Journal des débats (Hansard) of the Committee on Labour and the Economy
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(November 29, 2022 au September 10, 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Tuesday, May 20, 2025
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Vol. 47 N° 107
Clause-by-clause consideration of Bill 89, an Act to give greater consideration to the needs of the population in the event of a strike or a lock-out
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-cinq minutes)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'économie et du travail ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 89, Loi visant à considérer
davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out...
Le Président (M. Allaire) :
…merci de prendre quelques secondes d'ailleurs pour éteindre l'ensemble de vos
sonneries de vos multiples appareils électroniques, s'il vous plaît! M. le secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey) est remplacée par Mme Prass
(D'Arcy-McGee) et M. Fontecilla (Laurier-Dorion) est remplacé par M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve).
Le Président (M. Allaire) :
Parfait! Merci, M. le secrétaire. Si vous vous souvenez, lors de l'ajournement,
avant que M. le ministre perde la voix, nous étions à un amendement déposé par
la députée d'Hochelaga-Maisonneuve à l'article 111.22.3, qui est introduit
à l'article 4 du projet de loi. Alors, à ce stade-ci, puisque ça fait déjà
plus d'une semaine, je demanderais au député d'Hochelaga-Maisonneuve,
peut-être, de nous faire un petit rappel avec son argumentaire, là, lors du
dépôt de cet amendement. Donc, la parole est à vous.
M. Leduc : Donc, juste pour
être clair, M. le Président… merci. Bonjour, tout le monde. En fait, j'espère
que vous avez passé une bonne semaine de circonscription la semaine dernière.
Bonne fête des Patriotes, hier aussi, un peu en retard. Donc, si je me rappelle
bien, quand on s'est laissé, M. le ministre avait une voix qui me faisait
penser à mon… à ma propre adolescence, qui est en train de me tuer. Je constate
qu'il va mieux aujourd'hui. Je suis content de le voir. Je l'ai constaté
beaucoup plus tôt, bien sûr, ça fait comme presque un mois qu'on ne s'est pas
vus.
Donc, si vous me dites, M. le Président…
c'est qu'on avait abordé l'article quatre qui était, si mon souvenir est bon
dans la séquence d'adoption souhaitée par le gouvernement, sur lequel on
s'était entendu en ouverture, donc, comme un peu l'article un de l'étude
détaillée si on veut. On a commencé par lui puis il est décliné en de nombreux…
un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, 10, 11, 12, 13, 14 sous-articles.
Puis si… puis, encore une fois, je veux juste me faire confirmer que j'avais…
mon souvenir est bon, on les traverse un par un, mais l'adoption de l'article
quatre se fera à la fin de ces 14.
Le Président (M. Allaire) : …
M. Leduc : Wow! Excellent!
J'ai bien dormi hier soir, ça aide. Et là on était rendus au 111.22.3.
Le Président (M. Allaire) :
111.22.3.
M. Leduc : Ça fait qu'on avait
seulement fait… fini le 111.22.2.
Le Président (M. Allaire) :
Exact.
M. Leduc : 111.22.3. Parfait.
Et là j'avais déposé un amendement qu'on avait commencé à discuter, que je vais
donc relire pour…
Le Président (M. Allaire) :
Pour votre gouverne, il vous reste sept minutes, 10.
M. Leduc : Sur cet amendement?
Le Président (M. Allaire) :
exact.
M. Leduc : Merveilleux. Donc,
111.2.3 : À l'article 111.22.3 proposé par l'article quatre du projet
de loi, remplacer « disproportionné » par « grave et fondamental ».
Le… La logique ici, M. le Président, c'est
que le critère… les nouveaux critères que le ministre se donne pour un peu,
dans le fond, contourner la loi sur les services essentiels avec son nouveau
système et en élargir la portée dans les faits, c'est… il change, il baisse la
barre parce que pour les services essentiels, il fallait avoir une barre, là…
il fallait rencontrer des critères assez élevés. Tandis que là, c'est assez
disproportionné, c'est assez… c'est assez large. Qu'est-ce qui décide? Qui
décide qu'est-ce qui est disproportionné? Tandis que grave et fondamental, on
est dans du très clair. Alors c'est cette zone de flou là sur laquelle, je
pense, on avait commencé à échanger, M. le ministre et moi, que je voulais
clarifier par mon amendement.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
• (9 h 50) •
M. Boulet : Oui. Merci, M. le
Président. Heureux de vous revoir en commission. Merci à tous les collègues et
à tous ceux et celles qui participent à la continuité dans l'harmonie de cette
étude détaillée du projet de loi n° 89. En fait, comme on l'a expliqué à
plusieurs reprises, puis je vais le faire de manière sommaire, ce n'est pas
nous qui allons décider ce qui est disproportionné, c'est le tribunal
administratif du travail. Et donc c'est important pour moi de rappeler que le
gouvernement adopte un décret. Une des deux parties peut faire une demande au
tribunal administratif, qui est totalement impartial et indépendant, qui aura à
déterminer ce qui est disproportionné.
Vous parlez de barre, ce n'est pas de mettre
la barre plus haut ou plus bas. Comme vous savez, il y a des services
essentiels, c'est-à-dire dont l'interruption peut avoir pour effet de
compromettre ou de mettre en danger la santé et la sécurité publique.
Parallèlement, il y a des services à maintenir pour assurer le bien-être de la
population et c'est ce à quoi le concept de disproportionné réfère.
Et évidemment, c'est factuel, ça tiendra
des rencontres des circonstances qui sont mises en preuve, mais
disproportionné, c'est disproportion par rapport aux inconvénients que… dont on
peut normalement s'attendre ou dont la population peut normalement s'attendre
lors de l'exercice d'un droit de grève. Donc, c'est certain qu'il y aura une
démonstration à faire que la grève cause des conséquences qui dépassent ce qui
doit normalement être accepté dans le cadre d'un conflit de travail…
M. Boulet : ...et j'avais
précisé aussi à quelques reprises — Bonjour, collègue — que
«affecter de manière disproportionnée», il faut que l'effet sur la sécurité sociale,
économique ou environnementale de la population soit significatif. Et ça ne
peut pas être un simple inconvénient ou un simple désagrément. C'est sûr que,
quand il y a exercice d'un droit de grève, il y a des répercussions. Et,
cependant, il ne faut pas que ça aille jusqu'à être disproportionné. Quant à
l'application de ce concept-là, je le répète, c'est un tribunal administratif
qui va devoir l'appliquer à la lumière des faits démontrés. Puis c'est du cas
par cas.
M. Leduc : Vous avez
peut-être soit pris l'autobus à Québec récemment ou vu passer les autobus du
RTC. Il y a, encore maintenant, donc, plein de collants sur les autobus qui
parlent de la grève à venir dans le service d'autobus. Est-ce qu'une grève au
RTC, une nouvelle éventuelle grève RTC, on sait à quel point vous avez été
impacté par la précédente, vous en avez... vous l'avez utilisé beaucoup dans
vos entrevues, la dernière grève du RTC, là, qui remonte à 2023, est-ce qu'une
éventuelle grève de RTC serait une atteinte disproportionnée?
Le Président (M. Allaire) :
M. le ministre.
M. Boulet : M. le
Président, je vais reprendre les mêmes propos. Évidemment, il faut souhaiter un
règlement à l'amiable. Il faut souhaiter une entente de principe. Il faut
éviter les grèves potentielles ou les cessations concertées de travail qui
auraient lieu ce jeudi et ce vendredi. Le transport en commun fait partie des
services publics qui sont inclus dans le Code du travail, et le régime de
service à maintenir pour le bien de la population est un régime qui est
parallèle. Donc, ce n'est pas possible pour moi de dire quel sera l'impact si
une grève se perpétue dans le temps et c'est le tribunal qui aurait à déterminer
si ça affecte le bien être de la population, c'est-à-dire si des services
minimalement requis doivent être maintenus pour assurer la sécurité sociale,
économique ou environnementale de la population et pour éviter qu'elle soit
affectée de manière disproportionnée. Donc, ce que je dis, c'est que
techniquement, légalement, ce régime de services parallèles à maintenir pour
assurer le bien être de la population pourrait s'appliquer. Mais ça dépend des
circonstances. Ce n'est pas lors de l'exercice, nécessairement, d'une grève,
que ça s'appliquerait. Il faut voir l'impact sur la population.
M. Leduc : Moi, je me
mets dans les souliers d'un employé de la RTC qui a vu vos entrevues sur la
question de votre projet de loi, qui a vu que vous utilisiez beaucoup l'exemple
de la grève du RTC pour justifier l'existence de votre projet de loi. Et là, je
regarde la grève à venir, puis je me dis : Bien, j'assume qu'il parle de
moi ici. J'assume qu'il parle d'une disproportion de l'exercice de ma grève sur
la population. Je ne peux pas croire que vous ne pouvez pas vous imaginer que
c'est ça qu'il pense.
M. Boulet : Bien, je
voudrais un peu rétablir les faits. On en a parlé de façon contemporaine de ce
projet de loi là potentiel de manière contemporaine à un conflit de travail,
mais les situations qui m'ont interpelé le plus... de la manière la plus aiguë,
c'est évidemment les services funéraires, c'est les enfants à besoins
particuliers, c'est le transport scolaire, le transport en commun. Tout ce que
je dis, c'est que le projet de loi n° 89, dans sa facture actuelle, ce
serait au tribunal à déterminer dans la mesure où il y a un décret et dans la
mesure où l'une des parties décide de saisir le tribunal, et les parties
auraient à négocier des services minimums à maintenir pour assurer le bien-être
de la population. C'est ce qu'il faut retenir. C'est un projet de loi qui vise
à considérer davantage les besoins de la population. Donc, je ne peux pas
m'exprimer sur un cas hypothétique ou même sur un cas réel. Ce n'est pas le
ministre. On veut que ce soit une décision apolitique.
M. Leduc : Bien sûr que
ce n'est pas le ministre personnellement, sinon vous feriez une loi spéciale
comme dans le bon vieux temps. Mais quand les juges...
M. Boulet : Est-ce que
c'est vraiment le bon vieux temps?
M. Leduc : Bien, c'est...
Tout est relatif, hein, M. le ministre. Je vous laisse apprécier si c'était
mieux avant.
M. Boulet : Ça vient de
vous.
M. Leduc : «Make Québec great again», certains diront. Mais les juges
du TAT, là, qui vont devoir appliquer votre nouveau système qui est, selon même
plusieurs experts, assez flou, notamment cette question-là de disproportion,
ils vont se baser sur quoi? Bien, ils vont aller voir les échanges qu'on a,
vous et moi, avec les collègues également, pour voir quelle est la fameuse
intention du législateur...
M. Leduc : ...ils vont avoir
des débats entre eux, mais ils vont vouloir aller voir qu'est-ce que le
législateur souhaitait dire par «disproportion», puis je ne peux pas dire que
c'est très clair, ce que vous leur donnez, comme enlignement.
M. Boulet : Ah! c'est on ne
peut plus clair, puis là je vais le lire, pour que ce soit clair. C'est
vraiment l'intention du législateur. C'est de déterminer si les effets sur la
population sont disproportionnés par rapport aux inconvénients dont on peut
s'attendre que la population subisse en raison de l'exercice du droit de faire
la grève. Donc, les deux éléments clés, c'est les effets sur la population et
les inconvénients. Je pense que c'est deux mots qui peuvent guider le tribunal
dans sa détermination quant à savoir s'il y a des services minimalement requis
à maintenir pour assurer le bien-être de la population. Je pense que c'est
quand même assez clair.
M. Leduc : ...que vous dites
ça, parce qu'on a eu plus tôt des échanges alentour du fait que quand le RTC
est allé plaider pour être intégré dans les services essentiels, ils n'ont pas
réussi à convaincre le TAT, au regard des arguments de l'autre partie,
notamment... bien, je pense que c'était la CSN, de la démonstration qu'il n'y a
pas eu... il n'y a pas eu d'émeute, que c'était au niveau des désagréments, un
conflit de travail au RTC à Québec, et non l'atteinte grave. Mais vous, vous venez...
Parce qu'il y avait comme deux critères, il y a désagréments puis l'atteinte
grave, puis vous, vous venez en glisser un au milieu, juste au milieu, juste
sur la ligne. C'est ça qui est ambigu.
M. Boulet : C'est un concept
d'équilibre. Puis, évidemment, c'est du cas par cas. Je ne peux pas me
prononcer sur des décisions qui ont été rendues par le tribunal administratif
dans des conflits antérieurs. Mais pour les services essentiels, je le répète,
c'est des services dont l'interruption peut menacer la santé ou la sécurité
publique. Ici, c'est les services minimalement requis pour protéger la
population, pour assurer les besoins de la population. Donc, le guide, il est
clairement exprimé dans le projet de loi.
M. Leduc : ...vous rajoutez
un deuxième palier intermédiaire, ça, c'est clair. Mais où se trace exactement
la ligne? Vous générez du flou avec ça.
M. Boulet : Mais ce n'est pas
intermédiaire. C'est des régimes parallèles. Et dans le cas des services
publics — parce que ça ne s'applique pas en santé puis dans la
fonction publique — c'est deux régimes qui sont parallèles. Il peut y
avoir des services essentiels et, de manière complémentaire, des services pour
assurer le bien-être de la population. Ça fait que ça prend un critère qui est
compatible avec ce que nous voulons faire, c'est-à-dire protéger la population.
M. Leduc : ...la direction de
la RTC, dès la semaine... dès cette semaine, donc, si la grève est déclenchée,
peut aller mobiliser la Loi sur les services essentiels, puis, éventuellement,
quand la loi va être adoptée, il peut aller mobiliser la nouvelle loi aussi, en
même temps?
M. Boulet : Encore une fois,
je reviens sur la procédure. Ça prend un décret, et, à partir du moment où il y
a un décret gouvernemental, une des deux parties peut demander au tribunal
administratif de déterminer s'il y a des services pour assurer le bien-être de
la population qui doivent être maintenus. Donc, c'est cette procédure-là qui
est fondamentale, et c'est cette procédure-là qui rend tout ce qui est dans le
projet de loi objectif, et qui vise, ultimement, à protéger le monde.
M. Leduc : ...une des deux
parties. Mais pouvez-vous bien m'expliquer dans quel scénario la partie
syndicale souhaiterait aller se faire assujettir par votre projet de loi?
M. Boulet : Bien, il y a des
situations... puis là je ne veux pas entrer dans des hypothèses, mais où le
syndicat pourrait décider de saisir le tribunal administratif pour déterminer
le niveau de services à maintenir, et s'il n'y a pas d'entente, tu sais, après
ça, les partis les négocient, collègue. C'est fait par les parties de
déterminer le niveau des services minimalement requis à maintenir.
M. Leduc : ...vous
affaiblissez le rapport de force des travailleurs, vous êtes conscient de ça.
• (10 heures) •
M. Boulet : Bien, écoutez, il
y a des situations... si on se décroche du transport en commun, il y a des
situations où il peut y avoir des lock-outs, il y a des situations où il peut y
avoir des grèves. Je pense que c'est équilibré. Puis vous l'avez vu, lors des
consultations particulières, certains groupes souhaitaient que nous allions
plus loin, d'autres groupes souhaitaient que nous retirions ce projet de loi
là. Moi, j'y voyais une démonstration que notre projet de loi est en équilibre.
M. Leduc : Tous les groupes
patronaux étaient contents, tous les groupes syndicaux étaient en colère. Il
n'y a pas d'équilibre, M. le ministre.
M. Boulet : Il y a des
groupes patronaux au-delà... Souvenez-vous du Dr Égide Royer. Je ne vois pas en
lui un groupe patronal...
M. Leduc : Bien, ce n'est pas
un groupe syndical non plus.
M. Boulet : ...mais pas du
tout. Puis si on avait entendu cinq fois...
10 h (version non révisée)
M. Boulet : ...des docteurs
Égide Royer, on aurait eu les mêmes conclusions. Si on avait entendu 10 fois
puis 15 fois des professeurs souhaitant... souhaité par certains partis d'opposition,
on aurait entendu les mêmes conclusions, les mêmes recommandations. Il y a eu l'Association
du transport urbain du Québec, il y a eu d'autres groupes aussi, l'Union des
municipalités du Québec, la Fédération québécoise des municipalités...
M. Leduc : Mais, c'est tous
des patrons, ça, M. le ministre.
M. Boulet : Mais faisons
entendre cinq docteurs Égide Royer, vous allez avoir les mêmes conclusions. Les
consultations particulières nous ont permis de conclure que ça demeurait un
projet de loi qui est en équilibre et qui n'a pas d'impact négatif sur le
rapport de force d'une ou de l'autre des partis.
M. Leduc : Moi, je l'aime
bien, le Dr Égide Royer, mais je ne suis pas sûr que c'est lui qui est supposé
être le juge de l'arbitre de l'équilibre en droit du travail de vos projets de
loi, là. C'est un drôle de rôle que vous lui attribuez.
Cela étant dit, on revient au fondamental,
qu'est ce qu'un syndicat a intérêt à aller mobiliser votre projet de loi dans
un lock-out? C'est quoi son intérêt d'aller faire ça? Je ne comprends pas.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : On pourra faire
du cas par cas, mais le Dr Égide Royer, il a été percutant quant à la
détermination de savoir s'il y a des effets disproportionnés par rapport aux
inconvénients dont on peut s'attendre que la population subisse. Encore une
fois, c'est une hypothèse. Pour les enfants à besoins particuliers, les enfants
atteints du trouble du spectre de l'autisme et les enfants en situation de
handicap, quant à l'impact d'une grève en éducation sur leurs apprentissages et
leur acquisition de compétences. La régression à laquelle il référerait, le
rattrapage des apprentissages et des compétences qui devaient être faits, c'est
quand même assez illustratif de la nécessité d'avoir un projet de loi de cette
nature-ci.
Maintenant, quel est l'intérêt d'un
syndicat? Proposez-moi des cas. Et ce ne sera pas moi qui va l'appliquer, je le
répète, c'est une des parties qui va saisir le tribunal et le syndicat pourra
le faire autant que l'employeur. Êtes-vous en train de me dire que jamais les
syndicats ne souhaiteront le maintien de services minimalement requis alors que
la grève se poursuit parallèlement? Si c'est ce que vous prétendez, on peut le
confirmer ou l'infirmer, mais, selon moi, le souci de maintenir des services
minimalement requis pour assurer le bien-être de la population, ce n'est pas
une exclusivité patronale, c'est aussi un souci syndical puis un souci des
travailleurs syndiqués, selon moi.
M. Leduc : C'est parce que
vous me présentez : les deux parties pourront mobiliser, comme si c'est
quelque chose que l'un et l'autre feraient de manière presque équivalente,
alors que vous le savez très bien, que, dans les faits, ça va être 99 % du
temps les patrons qui vont mobiliser ça pour casser une grève et casser les
effets de la grève. Vous le savez très bien, M. le ministre, je ne vous
apprends rien.
M. Boulet : Donc là, on est
rendu à 1 %, donc il y a des cas. Selon moi, c'est beaucoup plus que ça.
Mais les deux partis auront la liberté de saisir le tribunal et auront d'abord
et avant tout la marge de manœuvre de convenir entre elles de la nature, les
tenants et aboutissants de ces services à maintenir.
M. Leduc : Combien de fois dans
l'histoire des syndicats ont mobilisé la Loi sur les services essentiels?
M. Boulet : Bien, dans le régime
sur les services essentiels, il y a eu des ententes entre les parties, en
santé, en services sociaux...
M. Leduc : Je parle de souhaiter
et de mobiliser... de vouloir être assujetti...
M. Boulet : ...dans la
fonction publique... Pardon?
M. Leduc : Moi, je ne parle
pas des ententes, là, je parle que le syndicat a dit : Oui, oui, on veut
être dans les services essentiels. Combien de fois vous avez vu ça, vous, M. le
ministre?
M. Boulet : Bien, c'est une
prétention que vous nous soumettez. Moi, je pense que les syndicats et les
syndiqués sont aussi soucieux de respecter la population, même lors de l'exercice
d'un droit de grève, encore plus aujourd'hui, on le sent continuellement. Il y
a beaucoup de grèves qui s'annoncent cette semaine, vous l'avez vu. Il y a la RTC,
il y a la construction résidentielle, il y a Poste Canada qui ne relève pas de
nous. Mais à chaque fois, j'entends les représentants syndicaux, puis ça fait
partie du discours public maintenant. On ne veut pas affecter la population, on
veut protéger le bien-être de la population. Je pense que ce n'est pas qu'un
souci patronal.
M. Leduc : ...c'est un souci
patronal?
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Mais on l'a eu,
cette discussion-là, là. Les professeurs d'Irénée-Lussier, là, l'école à
besoins particuliers, ils l'ont fait, la grève, ils l'ont voté, la grève, puis
ils étaient sur le trottoir, puis je leur ai parlé. Bien, ils souhaitent, eux
autres, l'amélioration des conditions de travail. Ils ne sont pas mal plus
inquiets des plus de 1 000 bris de services par année dans le réseau
scolaire que vous administrez comme gouvernement que les quelques jours de
grève qui se passent très rarement dans le réseau scolaire, c'était l'exception,
la grève, il y a deux ans.
M. Boulet : Ça, c'est un
autre débat, mais c'est une déclaration qui confirme que les syndicats puis les
syndiqués ont une préoccupation commune...
M. Boulet : ...avec les
employeurs dans bien des dossiers de conflits de travail. Merci.
M. Allaire : 30 secondes.
M. Leduc : Bien, vous l'avez
vu, le mémoire de la FAE. Ils ne sont pas contents pantoute, là, de ce que vous
faites. Ils sont inquiets que vous allez leur priver d'un moyen de se faire
entendre par le gouvernement.
M. Boulet : La FAE se
préoccupait du maintien de certaines conditions de travail. Là, nous, on parle
d'un conflit anticipé ou un conflit de travail réel.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : ...le RTC, qui
commence sa grève cette semaine, si la loi est adoptée, qu'est-ce qui se passe?
Est-ce que vous allez faire un décret?
M. Boulet : J'ai... Moi, je
ne ferai pas d'anticipation de comment la loi pourrait s'appliquer. Je le
répète, s'il y avait un décret, la balle est dans le camp des parties.
M. Leduc : ...pour faire le
fameux décret? Sur la disproportion, vous autres aussi?
M. Boulet : Bien, sur... ça,
je l'ai répété souvent, sur des consultations, des recommandations, sur des
avis. Le décret n'est que la mise au jeu. Après ça, c'est les parties qui
décident si elles s'entendent sur le niveau de service. Et c'est une des
parties qui peut demander au tribunal de le déterminer.
M. Leduc : ...la ligne
ouverte à Maurais Live, là, qui va déterminer si vous faites un décret ou pas?
Ça va-tu être votre boîte courriel? Ça va-tu être les appels au bureau?
M. Boulet : Je n'ai pas de
commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : Bien, c'est une
vraie question, là. Vous, vous allez devoir faire un décret. Vous allez...
Allez-vous vous baser vous-même sur le critère, que vous inventez, de
disproportion?
M. Boulet : J'ai répondu à cette
question-là à plusieurs reprises.
Le Président (M. Allaire) : Malheureusement,
ça met fin à cette période d'échange concernant l'amendement qui a été déposé
par la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, à moins que l'opposition officielle
souhaite intervenir. Ça va? Donc, nous allons procéder à la mise aux voix de
l'amendement. Est-ce que cet amendement est...
Une voix : ...
M. Allaire : Par appel
nominal, M. le secrétaire, s'il vous plaît. Merci.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
Le Secrétaire
: M. Dufour
(Abitibi-Est)?
M. Dufour : Contre.
Le Secrétaire
: M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
Le Secrétaire
: M. Martel
(Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel
: Contre.
Le Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Contre.
Le Secrétaire
: M. Allaire
(Maskinongé)?
Le Président (M. Allaire) : Abstention.
L'amendement est donc rejeté. On en revient donc à l'article quatre, qui
introduit 111.22.3. J'ai compris que le député d'Hochelaga-Maisonneuve avait un
autre amendement.
M. Leduc : Je vais demander
une suspension pour en rédiger aussi un autre, s'il vous plaît.
M. Allaire : Parfait. Il n'y
a pas de problème... (panne de son) ...quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 08)
(Reprise à 10 h 17)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous
souhaitez déposer un amendement. La parole est à vous.
M. Leduc : Oui, M. le
Président. Merci. Je vais le lire. À l'article 2.3, proposé par
l'article 4 du projet de loi, Insérer, avant «disproportionné», le mot
«hautement».
Donc, on vient encore une fois essayer de
corriger ce qui est, à mon avis, quelque chose, une intervention du ministre
qui génère du flou. Alors, on se rappelle qu'il y a un échelon assez élevé
de... je veux dire, de seuils... un seuil assez élevé dans la Loi sur les
services essentiels. Et que, dans la jurisprudence, d'ailleurs celle de... on a
fait évoquer... qu'on a évoqué à l'instant puis qu'on a évoqué il y a quelques
semaines, celle du RTC, on avait compris, là, qu'il y avait clairement un...
soit des désagréments de base qui ne sont pas agréables pour personne, mais qui
ne sont pas justifiables pour limiter les droits et libertés, dont celui du
droit d'association duquel découle le droit de grève, mais que là, en générant
du flou alentour de disproportion, ce n'est pas clair, c'est quoi la
disproportion, ce n'est pas clair quand ça s'applique, ce n'est pas clair qui
choisit ça. Bien, c'est-à-dire, là on sait que c'est les tribunaux, mais en se
basant sur quoi, en se basant sur quelle jurisprudence. Il va falloir qu'ils
l'inventent au fur et à mesure. Alors, on dit que si on rajouterait le mot
«hautement disproportionné», mais là on évite un peu de flou. Il en reste
encore pas mal, à mon avis, mais on en évite un peu. Puis je vais vous lire
un extrait, tu sais, M. le ministre aimait beaucoup citer M. Égide Royer, que
j'apprécie beaucoup, moi aussi, mais on a aussi... puis on a eu la chance
d'avoir eu des experts en relations industrielles, en droit du travail. Il y a
un important mémoire de Mélanie Laroche, Patrice Jalette et Gregor Murray qui a
été déposé. Ils sont venus d'ailleurs ici, là, dans cette salle, nous parler du
projet de loi. On n'a pas eu le temps, je pense, de plonger dans la notion de
disproportion dans les quelques minutes qu'on a avec eux et elle, mais à la
page 16, il y a un segment intéressant que je vais vous lire à l'instant,
ça dit : «Depuis l'introduction par le projet de loi d'un critère de
proportionnalité est confuse et probablement inapplicable si la disproportion
vise à comparer et à soupeser des libertés individuelles d'association et celle
du droit à la sécurité dans le cadre d'un conflit, même de nature privée, les
tribunaux ont déjà, avec les chartes, tous les outils nécessaires pour y
parvenir. Si cette disproportion vise plutôt à soupeser les enjeux et les
impacts d'un conflit, comment alors mesurer le désagrément à la sécurité
environnementale, sociale ou économique vécue par la population en les mettant
en rapport avec les objectifs poursuivis par cet arrêt de travail? Il s'agit
d'un problème de mesure bien réel, car il faudrait aussi considérer les
bénéfices produits pour l'ensemble de la population par l'amélioration des
conditions de travail des groupes en conflit et potentiellement des services
qu'ils assurent. Par exemple, il n'est pas rare que dans les secteurs offrant
des services publics, les points litigieux menant au conflit sont animés par un
désir des travailleurs d'améliorer les services à la population ou d'en éviter
la dégradation. Dans le même esprit, un conflit dans le secteur privé peut
viser à empêcher un employeur à délocaliser une partie de ses activités qui
seraient susceptibles d'affecter la place des opérations locales dans la chaîne
des valeurs mondiales, ce qui n'irait pas sans conséquences pour la communauté
locale. De telles considérations seront-elles prises en considération dans
l'évaluation de la proportionnalité? En dépit de nos expertises et nos
expériences en matière de relations de travail, il ne nous est pas possible de
déterminer comment on peut affecter de manière proportionnée ou disproportionnée
la sécurité économique, sociale ou environnementale. Plusieurs années ponctuées
d'essais, d'erreurs, de malentendus et de décisions du TAT sont probablement
nécessaires au développement d'une interprétation fonctionnelle de ces notions
floues. Le TAT dispose déjà d'une attitude pour élargir ou rétrécir la notion
de service essentiel à la lumière des normes sociales de sa propre
jurisprudence. Les parties à ces conflits sont libres de lui faire valoir leurs
arguments au moment d'arrêter la définition des services essentiels dans chaque
conflit. Notre régime de relations de travail étant déjà soumis à un contrôle
étatique important et un tel degré d'intervention de l'État étant inhabituel au
regard des normes internationales, il ne nous apparaît pas approprié pour le
Québec de se distinguer et de s'isoler davantage au plan international».
• (10 h 20) •
J'aimerais savoir ce que pense le ministre
de cet extrait du... de l'intéressant mémoire de Mme Laroche,
M. Jalette.
Le Président (M. Allaire) :
...M. le ministre.
M. Boulet : Merci, M. le
Président. Évidemment, on pourrait décortiquer. On ne nie pas d'ailleurs
l'exercice du droit de grève. On veut juste que ce droit de grève là soit
exercé de manière équilibrée avec les besoins de la population. Puis je vous
entends souvent dire : Les grèves peuvent provoquer une amélioration des
conditions de travail, peuvent provoquer une amélioration des services. On ne
nie pas ça. D'ailleurs, ce nouveau régime là de services à maintenir pour assurer
le bien-être de la population ne constitue pas une négation de l'exercice de
droit de grève. Je le répète souvent, c'est un équilibre entre l'exercice de ce
droit de grève là et l'assurance de protéger la population, d'assurer le
bien-être de la population.
Je reviens à votre amendement. Vous
rajoutez un adverbe qui va complexifier l'interprétation, alors que le guide
que j'ai partagé avec vous sur l'interprétation du concept disproportionné
m'apparaît assez clair avec les termes «effets et inconvénients» Là, hautement
disproportionné, là vous venez rajouter un adverbe qui, à mon avis, n'a aucune
utilité. Puis je vous rappellerai que ce n'est pas le législateur qui a à
déterminer, c'est un tribunal indépendant et impartial, c'est le Tribunal
administratif du travail — vous les connaissez, je sais que mon
collègue leur fait confiance — qui aura à déterminer s'il y a un
niveau de service minimalement requis à maintenir pour assurer le bien-être de
la population.
Donc, de rajouter des mots, pour moi, c'est
rendre ça plus complexe pour son interprétation ou son application. Donc,
c'est... à mon avis, ce n'est pas pertinent ou utile.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : Quand les experts
en relations industrielles disent : «Plusieurs années ponctuées d'essais
d'erreurs, de malentendus et de décisions de TAT seront probablement
nécessaires au développement d'une interprétation fonctionnelle de ces notions
floues.» Ils sont dans l'erreur, selon vous?
M. Boulet : La définition est
assez précise. Ce qui est important, puis e l'ai répété à plusieurs reprises,
c'est de conférer au tribunal une marge de manœuvre. On ne peut pas amener le
tribunal dans un entonnoir. Il faut qu'il soit en mesure d'apprécier les faits,
la valeur probante des personnes qui pourraient avoir à témoigner devant le
Tribunal administratif du travail et déterminer si les effets sur la population
sont disproportionnés par rapport aux inconvénients dont on peut s'attendre que
la population subisse, en raison de l'exercice de droit de faire la grève.
Donc, pour moi, j'ai tout dit, là, M. le Président.
M. Leduc : Avez-vous eu une
conversation avec des représentants du TAT par rapport à votre projet de loi?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Leduc : Moi,
personnellement, non.
M. Leduc : Les gens de votre
cabinet alors?
M. Boulet : Pas à ma
connaissance.
M. Leduc : Est-ce que ça
aurait été souhaitable que vous ayez des conversations avec les représentants
du TAT par rapport à votre projet de loi?
M. Boulet : Pas, selon moi. On
constitue, tout le monde ensemble, le pouvoir législatif. On détermine du
contenu d'une loi. Le Tribunal administratif du travail, je le répète, il est
impartial et indépendant. Les juges de ce tribunal-là auront à interpréter et à
appliquer le projet de loi. Donc, c'est... Moi, de mon côté, je n'ai pas eu à
intervenir auprès du TAT, ce que je ne fais jamais, moi, personnellement, ou
mon cabinet lors de l'élaboration d'un projet de loi.
M. Leduc : Je vous donne un
exemple. Je siège également sur la commission sur le temps d'écran qui achève
bientôt ses travaux d'ailleurs. Et, quand il a été question d'interdire le
cellulaire dans les écoles, bien, j'ai eu le réflexe d'appeler des associations
de direction d'école, parce que là ça s'enlignait pour une interdiction en
septembre à la rentrée, puis je demandais : Est-ce que c'est réaliste?
Est-ce que ça peut fonctionner dans un délai aussi court, si on dépose le
rapport à la fin du mois de mai, la directive est adoptée à la mi-juin, puis
vous devez rendre ça effectif pour septembre? Là, j'ai eu un retour très
critique de ce délai-là. Évidemment, l'école étant fermée, les écoles-écoles
étant en pause durant l'été, ça ne marchera pas. Je vous raconte tout ça, M. le
ministre, pour vous dire qu'après ça je suis revenu avec mes collègues en
commission pour dire : Bien, moi, j'ai des mauvaises nouvelles, si c'est
ça qu'on veut faire, le délai ne fonctionne pas. Et c'est de cette
conversation-là et de cette vérification-là de l'effectivité de ladite mesure
sur le terrain qu'avec mes collègues on a discuté, puis l'idée est venue de la
part gouvernementale...
M. Leduc : ...qu'avec mes
collègues on a discuté, puis l'idée de... est venue de la part
gouvernementale... de la partie gouvernementale de dire : Bien, peut-être
qu'on est mieux de faire un rapport tout de suite, pas attendre le rapport
général puis le déposer à la mi-juin, mais de le faire tout de suite... on
était, quoi... on était fin avril, début mai, comme ça la directive du ministre
pourrait être adoptée dès maintenant puis ça va donner quelques semaines
supplémentaires aux directions d'école pour le rendre pratique.
J'ai fait un grand détour, M. le ministre,
pour vous dire que, là, vous inventez un nouveau système, vous implantez des
critères, selon les experts en droit du travail et en relations du travail, qui
sont extrêmement flous, puis vous êtes en train de me dire que vous n'avez eu,
ni de près, ni de loin, ni vous, ni votre cabinet, aucune forme de conversation
avec les gens qui vont être pognés pour appliquer ça.
Le Président (M. Allaire) :
...
M. Boulet : Il y a une
distinction qui est fondamentale, collègue. Les associations de directions
d'école ne constituent pas des tribunaux. Le Tribunal administratif du travail
a l'expertise pour appliquer. D'ailleurs, vous le savez, il y a une direction
des services essentiels... il y a une division des services essentiels,
excusez-moi, auxquels ce régime parallèle là de services minimalement requis à
maintenir pour assurer le bien-être de la population... Donc, l'expertise est
là, c'est un tribunal. Faites-moi pas, s'il vous plaît, la comparaison entre
une consultation de partenaires, ici l'association des directeurs d'école,
auxquels vous faites référence, et un tribunal indépendant et impartial. Non.
Puis je nie. Puis je ne pense pas que le ministre ait à discuter avec un
tribunal administratif indépendant et impartial du contenu du projet de loi.
M. Leduc : Ça fait que c'est
toujours votre intention d'avoir la date d'application du projet de loi dès la
sanction. Donc, le TAT n'aura absolument aucun délai pour se concerter puis
préparer potentiellement une lecture commune et une compréhension commune de
votre projet de loi.
Le Président (M. Allaire) :
...ministre.
M. Boulet : Bien, ça... Bon,
il faut... il faut tenir compte de la réalité humaine et organisationnelle. Le
TAT connaît le contenu du projet de loi, a écouté les consultations
particulières, c'est ce que je présume, et se prépare. Et on verra au moment de
l'adoption de l'article sur la sanction et la mise en vigueur du projet de loi.
On va s'assurer... Au TAT, ils s'assurent de prendre les moyens pour être en
mesure de respecter l'application de ce projet de loi là.
Puis, comme je l'ai partagé aux collègues,
combien de fois ça va s'appliquer? C'est une procédure d'exception. Ça va être
utilisé de façon parcimonieuse. Je reprends souvent les mêmes termes pour
éviter la confusion littéraire, mais ce n'est pas une loi qui va s'appliquer à
toutes les semaines. C'est, encore une fois, un décret qui remet la balle dans
les mains des parties, puis c'est une des parties qui va saisir le Tribunal
administratif du travail. Moi, je dirais, c'est un peu aller au-delà de ce
qu'on peut attendre, là. Tu sais, ce n'est pas... Ne pensez pas que ça va
s'appliquer dans tous les conflits de travail. Il y a des critères qui sont
quand même assez précis à appliquer, là, mais qui vont, encore une fois,
laisser la marge de manœuvre nécessaire au tribunal.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : Bien sûr que je
fais la différence entre le TAT et les écoles, M. le Président, ça va sans
dire. L'exemple que je servais au ministre, c'était pour dire que j'avais fait
la démarche de consulter le milieu, ce que je comprends, il n'a pas fait pour
le TAT, en particulier... Ce n'est pas n'importe quelle loi, là, vous inventez
un nouveau système, vous faites du droit nouveau, certains pourraient dire,
puis vous inventez des nouvelles notions, là. C'est quand même du lourd ici,
là. Vous n'êtes pas en train de modifier deux, trois articles dans les normes
du travail. Ça, il n'y a personne qui va trouver ça compliqué à appliquer au
TAT. Mais ce que vous faites en ce moment, je suis pas mal sûr que ça a généré
toutes sortes de discussions à la machine à café du Tribunal administratif du
travail en disant : Oh boboy! Comment on va faire ça? Comment on va avoir
une compréhension commune de cette affaire-là?
• (10 h 30) •
M. Boulet : Bien, «Oh
boboy!»... Le cabinet, le ministre ne discute pas dans le moment où on élabore
le projet de loi, mais les gens de mon ministère ont des communications pour
s'assurer, puis le TAT est en mesure de s'organiser pour être capable
d'appliquer le projet de loi, une invention.
En fait, c'est du droit nouveau, ça, j'en
conviens. Il faut avoir l'audace de faire du droit nouveau. Il faut avoir
l'audace de protéger la population qui est... puis là j'utilise le mot avec
circonspection, mais ne puisse pas être prise en otage dans... par des conflits
de travail. Tout le monde en a vécu, des conflits de travail, que ce soient des
lock-out ou des grèves, qui ont fait mal au monde. Ce n'est que l'objectif de
ce projet de loi là, purement, simplement.
Donc, le TAT va s'associer au plan
organisationnel, à l'application de ce projet de loi là. Et moi, je suis
convaincu que les...
10 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...ce projet de
loi là. Et moi, je suis convaincu que les discussions avec les gens de mon
ministère et du TAT se sont bien déroulées. Mais ce n'est pas la première fois
que vous soulevez ça. Probablement que vous avez eu des discussions avec des
personnes du Tribunal administratif du travail qui vous ont fait part d'appréhension.
Si c'est le cas, partagez-les avec nous.
M. Leduc : C'est ce que je
fais en ce moment, M. le ministre.
M. Boulet : Bien, dites-nous à
qui puis qu'est-ce... c'est quoi, l'appréhension.
M. Leduc : Ah! vous voulez la
source, vous voulez la source.
M. Boulet : Bien oui. Vous
prétendez sans confirmer puis sans justifier.
M. Leduc : Bien, première
chose, je n'ai pas parlé à personne directement, mais j'ai des intermédiaires
bien informés.
M. Boulet : ...
M. Leduc : J'ai des
intermédiaires bien informés, M. le ministre. J'ai des antennes partout dans le
monde du travail. Vous le savez que j'en ai dans le milieu syndical, ça, ce n'est
pas une surprise pour vous.
M. Boulet : Des antennes?
M. Leduc : Des antennes. J'en
ai aussi dans d'autres milieux. Peut-être ça vous surprend, M. le ministre.
M. Boulet : Vous en avez du
côté patronal.
M. Leduc : J'en ai partout,
j'en ai partout.
M. Boulet : Vous êtes un homme
capable d'équilibre, collègue d'Hochelaga-Maisonneuve. On se connaît assez pour
que je puisse le dire.
M. Leduc : C'est vrai. Je
souhaite que ça soit ça que vous reteniez de mon intervention ici aujourd'hui, M.
le ministre.
Blague à part, si vous... je vous sens
sensible à mon argument du délai d'application qui ne sera pas simple. Je ne
suis pas sûr que les... l'ensemble des juges du TAT sont branchés avec nous
depuis le début de cette commission pour voir qu'est-ce qui se passe dans ce
projet de loi là. Cela étant dit... peut-être que des gens le font à leur
place, je ne le sais pas, mais seriez-vous ouvert à un délai d'application,
notamment en raison de cette réalité-là que le TAT doit se saisir de vos
concepts nouveaux et avoir une discussion puis une compréhension globale avant
que ça s'applique, idéalement?
M. Boulet : Non, absolument
pas. Ça prend une première cause. Est-ce que la première cause va venir trois
mois, six mois, neuf mois, un an? Peut-être jamais. Souhaitons-le. Notre
objectif avec nos services d'amélioration du climat de relation de travail puis
nos conciliateurs-médiateurs font en sorte que la grande majorité des conflits
de travail sont évités. Malheureusement, il y a encore une augmentation. Vous
avez vu, avec les données de Statistique Canada, on a battu un record en 2023,
qui a été battu en 2024, en termes du nombre de conflits de travail. Ça fait que
moi, je pense que ça pourrait prendre une première cause pour permettre au TAT
d'avoir à interpréter et appliquer les concepts qui sont dans le p.l. 89.
M. Leduc : ...très bien que
ces chiffres-là sont dopés artificiellement par le secteur public, qu'on compte
différemment les accréditations dans le secteur public. Ça fait que, oui, oui, ça
a l'air d'être une explosion, mais c'est juste à cause de la grève du secteur
public.
M. Boulet : Malheureusement...
M. Leduc : En termes de
jours-grève, là, l'explosion n'est pas particulièrement impressionnante, là.
M. Boulet : Malheureusement,
je suis en désaccord avec ça. Les chiffres compilés par le ministère du Travail,
il y avait des regroupements d'accréditations par secteur, et, malgré ça, dans
les cinq dernières années, on s'est rendu, en 2024, à 288 conflits de travail
ou... 288. On était à 230 en 2023, 176 en 2022, 171 en 2021 puis 34 en 2020,
puis ça, c'est en regroupant les accréditations.
Et, collègue, vous le savez, quand on
applique le Code du travail, un conflit, c'est par accréditation syndicale.
Vous savez que l'accréditation multiétablissement, ça n'existe pas au Québec.
Donc, si je me fie au Code du travail...
si je me fie aux données de Statistique Canada, qui respectent le libellé du Code
du travail, donc c'est par accréditation syndicale... et il y a eu beaucoup
plus de conflits, puis on s'est rendu, en 2024, à 759 en 2024, 691 en 2023, puis
c'est là que c'était un record. Puis, en... 759, le record a été battu en 2024.
Il y a quand même une multiplication de
conflits. Puis le calcul ou la méthode de calcul du ministère, elle est
respectueuse de ce que je viens de vous donner. Mais, peu importe le calcul, il
y a eu une augmentation quand même phénoménale. Et ça ne prend pas un record de
conflits de travail pour faire mal à une population, ça prend quelques
conflits, puis on peut faire mal quand même de façon disproportionnée.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : Bien, je n'ai pas
les mêmes chiffres que vous, là, sur le ministère du Travail. Vos... Votre
ministère, là, ce n'est pas 600, là. On est à peu près 300, 350, là, je n'ai
pas le chiffre exact, mais c'est le ministère du Travail, c'est les nombres de
conflits. Puis c'est sûr que, si vous prenez des arrêts... des années, pardon,
où est-ce qu'il y a eu des conflits de travail dans le secteur public, ce qui
est quand même somme toute relativement rare, des grèves massives du secteur
public... bien, c'est sûr que vous allez pouvoir dire : Oui, ça augmente,
ça augmente. Bien oui, c'est sûr, vous avez une grève dans le secteur public,
c'est sûr que ça augmente. Puis on se rappelle, on l'a eue, la conversation. Le
vrai graphique important, c'est celui-là, c'est la hausse...
M. Leduc : ...de l'inflation.
Et c'est ça qui fait en sorte qu'il y a une hausse des conflits de travail.
C'est que là, il y a un rapport de forces favorable aux travailleurs, parce
qu'il y a une inflation, parce qu'il y a une pénurie de main-d'œuvre. Puis là,
c'est un des rares moments... Parce que c'est toujours un balancier, hein?
C'est un des rares moments où les travailleurs peuvent dire : Bien là, il
y a une pénurie de main-d'œuvre, il y a de l'inflation, bien, je vais aller me
battre un peu plus, peut-être, pour couvrir l'inflation avec une hausse de
salaire que mon boss n'est pas capable de mettre sur la table, parce que, lui,
il veut protéger les taux de profit pour ses investisseurs. Puis il n'est pas
capable de trouver l'équilibre entre les profits pour ses investisseurs puis
les salaires pour ses employés. C'est normal, dans ces situations-là, qu'il y a
une hausse de conflits de travail. Parce que ça... Parce que l'inverse va
arriver aussi. Si on retombe dans des scénarios avec du taux de chômage dans le
tapis, bien là, ça se peut qu'il y en ait pas mal moins, de grèves. Les gens
ont peur de perdre leur emploi, parfois, avec raison. Mais... Ça fait que vous
prenez avantage d'une situation, d'un balancier qui tourne comme pour tout
réformer le système, alors que vous le savez très bien que le balancier va
revenir de l'autre bord tôt ou tard.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Bien, je suis
assez d'accord avec une partie de votre argumentaire. Il y a des contextes, il
y a des conjonctures. Mais chaque conflit de travail a sa conjoncture qui lui
est propre. Ça dépend des secteurs d'activité, ça dépend des entreprises, ça
dépend du contexte et de l'historique dans chaque organisation ou dans chaque
entreprise. Il n'en demeure pas moins qu'au-delà de l'inflation, au-delà de la
pandémie, il y a quand même eu une augmentation. Puis je ne veux pas
m'accrocher tant à la quantité. Je veux juste que vous compreniez bien la
nuance. Les chiffres du ministère, c'étaient 288 en 2024. Mais il y avait des
regroupements d'accréditation. Statistique Canada, c'étaient 759. En 2023,
selon le calcul du ministère, c'étaient 230, et 691 selon Statistique Canada.
Mais ça ne prend pas 691, ou 22, ou huit conflits. Ça prend un conflit qui
affecte le bien-être de la population. C'est ça qui nous intéresse. Et
souhaitons que ce soit appliqué le moins fréquemment possible.
Je le répète, c'est tellement prudent
comme projet de loi, je pense. Puis je suis convaincu que c'est équilibré puis
que, dans la mesure où c'est appliqué parcimonieusement puis dans le respect
des décisions rendues par les tribunaux, moi, je pense que ça va n'être que
bénéfique pour la population du Québec. M.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : Si on est pour
parler du chiffre, là, c'est comme si, cette année, avec les quelques jours de
grève qui a eu lieu dans le réseau des services de garde, des CPE, il y en a
400 qui sont affiliés à la CSN, 400 accréditations distinctes, si j'ai
bien compris. Ça va dire que, dans vos chiffres, l'année prochaine, quand on va
faire le bilan de 2025, boum! Ah! il y aura une augmentation fulgurante des
nombres de conflits de travail au Québec, 400 conflits de travail supplémentaires!
Bien, attends une minute, là. C'était un conflit de travail sur un réseau.
C'est juste qu'ils sont comptés parce qu'ils sont 400 accréditations. Ça
fait qu'après ça on peut bien sortir des chiffres pour dire : Oui, oui,
oui, ça explose, ça explose, mais dans les faits...
M. Boulet : Je le répète,
puis je l'ai expliqué, les calculs du ministère regroupent les accréditations.
Le 288, c'est après regroupement. Et, je le répète, ce n'est pas tant le nombre
que l'impact qui nous préoccupe. Qu'il y en ait de moins en moins, je le
souhaite. Ce n'est pas parce qu'il y aurait moins de conflits que le projet de
loi perdrait de sa pertinence. C'est éviter tout conflit qui fait mal au
bien-être de la population.
M. Leduc : Comment ces
gens-là sont supposés d'améliorer leurs conditions de travail si vous leur
réduisez la portée du dernier outil qu'ils possèdent?
M. Boulet : Je n'ai pas
d'autre commentaire. Le droit de grève s'exerce malgré l'application tant du
régime de services essentiels que du régime de services minimums à maintenir.
M. Leduc : ...s'exerce avec
moins d'impact. Si vous faites traverser votre nouveau système, là, une grève x
ou y, là, je ne veux pas aller sur le détail dans ce cas-ci, là, puis vous leur
dites : Vous êtes... Vous impose... Vous... Je vous assujettis à travers
un décret, la partie patronale vous mobilise devant le tribunal, il juge que
c'est disproportionné.
(Interruption)
M. Leduc : Oh! on a de la
visite. Bonjour, tout le monde!
Le tribunal juge que vous êtes
disproportionné puis là impose ou en tout cas voit à une négociation de...
mettons, on jase, là, 50 % de tâches, mais, votre grève, elle est
ineffective à 50 %. Ça ne va pas débloquer, bien, bien, à la table de
négo, si vous êtes à 50 % en grève.
• (10 h 40) •
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Leduc : Vous avez négocié
assez longtemps pour reconnaître ça.
M. Boulet : C'est, je le
répète, puis ce sera mon dernier commentaire, un équilibre entre l'exercice
d'un droit qui est constitutionnellement reconnu et la protection de la
population, le maintien des besoins de la population. C'est un équilibre. Le
droit de grève peut tout de même s'exercer. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Moins
de 10 minutes, M. le député. Allez-y.
M. Leduc : Merci. Quand ça
fait, là, six mois, un an, 18 mois que vous êtes en négo, que votre
convention collective, elle est terminée depuis l'équivalent de ce temps-là,
puis que ça bloque toujours à la table...
M. Leduc : ...pour toutes
sortes de raisons, mais ça bloque. Puis là, vous dites, là, vous êtes devant
votre assemblée syndicale, vous dites : Aïe, chers collègues, là, on ne
sait plus quoi faire, on ne sait plus quoi dire. La partie patronale ne veut
pas nous entendre, le rapport de force est au point faible. Qu'est-ce qu'il
leur reste pour essayer de faire bouger le système, faire bouger leur réalité,
que ce soit dans le privé ou dans le public, là, peu importe, qu'est-ce qu'il
leur reste? Il leur reste la grève. Mais s'il leur reste une moitié de grève,
ou un quart de grève, ou éventuellement un huitième de grève, bien, il ne leur
reste plus grand-chose. Vous n'allez pas leur dire : Allez mettre des
pantalons d'armée puis mettre des collants partout, ça l'air que ce n'est pas
ça, la chose à faire, là.
M. Boulet : Vous êtes en
train de me dire qu'une grève devrait pouvoir s'exercer indépendamment des
impacts sur la population. Parlez-moi des services funéraires, parlez-moi de
dignité humaine, parlez-moi de régression des enfants lors d'un conflit de
travail. Je pourrais vous en donner, des exemples, mais vous êtes en train
d'essayer de déclarer qu'une grève peut s'exercer indépendamment de ces impacts
parce que ça confère un meilleur rapport de force aux syndicats. Je le répète,
c'est un projet de loi qui recherche, qui est à la quête d'un équilibre entre
un droit et des besoins.
M. Leduc : Personne n'aime ça,
la grève. On l'a eue, cette discussion-là, M. le ministre. J'ai été
organisateur syndical, j'en ai organisé, des grèves. Personne n'aime ça. Nous,
on n'aime pas ça comme organisateur syndical, les travailleurs n'aiment pas ça
comme travailleurs, c'est difficile, faire la grève, être dehors sous la pluie
battante au mois de mars, pluie froide. Avoir une petite boîte à lunch pour
manger, avoir son coat pour faire son 4 heures pour avoir une maigre paie
de grève. Personne n'aime ça. Personne ne se lève le matin pour dire :
Yes! Une autre journée sur le trottoir pour faire la grève. Personne n'aime ça.
Ça fait que je ne sais pas d'où vient
cette idée-là, là, que les gens recherchent cet état de grève. Ça n'existe pas,
ça, personne n'aime ça. Ils le font pourquoi, par contre? Parce qu'ils sentent
que c'est la dernière chose qui leur reste. Ils sentent que leur patron ne les
respecte pas, pour toutes sortes de raisons, à tort ou à raison, mais c'est la
dernière chose qui leur reste. Vous, vous me dites que c'est comme si ne je me
souciais pas de ce qui se passe dans l'impact des autres personnes. Ce n'est
pas vrai. Les services essentiels sont là pour ça. Si vous voulez qu'on la
rouvre, la Loi sur les services essentiels, ouvrez là, on va en jaser. Puis
vous le savez, les syndicats sont même prêts à la rouvrir puis en jaser avec
vous. Ils vous l'ont proposé en disant : Retirez le 89, là, vous allez
trop loin avec ça, mais on va rejaser des services essentiels. S'il y a des
affaires, là, des virgules qu'on peut aller corriger, pour certaines personnes,
ils sont ouverts à ça, ils vous l'ont proposé. Mais ne venez pas nous dire que
ça ne nous intéresse pas, ça nous intéresse certain.
M. Boulet : On est... Les
virgules auxquelles vous référez, identifiez-les. Ceci dit, moi, ce que je
comprends de votre discours, c'est que, respecter les besoins de la population,
ça ne peut pas se faire dans la mesure où ça dilue l'impact d'une grève. Je
vous rappellerai qu'en santé, même s'il y a maintien des services essentiels
avec un critère qui est plus sévère, la grève a un impact puis vous le savez.
On ne vise pas à empêcher l'exercice d'un droit de grève. Le critère n'est pas
le même.
Les services essentiels, c'est des
services dont l'interruption, vous le savez, menace la santé ou la sécurité de
la population. Ici, c'est le bien-être de la population qu'on recherche. Ça ne
dilue pas la grève, ça ne dilue pas l'impact de la grève. C'est ça que je veux
partager avec vous. C'est pour ça que c'est un équilibre qui est important. En
santé, il y a des services essentiels, en services sociaux, dans la fonction
publique. Ici, on s'intéresse aux services publics, puis dans le privé
notamment. Puis, en éducation, dans les CPE, il y a des impacts potentiels et
réels, puis ça ne sera pas à nous à déterminer c'est quoi, est-ce que ces
impacts-là répondent aux critères prévus dans le projet de loi. C'est un
tribunal indépendant et impartial.
Mais ce que je veux surtout vous faire
comprendre, c'est qu'on ne veut pas diluer, on veut... ce n'est pas contre les
syndicats, ce n'est pas contre la grève, c'est pour la population, c'est pour
le respect de la population qu'on fait ce projet de loi.
M. Leduc : Bien, c'est les
deux, nécessairement, M. le ministre. Vous pouvez bien dire que c'est pour la
population, puis je vous crois, là. Tu sais, je ne pense pas que vous vous
réveillez la nuit en disant : Je veux écraser les syndicats et je veux
juste aider la population. Mais, concrètement, ce que ça fait, si vous
amenuisez la grève, vous nuisez objectivement aux travailleurs.
M. Boulet : Est-ce que vous
tenez le même raisonnement pour les services essentiels? Je ne suis pas
d'accord.
M. Leduc : Bien, justement,
les services essentiels, on les a inventés pour justement venir faire cet
équilibre-là, qu'on a voté ensemble d'ailleurs, au début de l'ancienne
législature, en 2019, qu'il y a eu le test des tribunaux...
M. Leduc : ...puis moi, je
vous le dis, on serait prêts à la rouvrir puis à en rediscuter, de certains
éléments de cette loi-là, mais vous, vous dites : Non, non, non, j'invente
un nouveau système, des nouvelles catégories, des nouveaux concepts, je ne
laisse pas de temps au TAT pour se les approprier, ce n'est pas clair quand
est-ce qu'on va l'appliquer ou pas. Je le dis que ça ne s'appliquera quasiment
jamais. Mais, en même temps, pas capable de dire si la grève, par exemple, du
RTC va être assujettie ou pas. On est... on nage dans une drôle de situation,
que vous générez.
Ce n'est pas comme s'il y avait des
services... Les services publics qui vont mal au Québec, là, ce n'est pas à
cause des grèves, M. le ministre... ou M. le Président, en fait, je dois
m'adresser à vous. Les services publics qui vont mal au Québec, c'est à cause
de la gestion gouvernementale. Je vous épargne le débat ici, on le fera au
salon rouge, tantôt, à la période des questions. C'est un autre débat. Mais ce
qui ne va pas bien au Québec dans les écoles, ce qui ne va pas bien dans les
hôpitaux, ce n'est pas à cause de la grève, ce n'est pas à cause des menaces de
grève. Ce n'est pas ça, le problème. Ça fait que vous arriviez avec un projet
de loi comme ça, décrié, là, comme la pire chose dans le droit du travail
depuis 20 ans par l'ensemble du mouvement syndical, sans nuances, puis par
l'ensemble des experts en droit du travail, sans nuances... Vous n'avez pas...
Il n'y a pas d'experts du droit du travail ou de légistes qui sont venus nous
dire que c'était une bonne chose, votre affaire. Ils sont tous venus dire que
ce n'était pas bon.
Vous utilisez ad nauseam M. Égide Royer
comme... vous tenez à lui, là, comme par la... vous le saisissez comme
quelqu'un qui vous... qui vous sort de l'eau, parce qu'il est... c'est comme
lui qui vous permet de dire : Oui, il y en a au moins un qui m'a dit que
c'était une bonne affaire. M. Égide Royer, en tout respect, n'est pas un expert
en droit du travail, il est un expert en éducation. Quelle surprise qu'il nous
dise qu'il y a un impact sur les enfants quand il y a une grève en éducation.
Bien, j'espère, c'est une vérité de La Palice, évidemment. Lui, il la connaît
encore plus, il étudie en éducation depuis des années. Je l'apprécie beaucoup,
je l'ai entendu sur plein de projets de loi. On est chanceux de l'avoir au
Québec, M. Royer.
Mais là on est en train de jouer
l'équilibre du droit... du fragile équilibre du droit du travail au Québec sur
l'opinion de M. Égide Royer, qui ne connaît pas le droit du travail, qu'on n'a
pas eu le temps de traiter là. On peut le refaire. On pourrait le reconvoquer
ici, M. Royer, s'il est disponible, pour qu'on parle de droit du travail.
J'aimerais ça qu'il rencontre les professeurs puis le personnel scolaire
d'Irénée-Lussier, dans ma circonscription, voir ce qu'ils en pensent, eux
autres, de la limitation éventuelle de leur droit de grève. Ils ont
certainement une opinion, aussi, sur la qualité des services puis le soutien
qu'ils reçoivent de l'État puis du ministère de l'Éducation dans le... dans le
rendement des services qu'ils donnent, dans l'accessibilité des services qu'ils
donnent aux enfants à besoins particuliers.
C'est pour ça que je vous invite, M. le
ministre, à prendre le pas de recul, de voir que ce que vous avez généré, en
plus de toute l'action dans la société civile, dont la regrettable
manifestation devant votre résidence, que je pense qu'il fallait décrier puis
que nous avons fait ensemble, il n'y a rien de bon qui sort de ça, il n'y a
rien de bon qui sort de ça. Puis ce que j'aimerais vous inviter à faire, c'est
d'entendre cet appel-là de la part, notamment, du milieu syndical, de
dire : O.K., peut-être que j'ai... je visais... j'avais des bonnes
intentions, mais je visais quelque chose, puis c'est tombé à côté de la cible,
visiblement, je suis en train de briser la bonne entente patronale-syndicale au
Québec, peut-être que je suis mieux de prendre un pas de recul, de rediscuter
avec eux des ajustements qu'on pourrait faire à la loi des services essentiels.
Puis savez-vous quoi? Vous avez un autre
p.l. qui est déjà déposé, le n° 101. J'imagine qu'il
y aura des auditions d'ailleurs, bientôt, avant la fin de la session
parlementaire. Il est très possible de rajouter des éléments dans le 101 pour
venir toucher à la loi sur les services essentiels. C'est un p.l. omnibus,
c'est fait pour ça.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Leduc : La séquence est
très... est très logique devant nous, là. Si on retire le n° 89,
on se donne quelques jours, quelques semaines, peut-être même l'été, si on
veut, pour discuter avec les groupes patronaux et syndicaux sur des amendements
qu'on pourrait faire sur les services essentiels. On revient en septembre, même
à la mi-août, si vous voulez, on peut revenir à la mi-août, si vous voulez,
puis on commencerait l'étude détaillée du n° 101,
puis on corrigera ça. Mais on retirera le n° 89.
• (10 h 50) •
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Ah! je n'ai pas
d'autre commentaire.
M. Leduc : Bon, je vais juste
dire que mon collègue n'aimerait pas ça qu'on revienne à la mi-août. Il me
chuchote à l'oreille qu'idéalement on reviendrait plus en septembre. J'aimerais
ça que vous preniez en compte son opinion.
M. Boulet : ...est-ce que tu
lui as donné un coup de coude?
M. Boulet : Je ne sais pas ce
que vous en pensez, chers collègues, parce qu'on... il faut tous qu'on soit là
si on est là à la mi-août.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député, vous pouvez poursuivre.
Une voix : ...
M. Leduc : Faire la grève? Pas
sûr, pas sûr que c'est dans notre condition de travail, comme députés, de faire
la grève, je ne suis pas sûr que ce serait une bonne idée.
Une voix : ...
M. Leduc : Ah! lui? Lui, il
peut faire la grève... il a déjà signé sa convention. Ce serait un peu... ce
serait un peu compliqué à suivre à ce niveau-là. Mais, M. le ministre, cette
idée-là de suspendre le n° 89 et de revenir avec une
modification aux services essentiels sur le n° 101,
il n'y a rien à faire avec cette idée-là? Mais c'est une piste raisonnable, il
me semble, non?
Le Président (M. Allaire) :
Vous pouvez poursuivre, M. le député... M. le ministre.
M. Boulet : Ce qui est
raisonnable, c'est d'avoir déposé un projet de loi, d'avoir permis des
consultations particulières, d'avoir permis à un Égide Royer, alors qu'il
aurait pu y en avoir plusieurs, d'avoir permis à plusieurs professeurs,
alors...
M. Boulet : ...et puis
n'en avoir qu'un qu'avoir permis à des associations dans différents secteurs
d'activité de s'exprimer et de faire des recommandations. C'est ça le
parlementarisme sain permet un certain dialogue. Les centrales syndicales sont
venues, ont demandé simplement, purement, le retrait du projet de loi. Je n'ai
pas entendu devant nous, à moins que j'aie écouté, aucune recommandation des
centrales syndicales. Ce n'est pas ce qu'on appelle un dialogue qui est sain,
qui est respectueux du parlementarisme. Moi, tout ce que je dis, c'est qu'on
étudie les recommandations, on fait une étude détaillée. Vous proposez et vous
avez d'ailleurs présenté des motions préliminaires, vous proposez des
amendements. Moi, j'ai toujours été ouvert au dialogue. Ce projet de loi, il
est selon moi fondamental pour protéger la population, encore une fois, qui ne
constitue nullement une négation d'un droit, mais un impératif de protéger la
population suite à l'exercice d'une grève ou d'un lockout, tout simplement. Le
projet de loi n° 101 est une autre pièce législative qui ne s'intéresse
pas aux services essentiels, qui ne s'intéresse pas à la mise en place d'un nouveau
régime parallèle de maintien de services pour assurer le bien-être de la
population.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. M. le député.
M. Leduc : Évidemment
qu'il ne touche pas à ça parce que vous le traitez dans le 89. C'est la logique
même. Il pourrait très bien traiter autre chose, le 101. Vous avez vous-même
voulu qu'il touche à plusieurs lois et ce n'est pas un problème. Ça existe dans
un omnibus. C'est très bien. Il y aura bien du contenu là-dedans, puis on en
discutera en temps et lieu, mais ça se fait très bien. Vous n'auriez même pas
besoin de déposer un autre projet de loi si d'aventure on voulait retirer le
89. Vous me dites : On n'a pas... on n'a pas reçu de proposition
syndicale. On ne refera pas l'histoire sur quand est-ce que vous l'avez évoqué,
cette idée-là ou pas. On ne refera pas l'histoire de ça, on l'a déjà fait.
Cependant, ils l'ont dit en sortant de votre rencontre statutaire avec le
premier ministre et vous, du 1ᵉʳ mai, que vous vous êtes faite à chaque
année. C'est une tradition, une belle tradition d'ailleurs pour l'écosystème de
droit du travail au Québec. Le 1er mai, le premier ministre et
le ministre du Travail, ils rencontrent les centrales syndicales. Quand ils
sont sortis, ils ont fait un point de presse puis ils ont dit : On a
proposé au gouvernement de retirer le 89, de travailler sur les services
essentiels, puis de revenir avec quelque chose d'autre. C'est une proposition
constructive. Est-ce qu'ils auraient dû le faire plus tôt dans le processus? On
laissera les gens juger. Mais vous n'allez pas me dire qu'ils n'ont pas fait de
proposition.
Le Président (M. Allaire) :
30 secondes. M. le ministre.
M. Boulet : Pas de
commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) :
M. le député, 30 secondes. Vous pouvez poursuivre.
M. Leduc : Bien, c'est
dommage, M. le Président, parce que ça serait quelque chose d'assez utile à
faire. Pis je pense que le ministre est assez soucieux de chercher le consensus
social pour constater qu'il l'a échappée, celle-là, en matière de consensus
social. C'est parti sur de mauvaises bases, mais ce n'est pas fini. On peut
récupérer, on peut récupérer la situation. On peut trouver une piste
d'atterrissage pour tout le monde. Malheureusement, on est encore ici, puis on
va l'être pour plusieurs heures visiblement.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions concernant
l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à sa
mise aux voix?
Une voix : Par appel nominal.
Le Président (M. Allaire) :
Par appel nominal, M. le secrétaire, s'il vous plaît. Merci.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
Le Secrétaire
: M. Dufour
(Abitibi-Est)?
M. Dufour : Contre.
Le Secrétaire
: M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
Le Secrétaire
: M. Martel
(Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel
:
Contre.
Le Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Contre.
Le Secrétaire
: Et M. Allaire
(Maskinongé)?
Le Président (M. Allaire) :
Abstention. L'amendement est donc rejeté.
On en revient donc à l'article 4 qui
introduit 111.22.3. Donc, oui, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, oui, M.
le Président, j'en ai plusieurs des déposés.
Le Président (M. Allaire) :
Effectivement.
M. Leduc : On peut y
aller avec le 26.
Le Président (M. Allaire) :
Parfait. On va l'afficher. La parole est à vous. Peut-être, prendre le temps de
le lire, s'il vous plaît. Et vos explications. Merci.
M. Leduc : Merci. Donc, à
l'article 111.22.3 proposé par l'article 4 du projet de loi, retirer
«sociale».
Alors, dans le fond, on garde l'article
tel quel et dans... comment je disais ça, dans l'énumération plutôt des trois
critères, donc, à savoir, sécurité sociale, économique, sociale, on biffe
sociale.
Le Président (M. Allaire) :
Vos commentaires? Des arguments?
M. Leduc : Ah! Bien,
c'est parce que, là, M. le Président, on a eu des échanges sur
«disproportionné» pour mieux comprendre l'intention du ministre, mais il faut
qu'on en ait un aussi sur ces critères-là. Sécurité sociale, moi, ça me semble
extrêmement flou. Qu'est-ce que ça veut dire? Qu'est-ce que le ministre entend
par sécurité sociale? Il faut qu'on comprenne précisément son intervention, sa
vision de ce que ça veut dire et qu'on en débatte.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, M. le député. M. le ministre, vous savez qu'on...
Le Président (M. Allaire) :
…suspendre quelques instants, ou ça va?
M. Boulet : Oui, on… si on…
Oui…
Le Président (M. Allaire) :
Parfait. Nous allons suspendre les travaux quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 56)
(Reprise à 11 heures)
Le Président (M. Allaire) :
Alors, nous allons reprendre les travaux. M. le ministre, je vais vous céder la
parole.
M. Boulet : Oui, merci, M. le
Président. En fait, je suis un peu étonné de cet amendement, surtout de mon
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, parce que le mot social a une valeur
significative. C'est comme si on voulait se soustraire de la… du caractère
impératif de protéger la sécurité sociale de la population. Il y a des arrêts
de travail qui peuvent avoir des répercussions…
11 h (version non révisée)
M. Boulet : ...en matière de
pauvreté, d'isolement, d'insécurité alimentaire. Et vous nous disiez que vous
aimiez bien le Dr Royer. Il y en a d'autres aussi qui pensent comme lui. Mais l'atteinte
au développement d'un enfant ou l'atteinte au développement d'une personne, ça
fait partie de la sécurité sociale. On ne veut pas limiter ça à la sécurité
économique ou environnementale de la population, c'est sa sécurité à notre
population, votre population dans son ensemble et sous tous ses aspects. Donc, ça
m'étonne, mais, bon, je comprends que c'est votre droit aussi le plus
fondamental de présenter des amendements.
Le Président (M. Allaire) :
...
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Dans le fond, moi, si j'ai bien compris, les trois éléments que vous
mettez dans votre article, à savoir sécurité sociale, économique ou
environnementale — hein, ce n'est pas un «et» que vous utilisez, c'est
un «ou» — ça doit être une des trois, ou deux des trois, ou les
trois.
M. Boulet : Ce sera au
tribunal à l'interpréter, mais oui, vous... ça peut être sécurité sociale,
économique ou environnementale, il n'y a pas une addition, c'est social, ou
économique, ou environnemental. C'est libellé comme ça, puis vous le savez, je ne
sais pas pourquoi vous me posez cette question-là.
M. Leduc : Mais c'est ça,
mais je veux juste que ce soit très clair. Donc, ça peut être une seule des
trois
M. Boulet : Et donc, le
social, venant de vous, c'est quand même surprenant que vous nous proposiez par
amendement de l'enlever, alors que c'est un enjeu dans plusieurs des conflits
auxquels j'ai fait référence dans les derniers mois.
M. Leduc : Donc, ça peut être
une seule des trois.
M. Boulet : Mais c'est écrit
comme ça. Oui.
M. Leduc : Mais c'est ça.
Parce qu'au début, vous veniez de dire, ça va être au tribunal de
l'interpréter, mais ça, je ne suis pas sûr que c'est interprétable, là.
M. Boulet : Non, non, mais le
tribunal va interpréter des mots puis va interpréter des prépositions aussi, là.
On dit sécurité sociale, économique ou environnementale, donc tout, oui.
M. Leduc : C'est bon. Donc, c'est
une... ça peut être une seule des trois, deux des trois, ou les trois, peu
importe.
M. Boulet : Oui. Bien, ça, ce
sera au tribunal à le juger, mais dès qu'il y en a une qui est présente, il y a
une incidence sur la sécurité... ça peut être la sécurité sociale.
M. Leduc : Exact. Mais, pour
juste être clair puis c'est ça que je voulais vous entendre dire, c'est que ce
n'est pas comme un seul critère, là, social, économique, environnemental, c'est
trois critères distincts qui sont...
M. Boulet : Je ne sais pas pourquoi
vous me poser la question, ce n'est pas écrit social, économique et
environnemental, c'est social, économique ou environnemental. Tu sais, ce n'est
pas...
M. Leduc : Donc, trois
filières bien différentes.
M. Boulet : ...il n'y a pas
une conjugaison, il n'y a pas une addition d'adjectifs.
M. Leduc : Parfait.C'est
clair. On clarifie des choses ici. Il y a des affaires qui restent floues.
M. Boulet : Vous le saviez
quec'était clair, mais vous voulez me le faire répéter.
M. Leduc : Mais moi, je
pensais que c'était ça aussi, mais vous me le confirmez, puis c'est à ça que ça
sert une étude détaillée.
Donc, filière sociale, on parlera d'économique
environnementale tantôt, mais filière sociale, sécurité sociale. C'est donc
possible que quelqu'un, une association patronale 99 % du temps, à mon
avis, vienne plaider que ce soit une atteinte à la sécurité sociale. Qu'est-ce
que c'est, à vos yeux, M. le ministre, la sécurité sociale?
M. Boulet : Bon, je viens de
le mentionner et je ne tomberai pas dans le piège de fragmenter le critère. Il
faut que le critère soit interprété puis appliqué dans son ensemble. Donc, c'est
des services pour éviter que ne soit affecté de manière disproportionnée, je
comprends que vous l'avez d'ailleurs dans votre texte, de manière disproportionnée,
la sécurité sociale, économique ou environnementale de la population, notamment
celle des personnes en situation de vulnérabilité. Donc, il ne faut pas me
faire interpréter comme si ce n'était que la sécurité sociale prise isolément,
c'est l'ensemble du critère, puis je sais que votre collègue nous écoute bien
aussi.
M. Leduc : Oui, il vous
confirme qu'il nous écoute bien. Mais c'est parce que là, j'essaie de
comprendre votre définition sociale, sociale, c'est pas mal large, là. Qu'est-ce
qui n'est pas là-dedans? Il y a moyen... et j'ai l'impression de trouver un
angle social à peu près tous les conflits de travail au Québec.
M. Boulet : Moi, je répète
que le texte est suffisamment clair pour conférer une marge de manœuvre suffisante
au tribunal. Tu sais, le tribunal va tenir compte de l'équilibre entre l'exercice
du droit de grève et le maintien des services pour assurer le bien-être de la
population. Puis ne détachez pas chacun des concepts du mot disproportionné, c'est
les effets disproportionnés par rapport aux inconvénients dont on peut s'attendre
que la population subisse en raison de l'exercice du droit de grève. C'est
cette sécurité sociale là...
M. Boulet : ...économique ou
environnemental qui est affecté de manière disproportionnée.
M. Leduc : ...M. le ministre,
mais l'échange et le jeu qu'on a ici, là, c'est que, moi, je plaide que, vous,
c'est un buffet ouvert, «all you can eat», dans votre façon d'approcher le
droit du travail avec votre projet de loi. Puis vous me dites : Non, non,
non, ce n'est pas ça pantoute. C'est très précis puis ce n'est pas tout le
monde qui va être... Tu sais, il va falloir que ce soit un exercice rigoureux. O.K.
Essayons-le un peu cet exercice rigoureux là, parce que j'essaie de voir...
Est-ce que vous êtes capable de me convaincre que «social», ça ne veut pas dire
100 % des conflits de travail? Est-ce qu'il n'y a pas moyen de trouver un
angle social à 100 % des conflits de travail au Québec?
M. Boulet : Là, vous me
demandez d'interpréter ou d'appliquer. Les termes sont clairs. Il y a des
dictionnaires qui définissent les mots «social», économique» ou
«environnemental». Moi, j'ai référé à la pauvreté, à l'isolement, à
l'insécurité alimentaire, à l'atteinte au développement d'une personne. Moi, je
pense que c'est suffisamment de guides pour aider le tribunal à l'appliquer en
fonction des faits mis en preuve, de la valeur probante des témoins et en
respectant l'approche téléologique. Il faut tenir compte du sens puis de la
portée de ce projet de lo là.
M. Leduc : Je regarde une
définition de sécurité sociale dans l'Encyclopédie canadienne, ça dit :
«La sécurité sociale désigne l'ensemble des mesures destinées à maintenir,
protéger et améliorer les conditions de vie essentielles.»
M. Boulet : La définition,
moi, je trouve que c'est respectueux de l'économie générale de ce projet de loi
là, de son objectif fondamental de protéger la population.
M. Leduc : Là, on parle des
conditions de vie essentielles. C'est un mot que vous n'aimez pas, ça,
«essentiel», parce que ce n'est pas le mot que vous reprenez, «des services
essentiels». On n'est pas en train de faire un tour... la route tourne, là.
M. Boulet : C'est une
définition, c'est une définition. Absolument pas.
M. Leduc : Absolument pas,
quoi?
M. Boulet : Bien, ce n'est pas
la même définition. Ce n'est pas les mêmes mots. Ce n'est pas la même approche.
Des voix : ...
M. Boulet : L'adverbe que
vous utilisez réfère à des politiques publiques de sécurité sociale, grossesse,
maladie et autres. Tu sais, ici, on pense plus, je le répète, là, l'approche
téléologique, selon le sens et la portée de l'économie générale de ce projet de
loi, c'est la sécurité sociale de la population, éviter qu'elle soit privée de
services qui la pousse à l'isolement, à la pauvreté, à l'insécurité
alimentaire, à la régression de ses apprentissages. C'est comme ça que le
Tribunal administratif du travail va l'interpréter, l'appliquer en utilisant
des guides comme ceux que je viens de mentionner.
Maintenant, c'est bien, bien académique,
c'est bien, bien théorique, la discussion qu'on a, c'est véritablement en
fonction des faits mis en preuve. Les faits mis en preuve, c'est ça la base qui
doit nous intéresser. Parlez-moi de faits, puis on les soumettra, si une des
parties le décide, au Tribunal administratif du travail.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. M. le député.
M. Leduc : C'est intéressant,
parce que là on plonge, on a de la matière ici. Vous m'avez donné quatre
choses, vous m'avez donné pauvreté, isolement, insécurité alimentaire,
apprentissage. J'assume que ce n'est pas une liste nécessairement exhaustive.
M. Boulet : Non, c'est des
exemples.
M. Leduc : On pourrait avoir,
mettons, le logement là-dedans.
M. Boulet : Je ne me
prononcerai pas là-dessus. C'est difficile de se prononcer sur un mot en
faisant abstraction des faits mis en preuve. Il faut analyser chaque cas
d'espèce en déterminant les inconvénients sur la population, sur le respect du
bien-être de la population, que ce bien-être-là ne soit pas affecté de manière
disproportionnée. Vous comprenez très bien la globalité du concept. Maintenant,
n'essayez pas de me faire embarquer dans l'interprétation ou l'application,
c'est ce que vous souhaiteriez que je fasse, mais je ne le ferai pas. C'est un
processus qui est apolitique.
• (11 h 10) •
M. Leduc : Je ne suis pas
d'accord avec votre dernière affirmation. On en a déjà discuté là, là. Quand
vous les assujettissez, vous faites un acte politique, mais ça, on fera le
débat une autre fois. Vous mentionnez pauvreté, isolement alimentaire,
apprentissage, intéressant, ça commence à donner un peu de matière à ce que ça
veut dire, pour vous, le mot «social». Je prends, encore une fois, par
exemple... mettons, l'exemple des CPE. CPE, là on s'est entendu qu'il n'y aura
pas d'application dans la négo en cours, les CPE. D'ailleurs, j'ai bien hâte de
voir le résultat de leur assemblée de ratification de l'entente de principe,
mais il y en aurait une potentielle pour une nouvelle séance. Je ne sais pas
trop, la convention va être signée pour combien d'années...
M. Leduc : ...trois, quatre
ans. Dans trois, quatre ans, un nouveau gouvernement, un nouveau ministre du
Travail, une nouvelle grève des CPE, là ils pourraient être assujettis. Mais
est-ce qu'un service de garde... ça a-tu un lien avec la pauvreté? Mettons,
oui. L'isolement, pas tant. L'insécurité alimentaire, moyen. Apprentissage,
oui, un peu. Ça fait que... Mais l'accès à un CPE... Il y a des centaines... Il
y a des centaines de familles qui n'ont pas d'accès à un CPE. Eux, est-ce
qu'ils vivent nécessairement de la pauvreté, de l'isolement, de l'insécurité
alimentaire et des notions d'apprentissage? Est-ce que... Comment on tranche
ça, là?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Je n'ai pas de
commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : Bien, ça veut dire
que leur sécurité sociale est compromise s'ils n'ont pas accès à une place en
CPE, parce qu'ils ont... parce qu'ils n'ont pas accès à de l'apprentissage, ils
sont en isolement?
M. Boulet : ...
Le Président (M. Allaire) : M.
le député, posez votre question autrement.
M. Boulet : ...sur
l'amendement.
M. Leduc : Pardon?
Le Président (M. Allaire) : Je
vous invite à poser la question autrement. Le ministre n'a pas de commentaire.
Allez-y.
M. Leduc : Oui, oui, oui.
C'est parce que je n'ai pas compris. M. le ministre a dit quelque chose, puis
je n'ai pas entendu.
M. Boulet : Je n'ai pas
d'autre commentaire. Je pense que j'ai expliqué notre position par rapport à la
soumission d'amendement.
M. Leduc : Parce que je suis
allé lire la définition dans le Grand Dictionnaire terminologique de l'Office
québécois de la langue française, et là, dans «sécurité sociale», ça dit la
chose suivante : «Définition : Ensemble de mécanismes de prévoyance
collective qui permettent de prémunir les personnes et les familles contre les
difficultés financières ou la hausse des charges causées par les risques
sociaux.» Là, on est dans une définition de sécurité sociale, puis là ils
donnent plus de détails : «La sécurité sociale se divise en quatre grands
secteurs : l'assurance sociale, les prestations universelles, l'aide
sociale, la garantie de revenu.» Là, on est plus dans une logique de programmes
sociaux, d'intervention de l'État, de dépenses de l'État. Ça fait que... Est-ce
que, mettons, les CPE, ça cadre là-dedans, dans la définition d'un programme de
sécurité sociale?
M. Boulet : Je n'ai pas
d'autre commentaire. J'ai dit que je n'allais pas dans le champ de
l'interprétation ou de l'application qui appartient à un tribunal impartial et
indépendant. Donc, malheureusement, j'ai répondu à la demande d'amendement.
Notre position est clairement... est claire.
M. Leduc : Mais vous allez
immanquablement devoir le faire, M. le ministre, parce que, quand vous allez
décider d'assujettir un groupe à la loi, c'est parce que vous pensez qu'il y a
une chance raisonnable que le tribunal acquiesce à l'argumentaire patronal de
dire : Oui, oui, la sécurité sociale, économique ou environnementale est
en jeu ici. Par définition, quand vous les assujettissez, vous prenez une
position. Vous ne la tranchez pas, vous laissez au tribunal, c'est très bien,
c'est votre système, vous l'avez conçu ainsi. Mais vous... en les intégrant
dans ce système-là, c'est : vous pensez qu'il y a une chance raisonnable
que ça soit le cas?
M. Boulet : Mon collègue est
encore une fois en train de fragmenter le critère, de l'isoler : Vous
allez l'appliquer dès que la sécurité sociale est en jeu. C'est faux.
Lisez : «services minimalement requis pour éviter que ne soit affectée de
manière disproportionnée» cette sécurité. Donc, et je le répète, ce n'est pas
le ministre qui va l'interpréter ni l'appliquer. Il faut que ça demeure une
décision apolitique. Donc, je n'ai pas d'autre commentaire.
Le Président (M. Allaire) : ...le
terme «faux» est au lexique. Je vous demanderais de le retirer, peut-être, je
vous donne l'opportunité de le changer. Allez-y.
M. Boulet : Je le retire avec
gré.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. M. le député.
M. Boulet : Désolé.
Le Président (M. Allaire) :
Allez-y.
M. Leduc : Applicationrigoureuse
du lexique par M. le Président.
M. Boulet : Ah! c'est correct.
M. Leduc : Je vais faire
attention moi aussi pour la suite.
M. Boulet : ...le mot «vrai».
C'est...
M. Leduc : Bien, parce que je
ne peux pas dire que ce n'est pas vrai.
M. Boulet : Oui. C'est
«inexact», hein, qui est mieux, hein?
M. Leduc : «Inexact», exact.
M. Boulet : O.K.
M. Leduc : Donc, quand je dis
que vous allez devoir faire vous-même un certain état des faits puis une
certaine appréciation des faits en fonction de votre critère, en décidant d'assujettir
ou pas tel ou tel conflit, c'est ce qu'on appelle en droit du prima facie. Vous
allez dire : Oui, oui, à sa face même, ce dossier-là a des chances d'être
interprété du bord souhaité par la partie patronale, qui vous sollicitera sans
aucun doute dans ce contexte-là pour que vous l'assujettissiez. Vous faites une
forme de lecture de la situation. Ce n'est pas neutre. Le fait d'assujettir un
groupe, ce n'est pas un acte neutre. On s'entend là-dessus.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Mais je n'ai pas
d'autre commentaire. J'ai exprimé ma position clairement sur l'amendement. Là,
on revient, parce que, depuis le début de la journée, j'ai expliqué à plusieurs
reprises l'économie générale du projet de loi, c'est quoi les objectifs,
comment ça va s'appliquer. Donc, je n'ai pas d'autre commentaire.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : Bien, c'est
triste...
M. Leduc : …parce que je
pensais que vous auriez un peu plus de vigueur dans la défense de votre nouveau
système. On dit depuis tantôt : vous faites du droit nouveau, vous
défendez-le, votre droit nouveau. Moi, je trouve qu'il a des grosses
faiblesses. Puis J'essaie de pointer du doigt les grosses faiblesses de votre droit
nouveau. Vous me dites : je n'ai pas d'autre commentaire. Ce n'est pas
banal, dire le droit… c'est quoi, la sécurité sociale.
Là, vous m'avez donné quelques exemples.
Parfait, discutons-en, mais c'est tout? Deux minutes, puis après ça, on passe
au prochain. Bien, je suis désolé, moi, je pense que vous intervenez
suffisamment dans le droit de grève puis dans le droit d'association protégé
par la Charte québécoise des droits et libertés, pour qu'on justifie quelques
échanges quand même supplémentaires sur ce que ça veut dire une attaque de ce
genre-là et basée sur, donc, une disproportionnalité alléguée à la sécurité
dite sociale.
Je regarde la liste des conflits en cours,
là, sur le site du ministère du Travail. Grèves et lock-out en cours, il y en
a… mon Dieu! des… quelques-uns, mais ils ne sont tous... Je pense qu'il y en a
qui ne sont pas nécessairement en ce moment ou qui ont peut-être… qui ont
peut-être terminé. Bon, regarde, j'en ai une dans ma circonscription, le Parc
olympique, professionnels, métiers, bureau. Parc olympique, ça relève-tu de la
sécurité sociale, ça? Si le Parc olympique est fermé, c'est-tu de la sécurité
sociale, les gens qui n'auront pas accès nécessairement, mettons, à un festival
de musique? Il y avait un festival de musique en fin de semaine. Est-ce que la…
est-ce que la Sécurité sociale est affectée?
Le Président (M. Allaire) :
Poursuivez, M. le député.
M. Leduc : Le Parc olympique
reçoit des événements de toute nature. Il y a des colloques, il y a des
sommets. L'autre jour, il y avait le sommet de l'est, bien important, là, pour
la suite des choses dans l'est de Montréal. Une préoccupation, je sais, qui
touche votre gouvernement et nos collègues de l'Est de Montréal. On travaille
tous ensemble là-dessus. Bien, si on n'est pas capable de tenir le sommet de
l'est parce qu'il y a une grève, ça a-tu un impact social sur l'est de
Montréal? Je pose la question au ministre, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) :
Vous pouvez poursuivre. M. le député, vous pouvez poursuivre.
M. Leduc : Non? Donc, je…
M. Boulet : Je n'ai pas de
commentaire à faire. Vous… Je l'ai mentionné, je ne vais pas aller dans le
champ d'interprétation ou d'application d'une loi. J'ai donné des guides. Le
reste, ça dépend des faits mis en preuve, ça dépend du contexte de chaque
conflit.
M. Leduc : Mais comment ça va
marcher d'abord? Parce que pour un conflit X, là, mettons les traversiers. Non,
mais ça va s'appliquer demain matin, là, on l'a dit, la RTC s'en va en grève
cette semaine. Les CPE, on ne le sait pas ce que ça va donner, ils vont-tu
avoir grève générale? on ne le sait pas. Puis il y a d'autres conflits, là,
puis là vous… ça peut s'appliquer très rapidement, là, on adopte la loi
aujourd'hui, vous allez faire un tour au lieutenant-gouverneur la semaine
prochaine, puis voilà la loi est appliquée, là. Ce n'est pas… ce n'est pas
utopique, mon affaire, là.
M. Boulet : …c'est une
annonce.
M. Leduc : On peut… on peut
tout régler rapidement, si on s'entend, M. le ministre, sur des affaires.
Est-ce que, par exemple, la société de traversiers, là, qui fait la grève peut
aller… vont vous… Comment ça va marcher? Ils vont vous solliciter. Vous n'allez
pas être tout seul dans votre bureau en disant : Bon, qui j'assujettis ou
pas? Ce conflit-là… il va y avoir des pressions politiques qui vont se faire
sur vos collègues, soit du conseil de ministres directement vos collègues des
circonscriptions touchées, et peut-être potentiellement directement vers vous. Ça
fait que, quand ils vont venir vous plaider leur cas, là, les associations
patronales pour dire : Aïe! vite, vite, vite, vous devriez appliquer,
assujettir tel groupe en conflit. Ils vont vous plaider un peu leur cas. Ils
vont vous dire : Nous, on trouve que ça affecte la sécurité sociale,
économique. Vous, vous allez avoir une appréciation de leur argumentaire. Vous
n'êtes pas le juge, ce n'est pas vous qui allez trancher, mais quand ils vont
venir vous dire : il faut l'assujettir, ce groupe-là, vous allez regarder
le… vous allez bien les entendre, vous allez faire quelque chose avec leur
plaidoyer.
• (11 h 20) •
M. Boulet : Il faut que
j'intervienne. Mais je vais essayer d'éviter, là, parce que la procédure, je
l'ai maintes fois répétée, et la décision d'assujettissement, elle n'est pas
gouvernementale, elle appartient au tribunal, je le répète, après avis,
consultations, recommandations, le gouvernement peut adopter un décret. Après
ça, ça appartient aux parties. Et si une des parties saisit le tribunal, le
tribunal aura à déterminer si un traversier ou la société est assujetti ou non.
C'est simplement du cas par cas, Accréditation par accréditation. Ce n'est pas…
Puis j'ai notre collègue du Parti québécois s'est maintes fois exprimé sur la
place publique, notre collègue de Matane. On en a parlé la dernière fois, mais
c'est le tribunal qui va assujettir. Ce n'est pas le gouvernement qui va
dire : C'est assujetti au régime. Ça pourrait s'appliquer si les critères
sont rencontrés. Et encore une fois, ce sera une question de preuve, ce sera
une question d'impact sur les besoins de la population.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. M. le député.
M. Leduc : Dans la loi sur les
services essentiels, là, si quelqu'un voulait… vous aviez donné des pouvoirs à
la... au TAT pour pouvoir l'interpréter puis l'élargir. On avait des…
M. Leduc : ...là-dessus. Puis
vous l'avez fait. Quand ça a été le cas, mettons, pour le RTC, là, il y a un an
ou deux maintenant, c'est l'employeur qui a fait la démarche pour dire :
Je voudrais assujettir mon service, mon entreprise à la Loi sur les services
essentiels pour x, y raisons, puis après ça, un débat. Mais la démarche de
l'assujettissement, c'est l'employeur qui la fait. Là, vous vous mettez, vous,
comme ministre puis comme gouvernement avec la volonté de faire un décret pour
assujettir quelqu'un dans le périmètre de la loi. Mais vous allez recevoir un
plaidoyer pour faire ça.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Mais, je le
répète, ce n'est pas un décret qui assujettit. C'est un décret qui permet à une
partie de demander au tribunal. La procédure est simple. Et, la détermination
des services minimums à maintenir pour assurer les besoins de la population, ça
va être les parties qui vont le faire. À défaut d'entente, le tribunal va, un,
décider si les critères sont rencontrés puis, deux, si les critères sont
rencontrés, va accompagner les parties ou déterminer la nature des services à
maintenir.
M. Leduc : Bon. Je m'excuse.
J'utilise un mauvais terme. C'est pour ça qu'on ne se comprend pas, le ministre
et moi. Assujettir, c'est bel et bien le TAT. Mais, vous, votre décret, il
désigne.
M. Boulet : Bien oui.
M. Leduc : Bon. Voilà. Mon
erreur. Je me corrige. Ça adresse néanmoins un acte politique, qu'on l'appelle
«assujettir» ou «désigner». Mais je vais... je vais me discipliner pour
utiliser le bon terme que vous utilisez vous-même dans votre projet de loi, M.
le ministre.
Donc, «le gouvernement peut... puis là on
est à 111.22.4, on y arrivera probablement tantôt... peut, par décret, désigner
une association, accréditer un employeur à l'égard desquels le tribunal peut
déterminer». etc. Puis quand vous allez avoir à désigner ou pas un milieu de travail,
ma question reste la même : L'employeur va vous faire un plaidoyer?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Mais je ne suis
pas d'accord. Puis là, on est... on n'est pas sur l'article de désignation, là.
On n'est pas sur l'article de décret, là. C'est une demande d'amendement de
biffer le mot «social».Ça fait que, sur cet amendement-là, mon opinion était
exprimée.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : ...tout à fait
pertinent, parce que moi, je soumets qu'à «sécurité sociale», votre critère est
trop flou puis qu'il va être utilisable bien que trop facilement par
l'association patronale qui va souhaiter que vous la désigniez pour pouvoir
éventuellement être assujettie - vous voyez, je retiens ma leçon - par le
tribunal. C'est pour ça que je trouve qu'il faut... il faut réduire la portée
de vos critères, parce que sinon, vous allez avoir des plaidoyers tellement
larges, tellement flous : Oui, oui, c'est bon, on désigne, prochaine étape.
Qu'est-ce... Qu'est-ce qui vous mobiliserait... Qu'est-ce qui vous empêcherait,
suite à ce qu'un patron vous demande d'être désigné, à justifier un refus?
Comment vous justifieriez à la Société des traversiers : Non, non, on ne
vous désignera pas tel que vous nous l'avez demandé? Sur quoi vous allez vous
baser pour dire non?
Le Président (M. Allaire) : M.
le député, poursuivez.
M. Boulet : Pas d'autre
commentaire.
M. Leduc : Bien, vous allez
vous baser sur le fait que vous considérez que ça ne remplit pas de manière
plausible les critères qui sont là. On s'entend, ce n'est pas... vous n'allez
pas inventer des nouveaux critères pour dire : Non, non, on refuse votre
proposition de désignation. On est... On n'est pas en train de dire que vous
allez inventer des nouvelles règles, vous n'allez pas non plus faire un pile ou
face, on s'entend là-dessus. Pour désigner ou pas un groupe, vous allez... vous
allez faire l'analyse sérieuse de dire : Ça rentre-tu potentiellement dans
ces critères-là.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : C'est important
de dire «potentiellement» parce que le tribunal pourrait décider de ne pas
assujettir en considérant que les critères ne sont pas rencontrés. Et c'est une
décision qui serait respectée comme toute décision judiciaire au Québec. Donc,
ça confirme le caractère apolitique de la désignation. Et ça ne s'applique pas
qu'en cas de grève. Ça s'applique en cas de lock-out. Parce que, il y a des
lock-out où ça pourrait être l'inverse, que le lock-out a un impact sur la
rencontre des besoins de la population, là. Il y a chaque cas d'espèce qui doit
être analysé par le tribunal.
M. Leduc : Donc, une
entreprise X... Vous n'aimez pas ça qu'on utilise des cas concrets, allons-y de
manière anonymisée, si on peut dire ça. Une entreprise X un service public X
vous approche puis dit : Moi, je considère... puis c'est pour ça qu'on
fait l'exercice pour chacun des mots, que la grève en cours dans mon secteur
touche «social», ça ne toucherait pas «économique» ou «environnemental», ça
touche «social», j'aimerais ça que vous puissiez la désigner puis que j'aille
faire mes plaidoyers au TAT. Qu'est-ce qui vous mobiliserait éventuellement à
dire non sur le critère social? De dire : Non, je ne vous désigne pas, je
ne trouve pas que votre démonstration ou que votre conflit potentiellement
serait... pas dénonçable, mais serait assujettissable en sécurité sociale?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Je vais répondre
une fois là-dessus. Vous tentez de banaliser la désignation qui est dans un
décret gouvernemental. Un gouvernement, ça agit de manière rigoureuse et
ordonnée après...
M. Boulet : ...avoir fait une
analyse d'impact, après avoir consulté, obtenu des avis puis des
recommandations et aussi être à l'écoute d'une population. Or, il ne faut pas
banaliser cette décision-là. Ce n'est pas le gouvernement qui va dire : On
désigne purement et simplement. C'est sûr qu'il faut tenir compte de la réalité
factuelle, de l'impact du conflit, son contexte, sa durée, et le décret est
adopté par le gouvernement. Après ça, ça ne lui appartient plus. C'est les
parties. C'est le gouvernement qui désigne deux parties qui, après ça, auront à
déterminer si elles saisissent le Tribunal administratif du travail, puis ça
peut être le syndicat ou l'employeur. Donc, là à je l'explique, là, je sais que
peut-être je vais avoir à le réexpliquer, mais c'est comme ça qu'un décret
gouvernemental est adopté.
M. Leduc : On s'entend
là-dessus. Votre explication est claire. Ma question est la suivante... Ce
n'est pas... Aller chercher une désignation du Conseil des ministres, ce n'est
pas un formulaire qu'on remplit : Bonjour. Je m'appelle Untel, je veux une
désignation. Merci. Bonne journée. Ce n'est pas : Demandez, vous recevrez.
Il y a une possibilité que vous refusiez une désignation basée sur le critère
social.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : J'ai répondu à la
question...
M. Leduc : Bien, pas celle-là,
non.
M. Boulet : Mais oui, mais ce
n'est pas une demande de désignation, puis le gouvernement décide si oui ou
non... Un décret gouvernemental, je le répète, c'est analysé de manière
rigoureuse. Il y a des impacts, il y a des conséquences. Et ce qui est prévu
dans la p.l., ce n'est pas qu'une partie demande d'être désignée ou que les
parties doivent être désignées, c'est un décret gouvernemental. Point final.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : C'est déjà ça qu'on
vient de vivre, il y a quelques mois, avec la motion du Parti québécois sur les
Sociétés des traversiers. C'était écrit noir sur blanc, ils voulaient être
assujettis à la Loi sur les services essentiels d'abord, comme ça se faisait
par motion sans préavis. Puis ensuite on aurait eu le débat sur le fond, mais
c'est évidemment ça qui va arriver, M. le ministre. On l'a vécu, il y a
quelques mois, ça va être public. Vous ne pensez pas que les partis
d'opposition ne vont pas s'en servir d'ailleurs, dans leurs régions
respectives, pour dire : Je réclame que le conflit soit assujetti à la Loi
sur le bien-être, etc. Ça se peut que ça vienne de vos propres rangs, ça va
être des journaux régionaux, ça va être des éditoriaux. Ce ne sera pas discret,
là, M. le ministre, ça va être public, ça va être des débats publics.
Bien, j'aimerais juste, si je peux
synthétiser ma question là-dessus, puis on passera au prochain appel, M. le
ministre, mais confirmez-moi que ça sera possible, pour vous et votre
gouvernement, ou quelconque gouvernement, mais la question s'applique à vous et
votre gouvernement, de refuser une demande de désignation par décret.
M. Boulet : Je n'ai aucun
problème à le confirmer si une partie de manière futile, dilatoire ou pour des
raisons x, y et z, qui ne sont pas compatibles avec l'économie générale du
projet de loi. Un gouvernement, ça n'agit pas sur demande, ça agit après
analyse rigoureuse et tenant compte de l'ensemble des répercussions d'un conflit.
Point final.
M. Leduc : On va conclure sur
ce segment-là avec la réponse intéressante du ministre. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Parfait.
D'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de cet amendement par appel nominal. S'il vous
plaît, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
Le Secrétaire : Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
Le Secrétaire
: M. Dufour
(Abitibi-Est)?
M. Dufour : Contre.
Le Secrétaire
: M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre
Le Secrétaire
: M. Martel
(Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel
:
Contre.
Le Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Contre.
Le Secrétaire
: M. Allaire
(Maskinongé)?
Le Président (M. Allaire) :
Abstention. L'amendement est donc rejeté. Alors, on revient toujours à
l'article 4, qui introduit 111.22.3. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
nous avions déjà reçu des amendements. Est-ce que vous poursuivez avec un amendement?
Allez-y, la parole est à vous.
• (11 h 30) •
M. Leduc : On va attendre
qu'il s'affiche. Ça, c'était... Très bien. Article 111.22.3 proposé par
l'article 4 du projet de loi, retirer «économique». Donc, même séquence
que tantôt. L'article se relirait en retirant «économique». On a eu la
discussion sur le social. On a compris un peu plus ce que... le ministre,
pardon, entendait. On a évoqué la pauvreté, l'isolement, l'insécurité
alimentaire, les notions d'apprentissage, donc, quatre... pas des critères,
bien sûr, c'est trop fort comme mot, mais quatre éléments qui caractérisent ce
qu'il croit être... mais ce qu'il voit comme étant la sécurité sociale.
J'aimerais maintenant qu'il m'explique qu'est-ce que c'est, selon lui, la
sécurité économique.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Est-ce qu'on peut
suspendre?
Le Président (M. Allaire) :
Pas de problème. Nous allons suspendre les travaux quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 31)
11 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 11 h 36)
Le Président (M. Allaire) :
Alors, nous allons reprendre les travaux. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
vous souhaitez poursuivre?
M. Leduc : Bien j'avais
posé une question au ministre, à savoir c'est quoi selon lui, la sécurité
économique?
Le Président (M. Allaire) :
M. le ministre.
M. Boulet : C'est aussi
des éléments concordants avec la sécurité sociale. Ça peut faire référence à de
la pauvreté, à de l'insécurité alimentaire, à l'isolement. Il y a quand même
une connotation économique à la capacité de se rendre au travail, à la capacité
de gagner son salaire. Tu sais, c'est un... c'est des éléments de cette nature-là.
Puis sécurité économique, c'est, encore une fois, un terme qui doit être
interprété dans l'ensemble de la disposition, que la sécurité économique ne doit
pas être affectée de manière disproportionnée par un conflit de travail. C'est,
encore une fois, très, très simple, ce projet de loi là. Si on veut le
complexifier, on peut tenter de le faire. C'est une marge de manœuvre qui est
conférée à un tribunal de déterminer des services minimums à maintenir pendant
l'exercice d'un droit de grève ou d'un droit de lockout. Ce n'est pas plus
compliqué que ça. Ça fait qu'on a beau essayer de faire un débat de
sempiternelle discussion sur la signification des mots, je le répète, les mots
sont là pour conférer une marge de manœuvre suffisante pour adhérer, pour
respecter la qualité de la preuve, la valeur probante des témoignages. C'est du
cas par cas. Il faut protéger la population contre ces enjeux-là.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. M. le député.
M. Leduc : Merci. Peut-être
un petit peu moins de matière que tantôt. Là, on dit se rendre au travail, capacité
de gagner son salaire. On a repris insécurité alimentaire. Parce que, je
répète, on le clarifié tantôt, là. M. le ministre m'a dit qu'il faut le prendre
dans son ensemble, le 111.22.3. Oui et non, dans le sens que, bien sûr, il faut
le prendre dans son ensemble, mais on peut aussi le prendre de manière isolée. Vous
me le confirmiez tantôt, là, que ça peut être un seul de ces trois critères-là.
Certain que c'est ça que... Mon objectif aujourd'hui, c'est de bien comprendre
chacun de ces trois critères, parce qu'il peut isolément mener à la désignation
et l'assujettissement. Donc, se rendre au travail, là, on comprend. Ça, c'est
assez clair, mais en même temps c'est assez clair. On vient... On vient de
vivre... Bien, je ne sais pas s'ils sont dans la liste. Ils ont-tu fini leur
grève eux autres, les ingénieurs du gouvernement? Ils sont en... Ils ont fait
un conflit de travail. On les entendait l'autre jour, là. Ils étaient à l'entrée
de la guérite, avec leurs flûtes et leurs drapeaux. Eux, ils signent, à ma
connaissance, tous les devis et les plans pour les constructions de routes, notamment,
du Québec. Grève des ingénieurs. Plus de plans, plus de construction de routes
pour un certain délai. Est-ce que ça, ça affecte la capacité de se rendre au
travail si on n'a plus de routes qui se construisent parce qu'on n'a pas d'ingénieurs
qui signent leurs plans et devis?
M. Boulet : La grève est
suspendue. En ce qui concerne les ingénieurs, c'est la fonction publique, ce n'est
pas soumis à notre régime de maintien de services. C'est bon.
Des voix : ...
M. Leduc : Ça, c'est services
essentiels.
M. Boulet : Exactement.
M. Leduc : Ce n'est pas
dans les... On avait le débat, là, de qui est dans les deux régimes...
M. Boulet : Tout à fait.
M. Leduc : Puis eux
autres sont dans... Ah bon, parfait.
M. Boulet : Puis on a même
un amendement pour bien préciser, là, toutes les entités qui ne sont pas
visées, notamment par...
M. Leduc : Ça sera donc...
M. Boulet : ...le projet
de loi n° 93.
• (11 h 40) •
M. Leduc : Parfait. Donc,
cet exemple-là ne s'applique pas à la situation. C'est ça qui clarifie.
Merveilleux! Donc, se rendre au travail est ce que, mettons, à part des
transports collectifs, ça veut dire quoi? Qu'est-ce qui pourrait être un autre
travail ou une autre entreprise?
Une voix : ...
M. Leduc : J'allais dire
le REM, le transport collectif.
M. Boulet : Bien, le
transport scolaire, ce que vous avez vécu aussi beaucoup dans le comté de
Sherbrooke, à Montréal, puis Mauricie et dans plusieurs comtés aussi.
M. Leduc : Mais ce n'est
pas pour se rendre au travail, ça, M. le ministre.
M. Boulet : Le transport scolaire,
le transport en commun, c'est tous les services publics, là. La collecte de
déchets, c'est des services à l'égard desquels s'appliquerait le nouveau régime
de maintien des services minimums.
M. Leduc : Mais se rendre
à l'école, ce n'est pas se rendre au travail. Le transport scolaire, moi,
j'étais...
M. Boulet : Ce n'est pas
ce que... Ce n'est pas ce que je dis. Ce qui est important de retenir, c'est
que...
M. Boulet : ...un impact
social peut aussi être un impact économique, puis un impact économique peut
aussi être un impact social. C'est pour ça qu'il ne faut pas découper de façon
mathématique ces deux termes-là, sécurité sociale, sécurité économique. Je sais
que c'est le «ou», mais ce n'est pas parce que c'est économique que ce n'est
pas aussi social. On se comprend?
M. Leduc : Mais ça peut ne
pas l'être, sinon vous auriez fait un seul mot.
M. Boulet : Ça pourrait, ça
pourrait. Mais généralement il y a une... il y a quand même une certaine
symbiose. Mais pas tout le temps, vous avez raison.
M. Leduc : Bien, c'est ça que
je veux qu'on comprenne bien, parce que, sinon, vous auriez écrit
«socioéconomique» en un seul mot. Ce n'est pas ça que vous avez fait.
M. Boulet : Bien non, bien
non, c'est social ou économique.
M. Leduc : Bon. Mais votre
volonté, c'est de faire une distinction entre les deux. Oui, ça peut être les
trois, on l'a dit tantôt, ça peut être les trois, ça peut être deux sur trois,
ça peut être social, environnemental, environnemental, économique, juste,
social. On s'entend là-dessus. Puis il y a probablement, la plupart du temps,
des gens qui vont trouver... qui cochent plus une case quand ils vont vous
faire leur plaidoyer pour que vous les désigniez. Mais moi, j'essaie de
comprendre «économique». Là, vous me dites... tantôt, c'était se rendre au
travail, mais là vous incluez le transport scolaire, donc c'est du transport
général, finalement.
M. Boulet : Non, c'est dans
les services publics qui sont mentionnés au Code du travail.
M. Leduc : Je ne vous parle
pas de ça, je vous parle de ce que ça inclut, la notion de sécurité économique.
Vous dites : Le transport scolaire, c'est dans la sécurité économique?
M. Boulet : Je ne veux pas
cibler aucun secteur. Quand vous me demandez : C'est quoi, la sécurité
économique? Je réfère aussi à des éléments de sécurité sociale, comme
l'isolement, la pauvreté, l'insécurité alimentaire, mais aussi, ça peut être la
capacité de se rendre au travail, la capacité... ça peut... c'est toujours des
hypothèses. Encore une fois, ça n'est que confronté à des faits et un contexte
qu'on peut déterminer s'il y a un impact qui est disproportionné pour la
population. Ça fait que, sécurité économique, c'est quand même un concept qui
est clair, qui va permettre au tribunal de déterminer si les parties sont
assujetties ou non à ce régime-là.
M. Leduc : C'est-à-dire...
moi, je ne le trouve pas très clair, contrairement à vous, ce que ça veut dire
sécurité économique, dans le sens... Moi, ce que je vous plaide, c'est que ça
veut dire n'importe quoi. Vous, vous me dites : Non, ce n'est pas
n'importe quoi, ce n'est pas un buffet. D'accord. Qu'est-ce que ce n'est pas?
Ou qu'est ce que c'est? Parce que, dans Sécurité sociale, on a eu un bon débat.
Vous m'avez nommé quatre éléments. Je répète, pauvreté, isolement, insécurité
alimentaire, apprentissage. Sécurité économique, vous avez juste dit : se
rendre au travail puis capacité de gagner son salaire. C'est tout?
M. Boulet : M. le Président,
je n'embarque pas dans l'interprétation ou l'application, je vais le répéter
souvent. Mon collègue essaie de m'attirer à des cas spécifiques où ça
s'appliquerait. Ce n'est pas mon intention de déterminer qui est assujetti, qui
ne l'est pas. C'est vraiment une question de preuve à soumettre au tribunal
impartial et indépendant. Merci.
M. Leduc : ...les conflits en
cours. Je vais en nommer quelques-uns, là, pour qu'on ait une idée. J'aimerais
ça qu'on essaie de réfléchir, lequel, là-dedans, peu importe, là, de social ou
environnemental, je me concentre juste sur l'économique, lequel, là-dedans,
pourrait raisonnablement plaider ne pas faire partie du critère de sécurité
économique.
Société des arrimeurs du Québec; Brand
Factor; Centre de communications santé de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec;
Groupe Alerte Santé; Corporation des partenaires pour les communications de
santé Lanaudière-Laurentides; la Société des établissements de plein air du
Québec, la Sépaq; transport scolaire La Québécoise; l'Île de Saint-Constant,
les cols blancs; Société des traversiers du Québec, Québec; Société des
traversiers du Québec; Société des traversiers du Québec plusieurs fois; Hôtel
le Reine Elizabeth; Cambridge investisseurs; Société des traversiers du Québec
encore; Starwood Canada; Commission scolaire Cri, Stablex Canada; Société
Mont-Bélu; Postes Canada, il y a une batch de syndicats de CPE, librairie
Renaud-Bray; ville de Rivière-Rouge; CHSLD Îles-de-la-Madeleine; Béton
provincial; CPE, CPE, CPE. Qu'est-ce qu'on a d'autre? Beaucoup de CPE, évidemment.
Arrêtons-nous parce que, là, on va faire l'immense liste des CPE. RTM ici;
Barreau du Québec et avocats; Spectre de rue, c'est un organisme communautaire;
Syndicat de l'enseignement de région du Québec; Université Concordia,
auxiliaire d'enseignement et de recherche; Parc olympique, je l'ai dit;
Institut technologie agroalimentaire; Cascades Emballage carton-caisses-Viau;
École Vanguard Québec; Niobec; IKEA Canada; autobus La Québécoise Rousillon;
Réseau de transport métropolitain Exo; Héma-Québec; Société des établissements
de plein air du Québec, encore une fois la Sépaq.
Il y a-tu une seule chose que j'ai nommée
là-dedans qui, raisonnablement, pourrait ne pas être considérée en grève ou en
conflit de travail comme affectant la sécurité économique?...
M. Boulet : ...Bien oui, mais
plusieurs. En fait, je vous ramène à l'objectif puis je le sais que vous
connaissez bien l'objectif. Posez-vous la question que vous venez de me poser.
Demandez-vous : Un conflit de travail dans chacune des organisations ou
entreprises que vous venez de mentionner, est-ce qu'il y a un impact sur les...
le bien-être de la population? C'est ça qu'il faut se demander. Si, dans une
organisation, c'est impensable, c'est difficile de faire l'hypothèse que ça
puisse s'appliquer. Mais vous êtes capable de donner une aussi bonne réponse
que moi si vous revenez à la base du projet de loi qui vise à maintenir des
services minimaux pour ne pas que la population soit affectée de manière
disproportionnée dans sa sécurité sociale, économique ou environnementale. Ça
fait que vous êtes aussi bien placé que moi pour donner une réponse. Il y a
dans plusieurs organisations où je ne vois pas, mais on peut imaginer. Tout est
une question de fait. Tout est une question de fait. Est-ce qu'il y a un... la
population est de fait, concrètement, réellement prise en otage ou est affectée
de manière disproportionnée? Ça fait que ce n'est pas en répondant à des
questions hypothétiques comme ça qu'on fait, selon moi, avancer notre
discussion. Vous connaissez la réponse, et je sais, vous connaissant, que vous
avez une maîtrise très claire des objectifs du projet de loi.
M. Leduc : Vous faites référence...
vous dites : non, mais il faut penser au bien-être, il faut penser au
bien-être. Oui, oui, c'est l'objectif du projet de loi, on s'entend là-dessus,
c'est une évidence. Mais là on n'est pas en train de discuter de la notion de
bien-être, on est à discuter de la notion dont vous voulez l'appliquer. La
façon dont vous voulez l'appliquer, le bien-être, c'est à travers des
critères : social, économique et environnemental. Là, je dis le
«économique». Je plaide encore que c'est un buffet à volonté. Vous me
dites : Non, ce n'est pas ça. Je vous ai fait une liste exhaustive de tous
les conflits de travail en ce moment, en vous disant : nommez-moi un qui
ne serait pas touché par la sécurité économique. Vous n'en avez nommé aucun.
M. Boulet : ...encore une
fois, puis c'est sûr que je me répète, vous fragmenter...
M. Leduc : Oui.
M. Boulet : ...le libellé de
l'article. Vous le lisez bien comme moi. Dans le présent chapitre, on entend
par services assurant le bien-être de la population, les services et tout le
reste de la France. On ne peut pas interpréter puis on ne peut pas appliquer...
puis vous le connaissez, vous êtes... vous le savez, vous êtes un expert en
relations de travail. Vous avez déjà plaidé, vous ne pouvez pas plaider en
scindant une définition. Puis il faut se rappeler ce qui est défini, c'est les
services assurant le bien-être de la population. Donc, c'est la réponse la plus
claire que je suis en mesure de vous partager.
• (11 h 50) •
M. Leduc : Mais évidemment
qu'on peut le scinder. Puis les gens qui vont venir plaider vont le faire, les
deux parties vont le faire. La partie qui va vouloir assujettir va dire :
Oui, moi, je considère qu'on touche les trois cases, sociales, économiques, et
voici pourquoi. Ils vont faire des argumentations puis ils vont dire : je
pense que ça affecte ça et que ça l'affecte de manière disproportionnée, et
voici pourquoi. Ils vont faire une argumentation puis ils vont dire : Je
trouve que ça affecte la population mais aussi les personnes en situation de
vulnérabilité, un autre critère, voici pourquoi. Certainement qu'ils vont le
compartimenter, ce que vous nous soumettez comme article. C'est la nature même
de l'exercice judiciaire, utiliser des critères, de faire une argumentation. Ça
fait que, moi, je... bien sûr qu'ils vont le compartimenter puis bien sûr qu'on
va le faire ici aussi. C'est à ça qu'on sert comme Assemblée nationale, à
traiter les amendements, puis les comprendre, puis comprendre chacun des mots
que vous utilisez, parce que ça va avoir un effet réel sur des gens réels qui
vont avoir le droit ou non d'effectuer pleinement leur droit de grève.
J'insiste sur le pleinement, j'ai bien compris que vous ne voulez pas abolir le
droit de grève. Par contre, vous venez le réduire. Alors, s'ils peuvent exercer
pleinement ou pas leur droit de grève, ça va être à cause des mots qu'on aura
mis ici dans votre définition. On va toujours être bien certain de comprendre
ce que vous voulez dire. Puis, encore une fois, moi, je plaide que votre
définition, elle est extrêmement large, en particulier, ce point-là,
économique, social, je le trouve très large aussi, mais ça se défend, on aura
la discussion sera environnementale tantôt, mais économique, n'est-ce pas la
nature même du travail salarié d'échanger un service contre une rémunération,
de l'argent et générer un taux de profit potentiellement pour l'entreprise?
N'est-ce pas dans la nature même du travail d'être dans le domaine de
l'économique? Si on fait une grève, on perturbe, il me semble, de facto, la
sécurité économique, ne serait ce que des propriétaires de l'entreprise, ne
serait ce que des gens qui possèdent des parts dans l'entreprise. C'est ça
l'objectif de la grève de perturber la sécurité économique. Après ça, la ligne
entre les propriétaires puis la population...
M. Leduc : ...c'est là qu'on
est dans le flou. Tout le monde va aller plaider ce qu'ils veulent.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Je ne suis
malheureusement pas d'accord. C'est ça, l'objectif d'une grève, de perturber la
sécurité économique de la population. Je suis vraiment en désaccord.
M. Leduc : De l'entreprise,
M. le ministre.
M. Boulet : Une grève, c'est
un moyen de pression, vous le savez, sur un employeur pour qu'il accepte des
conditions de travail. Un lock-out, c'est un moyen de pression d'un employeur
sur un syndicat pour qu'il accepte des conditions de travail. Ce n'est pas...
Ça ne peut pas être utilisé pour prendre la population en otage pour avoir des
impacts disproportionnés sur sa sécurité, tel que défini dans notre article.
Là-dessus, on ne partage pas le point de vue... le même point de vue. Ça fait
que j'ai donné... j'ai donné mon opinion sur la proposition d'amendement.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : ...mes propos, M.
le ministre. Je n'ai jamais dit «un impact sur la population». J'ai dit «un
impact sur l'entreprise». C'est ça, l'objectif d'une grève, c'est avoir un
impact sur la sécurité économique de l'entreprise. Vous déformez mes propos.
Vous déformez mes propos, si vous élargissez la population.
M. Boulet : Je m'excuse si ce
n'est pas ce que vous aviez en tête.
M. Leduc : Personne... je
le... moi aussi, je me répète, M. le ministre, personne ne se lève le matin
pour perturber la vie des citoyens ordinaires à travers leur conflit de
travail.
M. Boulet : On s'entend. On
s'entend.
M. Leduc : Mais ils n'ont pas
d'autre option!
M. Boulet : On s'entend! Vous
le dites, là, ils n'ont pas d'autre option que de perturber la vie des...
M. Leduc : Ils n'ont pas
d'autre option.
Le Président (M. Allaire) : Juste
un instant, M. le ministre.
M. Boulet : On s'entend.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre, un instant. Là, faites attention. Je vous laisse aller quand les
discussions vont bien. Mais, si vous commencez à vous relancer comme ça, c'est
sûr qu'à chaque fois je vais vous ramener vers moi. Ça fait que je vous invite
à la prudence. M. le ministre. M. le ministre, vous souhaitez poursuivre?
M. Boulet : Oui.
Le Président (M. Allaire) : Allez-y.
M. Boulet : Je n'ai pas
d'autre commentaire. Ils n'ont pas d'autre option que de perturber la vie des
citoyens. Peut-être que j'ai mal compris encore mais c'est ce que vous avez dit
textuellement. Mais, si j'ai mal compris, vous pouvez évidemment redire ce que
vous venez de mentionner.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député, allez-y.
M. Leduc : Vous êtes dans une
entreprise ou un service public. Vous négociez parfois depuis six mois, un an,
un an et demi, sans convention collective. Vos salaires ont stagné. L'inflation
monte de 5 %, 6 % par année. Votre logement vous coûte 1 500 $,
votre épicerie, vous n'êtes plus capable de vous la payer, vous allez à la
banque alimentaire. Qu'est-ce qu'il vous reste, M. le ministre? Qu'est-ce qu'il
vous reste? Vous avez écrit à votre député, vous avez... Qu'est-ce qu'il vous
reste? Il reste la grève! C'est ça qu'il reste. Ce n'est pas agréable, parce
qu'en plus, il risque d'y avoir moins d'argent... y aura moins d'argent pendant
la grève, parce qu'il y aura une maigre compensation, dépendamment du syndicat.
Ce n'est pas tout le monde qui a des fonds de grève d'ailleurs. On l'a bien vu
avec la FEE lors du conflit il y a deux ans. Personne n'a envie de faire ça.
N'allez pas vous mettre dans la tête que le monde recherche cet état de fait
là. Puis, en plus, dans le conflit qu'on a connu à la FAE, si vous avez... vous
êtes dans la situation d'un couple, que vous vous êtes rencontrés au travail,
comme ça arrive souvent, bien, les deux profs sont en grève en même temps, les
deux n'ont pas de fonds de grève. J'en ai vu, moi, des gens sur les lignes de
piquetage, M. le ministre, à la fois en détresse économique parce qu'il n'y
avait plus de revenus dans la maison, puis à la fois animés d'une foi profonde
que leur bataille valait la peine, parce qu'ils la faisaient, selon eux et
elles... bien sûr, vous n'êtes peut-être pas d'accord avec ça, mais c'est ce
qu'ils me disaient, ils la faisaient pour les enfants, pour la qualité de
l'éducation. C'est eux et elles qui étaient assis dans la classe à longueur de
journée, avec des moyens réduits, voyant les profs tomber au combat, prendre
des congés d'épuisement, changer de métier parce que c'est trop difficile.
C'est eux et elles qui la font au quotidien, cette job-là. Ça fait que, si eux
et elles considèrent que la seule façon de sauver leur réseau duquel ils
s'occupent à tous les jours, c'est de faire la grève puis qu'ils la votent en
toute âme et conscience, sachant qu'ils n'auront pas une maudite cenne à la fin
de la semaine parce qu'ils n'ont pas de grève... pas de fonds de grève, bien
mal placé pour commencer à les juger de leurs intentions. Bien mal placé.
M. Boulet : Et c'est... ce
n'est certainement pas... Puis j'ai beaucoup d'empathie pour ce que vous venez
de décrire, et je respecte les travailleurs syndiqués qui majoritairement
votent pour exercer un droit de grève, et j'ai du respect pour un employeur qui
décide d'imposer un lock-out. Il le fait, présumons dans la vaste majorité des
cas, que ce soit un lock-out ou une grève, pour les bonnes raisons. Ce que vous
venez de décrire, je le comprends, je le respecte. Puis j'ai des personnes dans
mon entourage qui ont fait des grèves puis qui ont vécu des situations
difficiles. C'est simplement que je veux que vous partagiez notre objectif par
ce projet de loi là. C'est qu'il n'y ait pas des conséquences disproportionnées
sur la population. C'est sûr que, que ce soit une grève ou un lock-out, la
population doit accepter certains inconvénients. Mais, quand ça devient
disproportionné, c'est là qu'il faut vérifier l'effet et les inconvénients
et...
M. Boulet : …déterminer ce que
le tribunal aura à faire. Si les critères sont rencontrés, c'est simplement ça,
parce qu'il n'est pas encore une fois de notre ni intention ni volonté d'avoir
un impact négatif sur l'exercice d'un droit de grève. La santé est un bel
exemple. Il y a des services essentiels à un niveau très élevé. Puis la grève a
quand même un impact. Puis ça, il faut le dire aux personnes qui sont des
travailleurs, travailleuses du secteur de la santé. Dans tous les autres
secteurs, il faut tenir compte des impacts. Puis je le répète, s'il n'y a pas
de conséquences disproportionnées, il n'y a pas de conséquences qui respectent
cette définition-là, il n'y en a pas, d'enjeu.
M. Leduc : Je prends
l'exemple…
M. Boulet : Est-ce qu'on se
comprend?
M. Leduc : On se comprend.
M. Boulet : Parce que j'ai du
respect pour ce que vous venez de décrire.
M. Leduc : Je le sais, je le
sais que vous avez du respect pour ça. Je prends l'exemple… On a appris dans
les derniers jours deux choses, d'abord qu'il y avait un rapport… vous vous
rappelez que Poste Canada, le gouvernement avait imposé la fin de la grève.
Puis la… commandé une espèce de rapport sur l'avenir des services postaux. Le
rapport a été déposé, puis le rapport propose de cesser la livraison à
domicile. C'est quand même capoté, là, cesser la livraison à domicile. Les gens
ne recevraient plus les lettres et les colis à domicile, d'un service public
comme Poste Canada, qui est un des plus vieux services publics en Amérique du
Nord, là. On s'entend, probablement arrivé quasiment avant les pompiers, si je
ne me trompe pas.
Si on fait ça, si le gouvernement va dans
cette direction-là, non seulement il y a des gens, notamment des gens
vulnérables, dont on se soucie ici, vous et moi, qui vont perdre l'accès à
toutes sortes de choses. On a eu des débats déjà sur la façon d'avoir accès,
notamment aux dossiers de SST en ligne, il y a tout un virage à la CNESST. On a
des débats là-dessus. Trop de gens qui manquent des dates de contestation de
leur décision parce que c'est juste en ligne puis qui sont un peu… Ils manquent
de littératie numérique. Le terme plus commun, c'est technonul, pour discuter
et rigoler un peu, mais le terme poli c'est le manque de littératie numérique.
Nous, on dit : Ils devraient recevoir une lettre à la maison. Mais, si ça
s'enligne pour qu'ils appliquent ça, là, au gouvernement fédéral, la fin des
livraisons à domicile? Si les gens qui font la grève à Poste Canada se battent
pour leurs conditions de travail, bien sûr, mais aussi pour la… maintien d'un
service public, on est qui, nous, pour commencer à leur dire : Votre grève
est impertinente ou elle affecte trop la population? Bien, justement, ils vont
se battre pour maintenir le service à la population. Le ministre va me
dire : ça relève du fédéral, je le sais. Pas besoin de me le dire, je le
sais. Mais je veux qu'il comprenne l'exemple, qu'on peut se battre et faire une
grève, et c'est ce que disaient les expertes, experts, expertes menés par Mme
Laroche, faire la grève, c'est souvent, en particulier dans les services
publics, dans l'objectif du mieux-être de la population.
Et empêcher ou réduire substantiellement
leur accès à la grève pourrait, dans une perspective de moyen et long terme,
affecter les services à la population en fragilisant ce service public là,
parce qu'ils n'auront plus les moyens de mobiliser à la fois la population pour
mobiliser l'État. Puis là je… Encore une fois, je vous demande de faire un pas
de recul, là, je vous demande de faire un pas de recul puis de regarder comme
un praticien du droit du travail. Puis même avec une lorgnette d'historien, je
sais que vous aimez l'histoire, puis en particulier l'histoire des conflits,
l'histoire du rapport de forces patronales, syndicales en Occident puis au
Québec. Ça va passer à travers ça. Votre projet de loi va avoir potentiellement
des effets négatifs à moyen, long terme sur la distribution de la richesse, sur
le maintien des services publics au Québec. Si on n'est pas capable de laisser
comme outil aux gens qui les font, ces services publics là, la capacité de se
mobiliser.
• (12 heures) •
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Ce que je respecte
totalement, et ceci dit, évidemment, je ne m'immiscerai pas dans un conflit à
compétence fédérale, comme vous vous en doutiez bien. Mais souvenez-vous que ce
que le ministre fédéral du Travail a fait, ce n'est pas d'annuler le droit de
grève, si c'est une conséquence, mais il prolongeait de six mois la durée de
validité de la convention collective de travail. Puis, rappelez-vous, 107 du
Code canadien, c'est… là, c'est discrétionnaire, puis c'est politique. Il peut
prendre les mesures qu'il estime de nature à favoriser la bonne entente et à
régler des conflits de travail. Mais je ne pourrais pas me prononcer sur le
mérite de l'enjeu qui est vécu à Poste Canada, là.
M. Leduc : Le ministre me
demande… il me dit : Je sais que vous n'aimez pas mon projet de loi, mais
est-ce que vous... Que pensez-vous de la disposition fédérale? Bien, vous le
savez, je l'aime encore moins. Ça fait que, si vous voulez qu'on fasse une
gradation sur des choses que je n'aime pas, en effet…
12 h (version non révisée)
M. Leduc : ...j'aime encore
moins la disposition fédérale que votre projet de loi, mais les deux sont dans
une catégorie que je n'aime pas...
M. Boulet : ...dans la même
catégorie, quand même.
M. Leduc : Bien...
M. Boulet : Alex...
M. Leduc : ...ils ne sont pas
loin, en tout cas, s'ils ne sont pas dans la même catégorie.
M. Boulet : Allez relire 107,
collègue.
M. Leduc : Pas besoin. Je le
sais que je ne l'aime pas, cette disposition-là, vous le savez. Puis je ne
voudrais certainement pas aller dans ces eaux-là textuellement, ça, c'est... ça,
c'est clair, mais je n'aime pas plus ce que vous nous soumettez. Ça, vous l'avez
compris.
M. Boulet : Un peu plus.
M. Leduc : Vous insistez
tellement pour que je trouve quelque chose de positif là-dedans, M. le ministre.
C'est beau. Il y a quelque chose de beau là-dedans, il faut que je le reconnaisse.
Je reviens à la nature même du conflit de
travail. N'y a-t-il pas là, M. le ministre... parce que c'est ça, le concept du
travail, on salarise quelqu'un en échange d'une prestation de travail, n'y a-t-il
pas là quelque chose d'économique? C'est ça, la nature même du travail, c'est
économique.
Le Président (M. Allaire) : ...
M. Boulet : Oui, c'est sûr,
la nature du travail est économique. Et, je le répète, une grève ou un
lock-out, c'est un moyen de pression sur l'autre partie. Ce n'est pas pour
affecter, avoir des conséquences disproportionnées sur la population. C'est là
que la nuance doit se faire, simplement.
Le Président (M. Allaire) :
...
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Est-ce que pour vous, M. le ministre... On s'entend, donc, la nature
du travail est économique. Puis la sécurité économique sur la population, il n'y
a pas de lien, selon vous... c'est-à-dire qu'il n'y a pas de différence, selon
vous, que ça soit une coopérative, l'employeur, un OSBL ou une entreprise
privée? C'est-à-dire la notion de profit, la marge de profit, là... on sait bien
que, dans un OSBL... son nom le dit, là, sans but lucratif, une coopérative, c'est
à peu près la même chose, ce n'est pas quelque chose qui est pris en compte
ici, là.
M. Boulet : ...pas trop, trop
la nature de la question, là.
M. Leduc : Je reformule ma question.
Quand on dit qu'on affecte la sécurité économique de la population, c'est qu'il
y a une sécurité économique de l'entreprise, de l'employeur qui est d'abord et
avant tout affectée puis qu'après ça on peut plaider qu'elle affecte la
population.
M. Boulet : ...de la
population, pas de l'entreprise. Ça fait que la nature des activités de l'entreprise,
c'est... ce qu'il faut regarder, c'est l'impact du conflit de travail sur la
population, ce n'est pas sur l'entreprise en soi, là. Je comprends qu'un moyen
de pression, ça peut avoir un impact sur un syndicat ou une entreprise, là.
M. Leduc : ...une coopérative,
mettons, dans le milieu des cégeps ou des universités, tout le monde en devient
membre. Vous vous rappelez peut-être, dans votre prime jeunesse, quand vous
étiez à l'université, la mienne aussi, dans ma prime jeunesse, je ne suis plus
très jeune non plus, on devenait tous membres de facto de la coopérative qui
nous vendait les cahiers, etc. Bon, c'était une entreprise qui était syndiquée.
Mais, si tout le monde en est membre, est-ce que là il n'y a pas là aussi
service à la population? La ligne n'est pas un peu floue à ce niveau-là?
M. Boulet : Je ne suis pas
capable de répondre à ça. C'est tellement hypothétique. Encore une fois, ici,
on s'intéresse à des conflits de travail, des grèves ou des lock-out qui ont
des conséquences disproportionnées sur la population. C'est un projet de loi
qui vise à assurer le bien-être de la population. Vous pourriez me donner 20 cas,
30 cas, 50 cas, il faudrait qu'ils soient soumis au Tribunal administratif du
travail pour déterminer si c'est une grève ou un lock-out conformément au code,
s'il y a eu un décret désignant les parties, s'il y a eu une des parties qui a
demandé au tribunal de s'exprimer sur l'assujettissement. C'est tellement
hypothétique, je ne suis pas capable, mais sérieusement, là... puis je
comprends la question, mais je ne suis pas capable d'y répondre.
M. Leduc : Mais je veux juste
être certain d'avoir bien compris. Ce que vous me dites, c'est que, dans le
fond, qu'il y ait un propriétaire, 15 propriétaires, que ça soit une entreprise
familiale, que ça soit une société par actions, que ça soit un OSBL, que ça soit
une coopérative, ce n'est pas un élément d'analyse pris en compte dans la
sécurité économique de la population.
M. Boulet : La forme
juridique de l'entreprise, ce n'est pas un élément qui est considéré. C'est l'impact
sur la population.
M. Leduc : ...clair là-dessus.
Je vous remercie.
M. Boulet : O.K. Merci.
Le Président (M. Allaire) :
Vous souhaitez poursuivre, M. le député?
M. Leduc : Juste un petit
instant. Je vérifie quelque chose.
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) : Il
vous reste trois, quatre minutes, si vous souhaitez.
M. Leduc : Oui. J'ai peut-être
une dernière question...
Le Président (M. Allaire) :
Allez-y.
M. Leduc : ...sur cet
amendement-là, qui découle un peu de ce qu'on vient d'avoir comme échange. J'aimerais
ça que le ministre le clarifie, là, vraiment... Parce que, là, on a eu la
discussion sur : le type de formation juridique de l'entreprise n'a pas d'impact.
Le fait que l'entrepreneur ou que le propriétaire perde de l'argent...
M. Leduc : ...de profits,
au-delà de la... de quelle... forme juridique, ça pourrait avoir, ça aussi, ce
n'est pas un critère qui est pris en compte?
M. Boulet : Non.
M. Leduc : Ça fait que, si
un... si une entreprise dit : Aïe! là, j'ai une grève sur le dos, je perds
100 000 $ par semaine, vous devez intervenir si c'est ça que je viens
vous voir pour plaider pour une désignation.
M. Boulet : Bien non, bien
non, bien non. Une grève ou un lock-out, c'est, justement, ça, un moyen de
pression sur l'autre.
M. Leduc : Exact.
M. Boulet : Est-ce que le
syndicat a suffisamment de fonds pour payer une indemnité de grève pendant X
temps, ça n'a pas d'impact. Est-ce que l'employeur a des profits suffisants
pour passer au travers d'un conflit pendant X période de temps, ce n'est pas un
critère. C'est vraiment la population qui nous préoccupe.
M. Leduc : Parfait.
M. Boulet : Je pense que je
vais finir par vous convaincre...
M. Leduc : Ça dépend combien
d'heures on passe là-dessus. On verra, on verra.
M. Boulet : ...à un moment
donné.
M. Leduc : Donc, en clair,
quelqu'un qui vient vous voir pour dire : Je veux être assujetti parce que
je perds 100 000 $ par semaine à cause de ma grève, en soi, juste ça,
ce n'est pas suffisant, ça ne marche pas.
M. Boulet : Bien non, non.
M. Leduc : Il faut que je
vienne voir pour vous dire : Ça affecte la sécurité économique de la
population, avec X, Y arguments. Mais juste dire : Je perds 100 000 $
par semaine, vous allez faire : Bien, c'est un peu ça, la game d'une
grève.
M. Boulet : Ce n'est pas dans
la définition, ce n'est pas considéré, puis même, pas considéré dans l'ensemble
des éléments qui sont dans le critère défini à 111.22.3.
M. Leduc : Parfait.
C'est-à-dire que la... tout un chacun aura... pourra bien le plaider s'ils
veulent, il pourrait bien vous envoyer une missive en faisant référence à
son... à sa... profits par semaine. Peut-être qu'il ne fera pas parce qu'il ne
veut pas donner trop d'informations à la partie syndicale, mais il pourrait
bien le plaider. Mais vous...
M. Boulet : Bien là, vous
parlez des employeurs, mais un syndicat ne dira pas : Moi, je suis limité
dans ma capacité de payer une indemnité de grève, là.
M. Leduc : Vous ne leur
conseilleriez pas ça.
M. Boulet : Il faut penser des
deux côtés, collègue.
M. Leduc : Vous ne leur
conseilleriez pas ça non plus.
M. Boulet : Non.
M. Leduc : Ça va être bon
pour cet amendement-là, monsieur....
Le Président (M. Allaire) :
...d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'amendement.
Une voix : ...
Le Président (M. Allaire) :
Par appel nominal. M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
Le Secrétaire
: M. Dufour
(Abitibi-Est)?
M. Dufour : Contre.
Le Secrétaire
: M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
Le Secrétaire
: M. Martel
(Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel
:
Contre.
Le Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Contre.
Le Secrétaire
: Et M. Allaire
(Maskinongé)?
Le Président (M. Allaire) :
Abstention. L'amendement est donc rejeté. Alors, on revient donc à l'article 4,
qui introduit l'article 111.22.3. Je comprends qu'il y a un nouvel amendement
que vous souhaitez déposer.
M. Leduc : ...prendrais peut-être
une suspension avant de le déposer, s'il vous plaît.
Le Président (M. Allaire) :
Pas de problème.
Nous allons suspendre les travaux quelques
instants, merci.
(Suspension de la séance à 12 h 09)
(Reprise à 12 h 21)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. Je comprends que la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve souhaite déposer un amendement. Je vous cède la parole.
Des voix : ...
M. Leduc : À
l'article 22.3, proposé par l'article 4 du projet de loi, remplacer
«social, économique ou environnemental» par «social, économique».
Je fais le même exercice que les deux
autres éléments précédents pour qu'on ait la discussion sur l'environnemental.
Puis, M. le Président, je pense qu'elle est particulièrement importante, cette
discussion-là, parce que c'est celle qu'on a le moins eue dans l'ensemble des
échanges. Il n'y a à peu près personne dans les mémoires qui a souligné ce
volet-là, le volet environnemental. Le ministre ne l'a pas évoqué dans ses
différentes entrevues, le volet environnemental. Il donnait toujours des
exemples socioéconomiques. Puis je ne sais bien pas ce qu'il veut dire, le
ministre, par environnemental, dans le cadre de son article, dans le cadre de
son projet de loi. Bien sûr, Québec solidaire est pour l'environnement, quelle
grande surprise. Je suis moi-même le porte-parole du dossier environnement à
mon parti. Mais qu'est ce que ça vient faire ici dans le projet de loi pour
limiter le droit de grève? Et surtout qu'est ce que le ministre entend par une
atteinte disproportionnée à la sécurité environnementale?
M. Boulet : C'est une très
bonne question. J'ai eu à y répondre, je pense, à une ou deux entrevues maximum.
Et, dans le fond, on revient à la base pour assurer le bien-être de la
population, et ici on pense à un conflit, qui vise à protéger la population
contre un risque important tel qu'une catastrophe naturelle ou une dégradation
importante de la qualité de l'environnement. Donc, c'est catastrophes
naturelles puis dégradations importantes de la qualité de l'environnement. Ça
fait que j'imagine qu'avec cette explication-là, vous allez peut-être penser à
retirer votre amendement. C'est que tout le monde doit adhérer à ça.
M. Leduc : Bon. Deux choses.
La première, c'est que le critère, sans être nommé environnement, est déjà
couvert amplement dans la Loi sur les services essentiels à 111.0.17. Quand on
parle de danger, le danger de la santé ou la sécurité publique... du public, on
se rappelle, hein, c'est la sécurité des personnes, sécurité physique des
personnes. Dans la jurisprudence qu'on a consultée, il y a des références à
l'environnement, ça fait que l'aspect catastrophe naturelle me semble déjà couvert.
Mais là on ne parle pas de... on parle du bien-être de la population, on ne
parle pas de catastrophe naturelle. Je suis surpris, ça me semble une certaine,
si vous me permettez l'expression, M. le Président, une certaine enflure, là,
tout à coup, là. On passe de bien-être de la population à catastrophe
naturelle, méchante, méchante marche qu'on vient de faire, là.
M. Boulet : ...dégradation de
la qualité de l'environnement. Tu sais, je ne veux pas faire de l'enflure. Si
vous voulez qu'on désenfle, on peut désenfler. Ce qui est important, c'est
d'assurer la qualité qu'un conflit de travail n'ait pas un impact
disproportionné sur la population en affectant la qualité de l'environnement.
Tu sais, la collecte des déchets est un des services publics qui est mentionné
dans le Code du travail. Tu sais, puis je ne veux pas utiliser des exemples en
disant que ça s'appliquerait nécessairement ou que le tribunal assujettirait
nécessairement, ça dépend encore une fois, comme je mentionne souvent, de la durée
du conflit, son contexte, les impacts sur la population. Mais il n'y a pas
d'angle mort avec ça.
M. Leduc : Corrigez-moi si je
me trompe, mais la collecte des déchets, c'est couvert par les services
essentiels.
M. Boulet : C'est un des
services publics. C'est couvert en fonction du critère de qualité de... la
santé ou sécurité de la population. Alors que là, c'est un régime parallèle qui
pourrait s'appliquer de manière complémentaire.
M. Leduc : Comment?
M. Boulet : Mais les services
publics, là, il y a une liste de services publics dans le Code du travail, je
l'ai souvent expliqué, là, mais eux, ça relève d'une démonstration au Tribunal
administratif du travail, à l'effet que l'interruption des services pourrait
menacer la santé ou la sécurité publique. Alors que nous, c'est un critère
différent qui pourrait s'appliquer de manière complémentaire. Comme j'ai dit,
le régime...
M. Boulet : ...s'applique pour
les services publics, en éducation, dans les CPE, dans les écoles, les
collèges, les universités, mais pas en santé et puis pas en fonction publique.
Ils sont soumis aux services essentiels avec un niveau élevé de maintien de
service, alors que dans les services publics, le critère auquel on fait
référence pour les services essentiels ne s'applique pas tout le temps ou peut
ne pas s'appliquer en fonction de la preuve. Et, ça, ce régime complémentaire
là pourrait s'appliquer en tenant compte du critère que nous discutons et de la
preuve soumise au tribunal. Je ne sais pas si vous me... si vous me suivez. Le
régime parallèle de maintien de service, il s'applique de manière
complémentaire, en ce qui concerne les services publics.
M. Leduc : Ça, votre
démonstration, je dirais, théorique est très, très claire. Ce n'est pas... Ce
n'est pas ça, le problème. Mais, concrètement, il y a une grève dans la
collecte de déchets de la ville X ou Y, bien, elle va être couverte par les
services essentiels en trois secondes.
M. Boulet : Bien là, si c'est
clair de même, il n'y a pas de problème. Moi, je pense à... de façon...
M. Leduc : Bien non. Il y a
un problème parce que vous...
M. Boulet : Bien non. Mais
là, vous m'avez dit que le critère était trop large et là vous me dites :
Ça va de toute façon s'appliquer en fonction du critère des services
essentiels. Pas dans tous les cas, malheureusement.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : Bien, dans ce
cas-là, si c'est clair pour vous que la collecte des déchets est un service
essentiel...
M. Boulet : Je n'ai pas dit
que c'est un service essentiel. Vous savez que les gens confondent la notion de
service essentiel et la définition de service essentiel. Un service essentiel,
c'est celui dont l'interruption menace la santé ou la sécurité de la
population. Les secteurs qui sont assujettis au régime des services essentiels
avec un niveau très élevé, vous le savez, c'est en santé et services sociaux
puis dans la fonction publique. Dans les services publics, ça prend une
démonstration. Ils ne sont pas de facto soumis au maintien des services
essentiels.
M. Leduc : Je vous pose la...
Ça, je comprends. Encore une fois, la démonstration... est très claire. Je vous
pose la question suivante, peut-être vous pourrez poser la question à vos
équipes : Est-ce que, depuis la réforme de la Loi, en 2019, des services
essentiels, il y a eu des cas de... sur la collecte de déchets?
M. Boulet : Je vais le
vérifier. Pas à ma...
Des voix : ...
M. Leduc : ...revenir après
la pause dîner.
Le Président (M. Allaire) : C'est
bien.
M. Boulet : ...
M. Leduc : Bien, c'est ça que
j'essaie de voir. Parce que, si on dit que la Loi sur les services essentiels a
fonctionné, puis qu'il y a eu des groupes qui ont été couverts par ça en
matière de déchets, pour le... toujours dans l'angle environnemental, j'essaie
de voir le pourquoi on vient rajouter votre régime. Après ça, on a eu le débat
sur le social et l'économique. Vous rajoutez un critère entre les deux. On
n'est pas d'accord, mais je le comprends. Mais, sur l'aspect environnemental,
ça m'échappe encore. Qu'est ce qu'on a échappé en environnement qui était...
qu'on a échappé par les services essentiels puis qu'on veut rattraper ici?
M. Boulet : Ce n'est pas que
la collecte des déchets, c'est tous les services publics qui sont mentionnés
dans le Code du travail où, dans certaines situations, le critère de
santé-sécurité de la population pourrait ne pas être rencontré. Et le régime
complémentaire de bien-être de la population pourrait être rencontré en
fonction de cette définition-là.
M. Leduc : Vous avez
certainement des cas en tête.
M. Boulet : Tous les services
publics. Bien, oui, dans le transport, on en a parlé. Dans le transport en
commun, il se pourrait que le régime, tu sais, parce que, dans le Réseau de
transport de la capitale, il y a eu une décision du Tribunal administratif du
travail, dépendamment de l'évolution du dossier, de sa durée, de son contexte,
de ses impacts sur la population, le régime complémentaire aurait pu
hypothétiquement s'appliquer dans un contexte comme celui-là.
M. Leduc : ...environnemental?
M. Boulet : Bien, pour les...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
On va poursuivre...
M. Boulet : ...social... ou
environnemental.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
merci, M. le ministre. On va poursuivre les échanges cet après-midi.
Compte tenu de l'heure, la commission
suspend les travaux jusqu'après les affaires courantes. Bon dîner, tout le
monde. Merci!
(Suspension de la séance à 12 h 30)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 49)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. La Commission de l'économie du travail
reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 89, Loi visant à considérer davantage les besoins de la
population en cas de grève ou de lock-out.
Alors, si vous vous souvenez, lors de...
pas de l'ajournement, mais de la suspension ce matin, nous étions sur un
amendement déposé à l'article introduit à 111.22.3.
Avant de céder la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve,
je vais suspendre les travaux à nouveau. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 50)
(Reprise à 15 h 51)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, je
vous cède la parole pour votre amendement, que vous avez déjà déposé. Il vous
reste 17 minutes. La parole est à vous.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bien, on avait commencé un bel échange avant la pause dîner. Vous
vous rappelez, on a fait les trois éléments, les trois critères, hein? Il y a
le critère social, critère économique, puis là on abordait le dernier critère
environnemental. Le ministre m'avait évoqué des choses, comme catastrophes
naturelles, dégradation importante de l'environnement. Juste avant qu'on se
quitte, on avait un échange sur le RTC, les transports collectifs...
M. Leduc : …peut-être,
clarifier la pensée du ministre. Il m'a comme laissé entendre que peut-être que
de faire rouler les autobus du RTC pouvait rencontrer l'objectif
environnemental. Est-ce que j'ai bien compris le message?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Oui. Alors, la
réponse, au-delà de ce que je vous ai mentionné, puis je vais le lire pour que
ce soit clair, parce qu'il y en a beaucoup qui nous écoutent, donc, la notion
de sécurité environnementale a été intégrée au projet de loi n° 89 pour
s'assurer qu'un conflit ne puisse pas compromettre l'environnement, même si cet
impact, comme j'ai mentionné ce matin, n'est pas un danger imminent pour la
santé ou la sécurité publique.
Évidemment, on ne souhaite pas se
substituer au Tribunal administratif du travail dans l'interprétation d'un cas
précis. Mais des notions comme une atteinte à la qualité de l'air, à la qualité
de l'eau, la prolifération d'insectes nuisibles pourraient justifier le
maintien de services. Évidemment, à la lumière de l'examen des faits qui sont
mis en preuves. Puis il y a eu une décision, là, vous me demandiez s'il y avait
eu des décisions, là, vous la connaissez probablement la décision en 2023,
assujettie GFL Environnementale inc., une entreprise qui est dans la… le
domaine de la gestion des matières résiduelles. Donc, devoir de maintenir des
services essentiels, de se conformer aux exigences, là, d'articles précis du
Code du travail en cas de grève. Et c'est tout, c'est tout.
Et donc c'est difficilement envisageable
qu'on aille bien au-delà de ce qui… ce que je viens de vous mentionner. Mais il
y a les trois cas, là, que j'ai précisés, là, qui pourraient être
complémentaires à l'application de la notion de services essentiels,
c'est-à-dire les services dont l'interruption pourrait constituer une menace
pour la santé-sécurité de la population.
M. Leduc : Parfait! Merci pour
l'explication. Je n'ai pas entendu la référence à des transports collectifs
dans votre exemple, à moins que je me sois trompé.
M. Boulet : Non, je n'en avais
pas, de…
M. Leduc : O.K. C'est parce
que, dans la discussion qu'on a eue juste avant la pause dîner, vous avez fait
référence au RTC, puis aux autobus puis au transport collectif.
M. Boulet : Bien, la qualité
de l'air, ça peut s'appliquer par exemple, là. Mais si vous référez au
transport en commun pris indépendamment, il y a la soumission à l'application
de la notion des services essentiels selon le critère plus restrictif. Et il
pourrait y avoir la soumission du transport en commun en fonction du critère
que nous avons dans le p.l. 89 pour assurer le bien-être de la population.
M. Leduc : Bien, que ce soit
d'un point de vue social ou économique, le transport collectif, même je ne suis
pas d'accord avec la démarche, je veux dire, c'est intelligible, c'est logique.
Moi, ce que je voulais clarifier avec vous aujourd'hui, encore une fois en
silos, là, sur l'enjeu purement environnemental, est-ce qu'on pourrait aller
plaider… Est-ce qu'un employeur d'un réseau de transport commun pourrait
plaider que de faire rouler les autobus de force, là, contre le droit de grève
dans un objectif environnemental?
M. Boulet : Bien, c'est
difficile de se substituer au tribunal administratif du travail. Il faudrait
lui laisser la marge de manœuvre qui est nécessaire. En fait, pour déterminer
s'il y a un impact sur le bien-être de la population, puis, tu sais, on pense à
la qualité de l'air, qualité de l'eau, prolifération d'insectes. Mais tu sais,
ça dépend tellement des faits spécifiques au cas par cas. Tu sais, c'est
difficile pour moi de déterminer là où ça s'appliquerait sans qu'il y ait une
preuve de faits précis présentés au tribunal.
M. Leduc : Je comprends, parce
que quand vous avez utilisé l'exemple des transports collectifs dans vos
entrevues ou dans vos prises de parole, c'était plus dans le cadre, mettons,
des usagers...
M. Boulet : Social,
économique, vous avez raison, vous avez raison.
M. Leduc : …usagers à faibles
revenus, etc. Mais vous n'avez jamais évoqué la question de l'environnement,
c'est pour ça que je vais le clarifier.
M. Boulet : C'est moins clair
pour les… Effectivement, de l'angle environnemental, c'est moins évident.
M. Leduc : Parfait. Ça fait
qu'il faudrait ramer plus fort si on voulait plaider ça sur l'environnement
pour les transports collectifs.
M. Boulet : Oui, oui.
M. Leduc : Parfait. Donc là,
on a dit catastrophes naturelles, dégradation importante de l'environnement. On
a parlé d'insectes nuisibles, on a parlé de qualité de l'air, peut-être
d'autres éléments qui m'ont échappé aussi.
M. Boulet : Qualité de l'eau,
aussi.
M. Leduc : Qualité de l'eau.
Donc, ça, c'est des choses dans le périmètre, pourrait-on dire, d'eau… du terme
environnement duquel vous voulez rajouter, comment je dirais ça, une espèce de
chemin supplémentaire à celui des services essentiels, toujours avec un critère
différent. On se rappelle que services essentiels, c'est la question…
Une voix : …
M. Leduc : Exact,
santé-sécurité du public, physique des personnes. Tandis que la question de
votre projet de loi, c'est le bien-être des personnes.
M. Boulet : Oui, tout à fait.
Puis, dépendamment du cas, la Sécurité sociale peut être…
M. Boulet : ...moins
pertinente que la sécurité économique. Tu sais, ça varie d'un cas à l'autre.
Et, dans certains cas spécifiques, la sécurité environnementale n'a pas
nécessairement sa pertinence.
M. Leduc : Bien, écoutez,
dans... encore une fois, moi, je ne suis pas en faveur de cet élément-là. Bien
sûr qu'on veut protéger l'environnement. J'aimerais que ce soit davantage fait
par le gouvernement à travers des politiques budgétaires, à travers un
rehaussement, par exemple, des subventions pour le transport collectif dans les
différentes régions du Québec, dans les villes du Québec, et non à travers,
potentiellement, une limitation de grève. Au moins, on vient de confirmer que
ça ne visait pas, en tout cas à l'origine, les transports collectifs, cette
référence-là à l'environnement. Voyons comment ça s'applique dans le futur,
même si je ne le souhaite pas, parce que la protection de l'environnement nous
semblait est déjà assez bien protégée par la Loi sur les services essentiels.
Évidemment, qui vivra verra, pour la suite. Ça va être tout pour moi.
Le Président (M. Allaire) : ...interventions
concernant cet amendement? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder
à sa mise aux voix.
M. Leduc : Appel nominal,
s'il vous plaît.
Le Président (M. Allaire) :
Par vote nominal, M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
attention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
Le Secrétaire
: M. Dufour
(Abitibi-Est)?
M. Dufour : Contre.
Le Secrétaire
: M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
Le Secrétaire
: M. Martel
(Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel
:
Contre.
Le Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Contre.
Le Secrétaire
: M. Allaire
(Maskinongé)?
Le Président (M. Allaire) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Alors, on revient donc à l'article... l'article
quatre, pardon, qui introduit un nouvel article 111.22.3. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
M. Leduc : Peut-être une
dernière, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Allez-y,
M. le député.
M. Leduc : Je ne ferai pas
d'amendement, mais quand on parle de «personne en situation de vulnérabilité»,
encore une fois, est-ce que le ministre a une définition un peu plus
substantielle à nous soumettre?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Oui. Je l'avais
déjà présenté. Je vais le refaire avec plaisir. Les personnes en situation de
vulnérabilité désignent un ou des groupes de personnes particulièrement à risque
de subir des conséquences plus importantes liées à un arrêt de travail. Cette
notion, évidemment, va varier en fonction du contexte, le type de service visé,
la durée de la grève, et autres.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : ...donc de
vulnérabilité, quoi, socioéconomique, physique, qui...
M. Boulet : Essentiellement
socioéconomique surtout. Mais j'ai référé parfois à des personnes qui
deviennent impuissantes ou marginalisées socialement, économiquement, par un
conflit de travail. Évidemment, la décision d'assujettissement, comme je le
répète souvent, sera présentée par le tribunal.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député, d'autres interventions?
M. Leduc :
C'est correct. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va. D'autres interventions? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons poursuivre. L'article introduit... qui introduit, pardon, le 111.22.4.
M. le ministre, je vous cède la parole pour lecture et commentaires.
M. Boulet : Oui. Merci.
«111.22.4. Le gouvernement peut, par décret, désigner une association
accréditée et un employeur à l'égard desquels le tribunal peut déterminer si
des services assurant le bien-être de la population doivent être maintenus en
cas de grève ou de l'enquête. Un tel décret a effet jusqu'au dépôt d'une
convention collective ou de ce qui en tient lieu. Il peut être pris en tout
temps avant un tel dépôt. Une copie est notifiée aux parties concernées et au
tribunal.»
Commentaires : Évidemment, je l'ai
commenté puis expliqué à plusieurs reprises, là, mais ça prévoit le pouvoir du
gouvernement de désigner par décret une association accréditée et un employeur
pour lesquels des services assurant le bien-être de la population pourraient
être maintenus conformément à une décision du tribunal. Un tel décret, c'est
important de le mentionner, a une durée limitée à une négo particulière, ça ne
veut pas dire que ça s'appliquerait à une négo ultérieure, donc cesse d'avoir
effet au moment du dépôt par l'une des parties d'une convention ou de ce qui en
tient lieu.
• (16 heures) •
Le Président (M. Allaire) : Des
interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : J'en ai
quelques-unes, M. le Président. D'abord, quand on dit «association accréditée»,
je sais que c'est un terme assez commun, là, dans le Code du travail, mais
juste pour être bien clair, pour le ministre, est-ce que ça implique des
associations qui possèdent plusieurs accréditations?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Oui. Tout à fait.
M. Leduc : Est-ce qu'on
pourrait désigner une seule accréditation au sein d'une association syndicale?
M. Boulet : Évidemment, ça
dépend, c'est du cas par cas, là. Mais, si une association détient plusieurs
accréditations syndicales et...
16 h (version non révisée)
M. Boulet : ...que c'est la
même convention, le même contenu, la même date d'expiration, il y a une forte
présomption que, oui, le décret désignerait l'association détentrice de
plusieurs accréditations syndicales.
M. Leduc : Mais ça serait...
Mais ce n'est pas impossible que ça soit une seule accréditation au sein d'une
association.
M. Boulet : Honnêtement,
entre vous... je ne vois pas le contexte où ça sortirait une accréditation
syndicale qui fait partie d'une multitude d'accréditations syndicales détenues
par la même association.
M. Leduc : Ça existe de plus
en plus, ça, M. le ministre, ça reste marginal, mais je pense entre autres aux
gens de Unifor, qui ont des accréditations multiples de plein d'employeurs
différents, puis ils décident de se rassembler pour partager des frais de
représentation, des frais de transport, des frais d'association, dans le fond,
et pour avoir une vie syndicale commune. Des fois, c'est un rassemblement plus
régional, sur une base régionale, des fois, c'est plus dans un grand domaine d'intérêt,
mais ça se voit de plus en plus. Moi, je veux juste vérifier que, si vous
décidez que, dans ce lot-là, il y en a un qui mérite d'être assujetti, on n'est
pas obligé d'embarquer toute la «bunch» au complet...
M. Boulet : Tout à fait. Tout
à fait.
M. Leduc : ...qu'on pourrait
donc dire : De cette association-là, c'est cette accréditation-là qu'on
décide.
M. Boulet : C'est possible.
Comme vous le dites, c'est un phénomène qui est assez marginal encore, mais,
dépendamment des circonstances et du contexte, oui, c'est par accréditation.
M. Leduc : Mais c'est vrai
que, parfois, quand on a plus qu'une accréditation, c'est des employeurs
similaires qui ont... qui ont une réalité similaire puis qui ont soit la même
convention collective ou à deux virgules près la même convention.
M. Boulet : Bien oui. Oui,
tout à fait.
M. Leduc : Ça, c'est moins
peut-être le cas ici. O.K.
Autre question. Quand vous dites : «Un
tel décret a effet jusqu'au dépôt d'une convention collective ou de ce qui en
tient lieu», qu'est-ce qui tient lieu d'une convention collective?
M. Boulet : Une sentence
arbitrale de différend.
M. Leduc : O.K. C'est tout?
M. Boulet : Je ne vois pas autre
chose.
M. Leduc : Pourquoivous
avez écrit «ce qui en tient lieu», alors, à la place de dire sentence arbitrale
de...
M. Boulet : Bien, «ce qui en
tient lieu»... Vous savez qu'en vertu de la loi, une sentence arbitrale de
différend, ça tient lieu de convention collective de travail. Ça peut être un
décret, ça peut être une loi qui détermine le contenu d'une convention
collective de travail, mais c'est... c'est ce qui peut en tenir lieu.
M. Leduc : O.K.
M. Boulet : Ce qu'il est
important de préciser ici, puis vous l'avez bien compris, c'est que ça ne s'applique
pas à une entreprise ou à une association systématiquement. Dès que la
convention est signée, dès qu'il y a de quoi qui constitue le contenu de la
convention collective, il faudrait qu'il y ait un nouveau décret.
M. Leduc : Est-ce que ça peut
impliquer une loi spéciale, «ce qui en tient lieu»?
M. Boulet : Bien, je pense
que oui. Dans la loi, oui, on réfère à décret, loi. Moi, ce que j'ai en tête, c'est
la sentence arbitrale de différend, mais, théoriquement, ça pourrait être ça.
M. Leduc : Parce qu'on n'en a
jamais voté depuis qu'on est députés, vous et moi, mais...
M. Boulet : Et j'espère qu'on
va l'éviter.
M. Leduc : ...dans le fond,
quand on adopte une loi spéciale, ça devient la nouvelle convention collective?
M. Boulet : Ça pourrait
constituer le contenu ou ça pourrait tenir lieu de la convention collective.
M. Leduc : Dans ce cas-là,
est-ce que ça tombe dans la catégorie convention collective ou de ce qui en
tient lieu, une loi spéciale?
M. Boulet : C'est la
convention ou ce qui en tient lieu. Ce qu'il est important de préciser, c'est
que, la prochaine fois, lors d'un prochain conflit, ça prendrait un nouveau
décret. C'est ça qu'il est important de retenir.
M. Leduc : Bon, revenons à l'essentiel,
là, de... au premier paragraphe. Vous dites : «Le gouvernement peut,
par décret...» Donc, ça, ça veut dire à un Conseil des ministres, la plupart du
temps un mercredi. Un décret, c'est préparé par des fonctionnaires, de votre
ministère directement ou par d'autres fonctionnaires? Je ne sais pas comment ça
marche.
M. Boulet : Par le ministère,
en collaboration avec les autres ministères, par des personnes, je prends soin
de le préciser, extrêmement compétentes, qui ont beaucoup d'expertise, qui ont
beaucoup de contacts dans les milieux de travail puis qui connaissent bien l'environnement.
Et il y a un mémoire qui est publié sur le site, tu sais, c'est public, il y a
un mémoire qui est publié. Il y a des délais relatifs à la prise d'un décret. Puis
ça passe par tous les comités. Peut-être qu'un jour vous aurez à faire ces
comités-là, mais il y a le secrétariat du Conseil du trésor, j'ai le privilège
d'y siéger, il y a le comité de législation, pour assurer l'analyse et les
risques, puis il y a le comité ministériel de l'Économie et de l'Environnement.
Je suis aussi membre du comité de législation, comité ministériel Économie, Environnement
et le Conseil des ministres. Ça fait qu'il y a quand même plusieurs instances
qui analysent le décret, puis c'est fait en respectant des délais spécifiques.
M. Leduc : Quand vous déposez
un projet de loi, là, en amont...
M. Leduc : ...à ma
connaissance, il faut que vous fassiez une consultation des autres entités
gouvernementales, puis vous passez à travers le DOSDEV, si je ne me trompe pas.
M. Boulet : Bon, excellent.
Tout à fait, c'est déposé dans le DOSDEC...
M. Leduc : DOSDEC, pardon.
Oui, c'est ça.
M. Boulet : ...et ça donne
l'opportunité à tous les ministères d'exprimer des opinions, de faire des
recommandations et, ultimement, au ministère et au ministre qui parraine le
projet de loi de faire des adaptations en tenant compte de ces consultations.
Tout à fait. Puis, après ça, ça fait tous les comités que je viens de vous
mentionner.
M. Leduc : Le décret que vous
allez devoir adopter ici, est-ce que ça doit passer par le DOSDEC aussi?
M. Boulet : Je ne sais pas si
ça...Normalement, oui.
M. Leduc : Normalement, oui.
Mais pas tout le temps?
M. Boulet : Bien, le décret,
ça peut être fait... Normalement, c'est oui, collègue. S'il y a une urgence,
là, ça pourrait être fait plus en enfilade, mais il y a quand même des
consultations. Ça doit passer par les comités que je viens de vous mentionner,
et ça doit être présenté au Conseil des ministres.
M. Leduc : Même chose pour
une loi spéciale, j'assume. S'il y a une loi spéciale, il faut la déposer là.
M. Boulet : Bien oui, bien
oui.
M. Leduc : Il n'y a peut-être
pas des mois de consultation ou, en tout cas, des semaines de consultation de
ça. O.K.
M. Boulet : Et la loi
spéciale est, ultimement, présentée à l'Assemblée nationale, comme vous le
savez.
M. Leduc : Je fais un
miniretour en arrière, vous me permettrez, M. le ministre. Tantôt, quand on a
eu l'échange sur le TAT, tu sais, je vous ai posé la question : Avez-vous
eu des communications avec le TAT? Le TAT, ils ont... ils ont accès au DOSDEC?
M. Boulet : Pas du tout, pas
du tout. Mais ils ont eu des communications avec les gens... mon équipe de...
du ministère.
M. Leduc : Finalement, ils
ont... ils ont parlé à des gens de votre ministère, mais pas de votre cabinet.
C'est ça, la nuance.
M. Boulet : Ils n'ont pas
parlé... mais les gens du tribunal administratif n'ont pas accès au DOSDEC.
M. Leduc : O.K. Allons à la
substance encore une fois. Quand on dit : «Le gouvernement peut, par
décret, désigner une association accréditée et un employeur», c'est,
évidemment, la même chose, là. L'association accréditée et l'employeur, c'est
une unité, là, c'est l'unité... c'est la table de négo X, là.
M. Boulet : Bien oui, bien
oui, bien oui. Puis, vous le savez, l'accréditation multipatronale n'existe pas
non plus ou n'est pas possible au Québec. Et donc c'est une association
accréditée auprès d'un employeur, donc c'est l'association accréditée et
l'employeur qui sont désignés.
M. Boulet : Quand on a, des
fois, là... puis là je parle de mémoire, mais, mettons, les cols bleus
regroupés, là, ils ont plusieurs accréditations. C'est plusieurs municipalités
différentes, puis c'est des tables de négo différentes?
M. Boulet : Non. Au sein de
chaque municipalité, il y a différentes accréditations syndicales, et les
accréditations sont ville par ville. Il n'y a pas une accréditation syndicale
des cols bleus pour deux villes, ou pour quatre villes, ou pour 12 villes, peu
importe, là. C'est accréditation par établissement par ville.
M. Leduc : Mais, mettons, là,
la CSN, quand elle fait de la négo dans les hôtels, là, de la négo regroupée,
elle essaie de faire une table centrale...
M. Boulet : Une accréditation
syndicale par hôtel. Tu sais, Le Reine Elizabeth, le Hilton... Chaque hôtel a
son accréditation syndicale.
M. Leduc : Oui, mais c'est
une table... c'est une table de négo centralisée, non?
M. Boulet : Oui, pour la
négo, c'est centralisé, puis ça pourrait se faire, ici, de manière centralisée.
Mais, normalement, la règle, c'est hôtel par hôtel.
M. Leduc : ...l'accréditation,
c'est clair, elle est acquise, puis... Mais si la négo piétine, puis vous
décidez d'invoquer l'article 111.22.4 pour désigner les hôtels en conflit de
travail, parce que là, il y a un congrès, puis... ou le Grand Prix, ou, je ne
sais pas trop quelle histoire...
M. Boulet : Il faudrait
nommer chaque hôtel. Puis il n'y a rien qui empêcherait, par décret
gouvernemental, de désigner... puis là je ne veux pas cibler personne, mais un
syndicat X avec un hôtel Y. On sait que, dans un hôtel au centre-ville de
Montréal, ça a été beaucoup plus contentieux. Ça aurait été possible de ne
désigner que ces deux parties là.
• (16 h 10) •
M. Leduc : Je vous donne un
autre exemple que je connais, évidemment. Les attachés politiques de Québec
solidaire, dans les circonscriptions... parlementaires, sont syndiqués. On est
12 députés, donc 12 accréditations, mais on ne fait pas 12 négos parallèles,
vous vous en doutez bien.
M. Boulet : ...bien non, bien
non.
M. Leduc : Bien, dans ce
cas-là, on désignerait, quoi, les 12...
M. Boulet : Bien oui.
Normalement, oui. C'est ce que j'ai mentionné un peu plus tôt.
M. Leduc : Mais ça ne
donnerait pas l'occasion de casser la table centralisée, ce faisant?
M. Boulet : Bien, les gens
vont se regrouper. C'est ce que vous dites, là. Pour négocier, ils sont
regroupés.
M. Leduc : O.K. Pour vous, ça
n'a pas d'incidence sur la capacité ou pas de...
M. Boulet : Pas du tout.
M. Leduc : ...garder la table
centralisée.
M. Boulet : Non.
M. Leduc : Parce que, des
fois, ce n'est pas toujours un souhait de l'employeur d'avoir une table
centralisée. Des fois, c'est un peu un gain syndical d'avoir forcé l'employeur
à s'asseoir à une table.
M. Boulet : Bien oui, bien
oui. Bien oui.
M. Leduc : Bien, c'est parce
que là, si vous la brisez...
M. Leduc : …identifier.
M. Boulet : Il faut respecter
ça. Bien non.
M. Leduc : Il n'y aurait pas
là un danger que les employeurs se servent de la désignation compartimentée
pour dire : Bien, voilà, la table est brisée.
M. Boulet : Les employeurs ne
se serviront pas… ne se serviront pas de la désignation. C'est une décision
gouvernementale. C'est une décision d'un gouvernement qui vise à désigner pour
permettre à un tribunal d'assujettir. Et il y a quand même une barrière
importante, là, le tribunal qui va rendre une décision d'assujettissement, pas
en violation de la structure de négociation que les partis se sont donnée.
M. Leduc : …l'image de la
négo… dans l'hôtellerie, là, de plusieurs employeurs distincts. Souvent, c'est
juste la… bien, de mémoire , juste la CSN qui mène ça, mais de plusieurs
employeurs distincts, puis des fois ils font la grève en même temps, mais là,
si vous faites des désignations, est-ce qu'il va y avoir des plaidoyers
distincts pour chacun de ces employeurs-là devant le TAT?
M. Boulet : Bien, il y aurait
une désignation des accréditations syndicales, des syndicats et des employeurs.
Et ça pourrait varier, collègue, là, parce que la décision d'assujettissement
devrait coller à la réalité factuelle et contextuelle de chaque hôtel. Ce n'est
pas parce qu'il y a un impact sur le bien-être de la population à l'hôtel X que
cet impact-là sera le même à l'hôtel Y. Donc, il pourrait être désigné, mais la
décision d'assujettissement pourrait varier. Puis, vous le savez, ce n'est pas
nécessairement tout le même syndicat, dans les hôtels, c'est surtout la CSN,
là, si je ne m'abuse, mais il se pourrait que ce soit un autre… une
accréditation syndicale détenue par un autre syndicat.
M. Leduc : Bien, c'est à dire
que dans l'hôtellerie, il y a toutes les… plein de syndicats différents. Mais à
ma connaissance, celui qui fait ce qu'on appelle la négo regroupée ou
coordonnée, plutôt…
M. Boulet : C'est la CSN.
M. Leduc : …c'est la CSN. Il y
a peut-être d'autres conflits à gauche, à droite qui se rajoutent, mais que
tout le monde parte en grève en même temps avec des employeurs distincts, de
manière dite, donc, coordonnée, c'est un modèle à ma connaissance plutôt CSN.
Mais donc est-ce que dans le cas où tout le monde irait vouloir plaider sa
petite affaire, dans les employeurs, est-ce que le TAT a le pouvoir, lui, de
regrouper des dossiers comme ça?
M. Boulet : Ah! tout à fait,
rendre la décision appropriée en tenant compte des circonstances, et ça inclut
le regroupement, tout à fait.
M. Leduc : Mais je parle du…
je parle bien…
M. Boulet : Tout à fait, ça,
c'est dans sa juridiction.
M. Leduc : Même le plaidoyer,
Le TAT peut dire : Je veux tout… moi, je ne veux pas vous entendre,
150 employeurs différents, c'est une seule cause.
M. Boulet : Bien oui, bien
oui.
M. Leduc : Le TAT peut
déterminer ça sur ses propres bases? O.K.
M. Boulet : Tout à fait, tout
à fait.
M. Leduc : C'est toujours bien
ça. Maintenant, sur la…
M. Boulet : Le code de
procédure civile le permet aussi pour les tribunaux judiciaires civils aussi.
M. Leduc : Oui, c'est ça. Mais
ça, ça… Est-ce que ça doit être redemandé par une des parties ou le tribunal
peut lui-même…
M. Boulet : Ça pourrait être
de sa propre initiative.
M. Leduc : Initiative, O.K.
Moi, je m'inquiète de la partie de… que je qualifierais de lobbyisme. M. le
ministre, on a eu des échanges à gauche, à droite depuis le début de l'étude
détaillée, mais là on y plonge parce que c'est là l'article. Quand vous décidez
que pour que tout ça s'embranle, il faut que le gouvernement décrète et désigne
une association... bref, un conflit de travail. Ça m'inquiète parce que ça veut
dire que vous allez recevoir des pressions. C'est sûr que vous allez recevoir
des pressions politiques, vous allez recevoir des pressions des chambres de
commerce, des pressions des députés de votre propre parti dans les régions
concernées. Vous allez recevoir des pressions des employeurs, des pressions
dans les lignes ouvertes, des courriers à la… au bureau de circonscription, des
appels, des visites, etc. Vous allez être l'objet d'une certaine forme de
lobbyisme. Est-ce que des gens, dans les scénarios, où est-ce qu'ils vont… que
ce soit l'employeur principalement touché ou une chambre de commerce, duquel
l'employeur est membre, est-ce que des gens qui vont vous démarcher pour vous
inciter à ce que vous désignez une association X constituent à votre avis des
lobbyistes au sens de la loi?
M. Boulet : Bon, jamais je ne
pourrais nier qu'il pourrait y avoir des interventions provenant de différents
partenaires, provenant des partis d'opposition. En même temps, la meilleure
protection publique, c'est la loi telle qu'elle serait adoptée avec un critère
qui est spécifique, qui est appliqué par un tribunal. Ça fait qu'un
gouvernement se serve d'un décret, il demeure soumis à l'application qu'en fera
le tribunal administratif du travail, puis qui… lui, qui est complètement
indépendant puis impartial. Ça fait que… est-ce que je vais nier qu'il y aura
des démarches ou des interventions? Jamais. On est tous les deux assez matures
pour comprendre que ça peut se faire. Mais il n'y a pas un gouvernement qui va
se tirer en dessous de l'autobus puis qui va s'exposer à une décision
défavorable…
M. Boulet : ...d'un tribunal
administratif. Il faut que ce soit minimalement sérieux, il faut que ce soit
minimalement rigoureux, qui une analyse des impacts puis qui va protéger le
gouvernement, là. Je le répète, ce n'est pas de toute façon le gouvernement qui
va assujettir. Ça fait qu'il aura beau avoir du lobbying ou du grenouillage ou
des interventions, la réalité légale demeure la même pour tout le monde,
équitable, connue, avec des critères qui vont s'appliquer, je le souhaite, le
moins souvent possible. Parce qu'il faut encore une fois que je le répète,
c'est des procédures d'exception qui ne vont s'appliquer, je le souhaite,
peut-être jamais, là, tu sais. On le verra, là, dans son application.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : Merci pour
l'explication. Mais je reformule ma question : Est-ce que les gens qui
vont vous approcher... puis vous confirmez qu'il y a... fort probable qu'il y
en aille, est-ce que ces gens-là sont assujettis, à votre avis, à la Loi sur
les lobbyistes?
M. Boulet : Oui. Bien oui.
Bien sûr. Et vous connaissez la Loi sur la transparence et l'éthique en matière
de lobbyisme, qui va s'appliquer, qui s'applique conformément... tu sais, la
définition d'activité de lobbyisme est à l'article deux, ça fait que ça inclut
des interventions, ou des propositions, ou des démarches comme celles
auxquelles vous faites référence.
M. Leduc : Donc, en effet,
vous confirmez que quelqu'un qui veut vous pousser à adopter une désignation
par décret devrait s'enregistrer au registre des lobbyistes.
M. Boulet : Bien, la loi va
s'appliquer. Ça s'applique pour à peu près tout.
M. Leduc : O.K. Parfait.
Écoutez, M. le Président, moi, je trouve, c'est un drôle de système que le
ministre met sur pied. Je trouve que... Bien là, on confirme au moins que
c'est... il faut qu'il s'inscrit dans le registre de lobbyistes, mais il
s'expose à une pression très forte, trop forte, je pense, dans le domaine du
droit du travail. Puis je pense que ça va pousser beaucoup de réflexion,
surtout de lui et de son entourage immédiat, là, dans... je parle du caucus de
son parti, de tout simplement canaliser, des fois, des désagréments ou des
frustrations vers un règlement trop facile d'une situation, plutôt que
d'essayer de plonger dans les détails de pourquoi ça bloque, pourquoi ça
grince, et qu'on s'expose à recevoir de la pression indue qui n'est pas
toujours faite dans le bon sens des choses.
Ça fait que je n'ai pas beaucoup d'autres
questions à poser. Je vais évidemment voter contre cet amendement-là... cet
article-là, à la fin, bien sûr, quand on fera le vote synthétisé. Mais
vraiment, une drôle de... drôle de procédure que le ministre nous soumet.
Bien, en fait, peut-être une dernière question, M.
le Président. Est-ce que le gouvernement... Est-ce que le ministre était obligé
de faire ça, la désignation? Pourquoi... Pourquoi il est passé par ce
chemin-là?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Leduc : C'est quoi, la
logique d'avoir fait cette logique-là, de désignation?
M. Boulet : C'était une
approche qui vise à dépolitiser le régime de services à maintenir pour assurer
le bien-être de la population, ne pas impliquer, le moins possible, le
gouvernement qui ne fait que désigner et qui laisse la décision
d'assujettissement à un tribunal indépendant et impartial.
M. Leduc : C'est-tu comme
un... dans le fond, une espèce de façon pour vous de gérer le trafic, en
quelque sorte, là, comme pour ne pas qu'il y ait trop de monde en même temps
qui réclame ça?
M. Boulet : Bien, souhaitons
que ça ait cet impact-là, que ça ait cet effet pratique là, que...
M. Leduc : Parce qu'on devine
que, si quelqu'un qui n'est pas familier avec la loi décide de mobiliser le
TAT...
M. Boulet : C'est clair que
ça va avoir un effet de limitation du nombre de demandes au Tribunal
administratif du travail, parce que ça prend un décret gouvernemental pour
permettre à une partie de demander et de saisir le TAT. C'est un excellent
point.
• (16 h 20) •
M. Leduc : Quand vous allez
déposer la proposition de décret à votre Conseil des ministres, il y a une
discussion. Le Conseil des ministres va vous dire oui ou non, selon vos propres
arguments.
M. Boulet : Absolument.
M. Leduc : Mais vous parliez
tantôt d'un mémoire. De mémoire, il est public en amont, avant le Conseil des
ministres?
M. Boulet : Il est tout le
temps rendu public après la décision.
M. Leduc : Après la décision.
M. Boulet : Bien oui.
M. Leduc : Pas avant.
M. Boulet : Non.
M. Leduc : O.K. C'est ça.
C'est-à-dire qu'il est déposé pour vos collègues séance tenante ou il est
disponible avant?
M. Boulet : Dans le DOSSDEC.
M. Leduc : Dans le DOSSDEC.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Donc, en amont.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : La décision est
prise. Une fois que le décret est rendu public, vous mettez un genre d'annexe.
Là, on peut aller voir.
M. Boulet : Tout à fait. La
partie publique du mémoire est accessible.
M. Leduc : Qu'est-ce que veut
dire, la partie publique?
M. Boulet : Bien, le mémoire
est rendu public.
M. Leduc : ...une partie du
mémoire qui ne l'est pas?
M. Boulet : Bien, il y a
peut-être des informations parfois qui ne sont pas révélées sur la place
publique, là, pour des raisons internes, là, de sécurité, puis tout ça, là,
mais de confidentialité. Mais le mémoire, généralement dans son ensemble, est
rendu public. Oui.
M. Leduc : Dans la grande...
les grandes lignes. Parfait. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va. D'autres interventions?...
Le Président (M. Allaire) : ...s'il
n'y a pas d'autre intervention, on enchaîne, donc on poursuit avec le nouvel
article introduit au 111.22.5. M. le ministre, je vous cède la parole pour
lecture ainsi que vos commentaires.
M. Boulet : Oui. Merci, M. le
Président. 111.22.5. Le tribunal peut, à la demande de l'une des parties
désignées par un décret pris en application de l'article 111.22.4,
ordonner à celle-ci de maintenir des services assurant le bien-être de la
population en cas de grève ou de lock-out. Une telle demande peut être faite au
tribunal à partir du moment où le droit de grève ou au lock-out est acquis ou,
dans le cas d'un centre de services scolaire, d'une commission scolaire ou d'un
collège, à compter du moment où le ministre a reçu l'avis prévu à
l'article 50 de la Loi sur le régime de négociation des conventions
collectives dans les secteurs public et parapublic. Avant de prendre une telle
décision, le tribunal fournit aux parties l'occasion de présenter leurs
observations.
Donc, ça aussi, on en a discuté, ça
prévoit que le tribunal doit être saisi par une des parties désignées par un
décret pour pouvoir décider d'ordonner aux parties de maintenir des services
assurant le bien-être de la population en cas de grève ou de lock-out. Le
deuxième alinéa indique le moment où les parties peuvent saisir le tribunal
lorsqu'elles ont acquis le droit de grève ou de lock-out, ou, dans le cas du
secteur de l'éducation, à compter du moment où le ministre a reçu l'avis
transmis par le médiateur qui doit être nommé en vertu du régime de négo
applicable. Puis le troisième alinéa précise que le TAT fournit aux parties
l'occasion de présenter leurs observations avant de décider si des services
doivent être maintenus pour assurer le bien-être de la population.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. Des interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Compréhension, là,
au deuxième alinéa, pourquoi il y a deux trucs différents, quand on dit, là, il
y a comme une règle générale, «une telle demande peut être faite le moment où
le droit est acquis, grève ou lock-out» puis près ça il y a comme une
explication différente pour les centres de services scolaires, ce n'est pas les
mêmes dates?
M. Boulet : Mais ce n'est pas
les mêmes règles, collègue, c'est des règles en vertu de la Loi sur le régime
de négos dans les secteurs public, parapublic, il y a un médiateur qui est
nommé, puis là il y a un délai suite au dépôt du rapport du médiateur, et c'est
pour ça que les délais ne sont pas les mêmes.
M. Leduc : Donc, dans le
réseau scolaire, à cause de la Loi sur le régime de négo des conventions
collectives dans les secteurs public et parapublic, il y a obligatoirement un
médiateur.
M. Boulet : Bob. Je vais vous
lire mes notes, mes commentaires additionnels. L'avis qui doit être transmis au
ministre du Travail avant qu'une partie du secteur de l'éducation puisse
déclarer une grève, ça, c'est un article 50 de la Loi sur le régime de
négos dans les secteurs public, parapublic. Cet avis est transmis au ministre
par le médiateur ou par le tiers désigné par les parties qui a tenté de régler
le différend entre les parties sur les matières qui sont l'objet de
stipulations négociées et agréées à l'échelle nationale. Puis pour déclarer une
grève ou un lock-out, c'est juste les délais qui ne sont pas les mêmes. Dans le
secteur de l'éducation, 111.11 du Code du travail prévoit qu'il doit s'être
écoulé au moins 20 jours depuis la date où le ministre a reçu l'avis prévu
à l'article 50. Si les parties ont conclu une entente, mais là le délai à
l'issue duquel une grève ou un accord commence à courir à compter de cette date
là, là. Ça fait que c'est les délais qui ne sont pas les mêmes, vous pouvez le
voir à 111.11 du Code du travail.
M. Leduc : Ça fait que ce
n'est pas tant la mécanique que les chiffres exacts de délai. Je vais poser la
question : Est-ce que la médiation est obligatoire dans un puis pas dans
l'autre puis c'est pour ça qu'on a écrit deux lois différentes?
M. Boulet : La médiation...
Des voix : ...
M. Leduc : Pour le scolaire.
M. Boulet : C'est
obligatoire. Bien, pour le secteur de l'éducation, Loi secteur public et
parapublic, c'est obligatoire.
M. Leduc : Ce qui n'est pas
le cas dans le Code du travail régulier.
M. Boulet : Non.
M. Leduc : C'est ça. Je
comprends mieux. Parfait.
Le Président (M. Allaire) : ça
va?
M. Leduc : Oui.
Le Président (M. Allaire) : Pas
d'autres interventions? Oui. Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Je voudrais
savoir quand... est-ce que vous avez prescrit un délai pour que les partis
puissent présenter leurs observations? Parce que ça prend quand même un travail
de préparation et, j'imagine, une fois que le dossier est remis au TAT,
justement, on voudrait que les choses avancent. Mais quel est le délai que vous
entrevoyez? Ou c'est le TAT qui va déterminer selon le cas?
M. Boulet : ...on prévoit
d'ailleurs, dans le projet de loi, que ça doit être entendu de façon
prioritaire. Donc, ça va être priorisé par la division des services essentiels
et des services à maintenir pour assurer le bien-être de la population. Et
généralement c'est des délais assez rapides...
M. Boulet : ...je ne sais pas
c'est quoi, le délai moyen long, mais c'est probablement une dizaine de jours
comme délai moyen, si je ne m'abuse, mais ça peut varier d'un cas à l'autre,
mais c'est entendu rapidement.
Une voix : D'accord. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? Interventions? S'il n'y a pas d'intervention, on continue. Donc, M. le
ministre, on passe au 111.22.6. Je vous cite.
M. Boulet : Merci, M. le
Président. «La décision du tribunal d'assujettir une association accréditée et
un employeur au maintien de services assurant le bien-être de la population en
cas de grève ou de lock-out s'applique pour la phase des négos en cours.»
Commentaire. Donc, c'est une décision qui
est temporaire, uniquement pour la phase des négos en cours. Puis vous
connaissez ce qu'est la phase des négos. Et voilà, c'est tout.
Le Président (M. Allaire) :
Interventions? Oui, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, je reviens
avec ma question de tantôt sur une association avec plusieurs accréditations.
Il peut y avoir différentes négos. Souvent, les syndicats qui ont plusieurs
accréditations essaient de jumeler les négos des nombreuses accréditations,
mais, des fois, elles peuvent être décalées pour toutes sortes de raisons.
Encore une fois, si on désigne une accréditation, c'est clair, mais si on
désigne une association multiaccréditée, pourrais-je utiliser comme expression,
ça pourrait poser problème ici.
M. Boulet : Mais pourquoi?
M. Leduc : Mais parce qu'ils
n'ont pas nécessairement la même négo en ce moment. S'ils ont plusieurs
accréditations, ils ont des négos différenciées, ça pourrait poser problème.
M. Boulet : Mais, tu sais, il
faut qu'il y ait un décret. Il faut qu'il y ait une demande qui est présentée
au Tribunal administratif du travail, puis le tribunal va accompagner les
parties, peut même désigner un accompagnateur des parties pour s'assurer que
leurs négos se déroulent conformément à leur processus habituel de négociation.
Mais je ne veux pas qu'on perde de vue le fond au profit de la forme, parce que
le fond, il faut quand même s'intéresser uniquement aux conflits de travail qui
ont un impact disproportionné sur la population. Et ça peut varier d'une
accréditation à l'autre, comme ça peut être le même impact, mais là ce sera au
tribunal de le déterminer. Parce qu'il ne faudrait pas qu'une accréditation...
il ne faudrait pas qu'une accréditation saisisse alors que ce n'est pas
opportun, qu'on est loin de l'application des critères. Mais, de toute façon,
il faut qu'ils aient acquis le droit de grève ou de lock-out, ça fait que, tu
sais, ça élimine les accréditations qui sont ensemble, mais qui n'expirent pas
en même temps, là.
M. Leduc : Tantôt, on a évoqué
le cas de Postes Canada, encore une fois, je sais que ça relève du fédéral,
mais c'est un cas intéressant, parce que vous avez soumis le fait que le
gouvernement avait décrété la prolongation de leur convention collective...
M. Boulet : C'est ce que j'ai
compris.
M. Leduc : ...ce faisant,
prolongeant la phase de négos, dans le fond.
M. Boulet : Ça repousse le
délai d'acquisition du droit de grève et ça repousse le début de la fin des
négos, là, vraisemblablement sous réserve des particularités du Code canadien
du travail. Mais si c'était au Québec, c'est comme ça que je raisonnerais.
M. Leduc : Est-ce que...
Est-ce qu'on peut de parties... comment je dirais ça. Dans le fond, quand on
décide de prolonger ou pas les négos, ça ne change rien dans l'application de
cet article-là.
M. Boulet : Non, puis... Non.
M. Leduc : Donc, s'il y a une
grève, mais que, pour des raisons de rapprochement, on suspend la grève...
M. Boulet : ...le pouvoir de
prolonger. Tu sais, au Québec, il n'y a pas l'équivalent du 107 du Code
canadien du travail. Puis si vous me demandiez une opinion, on n'a pas ce
pouvoir-là, au Québec, de prolonger, à moins d'adopter une loi, à moins
d'amender le Code du travail, ce qui n'est pas notre discussion actuellement,
là.
• (16 h 30) •
M. Leduc : Puis, si on fait
une grève puis qu'on la suspend, parce que finalement, ça débloque un peu et
que finalement ça ne débloque pas tant que ça, puis qu'on repart en grève, ça
ne change rien dans l'application...
M. Boulet : Absolument pas, absolument
pas.
M. Leduc : ...on est toujours
dans la phase de la négo en cours.
M. Boulet : Totalement.
M. Leduc : Qu'on exerce des
grèves ponctuelles, des grèves illimitées...
M. Boulet : Tout à fait, tout
à fait.
M. Leduc : ...des pauses, des
grèves, lock-out qui peuvent se superposer.
M. Boulet : En fait, ça
arrête, c'est temporaire. Ça arrête quand il y a une autre convention
collective.
M. Leduc : Puis, souvent,
quand il y a un lock-out qui est déclenché, parfois, il y a une grève qui se
vote par-dessus, notamment pour avoir accès aux prestations de grève. Ça,
encore une fois, ça ne change rien à l'application de 111.26.
M. Boulet : Non, pas du tout.
M. Leduc : Tout ça, c'est la
grande phase de négo...
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : ...peu importe ce
qu'on y fait.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : O.K.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? D'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, on passe au
suivant, M. le ministre, au 111.22.7. Après votre lecture, vos commentaires, je
vous avise déjà que le parti de l'opposition officielle a un amendement...
16 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Allaire) :
...vous aussi, vous avez un amendement. Je vous cède la parole, dans un premier
temps, pour lecture.
M. Boulet : Oui, O.K. «111.22.7.
Dans les 15 jours suivant la date de la notification aux parties d'une décision
visée à l'article 111.22.6, celles-ci doivent négocier les services assurant le
bien-être de la population à maintenir en cas de grève ou de lock-out.
«La négociation entre une association
accréditée et un centre de services scolaire, une commission scolaire ou un
collège peut s'effectuer selon les paramètres convenus entre cette association
ou un groupement d'associations dont elle fait partie et ce centre de services
scolaire, cette commission scolaire, ce collège ou leur représentant.
«Les parties, doivent transmettre sans
délai leur entente au tribunal pour approbation.»
Est-ce que je dépose mon amendement tout
de suite?
Le Président (M. Allaire) : Non,
pas du tout de suite, à moins d'un consentement avec l'opposition officielle, puisqu'on
a reçu à l'avance l'amendement déposé par l'opposition officielle. Donc, ils
ont priorité.
M. Boulet : O.K., mais je vais
donner mon commentaire, d'abord.
Le Président (M. Allaire) :
Voilà.
M. Boulet : Donc, le premier
alinéa, c'est le délai de 15 jours pour négocier. On a un amendement sur
ce délai-là, je pense, je vous en avais déjà parlé. Le deuxième alinéa, c'est
que ça prévoit que, dans le secteur de l'éducation, la négo des services à
maintenir peut s'effectuer en fonction des paramètres convenus entre un
groupement d'associations, un regroupement et les représentants de plusieurs
employeurs. Troisième alinéa, c'est la transmission de l'entente au tribunal
qui en évalue la suffisance. Puis le quatrième alinéa, c'est la possibilité de
nommer une personne pour aider les parties à conclure une entente. Ça fait que
j'aurai mon amendement quand vous jugerez opportun.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée de D'Arcy-McGee. Allez-y.
Mme Prass : Oui. Merci. Je
vais faire lecture. Ajouter, à la fin du troisième alinéa de l'article 111.22.7
du Code du travail, proposé par l'article 4 du projet de loi, la phrase
suivante : «Cette entente doit tenir compte de la nature du conflit de l'article.»
L'article... Voulez-vous que je lise l'article
modifié?
Le Président (M. Allaire) : Non,
ce n'est pas nécessaire. Ça va.
Mme Prass : Parfait. Donc, en
fin de compte, on voudrait que... Bien, ce qu'on propose, c'est que la nature
du conflit du travail soit inclus, qu'elle soit salariale, liée aux conditions
de travail, de sécurité, etc., parce qu'il y aurait une influence
nécessairement sur le type de service qui devrait être maintenu. Donc, par
exemple, s'il y a une grève ou un lock-out qui est en place, parce qu'il y a
des enjeux de sécurité de la part des travailleurs, il faudrait que le tribunal
soit alimenté à ce sujet-là pour qu'il prenne cet élément-là en considération
quand il va rendre une décision et... quand il va rendre une décision. C'est...
Bien, c'est ça, les sources de conflit qui ont mené à la grève doivent être
précisées parce que ça peut avoir un impact sur la décision du TAT quand il va
déterminer les services minimalement requis.
Donc, on s'attend, de toute façon... Bien,
on veut le préciser ici, on imagine que ça ferait partie des arguments et des
observations qui seront faits des deux parties, mais on veut le préciser, comme
j'ai dit, parce que ça peut avoir un impact sur la décision du TAT, en prenant
en compte les différents conflits de travail qui ont mené à cette étape-ci pour
s'assurer que les services minimalement requis peuvent être administrés
dépendamment des différents enjeux qui ont été mis de l'avant.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : C'est sûr que ma
réaction primaire — puis on pourra suspendre quelques minutes, là — c'est
de dire qu'on s'immisce dans l'appréciation que le tribunal va faire de la
suffisance de l'entente. Et ce qui va guider le tribunal dans cette
détermination-là, c'est comment on définit les services pour assurer le bien-être
de la population, c'est-à-dire les services minimalement requis pour permettre
que la sécurité sociale, économique ou environnementale ne soit pas affectée de
manière disproportionnée. Et là c'est comme si on venait dire au tribunal :
Il faut aussi, dans la détermination de la suffisance, des services minimums à
maintenir, que tu tiennes compte de la nature du conflit. Puis, moi, ça m'apparaît
être implicite, je vais voir si, avec mon équipe, s'il y a une valeur ajoutée.
Moi, ma réaction primaire, c'est de dire non, mais par respect pour l'amendement,
j'aimerais ça si on pouvait ajourner quelques minutes, là.
Le Président (M. Allaire) :
Nous allons suspendre les travaux quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprise à 16 h 41)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. M. le ministre, je vous cède la parole.
Allez-y.
M. Boulet : Oui. Donc, je
comprends l'objectif, c'est intéressant, mais la nature du conflit de
travail...
M. Boulet : ...ce n'est pas
un concept qu'on utilise dans le régime concernant les services essentiels.
Donc, par souci de cohésion, ça ne nous apparaît pas opportun.
Et, ceci dit, les parties auront à faire
leurs preuves et convaincre le tribunal que le critère, comme je viens de vous
mentionner, critère qui est prévu sur la définition des services à maintenir
pour le bien-être de la population, est bien respecté. Ça fait qu'il n'y a pas
de valeur ajoutée à le mettre là, mais... Voilà.
Le Président (M. Allaire) :
...
Mme Prass : ...vous avez dit
plus tôt, c'est implicite que ces arguments vont se faire et vont être pris en
considération lors de la décision du TAT de toute façon.
M. Boulet : Bien oui. Bien
sûr.
Mme Prass : O.K.
Le Président (M. Allaire) :
...
Mme Prass : Oui, merci.
Le Président (M. Allaire) : D'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la
mise aux voix de cet amendement. Est-ce que cet amendement est adopté?
Mme Prass : Vote nominal, s'il
vous plaît.
Le Président (M. Allaire) :
Par vote nominal. M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Prass (D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Pour.
Le Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
Le Secrétaire : Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
Le Secrétaire
: M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
Le Secrétaire
: M. Martel
(Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel
:
Contre.
Le Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Abstention.
Le Secrétaire
: Et M. Allaire
(Maskinongé)?
Le Président (M. Allaire) :
Abstention. L'amendement est donc rejeté. On revient donc au 111.22.7. M. le
ministre, j'ai compris que vous aviez un amendement. Je vous cède la parole
pour lecture et commentaire.
M. Boulet : Oui. Merci, M. le
Président. Donc, à l'article 111.22.7 du Code du travail, proposé par
l'article 4 du projet de loi :
1° remplacer, dans le premier alinéa, «15
jours» par «sept jours ouvrables francs»;
2° dans le deuxième alinéa :
a) remplacer «ou un collège» par «, un
collège ou un centre de la petite enfance»;
b) insérer, après «ce collège», «, ce
centre de la petite enfance». Explication : Bon, l'amendement au
premier alinéa a pour effet de raccourcir le délai à l'intérieur duquel les
parties doivent négocier, on l'a fait suite à des recommandations, puis pour
s'assurer... On est dans un contexte où il y a un impératif, il y a une forme
d'urgence d'agir rapidement. Donc, c'est un délai qui nous apparaît plus
convenable. Et le sept jours ouvrables francs, comme vous savez, collègues, ça
existe par ailleurs dans le Code du travail pour d'autres circonstances.
Au deuxième alinéa, c'est de prévoir que,
dans le secteur des CPE, la négo des services à maintenir puisse s'effectuer en
fonction des paramètres convenus entre un regroupement d'associations et les
représentants de plusieurs employeurs. C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Des interventions? Allez-y, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Commençons par le
rajout de la référence au CPE. J'essaie de bien comprendre, vu que ce n'était
pas dans la mouture originale, c'est parce que c'était un oubli, c'était
quelque chose qui vous a été notifié par la suite? Dans le fond, ce que vous
faites ici, vous dites que les modalités peuvent être... pour éviter qu'elles
soient négociées à la pièce par unité...
M. Boulet : ...c'était
essentiellement pour préciser que, dans leur cas, il y a un regroupement
possible. C'était simplement suite à des discussions qu'on avait eues.
M. Leduc : Puis pourquoi ce
n'était pas dans la mouture originale?
M. Boulet : Bien, parce que
ça n'avait pas été anticipé de cette manière-là.
M. Leduc :
Il aurait fallu que...
M. Boulet : Je n'ai pas
d'autre explication.
M. Leduc : Il aurait fallu
que le ministère de la Famille l'écrive dans le Dossdec.
M. Boulet : Pas de
commentaire.
M. Leduc : Comment ça, «pas
de commentaire»? C'est comme ça que ça marche?
M. Boulet : Pas de
commentaire.
M. Leduc : C'est le Dossdec,
puis là tout le monde contribue...
M. Boulet : Vous présumez.
M. Leduc : ...puis là le
ministère de la Famille aurait pu dire : Aïe! Aïe! Vous avez oublié les
CPE.
M. Boulet : Pas qu'on a
oublié les CPE. C'était surtout pour préciser que, dans leur cas aussi, ça peut
s'effectuer selon les paramètres convenus. C'est... C'est là qu'est la nuance.
M. Leduc : Parfait. Sur le 15
jours, vous baissez à sept jours ouvrables francs. Qu'est-ce que... Pouvez-vous
définir ce que ça veut dire «ouvrable» puis «franc»?
M. Boulet : Mon Dieu! Là, ça
me ramène à mes cours. Avec plaisir. On ne compte pas le jour de départ, on ne
compte pas le jour d'arrivée, puis là le deuxième jour est le jour un, deux...
on compte jusqu'à sept. Il faut exclure les fins de semaine, qui sont
assimilées à des jours fériés, puis il faut exclure les jours fériés.
M. Leduc : Ça fait que...
M. Boulet : Isabelle, elle
voulait me donner des explications, là, mais c'est...
Une voix : ...
M. Boulet : Mais je me
souviens...
M. Leduc : M. le professeur
connaît bien son sujet.
M. Boulet : ...de la méthode
de calcul.
M. Leduc : Parfait.
M. Boulet : Puis Madwa ferait
le même raisonnement.
M. Leduc : Donc, le lundi de
la fête des Patriotes, ça ne compte pas dans un jour ouvrable franc.
M. Boulet : ...
M. Leduc : Parfait. Ça fait
que, si on commence quelque part comme, mettons, mercredi de la semaine passée,
on compte le jeudi, le vendredi, ça fait deux. On oublie samedi, dimanche,
lundi.
M. Boulet : Oui. On s'en va à
mardi...
M. Leduc : Puis là,
aujourd'hui, on n'est pas tout à fait fini. Il faut qu'il finisse, le jour.
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Puis là, après ça,
il compte comme trois, puis après ça, on passe au prochain.
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Pourquoi vous
basculez de 15 à 7 jours ouvrables francs?
M. Boulet : Bien, pour la
raison que je viens de mentionner. On est dans un contexte où tout est
impératif, tout est urgent...
M. Boulet : …et c'était une
recommandation d'un groupe de le faire de la manière la plus diligente
possible. D'ailleurs, quand on négocie, on doit le faire avec diligence, et là,
une raison additionnelle de le faire à l'intérieur d'un délai qui est plus
bref, puis le sept jours juridiques francs, qui existe par ailleurs dans le
Code du travail, c'est un délai qui existe dans d'autres circonstances, ça fait
que chez les deux raisons.
M. Leduc : Parce qu'on le sait
que dans la négo, surtout de la négo où ça joue dur, où est-ce qu'on est avec
des gros enjeux, ça négocie tout le temps, ça négocie la fin de semaine, ça
négocie les jours fériés. Ça fait que même quand vous disiez 15 jours, si
vous donniez 15 jours de calendrier pour négocier une entente, puis que
les deux parties voulaient la trouver, l'entente, ils vont s'asseoir la fin de
semaine.
M. Boulet : Bien oui, bien
oui.
M. Leduc : Bien là ils ont…
là, ils ne le feront pas. Ils peuvent le faire pareil?
M. Boulet : Ça ne veut pas
dire qu'ils doivent négocier… qu'ils ne peuvent négocier durant les jours.
C'est le délai de négociation pour l'entente. Mais je le souhaite qu'ils
négocient. Il y en a pour qui ça va prendre quelques heures, puis il y a
d'autres, ça peut prendre plus de journées, mais ça n'empêche pas de négocier
quand c'est un congé férié, ça n'empêche pas de négocier quand c'est une fin de
semaine.
M. Leduc : J'essaie de
calculer, là, à quel point ça change vraiment votre affaire. Parce que si sur
un 15 jours, c'est deux semaines plus une journée,
M. Boulet : Ah! bien, il y a
un impact.
M. Leduc : Puis là, si vous
êtes sept jours francs, puis mettons un cas comme en fin de semaine à trois
jours, là, avec un jour férié, si je coupe deux fois la fin de semaine plus… ça
fait cinq jours de moins, 5 jours… 15 jours moins 5 jours, ça
fait 10 jours, un, deux, trois, quatre, quatre, six, sept, huit, neuf. On
est à une journée de différence.
M. Boulet : C'est plus
cohérent avec d'autres délais. Mais là où il y a une couple de congés fériés,
il y a peut-être… il n'y a pas beaucoup d'écart.
M. Leduc : O.K., rappelez-moi,
quel groupe souhaitait ça?
M. Boulet : Minimalement, le Conseil
du patronat du Québec nous avait fait une recommandation à cet égard-là. Est-ce
qu'il y avait un autre groupe qui… Mais c'est le souvenir que j'ai.
M. Leduc : Pourquoi ils
souhaitaient ça, eux autres?
M. Boulet : Parce que c'est urgent
de le négocier dans les meilleurs délais possibles. Et c'est des services à
maintenir pour assurer le bien-être de la population. Il faut que le délai soit
le plus diligent possible. Et le 15 jours, ils ne savaient pas trop, trop
d'où ça venait, là, dans le Code du travail, le sept jours juridiques.
M. Leduc : Ça fait que vous,
vous dites… Je reprends une formulation plus courante dans le code…
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : …qui est un peu
plus serrée que le 15 jours, sans être radicalement différent.
M. Boulet : Non, exact, ça se
limite à ça.
M. Leduc : Puis après ça, O.K.
on procède et là ils doivent négocier l'application de services de bien-être,
mais ça, c'est… nous, est encore à l'étape avant qu'il y ait un jugement du
tribunal.
M. Boulet : Bien oui.
M. Leduc : J'essaie de
comprendre la séquence. Vous avez...
M. Boulet : Bien, c'est parce
que… regardez, je vais reprendre la séquence. Il y a un décret. Ensuite, les
parties saisissent le… ils peuvent négocier, ils peuvent négocier un niveau de
service à maintenir, un niveau de service minimum. Mais quand le tribunal rend
sa décision, il renvoie la balle aux parties, puis ils ont sept jours
juridiques, ils ont un sept jours ouvrables francs pour le faire. Ils
négocient. À défaut d'entente, c'est le tribunal qui détermine les services à
maintenir. Il peut se prononcer aussi sur la suffisance, mais c'est à partir du
moment où les parties négocient.
• (16 h 50) •
M. Leduc : Ce que je veux
comprendre, c'est que dans le fond, avant que le… vous laissez une chance aux
acteurs de trouver une entente. Puis S'ils ne le font pas, c'est là que le
tribunal va trancher.
M. Boulet : C'est la logique.
Si les parties s'entendent, le tribunal va respecter l'entente, à moins que le
tribunal décide que ce n'est pas suffisant pour le respect du critère que nous
avons dans la loi.
M. Leduc : Donc désignation
avec décret, le… le tribunal assujettit suite à une représentation des deux
parties, mais là il y a une…
M. Boulet : À une demande des
parties, puis il y a représentation des parties.
M. Leduc : Oui, c'est ça, mais
il y a des plaidoyers… des plaidoyers.
M. Boulet : Non, non, je
comprends.
M. Leduc : Puis il dit… il
dit : O.K. J'assujettis. Puis là on parle le chrono au moment que la
décision est rendue, qu'elle est sur le site… je ne sais pas trop, j'imagine,
sur le site du TAT ou qu'elle est communiquée par courriel, aux parties, part
le chrono, sept jours ouvrables francs. Là, les parties peuvent se jaser pour
dire : on essaie de trouver une entente sur l'application, mais dans la
décision du TAT de l'assujettir, il n'y a aucune forme d'abdication sur à quel
point ça devra être appliqué ou pas, la limitation de la grève, là. Il n'y a
pas… il n'y a pas de pourcentages ou de fourchettes.
M. Boulet : Il y a d'abord…
Non, non, non.
M. Leduc : Le tribunal dans sa
décision à 111.22.6 ne va pas dire : nous on pense qu'entre 25 % et 50 %
doit être...
M. Leduc : ...ça.
M. Boulet : Non, non,
non. La décision, d'abord, en est une d'assujettissement, puis après ça, ça
permet aux parties de négocier le niveau de service à maintenir.
M. Leduc : Mais dans sa
décision, le TAT, là, il va toujours bien donner une forme de, comment je
dirais ça, de gradation de son appréciation de l'assujettissement. Il va... On
va le sentir dans le texte. Il dit : Oui, oui, c'est une évidence, il faut
que ça soit assujetti ou ouais, ouais, on va l'assujettir, là.
M. Boulet : Mais ce n'est
pas ce qui est prévu dans le projet de loi. Il notifie les parties qu'elles
sont assujetties puis, après ça, les laisse libres de déterminer le niveau des
services à maintenir.
M. Leduc : Ça fait que,
dans sa décision d'assujettissement, le TAT ne se branche pas sur des
pourcentages, par exemple.
M. Boulet : Non, mais
quand il reçoit l'entente, ou il l'entérine ou il évalue. Bien, on va le voir à
l'article suivant. Il évalue la suffisance des services à maintenir pour
assurer le bien-être de la population.
M. Leduc : Ça fait qu'il
pourrait décider de rendre une décision.
M. Boulet : Qui va
au-delà de l'entente. C'est ce que vous voulez...
M. Leduc : Ça va être
nécessairement le même juge qui va faire toute la démarche?
M. Boulet : Bien, oui.
Oui.
M. Leduc : Mais le juge,
en ce moment-là, il peut dire : Oui, oui. Moi, je considère que c'est
assujetti. Puis moi, si c'était de moi, je mettrais 50 %, par exemple.
Mais il ne va pas le dire, il va laisser les parties négocier. Mais il faut...
Mais à la fin de la journée, ce qu'ils vont leur déposer. Si c'est trop loin de
son idée, qu'il a gardé pour lui, mais de son idée initiale de 50 %, il
va...
M. Boulet : Bien, s'il y
a une entente, oui. Si ça arrive, s'il y a une entente qui est vraiment
incompatible avec le respect du bien-être de la population, le tribunal a le
pouvoir de déterminer la suffisance. Mais prenons pour acquis que, dans la
majorité des cas, des quelques très, très rares cas où le projet de loi va
s'appliquer, les parties vont convenir de services respectueux du bien être de
la population. Il faut le souhaiter, mais le tribunal a quand même ce
pouvoir-là.
M. Leduc : Quand vous
dites à la fin, là, les parties transmettent sans délai leur entente pour
approbation.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : C'est par la
suite à 111.22.8 qu'on va regarder tantôt.
M. Boulet : À l'alinéa
suivant que, sur réception de l'entente, il évalue la suffisance. Puis bon...
M. Leduc : Oui, c'est ça.
Mais qu'est-ce qui pourrait être des critères de refus à ce moment-ci du
tribunal?
M. Boulet : Le critère de
détermination de ce qui est un service pour assurer le bien-être de la
population. Toute la définition qu'on a vue à un alinéa précédent, c'est-à-dire
les services minimalement requis pour permettre que la sécurité sociale,
économique ou environnementale de la population ne soit pas affectée de manière
disproportionnée.
M. Leduc : O.K. C'est
donc les mêmes critères...
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : ...que
l'assujettissement, en quelque sorte.
M. Boulet : Absolument.
M. Leduc : Donc là,
lui...
M. Boulet : Ça sera à lui
à le déterminer en fonction des représentations des parties.
M. Leduc : Bien, pourquoi
il... Si c'est les mêmes critères que l'assujettissement, pourquoi il y a deux
étapes différentes, d'abord?
M. Boulet : Bien, c'est
parce qu'il dit qu'ils sont assujettis. Mais après ça, il faut que les parties
elles-mêmes aient l'opportunité de déterminer c'est quoi la nature des services
à maintenir, c'est quoi qu'on va maintenir? Vous le savez, en santé, dans tous
les autres secteurs où ils ont des services essentiels, c'est quoi? C'est-tu un
quart x? C'est-tu un poste y? C'est le tribunal qui va le déterminer. Je ne
peux pas le... C'est essentiellement le tribunal qui va déterminer c'est quoi
les tenants et aboutissants des services à maintenir.
M. Leduc : Est-ce que les
parties peuvent négocier et s'entendre sur une entente partielle?
M. Boulet : Sur les
services à maintenir? Oui. Il n'y a rien qui empêcherait les parties de
dire : On s'entend sur a, b, c à maintenir puis le reste, on laisserait le
tribunal déterminer si on doit aller au-delà de ça.
M. Leduc : Qu'est ce
qu'il se passe dans ce scénario-là?
M. Boulet : Bien, les
parties vont faire des représentations, elles vont convenir des services a, b,
c puis elles vont demander au tribunal de s'exprimer sur la suffisance ou elles
vont décider de demander au tribunal de s'exprimer sur le service b. Qu'est-ce
que vous en pensez en fonction du critère? Puis le tribunal rendra une
décision. Le TAT a cette souplesse-là et a cette compétence-là.
M. Leduc : Là, le TAT va
rendre deux décisions. Il va devoir rendre décision sur l'entente partielle.
M. Boulet : Sur
l'assujettissement.
M. Leduc : Qui doit être
approuvée, elle aussi.
M. Boulet : Oui. Bien,
dans la même décision. Dans la même décision, il pourrait dire : Les
parties ont convenu pour les services a, b, c, que je confirme, et ma demande
de m'exprimer sur le service d.
M. Leduc : Mais il
pourrait aussi dire : Sur a, b, c, je ne suis pas d'accord. J'impose une
autre chose.
M. Boulet : À la limite,
il s'exprime sur la suffisance. Est-ce que le tribunal...
M. Boulet : ...dire c'est
trop, ce que vous avez convenu. Moi, je pense que non, là, mais...
M. Leduc : ...prévoyez dans
l'article suivant, là.
M. Boulet : Il pourrait
s'exprimer sur cette suffisance-là. Mais ça lui ouvre un champ de possibilités.
Mais l'entente partielle, et au-delà, ce serait dans la même décision.
M. Leduc : Peut-être, ce
serait bien, de le préciser, qu'une entente partielle est possible. Parce que
là, nous, on en parle ici, mais ce n'est pas...
M. Boulet : Ce n'est pas
qu'ils transmettent leur entente puis il s'exprime sur la suffisance. Ça fait
qu'il va entendre les parties, puis sur la suffisance, c'est lui qui a la
pleine autorité. Et, tu sais, il n'est pas contraint de respecter l'entente,
mais les parties l'ont convenue. Il pourrait... comme je vous dis, l'hypothèse,
ce serait qu'il entérine l'entente et s'exprime sur la mésentente.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : Oui. Mais, ce que
je veux dire, c'est que, des fois, dans une négo, on peut avoir l'impression
que c'est tout ou rien. Surtout de la façon dont c'est écrit : il y a une
entente ou il n'y a pas d'entente. Puis là, on vient d'avoir un échange sur la
possibilité technique, pas précisée, sous- entendue, peut-être que moi, j'avais
sous-entendue. Puis je vous ai soumis d'avoir une entente partielle. Bien, des
fois, d'avoir une entente partielle, ça peut accélérer les négos.
M. Boulet : En fait,
j'aimerais plus dire que... et ce serait plus simple, s'il y a une entente
partielle, il n'y en a pas, d'entente. Il n'y a pas d'entente. Tu sais, les
parties... Tu sais, quand je revois le libellé, là, puis je reviens un peu sur
ce que j'ai mentionné, si les parties s'entendent, c'est soumis au tribunal,
qui détermine la suffisance. Mais, s'il y a une entente sur A, B, C, puis pas
D, E, il n'y en a pas, d'entente, dans le fond. C'est comme si on disait :
C'est une entente qui n'est pas... en fait, qui n'est pas une entente. Il n'y
en a pas, d'entente. J'aimerais mieux que... Tu sais, c'est beaucoup plus
clair, de l'exprimer comme ça.
M. Leduc : Ah! bien, que vous
me le dites comme ça, oui. Mais ce n'est pas... ce n'est pas aussi clair que ça
dans le texte de la loi.
M. Boulet : Bien, le 22.8 et
le 22.9, on va le voir plus clairement. Parce qu'il n'y a pas que le suivant
sur la suffisance, il y a le point neuf, à défaut d'une entente.
M. Leduc : Je ne suis pas
d'accord, parce que ça, c'est sur la nature du service X. Est-ce que, le
service X, on a une entente qui est suffisante ou pas. Mais, sur le fait qu'on
n'est pas obligé d'avoir l'ensemble et l'entièreté des services qu'on offre
dans l'entente...
M. Boulet : Oui. Mais les
parties vont faire leurs représentations. Ils vont dire : On n'a pas
d'entente, mais on convient que ce service-là, il devrait permettre d'assurer
le bien-être de la population ou, selon nous, ce service-là assurerait le
bien-être de la population. Puis le tribunal aura à déterminer. Mais ils n'ont
pas d'entente.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : Je vous soumets à
la volée une idée d'amendement, là, vous me direz ce que vous en pensez. Si on
écrivait, à la fin, «les parties doivent transmettre sans délai leur entente,
même partielle, au tribunal pour approbation», on viendrait clarifier les
choses pour tout le monde.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Mais pourquoi
ouvrir la porte et dire aux parties : Vous pouvez faire une entente, même
partielle? Est-ce qu'en écrivant ça on ne dissuade pas un peu les parties de
faire une entente qui est complète sur les services à maintenir? Moi, je trouve
qu'il y a une abdication du pouvoir de négociation des parties au bénéfice du
Tribunal administratif du travail. Ça fait que c'est pour ça que je ne serais
pas à l'aise. Après ça, ils vont me dire : C'est quoi, une entente
partielle, puis c'est quoi... Je pense qu'on complique le processus de
négociation. Et je trouve, et de loin, préférable de laisser ça tel quel.
• (17 heures) •
M. Leduc : Vous me confirmez,
à travers nos échanges, que c'est possible de faire une entente partielle.
Donc, je n'invente pas ça, là.
M. Boulet : En fait, c'est
possible de faire... de dire au tribunal : Pour ces services-là, on pense
que ça permettrait d'assurer le bien-être de la population, mais pas une entente
partielle. Une entente, tu en as une globalement ou pas. C'est ce que je
viens...
M. Leduc : Non. Mais, dans le
droit du travail, ta convention collective, elle est finale. Elle couvre tout
ou elle couvre... si elle ne couvre pas tout, ce qu'il n'y a pas de dent.
Tandis que là, ce n'est pas ça. Il y a un périmètre X qu'il faut qu'on... Il
faut qu'on traite l'entièreté des services offerts par une accréditation. On
essaie dans un délai précisé. Puis, après ça, bien, on viendrait dire : Ça
se peut qu'on ne soit pas capables de tout traiter dans ce délai-là pour x, y
raisons, des fois, c'est parce qu'on ne sera pas capables de s'entendre. Moi,
ce que je vous dis, c'est que je pense que si on précise ce qui de toute façon
est possible, comme vous me l'avez confirmé, à savoir une entente partielle, ça
risque d'accélérer le processus. C'est ça, votre souhait. Parce que...
17 h (version non révisée)
M. Leduc : ...si une entente
partielle est possible, puis c'est clair pour tout le monde, puis il y a un
élément sur lequel on le sait que les deux parties ne bougeront pas parce que c'est
leur position, mais vous allez juste écouler les sept jours francs pour le fun.
M. Boulet : ...
M. Leduc : À la fin, virgule,
même partielle. Même si celle-ci est partielle ou toute autre forme de langage
que vous jugeriez à propos.
M. Boulet : O.K. Si vous me
permettez, on va suspendre quelques minutes. Je vais juste vérifier un aspect
technique.
M. Leduc : Parfait.
Le Président (M. Allaire) : Pas
de problème. Donc, je suspends les travaux quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 02)
(Reprise à 17 h 09)
Le Président (M. Allaire) : Nous
allons reprendre les travaux. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Excusez-moi. Mon
raisonnement, c'est que ce n'est pas souhaitable d'écrire ça. Je pense que
c'est implicite. Puis je pense que la juridiction du TAT lui permet de
considérer les services sur lesquels les parties se sont entendues sans qu'il y
ait une entente globale. Mais, tu sais, il y a entente... c'est un peu le
raisonnement que je vous partageais un peu plus, il y a entente ou il n'y a pas
entente, mais dans la mesure où la juridiction du tribunal, c'est d'évaluer la
suffisance, dans sa juridiction inhérente, il va aussi évaluer les services sur
lesquels les parties s'entendent. Ça fait que moi, de mettre même partielle,
j'ai l'impression que ça alourdit le processus, puis c'est mon impression,
peut-être que ce n'est pas réel, mais que ça va ralentir les discussions entre
les parties. Puis je le répète, s'il n'y a pas d'entente, le tribunal va déterminer
les services à maintenir. Ça fait que c'est mon raisonnement à ce stade.
Le Président (M. Allaire) :
...
M. Leduc : Mais on réitère
que c'est possible d'avoir une entente partielle.
• (17 h 10) •
M. Boulet : C'est certainement
possible que les parties conviennent de certains éléments sur lesquels elles
s'entendent, ça, je le confirme, mais, pour moi, ça ne m'apparaît pas
nécessaire de le rajouter pour ne pas alourdir le processus, pour ne pas le
complexifier, mais dans la juridiction du tribunal d'évaluer la suffisance, il
va tenir compte nécessairement des services sur lesquels les parties ont fait
une entente. Voilà, c'est ma meilleure façon de m'exprimer.
M. Leduc : Je comprends.
Puis, sur le site du tribunal, parce que c'est une chose dans le texte de la
loi, vous ne voulez pas le rajouter, c'est correct, mais est-ce que, mettons,
sur le site du tribunal, ce n'est pas quelque chose qu'il pourrait dire quand
il explique, mettons, l'application du processus que c'est en effet... je sais
que ce n'est pas ici qu'on va décider ce qu'il va écrit dans le site du TAT,
là, on n'est pas à ce niveau de microgestion là, mais ça... vous ne seriez pas
fâché de lire ça, là?
M. Boulet : Pas du tout, dans
un guide, non, absolument pas. Ça ne me fâcherait pas. C'est compatible avec
mon... avec nos esprits à tous les trois.
M. Leduc : Je...
M. Leduc : ...cet article-là,
M. le Président, avec toujours sur le TAT. J'avais une source tantôt qui m'a
dit que le TAT a bel et bien accès au... Ça fait que je ne me demandais pas si
vous pourriez contre-vérifier votre affirmation de tantôt, M. le ministre, à
savoir que...
M. Boulet : Bien, je me fie
à...
M. Leduc : Bien, je comprends,
mais là ma source me dit : Non, non, non, ils y ont bel et bien accès.
Peut-être que vous pourriez revérifier puis nous revenir avec l'information.
Peut-être que ma source est en erreur aussi.
M. Boulet : ...dans un cas où
ça a été donné à un organisme, et la règle, c'est qu'un tribunal administratif
n'a pas accès aux documents déposés au... si c'est le cas, j'aimerais ça que
vous confirmiez, mais on va le vérifier. Mais je l'ai vérifié avec la personne
qui est à ma droite, en qui j'ai une totale confiance, qui m'a dit non.
M. Leduc : Vous la jetez sous
l'autobus, là...
M. Boulet : Je ne la tire pas
en dessous de l'autobus, non, non, non.
M. Leduc : ...vous la jetez
sous l'autobus, autobus scolaire ou autobus de RTC, on ne sait pas trop, là.
M. Boulet : Non, je vais en
dessous de l'autobus avec elle.
M. Leduc : Avec elle, vous y
allez avec elle. Parfait.
M. Boulet : Oui, juste pour
ça.
M. Leduc : C'est du bon
leadership. Juste pour ça, oui.
Le Président (M. Allaire) : Je
comprends qu'il y aura validation, on va nous revenir. D'autres interventions?
M. Leduc : C'est correct, M.
le Président.
Le Président (M. Allaire) :
Donc, s'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de
l'amendement déposé par la partie gouvernementale. Est-ce que cet amendement
est adopté? Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Sur division.
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) : Adopté
sur division. Parfait. Donc, on revient donc...
M. Boulet : ...
Le Président (M. Allaire) :
...on revient donc au 111.22.7. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons poursuivre, M. le ministre, 111.22.8.
La parole est à vous.
M. Boulet : Bon, j'ai
l'impression encore une fois qu'on a tout eu les discussions, là. Je vais le
lire rapidement : «111.22.8. Sur réception d'une entente, le tribunal
évalue la suffisance des services assurant le bien-être de la population qui y
sont prévus.
«Les parties sont tenues d'assister à
toute séance à laquelle le tribunal les convoque.
«Si le tribunal juge ces services
insuffisants, il détermine ceux à maintenir en cas de grève ou de lock-out et
la façon de les maintenir.»
Donc, je pense, c'est la discussion qu'on
vient d'avoir, le reste, bon, évaluation de la suffisance, dès qu'il reçoit
l'entente, les parties doivent assister aux séances convoquées par le tribunal.
Puis il peut déterminer des services au-delà de ce qui a été convenu entre les
parties.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, M. le ministre. Des interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Quand on dit au deuxième alinéa «Les parties sont tenues
d'assister à toute séance à laquelle le tribunal les convoque...» ce n'est pas
comme une vérité de La Palice, ce n'est pas comme écrit à quelque part dans la
raison d'être du TAT, que les gens qui sont convoqués y viennent. Il y a une
redite, non?
M. Boulet : C'est une
précision.
M. Leduc : Mais si vous avez
jugé utile de le préciser, c'est que ce n'était pas le cas nécessairement.
M. Boulet : Trop fort casse
pas, puis il faut le préciser, c'est du droit nouveau. Puis c'est la même
affaire dans le régime des services essentiels, effectivement.
M. Leduc : Ça veut dire que
c'est précisé dans la loi que... O.K. Je veux revenir rapidement quand tantôt
vous disiez que c'est le même juge qui va faire l'entièreté du processus,
est-ce que ça va être systématiquement le cas?
M. Boulet : Bien oui, bien
oui, tout à fait. Pour assurer la cohésion décisionnelle, il faut que ce soit
le même juge, et je le précise là parce que ça m'apparaît évident.
M. Leduc : Quelles seraient
les circonstances qui pourraient expliquer que ce ne soit pas le même juge?
M. Boulet : Bien, un décès ou
une perte de... Je ne sais pas, un décès ou une raison d'éthique qui ferait en
sorte qu'il ne peut pas. C'est les motifs habituels là où il doit se récuser,
où il est en conflit d'intérêt ou... Mais, au-delà de ça, c'est la même
personne.
M. Leduc : Ça fait
qu'autrement on s'arrange pour que ce soit le même juge où il faut que ce soit
le même juge.
M. Boulet : Il faut que ce
soit le même juge, puis on s'assure que ce soit le même juge. Puis dans la
division des services essentiels, et là, maintenant, des services à maintenir
pour assurer le bien-être de la population. Il n'y a pas tant de juges que ça,
mais...
Des voix : ...
M. Boulet : ...mais il n'y a
pas beaucoup de personnes.
M. Leduc :O.K. C'est beau.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va?
M. Boulet : Merci.
Le Président (M. Allaire) :
Interventions? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, on enchaîne. M. le
ministre, 111.22.9.
M. Boulet : Merci. «111.22.9.
À défaut d'une entente dans le délai prescrit à l'article 111.22.7, le tribunal
détermine les services assurant le bien-être de la population à maintenir en
cas de grève ou de lock-out ainsi que la façon de les maintenir.
«Les parties doivent transmettre sans
délai au tribunal toute information pertinente aux services assurant le
bien-être de la population et assister, le cas échéant...
M. Boulet : ...à toute séance
à laquelle le tribunal les convoque.
«Si une entente intervient entre les
parties avant la décision du tribunal, l'entente prévaut et est soumise au
tribunal afin qu'il l'évalue conformément à l'article 111.22.8.»
Je pense que je n'ai pas de commentaire
additionnel, là.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Des interventions? Oui, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Pouvez-vous me
donner plus de consistance pour le troisième alinéa, là, «si une entente
intervient entre les parties avant la décision du tribunal»? Ce n'est pas
instantané, la...
M. Boulet : ...alinéa, oui,
précise qu'une entente peut être conclue entre les parties à tout moment avant
que le tribunal ne rende une décision sur les services à maintenir. C'est comme
une convention collective avant que l'arbitre de différends rende sa sentence
arbitrale de différends. Les parties peuvent toujours faire une entente, puis
là l'entente est soumise au tribunal pour qu'il en évalue la suffisance. C'est
la même règle.
M. Leduc : Donc, si on
dépasse le délai du sept jours francs ouvrables qu'on a discuté tantôt, qu'il y
a une... qu'il y a une audience du TAT, qu'on est convoqué, qu'on y va il se
passe donc des jours dans toute cette étape-là...
M. Boulet : Bien sûr.
M. Leduc : ...puis il
pourrait y avoir, d'une partie ou d'une autre, une... un coup de téléphone pour
dire : Sais-tu quoi, finalement... ou : Qu'est-ce que tu penses que
je fais une contre-offre? Et là...
M. Boulet : Oui. Même dans
l'heure qui précède le début de l'audience, vous le savez...
M. Leduc : Puis là vous vous
dites : Ce n'est pas qu'on n'a pas réussi à remplir le délai avec la date
impartie que c'est la fin des haricots.
M. Boulet : C'est le délai
pour négocier une entente. Mais il se peut qu'avant le début de l'audience au
Tribunal administratif du travail les parties, après des nouvelles réflexions,
après des nouvelles discussions, conviennent d'une entente, là. Mais oui, il
n'y a rien qui empêche ça.
M. Leduc : Puis... mais...
puis, à ce moment-là, c'est la même logique, cette entente-là doit être
approuvée par le tribunal.
M. Boulet : Le tribunal a la
même juridiction, la même compétence, c'est-à-dire d'en évaluer la suffisance.
M. Leduc : Quand on l'adopte,
l'entente, dans l'intérieur du délai, entre ce délai-là et l'audience...
M. Boulet : Oui, oui, oui.
C'est la même même mécanique en arbitrage de différends, selon les règles
habituelles qui sont dans le Code du travail, tant que la sentence arbitrale de
différend n'est pas rendue.
M. Leduc : Si je dis «avant
l'audience», bien, je me trompe. C'est avant la décision du tribunal.
M. Boulet : Avant la
décision, exact.
M. Leduc : C'est quoi, le
délai qu'on peut s'attendre... auquel on peut s'attendre entre une audience
puis une décision?
M. Boulet : Bien, le délai
moyen, je ne le sais pas, là. C'est la question que je posais un peu plus
tôt... O.K., bien, on va le vérifier, puis je vous le donnerai, le nombre de
juges, puis le délai moyen de reddition de la décision... 157 jours.
Une voix : ...
M. Leduc : 157 jours?
M. Boulet : ...jugent, en
tout. Non, non, c'est dans le... c'est le TAT dans sa globalité, là.
M. Leduc : O.K. C'était
comme...
M. Boulet : C'est relations de
travail, santé et sécurité. C'est là qu'est la majorité.
M. Leduc : Je trouvais que
votre diminution de 15 jours à sept jours ouvrables, sur 157 jours de délai de décision,
on ne gagnait pas grand-chose.
M. Boulet : Non, non. On va
le vérifier, collègue.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? D'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, on continue.
M. le ministre, 111.22.10. La parole est à vous.
M. Boulet : Merci :
«111.22.10. Le tribunal peut, en tout
temps, de sa propre initiative ou à la demande de l'une des parties, modifier
ou révoquer une décision qu'il a rendue en vertu du présent article... du
présent chapitre.»
Donc, c'est la possibilité de modifier ou
révoquer. La détermination de la nécessité de maintenir des services constitue
un processus dynamique. Donc, le TAT pourra intervenir pour clarifier ou
modifier une décision initiale. Donc, cet article-là permet au TAT d'ajuster
ses décisions selon l'évolution du dossier. Il pourra modifier ou révoquer une
décision concernant l'obligation des parties à maintenir ou non des services
sur la suffisance d'une entente, et sur les services à maintenir en absence
d'entente, puis... Enfin, bien, c'est ça.
• (17 h 20) •
Le Président (M. Allaire) : ...des
interventions?
M. Leduc : Oui, excusez.
Le Président (M. Allaire) :
Oui, allez-y, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui, merci, M. le
Président. Qu'est-ce qui pourrait pousser le TAT à modifier une décision?
M. Boulet : Bien, c'est...
comme je vous dis, le processus est dynamique, puis ça pourrait évoluer. Il se
pourrait... puis là ça va être plein d'hypothèses, là, mais qu'en date
d'aujourd'hui la suffisance des services à maintenir pour le bien-être de la
population soit à tel niveau, mais, tenant compte de la durée nouvelle, d'un
nouveau contexte, il pourrait décider de modifier...
M. Boulet : ...décision,
l'adapter à l'évolution du dossier. C'est simplement ça.
M. Leduc : Mais est-ce qu'il
a besoin de faire des audiences pour la modifier? Parce que, s'il la modifie,
c'est une nouvelle décision.
M. Boulet : Il pourrait la
modifier. Il pourrait certainement le faire après avoir entendu les parties.
M. Leduc : Bien là, ce n'est
pas... ce n'est pas obligé, par exemple.
M. Boulet : Bien, le tribunal
peut, en tout temps, de sa propre initiative ou à la demande de l'une des
parties. Ça, c'est un pouvoir qui existe déjà dans...
M. Leduc : De modifier des
décisions? Bien non.
M. Leduc : Bien, de révoquer
ou modifier une décision, oui, oui, ça existe, à la demande d'une partie ou à
l'initiative du tribunal, pas que dans notre p.l. 89, partout.
M. Leduc : Non. Mais là, vous
donnez au tribunal le pouvoir de modifier une décision, une décision qui a fait
l'objet d'un processus assez séquencé, avec des audiences. Puis là, il pourrait
y avoir une seule partie qui dit : Moi, je veux modifier la... le fond.
Puis théoriquement, de ce que je lis là, l'autre partie ne pourrait même pas
être informée de ça.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : La juridiction,
la compétence du tribunal, c'est de déterminer la suffisance des services à
maintenir pour respecter le critère, que je ne redirai pas une autre fois.
Donc, s'il révoque ou modifie, c'est pour tenir compte de l'évolution du
processus dynamique du conflit de travail qui pourrait se raffermir, qui
pourrait se durcir, qui pourrait prendre une autre orientation. Mais ça permet
au tribunal, à la demande d'une partie, après avoir entendu les parties, mais c'est
toujours dans le respect...
M. Leduc : Bien, non, non,
non, pas après avoir entendu les parties. Ce n'est pas ça que ça dit.
M. Boulet : Non, pas
nécessairement, mais il pourrait le faire.
M. Leduc : Bien, c'est ça, le
problème.
M. Boulet : Mais c'est pour
respecter sa juridiction. Il est limité dans sa compétence, dans sa
juridiction. Sinon, ce serait un excès de juridiction, de décider de quelque
chose, puis là, on irait en révision judiciaire. Mais il faut qu'il décide
selon sa compétence. Puis, sa compétence, c'est de déterminer
l'assujettissement et la suffisance.
M. Leduc : Là, un bon matin,
là, le juge du TAT peut dire : Oui, bien, finalement, je modifie la
décision. Il n'aura parlé à personne puis il aura appliqué une nouvelle
décision. C'est quand même surprenant. Vous lui donnez tout un pouvoir!
M. Boulet : Bon. Je pense que
la possibilité de révoquer ou modifier une décision de sa propre initiative, ce
n'est pas un concept nouveau. Ça existe. Et c'est un tribunal impartial et
indépendant.
M. Leduc : Bien, nommez-moi
d'autres exemples dans le droit où est-ce qu'on peut modifier des décisions,
d'un bon matin, un juge qui se lève...
M. Boulet : Bien, dans le
Code du travail, on pourra... oui, on pourrait. Il y en a.
M. Leduc : Un juge se lève un
matin, il ne parle à personne puis il modifie une décision.
M. Boulet : 111.15 .2. Bien,
votre collègue le sait, là, il... Je peux vous donner l'exemple prêt, là,
111.15.2. Ça existe. Oui.
M. Leduc : Ça, c'est commun,
ça?
M. Boulet : Je ne dis pas que
c'est commun mais ça existe et il faut tenir compte. Ce qui est important, là,
ici, c'est de tenir compte du caractère évolutif d'un conflit. Et il faut permettre
au tribunal de s'adapter, toujours dans le respect de sa juridiction et
toujours dans le respect de son impartialité et de son indépendance. Je pense
que je viens de tout dire.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : Oui. Ça, je
comprends. Mais, quand on rend... quand on modifie une décision, dans les
faits, on rend une nouvelle décision. Puis, pour avoir rendu une décision
originale, il y a eu tout un processus où est-ce qu'on a entendu les parties
puis on a fait des audiences.
M. Boulet : Bien là, on
peut...
M. Leduc : Puis là, on n'est
même pas obligés de le faire pour une modification qui est, dans les faits, une
nouvelle décision. Ça ne marche pas, M. le ministre.
M. Boulet : C'est pour... Je
le répète, là, puis je vais le répéter le plus clairement possible. C'est pour
permettre au tribunal de s'adapter au caractère dynamique, au processus
évolutif d'un conflit de travail.
Le Président (M. Allaire) : Allez-y.
M. Leduc : Ça, je comprends.
Ça, je le comprends, M. le ministre. Mais qu'il le fasse de la bonne manière,
le concept, en droit, que vous connaissez, audi alteram partem, entendre
l'autre partie. Là, ils peuvent être...
M. Boulet : Mais la
révocation de sa propre initiative, c'est ça qui vous agace?
M. Leduc : Bien, surtout de
modifier une décision avec... l'avoir entendu une seule des deux parties. «Le
tribunal peut en tout temps, de sa propre initiative ou à la demande de l'une
des parties». Ça fait qu'il n'aura même pas eu l'occasion d'entendre l'autre
partie puis : C'est beau, je modifie la décision. Que c'est ça? Ce n'est
pas sérieux.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Donc, ce qui vous
ennuie, c'est «peut en tout temps, de sa propre initiative ou à la demande de
l'une des parties, modifier ou révoquer une décision qu'il a rendue en vertu du
présent chapitre»?
M. Leduc : Bien, il faut
qu'il demande soit une nouvelle audience ou qu'il entende les arguments des
deux bords avant de modifier la... avant de rendre une nouvelle décision.
M. Boulet : Ça demeure une
faculté. Ce n'est pas un impératif. Mais j'essaie de bien vous comprendre, là.
Puis je vous l'explique de la façon technique. Ce n'est pas un concept nouveau.
Mais je peux comprendre votre sensibilité. Bon. Je vous explique le processus
dynamique. «Le tribunal peut», vous...
M. Boulet : ...ce que vous
préféreriez avoir comme libellé : peut, à la demande d'une... de l'une des
parties et après observation, modifier ou révoquer une décision qu'il a rendue
en vertu du présent article.
M. Leduc : Bien, après
observation, ou après nouvelle audience, ou après...
M. Boulet : Mais c'est
«observation» qu'on utilisait, là, par souci de cohésion, là.
M. Leduc : Qu'est-ce que ça
veut dire, «observation»?
M. Boulet : Bien, avoir
permis aux parties de faire leurs observations par la voix des témoins puis de
la plaidoirie, là.
M. Leduc : O.K. Bien,c'est
juste que c'est la première fois que vous utilisez le mot «observation»
jusqu'à date, là.
M. Boulet : Non, il était
dans un alinéa précédent. Quel alinéa?
Des voix : ...
M. Boulet : 22.5, alinéa
trois, c'est exactement ce qu'on utilisait.
M. Leduc : O.K., oui, c'est
ça, bien : «l'occasion de présenter leurs observations».
M. Boulet : Bien oui,
exactement. Donc, j'essaie de libeller...
M. Leduc : Je comprends.
M. Boulet : ...de relibeller
22.10 : Le tribunal peut, en tout temps, à la demande de l'une des
parties, modifier ou révoquer une décision qu'il a rendue en vertu du présent
chapitre, et ce, après avoir entendu les observations des parties.
M. Leduc : ...soumettez
quelque chose qui ressemble à ça, je pense qu'on atterrirait à quelque chose
qui est plus logique, là.
Le Président (M. Allaire) :
Parfait.
M. Boulet : O.K. On peut-tu
suspendre deux minutes?
Le Président (M. Allaire) : On
souhaite suspendre les travaux quelques instants? Aucun problème.
(Suspension de la séance à 17 h 28)
17 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 17 h 34)
Le Président (M. Allaire) : Nous
allons donc reprendre les travaux. Après discussion, nous étions à l'article
introduit au 111.22.10. On comprend ainsi que la partie gouvernementale est en
train de préparer un amendement. Donc, M. le ministre, on enchaîne, nous allons
y revenir plus tard, en fait. Donc, on enchaîne au 111.22.11. M. le ministre,
la parole est à vous.
M. Boulet : Oui, merci, M. le
Président. «La grève ou le lock-out en cours se poursuit malgré la décision du
tribunal d'assujettir les parties au maintien des services assurant le bien-être
de la population. Toutefois, à compter de la date de la notification aux
parties de cette décision, le tribunal peut, s'il juge que des circonstances
exceptionnelles le justifient, suspendre l'exercice du droit de grève ou de
lock-out jusqu'à ce qu'il rende une décision conformément aux articles 111.22.8
ou 111.22.9.»
Commentaires. Donc, c'est la règle
générale selon la grève ou le lock-out se poursuit malgré la décision du
tribunal. Puis le deuxième alinéa confie au tribunal le pouvoir de suspendre, s'il
juge que des circonstances exceptionnelles le justifient, jusqu'à ce qu'il
rende sa décision sur la suffisance des services convenus entre les parties ou
jusqu'à ce qu'il détermine lui-même les services à maintenir.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. Des interventions.? Oui, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Vous le précisez,
mais ça aussi ce n'était pas une évidence, en fait, évidemment que la grève se
poursuit malgré la décision. Si la décision, c'est de limiter l'exercice de la
grève… c'est-à-dire que… ça veut dire que la… par définition, il ne pourrait pas
y avoir un 100 % de limitation de la grève dans la… dans une décision du
tribunal. Ça fait que, dans ce cas-là, ça ne respecterait pas 111.22.11.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Je ne comprends
pas trop ce à quoi ça réfère, là, mais ce que vous dites, c'est que la
juridiction du tribunal est limitée quant à la suffisance des services pour
permettre la continuité de l'exercice du droit de grève? En fait, qu'il ne peut
pas aller jusqu'à ordonner que tous les services soient maintenus? Je ne sais
pas si ça existe, là, je pense le niveau très élevé de services essentiel, on
l'a en santé, mais je ne vois pas de cas où... Mais je pense…
M. Boulet : ...c'est
important de le préciser.
M. Leduc : Bien,
c'est-à-dire que...
M. Boulet : Il y en a
plusieurs qui m'ont posé la question d'ailleurs, et c'est dans le projet de
loi.
M. Leduc : Qui, ça?
M. Boulet : Bien. Il y en
a des personnes qui se demandaient si, parallèlement au maintien des services
pour assurer le bien-être de la population, le droit de grève continuait de
s'exercer. Puis la réponse est oui.
M. Leduc : C'est une
bonne question. Si on limite les droits de grève à 70 %, c'est encore la
grève, le 30 % qui reste, c'est encore la grève.
M. Boulet : Ben oui.
M. Leduc : À 80 %,
le 20 % qui reste, c'est encore la grève?
M. Boulet : Bien oui. En
santé, la grève se poursuit.
M. Leduc : À 10 %...
M. Boulet : Et la grève a
un impact aussi.
M. Leduc : Quand est ce
qu'elle arrête? À 10 %, c'est encore la grève?
M. Boulet : Ah! Bien, je
ne répondrai pas à des questions théoriques comme ça, là.
M. Leduc : Non, mais c'est
une question sérieuse. Parce que si vous dites que la grève ou le lockout en
cours se poursuit, bien, si on monte jusqu'à 100 % d'arrêts, d'obligation
de faire des services, de facto, il n'y a plus de grève.
M. Boulet : La grève se
poursuit malgré la décision d'assujettir les parties au maintien des services.
Donc, ce que vous me dites, c'est que les services ne peuvent pas jusqu'à
annuler l'exercice du droit de grève. Puis ça, je le comprends.
M. Leduc : Et donc, dans
votre lecture, cette annulation-là, ça serait une décision à 100 %.
M. Boulet : Là, il me
semble que oui. Il me semble que oui, je pense. Poser la question, c'est y
répondre.
M. Leduc : Si le tribunal
annule à 100 % les grèves, il n'y a pas... O.K. Je reformule. Si la
décision du tribunal, c'est dire : 100 % des services doivent être
maintenus, là, il n'y a pas de grève, de facto.
M. Boulet : Bien non.
Bien non. Parce qu'il n'y a plus de grève, mais...
M. Leduc : Je continue.
M. Boulet : Je comprends.
M. Leduc : 99 % des
services sont maintenus. Y a-t-il encore une grève?
M. Boulet : Bien oui.
Selon moi, s'il y a des personnes dans le 1 % qui continuent d'assumer des
services, mais c'est hyper, hyper hypothétique. Je ne vois pas de cas où ça
serait de cette nature-là. Mais la grève, oui. Tu sais, si dans le 1 % il
y a 22 personnes qui travaillent, oui. Ou s'il y en a huit qui
travaillent, oui. La grève, c'est une cessation concertée d'une prestation de travail.
Donc la cessation demeure.
M. Leduc : On s'entend
par contre pour dire qu'à 100 %, le tribunal ne respecte pas 111.22.11.
M. Boulet : Bien, ça
m'apparaît invraisemblable. Mais, tu sais, si vous voulez faire de la... du
droit un peu fiction, oui, effectivement.
M. Leduc : C'est ce qu'on
fait depuis le début à ce projet de loi. Mais là, vous, vous dites :
Parfait. 100 %, en effet, on n'a pas de grève, pas de lockout. Donc ça ne
le respecte pas. Mais à partir du moment qu'il y a 1 %, on pourrait, même,
si on veut s'amuser, dire une personne, donc moins de 1 %, 0,1 %, c'est
encore une grève.
M. Boulet : C'est hyper
académique, mais une cessation concertée d'une prestation de travail, vous
voyez la définition de grève dans le Code du travail, oui, il y a une grève.
M. Leduc : Vous vous
rappelez du jugement Flageol. Qu'est-ce qu'il disait? Il disait que, vu qu'il y
avait des pourcentages trop élevés, obligatoires, c'est ça qui a fait que le
gouvernement a perdu.
M. Boulet : Oui, mais
dans cette décision-là, c'était l'automatisme des pourcentages. Et c'est un
critère beaucoup plus évolutif que nous avons maintenant. Puis ça varie d'une
circonstance à une autre. C'est les services dont l'interruption menace la
santé ou la sécurité de la population. C'est... La décision Flageol, c'était
d'avoir des pourcentages prédéterminés qui s'appliquaient avec... par
automatisme. Ça a été inconstitutionnel.
• (17 h 40) •
M. Leduc : Si vous, vous
êtes un représentant... Si vous êtes un négociateur syndical ou un représentant
syndical, c'est quoi l'intérêt de maintenir une grève dont les services sont
obligatoirement rendus à 95 %?
M. Boulet : Bien, vous
êtes... Moi, je n'ai pas à répondre à cette question-là, là, c'est purement
hypothétique, là. Je dis et nous disons, dans le projet de loi, techniquement
puis légalement, la grève se poursuit malgré la décision du tribunal. Puis je
la répète, en santé, il y a un niveau très élevé de services essentiels à
maintenir. Puis la grève se poursuit. Puis jamais dans...
M. Leduc : Ça fait qu'à
1 %, la grève se poursuit.
M. Boulet : Jamais...
Bien, s'il y a une cessation d'une prestation de travail et qu'elle est légale,
parce qu'une grève, ça doit se faire dans des délais légaux... Mais c'est une
discussion, là, qui va un peu au-delà de l'économie générale du projet de loi.
Mais à votre question, j'y réponds, oui.
M. Leduc : Elle est
théorique, ma discussion, M. le ministre, mais elle est importante parce que je
trouve que c'est là la faiblesse de votre projet de loi au regard de la Charte
des droits et libertés, c'est là qu'elle risque de se faire revirer de bord
quand vous remontez dans les tribunaux plus élevés.
M. Boulet : Non, parce
que...
M. Leduc : C'est sur le
flou conceptuel de ces pourcentages-là.
M. Boulet : Non, mais
vous prenez un exemple qui est invraisemblable, qui ne peut pas s'asseoir sur
une réalité factuelle. On parle de services à maintenir pour assurer le
bien-être de la population. Si le bien-être de la population...
M. Boulet : ...requiert un
niveau de service à maintenir pour assurer sa sécurité qui est plus élevé. Je
pense que c'est respectueux de la Charte des droits et libertés de la personne.
On respecte la dignité humaine, on respecte la sécurité de la population, on
respecte les personnes à faible revenu, les enfants à besoins particuliers. Si
une décision d'un tribunal vient nous dire que ça, c'est inconstitutionnel, on
verra à l'analyser parce que j'ai beaucoup de respect pour les tribunaux puis
on verra à prendre les dispositions qui s'imposent. Mais moi, je pense que...
en tout cas, c'est mon opinion, que se faire dire que des services pour assurer
le bien-être de la population, c'est inconstitutionnel, en tenant compte du
critère que nous avons dans le projet de loi, on verra, je ne peux pas préjuger
d'une décision d'un tribunal.
M. Leduc : Mais non, personne
ne peut faire ça. Même la jurisprudence est assez solide sur le fait que si
vous voulez limiter le droit de grève, il faut se lever de bonne heure en
matière de droit.
M. Boulet : On s'est levé de
bonne heure, on a analysé les décisions de la Cour suprême et les autres.
M. Leduc : Oui. Tous les
experts en droit du travail vous ont dit : oh boy, oh boy, ça risque
d'être difficile de défendre ça au tribunal quand ça va être contesté. Puis
vous savez que ça va être contesté le surlendemain de votre adoption.
M. Boulet : Les experts avec
intérêt sont venus aussi nous expliquer que le concept des services minimaux
n'était pas nouveau.
M. Leduc : Qu'est-ce que vous
voulez dire «avec intérêt»?
M. Boulet : Mais avec intérêt
pour nous autres, nous expliquer c'était quoi le service minimal à maintenir.
Le comité des libertés syndicales, sous l'Organisation internationale du
travail, a développé des critères, ce n'est pas les mêmes, puis je ne veux pas
trop m'en inspirer, nos critères ne sont pas forcément les mêmes, mais c'est du
droit nouveau, puis on a essayé de s'inspirer sur des assises qui existaient.
Puis les critères sont très limitatifs.
Le Président (M. Allaire) :
...
M. Leduc : Oui, M. le
Président. Dans le fond, tu sais, si le tribunal reste dans des pourcentages
d'application relativement limités, là, s'il dit : oui, mais là, mettons,
pour telle situation, il faut maintenir à 20 %, il faut maintenir à
30 %, ça va être difficile de plaider que le droit de grève est bafoué ou
est sérieusement limité. Mais s'il monte dans des pourcentages pas mal plus
élevés, comme on l'a vu dans les services essentiels dans le passé, des
80 %, des 90 %, qu'est-ce qu'il reste du droit de grève quand vous
obligez 90 % des gens à exercer leur travail en dépit d'un droit de grève
voté en bonne et due forme?
M. Boulet : Ça, je vous
comprends. Puis je vais faire attention à mes propos, mais je pense que si
jamais il y avait une déclaration d'inconstitutionnalité d'un tribunal, ce
serait beaucoup plus en regard de son application que de sa facture actuelle
que de son libellé du projet de loi, comprenez-vous? C'est dans son application
qu'on va mesurer un peu plus clairement sa constitutionnalité.
M. Leduc : Mais ça va être
les deux. Ils vont contester les projets de loi en tant que tels.
M. Boulet : Les deux, mais je
vous dis plus que... en tout cas, mais vos procureurs prendront les décisions.
M. Leduc : Mais vous le
savez, ça a été annoncé, là, le lendemain de l'adoption par le
lieutenant-gouverneur, ça part en contestation. Puis, en effet, vous avez
raison, à chaque fois que ça va être exercé, il y aura aussi contestation.
M. Boulet : Puis, tu sais,
les pourcentages, là, dans les services publics, je ne me souviens pas... je ne
vois pas ça, là. Tu sais, ce n'est pas des pourcentages, c'est plus des
services minimums à maintenir. Donc, moi, j'ai dit tout ce que j'avais à dire,
mais on m'a proposé un texte pour l'alinéa précédent, là, que je vous
soumettrai, là. O.K.
Le Président (M. Allaire) :
D'autres interventions?
M. Leduc : ...
Le Président (M. Allaire) :
Oui, allez-y, M. le député.
M. Leduc : Peut-être, juste
pour venir sur 111.22.11. C'est quand même un gros pouvoir que vous leur donnez
au tribunal de suspendre l'exercice du droit de grève ou de lock-out. C'est
gros ça.
M. Boulet : Mais c'est
vraiment exceptionnel et c'est juste qu'au moment où il rend sa décision. Tu
sais, c'est très, très temporaire et c'est des circonstances exceptionnelles.
M. Leduc : Mais sur quel
motif?
M. Boulet : Mais parce que...
pour protéger la population, là. Ça revient toujours au même fil conducteur.
S'il y a un assujettissement puis qu'il réalise qu'il y a un impact
particulièrement préjudiciable, puis c'est des circonstances exceptionnelles,
là, on peut le définir, là, de toute façon, ça a été souvent interprété par les
tribunaux, il pourrait décider de suspendre. Encore une fois, c'est
exceptionnel et c'est jusqu'à ce qu'il rende une décision sur les services à
maintenir.
M. Leduc : Mais il la suspend
entièrement à 100 %?
M. Boulet : Il suspend la
grève, oui, jusqu'à ce qu'il rende une décision sur les services à maintenir.
C'est ce qui est prévu dans l'article.
M. Leduc : Mais s'il la
suspend, c'est que nécessairement sa décision est... ne peut pas pencher plus
d'un bord que de l'autre.
M. Boulet : Non, je ne suis
pas d'accord...
M. Leduc : ...il ne va pas
suspendre une grève puis, finalement, pour dire : Non, finalement, il n'y
a pas de services...
M. Boulet : Non, non. Même
s'il y avait... puis là, je n'aime pas parler de pourcentage, même s'il y avait
un 5 % de services à maintenir, parce qu'il y a un impact disproportionné
sur une population vulnérable, il pourrait décider de suspendre jusqu'à tant
qu'il rende sa décision imminente sur les services à maintenir. Et 111.0.24 le
prévoit déjà.
M. Leduc : Le code actuel?
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Qu'est-ce qu'il
dit?
M. Boulet : «Dans un service
public visé par une décision rendue en vertu de 111.0.17, le tribunal peut
suspendre l'exercice du droit de grève s'il juge que, lors d'une grève appréhendée
ou en cours, les services essentiels prévus ou effectivement rendus sont
insuffisants et que ça met en danger la santé ou la sécurité publique.» Donc,
ce n'est pas le même critère.
M. Leduc : Dans un service
public, vous avez dit?
M. Boulet : Non. Mais c'est
dans les services publics, effectivement.
M. Leduc : Bon. Mais
111.22.11, c'est au-delà de ça, là.
M. Boulet : C'est la même
affaire, mais c'est pour le maintien des services, pour assurer le bien-être de
la population.
M. Leduc : Comment ça, la
même affaire? Oui, mais 111.22.11, ce n'est pas juste les services publics.
C'est pas mal plus large que ça.
M. Boulet : Non. C'est ce
qu'à... jusqu'à ce qu'il rende une décision conformément à 111.22.8 ou
111.22.9. Donc, c'est en application de sa compétence dans notre projet de loi.
C'est la même affaire que pour les services publics. Dans l'attente...
M. Leduc : Ce que vous venez
juste de me lire, là, vous me dites que c'est déjà écrit comme ça dans les
services publics de la loi des services essentiels.
M. Boulet : Bien oui.
M. Leduc : Oui. Mais là,
votre loi, ici, ce n'est pas juste les services publics.
M. Boulet : Bon. Je vais...
Je vais reprendre, là. Les services publics, ils peuvent être soumis au
maintien de services essentiels en fonction du critère plus restreint.
M. Leduc : Oui. Oui.
M. Boulet : Et notre régime
peut s'appliquer de manière complémentaire pour assurer le bien-être de la
population en vertu de la définition que vous connaissez. Donc, on prévoit la
même dynamique, la possibilité pour le tribunal de suspendre dans des
circonstances exceptionnelles jusqu'à ce qu'il rende sa décision.
M. Leduc : On s'entend. Mais,
dans ce cas-ci, dans un périmètre infiniment plus large que celui des services
essentiels.
M. Boulet : Bien, vous
dites : Infiniment plus large. Dans un périmètre pour protéger le monde,
pour assurer le bien-être d'une population, notamment vulnérable.
M. Leduc : Mais plus large
quand même. On s'entend là-dessus. Parfait.
Le Président (M. Allaire) : Pas
d'autres interventions? Donc, nous allons poursuivre. Est-ce qu'on a reçu
l'amendement? Parfait. Donc, M. le ministre, vous aviez un amendement à déposer
qui introduit un nouvel article 111.22.11.1. Alors, allez-y, je vous
laisse faire la lecture et vos explications, s'il vous plaît. Merci.
M. Boulet : Oui, merci, M. le
Président. Donc : Insérer, après l'article 11.22.11 du Code du
travail proposé par l'article quatre du projet de loi, le suivant :
«111.22.11.1. Nul ne peut déroger aux
dispositions d'une entente visée au présent chapitre ou d'une décision rendue
par le tribunal en vertu de celui-ci.»
Explications : Bon, ça ajoute une
disposition de concordance, essentiellement, là, concordance avec les
dispositions aux mêmes effets, ce qui est déjà prévu dans le chapitre du Code
en matière de services essentiels. C'est tout.
Le Président (M. Allaire) : Parfait.
Merci, M. le ministre. Des interventions sur cet amendement?
M. Leduc : Excusez, j'ai...
j'ai mal écouté, M. le Président. Donc : «Nul ne peut déroger aux
dispositions d'une entente visée...» C'est... En quoi ça...
M. Boulet : C'est la même
affaire qu'on a dans l'autre régime sur les services essentiels.
• (17 h 50) •
M. Leduc : En quoi ça répond
à ma question, que l'autre partie soit aussi entendue dans une...
M. Boulet : Ah! bien non. Je
vais... Je vais y revenir. O.K. Bien, je vais vous le lire.
M. Leduc : O.K. C'est une
autre chose différente.
M. Boulet : Ça, c'était un
amendement.
M. Leduc :
O.K., O.K., O.K. C'est beau. C'est
beau. Je ne comprenais pas.
M. Boulet : C'était un nouvel
article. Mais, ça, je pense, il n'y a pas de question, c'est juste de la
concordance.
Le Président (M. Allaire) : Exact.
On n'est pas sur celui de tantôt, là.
M. Boulet : Mais je te
l'enverrais, collègue, en fait.
M. Leduc : Oui. Oui.
M. Boulet : Ça viendrait
préciser le tribunal, là, la révocation ou la modification. On
rajouterait : «Il fournit alors l'occasion aux parties de présenter leurs
observations.» Exactement comme avant.
M. Leduc : C'est parfait, ça.
M. Boulet : Je pense que
c'est un bel ajout. O.K. Ça fait qu'on va le déposer.
Le Président (M. Allaire) : O.K.
Là... Bien là, je rappelle qu'on est sur l'amendement qui est en avant de moi,
là, comme vous voyez, tout le monde, sur vos écrans respectifs.
M. Boulet : C'est pour ça
qu'on a un bon président.
Le Président (M. Allaire) : Oui,
oui, vous êtes superefficaces, là, vous faites tout en même temps. Mais là, on
va essayer de se démêler. Donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur cet
amendement déposé par la partie gouvernementale? Non. Donc, s'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix. Est-ce que cet
amendement est adopté? Il est adopté. Parfait. Merci. Donc, on revient
maintenant sur l'amendement que vous souhaitez déposer. Est-ce que nous l'avons
reçu? Nous l'avons reçu, donc nous allons l'afficher à l'écran. C'est un
amendement...
Le Président (M. Allaire) : ...qui
est déposé à 111.22.10. Ça ne sera pas long, ça s'en vient. Et voilà! Donc, M.
le ministre, vous pouvez en faire la lecture et vos explications.
M. Boulet : Oui. En fait, je
vais lire simplement l'amendement. Donc, on rajoute ce qui suit :
«Il fournit alors l'occasion aux parties
de présenter leurs observations.» C'est tout. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Des
interventions sur cet amendement? Donc, pas d'intervention. Donc, nous allons
procéder à sa mise aux voix. Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) : Adopté.
Parfait. Merci. Donc, on poursuit, M. le ministre. 111.22.12. La parole est à
vous.
M. Boulet : Merci, M. le
Président. «À moins d'une entente entre les parties, l'employeur ne doit pas
modifier les conditions de travail des salariés qui rendent les services
assurant le bien-être de la population.»
Commentaire : Bon. Donc, on interdit
à l'employeur de modifier les conditions de travail des salariés qui rendent
les services assurant le bien-être de la population. C'est au même effet. Bon,
c'est ça. Je pense que c'est assez clair.
Le Président (M. Allaire) : ...interventions?Oui, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Ça aussi, ce n'est
pas déjà prévu dans le code? On ne peut pas modifier des conditions de
travail...
M. Boulet : ...disposition au
même effet qui existe par ailleurs pour les salariés qui rendent des services
essentiels dans les services publics, puis aussi, collègue, dans les secteurs
publics et parapublics. C'est au même effet.
M. Leduc : Mais n'importe qui
ne peut pas modifier des conventions collectives, de toute façon, en plein
milieu.
M. Boulet : Bien, il ne peut
pas modifier les conditions de travail de ceux qui rendent les services
essentiels ou les services pour assurer le bien-être de la population.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? D'autres interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, ça va?
M. Leduc : ...
Le Président (M. Allaire) :
Parfait. Donc, on poursuit, 111.22.13. M. le ministre.
M. Boulet : Merci, M. le
Président. «Le Tribunal peut, de sa propre initiative ou à la demande d'une
partie intéressée, faire enquête sur une grève, un lock-out ou un
ralentissement d'activités qui contrevient à une disposition de la loi ou au
cours duquel les services assurant le bien-être de la population prévus à une
entente ou déterminés à la suite d'une décision ne s'avèrent pas suffisants ou
ne sont pas rendus.
«Le Tribunal peut également tenter
d'amener les parties à s'entendre ou charger une personne qu'il désigne de
tenter de les amener à s'entendre et de faire rapport sur l'état de la
situation.»
Commentaire : En fait, c'est les
pouvoirs d'enquête qui sont conférés au TAT. Puis il prévoit évidemment que le
tribunal peut aider les parties à s'entendre ou nommer un médiateur à cette
fin. C'est tout.
Le Président (M. Allaire) : ...des
interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Quand on dit «à la
demande d'une personne intéressée», c'est l'employeur, essentiellement?
M. Boulet : Bien, le concept
de personne intéressée n'est pas que l'employeur.
M. Leduc : Mais un...
mettons, un...
M. Boulet : Un syndicat.
M. Leduc : ...un citoyen
pourrait-tu faire ça?
M. Boulet : Il faudrait qu'il
démontre son intérêt.
M. Leduc : Un client d'une
entreprise privée?
M. Boulet : Il faudrait qu'il
y ait une démonstration d'intérêt.
M. Leduc : Mais donc, c'est à
la fois un exercice de démontrer que je suis une personne intéressée puis
ensuite un exercice... Qui décide si la personne est intéressée ou pas?
M. Boulet : C'est le
tribunal.
M. Leduc : Ça fait que le
tribunal reçoit une plainte...
M. Boulet : Ça existe
ailleurs aussi, là.
M. Leduc : Oui.Ça, je
connais le concept de personne intéressée, mais...
Une voix : ...
M. Leduc : Bien, c'est ça. Ça
va plus loin que les parties.
M. Boulet : Ça quoi?
M. Leduc : Ça va plus loin que
les parties.
M. Boulet : Ah! bien oui, ça
pourrait. Si c'est une personne intéressée, la personne a droit d'ester en
justice, là. C'est quand même un droit fondamental. Elle a le droit de demander
au tribunal de faire enquête.
M. Leduc : Bien, ça peut être
un citoyen lambda, rendu là.
M. Boulet : Oui, ça pourrait.
M. Leduc : Vous n'avez pas
crainte d'élargir ça?
M. Boulet : Mais c'est la
notion d'intérêt, là. Il faut que la personne... Si c'est une personne autre
qu'impliquée dans le conflit, si c'est une personne qui est vulnérabilisée, qui
est en situation d'impuissance, qui est marginalisée, elle pourrait demander de
faire enquête, je ne sais pas, sur le non-maintien des services, là.
M. Leduc : Mais pourquoi elle
apparaît juste là, cette personne intéressée là, puis elle n'apparaît pas plus
tôt?
M. Boulet : Bien, si vous
voulez qu'on le mette partout, on peut le mettre partout, mais vous ne serez
pas d'accord.
M. Leduc : Bien, justement,
pas tant, non. Justement, pas tant. C'est pour ça, je ne comprends pas pourquoi
elle apparaît maintenant.
M. Boulet : Bien là, c'est
parce que c'est le pouvoir d'enquête puis c'est important, quand on confère un
pouvoir d'enquête à un tribunal, de préciser que ça ne peut être fait que sur
demande d'une personne intéressée.
M. Leduc : Ça, vous avez mis
ça à cause des familles du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, là?
M. Boulet : Non. C'est les
mêmes pouvoirs d'enquête que le tribunal détient à l'égard d'une grève...
M. Leduc : Non, non, non. Les
pouvoirs d'enquête...
M. Boulet : ...d'un lock-out
ou d'un ralentissement d'activités dans les services publics puis dans les...
M. Boulet : …les secteurs
publics, parapublics, c'est la même, même affaire.
M. Leduc : Puis est-ce que
dans cet…
M. Boulet : Ça n'a pas rapport
avec le… le cimetière Notre-Dame des Neiges.
M. Leduc : Mais dans les
services publics puis… publics, est-ce c'est les personnes intéressées qui
peuvent le mobiliser aussi?
M. Boulet : Bien, ça sera au
tribunal puis ce n'est pas moi qui vais le déterminer. Si vous m'émettez cette
hypothèse-là, c'est que vous pouvez y répondre. Et ce n'est pas moi qui vais me
substituer au tribunal pour déterminer qui est une partie intéressée.
M. Leduc : …ma question. Vous
dites que vous faites le miroir avec… vous dites : ça, c'est la
disposition miroir avec la loi sur les services essentiels, puis c'est
personnes intéressées partout.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Bien, j'ai
répondu, là, c'est le tribunal qui va déterminer le statut de la personne, si
elle est intéressée ou non, avant de se prononcer sur le fond, là.
M. Leduc : …
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? D'autres interventions?
M. Leduc : Oui, sur le
deuxième alinéa, vous dites : Le tribunal peut charger une personne qui le
désigne de tenter de les amener à s'entendre. Là, on ne dit pas le mot
médiateur, mais on comprend que c'est un peu ça que cette personne-là va être
appelée à faire. Mais vous, vous avez déjà des médiateurs au ministère du
Travail? Est-ce que le tribunal a ses propres médiateurs?
M. Boulet : Oui, il y a des
conciliateurs médiateurs qui ne sont pas les mêmes que ceux qui sont dans le
ministère.
M. Leduc : …du tribunal. Donc,
c'est deux gangs différentes.
M. Boulet : oh! Oui, et vous
le savez, avant de plaider au TAT, il y a même des rencontres avec des
conciliateurs médiateurs, là, dépendamment des lois, on utilise un terme ou
l'autre, là, mais oui il y en a au TAT.
M. Leduc : C'est la même
chose.
M. Boulet : Mais il y en a au
TAT.
M. Leduc : C'est la même
chose. Mais vous ne le nommez pas, vous dites : une personne qu'il
désigne.
M. Boulet : Oui, tout à fait.
Absolument.
M. Leduc : Pourquoi vous ne…
Pourquoi c'est plus large que les conciliateurs médiateurs déjà prévus?
M. Boulet : Bien, parce que le
tribunal peut décider de désigner une personne. On ne dit pas conciliateur ou
médiateur.
M. Leduc : Ça peut-tu être
moi?
M. Boulet : Mais ça peut être
un expert en relations de travail, ça peut être…
M. Leduc : Ça peut-tu être
moi?
M. Boulet : Ça peut être un
conseiller en relations industrielles comme vous étiez avant votre élection en
2018, en même temps que moi, mais vous auriez pu, oui, si c'est votre question.
M. Leduc : Mais qu'il désigne…
parce que ça me semble tellement large.
M. Boulet : Pas du tout, bien,
voyons donc! C'est un… C'est une personne qui va aider les partis à s'entendre.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député, une autre intervention?
M. Leduc : Si vous
l'élargissez en dehors de ce qui est déjà prévu par les
conciliateurs-médiateurs, c'est-tu parce qu'il y a une crainte qu'ils ne
fourniront pas?
M. Boulet : Dans 111.16, on
dit la même affaire. C'est une personne qu'ils désignent de tenter de les
amener à s'entendre et de faire rapport sur l'état de la situation. Ça n'a
jamais posé un problème, surtout si c'est un conseiller en relations
industrielles ou un procureur ou un conciliateur médiateur. Mais ça donne une
marge de manœuvre au tribunal pour désigner la personne appropriée. O.K.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? Pas d'autres interventions? Nous allons poursuivre, 111.22.14. M. le
ministre.
M. Boulet : Oui, merci, M. le
Président. Les articles 11.17 à 111.22.1 s'appliquent au présent chapitre
avec les adaptations nécessaires.
Donc, on rend applicables au maintien des
services… c'est la même affaire, là, les… Ce qui est prévu à 11.17 à 11.22.1,
ça comprend notamment les pouvoirs de redressement qui s'appliquent déjà dans
le cadre de maintien des services essentiels. Donc, pouvoir de réparation,
pouvoir d'enquête, rendre une ordonnance, dépôt d'une ordonnance, montant…
montant des amendes, mandat de sensibiliser les parties et le public,
négociation des services, que ça doit se faire avec diligence et bonne foi.
• (18 heures) •
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? Merci, M. le ministre. Vous avez terminé?
M. Boulet : Oui.
Le Président (M. Allaire) :
oui, parfait. Des interventions? Pas d'intervention. Donc, on enchaîne, M. le
ministre, 111.22.15.
M. Boulet : Les dispositions
du présent chapitre ne peuvent être interprétées de manière à restreindre
l'application de celles du chapitre 5.1.
En fait, c'est une disposition interprétative
dont l'objet est de préciser que les dispositions du code du travail portant
sur le maintien des services essentiels dans les services publics, parapublics,
et dans les secteurs public et parapublic s'appliquent, indépendamment de
celles du nouveau chapitre du Code portant sur les services assurant le
bien-être de la population.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, M. le ministre.
M. Boulet : Merci.
Le Président (M. Allaire) :
Des interventions? Alors, s'il n'y a pas d'intervention, ça met fin à
l'ensemble des discussions sur l'article quatre. L'article…
18 h (version non révisée)
Le Président (M. Allaire) : ...4,
qui est maintenant amendé. Nous allons donc procéder à la mise aux voix de l'article 4,
tel qu'amendé. Est-ce que l'article 4, tel qu'amendé, est adopté? Par
appel nominal. M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire : Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Pour.
Le Secrétaire
: M. Dufour
(Abitibi-Est)?
M. Dufour : Pour.
Le Secrétaire
: M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Pour.
Le Secrétaire
: M. Martel
(Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel
:
Pour.
Le Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Pour.
Le Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Contre.
Le Secrétaire
: M. Allaire
(Maskinongé)?
Le Président (M. Allaire) : Abstention.
Alors, l'article 4, tel qu'amendé, est adopté. Alors, on poursuit avec l'ordre
que nous avons convenu à l'avance. Donc, M. le ministre, je vous cède la parole
pour l'article cinq. C'est le même principe que tantôt. Il introduit quelques
articles. Donc, je vous cède la parole pour le premier, 111.32.1. Et je sais
que vous allez avoir un amendement par la suite. Allez-y.
M. Boulet : ...fait. Et on a
discuté abondamment aussi de cet article-là qui prévoit. Ce code est modifié
par l'insertion, après l'article 111.32, du chapitre suivant : «Chapitre 5.3.1,
Pouvoir spécial du ministre. Le présent chapitre ne s'applique pas aux
relations de travail dans les secteurs public et parapublic, au sens du
paragraphe un de l'article 111.2.»
Donc, dans le fond, ça introduit un
nouveau chapitre, mais les secteurs public, parapublic sont exclus. Puis on
aura un amendement pour donner des précisions sur les exclusions. Mais ça avait
déjà été déposé au bureau du greffier. Ça fait que ce n'est pas nouveau.
Le Président (M. Allaire) : On
va... On va l'afficher. Je vous laisse peut-être le lire et apporter vos
explications sur l'amendement que vous déposez. Il est à...
M. Boulet : ...
Le Président (M. Allaire) : Suspendre
les travaux?
Nous allons suspendre les travaux quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 03)
(Reprise à 18 h 07)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. L'amendement de la partie gouvernementale
est à l'écran. M. le ministre, je vous cède la parole pour lecture et
commentaire.
M. Boulet : Oui. Merci, M. le
Président. Remplacer l'article 111.32.1 du Code du travail, proposé par
l'article 5 du projet de loi, par le suivant : 111.32.1 Le présent
chapitre ne s'applique pas aux relations de travail : 1° dans les secteurs
public et parapublic au sens du paragraphe 1° de l'article 111.2; 2° dans
les organismes gouvernementaux énumérés à l'annexe c de la Loi sur le régime de
négociation des conventions collectives dans les secteurs public et parapublic;
3° dans les services ambulanciers et les centres de communication santé visés
par la Loi sur les services préhospitaliers d'urgence; 4° dans les centres de
la petite enfance et les bureaux coordonnateurs de la garde éducative en milieu
familial visés par la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance.
Donc, c'est vraiment les précisions pour
expliquer ce qui est soustrait de l'application du pouvoir spécial du ministre.
En fait, c'est tout ce que je viens d'énumérer.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? Merci. Des interventions? Oui. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Qu'est-ce qui a
motivé le ministre à modifier son article aujourd'hui?
M. Boulet : Précision,
purement, simplement.
M. Leduc : Donc, tout ce qui
était prévu dans le 111.32.1 original excluait des gens de facto. Ce qu'on
prévoit inclure de facto exclut les autres qu'on ne nomme pas. Puis vous, vous
venez dire : voici ceux qu'on n'inclut pas, on les nomme.
M. Boulet : En fait, c'était
mon intention initiale. Et cet amendement-là vise à préciser, à rendre le texte
conforme avec l'intention que j'ai toujours exprimée, que ça ne s'appliquait
pas dans le secteur public et parapublic. Puis c'est ça qu'on est venu préciser
de façon beaucoup plus explicite pour éviter les incompréhensions, ou les
problèmes d'interprétation, ou d'application.
Le Président (M. Allaire) : Député
d'Hochelaga-Maisonneuve, ça va?
M. Leduc : ...je reformule ma
question Donc, vous avez... vous gardez textuellement le 1... Dans le 1, là,
dans les secteurs public et parapublic au sens du paragraphe 1° de
l'article 111.12... 111.2, pardon, c'est textuellement ce qu'il y avait
dans votre 111.32 à l'origine. Puis là vous dites : Moi, je tiens à
préciser d'autres affaires. Mais donc, on modifie.
M. Boulet : En fait, notre
libellé initial, que je croyais compatible avec l'intention que j'avais
exprimée, n'était pas tout à fait précis, c'est pour ça qu'on a rajouté les autres
alinéas, les autres paragraphes pour bien le préciser. C'est simplement ça.
C'est pour éviter des problèmes d'interprétation ou d'application.
M. Leduc : C'est à dire que
vous vous souhaitiez à l'origine, que ce ne soit pas inclus, ces gens-là,
aussi.
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Vous pensez que
votre libellé était assez clair.
M. Boulet : Puis ce n'était
pas assez clair et ça requérait des précisions que nous avons apportées pour
éviter les problèmes d'interprétation ou d'application.
• (18 h 10) •
M. Leduc : Puis pour chacun
de ces trois groupes là, vous avez eu des représentations particulières? Vous
avez pigé dans des mémoires pour vous inspirer de ça? Comment vous vous êtes...
Pourquoi ces trois-là seulement ont mérité d'être une précision?
M. Boulet : Ah non, non,
c'était avant. Quand on a élaboré le projet de loi, c'était l'orientation que
j'avais partagée avec mon équipe du ministère. Et, dans le mémoire, c'était
aussi l'intention qui était exprimée. Je le répète, là, puis on peut essayer de
complexifier ça, là, mais le libellé n'était pas compatible avec l'intention
exprimée. Puis là on a un libellé qui précise bien ce qui est exclu de
l'application du pouvoir spécial du ministre, aussi simplement que ça.
M. Leduc : Donc, ce qu'on
retrouve avec votre amendement, c'était votre intention première?
M. Boulet : Pardon?
M. Leduc : Donc, le nouveau
libellé que vous nous soumettez, c'était votre intention originale?
M. Boulet : Oui, tout à fait.
Puis, en même temps, bien, vous savez que ma collègue au Trésor a déposé un
projet de loi qui porte le numéro 100, ça fait qu'on s'est assuré d'une
cohésion...
M. Boulet : ...si on a
tant fait que.
M. Leduc : Juste nous
donner des exemples de qui est inclus dans le deuxième alinéa, les organismes
gouvernementaux... la loi sur... Les ambulanciers, les centres de coordination
de santé et les CPE, ça, c'est clair, là, mais...
M. Boulet : Inclus?
M. Leduc : ...le 2° n'est
pas particulièrement clair pour quelqu'un qui ne s'y connaît pas...
M. Boulet : Mais je ne
comprends pas la question.
M. Leduc : Qui est inclus
dans le deuxième alinéa?
M. Leduc : Dans l'annexe
C.
M. Leduc : Avez-vous
quelques exemples que vous pouvez nous donner?
M. Boulet : Ah, mon Dieu!
Bien, l'Agence de Revenu du Québec, l'Autorité des marchés financiers, la
Commission de la construction, Hydro-Québec, Héma Québec. Il y en a... Il y en
a quand même un certain nombre, là. Il y en a 50.
M. Leduc : 50?
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : C'est ce qu'on
appelle le paramètre public?
M. Boulet : Oui, c'est
dans la Loi sur le régime de négociation des secteurs public et parapublic,
sous le chapeau de ma collègue qui est présidente du Conseil du trésor.
M. Leduc : C'est pas mal.
Finalement, tout le monde, tout le service public large est là-dedans. C'est-tu
juste le privé qui va être assujetti à ça?
M. Boulet : À notre p.l.?
M. Leduc : Non, à ce
volet-là. Qui qui pourrait être dans le service public, mais pas énuméré là-dedans
et non couvert?
M. Boulet : En fait,
c'est le privé puis les services publics, les services publics au sens, les
municipalités, les sociétés de transport, le transport urbain. C'est
essentiellement ces entités-là.
M. Leduc : Juste d qui ne
relève pas du gouvernement du Québec, finalement. Parce que les sociétés de
transport puis les municipalités, c'est leur entité autonome.
M. Boulet : Oui, ça fait
partie d'un service public...
M. Leduc : Ce n'est pas
sous contrôle gouvernemental.
M. Boulet : ...mais ça,
c'est soumis au deuxième mécanisme, le pouvoir spécial du ministre.
M. Leduc : Donc, c'est
tout...
M. Boulet : Mais le
pouvoir spécial du ministre ne s'applique pas dans le public. C'est... En fait,
il y a deux mécanismes, hein, dans le projet de loi. Le premier mécanisme
s'applique à tous, sauf services essentiels. Et le deuxième mécanisme ne
s'applique pas au public et parapublic.
M. Leduc : Sauf les
municipalités et les agences de transport collectif
M. Boulet : Oui, qui en
fait... Sauf les services publics, parce que dans le Code du travail, il y a
santé et services sociaux, il y a le secteur public et parapublic, puis il y a
les services publics. Il y a comme trois colonnes. Souvenez-vous du projet de
loi qu'on a adopté en 2019, on avait discuté de ces trois colonnes-là. Et le
deuxième mécanisme, il ne s'applique que dans la troisième colonne.
M. Leduc : D'accord.
Le Président (M. Allaire) :
Ça va? Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la
mise aux voix de cet amendement. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix
: Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté sur division. Excellent. Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'article qui introduit 111.32.1? Pas d'autre intervention? Donc, nous allons
poursuivre, M. le ministre, à 111.32.2. Et suite à votre lecture et vos
commentaires, l'opposition officielle va avoir un amendement. Allez-y.
M. Boulet : Merci, M. le
Président :
« 111.32.2. Le ministre peut, s'il estime
qu'une grève ou un lock-out cause ou menace de causer un préjudice grave ou
irréparable à la population et que l'intervention d'un conciliateur ou d'un
médiateur s'est avérée infructueuse, déférer le différend à un arbitre afin que
ce dernier détermine les conditions de travail des salariés compris dans
l'unité de négociation en grève ou en lock-out.
«Le ministre avise les parties qu'il
défère le différend à l'arbitrage.
«La grève ou le lock-out en cours prend
fin à la date et à l'heure indiquées dans l'avis. À compter de ce moment, les
conditions de travail applicables aux salariés compris dans l'unité de
négociation sont celles dont le maintien est prévu à l'article 59.»
Donc, on en a parlé abondamment. Le
critère applicable, il faut absolument qu'il y ait eu une conciliation ou une médiation
infructueuse, comme dans l'arbitrage de différend. La grève ou le lockout prend
fin dans l'avis que le ministre transmet aux parties. La notion de préjudice
grave, on en avait déjà parlé. Du sens littéral du Larousse, on avait fait la
même affaire, situation à laquelle on ne peut plus rien faire. Bon, la notion
d'irréparable, conciliateur, médiateur, le reste, c'est tous des articles qu'on
a déjà discutés. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, M. le ministre. Je vais céder la parole à la députée de D'Arcy-McGee
pour un amendement qui est déjà affiché à l'écran. Je vous laisse le lire et
vos commentaires.
Mme Prass : Merci, M. le
Président. À l'article 111.32.3 du Code du travail proposé par
l'article 5 du projet de loi :
1° insérer dans le premier alinéa, après
«arbitre»;
2° «ou un médiateur arbitre au choix des
parties — excusez-moi — insérer, dans le premier alinéa
après «dernier» de «quand pour une ultime fois de concilier les parties ou à...
Mme Prass : …défaut, insérer,
dans le deuxième alinéa après «l'arbitrage ou» de «ou à la médiation
arbitrage».
Donc… (Interruption) excusez-moi, c'était
un élément qui avait été mentionné lors des consultations par le professeur
Makela, de l'Université de Sherbrooke, et, si je ne me trompe pas, c'est un
élément… c'est… auparavant dans la loi du travail, ce choix existait donc,
c'est pour offrir une certaine cohérence. Et, comme on le sait, permettre un…
le recours à un médiateur arbitre lors d'une entente sur les services minimaux
n'est pas possible entre les parties, afin d'assurer à la fois la protection
des besoins essentiels de la population et le respect du droit de la
négociation collective et de la grève. Donc, les parties sont là et les
personnes qui agit en médiateur peuvent permettre aux parties de s'entendre
entre eux.
Donc, c'est un assouplissement ou une
option alternative, que, comme j'ai dit, le professeur Makela avait suggéré. Si
je peux me permettre de lire de son mémoire qu'il a déposé : «Quand
certaines circonstances de la Constitution exigent que le modèle traditionnel
de la grève contrôlée cède le pas à un modèle hybride permettant l'arbitrage
obligatoire lorsque le maintien des services essentiels aurait comme effet de
rendre inefficace l'exercice du droit de grève. Un tel régime hybride a été
adopté par la Saskatchewan après la décision dans l'affaire Saskatchewan
Federation of Labor. Il permet au syndicat de saisir un tribunal des services
essentiels lorsqu'il considère que l'obligation de maintenir les services
essentiels compromet l'exercice du droit de grève. Si le tribunal leur donne
raison, alors le différend doit être résolu par un processus de médiation
arbitrage. Un autre exemple d'un tel régime hybride se trouve dans la Loi sur les
relations de travail dans le secteur public fédéral, laquelle donne aux
syndicats le choix entre l'exercice du droit de grève contrôlé et l'arbitrage
de différends.» Donc, encore une fois, c'est pour donner des options aux partis
qui seront appelés à devoir trouver une entente et une conclusion.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. M. le ministre.
M. Boulet : Merci pour la
proposition d'amendement. Mais, dans la perspective de garder le processus
simple, on n'est pas à l'aise parce qu'on se dit : il y a déjà un
conciliation… un conciliateur ou un médiateur, conciliatrice, médiatrice, et ça
n'a pas donné de résultat. Et combiné au fait que les partis peuvent en tout
temps convenir. Donc, je ne pense pas que ce soit opportun de dédoubler et de
mettre après un conciliateur médiateur, un médiateur arbitre puis après ça un
arbitre. Je pense que c'est de complexifier la procédure et que ça ne donne
pas… Puis je comprends le professeur de nous avoir présenté cette option-là,
mais c'est une autre… une autre étape qui n'est pas nécessaire.
Le Président (M. Allaire) :
Mme la députée.
• (18 h 20) •
Mme Prass : Oui, mais
justement pour essayer d'éviter que ça se rend au tribunal administratif du
travail comme j'ai dit, c'est quelque chose qui existe au niveau fédéral, qui
existe dans d'autres provinces, et c'est ce qui est considéré aussi qui existe
dans d'autres juridictions internationales et qui est considéré un mécanisme
justement des meilleures pratiques. Donc, c'est pour donner le plus d'options
possibles, pour que le dernier recours ne soit pas nécessairement d'aller
devant le tribunal, pour trouver des alternatives, des solutions qui font en
sorte que les deux parties peut-être se sentent plus à l'aise, peut-être
sentent que ça va être plus objectif comme processus.
Donc, c'est vraiment… parce que… et encore
une fois, ils ne sont pas obligés de faire recours au médiateur… Excusez-moi,
médiateur arbitre, mais c'est pour leur offrir cette option-là. Et le
professeur Makela, en tant que professeur de… en matière de travail, a
vraiment… je pense, nous a démontré l'utilité de cette mesure et l'utilité
substantielle qu'elle a eue dans d'autres juridictions. Donc, c'est pour donner
les mêmes choix, et, comme j'ai dit, qui fait parmi… qui fait parmi les
meilleures pratiques. Donc, pour donner le plus d'options alternatives
possibles.
M. Boulet : Je le comprends.
En même temps, on l'a ici, on est confronté à un préjudice grave ou
irréparable, ça fait qu'on n'a pas intérêt à prolonger ou à dédoubler les
procédures. Il y a déjà un conciliateur médiateur qui peut poursuivre. Tu sais,
quand il fait un rapport pour dire que c'est infructueux, c'est que ça ne
marche pas. Ceci dit, l'arbitre, ils sont tous formés aussi en ayant connaissance
de leur pouvoir...
M. Boulet : ...là, ils peuvent
aider les parties, là, avant de procéder à une enquête formelle. Puis les
parties peuvent toujours s'entendre avant que la... (panne de son) ...arbitrale
soit rendue. Ça fait que c'est pour ça que je considère que ce n'est pas
opportun, mais pas du tout. On est dans un contexte où on doit être diligents,
où on doit avoir une procédure simple, ce que nous avons dans le p.l. 89.
Mme Prass : Ça fait qu'est-ce
que je comprends que ça peut être fait de façon parallèle avant d'arriver au
TAT, ce que vous disiez?
M. Boulet : Tout à fait. Tout
à fait.
Mme Prass : Donc, c'est que
vous ne fermez pas la porte, mais c'est juste, vous ne voulez pas ajouter une
étape additionnelle.
M. Boulet : Exact. Tout à
fait.
Mme Prass : Mais la
possibilité existe toujours pour les parties de poursuivre cette voie.
M. Boulet : Tout à fait.
Absolument d'accord.
Mme Prass : O.K.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va?
Mme Prass : Oui. Merci.
Le Président (M. Allaire) : D'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la
mise aux voix de cet amendement. Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) : Il
est...
Une voix : ...
Le Président (M. Allaire) : Par
appel nominal, s'il vous plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Prass (D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Pour.
Le Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
Le Secrétaire
: M. Dufour
(Abitibi-Est)?
M. Dufour : Contre.
Le Secrétaire
: M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
Le Secrétaire
: M. Martel
(Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel
:
Contre.
Le Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire
: M. Allaire
(Maskinongé)?
Le Président (M. Allaire) : Abstention.
Cet amendement est donc rejeté. Alors, on revient au 111.3.2. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Oui. Ah! On a un autre amendement. Ce ne sera pas long.
Nous allons l'afficher. On ne l'a pas reçu. Non. Pas d'autre amendement.
Parfait. Excellent. Il n'y a pas de problème. Donc, on poursuit. Est-ce qu'il y
a d'autres interventions sur 111.32.2? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Allez-y.
M. Leduc : Oui, oui, merci,
M. le Président. C'est un énorme morceau. On va certainement en discuter.
D'abord, sur les termes empruntés par le ministre. Tantôt, là, sur son autre
mécanisme, à 111.22.3, il disait qu'il ne fallait pas que ce soit affecté de
manière disproportionnée, la sécurité sociale, économique et environnementale.
Là, il dit plutôt «causer un préjudice grave ou irréparable». Il utilise donc
une appréciation différente, un... On sent une gradation. On sent une gradation
dans les termes utilisés qui... peut-être, je me trompe, mais ils me semblent
plus forts ici. La barre semble être plus haute pour appliquer 111.32.2 que
pour appliquer 111.22.3. Est-ce que je me trompe?
M. Boulet : Que le premier
mécanisme? Oui. Oui.
M. Leduc : Pouvez-vous
élaborer là-dessus?
M. Boulet : Bon. Je peux vous
les... là. Puis je l'ai déjà fait, là, mais je vais le refaire. «Préjudice
grave : s'entend d'un préjudice susceptible de conséquences sérieuses.»
Une grève ou un lock-out peut avoir des répercussions sur la population. Et,
lorsque ces répercussions ont un effet majeur sur la vie et les besoins des
citoyennes et citoyens, on pourrait considérer que le préjudice vécu par ces
personnes est grave. Le préjudice irréparable est celui qui n'est pas
susceptible d'être réparé dans un sens général, donc irréversible. Il y a...
puis ça aussi, j'en ai parlé, il y a 33 occurrences dans le corpus législatif
du concept de préjudice grave. Plusieurs lois, donc, y font référence,
notamment la Loi sur l'instruction publique ou la Loi sur les accidents de
travail, maladies professionnelles, que vous connaissez bien. Il y a le risque
de préjudice grave au Code civil du Québec, qui s'apparente au risque de tort
sérieux. Donc, on réfère à un tort réel, actuel, déterminé. Donc, ça existe.
Puis, à 359 de la LATMP. Mais, si je veux répondre simplement à votre question,
c'est oui, vous avez raison.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : Donc, pour limiter
le droit de grève, dans votre premier mécanisme, vous avez mis la barre,
mettons, ici, avec «affecte de manière disproportionnée, difficultés sociales,
économiques, environnementales». Puis là, pour dire : Je fais cesser la
grève à 111.32.2, je mets la barre plus haute avec «préjudice grave ou
irréparable». Est-ce que j'ai une bonne lecture?
M. Boulet : Vous pouvez
l'exprimer comme ça. Oui.
M. Leduc : Parce que, dans le
premier mécanisme, là c'était... il y avait comme toute une séquence, là :
il fallait désigner, ensuite assujettir, ensuite négociation, etc. Tandis que
là, vous procédez vous-même sur votre propre base, là. Il n'y a pas de date
impliquée pantoute, là, dans le deuxième mécanisme.
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : C'est... Qu'est-ce
qui... Qu'est-ce qui a été votre raisonnement pour en atterrir à cette
logique-là? De ne pas requérir au TAT pour le deuxième mécanisme, par exemple?
M. Boulet : Quand... Tu sais,
un préjudice grave ou irréparable à la population, il faut intervenir. Et on le
fait par le biais d'un mécanisme qui existe déjà dans le Code du travail,
c'est-à-dire un arbitre de différends...
M. Leduc : ...encore une fois,
une personne qui connaît les relations de travail, qui a une expertise, qui est
soumise à des critères différents dans le code que celui applicable dans le
secteur municipal, mais qui tiennent compte des conditions de travail dans des
organisations semblables. Et donc ça confère une garantie d'objectivité et
d'impartialité. Les parties plaident, ils ont des témoins. Puis, oui, le
conflit de travail arrête, donc on arrête le préjudice grave ou irréparable à
la population. Je pense que je vous ai tout dit.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : Dans le premier
mécanisme, vous décidez de passer à travers un décret pour désigner. Vous
dites : Pour désigner, ce n'est pas moi, le ministre, un bon matin, qui se
lève puis qui décide ça tout seul, j'ai besoin de l'approbation du Conseil des
ministres, avec toute la séquence qu'on expliquait tantôt, un mémoire, etc.
Puis là, vous dites : Puis, pour faire ça, j'avais... j'avais comme un
critère, on va le qualifier, mettons, de moyen, là, avec l'atteinte
disproportionnée. Sauf que là, pour faire cesser une grève, là vous dites :
Là, il faut que je sois plus serré, donc préjudice grave. Mais vous fonctionnez
sans décret pour faire ça.
M. Boulet : Non. Non. Mais
là, il ne faut pas simplifier le processus à outrance. Il faut que le ministre
estime qu'il y a un préjudice grave ou irréparable à la population. Et il y a
eu une conciliation-médiation infructueuse, là. Il y a un préjudice actuel,
réel à la population. Le conciliateur-médiateur en vient à la conclusion qu'il
n'est pas capable, que c'est infructueux. Est-ce qu'on laisse le préjudice à la
population, les personnes affectées, impuissantes, marginalisées, vulnérables
continuer d'être impactées par le conflit de travail? On dit : Bon, la
conciliation-médiation, c'est une alternative de résolution de litige, vous le
savez, qui donne des résultats. On me disait même 95 % des dossiers se
règlent sans conflit grâce beaucoup à nos services de conciliation-médiation
dans les 5 %, 6 %. Puis on a vu que le nombre est en augmentation depuis
un certain temps. Depuis certaines années, il y a malheureusement des conflits
qui ont des impacts préjudiciables, puis là, on réfère à des préjudices graves
ou irréparables, tels que définis, à la population. On va donner tous les
outils aux parties. Ça ne marche pas. Donc, on va demander un arbitre. Puis,
vous les connaissez, les arbitres, toutes des personnes qui ont été
recommandées par le Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, les
centrales syndicales et les associations d'employeurs. C'est un processus
éthiquement relevé, et ça permet aux parties de régler le différend, collègue.
Je suis très à l'aise avec ça.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député.
M. Leduc : Je comprends votre
philosophie générale. Mais ma question était vraiment pour... à l'effet que,
contrairement au premier mécanisme où vous vous êtes mis l'obligation d'en
parler en Conseil des ministres, donc d'adopter un décret, à moins que j'aie
mal lu, là, il n'y a pas de décret ici, là.
M. Boulet : ...ça. Le projet
de loi, il a été discuté au sein de tous les comités, il a été déposé au
DOSSDEC.
M. Leduc : Ce n'est pas ça,
ma question.
M. Boulet : Mais, ça, ce
mécanisme-là, il s'applique de manière différente. C'est quand il y a un
préjudice grave ou irréparable à la population. L'autre, c'est pour assurer le
bien-être de la population. Ça fait que le critère n'est pas le même. Puis le
critère est effectivement plus difficile à assumer quand c'est un préjudice
grave ou irréparable.
• (18 h 30) •
M. Leduc : Oui. Sauf que là,
vous le... vous l'appliquez, vous, tout seul, dans votre bureau, un bon matin.
M. Boulet : Oui. Mais on
impose. Il y a une conciliation-médiation qui doit être infructueuse avant que
le ministre défère. Bien oui.
M. Leduc : Oui. Ça je... Ça,
je le sais. Mais vous ne répondez pas à ma question.
M. Boulet : Et que
l'intervention d'un conciliateur ou d'un médiateur s'est avérée infructueuse.
M. Leduc : Pourquoi il
fallait un décret ministériel, donc que vous ayez une discussion avec vos
collègues du Conseil des ministres?
M. Boulet : Ce n'est pas le
même mécanisme. J'en conviens.
M. Leduc : Puis pourquoi il
n'y en a pas ici?
M. Boulet : Bien, je vais
répondre tout le temps oui, ce n'est pas le même mécanisme. Ce n'est pas la
même finalité.
M. Leduc : Mais c'est parce
que là, l'atteinte est plus grave.
M. Boulet : Ce n'est pas le
même objectif et ce n'est pas le même processus. Il n'y a pas de décret. Il n'y
a pas de désignation.
M. Leduc : Ça va marcher
comment concrètement? Vous dites : Vous déférez le différend à un
arbitrage. C'est une lettre que vous écrivez? C'est un...
M. Boulet : Non. D'abord,
bien, c'est un avis de déférence. Vous savez comment ça marche. Tu informes les
parties que c'est déféré à un arbitre, mais après qu'un conciliateur-médiateur
ait confirmé que c'est infructueux.
M. Leduc : Donc vous... un
avis de déférence. Ça, c'est?
M. Boulet : Oui, oui, tout à
fait. Le ministre peut, s'il estime qu'une grève cause le préjudice grave ou
irréparable et que l'intervention d'un conciliateur-médiateur...
18 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...s'est avérée
infructueuse, déférer le différend à un arbitre. C'est la procédure habituelle
qui est dans le Code du travail.
M. Leduc : Puis les deux
parties vont être notifiées comment que leur grève est rendue ineffective?
M. Boulet : Ils envoient un
avis. «Le ministre avise les parties»... au deuxième alinéa, «avise les parties
qu'il défère le différend à l'arbitrage». Donc, elles sont avisées par le
ministre.
M. Leduc : Par courrier, par...
j'imagine, par courriel, par lettre.
M. Boulet : Bien, c'est un
avis qui est envoyé par la voie des technologies habituelles, là. Ça peut être
le courrier, ou par...
M. Leduc : Bon, parce que là,
contrairement au premier mécanisme, ici, votre atteinte au droit de grève, il est
total. Tantôt, il était partiel, avec différentes variations. Là, il est total,
vous cessez la grève.
M. Boulet : Ça, c'est votre
opinion. C'est l'opinion que des chercheurs ont partagée. Mais on aurait pu
inviter d'autres chercheurs qui concluent différemment.
M. Leduc : Bien, pourquoi
vous ne l'avez pas fait?
M. Boulet : Bien oui, mais...
M. Leduc : Avez-vous cherché?
M. Boulet : Bien...
M. Leduc : Vous n'avez pas cherché
bien, bien, parce que, si vous en auriez soumis des...
M. Boulet : On est limités,
là, à ceux et celles qu'on peut entendre en consultations particulières.
M. Leduc : Qu'est-ce que vous
me dites là? Vous pouvez bien inviter qui vous voulez en commission.
M. Boulet : Bien, vous parlerez
de ça avec votre bureau de leader.
M. Leduc : Avec Simon? Bien
oui, c'est lui qui décide.
Le Président (M. Allaire) : ...vous
savez qu'on appelle nos collègues par leur titre, s'il vous plaît.
M. Leduc : Par le leader du
gouvernement. J'ai été assez longtemps leader ici, dans un parti d'opposition.
M. Boulet : Non, mais quant à
la constitutionnalité de ce mécanisme-là, on pourrait en discuter longtemps.
Puis j'en ai discuté avec des professeurs, et le préjudice grave ou irréparable
est un concept reconnu. La conciliation-médiation préalable, obligatoire,
infructueuse, c'est reconnu. On y va de façon graduelle.
M. Leduc : ...quand vous
vouliez faire cesser une grève, vous étiez obligé de faire une loi spéciale, puis
là la loi spéciale, elle nous convoquait tous ici, on y passait la nuit, mais
on... puis on débattait. On critique toujours, quand on est dans l'opposition, un
bâillon, avec raison, mais reste que c'est une procédure qui s'inscrit dans le
cadre de la démocratie. Là, vous... pour cesser unilatéralement une grève,
protégée par la charte québécoise des droits et libertés, vous allez être tout
seul dans votre bureau, un bon matin, à signer un courriel pour dire : Votre
grève est terminée, je vous... je vous défère à un arbitrage, bonne journée.
M. Boulet : C'est tellement
exceptionnel, c'est utilisé de façon tellement parcimonieuse. Je pense que la
mission la plus fondamentale d'un État, c'est de protéger le monde, c'est de s'assurer
du bien-être de la population, notamment celle en situation de vulnérabilité.
Et la quête incessante que moi, j'ai, et notre équipe a, c'est de trouver un
équilibre entre l'exercice du droit de grève et les besoins de la population,
puis cet équilibre-là, il est atteint. Ce sera plaidé, là. Je ne peux pas
plaider comme si on était en Cour supérieure demain matin, mais on pourrait
plaider longtemps, puis je sais qu'il y a des arguments favorables des deux
côtés.
M. Leduc : Quel dossier le
ministre avait en tête lorsqu'il a préparé ce deuxième mécanisme-là?
M. Boulet : Ah! je ne suis
pas en mesure de préciser. Mais, pour moi, c'est comme un recours qui est ultime,
de dernier... un dernier recours, puis je n'ai pas un dossier en tête
particulièrement.
M. Leduc : Franchement.
M. Boulet : Puis si vous
pensez que 107 du Code canadien du travail nous a inspirés, moi, je trouve que
le libellé de 107 est beaucoup trop général. On a un 107 extrêmement balisé et
respectueux de l'état de la jurisprudence. Et vous avez certainement des
dossiers en tête qui, selon vous, ou d'autres personnes, auraient pu justifier
que ça s'applique. Mais c'est tellement de dernier recours, il y aura tellement
peu de dossiers que... Encore une fois, ça revient à ce qui est au cœur de la
mission de l'État, protéger la population.
M. Leduc : Si vous aviez eu
cet outil-là en main, là, pendant la grève de Notre-Dame-des-Neiges, l'auriez-vous
appliqué?
M. Boulet : Est-ce que vous
l'auriez appliqué?
M. Leduc : Ma question, c'est
pour vous.
M. Boulet : Est-ce qu'il y a
un préjudice grave ou irréparable à la population qui voit les dépouilles s'accumuler
dans un frigidaire, qui fait appel constamment à la dignité humaine, à l'importance,
pour les familles endeuillées, de faire leur deuil? C'est certainement un
conflit de travail qui est extrêmement préoccupant. Je ne me suis jamais assis puis
dire : Est-ce qu'il y a un préjudice grave ou irréparable à la population?
Mais, d'emblée, j'aurais été porté à dire : C'est certainement un conflit
qui doit nous imposer une réflexion...
M. Boulet : ...puis, vous
saviez, il y avait aussi des atteintes à la sécurité. Le cimetière n'était pas
entretenu. Il y a des personnes qui voulaient aller se recueillir, qui se
blessaient. Il y avait une situation, à mon avis, qui requérait, je le répète,
une réflexion quant à l'application de ce deuxième mécanisme là. Je ne veux
pas, en étude détaillée en commission parlementaire, dire que ce se serait
appliqué, mais c'est un dossier qui a été, au plan humain, extrêmement
préoccupant.
M. Leduc : J'en appelle, en
quelque sorte, à votre... à votre honnêteté intellectuelle, à savoir qu'on ne
prépare pas un article comme ça, ex nihilo, là, tu sais.
M. Boulet : Mais je réponds à
votre question. Je...
M. Leduc : On l'implique, on
le prépare parce qu'on a en tête des cas précis où on se dit...
M. Boulet : Je réponds à
votre question.
M. Leduc : Oui, parce que là,
je vous l'ai pointé du doigt en deuxième ronde. Parce qu'au début, quand je
vous ai dit : Lequel des dossiers vous a inspiré, vous n'en avez aucun.
M. Boulet : Bon, bien, ce
sera l'exemple que je vous aurai partagé.
M. Leduc : Celui du cimetière
Notre-Dame.
M. Boulet : Bien, il me
semble que c'est un cas qui aurait mérité une réflexion sérieuse quant à
l'application de ce deuxième mécanisme là. Oui.
M. Leduc : Puis comment ça va
se superposer avec le premier mécanisme?
M. Boulet : Bien, le critère
n'est pas le même.
M. Leduc : Non, mais ce que
je veux dire, c'est...
M. Boulet : La finalité n'est
pas la même, collègue.
M. Leduc : Si le premier
mécanisme, là, il est assujetti, vous le désignez, vous l'assujettissez, puis
là, le tribunal... soit il y a entente ou soit il y a une imposition du
tribunal d'un certain nombre de services minimaux de bien-être, pourquoi ça
existe, ça, après, d'abord?
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Bien, parce que
la finalité n'est pas la même, le critère n'est pas le même puis l'objectif
n'est pas le même. Dans le premier mécanisme, on vise à assurer des services
minimums pour le bien-être de la population. Puis, dans le deuxième mécanisme,
c'est qu'il y a un préjudice grave ou irréparable à la population, puis on
impose un mécanisme de conciliation-médiation. Et, ultimement, on demande à un
arbitre. Ultimement, on demande à un arbitre de déterminer, de régler le
différend entre les parties. C'est un arbitre. C'est tout.
M. Leduc : Mais qu'est-ce qui
ferait qu'on aurait passé un conflit de travail à travers le premier mécanisme,
qui aurait eu une application d'un certain nombre de tâches en pourcentage,
puis que, par la suite, on déciderait quand même de procéder avec le deuxième
mécanisme?
M. Boulet : J'ai répondu à la
question, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
M. le député.
M. Leduc : Bien, parce que,
si on assure des services de bien-être, qu'est-ce qu'on fait que... qu'est-ce que
le ministre vient faire par-dessus le tribunal pour dire : Oui, bien,
finalement, malgré ça, je juge qu'il y a un préjudice grave et irréparable puis
je procède avec le deuxième mécanisme?
M. Boulet : J'ai répondu à la
question, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
M. le... M. le député.
M. Leduc : Bien, ce n'est pas
mon impression, là.
M. Boulet : ...collègue. Je
l'ai dit. La finalité n'est pas la même. Le premier mécanisme, c'est pour
assurer des services minimums pour permettre le bien-être de la population. Le
deuxième, c'est pour avoir une finalité à un préjudice grave ou irréparable à
la population. Le processus n'est pas le même. La finalité n'est pas la même.
L'objectif n'est pas le même. Puis l'impact sur les conséquences préjudiciables
n'est pas le même. Tu sais, je ne le sais plus, comment m'exprimer.
M. Leduc : Je comprends que
c'est deux choses différentes. Ça, je... il n'y a pas de doute là-dessus. La
question, c'est : Pourquoi... Pourquoi les deux peuvent se superposer,
dans le sens où, si on a atteint l'objectif...
M. Boulet : Je n'ai jamais...
Je n'ai jamais mentionné que les deux pouvaient se superposer. Je l'ai dit,
pour les services publics, services essentiels et services minimums peuvent
être complémentaires. Ici, dans le cas présent, c'est deux situations
différentes. Le critère qu'on a étudié, qu'on a analysé, qu'on a adopté n'est
pas le même. Ici, c'est vraiment une solution de dernier recours. Ce serait un
recours ultime. C'est comme ça que je l'exprimerais.
• (18 h 40) •
M. Leduc : Parfait. Je
reformule alors : Pourquoi ne pas préciser, à 111.32.2, que tout ce
chapitre... ou ailleurs, là, que ça ne s'applique pas si on fait l'objet d'un
assujettissement par le TAT pour les services de bien-être?
M. Boulet : Mais, tu sais,
c'est... tout est un processus dynamique et évolutif. Puis il se pourrait qu'un
conflit se transforme. Puis il pourrait avoir un impact. Puis, tu sais, on n'a
pas à préciser, dans la mesure où la finalité puis les objectifs ne sont pas
les mêmes. Ce n'est pas incompatible. Ce n'est pas le même critère. Il n'y a
rien d'incompatible.
M. Leduc : Oui. Mais, si on
a... si on a limité la... si on a limité le droit de grève avec le TAT, c'est
quoi le rapport de continuer à...
M. Boulet : Moi, je vous
dirais là-dessus que, dans la mesure où il y a des services minimums pour
assurer le bien-être de la population, on réduit considérablement le risque qu'il
y ait un préjudice grave ou irréparable à cette population-là, et donc le
risque d'application du deuxième mécanisme est extrêmement limité. Et c'est
la...
M. Boulet : ...raison pour
laquelle je dis que c'est un... c'est un recours de dernier... ou un mécanisme
de dernier recours.
M. Leduc : La raison pour
laquelle je vous pose toutes ces questions-là, M. le ministre, c'est que
plusieurs intervenants en droit du travail, incluant l'Ordre des conseillers en
ressources humaines, qui sont des gens, je pense, au milieu... au carrefour des
intérêts parfois des travailleurs et des patrons, sont archi-inquiets de
cette... de ce mécanisme-là. Ils sont venus vous applaudir pour le premier,
puis ils sont venus vous dire : Oh boy! Surtout, ne touche pas à ça, pour
le deuxième. C'était comme sans ambiguïté. Mais les expertes et les experts en
droit du travail ont été extrêmement sévères sur votre deuxième mécanisme. Puis
un aspect qui n'a pas été beaucoup abordé en audiences mais qui était très clair
dans les mémoires, c'est la... c'est le concept de l'épée de Damoclès que vous
installez sur la tête des négociateurs, en particulier les négociateurs
syndicaux. Mais, dans l'absolu, s'il y a un changement de gouvernement, ça
pourrait être l'inverse aussi. Si Québec solidaire prend le pouvoir, c'est les
conseillers patronaux qui vont sentir qu'ils ont une épée de Damoclès
par-dessus la tête parce que, là, tout à coup, il va y avoir un parti plus
sympathique aux travailleurs. Là, on a un parti plus sympathique aux patrons.
Vous ne trouvez pas?
Le Président (M. Allaire) :
Juste... M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, je vous invite juste à la
prudence...
M. Leduc : Ah! vous trouvez...
Mon Dieu! O.K. Bien là...
Le Président (M. Allaire) :
...pour prêter des intentions, s'il vous plaît. Merci. Vous pouvez poursuivre.
M. Leduc : Mon Dieu! Ce n'est
pas méchant, ce que j'ai dit.
Le Président (M. Allaire) : Je
vous demande juste de faire attention. Vous pouvez poursuivre.
Une voix : ...
M. Leduc : Ah oui? O.K. Bien,
excusez, excusez. Ce n'était pas... Je ne le disais pas comme une...
M. Boulet : Vous pouvez vous
prêter des intentions pour les syndicats, mais vous ne pouvez pas nous prêter
des intentions...
M. Leduc : Oui, c'est ça, je
peux me prêter des intentions à moi, ça, c'est correct. C'est correct. Parfait.
Excusez. Je ne disais pas ça pour piquer personne. Désolé.
Bref, je reprends un extrait de leur
mémoire où est-ce qu'il dit : «L'une des parties pourrait souhaiter ne pas
négocier et attendre l'intervention du ministre pour ainsi court-circuiter les
effets d'un conflit de travail... effet de narcose (Hébert, 1992).» C'est dans
le mémoire des experts de l'Université de Montréal, Laroche, Jalette, Murray.
C'est le concept de dire : Bien, ça bloque? Pas grave, je sais que le
ministre en place, il est sympathique à notre cause, peu importe sa couleur,
bien, on attend. On attend, on attend, on attend, mais là plus ça attend, plus
vous ne rencontrez pas votre objectif que ça débouche, cette négo-là. Au
contraire, vous générez vous-même une stagnation sachant qu'une des parties
pense, à tort ou à raison d'ailleurs, qu'elle a la sympathie du parti au pouvoir
puis qu'elle a intérêt objectivement à stâler, en bon français. Ce n'est pas
de... Mais ce n'est pas fantaisiste, cette analyse-là, M. le ministre. Vous
avez été négociateur assez longtemps pour constater que c'est un danger réel.
M. Boulet : Jamais je ne
prétendrai que c'est fantaisiste. J'ai eu des discussions, des échanges avec
ces professeurs-là. On peut argumenter. En droit, il n'y a rien de noir ou
blanc, c'est souvent en fonction de l'application du cas concret, mais c'est un
mécanisme qui va aider les parties à résoudre un enjeu. Et ce n'est pas
patronal ou syndical, c'est pour s'assurer, encore une fois, d'un équilibre
entre l'exercice d'un droit de grève, qui est reconnu constitutionnellement, et
le respect des besoins, souvent fondamentaux, de la population. On entend
souvent dire : Le droit de grève est fondamental, mais il y a des droits
aussi de la population qui le sont aussi, fondamentaux. C'est de trouver un bon
équilibre. C'est cet équilibre-là qu'on atteint. Mais, le reste, je ne dirai
jamais que c'est fantaisiste. Je les comprends. Puis, ceci dit, ils le savent,
j'ai énormément de respect pour eux.
Le Président (M. Allaire) :
...
M. Leduc : Je...
M. Boulet : Et pour vous,
d'ailleurs.
M. Leduc : Bien oui. Oui, je
l'apprécie. Je vous respecte aussi beaucoup, M. le ministre. Je crains, par
contre, que vous sous-estimiez le pouvoir de ralentissement que va provoquer
votre article ici sur la table de négo. Je pense que vous le sous-estimez
lourdement, pour avoir déjà négocié moi aussi. Si on sait que les règles du
jeu... Puis, encore une fois, à tort ou à raison, hein? Peut-être qu'il y a du
monde qui vont... qui vont penser qu'ils auront la sympathie du gouvernement au
pouvoir puis peut-être que ça ne sera pas le cas, mais il reste que ça va être
l'impression qui va être donnée, qu'il peut y avoir une intervention politique
d'un parti au pouvoir, qui peut changer de couleur, qui va certainement changer
de couleur, c'est ça, le concept de la démocratie, mais ça va... Donc, il va y
avoir une alternance, là. On est-tu mieux d'attendre de négocier les grosses
affaires pendant que c'est un parti qui est plus sympathique à notre cause ou
qu'on pense qu'il est plus sympathique à notre cause au gouvernement ou on va
attendre de faire une revendication dans quatre ans? Je veux dire, on entre
dans un bal où, invariablement, il y aura une certaine politisation des
négociations. Puis c'est ça qui est dangereux.
Et d'ailleurs ils l'évoquent dans la fin
de leur chapitre, là, à ce niveau-là, à la page 20, là : «Ce projet de loi
introduit dans notre régime des relations de travail un droit d'intervention
discrétionnaire de la part du gouvernement dans les conflits de travail privés
lorsqu'il juge bon de le faire. Les études sur l'adoption des lois spéciales
nous permettent déjà d'anticiper que cet interventionnisme pourra être...
M. Leduc : ...plus ou moins
prononcé, selon le caractère majoritaire ou minoritaire du gouvernement ou son
idéologie ou son programme politique. Voulons-nous d'un système de relations de
travail politisé dont la dynamique variera selon la couleur du gouvernement en
place?»
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Boulet : Je comprends.
J'entends.
M. Leduc : On parlait tantôt
des lois spéciales. Plus besoin de faire de loi spéciale avec ça. Puis on n'en
aura plus jamais besoin. C'est... Vous l'avez là, votre loi spéciale.
M. Boulet : Je n'entrerai pas
dans un débat sur la constitutionnalité de ce projet de loi là ou sur
l'application concrète et pratique de ces mécanismes qui y sont prévus. Je
pense que vous avez bien fait valoir les arguments des professeurs qui
prétendent que les risques constitutionnels sont élevés. Et je les ai entendus.
Je comprends. J'ai débattu avec eux.
M. Leduc : C'est quoi la
différence, en termes de finalité, entre ça et une loi spéciale, le retour
forcé au travail?
M. Boulet : Bien, une loi
spéciale n'a pas nécessairement à suivre les mêmes étapes. Ici, dans le cas
présent, il y a quand même existence d'un préjudice grave ou irréparable qui
est codifié, qui est dans une loi. Il y a un processus de
conciliation-médiation qui est impératif. Puis, après ça, il y a déférence à un
arbitre de différends. Lois spéciales, il y en a de plusieurs formes.
M. Leduc : Moi, là, si je
décide... je suis un... je suis un représentant syndical, puis vous décidez de
mettre en application... Puis je trouve que vous l'avez large, pas mal, votre
préjudice grave ou irréparable. Est-ce que ça se conteste?
M. Boulet : Je l'ai défini.
Ça existe. Il y a 33 occurrences dans le corpus au Québec.
M. Leduc : Non, non, non. Je
comprends. Mais, sur le cas précis, vous dites, là, vous, là : C'est fini,
la grève, je vous défère à l'arbitrage, bla, bla, bla. Ça se conteste-tu? Non,
non, non! Aïe! Là, le ministre n'aurait pas tort, tort, là! Ce n'est pas vrai
qu'on cause un préjudice grave ou irréparable. C'est... C'est où le forum pour
dire : Non, non, je ne suis pas d'accord avec le fait que ma grève cause
un préjudice grave ou irréparable?
M. Boulet : Bien, vous le
savez, les procédures. Vous référez à des procédures pour contester la
constitutionnalité. C'est là qu'existe le processus que vous prétendez
donnerait des résultats positifs, là. Faites-moi pas m'exprimer là-dessus, là.
Vous connaissez. Vous avez plein de conseillers autour de vous.
M. Leduc : Je ne parle de...
sur la nature même de votre loi. Je parle sur le cas précis.
M. Boulet : Bien oui. Mais,
je le répète, je le répète, dans l'application pratique, dans l'exercice du
pouvoir du ministre, si vous considérez qu'il y a une atteinte
inconstitutionnelle à l'exercice de droit de grève, vous savez comment
contester. Ce n'est pas moi qui va donner des conseils juridiques.
M. Leduc : On ne parle pas de
la même chose. Je reprends Notre-Dame-des-Neiges, un nouveau conflit qui
perdure à Notre-Dame-des-Neiges. Vous, vous dites : Ça y est, 111.32.2, je
l'active. Puis, moi, je suis de la partie syndicale, je dis : Non, non,
non, moi, je ne suis pas d'accord du tout que je suis un préjudice grave ou
irréparable. Où est-ce que je vais?
M. Boulet : Si ce n'est pas
un préjudice grave ou irréparable, c'est que ce n'est pas constitutionnel, vous
prétendez que c'est une atteinte inconstitutionnelle et déraisonnable. Ce n'est
pas une atteinte qui est acceptable en vertu de la Charte des droits et
libertés de la personne. Puis vous allez aller devant les tribunaux supérieurs.
J'ai tout dit, là.
M. Leduc : Cour supérieure,
alors.
M. Boulet : Vous avez des
avocats qui vont vous guider dans la façon de contrôler le ministre le cas
échéant.
M. Leduc : Il n'y a pas un
danger d'embourbement judiciaire avec cette procédure-là?
M. Boulet : Aïe! C'est un...
C'est un dernier recours. Je ne sais pas combien de fois ça va être exercé,
collègue. Vous le savez comme moi que ça va être exercé à de très, très, très
peu de reprises.
• (18 h 50) •
M. Leduc : J'ai lu les topos
de la commission de la relève de la CAQ en fin de semaine puis ce n'était pas
tout à fait le même discours que j'entends aujourd'hui.
M. Boulet : Bien, il y en a,
collègue, il y en a qui veulent remettre en question la façon d'utiliser des
cotisations syndicales, qui veulent remettre en question la formule Rand. Il y
en a dans notre société qui veulent changer les choses de façon plus radicale.
Vous faites affaire avec moi depuis sept ans, je pense que vous me connaissez
assez pour savoir ce qui me guide dans mes projets de loi.
M. Leduc : Il y a des
radicaux à la CAQ. C'est ça que vous me dites?
M. Boulet : Ah! il y en a
dans tous les partis, sauf à Québec solidaire. Guillaume...
M. Leduc : Tout le monde est
raisonnable à Québec solidaire. C'est bien connu.
M. Boulet : Ah! tout le monde
est raisonnable? O.K.
M. Leduc : Bien, c'est ça que
vous dites, si je vous ai bien entendu.
M. Boulet : Bien, c'est ce
que vous prétendez. Non, je pense qu'il y en a. Il y a différentes allégeances.
M. Leduc : Tous les
représentants actuels dans la salle!
Le Président (M. Allaire) : ...ramène
à l'article. Allez-y.
M. Leduc : Oui, oui, oui. On
revient, M. le Président, on revient. J'ai peut-être une dernière séquence, là.
Vous dites en ouverture de l'article «Le ministre peut s'il estime une grève ou
un lock-out cause ou menace une... menace de causer un préjudice grave ou
irréparable». Mais, ailleurs, dans la loi...
M. Leduc : ...vous dites des
fois «grave et irréparable», je pense. Pourquoi vous dites «ou»? Qu'est-ce qui
pourrait être grave d'un bord mais pas irréparable de l'autre?
M. Boulet : Bien, c'est
«grave ou irréparable», tel que défini.
M. Leduc : Mais est-ce que ça
peut être l'un ou juste l'autre?
M. Boulet : Bien oui, c'est
«grave ou irréparable».
M. Leduc : Bien, avez-vous
des exemples?
M. Boulet : Non, je
n'entrerai pas dans les exemples. Vous m'avez fait parler d'un exemple, mais
«grave ou irréparable», j'ai défini. Maintenant, je n'utiliserai pas des
exemples pour cibler des parties actuellement en conflit ou qui peuvent être en
conflit. Ça fait que...
M. Leduc : Mais qu'est-ce qui
serait irréparable...
M. Boulet : Je n'entrerai
pas...
M. Leduc : ...mais pas grave?
M. Boulet : Ah! je l'ai dit
tout à l'heure.
M. Leduc : Je...
Des voix : ...
M. Leduc : Il me semble que
quelque chose qui est irréparable, c'est assez grave.
M. Boulet : Sans faire de
sémantique, là, «grave», c'est : «conséquences sérieuses pour une
personne, répercussions ou effets majeurs sur la vie et les besoins des
citoyennes et citoyens». «Préjudice irréparable», c'est qui n'est pas
susceptible d'être réparé, dans un sens général, donc irréversible. Ça dépend
tellement du contexte puis des faits. Ça fait que c'est difficile de
dire : Qu'est-ce... As-tu des exemples de ce qui peut être grave ou
irréparable? Ça dépend du factuel, ça dépend du contexte.
Le Président (M. Allaire) :
...
M. Leduc : Ça fait que
c'était vraiment voulu de dire «ou» et non «et».
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : ...un
conciliateur, un médiateur, puis vous dites : Ça s'est avéré infructueux,
la démarche, il n'y a pas d'espace-temps de précisé dans l'article?
M. Boulet : Non, il n'y a pas
d'espace-temps.
M. Leduc : Ça peut être une
tentative qui peut durer un nombre...
M. Boulet : La
conciliation-médiation se déroule de façon diligente, et il faut respecter les
parties, les disponibilités des parties, la possibilité de faire valoir ses
prétentions. Non, il n'y a pas de limite, puis on ne se mettra pas à limiter,
là. Il y a des médiations qui durent plus longtemps pour des raisons
particulières. Ça varie tellement d'un cas à l'autre, là.
M. Leduc : Et vous... Est-ce
que le... Qui décide que c'est infructueux? C'est l'arbitre?
M. Boulet : Pardon?
M. Leduc : Quand vous
dites : La conciliation... L'intervention s'est avérée infructueuse...
M. Boulet : Non. Le
conciliateur-médiateur fait un rapport. Il conclut que c'est infructueux. Et
l'arbitre, lui, son mandat, c'est de déterminer les conditions de travail, vous
le savez.
M. Leduc : Bien non, ce n'est
pas précisé que c'est à la suite d'un rapport dans l'article. C'est-tu plus
loin?
M. Boulet : Oui. «...et que
l'intervention d'un conciliateur ou d'un médiateur s'est avérée
infructueuse...»
M. Leduc : Oui, mais ça, ça
peut être vous qui décidez ça.
M. Boulet : Non, non, mais il
y a toujours un rapport. Puis ça, c'est dans les dispositions générales, là, en
matière de conciliation-médiation, il soumet un rapport, il conclut son
intervention et il dit que c'est infructueux.
M. Leduc : Oui, oui, ça, je
suis familier avec ça, mais ce n'est pas ça que vous dites ici. Vous ne
reprenez pas ce langage-là ici.
M. Boulet : Mais c'est 93.1,
là. Le conciliateur-médiateur, je m'en souviens, là, cet article-là est souvent
appliqué, c'est dans son mandat, c'est dans sa juridiction de soumettre un
rapport.
M. Leduc : Oui, je sais tout
ça, mais ce n'est pas ça que ça dit ici.
M. Boulet : 93.1
M. Leduc : Mais vous dites que
vous faites un droit nouveau puis vous précisez plein d'affaires, mais ça, vous
ne le précisez pas.
M. Boulet : Bien...
M. Leduc : Parce que, moi, on
est dans du discrétionnaire puis...
M. Boulet : ...on n'a pas
besoin là, ici, d'être redondant. Il a une intervention à faire en vertu du
code puis il présente un rapport.
M. Leduc : Bien,
c'est-à-dire, pas besoin d'être redondant...
M. Boulet : J'ai dit...
M. Leduc : Vous vous donnez
des superpouvoirs, c'est décrié par tout le monde, puis après ça, vous dites...
vous ouvrez la porte, dans les faits, tel que c'est écrit, à ce que ça soit
vous qui décidez que c'est infructueux.
M. Boulet : Je n'ai pas
d'autre commentaire.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
M. le député, allez-y. D'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention... S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons poursuivre.
Alors, M. le ministre, je vous invite à lire le 111.32.3.
M. Boulet : Merci, M. le
Président. «Dans les 10 jours de la réception de l'avis prévu à
l'article 111.32.2, les parties doivent se consulter sur le choix de
l'arbitre; si elles s'entendent, le ministre nomme à ce poste la personne de
leur choix. À défaut d'entente, le ministre le nomme d'office conformément au
deuxième alinéa de l'article 77.»
Donc, commentaire : C'est le mode de
nomination habituel.
Le Président (M. Allaire) :
Merci.
M. Boulet : Il n'y a rien de
nouveau dans les articles qui suivent.
Le Président (M. Allaire) :
Des interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : C'est la même
liste d'arbitres que le reste du Code du travail?
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : O.K.
Le Président (M. Allaire) :
...nous allons poursuivre. 111.32.4.
M. Boulet : Merci. «Les
parties peuvent, à tout moment, s'entendre sur l'une des questions faisant
l'objet du différend.
«L'accord est consigné à la sentence
arbitrale, qui ne peut le modifier.»
Donc...
M. Boulet : ...c'est, comme
j'ai souvent répété, la négo peut se poursuivre même si le différend a été
soumis à un arbitre. Puis l'arbitre respecte les ententes. C'est... C'est
courant.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. Des interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
passer au suivant, 111.32.5. M. le ministre.
M. Boulet : Merci. «Les
articles 76 et 78 à 91.1 à l'article 92, sous réserve du deuxième
alinéa du présent article, ainsi que les articles 83, 139 et 140
s'appliquent à l'arbitrage prévu au présent chapitre. Dans le cas où les
parties sont assujetties à la Loi concernant le régime de négociation des conventions
collectives et le règlement des différends dans le secteur municipal, les
articles 16, 17 et 30 de cette loi s'appliquent également à cet arbitrage
avec les adaptations nécessaires.»
Commentaires : Donc, c'est les règles
générales prévues au Code du travail quand l'arbitrage est tenu. Puis les
règles distinctes pour le secteur municipal, bien, les critères que doit tenir
l'arbitre en compte pour rendre sa sentence, bien, c'est la sentence de
l'arbitre qui lie les parties. Puis, eux autres, dans le secteur municipal, la
durée de la convention est limitée à cinq ans. C'est tout.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Des interventions? Pas d'intervention. Nous revenons donc au bloc de l'article
cinq. Il a été amendé. Alors, je vous pose la question : Est-ce que
l'article cinq, tel qu'amendé, est adopté? Par appel nominal, M. le secrétaire,
s'il vous plaît.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Pour.
Le Secrétaire
: M. Dufour
(Abitibi-Est)?
M. Dufour : Pour.
Le Secrétaire
: M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Pour.
Le Secrétaire
: M. Martel
(Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel
:
Pour.
Le Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Pour.
Le Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Contre.
Le Secrétaire
: Et M. Allaire
(Maskinongé)?
Le Président (M. Allaire) : Abstention.
Alors, l'article cinq, tel qu'amendé, est adopté. Alors, M. le ministre, je
sais que vous avez un amendement qui introduit 5.1, alors je vous cède la
parole pour lecture et commentaires.
M. Boulet : Oui, merci, M. le
Président. L'article 109.1 du Code du travail est modifié par le
remplacement du sous-paragraphe iii) du paragraphe c) par le sous-paragraphe
suivant :
«iii) qu'une décision déterminant les
services à maintenir n'ait été rendue par le Tribunal en vertu du
chapitre 5.1 ou du chapitre 5.1.1.»
Donc, explications : C'est un
amendement de concordance qui a pour objet de modifier 109.1 afin de permettre
à un employeur d'utiliser les services d'un salarié qui fait partie de l'unité
en grève ou en lock-out lorsque le tribunal rend une décision en vertu de. 5.1
ou 5.1.1 dans laquelle il détermine des services à maintenir. C'est tout.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci, M. le ministre. Des interventions?
M. Boulet : Donc, c'est une
concordance qui avait été omise.
Le Président (M. Allaire) : C'est
bon. Ça va? Pas d'interventions? Nous allons procéder à la mise aux voix de cet
amendement. Est-ce que cet amendement adopté? Adopté. Parfait. Alors, lorsque je
regarde l'ordre, on devrait revenir à l'article 1. Cependant, la partie
gouvernementale a un... veut introduire un nouvel article à 0.1. Donc, je vous
cède la parole, M. le ministre.
Une voix : ...
Le Président (M. Allaire) : Non.
Là, nous étions à 5.1.
M. Boulet : C'est 0.1.
Le Président (M. Allaire) : Ah!
mon Dieu! On était tous obnubilés?
M. Boulet : Non, non, mais
pourquoi c'est écrit 5.1?
Une voix : ...
M. Boulet : O.K. O.K. J'ai lu
le bon, Simon. C'était 0.1.
Le Président (M. Allaire) : Vous
avez... O.K. On va se démêler.
M. Boulet : Il n'y en a pas,
de 5.1.
Le Président (M. Allaire) : Oui.
Il y en a un aussi, un 5.1. Bon. Ça fait que là, juste pour être sûr que vous
avez bien lu le...
M. Boulet : ...
Le Président (M. Allaire) : Regarde,
juste... On ne va pas prendre de chance, là. On va suspendre les travaux
quelques instants, juste pour se démêler. Merci.
(Suspension de la séance à 19 heures)
19 h (version non révisée)
(Reprise à 19 h 03)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. Donc, nous pouvons maintenant considérer, parce
que le ministre a fait la lecture de l'article qui introduit... l'amendement
qui introduit l'article 0.1, vous l'avez tous entendu, il l'a expliqué, et
on l'a tous voté ensemble. Donc, on considère l'article 0.1 adopté. Alors,
ça, c'est réglé.
Alors, dans l'ordre proposé par la partie
gouvernementale et que l'ensemble des parties ont donné leur approbation, on va
suivre la suite logique, donc on va aller à l'article 1 maintenant. On va
revenir plus tard à l'amendement déposé à 5.1. Donc, M. le ministre, je vous
invite à lire l'article 1 et vos explications. Merci.
M. Boulet : Oui, merci. L'article 111.0.23
du Code du travail est modifié :
1° par le remplacement du premier
alinéa par le suivant :
«Sous réserve des articles 111.0.24
et 111.0.26, une grève ou un lock-out peut être déclaré dans un service public
pourvu qu'une partie en ait acquis le droit suivant l'article 58 et
qu'elle ait donné par écrit au ministre et à l'autre partie ainsi qu'au
Tribunal, s'il s'agit d'un service public visé par une décision rendue en vertu
de l'article 111.0.17, un avis préalable d'au moins sept jours ouvrables
francs indiquant le moment où elle entend recourir à la grève ou au lock-out.»;
2° dans le deuxième alinéa :
a) par l'insertion, après «avis de grève»,
de «ou de lock-out»;
b) par le remplacement de «l'association
accréditée» par «la partie»;
c) par l'insertion, à la fin, de «ou au
lock-out».
Donc, commentaires. C'est assez simple, là,
ça propose que l'employeur d'un service public non assujetti au maintien des
services essentiels qui souhaite déclarer au lockout soit assujetti, O.K., bon,
au même délai qu'en ce qui concerne un syndicat dans les mêmes circonstances,
envoyer un avis préalable. Ce n'était pas prévu dans le Code du travail et donc
on vient, pour des raisons de cohésion avec les syndicats, l'ajouter tout
simplement. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous. Oui, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, c'est en
effet une bonne mesure du ministre dans son projet de loi que je salue, qui
était d'ailleurs aussi un problème soulevé dans le cas des autobus scolaires. Le
ministre me confirme que c'est ce dossier-là qui l'a peut-être inspiré, pour
cet article-là, en tout cas. Puis je veux saluer la députée de Sherbrooke qui
avait fait des représentations à cet égard-là...
M. Boulet : C'est vrai, c'est
vrai.
M. Leduc : ...parce que c'est
beaucoup dans sa région que ça a été très difficile, et qui avait eu un
sentiment... Oui?
M. Boulet : Vous la saluerez
à mon nom...
M. Leduc : Parfait.
M. Boulet : ...dans un délai
raisonnable.
M. Leduc : Dans un délai
raisonnable. On va... Je m'engage à faire ça, il n'y a pas de problème. Donc,
oui, c'est très bien, que ce soit une forme de parité, qu'eux aussi aient à
faire le même délai que les parties syndicales. Je vais voter pour.
M. Boulet : Merci.
Le Président (M. Allaire) :
Parfait. Est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) : Adopté.
Parfait. On poursuit. M. le ministre, l'article 2, lecture et commentaire.
M. Boulet : L'article 111.0.23.1
de ce code est modifié :
1° dans le premier alinéa :
a) par le remplacement de «L'association
accréditée» et de «l'employeur» par, respectivement, «L'association accréditée
ou l'employeur» et «l'autre partie»;
b) par l'insertion, après «grève», de «ou
au lock-out»;
2° par l'insertion, après la première
phrase du troisième alinéa, de la phrase suivante :
«De même, les salariés ne sont pas tenus
de fournir la prestation de travail après le moment indiqué à l'avis de
lock-out ou, selon le cas, à l'avis de retour au travail, avant l'expiration
d'une telle période.»
Commentaires. Donc, c'est encore une fois
des obligations analogues quand on envoie des avis indiquant intention de ne
pas recourir au lockout. C'est tout.
Le Président (M. Allaire) : ...des
interventions sur l'article 2? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'article 2 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) : Adopté...
Le Président (M. Allaire) :
…article trois, M. le ministre.
M. Boulet : Ce code est
modifié par l'insertion, après l'article 111.22 du suivant : «Les
affaires découlant de l'application du présent chapitre doivent être instruites
et décidées en priorité.»
Commentaires. Bon, c'est… On en a parlé
abondamment.
Le Président (M. Allaire) :
Parfait. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article trois? Oui, M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Juste comprendre,
quand on dit : « Instruites et décidées en priorité», ça, ça veut
dire que nous, comme législateurs, on identifie dans le code quelles sont les
choses qui devraient être en haut de la liste du TAT pour les audiences, pour
les dates d'audiences, puis la disponibilité.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Est-ce qu'il y a
d'autres endroits dans le code, qu'on fait ça?
M. Boulet : Que?
M. Leduc : D'identifier que
ça, c'est dans… c'est dans une priorité qui doit être en haut de la liste?
M. Boulet : Il doit y avoir
quelques occurrences. Dans la LATMP, on en a quelques-uns. C'est-tu… L'exercice
du droit de refus, il y en a quelques-uns, là, dans la LSST puis dans la LATMP.
M. Leduc : O.K. Donc, c'est
une formulation qu'on a reprise là. Merci.
Le Président (M. Allaire) :
Parfait. Pas d'autres interventions? Nous allons procéder à la mise aux voix de
l'article trois. Est-ce que l'article trois est adopté? Adopté. Excellent.
Donc, on revient à ce qu'on voulait faire tantôt en introduisant un nouvel
article à 5.1. Donc, M. le ministre, je vous laisse la parole pour lire
l'amendement que vous souhaitez déposer.
M. Boulet : Oui. Insérer après
l'article cinq du projet de loi le suivant :
5.1. L'article 143.1 de ce code est
modifié par le remplacement, dans ce qui précède le paragraphe un de «ou
quiconque» par «ou du chapitre 5.1.1 ou ».
Explications. Bon, ça précise que la
disposition pénale dans l'application du chapitre s'applique également au
chapitre relatif aux services. C'est tout simplement une concordance. Merci.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Des interventions sur cet amendement? S'il n'y a pas d'intervention,
nous allons procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'amendement qui introduit
5.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Excellent. M. le ministre, l'article six.
M. Boulet :
L'article 146.2 de ce code est remplacé par le suivant : «Une
association de salariés…». Est-ce que je dois le lire au complet?
Le Président (M. Allaire) :
Oui, bien oui, l'article, oui, s'il vous plaît.
M. Boulet : «Une association
de salariés ou un employeur qui contrevient à une entente… soit à une décision
visée à l'article 111.0.18, 111.10.1, 111.10.3, 111.10.5,
111.10.17, 111.15.3, 111.22.7, 111.22.8 ou 111.22.9 ou une association
de salariés qui ne prend pas les moyens appropriés pour amener les salariés
qu'elle représente à se conformer à cette entente, à cette liste ou à cette
décision est passible d'une amende de 1000$ à 10 000 $ pour chaque
jour ou partie de jour pendant laquelle dure l'infraction.»
Donc, c'est les infractions spécifiques.
M. le Président.
Le Président (M. Allaire) :
Votre amendement.
M. Boulet : Oui, mon
amendement, c'est : Remplacer, dans l'article 146.2 du Code du
travail, proposé par l'article six du projet de loi, 111.10.17 par 111.10.7.
C'était une erreur cléricale. Merci.
• (19 h 10) •
Le Président (M. Allaire) :
Parfait. Des questions sur cet amendement? S'il n'y a pas de question, nous
allons procéder à la mise aux voix de l'amendement. Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Parfait. On revient donc à l'article six, tel qu'amendé. Est-ce qu'il y
a des interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à sa
mise aux voix. Est-ce que l'article six, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Excellent. L'article sept, M. le ministre.
M. Boulet : L'article quatre
de la loi instituant le Tribunal administratif du travail est modifié par
l'insertion après « Services essentiels » de « et des services assurant le
bien-être de la population. Le tribunal comporte quatre divisions la division
des relations du travail, la division de la santé et de la sécurité du travail,
la division des services essentiels et des services assurant le bien-être de la
population, la division de la construction et de la qualification
professionnelle.» Merci.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Des interventions sur l'article sept? Pas d'intervention. Nous allons
procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'article sept est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. M. le ministre, l'article huit.
M. Boulet : L'article sept de
cette loi est modifié :
1° par l'insertion, dans ce qui précède le
paragraphe 1° et après «des services essentiels » de « et des
services assurant le bien-être de la population ».
2° Par l'insertion après le paragraphe un
du suivant :
« 1.1. Les affaires découlant de
l'application du chapitre 5.1.1 du Code du travail.»
C'est tout. C'est tout.
Le Président (M. Allaire) :
Parfait. Merci. Des interventions sur l'article huit? Pas d'intervention.
Est-ce que l'article huit est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté…
Le Président (M. Allaire) : ...article 9.
M. le ministre.
M. Boulet : L'article 109
de cette loi est modifié par le remplacement de «du chapitre 5.1» par «des
chapitres 5.1 et 5.1.1». Merci. Concordance.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Alors, est-ce qu'il y a des interventions sur l'article neuf? Pas
d'intervention. Est-ce que l'article neuf est adopté? Adopté. Excellent. M. le
ministre, article 10.
M. Boulet : L'article 19
du règlement sur la rémunération des arbitres est modifié par l'insertion, dans
le deuxième alinéa et après «75», de «ou de l'article 111.32.1». Donc,
c'est les honoraires, frais, allocations, indemnités des arbitres. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Des
interventions sur l'article 10? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'article 10 est adopté? Adopté.
Excellent. Il y a un amendement qui introduit un nouvel article à 10.1. Nous
venons de le recevoir.
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) : Donc,
il n'y a pas d'amendement. Parfait. Donc, il n'y a pas d'amendement qui est
déposé. De toute façon, il ne l'était pas, officiellement. Donc, on poursuit.
L'article 11. M. le... M. le ministre, l'article 11.
M. Boulet : L'article 11 :
«Les dispositions de la présente loi entrent en vigueur le (indiquer la date de
la sanction de la présente loi).»
Le Président (M. Allaire) : Interventions?
Oui. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, on a déposé
un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : ...on
va l'afficher. Allez-y.
M. Leduc : On n'a pas envoyé
la bonne version. Voulez-vous que vous je lise la bonne version? Puis vous le
mettrez à...
Le Président (M. Allaire) : Oui.
Ça va. Ça va pour tout le monde?
M. Leduc : Ils vont vous
l'envoyer pendant ce temps-là, là, pour ne pas perdre de temps.
Le Président (M. Allaire) : Oui,
oui, c'est correct. Parfait. Vous pouvez faire... faire la lecture, puis on va
l'afficher quand on va le recevoir.
M. Leduc : Ça fait que je
procède à la lecture. Parfait. À l'article 11 du projet de loi, remplacer
«indiquer ici la date de la sanction de la présente loi» par «indiquer ici la
date suivant d'un an la sanction de la présente loi».
Le Président (M. Allaire) : Est-ce
que vous avez compris? Ça va? M. le ministre, vous souhaitez qu'on répète,
peut-être? Avez-vous compris?
M. Boulet : En fait, c'est
six mois de la date de la sanction.
M. Leduc : Bien, j'ai déposé
un an.
M. Boulet : Et je vous
propose six mois.
M. Leduc : O.K.
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) : Juste...
Juste... là, il est 7 h 14, ça achève, on termine à 7 h 15.
Mais là, on a presque fini, là. Est-ce que, avec votre consentement, on peut
poursuivre au-delà de l'heure permise? Oui.
M. Boulet : Je terminerais
l'article 11.
Le Président (M. Allaire) : L'article 11.
Mais après il y a les remarques finales aussi, là. Donc, il faut... il faut
quand même se préparer.
M. Boulet : On peut revenir
pour les remarques demain. Moi, je n'ai pas de problème.
M. Leduc : Moi, ça ne me
dérange pas. On peut les faire là aussi. Ça ne me dérange pas.
M. Boulet : Bien, on peut les
faire tout de suite aussi.
M. Leduc : Moi ça me va de
les faire tout de suite.
M. Boulet : On peut aller à
un peu plus tard?
M. Leduc : Oui.
M. Boulet : O.K.
Le Président (M. Allaire) : Donc,
je vais vous demander votre consentement pour poursuivre? Non, je n'ai pas le
consentement? Ah bon. Ça prend le consentement de tout le monde. Donc, c'est
sûr que si je n'ai pas le consentement de tout le monde, ça ne fonctionnera
pas.
M. Boulet : Si vous voulez
revenir demain pour les remarques finales.
Le Président (M. Allaire) : Mais
là, il reste quelques secondes. Est-ce que... je regarde...
M. Boulet : L'article 11?
Le Président (M. Allaire) : ...je
regarde Mme la députée de D'Arcy-McGee : Est-ce qu'on peut poursuivre
juste pour adopter l'article 11? Bon. Parfait. Est-ce que j'ai votre
consentement pour poursuivre au-delà de l'heure permise? Merci. Parfait. On est
sur l'amendement déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Ce ne sera pas
long.
M. Leduc : Vous êtes sûr que
ce n'est pas 7 h et demie?
Le Président (M. Allaire) : Pardon?
M. Leduc : Vous êtes sûr que
ce n'est pas 7 h...
Le Président (M. Allaire) : 7 h 15.
M. Leduc : Mais à mon agenda
c'est 7 h et demie.
Le Président (M. Allaire) : Oui.
Non, c'est bien 7 h 15.
M. Leduc : Moi, je finis
15 minutes plus tôt...
M. Boulet : C'est l'agenda de
Québec solidaire, hein?
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) : Juste...
Oui, oui. Des fois, je finis plus vite que prévu.
M. Leduc : Bien, c'est pour,
là. Je voulais être sûr qu'il ne fasse pas le même coup deux fois.
Le Président (M. Allaire) : Non,
non, là. J'ai plus que... plus que vérifié. Je confirme.
M. Leduc : Oui. O.K.
Le Président (M. Allaire) : Donc...
Le Secrétaire : ...
Le Président (M. Allaire) : Ah!
c'est vrai. Effectivement. Donc, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous
aviez déjà déposé votre amendement. Je vous demanderais de le retirer.
M. Leduc : Je retire. Bien
sûr.
Le Président (M. Allaire) : Donc,
parfait. Est-ce que j'ai votre consentement? Parfait. Excellent. Donc, vous
déposez un nouvel amendement. C'est ce qu'on voit ici. Je vous laisse faire la
lecture. La parole est à vous.
M. Boulet : Remplacer
l'article 11 du projet de loi par le suivant : «Les dispositions de
la présente loi entrent en vigueur (et là on indique ici la date qui suit de
six mois la date de la sanction de la présente loi).»...
M. Boulet : ...c'est tout.
Le Président (M. Allaire) :
Parfait. Des interventions concernant cet amendement? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, rapidement,M. le Président, c'est qu'on avait eu des discussions en tout début d'étude
détaillée sur le fait qu'on ne voulait pas que ça s'applique pour la négo des
CPE actuelle, hein, des centres de petite enfance. Le ministre avait acquiescé
à ça. On n'avait pas eu le temps, évidemment, de regarder un libellé.
Entre-temps, bien, il s'est passé deux
choses, d'abord le fait qu'il y aurait... il y a une entente de principe avec
les CPE. On va voir si elle est ratifiée. Je pense que c'est cette semaine,
leur assemblée. On le souhaite, bien sûr, pour tout le monde. Donc, c'est réglé
pour les CPE. Mais, après ça, l'argument que j'avais évoqué pour essayer de
convaincre le ministre de décaler l'application de la loi était que, lors du
projet de loi sur l'industrie de la construction, il y a à peu près un an de
cela, le ministre avait introduit une nouvelle disposition sur la question de
la rétroactivité salariale, qui était une revendication que je portais, que le
milieu syndical portait, mais il avait dit : Ah! bien, on ne peut pas
changer le paramètre de la négociation pendant la négociation. On avait eu un
échange là-dessus, mais c'était ça, l'argument qui avait bétonné le refus du
ministre de l'appliquer sur le champ. Alors, moi, j'avais... j'ai soumis le
même argument en disant : On ne peut pas changer le paramètre de négo,
avec les deux nouveaux mécanismes, en pleine négo. Puis, au moment où on se
parle, il y a des dizaines et des dizaines d'accréditations au Québec qui sont
en pleine négociation, privées, publiques, péripubliques, etc. Ça fait que
c'est dans l'ordre des choses qu'on dise que, bien, tout ça, ça ne s'applique
pas pour des gens qui sont en pleine négo. J'aurais préféré un an pour
être certain que ça ne s'applique vraiment pas à des gens qui sont en pleine
négo. Le six mois, je pense, convient dans les circonstances. Ça permet
d'éviter que des gens doivent composer avec un nouveau système, qui n'était pas
là au départ, puis qu'ils voient les règles changer en plein milieu d'un
exercice, qui est assez inhabituel puis assez injuste, il faut le dire, M. le
Président. Donc, je vais voter en faveur de cette disposition-là avec
enthousiasme.
Le Président (M. Allaire) : Parfait.Alors, d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix de cet amendement. Est-ce que l'amendement
déposé à l'article 11 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Parfait. On revient donc à l'article 11 tel qu'amendé. Est-ce que
l'article 11, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Allaire) :
Adopté. Excellent. Je vous remercie d'avoir permis cette courte extension.
Alors, je vous remercie pour votre belle collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Merci, tout le monde. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 19
h
19)