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Commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu
Etude du rapport du Vérificateur
général
Séance du mercredi 31 juillet 1974
(Onze heures vingt et une minutes)
M. BRISSON (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission des finances, des comptes publics et du revenu se
réunit afin d'étudier le rapport du Vérificateur
général de la province. Les membres de la commission sont les
suivants: MM. Bacon (Trois-Rivières), Lessard (Saguenay), Pelletier
(Kamouraska), Déom (Laporte), Garneau (Jean-Talon), Harvey
(Jonquière), Lachance (Mille-Iles), Malépart (Sainte-Marie),
Marchand (Laurier), Mercier (Bellechasse), Morin (Sauvé), Parent (Hull),
Roy (Beauce-Sud). Est-ce qu'il y aurait lieu, M. le ministre et messieurs les
membres de la commission de nommer un rapporteur?
M. GARNEAU: Je suggérerais que le député de
Bellechasse soit nommé rapporteur?
M. MERCIER: Avec plaisir.
M. ROY: Le député de Bellechasse accepte? Est-ce qu'on
peut savoir si le député de Bellechasse accepte?
M. MERCIER: Avec grand plaisir, M. le député de
Beauce-Sud.
M. BACON: II a l'habitude de rapporter.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors à l'unanimité le
rapporteur de la commission sera le député de Bellechasse.
M. ROY: Je réserve mes réserves pour plus tard.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La parole est à l'honorable
ministre.
M. GARNEAU: M. le Président, je pense qu'il conviendrait que je
fasse quelques remarques de nature générale et peut-être
que je demande au Vérificateur, pour le bénéfice des
membres de la commission, de bien vouloir nous présenter ses
collaborateurs.
M. LAROSE (Gérard): J'avais l'intention de le faire tout à
l'heure, mais cela me fait extrêmement plaisir de vous présenter,
à ma droite, M. Robert Noël, Vérificateur
général adjoint, et mes principaux collaborateurs, M. Emile
Lavallée, M. Guy Chouinard, M. Roger Couture, M. Jacques Vien et M.
Marcel Moffet, tous directeurs de vérification.
Remarques générales
M. GARNEAU: M. le Président, c'est un peu un
événement que je qualifierais presque d'historique que nous
vivons parce que traditionnellement la commission des comptes publics ne s'est
réunie que lorsque des situations tout à fait
particulières étaient soulevées. Je crois que la
dernière fois que la commission s'est réunie remonte à
1966, si les renseignements que j'ai obtenus sont justes et en 1966, cela
remontait, je crois, à plusieurs années, une vingtaine
d'années antérieures à 1966.
C'est donc dire que c'est là un événement qui ne
s'est pas produit tellement souvent et qui, je l'espère, s'inscrira
maintenant dans la vie parlementaire annuelle. En ce sens que la nouvelle Loi
de l'administration financière j'y reviendrai tout à
l'heure avait modifié d'une façon substantielle les
rapports de force et les responsabilités de chaque groupe. En faisant du
Vérificateur général une section qui ne se rapporte plus
au ministre des Finances, mais à l'Assemblée nationale, en
faisant de la vérification générale un organisme de
contrôle, après paiement, un peu le même genre de
rôle que joue le vérificateur auprès d'une assemblée
d'actionnaires dans le cas d'une entreprise privée, il est normal
que le rapport du Vérificateur puisse être analysé
annuellement une fois soit après le dépôt des comptes
publics qui représentent les états financiers et les revenus et
dépenses détaillés de chaque ministère du
gouvernement.
C'est le deuxième rapport, en fait, du Vérificateur
général qui est préparé en vertu de la nouvelle Loi
de l'administration financière. Pour des raisons qui ne sont pas de mon
ressort, nous n'avons pas pu, l'an dernier, siéger pour prendre le
rapport en considération. Il faut aussi bien reconnaître
qu'à cause des changements qui sont intervenus en 1971,1a
première année financière qui couvrait la période
du 1er avril 1971 au 31 mars 1972, il s'agissait de la mise en place de ces
nouvelles structures et, pour des raisons d'implantation, il y a eu un retard
bien compréhensible au dépôt du rapport de telle sorte que
je l'avais indiqué à l'Assemblée nationale, je
crois, à des questions qui m'avaient été adressées
il était de mon intention de faire siéger cette
commission, d'accepter ou de suggérer au gouvernement que cette
commission siège. Malheureusement, on n'avait pas pu le faire et nous en
profiterons certainement, s'il y avait chevauchement, pour regarder certaines
des remarques qui ont pu être présentées dans le rapport
précédent. C'est certainement mon intention je l'avais dit
d'ailleurs, si ma mémoire est fidèle, lors de l'étude en
deuxième lecture du projet de loi 55, qui modifiait substantiellement la
Loi de l'administration financière que ce geste que nous posons
aujourd'hui puisse s'inscrire dans la vie normale du Parlement de
Québec.
M. le Président, j'ai lu avec beaucoup d'in-
térêt le rapport du Vérificateur
général et, même si certaines des opinions qui sont
émises peuvent soulever des discussions, non pas d'avocats, mais de
comptables, il n'en demeure pas moins que ce document constitue un
élément de première valeur qui contribuera à
améliorer l'administration des finances publiques
québécoises. Ce rapport met en cause un certain nombre de choses,
il force les gestionnaires à revoir certains procédés
administratifs et je n'hésite aucunement à dire que cela est bon
et sain pour l'administration publique.
En effet, cette dernière doit être constamment en
éveil et le Vérificateur général constitue un
élément, un des outils les plus aptes à maintenir cet
éveil, non seulement au sein du gouvernement, mais également chez
l'ensemble des gestionnaires. J'ajouterai que plusieurs des remarques du
Vérificateur général donneront à nos interventions,
aux interventions que nous avons faites dans le passé, à celles
du contrôleur des finances auprès des ministères, beaucoup
plus de poids et cela contribuera certainement à hâter certaines
modifications que nous souhaitions.
L'existence d'une vérification externe à l'administration
courante, même si elle peut faire mal à l'occasion, a
été voulue par le présent gouvernement. En 1970, nous
avons modifié en profondeur la Loi de l'administration financière
dans le cadre de la réforme administrative qui était
amorcée, réforme entreprise dans le but de donner à
l'administration publique un style de gestion financière plus conforme
au temps actuel, plus conforme aux pratiques modernes de gestion.
C'est pourquoi les rôles dévolus au Vérificateur
général et au contrôleur des finances ont été
grandement modifiés, de façon à favoriser davantage
l'autogestion des diverses unités qui composent le gouvernement.
Ainsi, nous avons voulu que les titulaires de ces deux fonctions n'aient
pas à rendre compte, dans leurs responsabilités statutaires, ni
au gestionnaire du ministère, ni au ministre des Finances. Les
responsabilités individuelles de l'ancien Auditeur de même que
celles du conseil et du contrôleur de la trésorerie d'alors ont
été réaménagées de façon à
assurer un déroulement harmonieux et plus conforme à une saine
politique budgétaire administrative et financière.
Cette nouvelle loi qui portait le no 55, vous vous en souviendrez, a eu
pour objet de faire du Conseil du trésor l'organisme central de
budgétisation et de contrôle budgétaire. Le Conseil du
trésor qui est un comité du conseil des ministres est donc
chargé, entre autres, d'analyser les implications financières des
plans et programmes des ministères et organismes du gouvernement, de
préparer les prévisions budgétaires et de contrôler
l'exécution des dépenses autorisées par la
Législature.
Cette approche mettait fin à la dualité d'autorité
qui existait sous l'ancien bureau du conseil du contrôleur de la
trésorerie, alors que les prévisions et le contrôle
budgétaire étaient effectués au ministère des
Finances sous l'autorité respective d'un sous-ministre adjoint et du
contrôleur de la trésorerie.
On se souviendra que le poste de contrôleur des finances a
été créé pour remplacer celui de contrôleur
de la trésorerie. Il avait alors pour fonction de tenir le registre des
engagements, d'approuver les dépenses à encourir qui
étaient inférieures à $25,000 et tenir la
comptabilité gouvernementale.
Donc d'une part, le contrôleur de la trésorerie d'alors
tenait les engagements de dépenses, comptabilisait les opérations
du gouvernement et, d'autre part, il avait l'autorité d'approuver le
bien-fondé des propositions de dépenses inférieures
à $25,000. Cette situation créait de la confusion auprès
des responsables de la gestion des ministères.
C'est pourquoi, en 1970, ces fonctions de contrôleur de la
Trésorerie ont été modifiées radicalement. Notre
nouveau contrôleur des finances est devenu le seul comptable du
gouvernement. Il fut chargé de certifier la disponibilité
budgétaire préalablement à tout engagement
budgétaire, de tenir les engagements financiers imputables sur les
crédits, de faire la vérification, avant paiement, afin de
s'assurer de la régularité et de la légalité des
dépenses avant d'en autoriser le paiement.
Donc, maintenant le bien-fondé de la défense est
uniquement du ressort des ministères et organismes gestionnaires du
Conseil du trésor et du conseil des ministres. Le contrôleur des
finances doit refuser toute demande de paiement non régulière et
non conforme aux lois et règlements. Son refus peut être
référé au Conseil du trésor qui peut maintenir la
décision du contrôleur des finances ou ordonner le paiement
à sa discrétion. Mais, dans ce dernier cas, le secrétaire
du conseil doit préparer un état du rapport du contrôleur
des finances, de la décision du conseil et de la dépense encourue
en conséquence et remettre le tout au ministre des Finances pour
présentation à l'Assemblée nationale.
Cest donc dire que le contrôleur des finances, dans ses
responsabilités statutaires, n'est pas assujetti à
l'autorité du ministre et, sous cet angle, il possède une
autonomie d'action qui le rend semblable, sous certains rapports, au
Vérificateur général dans ses responsabilités
statutaires.
Avant l'avènement de la loi sanctionnée en décembre
1970, l'Auditeur de la province comptabilisait les dépenses pour fins de
certification de la disponibilité budgétaire avant paiement,
faisait la vérification avant paiement, autorisait les
déboursés et de plus, en vertu de la Loi de la
vérification des comptes, il devait effectuer une vérification
après paiement. Il avait aussi la responsabilité de
préparer les comptes publics.
Une telle structure, une telle répartition des
fonctions était, du simple point de vue du contrôle
interne, fort discutable. A toutes fins pratiques, on demandait, pour une bonne
part, à l'Auditeur de la province de critiquer le travail qu'il avait
fait lui-même. C'est pourquoi l'Auditeur de la province, devenu
maintenant le Vérificateur général, a été
relevé de ses responsabilités en matière de
vérification avant paiement et d'autorisation de paiement,
responsabilités qui ont été transférées au
contrôleur des finances pour lui confier uniquement la
vérification finale des transactions financières et la
tâche d'en faire rapport non pas au gouvernement mais à
l'Assemblée nationale.
Cette loi de 1970 donne beaucoup de pouvoir au Vérificateur
général et le gouvernement était conscient qu'en modifiant
ainsi son rôle, il prenait certains risques. Comme je le disais devant
l'Assemblée nationale, en 1970 et vous me permettrez de rapporter
ces propos que je tenais "Un intérêt mesquin aurait
dicté au gouvernement de laisser subsister la situation actuelle. Le
gouvernement est vraiment convaincu de la nécessité d'avoir une
administration publique la plus efficace et la plus intègre possible et
est prêt à prendre tous les moyens nécessaires pour y
arriver, même si ces moyens peuvent parfois se révéler
douloureux".
Nous avons pris ce risque, et si j'avais à défendre le
même projet de loi devant l'Assemblée nationale, aujourd'hui, je
prendrais la même ligne d'action. Il ne faut cependant pas se leurrer. La
réforme administrative n'est jamais finie et on se rend compte, à
l'usage, que telle modification, pour avoir l'effet souhaité, doit
continuellement s'adapter aux événements divers à
l'évolution de la technique, la croissance du budget et aux
résultats des diverses recherches.
Très souvent, peu de temps après avoir implanté de
nouvelles structures, de nouvelles méthodes, édicté ou
modifié des lois ou règlements, il faut remettre le tout à
nouveau en question et réformer, repenser et remodifier selon un
processus continu qui ne doit pas s'arrêter au risque de se voir
reculer.
Ainsi, depuis 1970 ce n'est pas très loin nous
avons vécu avec la nouvelle Loi de l'administration financière et
la plupart des gestionnaires concernés par celle-ci peuvent maintenant
en mesurer la valeur et aussi certaines des faiblesses. C'est pourquoi
j'envisage d'y apporter certaines modifications qui porteront, entre autres,
sur plusieurs des points soulevés dans le rapport du Vérificateur
général et que, dans certains cas, nous avions déjà
constatées.
Il s'agit pour une bonne part de faiblesses à l'égard du
plan comptable qui a été modifié en 1971, La nouvelle Loi
de l'administration financière a plus d'affinité avec la base
caisse, alors que le plan comptable actuel est sur une base courue
mitigée. On comprendra facilement qu'il doit y avoir plus de concordance
entre l'un et l'autre. Par ailleurs, nous entendons distinguer très
nettement l'opération imputation de dépenses sur un crédit
budgétaire de l'opération paiement. J'escompte également
pouvoir y introduire diverses autres mesures telles que des mesures qui
faciliteront un meilleur temps d'arrêt des comptes en fin d'année,
ce qu'on appelle en termes techniques le "cut off" de fin d'année,
définir dans la loi certains termes qui ne l'étaient pas et
modifier la définition de certains autres, tels que deniers publics,
fonds consolidés, crédits, etc.
Troisièmement, permettre en vertu de la loi l'utilisation des
fonds confiés en fidéicommis aux fins des opérations
courantes du gouvernement, ce qui, semble-t-il, est une tradition qui s'est
toujours faite, mais sur lesquelles certaines ambiguïtés
législatives existent. Enfin, nous envisageons d'introduire dans la loi
des mesures qui permettront l'implantation éventuelle de caisses
à renouvellement automatique, mesures qui faciliteraient les
opérations à caractère commercial de certains services. Je
pense, entre autres, au service des achats, qui achète pour des fins
d'inventaire. Je pense aussi à certaines des opérations
commerciales du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, comme les opérations du mont Sainte-Anne, etc.
Il y a également la question des mandats spéciaux qui a
été soulevée dans les deux derniers rapports du
Vérificateur général, sur lesquels j'ai déjà
eu l'occasion de faire des commentaires à l'Assemblée nationale,
et pour lesquels je suis disposé à étudier les
recommandations qui nous sont faites à ce sujet. Je voudrais maintenant
dire quelques mots du plan comptable. Je crois qu'il est opportun d'expliquer
ici pourquoi et comment la modification au plan comptable a été
apportée, puisque, dans la première partie et la deuxième
partie de son rapport, le Vérificateur s'attarde sur certaines
recommandations et observations sur le plan comptable. Cette étude du
nouveau plan comptable a été amorcée lorsque nous avons
abordé la mécanisation des opérations budgétaires
et comptables, ce qui, dans le temps, était appelé le projet
MOBEC. Avant d'entreprendre cette mécanisation, la question s'est
posée à savoir si cette mécanisation devait se faire selon
le plan comptable qui prévalait ou selon un plan modifié. Bien
que la Société générale d'informatique, dont les
services professionnels avaient été retenus par le gouvernement
précédent, recommandait pour la réalisation du projet
MOBEC que l'on verse davantage vers l'application d'une comptabilité sur
une base courue mitigée. Une étude particulière a
été confiée à un expert comptable, soit M. Raymond
Charet-te, de la firme Courtois, Fredette, Charette et Cie, de Montréal.
Les recommandations de M. Charette ont été, à quelque
chose près, celles faites par la Société
générale d'informatique.
Finalement, ces recommandations ont fait l'objet d'analyses par un
comité formé de fonctionnaires du ministère des Finances,
du bureau de l'ancien Auditeur de la province et
du bureau du contrôleur de la trésorerie du temps. Ce
comité de travail a fait rapport au conseil qui a retenu des
propositions de modification sur trois plans principaux, soit,
premièrement, la comptabilisation des revenus et des dépenses
selon une méthode axée davantage sur la comptabilité
d'exercice que sur une méthode dite de caisse. Deuxièmement, la
présentation des états financiers sur la base dite de la dette
nette et, troisièmement, la présentation du résultat des
activités courantes du gouvernement au niveau des opérations
budgétaires.
A la suite des observations faites par le Vérificateur
général, nous envisageons faire préciser, par le Conseil
du trésor, certains points du plan comptable modifié en 1971 et
couvrir certains aspects qui n'ont pas été suffisamment couverts
ou pas couverts du tout.
Mais, même sans ces additions, le plan comptable publié aux
comptes publics du gouvernement du Québec au 31 mars 1973, était
de loin le plus élaboré de l'ensemble des dix provinces
canadiennes, dont six d'entre elles ne l'expliquent pas du tout dans leurs
comptes publics, alors que le texte pour l'ensemble des quatre autres provinces
ne dépasse guère quatre pages.
A ce stade de mon exposé, je crois non seulement
nécessaire, mais essentiel de faire état de différences
entre l'entreprise commerciale et les organismes à but non lucratif. A
mon sens, on ne peut pas traiter la comptabilité de l'une et de l'autre
selon les mêmes pratiques et les mêmes règles. Pour faire
cet énoncé, je m'appuie sur l'Institut des comptables
agréés du Canada qui, dans son manuel de règles et
procédures, fait état qu'à moins d'exceptions, les
recommandations comprises dans le manuel s'appliquent aux entreprises à
but lucratif seulement.
Deuxièmement, M. Skinner, un comptable agréé, dans
son étude sur les principes comptables, mentionne: "II est
évident qu'il est difficile de trouver un principe comptable convenant,
sans exception, aux entreprises à but lucratif comme aux entreprises
sans but lucratif." Il poursuivait en disant que "pour résoudre ce
problème, il est nécessaire de distinguer différents
ensembles de principes comptables et de trouver, pour chaque ensemble, des
règles qui permettront de fournir l'information désirée.
Il pourrait, par exemple, y avoir un ensemble de principes pour les entreprises
à but lucratif, un autre pour les hôpitaux, un autre pour les
établissements de bienfaisance, et ainsi de suite. Idéalement, on
devrait ajouter quelques mots à l'expression "principes comptables
généralement reconnus" afin d'identifier l'ensemble auquel on se
réfère." M. Skinner continuait en disant: "Ainsi, on aurait les
principes comptables généralement reconnus pour les
municipalités, pour les hôpitaux, pour les entreprises à
but lucratif, etc."
M. Skinner disait également: "Comme on a prêté
traditionnellement très peu d'attention aux problèmes comptables
des établissements financiers et des organismes sans but lucratif, nous
n'avons pas grand-chose à dire sur les principes comptables s'y
rapportant.
L'Auditeur général du Canada, M. Macdonell, comptable
agréé, lors du dernier congrès de l'Institut canadien des
comptables agréés tenu le mois dernier, ici même à
Québec, dans un discours qu'il a fait devant les congressistes, disait:
"Lorsque je suis arrivé à Ottawa, il y a de cela près d'un
an, pour occuper mon nouveau poste, je ne me considérais pas du tout,
pas plus qu'aujourd'hui, comme un expert en matière de principes et de
pratiques de comptabilité de l'Etat, mais ayant grandi, si je puis dire,
dans le milieu comptable des entreprises privées, je m'attendais
à trouver un ensemble de documents sur la comptabilité dans le
secteur public."
Et M. Macdonell de dire: "La surprise fut grande car, si j'illustrais ce
discours à l'aide de techniques visuelles, je vous montrerais
probablement à ce stade une diapositive représentant une immense
bibliothèque ou s'empileraient jusqu'au plafond des rayons
débordants de volumes et de manuels sur la comptabilité des
sociétés. La diapositive suivante représenterait une
petite table au centre d'une pièce bien dénudée; sur la
table, il y aurait deux livres; le premier, un ouvrage à couverture
verte, intitulé: "Audit Office Guide", publié en janvier 1958 par
un de mes distingués prédécesseurs, M. Watson Sellar. Le
second ouvrage serait un livre à couverture bleue et aurait pour titre:
"Guide de l'administration financière pour les ministères et les
organismes du gouvernement du Canada", publié par le Conseil du
trésor à la fin de l'année 1973."
M. Macdonell ajoutait également: "Par contre, dans le
numéro de novembre 1972 du Comptable agréé canadien, est
paru un article court mais très bien pensé dont le sujet
était: "Accounting for Non-Profit Organizations." Il vient exactement
corroborer cette argumentation, d'après cet article. Actuellement,
d'après lui, la profession comptable n'a publié dans le manuel de
l'Institut canadien des comptables agréés aucune recommandation
en matière de principes comptables ou de critères à suivre
dans la rédaction de rapports de vérification d'organismes
à but non lucratif. Ainsi lorsqu'un praticien est nommé
vérificateur d'un organisme à but non lucratif, il n'existe
aucune norme professionnelle qui puisse le guider dans l'adoption de meilleurs
critères de vérification ou de comptabilité.
"Peut-être également vous intéressera-t-il de savoir"
et c'est toujours M. Macdonell qui parle "que j'ai
récemment rencontré deux comptables agréés qui tous
deux ont consacré de nombreuses années à l'étude de
la comptabilité gouvernementale, étude renforcée par de
nombreuses années d'expérience pratique. L'un d'entre eux, Glenn
Ross, dirige depuis un an un groupe d'études composé de trois
personnes,
soit deux économistes chevronnés du gouvernement
fédéral et lui-même, dont l'objectif est de mettre au point
un ensemble de lignes directrices relatives aux principes comptables
applicables aux programmes et activités du gouvernement
fédéral. On considère cette tâche formidable comme
un travail de pionnier et M. Ross m'a assuré que, dans ce domaine, la
documentation professionnelle, tant canadienne qu'internationale, est
pratiquement inexistante." Voici ce que M. Macdonell, Vérificateur du
Canada, disait dans sa conférence concernant l'existence des principes
comptables qu'on pourrait retrouver dans des manuels d'enseignement ou des
manuels de référence.
Bien que ce soit là une situation qui m'étonne
singulièrement, compte tenu de l'importance économique des
organisations à but non lucratif en général et des
gouvernements en particulier, je dois dire que je n'en ai pas été
surpris outre mesure ayant eu à l'occasion la curiosité
très légitime pour un ministre des Finances de consulter les
états financiers de plusieurs des provinces et, à chaque fois, je
dois dire que les comparaisons ont toujours été extrêmement
difficiles à faire. Ceci m'amène donc à croire, je dirais
même à conclure, qu'en ce domaine un plan comptable ne peut
généralement, à toutes fins pratiques, qu'émettre
des opinions, je dirais même presque personnelles. Une telle carence de
la part des instituts de comptables professionnels, de comptables
agréés ou de l'intérêt que pourrait avoir
apporté à cette question le secteur universitaire, me surprend
grandement.
Ainsi, le contrôleur des finances me faisait observer qu'à
l'égard de certaines questions il avait même obtenu des opinions
de l'Institut des comptables agréés qui allaient à
l'encontre de certaines autres opinions qu'il avait pu recueillir ailleurs de
la part d'autres professionnels et ne savait pas exactement sur quel pied se
brancher, compte tenu du fait qu'il n'existait pas de document écrit
pouvant le guider.
M. le Président, une des remarques faites dans le rapport du
Vérificateur à laquelle je souscris à 100 p.c. est celle
qui concerne l'amélioration du contrôle interne des
ministères. Il s'agit là d'une responsabilité qui
n'incombe pas uniquement au contrôleur des finances ou au ministre des
Finances mais bien à l'administration de chacun des ministères.
D'ailleurs, plusieurs d'entre eux ont déjà commencé
à mettre sur pied des services de contrôle interne et d'autres
ministères sont en voie de se doter d'un même service
spécialisé. On peut être assuré que je ferai des
pressions additionnelles auprès de l'administration de chacun des
ministères du gouvernement pour qu'on mette sur pied des services
additionnels susceptibles de seconder le travail du contrôleur des
finances afin d'améliorer le plus possible l'efficacité de
l'administration financière du gouvernement.
M. le Président, je dois vous dire que, par contre, je trouve
assez sévères les observations du Vérificateur concernant
l'initiative prise par le contrôleur des finances d'émettre des
commentaires sur certaines questions sur lesquelles il ne partageait pas
l'opinion du Vérificateur général de même que les
précisions qu'il apporte sur certaines autres questions soulevées
dans le rapport du Vérificateur. Evidemment, il s'agissait là
d'une initiative nouvelle et je dois dire que je suis extrêmement ouvert
à la discussion sur ce sujet. Je suis prêt à discuter soit
au niveau de cette commission ou de groupes de travail de l'à-propos de
cette initiative, de voir comment elle pourrait être utilisée
à l'avenir et de quelle façon il serait plus utile qu'elle soit
utilisée, soit à l'occasion de cette commission où le
contrôleur pourrait être interrogé lui-même ou
à l'occasion de remarques soit au plan comptable ou de notes au bilan de
l'ensemble du Québec ou des ministères. Je dois dire que je suis
ouvert à la discussion pour essayer de trouver la meilleure formule qui
puisse permettre au contrôleur des finances, qui a une très
grande responsabilité statutaire et aussi en tant que responsable de la
préparation des comptes publics pour le gouvernement, d'avoir une
façon de procéder. Je dois dire que, lorsque le contrôleur
a pris cette initiative, il m'en avait parlé précédemment
et je lui avais dit qu'évidemment il s'agissait d'un document portant sa
signature et que ce que je ne voulais pas surtout, c'était de
déclencher des polémiques entre groupes de fonctionnaires.
J'avais acquiescé à cette initiative, m'appuyant sur certains
faits qu'on avait portés à ma connaissance, entre autres le fait
que cette procédure est un usage en France où la Cour des
comptes, qui joue un peu le rôle du Vérificateur
général, fait rapport au président de la république
de sa vérification et, dans ce même rapport, la Cour des comptes
publie les réponses des administrations aux observations que ladite Cour
des comptes a faites à l'égard de ces diverses administrations.
Ainsi chacun se fait entendre et un jugement peut être porté par
le lecteur en ayant en main une explication qui est voulue comme étant
la plus complète possible. Par contre, également l'Institut des
comptables agréés abonde dans ce sens et dans une étude
sur le statut du Vérificateur général du Canada,
étude publiée en mars 1974, article 28 de la page 6 de cette
étude sous le titre général "Extension of reporting
function", on peut lire: "Where the Auditor General and Treasury Board are in
dispute over a matter, the Auditor General should allow for a fair overview of
both positions in his report."
Finalement, pour cette approche à laquelle j'avais
acquiescé, je m'étais également
référé à un commentaire d'un des journalistes
chevronnés de la tribune de la presse il s'agit de M. Normand
Girard qui écrivait dans le Journal de Québec, en
décembre 1973: "N'y aurait-il pas lieu pour le ministère des
Finances, d'inclure aux prochains comptes publics une analyse des remarques du
Vérificateur? On pourrait avoir ainsi la version de tous les
intéressés, les
deux côtés de la médaille, comme on dit". En fait,
cette attitude qui a été prise certainement de bonne foi, ou en
ce qui me concerne, l'acquiescement a certainement été
donné de bonne foi et, je ne doute pas, fait également de bonne
foi de la part du contrôleur des finances, mérite certainement
d'être discutée, du moins, c'est là le point de vue du
Vérificateur. Sans doute qu'au cours des séances, parce que nous
en aurons certainement beaucoup plus qu'une, nous pourrons reprendre ces choses
et voir de quelle façon il y aurait possibilité, s'il y a lieu,
et si on maintient qu'il y a lieu de le faire, dans l'avenir, ça
pourrait se faire afin de servir de la façon la plus claire possible,
les meilleurs intérêts de l'administration publique et transmettre
au public la meilleure information possible.
M. le Président, il s'agit là des remarques
générales que je voulais faire à l'ouverture de cette
première séance. Je voudrais terminer en suggérant
peut-être, comme organisation du travail si nous voulons procéder
dans l'ordre, qu'une fois les remarques faites, si tel est le désir des
membres des partis de l'Opposition, le Vérificateur
général voudra en faire également, et que notre groupe de
travail suive la table des matières du rapport du Vérificateur.
Ce serait une façon logique de procéder. Il y a d'abord les
principes comptables sur lesquels il y a un certain nombre de commentaires,
ensuite, la vérification de la situation financière et le
résultat des opérations; par la suite, il y a chacun des
ministères qui y est traité, ce qui permettrait surtout, lorsque
nous allons passer ministère par ministère, en le connaissant
d'avance, de pouvoir faire venir, si le besoin se fait sentir, soit le ministre
responsable de ce ministère ou des hauts fonctionnaires si la commission
désire poser des questions à ces personnes.
Il y a aussi le fait, cela a été porté à mon
attention. Il s'agit d'un rapport d'à peu près 325 pages et un
certain nombre de questions pourrait nécessiter des recherches
techniques, afin de pouvoir y apporter des réponses complètes.
Puisque c'est l'objectif de cette commission d'avoir les réponses les
plus détaillées, les plus complètes possible, dans la
mesure du possible, si certaines des questions prévues par les membres
de la commission, selon eux, nécessitaient des recherches ou
étaient susceptibles de nécessiter des recherches, je me demande
s'il n'y aurait pas possibilité, par le secrétariat des
commissions, étant donné que nous aurons certainement d'ici
quelques jours l'ajournement de nos travaux parlementaires... j'ai l'intention
de suggérer au leader du gouvernement de reconvoquer cette commission
entre les sessions, disons, laisser libre la période du mois
d'août, parce que plusieurs des parlementaires voudront prendre quelques
jours de vacances et j'imagine également au niveau des fonctionnaires.
Comme cette commission était en suspens, plusieurs ont remis leurs
projets de vacances parce que nous ne savions pas à quel moment il
serait possible, à cause des travaux de la Chambre, de la
réunir.
S'il y avait possibilité que ces questions puissent à leur
face même, nécessiter des recherches, par le secrétariat
des commissions, les transmettre au Vérificateur général
et à ses officiers pour qu'ils puissent amasser la documentation...
Hier j'ai eu l'occasion de discuter avec lui sur l'organisation de cette
commission pour voir si l'agenda qu'il pourrait également
suggérer... C'est un peu à sa suggestion que nous suivons la
table des matières. Il m'a indiqué qu'il apprécierait
beaucoup si certaines des questions, qui nécessitent des recherches, lui
étaient transmises par écrit à l'avance. Il m'indiquait
que la documentation écrite sur l'ensemble de son rapport
représente plusieurs pieds carrés ou plusieurs pieds cubes de
documents et qu'évidemment il ne peut pas avoir avec lui, à sa
portée, tous ces documents et que, si les questions lui étaient
transmises par écrit ou qu'il en avait avis d'une façon
quelconque, il pourrait répondre avec plus de précision à
certaines des questions, surtout des questions techniques concernant des sujets
bien particuliers au niveau des ministères.
Evidemment, dans les questions de principe, je crois bien qu'il peut
répondre à brûle-pourpoint, mais dans les questions
techniques, il apprécierait avoir cette collaboration de la part des
membres de la commission. Personnellement, je serais certainement prêt
à collaborer, dans la mesure du possible, pour faciliter sa tâche
de ce côté. C'est tout, M. le Président, pour mes remarques
d'ouverture.
LE PRESIDENT (M. Brisson) : Le député de Sauvé,
M. MORIN: M. le Président, je vous remercie. L'Opposition est
partagée entre des sentiments divers. Elle ne sait trop s'il lui faut se
réjouir que l'occasion lui soit enfin donnée de vous entendre, M.
le Vérificateur général, après que vous avez
déjà déposé trois rapports et au moment où
vous vous apprêtez, sans doute, à en déposer un
quatrième, à l'automne qui vient, ou s'il ne faut pas
plutôt déplorer qu'il ait fallu attendre si longtemps et qu'il ait
fallu tant insister pour obtenir cette convocation qui survient au dernier jour
de la session.
Le principe qui sous-tend les fonctions que vous exercez avec vos
collègues, M. le Vérificateur, est excellent. Il est même
essentiel au fonctionnement d'une démocratie parlementaire du type de
celle que nous connaissons ici au Québec. Il est nécessaire, en
effet, que l'Assemblée puisse s'enquérir de la tenue des comptes,
vérifier s'ils ont été tenus d'une façon exacte,
fidèle et si les sommes ont été dépensées
pour les fins auxquelles l'Assemblée les destinait.
En second lieu, il convient que toute irrégu-
larité soit signalée aux membres de l'Assemblée et
ce, autant que possible, avant l'étude des crédits de
l'année suivante. L'une de nos déceptions jusqu'ici a
été de constater que les rapports ont été
déposés presque toujours après le moment où ils
pouvaient vraiment nous être utiles. Je ne dis pas qu'ils ont
été inutiles, bien sûr, mais il est arrivé à
maintes reprises de fait c'est arrivé chaque fois que les
rapports nous sont parvenus après le début de l'étude des
crédits de l'année suivante, ou encore au moment où les
crédits étaient déjà adoptés.
Je voudrais vous dire, M. le Vérificateur, que c'est
sûrement un outil essentiel et utile que vous nous remettez chaque
année, mais il est d'autant plus utile que vous nous le remettiez
à temps pour que nous puissions faire allusion aux lacunes que vous
décelez dans chacun des ministères, lorsque nous faisons
l'étude des crédits de l'année suivante. Vous conviendrez
avec moi que, lorsque le rapport arrive quelques semaines ou quelques mois
après, on tend à s'en désintéresser et votre
travail ne reçoit plus l'attention qu'il mérite.
Je voudrais vous dire aussi que le laconisme de certains passages de
votre rapport nous laisse songeurs, nous laisse souvent sur notre faim.
Plusieurs de vos recommandations qui, de toute évidence, sont bien
fondées, ne nous paraissent pas suffisamment motivées. Vous ne
nous dites pas toujours pourquoi vous en arrivez à telle ou telle
recommandation. Vous ne l'avez certainement pas faite sans vous informer au
préalable de ce qui se passait, par exemple, dans chaque
ministère. Ce n'est pas à la légère que vous faites
ces recommandations, mais, pour que nous puissions vraiment les comprendre, il
faudrait que les motifs soient plus explicités. Ou alors, il y a une
autre solution qui n'a pas prévalu jusqu'ici, qui consiste à
convoquer dans les semaines, voire dans les jours qui suivent, le
dépôt de votre rapport, la commission des finances, des comptes
publics et du revenu pour que nous puissions vous interroger à fond sur
chacune de vos recommandations, sur chacune de vos constatations. Ou bien le
rapport est plus étoffé, ou bien cette commission doit
automatiquement avoir tout le loisir de s'entretenir avec vous et vos
adjoints.
Le ministre a semblé indiquer que c'était l'intention du
gouvernement de vous convoquer chaque année devant nous. Nous pensons,
nous, de l'Opposition, que le principe devrait être acquis dès ces
premières rencontres, selon lequel, chaque année,
automatiquement, à l'intérieur d'un certain délai suivant
le dépôt de votre rapport, lequel, tenons-le pour acquis, serait
déposé lui aussi à l'intérieur des délais
fixés par la loi, de sorte que cette commission puisse s'entretenir avec
vous du contenu du rapport et ce, avant l'étude des crédits.
Autrement, je dois vous le dire, votre travail n'est certes pas inutile, mais
il voit son utilité coupée de moitié, si ce n'est
davantage.
M. le Président, nous entendons étudier ces rapports de
façon détaillée, de façon approfon- die, et cela
exigera sûrement plusieurs séances au cours desquelles nous
devrons nous faire expliquer des méthodes qui sont techniques et
complexes. Il faudra parfois de la patience de la part du Vérificateur
général pour que nous comprenions parfaitement la portée
de ce qu'il nous dit dans ses rapports. Aussi l'Opposition est-elle d'accord
pour procéder de façon méthodique, comme le ministre
lui-même l'a suggéré il y a un instant. Nous pensons qu'il
faut procéder avec ordre afin d'éviter la confusion qui pourrait
naître d'un chassé-croisé à travers les cinq ou six
parties de votre rapport. Aussi, nous serions tout à fait
disposés à commencer effectivement par vos remarques
générales, vos observations sur le personnel, pour passer ensuite
à l'étude systématique de chacun des 24 ministères,
pour passer ensuite aux entreprises du Québec qui, vous le savez, sont
au nombre de 26.
Il y a donc énormément de pain sur la planche. Vous
constituez en quelque sorte un résumé de l'administration des
dépenses. Vous chevauchez tous les ministères, vous êtes
une sorte de microcosme gouvernemental sous ce rapport. Les détails que
nous demandons à chacun des ministères, au cours de
l'étude des crédits, font parfois l'objet d'un examen très
méticuleux. Nous entendons faire preuve du même
intérêt à l'endroit de votre rapport. Je ne sais si nous
aurons l'occasion, si nous aurons le temps d'en finir au cours des jours qui
viennent. J'en serais pour ma part étonné, étant
donné que nous n'avons pas qu'un rapport devant nous, nous en avons
trois. Souvent, le dernier rapport ne reprend pas toutes les recommandations
contenues dans le précédent, mais se contente de s'y
référer en bloc. Il faut donc que nous parcourions
systématiquement, non pas un rapport, mais à tout le moins, deux
si ce n'est trois.
Il faudra y mettre le temps. Je ne sais combien de temps le gouvernement
est disposé à siéger avant l'ajournement
d'été. Pour notre part, nous sommes prêts certainement
à siéger le temps qu'il faudra, mais j'ai l'impression que, de
toute façon, il faudra reprendre ces entretiens à la
rentrée parlementaire d'automne ou dans les mois qui vont
précéder, peut-être en septembre ou dans le courant du mois
d'octobre. Je pense que nous ne pourrons pas passer en quelques jours à
travers toute la masse de renseignements que nous voulons obtenir. Il y a
sûrement du travail pour deux ou trois semaines.
Je me permets de le mentionner au tout début de nos travaux. Si
nous voulons vraiment faire un travail complet, il faut d'ores et
déjà songer à reprendre nos séances à
l'automne. Il ne faudrait pas que ce délai, qui permettra au
Vérificateur général et à ses fonctionnaires, de
même qu'aux députés d'aller prendre un repos bien
mérité, soit un prétexte pour ajourner de nouveau la
comparution du Vérificateur à la semaine des trois jeudis de
l'année prochaine.
Encore une fois, nous sommes très heureux
de cet événement que le ministre n'avait pas tort de
qualifier d'historique. Nous en sommes d'autant plus heureux que j'ai lieu de
croire que l'insistance de l'Opposition, M. le Vérificateur
général, n'est pas étrangère au fait que vous soyez
devant nous, aujourd'hui. Merci, M. le Président.
M. GARNEAU: Chacun se console avec ce qu'il peut.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, il est évident que, quant
à nous, nous avons souhaité depuis fort longtemps, que
siège la commission parlementaire des comptes publics et que
comparaisse, devant cette commission, le Vérificateur
général. Il suffit de se rappeler les motions que nous avons
faites à ce sujet en 1970, motions que nous avons
répétées en 1971, répétées à
nouveau en 1972, réinscrites et discutées en 1973, et encore
inscrites au feuilleton en 1974. Quand j'écoutais le ministre tout
à l'heure nous parler d'une réunion historique, je me disais
qu'il a fallu passablement de temps au gouvernement avant de comprendre qu'il
était important que la commission des comptes publics siège.
M. le Président, on sait que la nomination et l'engagement du
Vérificateur général du Québec relève de
l'Assemblée nationale. Donc, il est important qu'on permette nous
avons eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises aux
élus, aux députés, aux membres de l'Assemblée
nationale, de pouvoir interroger le Vérificateur général.
Pour ma part, je ne me réjouirai pas aujourd'hui, je vais plutôt
attendre, je suis un peu sceptique, et, à bon droit. Je
préfère attendre avant de me réjouir, de voir de quelle
façon nos travaux pourront se dérouler et de voir de quelle
façon le gouvernement entend les conduire, et surtout, vers quelle date
le gouvernement pense pouvoir convoquer à nouveau la commission
parlementaire des comptes publics, de façon à interroger le
Vérificateur général, sans que nous soyons obligés
de présenter d'autres motions ou d'autres questions devant
l'Assemblée nationale du Québec.
M. le Président, je ne voudrais pas, en ce qui me concerne, que
la réunion d'aujourd'hui ou les quelques réunions qui auront lieu
soient des réunions de routine. J'aimerais bien qu'il soit établi
clairement que, dorénavant, au Québec, on ait compris qu'il est
de la plus haute importance et qu'il est dans l'intérêt public que
la commission parlementaire des comptes publics siège à
l'année longue, de façon à pouvoir prendre le temps
d'examiner, avec toute l'attention que cela mérite, les recommandations,
d'abord, du Vérificateur général, et nous savons qu'il y
en a plusieurs dans les trois volumes qui nous ont été remis. Il
est important également que nous puissions exiger le dépôt
de documents lorsque l'intérêt public l'exige ou encore lorsque
nous avons besoin d'un renseignement additionnel. Il est important
également que nous puissions assigner des témoins. Lorsque je
parle de témoins, ce sont non seulement des ministres ou des hauts
fonctionnaires, mais tout autre témoin que la commission pourrait juger
utile de faire comparaître devant elle. Je pense que c'est
extrêmement important, parce que le gouvernement est le mandataire de la
population pour administrer la grosse entreprise qu'est le gouvernement
lui-même, et administrer les 26 autres entreprises paragouvernementales.
Il est important que nous puissions scruter, dans la mesure du possible, en
toute logique, l'administration de ces entreprises, de façon à
pouvoir nous rendre compte, de quelle façon le gouvernement gère
les biens publics et de quelle façon sont administrés les
sociétés paragouvernementales.
Jusqu'à ce jour, M. le Président, le seul
"privilège" je dis privilège entre guillemets que
nous ayons eu, parce que c'est extrêmement limité, ce fut la
Commission des engagements financiers. Mais elle n'a aucun caractère
légal, puisque cette commission parlementaire n'a jamais voulu, sauf
à deux exceptions, suite à l'adoption du nouveau règlement
de l'Assemblée nationale, faire en sorte que nos
délibérations soient inscrites au journal des Débats, de
façon que les réponses que nous obtenions à ce moment
constituent des documents de référence pouvant nous guider lors
de l'étude des crédits des ministères ou encore lorsque
des lois sont présentées devant l'Assemblée nationale et
comportent certaines modifications dans les sociétés
paragouvernementales, dans les sociétés gouvernementales ou dans
l'administration des ministères eux-mêmes.
On sait aussi, M. le Président, que le livre des comptes publics
ne peut pas inclure tous les comptes, toutes les dépenses du
gouvernement. A ce moment, il faudrait, je pense bien, une série de
volumes, chaque année, qui serait assez considérable et on sait
que c'est à peu près physiquement impossible de l'exiger. Mais
une chose assez curieuse à constater, c'est que nous avons des
augmentations budgétaires de l'ordre de $400 millions à $600
millions annuellement et que le document que constitue le livre des comptes
publics est un document qui diminue en volume chaque année, alors qu'au
contraire les dépenses et l'administration gouvernementale augmentent.
C'est un autre facteur, je pense bien, qui mérite une attention
particulière et qui nous indique qu'il est de la plus haute importance
que la commission des comptes publics siège
régulièrement.
En ce qui nous concerne, M. le Président, suite à l'ordre
des travaux que le ministre des Finances nous a suggéré ce matin,
je pense qu'il est tout à fait normal et en ce qui nous concerne,
cela nous convient qu'il y ait d'abord des discussions ou des questions
qui peuvent être posées lorsque cela regarde, par exemple, toutes
les considérations générales que
nous pouvons trouver dans la première partie du document du
Vérificateur général. Par la suite, avant de passer
à l'étude des budgets et l'étude de l'administration
ministère par ministère, nous pourrions examiner le bilan et tous
les éléments de l'actif dans le bilan de la province, ainsi que
tous les éléments du passif, pour pouvoir poser toutes les
questions que nous jugerons utile de déposer à ce sujet,
également étudier et questionner le Vérificateur
général en ce qui concerne le service de la dette publique et
l'état de la dette publique.
M. le Président, il y aurait lieu d'inclure, en quatrième
lieu, les sociétés paragouvernemen-tales. M. le Président,
j'aimerais bien connaître les intentions du ministre des Finances
immédiatement avant d'aller plus loin. Est-ce que le ministre des
Finances accepte, au nom du gouvernement, que la commission parlementaire des
comptes publics puisse assigner des témoins autres que les ministres et
les hauts fonctionnaires des ministères? C'est ma première
question, M. le Président.
Deuxièmement, est-ce que le ministre des Finances peut nous
donner des garanties ce matin que la commission parlementaire des comptes
publics pourra siéger à nouveau tant et aussi longtemps qu'elle
le jugera utile, même si elle doit tenir 12, 15, 18, voire même 25
réunions? Etant donné que c'est la première fois que cette
commission siège depuis 1970... Je sais qu'elle a déjà
siégé vers les années 1963 et 1964, c'est de
mémoire que je le cite, et même jusqu'en 1966; cela fait quand
même huit ans qu'elle n'a pas siégé. Je ne voudrais pas, en
ce qui nous concerne, que nous soyons limités exclusivement au rapport
du Vérificateur général pour l'année
financière qui s'est terminée le 31 mars 1973. J'aimerais
également qu'on puisse discuter aussi des rapports des années
précédentes et, lorsqu'il y a lieu, faire un parallèle
entre les recommandations qui ont été faites lors du premier
rapport que le Vérificateur général nous a soumis par voie
de comparaison avec le deuxième rapport et par voie de comparaison
également avec le troisième rapport pour voir quelles sont les
dispositions que le gouvernement a prises et voir les changements que le
gouvernement a apportés en ce qui a trait à l'administration
publique, que nous puissions voir si on tient compte, au gouvernement, des
recommandations du Vérificateur général.
A un certain moment, nous avons vu que certaines personnes, certaines
autorités responsables d'un certain secteur ont contesté ou
auraient contesté quelques recommandations du Vérificateur
général. M. le Président, je pense que, pour la bonne
gouverne des membres de la commission, on devrait permettre également
à ces gens de venir s'exprimer devant la commission parlementaire, de
façon que nous puissions connaître leurs points de vue, examiner
tout cela avec l'attention que cela mérite, compte tenu de l'importance
que cela peut prendre considérant les années à venir.
M. le Président, si c'est une journée historique il
semble qu'on ait parlé de journée historique; d'autres ont
parlé d'une semaine historique je pense bien que la semaine du 31
juillet 1974 va passer à l'histoire du Québec parce que nous
avons passablement de précédents qui se sont produits au cours de
cette semaine et il pourra peut-être s'en produire d'autres d'ici la fin
de semaine. Mais j'aimerais, M. le Président, que cet
événement que le ministre a considéré comme
historique, moi je dis tout simplement que c'est un événement qui
arrive en retard, mais qui arrive à point quand même. Il arrive
très en retard et c'est pour cela que j'hésite, en ce qui me
concerne, à le qualifier d'historique. C'est un événement
qui arrive très en retard. M. le Président, j'aimerais qu'on
puisse être assuré qu'on donne une permanence à la
commission parlementaire des comptes publics.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Gérard Larose, est-ce que vous avez
des commentaires à faire ou des remarques?
M. LAROSE: M. le Président, messieurs. Les trois orateurs qui
m'ont précédé ont parlé d'un
événement historique qui se produit aujourd'hui. On voudra bien
comprendre, depuis le début d'abord, que, si c'est un
événement historique, pour nous, du bureau du Vérificateur
général, c'est aussi notre première expérience
devant une commission parlementaire et, par conséquent, on arrive tout
frais et sans connaissance précise du fonctionnement d'une telle
commission.
Par exemple, nous voulons être à l'entière
disposition de la commission des finances, des comptes publics et du revenu
pour répondre à toutes les questions qui pourraient nous
être posées en relation avec les rapports que nous avons produits
à la suite de la vérification des états financiers et des
opérations financières du gouvernement de la province.
M. le ministre Garneau a mentionné tout à l'heure que
certains points de la Loi de l'administration financière seraient
modifiés dans un avenir, j'imagine, assez rapproché, et qu'elle
couvrira plusieurs des suggestions que nous avons faites dans nos rapports
antérieurs.
De la même façon, il a mentionné également
qu'une décision du Conseil du trésor viendra préciser le
plan comptable. Sur la question des principes comptables il a voulu souligner
qu'il n'existait pas beaucoup de principes comptables au niveau gouvernemental
qui puissent guider les vérificateurs au niveau des organismes
gouvernementaux. Pour notre part, nous avons déjà constaté
cette faiblesse. Je pense que tant, à la fois, du côté
professionnel, que du côté de l'ordre des comptables
agréés, on s'est surtout attardé dans le passé
à s'occuper des questions de l'entreprise privée en
général et qu'une entreprise gouvernementale n'a pas
attiré, de la part des corporations professionnelles comptables, toute
l'attention qu'elle aurait dû retenir.
II reste quand même qu'à ce point de vue c'est une des
raisons pour laquelle nous avons, soit dans notre rapport, soit à
l'occasion de rencontres avec le contrôleur des finances ou ses
représentants, insisté tellement pour que le plan comptable plus
détaillé du gouvernement paraisse aux comptes publics de telle
façon que soient précisées les principes ou règles
particulières que le gouvernement suit dans l'établissement de
ses propres états financiers. Nous considérons qu'en l'absence de
principes généraux de comptabilité applicables à
l'ensemble du gouvernement, il est nécessaire qu'un plan comptable
vienne suppléer à cette déficience pour être plus
précis et pour que la présentation des états financiers et
des résultats financiers soit plus exacte, ou soit plus
compréhensible pour le lecteur. Nous sommes heureux au tout début
de constater que notre recommandation concernant le contrôle interne aura
des suites de façon intense puisque des gestes sont déjà
posés dans certains ministères et sont posés ailleurs.
Enfin, au sujet des commentaires qui ont pu être faits par le
contrôleur des finances au sujet de notre rapport, nous avons
souligné, dans notre dernier rapport, le fait que nous n'avons d'aucune
façon objection à ce que nos opinions soient contestées.
Nous avons mis en cause, cependant, le moyen et la forme dans lesquels cela
avait été fait. En ce qui concerne la recommandation de
l'Institut des comptables agréés du Canada, sa recommandation est
à cette fin non pas que les recommandations du Vérificateur
soient discutées dans un document séparé, mais que le
rapport du Vérificateur lui-même donne une place appropriée
aux différentes opinions ou à l'opinion, en ce qui concerne
Ottawa, du Conseil du trésor, puisque ce rapport était
destiné à un comité qui étudie le problème
à Ottawa, alors que le Vérificateur lui-même donne, dans
son rapport, une place à l'opinion du Conseil du trésor en plus
de sa propre opinion. C'était le sens, je pense, de la recommandation
que l'institut a faite.
Quant à nous, nous n'aurions certainement pas objection, à
prime abord, à donner aussi dans notre rapport toute la latitude
possible, toute l'explication possible des deux facettes d'un problème.
Nous n'aurions certainement pas d'objection à les exprimer dans notre
propre rapport. En plus, nous n'avons certainement pas d'objection à ce
qu'on trouve d'autres mécanismes et à participer à
l'étude d'autres mécanismes pour faciliter l'étude des
commentaires que nous pouvons faire.
M. Morin nous a souligné un retard dans la production des
rapports jusqu'à maintenant, je crois que c'est un fait. Je parle
surtout des rapports relatifs à 1972 et 1973, puisque celui de 1971
concerne des opérations qui ont été faites selon
l'ancienne loi. Toute la Loi de l'administration financière ayant
été modifiée en date du 1er avril 1971, par
conséquent, toute la vérification des opérations
financières, pour l'année qui se terminait le 31 mars 1971, a
été faite en vertu de l'ancienne loi de la vérification et
non pas en vertu de la nouvelle. C'est pourquoi je m'attarde principalement
à parler des rapports pour les années terminées le 31 mars
1972 et le 31 mars 1973. Ces deux rapports ont certainement été
produits avec beaucoup de retard. Nous voulons bien admettre des
responsabilités là-dessus et assumer ces responsabilités
en ce qui concerne cette production tardive. Elle peut s'expliquer par des
difficultés de mettre en place toute la nouvelle approche qu'il fallait
avoir pour la vérification et l'organisation interne du bureau à
mettre en marche et, ensuite, par la nécessité de constituer des
dossiers complètement nouveaux dans quelque vingt ministères et
quelque vingt organismes et ça n'est pas facile. Cela a
été plus long que nous l'aurions voulu nous-mêmes.
Cependant, ce que nous pouvons vous dire, c'est que le rapport de 1972 a
été déposé vers la fin d'août, celui de 1973
a été déposé au début du mois de juin, vers
le 2 juin ou le 3 juin, si ma mémoire est bonne. Nos projets actuels
veulent que celui de l'année terminée le 31 mars 1974 soit
disponible dès la rentrée de la Chambre, après le retour
des vacances des Fêtes, ce qui se situe ordinairement vers le milieu de
février ou ça dépend de l'ouverture de la session, en tout
cas, à la date d'ouverture.
M. MORIN: Ce serait parfait.
M. LAROSE: C'est l'objectif que nous nous traçons pour le rapport
de l'année 1974 et nous croyons être en mesure de l'atteindre.
Quant au deuxième point soulevé qui concerne le laconisme de nos
rapports, évidemment, nous avons déjà un document de 325
pages qui couvre des actifs et des dépenses de plusieurs milliards de
dollars. Il nous paraît que si, à chaque point, il faut expliciter
très fortement tout ce que l'on peut avoir à dire, notre document
pourrait devenir beaucoup plus considérable et pourrait aussi être
plus long à rédiger. De toute façon, nous prenons bonne
note des remarques qui ont été faites à ce sujet et nous
essaierons de satisfaire tous les membres de la commission sur ce point en
particulier.
Si je peux ajouter quelques mots, ce serait peut-être concernant
le fonctionnement de la commission. Je suis particulièrement heureux de
constater que les membres de la commission désirent tous un
fonctionnement très efficace de la commission. A cet effet, comme j'ai
déjà eu l'occasion de le mentionner au ministre des Finances
il y a fait allusion tout à l'heure nous aimerions
être informés à l'avance des sujets sur lesquels les
membres de la commission voudraient nous questionner. Cette demande aurait deux
fins, soit nous permettre de nous préparer, à cause de la masse
de documents qui appuient un dossier et aussi pour hâter les travaux de
la commission. Je pense que les travaux de la commission iraient plus vite
si,
pour chaque séance, nous étions informés, une
quinzaine de jours à l'avance, des sujets qui seraient à
discuter. Peut-être que quinze jours est un idéal, mais au moins
une semaine ou quelques jours à l'avance, si nous étions au
courant des sujets que les membres de la commission voudraient toucher,
à ce moment-là, nous serions mieux préparés et je
pense que les travaux de la commission marcheraient mieux.
Deuxièmement, nous suggérerions aussi que, pour être
inscrit à l'ordre du jour, il serait nécessaire qu'un sujet ait
été soulevé dans le rapport du Vérificateur. Il
nous semble que l'objet des séances de la commission, c'est
l'étude du rapport de la commission, par conséquent, comme la loi
nous demande de faire rapport sur les sujets que nous jugeons opportuns de
mentionner dans notre rapport, je pense qu'on devrait se limiter autant que
possible à ces sujets dont un grand nombre est déjà
là.
En conclusion, je dirais peut-être ceci. Nous avons toujours
préparé des rapports jusqu'à maintenant et nous avons
l'intention de continuer dans un esprit constructif, et en vue de
l'amélioration de la gestion des affaires du gouvernement. Quant
à nous, cela a toujours été le point que nous avons
visé. Nous sommes certains aussi, d'après les commentaires que
nous avons obtenus, qu'on peut espérer que les travaux de la commission
se dérouleront dans le même esprit et que nos constatations et
recommandations feront l'objet d'une étude sérieuse. Je vous
remercie, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable ministre des Finances.
M. GARNEAU: Le chef de l'Opposition et le député de
Beauce-Sud ont référé, je pense, aux séances
à tenir. En fait, je voudrais qu'il soit bien compris que les
séances de la commission des finances, des comptes publics et du revenu,
pour prendre en considération le rapport du Vérificateur, si
elles ont été convoquées par le gouvernement, de leur
nature même, durant ces séances du moins c'est
l'information que j'ai pu recueillir de l'expérience accumulée
dans une autre juridiction c'est souvent l'Opposition qui questionne
davantage que les gens du gouvernement, étant donné les
circonstances.
Le gouvernement, dans la plupart des remarques, pourrait se questionner
lui-même. Je veux que ce soit bien compris que, si cela prend 50
réunions, on en aura 50. Si cela en prend deux, cela en prendra deux et
si cela en prend 20, cela en prendra 20. Je veux aussi qu'il soit bien compris
que l'administration des finances publiques a une dimension à ce point
importante, qu'autant le gouvernement que les députés ont
intérêt à connaftre le point de vue d'experts-comptables
qui sont à l'extérieur de l'administration quotidienne et qui
peuvent porter un jugement plus dégagé sur l'ensemble de
l'administration.
Quant à moi et je sais que c'est la même
réaction de la part de mes collègues du gouvernement je
veux qu'il soit bien compris que nous n'avons rien à cacher et que, s'il
y a des sujets qui ont été soulevés dans le rapport du
Vérificateur et qui suscitent des questions de la part des
administrations des ministères, nous n'avons pas du tout d'objection
à ce que cette commission puisse convoquer le sous-ministre du
ministère, le ministre, le gestionnaire de tel niveau d'autorité,
afin de venir répondre à des questions qui auraient pu être
soulevées.
Je pense bien que ce que nous recherchons, ce n'est pas une prise de bec
entre le Vérificateur général, ses officiers et les
fonctionnaires de tel ou tel ministère, ce que nous recherchons, je
pense bien que c'est là le sens de nos travaux je ne pense pas me
tromper en disant cela c'est d'obtenir de la part du Vérificateur
et de ses adjoints, des observations, des jugements de valeur sur certaines
décisions dans la façon de traiter la comptabilité, la
façon de rendre compte de certains gestes administratifs sur le plan
financier. Si nous avons le jugement ou l'observation d'un expert-comptable qui
a des pouvoirs statutaires de par la loi et qui relève, non pas du
gouvernement, mais de l'Assemblée nationale dans son ensemble, et que,
par contre, nous avons par la suite, dans une séance subséquente,
le point de vue du sous-ministre soit des Richesses naturelles ou du directeur
général de telle autre section aux Travaux publics, à la
Voirie, à l'Industrie et Commerce ou aux Finances, à ce
moment-là, nous avons l'opinion de deux personnes de bonne foi et la
commission peut être en mesure de se former un jugement.
Chacun par la suite, comme député, comme membre d'un parti
ou comme membre du gouvernement aura l'occasion de proposer, soit en Chambre,
à l'occasion des débats sur le discours du budget, à
l'occasion du débat sur le discours inaugural, de suggérer des
modifications à tel ou tel procédé, je pense que c'est
là l'objectif. C'est ce que j'aimerais, en tout cas, pour ma part, qu'on
poursuive et je ne vous cache pas que l'ampleur de l'administration est telle
que nous ne pouvons pas, au niveau gouvernemental, être au courant de
toutes les décisions administratives et de la façon de traiter ou
de rendre compte, dans la comptabilité gouvernementale, de tous les
gestes qui ont été posés. Je soumets très
respectueusement, peut-être avec une certaine naiveté, mais quand
même avec beaucoup de sincérité, que cette commission peut
nous aider, peut aider l'ensemble de l'administration publique à
améliorer sa gestion. C'est pourquoi je dis qu'on n'a rien à
cacher. Tant et aussi longtemps que les travaux se feront dans cet esprit
d'améliorer la gestion des finances publiques, vous pourrez être
sûrs que, de ma part, il y aura certainement la plus grande des
collaborations.
Il faut bien comprendre aussi que, d'autre part, la commission qui va
siéger n'est pas une commission qui étudie les crédits des
ministè-
res. Je ne pense pas qu'on puisse demander au Vérificateur
général d'expliquer la politique d'un ministère dans tel
ou tel sujet, de la défendre, ou de la contester, parce qu'il y a des
réunions de travail, lors de l'étude des crédits, qui
permettent aux députés, autant ministériels que de
l'Opposition, de questionner le ministre, et ses officiers par la voie du
ministre, sur le contenu des politiques, sur la façon dont ces
politiques sont administrées. Le Vérificateur
général peut dire, de son côté, si les lois et
règlements ont été appliqués et, s'ils n'ont pas
été appliqués, c'est son devoir de le dire, de le
souligner, d'en faire état et à nous d'apporter les correctifs
les plus appropriés.
Il faut faire une distinction, je pense, entre les travaux que cette
commission peut faire et ceux d'une commission qui étudie les
crédits d'un ministère, qui a pour objet non seulement
d'étudier les dépenses prévues, mais également
d'étudier les politiques des ministères. Je pense qu'il faut
apporter une distinction entre les travaux de ces deux types de
commissions.
On m'a rapporté, tout à l'heure, que certains observateurs
à cette commission aimaient avoir une distinction entre ce qu'est la
commission des engagements financiers par rapport à la commission des
comptes publics. Je pense qu'il est important de le souligner. La commission
des engagements financiers étudie les crédits qui ont
été demandés par les ministères, en vue d'une
dépense précise au cours du mois précédent. Dans le
cours normal, avant même bien souvent que la dépense soit faite,
la commission des engagements financiers étudie donc mensuellement les
engagements des crédits et les intentions de dépenses du
gouvernement dans tel ou tel secteur d'activité, toute dépense
qui dépasse $25,000. Or, cette commission-ci a pour objet
d'étudier et de voir si la façon dont la comptabilité
gouvernementale a été tenue et rapportée au public est
conforme aux principes comptables généralement reconnus ou encore
à la saine gestion qui doit s'appliquer conformément aux lois et
aux règlements en vigueur et qui ont été votés par
l'Assemblée nationale, édictés par le conseil des
ministres ou le Conseil du trésor. Cette distinction étant
apportée, M. le Président, cela complète les remarques que
je voulais faire à ce moment-ci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Sauvé.
M. GARNEAU: Je voudrais peut-être ajouter aussi que... Je
m'excuse. Tout à l'heure, le député de Beauce-Sud parlait
des questions qu'il aurait à poser. Je veux l'assurer qu'il pourra poser
ces questions en toute bonne foi et en toute quiétude. S'il en a pour
plusieurs séances, on peut être assuré que ce n'est pas mon
intention de limiter les travaux de cette commission. Comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, je crois que c'est sain même pour
les travaux que nous avons à effectuer. Mais je pense bien que tous les
parlementaires ont eu une session assez intense. Entreprendre l'étude
d'un document comme cela nécessite certainement beaucoup de temps et
aussi une préparation qu'un certain nombre de gens n'ont peut-être
pas eu le temps de se donner, au cours des dernières semaines, ils n'ont
pas pu se rafraîchir la mémoire là-dessus.
Cest pourquoi je voudrais indiquer immédiatement comment
j'aimerais procéder. S'il y a d'autres suggestions, ce n'est pas une
décision que je veux donner à cette commission, mais
réellement une suggestion, une approche que je veux la plus positive
possible. Si les travaux parlementaires devaient se terminer ce soir ou demain,
ce que je ne sais pas, ou vendredi, je suggérerais quand même que
nous puissions terminer ou ajourner la commission ce soir ou demain, selon la
situation et essayer de prévoir une prochaine réunion qui
pourrait se situer quelque temps après le 15 septembre, entre le 15 et
le 30 septembre.
On pourrait consulter le chef de l'Opposition, le député
de Beauce-Sud et le Vérificateur général, et essayer de
trouver une date qui convienne pour reconvoquer cette commission avec l'ordre
du jour précis qui pourrait retenir notre attention. Disons qu'une
réunion a lieu le 15 septembre et qu'à ce moment, il y aura tel
et tel sujet à l'ordre du jour. Une fois que ces sujets seront
vidés, si cela prend deux jours ou trois jours et, par la suite, on
pourrait revenir avec une série d'autres sujets à l'ordre du
jour, disons le temps de laisser trois, quatre ou cinq jours, et reprendre une
autre convocation, mais essayer de s'entendre sur les réunions et les
dates qui conviendraient à tout le monde. Mais ce n'est certainement pas
mon intention de limiter le temps qui devra ou qui voudra être
consacré à l'étude des rapports du vérificateur par
cette commission. Quand les travaux parlementaires reprendront, probablement en
octobre, à ce moment, on pourra siéger suivant les
disponibilités des commissions et les ententes qui se feront entre les
leaders du gouvernement et de l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Sauvé.
M. MORIN: M. le Président, l'Opposition est tout à fait
consciente du fait que nous ne sommes pas là pour étudier les
crédits des ministères. Le Vérificateur
général n'a pas à se prononcer sur l'opportunité
des dépenses, mais il a à s'assurer de leur conformité
avec la loi et avec les crédits qui ont été votés
en Chambre. Nous n'avons donc pas l'intention de remplir le rôle, les
fonctions qui nous sont dévolues au moment de l'étude des
crédits; nous n'avons pas l'intention non plus de procéder
à une étude des engagements financiers. Je voudrais assurer le
ministre que l'Opposition entend s'en tenir à l'étude de la
vérification des dépenses.
Pour ce qui est du calendrier et de l'ordre du
jour, les suggestions du ministre ne sont certainement pas à
repousser. Je me serais attendu, toutefois, que, cette semaine et la semaine
prochaine, nous puissions déjà couvrir les deux premières
parties du rapport, c'est-à-dire la section générale et la
vérification de la situation financière et du résultat des
opérations, pour ensuite renvoyer à l'automne l'étude de
la vérification de la comptabilité de chaque ministère.
Nous préférerions procéder de la sorte. J'ai l'impression,
toutefois, que l'Assemblée va être ajournée à la fin
de la présente séance, et je trouve que nous aurions parcouru
bien peu de chemin si nous devions nous en tenir à quelques propos de
nature introductive, pour ensuite tout renvoyer à l'automne. Toutefois,
nous ne ferons pas de bagarre là-dessus.
Si le ministre peut vraiment nous assurer que, dès septembre, il
y aura de nouvelles séances de cette commission, nous sommes
disposés à nous montrer souples. Dans l'intervalle, puis-je faire
la suggestion suivante au ministre? Quand nous allons nous attaquer à
l'étude de la comptabilité de chaque ministère, il se peut
que les intéressés, le sous-ministre ou le ministre
lui-même, peut-être, considèrent essentiel d'être
présent au moment où l'on discutera des dépenses de leur
ministère. Il se peut qu'il soit très difficile, comme il l'est
parfois dans d'autres commissions, d'organiser la marche des travaux. Puis-je
faire une suggestion au ministre? Que nous allions aussi loin que possible,
d'abord, dans les deux premières sections, qui ne nécessitent pas
la convocation des responsables des divers ministères, et qu'avant de
procéder à l'étude de la troisième partie, nous
créions entre nous un comité qui verrait à établir
la marche des travaux, l'ordre du jour. Par exemple, nous pourrions suivre
l'ordre qui se trouve déjà dans votre rapport, M. le
Vérificateur général, il se peut que cela ne convienne
pas.
On commencerait normalement par les Affaires culturelles, les Affaires
intergouvernementales, mais il se peut que ces personnes ne soient pas libres
au moment où nous voudrons procéder. Il faudrait peut-être
que ce comité restreint voie à faire passer d'abord ceux qui sont
disponibles en septembre et en octobre, ceux qui seraient disposés
à venir à ce moment, selon l'ordre du jour le plus souple
possible, le plus adapté aux exigences de chacun. De même pour les
entreprises du gouvernement du Québec. Le même comité
pourrait établir l'ordre à suivre et qui n'est pas
nécessairement l'ordre que vous avez choisi dans votre rapport, M. le
Vérificateur. Il se peut que la Société de traversiers
Québec-Lévis soit prête à comparaître,
même avant que nous ayons fini les ministères. Il suffit qu'il y
ait un peu de coordination, un peu de bonne volonté. De la sorte, nous
pourrons couvrir systématiquement tout le terrain. J'en fais la
suggestion au ministre. Autrement, j'ai l'impression que cela peut devenir un
fouillis inextricable.
Merci.
M. GARNEAU: Je suis parfaitement d'accord sur la suggestion du chef de
l'Opposition. Vous comprenez que, dans ces circonstances, une telle suggestion
ne peut qu'être acceptée de ma part. Il fait d'abord
référence à la disponibilité des personnes en
cause. Je pense que c'est bon de garder beaucoup de souplesse. J'ajouterai
aussi qu'il est peut-être possible, en prenant l'exemple de la
Société de traversiers Québec-Lévis, qui est une
société dont le responsable en Chambre est le ministre des
Transports, de regrouper, dans une ou deux séances qui suivront,
l'aspect ministre des Transports avec la Société de traversiers
Québec-Lévis.
M. MORIN: C'est à cela que je pensais.
M. GARNEAU : Dans ce contexte, je souscris volontiers. Je peux dire au
député de Sauvé que nous pourrions prévoir... Il
demande un engagement de ma part. Dans les circonstances, aujourd'hui, je lui
dis que oui, je peux prendre l'engagement d'une rencontre ou de reconvoquer
cette commission, parce qu'on pourrait siéger sans doute aujourd'hui, et
si l'Assemblée n'a pas terminé ses travaux aujourd'hui,
siéger également demain j'imagine. Disons que je pourrais entrer
en communication avec le chef de l'Opposition et probablement le
député de Beauce-Sud vers le 10 ou le 12 septembre, et essayer de
savoir les sujets sur lesquels vous voulez nous questionner d'une façon
particulière, et informer le Vérificateur et les personnes qui
pourraient être en cause à ce moment et dont vous aimeriez
entendre les témoignages. A ce moment, on décidera de la date de
la première réunion. Disons que si cela convient pour le 20
septembre je donne cela comme exemple les convocations pourront
être adressées par le secrétariat des commissions suivant
les règlements de l'Assemblée nationale, et nous pourrons
procéder. Moi, je suis parfaitement d'accord sur la suggestion du chef
de l'Opposition.
M. ROY: M. le Président, je voudrais ajouter que ce
sous-comité pourrait être mandaté de façon assez
précise par la commission, s'occuper de l'ordre du jour des
réunions, je pense que c'est dans cet esprit que le chef de l'Opposition
a fait ses remarques, et aussi, concernant le calendrier des séances,
savoir les dates auxquelles les séances pourraient être
convoquées. Je pense que l'on pourrait confier cela à un
sous-comité groupant des représentants de chacune des formations
politiques de l'Assemblée nationale. Je pense que ce serait quand
même important que chaque formation politique ait au moins un membre
à ce sous-comité. Cela nous permettrait de savoir à quoi
nous en tenir et d'être en mesure, en quelque sorte, de préciser
quelles sont nos intentions de notre côté, compte tenu des
questions ou encore des secteurs particuliers que nous voulons approfondir. Je
pense que ce serait quand même important.
M. GARNEAU: Est-ce que le député de Beauce-Sud veut en
faire une motion? Veut-il faire une telle proposition, qu'un sous-comité
soit formé...
Formation d'un sous-comité
M. ROY: Oui, je proposerais, M. le Président, qu'un
sous-comité soit formé dont les représentants de chacune
des trois formations politiques feront partie pour que nous puissions justement
confier à ce comité la responsabilité de s'occuper des
agendas des réunions et du calendrier des séances.
M. GARNEAU: Parfait.
M. MORIN: M. le ministre, j'imagine qu'il sera possible de mettre
à la disposition de ce comité un fonctionnaire, peut-être
de votre ministère, ou chez le Vérificateur
général, je ne sais trop ce qui conviendrait, pour que ce
fonctionnaire puisse faire toute la besogne administrative nécessaire,
tous les contacts nécessaires pour qu'on puisse procéder avec
suffisamment de célérité.
M. ROY: La suggestion que fait le chef de l'Opposition est fort
pertinente, qu'il y ait même quelqu'un du bureau du Vérificateur
général qui fasse partie du comité.
M. GARNEAU: Je suggérerais que ce soit quelqu'un du bureau du
Vérificateur général de telle sorte qu'il puisse
être informé et lui-même pourrait organiser le travail de
son groupe. Comme ministre des Finances, je siégerai évidemment
à ce sous-comité et je pourrai aviser moi-même les gens de
mon secteur des décisions qui auront été prises au niveau
de ce sous-comité. Je pourrais peut-être, si cette motion
était acceptée, comme je le crois, communiquer avec M. Larose
pour obtenir le nom de la personne qui agira comme secrétaire de ce
comité de travail de la présente commission.
M. LAROSE: J'aurais cru que c'était le secrétariat des
commissions qui s'occuperait d'une telle chose, mais si ce n'est pas cela,
évidemment, à ce moment-là, je pourrai fournir la personne
nécessaire.
M. ROY: Je pense que ça devrait être le secrétariat,
c'est-à-dire ceux qui s'occuperaient de tenir les
délibérations de tenir compte des décisions du
sous-comité. Ce devrait être le secrétariat des commissions
qui devrait être mandaté pour s'occuper de cela. En somme, ce sont
eux qui viennent devant la commission nous rendre compte, nous fournir des
explications. Je pense que ce serait normal que ce soit le
secrétariat.
M. MORIN: Est-ce qu'on pourrait peut-être détailler
davantage la motion du député de Beauce-Sud et, d'ores et
déjà, nommer les personnes qui feraient partie de ce
comité pour qu'on puisse vraiment avancer rapidement. Je ferais la
suggestion suivante, si le député en convient: Que fassent partie
de ce comité le ministre des Finances ou son représentant, le
député de Beauce-Sud et le député de Saguenay ou
leur représentant, de même qu'un membre du personnel du bureau du
Vérificateur général. Si la commission veut être
d'accord, cela va nous permettre d'avancer plus rapidement, déjà
ils pourront se mettre au travail pour organiser le calendrier de
l'automne.
M. GARNEAU: Je n'ai pas tellement l'habitude de ces sous-comités
de commission. Je me rends compte d'une chose, c'est que, à un tel
sous-comité, le gouvernement est minoritaire et largement. Je ne sais
pas si le sous-comité doit prendre des décisions qui sont
irrévocables. Si tel était le cas, je pense qu'il y va de soi
qu'il y ait au moins...
M. MORIN: Est-ce que je peux tout simplement modifier ma suggestion pour
rassurer le ministre et que ce soit le ministre des Finances, son
représentant, et deux autres membres de cette commission? Deux autres
membres de la majorité de cette commission, ce qui vous assure trois
à deux.
M. ROY: Que le sous-comité soit présidé par le
président de la commission. Il est normal que le président de la
commission...
M. MORIN: Non. Le fonctionnaire n'aurait pas le droit de vote.
J'imagine, de toute façon, dans l'esprit dans lequel cette proposition a
été faite, il ne s'agit pas de voter ou de prendre des
décisions qui engageront la commission.
Il s'agit tout simplement d'expédier les choses, d'organiser le
fonctionnement systématique.
M. GARNEAU: Mes remarques étaient tout simplement
inspirées par une prudence.
M. MORIN: De bon aloi.
M. ROY: C'est seulement l'organisation du travail.
M. GARNEAU: C'est cela. Selon moi, si la motion est formulée: Le
ministre des Finances, son représentant et deux membres de la
commission, le député de Beauce-Sud ou son représentant et
le député de Saguenay ou son représentant, plus un membre
du personnel du bureau du Vérificateur. Quant à moi, je...
M. MORIN: Mettez donc le chef de l'Opposition ou son
représentant. Ce sera plus simple comme cela. Il y aura plus de
souplesse.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La motion se lirait comme suit: Qu'un
comité soit formé afin d'établir l'ordre du jour des
séances...
M. ROY: Le calendrier des séances, les dates. M. MORIN: Les dates
et l'ordre du jour.
M. ROY: Les dates et l'ordre du jour des séances.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Oui, mais quant aux dates et l'ordre du jour,
je pense que, lorsqu'on siègera à l'Assemblée nationale,
ils seront sujet à l'approbation de l'Assemblée nationale et du
leader parlementaire. Je me demande si on met des dates, si on ne s'embarque
pas dans...
M. GARNEAU: C'est le leader parlementaire, je pense, qui a
l'autorité dans ce...
M. ROY: II a l'autorité, mais je pense que lorsque la commission
a reçu son mandat, elle peut disposer d'elle-même, être
maîtresse de ses travaux. Je pense qu'il faut quand même qu'une
certaine souplesse soit accordée par le leader de la Chambre à ce
sujet de façon que la commission puisse être maîtresse de
ses travaux.
M. MORIN: Est-ce qu'on pourrait dire...
M. GARNEAU: II est une heure. On pourrait peut-être
vérifier avec le président pour l'absolue légalité
de cette motion et nous pourrions poursuivre à trois heures.
M. MORIN: Je le veux bien, mais de toute façon, dans notre
esprit, je pense, ce comité ne prend pas de décision. Il ne fait
que des recommandations, des suggestions pour le bon fonctionnement de la
commission. C'est clair. Il n'est pas question de se mettre la main dans
l'engrenage pour ensuite se réveiller pour découvrir que nous
sommes pris avec un mécanisme juridique qui nous oblige. Ce n'est pas du
tout l'esprit de la chose.
M. GARNEAU: Dans cet esprit, je n'ai pas d'objection que la motion,
même telle que rédigée, soit adoptée, d'autant plus
que s'il y avait un problème qui se posait dans son
interprétation, je pense que les propos que viennent de tenir le chef de
l'Opposition, le député de Beauce-Sud et moi-même,
indiqueraient assez clairement que l'idée de ce sous-comité
n'était pas de se supplanter aux décisions que pourrait prendre
la Chambre ou le leader de la Chambre ou aux ententes entre leaders lorsque les
travaux auront repris, mais tout simplement d'organiser, dans le meilleur
esprit possible, les travaux de cette commission ainsi que les dates auxquelles
on pourrait convenir de se réunir.
M. ROY: C'est l'esprit de la motion, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Etant donné qu'il est presque une
heure, je proposerais la suspension afin qu'on revienne avec une motion
écrite.
M. GARNEAU: D'accord!
M. MORIN: Bien. Nous en convenons.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission suspend ses travaux
jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 12 h 51)
Reprise de la séance à 15 h 8
M. BRISSON (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
Nous en étions à la présentation d'une motion.
M. ROY: II y en avait même deux, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): II y en a sûrement une de
meilleure.
M. ROY: C'est ce qu'on dit, il est censé y en avoir une de
meilleure dans les deux.
M. GARNEAU: Est-ce que le texte de la motion, tel que
rédigé, vous convient?
M. ROY: Qu'un sous-comité de la commission des finances, du
revenu, des comptes publics soit formé et que ce sous-comité soit
composé de MM. Garneau, ministre des Finances, Gérald Harvey,
ministre du Revenu, Jacques-Yvan Morin, chef de l'Opposition, Guy Bacon,
adjoint parlementaire du ministre des Finances, Fabien Roy, Beauce-Sud, ou
leurs représentants; que le représentant du Vérificateur
général soit invité à chaque séance de ce
sous-comité; que le mandat de ce sous-comité soit: a) de
déterminer la procédure de travail pour la plus grande
efficacité des travaux de la commission; b), de déterminer
l'ordre du jour des séances de la commission; c), de suggérer les
dates auxquelles pourrait être appelée à sièger la
commission et d), de faire à la commission toute suggestion utile.
M. MORIN: M. le Président, nous serions d'accord pour la
proposition qui vient de nous être remise, elle semble résumer les
débats de ce matin. Je préférerais, pour ma part, qu'on
utilise le mot "recommander" ou "recommandation" plutôt que
"suggérer" ou "suggestion". Parce que suggestion, dans ce sens, est
plutôt anglais, je pense. Dans le sens français du mot, un
comité ne fait pas de suggestion, il fait des recommandations. C'est une
simple question de forme. Au paragraphe c), je dirais de recommander les dates,
une recommandation n'a pas de valeur obligatoire et au paragraphe d), je
dirais: Toute recommandation utile. Avec ces toutes petites corrections, je
serais d'accord pour...
M. GARNEAU: La commission, toute suggestion utile?
M. MORIN: Toute recommandation utile.
M. GARNEAU: Toute recommandation, d'accord.
M. ROY: Je serais d'accord aussi, pour qu'on inscrive à la
dernière ligne, le mot "recommandation" au lieu du mot "suggestion".
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce que je pourrais suggérer
à la commission que ce soit inclus ou que ce soit entendu, afin de
garder un lien entre les commissions et le sous-comité, que le
secrétaire du sous-comité soit le secrétaire de la
commission ou son représentant?
M. GARNEAU: Est-ce que ça ne va pas de soi ou s'il faut
l'indiquer? Je n'ai pas d'objection.
M. MORIN: Si vous voulez l'ajouter, nous n'y voyons aucune
objection.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, comment la formuleriez-vous?
M. GARNEAU: Que le secrétariat de ce sous-comité soit
assumé par...
M. ROY: ... le secrétariat des commissions. M. MORIN; C'est un
nouveau dispositif.
LE PRESIDENT (M. Brisson): C'est cela. Que le secrétariat du
comité...
M. GARNEAU: ... de ce sous-comité.
LE PRESIDENT (M. Brisson): ... de ce sous-comité...
M. MORIN: Soit assuré par le secrétariat des commissions
parlementaires.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La motion, telle que proposée par le
député de Beauce-Sud, se lirait comme suit: Qu'un
sous-comité de la commission des finances, du revenu et des comptes
publics soit formé et que ce sous-comité soit composé de
MM. Garneau, ministre des Finances, Gérald Harvey, ministre du Revenu,
Jacques-Yvan Morin, chef de l'Opposition officielle, Guy Bacon, adjoint
parlementaire du ministre des Finances, et Fabien Roy (Beauce-Sud) ou leur
représentant.
Que le représentant du Vérificateur général
soit invité à chaque séance de ce sous-comité.
Que le mandat de ce sous-comité soit :
A) De déterminer la procédure de travail pour la plus
grande efficacité des travaux de la commission.
B) De déterminer l'ordre du jour des séances de la
commission.
C) De recommander les dates auxquelles pourrait être
appelée à siéger la commission.
D)De faire à la commission toute recommandation utile.
E) Que le secrétariat de ce sous-comité soit assuré
par le secrétariat des commissions parlementaires.
Cette motion est adoptée à l'unanimité?
M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Maintenant, nous en sommes aux discussions
générales du rapport.
Audition de témoins
M. ROY: Avant d'aller aux discussions générales, M. le
Président, j'avais posé deux questions ce matin. Le ministre a
répondu globalement à une première question, concernant le
nombre de séances qui pourraient être tenues
éventuellement. Quant à ce qui avait trait à la
deuxième question, je pense que le ministre n'a répondu que
partiellement. J'avais demandé s'il était possible que la
commission fasse entendre, que comparaisse devant elle tous autres
témoins jugés utiles, autres que les ministres, les
sous-ministres ou autres hauts fonctionnaires. Et si la commission le jugeait
à propos, nécessaire, jugeait de l'intérêt
même de la commission, que la commission puisse convoquer tous autres
témoins jugés utiles.
M. GARNEAU: M. le Président, je m'excuse si je n'ai pas
répondu à cet aspect de la question du député de
Beauce-Sud, je ne verrais pas l'utilité d'approuver ou de
répondre immédiatement à une telle question sans savoir
quels seront les problèmes qui pourront être soulevés
à cette commission. Si le besoin se fait sentir et que c'est là
le désir d'un des membres de la commission d'interroger quelqu'un on
pourra toujours en donner avis, faire une motion selon les circonstances.
J'hésiterais à donner un consentement au nom du groupe
ministériel dès maintenant, sans savoir la portée des
gestes qu'on pourrait être appelé à poser. Je pense que si
le besoin s'en faisait sentir, le député de Beauce-Sud pourra
toujours faire cette demande, en faire une motion, au moment qu'il le jugera
opportun. Elle sera discutée et en prendra la décision qui sera
jugée la plus utile et la plus opportune.
Je pense que si on s'embarquait actuellement dans ce débat, on
risquerait peut-être d'avoir uniquement un débat de
procédure alors que peut-être tout le monde conviendra à
l'unanimité qu'il y aurait intérêt à questionner une
personne qui peut être un fonctionnaire, un ministre ou une autre
personne, si le besoin s'en fait sentir, et on pourra juger à ce moment
de l'à-propos et en discuter à sa valeur plutôt que de
faire une motion qui serait omnibus. De toute façon, il faudrait quand
même qu'on accepte à un moment donné de convoquer M. Jos
Bleau de quelque endroit. Pour le faire venir, il faudrait qu'il y ait une
motion présentée spécifiquement. On pourrait le voir
à ce moment, parce que je me demande si la motion omnibus donnerait
quelque chose de bien précis ou de plus à ce moment-ci de nos
travaux. Mais je n'ai pas d'objection, en principe, à l'occasion, si on
devait y procéder, à ce qu'on le fasse.
M. ROY: C'était beaucoup plus, M. le Président, sur le
principe que j'ai posé cette question.
M. GARNEAU: Toutes les commissions peuvent le. faire, si ma connaissance
des règlements est exacte. Si le besoin se fait sentir, je n'ai pas
d'objection, à ce moment, on discutera le cas à sa valeur et
à son mérite. De toute façon, cela prendrait une motion
à ce moment.
M. ROY: Je suis bien d'accord qu'il faudrait une motion à ce
moment, mais puisque le ministre me dit qu'il est d'accord sur le principe, si
cela s'avère nécessaire...
M. GARNEAU: En principe, je n'ai pas d'objection. C'est cela.
M. ROY: ... que le gouvernement ne pourrait ne pas avoir d'objection
à ce moment, je pense que c'est quand même une question qui doit
être bien établie, bien entendue, dès le début de
nos séances. Je ne vois pas présentement qui on pourrait
convoquer et quand on pourrait le convoquer. Je n'ai aucune idée de ce
côté, mais j'aimerais bien, par exemple, que cette question soit
soulevée au tout début, de façon que la porte ne soit pas
hermétiquement fermée. Advenant que ce soit nécessaire,
j'aimerais bien avoir le point de vue du ministre à ce sujet puisque le
ministre me dit qu'il n'est pas contre le principe.
M. GARNEAU: Non.
M. ROY: ... qu'une personne soit convoquée devant la commission
parlementaire. Je pense qu'en ce qui me concerne cela me donne
satisfaction.
M. GARNEAU: La chose sera jugée à son mérite par
l'ensemble des députés.
M. MORIN: M. le Président, en ce qui me concerne, je vois
très bien, à l'encontre du député de Beauce-Sud,
qui pourrait être convoqué devant la commission pour expliquer un
certain nombre de recommandations, pour expliquer pourquoi certaines
recommandations apparaissent dans le rapport du Vérificateur
général. Mais je me déclare satisfait, pour l'instant, des
assurances que nous donne le ministre selon lesquelles le gouvernement ne
s'opposera pas systématiquement à ce genre de convocation si
elles s'avèrent nécessaires.
M. ROY: Mais c'est que je n'ai pas voulu dévoiler toutes mes
batteries, M. le Président, c'est pour cela que...
M. GARNEAU: Ce sera jugé à son mérite et je n'ai
pas d'objection de principe. Evidemment, ce n'est pas une commission
judiciaire.
M. MORIN: Très bien. Alors maintenant, est-ce qu'on peut
procéder déjà...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Nous allons commencer par le rapport pour
l'année financière terminée le 31 décembre 1973.
S'il y a lieu, nous recourrons à l'année 1972. Je pense que la
logique se fait comme cela. Nous allons procéder également, tel
que l'a demandé le ministre et prévu par la commission, par la
table des matières. Alors, la table des matières se lit,
premièrement: Section générale. Si nous allons à la
section générale, nous avons premièrement le plan
comptable.
M. MORIN: Auparavant, M. le Président, si nous suivons vraiment
l'ordre de présentation, il y aurait peut-être lieu de parler du
bureau du Vérificateur lui-même, avant de passer aux études
entreprises par le Vérificateur. Peut-être pourrions-nous...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Discussion générale concernant
le bureau du Vérificateur. Vous avez la section V qui dit: Le bureau du
Vérificateur général. Alors, je pense que cela irait
là.
Bureau du Vérificateur
général
M. MORIN: Bon. On peut en parler au début ou à la fin, peu
importe. Je pensais que peut-être le Vérificateur
général aurait aimé saisir l'occasion pour nous
décrire en gros le fonctionnement de son bureau. Il me semble que cela
pourrait être utile au départ.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Si nous passons à
l'élément 5 immédiatement, nous n'y reviendrons pas par la
suite. Il faudrait bien s'entendre.
M. GARNEAU: Je n'ai pas objection à ce qu'on commence par
l'élément 5...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Par l'élément 5?
M. GARNEAU: ... si c'est là le consentement. C'est
peut-être une bonne façon aussi de commencer, au point de vue
logique. Je n'ai pas d'objection.
M. MORIN: De toute façon, c'est très court, puisque dans
l'élément 5, il n'y a que deux pages.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Nous commençons par
l'élément 5 : Le bureau du Vérificateur
général. M. Larose, vous avez la parole.
M. LAROSE: Oui. L'organisation du bureau est la suivante: L'effectif
autorisé, en termes de personnel, est actuellement de 120 personnes.
Originellement il était, en 1971, de 100 personnes. Aujourd'hui, il est
rendu à 120. Il augmente de dix chaque année pour atteindre 140
personnes dans deux ans. C'est l'effectif autorisé actuellement,
globalement pour le bureau. Pour le moment, cet effectif nous semble suffisant
pour satisfaire les besoins du bureau.
Pour les fins du travail, le personnel est divisé... Sous ma
direction immédiate, il y a un Vérificateur adjoint. Celui-ci a
comme fonction principale la section de ce qu'on appelle la pratique
professionnelle. En d'autres termes, c'est lui qui a la responsabilité
de voir à l'établissement de standards de vérification,
suivis par le bureau du Vérificateur général. En plus de
cela, il doit s'occuper aussi du perfectionnement du personnel, et il doit
s'occuper en même temps du développement des manuels de pratique,
des questionnaires de contrôle et différents formulaires qui
peuvent être à l'usage du bureau.
Donc, tout le secteur de pratique professionnelle correspondant dans un
bureau de vérification à celui d'un secteur de recherche ou un
secteur dans une autre organisation, pour nous, tombe sous la
responsabilité du Vérificateur général adjoint.
Nos services administratifs sont groupés aussi sous la
direction... Il est autorisé que ce soit un Vérificateur
général adjoint qui s'occupe de toute la partie administrative du
bureau, principalement de la mise en marche du plan, les données
à faire du plan de vérification que l'on s'est tracé pour
l'année et une collaboration à la rédaction du rapport du
Vérificateur général en fin d'année. Le titulaire,
comme Vérificateur général adjoint, qui est responsable de
l'administration, n'est pas actuellement désigné. Cependant,
c'est en voie de se faire.
Sous le Vérificateur général, pour les fins du
travail de vérification même, le travail est divisé; il y a
cinq directions de vérification. Chacune des cinq directions de
vérification couvre un champ d'activités dans un certain nombre
de ministères et les régies que nous avons à
vérifier parce qu'il y a plusieurs régies qui ne tombent
pas sous notre responsabilité, que nous n'avons pas à
vérifier mais les régies que nous avons à
vérifier... Selon le ministre responsable à la Chambre, le
ministre qui est responsable de la régie, on rattache la
vérification de la régie à la même direction que
celle qui est la responsabilité du ministère.
Par conséquent, la charge du travail de vérification est
divisée entre ces cinq directions. Sur ce, couvert par l'une des
directions, nous avons un bureau à Montréal où il y a huit
personnes qui travaillent.
Comment se répartit notre effectif? A l'heure actuelle, nous
avons en place 102 personnes sur les 120 autorisées. Il nous en arrive
au mois d'octobre après les examens de l'ordre des comptables
agréés. Dans le moment, il nous en arrive seize, mais ça
dépend du résultat de certaines choses. Quelquefois, on en
échappe quelques-uns, un ou deux sur la fin, parce qu'ils prennent une
autre orientation, mais, dans le moment, nous croyons obtenir seize
personnes
qui viendraient s'ajouter à nous au mois d'octobre, ce qui nous
donnerait un effectif de 118 sur 120, les deux autres postes pouvant être
comblés par des spécialistes de formation différente.
L'ensemble de l'effectif se répartit... Disons que, sur les 120,
il y a un personnel de secrétariat qui est composé de huit
personnes, nous avons 20 techniciens de vérification et tous les autres
fonctionnaires du bureau sont des professionnels, la très grande
majorité étant des professionnels universitaires. C'est
sensiblement la façon dont se compose l'effectif. Dans une très
grande partie, le recrutement de notre personnel se fait à la sortie de
l'université, des gens qui viennent de la faculté des sciences de
l'administration et nous les initions au travail de vérification chez
nous. C'est, dans l'ensemble, la façon dont nous fonctionnons pour nos
effectifs.
En ce qui regarde les méthodes de vérification, la
méthode que nous suivons est ce qu'on appelle généralement
la vérification analytique. La vérification analytique est
fondée sur une analyse des opérations de l'unité que nous
vérifions. Par conséquent, quant à la première
phase, il s'agit pour nous d'étudier le fonctionnement du
ministère ou de l'organisme, ou d'un service du ministère ou de
l'organisme, et d'établir des graphiques d'acheminement de la
documentation et, à partir de là, nous établissons
différents points de contrôle des dépenses existantes
à l'intérieur. Nous établissons ensuite quels sont les
points de contrôle qui, à notre opinion, devraient exister. Nous
faisons le rapprochement entre les deux et nous voyons s'il y a des faiblesses
de points de contrôle. S'il y a des faiblesses de points de
contrôle, nous regardons quelles conséquences peuvent avoir ces
faiblesses. En deuxième lieu, même sur les contrôles qui
sont en place, nous faisons des sondages afin de déterminer si ces
contrôles fonctionnent effectivement. Si oui, nous arrêtons nos
sondages. Mais si les sondages ne nous donnent pas de résultats
concluants, nous poursuivons nos sondages en plus grande profondeur.
A la suite de ça, évidemment, nous en venons à
certaines conclusions avec certaines déductions, sur le fonctionnement
des contrôles à l'intérieur de l'entreprise, sur
l'exactitude, en même temps, des chiffres et des données
financières. Nous en venons aussi à des conclusions sur la
régularité de la dépense, à savoir si les
dépenses sont faites de façon régulière. Ensuite,
nous discutons de ces conclusions préliminaires avec les officiers des
ministères et les responsables des services pour confronter nos
conclusions et ensuite, selon l'importance des constatations que nous avons
faites, nous décidons de l'inclusion ou non de nos constatations dans le
rapport à l'Assemblée nationale. Sensiblement, c'est la
méthode d'approche que nous suivons pour la vérification, c'est
la méthode de vérification analytique.
Evidemment, à cause de la masse de docu- mentation que nous avons
à vérifier au gouvernement, la masse monétaire aussi bien
que la masse de documentation, nous sommes obligés de recourir à
des formes pour déterminer les sondages que nous avons à faire,
non pas recourir à la méthode du pifomètre. Nous suivons
une méthode d'échantillonnage statistique et scientifique que
nous avons commencé à utiliser l'an dernier et qui n'est
peut-être pas rendue à son point le plus parfait possible
d'utilisation. En tout cas, nous sommes en voie de l'implanter et de
l'améliorer; nous utilisons cette méthode
d'échantillonnage statistique de façon à éliminer
autant que possible l'arbitraire dans le choix de nos sondages.
C'est sensiblement l'orientation que nous avons suivie du
côté des méthodes de vérification. Nous sommes
peut-être parmi les premiers à utiliser, de façon
étendue, à l'intérieur des gouvernements du moins
à notre connaissance des méthodes de vérification
analytique et de les pousser aussi loin, des méthodes d'usage aussi
généralisé, que celui que nous en faisons. A
côté de ça et ça relève aussi du
Vérificateur général adjoint nous commençons
à développer un spécialiste de vérification sur les
systèmes informatisés. Evidemment, la place que tient à
l'heure actuelle et que tiendra de plus en plus l'informatique dans la gestion
des affaires du gouvernement et de certaines de ses régies, si nous y
attachions une importance considérable... Par conséquent, nous
avons déjà un spécialiste, qui a une formation en
informatique, qui a aussi une formation sur le plan comptable et qui joint ses
deux formations pour être un spécialiste au service de nos
équipes de vérification pour les aider à résoudre
le problème de vérification causé par l'informatique.
C'est sur le plan professionnel, c'est le stade où on en est rendu.
En plus, si on veut ajouter à cela, nous affectons environ 5 p.c.
de l'ensemble du temps ouvrable à notre disposition au perfectionnement
du personnel et nous considérons essentiel de nous occuper du
perfectionnement de notre personnel, de façon assez étendue.
Par conséquent, nous y encourageons notre personnel et en
défrayons les frais en plusieurs cas, pour que le personnel puisse
suivre les cours qui sont offerts par l'ordre des comptables
agréés. Il y a d'autres cours que nous organisons
nous-mêmes, seuls ou avec le concours de l'ordre des comptables
agréés, de façon à nous tenir le plus possible
à la page concernant les méthodes de vérification.
Dans l'ensemble, nous pouvons dire, à l'heure actuelle, que nous
suivons les méthodes de vérification mises de l'avant et
utilisée par les bureaux de vérification les plus à la
page.
Nous évoluons graduellement. Nous visons à
l'amélioration continuelle de nos méthodes de
vérification.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je m'excuse, M. Larose, les cloches ont
sonné, c'est l'appel
d'un vote. Alors, nous allons suspendre jusqu'après le vote.
M. LAROSE: D'accord. (Suspension de la séance à 15 h
35)
Reprise de la séance à 15 h 44
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! M. Larose, vous avez
toujours la parole.
M. LAROSE: En plus de ce que j'ai mentionné jusqu'à
maintenant, pour l'information des membres de la commission, le bureau est
reconnu par l'ordre des comptables agréés pour recevoir chez lui
les stagiaires pour l'obtention du titre de c.a. Je pense que c'est un gros
avantage que l'on a qui nous permet de recruter un nombre de licenciés
universitaires assez considérable et de retenir, évidemment, le
plus possible à notre service, ensuite, des gens qui ont le titre de
comptable agréé. De telle façon que, lorsque j'ai
parlé tout à l'heure de professionnels, on peut dire qu'à
l'heure actuelle, chez nous, nous avons plus de quarante comptables
agréés et un certain nombre aussi de membres de c.g.a. et un
certain nombre de r.i.a. parmi nos professionnels, la grande majorité
étant évidemment des comptables agréés,
principalement parce que nous sommes reconnus pour le stage et cela nous
facilite le recrutement de ce côté.
D'ailleurs, je pense l'avoir mentionné. Les méthodes de
vérification que nous employons étant celles qui sont
généralement utilisées aujourd'hui dans les bureaux
privés, l'intérêt des licenciés universitaires pour
venir travailler à notre bureau est tout aussi grand, je pense, que
l'intérêt qu'ils pourraient avoir à aller travailler dans
le secteur privé. C'est ce qui nous permet un recrutement. Nous
recrutons, d'ailleurs, dans toute la province, tout aussi bien à
Québec qu'à Trois-Rivières, Sherbrooke, Chicoutimi,
Rimouski et Montréal. Notre recrutement se fait dans toute la province
avec des succès variables selon les années.
J'ai une précision sur ce que j'ai mentionné tout à
l'heure. J'ai mentionné que l'ensemble du travail de vérification
était divisé en cinq directions et qu'un certain nombre de
ministères et de régies étaient attribués à
chaque direction. A l'intérieur même de la direction, ensuite,
nous avons ce que l'on appelle des mandats de vérification. Cela veut
dire que, pour la vérification d'un ministère, nous divisons le
travail de vérification en plusieurs mandats séparés,
parce qu'il serait impensable, par exemple, qu'un ministère aussi gros
que le ministère des Affaires sociales se fasse sous un seul mandat de
vérification. Nous subdivisons le travail à faire au
ministère des Affaires sociales et dans tous les ministères, en
plusieurs mandats de vérification pour rendre le travail de chaque
mandat à une dimension normale afin que le travail de
vérification puisse être fait dans un temps raisonnable.
Quant aux régies et aux commissions, le mandat est un peu
différent puisque nous sommes guidés, à ce moment,
généralement, par la loi qui nous désigne comme
vérificateurs de la régie.
II n'y a pas de définition du mandat de vérification dans
les lois qui nous nomment vérificateurs d'une régie. La Loi de
l'administration financière donne au moins un mandat très large,
mais tout de même elle nous impose certaines obligations de
vérifier et de faire rapport à l'Assemblée nationale; une
telle obligation n'existe pas ordinairement à l'endroit des commissions
et régies. Nous sommes tout simplement désignés pour faire
la vérification. A ce moment, nous appliquons généralement
les règles de vérification suivies dans l'entreprise
privée. Nous les appliquons normalement aux régies, tout en y
ajoutant dans notre rapport la même obligation que nous avons à
l'endroit de l'Assemblée nationale concernant la
régularité et la conformité des dépenses avec la
loi de la régie et les différentes lois ou règlements du
gouvernement lorsqu'ils s'appliquent aux régies. Mais il n'y a pas de
définition en tant que telle du mandat d'un vérificateur dans les
régies.
Sur le plan général, on nous souligne ici que pour ce qui
regarde les régies, les sociétés de la couronne, en tout
cas, celles à capital-actions, nous respectons les dispositions de la
Loi des compagnies de Québec, puisque, dans la majorité des cas,
elles s'appliquent aussi à ces régies. A ce moment, nous nous
conformons aux dispositions de la Loi des compagnies de la province de
Québec.
Sur le plan administratif, jusqu'à maintenant du moins, pour
l'obtention des crédits budgétaires nécessaires au
fonctionnement du bureau, les demandes que nous avons soumises pour les fins
des crédits budgétaires ont toujours été
acceptées telles que soumises au Conseil du trésor. De ce
côté, aucun problème ne s'est présenté pour
nous. Quant aux échelles de traitements, nous avons eu l'occasion d'en
discuter avec les officiers de la Commission de la fonction publique à
la fin de 1971. J'imagine que nous aurons encore l'occasion de rediscuter du
plan de rémunération de notre personnel lors de l'expiration, au
bout des trois ans, du plan de rémunération actuel.
Pour terminer, j'aimerais souligner tout simplement aux membres de la
commission que le gouvernement fédéral a créé une
commission indépendante pour étudier le rôle de l'Auditeur
général à Ottawa. Cette commission indépendante est
actuellement au travail. Son mandat est de faire des recommandations quant au
statut de l'Auditeur général, quant à la
redéfinition possible des fonctions et responsabilités de
l'Auditeur général du Canada.
Je crois que la commission est formée de trois personnes dont M.
Marcel Bélanger, comptable agréé de Québec et de
deux autres personnes aussi compétentes. Il entrait dans les projets de
l'Auditeur que son rapport soit produit avant la fin de cette année. Je
pense que le rapport de cette commission pourra être extrêmement
intéressant, puisque nous fonctionnons selon un système
parlementaire semblable à celui d'Ottawa. Je pense bien que les
conclusions et les recommandations qui pourront être faites par cette
commission pourront être intéressantes pour les membres de la
commission lorsqu'elles seront publiées.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce que le ministre a des questions?
M. GARNEAU: Quand vous parlez du procédé de
vérification que vous avez appelé, en termes techniques,
procédé analytique évidemment, je ne suis pas un
spécialiste en vérification quelles étaient les
autres méthodes ou quels autres systèmes de vérification
auraient été possibles? Vous avez retenu, si je comprends bien,
celui que vous avez appelé analytique et l'autre, cela aurait
été quoi? La vérification complète et en
détail de tout le champ?
M. LAROSE: Cela aurait pu être une vérification
détaillée, comme vous dites, à ce moment. Mais je pense
que c'est impensable aujourd'hui. Au moment où j'ai commencé, par
exemple, en vérification il y a X années j'aime autant ne
pas le mentionner, cela fait au-delà de 30 ans à ce
moment, on vérifiait à peu près toutes les transactions.
On additionnait tous les livres et on refaisait à peu près tout
ce qui avait été fait par l'entreprise. Théoriquement,
c'est une possibilité, la vérification détaillée et
complète de toutes les transactions. Ce n'est pas admissible et je pense
bien que ce n'est même plus pensable.
Plus tard, on a commencé à faire tout simplement des
vérifications basées aussi sur des analyses, au lieu de se baser
sur des analyses de comptes particuliers si on peut dire, ou de secteurs
particuliers d'entreprise. Mais ce n'était pas une analyse
systématique de tous les systèmes comptables. C'étaient
une analyse des transactions financières. A ce moment, on évitait
beaucoup d'additions et d'extensions, de vérifications de documents
énormes. Cela aurait été aussi une autre attitude
possible. Graduellement, cela a toujours été une
évolution. A partir d'une vérification détaillée,
c'est devenu une question de plus en plus scientifique, et, se dirigeant vers
une vérification qui est plus orientée vers la
vérification d'un système de telle façon à
éviter dans la vérification, à faire le moins possible de
détails, par conséquent, tout en faisant le moins possible
d'ouvrage détaillé, de se former une opinion et un jugement sur
les données qui sont là.
M. GARNEAU: Est-ce qu'on peut dire que la vérification qui se
fait dans l'entreprise, dans le secteur privé des grandes entreprises,
si on prend General Motors ou des entreprises de cette dimension, même
plus petites, est-ce que c'est la méthode généralement
suivie par les vérificateurs externes que de procéder par ce que
vous appelez la méthode analytique aujourd'hui? Est-ce la tendance qui
est suivie dans le secteur privé?
M. LAROSE: Dans le secteur privé, sans aucun doute. Du moins,
à ma connaissance, dans les grosses organisations. C'est quasi
impossible, évidemment, dans les petite et moyenne entreprises. Ce n'est
probablement pas la méthode suivie à l'heure actuelle, parce
qu'elle ne vaudrait pas la peine d'être appliquée. Elle serait
probablement plus dispendieuse, parce qu'elle demande un travail d'analyse plus
poussée que les autres. Dans la grosse entreprise, sans aucun doute, je
pense bien que c'est la méthode qui est actuellement suivie en vue de la
vérification.
M. GARNEAU: Si je comprends bien, vous essayez, en regardant le
procédé comptable du gouvernement ou des ministères, de
voir si les systèmes appliqués en vue de rendre compte de
l'administration financière, si le procédé suivi, les
méthodes de contrôle utilisées sont établis suivant
des normes qu'on pourrait appeler, disons, professionnelles et si l'ensemble du
système que vous jugez acceptable comme méthode de rendre compte
de l'administration financière, si vous en êtes satisfaits.
Après cela, vous procédez par échantillonnage pour voir si
le système, qui pouvait être parfait en principe, est
réellement appliqué en pratique. Ce sont ces méthodes de
sondage scientifique qui vous permettent de vérifier disons, 300
opérations sur 2,000 et dire: Les 300 ayant une marge d'erreur de 1 p.c,
c'est signe que l'ensemble du système va bien fonctionner. C'est ce que
vous faites?
M. LAROSE: C'est cela. En résumé, il s'agit d'abord
d'examiner le système, de faire une description du système et de
la procédure et, ensuite, évaluer les éléments de
contrôle interne à l'intérieur de ce système et de
la procédure et de faire des sondages, si ces éléments
sont bons et fonctionnent efficacement. Dans une très grosse entreprise,
actuellement même si ce n'était pas la méthode qui
serait survie, disons, dans l'entreprise privée je ne vois pas,
dans une entreprise gouvernementale, comment on pourrait faire autrement. En
fait, dans l'entreprise privée, c'est ce qui est suivi par la
très grosse entreprise.
M. GARNEAU: Je crois qu'il existe une association des
vérificateurs ou des auditeurs généraux du gouvernement,
vous me corrigerez si ce n'est pas le cas. Est-ce qu'il y a des réunions
d'échanges de points de vue entre vous, par exemple, et ceux qui ont la
même responsabilité dans les autres provinces canadiennes et au
niveau fédéral, des réunions de nature professionnelle
où chacun échange l'expérience vécue et les
méthodes utilisées? Est-ce que cela existe?
M. LAROSE: Lorsque j'ai été nommé en 1971, j'ai
d'abord tenu à rencontrer le personnel du Vérificateur
général à Ottawa puisque celui-ci avait une
expérience d'un grand nombre d'années, je crois que c'est 25 ou
30 ans, dans cette méthode de vérification après paiement.
J'y suis allé à ce moment-là.
Il n'y avait pas, à ce moment-là, de réunions
régulières des vérificateurs gouvernementaux canadiens.
Mais l'an dernier, lorsque M. Macdonell a été nommé,
après sa nomination, il a repris une suggestion de vérification
que l'Ontario et moi-même avions faite l'année
précédente à M. Henderson afin de réunir les
vérificateurs des provinces avec ceux d'Ottawa pour examiner les
problèmes communs qu'on pouvait avoir. Il y a donc eu une
première rencontre l'an dernier et une deuxième doit se tenir au
mois de septembre. Il semble bien que ces réunions s'institutionnalisent
dans le moment. On étudie des problèmes d'intérêt
commun. A ce moment-là, on étudie quelles sont les
méthodes de vérification qui sont suivies d'un endroit à
l'autre, quels sont les pouvoirs, les obligations, et les comparaisons des
pouvoirs et obligations des différents vérificateurs d'une
province à l'autre, entre le fédéral et le provincial, et
ainsi de suite.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Sauvé.
M. MORIN: M. le Président, me permettez-vous de revenir un
instant sur la question de l'échantillonnage?
Il est évident que vous ne pouvez vérifier toutes les
opérations. Il y en a certainement des centaines de milliers,
peut-être même des millions chaque année. Ce ne serait pas
réaliste, comme vous l'avez indiqué de passer à travers
toute cette masse d'opérations. Mais pourriez-vous nous dire comment
vous procédez à cet échantillonnage statistique? Est-ce
que c'est un échantillonnage des opérations ou est-ce que c'est
un échantillonnage des services? J'ai mal saisi. Je ne vois pas
très bien comment vous procédez. Pourriez-vous nous donner un
exemple peut-être pour que je saisisse bien votre méthode?
M. LAROSE: C'est un échantillonnage des transactions à
l'intérieur d'un service où nous sommes en train de faire la
vérification. Nous faisons la vérification d'un service
donné dans lequel il peut y avoir 100,000 dossiers.
M. MORIN: C'est cela.
M. LAROSE: Par l'échantillonnage statistique, on va
déterminer lequel des dossiers on va examiner. On peut avoir à
examiner X dossiers à travers 100,000 et on choisira par
échantillonnage statistique les dossiers que nous examinerons.
M. MORIN: Cette méthode vous permet tôt ou tard de faire
une vérification de ce qui se passe dans chacun des services.
M. LAROSE: Nous visons tout d'abord à faire autant que possible
une vérification générale de ce qui se passe annuellement
dans tous les services, mais aussi à aller plus en profondeur dans
quelques services donnés et, de cette façon, par la cédule
des opérations, nous visons à couvrir l'ensemble des
activités de chaque ministère.
M. MORIN: Autrement dit, le système d'échantillonnage que
vous avez adopté ne fait pas qu'il y ait des secteurs qui soient
laissés dans l'ombre.
M. LAROSE: Le système d'échantillonnage ne sert pas
à déterminer les services à vérifier.
M. MORIN: J'ai compris. C'est à l'intérieur de chaque
service qui fait les dépenses et qui effectue les paiements que vous
faites l'échantillonnage.
M. LAROSE: C'est cela.
M. MORIN: Très bien. Est-ce que vous avez un agent
vérificateur dans chaque ministère actuellement?
M. LAROSE: En permanence? M. MORIN: En permanence, oui.
M. LAROSE: Non, pour plusieurs raisons. Nos équipes de
vérification peuvent se trouver à l'intérieur d'un
ministère pour six mois de l'année, par exemple. Il peut arriver
qu'ils s'y trouvent pour six mois et même plus. Prenons l'exemple du
ministère des Affaires sociales. On va se trouver à
l'intérieur du ministère des Affaires sociales pendant une
très grande période de l'année. De la même
façon dans certains autres ministères, Transports ou Travaux
publics, on va être là pendant plusieurs mois de l'année,
mais il n'y a pas de personnel en permanence. Je pense que la raison
fondamentale, c'est qu'il ne faudrait d'aucune façon que la personne
finisse par se considérer membre de l'organisme à
vérifier. Il lui faut demeurer complètement indépendante
d'esprit si elle demeurait là comme attachée à un
ministère, elle pourrait finir par se considérer comme de la
famille.
M. MORIN: Je pensais qu'il y aurait moyen d'organiser une permutation
des effectifs.
M. LAROSE: On l'a fait quand même, mais sans jamais affecter
quelqu'un en permanence. On procède par mandat de vérification et
l'équipe de vérification peut être modifiée d'un
mandat à l'autre, ce qui ne se fait pas de façon
régulière maintenant, mais c'est dans les objectifs du bureau de
modifier les équipes de vérification fréquemment.
M. MORIN: Très bien. Est-ce que le ministre des Finances vous a
confié à l'occasion des mandats spécifiques comme par
exemple la vérification de tel dossier? Un exemple qui me vient à
l'esprit, dont nous aurons peut-être l'occasion de nous entretenir
éventuellement, est le dossier de l'institut Drouin. Est-ce qu'il vous a
déjà confié le mandat de jeter un coup d'oeil, de
vérifier les remboursements des voyages privés des
députés? Vous savez que la loi fédérale autorise ce
genre de mandat spécifique. Est-ce qu'il vous en a été
confié?
M. LAROSE: Non. Je n'ai jamais reçu de mandat spécifique
du ministre des Finances pour étudier des demandes particulières.
Le contrôleur des finances a aussi des pouvoirs d'enquête et
probablement que s'il y a eu à l'occasion des enquêtes à
faire, je peux supposer qu'elles ont été plutôt
confiées au contrôleur des finances. En ce qui me concerne, je
réponds pour moi, je n'en ai jamais eu. Des mandats...
M. MORIN: Pour vous, c'est la vérification après coup.
Après paiement.
M. LAROSE Pardon?
M. MORIN: Dans votre cas, c'est la vérification après
paiement.
M. LAROSE: Après paiement.
M. MORIN: Elle est bien distincte de l'autre.
M. LAROSE: Oui, mais je pense que, même à l'heure actuelle
et même après paiement, le contrôleur des finances pourrait
faire certaines études à la demande du ministre ou du
ministère.
M. MORIN: Oui.
M. LAROSE : Nous avons peut-être eu un ou deux mandats
spéciaux, mais ils ne venaient pas du ministre des Finances. D'ailleurs,
en vertu de la loi, je crois que le ministre des Finances ne pourrait
probablement pas nous confier de mandat. Le mandat devrait nous venir par
l'entremise soit du Conseil du trésor ou soit du conseil des ministres.
Mais il faudrait qu'il nous vienne par le truchement du Conseil du
trésor ou du conseil des ministres.
M. MORIN: Ou de l'Assemblée nationale.
M. LAROSE: J'imagine, mais ce n'est pas mentionné dans la loi.
J'imagine que...
M. MORIN: Non.
M. LAROSE: ... ce pouvoir doit exister en faveur des membres de
l'Assemblée nationale. Je le suppose, mais je ne le sais pas.
M. GARNEAU: Sur cette question, je pense
que l'observation du Vérificateur général est juste
et les fois où il y a eu des mandats précis que j'ai eu à
demander, ils ont été demandés au contrôleur des
finances qui détient un pouvoir d'enquête assez étendu.
Cela a été le cas de Place Royale où, à ma demande,
le contrôleur des finances a délégué une
équipe pour faire une analyse complète de toutes les
opérations. Evidemment, le contrôleur des finances, de
lui-même, proprio motu, si on peut dire, entreprend des
vérifications dans une foule de secteurs et il arrive que des
ministères demandent au contrôleur des finances de faire des
enquêtes particulières dans des secteurs donnés, soit dans
un hôpital ou dans un autre organisme gouvernemental où le
contrôleur est appelé, à l'occasion, à effectuer des
enquêtes spéciales à la demande du ministre des Finances ou
d'un autre ministère.
M. MORIN: M. le Vérificateur, est-ce que vous estimez que cette
situation est satisfaisante ou est-ce que vous pensez que le
Vérificateur général devrait également pouvoir
recevoir des mandats spécifiques comme ceux-là?
M. LAROSE: Vous voulez dire de la part de...
M. MORIN: D'enquête, de la part du ministre des Finances ou de la
part de l'Assemblée nationale, par exemple?
M. LAROSE: Je pense que ça pourrait certainement être
possible. Il me semble que si, à un moment donné,
l'Assemblée nationale ou les membres de l'Assemblée nationale
désiraient un travail d'enquête, si c'était permis en vertu
de la loi, je pense qu'on pourrait, relevant de l'Assemblée nationale,
produire des rapports particuliers, à la suite de travaux, aux membres
de l'Assemblée nationale, selon des mandats particuliers.
M. MORIN: Mais le sens de ma question est le suivant. Le ministre des
Finances nous dit : Je me suis plutôt adressé au contrôleur
des finances qui possède de larges pouvoirs d'enquête. La question
que je vous pose: Est-ce que, vous aussi, vous ne devriez pas avoir de tels
pouvoirs d'enquête dans des cas spécifiques qui vous seraient
assignés?
M. GARNEAU:Il les a.
M. LAROSE: Je crois que j'ai les mêmes pouvoirs que le
contrôleur des finances, et tout au moins les mêmes; je ne pourrais
pas les comparer. L'article de la loi dit ceci: "Que le Vérificateur
général doit faire enquête et rapport chaque fois que le
lieutenant-gouverneur en conseil ou le Conseil du trésor lui en fait la
demande, surtout en matière de compétence du Vérificateur
général." Ailleurs, on dit que j'ai les pouvoirs de convoquer qui
que ce soit, fonctionnaires, etc., pour obtenir les renseignements dont j'ai
besoin pour la rédaction des rapports.
M. MORIN: Ce qui veut dire que vous avez déjà le pouvoir
de procéder.
M. LAROSE: Si la demande m'est faite pour faire un travail
d'enquête particulier, j'ai le pouvoir de le faire, oui. C'est que les
demandes peuvent bien ne pas venir à l'heure actuelle.
M. MORIN: Avez-vous le pouvoir de le faire proprio motu, de votre propre
initiative?
M. LAROSE: En vertu du mandat général qui est
confié au Vérificateur général d'examiner toute
transaction financière qui a été faite par le
gouvernement.
M. LESSARD: Vous avez déclaré tout à l'heure que
vous n'aviez pas reçu de mandats spéciaux de la part du ministre
des Finances.
M. LAROSE: Non.
M. LESSARD: Est-ce que vous n'auriez pas laissé entendre que vous
auriez reçu deux mandats spéciaux? Est-ce que j'ai mal compris
ou... Deux mandats spéciaux, mais qui proviendraient d'autres
ministères?
M. LAROSE: Oui, ils peuvent venir du conseil des ministres, en fait.
M. LESSARD : Est-ce que vous avez reçu des mandats
spéciaux qui proviendraient...
M. LAROSE: Oui.
M. LESSARD: Quels étaient ces deux mandats spéciaux?
M, LAROSE: C'était de nature un peu particulière. C'est
que, dans un cas, c'était, par exemple, pour agir comme contrôleur
à la Centrale d'artisanat à Montréal.
M. ROY: Où, à quel endroit?
M. LAROSE: A la Centrale d'artisanat à Montréal.
M. MORIN: La Centrale d'artisanat dont on a parlé en Chambre.
M. LAROSE: Pour agir temporairement, comme contrôleur des
opérations et nous sommes encore là à ce titre. Un
deuxième mandat était pour effectuer un travail spécial
à la demande de M. Lucien Saulnier à la commission de l'industrie
de la construction, au moment où M. Lucien Saulnier était
délégué du gouvernement, je ne me souviens pas exactement
à quel titre. Il nous avait demandé de faire une étude
comparative des méthodes administratives à
l'intérieur de la commission, en comparaison avec les méthodes
administratives qui sont suivies à l'intérieur du
gouvernement.
Il y en a eu un troisième, on me le rappelle. Il s'agit d'une
vérification spéciale qui nous a été
demandée par le lieutenant-gouverneur en conseil pour un centre de
recherches industrielles. C'est une vérification dite spéciale,
mais qui est un peu normale à l'occasion d'un changement de
président. A ce moment-là, on met les choses à jour. Ce
n'est pas une vérification annuelle, mais on l'a fait à ce
moment-là.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je prierais votre "supplément" de me
demander de poser des questions. S'il veut bien s'adresser à la
présidence, parce que, après l'honorable chef de l'Opposition,
l'honorable député de Beauce-Sud, tel qu'on procède
actuellement, a demandé la parole.
M. LESSARD: Cela se complique, M. le Président, c'est qu'à
un moment donné...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Une question d'ordre.
M. ROY: C'est la même chose en ce qui me concerne. Tout à
l'heure, je devrai revenir sur des sujets, sur des questions qu'a posées
le ministre des Finances et le chef de l'Opposition également.
Autrement, on va prendre un sujet et on va le vider à tour de
rôle. Il y a deux façons de procéder. Ou on prend un sujet
et on le vide et tout le monde pose des questions, ou bien chacun pose ses
questions. Il arrive toujours des sujets accessoires à
l'intérieur des sujets.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Si le député de Beauce-Sud, est
très chatouilleux...
M. ROY: Je ne suis pas chatouilleux et je ne voudrais pas avoir affaire
à des chatouilleux non plus.
M. LESSARD: M. le Président...
M. ROY: Je pense que c'est une question de logique, M. le
Président. On a accepté une procédure tout à
l'heure, selon laquelle le ministre des Finances poserait en premier les
questions d'habitude c'est comme cela que ça fonctionne
ensuite, le chef de l'Opposition pose ses questions et enfin le
représentant du Parti créditiste pose ses questions. Si d'autres
députés veulent intervenir et qu'ils ont des questions
supplémentaires à poser sur des questions qui ont
déjà été posées, ils en prennent note. Je
pense que c'est la seule façon logique. Autrement, on n'en sortira pas.
Il va certainement arriver que certains se sentiront chatouillés.
M. LESSARD: M. le Président, moi...
M. MORIN: Je n'ai pas d'objection à ce que mes collègues
posent des questions subsidiaires lorsque j'ai abordé un sujet. Cela ne
me dérange pas indûment, si c'est bref, je n'ai pas
d'objection.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Si la deuxième Opposition officielle
n'a pas d'objection, vous n'en avez pas. Alors le député de
Beauce-Sud, je pense que le député de Saguenay...
M. ROY: Sur ce point, je ne ferai pas une question de procédure
à ce moment-ci. Mais j'aimerais bien qu'on s'entende sur une
procédure de façon qu'on ne soit pas obligé de revenir
continuellement sur ces questions.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'accord.
M. ROY: Je ne veux brimer d'aucune façon les droits de
l'Opposition officielle ni ceux du gouvernement et je ne veux pas non plus
intervenir dans les questions qui seront posées, de façon
à empêcher les réponses, ou à nuire au bon
fonctionnement de la commission. Je voudrais bien, lorsque c'est à mon
tour, qu'on me le donne sans que je sois obligé d'invoquer le
règlement ou de faire des questions de procédure. Ce n'est pas
une question d'être chatouilleux, c'est une question de logique.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, à ce moment-là, le
député de...
M. LESSARD: Sur le point de règlement, je n'ai pas,
personnellement, d'objection à ce que les travaux de la commission ou
que les questions se posent à partir du ministre, le chef parlementaire
de l'Opposition et ensuite, le représentant du Ralliement
créditiste. Cependant, dans le passé, on a toujours tenté
de fonctionner à partir de sujets, sans brimer aucunement les membres de
l'Opposition ou les membres du Parti ministériel.
Simplement comme exemple, si je n'étais pas intervenu
immédiatement sur les deux mandats spéciaux qu'avait obtenus le
Vérificateur général et si j'avais été
obligé d'attendre à 4 h 40, pour poser la question, il n'y aurait
eu aucune relation à ce moment-là entre ma question et la
question qu'aurait posée le chef parlementaire de l'Opposition.
Je suis bien d'accord à fonctionner logiquement, mais je ne vois
pas pourquoi, à votre demande et j'accepte, M. le
Président, ce que vous m'aviez indiqué tout à l'heure
je n'aurais pas la possibilité de poser une question qui est en
relation directe avec la question qui a été posée par le
ministre des Finances ou que le député de Beauce-Sud puisse poser
une question qui est en relation directe avec la question qui est posée
par le chef parlementaire de l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Pour autant que les membres sont d'accord et
ne se chica-
nent pas, je suis bien d'accord. Cela va tellement bien.
M. MORIN: M. le Président, on peut tout simplement demander
à chacun des collègues qui a une question subsidiaire de dire:
Est-ce qu'on me permet, sur le même sujet, de poser, une question, comme
on l'a toujours fait dans nos commissions?
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'accord, je pense que c'est la formule
idéale.
M. MORIN: Est-ce que le député de Saguenay avait
terminé ou est-ce que je reprends?
M. LESSARD: M. le Président, je voulais simplement poser cette
dernière question sur le mandat spécial que vous avez obtenu
concernant la Centrale d'artisanat. Est-ce que vous pourriez me préciser
à quelle date ce mandat spécial vous a été
accordé ou sinon, est-ce que vous pourriez vérifier et
répondre plus tard?
M. LAROSE: Je vais la prendre en note. J'aimerais mieux revenir
là-dessus. De mémoire, je ne le sais pas.
M. LESSARD: D'ailleurs, on pourra revenir au ministère des
Affaires culturelles sur ce sujet.
M. ROY: II y a un point quand même, M. le Président, que je
voudrais signaler. C'est que nous avons bien convenu, avant que le
député de Saguenay arrive, que nous nous limiterions aujourd'hui
au bureau du Vérificateur général comme tel et qu'on ne
discuterait pas de choses particulières dans des secteurs donnés.
C'est la raison pour laquelle j'avais certaines réserves quand le
député de Saguenay est arrivé à ces questions
particulières, tout à l'heure, dans des sujets particuliers.
Je pense que ses questions sont fort pertinentes. On devrait en prendre
note. Lorsqu'il s'agira, par exemple, d'examiner toute l'administration du
ministère des Affaires culturelles, nous pourrions revenir sur la
question. C'est la suggestion que je fais. Je pense que ce serait normal.
Autrement, nous n'en sortirons pas.
M. MORIN: M. le Président, j'aurais une dernière question
à l'intérieur du même chapitre. Le Vérificateur
général fait, chaque année, des recommandations au
gouvernement et aux divers ministères. Je me demande dans quelle mesure
vous êtes à même de suivre les effets de juger ou de jauger,
si vous préférez, les effets de vos recommandations. Est-ce que
vous avez, au sein de votre bureau, un mécanisme de surveillance ou, si
vous voulez, de mise en oeuvre de vos recommandations? Est-ce que, une fois que
vous avez fait une recommandation à un ministère, vous vous
contentez de le laisser avec votre petit bonheur et de vérifier,
l'année suivante, s'il en a tenu compte ou si vous vous tenez en contact
avec chaque ministère pour voir ce qu'il advient de chacune de vos
recommandations?
M. LAROSE: Si vous permettez, je reviendrai peut-être sur une des
questions que vous avez soulevées tout à l'heure pour les mandats
spéciaux qui peuvent nous être confiés. Il y en a qui
peuvent nous être confiés, comme vous le voyez, par la loi en
passant par le Conseil du trésor et par le conseil des ministres. Nous
sommes des fonctionnaires de l'Assemblée nationale. Est-ce qu'il
pourrait y en avoir qui nous soient confiés directement par
l'Assemblée nationale? Je ne sais pas exactement, sur le plan juridique,
si cela serait possible ou non. Evidemment, s'il nous en était
demandé et si c'était possible d'accepter en vertu de la loi, je
pense qu'on le ferait avec plaisir.
Deuxièmement, vous nous demandez si nous sommes en mesure de
suivre ou de mettre en oeuvre nos recommandations. Les mettre en oeuvre
nous-mêmes, sans aucun doute, c'est non, parce que nous n'avons pas de
pouvoir administratif. Je pense qu'il serait mauvais que nous ayons des
responsabilités administratives parce que, à ce moment, il nous
serait extrêmement difficile de faire de la vérification, si nous
étions engagés dans le processus administratif.
M. MORIN: Cela va de soi. La question porte sur la surveillance de la
mise en oeuvre par l'organisme auquel vous avez fait la recommandation.
M. LAROSE: L'année suivante, au cours de nos vérifications
subséquentes, nous revenons et nous regardons de nouveau si la situation
s'est améliorée. Notre seule solution à l'heure actuelle,
ce serait de répéter une même remarque si la situation ne
se corrige pas. Je pense qu'il faut, à ce moment, se fier, en ce qui
nous concerne, énormément, sur les travaux d'une commission
parlementaire comme celle-ci pour aider à ce que soit donné effet
à nos recommandations. Nous n'avons pas de pouvoir plus loin que cela
dans le moment. Je ne suis pas sûr qu'un vérificateur devrait en
avoir non plus. C'est assez difficile, à ce moment, parce que cela
tomberait dans le domaine administratif.
M. MORIN: Mais est-ce que c'est inconcevable que vous ayez un certain
nombre de fonctionnaires qui seraient chargés de surveiller justement
l'application de vos recommandations de mois en mois? Parce que, vous admettrez
avec moi que si vous revenez une fois par année, cela peut être
plus ou moins efficace.
Il faut qu'un ministère se le fasse dire plusieurs fois, donc
plusieurs années avant de finalement tenir compte de votre point de vue,
des recommandations que vous avez faites. Ce ne serait pas utile de suivre cela
à la trace un peu plus?
M. LAROSE: Au moment où nous faisons
des recommandations, nous demandons aux différents
ministères de nous faire part des gestes qu'ils poseront pour donner
suite aux réglementations que nous avons faites. Certains
ministères nous en informent assez rapidement. D'autres le font beaucoup
moins, et attendent que nous y retournions pour que nous constations
nous-mêmes si les choses ont été faites ou n'ont pas
été faites. Quant à avoir une équipe, même
là, il nous faudrait des pouvoirs de sanction. Je ne suis pas sûr
que ce serait efficace. Est-ce que ce mécanisme que vous envisagez ne
devrait pas être à l'intérieur même du gouvernement,
à l'intérieur d'un organisme central du gouvernement? Pour faire
une telle chose? Je me le demande. C'est toujours mauvais...
M. MORIN: Non, ce n'est pas à cela que je pensais. Vous savez, je
me rends compte que la seule sanction dont vous disposiez, en fin de compte,
c'est la sanction de l'opinion publique, c'est la sanction que pourrait trouver
votre action devant une commission comme celle-ci. C'est pour cela que
c'était si important de la faire siéger, ou qu'on commence au
moins une bonne fois à se pencher sur toutes les recommandations que
vous avez faites depuis quelques années, depuis trois ans. Ce n'est pas
dans la perspective de la sanction que je me place. C'est dans la perspective
de l'efficacité au jour le jour de vos recommandations, parce que vous
savez comment sont les administrations. Souvent les administrations
gouvernementales donnent l'exemple dans ce domaine. Elles n'agissent que sous
la pression, même si c'est une pression morale comme celle que vous
pouvez exercer. Cela peut être un peu plus efficace, si vous suivez vos
recommandations, si vous vous renseignez peut-être de mois en mois pour
savoir ce qui arrive. On vous a demandé telle chose, est-ce que vous
l'avez mise en oeuvre? Si vous revenez tous les ans, j'ai mes doutes sur
l'efficacité de cette méthode. Peut-être avez-vous
vous-même des doutes? Enfin, quand on examinera chaque ministère
à tour de rôle, on vous demandera justement ce qui est
arrivé à chacune de vos recommandations. De manière
globale, est-ce que vous estimez que c'est suffisant de revenir une fois par
année pour vérifier l'effet de vos recommandations ou bien si
cela ne pourrait pas être utile de suivre cela de plus près? Je
tiens pour acquis que vous auriez le personnel requis pour le faire. Je sais
bien que vous n'avez peut-être pas tous les effectifs dont vous avez
besoin.
M. LAROSE: Je n'ai jamais envisagé la vérification avec
cette double fonction de suivre strictement, d'avoir les pouvoirs de suivre
l'implantation de ses propres recommandations. Ordinairement,
évidemment, si on se réfère un peu à l'entreprise
privée, le Vérificateur fait des recommandations et on peut tenir
pour acquis que l'entreprise privée, c'est dans son
intérêt, va les appliquer.
M. MORIN : Le gouvernement n'est pas une entreprise privée. Il
n'a peut-être pas les défauts de l'entreprise privée. Il
n'en a peut-être pas les qualités non plus.
M. LAROSE: Je veux bien être d'accord sur cela. On me souligne
aussi qu'avant longtemps nos travaux de vérification seront
divisés en deux phases, même à l'intérieur d'une
même vérification.
M. MORIN: Oui.
M. LAROSE: Nous aurons ce qu'on appelle la vérification
intérimaire qui sera suivie à la fin de l'année de la
vérification de fin d'année. A ce moment, nous aurons dans les
ministères deux étapes différentes durant l'année.
C'est une technique pour avancer la production du rapport, comme vous pouvez le
supposer. A ce moment, cela nous serait probablement plus possible de voir si
nos recommandations ont été suivies dans un délai beaucoup
plus rapproché, beaucoup plus rapide que celui que nous avons à
l'heure actuelle. Je vois votre suggestion et j'aimerais y
réfléchir.
M. MORIN : Nous en reparlerons éventuellement. Je me posais la
question tout simplement. Ma dernière question, M. le Président,
je ne veux pas empêcher mes collègues de poser des questions eux
aussi. Vous nous avez parlé de la possibilité d'un système
informatisé...
M. GARNEAU: Sur le même sujet, est-ce que vous permettriez que je
vous fasse une suggestion?
M. MORIN: Oui, je vous en prie.
M. GARNEAU: Je voudrais dire que les remarques qui sont publiées
dans le rapport du Vérificateur sont prises au sérieux par les
administrations, du moins je le constate par la réaction que je peux
recueillir des officiers du ministère des Finances dans les divers
ministères.
Je dois dire que, lorsque le rapport du Vérificateur est rendu
public et que je communique avec mes collègues en leur demandant
d'attirer l'attention de leur sous-ministre, surtout celui qui est responsable
de l'administration, sur ces remarques; d'une façon
générale, du moins jusqu'à ce jour, ces recommandations
ont été prises très au sérieux. Par exemple, en ce
qui concerne l'Office du crédit agricole, certaines des remarques
intérimaires faites par le Vérificateur général ont
été prises extrêmement au sérieux par
l'administration. Je dirais même, d'après les échos que
j'ai eus par la suite, que ces remarques leur ont été
extrêmement bénéfiques. Ils ont pu eux-mêmes, surtout
la direction générale de cette administration a pu
bénéficier de ces remarques, les mettre en application et
améliorer, pour leur propre bénéfice, l'information
financière dont ils disposaient.
La seule difficulté le Vérificateur l'a
mentionnée tout à l'heure et vous-même, M. le chef de
l'Opposition, vous l'avez faite c'est que la nouvelle Loi de
l'administration financière est entrée en vigueur le 1er avril
1971, pour les raisons que le Vérificateur a données. Le rapport,
pour l'année financière terminée le 31 mars 1972, a
été rendu public au moment où, je crois, les comptes
publics pour l'année financière 1973 étaient
déjà déposés ou sur le point de l'être, de
telle sorte qu'il a été un peu plus difficile d'apporter le
"suivi" à certaines des recommandations de l'autre. Il se pourrait aussi
qu'il y ait des questions d'opinion, questions de jugement, sur lesquelles
certaines administrations de ministères ne seraient pas en parfait
accord, pour des raisons de points de vue différents, non pas en termes
de validité de l'information rendue publique, etc., mais en termes de
principe. Là, il pourra y avoir des discussions. Mais, d'une
façon générale, surtout si les rapports comme
l'indiquait le Vérificateur sont présentés en
même temps ou dans un très court délai après les
comptes publics, nous pourrons nous-mêmes, au niveau du ministère
des Finances, du contrôleur et éventuellement et surtout les
responsables des administrations des ministères, être en mesure de
pouvoir y accorder un suivi beaucoup plus rapproché dans le temps.
M. MORIN: Bien! Je voudrais revenir très brièvement sur la
question du système informatisé de vérification. Ma
première question serait: Est-ce que ces nouvelles méthodes
pourraient vous permettre, éventuellement, de procéder à
une vérification de l'ensemble des opérations? Est-ce que c'est
concevable?
Une question subsidiaire: Est-ce qu'il y a moyen de programmer les
ordinateurs de façon qu'ils procèdent eux-mêmes, dans une
très large mesure, à la vérification, du moins à
toutes les opérations de routine?
La troisième question que je vous poserais serait celle-ci :
Où en êtes-vous, par rapport à ce qui est possible, si vous
aviez les ordinateurs à votre disposition?
M. LAROSE: Votre première question: Vous me demandez si on peut
se servir de l'ordinateur pour des fins de vérification.
M. MORIN:Dans l'ensemble. Etant donné la rapidité des
opérations que peut accomplir un ordinateur, est-ce que cela ne vous
permettrait pas de centupler votre efficacité?
M. LAROSE: A l'heure actuelle, il y a des services gouvernementaux qui
utilisent l'ordinateur, et notre objectif à nous est de voir si le
résultat des opérations qui sont fournies par l'ordinateur est le
résultat exact des opérations. Il ne s'agit pas
nécessairement de recourir à l'ordinateur en tant que tel pour
faire de la vérification, quoique ce ne soit pas exclu. Mais
l'ordinateur fait des opérations. Nous, comme vérificateurs, nous
analysons, encore là, d'abord l'opération informatique et,
ensuite, nous voyons quels sont les contrôles qui sont incorporés
à l'opération informatisée. Nous examinons la valeur de
ces contrôles. Seulement sur l'opérations informatique
elle-même, nous regardons pour voir s'il y a des faiblesses de
contrôle. Pour le résultat général qui sort de cela,
nous pouvons utiliser, à l'heure actuelle, des programmes
spéciaux d'informatique orientés vers la vérification.
M. MORIN : C'était exactement à cela que je pensais.
Est-ce qu'il y a moyen de programmer ces appareils pour qu'ils procèdent
à la vérification automatiquement?
M. LAROSE: Oui.
M. MORIN: Rejetant peut-être ou signalant à votre attention
ce qui ne cadre pas avec les normes que vous avez appliquées?
M. LAROSE: Encore là, il faut quand même se limiter
à des sondages et non pas penser qu'on fera toute la vérification
des opérations qui auront été faites par l'ordinateur
parce qu'il s'agirait de répéter tout le travail de
l'année. Avec certains systèmes, certains programmes de
vérification et le concours de l'ordinateur, on peut procéder par
sondage et voir si les opérations de l'ordinateur donnent de bons
résultats.
M. MORIN: Ce n'est pas inconcevable de programmer un ordinateur pour que
toute opération comptable soit filtrée par l'ordinateur.
M. LAROSE: Ce n'est probablement pas inconcevable, mais ce serait
répéter tout le travail qui a été fait par
l'ordinateur durant la nuit, dans bien des cas. Ce serait tout simplement
doubler. Notre fonction est de nous assurer que le système
informatisé donne les résultats et a les garanties
nécessaires d'exactitude, de régularité et donne des
résultats financiers adéquats. Dès qu'on a fait
suffisamment de travail pour acquérir cette certitude, pour se former
une opinion là-dessus, dès qu'on a fait suffisamment de travail,
on doit arrêter.
M. MORIN: Oui, mais l'ordinateur qui émet les chèques
n'est pas programmé pour procéder à la vérification
qui vous intéresse, vous.
M. LAROSE: Non.
M. MORIN: II est programmé différemment. Je pense, moi,
à des ordinateurs programmés pour faire le travail, pour
accélérer le travail que vous, vous êtes appelé
à faire.
M. BERTHIAUME: Est-ce que le chef de l'Opposition me permettrait un
commentaire?
M MORIN: Volontiers.
M. BERTHIAUME: J'ai l'impression qu'il y a une certaine confusion entre
deux fonctions pouvant être exécutées par l'ordinateur. Une
première fonction, c'est le contrôle comptable et une autre
fonction, c'est la vérification.
M. MORIN: C'est ce que nous venons de dire.
M. BERTHIAUME: Normalement, quand on rédige un programme, on
inclut un certain nombre de contrôles dans les programmes, c'est une
fonction administrative.
La valeur de ces contrôles peut être vérifiée
par la suite, annuellement ou à l'occasion, par le vérificateur.
Souvent, mais pas toujours, les programmes peuvent également contenir
des éléments qui permettent au vérificateur de faire ses
sondages, ce qui est la méthode traditionnelle de faire la
vérification.
J'imagine mal comment un programme pourrait être composé
pour faire la vérification comme telle, sauf cette opération de
vérification qui est la partie du sondage.
Je me permets de faire ces commentaires, M. le Président,
étant donné que ma profession était justement dans
l'informatique et j'ai souvent eu l'occasion de traiter de ces questions.
M. MORIN: Est-ce que je pourrais poser une question au ministre pour lui
demander si c'est inconcevable de programmer un ordinateur pour qu'il
procède à la vérification, que sa tâche soit de
vérifier?
M. BERTHIAUME : Je le crois. C'est une opinion que je vais vous donner.
Il est possible de le faire, sûrement, au moins, à certains
égards.
Je ne suis pas convaincu qu'il soit souhaitable de le faire parce que,
le jour où on systématise la vérification, on avertit
d'avance l'administration du genre de vérification qu'on va faire. Une
des fonctions de la vérification, jusqu'à un certain point, sans
être hypocrite, est de prendre les gens en défaut, s'il y a
lieu.
M. MORIN: Oui, mais vous pouvez avoir vos programmes à ce
moment-là.
M. BERTHIAUME: Si vous avez fait un programme, vous systématisez
automatiquement.
M. MORIN: Oui, d'accord.
M. BERTHIAUME: Surtout dans l'administration publique.
M, MORIN: Oui, je comprends. Quoiqu'il y ait moyen de ruser et de
modifier les programmes aussi d'année en année. Je veux dire que
cela peut se faire.
En tout cas c'est peut-être un débat un peu
théorique en pratique, où en êtes-vous dans le
système informatisé et où en êtes-vous par rapport
à ce qui se fait ailleurs? J'entends dans les endroits où on se
soucie d'informatiser la vérification.
M. LAROSE: Je vous ai mentionné tout à l'heure que nous
avions à notre emploi un type qui a une formation en informatique, qui a
une formation comptable, et notre façon de voir, à l'heure
actuelle, c'est qu'on lui demande, pour tous les systèmes
informatisés du gouvernement, avant d'entreprendre une
vérification, d'étudier les systèmes informatisés
et d'examiner quels sont les points de contrôle qui ont été
incorporés au système.
A partir du résultat de ce travail, nous agençons notre
programme de vérification aux conclusions que cet expert nous donne et
nous effectuons la vérification à ce moment, soit selon la
méthode traditionnelle, soit en ayant recours, pour certaines fois,
à l'ordinateur lui-même pour choisir nos sondages pour les
opérations à faire ou encore pour faire des sondages par des
systèmes "extracto", différents systèmes, ce qu'on appelle
des "audit packages" qu'on peut utiliser. Nous n'avons pas encore à
notre propre service de système de vérification strictement
basé sur l'ordinateur lui-même. On se sert de l'ordinateur pour
choisir principalement nos sondages, mais on analyse le fonctionnement des
opérations de l'ordinateur pour voir s'il comporte les contrôles
nécessaires.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, votre rapport au 31 mars dit que
l'année dernière vous aviez 84 p.c. des effectifs
autorisés. Vous en avez discuté tout à l'heure, il y avait
18 postes vacants, vous avez parlé d'un total de 140 postes
autorisés et jusqu'à maintenant vous aviez 118 personnes
d'attitrées. J'aimerais savoir si, à la lumière de
l'expérience acquise et compte tenu du travail que vous jugez essentiel
pour bien remplir votre mandat, vous considérez suffisant le nombre de
personnes que vous avez actuellement pour faire le travail que vous voudriez
faire, ou est-ce que vous pensez que vous devriez avoir plus de personnel
à votre disposition?
M. LAROSE: J'ai mentionné tout à l'heure, comme vous
l'avez dit, que notre personnel en place à l'heure actuelle est de 102.
Notre effectif autorisé actuel est de 120, l'effectif autorisé
dans deux ans sera de 140 puisque l'effectif autorisé augmente de dix
chaque année. C'est l'évolution actuelle. Je crois
personnellement dans le moment qu'avec un effectif de 140 nous serons en mesure
de faire notre travail de vérification de façon convenable.
M. ROY: Lorsque vous serez 140, mais, actuellement, cela veut dire que
vous estimez que vous n'êtes pas assez nombreux?
M. LAROSE: Non, nous ne sommes pas assez nombreux.
M. ROY: Qui détermine le nombre de poste qui vous sont
alloués?
M. LAROSE: La demande, telle que nous l'avons déterminée,
c'est nous qui l'avons faite de cette façon, parce qu'il fallait
être réaliste dans notre recrutement. Le recrutement que nous
pouvions faire était limité. Même si nous avions
demandé immédiatement de sauter de 100 à 140, nous aurions
bien eu un effectif écrit dans les livres mais nous n'aurions pas
été capables de recruter le personnel nécessaire. Alors,
c'était inutile.
M. ROY: Votre première difficulté était une
difficulté de recrutement d'abord.
M. LAROSE: Oui, il y a une difficulté de recrutement. Le
personnel de vérification est assez difficile à recruter
actuellement et est fortement en demande, tant dans les gouvernements, dans les
entreprises et dans les bureaux de vérification. Si vous regardez les
journaux, en fin de semaine, vous allez voir continuellement des annonces
où on sollicite du personnel de vérification. Il aurait
été irréaliste de penser faire plus.
M. ROY: Autrement dit, s'il y avait des candidats prêts à
travailler, qui accepteraient de travailler et qui satisferaient aux exigences,
qui auraient la formation que vous exigez, la formation professionnelle, pour
occuper la fonction, il y a des postes d'ouverts au bureau du
Vérificateur général, si j'ai bien compris?
M. LAROSE: Oui, dans le moment.
M. ROY: Si, à la suite des nouveaux... Je m'excuse, M. le
Président, on vient de me livrer un petit message, il y a un
débat à l'Assemblée nationale auquel je suis
intéressé, je vais y aller.
Je vais revenir à cette question, s'il y avait suffisamment de
candidatures de faites, je ne confierais pas cette tâche au ministre du
Revenu, je ne voudrais pas qu'il soit placé dans un conflit
d'intérêts.
M. GARNEAU: II n'a pas complété les directives, ni les
formulaires.
M. ROY: Je ne sais pas, je ne suis pas informé s'il a
complété les directives. Le premier ministre n'a pas l'air
d'être au courant. En temps et lieu.
M. le Président, je veux revenir sur un point. Si effectivement,
jusqu'à maintenant, vous réussissiez à trouver le
personnel nécessaire et qualifié, est-ce que vous pourriez,
immédiatement, est-ce que vous seriez prêt à augmenter vos
effectifs jusqu'à 140, d'ici la fin de l'année, par exemple?
M. LAROSE: Oui, mais il faudrait, à ce moment-là, obtenir
une nouvelle autorisation du Conseil du trésor et il me faudrait en
même temps, obtenir des crédits supplémentaires.
M. ROY: A qui faites-vous votre demande de personnel? Je pense que c'est
une question très importante à ce moment-ci?
M. LAROSE: Pardon?
M. ROY: A qui devez-vous faire votre demande de crédits, pour le
nombre de personnes?
M. LAROSE: Je suis, en cela, les mêmes règles que tous les
ministères du gouvernement, c'est-à-dire qu'elle passe par le
Conseil du trésor. Je fais la demande au Conseil du trésor.
M. ROY: Si j'ai bien compris, vous faites votre demande au Conseil du
trésor?
M. LAROSE: Pour mes crédits budgétaires?
M. ROY: Oui.
M. LAROSE: Sans aucun doute.
M. ROY: M. le Président, je comprends que ça peut aller au
Conseil du trésor, mais je me pose de sérieuses questions
à ce moment-ci. Etant donné que votre mandat relève de
l'Assemblée nationale, donc du président de l'Assemblée
nationale, j'étais persuadé que vous faisiez votre demande,
naturellement, à celui qui est le premier responsable,
c'est-à-dire l'Assemblée nationale, par l'entremise de son
président et que lui transmet la demande au Conseil du trésor.
Parce qu'il y a quand même une chose bien importante, c'est qu'il faut...
je m'excuse mais je voudrais préciser davantage ma pensée pour
être bien compris. J'aimerais terminer, si on me permet.
M. LAROSE: J'ai peut-être fait erreur. Lorsque je dis que
ça vient par le Conseil du trésor, mais ça passe par M.
Lavoie et par le secrétariat de l'Assemblée nationale.
M. ROY: Autrement dit, vous vous adressez directement au
président de l'Assemblée nationale?
M. LAROSE: Pas au président en tant que tel. Je prépare
mes crédits budgétaires, je les remets à M. Desmeules, le
secrétaire de l'Assemblée nationale, ce dernier les incorpore aux
autres crédits de l'Assemblée nationale, comme un programme
séparé et le tout est déposé, j'imagine, par le
président devant le Conseil du trésor.
M. ROY: D'accord. Je pense que c'est très important, parce qu'on
ne doit pas faire en sorte que le bureau du Vérificateur
général soit contrôlé par le Conseil du
trésor, c'est plutôt le contraire qui se passe. C'est la raison
pour laquelle j'ai posé cette question à ce moment-ci.
M. GARNEAU: Le bureau du Vérificateur général, en
termes de contrôle financier, la loi y pourvoit, c'est un officier du
contrôleur des finances qui fait la vérification, si on peut dire,
des livres du Vérificateur général. Parce que le
Vérificateur général, par décence, ne se
vérifie pas lui-même, mais la vérification comptable est
faite par un officier du contrôleur des finances qui, d'ailleurs, me
remet un rapport que je dépose à l'Assemblée nationale,
c'est ce que j'ai fait au cours des années antérieures.
Maintenant, pour ce qui est des crédits, comme l'indique le
Vérificateur général, ça parvient au
secrétariat du Conseil du trésor comme partie intégrante
de la demande des crédits de l'Assemblée nationale.
Théoriquement, c'est évident, c'est vrai que le gouvernement
pourrait dire: L'année prochaine, on donne un dollar de crédit au
Vérificateur général et, si tel était le cas, le
débat aurait lieu en Chambre, à l'Assemblée nationale, ce
ne serait pas quelque chose qui serait fait en catimini. Je pense être
assez fidèle aux faits en disant que le Vérificateur
général, son travail ou ses besoins s'expriment d'abord en
personnel compétent et j'étais heureux qu'il le mentionne tout
à l'heure, parce que c'est l'attitude que nous avons suivie au Conseil
du trésor, jusqu'à maintenant, c'est que les demandes que nous a
faites le Vérificateur, en termes de personnel, ont été
acceptées sans discussions. Evidemment, s'il y avait des abus, s'il nous
demandait, du jour au lendemain, 300 personnes, sans explication, on serait
obligé de poser ces questions. Mais, jusqu'à maintenant, les
demandes qui nous ont été faites et ont été
acceptées et justement en prévoyant les questions qui pourraient
nous être posées par l'Opposition, nous avons pris bien soin de
garder tous les documents pour faire la preuve.
M. ROY: La sagesse du gouvernement. M. GARNEAU: La prudence...
M. ROY: C'est pourquoi vous avez attendu aussi longtemps avant de
convoquer la commission pour être sûr d'avoir tous les documents en
main.
M. GARNEAU: Ils l'ont été au fur et à mesure.
M. ROY: M. le Président, j'aurais plusieurs questions
évidemment, je vais me limiter à une seule question, quitte
à y revenir à une séance ultérieure.
Vous avez parlé tout à l'heure des vérifications;
vous avez déclaré que vous faisiez une vérification
annuelle à chacun des ministères, plutôt que d'assumer une
présence à longueur d'année à l'intérieur
des ministères pour y exercer une surveillance continue. Est-ce
qu'à l'intérieur des ministères, vous avez un
système de rotation d'établi, que vous allez dans les
différents ministères approximativement aux mêmes dates
chaque année, ou si vous avez une rotation différente d'une
année à l'autre?
M. LAROSE: Tout dépend de l'envergure du ministère. Si un
ministère a un budget de quelques millions de dollars, il peut arriver
qu'on n'y passe qu'un ou deux mois et que cela puisse être relativement
rapide. Tandis que si le budget est d'un milliard et demi, on a des chances
d'être là toute l'année.
M. ROY: Ce que je veux savoir par ma question, c'est si vous allez dans
les ministères approximativement aux mêmes dates, chaque
année? Je pense que cela va être plus simple de poser ma question
de cette façon.
M. LAROSE: Oui, c'est possible qu'on soit là exactement aux
mêmes dates, aussi bien dans un ministère que dans une
régie. Nous faisons une vérification qui n'est pas une
vérification surprise en tant que telle.
M. ROY: Ce n'est pas une vérification surprise?
M. LAROSE: Ce n'est pas une vérification surprise que nous allons
faire là, puisque nous vérifions ce qui est passé. En
vérifiant des opérations passées, qu'on y aille à
n'importe quelle date, peu importe, à ce moment-là. Si on arrive
là pour vérifier les opérations du 31 mars 1974, n'importe
quelle date après le 31 mars 1974 peut convenir tout aussi bien. On peut
même y aller avant le 31 mars 1974, c'est ce qu'on fera bientôt,
avant la fin de l'année financière. Mais ce n'est pas
nécessairement une vérification surprise.
Par ailleurs, il peut y avoir certaines verifications surprises que nous
faisons. Par exemple, l'an dernier, nous avons fait au ministère de la
Voirie une vérification surprise de la distribution des chèques
de paie aux ouvriers sur la route. Nous ne l'avons pas dit à personne.
On s'est entendu avec un officier du ministère, on a pris arrangement
avec un seul officier du ministère de la Voirie pour obtenir les
chèques et aller en faire la distribution nous-mêmes, afin de
s'assurer que le personnel qui était payé était Tellement
le personnel qui avait travaillé là.
M. ROY: Que c'était réellement du monde...
M. LAROSE: Cela a été complètement une
surprise.
M. ROY: Que c'étaient réellement des gens qui
étaient sur les listes de paie.
M. LAROSE: C'est cela. C'est la même chose
si on va faire une vérification de l'en-caisse à un
endroit. A ce moment-là, on va y aller à n'importe quelle date de
l'année et on n'avisera personne. Qu'on y aille à des
périodes déterminées, cela n'a pas d'incidence.
M. KENNEDY: Pour l'information du chef de l'Opposition...
M. ROY: D'accord. M. le Président, avec votre permission,
étant donné qu'il y a un autre débat à
l'Assemblée nationale, je pense qu'il y avait quand même une
entente intervenue entre les leaders du gouvernement. Il y a une motion de
discutée à l'Assemblée nationale et cela concerne les
engagements financiers, donc cela concerne les comptes publics
également. Je dois aller à l'Assemblée nationale.
J'aimerais, si c'était possible, qu'on réserve cet article
5, quitte à y revenir si les questions n'avaient pas été
posées par le chef de l'Opposition, par le gouvernement, à
l'occasion d'une séance ultérieure.
M. GARNEAU: Est-ce l'intention du chef de l'Opposition de revenir sur
cette question ou s'il veut tenter de vider ce problème
immédiatement? Avait-il l'intention de revenir plus tard, lors de la
reprise des travaux?
Voici pourquoi. Si cela peut accommoder les gens, il est cinq heures et
c'était mon intention de suggérer de suspendre les travaux
à six heures, étant donné qu'on a une réunion du
conseil des ministres ce soir. On pourrait les suspendre soit sine die, soit
jusqu'à demain, si l'Assemblée nationale siège, et que
nous sommes convoqués à nouveau demain, sinon, au moment ou le
sous-comité aura siégé et déterminé l'ordre
du jour. Si cela peut convenir, je n'aurais pas d'objection à ce qu'on
suspende les travaux dès maintenant, pour permettre aux
députés qui veulent participer à ce débat d'y aller
au lieu de le faire à six heures. De toute façon, à six
heures, je vais suggérer l'ajournement sine die en attendant de savoir
ce que la Chambre décidera demain. Je n'aurais pas objection à
arrêter dès maintenant nos travaux pour permettre aux autres
d'aller en Chambre.
C'est tout simplement une suggestion, compte tenu du fait que ce soir,
je vais être obligé...
M. ROY: M. le Président, je ne voudrais pas mettre fin aux
travaux de la commission.
M. GARNEAU: Non, non, non, je ne veux pas mettre fin aux travaux de la
commission.
M. ROY: Je comprends les circonstances. Je remercie le ministre de
l'offre qu'il vient de nous faire à ce moment-ci, mais je pense
peut-être qu'il y aurait lieu, au lieu d'ajourner la commission sine die,
que nous nous entendions et que la commission siège à nouveau la
semaine prochaine de façon que nous puissions...
M. GARNEAU: Non, je ne pourrai pas faire cette recommandation, parce
que...
LE PRESIDENT (M. Brisson): II y a un comité formé, vous en
discuterez au comité.
M. ROY: D'accord.
M. GARNEAU: Libre à vous...
M. MORIN: II y a seulement une question qui est presque une demande de
dépôt d'un certain nombre de documents. Peut-être que je
pourrais la poser maintenant...
M. HARVEY (Jonquière): Pour la prochaine séance.
M. GARNEAU: D'accord.
M. MORIN: ... pour que ces documents soient devant nous, peut-être
à la prochaine séance ou même avant cela, parce que ce sont
des documents d'ordre public. J'allais vous demander... J'en ai pour quelques
minutes à peine. Après cela, je n'aurai pas d'objection à
ce qu'on propose l'ajournement. Vous jugez de la régularité des
paiements qui sont faits par le gouvernement d'après un certain nombre
de normes. Ces normes vous sont données par la Loi de l'administration
financière et aussi par un certain nombre de règlements qui ont
été adoptés par le Conseil du trésor, par exemple.
Est-ce que ces règlements, vous pourriez les mettre à notre
disposition?
M. LAROSE: Je me demande si c'est à nous d'y répondre. Je
ne sais pas si c'est le Conseil du trésor...
M. MORIN: Si nous n'avons pas ces instruments de travail, on est bien
moins aptes à vous poser des questions pertinentes.
M. LAROSE: Je suis parfaitement d'accord.
M. MORIN: J'ai l'impression qu'on épargnerait aussi beaucoup de
temps en prenant connaissance de ces normes précisées par le
Conseil du trésor.
M. LAROSE: II y a un manuel très épais.
M. GARNEAU: Comme ce sont des directives administratives qui
relèvent, soit du contrôleur de la Trésorie dans l'exercice
de ses fonctions ou encore du Conseil du trésor et qu'il s'agit de
directives qui sont publiques dans chacun des ministères, le
contrôleur m'indique que, pour ce qui regarde les directives qu'il a
émises lui-même, c'est relié à un volume, je pense,
qui est remis à chaque comptable des ministères, je pourrais
certainement en avoir des copies qui pourraient être distribuées
aux membres de la commission.
Je mets quand même une certaine restriction parce que je ne sais
pas si toutes ces directives sont reliées dans un volume quelconque. En
ce qui regarde les directives ou les règlements émis sous
l'autorité du Conseil du trésor, je vais m'enquérir, soit
que je remette un volume ou une liasse de documents. Comme le dit le
Vérificateur général, il convient que ce soit des
documents qui soient déposés par le contrôleur des finances
ou le président du Conseil du trésor puisque ce sont des
documents qui émanent de ce côté de la table. Le
Vérificateur ne fait que les appliquer.
M. MORIN: En ce qui nous concerne, peu nous chaut d'où viennent
les document, pourvu que nous les ayons à notre disposition. Je pense
à tous les règlements du Conseil du trésor, notamment, qui
portent sur les soumissions, les contrats, les dépenses et qui
pourraient, il va sans dire, nous être fort utiles pour la suite.
M. le Président, si je pouvais en faire la suggestion, est-ce que
le secrétariat des commissions pourrait donner à chaque membre de
la commission un exemplaire de ces règlements?
M. GARNEAU: Je vais m'en occuper. S'il y avait une difficulté
technique que j'ignore, pour le moment, et qui m'empêchait de le faire,
j'en aviserai les membres de la commission dès la première
réunion, mais je ne crois pas qu'il y ait de difficulté. Toujours
sur la base de la prudence, j'aime autant garder une restriction au cas
où ces documents ne soient pas facilement susceptibles d'être
transmis demain matin. S'il y a une difficulté technique...
M. MORIN: Non.
M. GARNEAU: ... je vais m'enquérir, mais, en principe, il n'y a
certainement pas d'objection et nous ferons en sorte qu'ils soient
déposés au secrétariat de la commission pour qu'il puisse
les transmettre...
M. MORIN: ... à chacun des membres.
M. GARNEAU: ... à chacun. On ne prendra pas le risque de les
envoyer au président de la commission cette fois-ci.
M. MORIN: Oui. Il n'y avait aucune insinuation dans ma question.
M. GARNEAU: Non, mais des fois, au cas où.
M. MORIN: Ce sont des choses qui arrivent effectivement.
Je crois que nous avons la plus grande confiance dans le
président actuel. Est-ce que cette transmission au président de
la commission et aux membres de la commission pourrait se faire d'ici la
prochaine séance?
M. GARNEAU: Je vais essayer de donner les directives pour que ce soit
fait d'ici la fin de semaine ou la semaine prochaine, à moins qu'il y
ait des difficultés techniques, mais, du côté des
directives du contrôleur des finances, il n'y en a pas.
M. MORIN: Comme cela, cela nous permettra d'être au courant des
normes avant de commencer la prochaine fois.
M. LAROSE: ... des directives, des règlements.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Messieurs, la commission ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 16 h 55)