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Commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu
Etude du rapport du Vérificateur
général
Séance du mardi 19 novembre 1974
(Dix heures quarante-trois minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
Avant de commencer la séance, je voudrais vous mentionner les
changements parmi les membres de cette commission. M. Bacon
(Trois-Rivières) fait partie de la commission; M. Bédard
(Chicoutimi) est remplacé par M. Lessard (Saguenay). Vous êtes
d'accord? M. Belle-mare (Johnson), M. Boutin (Abitibi-Ouest), M. Déom
(Laporte) est remplacé par M. Faucher (Nicolet-Yamaska), M. Garneau
(Jean-Talon), M. Harvey (Jonquière) est remplacé par M.
Massicotte (Lotbinière), M. Levesque (Bonaventure) est remplacé
par M. Lachance (Mille-Iles), M. Malépart (Sainte-Marie), M. Marchand
(Laurier) est remplacé par M. Toupin (Champlain), M. Mercier
(Bellechasse) fait partie de la commission, M. Morin (Sauvé), M. Parent
(Hull) et M. Roy (Beauce-Sud).
Lors de la dernière séance, il était question du
ministère de l'Agriculture. Nous étions rendus à l'article
de l'assurance-récolte.
Calendrier de travail
M. LESSARD: M. le Président, je ne sais pas si, avant de
commencer la discussion concernant la Régie de
l'assurance-récolte, le ministre pourrait nous préciser le plan,
après l'Agriculture. Est-ce que c'est d'abord Terres et Forêts ou
Richesses naturelles qu'on va aborder?
M. GARNEAU: M. le Président, si nous pouvons conclure
l'étude du ministère de l'Agriculture ce matin, je
suggérerais qu'en deuxième lieu, pour la fin de la
matinée, nous étudiions le Conseil du trésor, qui a
seulement une page dans le rapport du vérificateur, parce que je n'ai
pas voulu demander aux gens d'un autre ministère de faire le pied de
grue au cas où cela ne fonctionnerait pas. De toute façon, cet
après-midi à 16 heures, après la période des
questions, si, comme je le crois, la commission est appelée à
siéger de nouveau, nous entreprendrions l'étude des commentaires
du vérificateur concernant le ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche. Je croyais pouvoir commencer par Terres et Forêts,
mais non seulement le ministre et le sous-ministre sont à une
conférence des ministres des Terres et Forêts à Victoria,
mais également le président de la REXFOR est absent, on m'en a
informé ce matin. De telle sorte que, pour le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, les officiers seraient disponibles
cet après-midi à 16 heures, et, ce soir, les officiers du
ministère des Richesses naturelles, si nous avions
complété l'étude du ministère du Tourisme. Donc, ce
matin, après avoir complété l'Agriculture et le Conseil du
trésor, je suggérerais la suspension des travaux, à
l'heure qu'il sera. Après, nous entreprendrions le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, et Richesses naturelles. Là
encore, si nous avions complété avant 23 heures ce soir ces deux
ministères, je suggérerais l'ajournement puisque les gens des
Terres et Forêts ne seront pas là. Par la suite, à la
séance subséquente, je crois que ce sera jeudi que nous serons
appelés à siéger à nouveau, selon la
décision du leader parlementaire, mais je crois qu'on sera appelé
à siéger jeudi, à ce moment, on pourra entreprendre les
Terres et Forêts.
Avant, probablement que je m'arrangerais pour faire une réunion,
soit dans la journée de mercredi, du "steering committee", le
comité qui a été formé à cette commission
pour déterminer quels seraient les ministères qui pourraient
être appelés après que l'étude des commentaires du
Vérificateur général concernant les Terres et Forêts
aura été complétée.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que les membres sont d'accord sur
proposition du ministre?
Régie de l'assurance-récolte
(suite)
M. LESSARD: Quant à nous, M. le Président, il n'y a pas de
problème sur le programme envisagé. Nous sommes prêts
à poursuivre. Concernant l'Agriculture, je pense que le ministre est
présent ce matin, nous nous étions, la dernière fois,
interrogés particulièrement sur une recommandation d'une
résolution du Vérificateur général concernant la
Régie de l'assurance-récolte, à savoir la
régularité des opérations. En effet, dans le rapport du
vérificateur, on précise que la réglementation concernant
l'assurance-récolte des cultures spéciales n'a pas encore
été approuvée par le lieutenant-gouverneur en conseil, tel
que requis par la loi, ce qui permet de douter de la légalité des
règlements qu'on aurait, semble-t-il, adoptés. Je pense que
même le ministre des Finances avait été très surpris
de constater cette résolution. Je pense que le ministre pourrait nous
donner certaines explications ce matin et nous dire s'il a l'intention de
présenter une loi à l'Assemblée nationale pour que ces
règlements soient légalisés.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le ministre de l'Agriculture.
M. TOUPIN: M. le Président, je pense que le président de
la Régie de l'assurance-récolte a déjà donné
un certain nombre d'explications sur la situation qui prévaut
présentement aux termes des règlements qui devaient être
adoptés avant de mettre en vigueur les programmes
d'assurance-récolte pour les cultures spéciales.
Si on prend les programmes d'assurance-récolte pour les grandes
cultures au fond, je pense qu'il y en a seulement un il y a eu,
effectivement, une réglementation qui a été
adoptée, mais l'année qui a suivi l'application du programme. Au
fond, le programme est entré en vigueur en 1967, si ma mémoire
est bonne, et les règlements ont été approuvés en
1968. Pourquoi cela s'est-il produit ainsi? D'abord, lorsque la loi a
été adoptée, il était urgent que nous mettions en
place, à ce moment, un programme d'assurance pour les grandes
cultures.
Il avait été prévu qu'il y aurait à peu
près une dizaine de mille assurés et, effectivement, il y en a eu
19,000.
Donc, cela a créé, au niveau de la régie, un
problème administratif assez vaste et assez complexe en même
temps, parce que, ni au Québec et ni dans les autres provinces du pays,
nous n'avions véritablement d'expérience administrative d'un tel
type d'assurance. Alors, ne voulant pas priver les agriculteurs du service
d'assurance, la régie, avait convenu, à ce moment, de mettre son
programme en vigueur et de préparer ses règlements en même
temps que le programme serait mis en vigueur, c'est-à-dire toujours les
règlements pour la grande culture et, effectivement, les
règlements pour la grande culture ont été adoptés,
comme je le disais tantôt, une année plus tard, soit le 8 mars
1969.
Mais, par la suite, évidemment, les pressions des agriculteurs,
les pressions venant de différents milieux, reliés à
l'agriculture directement ou indirectement, insistaient pour que des programmes
soient appliqués aux cultures spéciales.
Effectivement, il y a eu plusieurs programmes de cultures
spéciales, qui ont été préparés par la
régie et qui ont été mis en vigueur et aucune
réglementation n'a été préparée pour
réglementer l'application ou l'administration, grosso modo, de ces
programmes.
Au fond, une réglementation est simplement la
détermination d'un certain nombre de normes pour l'application d'une
programmation donnée dans le domaine de l'assurance ou d'autres
domaines.
Donc, il n'y eut jamais, au fond, de règlement
préparé par la régie, concernant ces programmes
spéciaux.
Personnellement, j'ai été mis au courant, la
première fois en 1972/73 à la suite du rapport du
vérificateur général. Après en avoir pris
connaissance, j'ai demandé à la régie de regarder, dans le
cadre du rapport fait, quels étaient les principaux correctifs qu'il
faudrait apporter et nous en sommes venus à la conclusion que plusieurs
correctifs devaient être apportés au niveau de l'administration,
au niveau des programmes, etc., et nous avons convenu de mettre un
comité en place. Le comité a eu pour mandat... Je peux vous lire
la lettre du mandat, je pense, datée du 28 février 1973.
Je dis ceci: Après cinq ans d'existence de la Régie de
l'assurance-récolte, j'ai pensé qu'il serait opportun de faire
une analyse du chemin parcouru depuis l'avènement de la régie et
de faire l'évaluation des programmes existant depuis le début
afin de voir s'ils répondent exactement aux besoins des agriculteurs et
de voir également s'il n'y aurait pas avantage à amender la loi
de façon à mieux servir ces clients.
A cette fin, je vous invite à faire partie d'un comité
je m'adresse à un membre qui aura comme mandat
général de faire une évaluation des programmes existants,
de suggérer les amendements jugés nécessaires à la
Loi de la régie de l'assurance-récolte et de faire une
étude des programmes à venir. Il est bien entendu que les membres
de ce comité pourront, s'ils le jugent à propos, préciser
davantage ce mandat et même lui donner une plus grande envergure si
nécessaire. Comme j'attache beaucoup d'importance à cette
étude, j'espère qu'il vous sera possible d'accorder suffisamment
de votre temps pour que le rapport me parvienne d'ici deux mois. J'ai
demandé à M. Lucien Bissonnette, sous-ministre adjoint au
ministère de l'Agriculture, de présider ce comité et
celui-ci vous avisera de la date de la première réunion. Veuillez
agréer, monsieur, l'expression de mes sentiments les meilleurs.
Donc, le but de ce comité d'étude était
précisément de voir l'ensemble de la Loi de
l'assurance-récolte, l'ensemble des programmes de
l'assurance-récolte et d'apporter à la loi et au programme si
nécessaire, les amendements requis pour que nous puissions agir avec
plus d'efficacité. Donc, implicitement, était convenue dans ce
comité, l'étude des amendements nécessaires pour que des
réglementations puissent être préparées pour les
programmes spéciaux. S'il n'y avait jamais eu de réglementation
préparée, c'était attribuable j'ai lu une bonne
partie des procès-verbaux de la Régie de
l'assurance-récolte surtout à des difficultés
techniques. La loi n'était pas suffisamment explicite pour permettre
à la régie de préparer des règlements concernant
les cultures spéciales. A l'exception bien sûr des plaintes
régulières un gars a été mal
indemnisé en termes d'assurance, etc., évidemment tous en ont, je
pense, des demandes de cette nature je n'ai eu, de la part des
agriculteurs, aucune plainte indiquant qu'ils avaient été,
vis-à-vis de l'assurance-récolte, privés de leurs droits,
ou qu'ils avaient été privés des indemnités
auxquelles ils avaient droit, etc.
Alors, même si ces programmes de culture spéciale n'avaient
pas été "gazettes", c'est-à-dire
réglementés, aux termes de la loi, il n'apparaît pas que
des agriculteurs aient été pénalisés pour autant.
Il n'apparaît pas non plus que la régie ait profité de
cette situation pour pénaliser quelque producteur que ce soit. C'est
évident que la régie était alors dans
l'illégalité, pour les
cultures spéciales. Pour les grandes cultures, elle le fut pour
une année. Le premier programme qui a été appliqué,
la première année, elle fut dans l'illégalité, et
l'année suivante, une réglementation avait été
apportée. D'ailleurs, concernant les grandes cultures, un avis juridique
avait été donné à la régie et la
régie, évidemment, a tenu compte de l'avis juridique qui lui
avait été donné par Me Ducharme; cet avis est très
clair. La Régie de l'assurance-récolte peut-elle dispenser
l'assurance des grandes cultures sans règlement? Le conseiller juridique
dit: Je réponds non, et il donne les raisons. Une réglementation
a été préparée et adoptée l'année
suivante.
A ce moment-là, la régie avait l'alternative suivante,
attendre une année pour appliquer son premier programme et
préparer ses règlements ou mettre le programme
immédiatement en place et préparer en même temps les
règlements, de telle sorte que la programmation est venue une
année après l'application du programme. De telle sorte qu'il est
possible de penser, non seulement de penser, qu'il est juste de dire que, la
première année, le programme des grandes cultures, en 1967-1968,
a été appliqué sans réglementation de la part de la
Régie de l'assurance-récolte. Les règlements sont venus
seulement une année après. Cela s'est produit exactement de la
même façon vis-à-vis des cultures spéciales mais il
n'y eut pas de réglementation préparée à cause d'un
certain nombre de difficultés techniques.
Néanmoins, chacun des programmes a été, si ma
mémoire est bonne, mis dans la Gazette officielle, et chaque producteur
a reçu la programmation préparée par la régie; donc
chaque producteur savait à quoi s'en tenir concernant sa
réglementation, et la régie a toujours respecté sa
réglementation interne vis-à-vis de chacun de ses assurés.
C'est-à-dire qu'elle n'a pas changé d'idée après
qu'elle eut annoncé que tel programme serait appliqué de telle
façon et qu'elle a appliqué ses programmes de la manière
qu'elle avait déterminé qu'ils s'appliqueraient dans le cadre de
ces réunions qu'elle a tenues et des résolutions qu'elle a
passées.
Présentement, il y a un projet de loi devant l'Assemblée
nationale en première lecture, il a été
déposé en mai, je pense. Ce projet de loi apporte des amendements
qui vont maintenant enlever des difficultés techniques
qu'éprouvait la régie et qui vont permettre, en même temps,
d'amender un certain nombre de dispositions de la loi qui rendaient difficile
l'application de certains programmes.
Dans les grandes cultures, les agriculteurs se plaignaient souvent
qu'ils ne pouvaient pas assurer leurs pâturages à part; il fallait
assurer le foin, les céréales et le pâturage en même
temps. Les amendements qu'on propose dans la loi font une distinction nette, de
telle sorte qu'un producteur aura le choix maintenant, une fois la loi
adoptée, de prendre tel programme et de laisser tel autre de
côté. On ne l'obligera plus à intégrer l'ensemble de
ses cultures, au niveau des grandes cultures, dans un programme
d'assurance.
La loi prévoit aussi un nouveau programme ce qu'on appelle
un programme collectif je l'ai déposé en mai,
précisément pour donner aux agriculteurs l'occasion de le
discuter. On l'a discuté dans des congrès régionaux et on
le discute maintenant au congrès général. On verra la
réaction des agriculteurs vis-à-vis de cette deuxième
partie de la loi, mais le but du comité était de préparer
des amendements pour corriger ces ensembles de situations. La loi est
déposée en première lecture et des correctifs doivent
être apportés pour les programmes qui devront s'appliquer en
1975.
Donc, la situation devrait se régulariser en 1975.
M. LESSARD: Je comprends, M. le Président, que le ministre nous
fasse part, comme cela a été le cas pour le président de
la régie, du fait que les agriculteurs n'aient pas été
pénalisés concernant l'application de ce programme.
Il reste cependant que le ministre conviendra qu'il y a eu non
seulement en ce qui concerne les cultures spécialisées
pendant un an, en ce qui concerne les grandes cultures,
illégalité dans l'application de la loi. Je pense qu'il y a un
principe qui peut permettre certains abus. Quand on soumet une loi à
l'Assemblée nationale et qu'on précise dans cette loi que les
règlements devront être adoptés et soumis au
lieutenant-gouverneur, il y a, je pense, une illégalité qui peut
prêter à des abus.
Mais il y a plus que cela. Le ministre nous dit qu'il en a
été informé seulement en 1973. Mais en ce qui concerne les
cultures spécialisées, nous sommes encore dans
l'illégalité. Est-ce que le ministre a demandé un avis
juridique à son service du contentieux pour savoir ce qui arriverait si,
par exemple, un agriculteur ou un citoyen québécois je
comprends qu'on va régulariser la situation prochainement
décidait de contester l'application de cette réglementation
illégale à la fois au niveau de l'assurance des grandes cultures,
même si cela a été régularisé mais il
a été une année où cela a fonctionné de
façon illégale et concernant aussi les cultures
spécialisées?
M. TOUPIN: II arriverait deux choses. Il faut bien être
réaliste. Le premier programme a été appliqué une
année, en 1967/68, dans l'illégalité et les programmes
d'assurance spéciale, de production spéciale le sont depuis
qu'ils ont été appliqués, soit en 1968, 1969, 1970 et
1971. Il arriverait donc deux choses. Quant à la première, on
rembourserait à chacun des agriculteurs la prime qu'il a versée
et, quant à la seconde, on demanderait aux agriculteurs de rembourser
à la régie les indemnités qui leur ont été
versées.
Evidemment, est-ce pensable que nous puissions agir dans cette
perspective? C'est une question qu'il faudra examiner plus en profon-
deur, mais les avis que j'ai eus sur cet aspect nous amènent
à cette conclusion. Cela parait bien logique. Si la chose a
été illégale, il faut la défaire de la même
façon que nous l'avons faite. Nous l'avons faite en demandant aux
agriculteurs de payer des primes et en leur disant que, à même ces
primes, nous leur verserions des indemnités s'il y avait pertes.
Effectivement, il y eut des primes versées et, également,
des indemnités versées. Par conséquent, si cela allait
jusqu'au point où vous le dites, c'est évident que c'est de cette
façon qu'il faudrait procéder.
Remarquez bien que, personnellement il y a, en termes juridiques,
matière à contestation, c'est l'évidence même
en termes pratiques, je ne vois pas ce que cela pourrait donner et où
cela pourrait nous amener que d'agir de cette façon. Cela deviendrait
quelque chose d'inextricable en termes de règlements de ce
problème, c'est bien évident.
Comme je vous le disais tantôt, en 1973, le rapport du
Vérificateur général m'a renseigné. J'ai lu les
procès-verbaux de la régie.
M. LESSARD: Oui, mais depuis quand? Le ministre dit qu'il a
été informé en 1973.
M. TOUPIN: Justement, j'allais aborder ce point.
M. LESSARD: Oui, mais, avant que vous ne l'abordiez, est-ce que le
ministre pourrait me dire en quelle année on a décidé de
faire les règlements concernant les cultures spécialisées?
Est-ce que le ministre, à ce moment, était titulaire de
l'Agriculture?
M. TOUPIN: Non, je vous l'ai dit tantôt. C'est en 1967 que la loi
a été adoptée, si ma mémoire est fidèle.
M. LESSARD: En 1967.
M. TOUPIN: En 1967 et le premier programme s'est appliqué...
M. LESSARD: De grandes cultures.
M. TOUPIN: De grandes cultures,... en 1968; et la réglementation
a été adoptée le 8 mars 1969. C'est donc dire...
M. LESSARD: Les grandes cultures.
M. TOUPIN: ... que je n'étais pas présent, à ce
moment.
M. LESSARD: Mais les cultures spécialisées.
M. TOUPIN: II y a eu des cultures spécialisées dont les
programmes ont été appliqués en 1968, si ma mémoire
est fidèle, ainsi qu'en 1969, 1970 et 1971. Il y a eu des programmes de
cultures spéciales appliqués. Ils variaient selon les cultures.
On a commencé avec les cultures où on avait le plus de
données de base.
M. LESSARD: Quand on a eu...
M. TOUPIN: C'est un problème assez sérieux, lorsqu'il
s'agit d'appliquer une programmation, d'avoir à notre disposition un
minimum de données nous permettant d'appliquer la programmation.
M. LESSARD: Quand vous avez appliqué, du temps de votre mandat,
l'assurance concernant une culture spécialisée, à ce
moment le ministre n'a-t-il pas été informé ou ne s'est-il
pas interrogé? N'y-a-t-il eu aucune information selon laquelle
l'application d'un tel programme était illégale?
M. TOUPIN: Je ne veux faire porter le blâme sur personne. Je reste
convaincu que tout cela s'est fait de bonne foi.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord que cela s'est fait de bonne foi.
M. TOUPIN: Vous voulez que je réponde, oui?
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: Alors tout cela s'est fait de bonne foi. Donc, je vais
continuer.
M. LESSARD: II y a des choses qui se font de bonne foi dans ce
gouvernement...
M. TOUPIN: Oui, il y en a aussi d'autres. On s'en reparlera tantôt
des choses...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Laissez le ministre exposer...
M. TOUPIN: Je reste convaincu que tout cela s'est fait de bonne foi.
J'ai discuté, j'ai lu les procès-verbaux, une bonne partie des
procès-verbaux de la régie depuis son existence. J'ai
discuté avec des régisseurs qui étaient là à
ce moment et qui le sont encore aujourd'hui. Personne parmi eux ne m'a dit
qu'il y avait, dans ces gestes posés par la régie, l'idée
nettement arrêtée de ne pas passer de règlement.
L'idée était la suivante: Etant donné les
difficultés techniques, étant donné les pressions faites
par les groupes de producteurs, étant donné l'objectif pour la
loi de couvrir, le plus possible, le plus grand nombre de programmes
d'assurance, ils ont décidé de procéder par
règlement interne, c'est-à-dire par décision de la
régie et de mettre des programmes en place.
M. LESSARD: Cela a été une décision des
administrateurs de la Régie de l'assurance-récolte?
M. TOUPIN: C'est sûr, c'est la régie qui décide si
un programme s'appliquera ou ne s'appliquera pas.
M. LESSARD: Oui, mais étant donné qu'il y avait
illégalité, cela n'avait pas été soumis au
ministre?
M. TOUPIN: Dans l'ensemble des procès-verbaux de la Régie
de l'assurance-récolte, que j'ai lus, j'ai trouvé à un
seul endroit, et c'est en 1967 ou 1968 il faudrait que je les relise
où il a été question de réglementation. Je
pense que c'est à la suite de cela qu'un avis juridique a
été donné par Me Ducharme qui a dit, effectivement, qu'il
n'était pas possible, en termes juridiques, d'appliquer le programme des
grandes cultures, sans qu'il y ait réglementation. Effectivement,
l'année suivante, il y eut une réglementation de
préparée. Je n'ai pas vu par la suite, dans les
procès-verbaux à quelque endroit que ce soit, une décision
de la régie pour informer le ministre responsable de la situation dans
laquelle elle se trouvait. Sans aucun doute qu'ils en ont discuté entre
eux, puisque chaque fois qu'un programme nouveau s'appliquait dans les cultures
spéciales et que les mêmes difficultés techniques se
présentaient en termes de réglementation, il a été
question de cette réglementation, de temps à autre. Mais on ne
l'a pas porté, à ma connaissance, de façon officielle.
Personnellement, voyant les programmes s'appliquer, je n'ai pas senti le
besoin de fouiller dans l'application de ces programmes en termes juridiques.
J'ai senti le besoin de fouiller dans l'application des programmes en termes
d'efficacité, en termes de services à rendre aux producteurs, en
termes d'un plus grand nombre de cultures à couvrir, et en termes
d'amendements des règlements. C'est seulement en 1973, à la suite
de la lecture du rapport du Vérificateur général que j'ai
constaté la situation et que j'ai demandé qu'on crée un
comité et qu'on révise la loi, non seulement pour ces aspects
vous avez lu le mandat tantôt, le mandat est général
mais dans tout son ensemble. Alors, c'est ainsi, tout compte fait, que
cela s'est déroulé.
M. LESSARD: Mais le ministre n'est-il pas un peu inquiet ce matin,
devant la constatation qu'une régie gouvernementale même si
cela s'est fait de bonne foi, même si cela s'est fait probablement
à l'avantage des agriculteurs agisse aussi longtemps dans
l'illégalité et prenne les décisions d'appliquer un
programme ou d'appliquer des programmes à l'encontre d'une loi qui a
été édictée par l'Assemblée nationale,
votée par l'Assemblée nationale, discutée par les
députés?
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: Est-ce qu'il n'y a pas une certaine inquiétude?
M. TOUPIN: M. le Président, je pense que je l'ai dit
tantôt. Oui, j'ai dit tantôt que si, toutefois, il y avait
contestation à cause de l'illégalité, vous voyez dans
quelle situation cela nous mettrait. Alors, je n'ai pas besoin de vous dire
que, de mon côté, j'ai certaines appréhensions et certaines
inquiétudes. C'est évident. Cela va de soi. Mais...
M. LESSARD: Mais on me disait... M. TOUPIN: ... vous ne voulez
pas...
M. LESSARD: ... qu'il y avait un avocat à la régie qui ne
dormait pas depuis trois ans. Cet avocat n'a pas du tout communiqué avec
vous?
M. TOUPIN: Je vous ai dit tantôt...
M. LESSARD: II avait des insomnies depuis trois ans devant cette
situation.
M. GARNEAU: ... dormir un peu.
M. TOUPIN: Alors, je vous ai dit tantôt qu'après avoir relu
les procès-verbaux de la régie, je n'ai vu nulle part une
décision de la régie demandant au conseiller juridique ou
à son secrétaire d'informer le ministre responsable de la
situation actuelle.
Il faut tout dire dans cette question: II y a illégalité,
mais il y a aussi, de la part de la régie, des décisions
administratives qui ont été prises qui étaient des
décisions logiques et des décisions responsables. Par exemple,
chaque fois qu'un nouveau programme était mis en vigueur, chaque
producteur recevait le programme et chaque producteur savait, par
conséquent, à quoi s'en tenir, et la régie, elle, a
toujours respecté cette programmation pour chacun des plans qu'elle a
offerts aux producteurs, c'est-à-dire qu'elle n'a pas, à ma
connaissance, induit les producteurs en erreur, sous aucune forme. Elle a
toujours respecté les engagements qu'elle a pris envers eux dans ses
contrats qu'elle avait avec eux. Elle a toujours payé les
indemnités dans le cadre de son programme, elle ne leur a jamais
demandé de payer une prime plus élevée que celle
prévue dans le programme, et elle n'a jamais amendé son programme
en cours de route une fois le contrat intervenu entre la régie et le
producteur. Alors, il y a donc là un aspect positif qui dénote
que la régie, bien sûr, dans ses décisions internes, a
respecté ses engagements envers les producteurs. Cela ne corrige pas
l'illégalité dans laquelle se trouvait la régie dans
l'application de ses programmes spéciaux. Cela ne corrige pas cette
situation, mais cela dénote qu'il y a eu, de la part de la régie,
au moins ce sens réel et positif des responsabilités
vis-à-vis de ses assurés.
M. LESSARD: Mais le ministre conviendra qu'il y a quand même
beaucoup d'assurés actuellement ou un certain nombre
d'assurés
que j'ai eu d'ailleurs l'occasion de rencontrer qui ne sont pas
satisfaits des indemnités qui ont été versées par
la régie.
M. TOUPIN: C'est vrai.
M. LESSARD: Or, justement, c'est que les assurés n'étaient
pas informés ou n'étaient pas au courant que la régie
agissait dans l'illégalité. Je ne voudrais pas pousser trop le
débat, parce qu'il ne faudrait quand même pas faire trop de
publicité, peut-être. Mais est-ce qu'un assuré, qui n'est
pas satisfait, ne pourrait pas prendre des mesures pour contester toute cette
question? Là, on arrive dans un beau "chiard".
M. TOUPIN: Je vous ai dit tantôt qu'un assuré peut le
faire, mais ce n'est pas la réglementation ce que le
député de Saguenay devrait aussi comprendre; je suis convaincu
qu'il le sait...
M. LESSARD: Je comprends, mais...
M. TOUPIN: Ce que je veux dire, c'est que la régie
mentation...
M. LESSARD: ... le fait qu'une régie gouvernementale accepte et
je parle...
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: ... c'est que, même les responsables, les
administrateurs de la régie pourraient être attaqués
personnellement dans une décision comme celle-là.
M. TOUPIN: C'est évident.
M. LESSARD: Qu'une régie gouvernementale accepte, sans
l'autorisation du ministre, sans en parler au ministre, de fonctionner dans
l'illégalité et d'appliquer des programmes sans qu'une
réglementation n'ait d'abord été au préalable,
soumise au lieutenant-gouverneur.
Je comprends bien que cela a été fait de bonne foi. Je
comprends bien, comme M. Samson nous l'a dit, que cela a probablement
été à l'avantage des agriculteurs, mais cela ne me donne
pas une réponse aux interrogations que je soulève. Dans le
moment, on parle de la régie, mais j'espère que cela ne s'est pas
passé ainsi dans d'autres régies gouvernementales. Il reste qu'il
y a quelque chose d'absolument inacceptable dans une telle situation et
même que le fait, par exemple, qu'en 1972, le Vérificateur
général ait dans son rapport, mentionné ce fait
l'illégalité je ne comprends pas que le ministre ne se
soit pas empressé immédiatement de soumettre à
l'Assemblée nationale une loi qui ne corrigeait pas tout le
problème de la Régie de l'assurance-récolte, mais de
soumettre une loi à l'Assemblée nationale pour régulariser
cette situation.
M. TOUPIN: Je vous l'ai dit tantôt. Quand j'ai été
informé du rapport du Vérificateur général
le rapport du Vérificateur général est d'abord
envoyé à la Régie de l'assurance-récolte et cette
dernière me retourne son rapport quand j'ai eu le rapport
je l'ai reçu en décembre immédiatement, j'ai mis en
marche un mécanisme de révision.
M. LESSARD: Un comité?
M. TOUPIN: Oui, mais écoutez. J'ai mis un comité en place
parce que si vous avez bien lu le rapport du Vérificateur
général, cela ne concernait pas seulement cette question.
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: Cela concernait aussi d'autres questions...
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: ... et il réapparaissait logique et normal que je
demande à un comité de se pencher non seulement sur cette
question, mais sur l'ensemble des questions, d'autant plus que la programmation
pour l'année en cours était déjà en place. Les
difficultés techniques au niveau de la loi existaient
déjà. Il aurait fallu arrêter les programmes d'application
à ce moment et, déjà, des primes avaient été
versées et c'était, au fond, le statu quo qui existait par
rapport aux années précédentes. Je me disais: On ne peut
pas continuer à fonctionner dans cette situation.
Alors, j'ai autorisé la création d'un comité. Ce
dernier s'est réuni, m'a préparé un rapport. Le rapport
m'a été soumis. Une loi a été
préparée, a été déposée à
l'Assemblée nationale, en première lecture, et les amendements
seront aportés dès cet automne pour les programmes de 1975.
M. LESSARD: Est-ce qu'à la connaissance du ministre il y aurait
eu une demande officielle de la part de la Régie de l'assurance
récolte ou à l'ex-ministre de l'Agriculture, soit en 1968 ou en
1969, pour obtenir la permission parce que le ministre est toujours responsable
devant l'Assemblée nationale de fonctionner comme cela et
d'appliquer des programmes alors que la réglementation n'était
pas faite? Est-ce qu'il y a eu une demande de la part du ministre?
M. TOUPIN: A ma connaissance, non. Peut-être que les
représentants de la régie pourront répondre de
façon plus claire que moi parce qu'en ce qui concerne le mandat
précédent, je n'étais pas présent et je ne peux pas
répondre des actes de celui qui m'a précédé.
M. LESSARD: Vous conviendrez que le ministre doit répondre des
actes de la régie devant l'Assemblée nationale.
M. TOUPIN: Oui. C'est exact, mais le pro-
blème est soulevé depuis un bout de temps. Ce que je vous
ai dit tantôt était net, je pense. J'ai vu dans les
procès-verbaux de 1968 une partie du procès-verbal qui traitait
de la réglementation. Un avis juridique a été
demandé et a été, par conséquent, donné. Cet
avis juridique portait sur les programmes de grande culture où
c'était possible de préparer une réglementation. Ces
règlements ont été rédigés et adoptés
l'année suivante. Donc, il y a eu vis-à-vis des grandes cultures
une prise de conscience du problème de la part de la régie, la
préparation de règlements et l'adoption de ces mêmes
règlements.
M. LESSARD: J'aimerais savoir, quand même, de la part de la
régie, avant d'appliquer un tel programme, alors que les
administrateurs savaient très bien qu'ils pouvaient fonctionner dans
l'illégalité s'il y a eu une demande officielle ou
officieuse, ou s'il y a eu une demande à un ministre quelconque,
étant donné que le ministre est responsable de l'administration
de la Régie de l'assurance-récolte devant le Parlement, devant
l'Assemblée nationale.
M. TOUPIN: Je vais vous dire ce que je sais sur cette question,
après en avoir discuté avec les régisseurs.
Il y a eu des tentatives de préparation de règlements,
mais étant donné les difficultés techniques de la loi, les
régisseurs soutenaient qu'il serait presque impossible de les faire
adopter à cause des difficultés techniques. Donc, ils ont pris
l'option, pour répondre aux besoins et aux demandes des agriculteurs
à ce moment-là, de mettre en place des programmes et de les
exploiter en vertu de décisions de régie interne, avec une
programmation envoyée à chacun des producteurs. Cette attitude de
la régie a commencé dès l'application de la loi, parce que
des programmes pour les cultures spéciales ont été mis en
place en 1968, 1969, 1970 et 1971. C'est l'attitude que la régie a prise
à ce moment-là. Je ne sais pas si le ministre du temps avait
été informé de cette attitude de la régie. Je ne
sais pas si le ministre du temps avait dit à la régie: Non, vous
ne pouvez pas agir de cette façon puisque vous êtes dans
l'illégalité. Je n'ai pas d'idée de ces relations entre
l'ancien président de la régie et l'ancien ministre de
l'Agriculture. Mais ce que je puis vous dire, c'est qu'au moment où j'ai
été mis au courant de la situation, j'y ai apporté
immédiatement le correctif dont je vous parlais tantôt,
c'est-à-dire une révision de la loi et de ses programmes dans le
cadre d'un comité spécial créé à cette
fin.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre des Finances responsable et
président du Conseil du trésor n'est pas inquiet devant une telle
situation?
M. GARNEAU: Pardon?
M. LESSARD: Est-ce que le ministre des Finances, président du
Conseil du trésor, n'est pas inquiet devant une telle décision
qui va à l'encontre d'une loi et qui est faite par la Régie de
l'assurance-récolte, par des administrateurs et surtout qui peut
créer au gouvernement une drôle de situation financière?
Admettant l'hypothèse que ce soit contesté, il reste quand
même que le gouvernement, par l'intermédiaire du ministre de
l'Agriculture, est responsable d'une régie gouvernementale devant
l'Assemblée nationale et cette régie prend des décisions
qui apparaissent illégales et peuvent ainsi créer une drôle
de situation pour le ministre et pour le gouvernement, devant
l'Assemblée nationale.
M. GARNEAU: J'ai eu l'occasion de dire, à la dernière
réunion de la commission, qu'une situation semblable était
certainement complètement irrégulière. Ce que je ne
comprenais pas, c'est que les régisseurs aient accepté de prendre
sur eux une telle responsabilité. Une fois que cela est dit, on peut en
discuter bien longtemps, mais il reste que les programmes ont été
mis en application, et comme l'indiquait le ministre de l'Agriculture tout
à l'heure, il a essayé d'apporter des correctifs juridiques
dès qu'il en a été saisi et surtout qu'il a pu mesurer
l'ampleur de la difficulté que cela constituait. Ceci étant dit,
on peut bien continuer à en parler, mais on ne réglera pas le
problème. Si le député de Saguenay me demande s'il n'y a
pas lieu de s'inquiéter d'une telle situation, c'est clair et net que ma
réponse est positive.
J'espère que cette leçon qu'il faut tirer, la plupart des
autres membres des régies en prendront connaissance. Je ne crois pas, en
fait, à ma connaissance, qu'il y ait d'autres situations semblables,
mais c'est certainement un point important que les autres régisseurs
voudront considérer dans les gestes qu'ils posent.
Quand le député de Saguenay parlait tout à l'heure
de contestations, je ne suis pas un légiste, mais si le cas leur
était soumis, j'imagine qu'il devrait y avoir moyen d'ajouter à
la loi qui est actuellement devant l'Assemblée nationale si
juridiquement c'est possible, je mets ça sous toute réserve
un article qui régulariserait certains des gestes posés et
éviterait peut-être des problèmes éventuels qui
pourraient survenir. Il faudrait certainement poser la question à un
juriste pour savoir si c'est possible de le faire et de quelle
façon.
M. TOUPIN: Présentement, au ministère, nous avons
regardé la situation avec la régie et il nous est apparu
nécessaire que nous régularisions cette situation,
c'est-à-dire que nous rendions légal, dans les amendements
à la loi, ce qui a été fait illégalement dans
l'application d'une loi antérieure. Remarquez bien que c'est
étudié par le comité de législation, actuellement.
Je ne peux pas, comme le disait le ministre des Finances, vous assurer que
c'est possible, légalement, de le faire, parce que le
comité de législation est saisi de cette question; mais
les conseillers juridiques, au ministère, me disent qu'il y a là
des possibilités de corriger la situation. Je voudrais simplement
ajouter ceci. Il est bien sûr que c'est la régie qui est
responsable de l'application de sa loi. Le ministre de l'Agriculture est
responsable devant l'Assemblée nationale des gestes que pose la
régie, c'est bien évident. Mais c'est la régie qui a la
responsabilité d'appliquer la Loi de l'assurance-récolte,
d'appliquer la réglementation de l'assurance-récolte...
M. LESSARD: Tel que voté.
M. TOUPIN: C'est exact, je ne nie pas cela. Je vous l'ai dit
tantôt. Mais voici que cela ne s'est pas produit comme le
prévoyait la loi, c'est-à-dire, que les règlements n'ont
pas été déposés au ministre responsable, lequel les
ferait accepter par le lieutenant-gouverneur en conseil.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): J'ai juste deux questions auxquelles a
répondu presque totalement le ministre des Finances. Indirectement, je
voudrais demander au Vérificateur général si des cas
similaires se sont produits déjà dans l'administration d'une
régie. J'ai perdu l'habitude de les reconnaître. Simplement pour
vous demander, M. Larose, si des cas similaires, dans une régie, se sont
produits; à savoir, premièrement, que la régie aurait
oui, c'est ça, merci outrepassé ses pouvoirs et ses
devoirs et, deuxièmement, si c'est arrivé, dans quelles
régies. Particulièrement, si c'est possible au législateur
de faire une rétroactivité dans la loi... je m'adresse au
ministre de l'Agriculture.
M. LAROSE (Gérard): Quant à la première partie,
à savoir si d'autres régies ont outrepassé les pouvoirs
qui leur sont accordés par la loi, il ne me vient pas à l'esprit,
à l'heure actuelle, d'autres cas où il y aurait eu...
M. BELLEMARE (Johnson): ... de plusieurs auditeurs des recommandations
très valables au sujet de certains problèmes de régie
interne, de régie du gouvernement quant aux demandes de soumissions
publiques, des condamnations très sévères du
Vérificateur général. Mais qu'il y ait eu des
régies qui ont outrepassé leurs pouvoirs, je pense que c'est un
fait unique.
M. LAROSE: Ce que j'allais ajouter, c'est qu'il peut y avoir eu et qu'il
y a eu, dans certains cas, des régies qui n'ont pas toujours fait
approuver, dans la première année ou au début de leur
existence, leurs règlements de régie interne. Mais ce ne
sont...
M. BELLEMARE (Johnson): II m'apparaît que le Vérificateur
général l'a déjà dit dans un autre rapport, qui a
précédé celui qu'on discute.
M. LAROSE: Je ne dirais pas cela, c'est peut-être notre
première constatation, à ce moment-là...
M. BELLEMARE (Johnson): Ah bon! Vous avez constaté d'abord il y a
un an que ce n'était pas fait, vous avez averti le gouvernement et il a
fallu que vous le répétiez cette année une deuxième
fois, afin d'attirer son attention sur trois articles particuliers, mais
celui-là, entre autres.
M. LAROSE: Vous parlez du cas de la Régie de
l'assurance-récolte?
M. BELLEMARE (Johnson): Oui.
M. LAROSE: Dans le cas de la Régie de l'assurance-récolte,
nous l'avons répété deux fois.
M. BELLEMARE (Johnson): La réglementation pour les cultures
spécialisées.
M. LAROSE: Oui. Dans le cas de la Régie de
l'assurance-récolte, il s'agissait d'une réglementation
concernant les activités de la régie avec ses...
M. BELLEMARE (Johnson): C'est-à-dire sa
réglementation.
M. LAROSE: Oui mais avec sa clientèle extérieure. Dans
d'autres régies, ce que vous soulignez, il doit aussi y avoir, dans
certains cas, des règlements de régie interne qui doivent
être approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil. Certaines
des lois constituant les régies demandent cela.
Dans certains cas, cela n'a pas toujours été fait au
moment où nous avons fait notre vérification. Nous l'avons
porté à l'attention des autorités des régies; dans
des cas, cela a certainement été corrigé, mais je ne
pourrais pas vous dire l'inventaire exact de la situation en ce moment.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que le ministre pourrait me dire,
même si je ne suis pas tout à fait satisfait de la réponse,
s'il a projeté dans sa loi une rétroactivité pour couvrir
ces... Il a dit que peut-être on était, au point de vue juridique,
à étudier ce problème d'une manière
particulière pour l'insérer dans une loi. Est-ce que le ministre
peut me citer une loi, dans la province de Québec, où il y a une
rétroactivité pour couvrir les erreurs extrêmement
difficiles à régler, parce que ce sont des erreurs que le
ministre a connues, même depuis l'acceptation du 24 mars 1969, les
réglementations aux règlements de culture? Celle-là n'a
pas été
sanctionnée par réglementation par arrêté en
conseil. Est-ce que le ministre prévoit une rétroactivité
dans sa loi? C'est ma question.
M. TOUPIN: Oui, c'est exact, comme je vous le disais tantôt.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est-à-dire que vous prévoyez une
rétroactivité pour couvrir tous les gestes de la
régie?
M. TOUPIN: C'est-à-dire qu'on regarde, au niveau des amendements
qu'on apporte à la loi actuelle, la possibilité de rendre
légale la programmation qui a été appliquée au
cours des dernières années...
M. LESSARD: Rendre légal ce qui était illégal.
M. TOUPIN: C'est exact. Rendre légal ce qui était
illégal.
M. BELLEMARE (Johnson): Mais, cela va être ridicule dans la
province. Les gens qui ne savent pas cela vont dire: Quelle sorte de ministre
avons-nous? Cela n'a pas de sens que la régie ait fait des choses comme
cela. C'est épouvantable. Ils vont dire: Notre ministre de l'Agriculture
qui se promène avec un beau panache, avoir fait des choses comme cela.
Les cultivateurs...
M. MERCIER: M. le Président, il faudrait tout de même
souligner que cela a été fait il y a quelques années.
M. TOUPIN: M. le Président...
M. BELLEMARE (Johnson): 1970, 1971, 1972...
M. MERCIER: 1967, 1968...
M. BELLEMARE (Johnson): S'il vous plait, relisez votre loi de la
régie, vous verrez...
M. MERCIER: Vous n'avez pas assisté à la dernière
séance.
M. BELLEMARE (Johnson): Je n'y étais pas, c'est vrai. Mais on ne
doit pas faire de "flat".
M. TOUPIN: Le député de Johnson sait fort bien que
même...
M. BELLEMARE (Johnson): Si en 1970, 1971, 1972, 1973, 1974...
M. MERCIER: 1968, 1969.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, mais il y a eu de la réglementation
qui a été faite à ce moment-là. Depuis ce
temps-là, le vérificateur de la province a écrit, dans des
rapports officiels...
M. MERCIER: D'accord, mais quand on parle des responsables du
temps...
M. BELLEMARE (Johnson): Je voudrais, M. le Président, m'adresser
au ministre. Si l'honorable député a quelque chose à me
dire, il doit le dire au président ou au ministre. Je ne l'empêche
pas de parler. Si cela lui fait mal le moindrement, qu'il endure; j'endure
souvent.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est à l'honorable
député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): Merci, M. le Président. Vous avez
été ramené à l'ordre...
M. MERCIER: Je vais essayer de profiter de la leçon.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, ce que je dis, c'est que
le ministre prend un risque extraordinaire d'absoudre la régie de tous
ses péchés passés. Même, non seulement au point de
vue de la réglementation, il faudrait être bien précis
quand il apportera, s'il apporte dans sa loi une rétroactivité,
pour ne pas justifier tous les actes qui auraient pu être posés
par la régie, non seulement dans l'ordre ou le désordre au point
de vue de la réglementation mais dans tous les autres ordres. C'est
là, je pense, que la ligne devrait être assez difficile...
Si l'honorable ministre met dans sa loi que tout ce qu'a fait la
régie depuis telle date...
M. TOUPIN: M. le Président, je voudrais d'abord dire ceci au
député de Johnson: Dès le début de son application,
le premier programme mis en vigueur a été appliqué pendant
une année sans réglementation.
M. BELLEMARE (Johnson): D'accord.
M. TOUPIN: C'est l'année suivante, en 1969. Mais en 1968,
l'assurance-récolte a mis en place un programme pour les cultures
spéciales, le tabac. Cela a duré jusqu'en 1970, sans qu'il n'y
ait de réglementation. En 1969, je pense qu'il y a eu...
M. BELLEMARE (Johnson): Mais, vous me rappelez des choses que je sais,
parce que M. Clément Vincent je lui ai
téléphoné ce matin m'a dit tout cela.
M. TOUPIN: Ah bon!
M. BELLEMARE (Johnson): Je lui ai dit: Là, nous autres, nous
avons été jugés.
M. TOUPIN: Etant donné que...
M. BELLEMARE (Johnson): Sicut erat in
principio... Comme c'était au commencement, comme cela va
être à la fin.
M. TOUPIN: Je ne voudrais pas faire mal au député de
Johnson, comme il disait tantôt, parce qu'il a dit en Chambre...
M. BELLEMARE (Johnson): J'ai l'écorce solide.
M. TOUPIN: ... l'autre jour, qu'il avait payé pour les erreurs
qui avaient été commises. Il est d'accord avec cela.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est vrai, mais vous autres aussi...
M. TOUPIN: Je ne veux pas vous accabler davantage. Je veux simplement
faire un peu l'historique.
M. BELLEMARE (Johnson): Je trouve que vous rapportez joyeusement le
point de vue, on est rendu en 1970.
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'inviterais les membres de la commission
à s'en tenir à l'assurance-récolte...
M. BELLEMARE (Johnson): Vous êtes trop sérieux.
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... ce qui est discuté et à
revenir aux choses plus sérieuses.
M. TOUPIN: Je vous ai dit tantôt que cela s'est produit de cette
façon, depuis 1967, avec une seule réglementation
approuvée par le lieutenant-gouverneur en conseil sur les grandes
cultures. Toutes les autres cultures, celles de 1968, 1969, 1970 et 1971 ont
été appliquées sans qu'il y ait de réglementation
à cause de difficultés techniques.
Vous me dites: Est-ce que vous avez l'intention, dans cette loi,
rétroactivement, de bénir tous les gestes que la régie a
posés? J'ai dit qu'on examinait la possibilité de rendre
légal ce qui a été fait dans l'illégalité.
Cela ne veut pas dire que tous les gestes de la régie ont
été faits dans l'illégalité.
M. BELLEMARE (Johnson): Le ministre ne doit pas être bien
heureux.
M. TOUPIN: Je l'ai dit tantôt.
M. BELLEMARE (Johnson): II veut rendre légal, ce que, lui, admet
être illégal en 1970, 1791, 1972, 1973 et 1974.
M. TOUPIN: Le pire de tout, c'est que je suis obligé de rendre
aussi légal ce qui s'est fait en 1968 et 1969.
M. BELLEMARE (Johnson): Sur cela oui, mais il y a eu un jugement.
M. TOUPIN: Au fond, c'est cela qui m'accable le plus.
M. BELLEMARE (Johnson): J'ai une autre question, M. le Président,
si vous permettez. Est-ce que le ministre a reçu, de certains offices,
de certains groupes ou de certains individus, des lettres qui pourraient
contester la légalité des actes posés par la
régie?
M. TOUPIN: Non, j'ai dit tantôt, M. le Président, que je
n'ai eu...
M. BELLEMARE (Johnson): Aucune?
M. TOUPIN: ... aucune lettre de quiconque, des agriculteurs ou des
personnes impliquées dans l'application de la Loi de
l'assurance-récolte, ni des régisseurs avant ce dont on vient de
parler, soit depuis quatre, cinq ou six semaines. Depuis que le problème
est soulevé, je n'ai eu de lettre de personne m'informant que ces
programmes étaient dans l'illégalité. Je n'ai pas eu de
plaintes non plus de la part des producteurs, à l'exception d'un certain
nombre de plaintes où le producteur disait: Voici, j'ai ma programmation
chez moi, reçue de l'assurance-récolte. On m'a vendu une police
en vertu de ce programme.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous avez dit cela, mais est-ce que votre
conseiller juridique...
M. TOUPIN: On a déclaré... Tout était dans la
légalité de ce côté-là.
M. BELLEMARE (Johnson): ... dont parlait le député de
Saguenay tout à l'heure, qui souffre d'insomnie depuis trois ans, voit
un spécialiste particulier, un médecin, pour le traiter, pour le
garder en vie toujours?
M. TOUPIN: Vous parlez de qui? Du conseiller juridique?
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, celui qui ne dormait pas depuis...
M. LESSARD: Le président de la régie nous a fait part,
lors de la dernière séance, qu'il y avait un conseiller juridique
qui avait des insomnies depuis près de trois ans suite à cette
situation.
M. GARNEAU: La confession, c'est quand vous avez accusé vos
péchés et que vous êtes soulagé. Là, il doit
dormir.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, mais il y a une chose. Dans la confession,
il faudrait que vous reteniez qu'il y a le ferme propos et il y a bien des gens
qui ne l'ont pas.
M. TOUPIN: Ce que je voudrais dire, M. le Président, c'est...
M. GARNEAU: S'il n'a pas le ferme propos, il ne doit pas dormir
encore.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est que cela continue quand même.
M. TOUPIN: ... que l'employé en question a été
engagé par la régie en 1967/68. On est parvenu à le
réveiller en 1973.
M. BELLEMARE (Johnson): Mon Dieu que tu as du mérite! Comme le
ministre est généreux!
M. TOUPIN: On fait des farces, M. le Président, sur ces
questions. Je voudrais dire que la personne, dont il est question, est
présente ici. Il s'agit de Me Ducharme qui est secrétaire de la
régie, qui fait un excellent travail à la régie...
M. LESSARD: Où est-il, M. le Président?
M. TOUPIN: ... qui a d'ailleurs donné à la
régie...
M. LESSARD: II a l'air jeune encore.
M. TOUPIN: ... un avis juridique très net sur ces questions.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que c'est l'intention du ministre de
faire adopter cette Loi de la Régie de l'assurance-récolte avant
la fin de la session?
M. TOUPIN: Avant l'application des programmes 1975 qui doivent commencer
au mois de janvier ou février.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est d'ici la fin de la session?
M. TOUPIN: C'est d'ici la fin de la session que cette loi sera
amendée. D'ailleurs, elle est déposée.
M. BELLEMARE (Johnson): Elle est déposée en
première lecture.
M. le Président, est-ce que le député de Saguenay a
d'autres questions sur le même sujet?
M. LESSARD: M. le Président...
M. BELLEMARE (Johnson): Je voudrais simplement attirer l'attention du
ministre sur un fait un peu pertinent, parce que je remarque dans le rapport du
Vérificateur général une phrase qui me touche
particulièrement, qui touche l'intérêt public: Notre
étude détaillée du système au cours de notre
vérification pour l'exercice terminé le 31 décembre 1972 a
démontré que les points ci-haut mentionnés, le
système de comptabilité et la procédure de distribution
ci-haut mentionnés, disaient que le rapport de notre bureau était
toujours perti- nent. Je pense que, dans le rapport de 1972, il était
spécifiquement noté que le système de comptabilité
s'était avéré inadéquat et incomplet. C'est ma
première question au ministre.
Ma deuxième, c'est que la procédure d'inscription des
transactions bancaires et celle de la conciliation mensuelle des comptes n'ont
pas été jugées appropriées. C'est plus grave, dit
par le vérificateur. J'ai des inquiétudes surtout quand je vais
à la fin de l'autre paragraphe et que je m'aperçois que le
vérificateur avertit les membres de la régie qu'il faudrait
qu'ils exercent un contrôle plus sévère sur les revenus et
les dépenses qui sont occasionnés. Je pense que ces deux
questions, d'abord que le système de comptabilité s'est
avéré complètement inadéquat et incomplet, c'est
cela qui est écrit, ce n'est pas moi qui ai choisi les termes, parce que
vous faites...
M. TOUPIN: Non, c'est parce qu'il ne me reste que quatre cigarettes dans
mon paquet. Excusez-moi.
M. BELLEMARE (Johnson): Je surveille vos gestes aussi parce que parfois,
cela vaut autant que des paroles. Le système de comptabilité
s'est avéré incomplet et inadéquat. La deuxième,
c'est que la procédure des inscriptions et des transactions bancaires
est jugée non appropriée. Cela, ce sont mes deux questions.
Qu'est-ce que le ministre peut répondre à ces deux questions?
M. TOUPIN: Evidemment, le président, qui est ici présent,
pourra apporter plus de précision. Mais, à la suite de ces
rapports du Vérificateur général dont j'ai pris
connaissance, j'ai également demandé à la régie
d'apporter tout de suite des correctifs concernant ces différents
aspects de l'administration de la régie. Le président m'assure
qu'il a pris contact avec le bureau du Vérificateur
général et qu'il a lui-même apporté un certain
nombre de correctifs, qu'il a donné par la suite un certain nombre
d'explications et que les correctifs susceptibles d'être apportés
le seront pour la prochaine opération, etc. C'est très bien
d'ailleurs que le Vérificateur général le fasse voir,
parce que la régie va, de cette façon, corriger ces situations
administratives.
M. BELLEMARE (Johnson): Le ministre me permettra, c'est à cause
des déficits. Regardez le premier paragraphe...
M. TOUPIN: Oui, il y a déficit.
M. BELLEMARE (Johnson): ... de l'état des finances de la
régie, qui est de $3 millions de différence, de déficit,
cette année, qui vient s'ajouter aux déficits
précédents, et qui... les millions.
M. TOUPIN: Le déficit de l'année 1972-73, pas de
l'année 1973-74.
M. BELLEMARE (Johnson): Les déficits de 1968 étaient de $2
millions, de 1969 de $626,000; de 1970, de $708,000; de 1971, $5,010,000.
Là, tout d'un coup, il passe à $3 millions de déficit pour
l'année en cours. Alors, je ne suis pas surpris de constater que le
vérificateur en chef dit qu'on a constaté que des
améliorations pourraient être apportées et tout de suite,
quant au contrôle à exercer sur les revenus et les dépenses
des membres de la régie. C'est ma question: Comment ce système de
comptabilité qui est incomplet et inadéquat va être
amélioré? On aimerait cela l'entendre. Deuxième chose, la
procédure d'inscription des transactions bancaires et celle de la
conciliation mensuelle des comptes n'a pas été jugée
appropriée, c'est-à-dire qu'elle est désuète. A
partir de là, il y a deux grosses responsabilités de la
régie et deux réponses qui devraient nous venir du ministre pour
nous expliciter ces deux questions, à cause du déficit du
début.
M. LESSARD: M. le Président...
M. TOUPIN: Le Vérificateur général a donné
clairement à la régie certaines opinions sur son administration.
C'est, bien sûr, le rôle du Vérificateur
général. C'est maintenant la responsabilité de la
régie d'appliquer dans la mesure du possible, bien sûr, et le
président me dit que c'est possible d'apporter un certain nombre de
corrections pour régulariser la situation en termes d'administration, en
termes d'assurance et en termes de déficit. Evidemment, c'est une
assurance.
Nous avons ajusté les taux l'an dernier et nous devrons les
ajuster aussi probablement cette année si nous ne voulons plus que la
régie ait de déficits, c'est-à-dire si nous voulons que
les primes versées par les producteurs correspondent aux
indemnités payées. Le problème était le suivant:
Les primes n'étant pas assez élevées et les demandes des
agriculteurs, les indemnités à payer aux agriculteurs
étant fortes, il a fallu enregistrer des déficits. Depuis le
début des activités de la régie, ces déficits ont
dépassé $8 millions. C'est $8 millions ou $9 millions.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est $8,390,000.
M. TOUPIN: Bon! $8,390,000 que les agriculteurs ont touchés en
tant que tels et pour lesquels ils n'ont pas nécessairement payé
des primes. Alors, il a fallu ajuster le taux... Nous l'avons ajusté
l'an dernier. Nous l'ajusterons encore cette année et, si
nécessaire, nous l'ajusterons aussi l'an prochain. Mais la Loi de
l'assurance-récolte le prévoit. La loi dit que...
M. BELLEMARE (Johnson): Je crois, M. le ministre, que vous êtes
aussi habile que moi. Vous détournez la question. Vous vous en allez
ailleurs. Ce n'est pas cela... Le Vérificateur...
M. LESSARD: M. le Président...
M. BELLEMARE (Johnson): ... donne deux raisons pour lesquelles il y a un
déficit.
M. LESSARD: Cela a été discuté lors de la
dernière séance.
M. BELLEMARE (Johnson): Ah! Ah!
M. TOUPIN: Je vous dis que les deux raisons données, les
correctifs...
M. BELLEMARE (Johnson): Vous avez... M. TOUPIN: ... sont en train de
s'apporter.
M. BELLEMARE (Johnson): Je n'avais pas été convoqué
pour l'autre session.
M. LESSARD: Je comprends que...
M. TOUPIN: Des correctifs sont en train de s'apporter actuellement.
M. LESSARD: Oui. Nous avions discuté, lors de la dernière
séance...
M. TOUPIN: On a même commencé à les apporter.
M. LESSARD: ... de ce problème et nous avions, suite au rapport
que nous avait présenté le président de la régie,
demandé à M. Larose s'il était satisfait des
améliorations, puisqu'il y a eu rencontre entre la régie et les
administrateurs et les responsables, les spécialistes du
vérificateur général. Si je lis à la page B-7051,
réponse de M. Larose: Si je peux ajouter quelque chose, c'est que, du
côté du système de comptabilité en
général, il n'y avait pas, à la Régie de
l'assurance-récolte, de personnel très bien qualifié pour
prendre charge du système comptable en général. C'est une
situation qui vient d'être corrigée il n'y a pas tellement
longtemps" etc.
M. BELLEMARE (Johnson): Donnez-moi donc la date.
M. LESSARD: Le journal des Débats, le jeudi 17 octobre 1974, et,
d'après les renseignements que nous avons obtenus de M. Larose,
et même de M. Chouinard il semble que cette situation soit
corrigée. Cependant, il y a quand même...
M. BELLEMARE (Johnson): J'avais demandé, après mon
élection le 28 août, de faire partie de certains
comités...
M. LESSARD: Je comprends le député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): On m'a dit: Attendez. Cela prend absolument une
motion
en Chambre pour que le leader parlementaire vous fasse proposer comme
membre de certains comités. J'ai dit: Je vous remercie beaucoup. On m'a
dit: Vous pouvez peut-être assister comme observateur. J'ai pensé
que c'était peut-être mieux d'attendre que ma situation soit
régularisée. La population de Johnson l'a
régularisée en m'élisant. Ce n'est pas pour vous
déplaire, je pense bien. Au contraire! Après cela, le
vice-premier ministre, le leader parlementaire m'a donné l'autorisation
d'assister "de facto", comme disent les grands savants, à tous les
comités.
M. TOUPIN: Pendant que le député de Johnson attendait sa
régularisation, au niveau des commissions parlementaires, la
régie travaillait pour régulariser ses propres affaires.
M. BELLEMARE (Johnson): Je suis bien content d'y être ce matin,
pour entendre de nouveau, de mes oreilles, ce qui s'est produit.
M. LESSARD: M. le Président, il reste quand même que le
président de la régie nous avait fait part, un peu, d'une des
raisons de cette mauvaise administration dans la comptabilité, à
savoir le fait que le ministre refusait l'engagement d'un comptable à la
régie, parce que, semble-t-il...
M. GARNEAU: Est-ce que le député de Saguenay lit le
texte?
M. LESSARD: Non, je ne le trouve pas le texte.
M. GARNEAU: Je pense qu'il aurait avantage à le lire.
M. TOUPIN: II aurait avantage à le lire. Mais je vais
répondre à cela.
M. LESSARD: Je cherche... que la comptabilité était faite
par le ministère de l'Agriculture et que la régie n'avait pas sa
propre comptabilité, parce que le ministre refusait, semble-t-il.
M. TOUPIN: Ce n'est pas la comptabilité qui faisait
défaut.
M. GARNEAU: Justement, c'est cette dernière partie que
j'inviterais le député de Saguenay à relire.
M. LESSARD: Je cherche, M. le Président.
M. GARNEAU: Peut-être que ma mémoire a été
moins affectée que la sienne par le dernier week-end, je pourrais
peut-être lui rappeler que le président de la régie avait
dit que, dès...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre, messieurs!
M. LESSARD: Mais votre mémoire est re- venue, lors du dernier
week-end, concernant les dépenses extraordinaires de la baie James. On
va en reparler...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! C'est complètement en dehors
du sujet et j'inviterais les membres de la commission à s'en
tenir...
M. GARNEAU: M. le Président, j'aimerais que le
député de Saguenay me repose la question en Chambre, tout
à l'heure...
M. LESSARD: Oui, oui. On va y aller.
M. GARNEAU:... pour que ce soit plus dans l'ordre. Je donnerai cela par
ordre de dépenses.
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'inviterais les membres à revenir
à la Régie de l'Assurance-récolte.
M. GARNEAU: Ce que je voudrais rappeler au député de
Saguenay, c'est que le président de la Régie de
l'assurance-récolte a indiqué, la semaine dernière ou lors
de la dernière séance, que, justement, il avait voulu
régulariser cette question et dès qu'il avait posé le
problème au ministre, celui-ci avait apporté les solutions qu'il
désirait qu'il apporte. Alors, il faudrait quand même coller le
plus possible à la réalité de ce qui a été
dit la semaine dernière ou lors de la dernière séance.
M. BELLEMARE (Johnson): La situation bancaire aussi, s'est-elle
régularisée, M. le ministre ou M. le vérificateur, au
point de vue des transactions bancaires?
M. CHOUINARD (Guy): On a eu des rencontres, comme je l'ai
mentionné lors de la dernière séance de la commission
parlementaire, avec les autorités de la régie au cours de
l'été et elle était en voie d'implanter un système
tant du côté des opérations bancaires que pour toute autre
procédure dans l'administration générale de la
régie.
Comme je l'ai dit à cette séance, nous avons
été consultés, nous avons agi comme consultants. Nous
sommes retournés examiner le système et, lors d'une
vérification ultérieure, on pouvait éprouver le
système. Certainement, il y a eu des gestes posés depuis six mois
à la régie, pour donner...
M. BELLEMARE (Johnson): Quant à ces deux propositions qui ont
été faites, ces deux recommandations qui ont été
faites par le vérificateur, à savoir le système de
comptabilité qui s'est avéré inadéquat et incomplet
et les transactions de procédure d'inscription au point de vue bancaire,
si elles sont appliquées, croyez-vous que cela pourrait aider à
effacer le déficit ou à le diminuer?
M. CHOUINARD: Non. Cela n'a pas d'influence sur le déficit.
M. BELLEMARE (Johnson): Pourquoi dites-vous après cela: "...
contrôler et exercer sur tous les revenus et dépenses de la
régie". Cela doit affecter le budget.
M. TOUPIN: ... le budget administratif...
M. CHOUINARD: Parce que nous autres, au point de vue
vérification, nécessairement, il faut qu'il y ait un
système pour vérifier. On vérifie quelque chose comme
vérificateur. Si on arrive à un endroit où il n'y a pas de
système...
UNE VOIX: II faut le revérifier.
M. CHOUINARD: ... on n'a plus notre raison d'être. Il faut qu'il y
ait un système pour vérifier, pour s'appuyer sur quelque chose.
C'est pour cela qu'on a recommandé à la régie d'agir
suivant les principes comptables généralement reconnus et
d'établir des procédures pour en arriver à cette fin.
Depuis, je pourrais dire, six mois... nous avons eu une rencontre en
avril, après la lecture... Quand nous sommes allés les rencontrer
pour le rapport administratif et soumettre les états financiers... Et
nous avons eu une autre entrevue au cours de l'été. Et même
un de mes vérificateurs est allé faire une étude sommaire
du système des différents contrôles qui avaient
été établis depuis cette période.
M. BELLEMARE (Johnson): Pour assurer un état financier meilleur
pour l'an prochain, est-ce que le vérificateur a recommandé une
augmentation des primes...
M. LAROSE: Ce n'est pas notre responsabilité.
M. BELLEMARE (Johnson): ... pour vérifier s'il y a des
déficits ou non?
M. TOUPIN: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Mais le ministre vient de nous dire qu'il
envisage la possibilité d'augmenter les primes. Est-ce que cela est fait
par un bureau d'actuaires, des actuaires comptables...
M. TOUPIN: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): ... qui, comme à la Commission des
accidents du travail, étudient, dans chacune des différentes
cultures, la proportion qui devrait être influencée par le
déficit? Je pense que d'après la Loi de
l'assurance-récolte, c'est catalogué par classe, par section.
Alors, une section est plus déficitaire que l'autre et cette partie doit
être, selon les actuaires, financée par l'agriculteur
lui-même.
M. TOUPIN: Au fond, les programmes les plus déficitaires sont les
programmes des gran- des cultures. C'étaient les programmes les plus
déficitaires. Les autres en sont arrivés à peu près
à assumer les obligations en termes de primes et en termes
d'indemnités. Mais, évidemment, cela fait un "pot"
général et il y a eu des déficits d'accumulés qui
dépassaient les $8 millions.
Lorsque nous ajustons nos taux maintenant et après en avoir
discuté avec la régie, nous avons fait le raisonnement suivant.
Nous nous sommes dit: Est-ce que nous devons faire payer par les agriculteurs
un surplus de prime pour rembourser le déficit, ou bien n'y aurait-il
pas avantage à ce que le gouvernement couvre le déficit et que
nous ajustions les primes à compter des obligations futures, à
compter des indemnités futures que nous aurons à payer?
Donc, nous avons fait une première étape. Nous avons
ajusté les primes aux obligations d'indemnités
présumées pour l'année à venir. C'est fait. Il
reste maintenant le déficit de $8 millions...
M. BELLEMARE (Johnson): Ce qui est prévu dans la Loi de
l'assurance-récolte.
M. TOUPIN: C'est cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Le gouvernement peut compenser les
déficits accumulés par une subvention.
M. TOUPIN: C'est exact.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est prévu dans la loi.
M. TOUPIN: Je propose que ce déficit soit assumé par le
gouvernement pour ne pas surcharger les agriculteurs en termes de primes.
Je voudrais apporter seulement une...
M. BELLEMARE (Johnson): Cela se fait dans plusieurs autres lois.
M. TOUPIN: Cela s'est fait.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela se fait actuellement dans la Loi de la
commission des accidents du travail...
M. TOUPIN: Cela s'est fait ailleurs.
M. BELLEMARE (Johnson): ... où les actuaires nous recommandent,
à un certain moment, dans une classe bien particulière de donner
$100,000 à un secteur qui est plus déficitaire qu'un autre pour
ne pas que la prime augmente à $10 ou $12 par 100 pour protéger
l'employé.
M. TOUPIN: II ne faut pas compromettre le programme aussi parce que si
les primes sont trop élevées...
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, mais là,
surtout parce que c'est la compagnie qui paie toute la cotisation et
c'est prévu dans la loi.
M. TOUPIN: Dans le cas des agriculteurs, évidemment, ce sont les
agriculteurs qui paient la moitié de la prime et le gouvernement paie
l'autre moitié, mais si les primes sont trop élevées, pour
le programme des grandes cultures, par exemple, alors, nous risquons de voir le
programme compromis. C'est la raison qui m'a amené à ajuster,
à compter de maintenant, les primes aux indemnités payables
à l'avenir, mais qu'on ne devait pas augmenter les primes pour couvrir
les déficits antérieurs. J'ai demandé...
M. BELLEMARE (Johnson): Cela va faire partie de la loi de la
régie?
M. TOUPIN: La loi actuelle qui sera discutée.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que le déficit...
M. TOUPIN: Possiblement.
M. BELLEMARE (Johnson): Possiblement dans la loi?
M. TOUPIN: Possiblement dans la loi, le déficit sera couvert par
le gouvernement pour ne pas imposer aux producteurs une trop forte prime en vue
d'assumer les déficits.
M. BELLEMARE (Johnson): La totalité du déficit?
M. TOUPIN: La totalité du déficit. Alors, je voudrais
seulement apporter une précision, si le député de Johnson
me le permet, à ce que disait tantôt le député de
Saguenay. Il existait au ministère une philosophie qui était
peut-être discutable et qui était la suivante.
M. LESSARD: Pour éviter directement de trouver les
responsables.
M. TOUPIN: Oui, je l'ai. La philosophie était la suivante. Nous
discutions avec chacune des régies pour éviter, en terme
d'administration, le double emploi. Par exemple, étant donné que
nous avions, au ministère de l'Agriculture, un service du personnel bien
équipé, nous avions demandé aux régies de se
prévaloir de ce service du personnel pour faire leur recrutement et
déterminer le nombre de postes et le nombre d'employés dont les
régies avaient besoin au cours d'une année financière.
Ceci a très bien fonctionné dans certains cas et plus ou moins
bien fonctionné dans certains autres. C'est, par exemple, ce qui a
amené le président de la régie, M. Samson, à venir
discuter avec moi et me dire: Ecoutez, dans le cadre actuel de la philosophie
du ministère qui veut que nous utilisions vos services, nous
éprouvons des difficultés sérieuses, notamment au chapitre
du recrutement. Cela prend un peu plus de temps pour avoir le personnel dont on
a besoin. Nous avons des correctifs à apporter au niveau de la
comptabilité, et là-dessus le Vérificateur
général en avait fait mention. Alors, on en a discuté
ensemble et après en avoir aussi discuté avec les sous-ministres
bien sûr, nous avons convenu de donner à la régie la
responsabilité de se doter d'un service propre, pour qu'elle puisse agir
plus rapidement et ainsi corriger plus rapidement aussi les
irrégularités constatées par le Vérificateur
général. C'est ainsi que cela s'est passé.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais quand même, suite
à ce que me disait tout à l'heure le ministre des Finances,
reprendre et citer exactement la discussion qui a eu lieu le jeudi, 17 octobre
1974 à la page B-7059 du journal des Débats. "M. Lessard: Est-ce
qu'on peut avoir les commentaires de M. Samson? "M. Samson (Robert): J'aimerais
vous dire que l'engagement d'un comptable a pris cinq mois. "M. Roy: Quelles
ont été les raisons? "M. Samson (Robert): D'abord le
ministère de l'Agriculture s'opposait je dois le dire
publiquement à ce que la régie prenne ses contrôles
elle-même. On disait que je n'avais pas besoin d'un comptable.
Finalement, je pense que M. Toupin a vite compris lorsque j'ai pu lui exposer
à lui-même la situation et que ce n'était pas le cas.
Là, les procédures se sont engagées pour avoir un concours
à la Fonction publique. "M. Lessard: D'abord, M. Samson, ce que voulait
dire M. Toupin, c'est que la comptabilité de la régie devait se
faire par la direction comptable du ministère de l'Agriculture. "M.
Samson (Robert): Oui, c'était plutôt un service du
ministère."
Voici ce qui nous a amenés à soulever la question. Est-ce
qu'une régie gouvernementale qui administre des budgets assez importants
ne devrait pas avoir sa propre administration? C'est probablement que les
résolutions ou les recommandations du Vérificateur
général concernant le système comptable faisaient suite au
fait que la régie n'avait pas son administration et n'avait même
pas de comptable, à un moment donné, à l'intérieur
de cette administration.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je crois, mes amis, que cette question a
été discutée à fond.
M. LESSARD: Mais nous avons le ministre, M. le Président.
M. TOUPIN: J'ai répondu tantôt, je vais répondre
encore, mais très rapidement. M. le Président, si vous me le
permettez. Je vous ai donné la philosophie du ministère au
début, je vous ai dit qu'avec les régies, après entente
avec elles, nous nous sommes entendus pour qu'un
certain nombre de services qui existaient au ministère puissent
être mis à la disposition des régies. Ainsi, nous
économisions sur le plan administratif et nous évitions la
duplication dans un même ministère. Voici que cela s'est
avéré, dans le cas de la Régie de
l'assurance-récolte, bon la plupart du temps, mais pour l'autre partie
et à mesure que la régie se développait, à mesure
que des programmes nouveaux étaient mis en place, la régie a
senti le besoin d'avoir ses propres services de recrutement de personnel et de
comptabilité.
C'est ce sur quoi je me suis entendu avec le président de la
régie et lorsque celui-ci a soutenu cette thèse, il voulait
simplement confirmer la philosophie du ministère qui, par la suite, a
été amendée parce que ça ne correspondait plus aux
besoins de la régie. C'est normal, en termes administratifs, que nous
cherchions à économiser sur le plan gouvernemental.
M. LESSARD: Etant donné que le ministre a une loi qui a
été adoptée en première lecture et qui devra
être discutée en deuxième lecture prochainement, concernant
l'assurance-récolte obligatoire, est-ce que le système comptable,
qui a été instauré à la Régie de
l'assurance-récolte, va permettre d'étendre
l'assurance-récolte à l'ensemble des producteurs?
M. TOUPIN: Pas seulement ce programme, tous les programmes. La
régie s'est dotée de services à la hauteur de ses besoins,
c'est-à-dire qui répondent vraiment à ses besoins
administratifs, ses besoins juridiques, etc. A mesure que ses besoins
grandiront, évidemment, la régie ajoutera du personnel.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, est-ce que le ministre,
au point de vue de recrutement dans la province a à son service le
personnel qui lui est nécessaire pour répondre à toutes
les demandes qui sont faites à la régie?
M. TOUPIN: II y a certains problèmes. Je pense que, dans
certaines régions, il y aurait avantage que nous ajoutions un certain
nombre de personnes pour répondre plus adéquatement et surtout
plus rapidement aux demandes faites par les producteurs. Mais,
évidemment, il y a deux problèmes. Comme pour tous les autres
ministères, bien sûr, il y a d'abord le problème du
recrutement comme tel. Très souvent, nous avons des postes disponibles,
il est difficile de trouver la personne compétente qui va occuper ce
poste. Au ministère et dans les régies, nous avons adopté
la procédure suivante: nous cherchons les personnes les plus
compétentes pour occuper les postes qui comportent des
responsabilités assez grandes et, par conséquent, il n'est pas
toujours possible de trouver immédiatement ces personnes. Egalement, il
arrive que, dans certaines régions, il peut y avoir des
difficultés au niveau du personnel. Mais ce ne sont pas des
difficultés qui empêchent l'application des programmes. Ce sont
des difficultés qui, parfois, dans des régions, surchargent les
employés en place.
M. BELLEMARE (Johnson): II me reste une autre question, M. le
Président, étant donné que le ministre a répondu
à la question du recrutement. Est-ce qu'il a l'intention de recommander
ou de demander à la régie si elle a l'intention de former un
service régional et de faire disparaître certains agents vendeurs?
Parce qu'il y a eu, depuis quelques temps, des plaintes qui ont
été portées.
M. TOUPIN: Au fond, le problème des vendeurs... Lorsque la
régie a été mise en place, il n'y avait, dans la province
de Québec, personne de spécialisé dans la vente des
polices d'assurance, de la régie d'assurance-récolte. Il y en
avait de spécialisé dans l'assurance-automobile, dans
l'assurance-vie, l'assurance-feu mais il n'y en avait pas dans
l'assurance-récolte. Il a fallu former des personnes. Il a fallu, au
cours de cette période de formation, d'entrafnement, faire plusieurs
changements. On a constaté qu'une personne n'était pas
compétente; donc, il fallait la changer. On a fait plusieurs
changements. On a gardé plusieurs des personnes qui étaient
là parce qu'elles étaient compétentes.
M. BELLEMARE (Johnson): Sans aucune discrimination.
M. TOUPIN: Sans aucune discrimination, on a procédé
là-dessus...
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, quant au sexe ou à la couleur ou
à l'appartenance.
M. TOUPIN: On prenait des noirs aussi bien que des blancs, il n'y avait
pas de problèmes là-dessus.
M. BELLEMARE (Johnson): Beaucoup de blancs.
M. TOUPIN: On choisissait également des femmes là
où cela était possible. Jusqu'à maintenant, je pense qu'il
n'y a pas de femmes... Il y a des femmes, voilà. Il y a des femmes qui
travaillent.
M. BELLEMARE (Johnson): II n'y a personne qui a été
remercié à cause de la couleur. C'est sûr.
M. TOUPIN: Non, ce n'est pas dans les habitudes du ministère de
tenir compte de la couleur, d'ailleurs, pour le peu qui leur en reste.
M. BELLEMARE (Johnson): S'il y en avait, est-ce que je pourrais envoyer
les noms au ministre?
UNE VOIX: Pour le peu qui en reste.
M. TOUPIN: Entre nous, il n'y a quasiment qu'une couleur, pour parler
dans ces termes de couleur.
M. BELLEMARE (Johnson): Le ministre a bien saisi.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce qu'il y a d'autres questions
pertinentes?
M. TOUPIN: M. le Président, je voudrais dire au
député de Johnson que c'est ainsi que nous procédons
à la régie, aux termes du recrutement.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que je pourrais lui envoyer
quelqu'un?
M. TOUPIN: Oui, on prend toujours les noms de personnes
compétentes qui nous sont soumis.
M. BELLEMARE (Johnson): Pas les noms de personnes pour les engager mais
qui auraient été désengagées.
M. TOUPIN: Oui, mais en même temps, il faudrait apporter les
raisons pour lesquelles elles ont été
désengagées.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est pour ça que je veux les avoir.
M. TOUPIN: Alors, je vous les donnerai.
M. BELLEMARE (Johnson): Je voudrais les avoir.
M. TOUPIN: Envoyez-moi les noms, je vous donnerai les raisons.
M. LESSARD: II faut dire que le rouge commece à déteindre
ce temps-ci. En ce qui concerne la Régie de l'assurance-récolte,
M. le Président, je n'ai pas d'autres questions.
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'autres questions concernant la Régie
de l'assurance-récolte?
M. BELLEMARE (Johnson): Oui.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Johnson.
M. TOUPIN: L'évolution des couleurs, c'est un
phénomène normal.
M. BELLEMARE (Johnson): II y a surtout le vert, ce temps-ci, qu'on
appelle la crise verte, le ministre est bien au courant. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire, M. le Président, si en même temps qu'il va
déposer sa loi, il va déposer aussi la réglementation?
M. TOUPIN: On va déposer la loi et on va amender la loi pour
permettre l'adoption des règlements. Mais ce que je puis vous dire,
c'est qu'il n'y aura pas de programmes en 1975, quant à moi, qui seront
appliqués, s'il n'y a pas de réglementation dans le cadre de la
loi.
M. BELLEMARE (Johnson): Bon, cela est le premier. Deuxièmement,
est-ce que le ministre, d'après ses officiers, est prêt maintenant
puisque cela fait quatre ans à soumettre une
réglementation? Je vois en arrière qu'on fait signe que oui.
M. TOUPIN: On m'affirme que les règlements sont en
préparation actuellement.
M. BELLEMARE (Johnson): En préparation, mais est-ce qu'ils sont
prêts?
M. TOUPIN: Ils vont être prêts au moment où...
M. BELLEMARE (Johnson): Au moment même où la loi de
l'assurance-récolte va être déposée?
M. TOUPIN: Au moment où ce sera le temps de les appliquer.
M. BELLEMARE (Johnson): Mais il dit oui, en arrière. Il dit oui,
qu'ils sont prêts.
M. TOUPIN: Les règlements sont prêts. Je vous dis qu'ils
sont en préparation.
M. BELLEMARE (Johnson): Je demande au ministre si, d'après ses
officiers, s'ils sont prêts, ses règlements, s'il est prêt,
lui, à les déposer?
M. TOUPIN: Aussitôt qu'ils vont être
complétés. Je ne sais pas, je n'ai pas discuté de la
régie récemment, à savoir lesquels étaient
prêts dans tout cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Discutez donc pour voir, afin de savoir ce
qu'ils vont vous dire, pour avoir une réponse tout de suite. Non, non,
il va le dire. En arrière, tout le monde dit oui.
M. TOUPIN: M. le Président, je voudrais donner la réponse
au député de Johnson...
M. BELLEMARE (Johnson): Qu'il s'oppose?
M. TOUPIN: Qu'il fait beau.
M. BELLEMARE (Johnson): Qu'il fait beau.
M. TOUPIN: II vient de dire oui, mais qu'il fait beau, et non pas que
les règlements sont prêts.
M. BELLEMARE (Johnson): Je voudrais savoir simplement si, avec le
dépôt de la loi,
comme l'a si bien dit le député de Saguenay, on vit dans
l'illégalité. On a hâte de vivre dans la
légalité.
M. TOUPIN: On va vous dire cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Le ministre dit: Pour légaliser ce qui
était illégal, comme ferme propos de ne plus recommencer, je
voudrais bien voir les règlements.
M. HARVEY (Jonquière): Le ministre va vous dire cela.
M. TOUPIN: Je vais répondre à M. le curé, ce ne
sera pas très long.
M. BELLEMARE (Johnson): Merci.
M. TOUPIN: Voici ce qui se produit. D'abord, il faut qu'on amende la
loi. Dans le cas des amendements proposés, déposés, des
règlements se préparent. Les règlements sont en
préparation. Certains sont terminés, certains autres ne le sont
pas. Mais je ne peux pas les déposer avant que la loi ne soit
amendée.
M. BELLEMARE (Johnson): D'accord.
M. TOUPIN: Aussitôt que la loi sera amendée...
M. BELLEMARE (Johnson): C'est brillant cela.
M. TOUPIN: ... les règlements seront adoptés.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est brillant cela, très, très
brillant.
M. TOUPIN: C'est la logique même.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est cela. C'est la logique. Je demande au
ministre si, après l'adoption de la loi, avant la fin de la session, la
réglementation sera déposée? Oui?
M. TOUPIN: Je vais vous dire en tout cas que je vais déposer
toute la réglementation prête et je peux aller plus loin que cela.
Je peux vous dire qu'aucun programme en 1975 ne s'appliquera, une fois la loi
amendée, sans que les règlements n'aient été
adoptés.
M. BELLEMARE (Johnson): II va rester dix jours avant la fin de la
session et...
M. TOUPIN: Le nombre de jours importe peu. Ce qui est important, c'est
qu'il y ait des règlements.
M. BELLEMARE (Johnson): Le ministre me dit qu'il va les
déposer?
M. TOUPIN: Je vais les faire adopter par le lieutenant-gouverneur en
conseil, tel que la loi le prévoira.
M. BELLEMARE (Johnson): Après cela, il va les déposer
quand?
M. TOUPIN: Ils vont être déposés automatiquement,
ils vont être rendus publics automatiquement.
M. BELLEMARE (Johnson): A quelle date?
M. TOUPIN: Je cours le risque, M. le Président. Le 25
décembre 1974.
M. BELLEMARE (Johnson): Le 25 décembre.
M. HARVEY (Jonquière): A quelle heure, M. le ministre?
M. BELLEMARE (Johnson): A quelle heure, oui. Mais la question
principale, c'est qu'amendant une loi qui a vécu dans
l'illégalité, je pense que le débat qu'a fait le
député de Saguenay est certainement bien à propos. Pour
confirmer la bonne foi et surtout le ferme propos, je pense qu'on devrait en
même temps dire: On a peut-être fait des erreurs, on sanctionne une
loi et on vous apporte aujourd'hui la réglementation qui couvre tout le
sujet.
M. TOUPIN: M. le Président me dit que la réglementation
sur la betterave sucrière est prête, la réglementation sur
la pomme de terre est prête. Il reste le colza qui est en
préparation. Il y a cinq ou six productions spéciales. Comme vous
le voyez, il y en a à peu près quatre ou cinq qui sont
prêts. Aussitôt que la loi sera adoptée, ces
règlements pourront immédiatement être
déposés.
M. BELLEMARE (Johnson): II ne faudrait pas qu'il arrive une autre fois
qu'on vive dans l'illégalité.
M. TOUPIN: Cela n'arrivera pas une autre fois, M. le
Président.
M. LESSARD: II n'y a rien qui nous en assure, étant donné
qu'on a déjà vécu...
M. TOUPIN: On reprendra le débat l'année prochaine.
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'autres questions au sujet de
l'assurance-récolte? Adopté.
M. BELLEMARE (Johnson): Simplement une question avant de terminer.
Est-ce que le ministre pourrait me dire à quoi le gros du déficit
de $3 millions cette année s'applique surtout?
M. TOUPIN: Quand vous parlez de cette année, est-ce que c'est
l'année 1972/73 ou 1973/74?
M. BELLEMARE (Johnson): Oui.
M. TOUPIN: C'est le rapport des activités de l'année
dernière. L'année dernière, le déficit
accumulé...
M. BELLEMARE (Johnson): $3 millions.
M. TOUPIN: ... de $3 millions a surtout été attribuable,
encore une fois, aux grandes cultures. C'est 1972/73.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est pour l'année 1972.
M. TOUPIN: En 1972, il y avait un déficit de $3 millions
attribuable surtout aux grandes cultures et un peu aux cultures
spécialisées. Vous vous rappelez le temps qu'il a fait en 1972.
Il a plu presque tout l'été. Les gars ont eu de la
difficulté à récolter leur foin, leurs
céréales. Tout y a passé, donc cela a fait un
déficit de $3 millions. L'an dernier, le déficit n'a pas
été de $3 millions, il a été de $600,000, je
pense.
M. BELLEMARE (Johnson): L'été 1973.
M. TOUPIN: L'été 1973 et, cette année, on va finir
au mois d'avril. Le président me disait l'autre jour je ne veux
pas trop m'avancer, parce que l'année n'est pas terminée
qu'avec l'ajustement des taux qu'on a apporté, qu'on va arriver pas mal,
50/50, "kif kif".
M. BELLEMARE (Johnson): En rachetant à nouveau...
M. TOUPIN: En augmentant les taux.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, en reprenant les $8 millions de
déficit actuellement à la régie...
M. TOUPIN: Non, je me reprends, M. le Président.
M. BELLEMARE (Johnson): ... en revenant à zéro.
M. TOUPIN: Oui. L'augmentation des taux que, personnellement, j'ai
suggérée à mes collègues au conseil des ministres,
a été une augmentation des taux pour l'avenir. J'ai ignoré
le passé et les déficits. J'ai pris comme option de demander
à mes collègues d'assumer ce déficit, c'est-à-dire
que le gouvernement assume ce déficit pour ne pas surcharger le
producteur en termes de primes. Donc, nous sommes partis à
zéro.
De là, nous ajustons maintenant les primes en fonction des
indemnités possibles à payer dans le cadre des études
faites par les actuaires.
M. BELLEMARE (Johnson): Quel était le taux d'intérêt
sur les $8 millions que soumet la régie?
M. TOUPIN: C'est le taux que le gouvernement exige
généralement, c'est le taux des bons du Trésor.
M. LESSARD: C'est certain que, si les indemnités ne sont pas
payées aux producteurs, vous allez arriver avec des surplus.
M. GARNEAU: Question d'assurance.
M. LESSARD: On va en parler de l'assurance, mais il y a quand même
un certain nombre de questions. Pourquoi avez-vous eu une diminution des
assurés à la Régie de l'assurance-récolte? C'est
que les producteurs se sont plaints et même le Vérificateur
général en a fait mention qu'ils...
LE PRESIDENT (M. Pilote): C'est complètement hors de question. On
y reviendra aux crédits du...
M. TOUPIN: Je veux répondre à cela, juste un peu.
M. LESSARD: Vous avez raison, M. le Président.
M. TOUPIN: Le député de Saguenay fait des affirmations qui
sont fausses, d'ailleurs et qu'on va reprendre très bientôt.
LE PRESIDENT (M. Pilote): On va conclure par votre...
M. TOUPIN: II n'y a pas eu de diminution, depuis 1972, sur
l'assurance-récolte. Il y en a eu en 1968, en 1969, en 1970 et surtout
en 1969 et en 1970.
M. LESSARD: II y a eu des gens qui n'ont pas été
payés.
M. TOUPIN: Oui, mais le nombre d'agriculteurs a diminué de 30
p.c. au Québec.
LE PRESIDENT (M.Pilote): A l'ordre!
M. BELLEMARE (Johnson): Cette question pourrait peut-être se
transformer. Est-ce que la Régie, de l'assurance-récolte,
aujourd'hui, au moment où je parle, est beaucoup en retard dans ses
paiements?
M. TOUPIN: Pas beaucoup. Il y a quelques cas. Par rapport aux
années...
M. BELLEMARE (Johnson): Le ministre peut me dire 3 p.c, 7 p.c, 8
p.c.
M. TOUPIN: Non, ne parlons pas de pourcentage. Si nous comparons avec
les années passées, non seulement nous ne sommes pas en retard,
nous sommes en avance.
M. BELLEMARE (Johnson): Cette année?
M. TOUPIN: Cette année, mais il y a un certain nombre de cas un
peu plus litigieux.
M. LESSARD: C'est tellement en retard, c'est relatif!
M. TOUPIN: Mais si on compare, par exemple, à 1967, 1968, 1969 et
1970, cela ne se compare plus, c'est bien sûr. Actuellement, la
régie a rodé ses services et elle est maintenant parvenue
à faire face aux obligations des producteurs.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est cela.
M. TOUPIN: Mais c'est une évolution normale aussi.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui.
M. TOUPIN: On parle d'administration.
M. BELLEMARE (Johnson): Même pour les autres années en
arrière...
M. TOUPIN: Aussi.
M. BELLEMARE (Johnson): ... vous avez fait du progrès.
M. TOUPIN: Je suis prêt à partir de 1939, si vous
voulez.
M. BELLEMARE (Johnson): Nous autres aussi on va en arrière.
LE PRESIDENT (M.Pilote): On remercie les gens, le président de la
Régie de l'assurance-récolte ainsi que le ministre au nom des
membres de la commission. Comme il a été entendu, ce matin, nous
allons procéder à présent...
M. LESSARD: M. le Président, il nous restait quelques questions
à poser au ministère, parce que nous allions justement...
M. GARNEAU: Nous avions aussi la raffinerie de sucre de
Saint-Hilaire.
M. LESSARD: La raffinerie de sucre... Nous avions suspendu pour entendre
le ministre, ce matin.
M. GARNEAU: M. le Président, si la mémoire m'est
fidèle, le député de Beauce-Sud malheureusement, il
n'est pas ici, ce matin avait posé quelques questions auxquelles
le directeur du service hydraulique agricole avait répondu de
mémoire. Il devait vérifier certaines données. M.
Provencher, je ne sais pas si vous avez les renseignements. Il pourrait
peut-être les donner, de telle sorte que les réponses soient
inscrites au journal des Débats. M. Provencher.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est à M. Provencher. Si vous
voulez rapprocher votre micro, M. Provencher.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous avez la voix faible.
Hydraulique agricole (suite)
M. PROVENCHER (Léo-Paul): Un peu. Les raisons qui ont
motivé le rejet du plus bas soumissionnaire dans le cas d'un cours
d'eau...
M. GARNEAU: Afin de situer le lecteur du journal des Débats,
pourriez-vous répéter rapidement la question qui avait
été soulevée par le député de Beauce-Sud,
sans la donner au texte nécessairement, mais seulement poser le
problème pour que les lecteurs puissent savoir de quoi il s'agit?
M. PROVENCHER: Dans la question qui avait été
soulevée, on demandait les motifs du rejet du plus bas soumissionnaire
dans le cas d'un appel d'offres portant le numéro 14,162. Le refus
était motivé par le "débalancement" de la soumission. La
soumission présentait des prix raisonnables sur sept articles, mais des
prix nettement déficitaires sur onze autres articles. Cela, au point de
rendre complètement impossible l'exécution normale des travaux.
C'est une des raisons. La deuxième raison est la plus grave. Il
était question de la "performance" antérieure de cette
entreprise. L'entrepreneur s'était vu confier trois contrats. Dans le
premier cas, à la suite de négociations en 1968, il n'a
terminé les travaux que le 30 juin 1970, soit huit mois après
l'expiration du délai d'exécution. Les deux autres contrats lui
avaient été confiés à la suite d'appels publics
d'offres le 19 septembre 1969 avec délai d'exécution de 18 mois,
c'est-à-dire se terminant le 19 mars 1971. L'entrepreneur a
complété, ces jours derniers, les travaux d'amélioration
du cours d'eau La-bonté, qui est un de ces deux contrats. Nous
constatons qu'il éprouve des difficultés à exécuter
un bon travail de régalage des déblais. Dans le but
d'économiser, il préfère ébaucher son travail,
quitte à n'agir de façon normale qu'à la suite de plaintes
provenant soit des agriculteurs riverains, soit des officiers du
ministère. En somme, il ne respecte les dispositions du cahier des
charges que sur des pressions très fortes du ministère de
l'Agriculture et de la Colonisation ou des intéressés.
Dans le cas du ruisseau Perdrix, c'est un des contrats où,
malgré plusieurs rappels à l'expira-
tion du délai, il n'avait exécuté que 10 p.c. de
l'ensemble des travaux prévus au contrat, qui n'est pas terminé
présentement. Le texte, en somme, que je vous donne, c'est le texte qui
a servi à la présentation de la demande au Conseil du
trésor. Le contrat ne pourra être terminé au cours de la
saison 1971. Devant ces retards manifestes, qui se font au préjudice des
agriculteurs riverains, le ministère ne peut recommander de lui accorder
de nouveaux contrats, tant qu'il n'aura pas respecté les obligations
qu'il a déjà prises. C'est pourquoi le ministère demande
de confier l'ouvrage au deuxième plus bas soumissionnaire.
L'entrepreneur, à la suite de cet arrêt d'adjudication, s'est
amendé complètement. Il a respecté ses autres
délais. Depuis ce temps, il y a au moins quatre contrats qui lui ont
été accordés, deux en 1973 et deux en 1974.
M. LESSARD: II a eu le pardon.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que la photocopie va être
envoyée à M. le député de Beauce-Sud?
M. LESSARD: Cela va être enregistré au journal des
Débats.
M. GARNEAU: C'est enregistré au journal des Débats,
j'imagine qu'il pourra en prendre connaissance.
M. BELLEMARE (Johnson): II faudra l'avertir qu'il y a eu une
réponse.
M. GARNEAU: Pas sur ce problème.
M. LESSARD: Alors, nous avions d'ailleurs terminé avec
l'explication concernant les contrats et les paiements excédentaires
à la période des soumissions de contrats. Je pense que c'est M.
Provencher aussi qui nous avait donné les explications. Nous
étions rendus à la page 344 au poste 4: Subventions aux Cercles
des fermières, $46,200. C'est cela?
M. GARNEAU: C'est cela.
Cercles des fermières
M. LESSARD: Alors, à ce sujet, simplement des explications. Je
n'ai pas l'intention de faire une bataille très longue. Le
Vérificateur général constate dans son rapport de 1973 et
je cite: "Bien que la révision des dossiers dans ce secteur n'ait
laissé voir aucune amélioration significative sur le
contrôle exercé à l'égard du paiement de telle
assistance, nous avons été informés par les
autorités du ministère que des mesures ont été
prises en 1973/1974 pour améliorer les procédures d'application
de ce programme et ce, dans le sens de nos recommandations de l'an
dernier."
Est-ce que le ministre ou le sous-ministre pourrait nous donner des
explications, à savoir si ces mesures correspondent bien aux
recommandations du Vérificateur général et si un programme
basé sur des normes et des critères beaucoup plus
sévères et rigides va être appliqué concernant ces
subventions?
M. LUSSIER (Gaétan): M. le Président, il est
déjà appliqué. La procédure suivie qui avait
amené les commentaires du Vérificateur général, si
ma mémoire est fidèle, voulait que nous procédions
directement avec la Fédération provinciale des cercles de
fermières; par conséquent, nous nous basions sur le nombre de
membres des cercles et des fédérations régionales pour
effectuer les paiements tels qu'attestés et assermentés par
résolution de la fédération.
Dorénavant, nous émettrons des chèques à
chacun des cercles, après une vérification par nos officiers dans
chacune des régions et dans chacun des territoires donnés pour le
programme. Je crois que cela satisfait aux observations du Vérificateur
général.
M. LESSARD: Maintenant, est-ce que les chèques émis, dont
vous parlez, sont basés sur des normes et des critères...
M. LUSSIER: Oui, c'est un programme connu...
M. LESSARD: ... du nombre de membres?
M. LUSSIER: Oui, qui est en fonction du nombre de membres. Je pense que
c'est $0.50 par membre pour lequel le ministère de l'Agriculture apporte
une contribution financière.
M. LESSARD: Quant à moi, M. le Président, subventions aux
Cercles de fermières, c'est tout. Est-ce que le député de
Johnson?
M. BELLEMARE (Johnson): Non.
Amélioration des troupeaux et
aménagement des fermes
M. LESSARD: A l'élément 5: Amélioration des
troupeaux et aménagement des fermes, le Vérificateur
général nous dit que ces programmes, pour un coût d'environ
$18,700,000 comportant, d'une part, des promotions à l'élevage
des animaux de race et, d'autre part, de l'aide financière sous
différentes formes aux agriculteurs qui se spécialisent dans la
production végétale, ont fait l'objet d'une étude
exhaustive. Les résultats de cette étude nous incitent,
écrit le Vérificateur, à recommander au ministère
de faire preuve de fermeté à l'endroit des agriculteurs, de
manière qu'ils remplissent toutes les conditions essentielles et
prérequises pour bénéficier des avantages de tels
programmes.
Est-ce que le ministre, ou le sous-ministre, pourrait nous dire si on a
tenu compte de cette recommandation du Vérificateur
général? Est-ce qu'on a établi des programmes beaucoup
plus fermes pour...
M. LUSSIER: Je crois que, si ma mémoire est fidèle...
M. TOUPIN: C'est bien le programme de l'élevage?
M. LESSARD: Oui, des troupeaux et aménagements des fermes,
amélioration des troupeaux et... C'est-à-dire, pour le moment,
c'est l'amélioration des troupeaux. Tout à l'heure, on aura des
recommandations concernant l'amélioration des fermes.
M. GARNEAU: ... fermeté à l'endroit des agriculteurs. On
va donner le nom du Vérificateur général pour la prochaine
manifestation de l'UPA.
M. LESSARD: C'est justement, M. le Président. Mais il reste que
ce programme est basé sur des normes et des critères...
M. TOUPIN: Oui, il reste ...
M. LESSARD: ... et si le Vérificateur général, tel
qu'il nous l'a expliqué, doit vérifier si les programmes sont
appliqués en relation avec ces normes et ces critères, et il
semble là, qu'on aurait... Je pense que respecter ces normes, c'est
rendre justice à tout le monde. Alors, est-ce qu'on a tenu compte de
cette recommandation et est-ce qu'on a décidé d'appliquer... Si
on s'aperçoit que les normes et les critères sont trop
sévères, il s'agit de modifier les normes et les critères,
comme nous l'a expliqué le Vérificateur général. Sa
fonction, c'est de prendre les directives et de dire: Est-ce que les programmes
s'appliquent en relation avec ces directives?
M. TOUPIN: Dans certains programmes, surtout des programmes de cette
nature, évidemment, il faut établir des normes assez strictes,
parce qu'il devient parfois difficile de les faire respecter quand elles ne
sont pas très rigides. Alors, nous appliquons les normes, le plus
strictement possible; mais il arrive, de temps en temps, qu'au cours de
l'application d'un programme, que tel agriculteur communique avec nous et dise:
Comment se fait-il que moi, je suis exempté, que je ne peux pas y avoir
droit, etc.? Alors, il arrive, de temps en temps, que nous étudions ces
recommandations, ces demandes des producteurs et que nous sommes appelés
à changer nos normes pour être plus équitables et plus
justes à l'égard de l'ensemble des producteurs du Québec.
Le Vérificateur général a bien raison lorsqu'il nous
disait qu'il y aurait avantage à ce que les normes soient, le plus
strictement possible, respectées. D'ailleurs, c'est l'ob- jectif que le
ministère poursuit, à savoir, faire respecter le plus strictement
possible, les normes.
Je peux simplement vous apporter des exemples. Il arrive, parfois, au
niveau de l'assurance-récolte, puisqu'on en parlait tantôt, qu'un
assuré se plaigne qu'on ne l'a pas indemnisé selon les termes de
son contrat. On reprend le contrat; on le regarde et on dit: Oui, on t'a
indemnisé selon les termes du contrat. Voici telle chose, voici telle
autre chose, etc. Donc, nous connaissons ces problèmes dans plusieurs
des programmes où le ministère intervient pour les subventions et
je demeure convaincu qu'il faut que le ministère demeure vigilant
à l'égard de ces normes pour être équitable envers
tous les producteurs, mais il faut qu'il les amende aussi de temps en
temps.
M. LESSARD: Concernant les travaux mécanisés, est-ce qu'on
a tenu compte de la recommandation du Vérificateur
général, à savoir que la formule de demande officielle
utilisée devrait être plus explicite et indiquer l'étendue
de la ferme du bénéficiaire de même que le pourcentage de
ses revenus qu'il tire de l'exploitation de cette ferme?
M. TOUPIN: Toutes les recommandations qui nous sont faites par le
Vérificateur général, quant à nous, au
ministère, non seulement s'efforce-t-on, mais très souvent
amende-t-on nos programmes pour que nous puissions vraiment respecter les
normes fondamentales que nous avons établies dans certains
programmes.
Mais, comme je vous disais tantôt, dans certains types de
programmes, cela devient vraiment difficile de respecter les normes à
100 p.c. Il arrive parfois que cela peut être 99 p.c. dans certains
cas.
M. LESSARD: J'aimerais que le Vérificateur général,
au sujet de cette recommandation, ou M. Chouinard M. Larose ou M.
Chouinard nous explicite un peu pourquoi on faisait ces deux
recommandations. Est-ce qu'il y avait des exemples précis? Est-ce qu'en
ce qui concerne les travaux mécanisés, il y a eu des abus? Est-ce
qu'on pourrait avoir des renseignements supplémentaires parce que,
d'après ce qu'on peut lire, la recommandation est assez large, assez
vaste? Il est certain que le ministère peut tenter autant que possible
de suivre un certain nombre de normes et de critères, mais est-ce que
cela peut comporter des abus assez flagrants, tant au niveau de
l'amélioration des fermes qu'au niveau de l'amélioration des
troupeaux?
M. CHOUINARD: Au niveau de l'amélioration des fermes, comme on le
dit dans le rapport du Vérificateur général, nous avons
constaté que les formules ne sont pas assez explicites.
D'abord, il y a la définition du terme "agriculteur" qui est
très vaste et il y a aussi la
formule qui ne nous permet pas d'établir l'étendue de la
ferme, les travaux qui vont être effectués sur la ferme, les
revenus que l'agriculteur retire de la ferme, si c'est un agriculteur à
temps plein ou non. A ce moment, c'est bien difficile pour nous. Il nous faut
des normes pour faire une vérification et c'est assez difficile quand
nous sommes obligés toujours de... Au départ, on n'a pas à
porter de jugement sur la subvention qui a été accordée
parce que les formules pour faire ces demandes d'aide ne sont pas assez
explicites. C'est tout simplement cela.
M. LESSARD: Autrement dit, les critères et les normes concernant
l'amélioration des fermes sont beaucoup trop ambigus, beaucoup trop
vagues et cela peut laisser la possibilité à des gens qui ne sont
pas agriculteurs de pouvoir profiter de ces travaux.
M. CHOUINARD: Cela peut mener à cela. Cela peut mener à
des décisions qui peuvent...
M. LESSARD: Arbitraires.
M. CHOUINARD: D'ailleurs, quand nous avons rencontré les
autorités du ministère, elles nous ont informés qu'il y a
un travail qui se fait depuis quelque temps sur la question de l'inventaire des
plans de ferme, à savoir la description, qui serait un outil très
utile pour vous autres, pour être capables de juger si l'agriculteur, qui
fait une demande d'aide, remplit les conditions d'un tel programme, des
différents programmes agricoles.
M. TOUPIN: Je trouve clair le critère fondamental que nous
utilisons. Il est bien sûr que c'est discutable. Depuis que nous avons
adopté la Loi des producteurs agricoles, nous avons adapté un
certain nombre de nos programmes à cette loi. Nous avons pris la
définition de l'agriculteur comme étant un gars qui vend pour
$1,000 de produits agricoles et, s'il fait la preuve qu'il vend pour $1,000 de
produits agricoles, on lui donne accès au programme. Il arrive
parfois...
M. LESSARD: $1,000, même s'il ne va pas chercher 51 p.c. de ses
revenus dans l'agriculture?
M. TOUPIN: Dans la Loi des producteurs agricoles, c'est explicite, c'est
un gars qui met en marché pour $1,000 de produits agricoles,
annuellement. Nous travaillons d'ailleurs avec l'UPA sur ces questions.
Quand un gars nous fait la preuve qu'il a vendu pour $1,000 de produits
agricoles par année, qu'il les a mis en marché, nous appliquons
nos programmes. Là-dessus, je suis d'accord un peu avec le bureau du
Vérificateur général. Je ne pense pas qu'on ait encore
trouvé au ministère le moyen le plus efficace pour
démontrer si tel gars a vendu ou non pour $1,000.
Je rencontrais récemment les responsables de l'UPA, et en cette
matière, eux aussi connaissent un peu la même difficulté.
Donc, nous sommes à regarder, au ministère et ailleurs, comment
on pourrait serrer un peu plus nos normes ou nos critères pour
déterminer exactement si tel producteur a vendu ou non pour $1,000. Il
peut arriver parfois qu'un producteur qui veut se prévaloir des travaux
mécanisés, par exemple, s'entende avec son voisin et dise:
Passe-moi 50 tonnes de foin, etc., et moi, je vais les vendre, à mon
nom, puis je te remettrai l'argent après et cela va me donner
accès. Ce n'est pas impossible que des choses ainsi puissent se
produire. Mais nous vérifions tellement de près toute cette
situation, qu'il est probablement assez exceptionnel que des cas comme
ceux-là se produisent. D'autant plus que cela fait à peine un an
et demi que la loi s'applique. Alors, des cas comme ceux-là sont
à peu près exceptionnels, mais il y a avantage à ce que
nous regardions plus clairement les propositions faites par le bureau du
vérificateur là-dessus. Il ne faut pas pénaliser les
producteurs non plus. Il faut être prudent aussi là-dedans parce
que c'est quand même difficile à cerner, un producteur
agricole.
M. LESSARD: Concernant le relevé des plans de fermes dont parle
M. Chouinard, est-ce que ce relevé est terminé?
M. LUSSIER: Oui. Depuis 1972, au moment où le Vérificateur
général faisait son rapport, déjà nous avions
amorcé la mise en place de plans de fermes qui a été
accélérée au cours des années 1973, 1974 et cela,
pour diverses fins, autant pour l'assurance-récolte que pour les divers
travaux de drainage. Nous sommes bien conscients que c'est un instrument
essentiel de fond à voir compléter. Mais il y a 55,000
agriculteurs au Québec et c'est un travail qu'il faut faire parmi les
autres obligations des fonctionnaires en région. C'est un travail qui se
complète et je pense qu'on doit avoir actuellement entre 18,000 et
22,000 plans de fermes qui sont connus et qui situent la ferme de
l'agriculteur.
Raffinerie de sucre
M. LESSARD: Alors, M. le Président, il resterait la raffinerie de
sucre. Etant donné l'augmentation considérable du prix du sucre,
je peux estimer que les déficits accumulés de cette raffinerie
vont probablement disparaître. On en a déjà discuté
aux crédits.
M. GARNEAU: 421. M. LESSARD: 421.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable ministre des Finances.
M. GARNEAU: Alors, M. le Président, le sous-ministre de
l'Agriculture, qui siège au conseil d'administration de la raffinerie de
sucre de Saint-Hilaire, pourrait répondre aux questions qui pourraient
être soulevées à la suite des recommandations du
vérificateur.
M. LESSARD: Le Vérificateur nous faisait strictement quelques
observations concernant la raffinerie de sucre et ses observations concernaient
surtout les déficits accumulés de la raffinerie. Je sais que nous
en avions discuté lors de l'étude des crédits du
ministère. Nous avions soulevé cette question concernant les
déficits. On nous avait donné certaines explications concernant
la machinerie qui devait être renouvelée et concernant aussi le
prix du sucre. Or, je présume qu'avec l'augmentation considérable
du prix du sucre les déficits vont disparaf-tre et non seulement vont
disparaître, mais je présume que c'est maintenant devenu rentable
et que le ministère va investir dans cette raffinerie pour pouvoir la
moderniser et peut-être produire beaucoup plus de sucre au
Québec.
M. LUSSIER: II est clair, M. le Président, très
rapidement, que la conjoncture mondiale du sucre a permis d'atteindre un seuil
de rentabilité maintenant, en ce qui concerne la production de
betteraves au Québec. Quant à l'autre partie de votre question,
c'est actuellement à l'étude par les responsables de cette
raffinerie de sucre.
M. LESSARD: On y reviendra, M. le Président, aux crédits
du ministère. Nous aurons des chiffres beaucoup plus exacts. On
pourra...
M. GARNEAU: M. le Président, peut-être que nous pourrions,
d'ici une heure, aborder le Conseil du trésor, si...
Conseil du trésor
M. LESSARD: Je dois dire que cette discussion a été
indirectement faite lorsqu'il y a eu discussion sur l'ensemble des politiques
du Vérificateur général, le contrôle des deniers
publics et, comme on sait que le Conseil du trésor a une
responsabilité assez importante, je pense que, pour ma part, je n'ai pas
de questions particulières. C'est à quel numéro?
M. GARNEAU: C'est 3-57.
M. LESSARD: 3-57. Ce sont strictement des données
financières, je pense, qui nous sont données.
M. GARNEAU: II n'y a rien de...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que le ministre des Finances aurait des
explications à donner concernant le Conseil du trésor?
M. GARNEAU: II n'y a pas de problème soulevé. Si je peux
faire la suggestion, comme j'avais demandé aux gens de Tourisme, Chasse
et Pêche d'être ici seulement après... je ne savais
pas à quelle heure ça finirait on pourrait peut-être
suspendre les travaux maintenant et reprendre suivant les directives que nous
donnera l'Assemblée nationale. Probablement que ce sera après la
période des questions, vers 4 heures, alors que nous entreprendrons
l'étude des remarques du vérificateur concernant le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La commission suspend ses travaux
jusqu'à cet après-midi, à 4 heures, après la
période des questions.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
Reprise de la séance à 16 h 47
M. HOUDE (Limoilou, président de la commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
M. Lessard (Saguenay) remplace M. Bédard (Chicoutimi); M. Bonnier
(Taschereau) remplace M. Lévesque (Bonaventure).
L'honorable député de Saguenay.
M. GARNEAU: Une seconde, M. le Président. Lors de la suspension
à midi, il a été convenu que nous entreprenions
l'étude des remarques du vérificateur concernant le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche que l'on
retrouve à la troisième section, à la page 151-152. A ce
moment-là, nous poursuivrions notre cédule de travai qui avait
été annoncée.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): D'accord. L'honorable
député de Saguenay.
Tourisme, Chasse et Pêche
M. GARNEAU: Je voudrais simplement présenter M. Guy Langlois,
sous-ministre adjoint à l'administration qui est à ma
droite du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Je ne connais pas tous les autres officiers. M. Bilodeau? M.
Larose, secrétaire du ministère, M. Champagne. Je devrais
être en mesure d'avoir les réponses aux questions qui pourraient
être posées.
M. LESSARD: M. le Président, si j'en juge par les remarques qui
sont faites par le Vérificateur général tant dans le
rapport qui fut présenté le 31 mars 1972 que dans celui qui fut
présenté pour l'année financière terminée le
31 mars 1973, je constate que l'administration financière de ce
ministère laisserait passablement à désirer.
En effet, M. le Président, tant dans le rapport de 1972 que dans
celui de 1973, on fait état d'un système de facturation
désuet; on fait aussi état, dans le document de 1973, de certains
documents qui auraient été détruits et qui auraient
empêché le Vérificateur général de faire les
vérifications qui s'imposaient et qui s'avéraient
nécessaires. On parle aussi d'un système de classement des
documents qui est sinon absent, du moins très rudimentaire, ce qui
amène je voudrais soulever le problème avant d'interroger
particulièrement sur chacun des articles le Vérificateur
général à faire des recommandations qui sont, en tout cas,
assez sévères concernant l'administration de ce
ministère.
En 1972, on recommandait au ministère d'agencer le système
de facturation, de comptabilisation et de perception des divers revenus de
façon que tous les comptes soient intégrés à la
comptabilité du ministère.
On recommandait aussi de prendre les dispositions requises pour
s'assurer que tout document pertinent soit dûment complété,
conservé et classé de façon systématique.
Voilà pour les recommandations de 1972.
En ce qui concerne 1973, il semble que la situation ne se soit pas
tellement améliorée, puisque le Vérificateur
général écrit ce qui suit: "Le manque systématique
de classement des documents n'a pas facilité la vérification de
la régularité des dépenses. En effet, le service comptable
du ministère n'a pu produire toutes les pièces requises par notre
sondage".
Je pense, M. le Président, que, pour que le Vérificateur
général puisse faire un travail efficace et vérifier si
l'administration financière d'un ministère peut fonctionner de
façon saine, il faut au moins que le ministère conserve les
documents et il faut au moins qu'à l'intérieur de ce
ministère il n'y ait pas un fouillis indescriptible, de telle
façon qu'on ne puisse pas faire de recommandations précises
où on ne puisse pas vérifier les dossiers.
J'aimerais une question générale d'abord
savoir de la part du ministère, de la part des responsables du
ministère, si des mesures concrètes, précises ont
été faites au ministère pour se soumettre aux
recommandations du rapport du vérificateur, tant pour les
recommandations qui ont été faites pour l'année 1972, que
pour celles qui furent faites pour l'année 1973, parce que c'est
passablement inquiétant pour un ministère qui dit, par exemple,
que le tourisme est devenu la première industrie au Québec. Il
faut que le ministère ait des possibilités de contrôle,
sinon on ne se fiera plus à ses chiffres. J'aimerais savoir quelles sont
les mesures concrètes, ou encore s'il y a eu communication entre le
Vérificateur général et les officiers comptables du
ministère pour établir un système qui permettrait au
vérificateur de faire son travail.
M. LEFAIVRE (Marcel): En fait, il y a eu deux causes principales lors
des remarques. D'ailleurs, il faut comprendre que le rapport de 1972 a
été produit assez tard dans l'année 1973. On n'a pas pu
mettre en application immédiatement toutes les recommandations du
rapport du vérificateur de 1972.
Par la suite, il est arrivé deux raisons majeures contre notre
bonne volonté. C'est qu'il y a eu un déménagement. On nous
a affirmé que les déménageurs avaient perdu des
documents.
On a fait des recherches assez intensives pour essayer de les retrouver,
mais on n'a pas pu nous contenter. Après cela, il y a eu une demande de
filières qui a été faite et les filières ne nous
sont pas parvenues. Alors, autant de causes qui ne sont pas de notre ressort.
Mais aujourd'hui dans le classement des documents, on a eu les filières
demandées. Aujourd'hui, on peut affirmer que le classement est de
beaucoup meilleur qu'il était autrefois. On a amélioré
les...
M. LESSARD: Comme cela, il y a des documents qui se sont perdus par
suite du déménagement?
M. LEFAIVRE: Lors d'un déménagement.
M. LESSARD: Ce n'est pas seulement quand il y a des
déménagements de gouvernement que des documents se perdent, mais
aussi quand il y a des déménagements de ministères.
M. GARNEAU: De quel genre de documents s'agissait-il parmi ceux qui ont
été égarés dans le déménagement?
M. LEFAIVRE: C'est l'ensemble des documents, des factures. Cela aurait
été égaré par le déménageur.
M. LESSARD: M. Larose, est-ce que ce sont les raisons? Est-ce que vous
avez eu l'occasion de communiquer avec le ministère, de rencontrer les
officiers comptables du ministère? Est-ce que ce sont les raisons qu'on
aurait énumérées pour justifier la disparition de ces
documents? Avant, j'aimerais savoir quand eut lieu ce
déménagement?
M. LEFAIVRE: C'est lors du déménagement dans le complexe
G.
M. LESSARD: Parce que vous venez de déménager encore,
selon ce que j'ai entendu dire.
M. LEFAIVRE: On a déménagé.
M. LESSARD: Le ministre ne pouvait pas nous donner d'information
à la Chambre, parce qu'il venait de déménager.
M. GARNEAU: Je vais vous dire que je n'ai pas numéroté
moi-même les filières. Je ne sais pas s'il s'en est perdu
d'autres, cela ne doit pas. Est-ce que vous pouvez donner la date du
déménagement? Quand vous êtes
déménagés au complexe G était-ce en avril 1972?
M. LESSARD: Avril 1972. A ce moment, comment se fait-il que le document
du Vérificateur général soit daté du 31 mars
1972?
M. GARNEAU: II est daté du 8... Regardez la date.
M. LESSARD: Cela a été déposé... Mais cela
va jusqu'à l'année financière terminée le 31
mars.
M. GARNEAU: Oui, c'est cela. Le rapport du vérificateur est en
date du mois d'août 1973.
M. LESSARD: Août, septembre, octobre, novembre, décembre,
janvier, février, mars, avril. Oui, mais il n'y avait pas eu de
déménagement à ce moment?
M. GARNEAU: Peut-être que le vérificateur pourrait
expliquer lui-même.
M. LESSARD: II n'y avait pas eu de déménagement, parce que
le déménagement a eu lieu six ou sept mois après. Les
documents étaient partis.
M. CHOUINARD: La recommandation qui est faite pour couvrir ce
commentaire, en ce qui a trait à 1971/72, si on prend le paragraphe: De
prendre les dispositions requises pour s'assurer que tout document pertinent
est dûment complété, conservé et classé de
façon systématique.
Quand on dit qu'un document n'a pas été retracé, il
ne faut pas nécessairement dire qu'il a été détruit
ou perdu en cours de route. C'est le classement systématique qui manque
à ce moment. Après des recherches raisonnables de la part des
vérificateurs et des réquisitions auprès des
autorités du ministère, ils n'ont pas été capables
de mettre la main sur certains documents.
M. LESSARD: On parle de documents détruits, par exemple.
M. CHOUINARD: Quant aux documents détruits, cela s'est produit au
niveau du service d'hôtellerie; à un certain moment, des listes
informatiques, comme le traitement des services hôteliers, ont
été détruites. Je pense que c'est entre le CTED et le
ministère. Je ne le sais pas. C'est quelque chose comme cela. Je pense
que M. Prévost a le détail complet de cette histoire.
M. PREVOST (Robert): Si ma mémoire est bonne, ce sont des
renseignements qui étaient enregistrés et qui ont
été effacés au CTED par erreur de manipulation. Parce que
tous les dossiers du service de l'hôtellerie sont maintenant
mécanographiés...
M. LESSARD: C'est une maladie qui s'attrape. Watergate, aux Etats-Unis,
ils en ont effacé aussi.
Mais revenons. On me donne, comme raison de la disparition de certains
documents, le déménagement du mois d'avril 1972, alors que le
rapport a eu lieu au mois d'août 1972. Alors, il n'y avait pas eu de
déménagement à ce moment. Au mois d'août 1973... Une
minute! Je parle de celui de l'année 1972, 31 mars 1972.
M. GARNEAU: C'est cela. Regardez dans votre rapport, au début de
la troisième page, la date du dépôt du rapport, on se
rappellera que c'était la difficulté...
M. LESSARD: Le dépôt du rapport en août 1973.
M. GARNEAU: Août 1973, pour l'exercice financier terminé le
31 mars 1972.
M. LESSARD: Maintenant, vous avez fait votre deuxième
déménagement depuis ce temps? Vous avez fait un
déménagement depuis quelque temps, je pense?
M. LEFAIVRE (Marcel): J'imagine que cette fois-là... Je ne peux
pas répondre pour le deuxième déménagement, parce
que je n'ai pas de rapport. Là, on m'informe qu'ils ont eu les
classeurs. En fait, il y a eu des documents qui ont plutôt
été égarés que perdus. On avait engagé des
étudiants pour prendre tous les documents qui étaient
entassés dans un coin d'une chambre pour les ranger dans un classeur. Si
le vérificateur n'a pas retrouvé les documents pertinents ou s'il
dit que le classement n'était pas adéquat, c'est qu'ils ont
été mal classés. Il faudra refaire un travail au complet
pour reclasser les documents selon les besoins du Vérificateur
général.
M. CHOUINARD: Le problème que nous avons constaté en
1971/72, au cours de nos vérifications, était que les documents
arrivaient de différents bureaux de district dans les boîtes et
c'était réellement un fouillis. A ce moment, ils ont
commencé à faire un classement et quand nous avons essayé
de nous retrouver, au moment de notre vérification, il y avait des
documents. Quand on dit que les documents n'ont pu être retracés,
c'est suite à cet arrivage de documents qui venaient de
différentes parties de la province, des bureaux de district. Il fallait
vérifier la pièce originale.
M. LESSARD: Est-ce que pour le prochain rapport parce que je
pense qu'il est déposé vous constatez les mêmes
difficultés de classement, les mêmes faiblesses en ce qui concerne
la classification à l'intérieur du ministère? Est-ce que
vous avez été capable de faire une vérification... sinon
une vérification qui vous permet de dire qu'il y a eu une
amélioration sensible?
M. CHOUINARD: Certainement. Il y a eu une amélioration dans ce
secteur. Je ne dirai pas qu'il n'y a pas encore des faiblesses, mais il y a
certainement eu amélioration parce que d'ailleurs, je crois, si ma
mémoire est bonne, que maintenant les documents sont
vérifiés au préalable dans les bureaux de district. ... le
service de vérification, avec une vérification au
préalable et une approbation de documents au niveau d'une
vérification interne qui se fait au niveau des districts au
départ. Cela a amené un correctif à cette situation. Je ne
dis pas à 100 p.c, mais une bonne partie.
M. LAROSE: Lorsque nous entreprenons une vérification, on ne peut
penser surtout lorsqu'il y a une masse de documents... c'est réellement
le travail du ministère de nous remettre le matériel d'une
façon que le travail de vérification puisse se faire dans un
délai raisonnable. Autrement, pour nous, avec le personnel que nous
avons et avec les obligations que nous avons, à ce moment, il nous
serait absolument impossible de faire un travail de vérification si la
documentation n'est pas dans un ordre convenable. Et c'est ce qui est
arrivé dans... La documentation qui venait principalement des districts
n'était pas suffisamment en ordre que nous permettre de faire une
vérification valable.
M. LESSARD: M. Larose, est-ce qu'à votre connaissance, c'est l'un
des seuls ministères qui semblent s'être retrouvés dans une
situation que vous décrivez assez déplorable, je pense, puisque,
comme vous dites, vous n'êtes pas capable d'étudier tous les
documents et devez faire des sondages et que vous n'avez pu, pour
l'année 1973, trouver les pièces qui vous permettaient de faire
ces sondages?
M. LAROSE: Je parle de mémoire. Je ne crois pas que mes
vérificateurs m'aient rapporté une situation semblable par
rapport à d'autres ministères.
M. LESSARD: Vous pourriez, de mémoire, dire que le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, en ce qui
concerne le contrôle des documents, la facturation, etc., serait l'un des
ministères les moins organisés.
M. LAROSE: II l'était à ce moment-là. Je crois que,
comme M. Chouinard l'a mentionné tout à l'heure, la situation
s'est améliorée depuis, mais, à ce moment-là, en
1971/72, au moment où on a fait la vérification 1971/72, la
situation était telle. Maintenant, je ne crois pas qu'il soit dit dans
le rapport que ce soit pour tout l'ensemble de la documentation qui
relève du ministère. Il s'agit d'une certaine documentation, la
documentation qui peut venir de l'extérieur principalement, qui vient
des bureaux régionaux.
M. LESSARD: Mais vous affirmez...
M. LAROSE: ... mais de la documentation dont on avait besoin pour la
vérification des revenus. Il a été mentionné tout
à l'heure par le contrôleur des finances qu'il y avait aussi une
certaine documentation concernant des mandats de paiement, je crois, qui avait
été égarés. Je ne peux pas l'affirmer. Il ne nous
semble pas qu'alors, on en ait eu besoin pour les fins de notre
vérification.
M. LESSARD: Alors, cela n'a pas, comme vous le dites dans votre rapport,
facilité la vérification de la régularité des
dépenses du ministère.
M. LAROSE: Sans aucun doute.
M. LESSARD: M. le Président, j'attendrai le prochain rapport du
Vérificateur général et
nous espérons que le ministère va appliquer des
réformes radicales pour lui permettre de faire son travail de
façon efficace, comme il l'a fait pour d'autres ministères
d'ailleurs. Maintenant, on a déjà parlé...
M. GARNEAU: Je voudrais poser une question. Est-ce que, depuis le
déménagement... Je comprends que, quand vous étiez au "G",
c'est une des raisons de votre déménagement, il y avait un manque
d'espace, mais, depuis votre installation dans le nouvel immeuble, est-ce que
le problème de l'espace, qui limitait votre capacité de
classement de documents, s'est amélioré sensiblement?
M. LANGLOIS (Guy): Le problème de l'espace est
réglé maintenant que nous sommes dans le local de la Place de la
Capitale, mais le ministère est déménagé avec son
ameublement et, depuis que nous sommes déménagés, le
ministère des Travaux publics a ajouté des classeurs qui
étaient nécessaires au service comptable. Maintenant, le
comptable est en mesure de remettre de l'ordre, qui était
nécessaire, dans ces documents.
M. LESSARD: N'ayant pas de classeur, vous étiez obligés de
classer cela dans des boites.
M. LANGLOIS: C'étaient dans des boîtes de carton et
accumulé. C'est ce qui rendait les recherches assez difficiles, pas mal
ardues.
M. LESSARD: Je vous comprends.
M. MERCIER: Vous ne prévoyez pas d'autres
déménagements prochainement?
M. GARNEAU: C'est le ministère du Tourisme, ils font le tour.
M. LESSARD: Le ministère des voyages.
M. GARNEAU: C'est clair que tout l'aménagement des
ministères est un problème constant, vu l'expansion que prend la
fonction publique. Quand on est entré dans le complexe G avec les
ministères, on pensait que les besoins d'espace allaient être
réglés pour cinq ans. Or, au bout de deux ans,
déjà, là où il était prévu d'avoir
tant de personnes par...
M. LESSARD: La loi de Parkinson.
M. GARNEAU: ... c'est ça, c'est la loi de Parkinson qui joue,
finalement, les espaces ont été trop restreints. C'est pourquoi
le ministère des Travaux publics, actuellement, est en
négociation avec des sociétés d'assurance pour
régler le financement et la construction de certains immeubles à
Québec qui vont pouvoir faciliter l'aménagement physique des
ministères. Mais c'est évident que ça crée des
problèmes, surtout pour un ministère comme le ministère
du
Tourisme qui est très décentralisé dans son action
et où un grand nombre de petites décisions se prennent. J'imagine
que, lorsque le ministère reçoit la boîte des factures qui
ont pu être transigées dans le parc de la Gaspésie ou
ailleurs, ça fait un moyen brassage de papier. Sans vouloir excuser qui
que ce soit, je pense qu'il y a une partie du problème qui est due
à l'aménagement en plus d'un autre secteur qui est
peut-être dû au système. On m'informait tout à
l'heure que des étudiantes, par exemple, qui avaient classé les
documents sur un mandat de paiement qui regroupait cinquante factures pouvaient
être libellés à cinquante noms différents,
lorsqu'elles prenaient le mandat de paiement et voyaient que la première
facture était en G, foutaient le paquet dans la filière de G,
alors qu'il y avait peut-être des Trépanier, des Larose, des
Picard, tout ce que vous voudrez. Alors, lorsqu'il s'agit d'aller rechercher
ces factures, cela a été et cela constitue un travail assez
important.
M. LESSARD: Concernant les prêts aux pêcheurs, on en a
discuté. Ce que je désirerais savoir, c'est que cette loi, qui
existe depuis 1971, permet au ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche de consacrer des prêts à des personnes qui ont
dû arrêter leurs activités commerciales à cause de la
pollution. Mais l'engagement que ces personnes prenaient lorsqu'elles
recevaient le prêt, c'est qu'elles n'étaient pas tenues de
rembourser tant et aussi longtemps qu'elles n'étaient pas
dédommagées par le pollueur. Le ministère de la Justice
devait entreprendre à ce sujet certaines procédures. On nous
informait l'autre jour, je pense, lorsque nous avons discuté d'un autre
programme, qu'il était extrêmement difficile de prendre ces
procédures parce que ce n'était pas tant un pollueur que beaucoup
de pollueurs, en fait, et que c'était difficile de trouver le
véritable responsable.
Est-ce que, depuis 1971, il y a eu d'autres prêts consentis en
vertu de cette loi? Il y a eu des pêcheurs d'anguille qui ont eu des
prêts, je pense. Est-ce qu'il y a eu d'autres prêts qui ont
été décernés. Quel est le montant total de ces
prêts?
M. LANGLOIS: Le montant des prêts rapportés dans les
comptes publics est rendu à une somme de $692,000 environ. Tous les ans,
on en attribue un certain montant.
M. LESSARD: Tous les ans, vous dites?
M. LANGLOIS: II y a un certain montant qui est attribué aux
pêcheurs en vertu des mêmes lois qui étaient en vigueur
à cette époque-là, en 1971.
M. LESSARD: Depuis ce temps, est-ce que vous avez eu l'occasion
d'obtenir certains remboursements?
M. LANGLOIS: Pas encore.
M. LESSARD: Est-ce qu'à votre connaissance des procédures
ont été prises en ce sens?
M. LANGLOIS : II semble que les procédures soient assez
difficiles dans ce cas-là, étant donné que même dans
certaines régions on a de la difficulté à démontrer
que c'est telle et telle industrie qui est responsable. Dans d'autres endroits,
il y a des degrés de mercure qui peuvent être aussi
élevés que là où il y a des pêcheurs et ce,
pour des causes naturelles. C'est un point qui est assez technique.
M. LESSARD: M. Larose, tel que vous l'affirmez dans votre rapport de
1973, il semble que dans des comptes du ministère une provision pour
perte totale des dépenses a été prévue?
M. LAROSE: Suivant la recommandation qu'on avait faite l'année
précédente. Pour l'année se terminant le 31 mars 1972, il
n'y avait pas eu de provision, du moins je ne le crois pas, et pour
l'année 1973, il y a une provision totale, prévoyant une perte
totale sur ce type de prêts.
M. LESSARD: On a accepté votre recommandation de 1972, et, pour
le ministère, il semble que ce soit maintenant une perte totale.
Concernant l'article 2, indemnité d'accidents de chasse et de
pêche. Il semble qu'il y ait des retards concernant le remboursement des
réclamations. Est-ce que ces retards ont été
corrigés?
M. LANGLOIS: II semble que le ministère de la Justice ait
peut-être assez de difficulté à régler les
problèmes rapidement. Etant donné que dans chaque cas on fait
faire des enquêtes par le service central des réclamations, on n'a
pas de mesures pour intervenir sur les faits et gestes du ministère de
la Justice. Les enquêtes sont menées par le ministère de la
Justice et l'indemnité est payée à même notre
budget.
M. LESSARD: Actuellement, quel montant totalise la somme des
réclamations qui seraient en suspens? Le Vérificateur
général parle de $146,000 au 31 mars 1973, qui n'auraient pas
été inscrits aux livres du ministère.
M. LANGLOIS: On peut difficilement les inscrire aux livres du
ministère, étant donné qu'au 31 mars 1973 le
ministère de la Justice a peut-être sur ses bureaux un certain
nombre de réclamations et tant qu'on n'est pas informé de la
décision du service central des réclamations, on ne peut pas les
considérer comme comptes à payer.
M. LESSARD: Je suis d'accord que vous ne pouvez pas savoir exactement
quel est le mon- tant qui sera réclamé, mais il vous faut
prévoir puisque vous avez eu certaines expériences dans le
passé un montant qui vous permettra de pouvoir payer ces
réclamations.
M. LANGLOIS: Pour autant que le ministère de la Justice pourrait
nous confirmer un montant possible d'engagements, ce sur quoi il est difficile
pour lui de se prononcer.
M. LESSARD: J'aimerais avoir les commentaires de M. Larose.
M. LAROSE: Nous avons voulu souligner, en inscrivant ce paragraphe,
qu'il y avait un passif du ministère qui n'était pas inscrit aux
livres. Nous avons voulu mentionner quelle était l'ampleur de cette
dette possible.
M. LESSARD: Est-ce que, au point de vue de la comptabilité, il y
aurait des possibilités pour que le ministère prévoie
quand même un montant, dans ses comptes, pour payer ces
réclamations si ces réclamations sont faites?
M. LAROSE: S'il s'agissait d'une entreprise privée, il n'y a
aucun doute qu'il serait absolument normal qu'une provision pour un passif soit
inscrite aux livres. Je pense que ce serait, à ce moment,
l'intérêt de l'entreprise privée, s'il n'y avait pas
d'autre intérêt que de payer moins d'impôt sur le revenu,
d'inscrire cette dette dans ses livres.
Au niveau du gouvernement, il y a des fois où
l'interprétation que l'on peut donner à la Loi de
l'administration financière et à certaines dispositions de la Loi
de l'administration financière rend peut-être un peu plus
difficile l'inscription de dettes de ce genre. Mais si la dette, en fait, ne
pouvait pas être inscrite directement au passif, elle pourrait au moins
être notée à un endroit en annexe aux états
financiers, même si elle n'est pas strictement...
Mais si c'était possible, en vertu de la loi ou si la loi
était amendée de façon à pouvoir inscrire une telle
provision, nous sommes d'opinion que ce serait préférable.
M. GARNEAU: C'est le même sujet qu'on a déjà
abordé dans les constations générales.
M. LESSARD: C'est une question d'interprétation.
M. le Président, à 3-3, droits perçus en vertu de
la Loi de l'hôtellerie, j'aimerais que M. Larose nous donne certaines
explications concernant les remarques qu'il fait sous ce titre où on
lit: "Vu les dispositions particulières de cette loi, nous sommes d'avis
qu'aucun compte dû au service de l'hôtellerie ne saurait être
considéré comme recevable. C'est d'ailleurs la pratique
actuellement suivie au ministère". J'aimerais d'abord avoir certaines
explications concernant cette affirmation. De quels comptes s'agit-il? Pourquoi
le ministère ne pourrait-il
pas considérer ces comptes comme recevables, puisque vous dites,
un peu plus loin, que les administrateurs doivent quand même prendre les
moyens nécessaires pour récupérer ces comptes?
M. CHOUINARD: C'est parce que le permis d'hôtellerie, c'est un
permis d'exploitation pour un hôtel ou un restaurant à peu
près au même titre qu'un permis de conduire émis par le
Bureau des véhicules automobiles. Donc, c'est un droit qui se
perçoit sur émission du permis. C'est pour cela que, dans le
rapport, le Vérificateur général dit: Vu les dispositions
particulières de cette loi, nous sommes d'avis qu'aucun compte dû
au service de l'hôtellerie ne saurait être considéré
comme recevable" mais que, par contre...
M. LESSARD: Est-ce qu'il y en a qui sont considérés comme
recevables?
M. CHOUINARD: II n'y en a pas dans cela.
M. LESSARD: C'est impossible, parce que c'est sur émission du
permis qu'il y a paiement par le propriétaire ou le demandeur du
permis.
M. CHOUINARD: On ajoute: "Toutefois, les administrateurs de ce service
ne sont pas pour autant dégagés de l'obligation d'activer la
perception de telles redevances auprès des propriétaires
concernés". Ce qu'on a voulu soulever par là, c'est qu'à
partir du 30 avril, les permis doivent être renouvelés.
Pour ces permis qui deviennent périmés ou ceux des
établissements qui ont été créés au cours
des mois qui précèdent, dans le cours normal des affaires, des
opérations financières, on doit faire une demande de permis. Et
le ministère doit prendre les dispositions pour détecter le plus
possible ces gens qui font affaires sans permis, et quant à ceux qui
n'ont pas renouvelé leur permis, voir à appliquer la loi pour
qu'ils renouvellent leur permis ou, tout simplement, prendre les dispositions
pour obliger les restaurateurs et hôteliers à renouveler leur
permis.
M. LESSARD: Est-ce qu'au ministère il n'y a pas une
procédure qui exige qu'un restaurateur ou qu'un hôtelier
renouvelle son permis quelques semaines avant l'échéance du
permis?
M. PREVOST: Voilà, c'est que l'hôtelier est invité
à payer son permis au moment où il le reçoit. Mais il y a
une nouvelle réglementation à l'étude, qui est sur le
bureau du ministre présentement, où il y a un article qui
prévoit, si c'est approuvé, qu'à l'avenir une fois
la réglementation adoptée la facturation s'effectuera
trois mois avant le début de l'année pour laquelle le permis
s'applique. Avec le résultat qu'advenant le cas où un paiement
serait fait au moyen d'un chèque sans provision, le permis ne sera pas
expédié. C'est la différence entre percevoir le coût
d'un permis après qu'il a été émis, ce qui n'est
évidemment pas facile, et pouvoir facturer et s'assurer, avant que le
permis ne soit émis, que le chèque était un chèque
avec des provisions.
M. LESSARD: Mais vous émettez le permis annuellement?
M. PREVOST: II est émis annuellement.
M. LESSARD: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu qu'après vous
parlez de trois mois quinze jours ou un mois de l'émission du
permis, un chèque soit envoyé immédiatement, sinon il y a
annulation du permis?
M. PREVOST: C'est précisément ce qui se fait. Nos
inspecteurs, en plus, tout en faisant l'inspection des établissements,
font également de la perception. Le problème est le suivant: A
partir du moment où le service de l'hôtellerie constate qu'un
établissement fonctionne sans permis, il ne suffit pas uniquement
d'établir le constat, à ce moment, il faut prendre des
procédures. Il faut préparer un dossier. Le dossier est
préparé par le service de l'hôtellerie. S'il doit y avoir
poursuite, à ce moment, le dossier est transmis au ministère de
la Justice qui, lui, intente les poursuites. Nous ne pouvons pas manu militari
nous rendre sur les lieux et poser un cadenas sur la porte. A ce moment, cela
devient une question juridique, une question qui est soumise aux tribunaux.
M. LESSARD: La personne agit sans permis, mais cependant il appartient
au ministère de la Justice de prendre des procédures pour en
arriver à une condamnation, s'il y a lieu, de cette personne, et
à la fermeture, soit de l'hôtel ou du restaurant.
M. PREVOST: Voilà. Le dossier est constitué par le service
de l'hôtellerie. Lorsqu'il est complet, il est transmis au
ministère de la Justice pour que des procédures soient
prises.
M. GARNEAU: Combien de permis manipulez-vous annuellement?
M. PREVOST: 3,500 permis d'hôtel, environ 11,000 permis de
restaurant et 863 permis de terrain de camping. Au total, c'est 15,000 permis
en chiffres ronds.
M. GARNEAU: Si je comprends bien votre remarque, M. le
vérificateur, c'est dans la rapidité qu'il y a à percevoir
le montant dû pour le permis que les efforts devraient être
concentrés.
M. CHOUINARD: Oui, parce qu'on a constaté, à
l'étude des listes qui ont été émises par le centre
de mécanographie, qu'il y avait plusieurs
établissements dont les permis étaient
périmés et les procédures officielles n'avaient pas
été prises au moment de notre vérification. Il y avait
comme M. Prévost le dit peut-être eu des approches
de faites, des inspections qui étaient en cours de route, mais c'est
tout simplement pour restreindre ce délai ou période où il
y a des hôteliers ou des restaurateurs qui font affaires sans avoir
renouvelé leur permis ou sans avoir, tout simplement, de permis. Le
commentaire est fait dans ce sens.
M. GARNEAU: Mais vous croyez, M. Prévost, qu'avec la nouvelle
réglementation, si elle est appliquée, vous allez en
éliminer une partie par le fait qu'il y aura une période de trois
mois avant que le nouveau permis devienne légalement exigible,
c'est-à-dire que vous feriez votre perception durant le temps que court
encore le permis...
M. PREVOST: Voilà!
M. GARNEAU: ... qui est officiellement légal.
M. PREVOST: Nous avons préparé un formulaire par lequel le
détenteur d'un permis pourra, sur réception, en nous le
retournant, demander le renouvellement du permis. A ce moment, il faudra
nécessairement qu'un chèque accompagne la demande. Cela donnera
amplement le temps de vérifier si le chèque peut être
honoré par la banque ou non. Cela évitera d'émettre un
permis à quelqu'un qui n'aura pas payé à l'avance.
M. LESSARD: Toujours dans votre rapport cette fois, de 1972
vous notez que la clause des baux obligeant un locataire à
fournir au ministère des états financiers vérifiés
sur le résultat des activités de l'établissement
loué n'a pas été respectée dans la plupart des cas.
Vous le notez pour 1972; cependant, vous ne le notez pas pour 1973. Est-ce que
cette situation aurait été corrigée?
M. CHOUINARD: C'est qu'en 1973 il y avait peut-être un peu moins
d'impact, parce que plusieurs changements avaient eu lieu au cours de
l'exercice 1972/1973, je pense je vous répète cela de
mémoire que les baux n'étaient plus basés sur le
chiffre de ventes brutes des établissements, mais plutôt sur un
montant forfaitaire de location.
M. LESSARD: Vous parlez des baux... M. CHOUINARD: Des
concessionnaires.
M. LESSARD: ... des concessionnaires à l'intérieur des
parcs, basés sur un montant forfaitaire; donc, la procédure pour
vérification était beaucoup moins difficile.
M. LANGLOIS: On peut difficilement exiger les états financiers
d'une personne qui paie un montant forfaitaire.
M. LESSARD: Mais cela serait quand même important pour
évaluer le montant forfaitaire que vous devez exiger de cette
personne.
M. LANGLOIS: Cela dépend de la procédure qu'on devra
adopter. Si on va en soumission, il est difficile, à ce moment, d'exiger
les états financiers quand même, parce qu'en soumission, on peut
demander un montant minimum de X, qu'on peut évaluer raisonnable, et
demander à des soumissionnaires de... A ce moment, on prend le plus haut
soumissionnaire. Si le ministère est satisfait de cette acceptation, que
le concessionnaire opère à profit ou à perte, on n'en est
pas le responsable.
M. LESSARD: Est-ce que c'est une nouvelle réglementation qui est
maintenant généralisée dans les parcs?
M. LANGLOIS: De plus en plus, nous tendons à administrer nos
campings et nos gros établissements. Par contre, il peut y avoir
certains endroits où cela devient plus commode de le donner à un
concessionnaire, comme, par exemple, au mont Sainte-Anne, celui qui exploite le
magasin d'articles de sport. C'est plus facile pour le ministère de le
donner à concession que de l'administrer lui-même, parce que, pour
le ministère, il n'est pas possible d'avoir des agences de produits
européens ou fabriqués ici au Canada, pour la vente d'articles de
sport,
M. LESSARD: Est-ce que ceci se fait généralement sous
forme de soumissions?
M. LANGLOIS: Oui, cela se fait sous forme de soumissions dans ces
cas.
M. LESSARD: Maintenant, M. Larose, le ministère, je pense, dans
sa comptabilité, ne distingue pas les revenus provenant des territoires
de chasse qui sont loués, soit les territoires privés par rapport
aux pourvoyeurs. Est-ce que vous avez pu faire cette vérification et
est-ce que vous avez essayé de savoir quels étaient les revenus,
pour le ministère, qui provenaient tant des pourvoyeurs que les revenus
qui provenaient des clubs privés?
M. CHOUINARD: Vous faites allusion aux pourvoyeurs.
M. LESSARD: Oui.
M. CHOUINARD: Nous n'avons pas eu de problème particulier au
point de vue des pourvoyeurs. Je pense qu'en 1973/74 on n'a pas touché
à la vérification, ni en 1972/73, ni en 1971/72. Tout
était régulier au point de vue de la procédure comptable,
et au point de vue de la comptabilisation.
M. LESSARD: Et en ce qui concerne les clubs privés?
M. CHOUINARD: Les clubs privés avaient diminué
sensiblement de mémoire au cours de...
M. LESSARD: C'est cela que nous ne sommes pas capables de savoir, parce
que lors de l'étude des derniers crédits du ministère, on
m'a appris qu'on ne distinguait pas dans les rapports du ministère, les
clubs privés des pourvoyeurs. Peut-être l'avez-vous
constaté.
M. CHOUINARD: En 1971/72, les droits perçus des pourvoyeurs
étaient comptabilisés séparément des clubs
privés au moment où nous les avons vérifiés. De
toute façon, il semble que...
M. LESSARD: On m'a promis lors de l'étude des derniers
crédits qu'une distinction allait se faire dans le prochain rapport.
M. GARNEAU: Sur la question de la comptabilisation des permis?
M. LESSARD: Sur la comptabilisation et surtout sur la distinction. A un
certain moment, on dit, par exemple, qu'il y a à la fois 24,000
pourvoyeurs et clubs privés de chasse et de pêche. Je pense que
c'est aux environs de 21,900, mais on n'a pas de distinction concernant
finalement le nombre de clubs privés par rapport au nombre de
pourvoyeurs. De toute façon, ce sont des questions qui reviendront
probablement lors de l'étude des crédits puisqu'on m'a promis
de...
M. LAROSE: II s'agit, si je comprends bien, des revenus qui
proviendraient de ces sources?
M. LESSARD: II est possible que les revenus soient divisés, que
vous ayez pu en faire la vérification vous-même, mais dans le
rapport annuel du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, ce n'est pas distingué.
M. LAROSE: Ah bon! En ce qui nous concerne, nous ne vérifions pas
à 100 p.c, chaque année, tout ce qui se passe à
l'intérieur d'un ministère. En ce qui regarde cette partie en
particulier, nous avons fait une vérification d'ordre
général. Dans une des années à venir,
peut-être l'année prochaine ou cette année, nous irons plus
en profondeur dans ce secteur, mais d'après ce qu'on me dit, nous ne
sommes pas encore allés en profondeur dans ce secteur.
M. LESSARD: C'est pour cela que je vous le souligne, M. Larose. A la
division des permis de chasse et de pêche, encore là, comme le
soulignait tout à l'heure le ministre, dans ce ministère, il y a
quantité de petites décisions et surtout, il y a une
décentralisation administrati- ve qui est nécessaire, en
particulier, dans l'émission des permis. Le Vérificateur
général souligne que, vu le nombre important de permis non vendus
considérés comme en circulation au terme de l'année
financière, nous sommes d'avis que le ministère devrait exiger de
ses bureaux régionaux le retour beaucoup plus expéditif de tels
permis.
Cette initiative pourrait s'avérer très pratique tout en
permettant d'éliminer l'éventualité d'une malversation
toujours possible par quelque subterfuge que ce soit.
Première question: Est-ce qu'il y a eu correction et est-ce que,
surtout, vous exigez de la part de vos distributeurs de permis, tant de chasse
que de pêche, le retour de tous les feuillets?
M. LANGLOIS: C'est exigé, mais nous avons encore de la
difficulté à faire revenir au ministère les permis non
vendus. En ce qui concerne...
M. LESSARD: Excusez, mais comment pou-vez-vous avoir un contrôle?
Parce qu'une personne peut vous faire un rapport établissant qu'elle a
vendu tel nombre de permis et si vous ne recevez pas par la suite les permis
non vendus...
M. LANGLOIS: On finit toujours par les recevoir et ceux qui retardent
sont perçus par nos agents de conservation ou par voie de communication
des bureaux régionaux, du ministère au mandataire. Cette
perception qui était lente à venir jusqu'à un certain
temps, a été accélérée par des envois de
rappels chez les mandataires. Entre le 31 mars 1973 et le 31 mars 1974, on a
déjà baissé sensiblement le montant des comptes à
recevoir. Je crois que dans le prochain rapport du Vérificateur
général, cette mention pourra peut-être être faite
qu'il y a eu une amélioration sensible, par des rappels qui ne se
faisaient peut-être pas d'une façon systématique autrefois.
Alors, on adopte des méthodes de façon que...
M. LESSARD: En fait, l'émission de permis, c'est un genre de
concession. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'exiger, pour obtenir cette
émission, que la personne après telle date fasse parvenir...
M. LANGLOIS: C'est la façon qu'on adopte maintenant.
M. LESSARD: Sinon, l'année prochaine vous allez...
M. LANGLOIS: Exactement. Ceux qui n'ont pas payé dans un
délai de X jours perdent évidemment...
M. LESSARD: Comme la taxe de vente.
M. LANGLOIS: Exactement. On ne renouvelle pas leur mandat l'année
suivante.
M. GARNEAU: Combien avez-vous de demandes de permis?
M. LANGLOIS: Nous avons environ 3,500 à 4,000 vendeurs.
M. GARNEAU: Si ces permis étaient vendus uniquement par les
caisses populaires, ce ne serait pas mieux?
M. LANGLOIS: Ce serait aux environs de 1,200 succursales.
M. LESSARD: Suite à la question du ministre des Finances, si
c'était vendu par les caisses populaires, vous dites que, il y aurait
environ 1,200...
M. LANGLOIS: II y aurait environ 1,200 succursales de caisses populaires
dans la province. C'est à peu près le nombre de succursales dans
la province.
M. LESSARD: Est-ce que c'est une possibilité qui est
envisagée par le ministère?
M. LANGLOIS: Oui.
M. GARNEAU: Le problème là-dedans, parce que j'en ai
déjà causé avec le ministre, c'est que les chasseurs et
les pêcheurs sont habitués d'aller prendre leur permis en
même temps qu'ils vont chercher les quelques hameçons qui leur
manquent...
M. LESSARD: C'est cela que j'aurais tenté...
M. GARNEAU: ... ou encore en entrant dans le parc. Comme
évidemment on ne peut pas avoir une politique qui desserve uniquement
les avantages administratifs, mais qui desserve la population aussi. Je sais
que c'est un problème parce que souvent les amateurs de chasse et
pêche en souffriraient eux-mêmes. Quand ils partent, ils manquent
toujours un peu d'équipement et ils achètent leur permis en
même temps. Cela compliquerait dangereusement et avec les heures de
fermeture aussi des institutions bancaires...
M. LESSARD: Je pense que je ne recommanderais pas une telle
solution.
M. GARNEAU: C'est un peu pour cela que le ministre ne l'a pas
recommandé d'une façon concrète. Il discutait de
l'éventualité, de la possibilité parce
qu'administrativement ce serait beaucoup plus simple, compte tenu d'abord de la
compétence administrative qui existe dans les caisses populaires contre
des petites boutiques qui vendent des hameçons et des perches de ligne.
Aussi, il éviterait toute la question des faillites, des gens qui
vendent et à un moment donné... Les coûts de perception. Je
pense que cela ne desservirait pas la population dans le sens qu'on doit le
faire. C'est un inconvénient.
M. LESSARD: Oui.
M. GARNEAU: Ce que je comprends, c'est que là où l'effort
doit être fait, c'est du côté de la perception et aussi
indiquer quels seraient les comptes à paraître aux états
financiers, des comptes qui pourraient être en suspens.
M. LANGLOIS: Ceux qui ne remboursent pas.
M. GARNEAU: Y a-t-il plusieurs émetteurs qui sont
pénalisés de cette façon-là, chaque
année?
M. LANGLOIS: II y en a plusieurs, mais on ne peut pas dire que ce n'est
pas général. En général on répond à
nos demandes de mise à jour et nous font parvenir leur argent assez
rapidement.
M. LESSARD: Mais pour voir si cette sanction peut être efficace et
quel est le montant, par exemple, sur un permis de $3.10, de petite chasse, qui
demeure...
M. LANGLOIS: Je crois que c'est $0.25 que l'on donne de commission.
M. LESSARD: Ce qui arrive...
M. LANGLOIS: Les commissions varient entre $0.25 et $3.
M. LESSARD: Mais il ne faut pas oublier, par exemple, que pour le
vendeur d'articles de sport, bien souvent, c'est un avantage, le fait qu'on se
rende chez lui pour aller chercher son permis, ça lui apporte bien
souvent des ventes. Ce n'est pas tant la somme versée...
M. LANGLOIS: Pour certains, c'est un embarras également.
M. LESSARD: Sur un permis de chasse à l'orignal...
M. LANGLOIS: Je crois que c'est $2.50 ou $3 au maximum.
M. LESSARD: Je pense que ce serait très difficile de limiter la
vente de permis à des caisses populaires, surtout, dans des
régions périphériques. Il arrive que nous ayons un service
de petites entreprises privées qui vendent au-delà des heures de
fermeture...
M. LANGLOIS: Le samedi et le dimanche également.
M. LESSARD: M. le Président, j'ai terminé en ce qui
concerne les questions sur le ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche, en espérant que l'année prochaine nous pourrons
constater, dans le rapport du vérificateur, des améliorations
sensibles en ce qui concerne l'administration.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Tranport.
M. GARNEAU: Non, M. le Président, je regrette. Suivant l'horaire
que nous avions tracé ce matin, ne voulant pas faire venir les gens du
ministère des Richesses naturelles et leur faire faire le pied de grue
inutilement, nous avions convenu qu'on suspendrait après les questions
concernant le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
et qu'on reprendrait à 8 h ou 8 h 15...
M.LESSARD: 8 h 15.
M. GARNEAU: ... 8 h 15 l'étude du rapport du vérificateur
en prenant en considération le ministère des Richesses naturelles
et, une fois que les travaux concernant le ministère des Richesses
naturelles seront terminés, on ajournerait sine die jusqu'à ce
que la Chambre nous invite à siéger de nouveau.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 8 h 15.
(Suspension de la séance à 17 h 35)
Reprise de la séance à 20 h 21
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
Richesses naturelles. L'honorable ministre des Finances.
Richesses naturelles
M. GARNEAU: M. le Président, tel que convenu avant la suspension,
nous allons entreprendre les remarques du Vérificateur
général concernant le ministère des Richesses naturelles.
Nous avons avec nous M. Clément Tremblay, directeur
général de l'administration du ministère des Richesses
naturelles; M. Alphonse Brown, qui est à sa droite, du service de la
comptabilité, et M. Jean Têtu, qui est responsable de la
fiscalité minière. Je n'ai pas d'autres remarques à faire
pour le moment.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saguenay.
M.LESSARD: M. le Président, en 1972, dans son rapport, le
Vérificateur général parlait de certaines avances aux
employés affectés aux régions éloignées. En
1973, le Vérificateur général, dans son rapport, revient
sur cette situation et précise ceci: "Comme ce fut le cas pour
l'année 1971/72, des avances considérables ont été
consenties en 1972/73 à des chefs d'équipe ou d'autres
employés assignés à la conduite des opérations du
ministère dans des régions éloignées, y compris le
Nouveau-Québec."
Par la suite, le Vérificateur général fait mention
du fait qu'il y aurait une faiblesse de contrôle concernant ces avances
aux employés affectés aux régions éloignées.
J'aimerais d'abord que le Vérificateur général, M. Larose,
explicite un peu sa pensée et nous dise quels sont les moyens qu'il
propose, soit à la vérification des comptes il en parle au
paragraphe 2 et j'aimerais qu'on précise pour quelles fins ces
montants ou ces avances sont accordés et comment un contrôle
pourrait exister. Peut-être un de ses collègues pourrait-il le
faire à sa place?
M. LAROSE: Voulez-vous commencer, M. Chouinard?
M. CHOUINARD: Ces avances sont accordées aux chefs
d'équipe pour les opérations du Nouveau-Québec, les
dépenses de différentes natures, soit pour la recherche des
géologues, pour des frais de déplacement, le maintien des gens
à des postes qui sont dans le Nouveau-Québec.
A ce moment, la recommandation qu'on faisait était à
l'effet que les personnes en cause qui étaient au Nouveau-Québec
fassent rapport
au ministère et que celui-ci exige qu'elles produisent une
conciliation de l'avance, autrement dit le montant de l'avance, le solde de
l'avance, les dépenses encourues en indiquant le solde résiduel,
avec pièces à l'appui, d'une façon
régulière, d'une façon plus continue, au lieu que ce soit
à la fin des opérations, que ce soit en fin de saison, comme cela
se produisait dans certains cas, en septembre ou en octobre quand les gens
revenaient du Grand-Nord. C'est l'essence de notre commentaire.
M. LESSARD: Est-ce que le Vérificateur général
aurait fait mention, par exemple, sinon dans son rapport, peut-être
verbalement, aux autorités du ministère de la possibilité
de détournement de fonds dans des circonstances comme
celles-là?
M. CHOUINARD: Non, ce que le Vérificateur général
nous a mentionné à l'occasion de nos discussions est à
l'effet que c'est tout simplement une mesure de contrôle d'une saine
administration. Quand on fait une avance, on devrait avoir un compte rendu
périodique des sommes dépensées définitivement
avant de combler l'avance. C'est sur le même principe qu'une avance pour
frais de voyage. Vous faites le voyage, la dépense est faite, il y a un
rapport qui doit se produire dans des délais assez restreints pour le
remboursement de dépenses, plutôt qu'attendre que l'avance soit
complètement écoulée ou, tout simplement, que le compte
soit rendu à zéro et remboursé par la suite.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous êtes bien au courant que c'est depuis
1963 que cette section du Nouveau-Québec existe et que, depuis 1963, il
s'est produit à votre recommandation, sous votre surveillance
bien des choses qui, comme dit le ministre lui-même, ne seraient
pas très catholiques.
En 1962, vous aviez pris la peine, l'honorable vérificateur de la
province, d'inscrire un article spécifique pour prévoir ce qui
est arrivé, malheureusement, depuis quelques jours. Le
vérificateur général avait dit: S'assurer que tout le
matériel et l'équipement appartenant au ministère, quant
au Nouveau-Québec, dans les entrepôts de Montréal ou de
Québec, soient bien contrôlés et utilisés aux fins
pour lesquelles ils ont été achetés. C'était un son
de cloche qui était évident à ce moment que, vous, le
vérificateur, étiez déjà en possession de documents
qui pouvaient condamner certains employés, parce que l'avertissement
était solennel.
Vous avez, par la suite, cette année, comme le dit mon
collègue, répété des avertissements, mais
avertissements qui ont produit depuis ce temps une saisie qui a
été assez retentissante de tous les documents par le
ministre de la Justice. On a fait maison rase. Pourquoi a-t-on certains
documents devant nous qui nous laissent présager certaines choses pas
trop catholi- ques comme dit la direction du Nouveau-Québec au ministre
de la Justice: Le ministère est au courant de choses pas catholiques
d'où sa demande à la Justice et aux Finances. Pour l'instant,
l'enquête semble de nature administrative et fort compromettante.
Je suis surpris personnellement de voir qu'un ministre peut, dans
l'exercice de ses fonctions, permettre surtout après un
avertissement si solennel que lui a fait le Vérificateur
général de certaines applications, de certaines
règles du jeu... Mon collègue vient de dire avec beaucoup de
raison: Surveillez les dépenses des chefs d'équipe,
particulièrement de l'argent qui leur est mis entre les mains ou des
transactions qui peuvent s'effectuer. Je pense que je voudrais savoir,
premièrement, si l'enquête a été faite à la
demande du ministre ou du ministre de la Justice ou du ministre responsable des
Richesses naturelles. Deuxièmement, est-ce que nous pourrons avoir avant
longtemps une copie du rapport de cette enquête qui doit incriminer
certains responsables, c'est-à-dire des cadres de l'administration qui
sont responsables de certaines dilapidations, comme il est dit, de ventes de
certains matériaux ou de l'échange de certaines choses qui font
que, dans ce ministère, cela prend une odeur un peu
nauséabonde?
Ma première question, M. le Président, c'est de savoir par
qui a été faite la demande, si c'est le ministère de la
Justice qui, en vertu de sa loi, a le droit de perquisitionner dans n'importe
quel ministère, à l'insu du ministre ou si c'est le ministre des
Richesses naturelles lui-même qui a recommandé, à la suite
de certaines malversations, parce qu'on parle de malversation, de dilapidation,
si c'est le ministre lui-même qui l'a demandé. Quels sont les
éclaircissements possibles pour nous, personnellement, mais pour le
public en général qui voit là un budget de $4 millions,
l'année passée de $4,689,000, qui monte à $5,290,000.
Je pense, M. le Président, qu'il y a là, pour le
vérificateur, certaines responsabilités, mais pour le ministre
aussi. Je serais bien heureux de connaître leur position
véritable, en plus des autres questions que j'ai à poser et que
mon collègue aura sûrement aussi, parce qu'il doit être
sensibilisé à ce problème aussi.
M. GARNEAU: M. le Président, le député de Johnson
me pose la question à savoir qui a recommandé l'enquête.
Mais il y a un point que je voudrais d'abord clarifier. Je ne connais pas la
réponse personnellement, mais peut-être que les gens...
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que le ministre est en devoir en dehors,
par obligation, par nécessité ou par évidence? Je ne veux
pas lui prêter de mauvaises intentions.
M. GARNEAU: Vous voulez parler du ministre des Richesses naturelles?
M. BELLEMARE (Johnson): ... des Richesses naturelles.
M. GARNEAU: En fait, sauf lorsque requis, comme c'est administratif...
le ministre de l'Agriculture est venu ce matin parce qu'un problème
était resté en suspens et il traduisait un besoin
d'éclaircir une politique du ministère qui se reflétait
dans un cadre administratif, qui était celui de...
M. BELLEMARE (Johnson): ... Régie...
M. GARNEAU: ... la Régie de l'assurance-récolte en regard
des cultures spécialisées, et c'est pour cette fin qu'il est
venu. Comme il y a un roulement assez important, on fait venir les
fonctionnaires les uns après les autres, je n'ai pas pensé que
c'était utile de demander à chaque ministre de faire le pied de
grue aussi et d'attendre...
M. BELLEMARE (Johnson): La cause des...
M. GARNEAU: La question que je voudrais poser pour m'éclairer
d'abord, moi aussi, est la suivante. Est-ce sur les questions d'avances aux
chefs d'équipes que l'enquête qui s'effectue par le
ministère de la Justice et les services comptables du
Vérificateur général s'applique, parce que je voudrais
qu'on puisse dissocier...
M. BELLEMARE (Johnson): Pourquoi les saisies de documents?
M. GARNEAU: Je voudrais savoir sur quel élément elle
s'applique? Est-ce que cela regarde les avances faites aux chefs
d'équipes ou si cela regarde cette question et d'autres choses?
L'étendue, d'une façon précise, de l'enquête, je ne
la connais pas, c'est pourquoi je demanderais à M. Tremblay de dire si
cela couvre ce secteur aussi, ou si cela couvre cela et d'autres choses?
M. BELLEMARE (Johnson): Regardez. Les renseignements que j'ai, c'est le
ministère des Richesses naturelles qui l'a demandée.
M. GARNEAU: Vous parlez de l'enquête? Moi, avant de vous dire
comment l'enquête a été amorcée...
M. BELLEMARE (Johnson): C'est parce que c'est en corrélation avec
la recommandation de 1972 de...
M. GARNEAU: Concernant les avances aux chefs d'équipe?
M. BELLEMARE (Johnson): Non, non. M. GARNEAU: Ah bon!
M. BELLEMARE (Johnson): C'est sur le matériel et
l'équipement.
M. GARNEAU: C'est cela que... Parce que l'élément, la
première question...
M. BELLEMARE (Johnson): Puisque l'on parle des Richesses naturelles,
pour se situer dans tout le débat qui va suivre, toutes les autres
questions qu'on va poser, je voudrais avoir une conscience bien nette et vous
autres aussi, j'espère.
M. GARNEAU: La question qui a été posée par le
député de Saguenay au départ au représentant du
Vérificateur général...
M. BELLEMARE (Johnson): ... pour les avances ...
M. GARNEAU: ... concernant les prêts et les avances...
M. BELLEMARE (Johnson): Oui.
M. GARNEAU: ... il y a eu un commentaire qui a été fait
par le vérificateur et là vous êtes intervenu sur la
question de l'enquête et je voulais me...
M. BELLEMARE (Johnson): Je reviens à cela, à la question
de mon collègue.
M. GARNEAU: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, parce que cela et autre chose.
M. GARNEAU: C'est parce que je voudrais qu'on puisse...
M. BELLEMARE (Johnson): On ne peut pas entrer dans un
ministère...
M. GARNEAU: ... répondre à la question du
député de Saguenay. Si vous voulez qu'on aborde la question de
l'enquête...
M. BELLEMARE (Johnson): Gardez la vieille politique traditionnelle d'une
discussion sur un ministère. Dans mon temps, c'est immémorial,
c'est peut-être bien vieux, c'est peut-être un peu
traditionnel...
M. GARNEAU: Dans les crédits, c'est encore la même
chose.
M. BELLEMARE (Johnson): On fait la discussion générale et,
après cela, on attaque les points particuliers. C'était de mon
temps. Peut-être une mauvaise habitude, mais c'était...
M. LESSARD: La question qu'a soulevée le député de
Johnson, je l'avais en réserve, mais je pense que, pour les fins de
cette discussion, il faudrait peut-être, nonobstant tout le respect que
j'ai pour le député de Johnson...
M. BELLEMARE (Johnson): Ah oui! Vous avez besoin d'en avoir aussi.
M. LESSARD: ... je pense que le problème des avances aux
employés ne concernent pas du tout l'enquête sur...
M. GARNEAU: C'est pour cela que j'étais un peu mêlé
dans l'orientation...
M. LESSARD: ... et, d'ailleurs, dans les recommandations, le
Vérificateur général parle de l'utilisation du
matériel et c'est d'ailleurs à ce titre que j'aurais
soulevé la question.
Cependant, il ne faudrait pas mêler les carottes avec les
navets.
M. BELLEMARE (Johnson): Ce sont des navets partout.
M. LESSARD: Je comprends, mais il faudrait peut-être s'entendre
pour régler le problème des prêts et avances parce que j'ai
reçu des commentaires du Vérificateur général. Par
contre, j'aimerais bien avoir aussi des commentaires de la part des
représentants du ministère des Richesses naturelles et leur
demander quels sont les moyens, actuellement, qui ont été pris,
à l'intérieur du ministère, pour corriger la situation.
Est-ce que cette situation peut être corrigée et quelles sont les
mesures, si c'est le cas, qui ont été utilisées?
M. GARNEAU: Si le député de Saguenay me le permet, je pose
la question réellement parce que je veux savoir moi aussi comment ces
avances fonctionnent. Quand vous parlez de chefs d'équipe, qui sont ces
chefs d'équipe qui ont à recevoir des avances?
M. TREMBLAY (Clément): Les avances dont il est fait mention ici
sont surtout des avances qui sont destinées à des
géologues et à des ingénieurs hydrauliciens qui vont faire
des travaux sur le territoire au cours de l'été et ces
équipes sont quelquefois dépêchées au
Nouveau-Québec. C'est pour cela qu'on a mis ici la note: "... y compris
le Nouveau-Québec."
M. BELLEMARE (Johnson): Le vérificateur a mis un autre mot: "...
les avances considérables...". Cela m'épate.
M. TREMBLAY (Clément): Elles sont très
considérables, parce que...
M. BELLEMARE (Johnson): Très considérables... Dans quel
ordre?
M. TREMBLAY (Clément): II y en a une, je me souviens, qui
était de $120,000 parce que le géologue en question est parti
avec plusieurs dizaines d'employés et ces avances nous servent pour
payer ces employés à la fin de la semaine.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que le vérificateur trouve que
c'est justifié, $120,000?
M. LAROSE: Evidemment, nous n'avons pas à nous prononcer sur la
question de la justification du montant.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est pourtant considérable dans ce
cas-là?
M. LAROSE: C'est considérable parce que le montant de $120,000
à notre point de vue, c'est un montant considérable.
M. BELLEMARE (Johnson): De vous je n'ai pas compris, mais de lui je le
comprends. Mais de vous je ne le comprends pas comme cela.
M. LAROSE: Vous ne comprenez pas.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous êtes un critique sévère
et bien avisé, je pense, et je vous en félicite. Il faut
être courageux pour être vérificateur, ces années-ci.
Vous avez vu l'exemple à Ottawa dernièrement. Contre tout un
gouvernement le vérificateur a tenu tête et avec raison. Je trouve
que c'est bien, c'est votre responsabilité, mais quand vous
écrivez: Des avances considérables. Je dis: II vient de me dire
que "considérables", c'est $120,000. Là, vous attirez l'attention
sur des avances qui sont très considérables. Alors, je me pose
une question. Est-ce que le vérificateur a voulu dire que c'est
trop?
M. LAROSE: On a...
M. BELLEMARE (Johnson): Non, je ne veux pas vous mettre à la
gêne. C'est simplement pour savoir si...
M. BACON: Non, vous le mettez bien à l'aise.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, mais je ne peux pas... Qu'est-ce que vous
voulez que je pose comme question?
M. BACON: C'est assez embêtant de trouver mieux que ce que vous
avez là.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela a bien du bon sens.
M. LAROSE: Non, il faut bien s'entendre là-dessus. Je crois que,
généralement parlant, au gouvernement, lorsqu'on consent des
avances à du personnel ou à des équipes, elles ne vont pas
jusqu'à $120,000, toutes proportions gardées.
M. BELLEMARE (Johnson): Bon! Cela vient d'être admis.
M. LAROSE: Est-ce que, pour le Nouveau-Québec, pour quelqu'un qui
s'en va dans le
Nouveau-Québec, c'est nécessaire? On dit que c'est fort,
que c'est élevé, $120,000 et on dit, deuxièmement, que les
rapports qui arrivent à Québec ne sont pas faits de façon
assez fréquente et, troisièmement, que...
M. BELLEMARE (Johnson): Le contrôle n'est pas fait.
M. LAROSE: ... au moment de la vérification qui est faite
à Québec...
M. BELLEMARE (Johnson): Le contrôle est mal fait.
M. LAROSE: ... le contrôle, la vérification n'est pas fait
selon...
M. BELLEMARE (Johnson): Vous le dites, monsieur, dans votre autre
paragraphe: Cela peut être possiblement de la malversation.
M. LAROSE: On n'est pas allé jusque là.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, vous n'avez pas mis cela, mais le
paragraphe deux dit: La disposition de chaque employé est
utilisée aux fins pour lesquelles il devrait l'être. On ne sait
pas. Cela veut dire quoi? C'est vous qui écrivez cela. Moi, j'ai appris
à lire jeune et à comprendre plus tard. "S'assure
également que les fonds mis à la disposition de chaque
employé ont été utilisés aux fins pour lesquelles
ils devraient l'être."
M. LAROSE: D'accord.
M. BELLEMARE (Johnson): ... même possiblement de la malversation.
Est-ce que cela est entre guillemets? C'est moi qui l'ajoute!
M. LESSARD: M. Larose, est-ce que vous avez pu constater, dans votre
enquête, suite aux questions que pose le député de Johnson,
que les fonds mis à la disposition de chaque employé ou de ces
employés auraient été mal utilisés?
M. LAROSE: Pour résumer, c'est ceci. En fait, nous avons fait
notre vérification à la haute direction du ministère
à Québec. Et les avances sont faites de Québec, par
exemple. On fait des études, comme on le dit, on va un peu partout et
des rapports sont fournis. De ces études que nous avons faites à
Québec, nous en avons conclu que les rapports qui étaient
fournis, comme on dit ici, pourraient être plus fréquents et,
deuxièmement, à la suite de cela, qu'il devrait y avoir quelqu'un
à Québec, qui en vérifie l'utilisation de façon
à ce qu'il soit réellement affecté à
vérifier toute l'utilisation de cela. On n'a pas constaté, par
nous-mêmes, qu'il y a eu malversation dans une vérification et on
ne l'a pas dit non plus là-dedans. Deuxièmement, si vous me
permettez...
M. BELLEMARE (Johnson): Vous avez établi quatre
critères...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît! Si
vous voulez laisser terminer M. Larose.
M. BELLEMARE (Johnson): D'accord, c'est simplement pour pouvoir
m'éclairer parce qu'il y a un mot que je ne comprends pas.
M. LAROSE: Deuxième point. En ce qui regarde le Grand-Nord, nous
n'y sommes pas allés encore. Comme j'ai eu l'occasion de le dire cet
après-midi, dans les différents ministères, nous
vérifions par section. Nous ne sommes pas capables de vérifier
toutes les opérations d'un ministère d'un coup. Ce que nous avons
fait, au Nouveau-Québec, en ce qui regarde ces avances, c'est une
vérification qui s'est faite à la haute direction du
ministère. Eventuellement, nous serions allés dans les postes du
ministère, que ce soit dans le Grand-Nord ou ailleurs. Est-ce qu'on
aurait découvert autre chose que cela? Jusqu'à ce
moment-là, nous ne sommes pas à la source de l'enquête qui
est actuellement en cours, ce n'est pas dû à notre travail, le
fait que cette enquête existe. Mais nous avions déjà
constaté qu'il y avait manque de contrôle au niveau du
ministère à Québec et c'est ce que nous avons
souligné.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Trois-Rivières.
M. BACON: Juste une petite question. Vous m'avez devancé un peu.
Vous avez fait allusion, à plusieurs reprises au cours des
différentes séances, aux vérifications des niveaux de
district ou dans des régions, est-ce qu'il y a quelque chose qui vous
empêchait, comme dans le Grand-Nord, d'envoyer quelqu'un?
M. LAROSE: Non. Parce que, dans notre distribution des
opérations, nous n'en étions pas là...
M. BACON: Vous parliez des vérifications des niveaux de district,
des affaires comme cela. Quand vous faites des vérifications dans un
ministère, il n'y a pas moyen que vous preniez un échantillonnage
pour voir s'il y a des opérations qui se déroulent bien ou s'il y
a des défauts, des carences...
M. LAROSE: On y va dans des districts. Mais dans le cas des Richesses
naturelles, on n'y était pas allé.
M. BACON: D'un autre côté, revenant sur ce que le
député de Johnson disait lorsque vous parlez d'une avance de
$120,000, c'était décrit comme quoi? Une avance étant
accordée pour quelle raison? Etaient-ce des dépenses de voyage?
De l'achat de matériel?
M. LAROSE: Ce serait à M. Chouinard de répondre.
M. CHOUINARD: Ce sont des dépenses assignées pour la
conduite des opérations.
M. BACON: Comme le disait le député de Johnson, cela ne
vous a jamais chatouillé au point d'envoyer quelqu'un à un moment
donné pour voir réellement ce qui se passait?
M. CHOUINARD: C'était certainement à notre programme cette
année, vu que le secteur qui sous-enquête
présentement...
M. BACON: Je suis surpris de cela.
M. LESSARD: Je reviens à la question de mon collègue,
parce que je n'ai pas très bien entendu la réponse. Quand vous
parlez de $120,000, est-ce que vous pourriez expliciter un peu? S'agissait-il
d'un géologue avec 10 ou 12 employés? Pour analyser le terme
"considérable" des avances considérables, c'est relatif à
l'équipe.
M. BACON: Qu'avez-vous examiné pour arriver au terme
"considérable"?
M. CHOUINARD: Le terme "considérable" vient dans la ligne de
pensée que si on parle d'une avance de $2,000, $3,000 ou $4,000, c'est
probablement pour appuyer le fait que c'est une avance de l'ordre de $100,000,
définitivement parce que...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président...
M. GARNEAU: Pour le moment de l'avance, en soi, le montant de l'avance a
une importance bien relative. Si, pour faciliter, on se plaint de la lenteur
administrative... M. Tremblay me disait que dans le cas du $120,000...
M. LESSARD: ... tous les lieux.
M. GARNEAU: ... il y avait 30 personnes qui faisaient partie de
l'équipe. Ce qui est important, c'est qu'il y ait une
vérification pour être certain que l'utilisation de l'argent a
été faite suivant...
M. BELLEMARE (Johnson): On ne vous blâme pas, M. le ministre. Si
M. le Président me permet, on ne blâme pas l'officier, le
géologue qui y est allé avec un montant de $120,000, mais on
constate que l'honorable vérificateur a dit "des avances
considérables". Cela m'a frap-pé.
Dans son deuxième paragraphe, il établit les quatre
quotients qui ont manqué et cela me fait quelque chose. Il
établit véritablement pourquoi ce sont des avances
considérables. Il faut qu'il ait un lien dans ses remarques.
Il dit premièrement: Vous ne faites pas de rapport.
M. GARNEAU: Est-ce vous qui commentez le "considérable? " Je n'ai
pas saisi.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, non. Lisez-le.
M. GARNEAU: Je dis que l'interprétation que vous faites de
"considérable" peut avoir un sens différent.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, M. le ministre. Relisez le deuxième
paragraphe avec moi où les considérants sont là. Il dit
qu'ils n'ont pas produit de rapport. C'est clair. Deuxièmement...
M. GARNEAU: Non. Produire un rapport au ministère par
intervalles...
M. BELLEMARE (Johnson): II faudrait. De telles avances devraient
être tenues... "must", en anglais, c'est "must".
M. GARNEAU: A intervalles réguliers. Ce n'est pas qu'il n'y a pas
eu de rapport. Ce sont des rapports à intervalles qui sont
considérables. Lisez la page...
M. BELLEMARE (Johnson): Dans le deuxième paragraphe, le
vérificateur dit: "devrait être tenu" "must". Il devrait
être tenu, donc il ne l'a pas fait. Premièrement, faire rapport.
Deuxièmement: A intervalles réguliers. Donc, il ne l'a pas fait.
Troisièmement: En indiquant les dépenses encourues.
M. GARNEAU: Ecoutez, je ne peux pas permettre cela parce que si vous
lisez le texte...
M. BELLEMARE (Johnson): Les comptes à recevoir du
ministère...
M. GARNEAU: Lisez le texte. Le député de Johnson va
comprendre.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est inscrit dans le deuxième
paragraphe.
M. GARNEAU: Si on lit le texte, y a-t-il une virgule après
"produire un rapport au ministère", avant "à intervalles
réguliers"?
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que c'est marqué "devrait" ou
"pourrait"?
M. GARNEAU: Le bénéficiaire...
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que c'est "devrait" ou "pourrait"?
M. GARNEAU: Attendez un peu. Ecoutez, on ne s'énervera pas, on va
lire tranquillement.
M. BELLEMARE (Johnson): Qui s'énerve?
M. GARNEAU: C'est vous qui criez depuis tout à l'heure.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que je crie?
M. GARNEAU: Oui, calmez-vous un peu, ce n'est pas bon pour votre
coeur.
M. BELLEMARE (Johnson): II ne faudrait pas que vous soyez trop
sensible.
M. GARNEAU: C'est parce que je suis un homme sensible, je ne voudrais
pas...
M. MALOUIN: Vous avez une voix considérable.
M. BELLEMARE (Johnson): Mes arguments sont peut-être... je vais
les faire en silence.
M. GARNEAU: Ce que le rapport du vérificateur dit, c'est que le
bénéficiaire d'une telle avance devrait être tenu...
M. BELLEMARE (Johnson): Devrait...
M. GARNEAU: Laissez-moi donc finir tranquillement !
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît! Il
ne faudrait pas, lorsque le ministre a la parole...
M. BELLEMARE (Johnson): Merci, M. le Président, d'accord, je vais
y penser.
M. GARNEAU: Le bénéficiaire d'une telle avance devrait
être tenu de produire un rapport au ministère à intervalles
réguliers.
M. BELLEMARE (Johnson): On ne l'a pas fait.
M. GARNEAU: II y a une différence entre produire un rapport et le
produire à intervalles réguliers. Si vous parlez d'intervalles
réguliers, c'est la fréquence des rapports qui semble être
le cas, de la façon que je l'interprète.
M. BELLEMARE (Johnson): S'il l'avait fait, il n'y aurait pas eu cela
dans le rapport.
M. GARNEAU: II y a une différence entre produire, ne pas produire
des rapports et ne pas les produire à intervalles réguliers. Vous
pouvez...
M. BELLEMARE (Johnson): ... on n'en aurait pas parlé.
M. GARNEAU: Le vérificateur peut dire qu'il devrait y en avoir
toutes les semaines; le gars le fait tous les deux mois, et le
vérificateur en parle en disant: J'aimerais mieux que ce soit à
intervalles réguliers d'une semaine au lieu d'intervalles
réguliers d'un mois...
M. BELLEMARE (Johnson): On ne comprend pas...
M. GARNEAU: ... en y indiquant les dépenses encourues, le ou les
comptes à recevoir du ministère et le solde en banque.
M. BACON: Viens t'asseoir ici, on comprend mieux.
UNE VOIX: C'est le bout.
M. BELLEMARE (Johnson): Je n'ai pas l'habitude d'être sourd.
M. LESSARD: Je n'en suis pas sûr. C'est parce que vous ne voulez
pas comprendre.
M. BACON: ... le député de Johnson était assis de
l'autre côté et il comprenait.
M. BELLEMARE (Johnson): II ne faisait pas seulement entendre comme
vous.
M. BACON: Vous ne parliez pas fort.
M. BELLEMARE (Johnson): J'ai appris toujours.
M. BACON: C'est ce que je fais.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, pour ne pas faire de
drame, simplement pour faire une corrélation entre les avances
comme disait mon collègue de Saguenay qui sont des avances
considérables, on vient d'en avoir un échantillonnage par M.
Tremblay, qui dit que cela peut aller jusqu'à $120,000, je comprends que
le vérificateur dise que ce sont des avances considérables qui ne
se font pas ailleurs. Elles sont là, parce que c'est peut-être
dans une région plus éloignée, avec des conditions plus
difficiles. Mais ce qui me frappe, pour ne blesser personne, c'est que le
vérificateur prend la peine de dire: "devrait produire des
rapports."
M. GARNEAU: A intervalles réguliers.
M. BELLEMARE (Johnson): Donc, il constate qu'il n'y en a pas eu. S'il y
en a eu...
M. GARNEAU: C'est cela que je voudrais poser: Est-ce qu'il y en a eu des
rapports ou s'il n'y en a pas eu?
M. BELLEMARE (Johnson): Ils ont été faits à
intervalles irréguliers.
M. GARNEAU: Est-ce qu'il y en a eu des rapports ou s'il n'y en a pas
eu?
M. LAROSE: En fait, il y a eu un seul rapport annuellement.
M. BELLEMARE (Johnson): Arrêtez-moi cela tranquillement.
M. LAROSE: Nous calculons que lorsque quelqu'un reçoit une avance
aussi considérable, très forte même, c'est qu'il devrait y
avoir des rapports périodiques.
M. BELLEMARE (Johnson): D'accord.
M. LAROSE: A ce moment, qu'on dise quelles sont les dépenses qui
ont été encourues et qu'on obtienne un remboursement de ces
dépenses de façon à maintenir une avance...
M. BELLEMARE (Johnson): C'est cela.
M. LAROSE: ... à un niveau normal pour fonctionner.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est cela.
M. LAROSE: A l'heure actuelle, dans ce cas particulier, c'est qu'une
avance est faite au début de l'opération et la personne en fait
rapport seulement à la fin de l'année. Nous trouvons que,
à ce moment, la période pour faire rapport est trop longue et
qu'il devrait y avoir un rapport...
M. BELLEMARE (Johnson): Vous l'avez votre réponse.
M. GARNEAU: Je l'avais comprise comme cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous l'aviez comprise.
M. GARNEAU: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Pourquoi ne le disiez-vous pas avant?
M. GARNEAU: J'ai mon voyage.
M. BELLEMARE (Johnson): Pourquoi me faire dépenser tout ce temps?
Vous avez la parole du vérificateur qui est en or. Elle dit : Ce n'est
pas bien cela.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. BELLEMARE (Johnson): Je n'ai pas le droit de parler...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Vous avez le droit de parler, mais il
ne faut pas éterniser des questions.
M. BELLEMARE (Johnson): On est ici pour vider le pot. Une minute !
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je donne la parole du
député de Saguenay.
M. BELLEMARE (Johnson): Je l'ai, vous me l'avez donnée.
Là, vous me l'enlevez.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Vous l'avez prise vous-même. Je
passe la parole au député de Saguenay. Votre tour viendra
après.
M. BELLEMARE (Johnson): Pourquoi me l'enlevez-vous? Parce que ce n'est
pas bien?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui, c'est bien, mais à votre
tour.
M. BELLEMARE (Johnson): Quand sera mon tour?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Après le député
de Saguenay.
M. BELLEMARE (Johnson): D'accord, s'il vous plaît.
M. LESSARD: M. le Président, quand vous parlez d'avances
considérables, c'est le chiffre absolu. Vous nous affirmez qu'il n'y
avait qu'un rapport annuel.
Il est certain que, quand vous avancez une somme de $120,000 et qu'il
n'y a qu'un seul rapport annuel, cela laisse des possibilités ou
beaucoup de possibilités, sans dire que cela s'est
concrétisé, pour avoir des comptes qui seront difficiles à
justifier par la suite. Après un an, on a pu oublier ou perdre des
choses, etc. Ce que je me demande maintenant en me tournant vers les
responsables du ministère je pense que c'est l'objectif que nous
poursuivons est-ce que vous avez accepté ces recommandations
provenant du Vérificateur général? Est-ce que, depuis, il
y a eu des tentatives de correction d'une chose, en tout cas, qui
m'apparaît moi aussi malsaine, c'est-à-dire qu'il me semble que,
même si les personnes sont éloignées, serait-il
justifié d'exiger au moins un rapport mensuel concernant les avances qui
sont versées aux fonctionnaires?
M. TREMBLAY (Clément): Oui, monsieur. On a fait donner suite
à cela cet été. On a envoyé des
vérificateurs spéciaux, des fonctionnaires dans
différentes équipes pour vérifier sur place l'état
du compte. Maintenant, quand M. le vérificateur dit qu'il n'y a pas eu
de rapport, c'est qu'une fois par année seulement les gars font leur
comptes "in trust", comme on les appelle. Il font la conciliation, parce qu'il
y avait une question d'éloignement et tout cela. Par contre, tous les
quinze jours, des bordereaux de paye sont envoyés au ministère,
au service de la comptabilité. Les chèques qui ont
été émis aux gens, pour payer leur salaire, sont
remboursés dans le compte " in trust" par les chèques
émis par le service de comptabilité. C'est une
vérification continuelle du compte.
M. GARNEAU: Pour ce qui est des salaires.
M. LESSARD: Maintenant, les achats ou les dépenses...
M. BELLEMARE (Johnson): Ah non!
M. TREMBLAY (Clément): II n'y avait pas de vérification
qui se faisait...
M. LESSARD: C'est strictement... Pardon?
M. TREMBLAY (Clément): II n'y avait pas de vérification
qui se faisait avant. Cet été, on a commencé un
système de vérification et on veut, l'année prochaine,
peut-être pour les grosses équipes, avoir un agent de la gestion
financière qui accompagnera l'équipe.
M. LESSARD: Oui, mais il est quand même possible de demander, dans
une équipe comme celle-là, que la personne fasse parvenir
parce qu'il y a quand même des avions qui circulent assez bien en
plus des rapports ou des contrôles concernant le salaire, comme le
demande le Vérificateur général, à un moment
donné, une situation comptable du compte, soit en banque, soit des
sommes dépensées.
M. TREMBLAY (Clément): II serait sûrement possible de le
demander, mais on a cru bon de faire faire cela par une personne de
l'extérieur. On a envoyé un vérificateur spécial
pour cela. Cela donne de meilleurs résultats et aussi soulage le
géologue ou l'homme de science de ce travail de vérification qui
est en règle générale, ennuyeux pour lui.
M. LESSARD: Mais il n'y a pas une personne, en fait, qui reçoit
des montants comme cela ou des avances comme cela aussi importants, qui
je ne sais pas, cela me dépasse un peu ne devrait pas être
dans l'obligation de justifier, en fait, mensuellement ces dépenses.
Est-ce que là vous envoyez quelqu'un du ministère pour
vérifier?
M. TREMBLAY (Clément): Un agent de la gestion financière
au ministère du Revenu.
M. BROWN (Alphonse): Des comptes sont produits à intervalles
réguliers. Si vous appelez... par semaine.
M. LESSARD: Qu'est-ce que vous voulez dire à intervalles
réguliers?
M. BROWN: Cela peut être un compte par semaine. Cela peut
être un compte par mois ou deux comptes par mois, suivant la nature des
dépenses et la somme des dépenses encourues.
En plus des bordereaux de salaire qui sont produits à toutes les
deux semaines, le géologue sur le terrain, lorsqu'il voit que son compte
s'épuise, qu'il doit être renfloué pour pouvoir continuer
de fonctionner durant les mois de juillet, août et septembre, soumet des
comptes à intervalles plus ou moins réguliers, si vous voulez.
Mais ces comptes sont acheminés par le ministère au service
comptable et sont remboursés pour renflouer. Alors les $120,000 dont on
parle au début, qu'on donne au géologue, ils jouent
peut-être trois ou quatre fois durant l'été, ces $120,000.
Ils sont renfloués, remboursés.
M. LAROSE: II n'y a pas de...
M. LESSARD: M. Larose, suite aux explications qui sont données
et vous avez sans doute eu l'occasion de vérifier
étant donné que votre dernier rapport est déposé au
moins au conseil des ministres, est-ce qu'une telle vérification vous
apparaîtrait satisfaisante? Sinon, quels sont les contrôles que
vous suggérez?
M. LAROSE: La vérification telle qu'elle existe, à ce
moment, ne nous apparaît pas satisfaisante, parce que, si on envoie un
bordereau de salaire qui a été payé, on rembourse notre
bordereau de salaire, mais on ne sait pas ce qu'il reste dans le compte de
banque, puisqu'on n'a pas le rapport sur l'état du compte de banque tel
qu'il est, là. Si on a payé des dépenses et qu'on les fait
rembourser, on n'a pas le rapport sur l'état du fonds qui a
été confié. On n'a pas ce rapport sur l'état du
fonds lui-même. On a tout simplement des factures. On remet d'autres
montants dans le compte, mais on n'a pas d'état sur le fonds. Ce qu'on
demande, c'est que, régulièrement, il y ait un état du
fonds et de l'utilisation qu'on en a fait, et du fonds lui-même, sa
situation à une date donnée, périodiquement mensuellement
ou à tous les quinze jours.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): ... est-ce que le ministre des Finances pourrait
me dire si c'est vrai que, sur un contrat de voirie ordinaire qui se fait dans
nos comtés, il y a un représentant du bureau de la gestion
financière quand on exécute des travaux de $100,000 ou de
$200,000, pour un petit contrat? Pour les gros contrats, c'est sûr que
cela existe. Une question de gestion financière.
M. GARNEAU: Si ce sont des contrats... M. BELLEMARE (Johnson): Si vous
voulez
me permettre, parce que je n'ai pas la parole souvent. Tandis que je
l'ai... C'est là qu'est ma première question. Vous pourrez
certainement la noter. Si, pour un contrat qui se fait à
côté de notre maison, à côté du parlement, on
juge à propos d'avoir un contrôle sur certaines dépenses
qui s'effectuent pour des contrats de la province, il est bien entendu que
l'honorable vérificateur a raison quand il dit qu'un agent du
ministère, possiblement du service de la gestion financière,
devrait régulièrement faire enquête. Qu'est-ce qui
empêche le ministère des Richesses naturelles d'avoir, sur les
lieux mêmes, un homme de la gestion financière pour faire le
contact direct et contrôler, comme il dit si bien: "Devrait faire
régulièrement la conciliation de la banque de l'avance entre les
mains de chaque employé"?
Je pense que cela, ce serait peut-être une dépense qui
serait justifiée à même les montants des avances qui sont
donnés. Puisqu'on surveille les fonds publics près de sa maison,
pourquoi ne les surveillerait-on pas quand c'est au loin?
Comme le disait si bien le vérificateur: II y a là un
manque à recevoir au point de vue, pas seulement des dépenses
à rembourser, mais surtout des achats, etc., à contrôler.
C'est bon de faire, comme disait l'honorable monsieur qui est devant moi, je ne
sais pas son nom...
M. BROWN: Brown.
M. BELLEMARE (Johnson): M. Brown, un nom bien canadien.
M. BROWN: Alphonse.
M. BELLEMARE (Johnson): Alphonse. Alors, une chose qui reste sûre,
c'est que le ministère en a fait de $100,000, peut-être deux,
trois, quatre ou douze contrats comme cela sur les $5 millions. Je ne sais pas
combien il a fait d'avances. Il en a peut-être fait quinze; il en a
peut-être fait vingt pour avancer $120,000. Mais le vérificateur a
raison de dire: Pourquoi pas un agent de gestion financière du
ministère qui fasse la conciliation tout de suite, avant que la
dépense soit faite et pourquoi la dépense est faite; pourquoi la
justifier par un bordereau, et pourquoi on paie en bas. Cela, c'est la banque
qu'on établit véritablement par la conciliation qu'on fait. On le
fait pour de petits contrats dans nos comtés, quand il s'agit de
montants minimes de $25,000, $30,000, quand c'est une dépense faite par
la municipalité avec une subvention du gouvernement. Pourquoi ne le
ferait-on pas quand ce sont des dépenses aussi lointaines? Le
vérificateur le dit, à cette occasion, il donne des
résultats, il s'assurerait également que les fonds mis à
la disposition de chaque employé ont été utilisés
aux fins pour lesquelles ils devaient l'être. Cela, c'est
sévère pour le ministère.
Le vérificateur a vérifié. Il en vient à la
conclusion, après avoir dit que les avances sont considérables,
qu'il y a quatre critères de base quant aux rapports, quant à la
régularité des rapports et quant à la fréquence,
quant à la régulation des comptes de banque, mais il termine en
disant: II faudra qu'il y ait un agent de gestion financière qui, lui,
sache véritablement que les fonds mis à la disposition de chaque
employé ont été utilisés aux fins pour lesquelles
ils devaient l'être.
Cela, je pense que c'est... Est-ce que M. Tremblay pourrait me dire s'il
y a eu beaucoup d'avances de $120,000 et plus?
M. TREMBLAY (Clément): Je crois que c'est la plus grosse. C'est
la seule aussi élevée. Les autres étaient moindres.
M. BELLEMARE (Johnson): Moindres, de $20,000, $2,000?
M. TREMBLAY (Clément): Je ne peux pas vous dire.
M. BELLEMARE (Johnson): Plusieurs autres en haut de $100,000?
M. TREMBLAY (Clément): II n'y en a pas eu d'autres en haut de
$100,000 à ma connaissance.
M. BELLEMARE (Johnson): En bas de $100,000, plusieurs autres?
M. TREMBLAY (Clément): D'autres. Je ne sais pas combien. Je ne me
souviens pas combien on avait...
M. BELLEMARE (Johnson): Plusieurs. M. TREMBLAY (Clément): Plus
qu'une.
M. BELLEMARE (Johnson): Plusieurs. M. TREMBLAY (Clément): Plus
qu'une.
M. BELLEMARE (Johnson): Mais vous avez mis à la disposition de
ces messieurs des sommes considérables c'est le terme
employé, des avances considérables un montant de combien
à peu près?
M. TREMBLAY (Clément): Je ne peux pas vous dire, monsieur.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela, vous ne pouvez pas y répondre.
M. TREMBLAY (Clément): Je ne peux pas. Je ne le sais pas par
coeur.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous ne le savez pas par coeur.
M. TREMBLAY (Clément): Je ne veux pas vous induire en erreur,
vous dire un montant qui ne serait pas réel.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce qu'il serait possible de me le dire dans
une journée, peut-être dans deux jours...
M. TREMBLAY (Clément): Sûrement.
M. BELLEMARE (Johnson): ... quelles sont les avances
considérables qui ont été mises à la disposition de
ces honorables messieurs? C'est facile de me rejoindre. Je suis toujours en
Chambre.
M. GARNEAU: Non, mais s'il y a un travail de comptabilité
à faire pour donner une réponse à savoir combien il y a eu
d'équipes, quels sont les montants qui ont été faits
à l'avance, il pourrait les donner à une séance
subséquente de la commission, comme M. Provencher a fait ce matin pour
l'agriculture.
M. BELLEMARE (Johnson): Aucune objection. C'est parce que ce n'est pas
si mauvais. Il m'a dit qu'il les avait.
M. GARNEAU: Les avances sont approuvées par des CT, par des
décisions du Conseil du trésor, et il n'a qu'à compiler le
nombre de CT et...
M. BELLEMARE (Johnson): On parle de 1973, par exemple. On ne parle pas
de 1974.
M. GARNEAU: 1972/73.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est passé dans les livres. C'est facile
à retrouver. Je pense bien que quelqu'un qui a un peu
d'habileté... Si M. Tremblay était trop occupé,
peut-être qu'il y a un commis, un subalterne, qui pourrait
peut-être faire cela rapidement et qui pourrait peut-être m'envoyer
cela. Je ne hairais pas cela du tout consulter ces avances
considérables.
M. GARNEAU: On aurait le montant qui pourrait donner le nombre
d'équipes qui en ont bénéficié.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, je comprends pourquoi vous demandez cela.
Il est sûr que je vais faire le parallèle parce que le ministre
est bien habile pour tuer son chien, même s'il a la rage.
M. GARNEAU: L'autre fois, on a répondu.
M. BELLEMARE (Johnson): Non. Je ne vous fais pas de reproche pour votre
habileté.
M. GARNEAU: Non. Ce n'est pas cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Laissez-moi me documenter.
M. GARNEAU: Ce n'est pas l'habileté dont il s'agit...
M. BELLEMARE (Johnson): Je demande une chose et le ministre veut m'en
donner plus. Je n'en ai pas demandé tant que cela.
M. GARNEAU: L'objectif est de faire la lumière sur tout, alors on
va essayer de la faire.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, je comprends que l'éclairage est
meilleur.
M. GARNEAU: L'éclairage est meilleur.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, je comprends et je sais pourquoi.
M. GARNEAU: Trop, c'est encore mieux que pas assez.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, mais le tout comprend le moins.
M. GARNEAU: C'est cela. C'est dans cette optique que je le
mentionne.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est une belle philosophie. Alors, M. Tremblay
va m'en donner moins.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. Tremblay, vous avez affirmé tout à l'heure
que maintenant un agent du ministère se rend dans les régions
pour vérifier ces avances. Est-ce que l'agent du ministère se
rend régulièrement dans les régions maintenant?
M. TREMBLAY (Clément): On a commencé cet été
à envoyer des agents vérifier certaines équipes
géologiques. On veut établir le système de façon
vraiment systématique et avoir un gars qui fera uniquement cela...
M. LESSARD: En permanence.
M.TREMBLAY (Clément): Oui, mais le type en question n'est pas
encore engagé. Il est possible, maintenant, que, pour les grosses
équipes, celles qui ont une trentaine ou peut-être même une
quarantaine de personnes et qui sont suffisamment éloignées, on
mette un homme avec eux, en permanence.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est la recommandation du vérificateur.
Un homme de la gestion financière.
M. TREMBLAY (Clément): C'est cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous êtes prêt à faire cela.
Donc, vous admettez qu'avant cela ce n'était pas bien.
M. LESSARD: M. Larose, est-ce que le fait
que cela soit un agent du ministère qui se rende
régulièrement dans les régions auprès des
équipes concernées, en tout cas, les équipes moins
éloignées, donnerait satisfaction à votre recommandation
et que cela permettrait d'avoir un meilleur contrôle?
M. LAROSE: Sans aucun doute, vous dites un agent du
ministère, avec des équipes, mais...
M. LESSARD: Est-ce que vous recommandez...
M. BELLEMARE (Johnson): En permanence.
M. LAROSE: ... je me demande par exemple, si l'agent de la gestion
financière pourrait se rendre là assez... Cela
n'empêcherait pas, pour moi, de demander aux équipes de produire
des rapports...
M. BELLEMARE (Johnson): Mensuels.
M. LAROSE: ... réguliers et que l'agent s'y rende, à ce
moment, pour faire une vérification sur place parce qu'il n'ira pas
à tous les quinze jours. Il ira peut-être une fois par mois. Je ne
sais pas exactement à quelle intervalle il ira, mais il faudrait,
à tout le moins, que les équipes envoient des rapports, qu'il y
ait une visite d'un agent ou d'un vérificateur qui irait voir sur les
lieux comment cela se déroule. Je pense que cela remplirait certainement
les conditions.
M. LESSARD: Mais dans ces équipes, étant donné
qu'on doit préparer le salaire des employés, le paiement des
employés, il y a certainement, sinon un comptable, du moins un
secrétaire qui doit préparer le paiement des salaires.
M. TREMBLAY (Clément): Jusqu'à maintenant, c'était
la responsabilité du chef d'équipe. Maintenant, si on a
décidé d'envoyer des gens faire des vérifications sur
place cet été, c'est justement à la suite de conversations
avec M. Laroche qui a travaillé pour le vérificateur dans nos
bureaux. C'est à la suite de discussions avec lui que nous avons
décidé de commencer comme ça le programme pour voir quels
seront les résultats, quitte à le mettre complètement en
vigueur pour le prochain exercice ou encore en discuter avec lui au cours de
l'hiver pour voir s'il n'y aurait pas des moyens...
M. LESSARD: Mais, en plus de l'agent qui devra se rendre auprès
des équipes pour faire la vérification, est-ce que le
ministère aurait des objections qu'une personne, non pas le chef
d'équipe, mais il me semble que sur une avance de $120,000 avec le
renouvellement des paiements, cela peut devenir $360,000 pour une
équipe.
Il y a une avance de $120,000, tout à coup, il y a le paiement
des employés. Vous constatez que, si le paiement des employés
correspond à $60,000, vous mettez un montant de $60,000 dans le fonds.
Est-ce que ce ne serait pas tout à fait normal qu'une personne à
l'intérieur de l'équipe, soit un gars qui a un cours de
secrétariat administratif, etc. ait la responsabilité de faire le
paiement et de tenir une comptabilité de ces montants? Moi, je ne vois
pas que le chef d'équipe qui a déjà sous sa
responsabilité douze, quinze ou plusieurs hommes, soit obligé de
tenir une comptabilité chaque soir ou tous les jours. Est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu d'avoir une personne responsable de cela?
M. TREMBLAY (Clément): Je l'ai dit tout à l'heure,
c'était notre intention. Maintenant, cela est assez nouveau, la venue
d'équipes aussi nombreuses. Avant, les équipes pouvaient se
résumer quelquefois à cinq ou six hommes. On a eu des
équipes de cinq hommes seulement. Là, on commence à avoir
des équipes un peu plus grosses. Donc, il y aura sûrement lieu
d'avoir un processus d'administration, de gestion financière plus
élaboré. Mais lorsqu'il y avait cinq personnes, c'était
assez difficile de mettre un spécialiste des paies pour faire la paie de
cinq ou six personnes.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela dure combien de temps à peu
près, une équipe?
M. TREMBLAY (Clément): En général, elles partent au
début du mois de mai pour les régions les plus au sud, au
début du mois de juin pour les régions plus au nord et elles
reviennent au début de septembre.
M. BELLEMARE (Johnson): Une période de quoi? Trois mois et demi,
quatre mois?
M. TREMBLAY (Clément): Parce que le travail souterrain dans le
nord est difficile à faire après le mois de septembre.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela va être $30,000 par année, par
mois à peu près de dépenses?
M. TREMBLAY (Clément): Cela varie avec les équipes,
monsieur, je ne peux pas vous dire cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, mais une équipe, vous dites 30
hommes...
M. TREMBLAY (Clément): Plus que cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela peut être plus que cela, mais comme
dit mon collègue de Saguenay, il y a peut-être eu des avances qui
ont été "rerenégociées". Mais des avances de
$120,000 pour partir se sont peut-être terminées par $360,000.
Cela peut arriver.
M. MALOUIN: Pour une quarantaine de personnes, cela doit donner cela
à peu près par mois. Cela veut dire que cela se
répète régulièrement, mensuellement.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que cela peut donner $120,000 par
mois?
M. TREMBLAY (Clément): Je ne crois pas, non.
M. MALOUIN: Vous parlez d'environ $150 par jour par
spécialiste.
M. TREMBLAY (Clément): Un chef d'équipe, peut-être,
mais pas les autres membres.
M. BROWN: UNe moyenne de $100. Oui, une moyenne de $100, avec les
dépenses.
M. TREMBLAY (Clément): Les salaires varient terriblement dans
cela. Vous avez des hommes de canot qui sont engagés à $400 par
mois et vous avez des spécialistes qui peuvent gagner un salaire annuel
de $25,000.
M. BELLEMARE (Johnson): $400 par mois, cela ne fait pas le salaire
minimum.
M. TREMBLAY (Clément): Ils ne travaillent pas beaucoup
d'heures.
UNE VOIX: II y a 32 heures par jour!
M. BELLEMARE (Johnson): Ils ne travaillent pas beaucoup d'heures parce
qu'il ne fait pas clair longtemps. Dans cela sont compris le logement, la
nourriture, le transport.
M. GARNEAU: Ces équipes, est-ce qu'elles sont "in the middle of
nowhere", dans le milieu du bois à 50 ou 60 milles des habitations, de
toute âme qui vive?
M. TREMBLAY (Clément): II y en a partout, il y en a dans la
région de Sherbrooke, il y en a dans la région de
Saint-Hyacinthe.
M. GARNEAU: Mais quand vous parlez du Grand-Nord?
M. TREMBLAY (Clément): C'est quelque part, un point dans la
carte, dans le paysage.
M. GARNEAU: Mais ils sont reliés comment?
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que vous savez où ils sont?
M. GARNEAU: Sont-ils reliés par hélicoptère?
Comment?
M. TREMBLAY (Clément): Par avion, par hélicoptère
et aussi ils ont toujours un point de relais d'où ils font venir leurs
provisions, soit par Chibougamau, soit par Roberval, soit par Matagami ou
encore Schefferville. Cela dépend où ils sont. On en a
distribués un peu partout dans le territoire.
M. BELLEMARE (Johnson): Fort-Chimo. M. TREMBLAY (Clément):
Fort-Chimo.
M. LESSARD: On ne met pas en doute le fait, la nécessité
de faire des avances parce qu'il est certain que dans des régions comme
celles-là, ces équipes ne sont pas capables de demander au
gouvernement, tous les quinze jours, des vivres ou autre chose dont elles
pourraient avoir besoin. Mais c'est le contrôle.
M. BELLEMARE (Johnson): Le système n'existe pas. C'est cela que
l'honorable vérificateur prétend, dit et répète
pour la deuxième fois qu'il faudrait absolument qu'il y ait un
système d'établi pour permettre que ces avances
considérables soient sous contrôle et, dans son troisième
paragraphe, il dit comment procéder avec un agent de gestion
financière qui ferait des rapports constants.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. Larose, outre ces avances qui sont accordées
à des équipes, est-ce que vous avez eu l'occasion d'analyser
certaines transactions financières, où la façon dont cela
se faisait entre le gouvernement et les fonctionnaires de la direction
générale du Nouveau-Québec, notamment concernant la
livraison de marchandises aux Indiens et aux Esquimaux, soit aussi la
facturation de loyers d'habitation ou encore des frais de transport.
Est-ce que vous avez eu l'occasion, comme Vérificateur
général, ou d'autres de vos collègues, d'étudier
je comprends que c'est seulement le deuxième rapport ces
transactions et de faire des recommandations? Je sais qu'en 1972, à la
page 2-137, vous parliez de s'assurer que le matériel soit bien
utilisé, mais est-ce que vous avez eu l'occasion d'étudier ce
problème en profondeur ou si vous l'avez simplement survolé?
M. LAROSE: Comme nous l'avons mentionné tout à l'heure,
nous avons fait notre vérification au niveau du ministère
à Québec. Par conséquent, nous avons décelé
des faiblesses de contrôle, nous avons aussi constaté qu'il y
avait absence de mécanisme de vérification interne. Il n'y avait
pas de service de vérification interne à l'intérieur du
ministère. Nous n'avons pas été sur les lieux; par
conséquent, les transactions qui sont l'objet d'une enquête
aujourd'hui, nous n'avons rien constaté d'irrégulier, nous
n'étions pas rendus à ce stade-là dans notre
procédure de vérification du ministère. Il en
reste quand même que nous avons constaté qu'il manquait
certaines vérifications et nous avons tenu à le souligner
immédiatement, dès que nous avons constaté qu'il y avait
absence de vérification interne dans tout le ministère qui
pouvait être un indice; lorsqu'il y a absence de vérification
interne, il y a plus de risques concernant les opérations.
M. LESSARD: Quand vous affirmez dans votre rapport de mars 1972,
à la page 2-137, recommandation 2, sous-paragraphe c), que le
ministère devrait "s'assurer que tout le matériel et
l'équipement appartenant au ministère, tant au
Nouveau-Québec que dans les entrepôts de Montréal ou de
Québec, est bien contrôlé et utilisé aux fins pour
lesquelles il a été acheté;", vous aviez remarqué
un contrôle qui semblait faible, mais vous n'aviez pas d'indice pour
affirmer une chose comme celle-là, indice selon lequel justement il
était possible que le matériel et l'équipement appartenant
au ministère soient mal utilisés ou le soient même
frauduleusement?
M. LAROSE: Nous n'avions pas d'indice démontrant qu'il y avait
fraude, il y avait indice que le ministère manquait de contrôle,
par exemple, dans cette opération et que la possibilité de fraude
pouvait exister probablement. Mais on avait un indice que le ministère
n'avait pas suffisamment de contrôle dans cette opération. Si on
fait un parallèle, par exemple, dans plusieurs ministères, il
peut y avoir, comme on l'a mentionné ailleurs, absence d'un
contrôle absolument efficace sur les immobilisations. On ne sait pas
exactement où se trouvent toutes les immobilisations ou toutes les
dépenses de machinerie, tout l'équipement qui a été
acheté. On dit qu'il y a manque de contrôle à
l'intérieur du ministère. Cela ne veut pas dire qu'on peut avoir
constaté qu'il y a fraude. Normalement, lorsque nous aurions pris cette
section du ministère, la direction générale du
Nouveau-Québec, entre autres, pour l'analyser en profondeur,
normalement, nous aurions eu d'autres constatations que celles que nous avons
pu faire au niveau général.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le ministre des Finances.
M. GARNEAU: M. le Président, à la page 2-137 à
laquelle le député de Saguenay se réfère, il faut
souligner que la remarque du vérificateur, comme elle a
été faite ailleurs dans d'autres ministères, porte sur
l'organisation d'un système de vérification interne, si j'ai bien
compris le sens de ces remarques. Vous dites que oui. On dit que la tâche
de la vérification interne devrait porter sur les points a, b, c, d et
e. Il conclut en disant: "Nous tenons à souligner ici que les
autorités du ministère ont déjà commencé
à mettre en place certains mécanismes nécessaires à
la structuration d'un service de vérification interne".
Si j'ai bien compris ces remarques, elles sont faites dans le cadre d'un
mandat à confier à un vérificateur interne du
ministère pour ce qui est de la gestion financière du
ministère des Richesses naturelles et non pas, je pense que ce serait
tirer des conclusions autres que celles qui sont indiquées là, de
dire que dans b, par exemple, il y a eu des fraudes à ce
moment-là. Il donne le mandat que devrait avoir le vérificateur
interne.
M. LESSARD: M. le Président, ce que je voulais savoir, c'est que
je ne voulais pas qu'il ait l'impression que...
M. GARNEAU: La remarque qui est indiquée là a
été faite par une constatation.
M. LESSARD: C'est cela que je demandais à M. Larose.
M. GARNEAU: Je voudrais que ce soit bien compris, aussi.
M. LESSARD: Si, de leur côté, en 1972, ils avaient pu
constater certaines fraudes ou certaines transactions plus ou moins
légales, étant donné qu'ils recommandaient assez qu'on
devait s'assurer de la bonne utilisation de l'équipement du
ministère. Je comprends très bien, comme le dit le ministre des
Finances, que c'était dans un mandat général, comme
vérification interne. Mais ce qui reste, c'est qu'en affirmant une telle
chose, le Vérificateur général a quand même
pressenti la possibilité quand on connaît un peu
l'administration publique d'ouverture à des transactions
frauduleuses ou à des décisions arbitraires ou même encore
à des possibilités pour des fonctionnaires de pouvoir jouer avec
des fonds publics ou avec de l'équipement public, etc.
M. LAROSE: On avait vu qu'il y avait des contrôles qui
étaient faibles. Par des contrôles faibles, on concluait à
la nécessité d'une vérification interne à
l'intérieur du ministère pour renforcer l'ensemble du processus
de contrôle du ministère.
M. LESSARD: Mais votre recommandation, aujourd'hui, nous apparaît
d'autant plus claire que, suite à l'enquête qui se fait
actuellement et qui démontre que cette absence de contrôle a
permis l'état de chose qui est probablement sub judice, actuellement, je
ne sais pas...
M. GARNEAU: Non, non. Il y a une enquête...
M. LESSARD: Un état de choses sur lequel le ministère est
en train d'enquêter.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est parce que l'honorable ministre, tout
à l'heure, nous a reportés à la page 2-37, à
l'ancien rapport du vérificateur qui n'a pas changé son point de
vue cette année.
M. GARNEAU: Non, sauf...
M. BELLEMARE (Johnson): Une minute. Juste un instant s'il vous
plaît. Il répète en 1972 exactement le paragraphe d) qui
revient aujourd'hui dans l'article 1 et il répète exactement le
e) dans le sous-paragraphe...
M. GARNEAU: Ce n'est pas la même chose.
M. BELLEMARE (Johnson): II dit: "d'assurer les avances consenties aux
employés". Cette année, il dit: "des avances
considérables". Un instant. Il ne faut pas changer les mots. Le
vérificateur a voulu, l'année passée, attirer l'attention
du ministère sur une gestion financière plus coordonnée et
le ministère des Richesses naturelles, M. le Président, a
demandé au ministère de la Justice et au Vérificateur
général d'effectuer une enquête complète des livres,
des comptes au nord et au sud ainsi qu'un inventaire de tous les magasins et
entrepôts de la direction générale.
C'est la déclaration du ministre, cette année, le 23
octobre 1974. C'est pourquoi, je pense, M. le Président, même si
l'honorable ministre, avec beaucoup d'habileté, nous lit le paragraphe
72: Nous tenons à souligner que les autorités du ministère
ont déjà commencé à mettre en place certains
mécanismes, l'honorable vérificateur retourne cette année
et il nous rappelle fortement que ses recommandations de 1972 n'ont pas
été suivies. C'est M. Tremblay qui dit avoir fait
l'expérience cette année, en 1974. Donc, en 1973, il y avait un
manque de contrôle de gestion. L'honorable vérificateur l'a fait
deux ans de suite et le ministre des Richesses naturelles n'a pas fait faire
enquête seulement sur un point, sur la gestion, mais sur les livres, sur
les comptes ainsi qu'un inventaire complet des magasins et entrepôts.
Un instant, M. le Président. Je suis bien prêt à
accepter que le ministère s'amende, comme, ce matin, l'honorable
ministre de l'Agriculture qui disait: Mea culpa, nous nous sommes
trompés pendant quatre ans, mais nous allons rectifier. Mais nous ne
sommes pas rendus au mea culpa, on est rendu à constater...
M. GARNEAU: Cela fait trois ans...
M. BELLEMARE (Johnson): ...un état de fait qui n'a pas
été imposé par le PQ ni par nous. Il a été
imposé par la voix populaire et par l'autorité du ministre.
Cela, M. le Président, c'est rare que ça se voie dans
l'administration publique, qu'un ministre prenne sous sa responsabilité
de demander au ministre des Finances de faire faire une enquête, de
saisir tout document, toute dépense, tout contrôle, pas seulement
au niveau des dépenses et des revenus, mais même des magasins et
des entrepôts.
Donc, il y a anguille sous roche. L'honorable ministre des Finances a
certainement, à cause de sa longue expérience dans
l'administration des biens publics, vu là une certaine pierre
d'achoppement. Je pense qu'on est ici, M. le Président, en toute bonne
foi, non pas pour accuser le gouvernement, mais pour rendre des comptes devant
celui qui a été chargé par le gouvernement de
vérifier l'état des finances dans chacun des ministères.
Il arrive avec des constatations qu'il a déjà faites, un an
auparavant, mais qui confirment éloquemment à la suite de
l'enquête qui se fait, qu'il avait parfaitement raison d'avertir le
ministère. C'est cela, je pense. On a le droit de le dire au ministre et
au gouvernement. Cela en est un exemple, un exemple concret, non pas qu'on a
créé, non pas qu'on ait voulu faire par une motion dilatoire pour
obtenir certains faits ou pour embêter un ministre, non pas parce qu'on a
voulu lui créer un embarras au point de vue politique, mais, dans
l'opinion publique, cela en est un scandale public, qui va se
révéler encore pire quand les faits seront connus.
Vous allez me répéter: II y en a déjà eu
dans le passé. Je sais que l'assistance publique a déjà
révélé un sous-ministre en poste qui a été
mis dehors, elle a fait son procès, accompagné d'autres. A la
Commission des accidents du travail, on a eu, nous aussi, à un moment,
quelqu'un qu'on a pris en défaut. On a fait faire une enquête. Je
parle de l'étendue du scandale que cela va provoquer tout à
l'heure, dans l'opinion publique, quand les faits vont être connus, et
Dieu sait qu'ils vont l'être, parce que c'est une enquête qui va
avoir un mérite, certainement un mérite extraordinaire...
Le ministre est au courant de choses qui ne sont pas catholiques,
dit-il. Ce n'est pas nous qui le disons, c'est rapporté dans le Devoir
du 23 octobre 1974. Pour l'instant, l'enquête semble purement de nature
administrative. J'aimerais bien entendre le ministre sur ces quelques
détails.
M. GARNEAU: M. le Président, cela fait deux fois que le
député de Johnson revient sur le même sujet et de la
même façon. Je connais son habileté.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous m'avez dit tout à l'heure que ce
n'était pas dans l'ordre.
M. GARNEAU: Attendez un peu, laissez-moi parler! Je vous ai
laissé parler, laissez-moi donc parler pendant deux minutes.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est bien difficile parfois.
M. GARNEAU: C'est difficile, n'est-ce pas? Je me suis mordu la langue un
peu pour vous laisser terminer.
M. BELLEMARE (Johnson): Je vais me mettre autre chose dans la
bouche.
M. GARNEAU: Oui, c'est cela. A deux reprises, le député de
Johnson est revenu sur le
sujet par un biais que je reconnais, fort habile de sa part. Evidemment,
il a une longue expérience parlementaire. Mais il faut quand même
reconnaître qu'il y a des choses qui sont séparées.
La remarque du Vérificateur général, dans le cadre
de son rapport pour l'exercice financier terminé le 31 mars 1972,
concernant l'organisation de la vérification interne au
ministère, était pertinente et il conclut lui-même que des
efforts ont été faits. M. Tremblay me dit qu'ils ont
été poursuivis au cours des années 1972/73 et 1973/74.
C'est une question d'ordre général, la politique
générale du ministère en termes de structure
financière et de vérification. Je ne serais pas surpris que la
mise sur pied de ce mécanisme soit complètement
étrangère au fait que le ministère des Richesses
naturelles a été en mesure, à un moment donné, de
vérifier un certain nombre de choses qui apparaissaient plus ou moins
correctes sur le plan administratif et qui ont déclenché une
enquête. C'est une chose.
L'autre chose, concernant les avances aux chefs d'équipe.
M. LESSARD: Là, on a fini sur ce sujet.
M. GARNEAU: Je ne reproche pas cela au député de Saguenay.
Je dis que, à deux reprises, le député de Johnson a fait
ce lien. A mon sens, il ne peut pas être fait dans le même cadre.
Ce qui est arrivé, c'est que des choses ont été
constatées. D'abord, elles l'avaient été par le
Vérificateur général aussi, d'un commun accord avec le
ministère des Richesses naturelles et par certaines constatations que
des officiers de la Sûreté du Québec avaient faites sur
place. Une enquête a été déclenchée.
Le député de Johnson parle d'un scandale au niveau de
l'opinion publique. Je soumets bien respectueusement, M. le Président,
ce qui aurait été un scandale. C'est que le ministre des
Richesses naturelles, le ministre de la Justice et le Vérificateur
général étant au courant d'un certain nombre de faits qui
étaient suffisamment importants et qui méritaient une
enquête, cela aurait été un scandale pour l'opinion
publique, si les autorités n'avaient pas pris les mesures
nécessaires pour aller voir au fond des choses.
Maintenant, de là à conclure de mon siège ici que
l'enquête va s'avérer concluante en tout et partout, je ne pense
pas que ce soit l'objectif de qui que ce soit de trouver à tout prix des
coupables. Si l'enquête prouve qu'il y a eu des
irrégularités administratives graves, que des
représentants du ministère, des fonctionnaires ont agi de
façon non conforme à l'intérêt public, il va y avoir
des poursuites de prises. Evidemment, c'est si le gouvernement n'avait rien
fait qu'il y aurait eu une poursuite...
M. BELLEMARE (Johnson): On a été pendu pour avoir vendu
des graines de semence par des barbiers. C'est clair, cela? On a
été pendu sur la place publique pour avoir vendu des graines de
semence par des barbiers.
M. MALOUIN: Ce n'étaient pas des fonctionnaires.
M. BELLEMARE (Johnson): Par des fonctionnaires, oui. C'était des
barbiers...
M. LESSARD: Les barbiers étaient-ils fonctionnaires?
M. BELLEMARE (Johnson): Ils sont devenus fonctionnaires. C'est cela qui
a amené l'enquête Salvas. Salvas nous a pendus... Là, on
parle de millions probablement, et ce n'est pas péché. On parle
de $2 millions, ce n'est pas péché.
M. GARNEAU: Avant de dire que c'est péché ou pas
péché, je pense bien que la prudence la plus
élémentaire...
M. BELLEMARE (Johnson): II y en avait, ne craignez pas. Je pense bien
que M. Larose l'a bien connu. On pourrait peut-être le nommer. Il est
mort de sa belle mort. On l'a quasiment fait mourir lors d'une enquête
ici, devant la commission parlementaire des comptes publics, il est mort le
lendemain matin. Ce n'est pas moi, c'était M. Lesage, votre patron,
votre ancien patron.
M. GARNEAU: Qui est mort? J'espère qu'il n'y aura pas de
blessés demain matin.
M. BELLEMARE (Johnson): L'ancien contrôleur,...
M. LESSARD: II n'y avait pas de vérificateur, M. le
Président.
M. GARNEAU: C'était l'auditeur de la province.
M. BELLEMARE (Johnson): Ce n'est pas drôle, c'est sûr.
M. GARNEAU: Je ne peux pas...
M. BELLEMARE (Johnson): Certain que ce n'est pas drôle. Il faut
l'avoir vécue cette époque! Où vous étiez, vous,
dans ce temps-là? Un grand commis de l'Etat?
M. GARNEAU: Ah non! pas dans ce temps.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous n'étiez pas dans...
M. GARNEAU: J'étais encore étudiant dans le temps.
M. BELLEMARE (Johnson): Ah oui!
M. GARNEAU: Non, je venais juste de
terminer. Pour revenir à la question du député de
Johnson, je ne peux absolument pas conclure à ce moment qu'il y a eu des
fraudes d'une façon véritable. Il va falloir attendre le
résultat de l'enquête...
M. BELLEMARE (Johnson): Le ministre ne peut pas avoir pris cette
décision de faire faire une enquête juste sur des doutes.
M. GARNEAU: Je dois vous dire qu'il y a un certain nombre
d'enquêtes qui sont déclenchées...
M. BELLEMARE (Johnson): II y a la police provinciale, dont vous venez de
parler, et l'honorable vérificateur qui vient d'assurer ici devant nous
autres que quand il n'y a pas une gestion au point de vue du contrôle des
budgets, ce sont de grands risques qu'on prend. Il vient de dire cela, lui. Les
risques sont bien plus considérables.
M. GARNEAU: Ce que le député de Johnson voudrait que je
fasse, c'est de dire...
M. BELLEMARE (Johnson): De nous dire tout ce qui est arrivé
probablement.
M. GARNEAU: ... qu'il y a actuellement des coupables, alors que je ne
sais pas s'il y en a ou s'il n'y en a pas. Quand l'enquête sera
complétée, on pourra voir s'il y a eu véritablement vol ou
maladministration frauduleuse. Là, des poursuites seront prises suivant
les recommandations qui seront faites.
M. BELLEMARE (Johnson): J'espère que le ministre avec son
intégrité reconnue nous fera part publiquement des
résultats de l'enquête.
M. GARNEAU: J'imagine que la justice va s'appliquer dans ces cas comme
elle s'applique ailleurs.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, ce n'est pas cela que j'ai demandé.
Laissez faire l'autre.
M. GARNEAU: Parce que je comprends...
M. BELLEMARE (Johnson): Je vous demande si, comme ministre des Finances,
vous allez nous remettre une copie de l'enquête.
M. GARNEAU: Cela va être le ministère de la Justice,
probablement, qui va vous faire...
M. BELLEMARE (Johnson): Vous allez passer cela au ministère de la
Justice?
M. GARNEAU: C'est lui qui va me faire... C'est dans ce sens que la
justice va suivre son cours.
M. BELLEMARE (Johnson): Si le ministre de la Justice ne veut pas nous le
donner, on ira vous voir.
M. GARNEAU: Vous voyez pourquoi ma prudence. Je ne connais pas assez le
roulis administratif au point de vue de la justice pour savoir à quel
niveau un rapport est rendu public dans ce cadre ou ne l'est pas. Je ne
pourrais pas le dire. Il faut être humble.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: Est-il exact, M. Larose, qu'en 1972 vous auriez
recommandé d'engager deux vérificateurs pour la direction
générale du Nouveau-Québec? C'est que je ne retrouve pas
cela dans vos recommandations. Dans l'une ou l'autre de vos autres
recommandations, est-ce que vous me suivez est-il exact, M.
Larose, même si je ne le retrouve pas au niveau des recommandations du
ministère des Richesses naturelles, qu'en 1972 vous auriez
recommandé l'engagement de deux vérificateurs pour la direction
générale du Nouveau-Québec?
M. LAROSE: C'est à une réunion annuelle.
M. LESSARD: Bon. Maintenant, ma question...
M. BELLEMARE (Johnson): Vous le recommanderiez aujourd'hui?
M. LESSARD: Pardon?
M. BELLEMARE (Johnson): Vous le recommanderiez aujourd'hui?
M. LAROSE: On l'a recommandé au niveau... On a recommandé
généralement la constitution d'un service de vérification
interne qui aurait...
M. BELLEMARE (Johnson): C'est cela.
M. LAROSE: ... nécessité l'embauchage d'agents de gestion
financière, mais pour en avoir fixé un nombre de deux à ce
moment, nous ne l'avons pas fait, mais je pense bien qu'un service de
vérification interne comporterait au moins deux personnes.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est cela.
M. LESSARD: Ma question s'adresse à M. Tremblay. Serait-il exact
qu'en 1972 une enquête aurait été faite par le
ministère et, en particulier, sous la direction de M. Roger Lejeune,
concernant justement la direction générale du
Nouveau-Québec, et que le rapport aurait été
déposé à ce moment, mais qu'il n'a jamais
été diffusé, sur toute l'administration de la direction
générale du Nouveau-Québec?
M. TREMBLAY (Clément): Ce dont vous
voulez parler, je crois je ne veux pas vous interpréter
c'est un mémoire de secteur qui a été
préparé à la direction générale du
Nouveau-Québec, à la demande du Conseil du trésor et qui a
été écrit par Roger Lejeune et moi-même, à ce
moment, sur tout le problème du Nouveau-Québec et non pas sur
l'administration.
M. LESSARD: Mais est-ce que le ministère de la Justice et le
Centre d'études nordiques de l'université Laval n'auraient pas
participé à cette étude?
M. TREMBLAY (Clément): Beaucoup de gens ont été
consultés à ce moment.
M. LESSARD: Mais ce n'était pas tant sur la nature de
l'administration financière que sur la nature de la gestion
administrative, si vous voulez, du territoire.
M. GARNEAU: C'est dans le cadre du budget par programmes. Comme vous
savez, le nouveau mécanisme budgétaire a établi un certain
nombre de programmes, 170 programmes. La première étape a
consisté à subdiviser l'activité des ministères et
les regrouper au niveau des programmes. La deuxième étape
consiste à faire une révision complète de remise en
question du programme pour voir si les objectifs qui sont
déterminés, dans ce programme, sont toujours valables, s'ils sont
toujours souhaitables. Est-ce que les moyens utilisés pour atteindre
l'objectif qui est décrit comme étant le programme sont les bons,
est-ce qu'on doit préciser ces moyens, déterminer les
orientations à venir? Jusqu'à ce jour, on a passé à
travers un certain nombre de ce qu'on appelle les dossiers de programmes. Cela
a été le cas, par exemple, des bibliothèques publiques
où un document, tout un branle-bas de réflexions, a
été mis en place pour voir si les objectifs étaient bien
atteints, etc., et ces rapports sont présentés au Conseil du
trésor et constituent, par la suite, le dossier de base de l'analyse de
l'évolution budgétaire du programme. Cela ne touche pas l'aspect
administratif du programme, comme tel; cela touche plutôt l'orientation
du programme. Est-ce que l'objectif est encore bon? Est-ce que les moyens pour
atteindre les objectifs sont valables et a-t-on des raisons de remettre en
cause une partie de cela? L'idée étant de faire en sorte que le
gouvernement comme tel, par le biais de ses ministères, se repose la
question sur la validité des programmes en cause. Est-ce qu'ils sont
encore opportuns, etc.? Cela portait là-dessus et on en prend sept ou
huit par année, parce qu'on ne peut pas les... Jusqu'à ce jour,
il y a des dossiers de programmes qui ont nécessité, je pense, un
an et demi de travaux. Evidemment, ce ne sont pas des gens...
M. LESSARD: Ce que je voulais dire, c'est que ce n'est que
récemment que le ministère des Richesses naturelles aurait fait
une vérifica- tion interne, à l'intérieur de ses
différents bureaux, concernant surtout la direction
générale du Nouveau-Québec, des documents ont
été saisis, etc., mais ce n'est que très récemment
que le ministère a été informé de la
possibilité, je dis bien, de la possibilité de fraude dans ce
secteur.
M. GARNEAU: Moi, je ne peux pas répondre pour M. Tremblay. Je ne
sais pas si M. Tremblay est en mesure, lui-même, de donner son point de
vue sur le plan administratif.
Ce que je sais, pour en avoir causé avec certains des officiers
de mon ministère, c'est qu'avant de déclencher un processus comme
cela, qui est un processus quand même assez exceptionnel et qui peut
mettre en cause des réputations... Evidemment, on ne peut pas prendre
cela à la légère et, avant d'avoir un certain nombre
d'éléments qui étaient suffisants pour déclencher
tout le processus de saisie de livres, cela a pris un certain temps.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que, parmi ces gens qui ont
été mis en accusation ou sous enquête...
M. GARNEAU: Là, c'est sous enquête.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, mais ceux qui sont sous enquête,
est-ce qu'ils sont demeurés fonctionnaires, ou bien s'ils ont
été suspendus?
M. TREMBLAY (Clément): Aucune suspension à ma
connaissance.
M. GARNEAU: II n'y a eu aucune suspension.
M. BELLEMARE (Johnson): II n'y a aucune suspension... Avez-vous fini,
monsieur... J'aurais juste une autre question à ajouter à cela.
Vous transportez ces gens en avion?
M. TREMBLAY (Clément): Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Avec les avions de la province?
M. TREMBLAY (Clément): Pas toujours. M. GARNEAU: De qui
parlez-vous?
M. BELLEMARE (Johnson): Du transport des géologues et de toutes
ces équipes.
M. TREMBLAY (Clément): Les géologues et les
employés de la direction générale du Nouveau-Québec
ne sont pas les mêmes hommes.
M. BELLEMARE (Johnson): Non. Ce sont des équipes que vous engagez
à forfait, par contrat.
M. TREMBLAY (Clément): II y a des fonctionnaires à travers
cela qui travaillent avec eux. Il y a des étudiants. Il y a des hommes
à tout faire, des cuisiniers.
M. BELLEMARE (Johnson): Quand vous engagez une telle équipe,
à contrat...
M. TREMBLAY (Clément): Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): ... ce sont des contrats qui se transigent entre
un bureau et le ministère?
M. TREMBLAY (Clément): II n'y a pas d'équipe à
contrat. Ce sont des employés du ministère; des employés
à titre occasionnel...
M. BELLEMARE (Johnson): Des occasionnels?
M. TREMBLAY (Clément): ... qui sont conduits par un
géologue, oui, pour la durée du travail sur le terrain, la
saison, et qui sont embauchés par le ministère.
M. BELLEMARE (Johnson): Comme occasionnels?
M. TREMBLAY (Clément): Comme occasionnels. Le chef, en
règle générale, est un géologue du
ministère, un permanent. Quelquefois, il y en a qui viennent de
l'extérieur, des universités surtout.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous transportez ces gens par avion?
M. TREMBLAY (Clément): Si l'endroit où ils vont travailler
ne peut pas être atteint par route.
M. BELLEMARE (Johnson): Mais ces avions sont des avions du
gouvernement?
M. TREMBLAY (Clément): Pas toujours.
M. BELLEMARE (Johnson): Les autres sont des avions loués?
M.TREMBLAY (Clément): S'il y a des avions des lignes commerciales
qui vont dans les endroits où eux vont, on prend les avions des lignes
commerciales. Sinon, ce sont des avions nolisés pour des fins bien
précises: Transporter une équipe d'un endroit à un autre
et ravitailler pendant l'été.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce qu'il y a plusieurs compagnies qui font
ce service?
M. TREMBLAY (Clément): Oui. Dans le nord-ouest, il y a plusieurs
compagnies qui donnent ce service.
M. BELLEMARE (Johnson): Et cela représente un montant
considérable sur le budget?
M. TREMBLAY (Clément): Je ne peux pas vous dire, monsieur. Je
n'ai pas tous les chiffres, mais je peux vous les fournir.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela me rendrait service. Les avions qui ont
été nolisés et qui ne sont pas du gouvernement, sauf les
lignes ordinaires, et quel montant.
Maintenant, M. le Président, est-ce qu'on peut revenir à
ce que le ministre me disait tout à l'heure, à ce qu'il appelle
un scandale, à l'enquête publique qui se fait présentement,
qui est traitée comme cela par des gens...
M. GARNEAU: Est-ce que vous pourriez répéter les propos
que vous m'attribuez?
M. BELLEMARE (Johnson): J'ai toussé. C'est pour cela que
ça ne passe pas. Vous avez dit: L'honorable député de
Johnson parle de scandale. Ce n'est pas tout à fait...
M. GARNEAU: II y a une nuance. C'est plus conforme à mes
propos.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est d'accord comme cela.
M. GARNEAU: Oui, là c'est d'accord. C'est que je me méfie
du député de Johnson. J'ai peur il est habile qu'il
me fasse...
M. BELLEMARE (Johnson): Non. Les coups d'encensoir, je m'en méfie
parce que, derrière le nuage que fait l'encens, le gars peut me
"maudire" un coup sur la tête.
M. GARNEAU: C'est pour cela que j'ai peur du député de
Johnson. C'est justement pour cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Je dis simplement ceci: Je n'appelle pas cela un
scandale. Ce sont d'autres personnes qui l'ont dit avant moi, plusieurs autres
écrits que le ministre a dû lire. C'est un lecteur assidu, surtout
du Devoir et particulièrement...
M. MALOUIN: Mais vous avez dit au sous-ministre qu'il avait dit
scandale.
M. BELLEMARE (Johnson): Non. Ce n'est pas cela que j'ai dit.
M. GARNEAU: II s'est repris, il a corrigé.
M. MALOUIN: II a toussé. Je m'excuse. Vous aviez
toussé.
M. BELLEMARE (Johnson): Comment? M. MALOUIN: Vous aviez
toussé.
M. BELLEMARE (Johnson): Toussé? Peut-être. Mais voici le
fond de ma question: Appelez cela scandale ou appelez cela
irrégularité, mon point, ce soir, est positif. Je pense qu'on
avait été averti que cela se produirait, tellement que j'ai
entendu le vérificateur dire tout à l'heure: Tant que cela n'est
pas fait, on expose les gens au risque. Et le mot "risque" que l'on m'a dit
à moi, que l'état de fait dans lequel on est, c'était
prévisible et je pense que si je n'emploie pas le mot "scandale"
même à votre demande, M. le Président, je le retire
je le garde dans ma tête comme un mot que peut-être d'autres se
servent, je dis, par exemple, que nous sommes ici pour justement analyser un
ministère, ses dépenses, et particulièrement juger son
administration. Et là, on la juge parce qu'un honorable
vérificateur comme M. Larose est indépendant des
ministères. Dans sa prévoyance, lui et ses officiers ont
établi clairement en 1972 qu'il y avait un danger, qu'il y avait des
risques. Il l'a répété dans cinq articles à la page
237 et, cette année, avant que ne se produise l'enquête,
l'honorable vérificateur l'a répété d'une
manière plus contentieuse parce qu'il a dit "montant
considérable", il a dit "rapport régulier", il a dit "tenue de
compte", il a dit "agent de gestion financière" pour contrôler
toutes les dépenses.
Et la franchise de M. Tremblay nous a ouvert un peu une optique nouvelle
en nous disant qu'il y a des équipes qui coûtent jusqu'à
$120,000. Comme disait mon collègue, c'est peut-être seulement une
avance, c'est peut-être $360,000 qu'a coûté une
équipe à cause des avances qui sont faites périodiquement
pour combler le chiffre de l'administration comme disait M. Brown tout à
l'heure. Mais je dis, M. le Président, que c'est une annotation qu'il
faut retenir. Je pense que M. le ministre des Finances est bien conscient
maintenant que l'enquête est en cours, que le ministère des
Richesses naturelles va avoir sur les lieux certainement un homme responsable
de la gestion financière pour surveiller les allées et venues...
plus que le disait M. Brown tout à l'heure: Ils font des bordereaux que
nous payons.
M. GARNEAU: Je ne peux pas répéter autre chose que ce que
j'ai dit au député de Johnson tout à l'heure. Il utilise
deux choses qui, à mon sens, sont différentes et en dehors de
l'enquête, puis il en tire des conclusions. Cela fait deux fois que je
répète la même chose. Si dans le rapport de 1972 le
vérificateur a parlé d'un mandat de vérification interne
pour le ministère, il conclut en disant: "Nous tenons à souligner
ici que les autorités du ministère ont déjà
commencé à mettre en place certains mécanismes
nécessaires à la structuration d'un service de
vérification interne". C'est donc signe qu'en 1972...
M. BELLEMARE (Johnson): D'accord.
M. GARNEAU: ... ce mécanisme était
déjà...
M. BELLEMARE (Johnson): Prouvez-moi qu'il ne répète pas
cela cette année.
M. GARNEAU: Je ne crois pas qu'il parle...
M. BELLEMARE (Johnson): Prenez le numéro un: un, deux, trois
paragraphes.
M. GARNEAU: Ce n'est pas cela le service de vérification interne
dont parle le Vérificateur général dans son mandat de la
page... Il y fait allusion par contre, il indiquait à la place, au
député de Johnson... c'est à la page 3-139 de 1973:
Service de vérification interne.
M. BELLEMARE (Johnson): S'assurer que les avances consenties aux
employés et aux organismes relevant du ministère sont bien
contrôlées et utilisées "aux fins..." Le mot n'a pas
été mis là pour rien par l'honorable
vérificateur.
M. GARNEAU: Vous lisez cela à quelle page, monsieur.
M. BELLEMARE (Johnson): 2-137 d). M. GARNEAU: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): A l'avant-dernière ligne de d): "Aux
fins..."
M. GARNEAU: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Ah bon!
M. GARNEAU: Oui, mais continuez à lire.
M. BELLEMARE (Johnson): Pour lesquelles elles ont été
votées...
M. GARNEAU: Continuez à lire.
M. BELLEMARE (Johnson): ... effectuées.
M. GARNEAU: Lisez a), b), c), d), e).
M. BELLEMARE (Johnson): Je prends cela aujourd'hui, et je dis, et
l'honorable vérificateur vient de nous le dire...
M. GARNEAU: Lisez donc le dernier paragraphe aussi de la même
page.
M. BELLEMARE (Johnson): De 1972? M. GARNEAU: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): II dit qu'il y a un commencement et il
répète en 1973 qu'il n'est pas satisfait.
M. GARNEAU: Non, mais pas en ce qui concerne les avances aux chefs
d'équipe. C'est cela que j'essaie d'expliquer.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, il dit: "Comme ce fut le cas pour
l'année 1971/72, des avances considérables ont été
consenties à des chefs d'équipe ou d'autres employés
assignés à la conduite des opérations du ministère
dans des régions éloignées, y compris le
Nouveau-Québec".
M. GARNEAU: Oui, mais le député de Johnson relie le mandat
de vérification interne que suggérait le Vérificateur
général, dont la mise en place a été
commencée, à une recommandation concernant la
régularité des rapports des chefs d'équipe qui peuvent
être envoyés au ministère pour indiquer quel est
l'état, faire la conciliation de leur avance avec les dépenses
qu'ils ont faites... Il relie cela à une enquête qui se fait dans
le Grand-Nord sur l'administration des enquêteurs.
M. BELLEMARE (Johnson): 74. En 1972, l'honorable vérificateur l'a
dit tout à l'heure en toutes lettres, il l'a répété
en 1973 avant que l'enquête soit connue et là on était
devant un état de fait. L'honorable ministre ne me convaincra pas qu'il
n'y a pas eu véritablement de la part de l'honorable vérificateur
qui a fait entièrement son devoir, des préliminaires, des
avertissements très sérieux au contrôle.
Cela, je pense que je l'ai entendu et on va relire la déclaration
qu'a faite M. Larose. Il a fait entièrement son devoir en
prévenant en 1972, en constatant qu'en 1973, ce n'était pas fait
et, en 1974, le ministre fait une enquête. C'est l'enchaînement
normal de ce qu'avait prévu l'honorable vérificateur. Je ne peux
pas comprendre autre chose. Si ce n'est pas cela, je ne voudrais pas
compromettre le vérificateur, parce qu'il est dans une situation
difficile entre l'honorable ministre et moi.
M. GARNEAU: Non. Je ne sais pas si le vérificateur a d'autres
commentaires à faire.
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne le regarderai pas, mais il donnera sa
réponse.
M. GARNEAU: Non. Je ne pense pas qu'on l'ait forcé à dire
blanc ou noir. Il a dit la couleur qu'il voulait que ce soit. Moi, ma
compréhension de toute cette chose-là, c'est que dans un temps,
en 1972, il parlait d'un mandat à une vérification interne qui a
été commencée dans un cas bien particulier. Il s'agit des
avances aux chefs d'équipe. Il indique qu'il y a certaines faiblesses
administratives en termes de contrôle de ces cas en particulier,
mais...
M. LESSARD: Qu'il reprend cette année...
M. BELLEMARE (Johnson): C'est cela.
M. LESSARD: ... mais en ce qui concerne...
M. GARNEAU: Sauf pour les revenus et non pas pour les
dépenses.
M. BELLEMARE: Oh, oh, oh, oh! D) de 1972.
M. GARNEAU: Ecoutez, on ne parle pas de la même affaire, on parle
du rapport de 1973, article 7, lorsqu'il traite du service de
vérification interne. Il fait le point surtout, si ma mémoire est
fidèle...
M. LESSARD: Ce que je voulais dire, c'est qu'il reprenait cette
année ses recommandations concernant les avances aux chefs
d'équipe.
M. GARNEAU: Oui, mais c'est dans un autre cadre. C'est ça que
j'essaie de faire comprendre.
M. LESSARD: Je comprends le ministre.
M. BELLEMARE (Johnson): Moi, je ne le comprends pas du tout.
M. GARNEAU: Au point de vue de la facturation, les revenus sont beaucoup
moins élaborés que les dépenses.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est tout un rôle de comprendre cela
!
M. GARNEAU: Lorsque le vérificateur se réfère au
mandat de vérification interne dans le rapport de 1973, à
l'article 7, page 3-39, il indique que "le service de vérification
interne devrait porter ses efforts sur la facturation des revenus parce qu'il
dit qu'ils ne sont pas encore assez élaborés, ils sont moins
élaborés que ceux existant sur les dépenses. Nous
réitérons notre recommandation de l'an dernier selon laquelle il
serait opportun pour le ministère d'avoir son propre service de
vérification interne". Il le souligne pour les revenus. Ceci
étant dit, c'est une situation de fait générale qui a
évolué dans le temps. Maintenant, il est arrivé que ces
services de vérification interne ont certainement été de
quelque utilité pour déclencher l'enquête. C'est parce
qu'ils existaient qu'ils ont pu percevoir des irrégularités et
demander une enquête en profondeur parce qu'il semblait que
c'était plus qu'un correctif administratif à poser mais qu'il y
avait eu des gens qui avaient peut-être outrepassé leur mandat de
bien servir et d'être fidèles à leurs
responsabilités.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: Je comprends très bien lorsque le ministre distingue
entre avance aux chefs d'équipe parce qu'il ne s'agit pas comme tels de
fonctionnaires. Il s'agit de personnes qui peuvent être engagées
à forfait et ce n'est pas sur
ces chefs d'équipe ou ces travaux que se fait
l'enquête.
M. GARNEAU: C'est ça que je veux mentionner.
M. LESSARD: Elle se fait justement sur les employés du
ministère, à la direction générale du
Nouveau-Québec. Je distingue très bien les deux choses.
Cependant, lorsque je demandais tout à l'heure au vérificateur
si, dans sa recommandation en 1972, lorsqu'il parlait au paragraphe c),
à la page 2-37 de "s'assurer que tout le matériel
d'équipement appartenant au ministère, tant au niveau du
Nouveau-Québec que dans des entrepôts de Montréal ou de
Québec, est bien contrôlé et utilisé aux fins pour
lesquelles il a été acheté", disons que, sans avoir les
preuves irréfutables, sans avoir touché, comme le
vérificateur le dit, si j'ai bien compris le vérificateur,
lorsqu'il mentionne qu'il n'a pu s'étendre, il a vérifié
ici au niveau des bureaux du ministère mais il n'a pu s'étendre
à étudier ce qui se passait à l'intérieur du
Nouveau-Québec. Ce qu'on dit, c'est que le vérificateur a
pressenti, en n'ayant pas de vérification interne très forte,
qu'il était possible d'avoir des détournements, et le
ministère, en établissant, suite à la recommandation du
vérificateur, une vérification interne plus importante, s'est
sans doute aperçu de ces cas de possibilité de fraude, en tout
cas, parce que je ne vais pas aux conclusions immédiatement.
M. GARNEAU: Le député de Saguenay comprend le dossier
exactement comme je l'ai compris. C'est comme cela que j'ai essayé de
l'expliquer tout à l'heure. Il m'apparaît qu'il faudra attendre le
résultat de l'enquête pour voir si...
M. BELLEMARE (Johnson): Ce que vient de dire le ministre...
M. LESSARD: Je m'excuse, il reste, par exemple, qu'en n'ayant pas de
vérification interne très forte, le ministère a permis que
ces abus puissent se faire. Avant que le Vérificateur
général recommande une vérification plus importante, c'est
la faiblesse du ministère à ce titre qui a permis qu'il y ait des
possibilités de fraude, des détournements d'équipement ou
même de fonds concernant certaines ventes et livraisons de marchandises
aux Esquimaux ou aux Indiens, concernant la facturation de loyers d'habitation
qui n'étaient pas occupés, concernant la facturation de frais de
transport qui étaient plus ou moins...
M. BELLEMARE (Johnson): De frais de voyage.
M. LESSARD: ... de frais de voyage qui étaient plus ou moins
réels.
M. MALOUIN: Je ne sais pas, mais ça fait partie de la partie
administrative, mais pas au niveau, en ce qui touche les équipes qui
sont sur les lieux.
M. LESSARD: Non, non, je sais distinguer cela. Le ministre...
M. MALOUIN: Je pense qu'on s'entend bien sur ça.
M. BELLEMARE (Johnson): On ne s'adresse pas au ministre tout de
suite.
M. LESSARD: Je distingue bien entre les services géologiques et
l'administration, la direction du Nouveau-Québec.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, me permettez-vous, le
ministre vient de nous dire, ce n'est pas du pareil au même. Ce que le
vérificateur disait en 1972, ce n'est pas pareil en 1973, dans son
rapport, à la page 3-137.
Si vous me permettez, M. le Président, de vous relire ce que
l'honorable vérificateur a écrit, page 2-5, par exemple, sur les
commentaires généraux qu'il fait en partant. Il dit ceci:
"L'absence de commentaires sur un point alors noté ne signifie pas
nécessairement pour autant que ce commentaire de l'année d'avant
n'a plus sa raison d'être et que la situation a été
corrigée".
C'est l'honorable vérificateur qui l'a écrit dans les
commentaires généraux. Je pense que, si je me reporte aujourd'hui
à 1972, avec ce que je vois en 1973, comme le dit l'honorable
député de Saguenay: Sans faire de persécution contre qui
que ce soit, on s'aperçoit qu'il y a eu un manque de
responsabilité quant à la gestion financière et au
contrôle qui avaient été prévus depuis deux ans. Il
a fallu se rendre trois ans plus tard pour avoir l'enquête. Le
ministère avait été formellement averti par l'honorable
vérificateur qu'il y avait danger. Il y avait danger et il y avait
même des risques.
Ce n'est pas étonnant, M. le Président, même si le
ministre veut essayer de nous amener ailleurs, au paragraphe 7. On va y arriver
tout à l'heure au paragraphe 7, on a peut-être autre chose au
paragraphe 7.
M. GARNEAU: Si c'est la compréhension du député de
Johnson de ce dossier, qu'est-ce que vous voulez?
M. BELLEMARE (Johnson): Ce n'est pas la mienne. Je viens d'entendre le
vérificateur qui, lui, s'est exprimé bien librement, face
à la commission parlementaire. Il a dit: Ecoutez, je l'ai dit deux fois
avant que cela arrive.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je
pense que le sujet a été assez touché. On peut
passer à autre chose pour le moment.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous ne pensez pas que le gouvernement le
lise?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je n'ai pas à
répondre.
M. BELLEMARE (Johnson): Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: A l'article 2, comptes à recevoir, je n'ai pas de
question, à moins que le député de Johnson ait des
questions, à la page 3-137. J'aurais des questions concernant le village
de Joutel.
M. BELLEMARE (Johnson): Une petite question, si vous me permettez, M. le
député. Quand on parle, M. le vérificateur, de sondages,
quelle est la méthode utilisée? J'aimerais savoir quelle est la
méthode utilisée. Est-ce que c'est possible? Si c'est trop
difficile...
M. LAROSE: Non. Je peux vous le dire en deux mots.
M. BELLEMARE (Johnson): Parce que vous dites dans votre article: Tout
comme nous l'avons fait dans le cas des avances, nous avons
procédé par sondages.
M. LAROSE: Tout dépend du volume. Si c'est un volume très
considérable, nous prenons la méthode d'échantillonnage
statistique, l'échantillonnage scientifique.
M. BELLEMARE (Johnson): Au plus et au moins pour en prendre la
moyenne.
M. LAROSE: Non, c'est une méthode scientifique qui nous permet de
choisir un numéro selon des tables préétablies. Il s'agit
de prendre le premier, ensuite le centième, etc. Je ne pourrais pas vous
donner trop de détails là-dessus; c'est une méthode
éprouvée scientifiquement selon laquelle on couvre normalement
tous les échantillons. On a un nombre d'échantillons valables
pour finalement se former une opinion.
C'est lorsque le volume est assez considérable. Lorsque le volume
est plus petit, il s'agit d'un sondage où nous établissons
nous-mêmes les bases. On peut dire qu'on peut y aller une à toutes
les dix, une à toutes les quinze. Une transaction à toutes les
vingt. Ou encore, on va prendre les comptes recevables en haut de $5,000 ou en
haut de $10,000 ou en haut de $25,000. On s'établit des critères
de ce genre-là pour essayer d'avoir un échantillon valable.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que M.
Tremblay pourrait nous dire, M. le Président, si les montants dus
au ministère sont très considérables?
M. GARNEAU: Les comptes à recevoir?
M. BELLEMARE (Johnson): II est dit: Confirmation déduite de
certains soldes qui étaient dus au ministère au 31 mars 1973.
Passif.
M. LAROSE: Au 31 mars 1973, les comptes recevables, au montant net,
étaient de $9,399,000.
M. BROWN: En enlevant la partie du gouvernement
fédéral.
M. BELLEMARE (Johnson): En enlevant le dû par les autres
ministères, le $1,536,000.
M. BROWN: En majorité, ce sont des contributions dues par le
gouvernement fédéral, les remboursements, les...
M. BELLEMARE (Johnson): Le gouvernement fédéral vous
devrait les trois quarts de ces $9 millions?
M. BROWN: Oui. En fait, un chiffre qui me vient à la
mémoire. Nous avons encaissé, peut-être au mois d'avril, un
montant de $6 millions qui représentait des réclamations qui
avaient été présentées par le ministère des
Richesses naturelles au gouvernement fédéral, en vertu
d'ententes, tels les projets ARDA, OPDQ, etc.
M. BELLEMARE (Johnson): Actuellement, le montant dû au
ministère serait de quel ordre?
M. BROWN: II varie de mois en mois. Si, demain, le ministère
reçoit $3 millions qui représentent des réclamations qui
ont été soumises en juillet ou en août, les comptes
recevables, pour ce mois, sont diminués d'autant.
Par contre, le mois prochain, si nous présentons de nouvelles
réclamations, cela paraîtra beaucoup plus élevé
à l'état financier. Cela varie de mois en mois.
M. BELLEMARE (Johnson): Dans le rapport de 1972, le montant dû
était de $3,532,000; il a monté, en 1973, à $9 millions.
Il y a $6 millions que vous avez probablement reçus ces jours
derniers?
M. BROWN: Oui, absolument.
M. BELLEMARE (Johnson): Là, vous êtes correct?
M. BROWN: C'est parce que les remboursements qui nous sont transmis du
fédéral n'arrivent pas à des dates précises, selon
le moment où la réclamation est produite et acceptée.
M. BELLEMARE (Johnson): Sur quoi peut-on faire porter les sondages dans
ce cas si le fédéral est le seul qui vous doit?
M. BROWN: Ce n'est pas le seul, c'est le gros.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est le gros.
M. LESSARD: Est-ce que les droits miniers sont compris
là-dedans?
M. BROWN: Cela entre régulièrement. La facturation est
faite mensuellement et les paiements sont faits mensuellement aussi.
M. LESSARD: Dans les comptes à recevoir, cela pourrait aussi
comprendre des montants dus par des compagnies comme droits miniers?
M. BROWN: Absolument.
M. LAROSE: Les impôts aussi.
M. CHOUINARD: Les impôts, les droits miniers et certaines
redevances pour...
UNE VOIX: Les concessions minières.
M. CHOUINARD: ... les concessions minières. Il y a des droits de
$10, $15 et $20...
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que c'est au ministère à
prendre les actions en récupération?
M. BROWN: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Contre certaines compagnies?
M. BROWN: Les certificats de créances.
M. BELLEMARE (Johnson): Les certificats de créances.
M. BROWN: C'est cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous les avez gagnés.
M. BROWN: En partie, oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Ou ils ont fait faillite.
UNE VOIX: Au mérite.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, Dieu le sait.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. BOUTIN: M. le Président, en ce qui concerne l'article 3, le
village de Joutel, je voudrais savoir en quoi consistent, en fait, les $3
millions de solde à recevoir ou comptes recevables. Est-ce que ce sont
des infrastructures municipales lors de la construction du village de Joutel?
Comment prévoyait-on le remboursement de ces infrastructures? Est-ce que
le village de Joutel est une corporation municipale?
M. TREMBLAY (Clément): C'est un village minier.
M. BOUTIN: Comment était prévu le remboursement de
cela?
M. TREMBLAY (Clément): Lors de la vente des terrains et lorsque
la municipalité deviendra autonome et cessera d'être un village
minier pour devenir une municipalité.
M. BOUTIN: Par la suite, cela veut dire que la dette était
attribuée au village?
M. TREMBLAY (Clément): C'est cela.
M. BOUTIN: Est-ce que, avec la décision, aujourd'hui, d'inclure
le village de Joutel dans la municipalité de la baie James, c'est la
municipalité de la Baie James qui va devenir redevable du montant?
M. TREMBLAY (Clément): Oui. Ce qui s'est passé, c'est que
le 25 septembre 1974, la municipalité de la baie James est devenue
propriétaire de toutes les installations dans le village pour le montant
nominal de $1.
M. BOUTIN: De $1. Le montant ici va être passé aux livres,
les $3 millions au complet, comme mauvaise créance et rayé des
livres.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est marqué mauvaise créance.
M. BOUTIN: Une mauvaise créance, mais cela va être un
compte rayé des livres.
M. LESSARD: C'est la municipalité de Joutel qui a
été, en fait, indirectement vendue à la
Société de développement d'énergie de la baie
James?
M. BOUTIN: Non, pas tout à fait. C'est prévu, je pense,
à un article du projet de loi 50, pour former non pas des corporations,
mais prévaloir...
M. LESSARD: La création de municipalités.
M. BOUTIN: La création d'un comité municipal avec une
certaine autonomie à l'intérieur de la municipalité.
M. TREMBLAY (Clément): C'est le ministère des Richesses
naturelles qui a transféré la propriété des
installations municipales du villa-
ge de Joutel à la Société de la municipalité
de la baie James.
M. LESSARD: C'est cela. ESt-ce que, en transférant cela pour la
somme de $1, on n'a pas transféré les dettes non plus?
M.TREMBLAY (Clément): On n'a pas transféré la
dette.
M. LESSARD: Donc, les $3,141,583 deviennent, en fait, un compte perdu
pour le ministère des Finances?
M. GARNEAU: Ils devront être pris à pleine provision dans
les états financiers.
M. LESSARD: Pourquoi cette dépense avait-elle été
faite dans le cas de Joutel? C'est un village minier, mais il y a des
compagnies...
M. TREMBLAY (Clément): Selon la Loi des mines, le
ministère a à mettre sur pied un village lorsqu'une mine
s'installe dans un coin du Nouveau-Québec.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, mais avec un certain pourcentage de
participation, 20 p.c-80 p.c, c'est sûr, en vertu de l'article 47,
certainement. Qu'est-ce que la compagnie a fait?
M. GARNEAU: Ici, il faudrait...
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, je comprends.
M. LESSARD: J'aimerais savoir quand même...
M. GARNEAU: Ce que vous aimeriez savoir, c'est quelles sont les sommes
d'argent qui ont été investies par d'autres que le gouvernement
pour la construction du village...
M. BELLEMARE (Johnson): Les immobilisations qui ont été
faites par la province sont très considérables, surtout en vertu
de l'article qui dit qu'il faut qu'il y ait une participation,
sûrement.
M. GARNEAU: Est-ce que vous seriez en mesure d'avoir... M. Tremblay le
prend en note pour être en mesure de donner la réponse à
une prochaine séance.
M. LESSARD: M. le Président, maintenant à l'article 4,
revenus de l'exercice. A la vérification des dossiers, vous dites:
"L'élaboration d'un programme de vérification pour les fins de
cotisation du profit d'un exploitant de produits miniers que nous avions
suggérée l'an dernier a été commencée en
1972/73 et complétée en 1973/74." On sait qu'en fait, c'est en
vertu de l'article 14, sur les droits de mines, que ce calcul des droits
payables, soit 9 p.c. des profits n'excédant pas $1 million, et ainsi de
suite, 11 p.c... Maintenant, est-ce que vous avez... Vous dites que cela a
été commencé et complété en 1973/74, mais
est-ce que vous avez analysé en profondeur justement un programme,
c'est-à-dire le fait que les compagnies minières
présentent des bilans financiers réels au gouvernement? Est-ce
que la façon dont ces profits sont estimés selon un pourcentage,
est-ce que vous avez analysé la possibilité de savoir si cela
permet d'avoir des revenus sur nos richesses naturelles satisfaisants ou est-ce
que cela n'ouvre pas une porte aux compagnies minières qui s'organisent
pour diminuer leurs bilans financiers ou leurs profits?
M. CHOUINARD: D'après la connaissance que j'en ai et de
l'étude que j'ai faite dans le temps que je faisais la
vérification des droits miniers au service de M. Têtu, les
états financiers soumis par les compagnies minières,
c'étaient assurément des états complets avec le jeu des
cédules arrivant au profit réel. Par contre, il y a une
série de technicités dont il faut tenir compte pour en arriver au
profit rajusté, tenant compte de la valeur historique, comme vous
l'appelez. M. Têtu serait peut-être plus en mesure de vous
expliquer le tout, vu qu'il est dans le domaine précisément.
L'origine de la Loi des droits miniers qui était l'état des
redevances au départ et qui demande un paquet de rajustements de
technicités et de connaissances du type du milieu... Nous autres, on a
étudié leurs procédures à ce moment. Après
discussion avec le directeur, M. Têtu, mes vérificateurs ont
convenu de discuter d'un programme que M. Têtu, le directeur de notre
mission des droits miniers, a mis en application en 1972/73 en partie, et en
1973/74 au complet, lors de la vérification préliminaire et
finale des dossiers et des états soumis par les compagnies
minières.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que vous voulez dire que le service
d'imposition, qui avait une pratique courante de payer des
intérêts créditeurs de 6 p.c. sur les versements
effectués, entre autres, par un exploitant durant surtout la phase des
paiements par anticipation, est complètement disparu?
M. CHOUINARD: Non, à ce moment, on n'est plus dans l'imposition
des droits.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, suivez-moi bien. Les 6 p.c. dont je vous
parle, c'est très important dans le numéro 4 des revenus de
l'exercice. Les 6 p.c, vous les aviez recommandés l'année
passée pour les faire disparaître comme pratique. L'imposition
minière doit discontinuer cette pratique de payer des
intérêts créditeurs de 6 p.c. sur les versements
effectués en trop par un exploitant durant la phase des paiements par
anticipation. Si je comprends bien, quand j'ai lu votre article,
l'élaboration d'un programme de vérification,
pour les fins de cotisations du profit d'un exploitant des produits
miniers, que nous avions suggérée l'an dernier, a
été commencée en 1972/73 et terminée en 1973/74.
Est-ce que c'est cela?
M. CHOUINARD: Non, ce n'est pas cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Ce n'est pas cela.
M. CHOUINARD: Non.
M. BELLEMARE (Johnson): Les 6 p.c. que vous aviez recommandés
demeurent encore.
M. CHOUINARD: Cela demeure 6 p.c.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela reste encore à 6 p.c.
M. TETU (Jean): Si vous permettez, pour faire le point, il faut
distinguer l'ancienne loi des mines du Québec, qui prévoyait un
paiement global et unique pour chaque année de taxation,
c'est-à-dire que les exploitants, à cette période,
payaient un paiement global le cinquième mois, à la fin de leur
exercice financier. Mais lorsque nous avons créé la nouvelle Loi
des droits sur les mines, qui a pris effet le 1er janvier 1966, le principe
était d'accélérer la rentrée des fonds dans les
revenus consolidés de la province, en prévoyant une
période de paiement par anticipation, basée sur douze mois, se
terminant six mois après la fin de l'exercice financier de l'exploitant,
et aussi, calculer des intérêts sur cette phase.
La façon de le calculer, c'était pour l'exploitant, pour
les neuf premiers versements, d'estimer les paiements qu'il devait faire,
suivant le profit taxable de l'année courante ou de l'année
précédente, suivant le moins élevé. S'il
s'avérait que l'année courante devenait le moins
élevé du profit, par rapport au calcul des versements, à
ce moment, peut-être cinq, six ou sept mois durant l'exercice financier,
l'exploitant s'apercevait que ses versements étaient trop
élevés, il se corrigeait pour le solde des versements, soit
à l'occasion du huitième, du neuvième et jusqu'au
douzième versement. A ce moment, il s'avérait qu'il y avait un
versement en trop, c'est-à-dire qu'il avait estimé un montant
trop élevé par rapport au montant qu'il devait effectuer. Ceci
créait un remboursement, un versement trop élevé sur
lequel un intérêt de 6 p.c. par règlement interne avait
été considéré par le ministère pour la
simple et bonne raison que si on avait privé l'exploitant d'un
intérêt créditeur sur les versements qu'il avait fait en
trop, cela aurait eu pour effet de retarder la rentrée de fonds pour le
gouvernement, et l'exploitant aurait dit: A ce moment, si vous ne m'accordez
pas les intérêts créditeurs sur mes versements en trop,
j'attendrai à la fin de l'exercice financier pour vous faire le paiement
total de mes droits, et vous payer, évidemment, un intérêt
de 6 p.c. sur les soldes déficitaires.
M. BELLEMARE (Johnson): Quand vous avez vu...
M. TETU: Le résultat de cela est que cela aurait
entraîné...
M. BELLEMARE (Johnson): Je comprends.
M. TETU: ... un retard dans la rentrée de fonds.
M. BELLEMARE (Johnson): Quand vous avez lu, l'année
passée, cette recommandation bien spécifique des 6 p.c.
créditeurs, qu'est-ce que vous vous êtes dit?
M. TETU: II y avait deux possibilités: Premièrement,
c'était de considérer la remarque du Vérificateur
général et de n'accorder aucun intérêt sur les
soldes versés en trop, mais à ce moment...
M. BELLEMARE (Johnson): Pour les six premiers mois?
M. TETU: Pour les douze premiers versements...
M. BELLEMARE (Johnson): Oui.
M. TETU: ... durant la période antérieure à la date
de la production de la déclaration. Mais le fait de n'accorder aucun
intérêt sur ces versements en trop aurait privé la province
d'une entrée de certains fonds, parce que la compagnie se serait dit:
Moi, je n'ai pas la possibilité de prévoir quels doivent
être effectivement mes versements. Je sais que j'ai le choix pour les
neuf premiers d'en faire sur la méthode du moins élevé de
l'année précédente ou de l'année courante. Or, si
elle choisit l'année précédente prévoyant que
l'année courante sera supérieure, il est possible que, dans le
cours de l'année, il s'avère que son profit de l'année
courante devienne inférieur à celui de l'année
antérieure, à la suite de grèves, de difficultés
techniques ou de la baisse des prix des métaux. A ce moment, la
compagnie ayant suivi la loi et étant de bonne foi, on s'est dit, nous:
Pourquoi pénaliser cette compagnie pour une réglementation
qu'elle a suivie suivant les normes de la loi? C'est en vertu de cette
disposition que le ministère a décidé de reconnaître
un intérêt créditeur sur les versements en trop dans la
phase de paiement par anticipation. Cet intérêt créditeur
n'est pas prévu par la loi, n'est pas nié par la loi...
M. BELLEMARE (Johnson): Non.
M. TETU: La loi est muette sur ce point.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est un règlement de régie
interne que vous avez...
M. TETU: C'est exact.
M. BELLEMARE (Johnson): ...instauré après...
M. TETU: Au 1er janvier 1966.
M. BELLEMARE (Johnson): ... l'adoption de la loi en 1965.
M. TETU: C'est exact.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est en 1965 ou 1966.
M. TETU: Comme je le disais tout à l'heure, si...
M. BELLEMARE (Johnson): Mais, est-ce que...
M. TETU: ... on mettait de l'avant la recommandation du
vérificateur, il faudrait aussi songer à pénaliser les
versements requis, parce que c'est entendu que, si on prive l'exploitant d'un
intérêt sur les montants qu'il verse en trop pour le forcer quand
même à faire les versements qu'il est requis de faire par la loi,
il faudrait changer le taux d'intérêt débiteur sur cette
portion pour qu'il ne retarde pas indûment le versement de ses
droits.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que vous croyez cela indispensable dans
l'administration de la régie interne?
M. TETU: Je le crois.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est pour cela que vous le maintenez?
M. TETU: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est ce que vous appelez des dents à la
loi?
M. TETU: Pas nécessairement. C'est une...
M. BELLEMARE (Johnson): ... précaution prudente.
M. TETU: Oui.
M. LAROSE: A mon avis, nous n'y voyons pas d'objection en soi, mais nous
préférerions que la loi soit amendée pour le
permettre.
M. BELLEMARE (Johnson): D'accord. Vous le dites d'ailleurs. Vous le
dites tout de suite à la dernière ligne de votre recommandation
de l'année passée. "On devrait prévoir...
M. LAROSE: C'est cela.
M. BELLEMARE (Johnson): "... que la loi soit amendée pour ce qui
est de régie interne devienne... effectivement en vertu de la loi". Je
pense que c'est au paragraphe... J'ai travaillé avec l'honorable chef de
mon honorable ami à restructurer cette loi en 1965.
M. TETU: Je pense que ceci entraînerait le réexamen
d'autres articles de loi qui traitent des intérêts
débiteurs aussi. Il faut faire cela concurremment, parce qu'il y a une
interrelation entre les intérêts créditeurs et les
intérêts débiteurs. Alors, ceci entraînerait
évidemment la révision du calcul des intérêts
débiteurs pour assurer quand même une source stable de revenus au
fonds consolidé de la province.
M. BELLEMARE (Johnson): Mais vous n'avez peur d'aucune discrimination
quand vous l'appliquez?
M. TETU: Bien, le passé...
M. BELLEMARE (Johnson): Qui juge cela? Vous ou un autre?
M. TETU: Sur une projection globale de plusieurs années, on peut
dire que l'ensemble des intérêts créditeurs sur la phase de
versements par anticipation et la somme des intérêts
débiteurs sur cette même phase s'équilibre. Cela veut dire
qu'effectivement les exploitants ont suivi scrupuleusement les versements de
droits qui devenaient échus suivant la formulation.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que cela serait un travail
considérable que de faire un amendement et pour un et pour
l'autre...
M. TETU: Bien dans la mesure...
M. BELLEMARE (Johnson): ... pour qu'il y ait une corrélation
entre les deux?
M. TETU: ... où les intérêts débiteurs et
créditeurs sur cette phrase s'annulent.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui.
M. TETU: ... c'est immatériel que l'intérêt soit
à 6 p.c, l0 p.c. ou à 20 p.c. Cela n'a pas d'importance parce que
les intérêts revenus et dépenses s'annulent.
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne comprends pas.
M. TETU: Vous ne comprenez pas?
M. BELLEMARE (Johnson): Non. Je ne suis pas brillant. Vous dites
que...?
M. TETU: Je dis que la somme des intérêts débiteurs
ou créditeurs, lorsqu'ils s'annulent...
M. BELLEMARE (Johnson): Quand vous
avez fait les deux bilans de toute l'année pour toutes les
corporations.
M. TETU: Les paiements qui sont requis par intérêt de 6
p.c. pendant onze mois pour le premier versement, dix mois pour le
second...
M. BELLEMARE (Johnson): D'accord.
M. TETU: ... enlevés de l'intérêt sur les versements
effectués de l'exploitant qui devient pour nous un intérêt
créditeur, cela devient une dépense pour le gouvernement.
M. BELLEMARE (Johnson): D'accord.
M. TETU: La somme de ces deux intérêts, débiteur et
créditeur, lorsque c'est néant ou que cela a une tendance
à ne pas être tellement important comme résultat, cela veut
dire tout simplement que l'exploitant a respecté la règle des
versements par anticipation.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que le vérificateur accepterait
cela?
M. LAROSE: En ce qui concerne, par exemple, la Loi des impôts sur
les corporations, à l'heure actuelle, les dispositions concernant les
intérêts sont prévues dans la loi. Ce ne sont pas des
intérêts payables, des intérêts à charger.
Alors, à ce moment, comme il s'agit aussi de taxation, ici, d'une
certaine façon, nous considérerions normal que cela soit
prévu, et si c'est pour s'équilibrer, que cela s'équilibre
dans le fait, mais si, à l'occasion, cela ne s'équilibre pas,
à ce moment, des conditions seront prévues.
M. LESSARD: Autrement dit, on revient toujours à la même
chose. Vous constatez qu'un intérêt est exigé et que ce
n'est pas indiqué dans la loi.
M. LAROSE: C'est l'intérêt qui est payé que nous
mettons en cause et non pas l'intérêt qui est chargé.
M. LESSARD: C'est cela, l'intérêt payé. Or, comme
Vérificateur général, vous avez, encore une fois, à
analyser si la loi correspond à la réalité, aux
directives, et vous êtes ni pour, ni contre, mais vous dites: Si le
ministère décide de fonctionner de cette façon, il doit
l'inscrire à l'intérieur de la loi.
M. LAROSE: C'est cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Pour vous autres, cela vous embêterait
énormément de faire un petit amendement pour vous protéger
réellement? Vous dites que l'un équilibre l'autre au point de vue
du bilan, quand vous avez fait le prérequis, que tout est
équilibré, que les 6 p.c. créditeurs s'équilibrent
surtout après le IIe mois avec le premier mois qui est payable. Mais ne
pensez-vous pas qu'il y aurait un moyen de trouver une solution au lieu d'une
régie interne? C'est un règlement de régie interne que
vous appliquez. Si quelqu'un s'opposait, se disait pour ou contre dans un cas
ou dans l'autre, est-ce que vous ne seriez pas en mauvaise position pour vous
défendre?
M. TETU: Du côté de l'exploitant, je ne peux pas concevoir
qu'il puisse s'y opposer parce qu'il...
M. BELLEMARE (Johnson): II y a un avantage, certainement.
M. TETU: ... suivant les circonstances qui existaient à ce
moment, personne ne peut évaluer à l'avance le profit qu'il
réalisera à l'intérieur d'une...
M. BELLEMARE (Johnson): Simplement au point de vue de la loi, pour vous
protéger...
M. TETU: Je suis bien d'accord, mais comme je le soulignais
tantôt, si on décide de légaliser un intérêt
créditeur de 6 p.c. sur la phase d'anticipation, il faudra revoir aussi
les intérêts débiteurs dans la même loi...
M. BELLEMARE (Johnson): Ce sera certainement long.
M. TETU: ... pourvu qu'il n'y ait pas abus d'un côté comme
de l'autre.
M. BELLEMARE (Johnson): II n'y a pas de perte de vitesse dans cela.
M. TETU: Absolument pas.
M. BELLEMARE (Johnson): Au contraire, il s'agirait de légaliser.
Je pense que l'honorable vérificateur avait certainement raison. Votre
explication est conforme à votre politique de régie interne. Je
la comprends vis-à-vis des exploitants qui budgétisent et vos 6
p.c. créditeurs, je le comprends, mais aussi je comprends l'autre. Mais
pourquoi pas légaliser comme le demande le vérificateur, comme
cela se fait dans toutes les lois d'impôts? Je ne vous cherche pas de
chicane, mais simplement on constate un fait. Vous savez, on n'est jamais trop
prudent, même dans l'application de la meilleure loi parce qu'on ne sait
jamais comment quelqu'un peut l'interpréter ou quelqu'un peut sciemment
la violer. Vous n'avez rien pour vous défendre.
M. LESSARD: Parfois, elle aime cela.
M. BELLEMARE (Johnson): La loi aime se faire violer. Cela dépend
de l'âge qu'elle a. Est-ce que vous avez une autre question?
M. LESSARD: En ce qui concerne la perception des droits miniers, vous
n'avez pas analysé la façon dont cela se faisait ou encore, un
cas
bien concret. Dans le cas, par exemple, de profits de
sociétés canadiennes qui établissent globalement, pour
l'ensemble des dix provinces, des profits et qu'ensuite elles
répartissent cela pour la province de Québec. Est-ce que vous
avez analysé si cette façon de percevoir les droits miniers nous
donne satisfaction en ce qui concerne les revenus du ministère?
M. LAROSE: Nous avons examiné la méthode suivie par le
ministère pour établir les cotisations à l'endroit des
compagnies en général et nous nous sommes assurés, comme
je l'ai mentionné...
M. LESSARD: Que cela correspondait à la loi.
M. LAROSE: ... que cette méthode correspondait à
l'application de la loi. Quant à analyser en profondeur tous les
états financiers de chacune des compagnies qui font affaires dans la
province de Québec, je doute que ce soit de notre compétence. Je
pense que c'est plutôt de la compétence du ministère
lui-même. Mais de prendre chacun des états pour voir et analyser
chacune des dépenses, je doute que nous soyons capables de faire
cela.
M. LESSARD: Est-ce que le nombre d'inspecteurs du ministère
auprès de ces compagnies minières serait suffisant?
M. LAROSE: Je n'ai pas d'opinion. Est-ce que...
M. BELLEMARE (Johnson): Vous en avez quatre actuellement? Quatre ou
cinq?
M. LAROSE: II y a toujours un retard, comme on prend...
M. BELLEMARE (Johnson): Vous avez quatre inspecteurs? Quatre. Vous en
avez déjà eu plus.
M. LAROSE: Cela indiquerait peut-être que ce n'est pas suffisant
à l'heure actuelle puisqu'il y a un retard d'un an.
M. LESSARD: C'est un peu pour cela que je vous pose la question, parce
qu'il y a des retards dans la perception. Donc, vous n'allez pas jusqu'à
dire que le nombre d'inspecteurs n'est pas suffisant, mais, cependant, le fait
qu'il y ait des retards...
M. BELLEMARE (Johnson): II dit que cela diminue tous les ans.
M. LESSARD: ... au sujet des cotisations.
M. CHOUINARD: Ce n'est pas dans la perception. C'est dans la cotisation
qu'il y a un retard.
M. LESSARD: Oui, des cotisations du service de l'imposition
minière.
M. TETU: Je m'excuse, c'est important. Vous dites qu'il y a des retards
dans la perception. Ce n'est pas cela qu'il faut comprendre.
M. LESSARD: Non. Dans les cotisations.
M. TETU: II y a eu des retards dans le programme de vérification
qu'on voudrait mettre de l'avant...
M. BELLEMARE (Johnson): Les redevances. C'est cela.
M. TETU: ... alors, effectivement, l'ensemble des sociétés
minières nous envoient leurs déclarations. Disons que la
majorité terminent leur année financière le 31
décembre. Elles nous envoient leurs rapports le 30 juin de
l'année suivante et, normalement, nous avons un an pour compléter
la vérification.
M. LESSARD: Dans le cas d'une compagnie comme Iron Ore qui fait des
exploitations à cheval sur la frontière de Terre-Neuve et du
Québec, est-ce que vous avez des procédés qui vous
permettent d'avoir un certain contrôle sur la quantité de minerai
qui est exploitée d'un côté de la frontière, est-ce
que vous avez des contrôles concernant la quantité qui est
exploitée à Terre-Neuve par rapport à la quantité
qui est exploitée au Québec?
M. TETU: Ici, il serait bon de souligner qu'effectivement,
jusqu'à 1971, il n'y a pas eu de dépôts miniers dans la
région de Shefferville qui étaient à cheval sur la limite
territoriale. Les dépôts miniers étaient bien
définis dans un endroit ou dans l'autre, à des distances d'un
mille et demi à cinq milles et plus. Alors, cela était important,
parce que vous comprenez comme moi que la limite territoriale, cela peut se
discuter.
M. LESSARD: Surtout dans ce coin-là.
M. TETU: Bon. Alors, cela ne crée pas de problèmes
particuliers, mais en ce qui regarde la distribution des dépenses entre
les deux provinces...
M. LESSARD: Oui.
M. TETU: ... nous avons une vingtaine de bases qui sont utilisées
pour distribuer ces dépenses suivant les fournitures, suivant la valeur
assurable, suivant le nombre d'hommes, le nombre de tonnes extraites, etc., les
bases qui nous semblent logiques dans la distribution de ces
dépenses.
On distribue la dépense suivant son caractère qui est le
plus proche pour son utilisation. On
peut prendre certains exemples, comme les réquisitions de
fournitures qui sont utilisées. On a un contrôle sur ces
fournitures parce que chaque mine fait l'objet de ce qu'on appelle un "cost
center" et ces coûts font l'objet d'une comptabilité
séparée. En ce qui regarde les autres distributions de
coûts qui sont des services, on a un compte global et les coûts de
ces services sont distribués entre les différentes initiatives
par les bases appropriées. Je cite pertinemment le terminus qui rend des
services à Shefferville et à Carroll dans la région de
Terre-Neuve. On a toute une série de distribution de coûts pour
identifier les coûts d'extraction dans la région de
Schefferville-Québec.
M. BELLEMARE (Johnson): Quand je vous ai questionné tout à
l'heure sur les 6 p.c. créditeurs, ce n'était pas pour vous
chicaner. C'est parce que ça fait deux fois dans la même
journée que ça nous est prouvé que le gouvernement vit
dans l'illégalité. Ce matin, on a eu un ministre qui est venu
nous dire que c'était illégal depuis quatre ans. Là, vous
venez nous dire que ce n'est pas dans la loi. C'est seulement pour cela. C'est
seulement pour attirer l'attention des gens; cela devrait être
régularisé par une loi.
M. TETU: Dans une loi fiscale, il y a toujours un tas de cas qui
arrivent et qui ne sont pas prévus comme tels dans la loi. Il faut que
le ministre l'interprète à la lumière de ce qui existe
à l'heure actuelle.
M. BELLEMARE (Johnson): Quand un vérificateur attire votre
attention sur un...
M. TETU: Ce que je veux dire, c'est que cette décision est bien
antérieure à la remarque du Vérificateur
général. Elle date du 1er janvier 1966, et elle a
été conçue dans cette optique. C'était pour
accélérer l'entrée de fonds; on l'a fait dans cette
optique. On a atteint notre résultat.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous dites que vous avez seulement quatre
inspecteurs. Est-ce que cela diminue?
M. TETU: Cela a augmenté. Antérieurement, c'était
inférieur. Depuis la nouvelle loi, le personnel a doublé; ils
étaient deux antérieurement, ils sont quatre depuis 1967.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est 100 p.c. de plus. Est-ce que vous en avez
suffisamment?
M. TETU: On pourrait avoir un autre inspecteur à l'occasion pour
défricher un fardeau de travail plus élevé.
M. BELLEMARE (Johnson): Surtout dans le secteur du lac Allard et de
Cartier Mining, au mont Wright.
M. TETU: Les difficultés qui existent à ce niveau, c'est
de distribuer, parmi les opérations minières, les profits
attribuables à des opérations forfaitaires ou des profits
attribuables à des opérations non minières. Cela fait
toujours l'objet d'une enquête approfondie pour savoir si les bases sont
acceptables et compatibles avec les faits.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que, dans ce domaine, vous avez encore,
puisque vous venez de parler de choses forfaitaires, des chemins miniers?
M. TETU: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Qui sont subventionnés par le
ministère?
M. TETU: Qui font l'objet d'un amortissement aux fins du calcul des
droits, oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Qui sont demandés par soumissions
publiques.
M. TETU: Je parle strictement au point de vue fiscal. Ils font l'objet
d'une déduction sur le plan fiscal pour la partie contribuée par
l'exploitant. S'il en finance 20 p.c...
M. BELLEMARE (Johnson): Ces chemins ne sont pas faits par la compagnie,
ils sont faits par des entrepreneurs.
M. TETU: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Après demande de soumissions.
M. TETU: Oui. OÙ je veux en venir, c'est que la partie qui est
supportée par l'exploitant...
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne veux pas en venir là, je veux
savoir si vous faites des chemins. Vous dites: Oui. Des chemins qui servent
à l'exploitant, mais qui sont remboursables sur une période X,
comme le prévoit la loi. Ce n'est pas la compagnie qui fait les chemins.
Ce sont des entrepreneurs. D'accord?
M. TETU: Oui, d'accord.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce qu'il y a des soumissions publiques
demandées pour ces chemins?
M. TETU: C'est en dehors de ma compétence.
M. TREMBLAY (Clément): Oui, ou encore c'est fait à
forfait.
M. BELLEMARE (Johnson): Ou par entente.
M. TREMBLAY (Clément): C'est presque toujours par entente.
M. BELLEMARE (Johnson): Pour les ententes, vous faites demander deux ou
trois entrepreneurs.
M. TREMBLAY (Clément): Dans le sens où je l'entends, on a
des ententes avec ARDA, avec l'OPDQ, des ententes globales.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, mais les ententes, ce sont les mêmes
entrepreneurs qui sont demandés pour, probablement... C'est la nouvelle
mode de procéder. C'est nouveau, ça.
M. TREMBLAY (Clément): Les chemins sont faits par ententes
globales pour tout un secteur de routes.
M. BELLEMARE (Johnson): La personne physique qui les fait, ce n'est pas
l'exploitant, jamais; c'est toujours un entrepreneur.
M. TREMBLAY (Clément): Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): L'entrepreneur va-t-il en soumissions publiques?
Vous dites: C'est à l'intérieur de TARDA et de l'autre organisme
qui vont faire la demande des soumissions probablement.
M. TREMBLAY (Clément): Parfois, mais pas toujours; il y a des
chemins qui sont faits par le ministère, en régie.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela peut être en régie. Cela peut
être par entente, aussi.
M. LESSARD: Des contrats négociés.
M. BELLEMARE: Ne nous le dites pas si vous ne le savez pas, on s'en
doute.
M. LESSARD: Dans le cas du chemin Manic-5-Gagnon...
M. TREMBLAY (Clément): Par soumissions publiques ou par
régie.
M. GARNEAU: Mais quand vous définissez un contrat,
qu'entendez-vous par un contrat?
M. TREMBLAY (Clément): II y a un devis et un plan de
préparé, par la suite on demande des soumissions publiques pour
construire, par exemple, 2.9 milles de route, de telle place à telle
place.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous demandez des soumissions publiques?
M. TREMBLAY (Clément): Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Tout le temps.
M. TREMBLAY (Clément): Non, quelquefois, on le fait
nous-mêmes, en régie.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous le faites en régie. Le faites-vous
aussi par invitation comme on a déjà appelé cela?
M. TREMBLAY (Clément): Pas depuis le 1er janvier 1974.
M. BELLEMARE (Johnson): Seulement depuis le 1er janvier. Avant cela, ce
n'était pas cela?
M. LESSARD: C'est-à-dire qu'il arrive très souvent que
vous passiez par soumissions publiques...
M. BELLEMARE (Johnson): De temps en temps.
M. LESSARD: II arrive que vous passiez par soumissions publiques et que,
par la suite, le contrat est renouvelable, d'année en année,
comme c'est le cas à Gagnon. C'est le même entrepreneur depuis
quatre ans.
M. BELLEMARE (Johnson): Ce n'est pas mal. Le gars connaît cela, il
connaît les adresses, c'est mieux comme cela. C'est pas mal correct.
C'est ce qu'on appelle et ce qu'appelait l'honorable Pinard, le bon patronage.
L'exécution directe des travaux en sciences, au point de vue
scientifique, plus rentable... Je comprends bien cela.
M. LESSARD: Vous connaissez cela? M. BELLEMARE (Johnson): Oui.
M. MALOUIN: On tombe dans un sujet qui vous est familier, que vous
comprenez bien.
M. BELLEMARE (Johnson): II ne faudrait pas parler de...
M. MALOUIN: Parlons-en. Faites même des enquêtes, honorable
confrère.
M. LESSARD: Etant donné que nous n'avons pas de recommandations
du Vérificateur général concernant...
M. BELLEMARE (Johnson): Vous vous méfiez de moi beaucoup trop. Je
vois votre nom quelquefois sur des pancartes, sur la route. Cela n'a même
pas besoin de nom à part cela.
M. MALOUIN: On en reparlera après. Ce n'est pas
d'intérêt public.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous pouvez le faire enlever.
M. LESSARD: M. le Président, étant donné
que nous n'avons pas, malheureusement, de recommandations du
Vérificateur général, nous devrons reprendre cette
discussion à la commission des Richesses naturelles ou à la
commission des engagements financiers.
M. BELLEMARE (Johnson): Le budget va venir, d'ailleurs.
M. LESSARD: Mais si on revient au rapport du Vérificateur
général concernant les dépenses de l'année
financière, est-ce que le fait dont on parle dans le rapport du
Vérificateur général, à savoir que certaines
dépenses de 1971/72 auraient été imputées au budget
de 1972/73, ou encore des dépenses de 1972/73 auraient pu être
imputées au budget de 1973/74, a été corrigé? Parce
que le Vérificateur général précise qu'il s'agit
absolument d'un manque de contrôle sous cet aspect particulier de la
gestion financière du ministère et il importerait qu'une telle
situation soit redressée sans délai.
Est-ce que, pour les bonnes fins de l'administration financière,
cela a été corrigé? Autrement dit, est-ce que le
Vérificateur général devra reprendre ses remarques dans le
prochain rapport?
M. GARNEAU: Cette remarque du vérificateur a fait l'objet d'une
discussion assez longue dans la première partie du rapport,
c'est-à-dire à la fin d'une année fiscale, les factures
qui sont restées en suspens, qui n'ont pas été
intégrées dans l'année financière parce qu'elles
ont été portées à la connaissance des comptables,
elles ont été prises dans la poste entre les services
décentralisés et le service central... Evidemment, on en a
discuté assez longuement.
Je pense bien qu'il y aura toujours des difficultés à
résoudre ce problème, à moins qu'on suive l'une ou l'autre
des formules sur lesquelles on discutait, à savoir une espèce de
budget de fermeture, d'équilibre des comptes, ou encore, qu'on laisse
les livres ouverts plus longtemps avant la fermeture; il y aurait
différentes possibilités, mais cela s'incorpore dans ce
même sens-là.
Je pense qu'une de ces années-là, il s'agissait de
montants quand même relativement minimes, si les informations qu'on m'a
transmises pour le ministère des Richesses naturelles... c'est quelque
chose comme $774, qu'il y avait dans votre rapport plus détaillé
au ministère.
Evidemment, il y en aura toujours de ces montants, à moins qu'on
trouve une façon, comme on l'indiquait, comme il se fait en France,
où la loi, le budget de fermeture des comptes de l'exercice financier
vient cinq, six, sept ou huit mois après la fin de l'exercice et qui
ratifie, par une loi déposée devant le Parlement, tous ces
chevauchements d'une année financière par rapport à
l'autre.
C'est donc ce cadre qu'il va falloir analyser pour trouver une solution
plus permanente. Sans cela, on va toujours avoir ces difficultés de fin
d'année.
M. LESSARD: M. le Président, plus que ce problème, le
problème d'immobilisation dont on parle au rapport...
M. BELLEMARE (Johnson): Je voudrais seulement poser une question sur
l'autre...
M. LESSARD: Excusez-moi.
M. BELLEMARE (Johnson): Le vérificateur dit qu'il s'agit
absolument d'un manque de contrôle. Je pense que j'aimerais mieux
entendre le vérificateur sur ce manque de contrôle.
M. LAROSE: Le montant est supérieur, je pense bien
à...
M. BELLEMARE (Johnson): A $76.
M. LAROSE: ... à $774. Il y en a au moins...
M. GARNEAU: ... un marqué dans un des rapports que j'ai vus. Je
ne sais pas si...
M. BELLEMARE (Johnson): II va nous le dire, vous n'avez pas besoin de le
chercher.
M. LAROSE: Dans le même rapport, très probablement à
la page précédente, vous en verrez pour $48,000, je pense bien.
Le montant est supérieur à celui qui apparaît de $774. Dans
le sens où l'on dit qu'il manque de contrôle, c'est-à-dire
que, à notre avis, les dépenses de l'année 1972/73
devraient être chargées durant l'année 1972/73. Ils se sont
entendus. La question a été discutée hier. Il arrive des
occasions où la facture n'est pas transmise au service comptable
à temps; d'autres fois, il peut manquer de crédit à un
moment donné. Il peut y avoir énormément de raisons. Je
pense bien que tout à déjà été
évoqué, comme le ministre l'a dit tout à l'heure, au cours
de la discussion précédente ou de la séance
précédente. Nous sommes d'avis que tous les efforts devraient
être faits pour que les dépenses d'une année paraissent
dans l'année.
M. BELLEMARE (Johnson): ... financière.
M. LAROSE: ... financière concernée et qu'un grand effort
devrait être fait dans ce sens.
M. BELLEMARE (Johnson): Pour qu'il n'y ait pas
d'enchevêtrement.
M. LAROSE: C'est cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Le moins possible d'ailleurs. La solution n'est
pas trouvée, mais...
M. GARNEAU: On en considère un certain nombre. Je pense que,
à l'occasion de la réunion antérieure, on avait
évoqué la possibilité de faire comme d'autres juridictions
où on a ce qu'on appelle un budget de clôture de
l'exercice financier où on accumule ces choses qui arrivent
seulement à la fin de l'année financière, et on les
régularise par une loi déposée devant le Parlement qui est
adoptée presque automatiquement. Elle régularise toutes les
dépenses imputables à un exercice financier pour avoir une
comptabilité d'exercice plus fidèle. Mais il y a aussi
peut-être d'autres possibilités, en prenant un budget
supplémentaire qui viendrait un peu plus tard pour régulariser
cela. Je ne sais pas encore quelle attitude on prendra pour...
M. BELLEMARE (Johnson): Mais quand on a un budget de $30 millions ou de
$2 milliards, je pense qu'on peut peut-être faire... Par exemple, le
ministère des Affaires sociales et le ministère de l'Education
arrivent avec un budget de $2 milliards. Je pense qu'arriver "à la
cent"... Mais quand on a un budget de de combien est votre budget? De
$22 millions $22 ou $23 millions, c'est un peu plus facile. Je pense que
le budget de...
M. GARNEAU: Le problème qui est soulevé...
M. BELLEMARE (Johnson): C'est parce que vous nous avez dit $76 et,
après cela, environ $700...
M. GARNEAU: C'est parce que...
M. BELLEMARE (Johnson): Lui, il vient de me dire $48,000... c'est le
bout.
M. GARNEAU: C'est parce que cela dépend des services. Le montant
qui est en cause ici, ce sont les achats qui sont faits à la fin d'un
exercice, qui ne sont pas portés à la connaissance du
Vérificateur général pour une appropriation de
crédits au moment des achats faits par confirmation dans des services
décentralisés. Quand arrive la fin de l'exercice financier, il
arrive que ces factures, disons une facture datée du 28 mars ou du 25
mars, qui est portée à la connaissance de la comptabilité,
avant que le processus ait été effectué...
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que l'honorable vérificateur a
fait la même remarque dans d'autres ministères?
M. LAROSE: Oui.
M. GARNEAU: D'une façon générale, au début
du rapport.
M. LAROSE: Elle fait partie d'une remarque générale
à l'ensemble du gouvernement dans les premières sections du
rapport. Elle l'a été dans d'autres...
M. BELLEMARE (Johnson): Dans d'autres ministères.
M. LAROSE: ... ministères aussi.
M. LESSARD: M. le Président, à immobilisation, le
Vérificateur général fait trois remarques qui
m'apparaissent très importantes et sur lesquelles je voudrais bien avoir
des explications. D'abord, concernant les cautions de soumissions, en effet, le
Vérificateur général affirme je pense que c'est
vérifié que les cautions de soumissions doivent être
de 10 p.c. du coût total du contrat. Nous avons relevé certains
cas où ces cautions étaient inférieures à 10 p.c.
On ajoute: "Les cautions d'exécution et d'obligation doivent
représenter chacune 50 p.c. du coût du contrat pour former un
montant global de 100 p.c.
Dans certains cas, la somme des deux cautions ne représentait que
50 p.c. du coût total du contrat. Enfin, le remboursement des retenues
sur contrat doit se faire douze mois après la fin des travaux. Encore
là, nous avons relevé certains cas où ce remboursement a
été effectué seulement deux mois après la fin des
travaux. Dans le troisième fait qui est souligné par le
vérificateur, je trouve cela très curieux, puisque la caution est
là pour garantir que les travaux seront faits selon les plans et devis
du ministère. Cela exige un certain contrôle.
M. le Président, comme il s'agit, à mon sens, de
possibilités, je le dis, de patronage, de possibilités
d'arbitraire, de possibilités d'avantages pour certaines personnes,
j'aimerais savoir d'abord de la part du Vérificateur
général, lorsqu'il parle du fait qu'il a relevé certains
cas où ces cautions étaient inférieures à 10 p.c,
combien de cas ont été relevés, quels genres de
travaux.
M. CHOUINARD: En ce qui a trait aux cautions inférieures à
10 p.c, c'est lors d'un échantillonnage, sur quinze dossiers, on a
relevé deux cas.
M. LESSARD: Vous aviez pris quinze cas comme échantillonnage?
M. CHOUINARD: Oui, il y a deux cas qui reflétaient le montant de
cautions qui, lors de la soumission, étaient inférieures à
10 p.c.
M. MALOUIN: Quel genre?
M. CHOUINARD: Des ponts et routes. Ces montants sont de l'ordre de
$1,700,000 de contrats. Normalement, la caution aurait été
censée être de $171,000, elle était de $150,000. Dans
l'autre cas, c'était un contrat de...
M. LESSARD: Vous me dites que la caution était de?
M. CHOUINARD: Elle aurait été censée être de
$171,000. C'est un contrat de $1,719,000 et elle était de $150,000. Il y
avait une marge de $21,000, tandis que, dans l'autre cas, on a noté,
c'était un contrat de $2,952,000, que la caution était de
$220,000 au lieu d'être de $295,000, si on respecte la règle de 10
p.c.
M.LESSARD: M. le Président, comme cela va à l'encontre de
toutes les procédures administratives du gouvernement, je demanderais
qu'on dépose ces deux contrats.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est-à-dire les quinze de
l'échantillonnage, on va pouvoir juger des deux, les quinze contrats de
l'échantillonnage pour avoir un aspect total, les deux qui arrivent, qui
viennent d'être donnés comme un exemple typique et qui ne
respectent pas les normes de l'arrêté en conseil.
M. LESSARD: D'ailleurs, il me semble que, lorsque ces 10 p.c. ne sont
pas déposés, n'apparaissent pas comme caution, le
ministère a l'obligation, tel que nous l'a expliqué le ministre,
de refuser la soumission. Je ne peux pas comprendre cela, car, dans deux cas,
et il s'agit d'un échantillonnage, je dis bien d'un
échantillonnage, deux sur quinze, cela fait déjà un
pourcentage qui m'apparaît assez élevé comme
irrégularité.
M. MALOUIN: M. le Président, est-ce qu'on peut savoir si c'est un
cautionnement de soumission?
M. CHOUINARD: Le cautionnement est un cautionnement de soumission.
M. LESSARD: Est-ce qu'il s'agit de soumissions publiques?
M. CHOUINARD: L'un est une caution sous forme de police d'assurance et
l'autre est une caution de soumission.
M. MALOUIN: Je pense qu'on peut quand même expliquer que, au sujet
de ces cautions, souvent, vous permettez...
M. LESSARD: Oui.
M. MALOUIN: ... certains se servaient du cautionnement à 10 p.c.
pour estimer le montant du contrat et souvent soumissionnaient au moins pour
100 p.c. Disons qu'ils prenaient $150,000 et disaient que c'était un
contrat de $1,500,000.
M. LESSARD: Je n'accepte pas...
M. MALOUIN: Ecoutez, je pense que l'explication est que le
ministère avait décidé à ce moment, vu que
c'était un cautionnement de soumissions, de fixer un montant qui
était logique. Le même cautionnement, disons, est remplacé
à la suite du contrat par d'autres cautions, des bons de garantie.
Est-ce que, dans le cas des deux cautionnements, effectivement, cela a
été remplacé par des bons de garantie?
M. BELLEMARE (Johnson): II y a eu des...
M. LESSARD: On dit même à l'article 2 que les cautions ne
correspondent qu'à 50 p.c. du coût total du contrat. D'ailleurs,
les 10 p.c. correspondent au montant de la soumission, au montant que la
personne soumissionne. Si elle soumissionne à $1,711,000, elle est
obligée de donner $171,000.
M. MALOUIN: Pas nécessairement. C'est dans la formule de
soumission. Le ministère dit que le cautionnement de garantie devra
être d'un montant de $150,000. Est-ce que vous avez vu la formule de
soumission?
M. CHOUINARD: Moi...
M. MALOUIN: Je pense que c'est important de voir, parce que...
M. LESSARD: C'est ça qui...
M. MALOUIN: ... on ne dit plus maintenant que le montant devrait
être égal à 10 p.c.
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne fais pas de reproche à ces
honorables messieurs qui ont fait leur devoir.
M. MALOUIN: II s'agit de savoir quand même pourquoi.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, mais ils font des recommandations
après avoir vu les faits. D'accord?
M. MALOUIN: II manque peut-être certains faits.
M. BELLEMARE (Johnson): On demande de les déposer.
M. GARNEAU: Est-ce qu'on pourrait voir quelles sont les observations que
fait l'administrateur du ministère dans tout cela?
M. BROWN: D'après les quelques renseignements que j'ai pu
recueillir cet après-midi, je me reporte avant l'avènement de la
Loi de l'administration financière en 1971, il existait au
ministère des Richesses naturelles le cahier appelé: "Devis de
construction des ouvrages d'ordre majeur", dans lequel il est dit, lorsqu'il
est question de retenues sur contrats, que nonobstant tel et tel article, les
retenues ordinaires pour garantir les obligations de l'entrepreneur sont de 10
p.c. sur les premiers $50,000 et de 5 p.c. sur l'excédent, ce qui, je
crois, peut expliquer pourquoi il peut y avoir, dans un contrat de $150,000, au
lieu d'une retenue de $15,000, une retenue de $12,000.
M. LESSARD: C'est un contrat de $1,711,000.
M. BROWN (Alphonse): Non, peu importe le montant.
M. LESSARD: D'accord!
M. BROWN (Alphonse): Evidemment, si un contrat passé en 1969 se
prolongeait sur deux ou trois exercices, alors que la Loi de l'administration
financière est entrée en vigueur en 1971, le contrat passé
en 1969 demeurait valable pour la durée du contrat.
M. LESSARD: Quelle est la date du contrat?
M. BELLEMARE (Johnson): Monsieur va nous dire la date, s'il l'a.
M. CHOUINARD: Cela doit être dans nos dossiers.
M. LESSARD: De juin 1968 à mars 1971. Donc, il s'agit de contrats
qui n'étaient pas soumis à la nouvelle Loi de l'administration
financière. Est-ce que...
M. BELLEMARE (Johnson): Mais comment cela se fait-il... Me
permettez-vous?
M. LESSARD: Oui, allez-y.
M. BELLEMARE (Johnson): Comment cela se fait-il que l'honorable
vérificateur puisse nous faire cette remarque que la caution des
soumissions doit être de 10 p.c. du coût total? Nous avons
relevé certains cas où les cautions étaient
inférieures. C'est leur travail. Ce n'est pas le nôtre. Lui, il
prétend que c'est le rapport de 1973...
M. CHOUINARD: C'est basé sur l'arrêté en conseil
1042 de l'article 13 a) du 19 mars 1971.
M. LESSARD: C'est cela, la nouvelle Loi de l'administration
financière.
M. MALOUIN: M. le Président, si on demande de déposer les
contrats, est-ce qu'on pourrait, en même temps, demander de
déposer les formules de demandes de soumissions...
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, d'accord!
M. MALOUIN: Ce serait important parce que si le ministère avait
estimé le projet à $1,500,000 et qu'il demande un cautionnement
de $150,000, je crois qu'il était dans l'ordre.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui.
M. MALOUIN: II faudrait peut-être voir...
M. BELLEMARE (Johnson): Je serais bien heureux de voir les autres
soumissionnaires.
M. LESSARD: Mais ce n'est pas comme cela que cela fonctionne,
actuellement, en tout cas. Le ministère peut faire des estimations de
$1,500,000, mais les 10 p.c. sont réclamés sur...
M. GARNEAU: Sur le montant de la soumission.
M. LESSARD: C'est cela.
M. GARNEAU: C'est comme on vient de l'indiquer: La nouvelle
réglementation qui a été émise, en vertu de la
nouvelle Loi de l'administration financière, est entrée en
vigueur le 1er avril 1971. Mais si j'ai compris, M. Brown, la
réglementation qui existait antérieurement à cela au
ministère des Richesses naturelles était une
réglementation utilisée couramment ou régulièrement
dans les appels d'offres pour ce qui est des cautions...
M. BROWN (Alphonse): Je m'excuse, M. le ministre. Je parlais des
retenues sur contrats, à ce moment.
M. LESSARD: C'est cela. Oui, vous parliez des retenues. Mais est-ce
que...
UNE VOIX: La caution...
M. LESSARD: ... pas de retenue, mais est-ce que le cautionnement sur la
soumission était de 10 p.c? Parce que, là, je me demande...
M. MALOUIN: En bon français, c'est un "bid bond".
M. LESSARD: Je demande au ministre des Finances ceci: Est-ce qu'avant la
loi financière de 1971, le pourcentage de 10 p.c. n'était-il pas
exigé non plus?
M. GARNEAU: Oui, il existait. Sous réserve d'une
vérification, la documentation qui a été
préparée au ministère des Richesses naturelles dit qu'il y
avait trois possibilités: a) chèque certifié pour une
somme équivalente ou supérieure à 10 p.c. du montant de la
soumission; b) chèque certifié suivant un montant forfaitaire
fixé à l'avance par le ministre ou c) caution judiciaire au
montant de la soumission.
Alors, la règle était suivie. C'était une de ces
trois choses...
M. LESSARD: Est-ce que le montant forfaitaire a été
déterminé par le ministre?
M. MALOUIN: On pourrait le savoir par la formule de soumission.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que les honorables vérificateurs
ne l'ont pas trouvée Pourquoi en faire la remarque?
M. MALOUIN: C'est cela. Il faudrait peut-être en parler...
M. BELLEMARE (Johnson): Pourquoi l'ins-
crire en 1973 quand la formalité est de 1971? S'ils l'ont
constaté en 1973, et qu'ils l'écrivent, pourquoi le dire? Ils ne
jugent pas 1971, ils ne jugent pas 1970, ils jugent 1973.
M. MALOUIN: Exactement. Comme le ministre l'a dit tout à l'heure,
c'est peut-être un montant forfaitaire qui est établi par le
ministère. Il faudrait savoir, par la formule de soumission, si c'est un
montant forfaitaire qui est établi comme cautionnement de garantie.
Alors, à ce moment, vos constatations ne tiennent plus.
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne pense pas que ce que dit le
député soit conforme aux soumissions qui ont été
demandées en 1973 parce que c'est un rapport qui est fait par messieurs
les vérificateurs et c'est pour 1973. Cela n'affecte pas 1971, ni 1972.
Le rapport est fait pour 1973 sur des contrats qui ont été
donnés en 1973.
M. GARNEAU: Non.
M. LAROSE: Pas nécessairement cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Pas nécessairement.
M. LESSARD: Le Vérificateur général affirme que les
cautions de soumission doivent être de 10 p.c, d'accord, mais il y a des
possibilités forfaitaires aussi et vous affirmez: Nous avons
relevé certains cas où ces cautions étaient
inférieures à 10 p.c.
Il me semble que nous pouvons avoir des explications concernant le
montant forfaitaire. Ce que je voudrais, d'ici la prochaine séance, est
que le Vérificateur général prenne toutes les informations
nécessaires de telle façon qu'il puisse nous donner les
explications afin qu'on puisse juger si l'affirmation que vous faites
parce qu'il n'y a personne qui ne peut se tromper et qui
m'apparaît, à mon sens, très importante, ne serait pas
erronée dans le sens qu'il n'y aurait pas des possibilités telles
qu'à l'intérieur du contrat, comme nous le laisse entendre le
ministre des Finances.
M. GARNEAU: Cela revient à ce que j'ai dit. C'était
basé sur la documentation qui m'était transmise par le ministre
des Richesses naturelles parce que, si je comprends les renseignements que nous
avons ici, il s'agit de contrats qui ont été octroyés
durant les années 1967, 1968 et 1969 et qui ont été
exécutés et complétés beaucoup plus tard pour
toutes sortes de raisons que j'ignore.
Evidemment, j'imagine qu'il doit y avoir des variations de coûts
entre le moment où ils ont été donnés entre 1967 et
le moment où ils ont été terminés en 1973, mais on
pourrait voir, par le dépôt des contrats...
M. CHOUINARD: Ce qui est arrivé, à un certain moment
aussi, au sujet des retenues est que dans le commentaire qu'on passe sur les
retenues...
M. BELLEMARE (Johnson): Retenues...
M. CHOUINARD: ... c'est qu'il y a eu une anomalie administrative.
Ils ont considéré dans l'application de leurs
règlements le cahier des charges de mars 1970 au lieu du cahier des
charges de septembre 1971. Le cahier des charges de mars 1969 disait de
rembourser la retenue deux mois après l'exécution des travaux
tandis que le cahier des charges de septembre 1970 disait de rembourser douze
mois après la fin des travaux.
M. MALOUIN: Mais le contrat était un contrat de quelle date? A
quel moment le contrat a-t-il été signé? C'est
peut-être une terminaison de contrat en 1973. Il faudrait peut-être
savoir la date du contrat au moment où le règlement s'appliquait.
M. le Président, si on revient à la question du cautionnement,
est-ce qu'on peut...
M. GARNEAU: M. le Président, si on revient sur le... Non, je
voudrais qu'on finisse cela. Parce que là, on discute entre nous de
possibilités, mais il y a des gens qui vivent ces problèmes toute
l'année. Il serait peut-être bon de les entendre aussi sur cela.
M. Brown semble avoir quelque chose à ajouter.
M. BROWN: Encore là, M. le ministre, d'après le cahier des
charges qui a été publié en mars 1967, qui était
valable encore à la période concernée, il est dit
spécifiquement: La retenue de 10 p.c. prévue à l'article
97 est normalement payée à l'entrepreneur deux mois après
l'exécution des travaux sur la valeur de laquelle elle a
été faite.
M. LESSARD: Deux mois.
M. BROWN: C'était donc inclus dans le cahier des charges du
ministère, qui était valable à cette époque.
M. LESSARD: Mais comment, à ce moment-là, vous dites deux
mois après l'exécution des travaux?
M. BROWN: Oui.
M. GARNEAU: La fin de l'exécution des travaux.
M. BROWN: On dit: Après l'exécution des travaux.
M. LESSARD: A la fin de l'exécution des travaux.
M. BROWN: Après l'exécution des travaux.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous n'avez pas vu ce cahier, vous autres?
Monsieur, vous n'avez pas vu ce cahier?
M. LAROSE: Oui, on l'a vu.
M. CHOUINARD: On a vu le cahier de charges de mars 1969 qui disait la
même chose que celui de mars 1967; il disait que les retenues devaient
être remboursées à l'entrepreneur deux mois après
l'exécution des travaux, tandis que le cahier de charges de septembre
1970 dit qu'elles doivent être remboursées douze mois après
la fin des travaux.
M. GARNEAU: II s'agit de savoir si les travaux en question...
M. MALOUIN: Justement.
M. GARNEAU: ... avaient été accordés à des
entrepreneurs avant, sous l'ancien cahier des charges.
M. CHOUINARD: Avant septembre 1970. M. GARNEAU: Cela dépend des
ententes.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que vous avez détecté
d'autres contrats faits en 1972 auxquels s'appliquerait votre recommandation
pour des immobilisations?
M. CHOUINARD: Au sujet des retenues, on...
M. LESSARD: C'est parce que...
M. BELLEMARE (Johnson): Un instant, il va répondre.
M. LESSARD: D'accord.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce qu'en 1972, par exemple, après que
l'ordre en conseil eut été voté pour établir une
politique générale, il y a eu d'autres contrats que vous avez
vérifiés et qui s'appliqueraient tels que selon votre
recommandation, qu'il y aurait eu certains relevés, certains cas
où les cautions étaient inférieures à 10 p.c?
M. CHOUINARD: Non. Dans notre échantillonnage on en a
relevé deux sur quinze, comme je vous le disais.
M. BELLEMARE (Johnson): Avant 1971.
M. CHOUINARD: C'est dans la vérification des opérations
1972/73 qu'on a relevé cela, et comme M. Brown le disait, cela peut
être des contrats qui ont débuté
antérieurement...
M. BELLEMARE (Johnson): Dans la vérification comme telle...
M. CHOUINARD: ... à 1972/73 et qui ont été
signés antérieurement à 1972/73 et qui ont
été terminés en 1972/73.
M. MALOUIN: Exactement.
M. CHOUINARD: Quand on vérifie des opérations du
ministère, on vérifie en partant du compte, de la nature de la
dépense et on vérifie le déboursé. En partant du
déboursé, on relève le contrat. Alors, il est certain
qu'on peut arriver à un contrat qui a été signé en
1968, 1969, 1970, 1971 ou 1972. Mais ce qu'on vérifie, nous, c'est le
déboursé que le ministère a fait en 1972/73.
M. BELLEMARE (Johnson): Donc, les quinze contrats...
M. CHOUINARD: II peut y avoir un contrat antérieur.
M. BELLEMARE (Johnson): Entre quinze contrats, vous pouvez
vérifier de nouveau...
M. CHOUINARD: ... à deux, trois ou quatre ans.
M. BELLEMARE (Johnson): Des quinze contrats, il y en avait deux, mais
c'étaient des contrats qui avaient été signés en
1968/69.
M. LAROSE: Non. C'est cela qu'on voudrait voir.
M. CHOUINARD: C'est cela qu'on voudrait voir. Je n'ai pas cette
information présentement dans mes notes.
M. LESSARD: Vous comprendrez, M. le Président, qu'il s'agit
d'affirmations qui sont très sérieuses et il faudrait avoir plus
d'éclaircissements.
C'est pourquoi je demande au Vérificateur général
de faire toutes les études nécessaires et de nous donner, lors
d'une prochaine séance, des explications concernant ces deux contrats
afin qu'on sache véritablement si on est allé à l'encontre
de la Loi de l'administration financière du temps ou pas.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Drummond.
M. MALOUIN: M. le Président, est-ce qu'on pourrait avoir, de MM.
les vérificateurs, la signification de cautionnement de garantie? Pour
l'information de mes collègues, qu'est-ce que ça veut dire un bon
de garantie?
M. BELLEMARE (Johnson): Le ministre des Finances nous a donné
trois cas...
M. MALOUIN: Un instant, je demande au vérificateur. Non, pas ces
trois cas. On sait que ça peut être 10 p.c...
M. BELLEMARE (Johnson): Forfaitaire.
M. MALOUIN: ... ça peut être forfaitaire, ça peut
être 10 p.c. ou plus.
M. BELLEMARE (Johnson): L'assurance, un bon de garantie.
M. MALOUIN: L'assurance, qu'est-ce que ça veut dire un bon de
garantie? C'est que si le plus bas ne respecte pas sa soumission, la garantie
servirait afin de compenser pour prendre le deuxième. Ce qui veut dire
que, dans un cas d'à peu près 10 p.c, $21,000 sur $150,000 pour
le cautionnement, c'est le même prix pour celui qui demande son
cautionnement de garantie; c'est tout simplement, d'après moi, un
montant forfaitaire établi par le ministère parce qu'il aurait pu
aussi bien dire 10 p.c. et dire $171,000 pour un cautionnement ou $150,000,
c'est la même chose, c'est le même coût, c'est $10 que
ça coûte à l'entrepreneur pour avoir ce cautionnement de
garantie. Je pense que c'est important. Ce n'est pas tellement grave.
M. BELLEMARE (Johnson): Je comprends que vous avez une grande
expérience, mais il y a une chose qui reste certaine, c'est que ces
messieurs vont nous donner des dates. Après ça...
M. MALOUIN: Pas seulement des dates. Dans le cas présent, ce
n'est pas une date, il s'agit de voir quelle est la formule qui a
été demandée par le ministère.
M. LESSARD: Le dépôt...
M. BELLEMARE (Johnson): Si les vérificateurs prennent la peine de
le répéter en 1973, qu'ils se fient à ces normes, est-ce
qu'il n'y a pas quelque chose qui ne serait pas conforme?
M. MALOUIN: S'ils n'ont pas vu la formule de soumission, ils ne peuvent
pas dire que le montant est demandé à 10 p.c.
M. BELLEMARE (Johnson): Le vérificateur n'irait pas
jusqu'à le mettre dans un livre comme celui-là, où sa
crédibilité serait mise en doute.
M. GARNEAU: Alors si je comprends bien, ce serait le désir de la
commission que...
M. MALOUIN: Est-ce que vous pouvez répondre dans les deux
cas...
M. LAROSE: On ne l'a pas ici. On ne répondra pas des choses
vagues à l'heure actuelle. On va examiner nos dossiers.
M. GARNEAU: Si je comprends bien, ce serait le désir de la
commission que les deux contrats en question, qui ont fait l'objet de la
remarque que vous avez faite, puissent être déposés, avec
les documents pertinents, pour pouvoir vérifier si la
réglementation qui existait au moment du contrat a été
bien appliquée. Ce serait ça?
M. BELLEMARE (Johnson): Le ministère doit les avoir.
M. GARNEAU: Oui, d'ailleurs, les gens ont tous les documents ici. Ils
ont la liste des contrats et...
M. BELLEMARE (Johnson): Mais par exemple, ils n'ont pas les quinze
échantillonnages?
M. GARNEAU: Oui, c'est ce qu'ils ont.
M. BELLEMARE (Johnson): Ils ont les quinze échantillonnages des
contrats. Il n'y en a pas en 1972?
M. GARNEAU: Les contrats sont: juin 1968, juin 1968, décembre
1968, décembre 1968, avril 1969, juin 1969, août 1970, mars 1970,
octobre 1970, mars 1971, août 1971, je ne sais pas si
celui-là fait partie des deux février 1970. Il y en a tout
de même trois qui sont de 1965,1966 et 1966.
Alors, les deux contrats qui ont fait l'objet de cette remarque
pourraient être déposés avec les documents. Vous ne les
avez peut-être pas vous-même, mais le ministère les a et
c'est assez facile de les avoir, de les déposer.
M. CHOUINARD: Le vérificateur, d'ailleurs, a rencontré M.
Tremblay à l'occasion et il lui avait laissé la liste des
contrats.
M. GARNEAU: C'est à partir de cette rencontre-là que vous
avez la liste que vous venez de nous donner?
M. TREMBLAY: Non, c'est à partir d'une remarque dans le journal
Le Soleil en...
M. LESSARD: Comme il y a eu rencontre entre le vérificateur et M.
Tremblay, est-ce qu'il y a eu explications satisfaisantes pour le
Vérificateur général?
M. CHOUINARD: Je n'ai pas assisté à la réunion,
mais M. Laroche a assisté à la réunion avec M. Tremblay.
J'aimerais mieux laisser répondre M. Tremblay.
M. LESSARD: De toute façon, M. le Prési-den:, il semble
qu'on soit dans le vague passablement. J'aimerais bien, cependant, obtenir des
informations...
M. MALOUIN: M. le Président, vous l'avez ici.
M. LESSARD: Non. Le Vérificateur général a fait une
affirmation et nous demandons qu'elle soit vérifiée par le
Vérificateur général et
que toutes les informations nous soient données à un
moment donné...
M. BELLEMARE (Johnson): II y a eu une erreur.
M. LESSARD: ... et nous comprendrons très bien qu'il est possible
pour le Vérificateur général de se tromper, comme il est
possible pour le ministère, aussi, de se tromper.
M. BELLEMARE (Johnson): Même pour la remise après deux mois
de l'exécution des travaux, il faudrait vérifier cela aussi.
M. LAROSE: Oui, on va regarder cela aussi.
M. BELLEMARE (Johnson): Parce que si cela s'applique à
1967...
M. LESSARD: Quant à moi, M. le Président, ce sont les
seules informations que j'avais à demander concernant le
ministère des Richesses naturelles.
M. GARNEAU: M. le Président, avant de proposer , l'ajournement
sine die, selon le désir de la Chambre de faire siéger la
commission à nouveau, je comprends que les officiers du ministère
des Richesses naturelles ont pris en note les questions qui ont
été posées par les députés pour pouvoir y
répondre au début de la prochaine séance.
Suivant les ententes qui avaient été convenues lors des
réunions en commission, les membres de l'Opposition indiquaient les
sujets sur lesquels, d'une façon générale, ils avaient
l'intention de poser des questions.
Dans le cas du ministère des Richesses naturelles, le Parti
québécois le député de Johnson
n'était pas présent au moment de ces discussions à un
comité de la commission avait indiqué des sujets sans
qu'il y ait d'articles à SOQUEM et à SOQUIP compte tenu des
remarques du vérificateur.
Comme ces points n'avaient pas été soulevés, je
n'ai pas demandé aux présidents de ces deux régies de se
présenter pensant qu'il n'y avait pas de question. Si c'est le cas, je
ne veux pas les déranger pour rien. Si cela était un oubli de la
part...
M. LESSARD: II n'y a pas de problème. Je vais vérifier
cela très vite, M. le Président.
M. BELLEMARE (Johnson): Je vais consulter mon caucus et je vous ferai
rapport.
M. LESSARD: II n'y aurait pas de problème concernant SOQUEM non
plus, en ce qui me concerne.
M. GARNEAU: Vous comprendrez que je ne voulais pas les faire
déplacer inutilement. Est-ce que je pourrais demander la collaboration
du député de Johnson pour savoir si c'est son intention de poser
des questions spécifiques concernant SOQUEM et SOQUIP?
M. BELLEMARE (Johnson): Non, pas cette année.
M. GARNEAU: Pas cette année.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, à la fin d'une session, vous me
prenez un peu déshabillé. Je vais me rhabiller.
M. GARNEAU: Si je comprends bien, à la reprise des travaux, les
fonctionnaires pourraient répondre aux questions demeurées en
suspens. Il resterait aussi l'article 7 sur lequel il pourrait y avoir des
questions. S'il n'y en a pas, à ce moment, je pourrais demander aux
fonctionnaires du ministère des Terres et Forêts d'être
présents pour compléter le travail de ce que je pourrais appeler
la première phase, en attendant la réunion du comité de
travail de cette commission pour déterminer les travaux, les
ministères qui pourraient...
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce qu'on pourrait siéger jeudi?
Est-ce que c'est possible de siéger jeudi?
M. GARNEAU: J'attends les remarques du leader de la Chambre. Je lui ai
dit que, quant à moi, j'étais bien disposé.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est une motion de non-confiance demain
de...
M. GARNEAU: Peut-être qu'on pourrait siéger jeudi matin.
C'est sur cela que j'attends sa décision. Si on siégeait jeudi
matin, on pourrait compléter le ministère des Richesses
naturelles et aborder le ministère des Terres et Forêts. Je ne
sais pas si on pourrait le compléter à ce moment, même si
on ne siège pas dans l'après-midi pour d'autres raisons. Si on
avait complété le ministère des Terres et Forêts de
dix heures à une heure, on pourrait, à ce moment, prévoir,
à une réunion du comité de travail, quels seraient les
autres ministères qu'on aborderait à l'occasion de l'autre...
M. BELLEMARE (Johnson): Je voudrais être bien certain que ces
messieurs ont bien pris note de mes questions.
M. GARNEAU: A cause du journal des Débats, cela va être
assez...
M. BELLEMARE (Johnson): C'est d'accord, je n'ai pas besoin de cela.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 23 h 1 )