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Commission permanente des finances, des comptes
publics et du revenu
Etude du rapport du Vérificateur
général
Séance du jeudi 17 octobre 1974
(Dix heures treize minutes)
M. KENNEDY (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
Le comité des finances et des comptes publics et du revenu
continue l'étude du rapport du Vérificateur
général. Selon les informations qu'on me transmet, vous en
étiez à la section II lors de l'ajournement de la dernière
séance: Commentaires généraux. Est-ce qu'il y a des
suggestions pour qu'on change l'ordre de la procédure?
M. GARNEAU: M. le Président, lors de la dernière
séance, on nous avait demandé une information concernant les
effectifs du bureau du Vérificateur général. On avait
demandé de transmettre la lettre d'acceptation des effectifs qui avaient
été demandés. Le secrétaire des commissions
m'informe que les documents auraient été remis. Est-ce que vous
les avez bien reçus?
M. ROY: Oui.
M. GARNEAU: M. le Président, nous en étions, comme vous
l'avez mentionné à la section II, aux commentaires
généraux du vérificateur. Nous avions passé
à travers les articles de la Loi de l'administration financière,
le plan comptable. Nous étions rendus quelque part aux articles 4 et 5,
mais comme le député de Beauce-Sud avait manifesté le
désir de pouvoir revenir sur certains autres sujets, je pense que c'est
à lui d'indiquer à quel endroit il veut reprendre les travaux ce
matin.
M. ROY: M. le Président, je pense, si on me le permet, que le
Vérificateur général aurait peut-être des
précisions à apporter, des précisions
supplémentaires sur les informations, les réponses que nous
avions eues au cours de la dernière réunion.
Commentaires généraux (suite)
M. LAROSE: Oui, voici. J'aimerais apporter des précisions sur
deux points. Premièrement, M. Roy nous a demandé la semaine
dernière s'il y avait eu des modifications au plan comptable du
gouvernement et si ces modifications avaient eu des effets sur les états
financiers. A ce moment, j'ai répondu qu'il n'y avait pas eu de
modification récente au plan compatble. Je voudrais tout simplement
préciser qu'il y a eu une modification majeure au plan comptable qui a
affecté l'année 1970/71 et les années suivantes. C'est
justement l'année qui a précédé ma nomination. Cela
s'est appliqué à compter de l'année 1970/71. Les effets de
cette modification ont été mentionnés aux comptes publics
et dans le rapport du Vérificateur général pour
l'année 1970-71 et même en partie aussi dans le rapport pour
l'année 1971-72.
M. ROY: Ces modifications qui ont été apportées,
est-ce que c'est surtout à la suite de l'adoption de la Loi de
l'administration financière ou encore si cela a été pour
moderniser l'administration gouvernementale? Est-ce qu'il y a eu des
modifications... La Loi de l'administration financière a obligé
à des modifications assez importantes comme telles.
M. LAROSE: Je pense que les deux études se sont faites
parallèlement. On a voulu modifier le plan comptable pour qu'il devienne
à ce moment plus oritenté vers la comptabilité de
l'exercice. Ceci a permis l'inscription, par exemple, des comptes à
recevoir ou des revenus à recevoir des mandataires, qui étaient
encaissés en avril et qui sont maintenant inscrits comme revenus de
l'année. On a apporté des modifications au plan comptable pour
qu'il soit plus orienté vers la comptabilité de l'exercice sans
qu'il le soit complètement.
La Loi de l'administration financière, a été
adoptée en décembre 1970, et elle doit, à notre point de
vue, être amendée pour mieux respecter l'esprit actuel du plan
comptable.
M. ROY: Oui, d'ailleurs, c'est une question qui a été
examinée...
M. GARNEAU: La semaine dernière.
M. ROY: ... au cours de la dernière semaine. Maintenant...
M. LAROSE: La deuxième précision... M. ROY: La
deuxième précision, oui.
M. LAROSE: La deuxième précision, si vous me permettez,
c'est que vous avez posé la semaine dernière une question sur les
comptes payables du gouvernement qui ne seraient pas inscrits au livre. A ce
moment, je vous avais mentionné que les registres comptables ne
fournissent pas de renseignements qui nous permettraient d'établir de
façon assez précise le chiffre des comptes payables non inscrits.
On a ajouté qu'avec le nouveau système de SYGBEC qu'il sera
possible, à compter de l'année 1973/74, d'établir ce
chiffre au début de l'année suivante.
Depuis la dernière réunion, nous avons tout de même
relevé, dans notre rapport, les chiffres que nous avons
mentionnés dans le rapport concernant les comptes payables non
inscrits.
Nous en arrivons à ce moment à un chiffre de $53,901,000.
Cependant, on doit qualifier ce chiffre de $53,901,000 de la façon
suivante à tout le moins: Nous ne prétendons pas qu'il soit
complet, premièrement parce qu'il n'a pas été fait pour
les mêmes raisons que nous avons données la semaine
dernière. Ce chiffre n'est pas complet.
Alors, il peut y avoir, par exemple, du côté des
dépenses diverses du gouvernement, des dépenses qui ne sont pas
incorporées à ce chiffre.
Deuxièmement, du côté des dépenses de
transfert, ce montant de $53 millions comprend des dépenses de transfert
principalement dans le domaine de l'éducation et dans le domaine de la
santé et du bien-être.
M. ROY: C'est-à-dire que c'est compris.
M. LAROSE: C'est compris dans ce montant de $53 millions. Selon les
dispositions du plan comptable, les dépenses de transfert ne sont
inscrites au livre que s'il y a des disponibilités budgétaires,
mais dans le montant de $53 millions, il y a des dépenses de transfert
pour des sommes qui, à notre avis, se réfèrent à
l'année antérieure, à l'année qui vient de se
terminer, l'année 1972/73, et le montant de ces dépenses de
transfert, qui est compris dans la somme globale de $53,900,000, est de plus de
$40 millions pour les dépenses de transfert.
M. ROY: Inclus $40 millions.
M. LAROSE: Dans les $53,900,000 que je vous mentionne, il y a pour plus
de $40 millions de dépenses de transfert du domaine de
l'éducation, c'est-à-dire de subventions à accorder, de
subventions qui devront nécessairement être accordées et
également dans le domaine de la santé et du bien-être.
M. ROY: A combien pouvez-vous estimer les dépenses qui devraient
être comprises à l'intérieur de ces chiffres mais qui ne
sont pas comprises parce qu'il n'y a pas de disponibilité
budgétaire? Est-ce que vous pouvez nous donner un ordre de grandeur?
M. LAROSE: Non. Je crois que cela serait impossible.
M. ROY: Cela peut être $2 millions ou $20 millions.
M. LAROSE: Parce qu'il faudrait nécessairement faire une grosse
distinction entre ce qui est des dépenses courantes d'abord,
appelons cela des dépenses d'achat de fournitures, etc. et ce qui
est des dépenses de transfert. Or, la définition d'une
dépense de transfert, à ce moment, peut entraîner des
complications assez fortes.
Prenons un cas. Vous avez les hôpitaux, où on fonctionne
avec des budgets annuels accordés aux hôpitaux, et il y a des
règlements financiers en fin d'année qui arrivent et qui
interviennent, des règlements financiers basés sur les
états financiers des hôpitaux qui sont soumis pour examen. A ce
moment, quelqu'un peut dire que c'est un compte payable. Dès que
l'hôpital a dépensé l'argent, un autre peut dire que c'est
un compte payable au moment où on l'inscrit dans les livres du
gouvernement, au moment où la disponibilité budgétaire est
votée, mais un autre pourrait discuter d'une autre façon
d'enregistrer cette dépense. Ce sont des dépenses qui sont
importantes.
Si on prend le domaine de l'éducation, vous avez des subventions
d'équilibre budgéraire aux commissions scolaires. Les commissions
scolaires finissent leurs opérations le 30 juin d'une année; par
conséquent, il y a une partie du déficit des commissions
scolaires qui tombe dans une année financière du gouvernement,
une partie qui tombe dans l'autre année financière du
gouvernement. A quel moment doit-on le définir et quelle partie du
déficit des commissions scolaires, de cette subvention
d'équilibre budgétaire devrait être incorporée dans
une année et incorporée dans l'autre? Selon la position ou la
définition que l'on prend de la dépense de transfert, on peut
arriver avec des résultats complètement différents.
M. ROY: Je pense bien que, de ce côté, ce serait assez
difficile, mais le but que je visais surtout par les questions que je posais
à ce chapitre-là concernait surtout les dépenses faites
directement par des ministères, les dépenses qui engagent les
deniers du gouvernement, les dépenses directes qui, à cause d'un
manque de disponibilité budgétaire et à cause du fait que
le Conseil du trésor n'a pas été averti, sont
effectivement engagées lorsque le 31 mars arrive, mais ne figurent pas
dans les livres du gouvernement. C'était surtout cela et c'était
surtout cet aspect du problème que je voulais soulever et que je voulais
que nous discutions, parce qu'il est évident qu'au niveau des
dépenses des commissions scolaires, les dépenses des
hôpitaux ou autres, il y a quand même des bilans de ces
institutions qui sont présentés et on peut quand même aller
chercher des chiffres ou avoir une bonne idée de la situation qui
prévaut à une date donnée.
Je vous remercie de ces précisions. J'aimerais, M. le
Président, si on me le permet, avant de passer à l'article 5,
dépenses, revenir pour continuer à l'article 2, page 24,
sous-paragraphe IV. Je pense que nous en étions là, si ma
mémoire est bonne, lorsque nous avons ajourné notre
dernière séance. Pour nous replacer dans le sujet, pour les fins
du journal des Débats également, il serait peut-être bon de
lire l'article, le commentaire du Vérificateur général:
"Des revenus d'intérêt gagnés sur des prêts, avances,
placements temporaires, etc., sont déduits du coût du service de
la dette. Par contre,
les dividendes, qui sont versés par la Société des
alcools du Québec sont, à bon droit, crédités aux
revenus comme devront l'être les dividendes qui pourraient
éventuellement être versés par d'autres
sociétés. Nous maintenons notre opinion voulant que, dans les
deux cas il s'agit de placements faits par la province le revenu
ainsi produit, qu'il prenne forme de dividendes ou d'intérêts,
soit montré comme revenu. Si cette pratique avait été
retenue en 1972/73 (sauf pour les intérêts sur le fonds
d'amortissement), le revenu d'intérêts et le service de la dette
auraient été augmentés de $32,174,784."
Lorsque vous dites un revenu d'intérêts, est-ce que
ça veut dire qu'il y a un manque à gagner au niveau du revenu
d'intérêts de $32 millions? Est-ce que c'est ce que vous avez
voulu souligner et que du fait que vous équilibrez l'actif et le passif,
il y a eu une diminution du service de la dette correspondant au montant de
$32,174,784 qui ont été déduits directement du service de
la dette?
M. LAROSE: Pour ce que nous voulons mentionner, on peut citer un exemple
qui serait peut-être plus facile, le cas de l'Office des autoroutes. Le
gouvernement exige des intérêts sur les avances qu'il consent
à l'Office des autoroutes et le montant des avances, le paiement qui est
reçu de l'Office des autoroutes, est déduit de la dépense
du service de la dette et n'est pas montré comme un revenu du
gouvernement. On réduit la dépense du service de la dette du
montant d'intérêt qui est chargé à l'Office des
autoroutes et à notre point de vue, ce serait plutôt un revenu du
gouvernement sur un placement qu'il a fait à l'Office des autoroutes ou
une avance. C'est un peu la même chose sur certains autres types
d'avance. Dans d'autres cas, on ne le fait pas sur certains placements divers.
On les traite comme revenus. A notre point de vue, on n'est pas
conséquent d'une nature de placement à une autre nature de
placement. Pour nous, ce sont tous des placements. Il est évident...
M. ROY: Est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi vous procédez
ainsi?
M. LAROSE: Je ne sais pas, le principal motif qui a été
invoqué est que le gouvernement emprunte pour le compte de ses
organismes. Il emprunte plutôt que de laisser l'organisme emprunter
directement, le gouvernement emprunte pour le compte de l'organisme et lui
reprête des fonds. A ce moment-là, il trouve logique de
réduire sa propre dépense parce que, s'il avait laissé
l'office, dans le cas que nous avons choisi, emprunter directement, il n'aurait
pas cette dépense comme dépense du service de la dette. C'est le
principal motif qu'on nous soumet. Si j'ai bien compris, dernièrement,
il semble qu'on s'oriente, à la suite d'une étude qui a
été faite au Conseil du trésor ou ailleurs, vers le
traitement de ce type de revenu comme revenu plutôt que comme
déduction de dépenses.
M. ROY: Vos recommandations sont que ce soit considéré
comme revenu et non comme diminution de dépense, dans tous les
domaines.
M. LAROSE: C'est exact.
M. ROY: Est-ce que le ministre des Finances aurait quelque chose
à nous dire là-dessus, à savoir quelles sont les
intentions du gouvernement?
M. GARNEAU: En touchant l'aspect des remboursements
d'intérêts ou la déduction d'intérêts sur les
prêts faits aux offices ou régies, on pose un peu 'tout le
problème du budget brut et du budget net. Ce que M. Larose mentionne est
juste. Depuis un certain nombre de mois, on regardait la possibilité de
corriger cette situation on peut l'appeler correctif mais de
changer certainement la situation et de présenter l'ensemble des
dépenses gouvernementales au brut. C'est-à-dire, peu importe que
la dépense du gouvernement du Québec soit financée par des
revenus généraux, par des remboursements d'intérêts
de prêts, offices ou régies, comme la remarque à la page
224 l'indique, ou encore, un partage des dépenses à la suite de
contributions du ministère de l'Expansion économique
régionale, par exemple, on mettrait les dépenses au brut et les
paiements faits par les régies pour les prêts et avances; ou
encore les contributions du gouvernement fédéral au chapitre de
l'OPDQ seraient considérées comme des revenus et non pas une
déduction de la dépense.
Ceux qui suivent la présentation du budget chaque année se
rendent compte de la complexité qu'il y a de séparer le budget
brut du budget net. A chaque fois que je présente le budget, surtout
vis-à-vis des media d'information c'est toujours un peu du chinois pour
tout le monde. Les députés qui suivent depuis plusieurs
années en Chambre l'étude des crédits sont peut-être
un peu plus familiers, mais certainement pour le public en
général et ceux qui donnent l'information, ils sont toujours pris
à expliquer la différence qui existe entre le budget brut et le
budget net.
En changeant la présentation des crédits pour les
présenter uniquement au brut, on va se trouver à corriger ou
à apporter une modification, dans le sens de la recommandation du
Vérificateur général.
Habituellement les comptes publics étaient
présentés de la même façon que les budgets
étaient votés. Comme les budgets votés au service de la
dette ou plutôt analysés, parce que le service de la dette
est statutaire lorsqu'on étudiait, par exemple, à la
commis-
sion des finances, les dépenses relatives au service de la dette,
il y avait une déduction qui était le remboursement des
intérêts payés par les offices ou les régies et,
à ce moment-là, on pouvait l'étudier. Maintenant, on
pourra l'étudier encore au moment de l'étude des crédits
de la commission des finances, lorsqu'au début des travaux de la
commission, on étudie, on passe en revue toute la question des revenus
du gouvernement.
Je pense que la discussion va pouvoir se faire de la même
façon, sauf que cela va donner une image plus juste de l'activité
du gouvernement en termes de dépenses en disséquant ou en faisant
disparaître cette distinction entre le brut et le net.
M. ROY: On a pu garder le même principe pour les deux faits que le
ministre vient de mentionner, comme le Vérificateur
général, d'ailleurs, mais je pense que, ce qu'on regarde, par
exemple, au niveau des dépenses qui se font par des organismes
gouvernementaux, des organismes qui sont financés par le gouvernement...
Je vais prendre, par exemple, le cas de l'Office des autoroutes. Je me souviens
très bien en ce qui me concerne, des commentaires que le ministre des
Finances lui-même a faits chaque année et qu'il fait chaque
année, lors de la présentation du budget, pour analyser le
montant qui est consacré au service de la dette par rapport au budget,
selon les pourcentages.
Si, à ce moment, il y a une diminution du service de la dette,
sans faire figurer, dans le service de la dette, les dettes ou les
intérêts que doivent rembourser les institutions
paragouver-nementales, par exemple l'Office des autoroutes, je me dis que cela
ne sert pas à grand-chose. On donne des chiffres ou on fait des analyses
qui sont incomplètes. Je pense qu'à ce niveau...
M. GARNEAU: Cela ne changera pas...
M. ROY: ... parce qu'il y a le niveau de la présentation du
budget brut et du budget net, je suis entièrement d'accord avec le
ministre là-dessus, il y a des choses à faire de ce
côté. Même s'il semble que c'est le même principe qui
est retenu, je pense que les recommandations du Vérificateur
général, en ce qui a trait à ce secteur, entre autres...
Il devrait y avoir des correctifs qui devraient être apportés et
je suis prêt, M. le Président, à en faire une
recommandation immédiatement.
M. GARNEAU: Ce que je viens de vous dire confirme ce que le
vérificateur disait il y a un instant, c'est que cela va être fait
dans le prochain budget...
M. ROY: Cela va être fait dans le prochain budget.
M. GARNEAU: ... parce qu'en présentant le budget des
dépenses au brut, on se trouve à corriger cet aspect, car on ne
mettra pas de remboursement au niveau de la dépense. Mais quand on
compare, par exemple, le service de la dette aux revenus, pour savoir si le
fardeau du service de la dette correspond à une partie plus ou moins
grande des revenus, exprimé en termes de pourcentage, cela va être
la même chose. On va augmenter le service de la dette, d'un
côté, mais on va augmenter les revenus de l'autre
côté; au lieu de le mettre en déduction de la
dépense, on va le mettre du côté des revenus, ce qui ne
changera pas les résultats exprimés en termes de pourcentage du
service de la dette par rapport aux revenus.
M. ROY: II y a un point, je pense, qui est important. Je me demande,
à ce moment, jusqu'où on peut aller et jusqu'où on peut
faire des comparaisons qui se tiennent.
M. GARNEAU: C'est une autre chose. On peut se poser des questions
concernant la façon d'évaluer le service de la dette, mais ce que
je veux dire, c'est que, compte tenu du fait que, dans le passé, un des
critères était de comparer le service de la dette aux revenus
généraux du gouvernement.
Le fait de modifier la comptabilisation des intérêts
payés au gouvernement par les offices et les régies ne modifiera
pas ce critère d'évaluation. On peut dire qu'il n'est pas bon,
c'est une autre histoire. Mais cela ne modifiera pas la comparaison d'une
année par rapport à l'autre en changeant cet article comptable,
parce qu'au lieu de le mettre en déduction de la dépense, la
dépense va augmenter un peu et les revenus vont augmenter dans la
même proportion, ce qui va faire que les pourcentages vont demeurer les
mêmes. Maintenant, on peut entreprendre une longue discussion, à
savoir si c'est bon de faire ce type de comparaison. Est-ce qu'on doit le faire
per capita, par rapport au produit national brut, par rapport au produit
national net? Il y a toutes sortes d'hypothèses qu'on peut
établir. Si on prend l'article qui est discuté, cela ne
changerait pas les pourcentages tels qu'ils étaient utilisés sur
la base du critère du service de la dette à l'égard des
revenus au niveau du gouvernement.
M. ROY: M. le Président, ou je comprends mal, mais il y a quelque
chose qui accroche dans la thèse que nous soumet le ministre à
l'heure actuelle. Je comprends que le gouvernement a la possibilité, la
liberté de pouvoir ajouter le montant qu'il perçoit du
fédéral au budget de la province de façon qu'il ait le
budget global. Je parle au niveau du service de la dette. Le fait que le
service de la dette de la province a toujours été calculé
en tenant compte du budget net de la province. On le change au niveau du budget
brut en corrigeant cet aspect. Je dis qu'on fausse toutes les données,
quoi qu'en pense le ministre, parce qu'on ne parlera pas le même langage
tout à
fait, pour la bonne raison qu'il faudrait refaire la même
comparaison en tenant compte du budget brut de la province au cours des
dernières années.
M. GARNEAU: Si vous parlez en termes absolus, c'est vrai.
M. ROY: Parce que ce sont deux choses complètement
différentes.
M. GARNEAU: Si vous parlez en termes absolus, vous avez raison, mais
pour établir les comparaisons, je parlais en termes relatifs. Mais, si
vous parlez en termes absolus, c'est clair qu'il va falloir modifier pour fins
de comparaison en termes absolus l'année 1974/75 qui est l'année
en cours, qui, elle, ne sera pas modifiée; donc, la situation du rapport
du Vérificateur général au 31 mars 1974, de même que
celui qui aura lieu au 31 mars 1975, va être la même
présentement. Cela va être à partir du budget 1975/76.
Donc, c'est dans le rapport du Vérificateur général, au 31
mars 1976, que la situation va être modifiée en termes du rapport
du vérificateur, parce que le budget en cours a été
voté, comme vous le savez, suivant le principe de la déduction de
la dépense. Cela va aller seulement à l'autre budget. En termes
absolus, vous avez raison. Pour établir des comparaisons, il va falloir
modifier les années 1974/75, 1973/74, 1972/73 pour être capable
d'avoir les mêmes chiffres, parce que cela montrerait en 1975/76, si on
ne faisait pas cela, une augmentation du service de la dette qui n'en est pas
une, qui serait tout simplement due à des comparaisons, on comparerait
des choux et des raves.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: M. le Président, je veux féliciter d'abord,
le ministre de présenter à la population un budget brut qui va
être, en somme, un rapport total des activités de dépenses
du gouvernement. Cela va être un portrait plus fidèle des
activités du gouvernement du Québec. Je vais poser une question:
Actuellement, pour l'exercice en cours, vous avez une idée de la
différence qu'on aurait entre le budget brut, $500 millions, entre le
brut et le net?
M. GARNEAU: A peu près de l'ordre de grandeur. La
différence, c'est dans les contributions qui viennent soit du
gouvernement fédéral, soit des remboursements des services de
dette, soit encore des paiements qui sont effectués par des utilisateurs
pour un service gouvernemental quelconque. Au lieu d'être
comptabilisé en termes de revenu, c'est appliqué contre la
dépense. Disons qu'on construit une route dans la municipalité de
X et qu'il y a une entente entre le gouvernement et la municipalité,
selon laquelle le gouvernement paie 75 p.c. et la ville 25 p.c.
La contribution de la ville est appliquée en déduction de
la dépense, alors qu'à l'avenir elle sera calculée comme
revenu du gouvernement et la dépense sera exigée du
ministère des Transports. A ce moment, on aura une image plus juste de
l'action du gouvernement et aussi, on va éviter les difficultés
qu'on a au niveau budgétaire dans les dépassements qui peuvent
exister au net. On prévoit que, au début de l'année, sur
un budget de $100 millions à la voirie, dans la construction de routes,
il y en aura environ $5 millions ou $10 millions qui seront payés par
des municipalités, travaux sur lesquels il y a eu entente sur le partage
des coûts. S'il arrive, au cours de l'année, qu'une
municipalité, pour une raison ou pour une autre, ne soit pas capable de
verser son montant, il y aura un dépassement au net, ce qui complique la
situation. D'ailleurs, il y a une note du vérificateur à cet
effet. On le sait toujours à la fin de l'année. Quand on le sait
plus d'avance, soit qu'on peut le corriger par budget supplémentaire ou
par appel au fonds de secours, mais cela va éviter certainement ces
choses.
M. PERREAULT: C'est une amélioration.
M. GARNEAU: Certains prétendent que c'est une
amélioration; d'autres disent que non. Mais cela dépend des
ministères. De toute façon, la décision a
été prise de...
M. PERREAULT: Je pense bien que, pour la population, c'est un portrait
plus réel.
M. GARNEAU: Plus juste, oui.
M. ROY: Je termine, M. le Président, en ce qui me concerne. On
peut maintenant entreprendre... A moins qu'il y aurait d'autres questions
à poser. A l'élément 5, sous-paragraphe 5 du chapitre II :
les dépenses gouvernementales.
Dépenses gouvernementales
M. LESSARD: M. le Président, au niveau des dépenses du
gouvernement, je voudrais d'abord discuter des commentaires du
Vérificateur général concernant les subventions, en
particulier, à la page 2-26 b), dernier paragraphe, où on dit que
bien que la plupart des demandes de subventions soient étudiées
et octroyées, le cas échéant, dans le cadre des
règlements établis par les ministères, il n'en demeure pas
moins que, dans certains secteurs, des subventions sont versées selon
des règles insuffisamment définies. Cette année encore,
nous réitérons nos recommandations à ce sujet aux
autorités supérieures de certains ministères.
On sait, M. le Président, que dans le budget du gouvernement, les
subventions constituent un élément fort important. Il est
absolument nécessaire, je pense, d'avoir des critères et normes
bien définis pour avoir un contrôle sur ces subventions.
Ce que j'aimerais demander à M. Larose, c'est qu'il nous
précise les secteurs où ces normes et ces critères ne sont
pas clairement définis et les ministères, puisqu'il nous parle de
certains ministères, dont il veut parler dans son rapport.
M. LAROSE: C'est un sujet qui est vaste aussi, vous remarquerez. Parce
comme on le mentionne, c'est que les dépenses de transfert
représentent 70 p.c. des dépenses brutes de la province. Mais les
secteurs où on peut dire, par exemple, que les études, dans les
secteurs principaux où il s'accorde des subventions, par exemple, les
commissions scolaires, ou le secteur de l'éducation en
général, les études sont bonnes. Ceci est fait selon des
méthodes appropriées d'étude des budgets des commissions
et d'étude des états financiers des commissions.
Le même raisonnement s'applique aussi, normalement,
généralement du côté des affaires sociales, des
hôpitaux et des établissements de bien-être.
M. LESSARD: Dans ces secteurs, les critères et les normes sont
assez bien clairement définis.
M. LAROSE: Oui. Du côté des affaires sociales, par exemple,
l'an dernier ou il y a deux ans, on a changé au budget global et,
évidemment, il y a eu une période de flottement au moment
où le changement s'est fait. Mais par la méthode du budget global
qu'on expérimente encore à l'heure actuelle, on veut en arriver
à un contrôle meilleur et plus efficace encore que celui que nous
avions auparavant et jusqu'à preuve du contraire, nous croyons que la
méthode est bonne. Evidemment, elle est encore jeune. Elle en est encore
au stade d'une certaine expérimentation.
Quant aux ministères où nous avons constaté qu'il
manquait certains critères précis, on peut citer, je pense bien,
le ministère des Affaires culturelles, entre autres; on peut citer aussi
à l'occasion le ministère de l'Agriculture, et, dans certains
cas, le ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. LESSARD: C'est la deuxième année que vous insistez sur
la nécessité d'établir des normes dans ces secteurs ou
dans ces ministères. D'après ce que vous avez pu avoir au cours
de l'année 1972/73, est-ce qu'il y a eu des corrections qui ont
été apportées depuis?
M. LAROSE: Je crois qu'au ministère des Affaires culturelles, on
est réellement sensibilisé au problème et on veut faire un
effort. Quant à l'effort qui a pu être fait au cours de
l'année 1972/73, nous ne l'avons pas senti au cours de l'année
1972/73, quoique les officiers nous aient dit qu'ils étaient sensibles
au problème et que quelque chose se ferait.
Au ministère de l'Agriculture, on me mentionne ici que des
procédures ont été prévues et sont mises en
application depuis le 30 juillet 1973.
M. LESSARD: Au ministère de l'Agriculture, est-ce que vous
pourriez préciser quelles sont les principales subventions où ces
critères sont flous ou ont été flous?
M. LAROSE: Je pense que je vais laisser répondre M.
Chouinard.
M. ROY: J'irais même plus loin, si c'était possible, parce
qu'on a quand même, je pense bien, le privilège de demander le
dépôt de documents et si on pouvait nous donner une liste de ces
choses, si c'est possible...
M. LESSARD: Si j'insiste là-dessus, c'est parce que je pense que
c'est particulièrement important pour nous d'avoir ces informations
puisque nous avons aussi une autre surveillance à faire, auprès
de chacun des ministères et, lorsque l'an prochain, par exemple, nous
aurons à étudier les crédits du ministère de
l'Agriculture, du ministère des Affaires culturelles ou du
ministère de l'Industrie et du Commerce, nous pourrons insister pour
voir si ces critères et si ces normes ont été
établis et, sinon, pourquoi?
C'est pourquoi, je pense, que le fait que vous veniez témoigner
ici en commission parlementaire nous permet en même temps d'avoir
d'autres exigences auprès du ministère et c'est un des objectifs,
je pense, du Vérificateur général.
M. GARNEAU: M. le Président, j'ai l'impression que les
dépôts de documents de cette nature devraient être
demandés au ministère concerné lors de l'étude des
crédits de chacun des ministères. Il n'y a rien qui empêche
d'ailleurs, cela se fait régulièrement dans l'étude
des crédits des ministères les députés
ministériels ou de l'Opposition de questionner le ministre et
l'administration sur les critères qu'ils utilisent pour verser des
subventions et de demander au ministre concerné le dépôt
des documents. Je ne crois pas qu'il appartienne au Vérificateur
général d'établir les politiques du ministère. Ce
qu'il fait, à juste titre et c'est là son rôle, c'est de
dire, par exemple: II nous apparaît que tel ministère n'a pas de
critères suffisamment précis pour accorder des subventions. Mais
il appartient, en fait, au ministre de défendre sa politique et,
à l'occasion des crédits d'ailleurs, cela se fait
déjà il peut demander des dépôts de documents
parce que je pense bien que ces documents sont des documents des
ministères et c'est au ministre de les déposer, de
les défendre ou de les compléter s'ils ne sont pas
suffisants.
M. LESSARD: Mais il appartient aussi au Vérificateur
général de dire pourquoi il critique tel ministère et
telle subvention. C'est pourquoi j'ai demandé la ...
M. GARNEAU: Je ne blâme pas le député de Saguenay de
poser ces questions, mais ce que je veux lui mentionner, c'est que, pour le
dépôt de documents, il faudrait le demander au ministre
concerné et non pas au vérificateur qui n'a pas tous ces
documents devant lui. Il faudrait qu'il les demande, bien souvent, au
ministère pour pouvoir les déposer et cela ne lui appartiendrait
pas de le faire.
M. LESSARD: Alors je reviens sur la question que je soulevais: Est-ce
que vous pourriez me préciser, au ministère de l'Agriculture,
quelles sont les principales subventions que vous voulez toucher dans vos
commentaires du rapport?
M. LAROSE: On peut mentionner les subventions aux
fédérations et aux cercles de fermières. C'est un montant
de $46,200. C'est surtout dans la façon de procéder du
ministère. Il y a de la documentation, mais elle n'est pas suffisamment
complète à notre point de vue. Ensuite, du côté de
l'insémination artificielle et de l'amélioration des troupeaux,
il y a assez souvent des procédures, mais les procédures ne sont
pas entièrement suivies par les officiers qui sont chargés de
l'application de la méthode. Cela peut comprendre la promotion à
l'élevage, etc.; il y a différents types de subventions pour
l'amélioration des troupeaux.
M. BOSSE: C'est un sujet qui plaît beaucoup, d'ailleurs, au
député de Saguenay, l'insémination artificielle. Il y
revient souvent.
M. LESSARD: Je ne m'en occupe pas moi-même. Je laisse cela au
ministre. Il faut dire qu'il a 350,000 vaches. Revenons au sérieux.
C'est sérieux d'ailleurs pour les cultivateurs.
M. BOSSE: Je comprends. Je le sais.
M. LAROSE: Concernant l'aménagement des fermes, il manque assez
souvent de la documentation.
M. LESSARD: Je pense, monsieur...
M. ROY: C'est la question que j'aimerais... Je m'excuse, mais j'aimerais
peut-être...
M. LESSARD: Je pense que ces remarques, vous les reprenez au
ministère de l'Agriculture, il sera peut-être possible de revenir
plus en profondeur sur ces sujets lorsque nous étudie- rons les
recommandations ou les commentaires du Vérificateur
général concernant le ministère de l'Agriculture.
M. ROY: Et même si on peut revenir...
M. GARNEAU: En ce qui regarde l'aspect du ministère, je ne serais
pas en mesure de faire des commentaires là-dessus parce que je ne suis
pas au courant de chacun des procédés administratifs du
ministère et, comme les officiers supérieurs du ministère
de l'Agriculture seront ici le reste de la journée pour étudier
les questions relatives à l'agriculture, au ministère, à
l'Office du crédit agricole, à la Régie des marchés
et dans les autres organismes qui relèvent de ce ministère,
à ce moment-là, les officiers supérieurs pourront
répondre à certaines des questions auxquelles je ne pourrais pas
répondre présentement.
M. ROY: D'accord, mais j'aimerais quand même que le
Vérificateur général puisse nous dire sommairement, quitte
à y revenir cet après-midi, quand vous parlez de
l'aménagement des fermes, à ce sont des subventions qui sont
accordées aux agriculteurs comme telles? Est-ce que c'est au niveau des
subventions individuelles? Parce qu'au niveau de l'aménagement des
fermes, il y a des dépenses qui sont comprises à la suite d'une
loi, parce qu'il s'agit du remboursement d'intérêts sur des
emprunts qui sont faits au niveau de l'outillage de l'équipement ou
encore du cheptel. D'ailleurs, dans l'aménagement des fermes, il y a eu
des subventions individuelles accordées aux agriculteurs. J'aimerais
savoir quel genre de subventions c'était?
M. CHOUINARD: Ce sont des subventions au niveau individuel à
l'aide à la production agricole, à la production
végétale, comme le blé de printemps ou dans les questions
d'élevage, pour les bovins, les cas de pertes de bovins, comme
l'insémination artificielle, la partie subventionnée pour les
premières saillies, etc. C'est le genre de subventions qui sont
données pour aider l'agriculteur dans la production agricole,
l'élevage.
M. LAROSE: II ne s'agit pas là par exemple des subventions qui
sont accordées en vertu des lois qui sont administrées par
l'Office du crédit agricole. Les lois qui sont administrées par
l'Office du crédit agricole, nous y touchons au moment où nous
étudions l'Office du crédit agricole. Les lois de subventions, de
paiements d'intérêts, pour l'amélioration des
bâtiments de ferme ne sont pas couverts par ce secteur.
M. ROY: Au niveau des Affaires culturelles, pourriez-vous nous dire de
quel type de subventions il s'agit?
M. LAROSE: J'aimerais me référer.
M. ROY: Dans votre rapport, vous y revenez à l'occasion du
ministère comme tel?
M. LAROSE: Si vous permettez, je vais lire un extrait du rapport que
vous avez à la page 35 où on dit que "la vérification de
l'attribution des subventions nous a révélé que, depuis
janvier 1973, un officier du ministère affecté au bureau du
secrétaire général effectue à la demande de la
direction l'étude de la situation financière des organismes
subventionnés. Ce travail, une fois complété, est transmis
à chacune des directions concernées. Cette procédure a
été généralisée en octobre 1973 mais elle
n'existait pas dans l'année pour laquelle nous avons fait notre rapport,
celle qui a fini le 31 mars 1973. A l'occasion de l'émission d'une
directive spécifique par laquelle les directeurs généraux
et les directeurs de service furent requis de diriger les dossiers de demandes
de subvention au directeur général. Depuis, on nous informe qu'un
manuel de stratégie d'aide financière est en préparation.
Ce document aurait pour but de faciliter et d'uniformiser, dans la mesure du
possible, l'étude et l'attribution des subventions. Ces nouveaux
mécanismes de contrôle donnent suite à notre recommandation
formulée..." Cela couvre l'ensemble des subventions qui étaient
accordées par le ministère des Affaires culturelles où il
n'y avait pas suffisamment de contrôle avant l'octroi de la subvention.
Cette situation semble en voie de se corriger à compter de
l'été 1973. Un des points que nous avons voulu souligner à
l'endroit des subventions, c'est que nous sommes d'avis que c'est la
responsabilité de chacun des ministères, après avoir
octroyé une subvention, d'en vérifier l'utilisation. Au moment
où quelqu'un fait une demande de subvention, il soumet un budget pour
l'utilisation de cette subvention, un état financier ou autre chose.
Il arrive fréquemment que le ministère fasse une
étude de la demande de subvention. Elle n'est pas toujours faite selon
les critères que nous aimerions avoir, des critères assez bien
établis, mais il y a toujours une étude qui se fait.
Par ailleurs, il y a une faiblesse au niveau des ministères pour
étudier la façon dont la subvention a été
utilisée. Si c'est une demande qui revient annuellement, on a l'occasion
de l'étudier au cours de l'année suivante. Si c'est une
subvention qui n'est pas répétée annuellement, à ce
moment-là, on ne vérifie pas suffisamment, à notre sens,
l'utilisation que l'on a fait de la subvention.
Au niveau des ministères, cette phase des opérations n'est
pas suffisamment bien faite, à notre avis, sauf les grosses subventions,
telles celles des ministères de l'Education et des Affaires sociales
où c'est une étude fortement structurée.
M. LESSARD: Alors, on peut assumer que, à chacun des
ministères, vous revenez sur ces recommandations-là.
C'est-à-dire qu'à la page 226, il s'agit d'une recommandation
générale ou d'un commentaire général concernant les
subventions de différents ministères. Par ailleurs, lorsque vous
faites d'autres commentaires ou des constatations au niveau de chacun des
ministères, vous revenez sur le sujet avec des précisions.
M. LAROSE: Lorsque nous avons jugé qu'au niveau du
ministère, cela devait s'appliquer.
M. LESSARD: D'accord, M. le Président. Vous affirmez, à la
page 227 ce que vous reprenez d'ailleurs dans le rapport de 1971/72
que le Vérificateur général a remarqué
fréquemment, lors de vérifications, que des dépenses ont
été encourues avant d'avoir été dûment
autorisées au préalable.
L'année dernière, nous signalions à ce sujet
l'embauchage d'employés occasionnels et les suppléments et
modifications se rapportant à des contrats. A la page 227, rapport
1972/73, au dernier paragraphe. Est-ce que vous pourriez nous dire dans quel
ordre de grandeur sont ces montants et quelles sont vos recommandations pour
corriger la situation? Est-ce que ce sont les critères ou les
règles d'emploi des occasionnels qui seraient trop rigides? Est-ce que
vous pourriez élaborer un peu pour nous indiquer dans quel sens on
pourrait corriger une telle situation?
M. LAROSE: Nous considérons que notre travail de
vérification doit se faire en fonction des lois existantes et de la
réglementation établie. Il peut bien arriver qu'une
réglementation puisse paraître trop stricte au ministère
pour être applicable. Je pense, par exemple, que si le gouvernement ou
l'Assemblée a jugé à propos d'adopter une loi et, par la
suite, le conseil des ministres ou le Conseil du trésor a adopté
un règlement, à ce moment-là, nous devons vérifier
en fonction de la loi et des règlements qui sont établis.
C'est pourquoi, lorsque nous découvrons des manquements ou des
irrégularités dans le sens du respect de tels règlements,
nous les soulignons. Quant à savoir l'ordre de grandeur du
côté des employés occasionnels, c'est assez difficile,
parce qu'il nous aurait fallu faire une liste des employés occasionnels
qu'a le gouvernement. C'est quasi impossible.
M. LESSARD: Est-ce que vous pourriez quand même nous indiquer quel
est le ministère important qui, en fait, dépasserait ou ne se
fierait pas, ne se plierait pas à ces normes du Conseil du
trésor.
M. LAROSE: Je ne l'ai pas à la mémoire, je pourrais vous
le donner la semaine prochaine, par exemple, vérifier cela.
M. LESSARD: Vous indiquez aussi, pour la
deuxième année, certaines anomalies concernant les mandats
spéciaux.
M. ROY: Un instant! J'aimerais revenir un peu sur cet article, parce
qu'on change de numéro.
UNE VOIX: Certainement.
M. ROY: A l'article 4, vous ajoutez en plus, au haut de la page 228, que
vous avez noté la même différence administrative à
l'égard, cette fois, du temps supplémentaire effectué par
les fonctionnaires. Quand vous parlez du temps supplémentaire, est-ce
qu'il s'agit du temps supplémentaire fait par les occasionnels ou si
c'est le temps supplémentaire fait par les fonctionnaires
réguliers?
M. LAROSE: C'est fait par les fonctionnaires réguliers.
Evidemment, le temps supplémentaire, normalement, dans bien des cas,
doit faire l'objet, par exemple, d'une approbation au niveau du Conseil du
trésor; après coup, on fait approuver le temps
supplémentaire. On ne dit pas qu'il n'y a pas eu finalement une
approbation, parce que, autrement, s'il n'y avait pas eu finalement une
approbation, il n'y aurait pas eu de paiement. Mais l'approbation est
demandée après coup, après que tout a été
fait. A ce moment, cela veut dire qu'une réglementation ne vaut plus
rien si on a le droit de passer complètement à côté.
On fait approuver, par la suite, quelque chose qu'on a fait.
M. VEILLEUX: Est-ce que le député de Beauce me permet? Du
temps supplémentaire dans des ministères, bien des fois, cela
doit se décider à la dernière minute. S'il faut aller au
Conseil du trésor et que cela prend une semaine ou quinze jours avant
d'avoir une réponse... Si c'est quelqu'un de Montréal qui
rencontre un fonctionnaire et qu'il a besoin de faire du temps
supplémentaire la journée même, il n'est quand même
pas pour dire au type de Montréal: Retourne à Montréal,
reviens la semaine prochaine, je veux avoir une réponse du Conseil du
trésor pour le temps supplémentaire.
M. LAROSE: Je n'ai rien contre cela. A ce moment, qu'on modifie les
directives. Si on veut accorder l'autorité au ministère de le
faire, qu'on le dise, mais si nous, on a une documentation ou une directive et
des choses qui disent: Cela ne doit pas se faire, je pense qu'on s'attend qu'on
souligne le fait que la directive dit: Cela ne doit pas se faire, et cela se
fait.
M. VEILLEUX: Est-ce que vous allez jusqu'à, par exemple, faire
des recommandations, compte tenu de ce qui se passe dans différents
ministères? Est-ce que vous pouvez aller faire des recommandations
à ceux qui ont fait ces règlements pour leur dire: Cela ne tient
pas debout quand même, on le constate dans dix ou quinze
ministères. C'est inapplicable, il y aurait peut-être lieu de
réviser votre directive. Est-ce que vous allez jusqu'à faire des
recommandations dans ce sens ou si vos recommandations ou vos suggestions vont
uniquement en regard de la réglementation et de l'application, par
chacun des ministères, de cette réglementation?
M. LAROSE: Les constatations que nous faisons, nous les soulignons
chaque fois aux différents ministères qui sont concernés.
Nous présumons que les ministères, à ce moment, s'ils ont
des représentations à faire aux organismes supérieurs,
vont les faire. Si des choses ne répondent pas à leurs besoins,
je pense que c'est aux ministères de le faire.
En deuxième lieu, vous nous demandez si on doit proposer des
solutions à tout ce que l'on peut remarquer, à toutes les
faiblesses ou les manquements. Je pense que ce serait trop nous demander parce
que, s'il fallait qu'à chaque fois qu'on constate une faiblesse, on se
mette à étudier toutes les solutions possibles, ce qui a
été adopté ailleurs, pour en faire un choix ou faire
ensuite une recommandation, je pense qu'on n'en passerait pas beaucoup par
année.
M. VEILLEUX: Je ne pense pas que vous...
M. GARNEAU: Est-ce que je pourrais poser une question au
vérificateur? Est-ce que vous faites une distinction? C'est
peut-être un peu embrouillé par la tournure de la discussion. Dans
votre remarque à la page 227, à l'article 4, lorsque vous parlez
d'avoir été dûment autorisé au préalable,
dans le cas de l'embauche et dans le cas du temps supplémentaire,
j'avais compris votre remarque comme se rapportant à l'autorisation au
préalable de l'engagement du crédit. Par exemple, disons que,
dans un service du ministère des Terres et Forêts à
Bagotville, à Gaspé, le fonctionnaire supérieur de la
division a le pouvoir de la délégation de signature de son
ministre ou du sous-ministre pour engager du temps supplémentaire.
Est-ce que vous voulez dire que du temps supplémentaire aurait
été fait avant que cette autorisation d'engager les
crédits ait été donnée par la personne responsable?
Dans ce sens, je comprendrais. D'ailleurs, c'est comme cela que j'avais
interprété votre remarque plutôt qu'en termes de paiement,
parce qu'il est difficile pour le Conseil du trésor, qui autorise le
paiement à un moment donné, d'avoir autorisé le paiement
avant que la dépense ait été effectuée dans le
code, à savoir le nombre d'heures que les employés ont
travaillé. C'est cela que je voudrais savoir. Est-ce que vous faites la
distinction entre l'engagement des crédits sur le budget qui sont
nécessaires pour payer le temps supplémentaire qu'un secteur du
ministère aurait eu à effectuer ou si vous vous
référez au paiement une fois que le temps
supplémentaire a été fait, paiement qui est fait
à partir des crédits déjà engagés.
M. LAROSE: Non, ce n'est pas le paiement. Evidemment, je ne fais pas
allusion au paiement...
M. GARNEAU: Vous parlez des engagements.
M. LAROSE: C'est l'autorisation de la dépense à ce moment.
Le temps supplémentaire est fait avant même que la dépense
ait été faite.
M. GARNEAU: C'est cela, le montant est dans le registre. D'ailleurs,
comme cela, j'avais bien interprété votre remarque à la
page 227 sur l'engagement. Je ne peux pas faire autrement que de souscrire
à votre observation qu'avant qu'une personne soit autorisée
à faire du temps supplémentaire dans un service, la personne qui
est autorisée à accorder la permission de faire du temps
supplémentaire, doit avoir mis sa signature. Pour ce qui est des
employés, cette année, nous avons noté à la page
228 à l'égard du temps supplémentaire effectué par
les fonctionnaires, que cela s'applique à cela. Pour ce qui est des
occasionnels, et cela s'applique aussi aux étudiants, je pense que vous
avez raison. D'ailleurs, j'ai communiqué personnellement avec la plupart
des ministères pour attirer leur attention là-dessus. C'est une
des raisons pour lesquelles, surtout pour les occasionnels et les
étudiants, il y a des retards dans les paiements des salaires des
employés. C'est qu'on se rend compte que, pour des raisons d'urgence,
à un moment donné, le divisionnaire ou le responsable de
l'administration, surtout lorsqu'il s'agit des administrations
décentralisées, a besoin de quatre ou cinq personnes pour deux
semaines ou trois semaines, bien souvent, il prend la décision de les
engager. Avant que toute la paperasse soit complétée, si le
pouvoir de signature n'a pas été délégué et
que c'est seul le sous-ministre ou le directeur du personnel qui est à
Québec ou à Montréal qui peut engager les crédits,
il est arrivé que les personnes travaillaient depuis deux semaines avant
que toute la papeterie ait été complétée. A ce
moment, on ne peut pas payer les employés avant qu'on sache qui
travaille. Bien souvent, cela amène des retards dans le paiement des
gens et on accuse injustement, à mon sens, le service de la paie du
ministère des Finances d'être en retard, parce
qu'évidemment on ne peut pas payer avant que tous les documents aient
été signés. Là-dessus, je souscris à votre
remarque. J'espère qu'à la suite de cette remarque et des
représentations que j'ai faites auprès des ministères, on
pourra suivre d'une façon plus serrée la procédure. Cela
va éliminer non seulement le problème qu'on peut appeler
juridique de votre remarque, mais cela va régler aussi le
problème administratif qu'on affronte et qui amène des retards
dans le paiement des salaires.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le ministre du Revenu.
M. HARVEY (Jonquière): Sur le temps supplémentaire,
à la suite de votre suggestion, nous avons tenté d'appliquer
à titre d'essai une autorisation préalable, parce que, dans un
ministère très administratif comme le mien, où il y a des
périodes de pointe qu'on peut identifier à l'avance, nous avons
tenté une expérience qui s'est révélée
beaucoup plus dispendieuse que celle que nous suivons depuis quelques
années, à l'effet d'autoriser un nombre d'heures
supplémentaires en raison du travail qu'on pouvait voir, qui
surviendrait dans les périodes de pointe. On s'est aperçu que
cela coûtait joliment plus cher de donner l'autorisation préalable
pour tant d'heures supplémentaires que de se fier à la
compétence du chef de service, qui, dès que le moment se
présente, fait faire le temps supplémentaire, quitte, le
lendemain ou les jours suivants, à obtenir l'autorisation pour le nombre
d'heures complétées sous surveillance. Je vous avoue franchement
que si on appliquait dans le ministère que je dirige la formule que nous
avons expérimentée, nous devrions payer plusieurs millions de
dollars par année de temps supplémentaire qui serait fait tout
simplement, à cause de l'autorisation préalable d'un nombre
d'heures indentifiées à l'occasion de ces périodes de
pointe qui s'en viennent. Ma remarque est uniquement pour le temps
supplémentaire. Je ne parle pas pour les occasionnels.
M..LESSARD: M. le Président, à la page 228, à
l'article 5, j'aimerais avoir des explications, et pour les fins du journal des
Débats, vous me permettrez de citer cet article où le
Vérificateur général affirme ceci: "Dans notre rapport
pour l'année 1971/72, nous signalions que pour les articles où
des imputations sont prévues, les ministères pourraient
dépenser, en plus de la dépense nette prévue à leur
budget respectif, un montant additionnel égal aux imputations
prévues par l'omission d'inscrire ces imputations. Cette
possibilité demeure puis-qu'aucun contrôle n'a été
mis en place jusqu'ici pour éviter que cette situation ne se produise".
Je vous avoue que je trouve cela ambigu. J'aimerais avoir des explications de
la part du Vérificateur général.
M. LAROSE: Je pense que cela rejoint le problème que vous avez
soulevé tout à l'heure du budget net et du budget brut.
M. LESSARD: D'accord!
M. LAROSE: La Loi des subsides approuve des crédits au montant
net, plus le montant des dépenses imputées, plus les imputations
et les remboursements qui sont effectivement approuvés. C'est
l'approbation qui est faite. Si, dans la préparation des crédits
budgétaires, on a prévu
qu'il y aurait une somme qui serait imputée à un autre
ministère, et qu'en fait on ne fait pas cette imputation, à ce
moment, on peut dépenser les deux montants bruts qui ont
été autorisés. On dépasse donc l'intention qui
avait été faite au net. C'est ce qu'on a voulu souligner, que
cette possibilité existe dans la loi actuelle.
M. ROY: Maintenant, on dit que la possibilité existe, mais, en
faisant votre vérification, vous avez découvert que cela se
serait fait?
M. LAROSE: En 1971/72 nous avons souligné un cas qui nous a
semblé rencontrer ces conditions au ministère de la Voirie.
M. ROY: Vous n'avez pas, depuis 1971/72, d'autres exemples à nous
signaler?
M. LAROSE: Non.
M. LESSARD: Alors, cette situation va être corrigée,
justement par suite des modifications que veut apporter le ministre des
Finances pour l'année 1975/76.
M. LAROSE: Un budget prévu au brut... Cela ne pourra pas se
produire lorsque le budget sera prévu au brut.
M. LESSARD: Au niveau maintenant des mandats spéciaux en 1971/72,
vous aviez souligné, dans vos remarques, que des mandats spéciaux
ont été émis au cours de l'année, pour une somme
totale de $64,900,000 sur laquelle $54,063,298 ont été
dépensés. Vous avez des remarques par la suite. J'y
reviendrai.
En 1972/73, dans votre rapport, vous reprenez à peu près
la même remarque, et vous affirmez qu'à la suite d'une
vérification sommaire de l'utilisation des sommes allouées par
mandats spéciaux au ministère de la Voirie et des Travaux
publics, selon les renseignements obtenus... Nous tenons à souligner
qu'en très grande partie nos commentaires de l'an dernier, à
l'égard du traitement administratif et comptable des crédits
obtenus par ce moyen, valent pour 1972/73".
Ce que je voudrais savoir d'abord, avant de discuter des remarques
précises que vous faites dans votre rapport de 1971/72, c'est le montant
des mandats spéciaux, puisque vous l'avez estimé en 1971/72, quel
a été, pour l'année 1972/73, le montant qui a
été dépensé sous forme de mandats
spéciaux?
M. LAROSE: Le montant des mandats spéciaux pour l'année
1972/73 a été de $48,216,300, qu'on retrouve à la page
1-24 du rapport.
M. LESSARD: Vous me dites: $48 millions?
M. LAROSE: C'est $48,216,300.
M. ROY: A quels ministères particulièrement?
M. LAV ALLEE: Section 1-24, -25.
M. LAROSE: A quels ministères ces mandats spéciaux ont
été accordés?
M. ROY: Oui.
M. LAROSE: II y en a une liste à la page 1-24.
M. GARNEAU: AU début du rapport. M. ROY: Voirie: $15
millions;
M. GARNEAU: Travaux publics, $12 millions; Affaires municipales...
M. ROY: Travaux publics... Affaires municipales: $744,000; Tourisme,
Chasse et Pêche: $512,000. On parle de Voirie encore ici: $800,000.
M. LAROSE: Ils sont placés dans l'ordre chronologique. C'est dans
l'ordre chronologique de l'octroi du mandat.
M. LESSARD: Vous précisez dans le rapport du 1971/72 que, dans
l'état des dépenses encourues en vertu de ces mandats, on
retrouve des dépenses qui ne semblent pas répondre aux motifs
allégués lors de la demande. J'aimerais que vous nous donniez des
précisions sur cela. Quelles sont les principales dépenses qui ne
semblent pas répondre aux motifs allégués lors de la
demande? Parce que je pense que c'est fort important qu'au moins, même si
on n'accepte pas le fait qu'on utilise abusivement les mandats spéciaux,
les ministères devraient respecter les motifs allégués
lorsqu'on fait la demande de ces montants.
M. LAROSE: Je pense que les deux principaux cas que nous visions en
1971/72 étaient un mandat accordé pour le ministère de la
Voirie et pour le ministère des Travaux publics. Si on se
réfère aux remarques que nous avions faites à la page 273,
on dit ceci: "Voici nos constatations sur le traitement fait par le
ministère et le service de la comptabilité des sommes obtenues
par mandat spécial. Nous n'avons pu obtenir qu'en partie la ventilation
des projets justifiant la demande ou l'utilisation des sommes allouées
par mandat spécial".
En d'autres termes, s'il y avait eu un mandat spécial de $10
millions, nous leur avons demandé de nous donner la documentation qui a
servi à obtenir ce mandat spécial et on n'a pas été
capable de nous justifier dans le détail tout le montant demandé,
de nous donner le détail de la documentation qui appuyait la demande de
mandat spécial.
Alors, nous n'avons pas eu la ventilation des
projets qui justifiait la demande. On n'a pas eu de détails
complets de cela. Deuxièmement...
M. LESSARD: Autrement dit, si on n'a pas cette justification, cela veut
dire, par exemple, que, s'il y a un mandat spécial qui est
demandé, si un montant de $10 millions est demandé, si vous avez
la ventilation des dépenses sous forme de travaux au montant de $8
millions, il y a $2 millions qui sont allés quelque part...
M. LAROSE: Non.
M. LESSARD: C'est simplement un exemple. ... ou ce montant a
été transféré ailleurs...
M. LAROSE: II n'a pas été...
M. LESSARD: ... pour d'autres travaux.
M. LAROSE: II a pu fort bien aussi ne pas avoir été
dépensé du tout...
M. LESSARD: ... et retourné au fonds consolidé.
M. LAROSE: Oui. Un peu comme un crédit périmé, un
crédit qui n'a pas été utilisé. Nous n'avons pas
voulu laisser entendre que le montant aurait été
dépensé injustement.
M. LESSARD: Non.
M. LAROSE: On dit que cela n'avait pas été fait selon les
règles. Mais qu'il ait été dépensé
injustement, non. Je pense que...
M. LESSARD: II semble quand même que ces montants n'ont pas
été dépensés pour les motifs allégués
lors de la demande.
M. LAROSE: Oui. Les motifs allégués lors de la demande ne
couvraient pas tout l'ensemble du mandat dans la documentation qui nous a
été soumise. A ce moment, si ces motifs ne sont pas suffisamment
précis, par la suite, la dépense peut se faire de façon un
peu plus large. On disait aussi: "Le montant consenti par le mandat
spécial a été ajouté pour fins administratives aux
allocations budgétaires annuelles". Jusqu'à ce moment, on
raisonnait ainsi: Si on recevait un mandat par mandat spécial, on
l'ajoutait aux crédits réguliers ou aux crédits obtenus
sur budget supplémentaire et on dépensait à même le
bloc que tout cela formait.
A ce moment, on calculait et on calcule encore, je pense bien on
a eu un avis juridique à cet effet que, si on obtient un montant
par mandat spécial, toutes les dépenses qui se rattachent
à ce mandat doivent être comptabilisées
séparément de façon qu'on puisse identifier à la
fois le montant obtenu et les raisons pour lesquelles il a été
obtenu et identifier la dépense qui va contre cela. Mais comme
auparavant on venait ajouter le tout en bloc, il était difficile ensuite
d'identifier les dépenses contre ce bloc, d'identifier
précisément les dépenses encourues contre le mandat
spécial. Lorsqu'on a demandé aux officiers du ministère:
Donnez-nous aussi les dépenses qui ont été encourues
contre le mandat, c'était assez difficile d'aller
précisément retracer toutes ces dépenses.
M. LESSARD: On utilise normalement le mandat spécial à
cause de l'urgence. Est-ce que, d'après vos vérifications, vous
avez pu constater une urgence ou vous êtes-vous penchés pour
analyser s'il y avait urgence ou non pour ces travaux? Est-ce que votre mandat
peut aller jusque-là?
M. LAROSE: Notre mandat pourrait aller jusque-là, je pense bien,
et on a fait la remarque suivante. Dans un cas, entre autres, au
ministère des Transports surtout, il y a un mandat pour l'entretien des
routes qui revenait continuellement chaque année. Or, s'il revient
chaque année, il ne semble plus rencontrer les critères d'urgence
ou les critères d'une dépense qu'on ne devrait pas normalement
prévoir puisque si, à chaque année, on sait qu'il y a un
besoin qui se manifeste à l'automne pour l'entretien des routes, on
devrait le prévoir au moment du budget régulier.
M. LESSARD: Justement, je voulais vous poser cette question. Vous dites
toujours dans votre rapport de 1971/72, qu'au ministère de la Voirie on
obtient régulièrement depuis quelques années un mandat
spécial pour sensiblement les mêmes fins. J'aimerais que vous me
donniez, même si vous l'avez précisé un peu, car il s'agit
d'entretien de routes, un peu plus de précisions et me disiez en quoi
consiste ce mandat.
M. LAROSE: Je ne l'ai pas sur moi, encore là je ne peux pas
apporter le mandat lui-même. Il pourrait être déposé
par l'intermédiaire du ministre des Transports.
M. LESSARD: D'accord, on pourra...
M. GARNEAU: Ces mandats ont été déposés. Ils
l'ont été à chaque début de session lorsqu'il y a
un mandat spécial qui est demandé et obtenu durant le
congé parlementaire. Je pense que la loi dit que trois jours
après la reprise des travaux je dois déposer les mandats. C'est
ce qui est fait. D'ailleurs ces documents ont été
déposés et font partie de la documentation. En en déposant
une copie sur la table du greffier ou du secrétaire de
l'Assemblée nationale, j'en remets une copie au chef de l'Opposition et
à ceux qui tiennent lieu de leader parlementaire des partis reconnus ou
non.
M. LESSARD: Concernant le mandat spécial dont parle le
Vérificateur général, j'aimerais
qu'il me précise quel est le genre de ce mandat. Il soutient
qu'il revient chaque année, ce n'est pas le fait que le mandat soit
déposé qui peut me dire lequel de ces mandats est
déposé et utilisé régulièrement par le
ministère des Transports. J'aimerais savoir quel est,
spécifiquement, le mandat spécial dont vous parlez dans votre
rapport 1971/72 et qui revient régulièrement chaque année.
Vous m'avez précisé un peu tout à l'heure que
c'était au sujet de l'entretien des routes. Ce n'est pas l'ouverture des
chemins d'hiver toujours?
M. LAROSE: Non. Je crois que ce sont des travaux d'entretien, de
construction et d'amélioration de routes, principalement.
M. LESSARD: Cela devient un genre de budget supplémentaire vers
la fin de l'automne.
M. LAROSE: Ordinairement, c'est vers la fin du mois d'août, dans
la période intersession que cela se produit.
M. LESSARD: Là, les demandes des députés se font
plus pressantes.
M. LAROSE: Ce n'est pas à moi de répondre à
cela.
M. GARNEAU: S'il s'agit de réparer une de ces routes et qu'il n'y
a plus d'argent, on dit que c'est urgent.
M. ROY: Si on me permet, M. le Président, j'aurais des
explications à demander concernant les créances douteuses, les
provisions accumulées pour créances douteuses, au paragraphe VII
du chapitre 228. "On pourra le constater par nos commentaires sur les comptes
à recevoir des prêts et avances et des provisions
accumulées, créances douteuses au chapitre traitant des actifs
inscrits aux livres, les provisions auraient dû être d'un montant
plus élevé.
Ainsi, au ministère du revenu, les provisions pour pertes,
à notre avis, auraient dû être de $43 millions au lieu de
$35 millions je fais grâce des milliers de dollars et une
provision additionnelle pour pourvoir aux crédits et autres ajustements
d'un montant de $16,720,000 aurait dû être créée
à même les revenus." M. le Président, étant
donné qu'il s'agit de plusieurs dizaines de millions de dollars,
j'aimerais bien savoir... Pardon?
M. LESSARD: La deuxième année aussi.
M. ROY: C'est la deuxième année que le Vérificateur
général fait ces mêmes remarques. J'aimerais bien savoir la
raison pour laquelle les montants auraient dû être plus
élevés. Pourquoi cela n'a-t-il pas été fait?
M. LAROSE: Comme vous dites, il y a deux points soulevés
là-dessus. D'abord, le montant de la provision qui est inscrit aux
livres et une deuxième provision que nous aimerions y voir. En ce qui
regarde le montant de la provision qui est inscrit aux livres, d'après
l'étude que nous avons faite des comptes à recevoir,
principalement au ministère du Revenu puisque c'est là que
se trouve l'ensemble, la grande partie des comptes à recevoir
nous sommes d'avis que la provision aurait dû être augmentée
d'environ $8 millions à la fin de l'année 1973, pour passer de
$35 millions à $43 millions. Pour en arriver à avoir cette
opinion, nous avons examiné, par sondage, nous avons analysé la
situation des comptes de faillite, des comptes de débiteurs faillis, de
débiteurs en difficultés, insolvables, etc., et c'est basé
sur l'analyse que nous avons faite. Nous nous sommes fait cette opinion qui ne
correspond pas à celle qui avait été établie par le
ministère et le contrôleur des finances.
M. ROY: II s'agit, au ministère du Revenu, des perceptions de
taxes ou d'impôts, selon les charges qui ont été faites et
à la suite d'une vérification que vous avez faite, concernant les
montants qui ont pu être reçus, les montants qui sont
restés comme soldes impayés dans les livres du
ministère.
M. LAROSE: C'est ça, ce sont des cotisations qui sont
émises dans le cas des impôts ou des sommes à recevoir,
dans le cas des déductions à la source par des mandataires ou
encore des sommes à recevoir de la taxe de vente, à la suite de
cotisations ou à la suite de déclarations, de productions de
rapport sans que le paiement les accompagne; ça crée des comptes
recevables dans les libres du ministère du Revenu et ce sont les
principales sources de comptes à recevoir. C'est l'analyse de ces
comptes qui nous a amenés à croire que les pertes seraient
supérieures à celles qui sont estimées par le
ministère et le contrôleur. Par une analyse assez
détaillée, nous sommes allés assez en profondeur pour
examiner l'expérience du ministère dans les années
passées et on a examiné quel est le pourcentage que le
ministère reçoit des comptes de faillis ou lorsqu'un compte date
de deux ans, de trois ans, pour un compte vieilli. C'est en se basant sur cette
expérience que nous en sommes arrivés à une provision plus
élevée.
Nous soulignons un autre facteur pour les comptes recevables du
gouvernement. Nous croyons que nous avons à exprimer une opinion sur la
valeur des comptes que le gouvernement inscrit dans ses livres. Nous savons
fort bien qu'il y a d'autres comptes qui n'apparaissent pas aux livres du
gouvernement, comme les cotisations à venir au ministère du
Revenu qui ne sont pas encore faites. Elles n'apparaissent pas aux livres, nous
sommes bien conscients de ça. Par ailleurs, il y a un montant qui est
inscrit aux livres du gouvernement de X millions pour des comptes à
recevoir. Nous calculons que nous avons une opinion à exprimer quant
à la valeur de ce qui est inscrit. Nous sommes d'avis,
par l'analyse des comptes qui sont inscrits, lorsqu'il y a des
cotisations qui ont été émises par le ministère du
Revenu, qu'il y aura des crédits et qu'à la suite de discussions
de cotisations, le ministère émettra des cotisations
amendées après avoir reçu des justifications de la part
des contribuables ou après avoir accepté l'argumentation des
contribuables. Le ministère consentira ou acceptera alors de modifier
ses cotisations. C'est sur ça, en examinant l'expérience du
ministère là-dessus, qu'une provision additionnelle de l'ordre de
$18 millions devrait être établie, parce que le ministère
aura à accorder pour $18 millions d'ajustements sur les cotisations
émises.
M. ROY: Ce qui fait, en somme, une différence marquée de
l'ordre de $27 millions, $18 millions plus $9 millions, uniquement au
ministère du Revenu à ce sujet.
M. LAROSE: C'est pour l'ensemble du gouvernement à ce
moment-là, mais principalement au ministère du Revenu.
M. ROY: Principalement au ministère du Revenu. Maintenant, en ce
qui concerne les prêts et avances, les provisions pour pertes avaient
été établies et je cite le rapport au
montant du déficit accumulé par les entreprises du gouvernement
bénéficiaires d'avances, le montant requis aurait
été de $53,135,380 de plus, comme le tableau suivant l'indique.
Et à la page 229, déficits accumulés: Office des
autoroutes du Québec: $51,645,685, Office du crédit agricole du
Québec: $171,565, Raffinerie de sucre du Québec: $689,457,
Régie d'assurance-récolte du Québec: $8,318,130, ce qui
fait un total de $60,824,837, alors que les provisions pourvues sont: la
raffinerie de sucre au montant de $689,457 et la Régie de
l'assurance-récolte de $7 millions, totalisant ainsi $7,689,457,
laissant ainsi une différence de $53,135,380.
Vous ajoutez: "De plus, nous sommes d'avis que la provision à
l'endroit des avances..." je m'excuse, ce n'est pas la même chose. $53
millions. Est-ce qu'il y a quelque chose de fait? Ce n'est pas la
première année que vous faites cette recommandation
également. Est-ce qu'il y a des correctifs qui sont apportés
à l'heure actuelle ou si c'est toujours le statu quo à ce
sujet-là?
M. LAROSE: Je crois que c'est le statu quo. A ma connaissance, il n'y a
pas eu de changement de ce côté-là. Nous n'avons pas vu le
projet d'états financiers pour l'année 1973/74. Il nous est
arrivé ce matin, juste avant mon départ. Je ne sais pas si dans
les états financiers 1973/74, il y a des dispositions prises à
cet effet. Je l'ignore, au 31 mars 1974.
M. ROY: Votre recommandation est bien claire, c'est que les provisions
devraient être identiques à celles des montants qui apparaissent
comme déficits au niveau de ces organismes.
M. LAROSE: Cela rejoint un peu la recommandation que nous avons faite
concernant l'enregistrement des profits ou pertes des sociétés
d'Etat. Nous sommes de l'opinion suivante: D'abord l'Assemblée nationale
crée une société d'Etat ou un organisme comme celui-ci et
comme ceux qui sont là. Ensuite, le gouvernement nomme des
administrateurs dans ces sociétés d'Etat et ces
sociétés fonctionnent. Elles arrivent avec un résultat qui
est un profit ou une perte. Ce résultat se traduit dans des états
financiers qui sont vérifiés, soit par nous, soit par des
vérificateurs privés et on admet à ce moment-là
qu'il y a un profit ou une perte de tel montant. L'état financier de la
société ou de l'office déclare qu'il y a un profit ou une
perte de tel montant qui a été enregistré durant la
période.
Ces états financiers sont acceptés par la
société, certifiés par un vérificateur comme je le
montionnais tout à l'heure. A notre point de vue, si tout le monde, les
officiers et les administrateurs nommés par le gouvernement, de
même que les vérificateurs de l'entreprise déclarent qu'il
y a réellement une perte encourue par la société ou
l'office, cette même perte devra seréfléter dans les livres
du gouvernement ou le profit, selon le cas, s'il y a profit, devrait se
réfléter dans les livres du gouvernement également, qui
est le propriétaire unique de ces entreprises.
M. ROY: De façon à donner la situation la plus
fidèle, la plus exacte possible de la province.
M. LAROSE: C'est notre avis, oui. Maintenant, sans vouloir
prétendre qu'en agissant ainsi, on donnera la valeur réelle d'un
actif, d'un placement qui est inscrit aux libres. Je ne pense pas que
l'idée de présenter l'état de l'actif et du passif de la
province, lorsqu'on dit qu'un placement dans telle société d'Etat
ou qu'une avance dans telle société d'Etat, veuille
nécessairement dire que le placement dans la société vaut
effectivement telle chose, tel prix.
On n'est pas dans une position où on a un acheteur et un vendeur,
mais nous sommes quand même d'avis que le résultat des
opérations de ces états devrait se réfléter dans
les états financiers du gouvernement qui est propriétaire unique
de ces entreprises. Ce type de raisonnement s'applique aussi bien aux
sociétés d'Etat qu'aux sociétés qui sont
financées par l'intermédiaire d'avances.
M. LESSARD: Concernant les créances douteuses, pourriez-vous me
donner une explication? Je comprends que vous avez dit tantôt que, pour
faire cette analyse, vous étudiez le type de créanciers, la
période de temps au cours
de laquelle ce montant a été dû, etc., mais
pourriez-vous nous expliquer comment il se fait qu'il y ait une
différence entre ce que vous pensez, ce que vous prévoyez par
rapport aux précisions du gouvernement, pourquoi il y aurait une
sous-estimation de la provision, par exemple, aux créances douteuses
dans le budget?
M. LAROSE: La seule explication que je peux donner là-dessus,
c'est que c'est une matière d'opinion. A ce moment, c'est notre opinion
là-dessus qui ne concorde pas avec l'opinion du ministère et du
contrôleur des finances. Mais lorsque nous verrons le rapport d'un
secteur concernant le ministère du Revenu, une des raisons pour laquelle
la provision a été aussi forte, c'est que les efforts faits par
le secteur de la perception au ministère du Revenu n'ont pas
suffisamment bien...
M. LESSARD: Je revenais sur cela, justement. Est-ce que, d'après
vous, les efforts de perception non seulement du ministère du Revenu,
mais d'autres ministères, sont faits? Est-ce qu'il y a des efforts de
perception, selon vous, qui sont faits ou est-ce que cette section de la
perception, dans chacun des ministères, devrait être
améliorée?
M. LAROSE: Au niveau du ministère du Revenu, nous sommes
certainement d'avis qu'elle devrait être améliorée de
beaucoup, parce qu'on mentionne une amélioration dans les
procédures, une amélioration aussi dans la qualité et le
nombre du personnel affecté à la tâche de perception.
M. LESSARD: J'aimerais, en terminant cette partie, quant à moi,
en tout cas, vous demander si, au cours de votre analyse de l'ensemble du
budget du gouvernement, vous avez pu constater s'il y avait des normes qui
porteraient d'abord sur l'engagement des professionnels, sur l'engagement du
personnel. On sait, par exemple, qu'au niveau de chacun des ministères
des honoraires sont prévus pour l'engagement de professionnels
extérieurs au ministère. Est-ce que vous avez analysé la
façon dont se faisait cet engagement et est-ce que vous avez pu
constater s'il y avait des critères ou des normes, des critères
concernant les tarifs, des critères et des normes concernant le choix de
ces professionnels? Est-ce que votre mandat est allé jusque-là au
cours de l'année 1971/72 et 1972/73?
M. LAROSE: Vous parlez de professionnels à honoraires?
M. LESSARD: Oui.
M. LAROSE: Evidemment, quant aux normes pour la qualité du
personnel, non.
M. LESSARD: Sur l'engagement comme tel, dans certains cas, par exemple,
est-ce que le ministère des Terres et Forêts ne pourrait pas
utiliser ses propres fonctionnaires plutôt que d'aller chercher des
personnes à l'extérieur du ministère, qu'on paie en
surplus? Est-ce que vous vous êtes penché sur ce
problème?
M. LAROSE: Non, pas sur l'angle que vous venez de souligner, pas pour
savoir si le ministère aurait pu recourir à son personnel
exclusivement plutôt que d'en engager d'autre.
M. LESSARD: Est-ce que c'est...
M. LAROSE: C'est une étude de rentabilité ou
d'efficacité à l'intérieur du ministère.
Je ne dis pas que nous ne toucherons jamais à ce secteur, mais,
dans le moment, nous sommes plutôt orientés vers la
vérification financière et comptable et vers la
vérification de l'application de l'ensemble des directives du
gouvernement, de la vérification de l'efficacité qu'on peut
avoir; nous y viendrons très probablement, mais, jusqu'à
maintenant, nous n'avons pas touché à ce secteur.
M. LESSARD: Si j'élargis ma question, je vous poserais aussi la
question suivante: Vous n'avez pas non plus analysé probablement s'il y
avait des normes et des critères concernant l'octroi de contrats de
publicité, concernant l'octroi des contrats de gardiennage, concernant
la location d'édifices de la part du ministère des Travaux
publics. Vous n'avez pas analysé si, dans ces différents
secteurs, il y avait des normes et des critères précis de la part
des ministères.
M. LAROSE: Ordinairement, il y a des critères là-dessus.
Vous avez mentionné: Est-ce que nous avons analysé la valeur des
critères? Non. Jusqu'à ce moment, nous n'avons pas analysé
la valeur des critères qui ont été utilisés. Nous
sommes certainement assurés qu'on respectait les critères qui
avaient été établis par le ministère, le Conseil du
trésor ou d'autres organismes. Concernant l'embauchage, le recours
à des professionnels, il y a des tarifs établis pour certaines
professions et qui sont respectés par les ministères qui ont
recours à des professionnels de l'extérieur. Dans le cas des
agences de sécurité ou des agences de surveillance, je ne sais
pas exactement quelle est la procédure établie, mais s'il y en a
une, dans le moment, nous sommes convaincus que nous avons
vérifié en fonction de la procédure établie.
M. LESSARD: Alors, votre mandat se limite toujours à savoir si,
dans les différents actes gouvernementaux, on respecte la
procédure établie ou pas. Mais vous n'avez pas à faire des
recommandations comme telles au gouvernement pour améliorer ces
procédures ou non.
M. LAROSE: Nous ne considérons pas nécessairement que nous
sommes liés de la façon dont vous venez de parler,
c'est-à-dire que, jusqu'à maintenant, avec le personnel en place
et le temps que nous avons consacré à la vérification,
nous ne nous sommes pas strictement dirigés vers cette façon de
voir les choses, c'est-à-dire analyser la valeur exacte des
critères. Nous avons plutôt vérifié en fonction des
critères déjà établis. Nous ne considérons
pas cela comme exclu de notre mandat. A l'examen d'un critère, et c'est
arrivé à l'occasion, dans plusieurs cas où nous avons
constaté que les critères n'étaient pas suffisants
à notre sens, on l'a mentionné. Ce n'est pas fait à
l'heure actuelle de façon strictement systématique. Nous
n'excluons pas que si nous voyons des améliorations possibles au niveau
des critères à établir, nous devrons le faire et le
mentionner et en faire rapport. Nous le croyons.
M. LESSARD: Alors, en ce qui concerne les dépenses, quant
à moi, j'ai terminé, à moins que le député
de Beauce ait d'autres questions.
M. ROY: Oui, j'ai une autre question sur l'article 8, page 2-29,
concernant les fonds de pension. Je pense que c'est important, et je cite le
commentaire du vérificateur: Les transactions relatives aux
régimes de retraite des fonctionnaires et des enseignants sont
enregistrées aux livres sur la base de caisse. L'état des revenus
et dépenses ne montre donc pas la dépense réelle et
importante du gouvernement à ce titre. La dette du gouvernement pour les
bénéfices accumulés au crédit des particuliers,
calculée à sa valeur actuelle au 31 mars 1973, s'établit
à plusieurs centaines de millions de dollars pour chaque régime
et ne paraît pas au passif de la province.
Dans une première question, est-ce que vous pourriez nous dire
pourquoi il en est ainsi? Je comprends que nous en avons discuté
à maintes et maintes occasions, mais j'aimerais avoir l'opinion du
Vérificateur général à ce sujet.
M. LAROSE: Je pense que c'est plus par la tradition qu'on doit
l'expliquer que pour tout autre motif.
Je pense que cela n'a jamais été inscrit au passif de la
province jusqu'à maintenant. En vertu d'un nouveau système qui
est en vigueur depuis le 1er juillet 1973, je ne sais pas, dans le moment,
exactement de quelle façon il fonctionnera, parce que nous
commençons à en faire la vérification.
M. ROY: Je pense que le nouveau système fonctionne à peu
près comme celui qui prévaut dans les industries en
général. Il y a une partie payée par l'employé et
une autre payée par l'employeur. Le tout est capitalisé dans un
compte spécial. La partie payée par l'employeur est
considérée comme une dépense directe. Dans ce domaine, la
loi stipulait que dans la caisse de retraite, il y a une partie qui est
perçue, c'est-à-dire qu'il y a le montant qui est retenu à
la source, à la base sur le salaire des fonctionnaires, des
employés de l'Etat et qui est considéré comme étant
une imputation au niveau du budget, c'est-à-dire un montant que le
gouvernement perçoit. Dans les bilans, les budgets de la province, on
estime un montant que le gouvernement aura à débourser en guise
de montant additionnel pour pouvoir satisfaire les exigences des
déboursés au cours de l'année. Est-ce exact?
M. GARNEAU: L'ancien régime était un régime
appelé "pay as you go". On paie au moment du départ.
C'était budgétisé annuellement ou lorsqu'il y avait des
revenus de $50 millions et des dépenses prévues de $55 millions,
il y avait un budget adopté de $5 millions.
Maintenant, depuis cette année, la comptabilisation des revenus
n'est plus appliquée en déduction de la dépense, mais dans
les revenus, on indique le montant perçu au niveau du régime de
retraite et dans la dépense, on implique le montant qui est
dépensé. On l'a fait l'année passée. En fait, cela
a été la première étape vers la disparition de ce
budget brut-budget net. C'est un "pay as you go".
Pour le régime qui est en vigueur maintenant, la contribution du
gouvernement est effectivement comptabilisée. Celle de l'employé
n'est pas perçue par le gouvernement, mais placée dans un fonds
administré par la Caisse de dépôt et la partie du
gouvernement...
M. ROY: C'est retenu à la source, c'est ce que j'ai dit tout
à l'heure.
M. GARNEAU: ... est retenue à la source et non pas versée
au fonds consolidé, mais versée dans un fonds qui, lui, est
placé, géré par la Caisse de dépôt. La partie
de l'employeur, ce qui est payé par le gouvernement, n'est pas
versée à la Caisse de dépôt, mais
comptabilisé au fonds. D'ailleurs, c'est prévu comme cela dans la
loi qui a été adoptée par l'Assemblée nationale
l'an dernier. Pour les anciens régimes... Parce que dans le nouveau
régime, il est prévu que s'il y a des déficits actuariels
qui sont prévus, il y aura des ajustements de faits dans les
contributions, de telle sorte que la proportion entre la partie qui est
à la charge de l'employeur et la partie à la charge de
l'employé pourrait demeurer la même, mais les contributions
pourraient augmenter en proportion; si le coût du régime a
été évalué à environ 16 p.c. et que
l'expérience démontre qu'il est à 17 p.c. et que le
gouvernement contribue environ 10 p.c. et l'employé 7 p.c. ou 6 p.c, il
y aura des correctifs d'apportés de telle sorte que le nouveau
régime, théoriquement, ne devrait pas avoir de déficit
accumulé dans le sens dont parle le vérificateur pour les anciens
régime. Mais pour les anciens régimes, comme c'est un
"pay as you go", cela a été la tradition qui a
continué à être appliquée, c'est qu'on comptabilise
chaque année les sommes qui deviennent dues. On ne comptabilise pas le
déficit actuariel.
M. ROY: Maintenant, selon vous je m'adresse au
Vérificateur général à ce moment-ci c'est
que la province... Le fonds consolidé du revenu ne se trouvera plus
à avoir des recettes à ce chapitre. Est-ce que vous avez fait une
étude, une analyse de ce que pourra coûter éventuellement,
chaque année parce que j'estime que le montant pourra
probablement augmenter à chaque année, à cause du fait que
le gouvernement devra quand même continuer à payer, selon la loi
qui a été prévue à cette fin, des rentes aux
anciens fonctionnaires du gouvernement, qui ont été
financées jusqu'à maintenant, à même la cotisation
annuelle . Est-ce que vos études ont été
poussées un peu de ce côté? Est-ce que vous pourriez nous
donner un ordre de grandeur des montants qui devront être imputés
et considérés comme dépenses pour les années
à venir? Lorsque vous parlez de centaines de millions de dollars, cela
peut être $200 millions, cela peut être $300 millions, mais cela
peut être aussi $700 millions à $800 millions. J'aimerais avoir,
de votre part, le résultat de vos analyses.
M. LAROSE: C'est un travail qui relève plus de l'actuariat que de
notre compétence exactement. On serait dans l'impossibilité
d'établir un tel passif. Des travaux ont été faits par des
actuaires embauchés par le gouvernement en vue de l'élaboration
de la loi et du nouveau plan, etc., et à la suite de ces renseignements
qui nous ont été fournis à l'occasion de ces travaux, nous
avons pu inscrire plusieurs centaines de millions de dollars. Mais le chiffre
estimé a été établi par des actuaires et non par
nous.
M. ROY: Vous n'avez aucune données en mains?
M. LAROSE: Je n'ai pas les données en main. On sait que le
montant est très important.
M. GARNEAU: D'ailleurs c'est la raison pour laquelle dans la
dernière convention collective, il a été
décidé que la contribution de l'employé passerait, pour
une période donnée de quatre ans de 5 p.c. à
7 p.c. et, évidemment, pour voir, si tel est le cas, le déficit
acturiel avec les nouvelles contributions de l'employé... Nous ne
l'avons pas actuellement.
M. ROY: Est-ce que vous croyez qu'un montant devrait être
prévu dans le budget de la province de façon à constituer
une forme de réserve pour être en mesure de garantir et de figurer
au niveau du passif de la province les montants qui seront nécessaires
de façon à pouvoir refléter et nous donner une image la
plus exacte possible de la situation de la province, compte tenu de ses
engagements? En somme, le gouvernement s'est engagé envers les
fonctionnaires de leur garantir un régime de retraite de X selon telle
et telle condition et selon tel et tel barème pour les années
où la personne pourra bénéficier de sa retraite. Est-ce
qu'un montant devrait être prévu, selon vous?
M. LAROSE: Dans la pratique, selon mon opinion, ce serait que la
situation devrait plutôt être exposée dans une note aux
états financiers puisque cette situation va normalement
s'éteindre sur une période d'années par le remplacement de
l'ancien régime par le nouveau régime. Je croirais qu'il serait
acceptable que la situation soit décrite dans une note aux états
financiers. Ceci permettrait au lecteur de voir où on se situe quant au
fonds de retraite selon l'ancien plan.
Je pense que c'est une tolérance qui serait facilement normale au
niveau d'un gouvernement, mais il faudrait quand même que le
renseignement soit donné, à mon avis, quant au montant qui est en
cause. Je crois que cela serait nécessaire pour l'interprétation
de la situation financière de la province. Mais c'est tolérable,
surtout pour un gouvernement que cela n'apparaisse que dans une note et c'est
aussi toléré d'ailleurs, au niveau des compagnies qui font des
modifications à leur système de caisse de retraite et ces
modifications peuvent entraîner la création d'une dette
immédiate assez considérable. Ordinairement, à ce moment,
on l'a répartie sur une période donnée et on indique dans
une note aux états financiers quelle est la situation dans laquelle se
trouve la compagnie pour l'information du lecteur.
M. ROY: J'aurais une dernière question à poser
relativement aux dépenses. C'est à la page 2-44, au niveau des
constatations le sous-paragraphe 1 du paragraphe b). "La loi de
l'administration financière pourrait contenir des dispositions à
l'égard des domaines pour lesquels il doit être fait rapport des
aliénations ou dispositions d'immobilisations." Vous avez noté
que la loi pourrait contenir des dispositions et qu'elle n'en contient pas.
Vous donnez au sous-paragraphe ii: "Au ministère de la Voirie,
l'inscription aux livres des dépenses d'expropriation se fait sur une
base de caisse, sauf en fin d'exercice alors que des montants sont inscrits
jusqu'à concurrence des disponibilités budgétaires; le
solde à verser aux expropriés non inscrit aux comptes à
payer représentait une somme importante le 31 mars 1973." Lorsque vous
parlez de somme importante à ce niveau, quel est l'ordre de
grandeur?
M. LAROSE: Un montant qui nous a été mentionné
était de $100 millions.
M. ROY: $100 millions?
M. LAROSE: Oui.
M. ROY: Au niveau des expropriations et qui ne figure pas dans les
livres du gouvernement dans lesquels les dépenses sont... $100
millions!
M. LAROSE: Je vous le donne sous toute réserve parce que c'est un
montant qui nous a été mentionné à l'occasion.
M. ROY: C'est quand même un chiffre assez...
M. GARNEAU: Ce n'est pas le montant à ce jour, mais je crois
qu'il a été de cet ordre de grandeur.
Si ma mémoire est fidèle, je pense qu'aux dernières
analyses que j'avais demandées, il y avait environ $60 millions qui
restaient à payer parce qu'on a mis des budgets supplémentaires
pour rattraper certains retards qui avaient été faits et aussi
parce que la nouvelle Loi de l'expropriation, selon mes renseignements, devait
être mise en application cet automne, la situation des arrérages
qui pourraient exister du côté des expropriations ne se
présentera plus de la même façon compte tenu du fait qu'au
moment du dépôt des plans, il devra être versé
à ce moment-là 75 p.c. je parle de mémoire encore
de l'évaluation municipale des terrains en cause. Les montants
qui pourraient exister sur les arrérages seraient des montants qui
toucheraient uniquement la différence entre, soit le coût
négocié ou le coût déterminé par la
régie des services publics qui a à se prononcer sur certaines
expropriations lorsqu'il n'y a pas entente entre les parties.
A ce moment-là, le montant qui pourrait être retenu comme
arrérage des nouvelles expropriations serait très limité
à cause des dispositions de la loi quand elle sera mise en vigueur. Loi
d'ailleurs qui a été votée par l'Assemblée
nationale et, pour la mettre en vigueur, il fallait quand même un certain
temps parce que le ministère des Transports ne pouvait pas suspendre
d'un coup sec tous ses travaux parce que la nouvelle loi prévoit des
délais assez considérables entre le moment où il y aura un
dépôt de plan et le moment où il pourra y avoir prise de
possession des terrains et commencer les travaux, que ce soit d'arpentage ou
d'ingénierie avant même que des soumissions soient
demandées; c'est pourquoi la nouvelle loi qui a été
adoptée n'a pas été mise en vigueur. Sa sanction est
prévue par arrêté en conseil et, normalement, je pense que
c'est cet automne que la loi doit être mise en vigueur.
M. ROY: Ce que ministre oublie de nous dire, c'est qu'une des raisons
fondamentales pour lesquelles la loi retarde tant à être
appliquée c'est le fait qu'elle surchargerait trop le budget de la
province.
M. GARNEAU: Si on veut faire des travaux de voirie importants, c'est
clair que la transition entre l'ancienne méthode et la nouvelle
méthode impliquerait non seulement des délais mais aussi des
sommes importantes qu'il faudrait avoir dès le début du
dépôt des plans. C'est évident.
M. ROY: Ce qui, actuellement, se fait sur le dos des personnes
expropriées. Quand on parle d'un montant de $100 millions au niveau de
l'expropriation, que ce soit $75 millions ou $100 millions, puisque le ministre
a parlé de 75 p.c., je pense que c'est...
M. GARNEAU: Les dernières informations que j'avais étaient
de l'ordre de...
M. ROY: ... la raison fondamentale d'ailleurs pour laquelle...
M. GARNEAU: ... pour laquelle la loi a été
votée.
M. ROY: Non. C'est la raison fondamentale pour laquelle la loi n'est pas
encore en vigueur. Le problème majeur, le problème no 1.
J'aimerais qu'on le dise.
M. GARNEAU: Je ne peux pas le dire deux fois. C'est cela.
M. ROY: Non, je comprends. Je remercie le ministre de nous l'avoir dit
ce matin, parce qu'on le soupçonnait depuis fort longtemps.
M. GARNEAU: Je pense que cela a été dit lors de
l'étude de la loi et on a mentionné pourquoi la mise en vigueur
n'était non pas au moment de la sanction, mais au moment de
l'arrêté en conseil qui mettra la loi en vigueur. C'est clair que
c'est une des raisons, sans cela on aurait été obligé de
diminuer considérablement plusieurs travaux qui avaient
été projetés et qui étaient urgents. On ne peut
quand même pas tout faire porter dans une seule année
financière un réajustement de vitesse de croisière. Cela
aurait été injuste pour les régions du Québec
où les travaux urgents étaient nécessaires.
M. ROY: Cela répond à la question que je posais et je suis
bien heureux, parce que l'ordre de grandeur n'avait jamais été
signalé avec autant de précision, autant de certitude.
M. GARNEAU: Est-ce que je ne l'avais pas donné lors de
l'étude de la loi? Ou si le ministre des Transports ne l'avait pas
donné? Parce que la question avait été posée, je me
le rappelle. Il faudrait que je vérifie.
M. ROY: La Loi de l'évaluation foncière. Non. Je ne me
souviens pas. Il y avait eu des discussions à ce sujet, mais si ma
mémoire est fidèle, on nous avait répondu qu'on ne pouvait
pas donner...
M. GARNEAU: Je n'avais pas donné d'ordre de grandeur? Parce que
je sais qu'il y a eu des travaux de faits là-dessus.
M. ROY: ... qu'il y avait des études qui se faisaient à ce
niveau. Je peux me tromper, remarquez bien, mais si ma mémoire est
fidèle, en ce qui me concerne, j'avais suivi de très près
l'évolution et l'étude de la Loi de l'évaluation
foncière, nous n'avions pas tellement d'idées concernant l'ordre
de grandeur des montants d'argent qui pouvaient être impliqués. Je
reviens au paragraphe 1. C'est quand même le gouvernement qui a la
responsabilité de présenter des projets de loi à
l'Assemblée nationale ou des lois pour modifier les lois
existantes...
Quant à la loi de l'administration financière qui pouvait
contenir des dispositions à l'égard des domaines pour lesquels il
doit être fait rapport des aliénations ou dispositions, ou
dispositions d'immobilisation, est-ce que le ministre a l'intention d'apporter
des modifications à la loi pour tâcher de donner suite aux
recommandations du Vérificateur général et aussi de
permettre que cette loi de l'administration financière réponde
aux besoins de la réalité.
M. GARNEAU: On en a discuté la semaine dernière. Il s'agit
de savoir si on doit modifier les lois existantes concernant la disposition des
biens de la couronne. On a dit la semaine passée que pour les biens
meubles, c'était la Loi du service des achats qui pourvoyait,
c'est-à-dire que c'est le directeur général des achats qui
doit disposer des biens meubles en surplus. Pour ce qui est des immeubles,
c'est le ministre des Travaux publics qui a le pouvoir. Est-ce qu'on devrait
modifier les lois existantes pour avoir, comme ça existe, au niveau
fédéral, une corporation pour disposer des biens de la couronne,
meubles et immeubles? Je ne suis pas en mesure de répondre maintenant,
à savoir s'il y aura un tel organisme de crée ou, en gardant les
juridictions actuelles, techniquement, est-ce que ce serait possible de
publier, dans les états financiers, une annexe. Cela n'existe pas?
M, ROY: D'ailleurs, on pourra y revenir, M. le Président. J'aurai
certainement une série de questions à poser là-dessus,
lors de l'étude des budgets des ministères en particulier.
M. GARNEAU: On m'informe que, dans les comptes publics, on donne les
actifs et la liste en bloc des montants qui ont été
disposés au niveau des immeubles.
M. ROY: Est-ce qu'on pourrait me donner la page, s'il vous
plaît?
M. GARNEAU: Page 42 des comptes publics 1972/73.
M. LAROSE: Oui, nous avons dit quelque chose là-dessus, c'est
qu'il y a un résumé qui apparaît à la section 4 des
comptes publics, mais, nulle part, il n'en est fait mention, on connaît
le prix coûtant des actifs vendus, mais on n'a pas le prix de vente qu'on
en a obtenu. Il n'apparaît pas. On croit que l'état financier ne
donne pas alors suffisamment de détail quant à
l'aliénation des biens. S'il y avait un lien, si vous aviez cet
état à l'heure actuelle, vous verriez qu'on avait un solde, au 31
mars 1972, de $3,600,000,000; on a ajouté les dépenses de
l'année pour en arriver à un nouveau solde de $4,058,000,000. On
a enlevé les routes et ponts, qui auraient été bâtis
avant une date donnée, et alors, on a eu des dispositions mais au prix
d'enregistrement aux livres, mais on n'a pas eu le prix de vente, on le
retrouve, globalement, dans chaque ministère. On trouve, par exemple,
dans un ministère des dispositions d'immobilisation X dollars. Ce que
nous suggérons, c'est qu'on fasse rapport de façon plus
détaillée des dispositions de biens, du prix de vente qu'on a
obtenu pour les actifs importants qui peuvent être vendus.
M. ROY: La description des biens et que ceci soit ajouté au
rapport annuel.
M. LAROSE: Oui, dans le rapport des comptes publics.
M. ROY: Détaillé. C'est une recommandation que nous
endossons en totalité parce qu'il est important, je pense, que nous
sachions, avec le plus de certitude possible, comment on procède dans ce
domaine. Cela termine les questions que j'avais à poser sur les
considérations d'ordre général, relativement à la
section des revenus et dépenses du rapport du vérificateur.
M. GARNEAU: Est-ce que les...
Actif et passif
M. LESSARD: M. le Président, je n'ai pas terminé. J'ai des
questions à poser sur l'actif et le passif.
M. ROY: Si on veut toucher l'actif et le passif, je n'ai aucune
espèce d'objection. Je pense qu'il avait été convenu qu'on
aurait à examiner l'état des revenus et des dépenses et
qu'on procéderait au ministère de l'Agriculture. Si on veut
toucher à l'actif et au passif, je n'ai pas d'objection, on va
s'organiser en conséquence.
M. LESSARD: Je pense qu'on est aussi bien de terminer.
M. GARNEAU: Si c'était possible, ce serait peut-être
préférable de terminer.
M. LESSARD: Parce qu'on n'a pas les...
M. GARNEAU: Les fonctionnaires du ministère de l'Agriculture sont
arrivés mais on pourrait...
M. LESSARD: Je pense que d'ici midi et demi, on peut terminer l'actif et
le passif. J'ai quelques questions.
M. GARNEAU: Allez-y.
M. LESSARD: Par la suite, ce sera cet après-midi. Au niveau de
l'actif, je constate, encore une fois, que vous reprenez le problème
concernant les créances douteuses.
Vous remarquez, en particulier que, c'est dans le rapport de 1971/72,
cette fois, à la page 222, qu'il y a lieu de noter
écrivez-vous l'absence de réglementation
générale au niveau du Conseil du trésor et de
réglementation particulière dans certains ministères au
sujet de la gestion des créances du gouvernement, qu'il s'agisse des
comptes à recevoir, des prêts ou des avances.
Encore là, c'est une affirmation que vous reprenez par la suite
au rapport de 1972/73. On ne peut que l'accepter, quant à nous, mais je
pense que, pour une meilleure administration financière, il serait
important qu'on puisse établir des critères et des normes
concernant les créances douteuses qui seront communes entre les
différents ministères. Actuellement, quand vous faites cette
remarque-là, est-ce que vous pourriez expliciter un peu que c'est le
ministère du Revenu qui est surtout touché, mais il y a quand
même d'autres ministères, le ministère des Affaires
sociales, etc., qui ont à recevoir des crédits? Il ne semble pas
y avoir une norme générale qui ait été
adoptée par le Conseil du trésor.
M. LAROSE: Le problème, c'est du côté des revenus,
si on peut dire. Il y a fort peu de dispositions dans la loi concernant la
gestion des revenus du gouvernement, c'est-à-dire le contrôle et
l'enregistrement des revenus. Il y en a fort peu également dans la
réglementation du Conseil du trésor.
C'est ce que nous avons voulu souligner. Assez souvent, il nous arrive,
au cours de nos vérifications, de constater que même au niveau des
ministères, il n'y a pas de réglementation écrite
concernant la perception, l'enregistrement et la comptabilisation des
revenus.
On s'est attaché énormément, dans le passé,
à l'angle des dépenses, c'est-à-dire à
contrôler les dépenses, ce qui est très bien, et il faut le
faire. Mais il y a aussi l'angle des revenus. A notre sens, il faut lui
accorder une importance égale et s'assurer que tout ce qui nous revient,
on le perçoive et on va le chercher.
Nous sommes d'avis que, jusqu'à maintenant, on n'y a pas
attaché toute l'importance que cela mérite. C'est ce que nous
avons surtout voulu souligner par cela, de telle façon qu'on peut
constater aujourd'hui des différences d'un ministère à
l'autre. Un ministère peut comptabiliser, avoir un bon système
pour le contrôle de ses comptes à recevoir. Dans un cas, on peut
trouver que les comptes à recevoir sont à peu près tous
intégrés à la comptabilité du ministère;
dans d'autres cas, très peu de comptes recevables vont être
intégrés à la comptabilité du ministère.
Dans certains cas, la facturation va se faire de façon bien
structurée, avec un bon contrôle; dans d'autres cas, on va avoir
des contrôles appropriés sur la perception de recettes; dans
d'autres cas, on n'en aura pas.
Tout ce secteur-là, à mon sens, manque de
réglementation très général au niveau du Conseil du
trésor parce que celui-ci ne peut pas se permettre d'y aller trop dans
les détails parce que les conditions varient d'un ministère
à l'autre. Il faut reconnaître que les conditions ne sont pas les
mêmes au ministère du Revenu ou dans un ministère comme
celui de l'Education, où il n'y a à peu près pas de
perception.
Il devrait quand même y avoir des choses très
générales au niveau du Conseil du trésor et, par la suite,
le contrôleur des finances a aussi un rôle important à jouer
dans ce secteur, tout comme au niveau de la comptabilité et des
engagements financiers.
Finalement le contrôleur des finances est obligé de s'en
tenir à un niveau d'ensemble qui couvre l'ensemble des
ministères, mais les ministères, eux, devraient
nécessairement établir leurs propres directives précises
pour leurs employés, en vertu desquelles les revenus devraient
être contrôlés.
M. LESSARD: Autrement dit, c'est actuellement laissé à la
discrétion des ministères, il n'y a aucune norme
précise.
M. LAROSE: C'est cela. Il faut dire qu'il se dessine un effort, à
l'heure actuelle. Il y a quelque chose de commencé, il se dessine un
effort de ce côté.
M. LESSARD: Est-ce que vous ne pensez pas que la perception des comptes
du gouvernement pourrait être centralisée à
l'intérieur d'un ministère?
M. GARNEAU: A l'intérieur d'un ministère?
M. LESSARD: D'un ministère.
M. GARNEAU: Vous voulez dire qu'un ministère se chargerait de
toute la perception? Ce serait assez difficile. Je pense au ministère du
Tourisme, par exemple, qui a des perceptions au mont Sainte-Anne. Les gens vont
y faire du ski, ils louent une chaloupe sur le lac Timothée, dans le
parc, et des affaires comme cela. Ce serait difficile de charger un autre
ministère de faire cette perception. Il faut que ce soit relié
à l'action même du ministère. Je pense que ce serait
difficile de confier cela à un seul ministè-
re. Ce qu'on peut dire d'ailleurs, on l'a mentionné
à la séance de la semaine passée c'est qu'il y a
une réglementation qui est actuellement en consultation,
préparée par le Conseil du trésor. M. Larose a
indiqué, la semaine passée, qu'il avait été
consulté. Le contrôleur des finances l'a été. Aussi,
on veut la tester avec les différents ministères pour être
sûr qu'elle est applicable. Je crois bien qu'à partir du
début du prochain exercice financier, soit le 1er avril 1975, cette
nouvelle réglementation sera en vigueur. Elle ne le sera pas pour
l'année en cours parce qu'elle n'est pas encore adoptée. Elle est
en consultation depuis quelques mois.
C'est assez complexe à rédiger, parce qu'il faut qu'elle
soit rédigée en des termes tels qu'elle soit applicable.
Malheureusement, on a des directives qui, sur-le-champ, parfois, sont tellement
difficiles d'application que le vérificateur constate...
M. LESSARD: ... idéalement, mais difficilement.
M. GARNEAU: ... mais, pratiquement, c'est difficile à appliquer.
C'est pour cela qu'il y a un test qui se fait face aux utilisateurs, à
ceux qui vont devoir l'appliquer, pour essayer de voir quelles seraient les
difficultés pratiques que pourrait comporter cette directive. C'est pour
cela que je dis que, probablement, elle sera en vigueur à partir du 1er
janvier 1975. Actuellement, il y a eu plusieurs séances de travail, mais
elle n'est pas encore adoptée.
M. LESSARD: Au niveau des prêts et des avances, vous
suggérez qu'on différencie les prêts et les avances des
placements. En fait, c'est à la page 2-28, toujours dans le rapport
1971/72, mais que vous reprenez dans le rapport 1972/73. Vous dites, à
la page 2-28, deuxième paragraphe...
M. GARNEAU: De quelle année?
M. LESSARD: L'année 1971/72. Au deuxième paragraphe:
"Plusieurs sinon la majorité de ces prêts et avances sont de la
nature de placements. A notre point de vue, l'état de l'actif
présenterait mieux les faits si les prêts, avances, placements et
valeurs diverses étaient regroupés sous un même titre
général à l'état de l'actif et répartis de
façon plus appropriée sous ce titre". Je pense que c'est
particulièrement le fait lorsqu'on accorde des crédits, par
exemple, à la Régie des marchés agricoles, etc. Ce sont
des placements. Quelle distinction, quelle différence cela ferait-il et
pourquoi, pour avoir un budget, comme vous le disiez tantôt, plus
clair?
M. GARNEAU: II faut présenter tous les états financiers
pour voir si votre remarque s'applique.
M. LAROSE: Dans les états financiers, l'état de l'actif et
du passif de la province, il y a eu une modification qui a été
faite au 31 mars 1973, je pense.
Ce que nous avons voulu dire là-dessus, c'est que, dans les
états financiers, on pourrait grouper les placements sous forme
d'actions avec les placements sous forme de prêts, mais on pourrait les
répartir autrement. Par exemple, on pourrait dire: Les investissements
du gouvernement dans les sociétés d'Etat, les prêts du
gouvernement aux municipalités, les grouper selon la nature du
prêt, que ce soit un prêt ou que ce soit un placement selon la
nature de l'entreprise concernée, si on peut dire, alors, si ce sont des
prêts aux individus, par opposition à des prêts à des
municipalités, à des placements dans des sociétés
d'Etat.
M. LESSARD: Dans le rapport de 1971/72 à la page 2-29, vous
affirmez: Les prêts consentis aux pêcheurs en vertu d'une loi que
nous avons adoptée à l'Assemblée nationale, à la
suite de pertes dues à la pollution, nous paraissent difficilement
recouvrables, puisque le remboursement de ces prêts dépend de
l'identification des responsables de la pollution et du paiement par eux des
dommages causés. Je sais que, dans cette loi, si je me rappelle bien, le
ministre de la Justice devait entreprendre des procédures pour pouvoir
récupérer les montants des agents polluants, à savoir
particulièrement certaines compagnies. Est-ce que, selon vos
informations pour affirmer ce que vous avez affirmé, de telles
procédures ont été entreprises?
M. LAROSE: A notre connaissance, jusqu'au moment de notre
vérification, évidemment pour l'année 1972/73, il n'y a
pas eu de procédure d'entreprise, on nous a justement dit que
c'était auasi impossible à ce moment de trouver le coupable.
C'est l'information qu'on avait eue. Est-ce que je suis dans l'erreur? Par
conséquent, il n'y avait pas eu de procédure d'entreprise
jusqu'à ce moment.
M. LESSARD: Sur ce point, j'aimerais avoir...
M. GARNEAU: On me dit qu'on a fait des provisions à 100 p.c.
M. LAROSE: Oui, c'est vrai, je voulais ajouter cela. Pour le 31 mars
1973, il y a eu une provision à 100 p.c. qui a été
créée, c'est-à-dire qu'on considère que les
comptes...
M. LESSARD: Donc, vous estimez que c'est un montant recouvrable.
M. GARNEAU: De toute façon, si c'est recouvrable, ce sera
appliqué contre la provision. Si cela ne l'est pas, la provision...
M. LESSARD: Simplement un détail technique concernant les
prêts et avances dans l'état comparatif des prêts et avances
pour les trois dernières années. On précise à la
fois en 1971/72 et en 1972/73, comme provision pour créances douteuses
sur ces prêts et avances, un montant de $100,000 à la corporation
Léopold Roy Ltée. Simplement pour mon information personnelle,
est-ce que je pourrais savoir ce qu'est cette corporation?
M. GARNEAU: C'est une firme de l'Abitibi qui a été reprise
par l'OPDQ et transférée au ministère de l'Agriculture.
C'est une expérience de firme coopérative ou je ne sais pas trop
quoi qui avait été tentée. Cela a fait faillite, et cela a
été assumé.
M. LESSARD: La firme commune.
M. ROY: Puisqu'on est dans le domaine des prêts et avances, si on
me permet, est-ce qu'on fait une ventilation un peu des montants?
La corporation de Leopold Roy, d'accord $5,000, mais il y a aussi les
étudiants, $25,868,996 dus par les étudiants, alors que le
montant comparatif du 31 mars 1972 est de $27,25 5,889, donc, une diminution de
$1,386,893. Est-ce que vous pouvez nous donner des détails
là-dessus...
M. LAROSE: On pourra peut-être y revenir avec...
UNE VOIX: II y aurait eu amélioration du système de
perception?
M. LAROSE: La raison pour laquelle cela baisse?
M. ROY: Oui.
M. LAROSE: Evidemment, depuis quelques années je ne
pourrais pas vous dire la date exacte mais depuis quelques
années, le gouvernement ne fait plus de prêts aux étudiants
directement. Les prêts sont faits par des institutions bancaires ou des
institutions de crédit et ils sont garantis par le gouvernement, de
telle façon que le montant brut des prêts n'augmente plus, sauf
pour les cas où les étudiants ne respectent pas leurs
engagements, où la garantie s'exerce et où le gouvernement est
obligé de prendre le prêt à son compte. C'est la raison
pour laquelle il ne devrait normalement plus y avoir d'augmentation, à
moins que la politique soit changée, mais pour le moment, si les
prêts continuent à être consentis par les institutions de
crédit, les prêts vont continuellement aller en baissant.
M. ROY: D'ailleurs, on pourra y revenir, M. le Président, pour
examiner ce compte plus en détail lorsqu'il sera possible de
vérifier le ministère de l'Education. Est-ce qu'il y a des
questions à poser là-dessus?
M. LESSARD: Pour moi, cela va au niveau de l'actif.
M. ROY: C'est peut-être aussi bien de vider la question tout de
suite, parce qu'il a été question dans votre rapport de la
perception de ces comptes. Est-ce que, jusqu'à maintenant, vous estimez
que tout l'effort nécessaire a été fait, de façon
que le gouvernement puisse récupérer, ou encore qu'on prenne les
mesures nécessaires afin de fermer les dossiers? Je m'explique
là-dessus. C'est qu'il y a des gens, d'anciens étudiants qui,
depuis une quinzaine ou une vingtaine d'années, ont reçu des
prêts du gouvernement de la province avec l'obligation de rembourser
évidemment. Je n'ai pas de dossier devant moi, mais je pourrai y
revenir. C'est la raison pour laquelle je me demandais si on ne pourrait pas
revenir sur la question. J'ai fait photocopier des états de compte et
j'ai constaté je ne sais pas si c'est une coincidence, qu'on
envoie un état de compte à ces personnes tous les quatre ans.
Dans les photocopies que j'ai, cela s'adonne toujours dans une année
quelques mois avant les élections générales.
M. GARNEAU: C'est malhabile, cela.
M. ROY: C'est malhabile. Je m'explique, parce que cela a répondu
à une question que je me posais depuis fort longtemps. C'est qu'il y a
des personnes qui auraient les listes et qui vont voir ces personnes durant les
campagnes et qui disent: Ne t'énerve pas, tiens-toi tranquille, je vais
t'arranger cela et elles n'en entendent plus parler pour quatre ans.
M. GARNEAU: En tout cas, moi...
M. LESSARD: J'en entends parler chaque année.
M. ROY: Depuis deux ans...
M. GARNEAU: Cela, c'est malhabile.
M. ROY: ... il semble qu'on envoie des états de compte de
façon plus régulière, mais c'est frappant de regarder les
états de compte qui ont été envoyés au cours des
années passées pour découvrir le phénomène.
Si j'en avais seulement vu un, je me dirais: C'est une coincidence, mais il y
en a d'autres et il semble que ce soit une politique qui aurait
été suivie.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): C'est le candidat de tel parti qui est
allé voir les gens...
M. ROY: Je n'ai pas besoin de me poser des questions. Je pense que vous
vous connaissez...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): II a été élu dans
Beauce-Sud alors?
M. LESSARD: M. le Président, à l'ordre!
M. ROY: Le président n'est pas sensé prendre part au
débat.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le président doit être
complètement neutre.
M. ROY: Alors, c'est là qu'on voit: Chassez le naturel et il
revient au galop. C'est un proverbe...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Je suis neutre! Je suis neutre! Je
n'étais pas au vote quand cela a été passé...
M. ROY: Non, mais ceci dit, sur une note plus sérieuse, est-ce
qu'à ce niveau le Vérificateur général estime que
les mesures qui sont prises actuellement son efficaces?
M. LAROSE: Là-dessus, je vous référerai à
une remarque qu'on a faite au rapport 1972/73 qui se lit comme suit: "Les
réserves et commentaires faits l'an dernier sur le montant de la
provision pour créances douteuses de $4,720,000 s'appliquent
également cette année. Cependant, nous tenons à souligner
que l'organisation de la section de recouvrement a finalement été
réalisée au cours de l'automne 1973. Il est donc trop tôt
pour évaluer l'efficacité de cette mesure et seuls les
résultats constatés durant les années futures nous
révéleront si la provision pour créances douteuses est
suffisante".
En d'autres termes, depuis plusieurs années, mon
prédécesseur et moi-même avons déploré le
fait qu'on n'y accordait pas suffisamment d'attention.
Nous savons maintenant qu'on y a engagé le, personnel
nécessaire pour que la perception se fasse réellement de
façon efficace. J'ai eu l'occasion de rencontrer le directeur du service
de l'aide aux étudiants, il y a une quinzaine de jours et il m'a
justement dit qu'il avait le personnel suffisant pour procéder
maintenant de façon efficace à la perception. J'espère
qu'on verra cela dans les résultats et il semble bien qu'on ait
accordé toute l'attention nécessaire à ce secteur.
M. LESSARD: Comme vous le disiez tout à l'heure, essentiellement,
il s'agit de percevoir des anciens comptes parce qu'actuellement,
d'après le nouveau système, ce sont les banques qui directement
doivent percevoir et, en cas de perte, le gouvernement garantit...
M. GARNEAU: Les comptes sont assez difficiles à percevoir parce
que les prêts ont été accordés au moment où
l'étudiant était soit à l'université de
Montréal, Laval, Québec, McGill, etc., et les adresses,
évidemment, ne sont nécessairement plus les mêmes. Il
s'agit de retracer ces personnes dans la nature. Il y en a peut-être qui
sont rendus en Californie, d'autres en Europe. C'est ce qui rend la tâche
extrêmement difficile.
M. ROY: Et d'autres sont peut-être décédés.
Il n'est pas sans y en avoir un certain nombre. C'est parce que je remarque
que...
M. LESSARD: Et d'autres n'acceptent pas la lettre lorsqu'elle est
reçue. On retourne la lettre avec l'inscription: Adresse inconnue.
M. ROY: Ils vont voir l'organisateur...
M. GARNEAU: L'organisateur du député de Beauce-Sud?
M. ROY: ... provision pour créances douteuses. Pardon?
M. GARNEAU: Vous voulez dire l'organisateur du député de
Beauce-Sud?
M. ROY: Non. Ce n'est pas ainsi que cela fonctionne et le ministre le
sait très bien.
Je remarque qu'à ce niveau, vous avez prévu le même
montant, c'est-à-dire que le montant prévu pour créances
douteuses n'a pas été changé. Il est demeuré
stationnaire, soit de $4,720,000. Alors, il n'y avait pas lieu de l'augmenter
cette année, suite aux opérations ou aux changements ou aux
précisions que vous avez pu obtenir.
M. LAROSE: En 1970/71, la provision était de $7,500,000; en
1971/72, elle était réduite à $4,720,000 et, en 1972/73,
elle était laissée au même montant. Au moment où
elle a été réduite par le ministère de $7,500,000
à $4,720,000, nous avons exprimé l'opinion suivante : Si on
s'attache réellement à donner tout l'effort nécessaire
à la perception, le montant de $4,720,000 sera sans doute suffisant,
peut-être même trop élevé, mais on ne le savait pas
et, en se basant sur l'expérience passée, on n'avait pas
accordé suffisamment d'effort pour la perception. On pouvait douter que
le montant serait suffisant en se basant sur l'expérience passée.
Maintenant, comme il semble bien que les efforts sont actuellement en voie de
se faire pour la perception, nous sommes d'avis que $4,720,000 pourront
s'avérer suffisants et même, possiblement, trop
élevés.
M. GARNEAU: Le sixième des montants dus.
M. LAROSE: Oui, un sixième, 15 p.c. Il y a un danger à
éviter qui pourra se produire dans le nouveau système.
Evidemment, il ne faudrait pas qu'il revienne au gouvernement trop de montants.
En vertu du nouveau système, s'il y a trop d'étudiants qui
n'honorent pas leurs engagements, le gouvernement peut se retrouver avec des
comptes, être obligé de continuer la perception des comptes qui ne
sont pas perçus par les institutions de crédit. Je pense qu'il y
a un travail qui se fait à l'heure actuelle pour éviter que le
gouvernement soit celui qui
perçoit. On essaie de prévenir autant que possible que les
comptes soient retournés au gouvernement.
M. MERCIER: M. le Président, sur cette question, est-ce que vous
pourriez nous dire le nombre d'étudiants que cela peut
représenter, ce montant de $27 millions?
M. LAROSE: II me semble que c'est peut-être 15,000. Non, c'est
plus que cela. Il faudra que je le relève dans mes notes. Je l'ai
déjà su. Si vous voulez, je pourrai vous le dire à une
prochaine réunion.
M.MERCIER: Cela remonte à combien d'années?
M. LAROSE: Cela peut remonter aux années cinquante, je pense.
M. LESSARD: Au début du système.
M. LAROSE: Peut-être avant, mais certainement dans les
années cinquante.
M. LESSARD: De plus, il y a toujours une période de trois ou
quatre ans au cours de laquelle on ne reçoit pas de comptes parce qu'on
nous laisse le temps de nous stabiliser.
M. GARNEAU: ... recevoir deux ou trois ans après l'obtention du
diplôme. On lui serre la vis plus.
M. LESSARD: C'est ça, deux ou trois ans. J'aurais une
dernière question et ce seraient surtout des commentaires que je
demanderais au vérificateur général, M. Larose au niveau
du passif dans le rapport de 1972/73, à l'article 7, au paragraphe c),
comptes à payer. Je lis l'article: "Les comptes à payer sont
passés de $377,097,784 au 31 mars 1972 à $423,066,135 au 31 mars
1973, soit une augmentation de $45,968,351. Selon les constatations que nous
avons faites dans les ministères, il existe une faiblesse
générale dans l'enregistrement des comptes à payer
à la fin de l'année financière et cette remarque tient
compte nécessairement du délai de 30 jours autorisé par la
loi. Sur une base de sondages, nous avons noté que des montants parfois
considérables ne sont pas inscrits aux livres pour des travaux
effectués, des marchandises reçues, des services rendus et pour
des dépenses de transfert connues en vertu de politiques ou programmes
établis. "Cette situation entrafne évidemment un manque
d'exactitude dans les états financiers de l'année courante et de
l'année subséquente en plus de comporter un risque de
dépassements budgétaires".
D'abord, première question, d'après vos
vérifications, est-ce que ce risque de dépassements
budgétaires s'est réalisé au cours des années
1971/72 et 1972/73, pour justement cette raison?
M. LAROSE: Sur la base des déboursés mêmes, il n'y a
pas eu de déboursés effectués ou des engagements qui ont
été inscrits au livre, il n'y a pas eu de dépassement. Il
y a certainement eu des dépenses qui ont été faites, et si
on avait voulu les inscrire dans les livres, il n'y aurait pas eu de
crédit budgétaire disponible. On a retardé leur
enregistrement à l'année suivante.
M. LESSARD: Est-ce que vous avez des recommandations précises
à faire pour corriger une telle situation?
M. LAROSE: Oui, comme...
M. GARNEAU: A l'avant-dernier paragraphe, il y a une note. J'ai dit que
vous avez fait la recommandation à l'avant-dernier paragraphe de la page
240. "A notre avis, l'effort conjugé des organismes concernés,
c'est-à-dire le Conseil du trésor, les ministères, le
service comptable du contrôleur des finances permettrait d'établir
et d'appliquer rapidement les mesures correctives appropriées".
M. LAROSE: Est-ce qu'il pourrait être, possiblement, comme on en
a...
M. LESSARD: Cela peut être un voeu du Vérificateur
général mais qui peut ne pas être concrétisé
au niveau des organismes concernés.
M. GARNEAU: La semaine dernière, on a discuté assez
longuement pour indiquer les difficultés, comment les problèmes
se présentaient et aussi, on a dit qu'à cause de la
mécanisation des opérations, on serait en mesure de savoir quel
était le montant précis de ces choses-là, travail qu'on ne
pouvait pas faire "à la mitaine". On me dit que la liste pourra
être disponible et on saura si c'est $10 millions, $15 millions, $20
millions, $5 millions, on le saura d'une façon précise.
M. LESSARD: M. le Président, j'ai terminé.
M. ROY: Alors, quant aux points de l'actif et du passif, j'aimerais
qu'on s'en tienne un peu aux demandes qui ont été
formulées au début, c'est qu'on puisse examiner les
dépenses de chacun des ministères de façon à ne pas
doubler les questions, pour revenir, à la fin, dans un esprit de
systhèse, compléter par l'actif et le passif, réexaminer
tout cela. J'ai des questions à poser là-dessus, mais comme
j'estime que je peux avoir la grande majorité des réponses lors
de l'étude des crédits des ministères
intéressés, je préfère qu'on procède de
cette façon-là plutôt que de procéder
immédiatement à une étude finale de ces deux points.
M. GARNEAU: Est-ce que je comprends que cet après-midi, à
la reprise des travaux, on aborderait la question du ministère de
l'Agriculture? Est-ce que c'est comme cela...
M. ROY: C'est ce qui était convenu.
M. LESSARD: Est-ce que nous allons aborder ce seul ministère ou
si nous avons d'autres ministères à aborder?
M. GARNEAU: On avait convenu la semaine dernière du
ministère de l'Agriculture, l'Office des marchés agricoles, de
l'assurance-récolte et la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire.
M. LESSARD: Autrement dit, on se limiterait, au cours de cet
après-midi à l'agriculture.
M. GARNEAU: A l'agriculture...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): A l'agriculture en gros.
M. GARNEAU: Parce qu'on ne sait pas le temps qu'on a de
disponible...
M. LESSARD: En gros et en détail.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): La commission suspend ses travaux à
trois heures.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
Reprise de la séance à 15 h 11
M. KENNEDY (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
Il y a quelques changements apportés au programme prévu
lors de l'ajournement. Nous allons commencer par étudier ou prendre en
considération des opérations et des remarques qui ont
été faites au sujet de l'Office du crédit agricole et de
l'assurance-récolte parce que les gens du ministère de
l'Agriculture ne sont pas encore au rendez-vous.
M. GARNEAU: Je voudrais...
M. ROY: M. le Président, je m'excuse, je ne veux pas interrompre
le ministre. Je vais lui donner tout le temps voulu, mais je pense qu'il serait
peut-être à propos de donner, comme on le fait habituellement, la
liste des membres de la commission.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): La liste des membres de la commission.
M. ROY: S'il y en a qui sont remplacés, qu'on nous donne les noms
et qu'on inscrive les remplacements.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): D'accord.
M. ROY: On va peut-être être obligé de demander un
vote. Il n'y a rien qui m'indique qu'on ne sera pas obligé de le
demander non plus. Le cas échéant, cela pourrait peut-être
créer de petits problèmes.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): D'habitude, on...
M. GARNEAU: ... droit de parole que j'utiliserais au maximum, le temps
d'aller chercher les députés s'il en manquait.
M. LESSARD: Cela ne serait pas toujours sensé.
M. GARNEAU: Non, mais quand même.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): La pratique n'oblige pas
nécessairement de nommer les membres de la commission, mais de ne
mentionner que des remplacements. Or, M. Caron (Verdun) remplace M.
Lévesque (Bonaventure); M.Lessard (Saguenay) remplace M. Morin
(Sauvé). M. Perreault (L'Assomption) fait partie de cette commission
ainsi que M. Bossé (Dorion). Ce sont deux assidus participants aux
délibérations de la commission. Je m'excuse, M. Mercier, le
député de Bellechasse, également.
M. MERCIER: II est également très assidu.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de Beauce-Sud est
présent. Je pense qu'il peut souligner sa présence
lui-même.
M. ROY: II était présent.
M. BOSSE: Vous n'allez pas nous forcer à faire du
"filibuster".
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Nous allons rétablir les faits. J'ai
dit qu'on ne mentionnait pas les membres réguliers de la commission,
qu'on mentionnait des remplacements. Comme vous êtes membres
réguliers de la commission, je n'ai pas fait mention de vos noms.
Office du crédit agricole
M. GARNEAU: M. le Président, je voulais tout simplement indiquer
que, pour ce qui est de l'Office du crédit agricole, M. Fernand
Beaudoin, le vice-président de l'office et M. Roger Doré, le
directeur des services financiers, pourront, à l'occasion, donner des
explications si le besoin se fait sentir.
Tirez les premiers, messieurs les Anglais.
M. LESSARD: M. le Président, tout d'abord, dans le rapport du
Vérificateur général au 31 mars 1972, nous lisons ce qui
suit, à la page 3-21, section III, sous le paragraphe: Faiblesses des
contrôles comptables. Je cite: "Au cours de la période, on a
poursuivi l'implantation du traitement électronique des transactions
comptables relatives aux prêts aux agriculteurs ou s'y rattachant. Les
difficultés rencontrées dans l'opération de ce
système ont entraîné la perte de certains contrôles
comptables. Aux états financiers du 31 mars 1972, il existerait donc,
à mon avis, des différences à certains postes de l'actif
et du passif dans les intérêts gagnés sur les prêts
aux agriculteurs et dans la participation du gouvernement du Québec aux
dépenses d'intérêts. Toutefois, je suis d'opinion que les
redressements qui seraient nécessaires n'auraient pas d'influence
majeure sur la situation financière de l'office et sur les
résultats de ses opérations".
En fait, le Vérificateur général avait extrait
cette citation du rapport qui accompagnait les états financiers de
l'office pour l'exercice qui s'est terminé le 31 mars 1972. Dans le
rapport du Vérificateur général de 1973, nous lisons ce
qui suit, à la page 4-19, sous le paragraphe: Remises au ministre des
Finances: "Suite aux difficultés rencontrées dans le secteur des
"encaissements" depuis l'implantation du système de traitement et de
comptabilisation électronique des transactions comptables relatives aux
prêts aux agriculteurs ou s'y rattachant, les remises au ministre des
Finances, soit à titre de remboursement de capital, soit à titre
de paiement d'intérêts n'ont jamais été
basées sur des données fiables de manière à
respecter les dispositions particulières de la Loi du crédit
agricole à l'égard du remboursement des avances faites par le
ministre des Finances pour fins de prêts aux agriculteurs.
En fait, suivant les informations que nous possédons, le montant
de ces remises depuis l'implantation du système informatique à
l'office, a été établi par les gestionnaires
concernés "au meilleur de leurs connaissances basées sur
l'expérience passée". Il aurait fallu, écrit le
Vérificateur général, en temps opportun, que l'office
analyse ses encaissements, afin de pouvoir remettre au ministre des Finances et
ce, à titre de remboursement des avances, des sommes équivalentes
au remboursement de capital perçu des agriculteurs".
Donc, M. le Président, on remarque que dans le rapport du
Vérificateur général en 1972, on parle de la
difficulté de comptabilisation à l'Office du crédit
agricole. Cependant, suite au rapport de l'office, on expliquait cela par
certaines difficultés techniques qui semblent être survenues au
moment de l'implantation du système comptable.
Nous aurions certainement espéré que cela puisse se
corriger selon la recommandation du Vérificateur général.
Mais il semble que, encore cette année, le Vérificateur
général doit revenir sur le sujet et nous dire, en fait, que
jusqu'ici, les remises au ministre des Finances n'auraient jamais
été basées sur des données fiables. Ce qui
laisserait entendre ou me permettrait de dire qu'au ministère de
l'Agriculture, même si on dit qu'on fait des efforts valables, le
Vérificateur général semble être obligé de
revenir constamment sur les mêmes constatations. Je comprends que c'est
la première fois que nous avons l'occasion de rencontrer le
Vérificateur général et de pouvoir discuter de ses
constatations et de ses commentaires. Cependant, nous espérons que l'an
prochain, nous pourrons discuter à nouveau de son rapport.
Au rythme donc où je constate les améliorations, je dois
dire que cela ne va pas vite au ministère de l'Agriculture et, en
particulier, à l'Office du crédit agricole. Alors, soit que
j'aimerais d'abord avoir des commentaires du Vérificateur
général et, par la suite, je pense qu'il serait tout à
fait normal que les représentants de l'office, que je salue ici, nous
donnent les renseignements ou les explications nécessaires.
Il ne s'agit pas pour moi de porter une accusation à ce niveau,
mais il s'agit simplement de demander aux responsables de l'Office du
crédit agricole si, au cours des prochains mois, on pourra faire une
correction et se soumettre aux recommandations du rapport du
Vérificateur général. J'aimerais avoir d'abord les
commentaires de M. Larose.
M. LAVALLEE: II faut comprendre dans toute cette question, qui semble se
reporter à deux années financières de fait, elle
continue un peu de se reporter qu'il s'agit, comme on le dit, de
l'introduction d'un nouveau système, électronique du traitement
des données. Ce qui
explique un peu notre situation, c'est que, d'année en
année, il a fallu appliquer des contrôles de vérification,
adapter certaines méthodes dont, normalement, on aurait pu s'exempter
à cause, justement, qu'en même temps on rebâtit le
système, nous sommes là et il faut vérifier.
Il y a peut-être eu une certaine faiblesse en ce sens qu'on aurait
pu maintenir le fonctionnement des deux systèmes en même temps.
C'est ce qui a rendu la chose beaucoup plus difficile pour nous dans notre
vérification.
Lorsqu'il a été décidé d'introduire un
nouveau système électronique, à ce moment, il aurait fallu
continuer à maintenir l'ancien système à la mitaine,
manuellement. C'est ce qui a été notre première
difficulté.
La chose a entraîné un travail de vérification
très laborieux et très long, de sorte qu'on s'en est tenu
à essayer de vérifier chacun des comptes de l'actif et du passif,
plutôt que de faire une vérification opérationnelle de
l'application de certaines lois à l'Office du crédit
agricole.
Dans l'ensemble du bilan, nous l'avons dit à deux reprises dans
le certificat, cela ne change pas tellement; mais dans les comptes relatifs
entre eux, il peut y avoir une certaine différence. Par exemple, si on
regarde au poste le plus important, qui est le poste du prêt aux
agriculteurs, au bilan du 31 mars 1973, y compris les versements échus
en capital, celui-ci se chiffrait à ce moment-là par
$181,451,000.
Pour rejoindre un peu votre question d'encaissement, de remise au
ministre des Finances, qui n'était pas tout à fait selon les
prescriptions de la loi, on sait que la Loi du crédit agricole oblige de
remettre au ministre des Finances 100 p.c. des versements en capital. Le
système étant ce qu'il était, comme je vous ai
expliqué tantôt, il a été très difficile de
faire la distinction, lors d'une remise d'un cultivateur de $500 ou $600, entre
la partie qui affectait le capital et la partie qui affectait le paiement
d'intérêt. C'est cela qu'on veut dire à ce
moment-là. Par ricochet, on se trouve à jouer un peu sur le
montant véritable qui devait être remis au ministre des Finances
à cause de cette situation, mais en tout temps, on peut vous assurer
tout de suite qu'il n'y a absolument rien de répréhensible
là-dedans, c'est une question de contrôle des comptes comptables
qui étaient devenus difficiles à balancer à cause du
changement de système.
M. LESSARD: Est-ce que, d'après vos informations, le nouveau
système qu'on va implanter va corriger la situation?
M. LAVALLEE: Oui, il va sûrement corriger la situation.
D'ailleurs, nous assistons régulièrement, à titre
d'observateurs, parce que nous n'avons pas le temps d'implanter de nouveaux
systèmes, nos collaborateurs assistent régulièrement
à ces réunions. Je crois que le tout est en bonne voie et il n'y
a aucune raison de croire que, l'an prochain, la situation ne sera pas beaucoup
améliorée. Nous n'avons aucun doute là-dessus. Il ne faut
pas oublier que la transformation d'un système de cette nature, de la
mitaine aux données informatiques, ce n'est pas facile.
M. LESSARD: En fait, c'étaient des problèmes qui pouvaient
être temporaires.
M. LAVALLEE: C'est ça.
M. LESSARD: Une modification entre deux systèmes.
M. LAVALLEE: Pardon?
M. BOSSE: Le choc du futur, passer de la mitaine à
l'électronique.
M. LAVALLEE: C'est ça. La transition entre les deux.
M. LESSARD: Est-ce qu'on pourrait, étant donné qu'on
reçoit les explications des responsables de la vérification,
est-ce qu'on pourrait savoir de M. Beaudoin si ce système est...
M. GARNEAU: Après 36 ans de comptabilisation manuelle, alors
qu'on n'a jamais eu un problème, le 9 octobre 1969...
M. LESSARD: C'est bien vrai, ça allait bien au bureau des
affaires sociales, mais depuis que la machine est entrée, ça
commence à aller mal.
M. GARNEAU: Le 9 octobre 1969 a débuté un nouveau
système informatique au bureau. Au mois de juillet 1970, il y a eu une
entente, entre les consultants et le service financier d'alors, pour laisser
tomber le parallèle. Cela a pris seulement quelques mois et on s'est
aperçu... Surtout avec la venue des vérificateurs, ils nous ont
fait penser qu'on était à côté de la "track". Ils se
sont imposé un gros travail, mais je pense qu'ils vont nous en donner le
crédit. Le service financier s'est imposé la tâche de
réviser toutes les remises, une par une, depuis le début de
l'ordinateur. Aujourd'hui, c'est fait, et même le rapport du
vérificateur pour l'année en cours est sorti, je l'ai ici. Je ne
me permets pas d'en parler plus que ça. Tout est entré dans
l'ordre.
J'aimerais mentionner qu'il n'y a pas beaucoup de système
d'ordinateur qui part sans difficulté.
M. LESSARD: C'est justement un peu ce que j'ai dit, M. le
Président, c'est qu'il ne s'agissait pas de porter une accusation. Je
pense que depuis un certain nombre d'années, il y a eu des
modifications, non seulement au niveau du ministère de l'Agriculture,
mais il y a eu des modifications au niveau d'autres ministères, en
particulier au ministère des Affaires sociales où
il y a eu l'implantation d'un nouveau système d'ordinateur.
Ce qui est important, et je pense que M. Beaudoin nous assure que cela
va se corriger, je pense que c'est un...
M. GARNEAU: Quant à cette partie-là, c'est corrigé.
Je dois saisir l'occasion pour remercier le Vérificateur
général et ses collaborateurs pour l'aide qu'ils nous ont
apportée et je suis assuré que le tout est dans l'ordre à
partir de maintenant.
M. ROY: J'aurais des questions à poser. Je ne sais pas si c'est
le moment de poser des questions. Cela concerne en quelque sorte la
vérification générale en même temps, malgré
que cela concerne aussi les questions qui pourraient être posées
à l'occasion d'une commission lors de l'étude des crédits
du ministère. J'aimerais savoir, au niveau de l'Office du crédit
agricole, jusqu'à présent, dans quelle proportion les
remboursements se font? A 100 p.c? Est-ce qu'il y a plusieurs retards de ce
côté-là? Quels sont les mécanismes qui sont mis sur
pied pour tâcher de récupérer les montants
prêtés?
Si je pose cette question-là, je n'apprendrai rien à
personne en disant qu'il y a de nombreuses fermes et c'est par centaines
qui sont abandonnées au Québec, sur lesquelles sont encore
dus des montants à l'office du crédit agricole.
J'aimerais bien avoir une idée, à ce moment-ci, de la
situation telle qu'elle se présente et telle que vue par l'Office,
à ce niveau-là.
M. GARNEAU: D'abord, au sujet des pertes, cumulativement depuis 1936, il
y a eu $202,000 de pertes. Ce n'est pas grand-chose, sur $400 millions et plus.
Maintenant, vous parlez des terres qui sont abandonnées et sur
lesquelles il n'y a plus de culture maintenant. Quand elles se vendent à
un homme qui est hors de l'agriculture, cela devient de plus en plus la coutume
de les vendre à un taux économique. Alors, on
récupère l'intérêt, la ristourne
d'intérêt, le rabais d'intérêt qu'on paie. Je ne peux
pas en dire plus long parce qu'il y a des amendements à la loi, mais il
n'est pas question de...
On essaie, lorsqu'une terre se vend à un homme qui fait autre
chose que de l'agriculture, de la vendre à un taux
économique.
M. ROY: Combien avez-vous de fermes actuellement sur lesquelles vous
avez...
M. GARNEAU: Qu'on a reprises? M. ROY: Reprises, oui.
M. GARNEAU: Une quarantaine, entre quarante et cinquante.
M. ROY: Vous n'en avez pas plus que quarante à cinquante.
M. GARNEAU: Qu'on a reprises. M. ROY: Ce sont des reprises.
M. GARNEAU: Cela se garde toujours dans ces chiffres d'année en
année. Je pense que cela peut avoir été jusqu'à
soixante depuis que je suis là, mais c'est à peu près
cela.
En 1973, nous en avions 73. C'est drôle de le dire, mais c'est la
même chose que l'année.
M. ROY: Ah bon! C'est pour cela que c'est plus facile de s'en souvenir.
En 1973, vous en avez eu 73. Qu'est-ce qui se produit quand un cultivateur...
Ce sont des reprises pour lesquelles les démarches ont été
faites, les jugements ont été rendus et les décisions ont
été prises. Combien avez-vous de dossiers actuellement en suspens
qui font l'objet d'une étude particulière et pour lesquels des
démarches ont été entreprises ou sont susceptibles
d'être entreprises?
M. GARNEAU: Je confesse ne pas savoir le nombre exact, mais on me dit
qu'on en a douze.
M. ROY: Vous en avez douze.
M. GARNEAU: N'oubliez pas que, si cela va mal pour un cultivateur
aujourd'hui, à part les régions périphériques
très mal situées, il vend sa terre à un autre avant de
nous la laisser prendre. Le nombre est très restreint. Il est mieux de
vendre sa terre, faire $1,000 ou $2,000 et mettre cela dans sa poche que de
nous la remettre ou de se la laisser enlever par nous, parce que, si on la
reprend et on la revend, on peut faire de l'argent. Il
préfère...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): J'aimerais attirer l'attention du
député de Beauce-Sud sur la pertinence de ces questions
particulières. Il me semble que ce sont des questions qui devraient
plutôt être posées lors de l'étude des crédits
où il y a un secteur qui traite de l'Office du crédit
agricole.
M. ROY: Je m'excuse un peu, M. le Président, mais je pense qu'il
était important que nous connaissions la situation telle qu'elle est
parce que... Supposons qu'à la suite des réponses que viennent de
nous faire les dirigeants de l'Office du crédit agricole, nous nous
soyons trouvés devant une situation où il y aurait eu, en quelque
sorte je donne un chiffre très arbitraire 200 à 250
dossiers en suspens. A ce moment, cela nous aurait obligés, il aurait
été normal que nous puissions interroger le Vérificateur
général pour nous assurer des méthodes qui sont
utilisées, de la vérification des méthodes et de l'ordre
de grandeur des pertes qui pourraient survenir, de façon que nous
puissions examiner pour voir si les réserves pour pertes sont
suffisantes ou ne le sont pas.
Je pense que, contrairement à ce que vous venez de dire, les
questions actuelles étaient très
pertinentes, bien que j'aie pris soin d'ajouter au début qu'elles
pourraient également être posées lors de l'étude des
crédits. Mais, à ce moment-ci de nos travaux, je pense que
c'était bien important que nous puissions savoir ces choses. Etant
donné que c'est très limité, évidemment, cela ne
suscite pas de question additionnelle. Je n'ai pas de question additionnelle,
parce que je dois dire, dans mon for intérieur, selon des informations
qui circulent dans la province de Québec, je pense bien qu'on est tous
un peu surpris de constater que le nombre est très restreint, beaucoup
moindre que ce que nous aurions pu penser.
M. BOSSE: II n'y en a pas dans la Beauce. C'est surtout...
M. ROY: Je n'ai pas posé la question de la Beauce.
M. GARNEAU: Si vous saviez...
M. ROY: Je ne suis pas ici pour examiner un comté, je suis ici
pour examiner la situation dans son ensemble.
M. GARNEAU: Avec l'engouement qu'il y a pour l'achat de fermes, on a des
appels tous les jours de gens qui veulent acheter des fermes, mais on n'en a
pas. On en a quelques-unes en Abitibi, peut-être dans le bas du fleuve,
on en a très rarement.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Est-ce qu'il y a d'autres questions sur
l'Office du crédit agricole?
M. LESSARD: Je dois dire, M. le Président, en terminant, que
c'était la seule remarque, je pense, que faisait le Vérificateur
général concernant l'Office du crédit agricole. Ceci
étant corrigé, cela veut dire que vous partez avec un dossier
blanc.
M. GARNEAU: Vous pouvez être assurés que la situation est
en bonnes mains actuellement. Je trouve cela dommage, parce que, apparemment,
on m'en avait donné trop l'année passée.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Nous passons maintenant...
M. ROY: Si le ministre a d'autres questions à poser, je n'ai pas
d'objection.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Est-ce que les gens de l'Office du
crédit agricole ont indiqué... On me l'avait déjà
dit et on avait suivi cela de près.
M. GARNEAU: Je voudrais remercier M. Beaudoin et M. Doré.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Maintenant, nous passons à l'Office du
crédit agricole du Québec.
Régie de l'assurance-récolte
M. GARNEAU: On vient de le faire. La Régie de
l'assurance-récolte.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): La Régie de
l'assurance-récolte. Les commentaires sont à la page 4-29 du
rapport de 1973.
M. GARNEAU: Alors, comme je l'ai indiqué tout à l'heure,
M. Robert Samson, qui est président de la Régie de
l'assurance-récolte, pourra répondre aux questions qui pourront
lui être adressées.
M. LESSARD: M. le Président, le Vérificateur
général, dans son rapport du 31 mars 1972, insiste d'abord
particulièrement sur le fonds d'assurance. Je cite: "Les états
financiers pour l'exercice terminé le 31 décembre 1972 retiennent
surtout l'attention au poste du fonds d'assurance, lequel est
déficitaire pour un montant de $8,390,675, c'est-à-dire
$3,379,698 de plus qu'au 31 décembre 1971". Si on regarde les
années antérieures, on constate justement que le déficit
du fonds d'assurance avait été en 1968 de $2,627,550;
l'année 1969, de $626,693; l'année 1970, de $708,726;
l'année 1971, de $1,048,008 et l'année 1972, on constate une
augmentation considérable qu'a certainement constatée le
Vérificateur général, c'est-à-dire un
déficit de $3,379,698. A ce sujet, est-ce que le Vérificateur
général a eu l'occasion de se pencher sur les raisons de cette
augmentation considérable de déficit? Est-ce que le
Vérificateur général a certaines recommandations, outre ce
que je vois à la section I, certaines recommandations précises
concernant le fonds d'assurance?
M. LAVALLEE: Nous n'avons pas de remarques particulières à
faire dans le sens que vous voulez le savoir, parce qu'il y a plusieurs
questions qu'on peut se poser, assis dans une chaise d'administrateur.
A la Régie de l'assurance-récolte, nous nous sommes
surtout attardés un peu, pas tout à fait le même cas que
celui de l'Office du crédit agricole, mais, dans les deux ou trois
premières années, à chercher le système qu'il y
avait là, le système comptable, et s'orienter vers la confection
d'états financiers adéquats. C'est surtout cela qui nous a
préoccupés. Si vous lisez nos remarques, elles s'appliquent
surtout... Je comprends que le fonds d'assurance n'est pas brillant, mais elles
s'appliquent surtout au...
M. LESSARD: Le système comptable.
M. LAVALLEE: ... système comptable.
M. LESSARD: Donc, si vous me permettez, avant de discuter du
système comptable et de vous poser des questions précises sur ce
sujet, je pourrais peut-être demander... Je pense à M. Samson, de
nous donner quelques explications sur le fonds d'assurance, sur l'augmentation
considérable du déficit. Est-ce que cela s'est
stabilisé?
M. SAMSON (Robert): Nous l'espérons. L'année
dernière, la régie a enregistré ses pertes les plus basses
en huit ans d'activité. Cette année, à la date où
je vous parle, en tout cas, il semblerait qu'on s'en va vers un surplus assez
important.
M. LESSARD: Qu'est-ce qui explique que l'année 1972 ait
été aussi désastreuse? Le temps?
M. SAMSON (Robert): Oui, certainement, climatique. Cela allié au
fait que les primes qu'on exigeait des agriculteurs ne reflétaient plus
la situation. Il fallait augmenter les primes, ce qui a été fait
depuis, et je pense qu'on s'en va vers une situation plutôt normale.
M. ROY: Sur le fonds d'assurance, j'aimerais savoir pourquoi on tente ou
encore on semble avoir adopté une formule de façon
à...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): A l'ordre, messieurs! Une commission à
la fois, s'il-vous-plaît.
M. ROY: Oui, je remarque qu'il y en a trois dans la même salle, M.
le Président, et cela amène passablement de confusion.
M. BOSSE: Vous n'avez pas trop de confusion du côté de
l'Opposition.
M. ROY: Non, non. Nous, on se comprend... Est-ce qu'au niveau de
l'assurance-récolte comme cela, dans l'intention d'apporter des
changements de façon à ne pas toujours avoir à
comptabiliser le déficit comme on semble vouloir le faire
présentement et comme cela s'est fait jusqu'à maintenant.
M. SAMSON (Robert): Cela rejoint votre première question, je
pense, à savoir que c'était à la fois une question de
contrôle, de négociation des indemnités, mais surtout une
question d'avoir un taux de prime qui reflétait plus la situation
actuarielle.
Je pense que l'an passé déjà, il y a eu un tournant
et que cette année, je pense qu'on vit une année à peu
près normale au point de vue du climat, que le fonds va être
amplement suffisant pour payer les indemnités de l'année.
M. ROY: De l'année, c'est-à-dire au point de vue des
opérations de l'année.
M. SAMSON (Robert): Oui.
M. ROY: Mais non pas songer à un remboursement...
M. SAMSON (Robert): Non, je ne crois pas. M. ROY: ... de déficits
accumulés.
M. SAMSON (Robert): Non, je ne crois pas. Les actuaires nous ont dit
qu'au taux révisé, on pouvait franchement espérer de
rétablir la situation, mais, pour rembourser les déficits
accumulés, il aurait fallu quadrupler les primes au lieu de les doubler.
Donc, je pense que cela aurait été odieux de quadrupler les
primes, personnellement, on s'est plutôt engagé de les mettre
à un taux actuariel qui nous permette d'assumer nos obligations normales
et non de renflouer les déficits accumulés.
M. ROY: Pour ces déficits accumulés, vous êtes
obligés d'emprunter le montant d'argent du fonds consolidé du
revenu de la province...
M. SAMSON (Robert): C'est cela.
M. ROY: ... et de payer intérêt, ce qui contribue à
alourdir davantage l'administration de la régie.
M. SAMSON (Robert): Certainement. Le coût d'opération, mais
non le fonds d'assurance lui-même, parce que le fonds d'assurance
c'est bien important de le dire ne sert qu'à payer des
indemnités et n'est jamais utilisé pour payer soit des
intérêts au Trésor ou soit pour payer des frais
administratifs à la régie. Les frais administratifs sont
payés à parts égales par les gouvernements provincial et
fédéral, tandis que les intérêts sont payés
par le Trésor provincial exclusivement, et non par le fonds
d'assurance.
M. ROY: Ils sont payés, c'est-à-dire ils sont
ajoutés au déficit...
M. SAMSON (Robert): C'est cela. M. ROY: II y a un...
M. SAMSON (Robert): C'est-à-dire, pas au déficit du fonds,
non.
M. ROY: Pardon?
M. SAMSON (Robert): Pas au déficit du fonds. Le déficit du
fonds d'assurance n'a pas été augmenté des
intérêts accumulés. Les intérêts sont
payés comme frais administratifs par le Trésor
québécois, mais ne sont pas débités au fonds.
M. ROY: Par le Trésor québécois à même
le budget du ministère de l'Agriculture.
M. SAMSON (Robert): A même le budget du
ministère de l'Agriculture et non à même le fonds
d'assurance.
M. ROY: Bon, d'accord. Cela répond à ma question.
M. GARNEAU: J'ajouterais à ce sujet que la loi qui est
actuellement en discussion devant l'Assemblée nationale prévoit
que le déficit accumulé au moment de l'adoption de la nouvelle
loi sera à la charge du gouvernement et permettra ainsi à la
nouvelle administration, qui demeurera avec la nouvelle loi, de partir sans
déficit accumulé, ce qui rejoint ce que M. Samson disait tout
â l'heure. L'objectif visé est qu'avec le rajustement qui a
été fait, le fonds d'assurance, compte tenu des années
normales, à moins qu'il n'y ait une épidémie ou une
inondation, devrait couvrir les indemnités versées aux
producteurs agricoles.
M. ROY: Vous dites: La loi en discussion. Je dois signaler que la loi
n'est pas en discussion. Elle a été déposée. Je ne
connais pas les intentions...
M. GARNEAU: Elle ne peut pas être en discussion
présentement parce que la Chambre ne siège pas, mais...
M. ROY: Non, mais même si la Chambre siégeait, il faudrait
quand même qu'elle ait été appelée en
deuxième lecture pour que nous puissions nous prononcer
là-dessus.
M. GARNEAU: Elle le sera. C'est pour cela qu'elle a été
déposée.
M. ROY: Ah! Vous dites qu'elle va l'être. Parce que le ministre de
l'Agriculture nous avait laissé entrevoir que peut-être
bien...
M. GARNEAU: A moins qu'il n'ait informé le député
de Beauce-Sud.
M. ROY: Je suis hors du sujet, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Oui. Et ce n'est pas la première
fois.
M. GARNEAU: S'il a donné des renseignements différents au
député de Beauce-Sud...
M. ROY: Le ministre nous a dit... Lorsque je dis nous, je dis: II a dit
publiquement. J'aurais d'autres questions à poser aux
représentants de la Régie de l'assurance-récolte parce
qu'il y a quand même des recommandations qui ont été faites
et qui apparaissent à la page 3-31: "Recommandations. Pour
remédier à la situation que nous venons de décrire, les
contrôles internes de la comptabilité doivent être
grandement améliorés. Les points suivants doivent
particulièrement être tenus en ligne de compte:
Une délégation appropriée de pouvoirs
d'approbation, établissement d'un système cohérent de
documents d'autorisation...
J'aimerais avoir des explications du vérificateur. "Une
délégation appropriée de pouvoirs d'approbation"... Est-ce
qu'actuellement le mécanisme qui est mis en place est suffisant ou
doit-il être changé?
M. GARNEAU: Le député de Beauce-Sud se
référait à 3-31 du rapport de 1972. Il faudrait le mettre
en rapport avec ce que le vérificateur disait dans le rapport 1973
à 4-29, j'imagine.
M. ROY: Je parle du rapport 1973. C'est-à-dire que 3-31 est dans
le rapport en 1972.
M. GARNEAU: C'est cela, et le rapport 1973, c'est 4-29.
M. ROY: C'est cela, 4-29.
M. GARNEAU: Le dernier paragraphe de la page 4-29 dans votre rapport de
1973 fait référence à la question que pose le
député de Beauce-Sud.
M. ROY: Ici, on dit: "De plus, nous avons constaté que des
améliorations pourraient être apportées quant au
contrôle exercé sur les revenus et les dépenses". Ici, on
parle des revenus et des dépenses, mais ici on parle d'une
délégation appropriée de pouvoirs d'approbation et de
l'établissement d'un système cohérent de documents
d'autorisation. Ce n'est pas la même chose. Il ne s'agit pas du tout de
la même chose. Est-ce que cela a été fait? Pardon?
M. GARNEAU: Je parlais du dernier paragraphe.
M. LESSARD: Le ministre parle du dernier paragraphe du rapport de 1973
alors que le député de Beauce-Sud se réfère au
rapport de 1972.
M. GARNEAU: C'est ce que je disais et j'indiquais qu'une partie de la
réponse, tout au moins, se trouvait dans le dernier paragraphe de
1973.
M. LAVALLEE: Le rapport du 31 décembre 1972 est reporté
dans le rapport du Vérificateur général du 31 mars 1973.
On veut essayer de retomber sur nos pattes.
M. LAROSE: Si je peux ajouter quelque chose, c'est que, du
côté du système de comptabilité, en
général, il n'y avait pas à la Régie de
l'assurance-récolte, de personnel très bien qualifié pour
prendre charge du système comptable en général.
C'est une situation qui vient d'être corrigée, il n'y a pas
tellement longtemps je ne sais pas
la date exacte mais je pense que c'est au début de cette
année, août 1973. Donc, la situation est en voie de se
régler.
Mais, à ce moment-là, lorsqu'il n'y a pas de
système comptable approprié qui est développé, un
système de contrôle interne, tout doit se décider entre les
mêmes mains. Il n'y a pas de délégation de pouvoirs
à l'intérieur de l'organisation. C'est pourquoi nous avons
suggéré que, pour décider de l'approbation des
réclamations qui sont soumises, il y ait des délégations
de pouvoirs appropriés entre les différents officiers de la
commission pour qu'une réclamation soit étudiée de telle
ou telle façon, de la même façon qu'au niveau comptable, il
y ait aussi des délégations de pouvoirs, que les encaissements
soient faits ou que la perception soit faite de telle façon, etc. C'est
ce que l'on veut dire au moment où l'on dit qu'une
délégation de pouvoirs n'existait pas; il manquait de structures
générales à l'intérieur de l'organisation, mais
principalement au niveau du secteur comptable.
M. GARNEAU: Est-ce qu'il est encore trop tôt pour que vous
puissiez porter un jugement sur la valeur des nouvelles structures comptables
qui sont mises en place. Il va falloir que vous attendiez quelque temps,
j'imagine, ou si...
M. LAROSE: Moi, je ne suis pas au courant.
M. CHOUINARD: Dernièrement, lors de l'entrevue que nous avons eue
avec le président, en regard de la vérification du 31
décembre 1973, la régie est en voie d'implanter un système
et de se donner des procédures comptables pour l'enregistrement des
différentes transactions financières. D'ailleurs, nous avons
été consultés et je pense que même
dernièrement un vérificateur de notre bureau a rencontré
les officiers supérieurs de la régie pour voir si l'orientation
qu'il se donnait au point de vue enregistrement comptable allait
répondre aux besoins de notre vérification et c'est en voie
d'implantation.
M. GARNEAU: Merci.
M. LESSARD: M. le Président, je note dans le rapport du
Vérificateur général de 1972 une remarque qui
m'inquiète passablement concernant la régularité des
opérations. En effet, on y lit ceci: Notre rapport note que les
administrateurs ne se sont pas entièrement conformés aux
dispositions de la loi qui les oblige à faire approuver leurs
règlements par le lieutenant-gouverneur en conseil bien que le
règlement applicable au régime d'assurance pour la grande culture
l'ait dûment été en date du 24 mars 1969. La
réglementation concernant l'assurance-récolte des cultures
spéciales n'a pas encore été approuvée. Dans le
rapport du Vérificateur général de mars 1973, cette
remarque est reprise et on lit: La réglementation concernant
l'assurance-récolte des cultures spéciales n'a pas encore
été approuvée par le lieutenant-gouverneur en conseil tel
que requis par la loi. Est-ce que c'est encore le cas? Est-ce que vous pourriez
nous donner des explications?
M. ROY: Avant de donner des explications, j'aimerais que vous demeuriez
dans vos explications et nous disiez sur quoi et comment vous vous basez pour
accorder une réclamation.
M. SAMSON (Robert): Certainement, monsieur. Voici la situation. La loi a
donc été votée en 1968, fin 1967, quelque chose comme
cela, et elle avait été prévue d'abord et avant tout pour
la grande culture. Donc, un règlement a été dûment
approuvé et "gazette" concernant la grande culture qui est toujours en
vigueur. Au chapitre des cultures spéciales, les producteurs de pommes,
de conserves, de tabac, etc., ont aussi demandé les programmes
d'assurance. C'est d'ailleurs ceux qui étaient le plus touchés
par les méfaits du temps, donc il fallait vraiment prendre garde. Or, le
bill 45, tel que voté par le Parlement, permettait très
difficilement de faire des programmes de culture spéciale qui pouvaient
répondre aux vrais besoins de ces exploitants spécialisés.
La régie a donc essayé tous les ans d'obtenir certaines
modifications à sa loi. C'est un fait. Ces modifications nous ont
finalement été consenties et sont maintenant inscrites au
feuilleton de la Chambre, comme vous le rappeliez tout à l'heure.
Devant l'urgence de satisfaire les besoins des producteurs
spécialisés, la régie a donc, dès 1971 ou
même 1970 commencé des programmes de culture spéciale,
préparé des règlements internes qui sont soumis aux
producteurs et aux associations de producteurs avant la vente du programme et
auxquelles sont soumises toutes les réclamations.
Donc, il y a là une procédure qui, j'en conviens, n'est
peut-être pas, légalement, des plus strictes, une procédure
qui a grandement aidé les agriculteurs du Québec en attendant que
la loi soit modifiée de telle façon que nous puissions faire des
programmes de culture spéciale qui répondent aux besoins.
M. LESSARD: La reine est au-dessus de la loi, elle ne peut être
poursuivie.
M. ROY: Vous parlez de la loi, mais il v a aussi les règlements;
la question de mon collègue concernait les règlements.
Actuellement, vous avez des règlements sur lesquels vous vous basez pour
accorder des...
M. SAMSON (Robert): Oui et que nous remettons à chaque producteur
assuré lorsqu'il demande l'assurance.
M. ROY: Pour quelle raison ces règlements n'ont-ils pas
été approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil?
M. SAMSON (Robert): Parce que le comité de législation
n'aurait pas fait, semble-t-il, dans la plupart des cas... parce qu'il
était très difficile, dans le cadre de la loi actuelle, d'adopter
une réglementation convenant à ces cultures spéciales.
M. LESSARD: Vous avez cette réglementation à l'heure
actuelle.
M. ROY: Vous la mettez en application.
M. LESSARD: Vous la mettez en application. Vous dites que c'est une
réglementation interne qui existe et sur laquelle vous vous basez pour
accorder...
M. SAMSON (Robert): Cela satisfait le producteur, mais pour passer
vraiment le test du comité de législation, me dit-on, je ne suis
pas avocat...
M. LESSARD: Heureusement.
M. SAMSON (Robert): ... il aurait été impossible de passer
là parce que, vraiment, il y a des choses qu'il faut à tout prix
consentir dans ces programmes d'assurance comme garantie aux producteurs qui
auraient été difficilement accrochables à la loi actuelle,
telle qu'elle existe. Il y a donc eu là un compromis; finalement, un
compromis que les producteurs ont accepté, je pense, les associations,
etc., et qui nous a permis de servir ces exploitants qui, cette année
encore, ont versé à la Caisse d'assurance-récolte une
somme d'environ $800,000 en primes. Je pense qu'ils ont confiance. Ils n'ont
jamais mis autant d'argent dans la caisse.
M. LESSARD: Remarquez qu'il ne s'agit pas... Je pense qu'il était
important que vous donniez des programmes à ces gens. Cependant, ce que
je ne peux pas vraiment comprendre, c'est que vos règlements sont
actuellement utilisés comme règlements internes, et ils ne
pouvaient être acceptés par le lieutenant-gouverneur en conseil
sous prétexte que ces règlements auraient été
difficilement acceptables par le bureau de législation.
M. SAMSON (Robert): Parce qu'ils ne cadraient pas avec la loi telle
qu'elle existe alors.
M. ROY: II y a une chose qu'il faut quand même regarder. Il ne
faut pas oublier, je suis convaincu que c'est la même chose du
côté ministériel, que les députés des
régions rurales ont énormément de plaintes concernant les
règlements de la Régie d'assurance-récolte. A partir d'une
plainte que nous recevons, alors que les règlements sont en vigueur,
vous dites que les règlements ne cadrent pas avec la loi et vous dites
qu'ils ne sont pas approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Est-ce qu'on se rend compte du sérieux de la situation et du danger pour
l'avenir même de la Régie d'assurance-récolte...
M. Samson (Robert): Je pense que les interventions que nous avons des
députés nous parviennent surtout, dans la très grande
majorité des cas, pour des cas de grande culture qui possèdent un
règlement en bonne et due forme. Là-dessus, je pense qu'il faut
tout de suite clarifier la situation.
Quant aux cultures spéciales, il s'agit de petits groupes de
producteurs, par exemple, les producteurs de tabac jaune qui sont environ 130,
le tabac à cigarette qui s'assurent tous, qui veulent un plan
d'assurance et qui paient des taux de prime assez extraordinaires. Ils semblent
très satisfaits de leur plan d'assurance sur lesquels on a très
peu de revendications. Je voudrais bien clarifier cette situation devant vous,
soit que les programmes pour lesquels il n'existe pas de règlements
"gazettes", parce que la loi actuelle ne nous permettait pas de le faire et
qu'on demandait à chaque année que ce soit modifié, n'a
pas été au préjudice des producteurs. Cela a
été au contraire une façon que la régie a
trouvée de pouvoir rendre service aux producteurs agricoles une
série de consentements tacites, dois-je dire. Quelles sont ces cultures
spécialisées à part le tabac?
Il y a aussi le tabac à cigare, les pommes, les légumes de
conserverie, les betteraves, colza.
M. ROY: Cela fait passablement de monde.
M. SAMSON (Robert): Oui.
M. LESSARD: Les fèves soya? Non?
M. SAMSON (Robert): Non.
M. LESSARD: Non. Mais depuis quand avez-vous commencé ces
programmes spécialisés et accepté ces
règlements?
M. SAMSON (Robert): Dès 1969, je pense, pour le tabac à
cigarette.
M. LESSARD: Est-ce que c'est un seul règlement qui s'applique
à l'ensemble des cultures spécialisées ou si vous avez
autant de règlements que de..?
M. SAMSON (Robert): Non. Autant de règlements qu'il y a de
cultures assurées.
M. LESSARD: Alors, dès 1969, vous aviez un règlement
concernant...
M. SAMSON (Robert): Les grandes cultures.
M. LESSARD: Concernant les grandes cultures, ça va. Cela a
été adopté, je pense, par le lieutenant-gouverneur.
M. SAMSON (Robert): Oui.
M. LESSARD: Mais concernant les cultures spécialisées,
vous m'avez dit que la première culture spécialisée que
vous avez... Le premier programme, c'était quoi?
M. SAMSON (Robert): Le tabac à cigarette. Je vous dis cela de
mémoire.
M. LESSARD: Le tabac à cigarette. Il aurait fallu à ce
moment-là, dès 1970, modifier la loi pour que ces
règlements cadrent avec la loi?
M. SAMSON (Robert): Oui, c'est cela.
M. LESSARD: Et depuis 1969, la Régie de
l'assurance-récolte fonctionne dans l'illégalité. Je ne
dis pas que ce n'est pas favorable aux agriculteurs, mais je m'interroge
énormément sur...
M. SAMSON (Robert): Dans chacun de ces règlements-là, le
dernier paragraphe est tout de même assez intéressant à
lire. Tous ces règlements se terminent par le même paragraphe,
à savoir que ce document tient lieu de règlement jusqu'au moment
où il sera adopté officiellement par les autorités.
M. LESSARD: Avec la loi, on peut faire n'importe quoi. Avec les
avocats.
M. ROY: Ces règlements-là, est-ce qu'ils ont...
M. SAMSON (Robert): Nous en avons consulté d'ailleurs
là-dessus.
M. ROY: Ces règlements-là, est-ce qu'ils ont dû
être modifiés en cours de route depuis leur conception
originale?
M.SAMSON (Robert): Dans certains cas, oui. Mais comme le
règlement, les taux et les prix unitaires doivent être
publiés avant le 15 décembre pour être en vigueur au cours
de l'année suivante...
M. ROY: Publiés où?
M. SAMSON (Robert): C'est-à-dire qu'ils doivent être
publiés comme taux et prix unitaires dans les journaux officiels et
aussi dans la Gazette officielle du Québec et le règlement
lui-même est mis dans les mains de tous les producteurs au moment de la
demande de l'assurance, je ne pense pas que personne ait été
lésé.
M. ROY: Autrement dit, vous voulez dire que le règlement est en
quelque sorte dans le contrat d'assurance?
M. SAMSON (Robert): Oui. On le remet au producteur qui fait sa demande
d'assurance, comme procédure régulière.
M. ROY: M. le Prédisent, j'aurais une remarque et une suggestion
à faire au gouvernement. Il y a un point dans lequel je peux comprendre
que cela a pu être fait dans des buts très louables et que cela a
beaucoup plus de souplesse pour répondre aux exigences.
On s'est déjà plaint, à une couple de reprises,
à l'Assemblée nationale, à l'occasion de débats,
d'interventions qui ont été faites, disant que le pouvoir de
règlementation devient de plus en plus grand; on appelle cela la
délégation de pouvoirs.
Mais là, nous sommes en face d'un précédent. Si je
regarde toutes les qualités qu'on lui a données, il reste qu'on
semble en face d'un heureux précédent. Si cet heureux
précédent se perpétue et devient une politique
générale, en quelque sorte, je me demande quelle sorte de
législation on devra adopter à l'Assemblée nationale.
Je pense que, peu importent toutes les bonnes raisons et les bons motifs
qu'on a donnés à ce moment-là, je ne blâme
pas ceux qui ont eu la responsabilité d'administrer le
gouvernement a manqué à une responsabilité qui lui
incombait, une responsabilité fondamentale. On ne peut quand même
pas accepter, pour aucune raison, un principe qui veut que des
règlements seront mis en application, alors que, dans la loi, on dit
clairement que les règlements devront être approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Si on permet et on tolère cela et que l'on dit: C'est parfait,
cela a bien été dans le cas de la Régie de
l'assurance-récolte, en vertu de quel principe refusera-t-on la
même chose à la Régie des rentes du Québec, à
la Société de développement industriel du Québec et
à la Société d'exploitation forestière du
Québec?
Je pense, M. le Président, que nous avons là un point qui
mérite qu'on en prenne bonne note, non seulement pour
considération future, selon la formule habituelle qu'on reconnaît
dans les réponses que nous recevons, mais pour que cette situation se
corrige dans les meilleurs délais.
Franchement, nous sommes inquiets et nous aurons raison, probablement,
d'être encore plus inquiets pour l'avenir si on permet qu'une situation
de ce genre se prolonge pendant cinq ans, sans que le gouvernement même
prenne ses responsabilités et qu'il apporte une courte loi devant
l'Assemblée nationale en disant: Nous allons amender la loi pour telle
et telle raison en attendant de revenir avec un projet de loi
générale plus complet. On ne peut pas accepter ces choses. Je
fais une recommandation bien sévère au gouvernement à ce
moment-ci pour mettre fin, au plus tôt, à cette situation
illégale, à une situation qui risque de devenir déplorable
et de causer des préjudices à plusieurs personnes.
Advenant le cas que, pour des raisons pratiques, la Régie de
l'assurance-récolte serait dans l'obligation de modifier son
règlement en cours de route, qu'est-ce que nous aurions à dire
aux
producteurs qui se plaindraient et qui auraient raison de se plaindre
à ce moment? C'est une situation qu'on ne peut pas tolérer. On ne
peut pas non plus laisser des administrateurs, les responsables des
sociétés paragouvernementales dans des situations
d'illégalité, parce que, à un moment donné, on
place ces gens devant une situation où le gouvernement peut exercer une
forme de chantage aussi. Il faut penser à cela.
Je le dis, M. le Président, et j'espère que l'an prochain,
lorsque nous nous réunirons à nouveau... D'abord, je suis
convaincu que cela ne prendra pas huit ans avant que la commission des comptes
publics et des revenus puisse siéger à nouveau, mais que, l'an
prochain, lorsqu'on reviendra devant la commission parlementaire, nous n'aurons
pas à déplorer et à nous rendre compte qu'une telle
situation de fait a encore subsisté au cours de l'année.
Si les remarques du Vérificateur général avaient
été faites pour la première fois cette année, on
pourrait dire: "Un oubli est toujours possible, mais c'est dans le rapport de
l'an dernier. C'est également dans le rapport de cette année et
on nous dit que c'est encore comme cela.
M. SAMSON (Robert): II faut dire que, l'an dernier, justement,
même avant le rapport du Vérificateur général
je suis arrivé à la régie en mars 1973 une des
préoccupations, dans le temps, de M. Toupin je me le rappelle
fort bien comme la mienne c'était d'aller au plus vite et
préparer un nouveau texte de loi pour corriger la situation. Je pense
que, là-dessus, les recommandations du Vérificateur
général, on les a faites nôtres et on a fait tout ce qu'on
a pu pour présenter un nouveau bill, comme vous l'admettez, avec tout le
travail que cela peut comporter.
M. LESSARD: Vous admettrez quand même qu'une situation comme
celle-là... On sait que le Vérificateur général a
eu l'occasion de présenter son premier rapport en 1972. Si cet organisme
avait été constitué à ce moment, en 1970, le
Vérificateur général aurait dû faire la même
remarque. Vous admettez, quand même, que ce n'est pas une situation
normale et, de plus, comme le disait mon collègue, le
député de Beauce, j'ai l'impression que, comme administrateurs de
la Régie de l'assurance-récolte à un moment donné,
cela a dû quand même vous placer dans une drôle de
situation.
M. SAMSON (Robert): Oui, surtout légalement.
M. LESSARD: Je comprends que M. Toupin veuille présenter, lors de
la prochaine session, un amendement à la loi, mais que cette situation
dure quand même, comme vous nous l'avez exprimé, depuis 1969.
M. SAMSON (Robert): C'est très exact.
M. LESSARD: Je ne pense pas, en tout cas, que la modification, qui
était nécessaire à la loi, aurait été
tellement importante. Nous avons siégé depuis 1969.
M. SAMSON (Robert): Remarquez que j'aimerais préciser encore une
fois toute ma pensée en disant que, dès que la situation sera
normalisée, au point de vue juridique, cela n'ajoutera et cela
n'enlèvera absolument rien aux producteurs qui ont profité des
plans d'assurance-récolte.
M. LESSARD: Je suis d'accord au point de vue pratique.
M. GARNEAU: Le problème est certainement sérieux. Je ne
veux pas le sous-estimer, loin de là, parce que, je pense qu'au niveau
de cette réglementation, je l'apprends en même temps que les
membres de la commission, mais la question que je me pose c'est: Quelle sorte
d'avis juridique la Régie de l'assurance-récolte a pu avoir pour
lui permettre de faire une chose comme cela? Parce que, évidemment,
suivant notre procédure parlementaire et je pense aussi en
conformité d'une bonne gestion, ce ne sont pas les règlements qui
modifient les lois, mais ce sont les lois qui permettent d'établir des
règlements s'il y a lieu.
La question que je me pose est: Quelle sorte d'avis juridique a pu
être donné au régisseur du temps pour pouvoir administrer
un tel programme?
Justement, un conseiller juridique entre autres me disait que cette
situation de fait l'empêchait de dormir souvent.
Pourquoi l'ont-ils fait si... Ils ont dû dormir souvent depuis
1969.
M. LESSARD: Pauvre lui, on aurait pu corriger son...
M. GARNEAU: C'est une des premières questions dont on m'a saisi
à mon arrivée à la régie. C'est une des
premières questions, je pense aussi, qui a frappé le
Vérificateur général lors de ses premières visites
et on s'est employé depuis à régler le problème.
Là, on était devant une situation de fait. Est-ce qu'on devait
déclarer tous ces programmes d'assurance ultra vires? Et du
reproducteur, on ne peut pas vous assurer avant que le Parlement ne corrige la
situation. On était devant un dilemme pas pour rire.
Je comprends que quand vous êtes arrivé au mois de mars, le
problème pouvait se présenter de cette façon. Est-ce qu'il
existe en dossier des opinions juridiques statuant sur la situation ou s'il
n'en existe pas?
UNE VOIX: M. Garneau, je vous répondrais en disant que je n'ai
pas fait de recherches particulières là-dessus.
M. GARNEAU: Vous aviez peur de ne rien trouver?
UNE VOIX: Oui.
M. ROY: J'aurais une question à ce moment. M. Samson nous a dit
qu'il était placé devant un dilemme. J'aimerais qu'il nous
explique de quelle façon il aurait pu percevoir le dilemme dans lequel
il aurait été placé si un producteur contestataire avait
décidé à un moment donné de rappeler tout cela
devant les tribunaux et d'aller chercher un avocat parmi les plus brillants
pour en faire une cause un peu exceptionnelle. Qu'est-ce qui se serait produit
à ce moment?
M. SAMSON (Robert): C'est exactement la question qu'on peut se poser, M.
Roy. Je ne voudrais pas remplacer le juge ici. J'aurais prévu, en tout
cas dans mon cas, que toute l'affaire aurait été
déclarée ultra vires, que tous ceux qui avaient reçu des
indemnités, les cultivateurs, auraient dû les rembourser, et que
tous ceux qui avaient payé des primes auraient dû aussi vous
remettre leur argent.
M. ROY: C'est épouvantable, M. le Président.
M. GARNEAU: Ce que je ne peux pas comprendre, M. Samson...
M. LESSARD: C'est épouvantable, vous avez le mot. Vous nous dites
que, chaque année, vous avez demandé une modification à la
loi. Ce que je ne peux pas comprendre, c'est que justement cette situation a
duré depuis 1970. Si ce n'avait été du fait que le
Vérificateur général se présente devant nous
à une commission parlementaire, peut-être aurait-elle duré
encore. Ce que je ne peux pas comprendre, c'est qu'il n'y ait pas eu
présentation d'un amendement à la loi à l'Assemblée
nationale pour que ce soit légalisé, parce que c'était une
situation...
M. SAMSON (Robert): Remarquez que moi non plus je ne l'ai pas
inventoriée.
M. ROY: Pardon?
M. SAMSON (Robert): C'est une autre facette que je n'ai pas
inventoriée. Je sais pertinemment que des remarques ont
été faites par la régie qui sont dûment inscrites
à nos livres de minutes, mais je n'ai pas poursuivi ma recherche plus
loin, parce que j'ai pensé que l'avenir est encore plus important, qu'il
fallait d'abord régler l'avenir plutôt que le passé. C'est
préoccupant.
M. LESSARD: Je pense que, pour la première fois, on remarque une
souplesse à l'intérieur d'une loi gouvernementale, mais il ne
faudrait pas que cette souplesse, que bien souvent nous demandons, se fasse au
détriment de la loi comme telle. Je ne vous en blâme pas. Comme
vous dites, vous avez été pris dans un problème pratique,
à savoir: Est-ce que je donne des services aux agriculteurs ou je n'en
donne pas? Si je me plie votre raisonnement était celui-ci
à un moment donné comme tel à la loi, je ne suis pas
capable de donner des services qui sont nécessaires actuellement aux
producteurs spécialisés. Par exemple, le législateur, je
pense, avait une responsabilité de faire en sorte qu'on puisse modifier
dans le plus bref délai possible cette loi afin qu'elle cadre avec les
règlements. De toute façon, il faut l'accepter comme cela
maintenant, mais nous...
M. GARNEAU: Je ne suis pas prêt à dire qu'il faut
l'accepter comme cela.
M. LESSARD: Non, mais je veux dire que je ne suis pas prêt
à l'accepter comme cela.
M. GARNEAU: C'est pour cela que je soumets que... Je pense qu'il va
falloir certainement tirer la chose au clair, même pour des raisons de
satisfaction personnelle, même si on admet que les cultivateurs ou les
producteurs ont bénéficié et qu'ils sont engagés
d'une façon contractuelle. En fait, je ne sais pas quelle sera
l'interprétation des tribunaux advenant le cas d'une contestation. Une
chose est certaine, c'est qu'il y a eu une forme de contrat au moment de la
souscription qui est constitué de votre règlement. Est-ce que ce
contrat, devant les tribunaux, résisterait au fait qu'il n'a pas
été adopté en bonne et due forme, que le règlement
n'a pas été adopté en bonne et due forme ou s'il y aurait
à sa face même quand même acceptation des deux
organismes?
Ce ne serait pas le cultivateur qui serait blâmé
probablement, ce serait le Régie de l'assurance-récolte et le
gouvernement qui éco-pe de tous les maux qui peuvent se produire. C'est
notre responsabilité et je suis prêt à la prendre, sauf que
j'aimerais quand même bien vérifier, sur le plan juridique, quels
ont été les avis des avocats à ce moment. Parce que je ne
voudrais certainement pas... Vous dites vous-mêmes que vous n'avez pas eu
le temps d'inventorier. Je ne vous en blâme pas. Je pense qu'il y avait
suffisamment de problèmes administratifs quand vous êtes
arrivé à la régie pour vous consacrer à d'autres
choses qu'à faire des recherches archéologiques.
Je pense qu'il y aurait avantage à ce que quelqu'un de votre
service vérifie si, en 1969, il y a eu un avis juridique de
donné, parce que je ne peux pas comprendre que des administrateurs de la
Régie de l'assurance-récolte du temps aient pu prendre sur leurs
épaules un tel risque sans avoir au moins un avis, que ce soit du
sous-ministre adjoint de la Justice ou d'un conseiller juridique quelconque
statuant sur cette question. Cela ne me rentre pas dans la tête que des
gens aient pu poser des gestes de cette nature en engageant, en fait, leur
responsabilité personnelle, parce que, comme ils
n'étaient pas autorisés à le faire, ils engagent
leur responsabilité personnelle, j'imagine bien. Personnellement, avant
de porter un jugement définitif sur l'irrégularité,
j'aimerais certainement voir s'il n'y a pas eu un avis qui a été
donné, soit par le ministère de la Justice ou un autre conseiller
juridique du gouvernement, au moment de la mise en application de ce plan en
1969. Pour ce qui est des questions de législation, je ne suis
réellement pas en mesure de répondre aux appréhensions,
à savoir pourquoi il n'y a pas eu d'amendement à la loi. Je vais
certainement consulter mon collègue pour voir s'il en était
saisi, d'abord, et depuis quand.
M. LESSARD: C'est cela. Je voudrais demander à M. Samson si tout
ceci s'est fait à la connaissance de M. Toupin et avec son
autorisation.
M. MERCIER: Cela s'est fait avant, aussi.
M. LESSARD: Oui. Il y en a d'autres qui sont venus par la suite.
M. SAMSON (Robert): Cela a été fait en 1969 de la
façon suivante, M. Lessard. C'est évident que le problème,
une fois qu'on en est saisi, il faut ensuite préparer un cheminement et
le régler, n'est-ce pas? Or, je pense je ne voudrais pas
répondre pour M. Toupin que M. Toupin avait un cheminement
à suivre pour régler le problème.
M. LESSARD: II était au courant du problème.
M. SAMSON (Robert): C'est-à-dire que, quand je suis
arrivé, oui, cela le préoccupait beaucoup. Il s'agissait de
trouver un cheminement, parce que non seulement fallait-il amender la loi, mais
il fallait aussi d'abord bâtir des structures internes, bâtir une
régie qui permette d'évaluer les besoins de la loi, etc.
Autrement dit, on ne pouvait pas simplement changer quelques articles ou
quelques propositions dans un article ou deux de la loi et dire: Voici, on est
en règle. Tout va bien. Il y avait là un cheminement assez
important à prévoir pour arriver, le printemps dernier, à
déposer en Chambre un bill, le bill 20, qui prévoit les
changements nécessaires.
En tout cas, pour le temps que j'ai été là, depuis
mars 1973, je dois dire que tous se sont employés, avec la
première diligence, à s'en aller vers un règlement de la
situation. Mais quand on voit toutes les étapes, tout le cheminement que
cela impose, tous les retards qu'il faut consentir parce qu'il y a à
consulter plusieurs organismes pour acheminer une loi jusqu'en Chambre, je
pense même que les délais ont été plutôt
courts. Il a souvent fallu argumenter, exactement dans le même sens que
M. Garneau, pour que notre dossier pousse...
M. LESSARD: Quand vous parlez de délais courts, vous parlez du
moment où vous êtes arrivé à la Régie de
l'assurance-récolte et...
M. SAMSON (Robert): ... les dispositions de la loi.
M. LESSARD: ... aujourd'hui... Mais le problème remonte quand
même à 1969.
M. SAMSON (Robert): Oui, mais je pense qu'à ce moment, le
problème était tout de même beaucoup moins important. Il
s'agissait d'une culture avec 130 producteurs.
M. LESSARD: Je comprends... Ce n'étaient pas les 130...
M. SAMSON (Robert): Ce n'était pas important à ce
moment-là.
M. LESSARD: Le principe était le même. M. SAMSON (Robert):
Oui, d'accord.
M. LESSARD: Que cela s'applique à 15, 20, 30 ou à 2...
M. SAMSON (Robert): Oui, d'accord, le principe... Même s'il ne
s'était pas appliqué du tout...
M. GARNEAU: C'est pour cela que moi, je demeure sceptique...
M. SAMSON (Robert): On a glissé imperceptiblement vers une
situation...
M. LESSARD: C'est cela. On a probablement commencé à dire:
C'est seulement 130. Cela ne créera pas de problème.
Graduellement, le problème s'est...
M. SAMSON (Robert): La loi va être amendée en cours
d'année...
M. LESSARD: Mais le principe était le même, quand
même, au début. Le problème que cela pose aussi, M. Samson,
c'est que, pour nous, législateurs je pense que le
député de Beauce-Sud le soulignait un peu tout à l'heure
c'est que, si ce précédent devenait une règle, cela
a quand même était fait à l'intérieur d'une
règle.
Or, s'il fallait que nous trouvions d'autres cas semblables, comme
législateurs, on commencerait à se poser de sérieuses
questions, à savoir une autonomie ou un pouvoir de décision qui
va même au-delà de la loi par une régie gouvernementale et
qui engage, comme le disait le ministre tout à l'heure, personnellement,
les administrateurs de la régie. Je ne vous cache pas que dans une
situation de contestation, personnellement, vous auriez été dans
une drôle de
situation comme tous les administrateurs de la régie.
M. ROY: Et les cultivateurs auraient pu y trouver...
M. GARNEAU: ... écoper.
M. ROY: On a fait cela pour aider les cultivateurs, mais il n'aurait
suffi que d'un seul pour jeter tout le programme par terre et pénaliser
tous les autres. Il faut penser à cela aussi.
M. GARNEAU: Si la commission le permettait, j'aimerais ne pas fermer
complètement la discussion concernant la Régie de
l'assurance-récolte pour permettre peut-être à M. Samson de
vérifier, au niveau des dossiers, pour voir si des avis juridiques ont
été donnés. Je vais également demander à mon
collègue, le ministre de l'Agriculture, peut-être à une
séance ultérieure, de venir expliquer cette chose pour la bonne
compréhension de l'ensemble du dossier. Je ne crois pas que cela soit
une situation... en tout cas, telle qu'elle est décrite
présentement... A moins qu'il n'y ait des avis juridiques qui la
décrivent différemment. Comme elle nous est
présentée aujourd'hui, je ne pense pas qu'on puisse quand
même se permettre de fermer le dossier comme cela et dire: Vogue la
galère.
Je pense qu'il faut aller au fond de l'histoire et pouvoir
établir véritablement quelle est la situation, en tout cas, du
moins, être parfaitement renseignés sur l'ensemble de
l'opération. Ce qui est un peu malheureux, c'est que les gens qui
étaient en place à ce moment ne sont plus là, mais comme
le programme s'est quand même poursuivi par la suite, je pense qu'il vaut
la peine d'aller au fond du problème. Si on pouvait garder...
M. LESSARD: Certainement.
M. GARNEAU: ... le dossier ouvert et revenir là-dessus à
une prochaine séance, je crois que cela serait à l'avantage de
tout le monde.
M. LESSARD: Je pense que la proposition du ministre est très
valable et quant à nous, nous pensons qu'il serait normal que nous ayons
d'autres explications concernant les...
M. GARNEAU: La prochaine séance aura lieu au moment de la reprise
des travaux, après le 29 octobre. Cela vous donne quand même une
semaine, peut-être une dizaine de jours pour pouvoir...
M. ROY: Je pourrais peut-être ajouter qu'on pourrait commencer
notre réunion pour vider cette question de façon à ne
pas...
M. GARNEAU: La seule restriction que j'aurais est celle-ci : Si pour une
raison ou pour une autre, M. Samson disait qu'il a besoin de trois ou quatre
jours additionnels pour compléter le dossier, je ne sais pas à
quel moment on se réunira après l'ajournement de ce soir. Ce sera
certainement après le 29 octobre. Cela vous donne au moins douze
jours.
M. LESSARD: J'ajouterais qu'il serait j'invite le ministre des
Finances à lui en faire part important que le ministre de
l'Agriculture soit présent lors de la discussion...
M. GARNEAU: Oui. D'ailleurs, je vais certainement voir quel est
son...
M. ROY: Un autre point, M. le Président. A la page 3-30 du
rapport 1972, on parle du système comptable. "Nous avons constaté
que le système de comptabilité s'est avéré
incomplet et inadéquat pour les besoins de l'administration de la
Régie. Les registres comptables en usage étaient peu
appropriés à fournir exactement les renseignements requis au
personnel et à la direction. L'absence de grands-livres, de comptes
généraux, de comptes subsidiaires, entre autres, par le fonds
d'assurance, et les registres inexistants ou peu appropriés des
assurés et des réclamations produites à la Régie,
sont autant de faits responsables de cette situation". Je vous fais grâce
de la suite.
Je reviens à la page 4-29 du rapport de cette année et je
lis ceci: "La procédure d'inscription des transactions bancaires et
celle de la conciliation mensuelle de ces comptes n'ont pas été
jugées appropriées". Et, plus haut on dit que "le système
de comptabilité s'est avéré incomplet et inadéquat
pour les besoins d'administration de la Régie". Alors, on se retrouve
encore devant les mêmes remarques que celles qui ont été
faites tout à l'heure, compte tenu du fait qu'on retrouve les
mêmes remarques de la part du Vérificateur général
au niveau du système comptable comme sur la question de la
régularité des opérations.
J'aimerais bien savoir, puisqu'il y a déjà un bout de
temps que c'est écoulé, depuis le 31 mars, et je poserais ma
question en premier lieu au Vérificateur général, si on a
donné suite aux recommandations du bureau de la Régie
d'assurance-récolte ou si c'est encore la même situation qui
prévaut.
M. CHOUINARD: Tout à l'heure, j'ai mentionné que la
régie s'efforçait présentement d'implanter un
système et de se donner des procédures au point de vue comptable.
Vous remarquez aussi d'ailleurs que le commentaire fait au rapport de 1971/72
et à celui de 1972/73, c'est que le rapport de 1972 a été
publié en août 1973. A ce moment-là, les opérations
de 1972/73 étaient complétées aussi. C'est pour cela que
c'est normal qu'on rencontre le même commentaire dans les deux rapports
du Vérificateur général.
M. ROY: Le commentaire que vous avez fait au rapport
général je m'excuse un peu de cette parenthèse,
mais elle s'impose immédiatement c'est que vous avez dû
faire vos commentaires, faire vos recommandations au moment de la
vérification à l'organisme concerné bien avant la
publication du rapport, j'imagine.
M. CHOUINARD: Oui, justement, parce qu'à ce moment-là nous
avons fait rapport sur les opérations au 31 décembre 1972 pour
l'année 1972/73, et au moment de la vérification, au 20 septembre
1973, les mêmes problèmes existaient. Mais, par la suite, comme je
l'ai dit tout à l'heure, lors d'une rencontre que nous avons eue au
cours de l'été, on a commencé à implanter des
systèmes et à se donner des procédures pour normaliser la
situation.
M. LAROSE: II y a un comptable qui a été embauché
par la régie en 1973 et il est en train d'installer un système
valable au point de vue de la comptabilité. Tout est en train de se
stabiliser. Au 31 mars 1974, est-ce qu'on avait déjà une
amélioration?
M. CHOUINARD: Oui, nous avions une amélioration au 31 mars 1974
et même au cours de l'été on allait voir l'implantation du
système et voir si les points de contrôle établis
rencontraient les besoins de notre vérification. Quand nous allons avoir
éprouvé ces systèmes, lors d'une vérification
ultérieure, on va pouvoir porter un jugement là-dessus.
M. LAROSE: En résumé, il y avait une amélioration
au 31 mars 1974 et l'amélioration se continue, au 31
décembre.
M. LESSARD: M. Larose, étant donné que la régie se
prépare, selon la loi qui est déposée à
l'Assemblée nationale, à rendre l'assurance obligatoire, est-ce
que ce système comptable va suffire pour prévoir le nouveau
système?
M. LAROSE: C'est une bonne question, mais je pense bien que comme nous
n'étions pas au courant des projets pour rendre l'assurance obligatoire,
on n'a certainement pas analysé le système comptable
proposé en fonction de ces exigences.
M. LESSARD: Est-ce qu'on peut avoir les commentaires de M. Samson?
M. SAMSON (Robert): J'aimerais vous dire que l'engagement d'un comptable
a pris cinq mois.
M. ROY: Quelles ont été les raisons?
M. SAMSON (Robert): D'abord, le ministère de l'Agriculture
s'opposait je dois le dire publiquement à ce que la
régie prenne ses contrôles par elle-même. On disait que je
n'avais pas besoin de comptable. Finalement, je pense que M. Toupin a vite
compris, lorsque j'ai pu lui exposer la situation à lui-même, que
ce n'était pas le cas et là les procédures se sont
engagées pour avoir un concours à la fonction publique et on a
eu...
M. LESSARD: D'abord, M. Samson, ce que voulait dire M. Toupin, c'est que
la comptabilité de la régie devait se faire par la direction
comptable du ministère de l'Agriculture.
M. SAMSON (Robert): Oui. C'était plutôt un service du
ministère...
M. ROY: Oui, mais à ce moment-là pourquoi en faire une
régie gouvernementale? Une régie est censée avoir une
administration séparée.
M. SAMSON (Robert): Très bonne question de votre part. De toute
façon, tout s'est réglé en fin d'août 1973 et un
comptable est entré. Heureusement, c'est un homme d'expérience,
bon travailleur, nous avons été chanceux là-dessus et nous
avons donc commencé à amorcer un virage qui, Dieu merci, a paru
apparent au Vérificateur général lors de la
dernière vérification des livres, mais qui ne comptait, dans ce
temps-là qu'à peu près six mois d'activité,
même pas six mois d'activité pour l'année courante. Cette
année, nous avons eu le rapport du Vérificateur
général dernièrement, dans lequel il y a encore beaucoup
de notes d'améliorations à demander.
Je me suis employé justement avant l'assemblée de noter ce
qui était déjà fait, les recommandations que nous a
fournies le dernier rapport du Vérificateur général. Je
suis heureux de dire que la majorité des points qui restaient à
corriger ou à améliorer semblent à peu près tous
complétés. Il n'y en a qu'un seul sur lequel on n'est pas
d'accord, sur lequel on a discuté c'est un point mineur
c'est que les actuaires exigent une comptabilité séparée
par récolte et non par catégorie de récolte. Cela peut
paraître chinois un peu. Si vous assurez de l'avoine, de l'orge, des
grains mêlés, du blé chez un producteur, vous faites
l'addition des quatre rendements avant de lui payer des pertes. Cependant, au
point de vue de notre actuariat, il faut avoir les pertes réelles,
avoine, orge, blé et grains mêlés; donc là-dessus,
on a eu un petit différend, mais je pense que c'est un point mineur au
point de vue comptable. Je dois donc dire, et je le répète, que
je pense qu'en fin d'année, l'affaire sera, en gros, bien
réglée. Lors de la prochaine vérification, on aura
à présenter des données comptables, valables et
réellement propres au Vérificateur général. Ce
point, je pense, est largement réglé.
M. LESSARD: Est-ce que le système actuel
va être suffisant, advenant l'application de la prochaine loi qui
est déjà déposée à l'Assemblée
nationale, l'assurance obligatoire?
M. SAMSON (Robert): Je pense, personnellement remarquez que je ne
suis pas comptable non plus, je disais tout à l'heure que je
n'étais pas avocat que l'administration du fonds
d'assurance...
M. LESSARD: Vous avez de grandes qualités.
M. ROY: Vous êtes privilégié.
M. SAMSON (Robert): ... à mon avis, n'est pas la partie difficile
de toute notre affaire. En ce sens que, vu que la cotisation va être
basée sur une donnée précise, le quota de production du
producteur, que le taux ne variera pas d'un producteur à l'autre,
ça va être strictement la multiplication de deux données,
ce qui va donner la cotisation du producteur. Il n'y aura jamais de
modification de programme qui va venir faire des remises de taux plus tard dans
l'année ou des trucs comme ça. Autrement dit, le versement du
producteur, c'est strictement un ruban informatique qui nous donne la situation
des quota pris à l'Office des producteurs, ceci multiplié par un
facteur aux cent livres qui nous donne la cotisation du producteur et la
cotisation globale. Je pense qu'il n'y a pas là-dedans toutes les
complications de l'assurance ordinaire où le producteur peut verser au
printemps $150, qu'on réalise, à la vérification, qu'il
nous a payé $3 de trop ou $4 de moins qu'il faut aller chercher et qu'il
faut comptabiliser, et au bout d'un mois, il nous avise, par modification de
programme, qu'il n'a pas réalisé le programme tel qu'il
l'entendait, qu'il n'a pas semé tout son grain et qu'il nous demande de
lui remettre encore $25 ou $50 de cotisation. Dans ces cas, je pense que le
Vérificateur général avait de fortes restrictions sur nos
données qui étaient imprécises, parce que les
modifications passées à l'électronique, parfois sans
être codifiées au fonds d'assurance ou vice versa... Cela a
été une trouvaille qui m'a déplu, mais qui était
réelle et qu'il a fallu corriger. Je pense que le système
collectif, au point de vue du fonds d'assurance, est une addition qui ne
devrait pas donner de problèmes comptables. Au contraire, ça
devrait être le programme le plus facile à comptabiliser.
Au niveau des indemnités, c'est la même chose, il n'est
plus question de négocier un règlement avec le producteur, parce
qu'en assurance individuelle, je pense que vous admettez le fait
qu'essentiellement un règlement d'assurance est une négociation
basée sur des règlements et des procédures et sur un
contrat, mais ça demeure une négociation dans le sens qu'il faut
évaluer une perte. Lorsque vous arrivez devant un champ d'avoine et vous
dites: Est-ce que vous en avez perdu, monsieur, 25 p.c,, 30 p.c. ou 10 p.c?
Cela demeure tout de même une certaine discussion. Est-ce qu'on peut
combiner ce champ ou est-ce qu'on ne peut pas le combiner? Est-ce qu'on doit
inscrire une perte totale ou si vous pouvez sauver 50 p.c. de votre
récolte?
Dans ces cas où il y a une négociation à
entreprendre, c'est bien sûr que les méthodes, les
procédures ne peuvent jamais trouver tous les cas et inventorier tous
les cas. Il reste toujours que la technique agricole doit s'en mêler un
peu et ça devient un dossier technique. Je pense qu'au collectif, comme
il n'est pas question de tout ça, c'est un système strictement
mécanique, tant au niveau de la cotisation qu'au niveau des
indemnités, on ne devrait pas avoir de problème d'administration
interne, du moins je ne le pense pas.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): D'autres questions sur la Régie de
l'assurance-récolte?
M. LESSARD: Je remercie le président de la régie. Nous
espérons que le tout deviendra normal et que vous nous reviendrez avec
des explications claires concernant le problème de la normalisation des
activités de la régie.
M. ROY: II reviendra nous dire...
M. LESSARD: Surtout afin que son fonctionnaire puisse dormir en paix,
parce que cela ne fait quand même pas...
Ministère de l'Agriculture
M. GARNEAU: Nous allons au ministère de l'Agriculture?
M. ROY: Nous étudierons le ministère même?
M. GARNEAU: C'est juste.
M. LESSARD: Le ministère même?
Alors, M. le Président, dans le rapport du Vérificateur
général, pour 1972/73, je lis ce qui suit, à la page 3-44,
troisième paragraphe, soit l'aménagement des cours d'eau:
"L'examen par sondages de contrats octroyés a permis de nous rendre
compte de certaines anomalies dans l'application de ce programme,
notamment:
A- L'exécution d'un contrat a été terminée
six mois après la date convenue, sans qu'aucune raison de ce retard
n'apparaisse au dossier. En pratique, il est prévu au contrat que si des
raisons valables retardent l'accomplissement des travaux dans le délai
prescrit, le contrat n'est pas résilié. Par contre, s'il y a eu
négligence, le contrat est résilié et le
dépôt de garantie est confisqué.
Bien que les autorités du ministère, mises au courant de
cette remarque, nous aient apporté des raisons valables pour justifier
un tel délai,
nous maintenons que cette information aurait dû être
consignée au dossier."
Je dois d'abord dire, M. le Président, que cette anomalie a
été constatée à la suite d'un sondage du
Vérificateur général. Cela veut dire que si, par exemple,
vous aviez continué ou multiplié vos sondages, il aurait
peut-être été possible de retrouver d'autres anomalies
semblables. Je pense que ceci est assez important et, en conséquence, je
voudrais d'abord demander au Vérificateur général s'il a
objection à nous donner toutes les informations nécessaires et
même, à déposer le contrat. Si le Vérificateur
général constate que ce n'est pas dans son mandat, je pense que
le ministre devrait accepter de déposer le contrat et,
deuxièmement, j'aimerais avoir certaines explications sur ce contrat, de
la part du Vérificateur général. J'aimerais aussi savoir
quelles sont les raisons, qui furent données par les autorités du
ministère, qui auraient, semble-t-il, justifié le fait que ce
contrat, qui n'avait pas été terminé après la date
convenue, n'ait pas été résilié tel que le
prescrivait l'entente au ministère.
M. LAROSE: En ce qui concerne la question du dépôt de
document et ensuite de cela, mes collègues pourront continuer avec les
autres parties de votre question.
Par exemple, pour vous mentionner quel est le nom de l'entrepreneur et
le montant du contrat, ce que j'aimerais souligner à ce stade-ci, comme
vous l'avez mentionné, c'est que nous procédons par sondages pour
vérifier le fonctionnement des systèmes qui sont en place. Par
définition, évidemment, un sondage ne couvre pas tous les cas
possibles, comme vous l'avez mentionné aussi. Il pourrait, par
conséquent, arriver qu'involontairement, en citant des noms, on soit
injuste à l'endroit de certains des entrepreneurs ou des contractants,
à ce moment, il pourrait être injuste de mentionner un cas alors
qu'il peut y en avoir d'autres qui pourraient bien ne pas l'être.
M. LESSARD: M. Larose, le problème ne touche pas tant
l'entrepreneur que l'administration du ministère de l'Agriculture.
L'entrepreneur a dû certainement donner des raisons au ministre de
l'Agriculture, au ministère de l'Agriculture, concernant le retard de
son contrat. Je ne pense pas en tout cas, en ce qui me concerne, que le fait de
nommer l'entrepreneur mette en cause directement l'entrepreneur comme tel, mais
il s'agit, par exemple, de l'administration du ministère et du fait
qu'une entente n'a pas été respectée, qu'on a
continué à laisser tout simplement le contrat à cet
entrepreneur et qu'on ne l'ait pas résilié.
M. LAROSE: Votre point de vue est certainement valable. J'ajouterai tout
simplement ceci: Je pense que, du strict point de vue de la
vérification, la mention de noms pour nous, en 1969, n'ajoute rien
à la valeur des recommanda- tions que nous pouvons faire, la citation
d'un nom ou d'un autre du strict point de vue de la vérification.
M. LESSARD: D'accord.
M. LAROSE: II me semble tout simplement que, dans un cas comme
celui-là, il s'agirait pour le comité d'en décider.
Personnellement, je n'ai pas d'hésitation à fournir des noms. Les
détails que vous demandez, je les ai au dossier, mais il s'agirait pour
nous, à mon sens, pour le comité de décider.
M. GARNEAU: Si je lis le sens de vos propos, le reproche principal que
vous faites est que l'information aurait dû être au dossier pour
vous permettre de la vérifier. Ce qui arrive, dans le cas particulier
auquel vous vous référez, pour toutes sortes de raisons qui
pouvaient être valables, supposons que le cultivateur chez qui les
travaux se faisaient a demandé de retarder la continuation des travaux
pour un mois ou deux et que l'entrepreneur a terminé ses travaux, parce
que ces travaux, dans le fond, se font chez des cultivateurs. Il se pourrait
qu'il y ait des raisons qui obligent le ministère à accepter que
le contrat se fasse sur une période plus longue. Le point que vous
soulignez, si j'ai bien compris, c'est le fait qu'au dossier vous ne retrouviez
pas d'indication expliquant pourquoi il y avait eu un délai. Est-ce que
c'est cela? Est-ce que j'ai bien compris le sens de votre remarque?
M. LAROSE: C'est bien cela. Pour nous, cela veut dire, à ce
moment, que lorsque les conditions de l'entente prévoient
qu'après une date le contrat, à toutes fins pratiques, se
termine, s'il est poursuivi après cette date sans aucune explication, on
se demande sur quelle autorité on peut payer à ce moment,
puisqu'on peut payer des conditions alors qu'en vertu du contrat cela devrait
être tout arrêté et qu'il n'y a rien dans le dossier qui
justifie qu'on aille plus loin.
M. GARNEAU: M. Provencher, qui est justement du service en question, a
peut-être des commentaires à ajouter.
M. LESSARD: Auparavant, je voudrais dire ceci au ministre et rappeler
à l'ordre le président en même temps. Si les raisons sont
valables, il nous appartiendra, aux membres de la commission, de juger ces
raisons. Si elles sont valables, il n'y a aucun problème à ce que
le contrat soit déposé.
M. GARNEAU: Je ne parlais pas du fond de la question, je voulais
comprendre que, ce que j'avais lu, je le comprenais comme il le faut, en fait.
Il semblerait du moins, d'après les explications, que c'était
bien cela. Il peut y avoir eu des raisons, mais elles n'étaient pas au
dossier
de telle sorte que vous ne pouvez pas vous-mêmes porter un
jugement sur la valeur de la raison sur laquelle s'appuyait le paiement
à une date qui dépassait la date limite du contrat.
M. LAROSE: J'ajoute tout simplement, que pour des raisons qui nous sont
fournies de mémoire après six mois, au moment où on fait
notre vérification, on trouve que ce n'est pas normal qu'on donne ces
raisons après cette période, et qu'elles devraient être
consignées au dossier. Elles seraient plus valables, à notre
sens, si elles étaient déjà consignées au dossier,
au moment où la décision de prolonger est prise.
M. LESSARD: C'est une justification a posteriori.
M. PROVENCHER (Léo-Paul): J'aurais peut-être un petit mot
à dire à ce sujet. Au lieu de lire "en pratique", dans le texte,
j'aimerais mieux lire "en théorie", parce qu'un contrat de drainage,
ça s'exécute dans une période donnée.
M. ROY: II s'agit d'abord, effectivement, d'un contrat de drainage.
M. PROVENCHER: Oui, un contrat d'amélioration de cours d'eau, de
drainage, amélioration...
M. ROY: Ce contrat dont il est question ici? M. PROVENCHER: Oui.
M. ROY: Alors le contrat est identifié comme tel?
M. PROVENCHER: Oui. Il y a une multitude de facteurs qui entrent en
ligne de compte. Si un contrat s'accorde le 10 novembre et que le délai
dans le devis, qui a pu être préparé dans le courant de la
saison, stipule un délai de douze mois... Si le contrat s'accorde au
mois de novembre... C'est défendu de travailler pendant l'hiver dans
cette période, et c'est impossible en plus de cela. Il vient un temps
où l'exécution des travaux se répartit sur
différentes opérations, le creusage se fait au début du
printemps. Si vous avez une saison qui est un peu mouilleu-se, vous arrivez
à la fin de l'été et vous n'êtes pas capable de
faire la dernière opération qui est le régalage. A ce
moment, c'est une raison climatique. Il y a la date du contrat, il y a la
raison climatique, il y a de la variation dans les quantités, on est
aussi bien d'en parler parce que cela va revenir tantôt. On peut accorder
un contrat, on présume qu'il y a telle quantité de prévue,
c'est approximatif. Il y en a un peu plus en roc, disons, et cela pose une
opération qui est plus délicate. Cela entraîne la variation
de délais. Une des grosses raisons, à l'heure actuelle, ce sont
les conditions de culture. Etendre des déblais dans un champ de mais,
cela ne peut pas se faire après le 1er mai, et cela ne peut pas se faire
avant le 10 novembre, dans certains cas. La période d'activité
devient tellement courte qu'on ne peut pas préciser des délais
formels. Dans nos contrats, on va placer un délai de douze mois, mais on
reste indulgent pour chacune de ces raisons. C'est pour cela qu'en
théorie, cela serait censé se faire. En pratique, à cause
de ces conditions, on reste large dans l'application du délai. On
devient sévère et on s'en va à la résiliation
uniquement dans le dernier défaut, quand c'est une négligence de
l'entrepreneur. A ce moment, on va prendre des procédures pour
résilier.
M. GARNEAU: Dans ce sens, pourquoi, dans l'administration courante, vous
n'indiquez pas au dossier en question la raison qui explique... Supposons que
vous disiez: Un contrat se donne le 12 novembre pour exécuter des
travaux sur une période de douze mois et, rendu au 12 novembre de
l'année suivante, les travaux ne sont pas complétés et
sont complétés à la fin de novembre et le paiement se fait
au début de janvier. Pourquoi ne pas indiquer au dossier les raisons,
parmi les facteurs que vous donnez, qui ont favorisé ou qui ont
incité l'administration du ministère à accepter un
délai et les indiquer, de telle sorte que la vérification qui se
fait après paiement pourra être plus facile à
exécuter et plus conforme aux faits? Parce que, si la
vérification se fait au cours du mois de juin et que tout cela s'est
passé au cours du mois de novembre précédent et en
janvier, les explications doivent forcément être verbales. Il
semble que c'est le point de vue que soulève le vérificateur dans
son rapport. Il ne met pas, je pense bien, en doute le fait que ces facteurs
peuvent jouer. Ce qu'il met en doute, ce sur quoi il questionne, c'est sur le
fait qu'il n'y a pas au dossier les explications écrites de la raison
qui a fait que l'administration du ministère a accepté un
délai dans l'exécution du contrat plutôt que de le
résilier. Je pense que...
M. PROVENCHER: Depuis cette date, c'est dans le rapport d'inspection
finale que ce n'était pas mentionné, je crois, ce détail.
Pour les opérations administratives, c'est une chose qui est tellement
usuelle qu'on n'est pas porté à attacher une importance à
cela. Depuis la réception de ce rapport, il n'y a pas un rapport
d'inspection finale qui sort sans que la raison soit spécifiée
dans chaque cas. En plus de cela, on a institué un système de
rapport de performance mensuel qui nous permet de voir les étapes
d'exécution et de les suivre parfaitement. C'est depuis la
réception de cela.
M. GARNEAU: Alors le rapport du vérificateur n'a pas seulement de
mauvais aspects, il en a de bons aussi.
M. ROY: Maintenant, vous parliez de date tout à l'heure. Dans le
contrat qui nous préoccupe à l'heure actuelle, à quelle
date le contrat avait-il été accordé?
M. PROVENCHER: Je ne sais pas de quel contrat il parle. Je ne suis pas
au courant.
M. ROY: J'ai demandé tout à l'heure si le contrat
était identifié.
M. PROVENCHER: Le nom? Je ne sais pas du tout de quel contrat ils
veulent parler.
M. LESSARD: Vous avez donné un exemple et c'est justement
pourquoi, M. le Président. Le responsable, le sous-ministre, je pense,
au ministère de l'Agriculture nous parle théoriquement d'un
contrat qui serait, semble-t-il, un contrat de drainage, mais, dans le cas
présent, on nous parle spécifiquement d'un contrat, et pour
obtenir tous les renseignements nécessaires, je pense qu'il faudrait,
par l'entremise du ministre des Finances, qu'on accepte que ce contrat soit
déposé et que nous puissions vérifier s'il s'agit
véritablement de tel cas.
M. PROVENCHER: Pour ma part, je ne sais pas de quel contrat il
s'agit.
M. GARNEAU: Moi non plus. Il faudrait que vous nous disiez lequel.
M. ROY: Nous non plus, M. le Président, on ne sait pas de quel
contrat il s'agit.
M. GARNEAU: Je m'aperçois que les objectifs sont un peu
différents, mais ma curiosité est peut-être plus
administrative, sans vouloir imputer de motifs à personne. Elle est
peut-être plus administrative qu'autre chose.
M. LESSARD: Nous aussi.
M. PROVENCHER: Même si vous le nommez, moi, je m'en "sacre"
bien.
M. LAVALLEE: II s'agit du dossier 14900 A. M. GARNEAU: Là, on est
plus avancé.
M. LAVALLEE: L'entrepreneur est Construction D.L. Inc.
M. LESSARD: Pardon?
M. LAVALLEE: Construction D.L. Inc. D.L.!
M. LESSARD: D'accord!
M. LAVALLEE: Ce contrat fut octroyé le 7 décembre 1971. La
limite de la durée du contrat était de douze mois. Normalement,
il devait se terminer le 7 décembre 1972. Or, il a effectivement
été terminé le 30 juin 1973. C'est la raison de notre
remarque, c'est-à-dire au-delà de six mois après la date
limite.
M. LESSARD: Ce contrat était de quel montant?
M. LAVALLEE: De $24,137.
M. ROY: L'adresse de la firme D.L.?
M. LAVALLEE: On ne l'a pas au dossier.
M. LESSARD: Les raisons qui vous furent données par la
suite...
M. LAVALLEE: Comme le disait M. Larose, les raisons nous ont
été données plusieurs mois après, verbalement.
M. LESSARD: Est-ce que c'est colligé?
M. LAVALLEE: Le temps défavorable. Nous avons été
dans l'impossibilité de vérifier.
M. GARNEAU: Vous deviez avoir des rapports du temps.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): ... des rapports de
météorologie...
M. LESSARD: De quel contrat s'agit-il? Quel était le genre du
contrat? Est-ce qu'il s'agissait...
M. LAVALLEE: II s'agissait, sommairement, de creuser un cours d'eau,
Poulette-Bras-Rondeau. C'est tout ce que j'ai. Je n'ai pas d'autre
détail.
M. GARNEAU: Est-ce que c'est le nom du cours d'eau ou de la femme de
l'entrepreneur?
M. LESSARD: Précisons donc! Poulette... M. LAVALLEE:
Poulette-Bras-Rondeau. M. LESSARD: Poulette-Bras-Rondeau.
M. GARNEAU: Avez-vous le nom du comté?
M. LAVALLEE: Quelquefois, je l'ai, mais là, je ne l'ai pas.
M. GARNEAU: Le nom de la municipalité non plus?
M. LESSARD: Dans la municipalité de...? UNE VOIX: Comté
de...?
M. LAVALLEE: II pouvait y avoir une autre raison au délai.
M. LESSARD: Normalement, quand on donne un nom de rivière comme
cela, on précise soit le canton ou la municipalité. Est-ce que
vous avez des indications...
M. CHOUINARD: Cela ne change pas la nature de notre commentaire de toute
façon, en
tant que vérificateurs, parce qu'on ne part pas avec un nom
précis. C'est un échantillonnage. A ce moment, notre
échantillonnage est choisi par le numéro du dossier ou autrement,
ce qui fait qu'automatiquement le nom du comté, le nom de
l'entrepreneur, cela ne nous dit rien. On ne les retient pas pour passer notre
commentaire. On a retenu quelques noms comme ceux-là en prenant des
notes à l'intérieur du dossier, mais on pourrait tout aussi bien
ne pas prendre de nom du tout. Notre vérification est
complète.
M. LAROSE: Si vous le désirez, on pourrait vous l'obtenir.
En relevant probablement le dossier, il est fort probable que dans
l'autorisation du Conseil du trésor, cela ne doit pas être
mentionné. C'est certainement mentionné au dossier du
ministère de l'Agriculture. On pourrait le retrouver par le dossier du
ministère de l'Agriculture.
M. LESSARD: Quant à nous, tel que le disait le sous-ministre, il
est bien possible... Le sous-ministre?
M. GARNEAU: Non. Le directeur du service du génie.
M. LESSARD: Le directeur du service du génie... Il est bien
possible que la température soit un motif très valable d'autant
plus qu'on constate que le contrat a été accordé le 7
décembre. Donc, ils ne pouvaient pas faire de travaux avant le mois de
mai.
M. PROVENCHER: Et l'année 1972 a été
désastreuse au point de vue de la pluie.
M. LESSARD: Vous parliez d'une autre raison qui était
possible.
M. LAVALLEE: L'équipement de l'entrepreneur déjà
affecté à d'autres travaux.
M. LESSARD: Ah!
M. ROY: Ce n'est plus une question de temps. C'est moins une question de
temps.
M. LAVALLEE: Oui.
M. ROY: Est-ce que les $24,137 est le montant original du contrat?
M. LAVALLEE: Oui, approuvé par le CT-3,041.
M. ROY: Est-ce qu'il y a eu un montant additionnel qui lui a
été octroyé par la suite?
M. CHOUINARD: Pas dans ce cas.
M. ROY: Pas dans ce cas. Donc, il ne s'agit pas de quantité de
variance, de quantité non plus.
M. CHOUINARD: Les commentaires d'ordre général en ce qui
regarde ce cas sont: Dossier incomplet.
M. ROY: Dossier...?
M. CHOUINARD: ... incomplet.
M. LESSARD: On veut le compléter.
M. CHOUINARD: Au moment de notre vérification.
M. ROY: Dans le même domaine, est-ce que vous avez
déjà vérifié, dans le cas des soumissions qui sont
accordées... Parfois, il arrive qu'il y a quatre ou cinq
soumissionnaires et que, parmi ces derniers, il y en a un ou deux qui sont
disqualifiés, qui ne sont pas considérés du tout. Est-ce
que vous avez déjà porté vos vérifications sur les
raisons des disqualifications de certains entrepreneurs ou de certaines
soumissions? Est-ce que vous avez poussé la vérification de ce
côté?
M. LAVALLEE: Nous sommes au courant, mais M. l'administrateur peut fort
bien vous donner cela. Nous sommes au courant des raisons. Si quelqu'un
connaît ces raisons encore plus exactement, c'est M. Provencher.
M. LESSARD: Je comprends qu'il y a des raisons particulières dans
chaque contrat.
M. LAVALLEE: Trois ou quatre.
M. LESSARD: Parfois il arrive justement qu'il y a des vices de forme
dans la présentation des soumissions. Ce que le député de
Beauce-Sud veut savoir est ceci: Est-ce que de façon
générale, non pas concernant un contrat particulier, vous avez eu
l'occasion de vous pencher sur le fait qu'il arrivait quelquefois qu'un certain
nombre d'entrepreneurs étaient éliminés par suite d'un
certain nombre de vices de forme.
M. CHOUINARD: Oui, par vice de forme... Prenez le cas des
sociétaires d'une entreprise qui n'ont pas tous signé sa
soumission. A ce moment, elle est rejetée automatiquement. C'est une des
raisons qu'on a rencontrées, ou lorsqu'il n'y a pas une
résolution de la compagnie qui accompagne la soumission autorisant son
représentant à s'engager pour la compagnie. C'est une autre
raison qu'on rencontre à l'occasion.
Lorsqu'un sntrepreneur s'est déjà désisté
quand une soumission lui a été octroyée et qu'il avait la
plus basse soumission. Pour éliminer les types non sérieux,
automatiquement, il est éliminé parce que déjà il
avait déjà été choisi comme plus bas
soumissionnaire lors d'une soumission antérieure et il n'avait pas
respecté ses engagements.
A part cela, il y a ceux qui, en définitive... Lorsque la
performance antérieure de l'entrepreneur prouve qu'il n'est pas capable
de faire honneur à ses obligations, ils se sont faits pincer une fois
avec lui, bien là... Ce sont des raisons générales qu'on a
rencontrées.
M. GARNEAU: La raison la plus complexe qu'on retrouve au Conseil du
trésor est lorsque le chèque visé qui accompagne la
soumission n'est pas absolument conforme. Disons qu'il y a un contrat de
$40,250 et que le chèque visé doit être de $4,025...
Prenons un montant encore plus complexe parce que c'est arrivé la
semaine passée. $40,256 et le chèque visé doit être
de 10 p.c.
Le gars envoie un chèque de $4,025 au lieu de $4,025.60. Il est
arrivé que, pour les $0.60, la question se posait: Est-ce qu'on doit le
donner au plus bas soumissionnaire qui a envoyé un chèque de
garantie de 10 p.c. en chiffres ronds, ou si on doit reconnaître que les
$0.60, c'est suffisamment valable pour accorder un vice de forme à la
soumission? Le problème qui se pose c'est que, techniquement et
juridiquement, la soumission n'est pas conforme, mais administrativement, si on
donne le contrat au deuxième soumissionnaire, au lieu d'être
$40,256, cela va peut-être être $60,250 et on...
M. ROY: Voilà $0.60 qui coûtent $20,000.
M. GARNEAU: C'est cela. Evidemment, on demande des opinions juridiques
et les avocats regardent cela sur le plan de la stricte légalité
et disent: La soumission n'est pas conforme. On a même demandé au
ministère de l'Agriculture de retourner en soumissions, mais je vous
assure que, comme ministre des Finances, c'est un problème un peu
embêtant de dire: Est-ce que c'est réellement un vice de forme qui
est important et faut-il donner le contrat, quand il coûte $10,000,
$15,000 ou $20,000 de plus, parce qu'il manquait les $0.60? Si on donne le
contrat à celui qui n'avait pas mis ses $0.60, est-ce qu'on peut dire
que le gars a fait exprès pour ne pas mettre ses $0.60 et dire: Si je
m'aperçois que j'ai soumissionné trop bas et que je vois que les
autres sont trop hauts, je me désiste en réclamant que ma
soumission n'était pas conforme et demandant qu'elle soit
retirée? Comment faire le partage entre un geste administratif de
l'entrepreneur posé de bonne foi et un geste posé de mauvaise
foi? Je vous assure que cela fait trois ou quatre fois que cela se
présente, et, à chaque fois, c'est toujours une question pas mal
délicate. Je serais porté à donner le contrat quand
même à $40,256, même s'il manque les $0.60, sur le strict
plan comptable et administratif, toutes les autres choses étant
égales et valables, mais il reste que les opinions juridiques sont
toujours d'une clarté aveugle, si on peut dire, et on nous dit: Vous
pouvez le donner, mais la soumission n'est pas conforme. Cela fait trois ou
quatre fois qu'on vous demande d'aller en soumissions pour des affaires comme
cela et surtout avec les périodes d'inflation, si on retourne en
soumission, non seulement la plus basse soumission est plus haute, mais elle
l'est aussi à cause des coûts, si on met deux mois de plus pour le
processus d'appel d'offres dans les journaux et l'étude des soumissions.
C'est un problème qui se soulève et j'imagine que les
vérificateurs ont dû le constater, mais je ne connais pas de
règle. La règle juridique et la règle administrative,
comment faire le choix entre les deux? D'ailleurs, je pense bien que cela doit
arriver à la commission des engagements financiers aussi lorsque ces
questions sont posées.
M. LESSARD: C'est pour cela...
M. GARNEAU: Je ne sais pas, mais j'aimerais toujours qu'il y ait une
lumière du Saint-Esprit qui nous dise que la bonne décision est
celle-là, c'est d'aller en soumissions publiques encore une fois ou de
le donner au plus bas soumissionnaire, même s'il manque $0.60. Ce sont
toujours des fractions de dollar.
M. PROVENCHER: A la minute où on en échappe un, par
exemple, jusqu'où va-t-on aller?
M. GARNEAU: C'est cela.
M. ROY: Vous parliez tout à l'heure d'une raison pour laquelle un
soumissionnaire peut être écarté, la performance
antérieure peu intéressante pour le ministère. Est-ce
qu'à ce niveau-là, parce qu'il me semble que c'est très
relatif et très subjectif, il y a dans la performance d'autres
considérations qui peuvent entrer en ligne de compte?
M. GARNEAU: Est-ce qu'il y a un entrepreneur créditiste qui a
perdu un contrat? Le député de Beauce a l'air d'avoir des
documents dans les mains?
M. ROY: Non. J'ai des documents. Est-ce que cela inquiète le
ministre?
M. GARNEAU: Pas du tout, c'est ce qui me rend le moins nerveux de ce
côté-là.
M. ROY: J'aimerais qu'on me dise si, au niveau de la performance
antérieure, quelque chose joue, parce que c'est bien facile à
écrire au dos d'une feuille, à la tête d'un contrat, mais
cela peut inclure toutes sortes d'autres raisons aussi.
M. PROVENCHER: Dans ce domaine, quand il est question de performance,
dans un rapport de soumissions, vous pouvez être assuré qu'avant
de prendre la décision de mettre simplement un point d'interrogation sur
la performance, le dossier du type est déjà chargé.
On sait où on s'en va. Il y a quelques cas comme cela. Ils sont
assez rares et ce qu'il y a de meilleur dans tout, c'est que chaque fois qu'il
a été question de performance, les faits nous ont prouvé
qu'on avait raison.
On a passé par dessus certains cas. Une année, entre
autres, il y avait eu un entrepreneur qu'on ne recommandait pas et le CT a
accepté quand même, tout a marché. Deux ans après,
on a été obligé de résilier le contrat avec
confiscation des sommes dues et toute l'affaire parce que l'entrepreneur
n'était pas en position pour l'exécuter et s'est
désisté. En fin de compte, il a perdu l'argent. C'était
à la suite d'un dossier rempli de constatations et de faits, à
chaque fois.
M. ROY: Je ne veux pas empêcher le ministre des Finances de dormir
ce soir puisqu'il a constaté que j'avais des documents entre les mains;
évidemment, on a fait référence à la commission des
engagements financiers. J'ai justement un cas type ici. Je vais donner le
numéro du projet, si vous voulez le prendre en note parce que j'aimerais
qu'on aille au fond des choses, comme disait un certain
général.
M. LESSARD: II n'est plus là, non plus.
M. ROY: II n'est plus là, c'est vrai. Il l'a dit.
M. LESSARD: II est mort vieux.
M. ROY: II l'a dit et a vécu vieux. No 14162-58-712, auquel,
justement...
M. GARNEAU: Sans donner le nom, comme on a demandé tout à
l'heure au vérificateur?
M. ROY: Je peux donner le nom parce que c'est un document public qui a
paru à la commission parlementaire des engagements financiers. Le nom
public à qui le contrat a été accordé comme tel.
D'ailleurs, cela a passé à la réunion de la commission des
engagements financiers du 27 janvier 1972, à l'article no 200,
soumission publique, contrat pour travaux de drainage, dans le cours d'eau
Dutil et Branche du comté de Beauce. Soumissionnaire recommandé:
J.O. Lessard de Saint-Georges. Montant de l'engagement: $95,374. On dit ici:
Soumission recommandée. Il est évident que, dans les
circonstances, j'ai demandé d'avoir les détails, la liste des
soumissionnaires et autres ici. Voici les remarques qu'on donne: Prix
déficitaire sur 11 articles, a), b), performances antérieures peu
intéressantes pour le ministère.
M. GARNEAU: Est-ce qu'il s'agit de l'entrepreneur que vous venez de
nommer ou d'un autre qui n'a pas eu le contrat?
M. ROY: Je parle de celui qui a eu le contrat. Je ne veux pas causer de
préjudice à celui qui n'a pas eu le contrat, à cause des
performances antérieures peu intéressantes pour le
ministère. Comme au niveau du ministère, au niveau du
ministère de l'Agriculture, j'ai fait des recherches étant
donné que j'ai le numéro du projet, j'aimerais bien que ce cas
puisse être éclairci. En somme, le plus bas soumissionnaire
était de $75,584, je peux vous dire qu'il est plus que solvable. On a
certainement fait des études au niveau de la solvabilité, pour
satisfaire et ne pas inquiéter le ministre davantage, je peux dire que
ce n'est pas un créditiste.
M. GARNEAU: J'aimerais ça que le député de
Beauce-Sud donne le nom de l'entrepreneur. Tout à l'heure il demandait
au Vérificateur général de donner le nom d'une personne,
je ne sais pas comment elle s'appelle, D.L., peut-être que le
député de Beauce-Sud pourrait être aussi ouvert que le
vérificateur l'a été.
M. ROY: C'est M. Incorporée.
M. GARNEAU: Bon, on doit l'avoir ici. Quelle municipalité?
M. ROY: H-é-m-o, Hémo. Le montant de la soumission
était de $75,584 et on a accordé le contrat pour $20,000 de plus,
$95,374, il s'agit de $20,000 de plus. On demande ici: Formule de soumission
correcte? Oui. Bordereau de prix complets? Oui. Questionnaire de qualifications
complet? Oui. Résolution autorisant signature? Oui.
M. PROVENCHER: Cet entrepreneur c'est de mémoire,
ça peut arriver qu'il y ait de petites erreurs qui se glissent dans tout
ça au moment de la soumission, il y avait deux ou trois contrats
de la part du ministère, il y en avait un qui était
accordé depuis un an, il n'y avait pas un pouce d'ouvrage fait dessus.
Dans le même temps, il avait procédé par sous-contrat pour
exécuter le contrat plus au sud. C'est pour ça qu'au moment du
contrat, vu qu'il était en retard sur les délais dans ces
travaux, c'est la cause dans ce cas. En plus, on a pris la peine de stipuler,
parce que cela arrive assez souvent, dans nos rapports de soumission, quand on
voit une liste de prix, un entrepreneur qui arrive à 10, 11, 12 prix sur
19, qui sont déficitaires, il faut y penser sérieusement. On a
l'impression qu'il y a quelque chose, en dessous de ça, qui glisse mal,
quand tout est déficitaire.
M. ROY: Je ne voudrais pas...
M. PROVENCHER: J'admets que votre entrepreneur est peut-être bon
financièrement. D'ailleurs, il a eu d'autres contrats par la suite.
M. ROY: Un instant, je ne mets pas votre parole en doute. Mais je ne
sache pas que cette personne ait eu un seul contrat depuis le 29 avril
1970.
M. PROVENCHER: II en a encore eu dernièrement, parce que,
à la suite des travaux...
M. ROY: Je ne sache pas, je ne sais pas tout évidemment, et je
n'ai pas la prétention de tout savoir non plus.
M. PROVENCHER: A la suite de cette affaire-là, cela a
été bon pour lui, il s'est empressé d'achever tous ces
autres contrats et on n'a pas exercé de pénalité plus que
cela. Quand il est revenu d'aplomb, par la suite, il est passé
normalement.
M. ROY: Je ne veux pas mettre la parole de M. Provencher en doute, mais
compte tenu des informations dont je dispose jusqu'à présent, je
ne voudrais pas engager de débat de ce côté-ci. Je demande
au ministère de vérifier de son côté et je prendrai
des informations du mien.
Lorsque nous arrivons et je pense que cela fait partie de nos
responsabilités, cela fait partie de notre travail lorsqu'un
contrat n'est pas accordé au plus bas soumissionnaire, alors que
l'entrepreneur qui est le plus bas soumissionnaire est solvable, que sa
solvabilité est reconnue, je pense qu'il est important qu'on s'interroge
et qu'on regarde pourquoi, à un moment donné, on a accordé
un contrat à un autre entrepreneur, à un montant beaucoup plus
élevé. Il y a des raisons sérieuses à ce
moment-là, je pense que c'est important qu'on le sache.
M. GARNEAU: Je ne veux pas mettre la parole de M. Provencher en doute,
moi non plus. Il pourra certainement vérifier et confirmer si ce qu'il a
dit aujourd'hui... La réponse est venue rapidement, vous aviez l'air
à connaf-tre la question.
Il reste quand même que c'est peut-être un cas marginal qui
est posé et c'est pour cela qu'avant de dévoiler inutilement le
nom de l'entrepreneur, que ce soit de la part d'un député
ministériel, de l'Opposition ou du vérificateur, il faudrait
certainement exercer une certaine prudence parce que, d'après ce que dit
le député de Beauce-Sud, s'il s'agit d'un entrepreneur solvable
et, comme le dit M. Provencher, que cet entrepreneur a eu d'autres travaux par
la suite du ministère, il ne faudrait quand même pas, par des
propos, nuire à la réputation de certains entrepreneurs. Je ne
crois pas que la situation se présente dans le cas dont on vient de
discuter, mais cela indique quand même qu'il faudrait peut-être
exercer une certaine prudence dans la façon dont on dévoile des
choses ici, à la commission, et qui ne seraient pas suffisamment
vérifiées à l'avance, afin de ne pas nuire à des
gens. C'est tout ce que j'essaie de dire.
M. ROY: M. le Président, je pense que les remarques du ministre
des Finances sont à propos, c'est qu'en aucun cas et en aucun moment
nous sommes ici pour juger de la conduite d'un entrepreneur comme tel. Nous
sommes ici pour examiner les décisions...
M. GARNEAU: ... à l'occasion, ils doivent le faire.
M. ROY: ... sur lesquelles s'est basé le ministère,
division de l'hydraulique agricole, pour accorder certains contrats. Je pense
qu'il faut quand même appeler les choses par leur nom. Ou on examine le
problème, ou on ne l'examine pas. Si on examine le problème, il
ne faut pas l'examiner uniquement au niveau de grands principes
généraux; il faut entrer dans les détails et le rôle
du vérificateur général est d'aller dans les
détails.
Nous sommes ici pour examiner le rapport du Vérificateur
général. Je comprends qu'à un moment donné il se
pourrait que ce soit même nécessaire de mettre quelqu'un dans
l'embarras peut-être. Mais, M. le Président, si on ne veut pas
toucher à quoi que ce soit, je me demande ce qu'on vient faire ici, au
niveau de la commission parlementaire. Je me pose de sérieuses
questions. Il faut quand même prendre les risques que cela comporte,
à un moment donné.
C'est vrai pour l'entreprise privée également. Lors d'une
réunion d'une coopérative et surtout dans le domaine des
coopératives, on sait que les assemblées générales
de certaines coopératives ont une assez forte assistance, des contrats
ont été accordés, des soumissions ont été
demandées il est évident qu'à l'assemblée
générale, lorsque le vérificateur va soumettre son rapport
à l'assemblée générale annuelle des membres, les
noms sortent, le montant des contrats, pourquoi tel contrat a été
accordé plutôt que tel autre.
On est ici pour faire ce travail-là, M. le Président. Je
ne voudrais pas non plus avec toutes les réserves que cela
implique, avec toutes les conséquences que cela implique qu'on
soit trop chatouilleux.
Je comprends bien les remarques du ministre, mais en ce qui me concerne,
j'ai bien l'intention, sur certains points, de soulever toutes les questions
qui concernent ces problèmes, parce qu'il s'agit en quelque sorte
d'examiner l'administration gouvernementale.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Vous avez toute la latitude voulue...
M. LESSARD: ... dans ce sens, si nous passons par une autre anomalie qui
a été remarquée par le Vérificateur
général, au paragraphe b), nous lisons, toujours dans le rapport
du Vérificateur général de 1972/73 à la page 3-44:
"Les coûts excédentaires pour certains contrats, sur les prix
soumissionnés et acceptés, ont été absorbés
par le ministère. Pourtant, selon leurs engagements contractuels, les
entrepreneurs sont tenus d'assumer de tels coûts."
M. le Président, nous avons à essayer de voir si les fonds
publics sont bien administrés. C'est d'ailleurs l'un des objectifs, je
pense, du Vérificateur général. De plus, il est
extrêmement important, je pense, que l'administration gouvernementale,
d'un ministère en particulier, ait
une certaine transparence. S'il arrive que le Vérificateur
général nous fasse des remarques concernant certaines anomalies,
je pense qu'il est absolument normal que cette commission parlementaire aille
au fond des choses. Même s'il arrive quelquefois, comme le disait tout
à l'heure le député de Beauce, que cela puisse toucher un
individu ou quelques individus, je pense que c'est encore plus important de
protéger les fonds publics, de réussir à obtenir une
certaine transparence de l'administration des fonds publics, que de conserver
les chasses gardées et de laisser certaines choses cachées.
Comme il s'agit d'un point qui m'apparaft fondamental, à savoir
un contrat ou des contrats qui sont accordés selon un certain nombre de
conditions, ces conditions doivent être respectées, d'une part,
par le ministère de l'Agriculture et, d'autre part aussi, par
l'entrepreneur en question. L'une des conditions, semble-t-il, c'était
que les entrepreneurs étaient tenus d'assumer entièrement les
engagements ou les coûts du contrat. Il semble, selon la remarque du
Vérificateur général, que cette entente n'ait pas
été respectée par le ministère de l'Agriculture, ce
qui a certainement comporté des coûts supplémentaires pour
le gouvernement du Québec.
En conséquence, pour connaître exactement les raisons,
puisque le Vérificateur général le recommande, afin de
régulariser cette situation, nous croyons que le ministère
devrait prendre les moyens nécessaires et appropriés pour
restreindre au strict minimum le paiement de ces excédents. Je pense
que, en conséquence, pour obtenir une certaine transparence des fonds
publics, il serait tout à fait normal que nous puissions avoir des
réponses aux questions suivantes: Cela concerne combien de contrats;
deuxièmement, le dépôt de ces contrats, et,
troisièmement, les raisons qui ont justifié le ministère
de l'Agriculture de payer des montants supplémentaires à ces
entrepreneurs. Ce n'est pas une accusation. Je sais que cela se fait
quelquefois au ministère de la Voirie, lorsque les devis ne sont pas
exactement ceux qu'on a soumis aux entrepreneurs, mais je pense qu'il serait
très important que, pour chacun de ces contrats qui ont
été analysés par le Vérificateur
général, nous puissions en avoir une copie et que nous puissions
connaître les raisons exactes qui ont justifié le ministère
de l'Agriculture d'aller au-delà des montants soumis par les
entrepreneurs.
M. ROY: M. le Président, sur les mêmes questions, j'appuie
totalement et entièrement la demande formulée par le
député de Saguenay. J'avais pris note des mêmes remarques.
Je ne veux pas revenir sur le sujet, parce que, quand même, toutes les
questions qui ont été posées par le député
de Saguenay sont celles que j'avais notées et je demande la même
chose.
UNE VOIX: Avez-vous les mêmes recher-chistes?
M. LESSARD: II semble y avoir une collaboration dans l'Opposition.
M. GARNEAU: Jolie collaboration, surtout.
M. ROY: Sans avoir les mêmes recherchistes, nous pouvons dire une
chose, c'est tellement frappant que c'est assez facile à
découvrir.
M. GARNEAU: Vous avez une jolie collaboration.
M. ROY: Les propos du vérificateur sont très clairs.
Pardon?
M. GARNEAU: Une jolie collaboration.
M. le vérificateur, avant de répondre à la
question, j'aimerais savoir si vos remarques portaient sur des contrats
à prix forfaitaires uniquement ou si vos remarques portaient sur les
soumissions qui auraient pu être accordées à partir des
prix unitaires? Evidemment, parce que la conséquence n'est pas du tout
la même.
M. LAVALLEE: Prix unitaires. Les contrats que nous avons
étudiés, les sondages, que nous avons faits, ont porté sur
30 contrats.
M. GARNEAU: A des prix unitaires?
M. LAVALLEE: Prix unitaires, oui. Il y en a qui était en bas de
$25,000, alors on sait que ces contrats sont négociés
plutôt qu'accordés par soumissions.
M. GARNEAU: Mais parce que la remarque concernant les prix unitaires,
concernant des contrats à forfait sur le prix global, évidemment,
place le ministère, face à votre remarque, dans une situation
fort délicate, parce que, si c'est à prix unitaire, c'est
évident que les extensions, si le volume du sol, qui a dû
être manoeuvré ou transporté, au lieu d'être de
10,000 verges est de 15,000 verges c'est clair que l'extension
était pareille au moment de la soumission, à partir du prix
unitaire soumissionné avec l'évaluation des plans et devis
vont avoir des variations. Cela prendrait un "mosus" de hasard pour que le prix
global du contrat soit absolument celui qui apparaissait à la
soumission, compte tenu du fait que c'étaient des prix unitaires.
C'était uniquement l'extension à partir du même volume qui
faisait le contrat global.
M. LAVALLEE: II y a une nuance que nous devons apporter. Je
répète que l'examen de certains contrats, octroyés selon
le système d'appel d'offres par soumissions publiques, nous a permis de
constater que le coût final de certains contrats et révisions de
travaux excédaient le coût original estimé en raison de
calculs incorrects. Par ailleurs, il y a une nuance, selon la formule de
soumission. Il y a une clause incluse dans la formule de soumission qui dit ce
qui suit, c'est l'entrepreneur qui
signe cela: "Je déclare, en outre, avoir une parfaite
connaissance des plans, profils et devis aux conditions spéciales se
rapportant aux travaux projetés. Avoir visité les lieux, avoir
fait les sondages et recueilli les renseignements nécessaires pour
établir les prix unitaires et le prix global de ma soumission". Nous
autres, suivant l'interprétation de cette clause que nous avons faites
pour terminer suivant l'interprétation stricte de cette
clause, on peut s'attendre à ce que le coût réel
corresponde au prix global de la soumission. Par contre, cette clause n'est pas
incorporée à la convention ce n'est pas un contrat, on
appelle cela une convention intervenue entre le ministre de
l'Agriculture et les entrepreneurs. Notre remarque est centrée sur cette
clause dans la formule de soumission par laquelle l'entrepreneur est conscient
de ce qui l'attend.
M. LESSARD: Cette clause n'est pas inscrite dans le contrat.
M. ROY: Mais elle l'est dans la soumission. M. LAVALLEE: Elle est dans
la soumission.
M. PROVENCHER: J'aimerais relever quelque chose. Dans la formule de
soumission, l'entrepreneur ne s'engage pas à un prix global. Il s'engage
à accepter les prix unitaires soumis dans le bordereau de prix ci-joint.
Ces prix serviront à la préparation des estimations mensuelles,
de même qu'aux paiements entiers et finals des ouvrages. Ce sont les prix
unitaires. Ils s'engagent à fournir tout pour un prix unitaire
donné. La variation, et c'est pour cela qu'il y a des contrats à
prix unitaires, c'est parce qu'on ne peut déterminer de façon
précise les quantités. Alors l'engagement de l'entrepreneur n'est
pas du tout comme cela. C'est pour cela que dans le contrat, vous ne voyez pas
de prix forfaitaire et de montant global. Il y a uniquement des prix unitaires
dans le contrat.
M. LESSARD: II n'y a pas de montant global dans le contrat?
M. LAROSE: Comment expliquer alors que les demandes qui sont faites au
Conseil du trésor se réfèrent strictement au montant
global du contrat...
M. PROVENCHER: Le montant global...
M. LAROSE: ... et ne se réfèrent pas au prix unitaire?
Comment expliquer et comment donner un sens à cette phrase dans la
soumission de l'entrepreneur après avoir fait les sondages et recueilli
les renseignements nécessaires pour établir le prix global de la
soumission? Est-ce que cela ne lie pas, dans une certaine façon, lorsque
quelqu'un dit: J'ai tout examiné et je me lie à un prix
global.
M. PROVENCHER: C'est une impossibilité dans le genre de travaux
qu'il y a là. Le prix global que vous voyez, c'est le prix global de la
soumission. Il faut obtenir un prix pour faire la comparaison entre les
différentes soumissions...
M. LESSARD: L'estimation...
M. PROVENCHER: ... ce qui donne l'estimation.
M. LESSARD: L'estimation, qui nous donne toujours, aux engagements
financiers, estimation...
M. PROVENCHER: On se base sur cela pour demander des engagements
financiers, mais ce n'est pas le chiffre définitif. A ma connaissance,
il n'est jamais arrivé un contrat où on est arrivé au
même prix. Il y a peut-être, sur 500 ou 600 contrats, 50, 60, 100
qui sont plus élevés et les 400, 500 autres vont être moins
élevés. C'est normal. Cela fait partie des choses.
M. ROY: Lorsqu'ils sont moins élevés, est-ce que cela veut
dire que le ministère débourse moins?
M. PROVENCHER: Oui, bien sûr.
M. ROY: Je pose la question; le sous-ministre dit: Bien sûr. Vous
pouvez être sûr de votre affaire, mais je voudrais quand même
vous le faire dire. Parce que je remarque ici... Le député de
Saguenay faisait référence aux engagements financiers. Dans le
cas que j'ai souligné tantôt: Contrat pour travaux de drainage
dans le cours d'eau que j'ai nommé tout à l'heure, montant de
l'engagement, soumission: $95,374, il y a un montant global de fixé.
M. PROVENCHER: II faut engager des crédits. Il faut donner une
estimation quelconque.
M. LESSARD: Pour les $95,374, c'est le soumissionnaire qui a
accepté de faire le contrat à ce prix?
M. PROVENCHER: Non. H a accepté de faire le contrat au prix
unitaire de son bordereau.
M. LESSARD: Parce que l'estimation du ministère est de
$136,701.
M. PROVENCHER: Oui, avec les mêmes quantités. Voyez-vous,
à ce moment, le jeu de la soumission publique a tout simplement permis
de faire une économie.
M. LESSARD: Ah, cela, on ne le sait pas! On va le savoir à la fin
du contrat.
M. ROY: II y a un autre point aussi que j'aimerais qu'on aborde à
ce niveau. Cela peut jouer, en quelque sorte. Quand je parlais de l'autre
entrepreneur tout à l'heure, de $75.584, est-ce que c'est au niveau des
mêmes unités?
M. PROVENCHER: Oui. En faisant la soumission, ils ont un bordereau qui
est identique pour tous les entrepreneurs. Il y a des quantités de
fixées. C'est le prix unitaire qui fait tout simplement changer le
montant global qui sert de comparaison entre les différentes...
M. LESSARD: C'est sur les quantités que cela peut changer?
M. PROVENCHER: Oui, à l'exécution.
M. LESSARD: Comment? Parce que, pour le Vérificateur
général, son mandat est de voir si l'admistration gouvernementale
se plie aux exigences comme telles, aux principes généraux qu'on
a établis ou aux critères ou normes qu'on a établis. Dans
la soumission, je pense, il y a une formule, que le Vérificateur
général a lue tout à l'heure, qui m'apparaît
très claire, à savoir que le soumissionnaire a pris connaissance
des lieux, qu'il est prêt à faire les travaux, étant
donné qu'il est capable de déterminer son prix global, à
ce prix global. Si j'interprète la formule telle que nous l'a lue tout
à l'heure le Vérificateur général, M. Larose, il
semble que cela soit le cas. Mais cela mettrait en cause... Parce que je sais
qu'au ministère de la Voirie, il y a aussi le même
problème.
M. LUSSIER: Je pense, M. le Président, peut-être pour
essayer de clarifier encore un peu plus les commentaires qui ont
été apportés jusqu'à maintenant, il est clair que,
lorsqu'on fournit le devis au soumissionnaire, à ce moment, il y a, de
notre côté, une estimation des quantités de roc, de terre,
de régalage qu'il faudra faire, et que c'est à partir de ce
moment que les gens sont appelés à soumissionner et à
établir, basé sur leur estimation de prix unitaire, après
avoir pris connaissance des lieux, etc., et à fixer, à partir de
là, un prix global. Mais il est bien dit, comme il était
mentionné tout à l'heure, dans cette proposition de soumission
signée par l'entrepreneur, qu'il s'engage à recevoir comme
rémunération, à accepter les prix unitaires soumis dans le
bordereau de paie ci-joint.
Autre commentaire. Peut-être serait-il intéressant de dire
à cette assemblée parce qu'on donne tout le temps
l'impression qu'il y a certains dépassements qui sont dus à des
quantités que ni l'entrepreneur, ni le ministère n'ont vraiment
estimées qu'il faut bien comprendre qu'il nous faudrait
procéder à des sondages, peut-être à tous les 100
pieds, lorsqu'on fait un cours d'eau pour vraiment déterminer les
quantités de roc qui doivent être enlevées et leur
profondeur par rapport au plan ou au niveau qu'on a décidé.
Nous avons fait des études en profondeur de ce côté,
à maintes reprises, pour savoir s'il était plus économique
de vraiment faire ces sondages. Quand on s'imagine que dans un bassin
hydrographique on peut avoir un cours d'eau qui a sept, huit ou dix milles de
longueur et qu'il faut faire des sondages avec des carottes et tout ce que vous
voulez pour vraiment sortir et déterminer quel genre de matériel
existe au niveau des nappes phréatiques, c'est un travail
extrêmement dispendieux.
Peut-être qu'il serait intéressant, pour éclairer
cette assemblée, de soumettre certaines statistiques qui donnent une
évaluation pour l'ensemble des contrats depuis un certain nombre
d'années, montrant ce qu'on est porté à voir lorsqu'il y a
des dépassements mais ne montrant pas aussi la partie de l'iceberg
où vraiment, parfois et très souvent, il y a des économies
qui sont réalisées par la formule. Au bout du compte, il ne
s'agit pas de sommes d'argent par rapport à ce que cela coûterait
pour faire ces sondages; il y a une économie véritable au niveau
du ministère de l'Agriculture quand on utilise cette façon de
procéder.
Je donne certains exemples. D'avril 1967 au 31 octobre 1971 juste
pour vous donner un exemple 651 contrats ont été
accordés au coût initial de $13,445,000.
M. ROY: 651 contrats, c'est seulement au niveau de l'hydraulique
agricole?
M. LUSSIER: Oui, des soumissions, chez nous, à notre service et
qui se sont réalisées au coût final de $14,570,000, soit un
excédent réel de 8.4 p.c. pour une moyenne de cinq ans.
Si on regarde la période du 1er avril 1972 au 31 mars 1973,
l'étude des excédents sur les 128 contrats qui se sont
terminés durant cette période révèle une
augmentation de 2.8 p.c. alors que l'étude des excédents sur les
162 contrats qui se sont complétés durant la période du
1er avril 1973 au 31 mars 1974 révèle une variation en moins de
1.5 p.c. Donc, si on regarde l'exercice financier 1972/73, sur 128 contrats, il
y a eu une augmentation de 2.8 p.c. tandis que pour l'année qui vient de
se terminer, du 1er avril 1973 au 31 mars 1974, il y a eu une variation en
moins de 1.5 p.c. en comptant les soumissions qui avaient été
accordées sur les 162 contrats, ce qui veut dire que si on regarde
l'exercice financier, par exemple, de 1972/73, sur les 128 contrats
complétés, 54 l'ont été avec un excédent
alors que 74 l'on été avec une réduction. Au cours de
l'exercice financier 1973/74, sur les 162 contrats terminés, 53 l'ont
été avec un excédent alors que 109 ont été
complétés à un prix inférieur au montant de la
soumission.
C'est simplement là vous donner quelques statistiques qui
expliquent la façon de procéder du ministère de
l'Agriculture et dire la nette
impression qu'il y a des économies qui sont, à ce moment,
réalisées par la façon de procéder. L'alternative,
telle que donnée par la compréhension apportée par le
Vérificateur général ne nous donne pas d'autre choix,
parce qu'il n'y a pas un entrepreneur qui fera une soumission à un prix
global sans connaître tout l'état, au niveau du devis, des
quantités de roc, etc., et si on lui dit: C'est fini, ce n'est pas sur
des prix unitaires, maintenant, cela sera sur un prix global...
Nécessairement, si on veut que les travaux soient
exécutés, il y a exigence de notre part qu'au niveau des
études, non seulement des niveaux et non seulement des quantités
à apprécier et à évaluer, il nous faudra faire des
sondages pratiquement à tous les 100 pieds pour déterminer
exactement les quantités de roc qui devront être enlevées.
Cela, au niveau de l'étude du cours d'eau, représenterait des
augmentations de coût astronomiques par rapport aux économies qui
sont réalisées.
Donc, on résume en disant que pour 1972/73, cela a
coûté 2.8 p.c. plus cher et que pour 1973/74, pour 162 contrats,
cela a coûté 1.5 p.c. de moins que ce que les soumissions avaient
prévu. J'expliquais tout à l'heure, pour la moyenne des cinq
dernières années, l'impression qu'on avait que finalement, l'un
dans l'autre, la façon de procéder était juste et
équitable à ce moment-ci.
M. LAROSE: Si vous me permettez, je voudrais peut-être corriger
une impression. Nous n'avons jamais dit nulle part que nous suggérions
de recourir à la formule de soumission à prix global.
Je ne crois pas que vous retrouviez cela dans quoi que ce soit. Nous
avons dit que dans la lecture de la documentation, de la soumission et de
l'ensemble des contrats, la phrase sur la soumission pouvait
s'interpréter de cette façon et que c'était, en tout cas,
une des interprétations que nous lui avons données. Nous n'avons
pas dit autre chose que cela. Nous avons dit que c'était cela, il y
avait des dépassements de contrats qui n'étaient pas
justifiés. Si on nous dit qu'en aucun cas... Nous réalisons fort
bien qu'il est impossible d'évaluer exactement, au moment où un
devis est fait, la quantité exacte de roc qu'on va retirer d'une
rivière. Je pense que, sans être des spécialistes, nous
réalisons fort bien cette situation. Nous avons à fournir des
commentaires en fonction de la documentation qui est devant nous et c'est en
fonction de cette documentation que nous avons apporté des commentaires.
Nous avons des contrats où il y a des dépassements jusqu'à
25 p.c, qui nous paraissent assez élevés, et on se demande
à ce moment-là si, dans la préparation des devis, etc., le
ministère apporte tous les soins qu'il pourrait apporter s'il y a des
dépassements qui vont jusqu'à 25 p.c. du coût original
prévu. C'est dans cet esprit que nous avons fait les remarques. La
clause que nous avons citée dans l'offre de soumission nous semblait,
dans une certaine mesure, lier l'entrepreneur à un prix.
M. GARNEAU: Est-ce que je pourrais poser une question? Tout à
l'heure vous disiez, M. Provencher, que le contrat que signe l'entrepreneur ne
stipule pas la même chose que la soumission ou la formule qu'il doit
compléter pour présenter sa soumission. Est-ce que c'est bien
juste, est-ce que c'est bien cela?
M. PROVENCHER: C'est-à-dire que dans le contrat il n'y a pas de
quantité de spécifiée. Il y a tout simplement la
nomenclature des ouvrages avec le prix unitaire, et l'entrepreneur s'engage
à effectuer les travaux au prix unitaire. Il s'engage de la même
façon que dans sa soumission, mais sans les quantités, parce que
les quantités ne veulent rien dire à ce moment-là. Les
quantités ont servi simplement à évaluer l'ouvrage,
à faire un point de comparaison entre les deux, et le nombre de
variations qui existent dans tous les contrats nous prouve que...
M. GARNEAU: Est-ce que, M. Larose, dans votre vérification du
choix que vous avez fait au hasard, suivant la méthode que vous utilisez
pour établir le sondage, dans les dossiers qui ont été
retenus pour étude, il y avait aussi copie du contrat ou s'il y avait
seulement l'appel d'offres?
M. LAROSE: Non. Il y avait aussi la soumission.
M. LAVALLEE: Le dossier au complet.
M. GARNEAU: II y avait et le contrat et l'appel d'offres. Si je
comprends bien, vos remarques portent sur votre interprétation de
l'appel d'offres et non pas sur l'interprétation du contrat.
M. LAROSE: Oui. Nous considérons que toute la documentation forme
un dossier. Lorsqu'un entrepreneur signe son appel de soumissions, cela devient
aussi une condition qui le lie d'une certaine façon.
M. PROVENCHER: Par contre, je crois que l'interprétation, c'est
savoir ce que l'on veut dire par prix global ou prix forfaitaire. Nous disons
que ce n'est pas un prix forfaitaire; c'est un prix global qui sert tout
simplement à additionner le total des prix unitaires vis-à-vis de
chacune des quantités.
M. LESSARD: Qu'est-ce que cela veut dire quand même, pratiquement,
l'engagement que prend l'entrepreneur sur la soumission comme telle? Cela ne
veut pas dire grand-chose et si cela ne veut pas dire... Je comprends que
l'entrepreneur, s'engage, quant au prix unitaire, mais selon la formule telle
que rédigée, il
s'engage plus que cela. On va la faire lire encore. Si on veut respecter
le principe de ce que j'ai compris, il faudrait certainement modifier la
formule. Je voudrais qu'on relise la formule.
M. LAVALLEE: "Je déclare en outre avoir une parfaite connaissance
des plans, profils et devis ou conditions spéciales se rapportant aux
travaux projetés, avoir visité les lieux, avoir fait les sondages
et recueilli les renseignements nécessaires pour établir les prix
unitaires et le prix global de ma soumission."
M. LESSARD: Les prix unitaires et le prix global de la soumission.
M. PROVENCHER: Oui, mais pas un prix forfaitaire. Si on avait voulu
avoir un prix forfaitaire, il n'y aurait pas de prix unitaires, il n'y aurait
pas de quantités, il n'y aurait rien. On enverrait tout simplement une
soumission pour dire: Vous avez les plans, les devis, messieurs, faites-nous un
prix.
Et le prix qui sortirait, disons $100,000, ce serait le prix de la
soumission, mais ce n'est pas ça, ce sont 19 prix unitaires et le type
s'engage; même ce texte, il est important qu'il y ait cette
déclaration, même en fonction d'un prix unitaire. Le type a vu les
lieux, il sait s'il est devant un boisé qui est difficile, s'il est
facile, s'il y a du roc, si le roc est dur ou pas. Parce qu'avec le roc, vous
en avez un qui peut s'enlever très facilement et un autre qui est
très difficile. L'engagement qu'il prend, la connaissance des lieux, des
plans, tout ça, on tient à ce que ce soit là pous
justifier chacun des prix unitaires. Il n'y a jamais eu un prix unitaire qui
ait été changé par la suite. Le type, peut importe la
quantité de travail qu'il y a à faire, va la faire pour le prix
unitaire qu'il y a là.
M. LESSARD: Le prix global, qu'est-ce que c'est?
M. PROVENCHER: C'est l'addition du total des 19 prix unitaires, des
articles à prix unitaires.
M. ROY: Avec l'évaluation du nombre d'unités.
M. PROVENCHER: Qui est le même pour tout le monde.
M. ROY: Dans l'évaluation, vous avez la même chose avec les
contrats du ministère des Transports au niveau des contrats de voirie.
Parce qu'il arrive parfois qu'il y a du dynamitage qui n'est pas prévu,
il y a du roc et différentes choses. Dans n'importe quelle soumission,
même dans la construction d'un édifice, vous avez des plans et
devis qui sont faits et il se peut que, dans tel secteur d'une soumission,
même si la soumission est globale, il arrive des excédents.
Prenons le cas de la construction d'une école polyvalente, à
titre d'exemple, l'entrepreneur fait une soumission à un prix global
pour la construction de l'école.
M. GARNEAU: Un prix forfaitaire.
M. ROY: Un prix forfaitaire mais en tenant compte des... Pardon?
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Est-ce que vous expliquez la méthode
ou si vous avez une question?
M. ROY: Je donne un exemple pour en venir à une question.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): D'accord, votre préambule...
M. ROY: Est-ce que je vous dérange, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Non, pas du tout.
M. ROY: Parce que si je vous dérange, vous n'avez qu'à le
dire.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): C'est simplement pour vous dire que votre
préambule était long, si vous avez une question...
M. ROY: Je peux m'abstenir de ce commentaire, je pense que je suis
maître de mes propos et je n'irai pas vous demander la permission pour
savoir quoi dire et quoi faire ici en commission parlementaire. Vos propos
auraient pu être mis de côté à ce moment-ci. Je
reviens là-dessus, c'est la même chose lorsqu'il s'agit d'un
contrat pour travaux de drainage dans un cours d'eau.
M. PROVENCHER: C'est très différent. Dans une
construction, vous avez un plan qui est beaucoup plus défini et qui
porte sur pas grand-chose. Vous avez une superficie de 100 pieds carrés
dans certains cas et, même à ce niveau, vous n'êtes pas
capable, au niveau de l'excavation, de mettre un prix forfaitaire. Toute
excavation se fait à un prix unitaire parce que le type ne peut pas
prévoir. On a fait dernièrement, par exemple, un système
de pompage qui doit s'installer et ça nous a pris une plaque de
béton qui fut installée sur pieux. Il y a un bureau
d'ingénieurs-conseils qui a travaillé pendant un an sur
ça. Il a eu recours à d'autres bureaux
d'ingénieurs-conseils en technique du sol et il a fait des sondages. Il
a dit: Les pieux vont avoir 32 pieds de longueur. On pose les pieux et ils
n'arrêtent pas à 32 pieds, ils vont plus loin; il y en a un qui va
à 36 pieds, l'autre va à 47 pieds et un autre va à 40
pieds. C'est dans un espace restreint d'à peine 100 pieds carrés.
On exécute un cours d'eau sur 50,000 ou 60,000 carrés de bassin.
On ne peut
jamais prévoir, d'autant plus que les plans ne sont pas
définitifs. On travaille avec un agriculteur, il est propriétaire
du terrain. On travaille pour une corporation municipale qui a
réglementé les travaux d'ensemble. Mais le cultivateur, sur
place, n'a pas une indemnité, il n'a rien pour lui. Il faut passer chez
lui. Cela peut arriver qu'à un moment donné ce soit
préférable de tasser le cours d'eau seulement de dix pieds et
ça va régler le problème. Tout de suite, le jeu des
quantités joue. C'est pour ça que, dans chacun des contrats, il
est impossible de déterminer de façon précise.
En ne déterminant pas les quantités, si on va aux prix
forfaitaires, l'entrepreneur peut y aller, mais il dira: Ce travail, je n'ai
pas d'idée du tout, il peut y avoir pas mal de roc, il peut être
dur. Tous vos prix vont monter du double et du triple, parce qu'il va
prévoir tout le hasard qui va se présenter dans cela.
M. LESSARD: M. Larose, est-ce que la remarque que vous faites, au
paragraphe b), concernant le ministère de l'agriculture je n'ai
pas vérifié s'applique aussi à certains contrats du
ministère des Transports?
M. LAROSE: Pas de mémoire, non. Pas dans cet ordre-là.
M. LESSARD: Pas de façon aussi importante.
M. LAROSE: Pas de façon aussi importante,
c'est-à-dire...
M. LESSARD: Est-ce que les contrats du ministère des Transports
sont les mêmes que les contrats du ministère de l'Agriculture?
C'est basé sur le prix unitaire aussi.
M. LAROSE: Oui, c'est basé sur un prix unitaire.
M. LESSARD: II y a certainement des contrats qui dépassent
l'estimation...
M. LAROSE: II y en a qui dépassent...
M. GARNEAU: On le verra à la commission des engagements
financiers.
M. LAROSE: II y en a qui dépassent les...
M. LESSARD: J'ai l'impression qu'il n'y aurait pas beaucoup
d'entrepreneurs qui se risqueraient, sans connaître complètement
les plans et devis, de façon vraiment intégrale et
complète, sans au moins prévoir un coussin très
élevé, s'il s'agit de faire des travaux dans un cours d'eau, ou
on s'en irait vers la faillite des entrepreneurs.
M. GARNEAU: M. Larose, est-ce que vous suggéreriez parce
que la même remarque. vous pourriez la refaire l'an prochain et dans les
prochaines années, à moins qu'il y ait un... est-ce que ce
serait utile de modifier la phrase que M. Lavallée disait tout à
l'heure, sur l'engagement au moment de la soumission? D'après les
explications qui sont fournies par le sous-ministre et le directeur du service
hydraulique je pense que vous le reconnaissez et que les autres le
reconnaissent également s'il est impossible d'avoir des
soumissions à prix forfaitaires, est-ce que cela nécessiterait
une modification dans la phraséologie de la demande de soumission?
M. LAROSE: Oui, pour nous, cela nous paraîtrait beaucoup plus
clair si on ne faisait pas allusion à un prix global dans la phrase, si
on en restait avec le prix unitaire. Je pense que cela n'impliquerait pas de
difficulté de ce côté-là. Comme on l'a
mentionné tout à l'heure, ce qu'on a voulu surtout souligner par
cela, c'est que la formule de soumission semblait poser un genre de plafond qui
ne doit pas être dépassé. On a bien réalisé,
comme tout le monde l'a dit, qu'on ne peut pas avoir des chiffres précis
de terres à excaver, etc.
Deuxièmement, on a voulu souligner par la même occasion
que, pour un nombre assez important de contrats, il y en avait des
dépassements, au ministère de l'Agriculture, et que les
estimations qui étaient faites pourraient l'être de façon
à éviter qu'il y ait autant de dépassements que ceux qu'on
a vus. On a vu des dépassements dans une dizaine de cas sur trente.
Maintenant, les statistiques qui nous ont été fournies par
le sous-ministre, qui ne nous avaient pas été communiquées
auparavant, que nous avons entendues en même temps que vous, nous
éclairent. Si on les avait connues avant, peut-être que nous
n'aurions pas fourni exactement le même commentaire.
Lorsqu'on a rencontré les officiers du ministère et qu'on
leur a parlé de ce problème-là, cela ne nous a pas
été soumis de cette façon-là. Les statistiques ne
nous ont pas été soumises à ce moment-là.
M. GARNEAU: Est-ce qu'au niveau du ministère, M. le sous-ministre
ou M. Provencher, est-ce qu'il y a déjà eu un avis publique de
demandé sur l'interprétation de cette clause-là, est-ce
que vous en possédez? Que dit l'avis juridique?
M. LUSSIER: Par coeur, je ne saurais pas. Je ne pense pas que ce soit la
première année que vos observations à ce sujet reviennent.
Nous l'avions demandé à notre service du contentieux et le
service du contentieux partageait notre avis jusqu'à maintenant. Il le
partage. Oui, nous l'avions demandé à notre service du
contentieux.
M. GARNEAU: A ce moment, il serait peut-
être important que les avis juridiques que vous avez soient
portés à la connaissance du Vérificateur
général pour qu'il puisse s'appuyer sur une déclaration ou
un avis juridique valable en termes d'interprétation. Autrement, cela
voudrait dire qu'il faudrait changer la phraséologie de l'appel
d'offres.
M. PROVENCHER: La formule de soumissions tout comme le contrat, a
été préparée par le conseiller juridique en
spécifiant bien que le prix global n'est pas un prix forfaitaire, c'est
un prix global purement et simplement pour...
M. GARNEAU: Je comprends votre point de vue, mais je pense que, pour les
fins de vérification, ce serait mieux de l'avoir par écrit au
dossier.
M. LESSARD: M. Provencher, je demandais tout à l'heure au
Vérificateur général si cette "anomalie", parce qu'on
vient d'avoir des explications qui nous apparaissent, encore actuellement,
assez suffisantes et, comme je le disais tantôt, je comprends qu'il n'y a
pas beaucoup d'entrepreneurs qui pourraient soumissionner sans avoir un coussin
assez important, mais, je lui demandais si ce problème se soulevait avec
une ampleur, avec autant d'importance au ministère des Transports. Le
Vérificateur général me répond qu'il n'y a pas de
remarque concernant, en tout cas, le ministère des Transports, puisqu'il
semblerait que les estimations des contrats soient plus respectées au
ministère des Transports. Pourtant, le ministère des Transport a
travaillé aussi sur des sols passablement instables, sur des sols qu'il
est difficile d'analyser, etc. Est-ce que la façon dont les plans et
devis sont faits au ministère des Transports serait plus complète
que celle que vous utilisez au ministère de l'Agriculture?
M. PROVENCHER: Ce sont des travaux complètement
différents. Le ministère des Transports exécute des
travaux publics proprement dits. Quand il y a une route qui se fait quelque
part, il acquiert le terrain, en somme, il dispose du terrain, il y a des
clôtures de placées et l'entrepreneur travaille dans une chose
donnée, bien stricte, bien droite. On ne tournera pas n'importe quand.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de modification dans les choses. Dans un
cours d'eau, c'est complètement différent. On ne travaille pas en
ligne droite de même en disant qu'on s'en va et qu'on ne s'occupe de
personne. Il faut tenir compte du propriétaire. On est chez un
propriétaire, complètement, il faut suivre un peu ses
indications. On travaille pour une corporation municipale, c'est vague, ce
n'est pas défini. On ne peut pas faire un plan définitif en
disant qu'il n'y a pas d'autres choses à faire que cela. Quand on fait
des...
M. LESSARD: Le propriétaire et la municipalité doivent, au
préalable, accepter les plans et devis du ministère. Je comprends
que vous avez une clause, je pense que 66 2/3 p.c. ou 70 p.c. des
propriétaires doivent accepter. Vous pouvez même, si un
propriétaire sur trois n'accepte pas, passer outre. Mais le
propriétaire doit normalement être informé des plans et
devis du cours d'eau qu'on va creuser sur son terrain privé.
M. PROVENCHER: II est informé de cela. Il y a une ordonnance de
la corporation municipale, il y a une réglementation qui est
établie, mais la réglementation dit que le cours d'eau va partir
à telle place, va traverser tel lot et tout cela; mais, pour traverser
tel lot, quand vous avez un lot de trois arpents de large et un mille de long,
c'est vague. Il peut y avoir bien des petites modifications.
Le cours d'eau coule dans une dépression, à un moment
donné. Il ne faut pas déplacer beaucoup un cours d'eau pour
entraîner une variation énorme de quantités. C'est cela.
C'est pour cela qu'on dit qu'on travaille avec des plans et des profils,
excepté que ces plans ne peuvent pas être définitifs comme
une route ou un chemin de fer où le tracé ne peut pas
déroger, en somme.
M. GARNEAU: Est-ce qu'au niveau des appels d'offres, parce que la
question du député de Saguenay est intéressante aussi, on
retrouve le même genre de phraséologie dans les demandes de
soumissions au ministère du Transport?
M. LAROSE: Franchement...
M. GARNEAU: Peut-être qu'on ne le retrouve pas et c'est ce qui a
fait que votre préoccupation n'était pas la même. Je ne
sais pas le partage, si les appels d'offres sont formulés de la
même façon. Ils le sont sans doute pour les choses de
quantité, qui varient sur les quantités, mais je ne sais pas si
on signe un engagement de la même nature que celui que vous avez dans
votre appel d'offres. Cela, je ne le sais pas.
M. LAROSE: On peut donner certains exemples où il y a eu un
contrat qui a été donné, où il y a eu des
variations qui nous paraissent à ce moment... On croit que le
ministère aurait pu apporter plus de soin à préparer ses
devis ou d'autres choses. Sur un contrat de $547,000, $166,000 d'extra ou
d'excédent; un autre de $20,000, $30,000 d'excédent; un autre de
$83,000, $25,000 d'excédent; un autre de $97,000, $32,000
d'excédent. Ce qui a été donné comme ensemble par
M. Lussier tout à l'heure, évidemment, sur un résultat
d'ensemble, la statistique semble bonne et semble compenser dans une autre
direction ce que donnent ces quelques exemples qu'on a rencontrés au
cours de nos sondages. Ce que nous avons voulu souligner, par notre remarque
à ce moment, est une chose principale. Est-ce que le ministère ne
pourrait pas prendre des mesures
nécessaires pour éviter qu'il y ait des marges ou des
écarts aussi forts que ceux-là, dans des contrats? Vous me
demandez quelle soumission. Ce sont des contrats sur lesquels on a
travaillé durant l'année 1972/73 et qui ont probablement pris fin
durant l'année 1972/73, qui ont pu commencer dans les années
antérieures, mais qui ont pris fin en 1972/73.
M. ROY: Maintenant, est-ce que ces plans...
M. PROVENCHER: Le même taux, si vous voulez, d'augmentation dont
vous parlez, c'est une augmentation de plus de 25 p.c, mais vous avez le
même taux de réduction qui va jusqu'à 50 p.c. parfois dans
les cours d'eau. C'est en moins, personne n'en entend parler.
M. LAROSE: Je me demande si on ne pourrait pas se poser la même
question, même si la variation est en moins.
M. PROVENCHER: II y a toutes sortes de raisons qui interviennent. On
pourrait avoir prévu un redressement quelque part. Le cultivateur ne
veut pas l'avoir. Il tient absolument à ce que le cours d'eau reste
à la même place. Il n'y a presque pas de quantité à
sortir à ce moment. Qu'est-ce que vous voulez? Le taux est
réduit.
M. ROY: Oui, mais je pense que, dans un cas comme dans l'autre, cela
mérite quand même qu'on y porte une attention spéciale. Si
les soumissions qui sont accordées sont de l'ordre de $50,000 et que les
travaux coûtent $25,000, une question qu'on peut se poser à ce
moment est celle-ci: Quels sont ceux qui ont fait les plans et devis? Est-ce
que ce sont des ingénieurs du ministère qui font toujours les
plans et devis là-dedans ou est-ce que vous avez des ingénieurs
de la pratique privée?
M. PROVENCHER: Les deux. M. ROY: En quelle proportion?
M. PROVENCHER: Dans ces projets, mettez cela à 80 p.c, même
à 90 p.c. par les ingénieurs du ministère. A l'heure
actuelle, on en a qui sont faits par des bureaux d'ingénieurs-conseils
et c'est exactement la même chose. Les variations jouent aussi. C'est la
nature des travaux qui le veut et le milieu où ils se font. Qu'est-ce
que vous voulez?
M. ROY: Est-ce que vous faites refaire les plans et devis par des
ingénieurs de la pratique privée après les avoir fait
faire par les ingénieurs du ministère ou vice versa pour faire
faire les vérifications?
M. PROVENCHER: Jamais.
M. ROY: Jamais. Vous ne l'avez jamais fait.
J'aimerais savoir, puisqu'on en a parlé beaucoup... Ce qui compte
surtout, ce sont les unités. Quels sont les moyens de contrôle au
niveau des unités? C'est le nombre d'unités qui fait que le
contrat est défoncé ou qu'il y a un remboursement.
M. PROVENCHER: Au moment de l'exécution des travaux, quand tout
le monde s'entend sur le site exact du cours d'eau sur une ferme donnée,
il y a des mesures qui sont prises le piquet de centre est placé
de chaque côté pour savoir le profil du terrain à
cet endroit; après que les travaux sont faits, il y a des cotes qui sont
données pour avoir la profondeur, les largeurs et le reste, et
après, on prend de nouvelles mesures pour bien déterminer le
cubage du matériel qui est sorti. Dans le cas du déboisement, on
mesure, à partir des piquets de centre, les largeurs qui sont
déboisées.
M. ROY: Dans ces vérifications, c'est toujours les officiers du
ministère qui les font ou si ce sont les ingénieurs?
M. PROVENCHER: Oui.
M. ROY: Est-ce que vous avez l'habitude de confier la surveillance de
l'exécution des travaux à ceux qui ont fait les plans et devis
comme cela se fait ailleurs dans d'autres domaines? Supposons que vous confiez
les plans et devis pour un cours d'eau et ses branches, à une firme
d'ingénieurs de la pratique privée et vous confiez le contrat,
selon les formules établies, celles dont on a discuté cet
après-midi. Qui va surveiller l'exécution du contrat, qui va
vérifier les quantités?
M. PROVENCHER: Le ministère.
M. ROY: C'est toujours le ministère qui vérifie les
quantités.
M. PROVENCHER: A l'exception d'un ouvrage spécial, une usine de
pompage. C'est le seul cas. On tient à ce que le bureau
d'ingénieurs-conseils prenne ses responsabilités au complet.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. GIASSON: M. Provencher, avez-vous l'impression qu'au ministère
les ingénieurs font véritablement les sondages nécessaires
pour établir les quantités de différents matériels
qui peuvent sortir de ces cours d'eau? Je vous pose la question parce que j'ai
vécu un exemple dans mon comté à Saint-Roch-des-Aulnaies.
Il y avait un petit cours d'eau où, d'après les
prévisions, la matière qu'on devait en retirer devait être
de la terre ordinaire. Quand l'entrepreneur a com-
mencé le cours d'eau, effectivement, il sortait de la terre.
Après avoir creusé un certain bout de son cours d'eau, il a
frappé ce qu'on appelle du tuf et cela a duré presque
jusqu'à la fin du cours d'eau.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Je ne voudrais pas être
désagréable à l'égard du député de
Montmagny-L'Islet, mais le sous-ministre, tantôt, dans des explications
globales, a répondu à la question.
M. GIASSON: Je comprends qu'il a répondu, mais c'est un cas
patent sur lequel je me suis rendu pour aller voir les différences...
Cela a pris un montant additionnel supérieur au montant
prévu.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): La réponse a été
donnée tantôt.
M. GIASSON: II me paraît que si un sondage assez valable avait
été fait, on aurait découvert que cela n'était pas
seulement de la terre ordinaire. Tout le long du cours d'eau, on aurait
découvert qu'il y avait du tuf ou du roc.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): II est maintenant six heures.
M. LESSARD: Est-ce qu'on peut considérer...
M. GARNEAU: Peut-être pourrions-nous laisser le temps à M.
Provencher de répondre à la question du député de
Montmagny-L'Islet et ajourner par la suite.
M. PROVENCHER: On s'est aperçu qu'au niveau du cours d'eau, dans
les opérations normales, il y a un besoin de drainage dans le coin et
que le matériel à extraire, dans le fond, soit de la terre ou du
roc, il fallait qu'il soit extrait parce qu'on creuse notre cours d'eau au
minimum requis pour les fins du drainage.
M. GIASSON: Je suis d'accord.
M. GARNEAU: Même si on mesurait à l'avance plusieurs
fois... Pourquoi dépenserait-on de l'argent à mesurer pour
exécuter un creusage minimum? Tout l'argent qu'on dépensera
à sonder est inutile. On va creuser quand même le cours d'eau, de
la même façon, exactement. Peut-être qu'on va savoir un peu
mieux... Mais j'ai vu des cas de sondages, entre autres, où on a
prévu sur un cours d'eau 5,000 verges de roc et où on n'en a pas
payé une verge, tout simplement parce que c'était de la roche
libre ou d'un diamètre inférieur à une verge. Cela a
passé dans l'excavation de terre ordinaire. Mais quand on a fait nos
sondages, vous pouvez être sûrs qu'on a frappé du solide
partout, sur une bonne longueur. On s'est trompé complètement
dans les chiffres, dans nos prévisions. S'il fallait déterrer
tout cela et trouver un échantillonnage partout, ce serait de la
dépense pour rien.
M. ROY: J'aurais seulement une demande, suite aux questions que j'ai
posées relativement au projet dont j'ai parlé tout à
l'heure, puisque nous sommes en train de faire une vérification.
J'aurais deux questions et j'aimerais que M. Provencher en prenne note pour
que, lors de la prochaine séance, il puisse nous répondre.
Je veux savoir si le contrat dont j'ai fait mention est terminé
à l'heure actuelle et, si oui, si on peut déposer le bordereau
final des quantités. M. le Président, nous aurions d'autres
questions à poser à M. Provencher. Je pense que cela va
être utile et nécessaire de demander à M. Provencher de
revenir devant la commission parlementaire...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): ... pour se rendre aux désirs du
député de Beauce, la commission ajourne ses travaux sine die.
M. GARNEAU: Je ne suis pas certain qu'on puisse dire que la prochaine
séance portera sur la continuation des travaux du ministère de
l'Agriculture. Il y a le comité de gestion des travaux de cette
commission qui doit se réunir à nouveau pour déterminer la
programmation. S'il y a consentement ou si c'est l'avis de tout le monde qu'on
poursuive, dès la prochaine séance, avec l'agriculture, on pourra
entendre M. Provencher et également répondre aux questions
concernant l'assurance-récolte. Je préférerais, avant de
déterminer cette chose, que le comité qui a été
créé par cette commission puisse statuer sur les travaux à
venir et, comme le député de Beauce-Sud en fait partie, il pourra
donner son point de vue.
M. ROY: M. le Président, pour éviter peut-être une
séance du sous-comité, étant donné que nous allons
être en pleine session de l'Assemblée nationale, il y aurait
peut-être lieu de consulter le chef de l'Opposition officielle pour
savoir s'il préfère qu'il y ait des changements.
En ce qui me concerne, ce n'est pas nécessaire de continuer selon
l'ordre établi et tel qu'il a été décidé
à la dernière réunion.
M. GARNEAU: Vous seriez prêts à continuer avec
l'agriculture.
Je vais vérifier avec les autres membres du comité et, si
tout le monde était unanime, l'avis de convocation le prévoira,
ou encore l'ordre de la Chambre puisqu'on sera à l'Assemblée
nationale au moment de la prochaine rencontre.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 18 h 3)