(Huit
heures deux minutes)
La Présidente (Mme Dufour) : Alors,
je déclare la séance de la Commission de l'économie et du travail ouverte. Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est
réunie afin de procéder à l'interpellation de la députée de Bourassa-Sauvé à la
ministre de l'Emploi sur le sujet suivant : L'incapacité du gouvernement
caquiste de juguler la pénurie de main-d'oeuvre qui compromet les services
publics.
Mme la secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel) est remplacée par M. Chassin
(Saint-Jérôme); M. Dufour (Abitibi-Est) est remplacé par Mme Mallette (Huntingdon);
et M. Martel (Nicolet-Bécancour) est remplacé par Mme Picard
(Soulanges).
La Présidente (Mme
Dufour) : Merci. Conformément à l'entente prévue pour la
43e législature, le groupe de la
deuxième opposition interviendra lors des troisième et septième séries
d'interventions, et le député de Jean-Talon interviendra lors de la
cinquième série d'interventions.
Je
vous rappelle que le débat ne peut, à moins d'un consentement, dépasser l'heure
prévue, soit 10 heures. Comme la séance a débuté à 8 h 02, y a-t-il
consentement pour poursuivre les travaux au-delà de 10 heures, soit à 10
h 02? C'est bon?
Une voix : ...
La Présidente (Mme
Dufour) : 10 h 02. Excellent. Merci. Alors, nous allons débuter avec
les déclarations d'ouverture. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, vous avez
maintenant la parole pour 10 minutes.
Exposé du sujet
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Et je salue mes collègues des différentes
formations politiques qui sont ici présents à l'occasion de cette
interpellation sur un sujet qui est extrêmement sérieux, que nous avons déjà abordé plus tôt cette année, nommément
lors de l'étude des crédits, mais je trouvais qu'il était impératif que nous
puissions, donc, avoir, donc, un certain état de situation, donc, une mise à
jour, donc, sur la question de la pénurie de
main-d'oeuvre, d'autant plus, comme l'indique le titre, donc, l'objet de
l'interpellation, en ce qui a trait à son impact sur les services publics.
Je commencerais, Mme
la Présidente, avec un certain état de situation, d'abord le contexte. Donc,
nous savons que le gouvernement, donc, a nié la situation de pénurie de
main-d'oeuvre pendant trois ans. Donc, on a nié la crise, on nous a dit que c'était une bonne nouvelle, la pénurie de
main-d'oeuvre, jusqu'à ce qu'on fasse face à un mur et que le gouvernement, donc, doive se rendre à
l'évidence peu avant le début de la 43e législature. Donc, c'est le
contexte qui nous amène à la situation dans laquelle nous nous trouvons
aujourd'hui.
Et j'aimerais, Mme la
Présidente, vous rappeler quelques chiffres, en fait peut-être donner, pour le
bénéfice des collègues, l'ensemble des chiffres à jour de l'impact de la
pénurie de main-d'oeuvre. Donc, selon les chiffres du ministère, donc du
ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale, ce sont 1,4 million
d'emplois qui seront à pourvoir d'ici 2026. Donc, ce sont des chiffres énormes,
donc il va falloir faire une bonne planification de cette main-d'oeuvre, offrir,
donc, différentes solutions et nous assurer que l'on puisse utiliser tous les
leviers à notre disposition pour pouvoir pourvoir ces différents emplois.
Avant d'y aller avec
l'impact sur les services publics, peut-être rappeler, au niveau du secteur privé,
l'impact que la pénurie de main-d'oeuvre a. D'une part, la pénurie de
main-d'oeuvre, donc, c'est un obstacle pour 44 % des entreprises au
Québec, donc près d'une entreprise sur deux, encore selon les derniers
chiffres, donc, du mois d'octobre 2023, Mme la Présidente, donc ce sont des
données récentes, et nous avons enregistré un bond de 60 % du nombre de
postes vacants entre 2019 et 2022. Donc, c'est un phénomène qui s'est accentué,
comme nous le savons.
Et
j'aimerais ici mettre de l'avant, donc, les chiffres de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante, là, qui nous parle du frein
majeur que représente le manque de travailleurs pour les PME, particulièrement
pour les PME québécoises. Donc, selon leurs chiffres, donc, ce sont... donc, on
nous indique que ce manque de travailleurs est
un frein au développement de 85 % des PME. Donc, soit elles ne trouvent
pas les employés pour répondre aux besoins immédiats, soit elles n'ont
pas le personnel pour assurer leur croissance, alors que, comme nous le savons
tous, donc, nos PME, donc, c'est... donc,
elles constituent, donc, le moteur de notre développement économique et donc...
et elles se doivent d'être productives grâce à une main-d'oeuvre apte à
pouvoir pourvoir ces besoins.
Je mets de l'avant ces
éléments, Mme la Présidente, notamment parce que, pour bien de nos PME... c'est
près d'une entreprise sur deux qui nous dit
que ça remet en question leur survie à court ou à moyen terme. Donc, on parle
d'une crainte qui est quand même tangible,
on le sait, donc. Récemment, donc, notre formation politique avait l'occasion
de questionner le gouvernement sur le taux
de faillites. Sachant que le Québec a le plus haut taux de faillites au Canada,
avec un nombre de 61 %, donc, c'est une crainte qui est excessivement
légitime.
Je vous dirais aussi... je continue de reprendre
les données de la FCEI, parce qu'ils nous indiquent que les entrepreneurs sont confrontés à ce qu'ils
appellent la semaine de huit jours. Donc, c'est-à-dire que les propriétaires de
PME doivent travailler en moyenne 60 heures par semaine pour compenser le
manque d'employés. Donc, vous comprendrez que ça a un impact sur la santé
physique et mentale de bien de nos entrepreneurs, donc, ceux qui font vivre nos régions, parce que ce n'est pas un
rythme qui est soutenable. Et d'ailleurs, donc, la Fédération des chambres
de commerce du Québec abonde dans le même
sens quand plus de la moitié de leurs 1 500 répondants nous disent
avoir déjà souffert ou connaître un
chef d'entreprise qui a souffert de problèmes de santé mentale ayant nécessité
un arrêt de travail. Donc, on parle de chiffres excessivement sérieux.
• (8 h 10) •
Plus
largement, Mme la Présidente, donc, je reviens sur les chiffres de la pénurie
de main-d'oeuvre, parce que, bon, on parle bien, donc, de postes qui sont
vacants, donc, les... nous avons les dernières données du deuxième trimestre
de 2023, qui nous indiquent que nous en
sommes donc à 195 655 postes vacants. Donc, si elles sont
désaisonnalisées, donc, on parle de
202 000 postes vacants. Un poste vacant sur deux exige tout au plus un
diplôme d'études secondaires. Et c'est là qu'on réalise, donc, en
regardant ces chiffres... mes collègues qui me connaissent, donc, savent que
j'aime avoir, donc, un portrait assez
exhaustif en termes de chiffres avant de m'avancer sur une situation. Puis,
quand on regarde, donc, ces
chiffres-là, et c'est là qu'on... que je reviens, donc, à la deuxième portion
du titre de l'interpellation, sur la question des services publics,
c'est que... bon, donc, nous avons donc ce chiffre de postes vacants là, mais
ce qu'on réalise, c'est que le nombre de postes vacants demeure toujours
névralgique dans les domaines de la santé, de l'assistance sociale et de l'enseignement. C'est, en fait, au
niveau de la santé et de l'assistance sociale, selon ces derniers chiffres.
Donc, je répète ceux du deuxième trimestre
de 2023, c'est environ un poste vacant sur cinq qui concerne ce domaine en
particulier. Il manque, Mme la Présidente,
près de 45 000 travailleurs dans ce secteur. Donc, lorsqu'on parle
d'un impact sur les services publics, les chiffres sont à l'appui pour
le mentionner.
Dans le contexte où le Québec est la province
avec le ratio chômeurs-postes vacants le plus faible au Canada, il faut se poser des questions sérieuses sur la
capacité du gouvernement à juguler la pénurie de main-d'oeuvre, considérant
l'impact dans... donc, qu'il a sur, oui, la santé mentale des entrepreneurs, le
développement économique régional, étant donné les différents exemples qui sont
à l'appui sur cette question, mais particulièrement en raison de l'impact que
ça a, nonobstant les contractions économiques, sur la capacité des Québécois à
pouvoir obtenir des services de l'État et sur la capacité de l'État de pouvoir
remplir ses différentes missions essentielles.
Je vous disais plus tôt, Mme la Présidente,
qu'il manque près de 45 000 travailleurs dans le secteur de la santé,
de l'assistance... et de l'assistance sociale. En fait, nous avons, donc, des
chiffres qui nous indiquent, en fait, ce qui
s'est passé dans les cinq dernières années dans ce secteur d'activité
particulièrement. Et, en fait, donc, dans le secteur, donc, de la santé et des services sociaux,
disais-je, donc, on a vu le nombre d'emplois augmenter de seulement 3,7 %
en près de cinq ans, donc en quatre ans et neuf mois, donc depuis l'arrivée de
la CAQ au pouvoir. Donc, plusieurs données ont été compilées. J'aurai
l'occasion de pouvoir revenir sur celles-ci un peu plus tard, lors de
l'interpellation, Mme la Présidente, mais le... mais, sachant qu'il manque près
de 45 000 employés dans ce secteur, que la hausse du nombre
d'employés a été très minime au cours des cinq dernières années, alors que la
population totale a augmenté de 5,1 %, en
plus de vieillir, donc d'avoir encore plus besoin de différents services de
santé et de services sociaux, ça met en relief à quel point il devient
difficile pour l'État de pouvoir remplir ses missions essentielles si la
main-d'oeuvre n'est pas au rendez-vous.
Donc, Mme la
Présidente, donc, pour cette ouverture, donc, je mets les données de l'avant
pour que l'on puisse avoir les mêmes... la même base, pour que la conversation,
donc, puisse s'établir sur les mêmes bases. Je sais que la ministre,
donc, risque de me répondre, donc, évidemment, qu'il y a eu l'Opération
main-d'oeuvre qui a été mise sur pied en 2021. Mais, manifestement, cette
Opération main-d'oeuvre ne donne pas, donc, les résultats escomptés. C'est un travail de longue haleine. C'est un travail
pour lequel nous, à l'opposition officielle, donc, nous... c'est un travail
auquel nous souhaitons collaborer, donc, de bonne foi. Nous avons offert
différentes solutions. Je pourrai les énumérer par la suite, Mme la Présidente,
mais je trouvais important d'avoir une mise à jour — merci — avoir
une mise à jour sur cette question et qu'on puisse nous répondre comment
on justifie que ces solutions ne fonctionnent pas. Merci.
La
Présidente (Mme Dufour) : Merci, Mme
la députée. Je cède maintenant la parole à la ministre. Vous disposez également
de 10 minutes.
Réponse de la ministre
Mme Kateri
Champagne Jourdain
Mme
Champagne Jourdain : Merci, Mme la Présidente. Salutations aux
collègues. «Kuei, kuei», bonjour, tout le
monde, en ce vendredi matin. Je vous remercie d'être là. Je suis heureuse de
participer avec vous à cette interpellation où, justement, on va avoir la
chance de parler de l'emploi et de ce que notre gouvernement fait pour
répondre, justement, à cette pénurie de main-d'oeuvre là.
Je vais prendre quelques
instants, Mme la Présidente, pour témoigner mon empathie. On a eu une journée noire hier dans l'histoire des médias québécois,
on a appris la mise à pied de 547 employés chez TVA. Ma première pensée,
naturellement, va aux travailleurs et aux travailleuses qui sont touchés, leurs
proches aussi qui sont touchés par cette mauvaise nouvelle. On est solidaires
dans cette situation-là. On pense aussi aux 140 travailleurs de
Saint-Apollinaire, d'Altek, qui ont perdu
aussi leur emploi suite à la fermeture de l'usine... de leur usine. Et je veux
profiter de la tribune que j'ai aujourd'hui pour leur dire que le
gouvernement sera là pour les accompagner et jouer son rôle comme il le fait
toujours dans ce genre de triste nouvelle.
Maintenant, je veux remercier ma collègue de Bourassa-Sauvé
pour avoir accepté exceptionnellement de devancer notre exercice à
8 heures, ce matin. Venant de la Côte-Nord, les voyagements, des fois,
font en sorte que mon horaire est... peut être complexe, alors je la remercie
de sa flexibilité.
Et bien sûr je vais débuter en vous parlant de
la tournée que je fais depuis maintenant un peu plus d'un an. J'ai non seulement le privilège de porter la voix
des gens de la circonscription de Duplessis, de la Côte-Nord, ici même,
à l'Assemblée nationale, mais j'ai l'honneur d'assumer les fonctions de
ministre de l'Emploi. Quand j'ai débuté mon mandat,
j'ai voulu rapidement être sur le terrain... aller sur le terrain, en fait,
pour comprendre la réalité et les enjeux des différents partenaires et
des acteurs du marché du travail, j'ai donc débuté une vaste tournée des
régions du Québec pour aller à la rencontre
de celles et ceux qui agissent chaque jour pour contrer les effets de la
pénurie de main-d'oeuvre. Qu'on pense
à l'Abitibi-Témiscamingue, aux Îles-de-la-Madeleine, la Côte-Nord, l'Outaouais,
en passant par le Bas-Saint-Laurent, l'Estrie, la Mauricie, le
Centre-du-Québec, sans oublier la Capitale-Nationale et notre métropole, j'ai
parcouru le Québec presque dans son entièreté. Cette vaste tournée se poursuit encore.
J'ai d'ailleurs... j'étais d'ailleurs présente hier à Laval, à l'invitation de
Laval économique, pour rencontrer les acteurs du milieu des ressources humaines
de la région. Partout dans nos régions, lors de cette tournée-là, je rencontre
des entrepreneurs, des organismes
spécialisés en employabilité, des intervenants socioéconomiques, bien sûr des
chercheurs d'emploi aussi ou des gens qui demandent à intégrer le marché du
travail malgré leurs contraintes. Je suis à même aussi de comprendre leurs réalités
et surtout d'écouter leurs propositions, qui viennent ensuite alimenter nos
actions. Cette tournée, elle est enrichissante,
nécessairement, pour moi, à titre d'être humain, mais, nécessairement, à titre
de ministre. Et c'est avec un grand bonheur que je vais poursuivre
pour... cette tournée-là dans les prochaines semaines.
Je veux prendre aussi quelques instants, Mme la
Présidente, pour regarder avec vous l'état du marché de l'emploi au Québec, que l'on peut sans l'ombre d'un doute qualifier de
dynamique. À titre d'exemple, en janvier dernier, on a atteint le plus bas taux de chômage jamais
enregistré, soit 3,9 %. Et, le mois dernier, alors qu'il s'est créé
19 000 emplois en Ontario, le Québec en a gagné le double, soit
38 700, dont 23 500 emplois à temps plein. Concrètement, Mme la
Présidente, il s'est créé, au Québec, plus de 60 % de tous les nouveaux
emplois au Canada. Et le taux de chômage,
chez nos voisins ontariens, demeure 37 % plus élevé que le nôtre. Même si
on est dans une situation de plein-emploi, la bonne nouvelle, c'est
qu'on réussit à ajouter des travailleurs sur le marché du travail. En 2022, il y avait 4,4 millions de Québécois en emploi.
C'est le plus grand nombre de personnes jamais enregistrées au Québec.
Le mois dernier, le taux d'emploi des personnes de 15 à 64 ans, au Québec,
était de 82 %... était de 82 %, soit le plus élevé au Canada. C'est donc dire qu'on peut réussir à intégrer en emploi
une proportion importante de notre population.
Notre gouvernement, nécessairement, n'entend pas
en demeurer là. Comme ministre de l'Emploi, j'ai fait de l'intégration des
personnes dites éloignées du marché du travail ma priorité, et, comme on va le
voir dans cette interpellation-là, on est en
action à ce sujet-là aussi. On le fait parce que c'est primordial, comme
gouvernement, comme société, d'appuyer toutes les personnes qui veulent
se réaliser, entre autres en occupant un emploi, et peu importent leurs conditions ou leurs bagages de vie. La
participation des femmes, des immigrants, des personnes handicapées, des travailleurs expérimentés, des personnes
judiciarisées de même que les Premières Nations et Inuits, c'est nécessairement
important pour notre marché du travail, et ils peuvent aussi venir enrichir la
diversité de ces milieux de travail là. Par rapport aux autres provinces
canadiennes et aux autres économies avancées, le Québec fait bonne figure quant
à la participation du marché du travail de ces groupes traditionnellement
sous-représentés.
• (8 h 20) •
Les gouvernements précédents ont toujours refusé
d'écouter les démographes et de préparer le Québec aux défis que provoque le vieillissement de la population. On vit
aujourd'hui une importante pénurie de main-d'oeuvre dans plusieurs secteurs à cause de ça. De notre côté,
on a choisi d'attaquer de front ce grand défi de société là. Alors, dès 2021,
on l'a fait en lançant l'Opération
main-d'oeuvre, cette initiative sans précédent qui vise l'ajout de
170 000 travailleurs en
santé, dans les services sociaux, éducation, dans les services de garde à
l'enfance ainsi que dans trois secteurs économiques stratégiques pour le Québec, soit les technologies
de l'information, le génie et la construction. L'Opération main-d'oeuvre, je le rappelle, c'est près de
80 mesures, programmes et incitatifs qui visent à attirer, former, à
qualifier de la main-d'oeuvre.
Et notre gouvernement s'est donné les moyens de ses ambitions en investissant
3,9 milliards sur cinq ans pour déployer ces mesures, c'est du jamais-vu.
On peut déjà dresser un bilan positif des
18 premiers mois de l'Opération main-d'oeuvre, c'est très encourageant,
car il y a certaines mesures qui sont en place depuis moins d'un an, alors que
d'autres vont voir leurs effets complets
cette année, et on observe déjà des avancées significatives. Alors, oui, il y a
des résultats. Le principal résultat, c'est que, 18 mois après son
déploiement, l'Opération main-d'oeuvre a permis d'intégrer
47 000 travailleurs dans un emploi
des secteurs visés par l'Opération main-d'oeuvre. Ceci dit, on ne reste pas les
bras croisés et on poursuit notre travail dans les prochaines années. On
est bien déterminé à atteindre les objectifs qui ont été fixés dans les
différentes mesures de l'opération.
En complément à ces
mesures, dans le budget 2023-2024 de notre gouvernement, on a prévu
d'autres investissements importants qui touchent la pénurie de main-d'oeuvre.
Parmi ceux-ci, on a 106 millions de dollars qui vont
soutenir les entreprises dans leur recherche de travailleurs, notamment en
favorisant la formation en entreprise grâce aux formations courte durée. Un
programme de formation de courte durée sous forme d'alternance études, ce qu'on appelle communément, dans notre langage, les
COUD. On a aussi prévu 888 millions de dollars pour augmenter
la productivité de l'économie québécoise en nous permettant de faire plus et
mieux avec les mêmes ressources. Et, à partir
du 1er janvier prochain, les modifications qui vont être apportées au
Régime des rentes du Québec vont permettre d'encourager le maintien en
emploi des travailleurs de 65 ans et plus, et ça, c'est très important.
Les actions qu'on
déploie ne se limitent pas uniquement à l'ajout de nouveaux travailleurs
qualifiés, mais elles visent également,
entre autres, à stimuler la croissance de la productivité des entreprises en
rehaussant les compétences. On veut
favoriser le retour au travail des retraités. On veut favoriser la diplomation
des étudiants, rehausser les compétences des travailleurs, accroître la régionalisation des immigrants et faciliter
l'insertion ou le retour en emploi des personnes sous-représentées sur
le marché du travail, et ce n'est là que quelques exemples.
La pénurie, j'en
conviens, c'est un... la pénurie de main-d'oeuvre, j'en conviens, c'est un
problème qui est complexe. Il n'y a pas de solution simple, encore moins de
remède miracle. Je suis convaincue que c'est en utilisant l'ensemble des outils
puis des leviers qu'on a à notre disposition qu'on va réussir à en diminuer
l'impact. Le marché du travail, au Québec,
connaît des réussites, mais, également, il est confronté à des défis, notamment
en ce qui concerne la productivité et l'inclusion des groupes
sous-représentés. Mme la Présidente, notre gouvernement fait... vous le voyez,
je vous en ai fait une courte démonstration, je reviendrai, notre gouvernement
fait preuve de leadership pour appuyer les entreprises et les organisations,
qu'elles soient publiques ou privées, et les aider à relever les enjeux de main-d'oeuvre,
mais on ne pourra pas le faire seuls, c'est un défi de société.
Argumentation
La Présidente (Mme
Dufour) : Merci, Mme la ministre. Bien, nous allons maintenant débuter
la période d'échange. Alors, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, vous avez la
parole pour cinq minutes.
Mme Cadet : Merci,
Mme la Présidente. Je commencerais donc avec les derniers propos de la
ministre, qui dit, donc, que c'est un
travail que nous devons faire en société. C'est d'ailleurs la raison pour
laquelle j'ai terminé mon intervention précédente en disant que nous
avions, à l'opposition officielle, formulé, donc, certaines pistes de solution pour bonifier le travail et nous assurer
que nous puissions véritablement juguler la pénurie de main-d'oeuvre.
J'aimerais
ensuite revenir, donc, sur certains propos. J'ai été un peu déçue d'entendre la
ministre dire que les gouvernements précédents ne se sont pas attelés, donc, à
la question du vieillissement de la population et de la pénurie de
main-d'oeuvre. Je rappellerais à la ministre, comme je l'ai fait plus tôt, que
son gouvernement a nié la question de la pénurie de main-d'oeuvre pendant
plusieurs années. Donc, il est assez facile d'aller voir, donc, des extraits
publics de l'ancien premier ministre du Québec, Philippe Couillard, qui, en
campagne électorale en 2018, parlait de l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre
avec énormément de passion, dirais-je, parce que c'était déjà l'enjeu de l'heure, c'est une question qui
l'interpelait alors qu'il était premier ministre. Et l'actuel, donc, premier
ministre, donc, qui était prétendant au poste à ce moment-là, niait la
question. Donc, j'aimerais donc remettre... nous assurer que nous puissions,
donc, avoir, donc, les mêmes faits, donc, pour poursuivre la conversation.
Parlant de faits, je
reviendrais aussi sur ce que la ministre vient de dire, donc, pour le bénéfice,
donc, de ceux qui nous écoutent, parce que la ministre, donc, a parlé, donc,
d'un dynamisme du marché de l'emploi. J'entends ses chiffres sur le taux de chômage et sur la création d'emplois. Ceci dit,
c'est quand même le Québec, sous le gouvernement actuel, qui a
enregistré la plus faible performance en termes de création d'emplois depuis
2018. Donc, en quatre ans et neuf mois, donc, la CAQ a créé
280 900 emplois, ce qui n'est pas comparable à ce qui peut se voir,
donc, dans la province préférée du premier ministre.
Je reviendrais aussi
sur les... donc, le chiffre, donc, de septembre 2023, donc, les chiffres de
l'emploi qui ont été divulgués à ce moment-là. Donc, la ministre a évoqué,
donc, le 38 700 emplois créés. Oui, il s'est créé ce nombre d'emplois
en septembre, mais le nombre de personnes en quête d'emploi a aussi connu sa
plus forte hausse depuis février, donc une
hausse de 47 100 personnes, ce qui a fait augmenter le taux de
chômage à 4,4 %. Donc, il faut quand même, donc, remettre ces
chiffres-là en perspective. Et même sur la question du taux de chômage, parce
que je pense que j'ai entendu la ministre parler, donc, d'un très bas taux de
chômage, en comparaison au pays, c'est le cas, mais la raison pour laquelle
c'est le cas, c'est parce que le Québec a enregistré le plus faible taux de
croissance de la population active, à savoir seulement 5,6 %, comparé au
double en Ontario, et à 7,1 % dans l'Ouest, et 6,2 % en Atlantique,
donc.
Et
aussi, là, je termine ma parenthèse là-dessus, parce qu'on me nomme, donc, les
chiffres de septembre, donc, on se rappellera qu'on parle des chiffres
de septembre, mais dans quels secteurs, Mme la Présidente, les emplois ont le
plus été créés? Bien, c'est dans le domaine de l'enseignement. On sait que
l'essentiel des gains s'est fait dans ce secteur-là, alors que nous étions en
pleine rentrée scolaire. Mais on comprend que, de façon structurelle, donc, les
enseignants, donc, quittent, comme le veut
la pratique, donc, s'en vont, donc, en mise à pied et sont, donc, réembauchées,
donc on ne parle pas, donc, d'une véritable stimulation.
J'utiliserai
donc ma dernière minute, Mme la Présidente, pour réitérer l'échec des
différents programmes caquistes, d'abord
au niveau de la productivité. J'entends les investissements qui sont faits pour
hausser la productivité, donc, des différentes
entreprises, mais ce sont des investissements qui ne profitent pas aux PME mais
qui profitent plutôt aux grandes ou aux moyennes entreprises, la requalification.
Cette
semaine, la ministre et ses collègues, donc, ont présenté un programme de
formation dans le secteur de la construction se basant sur la formation des
préposés aux bénéficiaires, mais on sait que cette formation-là n'a pas été concluante au niveau de la rétention. Est-ce
que c'est le même scénario qui nous attend au niveau de la construction?
On a toute une section sur les besoins dans le secteur public, mais on ne nous
parle pas de rémunération, j'en profite pour
faire cette parenthèse ici aussi, Mme la Présidente. Donc, vous comprendrez que
les programmes ne m'apparaissent pas concluants à la lumière de ce que
nous avons, ni les chiffres de l'emploi.
Donc,
ma question, encore une fois : Donc, comment est-ce que vous comptez
combler vos besoins de main-d'oeuvre, puisque les solutions actuelles ne
fonctionnent pas?
La Présidente (Mme
Dufour) : Merci. Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à
la ministre. Vous avez la parole pour cinq minutes.
Mme Champagne Jourdain :
Merci beaucoup. Je voudrais prendre... je voudrais prendre quelques
instants, parce qu'on a des questions
souvent sur l'emploi en Chambre, et, bien sûr, on n'a pas... en période de
questions, et on n'a pas beaucoup de
temps d'exposer vraiment ce que c'est, l'Opération main-d'oeuvre. Alors, c'est
certain que j'aimerais prendre ces minutes-là pour en parler un peu plus
longuement.
On a mis plusieurs
mesures en place pour recruter des personnes pour des secteurs ciblés à travers
cette opération-là, je le disais tout à
l'heure, l'éducation, la santé, les services sociaux, services de garde,
l'éducation à l'enfance. En plus des mesures globales, on parle ici
d'investissement de 2,1 milliards seulement pour les services publics. Ça,
c'est considérable, là, ça vaut la peine de s'y attarder.
• (8 h 30) •
Il y a
1,6 milliard pour... qui sont investis pour mettre en place le programme
des bourses Perspective afin de favoriser la diplomation. On veut travailler
l'attraction, oui, mais aussi la persévérance. Alors, on veut favoriser la
diplomation de manière plus rapide dans les programmes d'études qui conduisent
à ces professions qui sont en rareté de main-d'oeuvre et qui sont priorisées
par le gouvernement dans l'opération. Ce sont des bourses de réussite au niveau collégial, au niveau universitaire. Le
montant de la bourse est de 1 500 $ au cégep et de 2 500 $ à
l'université, et ce, à chaque
session. Les programmes qui sont, dans le fond, considérés par ces bourses-là,
par ce programme de bourses là, les programmes techniques sont ceux d'éducation
spécialisée, de soins infirmiers, d'inhalothérapie et d'éducation à
l'enfance. Parmi les programmes qui sont admissibles à ces bourses-là à
l'université, on parle de l'enseignement au préscolaire,
de l'enseignement au primaire, de l'enseignement en adaptation scolaire,
l'enseignement au secondaire, en criminologie, psychoéducation, psychologie,
sciences infirmières et travail social. On fait ça parce qu'on veut encourager
les jeunes à aller dans ces programmes où on
a besoin de leur contribution. Ce sont des professions qui sont valorisantes,
qui sont stimulantes.
On a aussi un... on a
aussi 143,5 millions de dollars pour bonifier à 475 $ le soutien
accordé aux personnes qui veulent se
requalifier ou rehausser leurs compétences, afin de soutenir davantage des
personnes sans emploi dans une formation qui mène à une des formations en
manque de main-d'oeuvre. On veut ainsi élargir l'admissibilité des personnes
et on veut être attractif en rehaussant le
soutien de revenus. C'est de l'argent pour aider les personnes qui vont se
qualifier ou se requalifier pour aller dans des emplois où on a besoin
d'eux.
On
a aussi 590 millions pour des mesures d'accroissement de la diplomation et
le Plan d'action pour la réussite en enseignement supérieur. On veut soutenir
le réseau de l'enseignement et... de l'enseignement universitaire dans
la mise en oeuvre de pratiques et de mesures
qui sont destinées à favoriser l'accès, dans le fond, à l'enseignement
supérieur, la persévérance des étudiants dans leurs études et leur
diplomation ainsi que leur insertion socioprofessionnelle.
Il
y a aussi 36 millions pour soutenir davantage de personnes sans emploi et
des travailleurs qui, dans le cadre des
formations universitaires... dans le cadre de leur formation universitaire,
pour qu'elles puissent acquérir des compétences requises pour intégrer un emploi en demande sur le marché du travail. On
pense que la lutte contre la pénurie de main-d'oeuvre passe par des formations courtes ou par des formations
techniques, mais pas seulement. Le réseau universitaire a un rôle
important à jouer, et on le supporte en la matière.
On
a 60 millions pour offrir des primes salariales aux retraités afin
d'encourager leur retour en emploi. Les travailleurs expérimentés, je le dis souvent, ou en fin de carrière
sont... les travailleurs expérimentés en fin de carrière sont souvent en
mesure de contribuer avec leur expérience au marché du travail. Ils peuvent
jouer leur rôle de mentor et ils ont une
expertise à partager avec les nouveaux travailleurs qui intègrent le marché du
travail. L'objectif de ces primes-là, bien, c'est bien sûr d'encourager
ce partage-là d'expertise.
On
a un plan d'action interministériel en reconnaissance des compétences des
personnes immigrantes, qui comprend six grandes mesures associées à 17
nouvelles actions et qui visent à améliorer et accélérer la reconnaissance des
compétences des personnes immigrantes. On veut que les personnes qui
choisissent le Québec puissent se réaliser au plein
potentiel de leurs compétences, tout en contribuant à la prestation des
services publics. L'Opération main-d'oeuvre, c'est une opération sans précédent qui amène des résultats et qui nous
permet de répondre aux besoins du marché du travail. C'est aussi une
opération qui nous laisse la latitude d'agir en parallèle, comme on l'a fait...
La Présidente (Mme
Dufour) : En terminant.
Mme Champagne
Jourdain : ...avec l'Offensive de formation en construction. C'est une
bonne mesure.
La Présidente (Mme Dufour) : Merci.
Merci, Mme la ministre. Nous allons... Je cède maintenant la parole à la
députée de Huntingdon. Vous avez également cinq minutes.
Mme Mallette : Merci,
Mme la Présidente. Bien, je suis très heureuse de participer à cette
interpellation parce que, pour moi,
aujourd'hui, c'est ma première. C'est un sujet, d'ailleurs, qui m'interpelle
particulièrement. Ici, je ne voulais pas faire nécessairement un jeu de
mots. Donc, je remercie la députée de Bourassa-Sauvé pour sa question. Étant
adjointe gouvernementale du ministre du Travail, je suis très heureuse de
pouvoir contribuer à y répondre.
Pour répondre, donc, à la question qui porte sur
un sujet d'importance cruciale pour notre province, soit la pénurie de main-d'oeuvre qui compromet nos
services publics, cette situation préoccupe nombre de nos concitoyens, et c'est notre devoir, en tant que représentants, de
prendre des mesures pour y remédier, et c'est ce que notre gouvernement
a fait.
Et, d'entrée
de jeu, je voudrais dire que l'Opération main-d'oeuvre qui est en cours, bien,
elle aurait peut-être dû être faite
avant, parce que former des gens, ça prend nombre d'années. Puis ce n'était pas
quelque chose qui était nécessairement
inconnu. Moi, je me rappelle, quand j'étais petite, la pyramide inversée,
vieillissement de la population, c'est quelque chose que j'entendais
déjà parler. Donc, pourquoi que les gouvernements n'ont pas pris les mesures en
place? On ne peut pas y répondre
aujourd'hui. Par contre, une chose est certaine, c'est que nous, on a mis les
éléments en place pour y répondre,
parce que, bon, quand qu'on a repris, en 2018, le gouvernement, la pénurie de
main-d'oeuvre était au coeur des préoccupations du marché du travail puis on en
était conscients. Puis ça a demandé un état de situation afin de
proposer rapidement des pistes de solution.
En construction, malgré un certain équilibre
entre l'offre et la demande à cette époque, la Commission de la construction du
Québec, la CCQ, et ses partenaires estimaient que le phénomène allait
s'accentuer en vue de projets annoncés, soit
au programme québécois des infrastructures de 2019-2029. Pourquoi parler
spécifiquement de la pénurie de main-d'oeuvre pour la construction? Bien, je
dirais que, des projets de transports routiers ou en commun, bien, notre
gouvernement, bien, ça a été celui qui a le
plus investi en transport en commun, bien, ça permet de faciliter le déplacement
de la main-d'oeuvre. Construire des
nouvelles écoles, de nouvelles maisons des aînés, des nouveaux hôpitaux, des
CPE, et j'en passe, bien, ça permet
aussi d'obtenir des meilleurs milieux pour favoriser une meilleure rétention
des employés, un service public puis une meilleure efficacité de ces
derniers, avec des infrastructures qui seront plus adaptées. Ça va aussi... On a besoin des personnes de la
construction pour les projets de productivité dans nos industries. Donc, tout
est relié à la construction.
Donc, on ne
se cachera pas non plus qu'en plus d'investir dans les nouvelles
infrastructures, bien, on devait aussi rattraper
les années d'austérité du précédent gouvernement qui ont laissé nos écoles, nos
routes et autres infrastructures dans un état déplorable.
Bon, on va
revenir, quand même, au sujet de la pénurie de la main-d'oeuvre. La rareté de la
main-d'oeuvre sur les chantiers de
construction s'explique par l'effet combiné du vieillissement de la population,
on l'a dit, dans la concurrence d'autres industries, et l'épuisement du
bassin traditionnel de main-d'oeuvre, et de l'activité économique élevée qui
met une pression sur la demande. On est arrivés au pouvoir, on a donc constaté
que les règles concernant l'accès à l'industrie ne permettent plus de répondre
à la demande du personnel. Il faut comprendre que le cadre d'accès à l'industrie de la construction est un des plus
rigides, il est réglementé, et, par conséquent, toute mesure visant à faciliter
cet accès ne pouvait s'effectuer que par une modification réglementaire.
Le ministre
du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, au précédent mandat, a
donc demandé à la CCQ de trouver des
pistes de solution pour faire face à la pénurie de main-d'oeuvre. La CCQ a
ainsi entrepris des consultations ciblées
auprès des intervenants de l'industrie de la construction. Ces consultations concernaient
les différents parcours de la main-d'oeuvre et portaient la possibilité
d'adopter les modifications réglementaires qui contribueraient à attirer
la main-d'oeuvre et à la maintenir en emploi
en assouplissant, en simplifiant certaines règles relatives à l'entrée de
l'industrie.
C'est ainsi
qu'en avril 2021 huit nouvelles mesures sont entrées en vigueur pour contribuer
à attirer et maintenir la
main-d'oeuvre en emploi en assouplissant, en simplifiant certaines règles.
Elles visaient spécifiquement à, un, reconnaître l'expérience pertinente
acquise pour intégrer l'industrie de la construction, deux, permettre le
travail en chantier pendant les études,
trois, accélérer l'accès au statut de compagnon pour les personnes diplômées,
quatre, favoriser la relève entrepreneuriale en permettant à chaque
employeur d'obtenir deux exemptions de certificat de compétence pour enfant
d'employeur au lieu d'une seule, permettre l'embauche d'un plus grand nombre
d'apprentis, six, accélérer l'obtention du
statut de compagnon pour tous les apprentis, sept, faciliter l'entrée de
personnes diplômées dans certaines occupations
spécialisées, notamment les préposés aux instruments d'arpentage, les
boutefeux, foreurs et scaphandriers, en permettant la délivrance d'un certificat de compétence d'occupation,
puis, huit, générer plus de polyvalence en chantier.
La CCQ s'est engagée à faire de ces mesures
l'objet d'une évaluation 24 mois après la mise en vigueur. Les effets et les impacts de ce changement étaient
étudiés au printemps dernier. Donc, au final, le résultat de ça, c'est qu'on
est passé de 9 200 personnes... travailleurs, en 2014, intégrés
à 20 000 en 2022.
La Présidente (Mme Dufour) : En
terminant.
Mme Mallette : Donc, en terminant...
Aïe! Ça va vite, j'avais plein de choses à vous dire. Donc...
La Présidente (Mme Dufour) : Merci,
Mme la députée. Nous allons débuter maintenant la deuxième série
d'interventions. Je cède donc la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci. Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Nous parlions, il y a quelques minutes à peine, donc, de la vitalité de l'emploi au Québec. C'est
comme si les médias, donc, entendaient notre conversation en parallèle
parce que les derniers chiffres de l'emploi viennent de sortir, il y a à peine
quelques minutes, et, alors que l'emploi a progressé dans quatre provinces en octobre,
particulièrement en Alberta, avec la création de 38 000 emplois, il a
reculé au Québec, avec une baisse de
22 000 emplois. Donc, le taux de chômage vient de s'élever à
4,9 % en octobre. Donc, j'aimerais
bien entendre la ministre réagir là-dessus, puisqu'elle nous a parlé plus tôt
des chiffres de l'emploi, dont elle est très fière.
• (8 h 40) •
Je reviendrai, par la suite, sur la question des
travailleurs expérimentés, parce que la ministre a parlé, donc, de ces travailleurs qui sont sous-représentés sur
le marché du travail, et elle a raison de les mentionner. Il s'agit d'un des groupes qui sont considérés comme tels par la
Commission des partenaires du marché du travail, et qui peuvent considérer,
donc, une source additionnelle, donc, de
main-d'oeuvre. Sachant, comme la ministre l'a exprimé, que, chez les 15 à
64 ans, donc, on a un taux de participation, donc un taux d'activité qui
est excessivement élevé, donc l'un des plus élevés au Canada, mais, à l'inverse, chez nos 60 à 69 ans, nous
avons le... bien, en fait, chez... donc, nos 65 ans et plus, donc, nous
avons, donc, l'un des taux plus faibles de participation sur le marché du
travail, surtout chez les femmes. Donc, La Presse avait l'occasion de le titrer... d'en parler, donc, dans
l'un de ses articles assez récemment, sur la participation, donc, des femmes
âgées, donc, une certaine intersectionnalité, ici, donc, à explorer.
Donc, oui, il faut certainement, donc, des
mesures sur les travailleurs expérimentés, et j'entends la ministre s'inspirer,
enfin, des mesures que nous avions proposées, nous, libéraux, lors de la
dernière campagne électorale, sur les travailleurs expérimentés, en ce qui a
trait, donc, de mettre fin aux cotisations au Régime de rentes du Québec des
travailleurs âgés. Nous, notre proposition commençait à 62 ans et plus.
J'ai entendu la ministre parler de 65 ans et plus dans ce qui s'en vient. Je l'invite à reconsidérer le choix, donc,
de cette limite de 65 ans afin qu'à partir de 62 ans, sans impact sur les rentes que ces travailleurs
recevraient, donc, à la retraite, donc, ils pourraient, donc, mettre fin à
leurs cotisations RRQ. Nous avions calculé, en campagne électorale, Mme la
Présidente, que ça pourrait rapporter jusqu'à 3 000 $
d'économie pour un salarié et 6 000 $ pour un travailleur autonome.
Nous avions
aussi proposé, parce que nous ne nous arrêtions pas là, en ce qui a trait aux
travailleurs expérimentés, d'augmenter
l'exemption de base, d'impôt, des travailleurs de 65 ans et plus de
15 000 $ à 30 000 $, pour qu'il y ait
2 000 $ de plus directement dans leurs poches.
J'invite aussi, encore une fois, pour bonifier
la réflexion... Parce que j'ai entendu, à quelques reprises aujourd'hui, la
ministre nous parler de faire en sorte que les travailleurs reviennent sur le
marché du travail. Mais on sait que c'est très difficile, une fois qu'ils ont
quitté le marché du travail, de les faire revenir. En fait, ce qu'il faut,
c'est une stratégie à plus long terme, c'est une vision structurante où nous
nous assurons que ces travailleurs puissent être
maintenus, donc qu'ils puissent avoir assez d'incitatifs pour qu'ils puissent
désirer... être désireux, donc, d'y demeurer beaucoup plus longtemps, plutôt que de tenter de les faire revenir.
Donc, tous les économistes, les spécialistes, les experts sont assez
unanimes sur cette question-là. Il faut les séduire en amont et leur présenter
différents leviers et non pas tenter de les faire revenir par la suite.
Ça m'amène à poser quelques questions au niveau
de la planification de la main-d'oeuvre. Parce que, dans tout ça, donc,
évidemment, donc, nous avons parlé, donc, d'un des groupes sous-représentés sur
le marché du travail, mais tout ça s'inscrit dans une planification plus large
que le ministère de l'Emploi établit, en collaboration avec la Commission des
partenaires du marché du travail, des prévisions d'emploi pour chacune des
500 professions de la classification nationale des professions. Dans le
dernier exercice, seulement 11 professions sur 500 est en léger surplus de
main-d'oeuvre. Et, juste en Estrie, par exemple, c'était 1 150 postes
vacants qui existaient dans le secteur manufacturier.
On a la présidente de MEC qui enjoignait de faire un meilleur exercice de
planification, qui disait : «Les exercices précédents n'ont pas
permis de répondre aux besoins de la main-d'oeuvre du Québec.» Donc, comment
est-ce que vous comptez planifier le tout pour combler vos besoins de main-d'oeuvre,
Mme la ministre?
La Présidente (Mme Dufour) : Merci.
Alors, je cède maintenant la parole à la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Effectivement, on a reçu en même temps, au même
moment, les nouveaux chiffres du marché de l'emploi, qui proviennent d'ailleurs
de l'Enquête de la population active, qui sort tous les premiers vendredis du
mois. Alors, on est le premier vendredi du mois, on reçoit ces chiffres-là. On remarque... par contre, je
dois commenter les chiffres, là, qu'elle a annoncés, là, on remarque aussi
qu'il s'est perdu quand même des emplois en Ontario. C'est certain que la
conjoncture économique actuelle, la hausse des taux d'intérêt, la situation
économique, bien, ces résultats-là ne sont pas étrangers à tout ça. Il faut
considérer aussi que le taux de chômage est nettement moins élevé, tout
de même, qu'en Ontario.
Alors, on va certainement continuer de
travailler fort. On a, durant les dernières années, apporté de... obtenu de bons résultats avec nos mesures, alors on va
être en mesure de pouvoir soutenir les travailleurs et les travailleuses qui
sont en recherche d'emploi pour qu'elles puissent intégrer le marché du
travail.
Maintenant, des solutions, on en a plusieurs
dans différents secteurs pour s'assurer de pouvoir recruter et de faire en sorte que les gens intègrent le marché du
travail. J'aimerais vous parler un peu, là, de comment on s'y prend, entre
autres en éducation. Vous le savez, l'éducation, c'est la priorité de notre
gouvernement. C'est le plus bel héritage qu'on puisse laisser aussi à nos
enfants puis aux futures générations. D'ailleurs, l'éducation, on ne sait
jamais où ça peut nous mener. Moi, ça m'a amenée ici. Je n'aimais pas
nécessairement l'école étant au secondaire, mais j'ai persévéré, et maintenant, voilà, je peux représenter les gens de la
Côte-Nord. Alors, c'est extrêmement important et c'est pour ça qu'on s'y
attarde aussi grandement.
Je veux vous
rappeler, Mme la Présidente, qu'on a augmenté le salaire des enseignantes de
près de 15 % pour les enseignantes en début de carrière. Et, si je
parle de ça, c'est pour vous souligner que c'est une avancée majeure pour ces personnes. Et on a fait le choix courageux de faire
des offres différenciées. On sait que la rétention des enseignantes, c'est souvent en début de carrière que ça se passe, et
c'est pour ça qu'on a choisi d'agir là avec cette mesure.
On a aussi, également multiplié des mesures,
notamment dans l'Opération main-d'oeuvre, pour favoriser le recrutement du
personnel dans les réseaux de l'éducation. On parle de 22,4 millions pour
favoriser l'accès à la qualification à la
profession enseignante en bonifiant les services dispensés par les facultés
d'éducation, en favorisant l'accès aux formations et en donnant accès au
brevet, en soutenant les établissements dans l'offre de stages et en favorisant
la reconnaissance des acquis dans les programmes en enseignement.
On a aussi 12,7 millions pour accroître
l'accès aux formations de courtes... aux formations courtes, dans le fond, pour les ressources spécialisées en
enseignement préscolaire. On veut que nos enseignantes au préscolaire aient
accès à plus de ressources pour les aider à faire leur travail, et c'est
ce qu'on fait avec cette mesure-là.
Il y a aussi
un 12 millions pour des mesures qui visent à favoriser la bienveillance au sein
des équipes-écoles. On veut qu'elles puissent se doter de moyens adaptés à leur
réalité pour assurer un climat de travail sain, où les personnes
prennent soin les unes des autres. C'est très important.
On a un 82
millions pour octroyer des contrats de suppléance à temps partiel, jusqu'à
concurrence de 100 %, pour favoriser
la rétention d'enseignants qualifiés, particulièrement chez les jeunes
enseignants, qui composent principalement le groupe de suppléants
occasionnels, et assurer la stabilité au niveau des équipes-écoles. C'est très
important aussi.
On a un 39
millions en soutien au parcours de formation en sciences de l'éducation pour
permettre notamment aux établissements de mettre en place des mécanismes
qui visent l'amélioration de la formation des maîtres puis pour bonifier aussi les services dispensés par les
facultés de sciences de l'éducation. On ne veut pas seulement plus de monde, mais on veut améliorer la formation pour
que les étudiants soient opérationnels le plus rapidement possible en arrivant
dans la profession.
On a aussi un 10 millions pour mettre en place des
bourses d'études aux cycles supérieurs en sciences de l'éducation, pour rendre plus attractif le cheminement de carrière des
professeurs universitaires en sciences de l'éducation. Il faut évidemment qu'on forme plus d'enseignants,
mais ça veut aussi dire qu'il faut plus de personnes pour les former, on
prend... on ne perd pas ça de vue, on met des mesures en place pour que ça se
passe, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dufour) : Oh, il
vous restait quatre secondes, Mme la ministre, mais c'est bon, je vous remercie. Alors, nous allons débuter, maintenant,
la troisième série d'interventions. Et je cède maintenant la parole au député
d'Hochelaga... Maisonneuve, pardon, et vous avez cinq minutes.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
Bonjour, tout le monde. Malgré mes cinq ans, presque six dans ce parlement, c'est ma première interpellation de
ministre ce matin, croyez-le ou non. Les dossiers du travail et de l'emploi sont vraiment ceux qui sont mis de l'avant le
vendredi matin ici, alors, voilà, c'est une première pour moi aujourd'hui.
Sur un ton
pas mal moins jovialiste, je veux aussi faire comme la ministre, là, et saluer,
dans le réseau TVA, là, les travailleurs
et travailleuses de cette industrie qui le vivent... qui doivent vivre un choc,
là, aujourd'hui, en suivi de l'annonce dévastatrice d'hier. On sait à
quel point les médias, au Québec, sont en danger. Les médias en général sont en
danger puis au Québec en particulier, avec
l'issue de la langue, c'est encore pire. Alors, on va trouver des solutions
ensemble, on est là pour ça, au gouvernement puis dans l'opposition,
pour travailler pour tout le monde ici.
• (8 h 50) •
Sur le sujet
qui nous intéresse aujourd'hui, la pénurie de main-d'oeuvre, c'est un sujet
vaste, hein, c'est intéressant parce que... puis je trouve que,
là-dessus, à Québec solidaire, on a toujours un souci d'aller présenter ça sur
d'autres angles, également. Donc, bien sûr, il y a la question du
vieillissement de la population, on en a abondamment parlé, c'est quelque chose de structurant qui définit
beaucoup le sujet. On a parlé de la reconnaissance des acquis, là-dessus le
gouvernement a fait un bout de chemin qu'on peut et qu'on doit saluer, je
pense. Par contre, là-dessus, sur... des aspects sur lesquels le gouvernement
peut peut-être manquer de cohérence parfois, sur la question des salaires trop
faibles, sur la question de l'ensemble du reste des services publics. Hein, on
a eu de longs débats ici sur les places en garderie, le gouvernement a un bilan
plutôt décevant en matière de création et de maintien de places en garderie en
ce moment. Et c'est certain que, si on veut favoriser le retour et le maintien
notamment des femmes sur le marché du travail...
s'il n'y a pas de garderie, c'est difficile. Les chiffres sont là. Souvent,
si... on va préférer, des fois... si en plus... comme les chiffres le démontrent, c'est parfois la femme, dans le
couple, qui a un peu moins de revenus que l'homme, bien, il y a des
fortes chances qu'elle reste plus longtemps à la maison, le temps qu'on trouve
une place en garderie. On avait proposé une prestation poupon pendant la
campagne, c'est encore une proposition qu'on met sur la table. Là-dessus, le
gouvernement n'a pas voulu nous écouter.
Il va aussi
falloir aborder la question du logement. Si on veut attirer des travailleurs,
notamment dans les régions, notamment dans le secteur de la santé, bien,
il faut du logement. Je me rappelle très bien, pendant la campagne électorale,
mon collègue le député de Gouin, le co-porte-parole de Québec solidaire qui
revenait d'une tournée, je pense que c'était en Gaspésie, qui me racontait
qu'il y avait des infirmières, là-bas, qui étaient mobilisées pour venir aider, pour ne pas qu'il y ait des bris de
services, bien, elles dormaient au camping. Elles dormaient au camping parce
qu'il n'y avait pas de logement disponible dans le village ou dans la région où
est-ce qu'ils étaient. Je ne sais pas où est-ce
qu'ils dorment en ce moment, je suis pas mal sûr qu'ils ne dorment pas au
camping avec le froid qui s'en vient, mais ça vous donnait un peu une
image forte de... On peut bien vouloir attirer des salariés en région pour
pallier la pénurie de main-d'oeuvre, s'il n'y a pas de logements pour les
loger, bien, on n'est pas plus avancé.
Parfois, où
il y a des contradictions aussi, je trouve, c'est entre les différents
ministères puis entre les différentes priorités. En ce moment, on a
toute une grande conversation nationale sur l'énergie. Comment on va s'en
servir? Comment ça coûte? Est-ce que ça doit être un
levier pour la lutte aux changements climatiques ou pour l'industrie? Ça
peut-tu être les deux? Puis, bref, comment on équilibre tout ça? Puis il y a
eu... on a eu des longs débats ici aussi, à
l'Assemblée nationale, sur la filière batterie, qui est une filière
intéressante, que tout le monde souhaite, je pense. Il y a toutes sortes de
questions qu'on peut se poser, sur les BAPE, est-ce que c'est une filière qui,
en soi, est écoresponsable. On a eu des débats, on en aura d'autres.
Mais aujourd'hui je ne peux que souligner que,
d'un côté, on a une ministre, et un gouvernement, qui dit : Ah, il y a une pénurie d'emploi, on y travaille.
Puis, de l'autre côté, on a le ministre de l'Économie, par exemple, qui
dit : Dans une région donnée, il va nous falloir
10 000 travailleurs. Puis là on le sait, que c'est des salaires qui
risquent d'être très intéressants dans cette filière-là, mais qu'est-ce qui va
arriver dans cette région-là si, pour de vrai, il faut 10 000 travailleurs,
puis qu'il y a tellement des gros salaires, puis que l'écart est tellement fort
entre ces salaires-là puis le salaire de la fonction publique... mais il y a
quand même de fortes chances que le combat de la pénurie de main-d'oeuvre, dans
cette région-là, ça va être encore plus difficile, puis on parle ici notamment
de Bécancour, donc la Rive-Sud à... de Trois-Rivières, on parle aussi de la
Rive-Sud de Montréal, Saint-Basile-le-Grand, McMasterville avec Northvolt. Alors, il y a
quand même une certaine contradiction, là, de dire : Oui, oui, on investit
plein... des milliards d'argent
public pour une nouvelle industrie, c'est bien, mais c'est parce qu'on est en
pleine pénurie en ce moment. Comment on va y arriver? Ce n'est pas
évident.
Il faut que le gouvernement n'oublie pas également
le communautaire, parce que, quand on parle de pénurie de main-d'oeuvre, il y a plein de dossiers, mais on oublie toujours de
parler du communautaire. Il y a tellement eu des primes dans le secteur
public, dans la... pendant la pandémie, là il y en a qui sont en train de
sauter avec la négo, mais ça, c'est un autre
sujet, mais le communautaire n'y arrive pas. En ce moment, là, il y a une
pénurie de main-d'oeuvre dans le
communautaire, parce qu'avant il y avait une certaine forme d'attractivité
parce que c'était un peu plus malléable. On peut plus avoir de
flexibilité dans le communautaire par rapport au secteur public. Ça fait que ça
expliquait ou ça justifiait l'écart
salarial. Mais maintenant l'écart est tellement gros, parce qu'il n'y a pas
d'argent, il n'y a pas assez d'argent neuf dans le communautaire, qu'ils
ont de la misère à attirer du monde, notamment dans les groupes
d'employabilité. J'ai eu une conversation
avec la ministre récemment sur le dossier, je la remercie de son ouverture,
mais il faut que ça bouge plus vite.
Il faut qu'il y ait de l'argent neuf dans le communautaire, notamment dans les
groupes d'employabilité, sinon on va
perdre une expertise. Et, si jamais il y a une récession économique dans les
prochaines années, on ne le souhaite pas,
mais ça se peut que ça arrive, bien, on aura de la misère à y faire face parce
qu'on aura perdu l'expertise de ce réseau-là.
La Présidente (Mme Dufour) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Plusieurs points dans votre intervention. Je vais en prendre quelques-uns certainement. Au
niveau du logement, c'est vrai, c'est vrai que c'est un enjeu. Je le constate dans
toutes les régions du Québec. On m'en parle partout où je vais. Alors, c'est
certain que ma collègue travaille fort à ce
que des projets puissent voir le jour, mais, pour ce faire, ça prend de la
main-d'oeuvre. C'est pour ça qu'on a lancé l'Offensive de formation en
construction au début de cette semaine, lundi dernier, pour pouvoir former
rapidement 4 000 à 5 000 travailleurs qui vont intégrer le
marché du travail de la construction à partir de cet été, avec une formation,
avec des notions de sécurité, j'aurai la chance d'en parler un petit peu plus
tout à l'heure.
Maintenant, au niveau de la batterie, c'est vrai
qu'il va se créer beaucoup d'emplois au Centre-du-Québec. Et on est fier de ça
puisque ça va nous permettre d'augmenter, dans le fond, le nombre d'emplois au
Québec, le nombre d'emplois de qualité. Pour
ce faire, depuis l'annonce... les annonces qui ont été faites, et un peu avant
même, je dirais, parce que j'y suis
allée en amont des annonces voir... visiter, dans le fond, les gens, là, du
Centre-du-Québec, qui étaient concernés par tout le développement qui va
se faire chez eux. Et on a réuni tous les intervenants pour qu'ils travaillent
ensemble à l'élaboration de solutions d'un plan pour qu'on puisse répondre aux
besoins en main-d'oeuvre que ça va... que ça va nécessiter, mais aux autres,
aussi, besoins, qu'on parle de logements, qu'on ait des plans.
On parle, là, dans le fond, des conseils
régionaux, des partenaires du marché du travail, de quatre régions qu'on avait réunies. On parle du... de la CRPMT de
la Mauricie, du Centre-du-Québec, de la Montérégie et de
Chaudière-Appalaches. Et, depuis l'annonce, là, de la réunion de ces quatre
CRPMT là, il y a un de plus qui s'est joint à ce comité-là, et c'est celui de
l'Estrie. Alors, on comprend qu'on a les travailleurs... qu'on a les
représentants de tous les secteurs, là, dans
le fond, là, de notre société qui peuvent être interpelés par l'emploi, par le
marché du travail. On a bien sûr...
sur ces CRPMT là, on a les représentants de la formation, on a des
représentants des différents groupes syndicaux, on a le patronat qui est là et
on a bien sûr des organismes spécialisés en employabilité, aussi, qui siègent
sur ces conseils-là, et des
représentants des municipalités qui représentent, dans le fond, là, je veux
dire, les communautés d'accueil, aussi, pour être certain d'être bien
appuyés par des mesures, des propositions qui vont nous permettre de répondre à ces besoins-là. Bien sûr, à travers
l'Opération main-d'oeuvre, il y a aussi des... À travers les secteurs qui sont
priorisés dans l'Opération main-d'oeuvre, on
va venir répondre à des besoins liés au développement de la filière batterie
aussi.
Je veux
simplement aussi, rapidement, revenir sur tout ce qui est services de garde
éducatifs. Je veux rappeler qu'on a augmenté les salaires des
éducatrices qui sont qualifiées de 18 % et le salaire des éducatrices qui
sont non qualifiées de 10 %. Pour l'ensemble du personnel des centres de
la petite enfance, les hausses salariales représentent en moyenne 11 %. On
a plusieurs autres mesures de recrutement qui sont déployées pour répondre aux
besoins en main-d'oeuvre aussi dans ce secteur-là.
Je voudrais
peut-être vous parler des COUD, qui sont un outil important qu'on utilise
souvent au ministère de l'Emploi. En gros, les personnes qui y
participent sont libérées, dans le fond, de leur travail pour aller sur les
bancs d'école à temps
partiel et obtenir ultimement un diplôme en continuant d'être payées. Ça permet
de mettre en application en milieu de
travail immédiatement ce qu'on apprend dans la formation. Alors, c'est 121 millions
qu'on a investis là-dedans pour
mettre en place ces formations-là, rémunérées, pour augmenter le nombre de
travailleurs, travailleuses diplômés de l'attestation d'études
collégiales qui mène à la profession d'éducatrice de la petite d enfance.
J'ai
plusieurs autres mesures que je pourrais vous élaborer, mais j'aimerais aussi
vous parler, là, du 22 millions pour
bonifier l'offre de formation de services de garde en milieu scolaire,
notamment par l'utilisation accrue des formations en ligne. J'y
reviendrai. Merci.
La Présidente (Mme Dufour) : Merci.
Alors, je cède maintenant la parole à la députée de Soulanges. Vous disposez de
cinq minutes.
Mme Picard : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Je tiens d'abord à saluer tous les collègues qui sont ici en ce
vendredi matin pour l'interpellation.
Bien sûr, ce n'est pas une nouvelle pour
personne, le Québec est confronté à un phénomène de rareté de main-d'oeuvre qui
concerne la plupart des secteurs d'activité des régions, qui, nécessairement,
vient aussi affecter le secteur public. Dans
Soulanges particulièrement, je rencontre souvent les entrepreneurs, puis, bon,
bien sûr, l'enjeu est souvent
soulevé, puis je les réconforte. Je leur dis que notre gouvernement est en
action. Et c'est pour ça qu'on a développé et surtout lancé l'Opération
main-d'oeuvre. La ministre en a parlé tantôt, mais les mesures de cette
opération mettent avant tout l'accent sur
trois services publics essentiels, sur trois domaines économiques stratégiques,
soit la santé, l'éducation, les services de garde éducatifs à l'enfance, les
technologies de l'information, le génie et, bien sûr, la construction.
• (9 heures) •
Au-delà de
bonifier de nombreux programmes de formation qui ciblent les secteurs clés, on
fait aussi beaucoup de travail à
l'international pour attirer la main-d'oeuvre afin de pallier à la pénurie.
D'ailleurs, plusieurs de ces emplois viennent justement soutenir le
secteur public. C'est important de le souligner. Le ministère, le MIFI, en
collaboration avec ses partenaires, organise des missions de recrutement
international appelées Journées Québec, qui permettent de recruter des
personnes candidates afin de pouvoir... de pourvoir les postes n'ayant pu être
comblés localement. Les missions de recrutement
international Journées Québec permettent aux employeurs de soutenir des
entretiens d'embauche avec des travailleurs étrangers présélectionnés
selon la profession visée. C'est également important de préciser que ces missions de recrutement, c'est
particulièrement les secteurs de l'Opération main-d'oeuvre. Le MIFI sélectionne
les zones de recrutement à l'étranger
en se basant sur plusieurs critères, Mme la Présidente, tels que la maîtrise du
français, bien sûr, la disponibilité
de main-d'oeuvre dans les secteurs d'emploi recherchés, le niveau scolarité,
etc. Il collabore avec des équipes
internationales pour établir des partenariats visant à faciliter la venue de
travailleurs étrangers au Québec.
Depuis notre
arrivée au pouvoir, nos efforts de recrutement se sont intensifiés dans les
territoires francophones et francothropes afin de permettre d'attirer les
candidats qui pourront plus facilement s'intégrer au Québec, et ce, bien sûr,
en français. Les secteurs de l'Opération main-d'oeuvre sont priorisés, sans
négliger par contre, d'ailleurs, d'autres secteurs qui ont d'importants
besoins de main-d'oeuvre, comme l'hôtellerie, la restauration, le transport et
le secteur manufacturier. De plus, les
projets de francisation à partir de l'étranger se poursuivent pour les
travailleurs temporaires recrutés
lors des Journées Québec, permettant à ces personnes d'accroître leur niveau de
connaissance du français avant leur arrivée au Québec.
Le Québec cherche également à attirer et à
retenir des étudiants étrangers, d'une part, pour qu'ils poursuivent leurs
études en français dans les programmes dont les professions sont touchées par
une pénurie de main-d'oeuvre et, d'autre part, pour favoriser leur
établissement au Québec à la fin de leurs études.
Devant la hausse de demandeurs d'asile, notre
gouvernement a également mis en place des projets pilotes qui ont pour objectif
de permettre à des demandeurs d'asile ayant un permis de travail de bénéficier
de certaines mesures d'emploi, à savoir la
mesure service d'aide à l'emploi, le programme d'apprentissage en milieu de
travail et la mesure de formation de la main-d'oeuvre volet Entreprises.
De plus, dans le cadre de la formation continue du personnel, on a lancé, en
avril 2023, un programme de formation destiné aux agents d'aide à l'emploi,
intitulé Interventions en employabilité et réalité des personnes immigrantes,
afin d'outiller le personnel du ministère pour offrir des services mieux adaptés à la réalité des personnes
immigrantes. Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale a également mis en place plusieurs mesures de subventions
salariales qui s'adressent spécifiquement aux personnes immigrantes pour
les soutenir durant leur parcours
d'intégration au travail. Je tiens également à mentionner qu'on est aussi là
pour soutenir les PME et pour soutenir les entreprises manufacturières.
Mme la
Présidente, les personnes immigrantes font partie de la solution pour pallier
aux problèmes de main-d'oeuvre dans
les secteurs publics. C'est pourquoi on met en place une multitude de moyens
pour s'assurer de leur formation, et de leur réintégration sur le marché
du travail, et de leur rétention. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Dufour) : Merci, Mme la députée. Alors, nous allons
maintenant débuter la quatrième série d'interventions. Et je cède
maintenant la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Je vais maintenant aborder un sujet que je connais, donc, que je sais qui est très cher à la ministre, donc la
question des travailleurs qui sont éloignés du marché du travail. Vous l'avez
mentionné à maintes reprises aujourd'hui, c'est quelque chose qui vous touche.
On le voit d'ailleurs dans le plan d'action 2023-2024
des services publics d'emploi, là, que vous avez déposé, là. Vous le mettez
même, donc, dans votre mot d'introduction. Donc, je sais que c'est un engagement qui est
sincère de votre part, et, d'autant plus, on a parlé, dans la séquence précédente, des chiffres, donc, du
taux de chômage, là, qui vient d'augmenter. Et on le sait, que les populations
issues, donc, des Premières Nations et des
minorités visibles sont souvent les premières à faire les frais de la
dégradation souterraine du terrain du marché de l'emploi. Donc, c'est
excessivement important que l'on puisse toucher ce sujet ce matin.
Je soumets
respectueusement à la ministre une proposition à cet effet, parce qu'évidemment
c'est un sujet qui la touche, mais c'est un
sujet qui me touche aussi. J'ai eu l'occasion de rencontrer différents acteurs
qui représentent des groupes qui sont sous-représentés sur le marché du
travail, notamment, donc, des groupes de femmes en emploi, des groupes de personnes en situation de handicap qui
souhaitent être maintenues en emploi, évidemment, donc, les jeunes, et
donc... les jeunes, les autochtones et les chefs de famille monoparentale. Et
ce qui m'est apparu évident, donc, à travers
mes différentes rencontres avec ces groupes, de façon disparate, c'est qu'en
fait il semble y avoir, donc, un manque de coordination, un manque de vision d'ensemble lorsqu'il est question,
donc, de parler des personnes qui sont éloignées du marché du travail. Donc, à chacune de ces rencontres, j'ai eu
l'occasion de soumettre l'hypothèse ou la recommandation, à ces parties prenantes, de la création d'un
comité interministériel sur l'emploi, particulièrement, donc, touchant, donc,
les personnes éloignées du marché du travail.
Donc, on sait que,
bien souvent, donc, certains de ces groupes, j'ai en exemple, donc, les groupes
de femmes, vont relever, donc, d'un autre
ministère, vont avoir différents interlocuteurs et finalement ne seront jamais
véritablement, donc, en mesure, donc, d'avoir une ligne claire sur
comment est-ce qu'on peut véritablement faciliter leur intégration et leur
maintien à l'emploi. C'est ce qu'on m'a répété, donc, pour chacun des autres
groupes. Puis, chaque fois que je soumettais cette idée, on me disait : Ah
oui, on a vraiment besoin de ça. On a besoin d'un comité interministériel. On a besoin que les différents ministères puissent se
parler, puissent être en cohérence les uns avec les autres, puis ça nous faciliterait
la tâche, parce que, souvent, les dédales sont inimaginables. Et, je rapporte
des propos, on nous dit : Bien, parfois, c'est la maison des fous.
Donc,
j'aimerais beaucoup, beaucoup, Mme la ministre, donc, vous entendre sur cette
suggestion, parce qu'elle a été
partagée, donc, aux groupes, donc, qui représentent des travailleurs éloignés
du marché du travail, qui apprécient l'idée,
qui aimeraient la création d'un groupe interministériel et qui pensent que la
question de l'emploi est importante et qu'évidemment,
donc, l'un des moyens de pallier la pénurie de main-d'oeuvre, bien, c'est
d'aller, donc, gruger, jouer, donc,
dans le bassin de travailleurs sous-exploités, qui, trop souvent, pour, bon,
différentes raisons, donc, n'ont pas eu l'occasion de pouvoir être... prendre pleinement... faire pleinement
partie, là, de nos services d'emploi et de s'épanouir à leur pleine
capacité à cet égard.
Je profite de ma
dernière minute pour revenir un peu sur les propos de la députée de Soulanges, parce
que je parlais de planification de la main-d'oeuvre dans mon intervention
précédente, puis évidemment je suis ravie de voir que le gouvernement, donc,
enfin, donc, change de ton, là, quand il est question d'immigration et
considère que les personnes issues de
l'immigration peuvent véritablement, donc, être non seulement, donc, un rempart
contre la pénurie de main-d'oeuvre, mais également, donc, peuvent contribuer
à la pérennisation du fait français au Québec.
Mais,
cette semaine, donc, votre collègue a annoncé des seuils, donc, des seuils
relativement limités, mais, de l'autre, donc, vous nous annoncez, donc, ces Journées Québec, le fait, donc,
d'aller directement recruter des travailleurs étrangers temporaires.
C'est un élément qui se retrouvait directement dans l'opération Main-d'oeuvre
de 2021. Ça se retrouve aussi dans le Plan d'action des services publics
d'emploi 2023-2024, donc, d'accompagner les entreprises souhaitant entreprendre
une démarche de recrutement international des travailleurs étrangers
temporaires. Donc, j'aimerais vous entendre sur ces éléments-là, puisque ça
fait partie de votre stratégie.
La Présidente (Mme
Dufour) : Merci.Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la
parole à la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Plusieurs éléments, aussi, dans votre question, c'est apprécié. J'entends aussi vos commentaires,
j'en prends bonne note, concernant le travail interministériel. Je dois cependant vous dire qu'il s'en fait déjà beaucoup,
du travail interministériel. L'Opération main-d'oeuvre est le résultat de
ce travail conjoint là entre plusieurs ministères, entre plusieurs collègues.
Vous savez, Santé, Éducation, Services sociaux,
Famille, Emploi, Travail, tout le
monde, tout le monde y met la main à
la pâte. Mais je prends bonne note de ces suggestions-là. Parce que, vous
avez raison, c'est un dossier qui me tient vraiment à coeur. Je veux qu'on soit
en mesure d'offrir la chance à tous ceux qui
veulent se réaliser sur le marché du travail... la possibilité de le faire. Je
le dis souvent, il n'y a pas de meilleur contexte que celui qu'on vit
actuellement pour, justement, travailler l'inclusion du marché du travail, chez les différents employeurs, pour faire une place
à tout le monde. On n'aura pas de meilleur contexte que celui qu'on vit
actuellement pour le faire.
• (9 h 10) •
Maintenant,
nécessairement que ces démarches de recrutement là à l'international sont
importantes. On l'a dit souvent, que la pénurie de main-d'oeuvre, ce n'est pas
qu'une seule solution, c'est un ensemble de solutions. Si la requalification,
si la formation fait partie des solutions, si l'augmentation de la productivité
dans nos entreprises fait aussi partie de la
solution pour la pénurie de main-d'oeuvre, il est certain que l'immigration est
une des solutions, et on en est très conscients, on continue de travailler
sur ce dossier-là. Il y a plusieurs missions qui se font, plusieurs solutions
aussi qui sont apportées pour s'assurer de travailler la francisation avec les
personnes qui choisissent, dans le fond, de s'établir au Québec, et, même les
travailleurs étrangers aussi, on l'a fait, ma collègue de l'Immigration
travaille fort en ce sens-là avec Francisation Québec aussi. Donc, certainement
qu'on va poursuivre nos travaux en ce sens-là.
Si vous me le permettez, Mme la Présidente,
j'aimerais poursuivre aussi, pour terminer la question sur les services de
garde, pour pouvoir finir de démontrer tout ce qui est fait au niveau des
services de garde pour pouvoir accélérer la diplomation, la formation, soutenir la formation, de plus
en plus, d'éducatrices spécialisées. On a investi aussi 14 millions pour accélérer l'accès aux
métiers, en offrant une formation courte pour les candidates, les candidats au
statut d'éducateur non qualifié afin de leur permettre un accès rapide
au marché du travail, qui pourrait se poursuivre, dans un deuxième temps, par
un cheminement qui conduit à la qualification. C'est une première étape, qui
consiste en une formation, de très courte
durée, d'initiation au métier d'éducatrice à l'enfance. On dit qu'il y a un
cours de secourisme, programmes et
approches éducatives et santé-sécurité des tout-petits. On vient toucher à ces
concepts-là, qui sont très importants, pour s'assurer qu'ils aient une
bonne base pour intégrer les services de garde.
On a un
12,5 millions qui est déployé pour des actions qui permettent de valoriser
le métier d'éducatrice de la petite enfance et du réseau des services de
garde éducatifs à l'enfance et faire la promotion des formations à grande
échelle pour valoriser le métier d'éducatrice et d'éducateur de la petite
enfance et favoriser le recrutement.
On a un 8,6 millions pour augmenter la
proportion d'hommes, ça, c'est important, qui s'inscrivent dans la formation de service de... en service de garde
éducatif à l'enfance et aussi pour les aider à se rendre, dans le fond, à la diplomation, notamment par le montage et la
diffusion d'activités publicitaires dans les milieux scolaires, la participation
à des événements pertinents, la tenue de
stages d'observation d'un jour en milieu de travail et des journées de carrière
et soutien financier à la mobilité
interrégionale des étudiants. Le service de garde éducatif est un domaine
traditionnellement féminin. Comme pour d'autres métiers, c'est important
qu'on essaie d'augmenter la diversité dans ce domaine-là pour qu'il y ait aussi des modèles masculins pour
les enfants. Et les hommes pourraient... On veut mieux soutenir, dans le
fond, les hommes qui vont choisir ce secteur-là. Merci.
La Présidente (Mme Dufour) : Merci.
Alors, je cède... Nous allons maintenant débuter la cinquième série
d'interventions, et je vais céder la parole au député de Jean-Talon. Et je vous
rappelle que vous avez cinq minutes.
M. Paradis : Bonjour.
«Kwe.» La pénurie de main-d'oeuvre, elle est particulièrement criante dans le
secteur public. Or, un demi-million
de travailleurs de l'État vont être en grève la semaine prochaine si on ne
règle pas le conflit de travail avec eux. Quatre points que j'aimerais
suggérer en discussion avec la ministre.
La
première... le premier point, c'est sur la capacité de payer. La présidente du
Conseil du trésor martèle que chaque point de pourcentage en
amélioration des conditions de travail des employés du secteur public, ça
coûte... ça coûte 600 000 $, que c'est une question de capacité de
payer des Québécois et des Québécoises. La capacité de payer du gouvernement
repose sur ses choix. Le choix, par exemple, de donner 2,9 milliards de
dollars à Northvolt, le choix que ce
gouvernement-là a fait d'augmenter de 80 % les cadeaux fiscaux aux
entreprises depuis qu'il est arrivé au pouvoir. On est passé de 3,35 milliards de dollars à
6,02 milliards de dollars en cadeaux fiscaux. Le choix de baisser les
impôts, 9,2 milliards de dollars
au total, 1,7 milliard de dollars dont le gouvernement se prive à chaque année.
Et on l'avait dit en campagne électorale, que ça, ça va avoir un impact
sur les services à la population. C'est le choix du gouvernement de ne pas régler la question des salaires des
médecins, 8 milliards de dollars par année dont on devait récupérer
une partie. Ça n'a pas été fait.
L'argent est là où le gouvernement choisit de le mettre, notamment pour régler
la pénurie de main-d'oeuvre.
Deuxièmement,
ce gouvernement se dit sensible à ce que les Québécois pensent. Qu'est-ce que
les Québécois nous disent? 87 %
des Québécois sont d'avis que le gouvernement doit améliorer les conditions de
travail de ses employés pour demeurer concurrentiel. 86 % des
Québécois pensent que les salaires devraient minimalement être indexés au coût de la vie. 77 % sont d'avis que les
salaires du secteur public devraient être équivalents à ceux du secteur privé.
Les Québécois disent : Il y a une pénurie de main-d'oeuvre,
particulièrement dans le secteur de l'éducation. Réglez-le. On veut des professeurs dans les classes à la
prochaine rentrée scolaire. Donc, ça, il faut traiter... il faut traiter dignement
nos travailleurs pour que ça arrive.
Troisièmement, j'aimerais déboulonner certains
mythes quant à l'offre du gouvernement du Québec. Nos fonctionnaires sont moins
rémunérés que les comparables. L'écart du salaire global des travailleurs
québécois avec les travailleurs d'entreprises et d'organisations de
200 employés et plus est de 9,4 % en 2021. Si on compare avec les autres travailleurs, fédéraux et municipaux, c'est
un écart de 27,5 %. Donc, un très grand retour... un très grand retard
salarial. Et c'est encore pire avec l'inflation. Le gouvernement dit toujours
que l'offre est de 14,8 % en moyenne. On n'a pas du tout les mêmes moyennes. On l'a décortiquée, l'offre gouvernementale.
On a un petit tableau ici qui démontre qu'il
y a seulement 26 % des travailleurs concernés actuellement qui vont avoir
des offres différenciées jusqu'à 14,8 %. La vérité, c'est que 74 %
des travailleurs concernés vont avoir une augmentation de 10,3 %.
10,3 %, là, ça, ça veut dire 2,06 % par année en dessous du
taux d'inflation. Ça, ça veut dire que la vérité, c'est que le gouvernement
propose d'approuver... d'appauvrir les éducatrices en services de garde,
d'appauvrir les préposés aux personnes handicapées. Donc, ça, ça ne permet pas
de les attirer ni de les retenir. Donc, l'État doit être un employeur modèle
pour régler le problème de la pénurie de main-d'oeuvre là où il est le plus
criant, c'est-à-dire dans les services publics.
Quatrième chose, c'est important aussi le
vocabulaire qu'on utilise. Le gouvernement parle toujours des fonctionnaires,
des syndicats qui revendiquent. Les syndicats, c'est des représentants des
employés qui livrent des services essentiels
à la population. La vérité, c'est qu'il faut toujours parler des enseignants au
primaire, des enseignants au
secondaire, au cégep, des éducatrices en service de garde scolaire, des
travailleurs sociaux, des préposés aux élèves handicapés, des infirmières, des orthophonistes, des psychoéducatrices,
des gens qui travaillent très fort pour les citoyens. Il y en a
beaucoup, d'ailleurs, dans mon comté, c'est nos amis, c'est nos voisins.
Donc là, la
question, quand on parle de pénurie de main-d'oeuvre, c'est : Est-ce que
les enseignants, est-ce que les gens
dont on vient de parler comptent assez pour le gouvernement pour qu'on leur
offre les conditions qu'ils méritent, afin de juguler le problème de
pénurie de main-d'oeuvre dans le secteur public et surtout afin d'éviter la
crise sociale majeure à laquelle on se prépare si un
demi-million de travailleurs de l'État partent en grève la semaine prochaine?
La balle est dans le camp du gouvernement.
La
Présidente (Mme Dufour) : Donc, je comprends que vous avez terminé, alors je
cède maintenant la parole à la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je remercie le député de Jean-Talon pour sa question. Je prends bonne note de votre
plaidoyer, je vais certainement faire le message aussi à ma collègue la présidente
du Conseil du trésor, pour vos commentaires sur la négociation. Maintenant,
aussi, je comprends qu'il y a une question
de capacité à payer de la part du gouvernement, donc des contribuables, qui
n'est peut-être pas tenue en compte dans votre plaidoyer, mais
certainement qu'on va... je vais faire part de vos commentaires à ma collègue.
• (9 h 20) •
Maintenant, j'ai eu la chance de parler de ce
qu'on faisait à l'Emploi pour les éducatrices et les enseignantes. Et là vous
me mettez la table pour parler, dans le fond, de ce qu'on fait pour le secteur
de la santé et des services sociaux. Alors,
certainement que je vais saisir la balle au bond et vous faire un peu l'exposé
de ce qui est fait à travers l'Opération
main-d'oeuvre, entre autres, pour s'assurer qu'on réponde aux besoins de
main-d'oeuvre dans ce secteur-là à travers la pénurie qu'on vit.
Les mesures qui sont déployées ou qui seront en
déploiement sont les suivantes : on parle de 126 millions de dollars pour accélérer la formation des infirmières
auxiliaires et accorder des bourses, en mettant en oeuvre une formation accélérée
issue du programme d'études professionnelles Santé, assistance et soins
infirmiers offert par les centres de formation professionnelle. Avec cette
mesure-là est assortie une bourse d'études de 20 000 $ qui vise à
soutenir financièrement les candidats et à favoriser une meilleure attraction
et rétention au programme d'études. Ce n'est pas rien, 20 000 $ de bourses pour aller se former. L'objectif,
c'est évidemment que plus de personnes choisissent le métier d'infirmière et viennent donner un coup de main
dans les hôpitaux. C'est ce qu'on veut. On pense que les bourses, bien, c'est
une mesure forte qui vont nous permettre d'y arriver.
On a aussi
65 millions pour le recrutement international d'infirmières diplômées,
pour embaucher des personnes à titre
de candidates à l'exercice de la profession d'infirmière ou d'infirmier dans le
cadre du projet de reconnaissance des compétences d'infirmières et
d'infirmiers recrutés à l'étranger.
L'immigration,
je l'ai dit tout à l'heure, fait partie des solutions pour la pénurie de
main-d'oeuvre. C'est vrai aussi pour la santé et les services sociaux.
On veut reconnaître leurs compétences et, si nécessaire, les aider à compléter
leur formation.
On a aussi un 50,4 millions qui permet la
gratuité scolaire pour la formation à temps partiel, moins de 15 heures par semaine, aux programmes
d'études professionnelles Assistance à la personne en établissement et à
domicile et Santé, assistance et
soins infirmiers. Le programme était déjà gratuit pour les personnes à temps
plein, mais on voulait mieux s'adapter aux différentes réalités des
personnes qui suivent parfois des formations à temps partiel en parallèle à ce
qu'elles font déjà.
On a un 33 millions de dollars qui est
mis là pour favoriser l'accès à la qualification dans les professions stratégiques en santé afin de soutenir une
diversification de parcours permettant de requalifier rapidement des
travailleurs vers les professions
prioritaires de la santé. On veut assurer un soutien pédagogique accru aux
clientèles, des formations d'appoint qui conduisent, elles, à un permis
des ordres professionnels en santé, et on veut accroître les budgets de la
formation continue pour assurer l'accès aux formations prioritaires.
On a aussi, je vous dirais... je vais en sauter
quelques-unes, le temps court, on a un 10,8 millions de dollars pour mettre en place des bourses pour la
psychothérapie afin d'augmenter le bassin de professionnels qui sont autorisés
à exercer de la psychothérapie, en assumant les frais relatifs à l'analyse
d'éligibilité au permis d'exercice auprès de l'Ordre
des psychologues du Québec, en développant un programme de bourses d'études. Ce
sont des bourses qui vont jusqu'à 45 000 $ pour un
professionnel admissible et jusqu'à 10 000 $ pour un étudiant. La
santé mentale, c'est aussi important que la santé physique, alors je me devais
de glisser un mot sur ça aussi. On en parle souvent. Ça ne nous a pas échappé, on prend aussi des moyens d'agir sur
cet aspect-là, tout comme la santé globale, Mme la Présidente. Merci.
La
Présidente (Mme Dufour) : Merci. Alors, nous allons débuter la sixième série
d'interventions. Je redonne maintenant la parole à la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme
Cadet : Merci, Mme la Présidente. Mme la ministre, donc, je
vais vous lire la page 10 du Plan d'action 2023-2024
des services publics d'emploi, donc un extrait : «Pour 2023-2024, la mise
en oeuvre des interventions des
services publics d'emploi s'effectuera dans un contexte de transition vers un
budget d'intervention moins élevé. Cette transition débutera en 2023-2024 et se prolongera en 2024-2025, moment
où le budget mis à la disposition des services publics d'emploi se stabilisera à un niveau légèrement supérieur à ce
qui avait été établi avant la pandémie, mais inférieur à celui des trois dernières années. Ains,i le
niveau d'activité en 2023-2024 sera inférieur à celui enregistré en 2022-2023.»
Lors de l'étude de crédits, nous avions eu l'occasion,
donc, de parler des organismes en employabilité, des organismes spécialisés en
employabilité, qui sont des partenaires du ministère de l'Emploi, qui jouent un
rôle, certes, différent, étant donné que les
clientèles habituelles qui bénéficient de ces services sont en diminution, je
pense que les chiffres sont clairs,
mais qui parviennent à jouer un rôle différent, donc, qui parviennent à jouer
un rôle, donc, notamment en matière,
donc, de maintien à l'emploi, donc, de desservir différentes clientèles et
d'innover, donc, à travers ce rôle. Nous parlions, dans la séquence
précédente, des clientèles éloignées du marché du travail, et je me serais
attendue à ce que la
ministre, donc, étant donné sa passion pour le sujet, passion qui est sincère,
donc, que je juge sincère, était... Donc,
le rôle de ces partenaires, donc, nommément, donc, par exemple, donc, les
carrefours jeunesse-emploi, mais également
les autres organismes spécialisés en employabilité... et de voir donc comment
elles peuvent être des partenaires en matière, donc, de rétention de la
main-d'oeuvre.
On le voit un peu dans le plan d'action, que cet
élément-là, il... donc, ce rôle-là, donc, il peut être compris... À
l'enjeu 3, à la page 11 du plan, donc, on dit : «Malgré un taux
d'emploi élevé, il subsiste des bassins de clientèles potentielles moins
présents aux interventions des services publics d'emploi et faiblement
représentés sur le marché du travail. Il est
essentiel d'affiner la connaissance de leurs besoins, d'innover pour les rejoindre
et d'adapter la prestation de services pour faciliter leur intégration
socioprofessionnelle et leur maintien en emploi.»
Donc, dans le contexte où, donc, je vous
interpelle, donc, sur, bon, la pénurie de main-d'oeuvre, à quel point, donc, ces bassins de population, qui vous sont
chers, donc, peuvent nous aider à juguler cette pénurie de main-d'oeuvre,
notamment, donc, dans le secteur public, j'aimerais vraiment vous entendre sur
ces coupures, en fait, là, parce que c'est
ce dont il s'agit ici, et de voir, donc, comment les ressources des services
publics d'emploi, donc... l'affaiblissement des ressources peut aller de
pair avec les différents autres objectifs que vous fixez non seulement au plan
d'action, mais également, donc, à votre plan stratégique 2023-2027, que
j'ai également eu l'occasion de lire. Donc, je veux vraiment vous entendre là-dessus.
D'autant plus, là, que vous... Bon, il y a des
nouveaux indicateurs aussi qui sont donnés à ces partenaires-là, avec des cibles, et parfois, pour ces nouveaux
indicateurs, donc, les cibles sont assez élevées, là, je pense à la proportion
d'employeurs ayant amélioré leur gestion des
ressources humaines après l'intervention des services publics d'emploi, et l'autre indicateur, donc, qui ont des
cibles 2023-2024 de 80 % mais pas de précédent. Donc, on semble nager
un peu dans le noir ici.
Je veux
aussi, donc, non seulement savoir où la ministre va couper, mais, sachant que
la CAQ a aussi l'habitude de jouer
avec les sommes qui proviennent du fédéral, j'aimerais savoir si toutes les
sommes du fédéral vont demeurer affectées au fonds de développement du
marché du travail. Dans ce... le budget d'intervention, donc, ce sont quand même des sommes considérables qui viennent, donc,
du gouvernement fédéral. Donc, il ne faudrait pas que, s'il y a des baisses d'interventions... des baisses de
financement, que l'on coupe dans l'argent qui viennent du gouvernement fédéral,
comme ça s'est fait à l'enseignement supérieur, par exemple, pour ne nommer que
cet exemple, où on a détourné des fonds qui devaient servir, donc, à des
fins bien particulières et que... et ça... et donc ça n'a pas été le cas. Donc,
le gouvernement, donc, a fait des choix distincts.
Donc, je veux savoir, donc, où la ministre va
couper, dans quelles régions, dans laquelle des 17 directions générales de Services Québec... lesquelles donc
seront touchées. Et est-ce qu'elle peut m'indiquer quelle partie du budget
d'intervention est amputée par rapport à l'année 2022-2023?
La Présidente (Mme Dufour) : Merci.
Je cède maintenant la parole à la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci, Mme
la Présidente. Je vais débuter en rectifiant une information. À l'Emploi, on ne
fait pas de financement à la mission et on n'a pas fait de coupure en ce
sens-là. Le ministère de l'Emploi fait de l'achat de services auprès des
organismes spécialisés en employabilité. Et, vous savez, à une époque, il y
avait 1 million de chômeurs, là, dans les années 90 au Québec, et
maintenant on est à environ... un peu moins de 200 000, là, chômeurs.
Donc, c'est certain qu'il y a... il y a de ces services-là qui sont offerts par
ces organismes-là, ils ne sont plus en grande demande comme ils l'ont déjà été.
• (9 h 30) •
Alors, nous,
ce qu'on... ce que je me suis assurée de faire pour qu'on puisse répondre de
manière adéquate aux besoins des
nouvelles clientèles qui visitent ces organismes-là, c'est de lancer un
chantier de modernisation en collaboration avec les OSE, les organismes
spécialisés en employabilité, pour s'assurer qu'on travaille l'ajustement non
seulement du coût client, mais aussi qu'on revoie l'offre de services. Il y a
des services qui sont moins populaires aujourd'hui et il y a d'autres services, à mon avis, qui doivent être développés,
dépendamment des clientèles, des nouvelles clientèles qui visitent ces
organismes-là et qui viennent chercher des services auprès d'eux. Alors, c'est
la rectification que je voulais faire.
Maintenant, vous allez comprendre qu'avec la
bonne nouvelle qu'on a annoncée cette semaine, je vais vouloir prendre quelques instants pour parler de nos actions concrètes
en matière de construction. Peut-être que certains se demandent quel est le lien entre la
construction puis les impacts de la pénurie de main-d'oeuvre sur la prestation
des services publics, mais moi, je voulais vous dire qu'il y a plusieurs
raisons. Pour rendre les services publics, il faut aussi des
installations publiques, on le sait. On a augmenté les investissements prévus
au PQI, de 100 000 $, qui passent, depuis
notre gouvernement, à... de 100 milliards, qui passent maintenant à
150 milliards, pardon. Et ça permet, tout ça, de construire nos écoles, les hôpitaux, les maisons
des aînés, les garderies dont on a besoin pour la prestation de services publics. Les besoins augmentent,
il faut qu'on ait le monde nécessaire pour construire des installations qui
répondent à leurs besoins.
Alors, j'ai
fait la tournée des régions. On me dit partout que le manque de logements, je
vous le disais tout à l'heure, est un obstacle à l'attraction des travailleurs.
Eh bien, pour construire plus de logements, surprise! ça prend des
travailleurs en construction.
Finalement, je
pourrais continuer plus longtemps, mais un autre obstacle dont on m'a beaucoup
parlé, c'est l'accès aux infrastructures de
transport pour aller travailler. On est le gouvernement qui a le plus investi
en transport en commun dans l'histoire du Québec, et c'est un autre
domaine où, pour construire, il faut qu'on ait du monde, et on va en avoir avec cette
offensive-là. On propose quatre formations de courte durée, qui vont de quatre
à six mois, environ 500 à 700 heures. Les personnes qui vont suivre
ces formations-là vont recevoir une aide financière de 750 $ pour une
moyenne de formation de 30 heures par
semaine. Ces formations vont mener à l'exercice de cinq métiers :
charpentier, menuisier, opérateur de
pelle, opérateur d'équipement lourd, ferblantier, frigoriste. L'aide financière
qui est accordée va être disponible pour les personnes qui s'inscriront
pendant la période du 30 octobre au 15 décembre. Les formations
s'adressent aux personnes qui respectent les conditions suivantes, c'est-à-dire
ne plus être aux études depuis au moins un
an ou avoir fréquenté... ou fréquenter la formation générale des adultes durant
cette période-là, respecter les conditions
d'admission des diplômes d'études professionnelles actuelles qui mènent à ces
métiers. La capacité d'accueil des D.E.P... je tiens à le dire parce
qu'on a été questionné là-dessus, on ne délaisse pas le D.E.P., le D.E.P.
demeure une formation qui est très
importante. Il faut comprendre que l'offensive est un moyen ponctuel de
répondre à un besoin accru. Alors, on
augmente aussi la capacité d'accueil des D.E.P. en électricité et en
plomberie-chauffage. Dès janvier, c'est
une capacité totale augmentée à plus de... en fait, on ajoute
2 200 places supplémentaires dans ces deux D.E.P. là pour
répondre à la demande. Alors, il y a une campagne de promotion qui va être
diffusée à partir du 1er novembre pour
générer des inscriptions aux programmes de formation. Les inscriptions vont de
bon train, les gens sont là, répondent, on a dépassé le
10 000 inscriptions. On va revenir avec des chiffres. J'invite les
gens. Merci.
La Présidente (Mme Dufour) : Merci.
Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole au député de Saint-Jérôme.
Vous avez cinq minutes.
M. Chassin : Merci,
Mme la Présidente. Alors, ce n'est peut-être pas ma première interpellation,
mais, comme toujours, on a entendu, en fait, différents commentaires,
puis on a un texte, puis on se dit qu'on va vouloir donner quelques aspects de
ce texte, puis finalement, bien, on réagit un peu, puis vous me permettrez donc
d'intervenir, un peu à la volée dans ce cinq minutes, notamment pour parler...
puis c'est un sujet qui, moi, me semble vraiment très pertinent puis très important, parce qu'évidemment on le voit tous,
hein, on est, dans nos comtés, très proches du terrain, puis le député
d'Hochelaga-Maisonneuve parlait du secteur communautaire.
Alors,
effectivement, il y a un défi, particulièrement quand on fait des efforts, par
exemple, de mieux rémunérer le secteur public puis avoir des bonnes conditions
pour attirer les gens dans le secteur public, mais c'est vrai que, là,
tout à coup, bien, il y a des gens, par exemple, là, dans le communautaire, qui
se retrouvent à perdre une certaine expertise,
notamment parce que ces gens-là se trouvent des emplois très intéressants, mais
il y a un déplacement d'expertise, disons ça comme ça, puis, pour les
groupes communautaires, c'est ardu.
Alors,
évidemment, on le voit, on ressent... on a évidemment eu l'occasion d'augmenter
de façon, en fait, considérable, là, le financement des organismes
communautaires, de plus de 50 % en quatre ans, c'est quand même majeur, mais on se retrouve dans une situation où,
les actions très près du terrain, très agiles, très flexibles, bien, on en a un
grand besoin, notamment quand on parlait, par exemple, des travailleurs
peut-être plus éloignés du marché du travail.
Et je le souligne parce que je le vois de façon évidente, pour moi, le lien,
mais la ministre a parlé spécifiquement de santé mentale, puis je pense que ça fait partie aussi des réflexions
qu'on doit avoir quant à l'éloignement du marché du travail. C'est parfois des
situations qui font que c'est plus difficile de réintégrer le marché de
l'emploi quand on est dans une
situation, par exemple, où notre santé mentale est plus fragile, que ce soit
l'anxiété, que ce soit la dépression, il faut pouvoir revenir à un état
progressivement.
Puis
là-dessus je tiens à souligner le travail des Aires ouvertes, donc je suis sûr
que vous voyez, entre autres, là, ce concept chez vous aussi, mais c'est
vraiment une approche très particulière, où on sort les services de santé, dans
ce cas-ci les services sociaux... on les
sort du cadre institutionnel normal pour se rapprocher, par exemple, des
jeunes. Et puis, en termes jeunesse, évidemment, il y a énormément aussi
de... enfin, d'efforts, mais pas juste d'efforts, de bons résultats qui sont atteints. Parce qu'évidemment,
dans les services sociaux, il y a la protection de la jeunesse, puis on le
savait depuis longtemps, à 18 ans, ce n'est pas facile, on le sait, c'est
prévisible, on va avoir 18 ans, puis on sort, puis on n'est peut-être pas toujours super bien outillé. Alors là, on le fait
de plus en plus, et puis je pense qu'on avait ce rôle-là depuis les
dernières années.
Et
puis on a évidemment, tu sais... Bon, il y a plusieurs aspects que mon collègue
de Jean-Talon a mentionnés mais
que... je ne voulais pas nécessairement rentrer dans les négociations du
secteur public, vous comprendrez, Mme la Présidente, néanmoins, je
trouve intéressant de, comment dire... de voir que certains, dans ce qu'on...
dans ce qu'on mentionne, que certains au moins reconnaissent qu'on a fait des
efforts en éducation. Et puis... (Interruption) Pardon, excusez-moi. Puis
évidemment, en éducation, c'est particulièrement important. Je pense que c'est
une solution non seulement à la pénurie de main-d'oeuvre, en quelque sorte,
pour la productivité, mais aussi au développement de compétences qui vont permettre de se réaliser puis de se développer à
plein... c'est-à-dire pleinement, pour notre potentiel... (Interruption)
Désolé, un petit chat dans la gorge.
Alors,
évidemment, l'éducation, ce n'est pas juste la formation initiale, c'est aussi
certaines formations continues, c'est
certaines formations accélérées. Je pense qu'on est sortis de la boîte, on a
réussi à avoir de plus en plus de polyvalence. Puis je pense que c'est
comme ça qu'on réussit aussi, comme gouvernement, à faire face aux défis de la
pénurie de main-d'oeuvre et je pense que
c'est dans ces solutions-là qu'on trouve les meilleures réponses. Alors, merci,
madame.
La Présidente (Mme Dufour) : Merci,
M. le député. Nous allons maintenant débuter la septième série d'interventions.
Je cède la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve, et vous disposez de deux
minutes.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
Hier, le 10 novembre, c'était la Journée internationale des stagiaires. Et
l'enjeu des stages, au Québec, il n'est pas nouveau, c'est un enjeu qui est
présent depuis plusieurs années, c'est un peu mon collègue Gabriel Nadeau-Dubois qui l'avait
amené le premier, là, lors de son élection en 2017. Quand on parle des stages, on parle bien sûr de la rémunération
des stages. Le gouvernement avait essayé de faire un premier pas avec les enseignants. C'était une demi-mesure à
l'époque, c'était très insatisfaisant. Le collègue ministre du Travail avait
essayé de faire un encadrement. Ça aussi, demi-mesure très
insatisfaisante.
• (9 h 40) •
Puis, depuis le début, ce qu'on dit, nous,
c'est : Il faut qu'on rémunère tous les stages. Il faut qu'il y ait une
forme de rémunération qui soit apportée, parce que non seulement c'est injuste
en soi, que certains stagiaires sont rémunérés et d'autres non, mais, en plus,
ce qu'on observe, c'est que les stages qui sont dans le domaine public sont les moins rémunérés, puis, en plus, ça a tendance
à être davantage des femmes qui font des stages non rémunérés dans le domaine public. Ça fait que, quand on parle de
pénurie de main-d'oeuvre dans le secteur public, il faut aborder de front
ce sujet-là des stages non rémunérés. Il y a
eu des motions, des pétitions. J'en parraine une, pétition, au moment où on se
parle, il y a déjà 850 personnes qui l'ont signée, notamment, là, à
l'initiative des gens de l'Université de Sherbrooke, militants de
l'Université de Sherbrooke.
Ma question
pour la ministre est très simple : Est-ce qu'elle peut nous garantir que,
dans la mise à jour économique des
prochains jours qui s'en viennent, il y aura du nouveau sur la rémunération des
stages? Est-ce qu'elle s'est assurée, elle personnellement, auprès de sa
ministre de l'Éducation supérieure, auprès du ministre des Finances, qu'il y
allait avoir une rémunération des stages, qu'il y allait avoir des nouvelles
sur cette rémunération des stages? Ça fait trop longtemps qu'on l'attend. Les gens le méritent, les femmes étudiantes du
Québec le méritent. Déjà que c'est un peu difficile de s'y retrouver dans les bourses Perspective, ce
qui est un autre sujet connexe, là, qu'il faudra régler éventuellement. Mais, sur les stages, Mme la ministre, est-ce que
vous vous êtes engagée ou allez-vous vous engager à le faire d'ici à la mise à jour économique, de s'assurer que la
rémunération des stages, au Québec, ce soit une réalité à partir de la prochaine
session?
Conclusions
La Présidente (Mme Dufour) : Merci.
Nous en sommes maintenant aux dernières interventions. Alors, Mme la ministre,
vous avez maintenant la parole pour 10 minutes.
Mme Kateri
Champagne Jourdain
Mme Champagne Jourdain : Merci, Mme
la Présidente. Je vous remercie pour vos commentaires, on va en discuter avec
ma collègue concernée.
Avant de conclure, j'aimerais remercier les
collègues pour leurs interventions aujourd'hui. C'était aussi ma première interpellation, donc c'est
l'interpellation des premières, disons-le comme ça. J'aimerais saluer en
particulier la députée de Soulanges,
le député de Saint-Jérôme et celle de Huntingdon aussi, mais également les
collègues de l'opposition, la députée
de Bourassa-Sauvé, le député d'Hochelaga-Maisonneuve et le député de
Jean-Talon. Je pense que les échanges qu'on a eus aujourd'hui ont permis
de mettre en perspective un certain nombre de faits, de sujets.
Par
rapport à la pénurie de main-d'oeuvre, on l'a vu depuis notre arrivée au
gouvernement, on multiplie les initiatives pour appuyer le secteur public et
les entreprises qui ont besoin de nouveaux travailleurs. On ne ménage aucun
effort pour que l'État continue de dispenser des services et poursuivre la
croissance économique du Québec. C'est justement pour ça qu'on a mis en place
l'Opération main-d'oeuvre, pour laquelle, je vous le rappelle, notre
gouvernement a investi 3,9 milliards de dollars sur cinq ans, et déjà
on constate les effets positifs, après moins de deux ans. D'ici 2027, on va prendre la pleine mesure de ces bénéfices,
puisque, comme on le sait, certaines formations professionnelles prennent plus de temps. Par exemple, former un
enseignant ou une enseignante, ça prend quatre années. Mais, quand je
vois qu'en enseignement à l'Université Laval la rentrée scolaire d'août a été
qualifiée d'historique, avec une
augmentation globale de 20 % dans les programmes de baccalauréat et de
maîtrise qualifiante, dans les niveaux préscolaires
et au primaire, l'augmentation a même été de 29 %, un autre exemple, à
l'Université du Québec en Abitibi, il y a près de 50 inscriptions de plus dans
les baccalauréats en enseignement qu'à l'automne dernier, on parle donc ici
d'une hausse de 70 %, bien, pour moi,
ça veut dire que c'est un succès, qu'on commence à récolter des résultats, et,
dans ces résultats-là, bien, c'est certain qu'on parle de l'Opération
main-d'oeuvre, qui est pour beaucoup. Les étudiants qui s'inscrivent dans ces baccalauréats-là sont admissibles à recevoir
une bourse Perspective de 2 500 $ par session. On vient faire
une différence positive chez celles et ceux qui choisissent cette carrière-là
aussi.
Du côté de la santé et des services sociaux,
c'est la même chose, ça prend du temps former un psychologue ou une infirmière.
Nos mesures de recrutement dans les collèges et les universités portent fruit.
Pendant qu'on agit sur le front de la formation,
le gouvernement poursuit de nombreuses actions pour favoriser le recrutement de
la main-d'oeuvre dans les réseaux publics. Vous l'avez vu durant cette
interpellation-là, mes collègues le ministre
de la Santé, le ministre responsable des Services sociaux, la ministre
responsable des Aînés, le ministre de
l'Éducation et la ministre de la Famille multiplient les initiatives afin que
leurs réseaux puissent embaucher des travailleurs, des travailleurs
qualifiés dont ils ont besoin.
On a pu
parler de la construction aussi. Je crois que les Québécoises et les Québécois
ont droit à des infrastructures de
qualité. Qu'on pense à la réfection des hôpitaux, à nos belles écoles, à nos
maisons des aînés, notre gouvernement a de grandes ambitions pour le Québec. Ces établissements vont permettre non
seulement de dispenser des soins et d'offrir des services, mais ils vont
constituer aussi des milieux de travail stimulants pour les personnes qui vont
y oeuvrer chaque jour. Avec l'Offensive de
formation en construction qu'on a lancée cette semaine, on démontre une fois de
plus que notre gouvernement... ce que notre gouvernement,
dans le fond, fait pour voir lever de terre ces infrastructures, qui
sont névralgiques. Déjà, l'Opération main-d'oeuvre nous a permis d'intégrer en
emploi plus de 22 000 travailleurs
en moins de 18 mois, soit 40 % de
notre cible sur cinq ans. Ça, c'est dans le secteur de la construction. Avec
notre nouvelle offensive, on va ajouter entre 4 000 et 500... entre
4 000 et 5 000 personnes supplémentaires sur nos chantiers à
partir de l'été prochain, de futurs travailleurs, et, je l'espère, travailleurs
formés, qui vont mettre la main à la pâte pour bâtir le Québec.
On a donc, dans cette interpellation, parlé de
formation des jeunes, mais aussi d'accès au marché du travail et de
requalification. Comme ministre de l'Emploi, sur toutes les tribunes qui me
sont offertes depuis un an, je plaide l'importance de donner une chance à tous
celles et ceux qui souhaitent participer activement au marché du travail. On
l'a vu, c'est au Québec qu'on a eu les meilleurs taux d'emploi au pays. On a
l'intention de continuer notre travail pour
permettre au plus grand nombre de personnes d'accéder à un emploi, soyez
certains qu'on va continuer de travailler en ce sens-là.
Si on a eu
des taux de chômage qui ont été historiquement bas au Québec, il demeure plus
difficile d'accéder au marché du
travail si vous êtes un immigrant depuis moins de cinq ans, si vous êtes une
personne judiciarisée, un membre des Premières Nations et Inuits, une
personne handicapée, quelqu'un qui vit avec un trouble de déficit de
l'attention ou un travailleur expérimenté
qui vient de perdre son emploi. Le Québec n'a certainement pas les moyens de se
priver de ces talents-là, qui ne demandent qu'à se réaliser
personnellement et professionnellement en intégrant le marché du travail.
Plusieurs organisations et entreprises ont déjà mis en place différentes
mesures pour favoriser l'inclusion et la diversité parmi leur personnel. J'en ai
déjà d'ailleurs rencontré plusieurs au cours de la dernière année à travers
cette grande tournée-là. Et vous savez quoi? Personne ne m'a dit avoir regretté
cette ouverture-là.
Mme la Présidente, avant de me lancer en
politique, avant d'être députée, je m'intéressais, comme les Québécois qui nous écoutent, à différents enjeux
de notre société, en particulier à ceux de la démographie. Vous le savez,
dans les régions éloignées, comme sur la Côte-Nord, par exemple, on se bat tous
les jours pour assurer la vitalité et le dynamisme
de nos territoires. Depuis plusieurs décennies déjà, on est témoin du
vieillissement aussi de notre population. Mais on refuse de se résigner. C'est pour ça que, sur le terrain, les
initiatives se multiplient pour que nos milieux de vie soient attractifs
pour les jeunes, pour les travailleurs, pour les entrepreneurs et leurs
familles.
On aurait
apprécié que les gouvernements précédents agissent, eux aussi, à l'image de nos
milieux, qui se sont pris en main. Ces gouvernements ont tous été avisés, voire
alertés par les démographes sur les effets du vieillissement accéléré de la population. Ils connaissent non
seulement le choc... ils connaissaient non seulement le choc démographique
à venir, mais aussi la pénurie de
main-d'oeuvre qui s'ensuivrait. Malheureusement, ils ont échoué à leurs
responsabilités en ne posant pas les gestes nécessaires pour en éviter
les conséquences, notamment sur les services publics.
Je pourrais discourir longtemps sur le manque de
vision de nos prédécesseurs et sur ses conséquences, mais, à l'image des gens fiers d'habiter et de dynamiser
les régions éloignées du Québec, à l'image des Nord-Côtiers, que j'ai le
privilège de représenter ici, au salon bleu, j'essaie chaque jour, au meilleur
de mes capacités, en toute humilité, de mettre
l'épaule à la roue et de faire partie de la solution. Lutter contre la pénurie
de main-d'oeuvre, c'est aussi lutter pour garder bien vivantes nos régions à travers les services publics auxquels
nous avons droit, bien sûr, mais aussi avec la vitalité de nos
entreprises, nos organismes et nos institutions.
• (9 h 50) •
Depuis 2018,
le gouvernement du Québec multiplie les initiatives et assume pleinement son
leadership pour lutter contre la
pénurie de main-d'oeuvre. Vous savez, on en a parlé, j'ai parlé des différentes
mesures de l'Opération main-d'oeuvre.
On a aussi, à Services Québec, des services pour les entreprises, on a des
services pour les chercheurs d'emploi.
J'ai aussi eu la chance de discuter de l'Offensive de formation en construction
qu'on a annoncée. On est agiles, cette Opération main-d'oeuvre là, on va
certainement s'assurer de rencontrer les cibles, mais ça ne nous empêche pas d'être agiles et d'être capables de répondre à
d'autres besoins en parallèle qui peuvent arriver en fonction des décisions
qu'on aura prises, en fonction des grands projets qu'on aura décidé d'embrasser
et de développer.
Alors, c'est vous dire qu'on multiplie les
initiatives et qu'on assume pleinement notre leadership pour lutter contre la pénurie de main-d'oeuvre, mais le combat
que nous menons partout au Québec, ce n'est pas celui uniquement du
gouvernement, mais celui d'une société. Mme la Présidente, je vous remercie. (S'exprime
dans sa langue).
La
Présidente (Mme Dufour) : Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la
parole à la députée de Bourassa-Sauvé, également pour une période de
10 minutes.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme
Cadet : Merci, Mme la Présidente. Bien, tout d'abord,
bien, permettez-moi, donc, à mon tour, parce que je n'ai pas eu l'occasion de le faire lors de mes interventions
précédentes, effectivement, de saluer, donc, les travailleurs, les 547 familles, en fait, plus que les
travailleurs, donc, qui ont été éprouvées par les pertes d'emploi hier dans le
secteur des médias. C'est une triste situation que nous vivons tous
collectivement. Donc, je veux vous dire qu'également je suis avec vous.
Par la suite, j'aimerais aussi saluer mes collègues
pour une interpellation qui s'est déroulée sous le signe de la cordialité.
Donc, si j'ai bien compté, je pense que nous avions cinq premières, donc la
mienne, celle du député d'Hochelaga-Maisonneuve, celle de la ministre de
l'Emploi, de la députée d'Huntingdon et du député de Jean-Talon. Et je crois bien, Mme la Présidente, que c'est
votre première fois, c'est la première fois que vous présidiez une commission
parlementaire. Donc, voilà. Donc, nous avons brisé la glace ensemble.
Permettez-moi
par la suite de revenir tout de même, donc, sur certaines, donc, des dernières
interventions afin de conclure, donc, ces
échanges. Je rembobinerais, donc, la cassette, donc, sur la question des
ressources des services publics
d'emploi, parce que je sais que... en fait, la ministre, dans l'une de ses
interventions précédentes, donc, a parlé, là, de financement à la mission. Puis
soyez rassurée, Mme la ministre, que je n'inférais pas qu'il y avait du
financement à la mission, mais, tout de même,
quand bien même que vous... donc, ce sont donc des services que vous achetez,
donc auprès, donc, de ces différents intervenants. J'aurais aimé,
j'aurais aimé, donc, lors de cet échange, donc, obtenir, donc, des réponses un peu plus précises face au
budget d'intervention du Fonds de développement du marché du travail et du...
bien, en fait, de la mise en oeuvre, donc, des interventions, donc, des
services publics d'emploi qui s'effectuera, donc, dans un contexte de transition vers un budget d'intervention moins
élevé. Je pense que les Québécois, aujourd'hui, donc, à l'occasion de cette interpellation, donc, auraient aimé pouvoir
obtenir, donc, quelques réponses face à ce budget. Parce que, oui, le
contexte, il a changé. Et c'est pour ça qu'on est là aujourd'hui.
Évidemment, donc, on
est dans une situation, grosso modo, de plein-emploi, on est en pénurie. Ça
touche les services publics, ça touche nos entrepreneurs partout dans nos
différentes régions. Il faut se réajuster. C'est la raison pour laquelle, donc,
on se rencontre puis qu'on offre des solutions au gouvernement. Donc, on
présente nous-mêmes différentes recommandations sur comment juguler la pénurie
de main-d'oeuvre, en faisant oeuvre de créativité à cet égard. Tout de même, donc, à travers les différents moyens qui peuvent
être pris pour ce faire, ce qu'on prend... ce qu'on comprend ou à tout le moins ce que je comprends
quand je rencontre les différents... les différents, donc, services spécialisés
d'employabilité, c'est qu'ils veulent mettre la main à... mettre l'épaule à la
roue pour nous aider dans cet objectif tout à fait tangible.
J'aurais aimé aussi,
donc, lors de cet échange précis, recevoir des précisions sur le... au moins,
être rassurée, à tout le moins rassurée sur
la question, donc, du budget qui provient du gouvernement fédéral. Parce qu'on
sait que c'est une habitude, malheureusement, au sein de ce gouvernement, de
recevoir certaines sommes, de les négocier puis ensuite de ne pas
nécessairement, donc, les affecter là où elles pourraient, donc, jouer un rôle,
un rôle déterminant, donc, en raison de
différents choix politiques. Donc, je vous... Vous comprendrez que ce ne sera
pas la première fois qu'on aura cet échange, jusqu'à ce qu'on puisse
avoir une réponse par rapport au budget du gouvernement fédéral.
Ensuite, la ministre,
donc, a parlé à quelques reprises, dans sa conclusion, de l'annonce dans le
secteur de la construction. Puis je reviens
ici parce que moi, j'ai eu l'occasion, en début de semaine, là, de me prononcer
là-dessus, sur certains écueils, sur
certains angles morts que je perçois, donc, dans cette annonce. Tant mieux...
Je pense que l'intention, elle est
bonne. L'intention, elle est là, manifestement. Mais il faut qu'on puisse
s'assurer que les programmes, les différents
A.E.C. de courte durée, là, qu'ils soient développés, puissent, dans le contenu
proposé, répondre à... répondre aux
différents besoins, mais également ne pas se leurrer. Parce que je viens
d'entendre la ministre, dire : Ah! bien, on a... on aura des
effectifs supplémentaires. Mais il faut se rappeler que, dans le secteur de la
construction, donc, il y a plusieurs éléments de la main-d'oeuvre qui
proviennent de l'ouverture de bassins. Donc, il est raisonnable, donc, de croire que bien des gens, qui, de toute manière,
donc, s'inscriraient par bassins, donc, sont tentés par ce mécanisme d'A.E.C. de
courte durée qui est présenté.
Et j'ai aussi eu
l'occasion, là, de me prononcer sur les choix des différents programmes, qui ne
sont pas nécessairement toujours arrimés avec les besoins... les besoins du
secteur. Puis c'est dans cette perspective... Puis, vous savez, Mme la
Présidente, souvent, donc, on parle d'annonces brouillonnes de la part de la
CAQ, les devoirs ne semblent pas tout à fait avoir été faits, qu'on a tourné
les coins ronds, bien, c'est ce qu'on a senti dans cette annonce cette semaine. On aura certainement l'occasion de
le voir à plus long terme. Je ne suis pas la seule à m'exprimer de cette
manière-là. On a vu le terrain, quelques
experts, des professeurs, notamment, rédiger donc des lettres ouvertes, exprimer
les mêmes types d'inquiétudes quant à cette annonce et à... et au... à leurs
doutes face à la capacité de cette initiative de véritablement juguler la
pénurie de main-d'oeuvre, dans le secteur de la construction particulièrement.
Je continuerais en
parlant de planification de la main-d'oeuvre. Lors de notre échange, je suis
restée un peu sur ma faim sur cette question-là. Je vous rappelle un peu, donc,
les propos de Mme Véronique Proulx, P.D.G. de Manufacturiers et
Exportateurs du Québec, qui, un peu plus tard... pas plus tard que le mois
dernier, nous disait : «Le gouvernement
doit, cette fois-ci, s'assurer que sa planification aura un impact réel pour
combler les besoins de main-d'oeuvre
des entreprises et des manufacturiers du Québec.» Évidemment, donc, elle
s'exprime pour ses membres, donc les manufacturiers, et ce qu'elle émet,
ce sont des doutes face à la planification de la main-d'oeuvre. Et on ne peut
pas parler d'endiguer la pénurie de main-d'oeuvre sans cette planification,
sans faire une planification adéquate, basée
sur les besoins qui sont prioritaires dans différents secteurs d'activité, et,
manifestement, l'un de ces secteurs est demeuré sur sa faim, et elle l'exprime publiquement dans les médias.
Donc, c'est un peu à ce titre que je vous ai interpelée sur la question
de la planification.
• (10 heures) •
Puis
j'ai l'impression qu'au cours de nos échanges on a eu un peu, donc, un exemple
de ça. Donc, il y a quelques jours, donc, à la suite de la planification
pluriannuelle de l'immigration, donc, on nous présentait certains seuils
sans tenir compte de l'immigration
temporaire. Mais, de l'autre côté, manifestement, au niveau du ministère de
l'Emploi, comme on peut lire dans
votre plan d'action et dans votre plan à plus long terme, 2023-2027, et comme
l'a exprimé la députée de Soulanges, manifestement, donc, il y a des
activités qui sont financées, donc, d'attractivité des travailleurs étrangers temporaires. Donc, vous planifiez, au niveau de
l'emploi, en fonction des travailleurs étrangers temporaires, mais, au niveau
de l'Immigration, on ne le fait pas. Il
semble y avoir une certaine incohérence ici qu'il me semble extrêmement
pertinent de soulever et qui montre donc une fois de plus l'aspect,
donc, plutôt brouillon mais également, donc, le manque de concertation.
Puis ça
m'amène à remettre sur la table la question du comité interministériel. Je vous
entends, Mme la ministre, quand vous dites qu'il y a, donc, une certaine
forme de concertation, de coopération qui est faite avec les différents ministères, et je le vois aussi, donc, dans votre plan
2023-2027, mais, manifestement, donc, je viens d'en montrer un exemple avec l'Immigration et l'Emploi. Mais
l'autre, donc, c'est vraiment toute la question des travailleurs éloignés du
marché du travail, où, quand je parle aux groupes et que je leur parle de
coordination, ils sont tous exaspérés face au manque de liens qui
peuvent être faits entre les différents ministères, les leurs, notamment. Et je
pense qu'il y a une opportunité, j'ai
entendu une certaine forme d'écoute et d'ouverture. J'espère qu'on pourra
poursuivre la conversation sur la question du comité interministériel,
particulièrement en ce qui a trait aux travailleurs éloignés du marché du travail, parce qu'on l'entend des groupes, et les
milieux d'affaires, aussi, ont fait circuler, un peu plus récemment, cette
idée-là, donc, de travailler de façon interministérielle, et on espère que ça
pourra se faire.
Donc, en terminant, donc, véritablement, donc,
salutations à tous, donc. Malgré la contraction du milieu, des chiffres au niveau économique, il y a encore de nombreux
défis, de nombreux défis en matière de pénurie de main-d'oeuvre, et il
est important de la juguler pour que les Québécois puissent avoir accès à des
services publics de qualité. Merci.
La Présidente (Mme Dufour) : Merci,
Mme la députée.
Compte tenu de l'heure, je lève la séance, et la
commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 10 h 02)