés, du réseau
souterrain et, partout, je pourrais vous faire des citations autant comme
autant. J'en ai une ici: Gestion des centrales hydroélectriques, 18 mars
1988. Gestion des ressources humaines. Les gestionnaires rencontrés
n'osent plus prendre position car ils ne se sentent pas supportés par
leurs supérieurs hiérarchiques. De plus, ils reconnaissent qu'ils
gèrent souvent leurs ressources humaines de façon à
éviter les conflits. Point final. Cela continue, il y a deux pages pour
expliquer ça.
Ce document ne concerne pas la gestion des ressources humaines, mais la
gestion des centrales hydroélectriques. J'en ai un autre:
Révision de la conception du réseau souterrain de distribution,
rapport du 30 mars 1988, signé par plusieurs ingénieurs
d'Hydro-Québec. Encore la même chose: Le manque de communication
favorise l'incompréhension, la duplication des tâches et la
non-uniformisation des relations. On dit plus loin, dans le même rapport,
et j'y ai fait référence cet après-midi: Ces
problèmes sont interreliés. Le second porte sur l'organisation et
l'utilisation des ressources.
Un autre ici du 14 septembre 1988. Ce ne sont pas des rapports tellement
vieux: Diagnostic de la fiabilité du réseau de transport. Encore
là, on fait allusion à la sécurité du personnel,
aux problèmes de gestion des ressources. C'est comme ça sur toute
la ligne. Même chose ici. J'ai un rapport: Croissance de la rive sud et
problèmes résultant du secteur des Seigneurs. Planification,
division exploitation et projets. Encore là, le problème des
relations du travail, enfin le problème de la croissance de la
main-d'oeuvre n'est pas proportionnel à la croissance de la demande dans
ce secteur. Les difficultés à se parler, à communiquer
tous ensemble.
C'est beau des chiffres comme ça à l'intérieur du
plan de développement et de dire: On est en négociations. Tout ne
va pas si mal dans le fond; il y a pire que chez nous. Le niveau de revenu est
de 12 % plus élevé selon nos références parmi une
vingtaine des plus grandes industries au Québec. Mais, moi, quand je
regarde tout ça, je suis un peu apeuré devant la situation des
relations du travail à Hydro-Québec et je me demande si vous avez
eu l'occasion de prendre connaissance de tous ces rapports qui, sort dit en
passant, sont signés par des gens qui occupent des postes
décisionnels, de consultants, des postes de direction à
l'intérieur d'Hydro-Québec. Je ne sais pas si vous avez
prévu une solution à ça, mais il y a problement là
quelque chose qui doit avoir un effet direct sur la productivité de
l'ensemble des travailleurs d'Hydro-Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Drouin.
M. Drouin: Mme la Présidente, je pense que le
député d'Ungava a touché des cordes sensibles de nos
dossiers de ressources humaines. Nous sommes loin d'affirmer que tout va bien
dans ce dossier des ressources humaines, il est évident que nous avons
pris conscience, pour les raisons que j'ai mentionnées tantôt dans
l'énoncé que j'ai fait relativement à nos objectifs pour
les années qui viennent, qu'à la suite d'une période
difficile comme celle vécue à Hydro-Québec le dossier
prioritaire, si je puis dire, dans l'entreprise... Il ne faut voir nulle part
dans nos textes une affirmation selon laquelle nous considérons que tout
est bien dans le meilleur des mondes dans ces dossiers. Au contraire.
La première action que nous avons prise, et je trouve malheureux
que le député d'Ungava n'en ait pas reçu copie comme il a
reçu copie d'autres documents qui sont moins flatteurs, c'est celle, par
exemple, de notre projet Action-cadres qui, dès notre entrée en
fonction dans l'entreprise, Claude Boivin et moi-même, a fait l'objet
d'une action immédiate parce que nous avons justement senti, et non
seulement senti, mais perçu très rapidement l'ensemble des
problèmes que vous soulevez relativement à la responsabilisation,
à l'appui nécessaire dont les gestionnaires ont besoin dans
l'entreprise, au manque de communication, à la formation de
nos gestionnaires comme telle, enfin un ensemble de problèmes
dont je vous fais grâce de rénumération ici ce soir. Mais
c'est pour vous dire au moins que, même si nous étions dans
l'attente des nominations du nouveau vice-président des ressources
humaines et du nouveau vice-président du personnel de l'exploitation,
nous n'avons pas hésité à prendre une action ponctuelle
qui consistait à tenter de remobiliser avant qu'il ne soit trop tard,
à tenter de responsabiliser, de ramener au sein de l'entreprise
l'ensemble des cadres.
Mme la Présidente, je ne dis pas ça du tout au
détriment des employés qui sont à la base. Nous
considérons que nos employés à la base ont une importance
capitale dans l'entreprise et dans le fonctionnement de l'entreprise. Mais il
faut aussi que nous ayons les gestionnaires qui aient les pouvoirs de
gérer et qu'ils peuvent gérer dans la ligne hiérarchique
de l'entreprise sans pouvoir rejeter le blâme à plus haut qu'eux
parce qu'on ne veut pas les responsabiliser ou qu'on ne leur donne pas l'appui
pour effectuer leur travail. Je pense que la base s'en portera mieux si nous
pouvons obtenir que nos gestionnaires gèrent l'entreprise par la ligne
hiérarchique et en assumant leurs responsabilités respectives
sans rejeter ces responsabilités à d'autres ou sans abdiquer
leurs responsabilités. (20 h 45)
Ce que le député d'Ungava a mentionné, Mme la
Présidente, je dois vous dire que nous en sommes parfaitement
conscients. Il nous faut reprendre les choses après une période
difficile qui a été décrite tout à l'heure. En
aucune façon nous n'avons perdu espoir. Au contraire, nous pensons que
nos employés sont encore fidèles à l'entreprise, qu'ils
sont de bons employés, qu'ils ont effectué du travail nettement
comparable et parfois supérieur à des gens d'autres entreprises
ou de l'extérieur, mais nous devons reprendre les choses en main, comme
je l'ai mentionné tantôt. Je veux dire au député
d'Ungava que ce projet Action-cadres mérite d'être examiné
parce qu'il démontre une volonté ferme de la nouvelle direction
de l'entreprise de prendre le dossier des ressources humaines à coeur et
de pouvoir le mener à bonne fin.
Au sujet de la négociation des conventions collectives, je peux
vous dire que nous avons une volonté ferme et sincère d'en
arriver à un règlement avec nos syndicats. Nous ne demandons pas
de si grandes choses. Tout ce que nous demandons, ce sont des choses pour nous
permettre de mieux gérer. Nous ne demandons pas aux syndicats d'abdiquer
une série de choses qu'ils ont obtenues dans les conventions
collectives, puisque pour eux ce qu'ils ont obtenu est important. Mais si nous
pouvions aller chercher un peu de marge de manoeuvre pour que nos gestionnaires
puissent gérer adéquatement. Les employés à la base
nous disent qu'ils sont pour que les gestionnaires puissent gérer,
prendre des décisions et prendre leurs responsabilités. Alors,
nous avons une volonté ferme de trouver une entente au niveau des
conventions collectives. C'est sûr qu'on a des objectifs. C'est sûr
que les syndicats ont des objectifs. C'est à la table des
négociations que ça va se discuter. Je n'ai pas l'intention de
les aborder ici ce soir.
Pour que l'entreprise puisse reprendre le goût de travailler
ensemble, il m'apparaît drôlement important que nous puissions, au
premier abord, régler nos conventions collectives le plus rapidement
possible, en maintenant ou en tentant de maintenir les objectifs que les
parties se sont donnés dans la présente négociation.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Je vous remercie de votre réponse, M. le
président. Je voudrais profiter de l'occasion qui m'est donnée
pour vous faire part de mon intérêt d'être mis sur vos
listes d'envoi. Ce genre de document auquel vous avez fait
référence pourrait nous parvenir d'une façon beaucoup plus
rapide et peut-être bien efficace. Ce serait Intéressant pour tout
le monde. Je vous inviterais, d'ailleurs, avec le consentement du ministre qui,
j'en suis sûr, sera très content, si vous voulez, à
profiter aussi du moment pour déposer ledit document, ce qui pourrait
nous permettre de le consulter avant la fin de la commission et peut-être
pouvoir en rediscuter à l'occasion, si l'occasion s'y prête.
M. Drouin: Avec la permission de Mme la Présidente, il me
ferait plaisir de déposer ce document qui s'appelle "Le projet
d'Action-cadres".
La Présidente (Mme Bélanger): C'est ce que j'allais
dire au député d'Ungava. Cela ne prend pas la permission du
ministre pour déposer un document, mais bien la permission de la
présidence.
M. Claveau: il faut le consentement des deux côtés.
Non?
La Présidente (Mme Bélanger): Non. C'est la
présidence qui décide si, oui ou non, on reçoit un
document. Pas besoin de consentement.
M. Claveau: Pourtant, cet après-midi, j'ai eu la nette
impression que le ministre s'était prononcé bien avant la
présidence quant à l'opportunité de déposer un
document.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est chose du
passé, M. le député d'Ungava, et c'est moi qui ai pris la
décision de ne pas accepter la motion.
M. Claveau: Je voulais juste être certain qu'il ne
s'agissait pas d'une jurisprudence qui était établie par hasard
cet après-midi et qui
nous aurait filé sous les yeux. D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): Absolument pas. Il a
fait des commentaires comme vous en avez fait, M. le député.
M. Claveau: Non, à l'intérieur de mon droit de
parole, Mme la Présidente, tant que je respecte votre poste et vos
fonctions... Vous êtes d'accord qu'on dépose le document dont il a
été question? Je m'en réjouis.
La Présidente (Mme Bélanger): Si M. le
président d'Hydro-Québec veut le déposer.
M. Drouin: C'est fait, madame.
M. Claveau: Vous nous avez parlé d'un certain nombre de
réorganisations à l'intérieur d'Hydro-Québec pour
répondre à de nouveaux besoins et, éventuellement, aussi
pour recycler du personnel à toutes sortes de niveaux dans d'autres
secteurs. Vous nous avez dressé rapidement un bilan de ça tout
à l'heure. À l'intérieur d'Hydro-Québec, il y a
tout de même des secteurs qui sont probablement plus névralgiques
ou des secteurs clés sur lesquels, à mon avis, en tout cas, pour
la sécurité publique et pour s'assurer d'un bon entretien des
ouvrages et tout ça, ça vaut la peine de s'attarder un peu et
prendre le temps de poser une ou deux questions. Un de ces secteurs, c'est la
question de la surveillance des ouvrages, en particulier des ouvrages de la
Baie James et du réseau Manie-Outardes.
Nous savons qu'actuellement Hydro-Québec est en train de faire du
recyclage chez certains de ses employés pour remplacer des techniciens
en génie civil qui, actuellement, font la surveillance de ces ouvrages.
Pourriez-vous nous expliquer le sens de la démarche et, finalement, tout
l'impact que cela pourrait avoir auprès d'Hydro-Québec quant aux
critères de fiabilité qui doivent être
considérés dans la surveillance des ouvrages?
M. Boivin: Je vais vous donner les grandes lignes de ça et
je vais demander à M. Jean-Claude Roy, vice-président à la
production, au transport et à la distribution, de venir apporter des
précisions additionnelles, si requis.
Il est évident que la sécurité des barrages, compte
tenu du grand nombre d'ouvrages de retenue que nous avons dans toute la
province, est un dossier très important et prioritaire à
Hydro-Québec. D'ailleurs, ce dossier est important,
particulièrement depuis quelques années puisque nous avons cru
bon, il y a trois ou quatre ans, de créer une direction au sein de la
vice-présidence à la production, au transport et à la
distribution qui s'appelle Sécurité des barrages qui a pour
mandat, justement, d'encadrer, d'organiser, de régir les
différents travaux d'inspection et de correction qui doivent être
faits sur nos ouvrages de retenue des eaux dans toute la province.
Au fur et à mesure que nous avons normalisé et
organisé ce travail et que nous avons normalisé les tâches,
il s'est posé, jusqu'à un certain point au cours des
dernières années, un problème de juridiction syndicale.
Nos employés du syndicat bureau ont revendiqué ces tâches,
de même que nos employés techniciens. Effectivement, le
découpage des tâches que nous avons fait, parce qu'il y a des
tâches de différents niveaux et de différentes
complexités à accomplir, a fait que certains de ces
postes-là se sont retrouvés dans le syndicat bureau et d'autres,
plus spécialisés, dans le syndicat techniciens.
Vous savez que, du côté de nos employés bureau, il y
a une clause de promotion par ancienneté, de sorte qu'il pouvait se
poser un problème au niveau de la compétence des employés
requis. En pratique, ce problème est réglé depuis le mois
de janvier 1988, au moment où nous avons signé une lettre
d'entente avec notre syndicat bureau qui prévoit que maintenant
Hydro-Québec met à la disposition de ses employés bureau,
pour les employés qui veulent postuler sur des tâches de plus
haute technicité, des programmes de formation en institution, notamment
au cégep, pour être capables d'acquérir la formation
nécessaire requise pour faire ces tâches. Si vous avez besoin de
plus de précisions ou de plus de détails, M. Roy, qui est
directement responsable fonctionnellement de ce dossier, pourra vous en
fournir.
M. Roy: En fait, le problème a été
créé surtout lors du transfert des employés de la SEBJ qui
effectuaient la surveillance des barrages et qui relevaient d'unités
syndicales différentes de celles d'Hydro-Québec. Mais je dois
vous dire que, dans le règlement de ce dossier que nous cherchons
à obtenir, nous n'avons en aucun cas diminué nos exigences quant
à la qualité de nos inspecteurs de sécurité de
barrage: qu'ils appartiennent au syndicat bureau ou au syndicat techniciens,
les exigences techniques requises demeurent les mêmes.
M. Boivin: Sauf que nous avons mis en place, dans le cas des
employés bureau, pas simplement pour ces tâches-là, des
mécanismes de formation qui permettent aux employés
d'acquérir et de maîtriser les connaissances nécessaires
pour effectuer le travail.
M. Claveau: Pour vous assurer que les personnes qui seront
affectées à ces tâches seront suffisamment
qualifiées et compétentes pour qu'il n'y ait pas de
problème quant à la gestion de ces ouvrages.
M. Boivin: Nous sommes satisfaits à HydroQuébec que
le partage des tâches que nous avons effectué, ainsi que les
mécanismes de formation que nous avons mis en place nous permettent
de
nous assurer justement que le travail est effectué de la
façon dont II doit l'être, en vue d'assurer la
sécurité de nos ouvrages.
M. Claveau: Je vous remercie. Un autre dossier, il me reste
peut-être encore du temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui
M. Claveau: L'autre dossier, peut-être une façon
d'évaluer les tâches sur le plan régional, j'aimerais
savoir si, actuellement, à HydroQuébec vous avez d'une
façon complète évalué les besoins de personnel
secteur par secteur, région par région, dans la mesure où,
à l'intérieur d'une même région, il y a des secteurs
qui ont une certaine inflation en termes de gonflement de population et
d'autres qui sont plutôt dans des phases de récession. Il y a
quand même une mobilité de la population qui oblige une
mobilité du personnel et des différentes compétences qui
s'y rattachent. Est-ce qu'il y a une mécanique suivie qui permet de
s'assurer qu'il y a toujours un nombre suffisant d'employés partout pour
répondre à la demande, au besoin?
M. Boivin: Le mécanisme normal de prévision de la
main-d'oeuvre se fait à travers le mécanisme de
préparation des budgets à HydroQuébec. Je vous ai
indiqué, lors de mon exposé sur la productivité, qu'au
cours des années 1982 à 1988 nous avions obtenu des gains de
productivité globale par une réorganisation et la
rationalisation. Il est évident que dans une entreprise de la taille
d'Hydro-Québec, lorsqu'on réalise une rationalisation de
l'ampleur de celle que nous avons réalisée, il y a parfois
certains ajustements a posteriori à faire. Je pense que nous avons, au
cours des quinze derniers mois, reconnu la nécessité de ces
ajustements. Au cours du processus d'établissement des budgets de 1989,
nous avons également reconnu la nécessité d'apporter
certains ajustements et c'est pour ça que nous prévoyons terminer
l'année 1989 avec environ 400 employés permanents de plus que ce
que nous avions au 31 décembre 1988. Nous prévoyons
également l'ajout ou l'utilisation, devrais-je dire, de près de
500 personnes-années de personnel temporaire additionnel en 1989 afin
d'effectuer certains rattrapages au chapitre de l'entretien de nos
installations dans les endroits où nous avons détecté des
faiblesses.
M. Claveau: Peut-être juste pour se donner une
référence qui pourrait être intéressante en fonction
de ce qu'on a eu à discuter antérieurement. Au chapitre de
l'entretien du réseau de distribution, on a vu que de 1982 à
1988, si je ne m'abuse, le réseau avait augmenté de 6,5 % en
termes de distance parcourue. Est-ce qu'on pourrait avoir les chiffres
comparatifs quant au nombre d'employés, à l'évolution du
personnel affecté à l'entretien du réseau de
distribution?
M. Boivin: Si vous me le permettez, vous ouvrez la porte pour
répondre à une question que vous aviez posée cet
après-midi et je vous avais dit, à ce moment-là, que je
vous fournirais les données aussitôt que je les aurais disponibles
au chapitre des budgets d'exploitation. Vous vous souviendrez qu'on a
parlé des budgets d'immobilisation, donc de capitalisation. Je peux vous
fournir l'évolution des budgets d'exploitation, c'est-à-dire
exploitation et entretien au chapitre du réseau de distribution pour les
années 1985 à 1989. En 1985, nous avions dépensé
242 000 000 $ en exploitation sur nos réseaux de distribution En 1986,
nous avons dépensé 245 000 000 $. En 1987, 263 000 000 $; en
1988, 288 000 000 $ et, en 1989, nous avons un budget de 280 000 000 $.
L'écart de 8 000 000 $ entre 1988 et 1989 s'explique parce que, comme
vous avez pu le constater par les chiffres que nous avons fournis, nous avons
eu un taux de pannes exceptionnel et les coûts de dépannage ont
été en conséquence, en 1988. Comme nous sommes confiants
que les programmes que nous mettons en place maintenant auront, dès
1989, un effet bénéfique, nous prévoyons dépenser
en exploitation 280 000 000 $ au chapitre des budgets d'entretien et
d'exploitation de nos réseaux de distribution.
Pour ce qui est des effectifs affectés à l'exploitation
même, je peax vous obtenir les données ce soir et vous les fournir
demain matin. Malheureusement, je n'ai pas avec moi la répartition
détaillée. Elle est disponible. Je l'ai d'ailleurs
utilisée en conférence de presse le 9 décembre dernier. Il
s'agit simplement que je la fasse ressortir. Je vous avoue que,
malheureusement, je ne l'ai pas avec moi ce soir. On pourra vous la fournir
demain matin. (21 heures)
M. Claveau: On la prendra demain.
M. le président, vous avez fart référence
brièvement en cours de journée au dossier de la sous-traitance-
Vous disiez que ça évoluait et |/ que vous aviez espoir d'en
arriver à un règlement Où en est-on dans ce dossier? On
sait que c'est un dossier qui a particulièrement intéressé
les parlementaires depuis une couple d'années, on a fait une commission
parlementaire spécifiquement là-dessus. Lors de l'étude du
plan de développement de 1987, le ministre de l'Énergie et des
Ressources s'était personnellement engagé à faire en sorte
que le problème soit réglé dans les plus brefs
délais. il! semble avoir des problèmes avec sa promesse puisque,
au moment où l'on se parle, cela n'est pas encore tout à fait
réglé. Pourriez-vous nous dire où on en est?
M. Drouin: Le dossier de la sous-traitance est un des objectifs
majeurs de la négociation. Je pense que ce l'est également pour
la partie syndicale. Il est donc difficile d'aborder le contexte de la
négociation comme telle, puisqu'il
y a une table de négociation et je pense que c'est là que
ça doit se dérouler. Mais force nous est quand même de
constater qu'au cours des deux dernières années on a eu des
problèmes énormes relativement à la clause de
sous-traitance, ou à la clause pertinente de la convention collective se
rapportant à la sous-traitance. Il n'y a pas de doute - que les parties
ont tout à fait intérêt à trouver une solution qui
permette finalement de définir ce qui est de la sous-traitance ou,
disons, ce qui est de la construction par rapport à ce qui est de
l'entretien et de la réparation. Ce n'est pas facile parce qu'il y a des
zones grises. Il faut essayer de trouver le plus précisément
possible la définition qui nous permette d'éviter des
affrontements sur le plan de la sous-traitance. Si on en venait à
régler ce dossier, je pense qu'on aurait réglé une
très grande partie de nos problèmes de fonctionnement au sein de
l'entreprise. L'entreprise a cependant toujours voulu affirmer qu'elle voulait
maintenir la sous-traitance dans le contexte d'un équilibre, qui a
toujours existé à Hydro-Québec, entre le faire et le
faire-faire. Ce sont les zones grises qu'il faut régler, mais je pense
que l'objectif, c'est que, oui, il y a de la sous-traitance, mais il faudra
définir précisément où s'arrêtent les travaux
de réparation et d'entretien et où ils deviennent des travaux de
construction. La question est posée, Mme la Présidente, puisque
c'est à la table de négociation qu'on devra tenter de trouver une
solution.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous avons commencé
douze minutes en retard. Si la commission veut continuer douze minutes sur ce
sujet et garder 48 minutes pour les questions générales, c'est
à votre choix.
M. Ciaccia: De toute façon, les questions d'ordre
général peuvent être sur n'importe quel sujet, alors
qu'elles soient sur ce sujet-ci ou un autre-La Présidente (Mme
Bélanger): D'accord. Alors, M. le ministre.
M. Ciaccia: Mme la Présidente, le député
d'Ungava vient d'affirmer que je m'étais engagé personnellement
à régler le problème de la sous-traitance. Je l'inviterais
à relire le Journal des débats. Ce que le député
d'Ungava vient de dire est un peu absurde. Un ministre ne peut personnellement
s'engager à régler un problème interne
d'Hydro-Québec, qui traite des conventions collectives qui ont
été signées en 1984, ou même celles qui auraient
été signées plus tard. Ce que j'ai dit, c'est que je
souhaitais que le problème se règle et qu'on maintienne... Les
orientations du gouvernement étaient de maintenir l'équilibre tel
que M. Drouin vient de le mentionner, mais de là à aller dire
qu'un ministre, que ce soit moi ou un autre, va aller régler un
problème de sous-traitance qui a trait aux conventions collectives et
aux relations du travail d'Hydro-Québec, je pense que c'est aller un peu
loin.
En parlant de sous-traitance, je pense que vous avez mentionné
à plusieurs reprises, M. Drouin, que vous vouliez maintenir le droit de
gérance. Vous avez parlé du droit de gérance de
l'entreprise. Je voudrais que vous explicitiez un peu a ce sujet. L'impression
que vous nous avez laissée, c'est que, dans certains cas, vous sembliez
avoir perdu le droit de gérance. Est-ce que j'interprète mal vos
propos? Si le droit de gérance a été affecté, c'est
le résultat de quoi? Est-ce que c'est à la suite d'une convention
collective qui a enlevé ce droit, qui a été
interprétée de cette façon? Pourriez-vous donner un peu
plus de détails sur cet aspect du problème?
M. Drouin: Mme la Présidente, je pense qu'il ne faut pas
avoir peur d'appeler les choses par leur nom. Effectivement, lorsque nous
parlons de la perte d'un droit de gérance, i faut admettre que ce n'est
pas uniquement par le biais de la convention collective qu'il a
été perdu. Le député d'Ungava a
évoqué certains rapports relativement à
l'imputabilité des gestionnaires, au manque de soutien qu'ils ont.
À certains égards, même si la convention collective n'est
pas contraignante, à certaines occasions, on a abandonné le droit
de gérance. Donc, lorsqu'on parle de ce type de droit de gérance,
c'est plutôt au niveau de notre gérance qu'il faut le
récupérer et non pas au niveau de la convention collective comme
telle. Les syndicats ont raison quand ils nous disent: Vous avez juste à
gérer, il n'y a rien dans la convention collective qui vous
empêche de faire ça. Pourtant, on ne le fait pas, ou on ne l'a pas
fait. Cependant, je ne voudrais pas dire que c'est
généralisé. J'ai vu une lettre écrite par un
gestionnaire demandant l'accord du syndicat pour des choses qui ne sont pas du
tout dans la convention collective. Je pense que le syndicat ne demande pas de
gérer à notre place. Il demande qu'on prenne nos
responsabilités. C'est un aspect.
Le deuxième aspect, c'est le suivant. Effectivement, si nous
avions un peu plus de marge de manoeuvre dans la convention collective, cela
nous permettrait de gérer. Vous savez, au fond, on parle de
sous-traitance, de droit de gérance et de marge de manoeuvre. Il est
évident que si on avait un peu plus de souplesse dans la gestion de nos
employés temporaires, par exemple, on serait moins enclins à
chercher d'autres avenues. Je ne veux pas entrer dans des détails, mais
je veux vous expliquer qu'à plus d'un point de vue, soit dans le contenu
de la convention collective... Sans vouloir faire référence
à mon passé relativement à des connaissances de
conventions collectives, je serai quand même capable d'admettre que les
conventions collectives à Hydro-Québec sont des conventions
collectives très bien nanties, très bien garnies.
M. Ciaccia: Excusez-moi, je ne veux pas vous interrompre, mais
est-ce que...
M. Drouin: Non, mais tout cela pour dire que notre intention
n'est pas de récupérer tout cela, de ramener tout cela. Notre
intention est , tout simplement d'assouplir un peu nos moyens il de gestion. On
parle de productivité. Le ministre il de l'Énergie et des
Ressources l'a évoqué ce V matin, ce n'est pas en demandant aux
employés de travailler plus fort pendant les heures de travail, c'est
purement et simplement en se donnant des outils pour qu'on soit plus
productifs. On ne veut pas demander à nos gens, à partir de 1989,
de fournir une prestation de travail beaucoup plus soutenue qu'auparavant. On
leur demande de faire les heures de travail pour lesquelles ils sont
appelés à fournir une prestation de travail et qu'on puisse
trouver des outils, comme ceux qui ont été évoqués
par M. Boivin, qui permettent d'amener une meilleure productivité. Et
l'un de ces outils, c'est d'essayer d'avoir un peu plus de souplesse dans la
gestion en ce qui a trait à la convention collective.
M. Ciaccia: Le droit de gérance, est-ce que vous dites que
cela peut... Je ne veux pas vous demander des interprétations. Est-ce
que cela commence par une convention collective et ensuite on abandonne dans
des cas qui ne sont pas couverts par la convention collective?
M. Drouin: Le grand principe des relations du travail en
Amérique du Nord est celui où le contenu de la convention
collective, ce sont les droits de gérance qu'on a abandonnés,
enfin, qu'on a laissés. Lorsqu'on négocie, comme argument, on ne
peut pas tout simplement dire aux syndicats: Écoutez, on ne peut pas
vous donner cela, c'est un droit de gérance. La convention collective
est pleine de droits de gérance qu'on leur a donnés. Les heures
de travail sont fixées dans la convention collective; c'est un droit de
gérance si on n'en parle pas dans la convention collective, mais c'est
un droit qu'on a accepté de partager avec le syndicat. Donc, la
convention collective, c'est le contenu des droits de gérance qu'on a
laissés, mais tout le reste appartient encore à l'entreprise.
Quand je dis qu'il y a des choses qui ne sont pas dans la convention
collective, mais sur lesquelles quand même on refuse de prendre fait et
cause comme gestionnaire, c'est parce qu'on abdique des droits de
gérance, sans que ce soit nécessairement dans la convention, mais
parce que tout simplement on ne les utilise pas à bon escient.
Là, je ne veux surtout pas blâmer nos gestionnaires de premier,
deuxième et troisième niveaux de ne pas faire la job qu'ils
devraient faire, je voudrais juste dire que nous, nous avons un devoir, dans la
ligne hiérarchique, à partir d'en haut jusqu'en bas, de supporter
ces gestionnaires dans leur travail.
M. Ciaccia: Mais ce droit de gérance... Vous ne parlez pas
strictement du domaine ou des secteurs de sous-traitance, vous parlez du droit
de gérance en générai.
M. Drouin: Je parle du droit de gérance de la direction de
l'entreprise, des gestionnaires de l'entreprise dans toute sa ligne
hiérarchique.
M. Ciaccia: Quand vous parlez de productivité... Par
exemple, on voit que les effectifs permanents d'Hydro-Québec sont en
croissance; ils sont de 19 252 en 1988 et, en 1991, selon le plan de
développement, ils atteindront le seuil de 20 500. Alors, il va y avoir
une croissance d'environ 6,5 %. de 1248. !! y a ceux qui vont essayer de dire
que c'est difficile de concilier cette croissance des effectifs permanents avec
un souci d'amélioration de la productivité. Est-ce que vous
pouvez faire le point? Premièrement, comment explique-t-on ça?
Est-ce que "'un est relié à l'autre? Est-ce qu'il faut
résoudre les problèmes de la productivité avant de dire:
Là, on va continuer à embaucher plus de personnel? Ce sont les
représentations qu'on nous fait, les préoccupations que certains
ont en regard de cette augmentation de personnel et la question de
productivité.
M. Drouin: Mme la Présidente, je pense que la croissance
des effectifs et l'augmentation de la productivité sont deux choses qui
peuvent très bien fonctionner ensemble. D'une part, certaines
démonstrations ont été faites au cours des derniers mois
d'un certain besoin au plan de la croissance des effectifs, que nous ne
voudrions pas, tout de même, être un éclatement; alors, les
deux se marient très bien. Je demanderais à M. Boivin,
peut-être, de compléter au plan précis de cette croissance
d'effectifs, comment elle se traduit dans l'entreprise et pourquoi elle doit se
faire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Boivin.
M. Boivin: Comme je l'ai indiqué tantôt, pour ce qui
est de certains ratios de gestion, on a vu qu'on a atteint un plancher. Si
HydroQuébec, aujourd'hui, n'était pas une entreprise en
croissance, on pourrait parier, en fait, de stabilité des effectifs
à long terme. Quand on regarde l'entreprise et le plan de
développement qu'on a déposé aujourd'hui, on
s'aperçoit qu'Hydro-Québec est effectivement une entreprise en
croissance. Le volume des ventes est appelé à augmenter et, du
côté des nouvelles installations, nous allons dépenser 47
000 000 000 $ dans les années qui viennent. Si on regarde à plus
court terme, dès l'automne 1989, nous allons mettre en service la
centrale de Manie 5 puissance additionnelle et, dès 1991-1992, la
centrale de LG 2A. Donc, d'ici à 1995, nous allons mettre en service
5500 mégawatts de production addition-
nels. Nous allons également mettre en service deux nouvelles
lignes de transport à haute tension à partir du réseau de
la Baie James. Le nombre de clients va augmenter, ainsi que le
kilométrage de notre réseau de distribution. Il est tout à
fait normal que les effectifs permanents de l'entreprise augmentent
théoriquement, même s'il n'y avait pas de gain de
productivité, en proportion directe avec l'augmentation de notre chiffre
d'affaires et de nos ventes. (21 h 15)
Ce que nous comptons faire au cours des années qui viennent,
c'est contenir le rythme de croissance des effectifs, possiblement, un peu
inférieur au rythme de croissance de nos ventes à long terme,
tout en tenant compte que, dans une période... Quand on sort d'une
période de rationalisation très poussée comme celle que
nous avons vécue pendant les années 1988, l'an dernier, 1989 et
possiblement l'an prochain, il y a un peu de rattrapage et de remise en ordre
de l'affaire, donc un taux de croissance possiblement légèrement
supérieur à ce que nous devrions anticiper.
M. Ciaccia: Merci. Mme la Présidente, je voudrais donner
à mes collègues l'occasion de poser aussi des questions.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava, nous allons faire l'alternance.
M. Claveau: D'accord. J'aurais des questions à poser dans
un tout autre ordre d'idées, si je me retrouve. Laissez-moi 30 secondes.
On n'a pas l'appui technique du ministre et on doit fouiller à mesure
pour se retrouver.
M. Ciaccia: Prenez votre temps, on va vous attendre.
M. Claveau: Je pensais que vous alliez dire que, l'an prochain,
c'est nous qui allions l'avoir.
Une voix: C'est vite pas mal.
Questions d'ordre général
M. Claveau: J'aimerais que l'on parle un peu du dossier des
pelites_ centrales qui font l'objet du projet de loi qui nous a amenés
l'automne dernier à modifier la Loi sur le régime des eaux. On en
parle à bon escient puisque, à la page 92 du plan de
développement, vous y faites allusion. Le scénario cible tient
compte de la production d'électricité des petits producteurs
autonomes vendue à Hydro-Québec ou consommée par ceux-ci.
Au moment où l'on se parle, il y a déjà une nouvelle
notion qui apparaît, c'est "consommée par ceux-ci", alors qu'au
moment où l'on a parlé de modifier la Loi sur le régime
des eaux il s'agissait de produire pour vendre exclusivement à
Hydro-Québec. Il serait peut-être intéressant de savoir ce
que vous entendez pas "consommée par ceux-ci".
Je continue. L'hypothèse la plus plausible actuellement consiste
en une production de cinq mégawatts en 1989, augmentant jusqu'à
300 mégawatts à l'horizon de 1997. J'aimerais avoir l'opinion
d'Hydro-Québec à ce sujet, et savoir comment elle se situe et
quel genre de promotion elle fait à ce sujet puisqu'elle en parle de
façon plutôt positive, semble-t-il.
M. Guèvremont: Dans le domaine des petites
centrales...
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
pourriez vous identifier, s'il vous plaît?
M. Guèvremont: Jacques Guèvremont,
vice-président exécutif, marchés externes. Dans le domaine
des petites centrales, nous prévoyons effectivement, pour 1989, cinq
mégawatts qui sont en voie de réalisation. Nous estimons qu'il y
a un potentiel, en 1997, comme vous l'avez dit, de 300 mégawatts, dont
200 mégawatts sont de petites centrales et 100 mégawatts de
cogénéra-tion.
M. Claveau: Concernant ces 200 mégawatts, est-ce qu'il
s'agit de petites centrales qui n'étaient ni plus ni moins que des
régulateurs de charge qui ont été abandonnées avec
les années par Hydro-Québec?
M. Guèvremont: C'est toute une série de petites
centrales, possiblement des petites centrales hydrauliques qui ont
été désaffectées par Hydro-Québec. Il s'agit
de centrales de 25 mégawatts ou moins. Une loi adoptée à
l'Assemblée nationale l'automne dernier permet au gouvernement de
céder des ressources hydrauliques de 25 mégawatts ou moins. Ces
petits sites de 25 mégawatts ou moins, nous les céderons au
gouvernement qui pourra les céder, s'il le désire, à de
petits entrepreneurs qui seraient intéressés à les
remettre en fonction. Nous avons aussi développé une tarification
en fonction de cette situation.
M. Claveau: On pourra revenir sur la tarification dans ce
domaine. La première chose qui me préoccupe avant de parler du
tarif, c'est la raison pour laquelle Hydro-Québec sent le besoin,
étant donné qu'on entend dire qu'il y a en masse de marges de
manoeuvre, ce qu'on a expliqué rapidement cet après-midi et ce
matin, de remettre en exploitation, par le biais de producteurs
indépendants, ces petites centrales qu'elle a elle-même
abandonnées au fil des ans.
M. Drouin: La façon dont le député d'Ungava
pose la question, il semble qu'Hydro-Québec sente le besoin d'en
reprendre l'exploitation. Je pense que l'exploitation, ce n'est pas ça;
il y a des producteurs indépendants ou privés qui peuvent
s'adresser au ministère de l'Énergie
pour obtenir les droits relatifs à l'exploitation de ces petites
centrales. Ce n'est pas Hydro-Québec qui les met de l'avant ou qui en
reprend l'exploitation.
M. Claveau: Sauf que, bien avant que le gouvernement
dépasse le projet de loi et commence même à en parler, si
je ne m'abuse, Hydro-Québec, dès février ou mars 1987, par
le biais d'une note Interne, avait déjà fait connaître son
intention ou son intérêt quant à la mise en service de ces
petites centrales et avait déjà préparé une
politique de tarification. Donc, les vux d'Hydro-Québec ont
précédé d'au moins un an et demi les intentions
officielles annoncées par le gouvernement.
M. Drouin: Parce qu'il y avait à ce moment quelques
petites centrales qui fonctionnaient, dont celles... M. Guèvrement,
voulez-vous l'évoquer?
M. Guèvremont: Ces choses ont commencé avec, par
exemple, les Îles-de-la-Madeleine. À un moment donné, il y
a des gens qui proposaient des éoliennes, des choses comme ça.
Disons que c'était un cas. Cela ne s'est pas concrétisé
mais on s'est dit, s'ils sont capables de nous fournir de
l'électricité, à ce moment, à cause du "avoid
cost", du coût que cela nous évite de payer, à cause de
cette tarification neutre, on ne voyait pas pourquoi on ne permettrait pas
à de petits entrepreneurs de réaliser de tels projets.
M. Claveau: Est-ce qu'Hydro-Québec a évalué
récemment ou discuté de la possibilité de créer une
section spéciale quelque part qui verrait à mettre en place ou
à développer ces petites centrales, de créer une division
production de petites centrales? On sait qu'Hydro-Québec a la
réputation d'être très attirée par les grands
travaux et très peu préoccupée par les petits travaux.
C'est un peu le "feeling" populaire. Est-ce qu'il y a eu des discussions dans
ce sens à Hydro-Québec?
M. Boivin: Si vous me le permettez, le problème des
petites centrales n'est pas tellement le problème de la construction des
petites centrales, c'est le problème de l'exploitation. Comme vous le
mentionnez si bien, Hydro-Québec est une entreprise qui est
organisée pour construire de grosses centrales mais également
pour exploiter les grosses centrales et les grands réseaux de transport
et de distribution.
L'exploitation d'une petite centrale requiert des façons de
faire, des façons de procéder différentes. Nos
méthodes de travail, nos critères d'exploitation devraient tous
être revus. Je ne vous dis pas que ce serait impossible de créer
une filiale d'Hydro-Québec pour exploiter des petites centrales sauf que
je vous demande si ce serait souhaitable de le faire et est-ce qu'on pourrait
mieux le faire? La preuve, c'est qu'au cours des dix ou quinze dernières
années nous avons fermé huit, dix, peut-être quinze petites
centrales désuètes que nous avions en exploitation. Les
études de rentabilité que nous avons effectuées nous ont
indiqué qu'il n'était pas rentable pour Hydro-Québec
elle-même de remettre en service ces centrales.
Comme Je vous le dis, cela exige de l'expertise et, surtout, des
façons de faire qui sont tellement différentes de la politique de
l'entreprise Hydro-Québec qu'on pense que non seulement on n'a pas
d'objection mais il y a un intérêt, vu qu'il y a un potentiel de
200 à 300 mégawatts dans ce domaine, de laisser l'entreprise
privée, qui a des façons de faire différentes des
nôtres, exploiter ce potentiel.
M. Claveau: Sur la liste des centrales hydroélectriques en
service qui nous a été déposée avec le pian de
développement l'année dernière, un document magnifique qui
s'intitulait "Le réseau d'Hydro-Québec en 1987" - cela allait
avec le rapport annuel - on retrouve un certain nombre, même plusieurs
petites centrales de moins de dix mégawatts, à partir de
Métis il jusqu'à L'Anse-Saint-Jean, il y en a quand même
une bonne dizaine, sinon plus. Est-ce que ces centrales fonctionnent toujours
ou si elles sont sur la liste juste pour que cela fasse bien?
M. Boivin: Je n'ai pas regardé en détail la liste
cette année mais je peux vous dire que normalement les centrales
indiquées comme étant en service dans notre plan de
développement le sont encore. Maintenant, il y en a également en
dehors de cette liste, comme je vous dis, entre 15 et 25, qui, au cours des
quinze dernières années, ont été fermées.
Certaines de ces centrales indiquées comme étant en service sont
probablement également en service en attente, c'est-à-dire que le
potentiel de production est là mais on ne les utilise pas. Il faudrait
que je vérifie la liste avec les gens responsables du réseau de
façon plus détaillée. On pourrait vous donner une
réponse, on peut faire la vérification détaillée,
ce soir.
M. Claveau: On a la liste cette année aussi? Parce que,
sur la liste de 1987, il y en avait environ seize qui devaient être en
service en 1987; elles avaient un potentiel de moins de 25 mégawatts.
C'est quand même beaucoup. Alors, que l'on dise
qu'Hydro-Québec...
M. Boivin: À titre indicatif, dans le plan de
développement, dans le rapport annuel de cette année, il en reste
quinze. Il y en a probablement une qu'on a fermée depuis ce temps. Je ne
peux pas vous dire laquelle.
M. Guèvremont: M. Claveau, il y a aussi des cas où
l'on maintient de petites centrales probablement dans des réseaux
éloignés où il faut maintenir... La charge y est petite.
Il y en a
probablement qui sont affectées à un réseau
restreint.
M. Drouin: M. Benoît Michel, vice-président
exécutif à l'équipement, pourrait probablement apporter un
complément de réponse, Mme la Présidente.
M. Michel (Benoît): En ce qui concerne l'Anse-Saint-Jean,
c'est une centrale pour laquelle on étudie présentement les
coûts de désaffectation en parallèle avec
l'évaluation du potentiel maximal du site et l'identification des
coûts de construction. C'est-à-dire que dans ces petites centrales
qui ont un certain âge - je pourrais vous mentionner la centrale Corbeau
dans le bout de Maniwaki, chute Bell sur la rivière Rouge, etc., chute
Garneau - avant de procéder à une désaffectation, on
étudie le potentiel de la rivière. Souvent, au moment où
ces centrales ont été développées, elles l'ont
été dans un contexte où, disons, on avait besoin de deux
mégawatts; on installait alors une centrale de deux
mégawatts.
Si aujourd'hui, avant de désaffecter la centrale, on
étudie le potentiel global de la rivière, il est possible que ces
sites possèdent un potentiel plus élevé dont on retirerait
un intérêt. . Donc, avant de procéder à la
désaffectation totale, on étudie le potentiel global de la
rivière et les coûts afférents d'une reconstruction.
M. Claveau: II reste que globalement HydroQuébec
possède une expertise dans la gestion des petites centrales
hydroélectriques et qu'on pourrait envisager qu'éventuellement -
c'est une hypothèse que je fais - sans trop d'effort finalement ou de
pressions de la part d'Hydro-Québec, il serait possible d'accentuer cela
comme on peut aussi accentuer les investissements ou ("engineering" dans les
grandes centrales.
M. Boivin: Dans ce bas monde, avec la volonté rien n'est
impossible. Comme je vous dis, cela demande tellement de changements de
politique dans une entreprise comme HydroQuébec que jusqu'à
maintenant, du moins dans le cas d'au moins onze aménagements que nous
avons fermés - parce que je viens d'obtenir la liste des
aménagements que nous avons désaffectés au cours des
dernières années - les études de rentabilité nous
ont indiqué, en fait, qu'il n'était pas d'intérêt
économique pour HydroQuébec de réactiver ces centrales.
Maintenant, les sites sont là. Il y a une Infrastructure. Et si, pour
l'entreprise privée cela peut être rentable de l'exploiter, tout
ce que je peux vous dire, c'est qu'on n'y a pas d'objection. Quand on regarde
le potentiel économiquement aménageable qu'on a
évalué à un maximum d'à peu près 300
mégawatts sur ces sites, on est loin d'une très grosse
opération par rapport à un potentiel installé aujourd'hui,
en incluant Churchill Falls, de 29 000 mégawatts et un potentiel de 39
000 ou 40 000 mégawatts installés que nous aurons dans les dix
prochaines années. On parle en fait d'à peu près 300
mégawatts.
M. Claveau: C'est pour ça que vous comprendrez que je
trouve ça un peu surprenant que vous preniez la peine d'en tenir compte
dans le développement sur un horizon de 1997. Vous pariez
généralement plutôt de gros équipements.
L'autre question que j'aurais à poser c'est concernant la cession
de ces petites centrales à l'entreprise privée. Je suppose
qu'actuellement Hydro-Québec a toujours des droits de
propriété sur les sites et les infrastructures qui sont
là, qui sont désaffectés. Est-ce que le rôle
d'Hydro-Québec, dans la remise en service d'une centrale par
l'entreprise privée, consiste uniquement à vendre la tôle,
comme on pourrait dire, et arrangez-vous avec, ou bien s'il y a du transfert
d'expertise aussi qui se fait de la part d'Hydro-Québec envers
l'entrepreneur ou la petite compagnie qui a l'intention de revitaliser cette
centrale? (21 h 30)
M. Drouin: Je voudrais demander à notre secrétaire
général, Me Jean Bernier, de vous donner quelques
détails.
M. Bernier (Jean): Jean Bernier, secrétaire
général d'Hydro-Québec. Vous parier de
propriété, c'est assez complexe puisque Hydro-Québec
gère actuellement des biens qui lui viennent des compagnies qui ont
été nationalisées en 1962. Alors, sur certains de ces
sites, il y a des titres de propriété dévolus aux filiales
nationalisées de 1962 qui, cependant, existent toujours juridiquement.
Par ailleurs, Hydro-Québec a dans son patrimoine à gérer
d'autres biens qui viennent de la Commission des eaux courantes et dont
HydroQuébec a l'administration pour le compte du gouvernement. Par
ailleurs, il y a d'autres sites qu'Hydro-Québec détient par des
actes de location ou des actes de mise à la disposition.
Alors, sans vouloir trop complexifier le problème, une fois
qu'Hydro-Québec a désaffecté un site, donc qu'il n'est
plus opérationnel, la procédure générale qui sera
suivie - et je dis bien qui sera suivie, parce qu'on est en voie de travailler
à l'implantation d'une procédure interne; vous savez la loi dont
vous parliez tantôt a été adoptée à la fin de
décembre - c'est qu'effectivement nous allons le transférer au
gouvernement par un acte de cession. Il comprendra les clauses
appropriées, selon la nature du titre qu'Hydro-Québec peut avoir.
Nous allons céder les forces hydrauliques d'abord et les terrains, s'il
y en a, ainsi que les installations résiduaires au gouvernement. Le
gouvernement aura sans doute reçu des demandes de mise en
développement; le gouvernement donnera les droits qu'il souhaite devoir
donner à un ou des promoteurs pour un ou des sites et, nanti de ces
droits, le promoteur transigera avec Hydro-Québec sur la base de la
politique relative
à l'acquisition de l'électricité de petites
centrales et dans le cadre de la grille tarifaire que nous établissons
chaque année. Grosso modo, cela vous décrit un peu le
système.
M. Claveau: Je continue toujours de croire que c'est une
brèche dangereuse qui est ouverte.
La Présidente (Mme Bélanger): Si nous avons votre
consentement, M. le député d'Ungava, le député de
Taschereau voudrait poser une question, mais il n'est pas membre de la
commission.
M. le député de Taschereau.
M. Leclerc: Merci, Mme la Présidente.
M. Claveau: Je comprends très bien, justement.
M. Leclerc: Étant donné que je représente
à l'Assemblée nationale un comté relativement pauvre, vous
comprendrez que je m'intéresse de près aux procédures de
recouvrement des comptes. Je dois dire que la procédure actuelle semble
aller très bien et qu'au cours des trois ans où j'ai fait du
bureau de comté, j'ai eu seulement un cas où l'aide sociale
n'avait pas pu s'entendre avec Hydro-Québec, ce qui m'apparaît
fort raisonnable dans les circonstances. En fouillant ce cas, juste une
question de comprendre pourquoi cela n'avait pas fonctionné, je me suis
fait dire par le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu qu'avec la réforme de l'aide sociale il
n'y aurait plus d'entente entre Hydro-Québec et le ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu qui dispense l'aide
sociale.
Donc, je voudrais savoir de la part des dirigeants d'Hydro-Québec
s'il est vrai que dorénavant il n'y aura plus ce genre d'entente
là qui fait que c'est l'aide sociale qui verse douze fois par
année à Hydro-Québec le montant de le facture et ceci,
pour éviter, évidemment, des coupures. Est-ce vrai que c'est
terminé? Si oui quelles seront les politiques qu'Hydro-Québec
mettra en place pour éviter que l'on n'ait à couper
indûment le courant aux consommateurs retardataires, notamment aux
bénéficiaires de l'aide sociale?
M. Drouin: Mme la Présidente, je demanderais au
vice-président exécutif aux marchés
québécois, M. Jacques Finet, de répondre à la
question.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Finet.
M. Finet: Mme la Présidente, il y a effectivement quelque
11 000 clients qui bénéficient d'une assistance du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
pour l'administration de leur facture d'électricité. Quelque 1
100 000 $ sont versés ou administrés mensuellement par le
ministère à cette fin. Effectivement, il y a eu des rencontres
entre le ministère et Hydro-Québec qui concernent la gestion de
ces quelque 11 000 clients, mais, que je sache, actuellement, il n'y a pas de
volonté de notre part de mettre fin à cette entente. Veuillez
croire que nous allons même insister pour que le ministère puisse
continuer à faire cette administration des comptes de clients qui sont
plus démunis. D'ailleurs, il faut bien préciser là-dessus
que c'est à la demande des clients que le ministère administre
ces comptes. Donc, cela fait l'affaire de ces gens défavorisés.
En ce qui nous concerne, nous allons tout simplement faire l'impossible pour
que cette procédure continue.
M. Leclerc: Bien, cela répond à ma question. Qu'en
est-il alors des diverses coupures de journaux qui nous apprenaient que vous
étiez à étudier un système de limiteur de courant?
Est-ce que la procédure réservée à l'aide sociale,
ce sont les ententes de répartition que vous avez avec le
ministère et que cette procédure de limiteur de courant serait
utilisée pour des gens qui ne bénéficient pas de l'aide
sociale et que, par conséquent, vous ne pouvez avoir d'entente avec
aucun ministère?
M. Finet: Pour ceux dont la facture d'élec- tricité
est payée à la suite d'une entente avec le ministère, il
n'y a pas de possibilité de coupure puisque c'est le gouvernement qui
intervient à la suite de la demande du bénéficiaire de
l'aide sociale. Cependant, il y a, quand même, d'autres clients
d'Hydro-Québec qui connaissent des difficultés temporaires,
financières et pour lesquels, à l'occasion, on est prêt
à faire des ententes de paiement lorsque ces difficultés sont
temporaires. Mais, lorsqu'on sent qu'il n'y a pas moyen de recouvrer cet
argent, la seule façon dont on puisse éviter l'accumulation des
factures impayées c'est, à l'occasion, de recourir à des
moyens aussi draconiens que la coupure pour non-paiement. Il ne faut pas
oublier qu'on a à peu près régulièrement pour une
valeur de quelque 250 000 000 $ en recouvrement. Cela prend donc des moyens un
peu exceptionnels pour éviter qu'on ne se ramasse en bout d'année
avec une mauvaise créance portée aux livres qui pourrait devenir
exagérée.
Vous savez, notre rôle à Hydro-Québec, c'est de
produire et de distribuer l'électricité et de percevoir les
sommes qui nous sont dues.
Pour ceux qui sont en difficulté, il y a l'aide sociale. Il y a
même des ententes avec le ministère. Pour les autres, il faut
vraiment, à l'occasion, recourir à des moyens assez draconiens.
Par contre, ce qu'on songe à faire, et cela a fait l'objet de
débats dans les journaux récemment, c'est qu'on recherche
certains autres moyens de faciliter le paiement des factures. Je vous en cite
quelques-uns. Par exemple, on mettra de l'avant, au cours de l'année
1989, un mode de versements égaux beaucoup plus facile-
ment accessible et pour lequel on fera une diffusion d'information
beaucoup plus grande de sorte qu'il y ait de plus en plus de dients qui
reçoivent douze factures d'un montant égal chaque mois. Vous
savez, c'est plus facile de payer régulièrement 90 $ par mois que
d'en payer 40 $ durant l'été et de se ramasser avec des factures
de 200 $ durant l'hiver, au moment où il y a du chauffage
électrique. Donc, le mode de versements égaux peut aider. On
pourrait aussi aider ceux qui connaissent des difficultés temporaires,
d'une autre façon; nos préposés au recouvrement ont une
autorisation de faire des ententes de paiement afin de répartir la dette
accumulée sur trois mois. On donnera une plus grande latitude à
nos gestionnaires pour qu'ils puissent faire des ententes de répartition
sur douze mois, donc ce sera beaucoup plus facile pour le client
d'éliminer une dette accumulée.
Le limjteur __de_ ^courant. Pour nous, c'est mettre en application chez
nous quelque chose qui se fait déjà ailleurs. Plutôt que
d'interrompre le courant en hiver et d'obliger les personnes à se
retrouver à la noirceur sans chauffage, nous étudions la
possibilité d'utiliser un mécanisme qui limite la capacité
d'utiliser de l'électricté chez le client. Cela ne baisse pas le
voltage, mais cela baisse l'ampérage. Pour un client qui n'aurait pas de
chauffage à électricité, par exemple, on lui maintiendra
une capacité de quinze ampères. Donc, quinze ampères, cela
permet de maintenir l'éclairage, un peu de cuisson, la
télévision, bien entendu, mais vraiment uniquement ce qui est
essentiel. S'il y a du chauffage électrique, on ira jusqu'à 30
ampères, de sorte que le client ne puisse quand même pas geler. On
a expérimenté ce mécanisme au cours des dernières
années auprès de 400 cas de recouvrement et je peux vous dire que
c'est drôlement embarrassant pour un client que de devoir surveiller sa
consommation, mais c'est aussi très efficace dans le sens que le client
cherche au moins à faire des ententes de paiement avec
Hydro-Québec de façon à retrouver l'accès à
un service normal.
M. Leclerc: Bien. Donc, est-ce que je peux comprendre que ce
nouveau système va passer d'une base expérimentale à un
emploi plus généralisé dans toute la province?
M. Finet: Oui. Cependant, nous reviendrons devant le gouvernement
avec un projet de règlement qui, à ce moment-là,
confirmera ces choses-là. Actuellement, c'est à titre de projet.
C'est discuté avec nos associations de consommateurs, avec notre
comité de consommateurs aussi puisque, avant de venir devant le
gouvernement pour demander l'approbation d'un règlement, nos pratiques,
c'est d'en discuter avec les associations de consommateurs. Malheureusement,
des fois, la communication nous revient par le biais des journaux, mais, que
voulez-vous, c'est le métier qui le veut ainsi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, Mme la Présidente, sur le même
sujet. C'est intéressant, on avait l'intention de le traiter demain au
moment de l'étude de la politique tarifaire, mais, puisqu'il est
abordé maintenant, je pense que cela vaut la peine de continuer sur ce
sujet un petit peu. Nous avons ici, en notre possession, une liste des
différents équipements qu'on retrouve dans une maison, à
partir de l'ampoule de 60 watts, téléviseur, chauffe-eau, etc.
Est-ce bien une liste qui a été produite par Hydro-Québec
et sur laquelle vous travaillez?
M. Boivin: II faudrait voir la liste.
M. Claveau: II n'y a pas de référence sur la liste.
C'est écrit: Extenseur de service, et c'est le titre de la fiche. Sauf
qu'en la regardant, de toute façon, on se rend compte que si on veut
mettre un il imitateur à 30 ampères, ce qui semblerait être
l'orientation sur laquelle vous travaillez, sauf erreur, je vous dis qu'il ne
faut pas grand-chose pour faire sauter 30 ampères: une bouilloire 12,5
ampères; un chauffe-eau de 40 gallons 12,5 ampères - vous
comprendrez qu'on n'a pas toujours le contrôle sur le moment où le
chauffe-eau fonctionne, non plus, c'est difficile de le savoir - un
grille-pain, 10 ampères. On vient de sauter les 30 ampères et on
n'est pas encore chauffé, et il y a encore peut-être trois ou
quatre petites choses dans la maison sur lesquelles on a perdu le
contrôle, il s'agit juste d'ajouter une radio électrique qui joue
pendant que vous faites cuire vos "toasts" le matin et vous êtes faits.
Je ne sais pas comment vous pouvez évaluer cela.
Une voix: Combien d'ampères pour une 100 watts?
M. Claveau: Une 100 watts c'est 0,9 ampère; alors, vous
êtes aussi bien de ne pas mettre une ampoule de 100 watts dans votre
entrée extérieure le soir si vous ne voulez pas vous casser la
gueule sur la glace, parce que vous allez sauter. À 0,9 ampères,
vous n'avez pas de chance de résister. Mettez une ampoule de Noël,
vous aurez plus de chance.
M. Ciaccia: Pas de chance que vous sautiez, vous, d'abord.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: Vous n'êtes pas une 100 watts.
M. Drouin: Mme la Présidente, évidemment, c'est
vrai que cela va occasionner un problème, parce que l'abonné aura
à choisir, plutôt que de ne pas avoir de courant du tout, quels
appareils il veut faire fonctionner. Remarquez bien que
c'est mieux que zéro. Mais je ne voudrais quand même pas
aborder la discussion dans tous ses détails, Mme la Présidente,
parce que c'est tout à fait à titre de consultation que nous le
faisons. Je dois vous dire que ces systèmes existent en Europe et sont
expérimentés. Nous le voyons tout simplement comme une mesure
d'adoucissement d'une coupure de courant. Ce n'est pas une alternative, c'est
un adoucissement. Il est vrai qu'on trouve difficile, nous aussi, d'avoir
à couper le courant pour pouvoir percevoir nos comptes qui sont dans
l'ordre de ceux qui ont été mentionnés par M. Finet. Mais
on cherche des moyens qui nous permettraient, au lieu de couper totalement le
courant, de permettre au client dans une situation semblable au moins d'avoir
recours à l'essentiel et d'avoir à choisir quels appareils il
doit utiliser à l'intérieur d'un certain nombre d'ampères.
Qu'on parle de 30, de 50 ou de 20, c'est le principe et nous sommes à
faire des consultations à ce sujet, purement et simplement.
M. Claveau: Vous dites que c'est utilisé en Europe et tout
cela. Je sais aussi que vous avez fait une étude ou que vous êtes
en train de la faire - je ne sais pas si vous l'avez terminée - sur ce
qui se passe dans certaines compagnies ou sur les intentions de certaines
compagnies canadiennes et américaines, Détroit Edison, Baltimore
Gas & Electricity, Public Service of Indiana. Je ne sais pas trop, il y en
a un mosus de paquet. Il y en a plusieurs: Mani-toba Hydro, Ontario Hydro,
Southern California Edison. Est-ce que cette étude est
terminée?
M. Drouin: Évidemment, vous vous référez
à un document que je n'ai pas vu. Je vais vous retourner la pareille et
vous demander de me mettre sur votre liste d'envoi pour qu'on puisse aussi
prendre connaissance de vos documents. Ha, ha, ha!
Des voix: Ah! Ah!
M. Claveau: Ha, ha, ha!
M. Drouin: Puisque vous faites référence à
des questions précises, je vais demander à M. Finet s'il veut
ajouter quelque chose. (21 h 45)
M. Finet: Mme la Présidente, malheureusement, moi non
plus, je ne suis pas sur la liste d'envoi. Mais je peux vous dire que toutes
ces comparaisons sont faites non seulement sur une partie de la
problématique, mais sur l'ensemble. On a parlé juste auparavant
de quelque 11 000 clients dont la facture d'électricité est
administrée par le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Ce sont des choses qui n'existent pas partout
aux États-Unis, non plus. Donc, il faut vraiment bien situer le
problème dans son ensemble et non pas n'en regarder une facette
seulement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Je vois qu'il va falloir qu'on s'entende sur la
circulation d'informations, d'un côté comme de l'autre. Puisqu'on
parle du recouvrement des factures, de la problématique des comptes en
retard, ne trouvez-vous pas que les pratiques que j'oserais qualifier
d'usuraires d'Hydro-Québec, en termes de taux d'intérêt sur
les comptes en retard, déjà pourraient en décourager
plusieurs? Par exemple, j'ai ici un relevé de compte
d'électricité qui n'est quand même pas si vieux que cela:
Échéance de paiement, le 17 mars 1989. C'est bien écrit:
Payer après l'échéance entraîne des frais
calculés depuis la date de facturation; taux composé du 2 % par
mois égale 26,82 % par année. C'est pas mal plus qu'une carte de
crédit. Est-ce que ce n'est pas là un incitatif...
M. Drouin: À payer ses comptes. M. Claveau:
...à payer le compte? M. Drouin: M. Finet.
M. Claveau: Oui, je poserai une autre question ensuite.
M. Finet: Les 2 % datent déjà de quelques
années, lis datent de la période où les taux
d'intérêt étaient effectivement très
élevés. Cependant, U faut bien préciser que ce sont des
frais d'administration. Ce n'est pas inutilement que c'est appelé des
frais d'administration. Ce ne sont pas que des frais d'intérêt. Ce
n'est pas uniquement pour recouvrer le coût de l'argent. Je vous disais
tout à l'heure qu'on a 250 000 000 $ régulièrement en
recouvrement. Cela coûte des sous de financer ces 250 000 000 $. Cela
coûte aussi des sous de faire des efforts pour recouvrer ces factures.
Donc, en somme, ce qu'on facture au client, c'est seulement une partie de ce
que cela nous coûte pour recouvrer notre argent. À présent,
je conviens avec vous que 2 %, c'est un peu élevé comparé
à ce qui se pratique ailleurs, quoique autant les compagnies de
crédit que les banques soient à réviser, elles aussi,
leurs frais d'administration et à les hausser.
Cependant, nous avons convenu de modifier cette pratique. Un
règlement a été déposé au gouvernement pour
approbation, qui établira une formule variable, de sorte que le taux des
frais d'administration variera selon le taux préférentiel de la
Banque nationale du Canada. Pour vous donner un exemple, si le taux
préférentiel de la Banque nationale du Canada était de
moins de 8 %, nos frais d'administration mensuels seraient de 1,2 %. Cela
continue de cette façon, par tranches: si le taux
préférentiel de la Banque nationale du Canada était entre
8 % et 10 %, nos frais d'administration seraient de 1,4 %; pour un
taux de référence de 10 % à 12 %, les frais
d'administration seraient de 1,6 %.
Pour faire une histoire courte - ça continue de cette
façon, de sorte que ça s'ajustera automatiquement au cours des
années - en 1988, du 1er janvier jusqu'à la mi-juin, les frais
d'administration auraient été de 1,4 %; de la mi-juin jusqu'au 31
décembre ou jusqu'à maintenant même, puisque les taux
d'intérêt préférentiel ont augmenté, nous
aurions des frais d'administration de 1,6 %. Donc, la formule s'ajustera
graduellement, selon le loyer de l'argent, essentiellement. C'est une
proposition qui a été approuvée par notre conseil et qui
est entre les mains du ministère pour approbation, j'imagine,
très prochainement.
M. Claveau: II serait peut-être intéressant d'avoir
la version du ministre quant au délai d'attente pour l'approbation du
règlement en question.
M. Ciaccia: Vous voulez mes commentaires?
M. Claveau: Oui.
M. Ciaccia: Je n'en ai pas.
M. Claveau: Quand est-ce que ce sera en vigueur?
M. Ciaccia: C'est devant le Conseil des ministres. Je n'ai pas
les dates exactes. Je peux vérifier et vous le laisser savoir
demain.
M. Claveau: Ce serait intéressant.
M. Lemire: II n'aura pas besoin de couler des documents.
La Présidente (Mme Bélanger): II vous reste une
minute, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Ah, mon Dieu, comme le temps passe vite!
La Présidente (Mme Bélanger): Avec une
réponse de trente secondes.
M. Claveau: D'accord. Très rapidement, je change
complètement de dossier. C'est écoulé, vous êtes
sérieuse?
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non, posez votre
question.
M. Claveau: J'avais trois questions à poser.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous n'avez pas le
temps d'en poser trois, par exemple.
M. Claveau: J'essaie de voir laquelle serait la plus
intéressante. On a parlé de la fiabilité du réseau;
on va revenir rapidement là-dessus. On sait que, lors de la grosse panne
du mois d'avril, il y a eu un problème très particulier qui a
été vécu à LG 4. Actuellement, on a réussi,
tant bien que mal, enfin en poussant tant qu'on a pu, à remettre en
opération l'ensemble de LG 4, juste avant les fêtes ou à
peu près, avant que les grands froids arrivent. Est-ce qu'il y a des
mesures spécifiques qui ont été prévues pour que ce
genre de problème de bout de ligne, si vous voulez, ne se reproduise
plus dans le cas d'une autre panne générale?
M. Boivin: Dans le cas du problème des transfos de LG 4,
vous avez raison de dire qu'il a fallu mettre en place des moyens
extraordinaires pour s'assurer que les transfos reviendraient en service pour
la pointe de l'hiver. Effectivement, pour ce qui est des transfos de puissance,
nous avons un programme de réparation, comme M. Roy l'a mentionné
cet après-midi, qui va s'échelonner sur trois ans et qui implique
des investissements d'une trentaine de millions de dollars pour corriger
certains défauts de design ou de fabrication de ces transfos.
Maintenant, il y a d'autres mesures, parce que souvent les bris sont
causés par des surtensions sur le réseau au moment de pannes ou
d'incidents. Les 1 300 000 000 $ que nous allons dépenser au cours des
prochaines années pour ajouter de la compensation et rendre notre
réseau plus robuste vont réduire le taux de fréquence de
ce genre d'incident. Une dernière mesure: nous avons également
indiqué que nous allons consacrer environ 80 000 000 $, dont 45 000 000
$, si ma mémoire est bonne, en 1989, et le reste en 1990, pour augmenter
ce que nous appelons la banque d'appareillage de réserve
stratégique sur le réseau. La majorité de cet argent sera
consacrée à l'achat de transformateurs de relève qui
peuvent être installés rapidement en cas de bris ou de
défaut sur un transformateur. Ce sont les trois mesures non seulement
que nous envisageons, mais que nous mettons en place pour pallier à ce
genre d'incident.
La Présidente (Mme Bélanger): Merui, m. i«
député d'Ungava. M. le député de Labelle.
M. Hétu: Mme la Présidente, dans mon comté,
plusieurs entrepreneurs font de la sous-traitance. On sait que le plan de
développement d'Hydro-Québec indique, à la page 64, qu'il
y aura une augmentation de l'effectif d'environ 300 postes, ce qui veut dire de
l'emploi temporaire et permanent. Cette augmentation aura-t-elle pour objet
d'affecter la diminution de la sous-traitance?
M. Orouin: Je vais demander à M. Boivin de répondre
à la question.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Boivin.
M. Boivin: Je reprendrai en partie les explications que j'ai
données tantôt sur l'augmentation de l'effectif. J'ai
indiqué qu'Hydro-Québec est une entreprise en croissance; donc,
il est normal qu'il y ait, pour satisfaire aux besoins accrus, des
augmentations d'effectifs. Nous avons également indiqué que, dans
nos objectifs et dans la négociation des conventions collectives, nous
entendons maintenir l'équilibre traditionnel qui existait entre le faire
et le faire-faire, donc entre les travaux réalisés à
l'interne et ceux réalisés à l'externe, et nos objectifs
à ce sujet n'ont pas changé.
M. Hétu: Est-ce qu'il y a un pourcentage
d'équilibre? Vous parlez d'équilibre entre le faire-faire et le
faire. Quel est le pourcentage?
M. Boivin: Oui, il y en a un, mais il est variable. Je ne
pourrais pas vous citer un chiffre global pour toute l'entreprise; cela
dépend des secteurs d'activités dans lesquels nous oeuvrons.
Mais, fondamentalement, ce que nous visons, c'est de maintenir
l'équilibre traditionnel entre l'interne et l'externe. Donc, pour y
aller d'une autre façon, en règle générale,
l'entretien de nos installations, l'exploitation des installations sont
effectués à l'interne, alors que la construction est
effectuée à l'externe. Si on regarde la relance des grands
travaux, il est évident que, sur ce plan, des volumes d'affaires
additionnels seront donnés à l'externe, compte tenu de la
croissance des investissements en construction.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Labelle.
M. Hétu: Dans les grands projets de réalisation,
entre le moment où le projet de réalisation d'un ouvrage
hydraulique reçoit le feu vert et celui de sa mise en service, il existe
de nombreuses étapes à franchir. Pourriez-vous décrire
brièvement ces étapes?
M. Boivin: Vous me parlez des grands projets?
M. Hétu: Oui, les grands projets.
M. Boivin: En fait, dans les grands projets de réalisation
d'ouvrages hydroélectriques - mon collègue, Benoît Michel,
va vous donner des précisions additionnelles - les grandes étapes
de réalisation sont nécessairement les études
préliminaires sur le potentiel des rivières, les études
d'avant-projet, Phase il, Phase II; à la suite des études
d'avant-projet, la phase obtention des permis et, finalement, la phase
ingénierie et la phase contruction, suivies de la phase de la mise en
service, c'est-à-dire des essais d'acceptation sur les ouvrages au
moment de la mise en service.
Je ne sais pas si ça répond à votre question, mais
ce sont, dans les grandes lignes, les principales étapes de
réalisation d'un grand projet hydroélectrique.
M. Hétu: Est-ce qu'il y a des points critiques à un
moment donné pour l'entreprise dans les décisions à
prendre?
M. Michel: L'obtention des permis est toujours une phase critique
dans le sens que ça peut prendre jusqu'à 18 mois pour l'obtention
des permis, compte tenu des audiences publiques. Évidemment, à
l'ingénierie, c'est là que les jeux se font quant aux
méthodes de construction et aux difficultés. Si
l'ingénierie est mal faite ou faite trop rapidement, cela peut se
traduire par des difficultés de construction par la suite et
possiblement, à la limite, par une qualité réduite des
ouvrages.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous vous remercions.
La commission ajourne ses travaux à demain, 10 heures. Les
travaux se dérouleront dans cette salle-ci, au salon rouge.
(Fin de la séance à 21 h 57)