Journal des débats (Hansard) of the Committee on Labour and the Economy
Version préliminaire
42nd Legislature, 2nd Session
(October 19, 2021 au August 28, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Wednesday, November 3, 2021
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Vol. 46 N° 2
Special consultations and public hearings on Bill 103, an Act to amend various legislative provisions mainly for the purpose of reducing red tape
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-et-une minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour à toutes et à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de l'économie et du travail ouverte. Je vous souhaite
donc la bienvenue et je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir fermer ou éteindre la sonnerie de leur appareil électronique.
La commission est réunie afin de
poursuivre ou de procéder aux consultations particulières et aux auditions
publiques sur le projet de loi n° 103, Loi modifiant diverses dispositions
législatives principalement aux fins d'allègement du fardeau administratif.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Mme Chassé (Châteauguay) est remplacée par M. Chassin
(Saint-Jérôme); M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) est remplacé par...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : ...publiques sur le projet de loi n° 103, Loi
modifiant diverses dispositions législatives principalement aux fins
d'allègement du fardeau administratif.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Mme Chassé (Châteauguay) est remplacée par M. Chassin
(Saint-Jérôme); M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) est remplacé par Mme Ghazal
(Mercier); et Mme Richard (Duplessis) est remplacée par Mme Perry
Mélançon (Gaspé).
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Alors, nous entendons ce matin l'organisme
suivant : la Fédération des chambres de commerce du Québec. Alors, nous
vous souhaitons la bienvenue. Nous avons avec nous M. Noël et
M. Lavigne. Je vous inviterais à bien vous présenter avant de commencer
votre exposé. Alors, à vous la parole.
M. Noël
(Philippe) : Parfait, merci. Bien, bonjour, tout le monde. Je
me présente, Philippe Noël, je suis vice-président Affaires publiques et
économiques. Je suis accompagné par mon collègue Mathieu Lavigne, qui est
directeur, Affaires publiques et économiques à la Fédération des chambres de
commerce du Québec. Merci pour l'invitation. On regroupe environ
130 chambres de commerce et 1 200 membres corporatifs. Nous
avons également 18 comités de travail à la FCCQ. Les membres de la FCCQ
exercent leurs activités dans tous les secteurs de l'économie et dans
l'ensemble des régions du Québec.
D'entrée de jeu, la FCCQ appuie le projet
de loi n° 103 étant donné la présence de mesures d'allègement réglementaire
et administratif. Nous sommes conscients qu'il s'agit d'un premier pas vers
d'autres mesures d'allègement et de diminution de la paperasse. Depuis
plusieurs années, la FCCQ plaide sur toutes les tribunes auprès des ordres de gouvernement
l'importance d'alléger au maximum la réglementation et le fardeau administratif
imposé aux entreprises. La FCCQ a contribué aux travaux de différents comités
de travail sur les deux précédents gouvernements du Québec portant sur des
politiques gouvernementales d'allègement réglementaire et administratif.
Et plus récemment, sous l'actuel
gouvernement, nous avons contribué au comité-conseil sur le Plan d'action
gouvernementale en matière d'allègement réglementaire et
administratif 2020‑2025. C'est d'ailleurs à cette occasion que nous avions
proposé récemment d'aider les entrepreneurs agricoles qui souhaitent faire des
activités d'agrotourisme de pouvoir obtenir les autorisations plus facilement
auprès de la CPTAQ tout en respectant leurs propres activités agricoles sur
leurs lots. Nous constatons que le projet de loi souhaite faciliter
l'utilisation d'un lot d'une zone agricole à des fins autres, mais, à
l'intérieur de notre mémoire, nous avons des propositions de précision à
l'article 72 du projet de loi quant au type d'activité qui pourrait avoir
cette reconnaissance dans la loi sur la CPTAQ, le tout en s'assurant de la
poursuite des activités agricoles sur le lot. On a entendu, de notre côté, par
le passé, des entrepreneurs, des entreprises agricoles qui étaient en mesure de
faire cette démonstration sans obtenir les autorisations de la CPTAQ.
Dans le domaine minier, le projet de loi
n° 103 propose notamment de retirer l'obligation de détenir un permis de
prospection, d'abolir le jalonnement comme moyen d'obtention de claim, de
prolonger la période de validité d'un claim à trois ans et de réduire la
fréquence de transmission de certains documents au ministre responsable des
Ressources naturelles. D'autres mesures liées aux claims miniers répondent à
une demande de longe date de l'industrie, soit celle de réduire le volume de
paperasse à transmettre...
M. Noël (Philippe) :
...comme moyen d'obtention de claim, de prolonger la période de validité d'un
claim à trois ans, et de réduire la fréquence de transmission de certains
documents au ministre responsable des Ressources naturelles. D'autres mesures
liées au claim minier répondent à une demande de longue date de l'industrie,
soit celle de réduire le volume de paperasse à transmettre au gouvernement pour
répondre aux obligations de la Loi sur les mines.
Ces mesures constituent une bonne nouvelle
qui mérite d'être soulignée et appuyée. L'article 49 du projet de loi
constitue une avancée significative puisqu'il propose de confier au ministère
de l'Énergie et des Ressources naturelles la tâche d'informer toutes les
municipalités et tous les propriétaires de terrains qui sont situés sur le
territoire d'un nouveau claim minier, que celui-ci existe. Il s'agit d'un
allègement important qui évitera des procédures coûteuses et fastidieuses aux
entreprises.
Cela étant dit, l'article 71.1 de la
Loi sur les mines oblige les sociétés minières à produire une déclaration
annuelle des travaux distincte pour chacun de leur claim. On constate que
l'article 50 du projet de loi maintiendrait cette obligation de
déclaration distincte pour chaque claim. Nous croyons que l'objectif du projet
de loi serait mieux servi si l'on permettait aux entreprises de faire une
déclaration annuelle couvrant l'ensemble ou une partie de ses claims miniers,
par exemple ceux d'une région géographique donnée, regroupés dans un seul
formulaire commun. Ainsi, pour réduire le nombre de documents transmis au gouvernement
par les entreprises sans porter préjudice à la quantité et à la qualité des
informations transmises.
Il serait pertinent pour le gouvernement
de s'assurer aussi de la cohérence du projet de loi n° 102, un omnibus en
environnement avec les objectifs du projet de loi n° 103, un omnibus en
allègements réglementaires, déposés la même semaine. Alors, l'effet des
articles 37 à 40 du projet de loi n° 102 vise à limiter les travaux
d'exploration qu'un titulaire de claim peut réaliser sans obtenir une
autorisation préalable du MERN.
Alors, là-dessus... à la demande
d'autorisation des travaux d'échantillonnage qui en sont actuellement
dispensés, le projet de loi n° 102 va à l'encontre des objectifs du projet
de loi n° 103, selon nous. Dans ce contexte, on recommande de maintenir,
dans l'article 69 de la Loi sur les mines, l'exemption de demande
d'autorisation pour des travaux d'échantillonnage lorsque ceux-ci n'intègrent
pas l'extraction de plus de 50 tonnes de substances minérales, malgré le
libellé actuel du projet de loi n° 102.
Dans les marchés publics, la FCCQ souscrit
aux articles du projet de loi n° 103 touchant aux
approvisionnements, en particulier lorsque les besoins des municipalités sont
récurrents. L'instauration d'un contrat à... à réviser au maximum tous les
trois ans, avec un ou plusieurs fournisseurs dans les municipalités respecte,
selon la FCCQ, des principes d'allègement administratif. Les gains en temps et
en ressources de ne pas avoir à soumettre de nouveau la documentation demandée
devrait permettre des gains... de part et d'autre. Certains organismes publics
bénéficient déjà de cette façon de faire.
Toutefois, au-delà du mode d'adjudication
des contrats d'approvisionnement, l'attente la plus grande de la communauté
d'affaires québécoise dans la gestion de ses marchés publics est de modifier
une fois pour toutes la règle principale d'octroi dans les contrats publics
québécois, soit la règle du plus bas prix conforme. Dans son présent projet de
loi, le gouvernement a évoqué...
M. Noël (Philippe) :
…toutefois, au-delà de l'allègement du mode d'adjudication des contrats
d'approvisionnement, l'attente la plus grande de la communauté d'affaires
québécoise dans la gestion des marchés publics est de modifier une fois pour
toutes la règle principale d'octroi dans les contrats publics du gouvernement
et retrouvée dans des municipalités, soit la règle du plus bas prix conforme.
Dans son présent projet de loi, le
gouvernement a évoqué parmi les raisons l'amenant à abroger la Loi sur les
matériaux de rembourrage et des articles rembourrés — une excellente
décision, soit dit en passant — que celle-ci représentait une
exception à l'échelle canadienne. Or, le Québec fait également bande à part,
cette fois en Amérique du Nord, dans l'octroi des contrats sur la base du plus
bas soumissionnaire conforme.
À l'intérieur du mémoire du gouvernement
sur le présent projet de loi déposé au Conseil des ministres le
23 septembre 2021, et accessible sur le site du gouvernement, on peut lire
ceci à propos des contrats à commandes :
«Ce mode d'adjudication permet lorsqu'un
fournisseur ne peut répondre à la demande de la municipalité, de solliciter, en
ordre, l'un des autres soumissionnaires retenus à la suite de l'appel d'offres,
soit un fournisseur autre que celui qui a présenté le prix le plus bas. Il en
résulte de meilleures conditions d'approvisionnement et un encouragement à
innover chez les fournisseurs.»
C'est donc dire que le gouvernement du
Québec reconnaît que le mode d'adjudication des contrats publics basé sur le
plus bas soumissionnaire conforme n'offre pas les conditions optimales
d'approvisionnement et ne constitue pas un encouragement à l'innovation.
Pourtant, un des objectifs de l'allègement réglementaire devrait être également
de stimuler l'innovation et faire profiter le Québec de différentes évolutions
technologiques ou des matériaux de meilleure qualité, le tout dans une
perspective de durabilité.
C'est pourquoi la FCCQ demande au
gouvernement de présenter le plus rapidement possible les modifications
législatives nécessaires au Secrétariat du Conseil du trésor afin que l'octroi
des contrats publics mise désormais principalement sur des critères de valeur,
la qualité, d'innovation, d'expertise, de durabilité, de résultats et de
performance environnementale, plutôt que principalement sur le plus bas
soumissionnaire conforme.
Finalement, parmi les demandes que nous
formulons pour le projet de loi, nous proposons une mesure d'allègement réglementaire
sur le plan fiscal qui valoriserait le repreneuriat et le transfert
intergénérationnel des entreprises. On recommande d'assouplir les règles pour
permettre aux entrepreneurs cédant d'effectuer un transfert de contrôle graduel
de leur entreprise, plutôt que d'obliger un transfert à 50 % plus 1. Dans
plusieurs cas, un transfert progressif serait plus adéquat, donnant un certain
temps d'adaptation additionnelle et permettant la création d'un plan de relève
progressif, par exemple. Comme plusieurs entrepreneurs ne sont pas prêts à
céder la majorité de leur entreprise dès le début, ça signifie qu'ils ne
seraient pas admissibles au droit à l'Exonération.
• (11 h 30) •
En terminant, la FCCQ a pris bonne note de
l'intention du gouvernement de déposer, chaque année, un projet de loi omnibus
en matière d'allègement réglementaire et des processus administratifs,
mentionné dans le communiqué presse du 6 octobre dernier, au moment de
déposer le projet de loi n° 103. Pour s'assurer que l'engagement
gouvernemental soit respecté, peu importe le gouvernement en place, nous
faisons une proposition à la Loi sur le ministère de l'Économie et de
l'Innovation pour que cet engagement fasse partie des livrables à effectuer
chaque année. Nous souhaitons également que ce sujet important fasse partie des
thèmes récurrents du comité ministériel de l'économie…
11 h 30 (version non révisée)
M. Noël (Philippe) :...pour s'assurer que l'engagement gouvernemental soit
respecté, peu importe le gouvernement en place, nous faisons une proposition à
la Loi sur le ministère de l'Économie et de l'Innovation pour que cet engagement
soit partout délivrable, à effectuer chaque année. Nous souhaitons également
que ce sujet important fasse partie des thème récurrents du comité ministériel
de l'économie et de l'environnement afin d'impliquer tous les ministères économiques,
d'officialiser aussi un comité plus permanent piloté par le MEI et chargé
d'entendre les attentes et propositions, notamment, des acteurs économiques
externes au gouvernement en matière d'allègement réglementaire et
administratif. On est convaincus que ce comité aiderait à la réalisation du projet
de loi omnibus annuel afin qu'il soit conforme à la réalité des entreprises. Je
vous remercie. Et nous sommes prêts à prendre vos questions.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci pour votre exposé. Nous allons effectivement maintenant commencer
la période d'échange avec Mme la ministre. Vous disposez de
16 min 30 s.
Mme Lecours (Les Plaines) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. M. Noël, M. Lavigne, merci d'être avec
nous aujourd'hui. Vous êtes des habitués en commission parlementaire, mais vous
avez le meilleur projet de loi aujourd'hui, là, sur votre table. Et vous avez
mentionné à plusieurs occasions économie de temps, d'argent, de ressources
aussi, donc des gains, des gans quand même importants. C'est l'essence même du
projet de loi que nous avons déposé. Je vais me permettre d'entrée de jeu une
première question que j'aime bien poser parce qu'elle met la table. Comment vos
membres ont réagi au dépôt du projet de loi n° 103?
M. Noël (Philippe) :
Bien, c'est certain que les membres ont favorablement au dépôt du projet de loi
n° 103 parce qu'il est question de mesures d'allègement réglementaire et
d'allègement du fardeau administratif. Donc, chaque fois qu'il y a des
propositions qui vont dans ce sens-là, il est évident que les membres sont très
satisfaits. Je pense que l'abrogation de la loi sur les matériaux de
rembourrage, notamment, a été très, très bien reçue. Dans l'étude d'impact
région, on pouvait lire qu'il y avait quand même l'émission de plus de
7 000 permis l'année dernière juste pour cette loi-là. Et comme c'est
une exception canadienne, c'est le type d'exemple qui est très apprécié
effectivement. Donc, oui, favorablement.
Maintenant, c'est certain qu'on a des
attentes, évidemment, pour les prochains projets de loi ou pour même ce projet
de loi ci, de déposer certains amendements. Donc... Mais grosso modo, on ne
peut définitivement pas s'opposer à des mesures d'allègement réglementaire et
de fardeau administratif.
Mme Lecours (Les Plaines) :
J'ai bien lu votre mémoire. Vous avez effectivement beaucoup de recommandations
pour d'éventuels projets de loi. Vous faites... Vous faites aussi des... Vous
avez des questionnements, notamment sur... Puis comme on dit, c'est un omnibus.
Donc, ça touche plusieurs, plusieurs secteurs d'activité. J'aimerais vous
entendre sur les propositions que vous faites, justement, à l'article... je
pense que c'est le 72, si ma mémoire est bonne, bon, en agroalimentaire... pas
en agroalimentaire, mais au niveau du secteur de l'agriculture. Vous faites la
proposition... Vous nous proposez, justement, d'y aller avec un lot de
possibilités pour ce qui est de l'agroalimentaire...
Mme Lecours (Les Plaines) : …ma
mémoire est bonne, bon, en agroalimentaire, pas en agroalimentaire, mais au
niveau du secteur de l'agriculture, vous faites la proposition, vous nous
proposez, justement, d'y aller avec un lot de possibilités pour ce qui est de
l'agroalimentaire. Donc, vous êtes… ce que je lis à l'intérieur de ça, c'est
que vous êtes pleinement d'accord avec le fait que ce que nous proposons c'est
pour ouvrir la possibilité à de nouveaux modèles d'affaires. Est-ce que c'est
ce que je comprends, puis j'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Noël (Philippe) :
Oui, en fait, c'est ce que le projet de loi propose, sauf que pour nous ce
n'était pas si clair que ça que la CPTAQ allait l'interpréter comme ça. Donc,
c'est pour ça qu'on a tenu à préciser, en fait, à l'article 72 du projet
de loi un certain nombre d'activités qui nous ont été soumises dans les
dernières années, concernant, en fait, des producteurs, des agriculteurs qui
souhaitaient faire des activités pour mettre en valeur ce qu'ils faisaient sur
leurs propres terres, en fait. Évidemment, ça rapporte des revenus
supplémentaires pour ces producteurs-là, mais ça ne vient pas compromettre, en
fait, leurs activités agricoles. Donc, ils ne comprenaient pas ces décisions ou
ces refus ou ces obstacles qu'ils rencontraient auprès de la CPTAQ. Puis moi je
peux vous dire, j'ai assisté dans nos comités de travail à des témoignages quand
même assez poignants, là, de producteurs agricoles qui se voyaient heurtés,
dans le fond, à ces refus-là de la CPTAQ, et c'est pour ça qu'on propose un
certain nombre d'activités qui pourraient être reconnues plus officiellement
dans la loi sur la CPTAQ pour obtenir ces autorisations-là, encore là sans
compromettre les activités agricoles sur le lot. Donc, pour nous, c'était
important aussi.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Bien, est-ce que pour vous c'est tout de même clair que oui, c'est ce que le projet
de loi propose, justement, des nouveaux modèles d'affaires, mais toujours en
respect avec les terres agricoles, le respect de nos terres agricoles ici au
Québec? Est-ce que c'est suffisamment clair pour vous?
M. Noël (Philippe) :
Pour le respect des terres agricoles, pour l'instant on l'a perçu comme ça,
mais comme je vous dis on a fait cette proposition-là d'un certain nombre
d'activités, pour être sûrs et certains que ça soit interprété comme ça dans la
CPTAQ. Là-dessus, pour nous, c'était plus ou moins clair. Donc, c'est pour ça
qu'on fait cette proposition d'amendement là de notre côté.
Mme Lecours (Les Plaines) : O.K.
Mais est-ce qu'à quelque part dans le projet de loi vous avez l'impression que
cela nuirait, que ce que les propositions qui sont faites nuiraient à la
capacité de l'ACPTAQ, justement, d'être et de continuer à être la gardienne des
terres agricoles?
M. Noël (Philippe) :
Oui, on ne remet pas en cause, en fait, l'importance de l'ACPTAQ d'être… de
cette mission-là, ce n'est pas ça qu'on met en cause. C'est que parfois, peut-être
qu'il y avait des décisions qui étaient plutôt incompréhensibles, parce que ça
ne venait pas compromettre les activités agricoles sur les lots de ces
producteurs-là et qui étaient refusés, en fait, de faire ces activités-là et on
a quand même nommé plusieurs, plusieurs activités, là. Je pense notamment à des
fermes pédagogiques, à des papillonneries, à des ateliers culinaires, à des
activités d'horticulture et de botanique, des services de restauration, etc.,
là, je pense qu'on en a nommés quand même plusieurs. C'est pour être certains
que ça soit reconnu puis que les…
M. Noël (Philippe) :
…et on a quand même nommé plusieurs, plusieurs activités, là, je pense
notamment à des fermes pédagogiques, des papilloneries, des ateliers
culinaires, des activités d'horticulture et de botanique, des services de
restaurations, etc. Là, je pense qu'on en a nommé quand même plusieurs. C'est
pour être certain que ce soit reconnu puis que les producteurs et les
agriculteurs ne se heurtent à ce type de refus là.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Parfait. Je vais vous amener sur… je veux laisser du temps à mes collègues
aussi, mais je vais vous amener sur un autre terrain. Le rembourrage,
justement, la Loi sur le rembourrage, que nous proposons d'abroger, je l'ai
bien dit, d'abroger, donc… Pardon? Oui, on avance, on avance. Donc, vous
soulignez l'importance de le faire. Je veux vous amener et je vais vous poser
la question, justement, par rapport au fait que… est-ce que cette abrogation-là
va permettre justement aussi des nouvelles… la création, peut-être, de
nouvelles entreprises ou de nouvelles façons de faire, notamment en économie
durable.
M. Noël (Philippe) :
Bien, on le souhaite, on le souhaite, assurément, que ça vienne, en fait,
rencontrer ces exigences-là. Parce que chaque processus qui demande d'avoir un
permis ou chaque processus administratif, c'est du temps, c'est des coûts pour
les entreprises, c'est des délais qu'ils doivent rencontrer de leur côté. Et
nous, on est très clairs, là, on ne dit pas qu'on est contre toute
réglementation, ou il faudrait abolir toute réglementation, on est très, très
explicites là-dessus, même dans notre mémoire. Cela dit, on veut qu'il y ait
les bons processus qui soient en place puis que ça soit le plus allégé possible
lorsque ce n'est pas si nécessaire que ça, et on pense que c'est une très bonne
décision là-dessus, d'abroger cette loi-là, évidemment.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Mais ce que vous dites est quand même important, l'idée, c'est d'enlever les
irritants. Le projet de loi qu'on a déposé, c'est, dans un premier temps… c'est
le premier projet de loi, vous l'avez mentionné, c'est d'enlever les irritants
qui sont facilement enlevables, ce n'est pas de déréglementer, mais de
s'assurer de bien réglementer, et de faire en sorte qu'on allège aussi au
niveau administratif. Est-ce que c'est la lecture que vous en faites, notamment
de ce premier jalon de plusieurs autres projets de loi? Est-ce que c'est la
lecture que vous en faites?
M. Noël (Philippe) :
Oui, puis vous faites bien de dire : Le premier jalon, aussi, de ce projet
de loi, parce qu'il y a d'autres mesures aussi que nous, on va proposer, bien,
évidemment, dans le temps. C'est une démarche qui est très évolutive, que nous,
on pense, parce que la réglementation est évolutive en fonction, évidemment,
des innovations, des nouvelles avancées technologiques, des nouveaux joueurs
qui peuvent arriver sur le marché. Donc, c'est important d'avoir ce projet de
loi là chaque année, je pense, c'est une très bonne mesure là-dessus. Et nous,
on va contribuer. On s'est même engagés à consulter nos comités de travail
chaque année pour justement faire des bonnes propositions concrètes pour le
gouvernement, pour s'assurer évidemment qu'on puisse fournir l'information qui
vous serait utile à faire ce projet de loi là.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Bien, merci beaucoup. Je vais laisser la parole parce que… J'ai pris bonne
note, évidemment, de toutes les recommandations que vous faites. Pour le projet
de loi qui nous concerne aujourd'hui, on a noté des choses qui sont
intéressantes…
M. Noël (Philippe) :
…gouvernement pour s'assurer évidemment qu'on puisse fournir l'information qui
vous serait utile à faire ce projet de loi là.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Bien, merci beaucoup. Je vais laisser la parole parce que… J'ai pris bonne
note, évidemment, de toutes les recommandations que vous faites. Pour le projet
de loi qui nous concerne aujourd'hui, on a noté des choses qui sont
intéressantes. Mais il y a certainement bien d'autres questions aussi que mes collègues
vont poser. Alors, si je me peux permettre de laisser la parole à mon collègue,
Mme la Présidente. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, alors la parole est au député de Saint-Jérôme. Il vous reste 7 min 40 s.
M. Chassin :
Merci, Mme la Présidente. Bien, bonjour à vous deux. Ça fait plaisir de vous
recevoir dans cette commission parlementaire. Je vois, effectivement, dans
votre mémoire, là, il y a plusieurs idées, parfois assez originales. C'est
clair que vous avez des idées pour la suite du travail, notamment des prochains
projets de loi, là, on vient d'en parler un petit peu. Juste, peut-être, un
élément rapide, en commençant. Quand vous parlez d'un comité piloté par le MEI
pour entendre le milieu, est-ce que le comité-conseil en allègement réglementaire
pourrait jouer ce rôle-là?
• (11 h 40) •
M. Noël (Philippe) :
Oui, absolument. En fait, l'idée, c'est de le rendre permanent, c'est plus
s'assurer qu'il y ait des rencontres quand même sur une base régulière pour justement
vous faire part, en fait, de ce qui se passe sur le terrain de notre côté. Je
pense que c'est bon qu'il y ait cette relation d'échange là aussi entre le gouvernement
et, évidemment, les acteurs de la société civile, les entreprises. C'est ce qui
permet justement de suivre un peu plus facilement, je pense, l'évolution
technologique, l'évolution de la société. Mais c'est également important que
les ministères se parlent, puis c'est pour ça qu'on fait cette proposition-là
aussi, dans le Comité ministériel de l'économie et de l'environnement, que ça
soit quand même un thème qui revient régulièrement dans les rencontres, pour
qu'évidemment les ministères puissent se parler et puis que ça puisse, dans le
fond, affecter positivement le résultat, si je peux me permettre de dire ça.
M. Chassin :
Bien, en fait, je suis convaincu qu'avec des projets de loi réguliers ça va
être certainement le cas. Puis, effectivement, je pense qu'au comité-conseil
les avis, tant des différents groupes que de vos membres, notamment, sont vraiment
bienvenus, puisque, notamment, à la dernière rencontre du comité-conseil, vous
aviez soulevé les activités, disons, plus touristiques, là, liées… en milieu
agricole, donc liées à l'agrotourisme, et tout ça, ce qui se retrouve, effectivement,
dans notre projet de loi. Donc, je pense qu'on a là peut-être un bon moyen,
mais j'entends ce que vous nous dites. J'aimerais attirer votre attention
sur l'aspect, là, tu sais, les aspects du secteur minier. On a vu que, dans le projet
de loi, il y a quand même plusieurs éléments, puis, dans votre mémoire, vous le
soulignez, il y a plusieurs éléments dont vous vous félicitez, donc je pense
qu'il y a quelque chose d'intéressant. Je sais que, comment dire, le Québec a
varié, là, notamment dans le classement de l'attractivité des investissements
miniers dans l'Institut Fraser, on a bougé. À un moment donné, on était…
M. Chassin :
...il y a plusieurs éléments dont vous vous félicitez, donc je pense qu'il y a
quelque chose d'intéressant. Je sais que, comment dire, le Québec a varié, là,
notamment dans le classement de l'attractivité des investissements miniers dans
l'Institut Fraser. On a bougé. À un moment donné, on était en pole position, on
a reculé, là on revient, je pense, à quelque chose d'assez enviable. L'idée
étant qu'on puisse simplifier, effectivement, les démarches pour les
entreprises dans ce secteur-là, sans, évidemment, compromettre les objectifs de
la réglementaire.
Là, vous, vous parlez du projet de loi
n° 102, là. Je vous avoue que je vais peut-être le laisser de côté, parce
que de réconcilier deux projets de loi, dont un qui est peut-être un peu
moins... en tout cas, avec lequel je suis moins familier, là, en toute
honnêteté, ça serait quelque chose peut-être de plus difficile. Mais, ceci
étant, est-ce que vous avez le sentiment général que l'ensemble des mesures qui
sont dans le projet de loi sont à la fois des allègements réglementaires et à
la fois ne compromettent pas les objectifs de la réglementaire? Est-ce que
c'est votre sentiment?
M. Lavigne (Mathieu) :
Oui, absolument. Là-dessus, je vais intervenir. Effectivement, comme notre
mémoire le dit, toutes les mesures qu'il y a dans le projet de loi sur le
secteur minier, on est d'accord. Et d'ailleurs on les appuie, il y a beaucoup
de bonnes mesures, notamment l'augmentation de la période de validité du claim
de deux à trois ans pour la première, les possibilités un peu plus en
agrandissement aussi de territoires miniers, c'est des mesures qui sont très
positives. C'est pour ça qu'on vous fait des propositions qui sont plus des
ajouts.
Puis, dans le cas du projet de loi
n° 102, bien, effectivement, c'est parce qu'effectivement, sans rentrer
dans le détail du 102, c'est qu'on a vu deux projets de loi être déposés la
même semaine, et il semble y avoir, selon nous, une contradiction entre ce que
proposent les deux. Donc, d'où ce que mon collègue disait, l'importance que les
ministères se parlent. Puis on aura sûrement l'occasion d'en parler au ministre
de l'Environnement, là, sur le projet de loi n° 102.
Mais effectivement les mesures qu'il y a
dans le projet de loi pour le secteur minier sont positives. On pense qu'on
peut aller un petit peu plus loin, notamment en regroupant les formulaires de
compte rendu annuel de travaux. C'est une demande qui vient beaucoup, beaucoup
de l'industrie, notamment des petites sociétés d'exploration qui ont souvent
beaucoup de claims, mais qui ont peu de moyens pour remplir les nombreux
formulaires du gouvernement. Mais les mesures qui sont dans le projet de loi
sont positives.
M. Chassin :
Excellent. Parce qu'effectivement, à tout le moins, moi, c'est un peu ma
compréhension, là, quand on remplit à une date précise les formulaires plutôt
qu'à la date anniversaire de chaque claim, bien, à tout le moins, là, ça permet
d'avoir, comment je dirais, une horizontalité de l'information, c'est-à-dire
qu'on peut avoir la même information sur plusieurs formulaires en même temps
puisque souvent les projets des minières se déroulent sur plusieurs claims.
Donc, je comprends tout à fait votre demande, là, c'est quelque chose qui est
intéressant, surtout s'il s'agit d'avoir une même information puis de
dire : Bien, ceci confirme les claims x, y, z, etc.
Est-ce que, dans la comparaison... Puis
moi, je trouve ça intéressant, là, de se comparer aux meilleures pratiques
ailleurs. Est-ce que vous avez l'impression qu'il y a encore des possibilités
d'amélioration par rapport à des meilleures pratiques...
M. Chassin :
…x, y, z, etc.
M. Lavigne (Mathieu) :
Voilà.
M. Chassin :Est-ce que dans la comparaison… Puis, moi, je trouve ça
intéressant, là, de se comparer aux meilleures pratiques ailleurs. Est-ce que
vous avez l'impression qu'il y a encore des possibilités d'amélioration par
rapport à des meilleures pratiques qui se dérouleraient dans d'autres
juridictions ayant aussi des normes environnementales et sociales élevées? Est-ce
que c'est ce que je comprends aussi de vos… de votre intérêt pour le secteur
minier?
M. Noël
(Philippe) : Bien, en fait, je vais commencer une réponse puis
je vais laisser mon collègue Mathieu compléter évidemment. On a des règles beaucoup
contraignantes au Québec souvent par rapport aux autres juridictions autour. Et
ça, ça peut affecter vraiment la compétitivité du Québec puis il faut en être
bien conscient. Puis des règles, des règles contraignantes, il y a des règles
qui sont compréhensibles et légitimes. Mais quand des États autour de nous vont
complètement à l'opposé, et que les processus d'autorisation ne prennent pas
deux ans à obtenir, mais bien deux semaines à obtenir, c'est certain que pour
attirer des investissements privés au Québec, pour développer des projets,
c'est plus compliqué, puis ça il faut en être conscient. On a quand même une
concurrence féroce autour de nous dans d'autres juridictions. Ça fait que, ça,
il faut garder ça en tête quand on fait des mesures d'allégement réglementaire administratif.
Puis je laisserais mon collègue Mathieu compléter.
M. Lavigne (Mathieu) :
Bien, effectivement, juste brièvement, c'est qu'on a des règles très strictes.
C'est très bien. C'est bien encadré. Je pense que ça devrait rassurer la
population et le voisinage. Mais ce que les entrepreneurs s'attendent, c'est à
ce qu'il y ait une certaine contrepartie sur le fait qu'ensuite on les aide
davantage à mener à bien les projets surtout, comme on le mentionne dans le
mémoire, quand ils sont actifs dans des filières comme les minéraux critiques
et stratégiques, qui contribuent à nos objectifs de lutte contre les
changements climatiques, qui contribuent à développer une économie verte. Bien,
c'est sûr qu'il y a des attentes sur le fait qu'ils s'attendent à être un peu
plus accompagnés et soutenus par le gouvernement. Le projet de loi 103 est
une réponse en partie à ça, c'est une première réponse, mais on pense qu'on
peut aller effectivement toujours plus loin.
M. Chassin :
D'accord. Bien, en tout cas, je trouve ça très intéressant. Je vois que
clairement vous avez différentes idées pour la suite des choses. C'est sûr que
là on a un premier exercice devant nous, là, donc on se concentre sur un
certain nombre de mesures peut-être limitées. Mais de sentir qu'on a des
encouragements de la part de certains groupes qui souhaitent qu'on puisse éventuellement
aller plus loin et être innovant dans toutes sortes de secteurs, je trouve ça
bien. Je tiens à mentionner que vous avez parlé des bacs à sable
réglementaires…
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. C'est tout…
M. Chassin :
Ah oui, hein, c'est terminé.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Ah! mais oui, hein?
M. Chassin :
Mais donc je tiens à le mentionner. Je vous en félicite et je l'apprécie
beaucoup. Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est bien. Alors, nous poursuivons la période
d'échanges avec l'opposition officielle et le député de Nelligan. Vous disposez
de 11 minutes.
M. Derraji : Merci, Mme
la Présidente, mais je tiens à rassurer le collègue député de Saint-Jérôme que
je vais revenir aux bacs à sable, parce que, moi aussi, j'ai aimé.
Messieurs, merci. Merci, premièrement,
pour la qualité du rapport, c'est, je seconde les propos de mon collègue de
Saint-Jérôme, un excellent rapport…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...disposez de 11 minutes.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente, mais je tiens à rassurer le collègue député de Saint-Jérôme que je
vais revenir aux bacs à sable, parce que, moi aussi, j'ai aimé.
Messieurs, merci. Merci, premièrement,
pour la qualité du rapport, c'est, je seconde les propos de mon collègue de Saint-Jérôme,
un excellent rapport, de très bonnes idées. Je reconnais l'arrière-plan du 11e
étage du 555, boulevard René-Lévesque. Mes salutations. Je vois le beau soleil.
Donc, il arrive beaucoup de choses sur cet étage, le 11e étage, hein?
M. Noël (Philippe) :
En effet.
M. Derraji : Je vous rassure, il
n'y a que des bonnes choses. J'ai été... j'ai travaillé dans cet étage, hein,
le 11e étage, hein? On parle travail, hein?
Une voix : ...
M. Derraji : Non, non, non! Je
tiens à le préciser, le député de Saint-Jérôme est au courant. Au moins, il y a
quelqu'un qui va me seconder. Bon. Mais, blague à part, merci pour le rapport.
Il y a beaucoup de choses. Je vais essayer
vraiment d'utiliser le 11 minutes que j'ai, mais je vais aller droit au but.
TEQ, Transition énergétique Québec, je me rappelle, ça a été aboli par le
présent gouvernement. Vous avez parlé beaucoup en bien du TEQ. Mais aujourd'hui,
on ne va pas refaire le débat sur TEQ, j'ai déjà exprimé notre point de vue par
rapport au TEQ lors de la commission parlementaire, et même au salon bleu. Mais
ce que j'ai aimé, c'est que vous dites que, «compte tenu de tous ces constats,
la FCCQ croit que le Plan pour une économie verte doit s'assurer que la
lourdeur administrative retrouvée à l'époque sera allégée.» Est-ce que vous
pensez que, du moment qu'on est dans la semaine de la COP, et la semaine
prochaine c'est la COP, et avec le Plan vert, avec tout ce qu'on compte faire
avec l'économie, est-ce qu'on fait fausse route si on ne réduit pas
l'allégement réglementaire par rapport à cet aspect, ou bien vous pensez que le
fait d'incorporer TEQ au sein du ministère va alourdir la tâche pour les
entreprises qui faisaient affaire à l'époque avec TEQ?
• (11 h 50) •
M. Noël (Philippe) :
Oui. En fait, notre proposition pour Transition énergétique Québec — on
comprend que ça a été intégré évidemment au MERN — c'est que pour
nous, ça servait d'exemple, en fait, d'agilité, c'est pour ça qu'on a tenu à en
parler dans le mémoire. C'est que les programmes gouvernementaux font souvent
face à des contraintes administratives puis à un paramètre qui est très rigide
associé à ces programmes-là et guidé par des règles du Secrétariat du Conseil
du trésor. Souvent, il y a des dates butoirs à respecter, et, si le projet
dépasse ces dates-là, bien, ils n'obtiennent pas la subvention, par exemple.
Donc, c'est pour ça. Avec TEQ, ce n'était pas le cas, là. Puis, si on regarde
en fait dans l'atteinte des objectifs que Transition énergétique Québec avait
dans ses programmes du Fonds vert à l'époque, ils remplissaient très bien leurs
objectifs, alors qu'il y avait d'autres programmes du Fonds vert à l'époque qui
ne remplissaient pas du tout leurs objectifs, et même qui avaient de l'argent
qui n'était pas dépensé, étant donné toutes sortes de règles qui étaient très,
très, très contraignantes et restrictives du Conseil du trésor. Donc, TEQ étant
une société d'État, ça venait déroger à ces règles-là, mais ça permettait, par
exemple via Technoclimat, d'avoir des subventions beaucoup plus rapidement.
Donc, c'est pour ça qu'on en parle comme exemple, là, dans notre mémoire.
M. Derraji : Oui. Mais vous
avez raison, et je le partage, parce que je me rappelle à l'époque le rapport
de gestion de...
M. Noël (Philippe) :
...restrictives du Conseil du trésor. Donc, TEQ étant une société d'État, ça
devenait déroger à ces règles-là, mais ça permettait, par exemple, via
Technoclimat, d'avoir des subventions beaucoup plus rapidement. Donc, c'est
pour ça qu'on en parle comme exemple, là, dans notre mémoire.
M. Derraji : Mais vous avez
raison, et je le partage, parce que je me rappelle, à l'époque, le rapport de
gestion de TEQ, l'atteinte des objectifs, elle était beaucoup plus rapide. Ma
crainte, maintenant, c'est qu'on parle de bureaucratie, on parle d'allègement réglementaire,
surtout si on veut atteindre des réductions de GES, accompagner les entreprises
qui vont faire le virage vert, selon vous... Parce qu'au fond, je veux juste
comprendre pour ramener ça au projet de loi n° 103 maintenant. Et-ce que
ce que vous proposez, est-ce qu'on doit l'amender? Du moment qu'on parle que,
parmi les secteurs ciblés, donc ce terme... qu'on a devant nous, c'est la
protection... Est-ce que vous voulez que nous, en tant que parlementaire, on
pense à ça? Est-ce que vous pensez que c'est la place, cet omnibus?
M. Noël (Philippe) :
Bien, c'est une très bonne question. Moi, je pense, en fait, que TEQ a
constitué quand même plusieurs réussites par le passé. Là, il y a eu des
changements dans le Plan pour une économie verte. Nous, ce qu'on demande, c'est
que chaque programme puisse avoir une bonne évaluation de leur performance de
manière beaucoup plus régulière, à chaque année, et s'assurer que les sommes,
les sous qui sont sur la table puissent être pleinement dépensés et accessibles
aux entreprises. Si le projet de loi n° 103 représente un véhicule pour
aller dans ce sens-là, c'est certain qu'on serait contents puis qu'on
appuierait ces mesures-là. L'idée, c'est d'amener des entreprises, évidemment,
à modifier certains de leurs comportements. Nous, on ne croit pas à la
coercition, on croit plus à l'accompagnement pour acquisitions technologiques
entre autres, de technologies vertes. Donc, voilà.
M. Derraji : C'est très clair,
M. Noël. On va essayer de voir qu'est-ce qu'on peut faire dans le cadre de ce
projet de loi. Mais l'avantage, c'est qu'en face de vous, je parle de... je ne
vais pas parler au nom de mes autres collègues, mais j'en suis sûr et certain
que l'intérêt sera partagé. J'ai aussi d'autres porte-parole en économie. Je
suis porte-parole en économie, et l'économie verte m'intéresse. Donc, si vous
voyez que... Parce que c'est quand même un son de cloche que vous levez
aujourd'hui, hein? Parce que c'est la première fois depuis l'abolition de TEQ
que j'ai un groupe qui vient nous lever un drapeau. Au fait, je n'ai pas insisté,
en tant que membre de cette commission, que ce qu'on voit aujourd'hui, ce n'est
pas ce qui a été vendu à l'époque de l'abolition de TEQ et... au ministère de
l'Environnement.
Ceci étant dit, si vous voyez qu'il y a
encore des embûches pour les entreprises qui veulent entreprendre le virage
vert, parce qu'au bout de la ligne, la motivation de l'ensemble des députés,
des parlementaires, c'est l'atteinte des objectifs de réduction de GES,
n'attendez pas une autre commission, n'attendez pas un autre projet de loi,
levez le drapeau. Vous savez où me joindre et comment me joindre, et vous avez
mon e-mail. Donc, on va essayer de voir qu'est-ce qu'on peut faire dans le
cadre de cet omnibus. C'était très clair, votre point. Il est très bien
documenté, sachant... Au fait, j'ai moi-même suivi les discussions sur TEQ.
Donc, c'est sûr qu'il va y avoir une suite à cet aspect.
L'autre point...
M. Derraji : …c'était très
clair, votre point. Il est très bien document… Au fait, j'y ai moi-même suivi
les discussions sur… Donc, c'est sûr qu'il va y avoir une suite à cet aspect.
L'autre point… O.K., l'autre point au
niveau des contrats à commandes, est-ce que la FCCQ a été interpellée? Est-ce
que vous voyez ça d'un bon oeil? Parce qu'hier la FQM disait cinq ans,
l'UMQ disait qu'il… vivre avec trois et cinq, c'est du pareil au même. J'ai
demandé à la FQM de nous donner des arguments pour convaincre les autres
collègues de dire : Bon, on doit aller à cinq ans. Mais c'est quoi,
les éléments sur lesquels on doit se baser? Vous, en tant que FCCQ, ou les…
Chez vos membres, c'est des entreprises, comment vous voyez cette prévisibilité
pour vos membres? Est-ce que c'est une bonne chose, trois ans? Est-ce que c'est
une bonne chose, cinq ans?
M. Noël (Philippe) :
Bien, écoutez, là-dessus, sur le trois ans, moi, je pense qu'on peut aller
de l'avant avec le trois ans, puis on vérifiait par la suite s'il n'y a
pas lieu d'améliorer ça. Mais sur le trois ans, on était tout à fait
confortables. En fait, c'est sûr qu'on voit une amélioration juste par le fait
de ne pas devoir refaire ça aussi régulièrement, alors que c'est les mêmes
fournisseurs, les mêmes entreprises qui s'est déjà préqualifiés. Donc, ça,
c'est un bon exemple de mesures aussi pour les marchés publics.
M. Derraji : Mais que
dites-vous à l'argument de cinq ans? Est-ce que vous être contre
cinq ans?
M. Noël (Philippe) :
Non, non, je ne suis contre, cinq ans, je dis juste qu'on est confortables
avec le trois ans, sans problème.
M. Derraji : Vous êtes
confortable avec la version actuelle du projet de loi à trois ans, mais
vous n'êtes pas contre la demande la FQM à cinq ans.
M. Noël (Philippe) :Absolument. Non, on n'est pas contre. De toute façon, la FQM
parle au nom des municipalités. Nous, les entreprises, évidemment, si on va
vers cinq ans, ça demande encore moins d'allègement, donc c'est sûr qu'on
ne va pas… Bien, ça demande moins de processus, donc c'est sûr qu'on va être
favorables.
M. Derraji : Oui, oui, mais
c'est ça. Parce que j'ai eu le point de vue des municipalités hier, ça, ça a
été clair, FQM, UMQ. Maintenant, le point de vue des entreprises : Est-ce
que, selon vous, c'est plus de prévisibilité si on a cinq ans versus
trois ans ou vos entreprises ou vos membres vont vire avec trois et
cinq ans, il n'y a aucun changement?
M. Noël (Philippe) :
Bien, c'est une bonne question, je pense qu'il faudrait analyser les pour et
contre de passer trois à cinq ans. Est-ce qu'une entreprise, par exemple,
qui veut s'inscrire davantage dans les appels d'offres, de travailler aux
municipalités, est-ce qu'elle ne se trouve pas pénalisée si le délai est plus
long avant de refaire le processus? Il y a aussi cet enjeu-là. Je pense qu'il
faut que ça fasse partie de cette réflexion-là parce que l'accessibilité des
entreprises aux marchés publics québécois, que ce soit au gouvernement du
Québec ou dans les municipalités, c'est un enjeu qu'on entend beaucoup aussi.
Il y a une perception que c'est très compliqué, donc, si on élargit ça à cinq ans,
peut-être c'est plus complexe.
M. Derraji : Merci beaucoup.
Je vais terminer avec la CPTAQ. Vous êtes pour le morcellement des terres?
Hier, on a eu un exemple parfait d'un maraîcher. Il parle d'un hectare. Pour
vous, le type d'activités, c'est quelque chose que vous encouragez?
M. Noël (Philippe) :
Oui, en fait... bien, les activités qui mettent en valeur, en fait, les
producteurs agricoles et qui font en sorte que ça permet d'avoir peut-être une
meilleure relation…
M. Derraji : ...hier on a eu un
exemple parfait d'un maraîcher. Il parle d'un hectare. Pour vous, le type
d'activités, c'est quelque chose que vous encouragez?
M. Noël (Philippe) :
Oui, en fait... bien, les activités qui mettent en valeur, en fait, les
producteurs agricoles et qui font en sorte que ça permet d'avoir peut-être une
meilleure relation entre les entrepreneurs agricoles et la clientèle ou les
gens qui veulent découvrir un peu plus ce qu'elles font.
M. Derraji : Est-ce que c'est
dans ce sens que vous suggérez le lancement du projet pilote, genre
consommation sur place dans des restaurants licenciés, de vendre sur place des
boissons infusées au cannabis?
M. Noël (Philippe) :
Oui, bien, c'est une proposition qu'on avait déjà faite dans le projet de loi n° 72, qu'on a étudié il y a un petit moment.
Effectivement, c'est que ces produits-là sont déjà disponibles à la SQDC, et
donc ce qu'on propose, c'est : Pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas, par
exemple, dans un projet pilote, dans des restaurants ou des établissements qui
seraient, tu sais, licenciés, encadrés, que ces produits-là déjà vendus à la
SQDC puissent être consommés dans ce contexte-là? Parce que ça se discute déjà
à l'extérieur du Québec, cette possibilité-là. Donc, ce qu'on veut, c'est qu'on
ne rate pas le train.
M. Derraji : Donc, ce n'est
pas des points de vente de la SQDC, mais plutôt des restaurants avec des
licences qui vont utiliser les produits de la SQDC dans un environnement
contrôlé dans le cadre de ce que vous dites vous, les autres mesures concernant
l'agroalimentaire. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Noël (Philippe) :
Exactement. C'est qu'en ce moment ils sont vendus seulement à la SQDC, mais ce
qu'on propose c'est qu'on puisse évaluer la possibilité de les vendre ailleurs,
par exemple dans un restaurant, mais ça pourrait être dans un établissement en
zone agricole ou, peu importe. Le point, c'est de tester la chose pour voir
est-ce que ça fonctionne avec nos objectifs de santé publique pour rendre ces
produits-là disponibles ailleurs, dans la perspective où d'autres juridictions
ailleurs qu'au Québec évaluent ça. Donc, l'enjeu, c'est de ne pas rater le
train, tu sais, qu'on ne soit pas largués pendant que d'autres autour de nous
évaluent cette possibilité-là.
M. Derraji : O.K. Combien?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Zéro.
M. Derraji : Zéro? Zéro
minute. Aïe, merci à vous deux, c'est toujours agréable l'échange avec vous.
Merci pour votre passage.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci, député de Nelligan. Nous poursuivons cette fois-ci avec la
députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Merci, monsieur, pour votre présentation. Moi, j'ai une question
par rapport au fait que vous demandez de déposer un projet de loi à chaque
année, parce que vous parlez, par exemple, de rendre permanent le comité
externe qui existe déjà. Pourquoi est-ce que vous ressentiez ce besoin-là?
Est-ce que, dans le fond, vous vous dites : Bien, pendant l'année, il va y
avoir toutes sortes de projets de loi qui vont être adoptés, donc il faudrait
comme corriger le tir à chaque année pour... par exemple, je pense à
l'abolition de TEQ, je ne répéterai pas tout ce que mon collègue a dit parce
que j'ai peu de temps, je suis d'accord avec ça. On était aussi contre parce
que ça alourdissait puis là vous en parlez.
• (12 heures) •
Vous avez aussi, pour... comment on
appelle ça, là... pour s'assurer de l'achat local, c'est les appels... j'ai un
blanc de mémoire, c'est-à-dire que les contrats... les appels d'offres
publics... c'est ça, donc, vous avez plusieurs mesures aussi là-dedans,
plusieurs... alors qu'on le sait qu'avec le projet de loi n° 37,
le Centre d'acquisitions gouvernementales centralisait les achats et allaient à
l'encontre des propositions que vous faites. Est-ce que c'est ça, l'esprit et
la raison...
12 h (version non révisée)
Mme Ghazal : …j'ai un
blanc de mémoire. C'est-à-dire que les contrats… les appels d'offres publics,
c'est ça. Donc, vous avez plusieurs mesures aussi là-dedans, plusieurs… alors
qu'on le sait qu'avec le projet de loi n° 37 le centre d'acquisition
gouvernemental centralisait les achats et allait à l'encontre des propositions
que vous faites. Est-ce que c'est ça l'esprit et la raison pour laquelle vous
demandez un projet de loi annuel?
M. Noël
(Philippe) : Ah! oui. Bien, en fait, quand le gouvernement a
signifié son intention de déposer un projet de loi chaque année, un omnibus sur
l'allégement réglementaire et administratif, nous, on était très heureux de ça,
mais on veut simplement s'assurer que s'il y a un changement de gouvernement
après la prochaine élection ou s'il arrive quoi que ce soit, bien que
l'engagement du gouvernement soit maintenu. Donc, c'est pour ça qu'on fait
cette proposition-là à la loi sur le ministère de l'Économie et de
l'Innovation. Pour nous c'est important, parce que comme je le mentionnais plus
tôt, la réglementation est évolutive, même les processus administratifs aussi
changent. C'est important que ça suive, en fait, le cours de la société et le cours
de ce qui passe même à l'extérieur du Québec, là.
Mme Ghazal : Puis c'est
ça, c'est de le mentionner, ce n'est pas juste l'intention du gouvernement.
Puis pour revenir rapidement à TEQ, qu'est-ce que vos membres vous ont dit
depuis le temps que ça a été aboli, est-ce qu'il y a eu assez d'expériences ou
c'est juste une… c'est la même crainte qu'on avait avant? C'est quoi
l'expérience actuelle avec le MERN?
M. Noël
(Philippe) : Bien, en fait, on n'a pas encore d'échos là-dessus
pour le Plan pour une économie verte, ça… Mais c'est sûr qu'on surveille ça, on
surveille aussi l'efficacité des mesures du Plan de mise en oeuvre 2021-2026.
Nous, je pense qu'à pratiquement chaque comité sur l'environnement de la FCCQ,
énergie environnement, on en parle, en fait, de ça, donc pour nous c'est ultra important
de suivre l'évolution, de s'assurer que les sommes qui sont disponibles pour
les entreprises pour améliorer leur performance environnementale puissent être
disponibles rapidement et c'est pour ça qu'à l'époque du projet de loi
n° 44 on avait fait valoir, en fait, cette préoccupation-là de l'abolition
de TEQ. Maintenant, il faut s'assurer aussi que ça demeure aussi agile. Ce
qu'on nous dit du côté du ministère, c'est qu'ils vont s'assurer de suivre
l'exemple que TEQ avait, mais ça sera à vérifier et on pourra vous en reparler
éventuellement.
Mme Ghazal : Très bien.
Merci. Merci beaucoup.
M. Noël
(Philippe) : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous poursuivons avec la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. Noël, M. Lavigne. Ça fait drôle
de vous voir sans les murs jaunes de l'Assemblée nationale derrière. Un tout
nouveau décor. Mais heureuse de te retrouver. Je ne vais pas aller directement
sur le… bon, le bac à sable réglementaire parce que je manque de temps, mais je
vois justement M. Guay qui est avec nous ici puis qui a participé au
projet de loi sur l'hébergement touristique, puis c'est vrai que pour
moderniser l'industrie, on avait mis en place le concept de projet pilote pour
sortir des fois un peu du cadre réglementaire, donc il y a vraiment quelque
chose d'intéressant qui sera certainement discuté dans les prochaines heures de
travaux parlementaires. Concernant le transfert progressif, j'ai trouvé ça
intéressant de vous entendre, parce qu'on sait que c'est difficile pour des
entrepreneurs quand les familles ne veulent pas reprendre nécessairement…
Mme Perry Mélançon : …le
concept de projet pilote pour sortir des fois un peu du cadre réglementaire.
Donc, il y a vraiment quelque chose d'intéressant qui sera certainement discuté
dans les prochaines heures de travaux parlementaires.
Concernant le transfert progressif, j'ai
trouvé ça intéressant de vous entendre, parce qu'on sait que c'est difficile
pour des entrepreneurs, quand les familles ne veulent pas reprendre
nécessairement, puis c'est une grosse bouchée, 50 % plus un, je comprends
exactement ça. Est-ce que vous pouvez nous dire un peu dans quel secteur vous
êtes le plus interpellés sur cette situation-là? Bon, puis qu'est-ce qui peut
être fait à l'intérieur de ce projet de loi là, rapidement, pour donner un coup
de main?
M. Noël (Philippe) :
Bien, en fait, il n'y a pas de secteur, je vous dirais, plus particulièrement,
mais c'est certain que c'est des PME qui nous en ont parlé beaucoup. Il y a
quand même 32% des propriétaires de PME qui ont démarré au Québec par le biais
du repreneuriat, puis il y a une proportion quand même importante qui souhaite
céder leur entreprise aussi au cours des prochaines années. Il y a eu des
mesures au gouvernement fédéral, dans les dernières années, qui pénalisaient le
transfert intergénérationnel pour un membre d'une même famille d'une
entreprise, versus céder à un tiers, qui était une bataille qu'on avait à la
fédération, une grande, grande bataille, là, qu'on a eue avec le fédéral. Il y
a eu des améliorations récemment, là, mais ça a pris quelques années.
Et parallèlement, au Québec, le Québec, en
2017, je pense, avait revu certaines mesures, là, justement pour favoriser, en
fait, le transfert d'entreprise, mais il demeurait cette mesure-là qui n'a
toujours pas été corrigée à ce jour, c'est-à-dire… aller d'une manière plus
progressive ou de permettre des transferts progressifs pour bénéficier de
l'exonération fiscale qui accompagne, en fait, le transfert d'entreprise.
Actuellement, il faut céder plus que 50 % plus un de son entreprise pour
pouvoir bénéficier de ça, et ce n'est pas tous les entrepreneurs qui sont en
mesure de le faire. Donc, c'est pour ça qu'on pense que parmi les mesures
d'allègement réglementaire, là, ça pourrait être une très bonne mesure qui
permettrait de valoriser le repreneuriat et le transfert d'entreprise.
Mme Perry Mélançon : Et on…
Mme la Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
11 secondes.
Mme Perry Mélançon : Mais je
vous remercie de votre en commission, et on va sûrement se retrouver à un autre
projet de loi, éventuellement. Merci.
M. Noël (Philippe) :
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci, M. Noël, M. Lavigne, pour votre contribution exceptionnelle,
effectivement, de ce matin, pour votre contribution aux travaux et à
l'avancement, là, des travaux de la commission.
Alors, la commission suspend ses travaux
jusqu'à 15 h 55. Alors, merci, et bon dîner à toutes et à tous.
Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 5)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 55)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bienvenue. Bonjour. La Commission de l'économie et du travail reprend
ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons la consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 103, Loi
modifiant diverses dispositions législatives principalement aux fins
d'allègement du fardeau administratif.
Cet après-midi, nous entendrons les organismes
suivants : Équiterre, Centre québécois du droit de l'environnement, l'Association
de l'exploration minière du Québec. Je souhaite maintenant la bienvenue à
M. Viau de l'organisme Équiterre. Alors, écoutez, M. Viau, je vais
vous laisser la parole. Mais, avant de commencer votre exposé de
10 minutes, je vous invite à bien vous présenter.
M. Viau (Marc-André) : Merci,
Mme la Présidente. Cette présentation fait partie de l'exposé, donc si je peux
y aller d'un coup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, allez-y d'un coup.
M. Viau (Marc-André) : Parfait.
Mme la ministre, Mme la Présidente, Mmes et MM. membres de la commission, merci
de nous recevoir aujourd'hui. Je m'appelle Marc-André Viau et je suis directeur
des relations gouvernementales chez Équiterre.
Merci de nous recevoir pour échanger sur
le projet de loi n° 103, intitulé Loi modifiant diverses dispositions
législatives principalement aux fins d'allègement du fardeau administratif, qui
a été déposé le 6 octobre dernier. L'intervention d'Équiterre concerne
principalement les changements apportés à la Loi sur la protection du
territoire et des activités agricoles qu'on retrouve aux articles 66 à 81.
Je suis malheureusement seul devant vous aujourd'hui parce que ma collègue
Nadine Bachand, qui est notre experte, notre analyste principale en agriculture...
M. Viau (Marc-André) : ...que
déposé le 6 octobre dernier. L'intervention d'Équiterre concerne principalement
les changements apportés à la Loi sur la protection du territoire et des
activités agricoles qu'on retrouve aux articles 66 à 81. Je suis malheureusement
seul devant vous aujourd'hui parce que ma collègue, Nadine Bachand, qui est
notre experte, notre analyste principale en agriculture climatique est
présentement dans le champ littéralement pour documenter les initiatives
d'agriculture régénérative sur lesquelles on travailler avec certains
producteurs.
Avant de commencer sur l'agriculture,
permettez-moi de souligner une curiosité de ce projet de loi là. Je vous
avertis tout de suite, ce n'est pas dans notre mémoire. L'article 19 du
projet de loi n° 103 abolit la loi sur les matériaux de rembourrage.
Jusqu'ici, tout va bien. Là, où ça coince, c'est que l'article 1 de la loi
sur les matériaux de rembourrage définit le métier de rembourreur. Alors, dans
cet article 1, on définit les rôles d'un fabricant, d'un artisan et d'un
réparateur. En abrogeant la loi, on enlève aussi le permis qui vient avec le
métier. Donc, le consommateur va inévitablement se poser la question : À
qui je confie les meubles que je veux faire rembourrer? Ce que je me pose comme
question, c'est si l'allègement réglementaire proposé dans ce projet de loi vient
effectivement faire disparaître le métier de rembourreur ou si c'est codifié
ailleurs. Donc, c'est une question à laquelle je n'ai pas de réponse encore.
Dans la poursuite de nos objectifs de lutte contre la crise climatique, il faut
valoriser l'économie circulaire et les métiers liés à la réparation. C'est la
raison de ma curiosité.
C'était un bien long préambule, je vous
l'accorde, pour aboutir à l'objet principal. Alors, je vais commencer par la
conclusion. Comme ça, tout le monde aura le punch en partant. On est favorable
au principe de ce projet de loi qu'on retrouve à l'article 67 concernant
les changements proposés à la LPTAA, c'est-à-dire l'inclusion de la diversité
de modèles nécessitant notamment des superficies variées dans la définition de
l'agriculture. On rejoint les propos que vous avez entendus hier de la part de
Jean-Martin Fortier, par exemple. On croit que la diversité des usages devrait
s'accompagner d'une diversité des pratiques et des cultures pour atteindre nos
objectifs en agriculture durable et en alimentation saine et locale.
On est favorable au prince, comme on l'a
dit il y a un peu moins de deux mois dans notre mémoire dans le cadre des
consultations des la stratégie nationale d'urbanisme et d'aménagement des
territoires. On disait qu'il faudrait, et je cite notre mémoire «autoriser dans
la zone agricole permanente des activités de production agricole et de
transformation qui utilisent des petites superficies de terre et mettre en
place un mécanisme afin que ces terres morcelées restent dédiées aux projets
agricoles». Et là j'attire votre attention sur la deuxième partie de la
recommandation, donc que les terres morcelées restent dédiées aux projets
agricoles, ce que M. Fortier a souligné, lui aussi, sans mettre nécessairement
l'accent là-dessus.
• (16 heures) •
Notre recommandation est explicite quant à
la nécessité de protéger la vocation agricole des lots morcelés. Elle est
également intégrée dans un ensemble de recommandations portant sur une
meilleure protection du territoire agricole. On ne peut pas lire cette
recommandation-là indépendamment de la nécessité de traiter le territoire
agricole québécois comme un patrimoine collectif et une véritable ressource
stratégique, ce que ce projet de loi là ne fait pas. L'absence de cette...
16 h (version non révisée)
M. Viau (Marc-André) : ...elle
est également intégrée dans un ensemble de recommandations portant sur une
meilleure protection du territoire agricole. On ne peut pas lire cette
recommandation-là indépendamment de la nécessité de traiter le territoire
agricole québécois comme un patrimoine collectif et une véritable ressource stratégique,
ce que ce projet de loi là ne fait pas.
L'absence de cette garantie de vocation
agricole dans le projet de loi actuel nous fait craindre que cette consécration
du morcellement des lots s'accompagne d'une accélération de l'accroissement des
périmètres d'urbanisation. C'est aussi précisément le cheval de Troie qui est
actuellement utilisé pour l'expansion des périmètres d'urbanisation. On
constate qu'il y a un certain flou, donc, qui est entretenu dans ce projet de
loi là sur ce qu'est une diversité de modèle sur des superficies variées et
qu'il faudrait mieux définir le tout. Je pense que les collègues de l'UPA
trouvaient aussi le langage peu clair. Un projet de loi ne devrait pas nous
mener à essayer de déchiffrer les intentions du législateur, mais plutôt de
nous aider à mieux les comprendre.
Je l'ai dit, on est en faveur du principe.
Personne n'est contre la tarte aux pommes, surtout si les pommes sont cultivées
au Québec. Mais comme tout bon projet de loi omnibus, et comme l'a dit le
député de Nelligan hier, le diable est dans les détails. C'est pour ça que
j'inviterai les membres de la commission à la prudence avant de faire des
changements bien intentionnés qui pourraient avoir un impact négatif ailleurs.
C'est pourquoi, on va le voir dans les commentaires plus détaillés, on
recommande de restreindre la portée des changements et de préciser certaines
orientations.
Ça nous amène à rentrer un peu plus en
détail dans le projet de loi. Une des choses qui saute aux yeux, c'est
l'article 70. Il n'y a aucune justification valable pour restreindre
l'accès à l'information comme c'est proposé dans le projet de loi. Je crois
comprendre que le CQDE en fera également la démonstration tantôt ou l'a fait, à
tout le moins, dans son mémoire. Et donc vous aurez également le même discours
de la part du CQDE.
La LPTAA stipule, à l'heure actuelle, que
toute personne a accès au bureau de la commission pour consulter les documents
déposés et en obtenir copie sur paiement des frais déterminés par règlement. La
loi n° 103 change la LPTAA pour restreindre à sept
catégories d'intervenants l'accès aux documents. On est d'avis que la
crédibilité de la décision rendue par la commission dépend de la qualité de la
documentation reçue et de la transparence du processus d'évaluation et que
l'article 70 mine la crédibilité de la décision.
En matière d'accès à l'information, le
gouvernement ne devrait pas faire du nivellement par le bas. Le système d'accès
à l'information est déjà à peine fonctionnel, et là on va renvoyer plus de
monde dans ce système-là s'ils veulent avoir accès aux documents qui ont servi
à prendre la décision de la CPTAQ. Le message envoyé par les législateurs dans
le projet de loi aux fins d'allègement du fardeau administratif, je le
rappelle, est que l'accès à l'information est un fardeau. On n'est pas d'accord
avec cette interprétation-là. On demande à la ministre de faire marche arrière
si elle veut conserver la confiance dans le système actuel, qui est déjà mise à
mal, faut-il le rappeler, par les décrets gouvernementaux qui vont à l'encontre
des décisions de la CPTAQ. Il y a plein d'exemples : centre de données de
Google à Beauharnois, hôpital de Vaudreuil, par exemple.
Je vais maintenant vous amener sur les
articles 68…
M. Viau (Marc-André) : …à la ministre
de faire marche arrière si elle veut conserver la confiance dans le système
actuel, qui est déjà mise à mal, faut-il le rappeler, par les décrets gouvernementaux
qui vont à l'encontre des décisions de la CPTAQ. Il y a plein d'exemples :
centre de données de Google à Beauharnois, hôpital de Vaudreuil, par exemple.
Je vais maintenant vous amener sur les
articles 68 et 69, qui concernent le rôle de la CPTAQ. On salue l'intégration
de l'idée de développement durable, c'est assez central au plan d'agriculture
durable, d'ailleurs, qui entraîne, dans une certaine mesure, une modification
des pratiques agricoles et de la structure des programmes de financement. Dans
notre mémoire sur la stratégie nationale d'urbanisme et d'aménagement des
territoires, on va plus loin. On recommande même de codifier… de confier à la
CPTAQ, pardon, le mandat de protéger aussi les milieux naturels agricoles en
raison de leur valeur écologique. Ça va dans le sens de l'intégration des
préoccupations de développement durable qui sont identifiées dans cet article
de loi.
On est moins favorables à la partie qui
parle de favoriser le développement des entreprises parce qu'on est d'avis que
ce rôle-là ne revient pas à la commission. La réalité, c'est que cet article-là
introduit un changement majeur dans le rôle de la commission, qui serait
maintenant chargée d'assurer le développement des entreprises agricoles. Pour
l'instant, c'est dans la loi, pas dans le mandant de la commission. Si on veut
illustrer ça, je dirai que c'est un choix entre une usine de poulets d'Olymel
ou le territoire agricole. On a vu cette décision-là récemment. Est-ce qu'on
veut vraiment industrialiser des sols vivants? Concrètement, c'est ça que ce
libellé-là peut entraîner. Donc, on ne croit pas qu'il est nécessaire de
modifier l'article 3 pour préciser la fonction de développement des
entreprises. On pense que la référence au développement des activités agricoles
est suffisante.
Un point à faire sur l'article 73. On dit
que «la municipalité régionale de comté ou la communauté peut identifier plus
d'un espace aux fins de sa demande d'exclusion». Dans la loi, en ce moment, la
municipalité présente une seule demande, qui est évaluée, et il y a une décision.
Ce qu'on dit maintenant, avec ce libellé-là, c'est que tu peux aller à la pêche
au dézonage, ce qui revient à demander à la commission de choisir entre les
différentes options, ce qui équivaut à faciliter le dézonage.
Donc, l'ajout de la sous-section b, au
premier alinéa, donne la perception d'un bar ouvert pour le dézonage. Si la MRC
ou une communauté veut dézoner pour un projet, c'est sa responsabilité
d'identifier le site nécessaire en fonction de ses besoins. Dans la formulation
actuelle, la MRC ou la communauté demande à la commission de choisir quel
terrain sera dézoné au lieu de demander si, oui ou non, la demande est
acceptée. C'est pour ça qu'on demande de retirer la sous-section b. La demande
sera aussi formulée par le CQDE dans des termes légaux qui seront probablement
plus précis que les miens. Je ne suis pas avocat, ils le sont.
J'aimerais faire un dernier point, en
conclusion, sur les articles 77 et 78, concernant la compensation et les
nouveaux pouvoirs accordés au ministre. Le projet de loi n° 103 inclut des
nouveaux pouvoirs de compensation au ministre sans baliser ces nouveaux
pouvoirs. On parle de mesures d'atténuation jugées suffisantes par le ministre,
notamment l'inclusion ou la réinclusion d'un lot dans la zone agricole. On aime
le principe de réinclusion dans la zone agricole. C'est aberrant…
M. Viau (Marc-André) :
...accordé au ministre. Le projet de loi n° 103 inclut des nouveaux
pouvoirs de compensation au ministre sans baliser ces nouveaux pouvoirs. On
parle de mesures d'atténuation jugées suffisantes par le ministre, notamment
l'inclusion ou la réinclusion d'un lot dans la zone agricole. On aime le
principe de réinclusion dans la zone agricole. C'est aberrant qu'après toutes
ces années les terres dézonées pour le projet Rabaska ne soient pas retournées
dans le giron agricole. Ce qu'on aime moins, par contre, c'est l'inscription du
principe de compensation dans la loi. C'est sûr qu'il serait possible
d'opérationnaliser des mesures d'atténuation jugées suffisantes par voie
réglementaire, encore faudrait-il qu'elles soient définies, ce qui n'est pas le
cas ici. Donc, le législateur a du travail à faire pour nous convaincre qu'il
faut accorder ces pouvoirs au ministre. Le principe d'évitement devrait avoir
préséance, ce qui n'est plus le cas si la compensation est inscrite dans la
loi, comme c'est le cas dans le projet de loi n° 103. Et je vais m'arrêter
là-dessus.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Merci beaucoup, M. Viau. Nous allons
commencer la période d'échange avec la ministre. Vous disposez de
16 min 30 s.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. M. Viau, bienvenu à la commission.
Merci pour ce mémoire, que j'ai passé d'un couvert à l'autre. Je vais
m'attarder sur quelques questions parce que j'ai des collègues aussi avec moi
qui ont travaillé très fort aussi sur ce projet de loi là et qui vont avoir
certainement des questions.
On va commencer dans un premier temps.
Justement, dans votre mémoire, vous affirmer que restreindre l'accès aux
documents déposés à la CPTAQ, vous en parlez, par les intervenants, ça fait que
protéger les renseignements de nature stratégique, n'a pas lieu d'être. C'est
ce que vous dites, vous l'avez bien exprimé. En fait, ma question est la
suivante : En demandant à la CPTAQ d'être plus ouvert, justement, aux
demandes de morcellement, est-ce que vous ne considérez pas... Et le fait de
limiter l'accès à ces informations à seulement un certain groupe, donc ce n'est
pas les villes, pas les MRC, mais des citoyens en général, parce qu'il en va
aussi de la viabilité des projets qui vont être déposés. Est-ce que vous ne
considérez pas que ça créerait un contexte, justement, favorable à
l'information et mènerait à un meilleur traitement des dossiers?
M. Viau (Marc-André) :
Je ne suis pas en mesure de juger du traitement... de la façon dont le dossier
sera traité. Ce que je sais, c'est qu'en ce moment cette information-là est
accessible et qu'on veut en retirer. Je peux comprendre qu'il peut y avoir des
informations stratégiques, mais, sur le principe de retirer des informations et
de renvoyer les gens qui voudraient avoir accès à ces informations-là vers
l'accès à l'information, je pense que c'est une erreur. Je pense qu'il doit y
avoir moyen... et, si c'est une question d'accélérer le traitement, bien là, on
parle plus d'une question d'embauche pour s'assurer qu'il y ait assez de gens
qui soient qualifiés et disponibles pour faire le traitement de ces
demandes-là. Je ne vois pas qu'est-ce qui justifie de revenir et de retirer de
l'accès à l'information... c'est déjà assez compliqué, dans beaucoup de
domaines, d'y...
M. Viau (Marc-André) :
...assez de gens qui soient qualifiés et disponibles pour faire le traitement
de ces demandes-là. Je ne vois pas qu'est-ce qui justifie de revenir et de
retirer de l'accès à l'information... c'est déjà assez compliqué, dans beaucoup
de domaines, d'y avoir accès. Si on enlève ça, ce qu'on voit, c'est une espèce
de nivellement par le bas. Parce qu'on est plus permissifs dans ce dossier-là,
il faudrait qu'on se ramène plus à quelque chose... à une norme. C'est le
principe auquel on ne peut adhérer.
Mme Lecours (Les Plaines) :
O.K. Vous ajoutez aussi à l'article 73, vous en avez parlé dans votre
allocution, à la sous-section b, et je le lis, là, pour le bénéfice de tout le
monde : «La municipalité régionale de comté ou la communauté peut
identifier plus d'un espace aux fins de sa demande d'exclusion.» Ça vous
semble, selon vous, problématique, et ça donne, comme votre expression, un bar
ouvert pour le dézonage. En fait, l'UPA a pourtant signifié être en faveur avec
cette modification. Moi, ce que je vous demande, c'est que vous ne trouvez pas
que ça apporte, justement, une cohérence gouvernementale, parce que ce sont les
MRC qui ont la responsabilité, que... c'est la proximité avec le territoire?
• (16 h 10) •
M. Viau (Marc-André) :
Et il y a des similarités et il y a des divergences avec l'UPA, puis on se
parle fréquemment, puis c'est des très bonnes conversations. J'y ai fait
référence un peu plus tôt, on a des positions qui sont similaires, là, de la
même manière qu'on a certaines positions similaires aussi avec celles de
M. Jean-Martin Fortier, qui, lui, ne s'entend pas nécessairement avec
l'UPA sur tout. Donc, c'est des enjeux qui sont complexes, c'est toutes des
réalités aussi qui sont très différentes aussi d'une région à l'autre,
l'agriculture.
Ce qu'on dit, c'est que, de la façon que
c'est formulé, dans notre interprétation, c'est qu'avant on avait une demande,
on allait, on faisait à la CPTAQ la demande pour exclure de la zone agricole
tel territoire pour pouvoir y faire tel usage. Maintenant, notre compréhension,
c'est qu'on peut dire : Bien, tels, tels, tels territoires peuvent être
identifiés, et là la commission, dans le fond, choisit à l'intérieur de ces
options-là. Mais on n'est plus dans une logique de : oui ou non, ou
seulement cette portion-là. On est dans une logique de : on te met devant
un fait accompli, là, c'est : il faut que tu choisisses le territoire.
Donc, c'est ce principe-là qui, à notre avis, devrait être revu.
Mme Lecours (Les Plaines) :
O.K. Vous parlez aussi de... Bon, vous mentionnez aussi l'article 67,
justement, sur le morcellement et vous êtes en faveur de cet... vous le voyez
d'un bon oeil, du moins, c'est ce que je constate dans votre mémoire. Et cet
article-là vient aussi avec la possibilité de développer des nouveaux modèles.
Est-ce que, selon vous, effectivement, la portée de...
Mme Lecours (Les Plaines) : …et
vous êtes en faveur de cette… vous le voyez d'un bon oeil, du moins, c'est ce
que je constate dans votre mémoire. Et cet article-là vient aussi avec la possibilité
de développer des nouveaux modèles, est-ce que, selon vous, effectivement, la
portée de la mesure va effectivement créer des nouveaux modèles?
M. Viau (Marc-André) : Il y a
des… Et vous l'avez très bien dit, on est en faveur avec le principe et on
voit, oui, une possibilité de créer des nouveaux modèles. Je l'ai dit dans
l'allocution, je le répète, c'est important, on a fait cette demande-là
expressément dans le cadre de la stratégie, des consultations sur la stratégie
nationale d'urbanisme et d'aménagement des territoires. Donc, on n'arrivera pas
ici en disant : On est opposés à ça. On est en faveur, on pense que ça
arrive.
Le problème, c'est que… Il y a deux problèmes
avec ça, je dirais. Le premier, c'est qu'on n'a pas… il y a un flou, il y a un
assez grand flou dans cette diversité d'usage et de superficie. Est-ce qu'il y
aurait moyen de préciser un petit peu plus les intentions ou les orientations
du législateur? Et l'autre problème, c'est que ça ne garantit toujours pas que
ces usages-là vont rester agricoles. Et, comme on l'a vu, c'est souvent
utilisé, le morcellement des lots, pour le développement urbain.
Maintenant, j'ai eu plusieurs
conversations avec certaines personnes au cabinet de l'Agriculture, qui m'ont
exprimé les intentions, on l'a dit dans notre mémoire, liées aux résultats de
la CAPERN de 2015 sur l'adaptation aux réalités régionales. Il n'y a pas de
précision que ce morcellement-là va être limité dans certaines régions qui sont
moins à risque ou qui sont moins sous le poids de cet étalement urbain qui a de
graves conséquences sur notre territoire agricole et sur nos émissions de GES, par
exemple. Donc, le fait qu'il n'y ait pas de limite géographique à ça fait en
sorte que cette loi-là, c'est Loi sur la protection du territoire agricole,
c'est Loi sur la protection du territoire agricole de tout le Québec. Donc,
comme j'ai dit, il peut... on peut être bien intentionné pour s'attaquer à
certaines réalités, mais ça peut ouvrir la porte à des changements
problématiques dans d'autres secteurs ou dans d'autres régions du Québec.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Bien, justement, vous me dites avoir discuté avec M. Fortier. On l'a reçu hier,
justement, en commission. Et le type de modèle qu'on vise, à tout le moins qui
est visé avec cette mesure-là, c'est ce type de nouveau modèle d'affaires là,
une ferme bio, qui peut difficilement être exploitée sur un nombre d'hectares
bien élevé, trop élevé, à tout le moins, pour les besoins puis pour le type
d'agriculture aussi qu'il s'y fait. Donc, ça répond à un besoin. C'est de la
relève agricole aussi. Est-ce que vous êtes d'accord avec moi que c'est,
justement, un besoin?
M. Viau (Marc-André) : Comme
je l'ai dit...
Mme Lecours (Les Plaines) :
…sur un nombre d'hectares bien élevé, trop élevé, à tout le moins, pour les
besoins puis pour le type d'agriculture aussi qui s'y fait.
Donc, ça répond à un besoin. C'est de la
relève agricole aussi. Est-ce que vous êtes d'accord avec moi que c'est
justement un besoin?
M. Viau (Marc-André) :
Comme je l'ai dit, là, je n'ai pas parlé à M. Fortier, je l'ai écouté, en
fait, j'ai écouté son témoignage – petite précision. Et dans son témoignage
aussi, il précisait, comme je l'ai dit dans mon allocution, avec moins
d'insistance que moi, mais il précisait aussi qu'il faut… par exemple que si
c'est morcelé et que ça sert justement, comme je l'ai dit, ce qu'on a dit aussi
dans le mémoire de la stratégie nationale d'urbanisme et d'aménagement des
territoires, on a besoin d'avoir ces nouveaux modèles là pour pouvoir
diversifier notre agriculture… - pardon – mais on doit avoir des garanties que
ces terres morcelées restent des terres agricoles.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Avec la protection des territoires agricoles?
M. Viau (Marc-André) :
Oui.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Parfait.
M. Viau (Marc-André) :
Ça doit… à des fins agricoles, ce qui n'est pas le cas, en ce moment, toujours.
On a beaucoup d'exemples où est-ce qu'on a des agrandissements de périmètre
d'urbanisation… Il y a plein d'exemples. On peut penser à la MRC de Montcalm,
par exemple. Il y en a des exemples où est-ce que ce morcellement-là sert à
construire de l'habitation ou de l'industrialisation.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Bien, merci beaucoup, M. Viau. Mme la présidente, je vais laisser la
parole à mon collègue pour les quelques minutes qu'il reste. Merci beaucoup,
M. Viau.
M. Viau (Marc-André) : …
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Alors, la parole est au député de
Saint-Jérôme. Il vous reste 7 minutes.
M. Chassin :
D'accord. Merci, Mme la Présidente. Merci, M. Viau, de votre participation
en commission parlementaire. Je trouve ça très intéressant. Puis j'ai beaucoup
de points… Je vais essayer d'y aller assez rapidement.
Donc, vous dites que l'augmentation des
périmètres urbains notamment se fait en raison du morcellement. Évidemment,
nous, on a vraiment l'idée du morcellement, là, pour encourager des modèles, de
la relève agricole. C'est quelque chose qui nous semble important. On ne veut
certainement pas que ça remette en question le caractère agricole de ces
terrains-là. On a l'impression que dans le projet de loi 103, dans sa
forme actuelle, c'est très bien protégé, mais là vous nous soulevez un doute.
Donc là, je serais vraiment curieux, est-ce que vous avez un exemple où c'est
parce qu'il y a eu du morcellement qu'il y a eu de l'étalement urbain, qu'on a
transformé, qu'on a… finalement, on est revenu sur… agricole.
M. Viau (Marc-André) :
Je n'ai pas les exemples précis devant moi. Il y a beaucoup d'exemples où
est-ce que le… Je veux dire, la loi actuelle… Donc, on ne change pas la loi
avec le projet de loi 103. On ne change pas la loi sur les enjeux de…
M. Chassin :
De protection du territoire agricole?
M. Viau (Marc-André) :
Non, d'expansion du périmètre d'urbanisation. Donc, tu sais, il n'y a pas de
changement de ce côté-là, alors que c'est déjà un problème dans la loi. Ce
qu'on fait, c'est qu'on consacre ce morcellement-là qui - et je le répète, je
dois le dire, et le répéter - un principe avec lequel nous sommes en faveur
pour arriver à une diversification de notre agriculture. Maintenant, il faut
préciser qu'est-ce qu'on entend par cette diversification…
M. Viau (Marc-André) :
...alors que c'est déjà un problème dans la loi. Ce qu'on fait, c'est qu'on
consacre ce morcellement-là qui, et je le répète, je dois dire, et le répéter,
un principe avec lequel nous sommes en faveur pour arriver à une
diversification de notre agriculture. Maintenant, il faut préciser qu'est-ce
qu'on entend par cette diversification-là.
M. Chassin :
Vous demandez d'aller plus loin dans la protection du territoire agricole, mais
ce n'est pas parce qu'il y a des éléments dans le projet de loi actuel qui vont
changer l'équilibre complètement.
M. Viau (Marc-André) : Non,
ça ne va pas changer l'équilibre complètement, mais c'est déjà un problème, et
on ne le règle pas en faisant ça.
M. Chassin :O.K. Pour la divulgation de renseignements stratégiques, je
reviens là-dessus, la ministre l'a évoqué, mais évidemment la CPTAQ, là, nous
dit que, par expérience, elle voit la frilosité de certains demandeurs à
déposer un certain nombre de renseignements. Puis on souhaite que la CPTAQ ait
tout en main, quitte, justement... Puis vous le savez, là, il y a le principe
de transparence, il y a le principe aussi de conserver la confidentialité de renseignements
plus sensibles. Donc, quand ce sont des demandeurs MRC, municipalités ou
promoteurs qui déposent des renseignements concernant la viabilité financière
de leur projet, par exemple, à ce moment-là, ce serait les parties prenantes
qui auraient accès à ces informations-là, évidemment, la CPTAQ aussi, mais pas nécessairement
le public en général, et encore moins le compétiteur. Est-ce que... Moi, je
trouvais que c'était un équilibre intéressant. Vous semblez mal à l'aise. Vous
dites qu'il n'y a absolument aucune justification. Moi, je dirais que, pour la
CPTAQ ait le maximum d'information, c'est une justification intéressante.
M. Viau (Marc-André) : Bien,
il n'y a pas juste la CPTAQ qui devrait avoir accès à l'information. Cette
information-là devrait être disponible à tout le monde. La décision est rendue
publique.
M. Chassin :
Donc, le compétiteur aussi, finalement.
M. Viau (Marc-André) : Il
faut savoir sur quelle base... C'est public. C'est public actuellement.
M. Chassin :
Bien, d'où l'idée où c'est difficile obtenir l'information. C'est ça qu'on
cherche à régler. On chercher à donner à la CPTAQ le maximum d'information.
C'est important.
M. Viau (Marc-André) : On ne
devrait pas retirer de l'information à quelqu'un pour en donner à quelqu'un
d'autre.
M. Chassin :Évidemment, bon, là-dessus, je pense qu'on s'entend pour ne pas
s'entendre. J'ai une question pour vous. Moi, je suis économiste.
M. Viau (Marc-André) : Je ne
le sais pas, parce qu'il y a des problèmes avec l'accès à l'information. Si on
nous dit : On va renvoyer... Si on nous dit : Bien, peut-être qu'on
ne te mettrait pas nos revenus ou quoi, c'est une autre affaire, mais dire
qu'on va envoyer les gens vers le système d'accès à l'information, qui, je le
répète, a beaucoup de problèmes et ne répond pas dans les temps, il y a beaucoup
d'affaires qui sont caviardées, ce n'est pas une solution.
M. Chassin :
Je comprends. C'est ça. On peut discuter là-dessus, mais évidemment c'est que
ça permet de préserver le caractère confidentiel de certaines données. Je
voudrais... Pour le rembourrage, vous parlez du métier de rembourreur.
Savez-vous dans quelle loi et à quel article on définit le métier d'économiste
qui est le mien? Évidemment, c'est...
• (16 h 20) •
M. Viau (Marc-André) : Non,
c'est votre prérogative.
M. Chassin :
Oui, c'est ça. Évidemment, c'est un peu une blague pour dire que le métier
d'économiste existe même s'il n'est pas défini dans une loi. Je pense que les
rembourreurs vont continuer, même s'il n'y a pas de permis, à exister, à
exercer leurs activités. Est-ce que vous pensez que c'est absolument nécessaire
de le définir et d'avoir un permis...
M. Viau (Marc-André) : ...non,
c'est parce que c'est votre prérogative.
M. Chassin :
Oui, c'est ça. Évidemment, c'est un peu une blague pour dire que le métier d'économiste
existe, même s'il n'est pas défini dans une loi. Je pense que les rembourreurs
vont continuer, même s'il n'y a pas de permis à exister, à exercer leurs
activités. Est-ce que vous pensez que c'est absolument nécessaire de le définir
et d'avoir un permis pour ça?
M. Viau (Marc-André) : Je
pense que si on veut valoriser les métiers, il faut donner les outils pour que
ces métiers-là soient valorisés, qu'il y ait une confiance du consommateur. Il
y a...
M. Chassin :
La reconnaissance de l'État, ce serait une valorisation, donc, dans ce sens-là.
M. Viau (Marc-André) : Oui.
Ça serait une valorisation et une codification de ce qui est fait, de la même
manière que votre formation d'économiste est codifiée par une formation
également reconnue par l'État.
M. Chassin :
En fait, c'est reconnu par l'Université de Montréal. C'est d'abord et avant
tout mon alma mater qui a reconnu ma formation.
M. Viau (Marc-André) : Oui.
C'est un... Bien, c'est un programme qui... C'est un programme qui est reconnu
effectivement par l'Université de Montréal. Les universités sont encadrées par
la loi sur l'enseignement supérieur. Donc, il y a... Il y a quand même cette
reconnaissance-là. Comme je l'ai dit, ce n'est pas l'objet principal, mais il y
a quand même, si on veut s'assurer que ces métiers-là soient valorisés, que
l'économie de la réparation, l'économie circulaire demeure vigoureuse au
Québec, je pense qu'il y a lieu de s'interroger là-dessus.
M. Chassin :
Je m'excuse, il me reste quelques instants. Puis je vais aussi vous laisser le
temps de répondre. Pour la défavorisé de modèle diversifié sur des superficies
variées, on cherche évidemment à préserver un espace d'innovation, puis on l'a
vu avec M. Fortier, de trop définir, est-ce que ça ne limiterait pas des
modèles émergents qu'on n'envisage peut-être pas pas dans 10 ans, dans
15 ans?
M. Viau (Marc-André) : Bien,
il n'y a pas besoin d'avoir une définition hyper pointue. Mais moi, des modèles
diversifiés, bien, j'aimerais ça voir une diversification de la production pour
répondre à nos besoins en alimentation saine, qui nous permettrait de ré`pondre
davantage aux enjeux d'autonomie alimentaire qui ont été identifiés par le
gouvernement notamment. Mais l'autonomie alimentaire...
M. Chassin :
Je comprends, là.
M. Viau (Marc-André) :
...doit répondre aussi à certains critères nutritionnels. Et la production
devrait se coller à ça, à mon avis. Donc, tout le monde peut avoir sa
définition. Je pense qu'il y a des grandes orientations qui pourraient être
données.
M. Chassin :
Merci, M. Viau.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous poursuivons l'échange avec le député de Nelligan.
M. Derraji : Bonjour. Merci
pour votre rapport. Et, écoutez, j'ai suivi avec attention votre échange. Au
fait, votre rapport est important. Il n'y a pas mal d'éléments que je vous pour
la première fois, mais aussi votre échange avec les collègues. J'ai pas mal de
points, mais je vais aller rapidement. À la page... la page 4 de votre
document... Au fait, vous questionnez le pourquoi... En fait, votre... Il n'est
pas clair si ça... Au fait, vous questionnez sur le plan stratégique de la
MAPAQ et vous questionnez sur les objectifs de ces modifications dans le cadre
de ce projet de loi omnibus. Il n'est pas clair s'il s'arrime avec la mise en
oeuvre du plan d'agriculture durable ou encore la stratégie d'urbanise et
d'aménagement des territoires...
M. Derraji : …au fait, il n'est
pas clair… au fait, vous questionnez le plan stratégique de la MAPAQ et vous
questionnez sur les objectifs de ces modifications dans le cadre de ce projet
de loi omnibus, et il n'est pas clair s'il s'arrime avec la mise en oeuvre du
Plan agriculture durable… encore la stratégie d'urbanisme et d'aménagement du
territoire. Donc, vous soulevez un questionnement de fond, c'est que le
morcellement, je vous ai entendu, j'ai entendu l'échange avec les collègues,
vous dites que vous n'êtes pas contre s'il reste dans le secteur agricole.
Hier, si vous avez suivi notre commission, nous avons eu un échange avec un
maraîcher qui était très fier de sa business, très fier de ce qu'il a accompli.
Vous, aujourd'hui, vous dites que… attendez, là, vous ne comprenez pas l'ajout
dans ce projet de loi omnibus, mais vous voulez avoir de l'arrimage avec autre
chose qui existe. Est-ce que j'ai bien synthétisé votre préoccupation?
M. Viau (Marc-André) : Oui,
je pense que vous avez assez bien synthétisé. Je ne ferais pas une critique du
plan stratégique. Ce que je dis, par exemple, juste une précision, c'est que
les activités, les orientations de l'ACPTAQ ne sont pas au coeur du plan
stratégique. Et là, on arrive avec quand même avec des changements assez
importants dans cette législation-là qui viennent justement toucher au coeur
des activités de l'ACPTAQ. Donc, c'est ça que je parlais tantôt en matière
d'orientations avec votre collègue. Si on avait prédéfini… certaines de ces
orientations dans un plan stratégique, on pourrait avoir une meilleure
connaissance des intentions du législateur. On ne les a pas, parce que le plan
stratégique n'est pas explicite sur ces enjeux-là qui sont très précis. Et oui,
il y a d'autres éléments qui arrivent en ce moment et qui sont très importants,
stratégie nationale d'urbanisme et d'aménagement des territoires, il faut qu'il
y ait un arrimage avec ça. Plan pour une agriculture durable : Il faut que
ce plan-là vive et progresse et aille de l'avant.
M. Derraji : C'est quoi votre
hypothèse derrière cet ajout? Du moment que ce n'est pas rattaché à un plan
stratégique? On ne parle pas de ça dans le plan de développement durable, et
là, on la retrouve dans ce projet de loi omnibus. C'est quoi la volonté du
gouvernement d'aller dans ce sens, selon vous, c'est quoi votre interprétation
ou bien votre lecture?
M. Viau (Marc-André) : J'ai
malheureusement égaré ma boule de cristal, mais je pense…
M. Derraji : Moi aussi, je ne
l'ai pas, croyez-moi, et c'est pour cela que moi aussi je réfléchis avec vous à
haute voix.
M. Viau (Marc-André) : Mais
ce que je pense, c'est que… je pense qu'on cherche à répondre à certains enjeux
qui sont précis. Comme je l'ai dit, en… et c'est ce que j'ai vu dans les
conversations avec les collègues du MAPAQ, on veut répondre à certains enjeux,
qui, je le crois, sont très réels. Jean-Martin Fortier, on l'a dit, est venu
devant vous, a parlé de certains de ces enjeux-là. Mais la question, le fait
est qu'il y a un manque de protection ailleurs, du territoire agricole, qui
fait en sorte que ça lève la suspicion parce qu'à cause des décisions qui ont
été rendues, à cause des décrets, on lève la suspicion sur le fait que à quoi
ça peut peut-être servir dans d'autres secteurs…
M. Viau (Marc-André) : ...il y
a un manque de protection ailleurs du territoire agricole qui fait en sorte que
ça lève la suspicion, parce que, à cause des décisions qui ont été rendues, à
cause des décrets, on lève la suspicion sur le fait que, à quoi ça peut
peut-être servir dans d'autres secteurs qui ne sont pas les secteurs visés
principalement par ce projet de loi là.
M. Derraji : O.K. Et, un peu
plus loin dans le même rapport, vous dites, dans la page, probablement, 8 et 9,
que j'ai devant moi : «Par ailleurs, si on consacre le morcellement des
lots agricoles dans ce projet de loi, c'est sous le sceau du développement du
territoire agricole. Or, c'est aussi précisément le cheval de Troie qui est
actuellement utilisé pour l'expansion des périmètres d'urbanisation.» En fait,
aujourd'hui, c'est comme un cri de coeur que vous voulez... que, si on y va
avec le morcellement, en tant que législateurs, premièrement, il faut le
limiter. Il faut faire attention que ce soit un «free-for-all», et qu'on
commence à développer, et qu'on tente donc des périmètres d'urbanisation...
l'expansion des périmètres d'urbanisation. Est-ce que, ça, c'est votre
inquiétude?
M. Viau (Marc-André) : Oui.
Oui, j'aimerais avoir des garanties en contrepartie. C'est ce qui... Ça me
rassurerait certainement. Et il faut savoir que — et je pense que
vous l'avez bien dit — ce ne sont pas toutes les terres agricoles qui
sont égales, il y en a qui valent plus que d'autres, qui sont plus stratégiques
que d'autres, qui ont des meilleurs rendements que d'autres, et donc je
comprends qu'il peut y avoir besoin d'une certaine flexibilité. Mais il n'y a
pas de garanties en ce moment. C'est ces garanties-là que ça... qu'il serait
nécessaire d'avoir pour avoir une meilleure adhésion aux changements proposés.
M. Derraji : O.K. J'imagine,
vous avez très bien lu le projet de loi, vous avez fait votre première lecture.
Le rapport est très clair, vous avez toujours un doute, même si... que la
partie gouvernementale vous a dit que le morcellement, c'est avec une utilisation
agricole. Est-ce que vous êtes rassuré par rapport à ce qui est ajouté dans ce
projet de loi au niveau de diversifier l'offre entrepreneuriale au niveau de la
relève d'affaires qui ne peut pas avoir accès à des terres énormes, parce
qu'ils pas les moyens? Mais un morcellement ciblé pour l'activité agricole,
Équiterre, aujourd'hui, est pour ou il est contre?
M. Viau (Marc-André) :
Équiterre revendique l'utilisation de parcelles plus petites que ce qui est en
ce moment. Donc, c'est quelque chose que nous-mêmes, on demande. Mais, quand on
fait ces demandes-là, on fait ces demandes-là en... c'est des demandes, là, qui
doivent être accompagnées de garanties qui viennent en contrepartie que ça va
demeurer de l'activité agricole. Et, si on cherche à répondre à des besoins
d'accès et de relève...
• (16 h 30) •
M. Derraji : Quel type de
garanties? Quel type de garanties aujourd'hui Équiterre cherche pour dire que
l'amendement, ou le projet de loi, ou l'article en question vise une seule
chose, la relève agricole, permettre à des gens d'avoir accès à des lots
spécifiques? Quelles garanties Équiterre cherche de plus, juste pour nous
éclairer?
M. Viau (Marc-André) : Bien,
il faudrait que le... qu'il y ait une...
16 h 30 (version non révisée)
M. Derraji : …quel type de
garantie, aujourd'hui, Équiterre cherche pour dire que l'amendement ou le projet
de loi ou l'article en question vise une seule chose, la relève agricole,
permettre à des gens d'avoir accès à des lots spécifiques? Quelle garantie
Équiterre cherche de plus, juste pour nous éclairer?
M. Viau (Marc-André) :
Bien, il faudrait qu'il y ait un engagement de la part du gouvernement sur les questions
d'étalement urbain, sur les questions de protéger une certaine superficie, donc
de détailler l'usage qui va être fait de ce morcellement-là. Si on n'a pas ce
détail-là, ça ne marchera pas.
Et dernier point sur lequel j'aimerais
amener votre attention, c'est la question de l'accès et de la relève. On a beaucoup
parlé d'accès et de la relève. Hier, il a été question du coût d'achat d'une
terre. Et donc plus la terre est grande, plus elle coûte cher. Et la valeur des
terres est en augmentation, vous pouvez le voir dans le rapport…
M. Derraji : Et il y a
aussi la question des quotas…
M. Viau (Marc-André) : …en
augmentation significative.
M. Derraji : Et il y a
aussi la notion des quotas qui a été soulevée hier. Parce que c'est bien beau
avoir une terre, avoir du financement, si tu es limité avec des questions de
quota, bien, tu ne t'en sors pas même avec la terre. Est-ce que c'est quelque
chose que vous partagez?
M. Viau (Marc-André) : Sur
la question des quotas, je ne pourrais pas entrer là-dedans.
M. Derraji : O.K.
M. Viau (Marc-André) :
Mais sur la question de la fiscalité et de la valeur foncière des terres, oui,
on peut morceler, mais si on continue à faire… Si la valeur des terres,
écoutez, continue d'être… de ne pas être liée à l'usage agricole, on va avoir
un problème qui va être récurent dans le futur, même si les terres sont
morcelées.
M. Derraji : Merci
beaucoup. C'est un excellent échange par rapport aux terres agricoles. Je ne
peux pas avoir en face de moi Équiterre et ne pas poser la question par rapport
aux claims. Est-ce que j'ai manqué quelque chose, que je n'ai pas vu votre
point, par rapport aux claims et par rapport à votre position sur
l'augmentation de deux à trois ans?
M. Viau (Marc-André) :
C'est pour les claims miniers?
M. Derraji : Oui,
absolument. Dans votre rapport…
M. Viau
(Marc-André) : C'est parce que, c'est l'expertise de MiningWatch, qui
était devant vous, je pense, hier ou aujourd'hui. Ce n'est pas l'expertise
principale chez nous. On travaille en collaboration avec nos amis chez
MiningWatch, mais… ou Pour que le Québec ait meilleure mine!, mais malheureusement
on n'a pas des ressources illimitées qui fait en sorte qu'on ne peut pas se
plonger dans tous les dossiers. Donc, il y a vraiment chez Pour que le Québec
ait meilleure mine!… Je pense, c'est Ugo Lapointe, qui a présenté devant vous,
ou qui va présenter devant vous, donc…
M. Derraji :
Non, aucun…
M. Viau
(Marc-André) : …je vais vous référer à lui pour ces questions-là.
M. Derraji :
Oui, oui, aucun problème. Ce n'est pas… Je cherche mes mots. Je ne vous
reproche pas le fait de ne pas… Et je comprends la notion d'expertise, mais
avez-vous quelque chose par rapport à l'acceptabilité sociale. Est-ce que c'est
quelque chose que vous voyez d'un bon oeil?
M. Viau
(Marc-André) : Je n'ai pas fait une lecture assez assidue des articles
liés à la Loi sur les mines pour pouvoir avoir une opinion informée là-dessus. Donc,
j'aurais l'impression de parler à travers mon chapeau, ce que je préfère ne pas
faire.
M. Derraji :
Ah non! C'est excellent. On aime ça de rester focussés sur les sujets. C'est
excellent. Donc, votre préoccupation qu'on doit prendre en considération, c'est
par rapport…
M. Viau (Marc-André) :
...pour pouvoir avoir une opinion informée là-dessus. Donc, j'aurais l'impression
de parler à travers mon chapeau, ce que je préfère ne pas faire.
M. Derraji : Oh non!
c'est excellent, on aime ça rester focussés sur les sujets, c'est excellent.
Donc, votre préoccupation qu'on doit prendre en considération, c'est par
rapport à limiter le morcellement des terres à une utilisation agricole. C'est
votre principale préoccupation aujourd'hui de votre passage en commission.
M. Viau (Marc-André) :
C'est une de mes préoccupations, l'accès à l'information également et la question
de la compensation, inscrire la compensation dans la loi, c'est la mettre sur
le même pied d'égalité que le principe d'évitement, et donc ça engendre une
possible accélération du dézonage. Et donc le ministre peut dire, à partir de maintenant :
Bien, ce n'est pas grave, on va dézoner là puis on va compenser ailleurs. Ce
n'est pas comme ça, ce n'est pas les principes, les bons principes de développement
durable qu'il faut mettre de l'avant.
M. Derraji : Oui. Donc,
vous insistez aussi sur les règles de dézonage. L'accès à l'information, votre préoccupation
par rapport à l'accès à l'information, c'est dans quel sens?
M. Viau (Marc-André) :
Bien, c'est dans le sens où on a accès à... où toute personne qui présente au
bureau de la commission, à l'heure actuelle, à l'accès à l'information et que,
là, on restreint l'accès à l'information à cette catégorie de personne. On a eu
des échanges avec vos collègues à ce titre-là, sur les informations stratégiques.
Mais, en ce moment, l'information est disponible, et ce qu'on veut faire, c'est
retirer de ces informations-là du domaine public. On ne peut pas, par principe,
être favorables à ce mécanisme-là.
M. Derraji : Merci,
monsieur, pour votre passage et les clarifications. Merci.
M. Viau (Marc-André) : Merci
à vous pour la discussion.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Nous poursuivons l'échange, cette
fois-ci, avec la députée de Mercier pour 2 min 45 s.
Mme Ghazal : Merci, Mme
la Présidente. Merci, M. Viau, pour votre présentation et votre mémoire.
Je veux revenir à la question de l'accès à l'information. Dans le fond, au-delà
de la question du principe de transparence, parce qu'on veut aujourd'hui que
les gouvernements et les institutions publiques soient les plus transparents
possible, tout le monde est pour la vertu, ça, c'est sûr et certain, mais
j'aimerais savoir c'est quoi, la conséquence de l'article 70, s'il n'est
pas retiré, sur la protection des terres agricoles, le fait qu'il n'y ait cet
accès à l'information qui soit disponible, comme c'est le cas actuellement,
puis que le citoyen ou les gens de la société civile, là, soient obligés
d'aller faire une demande d'accès à l'information avec tous les problèmes, là,
qu'on connaît et que vous avez mentionnés.
M. Viau (Marc-André) : À
notre avis, c'est la crédibilité de la décision de la commission qui est en jeu
ici, le fait que l'information soit disponible, à savoir sur quelle base on
prend une décision, donne une crédibilité supplémentaire à cette décision-là.
On peut dire... On peut être capable de voir l'information et de dire :
Oui, effectivement, c'est justifié, la commission a rendu tel avis. Si on n'a
pas accès à cette information-là, il faut... je veux dire, je n'enlève rien à
la qualité...
M. Viau (Marc-André) : …savoir
sur quelle base on prend une décision donne une crédibilité supplémentaire à
cette décision-là. On peut dire… on peut être capable de voir l'information et
de dire : Oui, effectivement, c'est justifié, la commission a rendu tel
avis. Si on n'a pas accès à cette information-là, il faut… je veux dire, je
n'enlève rien à la qualité du travail qui est fait par les gens qui travaillent
à la commission, mais je suis obligé de me fier à ce qu'ils me disent et je ne
peux pas moi-même faire l'évaluation de ce qu'il y avait dans les documents et
si la décision était justifiée ou non.
Mme Ghazal : Puis l'argument
qui vous a été donné par le député de Saint-Jérôme, le fait qu'il y a un
principe aussi de confidentialité, et tout ça, ça, ce n'est pas… ça ne serait
pas un argument recevable?
M. Viau (Marc-André) : Le système
fonctionne comme ça actuellement. Donc, l'information est disponible. Je peux
comprendre qu'on veuille faire des changements sur les superficies et… donc sur
les superficies utilisées, mais je ne vois pas pourquoi le changement de
superficies utilisées rendrait nécessaire, en plus d'ajouter, de retirer des
informations du domaine public. Pour moi, il n'y a pas d'adéquation entre ces
deux changements-là.
Mme Ghazal : Donc, la
conséquence, c'est vraiment, comme vous le dites, le déficit de crédibilité de
la commission, sur quoi elle s'est basée, c'est le manque de transparence, tout
simplement.
M. Viau (Marc-André) :
Exactement. Et puis c'est le fait de dire, dans un projet de loi sur l'allègement
du fardeau administratif, que l'accès à l'information est un fardeau
administratif.
Mme Ghazal : Bien dit.
M. Viau (Marc-André) : Encore
un autre élément avec lequel on ne peut pas être d'accord en principe.
Mme Ghazal : Tout à fait.
Merci. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci. Nous allons poursuivre l'échange avec la députée de Gaspé, qui a
également 2 min 45 s.
Mme Perry Mélançon : Merci.
Bonjour, M. Viau.
M. Viau (Marc-André) :
Bonjour.
Mme Perry Mélançon : Très
intéressant de vous avoir. Et je pense qu'on partage cette préoccupation-là,
là, sur la question de la transparence. On veut tous une meilleure transparence
des gouvernements. Et j'ai envie de vous entendre, en fait, là, rapidement,
question comme ça : Selon vous, on dépasse le cadre… on n'est pas dans
l'allègement réglementaire, ça ne s'inscrit pas dans cet objectif-là, là, de
vouloir passer par l'accès à l'information pour avoir accès aux données?
M. Viau (Marc-André) : Bien,
comme je le disais un peu plus tôt, j'ai de la difficulté avec le fait que
l'accès à l'information est un fardeau réglementaire.
Mme Perry Mélançon : Est-ce
qu'on est dans la déréglementation, dans un certain sens? On est plus dans cet
ordre-là?
M. Viau (Marc-André) : Bien,
je peux comprendre qu'il y a peut-être des raisons, puis je n'ai pas lu toutes
les informations à savoir pourquoi on s'est rendus là. Encore une fois, on n'a
pas encore, dans ce projet de loi là, toutes les intentions du législateur.
C'est ce qui est problématique et ce qui rend difficile la lecture de ce projet
de loi là, parce qu'on ne sait pas exactement à quoi tout s'applique. Mais
c'est clairement problématique que de limiter ça, alors que l'information est
disponible à l'heure actuelle. Donc, on fait un pas en arrière si on fait ça.
Mme Perry Mélançon : Dans le
même ordre d'idées, rapidement, vous avez parlé, là, du rôle de la Commission…
M. Viau (Marc-André) : ...la
lecture de ce projet de loi là, parce qu'on ne sait pas exactement à quoi tout
s'applique, mais c'est clairement problématique de limiter ça alors que
l'information est disponible à l'heure actuelle. Donc, on fait un pas en
arrière si on fait ça.
Mme Perry Mélançon : Dans le
même ordre d'idées, rapidement, vous avez parlé, là, du rôle de la Commission
de protection du territoire agricole du Québec et de l'ajout de la notion, là,
du développement des entreprises agricoles. Est-ce qu'on ne vient pas, ici,
diluer le rôle de protecteur, donc de chien de garde, de cette façon-là, en
donnant une autre vocation complètement?
M. Viau (Marc-André) : C'est
un risque. Et, je dirais, on doit comprendre que la loi est déjà une loi qui
favorise le développement des entreprises. C'est simplement que dans... quand
on précise le rôle de la commission, bien, on ne lui donne pas ce mandat-là.
Donc, c'est sûr qu'on lui ajoute un élément supplémentaire. J'ai fait
référence, tantôt, à Olymel versus la terre agricole. On a fini par dézoner
10 hectares, si je ne m'abuse, ou en tout cas, pour construire une usine.
Donc, on prend des sols vivants, on met de l'industriel dessus. Ça reste une
vocation agricole, mais le sol n'est plus vivant. On a perdu notre capacité de
production du sol à ce titre-là. Donc, je comprends que l'équilibre soit
difficile, mais la loi donne déjà cette intention-là, il n'est pas nécessaire
de préciser cette intention-là pour la commission en tant que telle.
• (16 h 40) •
Mme Perry Mélançon : Ça pourrait
multiplier le type de cas, de ce genre-là, devant la commission peut-être?
M. Viau (Marc-André) :
Possiblement. Possiblement, oui.
Mme Perry Mélançon : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, écoutez, je vous remercie beaucoup, M. Viau, pour votre
contribution précieuse aux travaux de la commission.
Et nous allons donc suspendre quelques
instants afin de permettre au prochain groupe de pouvoir s'installer. Merci
encore, M. Viau.
(Suspension de la séance à 16 h 41)
(Reprise à 16 h 45)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous accueillons maintenant Mme Anne-Sophie Doré du Centre québécois du
droit de l'environnement. Mme Doré, vous savez que vous disposez de 10 minutes.
Alors, je vous invite à bien vous présenter et immédiatement, par la suite,
commencer votre exposé.
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Parfait. Merci, Mme la Présidente. Donc, d'abord, je me présente. Anne-Sophie
Doré, avocate au Centre québécois du droit de l'environnement. Donc, Mme la
ministre, Mmes et MM. les députés, merci de me recevoir aujourd'hui dans le
cadre de vos travaux sur le projet de loi n° 103.
D'abord, je me permets de présenter
rapidement le Centre québécois du droit de l'environnement. Donc, le CQDE est
le seul organisme de bienfaisance spécialisé en droit de l'environnement au Québec.
Sa mission est de mettre son expertise juridique au service de la population et
de la protection de l'environnement. Donc, pour ce faire, le CQDE offre de
l'information juridique, entreprend des actions judiciaires, en plus, bien sûr,
de se prononcer sur des réformes législatives et réglementaires.
Donc, les commentaires du CQDE sur le projet
de loi n° 103 reposent principalement sur deux aspects, à savoir
l'importance d'assurer un meilleur accès à l'information possible, autant d'un point
de vue de protection de l'environnement que d'un point de vue d'allègement administratif,
et l'importance de clarifier et de modifier certaines propositions du projet de
loi afin de s'assurer que l'objectif du projet de loi soit vraiment respecté.
Donc, d'abord, en matière d'accès à
l'information, l'article 70 du projet de loi n° 103 qui propose de
modifier l'article 15 de la Loi sur la protection du territoire et des
activités agricoles semble être un recul évident. Cet article propose de
limiter les personnes qui peuvent avoir accès aux documents déposés dans un
dossier de la Commission de protection du territoire agricole du Québec. Par
analogie, pardon, et bien que nous comprenions que la CPTAQ est un organisme
administratif et non un tribunal, cette modification a le même effet que si les
documents déposés aux dossiers des tribunaux devenaient accessibles seulement
aux parties. Il ne semble y avoir aucune justification à une telle réduction de
la transparence des travaux de la CPTAQ, bien au contraire. La tendance
générale des instances publiques est d'augmenter la transparence de l'État, et
non de la réduire. Cette modification nous apparaît donc clairement
problématique.
En plus des enjeux démocratiques et de
participation du public que soulève un accès restreint à l'information, il
importe également de rappeler que l'objectif du projet de loi est de réduire le
fardeau administratif. Or, si les documents ne sont plus d'emblée accessibles,
il sera nécessaire de procéder par une demande d'accès à l'information afin
d'obtenir lesdits documents. Certains ministères peinent déjà à répondre à
l'abondance des demandes d'accès à l'information dans les délais impartis. De
fait, il n'est pas rare que les dossiers se retrouvent devant la Commission
d'accès à l'information...
Mme Doré (Anne-Sophie) :
...Or, si les documents ne sont plus d'emblée accessibles, il sera nécessaire
de procéder par une demande d'accès à l'information afin d'obtenir lesdits documents.
Certains ministères peinent déjà à répondre à l'abondance des demandes d'accès
à l'information dans les délais impartis. De fait, il n'est pas rare que les
dossiers se retrouvent devant la Commission d'accès à l'information. Bien qu'il
soit réaliste de penser que ce ne sont pas toutes les personnes qui
entreprendront de telles démarches, celles-ci peuvent entraîner plus de coûts
et plus de lourdeurs administratives que de simplement donner accès à
l'information en premier lieu par l'effet de la loi.
Enfin, en aucun cas un régime d'accès à
l'information dit plus permissif ne devrait être considéré comme une erreur à
corriger, mais devrait plutôt servir d'exemple afin d'améliorer l'accès à
l'information en d'autres domaines.
Ensuite, certaines modifications du
législatif qui sont proposées par le projet de loi semblent ne pas s'inscrire
dans l'objectif du projet de loi d'allègement du fardeau administratif. En
effet, certains articles du projet de loi proposent des modifications qui
pourraient avoir des effets beaucoup plus larges et qui, sans modifications en
profondeur des lois, peuvent entraîner des conséquences importantes pour
l'équilibre des lois dans lesquelles ils s'inscrivent. Différentes
modifications à la Loi sur la protection des territoires et des activités
agricoles nous semblent ainsi injustifiées.
À ce titre, les articles 76 et 77 du
projet de loi n° 103 qui proposent respectivement de modifier l'article 66
de la LPTAA et d'y insérer l'article 66.1 semblent ouvrir la porte à des
mesures de compensation lorsque le gouvernement choisit d'exclure des zones
agricoles certains lots. La mise en place d'une telle mesure peut avoir des
effets importants sur la protection des terres agricoles et ne devrait pas être
envisagée dans le contexte actuel d'une réforme portant sur l'allègement
administratif. Le CQDE met par ailleurs le législateur en garde contre la
tentation d'ajouter des mesures de compensation dans le régime de protection
des terres agricoles, et même si celles-ci s'appliquaient dans un contexte
limité. L'évitement de la perte de terres devrait toujours être le moyen
privilégié de protéger le territoire agricole. La mise en place de mesures de
compensation peut avoir des effets pervers, notamment en diminuant l'impression
de risques liés aux pertes. Une compensation monétaire ne peut adéquatement
remplacer des territoires.
• (16 h 50) •
À titre de comparatif, force est de
constater qu'à elle seule, la compensation n'est pas suffisante pour générer un
effet dissuasif pour prévenir les atteintes et les pertes de milieux humides et
hydriques. C'est un régime qui a été établi dans le cadre la Loi sur la qualité
de l'environnement et qui, malheureusement, peine à créer des effets positifs à
l'heure actuelle. De la même manière, les articles 67 et 68 du projet de loi
devraient être retirés ou largement modifiés comme ils vont au-delà de
l'allègement réglementaire. De telles modifications législatives ne devraient
pas être incluses sans balises claires.
Le CQDE invite également le législateur à
revoir ou à retirer certaines modifications qui sont proposées à la Loi sur les
mines et qui viennent affaiblir la protection du territoire.
Pour leur… Le projet de loi n° 103
propose notamment de modifier la Loi sur les mines afin de supprimer les permis
de prospection. Et ces permis ne sont remplacés par aucun autre document
officiel qui permet de soutenir l'affirmation qu'une personne prospecte
véritablement à un territoire sur lequel il se trouve. La modification du
projet de loi, qui est proposée par le projet de loi n° 103, ne prévoit
donc aucune…
Mme Doré (Anne-Sophie) :
...projet de loi n° 103 propose notamment de modifier la loi sur les mines
afin de supprimer les permis de prospection, et ces permis ne sont remplacés
par aucun autre document officiel qui permet de soutenir l'affirmation qu'une personne
prospecte véritablement un territoire sur lequel il se trouve. La modification
qui est proposée par le projet de loi n° 103 ne prévoit donc aucune
création d'un mécanisme de contrôle plus efficient. Le législateur se
limiterait à retirer au gouvernement toute forme de contrôle et de suivi
concernant les activités de prospection et laisse ainsi le champ libre à toute personne
de prospecter le territoire sans assurer aucun suivi. Cette modification
soulève des enjeux de cohabitation sur le territoire et compromet la capacité
de l'État à assurer son devoir d'harmonisation des différents usages qui en
sont faits.
D'ailleurs, je le mentionne également, là,
ce sont des sujets qui sont l'objet d'une conversation nationale sur l'aménagement
du territoire et de l'urbanisme. Donc, les enjeux aussi de cohabitation puis
d'harmonisation du territoire sont l'objet de cette conversation-là, et on peut
s'attendre à ce qu'il y ait différentes modifications législatives qui
découlent de ce champ-là. Donc, il nous apparaît un peu contre-productif,
aujourd'hui, de procéder à des modifications législatives qui seraient revues
dans une brève échéance.
Dans ce contexte-là, le CQDE estime que le
gouvernement devrait plutôt conserver la capacité de contrôle d'effectuer le
suivi des activités de prospection, y compris en resserrant les conditions
d'obtention comme c'est le cas notamment en Ontario. Prévoir en amont certaines
caractéristiques du projet, notamment, et ce n'est pas le moindre,
l'acceptabilité sociale des projets, ne peut être que positif pour les
communautés, le gouvernement et le promoteur. Donc, dans ce... ces articles-là
devraient être retirés du projet de loi et devraient plutôt être réfléchis dans
le cadre de réforme législative plus en profondeur. Cela permettrait de mettre
en place les balises nécessaires afin que les modifications n'aient pas de
contrecoup important, autant pour l'administration, pour la protection du
territoire que pour la protection de l'environnement.
Merci. Je me prépare pour la période
d'échange.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Merci, Mme Doré. Alors, nous
allons effectivement commencer la période d'échange avec la ministre. Alors, à
vous la parole.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, Mme Doré.
Enchantée de faire votre connaissance. Merci d'être avec nous aujourd'hui pour
qu'on puisse être éclairés sur vos positions par rapport au projet de loi
n° 103, qui vise, justement, l'allègement réglementaire et administratif
pour aider les entreprises à être plus performantes et, justement, se concentrer
davantage sur leurs activités. C'est pour ça que c'est porté par le MEI,
effectivement, on veut aider les entrepreneurs à être plus performants.
Je vais y aller rapidement, je vais
essayer de faire plusieurs questions. Mes collègues vont avoir des questions à
vous poser aussi. Je veux revenir sur la notion de restreindre des documents de
nature stratégique. J'ajoute «nature stratégique» pour qu'on puisse bien
visualiser aussi un jeune entrepreneur, un jeune agriculteur qui arrive avec un
projet innovant, qui a des compétiteurs autour puis qu'il veut, il a une belle
structure. Mais évidemment...
Mme Lecours (Les Plaines) : …des
documents de nature stratégique. J'ajoute «nature stratégique» pour qu'on
puisse bien visualiser aussi un jeune entrepreneur, un jeune agriculteur qui
arrive avec un projet innovant, qui a des compétiteurs autour de lui puis qui
veut, il a une belle structure, mais justement il veut garder certains
documents de nature stratégique. Expliquez-moi en quoi ça peut être… vous dites
vraiment que c'est un recul évident, là.
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Bien, en fait, ce n'est pas clair que c'est ça, l'intention. Dans la façon que
le projet de loi est rédigé, à l'heure actuelle. Alors, si c'est vraiment…
l'intention, c'est de simplement restreindre l'accès à, par exemple, des
documents, là, sur une particularité d'un projet pour la compétitivité, bien,
c'est possible d'avoir une exception qui est beaucoup plus restreinte que
qu'est-ce qui est proposé à l'heure actuelle.
Tu sais, je vous donne l'exemple, dans la Loi
sur la qualité de l'environnement, ce qui a été proposé dans la dernière
réforme, c'est que tous les documents sont d'office rendus accessibles, puis il
y a certaines exceptions qui sont très, très précises. Je pense que c'est une
formulation qui gagnerait à être bonifiée si, vraiment, l'objectif est très
précis à ce niveau-là. Mais la formulation actuelle nous semble trop large puis
va faire en sorte qu'il y a des documents autres qui sont nécessaires puis qui
devraient continuer à avoir un accès, puis qui vont être retirés de l'accès à
l'information facile. Donc, si c'est vraiment votre intention, il faudrait
peut-être simplement revoir la formulation actuelle.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Parce que dans la formulation actuelle, c'est vraiment les MRC, la CPTAQ, les
villes ont accès à ces documents-là. C'est juste, la compétition, donc, ce qui
est autre n'aurait pas accès à ces documents-là.
Mme Doré (Anne-Sophie) : Mais
les citoyens n'ont plus n'auraient plus accès, puis si c'est vraiment juste une
question de compétitivité, c'est possible, dans ce cas-là, de viser certains
documents sans que ce soit l'ensemble de la documentation qui est déposée au
dossier de la CPTAQ qui soit retirée, là.
Mme Lecours (Les Plaines) :
O.K. Maintenant, pour le principe de compensation, en fait, actuellement, le
ministre a déjà ce pouvoir discrétionnaire là, peut agir… et il le fait très
peu souvent, mais il peut agir par décret. L'idée derrière cette mesure-là,
c'est justement de cristalliser, donc de faire en sorte que le gouvernement a
le désir de compenser. Est-ce que vous le voyez comme ça? Et si, si vous le
voyez comme ça… est-ce que c'est quelque chose qui peut être intéressant,
justement, à glisser dans le projet de loi?
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Bien, il y a vraiment plusieurs enjeux à ce niveau-là. C'est que je comprends
que c'est déjà des mesures qui ont déjà été mises en place, là, notamment à Beauharnois
avec le centre de données Google. Cependant, il n'y a pas de balises qui sont
suffisantes en ce moment. Puis il y a un risque quand même qu'on glisse vers
une compensation financière qui soit plus automatique quand on... justement, on
l'ajoute de façon précise dans une loi.
Donc, nous, on est vraiment inquiets de
voir que, justement, ça s'inscrit simplement dans un ajout très bref puis sans
balises claires de comment est-ce que cette compensation-là serait utilisée. Il
manque de prévisibilité…
Mme Doré (Anne-Sophie) :
...vers une compensation financière qui soit plus automatique quand on...
justement, on l'ajoute de façon précise dans une loi.
Donc, nous, on est vraiment inquiets de
voir que, justement, ça s'inscrit simplement dans un ajout très bref puis sans
balises claires de comment est-ce que cette compensation-là serait utilisée. Il
manque de prévisibilité pour qu'on soit satisfaits de la formulation actuelle.
Puis justement, je le mentionnais, tu sais, on a... il y a, dans certaines
lois, qu'on a déjà inclus des principes de compensation, puis malheureusement,
ce qu'on voit, c'est qu'on finit par payer des montants puis à perdre des territoires
qui devraient être davantage protégés. Donc, on a des inquiétudes à ce qu'au
final, on arrive avec ce résultat-là avec des territoires agricoles si on n'a
pas ces balises-là qui sont également ajoutées. C'est pour ça qu'on vous
dit : Ce n'est peut-être pas opportun aujourd'hui de l'ajouter dans une
perspective d'allégement réglementaire administratif, considérant les
contrecoups qui sont possibles à cet ajout-là.
Donc, nous, on vous suggère de prendre
davantage votre temps pour mettre en place ces balises-là, pour bien
expliquer : Est-ce que ce sera de la compensation avec d'autres terres
agricoles? Est-ce que ce sera de la compensation financière qui est visée? Si
c'est une compensation financière, dans quelles circonstances, en vertu de
quels barèmes? Nous, on estime qu'il manque de précisions pour que ce régime-là
soit inclus tel quel dans la loi en ce moment.
Mme Lecours (Les Plaines) :
O.K. ...bien, vous n'êtes pas défavorable à la compensation, vous vous
interrogez sur la nature. Est-ce qu'elle serait de nature financière,
pécuniaire? Est-ce qu'elle serait de nature, justement, des terres? Donc,
d'avoir plus de précisions, mais vous n'êtes pas contre le principe de
compensation. Que ce soit fixé dans la loi, c'est beaucoup plus clair et ça
démontre la volonté du gouvernement de le faire. Est-ce que je vous lis bien
là-dedans?
Mme Doré (Anne-Sophie) :
J'apprécie quand même qu'au niveau de la compensation financière, ça...
vraiment d'un dernier recours puis que, nous, on estime, même, ça ne devrait
pas être inclus dans la loi, une compensation financière, ça devrait vraiment
être davantage... on fixe une compensation en termes de terres agricoles pour
assurer qu'il y ait une protection des terres puis qu'on ne perde pas des lots
de manière disproportionnée parce qu'on crée, justement, ce régime de
compensation là qui pourrait être utilisé plus largement.
Même si l'intention aujourd'hui n'est pas
celle-là, ça peut être dangereux de l'inclure aussi largement dans la loi. La
compensation, ça doit vraiment être le dernier recours. Il faut d'abord éviter
de retirer des terres, puis ensuite essayer de limiter les impacts en,
justement, s'assurant qu'il n'y a pas de perte de superficie.
• (17 heures) •
Mme Lecours (Les Plaines) :
Toujours dans le domaine agricole, là, c'est sûr, c'est un gros morceau, vous
comprendrez, du projet de loi. Il y en a d'autres, mais mes collègues vont
avoir des questions. Est-ce que vous croyez que de favoriser le morcellement à
des fins agricoles pourrait aider des nouveaux modèles d'affaires, des nouveaux
entrepreneurs, de la relève aussi? Donc, on parle d'allégements réglementaires
et administratifs, justement, pour aider les entrepreneurs à être plus actifs,
à créer de la richesse, je le disais au début. Donc, est-ce que vous croyez que
le morcellement peut aider à cet égard-là...
17 h (version non révisée)
17949 Mme Lecours (Les Plaines) :
...aider, des nouveaux modèles d'affaires, des nouveaux entrepreneurs, de la
relève aussi. Donc, on parle d'allégements réglementaires et administratifs,
justement, pour aider les entrepreneurs à être plus actifs, à créer de la
richesse, je le disais au début. Donc, est-ce que vous croyez que le
morcellement peut aider à cet égard-là?
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Bien, comme on le mentionne dans notre tableau, là, sur les commentaires précis,
sur les articles, le CQDE n'est pas défavorable à l'idée de favoriser la
diversité des modèles agricoles. Cependant, nous, on estime que la formulation
telle quelle, là, donc modifier l'article 1.1 de la façon qui est actuellement
proposée, c'est trop faible, parce qu'il y a le risque de morcellement, mais
aussi d'une exclusion, au final, des terres agricoles qui sont morcelées. Donc,
par exemple, s'il y a des difficultés de fiabilité économique de ces
entreprises-là puis que, finalement, on fait juste exclure des territoires
agricoles avec, justement, des maisons qui s'ajoutent sur ce morcellement de
terre agricole là et c'est un enjeu. Donc, nous, on vous propose... si vous
souhaitez garder tel quel, à tout le moins ajouter, justement, une précision
pour dire que la vocation agricole des terres doit être conservée si le
morcellement est autorisé, dans une perspective justement de peut-être
réinclure plus facilement ces terres-là dans un lot plus grand et de s'assurer
que l'objectif... en effet de respecter puis de soutenir des entreprises
agricoles. Par contre, je le mentionne, c'est un allégement, mais c'est aussi
une réflexion qui mérite d'autres bonifications puis d'autres ajouts puis qui
nécessiterait d'autres réformes au niveau de la loi pour que, justement, on
puisse avoir une relève agricole forte, mais qui assure une protection des territoires
agricoles à la fois.
Mme Lecours (Les Plaines) :
O.K. Ma dernière question. Est-ce qu'à quelque part, dans le projet de loi, il
y a quelque chose qui vous fait dire que la CPTAQ perd son rôle de gardienne
des terres agricoles?
Mme Doré (Anne-Sophie) : Je
n'irais pas jusqu'à dire : Perd son rôle de gardienne des terres
agricoles, mais il y a quand même des modifications, tu sais, qui sont importantes,
donc, notamment, là, quand on change à... si je ne me trompe pas, c'est
l'article 68, là, du projet de loi qui vient quand même changer la fonction de
la Commission de la protection du territoire agricole qui indique aussi
favoriser, dans une perspective de développement durable, la protection de
développement des activités et des entreprises agricoles. Il y a quand même une
modulation, là, de ses fonctions puis de ses activités. Puis, encore une fois,
on se posait la question : Est-ce que c'est vraiment un allégement
réglementaire administratif ou est-ce qu'on va plus loin puis qu'on
n'entreprend pas une forme de réforme même de la Loi sur la protection du
territoire agricole? Mais, tu sais, ça semble banal, mais ça peut avoir des
effets qui sont beaucoup plus larges. Donc, nous, on se questionnait sur
l'opportunité en fait de l'inclure dans ce projet de loi ci plutôt que dans un
projet de loi qui porterait vraiment sur la Loi sur la protection des
territoires agricoles.
Mme Lecours (Les Plaines) : Le
projet de loi a été pensé aussi avec l'idée très arrêtée de relancer l'économie.
Vous le savez, on a tous vécu la même chose dans les derniers mois. Donc, à
partir du moment où il y a des irritants dans certaines lois, c'est pour ça
qu'on a fait un omnibus...
Mme Doré (Anne-Sophie) :
…agricoles.
Mme Lecours (Les Plaines) : Le
projet de loi a été pensé aussi avec l'idée très arrêtée de relancer l'économie.
Vous le savez, on a tous vécu la même chose dans les derniers mois. Donc, à
partir de moment où il y a des irritants dans certaines lois… C'est pour ça
qu'on a fait un omnibus, mais ça, je ne vous apprends rien, vous savez très
bien ce que c'est. Donc, le fait de glisser certains irritants qui vont aider,
qui vont permettre, justement, une relance plus, surtout en autonomie
alimentaire, une relance plus saine, plus rapide aussi, c'est comme ça que ça a
été pensé. Mais je vais laisser… Merci beaucoup, madame… C'est Mme Doré, c'est
ça? Merci beaucoup de votre… d'avoir répondu à mes questions. Je vais laisser,
si vous permettez, la parole à mon collègue.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. Alors, la parole est au député de Saint-Jérôme. Il vous reste
5 min 50 s
M. Chassin :
Ah! oui, d'accord. Merci, Mme la Présidente. Bonjour, Mme Doré. Merci de
votre participation. Je vais essayer un peu de faire du pouce, là, sur les
conversations que vous avez eues avec la ministre. J'essaie de voir, là… puis
vraiment je me suis posé un peu la même question avec Équiterre juste avant, le
risque d'exclusion par morcellement, pour nous, c'est vraiment de favoriser
l'innovation, la relève agricole, acquérir, par exemple, un petit lot pour
développer des nouvelles façons de faire puis on ne veut certainement pas que
ça mène à de l'exclusion. Ça fait qu'est-ce que vous pouvez m'expliquer le
mécanisme par lequel le morcellement peut se retrouver, finalement, à donner de
l'exclusion du territoire agricole. Je veux bien comprendre.
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Hum-hum. Bien, en fait, tout simplement, c'est le principe de, si on morcelle…
Bon, puis je pense que l'UPA vous en a parlé également, là, s'il y a des
habitations qui sont construites sur ces terres qui ont été morcelées, donc on
perd quand même une partie de l'eau, mais c'est surtout l'enjeu vient… Ensuite,
est-ce que la viabilité économique de ces entreprises-là qui s'établiront sur
ces lots-là qui vont être morcelés seront assurée? Et est-ce que… Si ce n'est
pas le cas, est-ce que ça ferait en sorte que tous ces lots-là vont finalement
faire une demande d'exclusion parce que, justement, il y a des familles qui se
sont établies sur ces terres agricoles là, qui veulent conserver leur maison,
leur terrain, donc qu'ils vont finalement demander une exclusion des terres
agricoles. Simplement que…
M. Chassin :
Je comprends. Et est-ce que la résidence… le fait d'établir une résidence, par
exemple, pour une famille qui utilise ces terres agricoles, est-ce que ce n'est
pas indissociable, dans le fond, de la nature agricole? Ça veut dire qu'on ne
peut pas dire : Bien, on va se construire une grosse maison, puis après ça
on va vendre la maison à quelqu'un qui n'utilisera pas la terre à des fins
agricoles pour l'exclure, est-ce que c'est ça, le risque?
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Bien, c'est quand même, mais c'est surtout… En fait, le risque vient surtout du
fait qu'on inclut cette modification-là mais sans balise supplémentaire ou sans
avoir de support, justement, pour assurer que ces nouvelles entreprises là puis
ces nouveaux modèles agricoles là aient d'autres éléments pour soutenir la
viabilité des entreprises. Parce qu'au final bien entendu que c'est intéressant
d'avoir des…
Mme Doré (Anne-Sophie) :
...cette modification-là, mais sans balise supplémentaire ou sans avoir de
support, justement, pour assurer que ces nouvelles entreprises là puis ces
nouveaux modèles agricoles là aient d'autres éléments pour soutenir la fiabilité
des entreprises. Parce qu'au final bien entendu que c'est intéressant d'avoir
des activités agricoles qui se diversifient, mais il faut qu'on...
M. Chassin :
Là, je trouve ça intéressant... Là, je m'excuse, hein, je vais un peu vite.
Mais c'est parce qu'effectivement j'ai... Moi, ma compréhension, c'est que la
CPTAQ a ce rôle d'éviter que, par la vente, on supprime le caractère agricole
d'une terre, là. Cette exclusion-là, elle n'est pas, comment dire, au bon aloi
du détenteur du lot. Alors que, si c'est une question de viabilité financière,
bien là, justement, pour juger de la viabilité financière, on a besoin
d'information de nature financière de la part des promoteurs ou de la
municipalité. Mais évidemment c'est une nature financière, c'est un peu,
comme... Je veux dire, la fuite, chez Desjardins, de données très, très
sensibles, ça n'aide pas la démocratie, là, on s'entend. Donc, il y a quand
même une nature sensible à certaines informations qu'on demande de la part de
la CPTAQ à des promoteurs. Si on veut les obtenir pour juger de la viabilité
financière du projet, bien là, on revient un peu à l'article 70.
Ça fait que c'est pour ça que je trouve
qu'on a de la misère, dans le fond, à protéger sur tous les fronts. C'est
vraiment une question d'équilibre, là, on cherche avec tout le monde comment
établir cet équilibre pour que ce soit à la fois la préservation du territoire
agricole puis à la fois, disons, la possibilité de voir des nouveaux modèles
émergés.
Là, j'aurais peut-être une question sur un
autre volet. Je ne pense pas que vous en avez parlé, mais corrigez-moi si je me
trompe. On souhaite, en abolissant, dans le fond, la loi sur le rembourrage,
permettre notamment l'utilisation de matériaux recyclés dans le rembourrage
dans une perspective d'économie circulaire. Il y a toute une filière qui ne
demande probablement qu'à être développée. Moi, je pense à un organisme
d'insertion professionnelle chez nous qui serait sans doute intéressé, alors
qu'à l'heure actuelle l'interdiction qui est présente fait qu'on utilise que
des matériaux neufs. Pour vous, est-ce que ça peut être intéressant, en termes,
par exemple, d'une filière de recyclage des produits textiles?
Mme Doré (Anne-Sophie) :
En effet, on n'a pas fait de commentaire sur cette partie-là du projet de loi.
C'est évident que, de manière générale, bien, il y a certains freins qui sont
déjà dans différentes lois, notamment la Loi sur la qualité de l'environnement
et ses règlements connexes, qui limitent les possibilités d'économie circulaire.
Bien, si on peut le faire dans une perspective qui est réaliste ou qui assure
vraiment la protection de l'environnement puis la réutilisation de ces
produits-là, on ne s'oppose pas à ces mesures-là.
M. Chassin :
Ça peut être positif. Puis juste un petit commentaire, en terminant, parce
qu'il ne nous reste plus de temps, mais pour ce qui est des compensations,
peut-être juste, là, vous rassurer. Moi, ce que je comprends, c'est que c'est
vraiment exceptionnel quand le gouvernement, dans le fond, impose un projet,
détermine des compensations. Ce que j'ai compris, c'est que, depuis
43 ans, ça s'est utilisé seulement...
M. Chassin :
…en terminant, parce qu'il ne me reste plus de temps, mais pour ce qui est des
compensations, peut-être juste, là, vous rassurer, moi, ce que je comprends,
c'est que c'est vraiment exceptionnel, quand le gouvernement, dans le fond,
impose un projet, détermine des compensations. Ce que j'ai compris, c'est que
depuis 43 ans, ça s'est utilisé seulement 20 fois. Donc, c'est
vraiment très exceptionnel. Puis, à l'heure actuelle, c'est que c'est fait en
plusieurs décrets. Donc, on perd en termes de temps puis en termes aussi de
transparence, là. On n'a pas la même information dans le même décret. C'est un
peu la problématique d'allègement qu'on cherche, finalement, à régler, puisque
vous aviez soulevé la question, mais c'était une information que je voulais
vous transmettre. Bien, merci beaucoup, Mme Doré.
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci. Nous poursuivons cette fois-ci avec le député de Nelligan.
• (17 h 10) •
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Premièrement, Me Doré pour votre rapport, un travail rigoureux, une
analyse article par article. Je pense que vous avez fait un travail minutieux.
Merci de vous aider parce que, parfois, on cherche d'autres lunettes pour lire
le projet de loi et avoir un bon portrait. Donc, je tiens quand même à prendre
quelques minutes pour vous remercier et remercier votre équipe, et leur
transmettre nos remerciements par rapport à la qualité de ce rapport.
J'apprécie.
Première question, et c'est en lien avec
l'analyse que vous faites à l'article… juste voir, parce que je l'ai ici,
article 20 de la loi. En fait, je commence avec la Loi sur les mines. Vous
recommandez de retirer les articles 20 et 21 et tout article qui a un
impact sur l'existence des permis de prospection. Cet outil devrait être revu
et bonifié, notamment afin d'assurer la protection des prospecteurs en matière
d'acceptabilité sociale. J'ai entendu presque le même commentaire ailleurs, au
niveau des permis de prospection, votre crainte que l'article 20 et 21, ce
n'est pas de l'allègement réglementaire, c'est plus autre chose où on ouvre la
porte. Est-ce que je me trompe dans cette lecture ou vous partagez ma lecture
de la porte qu'ouvrent les permis de prospection?
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Bien, c'est évidemment que nous, on estime que ça devrait être conservé, les
permis de prospection, puis même bonifié, parce que ça peut avoir une utilité
pour plus large que qu'est-ce qui est le cas, en ce moment, dans la Loi sur les
mines. De retirer ces permis-là, ça fait quand même en sorte qu'on accentue le
principe du free mining, là, d'avoir l'impression en fait que le territoire est
plus ouvert à l'exploitation minière. Puis on comprend que le gouvernement
souhaite accentuer l'exploration, l'exploitation minière, mais dans ce
contexte-là, nous, on demande à ce que ce soit resserré.
Puis justement, tu sais, l'Ontario a un
cadre législatif qui est très intéressant puis dont on devrait s'inspirer pour
avoir des permis de prospection, qui ont davantage d'utilité que ce qui est le
cas dans la Loi sur les mines à l'heure actuelle, et un encadrement plus
efficient aussi, et notamment pour la protection de l'environnement, de toutes
les activités…
Mme Doré (Anne-Sophie) :
…justement, tu sais, l'Ontario a un cadre législatif qui est très intéressant
puis dont on devrait s'inspirer pour avoir des permis de prospection, qui ont davantage
d'utilité que ce qui est le cas dans la Loi sur les mines à l'heure actuelle,
et un encadrement plus efficient aussi, notamment pour la protection de
l'environnement, de toutes les activités d'exploration minière.
Donc, c'est dans cette perspective-là que
nous, on recommande plutôt que cet outil-là soit bonifié. Puis je le
mentionnais d'entrée de jeu, tu sais, de travailler sur l'acceptabilité sociale
des projets avant que ceux-ci se réalisent, bien, c'est positif pour tout le
monde, tous les acteurs, toutes les parties prenantes. Tu sais, je vous le
mentionne rapidement, mais je trouvais que c'était un exemple qui était super
intéressant, quand j'ai vu dans les médias, aujourd'hui, Hydro-Québec qui a eu
un référendum négatif, là, aux États-Unis, puis que l'acceptabilité sociale de
son projet est remise en question, bien, ça le retarde, le projet. Donc, on
devrait le travailler en amont puis travailler avec la communauté pour assurer
la protection du territoire, la protection de l'environnement puis le respect
de la participation du public.
M. Derraji : Oui, et c'est
quelque chose que je partage à 100%. 2021, ne pas travailler sur
l'acceptabilité sociale, c'est comme se tirer une balle dans le pied, vous avez
raison.
Je vous ramène à l'autre proposition. Là,
je suis un peu étonné, mais je veux juste vous poser la question pour
comprendre. Vous dites que… «prolonge d'un an la première durée de validité
d'un claim, passant de deux à trois ans, ce changement qui peut se justifier
par plusieurs facteurs, dont la pénurie de main-d'oeuvre en exploration minière
et la complexité des activités à réaliser suivant l'obtention d'un claim».
Donc, vous êtes quand même pour que la première soit de deux à trois, en
fonction de ce que vous évoquez, mais vous précisez que vous voulez qu'il soit
accompagné d'une hausse conséquente du montant des droits fixés par règlement.
Donc, pour vous, deux à trois, ça ne pose
pas de problème la première fois. Par la suite, c'est de deux ans, si j'ai bien
compris la volonté des collègues, mais vous voulez aussi qu'il soit accompagné
d'une hausse conséquente du montant des droits fixés par règlement.
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Bien, en fait, c'est simplement qu'à l'heure actuelle, là, la proposition du
projet de loi n'est pas complète, là, à notre sens, parce que, justement, il
n'ajuste pas non plus le règlement qui fixe, là, en fonction de la cédule des
paiements, là, des permis de claims. Donc, cet ajustement-là supplémentaire
devrait être fait pour être cohérent avec la modification qui est proposée à
l'article 48. Donc, c'était la nature de notre commentaire, là, pour cet
article-là.
M. Derraji : Oui, mais je veux
juste comprendre. Pour vous, il n'y a aucun enjeu que le législateur… en fait,
qu'on accepte ce qui est proposé au niveau de trois la première fois.
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Bien, en fait, disons que c'est plus un enjeu limité, là. Nous, on avait des
préoccupations qui étaient plus grandes par rapport à d'autres articles, donc
il faut faire un peu aussi la balance des inconvénients. Puis dans ce cas-ci,
bon, on préférait que ça reste à deux ans, mais on comprend les objectifs du
gouvernement. Puis dans ce cas-ci les effets sont quand même moins importants,
à notre sens, que d'autres propositions qui sont plus... qui ont…
Mme Doré (Anne-Sophie) : ...la
balance des inconvénients. Puis dans ce cas-ci, bon, on préférait que ça reste
à deux ans, mais on comprend les objectifs du gouvernement. Puis dans ce cas-ci
les effets sont quand même moins importants en un sens qu'il y a d'autres
propositions qui sont plus... qui auraient des impacts beaucoup plus
importants, là, sur les activités minières et la protection de l'environnement.
M. Derraji : Oui. Oui, j'ai
bien compris. C'est très clair. En fait, ce que vous soulevez, c'est il y a les
claims au niveau des mines, il y a aussi la protection de l'environnement, il y
a le morcellement... le morcellement des terres agricoles, mais je voulais
quand même préciser... En fait, c'est la première fois un tel commentaire.
Donc, tous les rapports, pour vous, deux à trois, ça ne pose pas de problème,
mais vous voulez qu'au niveau de frais payés par règlement, qu'il y ait une
bonification. C'est ce que j'ai bien noté.
J'ai entendu votre échange avec les collègues
sur le morcellement des terres agricoles. Je vais vous poser la question que
j'ai posée aussi à Équiterre tout à l'heure. Vous êtes pour, mais que ça soit
limité à une utilisation agricole. Est-ce que j'ai bien compris? Oui, pour
vous, le morcellement, on ouvre la porte à quelque chose de grand? Est-ce que
tel que libellé... J'ai vu vos commentaires. Tel que libellé, votre première
impression, à la lecture de ce projet de loi, avant de venir en commission,
était que le gouvernement ouvre une porte à tout type d'exploitation et on n'a
pas précisé que c'est pour l'agriculture?
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Bien, en fait, juste pour préciser la position, en fait, nous, on est surtout
en accord avec le fait de soutenir une diversité de modèles agricoles qui
soient viables, puis notamment avec des modèles agricoles qui soient peut-être
plus portés vers l'agriculture biologique écoresponsable. Donc, c'est plus la
portée de notre commentaire. On n'est pas pour directement, je dirais, le
morcellement des terres agricoles, là, simplement pour le remettre en
perspective. Je ne dirais pas qu'à la lecture on a immédiatement conclu que
c'était... ça ouvrait une porte à ce que ce soit pour des activités autres
qu'agricoles. Cependant, pour nous, ça manque de balises. Puis on aimerait
qu'il y ait des précisions qui soient formulées à cet article, cette
proposition-là de modification pour que, justement, on puisse assurer de
conserver la vocation agricole des terres qui pourraient être l'objet d'un
morcellement.
M. Derraji : Je vais probablement
refaire ma question. Je ne dis pas que vous êtes pour, désolé, pour le
morcellement. Je l'ai mal exprimé au début. Il y a un maraîcher qui nous a
présenté son modèle d'affaires hier. On comprend le rôle de la relève d'affaires.
On comprend qu'on a de la misère à trouver des personnes qui aiment ça
travailler dans le domaine de l'agriculture. Mais si c'est balisé, pas tel
qu'on a maintenant, pas l'article tel qu'il est formulé maintenant, pour vous,
vous voyez d'un bon oeil le morcellement pour une utilisation agricole. Je
précise agricole, pas toute autre activité. Vraiment activités agricoles et je
dirais une limitation de l'utilisation de la terre. Est-ce que c'est quelque
chose...
M. Derraji : ...pas l'article
tel qu'il est formulé maintenant, pour vous, vous voyez d'un bon œil le
morcellement pour une utilisation agricole. Je précise agricole, pas toute
autre activité. Vraiment, activité agricole, et je dirais, une limitation de
l'utilisation de la terre. Est-ce que c'est quelque chose que vous voyez d'un
bon œil?
Mme Doré (Anne-Sophie) : Oui,
c'est... en fait, ce n'est pas une mesure à laquelle on s'oppose parce que ça
peut également, là, permettre le développement de mesures... de pratiques
agricoles qui soient plus écoresponsables.
M. Derraji : C'est très clair.
Je vais terminer avec la compensation. Pour vous, l'article du projet de loi,
je pense, 66.1, vous voulez complètement retirer cet article qui donne un
pouvoir additionnel au ministre et qui... à la possibilité pour le gouvernement
de compenser pour la perte des territoires agricoles. Pour vous, il n'y a pas
question que... et le principe d'évitement de compensation, on doit l'amender.
Ça veut dire : On ne doit pas aller dans ce sens.
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Bien, pour moi, en fait, c'est que ça doit vraiment s'inscrire dans une
réflexion beaucoup plus large que le simple allègement administratif parce que,
tu sais, je le comprends, là, que ce sont déjà des mesures qui, à l'occasion,
sont réalisées. Cependant, ça doit rester exceptionnel, puis tel qu'inscrit en
ce moment, il n'y a pas suffisamment de balises puis on vient quand même
inscrire... c'est un... ça peut servir de cheval de Troie pour voir des
situations beaucoup plus critiques et négatives, là, au niveau de la
compensation.
M. Derraji : Me Doré, merci
beaucoup pour l'échange et les clarifications, et merci pour votre passage en
commission. Merci.
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Merci à vous.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Nous poursuivons cette fois-ci avec la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup, Me Doré, pour votre présentation. Comme d'habitude, le CQDE nous
donne toujours des mémoires très, très touffus et très clairs et faciles à comprendre
pour les gens qui ne sont pas avocats comme nous.
Je voudrais vous parler des compensations.
Vous mettez, donc, en garde le gouvernement, vous aviez eu la discussion avec
la partie gouvernementale sur ça. Si — et je pense que c'est vers là
que ça s'en va — le gouvernement décide quand même d'aller de
l'avant, alors que vous, vous dites : Ça devrait être en dernier recours,
surtout quand on sait ce qui s'est passé jusqu'à maintenant avec les milieux
hydriques, où... et les milieux humides, où, à cause de la compensation
financière, bien finalement, on ne protège pas ces milieux sensibles là.
Qu'est-ce que vous proposez comme balises qui devraient être ajoutées, puisque
le gouvernement, probablement, va décider de continuer à aller dans cette
voie-là? Ça serait quoi, les balises qui devraient être ajoutées pour
dire : O.K., là, il peut y avoir une compensation pour les terres
agricoles?
• (17 h 20) •
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Bien, je pense que de manière très claire, il faut d'abord qu'on précise que l'évitement,
donc, éviter d'exclure les terres agricoles... les... des terres agricoles, ça
devrait être la première mesure qui est mise en place. Donc, essayer d'éviter
les pertes de terres agricoles. Et ensuite, ça devrait être précisé également
que la compensation serait en nature, donc, une terre pour une terre avec la
même superficie, ça devrait également être priorisé. Et, finalement, bien,
c'est vraiment que la compensation financière devrait être un dernier recours
et...
Mme Doré (Anne-Sophie) : …ça
devrait être précisé également que la compensation serait en nature, donc une
terre pour une terre avec la même superficie, ça devrait également être
priorisé. Et, finalement, bien, c'est vraiment que la compensation financière
devrait être un dernier recours et il faut nécessairement, là, qu'il y ait également
tout un système réfléchi sur : Quels seront les montants qui seront donnés
en termes de compensation financière? Dans quelle situation, est-ce que ça
pourrait être utilisé? Parce qu'il faut justement qu'on arrive à limiter cette utilisation-là
pour que ça ne devienne pas la norme.
Mme Ghazal : O.K. Mais ça,
est-ce que c'est des choses… peut-être que je ne les ai pas vues dans votre
tableau que vous proposez, ou simplement vous dites qu'il faut retirer ça?
Mme Doré (Anne-Sophie) : Mais
c'est ça, nous, on ne les proposait pas dans le cadre de ce projet de loi là
parce qu'on pense que ça devrait être réfléchi…
Mme Ghazal : Ailleurs.
Mme Doré (Anne-Sophie) :
…plus en profondeur et ailleurs, exactement.
Mme Ghazal : Parce que là on
touche à des éléments qui ne concernent pas uniquement l'allègement du fardeau
administratif. Par rapport aux projets miniers, vous dites que si, par exemple…
ici, on augmente la superficie du territoire qui fait l'objet d'un bail minier,
bien, ça devrait être assujetti à la réalisation d'une évaluation
environnementale. On a eu le ministre de l'Environnement qui nous dit que, lui,
les évaluations environnementales, ce n'est pas important pour lui, pour des
projets très polluants comme le troisième lien. Est-ce que, peut-être, est-ce
que vous pouvez expliquer un peu plus pour que la ministre et partie
gouvernementale vous entendent par rapport à cet aspect-là?
Mme Doré (Anne-Sophie) : Oui.
C'est que, dans le fond, un des impacts possibles de ce projet de loi là, c'est
qu'on aurait une scission des projets miniers qui pourraient être proposés.
Donc, par exemple, diminuer les… qui sont par projet pour faire en sorte de se
retrouver, par exemple, en autorisation ministérielle plutôt qu'en évaluation environnementale,
ou simplement, tu sais, limiter différents projets pour tenter d'éviter l'évaluation
environnementale… Nous, on estime que c'est dommageable pour les communautés,
pour leur protection du territoire puis aussi d'un côté administratif, parce
que si on fait une scission de projets, bien, ça fait plus de dossiers à être
traités par le ministère de l'Environnement que si on passe par l'évaluation
environnementale qui, oui, est plus lourde pour le promoteur a priori, mais
qui, au final, assure un meilleur encadrement par le ministère de
l'Environnement.
Mme Ghazal : Merci, merci
beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci. Nous poursuivons, cette fois-ci, l'échange avec la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, Mme Doré… Me Doré, en fait. J'aimerais vous
réentendre… bien, en fait, par rapport à la question des claims, on a entendu,
là, l'Union des municipalités du Québec et la FQM également, là, parler de la possibilité
d'abroger l'article 246 pour qu'il n'y ait plus de préséance, les claims
n'aient plus préséance sur les schémas d'aménagement. Est-ce que vous pourriez
nous donner votre avis là-dessus et qu'est-ce que ça viendrait régler, là, par
rapport à tous les conflits qu'on peut entendre entre les municipalités, les gouvernements,
les minières, tout ça?
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Bien, en effet, c'est vraiment un enjeu important, le fait que la Loi sur l'aménagement
et l'urbanisme inclut une supériorité, là, disons, de toutes les activités
minières par rapport à la planification territoriale. Nous, on a participé
justement à la conversation nationale sur l'urbanisme et l'aménagement du
territoire, et c'est…
Mme Doré (Anne-Sophie) : …en
effet, c'est vraiment un enjeu important, le fait que la Loi sur l'aménagement
et l'urbanisme inclut une supériorité, là, disons, là, de toutes les activités
minières par rapport à la planification territoriale. Nous, on a participé justement
à la conversation nationale sur l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Et
c'est une recommandation qu'on a faite au MAMH, de retirer cet article-là, mais
également de revoir tout le système de préséance, donc, de ne pas faire en
sorte que ce soit le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles qui, en
premier lieu, peut affecter des terres à certains usages, dont des usages
miniers, mais de revoir cette préséance-là pour que les municipalités puissent
avoir un plus grand rôle à jouer dans l'aménagement des territoires. Notamment,
là, si on pense à la protection de territoire par l'entremise… terre protégée,
ça cause problème dans ce cas-ci.
Mme Perry Mélançon : Puis, si
on a quelques secondes, là, pour terminer, est-ce que vous pourriez nous
rappeler, là, en conclusion, quand vous avez parlé de renforcer les conditions?
Quand on parle des activités de prospection, à quoi vous faisiez référence?
Mme Doré (Anne-Sophie) : Hum-hum.
En fait, nous, on s'inspire beaucoup, justement, comme je le mentionnais, du
modèle ontarien. Puis, dans ce cas-ci, c'est qu'il y a des formations qui sont
données quand on demande un permis de prospection. Ces formations-là touchent
notamment à l'acceptabilité sociale des projets, mais aussi à toute la
consultation des Premières Nations et des peuples inuits. Donc, nous on estime
que, de la même façon, on devrait s'inspirer de ce modèle-là pour ajouter au
permis de prospection plutôt que des les retirer du régime minier du Québec.
Mme Perry Mélançon : C'est
bien. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, merci, Mme Doré. C'est tout le temps que nous avions avec vous.
Merci beaucoup pour votre contribution à l'avancement des travaux de la
commission. Nous vous souhaitons bonne fin de journée. Alors, nous allons…
Mme Doré (Anne-Sophie) :
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, merci. Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 26)
(Reprise à 17 h 30)
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, nous poursuivons cette fois-ci avec
l'Association de l'exploration minière du Québec. Nous avons avec nous
Mme Fillion et M. Poirier. Je vous inviterais à bien vous présenter
et à commencer par la suite, immédiatement, votre exposé de 10 minutes.
Mme Fillion (Valérie) : Merci,
Mme la Présidente. Alors, je suis Valérie Fillion, géologue et directrice
générale de l'association. Et je suis accompagnée d'Alain Poirier, directeur de
projet.
Alors, au nom de l'Association de
l'exploration minière du Québec...
17 h 30 (version non révisée)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...à bien vous présenter et à commencer par la suite, immédiatement, votre
exposé de 10 minutes.
Mme Fillion (Valérie) :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je suis Valérie Fillion, géologue et
directrice générale de l'association. Et je suis accompagnée d'Alain Poirier,
directeur de projet.
Alors, au nom de l'Association de
l'exploration minière du Québec, je souhaite remercier la Commission de
l'économie et du travail de nous permettre de vous faire part de nos positions
et réflexions relativement au projet de loi modifiant diverses dispositions
législatives principalement aux fins d'allègement du fardeau administratif.
Mme la Présidente, notre filière minérale
québécoise est un fer de lance de l'industrie qui contribue grandement à
l'économie du Québec et ses régions ressources. Les activités d'exploration
minière maintiennent, selon les cycles, entre 3 000 et 5 000 emplois
dédiés à la recherche et l'acquisition de connaissance du sous-sol québécois.
Notre expertise, notre rigueur et notre volonté d'oeuvrer de manière
responsable sont internationalement reconnues.
Au cours des dernières années, nous avons
constaté une réelle complexification dans la réalité du travail des PME
d'exploration. Notre filière doit compenser avec des cycles économiques très
variables, des charges réglementaires et administratives accrues, à l'occasion
aléatoires, et une problématique récurrente de pénurie de main-d'oeuvre. Vous
comprendrez donc que les enjeux de développement des projets d'exploration au
Québec sont de plus en plus importants et requièrent des ressources
substantielles.
De manière générale, l'association
souscrit aux objectifs du gouvernement visant à alléger le fardeau administratif
des PME opérant au Québec, et ce, sans réduire les exigences environnementales.
L'AEMQ souhaite également contribuer à toute réflexion qui permettra de mieux
soutenir le développement responsable de notre secteur et sa contribution à la
croissance économique du Québec.
Une des problématiques plus souvent vécues
par les explorateurs découle des différences entre les 100 lois,
règlements, guides, politiques et directives encadrant notre secteur. Une même
activité peut être encadrée par plus d'une loi ou règlement. Cette complexité
administrative cause bien des maux de tête. Autant d'interprétations et de
mesures différentes dans l'application de la réglementation, dans certains cas
inutiles, causent des délais coûteux tant pour les développeurs que pour le
gouvernement.
La gestion des délais est un autre enjeu
majeur pour les explorateurs. Des saisons propices à l'exécution des travaux
peuvent être particulièrement courtes, notamment dans le Nord-du-Québec. Tout
retard dans les missions d'autorisation peut mettre en péril la viabilité des
projets de nos PME. Il est primordial que les modifications législatives visent
l'efficacité pour amener des améliorations appréciables.
C'est pourquoi nous sommes en faveur de la
grande majorité des éléments touchant notre secteur d'activité proposés dans le
projet de loi. Nous souhaitons attirer votre attention sur deux éléments qui
représentent des irritants dans le quotidien des explorateurs. La gestion des claims
est à la base du travail des PME d'exploration...
Mme Fillion (Valérie) : …en
faveur de la grande majorité des éléments touchant notre secteur d'activité
proposés dans le projet de loi.
Nous souhaitons attirer votre attention
sur deux éléments qui représentent des irritants dans le quotidien des
explorateurs. La gestion des claims est à la base du travail des PME
d'exploration, qui n'ont que les marchés boursiers pour financer leurs
activités d'acquisition de connaissances. La durée de vie d'un claim est actuellement
de deux années. L'ajout de délais de toutes sortes au cours de la dernière
décennie n'a fait que raccourcir la période réelle pendant laquelle les entreprises
sont en mesure d'effectuer des travaux d'exploration et honorer les conditions
de renouvellement de leur titre minier. L'entreprise qui demande un titre
minier peut attendre une certaine période de temps avec l'octroi de ses titres
par le MERN. Ensuite, elle pourra prendre contact avec les propriétaires
terriens, les municipalités et MRC, les Premières Nations, les trappeurs, les
détenteurs d'infrastructures, les propriétaires de baux de villégiatures,
chasseurs et les autres usagers du territoire. Suivront les demandes
d'obtention de différents permis et autorisations afin de procéder à
l'exécution des travaux. Une fois ceux-ci réalisés, il faudra produire les
comptes rendus et rapports nécessaires. Une des particularités de la procédure
de renouvellement des claims est de soumettre, 60 jours avant la date de renouvellement,
un rapport des travaux effectués au MERN. Afin de libeller un tel rapport, l'entreprise
doit débuter la production du document bien avant la date prescrite, bien sûr,
réduisant donc ainsi de quelques mois de plus la durée de vie du claim.
Donc, dans les faits, la réelle durée de
vue d'un claim est d'une seule année. On comprend donc la complexité de
gestion, et ce, particulièrement lorsque les travaux ont lieu en territoire
éloigné et dépourvu d'infrastructures. Pour toutes ces raisons, nous demandons
que la durée de vie d'un claim soit de trois années.
Dans les modifications proposées, il y en
a une qui concerne l'article 71.1 de la Loi sur les mines, au sujet de la
production d'un compte rendu annuel. Actuellement, une entreprise
d'exploration, dans une année donnée, doit fournir un compte rendu annuel de
ses travaux, un rapport pour le renouvellement de son claim les deux au MERN,
un rapport à l'Institut de la statistique du Québec, une demande d'allocation
fiscale à l'Agence du revenu du Québec, et, dans le cas des actions
accréditives, une demande à l'Agence du revenu du Canada. Ainsi donc, quatre
rapports non synchrones à produire et trois l'année suivante, et ainsi de
suite.
L'AEMQ a régulièrement soulevé la
problématique que les entreprises doivent fournir des informations semblables à
des dates différentes, dans des formats différents, selon les exigences et
besoins des demandeurs. Bien que nous reconnaissions l'utilité de déposer les
travaux au MERN, l'information à l'Institut de la statistique et compléter des
obligations fiscales des entreprises, il n'en demeure pas moins que la façon de
procéder actuellement est lourde, complexe et génératrice de délais pour les
PME.
En ce qui concerne le compte rendu des
travaux…
Mme Fillion (Valérie) :
...l'utilité de déposer les travaux au MERN, l'information à l'Institut de la
statistique et compléter les obligations fiscales des entreprises. Il n'en
demeure pas moins que la façon de procéder actuellement est lourde, complexe et
génératrice de délais pour les PME.
En ce qui concerne le compte rendu des
travaux exigés, il nous apparaît comme totalement inutile, et l'exemple parfait
de lourdeur administrative. Et, de fait, nous ignorons à quoi ça sert. Cela ne
va... cela ne bonifie pas la banque de données géologiques du Québec ni celle
de l'institut et non plus celle des agences de revenus. Même les modifications
proposées dans le projet de loi afin de faciliter la transmission de ces
rapports ne conviennent pas aux entreprises et elles demeurent inutiles, de
notre point de vue.
Les PME d'exploration telles que
mentionnées précédemment sont aux prises avec une gestion administrative
complexe et de plus en plus envahissante, ce qui fait en sorte qu'une partie toujours
plus grande de leur budget va à l'administration. Cette mesure est une réelle
lourdeur administrative, inutile, n'apportant rien à l'exploration au Québec.
En guise de conclusion, nous offrons notre
coopération afin de supporter toute modification du cadre législatif et réglementaire,
qui visera à améliorer l'environnement d'affaires des PME. Le gouvernement a
une opportunité, avec cette consultation et les modifications législatives et
réglementaires qui en découleront, d'améliorer l'attractivité de son secteur
minier et stimuler l'apport des investissements au Québec. Au nom de la UMQ,
nous vous remercions, Mme la Présidente, de l'intérêt porté à nos propositions
et sommes à votre disposition pour répondre à vos questions. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, Mme Fillion, pour votre exposé. Nous allons donc commencer effectivement
la période d'échange et de questions avec la ministre. À vous la parole.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Madame, monsieur, je m'excuse, j'ai oublié
vos noms.
M. Poirier (Alain) : M.
Poirier.
Mme Lecours (Les Plaines) : M.
Poirier et madame?
Mme Fillion (Valérie) :
Fillion.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Fillion. Alors, merci d'être avec nous aujourd'hui. Honnêtement, là, ça nous
éclaire beaucoup. C'est quand même un milieu assez complexe. Et, d'entrée de
jeu, vous parliez justement de la complexité, je vais réutiliser le même mot,
la complexité de tout ce qui s'est fait au cours des années, que ça alourdit.
Et, a contrario, le nombre d'entreprises, le nombre d'entreprises
d'exploitation qui est en hausse. Donc, il y a quelque chose qui est débalancé,
là.
Certains groupes ont qualifié les mesures
qu'on propose d'accessoires ou simplement de la modernisation. Oui, il y a de la
modernisation par ailleurs dans ce projet de loi là, dans les mesures qui sont
avancées, mais j'aimerais ça que vous me parliez du cadre administratif
québécois comparativement à d'autres juridictions, on nous a parlé de l'Ontario
et tout ça, où ils ont des normes sociales et environnementales qui seraient à
peu près comparables. J'aimerais ça que vous m'en parliez.
Mme Fillion (Valérie) : Bien,
au Québec, on sait comment ça marche. On peut... On demande de... Le claim,
c'est un droit d'explorer puis il faut respecter les règles, on a des
obligations, donc... Et c'est... tu fais ta demande, tu as tes titres...
Mme Lecours (Les Plaines) :
…j'aimerais ça que vous m'en parlez.
Mme Fillion (Valérie) :
Bien, au Québec, on sait comment ça marche. On peut… On demande… Le claim,
c'est un droit d'explorer. Puis il faut respecter les règles. On a des
obligations, donc… Et c'est… Tu fais ta demande, tu as tes titres et là tu peux
le faire. On parle… C'est la règle du bon voisinage finalement, tu sais. De
plus en plus, et depuis plusieurs années, là, c'est enclenché. On parle aux
communautés, tu sais, vous savez il y a beaucoup d'échanges, et tout ça.
L'Ontario, ils ont fait un autre choix
différent. Donc, nous, on travaille dans le cadre du Québec. C'est le gouvernement
qui est responsable de parler avec les Premières Nations, avec eux, les sujets
de reconnaissance de droits et de territoires. C'est le gouvernement qui s'en
charge, ce qui évite une surenchère, bien sûr. Parce que d'autres provinces ont
fait d'autres choix où ça apporte d'autres enjeux.
Donc, au Québec, on le sait comment ça
fonctionne, c'est encadré, et tout ça, et chacun a son rôle à jouer. Puis,
nous, on opère au Québec, c'est là-dedans qu'on travaille, puis on pense que ça
fonctionne bien.
• (17 h 40) •
Mme Lecours (Les Plaines) :
Est-ce que le Québec a une attractivité par rapport à d'autres juridictions?
Mme Fillion (Valérie) :
Bien, on est reconnus, effectivement, au Québec, premièrement, on sait comment
ça fonctionne. C'est précis. C'est clair. C'est bien encadré. La centaine de
lois, règlements et tout, là, on fonctionne dans ce cadre-là. Donc, les
entreprises du Québec, les explorateurs du Québec sont reconnus pour ça. Et le
climat du Québec est reconnu aussi pour sa stabilité, sa prévisibilité, et
c'est ce qu'on a besoin dans les secteurs d'affaires pour pouvoir travailler
puis attirer les investisseurs. Parce que les explorateurs n'ont pas de revenus
autres que les marchés financiers. Ce n'est pas des producteurs… Ce n'est pas
des exploitants. C'est des explorateurs, pas de revenus autres que ceux-là.
Mme Lecours (Les Plaines) :
O.K. Concernant l'agrandissement des baux, la mesure sur l'agrandissement des
baux miniers en annexe, c'est-à-dire collés sur ce qui est existe sur le bail
présent, toujours aussi… cette mesure-là, proposée en conformité avec les lois environnementales.
Parlez-moi du temps que vous pourriez économiser. Ça représente quoi? Ça
représenterait quoi si on laisserait ça comme c'est là, actuellement?
M. Poirier (Alain) : En
fait, c'est plus une question pour les entreprises d'exploitation que ceux
d'exploration. L'enjeu est quand même assez rarissime parce que ça n'arrive pas
souvent. Potentiellement, il y a peut-être un ou deux cas seulement où est-ce
que ça pourrait se faire. Et on se retrouve où ce que les gisements se… Évidemment,
l'entreprise va suivre le gisement et se retrouver à l'extérieur de son bail,
techniquement, qui peut être deux kilomètres en haut.
Donc, ce n'est pas tant le délai que le
fonctionnement. Évidemment, l'ensemble des règlements va être suivi, tout va
être de la même façon. Ce que ça va éviter peut-être, c'est d'avoir deux ou
trois comités de suivi pour la même mine, exemple, donc… Mais c'est ça, c'est…
M. Poirier (Alain) : …en haut.
Donc, ce n'est pas tant le délai que le fonctionnement, évidemment, l'ensemble
des règlements va être suivi, tout va être de la même façon. Ce que ça va
éviter peut-être, c'est d'avoir deux ou trois comités de suivi pour la même
mine, exemple, donc… Mais c'est ça, c'est un allègement, mais qui va être
utilisé quand même assez rarement. Et ça n'arrive pas du jour au lendemain, là,
c'est suite à une exploitation qui peut durer 10, 15 ou 20 ans, où est-ce que
ça va se développer de cette façon-là.
Mme Lecours (Les Plaines) : O.K.
Vous parliez aussi… vous proposez d'étendre la période de validité des claims à
trois ans. La FQM, ce matin, nous disait deux ans. Pouvez-vous nous parler de
l'effet sur les entreprises, cette divergence-là? Vous êtes les mieux placés
pour nous en parler.
Mme Fillion (Valérie) : Dans
le fond, comme je disais, dans les 10 dernières années, il y a… 2013, on a
modernisé la Loi sur les mines. On a ajouté des nouvelles mesures pour aviser
les communautés, les municipalités, et tout ça, après ça, avant de commencer
les travaux, informer les gens, et tout ça. Après ça, il y a toute la relation
qui se fait avec toutes les parties prenantes sur le territoire. Donc, ça, ça
demande du temps, et c'est aussi des délais, et aussi le fait que nos activités
sont encadrées par plusieurs ministères, MERN, ministère Forêts, Faune, Parcs,
Environnement, donc tout ça, c'est des dédoublements qui ajoutent des délais. Ça
fait que c'est par l'ajout de délais qui fait que le deux ans n'est plus deux
ans. Et, si on a à planifier des travaux sur le terrain, bien là, à un moment
donné, c'est très, très, très court. Et si on…
Et puis on travaille sur un projet, hein,
on ne travaille pas sur un claim. Alors, le claim fait partie d'un projet, donc
de plusieurs claims. Et, quand on va faire une campagne de travaux sur le terrain,
bien, il faut avoir le temps de le faire avant que la glace pogne, que la neige
arrive ou que ça se mette à fondre au printemps. Donc, c'est des réalités de
terrain. Ce n'est pas des réalités de plan, là, et de bureau. Il faut le
prévoir pour y aller quand c'est le temps, préparer des chemins, et tout ça.
Donc, ça a vraiment un impact majeur. Puis on le voit, ça fait déjà plusieurs
années qu'on le constate, puis, de plus en plus, c'est la réalité des
explorateurs, on manque de temps pour… En plus, on veut bien faire les choses.
Ça fait que, si on va sur le terrain, on s'est financés, on va faire des
travaux d'acquisition de connaissances, bien, il faut qu'on aille le temps de
le faire, le travail.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Donc, on est dans un pays nordique. Pour ça, vous avez besoin de temps, mais
vous avez… de délais plus longs, mais, pour la paperasse, on va essayer
d'écourter les délais, c'est ça?
Mme Fillion (Valérie) :
…parce qu'il faut… On ne peut pas y aller tant qu'on n'a pas les autorisations.
Donc, ça, c'est… C'est tous des délais qui s'accumulent.
Mme Lecours (Les Plaines) : Je
vais laisser bientôt la parole à mes collègues. Dernière petite question. Par
rapport au… La question…
Mme Fillion (Valérie) : ...on
ne peut pas y aller tant qu'on n'a pas les autorisations. Donc, ça, c'est...
O.K. C'est tous des délais qui s'accumulent.
Mme Lecours (Les Plaines) : Je
vais laisser bientôt la parole à mes collègues. Une dernière petite question.
Par rapport au... La question nous a été posée à quelques occasions, pas posée,
mais ça a été expliqué. Les cédules de paiement, est-ce que... Les cédules de
paiement, le fait de, justement, d'agrandir... bien, pas d'agrandir, mais
d'étendre la validité du permis à plus de trois ans, quel serait l'impact sur
les cédules de paiement?
Mme Fillion (Valérie) : Quand
on a des titres, on a des obligations de travaux à faire, des travaux minimums
requis, mais c'est au prorata. Nous, on n'a jamais demandé une diminution des
taux, des exigences, là. C'est... Quant à nous, c'est un prorata. C'était x
montants pour deux ans. Bien, on y va au prorata sur trois ans. C'est... On
voyait ça simple comme ça, nous autres, là, là. C'est comme prorata. S'il faut
que je fasse 1 200 $ sur un claim, bien là, pour trois ans, je vais
en faire 30 % de plus.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Rapidement, là, rapidement, là, je veux... Je veux que les autres posent des
questions, mais vous dites qu'en matière de transmission de documents, il y a
vraiment du travail à faire. Qu'est-ce que vous nous suggérez?
Mme Fillion (Valérie) : Bien,
nous, on... Ce qu'on... Ce qu'on souhaiterait, c'est une fois par année, un
formulaire qui contiendrait tout et qui... Les demandeurs... On libère
l'information, puis les demandeurs ont accès à un... Bien, un formulaire? À
l'information colligée. Puis chacun prend sa partie parce que c'est
essentiellement les mêmes informations qui sont divulguées. Et les entreprises
sont publiques. Tout est divulgué. Donc, l'Institut de la statistique reçoit
des informations d'investissement et tout ça. Le ministère reçoit les
informations de travaux. L'Agence du revenu reçoit les montants investis et
tout. Donc, nous, on croit fermement qu'il y a moyen de colliger ça, de faire un
formulaire efficace, efficient, puis qu'on puisse avoir toute l'information une
fois plutôt que de se promener entre quatre formulaires pour faire ça.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Merci beaucoup. Mme la Présidente, je peux laisser la parole.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. Alors, la parole est au député de Saint-Jérôme. Il vous reste sept
minutes.
M. Chassin :
Sept minutes. Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Merci de votre participation
et de votre présentation. J'ai envie de continuer un peu sur la même question.
Il y a un bureau des droits miniers pour l'activité d'exploitation, là, qui
cherche dans le fond à accompagner des projets. Finalement, peut-être la
simplification que vous demandez, c'est d'avoir un peu cette centralisation,
là, de l'information qui fournie puis qui sera répartie après, qui à Revenu
Québec, l'Agence du revenu du Canada, l'Institut de la statistique, ou c'est
plus de réduire le volume d'information transmise?
Mme Fillion (Valérie) : Ça
pourrait être une option que... Parce que le bureau de coordination, c'est
quand même un modèle de travail tout le monde ensemble. C'est quand même
assez... C'est nouveau parce qu'on ne voyait pas ça, avant. Ça n'existait pas.
Donc, toutes les ressources sont là. Les projets... Les gens...
M. Chassin :
…le volume d'informations transmis.
Mme Fillion (Valérie) : Ça
pourrait être une option que… parce que le bureau de coordination, c'est quand
même un modèle de travail tout le monde ensemble, c'est quand même assez… c'est
nouveau, parce qu'on ne voyait pas ça, ça n'existait pas. Donc, toutes les
ressources sont là, les projets… les gens qui développent les projets sont
accompagnés. Maintenant, le même principe, oui, pourrait être appliqué, oui.
M. Chassin :
Je reviens, dans le fond, je reviens peut-être juste sur un point puis c'est
plus un commentaire qu'une question, mais effectivement on nous a parlé de la
cédule de paiement, on nous a dit en augmentant de deux à trois ans la validité
du premier claim initial, bien là, la cédule de paiement doit -elle être revue,
etc. Là, vous dites, dans le fond, tu sais, si c'est au prorata puis qu'il n'y
a pas d'exigence de plus, alors en même temps, ce que vous dites, c'est que ce
gain-là de un an, puis là évidemment au moins pour le claim initial, vous dites
même pour la suite, les renouvellements, mais ça correspond peut-être à une
compensation, puis dites-moi, là, si j'interprète bien vos propos, mais à une
espèce de compensation pour l'ajout de délais de toutes sortes, je vous
cite : ou la charge administrative réglementaire accrue. Ça vous permet de
faire, en fait, en trois ans, ce que vous pouviez peut-être faire en deux ans
avant, mais qu'on vous a demandé des obligations plus grandes maintenant.
Mme Fillion (Valérie) : …rend
compte la réalité actuelle de la filière. Ça rend compte la réalité actuelle
des explorateurs. Quand tu prépares des campagnes pour aller sur le terrain
explorer, c'est ça la réalité.
M. Chassin :O.K. Je comprends. La partie sur le permis de prospecteur, on
a, évidemment, là, dans le projet de loi, l'intention de retirer le permis de
prospecteur, il y a plusieurs prospecteurs qui de toute façon agissent sur la
base de claims. Est-ce que c'est quelque chose qui vous inquiète, qu'on retire
le permis de prospecteur? Comment vous réagissez à ça?
• (17 h 50) •
Mme Fillion (Valérie) : La
réalité aujourd'hui c'est que le métier a tellement changé. Des vrais
prospecteurs, là, comme on disait avant, il n'y en a pratiquement… ils sont
très peu nombreux. Maintenant, c'est des prospecteurs qui vont sur le
territoire, qui vont voir s'il y a quelque chose, s'ils trouvent un
affleurement intéressant ou une géologie intéressante, là, ils vont demander le
titre minier, puis après ça, bien, ça devient des entrepreneurs eux-mêmes.
C'est des explorateurs, parce que là, ils vont aller rencontrer des
entreprises, parce qu'eux aussi il faut qu'ils se fassent financer leurs
travaux, parce que veux, veux pas, ils vont sur le terrain, ils font des
analyses, des échantillonnages. Donc, c'est… la réalité de la filière
aujourd'hui, c'est qu'il y a des prospecteurs comme dans le temps, puis ça
n'existe pratiquement plus. Des permis de prospection, c'est… cinq ans? Cinq
ans et quelques. Il n'y en a plus, donc la réalité actuelle du travail, ce
n'est plus que c'était, ce n'est plus ça du tout, là. Donc, il faut vraiment
tenir compte de la réalité, comment c'est maintenant, on a affaire à des
explorateurs, qui sont des PME, eux aussi, là…
Mme Fillion (Valérie) : …des
permis de prospection, c'est cinq ans, je pense, Alain? Cinq ans, hein? Cinq
ans qu'il n'y en a plus. Donc, la réalité actuelle du travail, ce n'est plus ce
que c'était. Ce n'est plus ça du tout, là. Donc, il faut vraiment tenir compte
de la réalité, comment c'est maintenant. On a affaire à des explorateurs qui
sont des PME eux aussi, là. Tu sais, je veux dire, nous, quand on va dans les
congrès, les prospecteurs ils sont là. Dans d'autres provinces, il y en a plus
parce qu'ils font ces choix-là. Ici, ils sont là. Ils font des affaires avec
les juniors, les compagnies pour faire financer leurs travaux. Ce n'est plus ce
que c'était comme avant.
M. Chassin :
Autrement dit, ce volet-là, c'est vraiment une modernisation, là, une mise à
jour, finalement, par rapport à la réalité actuelle.
Mme Fillion (Valérie) : Effectivement.
M. Chassin :O.K. Puis est-ce que, juste pour être certain, est-ce que… ce
n'est pas parce qu'on enlève le permis que là, soudain, il va y avoir beaucoup
plus de prospecteurs.
Mme Fillion (Valérie) : Bien
non, les règles sont les mêmes.
M. Chassin :
C'est ça.
Mme Fillion (Valérie) : Tu
sais, tu ne peux pas aller prospecter sur le terrain où il y a déjà quelqu'un
qui détient les titres, parce que quand tu as un claim, on t'octroie le droit
d'explorer en échange de conditions que tu dois respecter, de travaux minimums
que tu dois faire. Mais tu sais, il ne débarquera pas
2 000 prospecteurs d'un coup sec avec leur sac à dos puis leur
marteau, aller sur le terrain d'un coup sec, là. Ce n'est pas ça du tout la
réalité du métier.
M. Chassin :
Et si on passe, par exemple, sur une propriété privée, le Code civil s'applique
toujours.
Mme Fillion (Valérie) : Même
chose. Mais non, mais dans la Loi sur les mines, il faut qu'on s'entende avec
les propriétaires terriens pour… si on doit passer sur leurs terrains pour
avoir accès à… en terres publiques sur notre… le lieu de notre travail en
arrière. Tu sais, le propriétaire terrien, dans les dernières modifications
qu'il y a eu sur la loi, c'est écrit dans les articles qu'on doit d'entendre
avec eux de gré à gré pour avoir accès au terrain, puis c'est tout à fait
correct.
M. Chassin :
O.K. Puis certains nous on dit : Bien, au lieu de l'enlever, on pourrait
peut-être rajouter des formations en acceptabilité sociale ou en lien avec les
communautés autochtones. Évidemment, tu sais, ce n'est pas du tout l'esprit du
projet de loi qui est le l'allègement réglementaire, ce n'est pas de
l'alourdissement réglementaire qu'on souhaite, mais je voulais quand même vous
entendre sur cette idée de dire : Bien, en Ontario, ils ont choisi d'ajouter
des formations plutôt que d'enlever le permis.
Mme Fillion (Valérie) :
L'expérience qu'on a nous du travail de terrain puis de nos entreprises, les
explorateurs ils sont sur le terrain depuis plusieurs décennies. Ils parlent
avec les communautés depuis longtemps. Puis je pourrais du territoire crie,
Nunavik et tout ça. Les entreprises sont en lien avec les communautés.
L'acceptabilité sociale ça fait partie de notre façon de travailler de plus en
plus. Tu sais, les gens ils en font des formations parce que maintenant il y en
a beaucoup de disponibles des formations en acceptabilité sociale. Puis il ne
faut pas oublier non plus qu'au Québec maintenant, il y a une certification UL
ECOLOGO en exploration minière selon les principes du développement durable
qui…
M. Chassin :
Mais on n'a pas besoin de l'obliger.
Mme Fillion (Valérie) : Mais
c'est ça, parce que c'est un effet d'entraînement. Tout le monde se tire par le
haut.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
20 secondes. Je peux vous donner un peu plus de temps puisqu'ils n'ont pas
pris leurs 10 minutes.
M. Chassin :
Ah, d'accord. Bien, en fait, je vais simplement peut-être souligner que… puis
je pense que je parle aussi au nom de la ministre, là, mais d'entendre…
Mme Fillion (Valérie) : …parce
que c'est un effet d'entraînement, tout le monde se tire par le haut.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…je peux vous donner un peu plus de temps, puisqu'ils n'ont pas pris leurs
10 minutes.
M. Chassin : Ah! d'accord. Bien, en fait, je vais simplement, peut-être,
souligner que je pense que c'est… je parle aussi au nom de la ministre, là,
mais, d'entendre 100 lois, règlements, directives différentes qui traitent
parfois d'enjeux similaires, c'est sûr que c'est beaucoup. Ça fait qu'on
comprend. Le but, je pense, du projet de loi, c'est d'essayer de trouver, dans
différents ministères et organismes, des façons d'atteindre les mêmes objectifs
réglementaires, mais de façon peut-être plus moderne, plus simple, idéalement,
plus rapide aussi, parce que vous avez parlé des délais. Ça fait que c'est certainement
un point sur lequel on travaille, dans ce projet de loi là, et éventuellement peut-être
dans des projets de loi… des petits frères qui suivront dans le temps. Donc, merci
beaucoup de votre travail pour l'économie du Québec, puis on continuera certainement
à travailler avec vous pour améliorer les choses dans le cadre réglementaire.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Nous poursuivons l'échange avec, cette fois-ci, le député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre mémoire, et j'ai vraiment bien aimé le passage où
vous expliquez la différence entre les claims et le projet. Dans l'imaginaire
des gens, les claims, ça veut dire que c'est la valeur qu'on peut dire au
niveau des explorateurs. Mais vous avez même précisé que, dans les états
financiers, c'est plutôt les projets, et non pas les claims. Donc, en fait, aujourd'hui,
vous venez en commission, du moment qu'on parle de l'allégement réglementaire,
mais, pour vous, ce que vous demandez, c'est au-delà d'uniquement parler de
deux à trois ans au niveau des claims… mais c'est plutôt autre chose qui vous
préoccupe. Est-ce que j'ai bien compris le sens de votre mémoire?
Mme Fillion (Valérie) : Ça
fait partie de l'enjeu de l'harmonisation et de l'allégement administratif,
d'harmoniser toutes les informations qu'on doit déposer. Dans le fond, nous, ce
qu'on veut, les explorateurs, ce qu'ils veulent, c'est que… ils veulent faire
des travaux. Ils veulent faire des travaux, aller chercher de la connaissance,
des informations, prendre des décisions sur leurs projets. Puis, pour ça, bien,
ce qu'il souhaite, c'est dégager le plus possible… que la portion
administrative versus la portion des travaux soit la plus efficace possible.
Donc, tout ce dont on parle, nous, c'est ça que ça vise. On veut faire des
travaux, on veut acquérir des connaissances. On veut connaître le sous-sol du Québec.
M. Derraji : Et ça, c'est le
rôle des explorateurs. Malheureusement, ce que vous voyez, c'est que vous êtes
perdu dans la machine administrative, entre trois ministères. C'est ce que je
vois. Donc, si vous étiez à ma place, vous pensez à améliorer, bonifier le projet
de loi… Je vous donne ce droit, aujourd'hui, hein, je vais réfléchir avec vous
à haute voix. Vous êtes experte dans le domaine, vous et votre collègue, M.
Poirier. Alors, Mme Fillion, vous êtes devant le fait que les claims… Vous
étiez très claire, deux à trois…
M. Derraji : …je vous donne ce
droit aujourd'hui, hein? Je vais réfléchir avec vous à haute voix. Vous êtes
experte dans le domaine, vous et votre collègue M. Poirier. Alors, Mme
Fillion, vous êtes devant le fait que les claims… Vous étiez très claire, deux
à trois ans, mais vous dites que c'est les marchés boursiers et financiers
qui vous donnent de la valeur pour les explorateurs. Et pour avoir cette valeur
boursière ou cette valeur sur les marchés financiers… Parce qu'on comprend que
le secteur minier, ce n'est pas un secteur facile, c'est un secteur à haut
risque. Aujourd'hui, dans un monde idéal, le gouvernement travaille sur
l'allègement réglementaire, vous êtes dans ma place et vous voulez amender le projet
de loi, ça serait quoi, votre première action? Je vous le pose à vous deux, M.
Poirier et Mme Fillion.
M. Poirier (Alain) : En fait,
on n'aime pas beaucoup le terme «allègement réglementaire» parce que ça suppose
qu'on va enlever des règlements et ce n'est pas ça qu'on parle, on parle de
l'allègement administratif.
M. Derraji : On change de projet
de loi.
M. Poirier (Alain) : Bien, en
fait… Bien, on est, je pense, on est en allègement administratif. L'objectif,
c'est de rendre le tout plus facile, plus aisé pour les entreprises, dans le
sens qu'on ne veut pas qu'il y ait d'allègements sur les règlements puis
éliminer les règlements.
Une voix : Oui, oui, je
comprends.
M. Poirier (Alain) : Mais tout
à l'heure on a parlé du Bureau de coordination des droits qui est un excellent
avancé, en fait, parce que ça prend des projets, ça travaille avec
trois ministères ensemble, ça s'assure que l'ensemble des ministères aient
l'information, que l'entreprise ait les questions. Ce qui reste à bonifier,
c'est la partie relation consultation avec les Premières Nations. Parce que
souvent il peut avoir trois consultations pour la même activité à peu près
au niveau de la communauté, et évidemment, c'est lourd et complexe pour eux et
pour l'entreprise également. Ça fait que c'est surtout ça, c'est de s'assurer
qu'il y ait… que ce soit fluide dans la transmission des informations que
l'ensemble des ministères à qui la demande est, bien, communique ensemble et
s'assure que ça aille plus rondement.
M. Derraji : Excusez, moi, M.
Poirier, je vais vous arrêter. Tout à l'heure, dans l'exposé de Mme Fillion, il
l'a schématisé, l'ampleur de… parfois, il ne s'agit même pas du même document.
Donc, est-ce que même les trois ministères... On parle de trois documents
différents, et au bout de ligne, pour vous, c'est presque la même chose, mais
chaque ministère a son gabarit de documents, est-ce que c'est ce que vous êtes
en train de me dire?
• (18 heures) •
M. Poirier (Alain) : En fait,
oui, ça va jusque là, sauf que dans l'exemple que je donnais avec le Bureau de
coordination des droits, bien, c'est aplatit, cette problématique-là est
aplatie. Mais ce sont des projets pilotes qui, premièrement, vont être étendus.
Et ça serait très intéressant, mais pas juste pour le secteur minier mais pour
beaucoup d'autres industries, et même pour les municipalités où le niveau
agricole… que ce type de bureau là puisse exister. Nous, on a considéré que
c'était un pas par en avant parce que ça facilite la vie des gens et de
l'ensemble des personnes concernées.
M. Derraji : O.K. Question sur
les délais. J'imagine que, d'un ministère à un autre, vous vivez des histoires…
18 h (version non révisée)
M. Poirier (Alain) : ...que
ce type de bureau là puisse exister. Nous, on a considéré que c'était un pas
par en avant parce que ça facilite la vie des gens et de l'ensemble des personnes
concernées.
M. Derraji : O.K. Question
sur les délais. J'imagine que, d'un ministère à un autre, vous vivez des
histoires propres à votre industrie?
M. Poirier (Alain) : En
fait, oui, et ça va même par direction régionale à direction régionale. Ce n'est
pas uniforme.
M. Derraji : O.K. Donc, il
n'y a pas une uniformisation à travers le territoire du Québec.
M. Poirier (Alain) : Non,
c'est ça. Mais, en même temps, je pense qu'il y a beaucoup d'effort qui est
fait par le ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement pour,
justement, uniformiser ça. Ça fait plusieurs années ou décennies qu'on a les
échanges par rapport à ça. Et c'est quelque chose qui est pris en compte, une
formation uniforme, là, et que, quand une entreprise, peu importe où ce que
l'entreprise va s'adresser, il va obtenir le même genre de réponse dans le même
genre de délai, et c'est ce qui est souhaité.
M. Derraji : Est-ce que
vous pouvez nous partager des exemples de délais qui vous heurtent aujourd'hui?
M. Poirier (Alain) : Bien,
les délais, souvent, bien, c'est parce que, des fois, ça va être des
microdétails, là, mais des demandent peuvent prendre plus longtemps. Sauf que,
là, je vais répondre à une autre question, tout à l'heure, par la bande, on
posait des questions sur les délais, comment on se compare. Il y a une étude de
l'Institut Fraser qui classe le Québec à peu près dans le milieu des
juridictions en ce qui a trait aux délais. Donc, on n'est pas dans les tops,
tops, mais on n'est pas vraiment vraiment non plus à la remorque. Il y a
certains éléments qui vont plus vite que d'autres, donc, juste pour situer un
peu le portrait.
Et il y a des fois que, généralement, les
autorisations peuvent être émises en dedans de 60 jours, 90 jours.
Mais il y a d'autres fois ça peut accrocher, ça peut être du six mois et ça
peut aller même à plus longtemps. Ce qui est complexe, c'est quand qu'il y a
plus qu'une autorisation. Et c'est là que ça vient s'entremêler, s'entrechoquer
et qui cause des délais.
M. Derraji : Oui. Quand
vous dites il y a des disparités régionales, ça veut dire que, pour vous, pour
vos explorateurs, vous avez déjà une carte où c'est très long. Donc, si c'est
très longtemps, le problème, c'est la région, ce n'est pas le ministère. Est-ce
que j'ai bien compris ou bien...
M. Poirier (Alain) :
Bien, en fait, je pense que les gens qui travaillent dans le ministère font
partie du gouvernement dans son ensemble. Donc, c'est vraiment une question de
communication et de s'assurer qu'il y ait une uniformité au niveau régional,
là, peu importe dans la région, ce que tu fais, tu pourrais faire la demande.
M. Derraji : Je
reviens... Au fait, l'exposé, moi, ça a été pour moi une découverte, ce que
vous avez dit, parce que je l'ai imaginé. Je l'ai imaginé et surtout navigué
dans un système parfois que c'est très complexe. Je repose encore une fois ma
question parce que j'essaie juste de trouver comment on peut aider nos
explorateurs. Parce que ce que vous avez soulevé, je pense que c'est au centre
de vos préoccupations. Aujourd'hui, je n'ai pas entendu vraiment ce que
j'entends depuis le début des consultations, que c'est les claims, votre souci.
Vraiment, aujourd'hui, là, vous n'êtes pas là pour dire : Écoutez, c'est
les claims, notre préoccupation. C'est plus...
M. Derraji : ...au centre de
vos préoccupations. Aujourd'hui, je n'ai pas entendu vraiment ce que j'entends
depuis le début des consultations que c'est les claims, votre souci. Vraiment,
aujourd'hui, là, vous n'êtes pas là pour dire : Écoutez, c'est les claims,
notre préoccupation. C'est plus les procédures et les documents derrière qui
vous préoccupent, que le projet de loi ne règle pas aujourd'hui.
Mme Fillion (Valérie) : Bien,
le claim, la durée de vie des claims, c'est la base, là, c'est une chose très
importante, mais tout le délai... les délais, c'est rattaché ensemble, parce
que le claim, en lui-même, si tu as juste un claim puis tu ne peux pas faire
tes travaux... ce n'est pas ça, le but. Le but, c'est que tu aies le temps d'aller
faire tes travaux, que les autorisations soient... que ce soit harmonisé, que
toutes les obligations des entreprises exploratrices, que ce soit harmonisé,
que ce soit plus simple pour qu'on ait le temps d'aller faire les travaux.
Donc, la réalité actuelle, c'est que deux ans, ça ne marche pas. C'est trois
ans, la réalité actuelle. Accroché à ça, il y a toute la complexité, le
dédoublement des déclarations qu'on doit faire, parce que c'est des
obligations, ça, on est obligés.
M. Derraji : O.K., excellent.
Donc là, on règle un bout à la fois. Trois ans, ça va vous donner une bonne
fenêtre de fonctionner, de respirer un peu. O.K., ça, c'est clair. O.K.,
excellent. On passe au dédoublement. Est-ce que le projet de loi règle les
dédoublements ou on va retomber dans le même problème?
M. Poirier (Alain) : En fait,
si je peux me permettre, on a parlé de l'article 71.1. Ça, c'est vraiment du
dédoublement, et ça, c'est vraiment inutile, parce qu'on prend exactement la
même information, on la met dans un autre modèle pour l'envoyer à la même
place. Ça ne donne rien, là, pour l'entreprise.
M. Derraji : Pour vous, cet
article...
M. Poirier (Alain) : Nous, on
demande qu'il soit carrément abrogé, même, dans la loi, parce que ça ne donne
rien, on est incapables de percevoir, de notre point de vue, quel est... à
quoi... qu'est-ce que ça améliore. Ça n'améliore rien, c'est juste un
dédoublement administratif un peu bête, O.K. Et on n'a même pas accès à ces
données-là, «by the way». Excusez le «by the way».
M. Derraji : Non, non,
c'est...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Poirier (Alain) : Excusez.
M. Derraji : On est dans la
journée parfaite pour ça. Moi, j'espère que les collègues vous entendent parce
que c'est très important, ce que vous soulevez aujourd'hui, parce qu'on veut
vraiment donner un go aux explorateurs. Parce que je comprends que, pour vous,
le respect des procédures, il est là, vous l'avez très bien mentionné dans
votre introduction. Et c'est des PME, on est fiers d'avoir ce réseau de PME au
Québec, qui est un domaine qui n'est pas facile, qui dépend beaucoup des
marchés financiers et boursiers, et c'est des gens qui prennent le risque.
Donc, encore une fois, pour vous, oui, les claims, deux à trois ans, ça vous
donne une bouée de... je dirais, une solution, à un point. Mais le 71.1, pour
vous, c'est extrêmement important, le retirer.
À part naviguer entre les trois
ministères, est-ce qu'il y a quelque chose d'autre qui vous heurte?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Je peux vous donner quelque temps encore.
M. Derraji : C'est ça,
j'ai... Mais laissez-les juste terminer, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui.
M. Poirier (Alain) : Bien, en
fait, nous heurter, c'est peut-être un peu puissant comme terme.
M. Derraji : Ah! utilisez un
autre synonyme, ce n'est pas grave, utilisez autre chose.
M. Poirier (Alain) : Il y a beaucoup
d'administratif, mais les...
M. Derraji : ...quelque chose
d'autre qui vous heurte.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...encore.
M. Derraji : C'est ça, j'ai...
Mais laissez-les juste terminer, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui.
M. Poirier (Alain) : Bien, en
fait, nous heurter, c'est peut-être un peu puissant comme terme.
M. Derraji : Ah! utilisez un
autre synonyme. Ce n'est pas grave.
M. Poirier (Alain) : Il y a beaucoup
d'administratif, mais les entreprises se conforment à ça. Il y a des
règlements. Chaque fois qu'il y a un règlement qui arrive, bien, il est
analysé, comment... c'est quoi, quel va être l'impact, puis tout ça. Et ce que
les gens aiment, les entreprises, particulièrement les PME, c'est la
prévisibilité. Donc, quand les choses ne changent pas trop souvent, quand ça
demeure stable, ils vont apprécier ça aussi.
M. Derraji : ...pour 71.1.
M. Poirier (Alain) : 71.1, ça
fait, je pense, cinq ans qu'il est en vigueur à peu près puis ça fait cinq ans
qu'on en entend parler.
M. Derraji : Merci à vous
deux.
M. Poirier (Alain) : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous allons maintenant poursuivre avec la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Bonjour. Merci
beaucoup. Vous parlez du métier d'explorateur. On a l'impression que c'est
quasiment un métier d'aventure. Ils sont sur le terrain et parlent à tout le
monde, et tout ça. Mais il y a aussi le phénomène du «click and claim»,
c'est-à-dire qu'on peut être partout dans le monde puis acheter des claims,
puis... Est-ce que ça, c'est quelque chose... est-ce que vous pensez que le
projet de loi va faciliter ça?
Mme Fillion (Valérie) : Bien,
je vais juste me permettre de rectifier le terme, on n'achète pas un claim. Le
claim, ce que ça nous donne, c'est le droit d'explorer, et on n'achète pas un
claim. C'est vraiment un mythe qui est propagé puis c'est faux. Le gouvernement
nous donne le droit d'explorer sur un certain territoire et il faut respecter
les travaux minimums qu'il y a à faire, il faut respecter tous les lois et
règlements qui encadrent ça. Si on ne les respecte pas, bien, le claim, on le
perd, et le droit d'explorer, on le perd. Donc, ça, c'est très, très clair,
puis c'est comme ça qu'il faut le dire.
Maintenant, dans le projet de loi qui est
là, nous, il n'y a pas de...
Mme Ghazal : Ça n'augmente pas
ça, ça ne facilite pas le fait qu'on puisse, par Internet, acheter des droits
d'explorer, peu importe où. Ça ne facilite pas ça puisqu'on veut alléger...
Oui.
M. Poirier (Alain) : Mais en
fait ça fonctionne depuis plusieurs décennies de cette façon-là, depuis le
début des années 2000, on devrait dire. C'est pour ça que le jalonnement
est retiré de la loi en tant que tel. Donc, c'est juste une question de
s'adapter. Puis ce n'est pas en retirant le jalonnement que ça va... il va
avoir beaucoup plus d'explorations, de titres qui vont être pris. Généralement,
quand il y a des titres qui sont pris, c'est parce qu'il y a une découverte, et
là ça suscite l'intérêt un peu des entreprises. Et, historiquement, si on
regarde la variation des titres miniers, des claims, bien, ça suit vraiment les
cycles économiques de notre secteur. Ça peut aller à 200 000 comme ça peut
aller à 135 000. Ça va varier selon les années.
Mme Ghazal : Puis vous dites
que, par exemple, par rapport... vous trouvez que ça fonctionne bien ici par
rapport, par exemple, à l'Ontario avec les permis prospecteurs. Est-ce que
toutes les exigences, soit de compétence, de formation, de tout connaître les
droits constitutionnels des peuples autochtones où on va explore
M. Poirier (Alain) : …peut
aller à 135 000, ça va varier selon les années.
Mme Ghazal : Puis vous dites
que, par exemple… vous trouvez que ça fonctionne bien ici par rapport, par
exemple, à l'Ontario avec les permis prospecteurs. Est-ce que toutes les
exigences, soit de compétence, de formation, de tout connaître les droits
constitutionnels des peuples autochtones où on va explorer, est-ce que ça,
c'est protégé par le projet de loi?
M. Poirier (Alain) : En fait,
je veux juste, peut-être une dernière… parce que le droit de consulter, ça
appartient à la couronne, ça appartient au gouvernement, ce n'est pas aux
entreprises à le faire. L'Ontario a fait un choix, O.K., de transférer une
partie de ses responsabilités au niveau… des gens qui effectuaient de
l'exploration. Ça fait que je ne vais pas qualifier de comment ça se passe en
Ontario, ce qui est facile, c'est toujours prendre un peu tout ce qu'on veut
dans diverses juridictions. Moi, j'aime bien l'Australie de l'Ouest, la façon,
dont ils procèdent, mais ce n'est pas comme ça, le Québec a ses propres lois,
sa propre façon de fonctionner.
Mme Ghazal : Vous trouvez que
ça marche bien, la façon de fonctionner, par rapport, si on faisait…
• (18 h 10) •
M. Poirier (Alain) : Bien, en
fait, oui, et l'enjeu, l'enjeu qu'on parle présentement, c'est les consultations
autochtones. O.K. Est-ce que c'est bien fait? Un, il y a une politique au
niveau de la Loi sur les mines, l'article 2 et 2.1, qui sont… qui visent ça, le
ministère de l'Environnement a aussi une politique, le Secrétariat des affaires
autochtones, il y a déjà beaucoup de gens. Le rôle de l'entreprise, c'est de
fournir de l'information, c'est d'aller rencontrer la communauté, lui présenter
le projet : Voici ce qu'on va faire, voici ce qu'on pense qu'on va faire,
voici les délais. Est-ce que vous avez des commentaires…
Mme Ghazal : Ça, c'est vous
qui le faites… pas vous, votre association, vos membres.
M. Poirier (Alain) : Oui, absolument
puisque c'est une question d'information. Mais pour tout ce qui touche la consultation
de la couronne, bien, ça appartient au gouvernement de le faire et, nous, on
est là… l'entreprise est là pour l'assister, fournir de l'information tant à
l'un, qu'à l'autre, mais il y a un bout de travail qui appartient au gouvernement
puis l'autre bout de travail d'information appartient à l'entreprise d'informer
les communautés.
Mme Fillion (Valérie) : Le système
de gestion des…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
Mme Ghazal : J'ai
2 min 45 s.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Et on a dépassé d'une bonne minute. Alors, nous poursuivons, cette
fois-ci, avec la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Bonjour. Merci,
Mme la Présidente. Je voudrais peut-être juste vous entendre sur, bon, pour ce
qui concerne les mines, la question que le gouvernement va prendre en charge
les avis à donner aux particuliers pour claimer un lot, alors que c'était sous
la responsabilité des entreprises. Selon vous, c'était quoi, le fardeau, en
tant que tel, puis est-ce qu'il y a un gain pour le citoyen, pour qui est-ce qu'il
y a un gain?
Mme Fillion (Valérie) : Bien,
pour l'entreprise qui avait à trouver les coordonnées des gens à contacter, le
registre est confidentiel, les municipalités ne veulent pas partager les
données, tout ça. Donc, c'était très lourd et puis ce n'était pas efficace du
tout, là, ce n'était pas la meilleure façon. Toutes les données sont au
ministère, donc ça va vraiment améliorer la communication, l'information à
cette étape-là. Après ça, il reste que l'entreprise, 30 jours avant de faire
ses travaux, il faut qu'elle informe les gens qui sont touchés, là…
Mme Fillion (Valérie) :
…la meilleure façon. Toutes les données sont au ministère. Donc, ça va vraiment
améliorer la communication, l'information quand les… à cette étape-là.
Mais après ça, il reste que l'entreprise,
30 jours avant de faire ses travaux, il faut qu'elle aie… qu'elle informe
les gens qui sont touchés puis les différentes parties prenantes qui sont
touchées. Mais la première partie, quand tu as acquis… quand tes claims t'ont
été octroyés, cette partie-là, de contacter les privés, c'est… Puis les
villégiateurs… Qui, qui a le camp de chasse? Bien, c'était vraiment… Puis ce
n'est pas toutes les municipalités. Il y a quelques municipalités qui donnaient
un peu de renseignements, mais globalement, c'était : Non, c'est
confidentiel. Donc, le meilleur… l'information, elle est au ministère. C'est le
meilleur endroit pour que ce soient eux qui le fassent.
Mme Perry Mélançon : Puis
ça ne coupe pas le lien, comme vous dites? Parce qu'après, dans d'autres
étapes, il y a quand même de l'information qui doit être…
Mme Fillion (Valérie) :
Non. Bien, l'entreprise va continuer à aller voir la municipalité, à se
présenter… les communautés, les… Tout ça, ça va tout être fait. Mais c'est la
première étape de trouver les coordonnées de ces gens-là. C'était très complexe
puis il y avait beaucoup de temps qui était passé là-dessus.
Mme Perry Mélançon : Puis
finalement, en fait, j'aimerais vous entendre de façon plus générale en quoi le
Québec, avec son régime des claims, a un pouvoir d'attraction comparativement à
l'Ontario. Est-ce que vous pouvez nous faire un bref résumé?
Mme Fillion (Valérie) :
Bien, justement, le système de gestion des titres miniers au Québec, ça
fonctionne très, très bien. Parce qu'il y a beaucoup d'information, ce n'est
pas un trou noir, il y a beaucoup d'information. Et c'est mis en place ailleurs
aussi. Il y a d'autres juridictions qui ont implanté ce système-là. Puis au
Canada aussi, l'Ontario…
Une voix : …
Mme Fillion (Valérie) :
Puis «B.C.», Colombie-Britannique. Donc, ça fonctionne très, très bien. Puis ça
fonctionne très, très bien. Puis la technologie qui évolue tellement vite,
bien, c'est encore mieux que c'était. Donc, ça, c'est vraiment numéro 1.
Ça fonctionne très bien comparé au passé, c'est facile, c'est bien organisé.
Puis tout est là, tu as toute l'information que tu as besoin. Donc, nous, globalement,
ça fonctionne très, très bien. Les règles sont connues, elles sont… bon, c'est
prévisible, c'est un climat prévisible, stable. Ça, ce volet-là, c'est ce qui
fait qu'on a des investisseurs qui viennent au Québec.
Mme Perry Mélançon :
Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est bien? C'est bien. Alors, merci, merci,
Mme Fillion, M. Poirier, pour votre contribution. Très informatif… ou
très informatives, vos informations. Alors, merci de votre participation, on
vous souhaite une bonne fin de journée.
Alors, pour nous, ayant… avant de conclure
les auditions, nous procédons au dépôt des mémoires des organismes qui n'ont
pas été entendus lors des auditions publiques. Je vous remercie toutes et tous
pour ces deux jours d'auditions publiques.
La commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux au jeudi 4 novembre 2021. Vous avez peur, là,
hein? À 8 h 5 où elle se réunira en séance de travail pour…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…je vous remercie, toutes et tous, pour ces deux jours d'auditions publiques.
La commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux au jeudi 4 novembre 2021 — vous avez eu peur, là,
hein? — à 8 h 5, où elle se réunira en séance de travail
pour un autre mandat. Ça ne vous concerne pas. Ça vous va? Alors, merci
beaucoup. Bonne fin de journée.
(Fin de la séance à 18 h 15)