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(Vingt heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des finances et des comptes publics est
réunie pour étudier le projet de loi no 11, article par article,
Loi modifiant certaines dispositions législatives pour donner suite
à la politique budgétaire du gouvernement, pour l'exercice
1981-1982, et pour entendre les groupes intéressés à ce
projet de loi dont je donne la liste pour ce soir: l'AIES,
représentée par M. Aurèle Daoust, président; l'ACQ,
représentée par le Père Laurent Larouche,
président; l'AIPEQ, représentée par Mme
Hélène Landry, présidente; la Centrale de l'enseignement
du Québec nous a informé gu'elle ne présenterait pas de
mémoire ce soir; la Fédération nationale des enseignants
du Québec, représentée par Mme Francine Lalonde,
présidente; l'Association des écoles juives,
représentée par M. Steven Lipper, président; l'Association
des parents catholiques, représentée par Mme Adeline Mathieu,
présidente, et le Collège Marie-Victorin,
représenté par M. Jean-Marc Cliche.
Les membres de la commission sont: M. Blais (Terrebonne); M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Bourbeau (Laporte); M. Lachance
(Bellechasse) remplace M. de Belleval (Charlesbourg); M. Rivest (Jean-Talon)
remplace M. Forget (Saint-Laurent); M. Mathieu (Beauce-Sud) remplace M. French
(Westmount); M. Gagnon (Champlain); M. Laurin (Bourget) remplace M.
Grégoire (Frontenac); M. Fallu (Groulx) remplace M. Guay (Taschereau);
M. Lincoln (Nelligan); M. Paquette (Rosemont); M. Parizeau (L'Assomption).
Les intervenants sont: Mme Lavoie-Roux (L'Acadie) remplace M. Assad
(Papineau); Mme Lachapelle (Dorion); M. Laplante (Bourassa) remplace M.
Lafrenière (Ungava); M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata);
M. Hains (Saint-Henri) remplace M. Pagé (Portneuf); M. Ryan
(Argenteuil); M. Polak (Sainte-Anne) remplace M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce).
M. le député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je voudrais soulever une question de règlement
brièvement. Hier, à l'occasion des affaires du jour à
l'Assemblée nationale, j'ai soulevé, en vertu de l'article 34, la
possibilité de faire ajouter les représentants du
Séminaire de Saint-Georges. Finalement, il y a eu un consentement, si je
peux parler ainsi, pour qu'ils assistent, et que, à la fin, si l'on a
quelques minutes de libres, on les entende, si cette commission est d'accord
à ce moment. J'en fais respectueusement la demande pour qu'à la
fin l'on ne soit pas surpris de mon intervention.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, à la suite de votre intervention en Chambre, le leader
parlementaire avait mentionné que la commission était
maîtresse de ses travaux et pourrait décider, au moment opportun,
si les intervenants que vous désirez voir intervenir pourraient
témoigner. À ce moment, les membres de la commission
décideront. Je maintiens la décision du leader parlementaire.
M. Mathieu: Je tenais tout de même à en informer la
commission immédiatement. Je dis que ce sera bref et, en temps et lieu,
j'en ferai la demande.
Le Président (M. Boucher): D'accord, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Merci.
Audition des groupes intéressés
Le Président (M. Boucher): J'appelle immédiatement
l'AIES, représentée par M. Aurèle Daoust,
président.
M. Grégoire (Gilles-André): M. le Président,
je suis Gilles-André Grégoire. Je remplace M. Daoust qui, comme
notre groupe le sait, est un paraplégique. À cause de la
manifestation de ce soir, c'était imprudent de sa part de venir ici.
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez prendre place,
M. Grégoire, et nous faire votre présentation.
M. Grégoire (Gilles-André): Je vous remercie, M. le
Président. C'est avec plaisir et honneur que l'Association des...
Le Président (M. Boucher): M. Grégoire, un instant,
il y a une question de règlement. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je m'excuse, M. Grégoire. J'aurais
pensé que le ministre aurait eu quelgues mots d'accueil. Je voudrais lui
en laisser l'occasion s'il le désire.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Laurin: II me fait effectivement plaisir d'accueillir tous les
groupes qui ont désiré se faire entendre. À toutes les
fois que les groupes se font entendre, il n'y a aucun doute que nous ajoutons
à l'éclairage qui doit entourer la prise de décision.
C'est avec plaisir que j'écouterai toutes les recommandations et
représentations qui nous seront faites.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, quelqu'un disait: C'est un
peu court. Quant à nous du Parti libéral, nous sommes heureux
d'entendre les représentants du public relativement aux
conséquences du projet de loi 11 sur l'enseignement privé. Nous
regrettons que quelques heures seulement soient accordées par le
gouvernement pour remplacer un débat qui a quand même
été promis il y a plusieurs années, un débat qui
devait même prendre l'allure ou la forme des débats ou des
consultations qu'on a vus à la suite du livre vert. Cela a
été même promis par un ancien ministre de
l'Éducation.
Le Parti libéral du Québec est commis de façon
irréversible au développement et à l'excellence du secteur
public d'enseignement.
M. Laurin: Question de règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Laurin: Le député a commencé son
intervention en disant gu'il voulait accueillir des représentants du
public. Il ne nous a pas dit qu'il ferait un discours de deuxième
lecture sur le projet de loi portant sur le financement de l'enseignement
privé versus le secteur public. Je pensais que le but de son
intervention, c'était d'accueillir les représentants.
M. Lalonde: M. le Président, c'était mon
préambule.
Le Président (M. Boucher): D'accord. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: En préambule, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Un instant, s'il vous
plaît! Nous sommes ici pour entendre des représentations. Un
instant, s'il vous plaît! Une question de rèqlement a
été soulevée. On va en parler et après... Nous
sommes ici pour entendre, ce soir, les gens qui présentent des
mémoires concernant le projet de loi 11. Une partie de la loi a
été étudiée selon l'ordre de la Chambre. On a
établi qu'il fallait entendre les mémoires des gens
intéressés par ce projet de loi. Ce soir, l'ordre de la Chambre,
c'est d'entendre les mémoires des gens qui se sont
déplacés pour venir ici. Je pense qu'il ne s'agit pas de faire de
la rhétorique pour empêcher les gens de se prononcer. Il s'agit de
simplement les entendre et on pourra discuter par la suite des problèmes
qui pourront survenir lors de l'étude article par article du projet de
loi.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, je vous demanderais
simplement d'être assez bref dans vos commentaires....
M. Lalonde: Vous voulez dire dans ma rhétorigue.
Le Président (M. Boucher): ... et, par la suite, l'on
entendra immédiatement les groupes qui se sont déplacés
pour venir ici ce soir.
M. Lalonde: Soyez assuré, M. le Président, que je
n'écourterai que de quelques secondes ou de quelques minutes le temps
précieux des gens qui sont venus ici pour se faire entendre. Je ne ferai
pas de rhétorique. Je disais que le Parti libéral du
Québec était commis au développement et à
l'excellence du secteur public de l'enseignement. Il faut situer le
débat dans sa perspective. Pour nous, c'est prioritaire. Nous
l'affirmons dans notre programme et nous l'avons toujours proclamé.
Toutefois, nous reconnaissons l'importance de la part du secteur
privé dans la grande mission éducative au Québec.
Historiquement et culturellement, le secteur privé a fait ses preuves.
Ceux qui disent que nous n'avons pas les moyens d'entretenir le secteur
privé oublient la qualité de la contribution de ce secteur
à l'éducation des Québécois et ils oublient
aussi..
M. Laurin: M. le Président, question de règlement.
Je pense encore...
M. Lalonde: ... qu'un étudiant qui fréquente...
M. Laurin: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Sur une
question de règlement, M. le ministre.
M. Laurin: Je pense encore une fois que le député
est en train de tomber dans le travers que j'avais cru commencer à
remarquer dans ses premiers propos. Il engage un débat sur le fond de
l'enseignement privé versus l'enseignement public, alors qu'il s'agit
ici d'une loi fiscale qui traite de compressions au secteur privé, comme
il y a eu d'autres coupures au secteur public, et je ne pense pas que ce soit
l'endroit pour faire ce débat ici.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Vous êtes la seule victime de cette
supercherie, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement.
M. Paquette: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît, un instant!
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai demandé la parole tout
à l'heure et vous ne me l'avez pas accordée.
Le Président (M. Boucher): Un instant, s'il vous
plaît! Il me semble quand même que le président peut avoir
le droit de parole de temps en temps. Je ferai remarquer à l'assistance
dans les gradins et dans cette enceinte que, suivant notre règlement, je
ne tolérerai jamais de manifestation. Ceci étant dit, une
question de règlement a été soulevée par le
ministre. M. le ministre, je vous cède la parole. (20 h 30)
M. Laurin: Je répète, M. le Président, que
nous sommes ici pour entendre des associations qui ont prétendu, qui ont
dit, en public comme par écrit, qu'elles avaient besoin
d'éclairer les décisions de la commission parlementaire
chargée d'étudier, article par article, une loi qui
prévoit des compressions pour le secteur privé de
l'enseignement.
Les députés ont amplement eu l'occasion, lors de la
discussion en deuxième lecture de ce projet de loi, de se
déclarer sur tous les principes qu'ils ont voulu défendre pour
proposer et justifier les positions de leur parti. Je pense que ce débat
est fait et qu'il n'y a pas lieu de le reprendre ici. Quand on prétend
accueillir des invités, on ne le fait pas en justifiant, en
légitimant la position de son parti.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marquerite-Rourqeoys.
M. Lalonde: Mme la députée de L'Acadie a une
question de règlement.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vous ferai remarquer
que je ne vous en veux pas, mais je l'avais soulevé et vous n'avez pas
cru bon de me donner la parole. Je suis d'accord avec le président qu'il
faut limiter les remarques. Je pense que c'est l'intention du
député de Marquerite-Bourqeoys, mais c'est la première
fois que je viens à une commission parlementaire - parce qu'il s'agit
bien d'une commission parlementaire ici - où on convoque des
invités et qu'on tente de limiter ce qui, normalement, pourrait
être vingt minutes de parole à chacun des porte-parole des deux
partis. Je comprends mal la résistance du député de
Bourget à permettre au député de Marguerite-Bourgeoys de
s'exprimer, j'imagine, certainement pas vingt minutes. On peut se demander
quels sont les motifs derrière cette façon d'intervenir et de
tenter de restreindre le droit de parole du député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
L'Acadie, je vous ferai remarquer qu'on a énuméré la liste
des invités ce soir et vous savez comme moi que selon le
règlement sessionnel nous devons terminer à minuit. II est
déjà 8 h 30 et nous avons sept mémoires à entendre.
Faites le calcul et je vous donne...
Mme Lavoie-Roux: C'est fait à la course, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): II va falloir que l'on se
limite. Je crois que l'Opposition autant que le parti ministériel
pourront à loisir, dans l'étude article par article qui suivra,
faire les commentaires qu'il voudront, mais j'ai déjà
demandé à M. Grégoire de se présenter à la
table et ce dernier doit attendre actuellement. Alors, si on veut faire
attendre nos invités, qu'on le fasse, mais quand même les
règles élémentaires de la politesse voudraient que les
gens gui se sont déplacés pour se faire entendre, ce soir,
puissent être entendus d'ici minuit.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, ne passez pas trop de temps
non plus dans vos homélies, dans votre rhétorique. Je ne
céderai pas à la censure du ministre qui ne fait que
témoigner du fanatisme du représentant du gouvernement, mais je
vais quand même mettre fin immédiatement à
mes remarques que je reprendrai plus tard.
Le Président (M. Boucher): Merci énormément,
M. le député de Marguerite-Bourqeoys, de votre collaboration. M.
Grégoire.
Association des institutions d'enseignement
secondaire
M. Grégoire (Gilles-André): M. le Président,
c'est avec plaisir et honneur que l'Association des institutions d'enseignement
secondaire présente ce mémoire à la commission permanente
des finances et des comptes publics de l'Assemblée nationale. L'AIES
regroupe 113 institutions. De par son caractère représentatif,
elle constitue l'un des corps intermédiraires les plus importants dans
le domaine de l'éducation québécoise.
Le fait qu'elle soit présentement entendue sur le projet de loi
no 11, dont les articles 31 à 35 viennent amender la loi de
l'enseignement privé, indique, nous l'espérons, que le
gouvernement ne procédera pas en cette matière sans tenir compte
de la pensée des institutions qui se manifeste par la voie de notre
organisme.
L'AIES déplore vivement que le sort de l'enseignement
privé soit ainsi mis en balance à travers une loi omnibus qui, de
prime abord et dans la bouche de ses parrains, semble traiter ce secteur avec
la même et inéluctable rigueur que celle qui sollicite tous et
chacun à se serrer la ceinture. Sur ce chapitre, comme sur bien
d'autres, l'enseignement privé s'est montré tellement raisonnable
depuis plus d'une décennie qu'il n'était pas besoin qu'on le
rappelle à l'ordre.
En réalité, les articles 31 à 35 du projet de loi
viennent amender à ce point la Loi sur l'enseignement privé
qu'ils auraient dû être l'objet d'une loi particulière. Il
serait alors devenu évident pour tous que l'État s'apprête
ainsi à restreindre un fois encore le développement de ce secteur
en le rendant de plus en plus inaccessible à ceux qui n'auraient pas le
moyen "de se le payer". Par le biais de la présente loi, c'est le
contrat scolaire québécois qui est remis en cause. Nous
espérons que nos hommes politiques sauront faire la différence
entre de simples restrictions budgétaires imposées à tous
et un assaut dirigé contre des droits fondamentaux.
Le ton général de ce mémoire se veut objectif et
serein: celui de la raison. Le peu de temps que nous avons eu pour le
préparer n'aura peut-être pas permis de le purifier de certains
excès dictés par la véhémence, l'indignation et
même la colère.
Les membres de cette commission nous pardonneront sans doute les cris du
coeur qui en résultent. Quand on défend sa
légitimité, sa vie et sa survie, le ton n'est pas toujours celui
qu'on emploie pour conter fleurette.
Le présent mémoire comprend quatre parties.
Dans un premier temps, nous rappellerons brièvement les principes
philosophiques qui fondent la légitimité d'existence, de
développement et de subventionnement de l'enseignement privé. Ces
principes sont connus, mais, pour contrebalancer les constantes
négations dont ils sont l'objet, il faut les rappeler sans cesse.
Secondement, nous ferons un sort à quelques
préjugés qui circulent contre l'enseignement privé et qui
conduisent certains opposants à remettre des principes en cause. Les
préjugés ont la vie dure et ne s'embarrassent pas de faire les
analyses et les études nécessaires pour objectiver les choses. Ce
sont des coups de gueule dont nous démontrerons, une fois de plus, la
formidable fragilité.
Il faudra bien ensuite en venir aux articles 31 à 35 du projet de
loi 11 et en examiner les répercussions sur le secteur de l'enseignement
privé.
À cet égard, nous ferons la preuve que ces articles
attaquent finalement l'enseignement privé dans sa
légitimité même d'existence et aussi qu'ils sont porteurs
d'intentions politiques et non seulement d'un appel soi-disant raisonnable
à une austérité commune que l'intérêt
national, dans d'autres circonstances, nous aurait conduit à
accepter.
Nous conclurons enfin. Nous ferons alors les recommandations qui
découlent du présent mémoire. Ces recommandations
dépasseront le cadre de la présente loi. Dans ses articles 31
à 35, nous voyons en effet une manifestation additionnelle des
embûches que l'État a déjà, depuis lonqtemps,
commencé à dresser sur le parcours de l'enseignement
privé.
En mai 1964, le gouvernement du Québec adoptait une sorte de
grande charte de l'éducation et créait un ministère et un
conseil supérieur chargé d'en assurer la gouverne. Dans la
continuité de ce que les sociologues ont appelé la
révolution tranquille, le gouvernement renversait ainsi un certain
nombre d'habitudes, mais, au nom de libertés inaliénables, il
proclamait d'abord bien haut, comme un credo, un préambule que nous
connaissons tous, mais qu'il faut constamment se remettre en mémoire:
les droits de l'enfant de bénéficier d'un système
d'éducation qui favorise le plein épanouissement de sa
personnalité.
Les droits des parents de choisir les institutions qui, selon leur
convictions assurent le mieux le respect des droits de leurs enfants.
Les droits des personnes et des groupes de créer des institutions
d'enseignement autonomes et, les exigences du bien commun étant sauves,
de bénéficier des moyens
administratifs et financiers nécessaires à la poursuite de
leur fin.
Bien sûr, on pourrait rappeler ici que ce credo était le
fruit du consensus général de cette époque, les
évêques, les commissions scolaires, les administrateurs
d'écoles, les enseignants, les parents; que, sans un tel consensus sur
cette affirmation préalable des droits, le ministère de
l'Éducation ne serait jamais venu au monde.
On pourrait souligner aussi que ce credo n'était pas
inventé de toutes pièces; que, fruit de la sagesse des nations,
il s'imposait peu à peu à tous les peuples démocratiques
de la terre comme la ligne de conduite à suivre. À ce sujet, je
renvoie les membres de cette commission à l'annexe à notre
mémoire, que je ne lirai pas, pour laisser du temps aux autres.
On pourrait enfin souligner que les grandes libertés qui sont
inscrites dans ce préambule sont comparables à d'autres
libertés qui ne sont pas plus importantes et qu'on n'oserait jamais
remettre en cause: la liberté de parole, la liberté de
conscience, la liberté de presse.
Ce qui importe surtout, c'est de se remettre constamment en tête
que le contrat social scolaire québécois est là, tel qu'il
a été proclamé, fondé qu'il est sur les droits des
personnes et non pas sur les pouvoirs ou prérogatives de
l'État.
Or, sous tous les régimes qui se sont succédé
depuis la proclamation de ce contrat, ces droits inaliénables ont
été brimés de diverses manières.
Ce fut d'abord, sous M. Cardinal, le refus de la gratuité
complète à ceux qui choisissent l'école privée, eux
qui paient pourtant des taxes et des impôts.
Ce fut aussi, à la même époque et par la suite, le
refus systématique d'accorder la moindre subvention aux écoles
primaires privées, à moins qu'elles ne dispensent des services de
pensionnat.
Ce fut sous M. François Cloutier, la création d'un
comité de révision de la Loi de l'enseignement privé. Dans
quel but, ce comité? Nous n'avons aucun mal à l'imaginer!
Ce fut, sous M. Jacques-Yvan Morin, la mise en vigueur d'un moratoire,
même pas soumis à l'Assemblée nationale et maintenu
fermement, malgré une pétition - de 546 097 signatures - gui en
réclamait le retrait. Ce moratoire a empêché la
création de près d'une dizaine de nouvelles écoles
privées, ignorant ainsi la liberté d'enseignement et
méprisant le droit absolu des parents de choisir des écoles
autres que celles des pouvoirs publics, comme disent les chartes universelles;
le même moratoire a gelé et gèle encore les statuts des
écoles déjà en place, réduisant ainsi à son
seuil minimal un subventionnement que la loi permettait et permet encore
d'améliorer.
C'est maintenant, sous M. Camille Laurin, le projet de loi no 11, dont
les articles 31 à 35 viennent diminuer le subventionnement des
écoles privées. Ces articles remettent en cause l'existence de
ces dernières et les rendent virtuellement de moins en moins
accessibles. Et, 6 paradoxe, on leur reprochera ensuite de n'accueillir que des
enfants de riches!
Dans un pays démocratique où les droits des personnes sont
aussi clairement proclamés au départ, mais si ouvertement
entravés par la suite dans leur incarnation concrète, on arrive
à se demander si, au nom des sacro-saintes planifications
administratives, de même qu'au nom d'idéologies totalitaires
souvent non avouées, l'État n'en viendra un jour ou l'autre
à changer carrément le contrat social scolaire.
En poussant les choses jusqu'à la limite où l'on semble
vouloir les conduire, on pourrait alors imaginer un préambule
diamétralement opposé à celui de 1964. Ce nouveau
préambule serait fait de prérogatives de l'État, de sa
préférence pour tel ou tel type d'éducation, des
obligations qu'il a contractées ou des promesses qu'il a faites à
l'endroit des puissantes centrales syndicales, des bâtisses
déjà construites, des structures scolaires qui comptent pour
elles-mêmes davantage que pour les usagers, etc.
Le pire dans toute cette affaire, c'est que les principes infrangibles
qui doivent guider la conduite d'une société sont finalement
atténués, édulcorés et même niés,
parce que combattus alors à l'aide de préjugés
tenaces.
Lorsqu'on n'y prend pas trop garde, on accueille les
préjugés, on les cultive, on s'en sert comme arguments et
là on finit par y trouver matière à modeler des
politiques. En ce qui concerne l'existence, le développement et le
subventionnement de l'enseignement privé, voici trois
préjugés qui reviennent constamment à la surface.
On dit que l'enseignement privé n'est accessible qu'aux riches et
gu'il est donc socialement inacceptable qu'on le subventionne à
même les taxes payées par les pauvres. À cela, il faut
répondre:
Premièrement, que cette affirmation est mensongère, au
moins en ce qui concerne l'enseignement secondaire privé qui,
d'après une enquête scientifique menée en 1976, recrute 75%
de sa clientèle parmi les gens ordinaires, ni plus riches, ni plus
pauvres que la moyenne.
Deuxièmement, que les riches paient des taxes comme tout le monde
et que, dans un contexte de scolarité obligatoire et gratuite,
assaisonnée d'une liberté de choisir des écoles autres que
celles des pouvoirs publics, les riches n'ont pas moins de droits que les
pauvres. Par quelle espèce de discrimination à rebours en
viendrait-on à mesurer les droits des personnes en fonction
de leur origine socio-économique? Que les parents soient pauvres
ou riches, blancs ou noirs, leurs enfants sont à eux, non?
Troisièmement, que si, de fait, les écoles privées
n'accueillaient que des riches, il faudrait les subventionner davantage pour
les rendre accessibles à tous.
On dit aussi, c'est le deuxième préjuqé, que les
écoles privées ne sont que des serres chaudes où les
enfants évitent trop facilement le contact avec la masse et sont ainsi
très mal préparés à vivre en société,
parce qu'ils n'auront pas connu le vrai brassage social.
À cela, il faut répondre que beaucoup d'écoles
privées ont, sur ce plan, des clientèles de toutes origines et
qu'elles sont plus hétérogènes que certaines écoles
publiques qui n'accueillent que les élèves du quartier
immédiat, y compris - je l'ajoute -lorsque c'est un quartier de
riches.
Deuxièmement, il faut répondre qu'une école n'a
d'ailleurs pas pour fin première d'être une foire de brassage
social, mais bien plutôt et d'abord un lieu d'apprentissage et de
formation.
Troisièmement, il faut répondre que, de toute
manière, si certains parents préfèrent des serres chaudes
et certains autres des écoles de masse, c'est parfaitement leur droit de
les choisir. Ce choix n'a pas à se faire en fonction de la conviction
des journalistes, ni de celle des centrales syndicales, ni de celle de
l'État. C'est la conviction des parents, des uns et des autres, non pas
de la majorité, qui compte. Les droits des personnes ont ceci de
particulier, que, pour chaque personne, le droit compte. (20 h 45)
On dit enfin que le développement du secteur privé va
déstabiliser le secteur public. À cela il faut répondre
que cet argument est tout à fait abscons. S'il était
poussé jusqu'au bout, il conduirait à fermer, au nez de certains
parents, les écoles qu'ils choissisent pour leur en imposer d'autres
dont ils ne veulent pas.
Deuxièmement, que la qualité d'une école se mesure
aux services qu'elle offre et au degré de satisfaction que manifestent
les parents.
Et, troisièmement, que les structures sont au service des enfants
et non pas les enfants au service des structures.
En somme, aucun de ces arguments ne résiste à la moindre
analyse, si brève soit-elle. Ce sont des préjugés,
basés la plupart du temps sur des perceptions subjectives, voire
même sur des données inventées de toutes pièces. Ce
qui étonne, c'est de les entendre encore, malgré les
réfutations nombreuses, et même de les retrouver dans la bouche de
certains de nos gouvernants.
Le projet de loi no 11 porte un titre on ne peut plus inoffensif, Loi
modifiant certaines dispositions législatives pour donner suite à
la politique budgétaire du gouvernement pour l'exercie financier
1981-1982.
À première vue, on pourrait dire qu'il s'agit de cuisine
administrative. Parmi une douzaine d'objets visés par cette loi, on
retrouve l'enseignement privé. N'importe quel curieux se demandera
d'abord ce que ce secteur de l'enseignement fait, seul de son espèce,
à l'intérieur d'un train de mesures qui se rapprochent par leur
genre: stimulants fiscaux, remboursement d'impôts fonciers,
fiscalité municipale, etc. Une des notes liminaires qui
présentent cette loi viendrait-elle éclairer cette
énigme?
Lisons-là. "La Loi sur l'enseignement privé est
modifiée afin de remplacer le mode actuel de financement des
institutions privées par un nouveau mode permettant d'appliquer au
secteur privé de l'enseignement, dès l'année où
elles surviennent, les variations annuelles des subventions accordées au
secteur public."
Cette note liminaire semble évoguer le principe
d'équité de traitement entre les élèves du secteur
privé et ceux du secteur public. On verra qu'il n'en va malheureusement
pas ainsi.
Dans leur façon de bien expliquer à la population le sens
réel de cette partie de la loi 11, les porte-parole du gouvernement ont
par ailleurs affirmé gue, dans un contexte de coupures
budgétaires et d'austérité
généralisée, le secteur de l'enseignement privé se
devait d'écoper comme tout le monde.
Or, gu'on examine le moindrement les crédits que le gouvernement
s'apprête à voter pour l'enseignement public et privé des
niveaux primaire, secondaire et collégial.
Pour l'enseignement primaire et secondaire public, toutes les coupures
étant faites - et Dieu sait qu'elles ont soulevé l'ire et la
colère de bien des gens - les crédits à voter passent de 2
900 000 000 $, en 1980-1981, à 3 400 000 000 $, en 1981-1982, soit 15.8%
d'augmentation, secteur public primaire et secondaire.
Pour l'enseignement collégial public, toute coupure étant
faite, les crédits à voter passent de 575 000 000 $ à 665
000 000 $, soit une augmentation de 15,7%.
Pour sa part, l'enseignement privé des trois niveaux se verra
voter des crédits qui passent de 183 000 000 S, en 1980-1981, à
189 000 000 $, en 1981-1982, soit 2,9%.
Il faut souligner ici que l'enseignement privé ne connaît,
dans l'ensemble, aucune baisse de clientèle. Au contraire, les
clientèles demeurent stables et augmenteraient si le funeste moratoire
du ministre Jacques-Yvan Morin de l'époque n'empêchait pas
systématiquement son développement. Combien y aurait-il
d'élèves aujourd'hui dans les écoles privées dont
le ministre a interdit la naissance? Combien
d'élèves fréquenteraient les écoles
privées élémentaires si, grâce à des
subventions, elles devenaient financièrement plus accessibles? Et les
écoles secondaires, reconnues pour fins de subvention si elles
obtenaient une déclaration d'intérêt public?
La réponse est que l'enseignement privé ne possède
pas assez de places pour accueillir les élèves qui s'y
présentent. Donc, il n'y a pas de baisse de clientèle chez
nous.
À qui fera-t-on croire que le secteur privé est
traité d'une façon équitable dans cette pénible
aventure des coupures budgétaires supposément normales que les
articles 31 à 35 de la loi 11 proposent? De toute évidence, le
pourcentage d'augmentation des crédits est cinq fois moindre pour
l'enseignement privé qu'il ne l'est pour l'enseignement public.
Dans un contexte ou tout un chacun accepte ou n'accepte pas des budgets
réduits à une augmentation de 15,7%, c'est près de 212 000
000 $ de crédits et non 189 000 000 $ qu'il faudrait voter pour
l'enseignement privé.
En regard d'une semblable situation aussi lamentablement vide de
limpidité ou de transparence, pour employer un mot à la mode,
comment faut-il aborder les articles 31 à 35 du projet de loi no 11? Un
bref regard nous convainc qu'à travers les amendements qu'on apporte
ainsi à la loi no 56, c'est un vrai coup de force unilatéral que
l'on tente contre l'enseignement privé.
Les paragraphes 31 et 32 qui comportent des montants de subvention de
base, par exemple 1400 $ au primaire, 2000 $ au secondaire, 2630 $ au
collégial général, étalent des chiffres
arbitraires. On dirait que le ministre partage ainsi à sa
complète discrétion, entre toutes les institutions
déjà subventionnées des trois niveaux, une somme qui ne
doit, pour aucune considération, dépasser 189 000 000 $.
Pas question de prévoir d'autres écoles ou des statuts
améliorés. Le moratoire transpire ici comme dans le budget. Des
directives ministérielles seraient même prévues, nous
dit-on, qui feraient que certaines écoles contingenteraient leur
clientèle. C'est un comble.
Les écoles déjà en place verront dans ces articles
que leur subventionnement est diminué dans les faits. Elles devront
aller chercher auprès des parents déjà ponctionnés
à outrance les frais de scolarité nécessaires pour
équilibrer leur budget et assumer leurs obligations.
Les autres paragraphes, qui ne mentionnent pas de chiffres, manquent
généralement de clarté. La façon de modifier les
subventions de base d'année en année préserve toute la
discrétion du ministre. On pourrait s'attendre à des
augmentations, des diminutions, des rythmes de croisière, etc.
Il en va de même pour les articles concernant la subvention
reliée à la valeur locative des institutions. Ces articles
évoquent les pouvoirs du ministre de déterminer selon le
formulaire. Ce formulaire nécessiterait très probablement un
solide examen avant d'être déclaré en vigueur.
En somme, ce que nous sentons derrière les amendements que le
gouvernement voudrait apporter à la Loi sur l'enseignement privé
par le présent projet, c'est la reconduction légalisée du
fameux moratoire avec, cette fois, une remise en cause de l'enseignement
privé déjà en place et des droits inaliénables des
personnes gui les ont choisis et voudraient continuer de les choisir.
En diminuant les subventions aux écoles privées et en
conduisant les usagers à payer davantaqe, le gouvernement fait reculer
le principe de l'accessibilité pour tous à l'institution de leur
choix.
Le ministre de l'Éducation pourra alléguer que, par cette
contrainte additionnelle, les parents feront un choix plus
éclairé. C'est la théorie du ticket modérateur de
M. Parizeau, quoi! Sauf qu'en l'occurrence présente, on voudrait
étrangler des gens que l'on modère systématiquement depuis
des années.
Nous ne pouvons donc qu'exprimer notre profond désaccord avec le
gouvernement sur la teneur des articles 31 à 35 du projet de loi no 11,
de même que sur la méthode qu'il utilise pour changer ainsi
unilatéralement le contrat social scolaire du Québec.
Attendu qu'un moratoire non officiel, mais systématiquement
appliqué, empêche depuis plusieurs années le
développement normal de l'enseiqnement privé et cela contre la
volonté de 546 000 citoyens québécois;
Attendu les déclarations pour le moins troublantes qui se sont
succédé depuis quelques années dans la bouche des
ministres de l'Éducation concernant l'avenir de l'enseignement
privé au Québec;
Attendu que, par les compressions budgétaires et par les articles
31 à 35 du projet de loi no 11, le gouvernement commet une grave
injustice à l'endroit du secteur privé, augmentation de 15,7% au
public, augmentation de 2,9% au privé;
Attendu que le qouvernement met ainsi l'existence des institutions
privées en péril et brime les droits des personnes qui les
choisissent, nous recommandons:
Premièrement, que le "moratoire" soit immédiatement
levé;
Deuxièmement, que les crédits de l'enseignement
privé soient en tout équité avec le secteur public
augmentés de 2,9% à 15,7%;
Troisièmement, que les articles 31 à 35 soient
retirés du projet de loi no 11 et que, s'il y a vraiment lieu d'amender
les modes de financement de l'enseignement privé, ces modes fassent
l'objet d'une étude rigoureuse
à partir du principe d'équité de traitement entre
le secteur public et le secteur privé;
Quatrièmement, qu'advenant une telle étude, les groupes
concernés soient invités à y collaborer; et,
Cinquièmement, que, d'ici là, à tout le moins, la
Loi sur l'enseignement privé soit maintenue intégralement et
respectée dans sa totalité.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre: Comme je l'ai
dit au tout début, aucune manifestation pour ou contre n'est permise en
commission parlementaire, suivant notre règlement. Je devrai tout
simplement suspendre la commission si jamais on continue de cette
façon.
Merci, M. Grégoire.
M. le ministre.
M. Laurin: J'ai entendu avec intérêt le plaidoyer
véhément et passionné de M. Grégoire à
l'endroit du secteur de l'enseignement privé. J'ai été
étonné, cependant, de n'entendre dans son exposé aucune
référence à la situation économique
générale du Québec. Est-ce que M. Grégoire a
réalisé par exemple que le niveau de dépenses exigé
par tous les services collectifs, s'il avait augmenté d'une façon
proportionnelle à l'augmentation des années
précédentes, aurait été porté cette
année à 17% de plus que ce qu'il était l'an dernier?
M. Grégoire a-t-il réalisé par ailleurs que les
revenus collectifs, ce qu'on appelle habituellement le produit intérieur
brut, n'a crû que de 11% cette année, laissant donc subsister un
écart de 6% entre les dépenses que nous avons faites, que nous
faisons, et les ressources qui doivent servir à payer ces
dépenses?
A-t-il réalisé que notre société
québécoise vit donc au-dessus de ses moyens? Cela est de plus en
plus vrai depuis quelques années, depuis que la crise du pétrole
a amené une augmentation considérable du coût de
production, depuis que l'inflation galope de plus en plus, depuis que les taux
d'intérêt connaissent le saut extraordinaire que nous avons connu
au cours de la dernière année? Croit-il possible pour une
société de continuer longtemps à dépenser 17% de
plus par année alors que les revenus n'augmentent que de 11%?
M. Grégoire a-t-il pensé aux actions, aux changements
d'attitude qui incombent à une société qui se trouve dans
une telle conjoncture? Rappelons que, depuis quelques années, nous avons
tenté de diminuer le fardeau fiscal des Québécois d'une
façon répétée, au point qu'en 1982 nous paierons 2
000 000 000 $ de moins que ce que nous aurions payé en impôts, de
moins que nous aurions payé si nous avions continué à
taxer les gens sur la même base qu'en 1976.
M. Grégoire a-t-il réalisé que la seule
façon de diminuer cet écart, entre les 11% de revenus et les 16%
ou 17% des dépenses, est de taxer, d'augmenter les taxes à
nouveau, d'augmenter les emprunts qu'on nous reproche d'avoir porté
à un taux excessif, ou encore de diminuer le déficit,
c'est-à-dire de diminuer le niveau général de nos
dépenses, c'est-à-dire le niveau général des
dépenses gu'engendrent les services que dispensent tous les
ministères du Québec? (21 heures)
M. Grégoire est-il d'accord pour une compression
générale des dépenses dans tous les secteurs et, s'il est
d'accord, - et c'est la première question que je voudrais lui poser -
croit-il que ces compressions et cet effort ne devraient porter que sur les
secteurs, que sur les services publics que dispensent les ministères?
Croit-il que le secteur privé devrait lui aussi en prendre sa part et,
si oui, jusqu'à quel point? Est-il prêt à nous dire s'il
est prêt, comme tous les autres secteurs, comme tous les autres services,
à faire sa part pour que cet écart diminue entre les revenus
publics et les dépenses publiques?
Le Président (M. Boucher): M.
Grégoire?
M. Grégoire (Gilles-André): Une réponse
brève, M. le Président. M. Grégoire a-t-il pensé?
M. Grégoire est-il d'accord? Notre association, M. le Président,
est une association qui regroupe des gens raisonnables, qui ont fait preuve de
raisonnabilité, beaucoup plus qu'on le croit, depuis des années
et tout le fondement de notre mémoire, M. le Président, c'est
que, dans une société démocratique où les droits
fondamentaux sont reconnus, acceptés, font l'objet d'un consensus, et
surtout lorsqu'ils s'inspirent des grandes chartes universelles, il ne faut pas
regarder le prix. Ces droits doivent être au départ reconnus et on
doit ensuite aménager les situations le mieux possible pour les
satisfaire.
Le secteur privé de notre association demande d'être
traité avec équité et si, au nom de compressions
budgétaires, on a diminué le secteur public en l'augmentant
pourtant de 15,7%, l'enseignement privé se contenterait d'être
augmenté de 15,7% aussi. C'est ça, l'équité. Ce que
l'enseignement privé reproche au gouvernement, c'est de le compresser,
lui, de le modérer, lui, plus qu'on modère les autres, lui qui
est déjà modéré et comprimé depuis des
années. Vous avez une foule de parents, M. le Président, qui se
serrent déjà la ceinture systématiquement depuis des
années pour envoyer leurs enfants dans l'école de leur choix et
c'est à ces gens qu'on dit maintenant: Soyez raisonnables. Acceptez des
coupures comme tout le monde et on a l'air.
Le message est passé dans la population. On n'en finit pas
d'ailleurs de rattraper ce message. Le gouvernement dit: Écoutez, on
n'est pas pour couper tout le monde sauf le secteur privé. Ce gu'on vous
dit, M. le Président, c'est que le secteur privé, d'après
les chiffres officiels, est coupé davantage et cinq fois plus
coupé.
Le Président (M. Boucher); Merci, M. Grégoire. M.
le ministre.
M. Laurin: M. le Président, une augmentation du secteur
privé de 14% ou à peu près aurait fait passer les
crédits de l'enseignement privé de 183 000 000 $ qu'ils
étaient en 1980-1981 à 199 000 000 $ en 1981-1982. En diminuant
de 10 000 000 $ la somme prévue, c'est-à-dire en portant ce
montant à 189 000 000 $, nous aboutissons à une réduction
de 10 000 000 $ sur 199 000 000 $, ce qui en fin de compte constitue une
réduction d'à peu près 5%. Par ailleurs, au secteur de
l'enseignement public, au primaire-secondaire, l'augmentation que nous avons
connue au cours des dernières années était annuellement
d'environ 16%. Cette année, nous avons comprimé ce secteur,
ralenti la croissance des dépenses de ce secteur de 16% qu'elles
auraient pu être si on avait suivi le mouvement des dernières
années à 10,8%, c'est-à-dire une différence de
6%.
Dans le secteur des collèges, si nous avions continué
d'augmenter les dépenses au même rythme qu'en 1980-1981, nous
aurions eu une augmentation également de dépenses d'environ 16%.
Et pourtant, cette année, en raison des compressions que nous avons
imposées, pour ne pas dire infligées, au secteur
collégial, l'augmentation des dépenses ne sera que de 8%, 8
virgule quelque chose. Si nous comparons maintenant les compressions que nous
imposons au secteur privé avec les compressions imposées aux
secteurs primaire, secondaire et collégial, il y a quand même une
différence qui avantaqe le secteur privé. Est-ce que M.
Grégoire trouve que cette situation est juste ou injuste?
M. Grégoire (Gilles-André): M. le Président,
il y a une dizaine d'écoles au Québec qui se sont vu refuser le
permis d'ouvrir leurs portes, le permis, aucune subvention, le permis. Il y a
même un cas qui est sub judice actuellement à ce sujet à
Sainte-Angèle-de-Laval. Ce que nous disons, M. le ministre, et on
pourrait peut-être à l'intérieur de discussions entre nous,
discuter de chiffres et s'embarrasser les uns les autres de chiffres. Ce que
nous disons, et nous le sentons et tout le monde le sent, c'est que le secteur
privé est attaqué dans son existence même. Ce n'est pas une
affaire de compressions budgétaires. Nous le sentons dans nos tripes,
nous le sentons depuis des années, nous le sentons à travers le
moratoire, nous le sentons à travers les subventions coupées
qu'on devrait raisonnablement accepter, nous dites-vous, mais on n'est pas
capable de les accepter, parce qu'il ne s'agit pas de coupures, il s'agit
d'entraves, il s'aqit de coup de force.
M. Laurin: Vous avez terminé, M. Grégoire?
M. Grégoire (Gilles-André): J'ai terminé, et
je céderais très volontiers ma place à quelqu'un
d'autre.
M. Laurin: Je vous ai entendu parler de la disparition du secteur
privé et cependant les calculs que nous faisons montrent qu'en 1981-1982
le secteur des maternelles recevra 63 100 $ de moins que ce qu'il aurait
reçu, si le montant de 199 000 $ avait été gardé.
Ce qui veut dire une diminution de 79,37 $ par tête et le secteur
primaire va subir une compression de 89,30 $ par tête; le secondaire de
105,92 $ de moins par tête. Est-ce qu'on peut dire qu'il s'aqit là
d'un assaut majeur, d'une menace de disparition, surtout si l'on comprend que,
pour maintenir la situation actuelle, une augmentation des frais de
scolarité de 80 $, de 90 $, de 105 $ maintiendrait le statu quo actuel,
et, surtout, si l'on conçoit que, divisé par 10 mois, cela
équivaudrait à une somme équivalente à 8 $ par mois
pour les maternelles, à 10 $ pour le primaire et à un peu plus de
10 $ pour le collégial. Est-ce qu'on peut alors véritablement
parler de menace mortelle, de péril mortel, de disparition, ou s'il ne
faut pas conclure au contraire qu'on a tendance à dramatiser et à
faire des tempêtes dans un verre d'eau?
M. Grégoire (Gilles-André): M. le Président,
merci beaucoup...
Le Président (M. Boucher): M. Gréqoire, un instant,
s'il vous plaît! M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'espère que le
ministre de l'Éducation va modérer ses transports cette fois-ci
et qu'il va me laisser parler sans me censurer.
Le Président (M. Boucher): Vous avez le droit de parole,
M. le député.
M. Lalonde: Je l'avais tout à l'heure aussi, M. le
Président. Au nom de l'Opposition, il me fait plaisir de vous accueillir
à cette très courte rencontre, ce soir. Comme je l'ai dit au
début, nous, du Parti libéral, accordons une attention tout
à fait particulière à ce que représente
actuellement le geste du gouvernement. Nous avons d'ailleurs pris connaissance,
avant que
vous veniez ce soir, de vos arguments, de vos demandes, par des
communications que vous avez fait parvenir à tous les
députés, que vous avez envoyées à la presse. Pour
nous, l'existence du secteur privé, en plus d'être une source
d'émulation pour l'éducation au Québec, permet l'exercice
de la liberté pour les parents de choisir l'école de leurs
enfants et souvent, pour les enfants, de choisir leur collège. C'est un
droit fondamental qui est d'ailleurs reconnu par nos lois.
Maintenant, l'étude du projet de loi 11 se situe exactement dans
ce contexte: qu'on doive couper les subventions à l'enseignement
privé de la même manière que l'on coupe à
l'enseignement public serait acceptable, mais est-il vrai que les coupures du
projet de loi no 11 mettent en péril l'avenir et le développement
du secteur privé? Serait-ce plutôt une manoeuvre
déguisée pour faire disparaître lentement un secteur de
l'éducation au nom d'une idéologie que le Parti
québécois n'a même pas le couraqe de proclamer au grand
jour? Le refus du gouvernement péquiste de faire un débat public
nous inspire les pires appréhensions, M. le Président...
M. Laurin: Question de règlement. M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. Question de règlement.
M. Laurin: M. le Président, sous le couvert d'une
question, le député de Marguerite-Bourgeoys reprend le discours
qu'il a fait en deuxième lecture sur la loi 11, ce n'est pas du tout une
question qu'il adresse, c'est simplement, à nouveau, l'affirmation des
principes qui sous-tendent la position du Parti libéral.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai une question de
règlement moi aussi.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je pense que le ministre, pour des raisons que
j'ignore, est en train de perdre le nord.
M. Laurin: Posez des questions.
M. Lalonde: Vous savez, M. le Président...
M. Laurin: Posez des questions.
Lalonde: ...que le règlement me permet de parler vingt
minutes sans même poser une question aux intervenants.
M. Laurin: Quand on a des invités, on pose des
questions.
M. Lalonde: Vous le savez, M. le Président. Je ne sais pas
ce qui inquiète le ministre....
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous avez la parole.
M. Lalonde: Merci, M. le Président, pourriez-vous avertir
le ministre que j'ai la parole?
Le Président (M. Boucher): Vous avez la parole.
M. Lalonde: Merci, M. le Président.
Donc, le refus du Parti québécois, du gouvernement
péquiste, de faire un débat public nous inspire ces
appréhensions. L'échange que nous avons ce soir ne remplacera
jamais le débat public et complet que le gouvernement du Parti
québécois nous avait promis et qu'il escamote honteusement,
à mon sens, au mépris des droits les plus démocratiques de
la population, par une réunion de quelques heures. Si nous y
participons, c'est que nous ne pouvons refuser cet éclairage, si court
soit-il, qui nous permettra peut-être de prendre la meilleure
décision.
M. Grégoire, ce que nous voulons donc savoir ce soir, je pense
que c'est ce que vous vouliez nous dire, c'étaient les
conséquences de la loi 11 sur les institutions d'enseignement
privé. Vous représentez 113 telles institutions, vous dites dans
votre mémoire que la loi 11 mettrait en péril vos membres, les
institutions d'enseignement privées, est-ce que vous pourriez nous
expliquer de façon peut-être un peu plus chiffrée que ce
que vous avez dans votre mémoire les conséquences de la loi 11?
Je sais, c'est assez clair, que l'augmentation de 2,9% comparée à
l'augmentation d'à peu près 15% pour le secteur public
témoigne d'un traitement différent, mais on a reçu chacun
de nous des témoignages à savoir que ça mettrait en
péril l'existence même d'un certain nombre d'institutions. Est-ce
que vous pourriez nous expliquer pourquoi?
Le Président (M. Boucher): M. Grégoire. (21 h
15)
M. Grégoire (Gilles-André): M. le Président,
je crois savoir que d'autres associations qui sont ici et qui aimeraient se
faire entendre ont fait porter leur mémoire spécifiquement sur
des chiffres, autrement dit sur la preuve de ce que notre mémoire
avance. À ce moment-ci, tenant compte du voyage qu'ils ont fait, des
courtes heures qu'ils ont eues pour se préparer, j'aimerais vous
demander de me retirer et de leur
permettre, parce que nos mémoires sont forcément
complémentaires les uns les autres, de faire les démonstrations
que M. le député de Marguerite-Bourgeoys me demande de faire.
Puis-je vous demander de me retirer et céder la parole à
d'autres? Je ne veux être odieux pour personne, je ne veux rappeler
personne à l'ordre, mais nous sommes venus ici pour nous faire entendre.
Au rythme où vont les choses, je commence à me sentir un peu
gêné d'être ici, alors que d'autres groupes pourront faire
les démonstrations que vous demandez et pourront répondre
peut-être par anticipation à certaines questions que vous voudriez
me poser dans un autre contexte, car notre mémoire n'a pas
été préparé dans ce sens.
M. Lalonde: M. le Président, je ne veux pas insister, si
le témoin...
Le Président (M. Boucher): Un instant: Je retiens la
volonté de M. Gréqoire de se retirer à ce moment-ci pour
permettre à d'autres groupes de se faire entendre. Dans mon esprit,
étant donné que nous avons sept groupes à entendre ce
soir, j'aimerais qu'on respecte la volonté de M. Grégoire. Il y a
des groupes qui sont ici et qui attendent pour se faire entendre. Au rythme
où on va, j'ai l'impression qu'on va arriver à minuit
rapidement.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je regrette beaucoup que M.
Grégoire se sente obligé de nous quitter. J'avais quelques
questions à lui poser.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont, je pense qu'on doit respecter la volonté des témoins
qui sont ici ce soir de se retirer au moment où ils le jugent opportun.
M. Grégoire, je vous remercie.
M. Grégoire (Gilles-André): Je vous remercie, M. le
Président.
M. Paquette: Ce n'est pas un mémoire qui nous avance
beaucoup.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, sur un point de
règlement, pour expédier l'affaire, est-ce qu'on ne pourrait pas
demander que toutes les associations qui sont venues ce soir nous soumettent
leur mémoire et que personne ne les interrompe, pas plus le ministre de
l'Éducation, qui a posé des tas de questions, qui a donné
beaucoup de renseignements, ce qui a entraîné un débat qui
a pris beaucoup de temps. Tout le monde aurait ainsi la chance de
présenter son mémoire, quitte à ce que nous autres, s'il
reste du temps, puissions poser des questions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Anne, il est de coutume dans les commissions parlementaires où on
reçoit des mémoires que le parti ministériel et le parti
d'Opposition puissent poser des questions. Si la volonté des
témoins est qu'ils ne pensent pas devoir accepter de questions, il faut
respecter cette volonté. C'est normal. S'il y a des questions, au moment
où les autres mémoires seront présentés, je devrai
les accepter.
M. Polak: II ne faut pas les bloquer non plus si le ministre de
l'Éducation mange le temps en faisant de grands discours et en donnant
des explications. Il faut donner une chance à ceux qui sont venus ici ce
soir d'expliquer leur position.
Le Président (M. Boucher): Un instant! M. le
député de Sainte-Anne, je pense que les membres de la
commission... Est-ce qu'on s'est entendu ou est-ce qu'on voudrait s'entendre
sur une période de temps par organisme ou par mémoire?
M. Polak: II faut donner une chance à tout le monde de le
faire.
Le Président (M. Boucher): Si les membres de la commission
s'entendent pour qu'on prenne une demi-heure par organisme, je vais essayer de
respecter ce temps. M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je veux simplement
témoigner de mon étonnement. C'est la première fois en
commission parlementaire où on reçoit des mémoires que
nous recevons quelqu'un qui s'est donné la peine de présenter un
mémoire et qui se retire avant qu'on en ait terminé des
questions. Je vais devoir respecter votre décision, mais il y avait
quelques affirmations fortes dans ce mémoire que j'aurais aimé
demander à M. Gréqoire de justifier.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont, je ne permettrai pas que l'on présume des intentions des
témoins qui viennent ici ce soir.
M. Ryan: C'est le gouvernement qui a limité le temps,
trois heures en tout. Il ne faut pas mettre la faute sur le témoin.
Le Président (M. Boucher): Je respecterai la
volonté des témoins, tout court.
M. Lincoln: II me semble que les deux partis devraient
peut-être se mettre d'accord pour entendre... C'est assez
important...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous avez des
suggestions à faire, M. le député de Nelligan?
Allez-y!
M. Lincoln: Oui, j'ai une suggestion à faire. Je
suggère qu'on entende les témoins, qu'on les questionne, et que
ceux qui ne seront pas entendus reviennent un autre jour et qu'on prolonge les
débats, parce que c'est assez important. C'est un sujet de grande
importance qu'on est en train de masquer en trois heures et en train de le tuer
en ne questionnant pas les gens. C'est une affaire de guillotine.
M. Paquette: On peut y aller jusqu'à deux heures du
matin.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nelligan, vous me mettez dans une position très difficile, étant
donné que l'ordre de la Chambre était ce soir d'entendre les
témoins, et que, par la suite, nous procéderions article par
article. L'ordre de la Chambre est tel que je dois m'y conformer, comme tous
les membres de la commission d'ailleurs.
Le prochain organisme, l'ACQ, représenté par le
Père Laurent Larouche, président. Si vous voulez vous approcher
et procéder à la lecture de votre mémoire. Allez-y,
père Larouche.
Association des collèges du
Québec
M. Larouche (Laurent): Je vous demande, M. le Président,
de permettre à d'autres représentants de notre association,
membres du conseil général, de pouvoir m'accompagner et
d'apporter des éclaircissements au bref sommaire que je vous ferai.
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez nous
présenter ceux qui vous accompagnent, vous avez le loisir de le
faire.
M. Larouche: Merci, M. le Président. M. André
Paquet, directeur du collège Laflèche; M. François
Boissonneault, directeur général du campus Notre-Dame-de-Foy; Mme
Gisèle Mathieu, directrice générale du
Marguerite-Bourgeoys; M. Jean Poulin, directeur du Petit Séminaire de
Québec; M. Saint-Germain, secrétaire général de
l'Association des collèges du Québec et M. Jean Meunier,
directeur général de l'institut Teccart.
Nous avons fait parvenir au secrétaire de la commission, tel que
convenu dans le télégramme de convocation, deux mémoires,
l'un intitulé Conséquences du changement du mode de financement
de l'enseignement collégial privé général et
professionnel, loi 56 versus loi 11, et un deuxième intitulé Le
gouvernement du Québec met en péril l'enseignement
collégial privé.
L'Association des collèges du Québec, dont les
institutions membres sont subventionnées selon des coûts moyens
variant pour les différentes catégories d'enseignement, remercie
cette commission parlementaire d'avoir bien voulu l'entendre, malgré
l'accéléré de procédures dont l'aboutissement va
décider du sort de ces institutions.
En premier lieu, l'Association des collèges du Québec
comprend et reconnaît que, dans la situation financière que nous
vivons présentement, des contraintes budgétaires s'imposent,
d'autant plus volontiers que le secteur de l'enseignement privé a
l'habitude des contraintes.
Depuis 1968, nous avons consenti, par rapport au secteur public,
à des restrictions et des différences de financement gui ont
épargné au gouvernement du Québec et à l'ensemble
de la population du Québec des sommes considérables qui ont
allégé notablement le fardeau du financement de
l'éducation chez nous.
Pour les 24 collèges privés membres de notre association,
le fait d'avoir eu, en l'année scolaire 1980-1981, une clientèle
de 14 847 étudiants, dont 12 816 dans des collèges
déclarés d'intérêt public et 2031 dans des
collèges reconnus pour fins de subventions, a fait économiser au
gouvernement et à l'ensemble de la population du Québec la somme
de 12 952 000 $ en ne considérant que les seuls budgets de
fonctionnement.
Certains laissent entendre que les collèges privés du
Québec réclament un traitement privilégié. Il n'en
est rien puisque, depuis 1958, ces mêmes collèges ont
réussi à dispenser leur enseignement en obtenant des subventions
gui ne représentent que 70% et parfois beaucoup moins du coût
réel de cet enseignement. À ce propos, l'Association des
collèges du Québec tient à dénoncer l'erreur en
laquelle le public est induit par l'annonce officielle d'une diminution de 4%
des subventions versées par le gouvernement. Ce chiffre de 4% ne
correspond aucunement à la diminution réelle
entraînée par les dispositions du projet de loi à
l'étude. En rétablissant les chiffres réels, il ne s'agira
pas, pour les 24 collèges privés membres de notre association,
d'une simple diminution du rythme de croissance de 4%, mais bien plutôt
d'une diminution réelle des subventions qui leur seront versées
en 1981-1982, comparativement aux subventions reçues en 1980-1981.
L'Association des collèges du Québec a sollicité
des avis juridigues sur la teneur du projet de loi no 11 qui met en question la
subsistance de ses collèges membres. Ces avis juridiques nous signalent
unanimement
l'étonnante imprécision qu'accuse la formulation des
normes fixant les subventions que verserait à l'avenir le gouvernement
aux collèges privés et, en particulier, la formulation des
articles 14.1 et 17.1. L'Association des collèges du Québec
estime inexplicable et impardonnable une telle imprécision qui livre ces
collèges à l'arbitraire, pour ne pas dire à la merci du
ministre de l'Éducation et des hauts fonctionnaires du gouvernement. Des
dispositions aussi vagues prêtent à des interprétations qui
varieront non pas selon la teneur de la loi, mais selon la bienveillance
relative du ministre de l'Éducation et des hauts fonctionnaires du
gouvernement a l'endroit du secteur privé.
Permettez que l'on vous cite quelques passages de ces avis juridiques
à propos, en particulier, des articles 14.1, 14.2, ainsi que 17.1 et
17.2. "Deux choses sont à noter, relativement à ces modifications
- ce sont les modifications du mode de financement -la première est que
les montants prévus pour les subventions sont déterminés
dans le projet de loi pour l'année 1981-1982 et que pour les
années subséquentes les même dits montants seront
modifiés par des ajustements prévus à la loi. À
noter, cependant, que les dernières remarques des articles 14.1 et 17.1
du projet de loi mentionnent que les variations servant à
l'établissement de ces subventions ne tiendront pas compte des montants
versés à titre de dépenses propres à l'enseignement
public. "Cette stipulation ne pêche certainement pas par clarté et
il devient, à notre avis - c'est toujours l'avis des conseillers
juridiques - très difficile de comprendre ce qui est effectivement
visé par le législateur dans ces articles. S'agit-il de
dépenses qui n'existent pas dans les institutions d'enseignement
privées? Notons également que cette stipulation pourrait
prêter à des abus ou à de la discrimination étant
donné son articulation susceptible de bien des interprétations."
Je cite toujours les mêmes avis juridiques. "La deuxième remarque
que nous désirons faire quant aux modifications des subventions
accordées à l'enseignement privé est la discrétion
que le ministre s'accorde pour déterminer le montant de la valeur
locative à partir de laquelle ce dernier versera la subvention. Sans
présumer de la bonne foi du geste posé, il n'en demeure pas moins
que de telles stipulations s'accordant la discrétion d'avoir
discrétion sont des stipulations qui sont généralement
reconnues par les tribunaux comme étant peu souhaitables dans les
législations actuelles au Québec." Fin de la citation des avis
juridiques.
Il est un point de vue que nous tenons à souligner dans cette
rencontre, c'est celui des parents. Il n'est pas impossible que vous le
partagiez. Il n'est pas impossible que, parmi les membres de cette commission,
il s'en trouve qui confient encore leurs filles et leurs fils à
l'enseignement privé. Les parents qui envoient leurs filles et leurs
fils dans des collèges privés, en plus de faire leur part comme
contribuables pour assurer le financement de l'enseignement public, consentent
aux sacrifices financiers qu'entraîne leur choix d'une institution
privée. Il se peut que parmi vous, certains aient consenti à de
tels sacrifices. C'est à ces mêmes parents que le projet de loi no
11 vient demander, selon les propos mêmes du ministre de
l'Éducation, d'accroître leur participation. Par une
étrange ironie, ce gouvernement se proposerait de pousser la
générosité, selon les articles 14.4 et 17.4,
jusqu'à permettre aux partents de payer 50% du montant de la subvention
applicable à l'institution déclarée d'intérêt
public et de payer 100% du montant de la subvention applicable à
l'institution reconnue pour fins de subvention. Selon les mots mêmes du
ministre de l'Éducation, "ces modifications rendront le choix des
parents du secteur privé un peu plus astreignant, mais sans doute mieux
éclairé".
Nous espérons que les membres de cette commission
réaliseront que les cris d'alarme suscités par les dispositions
législatives prévues dans le projet de loi no 11, en particulier
chez les collèges qui dispensent l'enseignement professionnel, sont plus
que fondés. Ces collèges se voient placés devant une
situation financière sans issue. (21 h 30)
Les partisans de l'enseignement public -il y en a sans doute parmi vous
- reprochent constamment à l'enseiqnement privé son
caractère élitiste. Vous vous disposez à exagérer
ce défaut de l'enseignement privé en réservant à
une élite d'argent la possibilité d'y avoir accès.
Permettez, en terminant, que nous vous rappelions que l'enseignement
public a une dette énorme à l'endroit de l'enseignement
privé, dont il est un surgeon; que la disparition du secteur
privé représenterait pour le Québec un appauvrissement
culturel dont vous ne voudriez pas être responsables; que parmi les
membres de ce même gouvernement, la grande majorité a eu
l'avantage de trouver, dans des institutions privées, l'éducation
qui les a préparés à jouer le rôle qu'ils assument
actuellement, d'orienter l'avenir du Québec.
Encore une fois, les collèges privés du Québec,
membres de l'Association des collèges du Québec, ne viennent pas
ici quémander un traitement de faveur, mais réclamer des
règles de financement qui demeurent équitables, compte tenu de la
conjoncture actuelle.
Le Président (M. Boucher): Merci, Père
Larouche.
M. Larouche: Vous permettrez, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Vous n'avez pas terminé?
Excusez.
M. Larouche: Mes collègues auraient quelques
compléments à apporter. Je demanderais à M. André
Paquet de les apporter. Ce sont des chiffres.
Le Président (M. Boucher): M. Paquet.
M. Paquet (André): Merci, M. le Président. Depuis
deux semaines, nous nous sommes livrés à l'exercice de faire des
calculs assez précis sur l'impact et les conséquences d'un
nouveau système de financement pour l'enseignement collégial
privé. Et à notre grande surprise, nous avons constaté que
non seulement il y avait diminution du rythme d'augmentation, mais qu'il n'y
avait pas du tout d'augmentation et même qu'il y avait diminution par
rapport à l'année en cours.
Ceux d'entre vous qui ont en main le document que nous leur avons fait
parvenir intitulé "Conséquences du changement du mode de
financement de l'enseignement collégial privé", si vous regardez
à la page huit, nous avons fait la synthèse de ce que les
nouveaux modes de financement représentaient pour l'ensemble des
collèges.
Dans la troisième colonne de chiffres, à partir de la
gauche, on a calculé le montant des subventions reçues pour fins
de fonctionnement, durant l'année scolaire 1980-1981. Pour les 24
collèges membres de notre association, qui dispensaient de
l'enseignement à 14 847 étudiants répartis dans les
différents programmes du secteur général ou du secteur
professionnel, nous sommes arrivés au total de 39 175 783 $ de
subventions reçues du gouvernement pour fins de fonctionnement,
c'est-à-dire des subventions fondées sur le calcul du coût
moyen dans le secteur public de l'année précédente.
Si vous sautez, non pas à la colonne suivante, mais à
l'autre ensuite, où vous avez les subventions prévues pour
l'année 1981-1982, selon la loi 11, la loi dont on est en train de
parler présentement, on constate qu'en faisant les calculs pour une
même clientèle, pour un même nombre d'étudiants, dans
chacune des catégories de programmes, le total des subventions
reçues par l'ensemble des collèges de notre association se
chiffrerait par 37 44 982 $. Cela signifie - vous l'avez dans la
deuxième colonne qui suit - une diminution, en 1981-1982, de 1 700 000 $
par rapport à 39 175 000 $ de cette année, c'est-à-dire
une diminution de 4,41%.
C'est donc dire que non seulement les coûts moyens, pour
l'ensemble des programmes que nous dispensons n'augmenteront pas de 11% ou 12%
comme on aurait pu s'y attendre dans un contexte hors coupures
budgétaires, mais ils vont même baisser par rapport à la
réalité de cette année, de sorte que la
réalité de cette année devenant la base à partir de
laquelle on calcule les écarts, si on ajoute les 12% d'augmentation que
nous n'aurons pas et le 4,4% de diminution que nous aurons, cela fait un recul
ou une coupure de 16,4%.
Il me semble que c'est tout à fait inéquitable par rapport
à ce qu'on peut observer dans le secteur public, que ce soit au niveau
du collégial public... Par exemple dans les renseignements
supplémentaires au discours, on retrouve, à la page 27,
l'indication que les crédits de l'enseignement collégial public
vont augmenter de 16,4%, incluant une correction sur l'évaluation des
clientèles qui avait été sous-estimée de 3%. M. le
ministre de l'Éducation nous parlait tantôt d'une augmentation du
budget de fonctionnement des cégeps de 8%. Je ne sais pas à quoi
tient l'écart. Mais si on prend 8% après les coupures, cela
signifie que cela aurait été au moins 12% ou 13% avant les
coupures. On considérerait comme un traitement équitable d'avoir
la même coupure de 4%, mais sur la même base; non pas sur la base
des subventions réelles versées cette année, mais sur la
base d'une augmentation à peu près normale, selon les
différents facteurs qui entrent dans la composition du coût moyen,
c'est-à-dire aux environs de 11% ou 12%, que l'on aurait reculée
de 4%.
Mais ce qui se produit au niveau colléqial, c'est une diminution
des subventions globalement pour l'ensemble des collèges de 1 700 000 $,
c'est-à-dire 4% par rapport à l'année en cours. Cela veut
donc dire qu'on recule de 12% d'augmentation que nous n'avons pas et de 4% que
nous avons, ce qui fait 16,4%.
Depuis quelques semaines, et spécialement depuis quelques jours,
on entend, à la radio, à la télévision, dans les
débats à l'Assemblée nationale, les membres du
gouvernement dire que le secteur privé écope à peu
près dans les mêmes proportions que les autres secteurs,
c'est-à-dire environ 4%. Les gens sur la rue, un peu partout dans les
restaurants nous disent: C'est tout à fait normal que vous goûtiez
un peu à la même médecine que tout le monde. De ce point de
vue, je pense bien qu'au niveau du principe il n'y a personne parmi nous qui
n'est pas d'accord étant donné la conjoncture économique
dans laquelle on est, étant donné les écarts entre les
revenus prévisibles et les dépenses prévisibles du
gouvernement tel que le mentionnait tantôt M. le ministre de
l'Éducation. Le gouvernement cherche à réduire quelque peu
le rythme de
l'augmentation des dépenses, mais nous ne comprenons pas du tout
pourquoi, dans le cas du collégial privé, nous n'avons aucune
augmentation, si on considère l'ensemble des collèges, mais
plutôt une diminution de 4%. Nous ne voyons pas comment le gouvernement
peut affirmer que nous n'avons qu'une coupure de 4% comparable à celle
des autres, alors que dans l'enseignement collégial public il y a une
augmentation prévue de 13%, de 14% et de 8%, en excluant certains autres
facteurs de variation, de 10% à l'élémentaire, au
secondaire public et dans le cas du collégial privé une
diminution de 4,4%.
Tantôt, le ministre de l'Éducation a peut-être
montré un peu sur quoi il se basait pour faire ses calculs. Il a
mentionné que le ministère était parti d'une
prévision de subvention globale pour l'enseignement privé de 199
000 000 $. Il me semble que j'ai cru entendre qu'il pensait correspondre
à une augmentation de 14%, de laquelle on coupe 10 000 000 $ pour
arriver au montant de subvention de 189 000 000 $, ce qui expliquerait le recul
de 4% ou de 5%.
En fait, si on prend 183 000 000 $ -et je suppose que les batteries de
ma calculatrice sont encore bonnes - et qu'on augmente de 14%, on arrive
à 208 000 000 $ et non pas à 199 000 000 $. Inversement, si on
prend 199 000 000 $ divisés par 183 000 000 $, on arrive à 8,7%
d'augmentation et non pas à 12% ou 13%. De sorte que sur la base de 183
000 000 $, si on augmente le financement de l'enseignement privé
à 189 000 000 $, cela fait une augmentation globale de 3,2% au lieu de
l'augmentation à laquelle on aurait pu s'attendre, selon
l'expérience des années antérieures et selon les
augmentations des échelles de salaires du personnel du secteur public,
l'année dernière: une augmentation entre 11,5% et 12,5%. Ce qui
nous fait en réalité un recul d'au moins 9%.
Il y a un de nos collègues qui voudrait vous montrer aussi les
situations concrètes pour certaines institutions en particulier, ce que
cela signifie. En terminant, je voudrais attirer votre attention
peut-être sur le tableau précédent, celui-là qui
montre les variations per capita. Tantôt, le ministre de
l'Éducation a montré qu'à l'élémentaire ou
au secondaire cela pourrait représenter une coupure, mais
calculée à partir de 189 000 000 $, ce qui ne me semble pas la
bonne base de calcul, ce qui correspondait à 80 $ ou 100 $ par
étudiant, divisé par 10 mois; même si on divisait par 12,
cela donnerait des chiffres encore moins élevés, on pourrait
compter des mois de vacances qui correspondent à 8 $ ou 10 $ par mois.
Mais dans le cas des collèges du niveau collégial, si vous
comparez à la page 7 dans le tableau no 1, pour l'enseignement
général, 1ily a une augmentation de 88 $ par étudiant
alors qu'on aurait pu s'attendre à une augmentation de 287 $, ce qui
représente une coupure effective de 191 $.
C'est donc dire que les collèges qui dispensent l'enseignement
général, pour garder le même niveau de revenus en fonction
des subventions et des frais de scolarité, devront augmenter pour
compenser la coupure budgétaire de 191 $ leurs frais de
scolarité, en plus de l'augmentation normale qu'ils auraient eue quand
même, parce qu'étant à la remorque du secteur public dans
le calcul des frais de financement, on écope toujours des 20% qui nous
manquent sur le montant de base qui sert à calculer. Mais, dans le cas
du secteur qénéral, c'est quand même moins grave, alors que
dans le secteur professionnel, vous avez des écarts qui vont de 822 $,
dans le secteur 400, jusqu'à 1435 $ dans le cas des techniques
biologiques. Même si on divise par dix mois, ça fait 140 $ par
mois. Il me semble que c'est une coupure terrible qui va sûrement mettre
en danger des institutions qui dispensent ces programmes, parce qu'il n'y a pas
un collège gui puisse se permettre d'augmenter des frais de
scolarités de 800 $ à 1200 $ d'un coup sec. Là-dessus, je
cède la parole à M. Boissonneault, pour terminer avec
l'illustration de ce qui arrive dans un collège en particulier.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. Paquet. M.
Boissonneault.
M. Boissonneault (François): Dans notre mémoire, le
président a dit que les collèges qui dispensent l'enseignement
professionnel se voient placés devant une situation financière
sans issue. Je voudrais vous illustrer la situation avec un collège qui
dispense 50% d'enseignement professionnel; je parle du campus
Notre-Dame-de-Foy, à Cap-Rouge. Vous avez les chiffres au tableau qu'on
vous a remis, à la page 11, tableau 4.
Pour être bien sûr d'avoir compris les amendements
proposés, j'ai fait corroborer cette analyse par les hauts
fonctionnaires du service de l'enseignement privé, qui sont dans cette
salle. Ils m'ont dit que leur analyse rejoignait la mienne; je ne voulais pas
paniguer.
Seulement, dans notre collège, au niveau de l'enseignement
collégial, ça se traduit par 600 000 $ de moins, si j'applique
les amendements proposés par la loi 11, au lieu de respecter les
règles du jeu en vigueur, c'est-à-dire appliquer la loi 56. Je
dois ajouter à cela que la contribution du 1,5% supplémentaire de
l'employeur au régime d'assurance-maladie du Québec se chiffre
pour nous par un montant additionnel de 65 000 $; comme vous le voyez, je suis
rendu à un montant de presque 700 000 $.
Quand nous disons - ce n'est pas pour faire un drame - que la situation
financière
de ce collège est sans issue, c'est vrai. Notre collège ne
peut pas, du jour au lendemain, assumer un déficit de 700 000 $, tenant
compte des taux d'intérêt que l'on connaît. Alors il n'y a
pas à se poser de questions très longtemps, si la loi 11 est
adoptée.
Ce qui peut-être aussi rend la chose malheureuse c'est que, dans
les techniques que nous desservons chez nous, il y a en particulier la
technique de garderie d'enfants que nous avons développée dans
notre collège où le coordonnateur provincial de ce programme,
tant pour le public que pour le privé, était chez nous. Nous
sommes le seul collège, depuis Montréal jusqu'à
l'extrémité est du Québec, jusqu'à maintenant,
à dispenser cette technique. Nous avons 310 élèves dans
cette technique et, l'an prochain, concrètement, au lieu de majorer le
coût moyen, selon l'inflation, par rapport à la subvention que
nous avons reçue cette année, nous recevrions, pour ces 310
élèves, 542 $ de moins. Non seulement il n'y a pas indexation,
mais il y a diminution. Il est très clair que nous ne pouvons pas aller
chercher ça dans la poche des parents; il s'agit d'une clientèle
qui vient de partout dans la province et pas nécessairement de milieux
plutôt aisés.
C'est un peu la même chose pour les 600 élèves des
autres techniques. Nous avons l'art vestimentaire qui, depuis Montréal
jusqu'à l'extrémité est du Québec, s'est
développé dans notre collège et qui est en plein essor,
ainsi que d'autres techniques.
Tout ceci pour vous illustrer d'une façon concrète, sans
panique, que si cette loi est adoptée, nous fermons nos portes. Personne
n'est capable de supporter ce déficit de 600 000 $ à 700 000 $
annuellement.
Le Président (M. Laplante): Merci, messieurs. M. le
ministre de l'Éducation. (21 h 45)
M. Laurin: D'abord, je veux remercier les différents
intervenants pour les mémoires sérieux, solidement
documentés qu'ils nous apportent.
Dans les arguments qu'ils ont fait valoir, il y en a qui sont d'ordre
général et il y en a qui sont d'ordre particulier. Je fais
particulièrement référence à la dernière
intervention qui portait sur le collège Notre-Dame-de-Foy. Je voudrais
d'abord mentionner que je suis étonné d'entendre dire que le
ministère voudrait faire montre d'un arbitraire plus grand en ce qui
touche la fixation de la valeur locative, parce que les chiffres que nous avons
communiqués lors des rencontres que nous avons eues avec les
représentants des collèges privés du Québec sont
basés exactement sur les procédures en vigueur et sur les
chiffres sur lesquels nous nous étions entendus dans le
passé.
Nous savons, en effet, que pour les collèges privés la
valeur locative remplace ce qui, dans le secteur public, s'appelle le Service
de la dette et que cette valeur locative a été établie en
tenant compte des immobilisations, des services, des équipements qui
sont fournis aux élèves. Cette valeur locative, qui s'ajoute
d'ailleurs per capita à la subvention, correspond aux formulaires et aux
procédures en vigueur. Jusqu'à ce que je sois plus
informé, quitte à réviser les chiffres que l'on voudra
bien nous fournir institution par institution, je serais très
étonné que le ministère, en 1981-1982, fasse montre de
plus d'arbitraire qu'il n'en a montré par le passé. De toute
façon, je pense que cette preuve-là est à fournir. Pour le
moment, je suis convaincu que la valeur locative qui a été
fixée pour chacune des institutions correspond exactement aux
immobilisations qui ont été faites par les différents
collèges.
Une deuxième remarque également que je voudrais faire.
Lorsque le Père Larouche dit que l'effort des collèges
privés, en ce qui concerne leurs 14 500 étudiants, constitue une
épargne pour le secteur public, je pense qu'il faudrait qualifier cette
affirmation. Il y a énormément de dépenses
générales que fait le ministère de l'Éducation pour
le secteur public, que ce soit pour des travaux de recherche ou d'innovation
pédagogique. Tous les travaux pour l'amélioration du
système d'enseignement, qui sont faits à une cadence
accélérée depuis une quinzaine d'années, profitent,
bien sûr, indirectement au secteur public. Tout ce que nous
négocions à grands frais lors des négociations collectives
et qui, souvent, se traduit par des améliorations au secteur public est
souvent transféré au secteur privé sans qu'il ait eu
à dépenser pour en arriver à ces améliorations. On
pourrait continuer la comparaison sur certains autres secteurs. Je voulais
simplement, par ma remarque, signifier qu'il y avait quand même,
même si cela n'était pas toujours évident, des vases
communicants entre le secteur public et le secteur privé et, directement
ou indirectement, le secteur privé peut parfois, et souvent, je crois,
bénéficier des efforts considérables faits par le secteur
public pour l'amélioration de la qualité de l'enseignement qui
s'est faite depuis une quinzaine d'années.
Quant aux frais de scolarité supplémentaires qu'il
faudrait imposer, je pense que j'ai entendu que dans le collégial, au
sens large du terme, ceci se traduirait par une augmentation per capita de 191
$. J'ai parlé tout à l'heure plutôt de 95 $. Il est
peut-être facile de se quereller sur les chiffres, mais j'ai quand
même ici, moi aussi, des chiffres. Il serait facile de les opposer en
termes généraux à ceux que nous venons d'entendre, mais il
demeure quand même que si nous comparons ces chiffres
institution par institution, si nous comparons ce que ces institutions
ont reçu en 1980-1981 par rapport à ce qu'elles auraient pu
recevoir si nous avions gardé la même méthode de
financement et par rapport à ce qu'elles recevront avec notre nouvelle
méthode de financement, les écarts ne nous paraissent pas, en
tout cas, aussi marqués que ceux qu'on a signalés.
Je peux donner quelques exemples. Au hasard, je prends le cas du
collège Jean-de-Brébeuf. En 1980-1981, ce collège a
reçu 2 790 712 $ pour 1041 étudiants au général. Il
aurait reçu, si la méthode de financement n'avait pas
changé, 3 027 000 $ et il recevra, avec la nouvelle règle de
financement, 2 918 000 $. Cela montre bien qu'avec les 1041 étudiants,
si nous répartissons cette augmentation d'à peu près 180
000 $, on ne peut pas conclure que le collège Jean-de-Brébeuf
sera obligé d'augmenter ses frais de scolarité à la
moyenne dont parlaient les intervenants de l'ACQ. Je pourrais faire la
même démonstration pour un certain nombre d'autres institutions,
pour ne pas dire pour la plupart.
Il importe ici, je pense, de distinguer entre le collégial
général et le collégial professionnel. Effectivement, je
pense que tout le monde s'entend pour dire que les dépenses au
professionnel sont plus fortes qu'au général. D'ailleurs, on
pourrait continuer à faire d'autres distinctions et dire que les
dépenses sont différentes selon qu'on a affaire aux techniques
biologiques, aux techniques physiques, aux techniques en sciences humaines, aux
techniques administratives et aux techniques touchant les arts et les lettres.
C'est, d'ailleurs, la raison pour laquelle, après discussion avec les
représentants de vos associations, nous avons distingué, à
l'intérieur du collégial professionnel, selon les techniques
enseignées. Il y a certaines de ces techniques qui ne coûtent pas
tellement plus cher que l'enseignement général parce qu'elles ne
nécessitent pas d'équipement lourd ou un personnel
supplémentaire; il y en a d'autres, par contre - et je le reconnais -
qui exigent un équipement plus lourd et un personnel professoral plus
qualifié ou plus nombreux.
S'il s'avérait, à l'étude de dossiers individuels
tels que celui que M. Charbonneau vient de nous présenter, que cette
nouvelle technique d'allocation met certaines sections de l'enseignement
collégial dans une situation telle, par rapport à une
augmentation des coûts ou à un écart trop lourd à
supporter, qu'elle mettrait en danger la survivance de cet enseignement
professionnel, je pense que mon collègue, le ministre des Finances,
serait parfaitement réceptif à toute suggestion que je pourrais
lui faire à cet égard pour que nous analysions en tête
à tête, sur la base des états financiers approuvés
et détaillés de l'institution, la situation réelle et
procédions aux ajustements requis.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre.
Monsieur?
M. Saint-Germain (Jean-Marie): Je suis secrétaire
général de l'association depuis onze ans. Donc, je vis
l'enseignement privé depuis plus longtemps que chacun des membres de
l'Assemblée nationale qui sont ici présents à cette
commission. Je me souviens qu'en 1977 le gouvernement a été pris
de panique devant des coupures à effectuer. À ce
moment-là, en 1977, le gouvernement nous a imposé une diminution
très forte au niveau de l'enseignement général pour
procéder à une augmentation au niveau professionnel en
distinguant, cette année-là, cinq coûts moyens justement
parce qu'il nous disait: Vous ne développez pas assez l'enseignement
professionnel et il faut vous aider à le développer. À ce
moment-là, évidemment, la population du collégial
privé était, au général, de 80% et elle
était, au professionnel, de 20%.
Voici que maintenant, à l'occasion d'une autre coupure
budgétaire, puisqu'il y a une autre assiette à partager, on dit:
Cela ne fonctionne plus, le professionnel s'est trop développé
malgré ce qu'on vous avait dit. Il faut qu'on revienne sur cela parce
que cela vous coûte moins cher. On joue donc sur cela de façon
arbitraire. Je voudrais dire dans ce salon rouge qu'autrefois, à
l'époque des Romains, quand les gladiateurs se présentaient dans
l'arène, ils disaient: César, ceux qui vont mourir te
saluent!
Je voudrais dire aujourd'hui au ministre de l'Éducation et au
ministre des Finances, le César des temps contemporains: César,
ceux qui sont ici présents ne veulent pas mourir et ne mourront pas!
Comme Mgr de Laval a tenu tête à Frontenac, je pense qu'on doit
dire dans cette salle qu'il faut que l'enseignement privé continue
à vivre. Qu'on ne profite pas d'une occasion pour l'étouffer,
surtout pour étouffer l'enseignement collégial professionnel au
Québec, parce qu'on sent que ça fonctionne trop bien. Je dirai en
terminant que, si on veut augmenter les frais de scolarité des gens qui
fréquentent le secteur privé et si on pense que c'est seulement
là que se trouvent les riches, je dis qu'au secteur public, il doit y
avoir aussi des riches, parce qu'on serait une province excessivement pauvre et
que ce serait très juste de demander aux riches du secteur public de
contribuer en payant quelque chose et pas uniquement à ceux qui
fréquentent le secteur privé, de contribuer en payant davantage
que ce qu'ils paient déjà en taxes.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre. S'il
vous plaît! S'il vous plaît! M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, j'imagine que César
aussi avait des intendants. On va essayer de s'entendre d'abord sur les
chiffres.
M. Meunier (Jean): Je n'ai pas eu l'occasion de parler. Je pense
que je suis le dernier. On m'a oublié. Si vous me le permettez...
M. Parizeau: Parfait! Bien sûr.
Le Président (M. Boucher): C'est monsieur...
M. Meunier: Jean Meunier.
Le Président (M. Boucher): M. Meunier.
M. Meunier: M. le Président, j'ai eu le grand plaisir en
1968 d'avoir été nommé par le ministre de
l'Éducation du temps membre du comité de la loi-cadre de
l'enseignement privé. Le comité a été formé
en août et la loi a été votée tard en
décembre 1968. Nous avons étudié des dizaines de
mémoires. Nous avons consulté des lois dans tous les pays du
monde et je crois que nous avons créé, par le comité, du
moins nous avons suggéré aux députés une loi qui a
été copiée et qui est probablement
considérée comme une des lois les plus équitables et les
plus faciles d'application. Dans les différents mémoires qui nous
ont été présentés, nous avons remarqué un
besoin pressant d'éliminer les influences politiques dans l'adjudication
des subventions aux différentes institutions privées du temps.
Nous avons donc fait de ce problème une priorité et nous avons
cherché un moyen, un mécanisme qui empêcherait toute
intervention des députés et qui ferait de la subvention le
résultat d'un calcul ou d'une formule facile, connue de tout le monde,
basée sur des critères que l'on peut retrouver dans les comptes
publics, que l'on peut retrouver dans les différents rapports, de sorte
qu'il nous était apparu souhaitable qu'une telle formule soit mise dans
la loi, non pas tout simplement proposée et ensuite oubliée.
Cette formule s'est traduite par le coût moyen que nous appliquons depuis
1968. Or, c'est le principe fondamental de la loi 56.
M. le Président, je soumets respectueusement que le coût
moyen vient de disparaître avec ce mécanisme qui était la
protection des institutions privées et qui leur permettait de
prévoir à long terme des investissements, pouvant compter sur des
chiffres connus d'avance. Je soumets donc que l'article 14.1 est un article qui
devrait être révisé en y indiquant justement la
façon qu'on entend utiliser pour fixer ces augmentations annuelles. Je
suis très inquiet, pour ne pas dire troublé, à la lecture
du deuxième paragraphe de l'article 14.1, lorsque je lis: "Le
gouvernement modifie ces montants annuellement avant le 1er mai en les ajustant
aux variations du montant des subventions versées durant la même
année." Si je voulais me défendre devant un fonctionnaire pour
lui dire qu'il n'a pas eu raison de fixer, pour la discipline qui
intéresse mon collège, je n'aurais absolument rien comme
critère, comme point de référence. M. le Président,
c'est impossible que les institutions d'enseignement puissent fonctionner sans
savoir d'avance ce sur quoi elles peuvent compter. C'est un
élément essentiel. On est aussi bien de faire sauter la loi
complètement et de dire: À l'avenir on fixera les subventions
comme on le voudra bien. (22 heures)
M. le Président, j'ai entendu beaucoup de chiffres tout à
l'heure et je vais vous citer ceux qui me touchent de près. La
discipline qu'on enseigne à mon collège, c'est le no 200. C'est
à la page 13 du document qui vous a été remis, à la
toute dernière page. Discipline 200, 355 étudiants: la subvention
reçue pour l'année en cours 1 153 750 $ et, si la loi 56 avait
été encore en vigueur pour la prochaine année, ça
aurait été 1 280 162 $, avec une augmentation possible de 11%. Et
selon le projet que nous avons devant nous, ça tombe a 955 660 $, une
réduction de 325 000 $ pour un pourcentage de 25,3%. Ceux qui sont
responsables de l'administration, que ce soit dans le domaine public, que ce
soit dans le domaine privé, vous diront sûrement que si, dans la
prochaine année, on les avise qu'on va leur couper les vivres de 25,3%,
il est sûr à l'avance que cette institution doit fermer ses
portes. Cela ne pourra pas fonctionner.
M. le Président, je soumets respectueusement ces quelques
remarques et je souhaite qu'en troisième lecture le ministre
reconsidérera la rédaction des articles 14.1 et 17.1, puisque
c'est la correspondance pour le niveau secondaire. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Meunier. M. le
ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, j'aimerais aux termes de
l'intendance essayer de comprendre ou de réconcilier plutôt
certains des chiffres qui nous sont présentés ce soir avec ceux
qui apparaissent au livre des crédits. Je pense que c'est quand
même important. On peut ou bien faire une sorte de débat de
principe autour de ça ou bien simplement, dans un premier temps en tout
cas, être certains qu'on réconcilie nos chiffres. Je voudrais
à cet égard, je pense,
exprimer notre reconnaissance à ceux qui se présentent
devant nous au nom de l'enseignement collégial privé de nous
avoir préparé des tableaux intelligibles qui vont (n'amener
à leur poser un certain nombre de questions pour essayer de
réconcilier ça.
Dans le livre des crédits, pour l'enseignement collégial
privé - je parle du programme 8, élément 2, puisque c'est
ça que nous devons examiner quand même; ce sont les montants que
la Législature affecte à l'enseignement collégial
privé - les montants de 1980-1981 étaient de 46 300 000 $,
j'arrondis un peu, mais, enfin, à quelques milliers de dollars
près, et ceux qui sont prévus en 1981-1982 sont de 49 600 000 $,
j'arrondis encore. Ceci représente une augmentation dans les
crédits à voter par l'Assemblée nationale de 7,5%,
j'arrondis encore. Donc, il y a dans les crédits que nous votons tous
ensemble, une augmentation de 7,5%. C'est de là que vient, par exemple,
l'affirmation du ministère de l'Éducation que, par rapport
à une augmentation habituelle en fonction des anciennes normes,
ça représente une coupure de 4%; pas une coupure de 4% dans le
sens de la diminution, seulement, 7,5% au lieu de 11% ou de 11,5%. C'est
ça que les crédits révèlent. Le tableau 2 qui nous
est présenté ce soir me pose certains problèmes dans un
sens. J'aimerais qu'on m'éclaire là-dessus.
Le tableau 2 nous indique que les subventions reçues, en
1980-1981, étaient de 39 200 000 $ - j'arrondis toujours - et qu'en
vertu de la loi 11, ces subventions tomberaient à 37 400 000 $. Donc, il
y aurait une réduction absolue de 1 700 000 $. C'est très
différent de ce que les crédits révèlent. On essaie
de réconcilier et on arrive au résultat suivant. Je comprends que
vous n'avez pas tenu compte des sommes destinées au RREGOP dans les 39
200 000 $, n'est-ce-pas? Alors, on ajoute aux 39 200 000 $ de 1980-1981, ce que
le RREGOP a coûté, c'est-à-dire 5 700 000 $ et ça
fait donc environ 45 000 000 $. Ce ne sont pas tout à fait les 46 000
000 $ que nous avions dans les crédits de la même année,
mais c'est très proche, on est à 1 000 000 $ près. Mais
apparemment, en 1980-1981, on aurait voté des crédits d'à
peu près 1 000 000 $ supérieur à ce que vos chiffres
révèlent, plus le RREGOP.
Laissez-moi seulement terminer et on verra comment on peut
réconcilier tout ça, parce qu'il faut qu'on essaie de le faire,
c'est quand même important, ce dont on discute, ce n'est pas la
même chose d'augmenter de 7,5% ou de réduire en dollars. En
1981-1982, vous dites que vous allez recevoir, en vertu du mode de calcul, 37
400 000 $. J'ajoute à ça, sujet aux corrections que vous pourrez
m'apporter, le RREGOP, à 7 700 000 $, donc, j'en suis à 45 100
000 $, mais à 45 100 000 $, je suis très loin des 49 700 000 $
que nous allons voter comme crédits. Il y a presque 5 000 000 $ que
comme députés, nous allons voter et qu'on ne retrouve pas dans
vos chiffres.
J'aimerais simplement qu'on m'éclaire pour m'expliquer de quoi il
s'agit, parce que j'ai l'impression qu'on vous vote presque 50 000 000 $, 49
600 000 $, d'après le livre des crédits et vos chiffres nous
indiqueraient qu'on vous en vote seulement 45 000 000 $. Or, la
différence fait toute la différence du monde, compte tenu des
commentaires que vous avez faits tout à l'heure.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M.
Paquet.
M. Paquet (André): D'abord, pour l'année...
M. Parizeau: Bien non, c'est nous qui votons, ce n'est pas un
trou, c'est une bosse.
M. Paquet (André): Pour l'année 1980-1981,
l'année scolaire que nous terminons présentement, le ministre des
Finances dit qu'il arrive avec un écart, en arrondissant, de 1 000 000 ,
l'explication se situe dans le fait que dans les tableaux que nous vous avons
présentés, pour ne pas compliquer inutilement les données,
nous n'avons pas tenu compte des subventions reçues pour la valeur
locative, ce qui est expliqué à la première page, à
la remarque 2. Dans toutes les données qui suivent, on ne tient pas
compte de la subvention pour la valeur locative dont l'augmentation totale
prévue dans la loi 11 pour l'ensemble des 24 collèges
privés, membres de l'Association des collèges du Québec,
est de l'ordre de 400 000 $, ce qui serait l'augmentation, parce que la loi
prévoit le passage de 80% à 100% la subvention accordée
à la valeur locative.
Pour ne pas compliquer les tableaux, on a sorti cet
élément, on l'a mentionné en première page en
disant: on n'en tient pas compte pour faire les comparaisons. Si vous ajoutez
à peu près 150 $ par étudiant, à 15 000
étudiants, je ne sais pas combien on peut avoir au total, ça fait
peut-être 1 500 000 $ à 1 800 000 $, de sorte que les chiffres
devraient arriver.
M. Parizeau: Pour 1980-1981, d'accord.
M. Paquet (André): II peut arriver aussi un autre facteur
de différence, c'est que si je comprends bien le fonctionnement de
l'Assemblée nationale et de la comptabilité financière du
gouvernement, elle va du 1er avril d'une année au 31 mars de
l'année suivante. Dans notre cas, nous avons fonctionné selon les
années scolaires, de
sorte que dans le cas de l'année financière du
gouvernement, vous chevauchez toujours sur deux années scolaires et
ça vous oblige, vous aussi, occasionnellement à faire des
remarques pour dire que dans les subventions versées aux commissions
scolaires, il faut tenir compte de telle modification qu'on a appliquée,
de 70% versés dans l'année courante, 30% reportés à
l'année suivante, ainsi de suite. Il peut y avoir des écarts
mineurs de cette façon qui peuvent s'introduire dans des comparaisons
entre les chiffres, parce qu'on a fonctionné selon l'année
scolaire et les crédits que vous demandez à l'Assemblée
nationale sont présentés selon l'année financière
du gouvernement.
Troisièmement, il y a un autre facteur, et je pense que
celui-là, ce n'est pas à nous à l'expliquer. Si vous
voulez vérifier nos chiffres, vous avez toutes les données
nécessaires et suffisantes pour faire les calculs que nous avons faits.
Nous avons travaillé en fin de semaine, vendredi, samedi, dimanche et
lundi là-dessus pour sortir toutes ces données. Nos bases de
calcul sont clairement indiquées. Si vous voulez les vérifier,
vous pouvez le faire, vous pourrez recalculer les pourcentages. Il a pu arriver
que dans notre hâte - la hâte peut se prendre dans les deux sens,
ce n'est pas tellement qu'on avait hâte que la loi soit adoptée,
mais plutôt la hâte qu'on a dû mettre pour faire ces calculs
-...
M. Parizeau: La célérité!
M. Paquet (André): ... votre
célérité... il a pu se glisser des erreurs, on l'admet, on
n'est pas infaillible à ce point de vue. Nos méthodes de calcul
sont clairement indiquées, de sorte que si le ministre des Finances veut
avoir des explications aux écarts qu'il y a entre les crédits
qu'il demande et les données auxquelles on arrive ici, je pense bien que
ce n'est pas à nous qu'il doit demander l'explication de ces
écarts, mais à ceux qui ont prévu les crédits qu'il
va demander pour l'enseignement collégial privé.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: Si on n'a pas d'objection, j'aimerais poursuivre
cela, parce qu'il est quand même important qu'on s'entende sur les
chiffres, autrement, on ne sait pas de quoi on parle. Je comprends - je suis
d'accord avec vous - qu'en ajoutant le machin locatif, on s'entend en 1980-1981
sur le même chiffre. L'Assemblée nationale vous avait voté
46 300 000 $, et le coût de fonctionnement des collèges
d'enseignement collégial privés a été,
d'après vos propres chiffres, de quelque 46 000 000 $. On s'entend: pour
1980-1981, nous arrivons exactement au même chiffre. C'est en 1981-1982
que cela ne fonctionne plus. D'après vos chiffres, le gouvernement ne
vous passerait que 45 000 000 $, y compris le RREGOP. Si on ne vous passe que
45 000 000 $ et qu'on vous en vote 49 700 000 $, il y a presque 5 000 000 $ qui
vont être votés par la Législature pour vous et dont vous
nous dites ce soir que vous n'allez pas les recevoir. Je ne sais plus qui doit
faire la preuve de quoi. L'Assemblée nationale dit: Vous allez recevoir
49 700 000 $, et vous nous dites: Non, ce n'est pas vrai, c'est 45 100 000 $.
Ce qu'il pourrait y avoir comme explication - cela vaudrait la peine d'examiner
si c'est cela l'explication - c'est que la formule telle qu'exprimée
dans la loi ne vous permet pas de dépenser les montants qui sont
inscrits dans les crédits. C'est autre chose. Comment?
Le Président (M. Boucher): Un instant! Une voix:
C'est une hypothèse.
M. Parizeau: II faut quand même clarifier cela, parce que
c'est peut-être là le noeud de la question.
Le Président (M. Boucher): M. Saint-Germain.
M. Saint-Germain: On peut dire que dans les chiffres qu'on a
préparés, on n'a jamais tenu compte du RREGOP. On s'est
basé sur la loi 11 où il n'est pas question du RREGOP. Les
chiffres qui sont mentionnés à l'article 14.1, ce sont des
montants de base. Les montants de base qui sont là sont
multipliés, dans le tableau 1, à la colonne 4, par le nombre
d'étudiants. Si vous prenez le tableau 1, vous aviez le coût moyen
du secteur public l'an dernier, 3177 $ dans le général, la
colonne 2 nous donnait 80% ou 60%, selon DIP ou RFS. Si vous prenez les
montants de base, il n'est pas question du RREGOP dans cela. Il n'était
pas question du RREGOP non plus dans l'ancienne façon de calculer le
coût moyen. Ne comparez pas les chiffres. Ne nous dites pas: Vous n'avez
pas calculé le RREGOP, parce que le RREGOP, on n'en voit jamais un
cent.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: On ne s'entend pas. Pour établir qu'en
1980-1981, on s'entend parfaitement, je prends vos chiffres tels que soumis
dans le mémoire, j'y ajoute le RREGOP, on y ajoute la valeur locative et
on s'entend comme des frères. C'est bien cela qu'on vous a voté
et c'est bien cela que vous avez dépensé. Quand on arrive
à 1981-1982, je prends le chiffre de votre tableau 2,
j'y ajoute le RREGOP - je ne vous en veux pas de ne pas l'avoir
ajouté, le RREGOP -et j'arrive à 45 100 000 $. (22 h 15)
Or, à l'Assemblée nationale, on lui demande de vous en
voter 49 700 000 $. Il y a là presque 5 000 000 $. Ce n'est pas de la
tarte, 5 000 000 $. Dans votre tableau 2, on indique bien que l'écart
entre ce que vous voudriez recevoir et ce que vous pensez que le gouvernement
va vous donner, ce sont 6 000 000 $. Quand on commence à parler
d'écart de 4 000 000 $ ou 5 000 000 $, ce n'est pas de la tarte, c'est
quand même important. Ce que je cherche à savoir simplement... Je
pense que c'est parfaitement normal, lorsque nous enlignons des chiffres, qu'on
passe un peu de temps à les regarder. Je vous remercie beaucoup de nous
les apporter ce soir, parce que, au fond, vous avez une certaine perception du
problème qui se pose chez vous; nous avons une autre perception des
crédits qu'on vous vote. Je pense qu'il y a un problème de
conciliation de chiffres sur lequel il vaudrait peut-être la peine qu'on
passe quelques heures. Effectivement, l'écart ici par rapport à
votre budget total est quand même important.
Le Président (M. Boucher): M. Paquet.
M. Paquet (André): J'aimerais revenir sur l'écart
que le ministre des Finances semble voir entre les crédits qu'il va
demander de voter à l'Assemblée nationale et les calculs que nous
avons faits. Pour l'année 1981-1982, on a oublié... Dans notre
cas, on ne l'a pas oublié, parce qu'on l'a mentionné sur la
première page qu'on l'excluait. Si on part de nos 37 400 000 $ auxquels
on ajoute les 7 700 000 $ du RREGOP, chiffre que le ministre des Finances vient
de nous donner, il faut aussi ajouter à cela la valeur locative à
100% pour l'ensemble des institutions.
M. Parizeau: C'est-à-dire...
M. Paquet (André): La valeur locative à 100%...
M. Parizeau: Combien?
M. Paquet (André): ... ce qui peut représenter aux
environs de 2 000 000 $, à peu près 2 000 000 $.
Il y a un autre facteur qui peut expliquer la différence, c'est
que nous avons fait les calculs en prenant exactement le même nombre
d'étudiants en 1981-1982 que ceux que nous avions, en
réalité, au 30 septembre 1980, pour l'année 1980-1981.
Or, si les prévisions faites par les intendants, comme le
ministre des Finances les appelait tantôt, supposaient une certaine
augmentation de clientèle dans certains types de programmes, les
crédits demandés vont augmenter. En ajoutant les 2 200 000 $, on
arrive ici à environ 47 300 000 $ par rapport aux 49 000 000 $. Il
resterait à peu près 1 700 000 $ d'écart. Mais comme on
disait tantôt, dans notre cas, on ne peut pas expliquer à quoi est
dû cet écart, il faudrait avoir les autres données
particulières qui ont servi à faire les calculs pour arriver
à 49 000 000 $, ce que, malheureusement, pour le moment, nous n'avons
pas. Je ne sais pas si le ministre pouvait nous les montrer, on pourrait faire
les comparaisons et chercher à concilier ces chiffres.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: Mais il reste néanmoins, M. le
Président, que les crédits qu'on demande à
l'Assemblée nationale de voter, vous allez les avoir. Comprenez bien,
nous n'avons pas une discussion sur le plan de ce que nous vous annoncerions
à l'Assemblée nationale que vous allez avoir moins que vous
prévoyez, on vous annonce que vous allez en avoir plus.
Une voix: Bien non, est-ce que le projet de loi 11...
M. Parizeau: Bien oui! Qu'est-ce que vous voulez?
Une voix: Bien non!
M. Parizeau: Toute ma démonstration amène à
cela. Ces crédits sont votés. Quand c'est voté, cela a
force de loi. À moins que vouliez rendre au trésor public la
différence, elle est à votre disposition.
M. Larouche: On ne peut pas recevoir plus si on est coupé
de 10 000 000 $.
M. Parizeau: Non.
M. Boissonneault: Mais il y a un per capita par étudiant.
On prend le per capita et on le multiplie par le nombre d'étudiants. Le
collège ne peut pas recevoir plus.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Parizeau: Je termine là-dessus, M. le Président,
il n'en reste pas moins que ces fonds seront votés. Ils
représentent, à tous égards, plus que les chiffres que
vous nous présentez. Il faut quand même que l'argent aille quelque
part, à moins que - c'est là où je pense qu'il pourrait y
avoir un examen utile - les normes, telles qu'elles apparaissent dans la loi,
ne vous permettent pas de dépenser les crédits qui seraient
votés. Dans ce sens, je pense qu'il y a une conciliation qui
pourrait se faire rapidement, mais qu'il serait important de faire, parce qu'il
serait quand même un peu absurde que la Léqislature vous vote 49
700 000 $, mais que le détail de la loi vous empêche effectivement
de les dépenser. Je pense que c'est une conciliation qui peut être
faite rapidement et en quelques heures.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourqeoys.
M. Lalonde: M. le Président, on vient de toucher une
question qui devait être posée éventuellement au
gouvernement, ce que nous n'avons pas eu le loisir de faire, à savoir de
quelle façon les chiffres qui apparaissent au paragraphe 14.1 de la loi
ont été établis par le gouvernement. Lorsque le ministre
des Finances vous dit: On vous vote 49 000 000 $. Même s'il vous votait
100 000 000 $, vous ne pourriez pas y toucher et on ne peut pas vous tenir
rigueur de ne pas avoir tenu compte du de 49 000 000 $ chiffre qui est dans le
livre des crédits. Le projet de loi vous dit: Voici quel sera le montant
de base pour chacun des programmes et vous êtes partis de ce montant de
base, vous l'avez multiplié par le nombre d'étudiants que vous
prévoyez avoir et vous arrivez à un chiffre. S'il y a quelqu'un
qui a mal calculé, ce n'est sûrement pas vous. Maintenant j'invite
le ministre des Finances à faire ce calcul, parce qu'on aura
sûrement droit à des réponses lorsqu'on attaquera
l'étude, article par article, de ce projet de loi.
Je ne sais pas dans quelle mesure ces "erreurs" de calcul, enfin ces
interrogations, à l'égard des calculs du ministère des
Finances mettent en doute les conclusions de votre mémoire. J'aimerais
poser quelques questions là-dessus. Vous parlez de mise en péril
des collèges privés. On a eu un cas en particulier, il y en a
d'autres d'ailleurs que nous avons reçus, ce sont des tableaux qui
semblent assez éloquents. Je vous demande, premièrement, si vous
pouvez continuer de fonctionner avec les crédits qui seraient
prévus ou alloués en vertu de la loi 11 sans que soient
augmentés les frais de scolarité. À ce moment-là,
dans quelle moyenne, à peu près, de tous les collèges - je
sais qu'il y a des collèges qui sont plus frappés que d'autres -
peut-on le faire sans diminuer les services pédagogiques, ou est-ce que
vous avez le loisir d'avoir des déficits?
M. Larouche: Je dirais seulement un mot là-dessus, M. le
ministre. M. le Président, je pense qu'il serait difficile pour les
institutions membres de notre association d'augmenter les frais de
scolarité pour l'an prochain. Nous avons aussi obtenu un avis juridique
sur cette question, nous ne voulons pas entrer dans de longs débats sur
ce sujet, les dangers qu'il y aurait à poser un tel geste, alors qu'on a
déjà annoncé aux parents quels seront nos frais de
scolarité pour l'an prochain. Je pense que la plupart des institutions
devront accepter des déficits et l'on peut considérer de quel
ordre pourraient être ces déficits, à moins que les
institutions ne puissent réduire leur effectif, on ne sait comment.
Lorsqu'il y a un directeur général, il est difficile d'en avoir
seulement la moitié d'un dans l'intitution, ou un directeur des services
pédagogiques. Les possibilités de manoeuvre sont très
petites, alors, je pense que les différences prévues dans les
tableaux que nous avons fournis indiquent que la plupart des institutions
membres de notre association devront encourir des déficits
considérables. C'est pour cela qu'on affirme qu'elles sont en
péril. Comment ces institutions parviendront-elles à survivre,
à absorber et à trouver le financement pour de tels
déficits, c'est une question qu'il faudra considérer plus tard et
on espère ne pas avoir à l'envisager.
M. Lalonde: De quelle nature serait l'augmentation des frais de
scolarité que vous devriez imposer aux parents? Je comprends que vous
avez un problème particulier pour cette année parce que vous avez
déjà annoncé - si j'ai bien compris ce que vous avez dit -
vos frais de scolarité et vos conseillers juridiques vous auraient dit
que c'est un espèce de contrat dont vous ne pouvez pas sortir
facilement, ou qui pourrait vous entraîner dans des problèmes
juridiques, mais pour l'an prochain, si c'était possible de les
auqmenter, quelle serait la proportion de l'augmentation? Est-ce que c'est
quelque chose comme 10% ou 12%, un peu comme l'inflation, l'augmentation des
coûts pour toute autre chose, ou si c'est d'un autre ordre?
M Larouche: Je dirais qu'il y a plusieurs éléments
que l'on devrait prendre en considération. Si je considère le
collège que je connais bien, le collège Brébeuf, nous
calculons, à la fois pour le collégial et pour le secondaire, que
nous subirons une diminution, si les augmentations avaient été de
11%, de 311 000 $, secondaire et collégial compris, pour 1800
étudiants. Il s'agirait de voir.
Il faut prendre aussi en considération l'augmentation de la masse
salariale pour l'an prochain, que nous évaluons - ce serait trop long
d'en faire la démonstration - à au moins 17%, incluant
augmentation d'échelle, augmentation d'échelon, et tout le monde
reçoit aujourd'hui, dans l'enseignement, l'augmentation
d'échelon, puisqu'il a des montants forfaitaires plus
élevés que l'échelon. Et tenant compte de l'augmentation,
du réajustement dû à la
formule, dans les conventions collectives, de l'augmentation de l'indice
des prix à la consommation, que l'on prévoit, selon Statistique
Canada, être de 12,9%, comparativement à 10,13% l'année
dernière, ceci entraîne un réajustement. Actuellement,
à l'échelle, il y a une garantie de 5%, plus 4,72%, donc 9,72%,
l'augmentation de l'échelle. Si on inclut l'échelon, plus le
montant forfaitaire pour tout le monde, cela amène à 13,3%
l'augmentation de chaque salaire. À ceci, il faut ajuster la formule de
correction prévue qui va vous ramener 14,12%, en prenant les 12,9% moins
3,5%, la différence, plus 4,72%, qui vous donne 14,12%. Et il faut
augmenter l'échelle de la différence entre 14,12% et 9,72%, ce
qui vous donne 4,4%. Ceci va vous amener à environ 17,5%, plus le 1,5%
du régime d'assurance-maladie qui va vous amener aux environs de 19% et
20%.
Si vous recalculez cela en faisant les calculs exacts, salaire par
salaire, comme nous l'avons fait chez nous, nous arrivons à un
déficit de l'ordre de 700 000 $
M. Lalonde: De l'ordre de 700 000 $. À ce
moment-là, vous pourriez venir à Québec, prendre
rendez-vous avec le ministre de l'Éducation et venir quêter un
traitement particulier, comme il vous l'a offert tout à l'heure.
À cet égard, j'aimerais quand même mettre en garde le
gouvernement contre une telle attitude. Cela ne me semble pas du tout
sérieux.
Premièrement, ce ne serait pas permis par la loi. Je ne sais pas
où le ministre de l'Éducation a sorti cela, que s'il y a un
collège qui est plus mal pris que l'autre, il pourra lui-même se
retourner vers le ministre des Finances et le supplier de favoriser d'une
façon ou d'une autre un règlement pour ce
collège-là. Ce n'est pas du tout sérieux et ce n'est pas
du tout une base de discussion ici, à la commission parlementaire.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: Il n'y a qu'une chose qui m'embête un peu dans
les chiffres qu'on vient de nous présenter. J'aimerais encore qu'on
essaie de concilier tout cela.
Ce qui nous est toujours suggéré dans le tableau II, c'est
que si on avait suivi la loi 56, il aurait fallu ajouter 4 300 000 $ aux
crédits de l'an dernier. On reconnaît qu'il faut ajouter 2 000 000
$ pour le RREGOP et on reconnaît qu'il faut ajouter à peu
près entre 500 000$ et 600 000 $ pour la valeur locative.
Donc, il aurait fallu, selon une progression habituelle courante,
ajouter 6 800 000 $, c'est-à-dire faire passer les crédits
à 53 000 000 $. Or, ils montent à 49 600 000 $. Il y a donc 3 300
000 $ de différence. Et les 3 300 000 $ de différence
s'appliquent à 15 000 élèves. Dans la répartition
du manque à gagner de chaque institution, il faudrait faire attention
que chacune des projections qu'on fait ne dépasse pas 3 300 000 $. Si on
commence, pour certains groupes d'institutions, à dire: Cela coûte
700 000 $ à une telle et 1 000 000 $ à une telle, il y a,
à un moment donné, des gens qui, par différence, vont
faire de l'argent.
Le manque à gagner de chague institution, on s'entend bien, ne
peut pas beaucoup diverger de 3 000 000 $ au total pour l'ensemble du
Québec. Alors, là encore, je pense que, dans les chiffres
donnés pour chacune des institutions, nos chiffres ne sont pas tout
à fait niés. (22 h 30)
Je reviens à ce que je disais tout à l'heure. Si tant est
que 7,5% d'augmentation dans la subvention totale pour les collèges
privés ne semblent pas pouvoir être dépensés en
vertu de l'application des normes gui apparaissent dans la loi - parce que je
ne vois pas d'autre explication à notre débat sur les chiffres ce
soir - là, je pense qu'il serait peut-être important que, dans les
heures qui viennent, un effort de réconciliation des chiffres se fasse,
parce que ce serait vraiment trop bête qu'on vous vote une somme totale
que vous ne pourriez pas dépenser parce que les normes telles qu'elles
apparaissent dans la loi ne s'y prêteraient pas. Je pense que le ministre
de l'Éducation aurait un certain nombre de choses à dire
là-dessus tout à l'heure.
Quant au portrait plus général de s'être posé
la question: Est-ce que 7,5% c'est trop peu, je reconnais volontiers que - si
on me permettait de faire un rapide commentaire -nous sommes tous logés
à la même enseigne. Nos conventions collectives et nos barreaux
d'échelles, on connaît cela chez nous, dans la fonction publique
et dans les hôpitaux, dans l'enseiqnement public, à
l'université. Les universités, par exemple, ont un taux de
progression qui n'est pas très différent du vôtre, il est
même un peu inférieur à 7%. Dans plusieurs
ministères au gouvernement où la principale dépense sont
les salaires, par l'attrition, nous arrivons à des taux de progression
des crédits qui sont très inférieurs aux taux de la
convention collective, plus les barreaux. C'est-à-dire que ce qui est
demandé, au fond, de tous les secteurs public et parapublic, c'est une
sorte de gestion beaucoup plus serrée des effectifs. Sur ce plan, 7,5%
ne nous a pas paru comme étant déraisonnable dans votre cas,
compte tenu de ce qu'on fait partout ailleurs. Ce serait trop bête.
Cependant - cela, je le reconnais volontiers - que les crédits qu'on
vous vote, vous ne soyez pas capables de les dépenser.
Le Président (M. Boucher): M. Saint-Germain.
M. Saint-Germain: Moi, je voulais tout simplement dire
qu'à ma connaissance, même si les universités ont eu des
coupures assez fortes, je n'ai vu personne annoncer des augmentations de frais
de scolarité dans les universités pour l'an prochain. Alors,
elles doivent avoir des possibilités de coupures que nous nous n'avons
pas, parce qu'on a le minimum des effectifs requis pour fournir les services.
On n'est pas équipé avec des armées d'adjoints et
d'intendants et de sous-intendants, et on fonctionne. On fonctionne avec des
chiffres qui posent même des questions à vos intendants qui sont
là à temps plein. Et nous, nous faisons cela à temps
partiel.
Je dirais que la loi 56 et la loi 11 confirment le formulaire de la
valeur locative, lequel a été établi en 1971 et disait
que, quand un collège faisait des constructions nouvelles, on lui
accordait 18 $ le pied carré. Je voudrais bien savoir, M. le ministre,
où vous allez construire en 1981 avec 18 $ le pied carré. Alors,
il y a des anomalies dans cela qui nous font dire: On va trop vite dans ce
domaine, on est allé trop vite, on a pris l'occasion d'une coupure et
puis on attaque le nerf de la guerre de l'enseignement privé qui est
l'argent aussi bien pour nous que pour vous, que pour tout le monde, et puis on
nous dit maintenant: Faites des miracles. Le sous-ministre de
l'Éducation est venu nous rencontrer pour nous dire: Le gouvernement
veut l'existence et le développement de l'enseignement privé.
Mais il nous arrive avec un projet de loi où il nous place dans le
désert, où on ne peut pas se développer et où il
est très difficile d'exister.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Argenteuil et chef de l'Opposition.
M. Ryan: II y a une chose sur laquelle nous n'avons pas
été éclairés jusqu'à maintenant. Je l'avais
demandé quand je suis intervenu dans le débat de deuxième
lecture. Je n'ai pas eu de réponse, à ma connaissance. Les
montants que vous avez inscrits, sur quoi vous êtes-vous basés
pour les établir, ces montants? Deuxièmement, ont-ils
été arrêtés en consultation avec les
représentants des différents secteurs affectés? Je pense
que, si on avait des clarifications sur ces deux points, peut-être que
ça nous aiderait à trouver l'explication des écarts qui
semblent exister.
Le Président (M. Boucher): M. le chef de l'Opposition,
vous posez votre question au ministre des Finances ou au ministre de
l'Éducation?
M. Ryan: Je ne sais pas lequel des deux dirige, ils n'ont pas
l'air très bien accordés ce soir, d'ailleurs.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Parizeau: Je pense, au contraire, M. le Président,
qu'il y a une chose sur laquelle on s'accorde tous les deux, c'est le
montant.
Une voix: Sur les coupures, ça ne marche pas!
M. Parizeau: Ah, c'est que manifestement, dans les
crédits, il semble y en avoir trop, ce qui est vraiment paradoxal.
M. Rivest: Le ministre de l'Éducation en donne moins;
c'est ça qui est le problème.
M. Parizeau: Non, il y a une chose qui est claire, c'est que ce
qu'on demande à l'Assemblée nationale, c'est de voter 49 700 000
$; on ne peut pas le nier, c'est dans le bouquin, page 1119.
Revenons à des choses moins badines. Il est tout à fait
clair que, commençant il y a deux ans dans la fonction publique et
ensuite l'étendant graduellement cette année à l'ensemble
du secteur public, parapublic et des institutions subventionnées, nous
cherchons à faire en sorte de réduire le poids ou la progression
des dépenses. Cela veut dire que l'espèce d'expansion assez
rapide qu'on a connue sur le plan des effectifs sera freinée. Dans
certains cas on peut le faire directement, comme dans la fonction publique;
dans d'autres cas, comme dans les universités ou l'enseignement
collégial privé qui nous intéresse ici, on ne peut le
faire que par le truchement des subventions inconditionnelles qui leur sont
données.
Il est clair que le rythme de progression que nous envisageons dans les
dépenses, pour des institutions de même type n'est pas très
différent et représente cette idée d'une compression
graduelle du rythme d'expansion des dépenses. À cet égard,
on a traité, je pense, les secteurs selon le même genre de
philosophie générale et cela donne des rythmes d'expansion qui ne
sont pas très différents.
Est-ce qu'on a consulté les groupes intéressés? M.
le Président, l'exercice budgétaire n'a jamais été,
sous quelque gouvernement que ce soit, un exercice de consultation; ça,
bien sûr que non, pas plus cette année que par les années
passées et les années à venir. Qu'est-ce que vous voulez,
l'exercice budgétaire est un exercice difficile, qui consiste, à
partir de ressources rares, dans une économie où les revenus
réels n'augmentent pas beaucoup, à répartir
les fonds entre des demandeurs qui en veulent tous plus. Alors, une
consultation donnerait quoi comme résultat? Tous ceux qui seraient
consultés diraient: On n'en a pas assez. On ne peut pas éviter
qu'un gouvernement, dans ce sens, ait ses choix à faire et les fasse.
L'important, c'est qu'il ait conscience - et je pense que nous en avons
conscience - de traiter les divers groupes à peu près sur le
même pied. Alors, on a à apprécier si on l'a bien fait ou
mal fait, mais c'est ça, le principe de base.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: ...je remarque que, quand le ministre des Finances n'est
pas trop sûr de son affaire, il parle plus longuement, toujours
élégamment, mais avec un degré de précision
décroissant.
Je lui ai demandé deux choses. D'abord, sur quoi on
s'était appuyé pour établir ces barèmes qui sont
inscrits dans le projet de loi? Il me dit: C'est un exercice budgétaire,
il n'est pas question de consulter. Mais je regrette infiniment, c'est plus
qu'un exercice budgétaire. Autrefois, vous aviez des normes objectives
dans la loi en vertu desquelles il était prévu que les
institutions avaient droit à 80% du coût moyen encouru pour les
élèves d'un niveau correspondant dans le secteur public
l'année précédente. C'était une norme objective qui
était inscrite dans la loi. Là, vous décidez de changer la
norme. Vous faites tomber la norme, vous mettez un montant absolu, disons, 1080
$ ou 2025 $, etc., suivant les catégories dans le projet de loi.
Là, vous me dites: On a essayé d'être juste pour
tout le monde; on a essayé d'équilibrer les choses. Si vous
appliquiez ce raisonnement-là, votre montant de 49 000 000 $ par rapport
à 43 000 000 $, je vous comprendrais très bien, pour justifier
vos 7,5%. Cela va très bien. Cette partie-là va très bien.
Mais ce que nous ne comprenons pas, c'est que vous soyez passé d'un
ordre de norme à un autre et que vous ne soyez pas capable de donner une
définition claire des éléments qui sont entrés dans
la composition de chaque montant qui est dans le projet de loi et,
deuxièmement, que vous ayez jugé devoir faire cela, chanqer les
normes, changer l'esprit même de la loi dans ses dispositions
financières, sans même consulter les institutions qui allaient
être affectées par cela, et sans même vous assurer au
préalable que vous auriez au moins une équivalence la plus
précise possible dans l'appréciation des conséquences
financières de vos changements.
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais présenter
mes excuses au chef de l'Opposition. J'avais mal compris sa question. Je
pensais qu'il en était au raisonnement derrière
l'établissement du budget. S'il s'agit maintenant de la traduction dans
le projet de loi, en termes de normes ou de montants qui traduisent l'objectif
budgétaire dont je lui parlais tout à l'heure, je n'ai
effectivement pas répondu à sa question parce que je ne l'avais
pas comprise du tout dans ce sens-là. Ce que je suggérerais,
c'est que le ministre de l'Éducation réponde à cela
puisqu'en définitive c'est de son ministère que sort
l'établissement de chacun de ces barèmes qui traduisent
l'objectif de 7,5% que nous avons mis dans l'exercice budqétaire.
J'avais mal compris la question du chef de l'Opposition et je m'en excuse, M.
le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Laurin: L'augmentation de quelque 183 000 000 % à 199
000 000 $ correspond mutatis mutandis aux mêmes procédures et aux
mêmes augmentations qui avaient eu lieu dans les années
précédentes en se basant sur le coût moyen. Donc, ces 199
000 000 $ ont été établis de la même façon,
selon les mêmes procédures, avec les mêmes augmentations
mutatis mutandis qu'on avait faites les années
précédentes.
Si le chef de l'Opposition est intéressé à avoir
une idée encore plus précise de la technique utilisée, je
pourrais parfaitement demander au directeur de l'enseignement privé, M.
Antonin Moreau, de nous expliquer exactement comment on en est arrivé de
183 000 000 $ à 199 000 000 $. Une fois qu'on en fut arrivé
à 199 000 000 $, c'est là qu'on a dit qu'il convenait de faire
participer le secteur privé au même effort collectif qu'on
imposait au secteur collégial, au secteur universitaire, et c'est
là qu'on en est arrivé à une compression de 10 000 000
$.
Mais je pense que ce qui intéresse le chef de l'Opposition, c'est
comment on en est arrivé à la somme de 199 000 000 $.
M. Ryan: Je n'ai jamais demandé cela, M. le
Président. Je regrette infiniment. Je n'ai jamais demandé
cela.
M. Laurin: Non?
Une voix: Les barèmes dans la loi.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! II
semble que la commission soit en train de s'orienter vers un dialogue entre les
membres et nous avons devant nous des gens qui attendent pour poser des
questions et présenter des mémoires. Alors, je demanderais aux
membres de l'Opposition de collaborer parce qu'il est déjà 23
heures...
Une voix: Aux membres de l'Opposition.
Le Président (M. Boucher): Aux membres de l'Opposition et
aux membres du parti ministériel aussi. Écoutez! C'est la
même chose. Aux membres de la commission.
Une voix: Et comment.
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse si j'ai fait un
lapsus. Il est quand même 23 h 24 et nous avons encore cinq groupes qui
veulent intervenir.
M. Lalonde: J'aurais une dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: On parlait justement de ces normes pour le niveau
collégial, le montant est de 2630 $ pour l'enseignement
général et, pour l'enseignement professionnel, vous avez cinq
montants différents dépendant des programmes. Est-ce que ces
montants vous apparaissent réalistes? Est-ce qu'ils correspondent
à ce que cela vous coûte compte tenu des obligations que vous avez
à l'égard de votre personnel pour l'année qui commence, la
prochaine année, et compte tenu des frais de scolarité que vous
avez projetés en fonction de ce que vous pensiez que vos revenus
seraient?
Le Président (M. Boucher): Père Larouche.
M. Larouche: La réponse est négative. Alors, il
serait un peu long d'élaborer des chiffres, mais peut-être qu'on
pourra préciser à un autre moment. (22 h 45)
M. Lalonde: Je ne veux pas insister, je sais qu'il y en a
d'autres qui veulent être écoutés, mais nous allons
être appelés, dans les heures ou des les jours qui viennent,
à discuter de ces chiffres et peut-être à proposer des
amendements. J'aimerais savoir dans quelle mesure ce n'est pas juste, ce n'est
pas réaliste, ça ne vous permet pas de fonctionner.
Le Président (M. Boucher): M. Saint-Germain.
M. Saint-Germain: Je pense que M. le président, qui a des
doctorats en mathématiques, vous a fait une illustration des coûts
qui nous incomberaient pour tenir compte de nos engagements. Ce qui est le plus
fautif dans la loi actuelle, ce sont les montants de base parce qu'on a
vécu le coût moyen des années antérieures et on a su
cette année, au mois d'avril 1981, quel était le coût moyen
du secteur public pour l'année qui s'est terminée au 30 juin
1980. On a fait des projections pour l'année future en se basant sur 199
000 000 $ qui sont fautifs, qui auraient dû être plus
élevés, sans tenir compte du RREGOP, car le coût de
l'augmentation de l'éducation dans le secteur public cette année
qui se termine est supérieur à ce qui avait été
prévu pour les crédits.
Et le ministre des Finances, par-dessus le marché, nous impose
1,5% de la masse salariale pour notre contribution au Régime
d'assurance-maladie depuis le 1er avril; on n'a jamais été
capable de récupérer cela. Il a tenu compte des
municipalités et leur a dit: Cela s'appliquera uniquement pour votre
budget de 1982 mais nous, non. Que dans le secteur public il demande cela, cela
ne change rien parce que ce qu'il tire d'une main, il le prend de l'autre.
Donnez-moi 0,25 $ et je vous donne 0,25 $. Mais nous, nous ne pouvons plus
récupérer nulle part cette augmentation. C'est toujours comme
ça qu'on vit et on va encore être pris avec ca à cause d'un
point de départ. On ne part pas de l'année zéro, avec 199
000 000 $, nous autres, on part de l'année moins zéro, de telle
sorte qu'on sera toujours au moins deux têtes en arrière, pas
moyen de récupérer par des taxes scolaires au secondaire, pas
moyen de récupérer par le gouvernement qui va financer
l'enseignement public collégial s'il est déficitaire, je ne sais
pas comment, parce qu'ils n'ont pas le droit de les taxer. On va toujours
être en arrière, mais on nous dit: Donnez la même
qualité et faites des miracles.
Je me dis que dans une bonne course, si on coupe la patte d'un cheval et
qu'on lui dit: Cours aussi vite que l'autre qui a quatre pattes, il y a quelque
chose qui ne marche pas!
Le Président (M. Boucher): Merci. S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Laurin: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
L'Acadie avait demandé la parole depuis un bon bout de temps.
M. Laurin: Moi aussi, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, le ministre de
l'Éducation, au tout début, à ce groupe, a dit, quant
à la comparaison entre l'augmentation qui était attribuée
au secteur privé et celle qui était attribuée au secteur
privé: Évidemment, le secteur public assume des frais qui
bénéficient au secteur public comme dans le cas des
négociations, dans le cas de certaines recherches, etc.
Je pense que c'est exact mais, d'un autre côté, ce sont des
frais qui, je pense, ne sont pas assumés à la rubrique du
budget
des collèges, mais qui sont assumés dans la partie
administrative du ministère de l'Éducation; de même pour
les recherches, si elles sont assumées par un collège, cela fait
partie d'un budget particulier de ce collège.
Je pense que vous avez dit 15% d'augmentation pour le public; est-ce ce
que vous avez dit? 15,6%?
M. Paquet (André): Oui, d'après ce qu'il y avait
dans les crédits.
Mme Lavoie-Roux: Bon! De l'ordre de 15% par rapport à 7,5%
pour vous autres. Est-ce cela?
M. Paquet (André): Je n'ai jamais parlé de 7,5%
pour nous, c'est le ministre des Finances qui a donné le détail.
Les données qu'on a concernent seulement les crédits
présentés dans les renseignements supplémentaires; on n'a
pas le détail de tous les postes qui vont dans le ministère de
l'Éducation. Mais je sais très bien que, si les subventions
totales pour l'enseignement privé passent de 183 000 000 $ à 189
000 000 $, cela ne fait pas 7,5%, cela fait 3,2% d'augmentation.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Comment se compare l'écart
d'augmentation en pourcentage de votre budget au niveau des collèges
privés en fonction de celui des collèges publics pour l'an
dernier et pour cette année? Est-ce que vous avez l'écart de
pourcentage en ce qui constituait l'augmentation pour les budgets des
collèges privés en 1980-1981 et le même écart en
1981-1982? Parce que je pense qu'on part d'un même principe que ce
devraient être des coupures ou des restrictions budgétaires
identiques. Je pense que tout le monde s'entend ici pour dire qu'il faut faire
les mêmes efforts dans le secteur privé que dans le secteur
public. Je pense que si on veut parler d'équité et que cela ait
un sens, il faut au moins accepter cela. Avez-vous, sur les deux années,
les écarts entre les augmentations pour un secteur et pour l'autre?
M. Paquet (André): Je ne les ai pas sous les yeux ici. Par
contre, on ne sait pas exactement, pour l'année 1980-1981, quel a
été le taux d'augmentation des subventions aux collèges
publics par rapport à l'année précédente,
étant donné que c'est justement cela qui est le calcul du
coût moyen qui se fait habituellement à partir du mois de juin
jusqu'au mois de septembre ou octobre. Et même des années comme
cette année, on l'a connu seulement de façon officielle et
définitive au mois d'avril, une année ou neuf mois après
la fin de l'année financière, mais ce qu'on sait, c'est que dans
le mode de calcul actuel, lorsqu'il y a une augmentation au budget de
fonctionnement des cégeps, par exemple, pour une année
donnée, l'année suivante, le coût moyen qui sert au calcul
des subventions pour l'enseignement privé est auqmenté du
même montant qu'ont été augmentés les budgets des
cégeps l'année précédente. De ce point de vue, je
pense que la loi 56 donnait une bonne garantie aux collèges pour
éliminer l'aspect peut-être discrétionnaire de
l'augmentation des subventions, et il me semble que c'est un
élément qui doit être conservé et qui est
très important.
Si on voulait vraiment imposer à l'enseignement privé le
même genre de coupures que celles qui sont imposées à
l'enseiqnement public, on pourrait dire, par exemple, dans le projet de loi no
11, pour l'année financière 1981-1982 ou pour l'année
scolaire 1981-1982, que les institutions privées, qui, auparavant,
étaient subventionnées à 80%, seront subventionnées
à 76% du coût moyen du secteur public l'année
précédente et que celles qui étaient subventionnées
à 60%, le seront à 56%. Mais ce à quoi on arrive
actuellement, c'est qu'en passant pour l'ensemble du secteur privé de
183 000 000 $ à 189 000 000 $ pour les subventions, excluant le RREGOP
et excluant le fonctionnement de la direction générale de
l'enseignement privé, cela fait une augmentation totale et globale de
3,2% et, dans le cas du niveau collégial, cela ne fait pas une
augmentation, cela fait une diminution.
Le ministre des Finances essayait tantôt de concilier ces
chiffres. On lui a dit qu'on ne le pouvait pas, parce qu'on n'a pas les
données qui proviennent du Service général de
l'enseignement privé pour savoir sur quoi étaient fondées
les prévisions. Ce qu'on sait, c'est que même s'il y avait 49 000
000 $ de prévus, ce sont les per capita multipliés par le nombre
d'étudiants qui vont être versés aux institutions et non
pas les 49 000 000 $ prévus aux crédits. S'il en reste 2 000 000
$ à la fin de l'année, ce seront des crédits
périmés qui pourront être récupérés
ailleurs. D'autre part, j'ai peut-être mal entendu tantôt les
chiffres du ministre des Finances, mais les chiffres que j'ai en note ici de 46
700 000 $ de subventions pour l'enseignement collégial privé en
1980-1981 gui passeraient à 49 700 000 $ pour 1981-1982, est-ce que ce
sont les bons chiffres?
M. Parizeau: C'est cela.
M. Paquet (André): Je n'arrive pas à faire
comprendre à ma calculatrice que cela fait 7,5%.
M. Parizeau: C'est 46 300 000 $ à 49 600 000 $.
M. Paquet (André): 46 300 000 $ à 49 600 000 $.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre des Finances a abordé le
problème sous l'angle de votre manque à qagner ou de la
difficulté de concilier les deux chiffres, mais je me demande s'il n'y a
pas une autre façon de l'aborder si on veut vraiment parler
d'équité à partir des pourcentages réels
d'auqmentation sur deux années d'un secteur par rapport à
l'autre. Je ne suis pas sûre que l'approche du ministre des Finances ne
favoriserait pas davantage, peut-être, une thèse qui est juste,
mais qui répondrait peut-être moins aux interrogations que ces
organismes ont en venant devant nous ce soir.
Le Président (M. Boucher): M.
Larouche.
M. Larouche: Je voudrais ajouter une dernière
précision.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, je
demanderais la collaboration des membres de la commission. Il reste cinq
groupes à passer et on est rendu à 23 heures. Il ne faudrait
quand même pas exagérer dans les questions.
M. Larouche: En réponse à M. Lalonde, c'est un peu
pour reprendre ce que M. Paquet a dit. Si le montant de 2 630 $, qui est
prévu dans la projet de loi - il nous paraît nettement insuffisant
- était... On serait prêt à accepter, comme on le
mentionnait tout à l'heure, pour avoir l'équilibre, pour avoir la
même coupure d'un secteur a l'autre pour le même niveau, que, une
fois connu, avant de déterminer le montant figé dans la loi, on
laisse courir, qu'on connaisse, qu'on puisse établir le montant, le
coût moyen pour 1980-1981 dans le secteur des cégeps publics.
À ce moment-là on pourra déterminer, d'accord, qu'on fait
une coupure de 4% puisqu'on veut faire une coupure de 4%. Je suis convaincu que
ce sera nettement différent. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci aux membres de
l'Association des collèges du Québec.
M. Laurin: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Laurin: Une dernière remarque. Je pense qu'on vient
d'illustrer la difficulté qu'il y a de travailler avec le coût
moyen. Il y aura peut-être avantage à changer pour une base per
capita qui, elle, sera fixée, qui évoluera avec le secteur
public. Je reviens encore une fois sur cet écart de manque à
pourvoir, de manque de capacité des institutions privées à
recevoir les crédits qui sont votés pour elles. Il semble y avoir
encore un écart de 1 500 000 $ ou quelque. Est-ce que ça
dépend des nouvelles normes qui sont inscrites dans le projet de loi? Je
propose à l'Association des collèges du Québec une
rencontre avec les officiers du ministère de l'Éducation, secteur
privé, pour qu'on étudie, qu'on clarifie une fois pour toutes cet
aspect avant que nous abordions l'étude article par article. Si
l'Association des collèges du Québec veut bien accepter l'offre
que je lui fais, les officiers de mon ministère seront à sa
disposition pour, après la commission parlementaire, tenter de concilier
cet écart qui existe encore à la lumière des normes
inscrites dans le projet de loi. Il faut à tout prix que les
règles inscrites au projet de loi permettent aux colllèges
privés de dépenser tout ce qui est prévu pour eux aux
crédits. Dans ce sens-là, il est possible qu'une rencontre
permettrait de concilier, d'une part, les sommes en question et,
deuxièmement, de revoir ces normes pour qu'elles permettent aux
collèges aussi bien qu'aux autres institutions de dépenser les
crédits qui leur sont alloués.
Le Président (M. Boucher): M. Paquet, brièvement,
s'il vous plaît.
M. Paquet (André): En l'absence du président, je
pense bien, pour parodier une parole que vous avez sûrement entendue dans
un certain film, que c'est une offre qu'on ne peut pas refuser, et je pense
qu'on a avantage a éclairer la situation du mieux qu'on peut. Nous
acceptons cette offre du ministre de l'Éducation et l'en remercions.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Paquet. J'appelle
maintenant l'AIPEQ, représentée par Mme Hélène
Landry.
Mme Landry, je vais demander votre collaboration. Étant
donné que tous les membres de notre commission ont reçu votre
mémoire et ont pu en prendre connaissance -nous en avons le texte - vous
serait-il possible de résumer rapidement les principaux arguments qui y
sont contenus? Je vous demande peut-être une chose que je sais
n'être pas facile, mais compte tenu de l'heure et étant
donné que nous avons encore quatre autres groupes qui doivent
présenter des mémoires, je vous demanderais, si possible, de
résumer rapidement vos principaux arguments pour que nous puissions
avoir les questions et réponses de la part des membres de la
commission.
Association des institutions de niveaux
préscolaire et élémentaire du Québec
Mme Landry (Hélène): M. le Président, je
vais essayer de le faire avec les dons d'éducatrice et d'enseignante que
j'ai.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup.
Mme Landry: Je voudrais vous rappeler avant de commencer que nous
représentons 10 000 enfants au Québec et que j'aimerais bien que
transparaissent ici la candeur et la fraîcheur de ces enfants. Puis
j'aurais bien le goût de vous inviter tous, mesdames et messieurs,
à venir visiter nos écoles et à venir passer seulement 24
heures avec nous.
Puisque vous avez notre mémoire en main, je l'espère, je
vais tout de suite me rendre à la page 4, dans la première
partie. Je ne rapellerai pas tous les droits que nous mentionnons là
mais je veux simplement poser certaines questions. On se demande si
Québec n'est pas en train de nous voler des droits fondamentaux. En
restreignant de façon draconienne le budget de l'enseignement
privé, il ne permet plus à certaines écoles de subsister.
Et c'est un droit fondamental pour quiconque vivant dans un pays libre et
démocratique de choisir ou de créer l'établissement
scolaire qui réponde à ses besoins.
Nous croyons, par le nombre d'étudiants que nous recevons chaque
année dans nos écoles et par les longues listes d'attente que
nous accumulons faute d'espace, que l'enseignement privé a sa place au
Québec, que les valeurs et les attitudes éducatives qu'il
véhicule sont un apport positif à la société
québécoise et que ce secteur de l'enseignement offre des services
exclusifs qui méritent non seulement d'être maintenus mais
soutenus. (23 heures)
J'aimerais aussi dire de plus qu'en ce qui concerne les écoles de
niveaux préscolaire et primaire nous croyons qu'il y a une attitude
discriminatoire à leur endroit, seules les écoles ethniques ou
qui ont un pensionnat obtiennent une subvention. Qu'en est-il de toutes les
autres de notre association et qu'en est-il du droit au financement de leur
scolarité qu'ont les enfants du Québec, qu'ils soient du secteur
privé ou public?
J'aimerais aussi vous rappeler que dans nos institutions la
cientèle est très diversifiée et qu'elle se trouve dans
toutes les couches socio-économiques de la société
québécoise. Je veux simplement vous rappeler que deux enfants sur
cinq sont de famille monoparentale dans nos écoles, que le
bien-être social frappe souvent à nos portes et que certains
enfants y font leurs études grâce à la
générosité des communautés religieuses ou des
fondations de ces institutions.
Je passe la page 6, parce que je vais sentir le besoin de m'expliquer
avec le ministre des Finances pour concilier mes chiffres; il est toujours
gagnant, c'est lui qui a le pouvoir.
Passons a la page 7. Vous nous aiderez.
Je voudrais vous dire ou vous redire que le secteur privé au
Québec est moins dispendieux et l'AIPEQ croit en effet utile que le
public et nos députés sachent que le secteur privé de
l'enseignement est moins coûteux que le secteur public. À quelque
niveau que ce soit, le coût moyen pour fournir l'enseignement à un
étudiant au privé est inférieur d'environ 40% au
coût pour dispenser le même enseignement au secteur public. Je ne
vous ferai pas la démonstration du petit tableau, vous l'avez
là.
Quand M. Parizeau - je l'entendais à la télévision
ce soir - nous demande de faire notre part dans les restrictions
budgétaires, j'aimerais lui rappeler que nous le faisons depuis
longtemps dans les institutions privées. J'aimerais bien qu'il vienne
voir dans mon école, ma jeune secrétaire de 73 ans et ma
directrice générale, à 60% de son temps, tout ce qu'on
économise dans les feuilles, les papiers, etc, les sorties.
Je passe ensuite à la paqe 9, la partie 2 de notre
mémoire, c'est un dossier qui nous est très cher, l'enfance
inadaptée. Ce sont les enfants les plus démunis du Québec
et on est en très mauvaise posture, dans nos centres pour enfance
inadaptée. Je voudrais insister ici sur les paragraphes c et d de cette
page 9. Lorsqu'on dit que nos institutions sont subventionnées a 100%,
on néglige volontairement de préciser que c'est 100% des
règles budgétaires délimitées arbitrairement par le
ministère de l'Éducation, basées sur des normes datant des
années soixante-dix et non conformes aux réalités des
années quatre-vingt, ce qui équivaut à environ 60% des
dépenses normales requises pour les besoins de nos clientèles
particulières. On dit, au paragraphe d, que, bien avant l'annonce des
coupures budqétaires, nos institutions se débattaient pour
survivre et pallier les subventions insuffisantes.
À la page 10, c'est une remise en cause de l'existence même
des institutions spécialisées. Je vous rappelle seulement les
deuxième et troisième paragraphes, l'application du projet de loi
no 11 aux articles relatifs à l'enseignement privé
équivaut, à toutes fins pratiques, à la fermeture de nos
centres pour enfance inadaptée. Chacune des institutions assume
déjà un déficit onéreux et, par les modifications
conséquentes à l'adoption du projet de loi no 11, chacune verra
son déficit tripler et même quadrupler rendant ainsi son
administration impossible.
À la page 11, on vous rappelle que ce sont des institutions
irremplaçables, et je vais chercher dans les deux derniers paragraphes
au milieu en vous disant que l'immense majorité de ces enfants est
adressée à nos onze institutions par des organismes de toutes
sortes, généralement publics et provenant de régions
variées. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur la liste produite en
annexe des comtés de provenance de nos enfants, plus de 64
comtés. Les députés, les ministres et la population
doivent savoir en effet que ce sont des commissions scolaires conscientes de
leurs responsabilités et de leur impossibilité à dispenser
les services spécialisés requis par l'état de ces enfants
qui les réfèrent aux institutions privées d'enfance
inadaptée, plus de 75% des cas.
Je vais ensuite à la page 13. Je suis toujours dans les centres
pour l'enfance inadaptée. Une coupure inadmissible pour ces centres.
Depuis plusieurs années déjà, le ministère de
l'Éducation du Québec exige de nous une administration saine et
des services de qualité en nous fournissant des budgets limités
et inappropriés. C'est à partir d'un per capita
déjà désuet et insuffisant qu'il nous annonce un taux de
croissance de 4,6% pour la prochaine année. Bien plus, le gouvernement
du Québec, en gelant à toutes fins utiles les ressources de ce
secteur à moins de 11 000 000 $ en profite également pour geler
automatiquement la clientèle de nos institutions. Il va même plus
loin. Le ministère de l'Éducation gèle aussi les ratios
maître-élèves, comme s'il décidait à l'avance
du type de services et d'encadrement dont ces enfants ont besoin. À
toutes fins utiles, en gelant le nombre d'élèves et le ratio
d'après le type d'enfants accueillis en 1980-1981, il détermine,
que pour les années à venir, tous les enfants devront avoir
exactement les mêmes problèmes pour arriver à entrer dans
les normes et correspondre à un portrait robot fixé par le
ministère. Déjà fortement pénalisés par
leurs difficultés, certains enfants se verraient refuser les services
dont ils ont besoin parce gu'ils débalanceraient la norme arbitrairement
établie.
Plusieurs de nos institutions au cours des années ont
réussi à mettre aussi sur pied des fondations grâce
auxquelles elles devenaient en mesure de maintenir et parfois
d'améliorer quelque peu les services dispensés à ces
enfants, sans qu'il en coûte un sou de plus aux finances publiques.
Plusieurs centaines de milliers de dollars ont été
injectés dans nos budgets afin de maintenir à flot nos
institutions; de généreuses économies pour le
gouvernement.
J'en viens à la page 16. C'est mon message central dans ce
mémoire. Critigues et commentaires sur le projet de loi no 11
relativement aux articles concernant l'enseignement privé. Nous trouvons
inacceptable qu'un sujet aussi important que l'éducation, et
particulièrement celui de l'enseignement privé qui touche
près de 100 000 étudiants au Québec, soit
mêlé ou plutôt noyé dans un projet de loi omnibus qui
traite de sujets aussi variés que les impôts fonciers, les
impôts sur la vente au détail, le tabac, l'assurance-maladie, la
fiscalité municipale, l'aide sociale et bien d'autres choses encore.
Cinq articles seulement du projet de loi no 11 régleraient le sort de
l'enseignement privé au Québec, alors qu'après six ans de
réflexion et de promesses diverses, tel un énoncé de
politique sur la question, nous ne connaissons pas encore la position du
gouvernement face à cette couleur de l'éducation au
Québec.
En nous référant aux notes explicatives du projet de loi
no 11, comment et pourguoi appliquer au secteur privé de l'enseignement
les variations annuelles des subventions accordées au secteur public
dès l'année où elles surviennent? En nous
référant aux articles qui modifient les articles 14 et 17 de la
Loi sur l'enseignement privé, nous nous attardons principalement aux
articles 14.1 et 17.1 où nous dénonçons l'arbitraire des
montants fixés à ces articles. D'où vient ce montant de
base? Quels sont les éléments susceptibles d'être
considérés pour amener ces variations ajustables au montant de
base déjà indiqué? De plus, comment seront
déterminés les montants de base des années
subséquentes? À la fin de ces paragraphes, on voudrait faire
ajouter - pour nous, c'est essentiel - deux mots, les mots "et verse"
après le 1er mai, et le mot "par élève" après les
subventions versées, ce qui donnerait la lecture suivante: "Le
gouvernement modifie ces montants annuellement avant le 1er mai et verse aux
institutions d'enseignement privées durant la même année
scolaire en les ajustant aux variations du montant des subventions
versées par élève durant la même année."
Je passe à la page 17. Que signifie, à la fin de l'article
14.1, l'expression "les dépenses propres à l'enseignement public"
dont le gouvernement ne tiendrait pas compte dans les variations du montant des
subventions versées? J'aurais le goût d'ajouter: L'enseignement
privé est peut-être privé de pas mal de choses. Comment
peut-on concevoir, dans les articles 14.2 et 17.2 que le gouvernement
s'apprête à légaliser le formulaire relatif à la
valeur locative reposant sur des normes de 1970?
À titre d'exemple, le taux d'intérêt de 8,5%
fixé en 1970 est loin de correspondre au taux du loyer de l'argent en
19811
Le coût de construction d'un établissement scolaire de
niveau primaire, en 1970, gui était de 16,59 $ le pied carré, n'a
plus aucune mesure en 1981. Il a au moins triplé ces dix
dernières années.
En vertu des articles 14.4 et 17.4, il faut bien réaliser que ce
projet de loi entrave davantage l'accès à l'école
privée, puisque cette loi permettrait d'exiger des parents 20% de plus
pour les frais de scolarité pour les écoles de la
catégorie déclarée d'intérêt public et 50% de
plus pour les écoles de la catégorie reconnue pour fins de
subventions.
Nous estimons donc qu'en regard du préambule de la Loi du
ministère de l'Éducation - je vous laisse le lire - ce projet de
loi no 11 constituerait un recul des plus désastreux par rapport
à la situation actuelle.
J'aimerais vous lire nos conclusions et nos recommandations.
Après six ans d'espoir d'un énoncé de politique sur
l'enseignement privé, nous étions en droit d'attendre une
véritable consultation de la part du gouvernement et non pas un simple
passage de quelques minutes devant une commission parlementaire uniquement sur
le mode de financement de nos institutions. Et à de telles heures!
L'ampleur d'une telle question exiqerait qu'on s'y attarde avec plus de
rigueur et de profondeur et non pas à la sauvette.
L'Association des institutions de niveaux préscolaire et
élémentaire du Québec vous invite donc à prendre
ces éléments en sérieuse considération avant
d'alleur plus loin avec des décisions aussi antisociales et
foncièrement injustes.
En regard de ce qui précède, nous vous soumettons les
recommandations suivantes: Que le moratoire "illégal" empêchant le
développement normal de l'enseignement privé soit
immédiatement levé, comme l'ont déjà exigé
546 097 citoyens en novembre 1977; que cesse la discrimination honteuse
exercée contre les écoles de niveaux préscolaire et
primaire sur le plan du subventionnement; que les articles 31 à 35 -on
pense que dans le nouveau projet, ce sont les articles 32 à 36 - pour
être plus claire, que les articles concernant l'enseignement privé
soient retirés du projet de loi no 11 et que l'enseignement privé
fasse l'objet d'une politique officielle du gouvernement où son mode de
financement sera étudié plus rigoureusement et plus
équitablement; que d'ici là, à tout le moins, la loi 56
soit maintenue intégralement et respectée dans sa
totalité.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme Landry. Deux petites
remarques. C'est que votre mémoire, tel que rédigé, est
disponible pour les gens qui veulent en prendre connaissance au
secrétariat des commissions. Deuxièmement, j'aimerais que vous
présentiez les dames qui vous accompagnent.
Mme Landry: Oui, Mme Louise Lemay, secrétaire
générale, depuis près de dix ans dans l'association, et
Mme Marie-Josée
Hamel, vice-présidente à l'AIPEQ et directrice du Centre
de l'enseignement vivant, qui est un de nos centres pour enfance
inadaptée.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Laurin: Oui, M. le Président. Je remercie Mme Landry
pour son exposé. Je ne nie pas que les institutions dont elle parle
soient en qénéral moins coûteuses que les institutions
publiques, surtout s'il s'agit d'institutions où il n'y a pas de
convention collective et où il n'y a pas de sécurité
d'emploi. Il est bien sûr que la syndicalisation, avec tous les avantages
que les syndicats réussissent à décrocher au fil de leurs
négociations collectives, accroît le coût de l'enseignement
et, en particulier, la sécurité d'emploi qui a été
accordée ailleurs au secteur public par nos amis d'en face, en 1976. Il
est bien sûr que ceci augmente le coût d'une institution publique.
Il demeure cependant qu'il n'y a pas que des désavantages à la
syndicalisation et aux conventions collectives. Je pense que c'est là un
facteur quand même qui a joué d'une façon importante dans
l'amélioration de l'enseignement. (23 h 15)
Je voudrais m'en tenir, en ce gui concerne mes commentaires,
plutôt aux institutions qui s'occupent de l'enfance inadaptée. Je
sais qu'il y a onze institutions qui s'occupent dans le secteur privé de
l'enfance inadaptée, je sais qu'elles font un excellent travail et que
le rôle qu'elles jouent est éminemment complémentaire
à ce qui se passe dans le secteur public, bien que le secteur public
commence aussi à multiplier ces institutions qui s'occupent de l'enfance
inadaptée. D'ailleurs nous y consacrons, en tant que ministère de
l'Éducation, un effort qui ne fait qu'augmenter au fil des
années.
Donc il n'est pas question de nier le rôle social très
important que joue l'AIPEQ dans le champ de l'enfance inadaptée. Je
m'étonne cependant que Mme Landry dise qu'on compromet
sérieusement l'avenir de ces institutions, puisque ainsi qu'elle l'a
laissé entendre elle-même, près de 80% des enfants qui sont
admis dans ces institutions sont référés par des
institutions du secteur public, la plupart du temps des commissions scolaires
mais aussi parfois des CSS, des travailleurs sociaux. Mais dans tous ces cas,
qu'il s'agisse d'enfants référés par des commissions
scolaires ou par des institutions de service social, le coût est
défrayé à 100% par le ministère de
l'Éducation ou par le ministère des Affaires sociales. On peut
donc dire qu'à toutes fins utiles ces institutions sont
subventionnées à 100% pour tous les
élèves qui leur sont référés par le
secteur public.
Dans les crédits que nous voterons pour l'année 1981-1982,
nous consacrerons à ces institutions 10 760 859 $; donc un montant est
prévu au poste budgétaire se référant à
l'enseignement privé uniquement pour les élèves qui ne
sont pas référés par le secteur public. Pour tous les
autres, c'est le secteur public qui paie et, au programme 04 de l'enseignement
primaire secondaire, nous avons prévu à cet effet une somme de 8
109 350 $ et cette somme augmentera d'année en année, au fur et
à mesure des besoins.
Il ne s'agit donc que de discuter du cas des élèves qui ne
sont pas référés par les institutions publiques, qui sont
la minorité, une minorité qui s'étend entre 15% et 20%,
plus près du 20% que de 15%. C'est pour ces élèves qu'on
demande actuellement des frais de scolarité, et c'est uniquement ces
frais de scolarité qui risqueraient d'augmenter par suite des
compressions générales que nous imposons au secteur
privé.
Je ne crois pas cependant que les augmentations de frais de
scolarité qui découleront de ces compressions puissent mettre en
danger l'évolution ou l'existence même de ces institutions
privées. Si je me trompe, j'aimerais bien que Mme Landry nous apporte
à cet égard des renseignements supplémentaires. Je
voudrais lui poser la question: Est-il vrai, effectivement, que le secteur
public compense à 100% pour les dépenses que causent aux
institutions privées les enfants référés par le
secteur public? N'est-il pas vrai que, lorsqu'on dit que le secteur public
compense à 100% pour ses élèves, il s'agit, non pas de la
moyenne de 3000 $ pour l'enseignement régulier au public mais d'une
somme qui approche le triple de ces 3000 $, justement parce que nous comprenons
que, pour un enseignement dispensé à ces élèves, il
faut effectivement un personnel plus spécialisé, il faut un ratio
maître-élèves beaucoup plus bas?
Je voudrais aussi lui poser une autre question, puisqu'elle a fait
référence aux contraintes qu'impose le ministère de
l'Éducation dans l'octroi de ses subventions. S'il est vrai, et je
l'admets que le ministère impose ces contraintes en ce qui concerne par
exemple le non-dépassement des échelles de salaire
établies par les conventions en vigueur, le non-dépassement des
rapports maître-élèves fixé par la convention, le
non-dépassement du rapport maître-élèves moyen
observé dans l'institution en 1980-1981, est-ce qu'il ne lui semble pas
juste que nous observions à cet égard dans le secteur
privé les mêmes règles que nous observons dans le secteur
public?
Le Président (M. Boucher): Mme
Landry.
Mme Landry: Je vais laisser mes collègues qui sont dans un
centre de services répondre.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
Mme Hamel (Marie-Josée): Je répondrai surtout au
niveau de la question des 100% de financement que le ministère versait,
par le biais des commissions scolaires, aux institutions d'enfance
inadaptée.
Il faut replacer ces 100% dans leur contexte qui est un contexte de
règles budgétaires qui sont établies par le Service
général de l'enseignement privé et qui, dans les
conditions actuelles de fonctionnement de la loi 56, provoquent
nécessairement des déficits sérieux dans la plupart, sinon
dans toutes les institutions d'enfance inadaptée.
Si on considère qu'avec l'organisation budgétaire que nous
donne la loi 56, les institutions font des déficits de 15 000 $, 20 000
$, 25 000 $ ou 30 000 $, il est facile d'imaginer qu'avec l'augmentation de
4,6% que le ministère nous verserait à partir de la loi 11, il se
produirait un déficit qui triplerait, même quadruplerait, dans
plusieurs institutions, du seul fait qu'on considérerait la question de
la valeur locative et la question du poste "autres dépenses" pour les
institutions d'enfance inadaptée, car c'est particulièrement
à ces deux postes que les déficits se créent.
Maintenant, si on augmente en plus les déficits par
l'impossibilité de payer les salaires du personnel avec une augmentation
de 4,6%, à ce moment-là, les institutions ne pourront jamais
éviter des déficits qui vont être de l'ordre de 80 000$ ou
90 000 $.
M. Paquette: M. le Président, ces 4,6%, d'où
viennent-il? L'augmentation de 4,6%.
Mme Hamel: Ce sont les chiffres qui nous ont été
donnés par le ministère de l'Éducation. Si on
considère les subventions 1980-1981, pour l'ensemble des institutions
privées d'enfance inadaptée, on nous avait donné 10 292
723 $ et les subventions 1981-1982 se montent à 10 768 246 $.
L'écart entre les deux chiffres donne 4,6%.
M. Paquette: M. le Président, c'est directement
relié à cela. C'est exact que vous avez mentionné que la
loi 56, selon vous, vous défavorisait déjà. C'est bien
cela? Actuellement, vous êtes financés en vertu de l'article 20 de
la loi 56.
Mme Hamel: Oui, c'est exact.
M. Paquette: Sauf erreur, dans le projet de loi no 11, cet
article 20 n'est pas touché. Donc, si je comprends bien, vous dites: La
loi 56 étant ce qu'elle est et compte tenu des règles que le
ministère applique, nous
contestons le fait que nous sommes financés à 100%. Est-ce
que je me trompe? Autrement dit, c'est au niveau du mode d'application de la
loi 56 que vous vous sentez défavorisés?
Mme Hamel: Les 100% dont on parle, ce n'est pas 100% des
dépenses réelles; c'est un pourcentage qui découle de
règles budgétaires qui ne tiennent pas compte de la
réalité des années quatre-vinqt, comme on l'expliquait
tantôt dans le mémoire.
M. Paquette: Mais êtes-vous d'accord sur le fait que la loi
11 ne vous affecte pas?
Mme Hamel: La loi 11 nous affecte directement parce que du total
des subventions qui sont accordées à l'enseignement privé,
des 189 000 000 $ dont on parle, la répartition se fait au
collégial, au secondaire, à l'élémentaire et
à l'enfance inadaptée. Or, c'est à la baisse dans tous les
secteurs, y compris dans l'enfance inadaptée. Normalement, le taux de
croissance, chez nous aussi, aurait été de 12% ou 13%, et il est
de 4,6%.
M. Paquette: Ce que vous dites, c'est que c'est au livre des
crédits qu'il y a problème. Vous ne me dites pas que c'est dans
la loi no 11.
Mme Lemay (Louise): Excusez-moi. Est-ce que je peux
répondre?
Le Président (M. Boucher): Oui, Mme Lemay.
Mme Lemay: Les montants de subventions à verser par le
ministère aux institutions pour enfance inadaptée sont pris
à l'intérieur des 189 000 000 $, même si elles ne sont pas
régies par les articles 14 et 17 de la loi 56.
On prend 189 000 000 $, on enlève X, enfance inadaptée, on
enlève l'éducation des adultes, et le reste est réparti
entre les autres. Alors, indirectement, elles sont touchées par le
projet de loi 11. D'accord?
M. Paquette: Ce que je veux dire c'est que si on laissait la loi
no 11 telle quelle -je prends une pure hypothèse - et qu'on changeait,
dans le livre des crédits, 189 000 000 $ pour 250 000 000 $, vous seriez
très avantagés?
Mme Lemay: Non. Écoutez. Avec les contraintes de gel de
clientèle, ces institutions, on leur gèle leur clientèle
à 1980-1981. Leurs inscriptions sont déjà faites pour l'an
prochain. Alors, si la clientèle est gelée à 60 et que
leurs inscriptions et demandes d'adhésion sont rendues à 80, qui
va payer la différence? Elles vont être obligées de dire
aux parents: Prenez vos enfants, parce qu'on ne peut pas payer.
Or, 80% de ces parents viennent d'un milieu défavorisé.
Ils n'ont pas les moyens. Ils n'ont même pas les moyens de payer les 125
$ qu'ils doivent payer. Comprenez-vous?
M. Paquette: Je comprends parfaitement la situation et le
problème et j'essaie de voir quelle est la source.
Mme Lemay: Elle est au niveau du financement.
M. Paquette: Elle est au niveau du financement.
Mme Lemay: En partie.
M. Paquette: Mais j'essaie de voir le lien avec le projet de loi
no 11. Vous ne m'avez pas démontré qu'il y avait un lien avec le
projet de loi no 11, sauf indirectement.
Ce n'est pas par un amendement à la loi no 11 qu'on pourrait
réqler le problème que vous soumettez. Je ne dis pas qu'il n'y a
pas de problème.
Mme Lemay: Si vous augmentez les budgets ou vous changez les per
capita ou quoi que ce soit, automatiquement, cela va changer les budgets de
l'enfance inadaptée.
M. Paquette: Je comprends cela. Mme Lemay: Bon.
M. Paquette: Mais ce que je tiens à vous dire, c'est que
ce n'est pas par un amendement à la loi 11 qu'on peut répondre au
problème.
M. Rivest: Ce que madame soulève et ce qui a
été souligné à plusieurs reprises au niveau de
l'Assemblée nationale, au cours des dernières années,
c'est qu'il y a aussi dans l'ensemble de la loi 56, la Loi sur l'enseignement
privé, un très grand nombre de dispositions qui
mériteraient d'être réévaluées, un peu comme
Mme Landry le disait à la fin de son mémoire, et que là on
regarde juste les aspects budgétaires et chacun essaie de sauver, avec
raison à bien des égards, son morceau. Mais quand on demande au
gouvernement - et je pense que c'est le sens de votre mémoire, Mme
Landry, à la toute fin - une politique étudiée largement
et librement dans le cadre d'une réévaluation et d'une
révision de la Loi sur l'enseignement privé pour l'enfance
inadaptée, cela a une signification extrêmement et quasiment plus
dense que les dispositions de la loi 11. C'est cela le sens de l'intervention
du mémoire.
M. Paquette: Ce que vous me dites, c'est qu'il faut une
révision de la loi 56; c'est autre chose.
M. Rivest: Oui, depuis quatre ans on l'attend, dois-je vous le
rappeler.
M. Paquette: Oui, mais cela c'est autre chose. Il faut se
comprendre là.
M. Rivest: Ce n'est pas assez.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît:
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Non, je n'ai pas demandé la parole.
Le Président (M. Boucher): On m'a dit que vous vouliez
intervenir au nom de l'Opposition.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas rentrer dans une chicane de
chiffres, parce qu'on pourrait recommencer le même processus que tout
à l'heure, mais j'aimerais simplement faire une remarque au niveau des
coupures touchant l'enfance inadaptée si, tel qu'on nous le dit - il
semble bien que ce soit le cas - il y a des coupures.
À cet éqard, je voudrais signaler ceci, en dépit
des affirmations du ministre de l'Éducation qui dit: L'enfance
inadaptée c'est une priorité pour nous, nous investissons de
grosses sommes - c'est vrai - et nous investissons des efforts qui vont en
augmentant d'année en année. Qu'on regarde ce qui va se passer
dans le secteur public cette année, du point de vue de l'enfance
inadaptée, tous les beaux plans que le ministère a mis en place,
mais qui ne pourront pas en pratique se concrétiser, parce que justement
on enlève l'appui même qu'on devait accorder pour faciliter
l'intégration des enfants maladaptés aux classes
régulières.
Sur ces institutions en particulier, le ministre de l'Éducation
sait fort bien que... Je n'avancerai pas de chiffre, mais je serais
portée à dire qu'au moins dans 90% des cas le secteur public,
à ce moment-ci, quelles qu'en soient les raisons, n'est pas capable d'en
prendre la responsabilité ou encore on ne donne pas au secteur public
les moyens d'assumer des responsabilités à l'égard de ces
enfants.
D'ailleurs, quand on regarde toute l'enfance inadaptée, il y en a
encore trop qui sont chez eux et on peut bien rêver... Je ne sais pas si
c'est ce ministre ou un autre, c'est peut-être le
précédent, qui a dit qu'on va demain intégrer les enfants
qui souffrent d'autisme dans les classes régulières. Moi, je vous
dis: Vous allez avoir besoin de mettre encore plus de ressources que ce que
vous dites pour assurer cela. Entre-temps, la seule chance que ces enfants ont
de peut-être avoir une certaine socialisation, c'est par le truchement de
vos écoles. Alors, moi je voudrais qu'on réexamine, si tel est le
cas... Les chiffres, je les abandonne pour le moment. Certains sont
pénalisés de quelque façon. Je trouve que c'est absolument
à ('encontre de tous les grands principes que tout le monde de ce
côté-ci de la Chambre comme de l'autre, défend. On se
lève Chambre pour dire que cela nous tient à coeur et on fait des
élections là-dessus. Bien, mon Dieu, qu'on permette aux gens, et
particulièrement aux enfants, de vivre ces grands principes, que ce soit
dans le secteur public ou que ce soit dans le secteur privé. (23 h
30)
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme la
députée de L'Acadie.
M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Une question, Mme Landry, si je puis me le
permettre. Pour ce qui a trait aux enfants qui ne sont pas
référés, les frais d'inscription sont de quel ordre? Les
frais de scolarité?
Mme Landry: De 125 $, 150 $.
M. Parizeau: De 150 $, 125 $, parce que vous disiez 125 $ tout
à l'heure. On m'avait dit 150 $, c'est à quel niveau? C'est 125 $
ou 150 $?
Mme Landry: C'est 150 $.
M. Parizeau: Comment ce montant a-t-il évolué
depuis trois ou quatre ans?
Mme Landry: C'est 150 $ depuis trois ou quatre ans.
M. Parizeau: Depuis combien d'années à peu
près?
Mme Landry: À ma connaissance depuis sept ou huit ans.
M. Parizeau: Sept ou huit ans. Merci beaucoup, madame.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viger.
M. Parizeau: Par année, et ca n'a pas changé depuis
sept ou huit ans.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: M. le Président, il y a une chose qui n'est
pas claire dans mon esprit et je voudrais que le ministre des Finances
l'éclaircisse.
On a parlé tout à l'heure de
46 000 000 $, montant qu'on a augmenté à 49 000 000 $ dans
le secteur collégial. Je pense que le ministre des Finances,
d'après ses calculs, dit que c'est une augmentation de 7,5%. C'est
exact?
M. Parizeau: À partir des crédits.
M. Maciocia: Cela veut dire que des 189 000 000 $ on doit
déduire 49 600 000 $ du secteur collégial, la différence
étant le secteur primaire et secondaire, c'est bien ça?
M. Parizeau: Non, M. le Président, je vais
référer le député aux crédits. C'est
11-19.
M. Maciocia: Oui, c'est ça.
M. Parizeau: On n'a pas besoin de soustraire quoi que ce soit,
vous avez à l'élément 1...
M. Maciocia: Non, je ne soustrais rien. Probablement me suis-je
mal expliqué. Je veux dire que pour l'année 1980-1981, le secteur
collégial avait 46 284 000 $ et, cette année, on va à 49
000 633 $, c'est ça?
M. Parizeau: C'est ça.
M. Maciocia: Avec une augmentation de 7,5%?
M. Parizeau: Oui.
M. Maciocia: Sur le restant, l'année passée,
c'était 183 000 000 $. Si on enlève les 46 000 000 $, sur le
restant, préscolaire, primaire, secondaire, il y a seulement une
augmentation de 2,5%, d'après mes calculs? Est-ce bien ça
d'après vos calculs?
M. Parizeau: Ce doit être quelque chose de cet
ordre-là, oui. Si vous prenez l'élément 1, Enseignement
primaire et secondaire, ça fait 9 000 000 $ sur un...
M. Maciocia: Non, pour moi c'est beaucoup plus facile, vous
pourrez parler de...
M. Parizeau: On va faire le calcul...
M. Maciocia: Si vous permettez, M. le ministre, vous êtes
un grand mathématicien, moi, je ne le suis pas...
M. Parizeau: M. le Président, je m'excuse, mais ce n'est
pas une question de mathématiques, c'est inscrit dans les
crédits.
M. Maciocia: Juste un instant, si vous comprenez très bien
ma question, c'est 183 000 000 $ moins 46 000 000 $, il reste 137 000 000
$.
M. Parizeau: Non, M. le Président...
M. Maciocia: Si on compare à cette année, il y a
une augmentation de 2,5%.
M. Parizeau: Non, M. le Président.
M. Maciocia: Voulez-vous m'expliquer l'augmentation, s'il vous
plaît? C'est ça que je veux savoir.
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, M. le
député de Viger, ce sont des choses qui pourraient se
débattre lors de l'étude article par article; je pense que le
ministre sera là à ce moment.
M. Maciocia: Je ne peux pas dire que j'en suis sûr, mais je
savais que le ministre nous cachait quelque chose. Quand il a
parlé...
M. Parizeau: M. le Président...
M. Maciocia: Sur les 183 000 000 $, si on va à 189 000 000
$ cette année, c'est une augmentation de 3%. Tout à l'heure, il a
insisté auprès de la délégation
précédente disant qu'il y avait 7,5%. Qu'est-ce que vous savez
que ... a-t-il dit, à 7,5%. On calcule que l'augmentation n'est
même pas de 3%. Voulez-vous m'expliquer ça, parce que je ne suis
pas un mathématicien?
M. Parizeau: Non, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Viger, si vous voulez attendre la réponse du
ministre, après on pourra passer aux questions.
M. Maciocia: Allez-y, M. le ministre.
M. Parizeau: Si le député peut me permettre de
placer un mot, je vais le référer à la page 1119.
M. Maciocia: Je suis bien à la page 1119.
M. Parizeau: On ne soustrait pas les 46 000 000 $ des 183 000 000
$. Si vous tenez absolument à soustraire les 46 000 000 $, au moins
soustrayez-les du total auquel ils appartiennent, c'est-à-dire 205 000
000 $, page 1119. Je ne fais pas de mathématiques.
M. Maciocia: Oui.
M. Parizeau: Je lis. Les montants affectés à
l'enseignement primaire et secondaire sont de 159 000 000 $.
M. Maciocia: Oui.
M. Parizeau: Alors, on n'a pas besoin de soustraire quoi que ce
soit, c'est écrit.
M. Maciocia: Oui.
M. Parizeau: Cela passe à 168 359 000 $. On n'a pas besoin
de soustraire quoi que ce soit, c'est écrit, pour l'enseignement
primaire et secondaire.
M. Maciocia: Oui.
M. Parizeau: Cela fait 5,8% d'augmentation.
M. Maciocia: Oui.
M. Parizeau: Pas 2,1% ou je ne sais quoi. C'est cela que
ça fait.
M. Maciocia: Non, allez-y, continuez à expliquer la page
des crédits, s'il vous plaît! Si vous voulez continuer.
M. Parizeau: Mais c'est très simple. L'enseignement
collégial passe de 46 300 000 $ à 49 600 000 $, si on lit
bien.
M. Maciocia: Parfait.
M. Parizeaut Là, vous soustrayez le régime de
retraite...
M. Maciocia: Oui.
M. Parizeau: ...sur le poste 1...
M. Maciocia: Mais est-ce qu'il s'agit...
M. Parizeau: ...de 15 000 000 $ pour le RREGOP à
l'enseignement primaire et secondaire passant à 21 200 000 $.
M. Maciocia: Mais c'est justement là, M. le ministre. Si
on...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Gagnon: Question de règlement. M. Maciocia:
...descend...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viger, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Maciocia: Oui.
Le Président (M. Boucher): Écoutez! Il y a des gens
gui sont ici. Il est 23 h 35 et il y a encore quatre groupes qui attendent.
M. Maciocia: Est-ce que c'est toujours la même
histoire...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Viger! Je vous rappelle à l'ordre. On est ici
pour entendre les groupes et non pas pour discuter entre les membres de la
commission.
M. Maciocia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Vous pourrez poser ces
questions lors de l'étude article par article, dans les séances
qui vont suivre.
M. Maciocia: Comment se fait-il que chaque fois qu'un ministre
est en difficulté on essaie toujours de le sauver par d'autres
moyens?
Une voix: Comment? Il n'est pas en difficulté, il lit la
page.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Maciocia: M. le ministre, de 189 000 000 $ à 183 000
000 $, quelle augmentation cela représente-t-il?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viger, je vous rappelle à l'ordre une deuxième fois.
M. Maciocia: Quelle augmentation cela représente-t-il?
Pour moi, c'est 3%.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viger, je vous rappelle à l'ordre une troisième fois.
M. Maciocia: Je peux m'en aller, M. le Président, si vous
voulez.
Une voix: C'est cela qui va arriver.
Une voix: À combien de fois a-t-il droit?
M. Maciocia: Je peux m'en aller.
M. Lalonde: À combien de fois a-t-il droit, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): À la troisième
fois.
M. Maciocia: Je peux m'en aller.
Le Président (M. Boucher): La dernière est
sonnée.
Une voix: II n'a pas entendu la troisième fois.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, je voulais seulement poser
une question. Est-ce que le
Centre psycho-pédagogique de Québec est un de vos
membres?
Mme Landry: Un futur membre. M. Lalonde: Un futur
membre.
Mme Landry: On a sa demande au bureau.
M. Lalonde: Ils ont communiqué avec nous pour nous
indiquer les conséquences du projet de loi no 11 sur ce centre qui
reçoit des enfants en difficulté d'apprentissage. Ils disent que,
alors qu'ils avaient déjà admis 82 élèves, ils sont
limités à 69. Est-ce qu'il peut aussi y avoir une
conséquence dans le nombre d'élèves qui peuvent être
admis à cause...
Mme Hamel: Oui, dans les directives verbales qu'on a
reçues, semble-t-il que, pour respecter les crédits
accordés à l'enfance inadaptée, on avait un gel de
clientèle et il y avait une interdiction de dépasser un certain
nombre d'enfants à admettre dans nos institutions.
M. Lalonde: Étant donné que cette institution a
pris la peine de nous écrire pour nous indiquer les conséquences,
je voulais l'apporter comme témoignage à cette commission. La
conclusion, c'est que dans le passé le centre n'a jamais joui de
subventions suffisantes et se retrouve toujours, d'une année à
l'autre, avec un déficit de 10 000 $. On m'a expliqué qu'on
tentait de l'éponger par toutes sortes de moyens. On allait quêter
à droite et à gauche. Le déficit prévisible,
à cause du projet de loi no 11, sera maintenant de 45 000 $ et une
solution serait de fermer les portes. On nous indique que c'est un des seuls
centres qui est disponible ici dans la région de Québec.
Le Président (M. Boucher): Oui.
Mme Lemay: C'est le même cas pour les dix autres centres.
Les onze sont pris exactement dans la même situation.
M. Lalonde: Oui, c'est une mauvaise loi.
M. Paquette: M. le Président.
M. Lalonde: Quand la retirez-vous, M. le ministre?
M. Paquette: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont.
M. Lalonde: II ne veut pas la retirer.
M. Paquette: II est possible, si je comprends bien la situation,
probablement très certainement, qu'il y ait un problème au niveau
de l'allocation des ressources qui est faite pour onze institutions d'enfance
inadaptée. Si tel est le cas, personnellement, je pense qu'on devrait
peut-être réviser cela et le regarder avec vous. Cependant,
contrairement à ce que vient de dire le député de
Marguerite-Bourgeoys, même si on supprimait de la loi 11 les articles qui
seront des amendements à la loi 56, cela ne changerait rien. Je lis
l'article 20 de la loi 56, d'après laquelle vous êtes
financés, je le lis au complet: "Si elle est déclarée
d'intérêt public ou reconnue pour fins de subvention, une
institution qui donne l'enseignement pour l'enfance inadaptée aux
niveaux préscolaire, élémentaire, secondaire ou
collégial reçoit, nonobstant les articles 14 et 17, pour chaque
année scolaire une subvention par élève
déterminée par règlement du gouvernement après
consultation de la commission." C'est, j'imagine, la Commission de
l'enseignement privé.
Je vous avoue que je ne vois pas comment, en modifiant la loi 11, on
pourrait de quelque façon influer sur votre niveau de financement. Je ne
vous dis pas qu'il n'y a pas de problème, au contraire, j'y suis
très sensible, mais je n'ai pas l'impression que c'est par un amendement
à la loi 11 qu'on pourra y arriver.
Le Président (M. Boucher): Mlle Lemay.
Mme Lemay: M. le Président, M. le député de
Rosemont, est-ce que je peux vous répéter encore...
M. Paquette: Pourriez-vous approcher votre micro, s'il vous
plaît, pour qu'on comprenne?
Mme Lemay: Je vais vous répéter encore une fois que
ce montant est pris même les 189 000 000 $ qui figurent à
l'enseignement privé.
M. Paquette: C'est cela.
Mme Lemay: Si les montants sont déjà fixés
aux articles 31 à 35 pour chacun des niveaux, l'enfance inadaptée
a ce qui reste. Ce qui reste, si vous en donnez plus, vous allez le prendre
où, si vous ne le prenez pas dans les 189 000 000 $?
M. Paquette: Vous supposez qu'on en donne plus aux autres
institutions, ce n'est
pas le cas.
Mme Lemay: Si on avait un tableau!
M. Paquette: Justement, si on avait un tableau, je pourrais vous
le démontrer.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Je voudrais vous poser une question parce que dans le
premier mémoire que vous avez envoyé aux députés,
vous faisiez une remarque. D'après ce que je comprends, les enfants que
vous avez à éduquer, qui ne viennent pas du secteur public, qui
sont vraiment du secteur privé, c'est 20%, 25% ou 30% - le facteur n'est
pas très important - et là vous aviez des déficits,
même sous la loi 56. D'après ce que j'ai compris de votre
mémoire, vous preniez des subsides des fondations que vous aviez
créées et vous investissiez l'argent de ces fondations, des
donateurs, etc.
Vous faites la remarque dans votre premier mémoire que maintenant
cela vous est interdit. Pourriez-vous nous faire un commentaire sur cette
question? C'est bien important. En fait, si c'est vrai, ce serait une
pénalité à double tranchant, quoi: vous perdriez la chance
d'avoir les fondations et de pouvoir avoir la communauté pour vous aider
par le biais d'une fondation.
Mme Lemay: Ce sont encore des choses qui nous ont simplement
été dites et on nous a laissé entendre qu'elles
viendraient effectivement. On ne nous empêchera pas de recueillir des
fonds, mais on va tellement réglementer l'usage qu'on pourra en faire
qu'on n'aura plus d'autorité sur l'usage de ces fonds.
M. Lincoln: Est-ce que le ministre des Finances ou celui de
l'Éducation pourrait nous répondre sur cette question de
fondation? Moi, j'ai lu cela dans le mémoire et on n'a pas trouvé
cela dans la loi. Est-ce qu'il y aurait un projet quelconque qui aurait
porté cette association à croire que ça pourrait
être le cas dans l'avenir?
M. Laurin: La loi, telle qu'elle est rédigée, ne
traite absolument pas de ce problème.
M. Lincoln: Je suis tout à fait d'accord avec vous.
M. Laurin: II s'agit plutôt de règles
budgétaires ou même plutôt de règlements qu'il
s'agirait peut-être de reconsidérer. Cela, il est parfaitement
possible de le faire.
Le Président (M. Boucher): Je remercie les
représentants de l'Association des institutions de niveaux
préscolaire et élémentaire du Québec.
Mme Lemay: Je vous remercie, M. le Président, et je
réitère mon invitation pour une dose de bonté et
d'humanité envers tous ces enfants qu'on a quotidiennement.
Le Président (M. Boucher): Merci. J'appelle la
Fédération nationale des enseignants du Québec,
représentée par Mme Francine Lalonde.
Mme Martin (Huguette): M. le Président, est-ce qu'on a
droit à une question de privilège dans une commission
parlementaire? (23 h 45)
Le Président (M. Boucher): Oui, c'est-à-dire qu'il
n'y a pas de question de privilège, mais si vous voulez adresser une
question urgente...
Mme Martin: C'est que, ce soir, l'Association des parents
catholiques qui représentait tous les parents qui sont
intéressés à l'enseignement privé...
Le Président (M. Boucher): Vous êtes Mme
Mathieu?
Mme Martin: Je ne suis pas Mme Mathieu. Je suis Mme Martin. Je
suis Huguette Martin, responsable du secteur de l'enseignement privé.
Les parents, qui sont les premiers intéressés, puisque ce sont
eux qui paieront la note si on leur demande des augmentations, ont
été placés en tout dernier lieu pour se faire entendre. Il
y en avait 5000 ce soir qui étaient ici pour témoigner. Vous les
avez entendus. Ils étaient ici. Ils n'ont pas pu se faire entendre par
la personne qui devait les rencontrer. Je trouve que c'est tout à fait
injuste pour eux. C'était ma question de privilège. Puisque vous
avez un organisme qui ne présentait pas de mémoire, est-ce qu'on
n'aurait pas pu prendre leur place? J'espère que c'est par erreur qu'on
a été placés en dernier lieu. Merci, monsieur.
Le Président (M. Boucher): Vous avez été
entendue, madame...
Mme Martin: Non, ce n'est pas moi qui lis le mémoire.
Le Président (M. Boucher): ...de la part des membres de la
commission.
Mme Martin: Non, mon mémoire n'a pas été
lu.
Le Président (M. Boucher): Non, mais vous avez
été entendue sur votre question
urgente.
Mme Martin: Alors, vous n'acceptez pas.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Lalonde: Madame... M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Lalonde: ...je pense qu'on doit quand même accorder une
attention plus sérieuse -ce n'est pas le reproche que je vous fais, vous
ne pouvez pas parler pour le gouvernement - à cette demande qui vient de
nous être faite. Il est en effet 23 h 45. Nous avons passé
beaucoup de temps sur un mémoire qui méritait aussi beaucoup de
questions et voici que, de toute évidence, ce groupe très
important ne pourra pas être entendu. Serait-il possible de demander au
ministre des Finances de prier le leader du gouvernement demain de convoquer
à nouveau cette commission parlementaire plus tard la semaine prochaine
pour entendre ceux et celles qui n'ont pas été entendus? Je
conviens qu'il s'agit d'imposer à ceux qui ne sont pas entendus un
deuxième voyage, ce qui n'est pas très agréable, mais il y
a aussi une limite à faire travailler les gens à 2 heures du
matin.
Le Président (M. Boucher): Y a-t-il un consentement de la
part des membres de la commission pour continuer après minuit? La
commission est maîtresse de ses travaux et peut continuer. Il reste que
l'ordre de la Chambre se limite ce soir à minuit.
M. Rivest: Est-ce que j'ai bien compris, Mme Martin, que Mme
Mathieu a dû nous quitter et que... Accepteriez-vous a une heure qui est
quand même assez tardive de présenter...
Mme Martin: Non. Mme Mathieu, notre présidente, n'aurait
pas présenté elle-même le mémoire car elle est
retenue à la maison pour une cause d'accident. Nous avions le
vice-président de la section de Montréal qui était le
porte-parole. Il est toujours ici. De notre groupe, nous sommes les deux seuls
qui restons, parce que les parents qui se sont présentés, eux,
venaient avec leur propre argent et demain ils avaient à travailler. Ils
ont quitté à 23 heures. Ils ne pouvaient plus attendre.
M. Rivest: II reste combien de groupes?
Mme Martin: Pardon?
Le Président (M. Boucher): II reste...
M. Rivest: II y a des parents. Je ne veux être
désagréable à l'endroit de la CEQ, mais...
Le Président (M. Boucher): À ma connaissance, il
reste trois qroupes, l'Association...
M. Rivest: ...les parents - pardon, M. le Président - font
d'une façon bénévole cette démarche; les autres
organismes sont des professionnels, en fait, qui représentent des
centrales très bien organisées. Je me demande si, par
délicatesse pour les parents qui doivent retourner à
Montréal, la commission accepterait de modifier l'ordre pour
répondre a la demande de Mme Martin.
M. Paquette: Sur la question de règlement, si vous me le
permettez.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Je pense que tout le monde, quel que soit le
métier qu'il fasse, travaille demain matin. Je pense qu'on est tous sur
le même plan à ce point de vue. Je vous donne mon opinion
personnelle. Personnellement, je suis prêt à continuer, parce que
ce serait peut-être plus embêtant de demander aux gens de revenir
demain matin que de continuer aujourd'hui et on n'est même pas sûr
que le leader pourra nous trouver du temps dans les travaux de la Chambre.
Le Président (M. Boucher): Y a-t-il consentement pour
continuer après minuit pour entendre les trois groupes qui restent
actuellement? Y a-t-il des groupes dans la salle qui ne sont pas
présents? Il y a la Fédération nationale des enseignants
du Québec que nous avons devant nous. Il y a l'Association des
écoles juives - y a-t-il quelqu'un? - représentée par M.
Steven Lipper. Sont-ils ici? On a dû quitter. Pour l'Association des
parents catholiques, Mme Martin est là. Il reste le collège
Marie-Victorin, est-ce que ses représentants sont ici? Le collège
Marie-Victorin est présent. Il resterait, après la
Fédération nationale des enseignants du Québec, deux
autres groupes. S'il vous plaît, s'il vous plaît, messieurs!
À l'ordre!
M. Lalonde: Alors, M. le Président, procédons.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre! Quand on sera
rendu au pont, on traversera la rivière.
Une voix: S'il y a encore de l'eau.
Le Président (M. Boucher): Oui. Mme
Francine Lalonde, je vous cède la parole pour votre
mémoire. Si vous voulez bien essayer de collaborer de la même
façon que l'a fait le groupe qui vous a précédée en
résumant le plus possible. C'est une question de temps. Votre document
sera disponible, comme les autres documents, au secrétariat des
commissions.
Fédératon nationale des enseignants du
Québec
Mme Lalonde (Francine): Notre mémoire est court. Il est
court parce que d'hier après-midi, trois heures, à cet
après-midi, à peu près à la même heure, le
temps aussi l'était. Nous espérons que l'essentiel y est.
La Fédération nationale des enseignants du Québec,
affiliée à la CSN, est une fédération syndicale
à laquelle sont affiliés dix-neuf syndicats d'enseignants de
collèges privés - je vous signale qu'il y en a trois qui sont en
organisation aussi - et les conditions de travail des professeurs dans
l'enseignement privé expliquent ce qui se passe du point de vue de
l'organisation syndicale.
Le premier paragraphe résume notre position. Nous allons
détailler ensuite. La Fédération nationale des enseignants
du Québec est en profond désaccord avec le projet de loi
numéro 11 qui permet des coupures dans l'enseignement privé,
parce qu'il fait assumer par les professeurs les restrictions
budgétaires, parce qu'il constitue une révision sans le dire de
la Loi sur l'enseignement privé sans assurer quant à nous la
sécurité d'emploi des professeurs.
Pour obtempérer à votre demande, je ne relirai pas le
programme du gouvernement du Parti québécois, mais il nous
semblait important de le rappeler puisqu'en 1976 c'est lui qui avait
poussé notre organisme à faire un débat dans ses syndicats
sur l'enseignement privé. Notre position à nous, qui est
rappelée, comporte essentiellement deux pôles, c'est-à-dire
la déclaration par le gouvernement du fait que les institutions
privées qui répondent à un certain nombre de
critères soient publiques, donc un premier pôle, et un
deuxième pôle qui suppose que les employés soient
intégrés au réseau public avec leur unité
d'accréditation, leur reconnaissance syndicale, des garanties
syndicales, comme quand on a procédé à la création
des cégeps, par exemple. On a formé les cégeps à
partir des associations existantes tant des collèges privés que
des instituts technoloqiques.
Dans la situation actuelle, notre position prend tout son sens. Quand on
sait, et c'est un point de vue qui n'a pas été quant à
nous évoqué du tout ce soir, que l'effet conjugué de la
baisse de clientèle et des coupures menace de fermeture à court
ou moyen terme plus du tiers des collèges où les professeurs sont
affiliés à la FNEQ, nous jonglerons moins avec des chiffres
globaux, bien que nous en parlions, mais nous allons plutôt vous parler
des conditions concrètes dans lesquelles se trouvent les professeurs qui
sont ceux qui dispensent cet enseignement dont on parle tant.
Le projet de loi qui est devant nous ne porte que sur le financement des
professeurs des collèges privés dans ce cadre-là et, parce
que la FNEQ a toujours défendu les professeurs des collèges
privés, la FNEQ ne peut que s'opposer aux effets des coupures sur les
conditions de travail des professeurs des collèges privés. Ces
effets sont graves. La situation dans les collèges privés a
changé. La tâche des enseignants s'est
détériorée depuis quelques années au point que si
les rèqles d'allocation du secteur public étaient
appliquées aux collèges privés elles
généreraient plus de professeurs qu'il n'y en a actuellement.
Cela ne veut pas dire que l'enseignement privé ne coûte pas ce
qu'il coûte. Nous ne sommes pas d'accord sur le fait qu'il
coûterait moins cher, compte tenu de 80%, qui sont prévus dans la
loi, mais tout l'argent qui va aux collèges privés ne va pas pour
l'enseignement. Une enquête récente nous montre que le nombre
d'étudiants par classe est plus grand qu'au public. Il n'est plus vrai
de dire que les étudiants du réseau privé sont tous des
étudiants de la voie enrichie.
Par ailleurs, les collèges privés ne sont pas à
l'abri de baisses de clientèle, que ce soit au secondaire ou ailleurs,
à cause de la dénatalité, à cause de la concurrence
du secteur public partout, équipements divers, choix d'options, choix
d'activités ou à cause de la concurrence entre les
collèges privés.
Les chiffres globaux des prévisions semblent dire qu'il y a
stabilité, nous parlons des conditions concrètes que nous
connaissons, dans des écoles où on compte le nombre
d'étudiants qui vont être inscrits, parce que du nombre
d'étudiants dépend qu'il y aura un professeur de plus ou de moins
ou que la charge des professeurs variera en plus ou en moins. Or, la baisse de
clientèle dans certaines institutions a entraîné et
entraîne la mise à pied de professeurs qui, dans le secteur
public, auraient la sécurité d'emploi.
Il n'y a pas de sécurité d'emploi dans le secteur
privé. Lors de la dernière ronde de négociations dans le
secteur public, les syndicats de collèges privés qui
étaient en situation de le faire, c'est-à-dire dont les
conventions venaient à échéance, ont demandé
d'être intégrés à la loi 55 pour assurer leurs
négociations de façon regroupée à une même
table, avec la présence du gouvernement, de façon à
négocier la sécurité d'emploi. Les employeurs se sont
opposés, le gouvernement, qui en avait le pouvoir, ne les a pas
forcés. Six syndicats d'entre eux ont pu obtenir une table de
négociation regroupée, à condition d'abandonner
leurs revendications de sécurité d'emploi avec le réseau
public.
Les professeurs syndiqués des collèges privés se
retrouvent aujourd'hui devant la menace, exécutée
déjà dans quelques collèges, de mises à pied
nombreuses. Nous ne citerons pas de nom de collèges parce que les
professeurs nous ont fait promettre de ne pas le faire, compte tenu que, si ces
noms étaient rendus publics, il pourrait y avoir d'autres effets
désavantageux sur la clientèle. Ce sont les conditions dans
lesquelles travaillent ces profs, on pourrait vous les nommer en particulier.
Récemment, dans un collège, par exemple, sur 44 professeurs, 9
ont dû être mis à pied, la tâche a été
conséquemment alourdie, des diminutions de salaires ont
été votées, nous y reviendrons.
Passé un certain seuil, il n'est plus suffisant de hausser la
tâche ou de diminuer le nombre de professeurs, la situation n'est plus
viable. Les professeurs non syndiqués sont dans une situation encore
pire. À une situation financière déjà difficile -
nous parlons du temps d'avant les coupures - à une diminution de
clientèle déjà ressentie dans plusieurs institutions,
s'ajoutent les coupures budgétaires du ministre des Finances. Les
crédits déposés représentent une augmentation de
6,1% - je regrette que M. Parizeau ne soit plus là, parce que j'aurais
aimé qu'il réponde à des questions -pour l'enseignement
privé. Pour le secteur primaire, le secteur secondaire et pour le
secteur collégial public, les augmentations, en termes de
crédits, sont de l'ordre de 16,6% et de 16,4%. Or, nous savons que si on
soustrait des crédits statutaires les crédits votés pour
le RREGOP, la partie de crédits qui va aux subventions ne
représente qu'une augmentation de 2,9%. C'est mathématique. M.
Parizeau a posé tout à l'heure une question qui nous
inquiète grandement et j'aimerais qu'on obtienne une réponse.
Dans le secteur privé, la seule condition de travail qui est
assurée aux professeurs, c'est celle du fonds de retraite. Si M.
Parizeau, par sa question, suggère que les sommes allouées aux
fins de contributions au RREGOP, qui sont cette année augmentées
de 33%, d'où la différence entre 2,9% et 6,1%, soient
utilisées pour le financement de l'enseignement privé, ça
veut dire que les professeurs pourraient, en plus, ne pas être sûrs
de leur fonds de retraite. On la trouve un peu grosse.
On ajoutait, naïfs, "nous pensons que le ministère des
Finances ne contestera pas ces chiffres." C'était écrit depuis
cet après-midi. De 2,9% à 2,4%, il nous semble que l'explication
provient du fait que l'année financière ne coïncide pas avec
l'année scolaire. (Minuit)
Les coupures ne touchent pas également tous les secteurs de
l'enseignement privé. On remarque que le gouvernement a fait des choix
politiques. Le montant de base de la subvention proposé dans le projet
de loi représente une augmentation de 4% à 5% pour le secteur
général, si on compare une année avec l'autre, et une
diminution de 15% à 20% pour le secteur professionnel. Comment, avec de
telles augmentations, faire face à l'inflation et respecter les
conventions collectives? Or, il y a, dans les syndicats qui nous sont
affiliés, un syndicat qui remplit, dans une région, la vocation
d'un cégep et qui donne des options professionnelles; il se trouve donc
pénalisé.
L'augmentation de la contribution des parents à 50% de la valeur
des subventions n'est pas une réponse, quant à nous. Elle n'est
pas réaliste, de notre point de vue, en raison de la concurrence que se
livrent entre elles les institutions privées. Elle a surtout des
conséquences sur le personnel, ce sur quoi nous sommes en
désaccord. De plus, cette formule cache une orientation politique, quant
à nous, sans que ne se fasse le débat de fond. Pourquoi
disons-nous cela? Parce que, ou bien l'institution privée augmente les
frais de scolarité, et cela se traduira certainement par une diminution
de clientèle et, de notre point de vue, par la mise à pied de
professeurs qui, rappelons-le, n'ont pas de sécurité d'emploi; ou
bien alors, en raison de la concurrence, de la situation économique
régionale, l'institution ne pourra pas augmenter les frais de la
scolarité afin de conserver sa clientèle, mais alors, ce sont les
professeurs qui devront absorber, comme dans d'autres cas, les coupures
budgétaires par des diminutions de salaire ou par des augmentations de
la tâche d'enseignement, ce ' qui entraînera aussi la mise à
pied de professeurs expérimentés qui, sans sécurité
d'emploi, pourront difficilement se replacer dans l'enseignement.
Quand on parle de mises à pied, on ne veut pas dire de
professeurs qui ne seraient pas permanents, mais de professeurs permanents qui,
compte tenu des conditions de l'enseignement privé, n'ont pas la
sécurité d'emploi.
Ces situations sont réelles, ces situations sont
déjà vécues par les professeurs de certains
collèges. Même s'il existe une convention collective qui qarantit
les salaires et la tâche, devant une menace de fermeture et le taux de
chômage actuel, les syndiqués n'ont souvent pas d'autre choix que
de se plier aux demandes de l'employeur.
Il nous semble que le gouvernement doit prendre ses
responsabilités. Nous croyons que le gouvernement ne peut pas, sous
prétexte de donner suite à la politique budgétaire,
éviter un débat public sur la place que peut occuper le secteur
privé en éducation. Nous n'avons pas escamoté notre
position. Nous ne partageons pas les raisons pour lesquelles d'autres
veulent ce débat, mais nous soumettons qu'il nous semble que le
gouvernement doit faire connaître clairement ses intentions face à
l'enseignement privé subventionné.
Les professeurs sont dans une incertitude; ceux qui, par exemple, cette
année, ont consenti à réviser leur convention collective,
à augmenter leurs tâches, ont vu disparaître - cela s'est
passé dans quelques cas, je vous le répète - cinq, six,
sept collègues qui étaient permanents et ils se demandent ce que
cela sera l'année prochaine, parce que, si c'est pareil, il y a un seuil
où il n'y a plus moyen de fonctionner.
Cette question est réelle, elle est vécue. Quant à
nous, il faut absolument que le gouvernement fasse connaître ses
intentions. Il nous semble que le gouvernement, en créant un
réseau privé subventionné, s'est donné des
responsabilités envers les professeurs de ce secteur. S'il n'y en avait
pas eu, ces professeurs seraient avec les clientèles et les
étudiants dans le secteur public et, comme les autres, ils auraient la
sécurité d'emploi. Le gouvernement, d'ailleurs, dans le
coût moyen, avait inclus les coûts pour fins de subventions, pour
fins de sécurité d'emploi, de salaires et de tâches. C'est
sur cette base, sur la base des conditions du public que les institutions
privées sont subventionnées. Il ne s'est cependant pas
gardé les moyens de contrôle pour savoir si les employeurs
donnaient effectivement aux professeurs ces salaires et cette
sécurité d'emploi.
Le gouvernement a refusé d'inclure les professeurs
syndiqués des institutions privées dans la loi, nous le
rappelons, créant le cas des négociations du secteur public. Il a
ainsi empêché les professeurs, contre leur volonté, de
prendre part aux négociations et d'obtenir une sécurité
d'emploi. Le gouvernement devrait aujourd'hui corriger la situation. Il doit
permettre aux professeurs touchés par une diminution de
clientèle, à cause de la dénatalité ou d'un
transfert d'élèves du secteur privé au secteur public, de
conserver leurs droits et privilèges d'enseignants en leur accordant une
sécurité d'emploi. Il doit faire en sorte que les professeurs
n'aient pas à assumer de diminution de salaire ou des augmentations de
tâche impliquant des mises à pied. Est-ce que le ministre Parizeau
n'avait pas garanti au début de l'opération que les conventions
collectives seraient respectées? Laisser aller la situation actuelle
équivaudrait a condamner presque définitivement au chômage,
sans utiliser leurs compétences, un nombre relativement important de
professeurs de collèges privés -relativement, puisque le nombre
d'institutions que nous regroupons n'est pas de l'ordre de celui du secteur
public - qui ne bénéficient pas, rappelons-le, de la
sécurité d'emploi.
Quant à nous, le débat ne peut pas se faire à
l'occasion de cette commission parlementaire, mais il ne peut plus attendre. Il
devrait avoir lieu à la faveur d'un énoncé clair de la
part du gouvernement.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme Lalonde. Les membres
de la commission désirent-ils continuer?
M. Lalonde: Oui, M. le Président, pour terminer l'audition
seulement.
Le Président (M. Boucher): L'audition de ce mémoire
et de ceux des autres groupes?
M. Lalonde: Et le prochain groupe, il en reste un.
Le Président (M. Boucher): II en reste deux.
M. Lalonde: Plus le collège Marie-Victorin?
Le Président (M. Boucher): Le collège
Marie-Victorin.
M. Lalonde: Allons-y.
Le Président (M. Boucher): En passant les deux autres
groupes?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Boucher): D'accord. M. le ministre.
M. Laurin: Je remercie d'abord Mme Lalonde pour son
mémoire. Il est sûr, pour les raisons qu'elle a indiquées,
que son mémoire explique la situation en termes généraux
et je le comprends très bien.
Tout au long de son mémoire, on sent affleurer la question du
coût des institutions privées. On comprend un peu mieux,
après l'avoir lu et l'avoir entendu, que le coût de l'enseignement
dans les institutions privées est moins élevé que dans les
institutions publiques, non seulement parce que la syndicalisation y est moins
répandue, mais aussi parce que, même là où il y a un
syndicat, les négociations qui ont pu être conclues sont loin
d'être aussi favorables que celles qui ont été conclues
dans le secteur public. La FNEQ fait valoir que, dans ces institutions,
syndiquées ou non syndiquées, les professeurs se voient confier
une tâche plus lourde que dans le secteur privé, que leur
sécurité d'emploi n'existe pas. Les employés, les
professeurs en particulier, doivent se plier davantage à la
volonté de la partie patronale, si on peut s'exprimer ainsi, et
ceci nous permet de voir que le coût moindre de l'enseignement
privé est compensé en tout cas par des désavantages
certains, du moins en ce qui concerne les professeurs. Je pense que nous sommes
bien conscients de cela. Mais, même si M. Parizeau n'est pas là,
je tiens quand même à rassurer tout de suite Mme Lalonde. Les
contributions au RREGOP sont statutaires, elles sont intégralement
versées, aussi bien en ce qui concerne les institutions privées
que les institutions publiques. Il n'y a aucun doute là-dessus.
Le mémoire qu'elle vient de nous lire est plein
d'appréhensions, mais je me demande cependant si ces
appréhensions sont justifiées. Je ne sais pas si Mme Lalonde
était là au début, lorsque nous avons entendu le premier
intervenant, mais c'est à cette occasion que j'ai dit que l'effet des
coupures per capita ne serait pas aussi désastreux ou catastrophique
qu'on a bien voulu le laisser entendre. D'une façon
générale, cela se traduira peut-être par une augmentation
per capita du coût, dans les institutions secondaires, d'à peu
près 80 $, et, dans les collèges, de 90 $. Il est possible de
faire des hypothèses plus optimistes que celles que vous avez faites et,
si tel était le cas, est-ce qu'on peut réellement
appréhender, comme vous semblez l'appréhender, qu'une
augmentation per capita de cet ordre entraîne des changements majeurs
dans les attributions de tâches au personnel professoral et des mises
à pied du genre de celles que vous craignez?
Mme Lalonde: Je ne voudrais pas m'embarquer dans un long
débat de chiffres, mais, très concrètement, des syndicats
qui négociaient ces derniers temps négociaient avec les chiffres
prévus du coût moyen.
Or, cela dépend de ce qu'il est: vous dites de 60 $ à 80
$. J'espère que vous ne le basez pas sur les 6,1%, parce qu'alors vous
allez ramener mes appréhensions. Si vous le basez sur les 2,9%... Bref,
on aimerait avoir des chiffres plus précis, parce que les informations
que nous avions et dont on disposait lors des négociations faisaient en
sorte que, dans quatre endroits très bien identifiés, on a
procédé à une augmentation de la tâche par rapport
à ce qu'elle était, sur la base de ces informations. À un
endroit, je vous l'ai dit il y a eu 9 coupures sur 44, c'est énorme.
Pour cela, il faut qu'il y ait augmentation de la tâche et on parle de
devoir possiblement réduire les salaires à compter de l'automne.
Dans tout le budget du Québec, ce n'est pas beaucoup, mais, dans le
budget de chacun des professeurs, c'est énorme et cela fait des
conditions qui ne sont plus viables, qui n'ont pas de bon sens, cela ne peut
pas se faire. Que vous disiez que c'est juste 60 $ à 80 $, j'ai bien
noté aussi que cela s'additionnait, quant à nous, à des
effets déjà connus; cela s'additionne, mais il n'y a pas que cet
effet; je ne dirai pas qu'à Brébeuf, on risque de fermer demain
matin, ce n'est pas ma prétention, c'est un collège qui nous est
affilié et j'espère qu'on ne m'en voudra pas, mais tous les
collèges ne sont pas Brébeuf.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais deux courtes questions à vous
poser. À la page 4, il y a un paragraphe intitulé: La situation a
changé. Vous avez dit, en guise de réflexion, ou du moins j'ai
cru comprendre que tout l'argent qui est versé aux écoles
privées ne va pas à l'enseiqnement. Est-ce que je vous ai bien
entendu?
Mme Lalonde: Oui, c'est la conclusion que nous tirons du fait que
les subventions étaient des subventions à 80% et que, par
ailleurs, nous connaissons les frais de scolarité payés par les
parents. Nous savons donc les montants qui entrent. Cependant, nous avons fait
aussi une étude à partir des règles d'allocation et nous
arrivons avec une différence, pas dans tous les cas, mais dans plusieurs
cas, qui agit contre le nombre de professeurs qui sont actuellement dans les
institutions privées, mais nous n'avons pas les données
suffisantes. Pour conclure, notre hypothèse, c'est, pour toutes sortes
de raisons, que le nombre de cadres est plus important, quelles que soient les
raisons, il peut y avoir d'autres raisons aussi, mais nous disons que cela ne
va pas tout à l'enseignement. Lors d'une réunion que nous avons
tenue récemment, les professeurs disaient: Si, au moins, on était
certain que l'argent va pour l'enseignement.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que j'ai bien compris qu'une de vos
hypothèses est qu'il y aurait dans certaines institutions un plus grand
nombre de cadres...
Mme Lalonde: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... que dans le secteur public...
Mme Lalonde: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... toutes choses étant relatives? Quelle
autre hypothèse faites-vous? Je ne parle pas d'écoles à
but lucratif, mais dans la majorité des collèges privés ce
sont des collèges sans but lucratif et, vous autres, vous vous
intéressez surtout au niveau collégial?
Mme Lalonde: Non, la majorité des institutions qui nous
sont affiliées sont au niveau secondaire. Nous avons aussi des
institutions qui ne sont pas subventionnées. Il y en a une qui
est à but lucratif et qui était représentée
tantôt par M. Meunier; nous y avons siqné une convention
collective récemment.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je sais, on a vu cela. Prenons l'autre
hypothèse. À la page 6, vous dites que le gouvernement a fait des
choix politiques dans les coupures qu'il a faites dans l'enseignement
privé et vous continuez en disant que les coupures sont plus fortes
évidemment - d'ailleurs, le représentant nous avait envoyé
des chiffres -au secteur professionnel qu'au secteur général,
mais est-ce que vous pouvez quand même développer cet aspect?
Mme Lalonde: On obtient tout simplement cela en prenant les
chiffres du projet de loi lui-même et en le comparant aux subventions de
l'année dernière.
Mme Lavoie-Roux: Mais, quand on parle d'un choix politique, on
parle d'une orientation, quelle est, à votre point de vue, cette
orientation?
Mme Lalonde: Oui, on ne peut pas faire autrement que constater
que, relativement à l'enseignement professionnel, il y a diminution des
subventions. Pour l'enseignement général, d'une année sur
l'autre, la subvention au secondaire tourne autour de 4% à 5%, alors, il
y a un choix, on n'est pas capable de dire les raisons pour lesquelles il a
été fait, mais il y a un choix. Ce que nous savons, c'est que
c'est une ponction dans un collège - dans des collèges qu'on ne
nommera pas - comme Saint-Georges, par exemple, où il y a de
l'enseignement professionnel. Il joue un peu la fonction d'un cégep,
attendu qu'il y a une section pour infirmières, qui est très
lourde, très coûteuse en termes de professeurs. Maintenant, il
n'est plus subventionné de la façon dont il était
subventionné. (0 h 15)
Cela veut dire que, pour donner les services minimaux, il faut aller
chercher des professeurs chez les autres groupes. Cela augmente la tâche
de l'ensemble.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous vous êtes
intéressés au secteur de l'enfance inadaptée?
Mme Lalonde: Nous avons une institution - je suis contente que
vous me posiez la question...
Mme Lavoie-Roux: D'après les chiffres qui nous ont
été fournis, il semblerait qu'il serait encore davantage
touché que le secteur professionnel. Est-ce que vous arrivez aux
mêmes conclusions?
Mme Lalonde: Le syndicat qui nous est affilié, c'est celui
du centre d'intégration scolaire. Je ne sais pas si cela correspond au
secteur dont vous parlez. Ce n'est pas enfance inadaptée. C'est en
difficulté d'adaptation. C'est un centre dans la région de
Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Mais de toute façon, dans ce
centre...
Mme Lalonde: Oui, les informations qu'on a eues, c'est que si
vraiment il y avait coupure ce serait dramatique pour eux autres, cela voudrait
dire la fermeture, parce que les parents - c'est l'argumentation que j'ai
entendu tantôt - sont, dans la plupart des cas, issus de milieux
défavorisés. Très souvent, ils ont peu de ressources et
sont un peu découragés.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question qui touche à
ceci, puisqu'on a le plaisir d'avoir la CSN ici. Combien y a-t-il de
professeurs en disponibilité, dans le niveau collégial, cette
année?
Mme Lalonde: Les chiffres précis, je ne les ai pas. Mais
je dois avouer que j'attendais cette question. J'aurais dû me
préparer en conséquence. Les derniers chiffres précis, je
ne les ai pas.
Mme Lavoie-Roux: Un ordre de grandeur. Vous pouvez bien vous
tromper de 25.
Mme Lalonde: Cette année?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Il y en a peut-être qui sont
restés en disponibilité des années antérieures
aussi. Combien y a-t-il de professeurs en disponibilité dans le
réseau collégial?
Mme Lalonde: Je vous avoue que je ne le sais pas. Ce n'est pas
moi qui suis allée au comité de la sécurité
d'emploi qui a siégé récemment. Ce n'est pas parce que je
veux le cacher d'aucune façon. Je sais que cela peut être assez
important. Je sais cependant - et cela nous étonne, on va en parler
demain - qu'il y a cette année au SRAM, au Service régional
d'admission de Montréal, au premier tour, 3000 dossiers qui ont
été refusés. On va demander ce qu'il en est advenu, parce
que 3000, c'est énorme, cela veut dire des étudiants qui ont
terminé leur DEC, qui demandaient à être admis et qui ne
l'avaient pas été. 400 à Québec. Cela permet
d'annuler plusieurs mises en disponibilité. Il y a des collèges
de la région de Montréal qui avaient des mises en
disponibilité et qui, maintenant, engagent des professeurs.
Est-ce que c'est un effet du chômage
qui fait que les étudiants préfèrent étudier
au lieu de se retrouver chômeurs? Quels sont les facteurs? On ne le sait
pas. Mais on a constaté que dans la région de Montréal il
y a un accroissement important par rapport aux prévisions. Dans la
région de Québec aussi.
Je suis d'autant incertaine pour vous répondre quant au nombre de
professeurs en disponibilité. Il y a certaines régions qui se
vident cependant, comme la région de Shawinigan, la région de
Joliette, dans le Bas-du-Fleuve un peu aussi. Là, il y a des professeurs
qui sont mis en disponibilité de façon assez importante.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais juste que vous confirmiez ou
infirmiez. Je me suis laissé dire que cela pourrait être de
l'ordre de 600 professeurs en disponibilité dans le réseau, dans
le moment.
Mme Lalonde: Combien? Mme Lavoie-Roux: 600.
Mme Lalonde: J'avoue que, compte tenu des dernières
données que je vous ai fournies sur les inscriptions dans la
région de Montréal, je trouve cela beaucoup. Pour demain, je
vérifierai. Pour le débat public demain, on s'attend à des
attaques là-dessus.
Mais je voudrais préciser cependant, si vous me le permettez,
puisque cela a été discuté publiquement dans les journaux
aujourd'hui, que contrairement à ce qu'on dit les professeurs mis en
disponibilité dans les cégeps, en tout cas, enseignent à
l'éducation des adultes - c'est prévu dans la convention
collective - pour une période de six heures. Ils peuvent être
tenus d'enseigner six heures à l'éducation des adultes. Par
ailleurs, ils font des projets.
Je voudrais ajouter que les professeurs ne sont pas ceux qui se sont
opposés à partager l'enseignement pour assurer une meilleure
qualité de l'enseignement. Ce sont généralement les
administrations locales qui l'ont fait.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme Lalonde. M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Merci, M. le Président. Je voudrais faire un
bref commentaire au sujet de la remarque du ministre, concernant une conclusion
qu'il aurait tirée du premier intervenant, lorsqu'il a fait le
commentaire. Le premier intervenant, après qu'il eut
présenté son mémoire, la conclusion semblait se
détacher que le problème n'était pas aussi aigu qu'on
l'aurait fait croire et qu'au contraire il semblait être tout à
fait dans des proportions normales.
Si ma mémoire est fidèle - et je pense qu'elle l'est - le
premier intervenant n'a jamais laissé cette conclusion. C'est le
ministre qui avait fait ce point. En fait, le premier intervenant a dit:
Écoutez, je n'ai pas de chiffres à l'appui; j'ai fait purement un
mémoire de principe. Je vais laisser les seconds intervenants parler
parce qu'eux ont des chiffres à l'appui.
En fait, les seconds intervenants, au nombre de cinq ou six, avaient des
chiffres si convaincants que le ministre avait même dit au milieu de leur
intervention qu'il était prêt à rectifier et faire certains
redressements pour les cas particuliers; sous quelle loi? je ne le sais pas.
Deuxièmement, il avait dit qu'il avait accepté après toute
une polémique entre ces gens et le ministre des Finances, ces gens qui
avaient des chiffres très convaincants, de les voir ensuite pour
discuter du problème et concilier les chiffres.
Donc, je pense qu'il n'est pas correct de dire qu'aucun des intervenants
n'a accepté la situation. Certainement, nous n'acceptons pas qu'il n'y
ait pas de problème. On pense qu'il y a un très gros
problème et que le second mémoire prouve très
catégoriquement qu'il y a un problème très
sérieux.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député.
Je remercie la Fédération nationale des enseignants du
Québec pour la présentation de son mémoire.
J'inviterais maintenant l'Association des parents catholiques,
représentée par Mme Huguette Martin.
Association des parents catholiques du
Québec
Mme Martin: Nous remercions le gouvernement d'avoir
accepté à la toute dernière fin d'entendre le point de vue
des parents au sujet de la loi 11 dans ses articles traitant de l'enseignement
privé.
L'APCQ regroupe plus de 60 000 membres dont 75 associations de parents
du secteur privé, et ce dans toutes les régions de la province.
Depuis quinze ans, nous travaillons à la promotion de la défense
de la liberté d'enseignement. À deux reprises, nous avons
présenté des pétitions dans cette Chambre, la
première en 1968, à l'occasion de la loi 56, loi votée
à l'unanimité en Chambre, la deuxième en 1977, pour le
maintien de cette loi, qui comprenait plus d'un demi-million de signatures,
comme on l'a mentionné plus d'une fois ce soir.
Comme je vous l'ai dit auparavant, nous avions ce soir une nombreuse
délégation qui a voulu manifester au gouvernement sa
volonté de voir respecter ses droits. M. Maurice Archambault,
vice-président de la section de Montréal, vous présentera
notre mémoire qui est très court.
M. Archambault (Maurice): M. le ministre, MM. les
députés, M. le chef de l'Opposition, M. le Président, le
projet de loi 11 concernant entre autres sujets...
Mme Martin: Est-ce que vous avez le mémoire?
M. Archambault: ...l'enseignement privé, modifie
substantiellement la loi-cadre de l'enseignement privé, la loi 56, dans
son mode de financement et préconise des coupures budgétaires qui
auront des répercussions néfastes pour les parents et pour la
survie de l'enseignement privé au Québec. En étudiant ce
projet de loi et ses répercussions, la première question qui nous
vient à l'esprit est celle-ci: Dans quelle société
allons-nous vivre? Une société libre où le droit des
parents au choix de l'école est prioritaire et respecté ou une
société où l'État, par des mesures administratives
et des lois impose peu à peu aux parents un seul système scolaire
où il devient le maître à penser et supplante les parents
dans l'éducation à donner à leurs enfants?
Avant de passer à l'analyse de ce projet de loi, nous
désirons rappeler ce qu'est la liberté d'enseignement dans un
pays démocratique. Nous passerons ensuite des libertés de droit
aux libertés de fait. La liberté d'enseignement se réalise
par l'entremise de deux groupes bien distincts. Le premier groupe sont les
corporations qui administrent les écoles, le deuxième leur
clientèle, les parents.
Le premier groupe, les corporations privées. Premièrement,
la liberté de fondation. Celle-ci permet aux personnes et aux groupes de
fonder des écoles et de les administrer. Il s'agit alors d'une personne
juridique à qui appartient l'autorité reconnue de droit
privé. C'est la liberté de fondation ou encore, pour employer une
expression reconnue dans les démocraties, la liberté
classique.
Deuxièmement: la liberté d'organisation. l'État a
un rôle à jouer concernant toutes les écoles en regard de
la qualité de l'enseignement, la sécurité des
élèves, les qualifications des maîtres. Mais il doit
cependant respecter l'autonomie des écoles privées quant à
leur vocation particulière, l'aménagement des locaux, le choix
des professeurs et des élèves.
Troisièmement: la liberté d'orientation. Le projet
éducatif de chaque école privée a son fondement dans les
motifs et les objectifs de ceux qui se prévalent de la liberté
d'enseignement. C'est ce qui détermine l'orientation philosophique et
religieuse. L'orientation correspond nécessairement à ce pourquoi
la liberté d'enseignement est exercée.
Le deuxième groupe: la clientèle, les parents.
Premièrement: la liberté de choix. La liberté
fondamentale des parents est d'éduquer. Ils ont la responsabilité
de veiller au développement physique, psychologique, social et culturel
de leurs enfants. Ce sont eux qui les initient à une langue, à
une civilisation, à des croyances. Ce sont eux qui fournissent en fin de
compte la matière première des écoles, sans laquelle
celles-ci n'auraient même pas leur raison d'être.
Ce rôle n'est pas, on en conviendra, sans conférer aux
parents des obligations et des droits primordiaux pour tout ce qui touche le
choix de l'école appelée à poursuivre l'oeuvre qu'ils ont
commencée.
L'État n'a pas le droit d'empiéter abusivement sur les
libertés de ceux qui donnent des enfants à la nation, à
plus forte raison de monopoliser de façon indue et injuste des
responsabilités qui incombent avant tout aux parents.
L'existence des institutions privées ne relève donc pas
d'abord de la permission ou de la tolérance de l'État, mais de la
liberté d'enseiqnement, fondée elle-même sur le droit des
parents.
Deuxièmement: la liberté financière. Le devoir de
l'État est de rendre ce choix possible en accordant des subventions,
établies d'après le coût moyen, dans le secteur public
d'enseignement.
Quand le gouvernement rend la scolarité obligatoire et assure la
gratuité de l'enseignement, tous les enfants ont droit aux mêmes
avantages et privilèges, quelle que soit l'école où les
parents décident de les inscrire.
La liberté d'enseignement au Québec. Quelle est la
situation au Québec? Cette liberté de droit a été
reconnue dans le préambule de la loi 60 créant le
ministère de l'Éducation. Elle a aussi été reconnue
par la loi-cadre de l'enseignement privé, loi 56, qui a
été votée à l'unanimité en 1968.
Cependant, les parents et les groupes ont dû continuellement faire
des représentations auprès des gouvernements gui se sont
succédé pour les obliger à la respecter. Depuis cing ans,
un moratoire, imposé par le ministère de l'Éducation,
bloque toute possibilité de développement de l'enseignement
privé, en particulier l'ouverture de nouvelles écoles. Des
parents de plusieurs régions de la province ne peuvent exercer leur
liberté de choix en regard de l'école, parce que tous les projets
mis sur pied pour répondre aux besoins du milieu se sont vu refuser
l'accès aux subventions gouvernementales.
C'était une première étape dans la politique
d'étatisation de l'enseignement privé. Nous avons la conviction
d'aborder la deuxième étape, c'est-à-dire la fermeture de
nombreuses écoles privées, à cause du nouveau mode de
financement. La majorité des parents sera dans l'impossibilité
de
défrayer l'augmentation des frais de scolarité, telle que
prévue par le projet de loi no 11.
Prenons les articles 14.1 et 14.4 de la loi 11, à titre d'exemple
pour l'enseignement général.
Article 14.1: "Pour l'année scolaire 1981-1982, le montant de
base est de 950 $ au niveau de la maternelle, de 1400 $ au niveau du primaire
et de 2000 $ - s'il vous plaît corriger le chiffre 4 - au niveau du
secondaire. Au niveau collégial, ce montant est de 2630 $, pour
l'enseignement général."
Article 14.4: "Pour être admissible à la subvention
visée dans les articles 14 et 14.3, une institution
déclarée d'intérêt public ne doit pas exiger d'un
élève des frais de scolarité et d'autres frais
afférents supérieurs à 50% du montant de la subvention qui
lui est applicable." (0 h 30)
Si l'institution veut réaliser ses objectifs et faire face
à l'augmentation des coûts de fonctionnement, cela signifie qu'au
secondaire la subvention dans une école déclarée
d'intérêt public étant de 2000 $, selon l'article 14.1, les
parents pourraient payer jusqu'à 1000 $ pour les frais de
scolarité. Pour une école reconnue pour fins de subventions, la
part des parents, selon l'article 17.1, pourrait aller jusqu'à 1465 $.
Cela ne comprend pas des frais de pension ou de repas du midi, non plus que le
transport des élèves dans bien des cas.
Le niveau primaire subira des coupures du même genre et
l'enseignement général et professionnel au collégial sera
encore plus gravement touché.
La situation était déjà difficile pour de nombreux
parents. Si ces amendements à la loi no 56 étaient votés,
une proportion grandissante se verrait dans l'obligation de retirer ses enfants
de l'école privée. Nous croyons qu'au contraire la justice
sociale exige une augmentation des subventions dans une période
d'inflation. Ces parents ne sont-ils pas des contribuables comme les autres?
Pourquoi cette discrimination envers certains enfants? Quelle idéologie
pousse le gouvernement à étatiser peu à peu toutes les
écoles? Où s'en va la liberté d'enseignement?
Pourtant, en 1977, lors de la remise d'une pétition de plus de
500 000 signatures au salon rouge du Parlement, M. René Lévesque
déclarait aux quelque 500 délégués de
différents mouvement: "Je peux vous assurer que ni de près ni de
loin il n'est l'intention du gouvernement de brimer de quelque façon que
ce soit les droits des citoyens."
Nous aimerions dire ce soir à M. Lévesque que les parents
seront qravement brimés et de très près par les
dispositions administratives du projet de loi no 11. Le prétexte des
coupures budgétaires dans le secteur privé, si l'on veut biffer
les cinq autres mots qui donnent un contre sens, ne tient pas à
l'analyse car les subventions dans le secteur privé sont basées
sur le coût moyen du secteur public et la diminution dans le financement
de ce dernier pour l'année 1981-1982 va affecter directement le secteur
privé. Pourquoi imposer une autre coupure aux subventions du secteur
privé?
Pourtant, l'école privée est pour l'État source
d'économie étant donné que, dans le contexte actuel, les
parents assument déjà une partie importante du financement. Des
études fondées sur le nombre d'élèves dans les
écoles privées subventionnées ont fait ressortir qu'au
cours de l'année dernière plus de 50 000 000 $ d'économie
ont été réalisés par l'État au seul chapitre
de l'enseignement.
Plusieurs organismes qui nous ont précédé, tels que
l'AIPEQ, l'AIES, l'ACQ, en ont fait la preuve en montrant la différence
de coûts pour le gouvernement entre un élève du secteur
privé et un élève du secteur public selon les
différents niveaux. Chaque enfant qui passera au secteur public,
à cause de la diminution des subventions du secteur privé,
amènera une augmentation très importante des dépenses de
l'Etat puisque ce dernier paiera, en totalité, les frais de
scolarité de cet enfant.
Diminuer la clientèle de l'école privée, ce n'est
pas une économie, c'est du gaspillage. Nous constatons de plus que ce
projet de loi qui touche un secteur très important du ministère
de l'Éducation a été présenté par le
ministre des Finances sans une consultation préalable des personnes
intéressées, les parents et les administrateurs des écoles
privées.
Au nom des 546 000 citoyens qui n'ont certes pas changé leur
option, nous vous demandons, MM. les ministres, de respecter la loi no 56, de
lever le moratoire sur l'enseignement privé, de retirer du projet de loi
no 11 les articles se rapportant à l'enseignement privé.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Laurin: J'aimerais poser deux questions à M.
Archambault. M. Archambault semble faire reposer l'existence du secteur
privé d'enseignement sur le droit des parents à choisir
l'école de leur choix. Si ce droit est universel, je pense que M.
Archambault admettra avec moi que son exercice n'est pas accessible
actuellement à tous les parents québécois puisqu'il n'y a
pas d'école privée de niveau primaire, secondaire et
collégial sur l'ensemble du territoire. Pour respecter ce droit, est-ce
que M. Archambault voudrait dire que l'État devrait assumer les
coûts supplémentaires que constituerait l'élargissement du
secteur privé sur l'ensemble du territoire québécois?
M. Archambault: J'aimerais que M. le ministre m'explique quels
sont ces coûts supplémentaires quand on sait, comme je l'ai dit
avant, que les parents assument une partie du coût de l'instruction de
leur enfant, dans les 20% qui ne sont pas subventionnés, à
l'institution privée. Évidemment, nous ne nous sommes pas
étendus sur les chiffres parce que les organismes qui nous ont
précédé l'ont fait, mais je dois faire remarquer à
M. le ministre que ce qui inquiète les parents, ce n'est pas de savoir,
comme M. le ministre des Finances l'a dit, s'il versait 49 000 000 $ au lieu de
45 000 000 $, cela les touche de très loin; c'est de savoir combien ils
auront à débourser de plus parce que beaucoup de la
clientèle des institutions privées vient d'un secteur moyen
très peu riche et, dans ce secteur, les parents se serrent la ceinture
pour pouvoir envoyer leur enfant à l'école de leur choix - ce
à quoi ils ont droit - et ils ne pourront certainement pas accepter une
augmentation de l'ordre 100 $ ou 200 $ supplémentaires quand
déjà ils se privent pour le faire.
Je ne comprends pas comment le gouvernement dépenserait plus dans
le secteur privé qu'il dépenserait pour les enfants qu'il
retirerait du secteur privé pour les inclure au secteur public.
M. Laurin: M. Archambault, vous avez laissé entendre aussi
dans votre mémoire que les compressions du secteur privé
cacheraient une intention de le faire disparaître. Je voudrais vous
demander alors: Est-ce que les compressions que le gouvernement a
imposées à tout le secteur public de l'éducation comme,
par exemple, l'éducation des adultes, l'université, les
collèges, les programmes du primaire et du secondaire cacheraient aussi
une intention de faire disparaître ces secteurs?
M. Archambault: Le secteur privé est touché
doublement. Comme nous l'avons fait remarquer, comme la subvention de 80% suit
le coût moyen du secteur public, si celui-ci est coupé,
automatiquement la subvention de 80% est diminuée. Dans les
prévisions de la loi 11, il y a une coupure supplémentaire qui
réduit encore le montant qui sera versé aux institutions
privées. Cela va se traduire nécessairement par un manque
à gagner des institutions privées qui seront obligées
d'aller chercher ce manque à gagner dans la poche de leurs clients.
M. Laurin: Étant donné que les compressions
touchent aussi considérablement le collégial public, le
secondaire public et même l'université, est-ce que vous devriez en
conclure, comme vous concluez pour l'enseignement privé, que ce serait
l'intention du gouvernement de faire disparaître le secteur public
également?
M. Archambault: C'est-à-dire, premièrement, que le
secteur privé accepte la coupure qu'il subit du fait que le secteur
public est coupé. Il accepte comme tout le monde, il est d'accord avec
cela en ce sens qu'il doit aussi collaborer.
Deuxièmement, dans le secteur public, il n'y a pas de moratoire
et les institutions peuvent se déplacer assez facilement. Comme l'ont
fait remarquer certains organismes et même les représentants des
instituteurs, actuellement, on est en train, ni plus ni moins, de contingenter
les possibilités d'expansion des institutions privées, ce qui
veut dire que ce dont se plaignent les instituteurs est la cause directe de
difficultés financières dans les institutions privées.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. Archambault, des craintes ont été
évoquées dans votre mémoire et elles ont été
relevées par les questions que le ministre de l'Éducation vous a
adressées au titre de l'intention que le ministre a cru que vous lui
aviez prêtée ou que vous vouliez prêter au gouvernement de
faire disparaître l'enseignement privé. Au fond, ce que
vous-même et les parents sont venus ce soir indiquer au ministre et au
gouvernement, à part toutes les difficultés au niveau de
l'enfance inadaptée, des collèges, enfin, tous les
problèmes dont on a discuté en soirée, est-ce qu'au fond
vous n'êtes pas venus demander au gouvernement de dire très
clairement... Vous avez remarqué, au cours de la soirée, on n'a
jamais fait part, du côté ministériel, de la volonté
arrêtée du gouvernement de maintenir le secteur privé, et
le sens de votre mémoire et l'insistance que vous mettez
là-dessus, je pense que vous êtes venus chercher cela.
Deuxièmement, d'une façon différente, bien sûr, les
intervenants qui vous ont précédés ont tous
demandé, sauf erreur, au gouvernement d'abord de reconnaître
l'existence du secteur privé, de le reconnaître d'une façon
formelle, d'en prendre l'engagement; deuxièmement, ils ont
souligné que les problèmes qui existent dans l'enseignement
privé au niveau des services -on l'a vu - pour les enfants
inadaptés, problèmes qui sont complètement
étrangers dans certains cas, - les problèmes sérieux -aux
dispositions budgétaires proposées par le projet de loi 11, sont
aggravés par les dispositions budgétaires qui risquent de faire
disparaître un certain nombre d'institutions d'enseignement
privées. N'êtes-vous pas venus finalement demander au
gouvernement, contrairement à ce que le ministre vous indiquait par sa
question, de définir ses
orientations à lui au niveau de l'existence de l'enseignement
privé, non seulement l'existence, mais sa survivance et certains moyens
futurs un peu comme M. de l'Institut Teccart nous le disait tantôt, des
moyens d'avenir, de développement du secteur privé de
l'enseignement au Québec? Je crois comprendre, sauf erreur - vous me
corrigerez si je me trompe - que c'est là le sens fondamental de votre
démarche, à part, bien sûr, toutes les urgences
financières que comportent les dispositions fiscales qui s'adressent
à l'enseignement privé.
M. Archambault: Les inquiétudes des parents viennent du
fait qu'ils connaissent la politique du Parti québécois et,
durant la campagne électorale, on nous a ni plus ni moins laissé
entendre et on nous a lu certaines parties du programme du parti qui dressaient
un programme d'assimilation graduelle des institutions privées aux
institutions publiques d'une façon assez habile, mais on voyait
déjà la pointe de l'iceberg et on ne savait pas ce qu'il y avait
dessous. Assurément, au Québec, l'institution privée a
toujours été hautement respectée. Elle a été
un caractère essentiel de la province de Québec, un fait qui a
été admiré dans beaucoup d'autres pays et elle assure
aussi, par la concurrence, une certaine qualité du secteur privé.
En la faisant disparaître, les parents ne sont pas d'accord car ils
s'inquiéteraient de ce qui pourrait survenir à l'enseignement
public, en se basant sur des expériences vécues dans d'autres
pays.
Je crois bien que la population tout entière, quand vous
réussissez en moins de deux mois à recueillir 546 000 signatures,
c'est un signe de la volonté du public et cette volonté n'a pas
changé.
Mme Martin: M. le Président...
M. Rivest: Mme Martin, un complément de
réponse.
Le Président (M. Boucher): Mme Martin.
Mme Martin: À l'énoncé de M. Archambault,
qui disait que le Parti québécois avait exprimé par deux
fois que les institutions privées devaient fusionner au secteur public,
j'ai été surprise de voir la surprise de M. Paquette. Pourtant,
celui-ci a prononcé lui-même une conférence à
quelques reprises, entre autres au collège Marie-Victorin, et, dans
cette conférence, il présentait aux parents un moyen de
fusionnement d'ici cinq ans - c'était il y a quatre ans - et les
institutions privées devaient fusionner au secteur public. Il donnait
trois ans. Il donnait deux ans. Il donnait cinq ans. Cette année encore,
par deux fois, il a été exprimé par le Parti
québécois de l'aile centre de Montréal que les
institutions privées devaient disparaître. On n'a pas pris cela,
les parents, nulle part. On a pris cela dans les journaux. Si les journaux ont
menti, nous, on ne le sait pas, mais la conférence de M. Paquette, je
l'ai bien en main et il a expliqué aux parents au collèqe
Marie-Victorin comment il voyait que les écoles d'enseignement
privées devaient fusionner au secteur public. Je n'ai pas
rêvé. J'ai lu cela et tous les parents l'ont lu aussi. (0 h
45)
M. Rivest: Mme Martin, je passerai la parole à mon
collègue.
On a eu l'occasion dans des commissions parlementaires
antérieures de se référer à ce genre de fait ou de
déclaration, mais je ne savais pas ça que vous avez dit du
député de Rosemont. Mais l'ancien ministre de l'Éducation,
M. Jacques-Yvan Morin, à cette commission parlementaire - et le premier
ministre, je pense, l'avait déjà dit à l'Assemblée
nationale, si je ne me trompe, en réponse à une question du
député de Gaspé, M. Le Moignan - a déclaré
que sur le plan des principes le gouvernement - je ne veux pas les
défendre là - du Parti québécois s'engageait
à maintenir le secteur privé de l'enseignement. Le premier
ministre l'a dit, l'ancien ministre de l'Éducation l'a dit. Et
peut-être que ce soir, au moins au niveau de la déclaration de
principe - je ne sais pas si je me ferais votre interprète - je
demanderais, puisque ce projet de loi qui heurte d'une façon assez
cruelle à certains égards certains secteurs de l'enseignement
privé, qu'au moins le nouveau ministre de l'Éducation vous
autorise - le député de Rosemont peut avoir ses opinions et on
les respecte sans les admettre - à dire à vos commettants que le
gouvernement s'engage à maintenir le secteur de l'enseignement
privé et à lui donner les moyens de vivre. Ce serait ça au
fond. Vous avez remarqué que je ne fais pas de reproche au nouveau
ministre de l'Éducation, il est très subtil, mais il ne l'a pas
fait. Est-ce que j'abuserais de l'audace ou de la témérité
du nouveau ministre de l'Éducation en lui demandant de dire à nos
invités ce soir si effectivement le gouvernement s'engage, contrairement
aux orientations politiques évoquées, à maintenir le
secteur de l'enseignement privé? On aurait déjà fait un
grand pas et ensuite on prendra le ministre de Finances et on fera les
additions pour voir si c'est vraiment viable.
Mme Martin: Qu'il dise qu'il s'engage à maintenir un
secteur privé d'enseignement qui pourra vivre décemment.
M. Rivest: Oui, c'est ca. C'est ce qu'on vient de me
signaler.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Laurin: II y a d'autres questions.
M. Rivest: Ah, tiens. C'est déjà significatif le
refus du ministre de l'Éducation de s'engager à
répéter ce que le premier ministre et son collègue
l'ancien ministre de l'Éducation ont déjà dit. Lui ne le
dira pas.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Merci, M. le Président. Je suis heureux d'une
déclaration que le chef de l'Opposition a faite à
l'Assemblée nationale lorsqu'il a dit qu'il favorisait le système
public. Comme membre, comme député d'un parti, j'ai toujours
affirmé que le secteur privé était là pour rester.
Mais M. Archambault, on se connaît bien depuis des années. On
s'est rencontrés dans différents temps, pas toujours
agréables. Les affirmations que vous faites ce soir avec madame font
suite, à peu près, à tout ce que j'ai toujours entendu. Je
voudrais vous remémorer quelque chose qui s'est fait durant
l'élection à une soi-disant assemblée, où je suis
tombé dans le piège comme d'autres candidats, où j'avais
un adversaire, le Dr Roy, dans une certaine soirée à
Marie-Clarac. Le Dr Roy a déclaré - pas aurait -a
déclaré qu'à son avis un seul secteur pourrait exister, et
ce serait le secteur privé. Vous avez applaudi très fort à
cette déclaration. Est-ce que vos vues on changé depuis ce
temps-là? Parce que je trouve curieux que vous veniez ici avec le
mémoire que vous présentez. Ce qu'on vous reproche le plus, dans
toutes ces conférences-là, dans toutes les rencontres que j'ai
eues avec vous, c'est de toujours vouloir détruire ce qu'il y a dans le
secteur public pour revaloriser le secteur privé. C'est là-dessus
actuellement que, je parle personnellement, la crédibilité qu'on
peut avoir en vous et en vos associations est diminuée d'autant
plus.
M. Archambault: M. Laplante, si vous permettez, j'aimerais vous
informer d'une chose que vous ne semblez pas savoir. Je suis aussi
président du Mouvement scolaire confessionnel qui s'occupe du secteur
public et qui fait élire des commissaires au secteur public et je viens
de travailler dans la région de Terrebonne, au secteur public, pour
l'élection des commissaires et dans la région de Laval pour
l'élection de commissaires au secteur public. L'Association des parents
catholiques du Québec compte un nombre très important, et c'est
peut-être le plus important, de membres du secteur public et
l'association ne fait pas de différence entre un enfant du secteur
public ou un enfant du secteur privé. Ce sont des enfants et ils
défendent les deux secteurs avec la même ardeur, la même foi
et la même honnêteté.
M. Laplante: Mais pourquoi ce soir-là avez-vous
applaudi...
M. Archanbault: Premièrement, vous affirmez que j'ai
applaudi et je ne me souviens pas d'avoir applaudi...
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeois.
M. Archambault: Je ne me souviens pas d'avoir applaudi,
l'assistance a probablement applaudi...
M. Laplante: Répondez.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Archambault: ...à une remarque qui était
plutôt...
M. Lalonde: M. le Président...
M. Laplante: On ne peut pas porter deux masques comme
ça...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, s'il
vous plaît, un instant...
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement!
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, à
l'ordre, à l'ordre, à l'ordre, arrêtez ça!
Mme Martin: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, question de règlement!
M. Lalonde: C'est strictement, M. le Président, pour
tenter d'inviter le député de Bourassa au principe
élémentaire de la courtoisie à l'égard de nos
témoins. Il prend un cas où un monsieur aurait peut-être
applaudi une fois dans une assemblée, dix fois ou cent fois. C'est
absolument enfantin, c'est infantile, votre histoire. Retournez à
l'école.
M. Laplante: Question de règlement! Il aurait fallu que M.
le député de Marguerite-Bourgeoys assiste à cette
réunion pour voir que l'élément de courtoisie n'existait
pas ce soir-là.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Cette commission parlementaire avait pour objet
d'étudier des mémoires que des gens venaient nous
présenter et ce n'est pas une occasion pour faire des règlements
de compte.
M. Lalonde: Le député de Bourassa est égal
à lui-même.
M. Laplante: Je lui pose la question, qu'est-ce qu'il a à
choisir entre le secteur public et le secteur privé?
Le Président (M. Boucher): Ceci étant dit, M. le
député de Rosemont, vous voulez intervenir?
M. Paquette: Oui, M. le Président, j'ai justement une ou
deux questions sur le mémoire qui nous est présenté.
Auparavant, une simple mise au point, on évoquait une conférence
que j'avais faite au collège Marie-Victorin, où on s'était
très bien entendu d'ailleurs avec les gens qui étaient dans la
salle et les gens m'avaient très bien compris; je regrette que ce ne
soit pas le cas de tout le monde. Ce que j'avais dit à ce
moment-là, c'était exactement le programme du parti qui parle
d'intégration entre les deux secteurs. Je ne sais pas pourquoi
l'Association des parents catholiques y voient une disparition des
écoles privées là-dedans. Cela n'a absolument rien
à voir; quand on parle d'intégrer deux secteurs, un secteur
privé et un secteur public, ça veut dire tout simplement qu'il y
a des problèmes, ce que vous niez. Vous niez qu'il y a des
problèmes de coexistence entre les écoles privées et les
écoles publiques; commencer à entrer là-dedans nous
éloignerait pas mal de notre propos, mais je pense que c'est assez
évident pour tout le monde qu'il y a des problèmes et qu'il faut
une politique de l'enseignement privé.
Le sens de mon action, jusqu'à maintenant, a été
d'en définir une qui soit basée sur l'autonomie des
écoles, qu'elles soient publiques ou privées, et leur
coordination dans un seul système scolaire, comme le préconisait
la commission Parent en 1966. À ce point de vue-là, je veux bien
qu'on ait des divergences d'opinions, mais je n'aimerais pas qu'on
déforme la mienne, comme je vais essayer de ne pas déformer la
vôtre.
La question que j'avais à vous poser, à la page 3 de votre
mémoire, vous affirmez que, selon l'article 14.1, les parents pourraient
payer jusqu'à 1000 $ pour les frais de scolarité. C'est bien
sûr que, si vous partez d'affirmations comme ça, vous allez
pouvoir amener des gens en manifestation à peu près n'importe
quand. Cependant, je pense que cette affirmation nous met en évidence un
problème dans la loi qu'il faudrait regarder, peut-être que le
plafond, pour les frais de scolarité, qu'on donne aux institutions
privées est trop élevé. Mais vous semblez quasiment dire
que les écoles privées se font un plaisir d'aller jusqu'au
plafond. Pourtant, les chiffres qu'on a ici, en supposant que les écoles
privées décident de maintenir des services, ont le même
nombre d'étudiants que l'année dernière et ont des
dépenses qui augmentent avec le coût de la vie, cela implique une
augmentation de frais de scolarité, en supposant qu'ils veulent
maintenir le même niveau de revenu en dollars constants, de 79 $ à
la maternelle, 89 $ au primaire, 106 $ au secondaire, 98 $ au collégial
général et autour de 600 $ au collégial professionnel. Je
reconnais qu'il y a effectivement un problème.
À ce moment-là, sauf erreur, le coût de
scolarité moyen au secondaire est autour de 400 $, plus 100 $, ça
fait 500 $. Ce que vous êtes en train de me dire, c'est que vous n'auriez
pas confiance aux écoles privées et vous avez l'impression qu'ils
augmenteraient les subventions jusgu'au plafond permis par la loi qui seraient
de 1000 $. À ce moment, je serais bien d'accord pour qu'on regarde si on
ne pourrait pas mettre le plafond plus bas. Je ne pense pas que cela ait
l'effet dramatique, dramatisé à outrance, qu'il y a dans votre
mémoire.
M. Archambault: II y a plusieurs choses dans votre intervention.
Premièrement, il a toujours existé au Québec et il existe
encore des relations très harmonieuses entre le secteur privé et
le secteur public. Il n'y a pas de lutte. On cherche à en créer
une peut-être, mais il n'y en a pas. D'ailleurs, les 546 000 signatures
en témoignent. Nous n'avons pas obtenu 546 000 signatures du secteur
privé seulement. Vous dites: Est-ce que les institutions privées
se font un plaisir d'augmenter? Elles ne le font pas? Ce n'est pas une question
de plaisir, c'est une question de nécessité. Je suis
personnellement, dans mon métier, administrateur, et je sais ce qu'est
l'augmentation des coûts, et surtout quand on veut assurer la
qualité des services. Actuellement, on l'a souligné tout à
l'heure, avec les taux d'intérêt des banques, l'augmentation
rapide du coût des matériaux et de la main-d'oeuvre, je sais
très bien qu'il est très difficile d'arriver avec un budget
réduit.
Quant aux projections de 79 $ à la maternelle, 80 $ au primaire,
106 $ au secondaire, 98 $ au collégial et 600 $ au niveau professionnel,
je ne puis malheureusement pas discuter de ces chiffres parce que je ne les ai
pas étudiés. Je prends votre affirmation comme étant 106 $
au
secondaire comme exemple. C'est justement là le problème.
Que l'on dise ce que l'on voudra, dans le secteur privé, il y a une
quantité de parents à revenu très moyen - je l'ai dit -
qui se serrent la ceinture, qui se privent pour choisir un collège. Ils
ont le droit de choisir, comme les autres, un collège. À 400 $,
c'est déjà très onéreux et vous augmentez de 25%
leur quote-part. À ce moment, vous êtes à peu près
certain que ces parents seront obligés de retirer leur enfant de
l'institution privée. Il ne faut pas l'oublier. Moi-même j'ai eu
des enfants, seulement pour les faire voyager à l'institution
privée, cela me coûtait 20 $ par mois par enfant, en plus -
à ce moment, nous n'avions pas de subventions - des frais de
l'école. Je sais les sacrifices que mon épouse et moi avons
été obligés de faire. Aujourd'hui, heureusement la loi 56
est venue apporter un soulagement aux parents, leur apporter la
possibilité de choisir les écoles autres s'ils le voulaient. Elle
leur a apporté la liberté d'enseignement, le choix de
l'école. Par ce qu'on vient de voir dans le projet de loi 11, cette
liberté va leur être retirée. Seulement les gens qui ont de
bons revenus, une certaine élite, pourront se payer l'enseignement
privé. Je ne crois pas que ce soit le fait d'un gouvernement
démocratique que de vouloir priver la classe moyenne de l'accès
aux institutions privées.
M. Paquette: Une dernière question sur les droits et
libertés. On est tous d'accord pour reconnaître le droit à
l'enseiqnement obligatoire gratuit à tous les étudiants. On est
d'accord pour reconnaître le droit aux citoyens de créer leurs
écoles privées. On est d'accord également pour leur
accorder un certain niveau d'appui financier. L'effet de la loi 11 est de
diminuer de 80% à peu près, en coût moyen du système
public, le financement aux écoles privées, à 76%. Vous
dites qu'avec cela, on est en train de perdre la démocratie. L'AIES nous
dit: On s'achemine vers une réduction des libertés au nom
d'idéologies totalitaires souvent non avouées. Est-ce qu'on doit
en conclure que les sept provinces canadiennes qui ne subventionnent aucunement
leurs institutions privées - je ne dis pas qu'il faudrait les imiter -
ont déjà atteint le stade totalitaire et ont déjà
éliminer toutes les libertés.
M. Archambault: II faut dire que dans les autres provinces
où n'existe pas ce qenre de subventions, on envie beaucoup la province
de Québec qui avait la réputation d'être une terre de
liberté. Dans le moment, vous allez constater qu'aux États-Unis,
on s'apprête justement à financer le secteur privé pour
permettre une plus grande liberté aux parents quant au choix de
l'école. (1 heure)
M. Paquette: On est à l'avant-garde.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre. Mme Martin.
Mme Martin: Si je peux ajouter, les parents sont bien d'accord
pour faire leur effort afin de permettre au gouvernement d'avoir un budget plus
souple. Les parents sont peut-être prêts à payer un certaine
augmentation, mais c'est la façon draconienne que cela leur a
été présenté... En septembre, vous êtes
obligés de payer tant de plus. Les maisons vont être
obligées de le demander. Vous dites 400 $, 500 $, les maisons sont
presque toutes rendues à plus de 600 $. Cela veut dire que même si
elles ne demandaient pas 50%, il y aurait certainement un bon montant à
ajouter.
Les parents qui envoient leurs enfants dans des institutions
privées ont fait un budget eux autres aussi. Ils ont calculé leur
année scolaire qui s'en vient. Ils ont déjà inscrit leur
enfant dans une maison. La maison leur a dit: Cela va vous coûter tant.
Et là, elle va peut-être leur demander 100 $ ou 200 $ de plus pour
l'année. C'est une chose qui ne s'accepte pas. Je pense qu'il y a
même certains parents qui pourraient dire aux institutions
privées: Nous avons signé un contrat et on n'a pas à
augmenter le montant. Qu'est-ce que l'institution ferait à ce
moment-là? Elle ne pourrait plus fonctionner. C'est cette façon
de nous l'imposer dans l'espace d'un mois et de nous dire: En septembre, vous
devrez faire face à des augmentations très élevées.
Les parents ne pourront pas le faire, c'est ce qu'ils n'admettent pas. S'ils
avaient eu la chance de s'exprimer ce soir, s'ils avaient pu crier ce qu'ils ne
voulaient pas, vous les auriez compris. Ce n'est pas parce qu'ils ne veulent
pas partager avec tout le monde les sacrifices, ils le veulent bien, mais non
pas de la façon dont on leur présente. Rapidement, ce sera cela
en septembre. Ce n'est pas acceptable.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, maintenant que mes
collègues se sont exprimés, je voudrais répondre, bien que
brièvement, à la délicate invitation de mon
collègue de Jean-Talon. Je lui dirai simplement que les crédits
que nous allons voter, augmentés d'ailleurs par rapport à l'an
dernier, constituent la meilleure preuve de la volonté du gouvernement
de maintenir en existence le secteur de l'enseiqnement privé.
M. Rivest: La meilleure preuve, c'est quand vous déposez
vos politiques concernant l'enseignement privé. Or, depuis quatre ans,
vous ne l'avez pas fait. Cela n'annonce pas une politique très
encourageante pour le secteur privé.
Le Président (M. Boucher): Je remercie les
représentants de l'Association des parents catholiques au nom des
membres de la commission. J'inviterais les derniers intervenants, les
représentants du collège Marie-Victorin, représenté
par M. Jean-Marie Cliche.
Je demanderais votre collaboration pour essayer de résumer votre
mémoire, étant donné que tous les membres en ont une
copie.
M. Cliche (Jean-Marie): Oui, c'est exactement notre
intention.
Le Président (M. Boucher): II sera disponible au
secrétariat des commissions.
Collège Marie-Victorin
M. Cliche: C'est exactement notre intention, même si on est
tous présents devant vous. On entend très bien résumer
notre position.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Cliche: Je voudrais quand même vous présenter les
membres ici devant vous: M. Jacques Lafontaine, président du conseil
d'administration; M. Vianney Saint-Michel, à ma droite, directeur
général; à sa droite, M. Gilles Leclerc, directeur des
services pédagogiques; M. Raymond Thibault, directeur des services
financiers et enfin M. André Sansfaçon, directeur des services
aux étudiants.
Pour les fins de présentation du mémoire, vous avez en
main le mémoire comme tel, qui a été porté à
votre connaissance, je crois, au cours de la journée peut-être
pour certains. Vous avez également, joint à ce mémoire
pour quelques-uns, j'espère peut-être pour tous, un
résumé de la situation, un résumé du
mémoire.
À tout événement, M. Saint-Michel va vous faire la
présentation du collège Marie-Victorin brièvement, de
même que le résumé du mémoire, et M. Leclerc vous
présentera les conséquences directes du projet de loi no 11 pour
le collège Marie-Victorin. Alors, M. Saint-Michel.
Le Président (M. Boucher): M. Saint-Michel.
M. Saint-Michel (Vianney): M. le Président, MM. les
membres, Mme, à l'heure qu'il est, si le temps, c'est de l'argent, on va
devoir s'imposer des coupures volontaires. Je remercie qui de droit de nous
avoir invités à présenter le mémoire du
collège Marie-Victorin. Je fais dépôt du mémoire
afin qu'il soit inscrit au journal des Débats et qu'il soit
considéré comme lu.
Nous pensons, au collège Marie-Victorin, que la nouvelle loi ou
le projet de loi no 11 compromet et remet en question le rôle social, les
finalités et les objectifs du collège Marie-Victorin. En
résumé, comme vous l'avez déjà sur votre feuille,
le collège a diminué lui-même ses dépenses, dans une
prévision budgétaire pour 1981-1982, de 235 000 $ par rapport
à 1980-1981. On a coupé tout ce qui dépassait. Tout le
monde s'entend, comme l'a dit M. le ministre de l'Éducation tout
à l'heure, pour dire qu'au professionnel les dépenses sont plus
fortes. Or, il arrive que c'est surtout au professionnel que nous sommes
touchés et même, je crois que cela n'a pas été
mentionné ce soir, il y a deux groupes du cours professionnel dont la
subvention sera inférieure à celle du cours général
et c'est là que nous avons la plus grande concentration
d'étudiants. Vous pouvez imaginer les conséquences. Par exemple,
au groupe 300, la baisse sera de 17,7% et au groupe 400, de 18,5%. Au secteur
général, je ne m'étendrai pas trop longtemps
là-dessus, la hausse de 3,4% ne couvre pas, loin de là,
l'augmentation du coût de la vie. Nous avons au collège 46,4% de
nos étudiants qui sont au cours professionnel sur un total de 2446
étudiants.
À ce moment-ci de l'année, le collège s'est
déjà engagé, à court et à moyen terme,
auprès de ses étudiants et de ses 300 membres du personnel, en
tenant compte des règles du jeu de la loi 56, et la soudaineté
des mesures de la nouvelle loi bloque la progression normale dans une saine
administration.
Je présente très rapidement quelques traits majeurs du
collège Marie-Victorin. C'est un collège qui a été
fondé en 1962 par la fusion de toutes les écoles normales de six
congrégations religieuses de frères. On y dispense le niveau
collégial, avec à peu près tous les programmes de
l'enseignement général, et l'enseignement professionnel,
principalement dans les groupes 300, 400 et 500. Le collège, je dirais,
est fier de s'impliquer et de s'implanter dans une région
socio-économique du nord-est de Montréal; nous sommes au
carrefour de cinq villes et aux confins de quatre comtés.
Quelques mots sur le rôle social et culturel de Marie-Victorin
à la collectivité. Notre rayonnement communautaire se
développe à la faveur de ressources culturelles, sportives et
sociales, par exemple un centre d'activités physiques qui sert à
la région, l'enseignement aux adultes, un centre de formation des
professionnels de la vente, un centre culturel avec des saisons de concert, des
activités culturelles, des cours par le truchement du journal La Presse
à l'intention de la population globale du Québec, un service de
recherche et de développement.
II me plaît de dire que le collège Marie-Victorin a
passablement aidé à l'ensemble de l'éducation
collégiale du Québec; par exemple, c'est au collège
Marie-Victorin que nous avons élaboré et perfectionné le
cours de garderie d'enfants qui s'est répandu dans d'autres institutions
publiques.
Par exemple, nous avons élaboré le cours de l'art
vestimentaire, les techniques d'éducation spécialisée, la
gérontologie, et même nous avons développé le
programme d'évaluation foncière qui ne nous a pas
été attribué, mais ailleurs.
Nous avons des programmes et des cours en relation avec divers
ministères du gouvernement.
Un tout petit mot maintenant à propos de la valeur locative qui
ne doit pas donner le change, si elle va à 100%. Le taux de base de la
valeur locative a été gelé en 1971 et on sait que le
dollar de 1971 vaut aujourd'hui 0,43 $. Alors, on reçoit des 0,43 $ et
on appelle cela des dollars.
J'aurais quelques autres courts commentaires, mais je les passe, parce
qu'on va aller plus rapidement. Je vais laisser à M. Leclerc le soin de
donner des explications sur des données majeures.
Le Président (M. Boucher): M. Leclerc.
M. Leclerc (Gilles): M. le Président, je me
réfère à la page 20 du rapport qui a été
déposé en premier lieu.
Comme on vient de le mentionner et comme vous le savez sans doute, le
collège Marie-Victorin, collège de niveau collégial, offre
des programmes, non seulement au secteur général, mais aussi au
secteur professionnel.
On a mentionné tantôt 2446 étudiants, dont 1135,
tout près de 50% au secteur professionnel, dans des programmes tels que
garderie, assistance sociale, éducation spécialisée, pour
le groupe 300, techniques humaines; techniques administratives, groupe 400.
Groupe 500, art vestimentaire, arts plastiques.
Si on se réfère au tableau du haut de la page 20, je vais
prendre un exemple. Prenons le groupe 500. Nous recevons en 1980-1981, pour
chaque étudiant inscrit dans le groupe 500, 3497 $. Le projet de loi no
11 nous en offre 2859 $. Si nous appliquions la loi 56, simplement
majorée de 10%, nous recevrions alors 3846 $.
Tout cela pour dire ceci: Entre les 2859 $ et les 3497 $, il y a une
différence de 638 $, nécessairement négative.
C'est-à-dire une diminution de l'ordre de 18,24%.
Par contre, si je fais la différence entre les 3846 $ -
c'est-à-dire loi 56 majorée uniquement de 10% - et les 2859 $ du
projet de loi no 11, il y a une différence de 987 $, soit une diminution
de l'ordre de 25,66%.
Et selon cette même colonne projection de la loi 56,
majorée de 10% et le projet de loi no 11, je viens de dire 25,66% de
diminution dans le groupe 500. Cela se traduit par une diminution de l'ordre de
25,91% dans le groupe 400 et de 25,16% dans le groupe 300.
Ayant donc une population étudiante inscrite à près
de 50% au secteur professionnel, vous comprendrez qu'il y a tout un impact
administratif. Impact administratif qui peut se traduire de la façon
suivante: Le projet de loi no 11 nous donnera, en subventions, comparé
aux subventions reçues en 1980-1981, 500 000 $ de moins. Et s'il n'y
avait que la loi 56, majorée de 10%, à ce moment-là, le
manque à gagner pour le collège Marie-Victorin dépasserait
les 1 200 000 $. Je vous réfère à la page 26 du document,
à la colonne de gauche, intitulée "année 1980-1981" et ce
n'est sûrement pas le bilan, puisque notre année financière
se termine le 30 juin, mais plus précisément le budget
présenté au conseil d'administration du collège à
la fin de septembre dernier. (1 h 15)
Nous avons reçu, en 1980-1981, près de 7 566 000 $. Cette
subvention comprenait nécessairement les subventions de temps plein pour
les étudiants à temps plein, la valeur locative et aussi les
subventions partielles allouées aux étudiants du secteur de
l'enseignement aux adultes. Nous avions, comme autres revenus, des revenus de
l'ordre de 2 898 000 $, ce qui nous donnait un total approximatif de revenus de
10 400 000 $.
Au point de vue des dépenses, je prends les dépenses de
salaires qui totalisent 7 194 000 $, salaires d'environ 300 employés,
trois syndicats, le Syndicat des professeurs de l'enseignement régulier,
le Syndicat des professeurs de l'enseignement aux adultes, le Syndicat de
soutien, avec des tâches nécessairement identiques à celles
du secteur public et aussi des salaires identiques à ceux du secteur
privé.
Donc, total des dépenses, en plus des avantages sociaux et des
dépenses de fonctionnement, 10 027 000 $, ce qui nous amenait à
un déficit prévisible, pour l'année 1980-1981, de l'ordre
de 297 000 $. Ce déficit, il est peut-être bon de le dire, aurait
été supérieur si nous n'avions pas vendu des terrains pour
des sommes de 600 000 $ qui sont dans les autres revenus. Le déficit,
comme je le disais aurait été supérieur.
Dans la deuxième et la troisième colonnes, ce sont des
budgets provisoires non présentés au conseil d'administration,
puisque nous aurons à fournir ou à présenter au conseil
d'administration du collège, le lundi 22 juin, un budget pour
l'année 1981-1982.
Vous y retrouvez donc une possible diminution de clientèle. Nous
avons mis approximativement 2406. Les subventions de la colonne du milieu, ce
sont des subventions, basées sur la loi 56, majorée de 10%.
Nécessairement des revenus inférieurs à ceux de
1980-1981, puisqu'on n'a pas de terrains à vendre tous les jours, et
pour un total de revenus prévisibles, dans cette deuxième
colonne, de l'ordre de 10 120 000 $. Par contre, dans la section des
dépenses, nécessairement augmentation des salaires, 7 427 000 $,
augmentation des avantages sociaux, 520 000 $, et dépenses de
fonctionnement de l'ordre de 2 260 000 $ comparativement à 2 495 000 $.
Donc, coupure d'à peu près 235 000$.
Même dans cette colonne, à cette date ou dans ce budget
provisoire, nous en arrivons guand même à un déficit
probable de 834 000 $. Rapidement, dans la troisième colonne, vous
retrouvez: Projet de loi no 11, subventions, 7 005 000 $. Autres revenus
identiques, donc total des revenus, 9 137 000 $, pour un même total des
dépenses, ce qui nous amène à un déficit probable,
avant le service de la dette, de plus de 1 000 000 $.
Conclusion. Le collège Marie-Victorin comprend les compressions
budgétaires et en accepte le principe. Le collège Marie-Victorin
demeure à la disposition du gouvernement pour étudier tout moyen
susceptible de rééquilibrer ses budgets, surtout en
réévaluant le per capita du secteur professionnel et ainsi
permettre au collèqe Marie-Victorin de continuer son rôle dans la
société.
On pourrait aussi réévaluer, comme le mentionnait
tantôt M. Saint-Michel, les normes administratives régissant
l'application de la valeur locative. L'exemple suggéré, une
indexation possiblement.
On demande aussi, dans l'article 14.1, de l'article 32 du projet de loi
no 11, de changer la date du 1er mai au moins à celle du 1er mars, qui
correspond à une période de planification qui
précède la date fatidigue du 15 avril, date du
réengagement des professeurs, et aussi qui précède les
demandes d'admission des étudiants, qui sont fixées au 1er
mai.
Enfin, une hypothèse que le collège Marie-Victorin
pourrait considérer, c'est d'en arriver possiblement à un per
capita égal à 76% des coûts moyens du secteur public, mais
en 1980-1981, ce qui pourrait correspondre à une diminution d'environ
4%. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, je veux d'abord remercier les
membres du collège
Marie-Victorin pour leur exposé chiffré, documenté
et aussi pour leurs recommandations.
Je pense que c'est en lisant leur mémoire et en les
écoutant que nous avons une meilleure idée de la situation
financière réelle, complète, détaillée de
l'institution et aussi que prend toute son importance la distinction que
j'effectuais plus tôt entre le per capita prévu à
l'enseiqnement collégial régulier et à l'enseignement
collégial professionnel.
Dans nos premières rencontres avec les représentants des
collèges, lorsque nous leur avons présenté les nouvelles
règles budgétaires, nous avions prévu d'assimiler
l'enseignement collégial régulier à l'enseignement
collégial professionnel et d'en aboutir à un per capita moyen qui
couvrirait l'ensemble de ces deux secteurs. La suite des discussions nous a
amenés à une conclusion différente et c'est à la
suite de cette réunion que nous avons prévu des per capita
différenciés, non seulement pour l'enseignement collégial
régulier, mais aussi, à l'intérieur de l'enseiqnement
collégial professionnel, des per capita différents pour chacun
des types d'enseignement. Par exemple, un per capita différent pour les
techniques biologiques, pour les techniques physiques, pour les techniques en
sciences humaines, pour les techniques administratives et pour les techniques
arts et lettres.
Peut-être qu'en arrivant à cette conclusion, en la
fouillant davantage, on se rend compte qu'elle est désavantageuse, non
pas pour tous les collèges de l'enseignement professionnel, mais pour un
certain nombre d'entre eux et, en particulier, pour le collège
Marie-Victorin. En ce sens, je pense que la présentation que ses
représentants nous font ce soir est très éclairante.
Le ministre des Finances a déjà dit tout à l'heure
- et j'ai repris son intervention - qu'il serait utile que les officiers de mon
ministère rencontrent sûrement pas ce soir, mais probablement
demain ou en fin de semaine - les représentants de l'Association des
collèges, pour s'assurer que nous puissions répondre à la
question qu'ils posaient, c'est-à-dire d'un écart entre les
sommes à pourvoir et la capacité de les dépenser selon les
normes qui apparaissent dans le projet de loi.
Je pense que nous pourrions parfaitement ajouter à ce mandat que
nous leur avons donné, un autre mandat qui serait - et les deux
problèmes peuvent être reliés -aussi de revoir, de donner
un dernier regard aux normes per capita qui s'adressent à l'enseignement
professionnel. Je pense que nous aurons assez de temps pour que cette
révision puisse, à la faveur des discussions qui s'engageront,
nous amener à reconsidérer les articles du projet de loi, de
façon gu'ils ne désavantagent pas à ce point certains
collèqes d'enseignement professionnel et, en particulier, le
collège Marie-Victorin. Je m'engage à donner ce deuxième
mandat au comité de travail qui se réunira au cours de la fin de
semaine.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je veux remercier les
représentants du collège Marie-Victorin d'être venus si
tard devant nous, si tôt ce matin, à 1 h 30. Je m'excuse, comme
membre de cette commission, de vous avoir accueillis si tard.
Je veux les féliciter pour la clarté de leur
mémoire. J'avais déjà eu l'occasion de voir un certain
nombre de chiffres indiquant, de façon très éloquente, les
conséquences du projet de loi no 11 sur votre collège, votre
institution. C'est un peu à cause de cette première connaissance
que j'avais prise qu'on a pensé inclure, dans les intervenants, ce soir,
un collège, surtout un collège qui est aussi impliqué que
le vôtre dans l'enseignement collégial et professionnel. En
entendant le ministre tantôt faire une autre ouverture, je trouve
absolument étonnant, en fait, presque ridicule qu'on en soit rendu
à l'étude, après la deuxième lecture, à
presque deux heures du matin... On vient de convaincre le ministre que son
projet de loi n'a pas de bon sens.
Des voix: Ah!
Une voix: Voyons donc!
M. Lalonde: C'est très vrai. C'est très exact. Cela
fait guelques mois sûrement que ces chiffres-là sont
préparés. C'est imprimé dans un projet de loi
déposé devant l'Assemblée nationale. Malgré les
demandes que nous avons faites, nous faisant l'écho de dizaines de
demandes par télégramme et autrement du milieu de l'enseignement
privé, d'être entendus d'une façon beaucoup plus
élaborée que cet exercice que l'on fait ce soir, on nous l'a
refusé et c'est seulement rendu à la dernière
extrémité qu'on réussit à démontrer au
gouvernement qu'il n'a pas fait ses devoirs comme il le faut.
Je n'ai pas d'autres questions que la suivante: Comment une institution
comme la vôtre peut-elle survivre avec un déficit de l'ordre de
celui qu'on retrouve à la page 26, 1 800 000 $? Je comprends qu'il y a
le service de la dette, mais il faut le payer. C'est près de 2 000 000
$. Est-ce que vous avez d'autres sources? Dans quelle proportion devrez-vous
augmenter les frais de scolarité, sinon cette année, du moins
l'an prochain? Quelles autres sources de revenus pouvez-vous trouver pour
atteindre un équilibre financier qui ne peut pas, chez vous, imiter le
déséquilibre financier du gouvernement?
M. Saint-Michel: Est-ce que votre question porte dans la
perspective de l'adoption éventuelle du projet de loi no 11?
M. Lalonde: Naturellement.
M. Saint-Michel: Je laisserais aux gens ici le soin de conclure.
La corporation devra prendre des décisions majeures si jamais le projet
de loi était voté.
M. Lalonde: Je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président.
M. Laplante: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
L'Acadie.
M. Lalonde: Je vous remercie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais profiter de
l'occasion pour non seulement féliciter, mais aussi remercier le
collège Marie-Victorin pour le travail qu'il fait dans la
communauté. Je pense que le collège Marie-Victorin a ouvert la
voie dans bien des secteurs. Vous avez mentionné celui de la garderie,
je pense aussi à celui de l'enfance spécialisée, à
celui de la gérontologie, etc., il faudrait que je reprenne la liste.
Vous avez dit que vous aviez exercé une influence sur le secteur public,
c'est exact. (1 h 301
II y a deux questions que je voudrais vous poser. Premièrement,
vous avez mentionné que vous étiez au carrefour de quatre
comtés, pouvez-vous nous nommer ces comtés, s'il vous
plaît?
M. Saint-Michel: De mémoire - la mémoire est moins
fidèle à 1 h 30 du matin - il y a le comté de
Sauvé, Bourassa, Lafontaine... Saint-Léonard fait partie de quel
comté? Jeanne-Mance, oui.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je ne pourrai pas me permettre la
taquinerie que je me proposais de faire. Je pensais que vous étiez
près du comté de Bourget. Je trouvais que le ton du ministre
s'était amadoué soudainement, si on le compare à celui
qu'il a eu pour d'autres groupes.
M. Paquette: Le ministre est au-dessus de ces basses
contingences.
Mme Lavoie-Roux: Oui, surtout ce bon gouvernement, un peu
patroneux sur les bords, qu'on a devant nous.
M. Paquette: M. le Président, franchement!
Mme Lavoie-Roux: Surtout quand on pense qu'ils sont
accolés au comté de
Lafontaine.
M. Paquette: La question n'est pas là.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît: S'il
vous plaît:
Mme Lavoie-Roux: Avec le ministre de l'Environnement.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît:
Mme Lavoie-Roux: II est deux heures du matin, M. le
Président.
Une voix: Le secteur privé...
Mme Lavoie-Roux: Non, la question est plus sérieuse.
M. Paquette: On a besoin d'un petit repos.
Le Président (M. Boucher): Ne commençons pas
ça.
Mme Lavoie-Roux: J'avais l'impression que le calcul des
subventions accordées à l'école privée était
fait sur le calcul moyen du secteur public de l'année
précédente. Il me semble qu'on entame l'année
financière 1981-1982. Vous autres, avec une couple de mois plus tard,
mais c'est bien l'année financière 1981-1982 que vous allez
entamer. Quand je regarde vos tableaux, ici, en haut, vous faites vos calculs
à partir du coût moyen de 1979-1980. Cela veut dire qu'au lieu de
l'année précédente, c'est avec deux ans de recul, si je
comprends bien.
M. Leclerc: Vous vous référez à la page
26?
Mme Lavoie-Roux: Page 20.
M. Leclerc: Dans la deuxième colonne...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez le coût moyen pour
1979-1980...
M. Leclerc: Plus 10%. À la page 20. N'ayant pas le
coût moyen, 1980-1981, c'est-à-dire les dépenses du secteur
public en 1980-1981, nous nous sommes basés sur 1979-1980, dans cette
deuxième colonne, et en majorant 1979-1980 (plus 10%), en supposant que
le coût moyen dans le secteur public, en 1980-1981, ne compterait qu'une
augmentation de 10%. On sait très bien -cela a été dit ce
soir - que l'augmentation est supérieure à cela.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. Je comprends qu'il fallait
toujours procéder de cette façon parce qu'on pouvait
évaluer le coût moyen seulement quand les commissions scolaires -
vous autres, c'est du côté collégial, c'est peut-être
un peu différent; non, cela ne s'appliquerait pas - fermaient leurs
livres avec un an de retard.
M. Leclerc: M. Paquet disait tantôt, pour l'ACQ, que le
calcul du coût moyen, par exemple, pour 1980-1981, ne pourrait être
connu... Si on commence à le calculer en juin, il est connu en septembre
ou en octobre de l'année suivante. Même en 1980-1981,
l'année que nous venons de terminer, on a vu, en avril un
réajustement du coût moyen 1979-1980 possiblement parce que tous
les calculs n'étaient pas terminés ou autres.
Mme Lavoie-Roux: Mais la question, ce n'est peut-être pas
à vous que je devrais l'adresser, mais au ministre. Maintenant, avec la
nouvelle formule d'allocation budgétaire aux commissions scolaires, qui
part avec un budget fermé dès qu'on commence l'année,
c'est-à-dire en partant du calcul des élèves au 30
septembre, est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de rajuster cela? Dans les
collèges, cela ne s'appliquerait peut-être pas de la même
façon parce que, comme vous le dites, vous avez eu des rajustements en
cours d'année, mais dans le cas des... C'est parce qu'ils sont
obligés de porter, du point de vue du coût, là où il
y a des syndicats... Il y a quand même des institutions où il y a
des conventions collectives, mais, d'une façon générale,
peut-être pas du côté de la sécurité d'emploi
- la CSN avait raison de dire cela - mais du point de vue des salaires, ils
sont obligés de suivre, en tout cas, dans certains cas, les salaires des
conventions collectives. Même si leur budget est calculé selon
l'année précédente, ils sont obligés d'appliquer
celui de l'année en cours. Je me demande s'il n'y aurait pas une
correction à faire à la suite de l'application des nouvelles
rèqles budqétaires des commissions scolaires.
M. Laurin: De toute façon, avec la nouvelle formule, nous
savons effectivement...
Mme Lavoie-Roux: Plus tôt qu'avant.
M. Laurin: ...plus tôt qu'avant, au cours de la même
année, ce que va coûter l'enseignement, c'est-à-dire ce que
le gouvernement va donner...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Laurin: ...aux institutions publiques. Comme la nouvelle
formule accroche, remorque les institutions privées au secteur public,
on pourra faire les calculs en même temps.
Mme Lavoie-Roux: Et pour la même année?
M. Laurin: C'est l'avantage pour...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que cela corrigerait peut-être
des difficultés. Au collégial, ce serait plus difficile.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. Leclerc.
M. Leclerc: C'est exact. J'avais omis de dire que le
collège, pour mieux répondre aux besoins de son secteur
professionnel, a dû dans les années antérieures
immobiliser, c'est-à-dire construire, s'agrandir pour permettre le
développement du secteur professionnel et notre dernière
acquisition, notre dernière construction nous a coûté 1 500
000 $.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Je tiens à vous remercier d'être venus
ici, croyez que votre visite a été fructueuse. Je voudrais
surtout profiter de l'occasion pour vous remercier de ce que vous faites
à la communauté. Je sais que vous desservez un rayon d'environ
200 000 personnes, si on prend Montréal-Nord avec ses 100 000, une
partie de Saint-Léonard, Rivière-des-Prairies, Anjou. Vous
contribuez également au développement du sport dans le quartier,
le développement du soccer, le développement du football. Il y a
toutes les activités culturelles qui se passent chez vous et vous pouvez
vous vanter aussi d'avoir développé, le secteur de la
gérontologie, avec même un centre d'accueil sur votre terrain que
vous avez dû vendre pour probablement financer ce qui était
à Marie-Victorin.
Pour ma part, je serais le dernier à vouloir voir
disparaître un tel collège et je voudrais vous assurer de mon
entière coopération. Je voudrais aussi vous dire, malgré
ce que le député de Marguerite-Bourgeoys vous disait tout
à l'heure, qu'amender une loi en deuxième lecture, cela se fait
couramment. C'est la démocratie qui se vit au Québec avec ce
gouvernement.
M. Rivest: Vous allez vous faire applaudir, vous là!
M. Laplante: Les consultations, on ne les fait pas pour le "fun".
Je suis certain que vous en avez une preuve toute cuite depuis que vous avez
fait un certain lobbying, ce qui est normal vis-à-vis d'un gouvernement,
et je remercie le ministre aussi d'avoir été très attentif
à vos revendications. Soyez certains que le dossier, avec le
député de Rosemont, on le suivra de très près.
M. Paquette: M. le Président, simplement pour
répondre au scepticisme qui se manifeste de l'autre côté de
la table, mon intérêt pour les institutions privées
croît dans la mesure où elles sont complémentaires au
secteur public. S'il y a une institution privée qui est
complémentaire au secteur public, c'est bien le collège
Marie-Victorin qui a assumé totalement son rôle social, à
mon humble avis et qui remplit entièrement son rôle dans une
région où il n'y a pas de collège d'enseignement public
actuellement. Je pense que ce n'est pas dans l'intention de personne autour de
cette table de contribuer, par l'étude de ce projet de loi, à la
fermeture de quelque institution privée que ce soit,
particulièrement le collège Marie-Victorin.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je suis content de constater d'abord que le vote
commence à augmenter, peut-être qu'on va gagner la bataille. Nous
avons eu deux autres votes aujourd'hui. Pardon, excusez-moi, une toute petite
question avant qu'on termine. Est-ce que vous pourriez me dire si les services
techniques et spécialisés que vous donnez: gérontologie,
services de garderie, etc., c'est-à-dire l'éducation dans ces
secteurs spécialisés? Si, par exemple, à cause de votre
déficit de 1 817 000 $, advenant la loi 11, tout ça était
prouvé et que vous ayez à restreindre vos opérations, de
tels services techniques se retrouvent-ils dans d'autres collèges? Dans
quelle proportion sont-ils remplaçables dans le secteur public?
M. Saint-Michel: II est difficile de donner une réponse
générale. Il y a des techniques que nous avons
développées et qui ont été étendues à
d'autres cégeps. Mais, dans la région de Montréal, il y a
certaines techniques que nous sommes simplement deux institutions à
donner: une publique et chez nous. Des techniques exclusives, est-ce qu'il y en
a?
M. Leclerc: Je prends un exemple: arts vestimentaires, programme
500, numéro de programme 571.01, il n'existe que dans le privé.
Par contre, je sais très bien que le ministère de
l'Éducation veut mettre sur pied dans le réseau public
peut-être par exactement ce programme, mais des techniques vestimentaires
plus spécialisées que les nôtres.
Pour ce qui est des garderies d'enfants, nous en retrouvons ici dans la
région de Québec, à Notre-Dame-de-Foy. Il y aura
prochainement un cégep dans la région de Québec, je crois
que c'est le cégep de Sainte-Foy, qui aura une garderie d'enfants. Dans
la région de Montréal, sur l'île, nous
sommes les seuls au secteur français, et on retrouve à
Saint-Jérôme une garderie d'enfants.
M. Lincoln: Alors, ça va, je crois que vous avez
prouvé notre point.
Le Président (M. Boucher): Je remercie les
représentants du collège Marie-Victorin pour la
présentation de leur mémoire.
M. Mathieu: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Oui, je suis un sudiste. M. le Président, je
solliciterais le consentement, l'hospitalité de toute la commission pour
permettre aux représentants du séminaire de
Saint-Georges-de-Beauce de déposer - je ne dis pas de faire lecture -
leur mémoire. Nous avons pris connaissance du mémoire d'une
institution privée hautement spécialisée de ville, il me
semble qu'il serait important d'en avoir un de la campagne. Je voudrais
également souligner l'apport précieux de cette institution dans
le milieu rural de la Beauce. Le séminaire de Sainte-Georges-de-Beauce
est un joyau dont toute la Beauce est fière. J'apprécierais que
vous permettiez au recteur de venir déposer son rapport.
M. Lalonde: En tout cas, soyez prudent...
Le Président (M. Boucher): Y a-t-il quelqu'un du
séminaire? Disons qu'il n'y avait pas dépôt comme tel en
commission, mais il s'agirait que le mémoire soit...
Une voix: Je pourrais dire quelques mots seulement?
Le Président (M. Boucher): Pour la présentation,
allez-y.
Une voix: Le mémoire a été envoyé
à tous les députés aujourd'hui, parce qu'on n'était
pas sûrs d'être reçus par la commission. Donc, vous l'avez
tous reçu vers la fin de la journée...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il faudrait
peut-être qu'il s'identifie pour le journal des Débats.
Le Président (M. Boucher): C'est ça. Si vous voulez
vous idendifier pour le journal des Débats?
M. De Rouin (Jean-Marie): Jean-Marie De Rouin, directeur
général du Séminaire de Saint-Georges-de-Beauce.
Le Président (M. Boucher): Merci.
Séminaire de Saint-Georges-de-Beauce
M. De Rouin (Jean-Marie): Si on a demandé de faire valoir
notre point de vue devant la commission parlementaire, c'est parce que nous
croyions que nous étions dans une situation particulière. C'est
une institution de niveau secondaire et collégial. Nous avons 500
étudiants au niveau secondaire et 700 étudiants au niveau
collégial, a peu près également répartis dans le
secteur professionnel et dans le secteur général. (1 h 45")
Dans le milieu, il n'y a pas d'institution publique, les collèges
d'enseignement professionnel se trouvent à Thetford, à
Lévis ou à Québec, ils sont à peu près tous
distants de 100 kilomètres du Séminaire de Saint-Georges.
Ce que je voulais vous faire savoir, c'est que le projet de loi no 11
affecte de façon très considérable le collégial du
Séminaire de Saint-Georges. Des évaluations que l'on a faites
laissent entrevoir, pour l'année 1981-1982, un manque à gagner,
une perte d'à peu près 400 000 $ et un déficit d'environ
500 000 $. Dans ces conditions, nous ne pourrions fonctionner qu'un an, parce
qu'on ne pourrait pas envisager d'absorber un autre déficit une
année subséquente. Ce que nous demandons, c'est qu'il y ait des
amendements à la loi 11 et que la valeur de base pour déterminer
les subventions soit au moins reconsidérée pour le secteur
professionnel. C'est ce que j'avais à vous déclarer. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 1 h 47)