Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Thursday, October 22, 2020
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Vol. 45 N° 91
Special consultations and public hearings on Bill 66, An Act respecting the acceleration of certain infrastructure projects
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Intervenants par tranches d'heure
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Simard, Jean-François
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LeBel, Sonia
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Barrette, Gaétan
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Arcand, Pierre
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Simard, Jean-François
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Arcand, Pierre
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
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LeBel, Sonia
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LeBel, Sonia
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Simard, Jean-François
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Barrette, Gaétan
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Arcand, Pierre
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
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Simard, Jean-François
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LeBel, Sonia
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Barrette, Gaétan
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Barrette, Gaétan
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Simard, Jean-François
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
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Simard, Jean-François
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LeBel, Sonia
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Lamothe, Denis
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Barrette, Gaétan
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Arcand, Pierre
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Simard, Jean-François
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
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LeBel, Sonia
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LeBel, Sonia
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Simard, Jean-François
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Barrette, Gaétan
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures trente-six minutes)
Le Président (M. Simard) :
Donc, chers collègues, bon matin. Je constate que nous avons quorum. Nous
pouvons donc entreprendre nos travaux. Comme vous le savez, notre commission
est réunie afin de poursuivre les auditions particulières sur le projet de loi
n° 66, Loi concernant l'accélération de certains projets d'infrastructure.
Mme la secrétaire, bonjour.
La Secrétaire
:
Bonjour.
Le Président (M. Simard) : Y
aurait-il des remplacements ce matin?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Alors, M. Reid (Beauharnois) est remplacé par
M. Lamothe (Ungava) et Mme Melançon (Verdun) est remplacée par
M. Arcand (Mont-Royal—Outremont).
Le Président (M. Simard) :
Bien. Je tiens tout particulièrement à saluer l'arrivée parmi nous du député
d'Ungava. Je pense que c'est la première fois, depuis la 42e <législature…
Le Président (M. Simard) :
...
Mme la secrétaire
,
bonjour.
La Secrétaire
:
Bonjour.
Le Président (M. Simard) :
Y aurait-il des remplacements ce matin?
La Secrétaire
: Oui,
M. le Président. Alors, M. Reid (Beauharnois) est remplacé par
M. Lamothe (Ungava) et Mme Melançon (Verdun) est remplacée par
M. Arcand (Mont-Royal—Outremont).
Le Président (M. Simard) :
Bien. Je tiens tout particulièrement à saluer l'arrivée parmi nous du député
d'Ungava. Je pense que c'est la première fois, depuis la 42e >législature.
On a quand même la présence d'un député qui représente plus de la moitié
territoriale du Québec.
Une voix
: ...
Le Président (M. Simard) :
53 %. Bienvenue parmi nous, cher collègue.
Mme la secrétaire, y aurait-il également
des votes par procuration qui s'annoncent?
La Secrétaire
: Oui.
Alors : M. Thouin (Rousseau) dispose d'un vote par procuration au nom
de Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré) et M. Barrette (La
Pinière) dispose d'un vote par procuration au nom de M. Fortin (Pontiac).
Le Président (M. Simard) :
Merci. Alors, ce matin, nous débutons par le Comité public de suivi des
recommandations de la commission Charbonneau et nous sommes en présence de
MM. Brodeur et Bégin. Messieurs, bienvenue parmi nous. Merci d'avoir
répondu à notre appel. Vous êtes des habitués, mais je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes. Alors, nous vous écoutons.
M. Brodeur (Pierre-Olivier) :
Merci, M. le Président. Merci à tous les membres de la commission de nous avoir
invités pour participer à vos travaux. Le projet de loi n° 66, Loi
concernant l'accélération de certains projets d'infrastructure, contient des
articles qui portent sur plusieurs aspects liés aux projets d'infrastructure.
Nous commenterons uniquement les dispositions du projet de loi qui se
rapportent à la surveillance des marchés publics, soit les articles 1 à
10.
Lors du dépôt du projet de loi n° 61,
nous avions souligné que l'accélération de projets d'infrastructure pouvait
accroître les risques de collusion et de corruption. Le projet de loi
n° 61 accordait au gouvernement le pouvoir de modifier ou de suspendre par
simple règlement les règles obligatoires prévues à la Loi sur les contrats des
organismes publics, allant ainsi à l'encontre des recommandations de la
commission Charbonneau et de l'OCDE sur les marchés publics.
Le projet de loi n° 66 vise également
à accélérer certains projets d'infrastructure, ce qui peut poser certains
risques à l'intégrité des marchés publics. Cependant, le projet de loi prévoit
un élargissement des pouvoirs de l'AMP dans le cas des projets mentionnés à
l'annexe I qui devrait faciliter les interventions de l'AMP dans le cadre
de ces projets. Ces pouvoirs additionnels sont les suivants : inclusion
des sous-contrats dans les fonctions de veille de l'AMP, obligation de
communiquer des documents visant les soumissionnaires, contractants et
sous-contractants et de confirmer leur authenticité dans le cadre des examens
des processus d'adjudication, d'attribution ou d'exécution d'un contrat public,
élargissement du pouvoir de faire des ordonnances, de suspendre ou de résilier
un contrat dans le cadre d'examens portant sur l'attribution ou l'exécution
d'un contrat public, examens qui peuvent être déclenchés à la suite d'une
plainte ou de l'initiative même de l'AMP.
Ces modifications sont souhaitables pour
faciliter les interventions dans un contexte d'accélération des travaux et sont
conformes aux recommandations de la commission Charbonneau. L'accroissement des
pouvoirs de l'AMP auquel procède le projet de loi n° 66
est bien avisé puisqu'il permettra à l'organisme d'effectuer sa mission de
surveillance des contrats publics de manière plus efficace. Nous sommes
cependant d'avis qu'elles ne devraient pas être limitées aux <seuls...
M. Brodeur (Pierre-Olivier) :
…
d'accélération des travaux et sont conformes aux recommandations de la
commission Charbonneau. L'accroissement des pouvoirs de l'AMP auquel procède le
projet de loi
n°
66 est bien avisé
puisqu'il permettra à l'organisme d'effectuer sa mission de surveillance des
contrats publics de manière plus efficace. Nous sommes cependant d'avis
qu'elles ne devraient pas être limitées aux >seuls projets mentionnés à
l'annexe I mais s'étendre à tous les contrats inclus dans le mandat de l'AMP.
• (11 h 40) •
Une AMP plus robuste bénéficiera à tous
les organismes publics, qui pourront compter sur son soutien, à tous les
contractants, qui profiteront d'un environnement de saine et de juste
concurrence, et, ultimement, à tous les citoyens. Nous recommandons donc que
les pouvoirs et fonctions supplémentaires mentionnés aux articles 2, 3, 4, 5 et
6 du projet de loi n° 66 soient octroyés à l'AMP pour
l'ensemble de sa mission.
Nous recommandons également d'autres
modifications afin de rendre l'AMP conforme aux recommandations de la
commission Charbonneau. D'abord, bien que tous les projets de l'annexe I du
projet de loi n° 66 sont attachés à un ministère ou à
la Société québécoise des infrastructures, nous soulignons que le projet de loi
stipule tout de même que l'AMP n'a qu'un pouvoir de recommandation aux conseils
municipaux plutôt qu'un pouvoir d'ordonnance comme c'est le cas pour les
organismes publics. Cette limite est également présente dans la Loi sur
l'Autorité des marchés publics. L'AMP a donc un pouvoir moindre dans un milieu
dont les travaux de la commission Charbonneau ont montré les risques
importants. Il s'agit d'une situation qu'il serait souhaitable de corriger.
Nous suggérons de renforcer les pouvoirs de l'AMP, dans ce domaine en lui
octroyant un pouvoir d'ordonnance lors de ses interventions portant sur le
domaine municipal.
La commission Charbonneau recommandait également
que l'AMP ait le pouvoir d'imposer des règles au Bureau des soumissions
déposées du Québec, le BSDQ, et d'agir à titre de membre observateur du conseil
d'administration. Le BSDQ joue un rôle important dans l'industrie de la
construction au Québec en permettant la mise en contact d'entrepreneurs
généraux et d'entrepreneurs spécialisés. À son sujet, la commission notait, je
cite : «Un certain nombre de phénomènes de collusion ont effectivement été
constatés dans ces domaines et, sans affirmer qu'ils y sont plus importants
qu'ailleurs, il importe qu'ils puissent être repérés et combattus. L'un des
premiers gestes posés en ce sens serait de permettre à l'AMP d'agir comme
membre observateur du conseil d'administration de l'organisme.» Fin de la
citation. Lors de leur intervention dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 108, en 2016, donc le projet de loi qui était la Loi
favorisant la surveillance des contrats des organismes publics et instituant
l'Autorité des marchés publics, les représentants du BSDQ se sont montrés
favorables à cette idée. Nous encourageons donc les parlementaires à aller de
l'avant avec cette recommandation.
En conclusion, les articles du projet de
loi n° 66 qui portent sur l'intégrité des marchés
publics vont dans le sens d'un accroissement des fonctions et des pouvoirs de
l'AMP et contribuent ainsi à une meilleure surveillance des contrats publics.
Nous invitons les parlementaires à rendre pérennes ces modifications afin que
ces améliorations ne s'appliquent pas seulement à certains contrats publics
mais touchent l'ensemble des marchés publics québécois. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous, M. Brodeur. Avant de céder la parole à la <présidente
du…
M. Brodeur (Pierre-Olivier) :
…à une meilleure surveillance des contrats publics. Nous invitons les
parlementaires à rendre pérennes ces modifications afin que ces améliorations
ne s'appliquent pas seulement à certains contrats publics mais touchent
l'ensemble des marchés publics québécois. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous, M. Brodeur. Avant de céder la parole à la >présidente
du Conseil du trésor, je voulais simplement officialiser la présence du député
de Jonquière, qui est en remplacement du député de René-Lévesque. Voilà, les
choses sont officialisées.
Une voix : …
Le Président (M. Simard) :
Nous non plus, alors on n'a pas voulu prendre de chance. Mme la Présidente du Conseil
du trésor.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Donc, officiellement, bonjour à tous<, bonjour à tous>.
Bonjour, M. Bégin. Vous me pardonnerez de saluer particulièrement
M. Brodeur. Bonjour. Je pense qu'on peut être transparents en disant qu'on
a travaillé ensemble pendant quatre ans à la commission Charbonneau, mais on n'a
pas eu l'occasion de se revoir depuis, alors très contente d'avoir l'occasion
de discuter d'un sujet qui me passionne et me préoccupe autant que vous. Donc,
merci d'être présent, et merci aussi, M. Bégin, là, d'être présent.
Donc, écoutez, je comprends que les… Bon,
vous aviez effectivement mentionné, d'entrée de jeu, dans le projet de loi
n° 61, bon, il y avait des détails à votre intervention, mais deux enjeux
majeurs, les articles 50 et 50.1, particulièrement, qui donnaient, à tout
le moins, prima facie, ouverture à modifier les règles d'octroi de contrats
publics par le biais d'une réglementation, ce qui n'est pas du tout le même
niveau, on le comprend, de modifications qu'on peut faire quand on le fait en
commission parlementaire sur un projet de loi et on peut le discuter. Donc,
vous constaterez d'entrée de jeu que cette possibilité-là a été retirée. Donc,
est-ce que je peux considérer que vous êtes satisfaits de cette décision,
rassurés, à tout le moins?
M. Brodeur (Pierre-Olivier) :
Oui, oui, tout à fait. L'inclusion de l'article 50 <était… >ouvrait
la porte et créait des brèches, et nous sommes tout à fait satisfaits qu'il ne
soit pas présent, là, dans le projet de loi n° 66.
Mme LeBel : Donc, ça vient, à
tout le moins, au niveau de l'intégrité des marchés… ce n'est pas parfait, là,<…
mais >on le sait, mais ça vient rassurer et assurer que les règles de
contrat, les règles prévues par la loi, le cadre normatif d'attribution des
contrats au Québec pour nos entreprises et pour le gouvernement,
particulièrement, en tout cas, tous ceux qui sont assujettis, demeurent
applicables malgré le fait qu'on procède à certains processus d'accélération
dans la phase des projets de construction. Donc, je comprends que ça, c'est une
première brèche qui a été colmatée, disons-le.
M. Brodeur (Pierre-Olivier) : Tout
à fait.
Mme LeBel : Maintenant, vous
avez également mentionné — et je partage cette opinion, bon, je pense
qu'il faut rassurer les Québécois — quand on parle de risque, on ne
parle pas de fatalité, on ne dit pas que, parce qu'on accélère un projet il y
aura nécessairement de la collusion, ou de la corruption, ou un non-respect des
cadres normatifs, parce que ça peut se décliner en plusieurs choses, mais on
parle de risque potentiel. Donc, effectivement, le fait d'accélérer des projets
d'infrastructures ou tout autre projet comporte un risque. Donc, est-ce que
vous considérez... on parlera, en deuxième temps, de votre suggestion de <rendre…
Mme LeBel : ...nécessairement
de la collusion, ou de la corruption, ou un non-respect des cadres normatifs,
parce que ça peut se décliner en plusieurs choses, mais on parle de risque
potentiel. Donc, effectivement, le fait d'accélérer des projets
d'infrastructures ou tout autre projet comporte un risque. Donc, est-ce que
vous considérez... on parlera, en deuxième temps, de votre suggestion de >rendre
ça plus permanent, donc, est-ce que vous considérez présentement que l'AMP a
les pouvoirs nécessaires pour surveiller les 181 projets de la liste quand
on inclut les rehaussements qu'on qu'on a faits dans le projet de loi n° 66?
M. Brodeur (Pierre-Olivier) :
Oui, sous réserve que les 181 projets de la liste, là, demeurent tels
quels puis n'incluent pas de projet qui soit du ressort d'un organisme municipal,
mais, sous cette réserve-là, oui, tout à fait.
Mme LeBel : O.K. Donc...
M. Bégin (Luc) : Je...
Mme LeBel : Oui,
M. Bégin, allez-y.
M. Bégin (Luc) : Oh!
excusez-moi.
Mme LeBel : Allez-y. Je
vais vous permettre d'y aller.
M. Bégin (Luc) : Je me
permettrais seulement de revenir sur la question de l'accélération des projets
et des risques que ça peut encourir. Effectivement, il s'agit de facteurs de
risque, donc ce n'est pas une certitude que ces événements pourraient se
produire, mais un afflux massif d'investissements dans des infrastructures est quelque
chose qui peut créer des conditions favorables à l'augmentation des coûts, du
moins, peut créer des conditions favorables aussi de manière à pousser la
concurrence parfois à s'entendre pour maintenir des prix élevés et peut créer
aussi, dans certains milieux, un phénomène de surchauffe et donc, à ce
moment-là, une augmentation tout à fait naturelle et prévisible, là, des coûts,
des coûts de la main-d'oeuvre, par exemple, compte tenu de la rareté.
Mme LeBel : Bien,
écoutez, M. Bégin, je partage exactement la même lecture que vous des
risques potentiels et des facteurs de risque qui y sont associés, absolument. <Ce
qui fait... >C'est la raison, d'ailleurs, pour laquelle qu'on a
renforcé, dans le cadre du projet de loi n° 66, les pouvoirs de l'AMP, et
c'est une des raisons, pour moi, qui milite en faveur de faire ces processus
d'accélération là et ces investissements dans des projets clairement identifiés
et sur une liste qui est fermée justement, et non pas le faire à la grandeur ou
à l'échelle du Québec <sans... >et de se permettre de pouvoir
ajouter des projets par la suite sans qu'il n'y ait ce regard particulier,
disons-le, tant pour le contrôle des coûts que pour s'assurer...
Bon, je pense qu'il faut le dire, hein,
puis je pense que <ce n'est pas une... >je ne ferai pas une déclaration-choc
en disant que le risque zéro n'existe en rien nulle part. Ce qu'on a tenté de
faire et ce qu'on tente de faire dans le projet n° 66
en renforçant les pouvoirs de l'AMP, c'est de diminuer à son plus petit, à son
minimum ce risque potentiel, et, à tout le moins, d'être capable de capter les
événements s'ils surviennent et d'intervenir en conséquence.
Donc, peut-être répéter ma question :
Est-ce que vous considérez, à ce stade-ci, que, dans le cadre du projet de loi n° 66, pour les 181 projets, puis vous l'avez dit,
s'il n'y a pas de... Bon, pour moi, là, présentement, ma lecture du projet de
loi, c'est que tous les contrats qui vont découler des projets de la <liste...
Mme LeBel : ...
s'ils
surviennent et d'intervenir en conséquence.
Donc, peut-être répéter ma question :
Est-ce que vous considérez, à ce stade-ci, que, dans le cadre du projet de loi
n° 66, pour les 181 projets, puis vous l'avez dit,
s'il n'y a pas de... Bon, pour moi, là, présentement, ma lecture du projet de
loi, c'est que tous les contrats qui vont découler des projets de la >liste
sont couverts par l'AMP. Maintenant, on va s'assurer qu'ils le sont exactement.
À ma connaissance, il n'y a aucun contrat
municipal qui en découle, mais j'ai bien compris, <la... >je pense
que la Vérificatrice générale aussi en a parlé, puis un autre groupe dont
j'oublie le nom, et ce serait contreproductif de pouvoir surveiller une portion
du projet et pas l'autre de la même façon parce que c'est par le monde
municipal. Donc, c'est bien noté, je vais voir. Je prends en considération ce
conseil-là pour voir s'il y a ajustement à faire ou si, effectivement, le projet
de loi, tel qu'il est écrit, transcrit bien mes objectifs.
Mais <est-ce que vous
considérez que, >bien que le risque zéro n'existe pas, mais que les
facteurs de risque sont quand même présents, mais qu'il y a une nécessité, dans
le cadre d'une pandémie, de faire une relance économique — les investissements
en matière d'infrastructure sont quand même une méthode éprouvée pour ce faire — est-ce
que vous considérez qu'on a quand même rehaussé de façon suffisante les
pouvoirs de l'AMP pour, à tout le moins, éliminer les risques sérieux? Je pense
que c'est important de faire la nuance, là.
M. Brodeur (Pierre-Olivier) :
Bien, je pense qu'il y a un rehaussement certain des pouvoirs de l'AMP qui est
dans le projet de loi, puis ce rehaussement-là est souhaitable, puis on
comprend l'intention du gouvernement de faire ça pour limiter les risques. Si
on parle simplement des pouvoirs, alors, oui, l'AMP dispose de pouvoirs accrus
qui... je ne dirais pas le mot... je ne voudrais pas me prononcer sur la
suffisance ou pas de ces pouvoirs-là, mais, en tout cas, c'est un accroissement
des pouvoirs bénéfique, souhaitable, à même de réduire les risques.
Et il serait également souhaitable que,
dans le cadre d'un accroissement des projets d'infrastructure, que l'AMP
puisse, tel que le recommandait la commission Charbonneau, à tout le moins,
disposer d'un siège en tant qu'observateur au conseil d'administration du BSDQ,
où il y a eu des phénomènes qui ont été relevés, là, d'utilisation de cette
plateforme-là pour des stratagèmes de fermeture de marché, par exemple.
• (11 h 50) •
Mme LeBel : O.K. C'est bien
compris. Est-ce que vous avez eu l'occasion, M. Brodeur ou M. Bégin, puis si ce
n'est pas le cas, là, dites-moi-le… Bon, naturellement, le dirigeant de l'AMP
est venu témoigner, M. Trudel, l'inspectrice générale, <est également... >Mme
Bishop, est également venue témoigner. Ils considèrent, l'un et l'autre que,
par le biais du projet de loi n° 66, pour les 181
projets, naturellement, on s'entend, parce que ce sont les 181 qui sont
accélérés présentement au Québec, ils disposent, l'un et l'autre, de pouvoirs
équivalents, bon, sous réserve du bémol que vous avez mentionné par rapport aux
contrats municipaux pour l'AMP, là, que je vais vérifier, mais présentement
qu'ils ont des pouvoirs équivalents. Il y a également, bon, un petit enjeu de
déclenchement de ces pouvoirs-là que j'entends corriger, parce que ce n'était
pas l'intention de faire en sorte que, pour les sous-contractants, ils aient un
déclencheur différent, là, mais prenons pour acquis que cet enjeu-là est <réglé...
Mme LeBel : ...
pour
l'AMP, là, que je vais vérifier, mais présentement qu'ils ont des pouvoirs
équivalents. Il y a également, bon, un petit enjeu de déclenchement de ces
pouvoirs-là que j'entends corriger, parce que ce n'était pas l'intention de
faire en sorte que, pour les sous-contractants, ils aient un déclencheur
différent, là, mais prenons pour acquis que cet enjeu-là est >réglé. Est-ce
que vous considérez qu'ils ont des pouvoirs équivalents ou est-ce que vous
n'avez pas fait le comparatif entre les deux?
M. Brodeur (Pierre-Olivier) :
<On
estime et on... >Si le BIG et le président-directeur général de l'AMP
considèrent tous deux qu'ils ont des pouvoirs d'équivalents, je pense que ce
sont les personnes les mieux placées pour porter ce jugement-là, et on défère à
leur jugement à ce niveau-là. Donc, nous, on les croit sur parole, on n'a
aucune raison de penser que ce ne serait pas le cas.
Mme LeBel : Écoutez, comme
vous, je pense que je vais dire que je considère également qu'il faut éventuellement
songer à étendre les pouvoirs de l'AMP à un plus large spectre que les 181<...
pas procès, >projets. Naturellement, la raison pour laquelle on le fait,
dans le cadre du projet de loi n° 66, c'est parce que vous avez mentionné,
et je partage cette opinion, qu'il y a des facteurs de risque associés à
l'accélération des projets. Donc, pour faire un contrepoids, si on veut, et
rééquilibrer ces facteurs de risque là à un niveau, je ne dirais pas acceptable,
parce que les gens vont penser que j'accepte des risques, mais ce n'est pas le
cas, là, mais à un niveau qui est plus sain, disons-le, là, un risque minimal,
on le fait dans le cadre des 181 projets. Je comprends tout à fait bien
votre recommandation de le faire. L'AMP nous fait la même recommandation. Des
discussions, d'ailleurs, ont déjà lieu avec le Secrétariat du Conseil du
trésor.
Je vais me permettre d'étendre, de
m'étirer le cou sur d'autres recommandations de la commission Charbonneau,
c'est-à-dire de revoir peut-être la règle du plus bas soumissionnaire et de
revoir les flexibilités dans les règles d'attribution de contrats pour nos
divers organismes, tant municipaux que provinciaux. Alors, je vais me
contenter, pas de vous poser une question, mais de vous dire qu'on y travaille
et que, pour moi, ce sont deux chantiers qui vont de concert, le rôle de l'AMP
et revoir les règles d'adjudication des contrats dans la loi sur les contrats
publics. Alors, bien qu'à ce stade-ci l'intention n'est pas de le faire dans le
projet de loi n° 66 je veux juste vous rassurer que c'est sur la table à
dessin de façon extrêmement sérieuse, puis je pense que vous pouvez me croire.
Merci. Ça va compléter pour moi, M. le Président.
M. Brodeur (Pierre-Olivier) :
Très bien. Tant mieux. Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
D'autres interventions du côté ministériel? Sans quoi, je cède la parole au
député de La Pinière.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Je dois dire... Bien, d'abord, bienvenue, messieurs. C'est toujours
un... c'était un plaisir, la dernière fois, de vous rencontrer, ça l'est encore
évidemment aujourd'hui, pour les mêmes raisons.
Bon, je comprends évidemment l'échange
précédent, là, qui est un échange de validation de la progression qui a été
faite entre 66 et 61. Je l'ai reconnu moi-même, je le reconnais aujourd'hui puis
j'en félicite la présidente du Conseil du trésor. Et je comprends que vous
allez dans le même sens, et c'est très bien, <c'est très bien parce que… >c'est
très bien, dans l'absolu, là. Je n'ai pas à porter de jugement sur votre action,
je ne peux que constater que c'est très bien, comme l'ont été les progrès entre
les deux projets de loi.
Ceci dit, je comprends mal, <puis...
M. Barrette : ...
du
trésor. Et je comprends que vous allez dans le même sens, et c'est très bien, c'est
très bien parce que… c'est très bien, dans l'absolu, là. Je n'ai pas à porter
de jugement sur votre action, je ne peux que constater que c'est très bien,
comme l'ont été les progrès entre les deux projets de loi.
Ceci dit, je comprends mal, > — puis
j'aimerais qu'on y revienne malgré tout, là — je comprends mal la
dernière partie de l'échange qu'on a eu, puis je ne vous demande pas de faire
des commentaires là-dessus, je comprends mal l'hésitation qu'on a, là, lorsqu'on
arrive à parler de ce dont vous avez parlé vous-même, qui est la question de s'assurer
que l'AMP puisse avoir des pouvoirs qui soient identiques et aussi étendus au
monde municipal. Je ne comprends pas. Ceci étant dit, je note avec intérêt que
vous y voyez, vous, un avantage, en termes de protection, on va dire, dans
notre société. Ceci dit, je reste... Là, je ne parle pas de vos commentaires,
là, je fais simplement noter que vous-même notez un intérêt là.
Je vais vous poser une question simple, là :
Voyez-vous un problème légal, là, dans le cadre de 66, à s'adresser à ça? Est-ce
qu'il y a un obstacle législatif? Moi, je ne suis pas avocat, là. Je me plais souvent
à dire que je fais la pratique illégale du droit. Je peux vous dire qu'elle est
très illégale et donc très approximative. Est-ce qu'il y a un problème, là,
légal, administratif, de libellé de loi de s'adresser à ça dans le cadre de 66?
M. Brodeur (Pierre-Olivier) :
Bien, je voudrais répondre, donc, que ni M. Bégin ni moi ne sommes avocats
non plus, mais, ceci étant dit, ce serait extrêmement souhaitable que les
brèches en regard du monde municipal, c'est-à-dire le fait que l'AMP, pour ce
qui est des projets sous la responsabilité d'organismes municipaux, n'ait qu'un
pouvoir de recommandation et non un pouvoir d'ordonnance, comme elle l'a sur les
organismes publics gouvernementaux, donc que cette faiblesse-là au niveau des
pouvoirs de l'AMP soit réglée.
Après, le législateur choisira le véhicule
approprié pour le faire, mais, clairement, en regard des travaux de la
commission Charbonneau, qui a noté de manière non équivoque que le milieu
municipal est un milieu particulièrement à risque, nous, en tant que comité de
suivi des recommandations de la commission Charbonneau, on ne comprend toujours
pas pourquoi est-ce que dans le milieu le plus à risque les pouvoirs de l'AMP
sont plus limités.
M. Barrette : Écoutez, je
ne peux rien ajouter à ce que vous venez de dire parce que je suis 100 %
d'accord avec ça. Maintenant, dans votre expérience, là, vous avez été à la
commission Charbonneau, vous êtes le comité de suivi, ainsi de suite, est-ce
qu'il existe, dans le cadre des 181 projets, dans l'absolu, un mur de
Chine, un mur infranchissable? Quoique, le mur de Chine ne l'est pas, mais
est-ce qu'il <existe...
M. Barrette : …
dans
votre expérience, là, vous avez été à la commission Charbonneau, vous êtes le
comité de suivi, ainsi de suite, est-ce qu'il existe, dans le cadre des
181 projets, dans l'absolu, un mur de Chine, un mur infranchissable?
Quoique, le mur de Chine ne l'est pas, mais est-ce qu'il >existe un mur
de Chine entre le municipal et le non municipal? Souvent, là, quand, moi,
j'aborde ce problème-là, on me répond : Bien non, ça, des projets
nationaux, ce n'est pas les mêmes ordres de gouvernement, mais, dans les faits,
il va y avoir un chevauchement, à mon sens, potentiel, d'où l'importance de ce
dont on vient de discuter.
Donc, est-ce qu'il y a, dans votre
expérience, là, dans tous les projets, toujours, toujours, toujours, parce que
c'est gouvernemental, dans un projet d'infrastructure, un mur infranchissable
entre les deux, municipal et gouvernemental?
M. Bégin (Luc) : En fait, les
projets en question sont gérés, les donneurs d'ouvrage public, dans les cas qui
sont mentionnés, sont des ministères. Et parler d'un mur, je pense qu'il y a
une sous-question à votre intervention à l'effet que, dans certains cas, des
ouvrages connexes sont nécessités.
M. Barrette : Voilà.
M. Bégin (Luc) : Voilà. Alors,
cette question des ouvrages connexes, je vous avoue qu'elle m'interroge
également. Je ne serais pas en mesure de répondre, je ne suis pas juriste. Je
ne serais pas en mesure de répondre de manière absolument claire, est-ce que,
et de quelle façon, et jusqu'où ces ouvrages-là, également, qui sont connexes à
l'ouvrage principal <seraient… >tomberaient sous la supervision,
sous les pouvoirs de vérification et d'enquête de l'AMP, mais, pour moi, il
m'apparaît assez… il m'apparaît même essentiel… il apparaît essentiel que ce
soit le cas, effectivement.
M. Barrette : Parfait. Je suis
content de voir qu'on est au moins deux dans le club des interpellés, parce que
ça m'interpelle, moi aussi. Puis je reprends toujours le même exemple, pour des
fins de cohérence dans mon discours, c'est bien plate, là, mais, à l'hôpital Vaudreuil,
la ville devra faire des travaux connexes pour que l'hôpital existe, et ces
travaux-là devront être non seulement connexes, mais ils vont être coordonnés,
puis ça se peut même que ce soit les mêmes entreprises qui soient sur les deux,
d'où l'intérêt. Moi, j'ai bien, bien retenu le fait que l'AMP, dans la partie municipale,
c'est de la recommandation, ce n'est pas les mêmes pouvoirs, mais il y a
intérêt à ce que ce soient les mêmes pouvoirs. Je retiens ça de votre rapport.
M. le Président, je sais que mon collègue
pourrait avoir une question, si je peux lui passer la parole.
Le Président (M. Simard) :
Bien sûr. Avec plaisir. M. le député de Mont-Royal—Outremont,
vous disposez de 5 min 12 s.
• (12 heures) •
M.
Arcand
:
Merci infiniment, M. le Président. Messieurs, j'avais une question, moi, sur le
bureau des soumissions, parce que vous avez dit que l'AMP devrait avoir le
pouvoir d'imposer des règles…
12 h (version révisée)
Le Président (M. Simard) :
...avec plaisir, M. le député de Mont-Royal—Outremont.
Vous disposez de 5 min 12 s.
M.
Arcand
:
Merci infiniment, M. le Président. Messieurs, j'avais une question, moi, sur le
bureau des soumissions, parce que vous avez dit que l'AMP devrait avoir le
pouvoir d'imposer des règles au bureau des soumissions. Et ce que vous dites, c'est
qu'il y a eu un certain nombre de phénomènes de collusion qui ont été constatés
dans ces domaines. J'aimerais que vous élaboriez là-dessus. Est-ce que c'est
depuis la commission Charbonneau qu'il y a eu des phénomènes de collusion,
juste pour me définir, ou ça s'est passé avant la commission Charbonneau?
M. Brodeur (Pierre-Olivier) :
Donc, ça fait partie, là, des stratagèmes qui ont été relevés par la commission
Charbonneau et qui sont décrits dans le rapport de la commission. Ce sont des
stratagèmes de fermeture de marché pour forcer le respect d'ententes collusionnaires.
Notamment, il y a un chapitre qui porte sur le cartel de l'éclairage, donc qui
met en présence des acteurs du monde de l'éclairage sur les routes, là,
l'éclairage extérieur. Et la commission a trouvé que les entreprises qui
cherchaient à briser ces cartels-là se faisaient punir à travers un nombre très
élevé de plaintes portées sur eux auprès du BSDQ, ce qui avait pour effet de
les priver de contrats auxquels ils auraient pu accéder potentiellement au
BSDQ. Donc, ça, ça se trouve dans le rapport de la commission Charbonneau, là,
pour fins de référence, et c'est vraiment un cas de stratagème de fermeture de
marché où on punit des gens qui tentent de briser un cartel en
instrumentalisant une plateforme, là, d'octroi de contrats à travers un abus
des processus de plaintes.
M.
Arcand
: Et <est-ce
que, >depuis 2015, disons, là, autour, depuis 2015, est-ce qu'il y a eu
des cas, à votre connaissance, importants dans lesquels ce genre de choses là
se sont produites?
M. Brodeur (Pierre-Olivier) :
À ma connaissance, non, mais nous nous basons essentiellement sur les travaux
qui ont été menés par la commission Charbonneau, là. Nous n'avons pas fait
d'enquête en ce sens-là. Le comité de suivi n'a pas de pouvoir d'enquête, là.
M.
Arcand
: Il
faudrait donc vérifier, j'imagine, avec le BIG et avec l'Autorité des marchés
publics pour savoir s'il y a eu des éléments à l'intérieur de ça. C'est exact?
M. Brodeur (Pierre-Olivier) :
Exact.
M.
Arcand
: Bon,
donc, essentiellement, ce que vous nous dites, c'est que le projet de loi
n° 66 est presque parfait à vos yeux par rapport à ces questions qui
touchent l'Autorité des marchés publics. Est-ce que c'est ça que je comprends? Dites-moi
ce qui est imparfait. Parce que j'écoute ça puis je ne suis pas sûr, là, que...
Vous avez l'air à trouver ça pas mal parfait. <Alors...>
M. Bégin (Luc) : Non. Je pense
que le fait que le milieu municipal… que les nouveaux pouvoirs octroyés <ne...
M.
Arcand
:
...j'écoute ça puis je ne suis pas sûr, là, que... Vous avez l'air à trouver ça
pas mal parfait. Alors...
M. Bégin (Luc) : Non. Je
pense que le fait que le milieu municipal… que les nouveaux pouvoirs octroyés
>ne touchent pas les milieux municipaux est, pour nous, quelque chose d'extrêmement
important qui n'apparaît pas, là, dans le projet de loi. Le fait également que
les mesures proposées ne sont pas annoncées comme étant pérennes, comme augmentation
des pouvoirs de l'AMP, donc, pour le futur, c'est quelque chose de très
important, également.
M. Brodeur (Pierre-Olivier) :
Puis si je puis compléter là-dessus, lorsqu'on parle du fait que… accélérer les
projets pour des facteurs de risque pour ces projets-là, mais accroître la
quantité de projets d'infrastructure qui sont actifs en même temps sur le
marché accroît les risques pour tous les projets, parce qu'avec un plus haut
volume de projets ça favorise les ententes de collusion.
Donc, nous, on dit que ces pouvoirs-là,
qui sont très bien définis dans le projet de loi n° 66, qui sont
pertinents, qui sont nécessaires, doivent s'appliquer à tous les projets, parce
que le fait d'accélérer certains projets et d'accroître le nombre de projets en
même temps va poser des risques pas seulement sur les 181 projets de la
liste mais sur tous les autres projets. Et de même, tel qu'il est formulé
actuellement, si un projet x a pour conséquence des travaux connexes… mais ça
serait important <que ces travaux-là aussi… >que l'AMP puisse
bénéficier des mêmes mesures, des mêmes pouvoirs pour enquêter sur ces travaux-là.
De même lorsqu'on octroie à l'AMP dans ses
fonctions de veille le fait d'avoir accès à de l'information sur les
sous-contrats publics… Donc, il va faire la veille des sous-contrats publics
relatifs aux 181 projets de l'annexe I, mais pas aux autres
sous-contrats publics du Québec?
Le Président (M. Simard) :
En conclusion.
M. Brodeur (Pierre-Olivier) :
Je pense que ça va compliquer son travail.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci. Je cède maintenant la parole au député de Rosemont, qui
dispose de 2 min 55 s.
M. Marissal : Merci, M.
le Président. MM. Brodeur et Bégin, c'est un plaisir de vous revoir. J'avais
d'ailleurs oublié cette histoire de cartel de l'éclairage. Ça nous rappelle, je
pense, et c'est utile, ici, que la créativité des filous est sans borne et puis
qu'ils sont souvent, malheureusement, un train ou deux devant nous.
Parlant de filous, je ne sais pas si vous
avez écouté hier les témoignages, notamment celui de l'Association nationale
des camionneurs artisans, qui nous disait essentiellement... son président nous
disait essentiellement qu'en raison d'un jugement, puis je n'irai pas
là-dedans, je n'ai pas le temps, il y a eu une forme de déréglementation qui a
rouvert la porte à de la corruption, ce sont ses mots, là, sur certains
chantiers, en matière de transport de vrac dans les chantiers. Et il nommait
nommément... «nommait nommément», ça ne se dit pas, mais, en tout <cas...
M. Marissal : ...
qu'en
raison d'un jugement, puis je n'irai pas là-dedans, je n'ai pas le temps, il y
a eu une forme de déréglementation qui a rouvert la porte à de la corruption,
ce sont ses mots, là, sur certains chantiers, en matière de transport de vrac
dans les chantiers. Et il nommait nommément... «nommait nommément», ça ne se
dit pas, mais, en tout >cas, il nommait le REM, notamment, où il y
aurait effectivement collusion, corruption pour le transport, et il déplorait
que ces activités, puisqu'elles sont hors juridiction de l'Autorité des marchés
publics, tombent évidemment dans une craque, et puis ce qu'on ne veut pas
revoir se reproduire se reproduit. Avez-vous entendu ça? Est-ce que ça vous
sonne des cloches? J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Bégin (Luc) : Non, je ne
l'ai pas entendu, je pense que mon collègue ne l'a pas non plus entendu, mais
je pense que ça renchérit aussi sur cette idée que c'est l'ensemble des projets
qui ont cours, que l'AMP devrait pouvoir exercer ses nouveaux pouvoirs sur
l'ensemble et non pas uniquement les 181 qui apparaissent à l'annexe, parce que
des projets peuvent avoir lieu concurremment à ces 181 projets et seront
exemptés de ces nouveaux pouvoirs de l'AMP. C'est difficile de comprendre pourquoi,
pour quelle raison particulière on se retrouverait avec un régime, dans le fond,
de surveillance et de contrôle à deux vitesses, deux réalités différentes pour
des projets différents.
M. Marissal : Je vous entends
bien. Merci, M. Bégin. Je ne saurais trop vous recommander, vous conseiller
d'aller écouter ça. C'est un témoignage qui est arrivé peut-être en fin de
journée, mais il me semble y avoir là matière, si ce n'est à enquête, du moins
à réflexion. Je vous interroge... je vous encourage, c'est-à-dire, à aller
écouter ça.
Vous avez dit tout à l'heure : On ne
comprend toujours pas pourquoi la recommandation de la commission Charbonneau
sur le monde municipal ne s'applique pas. Avez-vous une idée de l'ampleur des
contrats annuels dans le domaine municipal?
Le Président (M. Simard) :
Très rapidement, M. Bégin. Très rapidement.
M. Bégin (Luc) : Malheureusement,
je ne serais pas en mesure, là, de vous donner des chiffres suffisamment...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci. Je cède la parole au député de Jonquière pour une période de
2 min 55 s.
M. Gaudreault : Oui. Alors,
merci à mon tour, là, de votre présence ici. Je vais poursuivre un peu sur la
lancée de mon collègue de Rosemont, là, concernant les camionneurs en vrac,
c'était aussi mon objectif, <Moi, ce que j'apprécierais... >parce
que leur revendication, au fond, c'est que les 181 projets soient soumis à la
loi sur le courtage, là, pour le camionnage en vrac. Moi, j'apprécierais si
vous pouvez compléter éventuellement par une réponse que vous nous enverrez ou
par un document que vous enverrez à la commission. Après avoir écouté le témoignage
de la commission... c'est-à-dire des camionneurs en vrac, je ne veux pas vous
dire quoi faire, là, mais, si vous voulez ajouter votre commentaire par après,
là, en envoyant une lettre à la commission pour dire si vous <êtes...
M. Gaudreault : …vous nous
enverrez ou par un document que vous enverrez à la commission. Après avoir
écouté le témoignage de la commission...
c'est-à-dire des camionneurs en
vrac, je ne veux pas vous dire quoi faire, là, mais, si vous voulez ajouter
votre commentaire par après, là, en envoyant une lettre à la commission pour
dire si vous >êtes d'accord ou non avec leur revendication, ça serait
extrêmement, extrêmement apprécié.
L'autre chose sur laquelle je veux vous
entendre, c'est sur le Bureau des soumissions déposées du Québec. Bon, vous
dites que vous souhaitez que l'AMP soit observateur. J'aimerais ça, vous
entendre un petit peu plus sur quel rôle vous aimeriez voir jouer, précisément,
à l'AMP au sein du Bureau des soumissions déposées du Québec.
• (12 h 10) •
M. Brodeur (Pierre-Olivier) :
Donc, nous, nous reprenons, en fait, la recommandation qui avait été formulée
par la commission Charbonneau lors du dépôt de son rapport. Et, comme le mandat
de notre comité, c'est de faire le suivi de ces recommandations-là et, dans la
mesure du possible, là, de favoriser leur implantation, le fait d'avoir une
commission qui se penche actuellement sur les fonctions, pouvoirs et mandats de
l'AMP est un bon moment pour élargir un peu la discussion et ramener cette
recommandation-là, qui concernait le BSDQ. L'esprit de la recommandation, telle
qu'on peut la comprendre à la lecture, là, du rapport, c'est donc de permettre
à l'AMP, déjà, d'observer ce qui se passe afin d'avoir accès aux données, aux
informations qui ont permis aux enquêteurs de la commission — c'est
écrit dans le rapport — de déceler des phénomènes, là, de collusion.
Et par la suite, la recommandation de la commission
Charbonneau mentionne également d'imposer des règles de fonctionnement. Sans
doute que, si vous consultez les différents acteurs, leur position serait
probablement de commencer par donner un rôle d'observateur pour ensuite évaluer
quelles seraient les prochaines étapes, mais il me semble clair que ce rôle
d'observateur pourrait, à tout le moins, enrichir la compréhension que l'AMP a
des marchés publics québécois ou des sous-contrats qui y sont reliés, là.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. En conclusion.
M. Gaudreault : Bien, en
conclusion, merci. Merci de votre présence, et on va attendre de vos nouvelles
si vous avez le goût de répondre sur les camionneurs artisans.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, merci à vous, M. le député de Jonquière. Donc,
MM. Brodeur et Bégin, merci beaucoup pour votre précieuse contribution à
nos travaux.
Sur ce, nous allons suspendre quelques
instants afin de faire place à nos prochains invités. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 12 h 12)
>
(Reprise à 12 h 15)
Le Président (M. Simard) :
Chers amis, nous reprenons nos travaux. Nous sommes en présence de représentants
du Conseil du patronat du Québec. Chers collègues, auriez-vous d'abord
l'amabilité de vous présenter?
(Visioconférence)
M. Blackburn (Karl) : Mon nom
est Karl Blackburn. Je suis le président et chef de la direction du Conseil du
patronat du <QuébecT...
(Reprise à 12 h 15)
Le Président (M. Simard) :
Chers amis, nous reprenons nos travaux. Nous sommes en présence de
représentants
du
Conseil du patronat du Québec. Chers
collègues, auriez-vous
d'abord
l'amabilité de vous présenter?
(Visioconférence)
M. Blackburn (Karl) : Mon
nom est Karl Blackburn. Je suis le président et chef de la direction du
Conseil
du patronat du >Québec .
Mme Kozhaya (Norma) :
Je suis Norma Kozhaya. Je suis vice-présidente à la recherche et économiste en
chef au CPQ.
Le Président (M. Simard) :
Bienvenue à vous deux et merci d'avoir répondu à notre invitation. Vous savez
que vous disposez d'une période de 10 minutes.
M. Blackburn (Karl) :
Oui.
Le Président (M. Simard) :
Nous vous écoutons.
M. Blackburn
(Karl) : Ah! merci. D'abord, merci, M.
le Président. Mme la ministre, Mmes et MM. les députés, je vous remercie pour
l'invitation à vous partager nos commentaires aujourd'hui.
Je rappelle que le Conseil du patronat du
Québec représente les intérêts de plus de 70 000 employeurs de toutes
tailles et de toutes les régions issus du secteur privé ou parapublic
directement ou par l'intermédiaire de 70 associations sectorielles que
nous regroupons.
Nous avons devant nous un projet de loi
qui vise essentiellement à offrir une réponse à l'éternelle question :
Est-ce qu'il est possible de simplifier, au moins temporairement, la complexité
et la lourdeur administrative du gouvernement? Par exemple, est-ce qu'on doit
encore tolérer que le gouvernement prenne jusqu'à six mois pour payer ses
factures auprès de professionnels et d'entreprises? Est-ce qu'on doit encore
tolérer que certaines demandes d'autorisation prennent des mois, parfois des
années avant d'être simplement analysées? Est-ce normal que les entreprises
ayant l'expérience, les connaissances et le savoir-faire pour répondre aux
besoins du gouvernement, particulièrement dans les régions, ne puissent même
pas offrir leurs services ou simplement ne veulent pas offrir leurs services au
gouvernement? Si ces questions étaient déjà importantes avant la crise,
aujourd'hui, elles sont devenues urgentes. C'est exactement ce que vous êtes en
train d'étudier avec le projet de loi n° 66.
Le CPQ accueille positivement cette
volonté du gouvernement de corriger partiellement et temporairement certains de
ces plus grands irritants. Le CPQ estime que, pour traverser cette période de
crise, les gouvernements doivent réduire les obstacles à la flexibilité, la
rapidité et l'agilité de leurs propres décisions et interventions.
Nous connaissons tous le rôle que peuvent
jouer les investissements publics dans les travaux d'infrastructure pour
stimuler l'économie. C'est un moyen efficace pour combattre le ralentissement
actuel et prévisible des activités économiques, surtout dans le contexte
actuel. Et, en choisissant notamment des écoles, des établissements de santé,
des résidences pour soigner nos aînés, des projets de transport collectif, il devient
possible de poser des gestes temporaires qui offriront rapidement des bénéfices
pour toutes les régions et qui demeureront pour des générations.
Ce projet de loi s'inscrit dans cette
lignée, mais nous souhaitons établir des mises en garde et proposer des
améliorations. Une accélération ne doit pas se faire au détriment de la qualité
et de l'intégrité et doit impérativement se faire dans <une...
M. Blackburn (Karl) : ...
les
régions et qui demeureront pour des générations.
Ce projet de loi s'inscrit dans cette
lignée, mais nous souhaitons établir des mises en garde et proposer des
améliorations. Une accélération ne doit pas se faire au détriment de la qualité
et de l'intégrité et doit impérativement se faire dans >une perspective
de développement durable.
Lors des travaux sur le projet de loi n° 61, nous avions exprimé l'importance de la reddition de
comptes. On note aujourd'hui, avec encouragement, que notre demande a été
entendue car l'accélération dans la mise en chantier des travaux visés par le projet
de loi n° 66 est accompagnée d'une surveillance et
reddition de comptes accrues, ce qui est de bon augure. À cet égard, il faut
souligner que cette accélération se fait en conformité avec le cadre normatif
applicable, notamment en matière de contrats publics et en ce qui a trait à la
protection de l'environnement.
J'aimerais attirer votre attention sur
quelques éléments spécifiques. Le CPQ a demandé à plusieurs reprises par le
passé, et encore récemment, que le gouvernement du Québec, et les villes, et
les sociétés d'État rattrapent les retards de paiement auprès de leurs
fournisseurs et qu'ils trouvent le moyen d'accélérer le paiement des factures.
C'est un vrai problème. Lorsqu'il agit en mauvais payeur le gouvernement met à risque
la survie de certaines entreprises et se prive également de l'expertise de plusieurs
qui n'osent plus transiger avec lui, et le manque de liquidités provoqué par
ces retards limite le nombre d'entrepreneurs pouvant répondre aux appels
d'offres, et donc restreint la concurrence.
• (12 h 20) •
Aussi, les retards de paiement pénalisent davantage
les PME, particulièrement dans les régions, qui n'ont pas toujours facilement
accès au crédit. À ce titre, le CPQ salue la volonté du gouvernement du Québec
d'élargir l'application du projet de loi visant à faciliter les paiements à
certains travaux mentionnés dans l'annexe du p.l. n° 66.
Malheureusement, le projet de loi ne va pas assez loin à cet égard. Le CPQ
souhaite que cette mesure ne soit pas limitée aux projets de moins de 20 millions
de dollars, mais soit attendue à de plus gros projets. Idéalement, non
seulement l'ensemble des projets dans l'annexe du p.l. n° 66
devraient bénéficier de mesures semblables à celles prévues pour les projets
pilotes, mais aussi l'ensemble des travaux des contrats publics. La
problématique des délais de paiement devrait ainsi être réglée une fois pour
toutes, et ce, pour tous les projets.
Le CPQ voudrait aussi attirer l'attention
sur d'autres enjeux qui affectent la capacité des fournisseurs à répondre à la
demande et aux appels d'offres des donneurs d'ouvrage publics, tant le gouvernement
du Québec que les sociétés d'État, les institutions et les municipalités, et
qui ne sont pas abordés dans ce projet de loi. Déjà, avant la pandémie, le CPQ
avait noté certains enjeux, entre autres, des formules contractuelles
décourageantes, des besoins et conditions souvent irréalistes, une tarification
désincitative, une réglementation improductive et des enjeux répétés en matière
de contestation. Ce n'est pas pour rien que le CPQ a insisté si fortement pour
que le <Québec se...
M. Blackburn (Karl) : …avait
noté certains enjeux, entre autres, des formules contractuelles décourageantes,
des besoins et conditions souvent irréalistes, une tarification désincitative,
une réglementation improductive et des enjeux répétés en matière de
contestation. Ce n'est pas pour rien que le CPQ a insisté si fortement pour que
le >Québec se dote d'une stratégie nationale appropriée visant tout l'écosystème
de la construction.
Ces enjeux se sont amplifiés avec la
pandémie que nous vivons, avec parfois des clauses COVID intégrées dans des
contrats de manière arbitraire et non standardisée. Il faudrait garder à l'esprit
ces considérations pour que le projet puisse être accéléré dans l'intérêt de
tous et dans l'intérêt d'avoir des travaux répondant aux plus hauts standards
de qualité.
Depuis longtemps, le CPQ note que le mode
d'octroi des contrats publics devrait prendre en compte adéquatement des notions
de qualité, de valeur et de durabilité des ouvrages. Nous souhaitons éviter le
processus qui viendrait favoriser systématiquement le recours au plus bas
soumissionnaire. Rappelons que des projets qui peuvent coûter moins cher à
court terme peuvent coûter beaucoup plus cher à long terme. Pour le CPQ, pour
que ce projet de loi contribue de la façon la plus efficace possible à la
relance sécuritaire et durable, il faut s'assurer que les critères de
performance économique, et environnementale, et de durabilité soient pris en
compte dans l'octroi des contrats publics. Des règles propices à une plus
grande qualité, dotées d'une vision à long terme, par exemple, une analyse sur
le cycle de vie et coûts totaux des possessions, le choix de matériaux à faible
empreinte de carbone, doivent donc être privilégiées. Et pourquoi ne pas
s'ouvrir à des propositions non sollicitées pour favoriser davantage de
solutions innovantes?
De plus, les ministères et organismes,
incluant les sociétés d'État, les établissements de santé et d'éducation,
pourraient par ailleurs utiliser leur pouvoir d'achat pour acheter local et
plus vert et encourager la relance des entreprises au Québec dans le respect
des règles du libre-échange. Le projet de loi ne doit pas nous faire perdre de
vue d'autres projets nécessaires.
Pour le CPQ, il serait également opportun
de porter une attention particulière à la réalisation des travaux de réfection
et de maintien des actifs existants et d'entretien des établissements pour
éviter la détérioration de nos infrastructures. Par ailleurs, le CPQ rappelle
qu'une accélération et une réduction des délais à toutes les étapes d'autorisation
et un allègement administratif peuvent aussi s'appliquer aux interventions et
aux investissements privés et municipaux pour favoriser la relance.
Pour conclure, le CPQ appuie globalement
les objectifs et orientations du projet de loi n° 61. Une crise unique et
temporaire demande des actions uniques et temporaires. L'accélération des
investissements dans les infrastructures représente une opportunité pour
stimuler la relance tout en améliorant la productivité de l'économie et
répondant à des besoins sociaux. Le CPQ propose des solutions qui contribueront
à ce que le p.l. 66 atteigne plus efficacement ses objectifs, et ce, de façon <durable…
M. Blackburn (Karl) : ...dans
les infrastructures représente une opportunité pour stimuler la relance tout en
améliorant la productivité de l'économie et répondant à des besoins sociaux. Le
CPQ propose des solutions qui contribueront à ce que le p.l. 66 atteigne plus
efficacement ses objectifs, et ce, de façon >durable.
Bref, on ne demande pas d'être moins
sévère, au contraire, on demande d'être plus rapide. Si le gouvernement paie
plus rapidement, s'il diminue ses délais pour amorcer ses analyses, s'il
comprend la réalité de nos PME, il permettra à plus de Québécois de contribuer
à leur tour à la relance du Québec, en particulier, le mode d'octroi des
contrats publics, qui peut favoriser l'innovation, la qualité des travaux, la
durabilité des ouvrages, la performance environnementale et la prospérité de
nos entreprises. Il peut surtout permettre à plus d'entreprises, plus de
travailleurs et plus d'expertises d'être mis à contribution dans toutes les
régions du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. Blackburn. Je cède maintenant la parole à la présidente du Conseil
du trésor. Madame, vous disposez de 17 min 30 s.
Mme LeBel : Oui, merci, M. le
Président. Merci, M. Blackburn, de votre présentation. Plusieurs éléments,
plusieurs enjeux qui, quant à moi, sont extrêmement pertinents et importants,
mais peut-être plus larges que le cadre que vise le projet de loi n° 66,
mais je respecte et je comprends très bien le fait qu'on profite de cette
tribune pour élargir la discussion et la réflexion.
Donc, les éléments que vous avez apportés
sont des éléments que je prends très sérieusement en note dans le cadre de
d'autres travaux qui pourront se faire, également, entre autres, sur le fait d'injecter
dans les notions d'adjudication de contrats publics des règles qui tiennent beaucoup
plus en compte les différents éléments que vous avez mentionnés, plutôt que
bêtement le prix le plus bas, là, qui peut s'appliquer.
M. Blackburn (Karl) : Exact.
Mme LeBel : Qui peut
s'appliquer de façon pragmatique quand on commande des crayons, mais, <que,
peut-être que, >quand on construit un ouvrage beaucoup plus
complexe, on doit peut-être songer à dépasser ces règles-là, ne serait que pour
la pérennité de nos travaux, si ce n'est que d'empêcher, également, le fait
qu'on peut s'entendre plus facilement, quand on est dans la notion de prix le
plus bas, pour avoir des stratagèmes de collusion.
Donc, ce sont des commentaires qui sont bien
notés.
Peut-être que je vais vous demander...
vous parlez, donc, par contre… Rien ne nous empêche, à ce stade-ci,
d'introduire, quand même… en respectant les règles d'octroi des contrats
publics, en respectant les accords de libération du marché, les ententes qu'on
a avec l'Ontario, avec les États-Unis, que vous connaissez très bien, peut-être,
d'inclure dans les contrats actuels certaines notions de durabilité des
matériaux, des choses comme ça. Est-ce que vous voyez que ce n'est pas fait du
tout ou est-ce que vous suggérez qu'on le fasse plus? Puis, encore là, <l'équilibre
est... >vous le savez comme moi, l'équilibre est nécessaire entre cibler
un matériau particulier qui élimine... vous comprenez ce que je veux dire, <là...
Mme LeBel : ...notions de
durabilité des matériaux, des choses comme ça. Est-ce que vous voyez que ce
n'est pas fait du tout ou est-ce que vous suggérez qu'on le fasse plus? Puis,
encore là, l'équilibre est... vous le savez comme moi, l'équilibre est
nécessaire entre cibler un matériau particulier qui élimine... vous comprenez
ce que je veux dire, >là, de cibler, dans les appels d'offres, des
matériaux particuliers — ce qui a été une recommandation de ne pas
faire de la commission Charbonneau — pour, à ce moment-là, éliminer peut-être
certaines personnes ou, à tout le moins, cibler un distributeur particulier,
indirectement, et permettre des critères plus spécifiques. Il y a un jeu d'équilibre
à atteindre, là.
Donc, est-ce que vous avez des suggestions
peut-être à nous faire, de quelle façon on peut... Si on travaille dans les
règles de la loi sur les contrats publics actuelles, maintenant… on songe à y
travailler, là, sur la loi elle-même, mais, dans les règles actuelles, est-ce
que vous avez des suggestions qu'on peut faire à l'intérieur des appels
d'offres?
M. Blackburn (Karl) : Bien, d'abord,
vous avez raison de le mentionner, Mme la ministre, l'équilibre est extrêmement
fragile, mais, en même temps, la situation exceptionnelle dans laquelle on se
retrouve mérite qu'on s'y attarde de façon, je dirais, très importante, et
qu'on regarde de quelle façon le Québec peut sortir gagnant de cette situation.
D'ailleurs, la réflexion et les propositions qu'on met sur la table aujourd'hui
en utilisant, par exemple, des matériaux à faible empreinte carbone, bien, ça
viendrait, par la même occasion, favoriser, je dirais, des ressources qui sont extrêmement
importantes sur notre territoire, ne serait-ce que l'utilisation du bois, ne
serait-ce que l'utilisation de l'aluminium vert. Alors, ça, c'est des avantages
que le Québec a dans son territoire qui peuvent être mis à contribution.
Et lorsqu'on fait référence à ne pas seulement
considérer le plus bas coût mais également la durabilité des travaux et la
durabilité des projets, il peut y avoir des pondérations différentes qui
pourraient être accordées en fonction de certains critères que le gouvernement
pourrait décidément ajuster ou cibler, comme tel. Et ça rejoint également la position
du groupe G15, avec lequel nous sommes partenaires, qui vise tout d'abord une relance
économique sécuritaire, et durable, et verte. Alors, le groupe G15, c'est un regroupement
de 15 organisations, si on peut le définir de cette façon, qui ont des missions
et des enjeux qui sont peut-être différents les uns des autres, mais la force
de ce regroupement, et c'est dans l'ADN du Conseil du patronat du Québec, également,
c'est de favoriser le dialogue. Alors, ensemble, en faisant en sorte qu'on
puisse se dégager des consensus généraux, on arrive à proposer des pistes de
solution qui vont dans le sens de ce que je viens de vous mentionner, par
rapport à des éléments qui pourraient être considérés en fonction de certains
éléments de pondération qui viendraient, d'une certaine façon, encourager
l'achat local plus largement défini au Québec, en mettant en vigueur ou en
mettant en avantage les avantages, entre guillemets, que nous procurent les ressources
naturelles, entre autres, sur notre territoire, et l'énergie qu'on produit, qui
est une énergie verte, renouvelable, et qui, en même temps, permet aux
entreprises du Québec d'avoir certains avantages contre d'autres entreprises à
l'extérieur du Québec.
• (12 h 30) •
Et, de cette façon-là, également, ça ne
vient pas contrer, je dirais, les éléments qu'on favorise en termes de
libre-échange...
12 h 30 (version révisée)
M. Blackburn (Karl) : ...entre
guillemets, que nous procurent les ressources naturelles, entre autres, sur
notre territoire, et l'énergie qu'on produit, qui est une énergie verte,
renouvelable et qui, en même temps, permet à des entreprises du Québec d'avoir
certains avantages contre d'autres entreprises à l'extérieur du Québec.
Et, de cette façon-là également, ça ne
vient pas contrer, je dirais, les éléments qu'on favorise en termes de
libre-échange. Parce qu'on ne veut pas construire une passerelle autour du
Québec ou une barrière autour du Québec pour empêcher les autres d'y avoir
accès, mais au contraire on veut que cette limite territoriale, si on peut
l'imager de cette façon, nous serve de tremplin pour être capable de mettre
également les avantages des ressources du Québec aux avantages des entreprises
du Québec, pour être capable de réaliser également des investissements dans
d'autres endroits à l'extérieur du Québec.
Mme LeBel : Donc, dans le
fond, en résumé, ce que vous nous dites, c'est que le gouvernement devrait
avoir, à l'intérieur des appels d'offres actuels... d'être capable d'inclure
des éléments, qui sont des éléments intégrés aux contrats, là, à la demande du
gouvernement, qui permettent, justement, <cette... >d'avoir des
matériaux, à titre d'exemple, des matériaux qui ont une empreinte énergétique
moins... une empreinte climatique ou une empreinte environnementale moins
présente. Donc, <on peut se... >on pourrait se permettre de le
faire à l'intérieur des appels d'offres actuels, et vous nous incitez à y songer
sérieusement, c'est exact?
M. Blackburn (Karl) : Bien, je
pense qu'effectivement il faudrait vraiment bien réfléchir à ces éléments-là.
Et ça viendrait rejoindre également, Mme la ministre, la volonté de faire des
investissements de qualité et de durabilité dans le temps. Alors, ça ne veut
pas dire que, si on utilise les ressources naturelles sur notre territoire qui
peuvent nous donner des avantages importants, ce n'est pas durable dans le
temps, au contraire. Donc, si vous arrivez à rejoindre des objectifs, bien sûr,
de contrôle des dépenses, de faire des investissements qui vont être des
investissements qui vont être durables et porteurs dans le temps, en utilisant
davantage des ressources sur notre territoire, bien, je pense que tout le monde
y gagne, à ce niveau-là.
Mme LeBel : Parfait. Sur un
autre point, vous parlez effectivement... la pandémie, qui est une pandémie
mondiale, je me trouve... je me sens le besoin de le répéter à chaque fois
parce que <ce n'est pas une situation qui est... >c'est une
situation qui est extraordinaire, dans le sens hors de l'ordinaire, qu'on vit à
travers le monde, donc, et on parle... on le souhaite, elle est unique et
temporaire. Donc, on verra quand est-ce que ce temporaire-là se terminera, mais
elle sera terminée un jour... demande et commande une réponse unique et
temporaire, donc. Et ça me permet de réitérer, et j'ai eu l'occasion de le
faire hier et ce matin, en période de questions, qu'il n'est pas dans
l'intention inavouée ou cachée du gouvernement de jouer dans les normes
environnementales ou d'instaurer des processus permanents. On est dans une
situation unique et temporaire qui est ciblée sur une liste de projets fermée.
Maintenant, ceci étant dit, <vous
avez... >dans votre mémoire, à la page 5, vous parlez des mesures
d'accélération en environnement et au niveau des réglementations municipales,
mais surtout en environnement. Vous avez, de façon évidente… je le savais déjà,
là, mais dans vos propos, de façon évidente, à coeur l'environnement,
également, du Québec. Vos partenaires et vos membres aussi ont à coeur cet
environnement-là. Est-ce que vous jugez présentement que les pistes
d'accélération, parce qu'on parle d'accélérer les processus, atteignent les
normes environnementales et mettent à risque l'environnement <dans les...
Mme LeBel : ...
évidente…
je le savais déjà, là, mais dans vos propos, de façon évidente, à coeur
l'environnement, également, du Québec. Vos partenaires et vos membres aussi ont
à coeur cet environnement-là. Est-ce que vous jugez présentement que les pistes
d'accélération, parce qu'on parle d'accélérer les processus, atteignent les
normes environnementales et mettent à risque l'environnement >dans les 181 projets
qui sont proposés, tels que proposés dans le projet de loi n° 66?
M. Blackburn (Karl) : Bien, d'abord,
Mme la ministre, pour revenir à l'essentiel, la volonté, pour nous, ce n'est
pas de diminuer l'importance, au contraire, de l'environnement, et je pense que
ça se reflète bien dans votre projet de loi. Et revenons aussi à la base, le projet
de loi circonscrit 181 projets pour lesquels certaines démarches environnementales
ont déjà été tranchées et pour d'autres qu'il y aura encore des processus environnementaux
qui seront faits. Ce que le projet de loi nous permet de faire, c'est une
accélération pour être capable de réaliser les investissements, et ce, le plus rapidement
possible, tout en respectant les règles environnementales, pour relancer l'économie
du Québec. Et ça, dans ce sens-là, je pense que la volonté du législateur, elle
est très clairement démontrée.
Mais en même temps aussi, Mme la ministre,
il faut être capable de faire confiance aux professionnels de l'environnement
du ministère de l'Environnement dans leur évaluation des projets, dans leur évaluation
des impacts environnementaux. Et je garde toujours en tête la définition du développement
durable, pour moi, qui est extrêmement importante, et c'est un équilibre, un
équilibre entre l'environnement, bien entendu, entre le social et le développement
économique. Et, si on est en mesure de garder cet équilibre-là en place, je
pense que tout le monde y gagne. Et, comme vous l'avez mentionné, le fait que c'est
circonscrit de 181 projets, ça peut nous permettre de développer des
expériences fort concluantes pour l'avenir, comme ça peut nous permettre
d'ajuster certains éléments qui mériteraient de l'être au fur et à mesure qu'on
évoluera dans l'objectif du projet de loi.
Mais, jusqu'à maintenant, il n'y a pas,
selon nous, de diminution importante ou de diminution... ou de réduire la
volonté du gouvernement d'attacher une attention particulière au niveau de l'environnement,
mais on doit demeurer vigilants à cet égard-là et on va l'être.
Mme LeBel : Et je suis
contente de l'entendre. Puis vous avez constaté également que le ministre de
l'Environnement conserve tous ses pouvoirs, pouvoirs qui vont être accrus par
le biais du projet de loi n° 44 également. Donc, l'objectif est effectivement
de pouvoir... de ne pas opposer l'économie et l'environnement mais de se
permettre quand même une accélération des infrastructures.
Sur cet aspect-là, justement, vous avez...
je ne sais pas si c'est dans votre mémoire ou dans le cadre des consultations
du p.l. n° 61, mais vous avez mentionné, je
pense que c'est dans le cadre des consultations du projet de loi n° 61,
que vous vous réjouissiez des orientations dans le projet de loi parce qu'elles
sont devenues nécessaires dans un contexte où le secteur public doit prendre
les devants. Est-ce que vous avez la même lecture que plusieurs de vos
collègues? Il y a plusieurs qui sont venus témoigner, parmi les consultations,
que, présentement, il y a peut-être une surchauffe dans certains secteurs,
peut-être dans le secteur domiciliaire, mais est-ce que vous avez aussi la
perception que, dans le milieu... dans les investissements, le public,
présentement, est peut-être moins au rendez-vous quand on parle des
investissements, pas dans le résidentiel, là, mais dans les autres
investissements plus comme les centres d'achats, les tours à bureaux, les
choses comme ça?
M. Blackburn (Karl) : Je peux
amorcer un début de réponse, mais je demanderais à ma collègue Norma, par la
suite, de compléter. Mais il est clair que la situation exceptionnelle, Mme la <ministre...
Mme LeBel :
…le public,
présentement, est peut-être moins au rendez-vous quand on parle des
investissements, pas dans le résidentiel, là, mais dans les autres
investissements plus comme les centres d'achats, les tours à bureaux, les
choses comme ça?
M. Blackburn (Karl) : Je
peux amorcer un début de réponse, mais je demanderais à ma collègue Norma, par
la suite, de compléter. Mais il est clair que la situation exceptionnelle, Mme
la >ministre, dans laquelle on se retrouve… que le gouvernement a la
capacité d'insuffler un souffle économique fort pour cette relance. Et, dans le
contexte dans lequel on discute, effectivement, il pourrait y avoir
l'application de certaines de ces mesures au secteur privé également pour qu'il
puisse emboîter le pas, je dirais, aux investissements importants auxquels tous
on aspire pour cette relance économique. Mais, si vous me le permettez, je
pourrais demander à Norma, qui était également présente lors de la consultation
sur le projet de loi n° 61, d'apporter un complément de réponse.
Mme Kozhaya (Norma) :
Oui, merci. Effectivement, nous avons plusieurs indicateurs de la part de
membres chez nous sur un certain ralentissement au secteur privé. On a entendu,
d'ailleurs, parler dans des journaux, même, de projets de centres commerciaux, ou
d'hôtels, ou d'agrandissement d'usines qui ont été reportés ou carrément
annulés. Les intentions d'investissements de l'Institut de la statistique du
Québec parlent d'une diminution de 11 % dans le secteur de la construction
et de la fabrication. Vous savez sûrement aussi que, les perspectives
économiques, on ne parle pas d'un retour à la normale avant, au minimum, la fin
de 2021. Donc, en ce sens-là, on pense que les investissements publics doivent
venir aider et combler un peu le retard du secteur privé, tout en, bien sûr,
travaillant par ailleurs sur les conditions propices aussi pour la relance du
secteur privé. Mais c'est clair que c'est une période qui est un peu difficile
dans plusieurs secteurs. Évidemment, ce n'est pas généralisé, mais il y a des ralentissements
dans le secteur institutionnel, commercial, et donc c'est en ce sens-là que les
investissements publics sont bienvenus pour compenser le ralentissement dans
les investissements privés.
Mme LeBel : Merci. Puis,
peut-être en dernier lieu, <vous parlez... >on a parlé de
l'accélération des paiements, là, ou, en tout cas, de payer< nos... payer>
en temps et lieu les gens qui travaillent dans le milieu de la construction.
Est-ce que le Conseil du patronat du Québec a participé à l'élaboration du
projet pilote qui a commencé en août 2018, projet pilote, présentement, qui,
justement, vise l'accélération de ces paiements-là, en tout cas, selon un
calendrier de paiement qui est plus formel? Est-ce que vous avez participé à
ces travaux-là sur l'élaboration du projet pilote?
M. Blackburn (Karl) : Norma,
est-ce que tu veux commencer?
Mme Kozhaya (Norma) :
Nous n'avons pas strictement participé au projet pilote en tant que tel, mais c'est
clair qu'on a participé à beaucoup de travaux. Et, comme M. Blackburn l'a
mentionné dans son introduction, depuis longtemps, on avait fait une étude sur
la problématique dans le secteur de la construction et on a milité pour une
stratégie nationale qui regarde les enjeux du secteur de la construction, que
ça soit au niveau de l'innovation, de la modernisation… ou également les délais
des paiements, mais pas nécessairement strictement dans ce qui concerne le
projet pilote. Mais évidemment toutes les grandes… toutes les associations de
la construction sont membres du Conseil du patronat du Québec. On <travaille...
Mme Kozhaya (Norma) :
…
stratégie nationale qui regarde les enjeux du secteur de la
construction, que ça soit au niveau de l'innovation, de la modernisation… ou
également les délais des paiements, mais pas nécessairement strictement dans ce
qui concerne le projet pilote. Mais évidemment toutes les grandes… toutes les
associations de la construction sont membres du Conseil du patronat du Québec.
On >travaille étroitement avec eux et depuis plusieurs années, depuis
très longtemps.
Et donc, en ce sens-là, le projet pilote
était apprécié, bien sûr, et apprécié par tous ceux qui y ont accès. Et la
volonté, c'est vraiment de l'élargir à tous les contrats publics, parce que les
liquidités, c'est vraiment l'oxygène pour les entrepreneurs, et c'est d'autant
plus sérieux et plus problématique dans ces temps-ci où le coût des matériaux a
augmenté, les conditions sanitaires qui requièrent beaucoup d'autres
investissements. Donc, oui, j'ai répondu à d'autres questions.
• (12 h 40) •
Pour y revenir, au projet pilote,
strictement, on n'est pas nécessairement impliqués directement dans la… (Panne
de son).
M. Blackburn (Karl) : Si vous
me le permettez, Mme la ministre, j'aimerais également ajouter, parce que la
volonté qu'on sent de la part du gouvernement, c'est d'être capable d'aller<…
d'> acquérir plus de flexibilité, plus d'agilité, plus de rapidité dans
tout le processus des contrats avec les projets qui sont sur la table
actuellement, mais, de notre point de vue, également, on pense que cette façon
de faire pourrait d'abord permettre, en améliorant la qualité des paiements,
entre autres, du gouvernement, d'avoir un bassin plus important d'entrepreneurs
et d'entreprises qui seraient intéressés de participer avec le gouvernement,
mais également de permettre à plusieurs entreprises, de toutes les régions du Québec,
de faire affaire avec le gouvernement.
Parce que, ne serait-ce que des projets
dans la région de l'Abitibi, dans les régions du Saguenay—Lac-Saint-Jean, dans
la région de la Côte-Nord, il y a des entreprises de ces régions qui ont la
capacité, l'expertise d'être capables de réaliser ces ouvrages, qui sont
extrêmement importants, auxquels nous sommes tous confrontés dans les
181 projets qui sont sur la table. Mais malheureusement, dans certains
cas, la possibilité d'avoir des paiements normaux ou dans le contexte d'une
relation d'affaires normale, ça serait certainement des éléments qui pourraient
inciter des entreprises qui, actuellement, n'ont pas d'intérêt compte tenu des
éléments qu'a soulevés Norma avec la fragilité financière, les charges
supplémentaires qui sont à leur responsabilité. Donc, maintenant, si on vient à
avoir plus de flexibilité, plus d'agilité, je pense que ça peut permettre à
d'autres entreprises de pouvoir maintenant espérer, peut-être, faire affaire
avec le gouvernement et ainsi de participer à la relance économique,
sécuritaire et durable, à laquelle tous on aspire.
Mme LeBel : Bien, merci.
Merci. C'est tout pour moi.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, Mme la ministre. M. le député de La Pinière, vous disposez d'une
période de 11 min 40 s.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. M. Blackburn, Mme Kozhaya, bienvenue à mon tour. Écoutez,
d'entrée de jeu, je veux régler une chose tout de suite, là, est-ce que vous
additionnez votre voix à celles qui souhaitent que les mesures d'accélération
sur le plan environnemental, contenues au projet de loi n° 66, soient
permanentes?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
d'abord, le projet de loi n° 66, M. le député, prévoit, dans le temps, la
réalisation de certains projets, et je pense que… loin de nous <l'objectif
de…
M. Barrette : ...
qui
souhaitent que les mesures d'accélération sur le plan environnemental, contenues
au projet de loi n° 66, soient permanentes?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
d'abord, le projet de loi n° 66, M. le député, prévoit, dans le temps, la
réalisation de certains projets, et je pense que… loin de nous >l'objectif
de vouloir diminuer l'importance au niveau environnemental. Je pense que de
circonscrire à 181 projets le projet de loi n° 66 et de définir un
cadre, ça permet de faire une expérience qui peut être concluante dans le temps,
mais, comme je l'ai mentionné à Mme la ministre, loin de nous le manque de
volonté d'avoir une attention toute particulière pour l'environnement. Et je
pense que, dans le contexte actuel, nous devons aussi être en mesure de faire
confiance aux professionnels de l'environnement qui sont aux frais du
gouvernement et qui peuvent justement apporter des conseils très précieux à
l'équipe gouvernementale.
M. Barrette : Donc, vous
voyez le projet de loi n° 66 en matière
environnementale comme une expérience?
M. Blackburn (Karl) :
Bien, je pense que la volonté du gouvernement, c'est d'accélérer puis de
circonscrire 181 projets pour être capable de donner au gouvernement cette
flexibilité et cette agilité-là, pour participer à la relance économique à
laquelle tous nous aspirons. Et, dans ce sens-là, ne serait-ce que… Vous le
savez, hein, ce n'est pas facile de changer des façons de fonctionner au
gouvernement, il y a des systèmes gouvernementaux qui sont en place qui sont
extrêmement difficiles à faire changer.
M. Barrette : M. Blackburn,
là, je vous interromps, là, pardonnez-moi.
M. Blackburn (Karl) :
Oui.
M. Barrette : Mais vous
savez que j'ai beaucoup moins de temps que la présidente du Conseil du trésor.
Alors, merci, puis ne le prenez pas mal. <Vous avez... >Ce matin,
j'imagine que vous avez pris connaissance de la revue de presse.
M. Blackburn (Karl) :
Oui.
M. Barrette : Il y a un article,
que vous imaginez lequel, là, c'est une espèce de douche froide, là, qui arrive
dans nos débats. Ça arrive comme ça <sur... >pendant nos travaux parlementaires.
La Commission de la construction du Québec dit qu'il manque 13 000 travailleurs dans la
construction. Alors là, c'est un peu contradictoire à bien du monde qui disent
que, bien, bien oui, on est capables de tout faire ça vite, vite, vite. Moi,
quand il manque 13 000 travailleurs,
il me semble que ça n'accélère pas grand-chose. Alors, j'aimerais ça avoir
votre lecture de la situation.
M. Blackburn (Karl) :
Bien, au contraire, je ne le vois pas comme étant une douche froide, mais, au
contraire, comme une opportunité. D'abord, il y a beaucoup de secteurs de notre
économie qui, malheureusement, souffrent davantage que d'autres en lien avec la
pandémie, mais ce que j'ai aussi constaté dans l'article de ce matin, c'est que
le secteur de la construction est prêt à faire sa part pour que des employés,
des ingénieurs, des travailleurs de secteurs plus durement touchés actuellement
puissent, de façon accélérée, pouvoir faire une formation, et contribuer à la
relance économique dans le secteur de la construction, et pallier à cette
pénurie de main-d'oeuvre qui ne se sent pas partout de la même façon.
Et l'autre élément que j'aimerais ajouter,
M. le député, et je pense qu'il faut le prendre en considération également,
c'est que la capacité du gouvernement de devenir un meilleur payeur peut
certainement intéresser des entreprises de toutes les régions du Québec de
faire affaire avec le gouvernement pour contribuer à la réalisation des
181 projets qui sont sur la table. Et je suis convaincu, <moi...
M. Blackburn (Karl) : …et je
pense qu'il faut le prendre en considération également, c'est que la capacité
du gouvernement de devenir un meilleur payeur peut certainement intéresser des
entreprises de toutes les régions du Québec de faire affaire avec le
gouvernement pour contribuer à la réalisation des 181 projets qui sont sur
la table. Et je suis convaincu, >moi, que des entreprises, tant du
Saguenay—Lac-Saint-Jean, que de l'Abitibi, que de la Côte-Nord, ont les
capacités, l'expertise et l'expérience pour relever le défi. Moi, j'aurais
tendance à nous faire confiance pour qu'on puisse relancer cette économie tous
ensemble.
M. Barrette : Très bien, très
bien, M. Blackburn. Si vous avez suivi les travaux, je suis sûr que vous l'avez
fait, vous savez que je suis d'accord avec vous sur la question des paiements.
Alors, il n'y a pas de débat à faire là, en ce qui me concerne, vous avez
raison, je suis d'accord.
Ceci dit, une pénurie de 13 000 travailleurs qui
nécessitent, pour se corriger, des travaux parlementaires, réglementaires, d'immigration
à la limite, tels que décrits dans l'article, ça prend du temps. Or, ici, on
est dans un projet de loi d'accélération. Alors, moi, je vois mal… Vous savez
que, moi, depuis le début, là, je dis que la quasi-totalité de ces projets-là
n'ont pas besoin du projet de loi n° 66 pour avancer. Je pense que c'est
le cas. Et maintenant qu'on rajoute, pour ceux qui ont peut-être besoin, je dis
bien peut-être, du projet de loi pour avancer plus vite, là, on nous annonce
qu'il manque des travailleurs, et, pour combler le manque de travailleurs, il
va falloir poser des gestes qui vont prendre du temps. Que c'est qu'on fait
ici, M. Blackburn?
M. Blackburn (Karl) : Bien, on
essaie de trouver des solutions, M. le député, et je fais le lien avec le forum
sur l'emploi qu'on a participé la semaine dernière, qui faisait référence,
justement, à de quelle façon le gouvernement, les indicateurs, les associations
patronales, les associations syndicales… Comment pouvons-nous, tous ensemble,
trouver des façons originales, des façons rapides, en se donnant de la
flexibilité pour, d'une part, accompagner les travailleurs d'un secteur plus
durement touché vers un autre, avec la formation nécessaire, tout en même temps
être capable de faire des rehaussements de compétence pour des travailleurs qui
sont déjà dans ces secteurs-là. Donc, il y a des éléments intéressants qui se
développent de ce côté-là.
M. Barrette : Mais, M. Blackburn,
on est d'accord, mais est-ce que… Je vous pose la question très directement,
c'est la dernière fois que je vous la pose : Est-ce qu'on peut simplement
dire que ce dont on parle va prendre du temps et ça ne se fera pas du jour au
lendemain?
M. Blackburn (Karl) : Mais si
on ne veut pas le régler, M. le député, c'est sûr qu'on peut en parler encore
dans cinq ans, dans 10 ans. On a un projet de loi qui nous permet de peut-être
avoir une certaine flexibilité, une agilité, une rapidité, dans les mains du gouvernement,
pour 181 projets circonscrits qui peuvent relancer l'économie du Québec et
dans toutes les régions du Québec. Alors, dans ce sens-là, tout en étant
vigoureux, tout en étant, je dirais, préoccupé par les éléments qui pourraient
être moins performants que d'autres, je pense que ça vaut le coup de l'essayer.
M. Barrette : Très bien. Sur
la question de la reddition de comptes, M. Blackburn, j'ai posé la question
hier, si on détermine… Moi, je pense, comme la Vérificatrice générale que vous
avez sûrement écoutée, qu'une reddition de comptes, dans un mode dit <accéléré…
M. Blackburn (Karl) : …les
éléments qui pourraient être moins performants que d'autres,
je pense
que ça vaut le coup de l'essayer.
M. Barrette :
Très
bien. Sur la
question de la
reddition de comptes, M. Blackburn,
j'ai posé la
question hier, si on détermine… Moi, je pense, comme la
Vérificatrice
générale que vous avez sûrement écoutée, qu'une
reddition de comptes,
dans un mode dit >accéléré mais qui probablement ne le sera pas, aux six
mois, c'est trop long. Moi, je pense que ça devrait être aux trois mois et que
le compteur devrait commencer à tourner dès que le projet a été annoncé et non
pas après la première pelletée de terre, parce qu'il y a plein de travaux avant
dont il faut rendre compte. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette
affirmation-là que le compteur devrait commencer à tourner à l'annonce du
projet?
M. Blackburn (Karl) : Je vais
demander à ma collègue Norma d'apporter un point de vue intéressant là-dessus.
Mme Kozhaya (Norma) :
Au fait, c'est intéressant que les appels d'offres soient examinés le plus
rapidement possible en amont, effectivement, pour éviter peut-être des problématiques
à la fin. Malheureusement, je n'ai pas écouté la présentation de la
vérificatrice, mais c'est probablement aussi à voir est-ce que six mois, c'est
trop long. En même temps, c'est toujours un équilibre entre un délai qui peut
être trop long et aussi,< des… >je dirais, un fardeau de préparer
les rapports, et tout. Donc, probablement, c'est important de commencer
rapidement et d'avoir quelque chose de rapide. Est-ce que c'est trois mois ou
six mois? Malheureusement, je n'ai pas la compétence pour répondre.
M. Barrette : Ma question
était la date de départ du compteur. Est-ce que ça devrait commencer, peu
importe le délai, à partir de l'annonce du projet, oui ou non?
Mme Kozhaya (Norma) :
C'est important de commencer le plus rapidement possible.
• (12 h 50) •
M. Barrette : Bon.
M. Blackburn, la question me brûle à chaque fois, vous êtes un patron,
vous êtes le Conseil du patronat, vous, comme tous les
acheteurs d'ouvrage, vous plaidez constamment pour abolir la règle du plus bas
coût possible. Je vous pose une question d'une infinie simplicité : Le
problème, M. Blackburn, est-ce que c'est un problème d'écriture de devis
ou un problème <de plus bas coût… >de coût du plus bas soumissionnaire?
Je m'explique. Comprenez bien que moi, je
viens d'un monde où nous ne faisons des appels d'offres basés sur le plus bas
prix conforme, mais d'équipements de haut de gamme, jamais, jamais, jamais que
rentent au Québec, dans le système de santé, des équipements qui sont bas de
gamme. Alors, moi, l'asphalte, là, quand elle est défaite un an après, est-ce
que le problème, c'est le devis, l'ingénieur, le surveillant, la valeur? C'est
où, le problème, d'après vous? Moi, je pense que c'est le devis. J'aimerais
bien ça que vous nous donniez votre réponse à ça.
M. Blackburn (Karl) : Bien,
votre question laisse place à beaucoup d'interprétation, M. le député, mais je
pense que, sincèrement, lorsqu'on a la conscience, comme société, de faire
attention aux dépenses publiques, bien, dans ce sens-là, le budget est un
élément important. Mais, nous, ce qu'on apporte comme piste de <solution
ou de…
M. Blackburn (Karl) : Bien,
votre question laisse place à beaucoup d'interprétation, M. le député, mais je
pense que, sincèrement, lorsqu'on a la conscience, comme société, de faire
attention aux dépenses publiques, bien, dans ce sens-là, le budget est un
élément important. Mais, nous, ce qu'on apporte comme piste de >solution
ou de proposition dans le projet de loi actuellement en place, c'est : Est-ce
qu'on peut inclure, dans l'octroi des contrats publics, des éléments à
considérer en fonction de la qualité des ouvrages, de la qualité des travaux et
de la durabilité dans le temps de ces travaux? Parce que, si on se mettait à
réfléchir sur le coût du cycle du produit, alors, au lieu de simplement
s'arrêter aux coûts initiaux de l'investissement, si on prenait le temps de
l'évaluer dans le temps, ça peut faire des différences importantes, M. le
député.
M. Barrette : Merci, mais
juste un commentaire avant de passer la parole à mon collègue. Si l'asphalte
est de bonne qualité, quand on la met sur le sol, là, elle va durer. C'est un commentaire
comme ça. M. le Président, si je pouvais passer la parole à mon collègue.
Le Président (M. Simard) :
Très volontiers. M. le député.
M.
Arcand
:
Merci. Merci. Bonjour, M. Blackburn. Bonjour, madame. C'est
un plaisir de vous retrouver. Ma question porte sur l'Autorité des marchés
publics qui a un peu plus de pouvoirs dans ce projet de loi là. J'ai lu ce que
vous avez écrit là-dessus. Vous ne semblez avoir aucun argument ou, enfin,
aucun problème avec ça. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Blackburn (Karl) :
Bien, en fait, ce qu'on a démontré puis ce qu'on a dénoté dans le projet de loi,
M. le député, c'est qu'il y a une augmentation de responsabilités au niveau de l'Autorité
des marchés publics et, dans ce sens-là, c'est un pas dans la bonne direction. Parce
qu'effectivement on est dans un contexte d'accélération, ou de flexibilité, ou
d'agilité que le gouvernement requiert pour participer à cette relance
économique importante pour 181 projets. Et, pour nous, que l'Autorité des
marchés financiers... l'Autorité des marchés publics, pardon, ait davantage de
responsabilités à ce niveau-là, je pense que c'est un élément qui est à saluer.
Et je peux peut-être demander à Norma d'apporter un complément d'information à
ce niveau-là.
Mme Kozhaya (Norma) :
Oui. M. le... On a utilisé le mot, ça prend une certaine prudence, parce
qu'effectivement la surveillance accrue est de nature à répondre à des
préoccupations par rapport à l'intégrité des marchés publics, mais nous avons
quand même...
Le Président (M. Simard) :
En conclusion.
Mme Kozhaya (Norma) :
Oui, c'est que ça prend une certaine prudence quand même dans l'encadrement de
ces nouveaux pouvoirs.
M.
Arcand
:
Merci.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Je cède maintenant la parole au député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M.
le Président. Mme Kozhaya, M. Blackburn, bonjour. Ça
ne sera pas très long, M. Blackburn, vous allez pouvoir aller promener
votre chien. Je sais qu'il manifeste en arrière, on vous laisse bientôt aller.
Les joies de la visioconférence. J'ai trois questions en 160 secondes,
alors on essaie ça. Selon vous, M. Blackburn, dans sa forme actuelle,
est-ce que le projet de loi n° 66 diminue les exigences environnementales?
Première question.
M. Blackburn (Karl) :
Non.
M. Marissal : Selon vous,
il n'y a pas de diminution, de rapidité excessive dans les articles du projet
de loi n° 66.
M. Blackburn (Karl) : Je
pense que <nous demeurons... >nous devons demeurer vigilants, mais
notre point de vue sur 181 projets, pour lesquels certains ont <déjà...
M. Marissal : ...
environnementales?
Première question.
M. Blackburn (Karl) :
Non.
M. Marissal : Selon
vous, il n'y a pas de diminution, de rapidité excessive dans les articles du
projet de loi n° 66.
M. Blackburn (Karl) :
Je pense que nous demeurons... nous devons demeurer vigilants, mais notre point
de vue sur 181 projets, pour lesquels certains ont >déjà démarré le
processus d'évaluation environnementale et les autres seront soumis au
processus environnemental, je pense qu'on peut se fier également... il faut
faire confiance aux professionnels du ministère de l'Environnement. Et, pour
nous, pour ces 180 projets, c'est correct.
M. Marissal : Je vous arrête
là, c'était ma deuxième question. Je suis désolé, j'ai peu de temps. C'était ma
deuxième question, vous m'avez devancé. Vous dites : Faire confiance aux
professionnels du ministre de l'Environnement. Je suis tout à fait d'accord
avec vous, mais ce qu'on entend constamment, ce qu'on lit dans tous les
rapports de la Vérificatrice générale, c'est qu'il manque de monde. Est-ce que
c'est ce que vous constatez aussi? Parce qu'on peut bien leur faire confiance,
là, mais, s'ils ne sont pas là, «tough luck».
M. Blackburn (Karl) : Bien,
c'est un des éléments sur lesquels, effectivement, il y a une problématique, au
niveau des employés, mais, dans le contexte actuel, avec la flexibilité et
l'agilité que le gouvernement requiert dans le p.l. n° 66,
je pense qu'on peut faire confiance aux professionnels de l'environnement au ministère.
M. Marissal : Très bien.
Dernière question. Vous militez pour de l'achat local.
M. Blackburn (Karl) : On
essaie.
M. Marissal : Vous êtes à la
même place que tout le monde en ce moment.
M. Blackburn (Karl) : Exact.
M. Marissal : Et tant mieux si
ça aura fait au moins ça. Vous pouvez mettre le pourcentage d'achat local dans
les contrats, selon les alliances et les accords, devrais-je dire, qui nous
lient les mains parfois. Pouvez-vous mettre un pourcentage dans un...
M. Blackburn (Karl) : Ça
serait difficile, d'après moi, de chiffrer un montant quelconque en fonction de
ça, mais je pense que, si on est en mesure, M. le député, d'identifier des...
entre autres, quand on parlait de produits avec faible empreinte carbone, comme
par exemple le bois ou l'aluminium vert, sans nécessairement fixer un montant
ou un pourcentage d'utilisation, il est clair qu'en identifiant de façon
formelle certains de ces éléments-là à faible empreinte de carbone, ça peut
favoriser davantage les entreprises du Québec, ça peut favoriser davantage
l'emploi au Québec et les achats au Québec.
M. Marissal : Qu'il soit noté
ici, M. le Président, que Québec solidaire et le Conseil du
patronat sont d'accord sur un point.
M. Blackburn (Karl) : C'est le
dialogue qui nous amène à ces éléments-là, M. le député, je pense que c'est
important de le souligner.
M. Marissal : Merci beaucoup,
M. Blackburn.
M. Blackburn (Karl) : Ça fait
plaisir.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Je cède la parole au député de Jonquière pour une période de
2 min 50 s.
M. Gaudreault : Je ne
proposerai pas que M. Blackburn soit candidat de QS dans Roberval ou
ailleurs. Je <voudrais... je >veux vous saluer également, les gens
du Conseil du patronat. Vous dites, dans votre mémoire,
que vous êtes rassurés sur le plan de l'environnement parce que vous notez que
le projet de loi n° 66 prévoit que les dispositions prévues pour les
mesures d'accélération des travaux n'ont pas pour effet de restreindre tout
pouvoir que peut exercer le ministre responsable de l'Environnement, article 21.
Mais c'est parce que, quand on lit l'article 21 au complet, il dit :
«Dans le cas où une activité qui est visée est réalisée en contravention de la
présente section de la loi». Donc, encore faut-il que la présente section
maintienne tous les pouvoirs en matière d'environnement. Et, à cet égard, le Centre
québécois du droit de l'environnement, confirmé <par...
M. Gaudreault : …il dit :
«Dans le cas où une activité qui est visée est réalisée en contravention de la
présente section de la loi». Donc, encore faut-il que la présente section
maintienne tous les pouvoirs en matière d'environnement. Et, à cet égard, le
Centre
québécois du droit de l'environnement, confirmé >par le Vérificateur
général et le Commissaire au développement durable, nous dit qu'on va
appliquer, dans ce projet de loi, aux projets à risque modéré les dispositions
normalement prévues pour les projets à risque faible. Donc, on vient baisser le
seuil d'évaluation des projets à risque modéré en leur donnant les mesures
prévues pour les projets à risque faible. Qu'est-ce que vous pensez de cette
analyse?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
d'abord, comme je l'ai mentionné dans la présentation de notre mémoire, M. le
député, nous devons demeurer vigilants. Ce n'est pas une façon de donner un
chèque en blanc au gouvernement, au contraire. Et, pour nous, le respect des
règles environnementales est extrêmement important, mais dans le projet de loi
actuel qui parle de 181 projets bien identifiés, bien ficelés… pour
lesquels certains d'entre eux ont déjà amorcé un exercice d'étude
environnementale, et pour les autres il y aura un processus d'étude
environnementale.
Je pense que vous le savez, hein, ce n'est
pas simple et ce n'est pas facile faire des changements à l'intérieur du gouvernement.
C'est des processus qui sont souvent très complexes, mais je pense que, dans le
contexte exceptionnel, se donner les moyens de pouvoir activement se doter
d'une flexibilité, d'une agilité, d'une rapidité pour 181 projets, pour
une relance économique sécuritaire et durable pour le Québec, je pense que ça
vaut le coup de le faire, M. le député, tout en demeurant vigilant.
M. Gaudreault : Mais en même
temps vous dites… Moi, je suis d'accord avec vous, ce n'est pas facile de
changer les pratiques à l'intérieur du gouvernement. C'est justement ce que le gouvernement
essaie de faire avec l'adoption et la mise en vigueur, dans les prochains
jours, prochaines semaines, du Règlement sur l'encadrement d'activités en
fonction de leur impact sur l'environnement, ce qu'on appelle le REAFIE. Et, là
aussi, le Vérificateur général nous dit : Laissons le temps au REAFIE de
s'appliquer, il vise justement ça, ce règlement…
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Gaudreault : …à faire en
sorte que les délais en environnement soient plus courts, parce qu'il
s'applique en vertu de la loi n° 102 qui visait à
modifier la Loi sur la qualité de l'environnement. Vous ne pensez pas qu'on
devrait laisser un peu de temps au REAFIE de s'appliquer?
Le Président (M. Simard) : En
oui ou non.
M. Blackburn (Karl) : Bien, on
va parler du projet de loi n° 66, et nous, on pense que, dans le projet de
loi n° 66, ça vient couvrir largement ces éléments-là.
M. Gaudreault : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup. Alors, M. Blackburn, Mme Norma, merci de votre
précieuse contribution à nos travaux.
Compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre et nous serons de retour à 15 heures. À plus tard.
(Suspension de la séance à 13 heures)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 h 1)
Le Président (M. Simard) :
Donc, chers collègues, à l'ordre, s'il vous plaît. Je constate que nous avons
quorum. Nous pouvons reprendre nos consultations particulières sur le projet de
loi n° 66.
Cet après-midi, nous retrouvons des
représentants du Regroupement national des conseils
régionaux de l'environnement du Québec. Messieurs, à vous deux, bonjour.
Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter?
(Visioconférence)
M. Vaillancourt (Martin) :
Oui. Bonjour. Martin Vaillancourt, directeur général du Regroupement
national des conseils régionaux en environnement du Québec, et je suis
accompagné de M. Sylvain Loranger, président du Conseil régional en environnement
de Laval.
Le Président (M. Simard) :
Alors, vous disposez de 10 minutes.
M. Vaillancourt (Martin) :
D'accord. Merci, M. le Président. Donc, rapidement, les conseils régionaux en
environnement sont présents dans 16 régions du Québec et regroupent près de
1 500 membres d'horizons variés. Notre principal outil de travail est
celui de la concertation. On a, bien sûr, contribué aux travaux du gouvernement
sur l'édiction, là, du Règlement sur l'encadrement d'activités en fonction de
leur impact sur l'environnement, et <on s'est impliqués, là, dans des... >on
est impliqués dans différents projets, là, de mise en oeuvre d'infrastructures
vertes auprès des municipalités. Donc, <on est… >les CRE, là, ils
sont actifs partout sur le territoire du Québec. On travaille sur plusieurs
enjeux avec les villes et les municipalités, en aménagement du territoire, en
mobilité, en protection et mise en valeur des milieux naturels, donc projets de
gestion des pluies, dépavage, stationnement écoresponsable, lutte aux îlots de
chaleur, etc. Donc, on est actifs, là, sur certains projets d'infrastructures.
Le plan de relance et le besoin
d'accélérer les infrastructures <sont un... >en fait, sont un cas
de figure, là, qu'on retrouve dans plusieurs pays dans le monde actuellement.
Et, récemment, dans une étude, l'OCDE montrait qu'en intégrant environnement
puis l'inclusivité dans les mesures de relance, les gouvernements seraient
gagnants sur tous <les...
M. Vaillancourt (Martin) : …
en
fait, sont un cas de figure, là, qu'on retrouve dans plusieurs pays dans le
monde actuellement. Et, récemment, dans une étude, l'OCDE montrait qu'en
intégrant environnement puis l'inclusivité dans les mesures de relance, les
gouvernements seraient gagnants sur tous >les fronts, c'est-à-dire ils
pourraient se rapprocher plus rapidement de leurs objectifs environnementaux,
stimuler l'économie et réduire les inégalités.
Et l'OCDE reconnaît également le rôle
moteur des infrastructures dans les plans de relance, de façon à ce que
celles-ci, là, puissent stimuler l'économie et lancer des chantiers
d'importance, là, dans les différentes collectivités. Le Québec a fait ce
choix-là, d'aller vers les infrastructures, et on souligne positivement la
volonté, là, du gouvernement de moderniser le parc de bâtiments scolaires et la
création des maisons des aînés. Par contre, à la lecture du projet de loi, on a
également certaines préoccupations sur certains choix qui ont été faits, en
termes d'infrastructures et aussi de certains assouplissements aux lois
environnementales, là, qu'on perçoit à la lecture du projet de loi.
Parmi les travaux d'infrastructure qu'on
aurait aimé voir ou qu'on pourrait voir dans les projets qui seront accélérés,
il y en a certains qui relèvent de l'adaptation aux changements climatiques.
Donc, l'Union des municipalités du Québec a mandaté, en 2019, la réalisation
d'une étude pour connaître le surcoût des investissements nécessaires pour
adapter les infrastructures existantes en fonction des changements climatiques
qui sont déjà en cours. Uniquement, pour les 10 grandes villes du Québec, il y
avait pour 2 milliards d'investissements qui étaient identifiés et, par
extrapolation à l'ensemble du Québec, là, on était déjà à une facture de
4 milliards qui va être nécessaire à court terme pour adapter les
installations d'approvisionnement et de production d'eau, renouveler le réseau,
là, des eaux usées et pluviales, intégrer l'aménagement vert à une portion du
réseau routier, la plantation d'arbres et le renouvellement accéléré des
chaussées aussi. Ça, c'est juste pour la portion de l'adaptation aux
changements climatiques.
Dans un monde idéal, là, s'il n'y avait
pas d'investissement à faire pour s'adapter, il y aurait tout de même des
investissements importants pour lutter contre la désuétude des ouvrages
municipaux d'assainissement des eaux usées. Donc, c'est un deuxième grand
chantier qui pourrait être lancé au Québec. Et, selon une étude de l'impact
économique qui a été réalisée dernièrement, c'est près de 10 milliards de
dollars qui sont, là aussi, nécessaires pour atteindre les standards
pancanadiens, là, en termes de traitement des eaux <usées…
M. Vaillancourt (Martin) :
...
grand chantier qui pourrait être lancé au Québec. Et, selon une étude
de l'impact économique qui a été réalisée dernièrement, c'est près de
10 milliards de dollars qui sont, là aussi, nécessaires pour atteindre les
standards pancanadiens, là, en termes de traitement des eaux >usées.
Donc, on aimerait que le gouvernement en
place, là, explore et considère la possibilité de lancer un grand chantier, là,
sur l'eau propre pour la mise à niveau et la modernisation des infrastructures
d'ouvrages d'assainissement des eaux usées, de prioriser une bonne gestion des
eaux pluviales par l'aménagement d'infrastructures vertes, de donner un mandat
clair, et les moyens surtout, aux ministères concernés de mettre en place une
priorisation des travaux dans une optique de bassins versants et d'implanter un
tableau de bord pour que les citoyens puissent suivre la progression de ce
chantier-là.
À ce moment-ci, je vais passer la parole à
M. Loranger.
M. Loranger (Sylvain) :
Oui, bonjour. Merci, Martin. Oui, juste préciser, moi, j'ai un doctorat en
santé communautaire, option toxicologie de l'environnement. Pourquoi je dis ça?
C'est parce que je travaille depuis 35 ans en évaluation des risques pour
la santé et pour l'environnement. Et un des facteurs sur lequel j'ai travaillé beaucoup,
ce sont les terrains contaminés et l'exposition des humains et de la faune,
flore à ces environnements contaminés là.
Le gouvernement, depuis 2005, est obligé
de déclarer son passif environnemental et <d'accoter... >d'associer
une dépense à ces terrains contaminés là. Il y en a, aux livres,
3,1 milliards, peut-être plus, mais c'est énormément sous-estimé quand on
pense qu'à Montréal seulement on parle de 30 milliards de terrains
contaminés, soit environ 10 % de la valeur foncière des municipalités de
Montréal, puis ça, c'est en excluant les dépotoirs, qui peuvent… calculez au
moins 6 milliards à 7 milliards de décontaminations, sans compter la
reconstruction. Donc, il est important de regarder cet aspect-là, parce que
l'utilisation des terrains contaminés en milieu urbain va éviter l'étalement
humain, va réduire l'étalement urbain <et favoriser... >et aussi
réduire les gaz à effet de serre. Donc, ça a des effets conjoints, mais on
parle de gros sous.
Donc, ce qu'on priorise, c'est d'établir
un chantier sur la réhabilitation des sites contaminés, d'effectuer une décontamination
des terrains, mais en privilégiant l'évaluation des risques toxicologiques et
écotoxicologiques, donc les risques pour la santé puis pour l'environnement,
parce que ça réduit de trois à cinq fois les coûts de réhabilitation, et
établir un tableau de bord national pour permettre de connaître l'état
d'avancement de ce chantier-là. Et je ne parle pas du registre québécois des
sites contaminés, qui est incomplet et qui demande vraiment un effort pour
répertorier tous les terrains.
En bref, ce que je dirais, c'est :
Avant de regarder en avant, il faudrait regarder dans le rétroviseur, parce
qu'on a un passif énorme, et, comme disait Martin, sans compter tout ce qui
touche les eaux usées, les eaux potables, il y a une problématique majeure.
Donc, sur ce, je repasserais le micro à Martin.
M. Vaillancourt (Martin) :
Merci, Sylvain. Dans le même sens, le projet de loi s'intéresse à des infrastructures
<routières...
M. Loranger (Sylvain) : …
sans
compter tout ce qui touche les eaux usées, les eaux potables, il y a une
problématique majeure. Donc, sur ce, je repasserais le micro à Martin.
M. Vaillancourt (Martin) :
Merci, Sylvain. Dans le même sens, le
projet de loi s'intéresse à des
infrastructures
>routières. Le RN est d'avis qu'il faudrait d'abord investir dans la
réfection et le maintien des infrastructures déjà en place avant d'étendre le
réseau routier, et, bien sûr, là, on est tout à fait d'accord avec les
investissements, là, dans les infrastructures de transport collectif et actif,
là… que dans le développement, uniquement, là, de routes qui serviront aux
voitures.
• (15 h 10) •
Pour la partie de notre mémoire qui porte
sur… l'assouplissement, pardon, des règles environnementales, on a des
préoccupations au sujet des projets qui vont être soustraits de l'évaluation
environnementale faite par le BAPE. On peut comprendre que, dans certains cas,
pour des questions de sécurité publique, il est important de rectifier le tir
et d'avancer rapidement pour certains projets, mais, pour d'autres projets, l'importance
de l'étape de la consultation est aussi un élément, là, qui permet de bâtir l'acceptabilité
sociale autour d'un projet. Et de s'en passer, ce n'est pas toujours, là, la
meilleure des alternatives.
Pour ce qui est des autres éléments, on
fait les recommandations suivantes, donc : de limiter le plus possible,
là, l'exemption des projets, et ce, là, uniquement pour des raisons de sécurité
publique. On souhaite de faire en sorte que… de réduire, pardon, la durée des
mesures d'accélération, qui sont actuellement, là, fixées à cinq ans. L'horizon
cinq ans nous paraît loin. Il est difficile de savoir quels types de projets
vont être faits d'ici là et quels projets resteront à faire, là, dans cinq ans.
Donc, un horizon de trois ans nous paraîtrait plus raisonnable; améliorer les
mécanismes de reddition de comptes en augmentant les effectifs au ministère,
donc de permettre à ce que la reddition de comptes démarre plus tôt dans le
cadre des projets, qu'il y ait un accompagnement, là, de fait auprès des
développeurs et des promoteurs; s'assurer que les documents exigés incluent une
caractérisation des habitats et des inventaires comportant les espèces menacées
ou vulnérables. C'est un risque important que nous, on considère, là, si ces
étapes-là n'étaient pas faites.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. En conclusion, M. Vaillancourt.
M. Vaillancourt (Martin) :
Oui. Donc, en conclusion, vous verrez, là, en annexe de notre mémoire, on
supporte également les recommandations qui vont être formulées un peu plus tard
aujourd'hui par le G15 et par l'alliance Switch.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci, M. Vaillancourt.
M. Vaillancourt (Martin) :
Merci à vous.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Alors, je cède la parole à Mme la Présidente du Conseil du trésor.
Vous disposez d'une période de 16 minutes.
Mme LeBel : Merci,
M. Vaillancourt. Merci, M. Loranger. On pourra profiter du temps qui
m'est imparti pour vous permettre de développer peut-être un peu plus, là,
parce que l'objectif est de bien vous entendre et d'avoir l'opportunité de
connaître votre point de <vue…
Le Président (M. Simard) : …la
parole à Mme la Présidente du
Conseil du trésor. Vous disposez d'une
période de 16 minutes.
Mme LeBel : Merci,
M. Vaillancourt. Merci, M. Loranger. On pourra profiter du temps qui
m'est imparti pour vous permettre de développer peut-être un peu plus, là,
parce que l'objectif est de bien vous entendre et d'avoir l'opportunité de
connaître votre point de >vue et de le considérer, là, dans la suite des
travaux. Donc, je vais peut-être vous poser quelques questions, mais, si vous
voulez élaborer un peu plus, là, permettez-vous de le faire, il n'y a pas de
problème, là, on pourra en discuter.
Peut-être juste vous dire, et là, je vais
être obligée de le préciser, il n'y a pas juste 10 projets routiers dans
les 181, mais il y a seulement 10 projets qui sont des nouvelles routes,
on va le dire comme ça, sur…<les… >je pense que c'est une
cinquantaine. <de… >J'hésite toujours à lancer un chiffre devant
le député de La Pinière parce qu'après ça,il me rebondit dans le front, des
fois, pas de la bonne façon — je le dis avec un clin
d'oeil — mais <il y a 10 projets routiers> il y a
10 nouveaux projets routiers, une cinquantaine de projets, mais la
majorité sont des projets d'investissement dans le transport collectif et de
mise à niveau des routes actives. Donc, je voulais juste, peut-être, recadrer
un peu de cette façon-là.
Peut-être, je vais partir avec une phrase
dans votre mémoire. Vous dites : «Enfin, le regroupement — à la
fin — comprend que les mesures d'exception ne s'appliquent que pour
les 181 projets apparaissant à l'annexe I. Le regroupement souhaite
que ce principe soit conservé dans la loi qui sera éventuellement adoptée et
que les mesures d'exception ne deviennent pas une alternative au cadre
réglementaire existant.»
Donc, je sais que vous n'aviez pas eu
l'opportunité de témoigner sur le projet de loi n° 61 ni de déposer un
mémoire. Vous aviez quand même fait, <quand même, >quelques
communications, mais je veux juste, simplement, peut-être, élaborer avec vous
sur ce point-là. Donc, je comprends que, — ce qui n'était pas le cas
dans le projet de loi n° 61 — le fait que le projet de loi
n° 66 ne concerne qu'une liste fermée, clairement identifiée de projets
désignés, si on veut, les seuls, donc, projets qui sont susceptibles de
bénéficier des mesures… Naturellement, on a eu l'occasion de le dire à quelques
reprises au cours des derniers jours, dans les travaux, ce n'est pas les
181 projets qui auront nécessairement besoin des mesures en environnement,
<mais >les 181 projets ont besoin d'une des mesures, mais pas
nécessairement en environnement. Donc, si on parle simplement des mesures en
environnement, ce n'est pas les 181 projets qui ont le même impact
environnemental ou même qui ont un impact environnemental. Donc, je comprends
que cet aspect-là, le fait que la liste soit fermée et circonscrite, est un
point positif pour vous, compte tenu qu'on a des mesures d'exception dans ce
projet de loi.
M. Vaillancourt (Martin) : Oui.
Je pense que c'est important que le projet de loi, là, retienne cette
fermeture-là. <Je suis… >On a bien entendu, là, auprès d'autres
groupes, là, il y a des gens qui aimeraient qu'il y ait plus d'ouverture pour
d'autres types de projets. On est de ceux qui croient qu'il faut donner une
chance au nouveau REAFIE, qui n'est pas encore en… en fait, qui va entrer en
fonction prochainement, et que la nouvelle LQE, là, puisse se déployer dans le
cadre réglementaire qui a été coconstruit avec énormément d'acteurs de la
société <civile…
M. Vaillancourt (Martin) :
...
On est de ceux qui croient qu'il faut donner une chance au nouveau
REAFIEV, qui n'est pas encore en… en fait, qui va entrer en fonction
prochainement, et que la nouvelle LQE, là, puisse se déployer dans le cadre
réglementaire qui a été coconstruit avec énormément d'acteurs de la société
>civile. Donc, il y a beaucoup d'éléments intéressants, dans le REAFIE,
il y a des choses à parfaire, mais, en fait, le règlement qui édicte la mise en
oeuvre du REAFIE va permettre ces ajustements-là au fil du temps. Donc, le
projet de loi qui arrive actuellement, il faut absolument le voir dans un processus
d'urgence d'une relance et pas une comme une façon de faire les choses différente
de celles qui ont été planifiées, là, au cours des dernières années.
Mme LeBel : Oui. Bien, vous
avez tout à fait raison, le REAFIE, le projet de loi n° 44, je pense,
également, qui revoit ou, en tout cas, qui rajoute des pouvoirs au ministre de
l'Environnement, ça, c'est dans une perspective <à longue... >à
grande échelle, si on veut. Le projet de loi n° 66, votre lecture est
excellente, puis je prends l'occasion pour le réitérer parce que je veux le
faire à chaque fois que j'ai l'occasion de le faire, se veut une mesure
temporaire dans une situation unique et urgente qui est une pandémie mondiale
qu'on vit tous. Donc, effectivement, les mesures qui nous permettent quand même
d'accélérer de façon différente de ce que le REAFIE peut permettre sont ciblées
sur 181 projets.
Donc, je comprends que, pour vous, à tout
le moins, c'est impératif qu'on limite au plus petit nombre de projets
possibles, donc aux 181 projets dans la liste. Et là je ne suis pas sûre
que les 181 en auraient besoin, mais <on sait… >vous savez
comme moi que ce n'est pas nécessairement les 181 qui vont bénéficier des
mesures d'accélération en environnement.
Je vais peut-être aller sur vos recommandations,
puis vous permettre un peu plus d'élaborer, parce que vous avez peut-être
manqué un peu de temps, puis je veux vous permettre quand même de développer :
«Exempter un projet aux exigences environnementales uniquement pour des raisons
exceptionnelles». Je suis certaine que vous avez vu que la procédure
d'exemption du BAPE qui est dans le projet de loi ne concerne que deux projets,
n'a aucune... en tout cas, vous me direz si vous pensez qu'il y a une ouverture
dans le projet de loi, et je vais m'assurer de refermer la porte, mais qu'il
n'y a pas d'autre projet de la liste des 181 qui peut bénéficier de cette
procédure de soustraction, là, au BAPE. Donc, c'est la 30 et la 117. Donc, <pour
vous, >est-ce que c'est clair pour vous que ce sont ces deux seuls
projets ou vous pensez que, dans le projet de loi, dans l'écriture du projet de
loi, pas dans mes intentions, mais dans l'écriture du projet de loi, il y a une
ouverture à plus de projets que ceux-là? Je vais commencer par ça.
M. Vaillancourt (Martin) :
Oui, l'article est très clair, là, ça concerne les deux projets autoroutiers
qui sont des projets d'envergure et qui sont des projets qui peuvent avoir des
impacts environnementals, là... environnementaux, là, pardon, puis je comprends
très bien la différence, dans les 181 projets, ils n'ont pas tous un
impact équivalent sur l'environnement. Ces deux-là, par contre, sont
susceptibles d'en avoir. Pour la 117, on est au fait, là, des questions de
sécurité qui entourent ces voies-là. Dans le cas de la 30, on a besoin de mieux
comprendre pourquoi le gouvernement cherche à <soustraire...
M. Vaillancourt (Martin) :
...sur l'environnement. Ces deux-là, par contre, sont susceptibles d'en
avoir. Pour la 117, on est au fait, là, des questions de sécurité qui entourent
ces voies-là. Dans le cas de la 30, on a besoin de mieux comprendre pourquoi le
gouvernement cherche à >soustraire ce projet-là en particulier au BAPE,
mais le... puis on comprend bien la portée du projet, là, c'est-à-dire
d'élargissement pour un service de transport en commun, mais, parfois, de ne
pas procéder à la discussion lors d'une consultation publique, là... En fait,
la consultation publique, c'est une étape de l'acceptation d'un projet, donc,
pour se soustraire à cette consultation-là, il faut avoir, là, je dirais,
d'excellentes raisons.
Mme LeBel : O.K. Mais,
pour vous, il n'y a pas de... c'est clair. Parce qu'il y a certaines ambiguïtés,
dans d'autres aspects, qui ont été soulevées par certains groupes, donc on va
s'efforcer de corriger le tir, parce que ce n'est pas les objectifs, mais, dans
ce cas-là, il n'y a pas d'ambiguïté pour vous. Vous pouvez être d'accord ou pas
d'accord, mais il n'y a pas d'ambiguïté à l'effet que ça ne concerne que deux
projets, la 30 et la 117?
M. Vaillancourt (Martin) : C'est
ce qui est écrit.
Mme LeBel : O.K.,
parfait.
M. Loranger (Sylvain) : J'avais
peut-être juste <, peut-être, >un petit commentaire, si vous
permettez.
Mme LeBel : Allez-y.
M. Loranger (Sylvain) : C'est
que, quand on regarde ... parce que, quand on parle en termes de nombre, de 1 à
180, c'est toujours un petit peu embêtant, parce qu'on peut avoir, mettons,
100 bâtiments, 100 écoles, 1 000 mètres carrés. Bien, si on
dit 100 écoles à 1 000 mètres carrés, ça fait 10 hectares
qui sont affectés, tandis qu'on a 10 routes qui vont affecter
1 000 hectares. <On ne... >Les échelles entre 10 et une
centaine d'écoles, ce n'est pas pareil. Donc, autrement dit, réfléchir en
termes d'espace parce que le nombre d'hectares affectés va affecter les
milieux. C'est là qu'on parle des milieux, l'environnement comme tel. C'est le
milieu de vie des gens, ça, je suis d'accord, mais c'est aussi le milieu
environnemental. Donc, c'est juste d'essayer toujours de contrebalancer ça
parce qu'on n'a pas toutes les données là-dessus.
• (15 h 20) •
Mme LeBel : Bien, ça va
me permettre peut-être de vous permettre d'élaborer sur une de vos
recommandations, qui est de conserver l'objectif zéro perte nette des milieux
humides. L'objectif du projet de loi n'est certainement pas de contourner la
loi sur... le principe du zéro perte nette n'est certainement pas de remettre
en question ou mettre en péril le principe de minimiser, éviter et...
Des voix
: Compenser.
Mme LeBel : Compenser, merci.
C'est pour voir si le reste de la classe écoute. Donc, éviter, minimiser et
compenser. Je ne sais pas pourquoi, c'est toujours le terme «restituer» qui me
vient, en terme, puis je bloque parce que je sais que ce n'est pas celui-là, là,
mais donc <ce n'est pas... >le but n'est pas, justement,
d'affecter ces objectifs-là et ces principes-là. On est venus nous souligner
qu'il y avait peut-être une ambiguïté à cet effet-là dans le projet de loi, est-ce
que... L'objectif de conserver l'objectif zéro perte nette dans les milieux
humides, on le partage. D'ailleurs, quand un milieu humide est affecté, on
passe tout de même par le processus de l'autorisation ministérielle, il n'est
pas dans le processus de la déclaration de projet tel qu'il est institué dans
le projet de loi n° 66.
Est-ce que vous avez un endroit, un
article qui vous <permet de...
Mme LeBel : ...
D'ailleurs,
quand un milieu humide est affecté, on passe tout de même par le processus de
l'autorisation ministérielle, il n'est pas dans le processus de la déclaration
de projet tel qu'il est institué dans le projet de loi n° 66.
Est-ce que vous avez un endroit, un
article qui vous >permet de penser qu'il y a une ambiguïté sur cet objectif-là,
qu'on pourrait peut-être revoir ou réétudier pour s'assurer que le message est
très clair sur la conservation des milieux humides et hydriques? Parce que ça
fait partie de votre recommandation, là, conserver l'objectif zéro, qu'on
partage.
M. Vaillancourt (Martin) :
Oui. Bien, je suis heureux de l'entendre, là, que, pour vous, c'est très clair
et que le projet de loi, d'après vous, là, n'affecte pas cet objectif-là. En
fait, quand on lit les projets de loi, c'est toujours en référence avec une
ancienne loi puis des articles qui se substituent. On a peut-être eu une
compréhension plus pointue, là, sur cet élément-là.
Pour nous, d'accélérer un projet, c'est
justement de ne pas passer par-dessus, là, les règles environnementales de
base. La protection des milieux humides… sont des milieux très importants, là,
pour la biodiversité sur nos territoires. Donc, si vous nous confirmez qu'on
n'ouvre pas la porte à une perte nette des milieux humides, <que les... >qu'ils
seront au mieux évités, sinon compensés, je pense qu'on peut faire un bout… pardon,
un bout de chemin avec ça.
M. Loranger (Sylvain) : J'ai un
autre petit commentaire là-dessus, si vous permettez.
Mme LeBel : Oui,
M. Loranger, allez-y.
M. Loranger (Sylvain) : C'est
que tout est dans l'application, hein? C'est sûr que la loi, je pense, les règlements,
je pense que c'est un bon pas, là. Le problème, dans certains milieux, <c'est
que, >quand on veut compenser, quand on est rendus au niveau de
compenser, c'est qu'il n'y a plus de milieu, il n'y a plus de terrains qui
permettent une compensation adéquate et une reconstruction adéquate. C'est là
que le bât blesse, c'est qu'à un moment donné on veut bien, on a les sous, on a
fait... on a utilisé la formule, on a un montant intéressant, 2 millions,
10 millions, mais il n'y a pas de terrain. Ça fait que ça, c'est l'autre
question, c'est qu'il faut essayer de voir au-delà puis s'assurer qu'on va
pouvoir se rendre jusqu'au bout <avec la... >si on a à
reconstruire un milieu.
Mme LeBel : Mais,
M. Loranger, puis loin de moi de vouloir contester cette prémisse-là,
parce que je pense que vous avez raison, c'est important que la compensation
soit effective, donc qu'on soit à même de la faire, mais ça, c'est dans les
règles actuelles. Cet enjeu-là existe, là. Si on enlève le projet de loi
n° 66 de la table, ce que vous venez de me dire, ça existe dans la loi
actuelle. Ce n'est pas le projet de loi n° 66 qui vient créer ça, là.
M. Loranger (Sylvain) : Non, c'est
pour ça, comme je disais tantôt, il faut regarder dans le rétroviseur, parce
que, dans le rétroviseur, on a un passif, on a un passé, on a des
infrastructures désuètes, on a plein d'affaires, <qu'on a >dans
notre panier, à régler, donc il ne faut pas en rajouter une couche. Puis, quand
on ouvre une boîte… bien, pas de Pandore, mais ça vaut la peine de regarder ça
attentivement pour <faciliter...
M. Loranger (Sylvain) : …
comme
je disais tantôt, il faut regarder dans le rétroviseur, parce que, dans le
rétroviseur, on a un passif, on a un passé, on a des infrastructures désuètes,
on a plein d'affaires, qu'on a dans notre panier, à régler, donc il ne faut pas
en rajouter une couche. Puis, quand on ouvre une boîte… bien, pas de Pandore,
mais ça vaut la peine de regarder ça attentivement pour >faciliter dans
un cadre accéléré pour que ça se fasse bien. C'est juste ça.
Mme LeBel : Non, mais je
comprends très bien, mais je veux juste, quand même, qu'on parle des mêmes
choses. Vous savez, je ne le dirai peut-être pas de la bonne façon, mais <on
a, >nous, dans le monde juridique, on dit toujours que la procédure est
au service de la loi et non pas l'inverse, donc, pour moi, les processus sont
au service des normes, mais on peut accélérer les processus, modifier les
processus sans atteindre les normes. Vous semblez, les groupes environnementaux
qui témoignent… Et moi, naturellement, ce n'est pas mon intention, et je
postule la prémisse contraire, c'est-à-dire qu'on ne veut pas opposer économie
et environnement et on prétend qu'on n'affecte pas les normes environnementales
et les notions de protection de l'environnement, mais qu'on vient accélérer
certains processus.
Donc, est-ce que vous pensez… Ce que
j'entends des groupes environnementaux, c'est ne touchez pas aux processus
parce que, nécessairement, toucher aux processus, c'est toucher à la norme. Et
je vais vous avouer, M. Loranger, même si mon intention n'est pas de toucher à
la norme, j'ai un petit peu de misère avec ce postulat de base là, parce que je
pense qu'on est capable, surtout dans une circonstance exceptionnelle, d'urgence,
unique, où on a besoin d'une réponse unique et pour 181 projets ciblés, je
pense qu'on est capables de faire les deux en le faisant correctement. Vous
avez raison, il faut quand même être rigoureux, il faut quand même être
vigilant, mais je pense qu'on peut agir sur les processus sans toutefois
rabaisser les normes. Et j'avoue que je respecte votre opinion, mais j'ai un
peu l'opinion contraire puis j'avoue que j'aimerais vous entendre élaborer un
peu là-dessus, parce que c'est un peu le postulat de base de tous vos
collègues.
M. Vaillancourt (Martin) : …
M. Loranger (Sylvain) : Non,
mais, si tu permets, Martin, l'idée, c'est que, quand on est sur une autoroute
puis qu'on roule à 100 kilomètres parce qu'on a le droit, quand on est
dans une zone de travaux où il y a des cônes rouges, il ne faut pas accélérer.
C'est juste ça, là, c'est juste qu'il faut tenir compte des contextes dans
lesquels on fonctionne, c'est un peu…
Puis j'avais une discussion de presque
1 h 30 min avec le maire de Laval, la semaine passée, puis on en
a discuté, de ces choses-là, des milieux, des… des milieux humides, des milieux
naturels. Et je pense qu'avec la discussion on comprend les contextes, on
essaie de s'ajuster. Et c'est sûr que c'est des gros bateaux, le gouvernement,
c'est un gros bateau, ça ne vire pas à 90 degrés, mais <c'est >quand
on le force à virer, il faut juste s'assurer que le quai est capable de prendre
la pression. C'est juste ça.
Mme LeBel : Je comprends très
bien. Peut-être, il reste un petit point, puis j'ai encore peu de temps, mais «réduire
la durée des mesures d'accélération qui sont actuellement fixées à cinq ans»,
vous proposez de les réduire à trois ans, je ne suis pas fermée à réfléchir à
cette option-là. Comme les mesures ne s'appliquent quand même qu'aux 181
projets, qu'elles <soient…
Mme LeBel : …
Je
comprends très bien. Peut-être, il reste un petit point, puis j'ai encore peu
de temps, mais «réduire la durée des mesures d'accélération qui sont
actuellement fixées à cinq ans», vous proposez de les réduire à trois ans, je
ne suis pas fermée à réfléchir à cette option-là. Comme les mesures ne
s'appliquent quand même qu'aux 181 projets, qu'elles >soient… On aurait
pu, même, ne pas mettre de durée temporelle, vous comprenez? On aurait pu dire
les mesures sont applicables au projet jusqu'à la fin du projet, donc le projet
a le droit à cette mesure-là tant qu'il existe. On a décidé quand même d'y
mettre une fin, c'est-à-dire que, si un projet x sur la liste n'a pas utilisé
une des mesures, parce qu'il y a quatre domaines, là, mais ça inclut l'environnement,
une des mesures dans les cinq ans, bien, même s'il arrive à cinq ans et un jour
puis il dit : Eh! Moi, j'aurais besoin de la mesure numéro je ne sais pas
trop, bien, on va dire, bien non, tu aurais dû l'utiliser dans les cinq ans.
Donc, on aurait pu dire elles s'appliquent au projet. Mais vous, pourquoi vous
pensez que c'est pertinent de réduire?
Le Président (M. Simard) :
Très, très rapidement, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Excusez, j'ai pris
trop de temps.
M. Loranger (Sylvain) : Martin.
Le Président (M. Simard) : Alors,
on le saura une prochaine fois, malheureusement. On le saura une prochaine fois
parce que le temps qui vous est imparti, pour la section gouvernementale, est
révolu. Et je cède maintenant la parole au député de La Pinière, qui dispose
quant à lui de 10 min 40 s. Excusez-moi à nouveau, hein,
M. Loranger.
M. Barrette : Alors,
M. Loranger… et c'est Vaillancourt, hein, c'est ça?
Le Président (M. Simard) : Loranger
et Vaillancourt, oui.
M. Barrette : Oui. Alors,
M. Loranger, j'ai une question purement environnementale, là. Admettons
que je me mets dans vos souliers, là, puis que j'essaie de bien comprendre la
portée des interventions des groupes environnementalistes, ce n'est pas une
critique, là, quand vous regardez le projet de loi… Mme la Présidente du Conseil
du trésor nous dit et va nous redire, à l'étude détaillée, à l'adoption du
principe, puis ainsi de suite, qu'on ne change pas les normes. Or, les normes
en matière environnementale exigent qu'on regarde tout l'impact environnemental
au moment de faire des travaux. Et, quand on regarde de la manière que c'est
construit, le projet de loi n° 66, un, on change des projets de catégorie,
donc, techniquement, on les met dans une autre norme, et, pour d'autres
projets, on permet le début des travaux puis de faire certaines évaluations
plus purement — puis je vais peser mes mots, là — biologiquement
environnementales… d'être faites pendant les travaux. Vous ne trouvez pas que c'est
une manière de changer la norme, ça?
• (15 h 30) •
M. Loranger (Sylvain) : C'est
à moi qu'on s'adresse? Écoutez, la norme existe, les règlements existent, je
veux dire, le législateur, je pense, fait tout son possible pour faire quelque
chose qui soit cohérent, mais, ceci dit, une norme doit être appliquée. C'est
qu'il faut l'appliquer. Des fois, c'est juste… je l'ai dit tantôt, c'est au
niveau de l'application. On ne parle pas de l'esprit d'une norme, on parle de… pour
moi, c'est au niveau de l'application qu'on parle, là, ce n'est pas le
changement de la norme. Les normes existent et peuvent être modifiées. Le
gouvernement a le droit de faire les règlements qu'il veut, là, mais c'est de
les appliquer puis qu'ils soient conformes…
15 h 30 (version révisée)
M. Loranger (Sylvain) : …des
fois, c'est juste… je l'ai dit tantôt, c'est au niveau de l'application. On ne
parle pas de l'esprit des normes, on parle de… Pour moi, c'est au niveau de
l'application qu'on parle, là, ce n'est pas le changement de la norme. Les
normes existent et peuvent être modifiées. Les règles… Le gouvernement a le
droit de faire les règlements qu'il veut, là, mais c'est de les appliquer et
qu'ils soient conformes…
M. Barrette : Bon, bien, je
m'en vais la reposer différemment, là. Est-ce que l'application de la norme est
faisable tel que son esprit l'avait… tel que l'esprit du législateur l'avait
écrite initialement?
M. Loranger (Sylvain) : Ça
dépend quelle norme.
M. Barrette : Regardez, moi,
là, quand je regarde le projet de loi et qu'on permet de commencer les travaux
et de faire l'évaluation purement environnementale... biologique, là, de
l'environnement, pendant les travaux, vous ne trouvez pas qu'on perturbe les
travaux avant de pouvoir faire l'évaluation qui permet ou non de perturber les <travaux…
>ll'environnement?
M. Loranger (Sylvain) : Bien,
peut-être, Martin, est-ce que tu pourrais préciser la pensée là-dessus? Parce
que, moi, je ne suis pas assez au fait de…
M. Vaillancourt (Martin) :
D'accord. Je vais tenter une réponse, M. le député. En effet, on a… le
regroupement national a des préoccupations sur les assouplissements
environnementaux, ça en fait partie, c'est-à-dire des éléments du projet qui
auraient dû se faire en séquence pour prendre les bonnes décisions, qui sont
faits en parallèle pour être accélérés.
Après ça, c'est peut-être possible de
faire les choses en parallèle dans certains cas. La ministre l'a dit, dans les
181 projets, à notre avis, la grande majorité ont un très faible impact
environnemental. Donc, d'avoir un contrôle environnemental en parallèle de la
construction d'une maison des aînés, a priori, on juge que c'est possible.
Pour des projets de plus grande envergure,
par exemple, les projets d'infrastructure routière, là ça pose effectivement un
certain défi. Et lorsque, dans deux cas, on les soustrait au BAPE, ça devient,
en effet, là, plus problématique.
M. Barrette : O.K. Là, je vais
y aller parce que... vous, vous avez cette approche-là, je l'ai aussi, je
profite de vous, là, parce que vous avez parlé en ces termes-là. Quand vous… Il
y a 57 projets routiers, là. O.K.? Il y en a une cinquantaine, c'est ça.
Quand on enlève les 57, il reste le reste. Est-ce que, vous qui les avez
regardés un par un, là, vous considérez que les autres, à part les projets
routiers, là, sont des projets à risque environnemental mineur ou inexistant?
M. Vaillancourt (Martin) :
Tant et aussi longtemps qu'on construit des écoles et des maisons des aînés
dans des périmètres urbains puis qu'on n'utilise pas les clauses d'exception
pour les installer à l'extérieur des périmètres urbains, je pense que les
risques sont limités.
M. Barrette : Alors, à ma
connaissance, c'est le cas pour les maisons des aînés. Il y en a peut-être une
à quelque part, là, mais moi, j'ai fait le tour, là, puis elles sont toutes en
périmètre urbain. Les écoles, par définition…
M. Vaillancourt (Martin) : Ça
devrait l'être aussi.
M. Barrette : Sauf exception,
là. Et puis on peut toujours… ça doit arriver, là, <mais…
M. Vaillancourt (Martin) :
...urbains, je pense que les risques sont limités.
M. Barrette : Alors, à ma
connaissance, c'est le cas pour les maisons des aînés. Il y en a peut-être une
à quelque part, là, mais moi, j'ai fait le tour, là, puis elles sont toutes en
périmètre urbain. Les écoles, par définition…
M. Vaillancourt (Martin) :
Ça devrait l'être aussi.
M. Barrette : Sauf
exception, là. Et puis on peut toujours… ça doit arriver, là, >mais ça
va être rare, ça va être un projet. Les projets de la SQI, ils sont déjà
urbains. Les palais de justice et compagnie, là, ils ne sont pas en campagne. Ça
fait qu'il reste les projets routiers. C'est ça qu'il reste. Ce n'est pas
compliqué, là, c'est MSSS, MTQ, SQI, ministère de l'Enseignement. C'est tout,
là.
Maintenant, quand on arrive à MTQ, là,
puis là je zoome, là, tranquillement, pas vite, là, tout ce qui est réfection
et reconstruction d'un pont, par exemple — il est là, le pont, là, on
le reconstruit, là — pour vous, là, y a-tu vraiment un risque
important sur le plan environnemental ou... c'est un risque maximalement
minime? C'est une formule particulière, là, je vais en convenir, là. Mais
est-ce qu'on a besoin d'un BAPE bien élaboré pour reconstruire le pont
Gédéon-Ouimet? Puis, si vous n'êtes pas de Montréal, ça ne vous dira rien, là,
mais... Vous êtes d'où, monsieur?
M. Vaillancourt (Martin) :
Sylvain, veux-tu répondre à...
M. Loranger (Sylvain) :
Écoutez, il y a des... Il y a des ponts, là, pour lesquels c'est évident qu'il
y a des impacts appréhendés majeurs, que ce soit une frayère en dessous, que ce
soient des milieux humides autour. Bon, c'est certain qu'il y a une analyse qui
doit être faite de façon préalable. Si on parle d'un ruisseau, même un
ruisseau, il y a des contraintes. Même un ruisseau qu'on ne connaît pas, il
faut l'évaluer. Donc, à un moment donné, ça prend des études préalables.
M. Barrette : Oui, mais,
M. Loranger...
M. Loranger (Sylvain) :
Ça fait que faire en parallèle des choses, oui.
M. Barrette : M.
Loranger, le pont, il est là, là, O.K.? Le pont Gédéon-Ouimet, là, c'est entre
les deux rives de l'île de Montréal, là. Il va falloir le reconstruire, là. C'est
que l'étude, elle va faire quoi? Elle va faire qu'on va mettre des filets en
dessous du pont? On va faire quoi? Je veux dire, il va se faire. Moi, j'essaie
de...
Quand vous nous dites, les groupes
environnementaux, qu'il y a un impact à prolonger la 25, la 73, ça, je suis
d'accord avec vous. Je ne comprends pas... Je comprends. C'est purement
électoral. Qu'on extraie de l'évaluation du BAPE la 117, c'est une évidence.
Celle-là, là... S'il y a un projet dans les 181 qui a obligatoirement un impact
environnemental, c'est la 117. Et nous, au Parti libéral, on est pour la 117.
Mais, par définition, n'importe qui qui est passé par là, là, sait qu'il va y
avoir un impact et environnemental et d'expropriation, on l'élargit à quatre
voies.
La 25, c'est la même affaire. La 25,
l'impact environnemental est multiplié par la décision de la ministre des
Affaires municipales de changer le schéma d'aménagement urbain. La 25, là, ça
va être prolongé et ça va arriver dans un bouquet de villes dont on va doubler
la surface urbaine. C'est hallucinant, cette mesure-là. Et évidemment, ça, ça a
un impact environnemental majeur. Pas juste la 25, là, tout ce qui vient avec.
C'est incroyable, ce qui se fait là. C'est de la politique comme normalement on
ne devrait pas faire, <mais...
M. Barrette : ...de
villes
dont on va doubler la surface urbaine. C'est hallucinant, cette mesure-là. Et
évidemment, ça, ça a un impact environnemental majeur. Pas juste la 25, là,
tout ce qui vient avec. C'est incroyable, ce qui se fait là. C'est de la
politique comme normalement on ne devrait pas faire, >mais c'est de
même.
Mais les autres projets, là, à part la
dizaine de projets, comment vous voyez ça? Moi, je veux vous entendre
là-dessus, là. Je prends le pont Gédéon... Puis, si vous n'aimez pas cet
exemple-là, ce n'est pas grave, là, je vais en prendre un que tout le monde ne
peut pas connaître dans la pièce, refaire le pont de l'île d'Orléans. Il va
tomber, à un moment donné, le pont de l'île d'Orléans, là, il va falloir en
refaire un autre. Comment peut-on imaginer qu'une étude environnementale de
cette structure-là va changer quelque chose? Moi, là, éclairez-moi parce que
c'est vraiment ça que j'aimerais avoir comme éclairage, là.
M. Loranger (Sylvain) : Il
y a peut-être... O.K., vas-y, Martin.
M. Vaillancourt (Martin) :
Oui. En fait, ça va changer quelque chose. Ça va changer quelque chose dans la
réalisation de la réfection du pont. À partir du moment où ceux qui vont être responsables
de l'analyse environnementale vont amener des précisions sur les courants, les
sédiments susceptibles d'être mis en suspension, ceux qui seront les maîtres
d'ouvrage par la suite vont prendre les précautions qui s'imposent. Mais
l'environnement ou les normes environnementales n'empêcheront pas de remplacer
le pont de l'île d'Orléans, ils vont juste faire en sorte que le chantier va
être de meilleure qualité.
Puis, quand on parle de respect des
normes...
M. Barrette : Bien, je
suis d'accord, regardez, je suis d'accord avec vous, je vous accorde ça. Puis
je ne peux pas vous accorder rien, là, mais vous avez tout à fait raison dans
ce que vous dites, là. C'est juste que les techniques de protection de l'environnement
dans la construction, là, ou la rénovation, la réfection d'un ouvrage existant,
elles sont connues, là. Les exemples que vous donnez, là, les sédiments, et ainsi
de suite, là, bon, elles existent, ces techniques-là. Si vous me dites : Il
faut s'assurer que les techniques que l'on connaît pour protéger... On le sait,
là, on remue les sédiments, et ainsi de suite, puis ça peut avoir un impact en
aval, on s'entend là-dessus, mais ces techniques-là sont connues. Donc, là, ça
devient une question de s'assurer que les techniques que l'on connaît soient
mises en application pour tel et tel projet, mais ça ne remet pas en cause le
projet.
Ça fait qu'à la fin de l'exercice de
réflexion, là, il y a une dizaine de projets pour lesquels on fait ce projet de
loi là. Le reste, on est capables de le faire sans ça.
M. Loranger (Sylvain) : Tu
sais, c'est comme...
M. Vaillancourt (Martin) : On
partage le fait qu'il y a plusieurs projets qui n'ont pas de besoin de figurer
à l'annexe puis qui pourraient se faire très bien sans mesures d'accélération
particulières.
M. Barrette : C'est mon point.
Ça fait qu'on est contents de vous rencontrer pareil, mais là je n'ai plus de
temps. C'est pour ça que je vous dis que je suis content de vous avoir
rencontrés.
Le Président (M. Simard) : Il
vous restait quelques secondes, hein? Bien. Alors, je cède maintenant la parole
au député de Rosemont. Cher collègue, vous disposez de
2 min 40 s.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. M. Vaillancourt, M. Loranger, merci d'être là encore une
fois, puisqu'on s'est vus aussi il n'y a pas si longtemps. Vous avez eu une
conversation tout à l'heure peut-être plus philosophique qu'autre chose, en
tout cas, certainement rhétorique avec la présidente du Conseil du trésor quant
à... Le processus et la norme, la norme ou le processus, là, c'est un peu la <poule…
M. Marissal : ...M.
Loranger,
merci d'être là encore une fois, puisqu'on s'est vus aussi il n'y a pas si
longtemps. Vous avez eu une conversation tout à l'heure peut-être plus
philosophique qu'autre chose, en tout cas, certainement rhétorique avec la
présidente du Conseil du trésor quant à... Le processus et la norme, la norme
ou le processus, là, c'est un peu la >poule puis l'oeuf, là, finalement.
Et la présidente du Conseil du trésor vous dit : On change le processus,
mais pas la norme. <Mais... >O.K., j'accepte cette prémisse. Et
changer le processus ne change pas la norme, mais ça change la capacité de
faire respecter la norme, non? Si on change le processus en amont, il est
possible que ça change la capacité d'atteindre la norme.
M. Loranger (Sylvain) : Ça
devient une question justement rhétorique à un moment donné... (panne de son)
• (15 h 40) •
M. Marissal : Oups!
M. Loranger (Sylvain) : Tu
sais, c'est... on ne peut pas arriver à quelque chose. Est-ce qu'on m'entend?
Oui?
M. Marissal : Je vous ai
complètement perdu pour un problème technique, M. Loranger. M. le
Président, est-ce qu'on peut reprendre cette partie, là, s'il vous plaît? J'ai
complètement raté la réponse.
Le Président (M. Simard) : On
va comptabiliser le temps en conséquence.
M. Marissal : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Donc, M. Loranger, je crois que la qualité de la communication est
revenue. M'entendez-vous correctement?
M. Loranger (Sylvain) : Oui, très
bien. Je suis toujours en onde.
Le Président (M. Simard) :
Alors, nous allons poursuivre avec le député de Rosemont. M. le député,
veuillez poursuivre. Il vous reste 1 min 40 s, cher collègue.
M. Marissal : Oui, très bien.
Alors, reprenons. J'ai complètement loupé votre réponse. L'écran a gelé, puis
ensuite il y a eu de la friture sur la ligne. Pouvez-vous <répondre... >répéter
votre réponse? Merci.
M. Loranger (Sylvain) : Bien, écoutez,
oui. Est-ce que vous m'entendez bien?
M. Marissal : Oui, je vous
entends. Allez-y.
M. Loranger (Sylvain) : Est-ce
que vous m'entendez? Oui? O.K. Bon. Vous parlez de rhétorique. Effectivement,
quand on parle de processus, norme, quand on n'établit pas... on ne discute pas
d'une norme précise et du processus précis de cette norme-là, ça devient un sac
fourre-tout, on ne sait plus de quoi on parle. Pour moi, il faut vraiment
regarder de quoi... vraiment ce qui... Je ne veux pas noyer le poisson ici,
mais je ne veux pas qu'on en fasse une généralité sur quelque chose qui est
général déjà.
M. Marissal : Considérant
votre spécialité, ce serait quand même gênant de noyer un poisson. Mais je vais
revenir sur le côté éviter, minimiser...
M. Loranger (Sylvain) : Je
travaille plus... sol que sur l'eau, mais c'est correct.
M. Marissal : On va y aller un
à la fois, si vous voulez bien. Vous avez parlé tout à l'heure du concept, du
principe éviter, minimiser et compenser. Vous disiez : Oui, ça se peut,
puis, des fois, il y a de l'argent dans la cagnotte, le problème, c'est qu'il
n'y a pas de terrain pour compenser. Là, hier, il y a un témoin, je ne me
souviens plus lequel parce qu'on en a entendu un certain nombre depuis deux
jours, qui disait... ou un groupe qui disait : On va maintenant passer de
l'obligation de compenser dans la MRC à l'obligation de compenser dans la
municipalité, ce qui fait qu'évidemment on réduit beaucoup le territoire, donc
on réduit la possibilité de trouver un terrain.
Le Président (M. Simard) :
Conclusion.
M. Loranger (Sylvain) : Oui,
Martin, vas-y.
M. Vaillancourt (Martin) :
Oui. L'esprit de la loi, c'est de compenser dans un même bassin versant. Donc,
à partir du <moment...
M. Marissal : …
municipalités,
ce qui fait qu'
évidemment on réduit
beaucoup le territoire, donc
on réduit la possibilité de trouver un terrain.
Le Président (M. Simard) :
Conclusion.
M. Loranger (Sylvain) :
Oui, Martin, vas-y.
M. Vaillancourt (Martin) :
Oui. L'esprit de la loi, c'est de compenser dans un même bassin versant. Donc,
à partir du >moment où il n'y a pas de terrain à proximité, on devrait
pouvoir changer, à notre avis, d'échelle géographique en respectant, là, le
bassin versant d'où était issu le milieu humide.
M. Marissal : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, merci beaucoup. M. le député de Jonquière, vous disposez de
2 min 40 s.
M. Gaudreault : Oui,
merci beaucoup de votre présence. Moi, je ne veux pas vous amener sur des
détails ou sur de l'interprétation fine de frayères sous le pont de
l'Île-d'Orléans, là.
Dans le fond, ce que vous dites, c'est que
vous croyez fondamentalement qu'il faut relancer l'économie, mais que la
manière dont se prend le gouvernement n'est pas la bonne. Moi, ce que je trouve
intéressant dans votre mémoire, c'est que vous faites des propositions
alternatives : exemple, lancer un chantier de l'eau propre; exemple,
décontamination des sols; exemple, maintien des actifs routiers au lieu de
développer de nouvelles capacités routières.
Alors, j'aimerais ça, là, avec le temps qu'il
nous reste, là, c'est moins de deux minutes, là... parlez-nous de vos
alternatives pour qu'on puisse convaincre le gouvernement de changer son capot
de bord puis qu'il embarque enfin dans le XXIe siècle.
M. Vaillancourt (Martin) :
D'accord. Comme je l'ai mentionné en introduction, là, il y a énormément
d'États puis de pays qui font le choix de passer par les infrastructures pour
relancer leur économie.
On a, au Québec, des infrastructures, dans
certains cas, qui sont désuètes, qui rendent des services importants à la population,
qui participent à la qualité de vie des populations. Donc, ces infrastructures-là
ont fait l'objet de désinvestissements au fil du temps, et on a une occasion, actuellement,
avec les sommes qui sont rendues disponibles par la nécessité de, justement,
stimuler cette économie-là, d'investir. Et ce qu'on propose : soit
d'investir, en prévision des changements climatiques ou sur les effets déjà
sentis par les changements climatiques, sur l'état de désuétude des systèmes de
traitement des eaux et sur le passif environnemental que sont nos sols
contaminés, donc, énormément de chantiers qui, à eux seuls, se chiffrent, là, à
plusieurs milliards de dollars, donc.
Et on comprend, là, quand on... ce sont
les mêmes travailleurs, là, c'est la même industrie de la construction qui est
responsable de l'amélioration de ces infrastructures-là. Donc, cet investissement-là
nous permettrait à la fois de donner un sérieux coup de fouet à l'économie et
aussi de s'attaquer à un problème environnemental qui, si on ne le fait pas maintenant,
va demeurer, de toute façon, et on devra le faire.
M. Gaudreault : Exact.
Alors, pourquoi le gouvernement actuel, et la ministre en particulier, refuse
de faire un chantier de l'eau propre au Québec, selon vous?
M. Vaillancourt (Martin) :
Je ne voudrais pas prêter d'intentions à Mme la ministre. Les chantiers
d'aqueduc et d'égouts ne sont jamais des... En fait, c'est plus intéressant
d'inaugurer une école, là. Ça, c'est... Tout le monde préfère une école.
M. Gaudreault : De couper
un ruban de route que de couper un ruban <d'égout...
M. Vaillancourt (Martin) :
…je ne voudrais pas prêter d'intentions à
Mme la ministre. Les chantiers
d'aqueduc et d'égouts ne sont
jamais des... En fait, c'est plus
intéressant
d'inaugurer une école, là. Ça, c'est...
Tout le monde préfère une école.
M. Gaudreault : De
couper un ruban de route que de couper un ruban >d'égout.
M. Vaillancourt (Martin) : Par
exemple. Mais c'est une image, là. Dans les deux cas, les infrastructures sont
essentielles, et il devrait y avoir autant de rubans coupés dans les égouts que
dans les écoles.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Vaillancourt (Martin) : Mais
c'est un choix, après.
M. Gaudreault : Merci.
M. Vaillancourt (Martin) :
Merci à vous.
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. Vaillancourt, M. Loranger, du Regroupement national des
conseils régionaux de l'environnement du Québec, merci pour votre contribution
à nos travaux.
Sur ce, nous allons suspendre
momentanément, le temps <de nous… >de faire les liens qu'il faut
avec nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 15 h 46)
(Reprise à 15 h 52)
Le Président (M. Simard) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux. Et nous
avons l'honneur de recevoir le chef Ross Montour, accompagné de M. Walsh.
Alors, chef, c'est un honneur que de vous recevoir parmi nous. Merci d'avoir répondu
à notre invitation. Et nous vous écoutons.
M. Montour
(Ross) : I thank you also for the opportunity
to be able to express our concerns here today. And therefore, I'll start.
Again, greetings from the Mohawk Council of Kahnawake. We're here today to
provide the position of the Mohawks of Kahnawake on Bill 66. My name is Ross
Montour, the council chief responsible for the Indigenous Rights and Research
portfolio. This includes the responsibility to exercise the implementation of
the Crown's duty to consult and to accommodate. As you know, I'm here with
Francis Walsh, who's our legal council for MCK, and he will be able to respond to
any technical questions you might have at the end of my presentation.
I refer you to our letter
of October 19th that we sent to Premier Legault, and this committee indicating
our opposition to Bill 66 for a more detailed explanation of the issues we have
identified. Three main aspects of the bill are unacceptable to the MCK, namely
the lack of respect and failure to protect our rights, including land rights,
Aboriginal rights and jurisdictional rights, failure to acknowledge the Crown's
consultation and accommodation obligations in attempt to advance projects
without the legislator triggers for the duty to consult, and, three, advancing
projects without the required environmental protections through the weakening
of procedural safeguards and protection standards.
In our griefs, we outline
Mohawks' rights that could be impacted by this bill, including our land title
rights, aboriginal rights, jurisdictional rights based on the Two Row Wampum Treaty
relationship and the rights… the Seigneury of Sault-Saint-Louis land grievance.
Our first concern is associated with the bill's potential impact on these
rights. Many of the projects listed are taking <place…
M. Montour (Ross) :
…Aboriginal rights, jurisdictional rights based on the Two Row
Wampum Treaty relationship and the rights… the Seigneury of Sault-Saint-Louis
land grievance. Our first concern is associated with the bill's potential
impact on these rights. Many of the projects listed are taking >place on our traditional territory, Montréal and Montérégie regions, within our SSSL land grievance lands and,
in the case of the Mercier bridge project, even directly on Mohawk territory of
Kahnawake.
Bill 66 does not
consider indigenous land rights, for example, in allowing accelerated
expropriation procedures or access to lands in the domain of the state. With
respect to MCK's jurisdictional rights, we have requested the removal of the
Mercier bridge reconstruction project from this legislation. The application of
this legislation to this specific project is contrary to the memorandum of
understanding concluded between our two governments for this project. According
to the terms of this memorandum…
(Interruption)
M. Montour (Ross) : …the parties recognized the realization of the project may have an
impact and require access to Kahnawake's territory and locations, where Aboriginal
rights, including aboriginal fishing rights, are exercised.
A special committee has
been established with the objective to ensure that a collaborative approach is
adopted on a nation-to-nation basis throughout the realization of all project
activities. The parties agreed that the special committee will be responsible
to ensure that a… consultation and accommodation process be completed as one of
the means to fulfill the committee's objectives. The parties shall adopt a
joint collaborative approach on how to conduct environmental assessment and
monitoring activities, notably with the inclusion of representatives appointed
by the Kahnawake Environment Protection Department.
Now, this project is
taking place on Mohawk territory and is subject to Mohawk jurisdiction and
requirements. Québec's
continued inclusion of this project in the schedule to the new bill not only
undermines the commitments undertaken in the memorandum of understanding, but
it is a violation of the Two Row Wampum Treaty relationship and the principle
of non-interference.
There is already a high
level of dissatisfaction among indigenous communities about how the Government of Canada discharges the duty to consult and accommodate. The current
legislative and regulatory frameworks are deficient when it comes to indigenous
consultation. It is also concerning to hear from some of the groups that have testified
before this committee that are… lowering the environmental standards in
processes, including those that want the measures outlined in the bill to
become permanent or the wish to have expand authority to add projects that can
benefit from these less rigorous procedures.
What is fundamentally
missing from the <discussions…
M.
Montour (Ross) :
…the environmental
standards in processes, including those that want the measures outlined in the
bill to become permanent or the wish to have expand authority to add projects
that can benefit from these less rigorous procedures.
What is fundamentally
missing from the >discussions is an
understanding of what the role of project reviews and environmental
authorizations are in the context of indigenous consultations. We have heard
that we should not worry because similar environmental
documentation will still be required or that the only thing that changes with
Bill 66 is a shorter pathway and that standards will be maintained. However,
this level of discourse has not addressed the substantive purposes of the
project reviews and authorization nor is this rational translate to the realm
of indigenous consultations.
The purpose of the
project reviews and authorization, generally, is to ensure that only some
projects move forward and that negative project impacts are avoided. When
avoidance is not possible, the objective is to mitigate. And when mitigation is
insufficient to previous impacts… to prevent, rather, impacts, impacts must be
compensated.
The process proposed by
Bill 66 does not allow for avoidance and mitigation. As Mr. …15.58.38 colorfully put it, the Bill 66 allows the… to squash the
frog first, and answer questions follow, whether they will be an environmental
impact, second. The same rational applies with even more force in the context
of consultation pertaining to potential impacts on indigenous rights. Avoidance
and mitigation must be prioritized, and any residual impacts must be
accommodated with indigenous consent.
It is also important to
understand that many aboriginal rights are site specific. So, in approach to
the law, for the impacts of the aboriginal right, first… consideration and
compensation, second if particularly inappropriate.
For example, if the site
has specific cultural, historical, or spiritual importance to indigenous
people, destroying that site and putting money into a fund to create a project
somewhere else is not adequate. Some impacts to indigenous rights simply cannot
be compensated nor can become… based on a one-for-one… laws or trade-off.
• (16 heures) •
Section 22 authorization
process under the Environment Quality Act are important legislated triggers that require the Government to consult indigenous governments. With Bill 66, many projects that are characterized as having
moderate impacts were no longer required in section 22 authorizations and will,
instead, only need the final project description…
16 h (version révisée)
M. Montour
(Ross) : …under the Environment Quality Act
are important legislative triggers that require the Government to consult
indigenous governments. In Bill 66, many projects that are characterized as
having moderate impacts will not longer require a section 22 authorization and
will instead only need to fill a project description and meeting the
obligations similar to those currently in place for projects that only require
declarations of compliance. This means that it's highly unlikely to receive any
consultation notices pertaining to these activities, even when these activities
are carried out in a manner that can impact our rights and interests. It is our
experience that activities subject to section 22 can have significant… on the
environment and on aboriginal rights, such activities have impacted the
integrity of our lands, our ability to carry out our aboriginal rights,
traditional land use activities, our health, our socioeconomic conditions and
the transmission of our language and culture.
<These are also… >There
are also various threats to indigenous consultation resulting from this bill
that we explain more fully in our brief, including removing indigenous
consultation safeguards for the project of …( and less time for meaningful iterative consultation processes to
take place used to reduce timeframes for ministerial review of impact
assessment statement. Considering the… it is unacceptable that there is no
mention of the Crown's consultation and accommodation obligations whatsoever,
even though the bill significantly… existing approval processes. Bill 66 should
be amended by specifying : one : who precisely is responsible to meet the duty
to consult and accommodate; two : what must be considered impacts to rights,
impacts to socioeconomic conditions of First Nations, impacts to cultural
heritage; and three : when the duty arises and is triggered, what procedural
phases require information sharing and which decisions require consultation and
accommodation.
In addition to not
considering indigenous consultation, the bill does not reflect the Mohawk
perspective to environmental protection. When considering the impact of the
bill in our territory, we base our decision making on respect for all parts of
the natural world, and our language refer to this concept as the (S'exprime dans sa langue). It means the
worlds that come before all else. It is the opening address that we use at all
gatherings, at schools, ceremonies, in the beginning and end of each day, to remind
us of the important responsibility we all share to ensure that the cycles of
life continue, and that reminds us that all of creation is sacred and
interconnected, and our responsibility to it. We acknowledge that every part of
the natural world has an importance, not only for the benefit it provides for
human survival, but also for the <role…
M. Montour
(Ross) :
...responsibility we all share
to ensure that the cycles of life continue, and that reminds us that all of
creation is sacred and interconnected, and our responsibility to it. We
acknowledge that every part of the natural world has an importance, not only
for the benefit it provides for human survival, but also for the >role they play within the web of life. This approach we take to
conservation efforts reflects… excuse me. The approach
we take to conservation reflects our jurisdictional and our custodial
responsibilities, and our… aboriginal rights as indigenous people in this
territory. The lands and waters are inseparable of who we are as the…
Given the current
ecological and climate crises we are now facing, we object to the lowering of
environmental standards that Bill 66 is going to allow. It is our position
that accepting the production of less rigorous documentation in support of
environmental authorisation requests will result in lower environmental
standards and inadequate indigenous consultation.
Wetlands are a key environmental
concern for us. In the context of wetlands, Minister LeBel spoke, on
Tuesday, of the fact that the authorizations remain required for works in
wetlands, and that no net loss principle will be respected. According to our
interpretation of the law, this isn't exactly true, destruction or alteration
of wetlands could be permitted without a certificate of authorization based on
big undertakings by projects… to restore wetlands to characteristics, quote,
unquote, «approaching original characteristics», without sufficient government
or indigenous assessment oversight or monitoring.
Secondly… environmental
groups explained yesterday, the legislation lowers the standard for accepting its
impacts wetlands and avoidance, so no longer needs to be rigorously done, demonstrated
to proceed. When an authorization is required, works in wetlands will also be
permitted based on the document it submitted in a characterization survey
instead of the more rigorous characterization study currently required, which
will also impact the quality of indigenous consultation. We also raise another
specific example of lowered environmental protection standards in the bill that
was outlined in our October 19 brief.
In light of the above,
once again, we call on you to meaningfully engage and, in consult of indigenous
nations, to inform the Government's response to the ongoing economic crisis in
a way that upholds indigenous people's rights and does not undermine our
nation-to-nation relationship. Specifically, this means involving indigenous
nations in drafting amendments to jointly and meaningfully address the concerns
highlighted above, notably regarding the implementations across legal duty to
consult and to accommodate. And <finally…
M. Montour
(Ross) :
...
and does not undermine our nation-to-nation relationship.
Specifically, this means involving indigenous nations in drafting amendments to
jointly and meaningfully address the concerns highlighted above, notably
regarding the implementations across legal duty to consult and to accommodate.
And >finally, to remove
the Mercier Bridge reconstruction project from schedule one and move forward
with the project based on a nation-to-nation relationship approach agreed to in
the... pertaining into the Mercier Bridge recommendation... excuse me,
reconstruction project. Thank you very much. Merci beaucoup.
Le Président
(M. Simard) : Merci à vous, chef Montour.
Je cède immédiatement la parole
à Mme la ministre, qui dispose
d'une période de 11 min 35 s.
Mme LeBel :Merci, M. le Président. Thank you, Chief
Montour, for your presentation, very lengthy
presentation. I will take the time to read, and review what you submitted by
writing, and analyze that carefully. So, be reassured in that sense. <I
just want... >And I want to ask you : Please, do not read in any of my
comments or questions any... a lack of respect for your concerns or an
intention to undermine our relationship, but I will maybe ask some questions
just to make sure that I understand correctly what are your propositions and
what are your concerns. So, please, do not doubt my respect, but sometimes we
have to ask a question just to make sure that we understand what you mean.
Bill 66, in four key
aspects, one of which is the environment, propose to accelerate certain processes
to have some gain of time. I understand... maybe we're going to talk more
extensively about wetlands, but I fail... And <this is not... >this
is because I want to understand. I fail to see how Bill 66 undermines the
consultation process, that I know that is going on for «le pont Mercier». Maybe
it's not to your satisfaction, but I know <there's... >there has
been conversations with the Government. I know we... You will continue to have
conversations on that project, and I think <that it's a... >that
we should continue to have those conversations nation-to-nation about the... «le
projet du pont Mercier», specifically.
But I have to admit that
the object of Bill 66 is not to put in place a process of consultation, but it
is not to put aside the consultation or the conversations that we have
nation-to-nation right now. So, I just want to understand, because I fail to
see how this undermines <this...
Mme LeBel :
...
66 is not to put in place a process
of consultation, but it is not to put aside the consultation or the
conversations that we have nation-to-nation right now. So, I just want to
understand, because I fail to see how this undermines >this process or prevent or forbid this
process. So, I want just to make sure to understand your thoughts on that
matter, please.
M. Walsh (Francis) : So, I guess the first issue is that Bill 66 doesn't really specify
a way to acceleration measures would be applicable to the Mercier Bridge
reconstruction project. So, already, there's a little bit of uncertainty there
in terms of what or how exactly the extent of the impact will be.
• (16 h 10) •
We currently… as the
chief mentioned, we do have a memorandum of understanding between the two governments. And, in that memorandum of
understanding, we outlined that that we would do the environmental review
process jointly, respecting the nation-to-nation relationship. So, for us, it's
very difficult to accept that the Government would legislate something that calls for a different or maybe a
shorter environmental review process without consulting with us first and
discussing whether or not we agree with that approach. So, that was interpreted,
by the chief here and the rest of the council, as being a breech of the
memorandum of understanding approach to the review process for the bridge
project.
So, we don't… we also
currently have a consultation work plan for that project that details all of
the different phases and steps of the project, and we don't have any information
currently on how the legislation would affect the carrying out or
implementation of the steps of that consultation work plan. So, that's another
issue.
So, you know, if we claim,
on one hand, to have a memorandum of understanding that says we are going to
advance on a nation-to-nation basis and that we're going to do everything
jointly, it's not really acceptable that we would have legislation imposed that
could perhaps modify the process without any direct consultation on that issue.
Mme LeBel : OK. I understand more what you meant then, OK, thank you. And, if
we talk about… more specifically about the environmental process. I understand
that, in the memorandum of understanding that you said that you have, you
propose maybe to have a different process that the actual law, but what you
say, it's like we have to have this conversation nation-to-nation to see how we
will evaluate the environmental impact of this project. Is that what you mean?
Just to make sure I understand what you say.
M. Montour
(Ross) : …the point is, for us, we have
already entered into an agreement with the QuébecGovernment, albeit not
with the current Government,
but there is an established memorandum of understanding which has developed
over time, negotiated over time to be able to move forward in projects in a way
that takes into account the concerns of our community. The fact that the
project itself takes place within the <territory…
M. Montour
(Ross) :
...which has developed over
time, negotiated over time to be able to move forward in projects in a way that
takes into account the concerns of our community. The fact that the project
itself takes place within the >territory of
Kahnawake is of a particular sensitivity and interest to the people of
Kahnawake. And so, the community is extremely, given our history of repeated
expropriations of our lands... takes... the need to have a nation-to-nation
relationship and respect for agreements made to be continued.
And I think, you know,
the... One point that should be born in mind, now, this is... We are not
opposed to, you know, the need
for economy, we're not opposed to... And we're not opposed to the
reconstruction of the Mercier Bridge, I think that's in the best interest of
your citizens as well as our own citizens, but that should not come at the
expense of what I deem to be our legitimate concerns with respect to that.
So, this is why we
particularly issued a strong advisement to remove that particular project from
the list of projects. It's already been discussed, it's already been
established that there is a working... and we should be able to follow through
in terms of that relationship. And that relationship does... your government and our government, it does us good.
Mme LeBel :Thank you for the
clarification. I have a little bit of time remaining, so I'm going to pass it
over to «mon collègue, le»… Ungava MNA, who has maybe some questions.
Le Président (M.
Simard) :Très bien. M. le députéd'Ungava, vous disposez de 4min 30 s.
M. Lamothe : «Quatre minutes», it's not a lot. M. Montour, M. Walsh. Just, Mr. President, before I go on that subject,
I just want to put a little personal note to MM. Montour and Walsh.
Me, when I think about Kahnawake, I think about the elite athlete
tradition in that «communauté». It starts in 1904 with Peter Deer, track and
field. He was in the Olympic Summer Game in St. Louis. Alwyn... Morris, excuse
me, in 1984, double medalist in kayak. Waneek Horn-Miller, athlete in water polo, who helped Canada in 2000, won in Japan...
to win the bronze championship medal. And she was in Sydney too in Summer Game.
So, I'm very impressed with that. And, when I think of Kahnawake,
it's that tradition. And I know that in la crosse, you have some young lads
coming, playing hard. So, I just want to congratulate your community on that,
the following. Like I know, the sport infrastructure in Kahnawake is top notch.
So, that impresses me a lot. Just to come back on a final note, I have <one...
M. Lamothe :
…you have some young lads coming, playing hard. So, I just want to
congratulate your community on that, the following. Like I know, the sport
infrastructure in Kahnawake is top notch. So, that impresses me a lot. Just to
come back on a final note, I have >one point in
common with the athlete, Mr. Morris and Simpson, I forgot
Bobby Simpson, who was draught by Atlanta Flames in 1976 and played NHL
for Atlanta, Saint-Louis and Pittsburgh. So, I just want to say that between
Mr. Morris and Simpson, I have one point in common with them, my age, 62.
Anyway. So, I'm very impressed with that. And, last year, I went to play golf
in Kahnawake, at the Guy Lafleur golf course, and I let some souvenir
there, 11 golf balls, where I lost between some bushes and water, so.
What you do today,
Mr. Montour, is very significative. You took the time to come and sit with
us, to talk to us very respectfully, and, for us, it's very important. It shows
your good faith, it shows that you're willing, you bring the issues you have
with that project. I know there's a committee involved right now with you, the Government and you, about those issues, and
I know that, next week, Mr. Lafrenière, the new Minister of Indigenous Affairs…
you will meet with him, and I strongly believe that we can work together on
that issue and some other issues too with the minding that you have to
communicate so respectfully, so honestly. And I strongly believe that's our
future : work together, take the time, establish an honest, respectful
communication. And I strongly believe that Kahnawake and QuébecGovernment are able to work together. And the way you do that today, you're an
example, Mr. Montour, I just want to congratulate you on that. And I know
that Mrs. LeBel, she likes sports too, and I know that… I'm sure she joins
me on that, my minding, my personal minding, but, like I said, every time I
think about Kahnawake, it's that sport tradition, and it impresses me a lot.
So, thank you for your
time, thank you for your understanding, your communication, example
communication, and, for me, like, it's a step to a bright future between QuébecGovernment and Kahnawake. Thank you.
Le Président (M.
Simard) : Merci à vous, M. le député. Je cède maintenant la parole
au député de La Pinière.
M. Barrette : Merci, M. le Président. Chief Montour, Mr. Walsh, welcome. Just to make things
clear as much as possible, is the issue that you're addressing today with us…
is it limited to Mercier Bridge or is it extending to other projects?
M. Walsh (Francis) : Yes. So, it's not limited to the Mercier Bridge, we have big
concerns that the removal of section 22 authorization requirements will
mean that we will get less consultation notices for projects <occurring
on the…
M. Barrette :
...limited to Mercier Bridge or is it extending to other projects?
M. Walsh (Francis)
:
Yes. So, it's not limited to the Mercier
Bridge, we have big concerns that the removal of section 22 authorization
requirements will mean that we will get less consultation notices for projects >occurring on the traditional territory in proximity to the Kahnawake territories, since a lot of the
projects are in the Montérégie
and the Montréal region. So
that's a big concern.
The other concern is
related to the actual lowering of the environmental standards through... for
example, not being required to produce as rigorous documentation in support of the project declarations. So, that's a big issue as
well.
M. Barrette : Maybe I was not expressing myself properly. I understand what your
concerns are and the subjects of your concerns, which are related to
environmental issues, but is it only about that single project, the
Mercier Bridge, or is it also about other projects on the list?
• (16 h 20) •
M. Montour
(Ross) : It is, Sir, it is about the other
projects that are on the list. We can cite the number of projects that we have
been actively involved in consulting with different proponents and government
agencies <with... >in good faith. And I have to be frank, at the
way things are now often leaves me feeling that the exercise is one of just
checking up boxes and that, already, we have a difficulty in terms of
expressing concerns in a way that will affect a... above of proper mitigation
and accommodation. So, already, it's not a perfect relationship.
The issue with the
Mercier Bridge, I mean, it is, I mean... that was an absolute minimum
expressed, and that one because it has a very particular impact on our
territory, that has... known as reserve number 14. The current accepted
boundaries of Kahnawake, it's here. And that is a really sensitive political situation in the community and that extents
beyond, say, the Mohawk Council Table, where we are sitting at right here
today. So, we have to bear that in mind.
The previous gentleman
who spoke, he said, he's 62, well, I'm 66, and, in my 66 years, I have seen
many things, including the St. Lawrence Seaway come to our territory and impact
our lives without any consultation. So, the concern that we have with the
current bill is that it will put us back in terms of that ability to have a
duty to consult in a meaningful way, it will put us back 50 years, so <that
is…
M. Montour (Ross) :
…consultation. So, the concern that we have with the current bill
is that it will put us back in terms of that ability to have a duty to consult
in a meaningful way, it will put us back 50 years, so >that is a concern. So, it's not just the one thing, but, please, that
one needs to, in our… as a show of good faith, even, to be removed.
M. Barrette : Thank you. I'm quite aware of the MOU and I'm quite… To be very
frank, as you are yourself, I'm quite disappointed that the process, until now,
has been done that way. The MOU is there for something, and there are things that
written in there. And, when you consider that a breach, I don't know the
details, but I understand your position. Now, that being said, I have a very
simple additional question before I leave the floor to my colleague. Bill 66 is
after Bill 61, were you consulted on Bill 61?
M. Walsh (Francis) : There is no consultation on Bill 61. We received a letter from the
Premier this summer saying that our concerns would be considered, but that was
all, that was in the letter. Unfortunately, we didn't have any discussions with
any government officials on how the concerns would be considered.
M. Barrette : The situation was even worse with Bill 61 in terms of consultation
with you.
M. Montour
(Ross) : Yes. We had no opportunity to speak
to it.
Le Président (M.
Simard) : Très bien.
M. Barrette : …and it's noted.
Le Président (M.
Simard) : Alright. M. le député de Mont-Royal.
M.
Arcand
: Chief Montour
and Mr. Walsh, good afternoon. One of my questions is trying to understand
exactly what the MOU means and the spirit of that MOU. Are we talking about
separate consultations with, for example, the Minister of Aboriginal
communities, are we talking about that? And are we talking about a number of
contracts in… let's say that we agree on the future Mercier Bridge, are we
talking about a certain amount of contracts that should… mandatory for the
community in Kahnawake as well?
Are we talking about that? What is the spirit of that MOU?
M. Walsh (Francis) : The spirit of the MOU is definitely, I think… and we mentioned it
and the Chief mentioned it in the presentation, is really the concept of
advancing based on a nation-to-nation relationship regarding all aspects of the
projects and not only the environmental review. There is a component in there
about labour, to answer your question about that. So, it is fairly broad, but
the notion is that, you know, there wouldn't be one order of government
dictating a process to the other, that it would really be done in
collaboration. That's really this spirit of the MOU and that's reflected in the
wording of the MOU as well.
M.
Arcand
: But I thought there was some agreement
before concerning labour between both nations at one point. If I remember, when
Geoff Kelley was Minister of Aboriginal Affairs, at the time, he seemed to
indicate to me that there was a kind of an <agreement on…
M. Walsh (Francis)
…
and that's reflected in the wording
of the MOU as well.
M.
Arcand
: But I thought there was some agreement
before concerning labour between both nations at one point. If I remember, when
Geoff Kelley was Minister of Aboriginal Affairs, at the time, he seemed to
indicate to me that there was a kind of an agreement >on that particular issue as well. Just maybe reconducting this
issue, making sure that the kind of agreement that happened in other projects
could be done in the same way, and the same way for Mercier Bridge, for
example. That, of course, we want to make sure that we still have, maybe, separate
consultations, specifically in the future with the
community. And I would strongly suggest to the Government to talk to Mr.
Kelley, because you have a new Minister of Aboriginal Affairs, and you have a
new deputy minister, and, of course, I think you need someone who has some kind
of history about what happened a few years ago.
M. Walsh (Francis) : I mean, it's actually a requirement of the ordering council when
the land was taken for the Mercier Bridge in the first place. It's actually a
requirement to have Mohawk labour used on the bridge. So, the origin of that is
not even dating back to recent agreements, it actually dates back to the 1930s,
when the land was taken in the first place. So, that's coming all the way back
to the origin of that. Yes, there have been agreements
in the past on labour, and labour is an ongoing concern, as is reflected as
being one of the issues that needs to be addressed as part of the special
committee that is set up in accordance with the MOU.
M.
Arcand
: And I
understand your concerns around Kahnawake. Is there a concern on Autoroute 30,
specifically?
M. Walsh (Francis) : Yes. So, there's a concern with all projects associated with
Autoroute 30 and the section 52, I believe, of the bill that would exempt a
portion of 30 from Brossard onwards from the impact assessment process. That is
a concern. And I know Mr. Barrette also asked what other projects we're involved in, but we're
involved in other projects, such as the Île-aux-Tourtes
Bridge reconstruction project, very important, close to
Mohawk fishing areas. We're involved in the Highway 35 project at the <boundary...
at the >border into the United States. We're involved... Obviously, we're involved in the REM project.
So, there's a lot of examples of projects that we're involved in.
M.
Arcand
: So, what do
think... How do you suggest the Government consult you in that way? Should they do a separate hearing? What
should be their approach?
M. Walsh (Francis) : We would have hoped that they would have done sort of a roundtable
with all the indigenous communities in Québec on how First Nations can be included in economic recovery measures
and response to the pandemic, and that suggests hints from all communities, not
only Kahnawake, would have been considered. I think
that would have been a very good idea, something that we could have <done...
M. Walsh (Francis)
:
...roundtable with all the indigenous
communities in
Québec
on how First Nations can be included in economic recovery measures
and response to the pandemic, and that suggests hints from all communities, not
only
Kahnawake
,
would have been considered. I think that would have been a very good idea,
something that we could have >done. You know, we
did note the absence of any indigenous projects from the project list and the
absence of any mention of any duty consultation obligation from the actual
legislation. So, those are two areas that could have been looked at a sort of
roundtable forum with indigenous communities.
M. Barrette : Very specific question. Maybe it's not easy to answer it. From the
environmental perspective, what is proposed in Bill 66, does it go in
contradiction to what you have in terms of values or the way you see things in
terms of an environment? Is it livable with you or not, beside consultations?
Le Président (M. Simard) : En conclusion.
M. Montour
(Ross) : At the beginning, I explained, or I
mentioned the… statement, the talk about the (S'exprime
dans sa langue). What it is is a recitation of all the
elements of creation which sustain life on this planet. And so, we look at that
through that lens. I personally do. I see that, my largest right, it's my
obligation to the environment, the rest of creation. I don't think of it in
terms of the words like «environment», I think of it in terms of creation. And…
in terms of all kinds of decisions that one could make in the environment, we
need to always consider the impact of our decisions on the peace. And that
peace includes our relationship with one another and to our environment, which
is the second part of how we traditionally arrive at decisions about whether to
move forward on a thing or not.
Le Président (M.
Simard) : Merci, chef.
M. Montour
(Ross) : And then, finally, we have to
consider the peace is yet to come. But that's also expressed in different
places as a seventh-generation principle. What I look at… and I look at where
our plan is right now, the plan is in a dire situation, in a dire condition,
and it is really difficult to think to consider all my grandchildren's
grandchildren's grandchildren.
Le Président (M.
Simard) :Très bien.
M. Montour
(Ross) : I'm a great grandfather, so how it's
going be, our decisions we make are impacted or rather impacting on our future
generations. That's how we look at it, OK? And so, it's… When I look at Bill
66, I don't see it meeting that standard. The other thing, and I would say
this, it is that in terms of…
Le Président (M.
Simard) : En conclusion, chef, s'il vous plaît.
• (16 h 30) •
M. Montour
(Ross) : Our people share this land. Your
people are here and we are here. We have never removed from the land here, and…
16 h 30 (version révisée)
M. Montour (Ross) : …I would say this, it is that, in terms of that relationship…
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, chef, s'il vous plaît.
M. Montour
(Ross) : Our peoples share this land. Your
people are here, and we are here. We have never removed from the land here and
our responsibility to it. So, when we talk about nation to nation and the need
to have a… we think about it… in most terms, it's about relationship and,<
it's not about… >for
me, personally, it's not about confrontation, it's not about having an argument
in a relationship, it's how we work together. We need to have that kind of
relationship. That's how we hope, I hope, nation to nation…
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup, chef. Je dois maintenant céder la parole au député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Chief Montour and Mr. Walsh, welcome. Looks
like the Government put the horse before the car once again regarding
negotiating with First Nations. You mentioned that the Government didn't bother
to consult you or, more generally speaking, the First Nations, but more
specifically with the Mohawk Council regarding the Mercier Bridge project.
So, I'm just wondering how to make a wrong right here? Where do we go from
here?
M. Montour (Ross) : I want to, if I could, share this. From the beginning of the tenure
of this Government, the current Government of Québec, our council has been
working diligently to establish contacts with the ministers involved, with the
Premier, in hopes of establishing, reinforcing and enhancing the relationship
between us, and it's been very difficult. In fact, before the renaming of the
Aboriginal Affairs Minister, we had a very difficult time approaching the
previous Minister D'Amours and we had… to that however the change happened.
So, look, we're committed
to having a relationship which… again, we say nation to nation, but within that
framework, it's how do we work together? How do we work in a way <that
doesn't… >that reflects respect for one another's chosen concerns? And
we're committed to that relationship. We do have a meeting coming up with the
new Minister of Aboriginal Affairs, M. Lafrenière, and, I believe, maybe
Minister LeBel. And that is really to begin to say : Let's <talk…
M.
Montour (Ross) :
...to that
relationship. We do have a meeting coming up with the new Minister of
Aboriginal Affairs, VerbM. Lafrenière, and, I believe, maybe Minister
LeBel. And that is really to begin to say : Let's >talk. Let's work on this relationship. It's important to your Government, it's important to your people
and it's vitally important to ours.
M. Marissal : You mentioned as well that Constitution's duties are not respected.
If it's such a case, here, usually, there are legal alternatives when duties
are not respected. Are you considering any legal step at this point?
M. Montour (Ross) : At this point...
Le Président (M. Simard) :
…cher collègue.
M. Montour (Ross) : Oh! Sorry...
M. Walsh
(Francis) : Do we answer the question? It
wasn't clear. I heard the Chair speaking, so, I don't know, do we answer the
question?
Le Président (M. Simard) :
Est-ce qu'il y a consentement pour qu'il y ait une réponse? Il y a consentement,
veuillez poursuivre.
M. Walsh (Francis) :
Yes, O.K.. So, it's really case by case. I think, at this
point, to see whether or not we would contemplate that, I don't know...
M. Montour (Ross) : How I would respond to that would be by saying... resolving issues
in a less adversarial way than we... Nothing is off the table, but it's not
what we wish to do. We don't wish to, say, go into courtrooms and have an
adversarial resolution, which may not be an ideal resolution for anybody's
party. We would rather have discussion, sit down, negotiate and express our
different viewpoints and concerns and arrive at something which is based on a
consensus. Now, we can agree on moving forward. That's my approach. That's the
approach of my council.
Le Président
(M. Simard) : Merci, chef. Je cède
maintenant la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui.
Alors, merci beaucoup de votre présence à cette commission. Moi, j'avais fait
un bout sur les consultations pour le projet de loi n° 61 et je me
souviens que le chef Picard, de l'Assemblée des premières nations
Québec-Labrador, avait déploré fortement le fait qu'il n'y avait pas eu de consultation
en amont de la préparation du projet de loi n° 61. Alors, ce que je
comprends, c'est qu'en ce qui concerne votre nation le message n'a pas plus
passé, là. Entre le mois de juin et celui de septembre, ou aujourd'hui, ou de
la présentation du projet de loi n° 66, le gouvernement n'a rien compris,
là. Il n'y a pas eu plus de travail en amont ou de consultation auprès de la
nation, de votre nation.
M. Montour
(Ross) : So, that, I'm afraid, is accurate.
It's lamentable as well. And <so...
M. Gaudreault : ...plus
de travail en amont ou de
consultation auprès de la nation, de votre
nation.
M. Montour
(Ross) :
So, that, I'm afraid, is
accurate. It's lamentable as well. And >so, what
I'm saying is how do we move to that position from the place we are today and
move forward, in terms of
having our concerns understood, respected, our rights to… as indigenous people?
As you know, the majority
of <Québec,
>the territory of Québec is unceded indigenous land. So, we're not… we're looking at the
removal and unceding of what exists in the current round, but I would suggest
that there is quite enough reason to respect the rights of our people, the
right to open, honest consultations over matters that affect our world. I'll put it that way. I hope
that answers your question.
M. Gaudreault : Oui. Maintenant,
vous dites, à la page 6… 7 de votre mémoire, que, sur le plan de
l'environnement, en fin de compte, vous doutez du processus qui est proposé
dans le projet de loi n° 66...
Le Président (M. Simard) :
…cher collègue.
M. Gaudreault : Oui. Dans
le fond, vous dites, comme d'autres groupes qu'on a entendus ici, qu'il y a
beaucoup de projets à risques modérés qui seront traités comme des projets à
risques faibles, et que, concrètement, sur le terrain, chez vous, ça peut...
Le Président (M. Simard) :
Cher collègue, votre temps est révolu.
M. Gaudreault : ...se
transformer en impacts significatifs.
Le Président (M. Simard) :
Alors, il nous reste peu de temps, nous vous écoutons.
M. Walsh
(Francis) : Yes. So, I didn't hear the very
end of your question, it cut
off, the sound cut off, but I think what you're asking is if moderate risk activities can have impacts on indigenous communities, and we can
confirm that they do. We do get some consultations on section 22,
authorizations that are considered moderate, especially for projects that are
in sensitive areas or on the boundaries with Kahnawake, where there have been
situations where pollutants have been released on the territory, for example,
certain traditional… activities can no longer been exercised, and these are all
based on so-called moderate risk activities. So, it is quite possible that
moderate risk activities can have impacts.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup. Alors, ceci termine donc notre échange. Chef Montour,
M. Walsh, je tiens sincèrement à vous remercier de votre <présence...
M.
Walsh (Francis) :
…
based on so-called moderate risk activities. So, it is quite
possible that moderate risk activities can have impacts.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup. Alors, ceci termine donc notre échange. Chef Montour,
M. Walsh, je tiens sincèrement à vous remercier de votre >présence
parmi nous cet après-midi et <je vous souhaite… >je souhaite donc
vous revoir sous peu.
Sur ce, nous allons suspendre nos travaux.
Merci encore à vous deux.
(Suspension de la séance à 16 h 39)
>
(Reprise à 16 h 43)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, nous reprenons nos travaux. Nous sommes en présence de
représentants du groupe G15. Mme Alain, M. Creimer, bonjour.
(Visioconférence)
Des voix
: Bonjour.
Le Président (M. Simard) :
Rebienvenue à vous, M. Creimer, en particulier.
M. Creimer (Diego) : Merci
beaucoup. J'ai une impression de déjà-vu.
Le Président (M. Simard) :
Oui. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter?
Mme Alain (Béatrice) :
Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l'économie sociale.
M. Creimer (Diego) : Diego
Creimer, codirecteur par intérim à la Fondation David-Suzuki au Québec.
Le Président (M. Simard) :
Alors, vous disposez de 10 minutes.
Mme Alain (Béatrice) : Merci.
Merci de nous recevoir aujourd'hui. On est ici au nom du G15, qui est un
regroupement d'acteurs économiques, sociaux, syndicaux et environnementaux au
Québec qui sont regroupés pour appuyer les efforts de relance de l'économie
sociale, de l'économie du Québec, et donner un cap ambitieux à cette relance. C'est
avec un grand intérêt qu'on a pris connaissance du projet de loi n° 66 et
on est contents de pouvoir vous en parler ici.
La raison que le G15 s'est mis ensemble,
donc, est en réponse à l'appel lancé par le premier ministre pour sortir plus
forts et plus unis de cette crise. L'intérêt de ce collectif est que la
diversité d'organisations qui sont là ont une expertise terrain large dans
beaucoup de secteurs et à travers le Québec et misent sur le dialogue social
pour alimenter les efforts, entre autres, du gouvernement, mais aussi des
communautés, pour une relance solidaire, prospère et verte et pour<
transformer… >soutenir la transformation positive de notre économie et
de notre société. Diego?
M. Creimer (Diego) : Oui.
Merci beaucoup. Bien, merci beaucoup à la commission de nous recevoir aujourd'hui.
Écoutez, vous avez reçu notre mémoire, il y a plusieurs recommandations, donc
on va aller à l'essentiel pour vous permettre de nous poser des questions.
Pourquoi on mise sur une relance, une économie verte et solidaire? Pourquoi on
soutient qu'elle est plus <performante…
M. Creimer (Diego) :
...de nous recevoir aujourd'hui. Écoutez, vous avez reçu notre mémoire, il y a
plusieurs recommandations, donc on va aller à l'essentiel pour vous permettre
de nous poser des questions. Pourquoi on mise sur une relance, une économie
verte et solidaire? Pourquoi on soutient qu'elle est plus >performante?
Les mesures du plan de relance qui seront déployées par les gouvernements un
peu partout au monde n'auront pas les mêmes impacts sur la création d'emplois
et les retombées économiques ni sur la résorption des inégalités, l'équité
hommes-femmes et la lutte aux changements climatiques. Il y a des décisions à
prendre qui peuvent augmenter l'impact positif de ces mesures-là.
Pourquoi le G15 insiste sur une relance
verte? Bien, nous considérons que les investissements dans l'économie verte
donnent un meilleur retour sur l'investissement à court terme et qu'ils seront
un effet multiplicateur à long terme. Je vous donne trois exemples. La rénovation
écoénergétique, c'est six à sept fois plus d'emplois directs et immédiats pour
chaque million de dollars investis que dans le secteur des énergies fossiles, par
exemple. Le transport collectif, c'est trois fois plus d'emplois que c'est créé
par les investissements dans le secteur routier. Le logement social et communautaire,
chaque dollar investi rapporte 2,30 $… que dans d'autres secteurs de
l'économie. Donc, on insiste sur cet effet multiplicateur qui est très
intéressant.
Pourquoi on parle d'une relance solidaire?
Bien, à court et à long terme, investir dans nos infrastructures sociales est
un choix économique logique. Je vous donne un exemple, la création des centres
pour la petite enfance, qui a engendré des impacts économiques et sociaux
majeurs, participation des femmes au marché du travail de façon très
significative, réduction de plus du tiers de la pauvreté des familles
monoparentales. La crise actuelle, qui a exacerbé les inégalités, nous rappelle
que les perspectives économiques de nos communautés dépendent de nos conditions
sociales, comme le niveau d'éducation, notre capacité à travailler et à vivre
ensemble et l'accessibilité aux services essentiels de proximité.
Un autre constat, la population québécoise
souhaite cette relance verte, solidaire, et prospère. Sondage Léger, juin 2020,
très récent, 83 % de la population québécoise souhaitait que le
gouvernement en fasse plus... c'est 50 % ou… 33 % pour lutter contre
les changements climatiques dans le cadre de la relance économique qui est
visée par ce projet de loi. 67 % des répondants disaient préférer une
relance qui favorise la santé, la qualité de vie et l'environnement plutôt que
chercher d'abord et avant tout à promouvoir la croissance de l'économie. Ces
données sont d'ailleurs confirmées ailleurs au Canada et au Québec par d'autres
sondages. Béatrice?
Mme Alain (Béatrice) :
Donc, les recommandations du G15 sont précisément sur l'exemplarité sociale et
environnementale des marchés publics. Bien sûr, le projet de loi touche à
beaucoup d'autres enjeux de la relance, mais, comme collectif, c'est vraiment
là-dessus où on avait une opinion claire à vous transmettre. Et l'opinion, c'est
que c'est une occasion de faire des projets d'infrastructures un modèle
d'exemplarité sociale et environnementale. Donc, aller au-delà du choix du plus
bas soumissionnaire puis s'assurer d'encourager la mise en place de critères de
performance, pas juste économiques mais aussi environnementaux, sociaux, pour
avoir des pratiques exemplaires et multiplier les impacts des achats <gouvernementaux...
Mme Alain (Béatrice) : ...
projets
d'infrastructures un modèle d'exemplarité sociale et environnementale. Donc, aller
au-delà du choix du plus bas soumissionnaire puis s'assurer d'encourager la
mise en place de critères de performance, pas juste économiques mais aussi
environnementaux, sociaux, pour avoir des pratiques exemplaires et multiplier
les impacts des achats >gouvernementaux.
Dans le mémoire qui vous a été soumis, on
a cinq recommandations et une annexe. On va aujourd'hui porter votre attention
sur deux de ces recommandations. La première, qui est de préciser dans la Loi
sur les contrats des organismes publics et la Loi sur les cités et villes le
pouvoir de l'État québécois et des municipalités d'imposer des normes de
qualité et de performance sociale et environnementale dans les appels d'offres
publics, parapublics et municipaux, d'abord parce que l'adoption de ces
critères sociaux et environnementaux objectifs, précis, clairs et pertinents ne
contrevient à aucun des traités et des ententes commerciales en vigueur au Québec
et au Canada. Et d'ailleurs plusieurs de nos partenaires commerciaux le font.
Donc, c'est important de savoir qu'on peut permettre... qu'on peut prendre en
compte des critères, malgré que ce n'est pas obligatoire.
On sait qu'il y a une recension de
critères d'écoresponsabilité qui a déjà été effectuée par plusieurs ministères
pour leurs programmes en lien avec la stratégie de développement
durable 2015‑2020, mais ces critères n'ont pas été rendus publics et ne
font pas l'objet d'un suivi systématique et généralisé, comme le notait le
Commissaire au développement durable dans son rapport de juin 2020. Donc, on
croit que non seulement il faut effectuer une adoption généralisée de tels
critères, d'en évaluer périodiquement et systématiquement l'impact, mais aussi
de lever toute ambiguïté restante sur le pouvoir de l'État québécois et des municipalités
d'imposer ces critères de performance sociaux et environnementaux.
• (16 h 50) •
M. Creimer (Diego) : Ensuite,
une autre recommandation, d'intégrer dans un court laps de temps des critères
sociaux et environnementaux dans le processus d'attribution des marchés publics
et municipaux, de manière à favoriser le déploiement accéléré d'une économie
sobre en carbone, résiliente, locale et circulaire. Notamment, on suggère de
mettre en place, d'accélérer des projets dans la région tout en reflétant
clairement les valeurs sociales et environnementales de la population
québécoise, par exemple, en intégrant ces critères dans la sélection de projets
d'infrastructures mais aussi dans le processus d'appels d'offres qui découle de
chaque projet.
Dans l'annexe de notre mémoire, on
présente une liste non exhaustive des critères sociaux et environnementaux à
considérer pour maximiser les retombées des approvisionnements gouvernementaux
et municipaux, avec des exemples internationaux, dans certains cas. Et ces
critères pourraient être intégrés, par exemple, sous la forme d'une annexe dans
le projet de loi n° 66 pour aider le gouvernement à s'assurer que les
contrats et sous-contrats octroyés dans le cade de projets d'infrastructures
soient guidés par les plus hauts standards sociaux et environnementaux.
Je vous donne trois exemples. Utilisation
de la méthode du coût du cycle de vie et du coût total de possession, c'est-à-dire
prendre en compte les coûts supportés par l'organisme public, allant de
l'acquisition jusqu'à la fin de vie du produit ou du service, et, ensuite, les
coûts des externalités sociales ou environnementales du produit. Un autre
exemple, <l'approvisionnement...
M. Creimer (Diego) : …
et
du coût total de possession, c'est-à-dire prendre en compte les coûts supportés
par l'organisme public, allant de l'acquisition jusqu'à la fin de vie du
produit ou du service, et, ensuite, les coûts des externalités sociales ou
environnementales du produit. Un autre exemple, >l'approvisionnement,
notamment auprès des fournisseurs ou des entreprises locaux, réduisant ainsi
les distances, bon, vous savez, moins de voyages, moins d'émissions de gaz à
effet de serre, et ensuite une localisation écoresponsable des bâtiments
publics, donc mettre chaque infrastructure, chaque bâtiment où l'impact sur
l'environnement est moindre et l'impact social est le plus positif.
Mme Alain (Béatrice) : Je
vais compléter avec des exemples de critères de performance sociale, donc trois
exemples aussi. De considérer et récompenser l'impact social au même titre que
la performance environnementale. À titre d'exemple, en Grande-Bretagne, en
septembre 2020, des nouvelles mesures rendent obligatoires de démontrer la
valeur sociale de l'entreprise sur des enjeux qui sont priorisés par le gouvernement.
Et ça, c'était partie intégrante de tous les appels d'offres par le Social
Value Act. Deuxième exemple, cibler des cibles en matière des achats
responsables, donc dire qu'un pourcentage des achats doivent arriver à certains
résultats ou à inclure certaines cibles. En France, il y a un plan national d'action
pour l'achat public durable, qui fixait comme objectif qu'en 2020 au moins
25 % des marchés conclus au cours de l'année devaient avoir une
disposition sociale. Et on sait que le gouvernement du Canada s'est fixé une
cible d'accroître la diversité dans les marchés publics dans le dernier
discours du trône. Le dernier, signer des accords avec la communauté des
Community Benefits Agreement, qui est une pratique assez courante et
grandissante, en Amérique du Nord, notamment, ailleurs au Canada et aux États-Unis,
à l'échelle municipale comme nationale.
Donc, tout ça est possible et se fait
déjà. On vous invite à prendre connaissance des autres recommandations du
mémoire, et notamment celle qui dit que le projet de loi devrait se donner des
moyens de mesurer l'impact de l'argent public qui sera investi au courant des
prochaines années, non seulement en termes économiques mais aussi social,
environnemental, incluant les emplois créés par les projets d'infrastructure
qui seront accélérés.
Tout ça pour dire il faut se donner les
conditions gagnantes pour une relance solidaire, prospère et verte au Québec et
la transformation positive de notre économie, parce que c'est un consensus, je
pense, au Québec. On a une mobilisation d'une pluralité d'acteurs de tous les
secteurs, incluant le gouvernement du Québec et l'ensemble des administrations
publiques, des entreprises privées, des entreprises d'économie sociale, des
organisations de la société civile qui sont prêts à contribuer à une telle
relance, mais on attend un signal clair du gouvernement du Québec…
Le Président (M. Simard) :
Merci.
Mme Alain (Béatrice) :
Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci, Mme Alain. Désolé de vous interrompre aussi rapidement. Je cède
maintenant la parole à Mme la Présidente du Conseil du trésor. Vous disposez de
14 min 30 s.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci, monsieur… Mme Alain, pardon, M. Creimer. Peut-être,
je vais vous permettre de terminer votre phrase puis votre conclusion,
Mme Alain, puis on pourra poursuivre par la suite. C'est difficile d'être
interrompu dans le milieu d'une phrase, donc, allez-y, concluez, mais on
pourra, après ça, continuer <nos…
Le Président (M. Simard) :
...
la présidente du Conseil du trésor. Vous disposez de
14 min 30 s.
Mme LeBel : Merci, M.
le Président. Merci, monsieur… Mme Alain, pardon, M. Creimer.
Peut-être, je vais vous permettre de terminer votre phrase puis votre
conclusion, Mme Alain, puis on pourra poursuivre par la suite. C'est
difficile d'être interrompu dans le milieu d'une phrase, donc, allez-y,
concluez, mais on pourra, après ça, continuer >nos échanges.
Mme Alain (Béatrice) : Bien,
parfait. Je pense que ça serait intéressant d'avoir un signal que le
gouvernement veut une relance verte, solidaire et prospère, parce que c'est ce
qui fait consensus, je pense, au Québec. C'est ce qu'on attend. Et je vous
remerciais de votre temps pour nous écouter aujourd'hui.
Mme LeBel : Alors, considérez
que vous avez conclu, mais on va pouvoir poursuivre. Écoutez, ça me fait
plaisir de vous rencontrer, le G15. Je dois dire, par contre… Et d'ailleurs on
a déjà eu l'occasion de parler avec M. Creimer dans le cadre du témoignage
de la Fondation David-Suzuki, quand on a rencontré également Équiterre, donc,
je pense que… bon, la Fondation David-Suzuki, Équiterre, il y a le
Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement, qu'on a
entendu, le Conseil du patronat du Québec, l'Ordre des
urbanistes du Québec, si je ne me trompe pas, la Fédération des chambres de
commerce du Québec, on va entendre également Vivre en ville et l'ACGRTQ, qui
sont, je pense, pas l'entièreté de vos membres, mais ils font partie du G15,
n'est-ce pas, ces gens-là?
Mme Alain (Béatrice) : Oui.
Mme LeBel : Oui. Donc, peut-être
que notre conversation va être plus courte, parce qu'il y a eu quand même... on
a eu l'occasion, avec la plupart de ces groupes-là, de discuter, même des
recommandations du G15, qui étaient, dans quelques occasions, intégrées dans
leurs mémoires respectifs, ou, à tout le moins, alignées ou dans l'alignement
des conversations et des recommandations du G15. Donc, c'est pour ça que je
vais peut-être mettre l'accent sur quelques petits enjeux, là, parce qu'on a eu
le temps et l'occasion d'en discuter avec les membres de votre regroupement,
dont M. Creimer, qui a déjà eu l'occasion de se présenter devant nous.
Vous avez envoyé, en septembre dernier, si
je ne me trompe pas, une lettre au premier ministre afin de lui présenter quelques
propositions de relance.
M. Creimer (Diego) : Oui.
Mme LeBel : Il y a plusieurs
enjeux, je ne les nommerai pas tous, mais, en particulier, il y avait
l'accélération des projets d'infrastructure de transport collectif et actif et
l'accélération des investissements en maintien des actifs du réseau routier. Le
Conseil du patronat du Québec a eu l'occasion de témoigner sur cet aspect-là,
également. Est-ce que vous... Je comprends que le projet de loi n° 66 n'est
pas une réponse complète, là, et ne prétend pas être une réponse complète, là,
je veux le préciser, à la relance économique, c'est un des aspects d'un projet
de relance économique, mais est-ce que, donc... mais le projet de loi fait
exactement ça, accélérer ces divers projets-là qui sont mentionnés dans votre
lettre. Et le Conseil du patronat y voit une <belle...
une >solution, à tout le moins, positive, même si elle n'est pas
complète, là, mais une réponse positive, là. Est-ce que vous avez la même
orientation?
M. Creimer (Diego) : Bien,
écoutez, en principe, oui. Bien, vous nous avez entendus hier, il y a des
inquiétudes des groupes environnementaux, mais dans ce qui va être fait, dans
ce qui fait consensus, ce sur quoi on s'entend aujourd'hui, et c'est les
propositions qu'on met encore de l'avant devant vous, c'est que, pour ce qui
peut être fait et ce sur quoi on est d'accord, si on ajoute des critères
d'écoconditionnalité, ça va être encore <mieux...
M. Creimer (Diego) : …
il
y a des inquiétudes des groupes environnementaux, mais dans ce qui va être
fait, dans ce qui fait consensus, ce sur quoi on s'entend aujourd'hui, et c'est
les propositions qu'on met encore de l'avant devant vous, c'est que, pour ce
qui peut être fait et ce sur quoi on est d'accord, si on ajoute des critères
d'écoconditionnalité, ça va être encore >mieux.
Donc, oui, on parle de… Vous mentionnez
des projets de transport, d'infrastructures routières. Nous, nous sommes d'avis,
au G15 qu'il est plus intéressant d'investir dans l'entretien de ce qui existe
déjà comme capacité routière que de l'élargir, par exemple. Et nous considérons
qu'il est très intéressant d'investir dans la rénovation de bâtiments, dans l'efficacité
énergétique, mais ce n'est pas en contradiction avec la position des autres
groupes. Oui, il y a des choses intéressantes, et on pense qu'avec des critères
d'écoconditionnalité ça peut se faire encore mieux. Et il y a les facteurs
multiplicateurs dont on parlait, on pense qu'on en aura plus pour notre argent.
Mme LeBel : Le Conseil du
patronat du Québec a quand même une position différente de d'autres membres du
groupe du G15, si je parle d'Équiterre et de vous, la Fondation David-Suzuki,
sur les processus qui sont mis en place dans le projet de loi n° 66 dans
le but d'accélérer les projets d'infrastructures. Le Conseil du patronat du
Québec semble penser qu'effectivement, bon, de la même façon que moi, puis on
en a discuté, M. Creimer, <qu'>on ne vient pas atteindre les
normes, qu'on vient accélérer des processus. Ce n'est pas le cas des groupes
environnementaux.
Je respecte la position de chacun, mais
quelle est la position du G15? Comment le G15 pallie à ces deux positions, qui
sont, quant à moi, bien, peut-être pas opposées, mais, à tout le moins, très
différentes, là, entre deux membres du même groupe sur cette position
environnementale?
Mme Alain (Béatrice) : Je
pense que la valeur ajoutée du G15, c'est un intérêt commun pour une relance
qui est plus ambitieuse sur une série de cibles et que, là-dessus, le point qu'on
trouvait… La raison pourquoi le G15 est ici aujourd'hui, en plus de toutes les
présentations de ses membres, c'est que la question spécifique des marchés
publics, sur laquelle nous convenons tous, est un levier très important pour ce
faire, donc tente d'avoir des objectifs et de les mesurer.
Mme LeBel : O.K.
D'ailleurs, je constate... Puis vos recommandations sont très intéressantes,
là, mais elles sont, à mon avis, plus larges que la portée du projet de loi
n° 66, et on doit y réfléchir dans un spectre beaucoup plus large. Parce
que, quand on parle de préciser dans la loi sur les contrats publics, d'imposer
des normes de qualité et de performance, etc., c'est une suggestion qui est
tout à fait appropriée, mais elle dépasse, quant à moi, le spectre du projet de
loi n° 66. La recommandation, également, d'intégrer dans un court laps de
temps des critères sociaux et environnementaux dans le processus d'attribution
des contrats publics, je pense que ce n'est pas contradictoire avec le fait
d'accélérer certains processus, et, également, dans les appels d'offres, d'avoir
ces considérations-là.
• (17 heures) •
Il y a une recommandation, et on va
toutes... il y en a cinq, particulièrement, mais on va toutes les regarder, là,
mais il y a une recommandation qui, peut-être, est beaucoup plus... je ne
dirais pas pertinente, parce que je ne veux pas penser que les autres ne sont
pas pertinentes, mais plus reliée, si on veut, au projet de loi n° 66,
c'est celle d'accroître la reddition de comptes et la transparence sur les
impacts sociaux, environnementaux, surtout, et sur les emplois des projets de
mesures soutenant la relance économique. Est-ce que c'est ce que vous mentionniez
en dernier lieu dans votre présentation tantôt, quand vous…
17 h (version révisée)
Mme LeBel : …qui, peut-être,
est beaucoup plus, je ne dirais pas pertinente, parce que je ne veux pas penser
que les autres ne sont pas pertinents, mais plus reliés, si on veut, au projet
de loi n° 66, c'est celle d'accroître la reddition de comptes et la
transparence sur les impacts sociaux, environnementaux surtout et sur les
emplois des projets de mesures soutenant la relance économique. Est-ce que
c'est ce que vous mentionnez, en dernier lieu, dans votre présentation tantôt,
quand vous parliez de mesurer l'impact des investissements et les retombées? Oui?
M. Creimer (Diego) : Oui,
c'est ça. Bien, en fait, c'est ce qu'on pensait, ce qui ne se mesure pas
n'existe pas. Donc, on va mesurer l'impact réel en création d'emplois. On
espère que certains des projets qui sont là vont générer beaucoup d'emplois, on
espère aussi qu'ils auront des retombées bénéfiques pour l'environnement et dans
des indicateurs sociaux.
Si on regarde les articles 62 à 65,
si je ne me trompe pas, du projet de loi, il y a un système de reddition de
comptes qui est en place pour l'AMP, pour l'Autorité des marchés financiers,
etc. Il y a des obligations qui sont là. Pourquoi ne pas ajouter une reddition
de comptes sur l'impact environnemental et sur l'impact social des projets
d'infrastructure qui sont rendus possibles ou qui sont mis de l'avant dans
l'annexe I? Si on est pour le faire, on voudrait vraiment que… c'est un
héritage qu'on a, nous, au Québec, ici. Les projets qu'on fait là, ça peut être
un bon héritage ou un mauvais, mais il faut savoir exactement ce que ça va
donner. Donc, on propose d'ajouter une reddition de comptes au niveau
environnemental et social.
Mme LeBel : Bien, merci, c'est
bien compris. Merci pour votre présentation. Je n'ai pas d'autre question, M.
le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de La Pinière, vous disposez de
9 min 40 s.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. M. Creimer, Mme Alain, bienvenue. Écoutez, je n'aurai pas
beaucoup de questions, et ne le prenez pas négativement, je vais vous dire
pourquoi. Écoutez, j'ai lu votre mémoire hier soir et puis je pense que ce n'est
pas un mémoire, c'est plus un projet de société. Et c'est très vaste, c'est
très louable, puis je vais d'emblée vous dire qu'il y a bien des choses
là-dedans avec lesquelles je suis d'accord, mais le projet de loi n° 66, à
l'étape où il est rendu, écoutez, il y a même des appels d'offres qui sont déjà
partis, là.
Et, quand je m'attarde aux recommandations 1
et 2, qui sont des recommandations de marchés publics, je vois difficilement
comment… J'aimerais ça que vous preniez quelques instants pour nous dire
comment vous voyez qu'on puisse, dans le projet de loi n° 66 qui a une
durée de vie limitée dans le temps, qui est un projet de loi d'accélération,
pour lequel il y a bien des projets qui sont déjà partis… Comment on peut
intégrer vos recommandations, qui nécessitent réflexions, réglementations, et
ainsi de suite? Pas demain matin, rencontrer… mettre dans des appels d'offres
des normes sociales qu'on n'a pas quantifiées avant, et ainsi de suite, là, <ça
nous… >ça exposerait les donneurs d'ouvrage, et ainsi de suite, là, ceux
qui donnent… les donneurs d'ouvrage et ceux qui font les travaux à des
situations légales épouvantables, là. Vous comprenez que je comprends ce que
vous dites, <c'est…
M. Barrette : ...
mettre
dans des appels d'offres des normes sociales qu'on n'a pas quantifiées avant,
et ainsi de suite, là, ça nous… ça exposerait les donneurs d'ouvrage, et ainsi
de suite, là, ceux qui donnent… les donneurs d'ouvrage et ceux qui font les
travaux à des situations légales épouvantables, là. Vous comprenez que je
comprends ce que vous dites,> c'est louable, ce que vous écrivez. Il y a
bien des choses là-dedans avec lesquelles je suis d'accord, mais intégrer ça,
là, aujourd'hui, à 66, moi, je ne vois pas comment on va faire ça.
Mme Alain (Béatrice) : Merci.
D'abord, je pense que le point... un des points importants, c'est de savoir
qu'avoir des critères clairs de performance environnementale et sociale est
permis au sens de la loi, mais je pense qu'il y a une certaine réticence après,
entre autres, la commission Charbonneau, ou un flou qui peut s'opérer dans le
changement avec les rôles et responsabilités des municipalités. Les gens ne
veulent pas faire des choses à l'extérieur des chemins battus, alors que c'est l'occasion
d'être plus ambitieux et plus efficaces avec l'usage de nos fonds publics en ce
moment, parce qu'on sait qu'on va en investir énormément.
Donc, un son clair du gouvernement, comme
quoi on veut maximiser l'ensemble des retombées de nos dépenses publiques,
serait important. Bien sûr, si on le précise dans le cadre de la Loi sur les
contrats, et tout, ça serait super, mais une déclaration formelle, à cet effet,
du gouvernement déjà serait porteuse. Deuxièmement, le fait que ces critères
existent et sont mis en place, incluant par des gouvernements au Québec, des
gouvernements municipaux ont fait des initiatives d'achat ciblées, des
ministères au Québec, notamment le ministère de l'Agriculture fait une
initiative d'achat local.
Donc, on voit des initiatives qui sont
déjà en cours là-dessus. Je pense que c'est d'encourager formellement et de
dire que cette occasion, qui est unique et structurante pour le Québec, doit
avoir plus de résultats et que le gouvernement va se pencher là-dessus. Vous
avez raison de dire que c'est compliqué, mais l'enjeu est majeur, il faut se
forcer pour le faire.
M. Barrette : O.K. Alors, je
suis content d'entendre ce que vous venez de dire, en ce sens qu'il y a des
choses qui existent, qu'on peut intégrer, mais en même temps j'imagine que vous
allez être d'accord avec moi quand je dis que votre document, il est très
vaste. Alors, on va dans la même direction.
M. Creimer (Diego) : Si je
peux me permettre un complément de réponse, Béatrice, oui, le document est très
vaste. Cette commission n'est pas obligée de retenir toutes les
recommandations. Bien sûr, c'est ce qu'on aimerait, mais il y a des idées, là,
qui, à notre avis, tiennent la route.
Et je vous dis : Il y a une partie de
l'exercice qui est déjà fait. Quand on demande à ajouter des critères
d'écoconditionnalité, bien, il y a des ministères du Québec qui ont déjà fait
l'exercice d'évaluer quels critères d'écoconditionnalité ils pourraient
appliquer à eux-mêmes. Il y a les stratégies de développement durable, qui
viennent de sortir, qui ont été mises à jour et il y a aussi le rapport du Commissaire
au développement durable, juin 2020, où on recommande d'appliquer certains
critères. On ne vient pas de réinventer la roue. À l'intérieur du gouvernement,
il y a des critères qui sont déjà clairement écrits.
Mme Alain (Béatrice) : Et je
veux juste compléter sur la question de mesurer l'impact, c'est quelque chose
qui devrait se faire à partir de maintenant et en continu. Donc, ce n'est pas
en amont de tout achat.
M. Barrette : Merci. Je n'ai
pas d'autre commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup, M. le député de La Pinière. M. le député de Rosemont, vous
disposez de 2 min 40 s.
M. Marissal :
<Oui...
M. Creimer (Diego) : ...écrits.
Mme Alain (Béatrice) : Et
je veux juste compléter sur la question de mesurer l'impact, c'est
quelque
chose qui devrait se faire à partir de
maintenant et en continu. Donc,
ce n'est pas en amont de tout achat.
M. Barrette : Merci. Je
n'ai pas d'autre commentaire,
M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup,
M. le député de
La Pinière.
M. le
député de
Rosemont, vous disposez de 2 min 40 s.
M. Marissal : >Oui.
Merci, Mme Alain et M. Creimer, rebonjour ou bonjour et bienvenue. C'est vrai
que votre mémoire est vaste, puis je pense que vous devriez le prendre comme un
compliment quand le député de La Pinière vous dit que c'est un projet de
société. En tout cas, moi, je vous en fais le compliment. C'est vrai que, dans
l'étroitesse de ce que couvre 66, c'est difficile de rentrer tout ce que vous
amenez. En fait, je crois comprendre que vous nous invitez, en fait, à penser
en dehors de la boîte, pour prendre un anglicisme, dans ce que l'on fera
dorénavant ici. Ett c'est vrai que la pandémie <aura... >devrait
avoir ça au moins de bon, de nous inviter à penser en dehors de la boîte pour
ne pas revenir dans nos vieux travers.
Mais je vais vous dire, Mme Alain, M.
Creimer, en ce moment, là, on étudie un projet de loi pour lequel on ne sait
pas même vers quels projets et sur quels projets il s'appliquera. Sur les 181 projets,
on n'est même pas capables de dire, dans le menu détail, sur combien de ces
projets les mesures du projet de loi n° 66
s'appliqueront. Alors, vous comprenez que vous arrivez avec des recommandations
encore plus ambitieuses, puis j'en suis, puis honnêtement j'aurais écrit la
même chose. Vous dites, par exemple, à la recommandation 3 :
«Accroître la reddition de comptes et la transparence sur les impacts sociaux,
environnementaux, sur les emplois des projets et mesures soutenant la relance
économique.» Est-ce qu'on a même seulement ça dans la machine gouvernementale
pour y arriver?
M. Creimer (Diego) : Écoutez,
ce n'est pas à nous de désigner qui doit rendre compte de la part du
gouvernement, il y a plusieurs options. La Vérificatrice générale, par exemple,
peut rendre compte. C'est juste une idée que je laisse comme ça.
M. Marissal : Vous avez dit
qu'il y a déjà des critères qui sont écrits, puis je me souviens, au projet de
loi n° 61, Vivre en ville, si ma mémoire est exacte,
était arrivé avec une idée de grille d'analyse sur les projets, justement, qui
avait d'ailleurs vraiment intéressé le prédécesseur de l'actuelle présidente du
Conseil du trésor. On verra si ça revient sur la table. Quels sont ces critères
dont vous parlez qui existent déjà quant à l'analyse de l'effet des projets ou
des réalisations, puisqu'ils ne sont plus projets?
M. Creimer (Diego) : Béatrice,
tu veux aller avec les critères sociaux? Je parle des critères environnementaux
ensuite.
Mme Alain (Béatrice) : Oui.
Bien, il y a une série de critères sociaux qui ont été mis en place à
différentes... Encore une fois, juste pour l'exemple du Canada, la ville de
Montréal travaille avec un projet pour avoir des soumissions spécifiquement
auprès des entreprises d'économie sociale, puisque ça répond à ses objectifs
sociaux; la ville de Gatineau vient d'adopter une politique en économie sociale
pour ces… raisons; la ville de Toronto fait des «benefit agreements» avec des
visées sociales...
Le Président (M. Simard) :
D'accord. Merci, Mme Alain. Alors, nous allons poursuivre avec le député de <Jonquière...
Mme Alain (Béatrice) : …
des
entreprises d'économie sociale, puisque ça répond à ses objectifs sociaux; la
ville de Gatineau vient d'adopter une politique en économie sociale pour ces…
raisons; la ville de Toronto fait des «benefit agreements» avec des visées
sociales...
Le Président (M. Simard) :
D'accord. Merci, Mme Alain. Alors, nous allons poursuivre avec le député de
>Jonquière.
M. Gaudreault : Oui.
Alors, merci beaucoup d'être là. Moi, j'en ai ras le bol des deux poids, deux
mesures. Quand ça vient le temps de reculer sur la protection de l'environnement,
quand ça vient le temps de reculer par rapport aux gains qu'on a faits sur la protection
des milieux humides et hydriques, c'est facile, mais quand ça vient le temps, par
exemple, d'inclure des critères environnementaux, de tenir compte des impacts
sociaux, de faire un banc d'essai pour des innovations technologiques, quand ça
vient le temps de faire de l'approvisionnement agroalimentaire local, ah! bien
là, c'est compliqué, là, ce n'est pas faisable, là, ce n'est pas le bon projet
de loi.
• (17 h 10) •
Bien, vous savez, moi, j'ai des collègues,
là, qui ont dit que le projet de loi n° 66, c'était un laboratoire pour peut-être
ouvrir la porte à reculer de façon permanente sur l'environnement. D'autres ont
parlé de cheval de Troie, allant dans le même sens. Moi, ce que je pense, puis
vous me direz si je me trompe, c'est que le projet de loi n° 66 est une
foutue occasion ratée de faire les choses différemment.
Puis ce que vous nous dites... Il y en a
qui appellent ça «projet de société» comme si c'était, mon Dieu! tellement
irréaliste, mais ce que vous nous dites, au fond, c'est que le projet de loi
n° 66 aurait pu être au moins un projet pilote pour essayer de faire des
choses différemment, considérant que nous sommes face à une pandémie qui est
unique, qui est différente dans l'histoire de l'humanité. Est-ce qu'on peut
ajouter un troisième terme, «laboratoire», «cheval de Troie», au moins une «occasion
ratée»?
M. Creimer (Diego) :
Bien, écoutez, ce n'est pas à nous, au nom du G15, de faire le procès politique
du projet de loi. Ce que je peux vous dire, c'est qu'à l'étape où on est,
j'entends le député de La Pinière, il me semble inquiétant qu'il y ait des
appels d'offres qui sont en cours quand on est encore en train de scruter le projet
de loi et ce qui peut le modifier. Et, devant ce que d'autres considèrent comme
un fait accompli, on essaie d'améliorer. Et, si on est pour créer des précédents,
on peut créer aussi créer des bons précédents. Ajouter des critères
d'écoconditionnalité ici, c'est créer un bon précédent. Je ne sais pas si c'est
dans le bon projet de loi, mais c'est créer un bon précédent. Et, si on a
l'opportunité de le faire, on le fait. On avait recommandé à l'État québécois
d'ajouter des critères d'écoconditionnalité un peu partout, et ce projet de loi,
c'est encore une opportunité de le faire...
Mme Alain (Béatrice) : Je
rajouterais juste que <le projet... >ce projet...
Le Président (M. Simard) :
En conclusion.
Mme Alain (Béatrice) : Il
y a un moment exceptionnel, on doit avoir des mesures exceptionnelles, dans le
bon sens.
M. Gaudreault : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, Mme Alain, M. Creimer, merci beaucoup pour votre participation
à nos travaux aujourd'hui.
Sur ce, nous allons ajourner notre commission
jusqu'au mardi 27 octobre. Et je tenais, très sincèrement, là, en ce jeudi
soir, à vous dire <merci...
Le Président (M. Simard) :
...M. Creimer,
merci beaucoup pour votre
participation à nos
travaux
aujourd'hui.
Sur ce, nous allons ajourner notre
commission
jusqu'au mardi 27 octobre. Et je tenais, très sincèrement, là, en
ce jeudi soir, à vous dire >merci parce qu'on a travaillé pas mal fort
depuis lundi dernier, là, incluant le mandat précédent. Alors, merci à tous,
puis particulièrement merci à notre équipe qui nous accompagne avec autant de
patience. Au revoir.
(Fin de la séance à 17 h 12)