Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Tuesday, October 20, 2020
-
Vol. 45 N° 89
Special consultations and public hearings on Bill 66, An Act respecting the acceleration of certain infrastructure projects
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
-
-
Simard, Jean-François
-
Barrette, Gaétan
-
LeBel, Sonia
-
Marissal, Vincent
-
Gaudreault, Sylvain
-
Ouellette, Guy
-
-
LeBel, Sonia
-
Simard, Jean-François
-
Barrette, Gaétan
-
Marissal, Vincent
-
Gaudreault, Sylvain
-
-
Simard, Jean-François
-
Gaudreault, Sylvain
-
Ouellette, Guy
-
LeBel, Sonia
-
-
LeBel, Sonia
-
Simard, Jean-François
-
Chassin, Youri
-
Barrette, Gaétan
-
Arcand, Pierre
-
Marissal, Vincent
-
Gaudreault, Sylvain
-
Ouellette, Guy
-
-
-
Simard, Jean-François
-
Barrette, Gaétan
-
LeBel, Sonia
-
-
LeBel, Sonia
-
Simard, Jean-François
-
Barrette, Gaétan
-
Marissal, Vincent
-
Gaudreault, Sylvain
-
Ouellette, Guy
-
-
Simard, Jean-François
-
LeBel, Sonia
-
Barrette, Gaétan
-
Arcand, Pierre
-
Marissal, Vincent
-
Gaudreault, Sylvain
-
-
Gaudreault, Sylvain
-
Simard, Jean-François
-
Ouellette, Guy
-
LeBel, Sonia
-
-
LeBel, Sonia
-
Simard, Jean-François
-
Barrette, Gaétan
-
Marissal, Vincent
-
Gaudreault, Sylvain
-
-
Simard, Jean-François
-
LeBel, Sonia
-
Arcand, Pierre
-
-
Simard, Jean-François
-
Barrette, Gaétan
-
Marissal, Vincent
-
Gaudreault, Sylvain
-
LeBel, Sonia
-
-
LeBel, Sonia
-
Simard, Jean-François
-
Barrette, Gaétan
-
Arcand, Pierre
-
Marissal, Vincent
-
Gaudreault, Sylvain
10 h (version révisée)
(Dix heures quatre minutes)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, à l'ordre, s'il vous plaît! Je constate que nous avons
quorum. Nous pouvons donc débuter nos travaux. J'aimerais vous souhaiter, à
toutes et à tous, la bienvenue.
Comme vous le savez, notre commission est
réunie afin de procéder aux consultations particulières et aux auditions
publiques sur le projet de loi n° 66, Loi concernant l'accélération de
certains projets d'infrastructure.
Mme la secrétaire, bonjour. Vous êtes
toute nouvelle parmi nous. Merci de nous faire l'honneur de votre présence. Y
a-t-il des remplacements ce matin?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Melançon (Verdun) sera remplacée par M. Arcand
(Mont-Royal—Outremont) et M. Ouellet (René-Lévesque), par
M. Gaudreault (Jonquière).
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Je dois également vous demander si nous aurons, éventuellement, des votes
par procuration.
La Secrétaire
: Oui. M. Barrette
(La Pinière) pourra voter pour M. Fortin (Pontiac) et M. Leitão
(Robert-Baldwin).
Le Président (M. Simard) :
Pour vrai? Très bien. C'est quand même pas mal, vous votez pour deux personnes en
même temps, aujourd'hui, cher collègue.
M. Barrette : Trois.
Le Président (M. Simard) : Trois
même, hein?
M. Barrette : Je vais voter
pour moi aussi.
Le Président (M. Simard) :
Vous allez voter pour vous. Bon. C'est déjà ça. Alors, je vous informe également
qu'éventuellement, si tant est que nous en ayons besoin, les votes pour ce
mandat devront se tenir par appel nominal.
Alors, ce matin, en fait, toute la
journée, nous serons en visioconférence. Il n'y aura pas de présentiel. Et nous
allons commencer, bien sûr, par nos remarques préliminaires. Nous avons deux
groupes cet avant-midi : l'Autorité des marchés publics et la Fédération
des chambres de commerce du Québec.
Alors, sans tarder, Mme la ministre, je
vous cède la parole. Votre groupe parlementaire dispose d'une période de six
minutes pour les remarques préliminaires.
Mme LeBel : Alors, bien,
bonjour. Merci. Merci. Bonjour surtout à tous mes collègues d'être ici présents
aujourd'hui pour commencer une des premières phases, une des phases les plus importantes,
quant à moi, d'un projet de loi, c'est les consultations sur le projet de <loi…
Le Président (M. Simard) :
...
Mme la ministre,
je vous cède la parole. Votre groupe
parlementaire
dispose d'une période de six minutes pour les
remarques préliminaires
.
Mme LeBel :
Alors,
bien, bonjour. Merci. Merci. Bonjour surtout à tous mes collègues d'être ici
présents
aujourd'hui
pour commencer une des premières phases, une
des phases les plus
important
es,
quant à moi
, d'un
projet
de loi
, c'est les
consultation
s sur le
projet de >loi
n° 66 que j'ai déposé le 23 septembre dernier. Donc,
je vous salue, tout le monde, et je pense qu'on va avoir de bons travaux, qui
vont être constructifs.
Donc, on rappelle qu'en juin dernier le gouvernement
a déposé un premier projet de loi pour accélérer la relance économique. Et on a
entendu les commentaires constructifs qui se sont faits lors de la première consultation
sur le projet de loi n° 61, pour ne pas le nommer, et
on a procédé, naturellement, à l'intérieur du projet de loi n° 66,
à certains ajustements. Maintenant, tout projet de loi n'étant pas parfait,
peut quand même être perfectible, je pense que les travaux qu'on entame aujourd'hui
et les différents groupes qu'on va entendre seront extrêmement pertinents sur
la base de cette consultation et des objectifs.
Donc, je pense que c'est important de
mettre quand même le projet de loi dans son contexte. Tout le monde, même si ça
fait déjà une éternité, on le pense, on le vit. Le Québec, au printemps dernier,
a dû faire un arrêt complet de ses activités pendant plusieurs semaines,
pendant plusieurs mois. On a eu un petit répit cet été, mais la deuxième vague
nous a frappés de plein fouet. Et, bien qu'on ne soit pas en confinement comme
ce fut le cas durant la première vague, on a quand même été contraints de
limiter hautement nos contacts sociaux. Et cette pause... les effets de cette
pause vont se faire ressentir pendant de nombreuses années. Mon collègue de
l'Économie, je pense, a eu l'occasion d'en faire part hier dans une certaine interpellation
qui a eu lieu avec lui.
Donc, le gouvernement doit agir
présentement sur deux fronts, combattre le virus et également relancer
l'économie, la renforcer, la maintenir, certains diront, pendant les étapes
qu'on vit présentement. Et je pense que c'est les deux priorités sur lesquelles
il faut tourner notre attention à très court terme, même à moyen terme, je vous
dirais.
La relance économique, donc, c'est un
ensemble d'actions. Parmi celles-là, le projet de loi n° 66,
je pense que c'est bon de le situer, il se cadre dans un ensemble d'actions. Il
ne porte pas à lui seul la prétention de relancer l'économie du Québec au grand
complet. Il a la prétention d'accélérer des projets d'infrastructure et les
investissements dans des projets d'infrastructure pour remettre les Québécois
et les chantiers au travail le plus rapidement possible. Et, dans ce cadre-là,
il est une des pièces maîtresses de la relance économique du Québec que nous
allons devoir... à laquelle nous allons devoir nous attarder. Il faut être
réactif, il faut agir dès maintenant. <Il a... >Ça a été dit par
de nombreux experts, l'investissement, et ce n'est pas juste le Québec qui le
dit, le Canada également, et le monde entier, l'investissement dans les
infrastructures est une des bonnes façons de maintenir, de relancer et de
donner cet élan-là à l'économie, dont elle a besoin. Donc, l'objectif est
clair, accélérer des projets prioritaires.
Je précise donc ici que la liste des
projets en annexe du projet de loi n° 66 ne constitue
pas la liste exhaustive des priorités du gouvernement, <mais... >c'est
important de le souligner, mais il s'agit de certains projets qui peuvent
bénéficier de mesures d'accélération et qui étaient également dans cette liste
de priorités du gouvernement.
Le projet n° 66
est beaucoup plus ciblé que l'était son <prédécesseur...
Mme LeBel : ...des projets
en
annexe du projet de loi
n°
66 ne
constitue pas la liste exhaustive des priorités du gouvernement, mais... c'est
important de le souligner, mais il s'agit de certains projets qui peuvent
bénéficier de mesures d'accélération et qui étaient également dans cette liste
de priorités du gouvernement.
Le projet
n°
66
est beaucoup plus ciblé que l'était son >prédécesseur, son grand frère.
Les mesures qui y sont incluses sont de nature temporaire. Elles concernent spécifiquement
les projets de la liste en annexe. Et je pense qu'on est parvenus à trouver un
juste équilibre entre accélération et contrôle rigoureux, tant en matière
d'intégrité qu'en matière de normes environnementales.
• (10 h 10) •
On souhaite également, donc, par ce
fait-là, doter le Québec, par contre, où il y a également de belles
infrastructures, d'infrastructures plus modernes. Le projet de loi a une liste
fermée de 181 projets. Ce sont des écoles pour nos enfants, des maisons des
aînés, je le rappelle, pour nos parents, nos grands-parents, des routes
rénovées ou agrandies pour assurer une meilleure sécurité des usagers mais
également pour être capable de... nous permettre d'implanter des projets de
transport structurant, des projets de transport également en commun. Les
besoins sont grands dans toutes nos régions.
Le projet de loi prévoit des mesures pour
accélérer certains processus et ainsi permettre une mise en chantier plus
rapide. Ces mesures visent, entre autres, quatre grands volets :
l'expropriation, le domaine de l'État, les autorités... les autorisations
gouvernementales, je m'excuse, l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Le
projet de loi prévoit aussi des mesures de facilitation de paiement pour les
contrats et sous-contrats pour les projets de l'annexe, qui était une des
recommandations de la commission Charbonneau. D'ailleurs, je tiens à certifier
que je ne ferai, moi, aucun compromis sur l'intégrité.
Avec notre loi, on donne davantage de
mordant à l'Autorité des marchés publics. Je suis très intéressée à les
entendre, ce sera le premier groupe ce matin, d'ailleurs. Rappelons que l'AMP a
été créée en 2018 suite à la recommandation n° 1 du
rapport de la commission Charbonneau, et je pense que c'est important. Le rôle
qu'elle a à jouer et qu'elle aura à jouer dans le futur est extrêmement
important. Donc, elle se verra, l'AMP, confier un pouvoir de surveillance
accrue. Elle aura la responsabilité d'examiner les processus d'attribution et
d'exécution des contrats publics pour tous les projets de la liste. Elle
pourra, au besoin, ordonner à un organisme public d'apporter des correctifs pour
assurer la bonne exécution des contrats. L'autorité pourra même suspendre
l'exécution ou résilier les contrats si elle constate des manquements graves.
Elle pourra utiliser ses pouvoirs comme elle l'entend en toute liberté.
Du point de vue de l'environnement, à
l'heure actuelle, les règles prévues par la Loi sur la qualité de
l'environnement exigent des analyses avant l'impact du début des projets. Ces
situations engendrent des délais. Il me reste peu de temps, je pense que je
vais affirmer et je pense qu'il est possible au Québec de revoir nos façons de
faire, de revoir les processus environnementaux, d'accélérer lesdits processus
sans mettre à mal les normes environnementales, sans mettre à mal la qualité de
l'environnement. Et je pense que c'est sur ça que cette commission-là devrait
se pencher, sur ces objectifs. Comment peut-on accélérer, revoir les processus
tout en assurant notre intégrité environnementale? Et le Québec doit être un
véritable leader dans ces dossiers.
Donc, en résumé, c'est ce qu'on va faire,
M. le Président. Merci à tous mes collègues. Et j'ai bien hâte qu'on commence à
entendre les différents groupes pour ensuite poursuivre notre réflexion pour
l'article par article qui viendra par la suite.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole au député de
La Pinière.
M. Barrette : Pour une période
de quatre minutes.
Le Président (M. Simard) :
Quatre minutes, cher collègue, en effet.
M. Barrette : Merci, M. le Président.
Alors, c'est toujours intéressant, les remarques préliminaires, parce que
parfois ça <donne...
Mme LeBel : ...
M. le
Président.
Merci à tous mes collègues. Et j'ai bien hâte qu'on commence
à entendre les différents groupes pour ensuite poursuivre notre réflexion pour
l'article par article qui viendra par la suite.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole au député de
La Pinière.
M. Barrette : Pour une
période de quatre minutes.
Le Président (M. Simard) :
Quatre minutes, cher collègue, en effet.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Alors, c'est toujours intéressant, les remarques préliminaires,
parce que parfois ça >donne une teinte aux débats que l'on va avoir, et
je pense que c'est le cas actuellement.
Alors, juste comme ça, d'entrée de jeu, je
tiens encore une fois à féliciter la présidente du Conseil du trésor, M. le
Président, pour la rédaction du projet de loi n° 66,
qui, je le répète et je le maintiens, est un désaveu du projet de loi
précédent, puisque tous les éléments considérés par tout le monde comme étant
abusifs dans le projet de loi n° 61 ont été retirés.
Alors, c'est à l'honneur de la présidente actuelle du Conseil du trésor de
l'avoir fait.
Ceci étant dit, pour en venir au corps du projet
de loi, on parle ici d'infrastructures, on parle de construction. La
démonstration n'est pas faite qu'au moment où on se parle la construction est
ralentie. Je vais vous donner un exemple personnel, M. le Président. La semaine
dernière, j'ai voulu engager un électricien pour faire des travaux mineurs dans
mon panneau électrique, et il n'a pas de disponibilité avant janvier parce
qu'il est submergé de contrats. J'en ai passé sept, et aucun ne pouvait venir
avant janvier. Bien, ça, là, ça s'appelle de la construction qui marche à plein
régime, M. le Président. Alors, je ne sais pas qu'est-ce qu'on veut accélérer
et comment on va l'accélérer, mais c'est clair que l'enjeu, à mon avis, n'est
pas là.
Le projet de loi est un projet de loi qui
est amélioré par rapport à 66, je le redis. Étant amélioré, il reste quand même
des éléments sur lesquels il devra y avoir, pour nous, des améliorations.
J'avais demandé à ce qu'il y ait des pouvoirs, à l'époque, à l'AMP. La ministre
a acquiescé, je l'en remercie. Je pense qu'il y a lieu là d'aller un peu plus
loin parce que, du discours lui-même de la bouche même de la présidente du
Conseil du trésor, ce sont des mesures qui sont temporaires, limitées à
l'application de ce projet de loi là, et, en ce qui me concerne, l'AMP devrait
avoir des pouvoirs de façon plus permanente.
Il y a la question évidemment des
paiements accélérés, qui est une question qui relève des recommandations de la commission
Charbonneau. Je le dis à l'avance, je vais aborder le sujet sur la base de la
limitation, dans le projet de loi n° 66, aux contrats
de moins de 20 millions. Je vais vouloir comprendre pourquoi c'est limité
à ça. Je pense qu'il y a d'autres gens qui vont venir le dire également aujourd'hui.
Sur le plan des expropriations, c'est
clair qu'il y a des enjeux qui sont là. On y verra... On en débattra lorsqu'on
arrivera à l'étude détaillée, mais certainement que les experts viendront nous
dire un certain nombre de choses. Il y a, pour moi, un élément qui est
fondamental : je ne comprends pas pourquoi on ne permet pas certains
dialogues de se continuer avant le début des travaux, ce qui se fait dans
d'autres dossiers, et se sont faits dans d'autres dossiers, comme par exemple
dans le REM. Dans le REM, il n'y a pas de travaux qui ont commencé avant qu'il
y ait complètement du dialogue lorsqu'il y a eu litige. Et je parle, évidemment,
ici, spécifiquement de l'enjeu de Cadillac Fairview, qu'on essaie... <qu'on
essaie... >pour lequel, actuellement, tout serait arrêté avec ce projet
de loi là.
Sur le plan de l'environnement, alors, M.
le Président, là, j'ai dit une chose, je le dis d'entrée de jeu encore aujourd'hui,
<là...
M. Barrette : ...lorsqu'
il
y a eu le litige. Et je parle,
évidemment, ici,
spécifiquement de
l'enjeu de Cadillac Fairview, qu'on essaie... qu'on essaie... pour lequel,
actuellement,
tout serait arrêté avec ce
projet de loi là.
Sur le plan de l'environnement, alors,
M.
le Président, là, j'ai dit une chose, je le dis
d'entrée de jeu encore
aujourd'hui,
>là, je souhaite qu'on identifie les projets pour lesquels il y a un
enjeu environnemental. Ça n'a pas été fait dans le dépôt des 181 projets,
et je souhaite avoir une réponse là-dessus. Mais je suis très inquiet des
remarques préliminaires de la ministre à cet égard-là parce que ses
commentaires ont été à saveur permanente. Alors, la ministre nous a dit à
plusieurs reprises, sur la question de l'environnement, il y a quelques
secondes, qu'au Québec on pouvait faire les choses différemment, qu'on voulait
être les leaders. Alors, si on nous annonce aujourd'hui que ce qui est dans le
projet de loi n° 66 <était... >serait vu
comme étant des éléments permanents, bien là il va falloir qu'on entende la
ministre là-dessus, parce que si c'est ça, M. le Président, je pense qu'on a
des problèmes. On y reviendra.
Il me reste 10 secondes. Je termine
en disant que nous sommes ici de façon constructive. On l'a été la dernière
fois, on va l'être encore aujourd'hui. Le projet de loi peut être amélioré, et
je pense que c'est ce qu'on va faire.
Le Président (M. Simard) :
Merci, cher collègue. M. le député de Rosemont, vous disposez d'une période
d'une minute.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Je ferai bref dans les salutations parce que je fais bref aussi dans
mes remarques préliminaires. Un peu une impression de déjà-vu mais pas de jour
de la marmotte, j'espère, parce que Le jour de la marmotte, finalement,
c'est un film assez plate qui fait juste répéter une affaire plate, là, puis ça
ne finit pas.
Donc, je suis heureux d'entendre la
présidente du Conseil du trésor dire, d'entrée de jeu, qu'elle nous a entendus,
qu'elle a entendu aussi les critiques qui ont été faites par des témoins qui
sont venus ici, dans le projet de loi n° 61, le
défunt projet de loi n° 61.
Pour nous, il va de soi que la relance
économique, oui, évidemment, nous en sommes, comme, je pense, tout le monde au
Québec, mais ça ne saurait se faire au détriment de la démocratie, de
l'intégrité des fonds publics. Là-dessus, on est rassurés tout de même par
rapport à 61. Ça ne saurait se faire en pilant sur les analyses
environnementales, et, moi aussi, à ce sujet, j'ai quelques craintes.
Ça devrait se faire aussi pour les exclus,
notamment logement social. Il n'y a rien là-dedans non plus pour l'économie
circulaire, pour l'économie sociale, qui sont des pans importants. C'est
malheureux. Et ça ne saurait se faire aussi en tournant le dos aux autochtones,
qui ont, je crois, fait entendre leurs voix une fois de plus, et j'espère que,
cette fois-ci, ça ne sera pas dans le désert. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Je cède maintenant la parole au député de
Jonquière, que je salue bien respectueusement.
M. Gaudreault : Merci, M. le
Président. Visiblement, on fait face à un gouvernement qui n'a pas compris que
la relance économique doit passer par des infrastructures vertes, doit se
passer sur un nouveau modèle... pardon, que celui d'une opposition un peu
archaïque du XXe siècle entre économie puis environnement. On est rendus
ailleurs, M. le Président. Il faut cesser de voir l'environnement comme un
empêcheur de faire du développement économique.
Aujourd'hui, tenir un discours
environnemental, tenir un discours <écologique...
M. Gaudreault : ...un peu
archaïque
du XXe siècle entre économie puis environnement. On est rendus ailleurs,
M. le Président. Il faut cesser de voir l'environnement comme un empêcheur de
faire du développement économique.
Aujourd'hui, tenir un discours
environnemental, tenir un discours >écologique, c'est foncièrement tenir
un discours économique. Et là on a le projet de loi n° 61 qui oppose
encore, de façon, comme je le disais, archaïque, l'économie et l'environnement.
Alors, on aura beaucoup de questions à
poser là-dessus. On sera très attentifs sur l'enjeu de la protection de l'environnement
et d'une relance économique qui est juste, qui est durable, qui est fondée sur
des infrastructures vertes.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Alors, y aurait-il consentement afin que le député
de Chomedey puisse s'adresser à nous dans le cadre de ses remarques
préliminaires? Consentement. Cher collègue, à vous la parole.
M. Ouellette : Vous allez me donner
10 minutes, M. le Président?
Le Président (M. Simard) :
Une, cher collègue.
M. Ouellette : Ah! O.K. Bon,
bien, dans une, je ne répéterai pas tout ce qui a été dit. Je pense que le
projet de loi n° 66, contrairement au projet de loi n° 61, c'est un
projet de loi concernant certains projets d'infrastructure. La ministre a parlé
d'une liste exhaustive, on dirait plus une liste électorale de projets de
construction. Et déjà que la machine, à tous les niveaux, environnemental,
transport, dans tous les départements, ne peut pas suffire, on sera très
conscients. On ne veut pas que l'AMP ait un rôle politique du gouvernement,
c'est-à-dire, quand on en a besoin, on va les chercher de façon temporaire. On
leur donne des pouvoirs ou on ne leur en donne pas. Et ce n'est pas vrai que,
juste pour des projets électoraux, on va faire jouer un rôle politique à l'AMP.
On sera là pour permanentiser ces pouvoirs-là, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le député de Chomedey. Ceci met donc fin à nos remarques
préliminaires.
Nous allons, d'entrée de jeu, amorcer
notre période d'auditions. Nous avons avec nous, en ligne, des représentants de
l'Autorité des marchés publics, qui sont, en quelque sorte, un peu des
habitués, hein, des invités assez réguliers à cette commission.
Alors, madame, monsieur, bienvenue parmi
nous. Vous savez que vous disposez d'une période de 10 minutes pour votre intervention.
Auriez-vous, d'entrée de jeu, l'amabilité de vous présenter?
(Visioconférence)
• (10 h 20) •
M. Trudel (Yves) : Oui,
bonjour. Alors, mon nom est Yves Trudel. Je suis président-directeur général de
l'Autorité des marchés publics.
Mme Marcoux (Nathaly) :
Bonjour. Nathaly Marcoux, vice-présidente à la surveillance des marchés publics
de l'Autorité des marchés publics également.
Le Président (M. Simard) :
Nous vous écoutons.
M. Trudel (Yves) : Merci.
Alors, M. le Président, Mme la ministre, Mmes et MM. les députés, il me fait
plaisir de m'adresser à vous au nom de l'Autorité des marchés publics dans le
cadre du projet de loi n° 66, Loi concernant l'accélération de certains
projets d'infrastructure. Considérant que nous avons eu l'opportunité de
s'adresser à vous lors des débats entourant le projet de loi n° 61,
je ne répéterai pas l'ensemble des mandats et responsabilités dévolus à l'AMP.
Je ne ferai que rappeler que notre travail en est un de surveillance des
marchés publics et qu'il porte essentiellement sur le respect des lois
encadrant les marchés publics et, bien entendu, <le...
M. Trudel (Yves) : ...de s'adresser
à vous lors des débats entourant le projet de loi
n° 61,
je ne répéterai pas l'ensemble des mandats et responsabilités dévolus à l'AMP.
Je ne ferai que rappeler que notre travail en est un de surveillance des
marchés publics et qu'il porte essentiellement sur le respect des lois
encadrant les marchés publics et, bien entendu, >le cadre normatif
applicable selon les organismes visés.
Il est important de préciser que, lorsque
des indices de corruption, de collusion ou toute autre infraction criminelle
sont identifiés dans le cours de nos vérifications ou enquêtes, nous
transmettons l'information à nos partenaires ayant juridiction. Nous avons
aussi à nous assurer que les entreprises qui obtiennent des contrats publics
au-dessus des seuils autorisés ont l'intégrité nécessaire pour en assurer la réalisation.
C'est donc dans cet environnement que nous évoluons et qui nous permet d'agir
pour des marchés publics accessibles, intègres, équitables, et ce, en toute transparence.
Bien que nos pouvoirs sont entrés en
vigueur le 25 mai 2019, soit depuis à peine plus d'un an, le volume de travail
est en hausse constante. Déjà, nous sommes en mesure d'affirmer que le nombre
d'interventions que nous réaliserons cette année dans tous nos secteurs
d'activités augmentera substantiellement.
Prenons, par exemple, le nombre de
décisions rendues. En 10 mois, en 2019‑2020, nous avons rendu 10 décisions,
dont neuf ordonnances et une recommandation. Depuis le 1er avril 2020, nous en
avons déjà rendu huit, soit trois ordonnances et cinq recommandations, en plus
de deux ordonnances de révocation, puisque les entreprises n'avaient pas
l'intégrité attendue pour contracter dans les marchés publics.
Ce travail de surveillance s'effectue donc
en continu, et nous poursuivons également notre travail de vigie des marchés
publics. Cette vigie nous a permis jusqu'à présent d'avoir des échanges avec de
nombreux ministères et organismes qui se traduisent par des changements ou des modifications
à leurs processus contractuels, et cela leur permet de corriger certaines problématiques
sans que nous ayons à rendre des décisions, permettant ainsi d'éviter les
plaintes et les démarches d'enquêtes qui en découlent.
L'AMP est donc sur un bel élan. Il est
plus que pertinent de <pouvoir... de >poursuivre la consolidation
de notre organisation, particulièrement dans le contexte où plus nous sommes
connus, plus nous serons sollicités, et le travail que nous effectuerons
prendra de l'ampleur.
D'entrée de jeu, nous soulignons que, lors
de la commission parlementaire concernant le projet de loi n° 61,
la principale inquiétude exprimée par l'AMP concernait l'article 50, lequel
prévoyait des amendements à la loi et donc au cadre normatif par voie réglementaire.
Nous constatons que cet article ne fait pas partie du projet de loi n° 66 ni aucun autre moyen qui permettrait de modifier la
LCOP autrement que par le processus législatif établi. Nous sommes donc très
heureux de constater que les lois telles la Loi sur les contrats des organismes
publics et la Loi sur l'Autorité des marchés publics continuent de s'appliquer.
Par ailleurs, nous ne pouvons faire
abstraction des échanges et des discussions avec le Secrétariat du Conseil du
trésor qui ont eu cours à l'égard de nos pouvoirs prévus au projet de loi <n° 66...
M. Trudel (Yves) :
...constater
que les lois telles la Loi sur les contrats des organismes
publics et la Loi sur l'Autorité des marchés publics continuent de s'appliquer.
Par ailleurs, nous ne pouvons faire
abstraction des échanges et des discussions avec le Secrétariat du Conseil du
trésor qui ont eu cours à l'égard de nos pouvoirs prévus au projet de loi >n° 66, et nos préoccupations ont été entendues et
clairement prises en compte. D'emblée, l'Autorité des marchés publics est en
accord avec les pouvoirs attribués dans le cadre de ce projet de loi et avec
lesquels elle exercera son rôle de surveillance.
Lors de notre passage devant cette même
commission le 9 juin dernier, il avait grandement été question des
pouvoirs détenus par le Bureau de l'inspecteur général de Montréal en
comparaison avec ceux de l'AMP. Nous pouvons maintenant affirmer que ces
pouvoirs sont avantageusement comparables à ceux du BIG puisqu'entre autres
nous pourrons contraindre des personnes à répondre à nos questions. Au final,
ce n'est pas tant de savoir qui a le plus de pouvoirs, mais plutôt de s'assurer
que nous disposons chacun, selon nos champs d'action respectifs, des leviers
qui nous permettent de faire notre travail pour assurer l'intégrité des marchés
publics et que nous puissions collaborer ensemble pour assurer le respect des
règles en vigueur.
Maintenant, quelle est la grande
différence entre les pouvoirs qui nous sont dévolus dans le projet de loi n° 66 en comparaison avec ceux que nous détenons
actuellement? Ma réponse portera essentiellement sur trois volets.
Premier volet, le pouvoir et l'immunité
des commissaires enquêteurs. À cet effet, en regard du projet de loi... des
181 projets visés par le projet de loi n° 66,
nous pourrons, par exemple, contraindre un responsable d'entreprise ou des
sous-contractants à nous fournir des documents ou nous donner accès aux
informations nécessaires à notre enquête. À ces pouvoirs s'ajoute la fonction
de veille qui s'appliquera autant aux sous-contrats publics qu'aux contrats
publics. Ainsi, nous considérons que ces nouveaux pouvoirs nous permettraient
d'obtenir tous les renseignements nécessaires afin d'apprécier la situation de
manière adéquate, d'effectuer notre travail de manière plus efficiente, de
réaliser des interventions plus ciblées plus rapidement et, ultimement, de rendre
les décisions qui s'imposent.
Deuxième volet, l'examen d'un processus
d'octroi d'un contrat public ou son exécution. Nous pourrons enquêter un
processus d'octroi ou l'exécution d'un contrat public découlant d'un des
181 projets lorsque l'organisme concerné n'apparaît pas agir en conformité
avec le cadre normatif applicable. Actuellement, nous ne pouvons qu'en faire
une vérification.
Troisième volet, pouvoir de résilier un
contrat public. Avec le projet de loi n° 66, l'AMP
obtiendrait le pouvoir de résilier un contrat, suivant les résultats de notre
enquête, pour un processus d'adjudication ou d'attribution d'un contrat.
Actuellement, ce pouvoir ne peut être exercé que pendant l'examen de la gestion
contractuelle d'un organisme public.
Il y a toutefois un aspect qui est à
prendre en considération. En ce qui nous concerne, ces projets dévolus dans le
cadre de ce projet de loi devraient être intégrés dans notre loi constitutive
de manière <permanente...
M. Trudel (Yves) : ...ce
pouvoir
ne peut être exercé que pendant l'examen de la gestion contractuelle d'un
organisme public.
Il y a toutefois un aspect qui est à
prendre en considération. En ce qui nous concerne, ces projets dévolus dans le
cadre de ce projet de loi devraient être intégrés dans notre loi constitutive
de manière >permanente. Il est pertinent de se demander pourquoi, pour
certains projets, nous pouvons contraindre une personne ou des entreprises à
nous transmettre de l'information ou résilier un contrat, mais que, pour la
grande majorité des autres contrats octroyés au Québec, nos pouvoirs actuels,
bien qu'importants, sont plus restreints. Par souci de cohérence et en toute
légitimité, il ne devrait pas y avoir deux types d'examens effectués en matière
de contrats publics. Pour l'AMP, que l'on soit dans les 181 projets ou dans
tous les autres dossiers contractuels sur lesquels nous avons à travailler, la
même rigueur, la même procédure d'analyse et les mêmes modalités de travail
devraient s'appliquer.
Je tiens à préciser que des discussions
sont déjà en cours avec le Secrétariat du Conseil du trésor à ce sujet.
Concernant la reddition de comptes, l'AMP
estime que la transparence est de mise si l'on veut pouvoir assurer à la
population que la réalisation de ces projets respecte les règles et les lois
établies. Ainsi, l'AMP souscrit à l'obligation de faire état de ses activités
en matière de surveillance pour les projets ciblés dans le projet de loi n° 66 dans son rapport annuel d'activité. Le fait de rendre
publiques également nos décisions sur notre site Internet est aussi une bonne
mesure permettant d'assurer la transparence de nos actions auprès de la
population. Nos décisions sont motivées et bien expliquées, assurant ainsi
autant aux divers ministères et organismes qu'aux entreprises de bien
comprendre la nature des manquements au cadre normatif existant. L'accélération
de réalisation de certains projets d'infrastructures doit obéir aux mêmes
règles d'intégrité et de conformité en matière de processus contractuels. Nous
souhaitons que la diffusion de nos décisions, que ce soit dans le cadre de nos
pouvoirs déjà existants ou par les nouveaux pouvoirs dévolus, permette à tous
celles et ceux qui s'intéressent de près ou de loin aux contrats publics d'en
tirer le meilleur enseignement.
Vous pouvez compter sur nos équipes
d'experts pour exercer nos responsabilités de surveillance des marchés publics
avec toute la rigueur et le professionnalisme que cela implique. Équité,
transparence, saine concurrence demeureront nos principes fondamentaux.
Nous sommes maintenant disposés à répondre
à vos questions. Merci de votre attention.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. Trudel. Nous allons donc commencer notre période d'échange. Je
cède immédiatement la parole à Mme la ministre pour une période de 15 minutes.
• (10 h 30) •
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Donc, peut-être, d'entrée de jeu, je vais prendre quelques secondes
pour recadrer quelque chose. Effectivement, je ne veux pas avoir donné à mon
collègue l'impression qu'en matière environnementale j'étais en train de faire
des réformes permanentes par le biais du projet de loi n° 66.
Tout ce qui est dans le projet de loi n° 66 se veut
des mesures...
10 h 30 (version révisée)
Mme LeBel : ...merci, M. le
Président. Donc, peut-être, d'entrée de jeu, je vais prendre quelques secondes
pour recadrer quelque chose. Effectivement, je ne veux pas avoir donné à mon
collègue l'impression qu'en matière environnementale j'étais en train de faire
des réformes permanentes par le biais du projet de loi n° 66.
Tout ce qui est dans le projet de loi n° 66 se veut des
mesures qui sont ciblées sur 181 projets, donc temporaires en ce qu'elles
ne s'appliquent qu'à 181 projets. Elles ont une durée dans le temps, de
vie, une durée d'utilisation également dans le temps, que ce soient les mesures
de renforcement pour l'AMP, que ce soient les mesures en matière
d'expropriation ou en matière d'environnement.
Tout ce que je disais, c'est
qu'il faut quand même aborder les mesures du projet de loi n° 66 avec une
certaine ouverture d'esprit, l'enjeu n'étant pas d'opposer économie et
environnement, mais de voir comment on peut faire cohabiter les deux et d'être
capable de relancer notre économie en matière d'infrastructures, peut-être plus
traditionnelles, mais tout en s'assurant que l'intégrité et la qualité de
l'environnement sont respectées. Donc, c'est le but de l'exercice, et des
consultations, et des discussions qu'on aura dans ce dossier-là dans les
prochains jours, les prochaines semaines, M. le Président. Donc, je pense que
ça recadre un peu.
Ceci étant dit, <effectivement,
>bonjour, M. Trudel. Effectivement, le Conseil du trésor, le
secrétariat continue les discussions avec l'AMP dans le but d'améliorer, si on
veut, l'efficacité de votre organisation. Je suis contente que vous l'ayez
souligné. Également, d'entrée de jeu, je pense que je peux souligner que le
Conseil du trésor, le secrétariat continue ses discussions avec vous pour
s'assurer que vous avez non seulement les pouvoirs mais les moyens de les
appliquer dans le cadre des 181 projets. Donc, je tiens à rassurer mes
collègues que l'enjeu des effectifs et l'enjeu des moyens pour appliquer est
pris en compte. Ce n'est pas le projet de loi qui va les régler, naturellement,
mais <on est... >on continue à faire ces discussions-là.
Donc, vous avez mentionné, effectivement,
une des préoccupations qui avait été soulevée par les collègues de
l'opposition, par différents groupes et par les citoyens était le fait qu'on
accélérait des projets d'infrastructure, donc on pouvait peut-être mettre en
péril l'intégrité du marché. On avait aussi le maintenant fameux article 50,
qui nous permettait, en théorie, d'aller modifier la loi sur les contrats
publics, bien que ce n'était pas l'intention préalable du gouvernement, je le
mentionne, mais il y avait un enjeu d'interprétation et de possibilités.
Donc, vous êtes à même de
reconfirmer, M. Trudel, que, présentement, dans le projet de loi
n° 66, <il n'y a pas... >on ne joue pas dans le cadre
normatif de la loi sur les contrats publics, la loi sur les contrats publics. Malgré
les processus d'accélération qui sont mis en place sur des phases, certaines
phases des projets, qui concernent, je le répète, l'expropriation, le domaine
de l'État, les autorisations municipales, gouvernementales et ainsi que les
autorisations environnementales, on ne vient pas du tout jouer dans le
processus des appels d'offres et tout le cadre normatif, comme la loi sur les
contrats publics le prévaut. Donc, elle s'applique entièrement, il n'y a
aucune possibilité, on ne crée pas de brèche, en bon français, par le projet de
loi n° 66. C'est exact?
Le Président (M. Simard) :
M. Trudel.
M. Trudel (Yves) : …c'est que,
bon, vous avez l'intention d'accélération de certains projets. Par contre, ça
ne se fera jamais au détriment de la loi sur les contrats publics et de <l'intégrité
des...
Mme LeBel : ...
entièrement,
il n'y a aucune possibilité, on ne crée pas
de brèche, en bon français, par le projet de loi
n°
66.
C'est exact?
Le Président (M. Simard) :
M. Trudel.
M. Trudel (Yves) : …c'est
que, bon, vous avez l'intention d'accélération de certains projets. Par contre,
ça ne se fera jamais au détriment de la loi sur les contrats publics et de >l'intégrité
des entreprises qui doivent contracter avec l'État.
Mme LeBel : Ni dans les faits
ni en apparence, compte tenu qu'on ne joue pas dans la loi sur les contrats
publics.
M. Trudel (Yves) : Tout à
fait.
Mme LeBel : Parfait, merci.
Vous avez mentionné, je pense que c'était pendant l'étude des crédits ou
peut-être pendant la première consultation du p.l. n° 61,
là, des fois, les choses s'entremêlent, mais vous aviez mentionné
qu'actuellement l'Autorité des marchés publics disposait de beaucoup de
pouvoirs pour exercer son rôle. C'est exact? Dans la loi actuelle, je ne
parlerai pas du projet de loi n° 66, là, mais dans la
loi actuelle.
M. Trudel (Yves) : Dans la loi
actuelle, nos pouvoirs sont importants puisqu'ils nous permettent d'ordonner,
de suspendre des appels d'offres, de suspendre un contrat en gré à gré s'il y a
un avis d'intérêt de publié et qu'on a des plaintes... de communication de
renseignements, de mener les vérifications utiles.
Par contre, ce que vient amener ce projet
de loi là, c'est définitivement la possibilité d'enquêter un processus, alors
que, dans la loi actuelle, tout ce qu'on peut enquêter, c'est en matière
d'examen de gestion contractuelle. Donc, par exemple, votre prédécesseur… <nous
a... >le gouvernement nous a désignés pour faire l'examen de la gestion
contractuelle du ministère des Transports. On peut enquêter, à ce moment-là, mais,
autrement, en ce moment, avec la loi qu'on a, <bien que… >nos
pouvoirs sont importants, dans le sens où je peux suspendre un appel d'offres,
je peux faire corriger par le ministère des règles normatives dans son appel
d'offres, donc, qu'il se conforme aux règles, et pouvoir ainsi répondre au
plaignant, et/ou aux communications, ou aux gens qui nous communiquent des
renseignements, tout à fait, donc nos pouvoirs sont importants, mais, avec
l'ajout que nous avons présentement dans le projet de loi n° 66,
ils sont encore plus importants et nous permettront d'agir de façon beaucoup
plus rapide également dans des...
Mme LeBel : O.K. Et donc se
limitent aux 181 projets. On l'a dit, le projet de loi est ciblé et cadré
sur ces projets-là, mais, avec ça, <on va pouvoir… >vous allez
pouvoir, donc, exercer ces nouveaux pouvoirs là puis voir effectivement si vous
avez une plus grande portée d'action ou non, là, dans le quotidien. C'est
exact?
M. Trudel (Yves) : Exactement.
Mme LeBel : O.K. Pouvez-vous
donner, peut-être, un exemple? Parce qu'on est peut-être des gens plus initiés
en matière de contrats publics et de, bon, processus de vérification, processus
d'examen. Il y a une différence entre une vérification et une enquête.
Peut-être, de façon pratico-pratique, M. Trudel, êtes-vous capable de nous
donner, pour un projet donné, sans nommer un projet particulier des 181, là,
puis on ne parlera pas du ministère du Transport parce que vous aviez déjà un
mandat accru dans la situation actuelle pour ces projets routiers là, peut-être
nous donner qu'est-ce que ça va vous donner, peut-être, de plus, comme moyens
d'action, à l'AMP? Pour que le citoyen comprenne, de façon pratico-pratique,
qu'est-ce que ça veut dire la différence entre pouvoir faire une enquête versus
une vérification, etc., là, et à quel moment dans le processus vous pouvez intervenir,
alors que vous ne pouvez pas maintenant. Peut-être juste nous illustrer l'avant
et après avec un exemple plus concret, si c'est possible.
M. Trudel (Yves) : Donc, pour
les 181 <projets…
Mme LeBel : ...
comprenne,
de façon pratico-pratique, qu'est-ce que ça veut dire la différence entre
pouvoir faire une enquête versus une vérification, etc., là, et à quel moment
dans le processus vous pouvez intervenir, alors que vous ne pouvez pas
maintenant. Peut-être juste nous illustrer l'avant et après avec un exemple
plus concret, si c'est possible.
M. Trudel (Yves) : Donc,
pour les 181 >projets, nous aurions la possibilité, par exemple, de nous
déplacer sur un chantier, de questionner les entrepreneurs eu égard à
l'exécution des travaux, par exemple, et, si on constatait que les travaux ne
sont pas exécutés en fonction de ce que représentait l'appel d'offres, donc des
besoins du ministère ou de l'organisme, nous pourrions, un, ordonner au ministère
d'apporter des corrections, donc des mesures correctrices eu égard à
l'exécution des travaux, et, au pire, on pourrait suspendre carrément
l'exécution du contrat, ce qu'on ne peut pas faire, actuellement, sauf en
examen de gestion contractuelle.
Donc, on pourrait, par exemple... la loi
nous permettrait, le projet de loi n° 66 nous
permettrait d'embaucher un expert, par exemple, qui serait capable, en fonction
de notre besoin d'expertise, de venir identifier des lacunes dans l'exécution
et peut-être des lacunes dans la surveillance des travaux qui sont exécutés par
le contractant. Donc, on pourrait intervenir immédiatement en suspendant, en
annulant, voire même en résiliant si on considérait qu'il y avait des
manquements graves dans l'exécution des travaux.
Je vous donne un exemple. <Un
camion... >Un entrepreneur qui aurait à livrer du gravier, par exemple,
si, dans ses camions, il n'y a que la moitié ou le quart des bennes qui sont
remplies et qu'on avait l'information que c'était le cas, bien, on pourrait
agir, un, en questionnant le ministère pour voir comment il surveille ses
travaux. Deux, par nos questions et les observations que nous aurions, nous
pourrions nous déplacer et observer nous-mêmes que c'est le cas et, à ce
moment-là, on pourrait considérer que le manquement est tellement grave qu'on
pourrait suspendre jusqu'à ce que les mesures correctrices soient apportées
et/ou que l'organisme nous assure une surveillance de chantier adéquate pour ne
pas que ça se reproduise.
Mme LeBel : Pourriez-vous leur
donner un accompagnement de l'entrepreneur? Pourriez-vous imposer un tel
accompagnement? <ou...>
M. Trudel (Yves) : Oui, oui. Avec
la loi, le projet de loi n° 66, on pourrait effectivement
l'imposer, et, par écrit, le ministère devra nous donner sa réponse et nous
dire comment il va entendre faire la surveillance ou l'accompagnement.
Mme LeBel : O.K. Dans l'état
actuel des choses, je comprends que vous n'avez pas de pouvoir de contrainte
sur les sous-contractants. Juste peut-être pour illustrer un peu ce que ça veut
dire, pour les gens qui nous écoutent, c'est-à-dire que, maintenant, vous avez
un pouvoir sur le signataire principal du premier contrat, j'imagine, avec le gouvernement,
mais pas tous les contrats qui se signent par la suite. Pouvez-vous peut-être
expliquer un peu la nuance, là, par rapport à ce nouveau pouvoir-là dans le
p.l. n° 66?
M. Trudel (Yves) : Effectivement.
Donc, premièrement, dans le premier projet, on n'a pas de pouvoir sur
l'entrepreneur, pas plus que sur le sous-contractant. Maintenant, oui. Donc,
c'est un gros changement également parce qu'il y a beaucoup de sous-entrepreneurs
également qui communiquent avec nous pour nous donner de l'information, et on
n'est pas à <même...
M. Trudel (Yves) : ...dans
le premier projet, on n'a pas de pouvoir sur l'entrepreneur, pas plus que sur
le sous-contractant.
Maintenant, oui. Donc, c'est un gros changement
également
parce qu'il y a beaucoup de sous-entrepreneurs également qui
communiquent avec nous pour nous donner de l'information, et on n'est pas à
>même d'aller vérifier toutes les informations qu'ils nous communiquent,
sauf s'ils veulent bien nous parler.
• (10 h 40) •
Je peux vous donner un exemple. Dans un
dossier, par exemple, où des élus nous ont appelés pour nous faire part d'inquiétudes
qu'ils avaient dans un contrat de déneigement, entre autres, on a entendu ce
que les élus avaient à nous dire. On est allé voir l'entrepreneur pour voir un
peu et essayer de comprendre. Il ne veut pas nous parler, l'entrepreneur, alors
on n'est pas à même de comprendre pourquoi il y a une situation qui prévaut,
dans une municipalité, par exemple. Par contre, dans un autre dossier où
l'entrepreneur a accepté de nous parler, on a compris rapidement qu'est-ce qu'il
en était des craintes des élus. On est retourné voir les élus pour leur
expliquer. On a partagé l'information au ministère, au MAMH. Donc, on va être
capable d'être plus proactif lorsque la situation va se présenter, par exemple,
dans le cas d'un dossier de déneigement <l'automne prochain... >cet
automne.
Mme LeBel : O.K. <Puis
peut-être que… >vous l'avez mentionné, là, mais je ne suis pas sûre que
c'est très bien compris par tout le monde quand vous dites, à la page 5 de
votre présentation, concernant l'examen d'un processus d'octroi d'un contrat
public ou son exécution, <vous dites > : «Nous pourrons enquêter
un processus d'octroi ou l'exécution d'un contrat, alors que nous ne pouvons maintenant
qu'en faire une vérification». Peut-être juste expliquer la nuance entre une enquête
et une vérification, parce que, pour le commun des mortels, bon, vous pouvez le
vérifier, donc vous pouvez l'enquêter, mais la nuance est extrêmement
importante. Vous l'avez dit, elle se décline peut-être dans les visites de
chantier, dans les pouvoirs de contrainte, puis de par les conséquences, mais peut-être
en refaire une petite illustration.
M. Trudel (Yves) : En termes
de vérification, actuellement, ce qu'on peut faire, c'est, bon, recevoir une
plainte, la traiter, une communication de renseignements ou, par notre propre
vigie, identifier un contrat dans lequel il y aurait apparence de manquement.
On communique, à ce moment-là, avec le ministère concerné, l'organisme concerné,
qui nous fait part de ses observations et va nous partager la documentation,
qu'on va analyser. Donc, on va faire une vérification. Pour une vérification,
on peut la faire entièrement au bureau, par exemple, si on a satisfaction <aux
réponses… >aux questions que nous posons à l'organisme. En termes
d'enquête, ça va nous permettre de nous déplacer, d'aller rencontrer des
témoins qui sont autres que le ministère ou l'organisme et avoir réponse à nos questions
possiblement plus rapidement, donc d'être capables d'agir plus efficacement.
Vous savez, on a juste un an d'existence,
donc nous sommes une jeune organisation. Par contre, ça a été facile, maintenant,
pour nous, de cibler des espèces de façons de faire dans les ministères et les
organismes, elles se ressemblent à peu près toutes. Donc, quand on rentre quelque
part, maintenant, on est capable rapidement de voir qu'il y a soit un manque <d'expertise…
M. Trudel (Yves) : ...on a
juste un an d'existence, donc nous sommes une jeune organisation. Par contre,
ça a été facile,
maintenant, pour nous, de cibler des espèces de façons
de faire dans les
ministères et les organismes, elles se ressemblent
à
peu près toutes. Donc, quand on rentre
quelque part,
maintenant,
on est capable
rapidement de voir
qu'il y a soit un manque >d'expertise,
soit que l'évaluation des besoins a été mal faite. Donc, ça a un impact sur
l'estimé des coûts, éventuellement, sur celui qui remportera l'appel d'offres,
qui sera le plus bas soumissionnaire. Ça aura eu, donc, tout ça, un impact là-dessus,
également. Il y aura des avenants qui seront demandés par l'entrepreneur, et ça
aura probablement un impact sur l'exécution des contrats, parce qu'on voit
aussi <un manque, >un manquement, actuellement, dans la
surveillance des chantiers.
Aussi, avec le projet de loi n° 66, ce qui va être une plus-value pour nous, c'est qu'on
a des partenaires, également. Le secteur de la construction, entre autres, est
aussi encadré par d'autres ministères et organismes. Je pense à la RBQ, je
pense à la CCQ, je pense à l'UPAC, je pense à Revenu Québec, dans les grands
chantiers. Bien, ce sont des collègues de travail avec qui nous pourrons
prendre des ententes et qui pourront être nos yeux également dans les
différents chantiers. On ne fera pas ça seuls. Et la surveillance des contrats,
ça passe aussi par la population, les entrepreneurs qui se sentent lésés dans
un appel d'offres, qui considèrent qu'ils n'ont pas la possibilité de
soumissionner, par des gens qui nous communiquent des renseignements, par une
vigie au SEAO et par, évidemment, l'information qui nous est transmise par nos
partenaires.
Mme LeBel : Donc, pour
résumer, avec une enquête, on peut aller au-delà et un peu plus loin que les
réponses qui nous sont fournies dans le cadre d'une vérification puis faire des
vérifications qui sont plus, je dirais, indépendantes que la seule conversation
que vous avez avec votre interlocuteur principal, à ce moment-là, si je
comprends bien.
M. Trudel (Yves) : Tout à
fait. Et, dans le nouveau projet de loi, c'est surtout le pouvoir du
commissaire enquêteur qui est...parce que, dans la loi actuelle, on a la
possibilité d'enquêter en examen de gestion contractuelle, pas un processus...
donc, pas un contrat. Quand c'est un contrat, donc un appel d'offres, nous ne
pouvons qu'en faire une vérification.
Quand c'est l'examen de gestion
contractuelle, donc l'ensemble de la gestion contractuelle d'un ministère ou
d'un organisme, à ce moment-là, on peut enquêter. Évidemment, le ministère ou
l'organisme a l'obligation de nous répondre, mais pas les tiers.
Mme LeBel : Mais là vous êtes
sur le processus beaucoup plus large, l'ensemble de son processus contractuel,
plutôt que sur un contrat donné puis une situation particulière, alors que le
projet de loi n° 66 vous donne l'occasion de le faire
sur 181 situations particulières, si on comprend.
M. Trudel (Yves) : Exactement,
en nous permettant d'obliger un tiers à répondre à nos questions.
Mme LeBel : Merci, merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Je cède maintenant la parole au député de La Pinière pour
une période de 10 minutes.
M. Barrette : 10 minutes.
Merci, M. le Président. Alors, Mme Marcoux, M. Trudel, bienvenue,
encore une fois, à cette séance-ci.
Regardez, je vais aller évidemment dans le
vif du sujet, là. Vous l'avez entendu dans mes remarques préliminaires,
essentiellement, là où je veux aller. Je comprends de <vos...
M. Barrette : …
Merci,
M. le Président. Alors, Mme MarcouxV, M. Trudel, bienvenue, encore une
fois, à cette séance-ci.
Regardez, je vais aller évidemment dans
le vif du sujet, là. Vous l'avez entendu dans mes remarques préliminaires,
essentiellement, là où je veux aller. Je comprends de >vos propos,
surtout les derniers propos que vous venez de tenir, que vous considérez que
votre situation précédente était pour le moins imparfaite, là. Il y avait un
manque, là, en ce qui est de vos pouvoirs. Je peux dire ça, là?
Le Président (M. Simard) :
M. Trudel.
M. Trudel (Yves) : Tout à
fait. On considère que les pouvoirs qu'on a actuellement devraient être, tel
que je l'ai mentionné dans mon allocution, inscrits de façon pérenne dans notre
loi habilitante.
M. Barrette : Très bien. C'est
la demande que l'on faisait. On aura à en discuter, évidemment, à l'étude
détaillée. Je ne comprends pas pourquoi ça n'a pas été fait. Je comprends de
certains échanges que j'ai eus avec Mme la ministre que peut-être que quelque
chose s'en vient, mais je ne vois pas pourquoi ce texte-là, même si des changements
s'en viennent, ne serait pas pérennisé législativement parlant même s'il était
à être ajusté ultérieurement.
Maintenant, on va faire le tour si vous me
le permettez, là, de la différence entre vous et le BIG. Vous avez, d'une façon
assez claire et pas mal précise, je dirais, mis l'emphase sur ce qui était
similaire. Le BIG, pour ceux qui nous écoutent, là, c'est le bureau
d'inspection à Montréal, on l'appelle toujours, communément, le BIG. Il y en a
un à Laval. Techniquement, vous pourriez l'être pour le reste du Québec parce
que, dans l'espace public, il y a d'autres projets qui méritent sans aucun
doute que quelqu'un soit le chien de garde de ça.
Alors, là, je vous demanderais une
question assez simple, qui est peut-être complexe à répondre, je vous laisse le
loisir d'aller jusqu'où vous voudriez : Qu'est-ce qui existe, en termes de
pouvoirs au BIG, que vous n'avez pas aujourd'hui?
Le Président (M. Simard) : M.
Trudel.
M. Trudel (Yves) : Avec le
projet de loi n° 66, ce qui serait prévu?
M. Barrette : Oui, avec 66.
Vous prenez 66, avec ce que vous avez décrit comme pouvoirs, là, et qu'est-ce
qui est manquant, entre guillemets, je ne dis pas ça méchamment, par rapport
aux pouvoirs que le BIG a à Montréal?
M. Trudel (Yves) : Pour nous,
pour l'AMP, actuellement, avec ce qui est présenté dans le cadre du projet de
loi n° 66, il n'y a pas de différence. On <peut exercer… >on
a les mêmes pouvoirs, on considère, que ce que le BIG à Montréal a et nous
sommes en mesure d'exercer notre travail comme le BIG est capable de très bien
le faire, par ailleurs, sur l'île de Montréal.
M. Barrette : Alors, je vais
préciser ma question, là. Est-ce que vous considérez, là… la question que je
vous pose, elle est vraiment factuelle puis elle est importante pour les
travaux qui vont suivre. Je comprends, de votre réponse, que vous êtes
satisfait de ce que vous avez, mais la question que je pose… est-ce que c'est — permettez-moi
le pléonasme — complètement complet? Est-ce qu'il y a des pouvoirs
que le BIG a aujourd'hui que vous n'avez pas, dans votre lecture? Alors, ce n'est
pas la même <chose…
M. Barrette : ...
Je
comprends, de votre réponse, que vous êtes satisfait de ce que vous avez, mais
la question que je pose… est-ce que c'est
— permettez-moi le
pléonasme
— complètement complet? Est-ce qu'il y a des
pouvoirs que le BIG a aujourd'hui que vous n'avez pas, dans votre lecture?
Alors, ce n'est pas la même >chose que de dire que vous êtes satisfait
de ce que vous avez. Moi, je vous demande simplement une analyse comparative,
que vous avez sûrement déjà faite, j'en suis convaincu. Qu'est-ce que le BIG a
que vous n'avez pas? Puis je ne dis pas que ça serait absolument nécessaire, mais
j'essaie de déterminer ce que le BIG a que vous n'avez pas.
Le Président (M. Simard) : M.
Trudel.
M. Trudel (Yves) : Oui, merci.
Donc, vous avez raison, on a travaillé sur le projet de loi actuel pour avoir
les pouvoirs, là, comme il en avait été discuté lors des débats du projet de
loi n° 61. Actuellement, avec ce que nous sommes en mesure de voir, nos
pouvoirs sont comparables en tous points à ce que le BIG a< actuellement>.
M. Barrette : O.K.
M. Trudel (Yves) : S'il y
avait une différence, s'il y avait une différence, c'est qu'au niveau municipal — et
là on est dans les 181 projets, et, de ce que je comprends, dans les
181 projets, il n'y a pas de municipalités, dans ce que moi, j'ai vu à
tout le moins — donc, au niveau municipal, nous n'avons qu'un pouvoir
de recommandation.
M. Barrette : O.K.
M. Trudel (Yves) : …dans
toutes les recommandations qu'on a émises… les ordonnances de recommandation
qu'on a émises au niveau des municipalités, elles ont toutes suivi nos recommandations.
• (10 h 50) •
M. Barrette : Je comprends, mais
en pouvoir d'enquête, de débarquer sur le terrain, comme vous l'avez bien dit
vous-même, comme, d'ailleurs, l'avait bien dit le BIG lorsqu'ils sont venus
nous voir, ce pouvoir-là, il est extraordinaire et c'est le pouvoir dont
l'effet dissuasif est le plus grand. Alors, ce pouvoir-là, vous ne l'avez pas
au municipal.
M. Trudel (Yves) : Ce
pouvoir-là, avec ma loi actuelle, je ne l'ai pas, donc, vous avez raison,
puisque, dans les 181 projets, pour l'instant, <il n'y a pas... >à
ma connaissance, il n'y a pas de projet municipal.
M. Barrette : Alors, sur le
plan légal, qu'est-ce que vous considérez comme étant un projet municipal?
M. Trudel (Yves) : Un contrat
qu'une municipalité va donner dans un... <par contre... >par
exemple, un contrat de déneigement avec un entrepreneur dans sa municipalité,
pour sa municipalité.
M. Barrette : O.K. Et est-ce
que ça vaut également pour les sous-contractants, dans votre esprit?
M. Trudel (Yves) : Actuellement?
M. Barrette : Oui, oui, actuellement,
là.
M. Trudel (Yves) : Actuellement,
<nous aurions... >nous pourrions contraindre un sous-contractant
et nous pouvons faire une vigie sur les sous-contrats, ce que nous ne pouvons
pas faire, actuellement, là. Oui.
M. Barrette : Très bien.
Alors, on va prendre un cas de figure très simple. Dans les projets, par
exemple, qui sont dans les 181, là, il y a l'hôpital de Vaudreuil, bon,
l'hôpital de Vaudreuil, c'est un… je prends cet exemple-là puis… Laissons l'hôpital
de Vaudreuil, pendant un instant, on va prendre un cas <hypothétique...
M. Trudel (Yves) : …nous ne
pouvons pas faire,
actuellement, là. Oui.
M. Barrette :
Très
bien. Alors, on va prendre un cas de figure très simple. Dans les projets, par
exemple, qui sont dans les 181, là, il y a l'hôpital de Vaudreuil, bon, l'hôpital
de Vaudreuil, c'est un… je prends cet exemple-là puis… Laissons l'hôpital de
Vaudreuil, pendant un instant, on va prendre un cas >hypothétique, mais
vous comprenez, avec l'exemple que je viens de donner, où je veux aller.
Dans un projet qui est gouvernemental,
d'une infrastructure x, ça pourrait être un palais de justice, ça pourrait être
n'importe quoi, le projet, par exemple, pourrait inclure obligatoirement des
travaux connexes d'ordre municipal, par exemple, des approches, des bretelles,
des égouts, un paquet de choses qui sont d'ordre municipal. L'hôpital de
Vaudreuil, j'ai pris cet exemple-là comme ça, parce que c'est un bel exemple,
parce qu'il va y avoir des approches, puis il va y avoir des égouts, puis il va
y avoir de la voirie, puis il va y avoir de l'asphalte, puis il va y avoir bien
des affaires municipales. Dans un tel cas, actuellement, vous ne pouvez pas
aller là, n'est-ce pas?
M. Trudel (Yves) : Si vous me
permettez, je demanderais à Mme Marcoux de répondre à cette question précise. L'activité
de vérification est évidemment sous sa direction. M. le Président, est-ce que
vous me permettez?
Le Président (M. Simard) :
Très volontiers.
M. Barrette : Et peut-être, à
ce moment-là, que je vais préciser ma question. Alors, vous comprenez qu'ici je
ne cherche pas des bibittes, là, j'essaie de savoir où sont vos limites par
rapport au BIG. Vous m'en avez exprimé une, j'y vois une application que vous n'avez
peut-être pas vue, initialement, mais, à quelque part, il y a un lien entre les
deux, là. Il n'y aura pas, dans le cas hypothétique que je viens de donner,
moyen de passer à côté de la partie municipale du projet, et là je comprends
que vous ne pouvez pas y aller. Alors donc, il y a une différence. Moi, <c'est
ça que je veux… >c'est ce sur quoi je veux pointer la discussion, là, il
y a une différence, actuellement, entre le BIG et vous.
Le Président (M. Simard) :
Alors, Me Marcoux, heureux de vous entendre.
Mme Marcoux (Nathaly) : Dans
notre lecture, le projet de loi n° 66 vise 181 projets. Évidemment
que pour chacun des ces projets-là, plusieurs contrats pourraient en découler,
et, s'il arrivait que des municipalités soient maîtres d'oeuvre ou parties à un
contrat public, donc, dans la réalisation de ces projets, dans notre lecture
actuelle, je vous répondrais ce matin que nous aurions juridiction et donc que
nous pourrions appliquer les pouvoirs du projet de loi n° 66 s'ils nous
sont octroyés.
M. Barrette : Je suis obligé,
pardonnez-moi, Mme Marcoux… je ne sais pas si c'est Me Marcoux, là, je ne veux
pas…
Le Président (M. Simard) :
Oui.
M. Barrette : Me Marcoux,
pardonnez-moi, je ne veux pas remettre en cause votre divergence de perception,
mais là il y a quand même un point d'interrogation qu'il va falloir clarifier
avec le temps, qu'on fera dans la continuation des travaux.
Maintenant, je reviens à vous, M. Trudel,<.
Vous souhaitez, là, >que ce soit bien clairement redit, dit et redit,
vous souhaitez que ces pouvoirs-là soient permanents.
M. Trudel (Yves) : Oui, je
souhaite que ces pouvoirs-là soient permanents, tout à fait.
M. Barrette :
<Est-ce
que…
M. Barrette : …je reviens à
vous, M. Trudel,. Vous souhaitez, là, que ce soit bien clairement redit, dit et
redit, vous souhaitez que ces pouvoirs-là soient permanents.
M. Trudel (Yves) : Oui, je
souhaite que ces pouvoirs-là soient permanents, tout à fait.
M. Barrette : >Est-ce
que, et là, peut-être, je reviens à vous, Me Marcoux, est-ce que vous voyez un
obstacle qui fait en sorte que ça n'a pas été écrit comme tel? J'essaie de
trouver la raison pour laquelle on ne l'a pas mis pérenne en partant. On sait,
les lois, c'est fait pour certaines choses, selon certains juges, je ne
reviendrai pas là-dessus, mais ça peut être modifié.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, 10 secondes, malheureusement. Me Marcoux, très rapidement, s'il
vous plaît.
Mme Marcoux (Nathaly) : Oui.
C'est un choix parlementaire. Alors, c'est donc le processus démocratique qui a
mené à l'adoption du projet de loi et qui en a fait ce qu'il est.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Rosemont. Vous
disposez de 2 min 30 s, cher collègue.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Alors, rebonjour. À quelques mois d'intervalle, on se revoit sur un projet
de loi un peu différent, quoique… Je vais aller vite, là, parce que je n'ai pas
beaucoup de temps. On comprend que le principal problème que vous soulevez,
c'est effectivement que ça s'appliquera donc, ces pouvoirs additionnels du projet
de loi n° 66, pour les 181 projets mais que ça ne sera pas permanent.
Est-ce que je comprends, donc, par exemple, que les 181 projets du p.l. n° 66 seront soumis aux pouvoirs additionnels, mais que,
concurremment, on pourrait lancer d'autres projets, par exemple, le REM vers
l'est ou, un jour, peut-être, l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, mais que ces
projets ne seraient pas soumis aux mêmes pouvoirs dont vous disposez dans 66,
concurremment, là, en même temps, là, deux projets, parfois à un kilomètre de
distance, pas les mêmes pouvoirs?
M. Trudel (Yves) : Les
pouvoirs qui nous sont dévolus dans le cadre du projet de loi n° 66 sont
strictement pour les 181 projets identifiés au projet de loi n° 66.
M. Marissal : Bon. J'ai
quasiment envie de vous demander si vous trouvez que ça a du bon sens parce
que, moi, je trouve que ça n'en a pas. Alors, je vais me faire plaisir, je vais
vous poser la question : Trouvez-vous que ça a du bon sens?
M. Trudel (Yves) : Bien, comme
je l'ai mentionné dans mon allocution, on considère donc que ces pouvoirs-là
devraient être, de façon pérenne, inclus dans notre loi habilitante.
M. Marissal : O.K.
M. Trudel (Yves) : Donc, <on
devrait… >on considère qu'on devrait avoir les mêmes pouvoirs prévus au
projet de loi n° 66 que dans notre loi habilitante pour être en mesure d'exercer
les mêmes fonctions, peu importe le contrat qu'on aurait à regarder.
M. Marissal : O.K. Vous dites
«devrait», mais, pour le moment, là, ce avec quoi on travaille, c'est le projet
de loi qu'on a devant nous. Ce n'est pas inclus. À la fin, là, je crois
comprendre que vous, vous préféreriez que ça soit le <cas…
M. Trudel (Yves) : …d'exercer
les mêmes fonctions, peu importe le contrat qu'on aurait à regarder.
M. Marissal : O.K. Vous
dites «devrait», mais, pour le moment, là, ce avec quoi on travaille, c'est le
projet de loi qu'on a devant nous. Ce n'est pas inclus. À la fin, là, je crois
comprendre que vous, vous préféreriez que ça soit le >cas. Ça pourrait
nous inspirer pour des amendements, M. Trudel, c'est pour ça que je vous
dis ça.
M. Trudel (Yves) : Que ça soit
inclus dans la Loi sur l'Autorité des marchés publics. Et, comme je l'ai dit
dans mon allocution, c'est important aussi, nous avons actuellement des
échanges avec le Secrétariat du Conseil du trésor à cet effet-là.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Marissal : Très bien, c'est
bon. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci à vous, M. le député de Rosemont. Je cède maintenant la parole
au député de Jonquière pour une période de 2 min 30 s.
M. Gaudreault : Oui, merci.
Merci de votre présence virtuelle. Je voudrais savoir : En quoi ces
nouveaux pouvoirs qui vous sont alloués de façon temporaire dans le projet de
loi n° 66 contribuent à accélérer certains projets d'infrastructure?
M. Trudel (Yves) : Ces
nouveaux pouvoirs là ne contribuent pas à accélérer les projets
d'infrastructure, mais bien à en assurer l'intégrité. C'est donc ceux qui vont
contracter avec les différents ministères, organismes, qui auront, donc, des
contrats avec eux… bien, notre travail est de s'assurer, un, du respect du code
normatif, deux, de l'intégrité des entreprises qui vont contracter avec…
M. Gaudreault : Ça veut dire
qu'en soi, pour améliorer l'intégrité, le respect des contrats, des
sous-contrats publics, la transparence, la reddition de comptes, sans même
vouloir accélérer certains projets d'infrastructure, ça serait pertinent quand
même de vous les accorder.
M. Trudel (Yves) : Vous voulez
dire dans notre loi actuelle ou dans le projet…
M. Gaudreault : Oui.
M. Trudel (Yves) : Dans notre
loi actuelle? Tout à fait.
M. Gaudreault : O.K. Sur la
question de la reddition de comptes, à la page 6 de votre mémoire, vous
êtes heureux de voir que vous allez pouvoir rendre publiques vos décisions sur
le site Internet, que c'est une bonne mesure. Et là je sais que vous faites
référence à l'article 6, alinéa 5 du projet de loi. Donc, ça veut dire
que vous pourriez prendre des mesures… rendre des décisions, c'est-à-dire, pour
des projets de loi qui sont couverts dans l'annexe. <Ça serait… >Votre
décision serait sur Internet, mais une même décision par rapport à un autre
projet qui n'est pas dans l'annexe ne serait pas sur Internet.
M. Trudel (Yves) : Non. Donc,
je vais me permettre de corriger un petit peu ce que vous amenez. C'est-à-dire
que, présentement, avec la loi actuelle, nous avons l'obligation de rendre
publiques toutes nos décisions. Donc, toutes les décisions, actuellement, sans
le projet de loi n° 66, dans le cours de notre travail depuis 2019, on a
l'obligation et on se fait un devoir, par ailleurs… donc, c'est une obligation
qui est prévue à la loi, mais on est contents que ça soit prévu à la loi parce
qu'on considère que nos décisions doivent être lues et vues par le plus grand
nombre de personnes possible.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Gaudreault : O.K. Donc,
qu'est-ce qu'il y a de nouveau par rapport à ça, là?
• (11 heures) •
M. Trudel (Yves) :
C'est-à-dire que, dans le projet de loi n° 66, il est prévu une reddition
de comptes et nous…
11 h (version révisée)
M. Trudel (Yves) : ...que nos
décisions doivent être lues et vues par le plus grand nombre de personnes
possible.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Gaudreault : O.K. Donc, qu'est-ce
qu'il y a de nouveau par rapport à ça, là?
M. Trudel (Yves) :
C'est-à-dire que, dans le projet de loi n° 66, il est prévu une reddition
de comptes, et nous y souscrivons. Dans notre rapport...
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci, M. Trudel. Je cède maintenant la parole au député de
Chomedey pour une période de deux minutes.
M. Ouellette : Merci, M. le
Président. Bonjour, Mme Marcoux. Bonjour, M. Trudel. J'aurai deux
questions pour vous. La première : Présentement, dans l'échange
d'information que vous avez avec le BIG de Montréal, il n'y a aucune
restriction, c'est-à-dire que... est-ce que vos dossiers, et les dossiers du
BIG… vous avez un échange qui n'a pas besoin d'être avalisé par un amendement à
un projet de loi quelconque dans votre loi constitutive?
M. Trudel (Yves) :
Présentement, nous avons des différents comités, dont des comités... des gens
qui se rencontrent pour échanger l'information utile au BIG... pas à
Saint-Jérôme, le cas échéant à Laval, le cas échéant à Longueuil, le cas
échéant avec nos partenaires. Donc, on travaille en collégialité avec nos
partenaires et on partage l'information utile à chacun d'eux… Oui, allez-y.
M. Ouellette : Puis, il n'y a
pas de restriction. Je veux dire...
M. Trudel (Yves) : Il n'y a
pas de restriction.
M. Ouellette : O.K. Je
reviens à vos discussions qui sont en cours avec le Secrétariat du Conseil du
trésor sur la pérennité des pouvoirs de 66. Avez-vous juste des discussions,
M. Trudel, pour qu'ils rendent ça permanent ou vous avez aussi des
discussions sur d'autres articles de votre loi constitutive qui devraient être
à l'attention des parlementaires ici présents, lors de l'étude du projet de loi
n° 66, pour, justement, amener certains amendements qui vous donneraient
des pouvoirs pas juste comparables mais égaux pour tous les contrats publics au
Québec?
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Trudel (Yves) : Oui. Comme
je l'ai mentionné dans mon allocution, nous avons des discussions, mais des
discussions qui... Ce n'est pas juste des discussions en l'air, là, c'est pris
au sérieux, il y a un comité législatif. On est en train de proposer des
amendements législatifs à la fois à la LCOP, à la fois à notre loi.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, sur ce, Me Marcoux, M. Trudel, merci beaucoup pour votre
contribution à nos travaux.
Nous allons suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 11 h 2)
>
(Reprise à 11 h 14)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, à l'ordre, s'il vous plaît. Nous allons reprendre nos
auditions.
Nous sommes maintenant en présence des représentants
de la Fédération des chambres de commerce du Québec. Messieurs, bienvenue parmi
nous. Vous savez que vous disposez d'une période de 10 minutes pour faire
votre présentation. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter?
M. Milliard (Charles) :
Avant de débuter, M. le Président, j'entends encore de la musique d'ambiance
dans mon système.
Le Président (M. Simard) :
Oui.
M. Milliard (Charles) :
Je ne sais pas si c'est le cas chez vous aussi.
Le Président (M. Simard) :
Oui, il y a beaucoup d'ambiance à l'Assemblée nationale. Là, on va tenter de
faire un appel discret à la régie pour corriger le tout.
M. Milliard (Charles) :
Voilà, voilà, voilà. Alors, l'appel a été entendu. Alors, bonjour à tous, je
me… oh! je vous entends parler.
Le Président (M. Simard) :
Ce n'est pas moi qui parle, M. Milliard. Alors, on va suspendre
momentanément.
(Suspension de la séance à 11 h 15)<
Le Président (M. Simard) :
...alors, on va suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à
11 h 15)
>
(Reprise à 11 h 18)
Le Président (M. Simard) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Chers collègues, donc, nos problèmes techniques
sont apparemment résolus. Puisque nous avons pris un petit retard, j'aurais
besoin de votre consentement afin que nous puissions poursuive au-delà de
l'heure prévue.
Une voix
: ...
Le Président (M. Simard) :
Consentement. Alors, messieurs, c'est une reprise, nous sommes à votre écoute,
et merci de votre patience.
M. Milliard (Charles) :
Alors, merci à tous. Donc, bonjour, je me présente, Charles Milliard,
président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du
Québec. <Je...
Le Président (M. Simard) :
...
afin que nous puissions poursuive au-delà de l'heure prévue.
Une voix
: ...
Le Président (M. Simard) :
Consentement. Alors, messieurs, c'est une reprise, nous sommes à votre écoute,
et merci de votre patience.
M. Milliard (Charles) :
Alors, merci à tous. Donc, bonjour, je me présente, Charles Milliard, président-directeur
général de la Fédération des chambres de commerce du Québec. >Je suis
accompagné, à saine distance, de mon collègue Philippe Noël, directeur
principal, Affaires publiques et économiques.
Nous remercions la commission de nous
permettre de comparaître à nouveau devant vous aujourd'hui afin de parler de
l'important projet de loi n° 66, comme nous l'avions fait d'ailleurs lors
du projet de loi n° 61 en juin dernier, un projet de loi qui, faut-il le
rappeler, a fait couler beaucoup d'encre et suscité de nombreux débats.
Un bref rappel, la Fédération des chambres
de commerce du Québec, grâce à son vaste réseau de plus de 130 chambres de
commerce et de 1 100 membres
corporatifs, représente plus de 50 000 entreprises,
petites, moyennes et grandes, exerçant leurs activités dans tous les secteurs
de l'économie et sur l'ensemble du territoire québécois.
Le texte législatif devant nous
aujourd'hui s'inscrit dans un contexte, comme vous le savez, fort particulier,
celui d'une pandémie mondiale qui a causé déjà le décès de plus de
1 million de personnes, dont plus de 6 000
au Québec, selon les dernières statistiques. À la crise sanitaire s'est
rapidement rattachée une crise économique majeure, principalement causée par la
fermeture de pans complets de notre économie pendant une période importante.
Même si l'intensité a varié d'un secteur à un autre, tous ont été touchés, et
les dégâts, vous le savez, sont majeurs et inquiétants. Sur tous les fronts, le
Québec n'a pas été épargné, mais nos gouvernements, fédéral, provincial, ont
été présents pour aider nos entrepreneurs et la population.
Après les mesures de crise, et malgré la
recrudescence des cas positifs et les restrictions qui en découlent, toute la
place doit être laissée désormais aux mesures de relance, c'est un devoir pour
les parlementaires, les milieux économiques et les groupes environnementaux,
entre autres. Malheureusement, la recette miracle n'existe pas. Sinon, comme on
le dit, ça se saurait. Il faut alors que le gouvernement utilise plusieurs des
leviers qu'il a à sa disposition pour envoyer un message clair sur ses
intentions, soit de soutenir les secteurs d'activité en difficulté, de remettre
les Québécois au travail, de continuer à stimuler et à valoriser l'entrepreneuriat,
et évidemment tout en protégeant note environnement.
• (11 h 20) •
À la FCCQ, nous croyons que le projet de
loi n° 66 contient plusieurs idées qui permettront au gouvernement de se
rapprocher de son objectif et de stimuler résolument l'économie québécoise.
Bien sûr, bien sûr, rien n'est parfait, et les consultations des prochains
jours serviront à bonifier cette pièce législative, mais il nous apparaît
important de souligner, dès maintenant, tout le travail accompli. Mettre en
oeuvre des mesures pour accélérer la réalisation de 181 projets
d'infrastructure au PQI est une volonté qui est largement partagée par la
communauté d'affaires québécoise. Ceux-ci seront des projets importants, vous
le savez, pour le développement économique du Québec et de ses régions. On peut
penser, notamment, à la construction des maisons des aînés, la rénovation des
CHSLD ou à des infrastructures électriques, routières et de mobilité durable. En
somme, donc, des projets pour tous, mais surtout des projets partout. Bref, un
coup de pouce tangible à l'industrie de la construction afin de lui permettre
de bien négocier les prochains mois. Réduire le fardeau administratif imposé
aux entreprises dans l'obtention des autorisations et réduire le nombre
d'intermédiaires au maximum entre les entreprises et l'État québécois
constituent, selon nous, des facteurs de succès.
Nous demandons <d'ailleurs...
M. Milliard (Charles) :
…
bref, un coup de pouce tangible à l'industrie de la construction afin
de lui permettre de bien négocier les prochains mois. Réduire le fardeau
administratif imposé aux entreprises dans l'obtention des autorisations et
réduire le nombre d'intermédiaires au maximum entre les entreprises et l'État
québécois constituent, selon nous, des facteurs de succès.
Nous demandons >d'ailleurs, dans
la mesure du possible et pour certains des éléments dont on discutera ce matin,
que les mesures visant les projets identifiés dans le projet de loi puissent
devenir des mesures permanentes pour l'ensemble des projets d'infrastructure
publique, incluant ceux sous juridiction municipale, et que des actions soient
prises en ce sens, dès que possible, dans les prochains mois. De plus,
lorsqu'applicables encore une fois, nous recommandons que le gouvernement se
penche sur des mesures législatives et réglementaires similaires pour les
projets du secteur privé, pour accélérer la cadence des différentes
autorisations nécessaires, et ce, encore une fois, sans atténuer l'importance
des processus d'autorisation en place. Cette demande de nos membres transcende
les secteurs d'activité et provient de toutes les régions du Québec.
Sur le plan environnemental, nul doute que
ces projets de relance économique doivent s'accompagner de mesures qui visent à
préserver la qualité de notre environnement et de nos milieux de vie sociaux.
Selon notre compréhension du présent texte, le ministre de l'Environnement
conserve tous ses pouvoirs de sanction prévus à la Loi sur la qualité de
l'environnement, et la quantité de documents exigés par le ministère demeure
intacte. Ceux-ci devront d'ailleurs… pourront d'ailleurs être exigés au fur et
à mesure que les projets avancent. De plus, il serait souhaitable d'intégrer
ultimement des critères environnementaux précis, objectifs, mesurables et
pertinents dans le processus d'attribution des marchés publics de manière à
favoriser le déploiement accéléré d'une économie sobre en carbone, résiliente,
locale et circulaire. Et plusieurs Québécois le demandent, par ailleurs, nous
le savons tous.
Dans l'esprit de ces consultations, nous
profitons de l'occasion offerte aujourd'hui pour vous présenter, évidemment,
des demandes de bonification en lien avec le projet de loi n° 66. Comme il
s'agit d'un projet de loi sur les infrastructures, nous ne pouvons passer sous
silence une demande importante, presque éternelle, incontournable pour de
nombreuses entreprises en construction mais aussi pour des fournisseurs de
services de l'État, par exemple, dans le secteur de la santé ou des technologies
de l'information, je parle ici, vous me voyez venir, probablement, des critères
d'octroi dans les contrats publics. À ce sujet, le fruit est plus que mûr, et
tous les ingrédients sont en place pour que le gouvernement, selon nous, agisse
à ce titre. Nous demandons au gouvernement de présenter, le plus rapidement
possible, les projets de règlements ou toute modification nécessaire au
Secrétariat du Conseil du trésor afin que l'octroi des contrats publics mise
désormais principalement sur des critères de valeur comme la qualité, l'innovation,
l'expertise, la durabilité, le résultat et des bonnes pratiques en matière de
développement durable plutôt, donc, que sur le fameux choix du plus bas
soumissionnaire conforme.
Également, nous demandons que ces mesures
deviennent permanentes et deviennent la façon pour l'État de valoriser
convenablement le savoir-faire et aussi la prise de risque. Pour nous, le prix
doit être un critère mais ne devrait pas être celui qui prédomine le choix du
soumissionnaire. La méthode du plus bas soumissionnaire peut engendrer, on le
sait, on en a parlé dans plusieurs commissions parlementaires, certaines
dérives et amener des impacts néfastes quant aux résultats des projets
puisqu'elle revient souvent à choisir les solutions les plus bas de gamme.
Résultat : les entreprises se voient dans l'obligation de choisir des <composantes
de…
M. Milliard (Charles) :
…
un critère mais ne devrait pas être celui qui prédomine le choix du
soumissionnaire. La méthode du plus bas soumissionnaire peut engendrer, on le
sait, on en a parlé dans plusieurs commissions parlementaires, certaines
dérives et amener des impacts néfastes quant aux résultats des projets
puisqu'elle revient souvent à choisir les solutions les plus bas de gamme.
Résultat : les entreprises se voient dans l'obligation de choisir des >composantes
de moindre coût afin de correspondre aux critères misant sur le prix dans
l'octroi des contrats publics.
Ainsi, nous demandons à la présidente du
Conseil du trésor d'appliquer les principes retrouvés dans la recommandation n° 2 du rapport de la commission Charbonneau, un rapport qu'elle
connaît évidemment très bien, tout comme l'ensemble des parlementaires. Nous
demandons également de considérer davantage les marchés publics comme
des vitrines technologiques, un terme qu'on entendra plusieurs fois cette
semaine, probablement, et pour faire valoir les produits québécois et donc
conséquemment l'achat local. En somme, sur ce point, il faut agir dans le
dossier du plus bas soumissionnaire conforme. Et, pour ceux et celles qui
seraient peut-être blasés de nous entendre parler de ce point depuis plusieurs
années, je vous rassure que, nous aussi, on a hâte d'arrêter d'en parler le
plus rapidement possible.
À l'occasion du projet de loi n° 61,
nous avions demandé, en commission parlementaire, de s'assurer que l'Autorité
des marchés publics, qui vient de comparaître devant vous d'ailleurs, puisse
disposer des ressources nécessaires pour surveiller adéquatement les processus
d'octroi et la gestion contractuelle des projets retrouvés en annexe. La FCCQ
tient donc à mentionner qu'elle se réjouit des nouvelles mesures amenées par le
projet de loi sans retarder pour autant les processus d'autorisation.
Dans un autre ordre d'idées, la FCCQ
demande au gouvernement de profiter du projet de loi n° 66 pour déposer à
nouveau les amendements proposés dans le cadre du projet de loi n° 61,
entre autres dans la modernisation de la réglementation entourant les produits
alcoolisés vendus par les restaurateurs, d'autant plus que, depuis le dépôt du
projet de loi, le 23 septembre dernier, la situation a évolué rapidement,
à preuve d'exemple, la conférence de presse du premier ministre du
28 septembre dernier créant la fermeture, donc, de plusieurs restaurants.
Donc, l'augmentation du nombre de zones rouges, qui amène la fermeture
temporaire, notamment, des salles à manger et des restaurants pour favoriser
les services de livraison, devrait inciter le gouvernement, selon nous, à
bouger très rapidement.
En juin dernier, nous nous réjouissions de
constater que les choses avanceraient rapidement en mettant en place un cadre
réglementaire qui permettrait aux tiers, donc, de livrer de l'alcool, un
maximum de produits pour les clients, en étant considérés, donc, comme des
mandataires du permis d'alcool, idem pour la diminution du prix du permis
d'alcool saisonnier et des allègements réglementaires en matière de publicité.
Au niveau des allègements réglementaires, le gouvernement a l'occasion de faire
d'autres améliorations, notamment grâce à l'article 36 du projet de loi
n° 66. On pourrait ainsi revoir la réglementation actuelle qui ne permet
pas à un producteur de vendre son produit sur place si celui-ci est supérieur à
un taux de 20 % d'alcool. Bref, il faut trouver une voie pour rassurer nos
restaurateurs rapidement et répondre positivement à leurs demandes qui nous
apparaissent très légitimes.
Finalement, la crainte des évictions
commerciales et de la saisie de leurs biens demeure réelle, plus que jamais
même, chez bon nombre de locataires commerciaux, les locataires qui étaient,
par ailleurs, en règle avant le premier confinement de mars dernier et qui font
face à un manque important de liquidités, pour des raisons évidentes. Plusieurs
restaurateurs et tenanciers de bars, donc en zone rouge, sont évidemment du
nombre. Nous comprenons la <volonté de la…
M. Milliard (Charles) :
...
biens demeure réelle, plus que jamais même, chez bon nombre de
locataires commerciaux, les locataires qui étaient, par ailleurs, en règle
avant le premier confinement de mars dernier et qui font face à un manque important
de liquidités, pour des raisons évidentes. Plusieurs restaurateurs et
tenanciers de bars, donc en zone rouge, sont évidemment du nombre. Nous
comprenons la >volonté de la présidente du Conseil du trésor de
circonscrire son texte législatif autour des infrastructures, mais le projet de
loi n° 66 est une occasion trop belle pour bouger rapidement et apporter
des modifications législatives nécessaires, sans attendre le dépôt d'un autre projet
de loi omnibus qui mettrait du temps à être adopté et continuerait d'augmenter
l'anxiété que vivent les locataires commerciaux.
En terminant, permettez-nous de souhaiter
que les travaux de la commission, au cours des prochains jours, réussissent à
générer des consensus pour permettre au projet de loi n° 66 d'apporter une
contribution concrète à notre grand chantier collectif, donc celui de
permettre...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Milliard (Charles) : ...à
l'économie québécoise de réussir sa relance. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. Milliard. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre qui
dispose de 15 minutes.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci, M. Milliard, M. Noël, de votre présence et de votre
témoignage. Je dois vous dire, d'entrée de jeu, que je vous remercie de la
confiance que vous mettez en le projet de loi n° 66 à l'effet qu'il
pourrait être adopté de façon rapide, mais je souhaite également qu'on ait des
consensus, puis je dois vous dire que, jusqu'à présent... D'ailleurs, je
souhaite la bienvenue à mon nouveau collègue qui est maintenant le porte-parole
au niveau du Parti québécois, la troisième... deuxième... troisième,
excusez-moi, la troisième opposition au Conseil du trésor. Alors, bienvenue,
bienvenue autour de la table. On l'aurait fait ce matin, mais bienvenue autour
de la table, donc.
Et je pense qu'on a… Dans les
conversations qu'on a eues jusqu'à présent, là, on va être capables de dégager
des consensus et des voies de passage pour respecter à la fois les objectifs
d'accélération des projets que vous mentionniez être si importants et surtout
le respect des normes d'intégrité et environnementales, je me permets de le
préciser. Je peux peut-être vous demander... Effectivement, le projet de loi n° 66, vous avez raison, est ciblé sur l'accélération, qui
était le «core business», si je peux le dire de cette façon-là, du projet de
loi n° 61 qui comportait d'autres mesures. Je l'ai dit, ce matin dans mes
remarques préliminaires, je le réitère, le projet de loi n° 66 ne se veut
pas le projet de la relance économique. Je pense que c'est important de le
préciser pour tous vos membres.
Vous avez mentionné certains aspects qui
étaient dans le projet de loi n° 61, que vous aviez approuvé ou, en tout
cas, pour lesquels vous aviez eu de bons commentaires, qui ne sont pas repris
dans le 66. Je vous juste vous rassurer, ils ne sont pas mis de côté,
présentement, par le gouvernement, mais on a fait le choix, dans le 66, pour
toutes sortes de raisons, de resserrer et de cibler sur les mesures d'accélération
et la contrepartie, c'est-à-dire d'augmenter les pouvoirs de surveillance de
l'AMP. Donc, je n'entrerai pas plus parce que ce sont les dossiers de mes collègues,
mais je veux simplement répondre à votre questionnement par un signal positif,
sans en dire plus, à l'effet qu'on a bien entendu votre message et que ces
mesures-là font encore partie des intentions.
• (11 h 30) •
Ceci étant dit, on va peut-être se centrer
sur les mesures du projet de loi n° 66, si vous le permettez, et peut-être
répondre à une inquiétude ou un commentaire qui transparaissait dans une
question de mon collègue de La Pinière tantôt. Vous dites que... Comment vous
percevez, donc, l'investissement… le devancement, premièrement, parce qu'on
devance 181 projets en réduisant les délais...
11 h 30 (version révisée)
Mme LeBel : ...projet de loi
n° 66, si vous le permettez, et peut-être répondre à une inquiétude ou un
commentaire qui transparaissait dans une question de mon collègue de La Pinière
tantôt. Vous dites que... Comment vous percevez, donc, l'investissement… le
devancement, premièrement, parce qu'on devance 181 projets, en réduisant
les délais, nécessairement, les mises en chantier vont arriver plus rapidement.
On a devancé des sommes, également, des investissements massifs au PQI pour en
faire plus, de projets. Comment vous percevez ces investissements-là dans une
relance... dans les infrastructures publiques comme étant un outil de relance
économique? Est-ce que vous pensez que c'est une bonne façon de faire de
devancer ou d'investir dans des infrastructures pour aider une économie? Pas le
seul outil, mais un des outils de la relance économique.
M. Milliard (Charles) :
Écoutez, oui. Vous vous doutez probablement de ma réponse. Effectivement, on
pense que, nous, les projets d'infrastructures, c'est une bonne façon d'envoyer
un signal positif. J'ai toujours eu l'impression que le projet de loi n° 66
ne représentait pas l'ensemble du plan de relance du gouvernement. D'ailleurs,
on a plusieurs attentes qui n'auraient pas été répondues, si ça avait été
l'ensemble du plan de relance du gouvernement, entre autres sur toute la
question du plan d'électrification et de l'économie verte, entre autres, qu'on
attend avec intérêt.
Pour ce qui est des 181 projets, ce
qu'on aime bien, nous, à la fédération, c'est la diversité de ces projets-là.
Alors, je comprends qu'il y a plusieurs projets qui sont de nature routière, qui
peuvent déplaire à certains groupes, je pense qu'on peut le reconnaître
d'emblée, mais il y a aussi plusieurs projets de transport collectif, des
projets qui sont assez structurants pour le futur de la société québécoise comme
les maisons des aînés, les CHSLD.
Alors, pour nous, ça nous apparaît être un
bon mix, si on veut, pour stimuler la relance, mais pour l'ensemble des régions
aussi. Parce que je vous rappelle que, nous, on a un souci qui est très, très
élevé sur les régions éloignées, entre autres, et il y a plusieurs projets qui
se retrouvent là-dedans. Alors, globalement, ça nous apparaît être un des
leviers. Je vous mentionnais tout à l'heure que la recette miracle n'existe
pas, on ne fera pas des miracles avec ce projet de loi là, mais je pense qu'on
passerait à côté d'une belle occasion de ne pas lui donner suite.
Mme LeBel : O.K. Vous parlez
des processus environnementaux qui sont accélérés. Est-ce que vous pensez que la
façon dont le projet de loi propose d'accélérer certains processus
environnementaux… donc on agit <sur certains... >à certains
endroits du processus d'autorisation, vous avez parlé de la documentation qui
demeure la même. Est-ce que vous pensez ou vous êtes confiants qu'on est
capables, quand même, de respecter les normes environnementales, qui sont extrêmement
importantes, là, je le dis d'entrée de jeu? Et l'objectif n'est pas de bafouer
ces normes environnementales là, mais de trouver de nouvelles façons de faire
qui permettent à la fois d'être plus efficaces, efficients ou d'agir avec plus
de célérité dans nos projets tout en respectant les enjeux environnementaux. Qu'est-ce
que vous en pensez de <votre point... >de votre coup d'oeil à
vous?
M. Milliard (Charles) : Je
laisserais peut-être mon collègue Philippe répondre, mais je tiens à mentionner,
par contre, que, pour nous, c'est évident que le ministre de l'Environnement
conserve tous ses pouvoirs. Alors, la façon d'imposer des sanctions, des amendes
peut changer dans le temps et permettre, justement, une économie de temps entre
deux et 36 mois, mais peut-être en moyenne six mois, comme on l'a déjà
mentionné. Mais Philippe, je te laisserais répondre…
M. Noël (Philippe) :
Oui. D'abord, bonjour. En fait, on a consulté aussi des entreprises entourant
le dépôt du projet de loi, on a eu le temps de le faire. Tu sais, à notre
compréhension, on parle vraiment d'accélérer les processus, pas d'atténuer leur
importance. On parle de réduire les délais administratifs. Donc, comme notre
P.D.G. le <mentionnait...
M. Milliard (Charles) :
…laisserais répondre…
M. Noël (Philippe) :
Oui. D'abord, bonjour. En fait, on a consulté aussi des entreprises entourant
le dépôt du projet de loi, on a eu le temps de le faire. Tu sais, à notre
compréhension, on parle vraiment d'accélérer les processus, pas d'atténuer leur
importance. On parle de réduire les délais administratifs. Donc, comme notre
P.D.G. le >mentionnait, à l'article 64, il est prévu que le ministre
de l'Environnement fasse une reddition de comptes. Il est quand même prévu
aussi, dans le projet de loi, qu'il y ait des dépôts de documents, et qu'il y
ait des sanctions, et qu'il y a des vérifications… des amendes, des sanctions,
et qu'il y ait des vérifications qui se fassent en parallèle, sans retarder
indûment, si on veut, le départ de certains projets. Donc, pour nous, c'est sûr
qu'on accueille ça favorablement et on ne voit pas ça comme étant… court-circuiter
des processus, mais plutôt de réduire des délais administratifs.
Mme LeBel : Est-ce que les
gens que vous avez consultés, effectivement, les entrepreneurs, en tout cas,
là, vos membres, constatent que, dans la loi actuelle, une des difficultés, si
on veut, d'obtenir des autorisations environnementales, c'est que tous les
projets sont traités de la même façon au niveau des autorisations
environnementales, peu importe l'impact environnemental anticipé, que ce soit
faible, modéré, ou un enjeu plus grand? Ce que j'en comprends, et je veux voir
de votre expérience et les discussions avec les gens que vous représentez, <est-ce…
>c'est une des difficultés du processus actuel de la Loi sur la qualité
de l'environnement, c'est-à-dire que… je vais caricaturer, naturellement, mais
que ce soit de changer un ponceau ou de construire un pont, on en est au même
processus environnemental avec des délais qui sont presque équivalents, là, sans
égard aux impacts environnementaux réels, là.
M. Noël (Philippe) :
Non, effectivement. Puis les délais, ça a toujours fait partie, en fait, si on
veut, historiquement même, des préoccupations qu'on entend beaucoup de la part
de nos membres sur bon nombre d'autorisations. Quand on entend que le projet de
loi, pour ces 181 projets d'infrastructure là, va permettre de gagner
entre deux et 36 mois, peut-être six mois en moyenne, de ce que
j'avais entendu d'ailleurs, c'est sûr que ça a accueilli favorablement, là. Ça
fait partie de nos demandes traditionnelles depuis longtemps d'avoir un régime
d'autorisation environnemental qui est clair, prévisible, optimisé, moderne.
Et puis, d'ailleurs, le Règlement sur
l'encadrement d'activités en fonction de leurs impacts environnementaux, le
REAFIE, nous, on l'avait… les dernières modifications, on avait accueilli ça
quand même assez favorablement. Puis on sent que le projet de loi, dans le
fond, s'inscrit un peu dans cette optique-là. Et puis on avait, encore là,
consulté nos membres aussi à cette occasion-là. Et puis, donc, c'est pour ça
qu'on accueille, quand même globalement, favorablement le projet de loi, mais
on amène certaines bonifications, comme notre P.D.G. vous l'a présenté.
Mme LeBel : Dans le fond, je
suis contente, vous y faites référence, je pense, c'est le REAFIE, là,
l'acronyme auquel vous faites référence, qui a été déposé par mon collègue en
Environnement, je pense, c'est en février ou début mars, et qui devrait, en
principe, entrer pleinement en vigueur d'ici décembre, si je comprends bien. Bien,
effectivement, les processus qui sont dans le projet de loi n° 66 s'inscrivent
dans la même philosophie de qualifier les risques environnementaux et d'établir
des processus d'autorisation en fonction du risque environnemental plutôt que
de faire, pour reprendre l'expression que… de la Molson pour tout le <monde…
Mme LeBel : …
en
vigueur d'ici décembre, si je comprends bien. Bien, effectivement, les
processus qui sont dans le projet de loi n° 66 s'inscrivent dans la même
philosophie de qualifier les risques environnementaux et d'établir des
processus d'autorisation en fonction du risque environnemental plutôt que de
faire, pour reprendre l'expression que… de la Molson
pour tout le >monde,
finalement. Donc, vous voyez, là, la similitude entre le REAFIE et la
philosophie derrière les processus qui sont accélérés dans le projet de loi
n° 66.
M. Noël (Philippe) :
Oui, effectivement. Puis il y a quand même des demandes d'autorisation aussi à
fournir en cours de route, là, lorsqu'il est question de différentes
catégories, là, je n'ai plus ça en mémoire, mais, il me semble, il y avait des
milieux humides et hydriques à travers ça, il y avait des… lorsqu'on était dans
un ancien lieu de matières résiduelles aussi.
Mme LeBel : Contaminé, oui.
M. Noël (Philippe) :
Contaminé, exactement. Donc, nous, évidemment, ça correspond à des demandes
aussi qu'on avait auparavant, là d'alléger, en fait, le fardeau administratif
entourant les autorisations environnementales.
Mme LeBel : Parfait, merci.
Peut-être, en terminant, <je… >mon collègue, tantôt, a fait
référence au fait qu'il avait de la misère à se trouver un électricien ou un
plombier, je ne sais plus trop lequel, mais…
Une voix
: …
Mme LeBel : Un électricien.
Donc, l'appel est lancé, je vais mettre ça sur mon Facebook également pour l'aider,
mais l'appel est lancé, son numéro de téléphone est le… Non, mais, sans blague,
moi, ce que j'en comprends, il y a une différence entre le milieu de la
construction dans le secteur résidentiel et purement privé résidentiel, tel qu'un
électricien chez mon collègue, et ce que moi, je vais appeler le milieu
industriel, que ce soit privé ou public. Et je comprends que les contrats dans
le milieu industriel, je vais parler, bon, de construction d'usines, de routes,
de bâtiments, d'édifices à bureaux, que ce soit privé, avec de l'argent privé,
ou des contrats publics… Je comprends que, dans le secteur privé, les
investissements privés s'essoufflent présentement et que les contrats qu'on est
en train d'exécuter, au moment où on se parle, ce sont des contrats qui
étaient, je vais le dire de cette… prépandémiques, si je peux le dire comme ça,
et que c'est bienvenu, là, l'accélération, et le devancement, et les
investissements du public dans ces secteurs-là. Parce qu'au contraire de mon
pauvre collègue qui ne peut pas se trouver un électricien, dans le secteur plus
large que je vais appeler, moi, industriel, ce n'est peut-être pas le bon
terme, vous me corrigerez, là, on anticipe une pénurie. Donc, les
investissements publics vont ne faire qu'occuper une place que les
investissements privés vont délaisser un peu avec les problèmes économiques qu'on
connaît. Est-ce que c'est exact?
M. Milliard (Charles) : Mais
globalement, sans entrer dans les détails des problèmes électriques, je vous
dirais qu'il y a effectivement certains métiers qu'il y a des problèmes de
main-d'oeuvre, un peu partout au Québec, mais il ne faut pas, je pense, faire
le procès de l'ensemble de l'industrie de la construction, ce matin, en disant
que l'industrie est à pleine capacité. Ce n'est pas le cas. En région, il y a
encore beaucoup de travailleurs qui attendent avec grand plaisir plusieurs des
181 projets qui sont mentionnés dans le projet de loi. Donc, l'industrie
de la construction, pour être bien honnête, n'est pas celui qui va le plus mal,
hein? Donc, on aimerait bien qu'il y ait des projets d'accélération du secteur
touristique, du secteur culturel aussi, mais ce n'est pas le propos de ce
matin. Mais il y a certainement de la capacité pour répondre à tous ces
besoins-là.
M. Noël (Philippe) :
Oui, puis, peut-être rajouter rapidement, dans notre mémoire, à la fin, dans
les deux dernières pages, on parle justement de la mobilité géographique des
travailleurs pour <répondre aux…
M. Milliard (Charles) :
...qu'il y ait des projets d'accélération du secteur touristique, du secteur
culturel aussi, mais ce n'est pas le propos de ce matin. Mais il y a
certainement de la capacité pour répondre à tous ces besoins-là.
M. Noël (Philippe) :
Oui, puis, peut-être rajouter rapidement, dans notre mémoire, à la fin, dans
les deux dernières pages, on parle justement de la mobilité géographique des
travailleurs pour >répondre aux besoins en région. On veut qu'il y ait
des changements à ce niveau-là, puis ça fait longtemps qu'on le demande. Donc,
c'est des propositions qu'on vous fait, justement, pour aider à pallier à ces
enjeux-là de main-d'oeuvre.
• (11 h 40) •
M. Milliard (Charles) : Puis
je compléterais en disant qu'il y a un grand chantier de requalification de la main-d'oeuvre,
en ce moment au ministère du Travail, avec toute la société civile, un dialogue
social qui va permettre, justement, certaines passerelles, là, pour pouvoir
combler des manques, là, comme ceux qu'on peut peut-être venir de mentionner.
Mme LeBel : Donc, en parallèle
au projet n° 66 qui vient accélérer certains projets
d'infrastructure… Puis, vous l'avez dit, ce n'est pas parce que c'est
l'industrie de la construction qui est nécessairement en péril, mais c'est
parce que c'est un des secteurs qui est reconnu pour générer beaucoup de
retombées économiques aussi qui sont périphériques à l'industrie, toute la
chaîne de fourniture d'équipement, de magasins, de tout... bon, tout ce qui va
autour, manufacturière. Donc, un dollar investi dans la construction a beaucoup
de retombées périphériques, si on veut, c'est un peu ce qui motive le choix
dans le projet de loi n° 66.
Mais, encore une fois, je le mentionne, ce
n'est pas la seule relance. On travaille également dans le secteur du tourisme,
on travaille également dans le secteur d'hôtellerie, de la restauration, je
veux rassurer tout le monde, mais ce n'est pas le projet de loi n° 66 qui
est l'outil pour le faire.
Donc, effectivement, on travaille sur les
enjeux de requalification de la main-d'oeuvre pour s'assurer qu'il n'y ait pas
de pénurie, là, donc, je suis contente que vous le mentionniez. Je pense que… Ce
n'est pas vendredi passé, d'ailleurs, qu'il y a eu une espèce de journée, là,
sur cette... une journée de consultations sur ce sujet? Parfait. Merci. Je
ne sais pas si vous aviez quelque chose que vous vouliez ajouter. Moi, ça fait
un peu le tour des questions que je voulais voir avec vous.
M. Noël (Philippe) :
Oui, bien, tout à l'heure... En fait, tout à l'heure, vous avez dit, d'entrée
de jeu : Pourquoi on amenait les amendements, en fait, de nouveau dans ce
projet de loi là, parce que c'est un projet de loi qui se veut, puis on
comprend très bien, axé sur les infrastructures? Mais le projet de loi a été
déposé le 23 septembre, et, le 28 septembre, le premier ministre est
arrivé avec des mesures d'annonce pour les zones rouges, ce qui a entraîné, en
fait, des fermetures de salles à manger, par exemple, pour les restaurateurs.
Donc, notre proposition allait un petit peu dans le même sens que le projet de
loi n° 61, où on avait profité du projet de loi n° 61 pour déposer
des amendements.
Et donc on croit que le projet de loi
n° 66 peut être un véhicule qui pourrait faire en sorte qu'on ait ces
mesures-là… qui est souhaité, puis ces amendements-là qui sont souhaités par l'industrie
le plus rapidement possible. Donc, c'est pour ça qu'on faisait cette
proposition-là, mais on est tout à fait conscients que c'était limité aux
infrastructures dans votre intention pour le projet de loi n° 66.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme LeBel : Merci. Je vais
peut-être... Peut-être qu'il me reste quelques secondes. Simplement pour vous
dire que je partage, et ce n'est pas un secret, votre opinion sur le fait qu'il
faut revoir les règles d'adjudication de contrat. Maintenant, comment le faire?
Il faut bien le faire, parce qu'une fois qu'on touche à la loi sur les contrats
publics, on le sait, c'est quelque chose de très délicat, donc il faut le faire
tout en s'assurant de l'intégrité des processus. Donc, je veux simplement vous
rassurer sur le fait que la réflexion, elle est non seulement entamée, mais
elle est très présente et active au sein du Secrétariat du Conseil du trésor.
Et ce sera une réflexion aussi qui
entraînera, probablement en parallèle, des modifications à la Loi sur
l'Autorité des marchés publics, là, pour être sûr de bien coordonner non
seulement les mesures d'intégrité et d'attribution de contrats, mais le chien
de garde, qui devra le faire. Donc, c'est une des raisons pour lesquels on veut
le faire dans un deuxième temps. Donc, <merci...
Mme LeBel : ...
au
sein du Secrétariat du Conseil du trésor.
Et ce sera une réflexion aussi qui
entraînera, probablement en parallèle, des modifications à la Loi sur
l'Autorité des marchés publics, là, pour être sûr de bien coordonner non
seulement les mesures d'intégrité et d'attribution de contrats, mais le chien de
garde, qui devra le faire. Donc, c'est une des raisons pour lesquels on veut le
faire dans un deuxième temps. Donc, >merci, merci beaucoup de votre
présence et de votre témoignage.
Le Président (M. Simard) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin :
Merci, M. le Président. Bonjour, M. Milliard, bonjour, M. Noël. Dans
le fond, je trouve drôlement intéressant et j'apprécie que, dans votre
présentation, vous ayez pris quelques minutes pour parler de tout ce qui
concernait l'aide par rapport aux restaurants et l'allègement réglementaire.
Bien qu'évidemment ça ne soit pas dans le projet de loi n° 66, là, je
tiens à vous assurer que tout ce qui concerne ces amendements-là… ne sont pas
perdus, mais sont pilotés par, évidemment, la Régie des alcools et le ministère
de la Sécurité publique. Alors, merci d'en avoir fait mention.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, très cher collègue. Nous sommes tapants dans le temps. M. le
député de La Pinière, à vous la parole, vous disposez de 10 minutes.
M. Barrette : Bien, je vais
commencer par suggérer à la présidente du Conseil du trésor de bien regarder
les camions d'électricien, parce qu'en général c'est marqué : résidentiel,
commercial, industriel. Alors, il est très probable que la dizaine
d'électriciens que j'ai contactés font aussi du commercial et de l'industriel.
Alors, ceci étant dit... Non, mais peut-être que vous, messieurs, ne l'avez pas
vu non plus.
Alors, bienvenue, MM. Milliard et
Noël. Alors, à mon tour de... Je vais aller directement au point, évidemment,
parce qu'on a un petit peu moins de temps nous autres. Nommez-moi, s'il vous
plaît… Vous êtes la Fédération de la chambre de commerce, là, nommez-moi un
seul projet qui, actuellement, est ralenti.
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. Milliard...
M. Noël (Philippe) :
Bien, si je peux répondre, en fait, on ne voit pas de projets ralentis, on veut
juste qu'ils soient accélérés, parce qu'il y a des délais qui peuvent aller
jusqu'à 36 mois. C'est beaucoup trop comparativement à ce qu'on retrouve
ailleurs, dans les autres États autour de nous.
M. Barrette : Je comprends, mais,
par rapport à l'annonce d'un projet… C'est-à-dire on était 202 projets, on
était au 181, au moment où on se parle, tous les projets sont à l'endroit où
ils sont, on peut s'entendre là-dessus, où ils devraient être, oui?
M. Noël (Philippe) :
Bien oui. Bien, en fait, oui, mais on veut qu'ils soient accélérés, donc.
M. Barrette : Je
comprends. Je comprends. Maintenant, je vous... Maintenant, maintenant,
maintenant, pouvez-vous me nommer, sur les 181 projets, là, en quoi la
majorité des projets que vous mettez vous-mêmes dans le mémoire, là… La
majorité des projets n'ont besoin ni d'expropriation, ni de BAPE, ni de l'AMP,
on l'espère, ils n'ont pas besoin de ça, là. Alors, à combien estimez-vous de
projets, dans les 181, qui ont besoin soit d'un BAPE, soit d'une problématique
d'expropriation? Combien qu'il y en a, sur les 181, à votre avis, là?
M. Milliard (Charles) :
Je comprends votre question, mais ce que je veux mentionner, c'est qu'il y a
très peu de projets qui vont bénéficier de l'ensemble des mesures qui sont dans
le projet de loi n° 66. Il y a un peu une espèce de menu, si on veut,
là-dedans, où chacun des projets va pouvoir avoir certaines mesures
d'accélération. Alors, répondre à votre question, c'est plutôt difficile, même
si elle est bonne. Puis, pour le <BAPE...
M. Barrette : Elle est
bonne puis...
M. Barrette : …
à
votre avis, là?
M. Milliard (Charles) :
Je comprends votre question, mais ce que je veux mentionner, c'est qu'il y a
très peu de projets qui vont bénéficier de l'ensemble des mesures qui sont dans
le projet de loi n° 66. Il y a un peu une espèce de menu, si on veut,
là-dedans, où chacun des projets va pouvoir avoir certaines mesures
d'accélération. Alors, répondre à votre question, c'est plutôt difficile, même
si elle est bonne. Puis, pour le >BAPE...
M. Barrette : Elle est
bonne puis elle n'est pas difficile, parce que la majorité n'en ont pas besoin.
Alors, vous le savez, là, que la majorité des projets n'ont aucun enjeu
d'expropriation. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Rénover un bloc
opératoire, ça ne demande pas une expropriation ni un BAPE, et la majorité des
projets qui sont là sont en santé et en éducation. Et j'irais même jusqu'à dire
que la majorité des projets de voirie sont… c'est de la réfection de
l'existant. Il y en a, des projets, qui ont des enjeux d'expropriation, on
s'entend, ainsi que de BAPE, mais c'est une très petite minorité.
Alors, si on a à accélérer des projets
pour relancer l'économie, la majorité des projets, ils sont lancés, ils ont un
budget, ils ont des contingences et ils vont de l'avant tel que prévu, là. Au
moment où on se parle, moi, je peux… Puis dites-moi le contraire si je me
trompe, là, les maisons des aînés, les terrains sont tous soit acquis, soit en
voie d'acquisition, mais — j'ai fait le tour, moi, là, là — ils
sont quasiment tous acquis. Les écoles, les problématiques des écoles, elles
ont des lois d'expropriation, là, il y a des litiges sociaux. Parce que, c'est
bien plate, mais, quand la commission scolaire, qui a le pouvoir d'exproprier
un parc... ça se peut que la population dise : Les nerfs, Lionel! Mais ça,
ça n'a rien à voir avec la loi n° 66, et le pouvoir
est là, et ainsi de suite. Bon, je... Oui, allez-y.
M. Noël (Philippe) :
Pour le BAPE, rapidement, c'est uniquement les projets en transport, les projets
énergétiques puis les projets privés qui sont touchés par ça. Donc, c'est un
certain nombre de projets sur les 181, vous avez raison là-dessus, mais, nous,
ce qu'on voit, c'est qu'il n'y a pas juste de l'expropriation qui se voit
bénéficier des mesures d'accélération, il y a le domaine de l'État, il y a les
évaluations environnementales, il y a toute, toute mesure d'urbanisme et
aménagement du territoire. Donc, tu sais, c'est plus loin que les expropriations,
donc, pour préciser, mais...
M. Barrette : On s'entend, là,
mais mon point...
M. Noël (Philippe) :On n'a pas fait l'analyse exhaustive projet par projet, pour
répondre précisément à votre question.
M. Barrette : Bien oui, mais
c'est... Voilà. Mais la réalité, là, c'est que c'est un projet de loi limité
qui est présenté comme de la relance économique, puis c'est correct, mais les
éléments qui sont les enjeux ne concernent qu'une minorité presque infime de
projets. C'est juste ça, mon point.
Maintenant, j'aimerais ça aborder un autre
sujet, là, qui est bien simple... en fait, qui n'est pas simple du tout. Vous
avez évoqué, à la fin de votre mémoire, la question de la mobilité de la main-d'oeuvre.
Là, vous allez m'expliquer ce que vous voulez dire par là, parce que j'entends
au loin un certain «Rambo» Gauthier qui n'est probablement pas en accord avec
votre affirmation. Pouvez-vous me dire ce que vous me... ce que vous voulez
faire avec ça, là?
M. Milliard (Charles) :
Veux-tu commencer, Philippe?
M. Noël (Philippe) :
Bien, en fait, ça revient à une demande traditionnelle qu'on avait, là, c'est
depuis longtemps, puis je sais qu'il y a plusieurs débats ou discussions. Puis
on a d'ailleurs un collègue ici, à l'interne, qui s'occupe <spécifiquement...
M. Barrette : ...
vous
me... ce que vous voulez faire avec ça, là?
M. Milliard (Charles) :
Veux-tu commencer, Philippe?
M. Noël (Philippe) :
Bien, en fait, ça revient à une demande traditionnelle qu'on avait, là, c'est
depuis
longtemps, puis je sais
qu'il y a
plusieurs débats
ou discussions. Puis on a
d'ailleurs un collègue ici, à l'interne, qui
s'occupe >spécifiquement des enjeux de main-d'oeuvre là-dessus, mais on
s'inquiétait, en fait, de la disponibilité, en région, de la main-d'oeuvre. Et
une des solutions qu'on a beaucoup poussée puis qu'on entend beaucoup des
employeurs en région, c'est : Amenez-nous de la main-d'oeuvre, amenez-nous
des travailleurs. Et évidemment, en ce moment, bien, la mobilité géographique
et professionnelle de ces travailleurs-là, bien, c'est limité, pour circuler de
région en région. Donc, dans les deux dernières pages de notre mémoire, on a vraiment,
vraiment élaboré là-dessus puis on pourra vous revenir avec des éléments
supplémentaires, si vous le souhaitez, mais ça fait partie longtemps d'un débat
qu'on souhaite amener, c'est d'amener des travailleurs, en région, là.
M. Barrette : Mais on
s'entendra que le débat va dans les deux sens, n'est-ce pas?
M. Noël (Philippe) :
Oui, absolument.
M. Milliard (Charles) : Tout
à fait.
M. Barrette : M. le Président,
mon collègue a absolument une question à poser. Je vais lui passer la parole
puis, s'il me reste du temps, je reviendrai.
Le Président (M. Simard) :
Très volontiers. M. le député de Mont-Royal—Outremont,
vous disposez de quatre minutes.
• (11 h 20) •
M.
Arcand
:
Oui. Bon, je vais faire ça rapidement. J'aimerais d'abord aborder la question
qui sera probablement la question centrale durant cette discussion que nous
aurons au cours des prochaines semaines sur le projet de loi n° 66,
c'est bien sûr la question de l'environnement. Sur la question de
l'accélération, je me rappelle très bien qu'en 2016, 2017, avec l'appui
d'ailleurs de la Fédération des chambres de commerce et même des groupes
environnementaux, on avait adopté un projet de loi qui s'appelait le projet de
loi n° 102, loi n° 102, sur
l'accélération et la modernisation du régime environnemental. Le but avoué
était, à ce moment-là, évidemment, de pouvoir faire les choses un peu plus
rapidement de ce côté-là. La fédération l'avait approuvé. Qu'est-ce qui, à
votre avis, actuellement, fait en sorte que ce n'est encore pas assez efficace
à votre goût? Quels sont les problèmes que vous rencontrez le plus
régulièrement par rapport à ça?
M. Milliard (Charles) : Tu
commences, Philippe, ou j'y vais?
M. Noël (Philippe) :
Bien, je peux répondre. En fait, c'est vraiment une observation générale qu'on
entend beaucoup, même dans les deux, trois dernières années. Le projet de loi n° 102, vous l'avez dit, je pense que ça fait trois, quatre
ans, là, de ça, là, mais, dans les dernières années on l'entend encore, c'est
que ça prend du temps à mettre en oeuvre des projets au Québec parce qu'il y a
une série d'autorisations. Et là je ne parle pas juste des projets
d'infrastructure publique, parce que je sais que c'est un projet de loi qui
touche les infrastructures publiques, mais aussi, dans le domaine privé, c'est
que ça prend du temps à obtenir les autorisations, notamment environnementales,
mais toutes les autorisations de nature administrative.
Et là on a un projet de loi qui nous dit :
Regardez, on fait un projet pilote, nous, c'est comme ça qu'on l'interprète,
avec 181 projets. On va voir ce qui fonctionne, ce qui peut être
applicable puis, tu sais, ça va nous permettre d'analyser, au final, par
rapport aux autorisations environnementales, qu'est-ce qu'on peut mettre en
oeuvre pour s'assurer que les délais soient réduits autant que possible. Si on
se compare avec les États autour de nous, puis là je parle des États au
nord-est des États-Unis, dans d'autres <provinces...
M. Noël (Philippe) :
...
qui fonctionne, ce qui peut être applicable puis, tu sais, ça va nous
permettre d'analyser, au final, par rapport aux autorisations
environnementales, qu'est-ce qu'on peut mettre en oeuvre pour s'assurer que les
délais soient réduits autant que possible. Si on se compare avec les États
autour de nous, puis là je parle des États au nord-est des États-Unis, dans
d'autres >provinces également, bien, les délais sont courts, là, sont
courts comparativement à nous. Donc, pour attirer des investissements,
notamment privés, puis là je vais parler plus pour le secteur privé, là, pour
des projets privés, ça peut représenter un obstacle.
Donc, nous, ce qu'on demande, c'est... On
comprend que les projets touchent des infrastructures publiques dans ce projet
de loi là. Est-ce qu'il peut être applicable, ultimement, éventuellement, aux
autres projets publics, mais aussi à des projets privés, à des projets
municipaux, bien, que ça puisse inspirer peut-être des modifications,
éventuellement? Et voyons voir si ça réduit vraiment les délais. On entend de
deux à 36 mois de délais qui pourraient être réduits avec ce projet de loi
là, donc, nous, c'est sûr que ça nous emballe. Les entreprises qui
soumissionnent, autant dans la construction, les fournisseurs, l'ingénierie,
les entreprises qui vont soumissionner pour ces contrats-là, bien, c'est un
incitatif supplémentaire à pouvoir soumissionner.
M. Milliard (Charles) : Puis
évidemment la question environnementale va dans les deux sens, hein? Donc, il y
a une accélération de certains délais administratifs, mais aussi la question
d'intégrer les critères environnementaux aussi dans la sélection des
entreprises qui ont des contrats publics. Donc, ça aussi, on va en parler cette
semaine, entre autres, là, dans le cadre de la comparution du G15+, là.
M. Barrette : Il me reste 30 secondes.
Ma question est d'une très grande simplicité, elle se répond par oui ou par non :
Dans votre expérience, la lenteur induite par les procédures environnementales
sont-elles causées par la procédure elle-même ou la lenteur des officiers
gouvernementaux à faire leur travail?
M. Noël (Philippe) :
<Je... >Bien, en fait, c'est dans les deux cas.
Moi, j'ai entendu des deux côtés, donc...
M. Milliard (Charles) :
...les deux.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion?
M. Barrette : Les deux côtés. Alors,
moi, je postule bien aimablement que le gouvernement est lent, mais la
procédure est correcte. Et, si le gouvernement se dotait...
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Barrette : ...d'une force
de travail suffisante, on n'en serait pas à parler de ça aujourd'hui.
Le Président (M. Simard) :
Merci. M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Oui, bonjour.
Merci, merci d'être là, messieurs. J'ai fait quelques petites recherches, là.
Je vois qu'il y avait des articles, dès la fin mai, qui se titraient notamment Construction :
la pénurie de la main-d'oeuvre reprend de plus belle. Ça, c'était dans Le
Journal de Montréal. Il y avait des exemples assez patents, là,
d'entrepreneurs, là, qui cherchaient, là, jusqu'à 15 personnes pour leurs
chantiers, pour leurs contrats. Et il y avait là des délais qui étaient causés
non pas par, qui, le BAPE, qui, les expropriations, là, c'était clairement la
pénurie de main-d'oeuvre. Le 31 mai, là, on venait juste de rouvrir.
Qu'est-ce qu'il y a dans le... À supposer
qu'on s'entende, là, que la pénurie de la main-d'oeuvre, c'est le problème
principal en ce moment, là, surtout si on lance de très grands chantiers qui
vont attirer beaucoup de main-d'oeuvre, qu'est-ce qu'il y a dans le projet de
loi n° 66 qui va régler ce problème-là?
M. Milliard (Charles) : Bien,
écoutez, au niveau de la pénurie de la main-d'oeuvre, c'est certain que ce n'est
pas le projet de loi n° 66 qui va régler tous les enjeux de qualification,
de passerelle pour combler certains enjeux dans <certains...
M. Marissal : ...
qu'est-ce
qu'il y a dans le projet de loi
n°
66
qui va régler ce problème-là?
M. Milliard (Charles) :
Bien, écoutez, au niveau de la pénurie de la main-d'oeuvre, c'est certain que
ce n'est pas le projet de loi n° 66 qui va régler tous les enjeux de
qualification, de passerelle pour combler certains enjeux dans >certains
corps de métier de la construction. Mais je m'étonne un peu du discours ce
matin, où on veut... On dirait qu'on veut décider que l'industrie de la
construction est à saturation, là, mais je pense que le milieu de la
construction va répondre présent aux projets qui vont être proposés. Et ce n'est
pas nécessairement à nous, ce matin, de poser un jugement sur l'ensemble de l'industrie
de la construction. Mais je laisserais, peut-être, compléter.
M. Marissal : Rapidement, s'il vous plaît.
M. Noël (Philippe) :Rapidement. Notre lecture du projet de loi, en fait, c'est simplement
de réduire les délais administratifs. Donc, c'est… on ne parle pas... Je ne
pense pas qu'il y ait de mesure qui soit prévue pour la main-d'oeuvre dans ce projet
de loi là, là. Si vous voulez en proposer, on fait des propositions dans notre mémoire
à cet effet-là, notamment la mobilité géographique, les crédits aussi pour les
frais de déménagement, entre autres, là. Donc, voilà.
M. Marissal : Oui, oui.
Ça, ça va, mais ce n'est pas du tout dans 66, vous le dites vous-mêmes, là, mais
ce qu'il y a dans 66… dans votre proposition, en tout cas, ce n'est pas dans
66. Je me rétracte, là, c'est dans votre proposition, c'est d'étendre ça au
privé, notamment. Alors là, est-ce que le proverbial chat ne sort pas du sac?
En fait, ce que vous cherchez, c'est une accélération généralisée, y compris
des contrats privés?
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Noël (Philippe) :
Non. En fait, c'est que ça puisse inspirer, dans un deuxième temps, des mesures
qui fonctionnent puis qui sont applicables… pas l'ensemble des mesures, mais
qui sont applicables au secteur privé, que ça puisse inspirer d'autres mesures,
éventuellement, mais on ne demande pas ça dans ce projet de loi là, spécifiquement,
là, juste pour être clair là-dessus.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui.
Alors, merci beaucoup de votre présence. Vous avez fait mention, à plusieurs
reprises, et la ministre également, du REAFIE, là, le fameux règlement sur l'application
de la Loi sur la qualité de l'environnement, qui n'a été adopté officiellement
que le 2 septembre. Alors, avant de procéder à des modifications législatives
qui concernent les processus d'autorisation environnementale, est-ce qu'on ne
pourrait pas laisser un peu le temps au fameux REAFIE, au règlement, de
s'appliquer pour voir là où, réellement, il y a des soi-disant retards dus au processus
d'autorisation environnementale?
M. Noël (Philippe) :
Bien, en fait, l'idée, c'est... Comme, de notre perspective, c'est un projet de
règlement, en fait, qui est en cohérence, en fait, avec ce qui est annoncé dans
le projet de loi n° 66 pour les régimes d'autorisation environnementale,
donc, de notre perspective. C'est pour ça qu'on l'appuie puis qu'on utilise, en
fait, les mêmes arguments que dans le cas du REAFIE, là.
M. Gaudreault : Oui.
Bien, en fait, ce n'est plus un projet de règlement, là, il a été adopté.
Alors, moi, je veux juste savoir, vu qu'on a ce règlement qui est réellement en
vigueur, qui est maintenant en vigueur, est-ce qu'on a réellement besoin de
toutes ces procédures-là, de ces changements législatifs en matière
d'environnement ou est-ce qu'on peut juste laisser appliquer enfin le règlement
qu'on attendait depuis <longtemps...
M. Gaudreault : ...moi, je
veux juste savoir, vu qu'on a ce
règlement qui est
réellement
en
vigueur, qui est
maintenant
en vigueur,
est-ce qu'on a
réellement
besoin de toutes ces procédures-là, de ces changements
législatifs
en
matière d'environnement ou est-ce qu'on peut juste laisser appliquer enfin le
règlement qu'on attendait depuis >longtemps, quand même, depuis
l'adoption, effectivement, de la loi n° 102?
M. Noël (Philippe) :
En fait, <c'est que... >puis je sais que le règlement est
maintenant en vigueur, là, mais, en fait, c'est que c'est de permettre aussi
qu'il y ait des analyses qui soient déposées en cours de réalisation, en cours
d'analyse. Quand vient le temps, notamment, de faire les plans et devis, quand
vient le temps, juste, d'analyser un peu les terrains, de faire les relevés de
terrain, en fait, c'est de ne pas attendre l'analyse… soit réalisée pour
pouvoir le faire. Donc, on peut aller de l'avant sans qu'il y ait d'impact
nécessairement sur l'environnement. Et puis je pense qu'on fait un pas un peu
plus loin pour certains projets. Et puis ça correspond vraiment à un souhait
des entreprises qu'on a entendues, nous, de notre côté, à la Fédération des
chambres de commerce du Québec.
M. Gaudreault : Parfait. Je
veux juste savoir, vos propos à la page 4, là, sur la fuite des capitaux
dans le contexte des crédits carbone, également, vos recommandations à la page 11.
Le Président (M. Simard) : …s'il
vous plaît.
M. Gaudreault : Les huit
recommandations, est-ce que vous en faites des propositions formelles
d'amendements que vous voulez voir intégrer dans le projet de loi n° 66?
M. Noël (Philippe) :
En fait, nos recommandations...
Le Président (M. Simard) :
Très rapidement.
M. Noël (Philippe) :
Bien, idéalement, oui, en fait, on veut que le gouvernement profite de ce
projet de loi là pour mettre en place les mesures.
Le Président (M. Simard) :
Bon, très bien, merci beaucoup. M. le député de Chomedey.
M. Ouellette : M. Milliard,
M. Noël, merci d'être avec nous. On prend connaissance de vos demandes
traditionnelles, effectivement. On sent un petit peu de déception dans le fait
que ça touche 181 projets puis c'est des mesures d'accélération. Mon
collègue de La Pinière vous l'a dit : Ce n'est pas parce que les
processus ne sont pas corrects, c'est la machine qui ne suit pas, c'est la
main-d'oeuvre qu'on n'a pas. Et vous êtes un peu résignés à ce que la ministre
vous a dit que ça va être juste pour ces 181 projets là.
Si les parlementaires qui auront à étudier
le projet de loi... si vous aviez une de vos suggestions à nous recommander
qu'on devrait pousser pour... si jamais la ministre avait une ouverture
d'amendement quelconque, ça serait laquelle dans tout ce que vous nous avez
dit?
M. Noël (Philippe) :
Bien, est-ce que vous parlez des projets, notamment?
M. Ouellette : Non, je ne
parle pas des projets, je parle de vos suggestions, là. Vous avez parlé de
toutes les dispositions de la loi de la régie, vous avez parlé d'éviction
commerciale, vous avez parlé de ça. S'il y en avait une, là-dedans, là, si on
réussissait à convaincre la ministre, vous nous suggéreriez laquelle dans celles
que vous avez faites?
M. Milliard (Charles) : Bien,
la question sur l'octroi des contrats publics et les critères, c'est majeur
pour nous. On comprend que ça viendra dans un autre, j'ai cru comprendre ça. Je
vous dirais que la question sur les restaurateurs et la vente de produits
alcoolisés, c'est primordial pour plusieurs personnes. Et attendre, chaque jour
qu'on attend, c'est des pertes de revenus… et des façons qu'on pourrait les
aider, que c'est très tangible.
• (12 heures) •
M. Noël (Philippe) :
Et puis cet été, dans nos discussions avec le gouvernement, lorsqu'il était
question des évictions...
12 h (version révisée)
M. Milliard (Charles) :
...pour nous. On comprend que ça viendra dans un autre. J'ai cru comprendre ça.
Je vous dirais que la question sur les restaurateurs et la vente de produits
alcoolisés, c'est primordial pour plusieurs personnes. Et <attendre... >chaque
jour qu'on attend, c'est des pertes de revenus, et des façons qu'on pourrait
les aider, puis c'est très tangible.
M. Noël (Philippe) :Et puis, cet été, dans nos discussions avec le gouvernement,
lorsqu'il était question des évictions commerciales, on nous a dit clairement,
puis on a essayé de trouver des solutions avec le gouvernement, que c'étaient
des modifications législatives, que ça prenait, et non pas réglementaires.
Donc, c'est pour ça aussi qu'on l'a mis dans nos priorités, également, parce
que c'est une crainte de certains locataires commerciaux, je vous dirais, là,
qui sont membres chez nous. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, M. Noël, M. Milliard, merci beaucoup pour votre
précieuse contribution à nos travaux.
Sur ce, nous allons suspendre et nous
revenons cet après-midi, après les affaires courantes, vers 15 h 30.
À plus tard.
(Suspension de la séance à 12 h 1)
15 h 30 (version révisée)
(Reprise à 15 h 37)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers amis, à l'ordre, s'il vous plaît! Je constate que nous avons
quorum. Nous allons donc reprendre nos travaux.
Comme vous le savez, la commission est
réunie afin de poursuivre les consultations particulières et les auditions
publiques sur le projet de loi n° 66. Alors, cet après-midi, nous
entendrons trois organisations, et trois fois par visioconférence. Nous allons
entendre l'Association de la construction du Québec, la Coalition contre les
retards de paiement dans la construction et l'Union des municipalités du
Québec.
Y aurait-il consentement afin de
poursuivre au-delà de l'heure prévue nos travaux puisque nous avons légèrement
commencé en retard? Il y a consentement. Très bien. Alors, nous sommes... Oui?
M. Barrette : Ayant un
débat de fin de séance, nous finirions à quelle heure?
Le Président (M. Simard) :
Je ne sais pas. Je vais valider l'information puis...
M. Barrette : On pourrait
ne pas pauser.
Le Président (M. Simard) :
Oui, je vous écoute.
M. Barrette : Ne pausons
donc pas, comme ça on pourra arriver à temps à nos affaires.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Barrette : C'est bon,
ça? Tout le monde est d'accord? Tout le monde est d'accord. Nous ne pausons
pas.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, voilà. Donc, nous recevons maintenant l'Association de la
construction. Nous sommes en compagnie de <MM... >de Me Hamel
et de monsieur... Ça va bien. Quand on n'a pas ses lunettes, c'est toujours ça
qui arrive.
Une voix
: Arbour.
Le Président (M. Simard) :
Arbour. Bien oui. On s'était parlé au préalable. Alors, messieurs, bienvenue.
Vous disposez de 10 minutes. Nous vous écoutons.
(Visioconférence)
M. Arbour (Jean-François) :
M. le Président, Mme la ministre, messieurs et madame les membres de la
commission, comme vous l'avez mentionné, je suis Jean-François Arbour,
ingénieur et entrepreneur depuis plus de 25 ans et président du conseil
d'administration de l'Association de la construction du Québec. Je suis
accompagné aujourd'hui de Me Pierre Hamel, directeur des affaires
juridiques et gouvernementales de notre association.
Je voudrais d'abord remercier la
commission de nous donner l'opportunité de présenter nos commentaires et <recommandations...
M. Arbour (Jean-François) :
...
ingénieur et entrepreneur depuis plus de 25 ans et président du
conseil d'administration de
l'Association de la construction du Québec.
Je suis accompagné aujourd'hui de Me Pierre Hamel, directeur des affaires
juridiques et gouvernementales de notre association.
Je voudrais d'abord remercier la
commission de nous donner l'opportunité de présenter nos commentaires et >recommandations
visant le projet de loi n° 66, à l'égard duquel l'ACQ
est, à quelques exceptions près, favorable.
Le projet de loi vise la réalisation de plusieurs
projets importants d'infrastructures qui sont au coeur des préoccupations
quotidiennes des Québécois et Québécoises, à savoir, la santé et l'éducation. L'industrie
souhaite y participer pour en faire un véritable succès. Nos recommandations
portent sur les moyens pour y arriver, car, au-delà des enjeux reliés au processus
d'expropriation et aux impératifs environnementaux, il faudra bien les
réaliser, ces projets.
• (15 h 40) •
En cette période des plus instables,
au-delà des liquidités, nos entreprises, tout comme les donneurs d'ouvrage, ont
besoin fondamentalement de prévisibilité. Pour obtenir cette prévisibilité, les
donneurs d'ouvrage s'assurent que tous les risques sont supportés ou seront
supportés contractuellement par les entrepreneurs. Nous, les entrepreneurs,
devons soumissionner de tels risques, alors que nous peinons à faire
reconnaître les coûts reliés à l'arrêt des travaux en mars dernier, nous
peinons à faire reconnaître les coûts supplémentaires reliés à la protection
des chantiers, à la reprise des travaux et aux mesures mises en place pour
protéger les travailleurs et tous les intervenants, nous peinons à faire
reconnaître les frais supplémentaires requis pour faire appliquer les consignes
de la santé publique sur les chantiers. Nous devons éponger des pertes
importantes sur les contrats en cours suite à la flambée fulgurante des prix de
certains matériaux. Nous devons assumer les frais supplémentaires reliés aux
délais de livraison, alors que la chaîne d'approvisionnement ne se remet pas
encore de l'impact de la première vague, les douanes canadiennes imposent une
quarantaine à toutes les importations et le COVID fait encore des dommages chez
nos voisins du Sud. Nous travaillons également pour les municipalités, qui sont
aussi affectées par cette pandémie.
Bref, seule l'aide gouvernementale
fédérale et provinciale obtenue jusqu'à ce jour aura permis aux entreprises de
se maintenir à flot et aura limité l'impact de la pandémie sur les projets qui
étaient en cours lors du premier confinement. Pour continuer, nos entreprises
ont un urgent besoin de prévisibilité, prévisibilité dans les projets annoncés,
prévisibilité dans les technologies adoptées par les donneurs d'ouvrage,
prévisibilité à l'égard de l'ampleur des risques pour lesquels nous devons nous
engager et prévisibilité dans la réception des paiements.
Seul le gouvernement peut véritablement
offrir ou mettre en place des mécanismes favorisant cette prévisibilité, et
c'est ce que nous vous demandons aujourd'hui : pourvoir aux besoins de
liquidités des entreprises en adoptant un calendrier, un processus et un cadre
de règlement de différends rapide afin de limiter les délais de paiement pour
tous les projets, permettre l'accès aux marchés publics au plus grand nombre
d'entreprises en limitant le regroupement des <projets...
M. Arbour (Jean-François) :
...
aujourd'hui : pourvoir aux besoins de liquidités des entreprises
en adoptant un calendrier, un processus et un cadre de règlement de différends
rapide afin de limiter les délais de paiement pour tous les projets, permettre
l'accès aux marchés publics au plus grand nombre d'entreprises en limitant le
regroupement des >projets, surtout en région, harmoniser les pratiques
contractuelles de l'ensemble des donneurs d'ouvrage publics en donnant plus de
pouvoirs à l'Autorité des marchés publics à cet égard, et d'accompagner les entrepreneurs
en matière de développement technologique en diffusant les choix des donneurs
d'ouvrage publics, et permettre aux entreprises du Québec d'acquérir et de
maîtriser ces technologies.
C'est dans ce contexte que l'ACQ suggère
aux membres de la Commission des finances publiques d'amender le projet de loi n° 66 afin de tenir compte de ces recommandations. Merci de
votre attention, et je cède maintenant la parole à Me Hamel.
M. Hamel (Pierre) :
Merci, M. Arbour. Alors, M. le Président, Mme la ministre, membres de la
commission, la semaine dernière, un court sondage a été effectué auprès de nos
entrepreneurs membres de différents comités, tous actifs dans le secteur
institutionnel, afin de connaître leurs préoccupations pour la prochaine année.
Partout au Québec, les réponses sont les mêmes : délais de paiement,
pénurie de main-d'oeuvre, coût des matériaux et remboursement des impacts de la
COVID.
Et ils ont raison d'être inquiets, les appels
d'offres en cours actuellement illustrent comment seront traitées les demandes
de paiement. Selon les termes employés dans les documents mêmes de ces appels
d'offres, ils seront payés, par exemple, «dans les 30 jours suivant son
acceptation de la facture», alors qu'aucun délai n'est prévu pour l'acceptation
de la facture, ou encore «le gestionnaire de projet règle normalement toute
demande de paiement de l'entrepreneur dans les 60 jours qui suivent la date de
la fin de la période», ou même, «après vérification, le propriétaire règle normalement
les demandes de paiement de l'entrepreneur dans les 30 jours»... «dans les 35
jours, dis-je, qui suivent la date de la fin de la période», alors qu'aucun
délai n'est prévu pour cette vérification et certaines exigences font en sorte
que les retards de paiement sont inévitables.
Pour ce qui est du coût des matériaux, des
impacts éventuels de la COVID, ils ont également raison d'être inquiets. Les
rédacteurs de devis semblent s'entendre sur des formulations telles que «les
conditions climatiques, la pénurie de main-d'oeuvre ou de matériaux ne seront
pas considérées comme des causes de prolongation du délai d'exécution», ou
encore, un autre exemple, «le prestataire de services renonce à invoquer la
COVID-19 auprès de l'organisme public comme constituant un cas de force majeure,
il accepte d'assumer les coûts directs et indirects en découlant». Pour ce qui
est de la pénurie de la main-d'oeuvre, bien que la situation particulière que
l'on vit semble à première vue changer la donne, trouver de la main-d'oeuvre
qualifiée demeure toujours un enjeu pour nos entrepreneurs.
Mais, aujourd'hui, le gouvernement a l'occasion
de lancer un signal clair. Le temps des projets pilotes est terminé, passons à l'adoption
d'une loi-cadre en matière de paiements pour tous les projets de construction
au Québec. L'industrie ne souhaite certainement pas un autre cinq ans de projets
pilotes, et la mise en place devrait se faire de façon <relativement...
M. Hamel (Pierre) :
...de lancer un signal clair. Le temps des
projets pilotes est terminé,
passons à
l'adoption d'une loi-cadre
en matière de paiements pour
tous les projets de construction au
Québec.
L'industrie ne
souhaite
certainement pas un autre cinq ans de
projets pilotes, et
la mise en place devrait se faire
de façon >relativement simple,
puisque plusieurs donneurs d'ouvrage apparaissant aux projets écrits à l'annexe
I réalisent déjà plusieurs projets pilotes actuellement en cours. Voilà notre
principale recommandation, et, selon nous, c'est de loin la plus importante. Pour
le reste, j'invite les membres de la commission à consulter notre mémoire et je
vous remercie pour votre attention.
Le Président (M. Simard) :
Alors, messieurs, merci à vous deux. Je cède immédiatement la parole à Mme la
ministre.
Mme LeBel : Oui, merci, M. le
Président. Merci, messieurs. Merci, M. Hamel. On se connaît déjà, on a eu
l'occasion de travailler ensemble, là. Vous avez représenté l'ACQ devant la
commission d'enquête, donc je connais toujours le sérieux de vos démarches et
de vos recommandations. Donc, elles sont prises avec beaucoup de sérieux, vous
le comprendrez, mais elles ne pourront pas toutes être adressées dans le projet
de loi n° 66, naturellement, et je pense que c'est important pour moi de
mettre la table, j'ai toujours travaillé de cette façon-là. On peut faire des
améliorations aux processus qui sont prévus dans le projet de loi n° 66,
donc on peut en discuter, naturellement, mais j'ai bien compris, là.
<Peut-être... >Je vais
peut-être vous demander d'élaborer un peu plus, parce que vous n'avez quand
même pas pris tout votre temps, mais de m'expliquer un peu plus. Même si je
pense que ce n'est peut-être pas dans le projet de loi n° 66 qu'on pourra
régler cette situation-là, ça m'intéresse pour la suite des travaux, parce que<'on
va... je l'ai annoncé d'entrée de jeu, ce matin, on est en train de
regarder avec beaucoup de sérieux la loi sur les contrats publics, la loi sur
l'autorité des marchés... l'AMP, pardon, donc de voir comment on peut y
apporter des améliorations. Vous parlez de donner plus de pouvoirs à l'AMP.
Vous parlez de peut-être regarder aussi les clauses qui se font dans les appels
d'offres, parce que, là, on est vraiment au niveau contractuel, de quelle façon
les clauses sont rédigées.
Donc, ça m'intéresse, peut-être, que vous
me donniez un peu plus d'exemples concrets. Vous avez dit, bon, beaucoup de
donneurs d'ouvrage mettent des clauses qui sont difficiles pour les
entrepreneurs dans ces temps de pandémie. Peut-être me donner un exemple
concret, un type d'appel d'offres, et pour quel type de construction, et quel
est l'impact que ça a sur vos membres, à ce moment-là, pour me permettre
d'avoir peut-être une compréhension plus globale, là, de la situation, là.
M. Hamel (Pierre) :
M. le Président, donc, essentiellement, on a donné une série d'exemples en
annexe à notre...
Mme LeBel : Dans votre
mémoire?
M. Hamel (Pierre) :Notre mémoire, là, effectivement, qui sont tous des projets qui
sont du secteur institutionnel, qui ne sont manifestement pas dans l'annexe I,
mais que c'est le genre de projets qui pourraient être prêtés. Et ça fait en
sorte qu'essentiellement l'Autorité des marchés publics actuellement a un
pouvoir en matière de cadre normatif. Le cadre normatif, c'est la façon dont
l'appel d'offres est fait, c'est le mode d'adjudication. Est-ce que les
dispositions ont été adoptées, et, un peu plus large, c'est est-ce qu'il y a
concurrence, hein, est-ce qu'on a permis aux entrepreneurs d'être
concurrentiels et que les conditions qui permettent l'appel <d'offres...
M. Hamel (Pierre) :
...
c'est le mode d'adjudication. Est-ce que les dispositions ont été
adoptées, et, un peu plus large, c'est est-ce qu'il y a concurrence, hein,
est-ce qu'on a permis aux entrepreneurs d'être concurrentiels et que les
conditions qui permettent l'appel >d'offres permettent la concurrence?
Nous, on veut aller un pas plus loin, parce
qu'il n'y a personne au Québec qui harmonise les conditions contractuelles, qui
sont tout aussi importantes et <qui peuvent avoir des... >qui
peuvent causer des dommages importants aux entrepreneurs ou, en tout cas, à la
responsabilité qu'ils assument sans le savoir. Il y a beaucoup de clauses, dans
les contrats, et il y a en quelques-unes, là… on n'a pas tout sorti les
clauses, on a juste pris celles relativement au délai de paiement et celles
relativement à la clause de la COVID, mais il y a toutes sortes de clauses qui
déchargent l'entière responsabilité des professionnels, des donneurs d'ouvrage
sur l'épaule des entrepreneurs, qui, eux autres, pour travailler,
soumissionnent et s'aperçoivent, là, que les clauses sont débalancées.
Et il y avait un travail très intéressant
qui avait été débuté par le Secrétariat du Conseil du trésor sur la question,
O.K., le programme Passeport Entreprises, qui a été entamé en 2015 et à l'égard
duquel il y a certaines balises, les exigences contractuelles en construction
qui devraient être respectées dans les différents devis.
• (15 h 50) •
Donc, le fait qu'une commission scolaire,
une université, le MTQ, la SQI, un hôpital ont à peu près des... ont des clauses
tout à fait différentes, qui varient quant au délai de paiement, quant à la
façon de payer, quant au mode d'attribution, le mode d'attribution, par
exemple, de choix d'équipement ou, etc., donc, ça varie énormément d'une à
l'autre et, dans plusieurs cas, c'est uniquement à l'avantage du donneur
d'ouvrage.
Alors, nous, on se retrouve dans la
situation où on demande que tout l'ensemble des projets soit couvert par les
dispositions de l'arrêté ministériel, mais, si on ne les a pas, c'est-à-dire,
si on n'a pas déjà la protection de l'arrêté ministériel, c'est-à-dire les
clauses qui sont reliées au paiement, la façon de les demander et les
règlements des différends, bien, on se retrouve dans la situation où on a
juste, comme cadre contractuel, le Règlement sur les contrats de construction
des organismes publics, et l'AMP peut juste intervenir dans le cadre normatif,
il ne peut pas aller dans le cadre contractuel.
Nous autres, on pense que la réflexion
devrait aller un peu plus loin et devrait, à tout le moins, permettre l'analyse
de ces clauses-là et permettre d'intervenir si elles ne doivent pas être
incluses à ces contrats-là.
Mme LeBel : O.K. Est-ce
que vous <avez...
M. Hamel (Pierre) :
...
on pense que la réflexion devrait aller un peu plus loin et devrait,
à tout le moins, permettre l'analyse de ces clauses-là et permettre
d'intervenir si elles ne doivent pas être incluses à ces contrats-là.
Mme LeBel : O.K.
Est-ce que vous >avez... vous n'avez pas... est-ce que vous avez… je
suis convaincue que vous l'avez fait, là, mais… Les pouvoirs, présentement,
additionnels qui sont attribués à l'AMP dans le cadre du projet de loi n° 66,
pouvoirs qui ne sont disponibles pour l'AMP que pour les projets de la liste en
annexe, les 181 projets, est-ce que vous considérez que ces pouvoirs-là
répondent en partie à ce que vous venez de mentionner sur ce que l'AMP devrait
faire?
Parce que je dois avouer, Me Hamel,
qu'il est difficile pour moi de comprendre comment l'AMP pourra se mêler de l'uniformisation
des clauses contractuelles. On parle de contrats entre deux parties. Je peux
comprendre que vous ayez des demandes et qu'il faut faire un chantier là-dessus.
D'ailleurs, dans ma sous-question, ça va être, <de >peut-être,
d'élaborer un peu plus sur ce que vous venez de dire, sur les travaux qui
avaient été entrepris par le Secrétariat du Conseil du trésor, ça m'intéresse,
et peut-être de m'expliquer qu'est-ce qu'il en est advenu, de ces travaux-là,
pour voir comment on peut effectivement, peut-être, uniformiser les clauses
dans les contrats de construction pour permettre à plus d'entrepreneurs d'y
répondre, de ne pas non plus toujours favoriser les mêmes joueurs. Je pense que
c'est un des objectifs d'intégrité des marchés publics que je partage.
Maintenant, ça va demander, je pense, des
consultations, à tout le moins, des discussions qui sont plus élargies que les
objectifs du projet de loi n° 66, là, qui intervient sur quatre processus,
je l'ai bien mentionné, expropriation, domaine de l'État, urbanisme, etc., et
les autorisations environnementales, mais peut-être me donner un peu plus de
contexte là-dessus, puis je reviendrai avec mon autre question sur le projet
pilote sur le devancement des paiements, là.
M. Hamel (Pierre) :
Essentiellement, les nouvelles dispositions de l'Autorité des marchés publics
favorisent nécessairement l'intervention de l'Autorité des marchés publics.
Elles donnent plus de mordant dans, je dirais, les éléments ou les secteurs où
elle a déjà juridiction, ou elle pourrait l'avoir.
Pour ce qui est des conditions
contractuelles, ça ne change rien. Ça ne change strictement rien parce qu'elle
est toujours limitée au cadre normatif comme tel. Ce qui pourrait changer
quelque chose, par exemple, c'est si les délais de paiement ou le processus de
délai de paiement, avec le processus de comment on demande ce paiement-là et le
règlement des différends, était adopté. Là, ça devient un cadre normatif, et,
en plus, on a l'Autorité des marchés publics qui pourrait vérifier
l'application de ces dispositions. Là, ça devient intéressant, mais, pour
l'instant, on ne l'a pas. Ce qu'on a, c'est qu'on a essentiellement la
possibilité d'avoir des délais de paiement rapides sur des projets de moins de
20 millions, qu'on ne peut pas identifier actuellement dans
l'annexe I. On n'est pas en mesure de le faire.
Ce qu'on dit, c'est que, si on n'est pas
capable, si le gouvernement n'est pas en mesure d'adopter une disposition pour <couvrir...
M. Hamel (Pierre) :
...
d'avoir des délais de paiement rapides sur des projets de moins de
20 millions, qu'on ne peut pas identifier actuellement dans
l'annexe I. On n'est pas en mesure de le faire.
Ce qu'on dit, c'est que, si on n'est
pas capable, si le gouvernement n'est pas en mesure d'adopter une disposition
pour >couvrir l'ensemble des projets, bien, les projets de moins de plus
de 20 millions, eux autres, au moins, on pourrait regarder la nature des
exigences contractuelles qu'on leur demande, pour ne pas que ce soit
complètement déséquilibré et que ça permette aux entrepreneurs... ou que ça
mette les entrepreneurs dans une situation qui ne devrait pas être sur le plan
de l'équité contractuelle.
Le travail de Passeport Entreprises, ce
qui est intéressant, c'est que les donneurs d'ouvrage — et là je
parle des donneurs d'ouvrage institutionnels, donc la SQI, les ministères, le
ministère des Transports, les universités, les commissions scolaires, même le
MAMH était présent — on a eu des discussions, l'industrie évidemment
aussi, pour tenter de développer des balises à l'égard des exigences et des
critères contractuels en construction, tant au niveau des contrats reliés à
l'exécution, comme ceux dont on parle, actuellement, et également avec les
professionnels. Et ça a donné une série de balises, qui sont actuellement entre
les mains, là, de votre ministère et qui, déjà, parlent d'équité et d'équilibre
dans le transfert de responsabilités d'une partie à l'autre dans le cadre d'un
contrat. Donc, c'est un principe de base que tout le monde adopte, et il serait
important, pour nous, qu'il soit mis en place.
Si on nous demande, dans l'industrie de la
construction, d'assumer les frais présents, passés et futurs de la COVID, si on
nous demande d'accepter un tas de risques, nous, on pense sincèrement que ce
serait une bonne chose que, d'un autre côté, les donneurs d'ouvrage paient aux
30 jours, de façon équitable ou de façon régulière, selon les dispositions de
l'arrêté ministériel.
Mme LeBel : Je vais vous
amener peut-être… bien, peut-être, première sous-question, parce que je veux
vous amener effectivement sur le projet pilote qui a cours actuellement puis
qu'on va étendre aux projets de 20 millions et moins, là, qui se
retrouvent à la liste, mais, avant ça, comment est-ce que vos membres reçoivent
les nouveaux pouvoirs de l'AMP? Parce que vous savez que, maintenant, l'AMP va
avoir des pouvoirs de contraindre. Elle va pouvoir examiner également les
sous-contrats, <qui n'était pas... >qui n'est pas habituel dans
ses pouvoirs réguliers, si je peux le dire, comme tel. Elle va avoir un pouvoir
de contraindre vos entrepreneurs à fournir de la documentation, ce qui n'est
pas le cas. <Est-ce que... >Comment ça a été reçu, ça, par vos
membres, ces nouveaux pouvoirs là?
M. Hamel (Pierre) :
On n'a pas eu de commentaires par rapport à ça, pour être honnête, là.
L'élément fondamental de nos entrepreneurs et le message, c'est : On veut
être payés, on veut être payés dans les délais. C'est important. On a de la
difficulté. On est obligés d'emprunter quand on n'a pas nos paiements. On est
obligés d'emprunter pour nos <retenues...
M. Hamel (Pierre) :
...
commentaires par rapport à ça, pour être honnête, là. L'élément
fondamental de nos entrepreneurs et le message, c'est : On veut être
payés, on veut être payés dans les délais. C'est important. On a de la
difficulté. On est obligés d'emprunter quand on n'a pas nos paiements. On est
obligés d'emprunter pour nos >retenues. Il y a un entrepreneur qui nous
disait : Bien là, j'ai 500 000 $, là, il faut que j'emprunte
100 000 $ puis j'attends mon 500 000 $. Ce n'est pas un
énorme entrepreneur, c'est un moyen entrepreneur, comme les entrepreneurs ici.
Alors, c'est ça, ils sont tellement préoccupés par ça, Mme la ministre, que
l'Autorité des marchés publics, ils commencent à maîtriser ce que c'est, avoir
à faire des plaintes, actuellement, ils maîtrisent ces éléments-là, mais, pour
l'instant, <ils sont plus... >leur attention est vraiment
focalisée sur les paiements.
Mme LeBel : O.K. Le
projet pilote, particulièrement, a ce mécanisme de règlement des différends.
Est-ce que c'est un mécanisme qui est utilisé beaucoup par vos gens? Parce que,
moi, les échos que j'en ai, c'est qu'il <n'a pas été... il >est
disponible pour les dossiers du projet pilote, mais il n'a pas été tant utilisé
que ça. Est-ce que c'est un mécanisme qui est satisfaisant, qui est suffisant,
ou est-ce qu'il faut quand même le réfléchir? Le projet pilote se termine
peut-être dans un an, un an et demi, d'après moi. On aura les résultats par la
suite et là on pourra voir comment on rend de façon plus pérenne ces mesures-là,
mais <est-ce que >ce mécanisme-là, entre autres, que vous demandez
dans vos notes, et celui du projet pilote, est-ce que c'est quelque chose qui
fonctionne selon vous, qui est adéquat?
M. Hamel (Pierre) :
Écoutez, <il y a... >effectivement , là, il y a beaucoup de
sous-questions dans votre sous-question, là. Je vais vous dire,
essentiellement, les entrepreneurs qui ont travaillé sur des projets pilotes
adorent ça. Les règles sont claires. Les paiements arrivent de façon
prévisible. Et, s'il y a une problématique, le spectre de l'intervenant
décideur est au-dessus à la fois du donneur d'ouvrage et aussi à la fois de
l'entrepreneur. Alors, l'entrepreneur qui prend... qui veut... qui a un recours
ou qui pense qu'il a un recours, qui a une réclamation, s'il ne la fait pas
dans le cadre du projet pilote, il la perd. Donc, il doit décider d'ores et
déjà si sa réclamation, il va la présenter devant un intervenant expert. Ça, c'est
important.
En d'autres termes, durant l'exécution du
projet, le fait qu'on va régler les problèmes très rapidement, ça fait en sorte
qu'il y en a moins, de problèmes, ou les problèmes se règlent au fur et à mesure.
Ça, c'est le témoignage qu'on en a eu. Alors, cette présence-là, elle est très
importante.
• (16 heures) •
L'expérience ontarienne, dont on parle
également dans le mémoire, c'est la même chose. Ce n'est pas parti en fusée,
mais il y a plusieurs... il y a une trentaine de projets, il y a une trentaine
de demandes d'intervention qui ont été faites et il y a eu seulement trois
décisions... (panne de son) …mais l'ensemble des autres réclamations se sont
réglées au moment du projet et n'ont pas... (panne de son) …après en Cour
supérieure. C'est ça, la beauté. On règle le problème là, on passe à une autre
question. Et...
16 h (version révisée)
M. Hamel (Pierre) :
...d'intervention qui ont été faites et il y a eu seulement trois décisions
comme telles. Mais l'ensemble des autres réclamations se sont réglées au moment
du projet et non pas après, en Cour supérieure. C'est ça, la beauté : on
règle le problème là, on passe à une autre question. Et ce qui est intéressant
avec ce programme-là — et je suis avocat et je le dis — la
procédure, c'est qu'elle se fait sans la présence des avocats. Alors, vous
voyez, là, c'est très particulier, mais c'est très conforme à la volonté des entrepreneurs
et à la façon dont ils pensent. On a un projet, on veut le réaliser. On a un
problème, on le règle immédiatement et après on passe à autre chose.
Mme LeBel : Merci, M. Hamel.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci, Me Hamel. Avant de céder la parole au député de La Pinière,
je souhaite demander aux collègues dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques. M. le député de La Pinière,
vous avez 10 minutes.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Bien, je ne reviendrai pas sur le dernier commentaire presque
humoristique qui nous a fait rire quand même, mais convivialement.
Me Hamel, M. Arbour, d'abord, évidemment,
bienvenue. Me Hamel, et je pense que, M. Arbour, là, vous parlez d'une même
voix, là, je pense que ça ne peut pas être plus clair, vous l'avez dit comme
ça, là, votre enjeu numéro un, c'est le projet pilote que vous voulez avoir
pérenne. Bon. Pouvez-vous, dans votre expérience... Parce que je ne peux pas
vous poser la question autrement parce que je n'ai même pas un indice de
réponse, puis c'est ça que je cherche. <Est-ce que... >Sur quoi se
base, d'après vous, la limite du 20 millions? On peut poser la question
différemment : Si on la fait sauter, ça pose-tu un problème? Vous, dans
votre expérience, là, ou dans les choses que vous avez entendues, ou les choses
que vous avez discutées peut-être avec les fonctionnaires du gouvernement, là,
sans citer personne, c'est quoi, cette limite-là? Elle sert à quoi? Quand on
met une limite, c'est parce que, quand on la dépasse, il y a un risque, un
danger, un problème, ou le système s'effondre, je ne sais pas. Comment vous
voyez ça?
Parce que, moi, je suis de votre bord, là.
Quand les constructeurs sont venus sur 61, ils ont été limpides, vous avez été
limpides, les autres ont été limpides. Même les maires étaient contents de ça.
Ce n'est pas rien. Les payeurs et les receveurs, tout le monde était content de
cette affaire-là.
Alors, c'est quoi, votre lecture de la
limite du 20 millions, que, en passant, nous allons tout faire pour faire
sauter? À moins qu'on nous fasse la démonstration que ça pose un problème. Vous
êtes le mieux placé pour nous... de discourir là-dessus, là.
M. Hamel (Pierre) :
Écoutez, sincèrement, M. le Président, si vous permettez, sincèrement, on n'a
pas d'explication sur cette question-là. Nous, on travaille depuis presque sept
ans, si ce n'est pas huit ans, à faire reconnaître ces principes-là. On a une
belle collaboration évidemment du Secrétariat du Conseil du trésor. Ça va bien.
Et on était certains que les projets pilotes ou le... comment je dirais, donc, <le...
M. Hamel (Pierre) :
...depuis
presque sept ans, si ce n'est pas huit ans, à faire
reconnaître ces principes-là. On a une belle collaboration évidemment du
Secrétariat du Conseil du trésor. Ça va bien. Et on était certains que les
projets pilotes ou le... comment je dirais, donc, >le... l'avancement
des projets aurait constitué une belle rampe de lancement pour adopter une
loi-cadre comme telle. Évidemment, les impératifs qui ont amené le gouvernement
à faire ça ne nous ont pas été soumis, donc je ne peux pas répondre à la place
du gouvernement. Mais nous, on ne s'attendait pas à ce type de limitation. 20 millions,
ce n'est pas des gros projets, là, en 2020, là. 20 millions, c'est des
écoles primaires, j'ai l'impression, sûrement pas des écoles... sûrement pas
des polyvalentes, sûrement pas des hôpitaux, sûrement pas des... qui demandent
de l'équipement spécialisé. Vous voyez un peu ce que je veux dire, là. Je ne
suis pas un expert, là, dans la construction comme telle, au niveau de l'estimation,
mais essentiellement c'est assez limitatif.
M. Barrette : Je suis d'accord
avec vous, là. Je peux… Je ne prétends pas avoir l'expertise de tout, là, même
dans la voirie, là. C'est des projets qui sont substantiels. En santé, moi, je
peux vous dire, là, à 400 000 $ la chambre en CHSLD, là, vous arrivez
vite aux 20 millions, évidemment. Puis les autres projets de santé sont
tous au-dessus de 20 millions. Les écoles, je suis d'accord avec vous. Ça
fait que la majorité des projets sont au-dessus de 20 millions. Mais,
sans répondre pour le gouvernement, vous, vous ne voyez pas d'obstacles
administratifs, là… Je ne vois pas quel autre obstacle, je ne le vois pas. Mais
vous, sur le plan… sur le terrain, là, appliquer à un projet de
30 millions, vous ne voyez pas le problème comme tel? Puis ce n'est pas
une question de répondre à la place du gouvernement. C'est que si, vous, vous
voyez qu'au-dessus de 20 millions, ça va être trop lourd, ça va être trop
ci, trop ça, vous êtes quand même plus en mesure que moi de le voir. Mais vous
ne voyez pas ça.
M. Hamel (Pierre) :
Non, non, non. D'ailleurs, en Ontario, c'est tous les projets publics, les
projets municipaux et les projets privés qui sont couverts par la loi. Ce qui
est… en termes de grosseur, en termes d'importance de projet, ce qui est
peut-être plus, je dirais, délicat, c'est l'accès aux marchés publics. Alors,
si vous avez quelques projets qui sont mis ensemble, qui sont regroupés pour
avoir un plus gros projet, bien là les entrepreneurs ont moins accès à ces
projets-là, là. Ce n'est pas en termes de gestion, mais c'est en termes d'accès
aux marchés publics, c'est-à-dire avec les entrepreneurs plus petits, surtout
en région, qui se retrouvent dans une situation plus difficile.
M. Barrette : O.K. Là, je vais
y aller en rafale parce que j'approche de la moitié de mon temps puis il y a
plusieurs autres sujets que je voudrais aborder à propos de vos
recommandations. <Vous… >Dans une certaine mesure, quand vous avez
parlé d'harmonisation des contrats, je comprends ce que vous voulez dire. Je
pense que c'est faisable. Alors, là-dessus, je serais sur la même page que
vous.
Dans votre documentation, vous m'avez...
en fait, pas dans votre documentation, dans vos propos introductifs, là, vous
avez dit une affaire, là, qui est bien importante, parce que je l'ai évoquée à
plusieurs reprises, qui est la flambée des <prix…
M. Barrette : ...je
comprends ce que vous voulez dire.
Je pense que c'est faisable. Alors,
là-dessus, je serais sur la même page que vous.
Dans votre documentation, vous
m'avez... en fait, pas dans votre documentation, dans vos propos introductifs,
là, vous avez dit une affaire, là, qui est bien importante, parce que je l'ai
évoquée à plusieurs reprises, qui est la flambée des >prix. Elle est là,
la flambée des prix, là. Puis elle est là partout au Québec, là. Est-ce qu'on
s'entend là-dessus?
M. Hamel (Pierre) :
Elle est là partout au Canada.
M. Barrette : Parfait.
M. Hamel (Pierre) :
Elle est... C'est un problème majeur.
M. Barrette : Et, en moyenne,
là, les projets, là, «ballpark», là — je ne vous demande pas quelque
chose sur laquelle je vais me débattre puis vous citer à la virgule, là — on
est dans des augmentations de quel ordre, là?
M. Hamel (Pierre) :
Ah! je ne serais pas en mesure de déterminer parce que ça dépend de la
nature...
M. Barrette : Même pas?
M. Hamel (Pierre) :
Non, je ne suis pas... sincèrement, je ne pense pas que ça avancerait
terriblement le débat. Mais, si on peut, on peut tenter de faire des analyses puis vous les transmettre à la commission, là.
M. Barrette : Ça avance
d'autres débats, par exemple.
M. Hamel (Pierre) :
Non, je comprends. Mais je peux m'engager auprès de la
commission, comme je l'avais fait, pour vous dire qu'on peut regarder ce qu'il
en est, mais là je ne peux pas vous répondre, malheureusement.
M. Barrette :
Très bien. Mais c'est au moins 50 %, là, dans la plupart des projets
là. Êtes-vous d'accord avec ça?
M. Hamel (Pierre) :
En termes de délai de retard à cause du manque de main-d'oeuvre dans plusieurs
projets, ça va aller à 50 %.
M. Barrette : Regardez, je
vais vous... il y a un élément avec lequel je ne suis pas d'accord dans votre
mémoire puis là j'aimerais en discuter avec vous, là. Vous mentionnez que
l'allotissement des projets peut amener un coût inférieur. Bien, je vais vous
citer le cas du Centre mère-enfant à Sherbrooke, qui est le cas que j'adore
mentionner parce que le projet a été arrêté à cause de ça, parce que, non
alloti, il coûtait plus cher. Et puis lorsqu'ils l'ont alloti deux ans plus
tard, ça coûte presque le double. Alors, moi, je ne suis pas convaincu d'aucune
manière que l'allotissement peut générer des coûts moindres pour un projet, là.
Il va falloir que vous me fassiez ce dessin-là. Pouvez-vous m'en faire un
rapidement comme en 30 secondes, là?
M. Hamel (Pierre) :
Bien, le dessin que je peux vous faire, c'est que, désallotir un projet qui est
en soi uniforme, c'est une chose, mais prendre plusieurs petits projets puis
les mettre ensemble pour faire un gros projet, ce n'est pas nécessairement un
succès ou une garantie qu'on va payer moins.
En d'autres termes, si on a un centre
hospitalier à construire et qu'on le découpe en petits morceaux, peut-être que
ça va coûter plus cher, mais je ne suis pas certain qu'on va faire des... On va
sauver de l'argent si on prend quatre CHSLD qui... un à Alma, l'autre à
Jonquière, l'autre à Chicoutimi, puis là où... maintenant ville Saguenay, bien,
chacun des secteurs, là on va sauver de l'argent parce qu'on les fait faire,
les quatre, par la même personne. Ça, c'est...
M. Barrette : Oui. Vous n'êtes
pas convaincu de ça, hein?
M. Hamel (Pierre) :
Non.
M. Barrette : Vous avez bien
raison. Ce matin... parce que, là, le temps passe, je n'aurai pas le temps de
tout aborder, ce matin, la Fédération des chambres de commerce sont venues nous
parler de mobilité de personnel. Êtes-vous en faveur de ça?
M. Hamel (Pierre) :
Oui.
M. Barrette : Parce que, quand
on parle de mobilité de personnel, là, ça, ça veut dire... Parce que ce cas de
figure là, il y en a plein, là. Ça veut dire que l'entrepreneur de la grande
ville va débarquer dans l'entrepreneur du village ou de la petite ville, pas
trop loin de la grande ville, puis il va arriver avec son monde, puis les
petits entrepreneurs <locaux...
M. Barrette : ...
parce
que, quand on parle de mobilité de personnel, là, ça, ça veut dire... Parce que
ce cas de figure là, il y en a plein, là. Ça veut dire que l'entrepreneur de la
grande ville va débarquer dans l'entrepreneur du village ou de la petite ville,
pas trop loin de la grande ville, puis il va arriver avec son monde, puis les
petits entrepreneurs >locaux, Noël ne passera pas chez eux, là. Vous ne
trouvez pas que, là, il y a un enjeu, là?
• (16 h 10) •
M. Hamel (Pierre) :
Non. Je pense que, là, on a une espèce de... On fait un raccourci, là, parce
qu'un entrepreneur qui s'en va travailler en région, il n'a pas de chambres et
pension à payer quand il utilise les employés de la région, les salariés de la
région.
Puis, l'autre élément, je peux vous dire
qu'il y a bien des travailleurs qui ne veulent plus travailler à Montréal. On a
bien plus de difficultés à trouver des employés à Montréal que les trouver en
région.
M. Barrette : O.K.
Intéressant. Là, c'est vraiment la dernière question. Il me reste une minute
seulement, là.
Le Président (M. Simard) : Une
minute, cher collègue.
M. Barrette : Alors, une
question simple. Écoutez, là, elle a l'air simple, mais elle a plein de
ramifications. Tout le monde qui se présente ici critique le fait que les
contrats ne traitent pas d'innovation, puis de technologie, puis de qualité, et
ainsi de suite. Voulez-vous bien me dire pourquoi ce n'est pas déjà dans nos
appels d'offres? Il n'y a rien qui empêche le donneur d'ouvrage de dire :
Je veux tel niveau de qualité, tel type de ciment, tel style de ci, tel type de
ça. On ne le fait pas.
Actuellement, on peut faire ça. Quand vous
réclamez ça, en réalité, vous critiquez le fait que le gouvernement... ce n'est
pas que c'est le prix le plus bas, c'est qu'on écrit les devis pour ne pas
dépenser trop. Mais il n'y a rien qui empêche un devis de prendre en considération
ce que vous souhaitez.
M. Hamel (Pierre) :
Écoutez, nous, on ne fait pas cette pratique-là au gouvernement. Ce qu'on dit
au gouvernement, c'est : Faites-en, de l'innovation, mais avisez-nous de
quelle façon vous voulez l'aborder pour qu'on soit prêts à la réaliser puis
qu'il y ait le plus de nos membres qui puissent les réaliser.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci, Me Hamel. Je cède maintenant la parole au député de Rosemont pour
une période de 2 min 30 s.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. M. Arbour, Me Hamel. On sent la passion, d'ailleurs, Me Hamel, ne
serait-ce que dans le mouvement, l'oscillement de votre tête. On sent la
passion dans vos commentaires. Je comprends et je suis d'accord avec vous que,
quand on fait un travail, on veut être payés, puis on veut être payés dans un
délai raisonnable et pour ce que l'on a fait, là. C'est un principe assez
simple et assez louable.
Par contre, à la page 9, vous... pages 8
et 9, dans la gestion des liquidités, vous vous livrez à une règle de trois à
laquelle... par laquelle vous concluez : «Nous devrions nous attendre à ce
que les entrepreneurs soient privés de près de 7,5 milliards, soit
15 % des 50 milliards annoncés de liquidités pour la réalisation des
seuls 181 projets prévus.» Ça, quand on lit ça vite, là, on a l'impression
que vous allez vous faire avoir de 7,5 milliards. On parle d'un délai de
paiement ici, là.
M. Hamel (Pierre) :
Absolument. On parle d'un <délai...
M. Marissal : ...soit 15 %
des 50 milliards annoncés de liquidités pour la réalisation des seuls
181 projets prévus.» Ça, quand on lit ça vite, là, on a l'impression que
vous allez vous faire avoir de 7,5 milliards. On parle d'un délai de
paiement ici, là.
M. Hamel (Pierre) :
Absolument. On parle d'un >délai... on parle d'un délai de paiement. C'est-à-dire
que, pendant une période de temps, je n'aurai pas accès à 7,5 milliards et
je devrai les financer autrement, parce que les banques financent juste les
recevables de 90 jours et moins, parce que... Vous comprenez? Alors, moi, là, j'ai
un manque à gagner de 7 milliards dans mes opérations pour l'ensemble... Bien,
ça, c'est pour toute la... Et je parle juste pour 50 milliards. Je ne
parle pas des municipalités, je ne parle pas des organismes municipaux, je ne
parle pas...
Alors, vous comprenez, là, c'est qu'on se
retrouve dans une situation où cet argent-là, que je pourrais mettre dans
l'innovation, dans le développement de mon entreprise, bien, je l'attends. Puis,
quand je ne l'ai pas, je l'emprunte.
M. Marissal : Très bien. Je
pense que j'ai le temps pour une dernière, là, rapidement. Vous semblez vous
plaindre de certaines... certaines directives un peu... ou normes un peu
tatillonnes, là, dans les contrats, mais c'est aussi normal pour le donneur
d'ouvrage que d'avoir des exigences envers son contracteur, là.
M. Hamel (Pierre) :Absolument.
M. Marissal : Quelles sont ces
exigences minimales?
Le Président (M. Simard) :
Succinctement, s'il vous plaît.
M. Hamel (Pierre) :
Bien, les exigences, c'est la qualité du travail, le travail bien fait, réalisé
et réalisé dans les temps. Et il faudrait nous donner des plans et devis
complets et nous payer dans les délais. Ça, ça serait un monde extraordinaire.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, Me Hamel. Je cède maintenant la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci, Me
Hamel, M. Arbour. Bon, vous êtes beaucoup sur les délais de paiement. La
prévisibilité, je comprends ça et je partage vos préoccupations. Vous êtes sur
le terrain, là, vous êtes des entreprises de construction. J'aimerais ça,
savoir comment vous pouvez nous résumer, dans vos mots, selon votre expérience,
les fameux délais, la longueur, là, les délais reliés aux normes ou aux
procédures environnementales.
M. Hamel (Pierre) :
Écoutez, à ce niveau-là, les normes environnementales sont en amont de nos
projets. Dans l'institutionnel, dans le commercial, lorsque toutes ces
procédures-là sont faites, lorsque l'expropriation est complétée, le projet
apparaît pour nous, et là on soumissionne. On n'est pas en mesure de commenter
ces aspects-là. C'est pour ça qu'on n'en parle pas dans notre mémoire, parce
que c'est vraiment des problématiques du donneur d'ouvrage. Et nous,
techniquement, il faut que les choses soient réglées avant que l'appel d'offres
ne soit mis en en... Alors, je ne suis pas en mesure vraiment de commenter.
M. Gaudreault : O.K. Ce
que je comprends de vos recommandations, il y a beaucoup de ces
recommandations-là, dans le fond, qui sont applicables sans modifier le projet
de loi, parce que vous faites référence au projet pilote qui passe par le
règlement 8.01. <Il y a...
M. Hamel (Pierre) :
...soit mis en en... Alors, je ne suis pas en mesure
vraiment de
commenter.
M. Gaudreault : O.K.
Ce que je comprends de vos recommandations, il y a beaucoup de ces
recommandations-là, dans le fond, qui sont applicables sans modifier le projet
de loi, parce que vous faites référence au projet pilote qui passe par le
règlement 8.01. >Il y a beaucoup de choses, autrement dit, qu'on
peut régler pour favoriser les délais de paiement, là, dans le sens que vous
réclamez, sans passer par le projet de loi. Il y a peut-être la recommandation 5,
là, élargir les pouvoirs de l'AMP, je ne sais pas... pour intervenir de façon
préventive. Pouvez-vous nous en parler un peu plus, de ce volet-là?
M. Hamel (Pierre) :
Bien, écoutez, essentiellement, ce qu'on dit, c'est : Permettez à l'Autorité
des marchés publics de pouvoir vérifier l'adjudication ou la façon dont le
contrat est octroyé, la façon dont il est exécuté dans le cadre normatif et le
contenu de la convention pour s'assurer qu'il n'y a pas de clause abusive. Un
pas plus loin. C'est-à-dire le contenu du contrat n'est pas juste ce qui
entoure les règlements, les normes, etc.
M. Gaudreault : C'est bon.
Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le député de Jonquière. M. le député de Chomedey pour
deux minutes.
M. Ouellette : Merci, M. le
Président. Bonjour, Me Hamel, bonjour, M. Arbour. Toujours un plaisir de vous
retrouver. Faire une peu de pouce sur mon collègue de Jonquière parce que, dans
la conversation que vous avez eue avec Mme la ministre tantôt, j'avais
l'impression que le projet de loi n° 66 réglait tous
les problèmes de l'AMP puis donnait tous les pouvoirs d'enquête de l'AMP. Et
vous nous soulevez à la page 13 puis dans votre recommandation 5 que, bien non,
il ne les a pas tous, les pouvoirs d'enquête. Il va aller chercher certaines
choses, mais il y a aussi certaines choses qui manquent. Est-ce que j'ai une
bonne lecture?
M. Hamel (Pierre) :
Absolument. C'est exactement ça. C'est-à-dire qu'on veut aller un petit peu
plus loin puis tenter d'harmoniser les pratiques contractuelles avec une
autorité objective qui regarde les différents contrats pour s'assurer qu'il n'y
ait pas de clause abusive.
M. Ouellette : Et je me
permettrai une dernière petite question, M. le Président. Votre tableau, à
l'annexe I, il parle beaucoup. Mon collègue de La Pinière vous parle des
20 millions. Je vois beaucoup plus de 50, plus de 100, dans cette
chose-là, dans le tableau que vous avez mentionné. Il y a beaucoup de choses en
planification, beaucoup de choses à l'étude. Des fois, il faut se demander :
On a-tu vraiment besoin d'un projet de loi, compte tenu du fait que la machine
n'est pas capable de suivre? Et vous l'avez répété à plusieurs occasions, on a
un manque de main-d'oeuvre partout. Ça fait que je pense que c'est le plein-emploi
en construction.
M. Hamel (Pierre) :
Malheureusement, possiblement. Mais il y a des régions qui souffrent beaucoup,
là, comme la région de la Capitale-Nationale, où il y a une série importante de
projets privés qui sont tombés, cinémas, hôtels, restaurants, centres
commerciaux, qui font en sorte, là, que des entrepreneurs, là, cherchent du
travail, alors que, dans d'autres régions, ils sont très occupés comme tels.
Mais il faut vraiment mettre le gaz sur les projets, c'est important.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci, <Me Hamel...
M. Hamel (Pierre) :
…hôtels, restaurants, centres commerciaux, qui font en sorte, là, que des entrepreneurs,
là, cherchent du travail, alors que, dans d'autres régions, ils sont très
occupés comme tels. Mais il faut vraiment mettre le gaz sur les projets, c'est
important.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci, >Me Hamel. Merci beaucoup. C'est le temps dont nous
disposions, malheureusement. Alors, Me Hamel, M.Arbour, merci beaucoup pour
votre précieuse contribution à nos travaux.
Sur ce, je suspends, mais très rapidement,
nos travaux.
(Suspension de la séance à 16 h 18)
(Reprise à 16 h 20)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, à l'ordre, s'il vous plaît! Je vous rappelle
l'importance d'éteindre, s'il vous plaît, la sonnerie de vos appareils
électroniques.
Ceci étant dit, nous sommes en présence de
représentants de la Coalition contre les retards de
paiement dans la construction. Messieurs, auriez-vous l'amabilité de vous
présenter? Et vous savez que vous disposez d'une période de 10 minutes pour
faire votre présentation.
(Visioconférence)
M. Bilodeau (Marc) : Alors,
bonjour. Mon nom est Marc Bilodeau. Je suis le président de la Fédération
québécoise des associations d'entrepreneurs spécialisés en construction et le
porte-parole de la Coalition contre les retards de paiement. Je suis accompagné
de Me Steve Boulanger. Steve.
M. Boulanger (Steve) : ...
Le Président (M. Simard) :
Nous vous écoutons.
M. Bilodeau (Marc) : Alors, M.
le Président, Mme la ministre, chers membres de la commission, merci à la Commission
des finances publiques de nous donner l'opportunité de présenter nos commentaires
en regard du projet de loi n° 66.
La coalition contre les retards de
paiement dans l'industrie de la construction est un regroupement d'associations
d'entrepreneurs en construction qui a vu le jour à l'automne 2013 et <dont...
M. Bilodeau (Marc) : ...M.
le Président,
Mme la ministre, chers membres de la
commission,
merci à la
Commission des finances publiques de nous donner
l'opportunité
de présenter nos
commentaires en regard du
projet de loi
n° 66.
La coalition contre les retards de
paiement dans
l'industrie de la construction est un
regroupement
d'associations
d'
entrepreneurs en construction qui a vu le jour à l'automne 2013 et
dont >l'objectif est de mettre un terme à l'augmentation injustifiée des
délais de paiement dans ce secteur. Notre intervention, dans le cadre du projet
de loi n° 66, se limitera donc à cet unique aspect.
La coalition représente l'ensemble des entrepreneurs
généraux et spécialisés, lesquels sont impliqués dans toutes les étapes d'un
projet de construction. Ce sont des dizaines de milliers d'entreprises, qui
sont pour la plupart — on parle d'environ 80 % — constituées
de cinq salariés ou moins et qui embauchent plus de 175 000 travailleurs
et travailleuses du Québec. Cette action collective est historique puisque, <c'est...
>pour la première fois, tous les entrepreneurs généraux et spécialisés
du Québec se sont regroupés ensemble pour une même cause, qui transcende toutes
les autres, car elle menace la survie même de toute entreprise, être payée à
temps. Ayant été moi-même entrepreneur pendant plus de 30 ans, je peux en
témoigner, et il me fera plaisir d'échanger avec vous à ce sujet.
Mais je passerais, pour l'instant, la parole
à Me Steve Boulanger pour faire part de la position de notre coalition en
regard du projet de loi n° 66. Merci, M. le
Président.
M. Boulanger (Steve) : Merci,
M. Bilodeau. Chers membres de la commission, j'ai eu le privilège de m'adresser
à vous, il y a quelques mois de cela, dans le cadre des consultations portant
sur le projet de loi n° 61, qui a pavé la voie, en
quelque sorte, au projet de loi actuellement sous étude, et j'avais débuté en
mentionnant : Serait-il possible d'investir et d'injecter
7,2 milliards de dollars dans l'industrie de la construction? Ça peut
paraître farfelu. Ce serait possible. Ça représente le montant d'argent qui est
présentement immobilisé dans les comptes recevables qui datent depuis
30 jours des entrepreneurs en construction au Québec. Cette donnée est
issue d'une étude d'impact sur les délais de paiement réalisée par Raymond
Chabot Grant Thornton en 2015 pour le compte de la coalition.
Donc, dans un contexte économique
difficile comme on connaît, toute réduction des délais de paiement aux
entrepreneurs constitue, en quelque sorte, une aide directe qui est à coût nul
pour le gouvernement et les autres intervenants, et qui donne de l'oxygène aux
entrepreneurs, qui leur permettrait de passer à travers la crise.
Mais j'aurais une autre donnée à vous
soumettre aujourd'hui qui est tout aussi pertinente, sinon plus significative
encore. Puis je ne partirai pas de la perspective des entrepreneurs. Je
partirais de ma perspective, de votre perspective, de la perspective de tous
les contribuables au Québec. Est-ce qu'on pourrait faire, et on fait la
prétention que c'est le cas, une économie au Québec potentielle de 3 à
6,5 milliards de dollars dans le cadre de la réalisation des projets
identifiés au projet de loi? On pourrait le faire. Comment? On pourrait y
revenir plus en détail, mais essentiellement tout simplement en réduisant le
délai de paiement aux entrepreneurs, donc exactement ce que proposait, il y a
cinq ans maintenant, la commission Charbonneau par sa recommandation n° 15.
D'abord, au niveau du principe général du
projet de loi, la coalition salue l'initiative et la volonté du gouvernement de
pallier aux impacts économiques de la COVID-19 en accélérant des <projets...
M. Boulanger (Steve) :
...donc
exactement ce que proposait, il y a cinq ans maintenant, la
commission Charbonneau par sa recommandation
n°
15.
D'abord, au niveau du principe général
du projet de loi, la coalition salue l'initiative et la volonté du gouvernement
de pallier aux impacts économiques de la COVID-19 en accélérant des >projets
d'infrastructure. On est particulièrement satisfaits de l'article 66, qui
impose des mesures pour faciliter le paiement de certains contrats publics.
Cela constitue, à nos yeux, une véritable reconnaissance de la problématique.
Et on avait senti, lors des consultations dans le cadre du projet de loi
n° 61, que la reconnaissance du problème faisait consensus auprès des
parlementaires. On se posait des questions sur les solutions, mais le problème
était reconnu. Donc, nous, on était favorables, rappelons-nous, aux articles 50
et 51.1 du projet de loi n° 61 qui permettaient au gouvernement de
déterminer des conditions applicables pour des contrats et des sous-contrats
publics. On y voyait là l'occasion d'introduire des mesures visant à faciliter
le paiement et on avait espoir que ces principes-là soient intégralement reconduits
dans le projet de loi actuel et même bonifiés avec des mesures qui soient
permanentes, universelles.
Or, force est de constater que le projet
de loi ne répond pas à ces attentes et n'apporte pas une solution, à notre avis,
adéquate au problème. En effet, les mesures proposées ne visent pas l'ensemble
des contrats publics. Elles seront limitées aux contrats publics qui sont
listés à l'annexe I du projet de loi. Donc, pourquoi ces projets publics et pas
les autres? Qui plus est, on limite la valeur des projets couverts qui seraient
de 20 millions de dollars et moins.
Et même, avec le deuxième alinéa de l'article
66, on propose, en quelque sorte, de reconduire un projet pilote pour une
période de cinq ans. Or, ce qu'il faut savoir, c'est que, présentement, il y a
un projet pilote qui a débuté en juillet 2018 et dont la fin est prévue,
légalement, en vertu de la Loi sur les contrats des organismes publics, la
LCOP, en juillet 2021. Donc, on n'est pas loin de la fin du projet pilote. Et
là est-ce qu'on doit comprendre qu'on veut en recommencer un autre pour une
période de cinq ans, ce qui nous mettrait en 2025, 10 ans après la commission
Charbonneau? On espère que non parce que l'engagement du gouvernement à
l'intérieur même de la LCOP, à l'article 24.7, c'est d'établir un cadre
réglementaire au terme du premier projet pilote qui se terminera en 2021.
Donc, on demande au gouvernement,
aujourd'hui, de passer à une autre étape, d'adopter des mesures qui ont fait
leurs preuves, qui sont connues puis les adopter de façon permanente parce que
le problème est récurrent et, à notre avis, exige une réponse qui soit ferme et
qui soit durable. C'est ce qu'ont fait, d'ailleurs, d'autres juridictions comme
l'Ontario et le gouvernement fédéral. Donc, c'était d'envoyer un message clair,
à notre avis. Les délais indus de paiement doivent cesser de façon définitive.
Et un signal fort aurait, à notre avis... permettrait, en fait, d'assurer une
prévisibilité, nos collègues en parlaient avant nous, une prévisibilité nécessaire
dans le contexte actuel pour tous les intervenants liés aux projets de
construction, que ce soit les donneurs d'ouvrage, les entrepreneurs généraux et
les sous-traitants. Et on pense que ça apporterait une relance <économique...
M. Boulanger (Steve) :
...
permettrait, en fait, d'assurer une prévisibilité, nos collègues en
parlaient avant nous, une prévisibilité nécessaire dans le contexte actuel pour
tous les intervenants liés aux projets de construction, que ce soit les
donneurs d'ouvrage, les entrepreneurs généraux et les sous-traitants. Et on
pense que ça apporterait une relance >économique qui soit plus
efficiente et surtout durable. Parce que, si les retards de paiement ont un
impact clair sur la viabilité même des entreprises, sur leurs liquidités, il y
a également une foule d'autres conséquences à cette problématique-là, des
conséquences qui nous concernent tous, comme contribuables, parce qu'on veut en
avoir pour notre argent et qu'on s'apprête à investir de l'argent public à la
hauteur de 50 milliards de dollars.
Donc, il est reconnu que, quand on diminue
le nombre de soumissionnaires, ça a directement une influence à la hausse sur
le coût du projet. Et il y a des données qui sont citées par Raymond Chabot
dans son étude qui le démontrent. Lorsqu'il y a moins de neuf entreprises qui
soumissionnent sur un projet, chaque soumissionnaire de moins représente un
coût supplémentaire variant de 1 % à 6 %. Donc, à l'extrême, si on a
un seul soumissionnaire ou si on en a huit et plus, bien, ça va représenter un
écart de coût de 27 %, ce qui est énorme. Or, selon les données du SEAO,
le Système électronique d'appel d'offres du gouvernement, on estime qu'il y a,
en moyenne, 3,6 soumissionnaires par appel d'offres en construction. Raymond
Chabot en conclut donc que le prix des contrats publics de construction
pourrait diminuer de 6 % à 13 % si le nombre de soumissionnaires
augmentait. Par conséquent, si les projets d'infrastructure qui sont prévus à
l'actuel projet de loi et évalués à 50 milliards de dollars, si, dans ce
cadre-là, dans le cadre de leur réalisation, on augmentait le nombre de
soumissionnaires, bien, on pourrait générer une économie de 3 à
6,5 milliards de dollars, ce qui est colossal.
Pour l'illustrer, si on prend le coût d'une
école primaire, par exemple, qui coûte 25 millions de dollars à
construire, et puis qu'on parle de la donnée la plus conservatrice, là,
d'économie de 3 milliards, on parle de 120 écoles supplémentaires, ce
qui est énorme. Pourquoi payer plus cher en raison des délais de paiement? On
devrait en avoir plus pour notre argent.
Et donc mettre en place un cadre de
paiement qui est équitable et juste pour tout le monde permettrait d'intéresser
aux marchés publics certaines entreprises qui, dans les faits, n'y ont pas
accès en raison des délais de paiement. Et c'est surtout les petites
entreprises qui constituent, comme Marc l'a dit, le tissu de l'écosystème de la
construction. Donc, amenons de nouveaux joueurs. Permettons-leur d'accéder aux
marchés publics. Ça favorise la concurrence. Ça devrait diminuer les coûts et
relancer l'économie à plus grande échelle. Et c'est ce que disait la commission
Charbonneau dans son rapport, que les retards de paiement pénalisent davantage
les PME.
• (16 h 30) •
Donc, ce qu'on demande aujourd'hui au
gouvernement, on salue la reconnaissance de la problématique, mais on
demanderait, dans l'immédiat, à tout le moins, d'appliquer non pas un projet
pilote, mais des mesures inspirées... (panne de son) ...à tout le moins,
peut-être même aux projets municipaux, et de s'attaquer tout de suite à une loi
d'ordre public plus large qui couvrirait l'ensemble des contrats, sociétés
d'État...
16 h 30 (version révisée)
M. Boulanger (Steve) : ...non
pas un projet pilote, mais des mesures inspirées... (panne de son) ...tout le
moins, peut-être même aux projets municipaux, et de s'attaquer tout de suite à
une loi d'ordre public plus large, qui couvrirait l'ensemble des contrats,
sociétés d'État, publics, municipalités et même privés. Le seul but des entrepreneurs,
c'est d'être payés pour les travaux dûment exécutés et acceptés par les
donneurs d'ouvrage dans des délais raisonnables, solution à coût nul...
Le Président (M. Simard) :
Conclusion, M. Boulanger.
M. Boulanger (Steve) :
...solution gagnante pour tout le monde, et on pense que le gouvernement
devrait saisir l'occasion pour envoyer un signal fort de son intention de
répondre à la commission Charbonneau. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci, M. Boulanger. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre pour
une période de 15 minutes.
Mme LeBel : Oui. Merci, M. le
Président. Merci, M. Boulanger. Bon, première des choses, je pense que je vais
rectifier une interprétation que vous avez, là, pour être sûre qu'on est sur la
même longueur d'onde. Le projet de loi n° 66 ne vient
pas prolonger le projet pilote. Le projet pilote actuel, qui couvre, je pense,
52 projets, là, plus ou moins un, si je ne me trompe pas, va se terminer, tel
que prévu, l'année prochaine, et les conclusions qui en seront tirées pourront
être l'objet de la base de travail pour l'adoption d'une loi sur les paiements
rapides pour les entrepreneurs dans l'industrie de la construction.
Ce qu'on a fait, par contre, c'est qu'on a
étendu les règles du projet pilote à des projets de 20 millions et moins
qui sont sur la liste des 181. Bon, c'est sûr que ces projets-là pourront en
bénéficier pour plus qu'une année, naturellement, si jamais ces projets-là ne
se terminent pas dans l'année, mais ça n'a pas pour effet d'étendre le projet
pilote. Le projet pilote se conclura.
On aura peut-être des données
supplémentaires qui seront tirées des projets de la liste des 181 pour nous
permettre d'alimenter cette conversation, qui est non seulement fort
intéressante mais fort importante, vous l'avez mentionné, la recommandation 15
de la commission Charbonneau, je pense que c'est important d'adresser cet
enjeu-là. Maintenant, il faut le faire correctement. Ce n'est pas moi qui vais
vous apprendre que, si c'était si simple que de claquer des doigts pour tout le
monde, on le ferait. Donc, il y a des enjeux qui sont réels.
D'ailleurs, c'est un peu là-dedans que je
veux entrer avec vous, peut-être plus particulièrement dans le projet pilote.
Votre volonté qu'on l'étende, qu'on étende un peu plus largement la règle du
20 millions, là, du projet de loi n° 66 est bien
comprise. Votre volonté également qu'on étende ces principes-là au monde
municipal et aussi aux donneurs d'ouvrage, entre autres, bon, villes,
municipalités, organismes municipaux, les donneurs d'ouvrage privés, également,
est bien comprise, mais on va peut-être parler plus des détails pour voir un
peu comment fonctionne le projet pilote et qu'est-ce qui se passe à l'intérieur
du projet pilote.
Et moi, je vous réitère ma volonté de
donner une suite à ce projet pilote là, mais est-ce que je me trompe de dire
que la coalition a partagé... a quand même participé aux conversations de base
en 2018 qui ont mené à l'élaboration du projet pilote? C'est exact?
M. Boulanger (Steve) : Certainement.
On a beaucoup collaboré avec le Conseil du trésor et les donneurs d'ouvrage
publics pour déterminer quelles seraient les modalités... (panne de son). Et,
essentiellement, pour éclairer la <commission...
Mme LeBel : ...
de
dire que la coalition a partagé... a quand même participé aux conversations de
base en 2018 qui ont mené à l'élaboration du projet pilote? C'est exact?
M. Boulanger (Steve) :
Certainement. On a beaucoup collaboré avec le Conseil du trésor et les donneurs
d'ouvrage publics pour déterminer quelles seraient les modalités... (panne de
son). Et, essentiellement, pour éclairer la >commission, les modalités
du projet pilote sont inspirées de ce qui se fait ailleurs, là, vraiment. Donc,
il y a deux mesures-phares dans le projet pilote. La première, c'est un
calendrier obligatoire de paiement, donc une séquence de paiements obligatoires
que toutes les parties doivent respecter, partant du donneur d'ouvrage, à
l'entrepreneur général, au sous-traitant et ainsi de suite. Donc, il y a des
délais de paiement qui sont prévus dans l'arrêté ministériel. Alors, ça, c'est
le premier aspect. Le second aspect, c'est <des mesures de... >un
processus de règlement des différends qui se veut souple, efficace, rapide et
exécutoire... (panne de son) …alors, c'est beaucoup plus simple, même, évidemment,
plus simple qu'un procès devant un tribunal et plus simple qu'un arbitrage, qui
est relativement formel. Moi, j'ai toujours dit que c'est payer un juge privé
et puis reproduire devant l'arbitre ce qui se fait à la cour avec des témoins,
des avocats, des expertises, etc. Donc, ce qu'on veut, par l'intervention, c'est
un concept britannique d'«adjudication» qui est beaucoup plus simple, rapide et
qui donne des résultats dans l'immédiat, qui est exécutoire.
Et l'expérience démontre deux choses. La
première, c'est que les parties sont plus enclines à identifier les problématiques
et à vouloir les régler rapidement sachant que quelqu'un peut les régler très
vite pour eux. Alors, c'est le même phénomène que régler un procès sur les
marches du palais, en quelque sorte. Et, deux, bien, ce que ça permet, ça
permet beaucoup plus d'échanges, là, vraiment, entre les parties pour régler le
problème.
Et je suis content, en terminant,
d'apprendre, <que... >et on voulait soulever la problématique, qu'on
n'entrerait pas dans un autre projet pilote de cinq ans. Je suis persuadé que
les membres de la commission sont très heureux de l'entendre aujourd'hui, mais
on voulait vous le souligner, parce que, par la rédaction de l'article… c'est
très technique, mais de l'article 66 du projet de loi, avec le libellé du
dernier alinéa de 24.3 et de 24.7 de la LCOP, ça nous soulevait des craintes et
des doutes.
Mme LeBel : Bien, vos craintes
sont bien entendues, et ce n'est pas l'objectif. Et je vais m'assurer que, par
une rédaction, on n'a pas créé cet enjeu-là, alors que ce n'est pas l'objectif
du tout de prolonger le projet pilote actuel. Et il va se terminer au temps qui
était prévu, et on pourra, par la suite, voir comment on donne suite à ça.
Mais je veux justement vous entendre sur
le processus de règlement des différends qui se retrouve à l'intérieur du projet
pilote. On en a parlé un peu avec l'ACQ, précédemment. Je veux savoir, est-ce
que ce qui se trouve à l'intérieur du projet pilote, présentement à l'usage… et
on le verra aussi à la fin de l'année qui suit, et, je pense, c'est très
important d'avoir ces données-là avant de rendre tout ça pérenne dans une loi
plus officielle… est-ce que vous considérez que le mécanisme présentement qui
est dans le projet pilote est correct, suffisant, ou est perfectible? Est-ce
qu'il a été utilisé par les entrepreneurs et est-ce que vous savez à combien de
reprises il a été utilisé? Avez-vous des données sur l'utilisation de ce <mécanisme-là...
Mme LeBel : ...
est-ce
que vous considérez que le mécanisme
présentement qui est dans le
projet
pilote est correct, suffisant, ou est perfectible? Est-ce qu'il a été utilisé
par les entrepreneurs et est-ce que vous savez à combien de reprises il a été
utilisé? Avez-vous des données sur l'utilisation de ce >mécanisme-là,
sur les résultats et le taux de satisfaction? Parce que l'idée, c'est de
l'essayer. Après ça, on verra quel mécanisme<, parce que... >on
appliquera par la suite dans une loi, là.
M. Boulanger (Steve) : Alors,
on n'a pas toutes les données encore, parce qu'on les fournirait, là, à la
commission. Le projet pilote prévoit l'obligation d'une reddition de comptes à
la fin de chacune des interventions, de la part à la fois du donneur d'ouvrage,
et des entrepreneurs impliqués, et aussi de l'intervenant expert. Donc, l'Institut
de médiation et d'arbitrage du Québec va être mis à contribution, également,
mais, pour l'instant, on sait qu'il y a eu quelques interventions qui ont
été... (panne de son) …mais on n'en a pas les résultats. On va travailler
là-dessus.
Ce qu'on sait, par ailleurs, c'est deux
choses, puis je n'ai pas eu malheureusement le bénéfice d'écouter l'allocution
de nos prédécesseurs, puisqu'on était en attente virtuelle, mais ce qu'on
entend, c'est que, comme je vous le disais tantôt, on adresse les problèmes
immédiatement et on parle de les régler. Et il semble aussi y en avoir moins,
de problèmes. Les entrepreneurs à qui j'ai parlé, ils nous ont dit : Ces
projets-là, ils sont comme à part. Tout se passe tellement bien qu'on ne pense
même pas à l'intervenant expert. Pourquoi? Parce qu'on est payés au fur et à
mesure. Quand il y a des travaux supplémentaires, à ce moment-là, bien, on les
fait approuver puis on continue.
Alors, est-ce que c'étaient des projets
qui étaient mieux préparés en amont? Peut-être. Si c'est le cas, c'est une
mesure qu'il faudrait certainement garder pour les projets identifiés au projet
de loi. Est-ce que les gens ont mis les ressources suffisantes, que ce soient
les entrepreneurs ou les maîtres de l'ouvrage, les ressources suffisantes pour
bien suivre le dossier de près, y donner suite quand les demandes de paiement
rentraient? Peut-être, mais tout ça a fait que ça fonctionne bien et qu'on n'a
pas eu foule d'interventions. Comme ce qui s'est passé en Ontario, le rapport
vient de sortir, en moins de 10 mois, là, ils en ont eu 32, puis, là-dessus, il
y en a trois qui ont procédé, les autres se sont réglés. Alors, je pense qu'on
ne devrait pas s'attendre à une avalanche d'interventions. Je pense que ça
force les parties à identifier les problèmes puis à trouver des... (panne de
son)
Mme LeBel : Bien, je pense que
vous avez raison aussi, puis ça démontre, en tout cas, de mon point de vue,
naturellement, l'intérêt d'attendre la conclusion du projet pilote l'année
prochaine. Parce que c'est en août, je pense, qu'il se termine, 2021, si je ne
me trompe pas… Oui il a commencé en 2018, hein, c'est ça?
M. Boulanger (Steve) : Oui,
juillet 2021.
Mme LeBel : C'est ça, en août
2018 — j'essayais de faire plus trois, puis ça ne fonctionnait pas,
là, ça va bien, hein, Conseil du trésor — donc l'année prochaine,
pour voir effectivement quels sont les mécanismes qui ont été mis en place,
parce qu'outre des mécanismes de calendrier de paiement, ou de règlement
accéléré des différends, ou de règlement des différends, je pense que c'est
important de voir aussi qu'est-ce qui a fonctionné dans ces 52 projets là.
Dites-moi, est-ce que vous avez, vous, en
tête... Ces projets-là se retrouvent dans la majorité dans quels secteurs et
quels donneurs d'ouvrage sont impliqués?
M. Boulanger (Steve) : Les
donneurs d'ouvrage impliqués jusqu'à présent sont beaucoup ceux qui sont visés
à l'annexe I de l'actuel projet de loi. Donc, la Société québécoise des
infrastructures, la SQI, le MTQ, le ministère des Transports sont <impliqués.
Et, sur les...
Mme LeBel : ...
projets-là
se retrouvent dans la majorité dans quels secteurs et quels donneurs d'ouvrage
sont impliqués?
M. Boulanger (Steve) : Les
donneurs d'ouvrage impliqués jusqu'à présent sont beaucoup ceux qui sont visés
à l'annexe I de l'actuel projet de loi. Donc, la Société québécoise des
infrastructures, la SQI, le MTQ, le ministère des Transports sont >impliqués.
Et, sur les 52 projets, je vous dirais, et, peut-être, Marc, tu pourras me
corriger, je vous dirais qu'il y en a peut-être une trentaine génie civil et
voirie, et puis le reste dans le domaine du bâtiment.
Mme LeBel : O.K. Mais je
pense que, pour l'instant, le projet pilote n'applique pas ces calendriers de
paiement là ni au secteur municipal ni au secteur privé, si je ne me trompe
pas. Est-ce que je me trompe? <Ou...>
M. Boulanger (Steve) :
Vous ne vous trompez pas. Et c'est notre volonté de les appliquer également à
ces secteurs d'activité.
• (16 h 40) •
Mme LeBel : O.K.
Absolument. Bon, pour l'instant, c'est peut-être plus difficile de forcer des
tiers, là, mais on va régler les enjeux au niveau du gouvernement. Donc, ce que
vous nous dites, c'est que ça fonctionne bien, pour l'instant, dans les
52 projets. Le calendrier de paiement, également, j'imagine.
Est-ce que vous pouvez me dire quelle est
la différence entre un projet qui n'est pas sur le projet pilote et un projet
qui... des projets similaires, disons-le, là, parce qu'on va essayer de
comparer des pommes avec des pommes, là, mais un projet d'une envergure
similaire qui serait sur le projet pilote versus un qui ne l'est pas? On parle
de quel écart? Là, je vais parler du calendrier de paiement. C'est quoi, les
écarts ou les délais d'attente? <de... >Tantôt, votre collègue
précédent, l'ACQ, nous disait que ça représentait peut-être 7,5 milliards,
sur l'ensemble de la construction du Québec, qui était en retard de paiement,
là, mais quels sont les écarts, les différences, finalement, pour un
entrepreneur, projet pilote versus pas sur le projet pilote, en termes de temps
et de délais de paiement? Est-ce que vous avez une idée d'un ordre de grandeur?
M. Boulanger (Steve) :
Bien, si vous permettez, moi, je peux vous répondre légalement, mais j'aimerais
que Marc témoigne avec son passé d'entrepreneur.
Mme LeBel : Absolument.
M. Boulanger (Steve) :
Légalement, ce qui est un peu curieux, c'est que le calendrier de paiement qui
est proposé, qui est imposé, finalement, là, dans les mesures du projet pilote,
ce sont des termes de paiement qui sont prévus contractuellement, de façon
usuelle, dans tous les contrats. Donc, on présente, pour les sous-traitants,
une demande de paiement le 25e jour du mois pour les travaux exécutés et
projetés jusqu'à la fin du mois. L'entrepreneur général présente sa demande,
avec celles de ses sous-traitants, évidemment, le 1er du mois au donneur
d'ouvrage, qui devrait payer le 30 du mois, le dernier jour du mois, et les
sous-traitants payés cinq jours plus tard. C'est prévu dans les contrats.
Alors, on n'a rien inventé, on l'a juste mis obligatoire et on l'a précisé avec
des mécanismes qui forcent les gens à l'appliquer. C'est ça qui fonctionne. <mais
on a... >C'est la même chose que dans à peu près tous les contrats.
M. Bilodeau (Marc) : Bien,
pour faire du pouce un peu sur ce que mon collègue, Steve, vient d'affirmer, il
y a également... Pardon?
Le Président (M. Simard) : Nous
vous écoutons, M. Boulanger.
Mme LeBel : Bilodeau.
M. Bilodeau (Marc) : Ah!
Pardon.
Le Président (M. Simard) :
Bilodeau…
M. Bilodeau (Marc) : Mon
passé d'entrepreneur, moi, il me disait que, souvent, ces projets-là allaient
jusqu'à 90 jours, entre 80, 90 jours de paiement. Et ça, c'est le
paiement régulier. On ne parle pas des litiges, on ne parle pas des directives
de chantier, on ne parle pas des retenues contractuelles, qui< peuvent>,
elles, peuvent voir l'année calendrier au complet, là, avant d'être payées.
Donc, c'est un gros choix. Beaucoup d'entrepreneurs <vont... >n'auront
pas accès, ne vont pas sur le marché public, sur les projets publics justement
à cause des délais de paiement, parce qu'ils ne sont pas capables de supporter
la main-d'oeuvre, supporter le... les fournisseurs, il faut les payer, il faut <payer...
M. Bilodeau (Marc) : ...
on
ne parle pas des retenues contractuelles, qui peuvent, elles, peuvent voir
l'année calendrier au complet, là, avant d'être payées. Donc, c'est un gros
choix. Beaucoup d'entrepreneurs vont... n'auront pas accès, ne vont pas sur le
marché public, sur les projets publics justement à cause des délais de
paiement, parce qu'ils ne sont pas capables de supporter la main-d'oeuvre,
supporter le... les fournisseurs, il faut les payer, il faut >payer tout
le monde. Donc, nécessairement, c'est un frein au marché public.
Mme LeBel : D'ailleurs, je
suis intéressée, peut-être, de vous entendre ou que vous élaboriez un petit
plus sur cet aspect-là. Moi, je suis tout à fait d'accord avec le fait que la
liquidité, quand même, est très importante pour nos entrepreneurs, surtout pour
les petites PME. Donc, on comprend, là, qu'ils n'ont pas nécessairement les
reins pour se financer ou financer des projets de construction en attendant
d'être payés.
Ça, je pense que c'est... je comprends ça,
mais, de votre expérience — ou est-ce que vous avez des statistiques? — combien
d'entrepreneurs ne soumissionnent pas aux contrats publics? Parce qu'on
prétendait tantôt des économies assez substantielles en disant qu'on aurait
peut-être plus de concurrence et plus de soumissionnaires. Avez-vous des
statistiques par rapport à ça? Si c'est le cas, je serais intéressée à ce que
vous nous les envoyiez parce que j'y vois peut-être une relation de cause à
effet, mais je la vois de façon moins évidente que vous l'avez énoncée, là.
M. Bilodeau (Marc) : Si je
peux, en fait, on n'a pas la statistique exacte. On sait que 77 % des
entreprises ont au moins refusé de soumissionner des projets, O.K., des projets
publics. Ça, c'est une donnée dans le rapport de Raymond Chabot Grant Thornton.
Mon expérience entrepreneuriale et celle, bon, des collègues, etc. : les
gens ont fui, un moment donné, le domaine public à cause du paiement, ils se
sont en allés vers le domaine privé, ils ont dit : On va aller faire des
projets privés. Le projet privé s'est un peu collé aussi avec les mêmes délais
de paiement que les projets publics, malgré que, souvent, les différends se
règlent un peu plus vite.
Donc, nous, ce qu'on se dit puis ce qu'on
affirme, c'est qu'à partir du moment où est-ce que le domaine public devient un
bon payeur, ça devient un marché alléchant pour les entrepreneurs. <qui, >Eux,
la seule chose qu'ils recherchent, c'est d'être payés en dedans de
30 jours pour ne pas avoir à supporter indéfiniment l'odieux d'attendre
leur paiement.
Mme LeBel :
<Diriez-vous
qu'un des éléments clés du projet pilote... >Je comprends qu'il y a le
calendrier de paiement qui est obligatoire, mais, <qui… >de façon
paradoxale, ce sont des clauses qui apparaissent déjà dans les contrats, les
clauses de paiement. Diriez-vous que la clé ou l'enjeu majeur du projet pilote,
c'est vraiment ce mode de règlement des différends là qui permet de ne pas se
retrouver devant les tribunaux ou de retarder les paiements en attendant que
les différends se règlent? Pensez-vous que c'est la clé, <plutôt, >plutôt
que le calendrier, si on avait à mettre l'accent sur une des deux mesures, là?
M. Bilodeau (Marc) : Bien,
écoutez, je vous demanderais de mettre l'accent sur les deux mesures, mais c'est
sûr que l'intervenant expert, l'intervenant décideur, l'«adjudicator» vient
substituer un problème, vient régler un problème qui est le problème des
différends. J'ai vu souvent des cas qui s'en vont en justice, qu'on attend
pendant six ans. Donc, l'intervenant expert vient créer puis vient prendre une
décision qui est exécutoire tout de suite. Ça vient de régler un problème puis
ça vient donner de l'oxygène à l'entrepreneur. Ça ne veut pas dire qu'il va
tout avoir, mais ça veut dire qu'au moins, là, il va avoir un baume sur ses
plaies puis il va être capable de passer à travers. Durant nos recherches, on a
vu beaucoup, beaucoup de témoignages en ce sens-là.
Je vous dirais que, oui, l'intervenant
expert, c'est un <des...
M. Bilodeau (Marc) : ...
exécutoire
tout de suite. Ça vient de régler un problème puis ça vient donner de l'oxygène
à l'entrepreneur. Ça ne veut pas dire qu'il va tout avoir, mais ça veut dire
qu'au moins, là, il va avoir un baume sur ses plaies puis il va être capable de
passer à travers. Durant nos recherches, on a vu beaucoup, beaucoup de
témoignages en ce sens-là.
Je vous dirais que, oui, l'intervenant
expert, c'est un >des enjeux. Il ne faut pas oublier le calendrier de
paiement, qui est hyperimportant, parce que ça, c'est de l'oxygène direct. Parce
que l'intervenant expert va venir intervenir uniquement quand il va y avoir des
litiges, quand il va y avoir des problèmes, mais, s'il n'y en a pas, il faut
que le paiement soit aux 30 jours.
Mme LeBel : Merci. Ça va aller
pour moi.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. Je cède la parole au député de La Pinière
pour une période de 10 minutes.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Bonjour, messieurs. Je vais continuer dans la même lignée. Je vais
vous avouer que j'ai peut-être compris, aujourd'hui, je ne suis pas sûr, là,
une affaire que je n'avais pas comprise la dernière fois. Êtes-vous en train de
nous dire, là, que, dans le privé, vous avez moins de difficulté, comme
entrepreneurs, à vous faire payer que dans le public?
M. Bilodeau (Marc) : Oui,
c'est ce qu'on vous dit.
M. Barrette : O.K. Je n'avais
pas bien saisi ça. Ça veut dire que ce que vous nous dites, là, c'est que
l'État, là, dans ses responsabilités, peu importe le gouvernement, là, n'est
pas bon? Vous pouvez le dire.
M. Bilodeau (Marc) : L'État
pourrait être meilleur, disons.
M. Barrette : Correct. La
raison pour laquelle je dis ça, là, ce n'est pas compliqué, mais ça va vous
faire rire, c'est parce que, quand on parle des délais que l'on veut raccourcir
et pour lesquels on fait des lois, une abusive qui a été changée en une pas
abusive, là, je dirais, dans la partie environnement, en amont du projet,
l'État n'est pas bon parce que c'est lui qui est responsable des délais
d'évaluation environnementale, puis, à l'autre bout, quand les travaux sont
faits, il n'est pas bon parce qu'il ne paie pas. C'est à peu près ça.
Une voix : Il ne paie pas
assez vite.
M. Barrette : Il ne paie pas
assez vite. Oui, il paie, mais il ne paie pas assez vite. C'est ça, là, la situation.
Je ne vous demande pas de commenter sur la partie environnementale, mais là
vous m'avez éveillé à une chose que je n'avais pas saisie. Pourtant, vous nous
demandez d'étendre ça au privé pareil, ce qui est dans le projet de loi. Ça
veut dire qu'au privé il y a des problèmes pareil.
M. Boulanger (Steve) : En
fait, si je peux éclairer la commission à ce sujet-là, à la page 15 de
notre mémoire, vous allez avoir, là, des tableaux qui sont tirés... (panne de
son) ...de Raymond Chabot. Et on voit que, pour les paiements progressifs,
donc, quand ça va bien, au fur et à mesure du contrat, l'État et le domaine
privé sont passablement au même niveau. On parle de 61 jours pour le
public et 52 jours pour le privé. C'est à la page 15 du mémoire, à la
figure... (panne de son)
Quand on parle des avis de changement, ça
commence à se gâter. L'État paie, en général, à 94 jours, et le secteur
privé, à... (panne de son) ...et là, quand on s'en va à la facture pour la
retenue, eh bien, là, ça se démarque encore, le secteur privé paie à 138 quand
l'État est, en moyenne, à 194.
Alors, ça vous donne un peu... (panne de
son) ...mais, pour autant, le secteur <privé...
M. Boulanger (Steve) : ...jours,
et le secteur privé, à... (panne de son) ...et là, quand on s'en va à la
facture pour la retenue, eh bien, là, ça se démarque encore, le secteur privé
paie à 138 quand l'État est, en moyenne, à 194.
Alors, ça vous donne un peu... (panne
de son) ...mais, pour autant, le secteur >privé mériterait également
d'être recadré pour niveler également le marché, et c'est ce qu'a décidé de
faire le gouvernement de l'Ontario pas plus tard qu'en octobre 2019.
M. Barrette : O.K. Niveler, c'est-à-dire
rendre tout le monde au même niveau de performance non optimal, au moins
pareil. O.K.
M. Boulanger (Steve) : Bien,
ce serait optimal si on appliquait ce qui est proposé dans les mesures décrites
dans le projet pilote.
M. Barrette : O.K. Très bien.
Juste un commentaire, là, je ne veux pas partir un débat, là, je ne suis pas
convaincu, là, de votre histoire de... pas la vôtre, mais celle de Raymond
Chabot comme quoi qu'il y a toujours, par le nombre de soumissionnaires, une
baisse de prix. Ça, c'est débattable.
M. Bilodeau (Marc) : …
M. Barrette : Allez-y, M.
Bilodeau.
M. Bilodeau (Marc) : Oui, je
vais me permettre de vous commenter là-dessus. C'est une question d'innovation,
c'est une question d'entrepreneuriat. Comme entrepreneurs, lorsqu'on connaît
notre compétition, on sait qu'on est plusieurs joueurs sur un projet, on fait
preuve de beaucoup d'imagination pour pouvoir gagner un projet, dont des
innovations en préproduction, des innovations en installation de chantier, en
équipement de chantier. Donc, c'est ce qui permet, O.K., de gagner des projets
et de diminuer les prix. Donc, cette innovation-là, lorsqu'il y a un, deux,
trois soumissionnaires, on n'a pas nécessairement besoin de se la faire, donc
on fait un prix puis on arrive au prix en bout de ligne, mais, lorsqu'on a à se
battre contre une compétition saine, à ce moment-là, on est obligés d'innover
pour arriver à de meilleurs prix.
• (16 h 50) •
M. Barrette : Bien, <ça…
>je tendrais à être d'accord avec ce que vous dites, là, mais, en tout
cas, c'est toujours la même chose, est-ce que ça va se réaliser? Ce genre de
destination là, ce n'est pas toujours... mais, en tout cas, je ne veux pas
partir un débat là-dessus, là.
Je vais vous reposer... Vous avez écouté
les précédents, donc? C'est ce que je comprends, là, vous avez entendu notre
groupe précédent? Non?
M. Boulanger (Steve) :
Partiellement, puisque nous étions dans l'antichambre virtuelle.
M. Barrette : Ah! d'accord.
Bien, écoutez, je vais quand même vous poser la même question que j'ai posée
aux gens qui vous ont précédés. La limite de 20 millions, la
comprenez-vous? En fait, donc, posée différemment : Est-ce que, sur le
terrain, vous voyez des embûches à faire sauter cette limite-là dans le cadre
de 66?
M. Boulanger (Steve) : Au
contraire, c'est ce qu'on demande, que ce soit appliqué à tous les contrats, et
on a questionné, on n'a pas compris la limite de l'évaluation du projet à
20 millions. <Les mêmes problématiques sont... >Sur les
chantiers, que le projet soit de 19 millions ou de 24 millions, c'est
la même problématique. Alors, nous, effectivement, on souhaite que ce soit
appliqué à l'ensemble, à tout le moins, à l'ensemble des projets pilotes.
M. Barrette : O.K. Là, vous
êtes... vous prenez comme exemple 1924. Est-ce que c'est le même commentaire,
1040?
M. Boulanger (Steve) :
Certainement.
M. Barrette : O.K. Donc, ça,
ce n'est pas explicable. Donc, pour <vous...
M. Boulanger (Steve) : ...
même
problématique. Alors, nous, effectivement, on souhaite que ce soit appliqué à
l'ensemble, à tout le moins, à l'ensemble des projets pilotes.
M. Barrette : O.K. Là, vous
êtes... vous prenez comme exemple 1924. Est-ce que c'est le même commentaire,
1040?
M. Boulanger (Steve) :
Certainement.
M. Barrette : O.K. Donc,
ça, ce n'est pas explicable. Donc, pour >vous, vous ne voyez pas
d'obstacle administratif de quelque nature, ou d'autres, là, pour ne pas aller
au-dessus de 20 millions.
M. Boulanger (Steve) : Il ne
devrait y avoir aucun obstacle. <Est-ce que... >La seule question
qu'on s'est posée : D'où part cette limite de 20 millions? On s'est
demandé est-ce que c'est une question de ressources au niveau du payeur, donc
du donneur d'ouvrage public? Ça, on l'ignore.
M. Barrette : Moi, je ne peux
pas vous donner la réponse, parce que je n'étais pas impliqué dans ces
dossiers-là, mais, par contre, pour avoir été impliqué dans des dossiers gouvernementaux
qui ont un point de départ, un jour zéro, il y a une espèce d'arbitraire. Les
parties s'assoient puis, d'une façon pas nécessairement basée sur des critères
absolus, basée sur une expérience a. b, c, d, à un moment donné, on s'entend
sur ça, pour des raisons qui ne sont pas toujours viables six mois plus tard.
Alors, moi, c'est comme ça que je le vois, puis là je vous dis vraiment une
opinion qui ne vaut rien d'autre que celle que je viens d'exprimer, là.
Maintenant, je n'ai jamais compris
pourquoi qu'on maintenait ça. Et j'aurais une raison à évoquer, là, je ne la
dirai pas, parce qu'on va l'évoquer pendant tous les travaux pour ne pas le
faire, mais je ne le vois pas, moi non plus.
O.K. Vous estimez à combien de contrats...
C'est difficile, ma question que je vais poser, parce qu'elle est difficile à
formuler. Il y a combien de contrats auxquels les entrepreneurs ne
soumissionnent pas, là, dans leur vie quotidienne, parce qu'ils n'ont pas les
liquidités, parce qu'ils ne sont pas payés?
M. Bilodeau (Marc) : C'est une
excellente question. Et je vous dirais, je ne peux pas parler au nom de tous
les entrepreneurs, parce que je n'ai pas la statistique, je vais vous parler,
moi, comme entrepreneur qui avait quand même une ME, là, je vous dirais, là,
qu'habituellement, là, il y a au moins un ou deux projets par mois, sur une
vingtaine qu'on soumissionnait, qu'on ne cotait pas uniquement parce qu'on
n'avait pas les moyens d'aller sur ce projet-là. Donc, on peut parler de... c'est
quand même un bon montant, là, je vous dirais.
Puis on était quand même... j'avais une
grosse entreprise, mais je vous dirais que les plus petits entrepreneurs, c'est
encore plus vrai, parce qu'eux la ressource financière... ils sont beaucoup
plus près de leurs ressources financières, ils ont beaucoup moins de
liquidités, beaucoup moins d'accès à la liquidité. Donc, d'une marge de crédit
avec un fond de roulement, avec des prêts d'équipements, une hypothèque, ce
n'est pas long que notre capacité d'emprunt est arrivée au bout, là. Donc, il
faut vraiment... c'est vraiment très délicat.
M. Barrette : Ça fait que, là,
on peut faire le lien <le nombre de... >entre Raymond Chabot et le
nombre de soumissionnaires par le fait qu'il y en a qui ne peuvent pas soumissionner
par manque de liquidités. Il y a un effet, là, corollaire, réel.
M. Bilodeau (Marc) : Oui. Il y
a un effet. Il y a un effet direct.
M. Barrette :
<Combien
de... >Je ne sais pas si vous avez une statistique là-dessus, là, je
n'en ai jamais vu, est-ce qu'on peut estimer qu'il y a des entrepreneurs qui
disparaissent à cause de ça?
M. Bilodeau (Marc) : On n'a
malheureusement pas la statistique exacte. Là, d'expérience, on sait qu'il y en
a beaucoup que c'est une absence, un manque de cash-flow, un manque, bon, de <liquidités...
M. Barrette : ...
Je
ne sais pas si vous avez une statistique là-dessus, là, je n'en ai jamais vu,
est-ce qu'on peut estimer qu'il y a des entrepreneurs qui disparaissent à cause
de ça?
M. Bilodeau (Marc) : On n'a
malheureusement pas la statistique exacte. Là, d'expérience, on sait qu'il y en
a beaucoup que c'est une absence, un manque de cash-flow, un manque, bon, de
>liquidités. Il y en a beaucoup aussi que le manque de liquidités est un
des problèmes parmi d'autres, mais on n'a pas la statistique exacte sur le
nombre de faillites qui sont causées par un problème de paiement, mais on sait
qu'elle existe, mais on n'a pas <le montant... >le chiffre exact.
M. Barrette : O.K. Parfait.
O.K., c'est tout pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Je
vous remercie. M. le député de Mont-Royal, il vous reste
une minute, cher collègue.
M.
Arcand
: Une
minute. Bon. Alors, c'est parce que, tout à l'heure, quand je regardais vos...
les normes de Raymond Chabot Grant Thornton, là, «77 % des entreprises du
secteur ont mentionné avoir refusé de déposer au moins une soumission en raison
des clauses contractuelles». Ça veut dire que c'est très significatif, c'est un
énorme problème.
M. Boulanger (Steve) :
Certainement. Et c'est ce qui a guidé, je pense, la commission Charbonneau à
rendre sa recommandation n° 15, parce qu'elle a cité
exactement ce passage-là de l'étude et elle dit : «Ce manque de liquidités
limite le nombre des entrepreneurs et leur croissance en restreignant leur
capacité à entreprendre de nouveaux mandats. Les retards de paiement pénalisent
davantage les PME qui n'ont pas toujours facilement...» Donc, cette donnée-là,
bien... (panne de son)
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Boulanger (Steve) : ...au
moment de notre comparution, la commission a pris cette donnée-là au passage et
lui a accordé toute l'importance qu'elle...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci. M. le député de Rosemont, pour 2 min 30 s.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Merci, messieurs, d'être là, MM. Boulanger et Bilodeau. La
recommandation n° 15 de la commission Charbonneau,
là, effectivement, à sa face même, elle fait plein de sens, là, pardonnez
l'anglicisme, elle est tout à fait sensée. Pourquoi, d'après vous... est-ce
qu'on vous avait dit à l'époque pourquoi est-ce qu'on commençait par un projet
pilote? Parce que, malheureusement, souvent, les projets pilotes, c'est aussi
une façon de noyer le poisson ou gagner du temps, là. Quelque chose d'évident
comme ça, et vous en faites la démonstration, <pourquoi est-ce qu'on... >est-ce
qu'on vous avait donné une raison pour laquelle on passait par un projet pilote
d'abord?
M. Boulanger (Steve) : On
était en fin de session législative, il n'y avait pas de projet de loi sur la
table, sinon que le projet de loi n° 108, en décembre 2017, qui venait créer
l'AMP. On a réussi à convaincre le gouvernement d'introduire certaines mesures,
puis on nous a dit : Allons-y par un projet... (panne de son) …alors, on a
dit, bien, prenons ça, soyons bons joueurs, étudions les mesures et voyons ce
que ça donne, mais donnez-nous un délai. C'est dans ce cadre-là que le
gouvernement a mis un délai maximal de… (panne de son) …alors c'est pour ça qu'on
a crainte... (panne de son) …justement tant qu'on pourra être rassurés par les
propos qu'a tenus la ministre.
M. Marissal : O.K. Vous avez
suivi évidemment la brève existence du projet de loi n° 61
puis son enterrement de première classe. Ça m'étonne un peu que vous <reveniez...
M. Boulanger (Steve) : ...
justement
tant qu'on pourra être rassurés par les propos qu'a tenus la ministre.
M. Marissal : O.K. Vous
avez suivi évidemment la brève existence du projet de loi
n° 61
puis son enterrement de première classe. Ça m'étonne un peu que vous >reveniez
aujourd'hui en redemandant 50 et 50.1, qui étaient... ce n'était pas juste un
caillou dans le soulier, là, c'était la chaîne qui nous a empêchés d'avancer.
Même la ministre, la présidente du Conseil du trésor, qui n'était pas dans ces
fonctions-là à ce moment, l'avait dit, elle-même, que ça avait une portée beaucoup
trop large pour ce qu'on cherchait à faire. Je m'étonne de vous voir revenir
avec ça aujourd'hui.
M. Boulanger (Steve) : Bien,
en fait, ce n'est pas ce qu'on souhaite. Ce qu'on souhaite... on allait... on
ne veut pas reconduire les articles, on voulait reconduire le principe de ces articles-là,
qui permettait d'instaurer des mesures visant à faciliter le paiement aux entrepreneurs,
contrats publics, les sous-contrats publics, incluant ceux des municipalités.
Alors, c'est vraiment plus le sens de notre intervention, c'est sur ce
principe-là uniquement de l'article 50 et 50.1…
M. Marissal : D'accord. Bien,
j'ai mal compris, j'avais conclu à l'apologie des articles défunts...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Marissal : ...50 et 50.1,
mais je crois comprendre, donc...
M. Boulanger (Steve) : Ce
n'est pas le cas.
M. Marissal : ...que vous vous
en tenez aux recommandations de la page 17, au nombre de deux.
M. Boulanger (Steve) : Tout à
fait.
M. Marissal : Très bien. C'est
beaucoup plus clair. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci
beaucoup pour votre présentation. J'aimerais vous entendre sur l'impact de
l'exemplarité de l'État dans les délais de paiement par rapport au privé. Moi,
je viens d'une région où, en 2016, par exemple, Rio Tinto avait annoncé la
prolongation des délais de paiement, puis, après quelques représentations,
entre autres, de la chambre de commerce, ils avaient pilé sur la peinture puis
ils avaient reculé. Si on est plus ferme sur le respect de délais de paiement
raisonnables dans le projet de loi n° 66, est-ce que
vous croyez que ça va avoir un impact sur les pratiques dans le privé?
M. Boulanger (Steve) : On
l'espère, effectivement, que ça fasse tache d'huile, parce qu'un donneur
d'ouvrage qui veut démarrer un projet et qui n'est plus attrayant parce que le
public paie beaucoup mieux, avec des mesures instaurées, va lui-même se dire, si
je veux attirer des entrepreneurs, bien, je vais <aussi>, moi
aussi, offrir des conditions raisonnables et justes qui vont attirer. Alors, je
pense qu'effectivement les deux peuvent être reliés... (panne de son).
M. Gaudreault : Ça envoie un
signal, en fait, là.
M. Boulanger (Steve) : Oui, et
c'est ce qu'on demande au gouvernement, d'envoyer un signal clair aujourd'hui.
M. Gaudreault : O.K., surtout
quand on parle de relance économique, là, quand même. Maintenant, bon, on a
parlé tout à l'heure de statistiques. La ministre a essayé de savoir, est-ce
que vous avez des chiffres sur les entreprises, par exemple, qui pourraient
dire : Ah! bien, moi, je n'embarque pas dans les marchés publics si on ne
revoit pas les délais de paiement.
• (17 heures) •
J'aimerais ça vous entendre un petit peu
plus là-dessus, mais, particulièrement, est-ce que vous sentez qu'il peut y
avoir une différence dans la volonté des entreprises de participer au marché
public dans les régions? Est-ce que, selon votre expérience, par exemple,
les...
17 h (version révisée)
M. Gaudreault : ...publics si
on ne revoit pas les délais de paiement. J'aimerais ça vous entendre un petit
peu plus là-dessus. Mais, particulièrement, est-ce que vous sentez qu'il peut y
avoir une différence dans la volonté des entreprises de participer aux marchés
publics dans les régions? Est-ce que, selon votre expérience, par exemple, les
régions ressources ou les régions périphériques peuvent faire en sorte qu'ils
participeront moins aux marchés publics, à cause des délais de paiement, que
les entreprises dans les grands centres? Ce qui pourrait faire en sorte que,
dans le projet de loi n° 66 et dans les projets
listés, les 181 projets, bien là, à ce moment-là, il y aura moins
d'entreprises en région, là, si on ne change pas la loi, le projet de loi.
Le Président (M. Simard) :
Brièvement, s'il vous plaît.
M. Boulanger (Steve) : Je
pense que c'est la loi du nombre des entreprises qui répond à cette question,
beaucoup plus présente dans les centres urbains que...
M. Gaudreault : D'accord,
merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci. M. le député de Chomedey, pour une période de deux minutes.
M. Ouellette : Merci. Me
Boulanger, M. Bilodeau, je vous écoute depuis tantôt puis je me dis :
Est-ce que les citoyens du Québec doivent se résigner? Parce que c'est un
projet... Le projet de loi, c'est concernant l'accélération de certains projets
d'infrastructure, il y en a 181. Si on ne change pas toutes les mesures par
rapport au paiement à l'article 66, la seule chose... la conclusion, moi,
à laquelle j'en arrive, ou que les citoyens qui nous regardent pourraient
arriver puis se dire : Ça va nous coûter plus cher. Il faut se résigner,
là, que, si le gouvernement, dans sa volonté d'accélérer les projets
d'infrastructure, ne met pas des mesures, il y a 77 % des entreprises qui
ne pourront pas... qui n'appliqueront pas. Ça va nous coûter plus cher parce
que ça va toujours être les mêmes.
Puis l'autre problème qu'on va avoir
tantôt, du monde, on n'en a pas au Québec, il y a une pénurie de monde partout,
partout, dans tout. Puis effectivement la machine étatique, là, ce n'est pas un
modèle, que ça soit aux Transports ou que ça soit dans d'autres ministères. Ça
fait que la conclusion à laquelle, moi, j'en arrive, je ne sais pas si c'est la
même chez vous, il faut s'attendre, <à ce que... >à cause qu'on
veut accélérer, ça va nous coûter pas mal plus cher que qu'est-ce qu'on aurait
pu sauver <si on avait donné plus de... >par des mesures simples
si on avait donné plus d'accès à plus d'entreprises. Est-ce que j'ai une bonne
lecture?
M. Boulanger (Steve) : Nous,
effectivement, on se dit : Prenons le risque, qui est un beau risque,
d'instaurer des mesures de paiement. Et, si on n'économise pas
6,5 milliards, on va avoir quand même économisé. Et c'est à coût nul pour
l'État, on ne demande pas de payer plus et plus vite, on demande de payer dans
les délais. Alors, prenons le risque, on n'a rien à perdre, tout à gagner.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Ouellette : Alors, c'est
une très bonne conclusion, M. le Président. On va le garder là-dessus.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, MM. Boulanger et Bilodeau de la Coalition contre les
retards de paiement dans la construction, merci pour votre précieuse
collaboration à nos travaux.
M. Boulanger (Steve) : Merci,
ça fait plaisir.
Le Président (M. Simard) :
Sur ce, nous allons suspendre quelques instants.
<(Suspension de la séance à
17 h 3)
Le Président (M. Simard) :
...
les retards de paiement dans la construction, merci pour votre
précieuse collaboration à nos travaux.
M. Boulanger (Steve) :
Merci, ça fait plaisir.
Le Président (M. Simard) :
Sur ce, nous allons suspendre quelques instants.
>
(Suspension de la séance à 17 h 3)
(Reprise à 17 h 5)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, nous sommes en mesure de reprendre nos travaux. Nous
sommes en présence de représentants de l'Union des municipalités du Québec, l'UMQ.
Alors, Mme Roy, M. Fortin, soyez les bienvenus parmi nous. Vous savez
que vous disposez d'une période de présentation de 10 minutes. Nous vous
entendons, après quoi nous pourrons entamer nos échanges.
(Visioconférence)
Mme Roy (Suzanne) :
Parfait. Merci beaucoup, M. le Président de la Commission des finances
publiques. Distingués membres de la commission, merci de recevoir les commentaires
de l'Union des municipalités du Québec.
Tout d'abord, au bénéfice des parlementaires,
j'aimerais rappeler que, depuis maintenant plus de 100 ans, l'UMQ
rassemble les gouvernements de proximité de toutes les régions du Québec afin de
mobiliser <l'expertise...
Mme Roy (Suzanne) :
...membres de la
commission, merci de recevoir les
commentaires
de
l'Union des municipalités du Québec.
Tout d'abord, au bénéfice des
parlementaires,
j'aimerais rappeler que, depuis
maintenant plus de 100 ans, l'UMQ
rassemble les
gouvernements de proximité de toutes les régions du
Québec
afin de mobiliser >l'expertise municipale, accompagner ses membres dans
l'exercice de leurs compétences et valoriser la démocratie locale. Nos membres,
qui représentent 85 % de la population et du territoire du Québec, sont
regroupés en caucus d'affinité. On parle là des municipalités locales, des municipalités
de centralité, des cités régionales, des grandes villes et des municipalités de
la métropole.
C'est en ma qualité de présidente de
l'union que je prends la parole aujourd'hui, et je veux également mentionner la
présence de M. Fabrice Fortin, conseiller aux politiques de l'Union des
municipalités du Québec.
D'emblée, je voudrais vous dire que l'UMQ
accueille favorablement le projet de loi n° 66, Loi
concernant l'accélération de certains projets d'infrastructure, puisqu'il
répond au plan de relance municipale de l'UMQ. Ça fait six mois qu'on essaie
d'accélérer, et, de manière évidente, plus on attend, moins on accélère. Il
faut rebondir avant de s'engourdir, M. le Président. Pour l'UMQ, il est temps
de procéder, parce que les gens souffrent du ralentissement économique partout
au Québec, parce que la crise sanitaire va durer et qu'il faut vivre avec le
virus et relancer tout ce qui peut être relancé de façon sécuritaire et parce
que les travaux d'infrastructure sont un moyen efficace de créer de l'activité.
Chaque dollar investi dans les infrastructures génère 1,64 $ en croissance
économique. Ce sont des milliers d'emplois directs, indirects, des contrats,
des sous-contrats tout le long de la chaîne d'approvisionnement, avec des
retombées jusque dans les commerces de quartier. Les commentaires de l'UMQ
porteront sur trois aspects : la mise en chantier des projets municipaux,
la compétence des municipalités en matière d'aménagement du territoire et la
réforme de la Loi sur l'expropriation.
Au printemps dernier, l'UMQ a élaboré un
plan de relance municipale. Nous avons consulté, bien sûr, nos membres ainsi
que plusieurs organismes. La mise en chantier des projets d'infrastructure,
pilotés autant par le gouvernement du Québec que par les municipalités, venait
en tête de lice. Nous sommes donc à la même place que le gouvernement, mais il nous
reste deux pas à franchir. Premièrement, l'UMQ demande un effet miroir dans le
projet de loi. Nous nous réjouissons de voir le gouvernement accélérer les
projets qui relèvent de son autorité, mais on voudrait pouvoir <faire...
Mme Roy (Suzanne) :
…
il nous reste deux pas à franchir. Premièrement, l'UMQ demande un effet
miroir dans le projet de loi. Nous nous réjouissons de voir le gouvernement
accélérer les projets qui relèvent de son autorité, mais on voudrait pouvoir
>faire pareil du côté municipal. Nous nous réjouissons que le Québec
veuille accélérer de gros projets structurants, mais les infrastructures, c'est
aussi des projets municipaux, des parcs, des pistes cyclables, des aménagements
qui améliorent la vie des citoyens et des citoyennes. Ceux-là aussi, on
voudrait bien les accélérer. Il ne s'agit pas ici de se lancer dans une foule
de projets, mais des projets municipaux qui pourraient être mis sur la voie
rapide sont déjà préparés, dans le collimateur, dans nos plans triennaux d'immobilisation.
Ils devraient avoir franchi déjà plusieurs étapes, comme le règlement d'emprunt
approuvé, les plans et devis complétés, études de sol réalisées ou encore
certificat d'autorisation déjà émis lorsque nécessaire.
• (17 h 10) •
Dans un second temps, l'UMQ demande de
diversifier les cibles d'investissement. Il faut élargir les critères
d'admissibilité du Programme de la taxe sur l'essence et de la contribution du
Québec, la TECQ. J'ai l'impression, presque, de radoter quand je dis ça, parce
que les municipalités disposent déjà de plusieurs projets identifiés dans leurs
plans triennaux d'immobilisation. On pense ici, bien sûr, à la mise aux normes
des hôtels de ville, des garages municipaux, des casernes de pompier, des
équipements culturels, communautaires ou sportifs partout au Québec. Pour
éviter une surchauffe dans les programmes et pour enclencher la relance dans
nos municipalités partout au Québec, il devient prioritaire d'élargir les
critères de la TECQ. On en parle depuis longtemps, le pas est pourtant facile à
franchir.
J'en suis à mon deuxième aspect, la
compétence des municipalités dans le domaine de l'aménagement du territoire. Le
gouvernement du Québec est sensible aux questions de compétence, nous aussi. La
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme établit l'aménagement du territoire comme
une composante fondamentale des pouvoirs des municipalités. Avec le projet de
loi n° 66, le gouvernement se donne la possibilité de passer outre
certains principes de cette loi qui est une pièce maîtresse des relations
Québec-municipalités, c'est-à-dire que les interventions gouvernementales n'auraient
plus à être soumises à l'examen de conformité, et les organismes
gouvernementaux qui mènent ces projets pourraient contourner la réglementation
municipale. Des allègements sont possibles à différents niveaux, on doit faire
aussi notre bout de chemin et on sera présents.
Maintenant, on fait appel au gouvernement.
La collaboration est aussi primordiale. Si on veut des projets bien intégrés
dans leur milieu, il faut travailler <ensemble...
Mme Roy (Suzanne) :
...
des allègements sont possibles à différents niveaux, on doit faire
aussi notre bout de chemin et on sera présents.
Maintenant, on fait appel au
gouvernement. La collaboration est aussi primordiale. Si on veut des projets
bien intégrés dans leur milieu, il faut travailler >ensemble. Ça ne veut
pas dire qu'on rajoute des délais. Cette collaboration pourrait, au contraire,
accélérer la mise en oeuvre de certains projets et, en plus, contribuer à la
bonification de ceux-ci. Plusieurs projets cités en annexe du présent projet de
loi sont des équipements publics qui marqueront le paysage québécois pour les
prochaines générations.
En dernier lieu, je vais aborder la question
de l'expropriation. Il s'agit d'un pouvoir extraordinaire que se donnent les
administrations publiques pour réaliser des projets qui sont pour l'intérêt de
la collectivité. Le projet de loi n° 66 comporte une procédure
d'expropriation allégée, comme cela a été fait pour le REM, comme ça a été pour
le réseau structurant de la ville de Québec. Je vous soumets respectueusement
que, si on est toujours en train d'adopter des lois qui, entre autres, ont
effet de contourner la Loi sur l'expropriation, c'est peut-être le signe qu'on
devrait changer la Loi sur l'expropriation. Parce qu'effectivement il y a un
problème. Lorsqu'il n'y a pas d'entente avec le propriétaire d'un immeuble, la
loi actuelle fait que les indemnités payées peuvent être disproportionnées par
rapport à la valeur marchande. Dans notre mémoire, on cite notamment une
décision du Tribunal administratif du Québec, de 2013, qui fixe à
1,38 million les indemnités pour un immeuble dont la valeur marchande est
de 276 000 $. Et c'est
sans compter les délais qui s'étirent souvent sur plusieurs années. On comprend
pourquoi le gouvernement, encore ici, se permet de changer les règles parce
que, dans le contexte de la relance, on ne peut pas attendre des années avant
d'enclencher des travaux, mais les municipalités aussi sont pénalisées par
cette loi.
Nous disons au gouvernement d'aller au
bout de sa pensée et de réformer dès maintenant la loi québécoise sur l'expropriation
afin que les indemnités soient basées sur la valeur marchande. Le régime
d'indemnisation basée sur la valeur marchande permet un rééquilibrage des
forces entre les parties expropriantes et les parties expropriées, en
favorisant un partage plus équitable des risques, et assure aussi une
prévisibilité budgétaire pour la partie expropriante. C'est un moyen aussi
d'accélérer les projets.
Mmes, MM. les membres de la commission,
nous sommes dans une crise qui affecte toutes les Québécoises, tous les
Québécois, dans toutes les régions du Québec, et surtout dans les régions où
l'économie est basée sur un ou quelques secteurs d'activité, des <régions...
Mme Roy (Suzanne) :
...
Mmes, MM. les membres de la commission, nous sommes dans une crise
qui affecte toutes les Québécoises, tous les Québécois, dans toutes les régions
du Québec, et surtout dans les régions où l'économie est basée sur un ou
quelques secteurs d'activité, des >régions qui dépendent de l'industrie
maritime, forestière, touristique, et qui voient leur principal moteur de développement
mis en cause pour une période indéterminée. Nous sommes dans la deuxième vague
de cette douloureuse pandémie, et il y en aura peut-être d'autres. Il faut agir
en concordance avec la gravité de la situation, relancer les activités qui
peuvent l'être...
Le Président (M. Simard) : …s'il
vous plaît!
Mme Roy (Suzanne) : ...de
façon sécuritaire. Oui. Je dépasse mon temps?
Le Président (M. Simard) : Pas
encore, mais presque.
Mme Roy (Suzanne) : Ah! Il me
reste un petit paragraphe.
Le Président (M. Simard) : Bien,
allez-y donc.
Mme Roy (Suzanne) : Alors, ce
que je disais : Relancer les activités qui peuvent l'être de façon
sécuritaire, enclencher au plus vite les projets qui pourront rallumer l'espoir
et avoir un effet structurant pour notre économie. L'UMQ offre toute sa
collaboration au gouvernement, appuie l'adoption du projet de loi n° 66. Nous avons confiance que...
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
Mme Roy (Suzanne) : ...le
gouvernement et ses organismes pourront mener à bien des projets qui
relanceront notre économie. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Merci, Mme la Présidente. Sur ce, je cède la parole à Mme la ministre,
qui a été vraiment très sage aujourd'hui et qui mérite 16 minutes dans son
droit de parole.
Mme LeBel : Je comprends que
vous allez donner du temps supplémentaire à mon collègue d'en face également,
mais je ne suis pas sûre qu'il a été aussi sage.
Le Président (M. Simard) :
Bien, lui... Non, mais lui aussi, il a été sage, lui aussi, il a été sage, il
le méritera.
Mme LeBel : Bon, bien, merci,
M. le Président, je vais essayer d'en faire bon usage. Bonjour, Mme Roy.
Mme Roy (Suzanne) : Bonjour.
Mme LeBel : Contente de
pouvoir discuter avec vous de ce sujet-là, je pense que c'est important. Donc, d'entrée
de jeu, je vais juste... Quand même, vous allez me permettre de cadrer un peu
la discussion. Je comprends que les mesures en matière d'expropriation,
d'autorisation environnementale, parce que vous n'en avez pas vraiment parlé...
Vous avez parlé des mesures sur la loi sur l'urbanisme, on pourra peut-être en
parler un petit peu plus précisément ensemble parce que ça m'intéresse d'avoir
la position de l'Union des municipalités du Québec sur les deux mécanismes
qu'on souhaite mettre en place. Et l'idée, ce n'est pas de bafouer les
compétences municipales, mais c'était de trouver des moyens d'accélérer
certains processus. Donc, si on est capables d'en discuter plus avant puis de
voir comment on peut obtenir le même objectif, et s'il y a des ajustements à
faire dans les deux mécanismes qu'on propose, je vais vous entendre avec grand
plaisir.
Et, si ce n'est pas aujourd'hui mais que
vous avez des suggestions à nous faire avant l'article par article, ça va
également me faire grand plaisir d'avoir ces suggestions-là, en gardant en tête
que, dans le domaine de l'aménagement du territoire et de la loi sur
l'urbanisme, nous voulons trouver des solutions pour accélérer les processus
d'autorisation, là, d'octroi de permis, là, de... D'octroi de permis? C'est ça,
d'octroi de permis.
Donc, ceci étant dit, parlez-moi des
mesures environnementales. <Est-ce que...
Mme LeBel : ...
gardant
en tête que, dans le domaine de l'aménagement du territoire et de la loi sur
l'urbanisme, nous voulons trouver des solutions pour accélérer les processus
d'autorisation, là, d'octroi de permis, là, de... D'octroi de permis? C'est ça,
d'octroi de permis.
Donc, ceci étant dit, parlez-moi des
mesures environnementales. >Est-ce que vous pensez que ce sont des
mesures qui sont à la fois adéquates… dans le sens qu'elles permettent
l'accélération des processus tout en respectant les principes de la Loi sur la
qualité de l'environnement? Loi qui continue de s'appliquer, je ne le répéterai
pas trop souvent, je pense. On intervient sur les processus et non pas sur les
normes. Donc, qu'est-ce que vous en pensez? Ce n'est pas abordé dans votre
mémoire, mais je suis intéressée de le savoir parce que vous proposez de les
appliquer au monde municipal, donc vous devez avoir une opinion.
Mme Roy (Suzanne) : Bien, effectivement,
nous avons une opinion. D'ailleurs, c'est souvent une question de délai, vous
l'avez bien dit, hein, c'est une question de processus. Puis là-dessus j'ai
presque envie de vous donner un exemple qu'on a vécu chez nous à la mise en
place d'une usine de biométhanisation. Alors, on parle d'un projet vert, là, on
parle d'une usine de biométhanisation pour transformer les aliments… en gaz.
Alors, ça nous a pris plus de deux ans, dans un parc industriel lourd, là où il
n'y avait pas de problématique de milieu humide. Nous n'étions pas dans une
zone sensible, plus de deux ans pour obtenir un certificat d'autorisation.
Alors, on comprend, là, par l'exemple, à
quel point nous, on est convaincus qu'au Québec, là, on peut être rigoureux et
plus efficaces. Alors, on pense qu'il est possible de respecter les règles
environnementales mais d'être plus efficace, de mesurer aussi les différents
éléments. Bon, dans l'exemple où je donnais… On est dans un parc industriel
lourd, avec des usines de pétrole à côté, et il n'y a aucune zone humide,
aucune zone sensible. Alors, il faut justement, je pense, se rendre plus
efficace. Donc, à ce niveau-là, nous croyons qu'il est possible, avec ce qu'on
retrouve dans le projet de loi, de s'assurer qu'effectivement on réduira les
processus sans diminuer les valeurs environnementales qui restent les mêmes et
la protection environnementale qui reste aussi présente. Mais évidemment il y a
différents impacts, et on doit mettre les délais et l'approfondissement des
mesures en fonction de la réalité des impacts. Quand il y a peu d'impacts, on
peut bien passer deux ans à changer des virgules de place, mais ça reste un
projet où il y a moins d'impacts.
• (17 h 20) •
Mme LeBel : O.K. Ça
m'intéresse parce que vous avez quand même... bon, vous êtes mairesse
également, là, donc vous avez l'expérience terrain, si on veut, de la mise en
place de certains projets environnementaux. Et c'est ce qu'on se propose de
faire dans le projet de loi n° 66, c'est-à-dire
d'établir des chemins, je dirais, des chemins différents, des chemins qui
respectent les normes environnementales mais qui permettent à l'aboutissement
final, c'est-à-dire de faire un projet dans le respect de l'environnement, mais
de tout de même faire un projet.
Donc, est-ce que vous pensez qu'on est
capables, dans... Et je vais reprendre parce que j'ai oublié une partie de mon
propos. Donc, <les chemins...
Mme LeBel : ...
je
dirais, des chemins différents, des chemins qui respectent les normes
environnementales mais qui permettent à l'aboutissement final, c'est-à-dire de
faire un projet dans le respect de l'environnement, mais de tout de même faire
un projet.
Donc, est-ce que vous pensez qu'on est
capables, dans... Et je vais reprendre parce que j'ai oublié une partie de mon
propos. Donc, les >chemins sont en fonction des impacts environnementaux.
Et je pense que c'est important que je le dise, les milieux humides, les
milieux hydriques, la loi s'applique, les autorisations ministérielles
demeurent. <Le zéro... >Le principe du zéro perte nette demeure,
on n'y touche pas dans le projet de loi n° 66.
Éviter, minimiser, restaurer, compenser, tous ces principes-là, qui existent
déjà dans la... par rapport aux protections des milieux humides et hydriques au
Québec, demeurent dans le projet de loi. Donc, ce ne sont pas ces projets-là
qui vont bénéficier de ce qu'on appelle, nous, la déclaration de projet plutôt
que l'autorisation ministérielle.
Donc, est-ce que vous pensez qu'on est
capables, justement, vous l'avez mentionné dans votre exemple, d'identifier,
à la base, le type d'impact potentiel d'un projet? Si c'est dans le milieu d'un
champ… je veux dire, hein, je ne sais pas.
Mme Roy (Suzanne) : …même
vous dire qu'on aurait dû le faire depuis longtemps, le nombre d'années qui a
été perdu sur des projets parce qu'on ne prend pas, à la base, le bon chemin.
C'est tout le monde sur la même voie, puis on congestionne la voie, c'est ça
qui se passe, actuellement, là, dans les études environnementales. Qu'il y ait
un gros impact, qu'on soit en milieu hybride ou qu'on soit dans un milieu
industriel lourd, on est sur la même route, sur la même rue, et là ça
congestionne. Et là effectivement ça crée des retards, ça crée des
problématiques, à mon sens, en termes de développement.
Alors, oui, de changer de chemin, c'est
nécessaire. J'oserais même dire que c'est nécessaire pour le gouvernement du
Québec. Et c'est nécessaire aussi pour les projets municipaux parce que, comme
je vous le mentionnais, on pense aussi qu'il est important qu'il y ait un effet
miroir, donc que l'on puisse, dans le cas où il n'y a pas d'impact pour des
projets ou des impacts vraiment minimes, aussi avoir ces délais.
Le ping-pong qu'on peut faire avec le
ministère de l'Environnement, je peux vous dire que c'est un marathon de
ping-pong. Et dans des cas où, si on avait pris le bon chemin, selon la
problématique réelle environnementale qui peut exister pour ce projet-là, bien,
je pense qu'on aurait gagné bien du temps, et c'est possible d'être et
rigoureux et efficace.
Mme LeBel : Je suis contente
de vous entendre, parce que je pense qu'il y a plusieurs enjeux. Il y a des
délais administratifs, purement administratifs, et je pense que mon collègue en
Environnement est en train de les regarder par plusieurs moyens, dont l'ajout
d'effectifs, mais je pense que ce n'est pas mutuellement exclusif d'aussi
intervenir sur les chemins différents qu'on peut emprunter en vertu des impacts
environnementaux.
Les mesures, jusqu'à présent, en
expropriation, en environnement, en accélération des paiements et d'intégrité
de l'AMP, semblent remporter un tel engouement que tout le monde veut que je
rende tout pérein, là, dans qu'est-ce que je mets dans le projet de loi n° 66. C'est votre cas pour la Loi sur l'expropriation, qui est
sous la responsabilité de mon collègue aux Transports, la <loi sur...
Mme LeBel : ...
présent,
en expropriation, en environnement, en accélération des paiements et
d'intégrité de l'AMP, semblent remporter un tel engouement que tout le monde
veut que je rende tout pérein, là, dans qu'est-ce que je mets dans le projet de
loi
n° 66. C'est votre cas pour la Loi sur
l'expropriation, qui est sous la responsabilité de mon collègue aux Transports,
la
loi >sur l'environnement
de mon collègue en Environnement. Il y a à peu près l'AMP, là, qui est sous ma
directe responsabilité, là, dans ce projet de loi là.
Est-ce que vous avez eu des discussions
avec le ministère des Transports sur le fait de rendre ce genre de mécanisme
là... Parce que ce n'est pas nouveau ce qu'on met dans le projet de loi n° 66, on l'a mis, entre autres, pour le REM, on l'a mis pour
le projet de Québec aussi qui a eu son propre projet de loi, là. N'en déplaise
à ce que M. le maire de Québec a dit, là, il bénéficie des mesures
d'expropriation qui sont similaires. Parce qu'on n'a pas réinventé la roue dans
le projet de loi n° 66. Est-ce que <dans... >vous
avez déjà eu ces discussions-là avec mon collègue aux Transports? Parce que c'est
quand même sous sa responsabilité, là.
Mme Roy (Suzanne) : Oui, définitivement,
et bien avant le dépôt du projet de loi, c'était un élément qu'on a souligné. Parce
que c'est un des régimes extrêmement généreux au Canada, quand on vous donnait
l'exemple, là, on parle de cinq fois le montant de la valeur marchande. On
comprend qu'il doit y avoir des compensations, mais ce qui arrive, c'est que,
dès le début du processus... On parlait du processus, tout à l'heure, avec une
loi telle que nous avons sur la Loi sur l'expropriation, les propriétaires
terriens n'ont même pas avantage à s'entendre avec le corps public parce qu'ils
vont obtenir, par des poursuites, par des contestations, deux fois, trois fois,
quatre fois, cinq fois la valeur marchande. Alors, on comprend que, dès le
départ, c'est vicié parce que ça nous amène des délais supplémentaires, des
frais supplémentaires. Parce qu'au-delà du coût même où se termine
l'expropriation on s'entend qu'il y a des avocats qui ont pu, tout au long du
processus, bénéficier des contestations.
Alors, oui, on en a parlé, définitivement,
on en parle depuis de nombreuses années. Et je pense que, oui, il faut rendre
pérein, mais il faut la modifier, pas juste dans l'application telle qu'elle
est faite, là, au projet de loi n° 66, mais qu'il
faut la modifier dans son essence même, de sur quoi elles doivent être basées,
les indemnités, lors d'une expropriation.
Mme LeBel : C'est toujours
délicat quand on semble, quand on semble, parce que je veux le dire en
apparence, priver un citoyen de son droit de contester. Par contre, ce que je
comprends de vos propos, en tout cas, et ce que moi, je lis dans l'expérience
en matière de contestation d'expropriation, c'est que c'est rarement le fait
brut d'être exproprié qui est contesté, c'est l'indemnité. Et on se sert
souvent du moyen de contester l'expropriation comme telle pour geler le projet
et s'en servir comme levier de négociation pour faire augmenter les indemnités.
C'est ce que vous nous dites?
Mme Roy (Suzanne) : Ça
fonctionne.
Mme LeBel : Ça fonctionne.
Mme Roy (Suzanne) : Je vais
plus loin que ça… que ça fonctionne. La meilleure façon d'avoir le maximum pour
un terrain, c'est : Conteste ton expropriation. Même s'il était prêt à
déménager, même si tu n'avais pas de projet sur le terrain, conteste, tu vas
gagner le double, le triple de ce que tu pourrais avoir en discutant.
Mme LeBel : O.K. Parlons
peut-être de façon plus précise, puis vous me direz si vous devez nous faire
peut-être un nouvel... peut-être ajouter à votre mémoire par la suite, là, des
mesures qui sont proposées en matière de Loi sur <l'aménagement...
Mme Roy (Suzanne) :
... ton expropriation. Même s'il était prêt à déménager, même si tu n'avais pas
de projet sur le terrain, conteste, tu vas gagner le double, le triple de ce
que tu pourrais avoir en discutant.
Mme LeBel :
O.K.
Parlons peut-être de façon plus précise, puis vous me direz si vous devez nous
faire peut-être un nouvel... peut-être ajouter à votre mémoire par la suite,
là, des mesures qui sont proposées en matière de Loi sur >l'aménagement
de l'urbanisme. Il y a deux chemins, il y a le chemin des projets gouvernementaux
où, dans l'état actuel du droit, le gouvernement doit... bon, regarde la MRC
avec son schéma d'aménagement et demande donc à la MRC de faire en sorte de
modifier son schéma d'aménagement en fonction du projet gouvernemental qui est
prévu. Souvent, c'est une route, là, puis des projets qui viennent de la SQI,
là.
Mais présentement ce qu'on propose de
faire, donc, c'est de ne pas attendre la modification et d'aller de l'avant.
Vous nous demandez, naturellement, de continuer de discuter en harmonie avec
les MRC, je pense que ça demeure l'intention gouvernementale, mais l'idée, c'est
de ne pas avoir de délai ou attendre parce que... Ultimement, là, ultimement,
le schéma d'aménagement est adapté au projet, si je comprends la réalité d'aujourd'hui,
là.
Mme Roy (Suzanne) : Tout à
fait. Ce qu'on mentionnait, c'est l'importance aussi de collaborer en amont. Je
pense que tout le monde va y gagner. Après ça, un coup qu'on s'est entendus
puis que le projet démarre, oui, que, techniquement, ça prenne un mois, deux
mois, trois mois à se faire, si on a déjà convenu, on travaille déjà ensemble.
Je pense que, là aussi, c'est une façon d'être plus efficace, là, de pouvoir
travailler avec les municipalités, avec les MRC, donc en amont des projets, et
de travailler à la collaboration.
Après, le côté plus technique, je dirais,
du temps où ça peut prendre... Parce qu'on le sait, là, les processus sont
lourds. Ils sont lourds au gouvernement mais ils sont aussi lourds dans les municipalités,
alors, oui, le temps d'adopter un règlement, le faire modifier, le passer à la
MRC. Puis là je ne vous parle pas s'il faut se rendre au changement au niveau
d'une communauté métropolitaine, alors là vous venez de gagner des délais qui
se calculent en années.
Mme LeBel : O.K., mais sans
négliger le fait que ce qu'on fait déjà, c'est-à-dire de se parler pour
s'assurer de s'entendre… Et, par la suite, là où on intervient dans les deux processus,
pour les projets gouvernementaux et pour les mandataires de l'État, c'est
vraiment dans la mécanique qui suit, c'est-à-dire de mise en application pour
réduire les délais. Et, pour ça, malgré le fait, et j'en conviens, qu'on vient
intervenir dans votre compétence, je pense... vous êtes quand même à l'aise
avec ce principe-là, si on continue de discuter comme on le fait présentement,
là.
Mme Roy (Suzanne) : Et, oui,
et c'est essentiel, je pense. Ça va faire des meilleurs projets en bout de
ligne.
• (17 h 30) •
Mme LeBel : Absolument. S'ils
sont acceptés par la communauté, c'est l'intérêt. Donc, peut-être rapidement, naturellement,
vous nous demandez, là... Le projet de loi est ciblé sur 181 projets. Il y
a une raison pour laquelle c'est fermé, parce que, bon, il y a des processus environnementaux
qu'on vient établir. On parle de chemins différents. On veut permettre à l'Environnement
de bien suivre ces projets-là et de ne pas les échapper, malgré les processus
qu'on met en place, on veut remettre encore une garantie encore plus grande.
Donc, moins de projets, il y a plus de possibilités pour l'Environnement, le
ministère de l'Environnement et le ministre de bien suivre ces dossiers-là.
Même chose en matière d'expropriation, on veut s'assurer de ne pas... Même si c'est
en...
17 h 30 (version révisée)
Mme LeBel : ...ces projets-là
et de ne pas les échapper. Malgré les processus qu'on met en place, on veut
remettre encore une garantie encore plus grande. Donc, moins de projets, il y a
plus de possibilités pour l'Environnement, le ministère de l'Environnement, et
le ministre de bien suivre ces dossiers-là. Même chose en matière d'expropriation.
On veut s'assurer de ne pas... même si c'est en apparence — et on
constate que, dans la pratique, ce n'est pas la même chose — de ne
pas brimer le droit des citoyens, etc. C'est une raison pour laquelle c'est
fermé.
Je comprends votre demande, mais avez-vous
chiffré le nombre de projets que ça pourrait mettre sur la table, le nombre de
projets qui bénéficieraient des différents chemins environnementaux, le nombre
de projets qui pourraient bénéficier de l'exception de l'expropriation, disons-le
comme ça, et des autres mesures? Parce que, là, on vient peut-être de faire en
sorte que l'AMP, ou l'Environnement, ou d'autres choses... sera peut-être plus
difficile, là, de faire des contrepoids, là.
Mme Roy (Suzanne) : ...
Mme LeBel : Oups! Je ne vous
entends pas. O.K.
Mme Roy (Suzanne) : ...des
projets, là. On parle de projets qui... dans le collimateur. On a déjà adopté
des projets de règlement, par exemple, dont on a déjà les plans et devis, donc,
des projets qui sont déjà travaillés par les municipalités, de pouvoir... des
projets qui vont se réaliser mais, plutôt que de se réaliser dans deux ans et
demi ou dans trois ans, pourraient peut-être se réaliser plus rapidement.
Alors, non, actuellement, je ne suis pas
capable de vous faire le portrait global parce qu'il faudrait aller voir dans
chacune des municipalités, mais on parle non pas nécessairement de projets qui
pousseraient aujourd'hui, mais de projets qui sont déjà débutés ou qui sont déjà
dans les processus.
Mme LeBel : Parce que l'impact
est important. Donc, pour... je comprends bien qu'aujourd'hui vous n'êtes pas
capable de nous dire combien de projets municipaux pourraient potentiellement
être visés. Bien que je ne veux pas que vous lisiez une ouverture de ma part
sur ce sujet-là, mais c'est intéressant de voir quel serait l'impact, là.
Mme Roy (Suzanne) : Ah! j'avais
espoir, Mme la ministre. J'avais espoir, là.
Mme LeBel : Oui. Non, mais ce
n'est pas ni ouvert ni fermé, je veux juste que vous ne lisiez rien de ma question,
mais je m'interroge. Parce que même le gouvernement ne met pas tous ses projets
gouvernementaux sur cette liste-là pour de bonnes raisons. Donc, j'aurais voulu
voir... J'ai mon collègue de La Pinière juste en face, et ses expressions
faciales, des fois, me perturbent. Je vais me limiter à ça. Mais j'aurais aimé
avoir peut-être...
Mme Roy (Suzanne) : On ne les
voit pas, nous.
Mme LeBel : Oui, je le sais. Vous
n'avez pas cette chance-là. Mais j'aurais aimé peut-être avoir une idée de
l'impact potentiel d'étendre une telle... Parce que ce n'était pas le cas du
projet de loi n° 61 non plus, là. Donc...
Le Président (M. Simard) :
Très rapidement, s'il vous plaît, Mme la Présidente.
Mme LeBel : Merci. En 10
secondes.
Mme Roy (Suzanne) : Alors,
bien, je pense qu'effectivement il faut le regarder parce que ça va nous
permettre d'avoir aussi des projets différents, puis des projets dans toutes
les régions du Québec, puis d'avoir des projets aussi petits.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci. M. le député de La Pinière.
Mme Roy (Suzanne) : Merci, M.
le Président.
M. Barrette : Bonjour, Mme
Roy.
Mme Roy (Suzanne) : Bonjour.
Le Président (M. Simard) :
Vous aussi, vous avez été gentil, donc vous avez un supplément dans votre temps
également.
M. Barrette : Merci. Alors là,
vous allez voir mes mimiques et vous allez comprendre, évidemment, que... Vous
savez, je vais vous dire quelque chose qui va vous intéresser. Je ne sais pas
si vous avez eu la chance de suivre tous nos travaux à date, mais les travaux,
jusqu'à la dernière minute et demie, ont été faits sous le signe de : C'est
fermé, il n'y aura pas d'ouverture. Et là j'ai été très étonné de voir la
ministre poser des questions qui nous amènent à beaucoup, beaucoup d'ouverture.
<Puis...
M. Barrette : ...mais les
travaux,
jusqu'à la dernière minute et demie, ont été faits sous le signe
de : C'est fermé, il n'y aura pas d'ouverture. Et là j'ai été très étonné
de voir la ministre poser des questions qui nous amènent à beaucoup, beaucoup
d'ouverture. >Puis il y a beaucoup de gens de notre côté de la table qui
pensent que ce que nous faisons actuellement est un précurseur à un
élargissement assez général. Mais, évidemment, on est encore dans une dynamique
fermée. Mais vous avez suscité, Mme Roy, un moment politiquement
intéressant.
Je vais revenir. Juste par curiosité,
Mme Roy, je vais prendre votre exemple d'usine de biométhanisation, à
propos duquel vous avez eu à faire du ping-pong, là, pour utiliser votre
expression. Que s'est-il passé exactement, là? Vous avez... Puis je vais
prendre votre expression à vous, là : rigueur et efficacité. Quand vous
dites «rigueur», vous croyez à l'application de ce qui est l'essence de la
procédure environnementale. Et quand vous dites «efficacité», ça veut dire
qu'il y a quelqu'un qui n'est pas efficace, là, qui est lent, où il y a des
embûches. Donc, vous ne contestez pas le fond, mais vous contestez la forme,
que je comprends, en passant.
Alors, qu'est-ce qui s'est passé, là?
Est-ce que le ralentissement, il est venu de votre bord, il est venu du bord de
l'État? Il est venu d'où? De la poste?
Mme Roy (Suzanne) : Bien,
d'abord, le processus de base... on est tous sur la même route. Qu'importent
les projets, qu'importe l'impact environnemental, on est tous sur la même
route. Et là on a des beaux délais. Alors, on dépose un projet, 120 jours
pour obtenir une réponse. En fait, c'est 120 jours pour obtenir
120 autres questions auxquelles on répond avec un nombre de jours
déterminé, ça retourne et ça revient. Alors, évidemment... Et je vous dirais qu'on
n'a pas vu… quand il y a 120 jours, ça ne rentre pas à la
119e journée, ou à la 115e, ou la 100e journée, ça rentre à la
120e journée.
Alors, oui, je pense qu'il y a des
éléments où, à la base, si on avait déjà pris comme constat qu'on était dans un
parc industriel lourd, pris comme constat qu'il n'y avait pas de problème au
niveau de milieux humides... Ça, c'était identifié à la base, là. On ne les
avait pas, ces problèmes-là de milieux humides, on n'avait pas ces problèmes de
milieux sensibles non plus. Alors, c'est… À la base, le processus est
extrêmement long, et, si on pouvait déjà définir, en accompagnement plutôt
qu'en ping-pong, déjà on serait plus efficaces.
Et moi, j'espère, M. Barrette, que,
oui, il va l'avoir, l'ouverture, parce que c'est important qu'on puisse faire
des projets différents dans chaque région du Québec, puis de plus petits
projets. Oui, bien sûr, ces projets-là qui sont dans l'annexe du projet de loi
sont extrêmement importants pour l'ensemble du Québec, mais les projets dans
nos municipalités, dans toutes les régions sont aussi des éléments qui vont
permettre d'avoir une véritable relance.
M. Barrette : O.K. Mais on
s'entend sur une chose, je pense, là, vous me confirmerez ou non : c'est
que, si la procédure du côté gouvernementale est lourde, et lente, et même, des
fois, boiteuse, le problème, il est là plus que dans le fond de la procédure à
la case départ. Moi, je postule que, vous, vos officiers à <vous…
Mme Roy (Suzanne) :
...d'avoir une véritable relance.
M. Barrette : O.K. Mais on
s'entend sur une chose, je pense, là, vous me confirmerez ou non : c'est
que, si la procédure du côté gouvernementale est lourde, et lente, et même, des
fois, boiteuse, le problème, il est là plus que dans le fond de la procédure à
la case départ. Moi, je postule que, vous, vos officiers à >vous ont été
efficaces. Ça veut dire que la résultante inefficace, elle vient de l'autre
bord de l'équation.
Mme Roy (Suzanne) : Bien, à
la base, si déjà les processus d'évaluation tenaient compte du rythme réel ou
de l'impact réel sur l'environnement, les chemins seraient différents. Plutôt
que d'être tous sur la même route, on pourrait peut-être sur trois routes
différentes, ce qui permettrait d'accélérer les processus. C'est ma vision des
choses. Peut-être que je rêve en disant ça, mais je reste encore convaincue
qu'au Québec on est capables d'être et rigoureux et efficaces.
M. Barrette : Très bien. Moi,
je suis d'accord avec vous, Mme Roy, d'accord avec vous. C'est juste que,
quand on dit ça, il faut l'appliquer sur le terrain. Et actuellement, ce qui
est proposé, ce n'est pas la même rigueur en termes d'évaluation que ce qui
existe aujourd'hui. Alors, vous l'avez lu... vous m'avez lu dans les journaux,
quand la pelle mécanique a écrasé la grenouille, là, il n'y en a plus,
d'évaluation environnementale de faisable. Et c'est ça qu'on nous propose actuellement
en milieu humide, essentiellement. Mais je ne veux pas qu'on débatte de ça, là.
Comme je vous disais, pour moi, là, je ne veux pas vous mettre sur la sellette
sur cet élément-là.
Sur les expropriations, vous avez fait un commentaire,
Mme Roy, qui m'a étonné. Puis je vais vous dire... je vais vous demander
votre connaissance, là. Peut-être que vous allez probablement en avoir plus que
moi. Selon les informations que j'ai, là, au gouvernement, on dit souvent...
Ça, ce n'est pas selon... Je vais mettre ça dans le bon ordre, là. Le gouvernement
nous dit souvent, pour ce qui est de l'expropriation, c'est copier-coller au
REM. Selon mes informations, les litiges dans le REM ont été réglés avant le
début des travaux. La loi du REM a forcé les gens à se parler puis régler leurs
problèmes avant de commencer les travaux. Alors que, là, ce n'est pas
exactement la même affaire. C'est oui, c'est le même texte de loi, à peu près,
il n'y a pas beaucoup de différence, sauf que les, disons, litiges qui
existent, qui sont en cours de débat, on les arrête. Il me semble que, là, il y
a un problème. Vous ne trouvez pas?
Mme Roy (Suzanne) : En fait,
les litiges viennent souvent... Puis on le vit dans les municipalités, là.
Quand c'est un corps public qui va vérifier le coût, par exemple, de l'achat
potentiel d'un terrain ou d'un bâtiment dans nos milieux, alors aussitôt que c'est
la ville qui fait la démarche, on vient d'avoir une hausse. En partant, là, on
ne parle plus la même langue, là. Le propriétaire terrien nous voit arriver
comme la poule aux oeufs d'or. Alors, oui, c'est un corps public, on va
contester, on va pouvoir avoir plus. On n'est pas sur la base, premièrement, de
la valeur marchande, donc ça a des impacts importants.
Et c'est pour ça qu'on réclame que la loi
soit modifiée entièrement sur la façon même dont on doit calculer les
indemnités sur la base même de calculs lors de l'expropriation. Est-ce que ça
doit être la valeur marchande pure ou est-ce qu'il peut y avoir un autre type
d'indemnisation qui tient <compte...
Mme Roy (Suzanne) :
...qu'on
réclame que la loi soit modifiée entièrement sur la façon même
dont on doit calculer les indemnités sur la base même de calculs lors de
l'expropriation. Est-ce que ça doit être la valeur marchande pure ou est-ce
qu'il peut y avoir un autre type d'indemnisation qui tient >compte des
projets, du zonage ou d'autres éléments? Possiblement. Mais actuellement, là,
c'est vraiment la poule aux oeufs d'or quand on parle d'expropriations.
• (17 h 40) •
M. Barrette : Bien, ce n'est
pas là... Peut-être que je me suis mal exprimé, Mme Roy. J'ai déjà eu
cette conversation-là avec Mme la ministre. Je considère qu'il y a des
contestations qui sont frivoles, je considère qu'il y a de l'exagération. On
est sur la même page. Et je suis d'accord qu'à un moment donné il faut régler
ça.
Ceci dit, le stop, l'arrêt que la loi
impose sans permettre aux parties... parce qu'on les force, à cause de 66, à
régler leurs affaires, il me semble qu'on devrait leur laisser le temps de
régler leurs affaires. Dans le REM, ça a été ça, là. Dans le REM, ils ont
réglé... On me raconte, puis peut-être que j'ai une mauvaise information, que
les enjeux litigieux entre les parties se sont réglés avant la pépine. Il me
semble que c'est ça qu'on devrait viser. Alors, il y a un côté exagéré du côté
des contestations, je suis d'accord avec vous.
Maintenant, il me semble que, là,
actuellement, ce qu'on nous présente est exagéré dans l'autre sens. La refonte
de la Loi sur l'expropriation... Bon, ce n'est pas l'objet de la loi, là. Si
moi, je propose ça, je sens qu'il va y avoir une opposition de la part de la
ministre, et puis ça va être un appel au règlement, validité de la proposition.
Vous êtes familière avec ça, hein? <Alors... >Mais je suis
d'accord avec vous. Mais pouvoir régler ce qui est en cours, il me semble que
ça devrait être quelque chose qui devrait pouvoir se faire, vous n'êtes pas
d'accord?
Mme Roy (Suzanne) : Il faut
s'assurer... Puis, telle qu'elle est faite actuellement, la loi, elle n'amène
pas à des règlements faciles. Au contraire, elle incite à la contestation et à
la longueur...(panne de son)
M. Barrette : La loi actuelle,
là. Mais, dans le cadre de 66, il faudrait avoir quelque chose, à mon avis.
Mais on y reviendra à l'étude détaillée.
Vous êtes l'Union des municipalités du
Québec. Vous avez des yeux partout autour de votre tête, partout, mais partout,
partout, partout aussi. Vous êtes totipotente. Tant mieux pour vous, là, c'est
le fun.
Dites-moi une chose, là : Avez-vous
des informations, vraiment, qui ont une certaine précision sur les
181 projets, là? Moi, ma lecture des 181 projets, c'est qu'il y en a
très peu qui ont besoin d'un BAPE pour ce qui est de l'environnement. Les
expropriations aussi. Moi, je pense que les expropriations, dans la lecture des
181 projets que je fais, il n'y en a pas tant que ça. Est-ce que vous
faites la même lecture?
Mme Roy (Suzanne) : Bien, je
n'ai pas fait l'étude exhaustive. Possiblement que certains projets réclament
de l'expropriation, d'autres réclament des processus environnementaux plus
rapides sur l'ensemble, mais nous, nous n'avons pas fait, là, l'étude exhaustive
de ce que réclamait chacun des projets pour être accéléré. On vous laisse ça à
vous, parlementaires, qui avez la chance de pouvoir les traiter. Alors... Mais
il <est...
Mme Roy (Suzanne) :
...l'
expropriation,
d'autres réclament des processus environnementaux
plus rapides sur l'ensemble, mais nous, nous n'avons pas fait, là, l'étude
exhaustive de ce que réclamait chacun des projets pour être accéléré. On vous
laisse ça à vous, parlementaires, qui avez la chance de pouvoir les traiter.
Alors... Mais il >est clair que notre souhait plus global, je vous
dirais, c'est de voir se réaliser ces projets dans nos régions.
M. Barrette : On est d'accord.
On est d'accord. Vous comprenez que là où je veux en venir, c'est qu'un projet
qui, au moment où on se parle, n'a pas besoin ni d'étude environnementale ni
d'expropriation, au moment où on se parle, il chemine. Une maison des aînés, ce
n'est pas compliqué, il y a une seule décision à prendre, c'est le nombre de
places. Le reste, on donne le budget, puis les appels d'offres se font. Bien,
ça, c'est 35 % des 181 projets. Les écoles, bien, vous connaissez la
dynamique locale, là. Il y a une loi qui permet l'expropriation, mais il y a
quelques douleurs au choix d'un espace que la population n'accepte pas nécessairement
parce qu'on prend un parc, par exemple. Ça, je prends souvent cet exemple-là.
Ça existe, ça, mais ce n'est pas 66 qui va accélérer ça.
Moi, dans ma ville, là, moi, je suis...
Le Président (M. Simard) :
En conclusion.
M. Barrette : ...un comté
ville — oui, je termine là-dessus — il y a ça. Je veux dire,
la commission scolaire a identifié un parc, la population est moins heureuse de
ça, et là, bien, on essaie de faire plaisir à tout le monde, puis le projet n'a
pas encore avancé. Donc, 66, on s'entend que ça ne va pas accélérer ça, là.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci à vous, cher collègue. Je cède maintenant la parole au député
de Rosemont pour une période de 2 min 40 s.
M. Marissal : Merci, M.
le Président. Mme Roy, bonjour, virtuellement.
Mme Roy (Suzanne) :
Bonjour.
M. Marissal : Bonjour.
Dites-moi donc, Mme Roy, dans votre ville, là, si vous décidez de
construire un aréna, ça va prendre combien de temps à se faire?
Mme Roy (Suzanne) : Ça
dépend où on va vouloir le mettre, évidemment, quels sont les terrains qui sont
disponibles. Mais il y a... Ça dépend des projets. Ça dépend des... Je ne peux
pas vous donner un temps spécifiquement pour un aréna. Ça va dépendre du
projet, et de l'endroit où il va se situer, et des programmes qui pourront nous
soutenir dans la construction.
M. Marissal : O.K., mais on s'entend
que ça ne sera pas fait en six mois, là? Il y a des délais normaux, que vous
pouvez juger anormaux, là, mais il y a quand même des délais minimaux à toute
forme de construction qui ne sont pas dus nécessairement aux empêcheurs de
tourner en rond, que vous identifiez comme étant le BAPE ou autre. C'est aussi
du bon vieux «red tape», dans votre municipalité ou ailleurs, mais c'est aussi
parce que, par principe de précaution, des fois, on veut s'assurer qu'on
construit à la bonne place.
Mme Roy (Suzanne) : Il y a
des délais normaux puis il y a des délais qui font augmenter et qui, là, font
qu'un projet qui, normalement, aurait dû se construire en une année ou en deux
ans va en prendre quatre, va en prendre cinq. Évidemment, s'il faut exproprier
un projet, par exemple, un terrain pour agrandir l'aréna actuellement à
Sainte-Julie, je m'embarque dans un processus qui va facilement doubler le
temps de l'agrandissement de l'aréna.
M. Marissal : Oui. Je ne veux
pas aller sur l'expropriation, je n'ai pas le temps, mais vous conviendrez avec
moi que ce sont des mesures d'exception... qui demandent des mesures
d'exception pour les gens qui se font exproprier, là. En général, ce n'est pas
le fun de se faire exproprier non plus, là. Mais je n'irai pas là-dedans, je
n'ai pas le <temps…
Mme Roy (Suzanne) :
...dans un
processus
qui va facilement doubler le temps de
l'agrandissement de l'aréna.
M. Marissal : Oui. Je ne
veux pas aller sur l'expropriation, je n'ai pas le temps, mais vous conviendrez
avec moi que ce sont des mesures d'exception... qui demandent des mesures
d'exception pour les gens qui se font exproprier, là. En général, ce n'est pas
le fun de se faire exproprier non plus, là. Mais je n'irai pas là-dedans, je
n'ai pas le >temps.
Moi, je veux juste vous dire, Mme Roy, que,
dans mon comté, là, ça fait 25 ans qu'on parle du SRB Pie-IX, qui est enfin en
train d'être construit. Puis je peux vous garantir que, pour courir là régulièrement,
il n'y a pas de marécages ni de milieux humides là. C'est purement une question
de volonté politique puis de niaisage avec le puck.
Alors, est-ce qu'on n'est pas en train
d'essayer de se servir de la relance économique, dont tout le monde souhaite la
réalisation, bien sûr, pour justement couper un peu les coins ronds, justement
en mesure d'évaluation environnementale, parce que c'est trop long? Et moi, je
vous le dis, je suis peut-être d'une nature plus patiente que vous, là...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Marissal : ...mais, deux
ans pour votre projet de biométhanisation, ça ne m'empêche pas de dormir. Je
trouve que c'est correct de prendre le temps de bien faire les choses.
Mme Roy (Suzanne) : Bien,
nous, ça nous a empêchés de dormir parce que ça nous empêchait d'avancer. Puis
ce n'était pas deux ans pour la construction, c'étaient deux ans pour obtenir
le certificat d'autorisation...
Le Président (M. Simard) :
D'accord.
M. Marissal : Bien oui, c'est
ça. Ce n'est pas un dépanneur.
Mme Roy (Suzanne) : ...dans
des milieux... (panne de son)
Le Président (M. Simard) :
D'accord. Merci, Mme Roy.
M. Marissal : Ce n'est pas un
dépanneur.
Le Président (M. Simard) : Je
cède maintenant la parole au député de Jonquière, qui dispose d'une période de
2 min 40 s.
M. Gaudreault : Oui. Alors,
merci de votre présentation. Je voulais vous entendre spécifiquement sur les
articles 54 à 61, là, qui amènent quand même, pour les municipalités, des
nouveaux délais beaucoup plus courts. Entre autres, l'article 61, là, à compter
du 10e jour suivant la notification, on va considérer que c'est conforme.
Alors, est-ce que vous êtes... C'est quoi, votre avis? Et êtes-vous à l'aise avec
ces délais très courts entre 54 et 61?
Mme Roy (Suzanne) : En fait,
je vous dirais qu'on comprend que c'est dans une situation particulière, dans
la situation où on veut relancer les choses, où, effectivement, ça va nous
demander à nous aussi plus d'efficacité. On va devoir prioriser ces projets-là.
Parce que c'est ça, hein? C'est aussi un choix où, quand ça va arriver, si ton
délai est plus court, ton projet est priorisé. Donc, c'est une analyse qui est
le premier sur le dessus pour s'assurer d'être plus efficaces.
Alors, c'est clair qu'à ce moment-là, dans
le cadre d'un moment défini, d'une particularité qui est celle de cette
pandémie que l'on vit actuellement... Et je fais actuellement une tournée des régions
et je peux vous dire que, dans toutes les régions, je sens l'anxiété augmenter,
le stress augmenter. Alors, on va tous mettre l'épaule à la roue pour être plus
efficaces.
M. Gaudreault : Merci. Vous
avez noté, au début de votre présentation, plusieurs types de projets. Vous
avez parlé d'arénas, de bibliothèques, des projets plus petits. Je ne vous ai
pas entendue parler de mesures d'assainissement des eaux, par exemple, alors
qu'on sait que, dans plusieurs municipalités, c'est quand même un enjeu
important parce qu'il y a encore des déversements d'eaux usées, par exemple,
dans le fleuve ou dans des rivières. Est-ce que, pour vous, ça apparaît comme
des projets qui devraient se qualifier pour la relance <économique...
M. Gaudreault : ...je
ne
vous ai pas entendue parler de mesures d'assainissement des eaux, par exemple,
alors qu'on sait que, dans plusieurs municipalités, c'est quand même un enjeu
important parce qu'il y a encore des déversements d'eaux usées, par exemple,
dans le fleuve ou dans des rivières. Est-ce que, pour vous, ça apparaît comme
des projets qui devraient se qualifier pour la relance >économique?
Mme Roy (Suzanne) : Tout à
fait, tout à fait.
M. Gaudreault : Êtes-vous
capable...
Mme Roy (Suzanne) : Ce sont
des projets...
M. Gaudreault : Pardon?
Mme Roy (Suzanne) : D'ailleurs,
ce sont des projets qu'on retrouve dans certains plans triennaux d'immobilisations
parce qu'ils sont priorisés. Donc, oui, ça ferait partie des projets qui
peuvent être mis en chantier dans le cadre d'une relance.
M. Gaudreault : Êtes-vous
capable d'évaluer à peu près les sommes que ça pourrait représenter, ceux que
vous savez, là, chez vos collègues de l'UMQ qui seraient presque prêts, là, à
être lancés, là, et ça tarde, là, pour toutes sortes de raisons?
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
Mme Roy (Suzanne) : Je ne
pourrais pas vous donner un chiffre comme ça parce qu'il faudrait vraiment, là,
aller faire les demandes spécifiques aux municipalités pour quels sont ceux qui
sont en assainissement des eaux. Mais les besoins sont là.
M. Gaudreault : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, Mme Roy, présidente de l'UMQ, merci de votre présence parmi nous ce soir
ainsi qu'à M. Fortin, qui vous accompagnait. Et saluez de notre part vos
concitoyens de Sainte-Julie.
Mme Roy (Suzanne) : Bien,
merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Sur
ce, nous allons suspendre nos travaux, et on se retrouve à 7 h 30.
(Suspension de la séance à 17 h 49)
19 h 30 (version révisée)
(Reprise à 19 h 33)
Le Président (M. Simard) :
Alors, à l'ordre, chers collègues! Je constate que nous avons quorum. Nous
pouvons donc reprendre nos travaux. Je vous remercie à nouveau pour votre
ponctualité.
Nous recevons à l'instant les
représentants de la Fédération québécoise des municipalités. Messieurs, à vous
deux, bienvenue. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter? Et vous
savez que vous disposez d'une période de 10 minutes pour faire votre <présentation...
Le Président (M. Simard) :
...Je vous remercie à nouveau pour votre ponctualité.
Nous recevons à l'instant les
représentants de la
Fédération québécoise des municipalités. Messieurs,
à vous deux, bienvenue. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter? Et
vous savez que vous disposez d'une période de 10 minutes pour faire votre
>présentation.
M. Demers (Jacques) :
Je m'appelle Jacques Demers, président de la Fédération québécoise des
municipalités.
M. Châteauvert (Pierre) :
Et Pierre Châteauvert, directeur des politiques de la Fédération québécoise des
municipalités.
Le Président (M. Simard) :
Bienvenue. Nous vous écoutons.
M. Demers (Jacques) :
Bien, bonjour, merci de nous accueillir, d'abord. Oui, je suis président de la Fédération
québécoise des municipalités, mais je suis d'abord maire de
Sainte-Catherine-de-Hatley et aussi préfet de la MRC Memphrémagog. Je suis
accompagné évidemment de notre directeur des politiques à la FQM.
Depuis le début de cette pandémie, nous
sommes dans l'urgence. Tous les jours, nous mettons en place des façons de
faire qui divergent de nos habitudes, aussi bien pour nos citoyens que pour la
sécurité de nos communautés. L'urgence, ça nous oblige à innover. En crise, on
est obligé de sortir des sentiers battus.
Je pense que je vais demander à Pierre de
nous lire le résumé de notre mémoire, s'il vous plaît.
M. Châteauvert (Pierre) :D'accord. Donc, notre mémoire, il a différentes parties, selon
le projet de loi, puis il y a des messages qu'on aimerait... principaux
messages qu'on aimerait passer à la commission ce soir, donc, d'abord sur
l'achat et l'approvisionnement local.
Les régions du Québec ont grandement
besoin de projets d'infrastructures qui permettront de relancer leur économie.
Cette relance peut cependant aller plus loin et permettre une véritable
mobilisation des ressources du milieu. Le projet de loi n° 67,
qui est aussi à l'étape des consultations particulières, contient des dispositions
permettant notamment aux municipalités, dans une demande de soumission
publique, d'exiger la provenance canadienne. Il serait approprié d'appliquer
des dispositions similaires aux projets d'infrastructures inclus au projet de
loi n° 66, de façon à ce que les entrepreneurs
partout sur le territoire en tirent profit. De plus, il serait bénéfique pour
les régions qu'une véritable politique d'achat et d'approvisionnement local
soit mise en place pour les organisations et les établissements publics, comme
les maisons des aînés, afin de favoriser les produits et fournisseurs locaux.
Au niveau de l'encadrement des mesures
d'accélération relatives à l'acquisition de biens, donc, la FQM se réjouit des allègements
apportés à la procédure d'acquisition de biens puisqu'ils permettront de
réaliser les projets d'infrastructures plus rapidement. Considérant que l'aménagement
du territoire est une compétence des MRC et des municipalités et que plusieurs
projets inclus dans l'annexe I auront un impact sur celles-ci, la FQM souhaite
que les MRC soient informées des modalités d'application de la procédure pour
les projets qui se dérouleront sur leurs territoires et soient informées le
plus rapidement possible. Auparavant, la démarche d'acquisition était suffisamment
longue pour que les MRC et les municipalités concernées par un projet aient le
temps de s'assurer de sa cohérence avec le schéma d'aménagement et de développement.
Maintenant que la réalisation des projets se trouverait accélérée, il faudrait
que les MRC et municipalités soient informées plus tôt dans le processus afin
qu'elles puissent effectuer leurs analyses presque de façon concomitante.
Toujours au niveau des mesures
d'accélération, au niveau de l'environnement, afin d'atteindre les objectifs
souhaités par le gouvernement, il est essentiel que les municipalités et les
MRC puissent également donner une impulsion à l'économie locale par l'accélération
<de leurs travaux, >de leurs propres travaux d'infrastructures
planifiés. Puisque plusieurs projets de nature environnementale sont déjà <dans...
M. Châteauvert (Pierre) :
…accélération, au niveau de
l'environnement, afin d'atteindre les
objectifs
souhaités par le
gouvernement, il est essentiel que les
municipalités
et les MRC puissent
également donner une impulsion à
l'économie
locale par l'accélération de leurs travaux, de leurs propres travaux
d'infrastructures
planifiés.
Puisque
plusieurs projets de nature
environnementale
sont déjà >dans la planification des municipalités, il serait
intéressant qu'ils soient priorisés dans le cadre de ce projet de loi.
La FQM rappelle la complexité et la
lourdeur du processus d'approbation des projets et les délais administratifs
indus pour l'obtention de l'autorisation ministérielle, qui entraîne des coûts
et des retards importants pour les municipalités. Ainsi, la FQM propose que des
travaux planifiés, comme l'alimentation en eau potable ou le traitement des
eaux usées ou tout autre projet d'infrastructure nécessaire au respect d'une
obligation liée à une loi ou à un règlement environnemental puissent également
bénéficier de mesures d'accélération, et il y en a beaucoup. Par ailleurs, il
serait souhaitable que les travaux visant la protection de territoires face aux
inondations nécessaires pour des questions de sécurité publique puissent
également faire l'objet d'un processus accéléré. D'ailleurs, c'est traité dans
le projet de loi n° 67, qui est… (panne de son) …à l'Assemblée nationale.
Malgré le caractère exceptionnel et
temporaire des mesures proposées dans le projet de loi et afin que les
interventions des municipalités dans les compétences qui leur sont attribuées
soient efficaces, les municipalités doivent pouvoir bénéficier des informations
concernant le développement actuel ou projeté sur leurs territoires et les
travaux qui en découlent. Il importe de rappeler que ce sont les municipalités
et les MRC qui planifient l'aménagement du territoire, et cette tâche ne peut
se faire adéquatement sans l'accès aux informations pertinentes.
Le projet de loi prévoit, à
l'article 27, la transmission par l'organisme public d'une copie de la
déclaration de projet à la municipalité. Toutefois, ce n'est pas le cas pour
plusieurs informations clés pour une planification cohérente de l'aménagement
du territoire. Ainsi, l'attestation de conformité signée par un professionnel
prévue à l'article 29 est transmise uniquement au ministère de
l'Environnement.
Par ailleurs, le projet de loi prévoit, à
l'article 30, que, lorsque des travaux de remise en état des milieux
humides et hydriques sont effectués, l'organisme public concerné par la déclaration
de projet doit transmettre au ministre responsable de l'Environnement un avis
signifiant la fin des travaux. Aussi, le rapport de suivi par un professionnel
doit être produit un an suivant la fin des travaux de remise en état. Considérant
<que les MRC… >les responsabilités des MRC quant à la réalisation
de plans régionaux de milieux <hydriques, >humides et hydriques,
il semble essentiel que ces dernières soient informées de tous les travaux
effectués dont on a fait état.
Nous souhaitons également porter à votre
attention l'importance de prévoir au projet de loi la transmission aux MRC de
toute étude, analyse et caractérisation concernant les milieux humides et
hydriques réalisée dans le cadre des projets visés afin d'améliorer leurs
connaissances en matière de conservation et utilisation durable des milieux
humides et hydriques.
Bien que la FQM soit d'accord avec
l'esprit du projet de loi, le pouvoir des municipalités en matière
d'aménagement doit être protégé dans le cadre de cette loi. C'est aussi le cas
pour la question de la gestion et la protection des cours d'eau. Le projet de
loi prévoit une soustraction de l'application des dispositions de la LAU, la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme, pour les interventions gouvernementales. Par
ailleurs, des allègements à la procédure d'obtention d'une autorisation
municipale sont également prévus afin d'accélérer l'obtention de permis de
construction. Ces mesures peuvent inquiéter et doivent se limiter à la période
d'application de la <loi…
M. Châteauvert
(Pierre) :
…question de la gestion et la protection des
cours d'eau. Le
projet de loi prévoit une soustraction de l'application
des dispositions de la LAU, la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme,
pour les interventions gouvernementales. Par ailleurs, des allègements à la
procédure d'obtention d'une autorisation municipale sont également prévus afin
d'accélérer l'obtention de permis de construction. Ces mesures peuvent
inquiéter et doivent se limiter à la période d'application de la >loi.
La cohérence des interventions sur le
territoire est un principe d'aménagement important qui incombe aux MRC. Nous
partageons le caractère d'urgence de la situation, et il faut éviter des excès
qui ont déjà été constatés dans le passé. De plus, nous demandons au
gouvernement d'associer le plus tôt possible les municipalités et les MRC dans
la planification d'un projet pour éviter d'éventuels problèmes.
• (9 h 40) •
Au niveau de la reddition de comptes, nous
croyons que des mesures supplémentaires doivent être prévues, considérant les
impacts importants à long terme de la majorité de ces projets sur le territoire.
Et aussi, la façon qu'on va les gérer, ça peut être très intéressant. Toute
dérogation aux pouvoirs des municipalités en matière d'aménagement et
d'urbanisme ou aux schémas d'aménagement des municipalités devrait, par le
biais d'une reddition de comptes accrue, être centralisée dans un registre aux
fins d'une consultation ultérieure.
La reddition de comptes aux municipalités,
spécialement en ce qui a trait aux dispositions relatives à l'aménagement, est
essentielle. Les municipalités doivent être informées et avoir accès à la liste
exhaustive des demandes formulées et des dérogations permises dans le cadre du
projet de loi, de façon à pouvoir y référer dans le futur. L'objectif d'un tel
registre serait de distinguer, <ou, >voire exclure, les
dérogations permises dans le cadre de ce projet de loi de toute autre
dérogation demandée dans le futur afin qu'elles ne constituent pas un frein au
développement de nouveaux projets.
Selon la FQM, ce projet de loi permettrait
des retombées économiques et sociales importantes dans cette période cruciale
de pandémie. À cet effet, elle lui apporte son soutien, sous réserve des
commentaires et des propositions exprimés plus haut. La FQM est persuadée que ces
propositions permettraient d'augmenter les bénéfices attendus du projet de loi
ou de prévenir des situations inefficaces et problématiques qui pourraient en
découler. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. Châteauvert. Mme la ministre, je vous cède la parole. Vous
disposez de 16 minutes.
Mme LeBel : Oui. Merci, M. le
Président. M. Demers, M. Châteauvert, merci d'être présents. Merci de venir
discuter avec nous, là, de cette nouvelle mouture du projet de loi. Il y a
plusieurs choses, là, que vous avez traitées assez rapidement dans votre
présentation, peut-être qu'on pourra se permettre, là, dans les 16 minutes qui
nous sont imparties, de vous permettre d'élaborer un peu plus sur certaines recommandations
que vous faites. Bon, plusieurs recommandations qui sont des recommandations
que j'appellerais plutôt de bonnes pratiques, c'est-à-dire consulter les municipalités
en amont, etc., et quelques recommandations qui visent plus particulièrement
des ajouts au projet de loi en matière législative.
Donc, on va peut-être parler plutôt, particulièrement,
des ajouts, mais, en premier lieu, j'aimerais vous demander peut-être votre
opinion et celle de vos membres. Vous avez émis, donc, un communiqué de presse,
je pense que c'est le 23 septembre, mentionnant que la FQM accueillait favorablement
le projet de loi n° 66 pour limiter les délais des processus administratifs,
et vous avez signifié, entre autres, particulièrement, en ce qui a trait aux
autorisations environnementales. J'aimerais peut-être vous entendre un peu sur
votre opinion sur les processus environnementaux, les chemins. Votre
prédécesseur de l'UMQ tantôt a parlé de créer plusieurs chemins, dépendamment
du risque environnemental ou de l'impact environnemental anticipé d'un projet.
C'est exactement <ce que le projet de loi n° 66…
Mme LeBel : …
un peu
sur votre opinion sur les processus environnementaux, les chemins. Votre
prédécesseur de l'UMQ tantôt a parlé de créer plusieurs chemins, dépendamment
du risque environnemental ou de l'impact environnemental anticipé d'un projet.
C'est exactement ce que le projet de loi n° 66> dans cette
philosophie-là que le projet de loi n° 66 crée quelques processus, là,
quelques chemins par rapport aux impacts.
Donc, qu'est-ce que vous en pensez? Est-ce
que vous pensez que ça va avoir un impact significatif en matière de processus
environnementaux? Je sais que ça a souvent été décrié par les municipalités, la
lenteur des processus, là, donc j'aimerais peut-être avoir <un peu votre…
>un peu plus de jus de votre part sur ce sujet-là, si vous permettez.
Le Président (M. Simard) : M.
Demers?
Mme LeBel : Ou M. Châteauvert,
je ne sais pas qui.
Le Président (M. Simard) : Ou
M. Châteauvert.
M. Demers (Jacques) :
…je pense que, là, on a une opportunité assez unique. Je pense que vous ne
m'entendez pas bien, excusez.
Mme LeBel : Ça va, il y a
juste…
Le Président (M. Simard) : C'est
un peu laborieux.
Mme LeBel : …un petit trémolo,
on dirait.
M. Demers (Jacques) :
O.K. Je vais essayer de rapprocher, je ne sais pas…
Mme LeBel : Ah! c'est mieux.
M. Demers (Jacques) :
Oui. O.K. Je pense que ce qui est important, de ce côté-là, c'est qu'on a une
chance unique d'innover, particulièrement au niveau environnemental. Le
gouvernement avait pris un engagement électoral, a parlé de
5 000 emplois qui se retrouveraient au niveau des régions, au niveau
des fonctionnaires en région. Bien là, on a l'occasion de le faire.
Particulièrement au niveau
environnemental, si on veut aller plus vite, je pense que ça va prendre des
fonctionnaires sur le terrain, ça va prendre des gens en environnement qui sont
présents. Si on est capable de répondre… Plutôt que de remplir des rapports qui
pourraient être laborieux puis ne pas toujours correspondre exactement aux
besoins du projet comme tel, ça nous prend des gens qui sont sur les lieux. Ils
vont être capables de voir ce qui se passe, ils vont être capables de faire un
suivi, on va éviter des… (panne de son) …d'être obligé de passer au régional,
de ramener ça au provincial pour avoir des acceptations. Si on veut aller plus
vite, il faut qu'il y ait des gens qui sont présents, qui s'y connaissent, sur
le terrain, qui puissent être présents. C'est le problème en environnement.
Parce que, d'aller plus vite, il faut
faire attention. Si on ne rajoute pas des personnes sur le terrain, on ne
pourra pas aller plus vite, parce qu'on va faire des rapports, ça va être
encore très long avant d'avoir des autorisations. Si on veut protéger l'environnement,
ça nous prend des gens qui vont être sur le terrain, puis je pense qu'on a une
occasion de le faire, comme jamais, puis là on va avancer. Puis on va le voir,
on va peut-être, par la suite, vouloir garder cette façon de faire là.
Mme LeBel : Bien, je pense,
effectivement, M. Demers, qu'il faut avoir — j'en ai entendu
parler beaucoup, moi, dans mes municipalités — des accompagnateurs en
environnement, là, pour aider, surtout les petites municipalités, à naviguer à
travers le processus, mais outre le fait d'ajouter des gens, des
accompagnateurs, est-ce que vous avez constaté… Parce que ce que vous écrivez,
dans le fond, dans votre communiqué de presse, c'est que «la FQM a fait part de
ses préoccupations quant à la complexité et la lourdeur du processus
d'approbation des projets». Donc, bon, on parlait… bon, vous parlez de la crise
sans précédent. Effectivement, dans le cadre de la COVID, il faut quand même
peut-être être capable de repenser, sur certains aspects, et on le fait <pour…
Mme LeBel : ...ce que vous
avez constaté… Parce que ce que vous écrivez, dans le fond, dans votre
communiqué de presse, c'est que «la FQMV a fait part de ses préoccupations
quant à la complexité et la lourdeur du processus d'approbation des projets».
Donc, bon, on parlait… bon, vous parlez de la crise sans précédent.
Effectivement, dans le cadre de la COVID, il faut quand même peut-être être
capable de repenser, sur certains aspects, et on le fait >pour un nombre
de projets limités, nos façons de faire tout en respectant les normes
environnementales, parce que je pense que l'objectif de tout le monde est de
respecter l'environnement mais de faciliter les choses en matière
d'autorisations.
<
Est-ce que vous avez
constaté également... >Je vais reprendre un exemple qu'on m'a déjà donné.
Ça prenait une autorisation environnementale pour un ponceau puis un pont. C'est
la même affaire, là. Donc, est-ce que vous avez constaté aussi, à l'intérieur
des processus, <qu'on est... >je vais reprendre les paroles de quelqu'un
qui a témoigné tantôt, qu'on est tous sur le même chemin, peu importe l'impact
environnemental, et qu'on devrait créer, justement, des chemins différenciés,
compte tenu des impacts anticipés, là, au niveau de l'environnement, là?
M. Châteauvert (Pierre) :
Si vous permettez, par rapport à ça, je voudrais vous donner un exemple très
concret. Lorsqu'on a un projet d'assainissement des eaux, d'aqueduc, des
projets qui sont pour l'amélioration de l'environnement, il faut aller chercher
des certificats. Et cette étape-là, la plupart, la très grande majorité des
projets, on envoie le... et le certificat qu'on reçoit à la fin, <il
est... >il n'y a pas de demande de modification, c'est exactement ce
qu'on a fait comme demande. Et ça, des fois... Mais là c'est amplifié, étant
donné la problématique de main-d'oeuvre. Si on pouvait, avec une procédure, peut-être
en accompagnement, si la personne, les gens de l'environnement, tu sais, pouvaient
mettre... soit de réduire au minimum le temps ou carrément de faire sauter cet
élément-là. Ce sont, de toute façon, des projets d'amélioration au niveau
environnemental.
Il s'en vient toute la question des
travaux pour contrer les inondations. Vous savez, il y a eu un immense
processus, suite aux inondations, en 2019, tout le monde est autour de la
table, tout le monde s'entend, que ça soit les groupes... tout le monde est là,
les municipalités, les groupes, les universitaires, on s'entend sur une
procédure. Il faudrait qu'on fasse... bien, en fait, qu'on puisse réduire au
minimum ou même qu'on aille au-delà et plus vite — vous parlez d'un
chemin différent — pour ces projets-là. Il y a une question de
sécurité <qui vient... >qui est à l'horizon, là. Si on se retrouve
dans une autre situation d'une inondation, il faut absolument aller plus vite
pour réaliser ces projets-là. Et c'est de là notre proposition d'inclure dans
le projet de loi ce qui va découler de l'ensemble de cette démarche-là.
Mme LeBel : O.K.
M. Châteauvert (Pierre) :
Puis peut-être de faire sauter des étapes.
M. Demers (Jacques) :Peut-être, juste pour être sûr que je me suis bien fait
comprendre, quand je parlais d'accompagnateurs, là, ce n'est pas des gens à
cause que les municipalités sont plus petites ou plus grosses, c'est au niveau
du ministère de l'Environnement qu'on s'aperçoit que, sur le terrain, il manque
des gens. C'est pour ça que je parle de fonctionnaires qu'on ramène au niveau
des régions, qui, eux, pourraient être directement là où est-ce qu'il y a des
travaux. Je pense que c'est beaucoup plus rapide si on a une personne qui est
dédiée. On veut faire des gros travaux, des travaux importants, et on veut les
faire rapidement. Ça prendrait quelqu'un qui est sur le terrain, c'est ce qui
manque beaucoup, de ce temps-là, ce qui nous permettrait, et de protéger
l'environnement, et d'aller plus rapidement.
Mme LeBel : O.K. Vous avez
parlé... Vous avez vu, on a mis… dans le projet de loi, il y a une section <qui...
M. Demers
(Jacques) : ...faire des gros travaux, des travaux importants,
et on veut les faire rapidement. Ça prendrait
quelqu'un qui est sur le
terrain, c'est ce qui manque
beaucoup, de ce temps-là, ce qui nous
permettrait, et de protéger l'environnement, et d'aller plus rapidement.
Mme LeBel : O.K. Vous avez
parlé... Vous avez vu, on a mis… dans le
projet de loi, il y a une
section >qui concerne plus particulièrement la loi sur l'urbanisme,
l'aménagement du territoire, donc le rôle des municipalités, où on se propose
d'accélérer deux processus, celui du projet qui est, je vous dirais, le projet
qui émane du gouvernement directement par rapport à la conformité du schéma
d'aménagement du territoire, et il y a aussi le projet de loi qui découle d'un mandataire
de l'État. En général, ce sont les commissions scolaires, donc, des écoles ou
les maisons des aînés, à titre d'exemple, qui sont faites par les CISSS ou les
CIUSSS. Donc, est-ce que vous avez, bon, <vous avez >regardé ces
processus-là?
Vous comprenez, on en a parlé un peu avec
vous en amont. Est-ce que c'est par rapport à ces processus-là que vous
mentionnez, à la recommandation 10, qu'«il serait opportun de créer un
registre afin de centraliser les dérogations aux pouvoirs des municipalités découlant
des mesures d'accélération»? C'est-u par rapport à cette section-là,
particulièrement? Ou peut-être juste élaborer un peu plus sur cette
recommandation-là pour que je la comprenne bien.
M. Châteauvert
(Pierre) : En fait, nous, l'intérêt, dans toute cette
démarche-là, c'est de ramasser l'information dans un seul point, pour, après,
tirer des conclusions, pour voir comment ça s'est déroulé. Parce que, vous
savez, l'information ne circule pas toujours très bien entre les différents
niveaux, entre le gouvernement, les ministères et les MRC. Parce que nous, on a
à donner des autorisations. On comprend, on accepte, il n'y a pas de problème.
Nous, ce qu'on demande, envoyez-nous l'information le plus tôt possible pour
que même… on puisse aller plus vite de notre côté.
Mais aussi, toute cette démarche-là, ça
serait important d'observer, d'étudier c'est quoi, l'impact, comment ça s'est
passé. Peut-être qu'on va pouvoir améliorer nos processus par après. C'est de
la connaissance, en fait, qu'on a de besoin, pour savoir comment ça s'est
déroulé, et peut-être qu'on va tirer ces conclusions intéressantes sur
l'accélération des projets, justement, par après, pour que le système soit plus
efficace. C'est dans ce sens-là que, nous autres, <ça, >ça nous intéresse
beaucoup, cet élément-là. On est toujours dans un processus d'amélioration,
hein, parce que nous aussi, bien, comme vous, on répond aux citoyens, puis, des
fois, les gens nous disent que c'est long. Bien, peut-être qu'on pourra trouver
des idées là-dedans, c'est dans ce sens-là qu'on veut... Ce registre-là est
important pour là, pour nous, pour voir, constater, tirer des conclusions.
Mme LeBel : O.K. Dans le
sens de pouvoir peut-être agir par la suite et modifier les choses en
conséquence. Parfait.
• (9 h 50) •
M. Châteauvert
(Pierre) : Bien oui, bonifier. Bonifier les processus.
Mme LeBel : Voilà. Donc,
il y a trois... il y a quatre grands domaines, peut-être trois principaux, là,
celui du domaine de l'État est beaucoup plus marginal, mais il y a le domaine
en matière d'expropriation, où on propose certaines mesures d'accélération. <Il
y a le... >J'ai parlé de l'environnement, également, j'ai parlé de la
loi sur l'urbanisme, l'aménagement du territoire. <Est-ce que, de façon générale,
ces mesures d'accélération là, >Je comprends qu'on propose d'ajouter des
choses et de bonifier, mais, de façon générale, est-ce que ces mesures
d'accélération là sont bien accueillies par vos membres? Est-ce qu'elles sont
considérées comme étant des bonnes mesures d'accélération?
M. Demers (Jacques) :Bien, on parle d'investir sur le territoire, on nous parle
d'achat <local...
Mme LeBel : ...
Je
comprends qu'on propose d'ajouter des choses et de bonifier, mais, de façon
générale, est-ce que ces mesures d'accélération là sont bien accueillies par
vos membres? Est-ce qu'elles sont considérées comme étant des bonnes mesures
d'accélération?
M. Demers (Jacques) :
Bien, on parle d'investir sur le territoire, on nous parle d'achat >local,
d'économie. Oui, il y a beaucoup de ces projets-là qui sont attendus depuis très,
très longtemps. On peut n'y voir que du positif, à voir ça arriver rapidement, puis
on est dans des moments qu'on en a besoin plus que jamais. On pouvait en parler,
il y a quelques mois, mais, maintenant, avec tout ce qu'on a vécu, je pense que
tout le monde réalise plus que jamais l'importance d'accélérer puis être sûr
que l'économie puisse repartir du mieux possible.
Mme LeBel : Peut-être aller
sur <, peut-être, >une mesure qui, à mon sens, est peut-être plus
large que le projet de loi n° 66 — puis ça m'intéresse
d'entendre votre opinion là-dessus de façon un peu plus élaborée que <ce
que >vous avez eu l'occasion de le faire dans votre présentation de
départ — l'achat local. Bon, naturellement, le gouvernement est en
train de revoir… Bon, il y a eu le centre d'acquisitions du Québec qui a été
formé. On veut favoriser également l'achat local, c'est quelque chose qui est
très cher au premier ministre de ce gouvernement-ci. Ce l'était déjà, mais je
pense que c'est exacerbé par le fait qu'il faut avoir une belle autosuffisance
dans plusieurs domaines, une autosuffisance économique, surtout avec la
pandémie qu'on vient de vivre, qu'on vit encore, d'ailleurs. Donc, j'aimerais
peut-être vous entendre un peu plus sur cet achat local là et comment vous
pensez que ça pourrait se décliner.
Je peux vous dire qu'on y réfléchit très
sérieusement, ça fait partie des objectifs, d'intégrer cette notion d'achat
local là. Bon, il y a toujours les accords de libération du marché auxquels on
est pris, quelquefois, et avec lesquels il faut composer, mais je pense qu'à
travers ce paysage-là on est capables de trouver des moyens pour favoriser
l'achat local. Donc, est-ce que vous avez, peut-être, des idées à nous proposer
pour atteindre ces objectifs-là, tout en respectant, naturellement, les lois et
les accords de libération de marché qui existent, là, que nous avons, auxquels
nous sommes partie, là?
M. Demers (Jacques) :Je pense... différents éléments qu'on pourrait rentrer là-dedans,
particulièrement d'un point de vue environnemental. On le sait, quand on fait
des achats, le voyagement, tout ça, il me semble que, dans ces ententes-là,
puis je ne suis pas un expert, et loin de là, mais on devrait être capables d'inclure
ces éléments-là, de voir les kilomètres que ces produits-là... Particulièrement
quand on parle d'infrastructures importantes où est-ce qu'on va déplacer des
tonnages de produits, il faut que ce soit plus local. Et, oui, ça a un impact
sur l'économie, mais il va y avoir un impact environnemental aussi à ça. Il
faut l'inclure puis il faudrait le permettre plus, même dans les choses
municipales.
Trop souvent, on ne peut pas se permettre,
à cause d'une soumission qui a quelques sous en bas, bien, d'acheter
complètement en dehors de la région, puis on fait parfois fermer des commerces
qui resteraient dans nos milieux de vie, qui resteraient dans nos localités,
qui ont besoin d'un achat de base pour pouvoir, après ça, donner des services
locaux. C'est là-dessus qu'on... Puis, souvent, on prend l'exemple des pommes,
ou quoi que ce soit, où est-ce qu'on sait que, si c'est un achat gouvernemental
puis qu'on prend le Québec, puis qu'il doit être desservi complètement par une
entreprise, bien, le verger du coin ne peut <pas...
M. Demers (Jacques) :
...
achat de base pour pouvoir, après ça, donner des services locaux.
C'est là-dessus qu'on... Puis, souvent, on prend l'exemple des pommes, ou quoi
que ce soit, où est-ce qu'on sait que, si c'est un achat gouvernemental puis
qu'on prend le Québec, puis qu'il doit être desservi complètement par une
entreprise, bien, le verger du coin ne peut >pas le faire, mais, si
c'est pour l'école qu'on accepte que le verger le fait, bien, il a probablement
tout ce qu'il faut de ce côté-là.
Il faut être capable d'être beaucoup plus
souples qu'on l'a été dans le passé, puis je pense qu'on va avoir... puis, à ce
moment-là, au niveau du coût, on va économiser, tout le monde, parce que ça va
rester local, puis on va donner les services. Il va y avoir plus d'entreprises
qui vont profiter de tout ce qui s'achète au niveau de l'institutionnel aussi,
là.
Mme LeBel : Donc, c'est peut-être...
M. Châteauvert (Pierre) :
Si vous permettez, Mme la ministre, j'ajouterais que le projet de loi n° 67 comprend plein d'articles qui vont favoriser l'achat
local pour les municipalités, notamment...
Mme LeBel : …
M. Châteauvert (Pierre) :
Le n° 67, <sur… >l'omnibus municipal.
Mme LeBel : O.K. Merci.
M. Châteauvert (Pierre) :
Notamment, l'article 46 vient modifier le code, la même chose pour la Loi sur
les cités et villes, 1936, on dit, au niveau... même, on parle des ententes...
On n'est pas des spécialistes de commerce interprovincial, <ça, c'est... >mais
sauf qu'on parle des travaux d'ingénierie, on parle de l'ensemble des travaux
pour pousser au maximum l'appel à nos entrepreneurs, à nos entreprises, puis à
favoriser l'achat local. Vous allez voir, on invite les parlementaires à le regarder,
ce projet de loi là, il y a... puis qui sont discutés, qui ont été discutés
avec le ministère, puis on est tous d'accord, il a été déposé, de favoriser, de
maximiser les achats locaux puis l'appel à nos professionnels locaux pour
réaliser des projets. On pourrait peut-être regarder ça puis amener ça dans le
projet de loi.
Mme LeBel : Bien, c'est un
objectif que nous partageons. Maintenant, on verra de quelle façon on pourra le
faire dans le futur très proche. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Je cède maintenant la parole au député de Mont-Royal—Outremont.
M.
Arcand
:
C'est un plaisir de vous retrouver. Évidemment, je pense qu'un des aspects les
plus litigieux — vous en avez abondamment parlé, de ce projet de loi — c'est
toute, évidemment, la question de l'environnement, qui demeure un élément
extrêmement important. Et vous êtes particulièrement durs, dans votre mémoire,
lorsque vous dites, entre autres... vous donnez l'exemple d'une municipalité
membre de la fédération qui a lancé un appel d'offres et vous dites
essentiellement qu'après avoir eu l'accord de tous les ministères, le début des
travaux a dû être retardé de plus d'un an, un an, en raison des délais
administratifs au ministère de l'Environnement pour l'émission d'un certificat
d'autorisation. Et est-ce que c'était à ce point compliqué? Quel était l'enjeu
qui faisait en sorte que ça ne pouvait pas avancer à ce moment-là?
M. Châteauvert (Pierre) :
C'est carrément... et c'est un cas... on a trouvé important de le ramener,
parce que, <c'est un cas... >dans le cadre du projet de loi n° 61,
on avait amené ce <problème-là...
M.
Arcand
:
...
d'autorisation. Et est-ce que c'était à ce point compliqué? Quel
était l'enjeu qui faisait en sorte que ça ne pouvait pas avancer à ce
moment-là?
M. Châteauvert
(Pierre) :
C'est carrément... et c'est un cas... on a
trouvé important de le ramener, parce que, c'est un cas... dans le cadre du
projet de loi n° 61, on avait amené ce >problème-là. Et il y en a plusieurs,
comme ça, effectivement, et même... C'est parce que c'est un inspecteur… c'est
arrivé <la semaine... >au printemps, il y a un inspecteur qui
avait donné à un hôtelier une amende parce qu'il n'avait pas mis à jour... il
ne s'était pas conformé pour son installation septique alors que les travaux
étaient commencés dans la rue pour amener l'aqueduc et l'égout pour ses installations
hôtelières. On voulait souligner l'importance de, à quelque part... C'est pour
ça, tantôt, l'exemple qu'on disait, la proposition, c'est que des travaux, notamment
l'aqueduc, les travaux pour toutes les installations pour le traitement des
eaux usées, c'est bon pour l'environnement. Il faudrait peut-être se poser la
question, parce que, là, on est dans un problème de pénurie de main-d'oeuvre, est-ce
que cette étape-là, de façon aussi sévère, de toujours attendre le certificat,
et c'est difficile, parce qu'il y a un problème de ressources au ministère... est-ce
qu'il faut absolument que le ministère attende un an, un an et demi avant
d'avoir les certificats?
Et posez la question à toutes les
municipalités qui ont des projets, actuellement, de ce genre-là, puis elles
vont toutes vous dire la même chose : C'est extrêmement long. C'est
extrêmement difficile à cause de la quantité de projets, la complexité, des
fois, mais en fait, ce n'est pas si complexe, là, mais c'est à cause de ce que
les gens ont à traiter, l'absence, les problèmes de ressources, alors que ce sont
des projets bénéfiques pour l'environnement qui ont été autorisés après une
panoplie d'autorisations qu'ils ont été se chercher. Tous les ministères ont
donné le O.K., et là il faut refaire la démarche. Il y a un problème là, puis
peut-être que ça, ce serait une mesure d'accélération fort intéressante pour
des projets qui sont bons pour l'environnement.
M.
Arcand
: Très
bien. Parce que, sans entrer dans le détail, évidemment, c'est un ministère
dont on voit que les budgets n'ont pas été augmentés de façon importante au
cours des derniers temps. Deuxièmement, pour avoir exercé cette fonction-là
pendant quelques années, j'ai encore des bons contacts un peu partout au
ministère et je dirais qu'à un moment donné il y a eu au ministère ce qu'on
appelle le syndrome du béluga. Je ne sais pas si vous vous rappelez de ce
permis qui avait été accordé à Cacouna, je pense, à Gros-Cacouna, pour un port.
Et évidemment le ministère s'est fait frapper là-dessus par... en disant :
Pourquoi vous avez donné alors qu'il y avait des bélugas là? Il y avait un nid
de bélugas, etc., vous avez donné ce permis-là.
M. Châteauvert (Pierre) :C'est ça.
M.
Arcand
: Et
je crois qu'à partir de ce moment-là le ministère a décidé de dire, bon, bien,
on va jouer selon le livre. C'est l'expression, souvent, que plusieurs ont
employée. Et je me demandais si, à travers les municipalités, les discussions
que vous avez eues avec les maires, c'est un peu ce qui s'est passé.
• (10 heures) •
M. Châteauvert (Pierre) :
Bien, vous comprendrez... excusez-nous, M. le Président, mais vous comprendrez,
M. le député, que nous, on parle des projets d'assainissement des eaux et de
passer des tuyaux, puis les projets qui découlent de... dans le projet de loi
n° 67, toute la gestion des inondations, qui a fait l'objet de discussions
où est-ce que les universitaires, les groupes environnementaux...
20 h (version révisée)
M. Châteauvert (Pierre) :
...mais vous comprendrez... excusez-nous, M. le Président, mais vous
comprendrez, M. le député, que nous, on parle des projets d'assainissement des
eaux, et de passer des tuyaux, puis des projets qui découlent de, tu sais, un projet
de loi n° 66, toute la gestion des inondations qui a fait l'objet de
discussion où est-ce que les universitaires, les groupes environnementaux, les
municipalités, tous les ministères étaient là, puis qui aboutissent à une
démarche concertée, et conçue, et tout ça. Là, on ne parle pas d'un projet qui
vient changer l'équilibre environnemental d'un secteur sensible, on parle de
traiter des eaux usées <pour... >d'un point de vue environnemental.
Évidemment, on ne peut pas faire ce qu'on veut.
Le ministère et les gens du ministère de
l'Environnement travaillent fort. Les gens, ils font ce qu'ils peuvent dans les
conditions, mais on comprend leur situation, mais là on a un problème. On pense
que, peut-être, il y a peut-être des certificats qui ne sont pas nécessaires au
niveau de l'approbation parce qu'ils ont déjà... c'est des projets qui ont déjà
été approuvés par une multitude d'intervenants gouvernementaux...
M. Demers (Jacques) :
Sur ce point-là, je pense que vous tenez un noeud important où est-ce que vous
avez raison, qu'à chaque fois qu'il se passe quelque chose au Québec, qu'il y a
une problématique, bien, on recrée encore là une double, une triple sécurité. À
toutes les fois, on se dit : Oups! Il s'est passé quelque chose à un
endroit. Or donc, il faut avoir des rapports supplémentaires.
C'est pour ça que je ramène le fait que ce
ministère-là a besoin de plus de personnes puis des personnes sur le terrain.
Si, dans le rapport, il faut expliquer ce qui se passe aux bélugas, quand on
est en train de faire un fossé dans la municipalité chez nous, on a un
problème. Peut-être qu'il y a bien des pages de rapport qu'on n'a pas de besoin,
si une personne serait sur les lieux lorsque les travaux se font… vont être
capables de répondre aux réels besoins concrets qu'on a sur le terrain. Mais,
étant donné qu'il n'y en a plus, de personnes du ministère de l'Environnement
dans nos régions, bien, ils ont beau essayé de sortir, surtout là, quand on
accélère, bien, je pense qu'il faut leur donner un peu d'oxygène à eux, puis de
les ramener là où est-ce qu'on a besoin, puis qu'eux puissent directement
répondre à leur rapport plutôt que de passer d'une personne à l'autre :
Remplissez-nous tel ou tel rapport, on vous l'envoie, vous avez 30, 40, 90 jours.
Des fois, ça prend des mois avant d'avoir un retour. Ces personnes-là devraient
être sur les lieux pour le remplir, le rapport, qu'elles puissent constater
concrètement ce qui se passe. Là, on vient de sauter bien des étapes.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de La Pinière.
M. Barrette : Vous savez,
M. Demers, vous êtes le sixième, quatrième, cinquième groupe, là, qui
venez, là, depuis les débuts de nos travaux, puis il y a un fil conducteur,
puis je trouve que vous le dites bien, M. Demers, il y a un fil conducteur
qui est celui de la main-d'oeuvre au ministère de l'Environnement. <Je
pense que... >Je trouve que vous le dites bien.
Puis là je vais faire une espèce de résumé
de tout ce qu'on a entendu aujourd'hui, incluant vous autres. Vous ne contestez
pas les étapes de la procédure, <vous contestez... >vous critiquez
le cheminent du <point a...
M. Barrette : ...
au
ministère de l'Environnement.
Je pense que... Je trouve que vous le
dites bien.
Puis là je vais faire une espèce de
résumé de tout ce qu'on a entendu aujourd'hui, incluant vous autres. Vous ne
contestez pas les étapes de la procédure, vous contestez... vous critiquez le
cheminent du >point a au point b. Vous ne dites pas : Ce qu'on analyse,
là, j'ai un projet, là, qui va commencer par l'identification d'un terrain,
puis après ça il va y avoir… là, je caricature, après il va y avoir
un test de sols, puis après ça il va y avoir un test d'eau, après ça, il va y
avoir un test de courant, il faut faire ça, ça prend... mais vous contestez
l'éternité que ça prend. Puis ce que vous constatez, c'est que ça prend du
temps parce qu'il manque de monde.
Ça, c'est une autre chose, puis là je vais
vous demander votre opinion. Je vais vous demander votre opinion sur deux
sujets. Vous ne contestez pas les éléments d'une étude environnementale, vous
ne remettez pas ça en question, vous remettez en question la procédure, alors
que, dans le projet de loi n° 66, on change la procédure dans les milieux
humides. Puis je vais très clairement le dire : L'évaluation ne se fera
pas nécessairement avant le début des travaux, mais il y a une partie
environnementale qui va se faire pendant les travaux. Vous, ce que vous dites,
c'est qu'avant les travaux on est capables de tout faire si on est enlignés correctement,
si on a le staff approprié. On s'entend-tu là-dessus?
M. Demers (Jacques) :
Je pense qu'en grande partie, oui, de dire d'avoir des personnes sur le terrain.
Parce que, souvent, ce qu'on demande de plus, en plus aux municipalités en
particulier, c'est d'aller chercher des certificats à l'extérieur. Autrement
dit... des firmes environnementales pour remplir des documents où il est
certifié que c'est conforme. Nous, on pense...
M. Barrette : Vous êtes
obligés d'aller à l'extérieur pour faire la job de l'État?
M. Demers (Jacques) :
Oui, en grande partie.
M. Châteauvert (Pierre) :
Mais, si vous permettez, M. le député, la quantité de certificats n'est
peut-être pas... il y en a peut-être un peu trop, là, mais il y a des étapes,
peut-être, effectivement...
M. Barrette : Ça, je suis
d'accord avec vous.
M. Châteauvert (Pierre) :
Et, deuxième chose, vous avez fait… vous insistez, les milieux humides. Nous,
en fait, on revendique des changements importants sur la procédure, sur la
façon que ça a été conçu pour mieux protéger les milieux humides, et c'est ça,
et l'importance de revoir... De là l'importance de cette expérience-là, <de…
quand… >si le projet de loi, si l'Assemblée nationale l'adopte, afin
d'observer ce qui s'est passé, pour voir comment on peut être plus efficace <sur
la... >dans les contrats, et tout ça, la façon qu'on va procéder pour la
réalisation des projets.
M. Barrette : Très bien. Il me
reste une minute. Je vais vous poser la question très directement. Il y a un
chevauchement dans les concepts en ce qui a trait à l'achat local, entre 67 et
66. 67 fait référence à tout projet municipal. Dans 66, on est dans un endroit
limité, là, il y a des projets x. À votre avis, dans votre lecture, là...
Je n'ai pas la réponse, là. Ce n'est pas un examen, là, <que... >on
n'est pas là, là, mais, dans votre <lecture, là...
M. Barrette : ...et 66. 67
fait référence à tout projet municipal. Dans 66, on est dans un endroit limité,
là, il y a des projets x. À votre avis, dans votre lecture, là... Je n'ai
pas la réponse, là. Ce n'est pas un examen, là, que... on n'est pas là, là,
mais, dans votre >lecture, là, 67 a préséance sur 66 ou non? Je lance ça
comme ça, là, je vais vraiment à la pêche, je vous le dis, là.
M. Châteauvert (Pierre) :
Bien, c'est ce qu'on dit, M. le député, excusez-moi, mais c'est ce qu'on dit
dans le mémoire. Nous, on dit qu'il y a des choses intéressantes dans 67 pour
favoriser l'achat local, l'économie locale...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Châteauvert (Pierre) :
...le recours aux professionnels locaux, regarder si on peut mettre ça dans 66
aussi.
M. Barrette : Mais 67 va plus
loin que 66.
M. Demers (Jacques) :
C'est pourquoi que les deux doivent avoir de la concordance, là… qu'il faut
faire entre les deux, c'est pour ça qu'on ramène souvent l'autre.
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. Demers. Je cède maintenant la parole au député de Rosemont, qui
dispose d'une période de 2 min 40 s.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Bonsoir, messieurs. On a entendu tout à l'heure votre consoeur de
l'UMQ nous donner l'exemple d'un projet de biométhanisation qui avait été,
selon elle, atrocement long, c'est-à-dire deux ans pour avoir un certificat.
Vous, vous sortez l'exemple, là, d'un ponceau, je crois, qui a pris aussi
beaucoup de temps. On y va un peu par anecdotes et contre-exemples, là, pour
finalement dire qu'à la fin tout ce qui est mesure d'évaluation
environnementale, c'est tatillon, c'est du «red tape», c'est du gossage de
poils de grenouille, ça ne sert pas à grand-chose. Tout ça, dans le contexte de
66, qui n'est pas un processus de réévaluation des lois environnementales, qui
est un projet de loi d'accélération de certains projets.
Alors, est-ce que je me trompe ou, dans le
fond, ce que vous dites, c'est que, beaucoup plus généralement, parce que la
preuve n'a pas été faite que, pour 66, pour les projets qui sont dans 66, on a
besoin de tout ce qu'il y a là-dedans, là, dans le fond, l'objectif beaucoup
plus large, ça serait de minimiser la longueur des évaluations
environnementales, en toutes circonstances, pour que vous puissiez aller plus
vite? Parce que, franchement, ce n'est pas dans 66 que vous allez avoir plus de
monde du ministère de l'Environnement sur le terrain. Je ne vois pas très bien
le lien.
M. Demers (Jacques) :
O.K. C'est justement quand on veut aller plus vite... Je pense que les
dossiers, si on veut les avancer plus rapidement, là où est-ce qu'on dit que ça
prend des gens sur le terrain, il faut être certain qu'à cet endroit-là où... c'est
quoi, le besoin environnemental, les analyses qu'on a de besoin. Trop souvent,
on nous met des analyses très larges. Il y a plein de choses, <que… >si
la personne serait sur le terrain, dirait : Bien non, on n'a pas de besoin
de tel élément. Il y a des analyses qu'on fait pour rien puis qu'on attend
souvent des retours. C'est là-dessus qu'on veut être concrets puis dire : Allons
encore plus vite, mais avançons bien, soyons sûrs qu'on fait les bonnes étapes.
Il faut faire attention parce qu'au niveau environnemental, là, à mes yeux, du <moins...
M. Demers (Jacques) :
...
dirait : Bien non, on n'a pas de besoin de tel élément. Il y a
des analyses qu'on fait pour rien puis qu'on attend souvent des retours. C'est
là-dessus qu'on veut être concrets puis dire : Allons encore plus vite,
mais avançons bien, soyons sûrs qu'on fait les bonnes étapes. Il faut faire
attention parce qu'au niveau environnemental, là, à mes yeux, du >moins,
ce n'est pas d'aller plus vite, mais de vérifier, peut-être même profondément,
des dossiers sur lesquels on travaille...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
• (8 h 10) •
M. Demers (Jacques) :
...pour être certains qu'on... (Panne de son) …mais qu'on n'a pas été trop
large, puis à perdre du temps sur des éléments qui ne touchent même pas le
dossier qu'on veut faire avancer, là. Ça arrive souvent.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, M. Demers. Je cède maintenant la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci
beaucoup de votre présence, ça me fait plaisir de vous revoir. Je vais vous
poser la même question que j'ai demandée à Mme Roy, tout à l'heure, de l'UMQ.
Les articles 54 à 61 du projet de loi n° 66
amènent quand même beaucoup de nouvelles dispositions forçant les municipalités
aussi à raccourcir leurs délais avant de pouvoir fournir des renseignements ou
des autorisations, notamment l'article 61 <sur... >qui donne
10 jours, là, avant que le gouvernement puisse dire que c'est réputé
conforme, peu importe ce que la municipalité va faire. Alors, est-ce que, pour
vous, vous êtes à l'aise aussi avec ces délais plus courts, considérant que,
dans plusieurs petites municipalités… puis je le dis évidemment en tout
respect, mais dans plusieurs petites municipalités ou dans des MRC, parfois,
vous tirez le diable par la queue, là, pour avoir des ressources, tu sais, qui
sont présentes, qui sont nombreuses. Elles ont plein, plein de choses à faire. Est-ce
que, pour vous, ces délais-là sont vivables?
M. Châteauvert (Pierre) :
Si vous permettez, nous, on pense que oui, on pense que le jeu en vaut la
chandelle. On pense que c'est possible, qu'au niveau des MRC il y ait des gens
qui sont là pour travailler. Et les délais qui sont là, souvent, sont courts,
mais c'est pour ça qu'on demande d'avoir l'information le plus rapidement
possible, <dès... >en fait, à toutes les étapes du projet, que l'information
soit transmise à la MRC pour nous permettre de faire les travaux. Et le
problème, c'est quand ça arrive trop tard, puis là, bien, il ne nous reste plus
de temps. Mais oui, et c'est pour ça qu'on demande, à la fin, de regrouper, qu'il
y ait une espèce d'observatoire, on a appelé ça un registre, mais, tu sais, pour
analyser la façon que ça s'est passé, pour voir, pour tirer des conclusions. Ça
sera très, très profitable pour l'avenir, voir comment qu'on gère ça.
M. Demers (Jacques) :
Peut-être juste pour rajouter à ça, j'espère qu'on va se donner, à l'intérieur
de ça, une certaine souplesse si on s'aperçoit que les délais ne correspondent
pas. Tu sais, on veut aller vite, mais j'espère qu'on est encore capables de se
parler puis de dire : Si, à un moment donné, dans ces éléments-là, on dit :
On n'y arrive pas, on a besoin d'aide ou d'accompagnement de façon supérieure
pour arriver à ces délais-là… Présentement, on s'embarque à dire : Oui, on
a de besoin d'accélérer, on va embarquer dans le rythme, on va tout essayer de
mettre en place pour que ça fonctionne, mais on veut se garder une souplesse.
J'espère qu'on continue à se parler, là, on est sur la même province, là.
Parlons-nous.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Gaudreault : Merci. Oui, en
conclusion, je constate aussi, avec la <recommandation...
M. Demers (Jacques) :
...besoin d'accélérer, on va embarquer dans le rythme, on va tout essayer de
mettre en place pour que ça fonctionne, mais on veut se garder une souplesse.
J'espère qu'on continue à se parler, là, on est sur la même province, là.
Parlons-nous.
Le Président (M. Simard) :
En conclusion.
M. Gaudreault : Merci. Oui,
en conclusion, je constate aussi, avec la >recommandation 6, que
vous seriez favorables à avoir plus de projets, par exemple, sur les programmes
d'assainissement des eaux ou des projets d'assainissement des eaux qui
pourraient être inclus dans les grands projets de relance économique.
M. Demers (Jacques) :
Oui.
M. Châteauvert (Pierre) :Exactement.
M. Gaudreault : Parfait.
M. Châteauvert (Pierre) :
Puis il y en a plusieurs, à travers le Québec, et c'est essentiel,
et ils ont déjà tous été autorisés, ces projets-là.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Alors, messieurs, merci pour votre présence parmi nous ce soir.
Sur ce, nous allons suspendre nos travaux
afin de faire place à nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 20 h 13)
>
(Reprise à 20 h 18)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous allons reprendre nos travaux. Nous sommes maintenant en
présence de représentants de l'Ordre des urbanistes du Québec. Madame,
monsieur, bonsoir, bienvenue parmi nous. Auriez-vous l'amabilité de vous
présenter?
(Visioconférence)
M. Gariépy (Sylvain) : Oui,
bonsoir. Mon nom est Sylvain Gariépy, je suis urbaniste et président de l'Ordre
des urbanistes du Québec.
Mme Ferraris (Florence G.) :
Et je suis <Florence...
Le Président (M. Simard) :
...
de l'Ordre des urbanistes du Québec. Madame, monsieur, bonsoir,
bienvenue parmi nous. Auriez-vous l'amabilité de vous présenter?
(Visioconférence)
M. Gariépy (Sylvain) : Oui,
bonsoir. Mon nom est Sylvain Gariépy, je suis urbaniste et président de l'Ordre
des urbanistes du Québec.
Mme Ferraris (Florence G.) :
Et je suis >Florence Ferraris, coordonnatrice des affaires publiques de
l'Ordre des urbanistes du Québec.
Le Président (M. Simard) :
Alors, bienvenue. Vous savez que vous disposez d'une période de
10 minutes. Nous vous écoutons.
M. Gariépy (Sylvain) :
Parfait. Je vous remercie beaucoup. Donc, un simple petit rappel, aussi en
termes de présentation, donc, juste pour rappeler que l'Ordre des urbanistes du
Québec est le gardien et le promoteur de la compétence professionnelle en
aménagement du territoire et en urbanisme. On compte plus de
1 600 membres, dont 300 stagiaires en urbanisme également. Nos
membres interviennent à tous les niveaux de planification et de contrôle de
l'aménagement du territoire et auprès de tous les types d'intervenant. Le rôle
de l'ordre est de défendre l'intérêt public à travers la promotion d'un
aménagement intégré et durable.
Bon, tout d'abord, on tient à vous
remercier, à remercier la commission de nous entendre. Nous sommes heureux de
pouvoir vous transmettre nos commentaires ce soir à l'oral, malgré les délais
serrés. À ce titre, il est important pour nous de spécifier qu'on reconnaît,
justement, le caractère exceptionnel de la crise sanitaire, et l'ordre,
nécessairement, est favorable à une relance économique, en autant que celle-ci
soit solidaire, prospère et verte.
• (8 h 20) •
À ce titre, on veut rappeler notre
implication au sein de la coalition du G15+ depuis le printemps dernier. Notre
intention ici est vraiment d'outiller les décideurs dans leurs prises de
décision. Puis, à ce titre, mentionnons également que G15+, là, sera entendu
par cette même commission au cours des prochains jours. Également, l'Ordre des
urbanistes du Québec travaille pour que l'État québécois se dote d'une
politique nationale d'aménagement du territoire depuis 2006, notamment en
s'impliquant au sein de l'Alliance Ariane depuis 2015.
Alors, je vais vous faire part de nos
constats généraux à l'égard du projet de loi n° 66. Pour nous, le projet
de loi pose un risque majeur, c'est-à-dire celui d'affaiblir de manière
permanente les processus d'approbation, de planification et de mise en oeuvre des
projets d'infrastructure. En fait, nous croyons qu'il s'en prend aux principes
fondamentaux de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et la Loi sur la
qualité de l'environnement. À cet égard, nous avons d'ailleurs été déçus de
constater que nos recommandations faites lors de l'étude du projet de loi
n° 61, en juin dernier, n'ont pas été prises en compte.
Toutefois, nous saluons la volonté énoncée
par le gouvernement de limiter les mesures d'accélération aux projets
d'infrastructure énumérés à l'annexe I. Par contre, nous estimons qu'il est
essentiel que cette volonté soit enchâssée dans le texte de loi pour éviter des
interprétations subséquentes. Alors, nous recommandons... Notre première
recommandation, c'est qu'un article en ce sens devrait être ajouté au projet de
loi. Le projet de loi, dans sa forme actuelle, vient nourrir, entre autres, le
discours et l'idée que l'environnement et la planification du territoire sont
des obstacles au développement économique et, dans ce cas précis, à la relance
postpandémie. Cela dit, pour cette présentation, nous nous concentrerons
sur les articles de loi qui <concernent...
M. Gariépy (Sylvain) : ...
au
projet de loi. Le projet de loi, dans sa forme actuelle, vient nourrir, entre
autres, le discours et l'idée que l'environnement et la planification du
territoire sont des obstacles au développement économique et, dans ce cas
précis, à la relance postpandémie.
Cela dit, pour cette présentation, nous
nous concentrerons sur les articles de loi qui >concernent la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, entre autres l'article 53 sur la création
d'une troisième avenue pour accélérer la mise en branle des projets
d'infrastructure. Nous pensons nécessaire de rappeler qu'il existe déjà des
mécanismes liés aux interventions gouvernementales dans la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, ce sont les articles 149 à 157, et, entre
autres aussi aux zones d'intervention spéciale que l'on retrouve toujours dans
la LAU aux articles 158 à 165. Dans les deux cas, ces mécanismes
permettent une limitation des délais prescrits, sans pour autant mettre de côté
les processus d'information et de consultation des instances locales et de la
population. Ces mécanismes permettent, au minimum, d'instaurer un dialogue
entre le gouvernement, les pouvoirs locaux et la population.
Pour nous… l'article 53, je veux
dire, pose problème parce qu'il ouvre une brèche importante dans le principe de
reconnaissance des gouvernements de proximité que sont les municipalités, entre
autres des pouvoirs qu'on avait renforcés par l'adoption de la loi, du projet
de loi n° 122, et aussi les processus de planification qui sont encadrés
par les orientations gouvernementales et qui sont le fruit d'un long processus
de négociation. Notre recommandation à cet effet-là serait d'abroger cet
article, et d'utiliser les mécanismes déjà existants dans la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, lorsque le contexte est considéré comme urgent ou
grave, et de faire la promotion de ces deux mécanismes auprès du ministère et
des municipalités.
En ce qui concerne les articles 54 à
61, bien, ceux-ci proposent des modalités d'approbation pour les autres projets
afin de réduire les délais de traitement, notamment en forçant les
municipalités à revoir leurs réglementations et leurs outils de planification
pour accommoder le gouvernement. Ces précisions nous apparaissent difficilement
applicables dans le contexte actuel alors que les municipalités croulent déjà
sous le travail et peine à respecter les délais impartis. Les délais mentionnés
dans le projet de loi, qu'on peut voir à l'annexe I de notre mémoire,
sont, à notre avis, irréalistes quand il s'agit de revoir une réglementation
municipale en urbanisme. La réduction des délais prescrits pour analyser
adéquatement les projets envisagés nous apparaît peu avisée, particulièrement
dans un contexte de crise climatique. Réduire ces délais, à une époque où les
analyses et les mesures environnementales devraient être renforcées, nous
semble en effet ouvrir la porte à un dangereux précédent, en plus de renforcer
cette idée que l'environnement et la planification territoriale sont des
obstacles à la mise en branle des projets d'infrastructure, ils devraient
pourtant en être la pierre d'assise.
L'Ordre des urbanistes recommande, à cet
effet-là, d'abroger ces articles de loi, d'optimiser les processus
administratifs, d'augmenter les ressources humaines et les budgets dédiés à
l'évaluation de la conformité des projets et de travailler de manière concertée
et en amont avec les pouvoirs locaux afin d'accélérer le travail une fois les
projets <prêts...
M. Gariépy (Sylvain) : ...
d'abroger
ces articles de loi, d'optimiser les processus administratifs, d'augmenter les
ressources humaines et les budgets dédiés à l'évaluation de la conformité des
projets et de travailler de manière concertée et en amont avec les pouvoirs
locaux afin d'accélérer le travail une fois les projets >prêts à se
concrétiser. Combiner ces altérations à la LAU risque d'accroître les bris de
conformité aux documents de planification en vigueur, et donc mettre à mal des
efforts de planification cohérente du territoire déjà insuffisants.
Maintenant, en ce qui concerne les projets
énumérés à l'annexe I, avec réserve étant donné l'impossibilité de connaître
l'ensemble des détails de tous ces projets, nous notons que plusieurs de
ceux-ci n'auraient pas besoin d'une autorisation ministérielle ou d'une
procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement, à moins
qu'ils soient envisagés dans des milieux humides et hydriques. Ainsi, pour la
construction d'écoles ou d'une maison des aînés, une autorisation ministérielle
ne serait pas nécessaire dans la majorité des cas. On est inquiets de constater
que ceux qui vont réellement bénéficier des allègements de procédure,
c'est-à-dire les conformités environnementales, les processus d'acceptabilité
sociale, sont essentiellement des projets autoroutiers, ce qui contrevient
également aux impératifs imposés par la crise climatique.
En conclusion, du point de vue de l'Ordre
des urbanistes du Québec, même si nous comprenons qu'il y a eu des
améliorations sur d'autres sujets, le projet de loi n° 66
fait à peine mieux que le projet de loi n° 61. Nous
demeurons fortement préoccupés. Pour nous, la relance devrait être exemplaire
lorsqu'il y a des crises, c'est une occasion à ne pas manquer. Et, au-delà de
la crise sanitaire, dont nous ne nions pas la gravité, c'est la crise
climatique qui devrait sous-tendre l'ensemble des décisions gouvernementales à
l'heure actuelle. Sur ce, je remercie la commission pour son écoute et son
temps.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Mme la ministre.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci, M. Gariépy, pour votre présentation. Je vais vous avouer
qu'on… votre mémoire est peut-être arrivé un petit peu plus tard, tardivement,
donc je vais prendre connaissance avec beaucoup plus d'attention, par la suite,
là, des recommandations qu'il comporte et des motifs qui sous-tendent ces
recommandations-là, naturellement. Je comprends que vous n'avez pas témoigné,
lors du projet de loi n° 61, mais vous aviez déposé un mémoire, c'est
exact?
M. Gariépy (Sylvain) : C'est
exact.
Mme LeBel : O.K. Il y avait,
entre autres… Vous me corrigerez si je me trompe parce que je n'ai pas assisté
aux consultations, là, mais j'en ai quand même pris connaissance. Dans votre
mémoire, vous parliez de limiter les projets susceptibles de bénéficier d'une
mesure d'accélération aux projets de la liste en annexe I. À l'époque, il
y en avait 202, maintenant, il y en a 181, et 181 qui découlent entièrement des
202, là, il n'y a pas de nouveaux projets. Il y en a moins, mais il n'y a pas
de nouveaux projets.
C'est fait, j'ai annoncé, on va… que cette
liste était fermée, en donnant les motivations. Donc, j'imagine que ça peut
quand même, en partie, bien que ce n'est pas parfait, répondre à votre
préoccupation dans les enjeux des constats généraux, où vous disiez que vous
vouliez qu'un message clair soit envoyé, que le projet de <loi…
Mme LeBel : ...
que
cette liste était fermée, en donnant les motivations. Donc, j'imagine que ça
peut quand même, en partie, bien que ce n'est pas parfait, répondre à votre
préoccupation dans les enjeux des constats généraux, où vous disiez que vous
vouliez qu'un message clair soit envoyé, que le projet de >loi devrait
préciser que les mesures d'accélération qu'il permet pourront bénéficier uniquement
aux projets identifiés à l'annexe I du projet de loi et que la méthode ne
pourrait être reproduite dans d'autres circonstances. Donc, c'est l'intention
du projet de loi. <Les mesures qui sont... >Les mesures en
expropriation, en aménagement du territoire, en urbanisme, effectivement, puis
en... il y en a quatre, mais entre autres en environnement, sont des mesures
qui sont circonscrites aux 181 projets de la liste uniquement.
Je comprends votre préoccupation parce que
je la partage. Pour moi, c'est quelque chose qui est une pièce unique dans le
temps et dans les circonstances que l'on vit et non pas une intention de faire,
avec ce projet de loi là, une réforme du secteur environnemental ou du secteur
de l'urbanisme, entre autres, parce que ce sont les deux préoccupations
majeures que vous soulevez.
Je vois mal en quoi rajouter. Vous voulez
qu'on rajoute une couche de plus, un article supplémentaire. Je veux dire,
c'est dit clairement que les mesures s'appliquent aux projets de la liste
uniquement, qu'elles sont circonscrites. La période de cinq ans, c'est une
période qu'on donne même aux projets de la liste, même, ils ont cinq ans pour
utiliser une mesure, si elle est applicable, et que, s'ils n'ont pas réussi à
en bénéficier dans les cinq ans, compte tenu de l'avancement du projet… Parce
qu'on peut penser que, même avec des mesures d'accélération, des projets
routiers, qui peuvent s'échelonner souvent sur sept ans même, pourraient
peut-être ne pas être mûrs pour certaines mesures, mais on voulait donner un
espace-temps suffisant, on pourra en reparler. Même s'ils ne les ont pas
utilisées après cinq ans, ces mesures-là s'éteignent, même pour les projets de
la liste.
Donc, je comprends votre préoccupation,
mais je ne vois pas comment je peux rajouter une couche supplémentaire de
ceinture, bretelles à quelque chose qui est déjà clair, ça s'applique aux
projets de la liste, là. Parce que je pense… parce que je la comprends, votre préoccupation,
là, je ne la dénigre pas, mais je la partage. Donc, moi, ma lecture du projet
de loi, c'est que c'est circonscrit aux projets de la liste uniquement. D'ailleurs,
la possibilité qui existait, dans le projet de loi n° 61, d'ajouter des
projets par décret… Il y avait un processus, là, mais ultimement, ce qu'on
disait, c'est qu'on se gardait une possibilité d'ajouter des projets… n'existe
pas dans le projet de loi actuel. Donc, est-ce que ça, ça répond, au moins, à
une de vos préoccupations?
M. Gariépy (Sylvain) : Oui,
bien, ce que vous avancez répond à une de mes préoccupations. L'idée, c'est
juste qu'il faut que la formulation, dans le projet de loi, ne laisse aucune ambiguïté
sur le fait que la liste est fermée. Donc, il y a 181 projets et il n'y en
aura pas 182 ou 200, là. Donc, c'était juste cet élément-là d'interprétation
qui nous inquiète par rapport à toute possibilité d'accroître le nombre de
projets, là, sans limitation, là.
• (20 h 30) •
Mme LeBel : O.K. Et, partant toujours
de la prémisse qu'on vit quand même une situation exceptionnelle présentement
au Québec, et d'ailleurs dans le reste du monde également, là, on n'est pas
uniques en ce sens…
20 h 30 (version révisée)
M. Gariépy (Sylvain) : …donc, c'était
juste cet élément-là d'interprétation qui nous inquiète par rapport à toute
possibilité d'accroître le nombre de projets, là, sans limitation, là.
Mme LeBel : O.K. Et, partant
toujours de la prémisse qu'on vit toujours une situation exceptionnelle
présentement au Québec, et d'ailleurs dans le reste du monde également, là, on
n'est pas uniques en ce sens-là, et que ce projet de loi là se veut une des
façons de faire et non pas la façon unique, peut-être élaborer un peu plus…
moi, j'en suis convaincue, là, mais élaborer un peu plus sur la pertinence,
justement, de ne pas étendre cette liste-là et de la limiter à un certain
nombre de projets, en l'occurrence, les 181 projets qui sont à la liste. Parce
que vous avez dit, bon, dans vos enjeux majeurs, là, constats généraux : «et
qu'elles ne pourront pas être reproduites dans d'autres circonstances». Donc,
naturellement, de les faire sur 181 projets va nous permettre, au moins,
de constater leur efficacité réelle.
Présentement, on est dans une efficacité
théorique, naturellement, parce qu'on n'a pas éprouvé les mesures dans les
quatre domaines du projet de loi. Nous pensons et nous sommes… en tout cas, je
suis convaincue et je pense qu'on peut accélérer certains processus. Il y a
d'autres méthodes, mon collègue de La Pinière l'a dit, on peut rajouter
des effectifs, on peut aller avec des délais administratifs également, mais je
pense qu'on peut agir aussi sur certains projets de loi qui sont enchâssés…
certains processus qui sont enchâssés dans la loi pour améliorer le processus,
et ça va nous permettre de bien les surveiller et de s'assurer, justement, que,
je dirais, la prémisse de base — on peut accélérer, quant à moi, des
processus sans déroger aux normes — soit effectivement… s'avère
démontré, si on veut.
Est-ce que c'est un peu la raison pour
laquelle vous pensez qu'on doit fermer à 181 projets, justement?
M. Gariépy (Sylvain) : Bien,
honnêtement…
Mme LeBel : Je ne veux pas
vous mettre des mots dans la bouche, là. Je vous donne un peu ma façon de le
voir. Puis je veux voir… comprendre, parce que c'était très ferme, là, limiter
les projets susceptibles de bénéficier. Donc, c'était très clair comme
orientation de votre part.
M. Gariépy (Sylvain) : Oui,
puis à la limite, même, dans le mémoire, on remet, je dirais, en question le
fait, excusez-moi le terme, là, je n'en ai pas de meilleur ce soir, là, mais
d'escamoter les processus de consultation. Et on est en train de créer quand
même une voie parallèle pour certains types de projets, dont certains n'ont
même pas besoin d'une voie spéciale pour leur processus d'approbation ou une
rapidité parce que la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme prévoit déjà des
mécanismes qui permettent… qui donnent au gouvernement des pouvoirs d'aller de
l'avant pour accélérer l'approbation de certains projets.
Donc, c'est juste que moi, je crois que le
nombre de 181, là, c'est un nombre parmi tant d'autres. L'idée, pour nous,
c'est de dire : À la limite, cette liste-là n'existerait même pas, ce
serait peut-être parfait aussi, là. On en a, des processus qui sont prévus dans
le cadre des lois applicables à l'heure actuelle. On a vraiment l'impression
qu'en créant ceci, une troisième voie parallèle, on peut aussi… prétendre, un
jour, que nos processus de consultation, tels qu'on les connaît et qui sont
éprouvés à l'heure actuelle, seront à toutes fins inutiles, surtout dans un
contexte où on veut privilégier une relance économique rapide.
Mais, en toile de fond, tout ça, il ne
faut pas oublier, oui, on connaît une crise sanitaire, mais nous sommes dans <une…
M. Gariépy (Sylvain) :
...nos
processus de consultation, tels qu'on les connaît et qui sont éprouvés à l'heure
actuelle, seront à toutes fins inutiles, surtout dans un contexte où on veut
privilégier une relance économique rapide.
Mais, en toile de fond, tout ça, il ne
faut pas oublier, oui, on connaît une crise sanitaire, mais nous sommes dans
>une crise environnementale. Donc, c'est comme si la crise sanitaire a
pris le pas sur la crise environnementale. Espérons que la crise sanitaire va
disparaître rapidement, mais on va rester avec cette crise environnementale. Donc,
est-ce que les plis pris, dans le cadre du projet de loi actuel, on va
commencer à les dupliquer par la suite dans le cadre d'une crise environnementale?
La question se pose également.
Donc, c'est pour ça, moi, 181, 200, 150,
pour moi, c'est un chiffre. Nous, ce qui nous préoccupe beaucoup, c'est les
processus de consultation, c'est l'influence des municipalités au niveau de la
planification locale et les enjeux relatifs à tous ces processus-là.
Quand on regarde également les délais
prévus, là, de 15 jours pour une municipalité pour évaluer un projet gouvernemental,
écoutez, comme urbaniste, je suis appelé à présenter des projets beaucoup plus
simples à bien des égards, et 15 jours, c'est, des fois, grandement
insuffisant, là, si ce n'est que pour obtenir l'approbation d'un projet qui...
un nouveau bâtiment sur un coin de rue, là. Donc là... Et penser qu'on va
évaluer en 15 jours les projets d'envergure, les municipalités n'ont pas
ces ressources-là. Donc, l'autre voie, celle qui pourrait tout autant
participer à une relance économique prospère, durable et équitable est... c'est
également de se donner les moyens de pouvoir évaluer les projets en y
impliquant peut-être plus de ressources.
Souvent, c'est le problème également dans
l'évaluation des projets. Ce qui va arriver, c'est qu'il n'y a pas une municipalité
qui va être capable de respecter vos délais de 15 jours, et
éventuellement, bien, on va tout passer ça sur la voie, la troisième voie,
celle la plus rapide, et on va tout simplement aller de l'avant avec les
projets avec le risque d'escamoter des éléments qui peuvent être, des fois, très,
très préoccupants, comme les risques environnementaux.
Donc, comme je dis, l'ordre n'est pas
contre la reprise, la relance et les initiatives qu'on peut prendre. Il faut
juste faire attention dans le comment on s'y prend. Là, peut-être que j'ai
débordé un peu de l'essentiel de votre question, mais je pense que ça
interpellait à quelque chose d'un petit peu plus large, là, <pour... >de
mon côté.
Mme LeBel : ...effectivement.
Mais, M. Gariépy, je ne remets pas du tout en question l'expertise de l'ordre en
matière d'urbanisme, au contraire, mais je suis un peu quand même surprise de
votre réaction par rapport au processus, qui est quand même somme toute très
ciblé également. On met deux procédures d'accélération en place, une
accélération pour les projets qui sont faits par des intervenants
gouvernementaux et ceux qui sont faits par des intervenants non
gouvernementaux, là, ou des mandataires de l'État, je vais le dire de cette
façon-là. Juste pour se parler clairement, on parle en général des commissions
scolaires, en règle générale, et des CIUSSS. Donc, on est dans le projet de loi
n° 66, ça va probablement toucher principalement les écoles ou des maisons
des aînés, là, sans faire une analyse des 181 projets, là. Parce que c'est
clair que ce n'est pas les 181 projets qui ont besoin de ça, de cette
règle <en...
Mme LeBel : ...donc, on est
dans le projet de loi n° 66, ça va probablement toucher
principalement
les écoles ou des maisons des aînés, là, sans faire une analyse des
181 projets, là. Parce que c'est clair que ce n'est pas les
181 projets qui ont besoin de ça, de cette règle >en urbanisme là,
comme ce n'est pas les 181 qui ont besoin d'expropriation et ce n'est pas les
181 non plus qu'il y a des enjeux environnementaux. Ce sont des outils que l'on
fournit, et les projets utiliseront les outils qui sont nécessaires avec leur
réalité particulière, là.
Mais, pour revenir, je suis un peu
surprise de votre réaction par rapport à l'enjeu du respect du gouvernement de
proximité alors qu'on vient d'entendre la FQM et l'UMQ qui ne semblaient pas <outre...
>chatouillées outre mesure par le fait que, on l'a admis d'entrée de
jeu, là, ce n'est pas... qu'on venait quand même intervenir dans leurs
compétences. On l'a fait en les consultant en amont, d'ailleurs. Donc... Et
même je pense que c'est la présidente de l'UMQ, si je ne me trompe pas, qui est
venue même nous dire, qu'elle est venue concéder qu'effectivement il y a des
délais, des fois, qui sont, même pour eux, très lourds quand une MRC veut
adapter son schéma d'aménagement à un projet gouvernemental.
Parce que c'est ça, la réalité, hein? Si...
le projet gouvernemental, il va aller de l'avant, on va avoir des discussions,
et tout ça, tout ça ne met pas de côté les bonnes pratiques et le fait qu'il
faut se parler dans la vie. Mais ultimement, un projet qui est accepté par la
communauté, à titre d'exemple, une maison des aînés ou une école... bien là ce
n'est pas la bonne... parce que, ça, ce n'est pas gouvernementaux, là, mais qui
est accepté par la communauté, à titre d'exemple, bien, ultimement, le schéma
d'aménagement de la MRC devra être adapté au projet, s'il y a des... j'allais
dire des différences. Et c'est la même chose pour les règlements de zonage,
s'il y a des règlements... <pas de... >de zonage ou d'urbanisme
qui devront être par la suite adaptés, là, donc, pour un processus différent.
Et j'avoue que votre réaction me surprend
puis j'aimerais bien la comprendre. Vous semblez plus... j'allais dire outré,
mais ce n'est pas le bon terme, c'est trop fort, là, mais plus interpelé, si on
veut, par le fait qu'on vient intervenir dans ce processus-là, alors que l'UMQ
et la FQM, qui, quant à moi, sont également au premier plan de tout ça,
semblaient... en tout cas, ce n'était pas un enjeu... ce n'était pas l'enjeu
principal, là. Au contraire, on nous demandait, dans la majorité des cas,
d'étendre tout ça, le projet de loi n° 66, aux projets municipaux
également, alors que vous êtes probablement dans la philosophie inverse.
C'est-à-dire non seulement vous ne voulez pas qu'on l'étende à plus, mais vous,
bon, vous préféreriez qu'on enlève tout, là, dans un monde idéal, mais sinon,
de limiter aux 181 projets et de faire non seulement la promesse
solennelle qu'on n'ira pas plus loin, mais de l'écrire dans le projet de loi.
Donc, je résume un peu, là.
Mais vous êtes un peu à contre-courant par
rapport à vos partenaires municipaux, et je suis un petit peu surprise, je dois
avouer. Et là je m'excuse, j'ai pris beaucoup de temps. Il vous reste deux
minutes.
M. Gariépy (Sylvain) : Ça va
être suffisant.
Le Président (M. Simard) : 50.
Mme LeBel : 50.
M. Gariépy (Sylvain) : Oui.
Moi, je vous dirais juste que je ne suis pas au fait de l'ensemble des
motivations, justement, des représentants de l'UMQ et de la FQM. Vous savez,
c'est pour ça que j'ai <rappelé...
Mme LeBel : …par rapport
à
vos partenaires municipaux, et je suis un petit peu surprise, je dois avouer.
Et là je m'excuse, j'ai pris beaucoup de temps. Il vous reste deux minutes.
M. Gariépy (Sylvain) : Ça
va être suffisant.
Le Président (M. Simard) :
50.
Mme LeBel : 50.
M. Gariépy (Sylvain) : Oui.
Moi, je vous dirais juste que je ne suis pas au fait de l'ensemble des
motivations, justement, des représentants de l'UMQ et de la FQM. Vous savez,
c'est pour ça que j'ai >rappelé, en début de mon intervention, sur le
plan de l'aménagement du territoire, l'Ordre des urbanistes est là pour faire
la promotion des pratiques exemplaires en aménagement du territoire puis en
développement durable.
• (20 h 40) •
Donc, pour nous, est-ce que la position de
ces deux organisations-là tient à la fiscalité municipale et au fait que
l'accélération de projets fait en sorte qu'on développe plus rapidement des… de
la réalisation de projets qui vont amener du développement économique, qui vont
amener de la taxe foncière? Je ne pourrais pas m'avancer plus loin dans leurs
motivations, mais c'est rattaché à ça, c'est un élément. Et l'autre élément,
c'est que la mission de l'ordre n'est pas la même que celle de l'UMQ et du FQM.
Donc, à la base, là, je ne peux pas parler pour eux autres, mais nous, du côté
de l'Ordre des urbanistes du Québec, si je m'en tiens à notre mission, la
protection du public, la promotion des pratiques d'aménagement durable, c'est
l'essence même de ce que nous sommes et c'est pour ça, à quelque part, que nous
amenons peut-être un point de vue qui diffère de nos partenaires.
Et qu'on soit en désaccord avec eux ne
fait pas en sorte qu'on est contre eux non plus, là. On prend… On peut
comprendre leurs intérêts ou motivations <ou… >et
l'accomplissement de leur mission, là. Donc, pour nous, c'est… on n'est pas
nécessairement contradictoires.
Mme LeBel : Bien, parfait. Je
vous remercie. Pour ma part, ça peut aller. Merci.
Le Président (M. Simard) : D'autres
interventions du côté de la partie gouvernementale? Sans quoi, je cède la
parole au député de La Pinière.
M. Barrette : Avec le temps
qui vient avec, non?
Le Président (M. Simard) :
Malheureusement pas, cher collègue.
M. Barrette : C'est dommage.
Alors, M. Gariépy, je vais vous poser une question très directe, là. Je
comprends un peu les commentaires de la présidente du Conseil du trésor. Dans
les 181 projets, là, lequel détonne, là, dans votre lecture? À sa face
même, vous regardez ça, là, puis vous vous dites : Ça ne devrait pas être
là, là, ou ça pose problème, là?
M. Gariépy (Sylvain) : Moi, je
trouve que les projets qui posent problème, ce sont tous les projets
d'infrastructure autoroutière. Pour moi, c'est un élément de… Et, sans mauvais
jeu de mots, d'amener sur la voie rapide des projets qui vont avoir un impact
sur l'étalement urbain, sur les milieux naturels, pour l'Ordre des urbanistes
du Québec, c'est ça qui… où le bât blesse également, là. Donc, on croit qu'on
ne peut pas s'abstenir. C'est des projets qui sont très structurants, qui vont
avoir une influence sur le visage du Québec pour les 50 ou 100 prochaines
années.
Donc, prolonger une autoroute, là, ça peut
avoir sa raison d'être, mais dans la mesure où c'est fait dans les règles de
l'art et en ayant en considération aussi les enjeux de transport collectif qui
y sont associés.
M. Barrette : Est-ce que vous
pourriez nous donner votre opinion sur le fait que, d'entrée de jeu, d'emblée,
là, le projet de loi, on extrait l'élargissement de la 117 de toute <évaluation…
M. Gariépy (Sylvain) :
...en considération aussi les enjeux de transport collectif qui y sont
associés.
M. Barrette : Est-ce que
vous pourriez nous donner votre opinion sur le fait que, d'entrée de jeu,
d'emblée, là, le projet de loi, on extrait l'élargissement de la 117 de toute
>évaluation?
M. Gariépy (Sylvain) :
Pardon? Excusez-moi. Pouvez-vous répéter la question, s'il vous plaît?
M. Barrette : Est-ce que
vous êtes étonnés, est-ce que vous iriez jusqu'à critiquer le fait que, d'entrée
de jeu, dans le projet de loi, on soustrait à toute évaluation environnementale
deux projets, celui de l'élargissement de la 30 entre la 10 et la 20, qui, moi,
personnellement, m'affecte peu... mais la 117, qui est un projet fondamental,
lui, théoriquement, a des enjeux environnementaux, et on l'extrait, on le
soustrait à toute évaluation. Est-ce que ça vous étonne, slash irrite, slash
déçoit, là? Je vous laisse choisir votre verbe, là.
M. Gariépy (Sylvain) : On
est perplexes, en fait. Bon, des extensions de route ou d'autoroute devraient
être assujetties toujours à une analyse environnementale complète. L'impact est
trop important sur le développement, par la suite, urbain.
M. Barrette : Vous avez
fait référence... Vous êtes un de ceux... Ce n'est pas tout le monde qui y ont
fait référence. Vous êtes deux, en fait, groupes à date, à ma connaissance, en
tout cas, où ça m'a marqué... Vous avez souligné à plusieurs reprises que...
souligné l'importance, la difficulté de l'atteinte à ce que sont aujourd'hui
les schémas d'aménagement de territoire. Et, à un moment donné, je n'ai pas
saisi exactement quelle était votre position. Est-ce que vous voulez que les municipalités
aient le plein pouvoir de déterminer quel est leur schéma d'aménagement ou vous
êtes confortables avec la situation actuelle, où il y a une commission, des
approbations, et ainsi de suite? C'est quoi, votre souhait là-dedans, là?
M. Gariépy (Sylvain) :
Bien, nous, on pense que les processus actuels ont fait leurs preuves. On est
habitués à nos processus actuels. Tout processus est — on peut les
améliorer, là, mais je pense qu'il y a, en quelque part, là, les interventions
des élus locaux, des municipalités locales en fonction de leurs besoins — est
essentiel. Donc, tout le monde peut s'exprimer. Pour ce qui est des MRC, ce
sont des lieux, justement, où l'ensemble des municipalités locales peuvent se
regrouper et se donner une vision commune, là, du devenir de leur territoire.
Pour nous, les processus actuels sont ce qu'ils sont, mais ils sont bons,
donc... et vont en fonction également... puis là je ne sais pas si je déborde
de votre question, là, mais focalisent, entre autres, sur l'acceptabilité
sociale, là.
M. Barrette : Non, non,
je souhaite que vous débordiez.
M. Gariépy (Sylvain) :
O.K. Mais, non, mais c'est... pour nous, les processus actuels, ils ont été
éprouvés, ils ont fait leurs preuves, et on croit que ce sont de bons
processus. Donc, c'est en ce sens-là, nous, qu'on est à l'aise.
M. Barrette : Bien, j'ai
quasiment envie de vous demander ce que vous pensez de la situation qui est
relatée dans les médias depuis hier, à savoir le changement unilatéral du
schéma <d'aménagement...
M. Gariépy (Sylvain) : …on
croit
que ce sont de bons processus. Donc, c'est en ce sens-là, nous,
qu'on est à l'aise.
M. Barrette : Bien,
j'ai quasiment envie de vous demander ce que vous pensez de la situation qui
est relatée dans les médias depuis hier, à savoir le changement unilatéral du
schéma >d'aménagement de la MRC Montcalm.
M. Gariépy (Sylvain) : C'est
un sujet sur lequel je pourrais certainement avoir une prise de position, mais aujourd'hui
je vais m'abstenir parce qu'on est encore à l'étude de ce dossier-là, là, pour justement
une prise de position éventuelle.
M. Barrette : Vous étudiez ça
à l'Ordre des urbanistes?
M. Gariépy (Sylvain) : Toute
thématique eu égard à l'aménagement du territoire, oui, nous regardons cela de
près.
M. Barrette : Ah bon! Est-ce
qu'on vous a demandé de produire une opinion?
M. Gariépy (Sylvain) : Non,
les sujets en aménagement du territoire, tout ce qui relève des bonnes
pratiques en urbanisme, en aménagement du territoire, l'ordre se penche sur ces
dossiers-là. Ça ne veut pas dire qu'on va se prononcer sur chacun d'entre eux,
loin de là. Et ça va aussi en fonction des informations qu'on réussit à aller
chercher.
Donc, il faut voir aussi que l'Ordre des
urbanismes, depuis 18 mois, est beaucoup plus actif sur la place publique.
Donc, on apprend aussi à être actifs sur cette place publique. Et c'est pour ça
qu'on prend le temps de bien mettre en application, là, notre propre
méthodologie, prise de position, là. Mais certainement que le dossier dont vous
me parlez en ce moment a capté notre attention. Maintenant, je pense qu'on
pourrait revenir ultérieurement avec une prise de position, là. Pour l'instant,
on regarde le dossier cheminer.
M. Barrette : Bien là, il est
pas mal arrivé à destination, là. Il y a des décisions qui ont été prises. Et,
quand je vous entends, puis honnêtement je suis un peu de votre bord là-dessus,
là, que le modus operandi actuel a fait ses preuves, maintenant, le modus
operandi peut être battu par des décisions unilatérales gouvernementales, ce
qui a été le cas. En tout cas, j'ai hâte de voir l'opinion que vous allez
exprimer éventuellement.
Vous avez dit également que vous voyez… J'aimerais
ça que vous quantifiez un petit peu plus votre commentaire. Vous avez dit, à un
moment donné, là, qu'il y avait de nombreux projets dans la lecture que vous
faisiez des 181 projets qui ne nécessitaient pas de procédure particulière, là,
ils n'ont pas besoin de BAPE, de ci, de ça. Bon. Pouvez-vous quantifier un
petit peu plus, là? Vous me dites qu'il y a de nombreux, là. En termes
macroscopiques, là, c'est le tiers? Deux tiers? Trois quarts? 80 %,
90 %?
M. Gariépy (Sylvain) : Votre
question est… Moi aussi, j'aimerais quantifier, là. En fait, quand on regarde
la liste du nombre de maisons des aînés, entre autres, ou les agrandissements
d'hôpitaux, ou quoi que ce soit, bref, pour nous, là-dedans, il y a certainement
des dossiers qui ne nécessitent pas une voie rapide, là. C'est-à-dire qu'ils
peuvent être étudiés rapidement. Il faut voir… Bien, chaque cas en urbanisme est
un cas en soi, là. Donc, on peut être facilement en présence de dossiers qui
sont déjà conformes ou presque conformes à la réglementation municipale, et,
s'ils ne le sont pas, à l'intérieur de quatre à six mois, pourraient devenir
conformes. Donc, c'est dans ce sens-là, là, qu'on... à prime abord, là. Puis,
écoutez, on n'a pas <étudié…
M. Gariépy (Sylvain) :
…chaque
cas en urbanisme est un cas en soi, là. Donc, on peut être
facilement en présence de dossiers qui sont déjà conformes ou presque conformes
à la réglementation municipale, et, s'ils ne le sont pas, à l'intérieur de
quatre à six mois, pourraient devenir conformes. Donc, c'est dans ce sens-là,
là, qu'on... à prime abord, là. Puis, écoutez, on n'a pas >étudié chacun
des dossiers, là, loin de là. Donc, il est difficile de répondre à votre
question précisément présentement, là, mais c'est une impression.
M. Barrette : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Oui. M. le député de Mont-Royal—Outremont.
M.
Arcand
:
Merci, M. le Président. J'avais une question qui… Je regardais les communiqués
que vous avez faits lorsque le projet de loi n° 66 a été fait, et vous
aviez un communiqué... votre premier communiqué, la première réaction que vous
eue, ça a été de dire : «L'Ordre des urbanistes du Québec demeure
préoccupé par le projet de loi n° 66», et là vous détaillez certaines de
vos préoccupations.
Par la suite, vous avez fait un communiqué
conjoint avec des groupes environnementaux, et, en l'espace d'un mois ou à peu
près, là, pas tout à fait un mois, mais le ton a changé beaucoup parce que, là,
le thème du communiqué, c'est : «Projet de loi n° 66 :
irresponsable, injustifié au regard des enjeux environnementaux, sociaux et
économiques.» Et là vous avez signé tout ça avec différents groupes :
Équiterre, Nature Québec, et ainsi de suite. Est-ce qu'en l'espace d'un mois,
d'un communiqué relativement soft, si vous me permettez l'expression, où on
dirait qu'il y a eu une forme de radicalisation… Est-ce que vous pouvez
m'expliquer ce qui s'est passé ou c'est simplement que vous vous êtes joints à
des groupes comme ça?
M. Gariépy (Sylvain) : Bien,
il y a les préoccupations environnementales, bien entendu. Donc, on accélère
les processus où on risque d'en échapper des morceaux, entre autres, sur le
plan environnemental. Donc, là-dessus, oui, nous sommes fortement préoccupés.
Mais est-ce qu'il y a une radicalisation?
Bon, l'Ordre des urbanistes ne se veut pas un mouvement radical, là. C'est un
ordre professionnel qui vise la protection du public. Et on ne pense pas que de…
On pense qu'il y a un danger de laisser aller de côté certaines approbations
environnementales sur le plan global des projets. Et c'est ça qui nous
préoccupe et c'est pour ça qu'on a joint notre voix à ce dernier communiqué,
là, qui est paru, si ma mémoire est bonne, aujourd'hui, ce matin même.
• (20 h 50) •
Donc, je ne peux pas m'avancer encore
plus, là, mais ça nous préoccupe de plus en plus, là, cette tendance à mettre
de côté, là, nos préoccupations environnementales.
Et, comme je vous l'ai rappelé plus tôt,
nous sommes dans... pas seulement dans une crise sanitaire, mais nous sommes
dans une crise environnementale. Donc, la sanitaire, heureusement, j'espère, on
va la régler rapidement, mais environnementale, il va falloir déployer des
efforts assez importants pour composer avec, parce qu'on ne va pas la régler. Puis
on croit que ce n'est pas en escamotant les processus d'approbation et... au
fait de juste aller rapidement, là, on a l'impression qu'on <va... on >pourrait
pénaliser la composante environnementale et on ne croit pas que c'est une bonne
pratique en ce <moment...
M. Gariépy (Sylvain) :
...assez importants pour composer avec, parce qu'on ne va pas la régler. Puis
on croit que ce n'est pas en escamotant les processus d'approbation et... au
fait de juste aller rapidement, là, on a l'impression qu'on va... on pourrait
pénaliser la composante environnementale et on ne croit pas que c'est une bonne
pratique en ce >moment.
M.
Arcand
:
Vous avez dit : Parmi les choses qui ne m'apparaissent pas très
acceptables, entre autres, les projets autoroutiers. Est-ce que vous avez
des...
Le Président (M. Simard) :
Très rapidement, s'il vous plaît.
M.
Arcand
: Est-ce
qu'il y a des projets autoroutiers qui peuvent être acceptables à vos yeux...
Le Président (M. Simard) :
Très rapidement.
M.
Arcand
:
...ou des projets du ministre des Transports?
Le Président (M. Simard) :
Votre temps est écoulé. Très rapidement, s'il vous plaît. M. Gariépy, très
rapidement.
M. Gariépy (Sylvain) : La
réponse est oui, il peut y avoir des projets acceptables sur le plan
autoroutier.
Le Président (M. Simard) : Très
bien, merci. M. le député de Rosemont, à vous la parole.
M. Marissal : Bon, je ne
donnerai pas de mon temps à mes amis de l'opposition officielle, je n'en ai pas
à vous donner, malheureusement.
M. Gariépy, bonjour. Mme Ferraris
aussi, qu'on ne voit pas à l'écran, mais je vous salue aussi. J'ai parlé du
jour de la marmotte ce matin. Effectivement, j'ai l'impression de retomber dans
le jour de la marmotte parce qu'on a déjà joué dans ce film-là au mois de juin
avec 61. Il y avait une question qui revenait tout le temps puis elle est
revenue dans votre exposé, et vous dites : On passe à travers la liste des
projets qui sont là, les 181, puis on ne voit pas trop pourquoi un tel projet
de loi pour ces projets-là. Bon, je mettrais la ligne bleue à part, là, qui est
effectivement un problème connu, récurrent, je dirais, même, la ligne bleue.
Mais autrement, quel est le... On n'essaie
de ne pas se prêter des intentions ici, dans cette enceinte, <mais... >même
si on le fait souvent malheureusement. Vous, votre interprétation, pourquoi
donc un tel projet de loi avec cette liste-là qui fonctionne, là?
M. Gariépy (Sylvain) : Je vais
vous avouer, je n'ai pas la réponse. Pourquoi un tel projet de loi? Nous, comme
Ordre des urbanistes du Québec, pour nous, l'important, c'est, si on veut
accélérer certains projets, oui, mais encore faut-il comprendre le projet dans
son... et son impact sur l'environnement urbain. Et, si on accélère les
processus d'approbation, bien, c'est quoi, l'objectif réel derrière ça, si ce
n'est qu'une teneur économique? Nous, on n'est pas persuadés, là, que, sur le
plan économique, ça va être quelque chose de plus intéressant parce que les
processus d'approbation des projets, en ce moment, peuvent quand même se faire
assez rapidement.
Donc, honnêtement, pour répondre... j'ai
de la misère à répondre à votre question. Pour moi, ce projet de loi là est
perfectible comme tous les projets de loi. Puis, peut-être, ce qui manque,
c'est les critères de sélection des projets et le pourquoi de prioriser ceux-ci
au détriment de d'autres. Ça, je n'ai pas l'impression d'avoir compris ça dans
la lecture du projet de loi à l'heure actuelle.
M. Marissal : D'accord. Et,
rapidement, vous nous avez dit, essentiellement, que la Loi sur l'aménagement
de l'urbanisme, puis on en avait déjà parlé aussi en juin, permet déjà une
certaine flexibilité qui serait donc dédoublée ou même écrasée par 66.
M. Gariépy (Sylvain) : Oui. <Oui...
M. Gariépy (Sylvain) :
…actuelle.
M. Marissal : D'accord.
Et,
rapidement, vous nous avez dit, essentiellement, que la Loi sur l'aménagement
de l'urbanisme, puis on en avait déjà parlé aussi en juin, permet déjà une
certaine flexibilité qui serait donc dédoublée ou même écrasée par 66.
M. Gariépy (Sylvain) : Oui.
>Oui, on a déjà des… on a une belle boîte à outils, là. La Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme nous permet déjà de faire des choses. On est
d'avis qu'on a déjà… la boîte à outils est déjà complète. Bref, on a les
coudées franches, là, pour accélérer les projets également dans le cadre de la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme.
M. Marissal : Très bien, je
vous remercie.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci
pour votre présence, qui est très, très importante. Dommage qu'à cette heure-ci
les médias écoutent moins. J'ai l'impression que ce que vous nous dites, c'est
que le projet de loi n° 66 est une solution à un problème qui n'existe
pas. <C'est… >Je ne sais pas comment l'exprimer autrement, là, si
je vous écoute bien, parce que vous dites : Bon, on pourrait exclure les
autoroutes, maisons des aînés, écoles, ça ne cause pas vraiment de problème.
Et là je voudrais rebondir sur ce que vous
venez de répondre à mon collègue. Au fond, pour accélérer les choses, on
n'aurait pas besoin du coup de massue du projet de loi. Il y a bien des
affaires qu'on serait capables de faire par processus réglementaires, que ça
soit en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement, en vertu de la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme, par exemple.
M. Gariépy (Sylvain) :
Effectivement, oui.
M. Gaudreault : O.K. J'aime
ça, des réponses courtes comme ça. Ça me déstabilise un peu, mais j'aime ça.
Quand vous dites que… Vous avez commencé en disant que ça va affaiblir de façon
permanente les processus d'approbation. Là, la ministre vous a rassuré
plusieurs fois en disant : Non, non, non, c'est vraiment juste pour les
181 projets qui sont dans l'annexe.
Est-ce que, quand vous dites «de
façon permanente», c'est parce que vous voulez dire : Au fond, ça va créer
un précédent et qu'il pourrait arriver d'autres crises après, x ou y,
climatiques ou d'autres crises sanitaires, qu'on ne souhaite pas, mais… et là
on va dire : Bon, bien on a fait le projet de loi n° 66, on va s'en
refaire un, projet de loi? C'est plus l'aspect précédent que l'aspect
modifications permanentes.
M. Gariépy (Sylvain) : Bien,
effectivement, <c'est… >on ouvre une brèche. On se donne des
nouvelles habitudes. Donc, on dit : On a une crise, on sort le p.l. n° 66 ou son équivalent modernisé dans le futur. Nous
sommes d'avis qu'on s'est dotés de processus d'approbation qui sont certes
imparfaits, qui sont perfectibles, mais qui répondent quand même à la commande
à l'heure actuelle et qu'on peut, sous le couvert de l'urgence, également,
faire avancer les choses, mais dans les traditions qu'on a commencé à établir
en termes de processus d'acceptabilité des projets, d'acceptabilité sociale,
d'acceptabilité environnementale.
Et c'est là... Le fondement d'une de nos
grandes préoccupations, c'est surtout sur le plan… c'est sur deux plans,
l'acceptabilité sociale et l'acceptabilité environnementale. Donc, si, à chaque
fois qu'on arrive dans une crise, on escamote ces éléments-là, c'est comme… à
quelque part, c'est discréditer ce que l'on fait déjà.
M. Gaudreault : Exact.
M. Gariépy (Sylvain) : …
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Gaudreault :
<Merci…
M. Gariépy (Sylvain) :
...et c'est là... Le fondement d'une de nos grandes préoccupations, c'est
surtout sur le plan… c'est sur deux plans, l'acceptabilité sociale et
l'acceptabilité environnementale. Donc, si, à chaque fois qu'on arrive dans une
crise, on escamote ces éléments-là, c'est comme… à quelque part, c'est
discréditer ce que l'on fait déjà.
M. Gaudreault : Exact.
M. Gariépy (Sylvain) :
…
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Gaudreault : >Merci.
M. Gariépy (Sylvain) :
C'est là où nous en sommes.
M. Gaudreault : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, madame, monsieur, merci à vous deux pour votre contribution à nos
travaux.
Sur ce, compte tenu de l'heure, nous
allons ajourner à demain avant-midi, au retour des affaires courantes. Au
revoir.
(Fin de la séance à 20 h 57)