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(Dix heures vingt-quatre minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission permanente de l'économie et du
travail est réunie ce matin afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 118, Loi modifiant la
Loi sur la sécurité dans les édifices publics. M. le
Secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: II n'y a aucun remplacement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que vous auriez des remarques préliminaires avant de commencer
l'étude article par article?
Remarques préliminaires
M. Séguin: Très brièvement, Mme la
Présidente. Je voudrais simplement saluer mes collègues, membres
de la commission et indiquer que je suis accompagné de quelques
conseillers du ministère qui vont m'aider à répondre aux
questions que les membres voudront bien poser. Je suis à leur
disposition pour présenter ce projet de loi qui n'a que treize articles
et qui, comme je l'ai dit lors de la présentation, a pour but
essentiellement d'augmenter les amendes que peut Imposer un inspecteur dans
l'application de la Loi sur la sécurité dans les édifices
publics et de faire quelques corrections pour améliorer cette vieille
loi qui date de 1908.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, Mme la Présidente, c'est juste pour
rappeler la discussion que nous avons eue lors de l'adoption du principe du
projet de loi, à savoir s'il est possible d'inclure des amendements qui
auraient pour effet de prévoir pour les officiers de toute compagnie ou
corporation les mêmes dispositions qu'on prévoit pour les
marguilliers dans le cas des fabriques, c'est-à-dire qu'ils soient
soumis à des condamnations séparées. Je faisais mention
que le marguillier pouvait être considéré comme coupable au
même titre que la fabrique et que ce n'était pas la même
chose dans le texte, du moins ce n'est pas clair en ce qui concerne toutes les
autres formes de corporations. Je voudrais connaître les réponses
du ministre pour voir ce qu'on fera lors de l'étude de cet
article-là et si un amendement ne serait pas nécessaire ou si le
texte de loi est assez clair.
Ce qu'on a comme proposition actuellement, c'est que les marguilliers,
dans un cas où la fabrique est jugée en défaut, se voient
condamner aussi, possiblement en même temps ou séparément.
Je donne un exemple. Si la fabrique est accusée, il est officiel
qu'à ce moment-là, les marguilliers ont une certaine forme de
responsabilité et, dans certains cas, pour les fabriques n'ayant pas
d'argent, personne ne paie et on ne corrige pas la situation, alors que, dans
le cas des fabriques, les marguilliers peuvent être tenus responsables et
condamnables personnellement. Donc, la fabrique étant condamnée,
il est possible qu'on aille jusqu'au marguillier si on n'a pas l'argent
nécessaire pour payer et, à ce moment-là, si le
marguillier est condamné, il est officiel que la fabrique va
l'être mais ce n'est pas sûr que si la fabrique l'est et qu'elle
paie, le marguillier le sera. Mais dans le cas des corporations ou des
compagnies, on n'a pas cette indication-là. Alors, c'est la question que
je posais en premier lieu au ministre.
La deuxième question que je posais avait trait à l'article
3 du projet de loi qui donne un délai qui est non fixé et qui
peut être plus ou moins long ou plus ou moins court suivant la
décision de l'inspecteur. Alors, comme on laisse à l'inspecteur
la liberté de fixer un délai, ne faudrait-il pas en fixer une
limite? C'est dans ce sens-là que je posais la question au ministre.
Est-ce que, dans l'article 3 du projet de loi, il ne serait pas
nécessaire à ce moment-là que l'on ait un délai
maximum de fixé? C'étaient les deux questions que j'avais
posées au ministre hier.
La troisième avait trait à quelque chose de plus large,
cependant, qui n'est pas inclus dans le projet de loi. Je voulais savoir si le
projet de loi pouvait y répondre ou, s'il ne peut pas y répondre,
de quelle façon le ministre a l'intention d'arriver dans
l'édifice public, surtout dans les édifices gouvernementaux sous
la responsabilité de la Société immobilière du
Québec qui amène ce qu'on appelle le syndrome des édifices
hermétiques. Et je mentionnais, à ce moment-là, toute la
question de la qualité de l'air à l'édifice G et à
l'hôpital Saint-François-d'Assise. Alors, quels sont les moyens
prévus dans la loi, s'ils existent? Sinon, faudrait-il, à ce
moment-là, faire de nouveaux amendements à cette fin, qui
pourraient être inclus dans ce projet de loi et que le ministre pourrait
appuyer? Ou encore, est-ce qu'B faudrait plutôt créer un nouveau
projet de loi pour corriger des situations comme celles-là? Ce sont les
trois questions que j'ai posées au ministre, hier. S'il peut y
répondre, ça nous permettrait d'étudier rapidement le
projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que vous voulez répondre à ces questions
immédiatement ou au fur et à mesure des articles?
Discussion générale
M. Séguin: Je peux peut-être les commenter, en tout
cas. En ce qui concerne la première question qui a trait à la
possibilité d'étendre la responsabilité du paiement d'une
amende aux membres d'une personne morale, d'une corporation, d'une
société, je pense que c'est intéressant. On te fait de
plus en plus, dans plusieurs lois. On l'a fait dans la Loi sur les
impôts, en particulier. Je me souviens d'avoir présenté un
projet de loi - je pense que c'était la loi 2 - où on a
étendu la responsabilité des administrateurs d'une corporation au
paiement des impôts et taxes, à défaut d'être fait
par la corporation ou le contribuable. Récemment, on l'a vu aussi dans
une autre loi, je pense que c'était relativement à une loi en
matière d'environnement. Je pense que le principe de l'imputation des
charges aux administrateurs, à défaut d'être payées
par la corporation ou la personne morale, est maintenant accepté. Je
pense que j'accepterais donc l'idée de reformuler cet article qui,
actuellement, ne vise que les marguilliers, etc., pour l'étendre, de
façon générale, aux personnes morales, quitte à ce
que des administrateurs puissent démontrer leur bonne foi ou enfin
qu'ils puissent être exemptés du paiement s'ils ne sont pas
directement responsables; c'est sous-entendu. D'ailleurs, le droit des
compagnie n'impute pas de responsabilités directement aux
administrateurs s'ils ont agi de bonne foi ou sans connaître l'affaire,
bien sûr. Ce n'est pas une responsabilité automatique. Je pense
que l'idée est acceptée. Sur le premier point, les gens qui
m'accompagnent vont donc tâcher de formuler un texte dès
maintenant. Si on ne le pouvait pas, je pourrais présenter, lors de la
troisième lecture...
M. Jolivet: Ou de la prise en considération.
M. Séguin: Ou de la prise en considération, un
petit amendement dans ce sens-là, ou peut-être tout de suite, si
on le fait relativement rapidement.
En ce qui concerne le deuxième point sur le délai, la
question a été soulevée parce que l'Inspecteur, dans la
loi, actuellement, en ce qui concerne les issues dans les édifices
publics - des issues, ce sont, évidemment, des portes de sortie pour les
gens à l'intérieur d'un édifice public - quand il constate
qu'il doit y avoir une issue, la loi fixe à 30 jours le délai
pour installer l'issue. En pratique, il a été, dans la plupart
des cas, impossible, sur le pian technique, de le faire. Imaginez, par exemple,
le cas d'un gros bâtiment de plusieurs étages où
l'inspecteur constaterait la nécessité qu'il y ait une issue au
quatrième étage et que ça demanderait l'installation d'un
escalier à l'extérieur pour faire descendre... Parce qu'en plus
de l'issue, iI faut évidemment que les gens puissent s'en servir d'une
façon normale. Donc, l'idée était plutôt de laisser
à l'inspecteur le soin de juger d'un délai raisonnable - cela
peut être une semaine, deux semaines, un mois, un mois et demi - en
tenant compte de certains problèmes techniques pour avoir les
pièces et pour que les réparations soient effectuées dans
un délai normal.
Il faut dire, par ailleurs, que l'inspecteur bénéficie
d'une autre mesure dans la loi pour qu'en attendant, il puisse s'assurer qu'un
strict minimum de sécurité soit mis en place, en attendant, pour
pallier au délai. On va le voir un peu plus loin, à l'article 11
du projet de loi qui est l'article 41 de la loi, où on dit:
"L'inspecteur peut en outre dans cet avis enjoindre le propriétaire de
prendre pendant ce délai toute mesure supplétive qu'il juge
nécessaire en vue de rendre l'édifice sécuritaire pour les
personnes qui y habitent, le fréquentent ou y ont accès." Alors,
la suggestion des inspecteurs, lors de l'élaboration du projet de loi,
était de dire: 30 jours, dans le fond, c'est impossible. On ne l'a
jamais appliqué, ça no se peut pas. Quelquefois, oui, c'est
possible, parfois ça peut être fait en deux semaines, mais on m'a
suggéré qu'il serait peut-être beaucoup plus
intéressant de laisser à l'inspecteur le soin de
déterminer un délai raisonnable, quitte à surveiller
pendant le délai, parce que l'inspecteur revient la plupart du temps sur
place pour constater si les travaux se font, et il y a des moyens
supplétifs en attendant. Si, par exemple, une issue est absente et que
ça peut être dangereux d'attendre même deux semaines, il
peut y suppléer en faisant carrément fermer un étage,
à la rigueur, ou en prévoyant d'autres moyens pour au moins
s'assurer que, pendant les travaux ou dans l'attente des travaux, quelque chose
se fait.
C'était là l'idée. J'en ai parlé
récemment d'ailleurs avec des gens; du ministère et on disait
qu'il semblait tout à fait convenable de s'orienter plutôt vers
une absence de délai de rigueur, étant donné que c'est
virtuellement impossible de l'exiger si rapidement dans tous les cas. Alors,
quel serait le délai au-delà duquel il est impensable... Je pense
qu'en termes de sécurité, tout délai est une brèche
à la sécurité, donc il faut toujours que cela soit fait
dans les délais les plus stricts, les plus pressés, et c'est le
sens qu'on veut actuellement donner à l'application de la loi. Il
s'agit, par cette loi et par les interventions qu'on veut faire, de demander
aux inspecteurs d'être plus rigoureux, d'être plus exigeants sur
les délais.
Maintenant, le danger d'un délai comme celui-là, c'est
l'application automatique des amendes. Alors, s! ce n'est pas la faute du
propriétaire, parce qu'il a commandé des pièces... Parce
que, vous savez, une issue, on peut penser qu'il s'agit simplement de faire un
trou dans le mur, et dans certains cas, ce n'est que ça. Alors, on n'a
pas tellement de problème à ce moment-là. Parfois, c'est
une Issue qui, avec le temps, est devenue impraticable: on a mis des
boîtes, des objets, la porte est verrouillée en permanence, ou il
y a tellement de choses dans
l'escalier qu'on ne peut même plus passer. Dans ce cas, ce n'est
pas tellement compliqué. Mais, si vous prescrivez la construction d'une
nouvelle issue dans un édifice public au 30e étage et qu'il n'y a
pas d'escalier à l'extérieur ou qu'il peut y avoir toutes sortes
de problèmes techniques, bien là, évidemment, sur le plan
de l'ingénierie, de la réalisation, on m'indique que 30 jours -
enfin, selon le vécu des inspecteurs - ce n'est pas suffisant, parce
que, jusqu'à présent, c'est rare qu'on ait pu le faire dans ce
délai.
Alors, pour ne pas créer de situations... Qu'est-ce que
l'inspecteur fait? Il constate qu'il doit y avoir une issue et il en avise le
propriétaire. Le propriétaire est de bonne foi. il a des
problèmes à faire faire la construction; il attend après
les pièces. L'inspecteur lui flanque une pénalité au
trentième jour parce que l'issue n'est pas prête. C'est pour
ça. Maintenant, si on veut absolument un délai, on peut en
imaginer un, c'est sûr, mais les inspecteurs m'ont indiqué que,
dans le fond, pour eux, c'est plus intéressant de pouvoir juger sur
place, raisonnablement, d'un délai et, avec le moyen supplétif
à la sécurité qu'ils peuvent avoir, de suivre les travaux
avec le propriétaire, afin d'être capables de les faire faire dans
les meilleurs délais possible, tout le temps.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Mme la Présidente, je comprends
l'argumentation du ministre. Ce que l'on cherchait, dans le fond,
c'était de voir si, avec l'expérience qu'ont les inspecteurs, ils
ne pouvaient pas dire: Donc la majorité des cas, normalement, cela prend
x jours, et là, on aurait pu mettre ce délai. Je comprends le
ministre lorsqu'il dit: II faut laisser une marge de manoeuvre à
l'inspecteur qui doit agir avec le sens le plus critique possible et, selon la
situation, regarder ce qui peut être fait dans un délai x. C'est
pourquoi aussi on arrive avec un délai. On comprend très bien
qu'aujourd'hui, le délai de 30 jours qu'on reconnaissait pour les
édifices à un étage à l'époque, n'est plus
applicable pour les édifices à étages multiples et
qu'effectivement, les conditions de sécurité sont peut-être
plus diffilement réalisables dans le même délai. D'un autre
côté, on sait très bien que pour l'ensemble des
édifices, en vertu du Code du bâtiment, aujourd'hui, il y a des
restrictions et des conditions à respecter quant à la
capacité de rendre l'édifice le plus sécuritaire possible.
Dans le cas d'un citoyen qui vivait dans un édifice ici, à
Québec, où il y a eu un feu en 1983, on sait ce que cela a
causé comme problèmes. On sait aussi que les réparations
qui s'imposaient pour rendre l'ascenseur sécuritaire en cas de feu,
n'auraient pu être faites à l'intérieur de 30 jours. Je
comprends ça. C'est pour ça que je suis prêt à
accepter l'argumentation du ministre.
On avait pensé qu'un délai habituel que les inspecteurs
considéreraient comme un délai maximum aurait pu être
inscrit, mais on comprend te ministre lorsqu'il dit qu'il faut laisser une
certaine discrétion, quant à la détermination du
délai, à l'inspecteur qui va l'inscrire sur l'avis d'infraction
qu'il remettra au propriétaire de l'édifice, lui indiquant ainsi
qu'il a jusqu'à cette date - cela peut être 60 jours, 90 jours,
selon les lieux - pour effectuer les travaux. Enfin, comme dit le ministre, des
mesures supplétives, prévues à S'article, nous donneront
l'assurance qu'entre temps, aucune vie humaine ne sera mise en danger. Dans ce
sens, j'accepte l'explication du ministre. On vérifiera à l'usage
ce qui arrivera avec cet article, en espérant, comme le ministre le
croit et comme je suis prêt à le croire aussi, que les inspecteurs
vont prendre la décision la plus logique possible, la plus sûre
possible et la plus honnête possible. Je laisserais donc tomber ce point
pour le moment. Il reste la troisième question.
M. Séguin: Oui. Il y avait un troisième point qui
avait été soulevé, à savoir si l'inspecteur, dans
son mandat, en vertu de la loi, peut constater, dans des édifices,
certains éléments relatifs, à titre d'exemple - je pense
que c'est le sens de la question - à la qualité de l'air. Cela
peut causer un problème. Étant donné que la Loi sur la
sécurité dans les édifices publics s'appuie sur le Code du
bâtiment, c'est plus l'intégrité du bâtiment par
rapport au public qui est l'objet de la loi plutôt que
l'intégrité des personnes dans l'édifice.
L'intégrité des personnes relève de la loi 42, la
Loi sur la santé et la sécurité du travail,
administrée par la CSST. En vertu de cette loi, l'inspecteur a le
pouvoir de constater et de dresser des directives ou même d'obliger le
propriétaire à faire des travaux. Ce sont les inspecteurs de la
CSST qui font ce genre de constatation, lis sont en mesure de le faire par leur
formation et par la compétence qu'ils ont à ce moment-là.
L'inspecteur, lui, concernant la loi sur la sécurité des
bâtiments, regarde plus l'intégrité physique du lieu,
à savoir, par exemple, si les murs correspondent aux normes ignifuges,
de même que les tapis, les tapisseries, les détecteurs d'incendie,
les issues, les ascenseurs, les installations électriques, la
pressurisation des puits d'ascenseurs, etc., afin de s'assurer que leur
fonctionnement normal assure une sécurité normale.
Peut-être, à la rigueur, que, si la qualité de l'air
était viciée par exemple, par des gaz carboniques ou par des
déchets industriels intenses dans le sous-sol, ça pourrait aussi
être un élément de sécurité publique. Mais si
on pense à la qualité de l'air dans le milieu de travail,
à ce moment-là, c'est plus la CSST par la Loi sur la santé
et la sécurité du travail, qui a l'autorité pour
intervenir et déterminer les conditions régissant un milieu de
travail, mais non les conditions sécuritaires d'un bâtiment
comme tel.
Actuellement, les inspecteurs sont au nombre de 454, si ma
mémoire est bonne. Ils doivent voir l'ensemble des établissements
et des édifices publics au Québec. Quand on pense que toutes les
installations de ski, les remonte-pentes sont considérés comme
étant des édifices publics, de même que les bains publics
et tous les immeubles, évidemment, tous les édifices, dès
qu'ils reçoivent du public sont des lieux publics, sujets à
l'application de la loi, on voit que c'est énorme. Alors, étant
donné qu'on n'a quand même pas des milliers d'inspecteurs qui
peuvent aller constater la sécurité des lieux tous les jours, je
pense qu'il y a des vérifications prioritaires à faire pour
assurer une sécurité minimale dans les édifices. On
insiste donc surtout sur les issues en cas d'incendie; il doit toujours y avoir
une deuxième issue, toujours prête, toujours fonctionnelle. Les
gens du bâtiment chez nous, au ministère du Travail, me disaient
qu'il est absolument renversant de voir encore le nombre de restaurants, de
salles de banquets, de salles publiques de réceptions où se
déroulent des réceptions, des "parties", etc., qui ont deux
issues, mais dont l'une est bloquée, cadenassée, non ouverte, en
aucune façon, au public.
C'est surprenant de voir que des avis sont donnés aux
propriétaires, que des pénalités sont imposées, et
que, récidive après récidive, l'inspecteur retourne pour
vérifier s'ils ont enlevé ce qui bloquait la deuxième
issue, et les propriétaires n'ont rien fait. Ils paient l'amende, et
c'est tout. Hier, je citais quelques exemples de cas amenés devant les
tribunaux, et les amendes sont en moyenne de 10 $ à 60 $. J'ai des
coupures de journaux. Je ne veux pas les déposer parce que ce serait
tourner le fer dans la plaie. Je ne veux pas blâmer les tribunaux, mais
je pense qu'il faut se rendre compte que c'est aussi sinon plus grave de
bloquer une issue dans une salle où il y a 300 à 500 personnes
que de ne pas en avoir. Il suffit d'imaginer ce qui arriverait s'il y avait un
incendie. On a vu, l'année passée ou il y a deux ans, je pense,
une discothèque à Montréal, le Blue Bird - je dis
ça de mémoire, peut-être que je me trompe - enfin, une
discothèque qui a pris feu. Il y a eu des morts parce que tout le monde
s'est précipité vers la sortie de secours qui était
cadenassée. Les pompiers ont constaté que les gens
s'étaient amassés près de la porte de sortie, les uns
par-dessus les autres, et avaient essayé de défoncer la porte qui
était cadenassée. Imaginez le spectacle macabre!
Pour des portes cadenassées, devant les tribunaux, c'est 10 $
d'amende. Imaginez, en 1988-1989, 10 $ ou 60 $ pour des portes fermées!
C'est incroyable. (10 h 45)
Pendant ce temps-là, dans les restaurants, quand il y a des
souris, des animaux, des moustiques, des bibittes, je voyais dans des coupures
de journaux que c'est 1000 $ pour la première infraction et 500 $ pour
la deuxième infraction, alors que, dans les édifice publics,
encore aujourd'hui, je voyais récemment un cas qui me sera
confirmé: un tribunal, au Québec, a condamné le
propriétaire d'une piscine publique où il n'y avait pas de
sauveteur, pas de gardien de piscine. L'inspecteur s'est présenté
et le sauveteur n'était pas là, il était malade et on a
laissé tout le monde se baigner. Il commet une infraction, il est
allé devant le tribunal et il a été condamné,
à 10 $ d'amende il y a deux semaines.
Imaginez si, à ce moment-là, un jeune ou un adulte - mais
on pense surtout aux enfants - était resté au fond de l'eau dans
la piscine. Quand vous avez 200 personnes dans une piscine, je vous garantis
que... il y a un cas triste à Montréal dans une piscine où
deux enfants sont restés au fond de l'eau parce que le gardien
n'était pas sur sa chaise mais debout. Lorsque vous êtes debout,
étant donné l'angle de vue sur le bord de l'eau dans une piscine,
si vous êtes près de l'eau, évidemment, vous voyez moins au
fond de l'eau que sur une chaise. Deuxièmement, un seul sauveteur pour
260 jeunes qui se baignent un bout de temps, c'est impensable.
Mme la Présidente, ici, autour de cette table, si nous avions la
responsabilité de surveiller une piscine où il y a 260 personnes,
nous serions nerveux. Personnellement, ayant des enfants, je vais à la
piscine à l'occasion avec mes enfants - j'ai une petite fille de trois
ans et un petit garçon de six ans - et je ne les lâche pas deux
secondes des yeux tellement c'est vite fait. Imaginez si j'étais le seul
gardien sur une chaise, payé 6,80 $ l'heure et âgé de 16,
17 ou 18 ans, pour surveiller 200 ou 250 jeunes dans la piscine. C'est une
grave responsabilité dont on n'a pas conscience, mais il suffit qu'un
accident arrive pour que, tout de suite, on soit complètement abasourdi
par le drame et que, là, on regrette, etc.
C'est une longue parenthèse pour dire que, pour l'application de
la loi, on s'occupe davantage, bien sûr, de cet aspect de
sécurité immédiate, afin que les édifices
présentent un minimum raisonnable d'éléments
sécuritaires. Cela pourrait aller jusqu'à un certain point,
à l'occasion, s'il y a des éléments dans l'air qui peuvent
porter atteinte comme des gaz. Mais en ce qui concerne la question de la
qualité de l'air dans un milieu de travail, je sais que c'est une
question qui devient de plus en plus préoccupante dans les milieux de
travail, dans les édifices fermés, les édifices publics.
Il y a déjà eu un premier pas de fait en interdisant la
cigarette. Un grand nombre d'employés qui fument au travail n'aident
certainement pas à la qualité de l'air ambiant dans le milieu de
travail. C'est un premier pas, mais cela relève davantage de
l'application de la Loi sur la santé et la sécurité du
travail par la CSST qui, dans certains dossiers, Mme la Présidente, a
fait valoir des constatations à cet effet et a
obligé des propriétaires à sévir.
J'ajouterai ceci en terminant, et je t'ai dit hier: On doit
sous-entendre à ce projet de loi que l'on veut appliquer avec plus de
sévérité la Loi sur la sécurité dans les
édifices publics, au détriment peut-être de la satisfaction
de certains propriétaires d'établissements, et je suis conscient
qu'il y en a certains qui se feront inspecter et semoncer. Mais la philosophie
qui nous anime, c'est la sécurité du public, et on ne fermera pas
les yeux sur certains établissements publics qui présentent
actuellement des situations très préoccupantes de
sécurité. Même si certains propriétaires
allèguent qu'il y a des impacts financiers relativement importants
à corriger la situation dans les édifices et à avoir ces
mesures de protection, se plaignant qu'ils ne pourront pas boucler leur budget
à la fin de l'année, je pense qu'on n'a pas beaucoup le choix.
Quand il n'y a pas d'issue, qu'il n'y a pas de détecteur d'incendie,
qu'il n'y a pas de gicleurs et qu'il s'agit d'hôtels, de foyers pour
personnes âgées, etc., je regrette mais je pense que le rôle
du ministère n'est pas de pondérer l'aspect financier, mais de
s'assurer qu'il y ait un minimum acceptable de sécurité dans les
édifices publics. Si ces gens n'ont pas les moyens de les exploiter et
d'investir un peu d'argent pour la protection, je me demande s'ils
méritent de les exploiter.
Je pense que nous, comme clients dans ces établissements, on
s'attend au minimum, s'il y a un incendie, à ne pas être pris dans
des trappes d'incendie, surtout dans des puits d'escaliers ou dans des portes
de secours presque inexistantes. Je pense que c'est présentement la
préoccupation majeure du ministère.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, Mme la Présidente. J'ajouterai, à
ce chapitre, qu'il faudrait peut-être faire venir quelqu'un du service de
l'inspection de la CSST pour vérifier ce qui se passe à
l'Assemblée nationale quand on a des odeurs d'oignon qui nous arrivent
en plein débat. Il y a peut-être des dangers qu'on ne
connaît pas.
Une voix:...
M. Jolivet: II y a peut-être des odeurs qui contiennent du
gaz carbonique, on ne sait jamais.
M. Séguin: Oui, comme ça, là! Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Jolivet: II y a des édifices publics où, avec la
nouvelle mode visant à les rendre les plus hermétiques possible
pour économiser de l'énergie, l'air est devenu un peu
vicié à l'intérieur. Cela ne touche pas seulement les
employés, à mon avis. Ce n'est pas juste une question
d'employés qui vivent continuellement à l'intérieur, mais
ça peut aussi toucher des gens qui sont soit de simples spectateurs, des
clients ou des patients. Je donne l'exemple de ce qu'on appelle les Zambonis
dans les arénas, il y a de plus en plus de problèmes, sur le plan
de la santé et de la sécurité, par les travailleurs qui
utilisent ces machines, mais aussi pour les spectateurs, les gens qui sont
à l'intérieur de ces bâtisses. Ça peut, à la
longue, pour les gens qui fréquentent les arénas, amener certains
problèmes sur le plan de la santé.
Pour les gens qui sont dans les hôpitaux pour une longue
durée, pendant des mois et mois, il peut aussi surgir des
problèmes additionnels. Je prends l'exemple de l'hôpital
Saint-François-d'Assise où ma jeune fille travaille comme
infirmière. Elle nous faisait part des problèmes de
nausées, de maux de tête que les employés avaient. Si les
employés en ont, imaginez les patients qui sont là plus longtemps
que les employés! Cela touche aussi le public en général.
Vous avez aussi toute la question des gens qui viennent dans les
édifices publics, comme le G. On en a fait mention dans les journaux, on
a donné cet exemple, mais il y a d'autres endroits aussi où les
problèmes sont dus à ce phénomène
d'"hermétisation" des bâtiments. En plus, quand on retrouve des
animaux non désirés dans des conduits d'aération, il y a
quelque chose qui ne va pas, surtout si l'animal est mort de famine en cours de
route et que l'odeur persiste. Cela existe.
Donc, le ministre me dit que, quand il est question d'employés,
de gens qui sont employés à l'intérieur de
l'édifice, ça regarde la CSST, mais, quand ça touche le
public, ça peut relever aussi, a mon avis, des employés du
ministère du Travail, qui sont responsables de l'inspection des
bâtiments publics. Dans ce sens, je comprends que le ministre m'indique
que ce n'est pas le but recherché pour le moment dans la loi actuelle,
mais qu'il examine cette situation et qu'il est possible qu'on étudie
ensemble certains phénomènes qui tendent à se produire de
plus en plus. La nouvelle science - on ne peut pas vraiment appeler ça
une science - de plus en plus précise de la mycologie, qui regarde
l'ensemble des champignons formés par l'humidité dans les
systèmes de chauffage, dans les systèmes de ventilation ou dans
des sous-sols plus humides, devrait être une préoccupation du
ministre, non seulement, comme ministre responsable de la CSST, pour les
employés qui s'y trouvent, mais pour le public qui y vient, donc comme
ministre du Travail responsable du bâtiment.
J'arrête là mes propos. Je voulais simplement sensibiliser
le ministre à cette nouvelle problématique du syndrome des
édifices hermétiques avec ventilation forcée. Alors, on
pourrait commencer, Mme la Présidente, a l'article 1, avec les
explication du ministre.
Étude détaillée
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
1. M. le ministre.
M. Séguin: Dans le premier article, on enlève
l'expression "de tout homme", étant donné que c'est maintenant
jugé sexiste. D'ailleurs, ça l'a toujours été de
tout temps. Alors, on enlève cette appellation devenue inacceptable.
M. Jolivet: Est-ce que Mme la Présidente s'oppose à
cela? C'est adopté, M. le Président.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce l'article 1...
Mme la Présidente, s'il vous plaît.
M. Jolivet: Oui, c'est vrai. Cela commence bien.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 1 est
adopté, j'appelle l'article 2. M. le ministre.
M. Séguin: Oui, on abroge, dans l'article 2, l'article 11
de la loi qui obligeait à publier, dans la Gazette officielle,
les modalités que l'inspecteur devait alors faire connaître au
public, comme son adresse. Cela nous apparaît totalement inutile dans
l'application actuelle des choses.
M. Jolivet: Quand on se reporte, Mme la Présidente,
à 1908, on comprend le pourquoi de cet article dans un contexte
où les espaces étaient plus grands. Mais les moyens de
communication, aujourd'hui, nous permettent d'entrer rapidement en
communication avec l'inspecteur, parce qu'il va nous indiquer un numéro
de téléphone où le rejoindre si nécessaire. S'il ne
laisse pas un numéro de téléphone, on sait comment trouver
assez rapidement le numéro de téléphone du
ministère du Travail.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 2 est
adopté, j'appelle l'article 3. M. le ministre.
M. Séguin: C'est l'article relatif à la
première question que me posait le député de Jolivet
tantôt en préalable...
M. Jolivet: De Laviolette.
M. Séguin: De Laviolette, excusez-moi, cher
collègue.
M. Jolivet: Non, cela viendra, cela s'appellera le comté
de Jolivet, c'est une question de temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Vous vous répétez!
M. Cannon: Après votre décès politique.
M. Séguin: C'est le rêve que chaque
député fait, donc j'anticipais pour mon collègue.
Je répondais à la première question, au fond, et
ici, c'est le délai qui est imparti à un propriétaire pour
procéder à la construction d'une voie de sortie, et on
enlève le délai, comme je l'ai expliqué.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va, M. le
député de Laviolette?
M. Jolivet: Cela va, avec les explications qu'on a eues.
Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3 est
adopté. J'appelle l'article 4.
M. Séguin: L'article 4 est simplement pour enlever
l'exigence d'un mur de brique dans un théâtre. Je pense qu'on peut
comprendre qu'en 1908, c'était le seul élément
anti-incendie dans un lieu public. Aujourd'hui, on ne voit plus comment on
pourrait imposer, dans la construction d'un théâtre, un mur de
brique entre la scène et les spectateurs. Cela fait quand même un
peu extravagant.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors l'article 4 est
adopté?
M. Jolivet: Mais on peut considérer que ce serait
peut-être un élément, sans être obligatoire, bien vu
par les gens, en pensant que, de plus en plus, on essaie - les gens qui
construisent - d'avoir des idées originales. il! ne serait
peut-être pas mauvais de revenir à cela. Mais je pense
qu'effectivement, on ne peut plus l'obliger comme on l'obligeait à
l'époque. Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors l'article 4 est
adopté. J'appelle l'article 5.
M. Séguin: En fait, c'est la suite de l'article 4. On
remplace le mur de brique par un rideau ignifuge. Je pense que c'est cela qui,
techniquement, répond aux besoins, aujourd'hui.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va?
M. Jolivet: Juste une chose ici. On a souvent des gens qui nous
ont parlé de cela. Là, vous parlez de théâtre,
est-ce que par le fait même vous incluez le... Vous n'incluez pas le
cinéma. Il y a des gens qui sont dans des bâtiments et qui ont
quelques problèmes majeurs qui ont trait au moyen de rendre ignifuge un
rideau. Est-ce que des délais sont donnés ou cela doit-il
être automatique et qu'on ne peut agir si le rideau n'est pas là?
Est-ce que l'inspecteur peut prendre une décision et dire: Vous avez
tant de temps pour mettre votre rideau, sinon...
M. Séguin: C'est cela. C'est un délai raisonnable
de l'inspecteur, compte tenu de rétablissement et de la situation. Mais
il faut dire aussi que la construction d'un théâtre doit
nécessairement comporter cela. Il n'y aura pas beaucoup de
délais, à ce moment-là, lors de la construction, mais si
c'est un théâtre déjà construit, où M. est
constaté qu'il y a absence de rideau qui répond aux normes, on va
l'enjoindre de le faire dans un délai raisonnable, sinon les amendes
vont s'appliquer.
M. Jolivet: Je fais mention de cela, parce que j'ai eu un
problème semblable quand on a installé des appareils dans un
centre de culture à Grand-Mère. On était au début
et des problèmes sont survenus quant au rideau ignifuge. On avait
à ce moment-là donné des délais parce que le
coût du rideau Ignifuge est élevé et qu'aussi, c'est long
parce qu'il n'y a pas grand place où on fait ça au Québec.
Alors, vous dites qu'il y a un délai raisonnable qui va être
donné et qu'on laisse ce délai à l'inspecteur. (11
heures)
M. Séguin: C'est comme dans toutes choses. Si les gens
croient que, malheureusement, un inspecteur semble peut-être trop
exigeant, ils peuvent faire appel et demander une révision du dossier
soit à un supérieur, soit au sous-ministre adjoint responsable de
l'application de ta loi à l'intérieur du ministère. Je
pense que, là-dessus, il faut toujours appliquer les lois avec humanisme
et de façon raisonnable quand même. Je pense que les
inspecteurs... En général, je dois dire qu'avec mon
expérience à ce jour au ministère, j'ai rarement eu
écho d'abus ou d'intransigeance de la part des inspecteurs
vis-à-vis des propriétaires dans les questions de délais.
Donc, de ce côté, c'est quand même fait dans l'ensemble avec
beaucoup de réalisme.
M. Jolivet: Je vais prendre un petit à-côté
du rideau pour indiquer justement le problème qu'on a toujours dans ces
cas. Lorsque quelqu'un achète un restaurant ou un édifice public
où le monde va, automatiquement, on entend dire dans certains cas: Je
vais changer ma toilette, je vais la rendre conforme. Aussitôt qu'il
touche à quelque chose, cela devient automatique. On vient et il y a une
série d'infractions qui peuvent être faites. Souvent, c'est
là qu'on a le plus de problèmes, plus que lorsque c'est une
construction neuve. Pour une construction neuve, on suit le Code du
bâtiment, et tout est correct. C'est dans le cas de rénovations,
de réparations qu'on a quelques problèmes majeurs. En tout cas,
c'est ce que j'ai vécu depuis douze ans. C'est là qu'on a
quelques problèmes.
M. Séguin: Ce qu'on voit souvent, c'est la transformation
d'un vieil édifice pour usage commercial.
M. Jolivet: Oui, c'est ça.
M. Séguin: Prendre une maison, la convertir en foyer, en
maison d'hébergement, en petit restaurant, en petit dépanneur,
etc. C'est fait un peu économiquement et les mesures ne sont pas
toujours... Maintenant, je pense que, de la part du ministère, il faut
regarder ça avec un peu de réalisme et de sagesse aussi. On ne
peut pas toujours exiger la fine pointe technologique dans les mesures de
sécurité. Il y a un coût inhérent et il ne faut pas
être disproportionné. Par contre, il y a d'autres cas où
c'est flagrant. II faut essayer d'avoir tout le temps le juste milieu. Je peux
vous assurer que là-dessus, les propriétaires sont toujours
bienvenus pour faire des représentations de toute façon. De temps
à autre, il peut arriver qu'effectivement, on soit dans l'obligation de
considérer leurs représentations parce qu'on ne peut pas
évincer carrément un propriétaire ou le mettre dans une
situation impraticable.
M. Jolivet: Souvent, les gens qui achètent n'avaient pas
prévu tel ou tel coût. C'est quand ils commencent à voir
ça qu'ils commencent à regimber un peu. Mais en tout cas, je peux
dire que, dans les cas que j'ai eus justement, les interventions qu'on a faites
ont été de demander des délais plus longs pour pouvoir
accomplir ce qu'ils avaient à accomplir. Peut-être qu'en
remplaçant le délai de 30 jours dont on faisait mention par un
délai laissé au jugement de l'inspecteur, ça va aider
à régler plusieurs problèmes. L'inspecteur était
obligé de dire: Vous avez tant de jours pour faire ça, sinon vous
aurez des infractions. Tandis que là, on va pouvoir regarder la
possibilité d'accorder des délais additionnels dans certains
cas.
M. Séguin: D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 5 est
adopté. J'appelle l'article 6.
M. Séguin: L'article 6 est l'article qui vise à
corriger les amendes qui étaient antérieurement à un
maximum de 60 $ - et je dis bien à un maximum - alors que, maintenant,
on suggère une amende de 250 $ à 575 $, s'il s'agit d'une
personne physique, et de 575 $ à 1150 $, s'il s'agit d'une personne
morale. On s'aligne là-dessus, par exemple, sur les amendes
prévues dans la Loi sur la santé et la sécurité du
travail administrée par la CSST, pour avoir quand même une forme
de parallélisme, une forme d'harmonisation entre les deux lois qui,
à certains égards, se ressemblent ou se complètent,
étant donné que les inspecteurs, comme je l'ai expliqué
tantôt, dans le cas qui occupe le ministère du Travail dans
l'application de la sécurité dans les édifices publics,
voient à l'intégrité des bâtiments alors qu'à
la CSST, c'est plutôt l'intégrité des personnes, mais les
amendes sont semblables et s'appliquent de façon semblable. C'est
pourquoi on retrouve ces montants qui sont suggérés
dans l'article 6.
En cas de récidive, évidemment, les amendes sont plus
élevées et, à ce moment-là, passent de 500 $
jusqu'à un maximum de 1150 $, et de 1150 $ à 2300 $, s'il s'agit
d'une personne morale. Comme je l'indiquais tantôt, ça
n'apparaît pas dans notre projet de loi, mais on pourra prévoir
que, dans le cas des personnes morales, les administrateurs peuvent être
tenus au paiement des amendes si la personne morale fait défaut, comme
dans le cas des marguilliers qui est déjà prévu. Je pense
que c'est à l'article 35 de la loi.
M. Jolivet: Est-ce que vous avez un amendement de prêt?
M. Séguin: II n'est pas tout à fait prêt. On
va voir d'ici la fin.
M. Jolivet: D'accord, sinon...
La Présidente (Mme Bélanger): Voulez-vous suspendre cet
article?
M. Jolivet: s'il y a un amendement, ça peut être
plus logique de le suspendre. Sinon, à la fin de l'étude de notre
dossier, qui ne devrait pas tarder, dans les minutes qui viennent, le ministre
et moi, nous nous entendrons pour qu'il le dépose lors de la prise en
considération, l'amendement, qu'il me le présente avant
l'acceptation finale,
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on pourrait suspendre
cet article.
M. Jolivet: La suspendre en attendant. Mais ce qu'on pourrait
faire, si jamais, à la fin, l'amendement n'est pas arrivé, on
pourrait l'adopter avec la mention qu'on fait actuellement.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
M. Jolivet: Mais j'ai peut-être une autre question qui me
revient a l'esprit. C'est la chose suivante. Le tribunal va avoir à
donner l'amende. Est-ce que je comprends bien? Disons qu'un avis d'infraction
est émis par un inspecteur, il y a un délai qui n'est pas
respecté et, finalement, on va devant les tribunaux. Le tribunal va
déterminer le montant de l'amende. Est-ce que le tribunal a le pouvoir,
en plus de déterminer l'amende, d'obliger à faire la
réparation qui s'impose? Quels sont les pouvoirs que possède le
tribunal à ce moment-là?
M. Séguin: Actuellement, le tribunal ne peut pas rendre
d'ordonnance de procéder aux travaux. C'est purement un exercice
statutaire de constater l'infraction et de donner l'amende. S'il y a un
minimum, il est obligé d'être au moins au minimum et il peut aller
au maximum. Par contre, il y a un autre article dans la loi qui permet au
ministre d'interrompre des travaux, si on constatait que, après
récidive, il n'y a pas de correctifs et que la sécurité du
public est contrainte.
M. Jolivet: Est-ce qu'on peut aller jusqu'à donner
l'ordonnance de fermer l'établissement?
M. Séguin: Oui, ça peut aller jusqu'à fermer
l'établissement. À ma connaissance, cela ne s'est jamais fait,
sauf pour la première fois, l'année passée, quand j'ai
autorisé qu'on avise le propriétaire que, s'il ne
procédait pas aux correctifs, je me proposais de fermer
l'établissement dans un délai de 48 heures. On m'a indiqué
que c'était Sa première fois l'année passée, dans
ce cas - je ne veux pas le nommer - dans la région de l'Outaouais, qu'on
appliquait l'article 42 qui dit que, à défaut par le
propriétaire d'un édifice de se conformer, le ministre peut faire
exécuter aux frais de ce propriétaire les travaux
nécessaires pour assurer la sécurité ou en ordonner
l'évacuation et la fermeture jusqu'à ce que ce
propriétaire se soit conformé à la loi.
M. Jolivet: D'accord. L'article est en suspens pour le
moment?
La Présidente (Mme Bélanger): C'est ça. L'article 6
est suspendu. J'appelle l'article 7.
M. Séguin: L'article 7. J'attirerais davantage l'attention
sur le troisième élément de l'article 7 qui dit que "tout
propriétaire d'édifice public qui entrave l'action d'un
inspecteur ou met obstacle à l'exercice de ses fonctions commet une
infraction et est passible, outre le paiement des frais, de l'amende
prévue à l'article 35". Cela, c'est dans certains cas où
il y a de la résistance par des personnes. Elles sont passibles
d'amendes.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Pas de problème, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 7 est
adopté?
M. Jolivet: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article 8. M. le
ministre.
M. Séguin: L'article 8 est ce que j'appellerais le
deuxième degré dans l'application de l'amende. Ici, s'il y a
véritablement cette espèce de mauvaise volonté ou
obstruction d'un propriétaire soit par une action ou une omission, par
exemple, récidive après récidive, s'il est condamné
aux amendes, mais ne fait rien ici, on se
donne le moyen de suggérer au tribunal, à ce
moment-là, une amende plus élevée. C'est le seul recours,
finalement, pour le ministère, en dehors de l'article 42 que je vous
donnais tantôt qui est un peu extrême. La seule façon
incitative qu'on a vis-à-vis des propriétaires, c'est l'amende.
Il arrive dans plusieurs cas... Je vous donnais le cas de l'issue. Nous avons
deux cas actuellement où on se demande ce qu'on va faire, deux
établissements hôteliers à Montréal. Ils ont
reçu au moins quatre amendes. Ils en sont à la quatrième
récidive. Ils paient l'amende, mais ne débloquent pas l'issue
dans une salle de réception qui peut recevoir 460 personnes. On se dit:
On va leur donner des avis, mais on va passer à un deuxième
degré. Par l'application de la loi, on passerait à ce
moment-là à des amendes beaucoup plus sévères. Dans
le cas de personnes morales, comme vous le voyez à l'article 36.1, cela
pourrait aller jusqu'à 6900 $ par chef. Il y a des propriétaires
qui vont commencer soit à hurler, soit à faire les
réparations. C'est un degré d'amende qui va venir après
l'application des premières, et même avec récidive, etc. Si
on voit qu'il n'y a rien à faire, on va passer à l'article 36.1
qui va être plus sévère. C'est comme un deuxième
degré.
M. Jolivet: Et là, on amène l'amendement dont on
faisait mention en concordance?
M. Séguin: Oui, toujours, sur l'imputabilité de
l'amende par les sociétés et les membres du conseil
d'administration.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 8? M. Jolivet:
Suspendu.
La Présidente (Mme Bélanger): Suspension. J'appelle
l'article 9.
M. Séguin: On change le délai de six mois pour un
an. C'est pour la constatation de la durée de l'infraction.
M. Jolivet: Cela va.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 9 est
adopté. J'appelle l'article 10.
M. Séguin: L'article 10 permet simplement, comme cela se
fait déjà dans d'autres lois administrées par le
ministère du Travail, par les mêmes inspecteurs, dans cette Loi
sur la sécurité dans les édifices publics, d'envoyer au
contrevenant, à celui qui est le propriétaire jugé
contrevenant, un avis de l'infraction. C'est un préavis, en fait, de
poursuite, et il a le choix d'aller devant la poursuite, un peu comme les
municipalités font avec les billets de stationnement que vous recevez
à la maison. Vous avez le choix de vous déplacer devant la
poursuite, ou d'admettre votre culpabilité ou la faute et payer l'amende
automatiquement. Cela se fait déjà beaucoup dans les 17 lois
administrées par le ministère du Travail dans les questions de
normes de sécurité, bâtiment, électricité,
etc. On veut simplement harmoniser avec cette loi qui ne prévoyait pas
ce système, curieusement d'ailleurs, parce que toutes les autres lois
relatives à la sécurité des appareils et des normes l'ont.
On pense que c'est une très bonne chose, tant pour le ministère
dans son administration que pour les gens, finalement, qu'au lieu d'être
sommés de se présenter devant le tribunal, ils peuvent payer,
s'ils constatent qu'ils sont en infraction. Au moins, cela libère le
contentieux.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Mme la Présidente, oui, le fait d'accepter de
payer l'amende indique un signe de culpabilité; à ce
moment-là, cela évite toute la procédure, cela
évite des frais à tout le monde. D'un autre côté, si
l'individu, en recevant le préavis, refuse de payer et dit: Je ne suis
pas coupable en aucune façon, la poursuite suivra son cours. D'un autre
côté, si la personne peut indiquer, lors de sa comparution,
qu'elle n'a jamais reçu l'avis, elle ne peut pas être
condamnée à des frais additionnels. Je pense que cela est
important parce que c'est possible que, par erreur de courrier, quelqu'un ne
l'ait jamais reçu. C'est rare, surtout si c'est par poste
recommandée ou certifiée, que ça n'arrive pas à la
bonne place, mais ça pourrait arriver. En ce sens, au moins, on garantit
que, si ce n'est pas de sa faute et il peut le prouver, qu'il ne peut pas, s'il
comparait, être soumis à des pénalités
additionnelles. C'est adopté. (11 h 15)
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 10 est
adopté. J'appelle l'article 11. M. le ministre.
M. Séguin: À l'article 11, c'est la
possibilité, pour l'inspecteur, d'émettre un avis au
propriétaire, s'il constate des défectuosités, avec le
délai imparti pour procéder aux corrections. Comme je l'ai
déjà mentionné, on prévoit également, au
deuxième paragraphe, la possibilité pour l'inspecteur d'exiger
des mesures supplétives, en attendant que les correctifs se fassent.
Cela, je pense que c'est une bonne chose. C'est essentiellement, en fait,
l'article 41, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va.
M. Jolivet: On en a assez discuté, tout à l'heure,
Mme la Présidente, pour l'adopter.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 11 est
adopté. J'appelle l'article 12. M. le ministre.
M. Séguin: À l'article 12, ce sont purement des
petits correctifs techniques pour remplacer
des mots par d'autres, tout simplement.
M. Jolivet: Ah! Bien là, Je ne le prends pas, Mme la
Présidente, que ce soit technique de remplacer 'loi" par
"règlements", pour un gouvernement qui dit qu'il ne
réglementerait plus, qu'il en ferait beaucoup moins, qu'il corrigerait,
qu'il en enlèverait, je ne peux pas accepter ça! Donc, l'article
12 est adopté sur division, bien entendu, vous le comprendrez
très bien.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 12 est
adopté sur division. Est-ce que les amendements aux articles 6 et
8...
M. Jolivet: Je pense, Mme la Présidente, que, compte tenu
du temps, les amendements n'étant pas arrivés, on va adopter les
articles avec l'entente que le ministre les présentera lors de la prise
en considération, qui ne devrait pas tarder, je pense.
M. Séguin: J'en enverrai une copie avant. M. Jolivet:
Parfait.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Mme la Présidente, si on avait le consentement
du critique de l'Opposition, j'aurais deux petits points d'intervention
à faire à ce stade-ci. Cela ne se rapporte pas directement au
projet de loi, mais ce sont quand même des choses importantes pour nos
concitoyens.
D'abord, j'aimerais, parce que ça fait sept ans que je le
demande, remercier publiquement le ministre d'avoir souscrit à ma
demande et d'avoir réévalué le taux de cotisation pour les
pêcheurs. Il faut dire que ça prenait un comptable pour,
finalement, comprendre que les pêcheurs se faisaient exploiter depuis que
la Commission de la santé et de la sécurité du travail
existe. J'arrive d'un colloque sur les pêches, M. le ministre, et je vous
transmets leurs remerciements. Il y avait tous les pêcheurs de la
Côte-Nord, de Tadoussac à Blanc-Sablon. C'est la première
année que les députés, les associations de pêcheurs
et les pêcheurs sont écoutés. Voilà!
Deuxième point, il s'agit des pompiers volontaires. Nous avons un
grave problème avec les pompiers volontaires. D'abord, le mot le dit,
ils sont volontaires dans les municipalités. Il y a une espèce de
règlement à la CSST - on pourra toujours le vérifier -
voulant que les quatorze premiers jours soient payables par l'employeur. De
facto, l'employeur est la municipalité. Cela va pour quelqu'un qui est
à salaire. Mais lorsque c'est un petit entrepreneur ou un
propriétaire de dépanneur, de poste d'essence qui est pompier
volontaire, comment établir son salaire à la municipalité?
Lorsque ce sont des employés d'une autre compagnie qui sont pompiers
volontaires, il y a des ententes préalables qui sont faites entre la
municipalité et l'employeur, et c'est une forme de participation au
bénévolat de la part de l'employeur qui fournit cet
employé. Mais, quant aux travailleurs autonomes, il y a un
problème à l'intérieur des municipalités. Je sais
que l'Union des municipalités vous a fait ou va vous faire des
représentations. J'ai 2? municipalités, dans mon comté,
qui m'ont fait des représentations. Je ne vous ai pas tanné avec
ça, j'ai dit que je vous en parlerais lorsque l'occasion se
présenterait. Je sais que ça touche nos 122 collègues ici,
même vous, M. le ministre, dans votre comté, et c'est un
problème qui inquiète ceux qui ont à administrer les
services de pompiers volontaires. Je ne parle pas des villes où il y a
des pompiers permanents, mais je parle des petites municipalités
où c'est un problème. Je vous soumets ce problème.
M. Jolivet: Je vais profiter de la porte que m'ouvre le
député de Saguenay pour Indiquer au ministre que j'ai aussi une
demande de la part d'un groupe qui s'appelle - et toujours au sujet de la CSST
- Maind'aide Centre de la Mauricie, qui se voit cotisé comme une grosse
entreprise, alors qu'il est l'équivaSent d'un centre de
bénévolat qui, lui, est cotisé à moindre. Alors, ce
matin, avant de m'en venir ici, je vous écrivais une lettre à ce
sujet, et je vous indique déjà, comme préavis, qu'il
demande une diminution du taux de cotisation. Donc, ça s'appelle
Maind'aide Centre de la Mauricie.
Le deuxième point que je voudrais traiter, Mme la
Présidente, avant l'adoption finale du projet de loi, serait d'abord de
féliciter le ministre pour son anniversaire le 30 mars dernier, en lui
indiquant que cette journée même, je ne le savais pas, mon
épouse et moi fêtions notre 25e anniversaire de mariage.
Une voix: Ah!
M. Jolivet: Ha, ha, ha! Cela étant dit... Une voix:
Vous féliciterez votre épouse! M. Jolivet: C'est ce
que j'ai déjà fait! M. Séguin: J'ai quelques
années de plus.
M. Jolivet: Ha, ha, ha! Comme l'amendement n'est pas
arrivé, Mme la Présidente, on va donc adopter le projet de
loi...
La Présidente (Mme Bélanger): Avant le projet de
loi, est-ce que l'article 13 est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le titre
du projet de loi est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'ensemble
du projet de loi est adopté?
M. Jolivet: Adopté. Nous vous donnons donc rendez-vous
à la prise en considération.
M. Séguin: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): La commission, ayant
accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 21)