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Commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu
Etude du projet de loi no 44
Loi modifiant la loi concernant
l'établissement par Sidbec d'un
complexe
sidérurgique intégré
Séance du jeudi 18 juillet 1974
(Dix-sept heures cinq minutes)
M. KENNEDY (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre! La commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu siège présentement
pour l'étude, article par article, du projet de loi no 44, Loi modifiant
la loi concernant l'établissement par Sidbec d'un complexe
sidérurgique intégré.
M. le ministre.
Préliminaires
M. GARNEAU: M. le Président, je veux d'abord remercier la
direction de Sidbec de s'être déplacée pour venir
répondre aux questions qui pourraient être posées par les
députés membres de cette commission à l'occasion de
l'étude du projet de loi 44, article par article.
Je voudrais suggérer qu'au début de cette commission nous
puissions permettre au président de la société Sidbec de
donner, au moyen de graphiques, certaines informations sur l'évolution
de la compagnie, ses marchés, etc., avant de répondre à
des questions qui pourraient lui être posées.
A cet effet je demanderais le consentement quant aux propos qui seront
tenus soit par le président de la société Sidbec ou encore
certains des membres de son état major qui l'accompagnent;
c'est-à-dire qu'au moment de leur intervention leurs propos pourraient
être insérés, dans le journal des Débats, à
leur nom.
M. ROY: Oui, je suis entièrement d'accord.
M. LESSARD: Certainement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Alors, je demanderais aux personnes de
Sidbec, avant leur intervention de vouloir s'identifier.
M. GIGNAC: Si vous voulez, M. le Président, je pourrais vous les
identifier tout de suite.
M. Jean-Pierre Howison, vice-président aux finances.
M. Terry Dancy...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): M. Gignac, vous n'êtes peut...
M. GIGNAC: Je m'excuse. M. Jean-Pierre
Howison, vice-président aux finances; M. Terry Dancy,
vice-président, études techniques et planification; M. John
Ellis, adjoint du président; M. Pierre Sauvé, conseiller
juridique; M. Bill Moloughney, vice-président au marketing, mise en
marché; il me reprend toujours pour celui-là; M. Gérard
Limoges, qui est le représentant; H.-Marcel Caron, vérificateur
externe de la compagnie et M. Michel Pelletier, adjoint du
président.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): M. le président, la parole est
à vous, selon les désirs du ministre.
Exposé général de M. Jean-Paul
Gignac
M. GIGNAC: J'ai pensé, M. le Président, après avoir
participé à quelques commissions parlementaires, non seulement
avec Sidbec mais aussi avec l'Hydro-Québec, que cela pourrait être
utile pour les membres de la commission parlementaire d'essayer de simplifier
les choses pour les rendre plus compréhensibles. J'espère que ce
sera plus compréhensible.
Je vais essayer de vous faire une présentation par graphiques et
je donnerai les détails au fur et à mesure que les graphiques
seront présentés sur l'écran. Graphique no 1 (voir
annexe)
Ce graphique représente les investissements de Sidbec et
Sidbec-Dosco de la période 1969 à la période 1973 incluse.
La ligne noire est la ligne cumulative et les blocs noirs, ce sont les montants
qui ont été dépensés durant chacune de ces
années. On voit que le sommet a été atteint en 1971, au
point de vue des investissements ou dépenses. Cela s'est
résorbé en 1973.
Ce que nous proposons se trouve à droite de la ligne verticale du
centre. Nous partons d'un investissement capital de $95 millions, que vous
voyez à la gauche de l'écran, pour aller à $368 millions,
c'est-à-dire un montant total d'environ $274 millions. On peut voir, de
la même façon, la façon dont ces sommes seront
dépensées en 1974, 1975, 1976, 1977 et 1978.
Ceci étant dit, pour ce qui est de la première
période d'expansion qui a été extrêmement difficile
je ne peux pas le cacher nous avons quand même
réussi à mettre sur pied non seulement des équipements,
mais aussi, je crois, une équipe technique et une équipe
administrative extrêmement valables.
Tous les équipements qui ont été mis en place,
à mon sens je ne vous donne pas là seulement mon opinion,
mais aussi l'opinion d'à peu près 20 ou 25 représentants
de pays différents qui sont venus nous visiter
particulièrement à Contrecoeur, parce que c'est là,
évidemment, que nous avons dépensé le gros des montants,
sont d'excellente qualité. Nous serons en mesure, éventuellement,
avec ces équipements, lorsqu'on pourra atteindre notre
maturité de développement industriel, de faire les profits
dont M. Roy parlait dans son exposé à l'Assemblée
nationale.
Nous avons pris un risque, je dois le dire, assez grand, lorsque nous
nous sommes lancés dans la réduction de minerai et il est reconnu
mondialement aujourd'hui, pour votre information, que le procédé
de réduction que nous avons est de loin le meilleur. Je peux vous dire
que ce procédé a été mis en exploitation le 11
avril 1973 et que, le 11 avril 1974, on avait dépassé nos
prévisions d'à peu près 40,000 tonnes.
De plus, je voudrais ajouter qu'à cause de l'embargo
américain sur la ferraille qui existe encore en ce moment
si nous n'avions pas eu ce procédé de réduction, il en
aurait coûté la jolie somme de $24 millions en déficit
additionnel en 1973.
Pour vous réconforter un peu, M. Roy, je voudrais souligner que
la compagnie a fait $1,274,000 de profit pour le premier trimestre. Il semble
que la tendance soit favorable pour le second.
M. ROY: Des bonnes nouvelles!
M. GAGNAC: Ce qui nous a amenés, je vais vous dire, à
penser à notre plan d'expansion, phase 2, c'est un goulot
d'étranglement qui se situait au laminoir à chaud de Contrecoeur.
Ce qui entraînait nécessairement une diminution de la production
au laminoir à plat et qui ne rendait, à ce jour, pas tellement
rentables ces deux pièces d'équipement qui, à mon sens,
sont les pièces les plus importantes, qui produisent les produits les
plus importants si on veut parler de développement d'industries
secondaires au Québec, c'est-à-dire la tôle.
En voulant débloquer, en amont, la lami-noire à chaud,
tout de suite il faut penser à deux fours électriques et à
une autre unité de réduction de minerai. On croyait pouvoir s'en
tirer sans aller à la mine immédiatement, mais autant le
marché de la ferraille s'est asséché tout en ayant des
prix absolument exorbitants, autant le marché des boulettes d'oxyde de
fer s'est aussi asséché. C'est pour cela que nous avons
été obligés d'aller un peu partout dans le monde pour
chercher des boulettes de fer alors qu'on en a à la porte mais,
malheureusement, elles ne font pas trop notre affaire parce qu'il y a de la
silice dedans.
M. ROY: ... c'est la mine de Fire Lake, cela?
M. GIGNAC: C'est cela.
M. ROY: Quand prévoyez-vous...
M. GIGNAC: Nous prévoyons mettre en exploitation la mine de Fire
Lake au premier semestre de 1977.
J'ai été moi-même visiter cette mine. J'ai aussi
visité la ville de Gagnon, la mine du lac
Jeannine et j'en ai profité pour aller voir Mont-Right, Fermont,
Wabush et Labrador City.
J'ai appris plus dans une journée que dans un an, je crois. Je
suis en mesure de vous dire que notre participation dans Fire Lake est
sûrement la deuxième meilleure décision qu'on a prise. Nous
avons là des équipements qui sont rodés, il y a une
main-d'oeuvre qui est extrêmement compétente,
canadienne-française, entre parenthèses, à 99 p.c, je
parle de Gagnon. Evidemment, il n'y a aucune inflation sur les concentrateurs
et les équipements qui sont là. Les coûts que nous allons
encourir pour l'achat de ces choses sont dépréciés. Je
pense que Sidbec, en plus de ça, prend le "lead", c'est-à-dire
qu'on prend la direction du projet en ce sens puisqu'on a les trois
cinquièmes de la mine, on prend trois millions de tonnes sur cinq
millions; donc on est les "leaders" et on va agir comme "leaders" dans la
mine.
M. LESSARD: M. le Président, pour les fins de la discussion, je
ne sais pas si on ne devrait pas laisser M. Gignac faire un exposé
général, prendre des notes. Si on s'engage dans la discussion
concernant Fire Lake, je ne sais pas, à un moment donné...
M. GIGNAC: Cela peut aller loin.
M. LESSARD: Oui, ça peut aller loin. J'aimerais peut-être
mieux que M. Gignac fasse son exposé et, par la suite, il s'agira de
noter et on y reviendra.
M. GIGNAC: D'accord, alors...
M. GARNEAU: ... remarquer que ce n'est pas la majorité
libérale qui...
M. LESSARD: Non, M. le Président, il s'agit...
M. ROY: ... au contraire. Ce n'est pas pour boycotter, au contraire.
Vous voyez, on est intéressé.
Graphique no 2 (voir annexe)
M. GIGNAC: M. le Président, si vous voulez retenir que la
première partie concerne les investissements 1969-1973 inclus. Si vous
voulez, on va passer à l'autre graphique qui vous donne les
résultats financiers de Sidbec et ses filiales de 1969 à 1973.
Alors, la ligne noire, comme vous pouvez voir, c'est la ligne des pertes
d'exploitation; la ligne avec de petits ronds, ce sont les pertes nettes et la
ligne en rectangles, ce sont les déficits de caisse. Alors, vous allez
constater une chose, c'est que, depuis 1970, les déficits de caisse sont
partis de $6,800,000 pour aller à $1 million l'an dernier.
L'an dernier, on a absorbé deux grèves et on a
absorbé le plein impact de la montée des
coûts de la ferraille. En fait, le point tournant ç'aurait
dû être l'an dernier si tout avait été normal, et non
cette année.
Est-ce qu'il y a des questions à poser là-dessus?
M. ROY: On reviendra tout à l'heure. Grapique no 3 (voir
annexe)
M. GIGNAC: Alors vous avez là le rapport
dette-équité dont on a fait mention à l'Assemblée
nationale. Je pense bien que ça s'explique de soi d'avoir des
actionnaires excluant le capital-actions souscrit et non payé, (ce qui
est en noir) la dette à long terme (qui est à rayer), puis ce qui
est en blanc, c'est le capital-actions souscrit et non payé. Alors vous
pouvez voir que ça part de 1969, puis là on projette jusqu'en
1978.
On peut voir quand même qu'en 1974, il y a un débalancement
qui va durer, en fait, jusqu'en 1976, qui va commencer à se replacer
vers 1977. Alors c'est évident que si Sidbec veut entrer en concurrence
d'une façon avantageuse sur les marchés, on ne peut pas se
permettre d'avoir une dette, un ratio de 65 p.c. de dettes versus 35 p.c.
d'équité. Il faut que ce soit le contraire. Graphique no 4 (voir
annexe)
Ce tableau a pour objet de vous montrer un peu ce qui se passe dans les
autres compagnies. C'est l'étude comparative du rapport
dette-équité de Sidbec, de Dofasco, Algoma et Stelco. Alors,
enfin, ça parle tout seul; ce qui est en blanc c'est
l'équité, ce qui est en noir c'est la dette. Cela fait des
différences énormes. Ecoutez, je dois vous dire aussi qu'il ne
faudrait pas oublier que Stelco est né en 1910; Dofasco en 1918; Algoma
en 1922. Il ne faudrait pas oublier ça. Graphiques nos 5 et 6 (voir
annexe)
Voici les intérêts payés par Sidbec depuis 1969
on a projeté jusqu'en 1978. Je dois vous dire et je
ne veux pas dire ça pour critiquer le gouvernement ou qui que ce soit
puisqu'on l'a fait en connaissance de cause, on a payé plus
d'intérêts qu'on a fait de pertes.
M. LESSARD: Le total de ça, c'est combien?
M. GIGNAC: Le total, jusqu'à maintenant, des
intérêts est de $32 millions...
M. HOWISON: Près de $30 millions.
M. GIGNAC: $30 millions, et nos pertes, c'est $27 millions.
M. ROY: Vous payez $30 millions maintenant ou depuis le
début?
M. GIGNAC: Depuis 1969. M. ROY: Depuis 1969?
M. GIGNAC: On a fait $27 millions de déficit. Je pense que c'est
assez éloquent.
M. ROY: Je vous comprends. Graphique no 7 (voir annexe)
M. GIGNAC: Cela, c'est la production. C'est une courbe, ça aussi,
qui est assez significative. La ligne pleine: production; la ligne
pointillée: achat. Vous voyez qu'on se rend compte...
M. GARNEAU: Comment définissez-vous vos demi-produits?
M. GIGNAC: Des demi-produits, ce sont des billettes ou des lingots.
C'est évident qu'à un moment donné, quand on va pouvoir
produire tous nos produits primaires et qu'en plus de ça on va
contrôler nos minerais à la mine, ce sera pas mal plus facile de
faire des prévisions. Graphique no 8 (voir annexe)
Cela, ce sont les achats de matières premières de base, le
minerai de fer et les boulettes. Ce qui est en blanc, c'est ailleurs dans le
monde. Ce qui est en espèce de pointillé, c'est ailleurs au
Québec et évidemment ça comprend le minerai de fer et les
boulettes. Là, vous l'avez jusqu'en 1973.
M. GARNEAU: Ailleurs qu'au Québec ou ailleurs au
Québec?
M. GIGNAC: Ailleurs au Québec. On a acheté en particulier
de Carol Lake. On a acheté de Hilton, Hilton est-ce au
Québec?
M. LESSARD: C'est au Québec. M. GIGNAC: Sept-Iles.
M. LESSARD: En fait, c'est ce qui est acheté au Québec, ce
qui est tracé en pointillé, ailleurs qu'à Fire Lake.
M. GIGNAC: Fire Lake, ça ne marche pas dans le moment.
M. LESSARD: Je ne comprends pas. Ailleurs au Québec, en fait
c'est au Québec. C'est achats au Québec.
M. GIGNAC: Oui, mais ça ne vient pas de nous autres.
M. LESSARD: D'accord.
M. GIGNAC: Ailleurs dans le monde, c'est ce qui est en blanc. En fait,
l'explication est peut-être mauvaise. Ailleurs dans le monde, c'est
particulièrement au Brésil et en Suède. Ce sont les
boulettes d'oxyde de fer pour notre procédé de
réduction.
M. LESSARD: Mais à peu près, simplement, sans discuter,
quel est le pourcentage des
matières premières qui vient directement de vous autres et
le pourcentage des matières premières...
M. GIGNAC: Dans les boulettes d'oxyde de fer, c'est zéro, dans le
moment. On les achète. C'est pour ça qu'on dit ailleurs au
Québec.
M. LESSARD: Zéro.
M. GIGNAC: Cela va commencer en 1977.
M. LESSARD: Oui, Fire Lake.
M. GIGNAC: Avec Fire Lake.
M. LESSARD: Puis dans la ferraille.
M. GIGNAC: Dans la ferraille, c'est une autre histoire. Graphique no 9
(voir annexe)
Le tableau suivant vous donne le prix moyen des ferrailles
achetées par Sidbec-Dosco et Sidbec Feruni. C'est au Québec, en
Ontario et aux Etats-Unis. On en achète en moyenne, cette année,
550,000 tonnes. C'est ça? Oui, c'est ça, 550,000 tonnes de
ferraille en 1974. Je dirais que pour un tiers, ça vient du
Québec, une partie de moindre importance vient de l'Ontario et le reste
vient des Etats-Unis. Vous pouvez voir la montée du prix moyen
pondéré à partir de la fin de 1973 jusqu'à 1974.
C'est passé presque au triple. Evidemment, c'est difficile. Et, sur
ça, on n'a aucun contrôle, sinon qu'avec Sidbec-Feruni, en
achetant de la ferraille non préparée, on va être en mesure
d'avoir des fournisseurs, j'espère, qui vont nous être loyaux et
en plus nous l'offrir à un prix plus avantageux.
Donc, on peut épargner quelques dollars la tonne et, en plus de
ça, contrôler plus de ferraille au Québec.
Particulièrement, on s'attend d'avoir une déchiqueteuse
qui va fonctionner à la fin de cette année ou au début de
l'année prochaine. Elle va traiter environ 100,000 tonnes de carcasses
d'automobiles par année et on va avoir une presse ou une cisaille, si
vous aimez mieux, de 1,300 tonnes qui va traiter environ elle aussi de 75,000
à 100,000 tonnes par année.
M. LESSARD: Est-ce que vous avez l'évolution du prix des
boulettes?
M. GIGNAC: Je ne l'ai pas ici mais disons que le prix des boulettes a
augmenté d'à peu près 25 p.c. Mais ce qui nous a fait
extrêmement mal, évidemment le prix ne nous a pas aidés,
cela a été le transport maritime, qui a quadruplé dans un
ans.
Alors, évidemment, si on a une mine à Fire Lake, on n'est
pas trop loin, le prix du transport nous affectera beaucoup moins. Graphique no
10 (voir annexe)
Cela est pour vous donner une petite idée de ce qu'on fait au
Québec et de ce qui se fait en Ontario dans les tôles. Le
marché des tôles, en noir, cela est pour le Québec et, en
blanc, c'est celui de l'Ontario. J'aime autant vous dire qu'on a du chemin
à faire.
M. LESSARD: Maintenant, est-ce que c'est le marché
québécois de la tôle?
M. GIGNAC: Oui, en noir. Et, en blanc, c'est le marché
ontarien.
M. LESSARD: Ce n'est pas ça. Mais est-ce que, lorsque vous parlez
du marché, vous parlez du marché canadien comme tel ou du
marché pour la province de Québec, de telle façon que nos
achats se feraient plutôt en Ontario qu'au Québec? C'est le
marché de consommation québécois.
M. GIGNAC: Celui-là...
M. MOLOUGHNEY: C'est le marché de consommation au Québec
et en Ontario.
M. GIGNAC: C'est le marché de consommation au Québec et en
Ontario, d'accord. C'est le marché de consommation, je m'excuse.
M. LESSARD: Le marché de consommation, Québec et
Ontario.
M. GIGNAC: Des tôles au Québec et en Ontario.
En 1969, disons qu'au Québec c'était 294,000 tonnes, le
marché de consommation au Québec versus 1,805,000 en Ontario. Si
on prend l'année 1973, c'est à 362,000 au Québec et, en
Ontario, à 3,025,000 tonnes. On prévoit 400,000 tonnes au
Québec en 1978 et 3,175,000 tonnes en Ontario. Graphique no 11 (voir
annexe)
Quand on parle des gouffres disons que le gouffre se rapetisse quand on
regarde ce qui se passe ailleurs. Ce que vous voyez en noir, c'est l'apport de
Sidbec sur le marché canadien versus le marché total.
En d'autres mots, en 1973, on a expédié au Canada 718,000
tonnes de produits alors que le marché canadien était de
11,820,000. C'est un chiffre, je pense, qui est assez significatif.
Même en 1978, quand on aura fait la plupart de nos installations
là je parle toujours de produits finis parce que c'est
différent de l'acier primaire il y aura 1,156,000 tonnes qu'on
pourra expédier sur un total de 13,000,000. Cela veut dire à peu
près 8 1/2 p.c.
C'est pour ça que je vous dis que la phase 2 est passée.
Moi, je pense à la phase 4 en ce moment.
M. LESSARD: Là, on a le marché de l'acier au Canada.
M. GIGNAC: Oui.
M. LESSARD: Est-ce que vous avez aussi la production de Sidbec par
rapport au marché québécois?
M. GIGNAC: Ce serait le tiers. Excusez-moi, je n'ai pas le chiffre
juste. Disons qu'en 1980, ce serait 3 millions au Québec. Mais notre
gamme de produits n'est pas aussi étendue. On ne fait pas de tôle
forte, par exemple. On parlait des bateaux. On ne fait pas de tôle forte,
nous autres. Notre gamme de produits n'est pas aussi étendue que celle
de Stelco, par exemple, mais elle est plus étendue que celle de Dofasco
parce que Dofasco se limite strictement aux tôles fines.
M. LESSARD: Mais, actuellement, quelle est la part de Sidbec dans le
marché québécois?
M. GIGNAC: A peu près 60 p.c. dans le marché
québécois.
M. ROY: C'est-à-dire que vous vendez 60 p.c. de votre production
au marché québécois ou que ce que vous produisez
représente 60 p.c. du marché québécois? Il y a une
nuance entre les deux.
M. GIGNAC: Non, non. 60 p.c. de notre production va sur le marché
québécois.
M. ROY: Bon, d'accord.
M. GIGNAC: Je m'excuse, pas d'accord?
M. MOLOUGHNEY: Dans le marché québécois,
jusqu'à environ 60 p.c. compte tenu de notre gamme de produits. Dans
toute la gamme de produits où nous ne sommes pas, notre partage est
d'à peu près 30 p.c. actuellement.
M. GIGNAC: Au Québec.
M. MOLOUGHNEY: Au Québec, oui.
M. GIGNAC: Par rapport à l'ensemble.
M. ROY: Par rapport à l'ensemble. Mais dans votre gamme de
produits, c'est 60 p.c.
M. GIGNAC: Oui, c'est ça.
M. LESSARD: Alors, vous contrôlez actuellement 30 p.c. du
marché québécois.
M. GIGNAC: Si vous voulez. M. LESSARD: D'accord. Graphique no 12 (voir
annexe)
M. GIGNAC: On a ici les achats de produits de Sidbec et de ses filiales.
La ligne en noir, "cumulative", que vous voyez, vous indique quels sont les
montants annuels qu'on dépense.
En 1973, cela présente environ $60 millions. On achète de
l'extérieur à peu près $30 millions. Evidemment, une
grosse partie de cela, ce sont les boulettes, qui nous coûtent beaucoup,
d'argent. En fait, la très grosse partie de cela, ce sont les boulettes
d'oxyde de fer.
M. LESSARD: Cela fait 30 p.c.
M. GIGNAC: II y a un sommet en 1976 où on sera obligé
d'importer, d'où on le pourra, beaucoup de boulettes parce que notre
mine ne sera pas encore en fonction. Cela redescend en 1977 et les achats
québécois vont en augmentant pour un montant d'à peu
près $175 millions.
UNE VOIX: En 1978, vous ne prévoyez pas acheter de boulettes?
M. GIGNAC: Non, mais nous achèterons autre chose.
De plus, quand vous considérez les taxes qui sont payées
là-dessus moi, je ne prends pas ça au tragique. Cela a
été énoncé, mais je calcule que, quand on a une
liste de paie de $44 millions, avec l'impôt qui est payé chaque
année par des Québécois au gouvernement, plus les taxes
sur ça, disons que ça rend l'affaire un peu moins tragique.
Graphique no 13 (voir annexe)
M. OSTIGUY: II y a combien d'employés, M. Gignac, actuellement,
à Contrecoeur?
M. GIGNAC: A Contrecoeur, on en a 1,200 ou 1,300.
M. OSTIGUY: Et en Ontario? M. GIGNAC: A peu près 300.
M. OSTIGUY: C'est 300 en Ontario. A Fire Lake, vous en employez
combien?
M. GIGNAC: Puis-je vous répondre tout à l'heure: Je vais
vous donner le portrait de Fire Lake tout à l'heure?
M. OSTIGUY: D'accord.
M. GIGNAC: Nous l'avons. Nous sommes 3,609 actuellement; nous en
prévoyons 4,231 pour 1976. Pour Fire Lake, on prévoit à
peu près 700 employés. En tout cas, ce sera dans les environs de
5,000, 5,100. Graphique no 14 (voir annexe)
L'autre tableau est drôle, mais je vais vous le présenter,
quand même. La pollution par les procédés Sidbec, c'est
zéro. Disons qu'il n'y a aucune compagnie qui se compare à nous
dans le monde sur ça, au moins. Je pense que, d'ici les prochaines
années, la décision que nous avons prise d'aller au
procédé de réduction va nous rapporter des dividendes que
nous ne
pouvons pas évaluer sur le plan de la pollution. C'est une
opinion personnelle. Actuellement, je dois vous dire, pour vous donner un
exemple, qu'au Japon j'ai eu l'occasion d'aller au Japon, il y a
quelques mois à moins que ce qu'on m'a dit ne soit faux, mais
ça me surprendrait beaucoup, on permet à toutes les
aciéries de finir leur programme de hauts fourneaux et convertisseurs
à oxygène, mais, après que leur programme sera fini, il ne
se construira plus un seul haut fourneau au Japon, plus un seul.
M. ROY: A cause du facteur pollution.
M. GIGNAC: Exactement. Les gens sont en train de mourir
asphyxiés. Cela peut vous donner aussi une idée de l'impact du
développement du procédé de réduction qu'on a. Si
vous pensez qu'on n'a pas de clients pour ça, détrompez-vous.
M. LESSARD: C'est un procédé que vous avez vous-même
acheté?
M. GIGNAC: Qu'on a acheté et qu'on a développé avec
ceux qui nous l'ont vendu, M. Dancy, qui est ici, et une équipe,
l'équipe de M. Hatch et associés, et des Américains,
Midland-Ross. On a acheté le procédé et c'est nous qui
l'exploitons, ce sont nos propres gens.
M. LESSARD: Maintenant, est-ce que vous avez le contrôle sur
l'utilisation de ce procédé?
M. GIGNAC: Ah oui!
M. LESSARD: Oui?
M. GIGNAC: On a ce qu'on veut.
M. LESSARD: Est-ce que c'est un procédé
breveté?
M. GIGNAC: Pardon?
M. TREMBLAY: C'était qui avant?
M. GIGNAC: Exactement.
M. LESSARD: C'est un procédé qui est breveté?
M. GIGNAC: Non, ce n'est pas breveté, c'est un
procédé secret.
M. LESSARD: D'accord.
M. GIGNAC: On a un "secrecy agreement".
M. LESSARD: II n'y a pas d'espionnage industriel chez vous?
M. GIGNAC: C'est très difficile à faire de l'espionnage
industriel parce que tout ce qu'on voit ce sont des tuyaux.
M. LESSARD: D'accord.
M. GIGNAC: C'est parce que ce sont des choses qui sont tellement
simples. Je pense que Terry pourrait expliquer ça mieux que moi.
Pourquoi le procédé Midrex n'est-il pas breveté?
M. DANCY: Parce que c'est...
M. GIGNAC: Speak... parle dans le micro, Terry.
M. DANCY: Parce que c'est une réaction très simple: c'est
seulement la réduction de l'oxyde de fer avec le gaz de
réduction. C'est bien connu depuis peut-être 200 ans. Ce n'est pas
possible de breveter tel procédé. C'est une combinaison
d'équipements pour produire sur une grande échelle. C'est
seulement la raison, ce n'est pas possible de breveter. Mais plusieurs disent
qu'il faut une formation de "know how" pour faire un succès d'un tel
procédé.
Graphique no 15 (voir annexe)
M. GIGNAC: Est-ce que ça répond à votre question?
Alors, parlons de Fire Lake. C'est exactement au sud de Mont-Wright, que vous
voyez un petit peu plus haut, et la mise est située, si je me souviens
bien, à 41 milles de Gagnon. Je vais vous dire en passant que ça
va nécessiter un chemin parce que s'il n'y a pas de chemin, là,
il va y avoir des problèmes humains. Je pense que le service des
mines...
M. LESSARD: ... mais ça ne va pas très vite, par
exemple.
M. GIGNAC: Non, mais on...
M. LESSARD: Cela ne va pas très vite.
M. GIGNAC: Si on n'a pas ça, ça va être grave.
Alors...
M. LESSARD: C'est censé être prêt en 1974, pour
Gagnon.
M. GIGNAC: II y a les deux points intéressants.
Premièrement, que la mine Fire Lake est une mine à ciel ouvert,
c'est-à-dire que c'est du roc. J'en ai un morceau, je vous le montrerai
tout à l'heure. Le minerai va être broyé sur place et
expédié par wagon de chemin de fer jusqu'au lac Jeannine
où il y a un concentrateur primaire.
Alors la concentration primaire va être faite au lac Jeannine,
où c'est indiqué, exactement là oui. Et puis du lac
Jeannine, ça va être expédié par wagon de chemin de
fer encore à Port-Cartier, en bas, où on va installer, et c'est
ce qui va coûter cher, une ligne de concentration secondaire et une ligne
de bouletage, c'est-à-dire une usine de bouletage à deux lignes
d'une capacité de 3 millions chacune.
Alors, de là évidemment on va expédier nos
boulettes spéciales, faites sur mesure, à Contrecoeur, par
bateau, et puis à Contrecoeur elles sont prises et elles sont
réduites dans l'usine de réduction. Est-ce que ça
répond à votre question? C'est vis-à-vis de Port-Cartier,
pas de Port-Cartier, mais...
M. LESSARD: On avait commencé à en discuter, on va
attendre l'exposition sur d'autres choses, je pense bien qu'il va falloir
revenir,...
M. GIGNAC: Disons en gros que c'est le projet. Alors ça vous
situe vis-à-vis Churchill, c'est assez loin, c'est 2,000 milles aller
jusqu'à Wabush aller et retour. C'est l'autre côté.
Cela c'est la ville de Gagnon, une très jolie ville, l'entourage,
il n'y a pas de pollution là, il y a beaucoup de lacs, les gens ont des
chalets sur les lacs pour faire de la pêche, c'est une ville très
pacifique, très sympathique d'ailleurs. J'aimerais ça vivre
là à l'année.
M. LESSARD: A l'année, je ne sais pas si vous aimeriez
ça.
M. GIGNAC: Bien savez-vous que les gens vont vous dire le contraire.
M. LESSARD: Je connais très bien le coin.
M. GIGNAC: Apparemment les gens s'attachent.
M. LESSARD: Ils veulent avoir la route là.
M. GIGNAC: Bien oui, enfin. J'espère que vous allez la leur
donner.
M. LESSARD: Je la demande, mais ça dépend du
gouvernement.
M. KENNEDY: Tu ne seras jamais là à part de ça.
M. LESSARD: Tu vas t'apercevoir que je peux être là
longtemps...
M. GIGNAC: C'est une partie des silos où enfin des entreposages
pour les concentrés qu'il y a, pardon c'est le concentrateur du lac
Jeannine. C'est le concentrateur du lac Jeannine vu d'en arrière. Je
pense que l'autre, ça va vous donner une idée. Alors c'est
ça qui est l'intérieur du concentrateur. Vous avez des
unités autogènes de broyage. Alors tout ce que ça fait,
ça tourne, c'est un broyage qui se fait automatiquement, les pierres se
frottent ensemble puis ça broie et ça fait une espèce de
sable de fer si vous voulez, et ce sable-là est expédié
dans des spirales qui sont à gauche, et puis, par procédé
centrifuge, avec de l'eau, le fer est séparé du sable, etc. et
puis on passe d'une teneur en fer de 35 p.c. et on la monte jusqu'à 65
1/2 p.c. je crois. Et puis après que ç'a été fait,
c'est séché, c'est chargé dans des wagons de chemin de fer
et puis c'est envoyé à Port-Cartier pour être, un
instant... Le superconcentré? Ce qu'on appelle le superconcentré,
ça va être le fait d'enlever 4 p.c. ou 5 p.c. de silice dans le
concentré de fer qui aurait porté...
M. GARNEAU: Première étape de concentration.
M. GIGNAC: De concentration, oui.
M. LESSARD: Je crois qu'ils vont jusqu'à 60 p.c, 65 p.c.
M. GIGNAC: Oui, mais ça dépend des fois, ça
dépend des failles qu'ils frappent dans la mine. Cela, c'est la ville de
Port-Cartier qui atteint maintenant, je crois, 7,500 ou 8,000 personnes. Cela
commence à être une grosse ville. Depuis, il y a trois grosses
industries qui seront là. D'abord, il y a ITT et...
UNE VOIX: ...
M. GIGNAC: Je m'excuse mais c'est bien réel. Il y a un type qui
s'occupe du déchargement de grain et il va y avoir l'usine de
concentration. Je ne me souviens pas exactement où elle va être,
elle va être au bout, à quelque part.
Disons qu'au point de vue des tableaux ça résume la
situation. Nous allons vous faire tirer des photocopies de ça que vous
aurez à votre disposition pour la session qui va suivre. Je comprends
qu'on doit...
M. LESSARD: Est-ce qu'on pourrait suspendre, à ce
moment-là?
M. GARNEAU: On peut bien, M. le Président, constater qu'il est
six heures.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): On peut constater qu'il est six heures et
ajourner à vingt heures quinze.
M. GARNEAU: Vingt heures, peut-être, je serais d'accord.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Vingt heures quinze.
M. GARNEAU: Oui? D'accord. En tout cas, l'idée est qu'il y a pas
mal de gens de Sidbec qui sont ici et si on peut continuer pour ne pas les
obliger à rester après ça pour quinze, vingt minutes ou
une demi-heure; on verra quand...
M. GIGNAC: On est à votre disposition. M. GARNEAU: ... on sera
rendu à minuit. M. LESSARD: D'accord.
M. GARNEAU: D'accord, vingt heures quinze.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Vingt heures quinze. La commission suspend
ses travaux jusqu'à vingt heures quinze.
Reprise de la séance à 20 h 15
M. KENNEDY (président de la commission des finances, des
comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission des finances, des comptes publics et du revenu reprend ses
travaux. Maintenant, je voudrais proposer les changements suivants: M. Ostiguy
(Verchères) remplace M.Déom (Laporte). M. Faucher
(Nicolet-Yamaska) remplace M. Levesque (Bonaventure), M. Houde (Limoilou)
remplace M. Malépart (Sainte-Marie), M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue) remplace M. Marchand (Laurier), M. Tremblay
(Iberville) remplace M. Mercier (Bellechasse), M. Lessard (Saguenay) remplace
M. Morin (Sauvé) et M. Perreault (L'Assomption) remplace M. Parent
(Hull).
M. GARNEAU: M. le Président, je ne sais pas si on doit attendre
un membre de l'Opposition officielle.
M. HARVEY (Jonquière): On va commencer.
M. ROY: On peut bien attendre encore cinq minutes.
LE PRESIDENT (M.Kennedy): Ce sont les membres de la commission qui
doivent décider.
M. ROY: On peut attendre encore cinq minutes.
M. HARVEY (Jonquière): A moins qu'ils ne soient fusionnés;
on peut faire commencer le député de Beauce-Sud.
M. ROY: Si on commence tout de suite, justement, je crains les
accusations du ministre du Revenu. Avant même que j'aie ouvert la bouche,
les accusations ont commencé. Il parle de fusion.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): On pourrait suspendre jusqu'à huit
heures trente.
M. ROY: Oui, je serais d'accord pour qu'on suspende cinq minutes.
M. GARNEAU: On pourrait peut-être attendre encore un peu, mais
peut-être pas jusqu'à huit heures et demie.
M. ROY: Prenons cinq minutes, jusqu'à huit heures vingt-cinq.
M. GARNEAU: Jusqu'à huit heures vingt-cinq.
M BROWN: C'est l'ensemble des membres qui dirigent.
M. GARNEAU: Non, mais on a assez...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): On a le quorum mais...
M. GARNEAU: On a le quorum sauf qu'il n'y a personne de l'Opposition
officielle.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): ... on n'a pas d'opposition.
M. ROY: C'est pas délicatesse pour l'Opposition officielle.
M. BROWN: Nous avons un gars de l'Opposition ; il est comme deux
hommes.
M. ROY: C'est par délicatesse pour l'Opposition officielle.
M. BROWN: Les gars de la Beauce, ils sont bons.
M. HARVEY (Jonquière): Ils sont devenus délicats pour
l'Opposition officielle, parce qu'ils sont devenus une partie de l'Opposition.
Vous savez un créditiste, c'est un péquiste de campagne.
M. ROY: Un instant, ce n'est pas inscrit, ça.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): La commission suspend ses travaux pour
quelques minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 18)
Reprise de la séance à 20 h 25
LE PRESIDENT (M. Kennedy): A l'ordre! Nous reprenons nos travaux. Nous
avons suspendu suffisamment longtemps. Si l'Opposition officielle n'est pas
plus intéressée que ça, nous allons reprendre nos travaux
quand même en son absence.
Alors, M. le Ministre.
M. GARNEAU: Je pense... Je ne sais pas si M. Gignac a encore, dans son
exposé d'ouverture, des remarques à formuler. Est-ce que vous
avez d'autres précisions à fournir ou si on peut passer à
la période des questions?
M. GIGNAC: Etant donné qu'on parle d'un projet de loi qui va
être adopté, je pourrais peut-être vous faire une liste des
principales pièces d'équipement qui vont être
installées en fonction des sommes d'argent qui nous sont données
par le gouvernement.
M. GARNEAU: Oui. Peut-être qu'il serait intéressant pour
les membres de la commission que vous nous indiquiez aussi
personnellement, j'ai trouvé que c'était des chiffres assez
intéressants le coût de la capitalisation de Sidbec par
rapport à son volume de production. On a eu l'occasion dans des
rencontres privées de causer de ça et j'ai trouvé que les
relations comparatives de Sidbec étaient assez intéressantes. Je
ne sais pas si vous avez les données devant vous, peut-être
que...
M. GIGNAC: Disons que dans le domaine de l'acier, par un hasard que
personne ne peut expliquer, normalement le chiffre d'affaires d'une compagnie
se situe aux environs de ses immobilisations nettes.
Dans le cas de Sidbec, prenons l'année 1973, nos immobilisations
nettes étaient de $135 millions, $135,807,000, et notre chiffre
d'affaires était de $141,400,000. Je ne sais pas si c'est à
ça que vous voulez que je me réfère.
M. GARNEAU: Non, c'était le coût d'immobilisation par tonne
d'acier produit, si ma mémoire m'est fidèle.
M. GIGNAC: Ah oui! Voici. Comparativement aux fourneaux et aux
convertisseurs.
M. GARNEAU: Je comprends que si vous n'avez pas ces données
par-devers vous, je serais bien prêt...
M. GIGNAC: Je peux vous les donner à peu près. Avec le
projet qu'on soumet actuellement, notre coût par tonne, au total, devrait
se situer aux environs de $260 à $275.
Un projet semblable qui serait recommencé à neuf, si vous
voulez, comme Stelco, disons, peut coûter à peu près $500
à $550 par tonne.
UNE VOIX: Annuellement? M. GIGNAC: Annuellement.
M. GARNEAU: Suivant le principe des hauts fourneaux...
M. GIGNAC: A oxygène, oui.
C'est un des avantages du procédé de réduction.
Cela coûte moins cher et là où on était en
désavantage, à un moment donné, c'est que le coût du
gaz était plus élevé ou semblait plus élevé
que le prix du coke, mais le prix du coke a...
M. DANCY: Aujourd'hui, c'est presque la même chose. Pendant les
derniers six mois, le coût du coke a monté jusqu'à
égalité au gaz pour le procédé de
réduction.
M. GARNEAU: Est-ce que vous pouvez, M. Gignac, suivant la suggestion que
vous faisiez tout à l'heure, nous donner la liste des principales
pièces d'équipement qui feront partie de la phase 2?
M. GIGNAC: Si on exclut pour le moment le développement minier de
Fire Lake, il va y avoir tout d'abord des installations pour
déchargement, stockage et transport faits à Contrecoeur. Il va y
avoir une nouvelle usine de réduction de boulettes d'une capacité
de 650,000 tonnes, c'est-à-dire deux fois plus que celle que nous avons
dans le moment, ce qui va porter notre capacité de minerai réduit
à un million de tonnes par année.
M. ROY: Cela, c'est à Contrecoeur? M. GIGNAC: C'est à
Contrecoeur.
M. ROY: Quel montant avez-vous prévu au niveau de
l'investissement pour cette usine?
M. GIGNAC: Près de $50 millions pour l'usine de
réduction.
M. ROY: Actuellement, il y a combien de dépensé?
M. GIGNAC: C'est plutôt de l'ingénierie. Nous avons aussi
commandé ayant inclus au contrat des clauses
échappatoires, quelques pièces d'équipement, tel des
ventilateurs, dont la livraison est très longue.
M. ROY: En somme, c'est minime ce que vous avez dépensé
à Contrecoeur actuellement.
M. GIGNAC: Ah oui. On n'a pratiquement rien dépensé.
On parle de la phase 2, là.
M. ROY: Oui. C'est cela que le ministre a demandé tout à
l'heure, oui.
M. GIGNAC: Oui.
M. ROY: Je demandais plus de détails puisque vous aviez
parlé de l'usine de Contrecoeur. Je voulais en même temps qu'on
parle de cela. J'avais des questions additionnelles.
M. GIGNAC: En fait, on ne pouvait rien dépenser parce qu'on
n'avait pas l'argent. On a fait des engagements sur certaines pièces
d'équipement dont la livraison est très longue mais avec clause
échappatoire. C'est-à-dire que, si l'Assemblée nationale
décide de ne pas faire la phase 2, à ce moment-là on paie
une pénalité, mais qui est quand même minime, pour se
sortir de cette situation.
Après l'usine de réduction, évidemment, le gros
morceau ce sont les deux nouveaux fours électriques d'une
capacité nominale de 135 tonnes. L'un avec une coulée continue
à six lignes de billettes et l'autres avec une coulée continue
pour faire des brames, lesquelles brames alimenteront le laminoir à
chaud.
M. ROY: Où seront installés ces fours? M. GIGNAC: C'est
tout à Contrecoeur.
M. ROY: C'est tout à Contrecoeur et cela fait partie des $50
millions?
M. GIGNAC: Non, nous en rajoutons.
M. ROY: Bon c'est là que j'en viens avec mon autre question.
Quels sont les montants prévus pour ces fours électriques?
M. DANCY: L'ensemble pour l'aciérie coûtera près de
$100 millions.
M. GIGNAC: $100 millions pour l'aciérie au total.
M. ROY: $100 millions en incluant les $50 millions de tout à
l'heure?
M. GIGNAC: Non, exclus ces $50 millions.
M. ROY: Cela fait $100 millions uniquement pour cela.
M. GIGNAC: $150 millions.
M. ROY: $150 millions! Les $100 millions pour les deux fours et les $50
millions de tout à l'heure, cela fait $150 millions en tout.
M. GIGNAC: Le restant ce sont toutes sortes de petites choses qu'il
serait difficile de décrire ici, qui ont pour but d'améliorer des
laminoirs à plat et particulièrement le laminoir à chaud.
Cela aussi c'est à Contrecoeur.
On a prévu de l'"escalation" et des contingences mais je dois
vous avouer qu'en ce moment, si l'inflation continue au rythme presque affo-
lant où elle est présentement, nous allons dépasser nos
prévisions pour l'inflation.
M. ROY: Pour toute l'installation de l'usine de Contrecoeur y compris
l'équipement dont vous avez besoin, c'est estimé à
combien, le coût global?
M. GIGNAC: A Contrecoeur, c'est de l'ordre de $200 millions, tout
compris.
M. ROY: Pour la nouvelle phase?
M. GIGNAC: Oui, oui, pour la nouvelle phase. Pour la phase II?
M. ROY: Pour la phase II. Maintenant, à l'intérieur de
cette phase II, vous avez d'autres pièces d'équipement. Vous avez
d'autres investissements ailleurs, si j'ai bien compris tout à l'heure,
ou est-ce que la phase II, c'est uniquement le projet de Contrecoeur?
M. GIGNAC: On a été obligé de reporter cela
à deux ou trois ans. On avait prévu, disons, une nouvelle usine
de fils et barres et une nouvelle réfilerie, mais, â cause des
coûts d'inflation qui se sont produits depuis août 1973,
coûts d'inflation de l'ordre de $100 millions, on est obligé de
reporter ces investissements à plus tard. On les fera à
même le "cash flow" de la compagnie, à ce moment-là.
M. ROY: Ou encore, à la phase III ou à la phase IV. Vous
avez parlé tout à l'heure, avant le souper, de la phase III et de
la phase IV. J'aimerais, si c'est possible, que vous nous donniez quelques
indications sur ce que vous prévoyez faire au moment où la phase
II sera terminée, au moment où vous entreprendrez
l'exécution...
M. GIGNAC: La phase III...
M. ROY: ... de la phase III et de la phase IV.
M. GIGNAC: ... et la phase IV sont alignées sur le projet Fire
Lake. Quand nous pourrons utiliser toute la production de boulettes
oxydées de Fire Lake, c'est-à-dire quatre millions et demi de
tonnes, on pourra produire à Contrecoeur, avec des usines de
réduction, trois millions de tonnes d'acier. Alors, la phase III
phase III, enfin, c'est assez intermédiaire pourrait être
un rajout à l'usine de bouletage d'environ 650,000 tonnes et puis
l'installation d'un autre four électrique et l'installation ou le
doublement, si vous voulez, du laminoir à fils et barres.
M. ROY: Cela est estimé à combien, à l'heure
actuelle?
M. GIGNAC: $125 millions à peu près.
M. ROY: C'est $125 autres millions qui s'ajoutent.
M. GIGNAC: Ah! oui, mais c'est la phase III, là.
M. ROY: Oui, la phase III. Et en ce qui concerne la phase IV?
M. GIGNAC: La phase IV, disons que je ne peux pas extrapoler
jusque-là.
Ce serait difficile pour moi de vous répondre sans
dévoiler mon jeu à mes concurrents.
M. ROY: Ah bon! Non, mais disons que vous avez piqué un peu ma
curiosité avant le souper lorsque vous avez dit que ce que vous
demandiez aujourd'hui était pour réaliser ce qu'il avait
été convenu d'appeler la phase no 2, et vous avez dit à ce
moment-là que vous songiez déjà à la phase no 4.
C'est normal pour un dirigeant d'entreprise.
M. GIGNAC: Avant de passer à la phase 4, il faut passer par la
phase 3. Je peux vous dire que la phase 3 je peux vous le dire va
être une usine de bouletage de 650,000 tonnes, un four électrique
et puis un autre laminoir à fil et barres. La phase 4, j'aimerais autant
ne pas en parler.
M. ROY: Non, je n'insiste pas davantage. M. GIGNAC: Merci.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: M. le Président, vu qu'on parle de phase 2, phase 3
et phase 4, est-ce que vous pourriez nous dire si, actuellement, l'usine de
Sidbec-Dosco à Contrecoeur peut répondre à la demande
québécoise sur le marché québécois? Est-ce
que certaines industries peuvent s'approvisionner chez vous, par exemple, pour
différentes sortes de matériaux?
M. GIGNAC: II y a certains matériaux actuellement dont nous
sommes à court et que nous ne pouvons pas fournir,
particulièrement dans le fil, justement.
M. OSTIGUY: C'est donc dire que c'est de bon augure, qu'il y a un bel
avenir pour Sidbec-Dosco.
M. GIGNAC: C'est de bon augure. Oui, mais disons que nous aimerions
beaucoup en arriver à la phase 3 le plus rapidement possible.
M. ROY: Maintenant quelle est votre date, votre calendrier, si vous
voulez, votre échéancier pour la phase 2 et la phase 3?
M. GIGNAC: La phase 2, c'est immédiatement.
M. ROY: Immédiatement pour être complétée
à peu près dans deux ans?
M. GIGNAC: Au plus tard, le tout fini je dirais à 95 p.c, pour la
fin du premier trimestre de 1977.
M. ROY: Pour la phase no 2.
M. GIGNAC: Cela comprend la mine, l'usine de bouletage de Port-Cartier,
etc.
M. ROY: Cela comprend la mine de Fire Lake et l'usine de bouletage. Et
la phase no 3, elle? Votre calendrier?
M. GIGNAC: Le mien?
M. ROY: Oui. Celui que vous estimez comme étant celui qui
devrait...
M. GIGNAC: On devrait avoir fini la phase 3 avant 1980, mais là,
je n'ai pas demandé la permission au ministre qui est mon actionnaire
principal.
M. OSTIGUY: Est-ce que ça veut dire que votre projection est
faite pour jusqu'en 1980.
M. GIGNAC: Oui.
M. OSTIGUY: Sur le marché, vous prévoyez que le
marché mondial, lorsque...
M. GIGNAC: On prévoit qu'il va y avoir une rareté d'acier
sur le marché mondial jusqu'en 1985 au moins.
M. OSTIGUY: Est-ce que ça veut dire, vous vendez sur le
marché canadien, bien sûr, d'abord, sur le marché
québécois, le marché canadien, le marché des
Etats-Unis, que vous allez même sur le marché européen ou
japonais?
M. GIGNAC: Non. Si on n'avait pas une portée sociale, M. le
député, cette année on pourrait faire $75 millions. Il y a
des choses que nos concurrents peuvent faire et que nous ne pouvons pas
faire.
M. ROY: Par exemple.
M. GIGNAC: Vendre l'acier d'armature au Liban, à $450 la
tonne.
M. ROY: Pour ça, vous auriez des commandes.
M. GIGNAC: En d'autres mots, on peut vendre une partie importante de nos
matériaux aux marchés d'exportation en faisant $150 la tonne de
plus de profit, à peu près.
M. LESSARD: J'aimerais avoir des explications sur ça.
M. MARCHAND: Vous gardez cet acier-là au Québec?
M. GIGNAC: Oui.
M. LESSARD: J'aimerais avoir des explications sur ça. Vous dites
que si vous n'aviez pas une fonction sociale vous pourriez faire beaucoup plus
de profits, en ce sens que si, par exemple...
M. GIGNAC: Oui.
M. LESSARD: ... vous pouviez exporter votre produit de transformation
à l'extérieur, ce serait plus payant?
M. GIGNAC: Oui.
M. LESSARD: Vous vendez donc, à l'intérieur du
Québec, à un prix inférieur que vous pourriez vendre si
vous le vendiez à l'extérieur?
M. GIGNAC: Exactement.
M. LESSARD: Et vous seriez assuré d'avoir les commandes
nécessaires pour écouler votre production à
l'extérieur?
M. GIGNAC: Oui, mais alors nous n'aurions pas la même politique de
mise en marché. C'est évident qu'on ne vendra pas 100 p.c. de
notre production à l'exportation, mais si on vendait, disons, 100,000 ou
150,000 tonnes, ça aide toujours un peu à faire le plein pour la
fin de semaine.
M. LESSARD: Donc, actuellement, l'ensemble de votre production serait
écoulé sur le marché québécois.
M. GIGNAC: Pas l'ensemble, c'est à peu près, comme je l'ai
dit ce matin, 60 p.c. qui est écoulé sur le marché
québécois et puis les autres 40 p.c. sont écoulés
surtout sur le marché de l'Ontario.
M. ROY: Mais pas surtout aux Etats-Unis? M. GIGNAC: Pardon? M. ROY:
Exportez-vous aux Etats-Unis? M. GIGNAC: Pas du tout.
M. ROY: L'Ontario et les Maritimes, un peu?
M. GIGNAC: Oui, un peu dans les Maritimes, mais surtout dans
l'Ontario.
M. ROY: Maintenant, sur le marché provincial et sur le
marché national, est-ce que les prix... Le ministre nous a dit une chose
cet après-midi, que vous aviez, autrement dit, em- pêché
une hausse des prix de l'acier. Là, vous dites que vous auriez pu aller
chercher beaucoup plus de bénéfices par le fait que vous auriez
pu facilement remplir certaines commandes sur le marché de l'exportation
dont le Liban, dont vous avez fait mention tout à l'heure.
A l'intérieur du Québec, est-ce que les prix que vous avez
demandés pour les produits de l'acier, pour l'acier, étaient des
prix compétitifs, des prix qui correspondaient aux prix que vos
concurrents demandaient sur le marché.
M. GIGNAC: Pour Sidbec-Dosco, il y a trois compagnies que je
considère comme concurrentes. Il y a Stelco, Algoma et Dofasco. Avec les
prix que nous avons, c'est reconnu mondialement que les prix canadiens de
l'acier sont les plus bas au monde.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais, toujours dans le sens
de cette fonction sociale, que M. Gignac nous précise un peu ce qu'il
entend par fonction sociale. Par exemple, ce qui pourrait être un exemple
pour illustrer cela, c'est que, lorsque la Communauté urbaine de
Montréal avait besoin, à un moment donné, de 2,000 tonnes
d'acier spécial, je pense, à un prix qui semblait assez bas, il
n'y a aucune autre compagnie qui voulait, je pense...
M. GIGNAC: C'est nous qui avons fourni...
M. LESSARD: ... fabriquer cet acier à ce prix. Je pense que c'est
Sidbec qui a fourni cet acier à la Communauté urbaine de
Montréal.
M. GIGNAC: Ce n'est pas la Communauté urbaine, je crois que c'est
le fil.. C'étaient des sections spéciales, il n'y a personne qui
voulait les...
M. LESSARD: Pour les rails, oui.
M. GIGNAC: ... laminer; alors, on les a laminées pour eux. C'est
à peu près 2,000 tonnes. C'est ça?
M. LESSARD: Oui. Maintenant, est-ce que, lorsque vous avez fait
ça, vous l'avez fait sans déficit, quand même?
M. GIGNAC: On a fait un profit normal; on n'a pas exigé $700 la
tonne.
M. LESSARD: Maintenant, justement en parlant de ça, vous nous
avez parlé cet après-midi de l'augmentation considérable
de la matière première, soit des boulettes et de la ferraille. Il
y a eu une augmentation assez considérable de la ferraille; vous nous
avez précisé un peu quel a été le niveau de cette
augmentation. Je ne sais pas s'il serait possible, par exemple, de nous tracer,
assez brièvement, un tableau du coût des intrants, de
l'évolution des coûts de la ferraille
et des boulettes depuis, par exemple, deux à trois ans et, en
même temps, nous tracer un tableau de l'évolution des coûts
de l'acier comme tel, de façon qu'on puisse être capable de
comparer si le produit primaire a augmenté plus considérablement
que le produit transformé et vendu. Parce que l'une des causes justement
en tout cas, c'est un peu ce que vous laissiez croire qui
expliqueraient, en partie, probablement le déficit de Sidbec depuis
quelques années serait le fait qu'elle ne contrôlait pas la source
de son alimentation.
M. GIGNAC: C'est une des causes, et cela a toujours été
une des causes dans un certain sens. Ce qu'on a réalisé, c'est
qu'à long terme ou à moyen terme on ne pouvait pas compter sur la
ferraille pour alimenter les fours électriques. C'est en 1970 qu'on a
pris une décision d'aller à la réduction de minerai. C'est
parce que ni le Québec ni l'Ontario ne pouvaient, dans notre opinion,
fournir la quantité de ferraille nécessaire pour que nous
puissions faire 1,600,000 tonnes éventuellement. Alors, on s'est
tourné du côté des boulettes.
Maintenant, le prix de la ferraille a été assez stable, si
vous regardez notre tableau no 10 que vous avez...
M. LESSARD: Parce que ce sont les deux en même temps.
M. GIGNAC: Cela est seulement la ferraille.
Alors, vous voyez que, vers le mois de novembre ou quelque chose du
genre, il y a eu une ascension. En 1973, il y a eu une espèce
d'ascension épouvantable dans le prix de la ferraille, qui fut
absolument incontrôlable. Cela est venu des Etats-Unis...
M. LESSARD: Des Etats-Unis.
M. GIGNAC: ... etc. C'est à ce moment-là aussi que les
Etats-Unis, ou un peu avant, je crois, ont mis un embargo sur la ferraille.
M. LESSARD: En 1973.
M. GIGNAC: Oui. Vers les mois de mai ou juin. Et ils ont coupé de
moitié les quotas qui étaient destinés vers le Canada.
Alors, cela n'a pas aidé, d'un autre côté, pour les volumes
de ferraille qu'il fallait avoir.
Pour ce qui est des boulettes, le même phénomène
s'est produit. Pour le marché mondial, c'est un "sellers market", comme
on dit, et on a fait revivre des aciéries qu'on avait fermées.
Alors, on a utilisé plus de boulettes. Il y a eu une demande
épouvantable de boulettes, alors le prix a remonté.
M. LESSARD: Et dans quelle...
M. GIGNAC: Bien, je l'ai dit ce matin, à peu près 25
p.c.
M. LESSARD: Oui. Est-ce que vous n'avez pas le prix à la tonne,
par exemple?
M. GIGNAC: Entre $30 et $40, actuellement.
M. LESSARD: Vous avez parlé de l'embargo américain qui
avait fait augmenter la ferraille de façon assez considérable.
Maintenant, est-ce que, en retour, le gouvernement fédéral n'a
pas imposé un embargo sur l'exportation de la ferraille aux
Etats-Unis?
M. GIGNAC: Oui, mais c'était sans conséquence parce que le
Canada est un importateur net de ferraille. Les besoins sont d'à peu
près 1,500,000 tonnes. Il y a toujours eu un échange pour
certaines ferrailles entre les Etats-Unis et le Canada. Nous, on exporte
à peu près, cette année, 300,000 tonnes de ferraille. On
en importe peut-être 900,000 tonnes, au lieu de 1,500,000 tonnes.
M. LESSARD: Maintenant...
M. GIGNAC: Alors, il y a 600,000 tonnes qui manquent quelque part. Il y
a des usines au Canada qui ont été obligées de baisser
leur production considérablement à cause de ça.
M. LESSARD: En relation avec l'augmentation du prix de ces intrants,
soit la ferraille et les boulettes, est-ce que vous pouvez nous tracer, depuis
deux ou trois ans, la situation du coût de l'acier? Cela voulait dire
combien la tonne en 1971, combien en 1972 et combien en 1973. C'est ça,
c'est l'acier que vous vendez. Mais ce serait bon aussi que vous nous donniez
une indication du prix de l'acier des autres entreprises.
M. GIGNAC: Alors en 1971 c'est $140 la tonne. Cela est la moyenne
pondérée, en 1972, $160, et la poussée ascendante s'est
fait sentir en 1973, alors que c'est monté à $190. Cette
année, en 1974, on prévoit à peu près $230. Mais
c'est encore l'acier le meilleur marché au monde.
M. ROY: Le prix de l'acier, est-ce que c'est le prix moyen de vente?
M. GIGNAC: Cest le prix pondéré.
M. ROY: Le prix pondéré pour les quatre...
M. GIGNAC: On a 10,000 produits. Je ne peux pas vous les donner...
M. ROY: ... concurrents ou si c'était votre prix moyen à
vous autres?
M. GIGNAC: Non, non. Pour cela, disons qu'on se suit pas mal.
M. ROY: Vous suivez pas mal. Vous n'avez pas vendu votre acier, à
l'intérieur du Québec, à des prix inférieurs
à ceux de vos concurrents?
M. GIGNAC: Non.
M. ROY: Vous avez regardé pour maintenir les prix du
marché dans la province de Québec.
M. GIGNAC: Ah! oui. On a pris avantage, enfin, ce qu'on pouvait prendre
des avantages... On a un avantage sur Algoma, Stelco et Dofasco sur le
transport. Alors...
M. GARNEAU: La question, M. le Président, de Sidbec que semble
avoir en arrière de la tête le député de Beauce-Sud
parce qu'il y a fait allusion dans son discours de deuxième
lecture peut-être que je pourrais la formuler
différemment.
Si on faisait l'hypothèse de l'absence de Sidbec comme producteur
au Québec est-ce que le prix de l'acier au Québec serait plus ou
moins que ce qu'il est présentement? Parce que c'était le sens
des propos que je tenais cet après-midi, en deuxième lecture,
lorsque je disais que l'existence d'une aciérie au Québec avait
certainement contribué à maintenir sur le marché
intérieur québécois un prix un peu plus concurrentiel que
s'il n'y avait pas eu d'aciérie.
M. GIGNAC: Cela coûterait au moins $12 de plus la tonne.
Deuxièmement, il vous manquerait 700,000 tonnes d'acier. Disons 500,000
tonnes, pour être... Ce serait assez grave en ce moment.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de Papineau.
M. ROY: Maintenant, il est entendu que les chiffres de 500,000 tonnes
d'acier sont assez faciles à prouver parce qu'on connaît les
besoins en acier et vous connaissez l'étendue du marché et les
différents besoins et les différentes capacités de
production des autres, mais au niveau du prix, je suis bien prêt à
admettre qu'il y a un principe qui vaut que lorsqu'il y a de la concurrence,
cela permet de maintenir des prix à meilleur marché mais c'est
toujours une question hypothétique et c'est très très dur
à évaluer.
M. GIGNAC: Ce qui est toujours arrivé, M. Roy, avant que Sidbec
fonctionne d'une façon un peu intégrée, c'est que Dofasco,
Stelco et Algoma s'amusaient à écrémer le marché du
Québec. C'est aussi simple que ça. Et c'était FOB
Montréal qui payait le transport. Ils choisissaient leurs clients.
Je peux vous donner l'exemple, parce que je l'ai vécu, de la
Fonderie L'Islet, qui a été obligée de fermer parce
qu'avec les prix qu'ils payaient pour faire des chauffe-eau électriques
pour l'Hydro-Québec, ils ne pouvaient pas arriver, l'acier leur
coûtait trop cher, alors que General Steel Wares, qui était
installé en Ontario, était beaucoup plus concurrentiel parce
qu'il était à côté de l'aciérie. Cela
s'applique à un nombre indéfini de produits.
M. ASSAD: J'aurais une question. Je ne sais pas si elle a
été posée.
Au niveau de la productivité, est-ce que le rendement par homme
je ne sais pas si un "time study" a déjà été
fait à Sidbec est inférieur, égal ou
supérieur à d'autres compagnies au Canada?
M. GIGNAC: Cela dépend de ce qu'on parle. Dans les laminoirs
à plat, c'est inférieur. On a deux laminoirs à plats, un
à froid et un à chaud. Celui à froid on n'a pas assez de
brames à chaud pour l'alimenter, alors forcément notre production
est inférieure. Le laminoir à chaud, dès qu'on va pouvoir
le fournir de brames et doubler quasiment sa capacité, à ce
moment-là notre productivité devrait être sensiblement la
même que celle de nos concurrents.
Pour ce qui est du laminoir à fils et barres, il n'y a personne
en Amérique qui peut nous faire concurrence, personne en
Amérique. Dans les usines de parachèvement comme Truscon,
où on fait des poutrelles, il n'y a pas grand monde que je connais qui
puisse nous faire concurrence. A Etobicoke, en Ontario, où on a une
usine, je pense que notre productivité est excellente, on n'a pas honte
de montrer ce qu'on fait là. Nos problèmes se résument, en
fait, à un goulot d'étranglement qu'on a actuellement au laminoir
à chaud, lequel nécessite des fours électriques
additionnels, donc une nouvelle usine de bouletage. Pour assurer notre
ravitaillement, notre approvisionnement, ça nous prend une mine, si on
veut être sérieux.
Je suis absolument contre ce projet, si nous n'avons pas de mine.
M. MARCHAND: M. Gignac, je voudrais revenir aux ventes à
l'étranger. Lorsqu'on en a parlé, le député de
Saguenay est intervenu avec un autre sujet et je n'ai pas voulu l'interrompre.
N'est-il pas vrai qu'il y a un ou deux ans l'Egypte était prête
à acheter au Québec, de Sidbec, 100,000 tonnes par année
et que Sidbec ne pouvait satisfaire cette demande, pour donner la
préséance au Québec? Est-ce que mes informations sont
justes?
M. GIGNAC: M. Moloughney me dit qu'on a un tas de demandes qui nous
viennent de pays étrangers. Nous disons tout simplement que nous ne
pouvons pas fournir. C'est arrivé une fois, à ma connaissance,
depuis que je suis à Sidbec-Dosco en 1969, qu'on a vendu 30,000 tonnes
d'acier d'armature à la Turquie, en 1969. Mais cela c'était
l'année où le laminoir à barres commençait à
être rodé. Nous n'avions pas prévu une aussi bonne
production et nous avons réussi à remplir cette commande.
M. MARCHAND: La demande est arrivée, je pense, en 1971 ou 1972 et
j'ai su qu'on avait acheté 100,000 tonnes de la Nouvelle-Ecosse.
M. GlGNAC: De nous?
M. MARCHAND: Non, de la Nouvelle-Ecosse.
M. GIGNAC: Quoi, des billettes? M. MARCHAND: Oui.
M. GIGNAC: Nous ne vendons pas de billet-tes, nous fabriquons...
M. MARCHAND: II y avait de l'armature là-dedans.
Vous n'avez pas eu cette demande-là officiellement, en fait. Je
vous remercie.
M. GIGNAC: La Nouvelle Ecosse ne peut pas laminer plus de 30,000 tonnes
par année. Leur laminoir ne peut pas faire plus de 30,000 tonnes d'acier
d'armature par année.
M. MARCHAND: On m'a dit qu'on avait acheté les 100,000 tonnes de
la Nouvelle-Ecosse. Je vais me réinformer.
M. GIGNAC: Informez-vous comme il faut.
M. MARCHAND: Non, non! d'accord, je pose la question justement parce
qu'on m'a dit cela.
M. GIGNAC: Ils ne peuvent pas. Sur le plan des billettes, Siscoe peut
nous fournir à peine 5,000 tonnes par mois, cela va en descendant comme
ça. C'est pour cela que nous nous empressons de faire nos propres
billettes.
M. MARCHAND: Je vous remercie de votre information.
M. OSTIGUY: M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: Voici...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Cela fait longtemps que le
député de Saguenay n'a pas eu la parole.
M. OSTIGUY: Cet après-midi, le député de Beauce-Sud
dans son exposé, comprenait difficilement comment Marine Industrie
n'achetait pas son fer de Sidbec-Dosco pour construire ses bateaux. Je pense
que, depuis le début des discussions ce soir, vous avez très bien
répondu à l'inquiétude du député de
Beauce-Sud, puisque vous ne pouvez suffire à la demande et que, vous
l'avez mentionné cet après-midi d'ailleurs, le matériel
nécessaire pour la fabrication des bateaux, vous ne le faites, pas
encore, je pense.
M. GIGNAC: Non, cela prend un laminoir qui coûte $125
millions.
M. OSTIGUY: Alors, je pense que le député de Beauce-Sud
était mal informé. Il va être plus informé à
la fin de la séance.
M. ROY: Je n'étais pas mal informé. J'ai dit que j'avais
cru, je veux quand même faire une rectification, M. le
Président... millions.
M. OSTIGUY: Je pense que le député de Beauce-Sud
était mal informé. Il va être plus informé à
la fin de la séance.
M. ROY: Je n'étais pas mal informé, j'ai dit que j'avais
vu le jeu. Je veux quand même faire une rectification, M. le
Président. J'ai dit que nous aurions été en droit de nous
attendre, lorsque à un moment donné il y a eu des contrats qui
ont été négociés avec une société
gouvernementale, par exemple dans le cas de la construction des bateaux
français qui requiert évidemment de l'acier, qu'il y ait de
l'approvisionnement au Québec. Je me souviens d'avoir posé la
question au directeur général de la SGF, M. Simard, à ce
moment-là, qui m'avait répondu qu'il ne pouvait pas
s'approvisionner au Québec parce que ça prenait un acier
spécial qui était traité et que seule l'Allemagne pouvait
le fournir. C'est tout ce que j'ai dit à ce moment-là et j'ai
rapporté les propos qu'on nous avait cités, tout simplement.
Alors, le député de Verchères n'a pas à charrier
là-dessus.
M. OSTIGUY: J'ai tenu vos propos...
M. BACON: ... le député de Beauce-Sud.
M. OSTIGUY: C'est là que je ne l'ai pas saisi.
M. LESSARD: M. le Président, je ne sais pas quel ordre du jour on
s'est tracé, mais en ce qui me concerne, avant de parler du financement
comme tel et des montants qui sont prévus en vertu de la loi, j'aurais
peut-être une dernière question. De toute façon, en ce qui
concerne l'ordre du jour, la façon de discuter ou bien on va suivre le
programme tel qu'il nous a été tracé un peu par le
président de Sidbec à partir de ça, mais, en fait, pour
pouvoir discuter sur les mêmes sujets, il faut quand même autant
que possible se tracer un ordre... Bon.
J'aurais une dernière question générale. C'est
qu'on m'informait justement qu'il serait possible pour Sidbec de s'alimenter en
fer de façon plus avantageuse au Brésil. Est-ce que ce serait le
cas? On disait que si ce n'était...
M. GIGNAC: Je comprends très bien...
M. LESSARD: ... que Sidbec est une compa-
gnie publique, si Sidbec était une compagnie privée, il
serait probablement plus avantageux pour cette compagnie de s'alimenter au
Brésil. Je comprends que c'est beaucoup plus avantageux, par exemple,
que Sidbec le fasse au Québec, mais est-ce que ce serait le cas?
M. GIGNAC: A un moment donné, M. le député, je
crois peut-être que oui, parce que le matériel du Brésil
était assez bon marché, le transport maritime était bon
marché. Mais aujourd'hui, ce n'est sûrement pas le cas. Cela nous
coûtera beaucoup moins cher de nous approvisionner à Fire Lake :
on est sûr de notre matériel, le transport maritime est
contrôlable, etc. On ne peut pas faire mieux que ce qu'on fait là
actuellement. En fait, on est même chanceux d'avoir frappé cette
mine.
M. LESSARD: On va en parler tout à l'heure, si vous permettez, je
ne veux pas attaquer immédiatement cette affaire-là.
Peut-être que ce serait... Moi, je serais prêt à passer un
peu à la discussion sur le financement.
M. GIGNAC: Si ça peut vous intéresser, M. le ministre, il
y a quelque temps on payait $4.53 la tonne pour transporter du minerai du
Brésil et puis maintenant on paie $16.97.
M. ROY: Coût de transport seulement?
M. GIGNAC: Seulement, oui.
M. LESSARD: C'est depuis quand ça?
M. GIGNAC: Entre 1972 et 1974. C'est le transport maritime.
M. LESSARD: Est-ce que ça veut dire que, justement, dans la
concurrence internationale pour la matière première, le minerai
de fer au Québec, cette augmentation considérable du coût
de transport éliminerait aussi l'Afrique du Sud?
M. GIGNAC: La même chose.
M. LESSARD: Donc, tout simplement, le minerai de fer
québécois est en train de devenir...
M. GIGNAC: A pris de la valeur.
M. LESSARD: ... a pris de la valeur étant donné
l'augmentation du coût du transport. C'est bien.
M. ROY: Moi, j'aimerais savoir, avant de passer au financement... Dans
votre système de vente, vous avez naturellement des grossistes et vous
avez probablement des clients consommateurs. Lorsque je parle des clients
consommateurs, je veux parler des industries; vous avez parlé des
Industries L'Islet tout à l'heure, à titre d'exemple, et vous
avez d'autres industries qui achètent directement de la compagnie Dosco.
J'aimerais savoir dans quelle proportion de vos ventes vous vendez directement
aux clients consommateurs, aux clients manufacturiers et dans quelle proportion
vous vendez aux grossistes qui s'occupent, eux, de la vente au
détail.
M. GIGNAC: On vend 80 p.c. directement aux manufacturiers et 20 p.c. aux
grossistes ou ce qu'on appelle en anglais les "steel service centers".
M. ROY: Dans les ventes que vous faites directement aux clients, est-ce
qu'il vous est arrivé d'être obligés d'acheter de l'acier
ailleurs pour être en mesure de remplir des commandes pour garder vos
clients?
M. GIGNAC: Je pense que le seul exemple c'est arrivé une
fois c'est cette année. On a été obligé
d'acheter des Etats-Unis de l'acier d'armature pour rendre service, si vous
voulez; il y a des gens qui ne pouvaient pas s'en procurer. On pouvait le
faire, parce qu'on était manufacturier. On l'a acheté d'une
compagnie américaine directement et puis on l'a passé tout
simplement.
M. ROY: Pour garder vos clients.
M. GIGNAC: Oui, pour empêcher que des projets ne ferment tout
simplement.
M. ROY: Ah bon!
M. GIGNAC: Là, je parle de projets de construction, par
exemple.
M. ROY: Maintenant, ça peut représenter quel pourcentage
à peu près? C'est minime.
M. GIGNAC: Dix mille tonnes.
M. ROY: 10,000 tonnes. Est-ce que cela a été une
opération rentable ou si vous avez dû perdre de l'argent en
faisant cela?
M. GIGNAC: Oh non!
M. ROY: Vous n'avez pas perdu d'argent avec ça.
M. GIGNAC: Oh non, il n'est pas question qu'on perde de l'argent sur des
transactions comme ça.
M. ROY: Non, mais parfois ça arrive puis, cela arrive dans
n'importe quel commerce, d'ailleurs, qu'une personne soit obligée
d'aller s'approvisionner chez des concurrents pour ne pas perdre des clients,
à un moment donné.
M. GIGNAC: Sur le marché canadien, c'est impossible à
faire; il faut aller à l'extérieur.
M. ROY: II faut que vous alliez aux Etats-Unis.
M. GIGNAC: Puis on ne peut plus le faire maintenant. On pouvait le faire
à cause du gel des prix aux Etats-Unis. Mais, maintenant qu'ils ont
dégelé les prix, on ne peut plus le faire.
M. ROY: Bon, vous avez pu profiter des politiques de Nixon.
M. GIGNAC: C'est ça. On fait partie du Watergate.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, je voudrais justement
commencer à discuter du problème du financement. C'est,
d'ailleurs, l'objet premier du projet de loi qui nous a été
soumis à l'Assemblée nationale aujourd'hui. J'aimerais poser
d'abord la question suivante au président de Sidbec. D'après un
article de la Presse, du mardi 19 mars 1974, vous auriez, semble-t-il,
laissé entendre que vous aviez pris connaissance de ce plan de
financement lors de la signature de l'entente fédérale
provinciale. Vous vous seriez dit d'avis qu'il pourrait être
réexaminé et discuté dans les détails. "De
nombreuses possibilités s'offrent pour Sidbec et le président de
Sidbec entend les étudier." Mais, en même temps, vous disiez que
Sidbec recevait l'argent que le gouvernement de la province s'est engagé
à verser, comme c'est le cas en vertu du projet de loi 44, par
mensualités. C'est là que vous avez souligné les $33
millions d'intérêts qui auraient été payés
par Sidbec aux différentes banques, soit la Banque canadienne nationale,
la Banque royale, en cinq ans.
Est-ce que le plan de financement tel que proposé par le projet
de loi 44, va vous permettre justement de suivre le calendrier que vous vous
étiez déterminé? Est-ce que ce plan vous paraît
suffisant et satisfaisant ou est-ce que vous aimeriez mieux avoir d'autres
possibilités?
M. GIGNAC: Comme je l'ai déjà dit ici, dans cette
enceinte, j'aimerais ça avoir $250 millions comptant mais je pense que
je connais assez les contraintes budgétaires du gouvernement, et mes
collègues aussi, pour essayer de trouver une ligne de démarcation
raisonnable. Je dois vous dire que le plan de financement, tel qu'il a
été proposé par la loi 44, comme ça s'appelle, va
être assez dur pour nous pour deux ou trois ans. Mais, vers 1977/78,
ça ne nous causera pas tellement de problèmes.
M. ROY: En somme, M. le Président, après avoir
examiné la loi, c'est $12 millions en 1974/75 le ministre me
corrigera si je fais erreur $12 millions en 1975/76, $12 millions en
1976/77, $12 millions en 1977/78...
M. LESSARD: Non, non, il y a une augmentation. C'est $24 millions pour
1974...
M. GIGNAC: $26 millions.
M. LESSARD: $26 millions pour 1974/75, $26 millions pour 1975/76.
M. GIGNAC: En fait, le total des deux plans; je pense que je vous ai
transmis.
M. ROY: J'ai le total des $200 millions.
M. GIGNAC: ... une note avec la condensation de la loi de 1968 et de
1970 qui indique le tableau de versement. Je ne sais pas si vous l'avez;
peut-être à la page 2.
M. LESSARD: D'accord, je l'ai, là. M. GIGNAC: L'article 3.
M. GARNEAU: D'ailleurs, on m'a fait remarquer qu'à la page 1 de
la note que vous envoyez, au lieu de mettre $10 millions on a mis $10,000. Cela
a impressionné le président de Sidbec, parce qu'il pensait qu'il
manquerait d'argent, mais c'est une erreur de frappe.
M. ROY: Cela a certainement dû l'impressionner.
M. GARNEAU: Parce que ça changerait pas mal son programme de
financement si...
M. LESSARD: II faut dire que ça change un chèque
aussi.
M. ROY: Je m'excuse, c'est parce que j'ai interprété la
loi comme étant à partir de cette année alors qu'elle
partait de 1968. Alors, c'est $26 millions qui seront consentis, qui seront
accordés au cours de cette année. C'est ça?
M. GARNEAU: C'est ça.
M. ROY: $26 millions l'an prochain, $26 millions par année avec,
pour 1979/80, $23 millions, $199 millions en tout.
M. GARNEAU: C'est ça!
M. ROY: Maintenant, vous parlez du capital-actions. Là, c'est
plutôt au ministre que je m'adresse. Je pourrai revenir tout à
l'heure lorsqu'il sera question de la loi comme telle.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Article 1.
M. LESSARD: M. le Président, avant, j'aurais aussi des questions
générales à poser, à moins qu'on continue sur le
financement, concernant Fire Lake. D'accord?
Est-ce que, M. Gignac, il serait possible ou si ça ne serait pas
d'intérêt public je vous laisse complètement libre
d'y répondre de connaf-tre l'entente qui a été
signée entre Quebec Cartier Mining et Sidbec concernant les gise-
ments de Fire Lake? Est-ce que ces gisements appartenaient à
Quebec Cartier Mining?
M. GIGNAC: Ils appartiennent encore à Québec Cartier
Mining.
M. LESSARD: Alors, est-ce qu'il est possible de rendre publique cette
entente?
M. GIGNAC: II n'y a pas d'entente. Il y a eu des échanges de
lettres, si vous voulez, des choses comme ça. Je ne pense pas que ce
soit d'intérêt public, à ce moment-ci, de rendre ça
public parce que ce qu'il va falloir faire éventuellement, probablement
d'ici le mois de septembre, c'est de créer une compagnie
séparée ce qu'on est en train d'étudier
actuellement et faire des ententes quant aux mises de fonds et des
choses comme ça.
M. LESSARD: C'est justement ça. Actuellement, la mine continue
d'appartenir à Quebec Cartier Mining.
M. GIGNAC: Oui, on paie une redevance.
M. LESSARD: Vous payez des redevances à la compagnie Cartier
Mining.
M. GIGNAC: On va payer une redevance qui, je dirais, est au-dessous de
la moyenne normale.
M. LESSARD: Mais est-ce que ces redevances sont supérieures aux
redevances versées par la compagnie Quebec Cartier Mining au
gouvernement du Québec?
M. GIGNAC: Je ne les connais pas. Nous, c'est $0.70...
M. GARNEAU: Pas pour Fire Lake, ce n'est pas encore exploité.
M. GIGNAC: Non. Fire Lake, la redevance a été fixée
à $0.70 la tonne.
M. LESSARD: Maintenant, Fire Lake, comme vous l'affirmiez cet
après-midi, est situé à 41 milles de Gagnonville. On sait
qu'avec Mont-Wright, Quebec Cartier Mining devait déménager ses
pénates là et construire un concentrateur, je pense, à
Mont-Wright? Ils ont décidé d'utiliser le concentrateur de
Gagnonville, je pense...
M. GIGNAC: Pour Fire Lake.
M. LESSARD: Pour Fire Lake.
M. GIGNAC: Pas pour Mont-Wright.
M. LESSARD: En fait, la somme du minerai qui va sortir de la mine de
Fire Lake va vous être vendue, en autant que vous payez des redevances.
Est-ce que la quantité de tonnes de minerai qui sera exploitée,
qui sera extraite de la mine de Fire Lake va complètement à
Sidbec?
M. GIGNAC: Non.
M. GARNEAU: Pour répondre à la question du
député de Saguenay et aussi pour l'information de la commission,
je me demande s'il ne serait pas intéressant que vous décriviez
le processus que Sidbec a l'intention de suivre, avec ses partenaires, en
termes de... Vous avez indiqué, tout à l'heure, la formation de
la compagnie. Evidemment, je comprends qu'il serait peut-être
embarrassant ou embêtant, étant donné qu'il y a des
partenaires là-dedans, de donner les chiffres précis, parce qu'en
fait il faudrait avoir l'autorisation des partenaires pour pouvoir
dévoiler quoi que ce soit, mais vous pourriez donner une indication de
la mécanique qui entourera Fire Lake, qu'est-ce qui va arriver avec
cette compagnie, quelle sera la propriété de cette compagnie et
comment, éventuellement, le minerai sera réparti au sortir de
cette mine-là entre Sidbec et ses partenaires?
M. GIGNAC: Bon, si on parle de Fire Lake, le propriétaire est
Quebec Cartier Mining. Il demeure propriétaire de la mine. Les
partenaires, un des partenaires va être Quebec Cartier Mining, l'autre,
nous, et il va y en avoir probablement un troisième. La
possibilité de la mine, actuellement, est de cinq millions de tonnes par
an. Nous prenons trois millions de tonnes, QCM va prendre probablement deux
millions, et l'autre partenaire probablement un million de tonnes.
Nos mises de fonds vont être en fonction de l'approvisionnement
que chacun va prendre. Ceci étant dit, le prix qu'on va payer pour Fire
Lake ça revient un peu à ça au niveau de
Gagnon, comprend les installations pour la mine, pour extraire le minerai,
comprend la ville de Gagnon, l'aéroport et comprend aussi le
concentrateur primaire. Tout ça déprécié,
excepté les nouveaux équipements qu'on est obligé
d'acheter pour mettre sur la mine.
En plus de ça...
M. LESSARD: Je m'excuse, M. Gignac, pour que je puisse bien comprendre,
quand vous avez parlé tout à l'heure d'une redevance de
$0.60...
M. GIGNAC: De $0.70.
M. LESSARD: ... de $0.70 la tonne, ça veut dire l'utilisation de
la mine, ça veut dire aussi la construction de l'équipement
nécessaire pour la mine... Une minute, c'est ça que je veux bien
comprendre. Est-ce que ça veut dire aussi, par exemple, l'utilisation du
concentrateur qui continue d'appartenir à la Quebec Cartier Mining
à Gagnon? C'est $0.60...
M. GIGNAC: Cela veut dire...
M. LESSARD: ... strictement pour le minerai que vous prenez.
M. GIGNAC: C'est ça.
M. LESSARD: D'accord, $0.70, excusez-moi.
M. GIGNAC: La nouvelle compagnie va louer la mine et ça va nous
coûter $0.70 la tonne pour la louer.
M. LESSARD: D'accord. Maintenant, en plus de ça...
M. GIGNAC: II y a l'exploitation normale du concentrateur, 5 millions de
tonnes, et puis au sud, c'est-à-dire à Port-Cartier, il y a une
usine de bouletage où il y a deux lignes de 3 millions de tonnes
chacune: nous, on en a 3 millions, donc 50 p.c, puis les autres 3 millions vont
être aux deux autres partenaires. Si vous faites un tout de tout
ça, on arrive à peu près à 55 p.c. ou 56 p.c. des
actions qui vont être la propriété de Sidbec. On va
être actionnaires majoritaires dans la compagnie.
M. LESSARD: Maintenant, en ce qui concerne le concentrateur du lac
Jeannine, vous allez payer, en tenant compte naturellement de l'installation
déjà...
M. GIGNAC: On paye la valeur résiduelle.
M.LESSARD: ...résiduelle. Mais vous n'achetez pas le
concentrateur.
M. GIGNAC: Oui.
M. LESSARD: Vous achetez le concentrateur. D'accord.
M. GIGNAC: On achète le concentrateur, la mine,
l'aéroport.
M. GARNEAU: La ville.
M. GIGNAC: La ville, pardon.
M. LESSARD: Ah! la ville, vous achetez la ville.
M. GIGNAC: Oui.
M. LESSARD: C'est-à-dire toutes les bâtisse.
M. GIGNAC: Oui, mais pour notre proportion, les 3/5.
M. LESSARD: Ah! D'accord.
Autrement dit, vous prenez le prix global des maisons qui y sont et de
l'équipement qui appartient à la Quebec Cartier Mining et vous
divisez entre les trois actionnaires.
M. GIGNAC: C'est ça, chacun sa proportion.
M. GARNEAU: Si je comprends bien, pour essayer de résumer, la
compagnie qui va être formée par Sidbec et ses partenaires va
devenir propriétaire de l'équipement que vous venez de
mentionner, l'achetant de la QCM, et cette nouvelle compagnie va par la suite
être la compagnie qui va exploiter la mine, la ville, l'aéroport,
le concentrateur du lac Jeannine. Sidbec, par contre, sera propriétaire
à 100 p.c. de l'usine pour le superconcentré qui sera à
Port-Cartier.
M. GIGNAC: Oui, bien-là...
M. GARNEAU: ... ce qui fait que votre total va donner à peu
près 55 p.c. ou 56 p.c, ce que vous avez mentionné?
M. GIGNAC: Oui, c'est ça. C'est-à-dire que la seule petite
différence si j'avais un tableau ce serait plus facile de vous
l'expliquer est que nous, on a besoin d'une boulette spéciale,
comme je vous l'ai mentionné, une boulette dans laquelle il y a le
minimum de silice, donc on a besoin d'un superconcentrateur. C'est un montant
de $4 ou $5 millions, qui n'est rien à comparer à l'usine de
bouletage qui va coûter peut-être environ $100 millions.
Ceci étant dit, ce que vous venez de dire est exact, M. le
ministre.
M. LESSARD: Et c'est sans doute la même situation pour le chemin
de fer?
M. GIGNAC: Le chemin de fer, c'est un taux qu'on négocie avec la
QCM.
M. LESSARD: Ah! Ah! la QCM continue de le conserver...
M. GIGNAC: Oui, elle est libre, elle l'a construit, elle l'a
payé. Le taux a été négocié, c'est un
taux...
M. LESSARD: D'ailleurs, le même chemin de fer va être
utilisé pour le Mont-Wright aussi...
M. GIGNAC: Le Mont-Wright, ITT.
M. LESSARD: Maintenant, je reviens à la question et je la repose
au ministre des Finances, tout en sachant qu'il ne pourra probablement pas me
répondre aujourd'hui. Le président de Sidbec parle d'une
redevance de $0.70 la tonne pour la mine de Fire Lake. Cependant, si la
compagnie Quebec Cartier Mining n'a pas utilisé, exploité la mine
de Fire Lake, elle a quand même exploité la mine du lac
Jeannine.
Je pense qu'il serait certainement possible de vérifier quelles
sont et de nous donner la réponse les redevances qui sont
payées par Quebec Cartier Mining au gouvernement du Québec sur la
mine du lac Jeannine.
M. GARNEAU: Disons que je ne connais pas au juste la tradition qui a
été suivie de ce côté. Est-ce que pour cette forme
de taxation les lois obligent à la même discrétion? Si les
lois, en termes de redevances payées sur les profits à la
tête du puits de la mine, sont faites de telle sorte que ces
données peuvent être rendues publiques, je n'ai pas d'objection
à le faire mais il va falloir que je vérifie ce point avant.
Evidemment, c'est une loi qui est administrée par le ministère
des Richesses naturelles et le ministère du Revenu. Je ne pourrais pas
répondre, être en mesure de vous donner les chiffres parce que je
ne sais pas si les lois sont faites de telle sorte qu'elles obligent, comme
l'impôt sur le revenu des particuliers, par exemple, à la
confidentialité là-dessus. C'est ce que j'ignore.
M. LESSARD: Savoir que l'Assemblée nationale pourrait
siéger jusqu'au mois de septembre, je pourrais l'inscrire au
feuilleton.
M. GARNEAU: Ah oui! si vous voulez l'inscrire au feuilleton. D'ailleurs,
la question que vous avez posée tout à l'heure à M. Gignac
était inscrite au feuilleton. Et la demande qu'on a adressée
à la direction de Sidbec nous est revenue en suggérant que ce
n'était pas d'intérêt public de déposer les
documents que le député de Saguenay demandait. Je n'ai pas voulu
le dire en Chambre en attendant cette rencontre-ci et préférant
que la réponse vous vienne directement de l'administration de
Sidbec.
Alors, on pourra peut-être faire une motion pour rayer du
feuilleton cette question ou cette motion pour dépôt de
document.
M. ROY: Sans faire de motion, vous n'avez qu'à faire comme vous
faites dans la plupart des réponses que je vous demande: Cette question
n'est pas d'intérêt public.
M. GARNEAU: C'est une excellente suggestion du député de
Beauce-Sud.
M. ROY: La suggestion, je n'ai pas besoin de vous la faire, vous la
connaissez.
M. LESSARD: Maintenant, M.le Président... M. GIGNAC: Je m'excuse,
M. le Président... M. LESSARD: Oui.
M. GIGNAC: ... pour renseigner le député de
Saguenay...
M. LESSARD: Oui.
M. GIGNAC: ... avec le consentement des parties, quand l'entente sera
faite, moi, personnellement, je ne vois aucune objection à ce que ce
soit déposé en Chambre et vous pourrez l'examiner. Mais je pense
que ce serait plus décent de demander à nos partenaires.
M. LESSARD: D'accord.
Est-ce que vous pourriez, puisque vous êtes dans ce secteur, nous
tracer un peu un tableau de cette industrie, l'industrie de l'acier, en
particulier en ce qui concerne les nouveaux développements? On
étudie actuellement la possibilité que Stelco crée une
aciérie, soit dans la région de Sept-Iles ou soit à
Gros-Cacouna. Par contre, à Longueuil, je pense que Quebec Steel
Products a établi une entreprise dans cette région.
Est-ce que, étant donné la prévision de
l'installation future d'autres sidérurgies, il y a un danger de
surproduction au Québec, ce qui pourrait nuire considérablement
à Sidbec?
M. GIGNAC: Je ne vois aucune concurrence additionnelle d'ici dix ans. Le
projet dont vous faites mention, c'est une étude, je crois, qui a
été demandée par le MEER au bureau de consultation de
Stelco, pour savoir où on pourrait possiblement installer vers l'est une
aciérie de $500 millions ou quelque chose du genre, pour le
marché d'exportation.
Evidemment, je ne fais pas partie de cette étude. Mais, en
partant, il y a un petit problème et c'est le problème du
minerai. Ce n'est pas pour rien qu'on s'est compromis rapidement sur 3 millions
de tonnes. Le plus gros problème, c'est le minerai.
M. LESSARD: Mais est-ce que...
M. GIGNAC: Ouvrir une mine, genre Mont-Wright ou même Fire Lake,
cela prend entre huit et dix ans quand cela va bien.
M. LESSARD: Vous avez parlé cet après-midi aussi de la
nécessité de la construction d'une route entre Gagnon-Manic 5
Baie-Comeau. C'est-à-dire que vous avez laissé entendre
qu'il serait nécessaire de faire...
M. GARNEAU: C'est Gagnon-Fire Lake. M. LESSARD: Non, non, voici.
C'est... M. GIGNAC: II y en a deux.
M. LESSARD: Oui. Il y a Mont-Wright, Fire Lake...
M. GARNEAU: ...
M. LESSARD: Oui, oui, d'accord. Mais je voudrais avoir au moins l'appui
du président de Sidbec. Vous avez Mont-Wright, Fire Lake, Gagnon, Manic
5, Baie-Comeau et peut-être Labrador par la suite. Je pense que c'est une
revendication légitime de la population de cette région. Mais
est-ce que vous croyez qu'une fois que vos opérations seront vraiment
entreprises dans cette région, il faudrait accélérer la
construction de cette route? Parce que cela ne va pas très vite.
M. GIGNAC: Est-ce que vous parlez de celle entre Fire Lake et
Gagnon?
M. LESSARD: D'accord, celle de Fire Lake-Gagnon. Je pense qu'elle...
M. GIGNAC: Celle-là, elle est indispensable.
M. LESSARD: Elle est en construction, je pense.
M. GIGNAC: Non. J'y suis allé lundi.
M. LESSARD: Oui mais de toute façon, Quebec Cartier Mining
prévoyait...
M. GIGNAC: Je crois qu'on a fait des appels d'offres. Mais là, je
ne pourrais pas répondre.
M. LESSARD: Oui.
M. GARNEAU: Je ne pourrais pas répondre non plus à la
question. L'adjoint parlementaire du ministre des Richesses naturelles semblait
être un peu plus au courant de l'évolution des travaux dans ce
coin, mais je ne serais pas en mesure de savoir à quelle étape
cette route est rendue.
M. LESSARD: De toute façon, je voulais simplement souligner que
j'espère que le gouvernement du Québec va se préoccuper,
dans le plus bref délai possible, de la construction de cette route, et
j'invite le ministre des Finances lorsque demande lui sera faite, à
être très aimable pour accorder ces montants.
M. GARNEAU: Pour faire plaisir à la population du comté de
Saguenay.
M. LESSARD: Pardon?
M. GARNEAU: Pour faire plaisir à la population du comté de
Saguenay.
M. LESSARD: Surtout faire plaisir à la population de Gagnon et
permettre l'ouverture d'un territoire immense qui pourrait être
utilisé pour le tourisme et les autres...
M. GIGNAC: Je ne voudrais pas créer d'embêtements à
mon actionnaire principal...
M. LESSARD: D'accord.
M. GIGNAC: ... mais je pense que cela va devenir une
nécessité sociale, parce que les problèmes qu'il y a
actuellement, à Mont-Wright, c'est un peu relié à
cela.
M. LESSARD: Oui, relié à cela. Et la compagnie Quebec
Cartier Mining me faisait part de ses difficultés à obtenir une
main-d'oeuvre qualifiée, étant donné l'éloignement
et étant donné le coût de la vie dans cette région.
On dit bien souvent que les gens gagnent des gros salaires, mais il faut dire
que lorsqu'ils sont obligés d'aller en vacances ou de sortir soit
à cause de maladie, cela leur coûte très cher.
Alors, cela a des conséquences énormes. Oui, vous allez me
parler de la compagnie Quebec Cartier Mining qui a son avion privé, mais
on ne l'utilise pas tout le temps. Cela coûte $150 sur le train, par
exemple, pour sortir une automobile.
M. GIGNAC: Ecoutez, je pense que les gens qui vont travailler durant six
mois pour Quebec Cartier Mining ne sortent pas avec les poches vides.
M. LESSARD: D'accord, mais les gens qui demeurent là depuis un
an, deux ans, même il y en a qui demeurent là depuis 1959, depuis
le début de la mine, eh bien cela crée une condition d'abord
d'insécurité et cela peut se reproduire, que ce soient les
événements de la baie James ou autres, avoir des
conséquences soit sur la nécessité d'obtenir une
main-d'oeuvre qualifiée et Quebec Cartier Mining, l'un de ses
problèmes fondamentaux, actuellement, c'est justement d'obtenir cette
main-d'oeuvre qualifiée parce que c'est assez loin.
M. GIGNAC: Si cela peut vous rassurer un peu, M. le
député, j'ai...
M. LESSARD: ...
M. GIGNAC: ... fait entreprendre, tout récemment d'ailleurs, une
étude sur toute cette région, sur le plan
économico-social, que je devrais avoir vers les mois d'octobre ou
novembre. Les événements qui se sont produits à
Mont-Wright et qui ont coûté extrêmement cher à la
QCM, on n'a pas les moyens de revivre cela. Absolument pas.
Alors pour éviter ou du moins essayer de réduire au
minimum des incidents de ce genre, on a fait faire une étude sur le plan
humain, relations humaines, sociales, etc. et on verra quelles recommandations
nous seront faites. Cela va être fait par une tierce partie. On n'a rien
à voir dans cela.
M. LESSARD: M. le Président, j'aurais une dernière
question avant de passer la parole, sur le financement, à mon
collègue de Beauce-Sud. Elle concerne justement la langue à
l'intérieur de Sidbec.
Nous sommes actuellement à discuter d'un projet de loi fort
important et, M. le Président, le président de Sidbec a fait
à quelques reprises mention du fait que le français était
utilisé en grande partie dans cette compagnie.
Pourriez-vous me le confirmer? Est-ce exact? On comprendra que c'est une
compagnie québécoise.
M. GIGNAC: C'est relatif, c'est une compagnie québécoise.
Nous avons acheté des actifs de Dominion Steel and Coal Corporation. Je
dois dire, pour être bien réaliste, que la direction de cette
compagnie-là, quand je l'ai prise, était anglophone en
très grande majorité.
On n'a pas établi de règle stricte, si vous voulez, mais
j'ai invité d'une façon assez précise, à quelques
reprises, mon "management", mes collaborateurs, à contribuer, même
s'ils sont anglo-saxons et qu'ils ne peuvent pas parler français. Je ne
demanderai jamais à un de mes collaborateurs anglo-saxons, qui a 50 ans,
d'apprendre le français, c'est impossible. J'en ai fait
l'expérience. Cela nous a coûté pas mal cher. C'est
sûrement difficile. Par contre, je dois dire que les anglo-saxons
unilingues dans ma compagnie sont à 100 p.c., pour autant que je suis
concerné, très très au fait du problème de
l'utilisation de la langue française dans la compagnie.
Si nous procédons de la façon suivante, par région,
je vous dirais qu'à Contrecoeur, par exemple, la langue de travail est
le français, à toutes fins pratiques. A l'usine de
Montréal où sont les plus vieux employés de Dosco, la
proportion d'anglo-saxons unilingues est d'à peu près 50 p.c.
M. LESSARD: Quant à cela, à ce moment-là, nous ne
discuterons plus du projet de loi 22.
Je comprends que ce n'est pas avec la langue qu'on va faire de l'acier.
Cependant, cela a quand même une certaine importance.
M. GIGNAC: Je m'excuse, j'ai les chiffres; je vais vous les donner. A
l'usine de Montréal, c'est 82 p.c. francophones et 18 p.c. unilingues
anglais.
M. LESSARD: Maintenant, quand vous parlez de ces chiffres, vous parlez
de l'ensemble des employés, tant la main-d'oeuvre que les cadres
supérieurs?
M. GIGNAC: Oui, c'est le total.
A l'usine de Contrecoeur, c'est 98 p.c. francophone. A l'usine de
Truscon c'est 86.5 p.c. et, à Etobicoke, évidemment, je ne l'ai
pas mis, mais c'est 100 p.c. anglophone.
M. LESSARD: Au niveau du conseil d'administration, quelle langue
parle-t-on?
M. GIGNAC: C'est francophone.
M. GARNEAU: Je dois dire qu'il y a un ou deux anglophones qui en sont
membres et ils sont parfaitement bilingues. Je dois reconnaître que leur
contribution dans ce sens au conseil d'administration est assez
impressionnante. Je peux profiter de la circonstance pour les féliciter
parce que, comme actionnaire, j'ai eu à assister à un certain
nombre de réunions du conseil et j'ai pu constater qu'en plus de leur
compétence ils s'exprimaient dans un français correct.
Mais je suis prêt à admettre avec le président de
Sidbec que ce serait difficile de demander à des employés
compétents qui rendent service à l'entreprise ou risquer de s'en
priver surtout en tenant compte de l'âge et du nombre d'années de
service. Ce serait certainement un geste administratif irresponsable que de se
priver de la qualité des services de ces gens.
M. GIGNAC: En plus d'être une injustice.
M. GARNEAU: Une injustice sociale pour ces gens, c'est
évident.
M. GIGNAC: Je m'excuse mais...
M. GARNEAU: Non, je corrobore ce que vous dites à 100 p.c.
M. ROY: Dans les 18 p.c. d'anglophones que vous avez, il y a des
conventions collectives aussi, la question d'ancienneté, de
sécurité d'emploi qui se trouvent à les protéger
comme dans n'importe quelle autre entreprise.
M. GIGNAC: On suit exactement le même tracé que Stelco.
M. ROY: Ce sont des employés de Stelco? Ce sont des
employés qui travaillaient là avant l'achat de l'usine?
M. GARNEAU: Dans le cas de Dosco... M. ROY: Dosco, je m'excuse. Pas
Stelco. M. GARNEAU: ... vous avez... M. ROY: Dosco. Dosco, je m'excuse. M.
GIGNAC: Je commençais à trembler.
M. GARNEAU: M. le Président, en mettant de côté un
petit peu la discussion sur l'aspect technique de Sidbec-Dosco, ce projet
d'investissement et le financement, je voudrais reprendre pendant quelques
minutes un problème un peu plus général. Comme actionnaire
détenant au nom du gouvernement des actions de Sidbec, j'ai eu
l'occasion d'en discuter mais je me demande jusqu'à quel point il ne
serait pas d'intérêt public et de l'intérêt des
membres de la commission de parler un peu de l'expansion des sidérurgies
au Québec, en les plaçant en relation avec le problème
d'approvisionnement en matière énergétique pour exploiter
ces sidérurgies. On a abordé tout à l'heure le
problème par le biais de l'introduction d'une nouvelle unité
d'usine de réduction suivant le procédé Midrex utilisant
le gaz naturel. Quand on pense à l'établissement d'une
sidérurgie à l'est de Contrecoeur, comment voyez-vous le
problème de l'approvisionnement en sources énergétiques
pour transformer le minerai de fer pour le rendre...
M. GIGNAC: ... gaz.
M. GARNEAU: ... ou avec d'autres matières
énergétiques?
M. GIGNAC: Bien, si on parle du gaz parce qu'à ce
moment-ci...
M. GARNEAU: Oui.
M. GIGNAC: ... c'est ce qu'on utilise, je pense que, pour les quatre
premiers modules de réduction, ça va être le gaz. Donc nous
faisons affaires directement avec 1'Alberta, avec particulièrement
Pan-Alberta Gas, qui est une société dont 50 p.c. des actions
appartiennent à Alberta Gas Trunk et l'autre tranche de 50 p.c.
appartient au gouvernement. Le module 2, le problème est
réglé et nous négocierons, probablement la semaine
prochaine ou dans dix jours, pour les modules 3 et 4.
M. GARNEAU: Evidemment, ce problème est intéressant et
j'ai eu l'occasion de rencontrer des gens de l'Alberta tout récemment et
de la Colombie-Britannique, pour discuter d'une façon plus
générale du transport du gaz, etc. Mais ce à quoi je me
réfère c'est à la question que posait le
député de Saguenay tout à l'heure, quant à
l'établissement plus à l'est d'une sidérurgie. Evidemment,
il n'y a pas de pipe-line qui conduit le gaz plus loin que Contrecoeur pour le
moment; si on pense à l'établissement d'une sidérurgie
à l'est, est-ce que vous pensez que c'est possible d'envisager
d'utiliser le charbon ou pas?
M. GIGNAC: Nous pensons que ce n'est pas possible, mais on n'a pas fait
d'étude. Nous pensons plutôt que ce serait le gaz de l'Artique ou
ce serait du gas liquéfié, du LNG, ou gazéification et du
gaz avec du charbon.
M. GARNEAU: En fait, un mariage des deux?
M. GIGNAC: Cela pourrait être un mariage des deux. Mais il y a un
problème 'de pollution, je pense.
M. DANCY: La question de l'utilisation du charbon, les provisions de
charbon pour les cokes métallurgiques sont très limitées
au monde en ce moment.
En ce moment, les Japonais paient près de $50 par tonne pour le
coke. C'est plus de deux fois le coût du gaz actuellement au Canada. Il y
a un problème de pollution avec les fours à coke, mais avec la
gazéfication, il est possible d'utiliser le charbon de basse
qualité avec beaucoup de souffre. On enlève le souffre pendant la
gazéfication et on produit un gaz qui peut utiliser un
procédé comme le procédé Midrex, sans pollution.
Les économies, aujourd'hui, avec le coût du coke
métallurgique, suggèrent que cette méthode est
préférable mais il n'y a pas une compagnie qui utilise cette
technologie. Après peut-être cinq ou dix ans de recherche aux
Etats-Unis sur le procédé de gazéfication, c'est
certainement préférable aux fours à coke. C'est mon
opinion et je suis certain que ce sera la situation dans cinq ou dix ans.
M. GARNEAU: Mais dans une situation semblable, l'aciérie qui
utiliserait cette énergie, justement, serait à la merci de son
approvisionnement.
M. DANCY: II y a plusieurs sources de charbon comme ça pour la
gazéfication, en Alberta mais aussi en West Virginia. Ces sources sont
certainement très grandes en Amérique du Nord, et elles sont
disponibles pour une industrie intégrée.
M. GARNEAU: Cela va. M. DANCY: Est-ce que... M. GARNEAU: Non, ça
va.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Alors, article 1.
M. ROY: Non, avant de passer à l'article 1, je voudrais parler un
peu du financement, mais avant d'attaquer le financement je voudrais parler un
peu du déficit. D'ailleurs, j'en ai fait mention cet après-midi.
Le déficit qui paraît au bilan, je prends l'état
consolidé des revenus pour l'exercice terminé le 31
décembre 1973, le déficit qui est mentionné montre des
pertes d'exploitation de $8,801,000. Le président, M. Gignac, nous a dit
qu'il a eu à faire face à deux grèves au cours de
l'année. Je ne sais pas si je cite le président avec exactitude.
Vous avez parlé des deux grèves qu'il y a eues au cours de
l'année. Vous avez souligné un autre point aussi. C'est que
compte tenu du fait que le gouvernement de la province vous devrait de
l'argent, votre liquidité, en quelque sorte, l'avoir propre, si vous
voulez, la capitalisation, l'avoir des actionnaires serait un peu bas. Si je
prends votre rapport annuel, à la page du bilan, ici, on voit que vous
avez émis et entièrement payé 6,900,035 actions à
dividende différé, $69 millions, et si on enlève, je
m'excuse...
M. GIGNAC: Plus $2,640,000 qui est un surplus d'apport.
M. ROY: Oui, $2,640,000, ce qui fait un total, c'est ça, je l'ai
ici, de $71,842,000 mais là-dessus ici il y a un montant de souscription
à recevoir de $27 millions qui vous laissent un avoir net de
$44,842,000. C'est ça?
M. GIGNAC: C'est ça, oui, si vous enlevez les $27 millions.
M. ROY: Oui, il faut les enlever parce qu'ils sont inscrits "à
recevoir" ailleurs.
M. GIGNAC: D'accord.
M. ROY: Ils figurent dans les comptes rece-vables au niveau de l'actif.
Alors, $44 millions. Combien estimez-vous qu'il serait nécessaire
d'avoir, compte tenu des actifs dont vous disposez, compte tenu des capitaux
qui sont requis? Quel serait le montant? Vous avez certainement fait des
études comparatives avec les autres aciéries, les autres
entreprises qui sont dans les mêmes activités que la vôtre.
Quel est le montant de capital qu'il serait nécessaire d'avoir, souscrit
et payé? Parce que souscrire ce qui n'est pas payé
nécessite des emprunts pour pouvoir le combler temporairement. Quel est
le capital qui vous sera nécessaire?
M. GIGNAC: Disons entre $90 et $100 millions.
M. ROY: Entre $80 et...
M. GIGNAC: Pour être au diapason des autres?
M. ROY: Oui.
M. GIGNAC: Entre $90 et $100 millions.
M. ROY: Bon! Ces $90 à $100 millions, ça fait quand
même une différence de $40 à $50 millions avec le montant
dont vous disposez à l'heure actuelle. Vous êtes obligés de
le combler par des emprunts bancaires, par des emprunts à court et
à moyen termes.
M. GIGNAC: C'est ça.
M. ROY: Cest ce qui fait en sorte que c'est la plus grande
difficulté que vous avez envisagée, c'est la plus grande cause de
déficit.
M. GIGNAC: Bien oui, c'est évident. Je vous ai mentionné,
cet après-midi, qu'on avait payé $32 millions
d'intérêts et fait des pertes de $27 millions, ça dit tout.
Maintenant, c'est évident qu'avec le programme de financement qu'on a
là ça va aider pas mal. Je pense qu'il faut se mettre dans le
contexte que, même si, en achetant les actifs de Dosco, on a
acheté quelque chose qui fonctionnait, c'est absolument impossible
d'envisager de mettre sur pied, d'une façon normale, une
société comme ça en moins de cinq à dix ans, disons
dix ans. Si on fait ça dans dix ans, on est pas mal bon.
M. LESSARD: La pire période est passée.
M. GIGNAC: Mais, à mesure que nos ventes vont augmenter, qu'on va
faire des profits quand je parle de profits, ce sont des profits nets,
après avoir payé l'intérêt ça va
radier le déficit que vous avez au surplus.
M. ROY: Le déficit de la note no 9.
M. GIGNAC: Oui, c'est ça, si vous voulez. Cela va nous mettre
dans une position bien meilleure vers 1978. On s'attend que la position soit
inversée, à peu près 60 p.c. d'équité et 40
p.c. de dettes à long terme, vers les années
soixante-dix-huit.
M. ROY: Les années soixante-dix-huit.
M. LESSARD: M. Gignac, avant de poser la question que je voulais poser,
dans l'état consolidé du revenu et du déficit, je constate
qu'en 1973, par exemple, l'intérêt sur emprunts bancaires est de
$4,564,000. C'est ça. Mais des emprunts bancaires, ce sont des emprunts
à court terme, ça?
M. GIGNAC: Oui.
M. ROY: D'ailleurs, on totalise les $20,591,000 au bilan ici et il y a
un autre montant justement, j'allais un peu de ce
côté-là dettes à long terme
échéant en-deça d'un an, $19,497,000. Nous avons là
justement une somme de $40 millions empruntés à court terme. Je
pense que c'est là qu'on rejoint le montant dont M. Gignac parlait tout
à l'heure.
M. GIGNAC: Les $4,500,000...
M. LESSARD: Oui, mais ce que je ne comprends pas, c'est...
M. GIGNAC: ... c'est l'intérêt qu'on paie sur les emprunts
bancaires dans Sidbec-Dosco.
M. LESSARD: Je vois, par exemple, ici "intérêt et
amortissement de l'escompte sur débentures". Cela, ce sont des dettes
à long terme. Ce que je ne comprends pas, c'est que, si j'ajoute
l'intérêt sur emprunts bancaires, qui est à court terme, et
l'intérêt sur billets, $8,000, qui est aussi à court terme,
vous avez donc une méthode d'emprunt qui est plutôt à court
terme ou qui est en partie à court terme.
M. GIGNAC: Bien oui! Les actions que le gouvernement souscrit, nous, on
les a escomptées à la banque pour avoir l'argent.
M. ROY: En attendant que le gouvernement les paie.
M. GIGNAC: Oui, oui. A mesure qu'il les paie, ça diminue. C'est
pour ça que je dis que, sur une certaine période, ça va
s'inverser.
M. LESSARD: Donc, ça vous oblige à forcer l'emprunt
à court terme. Parce que l'emprunt à court terme coûte
certainement plus cher d'intérêt que l'emprunt à long
terme.
M. GIGNAC: Bien, ça ne fait pas longtemps,
c'est récent. Cela fait à peu près un an que
l'emprunt à court terme est plus cher.
M. LESSARD: Bon. M. Gignac, disons qu'on va en parler tout à
l'heure à l'article 4. Mais, avant de discuter de l'article 4, vous avez
élaboré, à un moment donné, un plan de financement
1974-1978. Disons que ce plan de financement équivaut à plus ou
moins $300 millions. Les besoins d'argent d'ici à 1978 sont de plus ou
moins $300 millions. Est-ce encore le cas?
M. GIGNAC: $273 millions. M. LESSARD: $273 millions.
M. GARNEAU: Cela est le coût des investissements mais, si vous
vous référez aux besoins de "cash flow" de l'entreprise,
ça monte à $340 millions.
M. GIGNAC: Alors c'est $330...
M. LESSARD: Alors, $340 millions et, sur ce montant, le gouvernement va
fournir $103 millions environ.
M. GARNEAU: Plus de $27 millions... M. LESSARD: Oui.
M. GARNEAU: Plus de $27 millions qu'il nous reste à verser sur
l'échéancier qui était prévu.
M. LESSARD: Ce qui veut dire $130 millions.
M. GARNEAU: II y a également la subvention de $30 millions du
ministère de l'Expansion économique régionale.
M. LESSARD: Elle n'est pas comprise là-dedans.
M. GARNEAU: Non, il faut l'ajouter.
M. LESSARD: Elle n'est pas comprise dans les montants que nous
prévoyons...
M. GARNEAU: Mais là, ce que vous additionnez, c'est $103
millions.
M. LESSARD: Oui.
M. GARNEAU: Vous additionnez $27 millions.
M. LESSARD: Oui.
M. GARNEAU: Vous additionnez les $30 millions du MEER.
M. LESSARD: Oui.
M. GARNEAU: Dans la loi que l'on présente aujourd'hui, à
l'article 9 le gouvernement demande à l'Assemblée nationale de
l'autoriser à garantir un emprunt de $90 millions auprès
d'institutions. Le reste du financement de l'ensemble des besoins de capitaux
pour la période concernée viendra du "cash flow"
dégagé par l'entreprise, c'est-à-dire ses profits
d'exploitation avant amortissement, et aussi de certaines ententes qu'il reste
à discuter au niveau de la SDI.
M. ROY: La subvention de $30 millions devient payable quand?
M. GARNEAU: II y a déjà $10 millions qui ont
été versés à Sidbec et les autres $20 millions
je ne sais pas si M. Howison peut nous dire l'échéancier,
je ne me rappelle pas par coeur.
M. HOWISON: Tous les ans environ. C'est $10 millions par
année.
M. GARNEAU: C'est $10 millions par année.
M. ROY: $10 millions par année. M. HOWISON: Oui, c'est
ça.
M. ROY: $10 millions par année. Maintenant, j'avais une question
à poser mon collègue de Saguenay m'excusera. Je remarque
dans votre bilan qu'il y a au niveau de l'actif les disponibilités,
souscriptions à recevoir, $12 millions. Il y a souscriptions à
recevoir, note 5, moins portion échéant en deçà
d'un an, $12 millions. J'ai une question bien indiscrète à vous
poser. Est-ce que le ministre des Finances, votre principal actionnaire, vous
envoie les chèques lorsque la date arrive ou si vous êtes
obligés d'attendre.
M. HOWISON: L'argent est déposé directement à la
Banque canadienne nationale, religieusement le 20 du mois, tous les mois.
M. ROY: Aux dates prévues. M. HOWISON: Exactement.
M. BACON: Le ministère des Finances est un ministère
très efficace, d'ailleurs.
M. OSTIGUY: Bien religieux.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Catholique.
M. HOWISON: Religieusement.
Adoption des articles du projet de loi
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Article 1?
M. OSTIGUY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Adopté. Article 2?
M. OSTIGUY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Adopté.
M. ROY: Article 2, à cet article vous allez un peu vite.
Moi, j'aurais deux questions à poser au ministre. Article 1 de ce
projet, je prends les notes explicatives, entre autres, ce projet porte de $200
millions à $400 millions le capital-actions autorisé de Sidbec,
divisé en 20 millions d'actions ordinaires d'une valeur nominale de $10
chacune et en 20 millions d'actions à dividende différé
d'une valeur nominale de $10 chacune. Dans le document que vous nous avez
remis...
M. GARNEAU: Oui.
M. ROY: A l'article 3, ici, c'est bien mentionné le
capital-actions souscrit de $199 millions; ancienne souscription, $96 millions
et nouvelle, $103 millions. Ce sera payé comme suit: $199 millions... On
parle de $199 millions et vous portez votre projet de loi de $200 à $400
millions; j'aimerais avoir des éclaircissements là-dessus.
M. GARNEAU: Dans le capital-actions souscrit par le gouvernement, c'est
du capital-actions à dividende différé et la charte de
Sidbec prévoit que lorsque je pense qu'on l'a d'ailleurs au bilan
à une des notes, à la note 8 du bilan à la page, ce n'est
pas paginé.
M. GIGNAC: Page 8.
M. GARNEAU: A la page 8. Aucun dividende ne peut être payé
sur les actions à dividende différé. Par contre, chaque
action à dividende différé pourra être convertie en
une action ordinaire lorsque la moyenne des bénéfices nets de
deux exercices consécutifs sera égale à au moins $1 par
action en cours à la fin du premier de ces deux exercices, de telle
sorte qu'il faut avoir la possibilité juridique de transformer nos
actions à dividende différé en actions ordinaires lorsque
cette restriction qui existe dans les règlements de la
société aura été atteinte, à moins qu'elle
soit modifiée. Mais c'est une des exigences de la loi, de telle sorte
que, même si on souscrit uniquement des actions à dividende
différé, il nous faut avoir la concordance ou l'autre
côté de la médaille en actions ordinaires parce que ces
actions à dividende différé seront, éventuellement,
transformées en actions ordinaires.
M. ROY: Alors, la prévision de $200 millions, $100 millions de
plus de chacune des actions, c'est seulement pour des fins de transfert.
M. GARNEAU: Oui, c'est ça.
M. ROY: Ce ne sont pas pour des fins de souscription comme telles.
M. GARNEAU: Non, non.
M. ROY: Cela ne veut pas dire que le gouvernement a l'intention
d'acheter $400 millions d'actions de Sidbec.
M. GARNEAU: Non, non! M. ROY: $400 millions. M. GARNEAU: Non.
M. ROY: C'est $199 millions au total qui sont prévus, mais cela
peut être $199 millions d'une catégorie d'actions, comme cela peut
aller dans l'autre.
M. GARNEAU: Non. Le gouvernement doit souscrire des actions à
dividendes différés. D'ailleurs, comme on a fait depuis
l'existence de Sidbec, depuis que Sidbec a eu... Il faut bien comprendre que
Sidbec c'est, avant tout, une compagnie incorporée en vertu de la
première partie de la Loi des compagnies. Et ce n'est que par
après qu'une loi de l'Assemblée nationale est intervenue pour
permettre au gouvernement de souscrire dans le capital-actions. De cette
façon, on peut dire que Sidbec n'est pas une société
d'Etat au même titre, par exemple, que SOQUEM, SOQUIP ou la
Société des alcools. C'est une société
incorporée en vertu de la première partie de la Loi des
compagnies.
Parlant de mémoire, je ne crois pas que Sidbec soit mandataire du
gouvernement au même titre qu'une autre société d'Etat
comme celles que je viens de mentionner. Il y a cette distinction qui est
peut-être plus juridique qu'autrement mais qui fait que Sidbec doit avoir
un comportement strictement d'entreprise privée, sa charte est faite
comme telle.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Article 1, adopté?
M. ROY: Adopté sur division.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Article 2, adopté?
M. ROY: La même chose.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Article 3?
M. ROY: La même chose.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Adopté. Article 4?
M.LESSARD: Bon, à l'article 4, M. le Président, le
ministre nous informait tout à l'heure que le gouvernement provincial
fournissait $130 millions, emprunts garantis; probablement de la Caisse de
dépôt, $90 millions; une autre subvention du gouvernement
fédéral de $30 millions, ce qui veut dire $250 millions, et des
besoins, d'ici 1978, de $90 millions. Le ministre nous parlait de
l'autofinancement...
UNE VOIX: "Cash-flow".
M. LESSARD: ... espérons "cash-flow". La question que je me pose,
c'est que sur ces $90 millions, ou mettons moins que ça si on calcule
l'autofinancement ou le "cash-flow", le ministère des Finances semble
refuser toute garantie accordée en vertu du présent article,
dit-on à l'article 4, modification à l'article 9 a), paragraphe
3: "Toute garantie, accordée en vertu du présent article n'est
valable qu'en autant que les titres constatant les emprunts pour lesquels elle
est accordée ne fassent pas l'objet d'une distribution dans le
public".
J'aimerais avoir des explications. Cela veut dire que le gouvernement,
en fait, ne garantit que les emprunts qui sont négociées
dans...
M. GARNEAU: Des institutions financières. M. LESSARD: ... les
institutions financières.
M. GARNEAU: En fait, lorsque nous avons modifié la loi de Sidbec
le titre précis c'est "concernant l'établissement d'un
complexe sidérurgique intégré" en 1970, le montant
de $30 millions avait été garanti en autant que ces obligations
soient détenues par la Caisse de dépôt. Les sommes requises
de financement à long terme pour la phase 2 étant beaucoup plus
considérables, la Caisse de dépôt ne voit pas la
nécessité que ce soit uniquement elle qui détienne ces
titres.
Je pense qu'il serait même souhaitable, si d'autres institutions
financières étaient disposées à négocier un
emprunt ou à participer à un "joint venture" avec la Caisse de
dépôt, que cela puisse se faire. Alors que l'ancienne loi ne
l'aurait pas permis, celle-ci va permettre d'avoir ce financement,
peut-être en partie à la Caisse de dépôt, en partie
à d'autres institutions d'assurances, sociétés de fiducie,
qui pourraient être disposées à prendre une participation
dans ce financement.
Pourquoi on ne veut pas que ce soient des obligations sur le
marché? Parce que nous ne croyons pas qu'il serait utile d'avoir en
circulation plusieurs catégories de titres gouvernementaux ou qui
s'apparentent à des titres gouvernementaux, des titres garantis par
l'Etat.
Actuellement, il y a les obligations de l'Hydro et de la province et le
marché de ces obligations est bien connu. Notre crédit dans ce
domaine est établi, alors qu'il s'agit ici de titres à
caractère industriel. Nous ne voulons pas qu'il y ait des titres
garantis par la province qui circulent sur le marché et qui seraient
évalués de façon différente par des
détenteurs. C'est la raison pour laquelle on ne veut pas qu'ils soient
sur le marché libre. On veut pas que ce soit une émission
publique, en fait.
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Article 4, adopté.
Article 5? Adopté.
M. le ministre, messieurs les membres de la commission et messieurs les
membres de Sidbec...
M. GARNEAU: M. le Président, je voudrais dire quelques mots. Je
voudrais remercier les collègues de l'Assemblée nationale qui ont
participé à cette discussion. Le président m'informait que
nous avions fait un accroc au droit parlementaire, à l'ajournement des
travaux, cet après-midi. Il aurait préféré que nous
suivions un peu plus étroitement les règlements de
l'Assemblée nationale. Je pense que cela a été fait de
bonne foi de part et d'autres, d'autant plus qu'il y a eu consentement
unanime.
Je voudrais aussi remercier la direction de Sidbec de s'être
déplacée et d'avoir accepté de répondre aux
questions des députés membres de la commission. A plusieurs
reprises, spécifiquement à l'occasion de l'étude des
crédits du ministère des Finances, les membres de l'Opposition,
jouant je pense bien le jeu parlementaire et c'est de bonne guerre
me demandaient d'avoir l'occasion d'interroger les dirigeants de
sociétés d'Etat ou de sociétés dont le
capital-actions est détenu par l'Etat. Nous avons eu l'occasion, par ce
projet de loi, d'entendre Sidbec.
J'espère qu'à l'automne nous pourrons, dans une
circonstance semblable, entendre les gens de la Caisse de dépôt,
ce qui permettra aux députés qui siègent à
l'Assemblée nationale ainsi qu'au public en général
d'être informés sur ce qui se passe dans ces société
d'Etat et de rétrécir le "gap" dont faisait état le
député de Beauce-Sud dans son discours de deuxième lecture
cet après-midi.
Alors, merci infiniment de votre participation.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais, à mon tour,
remercier les membres de Sidbec d'être venus à cette commission
parlementaire, quoique je doive dire aussi que c'est absolument normal que les
membres d'une société gouvernementale viennent rendre compte de
l'administration des biens publics aux députés de
l'Assemblée nationale.
Cependant, je voudrais aussi souligner aux membres du conseil
d'administration toute ma confiance. J'espère que la situation de cette
société qui, pour ma part, m'apparaît très
importante, être une société clef dans le déve-
loppement industriel du Québec, va s'améliorer
considérablement. Il faut dire aussi que comme le soulignait d'ailleurs
le président de Sidbec, que Sidbec est, par rapport à d'autres
compagnies sidérurgiques, à l'enfance, c'est son début. Et
tel que nous l'a expliqué, au cours de cette commission parlementaire,
le président, je pense que la période la plus difficile, la
période de création est passée. Je constate aussi, suivant
ses remarques, que la société semble avoir un équipement
technique très moderne, ce qui va lui permettre, dans les années
à venir, d'être beaucoup plus concurrentielle par rapport à
d'autres sociétés dont l'équipement est peut-être
moins moderne.
Alors, quant à moi je pense qu'il est possible d'avoir des
sociétés d'État qui soient rentables. Il est aussi normal
que les premières années de ces sociétés soient
difficiles, mais je pense qu'un Etat, s'il veut s'industrialiser, a besoin
d'avoir une force dans le secteur sidérurgique, étant
donné toutes les conséquences ou les implications
économiques que ça apporte par la suite.
Je dis aux membres de Sidbec: Bonne chance. Cependant, je souhaite une
chose, que quatre autres années ne se passent pas avant que nous
puissions vous revoir.
M. ROY: M. le Président...
M. GIGNAC: M. le Président, pour renchérir un peu, je veux
d'abord remercier les membres de la commission d'avoir eu la patience de nous
écouter. Je vais vous dire une chose que je n'ai peut-être pas
mentionnée; c'est en plus d'avoir l'équipe de collaborateurs que
vous avez vue ici, j'en ai d'autres. Je ne pouvais tout de même pas tous
les amener. Nous avons à Sidbec, je crois, une excellente équipe
maintenant, ce que je ne pouvais sûrement pas dire il y a cinq ans. Non
seulement nous avons une excellente équipe au premier niveau, mais nous
avons deux ou trois générations d'autres équipes que nous
sommes en train de former et qui, en temps et lieu, pourront prendre notre
place sans aucune difficulté. Je pense que c'est une des choses les plus
importantes qui puissent arriver dans notre société, Sidbec.
Alors, je remercie tous les gens ici de leur collaboration et de leur
compréhension. Nous sommes extrêmement sensibilisés du fait
que les fonds viennent du gouvernement, c'est-à-dire du public, du
peuple. Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Kennedy); MM. les membres de Sidbec, le
député de Beauce-Sud aussi aimerait vous adresser des
félicitations, je n'en ai aucun doute.
M. ROY: Oui, c'est vrai. Je vais vous dire non seulement en toute
honnêteté, mais en toute sincérité, que je veux vous
adresser des félicitations pour le progrès que vous avez...
M. GARNEAU: Le député de Beauce-Sud s'en vient
socialiste.
M. ROY: Un instant. M. le Président, est-ce que j'ai la parole ou
si je vais être obligé d'invoquer le règlement, pour
être désagréable...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Non, je n'ai pas le règlement.
M. ROY: ... alors que jusqu'ici nos travaux se sont
déroulés dans le calme, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Je n'ai pas mon règlement
là.
M. ROY: Non, franchement, je pense que l'équipe... D'ailleurs, je
l'ai bien dit dans mes propos en deuxième lecture, que ce n'était
pas à l'endroit des dirigeants de la société d'Etat. Il y
a des questions de principe, à un moment donné, qu'il nous faut
défendre. C'est notre rôle, nous sommes ici pour ça. Je
pense qu'il y a eu des progrès sensibles, des progrès
énormes d'accomplis depuis la dernière fois que nous nous sommes
rencontrés, je pense que c'est à la fin de 1970. Je vous avais
dit, à ce moment-là, que vous aviez un défi de taille, M.
Gignac, devant vous et vous m'aviez donné bon espoir et espérance
que le défi pourrait être relevé. Il y en a une partie qui
a été relevée jusqu'ici. Je vous souhaite, en tout cas, en
ce qui me concerne, et à tous les membres de votre équipe de
réussir à relever ce défi. Je vous souhaite surtout de me
prouver que tous ceux qui ont tenu ou qui auraient pu tenir des propos
pessimistes n'avaient et n'auront pas raison.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Alors, la commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 22 h 8)
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