Journal des débats (Hansard) of the Committee on Labour and the Economy
Version préliminaire
42nd Legislature, 2nd Session
(October 19, 2021 au August 28, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Wednesday, November 24, 2021
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Vol. 46 N° 6
Clause-by-clause consideration of Bill 103, an Act to amend various legislative provisions mainly for the purpose of reducing red tape
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour. Bonjour à toutes et à tous. Ayant constaté le quorum, nous
déclarons la séance de la Commission de l'économie et du travail ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 103,
Loi modifiant diverses dispositions législatives principalement aux fins
d'allègement du fardeau administratif. Je suis avec des collègues et membres de
la commission qui sont situés aussi dans la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine. Alors, nous avons donc deux salles pour cette
commission-ci ce matin. Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente : Mme Dansereau (Verchères) est remplacée par M. Chassin (Saint-Jérôme);
M. Leitão (Robert-Baldwin) par M. Fortin (Pontiac); Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger)
par Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé); M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) par Mme
Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue); et Mme Richard (Duplessis) par
Mme Perry Mélançon (Gaspé).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Hier, nous en étions rendus au secteur agricole, et suite à la motion
préliminaire, il y a eu des décisions qui ont été prises, je veux juste les
renouveler, c'est-à-dire que le ministre de l'Agriculture agira au nom de la ministre
déléguée de l'Économie, et nous avons aussi une nouvelle équipe de députés…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…secteur agricole, et suite à la motion préliminaire, il y a eu des décisions
qui ont été prises. Je veux juste les renouveler, c'est-à-dire que le ministre
de l'Agriculture agira au nom de la ministre déléguée de l'Économie. Et nous
avons aussi une nouvelle équipe de députés. Alors, je vais y aller, là, par
ordre. Alors, nous avons maintenant avec nous le député de Pontiac, la députée
de Bourassa-Sauvé ainsi que la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue. Nous
avions aussi la députée de Gaspé. Alors, je crois comprendre également que M.
le ministre vous aimeriez prendre quelques minutes pour bien camper les
articles qui sont du bloc du secteur agricole, c'est bien ça?
M. Lamontagne : Oui.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, nous avons bien… tout le monde est bien
d'accord, alors nous vous donnons la parole.
M. Lamontagne : Merci.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Salutations à mes collègues. Je voudrais
d'abord remercier aussi ma collègue la ministre déléguée à l'Économie, députée
de Les Plaines, de faire en sorte que je l'accompagne dans son travail aujourd'hui.
Le projet de loi qu'elle a déposé, ça a été beaucoup de travail, beaucoup de
travail de collégialité aussi avec plusieurs collègues de l'équipe
gouvernementale. Et puis pour ce bloc-là, a été convenu, là, que je venais en
soutien à toute l'équipe dans l'objectif de bien saisir la portée de ce qu'on
est en train de faire.
Alors, aujourd'hui, je suis accompagné de
mon directeur de cabinet qui est M. Sébastien Bénédict, Mme Geneviève
Masse qui est la sous-ministre adjointe au développement durable et régional,
et puis M. Stéphane Labrie qui est le président de la Commission de
protection du territoire agricole.
D'entrée de jeu, je vous dirais que ça
serait le… ce qui est présenté, les quelques articles qui sont présentés aux
parlementaires, là, pour fins d'adoption… pour fins d'analyse et fins
d'adoption s'inscrivent dans une démarche qui est dans la continuité de
beaucoup de travaux qui ont été faits qui touchent le monde agricole, qui
touchent le territoire agricole, qui touchent la prospérité de nos entreprises
agricoles, qui touchent ultimement la vitalité de notre monde agricole quand on
regarde par en avant, parce qu'ultimement on peut avoir le plus beau territoire
et le plus grand territoire agricole, mais si en même temps, bien, on n'a pas
des entreprises agricoles qui sont dynamiques, on n'a pas des entreprises
agricoles qui peuvent se développer, bien, ultimement, on peut avoir beaucoup
de territoire avec pas grand monde qui ne font pas grand-chose dessus. Alors, il
y a eu, au fil des années, beaucoup de travaux qui ont été faits, surtout
depuis une douzaine d'années qui visaient un peu à faire un constat de la
situation, et puis d'émettre des directions, des recommandations et tout ça. Et
puis ce qu'on fait par l'entremise des articles…
M. Lamontagne : ... beaucoup de
travaux qui ont été faits, surtout depuis une douzaine d'années, qui visaient
un peu à faire un constat de la situation et puis d'émettre des directions, des
recommandations et tout ça. Et puis ce qu'on fait par l'entremise des articles
qu'on présente, bien, en réalité, je dirais, il y a quatre volets. Un premier
volet, c'est qu'on vient reconnaître officiellement dans la loi qu'on a un
pluraliste modèle agricole au Québec. Il y a plusieurs modèles d'agriculture au
Québec. L'agriculture se pratique et se pratique selon une variété de modèles.
Alors, ça, on vient spécifier ça dans la loi. L'autre chose qu'on vient faire,
c'est qu'on vient donner... La Commission de protection du territoire agricole,
et ses commissaires, et ses analystes ont un coffre à outils pour viser à
l'application de la loi. Puis cette loi-là, si on va voir l'article 1 de
la Loi de la protection du territoire agricole vise à protéger le territoire, vise
à protéger les activités agricoles, vise à accompagner le développement des
entreprises agricole.
Alors, première des choses, on vient
inscrire dans la loi la pluralité des modèles. Après ça, on vient donner des...
On vient rajouter des outils dans le coffre de la CPTAQ à savoir les outils
additionnels pour venir en soutien encore davantage au développement de nos
entreprises agricoles. Après ça, d'autres outils pour venir en soutien à nos
commissaires et à la commission pour avoir encore une capacité plus fine à
rendre les décisions appropriées pour s'assurer de protéger notre territoire
agricole. Et puis, parallèlement à ça, dans l'esprit du projet de loi
n° 103 qui a été déposé, il y a un certain nombre d'articles qui ont une
portée vraiment d'allègement réglementaire, si on veut, ce qui est recherché
par le p.l. n° 103.
Et puis ce qu'on propose, ça s'inscrit
d'abord en droite ligne avec les travaux de la commission sur l'avenir de
l'agriculture et de l'agroalimentaire du Québec qui est le rapport connu sous
le vocable de rapport Pronovost. Si on a à lire, mettons, si on va à la
page 205 du rapport Pronovost, on parle du territoire agricole et puis de
la revitalisation des milieux ruraux. Et puis le premier point, on parle de
fermes de petite taille. Alors, on dit dans le paragraphe, on dit :
«Plusieurs participants ont déploré le manque de flexibilité de la
réglementation sur la protection du territoire agricole qui empêche souvent
très difficile le démarrage d'une petite ferme même lorsque le promoteur a manifestement
les compétences professionnelles pour gérer une telle installation et que le
projet, malgré sa faible taille, paraît viable. On doit reconnaître que
certaines productions maraîchères biologiques ou émergentes ne nécessitent pas
de grandes superficies, mais n'en sont pas moins importantes ou rentables.» Ça,
ça a été publié en 2009.
Parallèlement à ça, dans les pages qui
suivent, ce que le rapport vient dire, il y a cependant moyen de gérer ces
risques parce qu'on dit, si on va avec des plus petites superficies, bien, ça
peut entraîner des...
M. Lamontagne : ...ne
nécessitent pas de grandes superficies, mais n'en sont pas moins importantes ou
rentables.» Ça, ça a été publié en 2009.
Parallèlement à ça, dans les pages qui
suivent, ce que le rapport indique : «Il y a cependant moyen de gérer ces
risques...» Parce qu'on dit, si on va avec des plus petites superficies, bien,
ça peut entraîner des risques, qu'à un moment donné les projets ne fonctionnent
pas, et tout ça. Alors, c'est à l'appréciation des analystes financiers puis
des commissaires d'évaluer ces projets-là. Bien : «Il y a cependant moyen
de gérer ces risques en analysant rigoureusement les plans d'affaires. Les
projets soumis doivent notamment présenter de réelles perspectives de viabilité
et être portés par des promoteurs qui ont une formation adéquate pour les
réaliser.» Ça, les paragraphes que je viens de vous mentionner, ça porte sur
trois articles parmi les 10 qu'on vient de vous soumettre.
Et puis, comme je vous dis, ça s'inscrit
dans le rapport Pronovost, ça s'inscrit dans le rapport Ouimet de 2009, ça
s'inscrit dans les travaux de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles de 2015, mais ça s'inscrit surtout dans
la planification stratégique de la Commission de protection du territoire
agricole. Ça s'inscrit aussi dans la volonté de la Commission de protection du
territoire agricole de disposer de moyens additionnels pour venir poser des
gestes qui vont dans le sens d'une plus grande vitalité de notre territoire
agricole puis, en même temps, de lui donner les moyens pour faire ce qu'elle
fait depuis 40 ans, à tous les jours, c'est d'être le gardien, la
gardienne de notre territoire agricole. Et puis les commissaires rendent chaque
année des milliers de décisions, qui portent sur toutes sortes de demandes,
qui, des fois, souvent, vont porter sur l'aliénation ou un morcellement, une
municipalité, une MRC, toutes sortes de raisons.
Puis, parmi ces raisons-là, bien, à partir
de... en 1996, il y a eu des changements dans la loi, puis on a introduit la
notion de particularité nationale. Puis cette notion-là a été développée, a été
raffinée. 2005, il y a des travaux qui ont été faits là-dessus. Et puis, quand
on est arrivés en 2009, il était question, dans le rapport Pronovost et le
rapport Ouimet, justement, de ces particularités régionales là. En 2015, la
commission, la CAPERN, dans ses recommandations, a émis trois recommandations
qui touchaient, justement, les particularités régionales. Suite à ça, dans son
plan stratégique 2017‑2021, la CPTAQ a parti un chantier pour vraiment
venir raffiner qu'est-ce que c'est, les particularités régionales, a accouché,
en 2019, de cinq piliers, cinq axes avec 23 indicateurs qui venaient
vraiment baliser qu'est-ce que c'était que les particularités régionales.
• (11 h 30) •
Alors, dans ce contexte-là, je vous dirais
que le travail qu'on cherche à faire, c'est, ultimement, de donner les outils à
la Commission de protection du territoire agricole de continuer à poursuivre
son mandat dans un environnement où notre agriculture a changé, mais aussi dans
un environnement où on a aujourd'hui une meilleure compréhension...
11 h 30 (version non révisée)
M. Lamontagne : ...et qu'on
cherche à faire, c'est ultimement de donner les outils à la Commission de
protection du territoire agricole de continuer à poursuivre son mandat dans un environnement
où notre agriculture a changé, mais aussi dans un environnement où on a aujourd'hui
une meilleure compréhension des réalités qu'on a sur le territoire, partout
dans les régions, partout dans les places plus urbaines, si on veut, mais aussi
une meilleure compréhension de l'évolution de notre agriculture puis aussi des
particularités associées à certains modèles.
Puis dans ce contexte-là, quand Pronovost
dit qu'on doit faire des analyses rigoureuses, là, de la rentabilité, de la
viabilité, tout ça, bien, dans cette optique-là, bien, au dernier budget, en
2021, en mars, on a donné des crédits additionnels à la CPTAQ pour qu'elle
puisse se doter d'outils additionnels qui visent à augmenter son intelligence
pour faire en sorte qu'elle ait encore une meilleure compréhension, une
compréhension plus fine des réalités territoriales puis aussi une compréhension
plus fine des réalités puis des nouveaux modèles agricoles qui sont émergents aujourd'hui.
Alors, tout ça, là, c'est tout synchronisé,
je vous dirais, à partir de Pronovost, à partir de Ouimet, la CAPERN, les
besoins de la CPTAQ. On a comme tout attaché ça ensemble. Alors, c'est quelques
articles qui viennent de façon chirurgicale si on veut donner ces moyens-là à
la CPTAQ.
Force est de constater aussi, je vous
dirais que j'ai pu le mentionner à plusieurs reprises, ce n'est pas quelque
chose qu'on a improvisé. D'abord, on se base sur un corpus qui est existant,
mais on a travaillé, depuis avril 2019, avec différents partenaires, dont
l'UPA, pour faire en sorte de convenir d'un certain nombre d'interventions chirurgicales
pour arriver aux fins qu'on recherche, et puis, naturellement, bien, la FQM,
l'UMQ, la CMM, et puis, en tout temps, bien, les fonctionnaires ont travaillé
étroitement avec la Commission de protection du territoire agricole qui
recherche ces outils-là. D'ailleurs, elle le mentionne dans son mémoire aussi. Si
on va lire la dernière phrase, si on veut, le dernier paragraphe du mémoire de
la CPTAQ... attendez, je l'ai pris en note, là, parce que... «Le Québec
continue d'évoluer, les modèles d'affaires changent et les modifications
proposées à la loi dans le projet de loi déposé offrent une occasion de
procéder à des ajustements dans l'intérêt de tous». Alors, c'est comme ça que
la CPTAQ conclut son mémoire.
Mais, malgré tout ça, j'ai pu comprendre
que, suite à la publication des textes, parce qu'on n'a pas pu partager ces
textes-là, c'est en exclusivité aux parlementaires avant de le partager avec
les gens, bien, il semblerait que la façon dont c'est écrit, la façon dont
c'est présenté, bien, ça a soulevé des craintes, des craintes qui, je vous
dirais, peuvent être légitimes, puis alors je me suis mis vraiment en mode, si
on veut, depuis plusieurs jours, là, de faire en sorte de réconforter, si on
veut, ces craintes-là...
M. Lamontagne : …des craintes,
des craintes qui, je dirais, peuvent être légitimes. Puis alors je me suis mis vraiment
en mode, si on veut, depuis plusieurs jours, là, de faire en sorte de
réconforter, si on veut, ces craintes-là. Parce que, s'il y a une chose qu'on
vise par le travail qu'on fait là… Quand j'entends… on fait pointer l'étalement
urbain, je vous dirais, vraiment, ce qu'il y a en arrière de ce qu'on fait là,
là… on vise vraiment à créer de l'étalement agricole. Alors, tu sais, on n'est
pas à la même place. Alors, j'ai pris acte, là, tu sais, de cette
dichotomie-là, un petit peu, puis on a été très actifs, là, pour faire en sorte
qu'on puisse amener des propositions pour s'aligner puis faire en sorte
d'accomplir le travail qu'on cherche à accomplir, puis qu'ultimement, bien, que
mes collègues parlementaires et différents groupes, bien, puissent comprendre
ce qu'on est en train de faire, puis l'apprécier, puis, après ça, ultimement,
l'applaudir. Parce que ce qu'on va réaliser ensemble, bien, tu sais, c'est au
bénéfice de la protection de notre territoire agricole, c'est au bénéfice de la
protection des activités agricoles, c'est au bénéfice du dynamisme de tout
notre tissu agricole. Puis le grand bénéficiaire de tout ça, au fil des années,
ça va être qui? Ça va être notre territoire, ça va être notre ruralité.
Ultimement, ça va se traduire par l'occupation dynamique de notre territoire.
Alors, c'est ça qui est devant nous.
Alors, ce que je recherche, dans un
premier temps, je vous dirais, pour qu'on parte les travaux sur le bon pied, O.K.,
c'est d'avoir aussi un sens de direction ou un sens à savoir où mes collègues
se logent un peu. Parce que je vous dirais, tu sais, il arrive, des fois, que
vous voyez un titre dans le journal puis vous dites : Bien là, le ministre
a dit ça, puis, dans le fond, ce n'est pas vraiment ça que… les 24 minutes que
j'ai pu parler avec quelqu'un, ce n'est pas tout à fait ça que j'expliquais,
mais c'est le titre, puis là, bien, on dit que le ministre a dit ça. Bien, moi,
depuis sept, huit jours, j'ai entendu bien des affaires que mes collègues ont
pu dire, des représentations qu'ils ont faites, mais, en même temps, c'est
rapporté de la façon que c'est rapporté.
Alors, moi, je veux évaluer où on démarre,
à quelle place on part. Ma collègue disait : Bon, il semblerait que vous
auriez des amendements, ma collègue aussi, de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, m'a
fait part de ça : Pourriez-vous les déposer avant? Bien, je veux dire,
honnêtement, j'ai dit à mon équipe : Avant de déposer quelque amendement
que ce soit, je veux savoir avec qui j'ai affaire puis je veux savoir quelle
sorte d'échange on va avoir par rapport à ce qu'on cherche à faire. Ça fait que
moi, je vais vouloir voir un peu où vous logez là-dedans, votre compréhension
de ce qu'on est en train de faire, votre appréciation de ce qu'on est en train
de faire, parce que ce qu'on est en train de faire, c'est bon pour notre monde
agricole. Alors, puis après ça, bien, honnêtement, il y en a qui... vous avez
travaillé moi, ma collègue Rouyn-Noranda, ma collègue de Bourassa-Sauvé. On a
toujours fait atterrir nos projets à la bonne place puis de façon très, très,
très collaborative, alors je ne vois pas…
M. Lamontagne : ...parce
que ce qu'on est en train de faire, c'est bon pour notre monde agricole. Alors,
puis après ça, bien, honnêtement, il y en a qui... vous avez travaillé moi, ma collègue
Rouyn-Noranda, ma collègue de Bourassa-Sauvé. On a toujours fait atterrir nos
projets à la bonne place puis de façon très, très, très collaborative, alors je
ne vois pas pourquoi on ne ferait pas la même chose avec les 10 articles
qu'on a à s'occuper ensemble. Ça fait que c'est ça que je voulais mentionner,
Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a
d'autres membres qui aimeraient intervenir? Oui, alors à vous la parole, Mme la
députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Robitaille : Oui, je
pense qu'on voudra tous intervenir et toutes intervenir. Bien, j'entends le
ministre ce matin. Mais je veux lui rappeler qu'on n'est pas devant la CAPERN
aujourd'hui, on n'est pas devant la commission qui s'occupe d'agriculture
aujourd'hui, on est devant la commission qui traite d'économie. Et ce projet de
loi là, le projet de loi omnibus, là, est un projet de loi qui est porté par la
ministre déléguée à l'Économie. Et, dans ça, il y a un bloc qui traite d'agriculture.
Je pense qu'on est tous ouverts et on est
tous pour le morcellement, l'idée d'un morcellement, là, des terres agricoles
fait en bonne et due forme pour aider notre relève agricole, pour aider une
nouvelle agriculture, pour faire une place à tout le monde. Mais je pense que
l'enjeu, en ce moment, c'est beaucoup plus que ça. Et, depuis les discours
qu'on a eus sur le principe de tout ce grand projet de loi là et quand on a
traité du bloc agriculture, entre autres, bien, on a vu la réaction de bien du
monde, de beaucoup, beaucoup, beaucoup d'experts en matière de protection des
terres agricoles, de groupes, je pense à la FRAQ, je pense à la CAPE, je pense
que à l'Union paysanne, je pense à plein de monde qui voudraient avoir leurs
mots à dire et qui ont l'impression de s'être fait passer une petite vite.
Et ça, c'est plate parce qu'on touche à
une loi sacrée, qui est la Loi sur la protection du territoire et des activités
agricoles. Mme la Présidente, cette loi-là, c'est une loi sacrée, c'est une loi
qui touche notre patrimoine collectif, qui touche nos terres agricoles. Et il y
a des reportages récents, là, qu'on a vus très parlant, là, je pense à Québec,
terre d'asphalte, je pense que aussi à une série au canal Savoir média
sur l'agriculture, qui nous dit, qui nous rappelle comment la superficie
agricole au Québec est en train de se rétrécir, et il faut être très, très,
très prudent.
Et on a vu, durant les 10 derniers
jours, les réactions de tout le monde, là, suite aux modifications qui sont
proposées. Ça a fait couler beaucoup d'encre. Et je pense qu'il faut écouter
ces gens-là...
Mme Robitaille : …on a vu,
durant les 10 derniers jours, les réactions de tout le monde, là, suite
aux modifications qui sont proposées, ça a fait couler beaucoup d'encre, et je
pense qu'il faut écouter ces gens-là. Et la preuve que ça trouble, c'est que le
ministre nous dit, aujourd'hui, qu'il y aura des amendements. Moi, j'ai ouï
dire qu'il y aura plusieurs amendements.
• (11 h 40) •
On a donc un bloc agriculture dans un
projet omnibus qui est porté par le ministère de l'Économie. Les modifications
qui sont proposées, Mme la Présidente, sont tellement importantes. Et ça, je le
dis, là, à la lumière de tout le monde qui sont intervenus durant les
10 derniers jours, elles sont tellement importantes et ça a des
ramifications. Là, on a le président de la CPTAQ qui est ici. Moi, Mme la
Présidente, j'ai été commissaire dans une commission au fédéral, mais je pense
que l'idée est toujours la même et que, quand on touche à des points très, très
pertinents ailleurs dans la loi, bien, les commissaires, bien, ils devront se
retrouver avec ça, et ça veut peut-être dire une charge de travail de plus pour
vos commissaires, ça veut peut-être dire la nécessité de plus de commissaires
aussi à la CPTAQ. Et, quand je lis la Loi, là, sur la protection du territoire
et des activités agricoles, je vois qu'on a déjà à l'article 4, un nombre très
déterminé de membres, hein. Et ça, on ne peut pas toucher à ça. Bien là, si on
change la mission de la CPTAQ, hein, puis elle fait plus du développement et de
l'analyse de projets, en plus de sa mission originale qui est la protection des
terres, bien, est-ce qu'on a les ressources pour faire ça, est-ce qu'on a
l'expertise, Mme la Présidente, pour faire ça? Parce que pour les commissaires
de la CPTAQ, là, c'est un gros nouveau morceau, là, hein, et ils sont, je suis
sûre, déjà très débordés.
Alors, on a ce bloc-là. La sagesse
appellerait, Mme la Présidente, à ce que le ministre prenne ce bloc-là, en fasse
un projet de loi… Et qu'on ait une réflexion, là, une réflexion en bonne et due
forme. Bien, la démocratie, ça demande… Et on le sait, le processus
parlementaire, quand on a un projet de loi, là, hein, c'est guidé par nos
grands principes de démocratie. Quand on touche à une loi, ça crée… comme celle
là, hein, et qu'on veut la modifier d'une façon profonde. Parce que veux veux
pas, là, hein, ça touche quand même… Le ministre parle de modifications
chirurgicales, mais ça vient quand même chercher des éléments importants, hein,
de l'esprit de la loi. Quand on touche à ça, hein, bien, si on veut agir d'une
façon démocratique et dans le respect de nos agriculteurs et de nos… de tous
les gens qui oeuvrent dans le milieu…
Mme Robitaille : …de modifications
chirurgicales, mais ça vient quand même chercher des éléments importants de
l'esprit de la loi. Quand on touche à ça, hein, bien, si on veut agir d'une
façon démocratique et dans le respect de nos agriculteurs et de nos… de tous
les gens qui oeuvrent dans le milieu agricole, et si on veut être respectueux
du Québec aussi, en général, parce que c'est nos terres agricoles, c'est notre
patrimoine collectif, comme je l'ai dit, bien, il faudrait agir en bonne et due
forme, c'est-à-dire avoir un projet de loi, avoir des consultations, écouter,
là, tout le monde, comme il faut, pas dans un omnibus, là, mais tout le monde,
comme il faut, dans la bonne commission, c'est-à-dire la Commission de
l'agriculture, hein? Et là s'asseoir tout le monde ensemble, comme on l'a fait
avec beaucoup de plaisir, là, lors du projet de loi n° 99 qu'on a eu il
n'y a pas longtemps avec le ministre, et bonifier la loi. La sagesse appelle le
ministre à prendre ce bloc-là, là, le retirer pour que, hein, du côté de la
Commission de l'économie, on puisse adopter la loi, hein.
On le prend et on soumet un projet de loi,
et vu que c'est une priorité, je suis sûre que d'ici le mois de juin, et mon
collègue leader parlementaire pour l'opposition officielle est là, et je suis
sûre que, si le ministre le désire, mon collègue ici va faire tout ce qu'il
peut, aussi, pour contribuer à ce qu'on lui fasse une place, à ce projet de loi
là. Mais je pense que, si c'est une priorité du ministre et de ce
gouvernement-là, bien, on va trouver une place pour déposer un projet de loi
qui va répondre aux inquiétudes des gens.
Parce que, là, les gens sont très, très
inquiets, là. Je veux dire, je peux continuer longtemps, là, Mme la Présidente.
Diane Parent, professeure émérite, là, en matière d'agriculture, une
spécialiste de la protection du territoire agricole, bien, elle est un peu
surprise… elle parle de désinvolture du ministre. Mais moi, je le sais que le
ministre a l'agriculture à coeur, mais c'est l'impression que ça donne. Et
c'est parce qu'on passe dans un projet de loi comme celui-là. Elle dit :
«Un sérieux débat s'impose, hein, n'en déplaise au ministre.» On a un autre
chroniqueur très connu dans le milieu de l'agriculture, Yvon Laprade, qui a
écrit, il n'y a pas longtemps : «Les terres agricoles ne sont plus
achetables. » Et puis, dans ce sens-là, il disait que les modifications,
lui, de la façon dont il les comprend, c'est que de la façon dont elles sont
écrites là, c'est que le morcellement, ça va juste entrainer plus de
surenchère, plus de surenchère. Ultimement, l'inquiétude d'un étalement urbain.
Alors, encore une fois, moi, je demande au
ministre d'y aller, là. Tout le monde nous écoute, là, je suis sûre qu'il y a
des gens qui nous écoutent en ce moment, là, du monde de l'agriculture, parce
que j'ai parlé à beaucoup de monde, là, durant les 10 derniers jours. J'ai
parlé à des gens de l'UPA, à des gens de la FRAQ, les gens de l'union paysanne,
j'ai parlé à beaucoup d'agriculteurs individuellement, là…
Mme Robitaille : …moi, je demande
au ministre d'y aller, là. Tout le monde nous écoute, là, je suis sûre qu'il y
a des gens qui nous écoutent en ce moment, là, du monde de l'agriculture, parce
que j'ai parlé à beaucoup de monde, là, dans les 10 derniers jours. J'ai
parlé à des gens de l'UPA, à des gens de la FRAQ, des gens de l'union paysanne,
j'ai parlé à beaucoup d'agriculteurs individuellement, là. J'étais dans
Charlevoix il n'y a pas longtemps, tout le monde est inquiet. Je vous demande
de prendre ça, là, puis de nous faire un beau projet de loi, là, qui pourrait
nous amener… puis on procéderait comme il faut, et puis le ministre est là,
est-ce qu'il pourrait souscrire à nos demandes puis de retirer ce bout-là et
puis de nous faire un projet de loi qui pourrait nous amener à la CAPERN.
Est-ce que je peux poser la question au ministre, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ce n'est pas tellement une période d'échanges, là, à cette étape-ci, là, c'est
plutôt des commentaires. Mais si le ministre veut répondre, on peut peut-être
l'accorder. Mais si vous ne voulez pas, vous n'êtes pas obligé, M. le ministre.
Ici, là, à ce moment-ci, c'est des… c'est une période pas d'échanges, c'est une
période de commentaires.
M. Lamontagne : Alors, je vais
faire un commentaire, suite à…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Allez-y, M. le ministre.
M. Lamontagne : Bien, je vous
dirais, Mme la Présidente, c'est qu'il y a une différence d'appréciation
considérable entre les propose de ma collègue et puis les interventions qu'on
est en train de faire. Quand je dis à ma collègue que c'est vraiment
chirurgical, ce qu'on est en train de faire, puis ma collègue parle de partir
un chantier pour réformer la Loi sur la protection du territoire, des activités
agricoles, il n'est pas du tout dans nos intentions de lancer un chantier pour
venir réformer la Loi sur la protection du territoire, des activités agricoles.
On a déjà un chantier qui a été lancé par ma collègue des Affaires municipales,
qui vise à tout établir une stratégie au niveau de… excusez-moi, l'aménagement
du territoire, et puis… Alors, ce qu'on fait, vraiment, par ce projet de loi là,
là, c'est au service de nos entreprises agricoles puis c'est au service de la
vitalité de notre territoire agricole, puis c'est très, très limité, très
limité comme portée, ce qu'on est en train de faire, Mme la Présidente. Alors,
il n'est vraiment pas… on n'est pas du tout devant un chantier, là, de
convoquer les états généraux pour réformer la Loi sur la protection du
territoire et des activités agricoles, là, on n'est vraiment pas là, là.
• (11 h 50) •
Ce qu'on vient faire, là, c'est répondre à
un besoin qui a été exprimé d'abord par la Commission de protection du
territoire agricole, mais aussi en ligne avec… la commission sur l'agriculture
et puis l'agroalimentaire du Québec, là, la Commission Pronovost, là, elle a…
écoute, je ne me souviens pas du nombre de mois qu'elle a entendu tout ce qu'il
pouvait y avoir à entendre au Québec, là, puis elle a accouché de recommandations.
Puis ce qui est un petit peu triste, je vous dirais, bien honnêtement, sans
tomber dans la partisanerie, c'est que, tu sais, c'est votre formation
politique qui avait pris la peine de lancer ça, puis vous n'avez jamais donné…
M. Lamontagne : ...là,
elle a... écoute, je ne me souviens pas du nombre de mois qu'elle a entendu
tout ce qui pouvait y avoir entendre au Québec, là, puis elle a accouché de
recommandations. Puis ce qui est un petit peu triste, je vous dirais bien
honnêtement, sans tomber dans la partisanerie, c'est que, tu sais, c'est votre
formation politique qui avait pris la peine de lancer ça, puis vous n'avez jamais
donné aucune suite à ça. Mais, honnêtement, on s'inscrit dans la continuité des
gouvernements alors de venir finir le travail que vous avez commencé et de
contribuer à faire ça. Moi, honnêtement, je le fais en toute collégialité.
Mais pour répondre à votre question, non,
il n'est pas dans nos intentions, là, de partir un chantier, là, pour venir
réformer la loi. La loi n'a pas besoin d'être réformée. Au service des entreprises
agricoles, on vient poser quelques gestes vraiment chirurgicaux qui vont être
de soutien pour la Commission de protection du territoire agricole. Puis je
voudrais aussi mentionner, puis j'inviterais Mme ma collègue députée de
peut-être d'élargir un petit peu votre compréhension, en tout respect, du...
Une voix : ...
M. Lamontagne : Non, non,
non, mais c'est parce que, quand on mentionne que ce qu'on se prépare à faire
là, ce n'est plus dans le mandat de la CPTAQ, ce n'est plus dans sa mission,
puis que les gens qui travaillent là n'ont probablement pas les qualifications
pour donner suite à ça, bien, je m'excuse, M. le député de Pontiac, mais en
quelque part il y a une erreur ou il y a une erreur sur l'organisme de qui on
parle. Ça fait 40 ans que ces gens-là, day in day out, qui travaillent à
assurer la protection du territoire agricole, des activités agricoles. C'est
juste dans ce sens-là, monsieur... merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. On...
Une voix : ...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Vous voulez... Oui, oui, oui. Là, vous savez,
là, qu'il y a un temps de parole limité, hein, quand c'est des commentaires au
départ, là. Alors, vous, vous avez déjà parlé 9 min 30 s, je
vais vous laisser poursuivre parce que le ministre a quand même parlé un peu
plus encore, et ensuite on vous donnera la parole aux autres, là. Le député
de... parce que ce n'est pas une période d'échange en principe. À moins que
vous voulez qu'on aille vers ça. Mais là il faudrait que j'aie le consentement
de tout le monde. Mais ce n'est pas ça l'objectif des commentaires.
M. Lamontagne : ...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Oui, M. le ministre.
M. Lamontagne : ... ma
collègue, là, que j'ai été malhabile dans les mots que j'ai utilisés puis je
vous présente mes excuses. Je connais la qualité de travail et je connais sa
curiosité et puis j'ai été malhabile dans les mots que j'ai utilisés. Mme la
députée, là, mes excuses.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est bien. Alors, on peut poursuivre avec votre
échange avec la députée de... Oui? Ah!
Mme Robitaille : Oui,
bien, je veux dire, le ministre parle de modifications chirurgicales, bien, ce
n'est pas ce qu'on voit en ce moment. C'est peut-être ce qu'il va avoir dans
ses amendements, mais ce qu'on voit, ce n'est pas du tout chirurgical. Puis,
écoutez, Mme la Présidente, j'entends le ministre, là, mais ce n'est pas moi
qui le dit, hein, c'est tout le monde qu'on a entendu depuis les 10 derniers
jours. Mais encore une fois Diane Parent, c'est quand même une experte,
hein, en la matière qui nous dit que les changements qu'elle voit, ce n'est pas
chirurgical. Il y a aussi les gens de la FRAQ, la Fédération de la relève
agricole qui a dit... qui ont dit que ce n'était pas rien et que ce n'était pas
si chirurgical que ça, que ça avait des ramifications. Et sur les commissaires,
je ne parle pas de... en fait ce que je dis, c'est que ces gens-là doivent
avoir une formation, une formation qui va être... si la CPTAQ doit faire une
analyse...
Mme Robitaille : …pas si
chirurgical que ça et que ça avait des ramifications. Et sur les commissaires,
je ne parle pas de… en fait, ce que je dis, c'est que ces gens-là doivent avoir
une formation, une formation qui… Si la CPTAQ doit faire une analyse du plan
d'affaires, ce n'est quand même pas quelque chose qu'ils faisaient avant, donc
moi, je me mets à la place des commissaires, là, bien, il faut quand même une
formation, une formation pour s'adapter au changement.
Mais tout ça pour dire que je pense que,
si Jean Pronovost était là aujourd'hui, il serait déçu. Il serait déçu parce
que c'est une… encore une fois, c'est porté par le ministère de l'Économie,
hein, et on a l'impression, puis en tout respect, là, qu'on vient rabouter quelque
chose, là, qu'on fait ça… Puis les amendements ne sont même pas… on ne les voit
pas, on ne les a même pas encore, là, ils avaient 10 jours, entre le discours
sur le principe puis aujourd'hui, pour nous les soumettre, on ne les a même
pas. Et puis il paraît, ce que j'entends… le ministre peut nous dire si c'est
vrai ou faux… ils sont encore en train de rédiger les amendements. Alors, moi,
j'ai un problème avec ça. On touche à une loi fondamentale et puis on n'est pas
capable de voir venir. Alors, moi, j'aimerais bien aussi connaître l'ensemble
de l'oeuvre, connaître l'ensemble des amendements qu'on va avoir avant de me
pencher sur ce qui est à venir. Parce que, malheureusement, je comprends que le
ministre ne veut pas nous soumettre un projet de loi en bonne et due forme, qui
pourrait être procédé devant la commission... la CAPERN, et puis il pourrait y
avoir des consultations qui s'imposent. Mais là on n'aura pas ça. Est-ce qu'on
peut au moins avoir tous les amendements, qui, à la lumière de ce que
j'entends, là, sont nombreux? Parce que même l'UPA est inquiète, puis l'Union
paysanne aussi, puis bien du monde. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Oui?
M. Lamontagne : Juste pour
corriger quelque chose avant que ma collègue intervienne, préciser à ma
collègue, en tout respect, là, étudier des plans d'affaires, faire des analyses
de viabilité de différents projets qui sont présentés, là, depuis 40 ans, les
analystes puis les spécialistes du CPTAQ font ça à tous les jours. Chacune des
décisions qui rentrent sont basées sur des analyses très fines des projets qui
sont présentés. Je veux juste vous dire ça. Ce n'est pas quelque chose de nouveau,
ils veulent avoir des outils additionnels, mais c'est quelque chose pour lequel
ils sont très compétents. Ils sont compétents depuis 40 ans pour le faire.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, merci. Alors, nous poursuivons, cette fois-ci, avec la députée
de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien : Merci,
Mme la Présidente. Je pense que la discussion qu'on a en ce moment, elle est
extrêmement importante. C'est une discussion qu'on n'a pas eu l'occasion
d'avoir précédemment, qui, à mon sens, est fondamentale. Le ministre n'a pas
répondu clairement à la question de la collègue, à savoir pourquoi ce projet de
loi là n'est pas présenté avec la CAPERN. Pourquoi est-ce que ça n'est pas un
projet de loi à part…
Mme Lessard-Therrien :
...d'avoir précédemment qui, à mon sens est fondamental. Le ministre n'a pas
répondu clairement à la question de la collègue, à savoir pourquoi ce projet de
loi là n'est pas présenté avec la CAPERN. Pourquoi est-ce que ça n'est pas un projet
de loi à part entière? Je considère que les réponses que le ministre nous a
fournies ne sont pas... ne sont pas suffisamment claires. D'autant plus que le ministre
a quand même dit, puis, bon, on nous a dit que c'est des propos qui ont été
rapportés sur une entrevue de 20 minutes, mais c'est quand même lui qui
les a dits, a peut-être un peu... a accusé en fait les groupes de faire des
raccourcis, de faire des raccourcis puis de parler de l'interprétation, de
l'imagination qu'on peut faire avec... avec ce qui est présenté, ici, dans le projet
de loi n° 103. Mais je me demande en fait qui fait le plus de raccourcis
entre ce que les gens interprètent à ce stade-ci du projet de loi n° 103,
et le ministre qui dépose ces modifications-là qui sont extrêmement importantes
à travers un projet de loi omnibus et la commission en économie. Je me pose la question.
Le ministre parle de mesures
chirurgicales. En même temps, moi, je pense qu'il ne faut pas diminuer les
impacts de ce qu'il propose ici. Puis il revient quand même sur le rapport
Pronovost qui était un grand changement. Il revient aussi sur la nécessité de
ces modifications chirurgicales là pour la vitalité du milieu agricole, pour le
soutien de la relève. Donc, on reconnaît quand même que ces modifications
chirurgicales là ont le potentiel de transformer le paysage agricole au Québec
pour... pour le bien, pour le bien, Mme la Présidente. Puis moi, je veux
insister là-dessus. Je l'ai dit sur plusieurs tribunes, mais le morcellement
des terres agricoles, c'est comme... C'est comme de la tarte aux pommes, là. Je
pense que tout le monde est en faveur de ça, les groupes sont en faveur de ça. En
ce moment, on ne s'entend pas sur l'ustensile à utiliser pour couper la fameuse
tarte. Cet ustensile-là, pour l'avis des groupes, pour notre avis de ce
côté-ci, c'est définitivement d'utiliser le bon véhicule qui est la commission
en agriculture, de passer par un projet de loi pour qu'on puisse entendre aussi
les groupes.
La collègue de Bourassa-Sauvé a parlé de
Mme Parent. Si on regarde les groupes qui ont été entendus sur le projet
de loi n° 103, qui sont concernés par ce qui se passe ici, c'est
Équiterre, le Centre québécois du droit de l'environnement, l'Union des
producteurs agricoles, Jean-Martin Fortier qui est maraîcher, auteur d'un livre
qui est quand même, je pense, une pièce, une oeuvre fondamentale dans le nouvel
essor que connaît notre agriculture à l'heure actuelle, mais il y a plein
d'autres groupes qui n'ont pas été entendus, et qu'il serait extrêmement important
d'entendre, puis qui sont tous là, probablement, connectés, puis qui nous
suivent parce qu'ils ont hâte de savoir, mais qu'est-ce que le ministre va
faire avec le projet de loi n° 103 et quels sont les amendements qu'il va
apporter pour nous rassurer. Parce que, oui, les gens ont raison d'être
préoccupés.
Vous savez, j'ai été... J'ai été élue le 1er octobre
2018, là. Bien, quoi, cinq semaines après, j'étais au sommet de la tour du
Stade olympique pour célébrer les 40 ans de la Loi sur la protection du
territoire agricole puis de suivre les échanges qu'il y avait avec les gens de
la commission, avec les gens de l'UPA...
Mme Lessard-Therrien :
...que, oui, les gens ont raison d'être préoccupés. Vous savez, j'ai été élue
le 1er octobre 2018, là. Bien, quoi, cinq semaines après, j'étais au
sommet de la tour du Stade olympique pour célébrer les 40 ans de la Loi
sur la protection du territoire agricole puis de suivre les échanges qu'il y
avait avec les gens de la commission, avec les gens de l'UPA. Moi, je viens
d'une région qui est extrêmement agricole, le Témiscamingue, puis on les voit,
les limites que peuvent avoir la Loi sur la protection du territoire agricole
pour développer nos activités agricoles.
Puis, d'un autre côté, on voit ce qui se
passe dans les grands centres, où il y a des centaines, des milliers d'hectares
de terres agricoles qui ont été dézonés dans les dernières années. Puis le gouvernement
actuel ne fait pas exception à la règle. Sous ce gouvernement-là, il y a 94 hectares
qui ont été dézonés pour le centre de données Google. Il y a 24 hectares
qui ont été dézonés pour la construction de l'hôpital Vaudreuil-Soulanges. Il y
a 200 hectares qui ont été ou qui vont être dézonés pour de la
construction résidentielle dans Montcalm. Les craintes des groupes, elles sont extrêmement
justifiées.
Et c'est plus facile, on le sait, de
dézoner des terres qui sont plus petites. Puis peut-être que le ministre a vu
l'excellent reportage de Nicolas Mesly, Québec, terre d'asphalte, où on
voit la pression, la pression sur nos terres agricoles. Quand on annonce des
terres agricoles en pieds carrés, ce n'est clairement pas dans un objectif de
faire de l'agriculture, où, là, on va parler en hectares ou en acres. Là, on
vend des terres en millions en pieds carrés.
Puis je le sais que le ministre va me
dire : Oui, mais la CMM, ils sont très rigoureux, ils n'ont pas dézoné
depuis x années. Peut-être. Peut-être, mais on a dézoné ailleurs. On a quand
même dézoné ailleurs. Puis je pense aussi qu'on n'atteint peut-être pas tous
les objectifs qu'on souhaite atteindre avec ce qui nous est présenté dans cette
pièce législative là, où on veut favoriser l'établissement de la relève. Puis
morceler les terres, ça fait partie de l'équation, bien sûr, c'est un outil.
Mais il n'y a rien qui aborde la question de la financiarisation des terres
agricoles. Et le prix de ces terres-là, il va être extrêmement cher. Ça fait
que c'est quoi, le gain qu'on va aller faire si ça reste autant inabordable
pour la relève?
Donc, il y a beaucoup de questions, il y a
beaucoup de préoccupations, qui sont extrêmement légitimes. Et moi, je veux
savoir pourquoi le ministre ne procède pas à l'intérieur de la CAPERN pour
traiter de ces questions? Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, même chose, M. le ministre. Si vous
voulez répondre, vous pouvez. Sinon, nous... S'il n'y a pas d'autre intervention...
Vous voulez répondre? Oui, allez-y.
• (12 heures) •
M. Lamontagne : Non, non,
non. Bien, je voudrais juste préciser, m'assurer qu'on partage des bonnes
informations, là. Si ma collègue a bien lu les différentes nouvelles, dans un
premier temps, pour le projet de Beauharnois, ce n'est pas 94 hectares qui
a été dézoné, c'est 62,8 hectares. Et puis, parallèlement à ça,
parallèlement à ça, il y a eu la réintégration d'une propriété, adjacente à ce
projet-là, de 62,8 hectares, qui est d'une terre agricole de tout à fait
la même qualité, qui était vouée à du développement industriel, qui est
réintégré dans...
12 h (version non révisée)
M. Lamontagne : …puis parallèlement
à ça, parallèlement à ça, il y a eu la réintégration d'une propriété adjacente
à ce projet-là de 68,2 hectares, qui est une terre agricole tout à fait la même
qualité, qui était vouée à du développement industriel, qui est réintégrée dans
la zone agricole. En sus de tout ça, Hydro-Québec a cédé à la fiducie UPA Fondaction
130 hectares de terre agricole qui lui appartenaient, elle l'a cédé à la
fondation pour contribuer à la relève et, en sus de ça, il y a 6,3 millions
qui ont été versés, 2,7 millions à la fiducie du REM à Boisbriand pour
permettre… pardon, à Brossard, pour permettre à la CMM compléter sa ceinture
verte autour du REM. Et puis il y a 3,7 millions de dollars qui ont été
versés à la fiducie Fondaction UPA pour permettre d'acheter les terres
agricoles, les mettre au bénéfice de la relève, de remettre en culture des
terres agricoles.
Alors, si j'avais à qualifier cette
intervention-là du gouvernement, Mme la députée, là, le territoire agricole sort
renforcé de l'intervention qu'on a faite, c'est l'engagement que j'avais pris
envers la communauté agricole que, si on allait intervenir à Beauharnois, que
le résultat final ferait en sorte que le secteur agricole aurait fait des
gains. Alors, des gains, c'est qu'il n'y a pas eu de perte de superficie
agricole, il y a eu 130 hectares de plus qui a été cédé à la fiducie
Fondaction. Il y a eu 6,3 millions de dollars pour permettre de réaliser
la ceinture verte autour du REM puis 3,7 millions pour permettre d'acheter
des terres agricoles au bénéfice de la relève puis de remettre en culture les
terres qui sont, aujourd'hui, en friche. Ça fait que, quand vous parlez de ce
dossier-là, parlez de l'entièreté du dossier, Mme la députée.
Pour répondre à votre question, il y a 10
articles qu'on devait… qu'on a présentés, on n'était pas du tout dans un mode
de venir réformer la Loi sur la protection du territoire des activités
agricoles. Et puis c'était de trouver un véhicule pour permettre de faire ces
changements-là au bénéfice de notre agriculture, et puis c'est le véhicule qui
a pu, grâce à la bonté, la générosité de ma collègue, bien, qu'on a pu
s'arrimer à son projet pour être capable de faire bénéficier le monde agricole,
là, des ces changements-là qu'on veut faire.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Je veux juste rappeler quelques mesures. Je sais que le sujet est captivant en
ce moment, mais vous devez quand même vous adresser à la présidence et non pas
directement aux députés ou au ministre. Alors, je pense qu'on a le député de
Pontiac… est-ce que vous aviez terminé… excusez-moi, effectivement, est-ce que
vous aviez terminé, députée de de Rouyn-Noranda—Témiscamingue?
Mme Lessard-Therrien : Juste
pour rebondir, Mme la Présidente, j'entends les bons coups du gouvernement,
mais il reste que, je veux dire, dans les dernières années, c'est près de
14 000 hectares de terre agricole qui ont été sacrifiés pour les activités
autres que de l'agriculture. Donc, c'est bien que le gouvernement compense ce…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien :
Juste pour rebondir, Mme la Présidente. J'entends les bons coups du gouvernement.
Mais il reste que, dans les dernières années, c'est près de
14 000 hectares de terres agricoles qui ont été sacrifiés pour des
activités autres que de l'agriculture. Donc, c'est bien que le gouvernement
compense ce qu'il dézone, mais, je veux dire, on a une dette. Le gouvernement
du Québec a une dette qui dépasse quand même ce que le ministre vient de nous
dire en regard du territoire agricole. Puis une terre agricole qui est perdue,
Mme la Présidente, là, ça ne se ramène pas, là. Puis on pourrait parler de
l'autoroute 30, on pourrait donner bien d'autres exemples, une terre
agricole qui est perdue, c'est une perte nette pour le Québec. Puis de la
pression sur le territoire agricole, il va en avoir d'autres, donc ça serait le
fun que le gouvernement ne soit pas lui-même complice de plus de pertes du
territoire agricole.
Puis, bon, on pourrait continuer d'aborder
d'autres sujets qui touchent à la loi. Les réponses du ministre ne me satisfont
quand même pas sur le fait qu'on n'utilise pas le bon véhicule en ce moment
pour traiter ces questions. Et j'ajouterais que je m'attends à ce qu'il dépose
également des amendements pour répondre aux préoccupations des groupes. Et je
ferai du pouce sur ce que la collègue de Bourassa-Sauvé a dit, mais ça serait
extrêmement justifié, pertinent et nécessaire que ces amendements-là puissent
nous être déposés d'avance pour que les groupes puissent en prendre
connaissance, puis qu'on puisse en prendre connaissance puis se faire une tête
là-dessus. Si vous êtes pour changer des choses, il faut qu'on puisse le faire
en meilleure connaissance de cause et que les groupes qui sont extrêmement
préoccupés à l'heure actuelle puissent faire valoir leurs points. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Alors, nous poursuivons ou nous donnons
la parole au député de Pontiac.
M. Fortin :
Oui, merci, Mme la Présidente. Merci de m'accueillir à votre commission. Je
dois vous dire, là, que j'ai entendu certains des commentaires de ma collègue
de Bourassa-Sauvé et de ma voisine de comté du Témiscamingue, et il y a des
éléments qui sont importants dans ce qui a été mentionné déjà. Le fait que les
groupes, et le ministre semble avoir prêté oreille à ce qu'ils ont dit au cours
des derniers jours, mais le fait que les groupes sortent sur la place publique,
c'est parce qu'ils n'ont pas pu venir s'exprimer en commission parlementaire
comme ils le font habituellement lorsque la CAPERN étudie les projets de loi
qui sont liés à l'agriculture.
Là, aujourd'hui, le ministre nous
dit : Bien, c'est parce qu'on a une approche chirurgicale. Je dois lui
dire, Mme la ministre, que cette approche chirurgicale là, elle semble avoir
été faite avec une certaine désinvolture de la part du gouvernement, peut-être
pas du ministre, de la part du gouvernement de façon générale. Quand on présent
des changements à la loi sur la protection du territoire agricole, qu'on ne
prévoit pas la présence du ministre de l'Agriculture pour venir débattre de ces
choses-là, que les différents partis d'opposition, mon collègue de Nelligan
entre autres, doivent faire la démonstration de la nécessité de cette
présence-là, de cette intervention-là, de ce débat-là qui doit se faire avec le
ministre de l'Agriculture, quand le gouvernement prévoit que c'est la ministre
déléguée à l'Économie qui va faire ce débat-là pour la protection des...
M. Fortin :
…les différents partis d'opposition, mon collègue de Nelligan, entre autres,
doivent faire la démonstration de la nécessité de cette présence-là, de cette
intervention-là, de ce débat-là qui doit se faire avec le ministre de
l'Agriculture. Quand le gouvernement prévoit que c'est la ministre déléguée à
l'Économie qui va faire ce débat-là pour la protection des terres agricoles,
moi, ça m'inquiète. Ça m'inquiète que ça ne soit pas le ministre de
l'Agriculture qui ait été prévu pour faire ça.
S'il est ici aujourd'hui, tant mieux,
c'est une bonne affaire, ça permet d'avoir des discussions qui sont encore plus
des discussions de fond sur l'enjeu. Mais ça démontre que ce n'était peut-être
pas le premier objectif de ce projet de loi là, que ce n'était peut-être pas la
première priorité puis qu'on a peut-être juste voulu inclure des mesures à
l'intérieur de quelque chose d'autre sans avoir tout l'apport des groupes qui
auraient pu venir s'exprimer en commission parlementaire puis que, là, ils
n'ont pas pu avoir cette occasion-là. Et là ils sortent sur la place publique,
mais ils ne savent pas exactement ce que le ministre va faire à la fin de la
journée, parce que le ministre nous dit : O.K. Bien là, il y avait quelque
chose dans le projet de loi, j'entends les groupes, je vais faire des
modifications, j'en ai, on ne sait pas encore ce que c'est, mais j'en ai, des
modifications. Ça aurait été le fun d'avoir cet échange-là entre le ministre de
l'Agriculture, les députés d'opposition et ces groupes-là. Là, on ne sait pas
ce qu'il pense des modifications qui sont à venir.
Dans quelques instants, là, quand on va
finir toutes ces remarques-là, Mme la Présidente, le ministre va nous déposer
des amendements, j'aimerais ça savoir ce que ces groupes-là en pensent. On a
une idée générale d'où ils veulent s'en aller, ma collègue a eu plusieurs
discussions avec eux, moi, j'ai des discussions régulièrement avec les gens de
l'UPA, de la relève agricole et d'autres dans mon comté, dans ma
circonscription, mais de ne pas les avoir avec nous pour qu'ils puissent, eux,
prendre connaissance de ça, pour qu'on puisse tous savoir si ce que le ministre
va nous présenter satisfait à leurs exigences, à leurs priorités, à leurs
mandats, c'est de valeur, c'est problématique, ce n'est pas la façon de faire
qu'on devrait avoir.
Alors, je soumets que même lorsque… Si le
ministre, réellement, là, a pris connaissance de leurs inquiétudes et que les
interventions ou les amendements qu'il s'apprête à faire changent de façon
substantielle les articles qui sont devant nous, ce que j'espère… Parce que
c'est loin d'être chirurgical, ce qu'on a là, là. C'est quand même un gros
pinceau qu'on a pris à certains niveaux, puis on risque de dépasser les lignes
de ce qu'on veut faire. Alors, si le ministre a pris un intérêt à leurs
propositions, ce que je n'ai aucun doute qu'il a fait, puis qu'il nous arrive
avec des amendements qui sont substantiels, je pense que ce serait raisonnable
de prendre le temps de faire les choses correctement, de pouvoir parler à ces
groupes-là, de pouvoir consulter ces groupes-là. Je comprends que…
Et c'est pour ça que ma collègue fait la demande
d'avoir une autre instance pour le faire. Si le ministre veut s'en tenir à
l'instance qu'on a devant nous, là, je lui suggère de ne pas se presser à
travers tout ça. On va le faire, les choses. On l'a dit, tout le monde l'a dit,
le morcellement des terres, je pense qu'on a utilisé l'expression de la tarte
aux pommes, là, mais c'est vrai, tout le monde y voit du positif, mais il faut
faire attention de ne pas tomber dans le négatif. Alors, ce que le ministre va
nous présenter, on va vouloir l'étudier de fond, on va vouloir avoir les
discussions avec lui, je suis content qu'il est ici, mais on va vouloir avoir
les discussions avec les groupes qui sont concernés aussi…
M. Fortin :
…le morcellement des terres, je pense qu'on a utilisé l'expression de la tarte
aux pommes, là, mais c'est vrai, tout le monde y voit du positif, mais il faut
faire attention de ne pas tomber dans le négatif. Alors, ce que le ministre va
nous présenter, on va vouloir l'étudier de fond, on va vouloir avoir les
discussions avec lui. Je suis content qu'il est ici, mais on va vouloir avoir
les discussions avec les groupes qui sont concernés aussi.
Alors, je pense que le processus qu'on
s'apprête à lancer du côté de la commission et du gouvernement, là, il faudra
avoir une certaine souplesse, disons, avec notre formule habituelle pour que
ces groupes-là puissent se prononcer sur les mesures, pour qu'on puisse prendre
le temps d'étudier comme il faut. Moi, c'est ce que je demande au ministre. Si
la demande de mes collègues ne fait pas l'affaire du gouvernement, s'ils ont
l'intention de procéder, tout de suite, aujourd'hui, avec l'étude de ce projet
de loi là puis ces amendements-là, qu'on fasse les choses dans le respect de
ces groupes-là qui vont vouloir se prononcer sur les mesures qu'on va mettre de
l'avant mais sur l'avenir des terres agricoles au Québec. Merci, Mme la
Présidente.
• (12 h 10) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, est-ce que vous vouliez faire une autre intervention, M. le
ministre?
M. Lamontagne : Oui. Bien,
juste une. En tout respect pour mon collègue que j'apprécie beaucoup, là, parce
qu'il parle de désinvolture, je comprends qu'il a dit : Ce n'est pas le
ministre, là, mais… Quand saviez-vous, M. le député de Pontiac? Quand vous dites…
M. le député de Pontiac, quand saviez-vous, à savoir pour le bloc agricole, si
j'allais être présent ou pas présent? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui vous avait
dit que le ministre ne serait pas présent? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui vous
avait déjà dit ça dans le passé?
M. Fortin :
Sur le projet de loi? Mais je le regarde, le projet de loi. Projet de loi
n° 103, là, c'est un projet qui est déposé par une ministre, une seule
ministre. Il n'y a pas personne d'autre que… Le nom du ministre de l'Agriculture
n'est pas inclus. Moi, j'en ai présenté, d'autres projets de loi, avec des
ministres, des autres ministres. Le projet de loi… Comme ministre, je ne suis
pas venu débattre en commission parlementaire, mais les articles qui me
concernaient, les articles qui concernaient, à cette époque-là, le ministère
des Transports, bien, notre nom apparaissait. Je pense qu'on a trois, quatre
ministres à le faire.
Alors, je suis surpris que le ministre
nous dise qu'il était pour venir, que c'était ça, le plan de match. Si c'est ce
qu'il est en train de nous dire, là, je suis surpris. C'est peut-être une bonne
chose. Si dans sa tête, c'était comme ça que ça devait fonctionner, c'est une
bonne affaire. Mais je suis surpris, ce n'est même pas lui qui a présenté le
projet de loi qu'il a déposé, qu'il a présenté à ses collègues du Conseil des
ministres. Alors, je vous avoue que ça me surprend ce que le ministre annonce,
mais si c'était le cas, tant mieux.
M. Lamontagne : Excellent.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, écoutez, alors je pense que les commentaires sont terminés. Nous allons
commencer, effectivement, les l'étude détaillée. Nous allons commencer, il y a
sept sections dans le secteur, ou dans le thème, ou dans le sujet
agricole, nous allons commencer par la première section, si vous êtes d'accord,
Développement des activités agricoles en favorisant le morcellement, pour les
articles 67 à 69 et 72. Alors, M. le ministre, je vous invite à lire l'article
67, s'il vous plaît.
M. Lamontagne : Oui. Alors,
article 67 : «L'article…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…dans le terme ou dans le sujet agricole, nous allons commencer par la première
section, si vous êtes d'accord, Développement des activités agricoles en
favorisant le morcellement, pour les articles 67 à 69 et 72. Alors, M. le
ministre, je vous invite à lire l'article 67, s'il vous plaît.
M. Lamontagne : Oui. Alors,
article 67 : «L'article 1.1 de cette loi est modifié par
l'insertion, après «l'agriculture», de «, selon une diversité de modèles
nécessitant notamment des superficies variées,».
Commentaire : L'article 67 du
projet de loi modifie l'objet du régime de protection du territoire agricole
institué par l'article 1.1 de la Loi sur la protection du territoire et
des activités agricoles afin d'y préciser que la pratique de l'agriculture peut
être faite selon une diversité de modèles nécessitant notamment des superficies
variées.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci, M. le ministre. Je crois qu'il y a un amendement. Est-ce qu'il
y aura un amendement à cet article-ci?
M. Lamontagne : Oui. J'aurais
un amendement à déposer, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce que vous pouvez le déposer afin que… il serait soumis. Alors, écoutez,
afin que l'adjointe puisse regarder, nous allons suspendre quelques instants…
oui?
Mme Robitaille : Oui. J'ai une
question au ministre, c'est-à-dire qu'on nous présente un amendement, moi, je
comprends qu'il va y avoir beaucoup d'amendements, et comme l'a dit mon
collègue et ma collègue, on aimerait avoir l'ensemble de l'oeuvre. On veut
pouvoir regarder tous les amendements et consulter les groupes qui sont appelés
à commenter et qui sont ciblés par… qui auraient des commentaires à faire. On
voudrait pouvoir voir l'ensemble de l'oeuvre, là. On veut voir tous les amendements
qui vont être amenés, là, durant les prochaines heures, durant les prochaines
séances pour comprendre ce qui va se passer. On ne peut pas y aller à la pièce,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. Je comprends ce que vous dites. Je pense que le ministre aussi l'a bien
entendu, mais vous savez que c'est son choix, hein. C'est au choix du ministre
de décider si, oui ou non, il veut déposer tous les amendements. À cette
étape-ci, peut-être qu'il n'a pas encore la réponse pour cette question-là,
mais… est-ce que vous avez une réponse ou… qu'est-ce que vous souhaitez, M. le
ministre, à cette demande-là?
M. Lamontagne : Bien, en
réalité, Mme la Présidente, je pourrais entendre mes collègues, là, sur le
texte qui est proposé, là, à l'article 67, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est ça. Alors, pour le moment, nous pourrions suspendre pour que vous pussiez
au moins prendre connaissance de cet amendement-là.
Mme Robitaille : Un instant.
Moi, ce qui me trouble là-dedans, là, c'est qu'il y a déjà un amendement, il y
en aura d'autres. Il y en a qui sont en rédaction. Personnellement, je ne
trouve pas ça sérieux. On a des groupes qui sont intervenus, qui ont voulu
parler, qui ont parlé sur la place publique, et de toute évidence, ces gens-là
doivent être consultés. Ils sont directement impliqués dans tout ça. Et je
pense que c'est par respect pour eux, là, on devrait savoir ce qui est à venir.
Et on devrait pouvoir voir ces amendements-là. Alors, on va suspendre, s'il
vous plaît. On aimerait suspendre, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait…
Mme Robitaille : ...et, de
toute évidence, ces gens-là doivent être consultés. Ils sont directement
impliqués dans tout ça. Et je pense que c'est par respect pour eux, là, on
devrait savoir ce qui est à venir et on devrait pouvoir voir ces amendements-là.
Alors, on va suspendre, s'il vous plaît. On aimerait suspendre, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, nous accordons la suspension pour regarder l'amendement à
l'article 67 déposé par le ministre. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 15)
(Reprise à 12 h 27)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, avant d'étudier l'amendement, je pense que M. le ministre, vous aimeriez
donner une information au député. C'est bien cela?
M. Lamontagne : Oui,
effectivement. Mais, écoutez, je me rends aux représentations de mes collègues,
hein, pour faire en sorte qu'on travaille de la façon la plus efficace
possible. Alors, au total, là, on a trois amendements qu'on dépose. Il y en a
deux qui visent…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...aux députés, c'est bien ça?
M. Lamontagne : Oui, effectivement.
Bien, écoutez, je me rends aux représentations de mes collègues, hein, pour
faire en sorte qu'on travaille de façon la plus efficace possible. Alors, au
total, là, on a trois amendements qu'on dépose. Il y en a deux qui visent le
bloc, là, qui touche... qu'on a appelé un peu... qui favorise le morcellement.
Et puis après ça, on va avoir un autre amendement, qui vise l'article qui
touche la transparence, il y avait un enjeu au niveau de la transparence.
Alors, vous avez déjà un premier amendement qui est là, et puis il y a deux
autres amendements qui vont suivre.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce que je comprends, M. le ministre, que les deux autres amendements qui
vont venir, vous souhaitez qu'on les mette déjà sur le Greffier pour que les
députés puissent en prendre connaissance?
M. Lacombe : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui? Alors, d'accord, ils seront greffés... greffés, oui... téléchargés, je ne
sais plus, là, mais ils seront dans le Greffier bientôt. C'est bien ça, oui?
Parfait. Alors, est-ce que vous êtes d'accord pour qu'on puisse... que le
ministre puisse lire l'amendement à l'article 67? Oui? D'accord, merci. Alors,
M. le ministre, je vous invite à lire l'amendement de l'article 67. Sinon, M.
le ministre, si vous avez des bons yeux, vous pouvez le lire à distance,
mais... Oui? D'accord.
M. Lamontagne : Alors,
l'amendement proposé pour l'article 67, c'est de : Supprimer, à l'article
67 du projet de loi, «nécessitant notamment des superficies variées».
Puis l'amendement propose de retirer la
notion de superficies variées de la disposition d'objet du Régime protection du
territoire agricole. Alors, quand on regarde la loi, l'article 1.1 de la Loi
sur la protection du territoire agricole est un article général sur la portée
de la loi, alors tout ce qu'on vient faire, à ce moment-là, c'est de consacrer,
dans la loi, qu'on a, au Québec, une agriculture qui est formée d'une variété
de modèles.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, merci. Y a-t-il des interventions sur l'amendement à l'article 67?
Mme Robitaille : ...j'ai
plusieurs questions. Pourquoi c'était nécessaire pour le ministre? C'est parce
que ça donne l'impression d'être un recul, là, parce que vous enlevez une
grosse portion de... le ministre enlève une portion, là, de ce qui était
proposé. Alors, est-ce qu'il y a des... quel est le fondement de sa décision de
retirer ce libellé-là?
• (12 h 30) •
M. Lamontagne : Bien, c'est
que, dans un premier temps, comme je vous dis, l'article 1.1, c'est vraiment un
article de portée générale. Et puis ce qui est important dans ce qu'on cherche
à faire, c'est qu'il soit convenu qu'il y a une pluralité de modèles agricoles,
et puis dans cet article-là de portée générale, bien, on vient inscrire que,
dans la loi... qu'il y a une pluralité de modèles agricoles.
Mme Robitaille : Mais ce qu'on
retire, là, c'est «nécessitant notamment des superficies variées». Donc,
«superficies variées», ça semblait être important, là, dans…
12 h 30 (version non révisée)
M. Lamontagne : …bien, on vient
inscrire que, dans la loi, il y a une priorité de modèle agricole.
Mme Robitaille : Mais ce qu'on
retire, là, c'est «nécessitant notamment des superficies variées». Donc,
«superficies variées», ça semblait être important, là, dans… c'était l'idée du
morcellement des terres.
M. Lamontagne : Honnêtement,
pour les fins de l'article 1.1, ce qui est de portée générale, ce qui est
important, là, c'est de venir inscrire la pluralité des modèles agricoles au
Québec. Là, on ne cherchera pas à faire d'autres choses que ça avec l'article.
Mme Robitaille : Mais la
pluralité des modèles, ça va nécessairement avec la superficie des terres qui…
la relève le dit, hein, ils veulent travailler… ils disent pouvoir travailler
des plus petites terres. Donc, des superficies variées. Donc, pourquoi ce
terme-là est plus pertinent, tout à coup?
M. Lamontagne : Bien,
c'est-à-dire, ce n'est pas qu'il est plus pertinent. Ce que jexplique, Mme la
Présidente, c'est que pour cet article-là qui est de contexte général, ce qui
est important, c'est de mentionner qu'il y a une pluralité de modèles au
Québec, à savoir cette pluralité de modèles là va se traduire comment, bien, en
bout de ligne, bien, c'est beaucoup à l'appréciation de la Commission de
protection du territoire agricole. Alors, on ne vient pas mettre dans la généralité,
on ne vient pas exprimer un souhait où on veut, on fait juste reconnaître qu'il
y a une pluralité de modèles agricoles.
Mme Robitaille : Moi, j'ai une
question. J'ai une question pour le ministre, Mme la Présidente. Moi,
j'aimerais savoir quels groupes il a consultés depuis la fin, là, des
déclarations de principe, durant la dernière semaine, là, quels groupes a-t-il
consultés pour en arriver…
M. Lamontagne : Je n'ai pas à
partager, avec ma collègue, là, les gens à qui j'ai parlé depuis une semaine.
Je peux juste vous dire que le texte qu'on vous propose, là, va certainement
dans le sens de crainte ou vient répondre à des… à beaucoup de commentaires que
j'ai pu avoir et des craintes qu'on a pu voir. Alors… puis aussi à travers
toutes les discussions que j'ai eues, il n'y a pas une personne qui m'a
expliqué qu'il n'y avait pas de pluralisme de modèles agricoles au Québec. Là,
alors, c'est ce qu'on vient mettre dans l'article 1.1 de la loi, là.
Mme Robitaille : Parce que,
comme on l'a dit tout à l'heure, Mme la Présidente, les gens sont sortis sur la
place publique parce qu'il n'y avait pas de tribune ici pour parler, parce
qu'ils n'avaient pas été invités à… bien, ils auraient voulu, à la lumière de
ce qu'ils ont vu, là, durant les dernières semaines, ils auraient voulu venir
participer aux consultations, mais ils ne sont pas venus. Et là, sur la place
publique, ils sont sortis. J'ai entendu aussi Jean-Martin Fortier avant tout
ça, là, et moi, j'aimerais ça avoir… j'aurais aimé ça avoir ses commentaires à
lui, là, suite à l'amendement d'aujourd'hui. J'aimerais ça aussi avoir les
commentaires de la FRAQ, la Fédération de la relève agricole du Québec, suite
au fait qu'on enlève ce libellé-là, qui est quand même très... qui était quand
même important. Même chose avec l'Union paysanne. Même chose…
Mme Robitaille : ...avoir les
commentaires de la FRAQ, la Fédération de la relève agricole du Québec, suite
au fait qu'on enlève ce libellé-là, qui est quand même très... qui était quand
même important. Même chose avec l'Union paysanne. Même chose avec un paquet de
groupes. Et là on n'a pas leurs commentaires, on n'a pas leur son de cloche. On
fait un peu ça à l'aveugle. Moi, j'ai beaucoup de problèmes avec ça. Et donc on
enlève le terme «superficie variée», mais, je veux dire, est-ce qu'on peut...
est-ce qu'il y aura plus de latitude pour la CPTAQ, malgré tout, de jouer avec
les superficies?
M. Lamontagne : Bien, en
réalité, la commission aujourd'hui a une latitude pour prendre les décisions
qu'elle juge approprié de prendre, là. Puis tout ce qui touche les demandes
d'aliénation, de portion de territoire agricole sont traitées à un article
spécifique, là, de la Loi sur la protection du territoire agricole, là, qui est
à l'article 12, je crois. Mais, en réalité, dans notre projet de loi, là,
c'est...
Une voix : ...
M. Lamontagne : 72, c'est ça.
Une voix : 62 de la loi.
M. Lamontagne : C'est ça, 62
de la loi, pardon, excusez-moi. Alors, pour les fins d'une présentation
générale de la loi, on a jugé que simplement s'assurer d'inscrire qu'il y a une
pluralité de modèle agricole au Québec s'inscrivait, là, dans la définition, si
on veut, de cette loi-là, là, puis que ce n'était pas nécessaire, là, d'aller
plus loin que ce qu'on vous propose aujourd'hui, là, pour remplir l'objectif,
qui est d'inscrire dans la loi qu'il y a un pluralisme de modèle agricole au
Québec.
Mme Robitaille : Donc, si je
comprends bien le ministre, Mme la Présidente, à la lumière de ce qui a été
dit, là, durant les dernières semaines, à la lumière de ce qui a été dit, le
ministre s'est aperçu que, dans le fond, c'était superflu que d'insérer dans la
loi, là, l'idée de superficie variée, que, dans le fond, on pouvait déjà faire
le travail, donc ce n'était pas nécessaire de... La façon dont la loi était
libellée déjà, le terme «superficie variée» n'était pas nécessaire à inclure
dans la loi. Donc, c'était superflu?
M. Lamontagne : Non. Ce qu'on
a convenu, puis ce que j'ai réalisé, c'est que, pour les fins de l'article 1.1,
qui se veut un article de généralité par rapport à la portée de la loi, bien,
qu'il n'était pas d'une plus grande utilité, là, d'avoir le texte qu'on avait
soumis, là. Alors, on retire ce bout de texte là pour s'en tenir juste à la
pluralité modèle, la diversité modèle, là.
Mme Robitaille : Mme la
Présidente, est-ce que, dans la loi...
M. Lamontagne : …article de
généralités par rapport à la portée de la loi, mais il n'était pas d'une plus
grande utilité, là, d'avoir le texte qu'on avait soumis, là, alors on le
retire, ce bout de texte-là, pour s'en tenir juste à la pluralité de modèles,
la diversité de modèles.
Mme Robitaille : Mme la
Présidente, est-ce que dans la loi actuelle, l'idée de diversité de modèles
n'est pas quelque chose, de toute façon, qui est pris en compte par les
commissaires?
M. Lamontagne : Bien, ce que
je vous dirais, il y a une diversité de commissaires, et puis on a une loi à
interpréter puis il y a une jurisprudence. Et puis textuellement, dans la loi,
ce n'est pas inscrit qu'il y a une pluralité de modèles agricoles. Alors, pour
s'assurer que tous ceux qui ont à accueillir des projets et interpréter la loi,
bien, le fassent sur les mêmes bases. C'est l'importance de venir rajouter ce
texte-là dans la portée de la loi, là.
Mme Robitaille : Mais est-ce
qu'on ne pourrait pas… quelle est la définition du ministre de «diversité»?
Bien, d'abord, quelle est la définition du ministre de «modèle», «modèle
agricole»? Ça va jusqu'où? Est-ce qu'on va jusqu'au transformateur, par
exemple, ça va jusqu'où, diversité de modèles?
M. Lamontagne : Bien, c'est
les entreprises… aux entreprises agricoles qui sont engagées dans une activité
qui vise à une production agricole. Les activités agricoles sont définies dans
la loi, là, dans les premiers articles de la loi. Qu'est-ce que c'est que les
activités agricoles, là, c'est bien défini dans la loi, là. Alors, ce sont…
quand on parle d'une diversité de modèles, c'est qu'autant on peut avoir des
entreprises qui font une monoculture ou autant on peut avoir des entreprises
qui ne sont strictement que dans de la production animale, ou autant on peut
avoir des types d'entreprises qui ont une variété de contribution à leur mix de
production agricole, autant on peut avoir aujourd'hui des entreprises, comme on
l'a vu, qui, sur des superficies plus petites, avec des nouvelles techniques,
peuvent approvisionner presque des villages, si on veut. Alors, c'est dans ce
contexte-là qu'on dit qu'il y a une diversité de modèles agricoles.
Mme Robitaille : Et qu'est-ce
que, Mme la Présidente, cet ajout-là, parce que déjà, l'idée était là, elle
existait, et le ministre l'a dit, là, «modèle», c'est un paquet de choses, et
c'est bien déterminé dans l'article premier, là, qui traite des définitions.
Mais, quand même, qu'est-ce que le ministre pense que l'ajout de ça,
spécifiquement, ça va faire, grosso modo, là? Quel impact ça va avoir?
M. Lamontagne : Bien, en
réalité, comme je vous dis, vous avez mentionné tantôt qu'il y a un certain
nombre de commissaires, là, qui ont à rendre des décisions, et puis les gens
passent, au fil des années, alors c'est de s'assurer que, dans la loi, quel que
soit le commissaire…
M. Lamontagne : …mentionné
tantôt qu'il y a un certain nombre de commissaires, là, qui sont… qui ont à
rendre des décisions, et puis les gens passent au fil des années. Alors, c'est
de s'assurer que, dans la loi, quel que soit le commissaire qui a apprécié un
projet dont il va hériter, là, si on veut, l'analyse, là, bien qu'il soit
convenu qu'il y a une pluralité de modèles agricoles au Québec.
Mme Robitaille : Je n'ai
pas d'autre question pour le moment. Je vais laisser aller mes collègues.
• (12 h 40) •
La Présidente
(Mme IsaBelle) : D'accord. Alors, nous allons y aller avec la
députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien :
Merci, Mme la Présidente. Je suis vraiment surprise de voir l'amendement que
nous propose le ministre, Mme la Présidente, vraiment surprise. Je pense que
tous les groupes étaient unanimes qu'on ne remet en question le morcellement
des terres. On remet en question… En fait, on questionne l'absence de garantie
pour garder la vocation agricole de ces terres-là. Et là ce que le ministre
vient de faire, à mon avis, c'est un recul. C'est un grand recul sur la question
du morcellement des terres en venant retirer la mention de superficie variée.
Puis le ministre nous a beaucoup parlé du
rapport Pronovost. Puis j'aimerais lui rappeler la recommandation 43 du
rapport Pronovost où c'est écrit noir sur blanc «que le territoire agricole
serve d'assise au développement rural dans une perspective de
multifonctionnalité de l'agriculture et de l'occupation dynamique du territoire
à cette fin». Je vous épargne quelques mots, là, mais «que soit également
autorisé, dans la zone agricole permanente, des activités de production
agricole et de transformation qui utilisent une faible superficie de terre, qui
requiert des installations de plus petites tailles». On mentionne explicitement
la question de la superficie. À mon avis, c'est fondamental. Si c'est ça, son
objectif, de permettre l'établissement de l'agriculture sur plus petites
tailles… sur plus petites superficies, il faut qu'il mentionne la question de
la superficie. Bon, on parle de la diversité de modèle, bien, il le mentionnait
déjà. Là, on vient restreindre toute l'interprétation que les membres de la commission
peuvent faire d'avoir tout d'un coup le go pour agir sur les superficies.
Puis tantôt je parlais de… Dès le début de
mon mandat, quand j'étais aux 40 ans de la Loi sur la protection du
territoire agricole, deux semaines après, ou même avant, ça, un des premiers
gestes que j'ai posés comme députée, c'est d'accompagner une municipalité au
Témiscamingue qui avait un projet super novateur de petites terres agricoles
justement pour faire des petits… Comme l'objectif… Comme le ministre poursuit
cet objectif-là, à l'heure actuelle, de pouvoir morceler un lot, qui n'était
pas cultivé pour toutes sortes de raisons, en petits lots de 25 acres pour
des petits projets agricoles. J'ai accompagné la municipalité devant la
Commission de protection du territoire agricole pour faire valoir l'importance
de ce projet-là. Puis la commission était... Bien, elle était frileuse avec…
Mme Lessard-Therrien : ...qui
n'étaient pas cultivés pour toutes sortes de raisons, en petits lots de 25, de
25 acres pour des petits projets agricoles. J'ai accompagné la municipalité
devant la Commission de protection du territoire agricole pour faire valoir
l'importance de ce projet-là. Puis la commission était un... Bien, elle était
frileuse avec toutes les... Ils jouaient leur rôle. Puis c'était totalement
justifié qu'ils jouent leur rôle. Mais en retirant la mention de superficies
variées, on vient d'enlever un outil précieux pour les commissaires de pouvoir vraiment
prendre en considération la question des superficies variées. Par contre, moi,
j'aimerais ça que le ministre nous justifie davantage pourquoi il retire cette
mention-là, alors que ce n'est pas la demande des groupes et que les groupes
voulaient avoir des garanties. C'est ça, l'enjeu, les garanties que ça va
rester à vocation agricole.
M. Lamontagne : En tout
respect, Mme la députée, quand vous vous présentez devant la Commission de
protection du territoire agricole et que vous faites une demande qui vise à
aliéner un territoire ou à morceler dans certains cas le territoire, c'est en
vertu de l'article 62. Ce n'est pas en vertu de l'article 1.1. Alors,
en faisant ce qu'on fait à l'article 1.1, tout ce qu'on fait, c'est que de
façon générale on explique que l'agriculture qui se pratique au Québec se
pratique selon différents modèles. Ce qui touche des demandes d'aliénation,
c'est traité à l'article 62 dans lequel le commissaire a 11 critères
auxquels il se réfère pour faire ses analyses et prendre ses décisions. Mais
dans le cas qui nous concerne, le fait d'enlever ça, ça ne vient pas du tout...
Ce n'est pas en lien avec l'article 62. Tout ce qu'on fait, c'est qu'on
reconnaît que cette loi-là et l'activité agricole au Québec est constituée, est
pratiquée par une diversité de modèles.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Écoutez, oui, on sera obligé de poursuivre parce que, compte tenu de l'heure,
on va ajourner. Mais avant ça, je veux préciser que l'adjointe a déjà mis dans
le Greffier ou sur le Greffier tous les amendements proposés jusqu'à présent.
Alors, écoutez, compte tenu de l'heure, effectivement, on doit ajourner la
séance. Merci de votre belle collaboration. Alors, sine die. Je vous souhaite
un bon dîner et de bonnes lectures.
(Fin de la séance à 12 h 44)