Journal des débats (Hansard) of the Committee on Labour and the Economy
Version préliminaire
42nd Legislature, 2nd Session
(October 19, 2021 au August 28, 2022)
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Tuesday, February 1, 2022
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Vol. 46 N° 10
Special consultations and public hearings on Bill 14, an Act to ensure the protection of trainees in the workplace
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15 h 30 (version non révisée)
(Quinze heures trente-sept minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) : Alors,
bonjour à toutes et à tous. Bon retour à l'Assemblée nationale. Alors, ayant
constaté le quorum, nous déclarons la séance de la Commission de l'économie et
du travail ouverte. La Commission est réunie afin de procéder aux auditions publiques
dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi numéro 14,
Loi visant à assurer la protection des... voyons, sac à papier, des stagiaires
en milieu de travail.
Madame la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, madame
la Présidente. Madame Richard, Duplessis est remplacée par monsieur Gaudreault,
Jonquière.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Alors,
cet après-midi, nous allons débuter par les remarques préliminaires. Toutefois,
avant, nous allons... C'est-à-dire nous allons entendre aussi, au courant de
l'après-midi, les témoins suivants : l'Union étudiante du Québec, la Fédération
étudiante collégiale du Québec, la Fédération des cégeps du Québec et le
Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec. Alors, nous commençons
par monsieur le ministre pour les remarques préliminaires. Vous disposez de six
minutes.
M. Boulet : Merci, madame la
présidente. D'abord, bienvenue, tout le monde. Et à ceux ou celles à qui je n'ai
pas souhaité un bon début d'année, je le fais de manière un peu plus
officielle. J'aimerais ça d'emblée vous saluer, saluer mes collègues
gouvernementaux, saluer mes collègues des partis d'opposition. J'ai travaillé
de façon assez intensive avec les collègues d'Hochelaga-Maisonneuve et aussi le
collègue de Jonquière et le collègue de Viau. C'est une première, mais ça me
fait plaisir d'entamer une nouvelle collaboration.
C'est un projet de loi qui est extrêmement
important. Il y a à peu près 180 000... 195 000 stagiaires au Québec, qui sont
un groupe parfois marginalisé ou vulnérable dans les milieux de travail au sein
desquels ils doivent compléter leur apprentissage. J'ai eu, moi, peu de temps
après mon assermentation, des rencontres avec l'UEQ et la FECQ et c'est
extrêmement fondamental de reconnaître des droits à ces personnes-là.
Et j'ai travaillé le projet de loi, bien sûr, avec
des personnes qui m'entourent, que j'aimerais saluer, Caroline de Pokomandy,
Michel Sauvé, Marc-André Fournier, Stéphane Grégoire. Et les consultations
particulières... sachez que je suis ici, j'ai appris à écouter avec le plus
d'humilité possible. Tout projet de loi peut faire l'objet d'améliorations.
Mais essentiellement ce que ce projet de loi là vise à faire, c'est d'accorder
des droits, des protections et des recours à des personnes qui sont stagiaires
dans un contexte pas standard.
• (15 h 40) •
Parce que vous savez, dans la Loi sur les normes
du travail ou dans certaines lois du travail, c'est une relation bipartite, il
y a un employeur puis un salarié. Ici, cette loi-là qui est particulière, qui
tient compte de la spécificité des stagiaires, on est devant une relation
tripartite. Il y a un employeur où est le milieu de travail, il y a un
stagiaire et il y a un établissement...
M. Boulet : ...ou l'ordre
professionnel, parce que le stage est défini de façon très large. Donc, des
congés de courte durée, évidemment, en tenant compte de la particularité des
stages, des congés pour répondre à des obligations familiales, parentales ou de
maladie. Offrir surtout un milieu de travail exempt de harcèlement
psychologique ou sexuel. Et ça, ça m'avait extrêmement affecté, quand on
faisait référence à des cas pratiques, que ce soit des jeunes hommes ou des
jeunes femmes qui font un stage, et qui sont victimes de harcèlement, et qui ne
bénéficient pas des politiques en matière de harcèlement, de protection et des
mécanismes de plainte. Des protections pour assurer des conditions de
réalisation de stages qui soient optimales. Donc, ils sont protégés contre des
mesures, des sanctions, des représailles dans le cas de l'exercice d'un droit
prévu dans cette loi-là.
On a fait un grand pas en avant, avec la
réforme du régime de santé et sécurité, pour couvrir les stagiaires qui subissent
des accidents de travail ou des maladies professionnelles. Et là, on fait une
avancée qui m'apparaît extrêmement importante. Donc, madame la présidente, je
tiens à remercier les groupes. Les premiers... c'est Jonathan, que je connais,
de l'Union étudiante du Québec. Et je vais encore une fois écouter avec
énormément d'attention. Merci, Mme la Présidente, et... début d'une nouvelle
coopération entre nous tous.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci,
M. le ministre. Nous invitons maintenant le porte-parole de l'opposition
officielle et député de Viau à faire ses remarques préliminaires. Vous disposez
de quatre minutes.
M. Benjamin : Merci, Madame
la Présidente. Monsieur le Ministre, membres de la commission, donc, c'est un
grand plaisir pour moi, en fait, de me retrouver au sein de cette commission
pour travailler avec vous sur ce projet de loi. Donc, je salue la présence
parmi nous des membres de l'Union étudiante du Québec.
Je me rappelle, quand je suis arrivé ici,
à l'Assemblée nationale, en fait, j'avais agi comme porte-parole des dossiers
jeunesse et j'ai eu à rencontrer... en fait, les premiers groupes que j'ai eu à
rencontrer, ce sont des organisations étudiantes, donc je pense à l'Union
étudiante du Québec, à la Fédération des cégeps. Et ce dossier-là, c'était le
dossier prioritaire de ces organisations-là. Donc, je suis très heureux,
aujourd'hui, de voir... de pouvoir travailler avec vous, donc, sur ce projet de
loi là. Donc, nous aurons des pistes à apporter, des commentaires, mais nous
sommes avant tout là, en consultations particulières, pour vous entendre.
Et si je remonte un peu plus loin, Mme la
Présidente, comme ancien étudiant, je me rappelle avoir eu beaucoup de
difficultés à obtenir un stage, mais une fois en stage, ça s'est... dans mon
cas à moi, ça s'était bien passé. Mais si ça s'était bien passé pour moi, je
suis aussi perplexe et aussi... Ça me touche beaucoup, comme le ministre a
évoqué tout à l'heure, de savoir qu'encore aujourd'hui qu'il y a beaucoup de
stagiaires, de jeunes stagiaires, qui puissent être victimes en milieu de stage
de harcèlement. Et, ça aussi, je crois que c'est un aspect qu'il faudra aborder
et travailler concrètement. Je remercie tous les groupes qui participent à
cette consultation. Je vous remercie d'être présents, donc, et au plaisir
d'échanger avec vous dans le cadre de ces consultations. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le député. Nous invitons maintenant le porte-parole du deuxième
groupe d'opposition et député d'Hochelaga-Maisonneuve à faire ses remarques
préliminaires. Vous disposez d'une minute.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Avec une minute, on salue très rapidement tous les collègues de
quelconque parti politique qu'ils sont. On avait déposé une motion et fait
adopter une motion la dernière session pour qu'un projet de loi soit déposé
rapidement. Ça a été le cas. Mais, par contre, plus on le lit, plus on analyse,
plus on est perplexe. Il y a différents problèmes de fond et de forme au projet
de loi de forme. De forme, pourquoi on a fait un régime parallèle? Pourquoi les
gens... les stagiaires ne sont pas intégrés aux normes du travail comme c'était
la revendication originale? On n'a pas fait de régime parallèle pour la
santé-sécurité au travail, on les a intégrés dans la loi, mais on semble
vouloir faire un truc différent pour les normes du travail. C'est un peu
étrange. On n'a pas eu d'explications à ce sujet là. J'ai hâte d'en savoir
plus.
Les problèmes de fond qui seront exposés
certainement par les différents intervenants aujourd'hui et demain, où sont
notamment les congés de longue durée? Parce qu'on a compris qu'il a voulu mimer
en quelque sorte la Loi des normes du travail. Mais on n'a pas de congés longue
durée. C'est un peu désolant. Alors, on va travailler là-dessus. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le député. Nous invitons maintenant le porte-parole du troisième
groupe de l'opposition et député de Jonquière à faire ses remarques. Vous
disposez également d'une minute.
M. Gaudreault : Oui, merci,
Mme la Présidente. Moi aussi, je veux saluer tous les collègues ici. Je veux
saluer ma stagiaire qui travaille avec moi pour ce projet de loi, de la
Fondation Jean-Charles-Bonenfant...
M. Gaudreault : ...c'est un
projet de loi important. On vient combler un vide juridique, on vient faire,
par ce projet de loi, une avancée quand même en termes de droit, de droit du
travail, mais il va falloir s'assurer que c'est une avancée qui est bien faite,
qui est correcte, qui est réelle. Je soulève les mêmes questions que mon
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve sur les congés de longue durée, sur la durée
du travail, les périodes de repos et la question: Pourquoi créer un régime à
part et non pas l'intégrer dans les lois déjà existantes ?
Alors, on va écouter avec beaucoup
d'attention les présentations de nos invités ici. Puis je sais que le ministre
est ouvert à faire des amendements éventuels, alors qu'il garde cet esprit
qu'on a bien connu dans le projet de loi 59 pour qu'on puisse, bien, à certains
égards, pour qu'on puisse améliorer le sort des stagiaires. C'est tout ce qui
nous préoccupe ici, madame la présidente. Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci,
M. le député. Alors, nous allons commencer immédiatement les auditions. Nous
commençons avec le groupe de l'Union étudiante du Québec avec monsieur
Desroches et Mme Lemieux-Bourque. Je vous invite, avant de commencer votre
exposé, à bien vous présenter.
M. Desroches (Jonathan) :
Bonjour. Je me présente, Jonathan Desroches, président de l'Union étudiante du
Québec. Je vais laisser ma collègue se présenter.
Mme Lemieux-Bourque (Alice) : Alice
Lemieux-Bourque, coordonnatrice à l'enseignement supérieur de l'Union étudiante
du Québec.
M. Desroches (Jonathan) :
L'UEQ représente directement 91 000 membres universitaires au Québec et
rassemble autour de sa table, là, quotidiennement plus de 200 000 étudiants,
étudiantes représentés.
Donc, l'UEQ a pour mission de défendre les
droits et les intérêts de la communauté étudiante, de ses associations membres
et de leurs membres individuels. Par sa représentation politique, ses
recherches, son travail assidu et sa mobilisation, l'UEQ est l'interlocutrice
principale des dossiers de l'accessibilité aux études supérieures et de la
condition de vie des étudiants, des étudiantes auprès des différents
gouvernements et aussi des groupes sociaux.
Je tiens d'abord à remercier la commission
de l'invitation à témoigner sur le projet de loi 14, Loi visant à assurer la
protection des stagiaires en milieu de travail. Ce projet de loi dresse des
préoccupations centrales que les étudiants et les étudiants du Québec ont
depuis plus de cinq ans déjà.
En effet, dans les dernières années, il y
a eu plusieurs campagnes de revendications étudiantes tant concernant la
compensation financière des stages que la protection légale. Donc, plusieurs
campagnes visant l'amélioration des conditions de stages, notamment la campagne
Stagiaire en solde de l'UEQ sur la compensation financière et également des
internats en psychologie de la FIDEP, la Fédération interprofessionnelle des
doctorants et doctorantes en psychologie, que nous avons évidemment épaulée, et
aussi la campagne de revendication de l'UEC sur la compensation financière du
stage 4 en enseignement. Avec la FECQ, la Fédération étudiante collégiale du
Québec que vous recevez plus tard aujourd'hui, l'UEQ a travaillé par la suite
pour inclure les stagiaires à la Loi sur les normes du travail avant de se
pencher sur le projet actuel. Donc, je vais laisser Alice présenter nos
positions sur le projet de loi.
Mme Lemieux-Bourque (Alice) :
Somme toute, là, l'UEQ accueille favorablement le projet de loi. La société
québécoise considère, là, que les conditions planchers, le seuil de décence
pour les travailleurs et travailleuses, c'est ce qui est offert par la Loi sur
les normes du travail. Le projet de loi 14 devrait permettre aux stagiaires
d'atteindre en partie ces conditions-là auxquelles ils et elles n'avaient pas
le droit avant, puis ainsi venir corriger en partie les iniquités entre les
stagiaires et les travailleurs et travailleuses, mais aussi entre les
différents types de stagiaires. Le caractère d'ordre public de la loi proposée
permet aussi de mettre l'emphase sur l'importance des conditions qui s'y
trouvent.
L'UEQ attendait depuis quatre ans, là, le
dépôt d'un projet de loi qui permettrait de donner aux stagiaires non rémunérés
les protections et recours adéquats contre le harcèlement psychologique. En effet,
la prévalence du harcèlement psychologique en milieu de travail est plus élevée
chez les femmes, dans le secteur public et parapublic et dans les secteurs des
soins de santé et des services sociaux. Pour vous rappeler, les stages non
rémunérés sont souvent associés à des formations menant à des emplois
traditionnellement occupés par des femmes. Ce sont des stages qui s'effectuent
généralement dans les domaines publics, parapublics et communautaires, et les
stages dans les secteurs des soins de santé et des services sociaux ne sont,
bien souvent, pas rémunérés.
En plus, là, comme nous le savons tous,
les femmes et les jeunes se font plus souvent l'objet de harcèlement sexuel en
milieu de travail, ce qui démontre à nouveau l'importance de protéger les stagiaires
non rémunérés, qui sont principalement des jeunes et, dans la majorité, des
femmes, adéquatement. La relation de pouvoir entre l'employeur et la personne
stagiaire les rend d'autant plus vulnérables, puis on doit s'assurer que les
protections soient solides et connues par l'ensemble des stagiaires.
D'ailleurs, à cet effet, à la suite de
l'adoption de ce projet de loi, ça va être important que ces nouvelles
protections là soient vulgarisées et publicisées afin que les stagiaires soient
bien informés de leurs droits.
• (15 h 50) •
L'autre élément intéressant du projet de
loi, c'est la présence de protections pour les absences et les congés. Ce sont
des protections qui ne s'appliquent pas en ce moment aux stagiaires rémunérés
dont le stage est reconnu par les universités. En plus, évidemment, de ne pas
s'appliquer aux stagiaires non rémunérés, ces protections...
Mme Lemieux-Bourque
(Alice) : ...Permettre, entre autres, à une personne stagiaire de
s'absenter pour des raisons de maladie ou des raisons familiales ou parentales
pour une durée allant jusqu'à dix jours permettrait aux étudiants et étudiantes
de ne pas mettre en danger leur réussite pour des raisons qui sont hors de leur
contrôle. Ce sont, entre autres, des protections essentielles pour aider les
parents aux études et les proches aidants et les proches aidantes qui forment
une population étudiante plus vulnérable puisqu'elle est confrontée à des
obstacles supplémentaires dus à ses obligations familiales.
Par contre, si, comme je disais plutôt,
là, on considère en effet que les lois sur les normes du travail, c'est le
seuil de protection à offrir aux travailleurs et travailleuses, il manque
quand, là, même de certains éléments cruciaux au projet de loi.
Un principal, en fait, là, le projet de
loi ne mentionne pas... ne fait pas mention de plusieurs congés qui sont inclus
aux normes du travail, soient tous les congés d'une durée supérieure à
10 jours, qu'on va appeler les congés longs ou les congés de longue durée.
La majorité de ces congés longs, dans la Loi sur les normes du travail, c'est
des absences et congés pour des raisons familiales ou parentales. Les plus
connues, c'est les congés de parentalité. Au Québec, en 2022, personne ne
devrait avoir à choisir entre son projet d'études puis fonder une famille. Un
parent qui accueille une nouvelle enfant, une femme qui accouche ne devrait pas
mettre en péril sa réussite.
Dans nos conversations avec le cabinet du
ministre puis lors des consultations précédant le dépôt du projet de loi, le
problème qui est ressorti, là, c'était à propos des ordres professionnels.
Donc, le principal argument qu'on sortait, c'est que, pour justifier, là, l'omission
des congés longs ou protection octroyée aux stagiaires, c'est que ces congés-là
ne permettraient pas de remplir les exigences d'adhésion à certains ordres
professionnels. Toutefois, on tient quand même à préciser, là, que la
quasi-totalité des ordres professionnels offre, d'une façon ou d'une autre,
déjà des accommodements pour les stagiaires devant interrompre leur stage.
On parlait précédemment que c'était
important d'offrir aux stagiaires le seuil de la décence en matière de
conditions de travail. Pour nous, peu importe les arguments, on trouve ça
déraisonnable d'abaisser les planchers de protection qui leur sont offerts en
n'incluant pas les congés longs. Le projet de loi 14 doit reproduire, là, les
articles de la Loi sur les normes du travail sur les congés de longue durée de
façon à ce qu'ils puissent être applicables, là, à tous et toutes, les
stagiaires.
M. Desroches (Jonathan) :
Pour continuer, nous présentons dans notre mémoire quatre autres suggestions de
modifications pour améliorer les conditions des stagiaires, qui se basent aussi
sur certains éléments de la Loi sur les normes du travail, des modifications
que nous jugeons essentielles.
Premièrement, permettre à des organismes
sans but lucratif de défense des droits des étudiants de pouvoir porter plainte
à la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du
travail à la demande d'une personne stagiaire. Parce que le processus de
plainte peut être très lourd pour une personne étudiante qui n'a aucun sport et
on souhaite donc que le processus de plainte soit le plus accessible possible.
Deuxièmement, afin d'éviter une surcharge
de travail, le projet de loi devrait permettre le refus de travailler pour une
personne stagiaire au-delà d'un certain nombre d'heures dans une période de
temps donnée. La Loi sur les normes du travail permet entre autres de refuser
de travailler plus de 14 heures par période de 24 heures ou plus de
50 heures par semaine. Ça ne nous semble pas déraisonnable, là, d'ajouter
cette possibilité-là pour les stagiaires.
Troisièmement, on demande d'accorder aux
personnes stagiaires des périodes de repos, par exemple les périodes de repas
un minimum de 30 minutes ou le droit au repas hebdomadaire d'une durée
minimale de 32 heures consécutives, qu'on retrouve aussi dans la Loi sur
les normes du travail.
Finalement, puisque les stagiaires ont
très souvent... Sont très souvent en situation de précarité financière, on
souhaite que le projet de loi reproduise les articles de la Loi sur les normes
du travail qui indiquent qu'un employeur doit fournir aux personnes salariées
payées au salaire minimum, et ici, on peut penser aussi aux stagiaires non
rémunérés, donc de fournir les vêtements, le matériel, l'équipement, les
marchandises nécessaires à la réalisation de l'emploi ainsi que les frais de
déplacement encourus pendant un stage.
Donc, pour conclure, l.Union étudiante du
Québec invite principalement la Commission à ajouter une section par rapport
aux congés de longue durée au projet de loi qu'on a devant nous. Je tiens à
rappeler que nous avons devant nous un projet de loi important pour des
milliers d'étudiantes et d'étudiants au Québec, un projet de loi qui accorde un
plancher de droits et de protection aux stagiaires et, bien franchement, un minimum
qui devrait être présent au Québec depuis un bon moment déjà. Donc, pour être
clair, la priorité pour l'Union étudiante du Québec, c'est que la loi visant à
assurer la protection des stagiaires en milieu de travail soit adoptée avant la
dissolution de la législature actuelle, donc avant les prochaines élections.
Je vous remercie encore une fois de votre
attention. C'est avec plaisir que nous allons répondre à vos questions. Et nous
sommes aussi toujours disponibles pour répondre à d'autres questions plus tard
dans le processus d'adoption du projet de loi.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, merci. Merci, Madame Lemieux-Bourque et
Monsieur Desroches pour votre excellente présentation. Nous allons donc
commencer la période de questions avec Monsieur le ministre.
M. Boulet : Oui. Merci,
madame la présidente. J'aurai peut-être une couple de questions puis après ça,
je vais laisser la parole à ma collègue de Jean-Talon pour poursuivre. Mais
dans un premier temps, j'aimerais encore une fois vous remercier et souligner
la qualité de votre mémoire. Puis vous faites des recommandations...
M. Boulet : ...je trouve
extrêmement utile, comme je l'ai mentionné dans mes remarques d'ouverture, tout
projet de loi est perfectible, dans certaines limites, évidemment.
Souvenez-vous qu'après nos premières rencontres, il y a eu des consultations
avec les ordres professionnels. On a fait énormément de consultations pour
s'assurer que ce soit un projet de loi qui tienne compte des intérêts puis des
préoccupations de tous ceux qui sont dans la relation tripartite, là. Puis il
n'y a pas que les milieux de travail, encore une fois, il y a les
établissements d'enseignement, les ordres professionnels et les stagiaires.
Alice, d'abord, à toi, un élément, quand tu réfères à l'importance d'informer
les stagiaires de leurs droits. Est-ce que tu pourrais décrire la réalité
actuelle en termes d'information pour les stagiaires? Quelle est la perception
ou quelle est la réalité des stagiaires en termes de protection et de droits?
Mme Lemieux-Bourque (Alice) : Si
je peux aller avec ce qui est tout ce qui est de l'information, là, c'est
quelque chose qui est vraiment... qui n'est pas uniforme, en fait, entre les
établissements. Par contre, ce que je peux... tu sais, je peux... il y a des
établissements, par exemple, qui obligent les conventions de stage. Donc une
convention de stage qui est un genre de contrat tripartie entre les étudiants,
étudiantes, le milieu de stage et l'université. Ce que ça peut permettre, là,
ce genre de convention là, c'est qu'à l'intérieur ils vont, par exemple,
expliquer aux stagiaires c'est quoi leurs recours, où aller voir quand ils ont
un problème, quand ils sont victimes de harcèlement. Donc, c'est une des...
c'est une solution, là, que certaines universités ont mise en place pour bien
informer les stagiaires de leurs droits. Par contre, ce n'est pas quelque chose
qui est uniforme à travers les universités, à travers le réseau. Donc, ce
que... donc je dirais, là, que c'est assez... ce n'est pas uniforme,
excusez-moi, je suis un peu stressée. Mais oui, là, c'est quelque chose qui
n'est pas uniforme puis c'est pour ça aussi qu'on tient à ce que ce soit
précisé, là, qu'à la suite de l'adoption de ce projet de loi, s'il est adopté,
idéalement, on veut vraiment que... en fait, que ce soit... ça va être notre
priorité, c'est sûr, de publiciser, là, ces nouvelles protections-là, mais on
aimerait ça aussi que ce soit la priorité du gouvernement et des universités,
là.
M. Boulet : Tu sais, au-delà
de votre accueil favorable quant au projet de loi, c'est une préoccupation que
je partage. Puis d'ailleurs, on a un article dans le projet de loi qui prévoit
une responsabilité partagée à tous les acteurs pour bien informer les
stagiaires de leurs droits. Maintenant, Jonathan, là, par souci d'équité,
Jonathan, merci aussi pour ta présentation. Quand tu dis : Il faut que le
processus de plainte soit le plus simplifié possible parce que, bon, pour un
stagiaire, il ne faut pas non plus que ça devienne trop compliqué, trop
bureaucratique, est-ce qu'à cet égard là... j'aimerais ça t'entendre un peu
plus donner des détails, là. Parce que si, par exemple, un stagiaire exerce un
droit, il est victime d'une mesure de représailles puis il veut faire de quoi.
Comment toi, placé dans ses bottines, tu nous proposerais de faire?
M. Desroches (Jonathan) : Ce
qu'on suggère, là, c'est de faire en sorte que les organisations puissent
épauler les personnes stagiaires qui font des plaintes. Donc, on ne spécifie pas
associations étudiantes, mais évidemment, on a ça en tête. Il faut voir les
associations étudiantes modernes, là, un peu comme des syndicats. Il y en a
plusieurs, notamment, qui engagent des avocats à temps plein ou à temps partiel
au Québec. Et ces associations-là pourraient être outillées pour appuyer les
stagiaires dans leurs démarches de plaintes, mais aussi si on fait référence à
des organisations aussi larges, sans spécifier les associations étudiantes,
c'est parce qu'on peut penser à d'autres organisations, par exemple Juripop,
qui pourrait vouloir développer ce type de service là. Et là je ne suis pas en
train de dire que c'est ce qu'ils vont faire, mais ça serait une possibilité,
donc, d'offrir un service d'accompagnement et de soutien académique de ce côté.
M. Boulet : Merci, Jonathan.
Encore une fois, là, je vais maintenant céder la parole à ma collègue de Jean
Talon pour finir la période de temps qui nous est allouée. Merci Madame la
présidente, puis encore une fois... puis au plaisir de se revoir, hein, à tous
les deux. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
Alors la parole est à la députée de Jean-Talon.
• (16 heures) •
Mme Boutin : Merci, madame la
présidente. Mes questions vont un peu dans le même sens. Premièrement, je vous
salue. Merci d'être là. Vous avez mentionné avant qu'on... bien, excusez
l'anglicisme, "off the record", avant que la séance débute, on a un
petit peu parlé de l'impact sur les femmes. Tu sais, Alice, tu as dit :
Souvent, les femmes qui sont stagiaires ont plus...
16 h (version non révisée)
Mme Boutin : ...subissent plus
de violences psychologiques. Puis là ça m'a amené tout de suite une question,
je me posais la question, trouvez-vous que le projet de loi protège
suffisamment les femmes ou est-ce qu'il y a une distinction qui devrait être
faite ou pas du tout? Est-ce que vous pensez que les femmes dans les milieux,
justement, souvent des stages, donc peut-être pas toujours rémunérés, et tout
ça, croyez-vous que le projet de loi va avoir un impact positif pour les
femmes?
Mme Lemieux-Bourque (Alice) :
Bien, c'est sûr, comme on dit, là... comme je disais plus tôt, c'est les
femmes, là, qui sont plus... qui sont... La prévalence du harcèlement
psychologique en milieu de travail est plus grande chez les femmes. Donc, c'est
sûr qu'en leur donnant des recours, ça peut les aider. Par contre, il y a des
mesures dans la Loi sur les normes du travail qui protègent, justement, bon,
tout le monde, mais plus souvent les femmes. On peut penser aux congés longs,
par exemple. Je sais qu'il y a des congés longs pour violences conjugales. On
sait, là, quand même que la majorité du temps, les cas de violences conjugales
vont être visés contre les femmes, puis là, en n'incluant pas les congés longs,
là, dans le fond, au projet de loi, c'est sûr que, pour nous, c'est une
inquiétude, là, par exemple, aux femmes qui vont vivre de la violence
conjugale, mais aussi pour tous les nouveaux parents. Ça inclut souvent les
femmes qui accouchent et qui n'ont pas le droit, là, vraiment à ces congés de
longue durée là qui peuvent arriver, là, en milieu de stage, en milieu de
parcours.
Mme Boutin : Donc, ça, ça
pourrait avoir un impact quand même négatif, là, sur peut-être leur parcours.
J'ai une petite question, là, plus dans
l'humain, là, parce que moi, j'ai beaucoup d'étudiants dans mon comté, puis je
parle à beaucoup d'étudiants. Est-ce qu'à votre avis, les étudiants ont peur de
porter plainte en cas de violences psychologiques? Parce que là, on parle de la
lourdeur du... tu sais, s'embarquer dans une plainte psychologique, il y a
quand même plusieurs étapes à faire, là. Vous mentionnez qu'on pourrait leur
offrir un petit peu plus d'aide ou d'accompagnement, mais, tu sais, à la base,
est-ce qu'il y a des mesures qui sont faites qui devraient être incluses pour
justement faciliter le... que ça soit un petit peu... pas démocratisé, là, mais
les mettre un petit peu plus à l'aise pour dénoncer? Parce qu'on est en début
de carrière, puis ça peut avoir un impact. Est-ce qu'à votre avis, les
étudiants vivent ça?
Mme Lemieux-Bourque (Alice) :
Bien, c'est sûr que les stagiaires sont dans une situation qui est super
précaire, parce que, non seulement le ou la stagiaire va jouer sa réussite,
mais aussi son avenir professionnel. Encadrer leur statut, là, un peu comme on
le fait dans la loi, ça va permettre de limiter les abus qui existent déjà dans
le milieu, là. On est conscients de ça. On peut penser, par exemple, à un stage
qui est dans un milieu un petit peu plus compétitif où le ou la stagiaire va
avoir eu comme un stage qui est superintéressant pour son parcours
professionnel. Puis le ou la stagiaire, en ne voulant pas perdre, là, cette
espèce de statut privilégié là, va, par exemple, accepter ou tolérer des
comportements qui sont inacceptables en milieu de travail, de peur de perdre
leurs privilèges.
Donc, oui, là, pour la première partie de
la question qui était: est ce que les stagiaires ont peur de faire des
plaintes? Je suis certaine que oui, mais c'est comme ça un peu dans tous les
milieux. Je pense qu'il y a toujours une lourdeur à un processus de plaintes.
Puis, est-ce qu'on pourrait améliorer le processus? Oui, mais je pense que la
première étape, c'était vraiment, là, d'amener les protections pour les
stagiaires au même niveau que les protections des travailleurs et
travailleuses.
Mme Boutin : Puis pour
améliorer le processus, dans le fond... Bien, moi, j'apprécie, dans le mémoire,
je le dis ouvertement, votre suggestion d'impliquer un petit peu plus peut-être
des associations, des organismes communautaires qui pourraient... Parce que,
souvent, quand on est stagiaire, on ne sait même pas qu'on a ces droits-là. Tu
sais, on n'est pas des travailleurs, on commence, puis on ne le sait pas. Tu
sais, on sait qu'admettons on vit une situation, puis qu'on n'est pas... il n'y
a peut-être pas assez de communications faites à cet égard-là.
Mme Lemieux-Bourque (Alice) :
Puis, même sans savoir où aller, c'est... tu sais, des fois, on ne sait pas où
se tourner, on a une situation problématique, on ne sait pas où aller, là. On
peut lire la loi, mais, tu sais, qui est ce qu'on contacte? On ne connait
personne. Puis de pouvoir se retourner, par exemple, vers une association
étudiante dont on connait bien ou vers l'établissement d'enseignement
supérieur, ça peut ancrer la personne, là, puis la rassurer dans le processus
qui va...
Mme Boutin : Merci beaucoup
pour votre mémoire. Puis j'imagine que vous allez jouer un rôle assez de
premier plan, là, pour aider justement à parler de ces enjeux-là auprès des stagiaires.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci à la députée de Jean-Talon. M. le ministre, il vous reste sept minutes.
M. Boulet : O.K., sept
minutes, je pourrai demander à ma collègue de Labelle. Bon, je vais simplement
faire une intervention. On sait bien que cette loi-là, c'est un seuil, hein?
Puis, évidemment, il y a un vaste éventail de stagiaires, des profils
différents. Il y en a qui sont syndiqués, il y en a qui font des stages
d'observation. Il y en a qui font effectivement la prestation de travail
équivalente à celle des salariés. Mais une convention collective, ou un décret,
ou une entente, ou une convention de stage... évidemment... peut prévoir des
conditions qui sont supérieures. Et quand on réfère aux ordres professionnels,
les ordres peuvent aussi offrir des accommodements, là, dans les cas
d'interruption qui ne sont pas voulus, là, de la part des stages...
M. Boulet : ...le but
fondamental, c'est d'assurer les meilleures conditions possibles d'exécution du
stage. Alors, j'inviterais peut-être ma collègue de Labelle à faire des
interventions ou des échanges. Je la laisse aller.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, à vous la parole.
Mme Jeannotte : Merci, M. Le
ministre. Merci pour votre mémoire, c'est très intéressant. J'étais curieuse de
savoir si, de la part des étudiants, vous avez été... vous avez eu des
revendications lorsque... vous les entendez, vos étudiants, vous les
rencontrez... des interventions au sujet de l'autonomie qu'ils ont besoin pour
faire leurs stages. Est-ce que les étudiants vous ont parlé de ça, d'avoir plus
d'autonomie? Au niveau de l'encadrement, est-ce qu'ils revendiquent des droits
de ce côté-là?
M. Desroches (Jonathan) : Au
niveau de l'autonomie, là, ce n'est pas des éléments qu'on a entendus de ce
côté-là. Je ne sais pas si Alice...
Mme Jeannotte : Pas tant?
D'accord.
Mme Lemieux-Bourque (Alice) :
...quand même du niveau de l'encadrement, oui. En fait, si je peux vous faire
un petit... un résumé rapide, là, des revendications de l'UEQ sur la condition
des stages, il y avait comme trois gros volets, en fait. Il y a le premier qui
est la compensation financière. Il y a le deuxième qui est la protection
légale, là, qu'on parle aussi ici aujourd'hui, mais il y a un troisième, quand
même, qui est sur tout ce qui est l'encadrement pédagogique. J'en ai parlé plus
tôt, là, l'encadrement pédagogique, nous, une des meilleures façons, là, de
venir encadrer puis mieux encadrer les stagiaires, c'est les par les
conventions, ça peut se faire par les conventions de stages. Puis c'est pour ça
qu'on a une demande, là, en fait, que les conventions de stage soient
obligatoires, conventions tripartites dans toutes les universités pour tous
types de stages pour s'assurer qu'ils aient...qu'on ait les objectifs de stages
qui sont bien définis, qui vont... tu sais, qui vont préciser aux stagiaires,
là, avant même qu'ils se lancent, qu'est ce qu'ils doivent faire. Puis ça, ça
peut servir, là, d'outil, en fait, pour le stagiaire, tu sais, peut être, là,
pour justifier, là, que le milieu de travail ne lui laisse pas faire ce qu'il
aurait dû faire normalement. On peut penser, là, tu sais, à des milieux de
stage qui utiliseraient les stagiaires un peu pour faire des tâches
administratives, là, des choses comme ça. Mais en ayant une bonne convention de
stage bien définie avec tous les points qui sont intéressants, on permet, là,
vraiment aux stagiaires d'avoir... tu sais, d'avoir un meilleur encadrement
pédagogique, là, de son apprentissage,
Mme Jeannotte : Puis, au
niveau de ne pas être à la merci d'un seul superviseur, est-ce que vous avez
trouvé dans le projet de loi qu'il y avait des éléments qui pourraient être
favorables aux étudiants? Comment on pourrait, en d'autres termes, améliorer le
fait qu'un étudiant, par exemple, qui serait moins bien encadré ou qui aurait
un superviseur qui ne serait peut-être pas la personne optimale, est-ce qu'il y
aurait... est-ce qu'il y a des éléments dans le projet de loi qui vont aider
à... ça peut être la rétroaction, ça peut être l'encadrement. Est-ce que vous
trouvez qu'on devrait bonifier ces aspects-là?
Mme Lemieux-Bourque (Alice) : Rapidement,
comme ça, là, je n'avais pas noté, là, vraiment de mesures extrêmes qui
seraient favorables. C'est sûr que, tu sais, dans le cas d'une plainte, ça peut
aller avec l'établissement. Tu sais, c'est des situations qui peuvent être très
cas par cas, là, dans le sens où peut être que la personne va vouloir être
retirée directement du milieu de stage ou seulement changer, là, de
superviseur. C'est sûr que je n'ai pas vu, dans le projet de loi, là, vraiment
quelque chose qui était directement en lien avec ça. Mais si vous avez besoin
d'idées, là, je suis sûre qu'on peut se pencher là-dessus puis en trouver, là,
il n'y a pas de...
Mme Jeannotte : Non, non,
c'est correct. Bien, écoutez, pour le moment, moi, ça me convient. M. le
ministre, si vous avez d'autres questions... C'étaient les deux aspects, là,
que je voulais voir, que j'ai abordés. Merci.
M. Boulet : Merci, collègue.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Boulet : J'offrirais
maintenant l'opportunité à mon collègue de Saint-François, si vous avez...
Une voix : ...
M. Boulet : Non. Donc,
j'aimerais ça aller... que tu puisses élaborer un peu plus quand tu réfères à
de l'iniquité entre différents stagiaires. Est-ce que tu peux nous donner des
cas, des exemples? Puis je sais que tu en as plein en tête, mais est-ce que tu
peux nous entretenir de ce phénomène ou de cette réalité-là qui me préoccupe?
• (16 h 10) •
Mme Lemieux-Bourque (Alice) :
Oui, oui. Bien, tu sais, le terme stagiaire, là, c'est quand même utilisé
facilement, là. Des fois, on va avoir un stagiaire qui est... un stage qui plus
comme un emploi d'été qu'on va appeler stage, mais juste dans la Loi sur les
normes du travail, là, on peut voir directement qu'en ce moment, on parle des
stagiaires qui sont... bon, je ne me rappelle pas exactement le libellé, là,
mais qui, en gros, veut dire tous les stagiaires dont le stage est reconnu par
l'université, donc les stagiaires dont le stage est crédité, sont exclus de la
majorité des articles de la Loi sur les normes du travail, sauf tout ce qui est
sur le harcèlement...
Mme Lemieux-Bourque (Alice) :
...on avait une iniquité entre les différents types de stagiaires parce que les
stagiaires qui étaient rémunérés avaient le droit aux protections pour le
harcèlement, ce qui n'était pas le cas des stagiaires non rémunérés. Avec le
projet de loi 14, dans le fond, on vient quand même, là, et obtenir les
mêmes protections, là, pour les stagiaires non rémunérés puis les stagiaires
rémunérés. Sinon, c'est sûr que pour tout ce qui est les stages qui ne sont pas
reconnus, qui sont dans le fond des emplois d'été, là, bien, ensuite les gens
sont protégés par toutes les lois... toute la Loi sur les normes du travail. Donc,
il y a une iniquité, ici, clairement, là, parce qu'il y a une partie des
stagiaires qui ne sont pas protégés par ça puis il y en a une partie qui le
sont.
Mais quand même, j'aimerais ça revenir sur
quelque chose que vous avez dit tantôt, M. le ministre. Vous avez dit que les
ordres pouvaient prévoir, là, des accommodements pour les stagiaires. Puis
c'est bien vrai, là, il y a, comme je disais, la majorité des... presque la
totalité des ordres prévoit déjà des accommodements, là, pour, par exemple, des
nouveaux parents, pour des congés de parentalité. Nous, ce qu'on trouvait
important, là, dans le fond, c'était que le... c'était le gouvernement, ici, il
utilise ce projet de loi là pour un peu jouer un rôle de leadership, un rôle de
modernité, un rôle de modèle, en fait, en incluant les congés longs, puis en
disant: Regardez, tu sais, qui démontrerait en fait que vous ne laissez pas à
la discrétion, par exemple, des ordres professionnels d'accommoder une personne
qui a besoin d'un congé long, là, mais en le mettant dans la loi pour que ce
soit uniforme pour tout le monde ait le droit, là, à ces protections-là.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Merci, monsieur le ministre. C'est
tout... C'est tout le temps pour...
Une voix : ...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Ouais, c'est tout le temps que nous disposons.
Alors, nous poursuivons la période d'échange.
Une voix : ...et Jonathan.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, nous poursuivons avec le député de Viau.
M. Benjamin : Merci,
madame la présidente. Alors, merci beaucoup pour votre présentation. Donc,
c'est une présentation qui, à sa face même, à la lumière même de cette
présentation, nous dit que c'est un projet de loi qui aura besoin d'être
bonifié nécessairement. J'aimerais... Et pour le bénéfice des gens qui nous
regardent ou qui nous écoutent, parce que l'angle mort, il me semble, de ce
projet de loi, à vous entendre, semble être les congés longs. Pouvez-vous nous
dire en quoi ces congés longs là sont un obstacle? Et je partage votre avis,
là, ne vous en faites pas. Je partage votre avis, mais pour le bénéfice des
gens qui nous écoutent, parlez-nous de cet enjeu-là.
Mme Lemieux-Bourque
(Alice) : Juste pour clarifier la question, vous voulez que je vous
dise pourquoi est-ce que ça n'a pas été inclus?
M. Benjamin : Quand on
parle de congé long, pour les gens qui nous écoutent, à quoi fait-on référence
exactement? Et pourquoi c'est un handicap, justement? Pourquoi il est
nécessaire d'apporter une modification au projet de loi en ce sens pour inclure
les congés de longue durée?
Mme Lemieux-Bourque
(Alice) : Oui. Bien, je peux donner des exemples de congés de longue
durée, là, comme ils sont en ce moment, là, ici, dans la... dans la Loi sur les
normes du travail. Donc, on peut penser à des congés de maladie qui sont des
congés de maladie, là, qui sont très longtemps ou encore des congés pour des
raisons de violences conjugales, des victimes de violences à caractère sexuel.
Mais on peut aussi penser à tout ce qui est des obligations en lien avec la
famille pour tout ce qui est des parents. Donc, les congés parentalité, les
congés de maternité et les congés de paternité, mais aussi les congés pour
deuil, donc, perte d'un enfant ou perte d'un parent. C'est quelques exemples,
là, parmi les nombreux congés de longue durée qui sont donnés en ce moment dans
la Loi sur les normes du travail.
Pourquoi est-ce que c'est important
d'inclure ces congés-là? Bien, dans le fond, c'est une question... Comme je
disais, là, c'est une question de... La Loi sur les normes du travail, c'est un
seuil de droits qu'on offre, tu sais, qu'on a décidé, comme société québécoise,
là, d'offrir à tous nos travailleurs et nos travailleuses. Puis on a décidé,
là, qu'on donnait un congé, tu sais, qu'on donnait accès à des congés prolongés
pour les personnes qui vivent un deuil pour les nouveaux parents. Puis nous, ce
qu'on essaie de dire, c'est que les stagiaires devraient avoir le droit à ces
congés-là de la même façon que n'importe quels travailleurs et travailleuses.
M. Benjamin : Et en
cela, je suis d'accord avec vous. Je réfère à.... Merci encore pour votre
mémoire, très bien documenté. À la page 8 de votre mémoire, vous abordez
justement les enjeux, les problématiques reliées au harcèlement en milieu de
travail. Et les chiffres que vous nous donnez provenant de l'enquête québécoise
sur les conditions de travail nous disent que 17,3 % de travailleuses sont
plus souvent objets de harcèlement psychologique. On parle de taux d'exposition
au harcèlement psychologique beaucoup plus élevé dans le secteur public et
parapublic. Et les congés longs, je vous ai entendu tout à l'heure lors des
échanges avec le ministre, semblent vous... semblent être une bonne avenue pour
aider à endiguer ce fléau qu'est le harcèlement. Mais en dehors des congés de
longue durée, est-ce que vous avez des pistes? Quels sont les gestes qu'on doit
poser pour permettre non pas d'endiguer, mais d'enrayer...
M. Benjamin : ...et ce fléau
qui frappe notamment particulièrement les stagiaires en milieu de travail.
Mme Lemieux-Bourque (Alice) : J'ai...
Dans le cadre, là, vraiment, de ce projet de loi là, c'est sûr que tout ce qui
était des recours, c'est super important pour prévenir le harcèlement. Bien, en
fait, c'est plus pour traiter le harcèlement psychologique, mais aussi pour le
prévenir. Nous, notre objectif, c'est sûr qu'on ne s'est pas lancé dans au-delà
du projet de loi parce que la première étape était vraiment pour nous de donner
aux stagiaires les protections nécessaires, là, dans le cadre du projet de loi.
Une autre chose, en fait, qui est... Un autre
point, là, que j'aimerais apporter, là, qui est disponible en ce moment, là,
pour les stagiaires, qui ne touche pas nécessairement le harcèlement
psychologique mais le harcèlement sexuel, c'est la loi visant à combattre et
prévenir les violences à caractère sexuel qu'il y a en ce moment, là, dans les
universités, une loi qui peut s'étendre, en fait, aux milieux de stages en ce
moment, puis qui est vraiment une bonne façon, là, de prévenir et de combattre
les violences à caractère sexuel, autant dans les milieux universitaires que
dans les milieux des stages.
Donc, ce que je veux dire par là, là, c'est
vraiment qu'en ce moment... qu'on y va petit peu à petit peu, c'est un peu ça,
mon point, puis que la première étape, ça va être vraiment de passer par les
protections qu'il y a dans la Loi sur les normes du travail.
M. Benjamin : Merci. Toujours
sur cet enjeu de harcèlement en milieu de stage, quel regard que vous portez...
portez-vous sur le rôle et responsabilité des établissements d'enseignement par
rapport à cet enjeu-là?
M. Desroches (Jonathan) : Sur
le rôle, j'ai peut-être une première piste de réponse. Sur le rôle des
établissements, notamment sur spécifiquement la question qui vient d'être
soulevée sur la politique de violences à caractère sexuel, les politiques
doivent communiquer... Les établissements doivent communiquer les politiques à
l'ensemble de la communauté et c'est aussi une idée, je crois, que vous allez
retrouver dans le mémoire de la FECQ, là, qui vient après nous, concernant
faire en sorte que le milieu de stage soit aussi en charge de communiquer
les... ce type de politique là, là. Donc, c'est un premier élément de réponse
que je peux vous donner.
M. Benjamin : Sur les... au
sujet des mécanismes de plainte, vous avez évoqué tantôt des pistes visant à
faciliter le traitement des plaintes. Mais au sujet des instances, il y a des
groupes qui semblent suggérer d'autres instances, par exemple, pour le
traitement des plaintes. Vous, quelle est... La meilleure instance pour le
traitement des plaintes, c'est laquelle, selon vous?
M. Desroches (Jonathan) : On
n'a pas... Je ne crois pas qu'on a documenté spécifique ment, on n'a pas fait
une étude de cas, là, là dessus, mais c'est certain qu'en offrant la
possibilité à différentes organisations d'appuyer les personnes stagiaires, ça
va permettre... en fait, ça va faciliter les plaintes.
Donc, on n'a pas spécifiquement, là, quel
endroit... doit aller, puis c'est certain qu'on préfère un État de droit formel
plutôt qu'un État de droit informel. Parce qu'actuellement, on peut peut-être
entendre que les stagiaires pourraient faire leur plainte en fonction de la Loi
sur les normes du travail. Mais ça, c'est de l'hypothétique. Donc, c'est
certain qu'avec le projet de loi qu'on a devant nous, bien, on vient formaliser
cette possibilité-là pour les personnes stagiaires du Québec de porter
plainte... bien, lorsque c'est nécessaire.
M. Benjamin : Dans une
correspondance que nous a fait parvenir l'Ordre des... c'est les CPA, pour ne
pas les nommer, ils semblent suggérer dans le cas, par exemple, de l'Office des
professions du Québec, qui a une instance qui existe au sein de l'Office de
protection du Québec, qu'il pourrait assumer ce rôle-là au lieu de transférer
cette responsabilité-là, tel que le prévoit le projet de loi vers le Tribunal
administratif du Québec. Est-ce que vous êtes de cet avis?
Mme Lemieux-Bourque (Alice) : Je
ne pense pas qu'on a d'avis fixe, là. Écoutez, je ne suis pas familière avec
tous les ordres professionnels qui existent et non plus avec les processus, là,
parce que c'est un peu hors de notre champ d'expertise qui est vraiment les
établissements d'enseignement supérieur, là, les universités.
• (16 h 20) •
Par contre, tu sais, je pense que nous, ce qui est
important, c'est que le stagiaire ait accès à des...
Mme Lemieux-Bourque (Alice) :
...puis que le stagiaire soit informé de ces recours-là, puis que ce soit
facile d'aller, tu sais, lui ou elle, d'aller chercher, là, cette aide-là. Que
ça passe par le tribunal, comme c'est, c'est, comme en ce moment, dans le
projet de loi, nous, c'est sûr qu'on n'a pas soulevé de problèmes parce que
c'est ce qui est permis, en ce moment, par la Loi sur les normes du travail,
puis nous, ce qu'on essayait de chercher ici, c'était une équité entre les
stagiaires et les travailleurs et travailleuses. Donc... Mais au final, nous,
ce qui est important, c'est qu'il y ait ces protections-là, que ces
protections-là le soient claires puis que le stagiaire puisse aller chercher
facilement l'aide dont il a besoin.
M. Benjamin : Merci. Pour ce
qui est de l'information, parce que c'est un mot qui revient souvent,
l'importance que les stagiaires soient informés, le lieu privilégié vous semble
être via la convention de stage entre les établissements d'enseignement et
l'employeur, est ce qu'il y a peut-être d'autres moyens que vous voyez en
dehors de cela, donc, qui pourraient être utilisés pour mieux faire connaître
justement ce développement auquel nous nous attendons tous?
Mme Lemieux-Bourque (Alice) :
Oui, c'est sûr qu'il y a d'autres moyens qui peuvent utilisés. On peut penser,
par exemple, là, que tout le monde pourrait toujours essayer de donner
l'information, donc les trois parties, le milieu de stage, autant les
associations étudiantes, donc tout le côté qui est étudiant, mais aussi
l'université. Donc, si tout le monde essaie d'informe... donc, plus on essaie,
plus on va réussir par les informer, là. On peut penser par des campagnes...
par une campagne, là, qui est donnée... excusez, je suis... comme été
déconcentrée, on peut penser...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...moins qu'une minute, alors il reste 50 secondes.
Mme Lemieux-Bourque (Alice) :
Parfait. On peut penser à une campagne de vulgarisation qui serait lancée, par
exemple, soit par nous, soit par le gouvernement. On peut penser aux
universités qui s'assurent... C'est sûr que le milieu... la façon privilégiée
qu'on avait, c'était vraiment la convention de stage, mais, tu sais, de
n'importe quelle façon que l'université informe le stagiaire, avant qu'il se
lance dans un stage, des protections auquel il a droit puis que le milieu de
travail, en accueillant le stagiaire, l'informe aussi, là, de quels recours et
droits, les politiques aussi qui encadrent son travail.
M. Benjamin : Si j'avais le
temps, j'aurais pu vous poser une dernière question.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Mais vous n'avez plus le temps.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, Merci. Nous poursuivons avec cette fois-ci le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Une main de fer
dans un gant de velours, Mme la Présidente. Bonjour. Bienvenue. Moi aussi, j'ai
très peu de temps, donc je vais poser peut-être deux questions puis on va voir
jusqu'où on peut aller avec ça. Tout d'abord, c'est assez commun, dans des
projets de loi de ce genre-là, d'avoir, dans les dispositions finales, un
rapport de mise en étape, pas une mise en étape, mais un rapport d'étape, en
fait, de mise en application d'ici 2, 3, 4 ou 5 ans. Est-ce que ça serait
quelque chose que vous pensez pourrait être intéressant à rajouter? Et deuxième
question, vous parlez beaucoup, dans vos recommandations, de faire référence à
la Loi sur les normes. Ce n'est pas ça que le projet de loi fait, il fait un
régime parallèle. Est-ce que, dans vos échanges préalables avec la ministre, il
vous a expliqué pourquoi il n'était pas passé par les normes? Je cherche depuis
que j'ai lu le projet de loi, pourquoi. C'est quoi, les motifs? Je n'ai pas
trouvé. Je ne sais pas si vous vous en avez que vous pouvez nous donner. Merci.
Mme Lemieux-Bourque (Alice) :
Je peux y aller. Pour le rapport de la mise en application, je ne suis pas
familière vraiment avec un rapport de mise en application, mais c'est sûr que
si ça favorise le processus, je vais être en accord avec ça, mais il faudrait
vraiment que j'aie plus d'informations, là, pour vous donner une vraie réponse.
Pour ce qui est de pourquoi est-ce que c'est un projet de loi différent.
Écoutez, de notre côté, je vais quand même vous donner notre avis avant de dire
ce que le ministre peut penser. Nous, ce qui est important pour nous, c'est que
le projet de loi soit adopté avant la fin de la session parlementaire. La
forme, dans le fond, ce n'est pas vraiment ça qui nous importe ici parce qu'est
ce qu'on veut, tu sais, ce qu'on veut, c'est un état de loi formel, puis ce
qu'on a devant nous en ce moment, c'est un projet de loi parallèle. Puis, au
final, nous, ce qu'on veut, c'est les protections pour tous et toutes les
stagiaires. Puis, si ça passe par ce projet de loi là, ça passera par ce projet
de la loi là, on n'a pas de problème.
Par... Les raisons qu'on a eues, c'est
pour avoir plus de flexibilité. C'est ce qu'on s'est fait dire, mais au final,
nous, ce n'était pas important parce que ce qu'on veut, c'est des stagiaires
qui sont protégés à la fin de la journée.
M. Leduc : Combien de temps,
Mme la Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
40 secondes.
M. Leduc : Est ce que le fait
d'avoir deux régimes comme ça ne va pas mener à une forme de complexité dans
certains cas où une personne pourrait se qualifier aux normes, mais va être un
peu tirée puis envoyée dans ce projet de loi là? Comment on va jongler avec ça?
Mme Lemieux-Bourque (Alice) :
Bien, nous, dans notre... Je vais y aller rapidement, article 6. L'article 6 du
projet de loi, dans notre tête, couvrait cette section-là, là, qui vient dire
en fait que, si...
Mme Lemieux-Bourque
(Alice) : ...un stagiaire... Que si une personne est couverte, là, par
la Loi sur les normes du travail, bien, par une loi qui donne plus de droits,
en fait, que le projet de loi 14, elle va être couverte par l'autre loi.
Donc, nous, notre compréhension, c'est que la Loi sur les normes du travail
donne plus de protection. Donc, un stagiaire dans cette situation-là serait
protégé par la loi sur les normes du travail.
M. Leduc : Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Nous poursuivons cette fois-ci avec le
député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui.
Merci beaucoup, monsieur Desroches et Mme Lemieux-Bourque. Votre
témoignage est extrêmement intéressant. Quand moi-même, j'ai été stagiaire en
droit, il y avait toute une recherche de stages rémunérés. Moi, j'étais
chanceux, j'étais tombé chez Cain Lamarre Wells, que monsieur le ministre
connaît bien comme cabinet d'avocats. Puis j'avais eu un stage rémunéré, mais
ce n'est pas la règle pour l'ensemble de mes collègues du Barreau. Moi,
j'aimerais ça vous entendre un petit peu plus sur l'obligation de rémunération
des stages. Comment on pourrait amener ça dans le projet de loi et comment on
pourrait l'encadrer, quand même? Parce que ce n'est pas tous les milieux qui
sont pareils. Je pense à un stage, par exemple en travail social, dans un
organisme communautaire qui déjà se débat devant le ministre pour avoir une augmentation
de 4 pour cent de subvention. Alors, comment on pourrait encadrer ça un
peu?
M. Desroches (Jonathan) :
Moi, je peux peut être y aller au niveau de la compensation financière, la
rémunération. Puis comme je l'ai dit un peu en présentation, c'est un élément
qu'on aborde depuis longtemps. Et nous, on a vraiment vu deux chantiers, un
peu, celui de la compensation financière et celui de la protection légale. Et
donc, à la compréhension, le projet de loi actuel s'occupe principalement de la
compensation légale. Et ce n'est pas, à notre compréhension, dans ce projet de
loi là qu'on va pouvoir résoudre tout ce qui est compensation financière. Par
contre, évidemment, c'est un élément qu'on va continuer à travailler, puis s'il
y a d'autres invitations, éventuellement, à parler de compensation financière
des stages au Québec, c'est certain qu'on va demander à être de la partie de ce
côté-là.
M. Gaudreault : Vous
parlez bien de compensation et non de rémunération. Mais pourquoi on ne pas le
faire dans ce projet de loi là? Je ne suis pas sûr de bien comprendre.
M. Desroches (Jonathan) :
pour compensation et rémunération, je dis compensation parce qu'on n'est pas
fixé sur la source de financement des personnes stagiaires. Et pour ce qui est
du projet de loi, notre priorité, comme on l'a mentionné, c'est de faire
adopter le projet de loi le plus tôt possible, là, avec les protections
légales. Et également du côté de la compensation financière ou de la
rémunération de certains stages, c'est tellement des milieux différents, avec
des réalités différentes, que les défis nous amèneraient probablement à avoir
besoin de plus de temps.
M. Gaudreault : O.K. Je
comprends. Maintenant sur la question d'un autre régime plutôt que la Loi sur
les normes du travail, est ce que vous ne trouvez pas que ça envoie le signal
que, bon, c'est comme une classe à part, c'est les stagiaires, c'est un peu...
bien, c'est accessoire, ce n'est pas intégré dans l'ensemble des enjeux de
main-d'œuvre. Est-ce que, dans ce sens-là, vous ne trouvez pas que ça envoie un
drôle de signal aussi?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est trois secondes.
M. Gaudreault : Oui ou
non.
Mme Lemieux-Bourque
(Alice) : Ouais. Bien...
M. Gaudreault : Ouais.
O.K. C'est bon.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : c'est bien.
M. Gaudreault : Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors. Merci, monsieur Desroches et
Mme Lemieux-Bourque, pour votre contribution à l'avancement de la
commission, des travaux de la Commission.
Alors, nous allons suspendre quelques
instants afin de donner la chance au prochain groupe de s'installer. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 28)
16 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 16 h 33)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous accueillons maintenant la Fédération étudiante collégiale du Québec
avec M. Vaillancourt et Mme Lévesque. Alors, vous disposez de 10 minutes,
mais avant de commencer votre exposé, je vous inviterais à bien vous présenter.
M. Vaillancourt (Samuel) : Bonjour.
Donc, Samuel Vaillancourt, je suis président de la Fédération étudiante
collégiale du Québec.
Mme Lévesque (Claudie) : Puis
moi, c'est Claudie Lévesque puis je suis vice-président.
M. Vaillancourt (Samuel) : Donc,
la Fédération étudiante collégiale du Québec, c'est un regroupement de 27 associations
étudiantes réparties au sein de 13 des 17 régions administratives du
Québec pour un total d'environ 78.000 étudiants et étudiantes de niveau
collégial. On est en fait le seul regroupement étudiant national qui se
spécifie sur la population étudiante collégiale. Et je tiens justement à
remercier, là, la commission de nous recevoir dans le cadre de cet exercice
parlementaire qui est somme toute d'une grande importance pour la population
étudiante collégiale.
C'est certainement sans surprise pour vous
que la FECQ a bien reçu, somme toute, le projet de loi 14. On a suivi de façon
assidue, je dirais, l'engagement qu'a pris monsieur le ministre Boulet il y a
maintenant trois ans de ça à l'effet d'octroyer des protections légales aux
stagiaires par le biais du dépôt d'un projet de loi. Et on tient à souligner
également le travail qui a été effectué par les militants et les militantes et
ainsi que les associations étudiantes dans le cadre des mobilisations observées
en 2018-2019 afin de garantir de meilleures conditions de stages.
Il faut se rappeler, par contre, que ça
fait 55 ans maintenant, aujourd'hui, que le réseau collégial existe, et
c'est aujourd'hui, seulement en 2022, qu'on va potentiellement adopter un
projet de loi qui octroie des protections aux stagiaires. Donc, je...
M. Vaillancourt (Samuel) :
...lance cette réflexion-ci qui est assez importante selon nous. On considère,
et je dis ça en tout respect de vos fonctions, que c'est votre responsabilité,
en tant que parlementaire, de pallier au manque à gagner qu'on observe
justement depuis maintenant plus d'une... d'un demi-siècle, pardon, j'allais
dire demi-décennie. C'est un pas dans la bonne direction pour assurer une forme
de strict minimum en matière de droits des stagiaires dans leur milieu de
travail.
Et à cet effet, on tient à souligner,
notamment, la pertinence de dispositions à l'effet qu'il y a des congés à
absence pour cause de maladie ou raisons familiales, le caractère d'ordre
public de la Loi visant à assurer la protection des stagiaires en milieu de
travail, l'obligation que le stagiaire soit informé de ses droits ainsi que le
droit à un milieu de stage qui est exempt de harcèlement psychologique et
sexuel.
Par contre, on doit dénoter l'absence de
certains incontournables, selon nous, en matière de protection légale en milieu
de stage pour garantir une véritable équité entre les salariés ainsi que les
personnes stagiaires, notamment lorsqu'il est question de congés de longue
durée, de compensation financière de tous les stages ainsi que de conventions
de stage obligatoires. Et je vais maintenant passer la parole à ma collègue.
Mme Lévesque (Claudie) : Oui,
mais le premier élément, dans le fond, qu'on veut porter à votre attention,
c'est la question des congés longue durée. Donc, présentement, on remarque que
ces 14 types de congés longue durée qui ne sont pas inclus dans le cadre
du projet de loi 14 et qui pourtant sont dans la Loi sur les normes du travail.
Je fais référence ici aux congés de plus de 10 jours qui touchent,
notamment, les congés parentaux, les congés de maternité, les congés de paternité,
les congés suite de violences conjugales ou de violences à caractère sexuel.
Bref, ce sont des congés de longue durée
qui sont accordés dans le cadre de la Loi sur les normes du travail, mais pas
dans le cadre du projet de loi 14. Ce qu'on remarque sur ces congés, c'est que
ce sont des congés qui, malheureusement, vont très souvent toucher, selon ces
statistiques, davantage les parents étudiants et les femmes. On pense donc que
pour arriver à une véritable équité dans les domaines des stages, ça serait
pertinent d'ajouter les congés de longue durée au projet de loi 14.
Je prends par exemple ici l'exemple des
congés de maternité et du 5 jours pour l'accouchement. Donc, disons qu'une
personne accouche elle a le droit à 5 jours pour un accouchement si elle
est stagiaire, mais dans le cas d'une personne salariée, elle va avoir ses cinq
jours d'accouchement mais elle va aussi avoir un congé de maternité de
18 semaines. On se pose la question, si ce serait possible, après un
accouchement, de revenir en milieu de stage cinq jours après. En cinq jours,
est-ce qu'on a le temps d'accoucher, de revenir à la maison, de s'installer
avec son nouveau-né, de trouver un CPE puis ensuite tout de suite de retourner
en milieu de travail sans aucun inconfort et avec une santé... en pleine santé?
Je pense que c'est un peu impossible. Donc, on soulève cette réflexion ici.
Pour cette raison-là, c'est un exemple
parmi tant d'autres. On pense que ce serait pertinent que les congés de longue
durée soient inclus au projet de loi 14 pour assurer la réussite et la
diplomation des personnes étudiantes, stagiaires et bien sûr des parents.
M. Vaillancourt (Samuel) :
Actuellement, au niveau des congés, on dénote la nécessité d'élargir les
dispositions sur les congés liés aux évaluations liées à la grossesse, mais
tout d'abord, on remarque que l'usage du genre féminin a pour effet d'exclure
les hommes et par extension les hommes qui sont en mesure de porter une
grossesse à terme. Mais en plus de cela, nous, la FECQ, on considère qu'il
serait pertinent d'élargir ces dispositions aux évaluations psychosociales
ainsi qu'aux procédures d'adoption, et, à cet effet, il y a des hommes qui
peuvent être adoptants. Donc, on considère qu'il serait pertinent en premier
lieu, d'élargir les dispositions aux personnes adoptantes, mais aussi
d'utiliser du genre masculin afin que les deux genres soient concernés par ces
dispositions. Ça nous permettrait, au final, d'assurer une meilleure inclusion
de l'ensemble des personnes stagiaires.
Finalement, le projet de loi 14 prévoit un
congé compensatoire lorsque le stagiaire travaille lors d'un jour férié. On
considère qu'à l'image de la Loi sur les normes du travail le délai dans lequel
le congé devrait être pris devrait être situé à trois semaines et déterminé par
le biais de la loi, mais que le choix du moment auquel est pris ce congé
compensatoire devrait revenir au stagiaire en raison du fait que le stagiaire
doit très souvent jongler, je dirais, avec un stage, des cours, en fi du stage,
en fait, ainsi qu'un emploi de subsistance. Bref, les stagiaires doivent
pouvoir bénéficier de congés qui s'apparentent davantage à ceux de la Loi sur
les normes du travail avant tout par souci d'équité, de diversité, mais aussi
d'inclusion.
En deuxième lieu, on considère que le
projet de loi 14 doit octroyer des droits qui sont davantage équivalents à ceux
de la Loi sur les normes du travail. Donc, tout d'abord, on souhaite relever
certaines normes du travail qui ne se retrouvent pas auprès du projet de loi
14, mais qui ont somme toute leur pertinence selon nous. Dans le cadre d'un
stage, on pense surtout à la durée du travail qui permet normalement à un
salarié de refuser de travailler après un certain nombre d'heures, le droit à
un repos hebdomadaire de 32 heures consécutives, le droit aux périodes de
repas ainsi que l'obligation pour l'employeur de défrayer les frais liés à
l'uniforme qu'il exige de ses travailleurs et travailleuses. Et
additionnellement, ce que l'on remarque, c'est que les revenus d'un stagiaire
qui se voit octroyer une rémunération, s'il ou elle est assez chanceux pour en
avoir une, ce revenu-là n'est pas protégé au même titre que...
M. Vaillancourt (Samuel) :
...va l'être dans le cadre de certains congés. Je prends l'exemple du décès
d'un proche, d'un parent. Bien, la personne peut s'absenter cinq jours, tant
stagiaire que travailleur. Par contre, la différence, c'est que le salarié ou
la salariée va avoir droit à une rémunération pour deux de ces jours-là, alors
que le stagiaire rémunéré n'aura pas cette protection-là. Donc, ce revenu n'est
pas protégé et on considère qu'il est nécessaire de s'assurer, lorsqu'il y a
rémunération, qu'il y ait une protection.
• (16 h 40) •
Parlant de rémunération et de compensation
financière, je ne peux pas m'empêcher de mentionner que ce sont 77.1 pour
cent des stages qui ne reçoivent aucune forme de compensation ou de
rémunération. C'est près de deux stagiaires sur trois qui vivent des
difficultés financières dans le cadre de leur stage. Ces difficultés financières
sont exacerbées chez les femmes, chez les étudiants de première génération, les
personnes de plus de 20 ans, les étudiants en situation de handicap, les
personnes immigrantes et les étudiants internationaux et des données prouvent
le tout. Au collégial, c'est 70 % des stagiaires qui jonglent entre un
stage et un emploi de subsistance qui cause des échecs pédagogiques dans
plusieurs cas et la réponse de certains établissements c'est : Abandonnent ton
emploi de subsistance. Je ne sais pas pour vous, je vous lance la question.
Moi, ça me convainc de la nécessité d'octroyer des compensations financières,
voire une rémunération de tous les stages. Je vous lance donc la question,
mesdames et messieurs les parlementaires.
En conclusion, on tient à amener le fait
que de meilleures conditions de stage ont démontré un grand taux de rétention
auprès des employeurs et que, conséquemment, on pense que le besoin d'octroyer
des chèques de 9 000 dollars pour convaincre les étudiants d'aller et
de rester dans un certain programme collégial serait peut être moins présent.
Donc, je vais laisser la parole à Claudie, désolé.
Mme Lévesque (Claudie) : Le
dernier point qu'on veut apporter à notre attention c'est la question des
conventions de stages, on en parlait juste avant. Les conventions, des stages
c'est un contrat qui est signé entre la personne étudiante, l'établissement et
le milieu de stage. À notre sens, c'est aussi l'outil parfait pour s'assurer de
l'application concrète du projet de loi 14, puisqu'il permet d'aller plus
loin, de réglementer aussi les conditions du stage. Dans une convention de
stage, on pourrait par exemple donner davantage de droits aux stagiaires. On
pourrait s'engager à faire respecter la politique pour lutter contre la
violence à caractère sexuel en enseignement supérieur. Puis, on pourrait aussi
transmettre davantage d'informations quant aux droits des stagiaires et, en
terminant, clarifier les responsabilités de la personne stagiaire, de son
établissement d'enseignement supérieur et, bien sûr, du milieu de stage.
Présentement, on remarque dans le projet
de loi qu'il y a un certain flou quant aux responsabilités. Donc, des fois, on
offre... la responsabilité est conjointe entre certains acteurs et c'est
quelque chose qui est décrié présentement par certains acteurs, justement.
Donc, on pense que la convention de stage pourrait venir clarifier le tout dans
un papier qui serait bien sûr signé par l'étudiant, donc... dont il aurait
connaissance. Bref, on pense que les conventions de stage devraient être
obligatoires pour la simple raison qu'à notre sens c'est un véhicule parfait
pour acheminer et pousser plus loin le projet de loi 14.
M. Vaillancourt (Samuel) : Pour
finir, on constate qu'il est important de ne pas crier victoire ou de satisfaire
des dispositions actuelles du projet de loi simplement sur la base du fait
qu'il n'y a pas de cadre législatif actuel sur les protections des stagiaires.
On reconnaît tous l'apport qu'aura ce projet de loi là, mais si ça aura pris
55 ans avant qu'on se penche sur un projet de loi ainsi, je me pose la
question à savoir combien de temps ça va prendre avant qu'on s'y repenche, sur
la question des protections légales des stagiaires. On considère alors qu'il
faut aller le plus loin possible dès maintenant afin de s'assurer qu'il y a des
meilleures conditions de stage, et on pense surtout que ça passe par des congés
de longue durée pour tous les stagiaires, que s'assurer que les droits de la
loi visant à assurer la protection des stagiaires en milieu de travail soient
davantage équivalents à ceux de la Loi sur les normes du travail et,
finalement, que les conventions de stage soient obligatoires pour tous les
stages. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci.
Merci pour votre exposé. Nous allons donc commencer la période d'échanges avec
monsieur le ministre.
M. Boulet : Oui, merci,
madame la présidente. Il y a une donnée que je trouve intéressante, là,
71 % des stages qui ne sont pas rémunérés. C'est une information que je
vais vérifier, mais effectivement, c'est un projet de loi qui vise à conférer
des protections, des recours et des droits. Et sur ce, je veux en profiter pour
souligner votre engagement, votre collaboration. On s'est rencontrés depuis mon
assermentation, Samuel et Claudie. Vous avez eu des prédécesseurs, mais vous
avez lutté, puis 55 ans sans régime de protection, moi, ça ne m'apparaît
pas socialement acceptable. Puis les stagiaires sont souvent perçus, et c'est
compatible avec une réalité, comme étant des personnes vulnérables ou
marginalisées ou n'ayant pas de droits ou... bon. Évidemment, on n'embarque pas
dans la rémunération parce qu'il y a une diversité de stages qui est immense.
Il y a des stages qui sont purement d'observation, des stages où il y a une
prestation effective de travail, mais...
M. Boulet : ...ça varie
énormément d'une corporation à l'autre, d'un établissement d'enseignement à
l'autre, et, tu sais, des conventions de stage, Claudie, tu le mentionnais,
oui, puis il y a des stagiaires qui sont syndiqués aussi, là, parce que j'ai vu
des accréditations syndicales qui incluent des stagiaires dans l'accréditation
syndicale. Mais oui, une convention, une loi ou un décret ou autre peut prévoir
des droits ou des avantages qui sont supérieurs au projet de loi 14.
Je veux m'attarder notamment au congé de
plus longue durée. Bon, vous le savez, on a eu des consultations avec vous
autres, d'ailleurs avec les ordres professionnels. Je voudrais que vous me
donniez quand même un certain nombre de réponses. Qu'est-ce qu'on fait avec un
congé de longue durée dans le contexte d'un stage qui est de courte durée?
Parce qu'il y a énormément de stages qui sont de très courte durée. Comment
vous envisageriez ça? C'est une des raisons pour lesquelles on se limite à des
droits de courte durée. C'est d'ailleurs un seuil, mais il y a énormément...
puis là je vérifierai le pourcentage, mais comment vous l'envisageriez?
Mme Lévesque (Claudie) : À
notre sens, les congés de longue durée, même si on a un stage de courte durée,
ça va nous permettre de reprendre le stage où on l'a terminé la première fois.
Donc, par exemple, on a une personne étudiante qui commence son stage qui, on
va dire, dure six semaines, fait quatre de ces six semaines-là, puis, à la
quatrième, il lui arrive malheureusement un incident qui la pousse à devoir
mettre sur pause ses études pour un certain temps, mais au moins on s'assurait
que ces quatre semaines-là, qui ont été effectuées en milieu de travail et
pendant laquelle la personne stagiaire a fait des sacrifices... comme on vous a
présenté très souvent, il y a des sacrifices qui sont faits par les stagiaires
pendant qu'ils effectuent leur stage. Donc, au moins ces quatre semaines-là
sont préservées. On prend pour acquis que ces quatre semaines-là ont permis de
construire certaines connaissances, puis éventuellement, à la reprise de leur
stage, on va pouvoir aller chercher les compétences et les connaissances qui ne
sont pas nécessairement acquises en dehors de ces six semaines là.
M. Boulet : Je comprends.
Donc, on met le stage sur pause et on revient après. Mais qu'est-ce qui arrive
avec le milieu de travail? Puis qu'est-ce qui... mettons... on parle d'équité,
mais quelqu'un qui est aux études, qui doit interrompre ses études, est ce
qu'un établissement d'enseignement va dire : Tu interromps le temps de ton
absence de longue durée, puis après, tu reprends. Est-ce qu'on... Mais il
reprend son année, il reprend... donc, il recommence sa session, si c'est au
collégial, ou même dans un centre de formation professionnelle ou une
université. Je veux juste comprendre, comme tu sais, tu dis : Là, il y a
quatre semaines de faites, si la personne s'absente trois mois, elle vient
compléter ses deux semaines après. Puis s'il n'y a pas de possibilité dans le
milieu de travail ou l'établissement d'enseignement, comment on procède? Est-ce
qu'on crée des droits supérieurs aux stagiaires, par exemple, par rapport à
l'étudiant qui ne bénéficierait pas d'un tel avantage? Juste...
M. Vaillancourt (Samuel) : Si
je peux... me permettez, je pense qu'il y a une partie de votre question où est
ce que vous faites référence au droit de retourner dans le milieu de travail
des suites d'un congé aussi, puis on est conscient que dans le cadre d'un
stage, c'est quelque chose qui nécessite des adaptations. Et évidemment que
lorsqu'on va être rendu à garantir ce droit-là au stagiaire, c'est une question
sur laquelle on va se pencher davantage. Mais au niveau justement de l'arrêt,
la mise sur pause des études, il y a plusieurs mécanismes qui sont en place
dans les établissements collégiaux afin de faciliter la reprise des études,
mais il y a également les mécanismes de reconnaissance des acquis, au sens où,
bien, par exemple, un étudiant qui fait un programme technique arrête après sa
troisième session de stage, les trois sessions qui sont effectuées vont être
reconnues, évidemment. Bien, on va penser, par exemple, eh bien, si la
quatrième session de stage a été interrompue en milieu de parcours, eh bien, il
va y avoir des mécanismes mis en place par les actes pédagogiques individuels,
les conseillers pédagogiques et autres pour faciliter le retour de l'étudiant
ou de l'étudiante sur les bancs d'école.
M. Boulet : Je le comprends.
Je pense que... Mais si c'est dans une session régulière, par exemple, tu es au
cégep, tu as deux mois et demi de faits, et tu dois interrompre pour des
raisons de maternité ou des raisons de paternité ou des raisons parentales, ou
peu importe, qu'est ce qu'on fait dans un collège? Est-ce qu'on reconnaît que
tu as deux mois et demi de faits ou tu recommences ta session?
M. Vaillancourt (Samuel) : Bien
évidemment que...
M. Boulet : Je veux savoir la
réalité, évidemment, Samuel, là, si ça arrive dans des cas concrets, qu'est ce
qu'on fait?
M. Vaillancourt (Samuel) : Oui,
évidemment, qu'il y a... comment dire, il ne va pas y avoir une reconnaissance,
par exemple, des quatre semaines de session qui vont être effectuées. Mais on
doit se rappeler qu'on ne peut pas, en tout temps comparer ce qui se déroule
sur un établissement, dans le cadre d'un parcours scolaire, à ce qui se déroule
dans le cadre d'un stage. On a là des réalités totalement différentes. Par
exemple, une évaluation dans le cadre d'un parcours scolaire, je veux dire,
désolé, il y a des politiques institutionnelles qui sont mises en place, il y a
des droits qui sont octroyés aux étudiants, il y a des recours qui sont
possibles, alors que, par exemple dans le contexte d'un stage, bien, si...
M. Vaillancourt (Samuel) :
...il n'y a pas de convention de stage, des protections comme ça ne sont pas
nécessairement garanties. Donc, on ne peut pas simplement, selon nous, se baser
sur le fait que ce n'est pas ce qu'on voit au niveau collégial ou dans le cadre
d'une session normale pour se retirer.
• (16 h 50) •
M. Boulet : Mais tu
comprends, Samuel, que, moi, dans ma tête, il y aurait comme un régime à deux
vitesses. Quand tu es stagiaire, tu bénéficies d'une pause et tu reprends ou tu
as laissé, alors que, quand tu es étudiant, tu bénéficies de la pause, mais tu
recommences au début de la session. Mais c'est mon point, là, à ce stade-ci,
mais mes collègues savent que je serai toujours ouvert à ça. Est-ce que...
Comment vous voyez ça pour un milieu de stage? S'il y a un employeur qui
dit : Moi, je vais l'accueillir, le stagiaire, mais s'il apprend qu'il y a
des congés de longue durée qui peuvent être pris, est-ce que ça ne peut pas
devenir un obstacle à la capacité d'accueil des milieux de stage qui vont se
dire : Moi, j'ai des ressources pour une période de temps limitée, j'ai un
mentor, j'ai un coach pour une période de temps limitée, mais là, ça devient
trop difficile d'anticiper? Et le risque de ne pas pouvoir prévoir, tu sais,
l'absence de prévisibilité, est-ce que ça ne peut pas devenir un obstacle,
finalement, à des belles conditions de réalisation d'un stage? C'est une
question générale, là, mais...
M. Vaillancourt (Samuel) :
Bien, je vais commencé en disant que, selon nous, une belle condition de stage,
c'est des congés de longue durée, mais on... comment dire, ça revient un peu,
selon moi, à ce que je disais tantôt, là, par rapport au fait... au droit de
retourner dans les milieux de travail, qu'il y a des... Comment dire,
évidemment qu'il va y avoir des ajustements qui sont nécessaires, là, auprès
des milieux de stage... puis ça, on s'entend là-dessus à 110 %. Puis c'est
un des exemples, justement, que vous nommez qui fait en sorte que c'est plus
difficile, là, d'avoir des, du moins, qui fait en sorte que c'est plus difficile
d'avoir le droit, je dirais, au retour dans le même poste, le même lieu de
travail et tout parce qu'il y a des problèmes de subventions, exactement, comme
vous nommez. Mais on considère justement que mieux vaut passer par-dessus cette
difficulté-là et trouver des solutions plutôt que tout simplement se rétracter.
M. Boulet : Là dessus,
Samuel, je pense qu'on se rejoint. On fait une loi qui est d'ordre public, donc
qui est impérative. C'est le solage. Et après ça la maison peut être construite
en tenant compte de la diversité des stages et de la diversité des formes aussi
d'apprentissage. Je pense qu'on est pas mal au même niveau, mais c'est sûr que
ce n'est pas un projet de loi de rémunération. On embarquerait dans un univers
qui est complètement distinct à la réalité de ce que l'objectif qui était
recherché. Puis d'ailleurs c'est ce que vous souhaitiez, qu'il y ait un régime
de protection légale.
Autre question, Samuel ou Claudie, là. Si,
par exemple, moi, je... Évidemment, quand tu as un congé férié, tu ne peux pas
le prendre, il y a une possibilité d'avoir un congé compensatoire, je pense.
C'est Samuel qui soulevait ce point-là, qu'il y ait une période de trois
semaines pour le reprendre. Nous, ce qu'on a dans le projet de loi, c'est qu'il
peut le reprendre, mais à l'intérieur de la durée du stage. Qu'est-ce que tu
fais s'il ne peut pas le prendre, puis que le stage finit une semaine après,
puis qu'on écrit dans une loi... Puis il y en a tellement, d'éléments qui
justifient qu'il y ait un projet de loi autoportant à côté de la Loi sur les
normes du travail en raison de la particularité de la relation qui, en plus,
est tripartite puis, dans certaines circonstances, plus une quatrième partie
parce qu'il y a des ordres professionnels si le stage vise à être accepté dans
un ordre professionnel. Mais comment on traiterait ça, Samuel? Est-ce qu'on
dirait : Comme tu n'as pas eu ton congé férié, ton stage finit dans une
semaine, puis la loi qui est d'ordre public, on ne peut pas avoir une condition
moins avantageuse, tu finis en stage, mais on te donne un congé? Toi, tu
verrais un congé rémunéré après la fin du stage?
M. Vaillancourt (Samuel) :
Congé rémunéré. Bien, comme vous disiez, on n'embarque pas dans la
rémunération.
M. Boulet : Dans les cas des
rémunérés, là, parce qu'il y en a qui sont rémunérés, d'autres...
M. Vaillancourt (Samuel) : Mais
est-ce que vous... O.K. Parce qu'au niveau du congé compensatoire, c'est peu
importe le stage, de ce que j'en comprends, là. Puis, dans le fond, je vais
vous expliquer un peu la réflexion qu'on a eue, là. On a fait l'analyse de la
Loi sur la fête nationale et la Loi sur les normes du travail et, justement, on
a comparé les deux. La Loi sur la fête nationale, on considère qu'il y a des
ajustements à y avoir parce que le congé doit être pris le jour ouvrable
suivant ou le jour ouvrable auparavant, là, je ne suis pas certain exactement,
là. Et justement, par le fait qu'il y a des stages qui sont offerts, je vais
dire, à temps partiel, ça ne s'applique pas à 100 %. Donc, on a priorisé
l'approche de la Loi sur les normes du travail. Si je ne m'abuse, la Loi sur
les normes du travail prévoit que c'est dans les trois semaines avant ou après.
Si ce n'est pas le cas, bien, c'est ce que j'encourage qu'on fasse auprès du
projet de loi. Comme ça, il y aurait, bien, un congé...
M. Vaillancourt (Samuel) :
...c'est quand même prévisible. Donc, je pense qu'avec un mécanisme comme ça,
où il y aurait trois... quand même une chambre de 6 semaines où il y a possibilité
de prendre le congé compensatoire, surtout si le stagiaire sait à l'avance
qu'il va devoir travailler, par exemple, le 24 juin...
M. Boulet : OK, donc, il dit
: Je peux le prendre dans les 3 semaines qui suivent, par exemple, mais comme
mon stage finit dans deux semaines, je vais le prendre la semaine prochaine. Tu
sais, toute façon... OK, je comprends. Mais ça revient à ce qui est écrit dans
la loi, la durée du... dans le projet de loi, là, durant le stage.
Bon, le reste, je vais d'abord proposer à ma
collègue de Jean-Talon de faire le suivi. Mais si je n'ai pas l'opportunité de
revenir, moi, je vous remercie encore une fois de votre engagement, de votre
collaboration. Puis, moi, je veux que dans les années à venir, on continue à construire
un régime de protection pour les stagiaires. Moi, juste le harcèlement...
Claudie, hein, tu m'as souvent entendu parler, puis Samuel. Le harcèlement
psychologique et sexuel. De savoir qu'un stagiaire pouvait être victime sans
bénéficier du mécanisme de plaintes qui est dans une politique de prévention et
quand on sait que dans la loi, on doit aussi faire cesser le harcèlement dès
qu'il est porté à notre connaissance, moi, ça m'apparaissait humainement,
socialement, puis à tous égards, inacceptable. Puis, je pense qu'on fait une
avancée importante avec le projet de loi. Merci beaucoup encore une fois. Je...
Ma collègue de Jean-Talon, si ça vous convient.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Alors,
la parole est à la députée de Jean-Talon. Il vous reste trois minutes 50
secondes.
Mme Boutin : Bon, bien, merci
beaucoup, madame la présidente. Dans votre mémoire, je trouve ça super
intéressant la recommandation par rapport aux conventions de stage. Là, je le
dis d'emblée, je ne suis pas une experte, là, des stages. Je ne savais même pas
que c'était obligatoire ou pas obligatoire d'avoir une convention de stage.
Puis vous en avez parlé un petit peu. Moi, je connais des gens, justement, au
cégep, là, qui m'ont dit : J'ai fait un stage, puis ça n'avait aucun rapport
avec mes études. J'ai quasiment passé le balai ou classé des choses dans un
coin. Ça fait que, donc, dans cette optique là, je trouve ça quand même
intéressant. Puis vous mentionnez, là, que c'est presque 78 % qui ont une
convention de stage. Mais à votre... tu sais, selon votre expérience, est-ce
que ces conventions de stage là sont sérieuses, sont établies en partenariat
avec l'étudiant? Puis qu'est-ce qui pourrait être fait de plus? Parce que vous
en parlez un petit peu, qu'est-ce qui devrait être dans la convention de stage,
là. Mais qu'est-ce qui est névralgique, là, admettons qu'on rendrait ça
obligatoire, là?
Mme Lévesque (Claudie) : Si
je peux rectifier, par contre, on dit que dans... Les données sont peu... sont
quand même mitigées à cette question-là. Donc, on a certaines données qui
disent que c'est 78 pour cent des stages qui ont des conventions de stage. Mais
on a d'autres données qui disent que 60 pour cent des personnes ne savent pas
ou elles n'ont pas de convention de stage. Ces données-là qu'on a, c'est des
données très récentes, c'est des données qu'on a prises pendant la pandémie,
mais qui s'adressaient de façon générale aux stagiaires avant ou... bien
surtout avant la pandémie. Mais bref, ces données-là montraient qu'au
collégial, les personnes étaient beaucoup moins... avaient beaucoup moins
tendance à avoir des conventions de stage.
Donc, d'abord, de l'obliger, à notre sens, ça
serait vraiment le premier pas. Parce que si on se fie aux données les plus
récentes qu'on a, malheureusement, on remarque qu'il y en a beaucoup qui ne
savent pas s'ils l'ont ou qui ne l'ont pas. Puis, je pense que si on ne sait
pas qu'on l'a, c'est quand même un indicateur que, peut-être, on n'en a pas ou
que c'est un papier qu'on a signé, puis qu'on n'a pas vraiment... on ne nous
l'a pas expliqué. Donc, la prochaine étape, à mon sens, c'est : Si on a une
convention de stage, prenons le temps de nous asseoir avec l'étudiant, de lui
expliquer. Ça nous permettrait bien sûr de s'assurer que l'étudiant puisse
savoir le contenu de sa convention de stage, puis de savoir qu'il est en train
de signer une convention de stage. Parce que là présentement, on a quand même
des données qui sont assez inquiétantes à cet égard-là.
Mme Boutin : J'ai une petite
question par rapport à la convention de stage, là, même si ça relève de
l'Éducation, là. Est-ce que ça ne serait pas pertinent d'inclure les nouveaux
droits des stagiaires? Tu sais, est-ce qu'un employeur... Parce que j'ai
l'impression que, les employeurs, tu sais, ça va vite, là. On est en pénurie de
main-d'œuvre. Tu sais, ils engagent un stagiaire. S'ils sont pour signer une
convention de stage, admettons, est-ce que ça serait pertinent qu'ils reçoivent
aussi : Voici les droits des stagiaires?
Mme Lévesque (Claudie) : C'est
ce qu'on a écrit dans notre mémoire, justement. À notre sens, comme on dit, ça
peut être un véhicule du projet de loi 14, dans la mesure où est ce qu'on
pourrait mettre les nouveaux droits des stagiaires. Donc, comme on s'assure que
l'étudiant a ce document-là en main, le signe, il peut bien sûr savoir c'est
quoi, ses droits, puisqu'il l'a signé, ce document-là. Il l'a eu entre les
mains.
Mme Boutin : Je pense que je
n'ai plus vraiment de temps, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Plus
vraiment, effectivement.
Mme Boutin : Merci beaucoup
pour votre mémoire.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
Alors, merci. Nous poursuivons cette fois-ci avec le député de Viau.
• (17 heures) •
M. Benjamin : Merci. Merci,
madame la présidente. Merci beaucoup pour votre mémoire que je salue. Je salue,
dans votre mémoire, la grande sensibilité dans votre mémoire et aussi le fait
que, dans votre mémoire, vous portez des valeurs qui me sont chères...
17 h (version non révisée)
M. Benjamin : ...je sens l'inclusion,
le sens de l'inclusion. Et je me réfère à vos commentaires, notamment sur les
questions de genre, et notamment le fait que vous vous êtes... vous avez pris
le temps de nommer la réalité des parents étudiants en étayant le portrait,
donc, et pour cela, je vous remercie, mémoire très bien étoffé. Je
commencerai... une première question à la page 8. Donc, à la page 8
de votre mémoire, 2e paragraphe, lorsque vous relevez «un certain flou qui
pourrait être pertinent à clarifier», j'aimerais vous entendre sur ce flou que
vous clarifiez. J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Vaillancourt (Samuel) : Oui,
en effet. Donc, on voit ici, à l'article... En fait, c'est en référence à l'article 4
qui prévoit une obligation par le milieu d'enseignement, l'ordre professionnel
ainsi que le milieu de stage, d'informer le stagiaire des droits qui lui sont
octroyés. La problématique que l'on observe, justement, c'est que la
responsabilité est partagée et n'est pas clairement établie qui est responsable
de la transmission de l'information dans quelle mesure. Et justement, le
mécanisme que l'on propose afin de clarifier ça, c'est la convention de stage,
qui va permettre de clairement informer le stagiaire de ses droits par une
reprise, par exemple, de l'information contenue à la Loi visant à assurer la
protection des stagiaires. Donc, nous, c'est vraiment cet élément-là. Le flou,
c'est le partage de cette responsabilité-là, je vous dirais.
M. Benjamin : Merci. L'enjeu
des congés de longue durée, il me semble, depuis le début de nos travaux ici,
apparaît clairement, visiblement, comme un handicap à faire de cette loi là une
véritable loi juste pour les stagiaires. J'aimerais vous entendre sur ce
commentaire, sur les enjeux de... les congés de longue durée.
Mme Lemieux-Bourque (Alice) : Si
je peux continuer sur ce que je disais tantôt, souvent, on a tendance à se
poser la question à savoir... Bien, le stagiaire a une condition très
particulière, qu'il est entre la personne étudiante et la personne
travailleuse. Ensuite, la question, c'est : Est-ce qu'on veut lui accorder
des droits similaires à la personne travailleuse ou des droits similaires à la
personne étudiante? À mon sens, plus on lui offrira de droits, mieux ce sera,
donc j'rais pour les congés de longue durée. Mais, bref, ce que je veux dire
par là, c'est : je pense que les congés de longue durée, ça n'arrivera pas
à chaque semaine dans un milieu de stage. Ça m'étonnerait qu'on ait une
personne qui s'absente à chaque semaine dans un milieu de stage. D'après moi,
ça va être des cas d'exception. Mais, si on peut garantir à ces cas d'exception
là que, si jamais un imprévu très malheureux, parce que les congés longue
durée, généralement, c'est des imprévus qui ne sont pas joyeux, mais, bref, si
on est capables de leur garantir que dans ce cas-là, ils peuvent maintenir leur
accès à la profession, maintenir... continuer leur parcours, bien, ces quelques
individus-là vont en bénéficier. Donc, à mon sens, ça serait... cette
disposition-là n'engendrerait pas des conséquences incroyables, dans la mesure
où est ce que c'est peu de personnes qui vont en bénéficier, mais le peu de
personnes qui vont en avoir besoin vont pouvoir les avoir finalement.
M. Vaillancourt (Samuel) : Et,
si je peux me permettre de compléter, concrètement, en ce moment, de la façon
dont on le voit en ce moment, c'est qu'on demande aux nouveaux parents,
surtout, de choisir entre leur parcours d'études et le fait de devenir parents.
Et je me pose la question à savoir est-ce que c'est... Je me dis : Est-ce
que, si un autre individu se faisait poser la question, un peu un choix, un
ultimatum, d'une certaine façon, comment qu'on réagirait? Je lance la réflexion.
M. Benjamin : Vous avez aussi
lancé une autre réflexion à la recommandation 15, j'aimerais vous y
amener, donc, notamment par cette proposition sur le taux de la rémunération. J'aimerais
vous entendre sur cette recommandation. 15.
M. Vaillancourt (Samuel) : Oui.
Bien, la recommandation 15 est à l'effet de la compensation financière de
tous les stages. Comme qu'on a montré tantôt, il y a énormément de données
choquantes qui montrent le besoin de compenser financièrement les stages. Donc,
tu sais, pour le rappeler, là, en 2016, si je ne me trompe pas, c'est le
Regroupement québécois des organismes en employabilité, si je ne m'abuse, qui
dénotait que c'est quand même 77,1 % des stages qui n'ont aucune forme de
rémunération ou de compensation. Donc, ça, c'est, absolument, zéro dollar qui
est remis à la personne pour le stage. Donc, comment dire, d'une façon, c'est
de demander à une personne de... et je prends l'exemple, là, de certains stages
qui sont à temps plein, c'est de faire l'équivalent d'un emploi à temps plein,
sans aucune forme de rémunération, en étant potentiellement, comme on a nommé,
parent étudiant, en étant potentiellement une personne qui doit payer un loyer,
en étant une personne qui doit se loger, se nourrir, se déplacer. Donc, à cet
effet là, il y a une nécessité d'octroyer ces protections légales là, et on
voit l'impact que ça a sur les stagiaires, de ne pas avoir ces compensations
financières là, de ne pas...
M. Benjamin : ...Une
rémunération, potentiellement, on voit l'impact que ça laisse sur les
difficultés que ça peut apporter au niveau financier, les difficultés que ça
peut apporter au niveau académique et certains établissements se retournent et
vendu par souci d'équité, on vous demande de ne pas accepter de stage avec
rémunération ou compensation. Plutôt que de promouvoir les stages avec
l'immigration compensation une dynamique assez particulière selon nous
d'ailleurs, vous soulevez à ce qui
est à mon sens un genre de paradoxe. Et là, je me reporte à la page 16 de
votre mémoire. Lorsque vous parlez, vous faites allusion au Tribunal
administratif du travail, des mécanismes de recours et vous soulignez avec
raison qu'il est prévu, dans le cas des salariés qui vont devant ce tribunal,
qu'ils peuvent avoir des indemnités. Ils peuvent être indemnisés. Et ça, c'est
là que je trouve que votre votre réflexion et me semble très, très pertinente
et mérite qu'on s'y attarde. J'espère qu'on aura l'occasion de creuser la chose
davantage.
M. Vaillancourt (Samuel) :
...Oui, exactement. Si je peux préciser. Dans le fond, ce que l'on soulève,
c'est que la Loi sur les normes du travail prévoit que, dans le cadre d'un
recours en matière de harcèlement psychologique ou sexuel, une personne peut
recevoir une indemnité équivalente au salaire qui serait perdu potentiellement.
Et si on s'en va dans le contexte de stage, il y a le recours possible au
tribunal administratif du travail, il y a le recours possible en matière de
harcèlement, mais on arrive dans une situation où il n'y a pas de compensation
ou de rémunération obligatoire des stages.
Qu'est-ce qui se passe alors si on veut
indemniser les stagiaires? Tout d'abord, on pose la question à savoir :
est-ce que le Tribunal administratif du travail est en droit d'indemniser les
stagiaires? Parce que les dispositions du projet de loi prévoient que le
tribunal peut octroyer toute... rendre toute décision qu'il juge pertinente
mais, dans la loi sur les normes du travail, il y a des dispositions
similaires, mais on vient préciser des... par un «notamment». Donc, c'est...
Tout d'abord, on pose la question, mais ensuite de ça, on propose qu'il
faudrait potentiellement un mécanisme objectif d'octroi d'une indemnité, si
jamais un stagiaire se voit octroyer cette indemnité-là. Et ce que l'on
propose, c'est le salaire minimum.
M. Benjamin : Excellent.
Merci. Donc... Ah! il me reste encore un peu de temps. Donc, un enjeu qui me
préoccupe énormément dans le cadre de ce projet de loi là, et je vois que dans
votre mémoire, vous avez aussi fait une belle place à cet enjeu-là, c'est
l'enjeu du harcèlement, harcèlement en milieu de travail. Et la
recommandation 10 que vous faites obligerait donc l'employeur de
prendre connaissance de la politique institutionnelle de l'établissement
d'enseignement. Une question en lien avec cette recommandation là, donc, je la
comprends très bien, c'est : quel pourrait être, selon vous... Est-ce
qu'il y a un rôle accru à donner aux établissements d'enseignement par rapport
à cet enjeu-là si on veut non seulement endiguer mais enrayer le fléau du
harcèlement en milieu de travail des stagiaires?
Mme Lévesque (Claudie) :
si je peux rebondir sur la question. Présentement, les établissements, bien,
comme a dit... au risque de répéter ma collègue de l'UEQ tantôt, doivent mettre
en place des politiques pour lutter contre les violences à caractère sexuel.
Donc, il y a toute cette responsabilité-là de changement de culture à l'interne
aussi. Puis ça vient avec la responsabilité de mettre en place des formations
annuelles qui sont, entre guillemets, obligatoires, puis là, je parle d'une
autre... Mais bref, qui ne sont pas nécessairement obligatoirement transmises.
Donc, d'abord et avant tout, si les
établissements pouvaient réellement offrir des formations annuelles à leur
personnel, aux personnes tierces, donc ici, aux personnes qui sont dans le
milieu de stage et aux étudiants et aux étudiantes, on pourrait véritablement
offrir un changement de culture dans lequel, au fil des années, on aurait peut
être moins de cas de harcèlement psychologique et de harcèlement sexuel. Mais
bref, ce que je veux dire par là, c'est des responsabilités qui sont déjà aux
établissements mais le flou autour du caractère obligatoire est davantage....
Fait que ce n'est pas fait nécessairement annuellement. Et donc, il y a cette
responsabilité là à prendre.
M. Vaillancourt (Samuel) :
Il y a également des enjeux d'application qu'on observe au sens où ce n'est pas
précisé dans la loi visant à prévenir et à... bien, en tout cas, elle a un long
nom, là, mais ce n'est pas précisé que les stages sont concernés. On parle de
personnes tierces et pourtant, on a fait une analyse Et les 27 établissements
dans lesquels l'association étudiante est membre de la FECQ, c'est précisé dans
la politique, que les stages sont concernés. Le ministère de l'Enseignement
supérieur l'a également reconnu à deux reprises dans son guide de rédaction de
conventions de stages et dans son guide de rédaction de politiques de
prévention des violences à caractère sexuel. Donc, la conclusion est que malgré
que ce n'est pas écrit, dans les faits, elle s'applique, cette loi-là. Mais on
veut simplement que ce soit précisé et qu'il y ait une obligation de
transmettre au minimum la politique au milieu de stages.
M. Benjamin : Merci
beaucoup. Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, merci au député de Viau. Nous poursuivons
avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
• (17 h 10) •
M. Leduc : Merci, Mme la
présidente. Bonjour à vous deux. Content de vous voir...
M. Leduc : ...je ne sais
pas si vous étiez là tantôt quand je posais mes questions à vos camarades de
l'UEC, je ne sais pas si vous êtes familier avec le concept de rapport de mise
en application, on met ça souvent dans une loi pour que, dans quelques années,
on fasse l'étude de son application, justement voir si ça a bien été, si on a
oublié des parties, il y a des effets insoupçonnés. Ça ne fait pas partie du
projet de loi comme tel. Est-ce que c'est quelque chose qui pourrait être
pertinent, selon vous, qu'on rajoute dans les dispositions transitoires?
M. Vaillancourt (Samuel) : C'est
quelque chose qu'on n'a pas analysé dans le cadre de notre mémoire mais en
effet, c'est quelque chose qui est, selon nous, très intéressant puis c'est
évident que c'est... si quelque chose qui est repris, on va être les premiers à
vouloir participer à cet exercice-là.
M. Leduc : Parfait. Et
justement, je le trouve d'autant plus pertinent que le chemin qui est choisi
par le ministre n'est pas celui des normes du travail. Autant vous que vos
collègues de l'UEC faites beaucoup référence à la Loi des normes. Je n'ai pas
entendu le ministre s'expliquer vraiment sur pourquoi il avait choisi ce
chemin-là. Je comprends que vous voulez qu'on l'adopte rapidement avant la fin
des travaux puis j'en suis puis vous pouvez compter sur notre collaboration
là-dessus, mais ça ne veut pas dire qu'on doit faire l'économie de... comment
je dirais ça, d'un débat quand même important sur l'organisation de notre droit
du travail. Puis là on rajoute une nouvelle loi qui se superpose au LNT. On ne
vient pas modifier la LNT avec les références aux stagiaires. Comment tout ça
s'articule? Est-ce que vous, vous avez eu droit à une explication de la
justification, là, de pourquoi on choisit ce chemin-là plutôt que de l'intégrer
directement dans les normes du travail?
M. Vaillancourt (Samuel) : Bien,
tout d'abord, il faut garder en tête que l'engagement du ministre était... a
été pris voilà trois ans maintenant, puis l'engagement était vraiment de
déposer un projet de loi distinct. La justification complète, je n'étais pas
là, malheureusement, quand il était temps de l'avoir, mais pour revenir à la
question de la Loi sur les normes du travail, nous, on... la FEQ est en faveur
de l'inclusion des stagiaires à la loi sur les normes du travail. Toutefois,
l'exercice que l'on fait aujourd'hui, on voit ça comme étant une première
étape. En fait, c'est qu'éventuellement, notre objectif, c'est qu'on se rende à
la Loi sur les normes du travail. Mais pour le moment, visiblement, ce n'est
pas ça ce va arriver, puis, visiblement, on n'est pas pour cracher sur un
projet de loi qui vient d'octroyer des protections aux stagiaires. Donc, c'est
je vous dirais surtout ça qui nous guide.
M. Leduc : Bien, on va
travailler certainement pour la rendre la plus proche, en tout cas, des normes
du travail, et s'assurer qu'éventuellement, un rapport de transition puisse
nous donner des pistes à suivre. Merci.
M. Vaillancourt (Samuel) : Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, merci au député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Nous poursuivons avec le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui,
merci monsieur Vaillancourt et Mme Lévesque. Très intéressant, votre
recommandation 13. Vous dites que la loi doit prévoir qu'il est
obligatoire de signer une convention de stage tripartite. Le ministère de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur publie déjà un guide d'accompagnement
destiné aux établissements d'enseignement en vue de la rédaction de conventions
de stage. C'est un guide. Est-ce que, selon vous, ce guide est bien, est
complet, est-ce qu'il devrait nous guider, c'est le cas de le dire, pour la
rédaction d'amendements éventuels dans un projet de loi qui iraient dans le
sens de votre recommandation 13. Autrement dit, est-ce qu'on doit
s'inspirer de ce guide du ministère pour arriver à votre recommandation?
Mme Lévesque (Claudie) :
Dans un sens, oui, dans la mesure où est-ce qu'il a été bâti en consultation
avec plusieurs acteurs. Donc, oui, il y a une pertinence, mais ensuite, il y a
la nécessité de le réviser aussi pour faire état des droits, éventuellement,
qu'on va obtenir par ce projet de loi 14. Donc, la première étape serait,
lorsque le projet de loi va être adopté, de réviser le guide, puis
éventuellement, de se fier sur le guide révisé qui va inclure tous les nouveaux
droits des stagiaires.
M. Gaudreault : O.K.
Donc, ça pourrait être une forme de pouvoir réglementaire, au moins pour forcer
le gouvernement à prévoir des... une convention de stage qui pourrait
s'inspirer, après ça, en aval, de ce guide du ministère? Je comprends bien?
Mme Lévesque (Claudie) : Oui.
Notre objectif, c'est que la convention de stage soit obligatoire...
M. Gaudreault : Exact.
Mme Lévesque (Claudie) : ...puis
on pense que présentement, le meilleur moyen, c'est le projet de loi 14.
Puis ensuite, le travail est presque déjà fait. On prend le guide puis on s'en
inspire pour créer notre propre convention de stage et ensuite on peut le
bonifier si on a le désir de le faire. Mais ce guide là, à notre sens, fait en
sorte que si on rend obligatoires les conventions de stage, comme on l'espère,
la rédaction de ces conventions de stage-là ne sera pas un poids immesurable
pour les établissements d'enseignement supérieur, les milieux de stage
lorsqu'ils vont créer des conventions de stage.
M. Gaudreault : Merci.
Moi, ce qui m'impressionne, puis je lisais votre communiqué de presse
d'aujourd'hui, c'est votre donnée à l'effet qu'en général, ce sont des stages
dans les domaines à prédominance féminine qui ne sont pas rémunérés. Pour moi,
ça, c'est un argument suffisant pour obliger une rémunération. Je ne peux pas
croire qu'on va créer un déséquilibre ou une discrimination sur laquelle on est
en train de lutter, par ailleurs, à l'échelle québécoise, de lutter contre les
deux poids, deux mesures à l'égard des rémunérations à l'égard des femmes. On
veut atteindre l'équité, l'égalité au niveau des postes de direction. Là, ça se
reflète dans les stages, puis on n'aurait pas de rémunération obligatoire. Donc
l'étudiant en droit est rémunéré...
M. Gaudreault : ...l'étudiante
en travail social ne l'est pas. Non, ça ne marche juste pas. Qu'en dites-vous?
M. Vaillancourt (Samuel) : À
cet effet, je vous recommande la recherche qui est citée. C'est justement une
comparaison de, si je ne me trompe pas, cinq différents programmes techniques,
et la conclusion est que les programmes qui sont comparés, qui sont à
prédominance masculine, sont généralement rémunérés, alors que des stages à
prédominance féminine... Puis on peut même penser au programme de bourses en
soutien à la persévérance et la réussite des stagiaires qui vient colmater,
d'une certaine façon ces... ou, du moins, essayer de réparer, tous des domaines
à prédominance féminine.
M. Gaudreault : Mais il y a
des domaines...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Sujet très intéressant, mais là, là, là, on a dépassé. Alors, merci. Merci,
Monsieur Vaillancourt, madame Lévesque, pour votre contribution aux travaux de
la commission.
Alors, nous suspendons quelques instants.
Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 16)
(Reprise à 17 h 20)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous accueillons maintenant la Fédération des cégeps du Québec, avec M.
Tremblay et Mme Le Gal. Alors je vous invite, avant de commencer votre exposé,
à bien vous présenter. Merci.
M. Tremblay (Bernard) : Oui.
Bonjour, mesdames, messieurs. Merci de nous accueillir. Don, mon nom est
Bernard Tremblay. Je suis le président-directeur général de la Fédération des
cégeps. Et je suis accompagné de Mme Nadine Le Gal, qui est la présidente
de notre Conseil des directions générales et qui est également directrice
générale du Cégep de Saint-Jérôme.
Alors évidemment, ça nous fait bien
plaisir d'être ici pour commenter le projet de loi numéro 14. Et, d'entrée
de jeu, je veux préciser que la Fédération des cégeps, qui représente les
48 établissements d'enseignement collégial publics du Québec, juge que ce
projet de loi est pertinent, puisqu'il prévoit un encadrement législatif pour
protéger nos étudiantes et nos étudiants qui effectuent des stages dans le
cadre de leur formation.
Plusieurs dispositions de ce projet de loi
reprennent des éléments du cadre législatif, pardon, qui protègent les
travailleurs québécois, pour les appliquer aux stagiaires du réseau collégial.
C'est le cas, notamment, en ce qui concerne les jours fériés ou la définition
du harcèlement psychologique, par exemple, ce qui représente pour nous un
progrès important en matière de condition des stagiaires.
Le projet de loi prévoit aussi un
encadrement des stagiaires correspondant aux normes minimales d'emploi
applicables à la majorité de la main-d'oeuvre québécoise, ce qui facilite
l'intégration, par les milieux de stages, des règles applicables aux jeunes du
réseau collégial qu'ils accueilleront.
Cependant, certains éléments du projet de
loi nous préoccupent et doivent, selon nous, faire l'objet de modifications
pour mieux prendre en considération la diversité des situations relatives aux
stages prévus dans le cadre des programmes de formation collégiale, ainsi que
les politiques et les modalités d'encadrement relatives aux stages dans les
cégeps. Tout d'abord, bon, sur la notion de stage, telle qu'elle est définie
dans le projet de loi, nous avons certaines préoccupations. Alors, la
définition d'un stage contenu dans le projet de loi véhicule une notion à
géométrie variable, selon qu'il est prescrit par un ordre professionnel ou
qu'il est prescrit dans un programme d'études, ce qui met de l'avant une
dichotomie qui nous semble difficile à justifier.
Alors, j'explique, en fait, la définition
proposée. On nous dit : «vise les stages requis par les ordres
professionnels», alors qu'elle vise tout stage requis ou non, se déroulant dans
le cadre d'un programme d'études ou de formation de niveau secondaire,
professionnel, collégial ou universitaire. Pour les cégeps, cette distinction
pourrait faire en sorte de causer des difficultés en matière d'application du
projet de loi. Dans la très grande majorité des programmes, la population
étudiante du cégep, inscrite en formation technique, à l'enseignement régulier
comme à la formation continue, doit effectuer un ou plusieurs stages qu'on peut
regrouper en quatre catégories : les stages d'observation, les stages
d'acquisition, les stages de mise en oeuvre des compétences et les apprentissages
en milieu de travail. La réussite des stages de ces quatre catégories est
obligatoire pour obtenir un diplôme ou une attestation.
Or, les cégeps offrent également à leur
population étudiante la possibilité d'effectuer un stage optionnel qui n'est
pas obligatoire pour la réussite des études. On parle ici du stage en
alternance travail-études. Ainsi, si je donne un exemple, les étudiants en
techniques de santé animale pourraient vouloir faire un stage en alternance
travail-études dans une clinique vétérinaire pendant ses études. Concrètement,
elle deviendrait alors employée de la clinique vétérinaire. Elle bénéficierait
donc des protections du projet de loi 14, non pas en vertu de ce projet de
loi, mais plutôt en raison de la législation déjà en vigueur au Québec, soit la
Loi sur les normes du Québec, qui s'applique à tous les travailleurs et à
toutes les travailleuses.
Par conséquent, incorporer le stage en
alternance travail-études au projet de loi, comme c'est le cas actuellement,
n'apporterait aucune protection aux droits supplémentaires, mais pourrait
générer une certaine confusion quant aux droits et obligations de chacun, et ce
serait, le cas échéant, pour les recours de la personne qui estimerait que ces
droits sont lésés.
Nous recommandons donc que la définition
du stage dans le projet de loi numéro 14 s'applique de la même façon aux
ordres professionnels qu'aux établissements d'enseignement, et qu'il soit
précisé, en ce qui nous concerne, qu'il s'agit de toute activité obligatoire
exigée dans le cadre d'un programme...
M. Tremblay (Bernard) : ...études.
Mme Le Gal (Nadine) : Je vais
poursuivre. Merci, Bernard. Notre deuxième sujet de préoccupation concerne le
rôle et les responsabilités que le projet de loi impose à chaque intervenant
dans le cadre d'un stage, ainsi que la notion de représailles. Selon notre
lecture, le projet de loi crée une relation quadripartite employeurs,
établissements d'enseignement, stagiaires et commission qui nous paraît
nécessaire jusqu'à un certain point, mais qui pourrait présenter des
difficultés d'application pour les cégeps étant donné leur capacité limitée
d'agir par rapport à certaines obligations légales des employeurs. Il faut
savoir que les employeurs qui offrent des milieux de stages à la population
étudiante des cégeps n'ont pas d'obligation légale d'accueillir nos stagiaires.
Or, certains articles du projet de loi prévoient une responsabilité conjointe
du milieu de stage et de l'établissement d'enseignement.
Si la protection des stagiaires est une
préoccupation importante des établissements du réseau collégial, le projet de
loi impose aux cégeps des obligations difficiles à respecter lorsqu'il s'agit
de situations relevant du fonctionnement du milieu de stage sur lesquelles
l'établissement d'enseignement n'a pas d'autorité. À notre avis, il serait
important de mieux cerner les rôles respectifs des milieux de stage et des
établissements d'enseignement. Et c'est d'autant plus important que les cégeps,
il faut le rappeler, ne sont pas en mesure d'intervenir quotidiennement dans
les activités usuelles des milieux de stage. Il appartient cependant aux cégeps
de bien informer les milieux de stage quant à leurs obligations d'informer,
naturellement, nos stagiaires de leurs droits et de veiller à ces obligations
face aux stagiaires... pardon, et de veiller à ce que ces obligations face aux
stagiaires soient respectées lorsque ceux-ci se trouvent dans les milieux de
stage.
Par ailleurs, certaines situations ou
circonstances font en sorte que le retrait du milieu de stage est la seule
solution. Or, le projet de loi interdit d'avoir recours à cette solution. Pour
toutes ces raisons, la Fédération incite à la prudence dans la rédaction de
certains articles du projet de loi pour éviter que les établissements
d'enseignement soient tenus responsables des... soient tenus responsables des
événements du quotidien survenant dans le milieu du stage et pour leur
permettre de mettre en place les mesures requises afin d'assurer le respect des
droits des stagiaires, ce qui, selon nous, peut inclure la fin du stage. Nous
vous avons d'ailleurs formulé des recommandations plus précises à cet égard
dans notre mémoire.
Notre dernière préoccupation concerne le
pouvoir du Tribunal administratif du travail sur les questions académiques. Il
nous paraît bien sûr pertinent que ce tribunal soit le tribunal de première
instance en cas de recours, comme le prévoit le projet de loi. Mais le Tribunal
administratif du travail ne dispose pas de l'expertise requise pour évaluer le
dossier académique d'une personne étudiante. D'ailleurs, même la Cour
supérieure refuse généralement d'intervenir sur les questions de notation, et
lorsqu'elle le fait, elle renvoie le dossier au cégep concerné pour qu'une note
soit attribuée. En fait, à part le personnel enseignant de la discipline
concernée, peu de personnes sont en mesure de porter un regard critique sur les
résultats d'une évaluation. Il faut savoir par ailleurs que les cégeps ont
l'obligation légale de se doter d'une politique institutionnelle d'évaluation
des apprentissages qu'on appelle affectueusement la PIEA, qui encadre un
certain nombre de situations pouvant survenir dans le parcours d'un étudiant ou
d'une étudiante et prévoit notamment les mécanismes de révision de note. Il
nous paraît hasardeux de permettre à un juge administratif de modifier un
résultat académique alors qu'il ne dispose pas des connaissances requises pour
se livrer à cet exercice. Nous recommandons donc de modifier le paragraphe
traitant des pouvoirs attribués au Tribunal administratif du travail pour en
inclure les résultats académiques. Madame la présidente, merci de votre écoute.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait,
c'est tout? Vous avez terminé votre exposé?
Mme Le Gal (Nadine) : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
bien, merci. Alors nous allons commencer la période d'échanges avec monsieur le
ministre.
• (17 h 30) •
M. Boulet : Merci, Bernard,
merci, Nadine. Belle présentation, un mémoire qui est bien articulé, qui est
structuré, avec des recommandations qui méritent notre attention à tous lors de
l'étude détaillée. Puis je vois la préoccupation constante, là, des collèges
d'assurer des conditions de réalisation de stages qui soient véritablement
optimales. Évidemment, on en a qui viennent nous demander plus, il y en a
d'autres qui veulent que ce soit plus circonscrit. Je vais peut-être m'attarder
à quelques points. Peut-être d'abord, Bernard, la dichotomie. Je comprends
qu'il y a des stages qui sont optionnels, d'autres qui sont obligatoires et ce
que tu dis, par exemple, un...
17 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...stage qui est
en alternance travail-études, bien, la personne qui est au travail, elle serait
régie par une autre loi, celle sur la protection des stages. Est-ce que la
recommandation, c'est de dire ce qui est optionnel n'est pas visé par la Loi
sur la protection des stagiaires, mais que ce serait limité aux stages
obligatoires? Est-ce que j'ai bien compris, Bernard?
M. Tremblay (Bernard) :
Exactement. Parce que pour nous, la situation d'un stage optionnel est couverte
par la Loi sur les normes. On parle alors d'une situation où l'étudiant ou
l'étudiante, donc, lorsqu'elle fait sa partie stage optionnel... n'est pas,
donc, un élément de son parcours obligatoire, à ce moment-là, elle est vraiment
embauchée par l'organisme qui l'accueille et elle est couverte par la Loi sur
les normes.
M. Boulet : Il y a tellement
une diversité de stages, hein, tu sais, la donnée qui est partagée, qui est
véhiculée, c'est qu'il y en a à peu près 195.000, et c'était bien précisé, là,
Bernard, par ton propos, là. Il y a des stages d'observation, d'acquisition
d'aptitudes, des mises en œuvre puis des stages d'apprentissage.
Moi, je comprenais la définition, comme
tant de quoi qui concerne la mise en oeuvre, tant une période qui est requise
par un ordre professionnel que ce qui est requis aussi par un établissement
d'enseignement pour obtenir un diplôme, là. Parce que ce n'est pas tous les
stages qui mènent à un permis d'exercice d'une corporation professionnelle.
Nadine, c'est un point, là... Moi, je référais souvent à la relation
tripartite, mais on peut dire que c'est une relation quadripartite, là, parce
que le milieu de stage, il y a le stagiaire, il y a l'établissement
d'enseignement «slash», excusez-moi l'expression, mais corporations professionnelles.
Le point que vous soulevez, je le trouve intéressant, parce qu'on dit, dans le
projet de loi, qu'on doit informer le stagiaire, puis c'est une responsabilité
partagée. Nadine, vous dites: Ça devrait être précisé, les responsabilités qui
sont spécifiques à chacun des acteurs de cette relation quadripartite. Est-ce
que c'est bien ce que vous nous mentionnez?
Mme Le Gal (Nadine) : C'est
exactement ça, monsieur le ministre. On souhaite, sur certains aspects, avoir
un peu plus de précisions, notamment sur les rôles et responsabilités dans le
cadre du stage. Donc, vous avez très bien vu, je ne saurais dire plus.
Peut-être, vous dire, entre autres, que,
oui, vous le savez, le milieu collégial est habitué, travaille avec des milieux
de stage et avec ces étudiants stagiaires depuis déjà plus de 50 ans. Donc, on
a cette expertise-là, mais il y a des aspects sur lesquels on ne peut pas... il
faut faire attention par rapport aux responsabilités qu'on doit avoir dans le
cadre du stage en tant que tel. Donc, oui, la responsabilité, de notre côté,
d'informer le milieu de stage des rôles et responsabilités du milieu,
d'informer le stagiaire de ses droits, ça, il n'y a aucun problème, mais on
considère qu'il devrait y avoir certaines précisions, comme on l'a indiqué dans
notre document présenté.
M. Tremblay (Bernard) : Je me
permettrais peut être d'ajouter, en fait, de clarifier, hein, le rôle de
chacun, hein, dans la relation, le rôle qui appartient au milieu de stage,
parce qu'il est le seul à pouvoir l'exercer correctement, et le rôle de
l'établissement d'enseignement.
M. Boulet : Comment c'est
fait? Parce qu'évidemment les groupes d'étudiants réfèrent à... il faudrait
inclure dans le projet de loi les congés de longue durée, tu sais, par exemple,
un congé parental, un congé de maternité. Et, Bernard, vous faisiez référence à
une dichotomie. Moi, je me dis tout le temps: Bon, c'est un régime de
protection minimal. Une convention peut prévoir des droits supérieurs, puis ça
existe, mais les droits ou les absences de longue durée, ce n'est pas
compatible avec la vaste majorité des stages. D'ailleurs, si tu dois t'absenter
pendant une session au Cégep de Saint-Jérôme, par exemple, on ne reconnaît pas
tes acquis puis tu ne reprends pas ta session là où tu étais rendu. Je vous
vois acquiescer l'homme, là.
Mais les stagiaires, c'est la même
réalité. Les congés de longue durée, ça risque de mettre en péril... mais, je
veux dire, tu as quand même acquis des connaissances, mais il faut que tu
reprennes ton stage ou... Ce n'est pas compatible avec un projet de loi. Puis,
Nadine, vous faisiez référence au droit, qui est aussi fondamental, c'est de
mettre fin à un stage. Je ne sais pas qui veut s'exprimer là dessus, Bernard,
Nadine...
Mme Le Gal (Nadine) : ...Bien,
tout à fait. Dans un premier temps, par rapport à la question des compétences,
donc, un stage, tout comme un cours, hein, a un objectif d'atteindre des
compétences, dans le but d'aller vers la diplomation, en lien avec un programme
clairement défini. De ne pas être présent pendant un stage, donc, je veux dire,
pour nous, c'est clair qu'on doit être capable...
M. Boulet : ...d'être
présent.
Mme Le Gal (Nadine) :
...d'être présent et de déterminer les compétences acquises. Donc, ça, c'est un
élément.
Par rapport à votre autre question, Bernard, je ne
sais pas si tu voulais...
M. Tremblay (Bernard) : Bien,
peut-être, là-dessus, j'ajouterais qu'il y a des mécanismes d'accommodement,
hein, qui existent, hein? Vous donniez comme exemple, évidemment, un étudiant
ou une étudiante qui doit s'absenter, durant une session, pour une absence de
longue durée. Bien, évidemment, on ne la laisse pas tomber, hein, cette
personne-là, on l'accompagne. Lorsqu'elle revient, on tente de faire en sorte,
évidemment, que ce soit le plus... comment dire... le plus approprié, son
retour, et d'ajuster évidemment la proposition de formation en conséquence.
Alors, pour moi, ça va de soi aussi pour le stage.
Alors, une situation... Puis je comprends très
bien de dire : Peut-on imaginer, après cinq jours, revenir dans un stage alors
qu'on vient d'accoucher? Je comprends que c'est un délai exceptionnellement
court, mais on doit comprendre que, comme vous le dites, c'est une protection
minimale, qui pourra évidemment s'accompagner d'un accommodement par la suite.
Ça ne peut pas être que ça.
M. Boulet : Oui, en tenant
compte de l'environnement de stage.
Je comprends aussi le point de bien circonscrire
les pouvoirs du Tribunal administratif du travail, là, pour ne pas empiéter sur
les compétences et la juridiction, qu'on pourrait qualifier d'exclusive, là,
des collèges, puis de la Fédération des collèges. Je n'avais pas ce
sentiment-là lors de la rédaction du projet de loi, mais je vais certainement
être sensible à cette réalité-là.
Maintenant, j'aimerais ça proposer peut-être à ma
collègue de Labelle... Est-ce que vous avez des interventions à faire? Ou ma
collègue de Jean-Talon a des interventions à faire? Une des deux, là, ou les
deux?
Mme Jeannotte : Bien, je
vais... Bonjour...
M. Boulet : Merci, Bernard,
merci, Nadine, hein?
Mme Jeannotte : Merci,
Monsieur le ministre. Bonjour, Mme Nadine Le Gal, que je connais très bien, et
bonjour, monsieur... voyons... M. Tremblay, Bernard. Donc, bien, félicitations
pour votre mémoire, c'est très bien étayé, très bien... Comme on vient de le
voir, monsieur le ministre semble très sensible aux préoccupations que vous
avez soulevées. Peut-être donner des exemples concrets afin d'éclaircir, dans
le fond, les trois, là, enjeux majeurs que vous avez soulevés, pour aider
encore plus, là, au niveau de la compréhension, avec des exemples, peut-être,
concrets, là, lorsque vous avez... que vous avez eus en tête lorsque vous avez
élaboré vos...
M. Tremblay (Bernard) : Oui,
je peux peut-être débuter, puis ma collègue pourra évidemment compléter. Donc,
bon, évidemment, sur le premier aspect, vous aurez compris que ce qui est
important pour nous, c'est de bien circonscrire dans quelle situation, donc, la
loi s'appliquera. Alors, si je reprends un exemple d'un stage obligatoire qui
est vraiment encadré par un établissement d'enseignement, on juge qu'il est
normal que le projet de loi s'applique et que ça devienne, donc, le cadre
juridique en vigueur pour ces stagiaires là.
Mais par ailleurs, si on se retrouve dans une
situation où un stagiaire, par exemple, va travailler dans une entreprise en TI
et que c'est un stage optionnel, et donc que c'est vraiment une prestation de
travail qui est effectuée par l'étudiant en question, ça veut dire qu'il aura
nécessairement, dans ce contexte-là, je dirais, une rémunération et qu'il sera
considéré, pour les fins de la Loi sur les normes, comme un travailleur. Et à
ce moment-là, il a déjà un régime de protection. Alors, on veut éviter qu'il y
ait comme une situation où on se pose la question : Est-ce le projet de loi 14
qui s'applique ou est-ce la Loi sur les normes qui s'applique à cet
étudiant-là? Ça, c'est une première préoccupation.
• (17 h 40) •
La deuxième préoccupation, c'est plus d'être en
mesure de bien définir que, oui, il y a une responsabilité partagée par le
projet de loi 14 entre le milieu de stage et la maison d'enseignement. Mais en
même temps... nous n'avons pas, évidemment, autorité ou juridiction sur les
milieux de stage. Il faut que ce soit toujours attractif d'offrir d'accueillir
des étudiants pour faire des stages. Et donc, notre préoccupation, c'est de ne
pas nous placer dans une situation où, parce qu'on a une responsabilité par
rapport à différentes choses qui se passent dans le milieu de stage, on
développe une relation qui soit, je dirais, un peu...
M. Tremblay (Bernard) :
...néfaste à attirer des lieux de stage. Alors, si on se place en autorité sur
le milieu de stage, on peut imaginer que le milieu de stage risque de nous
dire : Bien, dans ces conditions-là, ça ne nous intéresse plus
d'accueillir des stagiaires. Alors, de bien circonscrire que nous, on peut
s'occuper d'informer nos stagiaires, de les accompagner, d'accompagner les
milieux de stage, d'informer les milieux de stage sur les règles minimales à
appliquer. Ça, il n'y a aucun souci. Mais, quant à un geste qui sera posé par
un employé un mardi matin dans un lieu de stage, ça, malheureusement, on n'est
pas sur place. On n'est pas en mesure d'intervenir séance tenante. Et, s'il y a
une conséquence parce que ça a été mal mal géré par le milieu de stage, bien,
il faut que le milieu de stage en soit responsable. Et de nous imputer cette
responsabilité-là risque de créer quelque chose de difficile. Donc ça, c'est un
deuxième volet.
Et le dernier exemple, c'est, comme on le
disait, au niveau de la juridiction du tribunal administratif, bien,
effectivement, comme disait monsieur le ministre, on est assez jaloux, les
établissements d'enseignement, et je pense que c'est à juste titre, de
l'exercice de notre compétence en matière académique. Et, quand je dis ça,
évidemment, ce n'est pas les gestionnaires, hein, c'est vraiment les
enseignants. On veut protéger l'autonomie professionnelle et la responsabilité
professionnelle de nos enseignants, qui sont les mieux placés pour apprécier
est ce que cet étudiant-là ou cette étudiante-là a vraiment atteint les
exigences du stage. Et on voudrait s'assurer que quelqu'un ne puisse pas, donc,
demander au tribunal de s'immiscer ou même de se substituer à l'appréciation
d'un enseignant ou d'une enseignante quant à la réussite du stage, parce qu'on
a des mécanismes de révision des notes, on a des mécanismes qui nous permet de
s'assurer que ce jugement professionnel là, il est révisé au besoin par des
pairs, par des gens qui connaissent le secteur. Si on parle d'un stage en
hygiène dentaire, comprenez que moi, avec ma... même si je suis dans le milieu
collégial, je ne serais pas en mesure d'apprécier si la personne a atteint les
objectifs du stage. Ça prend des enseignants, les enseignants en hygiène
dentaire pour le faire.
Une voix : Peut-être...
M. Boulet : Puis,
Bernard, si tu le permets, j'ai revérifié le libellé de l'article, là, puis le
Tribunal administratif du travail n'a pas le pouvoir de modifier lui-même. Il
peut ordonner, par exemple, à l'établissement de modifier, mais l'opportunité,
et le mérite, et la façon dont la modification est faite, ça relève de la
compétence, évidemment, du collège. Mais prend l'exemple du stagiaire qui
exerce un droit prévu dans le projet de loi no 14 et qui est victime de
sanctions ou qui est victime d'une incidence négative sur son dossier, donc,
qui est l'équivalent d'une représaille, le tribunal administratif du travail,
moi, ça m'apparaît sain qu'il puisse ordonner à l'établissement de corriger,
mais pas lui dire comment ça va être corrigé. Mais lui aura à établir un lien
de causalité entre l'exercice du droit par le stagiaire prévu dans la loi et
l'impact négatif sur le dossier du stagiaire. Ça fait que je veux juste... Mais
je vais quand même la réviser bien comme il faut, mais a priori, là, on ne
s'immisce dans vos champs de compétence, Bernard.
M. Tremblay (Bernard) :
Parfait. Parce que vous aurez compris... puis ça me rassure, évidemment, votre
propos. Vous aurez compris qu'il y a aussi des préoccupations qui sont
exprimées dans votre mémoire, qui, qui, évidemment, vous amènent, là, comme
parlementaires, à faire cette validation-là, et c'est parfait. Donc,
l'important, c'est ce que vous nous dites, là, c'est qu'on ait cette
discrétion-là sur le processus, bien qu'il puisse y avoir des situations où un
tribunal nous demande de le faire, là.
M. Boulet : Absolument.
Mme Le Gal (Nadine) : Et ce,
incluant le retrait, là, d'un stagiaire, là, d'un milieu de stage. Puis, madame
Jeannotte nous nous demandait un exemple, là. Je pourrais donner un exemple.
Par exemple, une stagiaire en technologie de médecine nucléaire qui fait son
stage et qui tombe enceinte. À ce moment-là, bien écoutez, nous, on doit être
en mesure rapidement, sans délai, d'intervenir et demander un retrait...
retirer notre notre stagiaire d'un milieu de stage, par exemple. C'est un
exemple qu'on pourrait vous donner.
M. Boulet : Ah! tout à
fait. J'ai bien compris ce droit-là de mettre fin au stage dans un contexte de
congé de longue durée. C'est un bel exemple qui met en relief ce qui est prévu
dans le projet de loi no 14. Je ne sais pas s'il nous reste encore du
temps.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Il reste encore une minute.
M. Boulet : Une minute.
Est-ce que...
Mme Boutin : ...une
petite question.
M. Boulet : Allez-y. Ma
collègue de Jean-Talon...
Mme Boutin : Très
rapidement. Bonjour, monsieur Tremblay, madame Le Gal. Bien, justement, pour
continuer sur la discussion, votre recommandation trois, vous recommandez,
justement, de mettre l'article... Insérer l'article 20.1 pour permettre
aux cégeps de mettre en place des solutions, justement, pour rendre
accessible... Dans le fond, ça va dans le cadre de circonscrire les rôles et...
Mme Boutin : ...de chacun.
M. Tremblay (Bernard) : Tout
à fait, oui, je vous... La réponse la plus simple, c'est, oui, effectivement,
c'est vraiment dans cette perspective-là.
Mme Boutin : Puis votre
solution, ça serait d'avoir le droit, dans le fond, de mettre fin à un stage.
M. Tremblay (Bernard) : Dans
certains cas. Ce qui ne nous semblait pas être possible avec la version qu'on a
lue, donc, du projet de loi 14.
Mme Boutin : O.K. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, c'est tout pour le moment. Nous poursuivons. Nous poursuivons
cette fois-ci avec le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci,
Madame la Présidente. Merci pour votre présentation pour votre mémoire. Donc,
je commencerais avec votre recommandation 2. Vous suggérez de modifier les
articles 4 en retirant la mention «établissement d'enseignement». Or, quand je
lis l'article 4, ça semble dire : «Au cours de la réalisation d'un stage,
l'employeur, selon le cas, l'établissement d'enseignement ou l'ordre
professionnel doivent prendre les moyens raisonnables à leur disposition pour
s'assurer de la réussite des études ou de la formation de stagiaires». Pourquoi
vous souhaitez qu'on enlève «établissement d'enseignement» dans cet article?
M. Tremblay (Bernard) : En
fait, on a formulé cette proposition-là, mais évidemment, il y aurait d'autres
façons, évidemment, d'intervenir sur le projet de loi, mais l'idée que nous
avions, c'était de vraiment mettre en lumière, d'une certaine façon, ce qui est
du ressort de l'établissement d'enseignement de ce qui est du ressort du milieu
de stage et plutôt de séparer, donc, ces obligations là respectives plutôt que
de les rendre, comme on le voyait, là, un petit peu conjoint, là. Et là, bien,
il y a toujours la difficulté de dire : Bien, est-ce l'établissement
d'enseignement, est-ce plutôt le milieu de stage? Et c'est sûr que le stage, il
s'opère quand même dans un milieu et on s'attend à une prise en charge, par ce
milieu là, du stagiaire.
M. Benjamin : Merci. Sur...
Vous comprendrez que ce qu'on fait, dans le cadre de ce projet de loi, en fait,
selon les groupes qui sont déjà présents, qui ont été déjà présentés devant
nous, notamment des groupes étudiants, c'est d'essayer de corriger, de combler
un vide qui existait, notamment, par rapport aux stagiaires. Et j'aimerais, ce
n'est pas dans votre mémoire, mais j'aimerais vous entendre là-dessus, sur
l'enjeu des congés de longue durée. Est-ce que vous avez une position
là-dessus? Quelle est votre position?
M. Tremblay (Bernard) : Oui.
Bien, j'oserais dire, vous savez, on est sensibles, hein, au fait de prévoir,
donc, des congés. Les congés qui sont proposés dans le projet de loi, qui sont
des congés de courte durée nous semblent, comment dire, compatibles avec les
stages qui ont cours dans le réseau collégial, qui peuvent être différentes
durées. Il y a des stages qui peuvent être relativement longs, mais il y a des
stages qui peuvent être très courts.
Alors, c'est clair que de trouver la bonne
approche pour couvrir des situations, comme par exemple un congé de maternité,
c'est délicat et c'est difficile face à la variété de stages qui existent, là,
dans le réseau collégial. Alors, bien qu'on admette tous que 5 jours,
encore une fois, pour reprendre cet exemple-là, 5 jours pour un congé de
maternité, c'est trop court, on est plutôt d'accord avec l'idée que le projet
de loi a une capacité limitée et que, par la suite, ce qu'il faut plutôt voir,
c'est un devoir d'accommodement qui existe, qui est naturel et qui se vit
présentement.
Vous aurez compris que, même si on adhère
au projet de loi qui est une demande des groupes étudiants, et donc évidemment
qu'on encourage et avec lequel on a des dialogues, là, réguliers, il reste que
ce n'est pas une demande ou ce n'est pas un besoin qui nous semblait si grand
que ça de notre côté parce qu'on a le sentiment qu'on a des habitudes de
gestion, comme le disait ma collègue, de gestion de stage depuis 50 ans et
qu'il y a un accompagnement adéquat.
Maintenant, qu'on décide d'agir pour aller
plus loin, on appuie le principe, mais il y a une limite à cette capacité-là
par un projet de loi, et je pense qu'il faut plutôt compter sur le devoir
d'accommodement qui existe et qui se vit tous les jours par les maisons
d'enseignement pour ces situations-là.
• (17 h 50) •
M. Benjamin : Vous parlez de
devoir d'accommodement, je voudrais vous parler d'un autre devoir, celui du
devoir de diligence. J'aimerais savoir, dans la réalité, comment se vivent les
stages, notamment par rapport à vos politiques...
M. Benjamin : ...chacun les
cégeps que vous avez, en matière de lutte contre le harcèlement. Comment
s'exerce votre devoir de diligence en amont et en aval sur cet enjeu là?
M. Tremblay (Bernard) : Oui,
vous aurez compris que, évidemment, c'est un sujet qui est très sensible, sur
lequel on est très préoccupés du côté des collèges, alors tous les cégeps ont
des politiques et ont des suivis très... des procédures aussi très strictes
pour s'assurer, évidemment, que les situations de harcèlement sont traitées,
comme vous dites avec diligence. Dans une situation de stage, les stagiaires
sont aussi informés de leurs droits, accompagnés et invités évidemment à
contacter leur responsable de stage ou les coordonnateurs de stage en fonction,
là, des cégeps, de manière à dénoncer une situation qui se produit dans un
milieu de stage et c'est sûr que je pense qu'on est tous très sensibles au fait
que l'intervention doit se réaliser très rapidement pour être efficace et
avoir, je dirais, le sens souhaité, là, d'accompagner l'étudiant ou
l'étudiante, puis de pouvoir vraiment traiter la situation rapidement. Je ne
sais pas si ma collègue veut ajouter, mais...
Mme Le Gal (Nadine) : Oui.
Bien, je peux vous dire que quand mon collègue souligne notre sensibilité, là,
on est censés... mais aussi très proactifs, là, dans le milieu collégial sur
toute la question du harcèlement, des violences à caractère sexuel. On est
très... nous sommes très présents, nous avons des politiques très claires, nous
avons des intervenants également, qui sont sur place et naturellement, nos
étudiants sont au courant, ils sont informés soit avant le stage, mais même à
leur entrée au collège, là, de leurs droits reliés à ce contexte-là. Et les
milieux de stage en font partie, là. Oui, dans la classe, tout à fait, mais
aussi dans le milieu de stage.
M. Benjamin : Une des
associations étudiantes que nous avons reçues précédemment semble... a suggéré
dans une des recommandations que, dans les ententes de stages, que
l'établissement d'enseignement puisse communiquer en amont leur politique en
matière de harcèlement. Donc, est-ce que c'est une pratique qui est déjà
généralisée chez vous, chez les cégeps? Ou du moins c'est... comment vous vous
sentez par rapport à une recommandation pareille?
M. Tremblay (Bernard) : Vous...
communiquer au milieu du stage ou communiquer aux étudiants?
M. Benjamin : Stage,
absolument. Oui.
M. Tremblay (Bernard) : Oui.
Bien, je pense que oui, c'est... comment dire, et là se ferait le lien avec le
projet de loi 59, hein, que vous avez étudié cet automne et qui a aussi
contribué à ajouter des droits aux stagiaires. Alors, c'est sûr que on se... je
pense qu'on le faisait déjà, mais là, on s'en va de plus en plus dans un
contexte où il y a un accompagnement très serré qui va se faire, des milieux de
stages, leur faire comprendre les normes à respecter et ça vaut, donc, en
matière de santé et sécurité au travail, mais ça vaut aussi en matière de
violences à caractère sexuel, de harcèlement et de milieu de travail sain pour
nos stagiaires.
M. Benjamin : Et dans le cas
de plusieurs stagiaires... et vont faire leur stage dans des milieux encadrés
par un ordre professionnel et une des correspondances que nous avions reçues à
l'effet que, en termes de recours, ils pourraient... et il y a un recours qui
pourrait être aussi, au lieu de voir le tribunal administratif, l'Office des
professions du Québec. Est-ce que vous avez eu l'occasion de vous pencher sur
cet aspect-là?
M. Tremblay (Bernard) : Bien,
en fait, nous en sommes très à l'aise avec le fait que ce soit le tribunal
administratif et qu'on ne se retrouve pas justement avec différentes instances
en fonction du type de stage, parce que vous avez raison, plusieurs de nos
stages sont liés à des ordres professionnels, hein. Il y a 13 programmes,
de mémoire, au niveau collégial, qui sont liés à des ordres professionnels,
mais on a quand même 133 programmes techniques et dans la grande, dans la
très grande majorité de nos programmes, il y a des stages de tout ordre. Donc
je pense qu'il y aurait, il me semble, un intérêt à avoir quand même un
organisme qui aura cette compétence-là pour tous nos stages.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, merci au député de Viau. Nous poursuivons cette fois-ci avec le
député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. Je ne sais pas si vous avez entendu les
présentations précédentes, mais il y avait en ouverture l'Union étudiante du Québec
qui avait une recommandation. J'aimerais ça vous entendre à cet égard là. Ils
disaient la chose suivante : Que le projet de loi 14 visant à assurer la
protection des stagiaires en milieu de travail permette qu'un établissement
d'enseignement ou un organisme sans but lucratif de défense des droits des
étudiants et étudiantes puisse porter plainte à la Commission des normes de...
M. Leduc : ...de la santé et
de la sécurité du travail pour le compte d'un ou une stagiaire qui y consent.
On s'adresse donc, entre autres, à vous, quand on parle d'un établissement
d'enseignement. C'est quelque chose avec lequel vous pourriez être confortable?
M. Tremblay (Bernard) :
Écoutez, à partir du moment où c'est l'exercice d'un droit, moi... puis à
partir du moment où l'élément, là, que vous avez mentionné, là, qu'il y a
consentement de la personne d'être accompagnée, je pense que ça va dans le sens
de ce qu'on fait et de ce qu'on souhaite faire. C'est-à-dire que, si je prends
encore une fois l'exemple des violences à caractère sexuel, on sait que
souvent, les victimes ont besoin d'accompagnement, ont besoin d'être soutenues,
alors on peut comprendre qu'un stagiaire ou une stagiaire qui est dans une
situation un peu de vulnérabilité sente le besoin d'être accompagné. A priori,
là, je vous dirais, on a tendance à croire que, de toute façon, ce sera des
situations assez exceptionnelles. Mais, sur le principe, comme vous dites, là,
je pense qu'on n'aurait pas de difficulté en soi avec...
M. Leduc : C'est intéressant,
parce que l'accompagnement, je comprends que vous le faites déjà. Là, on parle
d'un pas supplémentaire, c'est d'initier une requête, en quelque sorte, et
d'être quasiment le procureur de la personne étudiante. Mais je vois
l'ouverture puis je...
M. Tremblay (Bernard) : Bien,
il faudra juste évidement être soucieux, j'oserais dire, de la Loi sur le
Barreau, là, puis du rôle de chacun, mais bon.
M. Leduc : Bien, la
Commission des normes du travail fait déjà ça, hein, pour des salariés non
syndiqués, les représenter au tribunal.
Peut-être, avec le temps qu'il nous reste,
le projet de loi fait... passe à côté du gros, gros sujet de la rémunération
des stages. Quel portrait vous pourriez nous en faire, de ce qui resterait à
faire comme travail une fois ce projet de loi là derrière nous par rapport à la
rémunération des stages? À quel point c'est un immense chantier ou à quel point
c'est complexe?
M. Tremblay (Bernard) :
Effectivement, c'est un grand chantier, mais auquel on s'est déjà un peu
attaqué, au Québec, il y a quand même eu des avancées dans le passé. Pour nous,
je vous dirais, il y a deux, trois principes quand même assez simples, là, qui
nous guident dans cette réflexion-là. D'abord, il y a des stages qui sont
plutôt des stages d'observation, hein, on les a qualifiés ainsi, pour lesquels
donc le milieu de stage est plutôt un endroit où le stagiaire, la stagiaire
vient faire des observations, mais n'apporte pas une plus-value à
l'organisation. Alors, je pense que ces situations-là doivent être distinguées
d'une situation où le ou la stagiaire contribue à la production du milieu de
stage. Et donc ça, c'est une limite dans le fond à ce concept de rémunération
de stage puis ça vient, je pense, là, aussi nous amener à focaliser sur un type
de stage et non pas tous les stages.
L'autre élément, pour nous, qui est
important, c'est ce qui est de l'équité. Et ça, on va se le dire, hein, les
emplois à prédominance féminine ont traditionnellement eu tendance à être moins
considérés pour des stages. Et même chose pour les emplois qui sont plutôt
associés au service public. Alors, c'est sûr qu'à cet égard, dans un contexte
où on reconnaît, je dirais, l'importance des stagiaires, il me semble qu'il y a
un contexte, quand même, qui est favorable pour poursuivre la réflexion, parce
que, maintenant, il y a certains stages qui sont quand même rémunérés, pour
cette réflexion-là, dans une perspective d'une équité.
Et nous, on ne parle pas vraiment de
rémunération, on parle plutôt de compensation, parce qu'il est quand même un
peu difficile, quand on arrive sur un principe de rémunération, on arrive, bon,
à se poser la question: Est-ce que c'est les heures, comment dire, le taux
minimal de la loi, bon, etc.? Alors, c'est sûr que notre réflexe est de dire: À
tout le moins commençons la réflexion sur la base de reconnaître qu'il y a des
dépenses associées à des stages. Vous savez, nos étudiantes en soins
infirmiers, quand elles vont faire un stage dans un centre hospitalier, bien,
s'ils ont une voiture, ils doivent la stationner. Nos étudiants, nos étudiantes
en soins préhospitaliers d'urgence ont des équipements à acheter en vue de
faire leur stage. Alors ça, c'est des situations effectivement qui nous
rejoignent, qui nous préoccupent, et effectivement je pense qu'il faut
poursuivre cette réflexion-là.
M. Leduc : Merci beaucoup.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci beaucoup. Alors, nous poursuivons, cette fois-ci, avec le député de
Jonquière.
• (18 heures) •
M. Gaudreault : Oui. Merci
beaucoup pour votre mémoire puis merci surtout d'insister puis de nous rappeler
que le stage s'inscrit dans un processus d'éducation, dans un processus de
formation. Il ne faut jamais confondre les genres, là, et en faire un enjeu
strictement de travail.
Bon, moi, vous me permettrez d'être un peu
chauvin, au cégep de Jonquière, on a un programme de stage international pour
les étudiants en Sciences humaines, profil ouverture sur le monde, 6 à 8
semaines...
18 h (version non révisée)
M. Gaudreault : ...ça a été
longtemps au Burkina Faso, c'est Sénégal, au Pérou. La réussite du stage est
conditionnelle à l'obtention du diplôme et vice versa. Donc, on obtient le
diplôme si on a réussi le stage. Qu'est-ce qu'on fait de ces stages-là? Quelles
sont les obligations à l'égard de coopération internationale avec un OBNL
démuni du côté d'un partenaire africain? Mais il y a aussi des organismes de
coopération internationale au Québec qui supportent ces stagiaires collégiaux,
est-ce qu'on doit faire une clause à part, dans le projet de loi, pour les
exclure ou les inclure s'il arrive des accidents, également à l'étranger?
Alors, votre analyse là-dessus.
M. Tremblay (Bernard) : Très
bonne question. Il y a quand même une référence, dans le projet de loi, hein, à
des stages, là, qui pourraient se faire hors Québec, mais c'est vrai qu'il faut
être conscient qu'il y a une limite quand même à notre capacité, encore une
fois, d'agir dans le milieu de stage au quotidien. Si on que c'est le cas au Québec,
c'est encore plus vrai à l'étranger. À notre avis, évidemment, en ayant des
obligations, encore une fois, d'information, d'accompagnement, de préparation,
là aussi, vous référez quand même à des choses qui se pratiquent depuis très
longtemps, il y a des habitudes qui se sont installées, il y a des pratiques.
Vous savez que le réseau collégial a aussi cette caractéristique-là, de
mutualiser beaucoup ses efforts, de travailler en partenariat. La fédération,
il y a une direction des affaires internationales, il y a un groupe, là, de
tous les cégeps qui travaillent à outiller les cégeps pour mettre les
conditions gagnantes pour l'exercice de tels stages avec, entre autres, des
procédures, des politiques et surtout des assurances aussi, là.
M. Gaudreault : Oui, mais, je
n'ai pas beaucoup de temps, est-ce qu'on doit les couvrir dans cette loi ou
pas?
M. Tremblay (Bernard) : Bien,
moi, je pense qu'on a une limite, là, à aller à l'extérieur du Québec. Et
clairement il faut rester réaliste et c'est peut-être... Je pense que la façon
dont le projet de loi est écrit, c'est suffisant. Et on pourra évaluer si,
éventuellement, il faut aller plus loin, mais il me semble que c'est beaucoup
plus difficile de vouloir réagir sur des choses qui se passent à l'étranger et
qu'il faut rester dans la sphère de ce qu'on connaît présentement.
M. Gaudreault : O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, merci, Monsieur Tremblay, merci, Mme Le Gal, pour votre
contribution, hein, à l'avancement de la commission.
Alors, nous suspendons quelques instants.
Merci encore, très intéressant.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
(Reprise à 18 h 14)
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, nous accueillons maintenant le
Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec, avec M. Graff.
Alors, M. Graff, je vous invite à bien vous présenter avant de commencer
votre exposé de 10 minutes.
M. Graff (Pierre) :
Excellent. Madame la Présidente, monsieur le ministre, Mesdames, messieurs les
députés, je vous remercie pour l'accueil et je souhaiterais commencer pour ma
remarque introductive avant de me pencher sur le projet de
loi no 14... Pour ceux et celles qui ne connaissent pas le regroupement,
j'ai le plaisir au quotidien de représenter 45 jeunes chambres de commerce
à travers 16 régions administratives du Québec. Et nous avons également la
particularité de représenter 12 jeunes chambres issues des communautés
culturelles, ce qui fait que nous représentons aussi bien une très grande
diversité de profils au sein des jeunes entrepreneurs, jeunes professionnels,
jeunes travailleurs autonomes du Québec, mais également de personnes issues,
donc, des communautés culturelles. Bref, toute la belle jeunesse québécoise de
18 à 39 ans, puisque, oui, nous discriminant par l'âge.
Donc, permettez-moi tout d'abord de
saluer, en fait, l'initiative. Le projet de loi est quelque chose de nécessaire
dans un contexte, vous le savez, où notamment... la santé mentale des jeunes
est extrêmement sollicitée. Et d'offrir des recours, notamment contre le
harcèlement, est quelque chose de très positif. On souhaite également que nos
jeunes puissent réussir au niveau scolaire. Donc, tout ce qui est proposé est
intéressant. Aujourd'hui, je me concentrerai sur...
M. Graff (Pierre) : ...quatre
points sur lesquels je vais vraiment insister parce que les transformations du
marché du travail créent des situations qui pourraient devenir néfastes pour
ces personnes qui souhaitent s'intégrer au marché du travail. Les quatre
recommandations sont relativement simples. Premièrement, de subventionner les
stages pour les petites et moyennes entreprises et organismes à but non
lucratif. Je vous dirai pourquoi spécifiquement ces organismes plus tard.
Deuxièmement, d'envisager la création de partenariats entre plusieurs
entreprises pour que les stagiaires puissent évoluer dans divers milieux de
travail. Trois, de diversifier et d'ouvrir, du moins la diversité, les stages
pour s'assurer d'un accès équitable aux jeunes au marché du travail. Et enfin
de faciliter la mise en place de ressources, notamment au niveau du mentorat,
pour encadrer ces jeunes.
Je vous parlais plus tôt d'un élément qui
est important. On parle de transformation de fond, de transformation
structurelle du marché du travail et il se trouve que ce projet de loi entre
dans tout ce qui, à mon avis, est nécessaire de faire pour accompagner les
jeunes. Il y a beaucoup d'autres choses qu'on va devoir changer dans le droit
du travail, notamment introduire certaines notions pour contrer les effets
néfastes de la pandémie, comme l'hyperconnexion, etc. Mais je souhaitais
parler, par exemple, de quelque chose qui est problématique dans un contexte où
l'offre et la demande de main-d'oeuvre est extrêmement déséquilibrée au Québec,
ce qui fait qu'on a de grandes entreprises qui vont maintenant proposer des
salaires relativement élevés aux stagiaires, même très tôt dans leur cursus
universitaire lorsqu'on parle des cycles supérieurs, ce qui crée forcément une
rareté, notamment pour les petites entreprises qui sont le moteur de la
croissance et de l'innovation, comme vous le savez, mais également des
organismes à but non lucratif. Il y a d'ailleurs une étude extrêmement pertinente
qui est parue la semaine passée, qui expliquait que pour 100 millions de
dollars investis dans les OBNL, on créait 110 millions de dollars de PIB,
ce qui est quand même rentable. Et c'est extrêmement important au niveau du
tissu communautaire et social. Donc, c'est pourquoi je pense qu'il faudrait
vraiment trouver un moyen de subventionner les salaires des stagiaires au sein
des petites entreprises et même des organismes à but non lucratif pour
s'assurer justement que l'on puisse aider ces entreprises où chaque dollar
compte et qui ont besoin, justement, de ce soutien là.
On a d'ailleurs, dans le mémoire qu'on
vous a partagé, quelques témoignages d'entrepreneurs et de gestionnaires. C'est
sûr que quand on a des gens qui nous expliquent qu'ils ont une enveloppe pour
embaucher 300 stagiaires sans subvention, vous comprenez vite que ça peut
devenir un problème pour une compagnie qui a moins de 10 employés.
Élément important, peut être sans ajouter
de lourdeur administrative, ce qu'on serait capable de faire, c'est
éventuellement d'introduire des critères objectifs pour octroyer ces
subventions, pour faire en sorte que les stagiaires auront le meilleur
encadrement possible. On donnait certains éléments qui peuvent paraître
subjectifs, mais il y a des éléments objectifs qui sont rattachés à ces
choses-là. Par exemple, si on regardait au niveau du style de gestion pour
s'assurer que les gens, justement, seront pris par des gestionnaires qui ont à
coeur la réussite de ces jeunes là, bien, des indicateurs comme le taux de
roulement peuvent être extrêmement pertinents pour les jeunes.
Maintenant, si je vous amène sur les
autres pistes qu'on propose, je pense qu'il y aurait certaines choses à
regarder, notamment au niveau de l'obsolescence programmée. Je vous amène un
peu ailleurs cette fois-ci, mais c'est volontaire. C'est qu'on s'est aperçu que
beaucoup de stagiaires commencent à rentrer sur le marché du travail à la fin
de leurs études. Et je pense que dans un contexte où on a accès à l'information
extrêmement rapidement, il serait peut-être intéressant de voir si on ne
pouvait pas faire en sorte que le stage devienne partie intégrante des
programmes. Ça veut dire que la partie théorique qui est créditée souvent pour
des cours complémentaires deviennent vraiment des crédits pratiques, et que
l'on fasse en sorte que non seulement les personnes puissent mettre à profit
tout de suite les connaissances qu'elles acquièrent sur les bancs de
l'université, qu'en plus on vient de résoudre un problème de main-d'œuvre en ayant
des jeunes personnes qui vont... parce qu'ils vont avoir un salaire justement
subventionné, mais qu'ils vont également pouvoir travailler juste un nombre
d'heures suffisant sans mettre en péril leur réussite.
• (18 h 20) •
Et le dernier point était, avant que je
l'oublie, et je vous le partageais, oui, l'obsolescence programmée, où je
voulais en venir, on s'est aperçu que dans beaucoup de programmes...
M. Graff (Pierre) :
...l'université, et les cours que vont suivre des personnes au début de leur
cursus, parfois, ne sont plus à jour à la fin de leur cursus. Donc, de cette
manière, on pourrait faire en sorte que les étudiants qui deviennent stagiaires
peuvent constamment mettre à jour... et on le voit d'ailleurs dans le secteur
des technologies, où on a déjà un certain retard au Québec, mais on pourrait
faire en sorte que ces personnes-là sont vraiment totalement fonctionnelles au
moment de leur diplomation et qu'on puisse donc avoir un moteur supplémentaire
de croissance pour les entreprises. Donc, je vous remercie, et je prendrai vos
questions.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci, monsieur Graff. Nous allons donc commencer effectivement la
période de questions avec monsieur le ministre.
M. Boulet : Merci, Pierre.
Bon mémoire, belle présentation, bien content de te rencontrer. Puis on sait à
quel point les chambres de commerce sont importantes, pas seulement dans les
grands centres urbains, mais dans les régions. Il y a énormément de jeunes
chambres de commerce qui jouent un rôle fondamental dans le développement, pas
que professionnel, mais aussi humain et social de leurs membres. Et évidemment,
quand tu dis, bon: Tout ce qui est proposé dans le projet de loi est
intéressant, c'est sûr, on part d'un vide, qu'on comble par un seuil minimal,
pour protéger, notamment, parce que, tu as fait référence au harcèlement, il y
a beaucoup de stagiaires qui sont vulnérables, qui ne sont pas protégés, qui
sont marginalisés, et il faut les encadrer légalement.
Et le sens, la nature de ce projet de loi
là, c'est de leur conférer des protections, des droits et des protections. Ce
n'est pas un projet de loi de rémunération. Il y a beaucoup de stagiaires qui
ne sont pas rémunérés, parce que ça dépend aussi des stages, il y a des stages
qui sont purement d'observation, où il n'y a pas de prestation effective de
travail. Mais ça ne relève pas, de toute façon, de l'objectif qui est visé par
ce projet de loi là, ça relève soit de mes collègues à l'Éducation ou à
l'Enseignement supérieur. Je ne veux pas entrer dans les ententes de
financement des collèges puis des universités pour notamment assurer des
conditions de réalisation de stages et d'apprentissage. Il y a des programmes
aussi incitatifs, là, de financement des stages, là, qui relèvent soit de mon
ministère du Travail et de l'Emploi... Mais je comprends l'intérêt de soulever
ce point-là.
Les partenariats, l'accès équitable, la
diversité, je pense que c'est des objectifs qui sont évidemment communs et que
nous partageons. Puis le mentorat, ça fait partie aussi, parce qu'on a fait
référence à des conventions de stage, là, il y a des relations tripartites ou
quadripartites, là, il y a la stagiaire, il y a le milieu de travail, il y a
l'établissement d'enseignement ou l'ordre professionnel. Il y a des conventions
de stages, mais il faut que ce soit véritablement adapté à la nature puis à la
diversité des stages, là. Donc, c'est des recommandations qui sont certainement
intéressantes, qui vont stimuler notre réflexion.
Moi, Pierre, je te dis merci beaucoup puis
je vais laisser ma collègue de Jean-Talon te poser des questions puis interagir
avec toi. Merci, Pierre. Puis ainsi que ma collègue de Labelle, là, le cas
échéant, mais elles vont se partager la tâche d'interagir avec toi.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, la parole est à la députée de Jean-Talon.
Mme Boutin : Bien, merci
beaucoup, madame la présidente. Alors, je vais essayer d'aller dans le sens du
ministre et de vous poser une question. Merci beaucoup, Pierre, pour ton
mémoire. Je sais que tu es un homme très occupé. Dans votre mémoire, vous dites
qu'«un stage réussi repose bien souvent sur une alliance, une triple alliance
entre le stagiaire, l'entreprise, un partenaire». On a rencontré, juste avant,
la Fédération des cégeps, puis ils ont mentionné aussi que c'était un enjeu,
qu'ils trouvaient que les balises, là, justement, des alliances entre les
étudiants, l'établissement d'enseignement puis l'employeur, ce n'était pas
toujours clair. Et également la Fédération collégiale du Québec, une
association étudiante, qui ont dit justement qu'ils proposaient la convention
de stage. À votre avis, quel serait le rôle des entreprises dans ces
alliances-là? Comment est-ce qu'on pourrait baliser une alliance tripartite ou
multipartite, dans le fond, le véhicule approprié du côté patronal?
M. Graff (Pierre) : Alors, si
vous me permettez, en fait, je répondrais juste rapidement à monsieur le
ministre. Le projet de loi stipule très bien que la réussite scolaire des
stagiaires est primordiale, d'accord? On sait que c'est un départ pour
s'occuper, donc, de tout le vide juridique...
M. Graff (Pierre) : ...existe
au tour des stagiaires. Toutefois, je pense que, que ce soit la rémunération ou
d'autres choses qu'on soulève dans le mémoire sont extrêmement importantes.
Puis, dans un contexte où d'ailleurs on a une inflation galopante ou plein
d'autres facteurs économiques viennent impacter la réussite scolaire, j'espère,
en tout cas, que ce sera considéré à l'avenir. Mais c'est, comme je l'ai vous
dit, qu'on venait toucher à des choses relativement connexes, volontairement,
dans le mémoire.
Pour ce qui est de la question, madame la
députée, bien, c'est sûr que déjà, à la base, c'est peut-être dans la manière
dont sont pensés les stages. On voit que généralement c'est sur l'étudiant que
repose pas mal toute la recherche puis le contact va être généralement juste
entre l'étudiant et l'établissement d'enseignement puis l'étudiant et
l'organisation, l'entreprise dans laquelle il va effectuer son stage.
Clairement, il y a un lien qui ne fonctionne pas. La relation devrait être
tripartite. Elle est en fait séparée entre l'étudiant et les deux autres
entités. Peut-être que... Je pense que tous les rapprochements qui sont
nécessaires entre le monde de l'entreprise et des établissements scolaires
devraient être quelque chose qui devrait être facilité. Reste à voir les
modalités, évidemment, mais c'est clairement une avenue qu'il faudra explorer
puisque c'est quelque chose qui nous inquiète, bien, qui nous inquiète, en tout
cas, qui, je pense, démontre que c'est assez inefficient.
Mme Boutin : Mais on dirait
c'est justement qu'il manque un peu de clarté. Toutes les parties semblent se
demander comment est-ce qu'on pourrait encadrer ça. Puis le projet de loi
prévoit justement que les... bien, les cégeps entre autres, mais sûrement que
les universités informent mieux le stagiaire. Il y a eu une obligation d'informer
le stagiaire. Puis là, bien, je me posais la question justement par rapport aux
entreprises : Est-ce qu'il devrait pas y avoir une forme de contrat, ou
est ce que, justement, les droits de chacun sont établis, ou est ce que c'est
quelque chose qui serait trop lourd pour les entreprises, ou est-ce qu'il y
aurait une applicabilité?
M. Graff (Pierre) : Bien, il
y a deux choses que j'ai mentionnées qui peuvent aussi apporter des éléments de
réponse? Le premier, c'est qu'on veut réussir à encadrer les stagiaires du
mieux qu'on le peut sans ajouter à la lourdeur administrative en général. En
tant qu'OBNL, puis j'ai la chance d'être entouré par une superbe équipe au
quotidien, mais faire des demandes pour des stagiaires, on en a trois ou quatre
par an, j'en ai accueilli encore un lundi, c'est quand même beaucoup de travail
pour une start-up qui est dans le jus, qui a des moyens limités, etc., ça va
être la même chose. Par contre, il y avait un élément que j'ai soulevé, tantôt,
qui est vraiment important... Et là, je suis en train d'oublier ce que je
voulais dire, ce qui va n'arranger personne. J'avais nommé... Ça ne sera pas
long, ça va me revenir.
Mme Boutin : Sinon j'ai une
autre petite question très..
M. Graff (Pierre) : Oui, j'y
reviendrai après. Mais oui, il y avait l'élément le plus important.n, je n'en
sais rien. Mais oui, il y avait
Mme Boutin : Une petite
question toute petite. Parce que vous mentionnez justement des start-up.
Souvent, bon, elles ne sont pas tant... Tu sais, puis connaître un peu ce
milieu-là, là, il manque un peu de ressources. Est-ce que vous trouvez que les
entre les entreprises ont toutes les ressources pour bien accompagner un
stagiaire qui viserait un abus psychologique ou qui voudrait dénoncer?
M. Graff (Pierre) : Je pense
que... Et ça, ça... Tout ce qui concerne la santé mentale, le harcèlement,
etc., les ressources sont insuffisantes à travers le Québec. Ça c'est quelque
chose qui est... que je constate au quotidien. Puis, si je prends juste
l'expérience des trois dernières semaines, j'ai trois entrepreneurs qui m'ont
appelé pour me faire part d'un suicide, dans leur équipe, dans les dernières
semaines, de quelqu'un de moins de 35 ans. Ce n'était pas à cause du
harcèlement psychologique, mais en général, ça démontre clairement qu'au Québec
on n'en fait pas assez. Alors, même que vous avez bloqué, il y a un an,
d'ailleurs, je salue ça, je l'ai salué mille fois dans les médias et autres,
vous avez débloqué 120 millions pour la santé mentale, malheureusement, la
publicisation de ces aides-là, que ce soit pour le harcèlement psychologique,
que ce soit pour la santé mentale, souvent, est déficiente. Alors, même qu'il y
a des ressources qui existent, bien, c'est sûr qu'il y a beaucoup de choses à
faire, vous le savez comme moi, il y aura clairement un besoin de plus de
psychiatres, de plus de psychologues.
Mme Boutin : Mais il y a un
manque d'information, dans le fond.
M. Graff (Pierre) : Mais il y
a un manque d'information, je pense, qui n'aide vraiment pas.
Mme Boutin : O.K. Ou
l'information ne se rend pas.
M. Graff (Pierre) : Oui,
absolument, absolument.
M. Boulet : O.K. Ma collègue
de Labelle, je ne sais pas s'il reste du temps.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, oui. Oui, tout à fait. Alors, il reste 8 minutes. Alors, la parole
est à la députée de Labelle.
Mme Jeannotte : Merci, madame
la Présidente. Bonjour. Merci pour votre mémoire. J'ai plus travaillé avec les
PME manufacturières, mais diriez-vous que, dans le contexte actuel de pénurie
de la main-d'oeuvre, vous iriez jusqu'à favoriser les subventions davantage
axées sur le salaire, donc les ressources humaines plutôt que la machinerie?
Parce que traditionnellement les gouvernements subventionnent beaucoup plus les
activités de production, capacité d'augmenter les capacités de production, etc.
Est ce que vous diriez... Quand vous dites octroyer aux PME des subventions
salariales sur des critères objectifs pour accueillir des stagiaires, est-ce
que vous iriez... est-ce que vous êtes porte-parole jusqu'à ce niveau-là de...
M. Graff (Pierre) : C'est
non, je vous dirais qu'on vise vraiment plus les secteurs des services dans ce
cas-là.
Mme Jeannotte : Le secteur de
services.
• (18 h 30) •
M. Graff (Pierre) : Le
service. Pour le manufacturier, c'est complètement différent parce qu'ils ont
une réalité complètement différente où, généralement, le stage va faire partie
intégrante, à moins que je parle dans ma barbe...
18 h 30 (version non révisée)
M. Graff (Pierre) : ...mais du
moins de la formation... c'est souvent des formations plus collégiales et...
Mme Jeannotte : D'accord,
donc des secteurs des services. Est-ce que vous pourriez envisager un partage
de responsabilités? Je vous entendais parler de la santé mentale, mais oui,
l'État a certainement un rôle à jouer, mais est-ce qu'il y a quand même un
partage des responsabilités, aussi, dans...
M. Graff (Pierre) : Vous
savez, même avec nos ressources relativement modestes, pour vous donner un
exemple, sur la dernière année, on a créé une ligne de soutien qui... avec des
bénévoles à travers tout le Québec, pour être capable de répondre à des jeunes
professionnels, des jeunes entrepreneurs s'ils avaient des enjeux. Donc, avec
une ligne VoIP qui est totalement gratuite. Si jamais personne ne répondait
parmi les membres des jeunes chambres, il y avait un organisme avec qui on
travaillait qui était capable de répondre aux jeunes. On a créé des groupes
d'entraide. On a créé les groupes de soutien entre jeunes entrepreneurs, jeunes
professionnels, etc. Ça, c'est tout ce qu'on est capable de faire, je vous
dirais, avec l'énergie de bénévoles, puis sans un sou. C'est sûr que si on
introduit un partage des responsabilités, mais il faudrait voir ce qu'on va
faire aussi pour soutenir l'action des organismes comme les nôtres, parce que
je pense que... puis sans aucune prétention, je pense qu'on a joué un rôle qui
était extrêmement important pour soutenir les jeunes professionnels, les jeunes
entrepreneurs dans les 24 derniers mois, sans aucune ressource dédiée, de
ressources financières du moins, à part ce que je viens de nommer.
Mme Jeannotte : Oui. Puis,
bien, peut-être une dernière question. Dans le fond, quand vous parlez de
faciliter l'embauche, l'accueil et l'intégration des stagiaires, donc vous
trouvez que l'État, donc, devrait faciliter tous ces enjeux-là en offrant des
ressources pour améliorer l'encadrement, le mentorat.
M. Graff (Pierre) : Là, je
pense que c'est vraiment le côté plus ressources financières. Que ce soit par
les subventions, les crédits d'impôt, etc. Tout ce qui pourrait permettre
justement au milieu d'entreprise d'avoir vraiment les moyens, et de mettre
l'énergie là-dedans. Je vous donne un exemple très simple : Si vous prenez...
on parle beaucoup de startup depuis tantôt, si vous prenez une jeune
entreprise, une jeune pousse québécoise, s'ils n'ont pas, par exemple, de
subvention pour payer un stagiaire, et je vous pose la question, imaginez que
vous avez une entreprise de cinq personnes, mettons dans les technologies,
c'est la compétition pour les salaires, puis c'est déjà très dur de recruter du
monde, mais pour un salaire égal, est-ce que vous allez prendre un stagiaire
qui n'a pas d'expérience ou quelqu'un qui a une ou deux années sur le marché du
travail? La question est simple, ils vont prendre la personne qui a déjà
d'expérience sur le marché du travail parce qu'ils ne pourront pas prendre ce
risque financier d'avoir et de former cette personne qui ne pourra pas leur
apporter tout de suite une plus-value. Donc, c'est pour ça aussi que c'est
nécessaire de soutenir les petites entreprises à travers des subventions
salariales pour les stagiaires, etc.
Mme Jeannotte : Je céderais
la parole à monsieur le ministre si...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce que M. le ministre veut intervenir? Parce que je sais que la députée de
Jean-Talon voudrait intervenir aussi.
M. Boulet : Alors, ce sera la
députée de Jean-Talon.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, allez-y.
Mme Boutin : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci, Monsieur le ministre. Ça va être très bref, là. J'ai
une petite question très concrète parce que vous représentez beaucoup de
membres. Quels sont, à votre avis, les enjeux les plus vécus par les
entreprises concernant des stagiaires, l'expérience avec un stagiaire? Les
exemples concrets, là.
M. Graff (Pierre) : il y en
a, il y en a plusieurs...
Mme Boutin : Mais qui
pourraient se rattacher, admettons, au projet de loi. Est-ce que c'est le
manque d'encadrement, manque de ressources par rapport à certains enjeux? Est-ce
que par rapport aux congés longue durée, est-ce qu'il y a des stagiaires qui
partent en congé de maternité? Des choses comme ça. Qu'est-ce qui...
M. Graff (Pierre) : Ça, je
vous dirais que je n'ai pas eu ce type de témoignages. On sait que les stages,
généralement, ça va être un 2 à 6 mois. Donc, si quelqu'un arrive pour...
puis qu'il est en congé maternité, je pense que c'est quand même assez rare
dans cette période-là, là. Il n'y a pas... je ne pense pas que ça s'applique
vraiment. C'est sûr que je n'ai pas eu non plus de... peut être que j'idéalise
un peu le monde de la jeune entreprise, là, mais je n'ai pas eu non plus de plaintes
par rapport à des recours contre... ou à du harcèlement contre... qui est
effectué contre des jeunes stagiaires. Je pense qu'au contraire que la jeune
entreprise, c'est un milieu qui est beaucoup plus stimulant pour eux, parce
qu'ils auront beaucoup plus de latitude... et pour mettre un projet... pour
faire naître un projet. On fait d'ailleurs une série de sondage avec Léger sur
l'avenir du marché du travail et la perception qu'ont les jeunes, notamment, de
la conciliation. Puis il ressort, vraiment, très fort dans les statistiques
qu'il y a un désir d'entreprendre, de devenir ou sinon intrapreneur. Et c'est
justement les petites structures qui vont leur permettre de se réaliser parce
qu'eux, bien, ils vont pouvoir porter un projet généralement de A à X, Y ou Z, contrairement
à une entreprise, on le dit, d'ailleurs, dans notre mémoire, où c'est justement
peut-être il y a beaucoup d'encadrement, etc., mais ils vont pouvoir beaucoup
moins se réaliser dans ce qu'ils font parce qu'eux ils ne peuvent pas avoir un
impact dans une grosse structure où laquelle il y a une hiérarchie
extrêmement...
M. Graff (Pierre) : ...rigides
qui les empêchent évidemment de se développer. Donc, oui et non. C'est la
réponse... Il y a peut-être un peu moins d'encadrement parce qu'il y a un peu
moins de temps, mais généralement on va leur laisser tellement plus de latitude
qu'ils vont beaucoup plus se réaliser, à mon avis, dans une petite entreprise
que dans une grande structure.
Une voix : O.K., merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait, merci. Monsieur le ministre, il vous
reste 1 min 40 s
M. Boulet :
1 min 40 s, O.K. Donc, je vais poser deux questions rapides.
J'aimerais ça avoir un exemple pour chacune de mes questions. Quand vous dites:
"Des partenariats de PME pour permettre aux stagiaires de circuler à
l'intérieur d'une thématique ou d'un réseau en rapport avec un cursus
académique". Est-ce que vous pouvez me donner un exemple de ça, de ce type
de partenariat là, Pierre?
M. Graff (Pierre) : Oui,
bien, j'ai déjà eu... deux start-ups qui m'ont dit: Écoute, moi, pour
l'instant, je n'ai peut-être pas assez d'ouvrage pour un seul stagiaire, mais,
si je pouvais, justement, le partager avec une autre entreprise qui est un peu
dans le même domaine, bien, est-ce que ce serait possible? Généralement, ce
n'est pas possible, en fait, ne serait-ce que pour la reconnaissance du stage
par l'institution universitaire. Bien là, on en revient au point de tantôt, je
pense que la discussion entre les établissements et le milieu de l'entreprise
n'est pas toujours là, parce que c'est des choses qui pourraient peut-être se
résoudre avec un peu plus de discussions. Mais c'est un exemple très concret,
donc, qu'un stagiaire fasse une partie de son stage avec un employeur, puis
l'autre... stage avec un autre employeur. Il permet... Il verrait deux
structures et il aurait différents projets sur lesquels travailler. Et ça pour
être crédité quand même, ce qui n'est pas le cas toujours aujourd'hui.
M. Boulet : Ce qui n'est
pas toujours évident avec des PME, là, qui ont besoin de flexibilité puis de
prévisibilité, là, mais je comprends un exemple.
Deuxième question. "Encourager les
stages dans une diversité de milieux de travail", ça revient au même, là,
c'est pour permettre aux jeunes de mieux s'intégrer après leur stage dans un
milieu de travail.
M. Graff (Pierre) : Pour
cet élément, même si les intitulés de la proposition 2 et 3 se ressemblent
beaucoup, on parle aussi beaucoup de diversité, aussi, du milieu de travail.
Donc là, c'est vraiment plus le côté, justement, équité qu'on vise pour
s'assurer que toutes les personnes à travers le Québec ont une chance égale
d'avoir accès aux stages.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci.
M. Boulet : O.K. Merci,
Pierre.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, merci. Nous poursuivons cette fois-ci
avec le député de Viau.
M. Benjamin : Merci,
madame la Présidente. Merci, monsieur Graff, merci pour votre présentation.
Donc, je ne sais pas si vous êtes amateur de kombucha comme moi, mais ce matin,
donc, j'ai été attristé d'apprendre la fermeture de l'entreprise Kombucha du
Mont-Ferréol, qui produisait un excellent Kombucha. Et la raison évoquée,
c'était la pénurie de main-d'oeuvre. Et ma question en lien avec votre mémoire,
les stages... Il est beaucoup question de rémunération à travers votre mémoire.
En quoi vous pensez, par rapport à l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre qu'on
a actuellement, est-ce qu'il y a un lien à faire par rapport à cette demande,
qui apparaît à plusieurs endroits dans votre mémoire, de rémunération des
stages?
M. Graff (Pierre) :
Bien, je pense que c'est évident. Ce qui se passe, c'est que... En fait, les
stages non rémunérés, je pense, vont être amenés à disparaître avec la pénurie,
parce que toute façon il y a beaucoup de compétition, puis, au final, les
entreprises vont finir par rémunérer les stages qui ne le sont pas.
Là où c'est important par rapport à la
rémunération, c'est justement le fait que les petites structures vont être
complètement désavantagées face à ce phénomène-là. Et c'est ce qu'on voulait
mettre de l'avant, et c'est pour ça qu'on disait qu'il fallait aider justement
les petites structures comme les jeunes pousses et comme les organismes à but non
lucratif pour être capables... eux, toujours, de pouvoir compter sur cette
main-d'oeuvre-là, parce qu'on n'a aucun problème à ce qu'elle soit rémunérée,
mais il faut qu'ils luttent à armes égales avec les plus grandes structures
pour pouvoir continuer d'avancer et pouvoir continuer à innover ou à aider dans
le tissu social, notamment pour ce qui est des organismes communautaires.
M. Benjamin : Selon les
chiffres qui nous ont été présentés un peu plus tôt aujourd'hui, c'est quand
même 77 pour cent des stages, qu'on nous dit, qui ne sont pas rémunérés.
Mais en attendant, en attendant cela, j'aimerais vous entendre sur une demande
qui a été faite quand même à quelques reprises par des groupes qui vous ont
précédés sur les enjeux des congés de longue durée.
M. Graff (Pierre) :
Écoutez, c'est une excellente question. Un stage, par définition, est rarement
de longue durée, donc je serais surpris... Pourriez-vous préciser un peu votre
question?
• (18 h 40) •
M. Benjamin : En fait,
c'est le fait qu'actuellement, donc, dans le projet de loi tel qu'il a été
présenté, qu'on ne tienne pas compte au niveau de la protection des stagiaires
et des congés de longue durée. Par exemple, l'exemple qui nous a été donné et
qui est revenu souvent, c'est, par exemple, une stagiaire, donc, il est
prévu...
M. Benjamin : ...que ce soit
cinq jours de congé pour une maternité, mais cinq jours, donc pour une... plus
un congé de... plus un long congé de maternité de 18 semaines, je crois.
Mais dans le cas d'une stagiaire, ce serait tout simplement 5 jours. Donc,
l'enjeu de longue durée se pose à ce moment-là, pour une stagiaire.
M. Graff (Pierre) : Je ne
suis pas certain de comprendre votre question, monsieur le député.
M. Benjamin : Alors je... au
niveau de la Loi sur les normes du travail, il est prévu qu'une travailleuse,
une salariée, donc, bénéficie d'un congé de maternité de cinq jours, auquel
congé s'ajoutent 18 semaines. Mais dans le cas d'une stagiaire, donc, elle
bénéficierait seulement que de cinq jours, et pas des 18 semaines.
M. Graff (Pierre) : Est-ce
que, dans ce temps-là, il y a quand même des régimes complémentaires, notamment
avec le RQAP, qui peuvent embarquer pour être capable, justement, de faire en
sorte que ce soit plus équitable pour la stagiaire, ou...
M. Benjamin : Et c'est là
qu'il y a un vide et la demande formulée entre autres par l'Union étudiante
collégiale, par la Fédération étudiante collégiale, et donc c'est à l'effet de
prévoir qu'une couverture pour les congés de longue durée. Est-ce que... donc
est-ce que vous vous êtes penché là-dessus?
M. Graff (Pierre) : Non.
C'était quelque chose qu'on n'a pas étudié.
M. Benjamin : D'accord,
parfait. L'autre question que je voulais vous poser, et ça, dans votre mémoire
et je vois que vous en faites mention... je trouve ça intéressant, un peu plus
tôt j'ai... en début d'ouverture de consultation j'ai parlé de moi comme ancien
étudiant au collégial, au Cégep de Rosemont, qui était mon ancien cégep et
ensuite à l'université, et j'ai parlé de la difficulté que j'ai eue pour avoir
accès à un stage et justement, à la page 7 de votre mémoire, deuxième
paragraphe, vous parlez sur l'importance de... vous recommandez que le recrutement
de stagiaires soit fait en misant sur un processus transparent encourageant la
diversité et l'inclusion. Donc, je connais très bien ce que ça veut dire, par
exemple, pour un étudiant au collégial ou à l'université qui est d'origine
immigrante, qui arrive, qui n'a pas accès à des réseaux déjà établis pour se
trouver un stage. Alors vous, j'aimerais vous entendre sur cette recommandation
là, comment vous voyez qu'elle pourrait s'articuler, ça, une recommandation
pareille?
M. Graff (Pierre) : Vous savez,
c'est une proposition qui me touche particulièrement puisque je suis moi-même
immigrant et le Québec m'a accepté comme immigrant en 2009. J'attends
d'ailleurs ma citoyenneté, dans trois mois, si tout va bien. Merci, merci. Et
il fait partie de l'ADN du regroupement de s'assurer que chaque Québécois,
qu'il soit Québécois de naissance ou Québécois d'adoption, ait les mêmes
chances que les autres et les mêmes chances de réussite. Donc, je pense que
c'est vraiment de pousser au sein du milieu de l'entreprise, de s'assurer que
tous les principes d'équité, de diversité et d'inclusion sont respectés. Mais
de ce que je vois, en tout cas à travers le Québec, quand même, il y a... on
reste le pays le plus accueillant au monde, j'ai envie de le dire. Donc j'ai confiance
qu'on va poursuivre sur cette lancée-là puis qu'il y aura de moins en moins de
discrimination. C'est plus un plaidoyer que je fais qu'une défense dans mon
mémoire. Mais en tout cas, je ne suis pas inquiet de ce côté-là.
M. Benjamin : Merci. À la
page 8 de votre mémoire, vous nous parlez d'une triple alliance, une
triple alliance entre le stagiaire, l'entreprise superviseure et le partenaire
externe responsable. J'aimerais vous entendre sur cette triple alliance parce
que j'ai comme l'impression que dans la formulation ici que tout le monde
semble être sur un pied d'égalité dans cette triple alliance. Comment vous le
voyez, cette triple alliance-là que vous nous recommandez?
M. Graff (Pierre) : Comme je
l'ai dit tantôt à madame la députée de Jean-Talon, en fait, la manière dont
fonctionne la majorité des stages aujourd'hui, c'est vraiment l'étudiant qui a
les discussions avec des entreprises privées pour effectuer son stage, puis
l'étudiant qui discute avec son institution académique. Aujourd'hui, je pense
qu'il y a un manque d'échanges entre les institutions académiques et le monde
de l'entreprise et il faudrait justement trouver des moyens pour s'assurer...
Tout va bien au niveau du temps, je pense qu'on est bon... et trouver des
moyens, justement, de s'assurer que le lien, les discussions se font entre eux,
comme je dis, les institutions académiques et le milieu de l'entreprise.
M. Benjamin : Un enjeu qui
m'apparaît important, en fait, et qu'on a...
M. Benjamin : ...abordé à
quelques reprises depuis le début de ces consultations, c'est l'enjeu de
milieux exempts de harcèlement pour les stagiaires. Quel rôle que vous voyez,
un regroupement comme le vôtre... vous êtes un regroupement de jeunes chambres
de commerce... Et on a abordé la question de responsabilité des établissements
d'enseignement, mais aussi il faut parler aussi des responsabilités des
entreprises qui accueillent les stagiaires aussi. Quel rôle que vous pensez
qu'un regroupement comme le vôtre puisse jouer comme acteur du milieu dans ce
grand défi, c'est-à-dire celui que les stagiaires arrivent dans des milieux qui
soient exempts de tout type de harcèlement?
M. Graff (Pierre) : C'est une
excellente question. En fait, ça rejoint nos trois axes. Le regroupement, pour
faire très simple, évidemment, porte la voix des jeunes gens d'affaires, c'est
indiqué dans notre slogan, mais les deux autres choses c'est vraiment de
développer et d'augmenter la synergie entre les jeunes chambres, c'est le
soutien opérationnel qu'on apporte à nos membres. Le troisième, c'est augmenter
l'impact économique des jeunes gens à faire. Concrètement, ce que ça veut dire,
puis ça se segmente en différentes actions, on travaille beaucoup au niveau du
développement de compétences et de la formation. Donc, en tant qu'organisme, on
rend accessible aux jeunes chambres pour qu'elles diffusent à leur tour,
notamment des formations. Et que ce soit le harcèlement, que ce soit la
gouvernance, que ce soit plein d'autres types de choses, c'est le genre
d'initiative qu'on porte pour qu'elle soit vraiment diffusée, pour s'assurer
que ça fonctionne.
Tantôt, on parlait de diversité
d'inclusion. Chaque année, on a ce qu'on appelle le cocktail intermembres, qui
est vraiment porté par toutes nos jeunes chambres culturelles. Puis on
réfléchit et on forme également toutes les personnes qui souhaitent participer
à divers moyens de s'assurer qu'on a des processus inclusifs, équitables, etc.
Bien, pour le harcèlement, c'est la même chose, on fonctionnerait de la même
manière. On pourrait donner accès à ce type de formation très facilement aux
jeunes entrepreneurs qui sont membres des jeunes chambres.
M. Benjamin : Et peut être,
j'aurais aimé vous entendre sur le rôle des... vous avez abordé les rôles des
start-up, donc les start-up, qui sont des membres dans les chambres de
commerce, dans les jeunes chambres de commerce. Quel pourrait être le rôle des
start-up, notamment pour ce qui est de l'accueil et de l'accompagnement des
stagiaires?
M. Graff (Pierre) : On l'a
nommé, précédemment. Comme je vous l'ai dit, c'est sûr que vous ne pouvez pas
avoir la même structure dans une jeune pousse que dans une grande entreprise.
On est d'accord là-dessus. Par contre, la capacité de se réaliser d'un stagiaire,
parce qu'il va vraiment porter des projets dans son intégralité, dans une
petite structure, bien, je pense que ça apporte quelque chose de vraiment
important. Puis, on l'a vraiment vu dans nos sondages qu'on fait avec Léger, la
volonté de se réaliser, la volonté de contribuer, etc., est quelque chose de
primordial pour les générations Z et pour les milléniaux. Donc, je pense que ça
fait que ces stages-là sont toujours plus pertinents pour les jeunes qui les
font.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. C'est tout le temps que vous aviez. Alors, nous poursuivons avec le
député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
présidente. Bonjour. Dans votre mémoire, vous prenez une position qui me semble
assez forte sur la question du salaire, vous dites: Nous considérons que tout
travail mérite salaire. Et dans tout le débat alentour des stages, il y a eu
parfois des termes qui étaient utilisés de manière similaire ou qui étaient, au
contraire, là, distingués. Des fois, on parlait de rémunération, de bourses,
des fois, on y allait plus sur le salaire... salaire, notamment un salaire
minimum. Est-ce qu'en disant ça: nous considérons que le travail mérite
salaire... est-ce que c'est une prise de position pour le salariat du
stagiaire? Ou comment vous voyez...
M. Graff (Pierre) : Je
dirais, monsieur le député, qu'on peut entendre... le terme «rémunération»
peut-être, aurait été peut-être plus juste dans ce cas là, puisque clairement,
que soit une bourse ou un salaire, si on respecte un certain montant, bien, on
mettra le stagiaire dans les meilleures conditions pour réussir, parce qu'il
n'aura pas besoin d'avoir un autre emploi rémunéré en plus de ses études pour
être capable de subvenir à ses besoins. Donc, le terme «rémunération», que ce soit
bourse, que ce soit justement le salaire, notamment, grâce à des subventions,
si c'est pour une petite organisation, est très à propos.
M. Leduc : Et par rapport aux
différentes bourses que le gouvernement a offertes récemment, il y en a beaucoup
qui s'adressent, bien sûr, à la question de l'éducation, des enseignants,
d'autres à certains domaines, pas tous les domaines, par contre. C'est là,
j'imagine, que la question du salaire peut devenir intéressante. Et vous dites
qu'il y a une espèce de surenchère, en ce moment, entre les entreprises, pour
aller chasser les stagiaires, en quelque sorte, les attirer. Quel est
l'équilibre qu'il faut aller rechercher en matière de politique publique entre,
en quelque sorte, le fameux marché autorégulé, à savoir que les entreprises...
M. Leduc : ...sortent un peu
de moyens de leur propre poche pour en effet attirer les stagiaires et des
programmes publics qui viseraient à subventionner des salaires, ou des bourses,
ou quelques autres... Donc, c'est quoi, l'équilibre qu'il faut aller chercher
entre ces deux pôles-là?
• (18 h 50) •
M. Graff (Pierre) : Oui,
c'est une excellente question. En fait, on sait d'ailleurs que le Québec a un
certain retard entrepreneurial. Je pense qu'il y a quand même des statistiques
très claires qui indiquent le nombre de jeunes entreprises versus le nombre
d'entreprises qui ont plus que 5 ans ou plus que 10 ans. Du moment
qu'on respecterait à peu près le pourcentage de stagiaires qui vont être dans
les petites structures comme ceci, imaginons, là, 10 % de start-up au
Québec, bien, si on est capable de faire en sorte qu'il y ait autour de
10 % stagiaires qui puissent faire leur stage dans les start-up, c'est sûr
qu'on sera dans une situation qui est un peu plus équitable pour ces petites
structures. Je ne dis pas qu'il faut respecter exactement un pourcentage, mais
il y aurait moyen d'avoir une règle du pouce qui est relativement efficace pour
leur donner, justement, l'aide dont ils ont besoin.
M. Leduc : Parce que je...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Leduc : Ah! mais, merci
beaucoup. Bonne soirée.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Alors,
merci. Alors, nous poursuivons cette fois-ci avec le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci,
monsieur Graff. J'ai retenu, tout à l'heure, de votre intervention que le
Québec est le pays le plus accueillant. Alors, merci beaucoup.
M. Graff (Pierre) : Est ce
que je dois dire la province la plus accueillante, Mme la Présidente.
M. Gaudreault : Nous y
travaillons très, très fort. Je suis heureux que vous soyez de notre avis.
Maintenant, bon, vous dites que vous représentez 16 régions
administratives, des regroupements de jeunes chambres dans 16 régions
administratives. Est-ce que vous sentez une différence sur le territoire par
rapport à vos observations, par exemple, les PME, ou les start-up, ou les
petites entreprises dans les régions, ou ressources? Est ce que vous sentez
qu'ils ont... Parce que... Quand vous parlez, par exemple, d'octroyer aux PME
des subventions salariales pour les soutenir dans l'accompagnement de stages,
est ce qu'il y a des différences sur le territoire?
M. Graff (Pierre) : Oui.
Bien, de fait, si vous regardez, par exemple, les institutions universitaires
sont généralement concentrées dans des plus grands centres. Forcément, si on
parle du secteur des services, bien, les stages vont souvent être autour, ce
qui peut parfois être un enjeu pour les régions. Mais la bonne nouvelle pour
les régions, monsieur le député, vous l'avez vu d'ailleurs dans les
statistiques de l'Institut statistique du Québec, c'est que les grands centres
ont perdu beaucoup de joueurs sur la dernière année, donc, possiblement, cela
va se rééquilibrer. Pour l'instant, il y est un peu trop tôt pour que je me
prononce sur cette question-là puisque je pense qu'on saura prochainement s'il
y a un rééquilibrage qui s'est effectué. Actuellement, c'est sûr que les
stagiaires, de fait, sont un peu moins disponibles en région, mais c'est pour
ça qu'on a beaucoup d'initiatives justement pour dynamiser l'entrepreneuriat,
entrepreneurial, etc., en région.
M. Gaudreault : Donc, quand
vous parlez d'octroyer aux PME, par exemple, des subventions salariales sur des
critères objectifs pour accueillir des stagiaires, il pourrait y avoir des
critères qui tiennent compte d'une certaine répartition sur le territoire, dans
des régions plus difficiles d'accès ou peut-être un petit peu plus loin d'une
institution d'enseignement, mais qui pourrait recevoir des stagiaires?
M. Graff (Pierre) : Bien, je
n'irais pas nécessairement sur une base régionale. Quand on parle de critères
objectifs, c'est par rapport vraiment aux entreprises. Donc, si admettons, on
dit : Tiens, une entreprise qui a moins de 2 millions de dollars de
masse salariale, une entreprise qui a un taux de roulement qui n'est pas
effroyable, parce que ça en dit beaucoup sur leurs gestionnaires, et donc ce
qu'ils vont potentiellement faire subir à leur stagiaire, puis qui ont,
mettons, moins de 10 ou 20 employés, peu importe, bien, ce sont les
critères objectifs qui peuvent s'appliquer aussi bien dans un centre urbain
qu'en région. Donc, j'irais peut être juste avec cela pour l'instant, pour
l'instant.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Gaudreault : Ah!
La Présidente (Mme IsaBelle) :
11 secondes.
M. Gaudreault : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci. Merci, Monsieur Graff, pour votre contribution aux travaux de la
Commission.
Alors, compte tenu de la commission
ajourne ses travaux à demain, mercredi 2 février, après les affaires
courantes. Alors, je vous souhaite une bonne soirée à toutes et à tous. Prenez
soin de vous. Merci encore, monsieur Graff.
(Fin de la séance à 18 h 54)