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(Dix heures vingt minutes)
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, mesdames et
messieurs!
La commission des finances et des comptes publics reprend ses travaux ce
matin; ils avaient été ajournés hier.
Les membres de la commission pour ce matin seront: MM. Blais
(Terrebonne), Bourbeau (Laporte), de Belleval (Charlesbourg), Forget
(Saint-Laurent), French (Westmount), Gagnon (Champlain), Grégoire
(Frontenac), Guay (Taschereau), Lincoln (Nelligan), Paguette (Rosemont),
Parizeau (L'Assomption).
Les intervenants seront: MM. Assad (Papineau), Fallu (Groulx), Lachance
(Bellechasse), Lachapelle (Dorion), Lafrenière (Ungava), Lévesgue
(Kamouraska- Témiscouata), Pagé (Portneuf), Ryan (Argenteuil),
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Est-ce que je retiens toujours le remplacement du député
de Taschereau par le député de Trois-Rivières?
M. Vaugeois: Dans la mesure du possible, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'il y aurait
d'autres substitutions?
M. de Belleval: Le député de Taschereau est
irremplaçable, mais...
M. Vaugeois: Je ne le remplace pas vraiment.
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que le
ministre veut prendre part à la commission?
Une voix: Non, il n'est pas membre.
M. Grégoire: Non? Il ne veut pas non plus.
M. Vaugeois: Non, il n'est pas membre, il est invité. Il
serait censé être à la barre.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît:
M. Vaugeois: M. le Président, mettez-le à la
barre!
M. Duhaime: Je vais aller mettre ma toge!
Une voix: Accusé, levez-vous!
M. Vaugeois: M. Forqet, expliguez au ministre où
aller.
Le Président (M. Bordeleau): Tel qu'il a été
entendu à la fin de nos travaux hier soir, nous avons ce matin avec nous
le ministre de l'Énergie et des Ressources. Je pense qu'on peut
procéder immédiatement.
M. le ministre, auriez-vous des remargues préliminaires?
M. Duhaime: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Avant d'aller plus loin, je
voudrais vous faire remarquer que ce matin le Vérificateur
général du Québec, M. Châtelain, nous a averti que
M. Larose ne pourrait être ici au début de la séance. Il a
dû se rendre à l'hôpital à cause d'un petit
incident.
M. Vaugeois: Pardon?
Le Président (M. Bordeleau): Si vous écoutiez, M.
le député de Trois-Rivières, peut-être auriez-vous
compris du premier coup. J'étais à dire aux membres de la
commission que M. Larose, le Vérificateur général dont
nous étudions le rapport aujourd'hui...
Une voix: Ci-devant Vérificateur
général.
Le Président (M. Bordeleau):... ne sera pas ici au
début de la séance, il viendra un peu plus tard aujourd'hui. Par
contre, nous avons M. Châtelain, le nouveau vérificateur, ainsi
que les adjoints au vérificateur qui, je pense, pourront très
bien répondre à des questions d'ordre technique sur le
rapport.
M. Vaugeois: Pouvez-vous nous les présenter, M. le
Président?
Le Président (M. Bordeleau): Je peux leur demander de
s'identifier ou demander à M. Châtelain de nous les
présenter.
M. Châtelain (Rhéal): Avec plaisir, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): M.
Châtelain.
M. Châtelain: À ma droite, M.
Gilles Chabot, directeur de la vérification; à ma qauche
immédiate, M. Marcel Moffet, également directeur de la
vérification; ensuite, M. Roger DeBlois, directeur adjoint de la
vérification et M. Jean-Luc Frenette, directeur adjoint de la
vérification.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre.
Ministère de l'Energie et des
Ressources
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais tout d'abord, de
façon bien préliminaire, faire une observation d'ordre
général qui porte sur la situation du ministère de
l'Énergie et des Ressources et rappeler essentiellement aux membres de
la commission qu'il s'agit d'un jeune ministère puisqu'il y a à
peine un peu plus d'un an que l'intégration a été faite
entre, d'une part, l'ancien ministère des Richesses naturelles et
l'ancien ministère des Terres et Forêts qui ont été
regroupés. Est venue s'ajouter à cela toute la section
énergie qui, autrefois, était sous l'autorité d'un
ministre délégué à l'énergie, de sorte que
nous avons vécu et nous vivons encore aujourd'hui, mais d'une
façon moindre, les problèmes inhérents à
l'intégration administrative, l'addition de mandat et
l'intégration de personnel.
J'ai lu les remarques du Vérificateur général
concernant le ministère de l'Énergie et des Ressources qui
portent sur chacun des trois secteurs que je viens de mentionner. D'abord, je
voudrais remercier l'équipe qui travaille avec le Vérificateur
général. Je pense pouvoir dire aux membres de la commission que
les gens de mon ministère ont eu d'excellentes relations avec eux et
qu'il semble bien que, de part et d'autre, une coopération s'est
établie. Des remarques fort pertinentes du Vérificateur
général ont été faites. Elles ont également
été retenues. Dans d'autres cas, cela semble un peu plus
compliqué à cause des textes législatifs et de la
réglementation qui nous gouvernent. J'ai à l'esprit
essentiellement les remarques qui ont porté sur l'exploitation des
forêts domaniales, entre autres. Je m'arrêterai ici, M. le
Président, pour dire que nous sommes à votre disposition pour
parler des remarques faites par le Vérificateur général
pour l'exercice 1979-1980.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: J'aimerais poser une question au ministre. J'aimerais
qu'il nous dise à quelle date il a été nommé
ministre responsable de l'Énergie et des Ressources.
M. Duhaime: Si ma mémoire est bonne, c'est après
l'élection du 13 avril dernier.
M. Forget: Si je comprends bien, M. le Président, le
ministre est ici pour nous expliquer ou commenter les conclusions du
Vérificateur général pour l'année 1979-1980, alors
qu'il n'était pas lui-même responsable de ce ministère. Je
me demande comment il a l'intention de procéder.
M. Duhaime: Je devrais peut-être vous demander à
vous comment vous avez l'intention de procéder.
M. Forget: M. le Président, je ne pense pas que le
ministre nous suggère sérieusement de recommencer le débat
d'hier matin, mais, comme il se présente ici et prend la parole au nom
de son ministère pour nous expliquer les difficultés de
fonctionnement et de gestion financière d'un ministère dont il
n'était pas le ministre à l'époque que nous devons
étudier, je répéterais ma question: Comment a-t-il
l'intention de procéder?
M. Duhaime: J'ai l'intention de procéder de la
façon suivante, M. le Président, pour autant que nos
règlements ici en commission me le permettent. Je croyais l'avoir dit
assez clairement dans mes remarques préliminaires. J'ai lu le rapport du
Vérificateur général. J'ai dit qu'il y avait des remarques
fort pertinentes, que j'étais prêt à en discuter et
à dire aussi de quelle manière des correctifs ont
été apportés à des procédures
administratives.
Je ne sais pas comment vous avez fonctionné hier, M. le
Président, ici, à cette commission, mais j'avais cru comprendre
que ce matin, le Vérificateur général et son équipe
nous donneraient davantage d'explications sur les remarques qui sont contenues
dans le rapport pour qu'on puisse en avoir une idée très claire
et qu'ensuite on puisse répondre sur le plan de l'administration. Je
pense avoir avec moi des hauts fonctionnaires qui peuvent nous aider, nous
éclairer dans le dédale administratif pour que les membres de la
commission puissent vraiment sentir et se convaincre que ce qui est
écrit dans le rapport du Vérificateur général en ce
qui peut commander des correctifs...
M. Forget: Accélérez le débit un peu.
M. Duhaime:... a été ou bien exécuté
ou est en voie d'être exécuté.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Forget:... si je comprends bien, le ministre nous offre de
nous adresser à ses fonctionnaires pour cette période de temps
couverte par le rapport du Vérificateur
général pendant laquelle il n'était ni
présent au ministère, ni responsable pour ce qui s'y faisait.
M. Duhaime: Je m'excuse, M. le Président, mais mon
collègue d'en face a développé, au fil des années,
l'art de ne rien comprendre. J'ai dit que les hauts fonctionnaires
étaient avec moi et que, si j'avais besoin d'être informé
davantage sur des points, je le leur demanderais. J'ai comme l'impression que,
pour pouvoir parler dans ce micro, il faut d'abord avoir un siège
à l'Assemblée nationale. (10 h 30)
M. Forget: M. le Président, je pense qu'il devient
évident que le ministre ne vient ici que pour faire des discours et des
commentaires. Nous nous penchons sur l'administration financière d'une
période bien spécifique, 1979-1980, un exercice qui, selon moi -
et qu'on me corrige si j'ai tort - s'est terminé le 31 mars 1980. Durant
cette période, le député de Saint-Maurice, qui est ici
présent, n'avait aucune raison d'être informé, ni de
près, ni de loin, des problèmes administratifs de ce
ministère. Un autre collègue à lui était, à
ce moment-là, responsable de ce ministère. Cet autre
collègue n'est pas ici, mais, de toute manière - on n'a pas
à revenir là-dessus -c'est lui qui est ici présent et il
veut se faire l'interprète des fonctionnaires qui, eux, étaient
chargés de l'administration et qui, seuls, sont en mesure de nous donner
un témoignage crédible.
Le témoignage au sujet des pratiques administratives que peut
donner le présent ministre de l'Énergie et des Ressources n'a
aucune valeur devant cette commission.
M. Duhaime: Dois-je considérer que je peux prendre
congé?
M. Forget: II ne connaissait pas les faits, il ne connaissait pas
l'administration...
M. Grégoire: On peut demander l'ajournement, alors?
M. Duhaime: Est-ce qu'on peut demander l'ajournement?
M. Forget: Laissez-moi parler. Vous répliquerez
après, si vous avez quelque chose à dire.
M. Duhaime: Cela me rappelle le bon vieux temps.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît:
M. Forget: M. le Président, j'ai la parole, je crois.
M. Duhaime: Cela me ramène des souvenirs du
passé.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
ministre!
M. Forget: Le ministre se présente devant nous pour
témoigner au sujet de l'administration d'un ministère au sujet de
faits dont il n'a aucune connaissance. Je pense que ça, ça
suffirait à nous démontrer que le gouvernement, dans ses
audiences de la commission des comptes publics, se moque de nous de
façon délibérée. Sachant que nous avions
l'intention de poser des questions sur la période 1979-1980 - on ne l'a
pas inventé, M. le Président, c'est le mandat qu'on
détient de l'Assemblée nationale - on nous présente une
personne, pour nous donner des explications, qui n'était pas responsable
de ce ministère à cette époque, et il nous dit qu'il va se
faire l'interprète et le filtre des informations de première main
de personnes qui sont ici présentes et qui pourraient nous donner ces
informations de première main, mais il s'oppose à ce qu'elles le
fassent.
C'est de l'obstruction, rien d'autre, face au travail et aux
responsabilités de la commission des comptes publics. Je
m'élève formellement contre une attitude qui continue, de la part
du gouvernement, à mettre des obstacles sur le chemin de
l'accomplissement de notre mandat. On sait très bien, M. le
Président, que rien ne s'oppose à ce que toute personne puisse
venir déposer en commission parlementaire. Il y a actuellement une autre
commission parlementaire, dans une autre salle de cette Assemblée
nationale, qui se livre précisément à ce genre de travail
d'entendre des gens qui ne sont pas des députés. C'est faux de
prétendre que, pour s'adresser à une commission parlementaire,
répondre aux questions, il faut être député. Tous
les jours, on fait le contraire.
On a ici des fonctionnaires qui sont personnellement impliqués et
intéressés dans l'administration financière d'un
ministère, qui peuvent nous donner des renseignements de première
main. Il n'y a rien, dans la loi ou les règlements de l'Assemblée
nationale, qui nous interdise de les entendre et de leur poser des questions,
sauf la volonté du gouvernement et du ministre de les priver de la
parole et de se faire leur interprète, devant nous, pour des faits dont
le ministre n'a aucune connaissance et pour lesquels il n'a eu aucune
espèce de responsabilité pendant la période sous
étude.
Je pense que c'est tellement évident, M. le Président, que
cette commission parlementaire est une charade quand le gouvernement maintient
une attitude aussi ridicule et archaïque.
M. Duhaime: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, M. le ministre.
Je dois simplement rappeler aux membres de cette commission que, selon ce qu'on
m'a dit au bureau du leader parlementaire, il était prévu ce
matin d'entendre le ministre Duhaime à la demande de l'Opposition ou
à la suite d'une entente entre les membres des deux partis.
M. Forget: M. le Président, personne n'a le droit
d'interpréter de soi-disant ententes. Personne, pas même vous.
M. Grégoire: Arrêtez d'interrompre le
président, il y a tout de même des règlements.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre!
M. Grégoire: Si vous voulez que ça fonctionne,
suivez les règlements.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous rappelle...
M. Forget: Nous avons demandé la présence d'un
ministère ici. J'ai très bien précisé, hier, de
quoi il était question. Ce que j'ai demandé aux services de votre
leader parlementaire, c'est la présence d'un ministère et des
fonctionnaires, y compris les fonctionnaires, et j'ai insisté
là-dessus.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous dis ce qu'on m'a
donné...
M. Forget: J'avais un motif bien clair pour insister, c'est que
je veux interroger les fonctionnaires, non pas une personne qui n'était
pas là, qui n'a aucune raison de venir témoigner sur les comptes
publics relativement au ministère de l'Énergie et des Ressources,
ou des Richesses naturelles, pendant la période 1979-1980. Il n'a aucune
raison.
M. de Belleval: M. le Président...
M. Forget: II n'en sait pas plus que le député de
Charlesbourg, ou que tous les députés qui sont ici, d'un
côté ou l'autre de la Chambre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent, je voulais simplement vous rappeler que, selon ce que j'ai
reçu du bureau du leader, on devait entendre ce matin le ministre
Duhaime, ce qui n'empêche pas d'entendre ses fonctionnaires
également...
M. Forget: Le leader veut faire entendre le ministre
Duhaime...
Le Président (M. Bordeleau):... à la suite d'une
entente supposée...
M. Forget:... mais je vous dis que je ne veux pas l'entendre,
parce qu'il est incompétent pour nous donner un témoignage
crédible.
Le Président (M. Bordeleau): Vous pouvez dire ce que vous
voulez. C'est votre opinion, je la respecte également.
M. Forget: Ce n'est pas une opinion, il n'était pas
ministre. Est-ce qu'il était, du 1er avril 1979 au 31 mars 1980,
ministre responsable des Richesses naturelles et de l'Énergie et des
Ressources? Il nous a donné lui-même la réponse.
M. Grégoire: Vous n'étiez pas critique financier
non plus dans ce temps-là.
M. Forget: De quoi va-t-il nous parler? De ce qui se passe cette
année? Ce n'est Das notre mandat. Ce sont les comptes publics et le
rapport du Vérificateur général pour 1979-1980. Tout le
monde sait lire. Pas besoin d'envoyer une lettre sous pli recommandé
pour cela.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: Le député de Saint-Laurent est en
train, cette fois délibérément, de nous refaire un "show"
après ses motions préliminaires surprises d'hier, qu'il nous sort
du sac sans en avoir discuté, comme c'est normalement le cas quand on
prépare une commission...
M. Forget: Vous n'avez pas voulu les discuter, vous le savez
très bien. J'ai posé au ministre des Finances la question
à deux reprises, dans le sens que nous devrions avoir des rencontres
privées.
M. de Belleval: M. le député, c'est à votre
tour de me laisser parler, c'est à mon tour d'avoir la parole et c'est
à votre tour de vous taire.
M. Forget: C'est à mon tour de vous interrompre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent, s'il vous plaît!
M. Grégoire: On vous a laissé parler.
M. Forget: Vous direz à votre député de
Frontenac, qui interrompt tout le monde tout le temps, de sortir, de se fermer
ou alors d'écouter les autres parler. Quand il se sera
décidé, on adoptera le même comportement.
M. Grégoire: On vous laisse parler, faites la même
chose.
M. Duhaime: M. le Président, est-ce qu'il est permis
d'invoquer une question de privilèqe ici?
Le Président (M. Bordeleau): En commission, non. La parole
était au député de Charlesbourg.
M. Duhaime: Je m'excuse, mais j'avais une question à
poser. Je voulais savoir du député de Saint-Laurent si c'est le
relent de sa mauvaise fin de semaine.
M. Forget: Vous êtes très drôle.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: M. le Président, cette commission n'ira
nulle part si on essaie de refaire des débats qui ont déjà
été faits hier et sur lesquels une entente est intervenue...
M. Forget: Aucune entente! C'est faux! Mensonge!
M. de Belleval: Allez-vous me laisser continuer?
M. Forget: Pas quand vous mentez
délibérément à la commission.
M. de Belleval: Si le député de Saint-Laurent ne
veut pas suivre nos règles et s'arroge le droit comme un juge de dire
qui ment et qui dit la vérité...
M. Forget: Vous parlez des règles. Un paravent!
M. de Belleval:... il se prend pour le président,
l'intervenant, le grand inquisiteur de cette commission. Or, je pense qu'il n'y
a pas moyen de fonctionner, dans cette commission, s'il n'y a pas un minimum de
collaboration de toute part. Nous avons fait hier le débat que
soulève de nouveau ce matin le député de Saint-Laurent. Le
leader est venu ici et nous-mêmes sommes intervenus à quelques
reprises pour indiquer que nous étions tout à fait d'accord pour
collaborer à une réforme de la procédure de cette
commission. D'ailleurs, le député de Trois-Rivières a
produit là-dessus un document...
M. Forget: Oui, on va en parler pendant quatre ans encore.
M. de Belleval:... qui a été transmis à
l'Opposition. Nous avons même tenu compte de suggestions qu'a faites en
son temps le député de Saint-Laurent. Hier après-midi, on
a convenu qu'en toute priorité la commission de l'Assemblée
nationale, qui doit étudier ces choses, le fera, et, on l'espère,
à la satisfaction du parti de l'Opposition comme du parti
ministériel. Ceci étant dit, nous avons procédé
hier à l'étude des états financiers avec le ministre des
Finances. Il a été entendu que, ce matin, on procéderait
de la même façon avec trois autres ministres, et,
éventuellement, la semaine prochaine, avec un quatrième,
conformément d'ailleurs à une entente qui est intervenue entre le
leader de l'Opposition et le leader du gouvernement. Maintenant, le
député de Saint-Laurent arrive avec un autre argument ce matin.
Il dit: Oui, c'est bien beau, mais il y a une différence entre le
ministre des Finances et l'actuel ministre de l'Énergie et des
Ressources. Il y a une solution de continuité dans la personne qui a
occupé l'emploi entre la période qui est étudiée
par le Vérificateur général et le moment où nous
interrogeons le Vérificateur général et où nous
étudions cette question. Là encore, je pense qu'il faut renvoyer
le député de Saint-Laurent, s'il est de bonne foi, à la
décision, à l'esprit de la décision que vous avez rendue
hier, à savoir que ce sont les règlements actuels de
l'Assemblée nationale qui nous dirigent en cette matière. On sait
très bien que, dans nos règlements, il est entendu qu'il n'y a
pas de solution de continuité dans l'occupation d'une fonction
ministérielle et que le nouveau ministre répond pour les actions
de l'ancien. Même, nous savons très bien que cela se fait quand il
y a changement de gouvernement.
Si mon collègue, le député de Drummondville, se
présente devant nous cet après-midi, c'est lui qui
répondra pour des gestes que j'ai pu poser quand j'étais ministre
des Transports. C'est ce qui se passe en Chambre tous les jours quand nous
siéqeons et que des questions sont posées et s'adressent à
un ministre pour des faits survenus il y a une, deux, trois ou quatre
années sous l'autorité d'un autre ministre. C'est la même
chose dans les commissions parlementaires, parce que ces règles qui
s'appliquent à l'Assemblée nationale s'appliquent aussi, mutatis
mutandis, aux commissions parlementaires.
Le député de Saint-Laurent est au courant de cela. Il sait
aussi que lorsque nous siéqeons à une commission comme celle-ci,
un ministre se fait accompagner de ses fonctionnaires et que, s'il a besoin
d'un renseignement technique particulier, qu'il s'aqisse de la période
durant laquelle le ministère a été sous sa direction ou
durant une période antérieure, il obtient de ses fonctionnaires
les communications nécessaires. Il parle ensuite, et les
déclarations qu'il fait paraissent sous son nom dans notre journal des
Débats. C'est la règle actuelle.
Nous convenons tous et nous avons tous convenu, hier, que des
changements peuvent être apportés à cette règle. Il
semble y
avoir un début de consensus entre les partis là-dessus.
Mais ce n'est pas aujourd'hui que nous allons changer cette règle, pas
plus qu'hier.
Alors, de deux choses l'une, ou bien le député de
Saint-Laurent respecte l'entente que nous avons faite hier, selon la
décision que vous avez rendue à cet égard, ou bien nous
allons devoir, à moins de s'engager dans un charivari indescriptible
dont nous venons d'avoir les premiers échos...
M. Forget: Si on reprenait le débat d'hier, M. le
Président.
M. de Belleval:... suspendre...
M. Forget: Est-ce qu'on a protesté contre cela de l'autre
côté?
M. de Belleval:... les débats de cette commission et
envoyer toute la question encore une fois, au leader du gouvernement et
à celui de l'Opposition qui, j'en suis certain, pour ma part, seraient
plus aptes probablement à convaincre le député de
Saint-Laurent de fonctionner selon le mode normal.
Nous pourrions le faire, parce que, de ce côté, je vous
avoue, M. le Président, que je me sens absolument impuissant - j'ai
l'impression que c'est la conviction de mes collègues et probablement
même aussi la vôtre - à ramener le député de
Saint-Laurent au fonctionnement normal de cette commission. S'il a
décidé qu'il ne veut pas que nous fonctionnions normalement, si
c'est là sa volonté délibérée, il n'y a
aucune règle qui tienne, et, nous pas plus que vous, M. le
Président, ne serons capables de faire fonctionner la commission. J'en
appelle donc à la bonne volonté, à la bonne foi du
député de Saint-Laurent de faire fonctionner cette commission
selon les règles connues, étant entendu qu'elles sont
peut-être insatisfaisantes, mais nous avons vu, hier, que malgré
l'insatisfaction qu'on peut ressentir à l'égard de ces
règles, on a pu procéder avec le ministre des Finances d'une
façon correcte. Je pense qu'on va donner de nouveau ce matin la chance
au coureur, à notre processus, écouter les ministres et en tirer
des conclusions pour la réforme qui interviendra, je l'espère,
durant les prochains moins. Sinon, il n'y a pas moyen de fonctionner.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Maintenant, je ne voudrais
pas qu'on reprenne le débat d'hier. M. le député de
Saint-Laurent et tous les autres députés de la commission,
à moins que vous m'indiquiez que vous voulez vraiment commencer
l'interrogatoire sur le ministère de l'Énergie et des
Ressources...
M. Forget: Est-ce que c'est ce qu'a fait le député
de Charlesbourg?
Le Président (M. Bordeleau): Je vous ai laissé la
parole et je lui ai laissé la parole dans le même sens. À
moins que tout le monde veuille parler là-dessus, mais je vous dis qu'on
n'ouvrira pas le débat d'hier.
M. French: M. le Président, si vous donnez la parole au
député de Charlesbourg sur cette question, je vois mal pourquoi
je ne l'aurais pas moi aussi.
Le Président (M. Bordeleau): Je ne veux pas vous refuser
un droit de parole. Je vous dis que M. le député de
Saint-Laurent...
M. French: Si vous aviez la solution là...
Le Président (M. Bordeleau): On peut bien vous
écouter, allez-y M. le député de Westmount. (10 h 45)
M. French: D'abord, il n'y a pas eu entente, hier, sur le propos
du leader du gouvernement. Est-ce que la commission de l'Assemblée
nationale peut considérer cette question? On est d'accord, mais on n'a
pas vu cela comme un substitut, on ne l'accepte pas comme un substitut pour
démontrer les failles dans le règlement de fonctionnement que
nous avons à cette commission-ci. Nous avons l'intention à chaque
fois que ces failles se présentent, de les souligner
systématiquement les unes après les autres, parce qu'il est
extrêmement important que l'on se rende compte que c'est une farce qu'on
peut faire ici avec le règlement actuel. Le gouvernement se cache
derrière une formule désuète, la responsabilité
ministérielle.
Un des avantages d'une constitution non écrite - je fais
référence à la constitution qui nous réqit ici en
Chambre, pas à la constitution de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique; on va en parler la semaine prochaine, nos amis d'en face ont bien
hâte...
M. Duhaime: II vaut mieux attendre à lundi soir. Vous
êtes mieux d'attendre à lundi pour les commentaires.
M. French: D'accord, mais, pour le moment, on parle d'autres
choses, M. le ministre. Pour le moment, on parle de la constitution non
écrite, la tradition britannique, appelez-la comme vous voulez; c'est la
formule désuète de la responsabilité ministérielle
en arrière de laquelle le gouvernement se cache actuellement.
Il est vrai qu'en Chambre il est
nécessaire, quand un ministre en suit un autre, que le
deuxième ministre qui suit le premier dans un portefeuille quelconque
explique et défende les politiques et les décisions prises par
son prédécesseur, parce que, pour la plupart, ces
questions-là sont des questions de solidarité
ministérielle et de responsabilité gouvernementale.
On a du mal à croire, M. le Président, qu'une telle
solidarité ministérielle, qu'une telle continuité de la
politique gouvernementale, en gros, joue dans la plupart des cas qui sont
rapportés par le Vérificateur général dans ce
livre. Au contraire, on sait très bien, et c'est aussi injuste pour le
ministre que cela l'est pour l'Opposition et pour l'Assemblée nationale,
que la plupart de ces problèmes-là sont la responsabilité
des fonctionnaires qui sont payés pour administrer. Ce sont des
problèmes administratifs. C'est pour cela qu'on veut démontrer
l'inutilité d'interroqer un ministre qui n'était pas là
à ce moment et qui ne peut pas, en toute honnêteté,
expliquer ce qui est arrivé.
Tout ce qu'on va entendre, ce sont de vieilles histoires, pour la
deuxième ou la troisième reprise, de ces fonctionnaires qui en
ont parlé à un directeur général qui en avait
parlé à un prédécesseur qui était là
à ce moment. C'est juste cela qu'on essaie de démontrer.
Je suis tout à fait d'accord, je ne veux pas reprendre le
débat d'hier, mais je pense que c'est très important de
démontrer concrètement qu'on se bute justement à ce
problème-là avec le ministre actuel. Ce n'est pas sa faute, mais
c'est une réalité qu'on ne peut pas cacher.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac. Rapidement, s'il vous plaît. Je veux bien donner le droit de
parole, mais...
M. Grégoire: Oui, rapidement, M. le Président. Je
crois que la suggestion du député de Westmount est
intéressante. Le gouvernement le sait, il y a des règles à
-changer dans la procédure de cette commission. Hier, le leader
parlementaire du gouvernement est venu l'affirmer catégoriquement. Des
points de réforme sont déjà présentés
à la commission de l'Assemblée nationale. Il les a mis en
priorité comme réforme à être adoptée par
l'Assemblée nationale dans les prochaines semaines et même
à être présentée à l'Assemblée
nationale à l'automne.
Le leader parlementaire a offert à l'Opposition: Si vous jugez
que c'est inutile avec les anciennes méthodes - mais comme on est encore
pris dans le système, on ne l'a pas installé, il est là,
on est prêt à le changer pour apporter de nouvelles
réformes - si vous jugez que c'est inutile, on peut renouveler aussi la
proposition que vous faisait hier le leader parlementaire du gouvernement, en
disant: C'est très bien, on va se dépêcher à faire
la réforme, on va ajourner les travaux et, dans quelques semaines ou
quelques mois, on reviendra avec une réforme et vous aurez le loisir de
procéder selon cette nouvelle réforme. Mais, d'ici ce
temps-là, c'est bien dommaqe, ce n'est pas votre faute, ce n'est pas
notre faute, mais il y a un règlement à l'Assemblée
nationale qui dit que les réformes de procédure doivent
être effectuées par l'Assemblée nationale et non pas par
une commission parlementaire. Il faut que ce soit fait par l'Assemblée
nationale. Il faut que ce soit étudié avant par une commission
spéciale ad hoc, nommée par l'Assemblée nationale, qui
étudie la réforme parlementaire.
On peut vous renouveler la proposition que le leader parlementaire du
gouvernement vous a faite hier et vous suggérer, si vous croyez que
c'est réellement inutile et qu'il n'y a rien à faire, d'ajourner
les travaux.
Si, par ailleurs, vous voulez poser des questions selon le
système actuel, la réforme va être faite rapidement et on
vous donnera le loisir, aussitôt qu'elle sera faite, de revenir et de
procéder d'une autre façon. En attendant, on va essayer de
procéder selon ce qui existe, selon les règlements qui existent
et on va vous laisser la chance de poser au moins des questions selon le
régime qui existe présentement.
L'engagement du leader parlementaire du gouvernement est
catégorique, c'est la priorité, la procédure du
comité des comptes publics, ça ne prendra pas de temps, ça
va aller vite. On vous laisse le choix. Préférez-vous ajourner
les travaux, si vous trouvez que c'est complètement inutile?
Préférez-vous procéder selon les règlements
actuels, étant donné que nous ne pouvons pas amender les
règlements? Nos règlements, ce sont les règlements de
l'Assemblée nationale, mutatis mutandis.
L'offre est là, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, M. le
député de Frontenac. M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Merci, M. le Président, je n'abuserai pas de
votre permission, je veux simplement inscrire au procès-verbal un court
texte extrait du rapport que nous citions hier et qui est directement pertinent
au propos que nous avons ce matin. Cela n'a que quelques lignes et je pense que
ça instruira tout le monde. C'est le rapport: La commission des comptes
publics et les vérificateurs législatifs, une plus grande
imputabilité. C'est à la page 20.
Une voix: Une plus grande quoi?
M. Forget: Imputabilité. Le texte se lit comme suit: "Ce
qui enrage parfois les membres de certaines commissions est le fait que les
personnes qui détenaient les postes de responsabilité lors de la
période étudiée ne peuvent être questionnées
puisqu'elles assument maintenant de nouvelles fonctions. Voici comment la
commission des comptes publics de l'Ontario traite cette question dans son
rapport de 1980. La commission recommande donc que les gestionnaires publics
soient tenus responsables des décisions qu'ils ont prises pendant qu'ils
occupaient un poste particulier. Cette imputabilité continue bien qu'ils
aient accédé à un autre poste au sein de la fonction
publique ou démissionné. "
C'est un problème que nous ne sommes pas les premiers à
connaître. Là, on s'adresse aux fonctionnaires parce que dans le
contexte normal du fonctionnement d'une commission des comptes publics, ce sont
les fonctionnaires qui témoignent et non pas les ministres. Mais
même les fonctionnaires peuvent subir des mutations et quand ils
subissent des mutations, et qu'on les interroge sur une période
passée, selon cette observation, on doit interroger les gens qui
occupaient les fonctions pendant les périodes qui font l'objet de
l'examen. Autrement, on a un témoignage qui n'a aucune espèce de
valeur. Comment interroger quelqu'un sur des événements et des
gestes d'administration posés par d'autres que lui à une
période antérieure? C'est strictement impossible. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre, aussi
rapidement que possible.
M. Duhaime: Vous voulez que je parle brièvement, M. le
Président?
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, si
possible.
M. Duhaime: Je vais le faire. Mon collègue de
Charlesbourg, tantôt, a parlé de la continuité et je pense
que c'est là l'essentiel. Si on veut faire des interrogatoires ou des
contre-interrogatoires adressés à la personne, c'est une voie.
Par ailleurs, si l'Opposition, qui entreprend peut-être cette semaine
d'une façon un peu plus hardie son deuxième mandat, est
décidée d'avoir des approches nouvelles, cela m'est parfaitement
égal, on va tenter de continuer de collaborer.
Ce qui est intéressant pour les membres de cette commission et
pour le public, c'est de savoir d'abord quelle est la portée du rapport
du Vérificateur général sur l'administration des
différents ministères, que ce soit le ministère de
l'Fnergie et des Ressources ou tout autre, et de savoir surtout qu'est-ce qui a
été fait depuis que le rapport du vérificateur a
été rendu public. Ce que je crois déceler - j'ai bien
hâte qu'on me contredise là-dessus - c'est qu'on cherche des
punaises. Si on voulait faire défiler devant la commission ceux qui,
autrefois, occupaient le poste de ministre au ministère de
l'Énergie et des Ressources ou le poste de sous-ministre ou encore le
poste de dirigeant d'une régie ou d'une société
d'État qui relève du ministère de l'Énergie et des
Ressources, je pense que ça n'aurait aucune espèce de fin.
Si l'Opposition a de bonnes intentions, c'est beaucoup plus à
partir de la lecture du rapport du Vérificateur général
qu'elle ira voir le suivi qui a été fait par l'administration en
poste aujourd'hui, pour l'exercice financier 1981-1982. J'ai comme l'impression
qu'en 1983 ou en 1984 le rapport du Vérificateur général
viendra dire ce qui s'est passé en 1981-1982 et, ensuite, l'Opposition
pourra faire son évaluation.
Quand je parle d'un nouveau mandat de l'Opposition, je suis très
sérieux dans mes propos. Je voudrais dire qu'elle n'a pas tellement fait
son boulot durant son premier mandat. Pour ma part, j'ai assumé cette
continuité que souhaiterait le député de Saint-Laurent au
portefeuille du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Je n'ai jamais
entendu l'Opposition même imaginer qu'elle puisse demander la convocation
de la commission permanente des finances pour 1977, 1978, 1979 et 1980. Je ne
sais pas si c'est à la lecture des journaux sur ce qui se passe ailleurs
sous d'autres cieux probablement en Ontario, puisqu'on vient juste de
l'évoquer - que l'Opposition, soudainement, s'est rendu compte qu'il y
avait peut-être un volet de son mandat qui avait été
inaccompli ou non entrepris.
Mais je pense que le député de Saint-Laurent devrait se
placer dans cette hypothèse. S'il veut savoir ce qui passe au
ministère de l'Énergie et des Ressources aujourd'hui, on va le
lui dire. S'il veut savoir ce qui se passait il y a un an, on va le lui dire
aussi, il y a deux ans, trois ans, etc. La continuité du
ministère est là et, suivant les informations que j'ai
recueillies hier, même dans le cas où il y a un changement de
gouvernement, c'est exactement la même chose qui, dans notre tradition
toute britannique, s'est maintenue au Québec. Ce que le
député de Westmount évoquait tout à l'heure, a
été tout à fait respecté.
J'ai hâte qu'on en vienne au rapport du Vérificateur
général, M. le Président, d'autant plus que j'ai appris
tantôt que tout ce qu'on vient d'entendre de la part du
député de Saint-Laurent a été dit hier.
M. Forget: Est-ce que vous me permettez une question?
Le Président (M. Bordeleau): Une petite
question, M. le député de Saint-Laurent.
M. Duhaime: Vous pouvez poser toutes les questions que vous
voulez, j'ai été convoqué pour répondre à
vos questions.
M. Forget: Vous affirmez que, sur le plan de l'institution, un
ministère a une continuité ininterrompue. N'est-il pas vrai, M.
le ministre, que ceux qui incarnent la continuité, ce ne sont pas les
ministres qui changent, mais les fonctionnaires qui demeurent?
M. Duhaime: Je ne sais pas où est-ce que vous allez
pêcher ça. Sous notre gouvernement, les hauts fonctionnaires ne
regardent pas passer les ministres. Je ne sais pas comment ça se passait
autrefois quand vous, vous étiez dans un portefeuille, mais la
responsabilité ministérielle est là.
M. Forget: M. le ministre, vous avez été
nommé en avril et en mai, et vous plaidez la continuité. Vous
n'en êtes quand même pas le symbole.
M. Duhaime: Ce n'est pas une question de solidarité
ministérielle, c'est une question de responsabilité.
M. Forget: Vraiment! Le symbole de la continuité
nommé depuis six mois.
M. Duhaime: Je n'ai jamais prétendu ça.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'on peut
procéder?
M. Forget: Oui, M. le Président, on va procéder. On
va entendre, du vérificateur, d'abord, ses observations sur ce qu'il a
vu, lui, dans sa vérification en 1979-1980.
Le Président (M. Bordeleau): Concernant le
ministère...
M. Forget: C'est peut-être le seul qui était
là, finalement.
Le Président (M. Bordeleau):... de l'Énergie et des
Ressources...
M. Forget: Son bureau était là, et c'est son bureau
qui va parler.
M. Blais:... n'était pas là.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
député de Terrebonne, à moins que vous ne demandiez la
parole.
M. Blais: Oui, ça me ferait plaisir.
Le Président (M. Bordeleau): On s'est entendu pour
commencer, il me semble. M. Blais: Je parlerai demain.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. le député de Saint-Laurent, vous aimeriez entendre le
Vérificateur général sur la partie qui traite du
ministère de l'Énergie et des Ressources?
M. Forget: Je brûle de l'entendre.
M. Châtelain: M. le Président, est-ce que je
pourrais demander tout simplement à M. Marcel Moffet, directeur de la
vérification, qui était responsable de ce secteur de la
vérification à notre bureau, de vous donner un aperçu
très général du chapitre du rapport à ce sujet?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, je pense que c'est le
sens de la question.
Oui, M. Moffet, vous pouvez y aller.
M. Moffet (Marcel): M. le Président, au ministère
des Richesses naturelles, cette année-là, tel qu'on en fait
rapport...
Le Président (M. Bordeleau): M. Moffet, je m'excuse,
voulez-vous rapprocher votre micro un peu?
M. Moffet: Tel qu'on en fait rapport, on a fait une
vérification sur les traitements payés au ministère, sur
les contrôles exercés, et on a constaté des anomalies
principalement au niveau des contrôles exercés sur l'application
du système...
M. Forgets J'ai beaucoup de mal à l'entendre. Pourrait-il
encore rapprocher son micro? Peut-être qu'on pourrait augmenter le
volume.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'on peut ajouter du
son, M. le régisseur?
M. Forget: Excusez-moi.
M. Moffet: Comme je le disais, on a fait une vérification
sur les contrôles exercés, sur le paiement des traitements et
l'application du système de l'horaire variable. On a constaté
certaines anomalies, certaines faiblesses de cette application dans
différents services. C'est ce qu'on relate aux pages 97 et suivantes.
C'est une vérification basée sur le système comme tel et
non sur des cas particuliers, bien qu'à l'occasion on cite des cas
particuliers pour illustrer notre remarque ou notre constatation. (11
heures)
Par la suite, on a fait une vérification plus
élaborée sur la gestion du matériel roulant qui
consistait, somme toute, en 181 véhicules automobiles. On a
regardé
l'application qui était faite des contrôles
préconisés par l'administration sur les achats, sur
l'utilisation, la garde du matériel roulant, sur les réparations
des véhicules, la location des véhicules. Enfin, on fait des
remarques à différents endroits dans le rapport sur des anomalies
et des irrégularités que l'on juge assez sérieuses.
Par la suite, on a fait un travail sur les droits miniers. On a une
simple remarque là-dessus, c'est que le ministère retarde
à signifier à l'opposant son point de vue son opposition. Ce
retard a pour effet de prolonger indéfiniment le délai que
l'opposant a pour faire valoir ses droits ou ses prétendus droits. On
préconise une modification à l'attitude du ministère
vis-à-vis de ces oppositions des compagnies minières. Si vous
voulez entrer dans les détails de chacune de ces remarques, ça
nous fera plaisir de vous répondre, à moins que vous ne vouliez
qu'on prenne une à une ces remarques.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Saint-Laurent.
Matériel roulant
M. Forget: Je vous remercie, c'est un tour d'horizon. Ce qui a
attiré particulièrement notre attention, c'est la
vérification assez approfondie que vous avez faite relativement à
la gestion du matériel roulant. J'aimerais que vous expliquiez un peu
les constatations que vous avez faites de ce côté-là.
J'aurai des questions à poser subséquemment, mais plutôt
que de vous faire exposer ça par bribes, j'aime autant vous donner la
parole d'abord pour que vous dressiez un tableau de ce que vous avez pu
constater à ce sujet.
M. Moffet: Au début de ce chapitre, à la page 98,
on fait un résumé des constatations. On dit: "Tout au cours de
notre vérification, nous avons constaté que, dans l'ensemble, les
flottes de véhicules acquis ou loués par le ministère
étaient gérées de façon fort peu rationnelle; que
les achats et les locations effectués par le ministère
n'étaient pas soutenus par des études préliminaires
sérieuses des besoins de chaque service. "
On dit, à un moment donné, que tout ce qu'on avait
à faire pour obtenir le remplacement d'un véhicule qu'on mettrait
au rancart, c'était tout simplement de dire qu'on le mettait au rancart,
qu'il fallait le remplacer, sans justifier plus avant la
nécessité du véhicule en question. On trouve que, chaque
fois qu'on remplace un véhicule de 10 000 $ ou 15 000 $, on devrait au
moins justifier si on en a encore besoin ou donner des arguments sur le fait
qu'on en a encore besoin et fournir des raisons; non pas simplement dire qu'on
place au rancart telle voiture pour la remplacer.
M. Forget: Autrement dit, on semble présumer au
ministère que, si on avait un véhicule l'an dernier, on a encore
besoin de ce véhicule cette année, l'an prochain et dans dix ans.
Il ne semble pas y avoir une politique qui relie la grosseur de la flotte de
véhicules à un objectif particulier du ministère.
M. Moffet: Absolument pas. C'est ce qu'on a constaté: il
n'y avait pas de remise en question de la flotte ou du nombre d'unités
à l'intérieur de la flotte. "Une évaluation
régulière de l'utilisation optimale des véhicules
n'était pas possible faute de données suffisantes. " Les rapports
ne permettaient pas de savoir si on avait utilisé les voitures dans les
semaines ou les mois précédents d'une façon
systématique et journellement. "Aucun plan d'inspection et d'entretien
n'avait été instauré. " On y allait un peu selon les
besoins du jour, si on constatait qu'une telle voiture avait besoin d'une
réparation urgente. C'est un peu un système qui allait à
la va comme je te pousse. "Les gestionnaires n'étaient pas en mesure
d'évaluer régulièrement les coûts d'entretien en
regard de l'utilisation des véhicules et ce, faute de statistiques et
d'évaluation périodique. Cela recoupe un peu ce que je viens de
dire. On n'avait pas, non plus, d'examen lorsqu'il s'agissait de faire une
réparation importante; on n'avait pas de rapport pour démontrer
que l'état du véhicule justifiait une telle réparation. Si
un véhicule est désuet ou sur le point de l'être, on a
remarqué qu'à certaines occasions on faisait quand même des
réparations importantes. On en cite des exemples à la page 101.
On a fait une réparation de 1298 $ à un moment donné et de
4287 $ sur des véhicules qui, à toutes fins utiles,
d'après les rapports qu'on a pu voir, étaient désuets,
à ce moment-là.
M. Forget: C'est-à-dire qui ne valaient plus rien.
M. Moffet: Ou qui étaient sur le point d'être mis au
rancart. On trouve que ce n'est pas une façon de gérer une flotte
rationnellement.
M. Forget: Je pense qu'il est peut-être important de
préciser où un certain type de vérification vous
mène et jusqu'où vous pouvez aller avec cela. Ce n'est pas un
"management audit" que vous avez fait. Vous avez tout simplement
constaté que les dossiers du ministère ne contiennent aucune
espèce de justification pour les décisions qui sont prises et les
dépenses qui sont effectuées, sauf évidemment des factures
et
des reçus pour les sommes dépensées, mais vous
n'avez pas pu parce que votre mandat vous l'interdit. Vous posez la question:
Est-ce qu'il existe des systèmes de gestion qui permettraient de trouver
des réponses à ces problèmes, sauf dans la mesure
où les documents qui devraient découler de l'existence d'un
système de gestion ne sont pas présents au dossier? Est-ce bien
cela?
M. Moffet: Je crois que c'est assez juste de dire cela.
M. Châtelain: M. le Président, simplement pour
préciser à ce sujet, on peut toujours se référer
à la page 14 de notre rapport, où on explique la portée de
la vérification. Essentiellement, c'est qu'à l'intérieur
du mandat actuel du Vérificateur général le mandat ne nous
empêche pas de faire des vérifications à base de
systèmes. C'est-à-dire qu'on fait une vérification
financière, mais plutôt que de faire une vérification
financière à la pièce, si vous voulez, on fait une
vérification des systèmes. On essaie de déceler les
lacunes dans les systèmes mêmes.
Alors, lorsqu'on fait de telles études, évidemment, on se
rend compte de certaines faiblesses et c'est pour cela que nous les rapportons
ici. Disons qu'à l'intérieur du mandat actuel on peut rencontrer
au cours de nos études de telles faiblesses dans les systèmes de
gestion ou les mécanismes en place. C'est pour cela que nous les
rapportons ici, tout simplement.
M. Forget: À l'occasion de cette étude, est-ce que
vous avez pu constater - je pense qu'on connaît déjà la
réponse, mais aussi bien le dire plutôt que de le laisser
simplement soupçonner... Jamais, semble-t-il, le ministère ne
s'est posé la question s'il devait louer les véhicules, y compris
les services d'entretien et de gestion, plutôt que de les acheter, enfin
des questions généralement sur des options majeures quant
à la façon de gérer un parc comme celui-là. Il
semble qu'on ne se pose pas ce genre de question; on procède cette
année comme on procédait l'an dernier, tout simplement parce que
c'est une bonne vieille habitude.
M. Moffet: C'est-à-dire qu'il n'y avait pas de
système d'entretien comme tel, il n'y avait pas de garage. On faisait
affaires avec l'entreprise privée pour les réparations et
l'entretien.
M. Forget: D'accord.
M. Moffet: C'étaient des fonctionnaires du
ministère qui s'occupaient de la gestion du matériel, mais on
faisait affaires avec l'entreprise privée dans chaque cas.
Savoir si on devrait plutôt louer un véhicule que d'en
acheter un, on a des remarques à cet effet. Le millage de certains
véhicules, durant une année ne justifiait pas, d'après
nous, leur possession. Peut-être la location aurait-elle
été préférable, sans porter de jugement
là-dessus. On se dit que, s'il y avait eu une étude de faite sur
ces options, cela aurait été intéressant de voir la
différence de coût.
M. Forget: Vous marquez à certains endroits qu'il semble
que, pour certains véhicules, leur seule utilisation a été
de permettre à des employés du ministère de partir de chez
eux le matin et d'y retourner le soir. Est-ce que j'ai mal compris? Est-ce que
c'est la seule chose qu'on puisse déceler comme untilisation?
M. Moffet: C'est-à-dire que non, on ne peut pas dire qu'il
y a des véhicules qui ont servi uniquement à cela.
M. Forget: Principalement.
M. Moffet: On dit: À l'occasion, il y a des
véhicules qui ont servi à cela. C'est qu'on a des pleins
d'essence de faits à un moment donné et on n'a aucune utilisation
pour fins professionnelles, prêtez-moi l'expression, pour...
M. Forget: Cela revient à peu près au même
dans le fond.
M. Moffet: Ce n'est pas pour toute une année. J'ai compris
de votre question qu'il y avait des véhicules qui servaient uniquement
à des fins personnelles. On n'a pas constaté de cas
semblables.
M. Forget: Peut-être pas pour toute une année, mais
pendant des périodes de temps il y a des véhicules qui n'ont
servi effectivement à rien d'autre que cela puisqu'on achetait de
l'essence et qu'il n'y avait pas d'utilisation officielle.
M. Moffet: Oui, c'est arrivé.
M. Duhaime: Le Vérificateur général, ce
n'est pas vous, là. Vous faites des affirmations qui sont parfaitement
gratuites.
M. Forget: Ce sont des questions.
Le Président (M. Gagnon): Pour qu'on se comprenne bien,
j'aimerais d'abord qu'on demande la parole.
M. Duhaime: II vous a répondu très clairement. Il
devrait y avoir un procureur ici avec le rapport du vérificateur; de la
manière que vous travaillez, ça n'a pas de bon sens.
Le Président (M. Gagnon): Un instant! À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Forget: M. le ministre, qui défendez-vous? Le
gaspillage ou quoi? Si, effectivement, il y a eu des
irrégularités, vous devez être aussi
intéressé que nous à les corriger...
M. Duhaime: Je défends la stupidité de vos
questions et la façon de les formuler.
M. Forget:... pas à masquer ou à défendre
quoi que ce soit.
M. Duhaime: C'est épouvantable, franchement, je vais aller
travailler à mon ministère.
M. Forget: C'est mentionné qu'il y a des sujets sensibles
d'inquiétude dans le rapport du Vérificateur
général. Est-ce que vous vous sentez personnellement visé?
Vous n'étiez même pas là.
M. Duhaime: À plus forte raison, ça m'enrage encore
plus.
M. Forget: Bon, alors, arrêtez de défendre
ça.
M. Duhaime: Cela m'enrage encore plus. Je n'ai jamais aimé
la stupidité. Je le dis bien clairement, pour que ce soit
enregistré.
M. Forget: Vous allez faire des changements dans votre
ministère, d'après ce qu'on lit dans ce rapport-là, parce
qu'il y a des évidences de stupidité là-dedans.
M. Duhaime: Vous, on va vous garder, ne soyez pas inquiet, vous
êtes parfait.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Forget: Bonjour, M. le Président! Je pense que
l'attitude agressive et hargneuse du ministre, qui n'est pas...
M. Duhaime: Moi aussi j'ai passé une mauvaise fin de
semaine, si vous voulez le savoir.
M. Forget: J'ai passé une excellente fin de semaine, je
suis parfaitement disposé à vous endurer. Vous voyez combien je
suis de bonne humeur. Il reste, M. le Président, que je ne comprends pas
en quoi le ministre de l'Énergie et des Ressources prend la mouche parce
qu'on soulève que, dans le ministère dont il est désormais
responsable depuis peu, il y a des situations qui, sur le plan de la gestion,
ne sont pas soutenables. Qu'il les corrige! Il va nous dire, sans aucun doute,
tout à l'heure, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes,
que tous ces problèmes-là sont réglés.
M. Grégoire: M. le Président, si vous me permettez,
sur une question de règlement...
M. Forget: Libre à lui de le dire...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Frontenac.
M. Forget:... à plus forte raison...
M. Grégoire: Si vous me permettez, sur une question de
règlement...
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Frontenac.
M. Forget: Quel article du règlement?
M. Grégoire: Quel que soit l'article, je peux soulever une
question de règlement.
M. Forget: Remarquez que j'avais la parole quand tout cela est
arrivé.
Le Président (M. Gagnon): Question de
règlement.
M. Grégoire: Je soulève une question de
règlement et cela passe en premier. Il y a un article qui dit cela
aussi, qu'une question de règlement est considérée en
premier.
M. Forget: Pourvu qu'elle soit une question de
règlement.
M. Grégoire: Ce serait pour nous éclairer un peu.
Si le ministre s'est manifesté comme ça, M. le Président,
c'est que la manière du député de Saint-Laurent de poser
des questions...
M. Forget: Cela n'a rien à voir. Je ne sais pas quel
article du règlement m'empêche de poser la question d'une
manière plutôt que d'une autre.
M. Grégoire: Ce n'est pas de demander: Est-ce qu'il y a eu
telle chose? C'est de dire: Comme ça, il y a eu telle chose. C'est de
poser la question d'une façon tendancieuse, d'une façon
insidieuse...
M. Duhaime: C'est ça, et malveillante.
M. Grégoire:... qui fait qu'on laisse... Comme le dit le
ministre de l'Énergie et des Ressources, le vérificateur aurait
presque besoin d'un avocat pour se défendre contre ces questions
insidieuses et malveillantes.
M. Forget: Le Vérificateur général n'est
pas...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Sur la question de règlement, je n'attaque pas
le Vérificateur général, je lui pose des questions. Il a
constaté une situation de fait déplorable, il nous en fait
rapport.
M. Grégoire: Ce n'est pas ça qu'il a dit.
M. Forget: Oui. Quand on achète de l'essence pour des
véhicules publics pour lesquels il n'y a aucune utilisation officielle
enregistrée, on peut commencer à se poser des questions, et c'est
ce qu'il fait. C'est légitime. On doit donc conclure qu'ils ont servi
à quelque chose, parce que l'essence ne s'est pas
évaporée. Si elle ne s'est pas évaporée, c'est
qu'on a dû les utiliser pour des fins privées. Comme il n'y a pas
de système de gestion convenable pour contrôler l'utilisation,
d'après le rapport du vérificateur, on peut présumer,
parce que c'est commode, que les gens les ont pris pour aller chez eux le
soir.
M. Grégoire: Au prix que Trudeau nous la fait payer...
M. Duhaime: Voilà! Voilà contre quoi je me suis
élevé, M. le Président. Vous faites des
présomptions insidieuses, malveillantes et intempestives.
M. Forget: Alors pour quoi d'autre, M. le Président? C'est
mentionné dans le rapport.
M. Duhaime: Ce n'est pas ça qui est dit dans le
rapport.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! Vous demanderez le droit de parole.
M. Duhaime: Avec ce que je viens d'entendre de la bouche du
Vérificateur général... Mais vous, vous dites autre chose,
parce que vous voulez passer dans le journal demain, sans doute. Vous allez y
être dans le journal, ne soyez pas inquiet.
Le Président (M. Gagnon): Un instant, M. le ministre, je
vais vous reconnaître à votre tour.
M. Grégoire: Avec le prix que le fédéral
nous fait payer l'essence!
Le Président (M. Gagnon): La parole est au
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Page 100, sous-paragraphe c.
M. Duhaime: Pas juste l'essence, le pétrole.
M. Forget: "Utilisation personnelle. Compte tenu de la faiblesse
du système en vigueur et du peu de renseignements contenus au rapport
d'utilisation, nous croyons que, dans les circonstances, il devient
extrêmement difficile pour les gestionnaires en place de déceler
toute utilisation personnelle possible d'un véhicule du
ministère. "
M. Duhaime: C'est le contraire de ce que vous venez
d'affirmer.
M. Forget: Non. Ils disent qu'ils ne peuvent pas s'empêcher
de se poser cette question dans les circonstances.
M. Duhaime: Mais oui, c'est ça qu'ils ont fait.
M. Forget: Ils ne portent d'accusation contre personne, c'est
notre rôle de déceler là-dessus un problème
sérieux. Si, dans sa prudence, et c'est une prudence qui est louable
chez le Vérificateur général, il a dit: II y a un doute
dans nos esprits - c'est intitulé Utilisation personnelle, ce n'est pas
moi qui l'ai écrit - C'est qu'il a un doute sérieux et
peut-être un début d'indication; peut-être pas des
pièces justificatives, mais des choses qu'il a entendues lors de ses
visites au ministère, qui tendraient à le persuader qu'il y a une
question sérieuse à se poser de ce côté. Il n'y a
rien d'insidieux. Je reprends le vocabulaire même utilisé dans le
rapport du Vérificateur général.
Quand il n'y a pas de système de gestion, quand on achète
des véhicules pour lesquels on n'a pas d'utilisation enregistrée,
qu'on fait des dépenses pour une flotte de véhicules automobiles
qui n'a jamais fait l'objet d'une évaluation d'ensemble quant à
sa nécessité même, je pense qu'on est dans une situation
assez caractéristique de mauvaise administration.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelliqan. (11 h 15)
M. Lincoln: Je voulais vous demander de combien de
véhicules vous parlez et si vous pouvez nous donner un chiffre
quelconque nous démontrant l'ampleur de la question, un chiffre
quelconque se rapportant à ces véhicules, en moyenne.
M. Moffet: 181 véhicules au ministère qui a fait
l'objet de notre examen. Au développement minier, 20; à la
recherche géologique, 41; à l'énergie, 5; à la
recherche minérale, 4; à l'administration, 19; eau, 92.
Les frais reliés directement aux véhicules, il n'y avait
pas moyen de le savoir, dans le temps.
M. Lincoln: II n'y avait pas moyen de le savoir?
Une voix: Formidable!
M. Lincoln: Eh bien, c'est formidable!
M. Moffet: Étant donné que l'entretien des
véhicules est relié à une catégorie de
dépenses qui comprend l'entretien de l'ameublement et l'entretien...
M. Forget: Et de toute façon, cela inclurait les
salaires.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, la parole est au
député de Nelligan.
M. Forget: Les salaires des chauffeurs et du personnel.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Si je comprends bien, le ministère
lui-même ne sait pas combien lui coûte sa flotte de
véhicules automobiles et même s'il le savait, ce ne seraient que
des chiffres pour les véhicules eux-mêmes, la réparation,
l'essence, les assurances. Il faudrait, ensuite, ajouter le salaire des
chauffeurs. Donc, on fait une dépense qui doit s'évaluer en
millions de dollars par année et on n'a pas la moindre idée de ce
qu'on en fait. On n'a même pas la moindre idée du chiffre auquel
elle s'élève. C'est à peu près à cela qu'il
faut conclure. Je pense bien qu'il n'y a pas d'autre conclusion.
Le Président (M. Bordeleau): M. Moffet.
M. Moffet: II y aurait une compilation possible à faire,
mais...
M. Forget: Elle n'est pas faite.
M. Moffet:... elle n'était pas disponible au moment
où...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Nelliqan.
M. Lincoln: Mais est-ce qu'on peut avancer des chiffres
approximatifs? Après tout, les véhicules sont quelque chose de
tout à fait courant et normal. Disons pour les réparations,
l'essence, les plaques d'un véhicule, est-ce qu'on pourrait dire quelque
chose de l'ordre de 2500 $ ou 3000 $ pour un véhicule? Plus un montant
pour la dépréciation du véhicule. Sûrement qu'il y a
une moyenne quelconque dans votre travail, vous pouvez sûrement placer un
chiffre quelconque par véhicule, il y en a 181. Est-ce qu'on parle ici
de quelque chose qui serait de l'ordre de 1 000 000 $ par an ou plus?
M. Moffet: Tout chiffre que je pourrais citer ce matin vaudrait
le vôtre. En définitive, ce sont des 4x4, des camionnettes ou des
automobiles de promenade. On sait que ça dure quatre ou cinq ans, que
ça coûte 10 000 $ et que la réparation et
l'entretien...
M. Lincoln: Comment comptabilise-t-on toutes ces dépenses?
Voulez-vous dire qu'il n'y a aucun système de suite dans les
réparations pour savoir ce qui se passe dans le cas de ces
véhicules? Vous n'avez pu voir aucune relation entre le véhicule
lui-même et une comptabilisation des dépenses relatives à
cette flotte? Est-ce que ça n'existe pas du tout?
M. Moffet: II y a des systèmes de prévus, mais ils
étaient dans un état assez peu recommandable; on ne pouvait pas
s'y fier au point de vue de la compilation des frais par véhicule.
M. Lincoln: Si, par exemple, il y a des réparations
à faire, est-ce que n'importe qui s'en va et fait réparer un
véhicule? Est-ce qu'il n'y a pas un système de contrôle
pour qu'effectivement ces réparations se fassent?
M. Moffet: Oui, c'est autorisé par la direction
elle-même ou la direction de l'équipement. Ce n'est pas le
conducteur ou le chauffeur qui peut autoriser une réparation au-dessus
de 100 $, je crois. Il me semble qu'il y avait une limite de 50 $ ou de 100 $
au-dessus de laquelle il fallait obtenir l'approbation de la direction
concernée ou de la direction de l'équipement du
ministère.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac.
M. Forget: Mais la direction ne dispose pas de critères ou
de normes pour approuver ou rejeter?
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: J'ai deux ou trois questions
là-dessus. On dit qu'il est difficile d'évaluer le montant.
Pourtant, chaque dépense qui est faite comporte un reçu.
M. Moffet: Oui.
M. Grégoire: S'il y a de l'essence
d'achetée pour le véhicule, cela comporte un
reçu.
M. Moffet: Oui.
M. Grégoire: II y a un reçu au nom du gars qui va
s'en servir. S'il y a une réparation de faite, il y a un reçu.
Vous dites que toute dépense de réparation au-delà de 50 $
demande une autorisation du directeur; il a des reçus. Alors, vous
êtes capable de compiler tout cela et d'arriver avec un chiffre exact des
dépenses.
M. Moffet: C'est sûr que ça se fait.
M. Grégoire: Alors, quand le député de
Saint-Laurent vous demande de fixer un chiffre approximatif de ce que ça
coûte, vous pouvez même en arriver à un chiffre
précis parce que vous avez des reçus pour tout.
M. Moffet: C'est ça. On peut le faire. M. Forget:
Formidable!
M. Moffet: Si j'ai bien compris la question, on m'a
demandé si je connaissais ce chiffre. Je ne le connais pas et au
ministère on ne l'avait pas non plus.
M. Grégoire: Mais comme...
M. Moffet: C'est bien clair que ça se compile.
M. Grégoire: Vous dites qu'au ministère on n'avait
pas les reçus?
M. Duhaime: Non, ce n'est pas ce qu'il a dit.
M. Grégoire: Vous, vous êtes capable, comme
vérificateur, de constater ça, malgré tout, si vous le
demandez et si vous avez fait une enquête. Alors, vous seriez capable, si
vous faisiez l'enquête et si vous demandiez les reçus, de fournir
les chiffres exacts, et non pas les approximations. Ce n'est pas tout à
fait ce que le député de Saint-Laurent affirmait, c'était
même le contraire.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je pense que le député de Frontenac
vient de toucher un point névralgique quant au sens même de ce que
nous faisons. Dans la démonstration que nous voulons faire, à
l'occasion des séances de la commission des comptes publics, le
problème, justement, n'est pas de savoir s'il y a des reçus. Bien
sûr, s'il y a des gens qui volaient le gouvernement, ça nous
préoccuperait. Le problème n'est pas de savoir si on est la
victime d'un vol, s'il y a une "gang", au ministère de l'Énergie
et des Ressources, qui fraude le public.
M. Duhaime: II n'y a pas de voleurs dans mon ministère,
s'il vous plaît.
M. Forget: On n'a pas de doute sérieux de ce
côté-là. On s'imagine qu'ils seraient pris et que la
Sûreté du Québec s'en occuperait. Ce ne serait pas un
problème pour la commission des comptes publics, ce serait un
problème pour la Sûreté du Québec. Ce n'est pas du
tout de ça dont qu'il s'agit.
La question du député de Frontenac illustre une chose,
cependant. C'est que, même lorsqu'on a des reçus, lorsqu'il y a
des pièces justificatives, des reçus pour les repas pris par les
employés à leur travail, des reçus pour l'essence qu'ils
ont achetée, tout ça, ça ne fait pas que l'administration
est correcte. Quand une administration prend des décisions, elle doit
avoir un minimum d'information. Quand elle investit des millions de dollars
dans une flotte de véhicules, qu'elle dépense probablement des
millions pour la faire fonctionner tous les ans, elle doit se poser un certain
nombre de questions à la lumière de ses coûts et des
objectifs qu'elle s'est donnés en ayant une flotte de véhicules
automobiles.
Or, nous savons du vérificateur que cette information n'est
disponible nulle part au ministère. C'est donc que les décisions
se prennent sur le coin de la table, sur l'envers d'une enveloppe, en disant:
On pense que, peut-être, on a l'impression que, mais, dans le fond, on ne
sait absolument rien de précis sur les coûts, sur l'utilisation
des véhicules. On achète de nouveaux véhicules et on ne
sait même pas si ceux qu'on a, on les a utilisés
convenablement.
C'est ça qu'on doit illustrer à la commission des comptes
publics, c'est là le problème de l'économie et de
l'efficacité dans le secteur public. Il est tout là. Ce n'est pas
que les factures manquent. Personne ne vous a demandé si les factures
manquaient; si elles manquent, tant pis, mais ce n'est pas le problème
qu'on essaie d'illustrer. Le problème, c'est une prise de
décision qui se fait dans le vide de l'information pertinente. On a la
preuve que l'information pertinente, le ministère ne se soucie pas de la
ramasser. Dans ce ministère... C'est une démonstration parmi
d'autres. Ne considérez surtout pas que ce ministère a
été pris comme une victime, on sait que ça se passe comme
ça dans toute l'administration publique. Il y a des cas où c'est
un peu plus évident, et c'est un de ces cas dont on parle ce matin.
C'est un problème très sérieux, c'est un
problème extrêmement qrave, M. le Président, parce
que au même moment où ces choses se passent, où on
dépense l'argent des cochons de contribuables comme si c'était de
l'eau... Effectivement, quelle entreprise privée pourrait fonctionner
avec une flotte de véhicules automobiles si elle ne savait pas combien
ça lui coûte et combien ça lui rapporte? Elle ferait
faillite, elle aurait fait faillite depuis longtemps. Des standards comme
ceux-là dans l'entreprise privée n'ont pas cours dans
l'entreprise publique. On décide, en principe, sur des impressions
générales, et c'est ça qui est terriblement grave parce
qu'au même moment, on fait des coupures dans les services à la
population sous prétexte qu'il n'y a plus d'argent. Ce n'est pas tout
à fait clair qu'il n'y a plus d'argent. Il y a énormément
d'argent, apparemment, pour acheter des véhicules et dépenser
5000 $ pour réparer des véhicules vieux de cinq ans qu'on va
"scraper", comme on dit, dans quelques mois. Il semble que ça ne pose
aucune question dans le secteur public; il y a de l'argent pour faire
ça. Bravo! et allons-y, vogue la galère!
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre. Après, je
reconnaîtrai le député de Charlesbourg.
M. Duhaime: M. le Président, le député de
Saint-Laurent a affirmé un certain nombre de
généralités - j'avais un autre mot à l'esprit, mais
je me contenterai de dire que ce sont des généralités - et
je ne voudrais pas que les membres de la commission, mes collègues des
deux côtés de la table, aient l'impression qu'il n'y a aucune
directive, qu'il n'y a aucun contrôle administratif sur la flotte de
véhicules au ministère de l'Énergie et des Ressources. Je
ne sais pas si je peux déposer des documents; si je ne peux pas, je vais
les lire, M. le Président.
M. Forget: On vous invite à les déposer.
M. Duhaime: Je voudrais faire...
M. Forget: II n'y a pas de dépôt formel, M. le
Président, mais, s'ils pouvaient circuler parmi les membres, nous
l'apprécierions.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse...
M. Forget: En commission parlementaire, il n'y a pas de
dépôt formel.
Le Président (M. Gagnon): C'est un fait...
M. Duhaime: Non, c'est pour ça que je demandais le
consentement.
M. Forget: Mais, du consentement, on apprécierait que ce
soit...
Le Président (M. Gagnon): C'est un fait qu'il n'y a pas de
dépôt formel, mais si la commission accepte, vous pouvez tout
simplement faire circuler les documents.
M. Forget: Oui, bien sûr.
M. Grégoire: L'idée, c'est que ce soit
enregistré au journal des Débats.
M. Duhaime: J'en ai seulement une copie, mais il m'apparaît
important d'au moins vous mentionner les têtes de chapitres.
Le Président (M. Gagnon): Vous pouvez toujours les lire,
M. le ministre.
M. Duhaime: Oui.
M. Grégoire: Ce serait peut-être
préférable de le mentionner également au journal des
Débats.
M. Forget: Est-ce que c'est un document très long?
M. Duhaime: Non, quelques pages. M. Forget: Combien?
M. Duhaime: Cela peut faire une bonne centaine de pages au
total.
M. Forget: Non, lire ça, on en a pour jusqu'à
demain, M. le Président.
M. Duhaime: Oui, mais on est ici pour ça, vous donner
l'éclairage.
M. Forget: On aimerait... M. French: On est ici
pour...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! C'est le ministre qui a la parole actuellement.
M. Forget: II nous fera plaisir, M. le Président, de
recevoir copie du document, de l'examiner et de faire une discussion
après, en partageant les mêmes connaissances.
M. Grégoire: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Laurent, pour la bonne marche de nos travaux, est-ce que ce serait
possible pour vous aussi de demander votre droit de parole? Actuellement c'est
le ministre qui a
la parole. Cela me fera plaisir, sur une question de règlement ou
après le ministre, de reconnaître votre droit de parole,
après cependant le député de Charlesbourg.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Frontenac, sur une question de règlement.
M. Grégoire: Le député de Saint-Laurent a
essayé de faire passer son message, avant même d'avoir la
réponse à ses questions de la part du ministre. Il a
blâmé tout, sans même avoir de commentaires ou de notions
sur les directives qui sont données au ministère, et quand le
ministre vient pour donner ces documents ou ces directives il dit: Envoyez-nous
en une copie, mais ne les lisez pas. C'est comme si ce n'était plus
important que le public sache...
M. Forget: Oui, mais un document de 100 pages!
M. Grégoire:... quelles sont ces directives et quelle est
cette gestion. Je crois qu'au contraire le ministre, après les
accusations fausses et insidieuses qui viennent d'être portées, se
doit de lire les directives de gestion et d'administration qui ont
été données dans son ministère, afin que le public
ne reste pas sous l'impression des fausses accusations du député
de Saint-Laurent.
M. Forget: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Gagnon): Ce que je voudrais, M. le
député de Saint-Laurent, avant de...
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): Sur la question de
règlement, je présume?
M. Forget: Oui, sur la question de règlement. Je n'ai pas
d'objection à ce que le ministre lise un bref document, mais soyons
raisonnables, il nous annonce un document de 100 pages.
M. Duhaime: Je vais vous donner les têtes de chapitres,
ça vous enlever vos impressions.
M. Forget: Je ne sais pas ce qu'on fait avec des têtes de
chapitres, mais enfin...
Le Président (M. Gagnon): Compte tenu qu'une question de
règlement s'adresse aussi au président, je pense que chacun a son
droit de parole ici...
M. French:...
Le Président (M. Gagnon):... et, à ce que je sache,
on n'a pas limité le droit de parole au début de la commission
parlementaire. M. le ministre a le droit de prendre son droit de parole et,
à ce moment-là, il donnera ses informations.
M. Duhaime: Je vous remercie, M. le Président. Je ne lirai
pas tous ces documents, parce que j'ai comme l'impression que, de toute
manière, ces directives et ces règlements sont accessibles
à n'importe quel membre de l'Assemblée nationale qui aurait
décidé de bien préparer les travaux de cette commission,
après en avoir pris connaissance. Mais, pour votre bonne gouverne, si
vous décidez, au cours de la prochaine fin de semaine, de vous repencher
là-dessus, je voudrais vous signaler qu'il y a des directives concernant
l'administration des véhicules automobiles, au ministère de
l'Énergie et des Ressources. Cela date de décembre 1980,
amendement N-4.
Le chapitre 8430 porte sur l'administration des véhicules
à moteur.
Le chapitre 8400, sur l'administration de la
propriété.
Le chapitre 8433, sur l'immatriculation et l'identification
visuelle.
Le chapitre 8434, sur l'entretien et les réparations; ça
va vous intéresser, c'est la procédure à suivre.
Le reste, M. le Président, ce sont des formulaires, mais vous
avez, à 8434-52, les estimations à produire sur les coûts
de réparations.
La procédure à suivre en cas de dommages causés
à un véhicule loué, à 8434-6.
Et à 8437, sur l'utilisation, il y a des directives.
À 8439, les registres d'inventaires et les rapports. Cela fait
partie du premier bloc.
Sous la rubrique générale, vous allez retrouver, au titre
8400, l'administration de la propriété. (11 h 30)
Je ferai parvenir des copies, si ça vous intéresse.
J'ai un deuxième document, qui est une étude qui a
été faite au ministère, par le Service de la gestion du
matériel, en août 1979, et qui est intitulée Étude
sur les modes de remplacement des véhicules du ministère des
Terres et Forêts. J'ai aussi un document qui est daté de juin
1980, qui a été révisé en septembre 1980 par la
Direction de la gestion du matériel, dont le titre est Étude
comparative des coûts d'achat versus location des véhicules au
ministère de l'Énergie et des Ressources. On va identifier les
analystes: M. Bastrash, M. Gignac et M. Labbé. C'est un document
d'une cinquantaine de pages que vous pourrez lire.
J'ai également ici un rapport concernant les coûts
d'opération des véhicules automobiles au ministère de
l'Énergie qui est daté de juin 1981, préparé par la
Direction de la gestion du matériel, qui comporte une bonne vingtaine de
pages.
Enfin, j'ai un rapport des coûts d'opération des
véhicules à moteur. Pour l'identifier, cela vient de la Direction
de la gestion du matériel. C'est porté à l'attention des
directeurs de direction, directeurs de service, administrateurs
régionaux et régisseurs, sous l'identification, communiqué
no 14, objet: Rapport des coûts d'opération des véhicules
automobiles. Cela inclut aussi la procédure concernant la collecte des
coûts d'opération des véhicules du gouvernement. Avec ces
directives et réglementations - tout n'est pas parfait, j'en conviens -
je voudrais peut-être atténuer la portée fort
générale des propos du député de Saint-Laurent.
Pardon?
M. Lincoln: Quelle est la date du dernier document?
M. Duhaime: Le 25 juillet 1980.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, si c'est le voeu
des membres de la commission, est-ce que vous pourriez faire parvenir copie de
ces documents au secrétariat de la commission? On les ferait distribuer
aux membres.
M. Duhaime: Oui, on va mettre les photocopieuses en route et on
va faire livrer cela à vos bureaux de comté et ou à vos
bureaux à l'Assemblée nationale, à votre résidence,
à votre choix.
M. Forget: M. le Président, pour des fins
d'économie gouvernementale, nous serions prêts, à moins que
les membres de la commission ne s'y opposent, qu'on nous fasse plutôt
parvenir une copie à notre bureau de recherche parce qu'il s'agit de
rapports techniques reflétant des intentions ministérielles.
M. Duhaime: Pas des intentions, ce sont des directives et des
réglementations qui sont en vigueur.
M. Forget: Ce sont des intentions. Ce que l'on ne sait pas, c'est
jusqu'à quel point cela s'applique et jusqu'à quel point cela
résout le problème.
M. Duhaime: C'est cela.
M. Forget: Ce sont des intentions des directives. C'est
l'expression d'une volonté gouvernementale. Ce serait intéressant
de savoir quelles sont les intentions, mais ce n'est pas l'équivalent
d'une évaluation de l'application.
M. Duhaime: Est-ce qu'on va l'adresser à votre attention
ou à votre chef? À vous-même?
M. Forget: À qui vous voudrez. Vous savez comment nous
retrouver si vous avez l'intention de le faire.
Le Président (M. Gagnon): La parole est maintenant au
député de Charlesbourg.
M. de Belleval: Je trouve que l'échange qu'on vient
d'avoir sur un problème très précis qui fait l'objet de
remarques très pertinentes du vérificateur démontre bien
la complexité et les défis qu'on doit relever si on veut faire un
travail sérieux dans cette commission. Je suis tout à fait
d'accord avec une bonne partie des remarques du député de
Saint-Laurent, quand il dit: C'est un bel exemple de gaspillage qui existe. On
a une responsabilité comme gestionnaires publics, comme responsables des
secteurs d'administration et comme simples députés, d'assurer la
population que nous prenons tous les moyens pour faire en sorte que les sommes
qu'elle confie au gouvernement sont dépensées de façon
efficace. On a drôlement besoin d'un organisme comme le
Vérificateur général pour nous aider à faire cela,
parce que même s'il y a des services de vérification interne dans
les ministères, il n'y a rien comme l'oeil d'un observateur
indépendant pour faire un travail ou nous faire faire des travaux qu'on
ne ferait peut-être pas autrement. Il ne faut pas se faire d'illusions,
l'administration québécoise, même si elle a
amélioré grandement sa gestion au fil des 20 dernières
années, a du chemin à faire. Si on faisait une enquête de
type Glassco à l'intérieur de l'administration publique
québécoise, on en trouverait de belles. Le député
de Saint-Laurent a été fonctionnaire pendant de nombreuses
années. Je l'ai été, moi aussi. Tous ceux qui ont
vécu à l'intérieur de la machine savent ces choses. Je ne
commencerai pas à dire le contraire parce que je suis devenu
député, que depuis quatre ans ou depuis dix ans tout est parfait,
loin de là. Au contraire, il y a beaucoup de choses à faire et on
a, à mon avis, du retard à reprendre là-dedans.
Le Vérificateur général peut nous aider de ce
côté et une commission comme celle-ci peut aider aussi le
Vérificateur général et tout le monde à
améliorer notre gestion, mais on voit ce que cela veut dire, par
exemple, concrètement parlant, seulement sur un point en particulier qui
est celui de la gestion du matériel dans un ministère important.
On pourrait prendre tous les services du matériel de tous les
ministères.
J'ai été ministre des Transports, je sais ce qu'est la
gestion du matériel au ministère des Transports. On a
probablement la gestion la plus rigoureuse de tous les ministères,
compte tenu de la tradition du ministère là-dedans, mais je sais
très bien aussi qu'il y a des lacunes. Je pourrais en parler ici
à cette commission, apporter des témoignages et expliquer
pourquoi c'est compliqué, à part ça simplement à
cause des changements, parfois, dans les gestionnaires qui sont responsables
d'un secteur, des changements au niveau des affectations des sous-ministres,
des sous-ministres adjoints, des pressions des ministres aussi sur leurs
propres gestionnaires, sur leurs sous-ministres, leurs sous-ministres adjoints.
Je pourrais démontrer toute l'espèce d'engrenage infernal qui
fait que c'est tellement difficile dans l'administration publique, même
quand on décèle un problème, d'y apporter un
remède, non pas parce qu'il y a nécessairement de la mauvaise
volonté, mais parce que les pressions sur tout le monde sont tellement
diverses et tellement contradictoires que c'est difficile d'obtenir une
direction vigoureuse pour régler un problème.
On a d'autant plus besoin, donc, d'un organisme extérieur qui
pourrait nous aider à faire nous-mêmes, les ministres - quand on
est ministres - un meilleur travail. Je suis certain que les fonctionnaires
aussi seraient heureux de cela, contrairement à ce qu'on peut penser,
parce qu'eux aussi sentiraient un oeil inquisiteur et une main vigoureuse pour
appuyer leurs propres efforts. Il faut bien penser que souvent une bonne partie
de ces choses se fait en dépit même des efforts des
fonctionnaires. C'est un système qu'il faut démonter.
Prenons le cas qui est devant nous. On a un rapport du
Vérificateur général. On pourrait demander au
Vérificateur général de faire une étude semblable
dans tous les ministères. On pourrait lui fournir les services
extérieurs pour qu'il le fasse. Je suis certain que ce serait
intéressant. C'est un exemple, mais il y a beaucoup d'autres secteurs de
l'administration publique où on pourrait avoir un oeil tout aussi
inquisiteur et trouver de3 moyens de régler cela.
Le député de Saint-Laurent a bien raison de dire: C'est
bien beau, le ministre dépose toute une pile de documents qui
démontrent que le ministère a réagi quand même.
Quand ils ont lu le rapport du ministère, ils ont probablement fait une
réunion de régie interne. Ils ont regardé cela et ils ont
dit: On va prendre les moyens pour essayer de régler cela. Ils ont mis
sur pied toute une procédure. Le député de Saint-Laurent a
raison. La procédure fonctionne-t-elle? Y a-t-il vraiment eu une
amélioration? Est-ce comparable à ce qui se fait, par exemple,
dans l'entreprise privée, à Bell Canada ou ailleurs? Est-ce de
bonne qualité?
Notre commission pourrait se pencher là-dessus. Cela veut dire,
là encore, des moyens techniques à la disposition de la
commission pour faire cela. Cela veut dire aussi une continuité dans les
travaux de cette commission, parce qu'il est évident qu'on peut donner
une commande, mais qu'on aura la réponse seulement dans six mois ou dans
un an. Il faudra aussi que dans six mois ou dans un an il y ait des
parlementaires intéressés à relire le rapport et à
voir si vraiment il y a eu des résultats. Je pense que cela
démontre ce que cela veut dire, une commission des comptes publics qui
fonctionne rigoureusement et efficacement.
J'ai aussi lu pas mal de rapports là-dessus. Je me suis rendu
compte que, même dans les Parlements où on a réformé
la commission des comptes publics, très souvent, elle n'est pas plus
utile que les anciennes si on ne met pas toute la rigueur qu'il faut, la
patience et la volonté de la part des parlementaires pour aller jusqu'au
bout d'un problème. Cela suppose effectivement qu'on le fasse dans un
climat de non-partisanerie, parce que, sans cela, évidemment, il n'y a
aucun système qui va fonctionner avec la rigueur et la patience dont il
est question. En tout cas, je trouve que c'est un bon exemple, mais cela
démontre aussi le défi qu'on a à relever.
Il est évident que, ce matin, il est impossible d'aller beaucoup
plus loin. Il faut admettre avec le ministre que des dispositions ont
été prises. Il s'agirait de voir maintenant si ces dispositions
ont été appliquées, si elles sont efficaces; est-ce que le
ministère a fait une évaluation de ça ou est-ce qu'il
propose d'en faire une, dans six mois, dans un an pour s'assurer que la gestion
est maintenant meilleure? On ne peut pas faire ça ce matin.
Déjà, imaginez-vous, pour prendre connaissance de ces documents,
il faut avoir des recherchistes, il faut prendre nous-mêmes le temps de
les voir, faire comparaître des gens, demander au vérificateur une
autre vérification. C'est ça le travail d'une commission des
comptes publics qui fait un travail sérieux. Je constate que c'est tout
un défi à relever.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, inutile de dire que je
souscris entièrement aux paroles que vient de tenir le
député de Charlesbourg.
Pour revenir à la question de la gestion du parc automobile de
l'ex-ministère des Richesses naturelles, un certain nombre de ces
directives, de ces systèmes semblent, à
l'énumération de leur titre et des dates auxquelles ils ont
été édictés, être en place depuis six ou neuf
mois. J'aimerais que le ministre nous résume de façon
synthétique
les conclusions qui se dégagent de ces analyses ou de ces
systèmes. Il y aurait peut-être des commentaires qu'on voudra
faire aussi, résultant d'une lecture en diagonale des documents qu'on
vient de nous remettre. J'aimerais que, dans ses propres mots, il nous brosse
un tableau des progrès que ces nouvelles méthodes ont permis au
ministère de réaliser dans la gestion de son parc automobile.
M. Duhaime: La première chose que je voudrais dire, M. le
Président, c'est que la démarche qui est en cours actuellement au
ministère de l'Énergie et des Ressources, au niveau de la gestion
du matériel, n'est pas une démarche nouvelle, dans le sens
qu'elle ferait suite directement au rapport du Vérificateur
général. On n'a pas inventé le monde au ministère
de l'Énergie et des Ressources, les procédures administratives
existaient déjà au ministère des Richesses naturelles et
au ministère des Terres et Forêts.
C'est le suivi, bien sûr. Vous notez qu'il y a des documents que
je viens de vous remettre, des études de rentabilité, des
études sur les modes de remplacement des véhicules qui datent du
mois d'août 1979, qui sont donc antérieures à la
publication du rapport du Vérificateur général. Je ne
voudrais pas que quiconque va nous relire, après l'excellence de nos
travaux sans doute, en vienne à la conclusion qu'il n'y avait aucune
réglementation, aucune directive que ce soit dans l'un ou l'autre des
ministères des Richesses naturelles ou des Terres et Forêts. Dans
le suivi pour s'assurer du contrôle des dépenses et de la saine
administration des fonds publics, nous faisons des mises à jours
continuelles. C'est dans ce sens que j'ai voulu mettre au courant les membres
de la commission parlementaire, ce matin, en déposant, sur le champ, une
copie des documents que je viens de citer, et il y en a sept.
À la question du député de Saint-Laurent, qui me
demande une évaluation de ce qui est en cours actuellement, je ne
pourrai pas lui répondre ce matin. Ce que je pourrais dire, cependant,
c'est que j'ai bonne confiance, avec la collaboration des fonctionnaires au
ministère, que nous sommes en mesure de contrôler la flotte de ce
matériel roulant, en accord avec la réglementation qui, comme
vous le savez, sur le plan de ces incidences budgétaires, est soumise
régulièrement au contrôle du Conseil du trésor, et
dans le cadre de nos autorisations de dépense en termes
d'éléments de programme, etc. (11 h 45)
Je ne crois pas être ici, M. le Président, pour
étudier, ce matin, les crédits du ministère de
l'Énergie et des Ressources, donc les procédures
inhérentes à tout ce processus. Je suis ici ce matin pour qu'on
parle des remarques du rapport du vérificateur pour l'exercice
1979-1980. Je pense que ce serait faire injure à ma propre
administration, à mon sous-ministre, aux hauts fonctionnaires et au
personnel responsable au ministère, de vous faire une évaluation
sur le coin de la table sur le suivi. Si vous en faites une demande formelle,
je suis prêt à la considérer et voir au ministère
s'il y a moyen de répondre dans les meilleurs délais à
votre interrogation sur ce suivi que vous évoquez. J'avoue
honnêtement que je prendrai garde d'ouvrir un pareil chapitre ce matin
sans aucun préavis de la part de qui que ce soit en face de moi,
j'aurais l'impression de commettre une injustice au départ.
M. Forget: Donc, vous avez un préavis? M. Duhaime:
Pardon?
M. Forget: Si vous êtes ici, c'est que vous aviez un
préavis qu'on parlerait des problèmes de gestion soulevés
dans le rapport du Vérificateur général?
M. Duhaime: Pour l'exercice financier 1979-1980. Point.
M. Forget: Oui. C'est vous qui avez souhaité nous exposer
les remèdes. On veut voir si les remèdes sont adéquats,
compte tenu des problèmes.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, M. le
député de Saint-Laurent, M. Moffet m'avait demandé la
parole.
M. Forget: Très bien.
M. Moffet: C'est-à-dire qu'on me l'a offert. On est
heureux de voir que le sens de notre rapport a été bien compris
et qu'on a compris les points principaux sur lesquels on voulait attirer
l'attention. C'est que la flotte n'était pas gérée d'une
façon efficace et qu'elle devait être accompagnée
d'études de besoins, de contrôle sur l'utilisation, de
contrôle sur le remplacement. La comptabilité est là,
évidemment, les factures sont là. Ce ne sont pas des
problèmes comptables comme tels. On n'a pas détecté de
fraude, mais il reste que la gestion n'était pas faite d'une
façon efficace.
On est heureux de voir que le message a été compris comme
cela.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Merci, M. le Président. On a posé
tantôt des questions sur les chiffres. L'ordre de grandeur de ce dont on
parle est vis-à-vis, au moins, du ministère de
l'Énergie
et des Ressources. Je pense qu'à la page 4 de l'annexe E, qui
constitue un des documents qui vient de nous être remis, on a quand
même une indication qu'il serait utile d'inscrire au journal des
Débats pour donner une indication de l'ordre de grandeur du
problème dont on parle, du problème de gestion, entendons-nous
bien.
Je cite l'état de la question: "Afin de remplir son mandat, le
ministère de l'Énergie et des Ressources utilise un nombre
important de véhicules. La flotte permanente actuelle en compte
près de 700 ayant une valeur de remplacement de plus 4 500 000 $. Au
cours de l'année financière 1979-1980, le ministère a
dépensé près de 1 000 000 $ pour l'achat de nouveaux
véhicules comprenant à la fois des véhicules de
remplacement et de nouvelles additions à la flotte. En plus de sa propre
flotte, le ministère utilise aussi des véhicules loués,
généralement à court terme, qui sont affectés aux
opérations saisonnières. Au cours de l'année 1979-1980,
l'ex-ministère des Terres et Forêts a ainsi dépensé
environ 350 000 $ en frais de location. "
Cela nous donne une idée. De quoi parle-t-on? Parle-t-on d'une
dépense de 100 000 $? Est-ce qu'on est en train de prendre des heures de
la commission pour des choses insignifiantes, parce qu'on a souvent la
sensation, dans des débats parlementaires, qu'on parle le plus longtemps
des choses les moins importantes. Je pense que cela nous donne une idée
que, sans être un point important dans le budget gouvernemental, c'est
malgré tout, pas négligeable. Donc, je pense qu'on peut se sentir
à l'aise d'y passer un peu de temps.
Ceci étant dit, j'aimerais pousser un peu plus loin les questions
que j'adressais tout à l'heure au ministre. Il me dit: Je ne me sens pas
en position de faire des commentaires ou même en arriver à des
conclusions quant aux résultats des efforts qui ont été
faits et qui se traduisent par le contenu des documents qui ont
été distribués. Je pense que c'est une indication en soi
qui est fort utile. Un an et demi après la fin de l'exercice financier
où des carences sérieuses sur le plan gestion sont
remarquées, un an et demi après, 18 mois, six à neuf mois
après l'adoption par le ministère d'un certain nombre de
directives ayant présumément pour but - du moins c'est comme cela
qu'on nous les a présentées - de régler le problème
de gestion en question, on devrait commencer au niveau du ministre
lui-même à être en face d'un certain nombre de conclusions
ou d'hypothèses préliminaires. Par exemple, on doit avoir des
données sur le taux d'utilisation des véhicules. On nous apprend
que, durant l'année, on a acquis de nouveaux véhicules pour
agrandir la flotte. Cela est directement pertinent au problème
soulevé par le Vérificateur général. Il dit: II n'y
a pas de système de gestion permettant de bien tenir compte du taux
d'utilisation et des fins pour lesquelles les véhicules sont
utilisés. Je pense que cela se dégage assez clairement.
Si tel est le cas, on peut se demander quels sont les facteurs qui sont
entrés dans la décision, sur le plan strictement administratif,
d'augmenter une flotte dont on ne connaît pas très bien le taux
d'utilisation et les raisons d'utilisation.
Je pense que c'est une question légitime. Je comprends qu'on
pourra nous dire que dans un an ou un an et demi on va avoir des formulaires,
la collecte des données sera entrée et on pourra savoir si oui ou
non en 1982 ou en 1983 il est opportun de faire diminuer la flotte de
véhicules ou de la faire grossir.
On doit se rendre compte cependant, M. le Président, qu'il y a
six mois que ces données-là sont en train d'être
colligées, j'imagine qu'on n'a pas l'intention de construire une
série statistique sur dix ans avant d'en tirer les conclusions au point
de vue de la gestion.
Il s'agit de voir, à même le budget de cette année,
si l'utilisation est tellement serrée - on doit avoir des chiffres pour
le démontrer - qu'il faille absolument en acheter d'autres. Or, on en a
acheté d'autres. C'est une affirmation contenue dans un document du
ministère. On a acheté des véhicules, donc on a pris une
décision cette année et rien ne nous indique qu'on est encore en
position de dire: Oui, voici la preuve pour laquelle on en a besoin.
Je comprends qu'on a adopté des formulaires qui indiquent comment
on doit identifier les véhicules, de quelle couleur ils doivent
être peints, comment les numéros doivent être inscrits sur
le côté des véhicules ainsi que sur les documents de
justification, etc. Il y a un des documents qui est relatif à ça,
pour autant que j'ai pu juger très brièvement.
C'est sans doute utile d'avoir un bon système de classification,
je n'en disconviens pas. Cela est sans doute une pièce d'un grand
échiquier. Mais les pièces principales de l'échiquier ce
n'est certainement pas la désignation et le code de couleurs pour
identifier le ministère. C'est, bien au contraire, une évaluation
qu'on devrait avoir dès aujourd'hui du problème de l'utilisation
des véhicules en question. Parce qu'on a pris des décisions,
aujourd'hui; pourquoi ne les a-t-on pas différées à l'an
prochain en disant: De toute façon, il y a des contraintes
budgétaires, on ne sait pas à quoi cela sert, on ne sait pas
jusqu'à quel point c'est absolument essentiel, parce qu'on n'a pas de
données pour les prouver, différons d'un an l'achat et
l'agrandissement de la flotte?
On peut même se poser des questions sur le rôle du Conseil
du trésor là-dedans.
Le Conseil du trésor a dû poser ces questions-là au
ministère de l'Énergie et des Ressources. Si on a donné
une réponse au Conseil du trésor et que c'est une réponse
intelligente et persuasive, ce qu'on demande comme réponse aux remarques
du Vérificateur général, c'est qu'on nous indique quel est
le sens, le contenu et la substance de cette réponse-là et sur
quel système de gestion cela était basé.
Je comprends qu'on peut faire une affirmation solennelle sous serment en
disant que le sous-ministre peut affirmer, la main sur l'évangile, qu'il
a besoin de véhicules additionnels, et on peut dire: On prend sa parole,
ce brave homme, il sait ce qu'il fait.
A une certaine époque, avec un certain style de gestion,
c'était essentiellement ce dont on se contentait. Mais quand on
administre 15 000 000 000 $, 16 000 000 000 $ ou 17 000 000 000 $, c'est un
chiffre astronomique, ce ne sont plus des méthodes de gestion qui sont
tolérables. J'aimerais bien savoir si c'est de cela dont se contente le
Conseil du trésor, ou si le Conseil du trésor abandonne en
disant: Écoutez, on ne peut pas bloquer tout le ministère parce
qu'il ne nous donne pas des réponses satisfaisantes, on va mettre de
l'eau dans notre vin, il nous demande 25 véhicules de plus, on va lui en
donner douze. Cela aussi s'est vu. Dans le fond, personne ne sait pourquoi il
en demande 25 et personne ne sait, du côté du Conseil du
trésor, pourquoi on en donne douze, sauf que cela a l'air raisonnable de
couper la demande en deux. C'est un autre procédé traditionnel
qui n'a pas beaucoup plus de valeur que la main sur l'évangile.
Encore une fois, est-ce seulement de cela dont on parle, une
espèce de maquignonnage entre le Conseil du trésor et le
ministère, ou des affirmations ex cathedra de la part des gestionnaires,
ou si on a des systèmes de gestion? Il semblait qu'on n'en avait pas en
1979-1980, on nous dit: On se dirige vers cela, mais je ne suis pas
convaincu.
Encore une fois, on n'a eu que dix minutes pour regarder ces documents,
mais en les parcourant en diagonale, je ne suis pas convaincu qu'on a encore
trouvé la réponse à la question ou qu'on a mis en place
des systèmes de gestion. Cela ne traite pas de systèmes de
gestion là-dedans.
Encore une fois, ce n'est pas évident que ça traite de
systèmes de gestion. Cela traite de classification, ça traite
d'une analyse comparative des coûts de location et d'achat qui semble
intéressante, encore que cette méthodologie mériterait
évidemment d'être scrutée de près. C'est seulement
de cela dont il a été question dans les documents
déposés par le ministre, semble-t-il, à moins qu'il puisse
attirer notre attention sur une chose qui a échappé à
notre attention à nous. Là, évidemment, on n'avait pas
beaucoup de temps pour réagir, mais peut-être qu'il pourrait
justement orienter notre esprit et éclairer notre lanterne
là-dessus.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Duhaime: C'est une invitation que je peux difficilement
refuser, M. le Président. J'ose espérer que les gens de
l'administration à mon ministère vont mettre davantage de temps
que n'en a mis le député de Saint-Laurent sur les annexes et les
documents que je viens de déposer avant de porter un jugement, et
surtout les suivre.
Je répète essentiellement ce que j'ai dit tantôt.
Ces documents contiennent, dans certains cas, des études; dans d'autres,
des rapports; dans d'autres, des directives. Les directives sur la gestion du
matériel roulant sont actuellement en vigueur et sont bien
respectées. Elles sont depuis continuellement en révision, tout
simplement dans le but d'améliorer la gestion des fonds publics. Le
député de Saint-Laurent, suivant l'habitude qu'on lui
connaît maintenant à l'Assemblée nationale et en
commission, n'a fait qu'un extrait partiel d'un document qu'il n'a pas lu,
l'étude comparative des coûts d'achat...
M. Forget: En toute honnêteté, vous ne pouvez pas
m'en faire le reproche, on vient de l'avoir.
M. Duhaime: Je ne vous en blâme pas, je ne vous en fais pas
de reproche, je vous dis, premièrement, que vous ne l'avez pas lu et,
deuxièmement, je dis que vous en avez fait un extrait lors de votre
lecture. Je signale simplement deux faits. C'est l'étude comparative des
coûts d'achat, de la location des véhicules au ministère de
l'Énergie et des Ressources.
À la même page, à la page 1 de ce document, on
trouve ce qui suit. Je vais le lire, M. le Président, ce sera
très bref: "L'analyse des données recueillies au cours de cette
étude a permis d'en arriver aux conclusions suivantes. " Je suis
convaincu que cela va intéresser le Vérificateur
général également. "Premièrement, la location de
véhicules au mois, donc sur une base mensuelle, n'est rentable que pour
des périodes n'excédant pas quatre mois. Deuxièmement, des
frais considérables peuvent être encourus si la période de
location s'étend au-delà de cette période.
Troisièmement, de la même manière, la location permet des
économies considérables en deçà de la même
période. "
Les recommandations, il y en a trois. "Premièrement, que le
ministère utilise la location pour satisfaire ses besoins en
véhicules pour des périodes inférieures à
quatre mois. " C'est ce que nous faisons actuellement.
"Deuxièmement, que le ministère achète tous les
véhicules dont il aura besoin pour une période de plus de quatre
mois/année. " Sur l'achat des véhicules, il est entendu - je vais
y revenir tantôt -que, pour chaque achat, il faut que le besoin soit
justifié à l'intérieur de l'administration, d'une part,
ensuite, qu'il soit soumis au contrôle budgétaire et,
troisièmement, dans l'acheminement normal, qu'il soit soumis ensuite
pour approbation au Conseil du trésor. La troisième
recommandation: "Que chaque location pour une période excédant
quatre mois fasse l'objet d'une justification démontrant,
premièrement, qu'il s'agit d'un besoin ponctuel qui ne se
répétera pas au cours d'années successives;
deuxièmement, le coût total de location est inférieur au
coût de possession d'un véhicule sur la durée de sa vie
utile - cela me paraît être mécanique - ou encore,
troisièmement, qu'il s'agit d'un besoin urgent et qu'on ne peut
procéder à l'achat d'un véhicule soit par manque de temps
ou de fonds. "
Je voudrais aller à la page 20 de ce document, sous la rubrique
7, conclusions et recommandations. Troisième recommandation en ce qui
regarde la location: "Que chaque location, pour une période
excédant quatre mois, fasse l'objet d'une justification
démontrant, premièrement, qu'il s'agit d'un besoin ponctuel" - je
pense que ça reprend essentiellement ce que je lisais tantôt dans
les objectifs - "que le coût total de la location est inférieur au
coût de possession d'un véhicule sur la durée de vie ou
encore qu'il y a urgence ou encore à cause des fonds non disponibles.
"
Je pense qu'avec l'application de ces directives, on est en mesure de
resserrer davantage, au niveau des gestionnaires, le contrôle des
dépenses et leur justification. Je conçois parfaitement - le
député de Saint-Laurent semblait le laisser entendre dans sa
question - qu'on se demande si les procédures administratives
actuellement en vigueur répondent aux objectifs de correction
visés par le rapport du vérificateur. Je réponds
honnêtement: Oui. Le seul regret que je puis manifester aujourd'hui, je
le fais de la même façon que sur le rapport du
vérificateur, c'est qu'un exercice financier se décale toujours
de quelques mois, parce qu'il faut quand même qu'ils aillent dans les
ministères pour parler avec les gestionnaires, pour vérifier les
documents, pour vérifier les reçus et poser des questions, etc.,
consigner tout cela dans des procès-verbaux, en faire des
résumés et faire une compilation et une présentation. J'ai
exactement le même problème que le Vérificateur
général quand je pose des questions à mon administration.
(12 heures)
Si vous me posez une question de ce genre, je vais vous suggérer
de l'inscrire au feuilleton de l'Assemblée nationale, c'est la
procédure, selon notre système d'inspiration britannique, comme
l'évoquait - je ne sais pas si c'est avec de la nostalgie ou de l'amour
- le député de Westmount. Je prendrai le temps qu'il faut, le
plus rapidement possible, avec les gens de mon administration, pour
répondre le plus correctement possible, comme on a l'habitude de le
faire au ministère de l'Énergie et des Ressources, pour vous
donner l'heure juste sur l'état de la flotte, sur les coûts de
fonctionnement, sur l'impact positif ou négatif de nos façons de
procéder à l'heure actuelle. Je pense qu'on ne peut pas m'en
faire reproche aujourd'hui parce que, si vous posez vous-mêmes la
question au Vérificateur général - je formule une question
bien hypothétique, je ne m'adresse pas à lui directement - pour
lui demander si les documents qui viennent d'être déposés,
qui sont de la réglementation pour une partie, aujourd'hui, fin
septembre 1981, si cela lui permet de dire que la flotte est en bon
état, qu'elle est bien gérée au ministère de
l'Énergie et des Ressources, je ne le sais pas, mais je pense que le
Vérificateur général dirait: Je vais aller voir, mais
ça va me prendre guelgues semaines, ça va me prendre quelques
mois. Je ne reçois pas un rapport tous les matins sur l'état de
la flotte au ministère de l'Énergie et des Ressources. Je pense
que tout le monde va l'admettre.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je crois que le ministre a dégagé une
conclusion de cette étude comparative qui indique les circonstances dans
lesquelles il serait souhaitable de faire une location, les circonstances dans
lesquelles il serait souhaitable de faire un achat. En supposant qu'on soit
d'accord avec la méthodoloqie de l'étude, etc. - ce que je ne
mets pas en doute, je tiens pour acquis qu'elle est impeccable - le
ministère ayant fait siennes cette analyse et les conclusions de
l'analyse, est-ce qu'il ne serait pas normal de demander, à ce
moment-là, en conséquence de cette décision, quelles sont
les changements dans les politiques qu'une telle décision a
impliquées par rapport aux pratiques passées et quel est l'impact
financier sur le budget d'acquisition et d'entretien de la flotte de
véhicules automobiles qui en découle?
Évidemment, le but de l'exercice, ce n'est pas simplement la
publication de directives, etc. C'est d'avoir un plus haut niveau de rendement,
d'obtenir une valeur plus grande pour les sommes qui sont consacrées
à cela. Il y a sûrement eu des
changements - du moins, je le présume - à moins qu'on ait
confirmé, par cette analyse, que ce que le ministère avait fait
depuis toujours était bon. Enfin, on peut s'imaginer que ce n'est pas
tout a fait ça, mais peu importe. Est-ce qu'il y a eu des changements ou
non à la suite de cette analyse, de ces conclusions, et quel est
l'impact financier de ces changements?
M. Duhaime: M. le Président, chaque fois que le
député de Saint-Laurent me fait une invitation, avant d'y
acquiescer, j'ai certainement la bonne habitude, au fil des années,
probablement à la suite de ce compagnonnage, de voir si on ne
m'entraîne pas sur une problématique qui ferait fi
complètement du but visé par les travaux de cette commission.
Après une cinquième année dans trois portefeuilles
différents, l'Opposition demande que la commission permanente des
finances se réunisse à la suite du dépôt du rapport
du Vérificateur général pour l'exercice financier
1979-1980.
M. Forget: Nuance, M. le Président, mais je reviendrai
tantôt.
M. Duhaime: Quelle est la démarche normale que suit un
ministre en pareil cas? Premièrement, j'ai discuté avec mon
sous-ministre en titre, après avoir moi-même pris connaissance de
la page 77 et des pages 97 à 103 inclusivement. J'ai dit à mon
sous-ministre: Je voudrais avoir un rapport succinct pour que je sache quel est
l'état de la question au ministère sur les remarques portant sur
l'exercice financier 1979-1980. Je suis prêt à répondre sur
cette gestion et sur les questions soulevées par le rapport du
Vérificateur général.
Ce que le député de Saint-Laurent voudrait, par sa
question, c'est que cette commission soit une tribune à partir de
laquelle on puisse interroger les ministres, les sous-ministres et les
responsables de sociétés d'État, j'imagine, sur la gestion
quotidienne, ou à peu près, de chacun des ministères du
gouvernement. Je pense que le député de Saint-Laurent se rendra
compte lui-même...
M. Forget:... les comptes publics.
M. Duhaime:... s'il réfléchit à sa question,
qu'on est au-delà de la portée et du mandat de la présente
commission. Je n'ai aucune espèce d'objection à ce qu'on puisse
le faire, mais je voudrais connaître en vertu de quel principe ou de quel
ordre que nous avons reçu de l'Assemblée nationale on
s'entraînerait sur un examen de l'exercice financier 1981-1982 des
ministères des Affaires sociales, de l'Éducation, des Finances,
etc.
Je pense que le règlement qui nous gouverne, ici en commission
aussi bien qu'à l'Assemblée nationale, est là pour tout le
monde. Si on veut savoir du ministre de l'Énergie et des Ressources quel
est le montant d'argent dépensé au cours du mois d'août
1981 au poste "essence et huile" pour la flotte du ministère, suivant
les dispositions de notre règlement à l'Assemblée
nationale, je pense que c'est le genre de question à laquelle on ne peut
pas répondre de vive voix sur le champ. Je prendrai avis d'une question
semblable ou encore je suqgérerais qu'on l'inscrive au feuilleton, mais
il ne faudrait pas, M. le député de Saint-Laurent, que vous nous
entraîniez dans cette voie où la commission ici aurait pour mandat
de remettre en question l'administration quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle
en fil d'année.
J'ai compris - ce sont les questions que j'ai posées et les
réponses que j'ai eues m'ont satisfait - que le débat de ce matin
portait sur le rapport du Vérificateur général pour
l'année 1979-1980. J'ai cru utile, pour répondre à une
généralité ou à une affirmation d'ordre très
général qui a été faite par le député
de Saint-Laurent, à savoir qu'à partir de six ou sept
paragraphes, dans le rapport du vérificateur, on laissait entendre que
l'administration du matériel roulant au ministère de
l'Énergie et des Ressources allait à peu près à
vau-l'eau, de déposer le travail que nous faisons pour vous donner une
indication. Je conviens que vous ne pouvez pas en prendre connaissance en dix
minutes ou même en trois et, ensuite, porter un jugement, mais pour que
le public sache que, d'une façon générale, vous avez eu
tort, M. le député de Saint-Laurent, de poser le problème
de la façon dont vous l'avez fait. Il y a un contrôle sur la
gestion de ces fonds publics et on tente, je pense, du mieux qu'on peut, en
tout cas, d'éclairer l'Opposition sur la façon dont on
gère les fonds publics. Les documents qui sont déposés ce
matin sont des documents de régie interne. Vous savez comme moi que
j'aurais pu dire: Je ne les dépose pas. Je vous les transmets et s'il y
a des ajouts dans un sens positif qui pourraient être faits, je suis
prêt à les recevoir. Cela va même me faire plaisir de voir
qu'on peut collaborer, mais je soumets, M. le Président, que cette
commission n'a pas pour mandat d'aller dans la direction que suqgèrent
les questions du député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Bordeleau): Je pense que M. le
député de Saint-Laurent voulait faire une nuance. En tout cas,
c'est ce qu'il m'avait dit.
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je vais en profiter, si vous me donnez le droit de
parole à ce moment-ci, M. le Président, pour faire cela en
même temps.
J'aimerais, M. le Président, - parce que c'est peut-être la
question la plus importante qui découle des remarques du ministre - dire
encore une fois qu'il est tout à fait dans le mandat de la commission
des comptes publics de s'interroger sur la qualité dans le sens
très général de l'administration publique, sur le plan de
sa rigueur et de sa fidélité aux crédits, sur le plan de
l'économie dans la gestion des ressources et dans la perception des
revenus et sur le plan de l'existence ou de l'inexistence d'un système
de gestion. Donc, tout ce que nous faisons ce matin est tout à fait dans
notre mandat.
Ceci étant dit, M. le Président, et pour
l'édification du ministre de l'Énergie et des Ressources,
j'aimerais faire une autre lecture de quelques lignes, qui se retrouvent encore
dans ce rapport, relatives à la commission des comptes publics et aux
vérificateurs législatifs. Après avoir
énuméré tous ces sujets qui font normalement et qui
doivent faire l'objet du travail et de l'attention d'une commission des comptes
publics, on dit ceci: "Ces questions touchent, et à la qualité de
la gestion, et au contrôle des deniers publics et doivent donc être
d'un intérêt et d'importance pour tous les députés
quelle que soit leur allégeance. Ces questions touchent l'administration
et non la philosophie ou la politique. Le dialogue n'est pas entre le parti de
l'Opposition et le parti au pouvoir, mais entre la Législature, d'une
part, et ceux qui gèrent les programmes du gouvernement, d'autre part. "
Plus loin, on dit: "Pour cette raison, il n'est pas souhaitable que ce soit les
ministres qui viennent plaider leur cause, parce qu'ils ont la tentation et
presque l'obligation, étant donné leur statut, de venir
défendre à tout prix l'ensemble de l'administration qui est la
leur sur un plan constitutionnel. Mais il demeure que les questions qu'on pose
sur le plan de l'administration doivent aussi recevoir leurs réponses et
qu'elles ne peuvent recevoir des réponses valables que de la part de
ceux qui sont responsables de la gestion. "
Ceci étant dit, M. le Président, je reviens à la
question de tout à l'heure. Étant donné qu'on a
décelé un problème dans les systèmes de gestion
pour la flotte des véhicules automobiles, j'ai posé au ministre
la question: Comme vous prétendez avoir fait ces études et
amorcé ces analyses, à la suite, d'ailleurs, des remarques du
Vérificateur général... On remarquera l'enchaînement
des dates, on remarquera qu'il y a une remarquable coïncidence entre le
moment où le ministère s'est préoccupé de cette
question et le rapport du Vérificateur général. Donc, on
doit reconnaître là, comme le député de
Charlesbourg l'a fait plus tôt, qu'il y a eu un effet
d'entraînement qui a été une impulsion donnée par
l'intérêt qu'a apporté le Vérificateur
général à ce domaine, à cette partie de
l'administration publique; fort bien. Un problème a été
identifié.
Le ministre nous dit: Le problème est en voie de solution, il
est, d'ailleurs, déjà pratiquement réglé par la
mise en place de directives et de procédures. Fort bien
également. La question très légitime qui se pose, c'est
que, si effectivement on prétend que les systèmes qui sont mis en
place, les directives, les études et les analyses dont on nous remet
copie sont telles qu'on doive dormir sur nos deux oreilles et attendre un
prochain rapport du Vérificateur général pour
effectivement constater que tout va bien, on a donc dû tirer
déjà, un an et demi après, des conclusions
concrètes et pratiques.
Je demande au ministre, à la suite de ces analyses, quels
changements sont intervenus dans la gestion de la flotte et quelles
économies en résultent. C'est une question de pure
administration. Je comprends très bien le ministre d'être
embêté de répondre à une question technique de ce
genre. C'est la raison pour laquelle, M. le Président, ne voulant pas
être injuste envers les ministres, je dis: II est normal qu'on pose ces
questions aux gestionnaires plutôt qu'aux ministres. Je ne m'attends pas
qu'un ministre connaisse à tout moment les détails de la gestion
de la flotte de véhicules automobiles; ce n'est pas son rôle. S'il
ne faisait que ça, il ne jouerait pas le rôle pour lequel il a
été élu et désigné membre du Conseil des
ministres. Tout le monde comprend ça et l'Opposition ne veut pas
"victimiser" en quelque sorte les ministres en leur faisant faire la
démonstration qu'ils ne connaissent pas les détails de
l'administration. Mais ce sont des détails qui sont essentiels au but de
cette commission. Comment tirer des conclusions pratiques de ce qui nous est
dit si on ne sait pas en quoi ça modifie quelque chose
concrètement? Je veux bien croire qu'il y a des études, il y a
des directives, etc. Une des choses que l'administration publique produit le
plus aisément, ce sont des directives, des analyses et des
déclarations d'intentions; ça, ça se fait relativement
facilement. Ce qui nous intéresse, ce ne sont pas les intentions, ce
n'est pas le fait qu'on trouve qu'effectivement il y a un problème et
que quelque chose devrait se faire. C'est, qu'est-ce qui s'est fait, comment
l'évaluer et est-ce que, comme commission des comptes publics, on doit
dire aujourd'hui: Ce problème de gestion de la flotte des
véhicules automobiles, on s'en est occupé et cela a produit tel
ou tel résultat?
Je dois conclure de notre discussion de ce matin, M. le
Président, sur ce sujet, qu'on n'est pas plus avancé qu'avant;
du
moins, nous n'avons aucune preuve que concrètement nous sommes
plus avancés qu'avant. Je prends acte de la manifestation de bonnes
intentions de la part des fonctionnaires et du ministre. Je suis réjoui
de trouver de bonnes intentions de ce côté-là; le contraire
nous désolerait. On n'est pas ici pour juger des intentions; on est ici
pour juger de l'administration. Il y a tout un monde de différence.
L'administration, ça ne se fait pas avec des voeux pieux, ça ne
se fait pas avec des intentions. On pose une question toute bête: Vous
avez réglé le problème, qu'est-ce que cela a changé
et cela a apporté quelles économies? Et on semble suqgérer
qu'on est hors d'ordre alors qu'on pose cette question à la commission
des comptes publics. (12 h 15)
En terminant, et c'est la correction que je voulais faire tout à
l'heure au début des remarques du ministre, ce n'est pas comme telle
l'Opposition qui a demandé que la commission des comptes publics
siège. C'est un petit peu plus subtil que cela, ce qui s'est
passé. J'ai relu le compte rendu des débats du mois de juin
à ce sujet. L'Opposition avait de fortes raisons d'être sceptique
depuis toujours sur l'efficacité de l'organisme que constitue
aujourd'hui la commission des comptes publics, pour des raisons qui doivent
maintenant être abondamment claires et connues de tout le monde.
Demander que siège une commission des comptes publics quand il
n'y a aucune volonté de la part du gouvernement, d'abord, de la faire
siéger régulièrement et de lui donner des règles de
fonctionnement qui la rendent efficace, c'est se payer la tête du monde.
De toute façon, l'eussions-nous demandé, cette séance de
la commission des comptes publics, il ne dépendait pas du tout de nous
de l'obtenir. C'est la décision unique du leader du gouvernement de
proposer que siège la commission des comptes publics. L'Opposition n'a
aucun pouvoir là-dessus. C'est sa décision. C'est un
privilège qu'il se reconnaît de suqqérer par des motions -
et il dispose de la majorité pour qu'elles soient adoptées
à l'Assemblée nationale - que siège telle ou telle
commission. Il ne peut pas à la fois revendiquer le privilège de
ce pouvoir et se défiler de la responsabilité politique de ne pas
l'avoir exercé. Il faut qu'une porte soit fermée ou ouverte,
c'est bien connu.
Le gouvernement a choisi de conserver exclusivement le pouvoir de
convoquer la commission des comptes publics. L'Opposition n'a pas un mot
à dire là-dedans. On peut protester si on n'est pas d'accord. On
peut en réclamer une si on en veut une, mais c'est le gouvernement qui
décide et lui seul qui dispose de la majorité à
l'Assemblée nationale, personne d'autre n'en décide. Le
gouvernement a décidé de ne pas la faire siéger et il a
décidé également de ne pas lui donner des règles de
procédure adéquates. Sachant cela, que voulez-vous que fasse
l'Opposition? Qu'on lui fasse un procès pour ne pas avoir fait un "show"
à l'Assemblée nationale pour faire siéger une commission
qui ne peut pas fonctionner? Nous en faisons la preuve. C'est prendre des
vessies pour des lanternes. Ce n'est pas comme cela que cela se passe.
J'ai relu les remarques d'introduction que prononçait M. Raymond
Garneau, alors ministre des Finances en 1974, quand, après pratiquement
plus de dix ans de silence, il a fait siéger à nouveau la
commission des comptes publics. À ce moment, c'est le ministre des
Finances qui avait dit: Mon intention a toujours été...
Souvenons-nous que la Loi sur l'administration financière a
été adoptée en 3 971 et qu'elle venait changer
considérablement le cadre de la gestion financière
gouvernementale, et même les responsabilités du
Vérificateur général qui, jusqu'en 1971, faisait partie de
l'administration gouvernementale parce qu'il autorisait au préalable
toutes les dépenses publiques; il était un peu dans une situation
de conflit d'intérêts vis-à-vis de cela. La loi de 1971,
qui a commencé à fonctionner en 1972, lui a donné un
nouveau rôle de véritable chien de garde de l'administration
publique. En 1974, quand son premier rapport est devenu disponible dans ce
nouveau contexte, le ministre des Finances de l'époque, de son propre
mouvement, a fait siéger la commission des comptes publics,
exerçant en cela les prérogatives qui sont celles du
gouvernement. En 1975, à nouveau, elle a siégé cinq
fois.
Savons-nous vraiment que ces dix séances de la commission des
comptes publics en 1974 et en 1975 représentent probablement 80% de
toutes les séances de la commission des comptes publics du Québec
depuis 1867? Pendant le gouvernement précédent, de par une
volonté gouvernementale, on l'a fait siéger. Ce n'est qu'une
volonté gouvernementale qui peut la faire siéger. Ce n'est qu'une
parenthèse, le ministre nous a invités à nous lancer dans
cette direction, mais ce n'est qu'une parenthèse, la
responsabilité, c'est votre gouvernement qui la porte de ne pas avoir
convoqué la commission des comptes publics. Cela vous était
toujours possible. La responsabilité de ne pas lui donner les
règles de fonctionnement normales pour une commission des comptes
publics, c'est également votre gouvernement qui la porte.
Cela étant dit, il demeure que nous siéqeons aujourd'hui,
que nous posons des questions pertinentes à l'administration publique et
que nous devons constater que nous n'obtenons pas de réponse. Nous
obtenons des déclarations d'intention, des voeux pieux, des
déclarations politiques à
contenu politique. Le style même de nos travaux est
déterminé par la présence du ministre qui répond
alors qu'il ne devrait pas répondre. Ce ministre, à deux titres,
ne devrait pas répondre. Il répond au mauvais moment ou c'est la
mauvaise personne, puisqu'il n'était pas ministre pendant la
période pour laquelle on étudie le rapport du
vérificateur, et, deuxièmement, c'est un ministre plutôt
qu'un gestionnaire. Il est doublement incompétent pour nous donner des
réponses. Ce n'est pas une accusation personnelle; je ne l'accuse pas
d'être un incompétent. Il est techniquement dans une situation
d'incompétence à cause du décalage entre sa nomination et
la date du rapport du vérificateur. Il est incompétent parce
qu'il est un ministre plutôt qu'un gestionnaire. Ce n'est pas une
qualité personnelle; ce sont les choses qui sont ainsi.
M. le Président, je reviens à ma question; on va
peut-être, à force d'insister, faire bien comprendre le sens de
nos remarques. Qu'est-ce qui a changé, à la suite du rapport du
Vérificateur général, concrètement dans la gestion
du parc automobile et quelle économie en est-il résulté
pour le trésor public? Merci.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais répondre;
je vais le faire sur deux points. Il est vrai que c'est la
responsabilité du gouvernement de décider de convoquer ou non
cette commission. Si cette commission n'a pas siégé depuis...
M. Forget: 1975.
M. Duhaime:... 1975, je suis un de ceux qui sont présents
à l'Assemblée nationale lors de nos travaux réguliers et
c'est drôle, mais je n'ai jamais entendu l'Opposition, d'une façon
ou de l'autre, dans une déclaration ferme d'intention, pendant tout un
premier mandat dans l'Opposition, réclamer la convocation de cette
commission.
Deuxièmement, je voudrais faire remarquer au député
de Saint-Laurent qu'au moment même où notre leader du
gouvernement, le député de Saint-Jacques, a acquiescé
à la demande de l'Opposition de convoquer la présente commission
l'Assemblée nationale était en congé et qu'on l'a fait
tout de suite, sans hésitation. Cette espèce de limonage que
j'entends depuis 10 heures, ce matin, nous vient beaucoup plus d'en face
où maintenant on est en train de dire: Le gouvernement aurait dû
convoquer la commission. J'ai l'impression que vous allez peut-être vous
familiariser davantage avec votre rôle d'Opposition officielle au cours
des prochaines années et qu'on pourra raffiner ensemble, sans aucun
doute, la technique de fonctionnement et l'expertise requise pour que nos
travaux portent des fruits.
Sur un deuxième point, M. le Président, je voudrais
essentiellement relever non pas ce que dit le député de
Saint-Laurent mais ce qu'il laisse entendre. C'est surtout quand on le relit
que c'est intéressant; je vous conseille de faire cet exercice un bon
jour. Je ne voudrais pas qu'on pense que c'est à partir du
dépôt du rapport du Vérificateur général
qu'au ministère de l'Énergie et des Ressources on s'est mis en
mouvement. Je rappelle essentiellement que M. Larose a transmis au ministre des
Finances un rapport qui date de mai 1981, qui a été
déposé, je ne sais pas à quelle date, à
l'Assemblée nationale et que j'ai déposé...
M. Forget: II a fait des visites avant d'écrire son
rapport, vous savez.
M. Duhaime: Non, on parle du rapport, ce matin.
M. Forget: Ne soyons pas naïfs. M. Duhaime: Je parle
de mai 1981.
M. Forget: Le Vérificateur général a mis les
pieds au ministère avant que son rapport soit déposé
à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît.
M. Duhaime: Je vous ai écouté avec une patience
incroyable...
M. Forget: Oui mais la mienne s'épuise.
M. Duhaime:... et manifestement jalouse.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît.
M. Duhaime: Je voudrais dire que j'ai déposé...
M. Forget: II y a des combles aux sornettes.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Duhaime:... sept documents et je vais reprendre les dates:
août 1979, août 1980, janvier 1981, septembre 1980, juin 1980, il y
en a deux qui sont de juin 1981: le premier, l'étude comparative entre
la location d'automobiles et l'indemnisation versée aux fonctionnaires
utilisant leur propre véhicule. Une étude comparative, à
savoir s'il y a une économie d'échelle en indemnisant les
fonctionnaires qui utilisent
leur propre bagnole ou bien si on devrait louer des véhicules
automobiles. L'étude est de juin 1981. Je viens de vous la remettre
ça fait à peine quinze minutes ou une demi-heure et
déjà vous avez porté un jugement là-dessus sans
même la lire.
M. Forget: C'est peut-être une réaction à
"utilisation personnelle des véhicules".
M. Duhaime: Deuxième chose, le rapport concernant les
coûts d'opération des véhicules automobiles du
ministère de l'Énergie et des Ressources pour l'année
1980-1981. Le rapport du vérificateur porte sur 1979-1980; vous pourrez
voir le changement, ça date de juin 1981.
Une voix: CQFD, c'est ça qu'on disait.
M. Duhaime: On vient de vous remettre les coûts
d'opération et, sans même les avoir lus, déjà vous
portez un jugement. Je vous conseillerais d'abord de les lire, d'en prendre
connaissance.
M. Forget: On ne porte pas de jugement, on vous demande d'en
porter un.
M. Duhaime: Ce que je dis essentiellement, c'est que, pour ma
part, je ne me laisserai pas entraîner dans cette voie à une
aimable invitation...
M. Forget: Non, vous seriez incapable de nous suivre.
M. Duhaime:... qui consisterait à faire siéger une
commission permanente des finances traditionnellement appelée la
commission des comptes publics, c'est d'ailleurs ce qui avait rendu
célèbre l'ancien député de Trois-Rivières,
M. Duplessis...
M. Forget: On a parlé de cela hier.
M. Duhaime:... où de façon quotidienne,
hebdomadaire ou mensuelle on viendrait questionner la gestion de chacun des
ministères. Si c'est le sens de votre question, je réponds non,
pour la raison suivante.
M. Forget: Cela, je le sais. C'est assez évident.
M. Duhaime: Si on allait dans cette voie, je pense qu'il faudrait
modifier complètement tout le fonctionnement de la présente
commission et j'ai l'impression aussi qu'au niveau du Vérificateur
général...
M. Forget: On est bien d'accord avec cela.
M. French:...
M. Duhaime:... cela prendrait des équipes additionnelles.
Si c'est un des objectifs que vous vous êtes donné pour votre
deuxième mandat dans l'Opposition, c'est un choix qui est fort
légitime. Cela découle peut-être des
délibérations de votre conseil régional d'il y a quelques
jours, j'en conviens, c'est votre droit. Mais, ne venez pas jeter un
blâme sur les ministres ou encore sur l'administration pour qu'on
réponde au pied levé sur des questions d'ordre technique - comme
vous l'avez dit vous-même - sur la gestion quotidienne de tout un
matériel roulant dans un ministère, que ce soit Fnergie et
Ressources, que ce soit au Transports, je sais que la flotte de
véhicules automobiles au ministère du Loisir, Chasse et
Pêche est considérable aussi et il n'y a personne, avec la
meilleure bonne foi du monde qui pourrait se rendre au genre de questions que
vous posez.
C'est la raison pour laquelle je me refuse complètement et je me
dois de refuser - cela me fait un peu de peine au fond - votre aimable
invitation d'engager un débat là-dessus tant et aussi longtemps
que de part et d'autre on n'aura pas discuté la question de fond. Je
vous suggérerais une motion à l'Assemblée nationale,
lorsqu'on reprendra les travaux, les mercredis vous appartiennent, semble-t-il,
pour en débattre.
M. Forget: Ce n'est pas un débat qu'on veut, c'est la
vérité.
M. Duhaime: On prendra ensuite un ordre de
l'Assemblée...
M. Forget: À vous entendre c'est très
différent la vérité et un débat.
M. Duhaime:... nationale, suivant ce que le Parlement en
décidera. Je pense que c'est parfaitement normal. Si vous venez de
découvrir l'Amérique ce matin, ce n'est pas ma faute. Mais c'est
comme cela que cela fonctionne.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Bien j'avais reconnu M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: J'aurais une question à l'endroit du ministre.
J'avais compris par la réaction du député de Charlesbourg
- lui aussi, il avait compris la même chose - que le rapport que vous
aviez déposé était une réaction tout à fait
positive. Nous l'avons compris en ce sens aux remarques du Vérificateur
général qui disait très clairement, il l'a confirmé
aujourd'hui, qu'il n'y avait aucune gestion dans la question des automobiles du
ministère.
Est-ce que vous voulez indiquer qu'il n'y a aucune coïncidence
entre ces rapports
que vous avez déposés, tous de 1980 et le rapport du
Vérificateur général? Vous n'avez pas la
réponse.
Le Président (M. Bordeleau): On peut attendre un instant,
on va voir.
M. Forget: Le messager est à l'oeuvre.
M. Lincoln: C'est une drôle de coïncidence. Tous les
rapports sont de 1980, tout d'un coup.
M. Duhaime: Alors, je pense que c'est une coïncidence.
M. Forget: On lui a dit quoi dire.
M. Lincoln: Qu'est-ce qu'il vous dit de dire, M. le ministre?
M. Duhaime: Je pense que c'est une coïncidence.
M. Lincoln: Ah, une coïncidence! M. Duhaime: C'est cela. M.
Forget: C'est formidable.
M. Lincoln: C'est formidable. Le journal des Débats va
consigner cela. C'est une coïncidence fantastique.
Une voix: Une coïncidence heureuse.
M. Lincoln: Est-ce que je peux vous demander ce qui se passait
avant 1980? On va prendre tous les rapports et ils ont tous changé d'un
bout à l'autre. Que s'est-il passé alors? Est-ce que cela
prouvait qu'en 1979-1980 avant ces rapports il n'y avait aucune gestion, il n'y
a aucun rapport?
M. Duhaime: Vous devriez regarder le rapport du
Vérificateur général pour l'année 1978-1979.
M. Lincoln: C'est cela. En 1979-1980, l'époque que l'on
étudie, il n'y avait aucune gestion du tout. Depuis 1980, il y a tous
ces rapports, tout est rentré dans l'ordre, c'est cela?
M. Duhaime: 1979, j'ai donné les dates tantôt.
M. Lincoln: Ah bon! Nous avons tous compris la même chose.
En 1979-1980 il n'y avait aucune gestion. En 1980 il y a toute cette
quantité de rapports qui ont tombé du ciel...
M. Grégoire: M. le Président, c'est facile à
comprendre, sous les anciens régimes, on ne se préoccupait pas de
la saine gestion et d'une honnête administration. Voilà que le
Parti québécois s'aperçoit que cela ne marche pas et, en
moins de deux ans, donne les directives pour changer le système.
M. Lincoln: C'est formidable! (12 h 30)
M. Grégoire: C'est aussi simple que cela. Cela faisait 40
ans, vous l'avez cité, le député de Saint-Laurent l'a
cité, il y en a eu des commissions d'enquête publiques. Quand
Maurice Duplessis l'a fait, sous le régime libéral de Taschereau,
dans ce temps-là, M. le Président, le trésorier du Parti
libéral donnait les fonds publics à son frère qui les
déposait dans un compte de banque. C'est le frère du
trésorier qui retirait les intérêts des fonds publics dans
ce temps-là.
Qui ne se rappelle, dans la salle 81, quand Maurice Duplessis avait
questionné le ministre Vautrin qui s'était fait payer des
culottes? Les culottes à Vautrin, on s'en souvient. Voyons!
C'était le régime de Taschereau. On appelait ça le
régime Taschereau, c'était un régime libéral. Cela
a continué et voilà qu'en 1976, il y a un gouvernement qui est
élu sans caisse électorale. Là est le changement. Un
gouvernement qui n'était plus attaché au patronage, qui
n'était plus attaché aux caisses électorales...
M. Lincoln: Ils auront Boivin. SHQ!
M. Grégoire:... aux grosses compagnies, aux financiers,
qui décide de mettre de l'ordre et d'avoir une saine administration. Il
émet des directives et vous êtes surpris.
M. Lincoln: Oui, oui, une saine administration! Claude
Vallée et Jean-Roch Boivin. Oui.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Grégoire: À un moment donné, il faut
mettre de l'ordre et c'est ce qu'on a décidé.
M. Lincoln: Oui, on a mis de l'ordre en laissant tous les gens du
ministère se servir des véhicules, tout le personnel du
ministère.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! Le
calme est revenu?
Est-ce qu'il y a d'autres questions sur...
M. Duhaime: J'aurais une question à poser au
Vérificateur général.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
Droits miniers
M. Duhaime: Sur la question des droits miniers - pour ouvrir un
autre sujet, j'imagine que ça va vous intéresser - à la
page 103. Au bas de la page 102, votre rapport cite la loi. Je vais lire le
paragraphe: " Nous avons constaté que la direction de l'imposition
minière, à la suite d'un avis d'opposition reçu d'un
exploitant, n'émet pas toujours à l'entreprise en cause l'avis
à l'effet que le ministre a ratifié la cotisation initiale ou a
procédé à une nouvelle cotisation. Cette inaction prolonge
indéfiniment, selon nous, le temps qu'un exploitant a pour interjeter
appel auprès de la Cour provinciale pour faire annuler ou modifier la
cotisation et a, par conséquent, pour effet d'accentuer les
délais de règlement des dossiers concernés. Le
délai d'appel fixé à 90 jours par la loi ne commence
qu'à la date où l'avis a été expédié
à l'exploitant et l'informant que le ministre a ratifié la
cotisation ou procédé à une nouvelle cotisation. "
Je peux bien finir, pour compléter l'information: " Bien que le
fonds consolidé du revenu ne soit pas nécessairement privé
des revenus cotisés durant cette période puisque les droits sont
exigibles dès l'émission de la première cotisation, nous
croyons que des mesures devraient quand même être prises pour
respecter la lettre et l'esprit de l'extrait cité plus haut. "
Pour la bonne intelligence, il faudrait peut-être citer l'extrait
de la Loi concernant les droits sur les mines. Je cite l'extrait: "Dès
la réception de l'avis d'opposition, le ministre doit, avec toute la
diligence possible, examiner de nouveau la cotisation et annuler, ratifier ou
modifier cette dernière ou établir une nouvelle cotisation et
faire connaître sa décision à l'exploitant par avis
transmis par la poste sous pli recommandé ou certifié. "
On a regardé cela, M. le Président, et ma question est
celle-ci. Je voudrais juste bien comprendre parce que la loi nous parle non pas
d'un délai de 90 jours, mais d'un délai d'appel de 180 jours.
C'est l'article 67b: "Après l'expiration des 180 jours qui suivent la
signification de l'avis d'opposition sans que le ministre ait notifié
à l'exploitant le fait qu'il a annulé ou ratifié la
cotisation ou procédé à une nouvelle cotisation... "
Je ne voudrais induire personne en erreur. C'est le projet de loi no 89.
La remarque du vérificateur est fort pertinente, à savoir le
délai que pourrait prendre le ministre à donner suite à un
avis d'opposition; est-ce que cela crée un préjudice, est-ce que
cela peut représenter un manque à gagner, etc. ?
Les informations que je peux donner à la commission, c'est que ce
n'est pas le résultat de négligence ou encore d'omission si le
suivi à l'avis d'opposition n'est pas fait dans les délais que le
Vérificateur général voudrait voir plus diligents. Ce sont
des gestes qui sont posés de façon voulue et justifiée
dans chacun des cas ou bien pour des raisons d'ordre technique ou encore
juridique. Le délai d'appel étant de 180 jours à partir de
l'avis d'opposition, suivant ma compréhension de la Loi concernant les
droits sur les mines, je voudrais dire aussi à la commission que depuis
la mise en vigueur de cette loi, en 1966, il n'y a eu aucun appel auprès
de la Cour provinciale à la suite du défaut de ratification ou de
modification que le ministre aurait le droit de faire en vertu de la même
loi.
La conclusion qu'on pourrait tirer de cela, c'est que, ou bien
l'opposant est découragé au départ d'entreprendre une
démarche devant la Cour provinciale, a cause des frais, à cause
des délais ou peu importe son motif personnel, ou bien, après une
réévaluation et une discussion avec les fonctionnaires du
ministère, il convient avec eux que la cotisation qui a
été émise à l'exploitant correspond à la
réalité. Je l'ai fait vérifier tout de suite et on m'a
confirmé, au ministère, qu'il n'y a eu aucun appel devant la Cour
provinciale depuis 1966, c'est-à-dire depuis l'entrée en vigueur
de cette loi.
Je ne sais pas si tout le monde peut conclure de la même
façon ou si le cotisant ou l'exploitant, plutôt, s'est convaincu
que c'était à bon droit que la cotisation avait été
fixée, mais je voudrais bien pouvoir concilier la remarque qui est
contenue au rapport du Vérificateur général au sujet du
délai dont il est fait mention, où il est dit "90 jours", et le
texte de la loi qui parle de 180 jours.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. Moffet.
M. Moffet: Sur les 90 jours, je ne sais trop, je n'ai pas le
texte de la loi, mais il me semble que c'était 90 jours.
M. Duhaime: On va vous le transmettre.
M. Moffet: Sur la question des 90 jours ou des 180 jours, est-ce
que c'est 180 jours depuis le début...
M. Duhaime: Oui. En fait, à l'article 67, paragraphe b),
il est fait mention d'un délai de 180 jours et votre rapport mentionne
90 jours. C'est peut-être une erreur de transcription, une erreur de
frappe ou de dictée, je ne sais pas trop, mais je voudrais être
bien certain qu'on parle de la même référence à la
loi.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. Châtelain.
M. Châtelain: Pendant que mon collègue discute de la
nature de la question, j'aimerais dire qu'il est dans les usages du bureau de
la vérification, avant de consigner des constatations au rapport, de les
discuter avec le ministère. On m'assure que ce sujet a également
été discuté. Je viens de vérifier avec M. DeBlois
et il me dit que ce sujet a été discuté avec les
représentants du ministère à l'époque, avant qu'il
ne soit consigné au rapport. Si c'est inexact, ce qu'on rapporte ici, on
ne nous l'a pas signalé à ce moment-là.
M. Moffet: En tout cas, ce n'était pas la question des 90
jours ou des 1. 80 jours qu'on voulait soulever. Les dossiers ne sont jamais
définitivement fermés. Vous avez un avis de cotisation sur lequel
la compagnie minière a présenté une opposition. Le
ministère ne réagit pas. Les sommes d'arqent sont entrées,
d'accord, mais on garde le dossier et le dossier n'est jamais fermé. Il
faudrait savoir ce qu'il est advenu de cette opposition. Le ministre a tout le
temps voulu pour faire une nouvelle cotisation ou démontrer qu'il est
d'accord avec l'avis d'opposition. Il s'agit de fermer les dossiers une fois
pour toutes. Pourquoi cet article de loi existe-t-il s'il n'est jamais
appliqué ou si on dit qu'on ne l'applique pas parce que c'est avantageux
de ne pas le faire?
M. Duhaime: Je comprends parfaitement la pertinence de vos
remarques. Je voudrais dire tout de suite à la commission que le
délai ne joue que dans un sens. Le droit d'appel n'existe qu'à
partir du jour où le ministre réagit. L'exploitant, à ce
moment-là, peut décider de porter son affaire devant la Cour
provinciale. Votre remarque va dans le sens que, ou bien sur le plan d'une
réglementation, ou encore par une modification à la Loi
concernant les droits sur les mines, le ministre soit astreint lui-même
à un délai, si on veut atteindre l'objectif que vous
souhaitez.
Je réponds bien volontiers là-dessus. J'ai demandé
à mes gens si on pouvait procéder par un règlement qui
découlerait de la loi ou s'il faut modifier la loi sur ce point pour
que, dans un délai X, le ministre se contraigne lui-même à
réagir sur l'avis. À la première occasion que nous aurons
devant l'Assemblée nationale, si nous décidons d'ouvrir la Loi
concernant les droits sur les mines, je pense que ce serait une
technicité que d'introduire un amendement à cette loi qui
satisferait à l'objectif que vous visez.
M. Moffet: Je sais ce que voulait dire: Avec la diligence
possible. Quand ça fait deux, trois ou quatre ans qu'une compagnie
minière a déposé un avis d'opposition et que le ministre
n'a pas réagi, les fonctionnaires peuvent nous dire: On s'entend, on est
d'accord sur l'avis d'opposition, mais ça ne fait pas un dossier
terminé. C'est une prescription légale que le ministre doit
respecter aussi, à savoir qu'il doit faire connaître son avis dans
les délais normaux.
M. Duhaime: Si je comprends bien, en définitive -
j'émets une hypothèse - si le ministre n'avait pas l'intention de
modifier, par exemple, la cotisation, ce que vous souhaitez, c'est qu'il donne
avis qu'il ne la modifiera pas, donc qu'il maintient la cotisation, de sorte
que le droit d'appel qui existe dans la loi en faveur de l'exploitant puisse
s'ouvrir, si je comprends bien le sens des remarques contenues dans votre
rapport. J'en conviens, mais je pense que c'est important, ce que vous disiez
tout à l'heure - j'allais vous le demander - à savoir que les
droits sont perçus à partir du moment où la cotisation est
faite, un peu comme le ministère du Revenu fonctionne lorsqu'il
émet ses avis de cotisation à des contribuables.
Donc, il n'y a pas de manque à gaqner, mais il peut y avoir
"injustice", entre guillemets, suivant ce qu'un exploitant minier peut porter
comme jugement. Je vous réponds tout de suite là-dessus que c'est
une excellente suqgestion. Il peut cependant arriver que nous fermions des
dossiers plus rapidement, mais j'essaie de me placer dans la situation d'un
exploitant, et il y a peut-être certains cas où c'est
préférable de laisser les dossiers ouverts plutôt que de
fermer le dossier au ministère et d'ouvrir un dossier devant le
tribunal.
M. Moffet: Apparemment, il y avait plusieurs dossiers en
suspens.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
SOQUIP
M. Forget: Si je comprends bien, on va suspendre à 13
heures. J'aurais une petite question sur un sujet qui est de la
compétence du ministre et à laquelle nous avons fait allusion
hier soir dans nos discussions avec le ministre des Finances, mais dans un
cadre plus général. C'est la question de l'évaluation des
actifs de SOQUIP dans les états financiers.
M. Duhaime: Les actifs de qui? (12 h 45)
M. Forget: SOQUIP. Je pense que vous êtes responsable de
cette société d'état. L'évaluation des actifs de
SOQUIP affiche une somme, cumulée sur plusieurs années, de 70 000
000 $ qui représente le total des dépenses d'exploration
pétrolière et qazière. Certaines de ces dépenses,
mais une relativement faible proportion, représentent
des dépenses d'exploration pétrolière et
gazière en dehors du Québec, dans le Grand-Nord ou dans les
provinces de l'Ouest. Mes remarques ne s'appliquent pas à cela, puisque
cela nous entraînerait dans une évaluation plus
hypothétique de la valeur éventuelle de ces placements ou de ces
foraqes d'exploration, d'une participation financière à des
explorations pétrolières ou gazières. Ce qui est clair,
cependant, c'est que l'expérience de l'exploration et de la prospection
pétrolière et gazière sur le territoire
québécois n'a donné absolument aucun résultat
jusqu'à ce jour. Cela représente une somme, de mémoire,
d'environ 40 000 000 $ ou 45 000 000 $.
Le problème qui est soulevé par le rapport du
Vérificateur général, c'est: Quelle valeur convient-il de
porter aux livres, au bilan de SOQUIP, relativement à cet
élément de l'actif? Je pense que c'est un investissement à
fonds perdus en quelque sorte, puisque, si on creuse un trou dans le sol pour
trouver du pétrole ou du gaz et qu'on ne trouve rien, tout ce qu'on a,
c'est un trou. Ce n'est pas un actif. On ne peut pas vendre les droits à
ce trou, ou on peut essayer de les vendre, mais avec une valeur de zéro,
bien sûr. Je pense qu'il y a là un élément qui
mériterait une attention sérieuse de la part du ministre. Pour la
sincérité -pour employer un terme qui a été
utilisé hier - du tableau de la situation financière de SOQUIP et
du gouvernement lui-même, ne serait-il pas nécessaire de radier
cet élément de l'actif de SOQUIP, évidemment avec les
autres écritures qui sont nécessaires pour permettre cette
radiation? Cela a des effets pas seulement sur le poste de l'actif en question.
J'aimerais savoir quelle est l'attitude du ministre face à cette
question. A-t-il l'intention d'effectuer cette radiation sur un an, deux ans,
trois ans ou, comme on le disait hier, sur 50 ans? Je pense que cela pose un
problème si on veut représenter correctement la situation de
SOQUIP.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: Je n'ai pas avec moi les états financiers de
SOQUIP. Je pourrais peut-être vous donner une réponse
là-dessus de façon précise à la reprise de la
séance cet après-midi. Je voudrais seulement vérifier,
à moins qu'on ne puisse nous le fournir, si l'expertise existe autour de
la table, quelle est la pratique courante suivie dans les compagnies
pétrolières.
Comptabilise-t-on aux actifs les dépenses d'exploration au fil
des années? Dans le cas de SOQUIP, le chiffre d'environ 40 000 000 $ en
travaux d'exploration est au fil des années. Si ma mémoire est
bonne, je crois que cela remonte à 1971 ou 1972. Je vais voir quelle est
la pratique courante qui est suivie ailleurs. J'ai comme première
impression, en tout cas, que la pratique veut que cela se comptabilise au
chapitre des actifs, parce que, même si sur le terrain, cela ne peut
n'avoir aucune espèce de valeur...
M. Forget: II n'y a pas de doute que cela se comptabilise aux
actifs, mais à quelle valeur?
M. Duhaime: Je voudrais, voir ce qu'Impérial, Texaco,
Esso, Western Tar et d'autres font et vous donner une réponse plus
complète. Il faut faire attention; parfois, des compagnies vont faire
des travaux d'exploration. C'est vrai dans le cas du pétrole. C'est vrai
aussi dans à peu près tout le secteur minier. J'ai à
l'esprit une nouvelle mine que nous venons d'inauqurer à Selbaie, qui
est un investissement d'environ 100 000 000 $. C'est un consortium avec Hudson
Bay Oil and Gas et la compagnie Selection Trust qui sont partenaires dans ce
gisement. La découverte remonte à 1974. C'est curieux, mais avant
cela, les "claims" miniers appartenaient à la compagnie Noranda qui, en
1973 ou en 1974, a décidé de s'en départir parce qu'elle
considérait qu'il n'y avait rien à faire, alors que
l'année suivante...
M. Forget: Cela arrive tout le temps.
M. Duhaime:... les acquéreurs ont trouvé des
réserves pour plusieurs millions de tonnes. Ils ont mis un mine en
exploitation qui fonctionne à l'heure où je vous en parle. Je
donne cela comme exemple, parce qu'il y a une analoqie ou encore un
parallèle à faire. Je suis convaincu qu'aux livres de la Noranda,
au moment où elle s'est départie de cet actif...
M. Forget: Détour.
M. Duhaime:... il n'y avait peut-être absolument rien et,
aujourd'hui, c'est une mine en exploitation.
M. Lincoln:... du pétrole et du gaz, M. le ministre.
M. Duhaime: Je vais faire la vérification et je vais vous
répondre cet après-midi là-dessus.
M. Forget: M. le Président, la solution à ce
problème ne dépend pas des pratiques comptables ou des
décisions que peuvent prendre des compagnies privées quelconques.
Il y a, dans les notes du Vérificateur général, des
observations à ce sujet et il s'agit tout simplement de savoir si le
gouvernement a l'intention de refléter, dans ses propres états
financiers et les états
financiers des sociétés d'État, une situation
financière conforme à la réalité, ou s'il n'a aucun
souci de ce côté. Parce qu'il est clair que des trous forés
dans le sol pour trouver du gaz et du pétrole qui s'avèrent vides
ou qui sont seulement remplis d'eau, ce n'est pas un actif pour SOQUIP, en
aucune espèce de façon. Prétendre qu'il y a un actif qui
vaut 45 000 000 $ parce qu'on a dépensé 45 000 000 $ pour
l'acquérir, c'est dire qu'on va évaluer cet actif à son
coût. C'est une option possible. Celle que suggère le
Vérificateur général, c'est d'utiliser plutôt la
valeur de réalisation et, dans le cas de trous vides ou de trous remplis
d'eau plutôt que de gaz et de pétrole, la valeur de
réalisation -je pense que c'est assez évident pour tout le monde,
on n'a pas besoin de consulter la Noranda ou l'Impérial Oil - c'est
zéro, c'est assez évident...
M. Duhaime: Non, je m'excuse; c'est pour ça que je veux
prendre la peine de le vérifier. Vous concluez très souvent
très vite en disant zéro.
M. Forget: Je prends les affirmations de SOQUIP qui a dit, il y a
moins d'un an, que, jusqu'à maintenant, ses dépenses
d'exploration pétrolière et gazière sur le territoire
québécois n'avaient rien donné. J'ai pris sa parole
là-dessus. Maintenant, si vous me dites qu'on a fait effectivement une
découverte de pétrole ou de gaz naturel au Québec, que
SOQUIP l'a faite et qu'elle n'en a parlé à personne, c'est
extraordinaire, on va célébrer ça tout de suite, ouvrons
le Champagne! Mais ce n'est pas l'impression que j'ai eue ces dernières
années.
M. Duhaime: Ce serait vraiment extraordinaire en effet!
M. Forget: En effet:
M. Duhaime: La remarque du Vérificateur
général porte sur deux objets qui sont différents, mais
qui sont sous la même rubrique. À la page 210, vous avez 70 145
314 $ montrés au bilan pour les droits et frais d'exploration
capitalisés au domaine minier.
Sur la question des droits, je ne sais pas si c'est à
l'intérieur du montant qui est indiqué au rapport, mais il y a
deux choses: il y a les frais d'exploration, d'une part, et ensuite il y a les
droits.
Lorsque SOQUIP signe un contrat d'affermage avec un ou des partenaires,
sur une partie du territoire, pour des travaux d'exploration, ça vaut X,
et il y a très certainement une partie de ces droits sur des contrats
d'affermage qui a peut-être été comptabilisée
à l'intérieur du montant qui est indiqué au rapport. C'est
ce que je voudrais vérifier pour qu'on puisse, si c'est possible,
indiquer à la commission: II y a X millions pour les droits, il y a X
millions pour les frais d'exploration, à moins qu'on ait l'information
du Vérificateur général. Je ne l'ai pas avec moi ce matin,
mais je pourrais, à l'heure du dîner, demander à des gens
de faire la vérification avec SOQUIP et vous fournir l'information de
façon complète à la reprise, cet après-midi.
M. Forget: En supposant que les chiffres soient connus - et
j'imagine qu'ils peuvent l'être - est-ce que le ministre, comme question
de politique de divulgation financière ou de sincérité
dans la divulgation, est d'accord que, s'il s'avérait qu'il y a
là des frais capitalisés qui représentent le coût de
forage de puits par SOQUIP pour l'exploration pétrolière ou
gazière qui se sont avérés totalement sans espoir, ils
devraient effectivement être radiés?
M. Duhaime: Non, je ne peux pas répondre de cette
façon, parce que, sur la terre ferme, par exemple, les travaux sont
à peu près complétés, mais dans l'estuaire du
Saint-Laurent on en est à l'étape des travaux sismiques. Je pense
que je ne pourrais pas répondre de la façon que suqgère le
député de Saint-Laurent.
M. Forget:... sont complétés quand même.
M. Duhaime: II y a des frais d'exploration qui sont
comptabilisés...
M. Forget: On en fait depuis des années, alors il y en a
qui sont complétés, on est allé jusqu'au fond, on a vu
qu'ils étaient vides et ceux-là représentent un certain
montant sur les 70 000 000 $. On ne peut quand même pas toujours dire:
Peut-être qu'en creusant dix pieds de plus, on va trouver quelque chose.
C'est fini.
M. Duhaime: Votre question est simple. Au fond, c'est de savoir
si les frais d'exploration encourus à ce jour doivent rester aux
états financiers et être comptabilisés au chapitre des
actifs ou bien s'ils doivent être considérés comme
étant des opérations courantes dans l'exploitation des affaires
de SOQUIP...
M. Forget: Ce n'est pas une question de faire de la
comptabilisation, c'est une question...
M. Duhaime:... et être éliminé. C'est ce que
je crois comprendre de votre question.
M. Forget: D'accord.
M. Lincoln: Est-ce que je peux vous
poser une question?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Si...
M. Duhaime: M. le Président, si M. Moffet voulait ajouter
quelque chose, on aurait peut-être de l'éclairage
là-dessus.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. Moffet.
M. Moffet: D'abord, les entreprises qui ne font que de
l'exploration sont très rares. Il y en a une autre au Canada, c'est
Panarctic. Elle aussi capitalise ou accumule à son actif tous les frais
d'exploration qu'elle a encourus jusqu'à maintenant, et même les
droits acquis. Elle les accumule à son actif, et les montre comme un
frais reporté ou comme un actif. C'est la pratique dans la compagnie
comme telle. Maintenant, si vous reliez cela à la valeur du placement du
ministère des Einances, c'est une autre chose. Évidemment, SOQUIP
peut avoir de bonnes raisons, suivant la théorie comptable qui existe
sur les compagnies d'exploration, de capitaliser tous ses frais parce qu'elle
est toujours en exploration, ou du moins elle se déclare comme telle.
Tant et aussi longtemps que l'entreprise est en exploration, elle ne sait pas
ce qu'elle va découvrir l'année suivante ou l'année
courante. Elle peut accumuler ces frais. C'est une théorie comptable qui
est reconnue.
M. Forget: N'est-il pas vrai que, dans le cas d'une
société privée qui a toujours l'espoir, comme vous dites,
parce qu'elle continue à explorer, de réaliser un jour des
bénéfices, un revenu net, au moins en partie, en disposant des
découvertes qu'elle fait, il y a un avantage fiscal à ne pas
perdre à cette capitalisation puisqu'on pourra l'amortir
présumément un jour à même les revenus et diminuer
ainsi l'impôt payable?
Dans le cas de SOQUIP, le fait d'avoir à son bilan une
réserve de dépréciation future, en quelque sorte, qu'elle
pourra peut-être un jour réclamer ne lui donnera rien sur le plan
fiscal et contribue seulement à donner l'image qu'elle a quelque chose
qui vaut beaucoup alors qu'une partie de cela -pas tout - ne vaut rien. Je peux
comprendre qu'une société privée y trouve un
intérêt, parce que c'est de l'argent en banque, dans un certain
sens, mais pour une société publique, ce n'est pas de l'arqent en
banque, c'est simplement une image inexacte de la situation réelle. Je
trouve que c'est une différence substantielle. On doit être plus
rigoureux dans la capitalisation de dépenses de ce genre pour une
société publique qu'une société privée,
parce que cela n'a pas du tout le même usage.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. Moffet.
M. Moffet: C'est une optique, c'est un point de vue.
Évidemment, cela se discute. Comme vérificateurs, la
société SOQUIP nous a toujours fait valoir, jusqu'à
présent, qu'elle était une entreprise uniquement d'exploration.
Les activités le démontrent aussi. Comme il y a une
théorie comptable en arrière de cela qui le permet, on n'est pas
en mesure d'émettre plus de réserve que la réserve qu'on a
émise jusqu'à présent, à savoir que les
activités futures nous démontreront si elles permettront de
récupérer le montant investi dans l'exploration.
M. Duhaime: Je voudrais peut-être revenir sur une... Je
m'excuse.
M. Moffet: C'est exactement la façon dont Panarctic,
encore une fois, procède. C'est la seule autre compagnie au Canada qu'on
a trouvée qui fait uniquement de l'exploration. Les autres sont des
compagnies pétrolières qui produisent et qui ont une section
d'exploration. Elles peuvent avoir des avantages fiscaux, comme vous dites,
soit de passer rapidement des dépenses comme déductions des
revenus.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Duhaime: Est-ce que je vous interprète correctement en
disant que la pratique comptable suivie par SOQUIP dans la présentation
de ses états financiers est faite suivant une pratique comptable retenue
par au moins une autre compagnie dans le secteur privé qui ne fait que
de l'exploration, mais que vous attirez l'attention du public et du
gouvernement, par la réserve contenue dans votre rapport que j'ai
cité tantôt, à la page 210, justement pour qu'on puisse
tout de suite répondre a l'interrogation qu'un chiffre de 70 000 000 $
apparaissant à l'actif peut laisser croire que c'est une valeur
mobilisée? Je pense que dans le domaine pétrolier, ceux qui en
font leur vie, en quelque sorte, ou ceux qui ont l'expertise dans ce dossier ne
sont pas induits en erreur par la façon de présenter les
états financiers. (13 heures)
M. Moffet: Dans notre jargon, il n'y a rien de "misleading",
c'est une façon de procéder. Cette année, au 31 mars 1981,
on a enlevé la réserve qu'on mettait habituellement à
notre avis, étant donné que l'Ordre des comptables
aqréés donne comme instruction aux membres de la profession que
lorsque les informations, sur une éventualité possible, sont
clairement énoncées dans les
notes aux états financiers, le vérificateur n'a pas
à mettre de restriction à son avis. Cette année, l'avis
est donné...
M. Duhaime: Sans réserve.
M. Moffet:... sans réserve. C'est plutôt la
société qui a ajouté, à ses états
financiers, une nuance sur la récupération éventuelle de
ces frais.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse. Juste une minute
pour avoir d'abord le consentement pour continuer après 13 heures si on
le désire et pour savoir si on...
M. Forget: Si on me donne l'occasion de faire une suggestion,
dans le contexte de notre discussion actuelle...
Le Président (M. Bordeleau): Environ deux minutes, avec le
consentement? M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Au maximum.
M. le Président, je prends note du fait que les états
financiers de SOQUIP contiendront une note explicative démontrant
qu'effectivement un certain nombre de ses dépenses capitablisées
ont résulté dans des "dry holes" et que, forcément, on
doit tenir compte de cela dans l'évaluation de ce poste des actifs. Par
conséquent, le vérificateur sera en mesure de ne plus faire de
réserve, puisque la réserve sera, en quelque sorte,
incorporée aux états financiers de SOQUIP. C'est du moins ce que
je comprends. Dans cette mesure, je serais d'accord; mais ce n'est pas surtout
là-dessus que j'aimerais intervenir. C'est la seule occasion qu'on a de
le faire, M. le Président, il faudrait s'arrêter un peu sur la
façon dont sont comptabilisées les dépenses d'exploration
de SOQUIP.
C'est une entreprise exclusivement d'exploration qui fonctionne depuis
environ dix ans. Comme ses programmes se chevauchent, que l'on entreprend de
nouveaux programmes d'exploration et on en termine d'anciens, il est
très difficile de porter un jugement sur la façon dont SOQUIP
conduit ses affaires. Il me semble qu'il serait plus approprié, sur le
plan de la comptabilisation de ses dépenses et leur capitalisation, que
chaque programme d'exploration - parce que je pense qu'on n'a pas depuis le
début le même programme; tout à coup on décide d'une
stratégie d'exploration dans une zone donnée avec ou sans
participation d'entreprises privées - fasse l'objet d'un compte
distinct, de manière qu'on puisse savoir, sur une période de
quatre ou cinq ans, quelles sont les dépenses qui ont été
faites et qu'on puisse un peu mieux isoler quels sont les programmes qui ont
été intéressants, quels sont ceux qui le sont moins et
qu'on puisse mettre au moins un ordre de grandeur sur la valeur des
différents programmes et des différentes stratégies qui
sous-tendent les différents programmes.
En mettant tout ça dans un pot, dans une "kitty" unique, je pense
qu'on rend le travail d'évaluation extrêmement difficile. Ce n'est
qu'une suggestion d'amateur, je ne suis pas du tout un spécialiste en
comptabilité, loin de là, mais il me semble qu'il y aurait
peut-être lieu de réfléchir au plan comptable, de
manière à faire mieux ressortir justement que chaque programme se
tient sur ses propres pieds financièrement et qu'on ne se retrouvera pas
au bout de 50 ans avec une somme peut-être de 350 000 000 $
d'exploration, en disant: II y a une partie de ça qui a
été bonne et une autre qui n'a pas été bonne, mais
on ne peut pas savoir exactement laquelle. Cela devrait être plus clair
dans les états financiers, me semble-t-il. Je souhaiterais, M. le
Président, terminer sur cette remarque.
M. Duhaime: Je voudrais tout de suite réagir à la
suggestion qui est faite. Je vais la faire examiner, je vais parler au
président-directeur général de SOQUIP là-dessus. La
seule réserve que j'aurais et qui me vient comme première
réaction, ce serait de ne pas dévoiler à des concurrents
certains programmes d'exploration. Je veux dire par là à quel
endroit précis, etc. Je pense que vous le concevez avec moi.
M. Forget: Au point de vue de la comptabilité, dire: On a
un programme 1979-1984 et c'est comptabilisé distinctement.
M. Duhaime: Je suis prêt à faire examiner ça
par mes gens sans aucun problème. Je vais vérifier
également. Je pourrais peut-être le savoir du Vérificateur
général tout de suite. Est-ce qu'aux états financiers de
SOQUIP - je ne sais pas si vous les avez eus au 31 mars 1981 apparaît une
note, dans le poste des actifs, sur les droits et les frais d'exploration?
Est-ce qu'il y a une référence qui est faite disant qu'il s'agit
de travaux d'exploration, etc. ? Est-ce qu'il y a une note qui existe aux
états financiers?
M. Moffet: Une note sur quoi vous dites-vous?
M. Duhaime: Une note sur ce poste?
M. Moffet: Oui, qui détaille...
M. Duhaime: Qui dit quoi en gros?
M. Moffet: La composition des frais d'exploration.
M. Duhaime: Oui.
M. Moffet: Aussi bien l'acquisition des droits, des forages ou
des sondages qu'ils ont faits au point de vue sismique ou
géodésique.
M. Duhaime: Cette façon de présenter les
états financiers est acceptée ou agréée par l'Ordre
des comptables agréés et cela traduit aussi une pratique reconnue
dans ce domaine?
M. Moffet: Oui, au point de vue pratique, comptable; si cela
n'avait pas été le cas, on n'aurait pas accepté.
M. Châtelain: M. le Président, à ce sujet, M.
Moffet a indiqué tantôt pourquoi nous n'avions pas à
répéter notre réserve, cette année, à notre
avis, mais en plus la note aux états financiers elle-même a
été amplifiée, à notre demande, afin de
répondre aux exigences, justement, de l'Ordre des comptables
agréés à ce sujet.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. On peut suspendre les
travaux pour l'heure du dîner.
M. Duhaime: M. le Président, est-ce que je peux demander
ma libération, à moins que ma présence ne soit requise cet
après-midi? Cela me ferait plaisir de revenir, mais, si on me
libère...
Le Président (M. Bordeleau): Je pense que non. Alors, cela
suppose que, cet après-midi, on entendrait, à la reprise, le
ministre des Affaires intergouvernementales, M. Morin, à 15 heures.
La commission suspend ses travaux...
M. Duhaime: Je voudrais remercier M. Larose et son équipe
et dire à la commission que c'est dans un esprit d'étroite
collaboration, je pense, à moins qu'on ne me dise le contraire à
la table du Vérificateur général, que les échanges
de vues et d'opinions et tout ce que le ministère est en mesure de
donner comme information sur la gestion des fonds publics, au ministère
de l'Énergie et des Ressources, se font. Je dois vous dire aussi que
j'apprécie qrandement les remarques qui ont été faites et
qu'on va faire le suivi.
Je remercie également mes collègues ministériels de
leur participation à ces travaux, de même que mes collègues
de l'Opposition.
Je vous remercie aussi, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): La séance est
suspendue jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 08)
(Reprise de la séance à 15 h 12)
Le Président (M. Bordeleau): La commission parlementaire
des finances et des comptes publics reprend donc son mandat qui est
d'étudier le rapport du Vérificateur général pour
l'année 1979-1980.
Comme on s'était entendu, à la suspension de nos travaux
de ce matin, nous pourrons discuter, cet après-midi, avec le ministre
des Affaires intergouvernementales.
Vous avez des commentaires d'ordre général, M. le
ministre?
Ministère des Affaires
intergouvernementales
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, M. le Président, je
pense que ce serait correct que je dise quelques mots en commençant, si
vous êtes d'accord.
Si vous me permettez, ce sera peut-être une dérogation aux
règlements qui régissent cette savante commission, mais je
voudrais, sur le strict plan personnel, signaler le plaisir que j'ai de revoir
M. Chatel; avec qui, à l'époque lorsque j'étais
sous-ministre, j'ai eu l'occasion de collaborer. Je me souviens qu'à
cette époque, nos relations étaient très positives; je
suis sûr qu'elles vont le demeurer. Je le félicite d'être
revenu au Québec. Je regrette seulement qu'il ne se soit pas
établi de nouveau dans mon comté, mais de toute façon il
n'est jamais trop tard pour bien faire.
Une voix:... qu'il n'ait pas voté pour vous?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne le sais pas, je ne lui ai
jamais demandé pour qui il votait...
Une voix:... qui vont enregistrer ce que je dis.
Une voix: Où demeurez-vous M. Châtelain?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il ne faut pas...
M. Vaugeois: Trois-Rivières, M. Châtelain, ça
ne vous dit rien?
M. Morin (Louis-Hébert): Par contre, je peux
peut-être signaler que M. Larose est encore dans Sainte-Foy, lui.
Pendant que je suis à rappeler ces souvenirs, comme je vois le
député de Saint-Laurent devant moi, je pourrais peut-être
lui rappeler l'époque où, alors que M. Châtelain
était au gouvernement du Québec, lui était dans mon
ministère comme conseiller technique, je pense. C'est ça?
M. Forget: Comme consultant.
M. Morin (Louis-Hébert): II était meilleur à
cette époque qu'il ne l'est devenu depuis, mais il y a des choses comme
ça.
M. Forget: C'est que j'ai appris des choses depuis.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous en avez oublié
certaines aussi.
M. le Président, pour en venir au sujet qui nous conduit ici
aujourd'hui, j'ai examiné avec beaucoup d'attention, quand c'est
arrivé le printemps dernier, le rapport du Vérificateur
général et je me souviens qu'à l'occasion du débat
sur les crédits de mon ministère - c'était le 10 juin
dernier - on avait eu une discussion sur le même sujet que celui qui nous
réunit aujourd'hui. Beaucoup de choses qui ont été dites
à l'époque répondaient à des questions qui avaient
été posées à ce moment par le député
de Jean-Talon, qui représentait l'Opposition.
Je vais quand même, si le voulez, repasser très
brièvement chacun des points -très brièvement, parce qu'on
en aurait pour trop longtemps, encore qu'il y ait très peu de points, il
y a seulement 2 pages sur 260 qui concernent notre ministère - pour
terminer par une couple de questions, si vous le permettez, M. le
Président. Je ne sais pas si je peux faire ça, mais je voudrais
profiter de l'occasion que j'aurai aujourd'hui d'avoir deux
vérificateurs, si je peux m'exprimer ainsi, pour poser une couple de
questions qu'on s'était posées, à l'époque, au
ministère, lorsqu'on avait reçu le rapport, et c'est
peut-être l'occasion toute trouvée pour le faire, des questions de
technique, mais quand même, comme ancien professeur d'administration
publique, cela m'intéresserait d'avoir des réponses. Je ne peux
plus dire, comme je le disais avant, comme futur, parce que le sort
électoral en a décidé autrement, mais comme ancien
professeur, donc... (15 h 15)
M. Forget: Heureusement pour les élèves!
M. Morin (Louis-Hébert): Heureusement pour les
électeurs surtout.
Dans le rapport du vérificateur, il y a donc deux pages. Il y a
cinq ou six sujets très brièvement mentionnés. Je vais les
prendre l'un après l'autre. Je dis cela pour que chacun ait devant lui
les pages 50 et 51 et je voudrais en parler. D'abord, le premier point
soulevé, c'est celui, dans le grand titre "Affaires internationales, de
l'élaboration d'une politique à l'égard des conditions de
travail pour le personnel des délégations du Québec
à l'étranger recruté localement".
À ce sujet, je pense qu'il faut faire une distinction
fondamentale pour ceux qui ne le sauraient pas. Il existe trois
catégories d'employés qui travaillent dans nos
délégations, dans nos bureaux à l'étranger. Je
rappelle d'abord qu'on a quelque chose comme quinze ou seize de ces bureaux
dans sept ou huit pays et, par conséquent, il y a trois
catégories d'employés. Il y a d'abord les fonctionnaires du
Québec qui, eux, sont réqis par une réglementation
spécifique qu'on appelle le règlement no 2. On est en train de
préparer une nouvelle réglementation maintenant qui s'appellera,
bien sûr, le règlement no 3. Deuxièmement, il y a des
employés contractuels. Donc, pour chacun d'entre eux, les conditions
d'emploi sont spécifiées, bien sûr, dans le contrat qui les
concerne individuellement. Finalement, il y a les employés
recrutés localement et eux sont généralement régis
par les lois locales de chacun des pays et cela concerne presque exclusivement
le personnel de soutien.
Quand le vérificateur - c'est ma première remarque -
parlait de l'élaboration d'une politique à l'égard du
personnel à l'étranqer, il parlait du personnel recruté
localement, c'est-à-dire d'une des trois catégories que je viens
de mentionner. Je dois dire qu'en ce qui concerne trois de nos
déléqations il y a une réglementation qui existe à
New York, à Paris et à Toronto. Ce sont nos trois plus grosses
délégations. La réglementation applicable dans le cas de
New York est également appliquée dans tous les autres bureaux que
nous avons aux États-Unis, c'est-à-dire Boston, Chicago, Los
Anqeles, Lafayette et Atlanta. Cependant -et c'est là une
difficulté qui m'amènera à poser une question tout
à l'heure, je le signale, je la mets sur la glace pour le moment - dans
beaucoup de nos bureaux, le personnel employé localement varie de un
à trois ou quatre, par exemple, à Caracas au Venezuela, à
Tokyo, à DUsseldorf, à Milan, etc. Je signale cela parce que la
remarque que le vérificateur a faite le printemps dernier, à
propos du personnel recruté localement, ne s'appliquerait pas,
après ce que je viens de dire, pour ce qui est de trois
déléqations, parce qu'il y a une réglementation, mais elle
s'appliquerait aux déléqations où il y a très peu
de personnel recruté localement. Je garde cela sur la glace. J'y
reviendrai tantôt. C'est ma première remarque sur le premier
commentaire fait par le vérificateur.
Le deuxième commentaire a trait à ce qu'il appelle une
dérogation à la directive concernant les règles
régissant l'assurance générale du gouvernement. Je vais
dire ceci à ce sujet. C'était une pratique qui existait avant et
qui était un peu ridicule; le gouvernement assurait ses automobiles et
ses immeubles sans tenir compte du volume, par exemple, d'automobiles qu'il
avait, de sorte que cela coûtait plus cher en assurances que
ce que cela coûtait d'accidents d'automobile. Un jour, le
gouvernement a eu l'intelligence - et c'était sous l'administration
antérieure, on a quand même, nous autres, des intelligences, mais
il y en a eu avant également - de ne plus assurer, de prendre donc
à sa charge les risques relatifs, par exemple, aux automobiles et aux
immeubles.
En ce qui concerne les assurances que nous avons à
l'étranger, on a eu un petit problème il y a déjà
assez longtemps; nous avons soumis - puisque nous voulions nous conformer aux
règles en vigueur - au Surintendant des assurances les cas des
assurances de nos employés à l'étranger et celui-ci nous a
dit lui-même - et c'est une chose que je voulais faire remarquer au
vérificateur - il a exprimé au ministère qu'il
était impossible de vérifier les obligations et les formes
d'assurances existant à l'étranger et qu'il n'était pas en
mesure d'apprécier tous les éléments pour porter un
jugement sur l'opportunité et la qualité des assurances à
prendre, compte tenu du contexte. Il y avait un autre facteur que je mentionne
en passant: Les dépenses occasionnées au gouvernement - le
Surintendant des assurances, par exemple - pour aller à
l'étranger vérifier les contrats de M. ou de Mme X, ces
dépenses valaient plus que le prix de l'assurance.
Par conséquent, le contrôleur des assurances a
demandé au Conseil du trésor d'exempter les contrats d'assurance
du ministère qui sont conclus à l'extérieur du
Québec. C'est en application de la directive no 1978. Donc, ici, c'est
le commentaire que je voulais faire en ce qui concerne les assurances à
l'étranger. Nous suivons au fond ce que - je ne sais pas son titre exact
- le contrôleur des assurances nous a donné après une
analyse de la situation.
Troisième remarque faite par le vérificateur. Absence de
politique et demandes particulières relatives aux achats et à la
location d'équipement. C'est le troisième point qu'il
soulève. Ici, je suis obligé de faire une distinction. Quand on
parle d'équipement, il y en a deux catégories. Ce que j'appelle
le gros équipement, la location des immeubles, certains meubles, toutes
sortes de choses de cette nature, est au départ assumé par le
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement. Donc, cela suit
les normes du ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement et
on ne s'en occupe pas plus que cela.
Il y a, cependant, une autre catégorie d'équipement. Ce
sont les achats et les locations qu'on doit faire sur place, dans les quinze
bureaux. J'ai fait le calcul hier avec mon monde et cela représente une
valeur de 150 000 $ sur un budget total de 42 000 000 $ ou 43 000 000 $ pour le
ministère. Mais dans les 150 000 $ en question, il y a aussi les
automobiles dont on a besoin à l'étranger. Ces automobiles, quand
on les enlève - je vais vous dire pourquoi on les enlève - il ne
reste que, 05%, 75 000 $, 80 000 $, d'achats et de location dont je vais dire
un mot tout à l'heure, mais je parle d'abord des automobiles. Même
pour les automobiles, alors qu'on pourrait ne pas le faire, on applique
à l'étranger la technique qu'on applique ici, c'est-à-dire
achat par soumissions. Donc, on suit les règles normales.
Dans les autres cas, il y a une difficulté, parce que s'il s'agit
d'acheter des lampes ou des crayons, des cendriers, réparer un morceau
de tapis ou je ne sais pas, des histoires de ce genre à
l'étranger - et cela va m'amener à une autre question que je vais
poser tantôt au vérificateur - les conditions d'achat, de
location, les normes en vigueur dans ces pays sont tellement différentes
d'un pays à l'autre - je reprends toujours mes trois
délégations types, Caracas, Venezuela, Tokyo, Japon et
Düsseldorf, Allemagne - qu'il n'y a pas moyen d'uniformiser. C'est
là la difficulté. Quand c'est le gouvernement du Québec,
par les Travaux publics, qui achète des lampes, il va en acheter 1000,
il va faire une soumission, ce sera la même lampe pour tous les
ministres, pour tous les députés.
M. de Belleval: Hélas!
M. Morin (Louis-Hébert): Hélas! comme dit M. de
Belleval. Je ne dis pas cela pour critiquer les gens des Travaux publics,
j'espère qu'il n'y en a pas. De toute façon à
l'étranger quand on a acheté une lampe pour une
délégation ou deux, cela suffit, à moins de tomber dans le
ridicule. Quand on a acheté une vingtaine de douzaines de crayons, je
pense bien que cela suffit normalement. Je ne sais pas si les gens
écrivent beaucoup au crayon, mais je prends cela comme exemple. Donc,
petite difficulté et très concrète, parce que là on
parle de politique et de normes particulières relatives aux achats et
à la location d'équipement, comment peut-on avoir une politique
d'achat d'équipement pour des délégations aussi
différentes?
Je reviens à cela tout à l'heure dans les questions que je
vais poser au vérificateur.
Quatrième remarque faite par le vérificateur. Il s'agit de
réclamations pour frais de voyage. Je lis: "retards importants dans la
présentation des réclamations de frais de voyage". Dans son
rapport, il nous dit qu'il y a 26 dossiers pour lesquels des avances de frais
de voyage ont été faites avant mai 1979 qui n'avaient pas fait
l'objet de réclamations.
Première remarque de ma part, 26 dossiers sur des centaines de
dossiers. C'est
le premier détail, donc ce n'est pas une moyenne si mauvaise.
Deuxième remarque. La difficulté dans ce cas des
réclamations faites par des employés est très simple, et
je pense que tout le monde va la saisir facilement. Supposons que notre
délégué au Japon voyage de Kobé à Yokohama
avec sa carte de crédit et que ses factures sont libellées en yen
japonais et qu'il n'a pas toujours le reçu, parce que le monde ne
procède pas toujours comme il faudrait sur le champ. Avant qu'il ait
récupéré ses reçus, qu'il ait calculé le
montant de yen selon le taux - je n'ai pas besoin de vous dire qu'il calcule le
jour où le taux est le meilleur, mais cela est normal, tout le monde
fait cela - avant d'avoir eu son compte de Master Charge ou de n'importe quoi
de japonais qui équivaut à cela, il peut se passer pas mal de
temps, de sorte qu'il est tout à fait plausible - je ne pense pas,
d'ailleurs, que ce soit une critique bien qrave qui est faite là - qu'il
y ait des retards dans la présentation des comptes dans ces
cas-là. S'il s'agit de quelqu'un qui fait un périple dans trois
ou quatre pays et qu'à un moment donné - cela arrive, tout le
monde n'est pas parfait - il oublie son reçu dans la chambre
d'hôtel de Nouakchott en Mauritanie, que voulez-vous, avant qu'il le
retrouve...
Une voix: C'est bien en Mauritanie, cela?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je ne le sais pas, mais cela
faisait bien dans la conversation.
Ce que je veux dire - tout le monde l'aura compris - c'est qu'il y a des
difficultés très matérielles qui peuvent se
présenter. De toute façon, les pièces justificatives, le
taux de change, les cartes de crédit, tout cela entrant en ligne de
compte, il y a des retards, mais actuellement la situation au ministère,
malgré tout, s'est considérablement améliorée. Le
nombre de retards sur les centaines de dossiers qu'on a est minime. C'est
pratiquement un phénomène, d'ailleurs, compte tenu de la
diversité des situations en cause. Je voulais mentionner cela en
passant. Ce n'est pas un gros cas, mais, vu qu'il est mentionné, j'en
parle.
L'autre sujet: "absence d'un contrôle valable sur
l'équipement et le matériel dans les délégations du
Québec à l'étanger". C'est le cinquième titre de la
remarque du vérificateur. Contrôle, donc, de l'équipement
et du matériel à l'étranger. C'est à la page 51 du
rapport, cinquième de ses sept remarques. Il y a un problème.
Là aussi, cela m'amènera à une question
générale au vérificateur. On a un contrôle
d'inventaire à Québec. Tout le monde en a un. On essaie de
l'appliquer autant que possible à ce qu'on a à l'étranger
comme équipement, mais souvent une délégation, les plus
petites, par exemple, c'est deux bureaux dans un immeuble de 40 étages
à Atlanta ou à Los Angeles, pour prendre un exemple. Combien y
a-t-il de feuilles de papier blanc qui est là et qui n'a pas encore
été utilisé ou de rubans de machines à
écrire électriques ou de...
Une voix: C'est de l'équipement?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est de
l'équipement, normalement, ces choses-là, parce que, s'il n'y a
pas de rubans de machines à écrire - je vais expliquer cela vite
- vous aurez beau avoir la sténo la meilleure du monde, ce ne sera pas
tellement efficace. Ce qui arrive, c'est qu'on est en face d'un petit
problème que, je pense, tout le monde va saisir vite: le volume de ce
qu'il y a à vérifier à l'étranger sur place, encore
une fois, peut coûter aussi cher que le voyage de la personne qu'on
enverrait de Québec. Le problème, c'est que le
vérificateur dit que cette vérification devrait être faite,
en somme, par l'extérieur. On la fait, nous autres mêmes, nos
employés la font. Mais par l'extérieur, quand il s'agit d'un
ministère à Québec par rapport à un autre, c'est
facile, ils changent de bureaux. Quand il s'agit d'un bureau du Québec
à l'étranger, c'est embêtant, à ce moment-là,
d'envoyer quelqu'un voir sur place. On essaie de le faire nous-mêmes le
mieux possible et cette vérification - on pourra donner des exemples
tantôt, si c'est nécessaire - est tout à fait
satisfaisante.
D'ailleurs, à cet égard, je signale justement que le
vérificateur disait lui-même: "Nous sommes informés de
l'intention du ministère d'apporter les correctifs nécessaires
pour l'implantation d'un contrôle centralisé des inventaires
d'équipement et de matériel dans les délégations du
Québec à l'étranger. Nous encourageons le ministère
à poursuivre l'élaboration d'un tel système de
contrôle déjà amorcé dans une
délégation", la délégation en question étant
New York. Nous avons continué. Je mentionne cela parce que je ne veux
oublier aucune remarque faite. Mais, là aussi, on nous disait qu'on
avait commencé et de continuer, ce que nous avons fait, sauf que je suis
obligé de reconnaître qu'il reste des cas qui peuvent être
aberrants par rapport à l'ensemble.
Autre remarque: des reports de dépenses d'une année
à l'autre. On signalait, par exemple, qu'en 1978-1979 il y avait 700 000
$ de dépenses qui avaient été reportées sur
l'exercice ultérieur et 335 000 $ de l'exercice ultérieur sur
l'autre après. Donc, diminution de moitié, mais, quand
même, il demeure des reports et cela a provoqué un petit
commentaire du
vérificateur. La raison est la suivante: à
l'étranger, il y a du personnel et ce personnel est, à un moment
donné, comme cela nous arrive ici au Québec, soumis à une
directive gouvernementale guelcongue qui fait que, par exemple, le salaire
minimum va être changé. Nous autres, il faut s'aligner tout de
suite, que voulez-vous? Il y a aussi -et je pense que je n'aurai pas besoin de
faire un long dessin - le taux de change. Cela nous a causé des drames
internes au ministère, parce que pas besoin de vous dire que la
dégringolade du dollar canadien, a apporté ce que j'appellerais
une légère perturbation à nos planifications
budgétaires. On est obligé de payer 10% des choses qu'on n'avait
pas prévues, mais cela est normal. Il fallait s'y attendre. Il ne
fallait pas s'y attendre, mais une fois que cela arrive il faut en tenir
compte. (15 h 30)
Donc, à cause des variations du coût du dollar, des
employés qui sont soumis à diverses règles dans divers
pays - on est obligé, parce qu'il faut se soumettre aux lois, de suivre
- il y a des obligations aussi qui découlent pour nous, à ce
moment-là, de payer ces gens sur-le-champ et, une fois qu'on les a
payés, à moins de les mettre à la porte soudainement,
comme on sait que le gouvernement du Québec - d'ailleurs tout le monde
fait cela dans son entreprise privée, tout le monde fait cela dans son
propre budget personnel - existe d'une année à l'autre et qu'il y
aura, l'année suivante un budget qui va suivre celui de l'année
précédente, quand cela arrive, ces choses-là, au mois de
février ou mars, on paie et quand le budget n'est pas suffisant, on
escompte qu'il y en aura un autre, comme n'importe qui le fait pour le paiement
de sa carte Chargex. Quelqu'un a, par exemple, 150 $ à donner à
Chargex, il ne les a pas tout de suite, mais il fait le chèque pour une
semaine ou deux plus tard, quand il aura eu son chèque de paie
entre-temps. On a cette difficulté-là nous aussi, mais elle est
due aux conditions locales qui changent et au coût de l'inflation. Je
pense que cela a été le facteur énorme.
Une dernière remarque, qui ne concerne pas tellement les
délégations à l'étranger. Il s'agit du service de
vérification interne. Effectivement, le ministère s'est
doté d'un service de vérification interne afin d'améliorer
les contrôles administratifs. Il y a un professionnel qui a
été ajouté à ce service en décembre 1980, il
y a un plan de vérification qui est maintenant fait et qui
s'échelonne de janvier 1981 à avril 1982, qui a été
préparé et approuvé par les autorités du
ministère et qui est appliqué au moment où je vous
parle.
Cela répond peut-être à la septième
remarque.
Maintenant, j'arrive en conclusion à deux interrogations que
j'ai. Une ou deux, cela dépend comment on va les reqarder. J'aimerais
avoir les commentaires du vérificateur parce que ce sont exactement les
questions qu'on s'est posées à cette époque quand c'est
arrivé. La difficulté est la suivante. Comment est-ce qu'on peut,
parce que c'est un peu là-dessus que sont fondées certaines
remarques, de Québec et à Québec, pour 15 ou 16
délégations dans 7 ou 8 pays, pour le personnel recruté
localement, ce sont des employés de soutien, et qui change j'ai
oublié de mentionner un facteur bien important: il y a une rotation dans
ce personnel. Ce n'est pas tout le monde qui tient à avoir un emploi
permanent comme employé recruté localement; on peut en avoir qui
travaillent deux mois, trois mois, six mois et à un moment donné
c'est d'autres -comment peut-on, à partir de Québec,
établir une politique d'ensemble qui serait à l'épreuve de
toute variation alors que c'est presque impossible en pratique à
appliquer dans autant de bureaux? On est le seul ministère dans ce cas,
c'est pour cela que je pose la question. Les conditions y sont
différentes, les règles et les lois locales varient avec les
gouvernements, qui changent. Tout cela est différent. C'est ma
première question. Comment est-ce qu'on peut faire cela de
Québec? Il y a peut-être une réponse à cela. Je sais
que vous avez fait allusion à cela, M. le vérificateur, cela nous
préoccupe, mais je n'ai pas vu de solution magique encore. Le danger,
c'est qu'on va s'en faire, des livres de directives internes, ici, et des
normes technocratiques, mais je ne sais pas si cela va être applicable.
Ce n'est déjà pas vite au gouvernement; s'il faut qu'on fasse
cela en plus, ce sera non seulement pas vite ici, mais pas vite à
l'extérieur.
Deuxième remarque. Elle découle un peu de la
première. Elle est générale celle-là, elle ne
touche pas seulement le personnel local. C'est comment applique-t-on à
l'étranger - c'est en fait la même question -des directives et des
normes administratives valables pour des conditions qui sont celles du
Québec alors que ce ne sont pas les mêmes conditions à
l'extérieur? Peut-être qu'il n'y a pas de réponse
là-dessus, j'aimerais qu'on en discute. Je vous pose bien candidement la
question.
Je vais vous donner un exemple. On a des normes d'achat d'autos ici qui
font que ce sont des autos de telle grandeur, avec telles
caractéristiques. Cela va. Or il s'adonne qu'au Mexique, en plus de nos
normes ou à côté de nos normes, on en a d'autres. On est
obligé de suivre les leurs; si on applique les nôtres on est
à côté de la coche. On peut peut-être être
supérieur et plus exiqeant dans certains cas. Il y a cette
difficulté qu'on rencontre très concrètement, je ne dirais
pas tous les jours, mais
fréquemment. C'est le genre d'interrogation qui nous est venue au
ministère quand on a étudié soigneusement votre rapport,
les quelques remarques que vous faisiez sur le ministère. Comme c'est un
peu l'objet de la commission, j'ai pensé profiter de l'occasion de poser
ce genre d'interrogation maintenant.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre, M. le
vérificateur. Est-ce que vous voulez répondre
immédiatement? M. le député de Saint-Laurent.
M. Chabot (Gilles): Je vous remercie, M. le Président. M.
le ministre Morin, on vous a écouté attentivement et
peut-être qu'on pourra - étant donné que vous avez
procédé point par point - revenir au premier, et suivre le
même ordre dans lequel vous avez abordé les commentaires qui ont
été faits au niveau du rapport du Vérificateur
général.
Au premier point, lorsqu'on parle de l'élaboration d'une
politique à l'égard des conditions de travail pour le personnel
de délégation du Québec à l'étranger
recruté localement, au moment où on a fait la vérification
de cet élément en particulier, on n'a pas retrouvé de
politique. Mais on a retrouvé un arrêté en conseil qui
mandatait le ministre de déterminer les conditions de travail des
emplois ou fonctions des agents et délégués
généraux du Québec. Alors, on a fait les recherches et on
leur a demandé si cette politique existait, et la politique en cause
n'existait pas. Mais on nous a avisés qu'un projet de régime
global d'emplois pour ce type de fonction est en voie d'être
complété. On me dit que ce projet existe encore. Comme vous y
avez fait allusion tout à l'heure, il y a des délégations,
sauf deux, Paris et New York... c'est l'information qu'on avait dans le
temps.
M. Morin (Louis-Hébert): Toronto, maintenant.
M. Chabot: Toronto, je sais, on me dit cela. Alors, c'est le
point que je voulais porter à l'attention des membres.
M. Morin (Louis-Hébert): Je peux dire, M. le
Président, juste une question... non, c'est parce que...
M. Forget: Je ne sais pas pour l'ordre des travaux, on a eu un
commentaire du ministre, là on a un commentaire du vérificateur.
Je ne voudrais pas gêner le dialogue, je ne veux pas gêner
personne. Mais, peut-être qu'on devrait procéder dans l'ordre, de
la même façon qu'on vient de procéder. Quand on aura fait
un tour de chaque côté, peut-être qu'on pourra y aller, nous
aussi, de nos commentaires et après cela on pourra recommencer.
M. Morin (Louis-Hébert): Certainement, cela ne me
dérange pas.
Le Président (M. Gagnon): Alors...
M. Chabot: Le deuxième point, c'est la directive
concernant les règles régissant l'assurance
générale du gouvernement. Soit dit en passant, l'ensemble des
commentaires qui ont été relevés dans le rapport du
Vérificateur général ont été discutés
avec les gestionnaires du ministère. Le ministre a fait allusion
à 19-78. Effectivement, il y a une directive du Conseil du trésor
qui précise que les contrats d'assurances signés par les
délégations à l'étranger sont sujets à cette
directive. Le ministère, dans une réponse qu'on a, est d'accord
sur le principe. Il s'agit de toute matière d'assurances
générales, soit la responsabilité civile et l'assurance
automobile. Pour ce qui concerne les immeubles, comme en a fait allusion le
ministre, c'est le ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement qui s'en occupe. Alors, quant à l'assurance
générale, le surintendant des assurances n'a pas mis de
restriction; le ministère des Affaires intergouvernementales n'est pas
exempté de la directive.
Au sujet de l'absence des politiques et normes particulières
relatives aux achats et à la location d'équipements à
l'étranger, comme le fait remarquer le ministre, ils sont conscients
qu'il y a des politiques différentes d'achats dans les différents
pays. Toutefois, on n'a vu aucune politique centrale ou des politiques-cadres
minimales qui pourraient être approuvées au niveau du
ministère, de même que la location d'équipement; il y a
effectivement deux soumissions qui sont demandées, mais il n'y a pas de
politique-cadre pour l'achat et la location d'équipement à
l'étranger.
Le quatrième point: retard important dans la présentation
des réclamations de frais de voyage. Effectivement, il peut y avoir des
délais assez importants, à cause, premièrement, du taux de
change, mais il n'en demeure pas moins - on parle de 26 dossiers - que nous, on
fait une vérification du contrôle interne du système.
À ce moment, c'est un échantillonnage qu'on a fait et on a
remarqué que, sur 26 dossiers qu'on a regardés, des avances de
frais de voyage, de mai 1979 à octobre 1979, n'avaient pas encore
été réglées. D'ailleurs...
M. Forget: Je m'excuse, est-ce que vous pouvez
répéter? Vous dites que sur 26 dossiers qui font l'objet de
l'échantillonnage... Mais c'est la suite que je n'ai pas comprise.
M. Chabot: Pour lesquels des avances de frais de voyage avaient
été faites, avant mai, elles n'avaient pas encore fait
l'objet
de réclamations de frais de voyage en octobre 1979.
Cependant, on me dit que cette situation s'est résorbée
cette année, en faisant un suivi, mais que ce n'est pas encore
corrigé complètement.
M. Forget: C'était 26 sur 26? Il y avait des retards
partout?
M. Chabot: Oui, dans ces 26 dossiers.
Pour ce qui est de l'absence d'un contrôle valable sur
l'équipement et le matériel dans les délégations du
Québec à l'étranger, ce n'est pas un point qui est nouveau
pour le ministère de même que pour nos rapports, ça revient
depuis plusieurs années.
Cette année, en parlant de 1979-1980, nous avons
été heureux d'apprendre que, pour une première fois, on
avait vu l'élaboration d'un système de contrôle
déjà amorcé pour une délégation. En somme,
il y avait un inventaire complet qui avait été fait.
Ce qu'on mentionne dans le commentaire, c'est qu'on devrait continuer de
le faire pour les autres délégations. Pour ce qui est de la
manière de le faire, on n'a pas discuté de ce problème
dans le commentaire qui nous préoccupe cet après-midi.
Est-ce qu'il y a d'autres... M. le ministre a signalé, à
ce moment, que ça pouvait peut-être être les rubans de
machines à additionner ou autre chose; ce n'est pas de ce contrôle
qu'on veut parler; lorsqu'on parle d'équipement et de matériel,
c'est, par exemple, un équipement pour la dactylographie ou...
M. Forget: Le reste, ce sont des fournitures, n'est-ce pas? Ce
n'est pas, comme tel, de l'équipement?
M. Chabot: Oui.
Le Président (M. Gagnon): On va laisser terminer M. le
vérificateur et, après ça, vous aurez le droit de
parole.
M. Forget: Oui, c'était juste une réflexion en
passant.
M. Chabot: Je pense que, tout à l'heure, l'intervention du
député de Saint-Jacques...
Une voix: Saint-Laurent.
M. Chabot: Saint-Laurent, excusez.
M. Forget: À ne pas confondre!
M. Chabot: Non, parce que c'est le leader de...
Une voix: Ils ne sont pas de la même reliqion!
M. Chabot: Lorsqu'on a fait allusion au retard important dans la
présentation des réclamations des frais de voyage, c'est à
cause d'un examen de 26 dossiers où on a retrouvé cette
lacune.
M. Forget: Bon.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Laurent. (15 h 45)
M. Chabot: Non. Sur l'échantillonnage qu'on a fait, on a
remarqué qu'il y avait 26 dossiers qui avaient des avances temporaires
dont les comptes à rendre n'avaient pas été
corrigés.
M. Forget: Très bien.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je crois qu'à ce
stade-ci on peut faire quelques observations préliminaires basées
sur les commentaires préalables du ministre et sur les précisions
apportées par le Vérificateur général.
Avant, et un peu dans le même contexte, pour situer l'objet de nos
travaux sur ce ministère, j'aimerais rappeler seulement deux chiffres
pour indiquer que ce n'est pas par caprice que nous avons souhaité
passer quelques heures pour examiner la gestion financière du
ministère des Affaires intergouvernementales. Encore une fois, je crois
que le critère premier doit être qu'on parle de quelque chose de
significatif. Il ne nous viendrait pas à l'esprit de demander à
quiconque de compter les feuilles de papier ou le nombre de crayons. Je pense
que cela ne vaudrait pas le temps qu'on y passerait. Mais il est clair que dans
l'administration publique il y a soit des masses importantes qui, à
cause de leur importance même, doivent être administrées
avec beaucoup de soin, soit des secteurs, même s'ils représentent,
en fractions des dépenses totales du gouvernement, une somme qui est,
somme toute, faible par rapport à d'autres ministères. Je pense
que tout le monde conviendra que le ministère des Affaires
intergouvernementales, comparé à l'Éducation ou aux
Affaires sociales, est un petit ministère à ce point de
vue-là. Il n'en demeure pas moins que sa gestion financière est
importante quand, par exemple, et comme cela a été le cas depuis
quelques années, son développement entraîne une majoration
rapide des crédits.
Pensons, par exemple, aux affaires internationales, au programme 2, qui
est, je pense bien, l'activité de prédilection de ce
ministère depuis un certain temps, dans un certain sens. On
découvre, si on veut regarder l'évolution des dépenses
depuis 1976-1977, que le programme 2, affaires internationales, totalisait 17
160 000 $. Voyons même programme 2, dans les comptes publics de
1979-1980; je ne parle pas des crédits pour l'année en cours et
je ne parle même pas des dépenses pour l'année 1980-1981.
Donc on est déjà, encore une fois, à 18 mois de retard.
Déjà dans la période de 1976-1977 à 1979-1980, nous
étions rendus, pour ce qui est des affaires internationales, au titre
des dépenses, à 32 468 000 $. C'est donc de 17 000 000 $ à
32 000 000 $. On se rend compte, sur une période, somme toute, de trois
ans, que l'on parle d'un taux d'accroissement très siqnificatif.
Toujours dans le contexte des restrictions budgétaires, on n'a
pas besoin de grandes explications. On a 200% d'augmentation de ce budget sur
trois ans, 200% d'augmentation pour les activités internationales sur
trois ans. Cela n'est pas négligeable. C'est parce que ce service ou ce
segment d'activité du ministère des Affaires
intergouvernementales a connu une croissance très rapide que je pense
qu'il est approprié de se demander s'il y a, sur le plan de la gestion,
en particulier la gestion financière, des systèmes qui sont
rigoureusement mis en place et suivis. Un système qui grossit a toujours
des tendances. Comme il y a une volonté politique de dépenser
beaucoup d'argent. Si les contrôles ne sont pas rigoureux,
évidemment, on peut assister à toutes sortes de
phénomènes qui entraînent que le contribuable n'a pas une
valeur équivalente aux sacrifices qu'on exige de lui.
Alors, ce chapitre des affaires internationales qui fait d'ailleurs
l'objet d'une bonne partie des commentaires relatifs au ministère des
Affaires intergouvernementales, même tous, ma foi, toute cette partie est
d'une importance à cause du taux très rapide, spectaculaire en
fait, d'augmentation des budgets. On se rend compte que si on appliquait le
même taux d'augmentation à d'autres ministères, on
obtiendrait des sommes absolument bouleversantes et c'est seulement parce que,
encore une fois, ça démontre l'importance de n'être pas
important, en termes relatifs. On peut grossir beaucoup sans que ça ne
paraisse trop dans l'ensemble.
Donc, on a un problème. Je n'ai pas terminé, M. le
ministre, je n'ai même pas commencé à faire mon commentaire
sur les postes détaillés, sur lesquels on a entendu vos
commentaires ainsi que les précisions du Vérificateur
général. On a donc un certain nombre de questions, dis-je,
où nous sommes en droit, à ce moment-ci, de nous dire que le
ministère des Affaires intergouvernementales a une notion un peu
spéciale des contrôles financiers. On nous dit qu'il n'y a pas -
cela est assez remarquable - de politique, par exemple, sur l'emploi, la
rémunération, les conditions de travail du personnel
étranger.
Le pouvoir de faire cette politique a été
délégué au ministre et, on se rend compte que le ministre,
s'étant fait déléguer ce pouvoir, ne l'a pas
exercé. Il dit qu'il va y penser, qu'il est en train d'y penser. Il nous
a fait part que même à ce moment-ci, 18 mois après ces
remarques-là, il a encore des difficultés à conceptualiser
ce que pourrait être une politique relativement au personnel
engagé à l'étranger.
On n'est pas tout à fait rendu au moment où les
contrôles s'appliquent. On est encore rendu à la période de
tâtonnement qui précède la conceptualisation d'une
politique à cet égard. Je comprends que les conditions
diffèrent, mais quant aux principes qu'on doit suivre dans l'engagement
du personnel étranger, il me semble qu'on pourrait s'en être fait
une idée.
Je vais donner une illustration, M. le Président. J'imagine qu'on
a toujours, pour combler un poste en particulier, le choix entre engager du
personnel autochtone ou engager du personnel au Québec et l'envoyer dans
cette délégation.
Sur le plan de la gestion, même s'il y a d'autres
considérations politiques, il est sûr que parmi les
considérations dont il faut tenir compte, il y a cette question qui est
fondamentale: Combien cela nous coûte de prendre un de nos fonctionnaires
ici et de l'envoyer à Caracas ou à Düsseldorf et combien
cela nous coûte d'engager du personnel local? Il y a des avantages et des
inconvénients des deux côtés.
Je ne sais pas si le ministère des Affaires intergouvernementales
est en mesure de répondre systématiguement à cette
question. Une des raisons pour lesquelles j'ai des doutes sérieux - cela
entre dans la substance de notre discussion - c'est que lorsqu'on décide
d'envoyer des gens du Québec à l'étranger, quand on exerce
l'option en faveur des fonctionnaires du Québec, je crois qu'il est de
mise de leur payer des frais de déplacement. On les
déménaqe, non seulement on paie leur billet d'avion, je pense que
c'est accepté, on stipule même qu'ils ont le droit, s'ils sont en
poste plus d'un certain nombre de mois, de revenir en congé visiter leur
famille. Cela aussi est une tradition. Donc, tout cela s'ajoute au coût
de ce personnel-là. En plus de cela, on les déménage,
c'est-à-dire qu'on prend leurs meubles, leurs effets personnels et on
les envoie à des frais considérables, par la voie des mers ou
peut-être du fret aérien, je ne sais pas, mais peu importe. De
toute façon cela représente des coûts très
substantiels.
Je me demande si le ministère des Affaires intergouvernementales,
qui participe à toute cette notion d'économie, s'est
posé
la question à savoir si certains postes actuellement
occupés par des Québécois... ce n'est pas un nombre
insignifiant, il y a du personnel en nombre important, je pense qu'il y a
à peu près 70 personnes, ou il y avait récemment 70
personnes ou plus à Paris, peut-être une trentaine à New
York, à moins que ce ne soit l'inverse, mais je ne pense pas. Je
comprends qu'aller à New York c'est moins cher, mais quand on parle de
Paris ou de Tokyo, c'est très significatif.
Est-ce qu'on pourrait avoir une indication à savoir si le
ministère a procédé à une évaluation de ce
problème-là et s'il a l'intention ou s'il entre dans les
intentions des gestionnaires du ministère de réévaluer les
politiques relativement à l'engagement du personnel à
l'étranger par rapport au personnel en provenance du Québec,
à la lumière de ces coûts-là? Ce sont des
coûts qui ne sont pas négligeables.
On m'a dit - vous savez, ce sont des informations qui sont bien
gardées - que, dans au moins un cas, on avait payé quelque chose
comme au-delà de 50 000 $ en frais de déménagement pour la
même personne dans un délai de deux ans, c'est-à-dire
l'aller et le retour ou quelque chose dans ce genre-là.
Je ne sais pas si le chiffre est exact, mais j'aimerais bien savoir si
ce genre de préoccupations, étant donné les politiques du
ministère, politiques qui ont été
déléquées au ministre... Je pense qu'on a fait beaucoup
confiance au ministre. On lui a dit: Le Conseil du trésor ou Dieu sait
qui qui détermine ces histoires, nous, on ne s'en mêle pas, on
vous délègue cette responsabilité; c'est une
responsabilité très lourde, ajoutée à toutes les
autres qu'il a dans le dossier constitutionnel et autrement. Je ne sais pas
s'il a eu le temps de s'en occuper, dans les circonstances, mais il demeure que
c'est une responsabilité très lourde et on est un peu inquiet
d'entendre dire par le vérificateur qu'il ne semble pas s'être
prévalu de ses pouvoirs et qu'on va un peu à la bonne franquette
de ce côté-là.
La même chose vaut, dans le fond, le même genre de remarque
- mon développement sera beaucoup plus court -s'applique quand on parle
des assurances. Il y a une directive et il devrait nécessairement y
avoir une exception à la directive. Si le ministre des Affaires
intergouvernementales prétend qu'il est très difficile, dans le
cas de l'assurance automobile et dans le cas de l'assurance pour
responsabilité civile, relativement aux délégations du
Québec à l'étranger, d'adopter mot pour mot le cadre
québécois, cela, je peux le comprendre. J'imagine que ces choses
diffèrent d'un pays à l'autre. Si le Conseil du trésor ou
le Surintendant des assurances est un homme intelligent, il va comprendre
l'argumentation du ministère des Affaires intergouvernementales et il va
amender la directive en conséquence. Je pense que ce serait la bonne
réponse plutôt que de dire qu'il y a une directive, mais qu'on ne
la suit pas parce qu'on pense que ce n'est pas commode.
Dans le même sens, les achats. On dit que c'est difficile de faire
des achats. Il semble qu'il n'y a même pas un cadre minimum. Je ne sais
pas si c'est sérieux, qu'il n'y a pas un cadre minimum. Il semble, par
ailleurs - c'est ce qu'on nous dit - que, dans tous les cas, sans exception, il
y a deux soumissions qui sont demandées. Si c'était le cas - et
on pourra nous en assurer - tout va très bien. Si on donne deux
soumissions qui figurent au dossier dans tous les cas et qu'elles sont
complètes, je ne ferai pas querelle pour les achats qui ne
représentent pas un total considérable. Cependant, il devait y
avoir quelque chose d'un peu plus précis à l'esprit du
vérificateur, peut-être que non, mais... Est-ce seulement le
formalisme qui vous inquiète, de ce côté-là?
M. Chabot: II n'y a pas de politique écrite à ce
sujet.
M. Forget: Même pas le minimum de demander deux
soumissions?
M. Morin (Louis-Hébert): On le fait quand même,
ça.
M. Forget: Vous le faites?
Une voix: Cela se fait pour les automobiles.
M. Morin (Louis-Hébert): Pour les automobiles.
M. Forget: Vous le faites, bon. Le geste est noble.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Forget: Évidemment, la politique est inexistante, mais
le geste est noble.
M. Morin (Louis-Hébert): On va demander des soumissions
pour des lampes, à l'avenir, si c'est cela que vous voulez.
M. Forget: Bien, des lampes...
M. Morin (Louis-Hébert): Bien oui...
M. Forget: Ouais, mais vous n'achetez pas que des lampes de
bureau.
M. Morin (Louis-Hébert): On en aurait besoin pour
éclairer le député de Saint-Laurent.
M. Forget: D'une façon générale, un
principe est là ou il n'y est pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah, oui! C'est de la technocratie
rampante!
M. Forget: Ou c'est de la responsabilité
financière.
M. Morin (Louis-Hébert): Ouais, mais c'est
danqereux...
M. Forget: C'est peut-être une question de point de
vue.
La question des retards pour les frais de voyaqe. Bon. On nous dit qu'il
y a des retards. Si ce ne sont que des retards, ceux qui sont le plus
pénalisés par les retards sont précisément ceux qui
encourent les dépenses, je présume, à moins qu'on ne leur
consente des avances.
M. Chabot: Ils ont des avances temporaires.
M. Forget: Ils ont des avances temporaires. Il serait
peut-être bon, en effet, qu'il y ait une comptabilité plus
riqoureuse. D'ailleurs, je n'ai pas compris le raisonnement du ministre
là-dessus. Quand même, cela arrive à d'autres qu'à
lui de voyager à l'étranger et, quand on fait des achats, dans
n'importe quelle devise étrangère - tout le monde, de nos jours,
je pense bien, utilise des cartes de crédit - on obtient un
relevé mensuel. Assez curieusement, le mois suivant, même si on va
très très loin - cela m'est arrivé personnellement - on
reçoit, le mois suivant, notre note d'hôtel traduite au taux de
change courant, en dollars canadiens, qu'on paie normalement. Je n'ai jamais
éprouvé de difficultés. Il ne faut pas passer par la
Lloyd's Bank de Londres pour négocier sa facture d'hôtel.
Ordinairement, cela se fait très facilement. Si c'est payé
comptant, à plus forte raison, il n'y a pas de raison d'avoir de retard.
Si on attend après l'American Express, le pire qui peut arriver c'est un
retard, d'après mon expérience, dans des pays fort lointains,
parfois de trois mois, mais c'est très rare. Ordinairement, c'est le
mois suivant. (16 heures)
M. Morin (Louis-Hébert): Les qrèves des postes, il
n'y a pas seulement ça.
M. Forget: II y en a peut-être eu, en 1979 et 1980, des
qrèves des postes, parce qu'il y en a tout le temps, effectivement.
M. Morin (Louis-Hébert): II y en a tout le temps.
Même quand ça marche, ce n'est pas vite.
M. Forget: Je n'ai pas senti que c'était là
l'explication. Du moins, le ministre ne l'a pas mentionné
tantôt.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je l'ai oublié, mais
je l'ajoute.
M. Forget: M. le Président, bien sûr, j'aurai
d'autres questions, mais il me semble que l'impression d'ensemble qui se
dégage de tout ça, c'est que ce n'est pas très rigoureux.
Sur l'engagement des gens à l'étranger, sur les assurances, sur
les contrats, sur les inventaires de l'équipement, sur les retards
à exiger les remboursements des avances, on a des normes parfois qu'on
met de côté et d'autres fois on a le pouvoir de les édicter
et on ne le fait pas. Cela va, on s'en contente. Il me semble que, dans un
ministère dont les crédits se multiplient à un rythme
aussi rapide, il serait temps de songer à stabiliser un peu la
situation.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais bien que ce que dit
le député de Saint-Laurent au sujet des crédits de mon
ministère - ce sera le premier point que je vais soulever - soit vrai.
J'aimerais cela que ça se multiplie, comme il dit. Malheureusement, ce
n'est pas vrai. Je le regrette, mais je me fais couper à chaque
année toutes sortes de projets. Si je peux invoguer votre
témoignage à l'avenir, dans le sens qu'il y a des multiplications
de crédits, j'aimerais que ce soit traduit concrètement et
réellement dans le budget de mon ministère. Je vais vous dire
pourquoi j'ai dit tout ça, qui a l'air critique et un peu complexe.
Tantôt il a utilisé un chiffre en comparant deux années.
D'abord il a dit qu'il y avait des restrictions budgétaires. Cette
année-là il n'y en avait pas, justement, de la même
façon qu'il y en a depuis.
M. Forget: Oui, mais il y en a maintenant.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y en avait pas à ce
moment.
M. Forget: On nous a dit pendant plusieurs années qu'on
était d'une responsabilité, dans les dépenses des fonds
publics, absolument exceptionnelle.
M. Morin (Louis-Hébert): Absolument. Je comprends. Vous
avez raison. On l'est encore plus maintenant.
M. Forget: Je vous écoute. Une voix: On devient
féroce.
M. Morin (Louis-Hébert): On devient féroce
maintenant. C'est le cas de le dire. On ne passe pas au "cash", c'est
l'inverse. Le député a dit, je ne me souviens pas de son chiffre,
que c'était passé de 17 000 000 $ à 33 000 000 $, quelque
chose comme ça.
M. Forget: C'est un ordre de grandeur. Ce ne sont pas les
chiffres que j'ai donnés.
M. Morin (Louis-Hébert): II me semble que c'est ça.
Peu importe! C'est qu'il arrive que le ministère a pris en charge au
cours des années des dépenses assumées par d'autres
ministères - je vais vous donner trois exemples - qui font que ça
à l'air d'accroître notre budget de façon substantielle.
Malheureusement, ce n'est qu'une illusion administrative - je le déplore
profondément - et budgétaire. Il y a 3 500 000 $ qui
étaient administrés par l'Éducation que nous avons pris
à notre charqe, premièrement. Donc, c'est dans notre budget.
M. Forget: À quelle date les avez-vous pris à votre
charge?
M. Morin (Louis-Hébert): Dans les années 1976,
1977, 1978.
M. Forget: Non, mais la première année, c'est
1976-1977?
M. Morin (Louis-Hébert): Attendez, je vais vous donner les
cas.
M. Forget: Oui, mais si vous ne dites pas les années!
M. Morin (Louis-Hébert): 3 500 000 $ qui étaient
dans un autre ministère; 2 000 000 $ qui étaient aux Affaires
sociales...
M. Forget: Écoutez, si vous voulez faire des comparaisons,
on va y aller systématiquement.
M. Morin (Louis-Hébert): Là je fais un peu comme
vous, c'est-à-dire que je mets tout ça ensemble et on va
démêler après. Vous, vous n'avez pas
démêlé. Moi, je vais démêler maintenant.
M. Forget: Si on va démêler, on va
démêler. Alors, démêlons. En 1976-1977, est-ce que
l'Office franco-québécois de la jeunesse faisait partie des
dépenses de votre ministère?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Forget: C'est l'année de base que j'ai utilisée.
Donc, c'est déjà dedans. Cela n'affecte pas le taux de
croissance.
M. Morin (Louis-Hébert): Depuis 1967, ça fait
partie des dépenses du ministère. Cela a été
signé, ce n'était pas encore intergouvernemental, en 1967.
M. Forget: Alors, c'est quoi qui a été
intégré?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a un article qui s'appelle
ACDI, c'est-à-dire Agence canadienne de développement
international. Ce qui se passait - ce n'est pas dans l'objet immédiat de
notre discussion, peut-être que je n'en parlerai même pas parce
qu'on doit s'en tenir à ce que le vérificateur a dit, selon le
mandat de cette commission - c'est que nous assumions au Québec des
dépenses pour certaines opérations à l'étranger.
Nous les assumions, dis-je, parce que là le gouvernement
fédéral veut passer à côté de nous et ne pas
impliquer le Québec parce qu'il veut absolument que le Québec
disparaisse de l'étranger, à défaut de faire
disparaître le Québec.
M. Forget: Vous ferez le plaidoyer après, mais donnez-nous
les chiffres pour commencer.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est un fait.
M. Forget: On va suivre votre raisonnement quant aux chiffres. On
vous donnera une demi-heure après pour plaider que le gouvernement
fédéral est terrible.
M. Morin (Louis-Hébert): Je prends votre propre
témoignage.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent, il faudrait permettre au ministre de donner les
réponses.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est une entrevue que vous avez
donnée dans les journaux qui m'a inspiré.
M. Forget: Vous lisez trop.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est peut-être ce que vous
dites, que je lis trop. Par exemple, pour l'ACDI, il y a 3 000 000 $ qui nous
sont remboursés par le gouvernement fédéral pour des
opérations faites à l'étranger. C'est au ministère;
malheureusement, quand c'est remboursé, cela va au fonds
consolidé, ce n'est pas nous qui avons un revenu. Sauf qu'à ce
moment ce n'est pas une augmentation du budget du ministère. C'est
localisé chez nous, mais cela n'existait pas avant.
Maintenant, je veux revenir à quelque
chose. Tout à l'heure, le député a dit qu'il ne
voulait pas s'occuper de questions trop...
M. Forget: Est-ce que vous niez les chiffres?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne nie pas les chiffres, parce
que les chiffres, on ne les niera pas.
M. Forget: Mais non, ils sont dans les comptes publics.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce que je nie, c'est l'analyse
que vous en faites. Il y a une nuance.
M. Forget: J'ai dit qu'ils ont augmenté. Vous niez qu'ils
ont augmenté.
M. Morin (Louis-Hébert): Ils n'ont pas augmenté
autant que je l'aurais voulu, si c'est ce que vous voulez savoir.
M. Forget: Ah! je n'en doute pas!
M. Morin (Louis-Hébert):
Deuxièmement...
M. Forget: Je n'ai aucune espèce de doute
là-dessus. Je sais que vos ambitions sont sans bornes, mais il reste que
vos réalisations ne sont pas négligeables.
M. Morin (Louis-Hébert): Je rejoins en cela votre
collègue de Jean-Talon qui déplorait avec nous, lors de
l'étude des crédits, qui est une occasion autre que celle-ci, que
nous n'ayons pas tous les moyens à notre disposition pour agir comme il
le faut pour respecter la personnalité du Québec sur le plan
international. Référence: le 11 juin 1981, Jean-Claude
Rivest.
Je reviens à cela. Tout à l'heure, vous avez dit qu'il ne
fallait pas tomber dans des... Si vous avez pris la décision de me
demander de venir vous rencontrer aujourd'hui, c'est parce que vous aviez des
choses d'une qravité exceptionnelle, des sujets profondément
percutants et, j'imagine, inquiétants pour la collectivité
québécoise à discuter, donc, des choses qui ne sont pas
des détails. Or, je voudrais vous signaler ici quand même - et
c'est là le fond du débat en ce qui concerne le rapport qu'a fait
M. le vérificateur et c'est pour cette raison que j'ai posé des
questions tantôt, d'ailleurs -que tout cela porte sur quoi? Sur du
personnel de délégations du Québec, ce dont on parle,
recruté localement. Or, il y a seize délégations. Dans
trois de ces délégations, New York, Toronto et Paris, il y a des
normes. On l'a dit tantôt. Il y en a treize autres où il y a 75
à 100 personnes recrutées localement. C'est du personnel de
soutien. Le député nous dit qu'on devrait avoir une politique de
recrutement à l'étranger, des règles, des normes qu'on
applique, en somme, la bureaucratisation exportée. C'est ce qu'on est en
train de se faire suqgérer par le député.
M. Forget: C'est déjà fait. M. Morin
(Louis-Hébert): Non.
M. Forget: C'est déjà fait de toute
façon.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce que nous essayons de
faire...
M. Forget: Quand vous êtes rendus avec 75 personnes
à Paris, vous ne me ferez pas accroire que ce n'est pas de la
bureaucratisation exportée.
M. Morin (Louis-Hébert): D'abord, à Paris, il y a
73 personnes dont 47 recrutées localement, ce qui veut dire... Les
autres...
M. Forget: En vertu de quelle politique?
M. Morin (Louis-Hébert): De quoi parle-t-on?
M. Forget: On parle toujours du personnel recruté
localement.
M. Morin (Louis-Hébert): Recruté localement. Le
personnel recruté localement, cela peut être une personne dans une
déléqation, deux, trois ou cinq. Ce sont des gens qu'on emploie
sur place pour occuper des fonctions à propos desquelles on n'a pas
besoin d'exporter des Québécois. Cela coûte beaucoup moins
cher.
M. Forget: J'imagine.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela. Ces personnes sont
soumises à des lois locales. Ces lois varient encore plus souvent qu'au
Québec. Il y a des normes de salaire minimum. Il y a toutes sortes
d'autres considérations auxquelles on est soumis comme gouvernement. Si
nous, gouvernement du Québec, on commence à prétendre - et
c'est la question que j'ai posée tantôt et j'aimerais qu'on en
discute - qu'on peut d'ici établir pour 75 à 100 personnes, six
à sept douzaines de personnes, alors qu'il y a quand même pas mal
plus de fonctionnaires au Québec, des normes rigides, déjà
on s'enfarge chague fois qu'on veut faire quelque chose au Québec dans
des normes qu'on connaît ou qu'on apprend quand on veut poser des gestes.
S'il faut façon plus, on aille s'en inventer pour se rendre d'une
rigidité totale à l'extérieur, alors qu'on a quand
même nos vérifications internes au ministère, on a
quand même le vérificateur qui regarde toutes nos affaires,
pour 75 à 100 personnes dans treize délégations
différentes, dans sept pays différents, si vous avez une
suggestion brillante à faire sur des normes qui ne seraient pas trop
épaisses, on va regarder cela avec plaisir, mais nous autres, c'est la
difficulté qu'on a et on le dit sincèrement. C'est une chose dont
on aimerait discuter à un moment donné plus profondément.
On fait quoi, pour établir à partir de Québec des
règles qui s'appliqueront à l'étranger? Même si on
disait que le salaire minimum qu'on va payer à Düsseldorf sera le
même qu'au Québec, ce n'est pas celui qu'ils ont au Québec.
On va dire: On va payer à Dusseldorf le salaire minimum de Dusseldorf.
Très bien, mais que fait-on quand on est rendu à Tokyo? À
part cela, il n'y a pas seulement le salaire minimum. Il y a toute une
série d'avantages sociaux et autres, des choses qui sont d'une
variété énorme d'une délégation à
l'autre. Ce n'est presgue pas faisable.
Ce qu'on fait, c'est qu'on a nos propres vérifications internes.
On explique cela quand arrive chaque année le vérificateur. On a
nos propres comptables et tout. Le Conseil du trésor, chaque fois qu'on
fait un geste, il me semble qu'on est "checké" suffisamment. Si, en plus
de cela, le député de Saint-Laurent veut ajouter tout un autre
paquet de directives, c'est ce que j'appelais la technocratie rampante.
Je pense qu'il n'y a aucun drame dans ce qui a été
mentionné. Je vous dis qu'il y a 75 à 100 personnes qui varient.
Je ne sais même pas leur nom; il y en a qui peuvent rester deux semaines
ou deux mois - du personnel de soutien - et qui s'en vont sans nous le dire.
Que fait-on quand on emploie quelqu'un et qu'à un moment donné il
ne se présente plus et on ne sait plus où il est parti? Il peut
bien être parti en Turquie. On a même de la difficulté
à le retrouver pour lui donner son dernier chèque de salaire.
Quelle norme applique-t-on dans ce temps-là? On envoie qui? La
Sûreté du Québec faire un périple en Turquie? Il
faut quand même...
D'ailleurs, vous savez très bien que c'est comme ça que
ça fonctionne; c'est difficile de faire autrement. Seulement, vous
voulez essayer de faire croire qu'il n'y a pas de directives et de normes. Il y
en a, sauf qu'il y a une chose aussi, qui s'appelle la technique GBS en
administration publique, gros bon sens. Il y a des choses qu'on essaie de faire
le mieux possible, avec toutes les lignes d'autorité qui existent dans
un gouvernement, et la responsabilité qui est celle des hauts
fonctionnaires et du ministre lui-même. Voilà. Je ne peux pas
inventer de normes uniformes pour l'univers entier.
M. Forget: Cela fait quatre fois que vous le dites.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est parce que...
M. Forget: On vous a compris.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez compris? Si vous avez
compris, parfait.
M. Forget: On a compris, mais on n'est pas d'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous voudriez des normes,
à partir de Québec, pour le Japon, l'Allemagne?
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent, on va laisser le ministre finir, après ça, je vous
donnerai la parole. Je vous ai inscrit.
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais poser une question au
député de Saint-Laurent. Est-ce que, oui ou non, le
député de Saint-Laurent veut qu'on établisse, à
partir de Québec - lui qui fait partie d'un parti qui trouve qu'il y a
trop de directives et de paperasse, de bureaucratie - pour des pauvres gens qui
sont à l'étranger, qui vont travailler dans nos
déléqations, toute une série de directives qu'ils ne
verront jamais de leur vie, mais qui seront appliquées par des
fonctionnaires, à Québec, dans le bureau de la
Grande-Allée? Oui ou non, c'est ça que vous voulez?
M. Forget: Ne parlez pas pour un autre. M. le ministre; c'est
votre administration qui est en question, ce n'est pas la position de
l'Opposition.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais ce sont vos critiques
qui sont en cause.
M. Forget: M. le Président, est-ce qu'on va me donner la
parole?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, bien sûr, une question
vous a été posée.
M. Forget: On assiste à un discours vraiment
invraisemblable. Le ministre des Affaires intergouvernementales me fait penser
à ce fameux personnage de Molière.
M. Morin (Louis-Hébert): Si je vous fais penser, ce sera
une bonne chose.
M. Forget: Vous connaissez ce fameux personnage de
Molière, M. le ministre, M. Jourdain, qui faisait de la prose sans le
savoir.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous, vous faites de
l'administration sans la connaître.
J'aime mieux prévenir les coups.
M. Forget: Je croyais que vous aviez terminé.
M. Morin (Louis-Hébert): Ma devise, ce n'est pas: Je me
souviens, c'est: On ne sait jamais.
M. Forget: Le ministre, après nous avoir dit qu'il ne
pouvait pas faire de normes pour l'emploi des gens à l'étranger,
nous a indiqué que, quant à lui, il y avait une règle,
cependant, qu'il devait respecter. Donc, c'est une norme. Vous avez dit: II
faut respecter la loi des pays où on est. S'il y a une
délégation en Allemagne, il faut respecter cette norme. Il me
semble que c'est un premier élément d'une politique relativement
à l'engagement du personnel.
M. Morin (Louis-Hébert): On l'a.
M. Forget: II y a un deuxième élément, M. le
Président. Je veux ouvrir une parenthèse, ici; ce n'est pas la
première fois que je le constate, d'ailleurs. Dès qu'il est
question d'administration - c'est la deuxième fois que j'ai ce plaisir
de parler de l'administration de son ministère au ministre des Affaires
intergouvernementales - il devient d'une nervosité invraisemblable.
Pourquoi ce désir de changer de sujet? Est-ce que l'on ne peut pas
parler de votre administration? Vous êtes ministre depuis cinq ans,
maintenant, ou presque.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah oui, et pour plusieurs
années à venir, certainement.
M. Forget: Est-ce qu'on ne peut pas parler de votre
administration et obtenir des réponses à moitié
sensées de votre part?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, certainement.
M. Forget: Bravo!
M. Morin (Louis-Hébert): Complètement, pas à
moitié.
M. Forget: II demeure que, comme c'est une
délégation gouvernementale, comme on met beaucoup d'insistance
sur l'image que projette le Québec à l'étranger, j'imagine
qu'un des éléments d'une politique de rémunération
du personnel autochtone, pour le Québec comme pour un tas d'organismes
qui travaillent à l'étranger, c'est d'offrir des conditions de
travail meilleures si on les juge vraiment trop faibles dans certains pays. Je
pense, par exemple, à Caracas: on peut engager des portiers ou une
réceptionniste à Caracas pour un salaire qui serait
considéré comme honteux au Québec. Il n'y a
peut-être pas d'assurance-maladie. Est-ce qu'il y a, du
côté, par exemple, des avantages sociaux, une politique minimale?
Ce ne sont pas les lois du pays, nécessairement, qui vont l'exiger. Si
elles l'exigent, comme en Allemagne de l'Ouest, présumément, tant
mieux. Si elles ne l'exigent pas, j'imagine que ce n'est pas l'impulsion du
moment ou des amitiés particulières du
délégué général qui vont dicter les
avantages sociaux qu'on va offrir à M. Untel ou à Mlle Unetelle
pour travailler à la délégation.
J'imagine que le ministre va avoir une politique d'application
générale dans ces cas-là. Comme il s'agit du
Québec, comme on se respecte, n'est-ce pas, on va offrir à ces
employés des conditions de travail qui sont convenables, même si
le pays dans lequel on a le malheur d'être, dans ce sens, n'est pas
capable d'en faire une règle générale. La
délégation du Québec à Haïti, par exemple,
est-ce qu'elle ne fait que respecter les lois locales quant aux avantages
sociaux de ses employés autochtones?
Il me semble qu'on ne peut pas répondre à cela:
Écoutez, c'est différent, c'est difficile à dire,
ça dépend de comment on se sent quand on se lève le matin,
etc. Avez-vous une politique ou si vous n'en avez pas? Vous répondrez
tantôt, vous aurez tout le temps pour le faire et je suis sûr que
vous allez me parler d'Ottawa en répondant. (16 h 15)
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense que la réponse
que j'ai va vous satisfaire pleinement.
M. Forget: Ce qui est absolument incroyable, c'est que le
ministre écoute et lit les remarques du Vérificateur
général et, essentiellement, tout ce qu'il a pu nous dire...
Une voix: Soyons donc un peu sérieux.
M. Forget: Est-ce qu'on devrait suspendre nos travaux, M. le
Président, pour permettre au ministre de retrouver son sérieux et
sa concentration? Il semble les avoir complètement perdus.
Le Président (M. Bordeleau): C'est d'accord, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Le ministre nous dit essentiellement: Le
vérificateur a fait son travail. Il n'a pas découvert, dans un
ministère qui n'est pas un gros ministère, un trou de 500 000 000
$ malheureusement; il ne peut trouver que de petits trous dans un petit
ministère financièrement parlant.
M. Morin (Louis-Hébert): Si vous le trouvez, vous me le
direz.
M. Forget: II trouve, malgré tout, des
irrégularités sur le plan des contrôles financiers,
des contrôles de gestion, et tout ce que le ministre a à nous
dire, c'est que le Vérificateur général a tort.
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas dit ça.
M. Forget: Au nom du principe du GBS, au nom du principe du gros
bon sens, je ne fais que vous répéter, la formule n'est pas de
moi et je n'en revendique pas la paternité...
M. Morin (Louis-Hébert): Elle est bonne.
M. Forget: Au nom de cette formule miracle du bon sens qui
était la formule de nos grands-pères, si la gestion du
gouvernement reflète encore ça, M. le Président, je pense
qu'on est un peu mal pris parce qu'on administre quelque 45 000 000 $.
M. Morin (Louis-Hébert): On parle de 150 000 $.
M. Forget: Ce n'est pas des pinottes. On administre 45 000 000 $
avec le système GBS.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce n'est pas ça.
M. Forget: Le Vérificateur général fait des
remarques et on dit: II s'est trompé, il n'a pas compris.
M. Morin (Louis-Hébert): On n'a jamais dit ça.
M. Forget: En clair, en 22 000 mots que vous avez
prononcés tantôt, c'était exactement ce à quoi
ça revient. On administre et on ne veut pas exporter la
bureaucratisation. C'est une indication voilée et à peine polie
que les implications des remarques du Vérificateur général
ne constitueraient qu'à exporter la bureaucratie. Je vous ai
donné une illustration vis-à-vis des bénéfices
sociaux des employés autochtones des délégations du
Québec à l'étranger; si le gouvernement du Québec,
à ce moment, n'a pas de politique, il ne sait pas ce qu'il fait.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est peut-être à
moi de dire quelque chose, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je pense
qu'on a parlé de deux choses en porte-à-faux. La question qui
était posée tout à l'heure c'était: Est-ce que nous
avons ici des normes que nous appliquons à l'étranger à
partir de Québec pour 75 à 100 personnes qui sont
recrutées localement? La réponse à ça, c'est qu'il
n'y en a pas. Quand j'ai posé une question pour vraiment tâcher
d'en arriver à une solution avec le vérificateur, je n'ai jamais
critiqué ce que le vérificateur avait dit, au contraire, nos
relations sont excellentes. Selon ses bonnes vieilles habitudes, le
député de Saint-Laurent extrapole joyeusement. Je pense bien que
tout le monde a compris que ce n'est pas du tout cela que je veux dire. Il
prend le problème d'une autre façon, il dit: A l'étranger,
quand vous êtes... Il reconnaît qu'on ne peut pas avoir les
mêmes situations d'un pays à l'autre, admission profonde,
reconnaissance pratique que je salue en passant. C'est ce que j'ai dit tout
à l'heure, qu'on ne peut pas avoir une politique ou des normes
semblables d'un pays à l'autre. Cependant - j'ai dit qu'il y a une
réponse qui va régler votre problème - nous ne pouvons pas
avoir d'un pays à l'autre les mêmes normes à partir de
Québec, comme on a les mêmes normes d'un ministère à
l'autre pour l'espace occupé par un fonctionnaire, les salaires et le
reste. Cela ne se fait pas et ce n'est pas possible. Je demandais tantôt
si c'est possible et j'aimerais qu'on le trouve mais ça n'a pas l'air
faisable. Ce que nous faisons à l'étranger - et je pense que
cette réponse va vous combler d'aise parce que c'est un modèle
que vous respectez - nous prenons partout, dans ces cas d'individus
recrutés localement, les normes du gouvernement
fédéral.
M. Forget: Vous devriez avoir honte.
M. Morin (Louis-Hébert): Est-ce que c'est un virage?
M. Forget: C'est un appel à la cohérence.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce qui veut dire que le
gouvernement fédéral n'est pas cohérent, c'est une
critique voilée que vous faites.
M. Forget: C'est vous qui ne l'êtes pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Nous appliquons à chaque
endroit les normes qui sont en vigueur à l'ambassade du Canada,
lorsqu'il y en a une, pour le même personnel.
M. Forget: Une chance que Xerox existe.
M. Morin (Louis-Hébert): Sauf que le gouvernement
fédéral, les gouvernements de la France et de la Grande-Bretagne
ne
peuvent pas, à partir des États-Unis, avoir le même
salaire minimum pour l'univers entier. Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse?
Nous appliquons dans chacun de ces pays les normes qui correspondent à
celles qui sont appliquées aux mêmes types d'employés par
l'ambassade du Canada, lesquelles varient cependant d'un pays à l'autre.
C'est ce que j'ai dit tout à l'heure. À partir de Québec,
on ne peut pas avoir les mêmes taux de salaire. Vous avez raison de dire
qu'on est obligé de payer parfois des salaires à des gens qui,
par rapport à ce qui est payé ici, seront insuffisants mais qui,
par rapport aussi à ce qui est payé ici, des fois, seront
supérieurs, ça dépend.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. Larose.
M. Larose: J'aurais peut-être trois remarques à
faire, M. le Président. En premier lieu, sur cette question de
traitement, M. Morin nous fait remarquer qu'il y a déjà des
normes qui ont été établies pour de grandes
délégations, de grands bureaux, soit ceux de Paris, New York et
maintenant Toronto, mais au moment de notre vérification, cela
n'existait pas; cela existe depuis. Si des normes ont pu être
établies dans ces trois délégations, il nous
paraîtrait possible que des principes généraux puissent
être établis et mis en place pour l'ensemble des autres
délégations. C'est d'ailleurs ce que l'on avait cru comprendre
lorsqu'on mentionne qu'un projet de régime global d'emplois pour ce type
de fonctions vient d'être complété.
Dans une autre note qui nous est donnée, qui vient du
ministère: Tel que noté, un projet de régime global des
conditions de travail a été élaboré et est en voie
d'adoption. On comprend que le ministère reconnaissait un certain
bien-fondé à cette remarque puisqu'il était en voie de
l'adopter. Nous reconnaissons fort bien que si, dans un endroit, il y a une
personne de soutien, on n'essaiera pas un régime de normes particulier
pour cette personne. Ce n'est pas le sens de notre recommandation. Le sens de
notre recommandation, c'est qu'il peut s'établir un régime
général dans certains cas. Comme vérificateur, on pourrait
s'y référer pour les fins de notre vérification. C'est le
premier point que je voulais expliquer. Me permettez-vous de continuer pour les
deux autres ou si vous voulez terminer sur celui-là?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, certainement. Je vais
reprendre ma remarque. Allez-y, cela va très bien.
M. Larose: Le deuxième point que je voulais mentionner,
c'est celui-ci. Tout à l'heure, il a été fait mention
aussi des questions d'achats. On a dit qu'il ne serait peut-être pas
valable d'avoir aussi des normes pour la question des achats, mais qu'en fait,
dans la pratique, on demandait toujours deux soumissions. Il faut bien se dire
que, quant à nous, nous faisons des sondages sur les opérations
des ministères et des sondages sur les acquisitions. En l'absence de
normes, s'il n'y a absolument aucune norme, on peut bien se poser la question
continuellement, à savoir que si une journée, il y a des
soumissions, le lendemain, il peut ne pas y en avoir, parce qu'on ne
vérifie pas l'ensemble des transactions.
On aimerait se référer à un document de normes,
qu'elles soient d'ordre général, mais au moins qu'on ait un
document en vertu duquel on pourrait vérifier si les opérations
du ministère sont conduites. Il ne faut pas charrier non plus - je suis
d'accord avec le ministre - et aller dans les détails et multiplier la
bureaucratie, mais il y a au moins des guides généraux, à
notre sens, qui devraient exister.
Le troisième point que je voudrais mentionner, c'est la question
du rapport important des dépenses d'une année à l'autre.
Nous l'avons souligné il y a quelques années. C'est absolument
notre devoir de souligner ce point. Nous sommes en face d'une situation
où le ministère a outrepassé les dispositions de la Loi
sur l'administration financière. Il a dépensé de l'argent
alors qu'il n'avait pas les crédits nécessaires. Il y avait un
manque de crédits et il a dépensé de l'argent.
Comme vérificateur, c'est une de nos obligations fondamentales de
faire rapport de telles situations, dans quelque ministère que ce soit,
où elles se produisent. La situation peut s'améliorer grandement,
puisque si, il y a deux ans, il y avait 700 000$ de telles dépenses, au
moment où on a fait le rapport, il y en avait pour 335 000 $, et, cette
année, nous complétons la vérification, on en est rendu
à 190 000 $. Par conséquent, il y a moyen d'améliorer la
situation, si les prévisions budgétaires sont là.
Pour ajouter à cela, si le ministère se croit absolument
dans l'impossibilité de respecter les dispositions de la Loi sur
l'administration financière à ce sujet, il devrait s'adresser
à la Législature ou au Conseil du trésor pour obtenir un
traitement spécial; mais la loi est là.
M. Morin (Louis-Hébert): Merci, M. Larose. Votre
dernière remarque est intéressante, parce que c'est le seul
ministère dans ce cas, à cause de nos opérations
extérieures, qui soit confronté à des problèmes
auxquels les autres ne le sont pas, pour des raisons que tout le monde
reconnaît et que vous avez fort bien mentionnées au passage.
Cela nous obligerait, si on respectait
d'une façon tout à fait stricte les normes en cours,
quasiment à cesser soudainement une opération et à la
reprendre un mois et demi après parce qu'on n'a pas le budget d'un mois
et demi. Il y a un problème qu'on reconnaît de part et
d'autre.
Je reviens au premier point pour les normes relatives au personnel
recruté localement. On l'a fait pour New York et Toronto, parce que les
lois sur place nous sont connues et il y a beaucoup de gens présents
dans ces délégations. Les lois peuvent entrer en ligne de compte
et ne varient pas de façon rapide; on le sait d'avance, les normes sont
assez faciles.
À Paris, nous avons un statut qui nous a été
conféré dans les années soixante, lors de l'époque
de M. Lesage, qui nous permet aussi de voir venir. Mais, dans le cas des autres
délégations, je suis tout à fait d'accord avec vous et je
suis heureux que vous le reconnaissiez - je pense que c'est le aussi le sens
commun - quand il y a une ou deux personnes, on ne peut pas, à partir de
Québec, établir le même type de normes que celles qu'on a
pour les grosses délégations où la législation nous
le permet et où le statut encore nous le permet.
En ce qui concerne les normes, peut-être qu'on réglera le
problème facilement; je suis content de votre suggestion. Par exemple,
on a une norme qui n'est peut-être pas écrite et, si on
l'écrivait, cela simplifierait peut-être. Je parlais tantôt
des automobiles, quand on était obligé d'en acheter à
l'étranger. Nous faisons des soumissions. Je ne sais pas si on a
écrit, quelque part dans notre directive, qu'il y aura soumission
nécessairement, lorsqu'il y aura achat d'automobiles, mais nous le
faisons. Peut-être que cela simplifierait et peut-être que cela
faciliterait la disparition de malentendus si, lorsque nous avons des pratiques
qui sont inspirées de ce qu'on fait ailleurs, qui n'ont peut-être
pas toujours été codifiées, dans ce cas-là, on le
faisait. Peut-être que c'est fait pour les automobiles, mais, par
exemple, si ce n'était pas fait pour les automobiles, si on l'avait
dorénavant par écrit, on ne changerait rien à la pratique,
on la suit déjà, mais ce serait écrit. Vous l'auriez quand
vous viendriez vérifier les comptes. Est-ce que cela correspond un peu
à ce que vous disiez tout à l'heure?
M. Larose: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est un exemple. Je dis les
autos, parce que c'est le cas qui me vient à l'esprit. Il y a
peut-être d'autres cas. Je ne sais pas si j'ai d'autres remarques.
Attendez un peu.
M. Larose: J'ajouterais, M. le ministre, en l'absence
complète de normes concernant le personnel de soutien, le personnel
local, pour y aller par le ridicule, si on peut dire, si on nous arrivait avec
une condition d'emploi pour une personne qui fait l'entretien ménager et
si on lui accordait un salaire de 25 000 $ que le délégué
a signé...
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a pas beaucoup de risques
que cela aille loin.
M. Larose:... en tant que vérificateur, on serait
obligé de dire...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah oui!
M. Larose:... l'autorité est là. Il n'y a aucune
norme, mais l'autorité est là et elle est signée; on se
fermerait la boîte.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais je ne pense pas que
vous ayez ce problème.
M. Larose: Non, je vous l'ai dit, en passant par le ridicule.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, d'accord, c'est cela. Je
suis d'accord avec vous, bien sûr. Je n'ai pas de remarque à
ajouter pour M. le vérificateur.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, vous me permettrez, en tant
que jeune député, de manifester mon étonnement et ma
stupéfaction devant la désinvolture du ministre, moi qui arrive
dans ce domaine et qui écoute ce que vient de nous dire le ministre. Si
j'ai bien compris le Vérificateur général, il nous a dit
tout à l'heure qu'il y avait des dépassements budgétaires,
que, dans des dossiers, on avait dépensé des fonds alors qu'il
n'y avait plus d'argent dans la caisse et qu'on s'était permis de passer
outre et de faire des engagements financiers, enfin de dépenser des
fonds.
Le ministre donne comme réponse qu'il y avait une très
bonne raison pour cela, qu'on était en train de faire des travaux
quelconques ou de faire des dépenses et qu'on n'était
certainement pas pour s'arrêter en cours de route pour la simple raison
qu'il n'y avait plus d'argent. Ce n'est évidemment pas une raison
valable pour arrêter de dépenser, parce qu'il n'y a plus d'argent
dans la caisse. C'est donc suffisant qu'un employé quelconque ou un
fonctionnaire ait le goût de continuer à faire quelque chose pour
défoncer le budget, enfin c'est parce que ceux qui ont fait le budget
s'étaient trompés au début.
Moi qui viens de l'entreprise privée, je suis un peu
étonné de ce genre d'argumentation et du front que peut avoir un
ministre de venir nous dire ici, en pleine
face, que ce n'est pas une bonne raison. À mon avis, c'est le
contraire qu'il faut faire. Au début de l'année, il faut se
demander quel est le budget octroyé pour une dépense quelconque
et il faut aviser les fonctionnaires de bien vouloir agencer leurs travaux, de
telle sorte que les dépenses s'échelonnent sur toute
l'année et qu'on n'arrive pas à la fin de l'année avec un
dépassement budgétaire parce qu'on a trop dépensé.
Si on suivait ce même raisonnement dans tous les ministères,
évidemment, comme le disait mon collègue ici, c'est un petit
ministère et les dépassements sont petits, mais, si on faisait
cela aux Affaires sociales - de toute façon, je dois dire qu'on le fait
aux Affaires sociales - au ministère des Transports et au
ministère de l'Éducation, on arriverait avec un déficit
budgétaire de 5 000 000 000 $ à la fin de l'année
plutôt que de 3 000 000 000 $, ce qui est exactement le cas de toute
façon.
Ceci étant dit comme remarque préliminaire, j'aurais
quelgues questions à poser au ministre. Je voudrais savoir... (16 h
30)
M. Morin (Louis-Hébert): J'aurais deux commentaires sur ce
que vous avez dit. Après cela, vous poserez vos questions.
M. Bourbeau: Allez-y, à la condition que...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est important, je me
réfère à ce que dit M. Larose.
À propos des dépassements, je me souviens très bien
d'avoir dit tantôt qu'ils étaient dus - je le répète
- à des variations subites à des taux de change et, on me le
signale - c'est une chose que je n'ai pas mentionnée - à des
variations considérables du prix de l'énergie, aussi bien
l'électricité que l'essence, ainsi qu'à des lois locales
qui, soudainement, changent les conditions salariales. C'est un premier
commentaire que je veux faire. Il y a des choses qu'on ne peut pas
prévoir au début de l'année.
M. Bourbeau: Est-ce que vous pourriez répéter vos
conditions? Je n'ai pas tellement bien saisi. La variation des taux de
change...
M. Morin (Louis-Hébert): Vous n'avez pas saisi parce que
vous parliez à quelqu'un d'autre.
M. Bourbeau: Je vous ferai remarquer qu'on n'a pas le monopole
des monologues. Vous en avez autant de l'autre côté.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce sont des dialogues dans ce
cas-là.
Premièrement, je dis qu'il y a des dépenses qui
surviennent à un moment donné...
M. Bourbeau: Des "trilogues".
M. Morin (Louis-Hébert):... que personne ne pouvait
prévoir au début de l'année. Cela arrive dans n'importe
quelle entreprise privée. Si vous venez de l'entreprise privée,
je pense que je n'ai même pas besoin de vous donner d'exemple.
J'ai parlé des conditions salariales qui peuvent changer, des
conditions sociales, des conditions politiques dans chaque pays.
Deuxièmement, j'ai parlé de certains coûts de
l'énergie qui ont augmenté de façon faramineuse, du
coût des loyers, dans certains cas, soudainement, et,
troisièmement, j'ai parlé aussi des taux de change qui nous ont
mis dans une des pires situations dans lesquelles on s'est trouvé. C'est
la première remarque que j'ai faite.
Pour la deuxième, je me réfère à ce que M.
Larose a mentionné; effectivement, il nous l'a mentionné il y a
quelques années et on est en train de le corriger dans la mesure
où on peut le faire. C'était 700 000 $ une année, 335 000
$ l'autre année et vous avez donné un autre chiffre tout à
l'heure, M. Larose?
M. Larose: 190 000 $ semble-t-il.
M. Morin (Louis-Hébert): 190 000 $, c'est en train de se
resserrer. Je pense qu'on est sur une bonne voie. Un peu plus, on va finir
l'année avec des qros surplus, si on continue comme cela.
M. Larose: Des crédits périmés, pour le
plaisir du ministre des Finances.
M. Morin (Louis-Hébert): Ne vous inquiétez pas. On
est à la veille d'avoir de l'argent de trop.
Il faut tenir compte de ces deux considérations. Je n'ai pas dit
qu'il n'y avait pas eu de dépassement. J'ai dit qu'il y en a eu, sauf
que j'ai expliqué les raisons. Mais ces dépassements diminuent
d'intensité. C'est important de le mentionner. Vous ne connaissiez pas
l'autre chiffre que M. Larose a mentionné. Je suis heureux de voir que
c'est toujours dans la même direction qu'on va, celle d'une
amélioration permanente de la gestion du ministère.
Vous n'avez peut-être plus de question.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: La seule chose que je voulais dire, c'est que je
suis encore étonné quand même que vous ne vous souciiez pas
plus que cela de faire en sorte que vos budgets soient respectés, et que
la seule explication valable que vous donniez aux dépassements
budgétaires, je vous le disais tout à l'heure, c'est que vous
êtes en train
de faire quelque chose et que cela ne vaut pas la peine d'arrêter
parce que les budgets sont épuisés. Je trouve qu'au contraire, si
vous étiez un bon qestionnaire - et je présume que vous allez
apprendre à l'être avec le temps - vous demanderiez à vos
fonctionnaires de bien vouloir se conformer aux budgets qui sont votés
et ralentir les dépenses s'il le faut, en cours de route, de
façon qu'ils puissent se conformer aux budgets qu'ils ont, et non pas
arriver à la fin de l'année pour dire: On a dépassé
parce qu'on a dépassé.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, j'aurais
peut-être une question à poser au député.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela m'intéresserait de
savoir comment on résoud ce type de difficulté. J'admets tout ce
que dit M. le vérificateur, d'ailleurs on en a parlé, mais dans
une entreprise privée, supposons une petite ou moyenne entreprise, qui
va recevoir 1 000 000 $, pour une raison quelconque, le 1er avril. Elle arrive
au 1er mars et il y a 12 000 $ quelle n'est pas capable d'honorer pendant le
mois de mars. Est-ce que l'entreprise ferme, à ce moment-là?
M. Forget: Voulez-vous une réponse à votre
question?
M. Morin (Louis-Hébert): S'il vous plaît.
M. Forget: II y en a une qui est bien simple.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Elle vaut pour l'entreprise publique, elle vaut pour
l'entreprise privée, elle vaut pour votre budget personnel. Quand on a
des difficultés de ce genre, des dépenses imprévues, au
niveau du gouvernement, on a une procédure qui est bien connue, qui
s'appelle un budget supplémentaire ou des mandats spéciaux.
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, ma question, c'est
cela.
M. Forget: Mais là, ce qui est arrivé, c'est qu'on
n'a pas demandé un budget supplémentaire ou des mandats
spéciaux. On a fait la dépense, point. Et cela est
irrégulier, illégal même, M. le Président. La loi
des crédits, c'est une loi au même titre que les autres lois et
quand on viole cette loi, on viole une loi, point. Il n'y a pas d'excuse
à violer une loi; il n'y a pas de "parce que" et de circonstances
atténuantes. C'est une loi, c'est une loi statutaire. Quand on la viole,
on la viole, point. Et on ne dit pas: II fallait que je la viole.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Le propos moralisateur du
député...
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, s'il vous
plaît. Le député de Saint-Laurent a répondu à
votre place ou à peu près, à la question du ministre.
M. Bourbeau: Je n'ai pas donné le mandat au
député de Saint-Laurent de répondre pour moi.
M. Morin (Louis-Hébert): II faudrait quand même que
vous vous entendiez ensemble.
Le Président (M. Bordeleau): Je vais donner l'occasion au
ministre de répondre. Vous pourrez poser une autre question au ministre
à n'importe quel temps.
M. Bourbeau: J'aimerais répondre moi-même.
M. Forget: On peut répondre tous les deux.
M. Morin (Louis-Hébert): Je sais.
Le Président (M. Bordeleau): Seulement un à la
fois. C'est cela qui est important.
M. Forget: II y a des énormités tellement grosses
quelquefois que je ne peux pas me retenir.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, allez-y.
M. Bourbeau: Si vous voulez avoir ma réponse.
M. Morin (Louis-Hébert): Allez-y. J'ai perdu mes questions
de toute façon.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Vous m'avez demandé tout à l'heure,
dans le cas d'une entreprise qui a un budget de 1 000 000 $, dont
l'année fiscale se termine au mois d'avril et qui, au 1er mars, n'a pas
12 000 $, ce qu'elle fait. Cela ne se produit pas dans l'entreprise
privée, parce que ce qui arrive, c'est que dans l'entreprise
privée on fait des budgets et on les respecte. Et si une entreprise a 1
000 000 $ à dépenser dans
l'année, elle dépense à peu près 80 000 $
par mois et, chaque mois, elle fait des contrôles budgétaires.
Rendu au 1er mars, il reste encore 80 000 $ à dépenser; ça
se fait comme ça dans l'entreprise privée, ça se fait dans
les municipalités et le gouvernement ne permettrait jamais qu'une
municipalité, par exemple, se retrouve dans une situation semblable. Il
est interdit de dépenser plus que le budget.
Alors, je ne comprends pas comment vous pouvez rire de ça.
Comment se peut-il qu'un gouvernement se retrouve avec un budget de
fonctionnement, rendu au onzième mais, avec seulement 1% de son budget
disponible. S'il y a un contrôle budgétaire efficace, la question
ne se pose même pas. Je pense que c'est seulement dans les
ministères comme celui des Affaires intergouvernementales qu'une chose
semblable peut se produire.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est à cause du taux de
change, entre autres.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Personnellement, je vais prendre juste une minute pour
dire que, moi non plus, comme nouveau député, je ne suis pas
édifié du tout de la façon dont l'Opposition pose ses
questions.
En plus d'avoir passé plusieurs heures dans une
procédurite qui est revenue à deux ou trois reprises, ça
semble aiqu et souvent intempestif. Je crois que ce n'est pas édifiant
pour nous.
Il y a un budget de 44 000 000 $ qu'on étudie actuellement, et on
perd du temps sur des petits détails et les questions ne font que mettre
une couche de peinture pour se faire une image devant les distributeurs de
pellicules ou devant les gens de la presse.
Je ne suis pas édifié du tout de voir qu'on perd
royalement son temps; on a convoqué le ministre Morin et vous devriez
lui poser des questions de fond et des questions sérieuses. Loin
d'être édifié, je suis outré; j'ai beaucoup de
travail à faire et ça me fait de la peine qu'ici on vienne perdre
notre temps, parce que l'Opposition pose des questions mièvres.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je crois que le député de
Terrebonne ne comprend rien de ce qui se passe ici. Ce n'est pas la
question de l'ampleur des chiffres...
M. Blais: M. le député de Nelligan, vous n'avez pas
à faire des jugements d'intention.
M. Lincoln: Vous avez fait des jugements d'intention sur ce qu'on
a dit, excusez-moi!
M. Blais: Non, monsieur.
Une voix: II a constaté les faits.
M. Lincoln: Ce que je veux dire c'est qu'on ne discute pas
l'ampleur des chiffres. Moi aussi, j'ai été bien choqué,
comme mon collègue, par toute la rigolade avec laquelle le ministre et
ses associés, derrière, les fonctionnaires, ont pris toute cette
affaire; c'est toujours le sourire, la grande rigolade, mais pourtant c'est un
problème fondamental qu'on examine. Est-ce qu'un ministère, qui a
45 000 000 $ à dépenser, n'est pas aussi responsable que
n'importe quelle entreprise qui aurait 45 000 000 $ à dépenser?
Il semble dire que c'est quelque chose de tout à fait extraordinaire
qu'il y ait des dépenses qui sont sujettes au taux de change, qu'il y
ait des augmentations soudaines du coût de l'énergie.
Voyez le monsieur, là-bas, qui commence déjà
à rigoler, avant même la fin de ma question. En fait, qu'est-ce
qu'il y a de tellement extraordinaire là-dedans? Quantité
d'entreprises, au Canada, ailleurs, n'importe où, des multinationales,
fonctionnent au Québec et qui ont des succursales partout dans tout le
monde. Qu'est-ce qu'il y a de tellement différent entre l'entreprise du
ministère, par rapport à ses bureaux à l'étranger,
et n'importe quelle autre entreprise? Les taux de change, mais c'est une
histoire banale. En fait, ça me fait presque honte pour le
ministère qui n'a pas réussi à résoudre une
question tellement simple. Et c'est ça, peut-être, que M. le
député n'a pas trop compris; on ne s'intéresse pas, nous,
à la question des chiffres, mais au principe de la chose, parce
qu'à une commission des comptes publics on pense à la gestion
financière et, hélas, là, il ne semble y avoir aucun
système. On dit: Parce qu'on est au Mexique, on ne peut pas avoir de
normes, parce que c'est le Mexique; on ne peut pas avoir de normes à
Caracas. On dirait que c'est la seule entreprise du monde à avoir des
bureaux à l'étranger.
Je trouve ça réellement ridicule, je trouve que le
ministre et ses fonctionnaires qui prennent tout ça en grande rigolade
devraient peut-être faire un petit peu de travail,
téléphoner au Canadien Pacifique ou à Bombardier et leur
demander comment ça se présente.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je crois que le moment est
peut-être venu de s'interroger, parce que la démonstration est
abondamment faite, soit sur le plan des limites budgétaires que
constituent les crédits ou sur le plan des systèmes de gestion.
Il y a, à ce ministère, des comportements qui sont assez
difficilement conciliables avec même le bon sens. Mais je pense que cette
démonstration, si on la fait théoriquement seulement, n'est
probablement pas suffisante pour éclairer la lanterne de tout le
monde.
Oeuvres d'art
J'ai ici un cas particulier. Je ne sais vraiment pas sous quelle
rubrique précise, dans les normes administratives du ministère,
il se classe, mais c'est clair qu'il y a un problème de normes
administratives, de politique générale relativement aux achats,
relativement aux standards qui doivent être respectés dans les
délégations du Québec à l'étranger. Cela
m'apparaît assez évident.
Pour limiter mes commentaires au minimum, M. le Président, je
vais vous donner lecture d'une note de service qui vient du ministère
des Affaires intergouvernementales, datée du 18 février 1980. Son
objet: objets d'art pour la résidence du délégué
général à Paris. Pas la délégation
générale; je dis bien la résidence privée du
délégué général à Paris. "Tel que
convenu entre nous, j'ai informé M. Normand que vous aviez
accepté d'ouvrir un crédit de 15 000 $ à même votre
budget 1979-1980 - ce dont on parle, bien sûr - pour l'achat de tableaux
nécessaires à la décoration de la résidence du
délégué général. Un petit comité
composé de Denise Dagenais, Clément Lamontagne et Monique Michaud
établira, en début de cette semaine, les besoins jugés
prioritaires. "Ce projet ne concerne pas le mobilier, mais essentiellement les
tableaux qui devront remplacer ceux que le musée désire
récupérer ou encore des tableaux qui devront décorer des
murs actuellement vides. Un comité ad hoc de sélection et
d'acquisition relevant du ministère des Affaires culturelles
siégera à cette fin au cours de la présente semaine. Quant
au crédit de 3000 $ déjà budgété à la
direction France (CC-448289, prévu à l'engagement 589007-01) il
servira à l'achat d'objets d'art devant garnir les
étagères de la salle à manger de la résidence,
ainsi que la table centrale et une table console. La sélection et
l'acquisition seront assurées par le même comité ad hoc du
ministère des Affaires culturelles. "
Suivent, M. le Président, une série de factures, pour des
montants équivalant au crédit dégagé, de tableaux
et d'objets d'art, y compris un tableau de Jean-Paul Riopelle pour une somme de
3500 $, qui ont été achetés pour garnir, encore une fois,
non pas un édifice public, une délégation
générale, mais la résidence de M. Michaud à
Paris.
Plusieurs questions se posent à ce sujet. Il y a d'abord la
question de savoir s'il est vrai qu'un groupe de fonctionnaires ont fait le
voyage à Paris ou, au moins, un fonctionnaire pour aller mesurer les
murs et les surfaces sur les étagères que l'on devait garnir.
Mais, indépendamment de cela qui est purement anecdotique, est-ce que
nous sommes en face de l'application d'une politique générale
permettant aux délégués généraux qui sont
déjà bien rémunérés, dont le loyer est
lourdement subventionné par le gouvernement du Québec, en plus de
cela, de faire compléter, en quelque sorte, leur ameublement ou tout au
moins leur décoration pour leurs fins personnelles aux frais de
l'État, aux frais du gouvernement québécois?
Dans quels crédits trouve-t-on ces choses-là? En vertu de
quelle politique fait-on des choses comme celle-là? Ou s'agit-il
plutôt d'une faveur personnelle faite à M. Michaud étant
donné ses relations étroites avec le premier ministre?
M. Morin (Louis-Hébert): Nous y voilà!
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je suis
très heureux que le député soulève cette
question...
Une voix: Ah!
M. Morin (Louis-Hébert):... et la réponse est la
suivante. Oui, nous sommes devant une politique et le député, en
lisant la note, a lui-même mentionné un chiffre de
référence en ce qui concerne les normes du comité
d'acquisition des oeuvres d'art du ministère des Affaires
culturelles.
Deuxièmement, c'est peut-être cela le plus important, la
résidence du délégué -qu'il essaie de faire passer
comme étant son appartement personnel - à Paris comme à
New York, comme partout ailleurs, sert à plusieurs fins: bien sûr,
à loger le délégué; il n'est pas pour être
dans les nuages. Plus que cela, elle sert d'endroit de réunions,
d'endroit de réceptions, d'endroit où se tiennent une
série de rencontres entre hommes politiques, hommes d'affaires, etc. J'y
ai moi-même participé. Il faut nécessairement qu'elle soit
autre chose qu'un endroit avec des murs nus, qu'elle soit, en somme,
organisée convenablement, comme le sont d'ailleurs toutes les ambassades
du Canada et d'une façon beaucoup plus somptueuse que nos propres
résidences.
Troisièmement, il s'agit d'une politique mise en oeuvre, je
pense, à l'époque de M. Lapalme, sous le gouvernement
libéral, qui consiste à présenter à
l'étranger des oeuvres d'art québécoises. Nous en avons
partout.
Elles sont toutes notées, toutes vérifiées. Il n'y
a aucune mention, en ce qui concerne le rapport du vérificateur, sur ces
oeuvres d'art parce qu'elles sont bien gérées.
Quatrièmement, elles n'appartiennent pas, alors que c'est ce que
le député de Saint-Laurent voudrait peut-être laisser
entendre, au délégué général. Elles
n'appartiennent pas au ministre ni à personne. Elles appartiennent
à l'État québécois. Elles seront placées
ailleurs éventuellement dans le lot de ces oeuvres d'art que
possède le gouvernement du Québec, a) pour la décoration
ici à l'intérieur du parlement et, b) pour les bureaux du
gouvernement. (16 h 45)
À ce titre, la résidence du délégué
général, que ce soit à Paris ou ailleurs, est une
résidence qui appartient à l'État québécois
et qui est décorée de façon convenable dans les
circonstances, comme le sont les résidences de n'importe quel
représentant de n'importe quel pays à l'étranger.
Voilà!
M. de Belleval: M. le Président...
M. Morin (Louis-Hébert): Par dessus le marché, il y
a un comité de sélection, ce qui veut dire que, même dans
le cas - ça m'intéresse de le mentionner - de choix d'oeuvres
d'art, on procède par des comités et non pas par des
décisions personnelles de tel ou tel fonctionnaire.
M. Forget: Je vais revenir, mais...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlesbourg m'a demandé la parole.
M. de Belleval: Oui, M. le Président, je me demandais, en
feuilletant le rapport du Vérificateur général qui
traitait du ministère des Affaires intergouvernementales, pour quelle
raison l'Opposition officielle avait décidé de faire
comparaître le ministre des Affaires intergouvernementales.
Évidemment, quand on lit les remarques du vérificateur dans les
quelque 500 pages que compte le rapport, il y en a à peine deux qui
traitent des Affaires intergouvernementales sur des points que je ne
qualifierais pas d'insignifiants, pas du tout, mais, quand on les place dans
l'ensemble du rapport du vérificateur pour cette année, ce sont
des points d'une importance relative, beaucoup moindre pour ne pas dire autre
chose que ce qui aurait pu intéresser l'Opposition lors de cette
commission.
Je me demandais pourquoi ils ont voulu faire comparaître le
ministre des Affaires intergouvernementales. J'ai eu la naïveté de
croire le député de Saint-Laurent quand il disait que ce qui
devait nous intéresser, comme commission, c'était,
évidemment, des choses de poids.
J'ai écouté tantôt les questions qui ont
été posées et les réponses qui ont
été données. Je ne dis pas que ce sont des choses
insignifiantes ni même risibles, mais, encore une fois, je suis
obligé de prétendre que ce ne sont pas des choses de poids,
compte tenu de tout ce qui existe dans ce rapport.
J'ai eu aussi la naïveté de croire le député
de Saint-Laurent quand il disait: On doit tenir ce débat d'une
façon non partisane et aller au fond des choses, etc. Finalement, on se
rend compte que tout cela est une mise en scène pour arriver à
sortir le document que le député de Saint-Laurent vient de sortir
sur des questions qui ne sont pas du tout mentionnées au rapport du
Vérificateur général pour cette année, bien qu'il
s'agisse de dépenses qui, effectivement, ont été faites
durant l'année pour laquelle le Vérificateur
général a fait son rapport.
Finalement, on se rend compte qu'il s'agit de quoi? Qu'il s'agit d'une
pratique administrative que l'on retrouve...
M. Morin (Louis-Hébert): Qu'ils appliquaient
eux-mêmes.
M. de Belleval:... dans tous les gouvernements, qui n'a
d'ailleurs pas été implantée par le gouvernement actuel,
qui fait qu'à l'étranger on fournit des logements de fonction
à des ambassadeurs ou à des chargés de mission ou à
des délégués généraux, comme c'est le cas
à Paris. On sait que ces choses-là sont dispendieuses,
effectivement, mais on sait aussi qu'elles sont nécessaires et qu'elles
sont, pour autant qu'elles se fassent avec modération et bon jugement,
effectivement nécessaires.
L'administration publique québécoise a bien des choses
à améliorer dans la rigueur de sa gestion, dans tous les domaines
mais, ce n'est pas dans ce domaine-là en particulier, à mon avis,
qu'elle montre le plus d'excès à comparer à ce qui se fait
dans d'autres provinces ou dans d'autres États. Quand même, cela
ne nous dispense pas d'examiner ces choses et de s'en tenir aux pratiques les
plus austères possible et les plus correctes possible. Ce n'est pas de
cela qu'il s'agit cependant. Il s'agit de présenter, via le journal des
Débats et les journaux, des détails plus ou moins croustillants
ou qu'on prétendra tels, qu'on présentera hors contexte pour
susciter une réaction qui n'a rien à voir, au fond, avec
l'amélioration de la gestion publique. Pas du tout. Il s'agit tout
simplement de mettre en boîte un ministre sur une question en particulier
qui n'a pas de relation véritablement profonde avec la qualité de
l'administration du ministère en question, qui, comme tous les
ministères, a bien besoin d'être critiqué et a
besoin de voir scrutée son administration, bien sûr, d'une
façon sérieuse, mais pas à partir de choses
semblables.
Si la commission des comptes publics, en particulier la commission des
comptes publics rénovée, que tous les parlementaires appellent de
leurs voeux ici et, en particulier, les simples députés, pour
employer une expression consacrée, même si certains grincent des
dents en l'entendant ou en la prononçant, si c'est cela, finalement,
à quoi va aboutir cette commission parlementaire rénovée?
À tout simplement servir de fond de scène pour des choses
semblables. Moi, je dis d'avance qu'on n'ira nulle part et je le regrette
profondément.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je veux
ajouter une autre chose.
M. Forget: J'avais demandé le droit de parole, je
crois.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, d'abord, le
député de Saint-Laurent.
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais
compléter...
Le Président (M. Bordeleau): À moins que le
député de Saint-Laurent permette un complément de
réponse ou quoi que ce soit.
M. Forget: Non.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, j'aime autant pas. D'accord,
cela va aller.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: J'ai écouté ce plaidoyer défensif
de la part du député de Charlesbourg.
M. de Belleval: Je ne défends rien, je ne suis pas
impliqué là-dedans.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous devriez avoir honte,
plutôt.
M. Forget: Je trouve qu'il est tout à fait...
M. de Belleval: Les rires, je les ai vus de l'autre
côté, aussi.
M. Forget: Ah, ce qu'on est nerveux!
M. Morin (Louis-Hébert): On ne peut pas tous avoir l'air
lugubre comme le député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Vous vous réjouissez de choses qui ne devraient
pas vous réjouir parfois, comme la mauvaise administration dont vous
êtes responsables.
Je trouve curieux que lorsqu'on a un rapport du vérificateur qui
fait état que les politiques administratives et de contrôle
financier du ministère laissent à désirer, ce dont on a
abondamment et peut-être effectivement trop longtemps discuté ici
au gré de ces messieurs d'en face, quand on a établi que
même relativement aux inventaires de l'équipement qui se trouve
dans les délégations du Québec à l'étranger
on n'a pas un contrôle très sûr - c'est ce qu'on a entendu,
je n'invente rien - quand on se pose des questions sur les normes d'achat, sur
les soumissions, etc., qui semblent ne pas exister, vous comprendrez qu'il
devient pertinent de savoir en vertu de quelle politique d'achat le
ministère des Affaires intergouvernementales se porte acquéreur
d'oeuvres d'art, en vertu de quel système d'inventaire va-t-il tenir
compte que rien de ceci ne se perde, puisque cela fait désormais partie
du patrimoine québécois.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Forget: On se demande, en plus, comment peut-on concilier des
dépenses somptuaires de cette nature avec les prétentions
à l'austérité qu'on nous débite comme des sornettes
auxquelles on ne croit pas du côté gouvernemental depuis des
années. On veut donner une belle image au gouvernement face aux
étrangers. Ici, on a des déficits invraisemblables, mais quand on
reçoit MM. les ministres dans un salon parisien, on veut leur en mettre
plein la face. Qu'on ait des murs nus, je pense que cela décrirait assez
bien la situation financière du gouvernement actuel. Je pense que ce
serait une tentative de vérité et de sincérité
louable dans les circonstances.
Et on offre des cadeaux. Je n'en ai pas parlé, mais il y a
beaucoup d'autres cas comme ça. Quand M. Barre est venu ici, on lui a
fait des cadeaux et on n'a jamais parlé de ces cadeaux. Il semble que ce
soit des milliers de dollars de fourrure qu'on ait donné à la
femme du premier ministre. On se comporte comme à la cour du sultan. On
veut impressionner les barbares; on veut leur dire: Voyez comment nous, on sait
faire les choses. Et on rivalise avec des nations et des États qui sont
beaucoup plus riches que nous. On ne semble pas se rendre compte que la France
d'aujourd'hui n'est plus la France de 1945 et les Français sont
effectivement plus riches que nous, d'où leur comportement plus
riche.
En voulant, à l'envie, multiplier les signes d'une opulence que
l'on n'a pas, on se retourne après vers les cochons de payants et on
leur dit: Maintenant, c'est le temps de
se serrer la ceinture. Combien y a-t-il de gens, au Québec, qui
bénéficient de tableaux et d'oeuvres d'art sur leurs tablettes?
Même certains musées locaux, qu'on pourrait peut-être
vouloir encourager, aimeraient bien en avoir autant. Ils aimeraient bien en
avoir autant. Et voici qu'on transforme en galerie - je veux bien que ce soit
en galerie d'artistes québécois et de valeur aussi privée
la résidence personnelle du délégué
général du Québec à Paris. Je n'y peux rien, c'est
là qu'il couche, c'est là qu'il mange, c'est là qu'il vit,
c'est sa maison. Je n'y peux rien, à cela. Et on peut bien dire qu'il
donne des cocktails à cet endroit et qu'il invite des gens fort
importants et qu'on veut impressionner. Mais, de grâce, qu'on ne dise pas
que c'est là une chose tout à fait normale et qu'on devrait
accepter cela comme allant de soi. Nous n'en sommes pas là.
D'ailleurs, comment se fait-il que ces tableaux soient achetés
par les Affaires intergouvernementales alors que le musée du
Québec, qui a une collection peut-être pas aussi riche que les
administrateurs aimeraient bien qu'elle soit, est disposé à
prêter des oeuvres d'art non seulement au délégué
général à Paris - d'ailleurs, il le fait
déjà, mais ce n'est pas suffisant - mais même au bureau des
ministres et même au bureau, j'imagine, de certaines
sociétés d'État; je n'en sais rien, mais il y a une
disponibilité au musée du Québec.
Est-ce que cela veut dire que le musée - le mot est bien choisi -
du ministère des Affaires intergouvernementales est en train de
constituer sa propre collection privée? Est-ce que c'est ça qu'il
faut comprendre, c'est-à-dire que non seulement il y en a à
Paris, mais il y en a à Tokyo, il y en a à Londres, il y en a
à Caracas, il y en a à New York, il y en a à Atlanta, il y
en a à Los Angeles, il y en a en Haïti, à Düsseldorf,
à Milan? On a des galeries privées dans toutes ces capitales. Que
nous sommes donc riches et nous ne le savions pas!
M. le Président, ce n'est pas drôle du tout. Il y a des
gens qui paient des impôts et qui se tuent à payer des
impôts pour faire des choses comme ça, au nom de la fierté
de quelques-uns.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je veux
juste dire une chose ici.
M. de Belleval: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Un des deux. J'ai les deux en
note.
M. Morin (Louis-Hébert): Je demanderais à mon
collègue de compléter. M. le Président, je viens
d'entendre le député de Saint-Laurent. Ce serait curieux de
relever, dans l'administration qu'il a bien connue, que j'ai bien connue moi
aussi...
M. Forget: Cinq ans après, on y revient encore. La belle
défense! C'est soit Ottawa, soit l'administration Taschereau ou alors
quoi? Les zouaves peut-être.
M. Morin (Louis-Hébert): Je remarque que le
député devient très nerveux. Très nerveux.
M. Forget: Quand je vois des stupidités commises par des
gens qui ne se reconnaissent pas en pleine face quand ils se regardent dans le
miroir, j'ai peur, M. le Président.
M. Morin (Louis-Hébert): J'en entends... Je pense, M. le
Président...
M. Forget: J'ai peur pour le Québec d'être
gouverné par des gens comme ça.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense, M. le Président,
que la réaction du député, avant même que j'aie
commencé à parler, est assez significative. Je pense qu'il sait
très bien où je veux en venir. C'est pour ça qu'il
s'énerve d'avance. C'est que nous appliquons exactement -
souligné trois fois en rouge, c'est le cas de le dire - la même
politique que celle qui était appliquée par un gouvernement, par
exemple, auquel il a lui-même appartenu. Il parle de cadeaux. On pourrait
peut-être parler aussi de cadeaux donnés à cette
époque-là. Il se livre essentiellement à une
démagogie simpliste parce que, et je le répète, ce dont il
s'agit n'appartient pas aux délégués. C'est dans un
appartement qui sert à des fins officielles au gouvernement du
Québec. Peut-être que, dans l'objectif de la construction d'un
Québec quétaine, du genre de ce que nos amis libéraux
voudraient qu'on devienne, ce genre de considérations n'a plus de place.
Il reste que nous appliquons là-dedans une politique non seulement comme
celle qui était appliquée précédemment, mais qui se
fait selon des normes. Il a même lu lui-même je ne sais pas combien
de chiffres, le numéro du comité ou de la norme qui était
appliquée dans ce cas.
Deuxièmement, nous sommes devant un rapport du
vérificateur qui n'a parlé à aucun moment de ce genre de
question. S'il y avait eu le moindre mini-scandale à cet égard,
il l'aurait soulevé. Si j'étais à sa place,
troisièmement, et j'arrête avec ça, j'aurais honte, alors
qu'il sait très bien, dans son for intérieur, qu'il fait de la
démagogie de soulever des questions comme celles-là. Il le sait
très bien. Il le sait parce que je le connais depuis assez longtemps
pour savoir qu'il le sait.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: M. le Président, je ne sais pas comment
les débats d'aujourd'hui seront rapportés, mais peut-être
que le député de Saint-Laurent a atteint son but. Il dit que ce
dont il vient de discuter n'est pas quelque chose de secondaire, n'est pas
quelque chose de drôle. Mais, à voir les sourires entendus que
j'ai en face de moi, je me rends compte que ses collègues en tout cas
ont l'air de trouver ça tout à fait riqolo.
Je suis ici à titre de simple parlementaire pour faire un travail
de parlementaire et, je l'ai dit tantôt, M. le Président, pour
faire un travail sérieux. Je suis obligé de dire, de
répéter que ce à quoi on assiste actuellement n'est pas
quelque chose de fondamentalement pertinent à nos discussions
d'aujourd'hui, mais cela vise tout simplement à permettre à
l'Opposition de marquer un bon point facile. C'est d'ailleurs en utilisant une
recette qui est bien connue de tous les petits politiciens et les grands
politiciens sur cette planète. C'est John Diefenbaker qui disait:
N'accusez jamais un gouvernement d'avoir mal administré un milliard ou
un million de dollars, mais accusez-le d'avoir mal administré 10 000 $.
C'est une bonne recette que le député de Saint-Laurent, qui se
donne des airs d'homme d'État à l'occasion, est capable de
pratiquer comme n'importe quel autre petit politicien qui a passé dans
cette Chambre et qui nous succédera durant les prochaines années.
(17 heures)
Ceci étant dit, en faisant cela, contrairement à son
exposé liminaire au début de cette commission et contrairement
à ses prétentions, ceux qui liront le journal des Débats,
ou prendront connaissance des mots excessifs qu'à plusieurs reprises
durant cette commission le député de Saint-Laurent a
employés et qu'il vient, encore une fois, d'employer, je pense qu'ils
feront la part des choses. Au-delà des belles intentions
exprimées par le député de Saint-Laurent, sur lesquelles
ils peuvent être d'accord et sur lesquelles nous sommes d'accord aussi,
ils se rendront compte que, fondamentalement, il dévalorise cette
commission et met en danger la proposition de réforme qui doit
être considérée par cette Chambre.
M. Forget: Du chantagel
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non. J'aurais honte si
j'étais à votre place.
M. Forget: Du chantage! Si la commission prend cette tournure,
c'est votre faute, parce que ce sont les ministres qui sont ici au lieu des
gestionnaires.
M. Morin (Louis-Hébert): Voyons!
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît: S'il
vous plaît!
M. Forget: Cela ne peut pas être autrement et vous le savez
très bien.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. de Belleval: M. le Président, je pense que ma
contribution à cette commission se terminera par cette intervention
jusqu'à nouvel ordre.
Le Président (M. Bordeleau): Y a-t-il d'autres questions
concernant le ministère des Affaires intergouvernementales?
M. Forget: Oui.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, un ou l'autre.
M. Forget: Non, allez-y. J'ai eu ma chance.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
Vérification interne
M. French: Pour revenir au service de la vérification
interne, il me semble qu'on a passé un peu vite. Par contre, il me
semble que c'est la clé des améliorations futures possibles. Les
commentaires sont assez brefs, mais assez sérieux là-dessus dans
le rapport. Je voudrais demander au ministre si c'est possible de nous
entretenir un peu de ses plans pour ce service et aussi de parler d'autres
moyens de contrôle qui peuvent exister au sein de son ministère ou
qui peuvent être montés - sans se débarrasser
sûrement du grand principe du GBS ni se lancer dans la technocratie
inhérente - tout simplement pour contrôler les opérations
d'ordre administratif qui ont lieu, bien sûr, dans toutes sortes de pays
et dans des conditions différentes. Il va convenir avec moi, je crois,
que cela reste quand même un problème de management assez
sérieux. Il avait dit que le service de la vérification interne
avait un professionnel, chiffre que je trouve peu réconfortant. Je me
demande s'il aurait des commentaires dans cet ordre d'idées, toujours
dans l'optique de l'avenir.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je suis
content de l'intervention du député, qui touche justement une des
sept remarques faites par le vérificateur qui ne soulèvent plus
de problèmes aujourd'hui, parce que, justement, la question est
désormais résolue, comme je l'ai mentionné
tout à l'heure. Je vais reprendre la réponse que j'ai
donnée quand je suis intervenu précédemment
là-dessus.
En ce qui concerne le dernier point soulevé par le
Vérificateur général dans son rapport et qui traite du
service de la vérification interne, il convient de vous mentionner que
le ministère s'est doté depuis deux ans d'un service de
vérification interne afin d'améliorer les contrôles
administratifs. Ce service, en plus d'aider à la correction des
irrégularités soulevées par le Vérificateur
général, procède à la vérification de toutes
les activités du ministère. À cet effet, un professionnel
a été ajouté à ce service en décembre 1980.
Un plan de vérification s'échelonnant de janvier 1981 à
avril 1982 a de plus été préparé et approuvé
par les autorités du ministère et ce plan est appliqué
actuellement. Je ne sais pas si cela répond à votre question,
mais c'était, de tous les points, celui qui soulevait le moins de
problème. C'est la réponse que j'ai.
M. French: II y a donc un professionnel. Il y a combien de
membres professionnels dans la boîte?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a le directeur et un
professionnel pour la vérification interne.
M. French: II y a le directeur et un professionnel. Deux? Je
m'excuse, je n'ai pas saisi.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. Donc, on a doublé le
personnel.
M. French: Comme le budget pendant trois ans.
M. Morin (Louis-Hébert): J'aurais voulu que ce soit vrai,
mais ce n'est malheureusement pas le cas. Le budget n'a pas été
doublé.
M. French: Donc, deux personnes pour vérifier, sur le plan
de la comptabilité, les activités outre-mer, ainsi que celles du
ministère.
M. Morin (Louis-Hébert): Pour la vérification
interne du ministère, oui.
M. French: L'autre volet de ma question, M. le ministre,
était: Est-ce qu'il y a d'autres soucis pertinents dans ce contexte du
contrôle des activités au point de vue administratif?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne suis pas un
expert-comptable, vous ne pouvez pas rne demander, je pense, quelles sont les
meilleures techniques comptables pour faire tel ou tel type de
vérification. Comme je l'ai mentionné, nous avons augmenté
le personnel pour faire la vérification interne. La remarque du
Vérificateur général ne contient aucune espèce de
blâme selon lequel on n'aurait pas accompli notre devoir d'une
façon satisfaisante, c'est une remarque à laquelle nous
correspondons, et les choses vont bien de ce côté-là. Pour
moi, en tant que gestionnaire de l'ensemble du ministère, la situation
me satisfait.
M. French: Sauf que vous avez avoué que vous n'êtes
pas comptable, et le je comprends.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas un aveu, c'est un
fait.
M. French: D'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis un économiste.
Une voix: Personne n'est parfait.
M. Morin (Louis-Hébert): Personne n'est parfait, c'est
ça.
M. French: Cela soulève encore une fois - je le souligne
très brièvement avant de poser une autre question -
précisément le problème auquel on a fait
référence à plusieurs reprises. Je comprends très
bien qu'il vous soit impossible de nous donner plus de détails
là-dessus, sauf que ce n'est pas illégitime de notre part d'avoir
voulu en entendre plus, et justement de la part de la personne qui occupe ces
fonctions ou des administrateurs desquels cette personne relève.
M. Morin (Louis-Hébert): Compte tenu du rapport du
Vérificateur général et du mandat donné à
cette commission, j'estime avoir fourni la réponse qui devrait
normalement répondre à votre interrogation.
M. French: Oui, mais je pense que c'est justement en vous cachant
derrière le mandat de la commission, M. le ministre, avec tout le
respect du monde, que vous réussissez à ignorer totalement le
point que j'essaie de soulever, justement sur cette question, à savoir
qui doit répondre à quelle question. Nous essayons de faire
valoir, au sein de cette commission, justement, qu'il est extrêmement
difficile d'obtenir des renseignements valables quand la seule personne devant
nous est une personne ayant beaucoup de responsabilités et dont la
plupart des intérêts se dirigent ailleurs que dans
l'administration.
M. Morin (Louis-Hébert): Je peux vous dire, M. le
Président, qu'on parle de vérification interne, ce qui est un
aspect de
la vérification. Il y a quand même le Conseil du
trésor qui est là, il y a l'Assemblée nationale au moment
de l'élaboration du budget, le comité de l'Assemblée
nationale qui regarde le budget du ministère, la vérification
externe qui est faite, la Commission de la fonction publique et toutes ces
mesures de la commission des engagements financiers. Je pense que vous avez
assez de vérification là-dedans - qui se justifie, d'ailleurs -
pour que le rapport du Vérificateur général soit
très peu critique à cet égard, en ce qui concerne la
vérification interne, du moins.
M. French: Encore une fois, l'obsession du ministre quant
à la vérification n'est pas du tout ce que je voulais
évoquer quand je lui ai posé la question. S'il se souvient bien,
j'avais posé la question quant au contrôle en matière
d'administration et de gestion générale. Entre autres, par
exemple, dans d'autres services aux affaires extérieures, il y a une
espèce d'institution qui s'appelle l'Inspecteur général.
Je suis convaincu que le ministre en sait autant que moi là-dessus.
C'est un service qui, à l'occasion, descend dans une ambassade ou une
déléqation, fait une inspection et fait un rapport, sans avis
préalable. C'est un service qui s'est avéré valable dans
d'autres juridictions. Je me demande, entre autres, si ce genre de chose serait
attrayant pour le ministre. Est-ce qu'on est encore trop petit pour justifier
un tel service? Je ne le sais pas.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a un peu de vrai dans ce que
vous dites, c'est encore trop petit pour aller aussi loin que le
ministère des Affaires extérieures.
J'aimerais, comme ministre, avoir la responsabilité de faire le
tour de toutes les délégations et de faire les
vérifications internes, ce serait quand même un beau voyage en
perspective.
M. French: Ce n'est justement pas le ministre qu'on veut voir
faire ça, M. le Président.
M. Morin (Louis-Hébert): Je veux vous dire, cependant,
que, justement, c'est ce que fait le vérificateur interne, ici. Il est
allé dans les délégations pour faire ce genre de
vérification. Cependant, on n'a pas un réseau qui couvre
l'univers entier; par conséquent, il ne faut quand même pas
créer, à Québec, une technostructure vaste et
énorme, alors qu'on n'a pas, à l'autre bout, c'est-à-dire
dans divers pays, le nombre d'établissements qui justifierait tout ce
personnel. Il ne faut quand même pas multiplier le nombre de
fonctionnaires; d'ailleurs, on a des restrictions budgétaires qui nous
en empêchent. Encore une fois, je vous dis que des vérifications
en tous sens sont faites, aussi bien par le Conseil du trésor, la
commission des engagements financiers, etc., et la vérification interne.
D'ailleurs, ce n'est pas mentionné, ce genre de problèmes dans le
rapport du Vérificateur général. Par conséquent, je
ne vois pas pourquoi...
M. French: II y a une bonne raison pour cela, M. le ministre. Je
m'excuse, mais ce n'est pas dans son mandat, le contrôle plus
général.
M. Morin (Louis-Hébert): Donc, vous reconnaissez que ce
n'est pas mentionné. Quelle que soit la raison, ce n'est pas l'objet de
la discussion, aujourd'hui.
M. French: Je regrette de vous avoir demandé d'imaginer
que peut-être il y aurait possibilité d'une amélioration
plus grande que l'étendue du rapport ici.
M. Morin (Louis-Hébert): Si vous voulez que je vous dise
qu'il y a possibilité d'amélioration, oui, il y a
possibilité d'amélioration, là et ailleurs, et même
des choses auxquelles on n'avait pas pensé aujourd'hui. Que voulez-vous,
il n'y a rien de parfait.
Le Président (M. Rordeleau): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le ministère des Affaires intergouvernementales?
M. Forget: Pour compléter, il y avait quand même des
questions que j'ai posées tout à l'heure au ministre.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que vous voulez me
dire que cela se terminerait bientôt? Cela nous permettrait
peut-être d'inviter le prochain ministre.
M. Forget: Oui, cela va se terminer bientôt, bien
sûr. Je pense bien qu'on va terminer avant ou à 18 heures au plus
tard avec ce ministère.
Le Président (M. Bordeleau): C'est simplement pour savoir
si on devrait faire venir le ministre des Transports.
M. Forget: Quelle que soit l'heure de la suspension avant 18
heures, on pourra remettre nos travaux à 20 heures.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. On s'entend
là-dessus.
Une voix: Est-ce qu'on siège ce soir?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, on peut siéger ce
soir, jusqu'à minuit.
Une voix: Mercredi soir?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, en dehors de la session,
c'est permis selon le règlement. J'avais donné la parole au
député de Saint-Laurent.
Oeuvres d'art (suite)
M. Forget: M. le Président, j'avais posé une
question qui découlait de la réponse que m'avait faite le
ministre. Il semble donc que le ministère des Affaires
intergouvernementales est propriétaire d'oeuvres d'art
disséminées à travers les délégations et les
résidences des délégués. Est-ce qu'il y a un
registre? Est-ce qu'il y a un répertoire de cette collection du
ministère des Affaires intergouvernementales? Est-ce qu'on pourrait nous
expliquer pourquoi on a décidé d'établir deux collections
gouvernementales, une appartenant au musée et une autre appartenant au
ministère des Affaires intergouvernementales? Troisièmement,
est-ce qu'il serait possible d'obtenir ce registre ou une description de cette
collection?
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je me
pose une question de procédure ici. Je peux donner la réponse. Ce
n'est pas cela qui est tracassant; c'est qu'on déborde. C'est la
commission des comptes publics, ce n'est pas la commission des crédits.
On peut dériver à partir de cela vers toutes sortes d'autres
questions. Nous nous sommes préparés, comme c'est normal de le
faire, en fonction des remarques qui ont été faites par le
vérificateur. C'est pour cela, d'ailleurs, que j'ai fait mon
intervention du début systématiquement sur chacun des points
soulevés. Je comprends maintenant que la seule raison qu'avait le
député de me faire venir ici, c'était pour sortir son
papier qui est parfaitement conforme à toutes les normes qu'on a et dans
lequel il n'y a strictement rien, sauf pour ceux qui veulent faire une
démagogie facile. Par conséquent, je me demande, pour la question
qui vient d'être posée, si cela ne dépasse pas le cadre de
notre mandat strict. Je vous pose la question, j'agirai en conséquence.
Si vous me dites qu'on peut en parler et qu'on doit le faire, même si ce
n'est pas l'objet de la commission, je le ferai, sauf que je me demande si
c'est...
M. Forget: Sur la recevabilité de cette question...
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne veux pas faire une querelle
de procédure, ce dont le député de Saint-Laurent semble
jouir lorsque cela se produit, mais je pose tout simplement la question.
Tantôt, j'aurais pu la soulever, mais j'ai laissé porter.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Comme la question de recevabilité est
posée, je suggérerais que nous sommes ici à la commission
des comptes publics; donc, tout ce qui fait l'objet de l'utilisation des fonds
publics est de notre ressort.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c'est là l'erreur.
C'est tout ce qui fait l'objet des remarques du vérificateur.
M. Forget: Vous permettez que je présente mon plaidoyer.
Si on veut arrêter le décompte au 31 mars 1981, je n'en
disconviens pas, il s'agit là de l'état de l'actif et du passif
du gouvernement...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, vous recommencerez
l'année prochaine.
M. Forget:... en termes d'argent comme en termes de biens, des
dépenses qui ont été effectuées durant l'exercice
1979-1980. Donc, on parle de choses qui sont des dépenses publiques ou
des actifs publics.
Deuxièmement, il est clair que, lorsque l'on parle de
contrôle sur la gestion des biens et des fonds, il est légitime de
poser des questions quant à l'existence de registres, à
l'existence d'un inventaire. C'est essentiellement, comme il en a
été question à travers tous nos débats cet
après-midi, l'inventaire, le contrôle de l'inventaire. Les oeuvres
d'art doivent être inventoriées et leur identité, de
même que leur localisation doivent être connues en tout temps du
ministère des Affaires intergouvernementales. (17 h 15)
Troisièmement, il y a une question de définition, de
compréhension du contenu même du budget et des dépenses du
ministère des Affaires intergouvernementales. J'avais toujours compris
jusqu'à tout récemment, quand cette information est parvenue
jusqu'à nous, que les oeuvres d'art, c'était la
responsabilité soit des Affaires culturelles ou, plus directement, des
musées, quand il s'agit d'en posséder, et, là, on
m'apprend que non, ce n'est pas vrai. Dans le fond, presque tous les
ministères, je suppose, peuvent en posséder. Cela m'étonne
un peu, mais, de toute façon, ce que je voudrais savoir, c'est si,
effectivement, c'est une politique ces achats d'oeuvres d'art à un
ministère alors qu'il semble qu'un autre ministère existe pour
faire cela. C'est une question de compréhension du rôle et de la
nature des dépenses du ministère qui est devant nous.
Le Président (M. Bordeleau): Là-dessus, je vous
avoue qu'effectivement le mandat de la commission, tel qu'il nous a
été donné, est simplement d'étudier le rapport
du
Vérificateur général, sauf que, quand dans le
rapport du vérificateur on fait allusion à certaines absences de
contrôle, cela peut déborder un peu de ce qui est écrit
directement dans le rapport. Je pense également qu'on ne peut pas
reprendre tous les crédits d'un ministère. Il s'agit simplement
de trouver un terrain d'entente. Des dépenses, je m'excuse.
M. Forget: Mais ce ne sont pas des crédits, ce sont des
dépenses. Des crédits, ce sont des autorisations de
dépenser pour l'avenir.
M. de Belleval: Mais les engagements financiers sont là
pour cela.
M. Forget: On ne parle pas de cela, on parle des dépenses
déjà effectuées il y a un an et demi.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais ce n'est pas la
commission des engagements financiers.
M. Forget: C'est une distinction de temps entre les
crédits et les dépenses.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais justement on n'est pas
à la commission des engagements financiers. C'est cela que j'essaie de
démêler.
M. Forget: Mais ils sont déjà faits les
engagements.
M. Morin (Louis-Hébert): Mais alors...
M. Forget: Ils sont comptabilisés comme des
dépenses. On vous dit: Ces dépenses, à combien se
chiffrent-elles pour l'achat d'oeuvres d'art à la fois dans
l'année courante et, comme élément d'actifs, à la
fin de la période? C'est pratiquement une question de
comptabilité publique.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, cela ne relève pas de
la commission cela.
M. Forget: Où sont dans les actifs du gouvernement ces
oeuvres d'art, autrement dit?
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, je suis content de
l'exemple. Je pense que cela démontre clairement que cela relève
de la commission des engagements financiers. C'est un cas précis. Il
vient de donner la réponse.
M. Forget: Absolument pas, M. le Président. La commission
des engagements financiers, c'est l'examen, mois par mois, des décisions
prises couramment par le Conseil du trésor pour engager les
crédits.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Forget: Je ne vous demande absolument rien relativement aux
engagements de l'année en cours. Je vous dis: En 1979-1980, des
dépenses ont été encourues qui apparaissent aux comptes
publics. Je pense bien que nous sommes la commission qui examine les comptes
publics, c'est le nom même de la commission.
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, on examine le
rapport...
M. Forget: Dans les comptes publics, il y a certaines choses sur
lesquelles nous aimerions avoir des explications.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent, je vous rappelle que c'est effectivement la commission des
comptes publics, mais pour étudier le rapport du Vérificateur
général et non les dépenses.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est cela.
M. Forget: En rapport avec les comptes publics. C'est le rapport
du Vérificateur général sur les comptes publics de
1979-1980, ce n'est pas sur la lune. Ce n'est pas un rapport qui porte sur les
matches de hockey, c'est sur les comptes publics. C'est un commentaire du
vérificateur sur les comptes publics, bon Dieu!
Le Président (M. Bordeleau): C'est cela.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est une commission sur les
commentaires du vérificateur. Le vérificateur n'a pas
parlé de ce que vous êtes en train de mentionner.
M. Forget: Oui, les commentaires, les commentaires s'adressent
à quelque chose.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, justement, il y a sept
points et je les ai tous soulevés; je ne vous en ai pas caché un
seul. C'est cela que je ne comprends plus. Si cette commission doit être
valorisée, ce à quoi nous croyons, contrairement à nos
amis, il faut...
M. Forget: À votre gré, réfuqiez-vous dans
la procédure.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, pas du tout, j'ai la
réponse, elle est très facile.
M. Forget: Réfugiez-vous dans la procédure, c'est
votre seule défense.
M. Morin (Louis-Hébert): Mais non, voyons donc.
M. Forget: C'est évident, depuis hier matin, c'est votre
seule défense, surtout que la vérité ne sorte pas, surtout
que l'on interpose entre tout renseignement et le public et les parlementaires
le filtre déformant du ministre, surtout que l'on évite à
la commission d'aller elle-même à la recherche de
l'information...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
député de Saint-Laurent: S'il vous plaît!
M. Forget:... surtout servons-nous de la procédure pour
éviter qu'on pose des questions embarrassantes.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent, s'il vous plaît!
M. Forget: On a compris.
M. Morin (Louis-Hébert): On remarque toujours du
député de Saint-Laurent avec quelle apparente
sincérité il énonce des choses auxquelles il est le
premier à ne pas croire.
M. Forget: C'est parce que c'est vrai.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai dit qu'il est le premier
à ne pas les croire.
Le Président (M. Bordeleau): En tout cas, simplement pour
compléter la réponse de tantôt, je pense qu'effectivement
le ministre peut, s'il le désire, donner un certaine réponse,
sauf que cela déborde...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, je peux bien lui
répondre, mais, seulement, il y a une question de procédure. Ma
réponse, c'est: Oui, il y a un registre. Que voulez-vous? C'est
sûr qu'il y en a un. Seulement, ce n'est pas l'objet de la discussion. Je
pense qu'on est en train d'établir des précédents ici pour
l'avenir et c'est important de s'en tenir... On m'a dit qu'on parlait du
rapport du vérificateur. C'est ce que j'ai fait. On a pris une couple de
jours. On a réuni des gens là-dessus. J'ai fait le petit topo de
tantôt, mais on a dérivé démagogiquement, à
cause du député de Saint-Laurent, sur une anecdote.
M. Forget: Est-ce qu'il est secret ce registre? Est-ce qu'il
serait possible de le communiquer au public pour que le bon peuple soit
finalement conscient de cette magnifique réalisation?
M. Morin (Louis-Hébert): Là, c'est vraiment une
question que vous devriez poser à la commission des engagements
financiers. Faites-le à la commission des engagements financiers.
M. Forget: À la commission des engagements financiers, on
me dira que c'est non pertinent.
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Forget: Ce n'est pas un engagement financier du mois en cours,
ce sont des oeuvres d'art achetées depuis des années et,
soi-disant, depuis 50 ans cela s'accumule. On va aller voir combien il y en
a.
M. Morin (Louis-Hébert): Mais, c'est parce que...
M. Forget: Mais, à la commission des engagements
financiers, on va vous dire: Est-ce qu'il y a un CT ce mois-ci pour acheter
toutes ces oeuvres d'art? Non, si elles ont été achetées
en 1980, en 1978, en 1976. J'aimerais qu'on nous le dise.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais faire un arrangement avec
vous. Quand on arrivera aux crédits du ministère l'année
prochaine, ramassez tout cela...
M. Bourbeau: Vous direz: Cela n'est pas dans les crédits,
parce qu'on n'en achète pas l'an prochain.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît:
À l'ordre:
M. Forget: Vous nous faites faire la ronde des comités,
allons donc!
M. Morin (Louis-Hébert): C'est dans le journal des
Débats. Vous reviendrez avec cela.
M. Forget: On a vu neiger avant aujourd'hui. Ne soyez pas
enfantin. Si vous avez le goût de le dire, dites-le donc aujourd'hui.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous ai répondu: Oui,
il y en a un.
M. Forget: II y en a un, mais c'est secret. Dites-le
publiquement. Dévoilez-le.
Le Président (M. Bordeleau): Notre discussion était
nettement à l'extérieur du mandat de la commission au
départ. À moins qu'on veuille revenir à notre mandat et
à l'étude du rapport du Vérificateur général
traitant des Affaires intergouvernementales.... C'est de cela dont vous voulez
parler?
M. Bourbeau: J'ai une directive à vous demander, M. le
Président. Je vous ai demandé la parole avant tout le monde. J'ai
une directive à vous demander.
Le Président (M. Bordeleau): Attendez
un peu. Je vais vous la donner. Mais je ne veux pas que vous parliez
douze en même temps.
M. Bourbeau: Moi, je veux parler tout seul en même
temps.
Le Président (M. Bordeleau): Si vous me laissez terminer,
vous allez pouvoir commencer. M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Une directive, M. le Président. Un
député qui veut poser des questions sur l'administration
gouvernementale, après coup, autrement dit, vérifier les comptes
publics, puisque le ministre tente de restreindre le débat à sept
paragraphes, si on suit sa ligne de pensée, à quel moment un
député peut-il interroger le gouvernement sur son
administration?
Si je comprends bien, lors de la commission des engagements financiers
ou lors de l'étude des crédits du ministère, on pose des
questions sur l'administration; lors de l'étude des crédits, sur
le budget de l'année qui vient, lors des engagements financiers, sur les
engagements en cours, pour l'année en question... ce n'est pas là
mon propos.
Une fois que la dépense est faite, si on veut s'assurer que la
dépense a été faite selon les budgets qui avaient
été votés, à quel moment et où doit-on se
présenter pour poser les questions? J'aimerais avoir une réponse,
M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Tout d'abord, il y a
plusieurs endroits où on peut se présenter pour poser des
questions. Il y a, bien sûr, à l'Assemblée nationale, au
niveau de l'étude des crédits, aux engagements financiers...
M. Bourbeau: Bien non, M. le Président, à
l'étude des crédits, c'est pour l'année qui vient.
Le Président (M. Bordeleau): Laissez-moi finir ma
réponse. Je veux bien qu'on écoute vos questions, mais si vous me
demandez une directive, laissez-moi répondre.
M. Bourbeau: Je vous demande des réponses pertinentes, M.
le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je suis en train de vous la
donner. Il y a bien des endroits. Je vous les énumère. Même
aux engagements financiers, tous les mois. Les engagements financiers sont
inscrits dans un cahier. Cela a sûrement passé quelque part
à un moment donné.
De plus, je vous souligne que même dans la commission des comptes
publics, on pourrait éventuellement discuter de cela. Je vous dis
simplement qu'aujourd'hui, c'est l'étude du rapport du
Vérificateur général. Je veux bien qu'on s'éloigne
à l'occasion. C'est ce qu'on a fait hier et aujourd'hui. Je pense que
c'est de bonne guerre. On ne reprendra pas ici tous les engagements ou les
crédits des ministères.
M. Bourbeau: M. le Président, je repose encore ma
question, parce que je pense que vous n'y avez pas répondu. Vous m'avez
répondu qu'on peut poser des questions lors de l'étude des
crédits, par exemple. Or, les crédits, c'est le budget d'un
ministère pour l'année en cours, le budget qui vient.
Ma question était: Comment peut-on vérifier après
coup si les dépenses qui ont été effectuées sont
conformes au budget, justement? Ce n'est certainement pas au moment où
on étudie un budget qu'on peut savoir si, au cours de l'année qui
vient, le ministère va dépenser les crédits selon ce
budget. La réponse n'a pas de sens.
De toute façon, j'aimerais que vous répondiez à ma
question.
Le Président (M. Bordeleau): Si vous aviez un peu plus
d'expérience, M. le député de Laporte, vous sauriez
très bien que lors de l'étude des crédits, on s'en sert.
Et l'Opposition s'en sert particulièrement pour poser des questions sur
les dépenses de l'année antérieure, en plus.
M. Bourbeau: Oui. On parle de deux ans en arrière.
À quel moment peut-on le faire?
Le Président (M. Bordeleau): II me parle des
dépenses déjà faites. C'est ce que je disais. De toute
façon, que ma réponse vous convienne ou pas, je vous ai
répondu au meilleur de ma connaissance et je pense qu'il y a
effectivement d'autres endroits pour poser ces questions. Il y en aurait
beaucoup d'autres.
M. Bourbeau: Deuxième volet de ma question, M. le
Président. C'est une question à deux volets que j'avais.
Le Président (M. Bordeleau): Encore une question de
directive?
M. Bourbeau: C'est le deuxième volet de ma question.
Le Président (M. Bordeleau): Mais une question à
qui? À quoi?
M. Bourbeau: Je pose une question à deux volets.
Le Président (M. Bordeleau): Vous posez une question
à qui?
M. Bourbeau: Le premier volet, c'était une directive et le
deuxième volet, c'est
parce que j'ai un commentaire à faire.
Le Président (M. Bordeleau): C'est une autre question,
alors. Si c'est un commentaire, je veux savoir de quelle nature.
M. Bourbeau: Appelez cela comme vous voulez, une deuxième
question ou un deuxième volet, c'est la même chose.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien non, ce n'est pas la
même chose. Un deuxième volet, c'est le même type de
question.
M. Bourbeau: C'est une question de sémantique. J'ai des
volets un peu plus variables.
Le Président (M. Bordeleau): Vous avez une question,
d'accord. Allez-y, M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Dans le rapport du
Vérificateur général - je pense que cela est
pertinent - on parle, au paragraphe 4, des réclamations...
M. Morin (Louis-Hébert): Donc, cela n'était pas
pertinent tantôt. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
ministre! Je vous demande votre collaboration.
M. Bourbeau: Le président l'a mis en doute. Moi, je n'ai
pas de doute.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Je parle des frais de voyage. Je présume
qu'on peut parler des frais de voyage. Le Vérificateur
général critique la façon dont c'est expliqué.
Dans le rapport des comptes publics pour l'année 1979-1980 - je
pense que c'est encore pertinent puisque c'est la commission des comptes
publics - on donne des renseignements sur les frais de voyaqe. Je pense bien
que c'est pertinent. Je voudrais poser au ministre quelques questions, de
façon à pouvoir éclairer ma lanterne.
Les employés du ministère qui ont des comptes de
dépenses sous la rubrique "allocations. " En quoi ces montants sont-ils
différents des montants qui sont placés au poste frais de
déplacement? Quelle est la nuance entre les frais de déplacement,
les allocations, les traitements, les salaires et les
rémunérations?
Je veux seulement donner un exemple pour terminer. Je prends l'exemple,
j'en prends un au hasard, de Jean-Marc Léger. C'était un
fonctionnaire, délégué général à
Bruxelles. On dit que son traitement, salaire et autres
rémunérations étaient de 46 022 $ pour l'année
1979-1980. On dit également qu'il a des allocations pour 71 518 $,
toujours en 1979-1980, et qu'il a eu des frais de déplacement pour 27
367 $. Pouvez-vous me donner la nuance entre ces postes, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, M. le ministre.
M. le député de Laporte, je voudrais seulement vous souligner
que, si le ministre veut y répondre, il répondra très
bien; mais, encore là, vous faites référence aux comptes
publics.
M. Bourbeau: C'est la commission des comptes publics.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est ça.
Le Président (M. Bordeleau): Cela n'a aucun rapport avec
ce qu'on étudie dans le rapport du Vérificateur
général. Votre question n'est pas réglementaire.
M. Bourbeau: Le Vérificateur général parle
des frais de voyage et on est a la commission des comptes publics. Qu'est-ce
que vous voulez que je vous dise?
Le Président (M. Bordeleau): Je vous l'ai dit
tantôt, la commission des comptes publics pourrait éventuellement
étudier ça; mais ce n'est pas son mandat aujourd'hui.
M. Bourbeau: Qu'est-ce que vous voulez qu'elle étudie, si
elle n'étudie pas les comptes publics?
Le Président (M. Bordeleau): Son mandat est
d'étudier le rapport du Vérificateur général et on
va s'en tenir à ça.
M. Bourbeau: Le rapport du Vérificateur
général parle des frais de voyage, M. le Président.
Qu'est-ce que vous voulez? Je pose des questions qui sont pertinentes.
M. Morin (Louis-Hébert): Le
Vérificateur général ne parle pas des frais de
voyage de M. Léger, c'est là que vous êtes à
côté de la coche. Vous savez très bien que vous êtes
en train de sortir du sujet.
M. Bourbeau: Écoutez...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce que le président
vous a dit; vous n'avez pas compris, qu'est-ce que vous voulez que je vous
dise?
Le Président (M. Bordeleau): Je vous ai dit que la
question n'était pas pertinente. Maintenant, si quelqu'un exprime le
désir de parler.
M. Bourbeau: Je voulais que vous nous expliquiez la
différence entre les montants, entre les postes.
M. Morin (Louis-Hébert): On est prêt à
discuter de ça n'importe quand, mais le rôle de cette commission
n'est pas ça. Si vous commencez à me parler de la
législation de mon ministère, aujourd'hui, je vais vous dire que
vous êtes à côté de la coche; ce n'est pas le sujet.
Alors, le sujet, ce n'est pas ça aujourd'hui. Si c'est un autre sujet
qu'on développe à un moment donné, à
l'expérience, on le fera, mais, aujourd'hui, on a un mandat X et on
essaie de le respecter, parce qu'on veut que cette commission soit
valorisée. Si vous êtes en train de vous en servir pour faire
toute sorte de choses au moment où vous dormiez peut-être,
qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Très sérieusement, on
peut y répondre, j'aurais un très long développement
à faire sur ce que vous appelez "frais de représentation", je
pense que ce serait très instructif et intéressant, parce qu'il y
a toutes sortes de choses de "dompées" là-dedans qui ne se
ressemblent pas.
M. Bourbeau: C'est ce qu'on veut savoir.
M. Morin (Louis-Hébert): Sauf que ce n'est pas ça
l'objet de la réunion aujourd'hui. C'est mon point; M. le
Président a déjà statué.
M. Bourbeau: Vous voulez qu'on en parle à
l'Assemblée nationale?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, posez une question
écrite; pourquoi ne faites-vous pas ça? On va vous
répondre...
M. Bourbeau: L'endroit, c'est ici. M. Morin
(Louis-Hébert): Pardon?
M. Bourbeau: À mon avis, l'endroit, c'est ici.
M. Morin (Louis-Hébert):. Non, ce n'est pas l'endroit.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous ai répondu
là-dessus, M. le député de Laporte, à vous d'en
tenir compte ou pas.
M. Bourbeau: II refuse de répondre, si je comprends
bien.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne refuse pas de
répondre. Je vous dis que ce n'est pas l'endroit pour répondre
à cette question, je vous répondrai n'importe quand. Il n'y a
personne qui a parlé des comptes de M. Léger et des salaires de
Mme Y.
M. Bourbeau: Je l'ai pris à titre d'exemple. Je vous
demande une définition des postes, je peux vous en donner un autre, si
vous voulez. Voulez-vous que je vous en donne un autre?
M. Morin (Louis-Hébert): Si c'est ça que vous
voulez faire, allez-y.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: Vous n'en voulez pas un autre?
M. Morin (Louis-Hébert): Vous êtes à
côté de la coche.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais qu'on clarifie
très précisément et très officiellement de quoi il
est question à cette commission parlementaire.
M. Morin (Louis-Hébert): II est question du rapport du
vérificateur.
M. Forget: Vous n'êtes pas le président, M. le
ministre. Je vais formuler ma question et j'aimerais que le président
réfléchisse bien avant de me répondre, parce que je pense
que c'est extrêmement important. Si j'ai bien compris - il me corrigera
si c'est le contraire - cette commission des finances et des comptes publics a
été convoquée par le leader du gouvernement pour
étudier le rapport du Vérificateur général et ses
commentaires sur les comptes publics de l'année 1979-1980. Il doit
considérer hors de son ressort et non pertinents les comptes publics de
1979-1980. Est-ce que c'est bien ça votre décision comme
président de cette commission, M. le Président?
Le Président (M. Bordeleau): Je pense toujours que la
commission est ici pour étudier le rapport du Vérificateur
général.
M. Forget: Je ne vous demande pas ce que vous pensez. Je vous
demande ce que vous décidez comme président. Est-ce que vous nous
dites que toute question sur les comptes publics est antiréglementaire
dans cette commission, à moins d'être reprise mot à mot
dans le rapport du Vérificateur général, que c'est un
rapport du Vérificateur général sur les comptes publics et
qu'on n'a pas le droit de poser des questions sur les comptes publics?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce n'est pas ça.
Le Président (M. Bordeleau): Non. Ce
n'est pas ce que j'ai dit tantôt.
M. Forget: C'est ce qu'on vous dit depuis quelques minutes, c'est
pour ça que je veux faire préciser une décision, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent, je n'ai pas dit au député de Laporte qu'on ne
pouvait pas poser des questions sur les comptes publics, mais...
M. Forget: II me semble. Vous avez dit que ce n'était pas
pertinent. (17 h 30)
Le Président (M. Bordeleau):... qu'elles doivent
être en référence avec le rapport du Vérificateur
général. Si vous me dites que vous voulez poser n'importe quelle
question, dans n'importe quel domaine, sur les comptes publics en
général, je vais vous répondre que ce n'est pas le mandat
de la commission.
M. Forget: Donc, vous dites que les comptes publics, comme tels,
ne sont pas du ressort de la commission des finances et des comptes
publics.
Le Président (M. Bordeleau): Ah, non, la-dessus...
M. Morin (Louis-Hébert); Là, vous faites
exprès, M. le député.
M. Forget: Mais si on prend quelque chose dans les comptes
publics et qu'on se fait répondre que ce n'est pas de notre ressort,
comment comprendre votre décision, M. le Président?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est le rapport du
vérificateur qu'on regarde.
M. Forget: Je parle des comptes publics. Ne radotons pas, je
parle des comptes publics. Les comptes publics, c'est le document issu de
l'administration gouvernementale et sur lequel le Vérificateur
général fait des commentaires. On se comprend bien jusqu'ici? Ce
n'est qu'une déclaration de faits connus par tout le monde. Il y a les
comptes publics, c'est le gouvernement qui en prend la responsabilité.
On les transmet au Vérificateur général, on lui demande
son opinion sur les comptes publics.
Cette commission est convoquée pour examiner le rapport du
Vérificateur général, bien entendu, sur ces mêmes
comptes publics. Or, dans ce contexte, et c'est là qu'interviendrait
votre décision, vous nous dites que si le Vérificateur
général, de façon explicite, directe, fait allusion
à un sujet quelconque touchant les dépenses publiques, nous avons
le droit d'en parler. S'il n'y fait pas allusion, quoiqu'il traite des
systèmes de contrôle, de la vérification en
général de la façon dont les livres et les systèmes
de gestion sont tenus, dans le fond, s'il a le malheur de ne pas dire
directement: Tel genre de dépense, il y a tel commentaire que cela
apporte, alors on n'a pas le droit d'y toucher. C'est bien cela votre
décision?
M. Grégoire: Bien non, vous pouvez toujours y toucher
à la commission de l'étude des crédits du
ministère.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela qu'on lui a dit
tantôt.
Le Président (M. Bordeleau): Non pas à cette
commission-ci, c'est exact, c'est cela ma décision.
M. Forget: C'est cela votre décision. Très bien, M.
le Président, je suggère que nous ajournions, à moins que
le ministre des Transports ne soit disponible. À ce moment-là
nous serions disposés, quant à nous, à continuer sans
interruption si cela faisait l'affaire de tout le monde jusqu'à, disons,
une heure plus décente que 10 heures ou 11 heures. S'il n'est pas
disponible on pourra suspendre jusqu'à 20 heures.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, on peut
peut-être suspendre pour deux, trois minutes pour voir s'il est
disponible.
M. Gagnon: Moi, j'ai une suggestion à faire. Avant d'avoir
rejoint le ministre, qui n'est peut-être pas tout à fait
prêt, je suggérerais qu'on suspende les travaux jusqu'à 20
heures et on reprendra à 20 heures.
Le Président (M. Bordeleau): Bien, j'ai déjà
une autre suggestion, on va suspendre la commission pour deux minutes au plus
et on va revenir.
(Suspension de la séance à 17 h 33)
(Reprise de la séance à 17 h 35)
Le Président (M. Bordeleau): MM. les membres de la
commission, M. le député de Saint-Laurent. Simplement deux
secondes pour vous dire qu'il me semble que le ministre des Transports ne soit
pas disponible immédiatement. Alors, on va suspendre nos travaux
jusqu'à 20 heures. Cela va? La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 36)
(Reprise de la séance à 20 h 12)
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Ministère des Transports
La commission parlementaire des finances et des comptes publics reprend
ses travaux aux fins d'étudier le rapport du Vérificateur
général. Comme il avait été entendu avant la
suspension pour le souper, nous entendrons ce soir le ministre, ainsi que les
fonctionnaires du ministère des Transports.
M. le ministre, pour commencer, auriez-vous des remarques
générales?
M. Clair: M. le Président, j'aimerais, dans un premier
temps, saluer mes collègues de la commission et, dans un deuxième
temps, également, saluer M. Larose et M. Châtelain.
Comme ministre, depuis le 21 septembre 1979, ayant préalablement
été à la tête du ministère du Revenu,
maintenant au ministère des Transports, j'ai eu l'occasion, tant comme
ministre du Revenu que comme ministre des Transports, de prendre connaissance
du rapport du Vérificateur général. Je pourrais, si la
chose agréait aux membres de la commission, prendre une par une les
diverses recommandations du Vérificateur général qui
concernent le ministère des Transports et les examiner. Est-ce que
ça va?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, ça va.
M. Forget: Oui, pourvu que ce soit fait avec une certaine
concision, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, d'accord.
M. Forget: Mais, bien sûr, nous écoutons
attentivement les commentaires du ministre.
Commission des Transports
M. Clair: Si on commençait par la Commission des
transports qui apparaissait à la page 150 du rapport du
Vérificateur général, en ce qui concerne "le redressement
des droits perçus par le Bureau des véhicules automobiles de
l'exercice terminé le 31 mars 1979 et la conciliation avec les comptes
publics".
À ce point de vue, les commentaires que je peux faire, M. le
Président, c'est que les droits, frais et dépens afférents
aux permis se chiffraient à 6 529 516 $ pour l'année 1979-1980,
comparativement à 7 205 109 $, pour l'année 1978-1979. Comme on
le voit, les revenus de la source mentionnée en titre ont diminué
de 675 593 $. Il ne nous a pas été possible de déterminer
les causes exactes de cette diminution, les systèmes du BVA ne nous
permettant pas de faire une telle analyse.
Les revenus attribués à la Commission des transports du
Québec, pour l'exercice 1979-1980 ont été
déterminés selon une estimation basée sur un traitement
fait par un ordinateur de l'immatriculation 1979 et selon laquelle l'ensemble
des encaissements de l'année financière 1979-1980
découlant de l'immatriculation des véhicules moteurs ont
été répartis.
Selon l'information obtenue du directeur du service de la
comptabilité du ministère des Transports, des estimations des
revenus perçus par le Bureau des véhicules automobiles et qui
doivent être attribués à la Commission des transports du
Québec ont été établies conjointement par ce
service et la Direction du contrôle des émissions du Bureau des
véhicules automobiles, le tout approuvé par le directeur de cette
dernière. La commission n'a pas participé à
l'établissement des estimations mentionnées ci-dessus, vu le
mandat réglementaire confié au Bureau des véhicules
automobiles. La loi no 5 et la réglementation y afférente
permettront, cependant, à la commission de percevoir ces revenus et d'en
rendre directement compte.
En ce qui concerne d'autres...
M. Forget: Je m'excuse, mais est-ce que le ministre pourrait, en
une phrase ou deux, nous traduire cela en français? Qu'est-ce que cela
veut dire?
M. Clair: Ce que cela veut dire, c'est que, les droits
étant préalablement perçus par le Bureau des
véhicules automobiles et l'étant encore, il y a des
problèmes, si on veut, de tenue de ces différents comptes. La loi
no 5 va permettre à la Commission des transports de percevoir
elle-même les droits plutôt que ce soit perçu par le Bureau
des véhicules automobiles, et on aura ainsi une bien meilleure
précision des droits, frais et dépens afférents aux
permis.
M. Forget: Si je comprends, vous nous donnez là la
justification que vous donne la Commission des transports pour ne pas avoir
perçu tout son argent en 1979-1980. Mais comme vous êtes
également responsable, à certains égards, de la
Régie de l'assurance automobile, à ce moment-là du Bureau
des véhicules automobiles, dans le fond, vous vous renvoyez la balle
à vous-même. Qu'est-ce que le Bureau des véhicules
automobiles a à dire là-dessus? Dans le fond, il se fait accuser
par la Commission des transports de ne pas avoir fait son travail.
M. Clair: Oui. Peut-être que le vérificateur
pourrait nous donner plus de précision sur ses commentaires, mais je ne
pense pas qu'il s'agisse d'une accusation soit de l'un soit de l'autre. C'est
question - pour un avocat, vous m'excuserez de ne pas avoir le langage
comptable exact - je dirais qu'il s'agit d'une manière de tenir les
livres et d'une étanchéité, quant à la perception,
entre le Bureau des véhicules automobiles et la Commission des
transports.
Maintenant, toute cette question va être réglée par
la loi no 5 et les règlements afférents. Au moment même
où on se parle, la décision finale n'est pas encore prise quant
à savoir si, dès cette année, pour la prochaine
immatriculation, il y aura transfert réel et pratique de la
responsabilité du BVA vers la Commission des transports. Il semble que
cela présente un certain nombre de problèmes quant au
déplacement des gens et c'est ce qu'on est à examiner
actuellement.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Autant vider cet aspect pendant qu'on y ait parce
qu'il y en a tellement qu'on va s'y perdre.
M. Clair: Pour le BVA? M. Forget: Pour... Non. Une
voix: Pour la commission. M. Clair: Pour la commission?
M. Forget: Je suis concerné personnellement par le fait
qu'il y a des revenus dus au gouvernement en vertu de lois qui n'ont pas
été abrogées, ce me semble, et qui n'ont pas
été perçus en 1979-1980. Ce que je tire des remarques du
ministre, c'est que c'est peut-être un effet de la manière de
tenir les livres - ce sont ses mots que j'ai notés - mais quand la
manière de tenir les livres fait qu'il manque 700 000 $, je commence
à me poser des questions.
M. Clair: Cela ne veut pas dire qu'il manque 700 000 $, M. le
Président. Les sommes ont été perçues mais est-ce
qu'elles ont été comptabilisées au bon endroit? Telle est
la question.
M. Forget: Ah! Donc, elles apparaissent en surplus quelque part
ailleurs.
M. Clair: Cela peut être le cas.
M. Forget: Cela doit nécessairement être le
cas...
M. Clair: Cela doit nécessairement être le cas
puisque ces sommes-là...
M. Forget:... autrement, on serait en face d'une loi qui n'est
pas appliquée.
M. Clair:... ont été perçues.
M. Forget: Ce serait en surplus au compte du Bureau des
véhicules automobiles, donc, du ministère lui-même. Le
ministère devrait à la Commission des transports 700 000 $ pour
1979-1980.
M. Clair: Peut-être que le vérificateur pourrait
nous éclairer sur cette question.
Le Président (M. Bordeleau): M. Moffet.
M. Moffet: C'est à la suite d'une répartition des
droits perçus qu'il y a 675 000 $ de moins, mais ça ne veut pas
dire évidemment que le BVA doit 675 000 $ ou pas. C'est suivant un
calcul de répartition suivant le nombre de véhicules
immatriculés en 1979-1980 qui fait que la quote-part de la Commission
des transports a été établie à 675 000 $ de moins,
à la suite de réduction de taux. On ne connaît pas la
raison exacte, comme on le dit ici.
M. Forget: Cela pourrait...
M. Clair: M. le Président, je crois que ça pourrait
également être imputable au fait que des détenteurs de
permis, dans les faits n'immatriculent pas des véhicules automobiles qui
pourraient être immatriculés. Est-ce que ça pourrait
être ça?
M. Moffet: C'est-à-dire que d'année en
année, depuis 1978 - 1978 a été la pire année -
c'était la première année où on a perçu de
l'assurance automobile, la RAAQ. Cette année-là, il a pu y avoir
des distorsions dans la répartition des revenus. En 1979-1980, on
s'approche petit à petit de la vérité. Peut-être
qu'on ramène les revenus de la Commission des transports au niveau
où ils devraient s'établir dans le futur.
M. Forget: Est-ce que...
M. Moffet: Parce que depuis 1978, ce sont des répartitions
arbitraires qui ont été faites suivant des estimations...
M. Clair: C'est ce que j'allais poser comme question, selon les
informations qu'on me donne, c'est que même pour l'année d'avant,
le chiffre de 7 205 109 $, c'était arbitraire, c'était une
répartition...
M. Moffet: C'est une répartition qui a été
établie à 60% pour la RAAQ; 38, 5% pour le BVA et 1, 5% pour la
Commission des
transports. Ce ne sont peut-être pas exactement les pourcentages,
mais c'est un ordre de grandeur. Je sais cependant que c'est 60% pour la
RAAQ.
Pour l'immatriculation 1978 et 1979 cela a été fait
suivant ces pourcentages-là. On n'avait rien de plus pour
répartir les encaissements.
En 1979-1980, comme je le disais tout à l'heure, on semble
s'approcher de la réalité puisqu'en 1981 les revenus sont
sensiblement ceux de 1980 tels qu'établis avec 675 000 $ de moins. Je ne
sais pas si c'est clair?
Le Président (M. Bordeleau): Je pense qu'il y a une
information additionnelle à donner. Est-ce que vous voulez vous
identifier, monsieur?
M. Frenette (Jean-Luc): Jean-Luc Frenette du bureau du
Vérificateur général. Je veux apporter une
précision par un exemple. Supposons que les revenus de 1978-1979, comme
M. Moffet vient de le signaler, c'était de 60%, 30% RAAQ et 10% CTQ,
pour fins d'exemple. On a fait une répartition - il n'y a pas eu de
perte de revenus dans cette affaire-là - de 100% entre 60%, 30% et 10%
et on s'est rendu compte en 1979-1980 qu'on en avait donné trop à
la CTQ. Supposons qu'on a fait 62%, 28% ou 62% et 34%, ce qui fait 96% et 4%
à la CTQ et on a corrigé en 1979-1980 le revenu qui avait
été attribué en trop à la CTQ en 1978-1979. C'est
juste une question de répartition.
M. Forget: Mais alors pourquoi dites-vous qu'on ne connaît
pas la cause?
M. Frenette: C'est que le pourcentage de répartition a
été fait selon des études ou des analyses statistiques
pour essayer d'établir la partie attribuable à chacun. En
1979-1980 on a poussé cette analyse-là et on est arrivé
avec des taux plus précis. Là, on a corrigé les taux.
M. Forget: Je pense qu'on utilise les mots de façon un peu
ambiguë. Si le montant diminue et qu'on sait qu'on a utilisé sur
une masse globale un pourcentage différent pour produire ce
chiffre-là, on n'a pas besoin de dire qu'on ne sait pas pourquoi il
diminue, on sait très bien pourquoi il diminue. Ce qu'on veut dire,
c'est qu'on ne sait pas pourquoi on a fait varier ce pourcentage de cette
façon. On ne sait pas exactement pourquoi, mais c'est peut-être ce
qu'il faudrait dire parce que cela crée l'impression que cela a
varié pour une raison fortuite ou du moins totalement inconnue. Ce que
vous me dites, cela a beaucoup de sens, mais cela oriente l'attention dans une
autre direction qui est un pourcentage arbitraire utilisé pour une
imputation. On cherche à "approximer" une réalité qui,
elle aussi, est, je présume, inconnue. Si on me dit qu'on approche de la
vérité, c'est qu'on connaît aussi le but ultime qu'on
recherche. Donc, il n'y a rien d'inconnu dans tout cela, c'est simplement que
la formule n'était pas exacte, que la formule utilisée pour
l'imputation était inexacte. Je ne vois pas de cause inconnue
là-dedans, à moins que je n'en manque des bouts. Je ne vois pas
de cause mystérieuse là-dedans.
M. Larose: Ce qu'on a voulu dire, c'est que la cause de la
variation du pourcentage est inconnue. En fait, on n'a pas été
capable d'identifier la raison de la variation dans les pourcentages qui ont
été utilisés.
M. Forget: Oui, mais cela reflète une décision.
C'est une estimation, c'est une décision, c'est une cause aussi certaine
qu'une autre. Peut-être que le pourcentage est mauvais. Enfin, il me
semble que...
M. Larose: C'est basé sur des données statistiques
ou des relevés faits au BVA. Comme on l'a dit tout à l'heure, les
premiers pourcentages qui ont été obtenus pour l'année
1979 ont été utilisés et, comme le travail a
été continué dans l'année subséguente et
qu'une correction a été apportée à ces
pourcentages, les causes ou les raisons de cette correction, on ne peut les
identifier; ces pourcentages ont varié, mais cela a occasionné un
transfert de fonds entre les deux, soit entre le ministère des
Transports, la commission ou la RAQ, c'est un transfert sans qu'il y ait perte
de revenus globalement.
M. Forget: D'accord. Il n'y a rien là, je suis tout
à fait d'accord. Le ministre peut continuer, on est complètement
satisfait là-dessus.
M. Clair: La solution qui sera apportée afin de
régler définitivement le problème, éventuellement,
si c'est possible de l'implanter pour la prochaine année
d'immatriculation, on le fera; sinon, cela ira à la prochaine
année. L'objectif est de faire en sorte que la Commission des transports
s'en occupe elle-même.
Un autre commentaire sur la Commission des transports qui a
été fait par le Vérificateur général, c'est
le délai dans le remboursement des cautionnements. On sait que les
requérants et les opposants - si ma mémoire est fidèle,
les opposants également - doivent déposer actuellement, en vertu
de la Loi sur les transports, un cautionnement de 50 $ qui est remboursé
par la suite au requérant. Les délais qui étaient
reprochés pouvaient aller, notamment à Montréal, de 50
jours à 200 jours à compter de la date de la publication de la
décision de la
commission dans la Gazette officielle du Québec.
Dans un premier temps, les délais pour le remboursement des
cautionnements au bureau de Montréal ont été causés
en grande partie par la grève des fonctionnaires, au mois d'octobre
1979. Cette grève avait occasionné des retards
considérables à Montréal, compte tenu du très grand
volume de transactions qui se font à Montréal,
spécialement à cause des demandes de permis spéciaux de
camionnage en vrac pour le transport de la neige dans l'île de
Montréal. Depuis ce moment-là, on peut dire que la situation a
été corrigée et que les délais sont beaucoup plus
courts.
Encore là, je pense que la solution définitive viendra
lorsque le ministre des Transports proposera incessamment au Conseil des
ministres de résoudre définitivement ce problème, comme il
en a le pouvoir en vertu de la loi no 5 qui a été adoptée,
en remplaçant plutôt le cautionnement par des honoraires, ce qui
évitera de faire en sorte qu'on accumule des cautionnements qu'on a
ensuite à rembourser. Il vaudrait mieux plutôt faire comme devant
les tribunaux, finalement, et avoir ce qu'on pourrait appeler, entre
guillemets, des "honoraires quasi judiciaires", si on veut.
M. Forget: Des frais judiciaires, non?
M. Clair: Des frais judiciaires. (20 h 30)
Est-ce que le vérificateur avait d'autres commentaires
là-dessus? Je pense que ce sont les deux commentaires principaux qui
concernaient la Commission des transports du Québec, si je ne fais pas
erreur dans mes documents.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. Monfette.
M. Monfette: Pour le 31 mars 1981, pour revenir sur la question
de la répartition des droits entre la CTCUQ, le ministère des
Transports et la RAAQ, on est censé avoir les données
réelles. À ce moment, peut-être qu'on pourra identifier si
la diminution de 675 000 $ constatée l'an dernier se concrétise
par une répartition réelle des droits perçus. Au lieu
d'une estimation, ce serait une répartition réelle.
Vérification interne et enquêtes
M. Clair: On passe maintenant à la page 105 du rapport
concernant la direction de la vérification interne et des
enquêtes. Je lis deux paragraphes qui sont tirés du rapport du
Vérificateur général, à la page 105: "Actuellement,
le responsable du service de vérification interne relève du
directeur de la vérification interne et des enquêtes, qui
dépend à son tour du sous-ministre adjoint responsable de la
direction générale de la gestion financière. Notre bureau
- dit le Vérificateur général - dans ses rapports annuels
à l'Assemblée nationale, 1975-1976 et 1976-1977, a fait des
recommandations et déplorait le fait que ce service pouvait être
en position de devoir vérifier le travail de son supérieur
immédiat et de son premier supérieur hiérarchigue".
Je continue: "Nous demeurons - dit le Vérificateur
général - d'avis que le service de vérification interne
devrait rendre compte de ses activités à un niveau
hiérarchique suffisamment élevé pour lui permettre
d'être indépendant des administrateurs qui sont directement
responsables des opérations qu'il doit éventuellement examiner et
être clairement dissocié du service des enquêtes. "
Dans l'esprit du ministère, jusqu'à maintenant, le
responsable de la fonction de la vérification interne est le directeur
de la vérification interne et des enquêtes. Comme ce dernier
relève d'un sous-ministre adjoint, le ministère semble respecter
la règle 4. 2 de la directive du Conseil du trésor CT-129200.
D'autre part, toujours en conformité avec ce CT, un comité de
vérification interne a été créé. Ce
comité, composé de deux sous-ministres adjoints et du sous-chef
qui le préside, a pour fonction principale d'approuver les plans annuel
et quinquennal de vérification, de confier subséquemment les
mandats, de recevoir et d'approuver les rapports et d'exercer un suivi des
recommandations retenues. Il est en outre administrativement difficile de
relever le niveau hiérarchique de la vérification interne si on
respecte l'esprit et la lettre du CT en question.
De plus, le directeur responsable du service assume également la
charge du service des enquêtes... D'accord, cela se réfère
à un autre commentaire. Voilà le commentaire du ministère
à ce sujet. Est-ce que le vérificateur pourrait réagir
à ce que je viens de dire?
M. Moffet: Le sous-ministre adjoint de qui dépend le
service de vérification interne et enquêtes s'occupait, dans ce
temps-là, de la gestion financière du ministère, les
réclamations, les ententes, etc. Étant donné que le
service de vérification interne a comme rôle également de
vérifier la gestion financière du ministère, nous avons
toujours prétendu qu'il était, non pas en conflit
d'intérêts, mais du moins en conflit d'autorité
étant donné qu'il devait vérifier son patron qui
était le sous-ministre adjoint responsable de la gestion
financière.
M. Clair: Comment cela fonctionne-t-il dans la plupart des
ministères?
M. Moffet: Je ne peux pas parler pour
les autres ministères.
M. Larose: Vous vous êtes référé tout
à l'heure à la directive du Conseil du trésor. La
directive du Conseil du trésor mentionne que le préposé
à la vérification interne devrait relever soit du sous-ministre
ou d'un sous-ministre adjoint et là, dans le cas qui nous occupe, je
pense qu'il relève d'un directeur qui, lui, relève d'un
sous-ministre, je crois.
M. Clair: Non, il relève d'un directeur.
M. Larose: II relève d'un directeur qui, lui,
relève d'un sous-ministre adjoint, à moins que je ne me trompe.
Si c'est cela, à l'heure actuelle, la directive du Conseil du
trésor, pour une chose, ne serait pas respectée.
Deuxièmement, sur ce point-là, nous, en tant que
vérificateurs, comme M. Moffet l'a dit, indépendamment de tout
cela, si le vérificateur interne relève d'un sous-ministre
adjoint qui est responsable de la gestion financière, il nous semble
qu'il n'a pas l'indépendance requise pour faire tout le travail de
vérification interne efficacement. À notre point de vue, de toute
façon, à strictement parler, c'est un point où nous ne
sommes pas complètement d'accord avec la directive du Conseil du
trésor. À notre point de vue, le vérificateur interne
devrait relever directement du sous-ministre.
M. Clair: La création d'un comité formé de
deux sous-ministres adjoints, du sous-ministre en titre qui donne les mandats,
si on veut, cette structure de comité vous apparaît-elle
satisfaisante ou s'il vous apparaît vraiment absolument nécessaire
que cela relève directement du plus haut niveau?
M. Larose: Le fonctionnement d'un comité de
vérification, je pense, est à encourager. Il n'y a pas de doute
là-dessus, mais cela ne devrait pas chanqer le niveau d'autorité
ou la structure d'autorité, je pense, à l'intérieur. Cela
ne devrait pas avoir d'effet. Le comité de vérification est un
organisme qui peut certainement contribuer à aider la
vérification interne. Il peut agir dans ce domaine soit en exprimant des
voeux quant aux secteurs qui devraient être vérifiés en
priorité, mais, de toute façon, cela ne change pas le fait que le
vérificateur interne ne doit pas dépendre, en termes de
dépendance, d'un supérieur qu'il a à vérifier. Cela
nous semble une contradiction en soi.
M. Clair: J'avais cru comprendre que cela relevait d'un naturel
bien intentionné que le responsable de la gestion financière
comme sous-ministre adjoint, je voyais que cela pouvait présenter moins
d'inconvénients qu'il...
M. Forget: À son point de vue, comment?
M. Clair: Au point de vue... Je ne vois pas qu'on confie la
vérification interne, par exemple, au sous-ministre adjoint à la
construction.
M. Forget: II reste que la vérification est une fonction
de contrôle. Or, ordinairement, il faut distinguer le contrôleur du
contrôlé, parce que si le contrôleur et le
contrôlé sont une seule et même personne, c'est plus
commode, comme le ministre le suggère, c'est certainement plus commode
pour le contrôlé, mais il doit se dédoubler et on a tous de
la difficulté à se dédoubler; à moins d'avoir des
troubles psychiatriques, c'est difficile. Même l'existence d'un
comité de vérification, si le comité de
vérification est utilisé comme unique canal de communication, il
y a des chances qu'il y ait des difficultés, pour une personne qui est
responsable de la vérification, à pouvoir s'exprimer directement,
par exemple, au sous-ministre en titre si elle ne peut rencontrer le
sous-ministre en titre que dans le cadre d'un comité de
vérification où est présent le sous-ministre chargé
de la gestion financière. Cela crée une situation très
difficile.
Il est important, je pense - et c'est une règle observée
dans plusieurs ministères - que le directeur de la vérification
ait un accès direct au sous-ministre en titre et qu'il puisse lui parler
en toute confiance parce que, finalement, il y aura parfois des situations
délicates. Il faut que ça puisse se faire entre quatre yeux, ce
genre de discussion. Si le vérificateur, par exemple, parce qu'il s'est
rendu compte de certaines choses veut lui faire des suggestions ou même
si le sous-ministre a des suggestions à formuler au vérificateur,
ça peut devoir se faire sans la présence un peu embarrassante de
celui, dans le fond, dont on veut vérifier le travail. Pour cette
raison, je pense que c'est une note extrêmement importante et même
capitale pour l'efficacité du travail de vérification
interne.
M. Clair: II n'en demeure pas moins que même le
sous-ministre en titre lui-même, à ce point de vue, pourrait se
trouver en conflit.
M. Forget: Oui, mais ce problème, on le règle avec
le Vérificateur général de l'Assemblée nationale.
Il reste que ceux qui sont responsables du ministère, le sous-chef et le
chef du ministère, bien sûr, eux aussi sont dans un certain
conflit, si on veut, mais ils sont responsables, justement. Alors, on doit
être assuré qu'ils exercent cette responsabilité. Pour
cela, ils ont besoin d'un instrument indépendant de celui qui
administre, qui s'appelle le vérificateur interne. Si
eux-mêmes n'assument pas leurs responsabilités, cela nous
amène ici, mais il n'y a pas de solution interne, par définition.
Quand on parle d'une solution interne, d'une vérification interne, c'est
pour aider les premiers responsables à exercer leurs
responsabilités. Pour cela, il faut qu'ils aient un canal
indépendant, cela va de soi.
M. Clair: Cela va. Je prends bonne note du commentaire du
Vérificateur général sur cette question. On va revoir
cette question et on avisera.
M. Bourbeau: Je voudrais ajouter un mot.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Tout à l'heure, le ministre semblait dire
qu'au départ il avait pensé que le vérificateur interne
aurait pu dépendre du sous-ministre en charge de l'administration et que
ç'aurait peut-être été logique. Dans le fond, quand
on y pense, si le ministre veut se protéger politiquement ou
administrativement contre des erreurs possibles dans son ministère, il
aurait intérêt à ce que la personne en charqe de la
vérification interne soit complètement indépendante et
n'ait pas à relever du sous-ministre qui, lui, est en charqe de
l'administration et qui pourrait, à un moment donné, chercher
à couvrir ses propres erreurs. C'est dans l'intérêt
même du ministre que le vérificateur interne soit
complètement dégagé de toute dépendance du
sous-ministre en charge de l'administration.
M. Clair: Quant à l'objectif poursuivi, M. le
Président, je partage tout à fait celui du député
de Laporte. Il ne s'agit pas d'essayer de mettre des enfarges à la
vérification interne. Si c'était l'intention qu'il me
prêtait, je ne l'accepterais pas, mais je sais que ce n'est pas ça
qu'il vise; c'est uniquement une question de vision du meilleur moyen à
prendre pour s'assurer que, justement, les deniers publics... Le ministre a
tout intérêt, justement, à avoir la meilleure
vérification interne possible. Mais on peut différer d'opinion
quant aux moyens à prendre pour atteindre l'objectif.
L'autre commentaire en ce qui concerne le service de la
vérification interne du Vérificateur général se
situe au niveau des objectifs du service: "Jusqu'au moment de notre
vérification, automne 1979, les efforts du service ont surtout
été orientés vers la vérification de la
sécurité des mécanismes mis en place pour protéqer
certains actifs, tels les inventaires, plutôt que vers
l'évaluation de l'ensemble des contrôles financiers et de gestion
des opérations du ministère et la qualité de gestion comme
telle. Même si le service a été très utile au
ministère depuis sa création et qu'il comprend actuellement du
personnel qualifié, il faudrait être conscient, cependant, qu'il
ne pourra atteindre les qrands objectifs visés dans un délai
raisonnable sans le recours, sur une base temporaire ou permanente, à du
personnel additionnel. " (20 h 45)
J'aurais une question, d'abord, à poser au Vérificateur
général. Il me semble que la conclusion qu'on a besoin de
personnel additionnel n'est pas en suite directe, si on veut, avec
l'affirmation précédente qu'on a peut-être
été trop tourné jusqu'à maintenant vers la
vérification de la sécurité des mécanismes mis en
place pour protéqer certains actifs, tels les inventaires etc.,
plutôt que le contrôle de la gestion en général.
Est-ce que le vérificateur entend par là que le personnel
additionnel qu'il souhaiterait voir ajouté au service soit
tourné, lui, vers l'évaluation de l'ensemble des contrôles
financiers de gestion des opérations et la qualité de la gestion
comme telle?
M. Moffet: C'est exactement ce que cela veut dire, oui. C'est
qu'on a surtout fait des vérifications purement comptables de
contrôles financiers sur des actifs tels que les inventaires, mais le
mandat qu'on a fixé au service de vérification interne, comme
tel, est de vérifier l'ensemble des contrôles de gestion.
Alors, cela est très étendu comme mandat et puis on se dit
qu'à ce jour cette phase du mandat n'a été couverte
d'aucune façon. On ne voit pas non plus que quelque comptable puisse
venir à bout d'une évaluation semblable dans un ministère
aussi important que le ministère des Transports.
M. Clair: Maintenant, est-ce que... Je ne sais pas si c'est une
question qui se pose, mais je la pose. Dans la mesure où il y a des
contraintes que vous connaissez par rapport à l'augmentation des
effectifs auxquelles l'ensemble des services est soumis - bien sûr qu'il
y va aussi des choix qu'opère le ministre chef du ministère -
dans une situation où la croissance des effectifs est très
limitée, est-ce que l'équipe qui est déjà
disponible pourrait, dans votre évaluation, relâcher, si on veut,
sur les contrôles strictement comptables pour déplacer une partie
du personnel de ses activités vers le contrôle de la gestion plus
générale? Est-ce que vous êtes en mesure de porter un
jugement de cette nature?
M. Moffet: C'est clair qu'il y a plusieurs phases d'analyse de
ces contrôles qui peuvent être faites par des comptables,
mais il reste que c'est un ministère de génie, surtout, le
ministère des Transports. Alors, si on veut évaluer les
contrôles de gestion au ministère des Transports, il faudra sans
doute avoir un moment donné du personnel spécialisé dans
le domaine de la construction des routes et de l'entretien, puis de la gestion
de matériel. Alors, c'est pour cela, que, même si on
délaissait temporairement l'analyse ou la vérification des
contrôles financiers, il faudrait quand même faire appel à
des spécialistes à l'occasion si on veut lui faire
réaliser le mandat que le ministère lui a donné. C'est le
ministère qui a choisi le mandat du service de vérification
interne, ce n'est pas le Vérificateur général. C'est pour
ne pas se payer de mots qu'on dit dans notre rapport que, si on veut atteindre
ces grands objectifs, il faudra prendre les moyens parce que, sans cela, cela
va rester lettre morte, ces objectifs-là.
M. Clair: Juste pour l'information des membres de la commission,
je voudrais simplement ajouter que l'évolution des effectifs du service
depuis sa création en 1975 a été en gros la suivante: en
1975-1976, il y avait 2 personnes; 1976-6977, il y en avait 6; 1977-1978, il y
en avait 10; 1978-1979, il y en avait 10; en 1979-1980, 10 également et,
en 1980-1981, on examine la possibilité d'ajouter deux postes à
cet endroit-là, mais dans les contraintes que l'on connaît
actuellement.
M. Forget: Je pense que la remarque du vérificateur est
bien fondée, dans le sens qu'il semble bien qu'il y a eu des
problèmes de gestion des systèmes; évidemment, le
transfert du BVA a peut-être soulagé un peu le ministère
des Transports comme tel de la plus grosse partie de ses problèmes de ce
côté-là. Mais il y a des problèmes dans la gestion
des systèmes et ce n'est pas par une vérification comptable de
type traditionnel que la direction du ministère peut avoir un diagnostic
adéquat de ces difficultés. C'est en investissant relativement
une part plus considérable de son effort de vérification interne
du côté des systèmes de gestion où il y a
manifestement eu des problèmes dans le passé. Cela demeure un
défi.
M. Clair: C'est certain qu'il ne faut pas avoir seulement une vue
à court terme. On risque, si on travaille trop à des
problèmes très ponctuels et qu'on fait des contrôles
très ponctuels, de ne pas avoir la perspective nécessaire pour
évaluer l'ensemble des systèmes de gestion.
Un autre commentaire à la page 106, en ce qui concerne le suivi
effectué par le service de la vérification interne, le
vérificateur dit qu'à la suite des constatations
consignées à ces rapports de vérification, le suivi
consiste à écrire aux responsables des services et aux directions
concernées, six mois ou un an après leur examen pour
connaître les palliatifs apportés. Il n'est pas évident,
dit le Vérificateur général, à l'analyse de
certains dossiers de travail, que les autorités ont fait la mise en
train des mesures correctives préconisées à la suite des
travaux du service de vérification interne.
Là-dessus, le commentaire du ministère est le suivant:
Même s'il n'a pas paru évident au Vérificateur
général que les autorités du ministère se sont
assurées que les mesures correctives préconisées ont
été apportées à la suite des travaux de
vérification, il demeure que la grande partie des recommandations ont
été mises en application à court ou à moyen terme,
comme on pourra le voir tout au long des diverses recommandations. Le
comité de vérification, auquel je faisais référence
tantôt, qui a été récemment créé, va
exercer un suivi beaucoup plus serré du travail de
vérification.
Je formule cette question-ci au Vérificateur
général: Est-ce que le comité de vérification dont
on parlait tantôt, qui assurera le suivi de ces diverses recommandations,
vous apparaît être une mesure satisfaisante?
M. Moffet: Je crois que c'est une excellente mesure, étant
donné le niveau d'autorité de ce qroupe de travail qui est le
comité de vérification, composé du sous-ministre adjoint.
Je crois que cela peut sûrement être un incitatif pour la
gérance du ministère pour mettre en oeuvre les recommandations du
vérificateur interne. J'en suis confiant, on ne l'a pas
vérifié jusqu'à maintenant.
M. Forget: II est évident que les remarques que l'on lit
sont relatives à la période 1979-1980. Les remarques qu'a faites
le ministre sont probablement relatives à une période
subséquente. Il demeurera que nous devrons vérifier à la
lecture dans les années subséquentes du rapport du
Vérificateur général si les améliorations se sont
effectuées plus tard. Ce qu'il est important de souligner, c'est qu'au
moment où le vérificateur a fait son étude et au moment
où il y a eu les rencontres traditionnelles entre le bureau du
Vérificateur général et les fonctionnaires responsables de
ces programmes, on n'a pu démontrer au vérificateur qu'à
ce moment, on avait fait un progrès sensible. C'est de cela dont on
parle aujourd'hui. Il y a eu certainement pendant un bout de temps un
décalaqe sérieux entre les conclusions de l'équipe de
vérification interne et la suite qu'on y donnait. Espérons que
dans les années subséquentes, on va pouvoir constater une
amélioration.
Pour l'instant, on est bien prêt à prendre la parole du
ministre, mais je pense qu'il est important de noter que s'il y a eu un
correctif, il est intervenu un an ou deux plus tard.
M. Clair: Les résultats de la formation du comité
de vérification avec le sous-ministre en titre et deux sous-ministres
adjoints apparaîtront dans la réalité des choses à
compter du mois d'avril 1981, puisque c'est en avril 1981 que ledit
comité a été formé.
M. Forget: Ce sera dans l'année 1981-1982, qui sera
étudié en 1983. D'accord.
M. Clair: Voici l'autre commentaire du Vérificateur
général à la page 106: "Pour être efficace, le
service de vérification interne doit avoir l'appui des autorités
du ministère et cet appui doit être apparent. C'est pourquoi nous
avons suggéré aux autorités des moyens de communiquer aux
unités administratives faisant l'objet d'une vérification, leur
soutien aux personnes menant de tels travaux. Mentionnons cependant qu'une
lettre datée du 30 août 1979, émanant du sous-chef du
ministère et adressée aux directeurs généraux
élabore une procédure administrative relative aux mandats de
vérification du service de la vérification interne. Cela nous
permet de croire que cet envoi contribuera à atténuer cette
carence. "
Le Vérificateur général aurait-il d'autres
commentaires à faire? La lecture du rapport nous dit: "Cela nous permet
de croire que cet envoi contribuera à atténuer cette carence
alors que je pense que l'objectif doit être, à toutes fins utiles,
de l'éliminer, même si cela demeurera toujours. " Y a-t-il
d'autres moyens qui pourraient être suqqérés à ce
point de vue?
M. Moffet: Comme vous venez de l'expliquer tout à l'heure,
l'addition d'un comité de vérification est une mesure
additionnelle pour inciter l'administration à mettre en oeuvre les
recommandations du service de vérification interne. Je pense bien
qu'avec la conviction du sous-ministre, c'est utile de donner suite aux
recommandations de ce service, plus le comité de vérification. Je
pense bien que ce sont des moyens salutaires.
M. Clair: Le sous-ministre en titre a justement émis
lui-même une directive en plus, après la lettre du 30 août
1979, concernant la politique relative à la fonction de
vérification interne, en date du 1er avril. Cette dernière
directive ajoute à celle du Conseil du trésor les trois points
suivants: Premièrement, le sous-ministre adjoint à la gestion
financière informe lui-même, par lettre, le sous-ministre adjoint
concerné du mandat devant être entrepris dans sa direction
générale.
Deuxièmement, le comité de vérification, entre
autres fonctions, a la tâche de recevoir les rapports de
vérification aux fins de signifier son approbation ou de statuer dans
l'éventualité d'un litige et, comme je le disais tantôt,
d'assurer le suivi de ses recommandations. Enfin, la directive du sous-chef
confère l'autorité et les pouvoirs reguis au personnel de la
vérification interne. Je pourrais vous citer: "Vous devrez apporter une
collaboration totale au personnel du service de la vérification interne
et lui donner liberté d'accès aux documents et statistigues
pertinents à toutes les activités de même que toutes les
informations requises lors de l'exécution des mandats de
vérification. "
M. Forget: Quelle date?
M. Clair: Le 1er avril 1981. Je pense que cela devrait contribuer
à améliorer la situation.
Il reste un dernier commentaire en ce qui concerne le service des
enquêtes. "Au terme d'une enquête, le service communique aux
autorités concernées du ministère ses constatations et
recommandations et il s'attend à être informé par
l'entité administrative ayant fait l'objet de l'enquête des
mesures qui seront prises à la suite des recommandations. Cependant,
l'analyse des dossiers et les informations obtenues nous ont
révélé que les actions prises par les autorités du
ministère ou tout simplement leurs réactions sont rarement
communiquées au directeur du service des enquêtes. À la
longue, une telle attitude ne peut être que néfaste. Des mesures
devraient donc être prises pour remédier à cette situation.
"
Le service des enquêtes n'est pas informé, de façon
systématique et absolue, des mesures prises à la suite des
recommandations, mais une chose est certaine, c'est qu'on a tenu compte du
commentaire et qu'on a essayé d'assurer une meilleure communication
à ce point de vue. Mais je pense que, par la nature même des
sujets, il peut se produire qu'il ne soit pas opportun, si on veut, de toujours
informer sans délai et immédiatement le service des
enquêtes des recommandations et des décisions qui ont
été prises.
M. Forget: Est-ce qu'on pourrait nous expliquer cela? Cela
m'apparaît mystérieux. On fait faire des enquêtes, mais on
dit, dans les mots du ministre: On n'informe pas toujours le service des
enquêtes de façon absolue de la suite que l'on donne aux
enquêtes et parfois même il ne serait pas opportun que le service
des enquêtes
connaisse les suites qu'on donne à son travail. Je ne sais pas si
c'est cela qu'on appelle de la bonne coordination, mais cela m'apparaît
asssez spécial qu'on demande à des gens de faire des
enquêtes et peut-être que, dans tous les cas, dans certaines
catégories de cas, on n'y donne jamais suite et on ne le leur dirait pas
ou alors, dans certains cas, pour des considérations que je m'explique
mal, on jugerait qu'il n'est pas de leur ressort de connaître les
conséquences de leur travail. Ils risquent de gaspiller de l'argent du
public en faisant d'autres enquêtes pareilles, auxquelles on ne donnera
pas suite non plus ou auxquelles on donnera suite, mais qui, à cause de
la complexité de la preuve ou des circonstances, vont donner lieu
à un échec pour le ministère. À ce
moment-là, il serait aussi bien d'être averti. (21 heures)
Je ne peux pas imaginer de cas où il n'est pas opportun
d'informer les enquêteurs de la suite donnée à leur
enquête. Cela m'apparaît paradoxal et certainement très
démotivant... Je ne parle pas d'un tribunal, M. le député
de Frontenac. On parle d'un service d'enquête. Ordinairement, il y a un
motif au jugement.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Clair: Je partage assez l'avis du député de
Saint-Laurent à savoir que de façon la plus
générale possible on doive informer le service des enquêtes
des actions prises, du résultat si l'on veut. C'est certain que
travailler et ne pas connaître le résultat de ses actions...
M. Forget: Est-ce que vous pouvez me donner un cas
hypothétique, qui ne soit pas complètement tiré par les
cheveux, où ce serait une bonne chose que de ne dire à personne
ce qui est arrivé de cette enquête? Il me semble que lorsque
l'intérêt public est en jeu, qu'on fait des enquêtes pour
faire respecter les lois, etc., c'est l'enfance de l'art que de dire qu'il faut
procéder, ou si on ne procède pas, avoir de drôlement
bonnes raisons. Et les enquêteurs sont les premiers qui devraient
connaître ces raisons, parce qu'ils vont s'en servir comme "guide lines"
dans leur travail futur.
M. Bourbeau: M. le Président, je peux peut-être
ajouter une chose pendant que le ministre... Dans le rapport du
Vérificateur général, on dit qu'effectivement les actions
prises sont rarement communiquées au directeur du service des
enquêtes. Donc, ce n'est pas une question d'exception. Il semble que dans
la majorité des cas, sauf erreur, il n'y a pas de communication. Donc,
il ne s'agit pas de trouver un cas d'exception, comme le dit mon
collègue de Saint-Laurent.
C'est la règle générale, semble-t-il, où on
ne communigue pas.
M. Clair: Mon prédécesseur avait donné des
instructions fermes pour que, de façon la plus générale
possible, ce soit communique. L'exemple qu'on pourrait imaginer, c'est que si
cela concerne le comportement d'une personne en particulier dans le
ministère, est-ce que c'est vraiment nécessaire, dans la mesure
où les autorités prennent les dispositions pour s'assurer qu'il y
a correction de la situation, qu'on risque d'entraîner un certain
"mémérage" à l'intérieur de la boîte?
M. Forget: Je pense qu'il serait possible d'être aussi
catégorique que votre prédécesseur, si je comprends bien,
qui est assis à votre droite.
M. Clair: L'engagement que je prends, c'est d'avoir une
discussion privée avec mon prédécesseur
là-dessus.
M. Forget: Oui. Et de lui communiquer les raisons de votre
enquête, pour lesquelles vous ne donnez pas suite à votre
enquête.
M. Clair: On ne fera pas d'enquête sur...
Le Président (M. Bordeleau): J'ai reconnu M. Larose qui
semble vouloir apporter un complément de réponse, une explication
à la note du rapport.
M. Larose: Tout simplement pour vous dire que ce que nous avons
constaté, en fait, dans la très grande majorité des cas,
c'est que les dossiers ouverts ne se fermaient pas parce qu'on n'était
pas informés de l'action qui avait été prise. C'est dans
la très grande majorité des cas que les dossiers demeurent
ouverts.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on savait s'il y a eu des actions de
prises? Il n'y a peut-être pas eu d'actions du tout.
M. Clair: Oui il y a eu des actions de prises par mon
prédécesseur.
M. Forget: Si les dossiers étaient ouverts, c'était
peut-être qu'on n'avait rien à communiquer. C'est un peu ce que je
comprends. On va communiquer aux enquêteurs la suite donnée
à l'enquête, sauf que si l'enquête reste lettre morte, on
serait bien en peine de leur communiquer quoi que ce soit. Est-ce que c'est
cela le phénomène qui s'est passé?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: Je peux faire un commentaire, pas sur le point
particulier soulevé, mais simplement mon expérience en
général, c'est que...
M. Forget: M. le Président, un point de règlement
ou d'ordre. Si je comprends bien, le député de Charlesbourg va
parler à titre de ministre responsable pendant la période
étudiée?
M. de Belleval: Pas du tout. C'est ce que je viens de commencer
à dire. Je ne veux pas commenter ce cas en particulier, à savoir
quels seraient les ordres que j'aurais donnés ou pas. Je n'ai pas
l'intention de faire cela, justement. C'est ce que j'ai commencé par
dire.
M. Forget: C'est un exposé théorique.
M. de Belleval: Non, je vais cependant donner mon
expérience.
Le Président (M. Bordeleau): À titre de membre de
la commission, M. le député?
M. de Belleval: À titre de membre de la commission, je
pourrais donner cependant ma...
M. Forget: Oui, mais comme membres de la commission on n'a jamais
rien eu à faire avec les enquêtes; c'est une expérience
spéciale.
M. Grégoire: Oui, comme membre de la commission il a le
droit de parler.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît,
à l'ordre tout le monde! On va essayer de s'entendre d'abord...
M. Forget: M. le Président, on touche un point principal.
Nos collègues du côté ministériel ont insisté
pour que seul le ministre en poste, au moment où on pose les questions,
aujourd'hui, parle. Je fais remarquer que le ministre actuel des Transports
n'était pas, si mes souvenirs sont bons, ministre des Transports en
1979-1980. On y reviendra tantôt, parce que c'est le même cas que
nous avions ce matin. Je ne le dis pas personnellement, parce que je trouve
qu'il a une attitude irréprochable, c'est le premier, de tous les
ministres qui ont comparu devant la commission des comptes publics, qui prend
son travail au sérieux et qui est un gestionnaire responsable, et je lui
en rends hommage.
M. Grégoire: Ils ont tous pris ça au sérieux
et ils ont tous très bien fait ça.
M. Forget: Je pense que les interventions qu'il a faites
démontrent, a contrario, que les autres témoignages qu'on a
entendus jusqu'ici n'avaient pas de valeur. On nous servait des discours
politiques au lieu de nous répondre sur les arguments. Alors, je rends
hommage au ministre des Transports actuel, c'est très bien. Sauf qu'on
le place dans une circonstance difficile, parce que celui qui était
ministre au moment où les faits qui sont commentés dans le
rapport du Vérificateur général se sont produits, ce n'est
pas le ministre des Transports actuel, mais se trouve, comme par un hasard
presque providentiel, le député de Charlesbourg. Le
député peut bien faire des commentaires basés sur son
expérience de député ou de citoyen mais, d'après
les règlements que vous avez vous-même
décrétés quant aux travaux de cette commission, il n'a pas
le droit de faire état de son expérience de ministre.
Des voix:...
Le Président (M. Bordeleau): Non, un instant, s'il vous
plaît!
M. de Belleval: M. le Président, j'avais la parole, quand
le député de...
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, je vais vous la
redonner dans quelques minutes, mais je veux simplement ajouter que, comme
député de Charlesbourg, membre de la commission...
M. Forget: Nous allons écouter attentivement ce qu'il va
dire.
M. Grégoire:... il a le droit de parole.
M. Forget: Mais il sera antiréglementaire s'il fait
état de son expérience de ministre.
Le Président (M. Bordeleau): En attendant, voulez-vous
écouter ce que je veux dire? S'il vous plaît!
M. Forget: Vous lui donnez la parole.
Le Président (M. Bordeleau): Non, je ne lui ai pas
donné la parole encore. Je veux simplement dire que le
député de Charlesbourg peut s'exprimer dans cette commission
comme n'importe quel autre député, d'un côté comme
de l'autre, et peut faire valoir un point de vue personnel, comme membre de la
commission tout simplement, et c'est à ce titre qu'on va l'entendre.
M. Forget: C'est ça, à ce titre là, bien
sûr!
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Blais: Ou comme ancien ministre.
M. Forget: Non.
Le Président (M. Bordeleau): Non.
M. Blais: Pourquoi?
M. Forget: Parce qu'on a refusé d'entendre un ancien
ministre ce matin, prétextant que c'est le ministre actuel qui doit
répondre...
M. Blais: Non, c'est complètement faux.
M. Forget:... même pour des actes passés.
Une voix: Absolument, vous regarderez le compte rendu.
M. Grégoire: Non, non, non!
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre! Je vais
redonner la parole au député de Charlesbourg, qui l'avait
déjà et, après, M. le député de
Terrebonne.
M. de Belleval: Comme j'avais commencé à
l'expliquer au moment où le député de Saint-Laurent m'a
interrompu, je n'ai effectivement pas l'intention de répondre à
la place du ministre actuel sur des gestes que j'ai posés, pas du tout,
je n'ai pas l'intention de faire ça.
M. Forget: Très bien.
M. de Belleval: Pour respecter justement les règles que
nous avons établies au début de cette commission. Dans ce
contexte, le ministre, comme l'a fait remarquer le député de
Saint-Laurent, répond carrément aux questions et je serais encore
plus mal venu de m'interposer, puisque le député de Saint-Laurent
a lui-même reconnu que le ministre actuel répondait à la
commission d'une façon satisfaisante de ce point de vue.
M. Forget: J'ai commenté son attitude, pas ses
réponses.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. de Belleval: Son attitude, bon.
M. Forget: Je suis d'accord avec les réponses
jusqu'à maintenant, mais c'est son attitude que j'ai commentée et
que j'ai louangée.
M. de Belleval: Exactement, oui, d'accord.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! Vous
avez toujours la parole, M. le député de Charlesbourq; à
moins que quelqu'un ne vous enterre!
M. de Belleval: Je veux, moi aussi, qarder la meilleure attitude
possible. Je regrette, M. le Président, les interventions du
député de Saint-Laurent m'ont fait perdre le fil de mon
raisonnement.
M. Forget: On parlait des enquêtes et des suites qui
étaient données ou pas.
M. de Belleval: Des enquêtes, oui. Ce que je voulais
expliquer c'est que, de mon expérience à la fois de fonctionnaire
et de ministre là-dessus...
M. Forget: Ah! En tant que fonctionnaire.
M. de Belleval: Oui, je pense que c'est important et vous
pourriez aussi en parler. Au fond...
M. Forget: Même en tant que fonctionnaire, vous n'auriez
pas le droit de parler ici.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-Laurent là...
M. Forget: Mais ce sont des points de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): j'aimerais bien que vous
laissiez parler le député de Charlesbourg à son tour et je
ne vous ai pas donné le droit de parole encore.
M. Forget: Ce sont des points de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): C'est le député
de Charlesbourg qui a la parole.
M. Forget: D'après le député de
Frontenac...
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget:... les questions de règlement ont
priorité.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Forget: Consultez votre collègue de Frontenac, les
questions de règlement ont priorité.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Forget: M. le Président, les questions de
règlement ont priorité.
Le Président (M. Bordeleau): Vous n'avez pas
soulevé une question de règlement.
M. Forget: Oui, d'après votre règlement, le
règlement que vous avez édicté au début.
Le Président (M. Bordeleau): Notre règlement?
M. Grégoire: II n'y a pas de question de
règlement.
M. Forget: Disons votre règlement, celui que vous avez
fait respecter depuis le début. Seul le ministre a le droit de parole,
un fonctionnaire n'a pas le droit de parole...
M. Grégoire: M. le Président, il n'y a pas...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget:... et un ancien ministre n'a pas le droit de parole.
Alors, le député...
Le Président (M. Bordeleau): Je n'ai pas donné la
parole...
M. Gagnon: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau):... au député de
Charlesbourg comme ancien ministre ou comme ancien fonctionnaire. J'ai
donné le droit de parole au député de Charlesbourg comme
membre de la commission et je lui maintiens son droit de parole, à moins
qu'on n'insiste sur autre chose.
M. Forget: Le député de Charlesbourg introduit ses
remarques en disant qu'il parle sur la base de son expérience comme
fonctionnaire et comme ministre.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Ah!
M. Forget: Ce n'est pas pertinent à nos débats
apparemment.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Grégoire: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je vais laisser la parole au
député de Charlesbourg qui s'exprime comme membre de la
commission.
M. Grégoire: Sur une question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): S'il fait état de
l'expérience qu'il a acquise, qu'est-ce que vous voulez, je ne peux pas
l'empêcher de parler, non plus!
M. de Belleval: Écoutez! Je peux...
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Allez-y, M. le
député de Frontenac, sur une question de règlement.
M. Grégoire: Comme dans le courant des commentaires
apportés par le député de Charlesbourg, les objections
soulevées par le député de Saint-Laurent peuvent se
reproduire, il faudrait bien mettre sur la table, une fois pour toutes, un
principe établi de démocratie qui date de longtemps, de dizaines
et de dizaines d'années. Si le député de Saint-Laurent,
celui de Laporte ou celui de Nelligan sont membres de cette commission
parlementaire, c'est parce qu'ils ont été choisis, élus,
approuvés par l'Assemblée nationale. Son ancien titre de
ministre, qu'il n'a plus, n'empêche quand même pas le
député de Saint-Laurent de parler et de s'exprimer sur les
affaires sociales. II peut parler parce qu'il est élu par ses
électeurs parce qu'il est député d'un comté, parce
que l'Assemblée nationale l'a nommé membre de la commission.
Toute l'Assemblée nationale l'a approuvé comme membre de la
commission, de même que tous les députés de l'Opposition.
La même chose pour le député de Charlesbourg. La même
chose pour les autres députés et pour le député de
Frontenac. C'est l'Assemblée nationale qui nous a nommés ici et
qui nous a donné le droit de parole. Quand le député de
Saint-Laurent veut retirer au député de Charlesbourg son droit de
parole sous prétexte qu'il aurait été ministre des
Transports, je dis que c'est un accroc très grave à la
démocratie. On n'enlèvera pas au député de
Saint-Laurent son droit de parole sous prétexte qu'il a
été ministre, pas longtemps, mais qu'il l'a
été.
Une voix: Trop longtemps.
M. Grégoire: Peut-être trop longtemps, mais il a
été ministre pendant un bout de temps.
M. Forget: Plus longtemps que vous.
M. Grégoire: On ne lui enlèvera pas son droit de
parole pour cela.
M. Forget: Parlons donc de votre expérience, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: Alors, qu'il respecte celui du
député de Charlesbourg.
M. Forget: Parlez-nous donc de votre expérience.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît:
M. Grégoire: Elle est aussi bonne que la vôtre!
Des voix: Ah!
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va, M. le
député de Frontenac?
M. Grégoire: Je pense bien qu'au moins il n'y a pas
d'erreur dedans.
M. Forget: Elle est plus variée.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Grégoire: Oui, plus variée. M. Forget:
Beaucoup plus variée.
M. Grégoire: Cela donne de l'expérience.
M. Forget: II y a des bouts dont je me passerais.
M. Grégoire: Oui?
M. Forget: Oui.
M. Grégoire: Dans votre cas peut-être.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'on peut revenir? Je
vous remercie, M. le député de Frontenac. Effectivement, je
redonne le droit de parole au député de Charlesbourg comme membre
de la commission élue par l'Assemblée nationale et tout et
tout.
M. de Belleval: Écoutez, M. le Président, je pense
qu'il y a une différence entre parler en puisant dans son
expérience professionnelle, politique ou autre et répondre comme
responsable ou ex-responsable d'une action passée dans une charge
donnée. Je pense que c'est une chose d'avoir un arrière-plan et
c'est une autre chose de répondre comme responsable ou à titre
d'ex-responsable. Je pense que le député de Saint-Laurent est
capable de faire la distinction entre les deux. Si cette distinction
apparaît au député de Saint-Laurent trop ténue, je
préfère m'abstenir plutôt que de créer une commotion
à cette commission.
Dans ce cas, plutôt que de faire état de mon
expérience, je poserai une question au vérificateur. Au fond, les
services d'enquête et les services de vérification interne dans
les ministères au gouvernement du Québec sont, somme toute, une
création relativement récente. On n'a pas beaucoup de tradition
là-dedans. Au ministère des Transports, par exemple, on a vu
tantôt que le service de vérification interne dans un
ministère de cette importance qui est, en fait, le plus important
ministère du gouvernement en termes de personnel et de dépenses
directes. (21 h 15)
On parle toujours des Affaires sociales et de l'Éducation qui
sont de gros ministères en termes de budget, mais en termes d'effectifs
et en termes de dépenses directes et non pas par rapport aux
dépenses de transfert qui sont faites par d'autres ministères qui
peuvent être plus importantes, en termes aussi de dispersion sur le
territoire, le ministère des Transports est le plus important
ministère du gouvernement de Québec et ce, depuis fort longtemps
d'ailleurs, presque depuis une centaine d'années.
Au fond aussi bien se rendre compte que le service de
vérification interne n'a été créé qu'en
1975. On admettra, je pense, que c'est une expérience relativement
récente. Sans vouloir blâmer qui que ce soit dans le passé,
je pense que de ce point de vue on peut dire que d'autres juridictions - pour
employer un jargon - d'autres États, d'autres provinces, le gouvernement
fédéral ont mis sur pied des services de vérification
interne il y a bien longtemps dans des ministères similaires.
C'est l'expérience dont je voulais parler, mais je laisserai au
Vérificateur général de donner lui-même ses propres
commentaires là-dessus. Ma question est la suivante: Est-ce qu'il ne
vous est pas apparu que, compte tenu du fait qu'il s'agit d'institutions assez
récentes, les gestionnaires au plus haut niveau, le ministre, le
sous-ministre ou les sous-ministres adjoints, prennent encore du temps à
assimiler la pertinence ou l'utilité de ces nouveaux outils? Ils ne sont
pas toujours très familiers avec ça, ils n'en saisissent pas
encore tout à fait l'importance, et on a ni plus ni moins une tradition
à établir de ce côté-là. D'où les
espèces de flottement...
M. Forget: Je m'oppose à cette question.
M. de Belleval: D'où les espèces de
flottement...
M. Forget: Je m'oppose à cette question.
M. de Belleval:... que vous avez cru remarquer, je suppose, non
seulement...
M. Forget: Le Vérificateur général...
Question de règlement, M. le Président, question de
règlement.
M. de Belleval:... à l'intérieur du
ministère des Transports, mais dans d'autres ministères. Je vous
pose la question.
M. Forget: Question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse. Question de
règlement, M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je pense que le rôle du
Vérificateur général n'est pas d'intervenir dans nos
débats pour exprimer une opinion personnelle à savoir si le
rythme de maturation des gestionnaires dans la fonction publique est tel qu'ils
peuvent s'ajuster plus ou moins rapidement à des innovations sur le plan
de la vérification.
Chacun est libre d'avoir son opinion sur le rythme d'adaptation des
sous-ministres et des sous-ministres adjoints. Je suis sûr que cela varie
énormément d'un individu à l'autre mais, quel que soit le
problème du rythme d'adaptation, des difficultés psycholoqiques
et autres et des traumatismes divers que ça peut créer chez les
gens que d'avoir à changer d'environnement, ce n'est pas le genre de
question que l'on doit poser au Vérificateur général parce
qu'on doit lui poser des questions qui sont directement pertinentes à
son rapport - je pense qu'on a assez entendu parler de cela cet
après-midi -et son opinion porte sur ce qu'il a constaté dans sa
vérification. Il n'a pas pu constater des questions d'ordre
psychologique comme celle-là, est-ce que les gens sont plus ou moins
capables de s'ajuster rapidement? Sans faire injure aux vérificateurs,
ils ne sont pas des psychlogues industriels capables de tester les
gestionnaires pour savoir s'ils sont capables de s'adapter rapidement ou
lentement aux recommandations qu'ils formulent dans leur rapport de
vérification.
Je pense que c'est injuste de formuler une question comme
celle-là. Cela invite le Vérificateur général et
son équipe à participer à un débat qui ne peut pas
être concluant.
Si vous jugez que le ministère ne s'est pas ajusté
rapidement parce qu'il y avait des obstacles d'ordre psycholoqique chez le
personnel, c'est fort possible.
Il demeure que la question qu'on avait, et j'aimerais qu'on ne passe pas
trop de temps sur des questions secondaires, ce que l'on fait depuis une heure
et quart, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Saint-Laurent, pour les questions, chacun pourra poser
les questions qu'il veut poser...
M. Forget:... des questions de... J'aimerais qu'on revienne
à la question principale.
Le Président (M. Bordeleau):... sur le rapport du
vérificateur.
M. Forget: Mais pas de nature à dénaturer les
relations du Vérificateur général avec l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Bordeleau): Là-dessus je laisserai
votre jugement comme celui des autres membres de la commission se faire. Je
pense qu'on n'interviendra pas sur la nature même des questions que
chacun doit poser.
Là-dessus...
M. Forget: M. le Président, vérifiez l'ancien
règlement et vous verrez que c'est un point de règlement
valable.
M. Gagnon: Sur une question de règlement, M. le
Président...
M. Forget: L'ancien règlement n'a pas été
abrogé là-dessus, il se continue parce qu'il n'y a aucune
disposition spécifique. Quand des personnes autres que des
députés prennent la parole devant l'Assemblée nationale ou
un comité de l'Assemblée nationale, tout député qui
n'est pas celui qui adresse les questions peut s'opposer à une question
tout comme les procureurs le font devant un tribunal. Il peut s'opposer
à la nature d'une question posée à un témoin. C'est
tout à fait dans mon droit de m'opposer à la nature d'une
question. Je peux courir à mon bureau pour chercher l'ancien code et je
vous donnerai l'article précis où c'est dit.
C'est exactement ce que j'ai fait, c'est une question de
règlement tout à fait recevable que de s'opposer à une
question à cause de sa nature. Ce n'est pas priver le
député de son droit de parole, c'est protéger les droits
des témoins, des gens qui viennent nous éclairer parce que ces
derniers ne peuvent pas, justement, faire ce genre de représentations,
il faut qu'un député le fasse à leur place.
Le Président (M. Bordeleau): Je laisserai le soin de
décider au Vérificateur général lui-même s'il
prétend que la question n'est pas pertinente à son rapport.
M. le député de Charlesbourg.
M. de Belleval: Pour être plus précis, j'aimerais
que le vérificateur, à sa convenance et selon les renseignements
qu'il possède, par exemple, puisse nous indiquer, dans les grands
ministères du gouvernement ou dans la plupart des ministères,
depuis quand existent des services de vérification interne. Est-ce une
pratique qu'on retrouve dans tous les ministères, actuellement?
Ensuite, depuis quand, à votre avis? Avez-vous une idée
là-dessus? Si vous n'êtes pas capable de nous le dire ce soir,
vous pourrez toujours revenir une autre fois nous l'expliquer, nous donner les
renseignements.
Je viens de donner l'exemple des Transports, en 1975. On admettra, entre
nous qu'au sujet d'un outil aussi fondamental de gestion publique ou
privée que la mise sur pied d'un service de vérification interne
dans un organisme qui compte 12 000 employés à temps plein et qui
a un budget d'au-dessus de 1 000 000 000 $, les Québécois ont
droit de savoir. C'est normal qu'on réalise d'où on vient aussi
pour savoir où on va et pour placer dans leur juste perspective les
choses qu'on examine. Ce n'est que depuis 1975, imaginez-vous, qu'il existe un
service de vérification interne au ministère des Transports. Cela
ne fait pas des siècles, cela fait cinq ans.
J'aimerais savoir ce qu'il en est, par exemple, dans le ministère
des Affaires sociales. Depuis combien de temps y a-t-il un service de
vérification interne? Dans le ministère de l'Éducation et
dans d'autres grands ministères du gouvernement? De plus, est-ce que
vous avez trouvé, M. le Vérificateur général, une
espèce d'uniformité dans la constitution de ces services de
vérification interne? Est-ce qu'ils sont tous rattachés au
même niveau hiérarchique, est-ce qu'ils ont aussi des services
d'enquête? Pour prendre l'exemple qu'on avait sous nos yeux, est-ce que
les services d'enquête ont un statut uniforme, est-ce qu'ils ont des
pratiques uniformes dans ces différents ministères?
M. Forget: Question de règlement, M. le
Président.
M. de Belleval: Je pense que c'est un renseignement important
pour mettre dans la perspective le travail qu'on fait.
M. Forget: Question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlesbourg. Oui, M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Merci. Je suis désolé, je ne le fais
vraiment pas pour être désagréable, mais le
député de Charlesbourg ouvre toute la discussion des principes
généraux et du rythme approprié d'introduction et de
l'histoire de l'introduction de la vérification interne au gouvernement
du Québec. On nous a fait un plat, entre 16 h 30 et 17 h 15 cet
après-midi, pour nous dire qu'on n'avait le droit de rien dire, de faire
aucune allusion même aux comptes publics devant la commission des comptes
publics et voici qu'on veut nous faire faire un traité sur la
vérification interne, les considérations historiques,
psychologigues, etc. Ce n'est pas le mandat de cette commission. Vous l'avez
dit vous-même, vous l'avez voulu étroit. Or, le malheur veut que
dans un cadre étroit...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Saint-Laurent, je me dois de vous corriger
immédiatement parce que je ne l'ai pas voulu étroit.
M. Forget: Pourquoi m'interrompez-vous, M. le Président?
Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Bordeleau): Parce que je pense que je
dois vous interrompre.
M. Forget: Vous voulez me priver de mon droit de parole?
Le Président (M. Bordeleau): Non, je vous le redonnerai
après.
M. Grégoire: II n'y a pas de question de
règlement.
M. Forget: Je suis en train de faire mon exposé.
M. Grégoire: II n'y a pas de question de règlement
dans ce que vous dites.
M. Forget: Bien oui, on a invoqué le règlement.
M. Grégoire: Quel règlement?
M. Forget: Le règlement de l'Assemblée nationale
qui nous a donné un mandat, un mandat que vous avez défini comme
étant le rapport, le texte même, mot à mot...
M. Grégoire: C'est le rapport, là.
M. Forget:... du Vérificateur général.
Le Président (M. Bordeleau): C'est cela, c'est exactement
le mandat, M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Or, un développement général sur
les principes qénéraux de la vérification interne, le
rythme d'introduction dans les différents ministères, montrez-moi
dans quel paragraphe c'est écrit et on vous suivra dans votre
question.
M. Grégoire: Oui, celui qu'on étudie.
M. Forget: Mais soyez cohérents. Vous nous dites une chose
à 17 heures et à 21 h 25, vous adoptez des principes
entièrement différents parce que ça fait votre affaire
qu'on ne parle pas maintenant du fait qu'il y a un service d'enquête
à ce ministère et qu'on ne donne pas suite aux enquêtes.
C'est de cela, messieurs, je le regrette, qu'il faut parler et de cela
seulement, pour l'instant.
M. de Belleval: Ce n'est pas qu'on ne donne pas suite aux
enquêtes, M. le député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: Qu'on ne dise pas au service des enquêtes
le résultat des suites qui ont été données aux
enquêtes.
M. Forget: Mais vous avez entendu la réponse.
M. de Belleval: Alors, je voulais savoir, de la part...
M. Forget: On nous a dit: Si on ne donne pas le résultat,
c'est probablement qu'il n'y a pas de suite.
M. de Belleval: Peut-être, mais en tout cas, on pourra
poser la question. Vous pouvez le demander. Il y a quand même une chose
qui m'a frappé. J'écoutais tantôt le ministre des
Transports quand il indiquait qu'il n'y avait pas de service de
vérification interne avant 1975. On se rend compte qu'il y a des
directives. Je voulais simplement savoir... si cela chicote le
député de Saint-Laurent parce qu'il pense que j'ouvre un
débat trop large, lui-même, au tout début, dans ses
remarques préliminaires, disait que le but de cette commission,
c'était d'étudier des choses de valeur, d'importance et d'en
tirer des enseiqnements généraux pour la meilleure gestion de
l'administration publique.
M. Forget: On va regarder le mot à mot.
M. de Belleval: Je pensais que c'était utile à ce
moment.
M. Forget: Une porte est ouverte ou fermée.
M. de Belleval: Écoutez, on siège sur le rapport du
vérificateur. Le vérificateur fait un développement,
à l'occasion de l'examen d'un des ministères les plus importants
du gouvernement, d'un aspect absolument essentiel dans la bonne gestion de
n'importe quel organisme de cette importance, le service de vérification
interne. Je pense qu'on est au coeur du débat. Est-ce qu'en 1981, au
sein de l'administration publique québécoise, on peut dire que
nos ministères ont de bons services de vérification interne? Je
pense que le député de Saint-Laurent va être d'accord avec
moi pour dire que ça lui apparaît évident dans des
administrations modernes qu'un des piliers d'une bonne gestion dans un
ministère, c'est un service indépendant de vérification
interne. Je pense qu'il est d'accord avec ça.
M. Forget: Peu importe la théorie. Celui-là est-il
bon et donne-t-on suite à ses enquêtes? C'est tout ce qui
m'intéresse ce soir. Je tirerai mes conclusions et vous les tirerez de
votre côté.
M. de Belleval: Je suis d'accord avec le député de
Saint-Laurent que, d'abord et avant tout, on regarde le service de
vérification interne du ministère des Transports. Est-ce qu'il
trouve excessif que j'élargisse un peu la perspective ou s'il trouve que
je l'élargis trop en demandant au Vérificateur
général, au moment où il nous dit, à propos du
service de vérification interne du ministère des Transports,
qu'il dénote certaines anomalies dans un certain nombre de pratiques...
Non pas qu'il dise que le service n'a pas sa raison d'être ou qu'il ne
fait pas bien son travail. Je pense qu'il est heureux. Il dit dans ses
remarques que c'est une bonne chose qu'il y ait un service de
vérification interne, que cela améliore les choses, etc. Il
introduit des remarques qui visent à mettre davantage de rigueur dans
une institution qui, semble-t-il, s'est développée depuis peu et
autour de laquelle il y a peu de traditions. Je lui dis: Mettez-moi donc cela
dans une certaine perspective. Comment se situe ce service de
vérification interne par rapport à ce qui existe dans d'autres
ministères importants du gouvernement?
M. Forget: Ce n'est pas notre propos ce soir, M. le
Président, ce n'est pas notre propos. Je comprends que l'ancien ministre
des Transports est désolé de constater tout en ayant donné
une directive à savoir que les enquêtes devaient avoir des suites,
de se rendre compte que cela n'a pas été suivi. Il se porte
à la défense du ministère en disant: On va
qénéraliser le problème, on va l'étendre de telle
façon qu'on ne voie pas l'échec.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît! Une question de règlement. S'il vous plaît!
M. de Belleval: M. le Président, de ce point de vue...
M. Forget: C'est curieux que vous n'interrompiez jamais les
discours de l'autre côté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse. Je vous ai
interrompu pour vous donner une question de règlement pas plus tard
qu'il y a cinq minutes.
M. Forget: Oui, vous êtes obligé.
Le Président (M. Bordeleau): C'est ce que je fais avec le
ministre justement. C'est pour cela que je vous interromps. Est-ce que cela va
pour le moment?
M. Clair: Question de règlement, M. le Président.
Les derniers propos du député de Saint-Laurent, à mon
avis, constituent un procès d'intention à l'égard tant de
celui qui vous parle qu'à l'égard du député de
Charlesbourg. Vraiment, je ne comprends pas l'attitude du député
de Saint-Laurent à l'égard des questions qu'adresse le
député de Charlesbourg. Si on avait donné l'occasion au
Vérificateur général de répondre à des
questions d'intérêt général comme celle que
pose...
M. Forget: II n'est pas ici pour ça.
M. Clair:... le député de Charlesbourg, on serait
déjà rendu à un autre point du rapport du
Vérificateur général dans le débat. Je ne vois pas
pourquoi le député de Saint-Laurent refuse que le ministre des
Transports et membre du Conseil des ministres reçoive un
éclairage, une opinion du Vérificateur général du
genre de celle qui est requise par le député.
M. Forget: Vous le consulterez privément. Vous engagerez
même des consultants si vous voulez. Ce qu'on veut savoir du
ministère des Transports...
M. Grégoire: II n'y a plus de règlement ici.
M. Forget:... actuellement, c'est: est-ce qu'on donne suite ou
non aux enquêtes et sinon pourquoi? La réponse, ça serait:
On ne sait pas trop.
M. Clair: La réponse à ça, M. le
Président, a été fournie. La réponse est que mon
prédécesseur a donné des instructions pour que le
résultat, les suites qui sont données au service des
enquêtes soient communiquées et j'ai simplement manifesté,
afin de ne pas prendre un engagement qui ne pourrait être tenu de
façon absolue... Tout ce que je n'ai pas voulu faire, c'est de prendre
un engagement de façon absolue en disant: Oui, dans tous les cas, les
résultats sont communiqués. C'est la seule marge de manoeuvre que
je me sois réservé. Le pire, c'est qu'on est tous les trois
d'accord, le député de Saint-Laurent, le député de
Charlesbourg et celui qui vous parle...
M. Forget: Quelle est la proportion des enquêtes qui
reçoivent une suite? Est-ce que vous savez ça?
M. de Belleval: C'est une autre question. Ce n'est pas le sujet
du rapport.
M. Clair: La proportion des enquêtes qui reçoivent
une suite, ce n'est pas le sujet... (21 h 30)
M. Forget: Mettons entre parenthèses tout le débat
sur les grands principes. Mettons cela entre parenthèses. On a une
affirmation à savoir que les résultats, la suite n'est pas
communiquée aux enquêteurs. En questionnant le
vérificateur, il a dit: C'est possible, tout simplement, si le dossier
n'est pas fermé, qu'on ne sache pas s'il y a eu une suite. C'est parce
qu'il n'y a pas de suite qu'elle n'a pas été communiquée
aux enquêteurs. La question qui aurait suivi normalement, si on n'avait
pas eu ce grand débat sur les principes, c'est: Dans quel cas n'a-t-on
pas communiqué la suite parce qu'il n'y a pas eu de suite et dans
combien de cas n'a-t-on pas communiqué la suite, malgré qu'il y
ait eu une suite? C'est très pertinent de savoir cela. Le ministre dit:
Je ne veux pas m'engager à ce qu'il y ait toujours des suites, mais ce
n'est pas indifférent qu'il y ait des suites dans 10% ou dans 99% des
cas.
M. Clair: Ce n'est absolument pas ce que j'ai dit.
M. Forget: Oui. Vous ne voulez pas vous engager à ce qu'il
y ait toujours des suites à 100%.
M. Clair: Ce n'est absolument pas ce que j'ai dit. Ce que j'ai
dit, c'est que les suites qui sont données soient communiquées
à 100% et de façon absolue au service concerné.
M. Forget: Vous n'avez pas donné de motifs pour cela.
M. de Belleval: M. le Président, j'avais la parole au
moment où, encore une fois, le député de Saint-Laurent m'a
interrompu. Ceci étant dit...
Le Président (M. Bordeleau): C'est exact, M. le
député de Charlesbourg.
M. de Belleval:... je me rends compte que, de toute
façon...
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Après,
après.
M. de Belleval: Excusez-moi, M. le Président, puis-je
parler?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, oui.
M. de Belleval: Oui, je m'excuse. Je me rends compte, de toute
façon, que le député de Saint-Laurent n'est pas favorable
à ce que je pose une question. Je ne veux pas retarder les débats
de cette commission, qui étaient bien commencés. Le
député de Saint-Laurent lui-même était d'accord avec
cela. Si vous voulez, on reviendra sur cette question une autre fois, quant
à moi.
Je veux seulement dire une chose en terminant. C'est que le rapport du
vérificateur qu'on étudie actuellement traite de l'année
1979-1980 et j'ai pris mes fonctions au ministère des Transports, comme
vous le savez, à la fin de l'année 1979. Je ne suis pas ici pour
défendre ou appuyer une gestion que j'aurais eue durant à peine
les derniers mois de cet exercice. Je voulais participer à cette
commission comme tout autre député en laissant au ministre actuel
des Transports le soin d'assumer toutes les responsabilités
gouvernementales dans ce domaine, sans aucune réserve.
M. Grégoire: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Sur une question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Je dois vous dire que j'aurais aimé
avoir du Vérificateur général la réponse aux
questions posées par le député de Charlesbourg, mais je me
contenterai comme lui d'être frustré, parce qu'on nous
empêche d'être renseignés par le Vérificateur
général. Je n'insisterai pas, mais je trouve cela malheureux
qu'on n'ait pas eu ces réponses. On a laissé au
député de Saint-Laurent la permission de poser au
Vérificateur général toutes les questions qu'il a voulu
poser. On a laissé au Vérificateur général le soin
de lui donner toutes les réponses qu'il a voulu donner. Je pense bien
que si on additionne tous les mots qui ont été dits dans cette
commission depuis le début, c'est encore le député de
Saint-Laurent qui nous dépasse par plusieurs fois.
M. Forget: Comme il est normal...
M. Grégoire: Mais là, je me sens frustré et
je le dis au député de Saint-Laurent.
M. Forget:... pour l'Opposition dans une commission sur les
comptes publics.
M. Grégoire: Je le considère très bien, mais
au cours de cette commission, je change un peu d'opinion, parce qu'il suit
moins les règlements qu'il ne les suivait depuis cinq ans. Cela fait
plus longtemps que nous qu'il est ici à l'Assemblée nationale.
Quand on veut prendre la parole, on sait qu'il faut la demander au
président et attendre que le président nous l'ait
donnée...
Le Président (M. Bordeleau): Avez-vous des questions, M.
le député?
M. Grégoire:... mais je dois lui dire -et j'espère
que je ne lui retournerai pas la pareille - que je me sens un peu
frustré du fait qu'il nous ait empêchés d'avoir des
réponses du Vérificateur général aux questions
posées par le député de Charlesbourg. C'est
malheureux.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je commençais
à avoir une crampe depuis le temps que j'ai demandé la
parole.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous avais
déjà reconnu depuis un bon bout de temps, sauf que sur une
question de règlement, comme je l'ai fait pour le député
de Saint-Laurent et comme je l'ai fait pour le ministre, je dois donner la
parole sur la question de règlement...
M. Forget: Vous n'avez pas à vous excuser, M. le
Président.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne vous en veux pas du
tout...
Le Président (M. Bordeleau):... mais là, vous avez
le droit de parole. Allez-y.
M. Bourbeau:... voyons donc! Mon attitude n'était pas
agressive. C'était une remarque que je faisais en passant.
Le Président (M. Bordeleau): Ma réponse non
plus.
M. Bourbeau: Pour faire suite aux frustrations du
député de Frontenac et au fait que mon collègue a
baissé dans son estime, ce qui va certainement l'empêcher de
dormir ce soir, je voudrais qu'on revienne à la page 106 du rapport. Je
pense bien que là, on n'enfreindra pas le règlement, puisque je
me réfère à une page.
Le Président (M. Bordeleau): Page 106.
M. Bourbeau: Dans le dernier paragraphe, on disait donc que le
Vérificateur général a trouvé beaucoup de
dossiers ouverts, mais pas de dossiers fermés. Beaucoup de
dossiers ne sont pas fermés, parce que les enquêteurs ne savent
pas si oui ou non il y a eu des suites. M. le Vérificateur
général, avez-vous une façon de savoir si, effectivement,
il y a des suites? Autrement dit, serait-il possible qu'il n'y ait jamais de
suites et que vous ne puissiez pas le savoir? Avez-vous des façons de
savoir s'il y a des suites?
Le Président (M. Bordeleau): M. Larose ou M. Moffet. M.
Moffet.
M. Moffet: On a fait enquête sur une fraude d'un
fonctionnaire en Abitibi, concernant des frais de voyage, supposons. Pour
savoir s'il y a eu des suites, il faudrait aller au bureau du personnel
s'informer si cette personne a eu des sanctions, des choses comme cela, chose
que l'on n'a pas faite.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il y a un moyen pour le
Vérificateur général de s'assurer que non seulement un
dossier est ouvert, mais qu'effectivement il y a des suites? Parce que cela ne
donne absolument rien d'ouvrir des centaines de dossiers, si on n'a pas un
contrôle sur le fait qu'il y a ou non des suites au dossier.
M. Moffet: Bien sûr il y aurait des moyens. Il y aurait des
moyens de le faire.
M. Bourbeau: Les avez-vous, ces moyens?
M. Moffet: On a des moyens de le faire évidemment, mais on
ne l'a pas fait.
M. Bourbeau: Donc, vous n'êtes pas en mesure de savoir si,
oui ou non, il y a eu des suites. J'oublie le fait que les suites auraient pu
ou non être confirmées ou transmises à l'enquêteur,
mais vous-même n'êtes pas en mesure de savoir si, oui ou non, il y
a eu des suites. Mais vous pourriez l'être.
M. Moffet: On pourrait l'être, évidemment, si on
allait sur place ou si on faisait le travail que, normalement, le service des
enquêtes ou le ministère devrait faire. Il y a toujours lieu de
faire le travail d'un autre.
M. Forget: On peut passer au chapitre suivant, les
réclamations.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, je m'excuse, M.
Larose a un commentaire.
M. Larose: Un dernier commentaire là-dessus
peut-être. Le but de notre mandat de vérification c'était
d'examiner le fonctionnement du service des enquêtes. On a
constaté que le service des enquêtes en tant que tel faisait des
enquêtes, mais qu'il n'y avait pas de suite. On ne s'est pas rendu dans
toutes les autres directions du ministère pour savoir s'il y a
effectivement eu des suites, mais ce que l'on sait, c'est que le service des
enquêtes n'était pas informé du résultat ou des
actions qui avaient été prises par la suite, si actions avaient
été prises. On avait à ce moment le mandat de voir quel
était le fonctionnement de ce secteur.
M. Clair: Oui, je comprends que l'affirmation du
Vérificateur général n'est pas qu'il n'y avait pas de
suites qui étaient données, mais plutôt qu'il n'a pas
vérifié s'il y avait des suites et que ces suites
n'étaient pas communiquées au service.
M. Forget: II y en avait.
M. Clair: Et il y en avait. On pourrait continuer, M. le
Président, je n'ai pas d'autres questions sur ce point.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, d'accord. M. le
ministre.
M. Forget: Peut-être le prochain chapitre, les
réclamations.
Réclamations
M. Clair: À la page 107, la direction des
réclamations, service des réclamations sur dommages, le
Vérificateur général, dans un premier temps,
établit une comparaison quant à la productivité par
enquêteur - on les appelle les évaluateurs, des
enquêteurs-évaluateurs - entre le bureau de Montréal et
celui de Québec. Il indique 120 réclamations par enquêteur
à Québec et 215 réclamations par enquêteur à
Montréal.
Alors, je voudrais juste apporter, dans un premier temps, une
correction. Le rapport ne semble pas tenir compte du fait qu'un enquêteur
de Québec a travaillé six mois à Montréal, ce qui
modifierait un peu le résultat global. Si on refait le calcul en tenant
compte du fait qu'un enquêteur a été déplacé
pendant six mois, on en vient à une moyenne de 131 cas traités
par enquêteur-évaluateur au lieu de 120 pour Montréal et
à l'inverse, cela baisse de 215 à 191 à Québec. Par
ailleurs, afin de mieux rééquilibrer la charge de travail, tant
en quantité qu'en qualité, des modifications ont
été apportées quant aux délimitations du
territoire, notamment, depuis la parution du rapport. On a inclus dans le
territoire de Québec les districts 35, Richmond, 25, Cookshire, 32,
Cap-de-la-Madeleine et, par ailleurs, l'Abitibi qui autrefois relevait de
Montréal est maintenant rattachée à la région de
Québec. On espère, de cette façon là, si on ne
fait
pas disparaître complètement l'écart, le diminuer
considérablement.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Sans vouloir passer trop de temps sur cet
épisode, d'après le Vérificateur général, il
semble que les enquêteurs de Québec aient une productivité
moins grande que les enquêteurs du bureau de Montréal. Enfin,
c'est la conclusion à laquelle en est venu le vérificateur.
Le ministre nous dit qu'il y a une petite erreur; en fait, ce sont des
mots qu'il a employés, puisque l'un des enquêteurs de
Québec a travaillé à Montréal durant six mois,
d'après la lettre qui est ici. On a quatre enquêteurs à
Québec et sept à Montréal, d'après ce que j'ai pu
comprendre. Ce que le ministre ne nous a pas dit, enfin ce qu'il n'a
peut-être pas compris non plus, ce qu'il n'a peut-être pas vu,
c'est que quand le bureau de Québec a prêté un
enquêteur à Montréal, celui de Montréal était
malade. Donc, il faut présumer que, s'il était malade, il ne
travaillait pas. D'ailleurs, c'est ce qui semble se dégager de la lettre
qui est ici. Cela infirme l'argumentation du ministre qui nous dit que les
chiffres doivent être modifiés puisqu'il y en a un qui a
travaillé à Montréal. Donc, on avait un enquêteur de
plus pendant six mois. Si on pense que celui de Montréal était
malade, donc, qu'il ne travaillait pas, il faudrait refaire vos calculs pour
enlever la productivité d'un employé de Montréal pendant
la période de la maladie, qui est présumément de six mois,
ce qui revient à remettre les chiffres à peu près comme
ils étaient originellement. Je ne sais pas si le ministre a des
commentaires à faire là-dessus.
M. Clair: Comment le calcul a été fait? Je donnais
le renseignement pour l'utilité des membres de la commission. C'est
certain que cela ne change pas fondamentalement la nature du problème,
mais je pense qu'il y a sûrement des facteurs qui expliquent cette
différence. Ne serait-ce qu'au niveau de la densité de la
population, je pense qu'il est assez évident qu'on peut être plus
productif dans la région métropolitaine de Montréal que
dans la région de Québec. Même en additionnant un
territoire comme l'Abitibi, je pense que le bureau duquel relèvent les
régions les moins densément peuplées va toujours
être le bureau qui va connaître la productivité la moins
grande. Est-ce que le vérificateur partage cela?
M. Bourbeau: Je pense que ce n'est pas nécessaire de le
demander, c'est écrit dans le rapport à la page 107. La
réponse à votre question y est. Le vérificateur a fait un
sondage et à Montréal et à Québec. Il a pris trois
enquêteurs à Montréal et trois à Québec,
semble-t-il, comme cela, au hasard. Il donne les résultats de son
sondage. Le kilométrage pour l'enquêteur A, B et C à
Montréal et le kilométrage pour l'enquêteur A, B et C
à Québec est à peu près le même. Si vous
faites l'addition, il y a à peu près 46 000 kilomètres
à Québec et 44 000 kilomètres à Montréal.
Les dossiers réglés à Québec sont de 291 et
à Montréal de 585. C'est à peu près le double.
Comme le kilométrage est le même, l'argument que vous venez
d'employer est complètement détruit, parce que vous avez
employé l'argument du territoire qui est plus grand. Comme c'est plus
dense à Montréal, vous dites que cela va plus rapidement pour
régler les problèmes. Le vérificateur nous dit que,
même si le territoire est plus dense, ils ont fait le même
kilométrage. Je ne vois pas en quoi l'argument tient.
M. Clair: Je ne pense pas que le député
défasse l'argumentation que je soulève. Le kilométrage
parcouru et la densité de la population, ce sont deux facteurs tout
à fait différents. Le facteur qui fait 100 kilomètres dans
une région qui est très peuplée va avoir le temps de
distribuer beaucoup plus de lettres que celui qui se promène dans 100
kilomètres, qui réalise le même kilométrage, mais
sur un parcours qui est beaucoup moins densément peuplé. On peut
peut-être poser la question au Vérificateur général:
Est-ce qu'à votre avis la densité peut être un facteur qui
explique cela et dont vous avez tenu compte? En prenant connaissance du
rapport, il ne me semble pas que ce soit le cas.
M. Moffet: C'est-à-dire qu'on n'en a pas tenu compte comme
tel, mais on a quand même laissé voir les objections du
ministère, le point de vue du ministère à cet effet. On
les a pris pour ce qu'ils valaient. On a pris cet arqument pour ce qu'il vaut.
On l'a énoncé tout simplement. C'est un facteur, mais cela
n'explique pas tout. Le directeur du service lui-même admet que la
densité et la superficie n'expliquent pas la grande différence de
productivité entre Québec et Montréal. Le directeur du
service lui-même admet cette chose.
M. Bourbeau: M. le Président, en terminant
là-dessus, dans le dernier paragraphe, le directeur des
réclamations semble quand même admettre qu'il y a une moins grande
productivité à Québec qu'à Montréal. Afin de
régler le problème, semble-t-il, il a trouvé comme
solution d'agrandir le territoire de l'Est du Québec, donc le territoire
qui est couvert par les enquêteurs de Québec, qui sont moins
efficaces. Donc, pour régler le problème de ceux qui
travaillent avec moins de productivité, on leur donne encore plus de
territoire. Le ministre considère-t-il qu'en tant que responsable de la
rigueur de l'administration du ministère il est satisfait de la solution
proposée par son directeur des réclamations? Pensez-vous que la
solution qui consiste à agrandir le territoire est une solution
satisfaisante? N'auriez-vous pas par hasard une meilleure solution à
suggérer? (21 h 45)
M. Clair: Je serais fort heureux d'entendre celle du
député de Laporte, s'il en avait une, mais est-ce que...
M. Forget: Quand vous avez une bonne équipe, vous lui
donnez plus de responsabilités et une moins bonne équipe, vous
réduisez ses responsabilités. À la limite, quelqu'un qui
ne ferait rien devrait avoir tout le territoire du Québec.
M. Clair: Si le député de Saint-Laurent veut faire
des farces, c'est son droit, mais...
M. Forget: Non, mais c'est le raisonnement qui est
sous-jacent.
M. Bourbeau: C'est une solution incohérente; vous avez des
gens moins compétents et vous leur donnez plus de territoire.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous platti Je pense
qu'il était prêt à cela.
M. Clair: À ce moment-là, cela deviendrait
improductif, j'en suis certain, à moins de donner au bureau de
Québec la moitié de la responsabilité sur l'île de
Montréal et au bureau de Montréal la moitié de la
responsabilité dans l'Est du Québec, je pense qu'on ne parviendra
pas facilement à un niveau absolument similaire d'efficacité et
de productivité. Je vous dirai bien humblement que j'imagine que le
directeur du service directement concerné par cette situation a vu, dans
l'agrandissement du territoire, l'occasion d'améliorer la
productivité. Est-ce qu'il a tort ou est-ce qu'il a eu raison? Le
prochain rapport nous le dira.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais parler au
vérificateur qui nous a présenté ce rapport. Je lis vos
recommandations, M. le vérificateur, et je me demande si vous ne
pourriez pas les relire vous aussi. Si on a encore une réunion demain,
je me demande si vous ne me direz pas qu'il y a des chiures de mouches un peu
là-dedans à force de couper les cheveux en quatre dans ces
recommandations. Là, vous arrivez et vous tenez compte de tellement de
considérations qu'à la fin on se demande où vous voulez en
venir avec cela.
Depuis le début, je trouve que vous avez des commentaires
très à propos, parfois justifiés par le ministère,
parfois pas, mais permettez-moi, M. le Vérificateur
général, de vous demander de les lire et de vous demander,
après cela, bien amicalement, si je n'ai pas des doutes en disant:
Qu'est-ce que cette affaire vient faire là? Je le fais...
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. le
député de Frontenac. M. Châtelain.
M. Grégoire:... sans malice. J'ai de l'estime pour le
travail que vous faites, c'est sans malice, mais je me le demande sur
celui-là... Pour les autres, je vous félicite, mais pour
celui-là...
Le Président (M. Bordeleau): M.
Châtelain.
M. Châtelain: M. le Président, je pense que le
député, en référant aux chiures de mouches,
réfère à une liste de considérations qui
apparaissent à la deuxième partie de ce paragraphe. Il s'agit
tout simplement d'une citation. C'est qu'on reproduit exactement une lettre que
nous avons reçue du ministère. Les chiures de mouches ne viennent
pas du bureau du Vérificateur général.
M. Grégoire: C'est la vérification interne du
ministère?
Une voix: Non.
Une voix: C'est la réponse à nos commentaires.
M. Grégoire: Que ce soit à l'un ou à
l'autre, je vais maintenir mes affirmations quand même, parce que je
relis cela et je trouve cela vrai. Remarquez que je ne sais pas lequel des deux
était responsable, l'ancien ou le nouveau. Je regarde vos comparaisons
aussi. Cela découle également des enguêteurs A, B, C de la
région de Montréal.
Une voix:... une mouche.
M. Grégoire: C'était probablement dans le temps
de...
M. de Belleval: Dans mon temps, c'était plutôt des
taons.
M. Grégoire: Cela relève également du
kilométrage accumulé et du nombre de dossiers
réglés. Quand je regarde cela, c'est évident que, si vous
calculez le kilométrage,
en Abitibi vous avez peut-être à faire 16 000
kilomètres pour régler 76 cas; à Montréal vous
allez régler plus de cas dans le même kilométrage. Je ne
vois pas pourquoi vous soulevez la question.
M. Forget: 116 kilomètres à Montréal, cela
prend plus de temps qu'en Abitibi.
M. Grégoire: Pardon?
M. Forget: 116 kilomètres à Montréal, cela
prend plus de temps qu'en Abitibi, parce que vous allez moins vite.
M. Grégoire: C'est parce qu'à Montréal, ils
ne savent pas chauffer, M. le Président.
M. Forget: M. le Président, est-ce qu'on peut changer de
sujet?
Le Président (M. Bordeleau): Je voudrais qu'on s'assure
que cet épisode est terminé. Il n'est pas terminé? Je vais
permettre un commentaire au député de Trois-Rivières.
M. Vaugeois: Pour des raisons un peu différentes de celles
du député de Frontenac, j'ai quand même des réserves
sur certaines remarques du rapport du Vérificateur
général. Ce genre de remarques, je trouve cela inquiétant.
J'imagine à peu près ce qui peut arriver. L'équipe moins
productive va se retourner vers l'équipe plus productive. Et le danger,
c'est qu'il y ait nivellement à la baisse. J'aimerais avoir le
commentaire du Vérificateur général. Est-ce qu'il pense
sincèrement que ce sont les moins bons qui vont s'améliorer ou
que ce sont les meilleurs qui vont être incités à se
raisonner?
M. Grégoire: Ce n'est pas facile de faire grandir un homme
qui est plus petit qu'un autre. Mais c'est plus facile de couper la tête
de l'autre qui est trop grand pour les mettre tous les deux au même
niveau.
Le Président (M. Bordeleau): M.
Châtelain, si vous avez quelques commentaires.
M. Châtelain: M. le Président, je repasserai la
balle au ministère. Dans le fond, quand on essaie d'établir si le
contribuable en a réellement pour son argent, c'est un des cas. Est-ce
que le contribuable en a réellement pour son argent? Il faudrait qu'il y
ait des indicateurs de performance et, à ce moment-là, on
comparerait la productivité en vertu de ces indicateurs et on
déterminerait réellement s'il y a une baisse ou une augmentation
de productivité.
M. Vaugeois: M. le Président, on peut quand même
convenir qu'il n'y a pas une entreprise qui pourrait s'en sortir sans
critère de coûts. On pourrait s'obstiner toute la nuit sur les
kilomètres, la densité, etc. Il faudrait que le ministère
ait des moyens d'évaluer le rendement de son monde et les
coûts.
M. Clair: Ce que la discussion démontre, M. le
Président, c'est justement la difficulté d'avoir des indicateurs
de performance, comme on vient de le dire, mais par contre, la
nécessité d'être certain de se doter de tous les moyens
nécessaires pour s'assurer que le contribuable en a le plus possible
pour son argent. C'est surtout cela qui doit ressortir des discussions: la
nécessité, mais par ailleurs, la difficulté. C'est
justement en tenant compte de facteurs comme la densité et le
kilométrage, on voit qu'il y a matière à
interprétation.
M. Forget: D'accord. Un mot pour terminer là-dessus. Je
suis tout à fait d'accord avec le ministre et avec le
vérificateur. C'est sûr qu'il est nécessaire d'avoir des
indicateurs de performance dans de grandes entreprises comme les
ministères. Et ce n'est pas l'épisode en question qui est
important, c'est de savoir si cet indicatif d'un souci, au niveau de la gestion
d'un ministère, de mesurer ce que font des employés qui font des
tâches analogues, pour voir s'il n'y a pas des problèmes
d'inefficacité grossière... Au-delà de ce qui est
grossier, on ne pourra probablement jamais égaliser les situations
parfaitement.
Une dernière leçon qui se dégage de cela,
peut-être que c'est pour cela que la réponse du ministère
est citée in extenso pratiquement dans le rapport du
vérificateur. Il se dégage de cette réponse du
ministère, aux problèmes soulevés par le
vérificateur, de disparités dans les performances, une
philosophie de gestion qui n'est pour le moins pas tout à fait à
la page. Les raisonnements sur les déplacements de gens de
Montréal à Québec, etc., pour résoudre un
problème de performance insatisfaisante, et l'idée de changer les
territoires pour améliorer la performance, c'est peut-être la
solution.
Mais ce n'est pas évident que c'est la solution. Cela montre
qu'il y a du progrès à faire non seulement au niveau des
critères de performance, mais aussi au niveau de la prise de conscience
du problème de gestion chez un certain nombre de
fonctionnaires-cadres.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le ministre,
vous pouvez continuer.
M. Grégoire: J'aurais une question à poser au
vérificateur. Est-ce que les expropriations du ministère des
Transports entrent dans ce chapitre des réclamations
traitées?
M. Clair: Je crois que non.
M. Châtelain: Ce sont seulement les dommages causés
à autrui.
M. Clair: Et on va maintenant parler des problèmes
inverses, c'est-à-dire quand le ministère subit des dommages et
qu'il doit réclamer et percevoir des sommes qui lui sont dues.
Là-dessus, M. le Président, je pourrai passer assez
rapidement. Mon expérience personnelle, puisqu'on peut y faire allusion,
à l'époque où j'étais avocat à l'aide
juridique, m'avait justement amené moi-même à constater
qu'il pouvait y avoir très facilement de l'obtention de délais et
qu'on fonctionnait de façon très manuelle à
l'intérieur du ministère des Transports à ce point de vue,
pour les réclamations. On reconnaît les problèmes, nous
sommes en train de les corriger en mécanisant nos opérations sans
augmenter les effectifs et les résultats ne paraîtront
probablement pas dans le prochain rapport, mais dans le rapport
subséquent du Vérificateur général, puisqu'on
espère que le nouveau système pourra être implanté
à la fin de la présente année financière.
M. Lincoln: Est-ce que je peux poser une question au
ministre?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: La seule procédure qui a été
prise, c'était une mise en demeure. Après ça, il n'y avait
pas d'autres procédures, excepté une mise en demeure. Est-ce
qu'il y a d'autres procédures qui sont prises maintenant, comme une
lettre de recouvrement?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Clair: II n'y a pas eu seulement des mises en demeure, il y a
eu d'autres procédures qui, à l'occasion, ont pu être mises
de l'avant, mais, comme je vous le dis, on reconnaît là-dessus,
sans aucune difficulté, que le service tel qu'il fonctionnait...
M. Lincoln: Je vous dis ça parce que je voyais l'avis du
contentieux du ministère...
M. Clair: À quelle page?
M. Lincoln: À la page 110, qui traite du même sujet.
L'avis du contentieux du ministère comprenant une mise en demeure de
payer constitue, à toutes fins utiles, le dernier contact avec le
débiteur, aucune autre procédure n'est entreprise par la
suite.
De tels délais et attitudes produisent sûrement un mauvais
effet sur la récupération des créances de cette nature. Il
disait qu'en fait, à part la mise en demeure, il ne semblait y avoir
aucune lettre de recouvrement ou d'autres procédures comme des appels
téléphoniques, etc.
M. Clair: Je peux témoigner, d'expérience
personnelle qu'il y a eu plus que des mises en demeure, il y a eu de nombreuses
lettres et c'est peut-être même la raison d'une certaine
inefficacité du système. C'est que le traitement des dossiers
était très personnalisé. Il ne s'agit sûrement pas
ici d'un cas où le ministère manquait d'humanité à
l'égard des débiteurs.
M. Lincoln: C'est plutôt le contraire.
M. Clair: Est-ce qu'il y a eu des procédures
d'intentées par la suite? On m'indique que, dans certains cas,
probablement qu'il y en a eu. L'affirmation selon laquelle on se serait
limité dans tous les cas à une mise en demeure et à
l'inscription "ad vitam aeternam" de cette créance aux livres du
ministère sans qu'aucun effort de perception ne soit fait, je pense que
ce n'est pas tout à fait la situation. Il y avait effectivement, on le
reconnaît, un traitement très manuel de ces réclamations.
Est-ce que le Vérificateur général voudrait ajouter un
commentaire sur ce point pour nous éclairer?
M. Moffet: Oui, justement, cette pratique de ne pas poursuivre
venait d'un avis du contentieux en 1978 qui disait de ne pas intenter de
poursuite légale pour des réclamations de moins de 3000 $ et de
plus de deux ans, dans l'attente que la Cour provinciale qui a juridiction sur
les causes d'un montant inférieur à 3000 $ statue que de telles
réclamations ne se prescrivent pas par deux ans.
M. Clair: Voulez-vous le répéter? La prescription
pour dommages matériels, c'est combien de temps? Est-ce que ce n'est pas
justement deux ans? Il me semble que c'est ça.
M. Lincoln: Une année...
M. Clair: Une année, c'est pour blessure corporelle.
Est-ce qu'on peut prescrire contre la couronne? Voulez-vous le
répéter, ça m'intéresse de le
réentendre?
M. Moffet: Le service du contentieux du ministère a
suggéré, en septembre 1978, de ne pas intenter de poursuite
léqale pour les réclamations de moins de 3000 $ et de plus de
deux ans, dans l'attente que la Cour provinciale qui a juridiction sur les
causes
d'un montant inférieur à 3000 $ statue que de telles
réclamations ne se prescrivent pas par deux ans.
M. Clair: C'est ça.
M. Moffet: C'était l'expression des conseillers
juridiques. (22 heures)
M. Clair: M. le Vérificateur général, je
pense que cette affirmation ne présume pas du fait que, pour les
réclamations qui ont moins de deux ans après qu'ils aient
été causés qu'il y a une interrogation juridique pour
savoir si, oui ou non, on peut prescrire contre la couronne par deux ans. Mais
ça ne veut pas nécessairement dire que quand les dommages ont
été portés à la connaissance du ministère
avant deux ans et qu'il y a eu procédure avant les deux ans, dans ces
cas-là, il n'y a eu aucune action.
M. Moffet: Je ne suis pas sûr de bien comprendre.
M. Clair: Distinguons deux cas. Dans le cas où les
dommages matériels sont portés à la connaissance du
ministère après plus de deux ans, en principe c'est prescrit,
mais la question qui se pose - si je comprends l'avis du Vérificateur
général - c'est que peut-être on ne peut pas prescrire par
deux ans contre la couronne et qu'on ne peut pas considérer le droit
prescrit, ce qui force le ministère, compte tenu du fait qu'il en a eu
connaissance, à agir ou, à tout le moins en tout cas, à
enregistrer ce droit, même s'il peut être très
aléatoire.
Toujours est-il que, sur le fond du dossier la-dessus, on espère
avoir des félicitations du Vérificateur général
dans un éventuel rapport, lorsque le système
mécanisé, qui devrait être mis en marche à la fin de
la présente année financière, aura fonctionné
pendant quelques mois. Soit dit en passant j'ai eu l'occasion, comme je le
disais tantôt, de travailler, à l'époque où je
n'étais pas en politique et que je n'avais pas de
responsabilités, avec le responsable, qui était et qui est encore
d'ailleurs un homme charmant.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Laurent.
Motion d'ajournement
M. Forget: M. le Président, eu égard à
l'heure, eu égard aussi à d'autres considérations que je
vais expliquer bientôt, je voudrais, à ce moment-ci, annoncer - je
pense bien que ça va me mériter une absence d'interruption
pendant quelques minutes - que je vais terminer par une motion
d'ajournement.
Une voix: Une motion de quoi?
M. Forget: D'ajournement. Oui, plutôt que de continuer
jusqu'à minuit ce soir. Étant donné des engagements que
certains collègues ont, je crois qu'il y avait un problème
d'horaire. Nous pourrions, bien sûr, reprendre ça plus tard, mais,
même plus tard - ce sont les motifs que je veux exposer - il y a que, me
semble-t-il, sur la question du Bureau des véhicules automobiles, on
pourrait prendre beaucoup de temps pour exposer les innombrables
difficultés et l'inefficacité chronique et catastrophique de ce
service gouvernemental à la population.
Je pense que, dans le rapport du Vérificateur
général, on en trouve une description abondante, qui pourrait
être complétée d'ailleurs sur d'autres points de vue.
D'ailleurs, je pense que la solution qu'a adoptée le gouvernement
d'enlever au ministère des Transports la solution de ce problème
et de le confier à la Régie de l'assurance automobile est une
indication que des modifications très substantielles, des changements
très substantiels devaient se produire dans le mode de gestion du Bureau
des véhicules automobiles.
Mais il y a un problème additionnel qui se pose, étant
donné notre façon de fonctionner, M. le Président.
Pour me faire comprendre, je pense que je vais devoir élaborer
une petite théorie des trois degrés d'incompétence.
M. Grégoire: Est-ce que je pourrais poser une question?
Sommes-nous sur une motion d'ajournement ou si nous continuons...
M. Forget: Non, j'ai dit que je terminerais par une motion
d'ajournement, mais je ne l'ai pas faite encore.
M. Grégoire: Cela nous permettra tout de même de
répondre aux arguments...
M. de Belleval: C'est une motion débattable.
M. Grégoire:... que vous présentez maintenant,
parce que si le député de Saint-Laurent veut apporter des
arguments, avec la capacité qu'on lui connaît d'en apporter, cette
motion d'ajournement qu'il veut présenter peut se poursuivre
jusqu'à minuit, s'il continue sur le sujet. Alors, s'il veut
présenter une simple motion d'ajournement, qu'il le fasse et on
continuera sur le Bureau des véhicules automobiles une prochaine
fois.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Saint-Laurent était en train d'intervenir et il a dit qu'il terminerait
par une motion d'ajournement.
M. de Belleval: Ce que dit le député de Frontenac
est très important.
M. Grégoire: Ce que je dis est très
justifié. Probablement qu'il y aurait moyen de s'entendre. Le
député de Saint-Laurent pourrait avoir plus de temps pour
discuter du Bureau des véhicules automobiles, pas d'objection. Mais si,
avant de présenter une motion d'ajournement, il veut préparer un
long plaidoyer et s'attendre qu'on ne réponde pas à ce plaidoyer,
ce serait mal nous connaître.
M. Clair: Le député de Frontenac...
M. Grégoire: Alors, s'il veut atteindre son objectif,
peut-être qu'on pourrait s'entendre et lui laisser tout le temps demain
pour apporter tous ses arguments, ou après-demain.
Une voix: Pas demain, cela n'est pas possible.
M. Forget: Pas demain.
M. Grégoire: Mardi prochain, si le député de
Saint-Laurent le veut. Il y a toujours moyen de s'entendre.
M. Forget: J'essaie de comprendre le sens des remarques du
député de Frontenac et je ne réussis pas, M. le
Président.
M. Grégoire: Le sens est simple. Le député
de Saint-Laurent semblait partir sur une grande tirade...
M. Bourbeau: Cela faisait seulement une minute qu'il parlait, ce
n'est pas long.
M. Grégoire:... condamnant sans équivoque le
gouvernement, pour présenter sa motion d'ajournement là-dessus.
Il faut dire que nous voudrions tout de même avoir des
possibilités de répondre à cette tirade, ce qui peut nous
mener à minuit...
M. Bourbeau: Quelle tirade? M. Forget: Bon!
Écoutezl
M. Grégoire:... et en annuler l'effet. Par ailleurs, nous
lui proposons, s'il veut faire cette tirade, de la faire lors de la prochaine
séance qui traitera justement du Bureau des véhicules
automobiles. Cela atteindrait, à ce moment-là, l'objectif que se
fixe le député de Saint-Laurent.
M. Forget: II a l'air bien nerveux, le député de
Frontenac, M. le Président.
M. Grégoire: Oh noni Pas du tout.
M. Forget: Je ne sais pas exactement ce qui
l'inquiète.
M. Grégoire: Je suis calme.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre!
M. Forget: S'il veut prendre jusqu'à minuit pour
parler...
Le Président (M. Gagnon): Ce que je peux dire
actuellement...
M. Forget:... je n'aurais pas d'objection à le laisser
faire, mais il demeure que...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget:... j'avais suggéré. Si on insiste
absolument on peut siéger jusqu'à minuit. Est-ce que c'est cela
qu'on nous demande, qu'il est absolument essentiel de siéger
jusqu'à minuit?
M. Grégoire: Non, je pense que vous avez mal compris.
M. Forget: On peut le faire. On l'a fait hier soir.
Personnellement, je n'ai pas d'objection. Cela ne me gêne pas.
M. Grégoire: Vous avez mal compris ce que j'ai dit.
M. de Belleval: Pourquoi voudriez-vous ajourner si vous n'avez
pas d'objection à siéger jusqu'à minuit?
M. Forget: Écoutez! Si vous ne me laissez pas parler, je
ne pourrai pas le dire. C'est assez clair. J'allais exposer les motifs pour
lesquels j'étais pour terminer par une motion d'ajournement. J'ai dit:
Si on ne m'interrompt pas trop... J'espérais, en présentant une
motion d'ajournement à la fin, qu'on m'épargnerait toutes ces
interruptions. C'est pour cela que je ne comprends pas le sens de toutes ces
interventions. Mais si vous voulez absolument continuer jusqu'à minuit,
on peut certainement trouver, dans le rapport du Vérificateur
général, bien des façons de le faire. Encore que...
Le Président (M. Gagnon): Juste un instant, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Je ne suis pas sûr que tous les ministres ont
été convoqués.
Le Président (M. Gagnon): Sur la question de
règlement, je veux assurer le député de Frontenac que la
motion d'ajournement est une motion débattable.
M. Forget: Oui.
M. Bourbeau: II faudrait nous expliquer la...
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que la question de
règlement est terminée?
M. Grégoire: Oui.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, pour expliquer ce que j'ai a
dire relativement au Bureau des véhicules automobiles, j'ai dit qu'il y
avait des petits problèmes qui sont nombreux - d'ailleurs, cela prend
plusieurs pages de description - mais que le gouvernement lui-même a
adopté un remède, depuis la période couverte par le
rapport du Vérificateur général. C'est un remède
qui consiste en une réorganisation complète et le transfert de la
responsabilité du ministère à la Régie de
l'assurance automobile. On s'entend là-dessus. Je pense que cela n'est
pas controversé. Ce sont des problèmes connus, c'est pour cela
que le gouvernement a fait les changements et le transfert de
responsabilités. Je pense que je suis non partisan et objectif dans ma
déclaration jusqu'à maintenant.
Tenant compte de ce fait, j'allais vous dire que, compte tenu du cadre
de nos travaux et des procédures qui semblent être les
nôtres depuis la décision que la présidence a rendue hier
matin, je dois m'opposer à ce que nous étudiions la question du
Bureau des véhicules automobiles et je vais m'expliquer de la
manière suivante.
Nous avons eu, cet après-midi, la démonstration de ce que
j'appellerais un premier degré d'incompétence et quand je parle
d'incompétence, je parle d'incompétence, à notre avis, de
ce côté-ci de la table, de s'adresser à la commission
parlementaire des comptes publics. Ce que je vise par cela, c'est tout
simplement le fait qu'un ministre qui n'est pas la personne directement
impliquée dans la gestion s'est exprimé longuement sur un sujet
que, manifestement, il ne connaissait pas. C'est à cela que nous en
avions au début. C'est un premier degré. Nous l'avons
toléré à cause de la décision de la
présidence qui ne nous laissait aucun choix, sinon de mettre fin
à nos travaux abruptement.
Nous avons ce matin, M. le Président, vu un deuxième
degré d'incompétence technique aussi chez un ministre qui est
venu devant nous, en ce sens qu'il a témoigné pour des actions
posées et des responsabilités prises par un ministre autre que
lui-même, un prédécesseur, puisqu'il a été
nommé ministre après l'élection du 13 avril. Je pense ici
au ministre de l'Énergie et des Ressources, qui répondait des
actes de gestion posés dans la période 1979-1980, alors qu'il
n'était pas là. Non seulement ce n'était pas la bonne
personne, ce n'était pas le bon gestionnaire qui répondait, en ce
sens que ce n'était pas le bon niveau de responsabilité, à
notre avis, ce dont on doit s'accommoder étant donné votre
décision, mais c'était une deuxième incompétence
parce qu'une double incompétence, comme nous l'avons dit à
l'époque, car ce n'était même pas le bon ministre.
C'était un ministre qui n'avait aucune raison de connaître les
faits sur lesquels les commentaires du vérificateur portaient.
Au moment d'aborder l'étude des problèmes de gestion du
Bureau des véhicules automobiles, qui est devenu une direction
générale ou une composante, en tout cas, de la Régie de
l'assurance automobile, on est rendu au troisième niveau
d'incompétence, et je m'explique. Non seulement est-on ici en face d'un
ministre - et je ne le vise pas personnellement, c'est de l'incompétence
dans le sens qu'il n'était pas le ministre pendant la période
couverte par le rapport - plutôt qu'un gestionnaire - ça fait
déjà deux - mais dans le cas d'une société
d'État ou d'un organisme du genre d'une régie, la loi
constitutive de la régie ne donne pas au ministre, vis-à-vis la
gestion de cette régie, les mêmes pouvoirs qu'il a
vis-à-vis de son propre ministère. Je pense qu'on est aussi
d'accord avec ça. Un ministre, vis-à-vis de son ministère,
est le premier des fonctionnaires. Dans un certain sens, il est le chef de
l'administration. Le sous-ministre est le sous-chef. Mais cette
relation-là ne vaut pas exactement dans le cas des régies
gouvernementales, qu'il s'aqisse de la Réqie des rentes, de la
Régie de l'assurance automobile, de la Commission de la santé et
de la sécurité du travail, enfin de tous ces organismes qui ne
sont pas des sociétés d'État, mais qui sont doués
d'une existence corporative autonome par rapport au gouvernement. Ils sont
financés par le gouvernement ou ils ont peut-être parfois leur
financement indépendant comme la Régie des rentes, mais, de toute
manière, le ministre ne peut pas prétendre être le
gestionnaire. D'ailleurs, il n'y aurait pas de sens à la création
des régies si le ministre était en tous points dans la même
situation face aux régies qu'il l'est face au ministère.
Dans le cas d'une commission des comptes publics qui intéresse
les gestionnaires, M. le Président, on est bien mal pris si on ne doit
entendre que les ministres. Si on ne doit entendre que les ministres, on ne
peut pas examiner les commentaires du Vérificateur général
sur tous ces organismes qui ont ordinairement un conseil d'administration, de
toute façon un président-directeur général ou une
présidente-
directrice générale comme dans ce cas-ci, et je la salue
d'ailleurs avec plaisir. Cela devient "un cas", comme on dit,
c'est-à-dire une institution pour laquelle, présumément,
le rapport du Vérificateur général doit être
confié à Dieu sait qui, mais certainement pas à cette
commission, toujours dans le contexte de la décision que vous avez
rendue hier.
Il est bien sûr qu'étant donné notre position,
étant donné la position que nous avons définie hier, nous
n'avons pas eu d'autre choix que de nous plier à la décision
exprimée par le président quant au fait que ce sont des ministres
plutôt que des fonctionnaires, contrairement à la pratique
répandue dans d'autres Parlements, etc. - je ne reviendrai pas
là-dessus - qui répondaient.
Ce matin encore, on a dû concéder à ce
deuxième niveau d'incompétence; c'est le ministre, mais ce n'est
même pas le bon ministre parce que ce n'est pas le ministre qui
était responsable pendant les périodes étudiées.
Mais là c'est vraiment rendu à un point trop loin. Ce n'est
à la fois pas le bon niveau de gestion, ce n'est à la fois pas le
ministre qui était là pendant la période
étudiée, mais c'est pour une régie qui, de toute
façon, n'était pas responsable de ce programme à ce
moment-là. Le ministère l'était, bien sûr, mais,
comme il ne l'est plus, les solutions apportées au problème
soulevé sont du ressort d'une régie que nous ne pouvons pas
interroger ici. Nous nous refusons à entendre le ministre parler au nom
d'une régie. Je pense que là c'est vraiment pousser les choses
trop loin parce qu'on va tout mélanger.
C'est une autre façon, peut-être une dernière
façon de démontrer que les règles que certains ici ont
prétendu traditionnelles, je pense, sont des règles qu'on a
inventées de toutes pièces au moment où on siège
pour la première fois en six ans. On n'a jamais retrouvé ce qui
avait été convenu en 1974, lors des dernières
séances de la commission des comptes publics et il ne semble pas qu'il y
ait rien d'écrit sur le sujet. Donc, on a innové de toutes
pièces des règles particulières à cette commission
parlementaire et nous en reparlerons probablement plus tard, de ces
décisions, parce que je pense qu'elles vont être soulevées
à l'Assemblée nationale lorsque nous siégerons comme
Assemblée nationale.
Il demeure, cependant, que, dans le cadre de ces
règles-là, il y a quand même une impossibilité de
fonctionner. Impossibilité d'aller à la vérité
directement auprès des fonctionnaires, on en a eu plusieurs
manifestations. Ce soir, je dois dire - et je lui rends encore hommage - que le
ministre avait pris soin de se munir de notes venant des gestionnaires du
ministère, qui constituaient des réponses parfois
complètes ou des débuts de réponses, mais, au moins, de
bonne foi, à des questions valables posées par le
Vérificateur général et on a progressé très
harmonieusement pendant un bon bout de chemin comme ça. (22 h 15)
Encore une fois, comme le sait très bien le ministre actuel,
parce que c'est le premier avocat qui passe... Non, celui de ce matin
l'était. Quand il y a une meilleure preuve, vous savez que, devant un
tribunal, si la preuve la meilleure est disponible, on ne se contente pas d'une
preuve de niveau secondaire, c'est une règle de droit bien connue. Dans
ce cas-ci, la commission doit toujours se contenter d'un témoignaqe de
qualité inférieure. Non pas parce que ce que dit un ministre est
inférieur en qualité en soi à ce que dit un fonctionnaire,
mais il est plus loin de la gestion. Comme on s'intéresse à la
gestion, c'est sûr que l'information est filtrée. Quand
l'information est filtrée, dans ce sens qu'on ne peut jamais toute la
transmettre... À moins de partager la même expérience de
vie et de travail, ce n'est pas possible, on ne peut qu'avoir un
condensé, un résumé ou une synthèse de ce qu'elle
comporte. C'est une information de moins bonne qualité, elle est moins
complète et on peut moins, par des questions, en savoir long parce qu'on
s'adresse au ministre plutôt qu'aux fonctionnaires.
Dans le cas des sociétés d'État, il y a, en plus de
cela, un obstacle légal. Le ministre n'est pas le chef de
l'administration; c'est, dans ce cas-ci, par exemple, Mme Sotiau, qui est le
chef de l'administration. Elle est, bien sûr, redevable de façon
générale au ministre, elle doit se rapporter au ministre, mais
tout le monde reconnaît que le président-directeur
général d'une régie détient une autonomie de
gestion considérable. C'est sa raison d'être. C'est ce
président ou cette présidente qu'on veut interroger, non pas le
ministre. En plus de toutes les difficultés...
Pour ces raisons, M. le Président, je n'ai pas pris un temps
excessif, mais je voulais être très clair là-dessus. Comme
on est rendu, à toutes fins utiles, à la fin des commentaires du
vérificateur sur ce sujet, étant donné l'heure et d'autres
considérations, mais surtout étant donné cette objection
de principe, nous nous voyons dans l'impossibilité de continuer
l'étude -même si on nous donnait une journée de plus - et
de faire l'examen du Bureau des véhicules automobiles du Québec.
Ce n'est pas possible pour nous de faire un travail qui soit compatible
à la fois avec un souci d'efficacité pour la commission et
compatible avec le statut juridique de cette régie.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Clair: D'abord, je m'étais préparé
à
répondre aux questions et j'en avais moi-même un certain
nombre à poser au Vérificateur général. Je voulais
faire état d'une amélioration considérable qui est
déjà fermement engagée à la vice-présidence
du Code de la route. Le député refuse une preuve de moindre
qualité, si l'on veut. Selon ses propos, il dit: Mon but est de
poursuivre la recherche de la meilleure preuve; étant donné que
le ministre n'est pas le chef de l'administration, mais qu'il est simplement
chargé de l'application de la loi, je refuse de l'entendre, à
toutes fins utiles.
Je voudrais simplement signaler que, s'il refuse la meilleure preuve, il
refuse jusqu'à présent, tel que l'a interprété le
président, la meilleure occasion, cependant, d'en discuter qui lui soit
fournie. À ce point de vue, je ne veux pas interpréter les propos
du député de Saint-Laurent, mais j'espère que ce qu'il
entend par là ne met pas en cause la notion de responsabilité
ministérielle. Les mots "le ministre est chargé de l'application
de la présente loi", s'ils ont un sens, c'est que le ministre
répond devant le Parlement de l'application de la loi. Si ses propos
l'entraînaient jusqu'à considérer que le ministre n'a plus
à répondre devant le Parlement et en commission parlementaire de
l'application de la loi, à ce moment-là, ce serait une entorse
profonde à la responsabilité ministérielle. Là, je
parle beaucoup plus comme député que d'un point de vue
égoïste de ministre.
Quoi qu'il en soit, si le député de Saint-Laurent refuse
d'entendre la meilleure preuve ou les meilleurs propos qu'il puisse entendre
dans les circonstances, je pense que c'est son choix et je vais laisser mes
autres collègues s'exprimer là-dessus.
M. Vaugeois: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): J'avais reconnu le
député de Charlesbourg, mais je n'ai pas d'objection à
vous reconnaître. Il ne faudrait pas que tout le monde parle en
même temps.
M. Vaugeois: Allez-y. Si vous l'avez reconnu, qu'il parle.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: M. le Président, je remercie beaucoup le
député de Trois-Rivières pour sa mansuétude. Le
député de Saint-Laurent soulève une question
intéressante, mais, en même temps, il soulève aussi, sans
s'en rendre compte, un autre problème. Effectivement, la commission a
été mise sur pied, a été convoquée pour
étudier le rapport du Vérificateur général; d'abord
et avant tout. Évidemment, je comprends, j'admets que le
député de Saint-
Laurent dise: Oui, on peut toujours étudier le rapport du
Vérificateur général sur ce qui s'est passé en
1979-1980, sur les constatations qu'il a faites en 1979-1980, sur la gestion du
Bureau des véhicules automobiles d'alors. Dans un sens, nous dit-il, ce
n'est pas suffisant parce qu'il faut aussi voir quels sont les remèdes
qui ont été apportés d'ici là et ces remèdes
ont été transférés à une régie
indépendante. Fort bien.
Cela dit, il doit aussi admettre que si nous faisions comparaître
- il nous arrive d'ailleurs, dans beaucoup de commissions, d'inviter des
présidents de sociétés d'État ou de régies -
la présidente de la régie, elle, ne pourrait commenter le rapport
du vérificateur qui a été fait sur une période de
temps où elle n'était pas responsable de la gestion dudit Bureau
des véhicules automobiles, nous aurions un problème inverse.
On se trouve donc dans une espèce de double impasse. Le
député de Saint-Laurent admettra qu'il faudrait faire
comparaître le ministre, la présidente de la régie et sans
doute d'anciens ministres et d'anciens fonctionnaires. On se trouve dans une
pyramide de niveaux d'incompétence, pour reprendre son expression.
Au fond, rien n'empêche cependant cette Assemblée
nationale, ça revient au leader du gouvernement et au leader de
l'Opposition de se consulter sur ce problème particulier, de
décider comment, si l'Opposition désire entendre la Régie
de l'assurance automobile sur un sujet ou sur l'autre, cette chose peut
être faite. Mais, ce n'est pas à cause nécessairement de la
désuétude de nos règles que tout le monde admet que cela
se produit. C'est parce qu'il y a eu un changement entre-temps profond dans le
niveau de responsabilité ou l'ordre de responsabilité et que, de
toute façon, ces choses peuvent être traitées d'ailleurs
par des mécanismes autres dans cette Chambre.
Dans ce sens, il pourrait faire un bout de chemin malgré tout,
comme l'a dit le ministre des Transports, à partir du rapport actuel.
C'est son droit de prétendre que ce bout de chemin n'est pas assez long.
Là-dessus, je suis d'accord avec lui. Je pense qu'effectivement on est
mieux de regarder ça dans un autre contexte. J'appuierais la motion du
député de Saint-Laurent d'ajourner la séance et renvoyer
tout le problème aux leaders conjointement.
M. Forget: D'accord.
M. de Belleval: Ce n'est pas de la mauvaise volonté de
notre part.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: J'aurais énormément de choses à
dire là-dessus, M. le Président. Il est tard. Ce soir, je
relisais encore le chapitre 9 du rapport Lambert qui traite
précisément de cette question. Il fait des distinctions
importantes, par exemple, entre la continuité que représente le
sous-ministre, même s'il chanqe, parce que la permanence est là.
Les ministres passent et la fonction même donne au ministre un statut
fort différent. Il y a même des ministères où le
degré de responsabilité du ministre peut varier. On a des
exemples à Ottawa. Au niveau des sociétés d'État.
Le statut des sociétés d'État peut varier
considérablement. D'ailleurs, on sait que le Vérificateur
général scrute les états financiers et les comptes de
certaines sociétés d'État et, dans d'autres cas, il ne le
fait pas. Là aussi, il y a des variantes importantes. Il y a des
précédents dans ce parlement. À plusieurs reprises, des
dirigeants d'organismes sont venus témoigner eux-mêmes. Je le
vérifiais encore aujourd'hui pour l'Office d'information à
l'époque de Laurent Laplante. Laurent Laplante venait témoigner
lui-même. Le ministre considérait que, sur cette matière,
c'était au dirigeant de l'organisme à venir rendre compte.
À Ottawa, il y a des précédents
considérables à cet égard. Je pense que le problème
est bien posé. Le leader du gouvernement, hier, a fait une proposition
précise que le député de Saint-Laurent, d'ailleurs, a
acceptée après quelques remarques. Dans les prochains jours ou
les prochaines semaines, cette question devrait se clarifier.
Je veux rappeler, M. le Président, que du côté de
notre caucus, on va consacrer la journée de demain à discuter de
ce problème. Devant le caucus se trouvent des propositions de nature
à satisfaire le député de Saint-Laurent. J'espère
seulement que ce qu'il nous propose comme problèmes et comme solutions,
ces éléments soient également bien discutés par le
caucus libéral. Je pense que les parlementaires dans leur ensemble
doivent cheminer, doivent se renseigner, doivent chercher à
préciser le rôle du Parlement pour la santé de notre vie
démocratique. Bien sûr, l'opposition qui nous sépare,
l'opposition des deux côtés fait qu'on cherche à certains
moments l'intérêt de notre formation politique, mais dans ces
matières je pense qu'il faut d'abord chercher l'intérêt du
Parlement, de l'institution et de la démocratie. Si on est capables de
rester animés par ces sentiments, je pense qu'on est sur le point de
franchir une étape extrêmement importante, mais il ne faudrait pas
perdre toute sérénité pour y arriver. Je souhaiterais que
la prochaine séance d'une commission qui se pencherait sur le rapport du
Vérificateur général puisse le faire sensiblement à
partir des discussions qu'on a eues depuis hier. Ce serait pour notre
Parlement extrêmement important.
M. Grégoire: M. le Président, je veux concourir
également à la motion d'ajournement. Cependant, je voudrais
exprimer un autre point de vue. Depuis deux jours, nous sommes à la
commission sur les comptes publics. J'ai réalisé une chose.
L'Opposition nous a délégué à cette commission
peut-être son plus grand "debater" en la personne du député
de Saint-Laurent. Je dois reconnaître sa fougue, son sens de l'attaque et
réellement je dois dire que c'est probablement le plus acharné,
celui qui a cherché le plus, qui a probablement le plus
travaillé, le plus étudié son dossier. Il arrivait avec
des dossiers complets. Mais, après deux jours, lui, l'as des as de
l'Opposition, n'a pas réussi à trouver une seule erreur et une
seule malhonnêteté au gouvernement actuel depuis cinq ans. Je le
comprends de se dire: Eh bien, mes épines et mes épées
sont émoussées. J'ai essayé depuis deux jours, pourrait se
dire le député de Saint-Laurent, et je n'ai pas réussi. Il
ne me reste qu'une chose, c'est de demander l'ajournement et je vais y
concourir.
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, seulement un instant. Je
voudrais d'abord, si les membres sont d'accord, entendre M. Larose, qui semble
avoir un commentaire.
M. Clair: Ah oui? Excusez-moi. Je ne savais pas.
Le Président (M. Bordeleau): Remarquez que c'est...
M. Larose: Ce n'est pas un commentaire qui se rattache à
la discussion qui a lieu dans le moment. C'est un complément
d'information sur une réponse que j'ai donnée hier soir et que
j'aimerais compléter pour renseigner les gens. Je ne sais pas si c'est
le moment. Cela va prendre deux minutes, je pense bien.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. Clair: Oui.
M. Forget: Oui, pas de problèmes.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. Larose.
Comptabilisation des subventions
M. Larose: À une question qui m'a été
posée hier par M. Gréqoire concernant la comptabilisation des
subventions du gouvernement, dans le cas de subventions accordées
à des municipalités, par exemple,
il a demandé de quelle façon on en suggérait la
comptabilisation. À ce moment-là, nous étions à
discuter de la comptabilisation des subventions des dépenses des
commissions scolaires.
Pour résumer notre position en ce qui concerne les
dépenses de fonctionnement des organismes, nous croyons que les
dépenses devraient être enregistrées aux livres au
même moment où elles sont encourues par les organismes
eux-mêmes. C'est ce que nous avons affirmé dans le rapport. En ce
qui concerne cependant des subventions qui sont accordées pour des fins
d'investissement ou à des fins d'acquisition d'immobilisations, nous
comprenons fort bien qu'à ce moment-là les subventions puissent
être comptabilisées bien souvent selon la période d'octroi
de la subvention. C'était la précision que je voulais
apporter.
M. Clair: M. le Président, tout simplement en terminant,
seulement quelques mots pour remercier mes collègues de leur
participation et également assurer, au nom de mon ministère, le
Vérificateur général de toute ma collaboration dans
l'exercice de ses responsabilités. Je vous remercie.
M. Forget: À mercredi matin, la semaine prochaine?
Le Président (M. Bordeleau): C'est ce que j'allais vous
expliquer. Je voudrais simplement remercier moi aussi comme président de
la commission le Vérificateur général en deux personnes,
ainsi que tous les adjoints du bureau du vérificateur de s'être
prêtés aux questions et d'avoir bien collaboré avec la
commission.
Selon ce qu'on me dit au bureau du leader, la commission reprendrait ses
travaux le mercredi 30 septembre à 10 heures à la même
salle ici, soit 91-A, pour entendre le ministre délégué
à l'Habitation et à la Protection du consommateur.
Une voix: M. le Président... M. Grégoire: M.
le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Un instant! Un instant! Pas
tout le monde en même temps. (22 h 30)
M. Grégoire:... j'aurais une question à poser. Le
député de Saint-Laurent nous a demandé d'ajourner parce
que les modalités ou les règlements actuels de la commission ne
permettaient pas, dans les circonstances, parce que le ministre avait
changé, la régie ou le Bureau des véhicules automobiles ne
permettait pas, dis-je, d'approfondir les questions et d'aller
réellement au fond des choses. Il s'adonne que, également,
à la SHQ il y a eu des changements quant au président. Les
mêmes circonstances se retrouvent et je me demande si on ne devrait pas
plutôt ajourner sine die jusqu'à ce que nos règlements
soient changés. Le leader de la Chambre a garanti que cela se ferait le
plus rapidement possible. Nous ajournerions pour les raisons invoquées
par le député de Saint-Laurent, que nous avons tous admises de ce
côté et que nous avons tous comprises; nous avons accepté
son ajournement pour cela, et, pour les mêmes raisons, je crois que
ça devrait être sine die jusqu'à la reformulation de nos
règlements.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac...
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau):... la motion d'ajournement,
même si je l'ai mal comprise, j'étais en train de revenir à
la présidence, je l'ai comprise comme une motion d'ajournement de la
séance d'aujourd'hui.
M. Forget: De la séance, bien sûr.
M. Grégoire: Mais, est-ce que le député de
Saint-Laurent ne voudrait pas amender sa motion à ce
moment-là?
M. Forget: Si je peux répondre un peu, je peux dire sans
méchanceté que je trouve que le député de Frontenac
aime perdre notre temps parce que...
M. Grégoire: Après tous les compliments que je vous
ai lancés.
M. Forget:... même si nous voulions accepter sa suggestion,
je le réfère au débat de l'Assemblée nationale du
10 juin dernier. Il verra que nous avons eu un mandat, je crois même que
l'Opposition, plus ou autant, au moins, que la commission des comptes publics,
a reçu un mandat d'examiner la situation de la Société
d'habitation du Québec. Cela a été une question qui a
été spécifiquement référée à
la commission des comptes publics, toute la question de savoir non seulement si
des suites ont été données au rapport du
Vérificateur général - pour répondre au
député de Charlesbourg - mais, également, de voir si,
à la suite de ces discussions, nous aurons suffisamment de
renseignements pour conclure qu'il faut une enquête publique, M. le
Président.
On se souvient de ce débat. J'inviterais nos collègues
à réfléchir que si on doit être en mesure de
conclure d'une façon ou d'une autre, il serait peut-être prudent
de ne pas être trop restrictif quant aux questions. Le mandat
était très clairement indiqué dans ce que le premier
ministre a dit à l'Assemblée nationale. La
référence à la commission des
comptes publics visait à établir l'opportunité ou
la nécessité d'une enquête publique. Je reconnais tout de
suite que ça ne se retrouve pas dans le libellé de ce qu'a dit le
leader parlementaire, mais je pense bien qu'on ne voudra pas faire mentir le
premier ministre, M. le Président, et on voudra probablement s'acquitter
de notre tâche à partir de mercredi matin,
complètement.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, sur une motion
d'ajournement, je pense qu'on a déjà dépassé
largement le temps.
M. Forget: On reprendra ce débat mercredi.
M. Bourbeau: Laissez-le parler, pourquoi pas?
M. Vaugeois: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Si tous les membres de la
commission y consentent, on peut entendre le député de
Trois-Rivières. Si vous voulez quand même essayer de
résumer votre pensée, M. le député de
Trois-Rivières, je vous donne la parole.
M. Vaugeois: Oui, je vais résumer ma pensée. Je
pourrais même me contenter d'un moment de silence, M. le
Président, ce moment de silence étant destiné à
permettre au député de Saint-Laurent de réfléchir
un peu aux propos qu'il nous a tenus depuis hier matin et à la motion
d'ajournement qu'il vient de nous proposer.
M. de Belleval: Le moment de silence ayant été
tenu, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): La commission parlementaire
des finances et des comptes publics ajourne ses travaux à mercredi
prochain, 30 septembre, à 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 34)