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Commission permanente des finances, des comptes
publics et du revenu
Etude des crédits du ministère du Revenu
Séance du jeudi 4 avril 1974
(Dix heures quinze minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission des finances, des comptes publics et du revenu continuera
ce matin l'étude des crédits du ministère du Revenu.
Pour la séance d'aujourd'hui, M. Léger, de Lafontaine,
remplace M. Bédard, de Chicoutimi, et M. Larivière, de
Pontiac-Témiscamingue, remplace M. Levesque, de Bonaventure. Nous en
étions à l'étude de l'élément 1 du programme
1: la perception. Je crois que c'était le chef de l'Opposition qui avait
la parole.
Administration fiscale Plaintes
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, avant que ne
débute la séance, je voudrais dire tout simplement qu'hier, sur
une question du chef de l'Opposition, relativement au rapport du Protecteur du
citoyen, j'ai donné, de mémoire, un chiffre, si je me souviens
bien, de 247 plaintes reçues au ministère du Revenu, et je
voudrais corriger parce que c'est moins, si l'on veut avoir une bonne
statistique dans le compte rendu des délibérations de la
commission des finances, des comptes publics et du revenu.
Si on regarde le rapport du Protecteur du citoyen pour 1972, le total
des plaintes reçues a été de 145; 88 ont gardé le
statu quo. Il y a eu une recommandation formelle et 56 recommandations
informelles. Ce sont 145 plaintes, pour lesquelles le Protecteur du citoyen a
contacté nos officiers, ou les employés du ministère, ou
le sous-ministre. C'est donc dire que, pour 2,800,000 contribuables, on
considère tout de même qu'il y a lieu de continuer
d'améliorer nos méthodes, notre correspondance et nos
tractations. On peut considérer les notes du Protecteur du citoyen
concernant une opération aussi gigantesque comme information autant que
celle des opérations fiscales du ministère.
M. LEGER : Est-ce que le ministre peut dire qu'il y a 2,800,000
contribuables?
M. HARVEY (Jonquière): J'ai parlé de déclarations
d'impôt, parce qu'on est tenu de faire une déclaration même
si l'avis de cotisation devient néant.
LE PRESIDENT: M. le député de Trois-Rivières.
M. BACON: M. le Président, je demanderais au ministre, pour
l'intérêt des membres de la commission il vient de nous
parler du peu de cas qui sont soulevés au ministère du Revenu
de nous donner un ordre de grandeur des transactions qui se font
à l'intérieur du ministère. Est-ce qu'il y a des
statistiques que vous possédez dans les différents secteurs du
ministère ou les différentes perceptions? Quel est l'ordre de
grandeur des transactions ou opérations qui se passent à
l'intérieur du ministère?
M. HARVEY (Jonquière): On me dit qu'au cours de l'année
financière, il y a eu à peu près 20 millions de
transactions, entrées et sorties, à part les transactions
internes, extérieures, "in and out": 20 millions, à part les
transactions intérieures.
Sociétés pétrolières
(suite)
M. HARVEY (Jonquière): Maintenant, M. le Président, vous
vous souvenez d'une question posée hier par le chef de l'Opposition, me
demandant de confirmer ou d'infirmer une nouvelle qui avait été
donnée à Radio-Canada; je dois dire qu'une conversation a eu lieu
entre le chef de l'Opposition et moi et j'ai écouté avec
attention, hier soir, le même reporter, à Radio-Canada, qui a
rapporté fidèlement les propos tenus à la commission
parlementaire des finances, des comptes publics et du revenu. Ce matin, dans le
Journal de Québec, à la page 8, dans un article non signé,
on voit exactement le contraire: " Le ministre du Revenu, M. Gérald
Harvey, a implicitement confirmé, hier, qu'une seule grande
société compagnie pétrolière a payé de
l'impôt au Québec en 1973".
M. MORIN: Vous allez être en mesure de rectifier les faits ce
matin, sûrement.
M. HARVEY (Jonquière): Non seulement la nouvelle est fausse, mais
elle n'a pas de sens.
Premièrement, on dit ici: "... a payé de l'impôt au
Québec en 1973". On sait fort bien, M. le Président, que pour
l'année 1973, les déclarations ne sont pas produites ou tout de
même un délai de six mois est accordé pour les
produire.
C'est donc dire que l'exercice financier de la majorité de ces
compagnies s'étant terminé le 31 décembre 1973, les
déclarations n'ont pas à être produites avant le 30 juin
1974. C'est la première erreur. La deuxième est celle,
probablement, d'avoir lu trop rapidement les épreuves du journal des
Débats et encore d'avoir pris une information par quelqu'un d'autre,
parce que je n'ai jamais confirmé ou infirmé la nouvelle sur la
question du chef de l'Opposition, hier.
LE PRESIDENT (M. Picard): La parole est à l'Opposition.
M. MORIN: Est-ce que le ministre pourrait nous dire combien de
compagnies pétrolières ont payé de l'impôt au
Québec, l'année dernière, pour l'année 1972, si
vous n'avez pas encore les chiffres pour 1973?
M. HARVEY (Jonquière): Avant de revenir sur cette question, je
voudrais qu'on s'entende bien sur l'article que je mentionnais, hier,
concernant la confidentialité. L'article 69 de la loi organique du
ministère du Revenu correspond également sur les principes
à un article de la loi fédérale, mais laquelle est
beaucoup plus explicite et donne toute une série d'exemptions,
d'exceptions à cette règle, permettant de fournir certaines
données.
Si on regarde bien l'article 69 de la Loi de l'impôt provincial
sur le revenu, on constate que l'article 69 contient une seule exception, celle
nous permettant de signer avec d'autres gouvernements provinciaux ou avec le
gouvernement du Canada des ententes, des échanges de renseignements.
Si on examine également la Loi de l'impôt sur les
corporations, on constatera facilement qu'il est impossible de faire un
diagnostic intelligent en se basant sur les impôts déclarés
sur les profits d'une compagnie pour une année seulement.
Pour être capable de faire une analyse d'un système fiscal
ou d'un effort fiscal normal, il faut regarder dans un cycle les montants
payés par les compagnies concernées ou par les groupes
concernés.
M. MORIN: Un cycle de combien d'années?
M. HARVEY (Jonquière): Je m'explique. Si on prenait, par exemple,
et j'ai à l'esprit les compagnies de papier, il est sûr qu'au
cours des années 1970, 1971, 1972, ces compagnies et plusieurs ont eu
des pertes et, en 1973 et en 1974, 1975, partant de la base même de la
fiscalité, des profits sont réduits en fonction de pertes
réclamées pour des années antérieures. C'est donc
dire que, se basant uniquement sur un montant d'une année
précise, on pourrait en arriver à faire un mauvais diagnostic et
tirer des conclusions très injustes à l'endroit d'un des
groupes.
M. LEGER: Combien d'années en arrière?
M. HARVEY (Jonquière): Je prierais le député de
Lafontaine de prendre quelques notes et il posera ses questions. L'inquisition
espagnole, je m'y soumettrai tout à l'heure. Je suis au milieu d'un
propos et je n'ai pas l'intention de m'amuser à ses questions pour me
déranger.
Au gouvernement fédéral, dans des statistiques qui sont
publiées, vous remarquerez que lorsqu'un groupe comprend moins qu'une
unité de dix, il n'est même pas publié, de crainte de
dévoiler, de déroger à l'article sur la
confidentialité. Dans le cas qui nous intéresse et sur la
question posée par le chef de l'Opposition, le nombre est de douze.
J'imagine que le fédéral le publierait dans ses statistiques,
parce que le nombre est supérieur à dix.
D'un autre côté, et c'est là que je voudrais attirer
l'attention du chef de l'Opposition, si le législateur a jugé
à propos d'inclure un article concernant la confidentialité,
c'est pour que ce qui doit demeurer confidentiel le demeure, à moins que
les intéressés, pour se justifier devant des propos ou des
affirmations injustes, puissent eux-mêmes donner la permission, ce qui
serait normal. Comme elle ne se donne pas, il est sûr que le chef de
l'Opposition dira qu'une affirmation semblable est purement
théorique.
Je voudrais dire également qu'on peut...
M. MORIN: On ne peut rien vous cacher!
M. HARVEY (Jonquière): ... y arriver autrement. Supposons que le
groupe, pour une année quelconque, en raison des explications que j'ai
données il y a quelques minutes, ait un profit réduit à
néant en raison de pertes antérieures et qui donnerait le
résultat de nil pour une année, on donnerait un renseignement
pour chacune des personnes ou compagnies impliquées dans le
renseignement global donné.
Si, par exemple, en 1972, aucune compagnie n'avait payé
d'impôt sur les profits, ce qui n'est pas le cas dans les impôts
déclarés et dont la majorité des douze entreprises
concernées sont actuellement au stade de vérification et
d'enquête, dans chacun des cas, si la réponse des montants
déclarés était nil, nous donnerions, en discutant et en
donnant des informations de dossiers individuels, une information à
l'article 69 sur la confidentialité.
Je répète encore, M. le Président et je n'ai
pas l'intention de discourir sur le sujet ce qui concerne l'année
1972. Après avoir bien examiné, avec mon sous-ministre et le chef
du contentieux du ministère, la question soulevée par le chef de
l'Opposition, je répète qu'en 1972 les impôts
déclarés par les douze compagnies pétrolières
concernées ont été de $3,200,678 sur profits, et la taxe
sur capital déclaré par ces mêmes compagnies est de
$3,540,796.65. Je répète, avant de terminer, que si je donne ces
renseignements, ce matin, c'est parce que je suis conscient que, l'année
dernière, nous avions promis aux membres de l'Opposition et aux membres
de la commission d'organiser un système de statistiques fiscales pour
les individus et les corporations. Au moment où l'on se parle, le
système éprouvé va très bien. C'est celui pour les
individus et nous prévoyons, d'ici quelques mois, être en mesure
de terminer ce que nous appelons notre système "safari". Un pour les
individus.
Concernant les entreprises, le renseignement que je vous donne ce matin,
à moins que le nombre soit tellement petit, permettant l'identification,
ou encore que la réponse soit nil, on ferait, à ce moment, comme
le gouvernement fédéral: il n'y aurait aucune mention. Ce
serait
tout à fait normal pour respecter la confidentialité de la
loi.
M. le Président, vous voyez ainsi avec quel souci le
ministère du Revenu entend bien donner suite à ce qu'il accepte
de faire. Un système de statistiques avant de le rendre public, il faut
être sûr que chacun des intéressés, dans le groupe
gouvernemental, nous donne ses commentaires et il faut être bien
sûr de mettre à la disposition du public et des hommes d'affaires
du Québec, enfin de la population, un document d'une valeur
exceptionnelle, qui servira pour les discussions qui auront lieu sur la
fiscalité, au cours des prochaines années.
M. le Président, ce n'est pas un recul. C'est tout simplement une
logique. Hier, j'aurais pu le faire, mais si, dans les dernières minutes
de la réunion, je me suis retranché derrière l'article 69,
c'est que je voulais vérifier d'abord avec le chef du contentieux, mon
sous-ministre et les conseillers juridiques du ministère, l'article de
la loi fédérale concernant les exceptions, parce que j'en
retrouvais une seule dans la nôtre, et elle concerne les ententes
interprovinciales et l'entente que nous avons avec le gouvernement
fédéral, et même avec d'autres gouvernements qui peuvent
être, dans certains cas, des Etats du gouvernement des Etats-Unis
d'Amérique.
M. le Président, au fond, dans le cas qui nous intéresse,
l'article 69 est respecté parce que le nombre d'entreprises est
supérieur à la norme déterminée dans d'autres
juridictions où on a la permission et où on publie des
statistiques. Deuxièmement, les montants d'impôt
déclarés par ces compagnies respectent la confidentialité.
J'affirme immédiatement que la nouvelle qui aurait paru à
Radio-Canada serait fausse, parce qu'il y a beaucoup plus d'une compagnie qui a
déclaré des impôts sur profits. Il n'y en a à peu
près pas qui n'en ont pas déclaré.
M. MORIN: La nouvelle serait ou est fausse?
M. HARVEY (Jonquière): Est fausse. La nouvelle disait: Une seule
compagnie aurait payé. Actuellement, il y en a neuf qui en ont
déclarés et il y a des pertes reportées. Je vois ici nil,
pertes reportées. C'est donc dire qu'il se peut que les compagnies qui
n'ont rapporté aucun profit ont tellement de pertes à
réclamer dans le cycle que j'ai identifié qu'elles ont
réduit un revenu net à néant, à raison de pertes
antérieures non réclamées. C'est ce qui me faisait dire
tout à l'heure que même si on affirmait "aucune", c'est tellement
relatif. Regarder sur une année, cela ne veut rien dire.
M. LEGER: Quand vous dites: $3,200,000 de profits, est-ce que cela veut
dire $3,200,000 d'impôts payés ou de déclarés? Il y
a un profit annuel qui est étanché par les déficits de
cinq années antérieures, je pense?
M. HARVEY (Jonquière): L'impôt déclaré sur
profits par les compagnies, $3,200,678, représente 12 p.c. Faites le
calcul.
M. LEGER: Est-ce que cela veut dire qu'il y aurait d'autres compagnies
qui auraient eu des profits et qu'elles les ont étanchés par des
déficits durant les cinq dernières années
précédentes? La réponse que vous donnez...
M. HARVEY (Jonquière): Je vais vous répondre.
M. LEGER: Laissez-moi finir ma question afin que vous répondiez
dans la bonne direction. Est-ce que ce sont des profits payés ou des
profits déclarés? Est-ce que c'est de l'impôt payé
ou de l'impôt qu'elles auraient dû payer en diminuant ce qu'elles
ont?
M. HARVEY (Jonquière): J'inviterais le député de
Lafontaine, étant donné que c'est compliqué la
fiscalité, à bien écouter et à ne pas être
distrait par son conseiller, à écouter comme il faut. D'abord,
tout à l'heure, je vous ai dit, parlant du Journal de Québec qui
a publié la nouvelle ce matin: De 1973, elles ont jusqu'au mois de mars,
il n'y en a pas une de rentrée. Il n'y a pas une compagnie qui va en
produire avant quelques jours de la date limite.
M. LEGER: C'est une coquille. C'est 1972.
M. HARVEY (Jonquière): Disons que c'est une coquille, mais ce qui
n'est pas une coquille, par exemple, c'est de dire que j'ai confirmé
qu'une seule compagnie pétrolière avait payé de
l'impôt, parce que je dis, dans la nouvelle de Radio-Canada, au sujet du
paiement de l'impôt, qu'on est en processus de vérification et
d'enquête. Il faut savoir ce que cela comporte comme vérification
et enquête, des compagnies dont les opérations sont
interprovinciales et multinationales. Je répète que l'impôt
déclaré sur profits par les douze intéressés a
été pour l'année 1972, comme étant dû au
ministère, de $3,200,678.
Naturellement, le processus de vérification d'enquête
complété, il s'ensuit des avis de cotisations, en plus ou en
moins, selon le cas. Les déductions, je vous les laisse faire.
M. MORIN: M. le Président, je suis heureux de voir que le
ministre, semble-t-il, a changé d'avis sur la confidentialité,
parce qu'il est évident que celle-ci ne porte que sur les données
fiscales propres à une société en particulier. La
confidentialité n'a jamais, que je sache, porté sur les
renseignements statistiques.
M. HARVEY (Jonquière): A moins que le nombre soit très
petit, elle porte là-dessus aussi, que vous puissiez l'identifier par
une réponse que je vous donnerais sur une question qui concerne un
groupe, et là-dessus...
M. MORIN: Là-dessus, je me réserve de faire des
commentaires, parce que je ne suis pas d'accord sur cette règle. Cela
veut dire que les Québécois n'auraient pas les renseignements
essentiels pour pouvoir juger de leur fiscalité, et savoir, par exemple,
combien les compagnies paient dans tel ou tel domaine. En tout cas, on a tout
le temps, ce matin, pour faire la lumière là-dessus. On va le
faire systématiquement, si vous le voulez bien.
D'abord, si j'ai bien compris, en 1972, neuf compagnies ont fait des
déclarations, et le ministre nous a appris qu'en ce qui concerne les
profits, cela représente une déclaration de quelques $3,200,00 et
quant à la taxe sur le capital, quelque $3,540,000.
Le ministre peut-il me dire, maintenant, non pas combien ont
déclaré, mais combien ont payé de profits, combien ont
payé de l'impôt, dis-je?
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, j'ai
répondu au chef de l'Opposition; je pense que je vais attendre qu'il ait
fini, parce que je ne veux pas le lui répéter il vieillit
d'abord, le chef de l'Opposition prend de l'âge que. tout à
l'heure, je vous ai dit et je vous répète, écoutez
bien.
M. MORIN: Oui.
M. HARVEY (Jonquière): Ces gens avaient jusqu'au 30 juin 1973
pour produire leur déclaration de 1972, comme c'est le cas dans
l'article de la Presse Canadienne publié, qu'on me dit, dans le Journal
de Québec, ce matin. C'est pour cela que j'ai pris bien garde de ne pas
attaquer un journaliste en particulier; mais c'était en contradiction
avec une nouvelle diffusée par Radio-Canada, hier soir. Je vous
répète qu'à partir du mois de juin, l'opération de
vérification et d'enquête dans des cas comme celui des
corporations de cette importance, cela demande à nos services de
vérification et d'enquête de faire leur travail, et on a dans la
loi, si vous la regardez bien, quatre ans pour faire ce travail.
M. MORIN: Bon, alors, si vous remontez dans le passé...
M. HARVEY (Jonquière): Je n'ai pas terminé. Advenant,
à la suite de vérification ou d'enquête, n'importe quelle
trouvaille qu'on pourrait faire, encore là, les intéressés
peuvent se prévaloir des dispositions de la loi concernant les avis
d'opposition.
M. MORIN: Oui, bien sûr.
M. HARVEY (Jonquière): Alors, tout le processus de
l'administration des lois fiscales entre en jeu, et il peut arriver qu'une
compagnie, à travers douze ou quinze compagnies, puisse être
cotisée de façon définitive, et, jugement rendu
après opposition, trois ans après l'année fiscale
concernée.
M. MORIN: D'accord.
M. HARVEY (Jonquière): Alors, je réponds à la
question posée par le chef de l'Opposition que je ne trame pas le "cash"
du ministère du Revenu à côté de moi, pour dire:
Est-ce que le chef de l'Opposition ou la compagnie qui enculotte les mouches au
Saguenay-Lac St-Jean, la compagnie Bleau, a payé ses impôts.
M. MORIN: Je ne vous ai pas demandé cela du tout, du tout.
M. HARVEY (Jonquière): Je me fie à
l'intégrité des personnes qui sont au service du recouvrement
pour tramer devant les tribunaux les délinquants ou les pénaliser
en fonction de nos lois.
M. MORIN: D'accord, mais vous êtes ici, quand même, M. le
ministre, pour éclairer les citoyens par l'entremise de l'Opposition. Je
vous ai posé une question. Vous nous avez fait tout un baratin. Vous ne
m'avez pas répondu.
M. HARVEY (Jonquière): J'ai répondu.
M. MORIN: Je vous ai demandé combien de compagnies ont
payé, ont contribué à ce montant d'un peu plus de
$3,200,000 d'impôt sur le profit en 1972.
M. HARVEY (Jonquière): Les douze, parce que celles qui n'ont pas
déclaré de profit à la suite de pertes
réclamées... M. Morin, si l'an dernier, à la suite d'une
erreur au ministère du Revenu de vais rendre mon exemple facile
vous aviez réalisé ou on vous avait confirmé qu'il
y a eu un trop payé de $100, est-ce que cela serait logique, sur un
montant imposable qui voudrait dire $100 de taxe en 1973, que vous inscriviez
dans votre rapport: montant non expédié par votre
ministère en 1972, $100, impôt $0.00? C'est une somme de $100
d'imposable que vous auriez cette année, mais corrigée par une
erreur.
Dans le cas des corporations, c'est dans un cycle concernant des pertes
non réclamées. Un aveugle voit cela avec ses oreilles, M. le chef
de l'Opposition.
M. MORIN: M. le Président, compte tenu de toutes ces nuances,
compte tenu de la possibilité d'erreurs, compte tenu de la
possibilité de rajustements ultérieurs, est-ce que le ministre
pourraint maintenant nous dire combien de compagnies ont contribué au
paiement de cet impôt de $3,200,000 en 1972?
M. HARVEY (Jonquière): C'est une question intelligente et je vais
y répondre.
M. LEGER : Combien y en a-t-il eu de versé?
M. MORIN: C'est exactement celle que je vous pose depuis dix
minutes.
M. HARVEY (Jonquière): Non. Le chef de l'Opposition joue au
savant, il glose!
M. MORIN: Non, je cherche à savoir...
M. HARVEY (Jonquière): II me fait penser aux grands
Français qui viennent nous donner un cours à la
télévision.
M. MORIN: ... sur la vérité tout simplement et vous ne
voulez pas la sortir.
M. HARVEY (Jonquière): Ecoutez-moi, je vais vous la dire. Parmi
les douze entreprises concernées trois, quatre, cinq, six, sept
sept ont contribué aux montants que j'ai dits tout à
l'heure qui ont été déclarés comme taxe sur capital
et impôt sur profits.
M. LEGER: II va remplacer M. Ponpidou.
M. MORIN: Maintenant, entrons un peu dans les détails.
M. HARVEY (Jonquière): Envoyez-moi ma carte de membre.
M. MORIN: Je voudrais demander au ministre de se montrer très
patient parce que...
M. HARVEY (Jonquière): Je suis patient.
M. MORIN: ... on est loin d'avoir fini ce dossier. On en a certainement
pour plusieurs heures et, s'il perd les pédales en commençant, je
pense que cela va aller mal. Je préférerais que l'on garde cela
sur un ton cordial...
M. HARVEY (Jonquière): D'accord.
M. MORIN: ... et que l'on puisse aller au fond des choses.
M. BACON: Ne vous fâchez pas!
M. MORIN: On nous dit donc que sept compagnies ont contribué, et
sur les taxes sur les profits et aux taxes sur le capital. Maintenant, combien,
en ce qui concerne les profits et combien en ce qui concerne le capital?
M. HARVEY (Jonquière): Je vais vous le dire. Je n'ai pas fait la
distinction. Douze, en ce qui concerne la taxe sur le capital, douze sur douze
et le chiffre que je vous ai donné tout à l'heure était
uniquement pour les profits.
M. MORIN: En ce qui concerne les profits, c'était sept?
M. HARVEY (Jonquière): Sept sur douze. M. MORIN: Sept sur
douze.
M. HARVEY (Jonquière): Cinq ont réclamé des pertes
encourues dans les années antérieures.
M. MORIN: Maintenant, remontons à l'année 1971. Est-ce que
vous pouvez également me donner les chiffres pour cette
année?
M. HARVEY (Jonquière): Je ne pourrais pas vous donner les
derniers détails mais je peux vous donner les montants globaux pour
1971: taxes sur capital $3,189,668; taxes sur profits $4,042,560.
M. MORIN: Avez-vous les chiffres également pour les années
antérieures? Par exemple, pour 1970? Je voudrais que le ministre
comprenne le sens de ma question. C'est parce que, à juste titre, il a
affirmé qu'il fallait tenir compte d'un cycle.
M. HARVEY (Jonquière): Je pourrais vous donner l'année
1970 également, que j'ai à ma disposition.
M. MORIN: Oui.
M. HARVEY (Jonquière): Taxes sur capital, $3,173,701 et taxes sur
profits, $2,637,439.
Je n'ai pas les détails des autres années qui feraient un
cycle, à peu près, de cinq ans.
M. MORIN: Est-ce que vous pourriez vous les procurer peut-être
pour demain ou pour la prochaine séance? Mettons un cycle de cinq ans.
On pourrait peut-être remonter à 1968.
M. HARVEY (Jonquière): J'ai bien compris le chef de l'Opposition.
Il me demande si je voudrais prendre en délibéré ou encore
lui fournir, soit par la poste ou encore à la Chambre, les
renseignements que j'ai donnés pour l'année 1971. L'année
1970...
M. MORIN: Non, je voudrais remonter jusqu'à 1968, 1969, encore
à deux ou trois ans. C'est parce que je voudrais analyser le cycle dont
vous parliez tout à l'heure. Un cycle de cinq ans me paraît
très raisonnable.
M. HARVEY (Jonquière): Pour pouvoir faire une analyse, en raison
de la réforme fiscale qui, effectivement, a été
adoptée en 1972...
M. MORIN: Oui, en 1972.
M. HARVEY (Jonquière): ... pour faire une analyse en fonction des
lois fiscales régissant ces corporations, il faudrait
nécessairement avoir les statistiques de 1973 qui seront disponibles au
cours de l'année, vers la fin de l'année,
c'est-à-dire à compter de septembre ou octobre, puisque
cela ne concerne pas tellement un grand nombre dans le groupe, au moins pour
avoir une année au cours de laquelle ce groupe de corporations est
assujetti aux lois existantes. Mon sous-ministre me dit également qu'une
statistique... Quand on vous a donné 1971... C'est bien sûr que la
majorité de ces dossiers sont terminés au moment où on se
parle. En ce qui concerne 1972, c'est toujours sous réserve,
étant sous enquête et vérification. Mon sous-ministre me
dit que souvent cela concerne plusieurs années, tout le cycle, cela peut
retourner à trois ou quatre ans. Nos vérificateurs, à la
suite de leurs enquêtes...
M. MORIN: C'est cela, bien sûr.
M. HARVEY (Jonquière): ... et de leurs vérifications
internes dans les entreprises concernées, amènent des
modifications à des montants déclarés.
M.MORIN: Oui, j'en conviens. C'est d'ailleurs pour cela que je voulais
qu'on remonte quelques années en arrière pour pouvoir avoir des
chiffres qui nous donnent vraiment une indication.
M. HARVEY (Jonquière): Je foudrais que le chef de l'Opposition...
Dans les statistiques que je lui donne, c'est toujours sous réserve,
c'est le montant déclaré par les intéressés.
M. MORIN: A partir de 1972, c'est sujet à révision.
D'accord, j'ai bien compris cela.
M. HARVEY (Jonquière): En 1971, également. On peut
retourner quatre ans en arrière.
M. MORIN: Oui, très bien. Est-ce que le ministre pourrait nous
dire quel est le mode de calcul de l'impôt de ces sociétés,
de corporations de mise en valeur, si vous le voulez? Surtout, quel est le mode
de calcul lorsque ces sociétés n'ont pas ce qu'on pourrait
appeler une comptabilité québécoise distincte de leur
comptabilité canadienne?
M. HARVEY (Jonquière): Je vais demander...
LE PRESIDENT (M. Picard): J'aimerais attirer l'attention du chef de
l'Opposition et lui dire qu'il s'en va sur la question de la
vérification qui est le deuxième élément du
programme 1.
M. MORIN: On a convenu, M. le Président, que sur le programme 1,
élément 1, on pouvait poser toutes les questions.
LE PRESIDENT (M. Picard): Au début. M. LEGER: C'est cela.
M. MORIN: Nous sommes encore au début.
LE PRESIDENT (M. Picard): Dès qu'on attaque la perception.
M. LEGER: On n'a pas attaqué encore, M. MORIN: On n'a pas
attaqué encore.
M. LEGER: J'ai dit au début, M. le Président, qu'on
était aux généralités.
LE PRESIDENT (M. Picard): Parce que là, si vous vous en allez
dans la vérification...
M. MORIN: Non, on est loin d'être là, M. le
Président. Ecoutez, il y a bien des choses à voir avant d'en
arriver à la perception.
M. LEGER: M. le Président, au début, j'ai bien dit qu'on
était à la généralité.
LE PRESIDENT (M. Picard): D'accord!
M. HARVEY (Jonquière): La réponse au chef de l'Opposition
étant tellement technique, je vais demander à mon sous-ministre,
de vous donner l'explication demandée.
M. MORIN: Volontiers.
LE PRESIDENT (M. Picard): Les paroles du sous-ministre sont
enregistrées au nom du ministre.
M. HARVEY (Jonquière): D'accord! Comme toutes les autres
compagnies opérant à un niveau national...
Il y a des cours qui se donnent là-dessus à
l'université, vous en avez un gratuitement.
M. MORIN: Je sais que M. Gauvin fait aussi des conférences.
J'aurai l'occasion de l'interroger là-dessus tout à l'heure.
M. HARVEY (Jonquière): Dans le cas de toutes les autres
compagnies opérant au niveau national, autrement dit, les compagnies
canadiennes opérant dans différentes provinces...
M. MORIN: Oui.
M. HARVEY (Jonquière): Cela inclut les compagnies extractives
aussi bien que toute autre compagnie qui fait le commerce ou l'industrie. Elles
sont imposables sur le revenu canadien total. Ce revenu est distribué
dans chacune des provinces où elles font affaires en proportion des
ventes et des salaires payés dans chacune des provinces où elles
ont un établissement. Ce pourcentage se calcule selon la relation des
ventes faites dans une province par rapport aux ventes totales. A cette
proportion est ajoutée celle des salaires payés dans une province
par rapport aux salaires totaux payés par la compagnie canadienne. 50
p.c. de la
somme de ces deux proportions déterminent le revenu imposable
dans la province donnée.
M. BACON: Comprenez-vous? M. MORIN: Oui, maintenant...
M. HARVEY (Jonquière): Maintenant, ce profit ainsi
déterminé est calculé au taux d'imposition respectif de
chaque province, qui est de 12 p.c. C'est un principe d'imposition et de
distribution du revenu entre les provinces où les établissements
des compagnies sont situés de façon que les provinces aient
chacune leur quote-part du revenu. Ceci est basé naturellement sur les
données qu'on retrouve dans les livres comptables des entreprises.
M. MORIN: J'imagine que le ministre et le sous-ministre ont une
idée des profits déclarés par les compagnies
pétrolières dans l'ensemble du Canada depuis quelques
années. Est-ce que, dans le cas des compagnies pétrolières
maintenant, vous pourriez nous éclairer sur l'application de cette
formule que vous venez de décrire pour nous expliquer comment on arrive
à des chiffres comme ceux qui ont été mentionnés
par le ministre?
M. HARVEY (Jonquière): Tout dépend. Cela varie d'une
année à l'autre. Tout dépend des ventes faites dans une
province et tout dépend des salaires payés dans une province. On
ne peut pas dire, d'une façon bien définitive, que cette formule
est identique dans chacune des entreprises, parce que chaque entreprise a ses
propres comportements. Aussi, l'état financier ou encore des affaires
faites dans une province par une entreprise donnée peut varier d'une
année à l'autre. Ce taux peut varier indépendamment de
l'entreprise et indépendamment du secteur de l'industrie ou encore d'une
province à l'autre.
M. MORIN: D'accord, maintenant...
M. HARVEY (Jonquière): D'une année à l'autre.
M. MORIN: Bon an mal an, depuis à peu près cinq ans,
quelle est la proportion des profits pancanadiens qui est imposée au
Québec?
M. HARVEY (Jonquière): Je n'ai pas les statistiques ici.
M. MORIN: Voulez-vous essayer de le découvrir et de le
déterminer?
M. HARVEY (Jonquière): II faut faire une étude.
M. LEGER: Pour cette année, est-ce que ce ne sont pas $25
millions, si on parle de 12 p.c?
M. HARVEY (Jonquière): Pardon?
M. LEGER: Pour cette année, étant donné que $3
millions d'impôts sont payés au Québec, cela
équivaut à $25 millions de profits déclarés pour le
Québec.
M. HARVEY (Jonquière): Cela peut être $30 millions
aussi.
M. MORIN: Est-ce que le ministre et son sous-ministre pourraient pour la
prochaine séance nous sortir ces chiffres? C'est sûrement dans les
statistiques du ministère.
M. DEOM: C'est un travail de recherche.
M. HARVEY (Jonquière): II faut regarder chaque entreprise comme
telle, à chaque année, pour arriver à un chiffre global,
à une proportion donnée globalement pour toute l'industrie.
M. MORIN: Je parle de toute l'industrie.
M. HARVEY (Jonquière): C'est cela que je veux dire, mais il faut
prendre chaque entreprise pour chaque année, n'est-ce pas, et
déterminer le pourcentage; après cela, naturellement, faire la
moyenne. Je voudrais faire remarquer au chef de l'Opposition aussi que nos
statistiques au ministère partent de données précises
concernant des groupes à la fin d'une opération. Le genre de
statistiques qu'il veut avoir, dans un processus de vérification et
d'enquêtes, je ne m'engage pas à vous produire cela, parce que je
ferais travailler bien du monde.
Cela demande l'examen individuel de chacun des dossiers sur les
corrections à apporter.
M. MORIN: Bien, voyons donc!
M. HARVEY (Jonquière): Le chef de l'Opposition se cherche une
situation, on va l'engager avec nos vérificateurs.
M. MORIN: Le ministre essaie de faire de l'humour mais c'est un peu
déplacé. Je cherche simplement à éclairer la
commission et à éclairer l'opinion publique sur cette question.
Si le ministre veut bien coopérer, je pense que ça va être
beaucoup plus court. Autrement, on va être obligé de revenir sur
cette question tant qu'on n'aura pas une idée générale de
la chose. J'ai demandé au ministre si je comprends bien, il est
incapable de nous le dire quelle est la proportion des profits des
compagnies pétrolières pancanadiennes qui est imposable au
Québec.
M. HARVEY (Jonquière): Mon sous-ministre vient de vous expliquer
la façon dont on procède sur chacun des dossiers individuels des
compagnies que vous identifiez comme les compagnies pétrolières,
mais qui est la formule utilisée pour toute compagnie faisant affaires
dans plusieurs provinces ou encore dans plusieurs pays. C'est la formule
utilisée par le gouvernement québécois et par d'autres
gouver-
nements au Canada. Le chef de l'Opposition pense que je suis de mauvaise
humeur ce matin, ce n'est pas le cas, c'est parce que le genre de discussion
que vous avez, à l'occasion de nos crédits, c'est une discussion
qui pourrait amener une suggestion de la part du groupe qu'il représente
à l'Assemblée nationale sur les méthodes ou exactement les
formules utilisées, et c'est un genre de débat qu'on pourrait
avoir lorsque nous apporterons des amendements à n'importe laquelle de
nos lois fiscales.
M. MORIN: Non, je ne pourrai pas, en tant que chef de l'Opposition,
faire des suggestions intelligentes et informées au ministre si on n'a
pas d'abord exploré ça à fond en commission.
M. HARVEY (Jonquière): C'est bien sûr, mais mon
sous-ministre vient de vous donner les explications, les détails de la
forme utilisée qui, en définitive, en arrive à un taux de
12 p.c. pour le Québec sur les profits vérifiés,
déclarés d'abord, bien sûr, parce que les corporations,
c'est exactement au même titre qu'un individu: il faut partir de sa
déclaration pour être capable de faire de la vérification.
Je pense que mon sous-ministre vous a donné les explications qu'il
devait vous donner sur le processus de vérification et la formule
utilisée.
M. MORIN: Est-ce que le ministre ou son sous-ministre serait en mesure,
au cours des prochaines séances, de faire quelques calculs rapides d'ici
là pour répondre à la question que j'ai posée? Ce
n'est sûrement pas impossible.
M. HARVEY (Jonquière): J'ai consulté mon sous-ministre, et
ce n'est pas par entêtement mais je ne voudrais pas que, profitant des
montants d'argent qui sont requis pour l'administration des lois fiscales, on
se serve de cette tribune pour entamer toute une discussion sur un objectif qui
peut être grand à la base et grand aussi à réaliser
et qui amènerait des modifications au système fiscal. Pour
ça je me reporte à mes propos du début lorsque j'ai dit au
chef de l'Opposition que le rôle du ministère du Revenu, ça
doit être compris dès le départ, est d'être l'outil
de perception du gouvernement québécois, en vertu des lois
adoptées par l'Assemblée nationale, et de plus, le rôle
second du ministère du Revenu est d'être le conseiller du
ministère des Finances dans l'établissement ou les modifications
à la politique fiscale.
Lors de la discussion des crédits, où on demande des
sommes d'argent pour pouvoir administrer, vérifier, percevoir en vertu
des lois fiscales telles qu'elles sont édictées par
l'Assemblée nationale je pense que ce n'est pas l'occasion d'avoir des
discussions de fond qui pourraient nous amener à modifier l'assiette
fiscale de l'imposition des corporations- J'invite le chef de l'Opposition
à reprendre toute cette discussion, soit à l'occasion de la
présentation d'une loi ou lors de la discussion des crédits du
ministère des Finances.
M.MORIN: Je regrette infiniment, M. le Président, c'est le lieu
et c'est le moment d'obtenir ces renseignements. L'Opposition ne peut pas faire
son travail intelligemment et l'opinion publique ne peut pas être
éclairée si le ministre se retranche constamment derrière
des arguments de cette sorte. J'ai posé des questions. Je demande au
ministre de nous fournir, au cours des séances suivantes, les chiffres
que j'ai demandés. Je suis sûr que cela peut être sorti. Je
ne dis pas que cela ne demande pas quelques recherches, mais je suis sûr
que vous disposez de tout le personnel compétent pour nous
éclairer là-dessus.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, je me
prévaudrai de l'article 171 du règlement, et je lis a) et b):"Un
ministre ou un député auquel une question est posée peut
refuser d'y répondre: a) s'il juge contraire à
l'intérêt public de fournir les renseignements demandés",
et j'ajoute "b) si ceux-ci ne peuvent être colligés qu'à la
suite d'un travail considérable ne correspondant pas à leur
utilité". M. le Président, je considère que b) s'applique
dans ce cas. Mon sous-ministre vient de l'indiquer clairement et je n'ai pas
l'intention, à l'occasion des crédits que nous discutons et dont
nous avons besoin pour administrer les lois fiscales, d'entreprendre, à
la demande de n'importe quel membre de cette Chambre, un travail
considérable d'examen individuel de dossiers de corporations pour en
arriver à donner des statistiques qui serviront à un bon motif et
à un objectif que je loue, soit à faire des suggestions pour
modifier une assiette fiscale ou un système fiscal établi
à l'endroit des corporations.
Je répète, M. le Président, qu'on a certainement
des gens compétents qui pourraient examiner chacun des dossiers des
compagnies concernées, faire les vérifications des années
mentionnées, c'est bien sûr. Je ne dis pas qu'on ne pourrait pas
faire ce travail-là, mais nous ne commencerons pas parce qu'il y
va de l'intérêt public, dans les périodes de pointe que
sont les mois de mars, avril, mai, juin et juillet pour satisfaire les
caprices du chef de l'Opposition, des recherches qui n'amèneront rien en
vertu des lois existantes.
M. MORIN: II s'agit simplement d'éclairer l'opinion publique.
C'est tout. C'est rien du tout, cela. Cela n'a aucune espèce
d'importance. Ce sont des caprices, cela. M. le Président, si j'ai bien
compris, le ministre refuse de répondre là-dessus. Nous y
reviendrons.
M. HARVEY (Jonquière): Je ne refuse pas; je dis non.
M. MORIN: Vous avez invoqué le règlement.
M. HARVEY (Jonquière) : Je réponds que je dis non.
M. MORIN: Au moins, cela, c'est clair. Maintenant, on va passer à
un autre point. Est-ce que les compagnies sont en mesure de déduire des
profits déclarés leurs dépenses d'exploration?
M. HARVEY (Jonquière): La loi est là. Lisez votre loi. Les
compagnies ont le droit de se prévaloir de tout ce que la loi leur
permet de faire. A la question posée par le chef de l'Opposition,
regardez la loi et elle va vous répondre. C'est oui.
M.MORIN: La réponse est donc oui et je m'en doutais. Maintenant,
nous allons entrer un peu plus dans les détails. Est-ce qu'il s'agit des
frais d'exploration encourus au Québec ou des frais encourus sur
l'ensemble du territoire canadien?
M. HARVEY (Jonquière): On impose le revenu national. Comment
voulez-vous, en imposant le revenu national, ne pas allouer des dépenses
à caractère national? J'invite le chef de l'Opposition, avec le
budget que l'Assemblée nationale lui vote pour des conseillers en
fiscalité, à s'entourer de gens qui pourraient, avec lui, faire
une lecture de la loi. Comme pour tout individu, la loi est là. Si la
loi permet des dispositions, j'imagine que les corporations ou les individus
s'en servent, de la loi.
M. MORIN: La loi c'est une chose et je l'ai devant moi. L'application de
la loi, c'en est une autre. C'est là-dessus que je vous interroge. S'il
vous plaît, cessez donc de faire des sparages inutiles!
M. le Président, j'aimerais maintenant demander au ministre s'il
peut me dire quel est le pourcentage des dépenses d'exploration
panca-nadienne qui s'appliquent aux dépenses effectuées au
Québec.
M. HARVEY (Jonquière): Je n'ai pas ces statistiques.
M. MORIN: Moi, je les ai. Il est bien curieux que vous ne les ayez
pas.
M. HARVEY (Jonquière): Bien, nous ne les avons pas ici. On peut
bien les faire venir du ministère.
M. MORIN: Est-ce que cela surprendrait le ministre d'apprendre que 1.8
p.c. des dépenses canadiennes des sociétés
pétrolières en matière d'exploration est effectué
au Québec seulement? Je vois que le député de
Trois-Rivières en a.
M. HARVEY (Jonquière): Si vous le savez, pourquoi le
demandez-vous? Est-ce que je pour- rais demander au chef de l'Opposition de
nous donner sa source?
UNE VOIX: II veut vous montrer que vous êtes savant.
M. MORIN: C'est basé sur les statistiques du Bureau
fédéral de la statistique. D'accord. Je suis bien surpris de voir
que le ministre a l'air d'ignorer cela. C'est pourtant capital.
M. HARVEY (Jonquière); C'est parce que je n'avais pas ce
renseignement ici.
M. MORIN: Alors, si je comprends bien, d'après l'article 329 de
la loi, une corporation de mise en valeur peut déduire dans le calcul de
son revenu pour une année d'imposition, l'ensemble des frais canadiens
d'exploration et de mise en valeur qu'elle engage avant la fin de
l'année d'imposition. Donc, le Québec accorde à ces
compagnies pétrolières qui travaillent dans l'ensemble du pays
une déduction pour l'ensemble de leurs frais d'exploration dont
seulement 1.8 p.c. est effectué au Québec. Est-ce que le ministre
est satisfait de cette situation? Est-ce que le ministre comprend d'abord le
sens de ma question?
M. HARVEY (Jonquière): Seulement à vous regarder on
comprend tout.
M. MORIN: Bien, alors, quelle est la réponse, M. le
Président?
UNE VOIX: II comprend vite, mais il faut lui expliquer longtemps.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je crois que le député
d'Abitibi-Ouest a une réponse à cela?
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): J'aurais peut-être une indication. Si
on regarde n'importe quelle exploration minière de n'importe quelle
nature, on s'aperçoit, par exemple, que selon les formations
géologiques du sol... dans le nord de l'Ontario, une partie des
Territoires du Nord-Ouest et tout le Nord du Québec, vous avez une
formation géologique qu'on appelle le bouclier canadien. C'est un coin
propice à l'exploration aurifère. Si on s'en va dans
l'exploration des puits d'huile vous avez quand même des secteurs au
pays, à mon point de vue, qui sont propices à l'exploration pour
la découverte de puits de pétrole. La plus grande partie des
dépôts de pétrole sont là où sont les
dépôts de potasse. Alentour, dans ce coin. J'imagine qu'une
compagnie, plutôt que d'arriver et de miser à 90 p.c. et de faire
une faillite dans un coin, elle va aller dans un endroit où il y a plus
de chance de faire des découvertes.
M. LEGER: $100 millions à Soquip parce que ça va...
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, en réponse
à la question du chef de l'Opposition, je lui ferais remarquer que, dans
la formule expliquée par mon sous-ministre il y a quelques instants, il
ne faut pas oublier que le Québec bénéficie des revenus
gagnés dans tout le Canada par ces corporations. Il est bien sûr
que dans la loi que nous avons et que nous avions, nous n'avons pas de
comptabilité séparée. La question en est une de fond,
à savoir s'il devrait, pour l'avantage du Québec, y avoir une
comptabilité séparée. C'est la question de fond, au fait,
que soulève le chef de l'Opposition.
M. MORIN: Qu'est-ce qu'en pense le ministre?
M. HARVEY (Jonquière): Qu'est-ce que j'en pense personnellement?
Je vais vous le dire. Quand le ministre pense quelque chose...
M. MORIN: Le ministère.
M. HARVEY (Jonquière): ... de bien ou de mal, il ne le dit pas au
chef de l'Opposition. Il le dit à son patron, le premier ministre, et
à l'endroit approprié, on appelle ça un Conseil
exécutif.
M. MORIN: Si je comprends bien, la commission n'est pas un endroit
approprié.
M. HARVEY (Jonquière): Le chef de l'Opposition comprendra qu'il
s'agit de la politique fiscale. Toute discussion ou suggestion vise à
conseiller le ministère des Finances sur la fiscalité
québécoise, l'informant de toute lacune qu'on peut
détecter dans l'application des lois fiscales. Je le dis de la
façon la plus agréable possible. C'est sûr qu'à
travers l'application des lois fiscales nous retrouvons des lacunes.
Toutes les suggestions sont d'abord analysées par nos propres
spécialistes en fiscalité, à la suite de leur application,
transmises au ministère des Finances où siègent des gens
des deux ministères et, par la suite, au cabinet pour décision
concernant la politique fiscale du gouvernement québécois et
annoncées en Chambre quand il y a des modifications, à l'occasion
du discours du budget. C'est uniquement de cette façon que l'on peut
avoir un système cohérent de consultations avec nos partenaires
qui, en l'occurrence, sont le ministère des Finances, les
collègues du cabinet et le comité de législation.
M. MORIN: Je suis bien sûr que, par cela, M. le Président,
le ministre n'entend pas dire que l'Opposition doit être tenue à
l'écart et que l'opinion publique doit être tenue à
l'écart de ce débat. Il admet lui-même qu'il y a des
lacunes dans le système. C'est ce que nous explorons ce matin, ce n'est
pas autre chose.
M. HARVEY (Jonquière): Bien sûr. Le débat de ce
matin me rappelle qu'avant que nous apportions une modification, la refonte de
deux lois, qui nous a amenés à la nouvelle Loi sur les
carburants, il y avait de la fraude fiscale et je me souviens d'avoir entendu
moi-même, comme député dans l'Opposition, certains de mes
collègues faire des suggestions à un de mes
prédécesseurs. La loi était prête depuis plusieurs
années et, dès 1970, nous avons remis cette équipe au
travail pour finalement adopter la loi. Il est bien sûr que, si le chef
de l'Opposition, partant de renseignements obtenus, de doutes qu'il peut avoir,
lui-même et quelques-uns de ses collègues, ont des suggestions
à nous faire... On se pose des questions constamment chez nous,
concernant les lois et spécialement celle que nous discutons ce matin.
C'est notre travail et nous n'avons pas l'intention de nous dérober
à notre travail. Au contraire, nous sommes là pour écouter
des suggestions, mais je prierais le chef de l'Opposition de faire la
différence entre aller à la pêche pour obtenir des
renseignements... Je lui donne l'exemple de Statistique Canada de tout à
l'heure. Il est bien sûr que je ne pouvais pas répondre à
sa question, je ne l'avais pas ici. On pourrait amener tout le
ministère. Pour votre information, seulement à Québec, on
est pris physiquement dans quatre endroits différents pour pouvoir faire
le travail administratif que nous donne l'application des lois fiscales,
à Dorchester, à Saint-André, à Chauveau, et on se
loue encore d'autres locaux ailleurs. Imaginez avec quelles difficultés
l'opération peut donner quelque chose que l'on peut considérer
efficace !
Par ailleurs, il est bien sûr que chacun des chefs de service,
chacun des cadres de la direction sont appelés à nous fournir
constamment des sujets qui font l'objet d'études par un groupe
limité de spécialistes en fiscalité, des suggestions qui
sont transmises, pour modifications futures à nos lois, au
ministère des Finances.
M. MORIN: J'espère qu'il résultera de tout ce
débat-ci un certain nombre de suggestions pour combler les lacunes que
le ministre admet, il en existe. Maintenant, je voudrais revenir à
quelque chose qu'il a dit tout à l'heure. Il a dit: Le Québec
profite de l'ensemble des opérations de compagnies
pétrolières à travers le Canada.
Qu'est-ce qu'il entend par cela, exactement?
M. HARVEY (Jonquière): Non, je le répète et je l'ai
écrit, pour que l'on n'ajoute pas ou que l'on change mes paroles.
M. MORIN: De toute façon, c'est enregistré.
M. HARVEY (Jonquière): J'ai dit que le Québec
bénéficie des revenus gagnés à travers le
Canada.
M. MORIN: Oui.
M. HARVEY (Jonquière): J'ai ajouté que,
pour la loi antérieure et la réforme fiscale, on
n'applique pas la comptabilité séparée.
M. MORIN : Je vous demande de m'expli-quer comment le Québec
bénéficie des activités pancanadiennes de ces compagnies
de pétrole.
M. HARVEY (Jonquière): Par la formule que vous a expliquée
tout à l'heure mon sous-ministre.
M. MORIN: Pourriez-vous maintenant m'expliquer dans quelle mesure le
Québec en bénéficie sur le plan de l'exploration?
M. HARVEY (Jonquière): C'est parce que le revenu global comprend
d'autres revenus que des revenus de cette entreprise proprement dite
d'extraction. C'est pour cela.
M. MORIN: Expliquez un peu cela pour que l'on vous comprenne.
M. HARVEY (Jonquière): Le portefeuille de la compagnie
concernée. Je vais demander à mon sous-ministre, sans identifier
aucune compagnie, de vous donner plus de détails.
M. MORIN: Bien, merci.
M. HARVEY (Jonquière): C'est le portefeuille d'une compagnie.
M. MORIN: Oui, on va le comprendre.
M. HARVEY (Jonquière): Quand on parle de revenu global, c'est un
revenu de toute provenance qui peut être identifié à
certains actifs de l'entreprise, des biens qu'elle a investis ou encore des
montants d'argent. Toutes ces compagnies, extractives ou autres, ont des
revenus qui proviennent, par exemple, d'un portefeuille, des placements
qu'elles font...
M. MORIN: Des ventes.
M. HARVEY (Jonquière): ... des dividendes. Ces revenus,
normalement, dans la formule de distribution d'allocations de revenus par
province, sont distribués en fonction de la formule que je vous ai
mentionnée tantôt.
Si c'était une comptabilité séparée, les
chances sont que ceux qui n'ont pas leur siège social dans le
Québec, leurs revenus de portefeuille et certains autres revenus n'y
seraient pas déclarés et ne seraient pas du revenu
québécois.
M. MORIN: Bon.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, je vous invite,
dès que les travaux seront suspendus pour la période du lunch,
à vérifier dans le journal des Débats, les discussions
à l'occasion des séances de la commission sur l'étude des
crédits. Je suis persuadé que vous constaterez, au sujet du
travail qui a été effectué depuis que l'on enregistre les
débats ou même de mémoire, avant l'enregistrement de ces
débats, que nous discutons, dans les crédits que nous demandons,
le champ d'application des lois fiscales telles que votées à
l'Assemblée nationale.
M. le Président, je voudrais attirer votre attention sur le fait
que bien que le sujet soit très intéressant et également
pourrait être profitable au Québec, nous n'avons pas le droit de
discuter à l'occasion des crédits demandés pour
l'application des lois fiscales, de l'assiette fiscale. Je vous invite, M. le
Président, pendant la période de suspension pour le lunch,
à bien vérifier ce point parce que, autrement, je me demande
où la discussion pourrait nous amener. Si votre décision est
contraire à mon interprétation, à ce moment-là, M.
le Président, il faudrait demander à l'Assemblée nationale
de nous donner un mandat pour étudier les budgets du ministère
des Finances et du ministère du Revenu ensemble, parce que, ce que nous
demandons, ici, dans notre programme no 1, ce sont des sommes d'argent pour
nous permettre d'exercer d'une façon adéquate le champ
d'application des lois fiscales. Nous ne demandons aucune somme d'argent pour
modifier l'assiette fiscale.
M. le Président, soyons donc logiques et, si vous voulez,
discutons le budget que nous demandons pour l'application de nos lois
fiscales.
M. LEGER: M. le Président, il y a une chose bien importante et je
pense que le ministre l'admettra, parce que son gouvernement a
déjà été dans l'Opposition, c'est que la
qualité des politiques gouvernementales dépend, dans une
proportion assez importante, du dynamisme éclairé de l'Opposition
qui, dans un système démocratique, est là pour
éveiller un gouvernement en place sur certains aspects de sa
politique.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, je voudrais tout
de suite...
M. LEGER: Laissez-moi terminer, M. le Président, j'ai la
parole.
M. HARVEY (Jonquière): N'importe quoi sur l'application, mais pas
sur l'assiette.
M. LEGER: Vous répondrez après.
M. le Président, le ministre disait tantôt que les
politiques financières du Québec sont faites par le
ministère des Finances et que la perception de ce financement est remise
au ministère du Revenu.
Le ministère du Revenu est la conséquence directe d'une
politique faite par le ministère des Finances. C'est donc dire que notre
capacité d'éclairer ou de donner des recommandations au
ministère des Finances provient du fait que nous découvrons dans
le ministère du Revenu
des failles qui sont les conséquences de cela, nous permettant de
nous éclairer et de suggérer après cela, au gouvernement,
des méthodes de fonctionnement au niveau des Finances.
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que le député me
permettrait une question?
M. LEGER: Laissez-moi terminer, M. le Président, j'ai la
parole.
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que le député me
permettrait une question? Je voudrais vous signaler qu'avant...
M. LEGER: Tantôt, M. le ministre, vous avez dit, pour ne pas vous
faire perdre le fil de vos idées, de vous laisser finir, laissez-moi
donc finir. Pour les renseignements dont nous avons besoin au niveau du
ministère du Revenu, on ne veut pas jouer au ping-pong. On ne veut pas
aller au ministère des Finances et dire: Cela, c'est une question qui
relève du ministère du Revenu. M. le Président, on veut
obtenir des renseignements précis au ministère du Revenu, savoir
de quelle façon il perçoit, quelles sont les conséquences,
dans cette perception, de la politique de finances du gouvernement.
J'en viens à ce qu'actuellement le financement ou la
récupération des impôts provenant des compagnies
pétrolières dépend, en grande partie, du rapport
d'impôt pancana-dien dans lequel on déduit, avant qu'on puisse
déterminer la portion qui revient au Québec, la portion de
dépenses faites dans l'exploration.
Actuellement, le chef de l'Opposition vient de le dire, la partie de
l'exploration qui est faite au Québec ne correspond qu'à 1.8 p.c.
de ce qui est fait dans tout le Canada. C'est donc dire que l'exploration est
en grande majorité faite dans l'Ouest du Canada et est pratiquement
nulle au Québec. On peut en conclure que le Québec, dans ses
revenus possibles des compagnies de pétrole, finance l'exploration de
l'Ouest du Canada.
A ce moment-là, une des preuves tangibles de ça, c'est
que, dans le budget du gouvernement, on a haussé la somme pour Soquip,
uniquement pour l'exploration, à $100 millions. C'est parce qu'on
décelait là un manque de dépenses dans le domaine de
l'exploration que les compagnies privées de pétrole n'avaient pas
jugé opportun ou rentable pour eux de faire au Québec.
Soquip, à ce moment-là, aura le travail ardu,
peut-être non rentable immédiatement mais probablement rentable
plus tard, de trouver des possibilités d'exploration et de
découverte de sources au Québec. Autrement dit, ce qu'on veut,
nous, du Parti québécois, c'est d'arrêter d'être
dépendants des autres et d'être, de plus en plus, moins
vulnérables. Quand on entend le premier ministre dire en
Chambre: Le pétrole, si le Québec est indépendant,
il sera mal pris. Ce n'est pas exact. Mais si les gouvernements
précédents et le gouvernement actuel avaient mis plus de vigueur
dans le domaine de l'exploration au Québec, nous ne serions pas
aujourd'hui dépendants des sources extérieures au
Québec.
M. le Président, quand le ministre dit qu'on ne doit pas poser
des questions dans l'étude des crédits du Revenu sur la
politique, c'est au niveau du Revenu qu'on peut savoir les conséquences
de la politique de financement. On a mis $100 millions pour Soquip. Si le
ministère des Finances où la politique gouvernementale du
Québec avait obligé les compagnies de pétrole au
Québec à mettre une partie de leur surplus non pas dans l'Ouest,
mais au Québec, selon la proportion de la population et des
dépenses qui se font au Québec, au lieu d'avoir un
résultat de $25 millions de profits déclarés au
Québec et de recevoir $3 millions d'impôts, on aurait eu beaucoup
plus que cela, et cela aurait permis de rendre le Québec beaucoup moins
dépendant.
Nous autres, ce qu'on cherche, parce que, tôt ou tard, le
Québec deviendra indépendant, on veut être le plus possible
capable de ne pas avoir un reste de Québec impuissant. On veut l'amener
vers un Québec capable de se suffire à lui-même. Si ce
n'est pas dans les politiques du gouvernement actuel, il s'en va de plus en
plus vers une dépendance du Québec du reste du Canada et
ça, on s'oppose à cela. Il ne peut pas s'opposer à ce
qu'on pose des questions au niveau du revenu pour influencer la politique des
finances.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, je n'ai pas
l'intention de répondre point par point aux propos du
député de Lafontaine mais je reviens pour vous dire que, depuis
le début de l'étude des crédits, je n'ai pas entendu
encore une seule fois, l'Opposition nous signaler une faiblesse, une faille
dans le travail que nous faisons, soit d'appliquer les lois fiscales telles
qu'édictées par l'Assemblée nationale. J'ai entendu,
cependant, pendant tout le temps qu'a parlé le député de
Lafontaine, une discussion sur l'assiette fiscale, dont la
responsabilité n'appartient pas au ministère du Revenu et
n'appartient surtout pas aux appropriations budgétaires que nous
demandons dans les programmes 1, 2 et 3. Dans le programme 1, M. le
Président, de par une loi édictée par l'Assemblée
nationale, nous demandons des sommes d'argent pour les appliquer.
Après que nous serons sortis d'ici, nous serons obligés de
rendre des verdicts selon le processus administratif en vertu des lois telles
qu'édictées. Comme la responsabilité fiscale du
gouvernement du Québec appartient au ministère des Finances, M.
le Président, comment voulez-vous qu'on avance dans notre travail
d'étude sur les crédits demandés si, au lieu de
discuter le champ d'application de nos lois, on discute l'assiette? Je ne dis
pas que la discussion n'est pas intéressante. Je suis convaincu que le
député, de son siège, a raison. Le parti qu'il
représente ne veut pas d'un système fédéraliste.
Pour toute formule ou modification à l'assiette des lois fiscales qui
serait susceptible, d'après son opinion, d'améliorer le revenu,
il défend cette thèse, mais il la défend contrairement au
règlement qui veut que nous, comme ministère du Revenu, nous
ayons, comme seul et unique mandat, le champ d'application des lois fiscales
telles qu'édictées par l'Assemblée nationale.
M. le Président, je pense que, si on voulait nous amener des
failles... Le chef de l'Opposition, hier, y est allé d'un... Cela avait
du sens. Premièrement, comité consultatif. Il y a eu des
réponses. Deuxièmement, Protecteur du citoyen. Il y a eu des
réponses qui ont semblé le satisfaire, avec des preuves à
l'appui. J'ai corrigé des statistiques données de
mémoire.
M.MORIN: On va y revenir un peu plus tard.
M. HARVEY (Jonquière): J'ai donné des statistiques ce
matin, partant du rapport du Protecteur du citoyen, déterminant 145
plaintes sur au-delà de 2,800,000 contribuables qui ont transigé
avec nous, 20 millions de transactions par année.
Qu'on nous fasse des suggestions pour corriger nos méthodes
administratives, qu'on nous donne des preuves que nous travaillons mal dans
certains domaines, nous allons nous améliorer! Qu'on fasse une critique
objective, qu'on mentionne également une mauvaise utilisation des sommes
à chacun des éléments de programmes, on est ici et c'est
le droit de l'Opposition de nous le signaler! Mais c'est votre devoir, M. le
Président, de déclarer antiréglementaire toute discussion
sur l'assiette des lois fiscales et de considérer comme conforme au
règlement toute plainte, grief ou discussion concernant le champ
d'application des lois fiscales.
M. MORIN: M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît, messieurs!
Est-ce que c'est sur la même question?
M. MORIN: Non, pas tout à fait, c'est qu'il y en a encore
plusieurs qu'elles vont traiter.
LE PRESIDENT (M. Picard): A la suite des propos tenus par l'honorable
ministre, attirant l'attention de la présidence sur le travail de cette
commission, il a mentionné, au cours de ces remarques nous demandant de
nous référer au journal des Débats, qui existe maintenant
depuis une dizaine d'années, que c'est la première fois qu'il
entend une telle discussion.
J'aimerais faire remarquer à l'honorable ministre que le journal
des Débats existe peut-être depuis une dizaine d'années,
mais que ce nouveau règlement n'est en vigueur que depuis deux ans. Dans
les années passées, le débat pouvait être
limité, mais il reste tout de même que, actuellement, au moment de
la discussion que nous avons actuellement, quelqu'un, un des membres de la
commission, pourrait invoquer l'article 160 du règlement. Ce n'est pas
à moi de l'invoquer. Nous pourrions limiter le débat à
vingt minutes sur un article donné, tel qu'il est prévu à
l'article 160.
M. MORIN: Sauf la discussion générale au
départ.
LE PRESIDENT (M. Picard): Votre discussion générale est
rendue...
M. MORIN: Cela ne fait que commencer, M. le Président, je tiens
à vous prévenir.
M. HARVEY (Jonquière): Un instant! J'invoque le
règlement.
M. le Président, je pense que vous êtes en train de nous
donner des renseignements avant de rendre une décision sur un point de
règlement que j'ai soulevé...
LE PRESIDENT (M. Picard): Exactement.
M. HARVEY (Jonquière): ... sur le fond de la question, à
l'effet que nous n'avons pas l'autorité ici de discuter de l'assiette
des lois fiscales...
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est cela.
M. HARVEY (Jonquière): ... mais bien du champ d'application.
Toute la série de questions, qui semble causer un peu de
problèmes de temps au chef de l'Opposition, va être
réglée, je suis bien sûr, si vous analysez comme il faut le
règlement.
M. LEGER: M. le Président, sur le point de règlement, le
ministre passe à côté de la question de règlement en
parlant de l'assiette fiscale.
J'ai pensé que le ministre avait compris tantôt, que nous,
on sait que le ministère du Revenu est un des rouages de toute
l'administration gouvernementale. C'est une des étapes d'une politique
générale du gouvernement. Le rôle de l'Opposition, à
partir du 29 octobre 1973, c'est d'aller dans des questions de fond.
Aujourd'hui, les questions de détail qu'on pose concernant le
ministère du Revenu peuvent paraître, pour le ministre, des
questions qui sont antiréglementaires alors que, pour nous, les
informations qu'il va nous donner au niveau de son ministère vont nous
permettre de déterminer et de conclure si la politique
générale ou l'assiette fiscale dont on ne parlera pas avec le
ministre, parce qu'il veut se limiter à son
ministère... On le comprend. Mais on est intéressé
à la politique générale du gouvernement.
UNE VOIX: Vous êtes hors du sujet.
M. HARVEY (Jonquière): Hors du sujet.
M. LEGER: C'est à la suite de questions très
précises au ministère du Revenu qu'on peut avoir des
renseignements nous permettant de juger, à l'occasion de crédits
d'autres ministères, incluant le ministère des Finances, si leur
politique est valable ou non, puisque l'application relève de votre
ministère, et, à la suite des questions qu'on pose à son
ministère, on peut juger de l'ensemble de la politique du
gouvernement.
On n'est pas ici uniquement pour savoir le nombre d'employés et
s'ils font bien leur travail. On peut faire un peu cela, mais ce ne sont pas
des questions de fond. Ce qu'on veut savoir, c'est l'application dans son
ministère de la politique générale. Cela concerne le
ministre. Il me donne une réponse là-dessus.
M. HARVEY (Jonquière): Ce n'est pas cela que vous faites.
M. LEGER: S'il nous voit aller vers une conclusion... La conclusion, on
la donnera ici, à un autre ministère ou en Chambre. Mais il ne
peut pas nous refuser des questions sur son ministère du Revenu, parce
que c'est là, comme il disait tantôt, aller à la
pêche, sortir certains poissons qui nous permettent de réaliser
que la rivière est peut-être polluée.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, je vous invite
à relire les épreuves du journal des Débats. Dès le
début, j'ai précisé que et ce sont mes
premières paroles le mandat du ministère du Revenu est de
percevoir les impôts et les contributions dus au gouvernement du
Québec, en vertu des lois dont l'administration lui est confiée,
et de conseiller le ministère des Finances en matière de
fiscalité.
C'est donc dire, M. le Président, que, dans l'étude de nos
crédits...
M. LEGER: II vient de nous donner la réponse.
M. HARVEY (Jonquière): ... vous ne retrouverez nulle part, ni
dans les programmes 1, 2 et 3, une somme d'argent demandée pour
étudier l'assiette fiscale des lois. Je l'ai dit tout à l'heure,
dans l'application des lois, telles qu'édictées par
l'Assemblée nationale, au jour le jour, d'après les
expériences que nous vivons, nos gens parlent et, sous l'autorité
du ministère des Finances, un comité fait des recommandations qui
sont converties par la suite en lois apportant des modifications aux lois
fiscales.
Malgré les propos intéressants du député de
Lafontaine sur l'assiette, il est hors du sujet sur l'application qu'il nous
signale. Sur la mauvaise utilisation des sommes demandées à tous
les éléments de programmes, je suis d'accord que nous n'avons pas
le droit de refuser des réponses. Nous sommes ici pour y
répondre. Quant à l'assiette fiscale, c'est un débat
purement inutile devant la tâche que le comité a à
l'étude présentement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Messieurs, si on me permet de continuer sur la
recevabilité des questions du chef de l'Opposition, j'aimerais faire
remarquer que, comme vous le savez tous, les députés ont trois
moyens de s'informer. Le premier, c'est durant la période des questions
à l'Assemblée nationale où il est alloué une
demi-heure, mais ces questions sont limitées. Lorsqu'on dit qu'il faut
que ce soit une question urgente, que ce soit une question à
caractère régional ou provincial, c'est limité. La
deuxième façon, c'est par des questions au feuilleton. La
troisième façon, c'est ici, aux commissions parlementaires.
Aux commissions parlementaires j'ai eu l'occasion de
présider ces commissions depuis plusieurs années on a
toujours laissé une marge de manoeuvre très grande aux
députés. Le chef de l'Opposition actuellement, depuis seulement
quelques minutes... Vous avez remarqué que les questions de la
séance d'hier et du début de la séance d'aujourd'hui
touchaient précisément à la perception et à la
vérification des comptes de taxe des citoyens et des corporations.
Peut-être que, durant les dernières questions, il s'en
allait vers des suggestions qu'il voulait faire sur des améliorations
à apporter à la fiscalité.
Je suis prêt à accepter ses questions comme étant
recevables, parce que je pense que c'est le seul endroit où un
député, qu'il soit de l'Opposition ou du gouvernement, soit en
mesure de faire valoir son point de vue.
M. HARVEY (Jonquière): Sur l'assiette.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous dites l'assiette fiscale. Je ne suis pas
prêt à dire que les questions touchent à l'assiette
fiscale.
M. MORIN: M. le Président, je vous suis extrêmement
reconnaissant pour cette décision.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, sur le point de
règlement, je voudrais savoir si j'ai bien compris; vous venez de rendre
une décision et je ne veux la critiquer d'aucune façon. Est-ce
que je dois conclure que vous rendez une décision à l'effet que
la commission parlementaire du Revenu, finances et comptes
publics, à l'occasion de l'étude des crédits du
ministère du Revenu, dont le rôle unique et principal est de
percevoir les sommes dues à l'Etat en vertu des lois adoptées,
votées par l'Assemblée nationale...
M. MORIN: Sur votre recommandation.
M. HARVEY (Jonquière): Un instant, un instant. Vous permettez la
discussion sur l'assiette fiscale des lois à l'occasion de
l'étude des crédits. Je me demande si j'ai bien compris.
LE PRESIDENT (M. Picard): Ecoutez. Ce que j'ai dit, moi, c'est que je
suis d'avis que les questions posées par le chef de l'Opposition
jusqu'à ce jour ne touchent pas précisément l'assiette
fiscale; il discute des taxes payées par des corporations, plus
particulièrement...
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que votre opinion est la même
sur les propos tenus par le député de Lafontaine?
LE PRESIDENT (M. Picard): Non, lui, il est allé un peu en dehors
lorsqu'il a parlé. Par les propos qu'il tenait là, il
était en dehors de la question.
M. HARVEY (Jonquière): Moi, je vous demande de rendre une
décision à l'effet que la commission n'a pas comme tâche,
ici, de discuter l'assiette fiscale, mais l'application des lois. C'est la
demande que j'ai formulée, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous me demandez de rendre une décision
sur une situation qui, je considère, n'existe pas encore, parce que je
ne considère pas que le chef de l'Opposition a posé des questions
sur l'assiette fiscale.
M. HARVEY (Jonquière): Elle existe sûrement, à la
suite des propos et de la réponse que vous venez de me donner.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lafontaine,
c'était sur la recevabilité des...
M. HARVEY (Jonquière): Sur le fond, maintenant, est-ce qu'on doit
considérer la discussion...
LE PRESIDENT (M. Picard): Non. Je suis plutôt de l'avis du
ministre, qu'on ne devrait pas, ici, au ministère du Revenu, mais bien
à la commission, remarquez bien la même commission
...
M. HARVEY (Jonquière): A l'étude des crédits.
LE PRESIDENT (M. Picard): ... à l'étude des crédits
du ministère des Finances.
M. HARVEY (Jonquière): Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est...
M. MORIN: Maintenant, peut-on procéder? M. le Président,
en appliquant l'article 329 de la Loi sur les impôts, selon lequel une
corporation de mise en valeur peut déduire, dans le calcul de son
revenu, pour une année d'imposition, l'ensemble des frais canadiens
d'exploration, le ministre pourrait-il me dire si ces dépenses sont
déduites avant le partage de la masse imposable entre les diverses
provinces?
M. HARVEY (Jonquière): C'est en vertu de 329 que vous m'avez
donné, de mémoire?
M. MORIN: Oui, 329.
M. HARVEY (Jonquière): La réponse, c'est oui.
M. MORIN: Bien!
Deuxième question. Est-ce que le ministre a une idée de ce
que représente l'ensemble de ces dépenses d'exploration pour tout
le Canada, en 1972?
M. HARVEY (Jonquière): On n'a pas ces chiffres ici.
M. MORIN: Savez-vous où vous pourriez les trouver?
M. HARVEY (Jonquière): Pardon?
M.MORIN: Savez-vous que cela se trouve dans les statistiques du bureau
fédéral?
M. HARVEY (Jonquière): Certainement. On les trouverait chez nous
aussi.
M. MORIN: Alors, si je comprends bien, l'application de l'article 329,
le ministre a des notions plutôt floues de ce que cela peut
représenter. Je commence à m'expliquer bien des choses,
remarquez.
M. HARVEY (Jonquière); Non, non. La question du chef de
l'Opposition est uniquement une question se rattachant à une
opération de vérification.
M.MORIN: Et le ministre ne sait pas où on...
M. HARVEY (Jonquière): On pourrait, en vérifiant chacun
des dossiers impliquant une compagnie réclamant en vertu de 329...
M. MORIN: C'est dans les statistiques...
M. HARVEY (Jonquière): Voyons donc! Croyez-vous...
M. MORIN: C'est dans les statistiques fédérales.
M. HARVEY (Jonquière): Pour quelle année, les statistiques
fédérales?
M. MORIN: L'année 1972.
M. HARVEY (Jonquière): Pour l'année 1972.
M. MORIN: C'est la question que je vous ai posée. En 1972, le
ministre a-t-il une idée des dépenses d'exploration encourues, au
Québec, par les sociétés pétrolières?
M. HARVEY (Jonquière): Ce que le chef de l'Opposition nous pose,
comme question, c'est d'examiner chacune des déclarations.
M.MORIN: Non.
M. HARVEY (Jonquière): Chacune...
M. MORIN: Je les ai, moi, ces chiffres, pour votre information.
M. HARVEY (Jonquière): Donnez-les, si vous les avez.
M.MORIN: C'était en 1972.
M. HARVEY (Jonquière): C'est ce que je vous ai dit, tout à
l'heure.
M.MORIN: $9.8 millions. C'est-à-dire, faites le calcul, moins de
2 p.c. du total des dépenses consacrées à l'exploration
dans l'ensemble du Canada.
Maintenant, je demande au ministre: Puisque les dépenses
d'exploration sont déduites, avant même le partage, et puisque ces
dépenses d'exploration, dans le cas du Québec,
représentent moins de 2 p.c. ou exactement 1.8 p.c. du total des
dépenses d'exploration au Canada, est-ce que le ministre a l'impression
que le Québec trouve son compte dans ce système?
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, j'ai l'impression
et j'ai la conviction que la question du chef de l'Opposition touche à
l'assiette fiscale, et non à l'application de la loi.
M.MORIN: Non, c'est l'application de la loi.
M. LEGER: Vos conseils au ministère des Finances?
M. HARVEY (Jonquière): C'est la politique fiscale qui donne, en
vertu de 329, le droit de déduire certaines dépenses
d'exploitation.
M. LEGER: Votre rôle de conseiller? M. MORIN: Je veux...
M. HARVEY (Jonquière): Pour répondre au chef de
l'Opposition, je me prononcerais sur l'assiette fiscale de la Loi de
l'impôt sur les corporations.
M. MORIN: Non, M. le Président, c'est l'application, tout
simplement, de l'article 329 dans les faits.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous demandez au ministre une opinion.
M.MORIN: Je lui demande si le Québec trouve son compte dans ce
système.
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est une opinion.
M. MORIN: Alors, je vais poser ma question autrement. Selon les
statistiques du Bureau fédéral de la statistique, est-ce que ces
2 p.c. correspondent à la part que le Québec devrait recevoir des
frais d'exploration, des dépenses d'exploration, de la part des
compagnies qui sont soumises à son régime fiscal?
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, je réponds
qu'en fonction du régime fiscal québécois, des lois telles
qu'édictées par l'Assemblée nationale, nous retirons tout
ce à quoi nous avons droit. Donc, on n'a pas à se plaindre en
vertu des lois telles qu'adoptées. La Loi des impôts et l'article
329 ne font pas exception; si on veut changer l'assiette fiscale de la loi, ce
n'est pas à l'occasion des crédits. Je reviens là-dessus,
je considère qu'on discute présentement l'assiette fiscale.
M. MORIN: M. le Président, dans une conférence
donnée par le sous-ministre, M. Gau-vin, il n'y a pas très
longtemps, on insistait beaucoup sur une comptabilité autonome,
séparée pour le Québec. Est-ce que le système
suivi, à l'heure actuelle, qui consiste à déduire les
dépenses d'exploration avant le partage même, est-ce que cela va
vraiment dans le sens d'une comptabilité autonome?
M. HARVEY (Jonquière): Comme le chef de l'Opposition mentionne
une conférence qu'aurait donnée le sous-ministre, comme il en
donne plusieurs à des organismes à caractère
international, national et provincial, je voudrais lui demander à quelle
occasion. Le sous-ministre va répondre lui-même, s'il se
réfère à l'une de ses conférences.
M. MORIN: Bien.
M. HARVEY (Jonquière): Je sais qu'il est très
recherché comme conférencier de qualité.
M.MORIN: Je n'en doute pas.
M. LEGER: II est devenu tout rouge. Vous en mettez trop...
M. HARVEY (Jonquière): Non, c'est parce qu'il connaît son
boulot et quand on affirme que vous discutez de l'assiette, on est sûr de
notre affaire.
M. MORIN: Je vais le retrouver, M. le Président.
M. LEGER : Le ministre n'est pas dans son assiette !
M. MORIN: Je voudrais demander au ministre, en attendant, si l'objectif
d'une comptabilité autonome lui parait valable, à lui, en tant
que ministre.
M. HARVEY (Jonquière): Je répète au chef de
l'Opposition que mes opinions personnelles, je ne les lui donne pas. Je ne les
lui donnerais même pas de personne à personne, parce que,
d'après mon mandat, quand j'ai des opinions personnelles, je les donne
dans les cadres de la structure dans laquelle j'ai accepté
d'évoluer.
M.MORIN: C'est assez curieux que le ministre ne veuille pas nous donner
son opinion...
M. HARVEY (Jonquière): Non, ce n'est pas...
M. MORIN: ... alors que son sous-ministre, lui, jette son opinion
à tous les vents.
M. HARVEY (Jonquière): Cela prouve une chose: Que mon
sous-ministre n'est pas à genoux devant son ministre, et lorsqu'il a des
opinions personnelles...
M. LEGER: C'est bien.
M. HARVEY (Jonquière): ... il les émet.
M. MORIN: Bon, c'était, pour votre information, dans une
conférence prononcée devant le congrès de l'Association
canadienne d'étude fiscale, et cela se passait dans la troisième
semaine de novembre 1973.
Le sous-ministre me fait signe qu'il s'en souvient fort bien. A
plusieurs reprises au cours de cette conférence, il a fait allusion
à l'autonomie de la fiscalité québécoise et
même il s'est fixé un objectif à long terme auquel je
m'attendais que le ministre fasse allusion hier dans la réponse qu'il a
faite à mes toutes premières questions. Un objectif à long
terme qui serait la rédaction d'un code du revenu du Québec,
c'est-à-dire un texte qui réunirait en une seule et même
loi toutes celles dont l'administration est actuellement confiée au
ministère du Reve- nu. Le sous-ministre semble avoir d'excellentes
idées.
M. HARVEY (Jonquière): Pour son application.
M. MORIN: Le sous-ministre semble avoir d'excellentes idées, je
demandais tout simplement au ministre s'il les partageait en ce qui concerne
l'autonomie du système fiscal québécois.
M. HARVEY (Jonquière): Un système fiscal et le code fiscal
que nous voulons rédiger au ministère et dont les
premières étapes ont été réalisées,
vous voyez ici ce bouquin c'est toujours en fonction des lois qui
sont votées par l'Assemblée nationale et non pas des lois que le
sous-ministre du Revenu veut faire. Alors, je pars d'une donnée qui est
celle qui m'est fournie par l'Assemblée nationale, comme loi à
administrer et le code fiscal devient simplement un instrument administratif et
non pas nécessairement la loi elle-même jusqu'à
maintenant.
M. LEGER: Je suis convaincu que le sous-ministre conseille son ministre
et le ministre lui-même a un rôle, il l'a dit tantôt, de
conseiller le ministre des Finances et le conseil des ministres. C'est pour
cela que ces questions sont soulevées.
M. HARVEY (Jonquière): Je ne veux pas que vous teniez comme
acquis ou me preniez hors contexte et disiez que le code fiscal, c'est le
ministère du Revenu qui va le faire. Parce que le code fiscal devient
simplement un outil administratif et non pas une loi. Il y a une nuance.
M. le Président, avant que le chef de l'Opposition continue, je
voudrais lui signaler également que le rôle du sous-ministre du
Revenu et de ses collaborateurs c'est, bien sûr, de faire des suggestions
pour corriger les lacunes des lois fiscales à la suite de choses
trouvées dans l'application des lois. Tout à l'heure j'y ai fait
allusion. Au ministère du Revenu, il y a des décisions politiques
à prendre et chapeau bas devant les officiers supérieurs,
sous-ministre en tête "qui est le sous-chef d'un ministère et ses
collaborateurs qui font la distinction entre les problèmes politiques et
les problèmes administratifs. Partant de besoins administratifs, j'ai
trouvé, dans les dossiers du ministère, des recommandations
formelles avec des preuves à l'appui, que l'application de deux lois
différentes de la manutention de la taxe sur la gazoline
suggérait une loi passée d'ailleurs depuis quatre ans dans
la province d'Ontario qui n'est pas encore mise en vigueur parce qu'elle
n'a pas été proclamée. Les mêmes arguments ont servi
pour convaincre un autre gouvernement d'aller rapidement vers une nouvelle loi
et la coloration des huiles pour éviter l'évasion et la fraude
fiscales.
Je pense qu'à ce moment-là, dans les propos
que tenait le sous-ministre adjoint, M. Moreau, dans des congrès
d'organismes à caractères international et national ou sur le
champ provincial, répétait qu'à son sens à lui,
d'après son opinion personnelle, il faudrait légiférer
dans ce sens, se basant sur les résultats obtenus dans certains Etats
américains. Le gouvernement y est allé des suggestions de nos
collaborateurs qui sont là pour se charger de l'application des lois
fiscales du côté administratif. Bien sûr, pendant trois ou
quatre ans. ils ont été pris à endurer une décision
qui n'était pas prise au niveau politique parce que c'était dur
de faire cela. Après une année à peine de son application,
huit mois à peine depuis la mise en vigueur de cette nouvelle loi,
déjà le sous-ministre adjoint me signalait, la semaine
dernière, la nécessité d'y apporter des amendements
mineurs parce que, dans l'application de notre loi, il réalise avec ceux
qui collaborent avec lui, certaines petites lacunes que le législateur
ne pouvait pas percevoir sans vivre une expérience d'application.
Je voudrais bien que le chef de l'Opposition soit honnête à
l'endroit des remarques concernant certains points de vue signalés par
mon sous-ministre à l'occasion des colloques, comprenant des experts en
fiscalité et où, partant d'une expérience riche comme
fonctionnaire à un très haut niveau sur le champ
fédéral, il a décidé comme Québécois
de mettre son expérience au service du Québec dans la seule
province du Canada qui n'est pas assujettie automatiquement aux modifications
de sa loi des impôts. Si le gouvernement fédéral change la
sienne, ce qui n'est pas le cas ailleurs, parce qu'on a notre propre loi, je
voudrais qu'on ne soit pas injuste à son endroit en faisant la
différence entre une opinion d'un serviteur de l'Etat et les
décisions politiques qui doivent être prises par un gouvernement
qui se fait élire tous les quatre ans.
M.MORIN: M. le Président, la compétence du sous-ministre
n'est pas en cause. Bien sûr, ce n'est pas du tout de cela qu'il s'agit.
Le panégyrique que vient de prononcer le ministre, auquel d'ailleurs je
m'associerais volontiers, est malheureusement en dehors de la question.
Revenons à la question des frais...
M. HARVEY (Jonquière): Joignez les propos du député
de Lafontaine aux vôtres et vous allez voir que je suis dans le vrai sens
du débat.
M. MORIN: Revenons maintenant à nos moutons, c'est-à-dire
aux dépenses d'exploration. En somme, si j'ai bien compris les propos
qui ont été tenus par le ministre, et si nous tenons compte du
fait que, dans l'ensemble du Canada, il s'est fait en 1972 et sans doute aussi
en 1973, à peu près $500 millions de dépenses
d'exploration, d'autre part, seulement $9.8 millions, disons $10 millions, 1/50
ou 2 p.c. de ces dépenses se sont faites au Québec, si j'ai bien
compris. On aurait soustrait au profit brut des montants d'exploration environ
$100 millions dont on devrait tenir compte et que ces compagnies, ces
entreprises n'ont pas dépensés au Québec.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, le gouvernement du
Québec a reconnu certainement certaines anomalies. Tous ces aspects
signalés par le chef de l'Opposition ont amené le gouvernement
à créer un comité interministériel dont le
sous-ministre du Revenu est le président. J'ai déclaré
hier que quatre réunions avec des dossiers précis non
identifiés, pour sauvegarder la confidentialité des
renseignements contenus, font l'objet d'une étude approfondie et
d'études mathématiques scrutant tous les aspects signalés
par le chef de l'Opposition et d'autres aspects que le chef de l'Opposition n'a
pas mentionnés. Je vous dis que le gouvernement en est conscient et que
ce comité va faire des rapports-étapes et un rapport final au
cabinet. Ce n'est pas pour rien que l'on en a fait mention dans le discours
inaugural et que le ministre des Finances en a fait mention et également
lors du discours du budget.
M. le Président, je répète que ce comité
travaille, de par son mandat, sur l'assiette fiscale de la Loi des impôts
couvrant la catégorie identifiée par le chef de l'Opposition. Je
vous signale de nouveau que sur toute question pertinente à l'assiette
fiscale, le chef de l'Opposition ne doit pas s'attendre à avoir des
réponses. A l'occasion de l'étude des crédits du
ministère du Revenu, je lui suggère bien amicalement de nouveau
de retenir ses questions et de les approfondir afin d'être en mesure de
les poser au moment où le ministre responsable de la politique fiscale
du gouvernement québécois demandera les sommes d'argent requises
pour administrer son propre ministère.
M.MORIN: M. le Président, il ne faudrait tout de même pas
que le ministre ait l'air de nous dire qu'il n'est pas responsable de la loi
qu'il a lui-même présentée au Parlement.
M. HARVEY (Jonquière): De l'application.
M.MORIN: Oui, et de son contenu. C'est vous qui avez
proposé...
M. HARVEY (Jonquière): D'accord. Pourquoi maintenant le ministre
du Revenu défend-il les lois fiscales à l'occasion de leur
présentation en Chambre?
Tout comme le ministre du Revenu a été celui qui, avec des
équipes de fonctionnaires à l'intérieur de son
ministère et de l'extérieur, des praticiens, des experts en
fiscalité du Québec
qui nous venaient de tous les milieux, ont pondu et bâti la Loi
des impôts qu'on appelle le code fiscal. C'est tout simplement tel que le
veut son mandat et le rôle second qu'il a d'être le conseiller
auprès du ministère des Finances et, comme le ministre du Revenu,
à ce moment-là, est appelé à faire appliquer la loi
telle que sanctionnée et édictée par l'Assemblée
nationale, il la défend devant la Chambre ou en commission lorsqu'elle y
est déférée... Vous remarquerez que les lois fiscales sont
toujours déférées, en raison de leur complexité et
des discussions qui sont souvent plutôt à caractère
technique, à la commission élue pour être capable
d'éviter de longs débats difficiles à comprendre pour
certaines personnes qui, malgré leur bonne volonté, auraient de
la difficulté à bien réaliser le genre de loi qu'elles
voteraient.
M.MORIN: M. le Président, si j'ai bien compris la réponse
que m'a faite le ministre tout à l'heure, à ma question
précédente, il est d'accord avec moi que les compagnies
pétrolières ont soustrait au fisc québécois, au
profit brut, des montants d'exploration d'environ $100 millions. C'était
le sens de ma question. Le ministre a appelé ça une lacune, c'est
une grosse lacune.
M. HARVEY (Jonquière): J'ai dit que le gouvernement du
Québec reconnaît certaines anomalies et a demandé à
un comité interministériel que préside le sous-ministre du
Revenu, d'examiner toute la question des compagnies extractives, ce qui ne
comprend pas uniquement les compagnies pétrolières, mais qui
comprend également les compagnies minières, les compagnies
extractives. Ce comité, au moment où on parle, malgré
qu'il ait été formé il n'y a pas tellement longtemps, a
quatre séances de travail de complétées. J'ai donné
l'information hier, je la redonne aujourd'hui.
M. MORIN: Et quand doit-il faire rapport?
M. HARVEY (Jonquière): Tel qu'annoncé dans le discours du
budget au cours de l'année 1974.
M. MORIN: Nous aurons l'occasion d'y revenir. Maintenant, je
voudrais...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le ministre, lorsqu'une compagnie fait de
l'exploration, nécessairement elle déduit ces montants de ses
revenus même s'ils sont faits dans tout le pays. Ceci veut dire, à
la base, que ces compagnies ont leur siège social ici dans la province
de Québec. Est-ce exact?
M. HARVEY (Jonquière): Pas nécessairement.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Pas nécessairement.
M. MORIN : C'est tout le contraire qui serait vrai, n'est-ce pas?
M. HARVEY (Jonquière): Pas nécessairement.
M. MORIN: Je vois que le député d'Abitibi-Ouest
découvre des choses dont il aurait pu se douter.
M. le Président, je voudrais passer au secteur... On est toujours
dans les compagnies qui s'occupent de mise en valeur du territoire. Est-ce que
le ministre pourrait nous dire quels sont les profits totaux
déclarés pour fins québécoises par les compagnies
qui sont actives dans le secteur du fer?
M. HARVEY (Jonquière): Je n'ai pas ça ici. Si le chef de
l'Opposition veut poser sa question au feuilleton, j'y répondrai
rapidement. Je n'ai pas ça ici.
M. MORIN : Non, ce n'est pas au feuilleton que je veux la poser, M. le
Président. Je crois que j'ai le droit de la poser ici, en
commission.
M. HARVEY (Jonquière): Je n'ai pas ça ici.
D'ailleurs...
M. MORIN: Et pour l'amiante non plus. M. HARVEY (Jonquière): Non.
M. MORIN: Et pour le cuivre non plus. M. HARVEY (Jonquière): Non.
M. MORIN: Pourriez-vous, à une prochaine séance, nous
fournir ces chiffres?
M. HARVEY (Jonquière): Je ne m'engage pas à les produire
parce que je devrai examiner si la production de ces chiffres n'est pas
à l'encontre de l'article 69. Cela pourrait s'avérer confidentiel
en raison du nombre.
M. MORIN: Est-ce que le ministre veut bien examiner la question?
M. HARVEY (Jonquière): Je n'ai pas d'objection.
M. MORIN: Alors, à une séance subséquente, M. le
Président, nous examinerons donc les compagnies de fer, d'amiante et de
cuivre.
En ce qui concerne, maintenant, l'inspection et particulièrement
l'inspection dans le domaine des compagnies pétrolières et
minières. Combien y a-t-il d'inspecteurs, M. le ministre, dans ce
secteur?
M. HARVEY (Jonquière): Pardon?
M. MORIN: Combien y a-t-il d'inspecteurs de votre
ministère...
M. HARVEY (Jonquière): A la vérification?
M. MORIN: ... pour les compagnies pétrolières et
minières?
M. HARVEY (Jonquière): Depuis les nouvelles structures de notre
ministère, nous avons une équipe d'agents vérificateurs de
plus grande qualité, à potentiel de plan de carrière plus
élevé que nos anciens agents vérificateurs qui
s'occupaient de taxes, de catégories de taxes, en particulier. Notre
équipe est plus polyvalente et nous n'avons pas un nombre précis
d'agent vérificateurs d'assignés dans le secteur identifié
par le chef de l'Opposition.
Nous avons des agents de gestion financière qui sont des
professionnels, avec des plans de carrière plus intéressants, qui
font du travail polyvalent. Alors, autant on en a besoin, on assigne le nombre
nécessaire selon ce que commande l'opération de
vérification dans le champ mentionné par le chef de
l'Opposition.
M. MORIN: Combien en avez-vous d'assignés?
M. HARVEY (Jonquière): Vingt-six aux dossiers majeurs. On peut
considérer que ce dont vous venez de parler, ce sont tous des dossiers
majeurs.
M. MORIN: Et dans le domaine pétrolier, en particulier?
M. HARVEY (Jonquière): En particulier? Ils sont compris dans les
26 dont on vous parle, ils sont assignés aux dossiers majeurs.
M. MORIN: Parmi les 26, combien y en a-t-il qui sont en mesure de faire
une inspection méthodique du secteur pétrolier?
M. HARVEY (Jonquière): Etant donné qu'ils ont
été sélectionnés, il sont tous en mesure de le
faire.
M. MORIN: Combien l'ont fait effectivement au cours de l'année
1973?
M. HARVEY (Jonquière): Sur les 26, c'est difficile à dire.
Mon sous-ministre adjoint me dit qu'il faudrait qu'il vérifie. Pour
être capable de répondre à une telle question, il faudrait
regarder l'assignation, la feuille de route de chacun des agents de gestion
financière, le rapport de son travail de vérification, à
partir de telle date à telle date.
Sur les 26, il m'affirme qu'ils sont tous, ayant été
sélectionnés, en mesure de faire une vérification
complète, partant des normes établies du cahier de
procédure et d'exigences d'une vérification, de faire le travail
de vérification identifié par le chef de l'Opposition.
M. MORIN: Est-ce que le ministre n'est pas au courant de cette anecdote
qui court selon laquelle deux de ses agents vérificateurs se seraient
présentés dans une compagnie qui est intéressée au
cuivre québécois, pour faire l'inspection des livres? On les
aurait mis devant une véritable bibliothèque, une
véritable forêt de documents et ils ont dû abandonner avant
même de commercer.
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que le chef de l'Opposition
voudrait me dire s'il y a deux vérificateurs qui se sont
présentés... Il y en avait peut-être un en vertu d'une
disposition de la loi 48, la Loi sur l'évaluation foncière, et il
y a eu des agents vérificateurs ou des agents de gestion
financière qui sont allés chercher certains renseignements, parce
que la Loi sur l'évaluation foncière donnait la
responsabilité au ministère du Revenu de percevoir certains
montants d'argent à être redistribués comme compensation.
Il est bien sûr que, cette loi faisant l'objet de contestation pour
certains de ces articles devant les tribunaux, il ne faudrait pas
déduire que la visite de deux agents de gestion financière dans
une même entreprise a une relation d'interprétation parce qu'on
les a invités à parcourir une bibliothèque de volumes.
M. MORIN: M. le Président, quand vos agents vérificateurs
se présentent dans une compagnie pétrolière, quel genre de
vérification font-ils?
M. HARVEY (Jonquière): Dans un dossier majeur, dès le
départ, l'agent de gestion financière ou l'agent
vérificateur est pris devant une masse de documents pour faire une
vérification. Notre service de programmes et méthodes qui
travaille toujours à la fine pointe d'une vérification qui donne
des résultats est le plus rapide possible pour éviter qu'un agent
vérificateur soit dans une entreprise pendant six, sept ou huit
mois.
C'est examiné de façon régulière, toutes les
semaines, à la suite d'expériences vécues et les
méthodes, le genre de vérification sont améliorés
constamment.
M. Moreau me dit que ce sont des spécialistes dans la classe 1
qui ont une liberté professionnelle de travailler dans une
vérification et c'est pour cela que nous avons été
obligés d'augmenter le nombre de personnes dans un autre service que
l'on appelle "Oppositions et appels" pour pouvoir se prononcer rapidement sur
des affirmations contenues dans le rapport de l'agent vérificateur qui a
fait la vérification sur place et le tenant en dehors du processus
de
décision, cet agent vérificateur, parce qu'il est, sur la
base purement professionnelle, arrivé à des déductions
devant la masse de documents qu'il aurait eu à consulter. Il en consulte
et ce sont ses qualités professionnelles à ce moment-là
qui jouent, partant des normes de base, j'entends bien.
M. MORIN: Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer, au moins grosso
modo, combien d'inspections ont été faites par ces agents
vérificateurs auprès des sociétés
pétrolières durant l'année écoulée?
M. HARVEY (Jonquière): Le cycle, dans les compagnies
pétrolières, comme dans toutes les compagnies majeures, on peut
dire qu'il est maintenant aux quatre ans.
M. MORIN: Est-ce que toutes les compagnies pétrolières ont
été inspectées sur le plan fiscal depuis quatre ans?
M. HARVEY (Jonquière): Oui.
M. MORIN: Bien. Est-ce que les vérificateurs ont eu le loisir de
se pencher sur les coûts d'approvisionnement en pétrole brut et
est-ce qu'ils n'ont pas pu vérifier que ces coûts sont souvent
gonflés artificiellement par des projets "off shore"
réalisés sur les flottes de navires appartenant souvent à
ces mêmes sociétés?
C'est une question importante. Si vous n'avez pas la réponse tout
de suite, je suis prêt à attendre à une séance
subséquente.
M. HARVEY (Jonquière): Non. Les compagnies qui font un profit
"off shore" ne sont pas assujetties aux lois fiscales. Mon sous-ministre va
vous donner une réponse.
M. MORIN: Ah! Ah!
M. HARVEY (Jonquière): II faut faire une différence entre
les compagnies canadiennes et les compagnies qui opèrent à
l'extérieur du Canada, n'est-ce pas, qu'elles soient reliées ou
pas. L'entité en dehors du Canada qui est "off shore" n'est pas une
entité canadienne et n'est pas assujettie aux lois canadiennes et
partant québécoises.
M. MORIN: Je ne voudrais pas tomber dans une discussion...
M. HARVEY (Jonquière): Non.
M. MORIN: ... avec le sous-ministre, mais j'espère qu'il sait ce
que veut dire "off shore".
M. HARVEY (Jonquière): Assurément, mais, d'un autre
côté, il faut bien s'entendre. Parlez-vous des compagnies
intégrées qui ont des activités à
l'extérieur?
M. MORIN: Je parle de toutes les sociétés opérant,
par exemple, dans le golfe Saint-Laurent.
M. HARVEY (Jonquière): Dans le sens fiscal, "off shore" ne veut
pas dire cela.
M. MORIN: D'accord, mais sur le plateau continental?
M. HARVEY (Jonquière): II faut s'entendre sur le plateau
continental. Est-ce que c'est une compagnie qui fait affaires au Canada?
M. MORIN: Je tiens pour acquis que c'est une compagnie qui fait affaires
au Canada, bien sûr.
M. HARVEY (Jonquière): Si elle fait affaires au Canada, c'est une
compagnie canadienne. Si elle a été intégrée, elle
doit sûrement avoir affaires dans le Québec. Comme telle, on
obtient seulement les taxes, tel que prévu par la loi.
M. MORIN: Bon.
M. HARVEY (Jonquière): Si c'est une compagnie, par exemple, qui
opère à l'extérieur du Canada, qui n'a aucun
établissement au Canada, ce n'est pas un contribuable canadien, ni
québécois.
M. MORIN: Est-ce que les agents vérificateurs du ministère
ont pu vérifier si les compagnies qui travaillent "off shore" ne
gonflent pas souvent leurs coûts dans leurs opérations
réalisées sur des flottes de navires qui appartiennent à
ces mêmes sociétés?
M. HARVEY (Jonquière): II faudrait bien demander aux
vérificateurs et voir la nature des redressements que nous faisons, mais
c'est un aspect des problèmes de la vérification qui n'est
sûrement pas négligé, parce que tous les aspects du revenu
d'une entreprise doivent être vérifiés tôt ou tard
sur une période d'au moins tous les quatre ans, comme on l'a dit
tantôt. Ce ne veut pas dire toutefois, parce qu'on envoie un
vérificateur sur place, qu'il doit découvrir et qu'il
découvre de fait du premier coup tous les éléments
à revenus ou encore les dépenses qu'une entreprise a
réclamées, ou encore qu'il passe deux ou trois semaines dans une
entreprise et qu'il peut découvrir tout ce qui ne va pas.
Vous parlez d'entreprises majeures, des entreprises très
complexes dont le système comptable n'est pas une sinécure; si
vous connaissez un peu ce que c'est, vous allez voir que tous les
problèmes ne surgissent pas à la surface comme on le
désirerait bien souvent, mais c'est à la force d'y aller,
d'explorer différents secteurs des activités de l'entreprise
qu'on en vient à déceler certaines choses qui ne vont pas et
toujours en fonction des dispositions législatives que nous avons.
M. MORIN: Oui. J'imagine que le ministre et son sous-ministre savent que
ces pratiques ont été reconnues par le ministre des Richesses
naturelles dans son livre blanc sur l'énergie.
M. HARVEY (Jonquière): Nous n'administrons pas la même loi.
Nos loi fiscales ne sont pas nécessairement les lois d'un autre
ministère.
M. MORIN: Est-ce que le ministre et son sous-ministre pourraient, pour
une séance subséquente, jeter un coup d'oeil sur cette question,
parce que cela relève quand même de leur ministère? Si une
compagnie qui paie des impôts au Québec gonfle artificiellement
ses coûts d'approvisionnement, je pense que cela vous
intéresse.
M. HARVEY (Jonquière): C'est un élément qui est
sûrement examiné, mais je ne peux pas dire s'il est examiné
dans toutes les entreprises et que toutes les entreprises font exactement ce
que vous prétendez qu'elles font.
M. LEGER : Avez-vous les moyens de vérifier si des
dépenses faites par une compagnie multinationale, mais aussi canadienne,
peuvent être présentées dans le système comptable du
Québec, dans le système comptable d'autres provinces, dans le
système comptable extérieur? Vous n'avez pas de moyens pour
vérifier cela?
M. HARVEY (Jonquière): Je ne peux pas dire que ces entreprises
ont deux ou trois différents systèmes comptables. Je ne le crois
pas, mais, d'un autre côté, si elles traitent un article
donné, que ce soit une dépense ou une capitalisation ou un
revenu, d'une telle façon, l'expérience que nous avons avec ces
grosses entreprises c'est qu'elles ont elles-mêmes leur propre politique
d'interprétation d'une dépense, d'une capitalisation et d'un
revenu et que, à partir de ces politiques, nous les examinons pour voir
réellement si c'est conforme à notre interprétation des
lois fiscales. C'est la raison pour laquelle souvent, sur des problèmes
techniques, nous prélevons des cotisations assez substantielles, parce
qu'on ne parle pas de menu fretin, on parle de choses extrêmement
importantes qui se traduisent en des montants substantiels.
M. LEGER: Est-ce que vous voulez dire que c'est impossible qu'une
compagnie canadienne ou multinationale puisse déterminer des
dépenses pour la province de Québec et que ces dépenses
pourraient être répétées dans d'autres provinces
canadiennes? Avez-vous les moyens de vérifier cela?
M. HARVEY (Jonquière): Non, parce que c'est le revenu national.
C'est là que nous avons le contrôle sur tout le revenu national.
L'allocation par province se fait après, en fonction des ventes et des
salaires.
M. LEGER: C'est plutôt "off shore" que vous ne pouvez pas.
M. HARVEY (Jonquière): Si cela entre dans l'opération
intégrée de la compagnie, il est évident que tout ce qui
fait "off shore" entre dans l'entreprise également. Nous n'admettons pas
des dépenses qui sont gonflées et qui ne sont pas
justifiées par des pièces justificatives et par une certaine
théorie. Ce sont des questions qu'il faut poser dans le cours normal des
vérifications, que ce soit dans un secteur ou dans l'autre d'une
entreprise ou d'une autre.
Cela ne veut pas dire toutefois que, à chaque vérification
qu'on fait, comme je vous l'ai dit tantôt, on va chercher tout. Ce n'est
pas possible, c'est trop vaste, mais d'un autre côté, si ce sont
des dépenses qui sont falsifiées, des dépenses qui sont
gonflées et qui ne sont pas justifiées par des pièces
justificatives, naturellement, si on en vient à l'évidence et
qu'on s'en rend compte, le revenu est ajusté en conséquence.
M. LEGER: La question que je voulais poser, c'est qu'une compagnie
nationale qui opère au Québec et aussi à
l'extérieur, je veux dire une compagnie multinationale, peut, une
année, avoir des profits très forts au Québec ou au
Canada, et mettre plus de dépenses de ce côté-ci qu'une
année subséquente, si elle fait moins de profits c'est une
question hypothétique elle peut mettre ses dépenses
ailleurs. Mais vous n'avez pas de contrôle à l'endroit où
elle le fait.
M. HARVEY (Jonquière): Ah oui, écoutez un peu, il faut
s'entendre! Est-ce que c'est une compagnie intégrée,
premièrement, ou encore sont-ce des subsidiaires d'une compagnie
canadienne? Il faut faire la différence. Si c'est une compagnie
intégrée, il est évident que tous ses revenus vont
être comptabilisés au niveau national et que, si elle a des
dépenses d'exploration à l'extérieur du Canada, c'est
évident que nous avons des mesures, des moyens de vérifier tout
cela, que ce soit seulement par les pièces justificatives de telle ou
telle dépense, parce que quand on comptabilise un compte de
dépenses, ce compte est fait de menues, d'énormes et de
nombreuses transactions. Ces transactions sont vérifiées pour
bien s'assurer que c'est une dépense encourue pour gagner le revenu
canadien et non pas une dépense encourue simplement pour réduire
les revenus.
Bureaux de renseignements
M. MORIN: M. le Président, tenant compte du fait qu'au cours des
séances subséquentes nous allons peut-être obtenir des
réponses, dans la mesure où ce sera administrativement possible,
à certaines des questions que
nous avons posées, ce matin, je voudrais maintenant passer
à autre chose.
Dans le livre des renseignements généraux que le ministre
a eu l'amabilité de nous faire passer, hier, je voudrais lui signaler,
tout d'abord, à l'article 8 "Bureau provisoire des renseignements mais
à la disposition des contribuables durant les mois de mars et avril
1974", ce qui devrait apparaître en page 26, sur ma copie, j'ai une page
blanche. Je n'en ai pas. Je n'ai rien. Est-ce que, dans les vôtres, vous
auriez peut-être, par hasard, une page 26?
UNE VOIX: Oui.
M. MORIN: Vous l'avez. J'aimerais bien pouvoir la consulter rapidement.
Merci.
Est-ce que le ministre pourrait me dire s'il y a, en ce moment, un agent
de consultation fiscale à Forestville?
M. HARVEY (Jonquière): Sur la Côte-Nord, nous avons deux
bureaux, en raison de la décision de donner des services au plus grand
nombre possible de gens à Baie-Comeau et à Sept-Iles.
M.MORIN: Et à Sept-Iles. Je le sais, mais vous n'en avez pas
à Forestville?
M. HARVEY (Jonquière): Ce ne sont pas des bureaux de
renseignements pour les entreprises, c'est surtout pour les individus.
M. MORIN: Est-ce que le ministre ne voudrait pas examiner la
possibilité de créer des postes d'agents itinérants ou de
détacher certains agents pour qu'ils deviennent itinérants pour
être un peu plus près des problèmes de la population?
M. HARVEY (Jonquière): On en a actuellement qui font des visites
sur le territoire. Tous nos agents vérificateurs sont des
itinérants. Ils vont d'une région à l'autre, d'une ville
à l'autre.
M. MORIN: Vont-ils à Forestville?
M. HARVEY (Jonquière): Certainement, pour les taxes à la
consommation.
M. MORIN: D'après les plaintes que nous avons eues, ce n'est pas
le cas.
M. HARVEY (Jonquière): Le chef de l'Opposition va comprendre que
c'est au niveau de la période de pointe des impôts. Naturellement,
dans le Québec, il y a 1,600 municipalités. La direction de
l'information fiscale ouvre des bureaux d'abord sur une période
très courte, des bureaux d'une semaine qui, souvent, un an ou deux ans
plus tard, sont ouverts pendant la période d'un mois et deviennent des
bureaux ouverts pendant une période de deux mois, par la suite, en
raison du nombre de coups de fil reçus, du nombre de visites de gens qui
vont chercher des renseignements et du réservoir de population.
On tente, dans l'objectif visé par notre service d'information
fiscale, de couvrir le plus grand nombre de personnes possible sur le
territoire du Québec...
M. MORIN: Est-ce que le...
M. HARVEY (Jonquière): ... tenant compte aussi de nos
disponibilités en ressources humaines pour être capables de donner
une information adéquate. Parce qu'il y a des gens qui, devant le
besoin... C'est bien sûr, j'ai eu des représentations disant que
certaines populations auraient besoin, comme cette année, et le besoin a
été déterminé. Mais faute de ressources humaines,
parce que ces gens ne font pas uniquement ça chez nous... Ils sont soit
à la vérification soit dans le secteur des opérations. Ce
sont des hommes d'expérience que nous envoyons dans ces bureaux
provisoires pour être capables de donner de l'information de
qualité. Si on pouvait, sur la base occasionnelle, engager des
ressources venant des régions concernées pour donner
l'information, mais on ne peut pas le faire. Elles ne sont pas formées
pour ça.
M. MORIN: M. le Président, est-ce que le ministre a une politique
de recrutement de ces agents de consultation? Est-ce qu'il a une politique qui
reviendrait à dire: II en faudrait un par tel chiffre d'habitant, tel
nombre d'habitants?
M. HARVEY (Jonquière): C'est la couverture qu'on vise
là-dedans. Dès qu'on détecte chez nous, à travers
le secteur des opérations ou de la vérification, un de nos
employés qui comprend rapidement, à la suite des cours de
formation que nous donnons régulièrement à notre
personnel, on additionne autant qu'on peut le faire le potentiel des ressources
que nous avons pour être capables, dans une période donnée,
qui commence au début de mars jusqu'à la fin d'avril, d'accepter
de plus en plus des endroits à travers le territoire pour envoyer ces
gens pendant une semaine, deux semaines, un mois, deux mois, pour couvrir la
période de pointe, surtout au niveau des individus, pour leur
épargner des frais et leur donner une information adéquate.
Planification, recherche et
développement
M. MORIN: Bien. M. le Président, je me réfère
maintenant à la brochure que le ministre nous a distribuée hier
et qui décrit les fonctions du service général de la
planification, de la recherche et du développement. Le service est
responsable d'études prévisionnelles de revenus fiscaux à
court et à long termes. Dans ce
cadre-là, est-ce que le ministre a fait faire des études
sur les effets de l'indexation?
M. HARVEY (Jonquière): On a, comme à chaque année,
partant de statistiques que nous avons chez nous, donné ces statistiques
au ministère des Finances pour analyse approfondie de la question.
M. MORIN: Bien. Est-ce que le ministre pourrait nous dire, puisque ce
sont ses services qui ont fait ces recherches, quel serait le coût total
d'une indexation semblable à celle qui a été mise en
vigueur par le gouvernement fédéral?
M. HARVEY (Jonquière): Comme le ministre des Finances est
responsable de la politique fiscale, il a répondu à cela que, si
nous avions rétabli les exemptions qui n'existent pas pour les personnes
à charge de 0 à 16 ans, si nous avions imposé les
allocations familiales provinciales et fédérales au lieu de
prendre la décision de faire le choix de ne pas les imposer pour
encourager les familles nombreuses, le tout se serait converti par un plus
à gagner, par un profit dans le trésor public de $25 millions.
Tout ce que le ministère du Revenu a pu donner, ce sont des statistiques
qui ont été remises, comme les prévisions de revenu, au
ministère des Finances qui a fait, avec ces statistiques, la recherche
requise pour en arriver à une conclusion dont a fait part, au grand
public et aux membres du Parlement, le ministre des Finances, lorsque la
question de l'indexation lui a été posée.
M. MORIN: D'après vos propres recherches, M. le ministre, quel
serait le coût total de l'indexation?
M. HARVEY (Jonquière): Le ministre des Finances pourrait vous
donner ça lors de l'étude de ses crédits parce que c'est
lui qui a fait la recherche et qui a amené la réponse totale de
$25 millions de profit s'il avait opté pour l'indexation avec
l'imposition, exactement comme en Ontario, par exemple.
M. MORIN: Ce n'est pas du tout ça que le ministre des Finances a
dit.
Je regrette, il doit y avoir confusion. Je demande, d'après vos
propres calculs, parce que c'est quand même vous qui avez dû faire
ces études prévisionnelles à titre de ministre du
Revenu.
M. HARVEY (Jonquière): On a sorti les statistiques et on les leur
a données. C'est le ministère des Finances qui a fait les
études, ce n'est pas nous. On a donné les statistiques des $2,000
à $4,000, des $6,000 à $8,000, des $8,000 à $10,000; on
leur a donné le bagage.
M. MORIN: Quand vous mentionnez cette somme de $25 millions, vous
reprenez plusieurs éléments que le ministre a mentionnés
dans son discours. Moi, je ne vous parle que de l'indexation. Je ne vous parle
pas des allocations familiales.
M. HARVEY (Jonquière): Vous lui poserez la question, c'est lui
qui a fait l'étude partant de statistiques que nous avons données
sur les catégories de personnes.
M. MORIN: Et ce n'est pas votre ministère qui a
déterminé ça?
M. HARVEY (Jonquière): C'est le ministère des
Finances.
M. MORIN: Est-ce que le ministre peut nous dire si, sur la base des
chiffres qu'il a fournis, la non-indexation signifie une réduction de la
progressivité du régime fiscal?
M. HARVEY (Jonquière): C'est le ministre des Finances qui
pourrait vous répondre ça. Tenez pour acquis que l'étude a
été faite par le ministère des Finances. Je n'ai pas ici
l'analyse de l'étude sur l'indexation qui a été faite au
ministère des Finances. Comme le chef de l'Opposition, j'ai eu besoin de
traiter du sujet de l'indexation et je suis parti du texte de la
conférence prononcée par mon collègue à
Montréal il y a quelques semaines et, par la suite, des affirmations qui
sont contenues dans le discours du budget. Je pense que le chef de l'Opposition
a raison de vouloir obtenir les renseignements qu'il tente d'obtenir de moi ce
matin, mais il pourrait les obtenir du ministère des Finances qui est le
ministère qui a fait l'étude partant de statistiques, bien
sûr, qui étaient chez nous, les catégories de personnes qui
ont eu des gains en 1972 et quelques-unes en 1973, parmi celles qui nous ont
produit des rapports. C'est sûr que les statistiques, on lui a
donné cela comme on lui donne nos statistiques de prévision de
revenu. Partant de ces statistiques, il y additionne des indices à
caractère purement économique pour en arriver à des
prévisions de revenu définitives. Le même
phénomène s'est produit concernant le problème de
l'indexation: nous avons fourni nos statistiques au ministère des
Finances qui a fait la recherche, les études, pour en arriver à
des conclusions. C'est le ministre des Finances.
M. MORIN: Vous voulez dire que vous-même, en tant que ministre du
Revenu, vous n'avez pas tiré vos propres conclusions sur la base de ces
statistiques quant aux effets de l'indexation ou de la non-indexation?
M. HARVEY (Jonquière): Comme ministre du Revenu, j'ai
été assez intelligent pour ne pas remettre une équipe au
travail chez moi pour faire du dédoublement. J'ai pris les conclusions
de l'équipe du ministère des Finances qui a fait
l'étude pour en arriver à des affirmations avec des
détails. Mais tous ces détails, si on veut aller à la fine
pointe du renseignement, vous pouvez les obtenir de ceux qui ont fait
l'étude et ce sont les fonctionnaires, le ministre des Finances en
tête.
M. MORIN: C'est bien clair que votre ministère n'a pas fait ces
études?
M. HARVEY (Jonquière): On a fourni les statistiques, c'est le
ministère des Finances qui a fait l'étude.
M. MORIN : Le ministre du Revenu ne s'est pas fait une idée de ce
que signifie l'indexation ou la non-indexation?
M. HARVEY (Jonquière): Je n'ai pas répondu ça au
chef de l'Opposition. Le ministre du Revenu s'est fait une idée,
continue d'affirmer que nous aurions eu un profit dans le trésor public
de $25 millions, si nous avions exactement suivi la même politique que le
gouvernement ontarien. Nous sommes en mesure, avec production de documents, de
le prouver, mais cette preuve doit être nécessairement
donnée par celui qui est responsable de la politique fiscale du
gouvernement. Ce collègue s'appelle le ministre des Finances. Le chef de
l'Opposition n'a pas à se surprendre si, de ce côté-ci de
cette table, c'est une règle d'or, quand nous avons, de par nos
fonctions et notre mandat, la responsabilité d'un ministère, de
ne pas se prendre pour le ministre d'un autre ministère. Je voudrais
rappeler au chef de l'Opposition que le président de son propre parti a
déjà été, pendant que j'étais
député, un ministre titulaire de portefeuille.
Il en a eu deux un bout de temps. Il en a eu un en dernier. Souvent, on
le prenait pour le ministre de tous les ministères. Il avait un grand
talent. Dans notre équipe, chacun fait son travail, chacun dépose
les documents que son mandat lui commande.
M. MORIN: L'indexation ne relève pas d'abord et avant tout du
revenu, cela?
M. HARVEY (Jonquière): Je suis solidaire de lui dans son
application, si la politique du gouvernement avait été d'indexer.
Le choix s'est fait pendant les mois qui ont précédé
l'annonce du gouvernement fédéral de suivre ce champ impliquant,
par la force des choses, les autres provinces, parce qu'il perçoit pour
les autres provinces. Nous, au Québec, on a fait un choix: le choix de
ne pas taxer les allocations familiales, le choix d'aider davantage les petits
en enlevant de nouveau 152,000 petits salariés des rôles du
ministère du Revenu.
M. MORIN: C'est sur vos chiffres que cela a été
basé?
M. HARVEY (Jonquière): Certainement, c'est sur les statistiques
fournies au ministère des Finances.
M. MORIN: C'est donc vous qui avez fourni les statistiques qui ont
permis au ministre des Finances de dire que 150,000 ou 152,000 contribuables
verront leur impôt diminué en relevant légèrement
les exonérations à $2,600 et $5,200.? Ce sont vos
statistiques?
M. HARVEY (Jonquière): Nous en avons fourni et le ministre des
Finances a ses propres statistiques aussi.
M. MORIN: Pourriez-vous nous expliquer maintenant comment vous avez fait
les calculs pour en arriver à ces chiffres de 152,000?
M. HARVEY (Jonquière): Les 152,000 sont le résultat de
l'étude faite par le ministère des Finances. Nous avons
donné les statistiques du traitement des contribuables de
différentes catégories de revenu. Avec nos statistiques, nos
projections à nous, en partant des statistiques reçues de notre
ministère, tout comme pour les prévisions de revenu, en partant
de ses propres statistiques et des propres incidences à caractère
économique, parce que le ministère des Finances a des
statistiques. C'est lui qui détermine que sur le budget, justement
à cause de l'indexation, à propos des salaires des
employés de la fonction publique, l'augmentation due au coût de la
vie va coûter $180 millions ou $185 millions dans le budget qui a
été annoncé la semaine dernière. Nous avons
donné notre part de Statistiques, au ministère du Revenu, pour la
catégorie de salariés à tranches de revenus
différentes, ce qui a permis au ministère des Finances d'en
arriver à la conclusion que 152,000 Québécois
disparaîtront du rôle des impôts. Il y a au ministère
des Finances, mon sous-ministre me le signale et c'est bien vrai, une direction
des études économiques et fiscales. Je pense que le ministre des
Finances a pris son information en provenance de la direction des études
économiques et fiscales du ministère des Finances qui commence
à travailler avec...
M. MORIN: Et de vos chiffres également.
M. HARVEY (Jonquière): Partant de nos chiffres et d'autres.
M. MORIN: Très bien. Les 152,000 contribuables, est-ce que ce
total est un total net ou bien si on a tenu compte dans son
établissement des contribuables qui sont revenus dans le champ de tir de
l'impôt?
M. HARVEY (Jonquière): Le ministre des Finances pourrait vous
répondre à cela, parce que le rapport de la direction des
études économiques et fiscales est sûrement un des
documents d'appui du ministre des Finances
qui en est arrivé à annoncer officiellement ce total comme
responsable de la politique fiscale.
M. MORIN: Oui. Est-ce que le ministre pourrait déposer les
statistiques dont on s'est servi pour établir ce nombre de 152,000
contribuables?
M. HARVEY (Jonquière): Le ministre des Finances pourrait
répondre à cela.
M. MORIN: Mais vous ne les avez pas vous-même? Vous n'avez pas les
statistiques? Vous m'avez dit tout à l'heure que ce sont vos
statistiques qui ont servi au ministre des Finances à établir ce
rapport.
M. HARVEY (Jonquière): Les miennes et d'autres. Dans son
processus de consultation, la direction des études économiques et
fiscales obtient des renseignements de nous, qui sont des statistiques servant
à tirer des conclusions, à faire une étude. Nous lui avons
fourni nos statistiques. Le chiffre de 152,000 est la résultante de
l'examen de nos statistiques avec ses propres statistiques.
La question du chef de l'Opposition est une question très
intéressante, mais il pourra avoir une réponse du ministre des
Finances à l'occasion de l'étude de ses crédits ou en
Chambre. Il pourra vous le dire rapidement.
M. MORIN: Le ministre des Finances me renverra au ministre du Revenu
probablement.
M. HARVEY (Jonquière): Non.
M. MORIN: Votre ministère, M. le ministre,...
M. HARVEY (Jonquière): Je ne crois pas. M. le Président,
je voudrais signaler que l'an dernier le chef de l'Opposition n'était
pas ici. Je me souviens, j'ai même noté deux ou trois questions
qui avaient été posées à ce moment-là par le
député de Gouin et référées au ministre des
Finances parce que cela touchait directement la politique fiscale du
gouvernement québécois. J'ai assisté à
l'étude des crédits du ministère des Finances. Mon
collègue de Gouin du temps a posé ces questions et des
réponses ont été obtenues, à sa grande satisfaction
d'ailleurs.
M. MORIN: M. le Président, pourquoi le ministre ne nous
produit-il pas les statistiques fiscales comme celles dont nous gratifie le
gouvernement fédéral?
M. HARVEY (Jonquière): Je l'ai dit ce matin. Au ministère
du Revenu québécois, en raison des taxes à la
consommation, en raison du nombre considérable de lois fiscales que nous
avons à appliquer, nous voulons présenter un système de
statistiques qui seront émises de façon régulière
concernant les individus et concernant les corporations. Nos systèmes
ont pour responsable le directeur de la recherche, de la planification et du
développement, M. Dompierre, il a fait un travail assez bien
réussi jusqu'à ce jour; et ce travail est actuellement fait en
consultation parmi ceux qui sont impliqués et comprend une foule
considérable de tableaux statistiques qui seront d'une très
grande utilité. C'est l'engagement que j'avais pris l'an dernier. Cela
c'est Safari I, qui va comprendre ce que signale le chef de l'Opposition, mais
il faut tout de même être sérieux et, pour gagner un mois,
deux mois ou trois mois, ne pas publier un document que nous regretterions
d'avoir publié.
M. MORIN: Oui.
M. HARVEY (Jonquière): II y a une question de
crédibilité dans la population. Il est également question
d'avoir un document valable.
M. MORIN: D'accord! Les statistiques de Safari I, si j'ai bien compris
le ministre, c'est pour le mois de juin.
M. HARVEY (Jonquière): On croit, d'ici le mois de juin, que nos
consultations seront terminées et que la vérification de
certaines données sera complétée.
M. MORIN: D'accord! Et Safari II, c'est pour quand?
M. HARVEY (Jonquière): On s'attend d'être en mesure de
compléter, au niveau des individus, Safari I, la consultation, au mois
de juin, mais il sera prêt pour publication, disons, cela ne veut pas
dire qu'il sera publié, à la fin de l'année 1974. Si on va
au II, au moment où on discutera le printemps prochain, on sera
probablement en mesure de dire que nous sommes prêts à publier I
et II. M. Gauvin a quelque chose à ajouter avant de...
M. MORIN: Oui.
M. HARVEY (Jonquière): Le projet Safari II dépend
naturellement du sous-système DECOR du système SMILE, parce que
le développement au sujet des corporations, c'est que nous allons mettre
éventuellement les corporations sur informatique, ce qui n'est pas le
cas actuellement.
M. MORIN: C'est fait pour les particuliers.
M. HARVEY (Jonquière): Nous l'avons pour les particuliers. Ce que
je vous ai présenté tantôt, c'est simplement une impression
de l'informatique que nous avons. Nous voulons travailler à cela. Pour
l'information des corporations, qui est la deuxième partie de Safari,
qu'on appelle Safari II, ceci pourra être fait et extrait lorsque nous
aurons mis sur informatique les renseignements pertinents.
M. MORIN: Et vous prévoyez ça pour 1976, vers 1976?
M. HARVEY (Jonquière): A peu près, parce que le
système va regrouper des sous-systèmes actuellement à
expérimenter. Prenez le sous-système MIDAS, qui est la
mécanisation intégrée des déductions à la
source, DECOR, le développement des corporations, TAXI, taxe
intégrée, ce sont tous des sous-systèmes à
l'intérieur du système SMILE, qui demandent à être
éprouvés et à être analysés avant d'en
arriver à commencer une étude sérieuse
d'expérimentation de Safari II.
Alors, en ce qui concerne Safari I, en raison de l'avancement de notre
système de mécanisation, nous sommes en mesure de vous dire qu'on
pourrait, avec assurance, publier effectivement quelque chose dans un an. Mais
Safari II, on ne pourra pas le faire beaucoup avant 1976 pour être
réaliste et...
Revenus des coopératives
M. MORIN: Bon! L'Opposition attend ces documents avec beaucoup
d'intérêt est-il besoin de le dire.
M. le Président, j'aimerais demander, maintenant, au ministre
quels sont les revenus escomptés ou les revenus perçus des
coopératives qui sont désormais obligées de se conformer
aux nouvelles exigences de la réforme fiscale.
M. HARVEY (Jonquière): Comme les déclarations ont
été reçues dans les six derniers mois de 1973, les
statistiques ne sont pas encore disponibles. Nous avons apporté
également il va falloir surveiller les statistiques de 1974
pour l'année 1973 en raison d'un amendement que nous avons
apporté à la demande du groupe du système
coopératif sur la taxation des ristournes parce que notre système
québécois était différent de celui de l'Ouest et il
pouvait y avoir... On nous a prouvé que, dans certains cas, il pourrait
y avoir double taxation.
M. MORIN : M. le Président, le ministre nous fait bien languir
parce que l'année dernière, le mardi 8 mai, dans le journal des
Débats, à l'étude des crédits du ministère
du Revenu, il est dit à la page B-1229: "M. Harvey (Jonquière):
Etant assujettis depuis l'an dernier seulement, nous serons en mesure de faire
des statistiques lors des prochains crédits, l'an prochain". Là,
maintenant, si je comprends bien, vous nous remettez à 1975.
M. HARVEY (Jonquière): Ecoutez, ce n'est pas possible de les
faire en raison du fait que tous les dossiers ne sont pas
complétés au point de vue de la vérification et au point
de vue de l'enquête.
M. MORIN: Est-ce que cela va être fait pour l'année
prochaine?
M. HARVEY (Jonquière): On n'a pas ça sur l'informatique,
non plus. Cela se fait manuellement.
M. MORIN: A la main.
M. HARVEY (Jonquière): Oui.
M. MORIN: Est-ce que le ministre peut nous dire quels sont les revenus
escomptés par son ministère pour les nouvelles taxes
imposées aux caisses populaires au Québec?
M. HARVEY (Jonquière): La même chose.
M. MORIN: Est-ce que l'année prochaine on aura ces chiffres?
M. HARVEY (Jonquière): Si on est obligé de le faire de
façon manuelle, je pense qu'avec ce qu'on est en train de mettre sur
pied comme statistiques, on a avantage à concentrer les ressources sur
l'avancement de nos sous-systèmes et de notre système de
statistiques nous permettant d'en arriver le plus rapidement possible on
a déterminé 1976 mais imaginez-vous quelles joies nous
aurions si nous étions capables de gagner cinq ou six mois en
évitant du travail manuel pour concentrer l'effort de nos
spécialistes sur les sous-systèmes et les systèmes que
nous sommes en train d'établir.
M. MORIN: Enfin, écoutez, je veux bien qu'on nous reporte encore
à l'année prochaine, mais je ne peux tout de même pas
oublier le fait que le ministre a pris un engagement le 8 mai 1973 pour
l'étude des présents crédits.
M. HARVEY (Jonquière): Mais il faut tout de même que le
chef de l'Opposition réalise une chose. Quand on regarde les effectifs
et les postes vacants à notre ministère et la difficulté
que nous avons de recruter, non pas des occasionnels pour pousser du papier,
mais des professionnels, il n'y a pas de doute que, si j'étais capable
de déterminer les 308 personnes que nous avons à engager au
ministère pour remplir le nombre des postes autorisés, eh bien,
je pourrais dire au chef de l'Opposition: Parmi X employés, je vais en
dégager de leurs fonctions habituelles pour leur faire faire du travail
de statistiques purement manuel pour être capable de donner, bien
sûr, jusqu'à ce que nos systèmes soient établis
à notre satisfaction, des renseignements susceptibles d'informer
davantage l'Opposition et même les membres du gouvernement, mais il faut
être réaliste.
C'est l'engagement des professionnels, les 308. Il se peut que nous
soyons capables de recruter seulement 80 à 100 personnes sur les 308
postes que nous avons de disponibles et à engager.
M. MORIN: Si, au moment d'obtenir des renseignements en commission, le
ministre nous
dit chaque année qu'il n'a pas le personnel, qu'il n'a pas les
renseignements...
M. HARVEY (Jonquière): L'an dernier, au moment où le
responsable, qui était le critique de l'Opposition, lors de
l'étude des crédits du ministère du Revenu, m'a
demandé de prendre un engagement, l'engagement a été pris.
Je pense que, quand on vous montre, qu'on vous rend un document public, que
j'ai remis à tous les membres de la commission, je vous donnais
exactement tout le travail que nous avons fait, celui que nous avons à
faire pour réaliser une chose que le gouvernement du Canada fait, une
statistique fiscale, valable, il faut bien réaliser aussi, toute la
complexité et la somme de travail que demande à notre
ministère la recherche de 308 professionnels pour compléter ses
cadres. C'est beau de surcharger des employés, mais ce sont toujours les
mêmes que nous surchargeons. Je suis bien d'accord qu'on peut commander
la fabrication de documents statistiques de façon manuelle, mais si je
devais faire le choix entre lancer les programmes que nous sommes en train de
préparer, une année plus tard, parce qu'on émettrait des
documents statistiques purement sur la base manuelle pour donner satisfaction,
avoir plus de renseignements sur une base purement temporaire, mon choix serait
d'accélérer l'objectif de vous donner un document, comme le
fédéral le fait dans sa juridiction et le nôtre concernant
la Loi des impôts et toute la gamme des lois fiscales que le
Québec a la responsabilité d'appliquer, spécialement mon
ministère.
M. MORIN: Est-ce que la difficulté de recrutement, qui vous vaut
quand même une déconvenue puisque vous n'êtes pas capables
de remplir cet engagement, n'est pas due en partie au fait que peut-être
vous n'offrez pas des salaires suffisants pour recruter le personnel
compétent? Parce que des économistes, il y en a. Il y en a
même peut-être qui sont en chômage.
M. HARVEY (Jonquière): Ce ne sont pas nécessairement des
économistes dont nous avons besoin. Il est sûr et certain...
M. MORIN: La formation économique est utile quand même.
M. HARVEY (Jonquière): C'est sûr que nous avons de la
concurrence dans le champ des postes à caractère régional.
Vous retrouvez des traitements supérieurs, parfois, aux normes
établies dans la fonction publique, sur des postes précis. La
qualité des gens, c'est un choix d'individus. Il y en a qui
préfèrent aller travailler pour l'entreprise privée, il y
en a qui préfèrent aller travailler pour le gouvernement
fédéral...
M. MORIN: Je veux bien croire, mais enfin...
M. HARVEY (Jonquière): ... d'autres pour des organismes à
caractère régional. CRSSS. Vous regardez le gars, qu'est-ce qu'il
fait? Il fait un travail qui est peut-être moins accaparant que chez
nous.
M. MORIN: Mais enfin, quand le ministre prend un engagement pendant le
débat sur les crédits, j'imagine que cela a une certaine
priorité dans son ministère.
M. HARVEY (Jonquière): La preuve, c'est que je viens de vous
donner pour les statistiques. Qu'est-ce qu'on a fait depuis l'an dernier alors
qu'on n'avait rien? On a fait plus qu'il ne s'est jamais fait dans le
Québec depuis que le Québec existe.
M. MORIN: Est-ce que le ministre pourrait faire faire cette recherche
sur les coopératives et les caisses populaires? Est-ce qu'il pourrait me
faire parvenir les chiffres à une séance subséquente,
peut-être?
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que le chef de l'Opposition
réalise bien, n'ayant pas de statistiques au ministère sur le cas
précis qu'il signale, les caisses populaires, les coopératives,
avec le système que nous avons au Québec de caisses populaires
sur la base paroissiale, les coopératives sur la base souvent
dédoublée des paroisses de villes et de villages, le nombre
d'heures considérable et de jours et d'accaparement pour le personnel
déjà surchargé dans des programmes pour lesquels nous
avons des échéanciers à respecter, quelle sorte de
commande il place au ministre du Revenu?
M. MORIN: Est-ce que le ministre se rendait bien compte, quand il a pris
cet engagement l'année dernière, de ce qu'il promettait?
M. HARVEY (Jonquière): Oui, et je vais vous dire bien
honnêtement que le choix que comme ministre, j'ai été
appelé à faire, sur la recommandation de ceux qui avaient eu les
deux commandes, soit de sortir une statistique pour publication le plus
rapidement possible et sur les coopératives, j'ai opté pour faire
un choix, et le choix, je l'ai fait sur une statistique qui sera
publiée, m'empêchant de donner partiellement un secteur, qui est
un secteur intéressant...
M. MORIN: Et important.
M. HARVEY (Jonquière): Et important. Nous le donnerons. J'ai
opté pour le faire donner dans notre document, plutôt que d'y
aller et d'engager un nombre très important d'hommes indispensables sur
les grands systèmes et les sous-systèmes que nous sommes en train
d'élaborer.
M. MORIN: Est-ce que le ministre a pu
établir des comparaisons entre le fardeau fiscal porté par
les Québécois et celui porté par les citoyens des autres
provinces?
M. HARVEY (Jonquière): Le ministre des Finances a fait une
déclaration, il y a quelques jours, et l'étude a
été faite par la direction générale des
études économiques et fiscales du ministère des Finances
et lui-même pourrait vous répondre à votre question. Dans
sa déclaration, il a mentionné qu'il était en mesure de
prouver que, dans la catégorie des petits salariés au
Québec, le fardeau fiscal était moindre au Québec qu'en
Ontario; il a mentionné cependant qu'une certaine catégorie de
citoyens, les célibataires, ont un revenu je ne voudrais pas
induire la commission en erreur ont un fardeau fiscal un peu plus
élevé qu'en Ontario, mais je ne voudrais pas l'identifier d'une
façon précise. Je sais qu'il s'agit de célibataires ou de
personnes mariées dont l'épouse travaillerait à un certain
niveau de salaire. Je dirais au chef de l'Opposition qu'il pourra avoir une
réponse précise à sa question parce que l'étude a
été faite, encore là, par le ministère des
Finances.
M. MORIN: Votre ministère n'en a pas idée?
M. HARVEY (Jonquière): On a fourni des données mais encore
là, cela partait des statistiques que nous avons données pour
l'indexation et qui permettaient également de comparer avec les
statistiques de l'Ontario, qui était...
M. MORIN: Cela touche quand même de près au
ministère du Revenu, cela.
M. HARVEY (Jonquière): Oui. Une partie des statistiques que nous
avons données ont servi à la direction générale des
études économiques et fiscales du ministère des Finances
pour en arriver à des conclusions, comme l'indexation, et comme pour la
question que vous posez, le fardeau fiscal comparatif avec celui de l'Ontario
ou des autres provinces.
M. MORIN: Alors, ce n'est pas votre tâche, à votre
ministère, de pouvoir informer la Chambre, de pouvoir informer l'opinion
publique sur la comparaison des fardeaux fiscaux.
M. HARVEY (Jonquière): Non. Pas du tout. La preuve, c'est que
j'ai eu à remplacer un de mes collègues à
l'émission Politique provinciale, récemment, et en traitant du
sujet, je partais du texte de mon collègue des Finances dans une
allocution publique en disant : Mon collègue des Finances
déclarait... respectant bien également sa juridiction et sa
responsabilité aux finances.
M. MORIN: Est-ce que le ministre est au courant que les affirmations qui
ont été faites en février par son collègue des
Finances vont à l'encontre des statistiques fédérales,
sont démenties par les statistiques fédérales?
M. HARVEY (Jonquière): Vous lui poserez la question. Il a dit
qu'il serait prêt en n'importe quel temps à faire la preuve de ce
qu'il a avancé, partant des études de la direction
générale des études économiques et fiscales.
M. MORIN: Et vous, vous n'en avez pas la moindre idée?
M. HARVEY (Jonquière): J'en ai une idée, j'ai la
même idée que mon collègue aux Finances, partant des
rapports qui lui ont été donnés par sa direction
générale des études économiques et fiscales. Je
suis solidaire avec lui là-dessus.
M. MORIN: Quand la méthode de calcul utilisée inclut les
allocations familiales versées par le Québec au même titre
qu'un crédit d'impôt, est-ce que le ministre du Revenu est
d'accord sur cette méthode là?
M. HARVEY (Jonquière): Comment appelez-vous un salarié, un
contribuable marié qui a huit enfants et dont l'épouse
reçoit mensuellement une somme d'argent en provenance d'un programme du
ministère fédéral de la Santé et du Bien-Etre
social et des Affaires sociales du Québec, un montant d'argent qui
représente des milliers de dollars non assujettis à
l'impôt?
M. MORIN: Ce n'est pas un paiement de transfert, cela?
M. HARVEY (Jonquière): On peut jouer sur les mots, mais on
pourrait dire que c'est un genre de crédit d'impôt. En Ontario, on
le fait.
M. MORIN: Oui, oui.
M. HARVEY (Jonquière): En Ontario, le fait d'allouer une partie
de l'impôt foncier pour des contribuables, des propriétaires de
résidences, des locataires... J'ai entendu certains membres du cabinet
ontarien parler de crédits d'impôt au sujet de... Un crédit
donné sur une taxe payée à un autre palier de
gouvernement.
M. MORIN: C'est un jeu de mots. Est-ce que ce n'est pas le ministre qui
le fait, le jeu de mot, justement?
M. HARVEY (Jonquière): Pas plus moi que le chef de l'Opposition.
Fiscalement parlant...
M. MORIN : Est-ce que le ministre connaît les données du
ministère fédéral des Finances, dans le domaine de la
comparaison, entre le fardeau fiscal des citoyens des autres provinces et ceux
du Québec?
M. HARVEY (Jonquière): Moi, personnellement, je n'ai pas le
rapport, mais il n'y a pas de doute que mon collègue des Finances, dont
les membres de son comité sont constamment en relation avec...
M. MORIN : Oui.
M. HARVEY (Jonquière): ... leurs homologues
fédéraux...
M. MORIN: Au ministère du Revenu, cela ne vous intéresse
pas?
M. HARVEY (Jonquière): On a des relations avec le
ministère du Revenu du Canada pour d'autres fins, et avec les officiers
du ministère du Revenu de l'Ontario pour d'autres fins. L'exemple, c'est
que tout récemment, nous avons signé des ententes avec chacun des
ministres du Revenu ou Finances des autres provinces, dans le champ de
l'application des lois fiscales, exactement à l'intérieur du
mandat qui est le nôtre, avec les approbations que nécessite le
système administratif du gouvernement québécois,
c'est-à-dire l'approbation du ministère des Affaires
intergouvernementales. C'est à l'intérieur de notre mandat et de
nos responsabilités.
M. MORIN: Est-ce que le ministre va faire faire une étude
comparative du fardeau fiscal des québécois avec ceux des autres
provinces?
M. HARVEY (Jonquière): C'est fait, et c'est le ministre des
Finances qui est responsable de cela, et c'est lui qui l'a fait faire. Je ne me
suis jamais mis devant le fait de me faire dire par un collègue: La
responsabilité, à l'intérieur de mon mandat, c'est cela.
Je ne fais pas, moi, ce que les autres doivent faire. J'essaie de faire bien et
rapidement ce que mon mandat, comme ministre du Revenu, me commande de
faire.
M. MORIN: Et votre mandat...
M. HARVEY (Jonquière): Ce que vous demandez, ce n'est pas dans
mon mandat.
M. MORIN: Votre mandat, comme ministre du Revenu, ne consiste pas
à éclairer la Chambre et les contribuables sur une comparaison
entre leur fardeau fiscal...
M. HARVEY (Jonquière): Mon mandat...
M. MORIN: ... et celui que portent les citoyens des autres
provinces.
M. HARVEY (Jonquière): Mon mandat me force à
éclairer les contribuables, les membres de la Chambre d'abord, sur les
difficultés ou sur les améliorations que je désirerais
voir apporter dans le champ de l'application des lois fiscales, et
également, par la voie du processus de consultation établi avec
le ministère des Finances, lequel ministère est responsable de la
politique fiscale, faire nos recommandations à l'intérieur d'un
cadre donné. Le tout est référé au comité de
législation, sous l'autorité du ministère de la Justice et
pour choix, soit politique ou économique, à faire, au cabinet
provincial. Je n'ai pas à me reprocher d'avoir négligé une
des responsabilités qui sont les miennes, la première ou la
deuxième.
M. MORIN: M. le Président, dans un article paru dans le journal
Le Devoir, le 5 octobre 1973, un M. Bourdon, qui est secrétaire de la
section du revenu du syndicat des fonctionnaires provinciaux, nous apprenait
qu'à chaque élection il existait une tactique rigoureusement mise
en vigueur qui consiste à ne pas expédier aux
Québécois qui sont, peut-être, en défaut de paiement
de leurs impôts, de demande de déclaration d'impôt.
Ce fonctionnaire avait déclaré, vers le 5 octobre,
c'est-à-dire, au début de la campagne électorale, que, de
cette date au 30 octobre, c'est-à-dire, au lendemain de la campagne
électorale, aucun Québécois ne devait recevoir de demande
de production de déclaration d'impôt, non plus que de mise en
demeure ou sommation. Est-ce que le ministre est au courant de cette
pratique?
M. HARVEY (Jonquière): Je suis au courant de cet article.
Imaginez jusqu'où la naiveté aurait pu conduire le ministre du
Revenu s'il s'était amusé à cet article, et non à
cette tactique, s'il n'avait pas, lui-même, été dans
l'obligation de réaliser, le même jour où j'ai pris
connaissance de l'article de M. Bourdon, que, dans mon propre comté,
parce qu'il fallait que je me fasse élire, 34 employés de la
commission scolaire d'Arvida et je l'affirme à la commission,
parce que c'est vérifiable 34 employés de la commission
scolaire d'Arvida, dans mon comté, ont reçu des avis de nouvelles
cotisations. Examinez l'ampleur, pour des salariés, de plusieurs
centaines de dollars parce que, les années précédentes,
des paiements pour congés de maladie leur avaient été
payés, en raison d'un changement dans la convention collective ou
d'allégeance syndicale. Croyez-vous que j'aurais été assez
stupide pour dire: On établit une pratique, on a cette tactique durant
la période électorale, et puis, dans mon comté, alors que
j'avais une élection et le chef de l'Opposition le sait
assez difficile, avec des problèmes locaux, j'aurais été
assez cave pour ne pas le faire appliquer dans mon comté? Une des
affirmations de l'article, également, à l'effet que les dates
apparaissant... Au moment où le document sort de l'ordinateur, il y a un
examen visuel, et comme une pénalité ou une procédure est
établie à partir de dix jours de l'expédition de ce
document, si un document sort de l'ordinateur le 6 octobre et qu'il est
posté, après l'examen visuel, le 15 octobre, si la date du 6
n'était pas changée à la plume pour le 15, les
procédures judiciaires pourraient être entamées, le
processus, à compter du 16, le lendemain avant même que l'individu
l'ait reçu. Alors, il s'agit d'un article à sensation,
probablement suscité par un individu qui a le privilège, et
je
respecte son choix, d'avoir donné des commentaires susceptibles
de nuire à un parti politique et d'avantager un autre parti dans une
période électorale.
M. MORIN: M. le ministre, si je comprends bien, ni vous, ni aucun de vos
grands commis autour de vous, n'avez donné une telle directive
verbale?
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, moi, je ne
voudrais pas prendre la responsabilité, à travers un groupe
d'employés, qui sont les miens, des paroles qu'ils peuvent prononcer. Ce
que je peux affirmer, ici, ce matin, c'est qu'en tant que ministre du Revenu,
dans l'ordre hiérarchique, je n'ai jamais demandé à mon
sous-ministre, ou à ses deux adjoints qui sont en charge des deux grands
secteurs de vérification et d'opération, de diminuer le rythme ou
d'adopter une politique entre le 25 septembre, date de l'émission des
brefs, et le 29 octobre 1973. Au contraire...
M. MORIN: Vous ne l'avez pas fait vous-même.
M. HARVEY (Jonquière): ... depuis que je suis titulaire du
ministère du Revenu, tout ce que j'ai demandé à mon
sous-ministre et à ses adjoints, c'est de me signaler le plus rapidement
possible, dans n'importe quel dossier, tout problème politique pouvant
survenir, et c'est d'une façon régulière qu'on l'a fait,
et très peu nombreuse. Je laisse, cependant, entière
liberté à mes collègues députés de signaler
des griefs au cabinet du ministre, et c'est par un processus
hiérarchique qu'ils sont soumis à mon sous-ministre et, par la
suite, aux individus en responsabilité dans le ministère pour
éviter de politiser un secteur qui a besoin de toujours être
conservé à l'abri de l'infiltration politique.
Mais il arrive également que le sous-ministre, après avoir
examiné les dossiers, à la suite des griefs, en vient à la
conclusion qu'il y a eu erreur ou qu'il n'y a pas une délinquance
chronique soit d'un mandataire ou d'un individu et fait des recommandations au
ministre dans un sens ou dans l'autre.
Ce que le chef de l'Opposition vient de signaler est un peu comme si je
déclarais, en tant que militant d'un parti, que j'ai vu le premier
ministre et qu'il m'a dit que c'est du placotage.
M. MORIN: Pourtant ce fonctionnaire déclarait que cette pratique
est rigoureusement mise en vigueur et que, cette fois, les fonctionnaires se
plaignaient d'être paralysés dans leur travail administratif,
lequel n'avait évidemment rien d'électoral.
M. HARVEY (Jonquière): Quelquefois on réalise qu'ils se
paralysent eux-mêmes.
M. MORIN: Vous n'avez donc eu aucune plainte de vos employés
durant cette période à l'effet que leur travail était
paralysé par une directive verbale?
M. HARVEY (Jonquière): Personnellement non. Mon sous-ministre
répond qu'il n'y a pas eu de plainte. J'ai été moins
souvent présent au ministère du Revenu entre le 25 septembre et
le 29 octobre. D'ailleurs vous demanderez...
M. MORIN: Vous niez donc que...
M. HARVEY (Jonquière): ... à vos confrères
candidats. Dans les 17 comtés où je suis allé, ce n'est
pas ma faute si on a manqué notre coup à Chicoutimi.
M. MORIN: Si je comprends bien, M. Harvey, vous niez
catégoriquement les déclarations de M. Bourdon?
M. HARVEY (Jonquière): Je nie, et j'affirme, au contraire, qu'une
des personnes et un des députés les plus affectés, en
raison d'une méthode comptable qui avait été
utilisée pour repartir du revenu distribué à
l'intérieur de mon propre comté à des employés du
secteur parapublic s'est même présenté durant la
période électorale, que le processus d'avis de nouvelles
cotisations a affecté un nombre considérable de mes propres
électeurs, dont mon organisateur en chef. On dit qu'on a de la
satisfaction d'être un homme public et c'est là que f ai
réalisé que j'ai probablement une des organisations politiques
les moins accaparantes du Québec parce qu'aucun n'est venu me voir pour
que je tente de diminuer ou d'amoindrir les exigences du ministère
à leur endroit d'avoir le plus rapidement possible à produire un
avis d'opposition en payant la somme réclamée ou de prendre un
arrangement dans les plus brefs délais pour payer les sommes
réclamées.
M. MORIN: Le ministre peut affirmer qu'aucun de ses
collègues...
M. HARVEY (Jonquière): Un instant. Je vais plus loin. Dans la
même journée, mon sous-ministre me rappelle que, dans un autre
quotidien du Québec, vous pouvez lire une nouvelle disant que nous
poursuivions un ou deux individus pour fraude fiscale. Essayez de balancer une
nouvelle semblable! Je comprends que le type qui l'a donnée a des
responsabilités au point de vue syndical. Il a également le
privilège d'avoir une option politique que je respecte, mais comment
voulez-vous qu'on ait eu, parallèlement à cela, poursuite pour
fraude fiscale d'individus devant les tribunaux et dans leur propre
comté, comme député titulaire du ministère, une
opération différente?
M. MORIN: Le ministre affirme qu'aucun de ses collègues du
cabinet n'aurait donné une directive verbale comme celle-là?
M. HARVEY (Jonquière): Non. Il n'y a aucun de mes
collègues, au ministère, qui donne des ordres, chez moi.
M. MORIN: Même à l'insu du ministre?
M. HARVEY (Jonquière): Pour les appels
téléphoniques et les demandes d'information, mon sous-ministre me
dit: Votre collègue m'a appelé pour une information. Je lui ai
donné telle ou telle information. Cela se fait dans un esprit
d'équipe, de camaraderie. Il n'y a pas d'instructions. S'il formule des
voeux, mon sous-ministre me demande : Que pensez-vous de telle suggestion faite
par votre collègue? Quand elle n'a pas de bon sens, je m'asseois avec
lui, je lui parle et je lui fais comprendre que cela n'a pas de sens. C'est
comme pour le chef de l'Opposition quand il veut parler de l'assiette fiscale.
Je lui dis que cela n'a pas de sens dans l'application.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que vous avez terminé sur ce
point.
M. MORIN: Sur ce point, oui.
M. HARVEY (Jonquière): Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): On pourrait ajourner la séance?
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, est-ce que je
pourrais suggérer d'ajourner la séance sine die?
LE PRESIDENT (M. Picard): D'accord, mais on n'a pas d'ordre de la
Chambre.
M. HARVEY (Jonquière): On va attendre encore. On verra cela
après.
M. MORIN: Tout de même, M. le Président, est-ce qu'on peut
avoir une idée de ce que...
M. HARVEY (Jonquière): Sur la motion de l'ajournement, vous avez
le droit de parole.
LE PRESIDENT (M. Picard): Lorsque l'Assemblée nationale
siège, il n'y a qu'une commission qui peut siéger.
M. MORIN: Oui, je sais. C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): Cet après-midi, c'est le
ministère de la Justice. Ce soir, c'est le ministère des Affaires
sociales.
M. MORIN: Normalement, nous devrions revenir en commission d'ici
quelques jours au maximum.
LE PRESIDENT (M. Picard): Possiblement, vendredi matin à dix
heures.
M. MORIN: Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le séance est ajournée sine
die.
(Fin de la séance à 13 h 11)
Reprise de la séance à 16 h 15
M. PICARD (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission des finances, des comptes publics et du revenu continue,
cet après-midi, l'étude des crédits du ministère du
Revenu.
L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: Seulement une courte phrase et je passe la parole à mon
collègue. Je voulais simplement dire que la 'raison pour laquelle le
chef de l'Opposition ne pouvait pas être présent cet
après-midi ici, c'est qu'il est parti avec le premier ministre aux
funérailles de M. Pompidou, en France. Donc, il ne pourra pas venir cet
après-midi. Je le remplace subito presto. Etant donné que c'est
lui qui s'occupait spécialement de ces crédits, je
préférais être accompagné pour obtenir des
détails supplémentaires. Le chef de l'Opposition ne sera pas
présent, pour une raison majeure. On ne peut pas s'attendre qu'il va
venir dans une demi-heure ou dans une heure, il ne sera pas là
aujourd'hui. Je voulais que la commission soit au courant de cela. C'est la
raison pour laquelle je ne voulais pas commencer avant que nous ne soyons tous
équipés.
Alors, je remets la parole au député.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Bellechasse.
Perception de la taxe dans les brasseries
M. MERCIER : M. le Président, ma question s'adresse
évidemment au ministre du Revenu, M. Harvey, et c'est dans le but de
préciser certaines informations, quant à la perception de
certaines taxes. On sait que le ministère du Revenu a une structure
assez bien organisée pour la perception des impôts et des taxes.
Le ministre a contribué largement, par ses politiques, à
organiser un ministère efficace sur ce plan. Il est survenu, au cours
des dernières années, particulièrement depuis deux ou
trois ans, l'avènement de brasseries au Québec et dans plusieurs
villes de la province. J'ai eu, peut-être pas en quantité, mais
quelquefois l'occasion de pénétrer dans ces établissements
et de constater que, dans certains d'entre eux où l'on sert non
seulement de la bière, mais également les repas, on ne facturait
pas le client comme tel, mais tout simplement, on nous informait du montant
qu'on devait, sans pour autant avoir un document particulier, soit une facture,
nous signifiant le montant dû. Par le fait même, une interrogation
est venue à mon esprit, à savoir de quelle façon ces
établissements pouvaient remettre un montant X de taxe sur les repas ou
sur les sommes perçues de la clientèle visitant ces
établissements.
Quels sont les moyens de contrôle du ministère du Revenu?
Est-ce qu'il a été alerté de cette situation? Si oui,
est-ce qu'une action a été entreprise dans ce sens?
M. HARVEY (Jonquière): Tout d'abord, je remercie le
député de Bellechasse de sa question. Cela me permet
d'établir dès le départ que, pour le genre
d'établissements qu'il vient d'identifier, bien que ces
établissements soient relativement nouveaux, il reste qu'on
préfère naturellement utiliser une méthode de
vérification qui est assez rapide, qui nous réfère
à des livres comptables, ou à un "break-down", qui nous donne en
détail les opérations des articles vendus, soit les articles
imposables et non imposables.
Par exemple, dans les établissements que vous venez de
mentionner, la bière en fût n'est pas imposable. C'est en vertu
d'autres dispositions ou d'autres lois que ce genre de produit est
imposé par des droits aux brasseurs. Il n'y a pas de taxe à la
consommation, dans les établissements mentionnés.
Cependant, nos méthodes de vérification nous permettent de
détecter parce que ces gens-là achètent et
nous avons des systèmes nous permettant d'établir combien, par
exemple, l'achat de tel produit revendu amène de ventes. Ce sont eux,
généralement, qui sont les plus mal pris, quand nous passons pour
la vérification, d'avoir le fardeau de la preuve de mettre en doute
l'avis de cotisation qui peut suivre une visite d'un de nos agents
vérificateurs. Par la voie du service des oppositions et appels, ils
sont dans l'obligation de déposer immédiatement les montants
réclamés et de fournir des faits nouveaux, ou des faits prouvant
que notre vérification n'est pas exacte, et quand un
établissement procède de la façon que vient de
décrire le député de Bellechasse, ce n'est jamais à
son avantage et généralement toujours à son
désavantage.
Alors, il est bien sûr que la question est à point,
ça nous permet de faire de l'éducation pour dire qu'en 1974, quel
que soit le genre d'entreprises qu'on ait au Québec, étant le
mandataire du ministère du Revenu pour toute vente effectuée, on
est mieux d'avoir d'excellents livres comptables pour pouvoir identifier
rapidement à nos vérificateurs les transactions, parce que,
autrement, nous avons des systèmes nous permettant de cotiser de
façon adéquate les intéressés.
M. MERCIER: Merci, M. le ministre.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lafontaine.
Double rapport d'impôt
M. LEGER: M. le Président, je veux d'abord demander au ministre,
concernant le fait qu'il y a eu une réforme fiscale
fédérale, à laquelle a dû s'adapter et même
amener des corrections dans la façon de taxer le ministère du
Revenu, s'il y a effectivement des inconvénients reliés à
la présence de deux ministères du
Revenu taxant la même assiette fiscale chez le citoyen. Exemple:
le citoyen qui peut envoyer deux rapports d'impôt s'imaginant que c'est
la même chose, un au fédéral et un au provincial. Est-ce
que ça amène des...
M. HARVEY (Jonquière): Ce n'est pas la même loi.
M. LEGER: ... conséquences, des retours de formules, des lenteurs
administratives, du fait qu'il y a quand même une différence dans
les deux rapports, au fédéral et au provincial?
M. HARVEY (Jonquière): Ce sont deux lois différentes. Je
vous donne un exemple précis, au niveau des enfants de 0 à 16
ans, dans le domaine des exemptions, vous n'en avez pas chez nous et vous en
avez à Ottawa. Ce sont deux lois différentes et pour les
assujettis, d'après l'expérience que nous avons depuis que
ça existe et depuis plusieurs années, il n'y a aucun retard
apporté du fait que le contribuable fait deux rapports d'impôt, en
vertu de deux lois différentes.
M. LEGER: Je me rappelle fort bien, cependant, que des amis...
M. HARVEY (Jonquière): Au niveau de l'interprétation, si
vous posez la question, ce n'est pas une question d'assiette du tout; c'est une
question de formulaire. Il y a des questions qu'on retrouve dans la formule
fédérale, bien sûr: Etes-vous un citoyen du Québec?
Vous êtes traité en fonction d'une manière parce qu'on
perçoit nous-mêmes les impôts sur le revenu et il y a une
entente entre les deux ministères pour le remboursement des montants
payés au fédéral qui reviennent au Québec. Il est
sûr et certain que, l'Ontario et les autres provinces souffrent de
ça parce que toutes les fois qu'il y a un amendement qui est
apporté, si vous prenez l'indexation comme exemple vous irez
demander à M. Scherniac s'il aime bien cela; vous irez le demander aux
autres ils n'ont pas le choix, tandis que nous, nous avons
conservé, parce que nous avons notre loi, la marge de manoeuvre nous
permettant de faire des choix et c'est ce que nous avons fait.
M. LEGER: Ma question était beaucoup plus pour celui qui a
à rédiger deux rapports d'impôt à deux gouvernements
différents. Exemple: je sais que les comptables agréés
étaient bien embarrassés de voir qu'il y avait deux façons
différentes, contrairement aux années précédentes,
de fonctionner. Alors, chez ceux qui n'ont pas de comptable, n'y a-t-il pas eu
des complications chez des citoyens qui disaient que c'est plus
compliqué parce que ce n'est pas pareil dans les deux cas?
M. HARVEY (Jonquière): On n'a pas plus d'erreur. La moyenne
d'erreurs, chez nous, à
comparer avec le gouvernement fédéral, n'est pas plus
élevée et nos guides d'impôt qui accompagnent le formulaire
permettent à n'importe quel citoyen qui veut réellement faire
l'effort de lire le guide pour l'aider à remplir son formulaire, de le
faire sans erreur.
M. LEGER: Mais pouvez-vous dire par là que vous avez moins de
problèmes aujourd'hui que vous en aviez avant?
M. HARVEY (Jonquière): On n'en a pas plus qu'avant.
Naturellement, en quantité, il y a le nombre de contribuables. Prenez,
par exemple, avec une moyenne de 128,000 l'an dernier, environ 130,000
emplois nouveaux il y a eu en fait plus de formules. Il peut y avoir,
globalement, un peu plus de contribuables à qui on a demandé des
informations additionnelles mais, en pourcentage, ça n'augmente pas.
M. LEGER: Le petit message commercial est passé en même
temps; je remercie le ministre.
M. HARVEY (Jonquière): Et c'est pour ça qu'on augmente le
nombre de bureaux pour donner de l'information davantage dans le
territoire.
M. LEGER: Oui, oui. C'est parce que le ministère, je pense, avait
comme objectif, je voyais un article de la Presse qui disait que, comme
objectif à long terme, le gouvernement envisage la rédaction d'un
code du revenu du Québec, c'est-à-dire un texte qui
réunirait en un seul texte une seule et même loi, toutes celles
dont l'administration est actuellement confiée au ministère du
Revenu.
C'est donc dire qu'il y a plusieurs services qui sont un petit peu
écartelés. Ce qui fait que les comptables ou les citoyens peuvent
avoir des problèmes de ce côté-là.
M. HARVEY (Jonquière): Le ministère du Revenu administre
plusieurs lois. Il y a des lois à l'impôt sur le revenu, d'autres
à la consommation. Par le passé, par exemple, ces lois
étaient administrées d'une façon différente, d'une
façon autonome, je pourrais dire, et il y avait des dispositions
administratives et coercitives différentes d'une loi à l'autre,
en dépit du fait que c'était un ministère qui administrait
les mêmes lois, souvent sur le même contribuable ou le même
mandataire.
C'est la raison pour laquelle on a pensé avoir un code du revenu.
Si vous avez remarqué la réforme fiscale et les amendements qui
ont été apportés par le gouvernement au texte fiscal
depuis quelques années, vous avez remarqué qu'il y avait un
objectif qui était d'uniformiser les mesures administratives, les
mesures coercitives de façon qu'elles puissent s'appliquer d'une
même façon, pour toutes les lois. C'est la raison pour laquelle la
Loi du ministère du Revenu a été également celle
qui a accaparé certaines dispositions qu'on retrouvait dans les
différentes lois auparavant, et on les a placées sous la Loi du
ministère du Revenu, de façon que le contribuable sache que quand
il transige avec le ministère du Revenu et fait telle, telle chose, que
ce soit sous le vocable d'une loi ou d'une autre, voici les
inconvénients et les avantages.
C'est dans cette optique que je disais ce matin que le code du revenu a
atteint sa première phase dans le sens que nous avons essayé de
centraliser dans une même loi des dispositions communes aux autres lois.
Deuxièmement, quant au code de la Loi sur les impôts, si vous
l'avez remarqué, déjà sa présentation est uniforme,
dans le sens que nous avons la loi proprement dite, nous avons les
règlements qui s'identifient à l'article de loi en question, de
façon à avoir une référence plus facile. Nous
allons éventuellement avoir le formulaire de la même façon
et ensuite, comme troisième étape, nous aurons également
les lois à la consommation qui seront adaptées au même
ordre d'idées et à la même structuration.
Toutefois, ça ne touche pas le texte proprement dit. C'est
simplement la présentation, de façon que, éventuellement,
nous ayons une brique et que ce soit le code du revenu du Québec y
incluant le texte de loi comme des codifications administratives, les
règlements, les tables de matières, les formulaires et
éventuellement aussi possiblement des interprétations ou encore
des informations qui pourront être utiles à tous ceux qui doivent,
à l'extérieur du ministère, administrer ou appliquer les
lois.
M. LEGER: Autrement dit, ils n'auront qu'un endroit pour aller chercher
une réponse à une préoccupation sur le revenu.
M. HARVEY (Jonquière): C'est ça. C'est là le but
visé, c'est ce à quoi je faisais allusion dans ma
présentation à la "Tax Foundation" l'année
passée.
M. LEGER: Alors, ce sera le code Gauvin quoi?
M. HARVEY (Jonquière): Du ministère du Revenu.
M. LEGER: Non, je faisais une boutade, c'est qu'à
l'Assemblée nationale on demandait le dépôt du rapport
Gauvin. On nous a dit le 30 avril, vous n'avez pas de copie avec vous?
M. HARVEY (Jonquière): Je ne sais pas de quel rapport Gauvin on
voulait parler, mais il y en a un aux Institutions financières aussi. Il
y a deux Gauvin.
M. LEGER: Ce n'est pas le même? Ce n'est pas le même projet
Gauvin?
M. HARVEY (Jonquière): Vous vous trompez.
M. BACON : Le député de Lafontaine est perdu.
M. LEGER: Cela aurait pu arriver; si quelqu'un peut faire un code de
cette envergure, il aurait pu faire un rapport sur l'assurance-automobile.
M. LEDUC: Le rapport Gauvin, c'est Jean-Louis Gauvin, c'est un
actuaire.
M. LEGER: D'accord.
M. HARVEY (Jonquière): II faut prendre garde dans les noms de
famille qui se ressemblent. Ce n'est même pas pareil.
M. LEGER: II y a un Lionel Harvey qui est présent à la
commission des caisses d'entraide économique. Cela, c'est très
parent avec le ministre.
M. BACON: Imaginez-vous ce que ça peut donner dans d'autres
domaines quand on fait des choses comme ça.
M. LEGER: C'est ça. Alors, M. le Président, le ministre
tantôt a donné un exemple...
M. BACON: Heureusement qu'il y a quelqu'un derrière vous.
Autrement, ce serait épouvantable.
M. LEGER: ... d'exemption pour des enfants pour une taxe à seize
ans. Vous avez parlé de ça tantôt. Et ça me permet
justement d'énoncer une préoccupation que j'avais, des enfants
qui achètent des souliers ou certains vêtements, et qui sont
exempts de taxes sur leurs souliers.
M. HARVEY (Jonquière): En raison de leur pointure et non de leur
âge.
M. LEGER: C'est cela. A ce moment-là, est-ce qu'il n'y a pas
moyen de trouver des solutions pour des enfants qui sont beaucoup plus grands
que leur âge et qui ont réellement un âge inférieur?
La famille a les mêmes problèmes.
M. HARVEY (Jonquière): Je vais répondre exactement
à tous ceux qui nous ont écrit, tous ceux qui se sont
préoccupés de cette chose-là: Amenez-nous une formule,
pour qu'on puisse également la contrôler, autre que celle qui ne
couvre pas des cas d'exception. Bien sûr, il y a des jeunes filles ou de
jeunes garçons qui sont précoces à douze ans, qui
utilisent des pointures adultes. Par contre, vous avez également cette
chose-là contrebalancée par certaines personnes adultes qui
s'habillent chez les jeunes.
M. LEGER: Oui, mais c'est l'inverse, en réalité. Le
problème est pour ceux qui ont des enfants en bas âge.
M. HARVEY (Jonquière): On n'a jamais eu une formule plus valable
que celle utilisée, et également contrôlable.
M. LEGER: Est-ce parce que la taxe est contrôlée sur la
quantité...
M. HARVEY (Jonquière): C'est cela, c'est une question...
M. LEGER: ... de souliers achetés de cette
pointure-là?
M. HARVEY (Jonquière): ... de contrôle. En y allant par la
pointure, le contrôle est plus facile, moins tracassant pour ceux qui
font commerce afin d'être bien sûr que la vérification est
intelligente. Il faut penser au mandataire aussi. D'accord, on le compense
moyennant une petite rémunération, mais ça ne paie pas
tous ses coûts, les rapports et tout ce qu'il a à faire pour nous
autres. Cela prend une base pour avoir un certain contrôle. C'est la
pointure qui s'est avérée la meilleure formule. Si vous en avez
une autre, donne-la-nous, on va l'étudier.
M. BACON: Cela ne nous...
M. LEGER: C'est parce que je présume que le député
de Trois-Rivières, quand il était jeune, a dû être
obligé de payer parce qu'il devait être plus gros que les enfants
de son âge.
M. BACON: Les pieds, ça ne va pas à la grosseur, à
la grandeur!
M. LEGER: M. le Président, puisqu'on est sur la question du
contrôle de la taxe, comment, dans les restaurants ou les hôtels,
avez-vous le contrôle de la taxe perçue par le restaurateur ou
l'hôtelier sur la nourriture? Il y a des restaurants, comme vous le
savez, qui ne font pas de facture ou qui tiennent cela sur papier, où on
paie à la caisse. Comment faites-vous cette vérification?
M. HARVEY (Jonquière): Je viens de répondre. La question
que vous me posez, c'est la même réponse que j'ai donnée au
député de Bellechasse. A la minute où quelqu'un fait une
vente, dans le Québec, il est assujetti, il devient mandataire et son
obligation est de demander un permis chez nous pour vendre parce qu'il y a une
des lois des taxes à la consommation qui s'applique. Si c'est un
restaurant, vous pouvez avoir, dans ce restaurant-là, des
catégories de taxes qui s'appliquent comme, par exemple,
repas-hôtellerie. Je pense que, pour l'exemple que vous donnez, c'est la
taxe repas-hôtellerie.
En étant mandataire, encore là, s'il n'a pas une
excellente comptabilité, celui qui est le plus mal pris, ce n'est pas le
ministère parce que nos systèmes nous ont permis, au cours des
dernières années, de diminuer la période. On peut dire
qu'en moyenne, des établissements, en vertu de
toutes les taxes à la consommation existantes, passaient
jusqu'à dix ans avant d'avoir de la visite une deuxième fois.
Cela a été réduit considérablement. Je
m'aperçois, par la correspondance que je peux avoir et les
vérifications que je peux faire, par les rapports que je peux demander
à mes sous-ministres, que cette période-là a
été réduite à quatre ans, à trois ans et
à deux ans, selon l'importance des transactions effectuées.
C'est donc dire que ceux qui n'ont pas de livre comptable convenable
s'exposent à être dans l'obligation, à la suite de la
vérification qui est faite par nos agents de gestion financière
ou nos agents vérificateurs, d'avoir le fardeau de la preuve contre les
avis que nous émettrons contre lui. A ce moment-là, la meilleure
façon de payer uniquement ce qu'on doit, d'éviter des
pénalités, de l'intérêt, c'est d'avoir d'excellents
livres comptables. Mais on n'est pas organisé pour faire la police et
prendre un commerçant par la main, lui installer un journal-caisse
et...
M. LEGER: Cela ne paraît plus sur...
M. HARVEY (Jonquière): Au fait, il fait des achats...
M. LEGER: ... les fiches de caisse.
M. HARVEY (Jonquière): ... et nos méthodes de
vérification...
M. LEGER: II y a une moyenne.
M. HARVEY (Jonquière): ... qu'on peut utiliser selon le genre de
mandataire à qui on a affaire. Nos gens sont assez professionnels, comme
le disait ce matin un de mes sous-ministres adjoints, le sous-ministre adjoint
à la vérification, pour être capables de procéder
à une vérification, en utilisant leurs talents professionnels de
vérificateurs, pour en arriver à bâtir des avis de
cotisation qui sont défendables, même si le contribuable
affecté voulait nous tramer devant les tribunaux pour les contester.
Restaurants et clubs
M. LEGER: Maintenant, encore dans le domaine du restaurant et du club ou
du restaurant qui vend de la boisson alcoolique, le ministre est sans doute au
courant de l'habitude qui s'est créée dans ce milieu. Qu'est-ce
qu'il peut faire pour corriger cela? Il y a des restaurants où les
pourboires sont tellement nombreux que les restaurateurs se servent de
l'attrait du travail qui est offert pour falsifier le salaire de
l'employé. Ils ne paient pas l'employé au salaire minimum, ne lui
paient même pas de salaire et souvent demandent à cet
employé de payer un salaire pour avoir la fonction et, à ce
moment, la personne remplit une fausse T-4. Les restau- rateurs qui vendent de
la boisson savent que l'employé va se faire tel montant de profit en
revenu provenant des pourboires, et l'employé est obligé, sinon
il n'aurait pas l'emploi, de signer une T-4 disant qu'il a reçu un
salaire de, je ne sais pas, $25, $35, $40 par semaine, qu'il n'a pas
reçu. Souvent il a payé lui-même le restaurateur pour avoir
l'emploi et, à ce moment, le restaurateur, lui, met dans ses revenus ou
dans ses dépenses le salaire d'un employé; c'est la seule
façon dans le milieu je dis bien le "milieu" d'avoir un
emploi, sinon l'employeur ne l'engage pas. Est-ce qu'il a déjà
fait une enquête là-dessus?
M. HARVEY (Jonquière): Pour nous autres, il y a uniquement un
moyen, c'est que, quand nous avons une dénonciation ou encore un avis
qu'il peut y exister de la fraude fiscale, on entre rapidement en
protégeant la source, l'informateur. D'abord, est-ce que vous n'admettez
pas qu'une personne... Dans n'importe quel genre de transaction, quel que soit
le système fiscal en vigueur, au niveau de son application, si les
citoyens concernés acceptent de dire qu'ils ont eu tel salaire,
eux-mêmes sont à blâmer d'abord. Mais s'ils sont dans un jeu
et qu'ils les dénoncent, sur des dénonciations, je ne me souviens
pas qu'on n'ait pas marché. Nous avons des causes pour fraude fiscale en
processus.
M. LEGER: Avez-vous eu beaucoup de dénonciations?
M. HARVEY (Jonquière): Nous en avons eu, mais il y a une chose
qui est certaine: si moi, personnellement, je dois $150 dans un endroit et
qu'un type me donne un reçu disant que je l'ai payé, le plus
"cave" ce n'est pas moi, c'est lui. Alors quelqu'un qui, de crainte de perdre
son emploi accepte une T-4 supérieure au montant qu'il a eu, à ce
moment, ce n'est pas par le chemin du régime fiscal qu'on va le
corriger. Bien sûr, il y a une TP-4 qui sort pour un montant de X, mais
c'est la personne, le citoyen, un citoyen ou une citoyenne qui fait en sorte de
tromper la véracité d'un document. Cela n'appartient pas au
ministère du Revenu à moins et je le répète
qu'on n'ait de la part d'une tierce personne... On protège,
à ce moment-là, l'identité de la personne pour
éviter toutes sortes de choses que vous connaissez et on fait une
enquête.
M. LEGER: Quelle est la pénalité pour l'employeur qui
serait pris en défaut?
M. HARVEY (Jonquière): Pour fraude fiscale, la loi le dit, les
pénalités sont très fortes. Cela dépend de la
gravité.
M. LEGER: Est-ce qu'il y a la perte du permis?
M. HARVEY (Jonquière): Cela dépend de la gravité de
la fraude commise.
M. LEGER: Mais le ministre, quand même, est conscient...
M. HARVEY (Jonquière): Les juges sont pris avec des minimums
mentionnés dans la loi, ça va jusqu'à 125 p.c...
M. LEGER: 125 p.c?
M. HARVEY (Jonquière): ... des sommes impliquées.
M. LEGER: Des sommes impliquées? M. HARVEY (Jonquière):
Minimum.
M. LEGER : Le ministre est certainement au courant...
M. HARVEY (Jonquière): 125 p.c. minimum à 200 p.c. La
marge de manoeuvre du juge part de 125 p.c. minimum jusqu'à 200 p.c,
selon la gravité de la fraude.
M. LEGER: Mais quand on sait que les personnes qui travaillent comme
serveuses ou serveurs ou "bell-boy" ou "bus-boy" dans ce milieu-là, le
silence est de rigueur parce qu'on a peur de ne pas être employé
ailleurs. A ce moment-là, cela devient une situation de laquelle il est
bien difficile de sortir parce que la personne, même si elle le disait,
ne pourra pas se faire employer ailleurs. Il y a réellement un
problème grave dans ce milieu parce qu'on ne peut pas parler. C'est la
condition d'être employé d'un club à l'autre.
M. HARVEY (Jonquière): Mon sous-ministre me dit que dans
certaines enquêtes où nous aurions eu besoin, pour amener un
élément de preuve, de la collaboration d'employés, ils ne
nous ont pas appuyés. Alors...
M. LEGER: Bien non!
M. HARVEY (Jonquière): ... comment voulez-vous que le
ministère du Revenu puisse, à partir d'une dénonciation,
essayer de bâtir un dossier pour fraude fiscale lorsque pas seulement un,
mais des employés, appelés à collaborer pour nous aider
à bâtir les éléments de preuve, amenant des
poursuites qui vont aller devant les tribunaux, nous laissent tomber? Alors
cela se corrige un vice comme ça, de la fraude fiscale, avec de la
collaboration, à un moment donné, en protégeant
l'informateur qui l'a fait. C'est peut-être un client, c'est
peut-être...
M. LEGER: Comment voulez-vous protéger l'informateur s'il doit
agir comme témoin?
M. HARVEY (Jonquière): Non, non. Il n'agit pas comme
témoin. Quand tous les employés sont interviewés à
la suite d'une vérification fiscale, à ce moment-là il ne
risque pas de perdre sa position. Il faut qu'il se tienne debout, qu'il ait
autre chose que du "marshmallow" dans l'épine dorsale, par exemple.
Qu'il ne nous laisse pas tomber. "Pas moi, va voir l'autre". Tous les
employés sont interviewés ou questionnés en fonction d'une
dénonciation. Donc, dénonciateur, le nom est sauvegardé
pour éviter n'importe quoi. On laisse tomber. Alors on n'a aucun
résultat à la suite de la dénonciation.
M. LEGER: Je comprends que le ministre est pris avec la loi.
M. HARVEY (Jonquière): Bien, au fait, le ministère du
Revenu, ce n'est pas le ministère de la Justice. Au ministère du
Revenu, on est là à partir des informations que nous recevons ou
de certaines choses que nos agents vérificateurs perçoivent ou
constatent. Ils renvoient aux enquêtes spéciales, dans certains
cas, dans les cas de fraude. C'est à partir des informations
reçues de nos propres employés, de nos propres constatations,
d'informations qu'on part la machine. C'est pour cela que lorsque certains
citoyens disent: Comment se fait-il qu'un tel, un bandit notoire, n'a pas
été imposé? Croyez-vous qu'ils nous envoient une TP-4 pour
les "hold-up" qu'ils font? On les imposerait. Vous en avez eu une preuve
récemment où on a cotisé rapidement quelqu'un qui a
établi, sous serment, qu'il avait fait plus de revenus que d'autres.
Comptes à percevoir
M. LEGER: Alors, M. le Président, concernant maintenant le
rapport du vérificateur général, on note que les comptes
à percevoir, en 1972, ont augmenté d'année en
année. Je remarque ici que le montant total des comptes à
recevoir était de $289 millions, le 31 mars 1971, soit une augmentation
de $38 millions sur l'année précédente.
Est-ce que cela va en augmentant maintenant ou est-ce que l'on
prévoit que cela peut diminuer?
M. HARVEY (Jonquière): Les comptes à recevoir
représentent, au niveau du revenu perçu, .0441 p.c. Je vais vous
donner les chiffres, pour vous montrer qu'il n'y a pas à s'alarmer, cela
baisse, à partir de 1964/65: .0435 p.c; .0362 p.c; .0358 p.c; .0386 p.c;
pour 1968/69, .0380 p.c; pour 1969/70, .0456 p.c; 1970/71, .0507 p.c; 1971/72,
.0495 p.c; cela a baissé en 1972/73, .0441 p.c.
M. LEGER: Alors, cela va en régression. Est-ce que c'est quand
même plus élevé qu'au gouvernement
fédéral?
M. HARVEY (Jonquière): Je ne peux pas dire.
Cela ne se compare pas. Ils ont seulement l'impôt sur les
corporations et l'impôt sur le revenu. On a les taxes à la
consommation, nous. Les différentes lois corporations,
particuliers, successions, vente au détail, gazoline, tabac, repas,
hôtellerie, télécommunications, téléphones,
licences la comparaison serait boiteuse.
M. LEGER: Maintenant, quelle est la procédure normale, à
cause des délais de la remise judiciaire, pour une personne qui est
cotisée ou même avant d'être cotisée, si vous faites
une enquête et vous vous apercevez que telle personne ou telle compagnie
a une déclaration qui est fausse ou qui n'est pas exacte, par la suite?
Quelle est la procédure normale et comment ça prend de temps
à fonctionner?
M. HARVEY (Jonquière): S'il y a un avis de cotisation à la
suite d'une vérification fiscale, généralement la personne
impliquée, dès la réception, communique avec nous pour
prendre une entente pour le paiement. C'est trente jours, normalement, pour
payer la facture, mais dans certains cas, l'avis de cotisation
représentant des sommes qu'il n'avait pas prévues, souvent, pour
payer dans un paiement unique, il fait une offre de règlement et la
capacité de payer est évaluée par un de nos services, le
service du recouvrement. C'est par la voie d'entente entre les concernés
et le ministère, toujours avec intérêt qui s'applique sur
les sommes dues en raison du fait qu'on paie, nous, quand on doit, soit 8 p.c.
Il y a une charge de 8 p.c. pour tout délai additionnel.
M. LEGER: Cela n'a pas augmenté. C'est 8 p.c. d'un
côté comme de l'autre.
M. HARVEY (Jonquière): C'est 8 p.c. - 8 p.c.
M. LEGER: Cela c'est quand il y a entente. Mais quand la personne
s'oppose, elle fait une opposition.
M. HARVEY (Jonquière): Une opposition.
M. LEGER: Une opposition. A ce moment-là, quelle est la
procédure et la lenteur administrative?
M. HARVEY (Jonquière): La loi oblige un contribuable ou un
mandataire à payer le montant et nous, on le lui remettrait avec
intérêt s'il a gain de cause. Dans certains cas, on peut exiger
une garantie, jusqu'à ce que le verdict soit donné sur
l'opposition.
M. LEGER: Combien ça prend de temps, ce verdict?
M. HARVEY (Jonquière): Notre service des oppositions et appels.
C'est un secteur où, en raison de la réforme fiscale et des
opérations mécanisées, la période de temps, qui
séparait le délai légal pour un avis d'opposition et la
décision rendue, n'était pas satisfaisante pour une
administration, disons, qu'on qualifie d'efficace. Les correctifs ont
été apportés au cours des derniers mois, de sorte que
présentement, on peut très bien, dans les trois mois qui suivent
les délais limites de l'entrée d'une opposition, rendre un
verdict et souvent plus rapidement.
M. LEGER: El le verdict est rendu par un juge?
M. HARVEY (Jonquière): Le verdict est rendu par un groupe de
fonctionnaires qui n'ont pas travaillé dans le processus de
l'émission de l'avis de cotisation, partant de tous les faits
constatés sur le rapport écrit de l'agent vérificateur, du
cotiseur et par un groupe qui n'a pas été mêlé
à l'opération de la vérification.
M. LEGER: Alors, à partir du moment où il y a
opposition...
M. HARVEY (Jonquière): C'est un avis du ministre qui est
émis, éventuellement, ou encore, par voie de
délégation de pouvoir, par le sous-ministre.
M. LEGER: II y a un délai d'opposition. La personne fait
opposition. Cela prend maintenant, vous dites, à peu près trois
mois avant que cette cause soit...
M. HARVEY (Jonquière): Cela varie. Supposons qu'il n'y a aucun
fait nouveau apporté dans l'avis d'opposition, quelqu'un entre un avis
d'opposition et dit: J'ai déjà donné les arguments
à l'agent vérificateur qui est passé et l'agent
vérificateur les a marqués sur son rapport, cela peut prendre 24
heures. Mais le processus d'interprétation, s'il y a de
l'interprétation concernant les dispositions fiscales... Dans toute
administration fiscale qui se veut valide, il y a de l'interprétation.
Alors le cheminement concernant l'interprétation donnée à
certaines dispositions fiscales par l'agent vérificateur, suit le
processus de notre service d'interprétation, va au service des
oppositions et appels, cette opinion, et le verdict est rendu dans les plus
brefs délais.
Cela ne veut pas nécessairement dire 90 jours. Mais on avait du
retard.
La loi donne 180 jours, au point de vue légal, 90 jours pour s'y
opposer, 180 jours pour avoir une décision. Mais...
M. LEGER: 180 jours, après les 90 jours? M. HARVEY
(Jonquière): 90, 180.
M. LEGER: Le maximum, c'est 270 jours à partir de la date
où il a été cotisé?
M. HARVEY (Jonquière): C'est ça. S'il n'a pas de
réponse, le contribuable impliqué peut aller directement à
la cour.
M. LEGER: A la cour?
M. HARVEY (Jonquière): II peut aller directement à la
cour, au niveau provincial. Au fédéral, c'est une autre structure
parce que ce sont juste les impôts.
M. LEGER : Mais, à la cour, ce sont des fonctionnaires et non pas
un juge?
M. HARVEY (Jonquière): Non, non, c'est un juge, à la cour
Provinciale.
M. LEGER: C'est ça que je voulais dire tantôt
là.
M. HARVEY (Jonquière): Oui, oui.
M. LEGER: Tout à l'heure, vous disiez que c'étaient des
vérificateurs ou des fonctionnaires qui n'étaient pas
impliqués dans...
M. HARVEY (Jonquière): Les 90 jours et les 180 jours, c'est chez
nous ça. C'est un service vous l'avez dans votre petit
cahier qu'on appelle oppositions et appels. Dès qu'un contribuable
se sent lésé dans ses droits ou prétend avoir
été cotisé d'une façon arbitraire, non
satisfaisante, il a, à partir de la mise à la poste de l'avis de
cotisation, 90 jours légalement pour entrer un avis d'opposition. Le
ministère a 180 jours pour rendre une décision et, à
partir de la 181e journée, le contribuable ou le mandataire
concerné a le droit de s'adresser à la cour Provinciale.
M. LEGER: C'est l'appel, ça?
M. HARVEY (Jonquière): Oui. Les 90 et 180 jours, c'est interne.
Mais pour donner de l'équité, les fonctionnaires qui travaillent
dans le service oppositions et appels n'ont été aucunement
reliés à l'opération vérification qui a
amené l'avis de cotisation.
M. LEGER: C'est ça. Et l'appel, après ça, peut
prendre combien de temps? Cela ne dépend plus de vous autres?
M. HARVEY (Jonquière): En cour, cela dépend des
rôles, cela dépend des districts, c'est sûr. Montréal
et Québec peuvent être complètement différents, et
si on va en province, ça dépend de la lourdeur des
rôles.
M. LEGER: Alors là, ça peut être très long,
ça peut être plusieurs années, parce que ça ne
dépend plus du ministère?
M. HARVEY (Jonquière): Le chef du contentieux me dit que
même le contribuable, s'il perd à la cour de première
instance, tout le processus, il peut aller en cour d'Appel, aller en cour
Suprême. J'ai comme exemple une cause où nous sommes en appel
concernant les congés de maladie, communément appelée la
cause Arel. Elle est devant les tribunaux, je ne peux pas parler du fond de la
question, mais vous avez là une cause qui est en appel et qui n'a pas
passé ; on attend le jugement de la cour d'Appel depuis près d'un
an et demi. On espère l'avoir au cours des prochains mois. Et ça
implique un nombre considérable de dossiers qui sont actuellement au
service des oppositions et appels qui, partant du jugement qu'on espère
recevoir d'ici quelques mois, seront libérés et qui sont en
attente pour décision.
M. LEGER: Maintenant, pendant une vérification, avant le
processus de la cotisation, vos fonctionnaires vont dans une compagnie,
vérifient et s'aperçoivent qu'il y a des chiffres qui ne sont pas
exacts et ils peuvent aller quatre ans en arrière. Est-ce qu'ils peuvent
aller quatre ans en arrière sans la permission de la compagnie ou si
c'est automatique?
M. HARVEY (Jonquière): C'est notre droit. M. LEGER: C'est
automatique?
M. HARVEY (Jonquière): C'est automatique. Si on a besoin de le
faire, on le fait; ça dépend, c'est factuel. Cela dépend
des constatations vues et réalisées par l'agent
vérificateur. S'il y a fraude, il n'y a pas de limite.
M. LEGER: Ah oui! s'il y a fraude, il n'y a pas de limite, mais...
M. HARVEY (Jonquière): Si c'est purement une question
administrative, c'est quatre ans. Cela a été réduit de
cinq ans à quatre ans et, s'il y a fraude, il n'y a plus de restriction.
A l'impôt, c'était quatre ans et les autres cinq; il n'y en a
plus, pour la fraude, il n'y a pas de restriction.
M. LEGER: Bon, et puis dès qu'il y a cotisation, le
ministère ne va plus dans les trois ou quatre dernières
années, puisque la cotisation dit que c'est le jugement du
ministère.
M. HARVEY (Jonquière): Généralement.
M. LEGER: Je veux dire par là, s'ils vont en appel, à ce
moment-là le ministère est un des témoins, est un des
accusateurs?
M. HARVEY (Jonquière): En appel, c'est seulement l'année
visée ou la période visée dans l'avis de cotisation.
M. LEGER: Bon. Maintenant, M. le Président, on parle de...
M. HARVEY (Jonquière): Au fait, le député serait
peut-être intéressé, puisqu'il a demandé une
statistique concernant les comptes à recevoir... Je voudrais lui dire
aussi, concernant le coût parce qu'au ministère du Revenu,
il est très important aussi, si on se qualifie d'outil de perception du
gouvernement que, de $1.47 qu'il était il y a quelques
années, le coût de la perception, pour $100 des impôts, est
baissé de nouveau au cours des trois dernières années,
1972/73: $0.99, il est baissé à $0.97 en 1973/74 et à
$0.96 des $100 qu'on prévoit pour 1974...
M. LEGER: Pour $100 de réclamation aussi?
M. HARVEY (Jonquière): Aux dépenses brutes. Au net, en
raison du fait qu'on perçoit pour les régimes contributifs, c'est
baissé à $0.72.
M. LEGER: Ces chiffres sont pour l'ensemble de la perception ou sur les
revenus personnels?
M. HARVEY (Jonquière): L'ensemble du coût pour percevoir
les revenus. Cela veut dire que, pour percevoir $100, ça coûte, au
brut, $0.96 maintenant; $0.72 au net, parce que nous réclamons à
la Régie des rentes du Québec et à la Régie de
l'assurance-maladie une partie de nos coûts pour percevoir à leur
place.
M. LEGER: Non, ce que je voulais dire c'était: Est-ce que ce
chiffre que vous me donnez, $1.47, qui descend, est-ce que c'est pour
l'ensemble de tous les impôts ou uniquement pour l'impôt sur le
revenu?
M. HARVEY (Jonquière): $1.47, c'est avant que le Régime
d'assurance-maladie existe. Cela nous a permis, nous, en étant l'outil
de perception pour eux, comme mandataires de la Régie des rentes, sur
certaines tâches qu'on assignait à nos agents
vérificateurs, de réduire nos coûts.
LE PRESIDENT (M. Leduc): Le député de Viau.
Formules d'impôt
M. PICARD: M. le Président, au sujet des formules T4 et TP4, vous
avez les employeurs qui ont un certain nombre d'employés qui
nécessitent l'impression de ces formules, c'est-à-dire le nom de
la compagnie est imprimé sur les formules et ces formules portent des
numéros. Habituellement, ce ne sont pas des numéros
consécutifs, je pense qu'ils sautent à tous les sept chiffres,
quelque chose comme ça. Alors, la question que je voulais poser est
celle-ci: Si un employeur remplit la formule en question, fait parvenir
à son employé la TP 4 et la T 4, et s'il reçoit un appel
téléphonique de l'employé qui lui dit qu'il n'a pas
reçu sa T 4, est-ce qu'il est permis à l'employeur d'utiliser les
formules additionnelles qui lui restent, pour faire un genre de duplicata et
d'en changer les numéros dans le haut? Autrement, la seule autre
possibilité qui reste à l'employeur, c'est de faire des
photocopies des trois copies des formules et on se demande si les copies seront
acceptées par le ministère.
M. HARVEY (Jonquière): On le permet pour autant que l'employeur
identifie qu'il s'agit d'un duplicata sur la formule utilisée que vous
venez de mentionner et naturellement qu'il en avise également notre
ministère. On le permet.
M. PICARD: De quelle façon?
M. HARVEY (Jonquière): II donne le numéro de la
première, pour que nous puissions bien déterminer, dans notre
processus administratif, qu'il s'agit tout simplement de l'utilisation d'une
formule comme duplicata à la place d'une autre. On donne la
permission.
M. PICARD: A ce moment-là, est-ce que l'employeur pourrait tout
simplement renvoyer la copie qu'il avait originalement envoyée au
ministère provincial avec le mot duplicata, en haut?
M. HARVEY (Jonquière): Avec une copie de l'autre utilisée,
donnant les renseignements, pour être capable de faire la modification
administrative chez nous.
M. PICARD: Parce que ces formules, je pense qu'il y en a sept copies ou
quelque chose comme ça. C'est permis de le faire.
M. HARVEY (Jonquière): Sept copies. On en propose une
huitième. On a envie d'en envoyer une, pas à Jean XXIII, à
Paul VI, bientôt !
M. LEGER: M. le Président, un article a paru dans le Globe and
Mail de Toronto le 7 mars dont le titre nous faisait sursauter et qui
était le suivant. "Québec becomes the most attractive tax haven."
Et entre autres, on disait: "Basically, what the Government has done is to
eliminate provincial tax and investment income earned by companies that qualify
as Québec investment corporation. You still pay the federal tax, but the
provincial tax has been reduced to 1/20 de 1 p.c, with an annual minimum of
$25".
Plus loin, on dit: "If the Québec companies buy bonds or
debentures in the Ontario companies, the interest cost will be deductible
against the higher Ontario tax rate and taxable at the significantly lower tax
rate in Québec. Indeed, even the Québec Royal Commission on
Taxa-
tion recommended against the creation of an investment tax haven, but
the government moved ahead on it because the advantages to the provinces
outweighed the loss of acuity in the tax system".
Autrement dit, ce serait un peu contraire à la conclusion du
rapport Bélanger, pour lequel le premier ministre actuel, M. Bourassa,
était secrétaire et qui avait recommandé le contraire.
Premièrement, est-ce exact? Quel est le rendement de cette taxe cette
année et au cours des années précédentes?
M. HARVEY (Jonquière): D'abord, si le député veut
bien référer...
M. LEGER: A la page 20, c'est cela?
M. HARVEY (Jonquière): ... à la page 20 du discours du
budget...
M. LEGER: C'est ça qu'on voulait dire là-dedans?
M. HARVEY (Jonquière): ... le ministre des Finances, au dernier
paragraphe, donne une réponse précise parce que l'ancienne loi
contenait ces dispositions que contient la réforme fiscale. Vous avez la
réponse du ministre des Finances pour corriger la situation.
M. LEGER: Alors, la réponse était que vous voulez corriger
cela.
M. HARVEY (Jonquière): Etudier. M. LEGER: Ah! vous allez
l'étudier?
M. HARVEY (Jonquière): On veut étudier l'implication.
Là, vous terminez en demandant les statistiques.
M. LEGER: Oui.
M. HARVEY (Jonquière): Pour en arriver à proposer de
corriger une situation, ça nous prend des statistiques et c'est le
travail du comité qui en a l'étude.
Impôt sur lea revenus et les biens
M. LEGER: Dans le même livre, au tableau III-3, à la page
53, article 1, la partie du capital, des primes d'assurance et autres, $89
millions, est-ce ce chiffre-là qui le touche ou si ça n'a aucun
rapport?
M. HARVEY (Jonquière): Aucun rapport.
M. LEGER: Alors, il n'y a pas de chiffre là-dedans encore, c'est
à l'étude.
M. HARVEY (Jonquière): C'est aux profits.
M. LEGER: Maintenant, actuellement, il y a Quand même...
M. HARVEY (Jonquière) : Actuellement, c'est 1-2, c'est inclus aux
profits.
M. LEGER: A la page 53?
M. HARVEY (Jonquière): La statistique que vous cherchez serait
incluse dans les $360 millions.
M. LEGER: Dans les $360 millions?
M. HARVEY (Jonquière): Oui.
M. LEGER: C'est inclus dans ce chiffre-là.
M. HARVEY (Jonquière): Ce serait inclus dans les $360
millions.
M. LEGER: En d'autres mots, la raison de ce changement de politique ou
de l'acceptation de la politique du rapport Bélanger, c'était
pour éviter des batailles inutiles entre les provinces pour essayer
d'attirer plus de revenus chez elles, parce que cela ne rapportait pas
tellement ou quoi?
M. HARVEY (Jonquière): C'était dans la Loi des
corporations depuis des années et des années. Au moment de la
réforme fiscale, cela a été réintroduit comme
disposition de la Loi des impôts. Le problème a été
soulevé et il a été étudié pour voir son
implication et si on a à modifier notre loi. Le ministre des Finances a
fait une déclaration là-dessus à l'occasion du discours du
budget.
M. LEGER: Est-ce que le ministre ou le sous-ministre est au courant
ici, au Québec, le taux était de 1/20 de 1 p.c. du
taux des autres provinces, l'Ontario, par exemple?
M. HARVEY (Jonquière): Le taux courant.
M. LEGER: Alors, toutes les provinces avaient le même taux?
M. HARVEY (Jonquière): Le taux courant de chacune des provinces.
Nous, c'était 1/20 de 1 p.c.
M. LEGER: En Ontario, c'était quoi? Est-ce que le ministre le
sait?
M. HARVEY (Jonquière): 12 p.c. en Ontario.
M. LEGER: Alors, c'était pas mal intéressant. Mais vous
n'avez pas de chiffre jusqu'à aujourd'hui pour me dire ce que cela
rapportait au Québec d'avoir évité cela.
M. HARVEY (Jonquière): Ils sont à l'étudier.
M. LEGER : Ils sont après étudier ce
problème-là.
M. HARVEY (Jonquière): Cet après-midi, ils ne travaillent
pas là-dessus et ce matin non plus.
M. LEDUC: Si on adoptait les crédits, ils pourraient continuer
à l'étudier.
M. LEGER: Oui, justement.
M. BACON: Cela pourrait donner une chance au comité de
siéger.
M. LEGER: M. le Président, sur le domaine
général... D'ailleurs, cela va raccourcir les questions. Je ne
sais pas si le ministre actuel s'en est aperçu, mais la plupart du
temps, dans les différentes études des crédits des
ministères, on a été beaucoup plus loquace, au
départ, sur les politiques générales que sur les articles
en détail. C'est la raison pour laquelle on préfère
beaucoup plus poser des questions.
M. HARVEY (Jonquière): Vous préférez la tactique
russe.
M. LEGER: La tactique russe?
M. HARVEY (Jonquière): Parce que l'Union nationale, au temps
où on étudiait les crédits, si vous vous en souvenez, au
cours des dernières années, demandait combien d'automobiles,
à quel endroit vous les avez achetées, quelle marque? C'est
sûr et certain que vous aimez mieux avoir...
M. LEDUC: Le député de Sauvé avait adopté
cette tactique-là ce matin.
M. HARVEY (Jonquière): ... une discussion sur le fond. On a vu
cela, ce matin, quand vous et le député de Sauvé le
député de Sauvé sûrement sciemment parliez de
l'assiette, alors qu'on devait parler du champ d'application.
M. LEGER: C'est parce qu'on voulait que vous soyez dans votre assiette,
vous aussi, après.
M. HARVEY (Jonquière): Ah! je l'étais. J'ai une humeur
égale; il s'agit de savoir laquelle.
M. LEGER: Si je comprends bien, on a maintenant à parler de
l'élément 1, perception? A moins qu'il y ait d'autres
députés, sur la question générale, je ne veux pas
les empêcher de s'exprimer.
M. HARVEY (Jonquière): Alors 1, adopté?
LE PRESIDENT (M. Picard): J'aimerais savoir du député de
Lafontaine.
M. HARVEY (Jonquière): II y a programme 1, élément
1 et programme 1, élément 2. On a parlé de
vérification.
M. BACON: Programme 1, élément 1, adopté.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, si le
député de Lafontaine...
M. LEDUC: ... veut écouter.
M. HARVEY (Jonquière): ... veut m'écouter un instant. Je
pense que la discussion que nous avons eue à ce jour, y compris avec le
député de Mercier, concerne les éléments 1 et 2,
perception et vérification. S'il y a d'autres questions concernant les
catégories, les éléments 1 et 2 du programme 1, parce que
perception et vérification, je pense qu'on a chevauché de l'un
à l'autre.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 1, adopté?
M. LEGER: Un instant, M. le Président, à
l'élément 1, aux catégories 4 et 7, je vois qu'à la
catégorie 4, il y a une baisse et à la catégorie 7, dans
la ventilation...
M. HARVEY (Jonquière): Ah oui!
M. LEGER: ... il y a une augmentation, une hausse très forte des
dépenses concernant les fournitures. Est-ce que le ministre peut nous
dire pourquoi? D'abord, pourquoi une baisse dans les dépenses de
services et pourquoi une hausse dans le domaine des fournitures.
M. HARVEY (Jonquière): C'est la question des loyers.
M. LEGER: On passe de $1,357,000 à $1,188,000.
M. HARVEY (Jonquière): Je vais vous le donner dans un
instant.
On me dit qu'en raison du coût du papier, du formulaire, 66 p.c.
d'augmentation dans le coût.
M. LEGER: Les tapis?
M. HARVEY (Jonquière): Du papier, pour le formulaire.
M. LEGER: Les formules Paragon, vous voulez dire?
M. HARVEY (Jonquière): L'augmentation de $1,651,100 par rapport
aux prévisions budgétaires de l'an dernier, provient
principalement de l'achat de colorants, $317,000 pour satisfaire aux exigences
de l'article 18 de la Loi sur les carburants, bill 43, qui prévoit la
coloration du mazout. Il est à noter que l'an dernier, cette
prévision paraissait à la catégorie 04 comme services
professionnels administratifs et autres. Le second facteur réside dans
l'accroissement
imprévisible de 66 p.c. dans le coût du papier ainsi que
dans la nécessité d'imprimer un guide séparé pour
les formules TP-1 abrégées. Le coût additionnel pour le
formulaire s'établit donc à $1,260,700.
M. LEGER: Ceci amène des questions dans la politique d'achat,
particulièrement des ordinateurs. Est-ce qu'il y a eu des achats
particuliers, cette année ou au cours du budget, d'ordinateurs? Combien
ont été achetés l'an dernier.
M. HARVEY (Jonquière): Aucun achat.
M. LEGER: Aucun achat.
M. HARVEY (Jonquière): Aucun achat.
M. LEGER : Est-ce que vous prévoyez avoir à en acheter
cette année?
M. HARVEY (Jonquière): Nous n'en achèterons pas, nous les
louons.
M. LEGER: Bon. Est-ce surtout la compagnie IBM qui fabrique au
Québec ou si c'est fait par une autre...
M. HARVEY (Jonquière): Le gros de notre opération est
effectué par UNIVAC, mais nous avons également... page 37, IBM...
je vais vous donner le détail. En équipement d'informatique, nous
avons d'UNIVAC, un coût de $997,700; de l'équipement
périphérique pour $75,700; vidéo additionnel pour $45,000;
l'augmentation de puissance d'ordinateurs, $20,400; prévisions, le
système de "key edit" $441,000 puis divers autres équipements
pour un montant de $7,200.
M. LEGER: Est-ce que dans cette politique d'achat, vous tenez compte de
ce qui est fabriqué au Québec? Vous parlez d'UNIVAC, est-ce une
compagnie canadienne ou est-ce qu'elle...
M. HARVEY (Jonquière): En 1969, nous avons loué de RCA, et
la compagnie RCA a été achetée par UNIVAC. Et comme toute
notre opération avait commencé la mécanisation avec elle
nous avons renouvelé le contrat de location avec les nouveaux
propriétaires de UNIVAC.
Mais nous avons également de l'équipement IBM. Tous les
contrats de location ont été approuvés,
préalablement, par le comité spécial qui revoit tous les
contrats de location d'équipements, d'ordinateurs au niveau du Conseil
du trésor. Il y a un comité spécial, au niveau du Conseil
du trésor, qui approuve la location d'ordinateurs dans tous les
ministères. M. Dom-pierre est président, effectivement, il est
directeur général de la recherche et du développement
à notre ministère et en charge de tout le service
d'informatique.
M. LEGER: Est-ce que vous tenez compte de l'endroit de fabrication?
Est-ce que ces ordinateurs sont fabriqués au Québec?
M. HARVEY (Jonquière): Cela ne se change pas à tous les
jours, en raison des systèmes qui sont bâtis.
M. LEGER: Quelle est la proportion des ordinateurs qui sont
fabriqués au Québec et de ceux qui sont fabriqués à
l'extérieur?
M. HARVEY (Jonquière): IBM n'était pas installée.
Au moment où nous avons effectué la première location, en
1969, IBM n'avait aucune installation au Québec, à part les
bureaux de vente. Une soumission avait été demandée
à ce moment-là. D'ailleurs, je pense que le geste posé par
le gouvernement et par le comité, c'était d'essayer d'avoir de la
concurrence à ce moment-là. La Régie de
l'assurance-maladie a été un deuxième service
gouvernemental à signer avec RCA pour être en mesure d'avoir un
excellent service d'entretien.
M. LEGER: RCA, je sais qu'elle fabrique dans l'ouest de Montréal.
Mais est-ce que les ordinateurs ne sont pas...
M. HARVEY (Jonquière): II n'en... M. LEGER: UNIVAC disons.
M. HARVEY (Jonquière): ... font plus. RCA n'en fait plus.
M. LEGER: Est-ce qu'il y a eu des contrats de donnés à
Control Data?
M. HARVEY (Jonquière): Pardon?
M. LEGER: Est-ce qu'il y a eu des contrats de donnés à
Control Data?
M. HARVEY (Jonquière): Pas chez nous.
M. LEGER: Pas chez vous. Etant donné que cette compagnie avait
refusé de venir au Québec, cela nous intéressait de savoir
si on l'avait encouragée quand même.
M. HARVEY (Jonquière): Le système "key edit", c'est la
saisie des données et cela est fabriqué à Toronto. Ce
n'est pas fabriqué au Québec. On me dit qu'il y a des
pièces du système qui sont fabriquées dans le
Québec, mais pour la compagnie maîtresse, qui fait la location,
c'est à Toronto. D'ailleurs, toute location, tout achat, tout travail
concernant les machines comptables ou diverses machines utilisées au
ministère du Revenu, toutes nos transactions passent par le service des
achats. Avant que le CT soit envoyé au ministère des Finances, au
Conseil du trésor, cela prend le sceau du service des achats,
l'acceptation établissant que
la procédure a été normale, selon les cas qui se
sont présentés à nous.
Intérêts sur les remboursements
M. LEGER: Maintenant, tantôt on parlait d'intérêt sur
le remboursement des 8 p.c. J'avais des questions à poser
là-dessus. Est-ce que vous avez des chiffres pour déterminer quel
est le total d'intérêts que le ministère est obligé
de payer sur des remboursements en retard? Je veux parler des 8 p.c.
M. HARVEY (Jonquière): Des retards occasionnés par
nous?
M. LEGER: Oui. D'abord, est-ce que c'est purement administratif, en
général, ou s'il y a d'autres retards?
M. HARVEY (Jonquière): C'est purement administratif. Cela
dépend également du nombre de rejets ou du temps que ça
peut prendre. Un rapport peut entrer à temps ou le 1er mai, par exemple,
le 30 avril. Finalement, après que l'opération administrative a
été complétée, au mois de septembre,
l'intérêt est calculé à partir de l'émission
de l'avis de cotisation donnant un remboursement ou, dans l'autre cas,
établissant une demande de paiement. Si le contribuable n'a pas
envoyé avec son rapport d'impôt le chèque en paiement,
c'est sûr qu'il est appelé, à ce moment-là, à
payer 8 p.c. pour la période que cela a pris pour faire le traitement de
son rapport d'impôt. La même formule s'applique pour le
remboursement. Le détail que vous me demandez, nous ne l'avons pas.
Mais, si on veut l'avoir, cela ne demanderait pas un temps
considérable pour pouvoir le sortir parce que l'ordinateur l'a toujours
en mémoire.
M. LEGER: C'est ça. Mais dès qu'une personne est
cotisée et que le gouvernement doit une somme qui a été
perçue en trop, qu'il doit rembourser, il y a 8 p.c.
d'intérêt. Le total, dans une année, de ces 8 p.c.
d'intérêt, qui doivent être remis aux citoyens,
représente quelle somme? Est-ce qu'elle paraît quelque part dans
les dépenses de perception?
M. HARVEY (Jonquière): Non, cela n'entre pas dans les
statistiques qu'on conserve. Sans tenir de statistiques, notre principe a
été de donner l'équité fiscale, dans le sens que si
on réclame d'une personne qui est en retard le taux légal
on partait du taux légal de 5 p.c. et devant une certaine
lenteur, à ce moment-là, à rembourser des contribuables
qui voulaient avoir leur argent, on a considéré qu'en donnant la
parité, le même pourcentage en intérêt, on traitait
équitablement les contribuables qui souffraient retard à recevoir
des sommes que nous leur devions.
Mais, en fait, sur le marché, l'un portant l'autre, on ne pense
pas que ce soit assez important, au niveau des individus. Au niveau des
mandataires, c'est bien sûr que les 8 p.c. représentent des sommes
parce qu'on a également de l'intérêt et des
pénalités qui viennent s'ajouter, selon que le mandataire a une
malchance ou devient un délinquant, ordinaire ou chronique.
M. LEGER: C'est sûr que les 8 p.c. perçus par le
ministère des retardataires est de beaucoup supérieur, à
cause surtout des pénalités, que les 8 p.c. que vous payez en
intérêt à ceux à qui vous devez de l'argent.
M. HARVEY (Jonquière): On a un chiffre, ici, mais cela comprend
tous les ministères concernant les intérêts exigés.
Cela comprend tous les ministères de l'administration provinciale.
Alors, on ne peut pas donner un chiffre exact. Ce n'est pas comptabilisé
pour en arriver à dire: Est-ce qu'on est gagnant ou perdant en chargeant
8 p.c. et en donnant 8 p.c. quand on le doit?
M. LEGER: Ma première impression, c'est plus, c'est certainement
plus.
M. HARVEY (Jonquière): C'est sûr. Il faut répondre
oui à ça. Mais le but du ministère, quand il y a eu
introduction de cette disposition dans la loi, était d'être plus
humain, d'abord, quand on a parlé d'humaniser les lois fiscales, et
d'être plus équitable dans un système dans lequel on
réclamait de l'intérêt d'un individu ou d'un mandataire qui
nous doit de l'argent et où, en retour, on ne payait pas
d'intérêt. Les autres ministères ne nous ont pas suivis
là-dessus et nous les comprenons, parce qu'aucun des autres
ministères n'est l'outil de perception du gouvernement.
UNE VOIX: Adopté?
Publicité
M. LEGER: Concernant le domaine de la publicité, les contrats
donnés à des agences de publicité, dans le cas
précis de l'agence Pierre Tremblay, qui fait la publicité du
parti, est-ce qu'il y a eu des soumissions pour ça?
M. HARVEY (Jonquière): Chez nous, même si on voulait
demander des soumissions pour notre campagne, à l'occasion de la
période des impôts, il faut d'abord partir du fait que la campagne
du gouvernement fédéral a un impact, qu'on le veuille ou non, sur
notre propre programme de publicité ou d'information que nous devons
entreprendre.
Lorsque la campagne du fédéral, qui est faite à
travers le Canada et dans le Québec et qui est très très
dispendieuse, dit au contribuable qu'il est temps de faire son rapport
d'impôt, le
Québécois sait également qu'il en fait un chez
nous. Alors, partant de notre service...
M. LEGER: C'est le seul cas de fédéralisme rentable que
vous m'ayez donné jusqu'à maintenant !
M. HARVEY (Jonquière): Disons que...
M. LEDUC: Vous n'avez pas été en mesure de comprendre les
autres!
M. HARVEY (Jonquière): Nous avons notre service d'information
fiscale qui bâtit un programme et qui, à un moment donné, a
besoin d'une agence de publicité uniquement pour établir un
concept et là, le fruit de l'imagination, cela n'est pas
spécifié sur la soumission. On fait le choix d'une firme parmi
celles qui demandent à faire notre campagne et il s'est
avéré, comme l'a si bien dit le député, qu'à
la suite des services donnés au ministère moyennant compensation,
au cours des années antérieures, la firme Pierre Tremblay a fait
un excellent travail au cours des deux dernières années. On a
renouvelé pour l'année concernée un contrat avec elle, un
petit contrat, parce que c'est de l'ordre de $72,000 ou $80,000. Cela comprend
le coût des journaux, de la télévision. L'an dernier, il y
avait eu un programme de télévision. Cette année il n'y en
n'a pas eu. On a opté pour des formules, des messages audiovisuels dans
des endroits publics, rames de métros, autobus, des endroits
stratégiques, et surtout pour le journal et la radio.
Fabricants de savon
M. LEGER: II me reste une question concernant la perception. On a
parlé de la compagnie Lever Brothers et votre ministère avait
justement établi que cette compagnie pour une période de sept
à huit ans je pense que cela part de 1961 devait au
ministère une somme de $183,740 d'impôts non payés.
Premièrement, est-ce qu'on a envoyé un avis au montant de
$183,000 à la compagnie Lever Brothers?
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, le
député de Lafontaine et, je pense, tous les membres de cette
commission savent très bien que je ne peux pas me défendre sur un
tel sujet à cause de la confidentialité qui ne me permet pas de
discuter un cas particulier avec des personnes qui n'ont pas légalement
droit à l'information. Cependant, M. le Président, je peux vous
dire qu'il n'y a eu dans ce cas mentionné par le député de
Lafontaine, tout comme dans n'importe quel autre cas traité au
ministère, aucune ingérence politique quelle qu'elle soit ou
aucun favoritisme dans l'établissement d'une cotisation.
M. LEGER: C'est pour ça que le ministre était
préparé à...
M. HARVEY (Jonquière): Dans le processus normal de
l'établissement des cotisations, il se produit inévitablement des
cas où il faut, de toute nécessité, apporter des
redressements soit à cause, premièrement, d'erreurs de fait ou de
droit dans nos cotisations, de la connaissance et l'établissement de
faits nouveaux, de la révision de l'interprétation d'une
disposition fiscale à la lumière de l'expérience et de la
jurisprudence et aussi, pour toute autre cause ou toute autre raison qui se
veulent très valides et honnêtes dans une saine administration
fiscale. Je ne veux d'aucune façon blâmer le député
de Lafontaine de poser la question parce qu'au moment où la nouvelle a
paru, mon sous-ministre était en voyage à l'extérieur et
son adjoint, M. Moreau, a donné une explication aux journalistes qui
sont entrés en communication avec lui sur le cas mentionné,
explication qui a été exactement celle que je vous donne
aujourd'hui. Je m'y attendais, et c'est tout à fait normal que vous
posiez la question, mais vous savez très bien que je peux pas me
défendre sur un tel sujet en raison de l'article 69 de la loi, à
moins que le député ne puisse légalement me prouver qu'il
a droit à l'information.
M. LEGER: C'est-à-dire que partant d'un article de journal et
connaissant assez bien le fonctionnement des compagnies comme Lever, Procter et
Colgate Palmolive qui, elles, doivent payer une taxe sur des produits, comme
des primes, plutôt que sur le détersif ou le détergent, il
avait été établi quand même par le ministère
que les marques de savon je donne un exemple, le savon Breeze, le savon
Tide, le savon Colgate avaient des primes, des serviettes, etc.
Cela mettait le consommateur devant le fait qu'on achetait souvent une
prime beaucoup plus que du savon et on ne réalisait pas qu'on avait
enlevé une livre ou deux de savon dans la boîte pour la même
grandeur de boîte et les gens avaient l'impression qu'ils avaient,
même si c'était marqué dessus, la même
quantité de savon. Le savon n'était pas imposable mais les primes
l'étaient. Quand on sait la proportion de ventes dans les compagnies de
savon, de produits qui sont des produits ayant une prime et qui faussent un peu
le jeu qui est pratiquement une quasi je fais attention à mes
mots fraude commerciale, publicitaire, en disant que vous avez une
meilleure garantie avec telle sorte de savon, la compagnie elle-même
était obligée d'acheter une quantité énorme de
primes pour mettre dans ces boites. La prime elle-même, d'après
les conclusions des renseignements que nous avons eus est que dorénavant
les primes vont être imposées et la compagnie Lever Brothers va
payer sa portion de taxes sur la prime. Mais ce jugement ou cette
décision du ministère, qui dit que dorénavant elles vont
payer, confirme qu'avant elles devaient les payer.
Comment se fait-il que le ministère c'est public
ça, ce n'est pas un tel, tout le monde le
sait en acceptant le fait que dorénavant elles doivent
payer pour la prime, que dans le passé passez-moi le mot
on a passé la serviette sur la dette précédente? Je ne dis
pas cela pour faire de la broue même si on parle de savon. Comment se
fait-il que le ministère ait accepté pour une compagnie de cette
envergure de ne pas percevoir le montant de $183,000 si ce n'est pas par la
représentation d'une personne très puissante, en l'occurrence, M.
Lesage, qui connaît les rouages du ministère et de tous les
ministères et qui est souvent nommé comme conseiller juridique ou
comme membre actionnaire de différentes compagnies, sachant fort bien
que ce qu'il apporte à ces compagnies, c'est son influence auprès
du gouvernement?
M. HARVEY (Jonquière): Sur le cas précis, je vous ai dit
que je n'avais pas l'intention de me défendre. Je vous
réfère...
M. LEGER: Vous n'avez pas à vous défendre parce que je ne
vous attaque pas. Je demande...
M. HARVEY (Jonquière): Je vous réfère, comme
réponse, à la réponse de l'avocat des personnes
intéressées.
M. LEGER: M. Lesage, qu'est-ce qu'il disait?
M. HARVEY (Jonquière): II a donné une réponse. Je
vous invite à la lire. Elle a été rendue publique. Mais
là, je vais vous faire une demande. Je dois m'absenter pendant quinze
minutes. Le député de Trois-Rivières va me remplacer.
Entre-temps, je vais demander au député, ne répondant
nullement et ne défendant aucunement le cas pour les raisons que j'ai
données tout à l'heure... Je vais l'inviter à bien penser
dans l'opération du ministère du Revenu, à songer au
niveau des taxes à la consommation, les compagnies de savon je ne
parle pas de Lever Brothers quelle sorte de commerce en détail
font-elles? Je l'invite à réfléchir autour de la question
que je viens de lui poser. Je serai de retour dans quelques minutes. Je ne
parle pas de Lever Brothers du tout.
M. LEGER: Alors, c'est la période de méditation.
M. HARVEY (Jonquière): Non, non, c'est la période...
Continuez à poser des questions, je pense que le député de
Trois-Rivières est assez habitué pour répondre.
M. LEGER: Alors, les réponses du député de
Trois-Rivières vont être acceptées par le ministre.
M. HARVEY (Jonquière): Je l'autorise même à les
charger à mon compte.
M. LEGER: Est-ce que le député de Trois-Rivières
pourrait nous dire ce que l'ancien premier ministre du Québec a
donné comme argument pour permettre au ministère d'essuyer la
dette, la taxe non payée par la compagnie Lever Brothers?
M. BACON: Est-ce que vous pourriez recommencer le début de votre
question parce que je l'ai manqué?
M. LEGER: Etant donné que le ministre a dit qu'il avait eu une
réponse venant du défendeur, qui est l'ancien premier ministre,
M. Lesage, qui fait partie du bureau d'administration de Lever Brothers, quel
est l'argument parce que la cause a été entendue, donc ce
n'est pas sub judice, c'est fini cette affaire-là pour quelle
raison quelle est la réponse, l'argument que M. Lesage, avocat de la
compagnie Lever Brothers, a pu donner pour convaincre le ministère
d'essuyer la dette de $183,000 de cette compagnie?
M. BACON: Le procès auquel fait allusion le député
de Lafontaine a été rendu public, malheureusement. Je pense qu'il
a dû en prendre connaissance. Il semble avoir un dossier. D'ailleurs, il
est bien documenté là-dessus. Probablement qu'on lui a fait part
de la remarque que fait le député de Lafontaine.
M. LEGER: Je voudrais avoir cela de la bouche du député,
qui est aspirant ministre, puisqu'il remplace temporairement le ministre...
M. BACON: Ce n'est pas aspirant, c'est temporairement !
M. LEGER: Par intérim.
M. HARVEY (Jonquière): Je vous ai bien mentionné que
c'était un cas particulier qui est lié à la
confidentialité. J'ai fait une référence à un
article de journal, dont nous n'avons pas copie et dont
présumément vous êtes au courant. Je regrette, mais nous ne
pouvons pas citer exactement ce que M. Lesage a dit dans le journal.
M.MALOUIN: On pourrait demander au député de Lafontaine de
lire l'article.
M. BACON: M. le Président, on pourrait presque revenir avec la
question.
M. LEGER: Est-ce que vous voulez que je remplace le ministre?
M. BACON: Non. Je pense que si on regarde à la page 30 du journal
des Débats, en vertu de l'article 177...
M. LEGER : M. le Président, de toute façon, c'est au
ministère du Revenu de répondre à cela. Il y a eu une
déclaration publique. M. Lesage a déclaré n'avoir fait que
réparer une
erreur. Est-ce qu'il y a eu erreur de la part du ministère, quand
il a facturé la compagnie Lever Brothers pour $183,000?
M. HARVEY (Jonquière): Je crois que j'ai été assez
clair. On ne peut pas discuter d'un cas particulier, à cause de la
confidentialité. C'est l'article 69 de la Loi du ministère du
Revenu. Je crois que, dans notre esprit, il n'y a aucune équivoque.
M. LEGER: De toute façon, sans donner de chiffres, est-ce que la
compagnie Lever a été obligée de payer au moins une somme
sur les $183,000, puisqu'il dit qu'il avait réparé une erreur? Ce
n'est pas discuter du montant précis qui a été
payé, mais c'est public qu'il y a une compagnie qui n'a pas payé
de taxe sur un produit pour lequel elle devait en payer. C'est public. Ce n'est
pas dans la confidentialité. Ce n'est pas une chose qui s'est
passée de façon confidentielle. C'est public. Est-ce que la
compagnie a payé sur les sommes passées ou si la dette a
été rayée complètement? C'est une question qui
passe à côté de l'article 69.
M. HARVEY (Jonquière): Non. Tout ce qui a été dit
jusqu'à maintenant là-dessus vous avez le rapport du
ministère du Revenu et tout ce qu'on peut dire maintenant,
l'avocat de l'entreprise qui a répondu dans le journal, il faut croire
qu'il avait l'autorité de la compagnie pour le faire, mais nous ne
l'avons pas...
M. LEGER: M. le Président, vous n'avez pas la réponse. La
réponse, c'est que M. Lesage a fait effacer le compte de taxe de
$183,000. Est-ce que vous pouvez infirmer ou confirmer cette affirmation
publique?
M. HARVEY (Jonquière): Nous n'avons aucun choix sur les mots
employés dans les journaux.
M. LEGER: Je ne veux pas mettre le sous-ministre en boîte. C'est
le ministre par intérim.
M. HARVEY (Jonquière): Nous n'avons aucun choix. Il y a des mots
qui sont employés, naturellement. Nous n'avons aucun choix !u
vocabulaire employé dans les articles de journaux.
M. LEGER: Est-ce qu'on peut demander au ministre si c'est possible
d'arrêter non pas arrêter dans le sens de conduire en prison
une personne qui a des responsabilités auprès du
gouvernement et auprès de certaines compagnies, de jouer ce rôle
de médiateur? Ce rôle est inacceptable et même, je ne dirais
pas immoral, mais pas loin!
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, messieurs! J'ai le regret de vous
informer que nous devons ajourner la séance sine die et que les
députés sont invités à se présenter à
l'Assemblée nationale.
Continuez l'enregistrement, s'il vous plait.
L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: On préfère suspendre sine die, parce que M.
Morin avait autre chose à apporter.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, la séance est ajournée
sine die.
(Fin de la séance à 17 h 35)