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Commission permanente
des finances, des comptes publics
et du revenu
Etude des crédits
du ministère des Finances
et du Conseil du Trésor
Séance du mardi 28 mai 1974
(Vingt heures vingt minutes)
M. BRISSON (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs! La commission des
finances, des comptes publics et du revenu se réunit à nouveau
afin de continuer l'étude des crédits du ministère des
Finances et du Conseil du trésor. Programme 2: Gestion de la caisse et
de la dette publique. Est-ce qu'il y a d'autres questions au programme 2?
Gestion de la caisse et de la dette publique
M. MORIN: Oui, j'avais encore deux petites questions avec votre
permission, M. le Président. La Caisse de dépôt a une
participation minoritaire dans une société du nom d'Innokan,
laquelle est détenue majoritairement par la Corporation de
développement du Canada. Sa-vez-vous si la caisse a l'intention de
continuer à investir de la sorte, soit dans la CDC, soit dans des
sociétés qui sont détenues majoritairement par la CDC?
C'est une solution qui, à notre avis, favorise l'exode de
l'épargne québécoise puisque la CDC investit partout au
Canada, sauf au Québec, enfin à peu de choses près.
M. GARNEAU: Comme je l'ai indiqué à une réunion
antérieure, je n'ai jamais voulu intervenir dans les décisions du
conseil d'administration de la Caisse de dépôt en ce qui concerne
le choix des actions dans lesquelles la caisse décide d'intervenir, pas
plus pour cette société dont j'ignorais même l'existence
que pour des investissements qu'elle pourrait faire dans d'autres
sociétés. Je n'ai pas jugé opportun de le faire. A moins
que mon opinion change dans l'avenir sur ce sujet, je n'ai jamais voulu non
plus demander et cela je me suis abstenu de le faire par principe
à la Caisse de dépôt de me fournir la liste des compagnies
dans lesquelles elle détenait des actions. Ne le sachant pas, je trouve
cela préférable pour moi de telle sorte que je suis certain de ne
pas, par inadvertance, commettre d'indiscrétions. Il y a un danger
à rendre ces choses publiques. Je ne sais pas au juste s'il s'agit d'un
communiqué que la caisse a déjà émis en ce qui
regarde la société Innokan dont vient de me parler le chef de
l'Opposition.
Tout ce que je peux dire c'est que je n'ai pas été
consulté d'ailleurs je n'avais pas à l'être
par le conseil d'administration pour qu'une telle décision soit
entérinée par le conseil d'administration de la caisse.
Si on veut discuter d'une façon plus générale des
politiques de placement de la caisse, je pense bien qu'on pourra le faire
à l'occasion des amendements qui viendront à la charte de la
Caisse de dépôt. Au cours de l'étude de ces amendements, le
président et le directeur général de la caisse seront
certainement convoqués pour venir expliquer certaines attitudes ou
certains aspects de ces changements et on pourra poser les questions au
président de la caisse.
M. MORIN: Existe-t-il des normes générales de
comportement, pour la caisse, lorsqu'elle effectue ses placements, notamment
des placements comme ceux-là à l'extérieur du
Québec?
M. GARNEAU: La caisse a une attitude que le conseil a
déterminée, mais non pas une attitude de placement qui lui a
été dictée par le ministre des Finances.
M. MORIN: M. le ministre, c'est quand même vous qui
répondez pour la caisse devant l'Assemblée, donc qui êtes
jusqu'à un certain point garant de son comportement devant les membres
de l'Assemblée. Et si on se rend compte que la caisse fait des
placements, dont je ne connais pas l'ampleur, dans ce cas je dois
préciser, mais si la caisse se mettait à faire des
placements...
M. GARNEAU: Elle ne peut pas détenir plus que 30 p.c, de toute
façon. Les limites...
M. MORIN: C'est 30 p.c.
M. GARNEAU: ... sont déterminées par la loi et elle ne
peut pas dépasser plus que 30 p.c. dans ces types de placement ou dans
la même entreprise...
M. MORIN: Effectivement.
M. GARNEAU: ... elle ne pourrait pas contrôler l'entreprise
à l'intérieur de ces normes qui sont contenues dans la loi. Le
conseil a liberté d'action pour prendre ses décisions, et je n'ai
pas eu de motif, à venir jusqu'à maintenant, de
m'inquiéter d'une mauvaise gestion de la caisse, si je me base sur les
rapports annuels et sur les taux de rendement qui sont montrés, ils se
comparent avantageusement à l'importe quel autre organisme du même
genre.
M. MORIN: Ce n'est pas ça du tout dont il est question. Ce n'est
pas le rendement de la caisse sur lequel je me permets de vous interroger,
c'est sur sa politique d'investissement. Quand même, la caisse
récolte de l'épargne québécoise, et on se plaint
toujours que les Québécois n'investissement pas suffisamment chez
eux. Si, par-dessus le marché, par-delà toutes les institutions
financières qui récoltent l'épargne
québécoise, la Caisse de dépôt se met à faire
la même chose, vous avouerez que ce
n'est pas une façon de canaliser l'épargne
québécoise au profit du développement
québécois.
Est-ce que je me fais comprendre?
M. GARNEAU: Je vous comprends très bien, sauf que, lorsque la
caisse cherche à avoir une partie de ses avoirs dans du capital de
risque, dans des actions d'entreprises canadiennes, évidemment, son
choix, en termes d'entreprises québécoises, est quand même
assez limité. Si on parle d'entreprises québécoises
francophones, il est très limité, parce que nous n'avons pas
beaucoup d'entreprises québécoises francophones dont le
capital-actions est transigé en Bourse. Si vous faites abstraction des
banques, vous allez pouvoir compter les autres entreprises avec peut-être
seulement les doigts d'une main et pas tout à fait ceux des deux
mains.
M. MORIN: II y a aussi les entreprises québécoises
anglophones.
M. GARNEAU: Oui, mais il faut que l'entreprise fournisse un bilan qui
répond à une certaine performance, sans quoi la caisse ne peut
pas détenir d'actions ou d'obligations autrement qu'en les mettant dans
ce qu'on appelle le "basket clause".
M. MORIN: En tout cas, M. le ministre, je ne sais pas si vous
connaissiez cet investissement, mais il me paraît tout à fait
aller à l'encontre de ce qu'on attend de la caisse, surtout que, dans le
cas de la CDC, elle investit à peu près partout sauf au
Québec.
M. GARNEAU: Je n'ai pas d'autre chose à ajouter.
LE PRESIDENT (M. Brisson): J'en profiterais pour annoncer que M. Assad,
député de Papineau, remplace M. Harvey (Jonquière) et que
M. Giasson, député de Montmagny-L'Islet, remplace M.
Lévesque, député de Bonaventure.
D'autres questions au programme 2?
M. MORIN: Vous n'avez rien à ajouter?
M. GARNEAU: Je n'ai rien à ajouter pour les raisons que j'ai
indiquées tout à l'heure et que j'ai indiquées,
d'ailleurs, à une réunion antérieure.
M. MORIN: Oui, toujours en ce qui concerne la Caisse de
dépôt, est-ce que je pourrais vous demander qui a remplacé
M. Claude Forget comme membre du conseil d'administration?
M. GARNEAU: C'est M. Dinsmore, le sous-ministre adjoint au
ministère de l'Industrie et du Commerce, qui a remplacé M.
Forget, et Claude Castonguay a remplacé Michel Bélanger.
M. MORIN: Qui, lui, est passé à la Bourse de
Montréal.
M. GARNEAU: Pas M. Bélanger, l'ancien président de la
Bourse, M. Neapole.
M. MORIN: Relisant les débats de l'année dernière
sur les crédits, j'ai noté que le ministre et notre ancien
collègue Joron, député de Gouin, avaient eu un dialogue au
sujet de la possibilité de créer une société de
gestion publique qui serait parallèle à la Corporation de
développement du Canada, à cause des obstacles qui existent pour
la caisse de dépôt, dans ses investissements. Relisant un passage
en particulier, je me demandais si le ministre avait pu méditer
davantage sur cette suggestion. C'est un passage extrait de la réponse
du ministre à M. Joron. Je pense que ce ne serait pas bon pour la
sécurité des placements que fait la Caisse de dépôt
en regard des obligations qu'elle a vis-à-vis de la Régie des
rentes. Si on veut laisser l'entière liberté, moi je favoriserais
davantage, soit une amalgamation avec des entreprises québécoises
existantes, que ce soit la Corporation de prêt et revenu ou une
société des placements collectifs Desjardins, avec une
participation québécoise du gouvernement pour essayer de donner
plus d'ampleur. J'aimerais mieux répartir les risques que de les mettre
tous dans le même panier. Mais, en principe, je n'ai pas d'objection.
Est-ce que cette idée de créer une société
de gestion publique a progressé dans l'esprit du ministre?
M. GARNEAU: Evidemment, je ne me rappelle pas exactement du contexte
dans lequel ce débat s'était fait. Je me souviens d'avoir
indiqué déjà un point de vue qui n'est pas partagé
par tout le monde; si ma mémoire m'est fidèle, à ce moment
on avait parlé de confier à la caisse d'autres fonds à
gérer. Comme vous le savez, le régime de retraite des
employés de la construction est administré par la caisse. La
Commission des accidents du travail voit ses fonds administrés par la
caisse. Si ma mémoire m'est fidèle, on avait discuté de
cette ampleur que pouvait prendre la caisse, au fur et à mesure qu'on
lui confiait des fonds à gérer.
M. MORIN: C'est ça.
M. GARNEAU: C'est dans ce contexte que j'avais émis l'opinion que
s'il arrivait que les fonds à gérer provenant de plusieurs
sources plaçaient la caisse dans une situation de monopole ou presque,
cela pourrait créer des problèmes. Alors, je mentionnais, en
réponse à M. Joron, que dans une telle éventualité,
plutôt que de mettre tous les oeufs dans le même panier, il
s'agirait de les confier à deux groupes. Je ne sais pas si ma
mémoire me sert bien. Lorsque l'on parlait d'un éventuel
régime de retraite pour l'ensemble des employés munici-
paux de la province et du fait de confier la gérance de ces fonds
à un organisme comme la Caisse de dépôt et placement, je
mentionnais, à titre d'hypothèse, que ce serait peut-être
une chose à envisager que de songer à la création d'une
autre structure pour ne pas placer entre les mains d'un conseil
d'administration composé d'une dizaine de personnes au maximum, avec
ceux qui n'ont pas le droit de vote, la gérance de tous les capitaux,
surtout dans le cadre actuel où la caisse, de par sa charte, a une
autonomie d'action très grande.
M. MORIN: Oui.
M. GARNEAU: Comme il n'y a pas eu de multiplication à ce point,
changeant les ordres de grandeur de façon tellement importante, le
problème de créer ou de ne pas créer une autre structure
administrative de placement de capitaux ne s'est pas posé.
M. MORIN: Remarquez que vous pourrez envisager aussi la
possibilité de passer par le canal de la SGF ou de la SDI.
M. GARNEAU: Si c'était du capital de risque...
M. MORIN: Ce sont d'autres possibilités. M. GARNEAU: dans des
entreprises... M. MORIN: Oui.
M. GARNEAU: ... là il appartiendrait à la SGF, je pense,
de le faire. Mais c'était surtout en termes de gérance
d'épargne accumulée.
M. MORIN: Oui. Alors, sur ce plan...
M. GARNEAU: Je prends l'exemple de la question que vous me posiez
récemment à l'occasion d'une réunion antérieure
où l'on parlait de l'épargne-logement. J'ai demandé
d'ailleurs au président de la Caisse de dépôt et placement
de regarder quelle serait la possibilité pour la caisse d'offrir
elle-même ce service advenant que le budget fédéral soit
accepté et qu'il offre cette possibilité d'accumulation
d'épargne-logement, si on veut... Evidemment, des compagnies de fiducie
pourraient peut-être s'intéresser à ça.
Peut-être que la Caisse de dépôt et placement pourrait
offrir également ce service qui lui donnerait des montants X. Il est
assez difficile d'évaluer quelle serait la réception que ferait
le citoyen québécois à un tel programme-logement. Mais
cela se situerait dans ce cadre d'activités nouvelles.
M. MORIN: Autrement dit, la réflexion du ministre sur ce plan en
est à peu près au même point que l'année
dernière.
M. GARNEAU: Oui, parce qu'il n'y a pas eu de changement majeur dans
l'épargne accumulée et contrôlée par des organismes
gouvernementaux.
M. MORIN: M. le Président, on pourrait peut-être
procéder à l'adoption des crédits du programme no 2.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme no 2, adopté?
DES VOIX: Adopté.
Comptabilité gouvernementale
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme no 3: Comptabilité
gouvernementale.
M. MORIN: Bien, programme no 3. L'an dernier, M. le Président, 80
nouveaux postes devaient être comblés. Je me réfère
au débat sur les crédits, à la page B-1856. Combien de
postes l'ont été effectivement?
M. GARNEAU: Pour répondre à la question du chef de
l'Opposition, il faut se référer simultanément au
programme no 6, parce que la Direction des systèmes si on utilise
le vocabulaire de l'an dernier, lors des crédits qui s'appelait
tout le groupe MOBEC, la mécanisation des opérations
budgétaires et comptables, qui était un service rattaché
au bureau du contrôleur des finances, a été
fusionnée à la section du programme no 6, qui est le traitement
électronique des données, ce qu'on appelait, dans le vocabulaire
du ministère, le projet MOBEC, qui était la mécanisation
des opérations budgétaires et comptables. Comme nous sommes
passés, maintenant, à la phase d'implantation, cela s'appelle
SYGBEC, le système de gestion budgétaire et comptable.
Il y a eu un transfert de postes du contrôleur des finances au
programme 6, qui est celui de traitement électronique des données
de 74 postes. Du Service de traitement électronique des données,
17 postes furent mutés au contrôleur des finances, de telle sorte
que les deux ensemble, les postes autorisés le 1er octobre 1973 ou si on
prend peut-être le 1er avril, qui est plus la période du budget,
vous avez 1,115 postes autorisés dans les deux services au 1er avril
1973 et, au 1er avril 1974, il y avait 1,225 postes autorisés dont,
vacants, 149 dans les deux secteurs, ce qui donne 1,074 postes occupés
au 1er avril 1974 contre 982 au 1er avril 1973. Il y a eu dans les deux
services une augmentation de 92 postes dans les deux programmes à cause
du mariage qui s'est fait entre les deux entre le 1er avril 1973 et le 1er
avril 1974.
M. MORIN: Donc, les postes comblés...
M. GARNEAU: Le nombre de postes com-
blés durant l'année a été de 92 pour les
deux services qui ont été fusionnés.
M. MORIN: ... ont été de 92 pour les deux services. Bien,
je saisis. Maintenant, si on regarde les crédits pour 1974/75, au
programme 3, ventilation des crédits, il y a 39 postes de plus cette
année que l'année dernière. Prévoyez-vous combler
ces postes aisément. Y aura-t-il des difficultés?
M. GARNEAU: Je vais demander à M. Lefai-vre de répondre
à certains des aspects techniques. Cela va aller plus vite que si je lui
pose la question et qu'il me répond. Comme ce sont des questions
administratives, sans doute pour-ra-t-il répondre plus rapidement.
M. MORIN : C'est très bien, ce pourra être au nom du
ministre.
M. GARNEAU: Oui, c'est ainsi que ça se fait d'habitude.
Si nous prenons l'expérience de cette année, le
recrutement a bien été. Très rapidement, au moins dans les
premiers mois, on fera un effort pour recruter du personnel pour ces nouveaux
postes dont on a grandement besoin pour l'administration, surtout dans les
services comptables. Ce sont des postes de services comptables qui sont
distribués dans chaque ministère.
M. MORIN: Ces postes requièrent-ils de l'expérience, ou
prenez-vous parfois des jeunes frais émoulus des grandes
écoles?
M. GARNEAU: Nous avons eu une heureuse expérience avec des
diplômés des CEGEP dans le domaine de la finance. Ils nous font
d'excellents agents vérificateurs, ce qu'on n'avait pas autrefois.
M. MORIN: II s'agit surtout d'agents vérificateurs...
M. GARNEAU: Oui.
M. MORIN: ... dans le cas de ces 39 postes? M. le Président, je
voudrais demander au ministre s'il y a eu modification des pratiques comptables
suite au rapport du vérificateur général. En particulier,
a-t-on procédé à corriger un certain nombre de points sur
lesquels il s'était étendu, par exemple le report de
dépenses à une année ultérieure?
M. GARNEAU: Si je comprends bien la question du chef de l'Opposition,
ça se référait au fait qu'en fin d'année des
factures étaient accumulées dans certains services administratifs
et que le paiement ne se faisait que l'année suivante, alors qu'il y
avait des crédits périmés dans les montants votés.
Est-ce bien le sens de son observation? Je viens de vérifier
auprès de mes adjoints et il semble que c'est dans ce sens qu'avait
été faite la remarque du vérificateur
général.
M. MORIN: Oui.
M. GARNEAU: Si tel est le cas, la procédure qui a
été suivie fut que, durant les dernières semaines du mois
de mars, le contrôleur des finances et ses adjoints via les services
comptables attiraient l'attention des gestionnaires des ministères sur
la capacité qu'ils avaient de payer des comptes ou des factures en
suspens à même les crédits qui avaient été
votés en cours d'année et d'éviter le report de paiements,
d'un côté, tout en laissant dans les budgets votés de
l'année courante des crédits qui n'étaient pas
utilisés, qui devenaient des crédits périmés.
Quel a été le résultat de l'expérience de
cette année? Je ne sais pas si M. Breton pourrait indiquer si cela a
porté fruit. Ce qu'on a fait cette année, on a de nouveau
insisté davantage auprès des ministères, des services de
comptabilité et des gestionnaires en général pour les
inviter à diriger vers le service de la comptabilité le maximum
de factures afin que nous fassions une coupure des opérations qui
correspondrait mieux aux faits.
Nous avons une bonne collaboration de tout le monde, mais certains
gestionnaires sont à un moment donné un peu moins vigilants de ce
côté-là, ce qui fait que des factures sont
acheminées vers le service de la comptabilité après le 30
avril, qui est un mois après la fin normale des opérations. Mais,
à ce moment, on ne peut plus les considérer dans les
opérations de l'année écoulée, la loi ne nous le
permettant pas. On peut imputer une dépense sur l'année
écoulée seulement dans les 30 jours qui suivent la fin de
l'année. Si la facture nous parvient le 15 mai pour une raison ou
pour une autre il faudrait déroger à la loi pour l'imputer
aux dépenses de l'année écoulée.
Cette limite nous crée un certain problème. Mais c'est une
limite statutaire.
M. MORIN: Pour ce qui est de la comptabilisation des subventions, le
vérificateur général attirait votre attention, à la
page 240 de son rapport, sur la difficulté suivante: Pour plusieurs
catégories de subventions, des mesures ont été prises par
les ministères qui leur permettent de s'assurer que les montants
versés ont été utilisés aux fins prévues;
c'est le cas des subventions aux hôpitaux et aux commissions scolaires
par exemple.
Nous croyons tout de même utile de rappeler que cette
responsabilité incombe à tous les ministères pour
l'ensemble des subventions qu'ils versent et que, tout en tenant compte de
l'importance des montants en cause, ils doivent prendre les dispositions
nécessaires pour s'en acquitter.
Est-ce que le ministre a vu à répondre à cette
critique?
M. GARNEAU: Il y a une responsabilité de la part du
contrôleur des finances et du Conseil du Trésor, là-dedans.
Nous avons, via le secrétariat du Conseil du trésor,
engagé une procédure avec les administrations des
ministères, les gestionnaires des ministères pour que ces
vérifications soient faites, et non seulement qu'elles soient faites,
mais qu'on suive le dossier. Je pense qu'on ne pourra pas le faire dans
l'année mais, après une certaine période de temps, on
pourra obtenir les bilans, les états de profits et pertes de chaque
organisme subventionné. C'est une tâche assez colossale, plusieurs
organismes recevant des subventions de l'ordre de $2,000 ou $5,000 ou $10,000,
cela tant dans le secteur sportif, que le secteur culturel, et ces organismes
n'étant pas toujours dotés d'experts comptables responsables de
leur administration.
Certains délais s'accumulent mais la procédure est en
marche. Evidemment, ça ne se fera certainement pas dans l'espace d'un
an, c'est impossible, ça va prendre un certain temps avant que tout le
mécanisme soit rodé et qu'automatiquement les organismes
subventionnés nous fassent parvenir leur rapport à jour et que la
vérification puisse être faite, de même que les correctifs.
Un certain nombre de secteurs ont été couverts, je ne les ai pas
en mémoire, mais il y en a plusieurs. On en a peut-être couvert 30
p.c. ou 40 p.c; il reste les autres et ça va être long. C'est long
de les impliquer.
Quand on ne les a pas, il faut communiquer à nouveau avec ces
organismes pour leur dire: Vous avez passé la date, et on n'a pas
reçus encore vos états financiers. On peut toujours retenir la
subvention de l'année suivante, mais il y a quand même un
décalage de plusieurs mois avant qu'on ne les obtienne. Bien souvent,
les petits organismes, si on ne versait pas la subvention je ne sais pas
moi, les organismes sportifs ou culturels seraient placés dans
l'incapacité de continuer leurs opérations si on rendait cette
condition péremptoire.
Alors, un ajustement devrait se faire.
M. MORIN: Oui, dois-je comprendre du ministre que, malgré les
efforts qu'il peut faire ou que ses fonctionnaires peuvent faire dans ce
domaine, il n'arrive pas à satisfaire à toutes les observations
du vérificateur général?
M. GARNEAU: Non, on serait incapable de le faire dans l'espace d'une
année. Cela prend de la collaboration. Je ne sais pas si mes
fonctionnaires du contrôleur des finances ont des observations
additionnelles à faire, mais je pense qu'il y a à peu près
trois semaines ou un mois on a discuté de cette question au Conseil du
trésor pour revoir la procédure qui était mise en marche
pour obtenir ces dossiers, parce que la Loi de l'administration
financière fait obligation aux organismes subventionnés de nous
les transmettre. Mais, il y a une partie de bonne foi là-dedans et il
faut du temps pour que ce soit une coutume établie, que les gens le
sachent et qu'ils prennent le soin de nous envoyer les rapports. Evidemment, on
travaille avec des hommes.
M. MORIN: Le vérificateur général avait
également attiré votre attention sur la faiblesse des services de
vérification interne dans les ministères. Son rapport à la
page 29 nous dit: Dans les ministères et dans les organismes dont la
vérification nous est confiée, il existe peu de services de
vérification interne exerçant leur mandat de la façon
ci-haut décrite.
Pourtant, il s'agit là d'un élément essentiel de la
gestion efficace d'une entreprise importante, qu'elle soit gouvernementale ou
privée. Sur ce plan, le ministre a-t-il pu apporter des correctifs?
M. GARNEAU: Après le dépôt du rapport du
vérificateur général, j'ai transmis à chaque
ministère les recommandations que le vérificateur avait faites
concernant la gestion. Et le contrôleur des finances m'informe
qu'à la suite de cette lettre les gestionnaires ont commencé
à mettre sur pied des services de vérification interne. A quel
niveau cela est rendu, là, M. Lefaivre serait sans doute plus en mesure
de répondre d'une façon précise; car moi je n'ai pas les
renseignements de dernière minute, là-dessus.
M. MORIN: Je trouve un autre passage où le vérificateur
général dit qu'il s'agit là d'une lacune administrative
importante.
M. GARNEAU: C'est certainement important. A notre connaissance, nous
savons que quelques ministères ont demandé au Conseil du
trésor des postes additionnels pour ce service de vérification
interne; entre autres, j'ai à la mémoire le tourisme où
tout un organisme a été monté, où un poste est
reconnu au niveau du vérificateur interne du ministère.
Il y a le domaine du crédit agricole aussi où ils ont fait
un travail; à la suite de remarques du vérificateur
général, ils ont mis en place tout un système de
vérification interne dont je suis au courant parce qu'à un moment
donné j'ai été consulté là-dessus. Pour tous
les ministères, il faudrait reprendre chacun des dossiers pour voir quel
en a été le cheminement, mais je ne l'ai pas à la
mémoire.
M. MORIN: Oui, parce que le vérificateur dit qu'il s'agit d'une
majorité des ministères.
M. GARNEAU: Non, pas la majorité. Au ministère de la
Justice et au ministère des Affaires sociales, on a commencé
à mettre sur pied des services de vérification interne.
M.MORIN: Qui relèvent, en fait... M. GARNEAU: Non, non.
M. MORIN: ... de chaque ministère. M. GARNEAU: De chaque
ministère. M. MORIN: C'est cela, oui.
M. GARNEAU: Cette responsabilité-là est la
responsabilité de chacun des ministères. Sur ce plan, c'est de la
gestion interne du ministère et c'est la responsabilité de chacun
des gestionnaires.
M. MORIN: Oui.
M. GARNEAU: Des ministères gestionnaires.
M. MORIN: Mais ça vous intéresse tout de même, vous
aussi...
M. GARNEAU: Oui.
M. MORIN: ... puisque, ultimement, si la vérification interne ne
se fait pas dans les ministères, c'est vous-même qui êtes
appelé à en répondre.
M. GARNEAU: Oui, oui. Cela nous aide beaucoup dans notre
vérification.
M. MORIN: Autrement dit, le progrès est plutôt lent, si je
comprends bien.
M. GARNEAU: C'est le problème d'avoir le personnel, de le former,
et avant qu'il devienne efficace, ça prend tout de même un certain
temps.
M. MORIN: Un autre point sur lequel le vérificateur insatisfait,
c'était le mauvais contrôle comptable des revenus des
ministères. Il y a plusieurs passages, dans son rapport, qui font
allusion à cela. Je pense à la page 213, par exemple, il y a
aussi les pages 240 et 241. Je ne prendrai pas la peine de lire au long les
citations du vérificateur général. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire s'il a procédé à la correction des
lacunes?
M. GARNEAU: Oui, pour donner suite à ces remarques du
vérificateur, j'ai demandé au contrôleur des finances de
préparer, à l'intention du Conseil du trésor, une
étude d'abord des modifications qui devaient être
apportées; comme il me le souligne, le rapport a été
complété, il est actuellement au Conseil du trésor mais
les décisions n'ont pas encore été prises. Ce sera inscrit
à une séance éventuelle pour adopter les nouvelles
procédures, les nouvelles normes qui devront être suivies.
M. MORIN: Je crois qu'il y avait le cas des aveugles, notamment; il n'y
avait pas aussi les droits de coupe? Est-ce vous qui percevez les droits de
coupe?
M. GARNEAU: Non, ce sont les ministères qui les reçoivent.
Il y a le ministère du Revenu, évidemment, mais je pense bien que
ce n'est pas lui qui était en cause, c'était surtout les
ministères qui perçoivent, des revenus dans le cours de leurs
opérations. C'est le cas du ministère du Tourisme, par exemple,
qui perçoit du revenu pour les locations de chaloupes dans les parcs,
etc., et l'an dernier nous avons... Tout à l'heure, on va le voir,
lorsqu'on étudiera les crédits du Conseil du trésor.
Il y avait un fonds de gestion à l'intérieur du conseil
qui était alloué aux ministères pour défrayer des
études plus approfondies de contrôle des revenus, et de
contrôle des dépenses. Le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche est l'un de ceux qui ont exercé une
vigilance assez grande là-dessus. Le sous-ministre adjoint
administratif, M. Guy Langlois est en mesure de dire que ces
vérifications ont été extrêmement profitables. Le
système est à se roder. Mais dans l'ensemble, parce que la
question était plus générale, si on parle de directives ou
de normes administratives écrites, détaillées sous la
forme de contrôle de la perception de revenus à l'intérieur
des ministères, je répète ce que je viens de dire, c'est
que, suite aux remarques du vérificateur, le contrôleur des
finances et son équipe ont pris un certain nombre de mois pour
étudier le problème. Ils ont déposé un document au
Conseil du trésor, parce que c'est le Conseil du trésor qui,
selon la loi, doit approuver de tels règlements. Malheureusement, ils
n'ont pas encore été adoptés, question de temps aux
séances antérieures, mais cela va être inscrit. Le rapport
est prêt, il est déposé. Il reste à trouver le
temps, à une des réunions, pour l'étudier et l'accepter
avec ou sans amendement.
M. MORIN: Sur ce plan, vraiment, votre ministère a fait le
nécessaire et a mis les choses en marche?
M. GARNEAU: II est en marche.
M. MORIN: Un autre point souligné par le vérificateur
général, c'est l'inscription très partielle des profits et
pertes des sociétés gouvernementales. "Il serait
nécessaire, disait-il dans son rapport, page 2.13, d'incorporer les
revenus réalisés et aussi les pertes encourues par les
entreprises que le gouvernement possède, sauf à faire exception
pour certaines entreprises à caractère particulier". Est-ce que,
là-dessus, votre ministère a pu obtenir des résultats?
M. GARNEAU: Dans le dépôt des comptes publics de cette
année je pense que vous avez peut-être eu l'occasion de
vérifier les comptes publics 1972/73 le vérificateur
général faisait un certain nombre d'observations basées
sur l'autorité que lui donne la loi. Voici ce que le contrôleur
des finances, M. Lefaivre, disait à ce sujet: "La suggestion du
vérificateur général d'incorporer aux états
financiers du gouvernement le résultat des opérations des
entreprises
de l'Etat, de même que l'observation dans laquelle il
allègue: "Aucune disposition n'a été prise pour
évaluer les placements inscrits aux livres à leur valeur
réelle" comporte certaines difficultés dont les principales sont:
"1) le plan comptable de ces entreprises est différent de celui du
gouvernement". C'est-à-dire que les sociétés d'Etat n'ont
pas toutes une année budgétaire qui correspond à
l'année budgétaire du gouvernement. Si on prend
l'Hydro-Québec, son année financière est l'année
civile, par exemple. Donc, pour faire l'intégration des
sociétés d'Etat au plan comptable gouvernemental, il y a cette
difficulté. "2) Les coûts d'acquisition des biens de nature
capitale sont comptabilisés comme actifs par les entreprises d'Etat,
tandis que le gouvernement traite les coûts de cette nature comme
dépenses d'opérations. "3) L'année financière de
plusieurs de ces entreprises se termine à une date différente de
celle du gouvernement. "4) L'inscription à la valeur aux livres des
placements de certaines sociétés d'Etat ne représenterait
pas nécessairement mieux la valeur de réalisation de ses actifs
que leur inscription au coût. "5) La détermination de la valeur
réelle. "De plus, il faut se rappeler que les états financiers
des entreprises du gouvernement sont publiés annuellement dans un
fascicule qui présente la situation financière de ces
entreprises. "Enfin, avant d'introduire ou de rejeter cette suggestion, il
importe d'en faire une étude approfondie qui couvrirait toutes les
implications d'une telle approche".
C'est la remarque que le contrôleur des finances faisait suite
à cette recommandation du vérificateur général, en
indiquant l'impossibilité, du moins, d'appliquer ces recommandations
à court terme, avant d'avoir étudié à fond la
possibilité de les réaliser. Je pense qu'il y a cinq conditions
ou cinq objections à la réalisation de cet objectif. Evidemment,
je ne suis pas un comptable agréé personnellement, mais je
m'aperçois que, dans ce secteur comme dans d'autres, il y a une
interprétation qui se donne basée sur une compétence
différente. Je pense bien qu'il y a du pour et du contre dans chacun des
aspects.
Je pense que M. Breton aurait une remarque à faire concernant une
société, par exemple, où ça présente des
difficultés.
Il y a certaines sociétés où ça deviendrait
extrêmement difficile d'indiquer aux livres un montant qui pourrait
vraiment représenter la valeur de la société.
M. MORIN: La valeur réelle.
M. GARNEAU: Si on considère, par exemple, la valeur
réelle, si on prend la Société des alcools, on
réalise que cette société vend aux environs de $125
millions à $130 millions par année. Alors, quelle valeur doit-on
donner aux livres d'une régie comme celle-là?
M. MORIN: Oui. Mais dans le cas des entreprises gouvernementales qui
fonctionnent à perte ou qui ont des déficits accumulés, le
vérificateur disait: "Aucune provision appropriée n'a
été inscrite aux livres". Est-ce que sur ce point, du moins, vous
avez pu faire quelque chose?
M. GARNEAU: C'est difficile encore... Disons que si l'on prend
SOQUIP...
M. MORIN: Oui.
M. GARNEAU: ... et qu'on dit que SOQUIP a un potentiel de pertes
gouvernementales de X et que, demain matin, elle fait une découverte de
gaz naturel ou de pétrole, ce serait réellement une
évaluation qui serait difficile à faire.
M. MORIN: Ce serait peut-être arbitraire. M. GARNEAU: Très
arbitraire. M. MORIN: Oui.
M. GARNEAU: C'est un peu la façon... Si on prend d'autres
sociétés, comme SOQUEM, par exemple, c'est un peu la même
chose.
M. MORIN: L'exemple que prend le ministre est peut-être un peu
extrême. Je veux dire que SOQUIP, par la nature de ses activités,
est peut-être appelée à faire de longs investissements
à perte avant de frapper quelque chose, avant de frapper un gisement.
Mais je pense à SIDBEC et à sa filiale, SIDBEC-DOSCO, avec un
déficit accumulé, signalé par le vérificateur
général, de plus de $12 millions, ou encore à la
Société des traversiers Québec-Lévis avec un
déficit accumulé de quelque $628,000; ce sont des
sociétés qui sont, disons, moins spéculatives si je peux
m'exprimer ainsi.
M. GARNEAU: Dans le cas de la Société des traversiers
Québec-Lévis, elle ne peut pas supporter un déficit
longtemps. Il y a des fonds votés à l'intérieur du budget
du ministère des Transports qui subventionnent la Société
des traversiers Québec-Lévis pour la gratuité ou pour des
frais d'exploitation, de telle sorte que, dans le cas de la
Société des traversiers Québec-Lévis, il peut y
avoir, une année, un déficit de l'ordre de $300,000, $400,000 ou
$500,000 et, l'année suivante, cela va être compensé par
les subventions qui seront versées compte tenu de la date de fermeture
de son bilan.
Par contre, si l'on prend SIDBEC,... Evidemment, je pourrais
peut-être dire: Oui, d'accord, il y a un déficit accumulé
de $13 millions au moment où le vérificateur
général a fait son rapport. Actuellement, il serait probablement
de l'ordre de $26 millions ou $27 millions. Mais
dans le cas du développement de SIDBEC, l'Etat ne s'attendait pas
à ce qu'il y ait des profits avant un certain nombre d'années. Je
me rappelle avoir consulté, il n'y a pas tellement longtemps, certaines
remarques que le président actuel de SIDBEC faisait lors du lancement
je pense que c'était même ici, dans cette salle
lorsque SIDBEC a décidé d'acheter DOSCO pour former SIDBEC-DOSCO.
Les observations du président établissaient la rentabilité
de SIDBEC vers les années 1973 ou 1974. Je peux dire que, depuis le
début de l'année, SIDBEC commence à faire des profits avec
le plan d'investissement qui a été annoncé dans le
discours du budget et qui a été concrétisé depuis.
La rentabilité de SIDBEC semble vouloir s'établir sur une
période, disons, d'un certain nombre d'années.
Ce serait assez difficile d'évaluer et de dire que c'est une
perte sèche, à toutes fins utiles. Au contraire, je pense que
cela...
M. MORIN: Non, non, mais...
M. GARNEAU: ... va être rentable.
M. MORIN: ... je ne suis pas en train de faire le procès de
SIDBEC-DOSCO. C'est une question de comptabilité simplement.
M. GARNEAU: Je ne suis pas prêt à souscrire facilement, en
tout cas, à cette remarque du vérificateur général.
Je serais prêt à en discuter. D'ailleurs, j'en ai causé un
peu avec lui d'une façon non officille à l'occasion de rencontres
plutôt à caractère social où je lui soulignais
certaines des difficultés d'application de sa suggestion et ses limites.
Je ne serais certainement pas prêt à recommander au gouvernement
d'apporter cette modification à notre plan comptable maintenant.
Même si la suggestion mérite d'être étudiée,
elle ne me parait pas être une de celles qu'on devrait appliquer
maintenant.
Par contre, dans le même ordre d'idées, le
vérificateur a fait des remarques; cette fois-ci et dans les rapports
antérieurs du temps de l'auditeur aussi sur l'Office des
autoroutes. Là, on a corrigé la situation en donnant à
l'Office des autoroutes, comme on peut le faire de par la loi, des rabais de
taux d'intérêt. Je crois que c'est $7 millions par année
qu'on a mis dans l'Office des autoroutes, à peu près, au cours
des dernières années. La subvention a été de cet
ordre, oui, pour justement faire en sorte que la situation, dans l'Office des
autoroutes, n'aille pas en périclitant.
En ce sens, on a suivi l'observation du vérificateur
général, parce que c'était une chose, je pense, tout
à fait raisonnable, qui méritait une intervention
immédiate. C'est ce qu'on a fait.
Cela leur permet, à toutes fins pratiques, de faire leurs frais
maintenant. Au lieu d'être à $7 millions ou $8 millions de
déficit par année il y a un an et demi, l'année qui
s'est terminée en 1972 ils sont arrivés avec moins de $1
million de déficit, soit aux environs de $800,000 de déficit,
avec cette subvention. L'an dernier, je ne sais pas, mais cela ne doit pas
dépasser le million.
M. MORIN: Dans un cas peut-être plus sérieux, M. le
ministre, celui des mandats spéciaux, le vérificateur
général on a eu l'occasion de s'en entretenir en Chambre,
au moment de la parution du rapport, je ne sais plus si c'était à
l'automne ou au début de la présente session soulignait
notamment qu'au ministère de la Voirie on obtient
régulièrement, depuis quelques années, un mandat
spécial pour sensiblement les mêmes fins. Un tel mandat,
disait-il, ne nous semble plus satisfaire aux critères de la
dépense imprévue, urgente et requise immédiatement pour le
bien public qu'il n'était pas possible d'incorporer aux
prévisions budgétaires régulières.
Le ministre est certainement sensible aux abus possibles lorsque des
mandats spéciaux sont requis et ne répondent pas aux
critères définis par la loi. Est-ce que son ministère
s'est penché sur ce problème?
M. GARNEAU: Oui, mais c'est une chose que de le dire comme cela et une
autre d'être en mesure de le faire. L'administration publique, c'est
assez vaste. La préparation du cycle budgétaire se concentrait
autrefois sur une période d'à peu près peut-être un
mois, assez rapprochée du début de l'année
financière. C'était beaucoup plus facile, parce qu'on
était plus près du début de l'année, de pouvoir
prévoir avec précision l'ensemble des besoins.
Aujourd'hui, à cause de l'ampleur du budget de la province, de sa
complexité, le cycle budgétaire, c'est une opération, je
dirais, de onze mois sur douze. Je crois qu'entre le moment où j'ai
déposé les crédits 1974/75 et où je
prononçais le discours sur le budget, il y avait déjà eu
deux rencontres entre l'administration du secrétariat du Conseil du
trésor et les ministères en vue de préparer le cycle
budgétaire 1975/76. Ainsi, on en arrive à fixer les enveloppes
budgétaires des ministères quelque part entre le 15 octobre et le
15 novembre, à peu près. Alors tout ce qui peut se produire
subséquemment à cela est difficilement prévisible.
Là où il peut y avoir une amélioration, c'est
lorsque nous le savons suffisamment tôt pour être capables de
présenter un budget supplémentaire en Chambre. Lorsque nous
savons à une date suffisamment hâtive les besoins que le
ministère aura, nous pouvons décider d'y aller par budget
supplémentaire et le présenter en Chambre avant. Si ces besoins
surgissent au moment où les travaux de la Chambre sont ajournés,
il est impossible de le faire.
D'ailleurs, j'ai dit au vérificateur général,
à la blague: Je crains que ce soit là une remarque
que vous soyez peut-être appelé à
répéter à l'occasion.
M. MORIN : Vous voulez dire à chaque fois qu'il y a une
élection !
M. GARNEAU: Si on se base là-dessus, cela voudrait dire qu'il y
aurait eu des élections presque toutes les années!
M. MORIN: Oui. Mais cela se prépare de longue date.
M. GARNEAU: Ah, vous savez, les bons politiciens commencent le lendemain
de la victoire !
M. MORIN: Oui, je vois cela, parce qu'il s'agit tout de même du
budget de la voirie, dans ce cas, M. le ministre. Le budget de la voirie, il me
semble que c'est un de ceux qui peuvent se planifier le mieux quelques
années d'avance.
M. GARNEAU: Mais il arrive toujours des événements
imprévus, vous savez.
M. MORIN : Oui, je le sais bien, mais il me semble que c'est quand
même une critique sérieuse, une critique fondamentale de la
gestion.
M. GARNEAU: L'année passée, je ne sais pas si c'est
arrivé par mandat, la question de l'autoroute 13 si ma
mémoire est fidèle, c'est l'autoroute 13 il y a une partie
de cela qui a dû passer par mandats spéciaux parce que, je pense
que ma mémoire m'est fidèle, les ententes n'étaient pas
signées avec le gouvernement fédéral et je ne pouvais pas
présenter de budget supplémentaire avant que ce soit conclu. Au
moment où ç'a été conclu, la Chambre ne
siégeait plus et je ne pouvais quand même pas faire venir les
députés pour voter un budget supplémentaire de $8
millions, $10 millions ou $13 millions.
M. MORIN: Non mais je n'ai pas le sentiment, à écouter le
ministre que...
M. GARNEAU: Qu'il est très sincère?
M. MORIN: Non, je ne mettrai pas votre sincérité en doute.
Ce n'est pas dans mes habitudes. Mais je n'ai pas le sentiment que vous avez
vraiment fait quelque chose pour répondre à une critique qui me
paraît assez grave puisque des dépenses comme celles-là
doivent avoir un caractère imprévu, urgent, être requises
immédiatement pour le bien public. Dans le cas des travaux de voirie, je
vois difficilement...
M. GARNEAU: Si le député de Sauvé
représentait un comté...
M. MORIN: Un comté rural.
M. GARNEAU: ... rural, s'il avait derrière lui une population de
25 ou 30 municipalités, peut-être qu'il modifierait un peu son
point de vue sur le caractère urgent ou prioritaire de certains travaux.
Evidemment, c'est une question d'opinion.
M. MORIN: A circuler sur certaines routes de la province, oui, on
constate que, surtout au printemps, en ce moment, certains travaux sont en
effet de caractère urgent, requis immédiatement, prévus
cependant. Peut-être qu'il y a un des critères qui ne serait pas
rencontré. Je ne sais pas...
M. GARNEAU: II y a un autre facteur là-dedans, blague à
part, quand même, dont il faut tenir compte, c'est l'évolution des
revenus dans le gouvernement. Des projections nous sont faites et, au moment
où le budget est adopté, défendu, etc., on peut
déterminer un volume de revenus de X, des plans d'investissements d'Y et
finalement un programme d'emprunts de Z. Mais lorsqu'on prend ces
décisions, il faut le faire à l'intérieur des
connaissances des revenus et de l'évolution des dépenses.
Lorsqu'on arrive avec une certaine connaissance de l'année
écoulée, qu'on est rendu, par exemple, au mois de septembre,
à la fin d'août, début septembre et qu'on a les
entrées fiscales des mois d'avril, mai, juin, juillet, août,
à ce moment-là le ministre des Finances peut accepter des
programmes de dépenses qu'il ne se sentait pas en mesure d'accepter
quatre ou cinq mois plutôt lorsqu'il jouait à la marge
d'augmentation de revenus ou de baisse de revenus.
Lorsque vous parlez d'une variation de 1 p.c. sur un budget de $6
milliards, ce sont quand même des montants assez appréciables. Et
mesurer toutes ces affaires avec une marge d'erreur de moins de 1 p.c, ce n'est
pas un miracle mais presque. Il y a une marge d'erreur qu'on ne peut pas
diminuer. Il est arrivé, depuis que j'exerce la fonction de ministre des
Finances que, rendu à la fin du mois d'août ou au début
septembre, j'étais capable de dire au gouvernement: oui on est en mesure
d'accepter un programme de dépenses de $10 millions, $15 millions ou $20
millions de plus sans affecter notre programme d'emprunts, parce que
l'évolution des quatre ou cinq premiers mois de l'année nous
indique que les revenus seront légèrement supérieurs
à ceux qu'on avait prévus.
Je pense que dans la plupart des budgets supplémentaires, des
mandats ont été passés au cours des quatre ou cinq
dernières années, à l'exception de cas de crise. Je pense
aux événements de Saint-Jean-Vianney, par exemple, ou encore aux
inondations que nous avons présentement. La plupart des décisions
ont été prises à la suite de ces considérations de
revenus qu'on ne pouvait pas prévoir antérieurement et qu'on a
prises uniquement lorsqu'un certain nombre de mois de l'année se sont
écoulés.
Le sous-ministre m'indique également, dans
l'évolution des revenus, tout le problème du calcul de la
péréquation dont les montants sont basés sur les revenus
des autres provinces. La moyenne des revenus des autres provinces, les chiffres
précis sont connus seulement dans le milieu de l'année. Par
exemple, la semaine passée, je comparais les revenus provenant des
opérations minières à la production minière de
chacune des provinces. Les chiffres que je donnais au chef de l'Opposition
à ce moment-là étaient les prévisions que chacune
des provinces avaient faites, ce n'étaient pas les chiffres
réels.
Les chiffres réels seront-ils en conformité? Ils seront
peut-être 10 p.c. on 15 p.c. plus haut ou plus bas et cela affecte la
péréquation. On le sait. Bien souvent, il y a un ajustement qui
se fait en juin, qui nous est transmis au cours de l'été, et
puis, finalement, ça va à la fin de janvier ou à la
mi-février avant qu'on ait une indication assez précise de ce que
sera le montant de la péréquation pour l'année
financière en cours.
M. MORIN: Je ne suis pas insensible à certains arguments du
ministre; il est évident qu'il peut se trouver dans une situation
où, tout à coup, comme ses prévisions sous-estimaient
peut-être les rentrées...
M. GARNEAU: Là où je serais d'accord avec le
vérificateur général, ce serait pour que, dans une
éventuelle réforme de la Loi de l'administration
financière, dans une mise au point de la loi, de tels mandats soient
soumis pour étude, mais non pas pour adoption parce que si un mandat
spécial a été nécessité par des
circonstances quelconques, la plupart du temps la dépense a
été faite. Donc, si on disait que c'est...
M. MORIN: II est trop tard pour autoriser.
M. GARNEAU: II est trop tard pour autoriser, pour voter un mandat comme
tel, mais je n'aurais pas d'objection par contre à ce que, dans une
telle éventualité de mandats spéciaux, une commission,
soit la commission plénière de l'Assemblée nationale ou
une commission du ministère concerné, soit réunie pour
répondre aux questions concernant ce mandat spécial. Je n'aurais
pas d'objection à prêter mon concours.
M. MORIN: Cela me paraît être une suggestion
extrêmement constructive, qui permettrait à l'Assemblée
d'exercer quand même un certain contrôle là-dessus. Je me
rends compte que ce ne sont pas des montants astronomiques mais c'est tout de
même ça de plus qui échappe au contrôle des
élus. Je ne sais pas si le ministre entend faire une recommandation
officielle éventuellement...
M. GARNEAU: Disons que je ne présenterais pas une loi en Chambre
uniquement pour modifier ce petit aspect de la Loi de l'administration
financière, mais comme la loi a été adoptée au
cours du mois de décembre 1970 et qu'elle est entrée en vigueur
le 1er avril 1971, il y a quand même un certain nombre d'articles qui,
à l'expérience, ont prouvé que certaines modifications
étaient nécessaires. D'ailleurs, la plupart des sections du
ministère des Finances qui ont travaillé avec cette loi
quotidiennement ont fait un certain nombre de remarques et il est possible
qu'à l'automne ou au printemps prochain on apporte des précisions
à plusieurs des articles de la loi. A ce moment, personnellement, je
n'aurai pas d'objection de principe à inclure un tel changement.
M. MORIN: Bon, en tout cas, vous auriez sûrement l'appui de
l'Opposition pour cela, M. le ministre. Une dernière question sur la
comptabilité gouvernementale. Le vérificateur a souligné
à la page 235 de son rapport que les intérêts sur les
subventions dues aux commissions scolaires sont accumulés dans un fonds
sans être versés aux commissions scolaires. Cette situation,
disait-il, devrait être régularisée; s'il s'agit
réellement d'une dette envers les commissions scolaires, le paiement
devrait en être fait. Si tel n'est pas le cas, des dispositions doivent
être prises pour que le montant accumulé en intérêts
soit régulièrement versé au fonds consolidé du
revenu. Est-ce que le ministre a pris des dispositions pour donner suite
à cette recommandation? Au bas de la page 235.
Je signale au ministre que c'est lié à un autre
problème que j'ai rencontré dans deux régions du
Québec lors d'une tournée. Certaines commissions scolaires se
plaignent de recevoir leurs subventions avec des mois de retard, ce qui les
forçaient entre-temps à emprunter vous savez ce que
signifie emprunter sur le marché à l'heure actuelle et
pour une commission scolaire en particulier cela avait coûté
$80,000 d'intérêts pour une année. Je ne sais pas si c'est
lié au même problème. Non, ce n'est pas le même
problème?
UNE VOIX: C'est le même principe, mais ce n'est pas le même
problème parfois.
M. GARNEAU: Si ma mémoire est bonne, c'est un fonds qui a
été créé à un moment donné, celui qui
est mentionné à la page 235 du rapport du vérificateur qui
a été créé à l'occasion du versement, par le
gouvernement fédéral, d'une contribution à la construction
d'écoles, en vertu d'un vieux programme à frais partagés.
Les sommes qui sont versées aux commissions scolaires à
même ce fonds, le vérificateur général est d'avis
qu'on aurait dû en payer les intérêts. Cela n'a pas
été la pratique qui a été suivie et on a une
divergence d'opinions avec le vérificateur général
à ce sujet.
C'est la nature du problème soulevé ici. Ce n'est pas
celui que vous avez soulevé en deuxième lieu.
M. MORIN: Non, je me rends compte que c'est un problème tout
à fait différent.
M. GARNEAU: C'est un fonds qui s'épuise.
M. MORIN: C'est un fonds spécial, oui, d'accord. Est-ce que vous
avez une idée des montants d'intérêts en cause?
M. GARNEAU: Oui, les montants sont sûrement assez importants. Je
crois qu'il mentionne au début que c'est de l'ordre de $2.5 millions,
mais, avec l'épuisement du fonds, les sommes ne s'accumulent pas. C'est
une somme qui a été donnée en dépôt il y a
fort probablement six ou sept ans et, évidemment, les
intérêts auraient été assez élevés, si
on les avait payés, mais il a été décidé de
ne pas les payer.
M. MORIN: Si j'ai bien compris, vous considérez que ce n'est pas
une dette envers les commissions scolaires. Donc, le paiement ne devrait pas en
être fait, comme le recommande le vérificateur
général. Mais celui-ci ajoute: "Si ce n'est pas le cas
c'est-à-dire si vous considérez que ce n'est pas une dette envers
les commissions scolaires; c'est à la page 236 des dispositions
devraient être prises pour que le montant accumulé en
intérêts soit régulièrement versé au fonds
consolidé du revenu". Est-ce que vous avez pu procéder à
ce versement?
M. GARNEAU: Je pense que, lorsqu'il y aura épuisement de la
somme, l'opération qui est suggérée dans le haut de la
page 236 sera faite.
M. MORIN: A l'épuisement du fonds.
M. GARNEAU: Oui. Je ne me rappelle pas quand le fonds sera
épuisé, mais je crois que c'est sur un délai de...
M. MORIN: Cela marche jusqu'en 1975. D'ici le 31 mars 1975.
M. GARNEAU: Oui, c'est ça. Je crois qu'à ce
moment-là il faudra virer les sommes qui sont mentionnées au
fonds consolidé.
M. MORIN: Oui. Je ne m'étendrai pas sur toute la question qu'on
pourrait soulever pour savoir si cet argent était destiné aux
commissions scolaires.
M. GARNEAU: Mais une chose certaine, c'est qu'en dernière analyse
on peut dire que c'est presque bonnet blanc, blanc bonnet, parce que, via les
subventions d'équilibre budgétaire et le financement de
construction d'écoles, le gouvernement est appelé de toute
façon à payer ces sommes-là. Administrative ment, on
pourrait peut-être dire que l'intérêt aurait dû
être réparti au prorata, mais, de toute façon, ça va
être payé quand même par le fait que le gouvernement paye le
manque à gagner dans chacune des commissions scolaires.
Comme les intérêts, si vous le permettez, dont vous avez
parlé en deuxième lieu sont remboursés par des subventions
d'équilibre budgétaire, en vertu des normes budgétaires du
ministère de l'Education...
M. MORIN: Cela répond en gros à ma question. M. le
Président, j'aimerais poser une dernière question avant
l'adoption des crédits du programme 3. Je me réfère
à cette question dont nous avons déjà débattu en
Chambre et sur laquelle l'Opposition a eu beaucoup de difficulté
à avoir des éclaircissements, je veux dire, si je peux utiliser
ce pléonasme, des éclaircissements clairs. C'est la question du
chèque qui aurait été payé ou n'aurait pas
été payé à l'Institut Drouin et dont le montant
figure aux comptes publics de l'année dernière.
Qu'est-il advenu de ce chèque? S'il apparaît aux comptes
publics, c'est donc qu'il a été versé, en tout cas,
théoriquement. Est-ce que ce chèque a été
versé, est-ce qu'il est revenu?
M. GARNEAU: Si le montant apparaît dans les comptes publics,
à moins que le chèque n'ait été retourné par
la suite... Ce montant a été payé par les Affaires
culturelles à l'Institut généalogique Drouin?
M. MORIN: Effectivement, si ma mémoire est bonne, cela avait
été payé par les Affaires culturelles.
M. GARNEAU: Ce paiement aurait été fait avant le 31 mars
1973?
M. MORIN: Oui, oui.
M. GARNEAU: Ce n'est pas l'Institut généalogique
Drouin.
M. MORIN: Cela a fait l'objet, déjà, d'une ou deux
questions en Chambre.
M. GARNEAU: Comment se pose le problème? Peut-être que si
on n'a pas l'information je pourrais la transmettre au chef de l'Opposition
après l'avoir cherchée.
M. MORIN: Posons la question de façon théorique, d'abord,
Si un montant apparaît aux comptes publics d'une année, c'est donc
que le montant a été versé. Théoriquement.
M. GARNEAU: Oui, c'est cela.
M. MORIN: Or, le montant apparaît aux comptes publics et c'est
là qu'on l'a découvert. Je ne peux pas vous dire à quelle
page, mais je me souviens qu'en Chambre cela a été
mentionné.
M. GARNEAU: C'est peut-être dans les comptes publics de 1972.
M. MORIN: On nous a dit, par la suite, que le chèque n'avait pas
été versé.
M. GARNEAU: II y a une chose, là-dedans. Il peut arriver qu'un
montant, qu'une dépense soit inscrite ici et que le chèque n'ait
pas été versé, théoriquement, parce que nous
créons des comptes à payer, en fin d'exercice, pour des comptes
qui sont dus. A ce moment-là, l'imputation des dépenses se fait,
la dépense est inscrite et nous inscrivons le montant dans nos comptes
à payer. Le chèque peut être émis après la
fin de l'année financière mais la dépense est
passée aux livres de l'année avec un compte à payer qui
est crée.
Le problème se pose de savoir si le chèque, s'il a
été émis, a été encaissé ou s'il a
été retenu par l'administration et n'a pas été
expédié, c'est fort possible que ce soit cela. Si le chef de
l'Opposition me le permet, je vais prendre cette question en avis et je pourrai
lui tracer un bref historique du fameux chèque en question.
M. MORIN: Oui, parfaitement. Pour gagner du temps, M. le
Président, je suis tout à fait prêt à accepter la
réponse différée que me fera le ministre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme no 3, adopté?
M. MORIN: Adopté.
Fonds de suppléance
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme no 4: Fonds de suppléance.
Adopté?
M. MORIN: Une seconde, M. le Président, vous anticipez. Le temps
que j'ouvre quand même le dossier. Il y a une ou deux petites questions
au sujet du fonds de suppléance. A l'élément 2, d'abord,
il est prévu $68,600,000 pour augmenter, avec l'approbation du Conseil
du trésor, tout crédit applicable aux traitements, salaires et
allocations des employés du gouvernement et du secteur parapublic.
Est-ce que le ministre estime que c'est suffisant pour couvrir
l'indexation des salaires et des traitements des employés des secteurs
public et parapublic?
M. GARNEAU: Non. D'ailleurs, la réserve générale
qu'il y a ici à la provision 2 du programme 4 n'est qu'une partie des
crédits qui seront nécessaires pour le paiement de l'indexation
des salaires. Il y a actuellement, dans les différents programmes de
chaque ministère, au poste traitements, un montant de $67 millions
inscrit à ces postes comme réserve pour le paiement de
l'indexation des salaires des employés de l'Etat et de ses
réseaux. De plus, j'ai indiqué dans mon discours sur le budget
qu'à l'occasion de la présentation d'un budget sup-
plémentaire j'inscrirais une demande de $50 millions additionnels. On
retrouve cela à la page 52 de mon discours du budget, où je donne
le condensé des crédits tels que déposés, des
crédits additionnels qui seront nécessaires par suite des
annonces et des crédits totaux. Ainsi l'ensemble des besoins
était estimé, au 28 mars, au moment de mon discours sur le
budget, pour le paiement de l'indexation des salaires des employés des
secteurs public et parapublic, à $186 millions, soit $68.6 millions
à la réserve 2, $67.4 millions déjà inscrits dans
les crédits des ministères de $50 millions en budget
supplémentaire.
M. MORIN: Donc, ces $68 millions, ne sont qu'une partie des coûts
de l'indexation.
M. GARNEAU: C'est cela.
M. MORIN: Donc, vous ajoutez à cela $50 millions...
M. GARNEAU: $50 millions.
M. MORIN: ... ce qui nous met à $118 millions.
M. GARNEAU: Plus $67 millions qui sont déjà inscrits dans
les postes traitements des différents ministères.
M. MORIN: Ah, bon!
M. GARNEAU: Je pense qu'ils ont été
particulièrement inscrits aux Affaires sociales, dans les réseaux
des Affaires sociales et de l'Education.
M. MORIN: En sorte que vous prévoyez $186 millions.
M. GARNEAU: C'est cela.
M. MORIN: Mais sur la base de quelles prévisions du taux
d'inflation ces calculs ont-ils été faits, M. le ministre?
M. GARNEAU: Sept.
UNE VOIX: De 7.5 p.c.
M. MORIN: 7 p.c. ou 7.5 p.c.
M. GARNEAU: Je demanderais à M. Poitras de venir; je ne sais pas
s'il a apporté avec lui les calculs.
Les informations qu'on donne sont justes. Suivant la formule qui a
été négociée ou qui est contenue dans les
décrets, il y avait déjà un montant prévu de 2.8
p.c. la première année, etc., de telle sorte que la
différence qu'il nous faudrait payer est de l'ordre de 7.85 p.c.
M. MORIN: 7.85 p.c. pour l'année en cours.
M. GARNEAU: Mais là, c'est en faisant une projection sur les mois
à venir, jusqu'au 30 juin, mais ça va aller probablement vers le
20 ou le 30 juillet avant que nous ayons les chiffres du mois de juin. Comme
c'est basé sur la variation moyenne des douze mois, du 1er juillet au 30
juin, avec la formule assez compliquée incluse dans la convention
collective, cette différence se situerait autour de 7.85 p.c, si les
projections sont bonnes.
M. MORIN: Si je comprends bien la formule...
M. GARNEAU: Au moment du discours du budget, pour $186 millions, on
prévoyait devoir payer 7.5 p.c. en addition à ce qui était
déjà prévu dans les taux de salaires qui avaient
été négociés ou inscrits dans les
décrets.
M. MORIN: Bon. 7.85 p.c, ça donne un taux brut de combien? Est-ce
que cela couvre tout le taux de l'inflation réel? J'entends, par
exemple, la moyenne des quatre premiers mois de 1974. Vous savez que le taux
s'élève à 10.1 p.c.
M. GARNEAU: C'est le taux réel pour les mois de juillet,
août, septembre, octobre, novembre, décembre 1973, janvier,
février, mars et avril 1974 et une projection pour les mois de mai et
juin. Avec l'estimation d'une croissance moyenne de .85 p.c. pour ces deux
mois, pas tout à fait 1 p.c, cela donnerait un indice qui augmenterait
de 14.25 p.c. moins les 6.4 p.c. prévus pour la deuxième
année d'application de la convention, ce qui donne la différence
de 7.85 p.c. Applicable à une masse salariale de $2.5 milliards,
ça pourrait dépasser les $186 millions. Si les projections qu'on
a sont justes, le coût total sera de $196 millions au lieu de $185
millions. Il va falloir attendre quelque temps avant de pouvoir dire le montant
assez précis.
M. MORIN: Pour voir si le processus actuel va s'accélérer
ou ralentir.
M. GARNEAU: C'est quand même une somme colossale qu'il nous faudra
débourser.
M. MORIN: Oui, c'est une somme importante.
Je ne sais pas si on pourrait demander au ministre s'il regrette les
négociations, mais ce serait une question d'opinion. Je ne tiens pas
à embarrasser le ministre inutilement.
M. GARNEAU: Une chose certaine, c'est que...
M. MORIN: Surtout entouré de fonctionnaires comme il se trouve
à l'heure actuelle.
M. GARNEAU: Oui tous bénéficieront de l'indexation. Les
seuls fonctionnaires qui ne bénéficient pas de l'indexation,
actuellement, ce sont les députés et les ministres.
M. MORIN: Oui. Est-ce que je dois y voir des pronostics pour vos projets
d'avenir, M. le ministre?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Si vous êtes d'accord?
M. MORIN: L'Opposition a déjà fait connaître son
sentiment là-dessus, à l'occasion du bill sur l'augmentation des
traitements des juges.
Cela nous permet de passer à l'élément 3.
M. GARNEAU: Pour revenir à l'indexation, je pense que cela
traduit une politique salariale qui va aller chercher, sur une base annuelle,
en mettant de côté le rattrapage de certains nombres de secteurs
de la fonction publique et parapublique, une augmentation qui va se situer
entre 16 p.c. et 18 p.c. pour la période écoulée du 1er
juillet 1973 au 30 juin 1974. C'est quand même une augmentation de
traitements qui se compare très avantageusement aux augmentations de
traitements dont ont pu bénéficier les employés d'autres
secteurs d'activités au Québec, entre autres le secteur
privé.
M. MORIN: Oui. Est-ce que nous pourrions passer à
l'élément 3?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Oui.
M. MORIN : Puis-je demander au ministre pourquoi on a prévu une
réduction des crédits spéciaux destinés au projet
favorisant l'emploi des assistés sociaux?
M. GARNEAU: C'est la réserve générale pour les
bénéficiaires d'aide sociale et également pour le Service
de placement étudiant. Ce sont les deux... L'an dernier, si ma
mémoire est fidèle, lorsque nous avons présenté le
budget, au départ, les provisions avaient été de
$2,500,000 pour chacun des deux programmes. En cours d'année, il y a eu
des augmentations de budget. Il y a eu un budget supplémentaire à
ce niveau. Nous avons réinscrit, au début de l'année, le
même montant. Est-ce ça?
Lorsque nous avions commencé ce programme, nous avions inscrit $5
millions au programme de placement d'assistés sociaux et $2,500,000 au
programme de placement étudiant. En cours d'année, il y a eu un
budget supplémentaire de $1,365 000. Cette année, nous avons
inscrit, au point de départ, $5 millions pour les deux programmes. J'ai
déjà des demandes très pressantes du Service de placement
étudiant, ce qui pourra être discuté en termes de contenu
de programme lors de l'étude des crédits de l'Exécutif
parce que cet élément 3 n'est qu'une comptabilisation des
activités dont le contenu n'est pas déterminé
par le ministère des Finances mais bien plutôt par le
Service de placement étudiant, d'une part, et par le service de la
main-d'oeuvre du ministère du Travail, d'autre part, qui fait les
recommandations en termes d'application.
Il se peut qu'un programme de placement d'assistés sociaux soit
fait en collaboration avec le ministère de l'Agriculture. Alors, on est
avisé par le ministère du Travail qu'un programme, disons de
$50,000, a été accepté au ministère de
l'Agriculture pour la cueillette des fraises, par exemple. Là, il y a un
CT qui effectue un virement de fonds de cette réserve au programme
concerné du ministère en question, de telle sorte que même
si les sommes sont au ministère des Finances, au programme 4, le contenu
en est déterminé par le Service de placement étudiant et
la section main-d'oeuvre du ministère du Travail.
Je pense que pour les questions de contenu, il faudrait qu'elles soient
posées lors de l'étude des crédits de l'Exécutif et
du ministère du Travail. Je ne serais réellement pas en mesure de
répondre en termes de politiques.
M. MORIN: Voulez-vous dire que ce montant de $5 millions est un montant
nominal qui peut très bien être augmenté par des budgets
supplémentaires par la suite?
M. GARNEAU: II peut être augmenté par des budgets
supplémentaires. D'ailleurs, il est fort probable que d'ici la fin de
juin des crédits additionnels seront demandés à
l'Assemblée nationale pour le Service de placement étudiant.
M. MORIN: Bon. Est-ce que vous pourriez nous indiquer ce qui a
été fait avec les montants prévus pour l'exercice 1973/74,
les quelque $8 millions?
M. GARNEAU: On m'indique que du côté du Service placement
étudiant, l'ensemble des crédits a été
utilisé soit dans l'embauche d'étudiants au niveau des
ministères ou dans le programme 2 plus 1. Dans la réserve qui
avait été retenue pour le placement des assistés sociaux,
environ $1 million n'auraient pas été utilisés au cours de
l'année 1973/74. Si vous me demandez chacune des activités...
M. MORIN: Non.
M. GARNEAU: ... cela je ne pourrais pas...
M. MORIN: Je veux dire dans l'ensemble: Combien a-t-on pu engager de
personnes, par exemple, au titre de la main-d'oeuvre cyclique?
M. GARNEAU: Je pense que le plus gros programme de placement
d'assistés sociaux a finalement été fait par le
ministère de la Voirie qui a la possibilité d'offrir des emplois
dans chacune des régions du Québec, à cause de la
très grande dispersion de son activité sur le territoire.
D'autres programmes...
M. MORIN: Est-ce que vous avez une idée du nombre?
M. GARNEAU: Je pense que c'est 1,700 personnes, à la Voirie, qui
ont été placées et qui ont travaillé un nombre
suffisamment grand de semaines pour pouvoir au terme de leur emploi saisonnier
ou occasionnel profiter pendant plusieurs semaines des avantages de la Loi de
l'assurance-chômage.
M. MORIN: Est-ce que cela a permis à un certain nombre de
personnes de quitter les listes d'assistés sociaux?
M. GARNEAU: Je vous ai donné une mauvaise information, tout
à l'heure. Ce qui est resté, non utilisé, dans les $5
millions du programme des assistés sociaux, c'était $357,000.
J'ai parlé de $1 million, j'ai fait une erreur. C'est $357,000. Pour les
étudiants, cela a été divisé en entier.
M. MORIN: Est-ce que cela a permis à un certain nombre de
personnes de quitter les listes d'assistés sociaux, temporairement,
à tout le moins?
M. GARNEAU: Non seulement pour la période de leur emploi, si je
prends l'exemple de la voirie les huit semaines où ils ont
été employés mais durant toute la période
où ils bénéficient, s'ils ne sont pas restés sur le
marché du travail ou dans un autre emploi, ce qui a permis de
dégager les listes d'aide sociale pour plusieurs semaines, compte tenu
du fait qu'ils recevaient de l'assurance-chômage par la suite.
M. MORIN: Est-ce que vous avez une idée du nombre de personnes
qui ont pu, de la sorte, quitter les listes d'assistés sociaux?
M. GARNEAU: Je ne pourrais pas répondre à cette question.
Lors de l'étude des crédits du ministère du Travail, sans
doute M. Frigon, qui est responsable de l'administration de ce programme,
pourrait vous donner les informations.
M. MORIN: Est-ce que vous savez si on a privilégié
certains secteurs d'activité? Je pense, par exemple, à la coupe
en forêt, à l'agriculture.
M. GARNEAU: Je n'ai pas le nombre de personnes. Je ne pensais pas les
avoir mais j'ai ici les principaux programmes où cela a
été affecté, les ministères: au ministère du
Travail, l'étude du mécanisme de placement d'employés; au
ministère de l'Agriculture, le projet de la Coopérative de
production des maraîchers en série; au ministère de
Travail, projet de la Coopérative de Malartic; au ministère de
l'Agriculture, le projet de l'Union des producteurs agricoles de la
Gaspésie; au ministère de l'Indus-
trie et du Commerce, les Pêcheurs unis du Québec; au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, la
Société zoologique de Saint-Félicien.
Vous avez toute une série de programmes, avec le genre
d'opérations. Au ministère des Affaires sociales, un certain
nombre d'assistés sociaux ont été affectés aux
études sur le placement des assistés sociaux. Mais je n'ai pas
plus de détails sur chacun des projets, malheureusement.
Le plus gros montant, c'est celui de la voirie, comme je l'indiquais,
où $2.5 millions ont été affectés sur les $5
millions. Les autres, ce sont des projets de $35,000, $14,000, $11,000,
$50,000, $112,000, $29,000.
M. MORIN: Si je comprends bien, il n'y a pas beaucoup d'agriculteurs qui
se prévalent de ce programme.
M. GARNEAU: II y a plusieurs programmes d'agriculture, mais comme j'ai
seulement un titre à côté, je ne pourrais pas vous dire la
provenance. Du côté du placement étudiant, il y en a eu,
mais du coté des assistés sociaux... Il y a au moins cinq projets
qui sont en relation avec l'agriculture, mais il ne semble pas que cela ait
été des emplois d'assistés sociaux par des fermiers
eux-mêmes qui engageaient un ou deux assistés sociaux. Les projets
auraient été trop petits.
M. MORIN: Est-ce que, dans les $5 millions qui sont prévus chaque
année, vous sauriez si on a inclus le programme de coupe en forêt,
du côté de Blanc-Sablon, dans le cadre des opérations de
l'ITT?
M. GARNEAU: Je ne pense pas qu'il y ait eu de projet là. En tout
cas, du moins, cela ne semble pas avoir été fait dans le cadre de
l'opération placement d'assistés sociaux via ce budget.
Peut-être que le ministère en a eu d'autres, je ne le sais
pas.
M. MORIN: On parle de l'année 1974/75 là, c'est un projet
des Terres et Forêts.
M. GARNEAU: Si le ministère a un projet semblable, la demande n'a
pas été faite de virements de crédits de cette
réserve au budget du ministère pour un tel projet. Cela ne veut
pas dire qu'il n'existe pas, par exemple.
M. MORIN: Oui. Vous n'êtes pas en mesure de nous le dire.
M. GARNEAU: Si la demande ne nous est pas parvenue encore.
M. MORIN: Mais comment est-ce que fonctionne la collaboration avec les
autres ministères? Je voudrais bien saisir cela. Ce sont des demandes
qui vous viennent de chaque ministère?
M. GARNEAU: Non, si ces demandes proviennent d'un ministère,
supposons que le ministère des Terres et Forêts avait un projet
d'embauche d'assistés sociaux, il en discuterait d'abord avec la
Direction de la main-d'oeuvre du ministère du Travail. Si le projet est
reconnu comme valable et acceptable, nous avons une demande de virement de
fonds. On nous décrit le projet, les objets de ce projet, combien il va
falloir engager de personnes, les sommes qu'il nous faut virer. On puise sur la
réserve du programme 4-3 et on fait le virement au programme du
ministère qui assumera la gérance de ce projet.
M. MORIN: Est-ce que ce programme est coordonné avec les
programmes fédéraux de même nature?
M. GARNEAU: Est-ce qu'il en existe? M. MORIN: Oui.
M. GARNEAU: Pour des assistés sociaux, il y a eu les
initiatives...
M. MORIN: Oui, ces programmes qui font souvent appel à des
assistés sociaux.
M. GARNEAU: On me dit qu'une coordination se fait par mon
collègue, M. Quenneville, entre les projets d'initiatives
fédérales, lorsqu'ils existaient mais je pense qu'ils ont
été suspendus ou diminués sensiblement et ceux du
Québec.
M. MORIN: Elle se fait, cette coordination?
M. GARNEAU: Elle se ferait. Evidemment, ce n'est pas moi qui en ai la
responsabilité administrative. Je ne pourrais pas répondre.
M. MORIN: C'est à M. Quenneville qu'il faudrait poser la
question?
M. GARNEAU: Lors de l'étude des crédits, oui, il pourra
répondre.
M. MORIN: Bien, en ce qui nous concerne, le programme 4 peut être
adopté.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme 4, adopté. Programme 5?
Gestion interne et soutien.
Gestion interne et soutien
M. MORIN: J'ai très peu de questions sur la ventilation des
crédits de ce programme, M. le Président. J'aimerais simplement
que le ministre m'indique à la catégorie 3, intitulée
communications, pourquoi la hausse de $69,000 à $115,400.
M. GARNEAU: C'est la participation financière du ministère
des Finances au pro-
gramme d'Informatour du ministère des Communications, la
tournée des expositions régionales et des centres commerciaux
où le ministère des Communications a inscrit à son
programme un certain nombre de ministères. L'an dernier c'étaient
d'autres ministères, cette année le ministère des Finances
fait partie du groupe. C'est notre contribution financière à
l'administration d'un programme fait par le ministère des Communications
dans le cadre des expositions régionales et ce qu'on a appelé
l'Informatour.
M. MORIN: Je vois. Et est-ce que c'est tout le montant qui constitue
votre contribution?
M. GARNEAU: Vous parlez de l'augmentation?
M. MORIN: Oui, je veux parler de l'augmentation.
M. GARNEAU: L'augmentation est essentiellement due à ces deux
projets du ministère des Communications auxquels on participe.
M. MORIN: Bien. Encore un détail. Dans la ventilation toujours,
dans la catégorie consacrée au capital, numéro 8,
équipement, un montant de $24,900 est indiqué. Est-ce que vous
pourriez nous donner le détail de ces dépenses, seulement pour ce
montant de $24,900? Il est en diminution, d'ailleurs, par rapport à
l'année dernière.
M. GARNEAU: On me dit que c'est de l'équipement de bureau qui
consiste en une série de petits montants.
M. MORIN: En gros, c'est seulement de l'équipement de bureau?
M. GARNEAU: Il y a également le changement de la voiture du
ministre des Finances et d'une camionnette pour les fins du ministère.
Est-ce que ce sont les deux seuls articles? Tout est compris dans ce
montant-là?
M. MORIN: II n'y a pas si longtemps je crois que c'était le
premier jour où je siégeais à l'Assemblée le
ministre des Finances m'avait invité à m'acheter une Renault.
Est-ce qu'il s'est lui-même inspiré de ce bon conseil?
M. GARNEAU: Ce que j'ai fait, j'ai suivi l'exemple du chef de
l'Opposition et j'ai acheté la même marque de voiture que lui.
M. MARCHAND: Une magnifique Ford.
M. MORIN: Une Ford?
M. GARNEAU: Une Ford, oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté?
M. MORIN: Etant donné que le ministre a acheté une
Ford...
M. BACON: Mes sympathies.
M. MORIN: ... nous comprenons la diminution du montant affecté
à ce crédit, M. le Président.
M. GARNEAU: Quoique, avant, M. le Président, je dois dire que je
m'étais contenté d'une Pontiac.
M. MORIN: Très bien. Alors, ces crédits peuvent être
considérés comme adoptés, M. le Président.
Traitement électronique des données
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme 5, adopté. Programme 6:
Traitement électronique centralisé des données.
M. MORIN: J'ai quelques questions. Jusqu'à quelle heure
comptez-vous poursuivre ce soir?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Onze heures.
M. MORIN: Onze heures. Avec un peu de bonne volonté, je pense
qu'on va peut-être arriver à passer au travers.
UNE VOIX: Si vous voulez les adopter avant?
M. MORIN: II y a des questions à poser. Combien le centre de
traitement électronique a-t-il eu de clients l'année
dernière?
M. GARNEAU: En fait, ce sont les ministères du gouvernement:
Affaires culturelles, Affaires intergouvernementale, Affaires municipales,
Agriculture et Colonisation, Office du crédit agricole, Tourisme, Chasse
et Pêche.
M. MORIN: Les organismes gouvernementaux?
M. GARNEAU: Ce sont les organismes gouvernementaux.
M. MORIN: L'année dernière, vous aviez 22 clients,
d'après ce que vous avez dit aux crédits.
M. GARNEAU: II y en a encore 22.
M. MORIN: Exactement. Pour ce qui est de l'achat de matériel,
est-ce que le ministre pourrait m'indiquer combien il y a eu de fournisseurs et
combien il y en aura pour l'année qui vient, d'après les
prévisions?
M. GARNEAU: Vous parlez de fournisseurs d'équipement
électronique?
M. MORIN: Oui, d'équipement électronique.
M. GARNEAU: L'équipement que nous détenons est en
location, suivant les formules des entreprises. En fait, elles ne vendent pas
ces équipements; elles les louent.
M.MORIN: Oui.
M. GARNEAU: Nous avons, au Centre de traitement électronique,
UNIVAC, IBM, Control Data, puis MAI, Management Assistant Inc., qui forment
l'essentiel des entreprises de qui nous louons l'équipement, mais le
gros étant UNIVAC.
M. MORIN: C'est UNIVAC? M. GARNEAU: Oui.
M. MORIN: Est-ce que la société UNIVAC produit des
ordinateurs ou des appareils électroniques au Québec?
M. GARNEAU: Oui, à Dorval. D'ailleurs, ç'avait
été un des éléments qui avaient été
considérés lorsque l'appel d'offres a été
étudié à la suite d'une très longue étude
qui a coûté plusieurs dizaines de milliers de dollars.
M. MORIN: Est-ce que vous n'achetez pas aussi de Control Data?
M. GARNEAU: Oui c'est-à-dire qu'on a $140,000; ce sont des
locations.
M. MORIN: C'est de la location de Control Data.
M. GARNEAU: C'est de la location. C'est ça. Et UNIVAC aussi,
c'est de la location.
M. MORIN: Oui. Oui, je comprends. Maintenant est-ce que le ministre sait
si Control Data s'est installée au Québec? Il me semble qu'elle a
refusé de venir s'installer au Québec, après l'avoir
annoncé d'ailleurs. Elle a commencé par annoncer qu'elle
viendrait, puis ensuite elle a changé d'idée.
M. GARNEAU: Les achats de Control Data sont des locations de Disk. Cela
a été fait à la suite d'appel d'offres et ç'a
été donné à ceux qui ont fait les meilleures
propositions.
M. MORIN: C'est une société qui, vous vous souviendrez, M.
le ministre, devait s'établir au Québec avec une subvention du
ministère fédéral de l'Expansion économique
régionale. Au dernier moment il me semble me souvenir que le premier
ministre avait même fait un certain fracas autour de cet
investissement...
M. GARNEAU: Cela ne lui arrive jamais de faire de fracas.
M. MORIN: ... une certaine publicité autour de cet investissement
et puis par la suite Control Data a retiré son projet du Québec.
Est-ce que ça vous parait conforme à votre politique d'achat
d'encourager une société qui a refusé de s'établir
au Québec?
M. GARNEAU: Je ne sais pas si ça peut satisfaire le chef de
l'Opposition, mais on m'informe que les locations impliquées dans CDC
sont des locations qui existent depuis déjà un certain nombre
d'années. On me dit que ça fait quatre ans que la location a
été effectuée, qu'elle est renouvelée depuis; ce
n'est pas une décision nouvelle.
Mais, même si une société n'est pas au
Québec, nous donnons préséance à celles qui sont au
Québec, mais ça dépend des différences de prix qui
sont fournies lors des appels d'offres.
M. MORIN: Oui, mais c'est parce que vous avez une capacité
d'achat tellement importante dans ce domaine-là, surtout que c'est un
domaine de pointe. Ce serait tout à fait conforme à vos
intentions d'établir une politique d'achat que de favoriser nettement
des sociétés établies au Québec.
M. GARNEAU: Quoique $140,000 dans ce secteur ce n'est pas...
M. MORIN: D'année en année. D'après le document
je l'ai ici il s'agit d'un contrat pour la location de deux
unités disk drive, de modules no 23148-9, pour un montant de $29,736,
puis ensuite un autre contrat qui, lui, est au montant de $50,215.
M. GARNEAU: C'est le document des engagements financiers de quelle
date?
M. MORIN: D'août 1973. Pour l'année écoulée.
Alors le ministre fait exception dans ce cas-là, donc, par rapport
à sa politique d'achat.
M. GARNEAU: Cela dépend. Là, je ne me rappelle pas quelles
étaient les différences entre les prix qui peuvent avoir
été soumis par différentes entreprises avec qui le service
des achats a négocié. Je ne sais pas si c'était par appels
d'offres ou si le montant a été négocié.
On me dit que la différence entre les prix de CDC et IBM
était de $200 par mois, par unité, c'est-à-dire à
peu près une différence de 25 p.c. dans le prix.
M. MORIN: Oui, évidemment, c'était assez important.
M. GARNEAU: D'habitude, on donne la préséance quand c'est
en bas de 10 p.c.
M. MORIN: Bien. M. le ministre, passons aux comptes publics pour
l'année 1972/73. Il y
a un nom qui va revenir certainement l'année prochaine. Les
contrats de publicité sont souvent accordés à Pierre
Tremblay Publicité.
M. GARNEAU: Pas pour le traitement électronique des
données.
M. MORIN: Non, on change de sujet. C'est un nom qui revient à
plusieurs reprises. Est-ce que vous pourriez expliquer comment ces contrats
sont accordés?
M. GARNEAU: C'est une décision qui est prise par l'administration
de chaque ministère ou par le ministère des Communications. Il
n'y a pas d'appels d'offres dans ces cas-là parce que les tarifs sont
déterminés par ententes entre les maisons de publicité et
les média d'information qui paient les agences et non pas le
gouvernement comme tel.
M. MORIN: C'est pour de la publicité gouvernementale?
M. GARNEAU: Oui. C'est la même chose non seulement pour le
gouvernement, mais pour toutes les entreprises. Si vous faites un programme de
publicité à la télévision, qui coûte, je ne
sais pas, disons $200,000, l'agence de publicité est
rémunérée par les postes de télévision qui,
sur le montant, lui retournent un pourcentage qui est établi par
l'Association des agences de publicité et des média
d'information. Je crois que c'est 15 p. c. qui sont retournés; si vous
procédez directement, vous ne bénéficiez pas de cet
escompte.
M. MORIN: S'il n'y a pas d'appels d'offres, il y a tout de même un
choix qui est fait de telle société plutôt que de telle
autre.
M. GARNEAU: C'est cela.
M. MORIN: Le sens de ma question est: Pourquoi telle
société plutôt que telle autre?
M. GARNEAU: Parce que c'est une excellente maison.
M. MORIN: Oui, mais encore? Comment faites-vous le choix entre plusieurs
excellentes maisons? Je ne doute pas qu'il y en ait plusieurs au
Québec.
M. GARNEAU: C'est une décision, la plupart du temps, du ministre
qui le fait exprès pour ne pas prendre ses ennemis.
M. MORIN: Oui, c'est justement ce que je soupçonnais, à
cause de la façon dont ça revient constamment dans les comptes
publics.
M. GARNEAU: Que le chef de l'Opposition ne s'imagine pas... Je pense
bien qu'il ne nous prête pas une naiveté grande à ce
point.
M. MORIN: Oh non! loin de là, M. le ministre. Est-ce que le
ministre ne craindrait pas des abus, à l'occasion? Etant donné
qu'il n'y a pas d'appels d'offres, donc, il faut qu'il y ait une méthode
de sélection.
M. GARNEAU: D'ailleurs, il ne peut pas y en avoir, non plus. C'est un
peu comme si vous retenez les services d'un avocat; vous ne pouvez pas faire
des appels d'offres pour retenir les services d'un avocat, vous le
choisissez.
M. MORIN: Intuitu personae.
M. GARNEAU: II y a un degré de confiance et de compétence
établi dans certains domaines.
M. MORIN: Qu'en termes élégants ces choses-là sont
dites.
M. GARNEAU: II faut toujours utiliser des termes
élégants.
M. MORIN: Bien. Est-ce que le ministre pourrait nous dire qui est la
Société générale d'informatique Inc., qui figure
aux comptes publics, à la page 3-271, pour un montant de $629,811?
M. GARNEAU: C'est la société dont les services ont
été retenus depuis un certain nombre d'années, depuis cinq
ans, pour concevoir tout le projet MOBEC et le mettre en application.
Là, je suis d'autant plus à l'aise que cette maison a
été choisie avant même mon arrivée.
M. MORIN: Est-ce le même processus de choix?
M. GARNEAU: Je pense que dans ce cas il y a eu...
M. MORIN: Est-ce qu'il y a eu des appels d'offres?
M. GARNEAU: Plusieurs firmes ont présenté des appels
d'offres. Dans ce domaine, c'est quand même possible de faire des appels
d'offres, parce que ce ne sont pas des services qui sont établis
à partir des tarifs standards par des corporations professionnelles ou
établis par des ententes...
M. MORIN: Mais à qui appartient cette société? Qui
en sont les principaux actionnaires?
M. GARNEAU: Le directeur est René Primeau; il y a Luc Roy et il y
en a quatre autres. C'est une société de Montréal.
M. MORIN: Ce n'est pas rattaché à l'une ou l'autre des
universités?
M. GARNEAU: Non, pas à ma connaissance.
M. MORIN: Vous avez nommé deux ou trois noms, je ne suis pas
sûr de les avoir saisis.
M. GARNEAU: II y a René Primeau, Luc Roy. Il y avait un
nommé Dagenais, mais on me dit qu'il s'est retiré du groupe.
M. MORIN: Pour le programme no 6, c'est tout, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le programme no 6 est adopté. Le
programme no 7 a été adopté.
M. MORIN: Oui. C'était la curatelle publique.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Les crédits du ministère des
Finances sont adoptés.
Crédits du Conseil du Trésor
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le Conseil du trésor, programme 1,
Gestion budgétaire et politique administrative.
Gestion budgétaire
M. MORIN: Est-ce qu'il n'y a pas d'abord la possibilité de poser
des questions au sujet des sociétés d'Etat, ou voulez-vous qu'on
passe les sociétés d'Etat après le Conseil du
trésor?
M. GARNEAU: Je n'ai pas d'objection. On en a fait une bonne partie sur
la Caisse de dépôt et placement, sur l'Hydro-Québec, la
Société de la baie James.
M. MORIN: Oui, mais il y aurait encore... Nous avions convenu que nous
reviendrions peut-être...
M. GARNEAU: Que nous le fassions à un endroit ou l'autre... on
peut le faire maintenant, je n'ai pas d'objection.
SIDBEC
M. MORIN: Au sujet de SIDBEC, ce ne sera pas bien long, M. le ministre,
je voudrais vous rassurer, j'aimerais beaucoup terminer ce soir.
M. GARNEAU: Si on le fait au moment du Conseil du trésor, je vais
vous présenter M. Jean-Claude Lebel, secrétaire adjoint du
Conseil du trésor, et M. Poitras, qui est un administrateur.
M. MORIN: Oui, j'ai l'honneur de connaître M. Lebel.
Pour ce qui est des sociétés de la couronne, est-ce que je
pourrais demander au ministre, à l'égard de SIDBEC, comment il se
fait que le vérificateur général n'ait pas juridiction sur
SIDBEC?
M. GARNEAU: Parce que, de par sa loi constitutive, la charte de SIDBEC
indique que ce n'est pas le vérificateur, mais des bureaux de comptables
agréés qui sont nommés par l'actionnaire et le conseil
d'administration chaque année. Dans le cas de SIDBEC, c'est
Bélanger, Dallaire, Gagnon & Associés et Marcel Garon, deux
bureaux de comptables, parce que c'est une opération commerciale et
industrielle assez spécialisée et qui est fort différente
de la vérification comptable des sections d'administration publique, que
je pourrais appeler conventionnelle. C'est un peu la même chose à
l'Hydro-Québec. Qui est vérificateur à
l'Hydro-Québec? Samson, Bélair, Côté, Lacroix &
Associés et Marcel Caron.
La Loi de l'administration financière ne fait pas une
règle générale que l'ensemble des entreprises d'Etat
voient leurs livres vérifiés par le vérificateur
général.
M. MORIN: Est-ce qu'il y aurait moyen d'obtenir le rapport de la
situation financière de SIDBEC?
M. GARNEAU: Le dernier rapport annuel disponible a été
déposé en Chambre. Le dernier, je ne sais pas à quelle
date que ça remonte, au 31 décembre dernier.
M. MORIN: Au 31 décembre 1973?
M. GARNEAU: Je ne crois pas, il n'a pas été
déposé encore.
M. MORIN: II n'a pas été déposé en
Chambre.
M. GARNEAU: Non, parce qu'il n'est pas sorti encore. Il doit être
sur le point de sortir. Aussitôt que je l'ai, je le dépose en
Chambre, comme j'ai fait avec la Caisse de dépôt.
M. MORIN: Est-ce que vous pourriez me donner, peut-être, une
idée générale de ce que contient ce rapport? Vous l'avez
certainement eu entre les mains.
M. GARNEAU: Non, je ne l'ai pas. S'il m'avait été remis,
je l'aurais déposé. Je ne l'ai pas.
M. MORIN: Vous n'êtes pas en mesure alors de nous faire un rapport
sur cette question.
M. GARNEAU: Non. Je pense que l'Assemblée nationale, du moins la
commission des finances vraisemblablement ce sera la commission des
finances sera appelée d'ailleurs à entendre M. Gignac et
le conseil d'administration de SIDBEC sous peu, au moment de l'amendement de la
charte de SIDBEC qui
donnera suite à l'annonce faite dans le discours du budget
d'augmenter le capital-actions.
M. MORIN: Oui.
M. GARNEAU: A ce moment-là, il y aura non seulement
possibilité de répondre aux questions de l'Opposition et des
ministériels, mais le président de SIDBEC et ses officiers seront
là pour répondre en fait à l'ensemble des questions qui
pourront être posées soit sur le passé ou sur le programme
d'investissement qui sera réalisé à partir de
l'augmentation du capital-actions que j'ai annoncé dans le discours du
budget, de la subvention du gouvernement fédéral de $30 millions
qui s'incorpore dans le financement de SIDBEC...
M. MORIN: Oui, dans le projet d'expansion.
M. GARNEAU: ... et le projet d'expansion, sur lequel je peux
répondre à un certain nombre de questions, maintenant.
M. MORIN: Ce serait peut-être utile, histoire de préparer
justement le moment où nous pourrons rencontrer les gens de SIDBEC.
Est-ce que le ministre, par exemple, pourrait nous donner les grandes lignes
des projets d'expansion de $250 millions?
M. GARNEAU: Le point majeur du programme d'expansion est la
participation de SIDBEC au développement de la mine Fire Lake...
M. MORIN: Ah oui!
M. GARNEAU: ... dont les droits étaient détenus par
Québec Cartier Mining. Et Québec Cartier Mining a fait toutes les
études préliminaires pour le développement de Fire Lake:
l'étude technique du minerai, à savoir sa teneur, etc., tous les
plans d'opérationalisation de la mine, les coûts, etc. Une
société va être créée, dans laquelle SIDBEC
va avoir la majorité des actions...
M. MORIN: Ah bon! C'est la question que j'allais vous poser.
M. GARNEAU: ... associée avec STELCO, Quebec Cartier Mining et
possiblement une autre entreprise, qui reste à déterminer. Sur la
production de la mine, qui est de l'ordre de 5 millions de tonnes par
année, SIDBEC va avoir une option sur 3 millions et une option
également sur 1,500,000 additionnelles qui s'étalera dans le
temps lorsque SIDBEC aura besoin elle-même...
M. MORIN: Du minerai.
M. GARNEAU: ... du minerai.
M. MORIN: Alors donc...
M. GARNEAU: C'est la partie...
M. MORIN: ... SIDBEC est majoritaire.
M. GARNEAU: Sera majoritaire et bénéficiera de la grande
majorité et, éventuellement, de la presque totalité du
minerai de fer. Mais là cela va s'établir sur une période
d'années parce que même si on l'avait actuellement, il faudrait le
revendre parce qu'on n'a pas les équipements nécessaires pour le
transformer.
M. MORIN: Oui.
M. GARNEAU: Mais c'est certainement la question fondamentale.
M. MORIN: Est-ce qu'il y aurait moyen d'obtenir le dépôt de
l'entente intervenue entre...
M. GARNEAU: Elle a été déposée en Chambre ou
en tout cas elle a été rendue publique. Si vous n'en avez pas de
copie...
M. MORIN: Non.
M. GARNEAU: II faut dire qu'au moment où l'entente a
été signée, parce que cela a été
négocié sur une période de mois, il y a un an
passé, non seulement la négociation a eu lieu avec le
gouvernement fédéral mais à l'intérieur
également du gouvernement. Il y a eu des modifications qui ont
été apportées subséquemment à la signature
de l'entente. C'est dans le même ordre de grandeur mais compte tenu de
l'évolution dans l'approvisionnement des matières
premières.
L'investissement global, qui est demeuré sensiblement le
même, a été modifié pour aller immédiatement
vers la mine. SIDBEC s'approvisionne actuellement en minerai de fer
importé et en ferraille. Or, le coût de la ferraille non seulement
a atteint des proportions très élevées, mais, en volume,
il y a une insécurité. D'ailleurs, c'est une des raisons qui ont
rendu l'année financière de SIDBEC plus difficile, cette
augmentation du prix de la ferraille.
Il y a eu une évolution dans le projet. Au lieu d'augmenter la
production en tôle galvanisée, laminoir à chaud, laminoir
à froid, on a porté la partie essentielle du développement
vers la mine, ce qui va permettre, en 1977, pour la première fois au
Québec, d'avoir une opération complètement
intégrée, c'est-à-dire que, pour la première fois,
du minerai de fer québécois sera extrait du sol
québécois et transformé sur place.
M. MORIN: D'accord, je connais les arrangements généraux.
Mais je ne crois pas qu'on ait vu le dépôt de l'accord intervenu
entre SIDBEC, U.S. Steel et Quebec Cartier Mining.
M. GARNEAU: Non, il n'y a pas de...
M. MORIN: II n'y a pas de protocole d'entente?
M. GARNEAU: Je croyais que vous référiez à
l'entente fédérale-provinciale. Je m'excuse.
M. MORIN: Ah non, celle-là, je l'ai vue comme tout le monde. Non,
je pense à l'entente intervenue entre les intéressés, dans
ce projet de Fire Lake.
M. GARNEAU: Ce qui existe actuellement, ce sont des lettres d'intention
de part et d'autre, qui engagent les sociétés dans le cadre
général des principes que je vous ai donnés tout à
l'heure...
M.MORIN: Oui.
M. GARNEAU: ... mais qui n'est pas une entente, un protocole
signé.
M. MORIN: Elle n'est pas formalisée. M. GARNEAU: Elle n'est pas
formalisée.
M. BOURASSA: Mais le chef de l'Opposition est d'accord sur ce genre
d'ententes, lui qui parle souvent du gouvernement par les autres, pour les
autres. Là, on a un exemple concret du fait que le gouvernement
québécois va être directement impliqué dans le
développement.
M. MORIN : Surtout avec le contrôle majoritaire; c'est une formule
que vous auriez intérêt à imiter dans d'autres
domaines.
M. BOURASSA: C'est cela. Evidemment, on essaie de multiplier... On est
convaincu que le chef de l'Opposition va féliciter le gouvernement pour
cette initiative.
M. MORIN: En temps et lieu. Quand l'entente aura été mise
noir sur blanc, je le pense. Justement, j'allais demander au ministre des
Finances s'il y a moyen de prendre connaissance des lettres d'intention.
M. GARNEAU: Les lettres d'intention, j'imagine... En tout cas,
j'aimerais vérifier quand même avec le président de SIDBEC,
pour savoir s'il y a des objections à ce qu'elles soient
déposées. Parce qu'évidemment, il y a plusieurs
entreprises en cause et des montants considérables d'investissements
sont également impliqués. Il y a aussi une concurrence entre les
entreprises dans ce secteur. J'aimerais vérifier avant pour savoir s'il
y aurait des objections à ce que ces lettres soient
déposées.
De toute façon, comme la convocation de la commission pour
étudier les amendements à la Loi de SIDBEC devrait se faire, si
possible, avant la fin du mois de juin, c'est-à-dire que d'ici quelques
semaines...
M. MORIN: Cela fait beaucoup de choses à faire, d'ici la fin de
juin.
M. BOURASSA: Bien, c'est-à-dire l'Hydro-Québec, la loi 22,
oui.
M. MORIN: M. le ministre, est-ce que le gouvernement a l'intention
d'accepter que Stelco investisse seule dans le projet d'acierie au
Québec? C'est un projet, je crois, qui prévoit que cette acierie
serait alimentée par du minerai québécois.
M. GARNEAU: Si les informations que j'ai sont exactes, il ne s'agit pas
d'un mandat de construire une acierie. Les informations que j'ai ne sont
peut-être pas précises, c'est pour cela que je veux y mettre
certaines restrictions. Les informations que j'ai, c'est que c'est un mandat
d'étude qui a été confié et non pas le mandat de
réaliser cela immédiatement. En tout cas, ce sont les
informations que j'ai.
Parce que Stelco est déjà impliqué dans un projet
important.
Les informations, je ne sais pas jusqu'à quel point elles sont
précises, mais celles que j'ai, je les tiens de SIDBEC: c'est un mandat
d'étude pour la réalisation éventuelle. Est-ce possible de
le faire et à partir de quelles matières premières, non
seulement en minerai mais dans la technologie connue? Il y a deux
possibilités de réduire les boulettes de fer; c'est avec le gaz
naturel, par le procédé Midrex, ou encore par les hauts
fourneaux. Dans un cas comme dans l'autre, ça fait appel à une
matière permière très importante, et si on va vers les
hauts fourneaux il y a non seulement le problème de la pollution mais
aussi le problème d'approvisionnement en charbon qui se pose.
C'est pour ça que, du moment qu'on parle d'établissement
d'entreprises sidérurgique à l'est même de
Trois-Rivières, peut-être que Trois-Rivières est encore
trop loin dans le moment présent mais tout ce qui serait aux limites de
l'approvisionnement en gaz naturel par gazme-tro, on ne peut pas aller plus
loin que ça parce que, pour réduire les boulettes de fer,
ça prend un des deux ingrédients: ou le charbon ou le gaz
naturel. Le charbon évidemment ça pourrait s'établir
à peu près n'importe où, mais le gaz naturel, il n'y a pas
de pipeline qui amène le gaz plus à l'est actuellement en
quantité suffisante.
M. BOURASSA: Le chef de l'Opposition est au courant des montants
impliqués dans le développement de SIDBEC. Je pense que c'est la
première fois qu'on donne autant de détails, malheureusement il
n'y a pas de media d'information.
M. MORIN: Oui, il y a déjà un certain moment que
j'interroge le ministre sur ces questions-là. Justement, à propos
de l'entente-cadre dont parlait le ministre tout à l'heure, j'ai
constaté récemment cela remonte au mois dernier, au 19
mars 1974 dans la Presse de
Montréal, que M. Gignac déclarait avoir pris connaissance
du plan de financement lors de la signature de l'entente
fédérale-provinciale, vendredi dernier. Il s'est dit d'avis que
ça pourrait être réexaminé et discuté dans
les détails. Si j'en crois M. Gignac, ce plan devrait être
revisé. M. Gignac espère bien avoir l'occasion de faire valoir le
point de vue de SIDBEC dans une révision du plan de financement, nous
rapporte la Presse. Si j'ai bien compris, le président de SIDBEC n'a pas
participé à la préparation de l'entente-cadre intervenue
entre le pouvoir fédéral et le Québec. Est-ce que c'est
exact d'abord et...?
M. GARNEAU: Non, c'est complètement inexact dans le sens que les
consultations ont été menées depuis je ne sais pas combien
de mois entre le ministère de l'Expansion économique
régionale, les Affaires intergouvernementales, l'OPDQ et SIDBEC. C'est
pour cela qu'avant de prendre les propos du journaliste à la lettre il
faudrait certainement que je me fasse expliquer par M. Gignac le contexte dans
lequel cela s'est tracé; certains éléments, à ce
moment, étaient soumis à des variations.
Lorsqu'on parle de la participation de la Caisse de dépôt,
par exemple, au financement de SIDBEC, c'est évident que, même
s'il y avait eu des consultations avec la Caisse de dépôt, il n'y
avait pas d'engagement définitif. Si, pour une raison ou pour une autre,
au lieu de prendre $90 millions de la Caisse de dépôt on prenait
$60 millions, c'est clair qu'il faudrait qu'il y ait un amendement au processus
de financement. Et si ça se plaçait dans ce contexte, les propos
de M. Gignac, ou ce qu'on rapporte de M. Gignac, seraient exacts. Mais si on
parle en termes de négociations avec le fédéral, pour le
contenu du projet d'investissement, c'est évident qu'on ne peut pas
l'avoir inventé; ce n'est ni moi ni le personnel de l'OPDQ qui sommes
experts en sidérurgie.
M. MARCHAND: M. le ministre, peut-être que le chef de l'Opposition
a été informé par le chauffeur de M. Gignac ou
peut-être par M. Gignac lui-même.
M. MORIN: Non, je ne sais pas ce que le député veut dire,
mais je lis dans la Presse: Recevoir $185 millions pour l'expansion de SIDBEC
entre 1974 et 1978, M. Jean-Paul Gignac trouve ça agréable, mais
le président de la sidérurgie québécoise aimerait
discuter de la façon dont cet argent va être remis à son
entreprise.
M. BOURASSA: II m'avait dit à quelques reprises qu'il y avait eu
des discussions avec le ministère de l'Expansion économique
régionale. Cela fait longtemps que ça se discutait avec M.
Marchand, cette subvention de $30 millions que le fédéralisme a
apporté à l'établissement...
M. MORIN: Mais, pour quelqu'un qui a été associé
à la planification de la chose, il a l'air tout à fait surpris
de...
M. BOURASSA: C'est que je crois que l'information du chef de
l'Opposition, contrairement à son habitude... Par ailleurs, il a un
excellent adjoint à côté de lui qui pourrait l'informer des
détails de la situation. Je pense que se fier uniquement à un
morceau d'article dans un journal, une journée...
M. MORIN: Je cherche à en savoir davantage. M. BOURASSA: Ah! bien
ça, d'accord.
M. MORIN: Le premier ministre, lui, possède l'omniscience, et
puis je pense...
M. BOURASSA: Non, ce n'est pas ce que j'ai prétendu. Je ne sais
pas si c'est l'impression qu'a le chef de l'Opposition.
M. MORIN: Dans ce domaine, je pense qu'il en sait plus long que moi et
je suis intéressé à bénéficier de toutes les
lumières du premier ministre.
M. BOURASSA: Le chef de l'Opposition apprend très vite.
M. MORIN: Donc, vous pouvez affirmer que M. Gignac a été
mêlé à la préparation de cette entente de
façon étroite? Il a été tenu informé.
M. GARNEAU: C'est-à-dire, il y a deux étapes
là-dedans. Il y a la fabrication du contenu du plan d'investissement, si
on peut dire, qui est nécessairement l'oeuvre non seulement du conseil
d'administration de SIDBEC mais de tous les spécialistes qui ont
été impliqués dans le projet. Par la suite, avec ce projet
sur la table, les négociations intergouvernementales ont
été menées par le gouvernement du Québec sous
l'autorité de l'OPDQ et du ministère des Affaires
intergouvernementales.
Caisse de dépôt et placement
M. MORIN: M. le Président, en ce qui concerne la Caisse de
dépôt et placement, est-ce que je pourrais demander au ministre
qui sera le successeur de M. Prieur?
M. GARNEAU: C'est M. Marcel Casavant qui a été
désigné...
M. MORIN: II a déjà été
désigné?
M. GARNEAU: Oui, il a été désigné en octobre
l'année passée.
M. BOURASSA: Pour dix ans.
M. MORIN: Et confirmé dans ses fonctions?
M. GARNEAU: Bien, il n'a pas à être confirmé; c'est
une nomination pour dix ans.
M.BOURASSA: C'est-à-dire qu'elle va jusqu'au 1er janvier 1976,
d'après la loi, si mon information est bonne, et elle peut être
renouvelable.
M. MORIN: Bon.
M. BOURASSA: M. Castonguay a remplacé également quelqu'un
et M. Louis Laberge...
M. MORIN: Bien. Au sujet de cette fraude de plus de $1 million à
la Caisse de dépôt, est-ce qu'on a pu récupérer le
montant ou une partie?
M. GARNEAU: Tout a été récupéré
à cause des assurances que détient la caisse et aussi à
cause des banques qui ont encaissé, qui ont payé deux
chèques qui n'étaient pas correctement...
M.MORIN: Libellés.
M. GARNEAU: ... libellés.
M. MORIN: Est-ce qu'on a pris des mesures pour prévenir des
événements comme ceux-là, des surprises
désagréables comme celles-là?
M. GARNEAU: Mon sous-ministre m'informe qu'au conseil d'administration
de la caisse, il y a eu une décision de prise pour, en plus de la
nomination d'un autre vérificateur interne, confier une étude
à une maison de spécialistes pour revoir tout le contrôle
interne et essayer d'éviter d'autres possibilités de ce genre,
mais, évidemment, il est difficile de prévoir la
malhonnêteté, l'insouciance ou, je ne sais pas comment on peut
appeler cela, l'habilité du geste qui a été
posé.
M. BOURASSA: Est-ce que le chef de l'Opposition est satisfait de la
politique de la Caisse de dépôt? Il serait intéressant de
connaître le point de vue du Parti québécois.
M. MORIN: Justement, j'allais poser une ou deux questions dans ce sens,
M. le Président.
M. BOURASSA: Parce que là la répartition du portefeuille
entre les actions et les obligations...
M. MORIN: Bien, nous en avons déjà parlé assez
longuement, pendant plusieurs heures.
M. BOURASSA: Je m'excuse, je relirai cela dans le journal des
Débats.
M. MORIN: Malheureusement, vous n'étiez pas assis à ma
gauche à ce moment-là, comme je l'eus souhaité. En
1973...
M. GARNEAU: II se situe à votre gauche, il n'y est pas
assis...
M. MORIN: Nous avons parlé de ça l'autre jour. J'ai
exprimé la crainte qui m'envahissait à l'idée de voir le
premier ministre passer au socialisme intégral...
M. BOURASSA: Vous disiez au communisme à ce moment-là.
M. MORIN: ... voire même au communisme. Le terrain
idéologique sur lequel le premier ministre s'avance est tellement
glissant que je me demande même s'il se rend compte lui-même de ses
glissements successifs vers la gauche.
M. BOURASSA: Bien je citais Léon Blum. C'est le chef de
l'Opposition qui me parlait de Jean Jaurès et de Léon Blum...
M. MORIN : Oui, le vocabulaire ne fait pas le moine, mais enfin,
passons. Revenons à nos moutons. En 1973, la Caisse de
dépôt a acheté pour $210 millions d'obligations du
gouvernement et de l'Hydro-Québec. Ce montant, si je ne m'abuse,
représentait près de 50 p.c. des entrées de nouveaux fonds
à la caisse. Est-ce que j'ai tort de penser que la caisse ne peut et ne
pourra acheter beaucoup plus que ce qu'elle achète en ce moment ou du
moins de ce qu'elle a acheté en 1973? Je songe à la
période d'emprunts massifs qui s'en vient le ministre on en a
déjà causé un peu l'autre jour pour la baie James
notamment.
Est-ce que le gouvernement va pouvoir continuer de pratiquer la
politique qui semble si chère au ministre, politique de non
intervention, ou bien si le ministre ne sera pas, à un moment
donné, forcé d'intervenir et peut-être de forcer un peu la
main à la Caisse de dépôt?
M. GARNEAU: Je dois dire et reconnaître que d'une façon
générale la Caisse de dépôt est assez sensible aux
besoins de financement de l'Etat, que ce soit sous forme d'obligations
émises par l'Hydro-Québec, le gouvernement lui-même, les
CEGEP, les hôpitaux, les commission scolaires pour les besoins
d'équipement, les municipalités également. A ce jour, sans
qu'il y ait eu de tordage de bras ou de personnes forcées, les
proportions qui ont été établies en connaissant le
programme d'investissements du gouvernement et les besoins d'emprunt l'ont
été à ma satisfaction, sans qu'il y ait eu
nécessité de faire des interventions majeures.
Si le gouvernement décidait d'utiliser tous les fonds de la
Caisse de dépôt, ce serait certainement une autre situation que
celle qui existe présentement.
M. BOURASSA: Cela se fait dans les autres provinces. Le chef de
l'Opposition se souvient que, si le Québec avait adopté cette
formule-là M. Parizeau avait été l'un des
architectes, avec M. Castonguay, pour la Caisse de dépôt
cela permettait à la Caisse de dépôt de favoriser davantage
le développement économique. Mais, dans les autres provinces, on
peut recourir à la
totalité des fonds, 100 p.c. des sommes vont pour les emprunts.
Le voyage que j'ai fait en Allemagne et en Suisse, notamment, avait pour but de
permettre au gouvernement du Québec d'avoir des possibilités
d'emprunts si les marchés financiers de Toronto ou de New York se
resserraient pour une raison ou pour une autre. Je pense que la Caisse de
dépôt est un peu une police d'assurance pour le gouvernement du
Québec.
Si jamais les marchés financiers dont nous avons besoin
étant donné le niveau de nos emprunts et le niveau de nos
besoins, devenaient difficiles, on peut toujours, en dernier ressort, recourir
à la Caisse de dépôt.
M. MORIN: Mais recourir à la caisse selon quels principes? Le
ministre a beaucoup insisté, l'autre jour, sur le principe de
non-intervention. Ne pas forcer la caisse à aller contre son propre
jugement. Est-ce que ce principe-là tiendrait toujours dans la
perspective d'investissements considérables et de besoins d'emprunts
considérables pour la baie James?
M. BOURASSA: Je suis d'accord, la politique du gouvernement est une
politique de non-intervention, mais c'est toujours cette recherche de
l'équilibre entre l'autonomie des agences gouvernementales et la
coordination des politiques du gouvernement et des agences gouvernementales. Le
chef de l'Opposition est au courant que ce soit aux Etats-Unis ou en
Angleterre, où il a étudié, ils ont eu ces
problèmes-là, surtout en Angleterre jusqu'où on
peut donner de l'autonomie à ces agences pour empêcher
l'interférence gouvernementale, mais il faut quand même que
ça devienne des outils de la politique d'ensemble du gouvernement.
Actuellement, je crois que l'autonomie de la Caisse de
dépôt est absolument défendable et est
préférable à une intervention du gouvernement. Mais si
l'inflation se poursuit à l'échelle internationale et si c'est 12
p.c, 13 p.c. ou 14 p.c, le gouvernement du Québec peut considérer
s'il n'y a pas lieu de recourir davantage au financement interne et c'est
là que la Caisse de dépôt pourrait collaborer avec le
gouvernement.
M. MORIN: Cela soulève tout le problème de la
rentabilité du projet...
M. BOURASSA: C'est une hypothèse.
M. MORIN: ... par rapport à d'autres formes d'énergie,
mais je n'ai pas l'intention d'entrer là-dedans ce soir.
M. BOURASSA: Je suis prêt à en discuter. Je comprends que
le chef de l'Opposition soit hésitant à en discuter en ma
présence, mais...
M. MORIN: Ce n'est pas le lieu.
M. BOURASSA: Je suis à Val-d'Or, en fin de semaine. Evidemment,
je vais parler du bill 22, je vais parler de la politique linguistique du Parti
québécois qui incite 70,000 francophones à aller dans le
secteur anglophone et qui établit une discrimination, une double
liberté de choix. Je vais également parler à
Val-d'Or...
M. MORIN: J'avoue que je me retrouve mieux ce soir dans les finances que
dans le raisonnement du premier ministre en matière linguistique.
M. GARNEAU: C'est vrai qu'à la place du chef de l'Opposition je
serais inquiet en relisant mon programme électoral.
M. BOURASSA: Je dis simplement, au passage, que je suis dans la
région de la baie James, en fin de semaine, je suis à Val-d'Or.
J'aurai l'occasion de parler du bill 22 et du programme du Parti
québécois dans le domaine linguistique, puisque c'est un sujet
d'actualité. Je dis cela simplement au passage parce que, dans votre
programme, vous établissez deux catégories de
Québécois: certains qui pourront se glisser dans le plafond que
vous proposez, qui auront, eux, la liberté de choix, et les autres qui
ne l'auront pas. Evidemment, nous ne sommes pas ici pour discuter de cela ce
soir.
M. MORIN: J'avoue que je ne suis pas le premier ministre. Il a dû
interpréter quelques phrases du programme d'une manière tout
à fait spéciale, comme cela lui arrive.
M. BOURASSA: Non, non! c'est textuel dans le programme du Parti
québécois, je pourrai donner la page, demain à l'occasion
d'une réponse à une question au chef de l'Opposition, et je
pourrai lui donner...
M. MORIN: Si je comprends bien, je dois prendre avis de la question.
Hydro-Québec
M. BOURASSA: Mais je dis au chef de l'Opposition qu'on aura l'occasion
d'en discuter ensemble de nouveau. Mais pour ce qui a trait à la baie
James, je ne comprends pas l'obstination du chef de l'Opposition, je ne sais
pas qui le conseille, je suis convaincu que ce n'est pas M. Leguerrier qui le
conseille là-dessus. Je ne peux pas voir pourquoi il insiste tellement
pour privilégier les centrales nucléaires. On sait que, dans le
cas des centrales hydrauliques, ça s'amortit sur 60 ans, alors que, dans
le cas des centrales nucléaires, ça s'amortit sur 30 ans, et que
les frais d'exploitation des centrales hydrauliques sont infimes par rapport
aux frais d'exploitation des centrales nucléaires, donc non sujettes
à l'inflation, à toutes fins pratiques.
M. MORIN: J'imagine qu'on va pouvoir interroger longuement
l'Hydro-Québec sur tous les programmes révisés, que je
demande au premier ministre depuis plusieurs mois, d'ailleurs.
M. BOURASSA: D'accord, je leur en ai parlé.
M. MORIN: II m'a dit, dans sa dernière réponse, que
l'Hydro-Québec devait venir témoigner devant la commission au
mois de juin, je crois.
M. BOURASSA: D'accord, ils sont prêts et je suis mal à
l'aise pour le chef de l'Opposition, parce que, d'après les
réponses qu'il prévoit pouvoir donner au chef de l'Opposition, je
pense que ses thèses vont être complètement...
M. MORIN: Le premier ministre n'a pas à être mal à
l'aise; si...
M. BOURASSA: Non, mais c'est par sympathie.
M. MORIN: ... s'il a raison, si l'Hydro-Québec lui donne raison,
nous serons les premiers à nous incliner. Ce n'est pas une question
partisane, c'est une question de coût et de rentabilité.
Là-dessus, il ne nous a pas encore prouvé qu'on avait tort. S'il
le prouve à cette occasion, ce sera tant mieux pour lui.
J'espère que ça pourra réconforter le premier
ministre de ses déboires dans le domaine linguistique.
M. BOURASSA: Attendez, je comprends que le Parti québécois
veuille m'empêcher d'établir le français comme langue
officielle au Québec, je comprends son acharnement. Pourquoi faire
l'indépendance si le français est la langue officielle au
Québec? Evidemment, ils veulent sauver leur peau, je les comprends, ils
sont en train de se noyer.
M. MORIN: Les Québécois veulent sauver leur peau, on est
d'accord.
M. BOURASSA: C'est uhe autre question. M. MORIN: Oui, j'allais le
dire.
M. BOURASSA: On pourra y revenir. Mais ce que je veux dire au chef de
l'Opposition, est-ce qu'il est au courant de l'augmentation,
premièrement, dans le cas des centrales nucléaires à
Gentilly? Voilà trois ans, on parlait de $225 millions, là on est
rendu, sur une centrale nucléaire, à $400 millions.
M. MORIN: Vous parlez de Gentilly 3? M. BOURASSA: Gentilly 2. M. MORIN:
Gentilly.
M. BOURASSA: Oui, Gentilly 2. Gentilly 3 n'est pas décidé
encore.
M. MORIN: Cela, c'est pour le coût de l'investissement? le
coût du fonctionnement?
M. BOURASSA: C'est l'investissement. En 1971, on parlait de $225
millions, et là on est rendu à près de $400 millions, et
ça monte constamment. Alors, quand le chef de l'Opposition...
M. MORIN: Vous voyez; que l'Hydro-Québec vienne devant la
commission et nous donne l'état actuel de tous ses programmes, les
états comparés, comme ils l'ont déjà fait en 1972,
alors qu'on avait été en mesure de dire: LG 2 coûtera tant
du mille et puis une centrale nucléaire coûtera tant. Cela
permettait vraiment de pouvoir raisonner sur le sujet. Tandis que depuis des
mois, nous n'avons pas les chiffres.
M. GARNEAU: Mais les chiffres qu'ils nous avaient donnés à
ce moment, c'est qu'en utilisant la baie James, on épargnait $250
millions d'électricité par année aux consommateurs
québécois au lieu de l'option thermique nucléaire.
M. MORIN: C'est ça.
M. BOURASSA: J'ai été en Suède, je sais que le chef
de l'Opposition a du respect pour la Suède, l'hydraulique, quand
même, c'est privilégié partout. C'est un conseil amical que
je donne au chef de l'Opposition. C'est comme l'annulation à
l'élection fédérale. Pourquoi vous recommandez d'annuler
le vote? Le député de Maisonneuve n'est pas d'accord sur
ça, il va bouder la Chambre plusieurs jours.
M. MORIN: Quand le premier ministre entre dans les débats, on se
met à faire des digressions dans toutes les directions.
M. BOURASSA: Non, mais c'est parce que...
M. MORIN: Je sais qu'il affectionne ce procédé. Pour ce
qui est de l'annulation, ce n'est pas le lieu d'en parler. On aura, j'imagine,
toutes les tribunes voulues.
M. BOURASSA: Le député de Maisonneuve n'est pas
d'accord.
M. MORIN : Le premier ministre aura toutes les occasions...
M. BOURASSA: Le député de Maisonneuve n'aime pas du tout
cette recommandation.
M. MORIN: ... de faire valoir son point de vue.
Je voudrais revenir à la question qui a été
à l'origine de toutes ces digressions. Je constate donc qu'advenant que
le projet de la baie James
poserait des difficultés de financement ce n'est pas exclu que le
gouvernement fasse des pressions sur la Caisse de dépôt et
placement pour lui faire prendre plus d'obligations?
M. BOURASSA: Oui, mais on ne le prévoit pas. Pour être
très franc avec le chef de l'Opposition, on ne prévoit pas de
difficulté de financement pour le projet de la baie James. Au
contraire,...
M.MORIN: Bon!
M. BOURASSA: ... partout dans le monde, on est intéressé.
C'est un projet rentable. Je veux dire, évidemment, que c'est plus
rentable que de financer des investissements publics. On s'aperçoit avec
la crise énergétique que nous avons l'avantage, au Québec,
d'avoir des atouts sous ce rapport que la plupart des autres régions du
monde n'ont pas. Alors, que ce soit à Londres ou partout, on est
intéressé à participer au financement de ce projet. Ces
évident qu'en 1979, qu'en 1980, qu'en 1981, on est quand même
à cinq, six et sept ans de ces années-là...
M. MORIN: C'est à ce moment-là que les
investissements...
M. BOURASSA: Oui, c'est ça.
M. MORIN: ... seront beaucoup plus lourds.
M. BOURASSA: C'est $800 millions, $1 milliard...
M. MORIN: Cela va probablement dépasser le milliard de dollars
d'après les discussions que nous avons eues l'autre jour.
M. BOURASSA: Oui. De toute manière, comparativement aux autres
formes d'énergie, l'écart se rétrécit plutôt
que d'augmenter, à l'avantage de la baie James. Mais, pour ce qui a
trait à ces sommes, ce n'est pas avant cinq ou six ans. Jusqu'à
maintenant, on n'a rencontré aucune difficulté, du moins
d'après les informations que l'Hydro-Québec m'a données,
bien au contraire, pour le financement de la baie James.
M. MORIN: Alors, cela est une discussion que nous pourrons utilement
reprendre quand on aura les chiffres en main.
M. BOURASSA: D'accord.
M. MORIN: Parce qu'il y a longtemps que le premier ministre me dit que
j'aurai les chiffres. Je les lui ai demandés, je ne sais pas combien de
fois déjà en Chambre. J'attends avec la plus grande hâte le
jour où enfin on va pouvoir mettre la main sur des chiffres.
M. BOURASSA: Oui, mais comment peut-on, si on peut prendre 30 secondes,
prévoir avec précision c'est ce que je discutais avec les
gens de l'Hydro-Québec quel sera le taux d'inflation en 1977,
1978 ou 1979? Cela peut être 4 p.c, ou 5 p.c., ou 8 p.c. Si c'est 4 p.c.
mettons qu'on a une récession dans quelques années...
M. MORIN: Oui.
M. BOURASSA: ... et que l'inflation se trouve à être
réduite, cela va changer l'évaluation totale. C'est pourquoi je
ne vois pas comment on peut prévoir aujourd'hui, avec le moindrement de
précision, quel sera le coût...
M. MORIN: Oui. C'est justement l'une des questions sur lesquelles j'ai
interrogé le premier ministre à plusieurs reprises. Là, il
introduit des variables qui peuvent drôlement faire augmenter le
coût de l'opération.
M. BOURASSA: Mais c'est la même chose...
M. MORIN: Je pense à deux données qui sont totalement
dépassées par les événements. C'est le taux
d'inflation original de 4 p.c. C'est le taux d'intérêt de 8
p.c.
M. BOURASSA: Mais cela joue... M. MORIN: Bon.
M. BOURASSA: Je comprends le chef de l'Opposition. Il se dit que le
montant initial d'investissement est peut-être plus important dans le cas
des centrales hydrauliques que dans le cas des centrales nucléaires,
mais il résonne comme si l'inflation, alors que les centrales
hydrauliques durent 60 ans, sera limitée simplement à la
période de construction. C'est là où son raisonnement...
Disons que je lui donne le bénéfice du doute, qu'il ne veut pas
faire de partisannerie. Il a glissé une fois à une
émission de télévision. Il a parlé des centrales
thermiques plutôt que des centrales hydrauliques. Mais il s'est
excusé par la suite. Je n'ai pas...
M. MORIN: Le premier ministre pratique l'art subtil de chercher les
puces. Quand il en a trouvé une, il la met sous le microscope et il
l'amplifie. Il la mettrait sous un comment appelle-t-on cela un
appareil géant de grossissement de façon à tenter de
prouver à l'adversaire que ses puces l'écrasent.
M. BOURASSA: Le chef de l'Opposition doit se rendre compte que, dans le
cas des centrales hydrauliques je comprends que M. Parizeau, dont je
reconnais l'objectivité même si c'est un adversaire politique,
insiste depuis toujours sur les centrales nucléaires; je comprends qu'il
s'est rallié, finalement, dans le cas de Churchill Falls si on
avait suivi son avis initial, dans le cas de Churchill Falls, on aurait
manqué peut-être l'occasion la plus intéressante
qu'ait jamais eue le Québec de faire une transaction fructueuse.
Le chef de l'Opposition va être d'accord, à 2.5 mills le kilowatt,
c'est quand même intéressant.
M. MORIN: Mais j'entends dire qu'il serait question d'une
révision.
M. BOURASSA: Non. Qui vous a... M. MORIN: On en reparlera.
M. BOURASSA: Est-ce que le chef de l'Opposition peut citer une seule
déclaration du ministre des Finances de Terre-Neuve ou du premier
ministre de Terre-Neuve là-dessus?
M. MORIN: Nous aurons peut-être des questions à vous poser
d'ici quelque temps là-dessus.
M, BOURASSA: Mais est-ce qu'il y a une seule déclaration qu'il
peut citer là-dessus?
M. MORIN: Non, je ne crois pas qu'il y ait de déclaration
officielle encore.
M. BOURASSA: D'accord. Bon! alors...
M. MORIN: Mais le premier ministre sait qu'il se brasse certaines
choses.
M. BOURASSA: Non, au contraire. Il y a eu des déclarations, au
contraire, M. le Président, comme quoi on respecterait les contrats.
J'ai parlé au ministre des Finances de Terre-Neuve et il m'a dit qu'il
n'était pas question de ne pas respecter le contrat.
M. MORIN: M. le premier ministre, dans le cas de Churchill Falls, je ne
crois pas que M. Parizeau ait jamais recommandé autre chose que
l'hydroélectrique, dans ce cas précis. Je ne pense pas que vous
puissiez dire cela.
M. BOURASSA: II a signé le rapport, finalement, d'accord, mais
tout le monde sait c'est un secret de polichinelle que M.
Parizeau faisait partie du lobby nucléaire.
M. MORIN: Je vous retournerai la question tout à l'heure.
M. BOURASSA: D'ailleurs, tout le...
M. MORIN: Oui, oui, par rapport à la baie James, je pense qu'il
avait de bons motifs d'argumenter que c'était plus rentable.
M. BOURASSA: Quoique dans la revue Maintenant, j'ai vu une autre
volte-face de sa part. Il dit maintenant qu'on doit faire La Grande. Il a
décidé que, évidemment, cela paraissait...
M. MORIN: Cela, c'est une attitude que nous avons prise. Maintenant
qu'elle est commencée et que cela a coûté si cher...
M. BOURASSA: Ah! cela, c'est important, M. le Président.
M. GARNEAU: C'est nouveau, cela.
M.BOURASSA: C'est nouveau. On prend note que le Parti
québécois, maintenant, se rallie à la position du
gouvernement de développer La Grande.
M. MORIN: Attention, c'est plus nuancé que cela. Le premier
ministre ne me fera pas marcher.
M. BOURASSA: C'est malheureux qu'il n'y ait pas de media d'information
ici ce soir.
M. MORIN: M. le premier ministre, si vous voulez, on pourrait
peut-être remettre cette discussion au moment où on aura les
chiffres, parce que le premier ministre, ce soir, a un avantage. Il a
peut-être déjà vu les chiffres. Moi, je ne les ai pas. Je
les lui demande depuis longtemps. Quand je les aurai en main, nous serons
d'égal à égal pour en parler.
M. BOURASSA: Mais je lui recommande amicalement la prudence dans ses
déclarations.
M. MORIN: Le premier ministre passe son temps à nous recommander
la prudence.
M. BOURASSA: Amicalement, là-dessus.
M. MORIN: Le plus amicalement du monde. Mais c'est un cas où je
me méfie énormément des conseils pratiques du premier
ministre.
M. BOURASSA: Vous souvenez-vous, dans le cas du budget du Parti
québécois? Je vous avais dit de ne pas le publier en campagne
électorale ! Vous l'avez fait contre mes conseils.
M. MORIN: Le premier ministre, peut-être, ne pénètre
pas la psychologie profonde des Québécois, mais nous pensons que
ce budget a peut-être contribué à faire évoluer
beaucoup de Québécois et qu'il continuera à le faire.
M. BOURASSA: De notre côté, de notre côté!
M. MORIN: Je laisse le premier ministre à ses illusions et lui
souhaite de les conserver le plus longtemps possible...
M. BOURASSA: Ce que je veux dire au...
M. MORIN: Je me demande si on ne devrait pas revenir à nos
moutons.
M. BOURASSA: Mais c'est le chef de l'Op-
position qui a abordé la question du financement.
M. MORIN: Si vous voulez, on peut peut-être adopter... Non, il n'y
a pas de budget à adopter pour les sociétés d'Etat et je
pense que j'avais à peu près terminé. Non, une
dernière question. Je me réfère aux crédits de
l'année dernière, à la page 1875. Le ministre
annonçait que nous aurions éventuellement une annexe à la
Loi de l'administration financière qui déterminerait le type de
relations qui doivent exister entre le gouvernement et les
sociétés d'Etat en ce qui concerne l'administration de ces
sociétés sur le plan financier.
Est-ce que je pourrais demander au ministre où en est la
préparation de ce texte de loi?
M. GARNEAU: Le comité de la réforme administrative a
complété, au cours de l'été 1973, au début
de l'automne, plutôt, le travail technique concernant les options
différentes qui pourraient être retenues. J'ai eu ce rapport mais,
pour les raisons que vous connaissez, les élections de l'automne,
finalement je n'ai pas pu consacrer d'autre temps à ce dossier. Il
faudra le reprendre et tenter de le mener à terme au cours de 1974 ou au
début de 1975. Le travail de recherche est complété et
même, si ma mémoire est fidèle, dans le dossier que j'ai,
il y a une proposition en termes législatifs qui pourra être
retenue avec des options mais ce n'est pas encore venu au conseil des
ministres.
M. MORIN: Vous disiez à ce moment-là "... que vous
espériez qu'on pourrait procéder à l'étude de cette
loi à l'automne, sinon au plus tard le printemps prochain". Le texte,
d'après ce que vous disiez, était assez avancé. Est-ce
qu'on peut prévoir que le projet serait déposé, par
exemple, avant l'ajournement d'été?
M. GARNEAU: Je ne pense pas qu'il soit déposé avant
l'ajournement d'été. C'est une question de priorités. Le
rapport a été complété, il faudrait trouver le
temps de l'étudier à fond et de faire une proposition
précise, parmi les options qui sont contenues dans l'étude du
comité de la réforme administrative, au conseil des ministres, ce
que je n'ai pas encore fait.
M. MORIN: J'imagine que ce sera un projet assez complexe et qu'on aurait
avantage à ce que les députés en prenne connaissance
peut-être assez longtemps avant qu'il soit discuté en Chambre.
M. GARNEAU: Pas particulièrement complexe, non, je ne pense pas
qu'il y ait de très grandes complexités techniques. Ce sont
plutôt des principes qui sont en cause. D'ailleurs, il y a des
modèles qui sont expérimentés à d'autres niveaux de
gouvernement. Le gouvernement fédéral, entre autres, a une annexe
à sa Loi de l'administration financière concernant les
sociétés d'Etat.
Il y a des points de référence; je ne crois pas que ce
soit à ce point compliqué sur le plan de l'étude pour que
ça prenne des mois ou des semaines à être
analysé.
M. BOURASSA: Tout dépend de l'ajournement d'été,
à quel moment.
M. MORIN: Oui, naturellement le premier ministre a des projets pour le
mois de juillet, si je comprends bien. M. le Président...
M. GARNEAU: Prenons la plupart des lois concernant les
sociétés d'Etat, soit les nouvelles ou celles qui sont
amendées; je me réfère par exemple aux amendements de la
loi de REXFOR l'an dernier oui mais ça c'est antérieur
à celle de la SGF. En tout cas, lorsqu'il nous faut amender une
loi d'une société d'Etat, on s'aligne sur le modèle qui a
été déterminé par le comité de la
réforme administrative. Quand même si on veut
compléter le travail il faudrait cette annexe à la Loi de
l'administration financière.
M. MORIN: Bien. Passons maintenant au Conseil du trésor.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Gestion budgétaire et politique
administrative, programme 1.
M. MORIN: M. le Président, puis-je demander au ministre quels
sont les cinq ministres qui siègent actuellement, de façon
régulière, au Conseil du trésor et qui sont nommés,
je crois, par arrêté en conseil?
M. GARNEAU: Le ministre des Communications, M. L'Allier, le ministre des
Terres et Forêts, M. Drummond, le ministre des Transports et des Travaux
publics, M. Mailloux, le ministre de la Fonction publique, M. Parent, et
moi-même.
M. BOURASSA: II y a d'autres ministres qui peuvent assister sur des
dossiers particuliers.
M. GARNEAU: C'est très rare qu'il y ait des réunions du
Conseil du trésor où il n'y a pas sept ou huit ministres qui
viennent.
M. MORIN : En réalité, c'est un comité du conseil
des ministres?
M. GARNEAU: C'est un comité du conseil des ministres auquel tous
les ministres siègent d'office mais pour fins de répartition du
travail...
M. MORIN: Pour fins d'administration, il y en a cinq qui sont
choisis.
M. GARNEAU: ... il y en a cinq, c'est ça.
M. BOURASSA: C'est l'un des plus importants comités du conseil
des ministres.
M. MORIN: Bien. J'ai lu avec beaucoup d'intérêt les
Débats de l'année dernière sur l'étude des
crédits du Conseil du trésor. Il y a une chose que je n'ai pas
trouvée, il y a plusieurs choses que je n'ai pas trouvées...
M. GARNEAU: Tout à l'heure, vous parliez d'égal à
égal; moi, je ne les ai pas relus, on ne sera pas égaux
là.
M. MORIN : Bien, je les ai lus rapidement il y a quelques jours. Il y a
une ou deux questions qui me sont venues à l'esprit tandis que je les
parcourais. Est-ce que le ministre pourrait nous faire une sorte de
portrait-robot du cheminement d'une enveloppe budgétaire pour un
ministère quelconque?
M. GARNEAU: II y a trois étapes principales. La première
s'écoule entre le début d'avril et la mi-mai, où les
ministères font parvenir au secrétariat du conseil les principaux
programmes ou les principales orientations qu'ils entendent soumettre à
l'attention du gouvernement pour l'année à venir.
Si on prend l'ensemble des ministères, il peut y avoir 25, 30, 40
ou 50 programmes majeurs nouveaux, orientations nouvelles; la synthèse
de ça est faite au Conseil du trésor et présentée
au conseil des ministres vers la mi-juin, la fin de juin, le début de
juillet, pour retenir les orientations majeures que le conseil des ministres
voudra imprimer au prochain budget. Dans la deuxième période, les
ministères sont avisés des projets majeurs qui ont
été retenus et font des propositions précises en termes
d'opératio-nalisation de ces programmes qui sont retenus ou de ces
orientations majeures.
M. MORIN: Je m'excuse, qu'est-ce que vous appelez
l'opérationalisation?
M. GARNEAU: Rendre un programme opérationnel. Disons qu'il s'agit
d'ouvrir, je ne sais pas, moi, une série de nouvelles écoles dans
des secteurs nouveaux d'activité, préciser les plans
d'organisation au niveau de l'administration du personnel, du type de personnel
à retenir, le nombre de pieds carrés de plancher pour
l'administration, etc.
Et tout ça est traduit dans une forme budgétaire beaucoup
plus précise et resoumis par le Conseil du trésor au conseil des
ministres vers le mois d'octobre, pour déterminer, de façon
finale, l'ordre de grandeur des enveloppes de chacun des ministères pour
leur budget à venir. Et entre le mois d'octobre et le mois de
décembre, début de janvier, on finalise le livre des
crédits que vous avez devant vous, avec chacun des postes
budgétaires, etc.
Alors c'est le cheminement que ça prend. Et au mois de janvier,
il faut aller sous presse, parce que, imprimer un document comme ça,
c'est une affaire d'un mois et demi.
M. MORIN: Et le cycle prend combien de mois alors, tout le
cheminement?
M. GARNEAU: Tout le cheminement, c'est à peu près onze
mois sur douze, en tout et partout.
M. MORIN: Dans le cas du ministère de l'Agriculture je
prends celui-là à titre d'exemple quels sont les
critères qui interviennent pour refuser les crédits qui sont
demandés à un programme précis comme, par exemple, le
drainage des terres?
M. GARNEAU: Ce sont les mêmes critères qui sont
utilisés pour les programmes de tous les ministères,
c'est-à-dire à l'intérieur des possibilités
financières du gouvernement et compte tenu de la rentabilité
comparative des activités nouvelles qui sont soumises, des programmes
sont retenus par le conseil des ministres, ou ne sont pas retenus, mais ce sont
les mêmes critères qui sont utilisés pour un
ministère ou pour un autre. Il n'y a pas de différence en
termes...
M. MORIN: Si j'en juge d'après les derniers crédits du
ministère de l'Agriculture, ce n'est pas très brillant, au
maximum. J'aimerais demander au ministre, au moment où ces choix sont
faits, parce qu'en fait le Conseil du trésor arbitre et, ultimement,
j'imagine que si le conseil n'arrive pas à arbitrer...
M. GARNEAU: L'arbitrage final est fait par le conseil des ministres.
M. MORIN: Par le conseil des ministres, c'est ce que j'allais dire. Dans
un cas comme celui-là, est-ce que cela se règle au niveau des
cinq que vous avez nommés tout à l'heure? Le ministre de
l'Agriculture n'est pas parmi les cinq?
M. GARNEAU: Non. Les enveloppes de chacun des ministères sont
déterminées par le conseil des ministres, où tous les
ministres sont présents.
M. BOURASSA: Des réunions spéciales qui durent plusieurs
jours.
M. GARNEAU: Des fois, ça dure deux jours, trois jours.
M. BOURASSA: Où on discute les enveloppes de chaque
ministère et tout se fait, finalement, avec le consentement des
ministres intéressés. Dans certains ministères, la
possibilité de budgets supplémentaires est plus justifiée
ou plus normale que dans d'autres ministères. On voit cela dans le cas
de l'Agriculture, par exemple, suivant la température, pour les
récoltes. Il y a aussi les prévisions de revenus qui nous
permettent parfois d'être plus généreux
dans les budgets supplémentaires. C'est un élément
de flexibilité. Aujourd'hui, le chef de l'Opposition est au courant de
l'importance des budgets supplémentaires. Avec la période de
croissance économique que nous connaissons, ça peut nous
permettre de donner des budgets supplémentaires plus importants à
certains ministères.
M. MORIN: Des budgets supplémentaires ou des mandats
spéciaux, comme nous le disions tout à l'heure.
M. BOURASSA: En dehors des sessions, ce sont les mandats
spéciaux, mais tout se fait très légalement.
M. MORIN: Oui. Est-ce que je pourrais demander au ministre, dans le cas
de la préparation des enveloppes budgétaires triennales, comment
on intègre les réformes à long terme, comme celle, par
exemple, de l'abolition des concessions forestières, qui doit, elle,
être étalée sur dix ans? Comment procédez-vous pour
intégrer cela?
M. GARNEAU: Prenons le programme de la voirie, par exemple, où la
construction de routes est relié à un programme quinquennal qui
est connu par le gouvernement, qui peut être rajusté
d'année en année. A l'intérieur de ces
programmes-là, connus, les prévisions triennales sont
basées lâ-dessus. Si vous prenez un autre ministère, par
exemple les Terres et Forêts, on pourrait prendre un programme
très précis, qui est celui de la lutte à la tordeuse de
bourgeons de l'épinette qui est quand même un programme de $100
millions, sur dix ans. Comme il a été approuvé par le
gouvernement, les sommes sont incluses automatiquement.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Conseil du trésor, adopté?
M. BOURASSA: M. le Président, j'aurais peut-être une
question au chef de l'Opposition. C'est parce qu'il y a eu des accusations de
favoritisme qui ont été faites à l'endroit du Conseil du
trésor pour l'octroi de contrats. Je ne sais pas si le chef de
l'Opposition aurait des exemples concrets dont on pourrait discuter ici; c'est
l'endroit pour en discuter. Vous n'avez pas posé de questions au service
des achats, ni à l'Industrie et au Commerce, ni aux Transports.
M. MORIN: Nous choisirons nous-mêmes l'endroit où on posera
les questions.
M. BOURASSA: II semble que vous ne trouviez pas d'endroits, parce qu'on
prend l'initiative à chaque endroit, vous ne posez pas de questions,
alors...
M. MORIN: Non, en temps et lieu. J'ai encore une question à
poser. Malheureusement, le temps se fait court.
M. GARNEAU: Si vous n'avez pas d'objection, on peut peut-être
dépasser un peu 11 heures.
M. MORIN: Moi, je n'ai pas d'objection. Le leader du gouvernement en
Chambre a exprimé le voeu que nous terminions ce soir. Il est 11 heures,
mais je pense qu'on pourrait poursuivre quelques minutes encore.
M. GARNEAU: On peut poursuivre quelques minutes.
M. MORIN: Si le premier ministre ne nous pose pas d'autres questions
destinées...
M. BOURASSA: Je veux savoir si vous êtes sérieux.
M. MORIN: ... à nous ralentir dans notre travail.
M. BOURASSA: Je veux savoir si vous avez des accusations de favoritisme
dans le cas du Conseil du trésor, parce qu'on en discute là. S'il
n'y en a pas, on va en prendre note.
M. MORIN: Nous discutons en ce moment des crédits...
M. BOURASSA: Du Conseil du trésor.
M. MORIN: ... du Conseil du trésor et ce qui m'intéresse,
c'est de savoir comment ce conseil travaille, comment il procède, quel
est son cheminement?
M. BOURASSA: Mais vous n'avez pas d'accusation de favoritisme concernant
le Conseil du trésor?
M. MORIN: Je n'ai pas à répondre ou même à
entrer dans la dialectique du premier ministre. Je crois que ce n'est pas
à lui, d'ailleurs, à poser des questions à
l'Opposition.
M. BOURASSA: Non, non.
M. MORIN: Ce n'est pas comme ça que fonctionnent les
crédits, le premier ministre le sait bien.
M. BOURASSA: C'est parce que des accusations ont été
portées assez gratuitement.
M. MORIN: Le jour...
M. BOURASSA: On a déposé des documents, il y a les membres
du Conseil du trésor ici qui ont été impliqués, on
demande au chef de l'Opposition, c'est-à-dire la personne la plus
importante...
M. MORIN: Le jour où nous estimerons nécessaire de
soulever cette question, je prie le premier ministre de croire que ce ne sera
pas
fait à la légère, si ça se fait, et nous
choisirons le temps et le lieu.
M. BOURASSA: Alors, je prends note qu'il n'y a pas de questions encore.
On a essayé à quatre commissions, au service des achats, et il
n'y a pas de questions. D'accord...
M. MORIN: Est-ce que ça inquiète le premier ministre au
point qu'il fait le tour de toutes les commissions pour s'assurer que le chat
ne sorte pas du sac?
M. BOURASSA: Non, au contraire. C'est que ça révèle
d'une façon un peu plus éloquente l'intégrité
totale de l'administration actuelle. Je prends note du fait que le chef de
l'Opposition est d'accord sur mes derniers propos.
M. MORIN: M. le Président, le premier ministre pratique plusieurs
arts subtils dont celui d'essayer de prêter des propos aux autres. Je
répète ce que j'ai dit tout à l'heure, je ne m'engagerai
pas sur la pente sur laquelle il voudrait m'engager. Je n'ai rien à dire
ce soir là-dessus.
M. BOURASSA: D'accord.
M. MORIN: Nous sommes là pour étudier le fonctionnement du
Conseil du trésor et le budget du Conseil du trésor.
M. BOURASSA: Le fonctionnement du Conseil du trésor au cours de
la dernière année, c'est exactement ce qu'on discute, alors je
demande au chef de l'Opposition... Je n'insiste pas, s'il n'a rien à
nous reprocher, je ne vais pas insister.
M. MORIN: Le jour où l'Opposition aura quelque chose à
reprocher au Conseil du trésor, elle le fera savoir.
M. BOURASSA: D'accord. Merci, M. le Président.
M. MORIN: Pour ce qui est des projections de dépenses concernant
les grands projets, je pense en particulier au revenu minimum garanti, au
Conseil du trésor vous êtes-vous appliqués à faire
des projections?
M. GARNEAU: Bien, les projections sont faites à partir des
programmes connus et approuvés par le gouvernement ou via des
propositions nouvelles qui sont soumises à l'attention du
gouvernement.
Dans le cas de l'aide sociale et des politiques de soutien du revenu,
par exemple, si on prend la décision d'accroître sensiblement les
allocations familiales et de ne pas les taxer. C'est une décision qui a
été prise par le gouvernement dans le cadre du processus
budgétaire. Si le ministère des Affaires sociales soumettait des
éléments nouveaux, qui impliquaient des modifications aux
programmations approuvées, ces évaluations seraient faites
à partir des hypothèses de la nouvelle programmation.
M. MORIN: Mais dans les cas de grands projets, qui ne sont pas encore
appliqués on pourrait aussi parler de l'inclusion des
médicaments dans les plans d'assurance est-ce que le Conseil du
trésor procède à une étude prospective?
M. GARNEAU: C'est le ministère qui propose la politique, qui
soumet ses prévisions de dépenses, prévisions qui sont
révisées par le secrétariat du Conseil du trésor,
avec les différentes équipes techniques qui sont
constituées, soit en questionnant les auteurs du mémoire pour
bien vérifier si tous les aspects des coûts ont été
compris, en faisant ressortir les lacunes là où il semble y avoir
des prévisions non suffisantes ou encore où il semble y avoir des
prévisions qui semblent trop élevées. Mais, au point de
départ, les programmes sont soumis par les ministères. Le
secrétariat en fait une analyse critique, dans le sens positif du terme.
Mais ce n'est pas le secrétariat qui fait, au point de départ,
ces analyses. Il en fait une révision...
M. MORIN: Oui.
M. GARNEAU: ... une analyse technique. Mais c'est le ministère
qui est quand même le maître d'oeuvre et le ministre responsable
qui fait la proposition et non pas le secrétariat du conseil.
M. MORIN: Est-ce que le Conseil du trésor s'est penché sur
les propositions émanant du ministère au sujet du revenu minimum
garanti? Est-ce que vous avez été amenés à faire ce
que vous appelez la révision des hypothèses de travail, des
projections?
M. GARNEAU: Ce que le ministère des Affaires sociales a
présenté dans le cadre du budget de l'an dernier, a
été sa politique de soutien de revenu qui comprenait une
alternative face aux allocations familiales. Cela dépend ce qu'on
appelle revenu minimum garanti. On peut dire que la formule, qui est
utilisée actuellement, la politique de soutien du revenu du gouvernement
actuel, qui a été mise au point et élaborée au
cours des années, est une forme de revenu minimum garanti, mais
administrée de façon différente.
M. MORIN: Ce n'est pas ce qu'on appelle habituellement le revenu minimum
garanti...
M. GARNEAU: Mais j'aimerais entendre la...
M. MORIN: ...ni même ce que la commission Castonguay-Nepveu
a...
M. GARNEAU: J'aimerais que le chef de
l'Opposition nous définisse ce que c'est que le revenu minimum
garanti parce que j'ai lu autant d'appréciations là-dessus qu'il
y a eu de personnes qui m'ont défini ce que c'était.
M. BOURASSA: On a examiné le budget du Parti
québécois. C'est dans cette définition que vous proposiez
de taxer l'aide sociale.
M. MORIN: Le premier ministre veut encore nous amener à perdre du
temps...
M. GARNEAU: Sur vos erreurs passées?
M. MORIN: ... comme il l'a fait en Chambre à plusieurs
reprises.
M. BOURASSA: Non, non, mais c'est vrai. Le ministre des Finances, quand
même, qui a examiné...
M. GARNEAU: D'ailleurs, j'avais été scandalisé en
lisant cela.
M. BOURASSA: II l'avait signalé à la
télévision.
M. MORIN: Trêve de bonnes blagues.
M. GARNEAU: Ce n'était pas une blague pour les assistés
sociaux.
M. MORIN: Trêve de blagues parce que le premier ministre sait
très bien à quoi s'en tenir. Il sait très bien lire. Cela
fait plusieurs fois qu'il essaie de nous "finer" avec cela.
M. BOURASSA: Des technocrates nous avaient proposé cette formule.
On a refusé parce qu'on ne voulait pas que l'aide sociale soit
taxée. Le Parti québécois est tombé dans le
piège de la technocratie sous ce rapport.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais revenir, avec votre
permission, à ce dont nous parlions, soit l'étude par le Conseil
du trésor des projets émanant du ministère des Affaires
sociales. Est-ce qu'à l'heure actuelle ces études sont
avancées? J'entends la révision par le Conseil du
trésor.
M. GARNEAU: Si vous me parlez de la révision en termes de
coût des programmes tels qu'ils existent actuellement, ces études
ont été faites dans le cadre du budget 1974/75 qui a
été discuté à la commission des affaires sociales.
Mais, si vous me parlez de nouveaux programmes qui pourraient être soumis
à l'attention du gouvernement de la part du ministère des
Affaires sociales au cours de l'année à venir, le
secrétariat du conseil ou le Conseil du trésor comme tel n'en a
pas été saisi encore, parce qu'on est dans la première
phase du cycle budgétaire. Ce sont des choses qui vont entrer ces
jours-ci mais je ne peux pas dire d'avance si le ministère des Affaires
sociales proposera des modifications.
D'ailleurs, si je les avais, je ne pourrais pas en informer le chef de
l'Opposition.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais remercier le ministre. Je
pense que nous avons à peu près terminé, maintenant, le
Conseil du trésor. Nous sommes prêts à adopter les
crédits.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors les crédits du Conseil du
trésor sont adoptés en entier.
M. GARNEAU: M. le Président, vous me permettrez, en terminant, de
remercier tous les fonctionnaires du ministère des Finances et du
Conseil du trésor qui m'ont assisté et ont assisté la
commission au cours de l'étude de ces crédits.
Egalement, je veux remercier le chef de l'Opposition et le
député de Beauce-Sud, qui ce soir n'y était pas, pour le
sérieux qu'ils ont apporté d'une façon
générale dans l'étude de ces crédits. En terminant,
je pourrais donner une réponse immédiatement au chef de
l'Opposition sur une question qu'il m'a posée tout à l'heure
concernant l'Institut généologique Drouin. Le chèque au
montant de $40,000 a été fait, mais non remis, de telle sorte
qu'il a été redéposé au compte de banque du
gouvernement. Comme il y a un moment où il a été
émis, c'est pour cela qu'il a été imprimé dans les
comptes publics, mais il n'a pas été versé.
M. BOURASSA: Un autre ballon de dégonflé!
M. MORIN: Non! un autre renseignement précis donné.
Voilà tout. C'est ce que nous voulions obtenir, nous voulions savoir.
C'est notre tâche d'Opposition de nous renseigner.
M. BOURASSA: Cela dégonfle le ballon en même temps.
M. GARNEAU: Je tiens également à vous remercier, M. le
Président, de votre travail sage et efficace, de même que vos
prédécesseurs qui ont assumé la tâche de la
présidence.
M. BOURASSA: Excellent travail de tout le monde.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais également vous
remercier pour votre patience, remercier le ministre et surtout ses
fonctionnaires qui ont fait preuve de la plus grande patience. Nous avons
dépassé l'heure qui nous était allouée grâce
aux interventions géniales du premier ministre...
M. BOURASSA: Moi, j'étais ici pour avoir des questions du chef de
l'Opposition.
M. MORIN: ... que je remercie également de sa présence.
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 23 h 8)