Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Tuesday, October 27, 2020
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Vol. 45 N° 92
Special consultations and public hearings on Bill 66, An Act respecting the acceleration of certain infrastructure projects
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Intervenants par tranches d'heure
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Simard, Jean-François
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LeBel, Sonia
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LeBel, Sonia
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Simard, Jean-François
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Barrette, Gaétan
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Arcand, Pierre
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
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Simard, Jean-François
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LeBel, Sonia
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Barrette, Gaétan
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Arcand, Pierre
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
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Simard, Jean-François
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LeBel, Sonia
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LeBel, Sonia
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Simard, Jean-François
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Barrette, Gaétan
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Arcand, Pierre
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
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Simard, Jean-François
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LeBel, Sonia
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Barrette, Gaétan
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
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Gaudreault, Sylvain
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Simard, Jean-François
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LeBel, Sonia
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Barrette, Gaétan
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Barrette, Gaétan
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LeBel, Sonia
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LeBel, Harold
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Simard, Jean-François
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
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Simard, Jean-François
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LeBel, Sonia
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Barrette, Gaétan
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Barrette, Gaétan
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Simard, Jean-François
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
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LeBel, Sonia
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LeBel, Sonia
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Simard, Jean-François
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Barrette, Gaétan
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
10 h (version révisée)
Mardi 27 octobre 2020
— Vol. 45
N° 92
Consultations particulières sur le
projet de loi n° 66 — Loi concernant l'accélération de
certains projets d'infrastructure (4)
(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Simard) :
Bien, chers collègues, à l'ordre, s'il vous plaît! Je constate que nous avons
quorum. Je vous souhaite un bon matin et un bon début de semaine. Heureux de
vous retrouver.
Donc, nous sommes réunis afin de poursuivre
les auditions publiques sur le projet de loi n° 66, Loi concernant
l'accélération de certains projets d'infrastructure.
Mme la secrétaire, bonjour. Dites-moi, y
a-t-il des remplacements ce matin?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Alors, M. Asselin (Vanier-Les Rivières) est remplacé
par M. Lamothe (Ungava); M. Chassin (Saint-Jérôme) est remplacé par M. Girard
(Lac-Saint-Jean); Mme Melançon (Verdun) est remplacée par M. Arcand
(Mont-Royal—Outremont); et M. Ouellet (René-Lévesque) est remplacé par M. Gaudreault
(Jonquière).
Le Président (M. Simard) :
Alors, bienvenue à ces nouveaux collègues. Y a-t-il également des votes par
procuration que vous voulez nous signifier?
La Secrétaire
: Oui.
Alors, M. le député... M. Thouin (Rousseau) — pardon — dispose
<d'un vote... >d'un droit de vote par procuration au nom de
M. Reid (Beauharnois) et M. Barrette (La Pinière) dispose <d'un
vote... >d'un droit de vote par procuration pour M. Fortin
(Pontiac).
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci. Alors, nous débutons nos travaux par l'audition de la Corporation
des entrepreneurs généraux du Québec. Alors, Mme Robitaille et
M. Côté, soyez les bienvenus parmi nous. Vous savez que vous disposez
d'une période de 10 minutes pour faire votre présentation, mais
auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter, s'il vous plaît?
(Visioconférence)
Mme Robitaille (Mélissa) :
Bonjour. Mélissa Robitaille, je suis présidente du conseil d'administration de
la Corporation des entrepreneurs généraux. Je suis aussi coprésidente et directrice
générale de l'entreprise Syscomax.
M. Côté (Eric) : Et Éric Côté,
je suis président-directeur général de la Corporation des entrepreneurs
généraux du Québec.
Le Président (M. Simard) :
Alors, nous vous écoutons.
Mme Robitaille (Mélissa) : Donc,
merci beaucoup, M. le Président. La Corporation des entrepreneurs généraux a
été fondée en 1996. Elle représente maintenant plus de 85 % des
entrepreneurs généraux du Québec. C'est le seul organisme voué exclusivement à
la promotion des intérêts collectifs et des droits des entrepreneurs généraux
oeuvrant principalement dans le secteur ICI, institutionnel, commercial et
industriel.
À la fois lieu de rencontre et d'échange
pour les entrepreneurs, la CEGQ se distingue par sa vision patronale éclairée,
son approche proactive, de même que par son discours entièrement ciblé sur les
problématiques affectant directement les intérêts... de ses membres. La mission
de la CEGQ consiste également à promouvoir activement le rôle déterminant que
joue l'entrepreneur général dans l'industrie de la construction.
La CEGQ est très près de ses membres. Elle
a fait plus une vingtaine de rencontres consultatives auprès de ces derniers au
cours des six derniers mois. Ces rencontres ont largement <contribué à...
Mme Robitaille (Mélissa) : …
la
mission de la CEGQ consiste également à promouvoir activement le rôle
déterminant que joue l'entrepreneur général dans l'industrie de la
construction.
La CEGQ est très près de ses membres.
Elle a fait plus une vingtaine de rencontres consultatives auprès de ces
derniers au cours des six derniers mois. Ces rencontres ont largement >contribué
à l'élaboration des présentes recommandations. Au total, plus de
500 entrepreneurs généraux y ont participé. Je laisse maintenant le soin à
M. Côté de poursuivre la présentation.
• (10 h 10) •
M. Côté (Eric) : Merci, Mme
Robitaille. M. le Président, le 10 avril dernier, la CEGQ était invitée, à
l'instar de d'autres acteurs de l'industrie de la construction, à participer au
comité interministériel pour la relance afin de partager ses observations
concernant la relance de l'économie du Québec. Nous avions alors identifié des
pistes de solution qui sont à mettre en place et qui se retrouvent dans notre
mémoire en détail. Plusieurs de nos propositions ont trouvé leur place dans les
décrets ministériels, dans les communiqués, les annonces gouvernementales et
enfin, très heureusement, dans le projet de loi n° 66.
La CEGQ salue les efforts du gouvernement
visant à relancer l'économie du Québec et les moyens utilisés pour y arriver, et
la corporation accueille donc favorablement le projet de loi n° 66.
Toutefois, cette reprise a apporté son lot d'incertitude sur lequel le
gouvernement, nous considérons, doit s'attarder. La CEGQ souhaite aussi faire
part de ses observations à l'égard de certains éléments contenus dans le projet
de loi n° 66 qui touchent spécifiquement les entrepreneurs généraux qui
sont les soumissionnaires en matière de contrats publics.
Le CEGQ estime que le projet de loi
n° 66 est une opportunité pour le gouvernement de terminer la mise en
application de certaines recommandations de la commission Charbonneau,
notamment la recommandation n° 15 portant sur les délais de paiement. La CEGQ,
peut-être que vous ne le savez pas, a eu le privilège d'accompagner les
entrepreneurs généraux qui participaient au projet pilote par l'entremise d'un
comité de suivi qui s'est réuni mensuellement depuis maintenant 22 mois. C'est
plus de 15 entreprises du secteur, dans le secteur du bâtiment, qui ont
fait un rapport mensuellement de l'évolution des projets soumis à l'arrêté
ministériel.
Les commentaires reçus des entrepreneurs,
au projet pilote, sont très positifs. Le calendrier de paiement est bien
respecté et fort apprécié. Au cours de la dernière semaine, la CEGQ a même
effectué un sondage à la toute dernière minute pour vérifier cela, et la
majorité d'entre eux se sont dit satisfaits du calendrier de paiement. De plus,
toujours selon ce sondage, l'ensemble des entrepreneurs souhaitent ardemment
une loi contre les retards de paiement qui serait applicable, inévitablement, à
l'ensemble des contrats publics.
Nous nous permettons de mentionner que la
CEGQ a aussi… un autre sondage durant la pandémie, au mois de mai, en pleine
pandémie, donc. Et, à ce moment-là, sur l'ensemble de tous nos membres,
54 % des entrepreneurs nous ont indiqué qu'ils avaient subi des retards de
paiement à cause de la pandémie. Toutefois, fait à noter, les entrepreneurs qui
participaient au projet pilote, eux, n'ont subi aucun retard de paiement durant
cette période. C'est donc dire que le projet pilote fonctionne même en
situation de pandémie.
La CEGQ appuie donc sans réserve les
recommandations qu'elle a contribuées directement… la Coalition contre les
retards de paiement, dont nous sommes un des membres fondateurs. Par ailleurs,
considérant, dans le cadre du projet de loi n° 66, que le gouvernement
octroie des pouvoirs de surveillance à l'Autorité des marchés publics en
matière de contrats publics, la CEGQ souhaiterait que le gouvernement surveille
ses sous-contrats dans leur ensemble et, par la même occasion, <termine…
M. Côté (Eric) : …qu'elle a
contribuées directement… la Coalition contre les retards de paiement, dont nous
sommes un des membres fondateurs. Par ailleurs, considérant, dans le cadre du
projet de loi n° 66, que le gouvernement octroie des pouvoirs de
surveillance à l'Autorité des marchés publics en matière de contrats publics,
la CEGQ souhaiterait que le gouvernement surveille ses sous-contrats dans leur
ensemble et, par la même occasion, >termine la mise en oeuvre de la recommandation
n° 1.2 de la commission Charbonneau, portant sur
l'encadrement du Bureau des soumissions déposées du Québec par l'Autorité des
marchés publics.
À cet égard de cette
recommandation, la commission Charbonneau a indiqué, à la page 98 de son
rapport : «De même, en ce qui a trait aux entrepreneurs spécialisés, la
commission estime que l'AMP devrait pouvoir imposer des règles de
fonctionnement au BSDQ et assurer une vigie continue des échanges entre les
diverses parties prenantes.» Je continue de citer le rapport : «Un certain
nombre de phénomènes de collusion ont été effectivement constatés dans ces
domaines, et sans affirmer qu'ils sont plus importants qu'ailleurs, il importe
pour la commission qu'ils puissent être opérés et combattus.» Fin de la
citation.
Ces phénomènes de collusion sont malheureusement
toujours présents en 2020, tel qu'en témoigne une décision de la Cour d'appel, rendue
le 17 mars dernier, Maçonnerie Rocherfort c. Pomerleau, une décision qui a
été rendue, donc, en mars dernier, qui évoque une situation très claire. Je
vous invite à prendre connaissance du jugement, le lien est dans notre mémoire.
<À l'automne 2016… >Et,
dans un contexte pour expliquer un peu la situation, à l'automne 2016, le gouvernement
a déposé le projet de loi n° 108 créant l'Autorité des marchés publics.
Toutefois, le parti sur le BSDQ avait été écarté à ce moment-là. Le
gouvernement avait plutôt choisi de confier, à un comité de suivi composé de
quatre ministères, le Conseil du trésor, le ministère du Travail, le ministère
des Affaires municipales et la Société québécoise des infrastructures, de lui
faire des recommandations quant à l'encadrement du Bureau des soumissions
déposées du Québec.
Quatre ans plus tard, malheureusement, le
fruit du travail de ce comité, qui s'est réuni à plus de 16 occasions, n'a
toujours pas été rendu public, malgré le fait que la problématique soulevée par
la commission Charbonneau demeure en 2020. Le rapport, dont le ministère des
Affaires municipales nous a quand même remis copie <et que vous allez… >,
et que nous avons joint à notre mémoire pour que vous puissiez en prendre
connaissance, indique qu'il faut exercer un encadrement au Bureau des
soumissions déposées et qu'il faut… Je vous laisse prendre connaissance des
nombreuses… et des neuf recommandations qui sont faites à cet effet-là.
Le rapport recommande notamment que les
activités et la gouvernance du BSDQ doivent faire l'objet d'une amélioration de
manière à rapprocher le système du BSDQ des principes et des cadres normatifs
des contrats publics… pour le rendre plus équitable à l'égard de toutes les
parties d'impliquées. Bientôt cinq ans se sont écoulés depuis le rapport de la
commission Charbonneau sans que rien n'ait eu de développement dans ce dossier.
Nous croyons qu'il est indispensable d'abolir
la collusion au sein de notre industrie et nous avons pris la liberté de
joindre le rapport, vous pourrez en prendre connaissance. Il y a donc une
volonté de la part du gouvernement de légiférer en matière de sous-contrats
publics. La CEGQ souhaite que le gouvernement saisisse l'opportunité et
complète la mise en oeuvre de cette recommandation de la commission Charbonneau
en soumettant l'entièreté de l'encadrement du BSDQ à l'AMP.
Dans une autre perspective plus globale,
nous souhaitons que le gouvernement… nous aurions apprécié que le gouvernement
ait une réflexion un peu plus large sur la Loi sur les contrats des organismes
publics, qui a <bientôt son…
M. Côté (Eric) :
…l'entièreté de l'encadrement du BSDQ à l'AMP.
Dans une autre perspective plus
globale, nous souhaitons que le
gouvernement… nous aurions apprécié que
le
gouvernement ait une réflexion un peu plus large sur la
Loi
sur les contrats des organismes publics, qui a >bientôt son
12e anniversaire. Une réflexion devrait avoir lieu sur la LCOP et ses
règlements, qui ont pris, malgré tout, beaucoup d'âge, si on peut dire ainsi.
La CEGQ tient à manifester son intérêt dans cette question. Nous avons
d'ailleurs soumis plusieurs cas à l'Autorité des marchés publics à cet effet,
des situations où, notamment, l'annexe VI du règlement… tous les
changements qui étaient apportés aux contrats ont apporté des situations où les
donneurs d'ouvrage faisaient une interprétation abusive du règlement en des
faveurs des entrepreneurs. Et cette situation a été clairement déposée, il y a
maintenant 18 mois, à l'Autorité des marchés publics. Depuis, rien n'a été
fait.
Nous avons une préoccupation aussi au
niveau du développement régional. La CEGQ est favorable, évidemment, à
l'accélération des investissements. Toutefois, nous avons une certaine
préoccupation quant au regroupement de plusieurs projets. Nous avons
l'impression que ce regroupement va défavoriser des entreprises de taille
moyenne qui pourraient normalement réaliser ces projets s'ils n'étaient pas regroupés.
Et cela entre en contradiction avec la politique de Passeport Entreprises qui a
été déposée dans le passé, et nous souhaitons donc… de s'assurer que, si on
fait la relance économique avec ces projets-là, qu'elle puisse contribuer à la
plus grande majorité d'entrepreneurs, pas seulement un petit nombre.
En conclusion, la CEGQ souhaite que ses
propositions trouvent donc place dans le projet de loi n° 66, et nous
espérons aussi que nous allons profiter de cette occasion pour enfin appliquer
deux dernières recommandations de la commission Charbonneau qui n'ont toujours
pas trouvé leur place au sein de la législation québécoise. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. Côté. Nous débutons par une intervention de la présidente
du Conseil du trésor. Madame, vous disposez de 16 minutes.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci, M. Côté, pour cette présentation, c'est fort apprécié.
Il y a beaucoup de vos recommandations, je dois dire d'entrée de jeu, qui sont
en dehors de la portée du projet de loi n° 66 mais qui sont extrêmement
intéressantes et pertinentes pour une réflexion beaucoup plus globale, là, donc,
dont celles sur la révision de la loi sur les contrats publics qui est… cette
réflexion-là qui est en cours, je vous le dis, et qui est très importante pour
moi, là, vous vous en douterez.
Il y a, donc<, il y a>… j'aurais
peut-être quelques petites questions par rapport à la question du BSDQ. Puis
après ça on pourrait peut-être aborder le projet pilote sur les retards de
paiement, qui sont peut-être plus au coeur de ce qu'on propose dans le projet
de loi n° 66, compte tenu qu'il y a une mesure pour appliquer, là. Et je
mettrai peut-être quelques faits en place pour bien cadrer notre discussion, si
vous le permettez.
Au niveau du BSDQ, <c'est… >bon,
naturellement le Bureau des soumissions déposées du Québec est sous la
responsabilité du MAMH, vous l'avez souligné. Vous avez joint le rapport.
Est-ce que… J'ai cherché, rapidement, puis peut-être qu'il m'a échappé. Ce
rapport-là a <été…
Mme LeBel : ...et je mettrai
peut-être quelques faits en place pour bien cadrer notre discussion, si vous le
permettez.
Au niveau du BSDQ, c'est… bon,
naturellement le Bureau des soumissions déposées du Québec est sous la
responsabilité du MAMH, vous l'avez souligné. Vous avez joint le rapport.
Est-ce que… J'ai cherché, rapidement, puis peut-être qu'il m'a échappé. Ce rapport-là
a >été <mis... a été >commandé par le gouvernement
précédent lors de la mise en place de l'AMP? Juste me redonner un petit peu
l'historique de ce rapport-là de ce comité-là.
M. Côté (Eric) : Oui. Lors de l'étude
détaillée du projet de loi n° 108, le gouvernement,
en 2016, avait annoncé le projet de loi, et il avait <évité le... >enlevé
le BSDQ dans le projet de loi n° 108. Et on avait
déféré à un comité, justement, qui était composé... donc, en 2016. Ce
rapport-là, selon nos estimations, aurait été déposé et remis au gouvernement à
l'automne 2017 et aurait été remis, donc, à ce moment-là, à la ministre
responsable de la Régie du bâtiment. Et malheureusement on nous a confirmé que
ce rapport-là avait été déposé, mais ce n'est qu'au mois de janvier... au mois
de décembre dernier, donc, avec le nouveau gouvernement, qu'on a eu copie du
rapport, mais qu'on nous a promis de sa mise en application. Malheureusement,
depuis ce temps-là, rien ne semble avoir été fait de ce côté-là. On nous a
promis une place au comité de suivi. Malheureusement, nous attendons toujours
la convocation de ce comité permanent. Donc, on voit d'une bonne chose… que le
gouvernement s'intéresse aux sous-contrats, parce que c'est exactement là où le
bât blesse, à notre avis.
Mme LeBel : Oui,
effectivement, vous l'avez mentionné, ça faisait également l'objet d'une
recommandation, là. Donc, ce que je comprends bien, c'est que vous avez... Selon
vos informations, ce rapport-là, <ce serait... >aurait été, bon,
déposé ou terminé en 2017, vous en avez eu copie en décembre 2019, si je
comprends bien. Et, depuis ce temps-là, est-ce que vous savez si le comité
s'est réuni? Écoutez, je m'excuse, ce n'est pas dans mes responsabilités
immédiates, donc je ne suis pas informée, mais vous ne savez pas si le comité
s'est réuni? Il y a eu la pandémie, depuis, là.
• (10 h 20) •
M. Côté (Eric) : Oui. Bien, le
comité devait débuter ses travaux en février et il devait y avoir des
représentants du Conseil du trésor, des Affaires municipales, de la Société
québécoise des infrastructures et du Travail. Malheureusement, ce comité-là,
peut-être à cause de la pandémie, n'a pas été convoqué, mais on fait des
demandes aux Affaires municipales à savoir qu'est-ce qui arrive de ce côté-là
et on semble comprendre que les parties ne sont pas intéressées à débuter les
travaux. Ça fait quand même bientôt un an qu'on attend que ça débute, ces
travaux-là, pour qu'on puisse voir à la chose, là.
Le rapport explique quand même que les
entrepreneurs généraux ne sont pas bien représentés dans les instances
actuelles du BSDQ. Donc, nous, on souhaite ardemment d'être mieux représentés
et de pouvoir, à la CEGQ, participer à ces travaux-là de cet organisme, qui est
privé mais qui a un impact important sur les contrats publics.
Mme LeBel : O.K. Bien, merci.
Je vais faire, de mon côté, les vérifications, parce que... vu que le Trésor
devait être impliqué dans cette démarche-là, donc, et faire le suivi approprié,
puis je vais prendre connaissance du rapport. Je ne vous cacherai pas que je ne
l'avais pas lu, là. Donc, je vais prendre la portion du rapport par rapport au
BSDQ, donc, je vais en prendre connaissance. Et c'est fort intéressant, vos
commentaires.
Je vais peut-être aller, peut-être plus
précisément maintenant, sur le projet pilote, entre autres sur les retards de
paiement, parce qu'on a, effectivement, dans le cadre du projet de loi n° 66, élargi le projet pilote. Je vais tout de suite vous
rassurer, on a... un groupe précédent nous a fait le <même...
Mme LeBel : ...
donc,
je vais en prendre connaissance. Et c'est fort intéressant, vos commentaires.
Je vais peut-être aller, peut-être plus
précisément maintenant, sur le projet pilote, entre autres sur les retards de
paiement, parce qu'on a, effectivement, dans le cadre du projet de loi
n°
66, élargi le projet pilote. Je vais tout de
suite vous rassurer, on a... un groupe précédent nous a fait le >même commentaire.
Ce n'est pas l'intention. Je ne vois pas, dans la rédaction de
l'article 66… c'est un peu mêlant, là, l'article 66 du projet de
loi n° 66, mais le fait qu'on prolonge le projet pilote. Ce n'est pas
l'objectif.
Le projet pilote, c'est 52 projets,
je pense, à l'origine? 52 projets à l'origine. Ces 52 projets là se
poursuivent selon le projet pilote de trois ans qui doit se terminer l'année
prochaine, l'été prochain. Et, suite aux résultats et aux conclusions de ce
projet pilote là, les démarches pour la mise en oeuvre de façon permanente, si
on veut, de ces processus, je pense que c'est un calendrier de paiements et un
système de règlement des différends…
M. Côté (Eric) :
Exactement.
Mme LeBel : C'est ça, sera
enclenché. Ce que fait le projet de loi, par contre, c'est qu'il vient étendre
la portée du projet pilote pour quelques projets de la liste des 181, et ces
projets-là qui ont le droit... qui peuvent l'utiliser pendant cinq ans, là.
Donc, c'est simplement pour remettre... un peu recadrer. Je comprends et je
comprenais la réaction de votre collègue précédent qui a témoigné disant qu'on
avait l'air d'étendre, par la bande, un projet pilote qui devait se terminer, mais
ce n'est pas le cas, je vous rassure. Et on va s'assurer que, dans la rédaction
de l'article... Je pense qu'il est correct comme il est, là, mais on va quand
même refaire un tour de piste pour s'assurer que la rédaction de l'article, telle
que proposée, ne pose pas cette ambiguïté-là et ne vient pas affecter le projet
pilote d'origine. Donc, je voulais simplement recadrer.
Ceci étant dit, vous faites partie de la
Coalition sur les retards de paiement, vous nous l'avez dit. D'ailleurs, c'est
la coalition qui nous avait mentionné ce fait-là pour le cinq ans. Donc, est-ce
que vous avez participé un peu... sans participer à l'élaboration, mais est-ce
que vous avez participé à la consultation qui a mené à la mise en place du
projet pilote en 2018?
M. Côté (Eric) : On a
participé, la CEGQ, à la rédaction de l'arrêté ministériel. Avec le ministre
d'alors, on a rédigé ça. On était dans... on l'avait même nous-mêmes recommandé
dans notre mémoire à la commission Charbonneau. Et la Corporation des
entrepreneurs généraux, on est aussi impliqué au niveau canadien avec l'ensemble
des provinces avec l'Alliance des entrepreneurs généraux du Canada. Donc, on
fait une vigie de toutes les législations sur les retards de paiement qui ont
lieu à travers le Canada. Donc, on a participé au comité du gouvernement du
Canada qui est en train d'adopter sa propre loi. Donc, on y voit clairement un
avantage de faire cette chose-là. Notre préoccupation, c'est qu'alors que
l'Alberta a déposé une loi la semaine passée et que la Colombie-Britannique
vient d'annoncer qu'elle allait le faire on s'inquiète que le gouvernement du
Québec soit dans la tête... pas dans la tête du peloton, mais plutôt dans la
queue du peloton par rapport à ça.
Et ça nous préoccupe parce que, les gens
qui ont fait les projets pilotes, on leur a parlé à tous les mois. Contrairement
à d'autres organismes, là, nous, on a mis en place quelque chose pour leur
parler, pour vérifier avec eux la situation, et tous les gens ont apprécié.
Donc, à notre avis, il y a moins de conflits, la relation avec le donneur
d'ouvrage est simplifiée, les relations avec les sous-traitants sont plus
claires, donc il y a une meilleure collaboration sur les <chantiers...
M. Côté (Eric) : ...
on
leur a parlé à tous les mois. Contrairement à d'autres organismes, là, nous, on
a mis en place quelque chose pour leur parler, pour vérifier avec eux la
situation, et tous les gens ont apprécié. Donc, à notre avis, il y a moins de
conflits, la relation avec le donneur d'ouvrage est simplifiée, les relations
avec les sous-traitants sont plus claires, donc il y a une meilleure
collaboration sur les >chantiers. À notre avis, c'est quelque chose qui
serait souhaitable, l'ensemble de ça.
Et des donneurs d'ouvrage à qui on a parlé,
qui n'ont pas de projet pilote, notamment des commissions scolaires, pour ne
pas les nommer, nous ont dit : Je pense que nous, on aimerait ça aussi
pouvoir avoir des projets pilotes. Donc, on a incité ces gens-là à consulter le
Conseil du trésor pour ajouter des projets pilotes, parce que ça demande très
peu d'efforts pour le Conseil du trésor, à cet effet-là, de surveiller ça.
Et l'organisme qui... un des intervenants
décideurs... et lui aussi, je pense qu'il y a quand même des bonnes retombées,
là. Il y aurait une préoccupation, à savoir si les intervenants décideurs
étaient sollicités ou pas. Quand on regarde l'Ontario, c'est 27 interventions
qui ont été enclenchées, trois qui ont été conclues. Au Québec, on parle de
cinq ou six, mais cinq ou six pour 52 projets. Donc, ce mécanisme-là a été
utilisé au Québec en prorata, par rapport à l'Ontario où c'est des dizaines de
milliers de projets qui ont été assujettis.
Mme LeBel : Vous parlez du
mécanisme de règlement des différends?
M. Côté (Eric) : Oui,
exactement.
Mme LeBel : Et, selon vos
informations, c'est concluant comme processus? Est-ce que c'est à la
satisfaction de vos membres? Parce que ça peut être à la satisfaction de
l'autre partie, là, mais il faut que les deux< soient...> adhèrent
au processus, là.
M. Côté (Eric) : Bien, les
recours juridiques des entreprises et du donneur d'ouvrage ne sont pas perdus
avec cet élément-là. Donc, les gens peuvent toujours poursuivre, s'ils veulent,
par la suite, ou utiliser leurs recours juridiques, mais la plupart des gens
ont été satisfaits, puis ça a permis de ne pas retarder l'exécution du projet puis
d'avoir une décision rapide.
Donc, l'exemple en Angleterre nous dit que
les décisions qui ont été renversées dans les tribunaux pour les questions de
paiements rapides, c'est moins de 2 % des requêtes qui <ont été...
qui >ont renversé la décision de l'intervenant décideur. À notre avis,
c'est une nouvelle manière de travailler, de collaborer qui serait
envisageable. Ça existe depuis 20 ans en Angleterre, pourquoi on s'en priverait
de notre côté, ici, là? Ça a même responsabilisé les professionnels dans le
processus, à notre avis. Donc, c'est souhaitable que ce soit en place, pas
juste pour les 181. Puis malheureusement, sur les 181, il y en a peu qui
semblent être de moins de 20 millions. Je pense qu'il faut le souhaiter
pour l'ensemble des projets. Puis le reste du Canada va le faire, donc c'est
souhaitable qu'on le fasse.
Mme LeBel : Bien,
naturellement, je pense que vous... Bien, vous avez donc procédé à
l'élaboration du projet pilote, à la rédaction de l'arrêté qui a été le point
de départ. Donc, je pense que vous êtes au fait <du... >qu'à la
conclusion de ce projet pilote là… s'il est concluant, naturellement, et ça
semble l'être, selon les conversations que j'ai, là, dans le cadre de ce projet
de loi ci, l'objectif est de l'élargir à très grande portée, naturellement, ce
projet pilote là, et d'en faire une mesure beaucoup plus, je dirais, régulière
plutôt que d'un projet pilote.
<Est-ce que vous avez... Est-ce
qu'il y avait... Est-ce qu'il y a... >Est-ce qu'il est prévu<,
pardon>, à la fin de ce projet-là, qui se termine, d'ailleurs, d'ici un
an, c'est quand même très tôt, là, dans le cas... et il y a deux années de
faites. Est-ce qu'il est prévu que vous donniez le point de vue de vos membres
sur les conclusions? Parce qu'il faut documenter le projet pilote pour faire,
par la suite, un projet de loi qui sera mieux senti, là. Donc, est-ce qu'il est
prévu que vous donniez vos impressions? <ou... >Je comprends que
vous allez le faire de toute façon, mais est-ce que c'est prévu dans la <mécanique...
Mme LeBel : ...
un an,
c'est quand même très tôt, là, dans le cas... et il y a deux années de faites.
Est-ce qu'il est prévu que vous donniez le point de vue de vos membres sur les
conclusions? Parce qu'il faut documenter le projet pilote pour faire, par la
suite, un projet de loi qui sera mieux senti, là. Donc, est-ce qu'il est prévu
que vous donniez vos impressions? ou... Je comprends que vous allez le faire de
toute façon, mais est-ce que c'est prévu dans la >mécanique?
M. Côté (Eric) : C'est prévu
dans la mécanique. Et d'ailleurs, bien, dans l'arrêté ministériel, il y a un
sondage qui doit être rempli par les participants à la fin du projet. Et en
vérifiant, en ce moment, dans le secteur du bâtiment, il n'y a aucun projet qui
est terminé. Donc, si les sondages ne sont pas rentrés, c'est tout simplement
parce que l'exécution des travaux n'est pas terminée. Mais nous, on a pris sur
nous de consulter les gens tout de suite pour leur demander, et il y a quand
même des éléments techniques qui peuvent être corrigés dans l'arrêté ministériel.
Donc, ce n'est pas parfait, je ne peux pas vous dire : On l'a écrit puis
on est très fiers. Il y a des choses qui ne fonctionnent pas qu'il faut
arranger, qu'il faut s'enligner. Il y a des exemples en Ontario qu'on aurait dû
prendre, peut-être, qu'on aurait pu intégrer, mais, à notre avis, le projet a
atteint une maturité qui pourrait être réalisée à... l'étendre dès maintenant.
D'ailleurs, je pense que même vous avez le pouvoir ministériel, <d'ajouter...
>sur les 52 projets, d'en ajouter d'autres. Moi, je pense que ce
serait souhaitable qu'on puisse permettre à d'autres projets de se réaliser
avec cette formule-là.
Mme LeBel : Est-ce que vous
avez... Je pense que c'est souhaitable aussi d'avoir toutes les informations.
Vous l'avez dit, un arrêté ministériel, c'est comme un projet de loi, c'est
perfectible. L'idée du projet pilote, c'est exactement de tester le... de faire
un «road test», quelqu'un m'en a parlé à un moment donné, faire un «road test»
sur ces mesures-là puis voir qu'elles sont perfectibles. C'est sûr, dans
l'application, là, souvent, c'est le cas.
Est-ce que vous avez à peu près... et je
ne demande pas nécessairement des chiffres précis, mais un ordre de grandeur <sur...
>par rapport aux 52 projets, naturellement, ou d'autres projets
similaires qui sont à l'extérieur du projet pilote? Combien de temps ça prend
dans le projet pilote versus combien de temps ça prend à l'extérieur du projet
pilote? Je pense à la commission Charbonneau, on parlait de retards de quatre à
six mois, si je ne me trompe pas, et les rapports à ce moment-là. Qu'est-ce que
ça donne, dans le cadre du projet pilote, selon vos informations, là?
M. Côté (René) : En termes
d'exécution du projet, vous dites?
Mme LeBel : Oui, bien, en
termes de paiement.
M. Côté (Eric) : Oui. Bien,
écoutez, nous, tout le monde nous a dit qu'ils ont été payés dans les délais
depuis 22 mois. Donc, c'est chose qui n'existe pas. Il y a des gens qui,
notamment, travaillent avec la Société québécoise des infrastructures, qui ont
des projets, des projets qui sont d'ailleurs au coût de 20 millions, et
ces projets-là se font et sont executés selon des délais. Donc, il n'y a pas de
retard. Outre les éléments techniques auxquels un chantier de construction doit
faire face, il n'y a pas de retards qui sont observés, tout le monde est payé
en 30 jours, les sous-traitants aussi et les sous sous-traitants aussi.
Mme LeBel : O.K., peut-être
rapidement, en terminant, j'aimerais que vous me parliez un peu de l'avantage
que le gouvernement devance les investissements dans le milieu de la
construction, surtout dans le milieu institutionnel, commercial et
résidentiel... pas résidentiel, mais industriel. Est-ce que vous voyez,
présentement, un désengagement des fonds privés? C'est ce qui a été noté par
quelques-uns, là, qu'au niveau... que c'est peut-être une bonne chose que le
gouvernement devance pour la relance économique, là, devance des
investissements en matière d'infrastructures.
• (10 h 30) •
M. Côté (Eric) : Je laisserais
la parole à Mme Robitaille, qui évolue dans le secteur privé
essentiellement, qui pourrait vous expliquer la nature du marché dans le
secteur privé, si ça se passe bien ou pas, si elle observe des rassemblements.
Alors, je laisserais la parole à Mélissa de ce côté-là...
10 h 30 (version révisée)
Mme LeBel : ...que le gouvernement
devance pour la relance économique, là, devance des investissements en matière
d'infrastructure.
M. Côté (Eric) : Je laisserais
la parole à Mme Robitaille, qui évolue dans le secteur privé,
essentiellement, qui pourrait vous expliquer la nature du marché dans le
secteur privé, si ça se passe bien ou pas, si elle observe des... Alors, je
laisserais la parole à Mélissa de ce côté-là.
Mme Robitaille (Mélissa) :
Merci, Eric. Donc, oui, c'est souhaitable que le gouvernement accélère ce type
de projet. De mon côté — je parle entièrement pour moi — la
pandémie a mis sur la glace cinq projets, <dont... >plus trois
projets qui ont été reportés dans une date non définie, considérant le climat
économique actuel, des projets qui initialement devaient être revus pour 2021
qui seront probablement reportés en 2022, dépendamment de comment va évoluer la
situation actuelle. Donc, c'est souhaitable que le gouvernement mette de
l'avant des projets.
Mme LeBel : Bien, merci
beaucoup. Merci pour votre présentation. C'est tout pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Madame, monsieur, merci d'être ici aujourd'hui avec nous pour nous
faire part de vos observations, que je considère évidemment très pertinentes.
Écoutez, d'entrée de jeu, je vais vous
poser une question de curiosité, qui n'est pas en lien avec le projet de loi
n° 66 mais qui est en lien avec l'actualité : Qui a la meilleure
lecture de la situation, en termes de pénurie de main-d'oeuvre, la CCQ ou les
entrepreneurs? Si vous avez suivi les travaux, vous avez entendu, la semaine
dernière, des gens nous dire qu'il n'y avait pas de pénurie. Puis on a vu, dans
les médias, que, selon la CCQ, il y a une pénurie de travailleurs. Alors,
quelle est votre lecture, aujourd'hui, vous, entrepreneurs dans deux différents
secteurs, comme vous l'avez dit?
M. Côté (Eric) : Écoutez, je
pense que la question à savoir s'il y a une pénurie ou pas… la question n'est
pas là.<, c'est... >Il y a des manques à certains moments, il y a des
manques ponctuels, il y a des manques à long terme, il y a des manques à court
terme<, il y a... >Le système des relations de travail, il est
bâti d'une certaine manière que des travailleurs ne peuvent pas se déplacer
d'une région à l'autre, il y a différentes contraintes. Et ça, ça fait l'objet
de nombreuses discussions depuis de nombreuses années, et d'ailleurs, <nous
avons consulté... >nous avons été consultés par la Commission de la
construction du Québec à cet égard-là. Il y a des moyens de faciliter la
mobilité des personnes pour qu'on puisse ne pas vivre de situation de pénurie.
Je veux juste vous dire une chose, les
bassins de main-d'oeuvre qui sont en cours en ce moment sont ouverts, ça veut
dire que, dans certaines régions, on manque de travailleurs, ça, c'est
incontestable. S'il n'y a plus personne de disponible pour faire les ouvrages,
il y a donc, à notre avis, une pénurie. Donc, il y a l'opinion des syndicats,
il y a l'opinion des entrepreneurs, il y a l'opinion de la CCQ, mais je peux
vous dire que, du côté des entrepreneurs, il y a des situations où on manque de
travailleurs, où on manque de certaines spécialités. Et c'est variable selon
les projets, selon les régions, mais on sent qu'il y a une pression plus forte,
en effet.
M. Barrette : Donc, est-ce que
je suis correct, là, si j'interprète votre réponse en disant ceci : Quand
j'additionne tous les bassins, là, et qu'on tire une ligne, là, le résultat, c'est
qu'il y a une <pénurie...
M. Côté (Eric) : ...
Et
c'est variable selon les projets, selon les régions, mais on sent qu'il y a une
pression plus forte, en effet.
M. Barrette : Donc, est-ce
que je suis correct, là, si j'interprète votre réponse en disant ceci :
Quand j'additionne tous les bassins, là, et qu'on tire une ligne, là, le
résultat, c'est qu'il y a une >pénurie, peut-être pas… peu importe la
hauteur, là, mais vous êtes au moins un peu en pénurie de travailleurs, au Québec,
en moyenne?
M. Côté (Eric) : Bien, ce
n'est pas un peu ou pas de pénurie, c'est que, oui, il y a une pénurie, à notre
avis.
M. Barrette : Bon,
parfait. Ça me va très bien, comme réponse. Bon, je postule que vous avez suivi
les travaux, alors vous avez constaté que je prenais votre position sur la question
de l'élargissement du projet pilote aux contrats de plus de 20 millions de
dollars. Vous avez dit, il y a quelques minutes, et ça, je l'ai vraiment
retenu, que, pour vous, il y a très peu de projets, dans les 181, qui sont en
bas de 20 millions. J'ai bien compris ça?
M. Côté (Eric) : Bien, c'est
notre interprétation, basée sur les rapports qui sont produits par la Société
québécoise des infrastructures. On n'a pas cette donnée-là. On s'attendrait à
ce que la commission, peut-être, fournisse l'information, mais je peux vous
dire, en ce moment, que, dans les projets pilotes, sur les 52, il y en a quand
même plusieurs qui sont, eux, de plus de 20 millions. Donc, il est
possible de faire un projet pilote contre les retards de paiement avec un
projet d'au-dessus de 20 millions, donc, c'est possible. On en a la preuve
vivante, il y en a trois, en ce moment, qui s'exécutent dans le secteur du
bâtiment.
M. Barrette : Oui, mais
ma question ce n'est pas le projet pilote comme tel, ma question, c'est votre
lecture de la liste. C'est que la majorité de ces projets-là sont au-dessus de
20 millions, en tout cas, moi, ma lecture, c'est celle-là, et que vous
souhaiteriez que le projet pilote soit étendu à plus de 20 millions, puis
vous n'y voyez pas de problème, vous, administratif, conceptuel ou autre, à
faire ce pas-là. Est-ce que ma lecture est correcte de votre position?
M. Côté (Eric) : Je vous
dirais qu'il y a certains modes de réalisation qui sont plus difficiles à
concilier avec les modalités contre les retards de paiement, et on souhaiterait
qu'il y en ait plus, en effet, et qu'on puisse l'étendre au plus de projets
possibles.
M. Barrette : Quel mode
de réalisation est moins apte à bénéficier du projet pilote?
M. Côté (Eric) : Bien,
quand on est en conception, construction, il y a des ententes qui sont faites,
et elles peuvent avoir des modalités qui sont faites, mais, dans ce cas-ci,
quand l'architecte et l'entrepreneur travaillent ensemble dans un consortium,
et qu'ils vont livrer un projet, et les sous-traitants sont engagés par la
suite, les modalités contractuelles font qu'elles appartiennent à
l'entrepreneur, pas au donneur d'ouvrage. Donc, il est possible, à ce moment-là,
qu'il y ait des difficultés qui soient faites, mais je pense que tout est fait
en son possible pour que les paiements se fassent le plus rapidement possible.
M. Barrette : Oui.
M. Côté (Eric) :
<C'est
beaucoup plus... >La question des délais de paiement, on l'observe
beaucoup plus de la part du donneur d'ouvrage qui retient des paiements avec ses
professionnels que dans les modes en conception, construction, de toute façon.
M. Barrette : O.K.
Parfait. De toute façon, les projets qui sont là, là, c'est des projets qui
sont assez circonscrits, en termes de précision des devis et ainsi de suite,
là. On n'est pas dans un projet «voici un concept et puis faites-nous ça». Là,
c'est plus «voici ce que ça va avoir l'air, puis vous le <livrez»...
M. Barrette : ...
O.K.
Parfait. De toute façon, les projets qui sont là, là, c'est des projets qui
sont assez circonscrits, en termes de précision des devis et ainsi de suite,
là. On n'est pas dans un projet «voici un concept et puis faites-nous ça». Là,
c'est plus «voici ce que ça va avoir l'air, puis vous le >livrez», c'est
plus comme... Pour ces projets-là, là, j'entends, là. O.K. Ça va.
Là, <dans votre... >vous en
avez parlé vous-même et, dans votre mémoire, vous allez dans le sens de ce que
l'on a dit, nous, en tout cas, pour notre formation politique, à plusieurs
reprises pour ce qui est des pouvoirs de l'AMP, et ainsi de suite aussi, comme
je viens de le dire, pour les contrats. Là, vous avez parlé assez clairement de
problèmes de collusion persistants. Vous avez entendu l'association des
camionneurs, qui dit que c'est monnaie courante. Votre lecture, c'est quoi? En
fait, j'ai envie de vous demander, là, nous glissons sur la pente glissante ou
les choses sont sous contrôle?
M. Côté (Eric) : Bien, écoutez,
avant de conclure qu'il n'y a plus de collusion dans notre industrie… je
m'attendrais à ce qu'on applique l'ensemble des recommandations de la commission
Charbonneau avant de tracer un constat, de décider ou pas, c'est ça, dans ce
cas-ci.
Dans le cas du Bureau des soumissions
déposées, c'est clairement indiqué, il y a un jugement qui date de 2020, je
pense qu'il y a des choses qui font... il y a des éléments qui sont mis en
place qui augmentent les risques. Je pense que le comité de suivi de la commission
permanente... le comité de suivi de la commission Charbonneau… il y a des
éléments qui sont à risque. Est-ce que veut dire que c'est constamment un
risque qui s'avère? Pas nécessairement, mais on est à risque, et il faut
éliminer ces risques-là, à notre avis, pour faciliter l'exécution dans les
travaux dans les chantiers de construction. Donc, il faut limiter les risques,
il faut les mitiger, donc il faut un encadrement de ce côté-là. Ça inclut le
BSDQ, ça inclut aussi d'autres systèmes où on expose, dans le fond, des
donneurs d'ouvrage qui sont mal expérimentés à mal gérer les projets. Donc, à
notre avis, il faut faire quelque chose de ce côté-là pour limiter ces
risques-là.
Et, bien, quand la collusion… Écoutez, il
n'y a personne qui nous appelle pour dire qu'ils font de la collusion, c'est quelque
chose qui s'avère comme ça. Donc, nous, on doit, dans le fond, comme association,
s'assurer que la saine concurrence puisse être possible. Et c'est ce qu'on
souhaite, parce qu'on ne veut pas favoriser un membre face à un autre. Donc, on
souhaite la saine concurrence pour toute l'industrie de la construction, évidemment.
Le Président (M. Simard) :
Merci.
M. Barrette : En l'absence de
la ligne 1 800 collusion, je vais passer la parole.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Mont-Royal—Outremont.
M.
Arcand
:
Merci beaucoup. La question, c'est sur les donneurs d'ouvrage. Vous avez parlé
de pratiques abusives de la part des donneurs d'ouvrage. Bon, le retard au
niveau du paiement est certainement une pratique qu'ils peuvent faire. Est-ce
qu'il y a autre chose que vous considérez être des pratiques abusives de la
part des donneurs d'ouvrage?
M. Côté (Eric) : Le grand
défi, dans l'industrie de la construction, c'est d'avoir des plans et devis
complets, là. Je pense que votre collègue l'a bien illustré, là. Si les plans
et <devis...
M.
Arcand
:
…qu'ils peuvent faire.
Est-ce qu'il y a autre chose que vous considérez
être des pratiques abusives de la part des donneurs d'ouvrage?
M. Côté (Eric) : Le grand
défi, dans l'industrie de la construction, c'est d'avoir des plans et devis
complets, là. Je pense que votre collègue l'a bien illustré, là. Si les plans
et >devis sont incomplets, on se retrouve dans des situations où les
instructions à l'entrepreneur… où la soumission ne peut pas préciser son prix à
faire les travaux. Donc, souvent, on découvre ces imprécisions-là en cours
d'exécution des projets, et ça occasionne ce qu'on appelle des changements dans
les projets.
Donc, ce que les gens ont condamné comme
les fameux extras, là, qui sont en fait des besoins qui changent de la part du
donneur d'ouvrage ou des imprécisions dans les plans et devis, ces éléments-là
sont des éléments qui sont très difficiles à élaborer, puis, quand on est en
exécution de chantier, cette pression-là est immense. Donc, l'entrepreneur,
lui, doit ne pas ralentir son chantier, répondre aux besoins de… du donneur
d'ouvrage, et doit en plus estimer le coût de ces projets-là, se commettre
légalement pour réaliser ça. C'est là que la négociation avec le donneur
d'ouvrage devient difficile.
• (10 h 40) •
Donc, l'entrepreneur n'a pas demandé les
extras, c'est le projet qui n'était pas clair, et, dans ces cas-là, le donneur
d'ouvrage abuse de sa position pour décider ou déterminer le prix d'un
changement, alors que l'entrepreneur, lui, doit l'exécuter et doit… (panne de
son) …avec ses sous-traitants aussi, qui, eux, ont estimé les prix. Donc, il y
a une espèce de joute, et c'est ces situations-là qu'on appelle. Tout ça touche
à l'annexe VI du règlement des travaux de construction de la Loi des
contrats des organismes publics. Et c'est là qu'il y a de l'abus et qu'il y a
des choses qui ne sont pas claires, malheureusement.
M.
Arcand
: Et,
pour corriger ça, ça prendrait quoi, à ce moment-là? <C'est… >Il
faut que les devis soient mieux faits, il faut que…
M. Côté (Eric) : Bien, on
devrait avoir, donc, des plans et devis de meilleure qualité. On devrait aussi
avoir des modalités de paiement claires. Ça faciliterait beaucoup l'exécution
des projets, parce que, souvent, si quelque chose est mal conçu, bien, quand on
vient pour l'exécuter, c'est très difficile, et il y a des imprévus qu'on doit…
que peu de gens n'ont pu estimer, donc, et, quand la collaboration n'est plus
là, quand vient le temps des conflits, alors un entrepreneur va estimer qu'un
travail additionnel va coûter 50 000 $. Pour le donneur d'ouvrage qui
a un budget à gérer…
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Côté (Eric) : …il est possible
de mettre des… (panne de son) …donc, il y a un conflit entre ces éléments-là.
Et on a rapporté ces cas-là — je pourrais vous les déposer à la
commission — à l'Autorité des marchés publics, trois cas qui ont été
anonymisés de situations abusives des donneurs d'ouvrage… (panne de son)
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci, M. Côté. Sur ce, je cède la parole au député de
Rosemont. Vous disposez, cher collègue, de 2 min 40 s.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. M. Côté, Mme Robitaille, bonjour. Bienvenue. Merci d'être
là. On ne vous a pas beaucoup entendus, ou, en fait, pas du tout, à moins que
je n'aie zappé… des mesures d'accélération, notamment, par les analyses
environnementales, là. Avez-vous une position là-dessus? Parce que c'est quand
même un gros morceau du projet de loi qui est devant nous.
M. Côté (Eric) : Je pourrais…
je pense qu'on a fait part, notamment au comité sur l'allègement réglementaire,
qu'il devenait parfois difficile d'exécuter certains projets, <notamment…
M. Marissal : …
Avez-vous
une position là-dessus? Parce que c'est quand même un gros morceau du projet de
loi qui est devant nous.
M. Côté (Eric) : Je
pourrais… je pense qu'on a fait part, notamment au comité sur l'allègement
réglementaire, qu'il devenait parfois difficile d'exécuter certains projets,
>notamment parce que la municipalité, le ministère de l'Environnement se
lançaient la balle, puis ça retardait les processus. On a plaidé notamment pour
qu'il y ait une linéarisation plus claire, plus simple des processus.
À notre avis, la solution de rechange que
propose le projet de loi n° 66 est une solution temporaire, mais il faut
avoir un processus plus clair et plus simple, pas nécessairement plus
expéditif, mais simplement qui va permettre de ne pas se perdre dans les
dédales administratifs, en ce moment, comme il peut arriver. Donc, souvent on a
des projets qui nous ont été rapportés, que la ville attend après le ministère
de l'Environnement, l'Environnement attend après la ville, à un moment donné,
on ne sait plus qui dirige, où est rendu le projet. Donc, je pense que c'est ce
qu'on essaie d'éviter, avec le projet de loi n° 66, c'est pour ça qu'on
est d'accord avec cette procédure-là.
M. Marissal : D'accord. Le
problème, c'est l'analyse environnementale ou c'est le fait que deux ou trois
joueurs jouent au ping-pong et se renvoient la balle?
M. Côté (Eric) : Bien, je
pense que l'exemple sportif que vous utilisez est le bon. Je pense qu'à un
moment donné on ne sait plus dans quel côté la balle est, et souvent c'est ça
qui va occasionner des problématiques. Le projet de loi n° 66 tient la
bride, si on veut, par rapport à ça, mais ça ne règle pas le problème pour l'ensemble
des projets, là, par rapport à ça.
M. Marissal : Ma question
était à l'effet qu'un règlement peut exister, il est tout simplement mal appliqué
ou il peut y avoir toutes sortes de phénomènes, là, de bureaucratie, mais le
règlement comme tel… vous, là, de votre côté, et votre industrie, les analyses
environnementales sont nécessaires ou on pourrait, dans certains cas, passer
par-dessus?
Mme Robitaille (Mélissa) : Bien,
si je peux me permettre, Eric, les analyses environnementales sont nécessaires,
le processus est nécessaire. L'enjeu est au niveau du traitement des dossiers
puis dans la mécanique du traitement des dossiers.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Marissal : Tout simplement
améliorer ça par une meilleure communication, puisqu'on doit faire les analyses
environnementales, selon ce que vous dites?
Mme Robitaille (Mélissa) : Une
meilleure communication puis plus d'effectifs aux gens attitrés à l'étude de
ces dossiers-là.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Marissal : Je vous
remercie.
Le Président (M. Simard) :
Merci. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci.
Moi, M. le Président, je suis assez étonné de constater que c'est une
organisation sans but lucratif qui s'appelle laCorporation des entrepreneurs
généraux du Québec qui rend public un rapport interministériel parce que ça traîne.
Et c'est pour ça qu'ils le font, moi, c'est ainsi que je l'interprète. On a un
comité interministériel qui a été créé pour faire le suivi d'une recommandation
de la commission Charbonneau, quand même, un comité interministériel dont le
rapport, selon ce que M. Côté nous a dit, a été déposé à
l'automne 2017, donc ça fait trois ans. On a eu deux gouvernements, depuis
ce temps-là, le gouvernement libéral, et on a un <gouvernement…
M. Gaudreault : ...d'une
recommandation de la commission Charbonneau, quand même, un comité
interministériel dont le rapport, selon ce que M. Côté nous a dit, a été
déposé à l'automne 2017, donc ça fait trois ans. On a eu deux
gouvernements, depuis ce temps-là, le gouvernement libéral, et on a un >gouvernement
qui est en place depuis deux ans, et il faut avoir une commission parlementaire
sur un projet de loi qui découle de la pandémie pour obtenir le dépôt public
d'un rapport sur la réforme du Bureau des soumissions déposées du Québec.
Alors, moi, je trouve ça assez fascinant
d'être obligé de s'en remettre à une organisation sans but lucratif de bonne
foi — que je salue — pour obtenir un rapport de cette
envergure-là et qui... En plus, on constate que, sur le fond des choses ni par
le gouvernement précédent ni par le gouvernement actuel il n'y a eu aucun
suivi, aucun suivi, et c'est quand même des recommandations importantes. Alors,
moi, j'aimerais savoir de la part de nos invités s'ils trouvent ça normal
qu'ils soient obligés de faire oeuvre de transparence en lieu et place du gouvernement.
M. Côté (Eric) : Ce n'est pas
de gaieté de coeur qu'on doit rendre public un tel document, mais c'est parce
que la dernière fois qu'on était en commission parlementaire, il y a quatre
ans, c'était exactement pour cette question-là du Bureau des soumissions
déposées du Québec. Alors, nous, on se pose la question, qu'est-ce qui arrive
dans ce document-là? <Ça fait... >C'est quelque chose qui a été
parlé à la commission Charbonneau, on a eu un rapport, il y a eu de multiples
étapes. On sent qu'il y a quelque chose à faire de ce côté-là, et ça traîne.
Et, vous savez, c'est des deniers publics <qui sont... >ça coûte
de l'argent, ce qui se passe au BSDQ, au trésor public. Et comment ça se fait
qu'on n'en adresse pas la question? Moi, c'est ça qui me surprend et c'est pour
ça qu'on a rendu public le rapport, pour que les choses avancent, pour qu'on
puisse réformer cet organisme-là et que l'AMP s'en mêle et jette un coup d'oeil
là-dessus.
M. Gaudreault : Bien, je veux
vous en remercier parce que vous faites oeuvre utile, parce que, visiblement,
que ce soit le Parti libéral ou la CAQ, c'est même réalité à cet égard, encore
une fois.
Le Président (M. Simard) :
Merci.
M. Gaudreault : Est-ce que
vous êtes capable de nous...
Le Président (M. Simard) :
Non, c'est terminé, vous avez déjà...
M. Gaudreault : C'est terminé?
Bon. C'est bon.
Le Président (M. Simard) : On
a déjà malheureusement défoncé le temps qui nous était imparti. Alors, merci à
tous. Mme Robitaille, M. Côté, à nouveau, merci pour votre
contribution à nos travaux.
Sur ce, nous allons suspendre
momentanément, le temps de faire place à nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 10 h 48)
>
(Reprise à 10 h 52)
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous, chers collègues. Nous allons reprendre nos travaux. Nous sommes
en compagnie de représentants de l'Ordre des ingénieurs du Québec. Madame,
monsieur, bonjour.
Mme Baig (Kathy) : Bonjour.
Le Président (M. Simard) :
Bienvenue parmi nous. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter, s'il
vous plaît?
Mme Baig (Kathy) : Bien sûr.
Donc, Kathy Baig, présidente de l'Ordre des ingénieurs du Québec, et je suis
accompagnée de Me François-Xavier Robert, avocat au secrétariat et affaires
juridiques de l'ordre.
Le Président (M. Simard) :
Nous vous écoutons.
Mme Baig (Kathy) : Excellent.
Donc, merci, M. le Président, Mme la ministre, membres de la commission. Je
représente l'Ordre des ingénieurs du Québec. Notre mission, c'est d'assurer la
protection du public, de près de 65 000 ingénieurs et 3 600 candidats
à la profession, donc futurs ingénieurs. L'ordre encadre l'exercice de la
profession par différents moyens, soit par l'admission, l'inspection
professionnelle, la discipline et le développement professionnel.
D'entrée de jeu, je veux commencer en
disant que l'ordre comprend le besoin d'accélération des projets de
construction ou de réflexion pour… la relance économique. Toutefois, je pense
que, comme vous le savez, la réalisation simultanée de nombreux projets peut
entraîner des risques accrus, que nous avons collectivement le devoir
d'atténuer.
Notre mémoire contient donc des
recommandations à ce sujet, que je vais vous résumer ce matin, mais, avant, je
tiens à féliciter le gouvernement quant à l'évolution de ce projet de loi. Le gouvernement
a tenu compte des principales préoccupations exprimées en juin dernier, et je
veux en souligner deux en particulier.<, soit… >La première, les
mesures de reddition de comptes permettront aux parlementaires et au public de
bien évaluer la portée des mesures d'accélération dont les projets d'infrastructure
bénéficieront. La deuxième, c'est ce qui touche la limitation des projets.
Donc, les ouvrages pouvant bénéficier des mesures d'accélération sont
maintenant limités à la liste qui se trouve dans le projet de loi. Le mémoire
qu'on a déposé, en fait, regroupe deux grands volets. Le premier volet, c'est
tout ce qui touche la qualité des ouvrages et la prévention de la collusion, et
le deuxième volet, c'est ce qui touche le développement <durable...
Mme Baig (Kathy) : ...les
ouvrages pouvant bénéficier des mesures d'accélération sont maintenant limités
à la liste qui se trouve dans le projet de loi. Le mémoire qu'on a déposé, en fait,
regroupe deux grands volets. Le premier volet, c'est tout ce qui touche la
qualité des ouvrages et la prévention de la collusion, et le deuxième volet, c'est
ce qui touche le développement >durable et la qualité de
l'environnement.
Donc, je vais d'abord aborder le premier
volet. La réalisation de nombreux projets en simultané en mode accéléré
pourrait susciter des préoccupations sur la qualité et sur les éventuels
risques de collusion. Pour pallier à ces risques-là, l'ordre fait donc cinq
recommandations qu'on suggère qui soient mises en oeuvre. La première
recommandation, c'est ce qui touche les pouvoirs de l'AMP, donc de les étendre
à l'ensemble des contrats et sous-contrats publics, les pouvoirs confiés à
l'Autorité des marchés publics par le projet de loi. On pense en effet que les
nouveaux pouvoirs de l'AMP ne devraient pas seulement s'appliquer aux projets
visés par le projet de loi.
Notre deuxième recommandation touche les
lanceurs d'alerte. En fait, on dit qu'il faut mieux protéger adéquatement les
lanceurs d'alerte, notamment ceux qui vont transmettre de l'information à
l'AMP.
Notre troisième recommandation touche
l'expertise interne. Il faut doter les organismes publics d'une expertise
interne suffisante en génie, en approvisionnement, au niveau légal. À ce sujet,
j'en profite aussi pour souligner qu'au ministère des Transports un donneur
d'ouvrage qui a la responsabilité d'environ une cinquantaine de projets dans le
projet de loi... Il y a eu un rapport de la Vérificatrice générale en juin
dernier qui évaluait qu'il manquait toujours 225 ingénieurs et technologues
professionnels. Vous comprendrez que, dans un contexte d'accélération des
projets, ces lacunes sont quelque peu préoccupantes. Maintenant, une expertise
interne formée de professionnels d'expérience permet de détecter plus
facilement des anomalies d'une soumission truquée ou encore elle permet aussi à
l'organisme public de bien cerner ses besoins et ses exigences quant à la
qualité de l'ouvrage. Maintenant, si jamais il n'est pas possible de compter
sur une expertise interne, l'organisme public devrait retenir les services du
secteur privé, en privilégiant évidemment la qualité des services rendus plutôt
que des considérations de prix et de temps.
Maintenant, la quatrième recommandation
que l'on fait, c'est de revoir le mode d'adjudication des contrats pour
délaisser la règle du plus bas soumissionnaire. Je pense que vous le savez,
plusieurs intervenants ont fait la recommandation depuis le début de cette
consultation, et nous saluons également l'ouverture de la ministre à cet effet.
On recommande de fixer des critères multiples et de s'assurer de pondérer ces
critères adéquatement. En effet, l'élaboration de critères multiples et leur
pondération adéquate rendent plus difficiles les stratagèmes de collusion.
Cette façon de faire permet également à l'organisme public de s'assurer que la
conception et la réalisation de l'ouvrage répondent aux besoins réels.
J'en arrive à la cinquième...
recommandation, désolée. C'est de maximiser la participation potentielle de <soumissionnaires...
Mme Baig (Kathy) : …
les
stratagèmes de collusion. Cette façon de faire permet également à l'organisme
public de s'assurer que la conception et la réalisation de l'ouvrage répondent
aux besoins réels.
J'en arrive à la cinquième...
recommandation, désolée. C'est de maximiser la participation potentielle de
>soumissionnaires. Le projet pilote vise à faciliter le paiement aux
entreprises qui se sont inscrites dans cette optique. Son application pourrait
ouvrir la porte à une plus grande participation aux appels d'offres par
l'apport de d'autres entreprises qui sont de taille plus modeste. Par ailleurs,
les travaux de réalisation d'infrastructures publiques font généralement
l'objet d'une surveillance. Toutefois, comme une réalisation en mode accéléré
pourrait affecter la qualité des ouvrages, l'ordre recommande aux organismes
publics de procéder à une évaluation pour déterminer si, dans un contexte
d'accélération, les ressources consacrées à la surveillance des travaux sont
suffisantes. Ceci constitue notre cinquième moyen.
De plus, dans le contexte où des projets
privés ainsi que des projets publics de moindre envergure que ceux prévus au
projet de loi contribueront également à la relance, nous invitons les
parlementaires à continuer la réflexion qui a été entamée lors des travaux sur
le projet de loi n° 29 et à considérer sérieusement la possibilité de
rendre obligatoire la surveillance des travaux. Le contrôle de la qualité,
c'est important. Nous poursuivons actuellement des discussions avec la ministre
des Affaires municipales et de l'Habitation et la Régie du bâtiment et on
espère grandement qu'elles vont mener à des changements.
J'en arrive maintenant à mon deuxième
thème de notre mémoire, c'est ce qui touche le développement durable et la
qualité de l'environnement. Hier, lors d'un événement, je suis fière d'avoir
rendu publics les engagements de l'ordre en matière de développement durable. C'est
important de mentionner que c'est la première fois de notre histoire que nous
nous engageons de façon aussi officielle, et on le fait sur la base du
savoir-faire de nos ingénieurs. Pour réduire l'impact de l'activité humaine sur
l'environnement et pour être collectivement plus résilients, les ingénieurs
font définitivement partie de la solution. Comme ordre professionnel, nous
voudrons contribuer à faire évoluer les lois, les règlements et les normes
pertinentes.
Maintenant, si je reviens au projet de loi
n° 66, on est d'avis que c'est en privilégiant l'amélioration de la
dotation et des processus de travail au sein du ministère de l'Environnement
que nous recommandons d'accélérer la réalisation des projets. Ces améliorations
devraient viser la réduction du temps de traitement des demandes
d'autorisation. En 2019, le délai moyen était de 180 jours. Une réduction
de ces délais représenterait un gain pour les projets publics visés au projet
de loi mais également pour l'ensemble des projets d'infrastructure publics ou
privés.
Par ailleurs, vu le caractère sensible des
milieux humides ou hydriques, nous recommandons, par prudence, que les travaux
devant se dérouler dans ces milieux continuent de requérir une autorisation.
L'article 23 du projet de loi devrait être modifié en conséquence.
• (11 heures) •
De plus, nous recommandons que le ministre
de l'Environnement fasse preuve d'une grande prudence...
11 h (version révisée)
Mme Baig (Kathy) : ...milieux
humides ou hydriques, nous recommandons, par prudence, que les travaux devant
se dérouler dans ces milieux continuent de requérir une autorisation. L'article 23
du projet de loi devrait être modifié en conséquence. De plus, nous
recommandons que le ministre de l'Environnement fasse preuve d'une grande
prudence avant de limiter les consultations publiques puisque ces consultations
servent à assurer la participation citoyenne au développement économique.
Avant de conclure, je voudrais aborder rapidement
la demande de services professionnels d'ingénierie, tant pour les activités de
conception, de surveillance ou de soutien à l'exploitation d'un ouvrage. Nous
réitérons que la création d'un permis restrictif permanent, comme nos
homologues en délivrent dans d'autres provinces, pourrait permettre de bonifier
l'offre de main-d'oeuvre et contribuer à l'atteinte des objectifs du gouvernement.
Ces permis permettent à des professionnels d'effectuer des activités
spécialisées, même si ces professionnels ne possèdent pas toutes les
compétences requises. À ce sujet, je vous réfère au rapport d'analyse détaillée
que nous avons transmis à la commission en complément à notre mémoire.
Ceci conclut donc ma présentation. Je
remercie la commission d'avoir invité l'Ordre des ingénieurs du Québec à cette consultation.
Et nous sommes maintenant heureux de répondre à vos questions.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, Mme Baig. Alors, je cède maintenant la parole à la présidente
du Conseil du trésor. Vous disposez de 16 minutes, chère collègue.
Mme LeBel : Bon, j'allais
remettre mon masque, mais ce n'est pas nécessaire. Bonjour, Mme Baig, enchantée
de vous revoir. Effectivement, on a eu des belles discussions dans le cadre du
projet n° 29 qui a été terminé par ma collègue. Donc, on a commencé
plusieurs discussions, vous avez tout à fait raison, qu'on va poursuivre sûrement
dans d'autres instances également.
J'ai peut-être quelques petits points, là.
Votre mémoire <est très... >est quand même assez clair, comme
d'habitude d'ailleurs, sur vos recommandations. Peut-être quelques petits
points à aborder avec vous. Quand vous parlez de discussions qui sont en cours
avec le MAMH présentement, c'est-u par rapport à la surveillance des travaux?
J'ai peut-être manqué un bout de votre phrase, là.
Mme Baig (Kathy) : Oui, tout à
fait, tout à fait. Donc, c'est par rapport à la surveillance <des
tableaux... >des travaux<, je m'excuse,> pour voir s'il y a
une possibilité de les rendre obligatoires. Donc, évidemment, moduler en
fonction de la complexité, de l'envergure des projets, que la surveillance soit
adaptée, mais que ce ne soit plus à la discrétion des donneurs d'ouvrage, mais
bien qu'il y ait un standard. Donc, oui, on est en discussion avec la ministre
à cet effet.
Mme LeBel : O.K. Donc, il y a
des conversations sur ce point précis là qui ont lieu présentement, point que
vous aviez fait valoir également dans le cadre du projet de loi n° 29, là,
je m'en souviens très bien, où, là, on était en train de vouloir modifier le Code
des professions, pour plusieurs raisons, là<, mais..>.
Donc, je vais aller dans votre conclusion,
peut-être, pour m'expliquer un de vos points, vous avez terminé d'ailleurs avec
ça. Bon, vous dites : «L'Ordre des ingénieurs souscrit à la nécessité
d'investissements importants dans des projets d'infrastructure publique et, à
ce titre, est en accord avec le principe du projet de loi. Il croit que
certaines mesures d'accélération, particulièrement celles qui portent sur
l'expropriation ou le paiement accéléré, pourront servir de base à une
amélioration des pratiques actuelles.» Vous faites également référence aux
milieux hydriques et humides, donc, parce qu'il y a des mesures d'accélération
en matière environnementale. Je comprends très bien <votre...
Mme LeBel : …
que
certaines mesures d'accélération, particulièrement celles qui portent sur
l'expropriation ou le paiement accéléré, pourront servir de base à une
amélioration des pratiques actuelles.» Vous faites également référence aux
milieux hydriques et humides, donc, parce qu'il y a des mesures d'accélération
en matière environnementale. Je comprends très bien >votre recommandation
n° 4, à la page 12, qui n'a pas besoin
d'explication, là.
Quand on parle d'augmenter la dotation au
sein du ministère de l'Environnement, je pense que ça, c'est assez clair, et on
peut y travailler, mon collègue peut y travailler, mais nous, dans le cadre du
projet de loi n° 66, on a également travaillé sur l'accélération de
certains processus qui ont besoin d'une intervention législative, disons-le
comme ça. Il y a le REAFIE, là, qui va rentrer en vigueur à sa pleine force à
la fin décembre, je crois, il y a le p.l. n° 44 qui
donne plus de pouvoirs au ministre de l'Environnement. Donc, il y a un ensemble
de mesures au niveau de l'environnement, mais <on croit, au niveau… >on
croit qu'à ce stade-ci, compte tenu de la pandémie que nous vivons, qui est…
Dans votre mémoire, vous dites qu'on va peut-être en avoir un dans un autre
futur, j'espère que vous n'avez pas des dons de prédiction, on espère que ce
sera l'unique pandémie pour plusieurs années à venir, mais vous avez raison, on
ne sait jamais. Ça, c'est ce qu'on peut dire aujourd'hui.
Mais on établit quand même plusieurs
processus environnementaux. Notre prétention est de ne pas vouloir affecter les
normes environnementales… désolée, des fois… affecter les normes
environnementales, mais plutôt venir raccourcir certains processus. Il y a
plusieurs façons de le faire, on l'a dit : Accompagner, mieux doter
d'effectifs, ça a été des conclusions qui ont été apportées ici. Mais est-ce
que vous pensez qu'on peut quand même… les processus qui ont été mis en
place — et on parlera des milieux humides par la suite, là — sont
quand même de nature à pouvoir accélérer les processus, selon votre
connaissance?
Mme Baig (Kathy) : Nous, ce
qu'on a compris… il faut comprendre, en fait, qu'on a aussi consulté des
ingénieurs, donc nos membres, pour établir ce mémoire-là. J'entends que, oui,
peut-être que cela peut accélérer les processus pour certains projets qui sont
présentés. Néanmoins, ce qu'on tente d'expliquer dans le mémoire et ce que nos
membres nous ont expliqué sur le terrain, c'est que ça serait mieux d'avoir une
solution qui vient aider pas juste les projets dans le projet de loi en tant
que tel, mais qui vient aider tous les projets, autant du secteur public et
privé, et donc en augmentant les ressources au niveau du ministère, ça vient
répondre à tout le monde et pas juste au projet de loi.
Et donc nous, on s'est permis aussi de
faire un parallèle avec ce qu'on a vécu à l'Ordre des ingénieurs du Québec. Je
pense que vous êtes au courant, on avait eu des enjeux avec le nombre
d'enquêtes. Et ce qu'on a fait, c'est qu'on a même augmenté nos standards au
niveau de nos normes, et on a optimisé nos processus, si je peux dire, et on a
ajouté des ressources supplémentaires au sein de nos organisations, ce qui a
fait en sorte qu'on a pu réduire les délais d'attente, traiter tous les
dossiers qui étaient en attente et augmenter nos standards de qualité.
Donc, j'entends ce que vous dites, oui,
probablement que ça peut venir accélérer, mais on aurait préféré, puis c'est
aussi ce qu'on entend de nos membres, une approche peut-être plus systémique
qui va venir régler l'ensemble des problèmes sur le terrain, plus que juste
dans le projet de loi. Je ne sais pas si ça répond à votre question, mais c'est
un peu l'angle qu'on a pris dans le cadre de <notre…
Mme Baig (Kathy) : ...
et
augmenter nos standards de qualité.
Donc, j'entends ce que vous dites, oui,
probablement que ça peut venir accélérer, mais on aurait préféré, puis c'est
aussi ce qu'on entend de nos membres, une approche peut-être plus systémique
qui va venir régler l'ensemble des problèmes sur le terrain, plus que juste
dans le projet de loi. Je ne sais pas si ça répond à votre question, mais c'est
un peu l'angle qu'on a pris dans le cadre de notre >mémoire.
Mme LeBel : O.K. Mais là je
comprends, oui, je comprends. Effectivement, ça répond à ma question. Effectivement,
l'angle, dans le projet de loi n° 66, est simplement pour les... bien,
simplement, je ne veux pas simplifier quelque chose, mais est ciblé sur les
181 projets. D'ailleurs, on a entendu les commentaires qui avaient été
faits à l'effet que la liste devrait être fermée. On est dans une mesure et
dans un processus exceptionnel, donc on le fait pour 181 projets.
Effectivement, je sais que mon collègue
travaille aussi pour améliorer l'efficacité du ministère de l'Environnement,
disons-le comme ça, de façon beaucoup plus globale. Je pense que c'est une
remarque qui est tout à fait pertinente parce qu'on l'entend beaucoup. Est-ce
que c'est l'ajout d'effectifs? Est-ce que c'est le REAFIE? Est-ce que c'est le
p.l. n° 44? Est-ce que c'est toutes ces réponses?
Probablement un ensemble de toutes ces réponses, mais il y a le projet de loi
n° 66 qui est particulier pour 181 projets et qui se veut
exceptionnel, disons-le, dans sa façon de faire.
Je vais revenir d'ailleurs, donc, aux
milieux humides, parce que, là, on parle plus particulièrement de l'article 22
et 23 du projet de loi. Vous mentionnez que, pour les travaux de construction
et des interventions qui sont réalisées dans des milieux humides et hydriques,
on ne devrait pas dispenser de l'autorisation ministérielle et on ne devrait
pas, donc, prendre le chemin de la déclaration de projet qui est créée par
l'article 22, je crois, du projet de loi. Et c'est ce qu'on dit, à ma
connaissance, dans le projet de loi, dans l'article 23, et je veux
m'assurer qu'on a la même compréhension. Parce que l'objectif est de maintenir
les principes dans les milieux hydriques et humides, là, d'éviter, minimiser et
de compenser. Aïe! je vais finir par l'apprendre. Je regarde toujours mon
collègue.
Mme Baig (Kathy) : Éviter,
réduire et compenser.
Mme LeBel : Et voilà, donc, et
zéro perte nette. Donc, ces principes-là ne se veulent pas, dans les objectifs,
être affectés par les processus du projet de loi n° 66. Donc, l'idée, c'est
qu'on dit, effectivement : «Toutefois, une telle…» On dit, bon : «Un
organisme public qui réalise une activité visée à l'article 22 ou
30 — et ça, c'est l'article 22 et 30 de la Loi sur la qualité de
l'environnement, ça peut devenir mêlant parce que c'est 22 et 23 du projet n° 66 — n'a pas à obtenir l'autorisation en
application.» Donc, ça, c'est le chemin de la déclaration de projet qu'on a
créé dans le projet de loi. «Toutefois, une telle autorisation demeure requise
pour les activités, les travaux, les constructions, toute intervention réalisée
dans des milieux humides et hydriques.» Donc, est-ce qu'il y a quelque chose
dans cette rédaction-là qui vous fait penser qu'on contourne les principes en
matière de milieux hydriques et humides? Et quelle est la clé, pour vous, qui
vous fait penser ça, pour qu'on puisse y réfléchir correctement, là?
Mme Baig (Kathy) : Bon, la
compréhension que l'on en a, c'est que, pour les milieux humides, si on peut
remettre en état à l'intérieur d'un an, il n'y a pas de nécessité d'aller
chercher de certificat d'autorisation. C'est ce qu'on en a compris.
Maintenant, je ne doute pas du tout de
l'intention du gouvernement de répondre à zéro perte nette avec : éviter,
réduire, compenser. Maintenant, même si l'intention est telle, en ayant
consulté des gens, une des préoccupations, et c'est ce qu'on expose dans le
mémoire, c'est que, s'il n'y a pas d'études qui sont faites dès le départ, si
on ne sait pas exactement d'où on part, on fait des travaux, comment on peut
s'assurer qu'un an après <c'est...
Mme Baig (Kathy) : ...
de
répondre à zéro perte nette avec : éviter, réduire, compenser. Maintenant,
même si l'intention est telle, en ayant consulté des gens, une des
préoccupations, et c'est ce qu'on expose dans le mémoire, c'est que, s'il n'y a
pas d'études qui sont faites dès le départ, si on ne sait pas exactement d'où
on part, on fait des travaux, comment on peut s'assurer qu'un an après >c'est
revenu conforme à ce que c'était? Donc, dans le cadre du chantier, les mesures
qui peuvent être prises, les travaux qui peuvent être faits, on sait que ce sont
des milieux qui sont sensibles, et donc comment s'en assurer? C'est là où on a
des préoccupations. J'ai écouté d'autres personnes qui sont venues également à
la commission, je pense que c'est le Comité sur les droits de l'environnement
ou le groupe, et d'autres, donc je pense qu'on est quelques-uns à partager.
Je veux réitérer, on ne doute pas des
intentions du gouvernement, c'est juste que, parfois, avec des processus comme
ça, est-ce qu'on va être capables de réellement atteindre l'objectif, pendant
les travaux, si on ne contrôle pas exactement ce que l'on fait, s'il n'y a pas
eu de certificat d'autorisation dès le départ? On n'est pas convaincus que ça
va être zéro perte nette à la fin du projet, même si telle était l'intention.
Donc, je ne sais pas, peut-être que ce n'est pas le certificat d'autorisation,
la bonne approche, c'est peut-être une autre approche pour s'assurer qu'à la
fin du projet on a vraiment atteint le zéro perte nette. C'est vraiment ça,
nous, qui est derrière la préoccupation qui est exposée dans le mémoire.
• (11 h 10) •
Mme LeBel : O.K. Donc, c'est
vraiment la particularité, quand on dit : «lorsque le projet ne prévoit
pas la remise en état, dans l'année suivant la fin des travaux, des milieux
affectés de sorte que ceux-ci retrouvent...», bon. Donc, c'est de s'assurer de
la remise en état. Et quelle est cette remise en état là? Pour faire une remise
en état, il faut toujours bien savoir quel état préalable. O.K. Donc, c'est <par
rapport à... >vraiment par rapport à ce qui touche les milieux hydriques
et humides, parce que, naturellement, ce processus-là de déclaration de projet
est fait aussi pour d'autres dossiers qui ne touchent pas des milieux humides
et hydriques, il peut y avoir d'autres enjeux environnementaux. Parfait. C'est
bien noté, puis on va y réfléchir. Merci beaucoup, Mme Baig.
Mme Baig (Kathy) : Excellent.
Merci beaucoup.
Mme LeBel : Je n'ai pas
d'autre question pour ma part, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci, Mme la Présidente du Conseil du trésor. Je cède maintenant la parole au
député de La Pinière. Vous disposez de 10 min 40 s, cher
collègue.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Mme Baig, bienvenue. Je suis content d'entendre de votre bouche,
avec des mots <différemment... >différents,< pardon,>
que, lorsque le bulldozer a écrasé la grenouille, c'est difficile de sauver la
grenouille à la fin et de la ramener après à son état initial. Merci de l'avoir
dit, je vais reprendre vos paroles, qui sont plus élégantes que les miennes
mais qui disent la même chose.
Regardez, je souscris à la quasi-totalité
de votre mémoire et je ne veux pas le reprendre parce qu'à un moment donné ça
fait une certaine répétition. Je veux aborder des éléments qui n'ont pas
souvent été abordés. Je veux en aborder un en particulier en prenant un ou deux
exemples, O.K.?
Dans le merveilleux monde de la santé,
j'ai été personnellement, puis je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, témoin
d'un certain nombre de choses, je vous donne des exemples. Je visite un
chantier. Je vois à l'oeil nu, parce que j'ai une certaine connaissance de ça,
que le gypse qui est installé, c'est du demi-pouce au lieu du trois quarts. Le
code du bâtiment, dans les endroits publics, c'est du trois quarts. Bon, on
regarde derrière le gypse, c'est des tuyaux de cuivre d'un demi-pouce, et le
devis était du trois quarts de pouce. Je <visite...
M. Barrette : ...
visite
un chantier. Je vois à l'oeil nu, parce que j'ai une certaine connaissance de
ça, que le gypse qui est installé, c'est du demi-pouce au lieu du trois quarts.
Le code du bâtiment, dans les endroits publics, c'est du trois quarts. Bon, on
regarde derrière le gypse, c'est des tuyaux de cuivre d'un demi-pouce, et le
devis était du trois quarts de pouce. Je >visite, comme ministre, un
grand chantier hospitalier qu'on a eu dans le passé, puis on a été obligés, sur
une partie du bâtiment substantielle, genre 5 millions de dollars, de
refaire tout le filage électrique parce que le filage n'était pas <de
bonne... >de qualité requise.
Vous avez entendu, comme moi, les
entrepreneurs venir ici, demander... Puis vous l'entendez, là, à répétition,
vous en avez parlé vous-mêmes, sur l'enjeu de changer les critères
d'adjudication. Alors, je vais vous poser une question bien simple :
Trouvez-vous qu'au Québec, au moment où on se parle, si la qualité n'est pas au
rendez-vous, c'est un problème de devis qui ne vise pas la qualité en étant
assez précis, ou bien un problème de surveillance, si le devis a été bien fait,
ou bien les deux?
Mme Baig (Kathy) : Bien,
moi, je pense que, lorsqu'on parle de qualité, ça ne peut pas être seulement
une variable. Puis, si on veut augmenter la qualité des infrastructures, des
bâtiments au Québec, il faut regarder là où on peut améliorer. Donc, pour
répondre à votre question, je vous dirais que c'est les deux. Je pense qu'au
niveau des appels d'offres il y a une opportunité d'amélioration pour s'assurer
que les soumissionnaires choisis sont ceux qui vont livrer la qualité choisie.
Je pense que ça en fait état dans notre mémoire. Et, sur le chantier, je pense
que la présence des surveillants de chantier sont une valeur ajoutée pour
augmenter la qualité. Donc, pour répondre à votre question, et je pense que
notre mémoire en fait état, ce serait, entre autres, les deux, pour augmenter
la qualité et bien d'autres paramètres également.
M. Barrette : Alors, je
vais prendre un exemple qui est un exemple… puis je ne veux pas vous mettre sur
la sellette, là, mais je prends un exemple que tout le monde connaît, la chic
qualité des travaux d'asphalte au Québec, je le dis de façon ironique. C'est
possible que la qualité de l'asphalte qu'on a mis dans le devis ne soit pas
suffisante, c'est possible que, sur certaines routes, on choisisse de
construire en asphalte plutôt qu'en ciment et c'est possible que la
surveillance de l'application de ces produits-là ne soit pas optimale. Est-ce
qu'on peut dire ça?
Mme Baig (Kathy) : Si un
asphalte, qui est de mauvaise qualité… Ce sont tous des éléments, tout à fait,
qui peuvent être des causes à une mauvaise qualité de l'asphalte.
M. Barrette : Moi, je
vous dis... Je veux tout simplement l'entendre de votre bouche, là. Quand on
construit quelque chose, il y a la qualité des matériaux utilisés et il y a
l'installation, l'exécution des travaux qui est une deuxième chose. S'il n'est
pas spécifiquement identifié, au devis, la qualité des travaux et que la
surveillance n'est pas là, bien, ça donne des roulières dans l'asphalte un an
après, ce que l'on voit. D'ailleurs, là, j'ai vu ça hier, là, en s'en venant à
Québec, là, il y avait beaucoup d'aquaplaning, parce que, dans les roulières,
quand il y a de la pluie comme hier puis un peu de la neige mouillée, ça fait
ça.
Maintenant, vous, la solution pour ça,
là... Parce que la ministre nous dit elle-même qu'elle veut <regarder
ça...
M. Barrette : ...
ce
que l'on voit. D'ailleurs, là, j'ai vu ça hier, là, en s'en venant à Québec,
là, il y avait beaucoup d'aquaplaning, parce que, dans les roulières, quand il
y a de la pluie comme hier puis un peu de la neige mouillée, ça fait ça.
Maintenant, vous, la solution pour ça,
là... Parce que la ministre nous dit elle-même qu'elle veut >regarder ça,
l'enjeu de l'adjudication des contrats. Je suis d'accord avec vous qu'il peut y
avoir et qu'il y a plusieurs critères à mettre en place, mais si le premier
critère de tous, qui est la qualité des produits utilisés, n'est pas au
rendez-vous et que le deuxième élément est celui de la surveillance des
travaux, bien, qu'on nous ramène, là, des patentes comme l'innovation, le côté
durable, et ainsi de suite, ça ne sert à rien. Tous ces éléments-là viennent
après dans la séquence des évaluations. Puis je ne dis pas qu'il ne faut pas
les avoir, je dis que ça vient après la certitude que, dans le devis, on a
demandé des produits de qualité x appliqués avec une surveillance y. Est-ce que,
là-dessus, là, comme ingénieure, là, vous avez une pensée, normalement,
cartésienne... est-ce que vous êtes d'accord avec moi?
Mme Baig (Kathy) : Oui, je
suis d'accord avec vous. J'ajouterais peut-être deux choses. Au niveau de la qualité,
moi, je suis d'avis que l'innovation... (panne de son) ...et les recherches qui
sont faites actuellement en amont pour innover ces produits-là, pour avoir une
meilleure qualité, par exemple, dans nos prochaines... (panne de son) ...de devis.
Donc, l'innovation, selon moi, peut être faite également en amont pour
développer des produits de meilleure qualité.
Et, l'autre élément que j'ajouterais, la
qualité aussi est fonction du mandat qui est donné par le donneur d'ouvrage.
Donc, l'ingénieur est tributaire du mandat qui est donné par le donneur
d'ouvrage au sens large. Donc, parfois, l'ingénieur est pris dans le système
dans lequel... puis je dis «pris», ce n'est peut-être pas le bon mot, doit
naviguer dans les paramètres qu'on lui donne pour développer le devis et le
produit demandé. Donc, la qualité, c'est vraiment la responsabilité de
plusieurs pour obtenir ce qu'on cherche.
M. Barrette : Mais on
s'entend, Mme Baig, là, mais l'innovation, et ce genre de chose là, là, ça ne
doit pas être des mots creux, ça doit obligatoirement se traduire par quelque
chose de précis dans le devis. C'est ce que je pense. Maintenant, vu...
Mme Baig (Kathy) : Oui.
M. Barrette : Bien, vous dites
oui, là, c'est parfait. Autre question. Vous avez abordé la question,
l'enjeu... puis vous n'avez pas élaboré, je vous demanderais d'élaborer
là-dessus. À date, là, dans la commission, là, on parle d'environnement,
d'environnement, d'environnement, là. Vous êtes la première à nous parler
d'expropriation. Pouvez-vous nous en parler, des enjeux que vous voyez <dans
ce... >dans 66 et ailleurs?
Mme Baig (Kathy) : Bien, au
niveau de l'expropriation, on a été très brefs dans notre mémoire.
M. Barrette : J'ai vu.
Mme Baig (Kathy) : Ce n'est
pas un des volets qu'on a explorés dans le détail. À cet effet-là, je peux
peut-être demander à mon collègue, Me Robert, s'il a des éléments. Parce que
nous, on s'est vraiment concentrés plus sur les pouvoirs de l'AMP, la partie
environnementale. Donc, je ne sais pas, Me Robert, si je mets sur «mute», si tu
as des éléments que tu veux ajouter?
M. Robert (François-Xavier) :
Oui. Je ne sais pas si vous m'entendez bien, M. le député?
M. Barrette : Très bien.
M. Robert (François-Xavier) :
Bien, en fait, sur l'expropriation, c'est sûr que les ingénieurs ne <sont
pas les...
Mme Baig (Kathy) : ...
concentrés
plus sur les pouvoirs de l'AMP, la partie environnementale. Donc, je ne sais
pas, Me Robert, si je mets sur «mute», si tu as des éléments que tu veux
ajouter?
M. Robert (François-Xavier) :
Oui. Je ne sais pas si vous m'entendez bien, M. le député?
M. Barrette : Très bien.
M. Robert (François-Xavier) :
Bien, en fait, sur l'expropriation, c'est sûr que les ingénieurs ne >sont
pas les principales personnes, évidemment, ce sont surtout des évaluateurs
agréés, mais ils travaillent quand même sur des projets qui nécessitent des
expropriations, donc on a un petit peu de familiarité.
Je vous dirais que les deux éléments qu'on
trouvait positifs... le premier, c'est le fait que la plus-value qui est due à
l'annonce du projet n'est pas considérée pour établir la valeur, dans le fond,
de l'indemnité de l'expropriation. Souvent, c'est quelque chose qu'on a vu dans
le milieu municipal, où des promoteurs avaient, par contre, par exemple, de l'information
confidentielle qu'ils n'étaient pas supposés avoir à l'effet qu'un projet qui
allait se réaliser, ça... Ils achètent un terrain pour une bouchée de pain
parce que le terrain ne vaut rien, en ce moment, puis la journée après où le
projet est annoncé, bien, le terrain peut doubler de valeur, c'est un beau
profit. C'est quelque chose qui, pour nous, cause toujours, <des... >peut-être,
un certain malaise, surtout par rapport à la perception que le public peut
avoir, à ce moment-là, des projets d'infrastructure publique, justement.
Et l'autre élément, c'est pour des
projets, je dirais, qui sont particulièrement essentiels, voire vitaux pour la société.
Le fait qu'on ne puisse pas contester l'expropriation dans ces cas-là — je
ne parle pas de tous les projets, mais je parle de ces projets-là, par exemple,
le REM, on l'a vu — bien, pour nous, ça pourrait être quand même positif.
Parce que c'est des projets qui, effectivement, peuvent créer des inconvénients
pour certaines personnes, mais que, pour l'ensemble de la collectivité… ils
vont grandement en bénéficier. Donc, c'est des choses, au niveau de l'expropriation,
qu'on... (Panne de son) …de façon quand même relativement positive puis qui
pourraient peut-être servir plus tard pour une éventuelle révision de la loi.
Le Président (M. Simard) : Oui,
M. le député d'Outremont... Mont-Royal—Outremont, pardon.
• (11 h 20) •
M.
Arcand
:
Merci. Je suis en train de regarder un peu votre mémoire, et c'est un... Vous
dites : On est d'accord avec le principe du projet de loi, c'est-à-dire
l'accélération, enfin, la réalisation d'infrastructures publiques. Vous êtes d'accord
avec ça. La seule chose, c'est que, quand je lis un peu tout le reste, vous le
faites avec beaucoup de suspicion, si vous me permettez l'expression, dans le
sens où vous dites, par exemple : Bien, premièrement, il manque de monde
au ministère des Transports, il manque de monde au ministère de l'Environnement.
Vous dites : «La volonté d'accélérer la réalisation d'infrastructures ne
doit pas se traduire en une réduction du temps consacré à la conception de
l'ouvrage.» Puis vous dites, en plus : «Bâcler la phase de conception par
désir d'aller rapidement entraîne généralement des retards de construction et
une diminution de la qualité de l'ouvrage.» On ne peut pas dire que vous
l'appuyez avec un enthousiasme très débordant, c'est le moins que je puisse
dire.
Mme Baig (Kathy) : Donc, on
appuie le projet de loi, je pense qu'on le mentionne clairement, qu'on comprend
la nécessité de faire de l'accélération, mais, en même temps, on connaît la
réalité sur le terrain et on est là pour appeler à la prudence. Donc, déjà, il
y a des projets qui ne sont pas en mode accéléré, et on <voit...
Mme Baig (Kathy) : …donc, on
appuie le
projet de loi, je pense qu'on le mentionne
clairement,
qu'on comprend la nécessité de faire de l'accélération, mais,
en même temps,
on connaît la réalité sur le terrain et on est là pour appeler à la prudence.
Donc,
déjà,
il y a des projets qui ne sont pas en mode accéléré,
et on >voit que, toutefois, la conception, elle se passe trop rapidement.
Puis, les études le montrent, ce n'est pas juste nous qui le disons, c'est que,
lorsque, la partie conception, on ne prend pas le temps de bien la faire, c'est
tout le cycle de vie de l'ouvrage, par la suite, qui va en payer le prix, c'est
la mise en oeuvre sur le chantier qui va être difficile. Donc, oui à l'accélération,
mais là où on est certains qu'il n'y aura pas trop d'impact, et non à bâcler la
conception parce que les impacts peuvent être trop grands. Ça fait que je ne
sais pas si ça répond à votre question, mais c'est cette nuance-là qu'on vient
apporter dans le mémoire. Parce qu'accélération au sens large, dépendamment
d'où on le fait...
Le Président (M. Simard) :
Merci, Mme Baig, merci.
Mme Baig (Kathy) : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Bonjour, madame, bonjour, monsieur, merci d'être là. Je vous lis :
«L'ordre estime que le recours à des mesures d'accélération en matière
d'environnement de la nature de celles prévues au projet de loi n'est pas
nécessairement la meilleure solution pour favoriser la réalisation rapide de
projets de qualité.» Parlant de qualité, je voudrais souligner la qualité de
votre mémoire, et en particulier de ce paragraphe que je vais certainement
imprimer en caractères 42 pour l'afficher dans mon bureau, parce que je
trouve que ça résume assez bien un problème majeur du projet de loi n° 66, qui est d'aller trop vite en passant par-dessus
certaines évaluations environnementales. Vous continuez en disant : «En ce
sens-là, l'ordre croit qu'il pourrait être plus efficace, particulièrement à
long terme, d'apporter des améliorations à la dotation.» Ça a été dit, vous
n'êtes pas la première à le dire. Vous citiez des lacunes relevées par la
Vérificatrice générale en juin dernier. Ça a été dit et redit ici, là, ça
semble être comme une évidence dont on ne s'occupe plus, mais que c'est une
vérité de La Palice qu'il manque plein de monde à des postes clés, notamment en
Environnement et en Transports.
Là où
j'accroche, et je veux vous entendre là-dessus, c'est que vous dites qu'«En ce
sens, l'ordre croit qu'il pourrait être plus efficace, particulièrement à long
terme.» Là, le problème, c'est que 66, c'est du très court terme, là, c'est là,
là, là, demain, là, on commence demain. Alors, dans les circonstances,
vaudrait-il mieux biffer certains articles de loi pour éviter ça?
Mme Baig (Kathy) : Écoutez,
ça, je pense, je vais laisser vous, les élus, les parlementaires, en décider
suite à toutes ces consultations. Est-ce que ça vaut la peine de biffer
certains articles de loi? Je ne suis pas sûre que je peux vraiment répondre à
la question. Nous, ce qu'on a dit, c'est qu'on veut rajouter des ressources
pour répondre aux besoins à long terme. Maintenant, le temps d'ajouter ces
ressources-là, est-ce que cette dotation-là va venir… être prête pour le projet
de loi n° 66, pour les projets qui sont là? Je ne le
sais pas. Je pense que ça prend une analyse plus détaillée pour voir si c'est
possible de le faire. Donc, malheureusement, je ne peux pas vous répondre en
clair qu'on devrait biffer ces articles de loi là totalement. Nous, on dit :
Il faudrait peut-être évaluer en parallèle la <dotation du...
Mme Baig (Kathy) : ...
dotation-là
va venir… être prête pour le projet de loi
n°
66,
pour les projets qui sont là? Je ne le sais pas. Je pense que ça prend une
analyse plus détaillée pour voir si c'est possible de le faire. Donc,
malheureusement, je ne peux pas vous répondre en clair qu'on devrait biffer ces
articles de loi là totalement. Nous, on dit : Il faudrait peut-être
évaluer en parallèle la >dotation du ministère.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Marissal : Ça fait que vous
faites un grand bout de chemin, là, dans votre mémoire, mais vous ne me semblez
pas franchir la dernière ligne, qui est celle de dire : Dans les circonstances,
avec les pénuries de main-d'oeuvre qu'on connaît, dans l'expertise à l'interne,
on serait peut-être mieux de ne pas aller là. Je ne veux pas vous mettre des
mots dans la bouche, là, mais il me semble que vous êtes, <à la... >en
termes footballistiques, <vous êtes >à la ligne de 1 puis vous ne
vous étirez pas le bras pour passer le ballon, là.
Mme Baig (Kathy) : Désolée, ma
connaissance au football... Mais, en fait, non, je ne pense pas que c'est ça
qu'on dit, je ne pense pas que c'est ça qu'on dit...
M. Marissal : Il s'agit de
compter un but, essentiellement.
Mme Baig (Kathy) : J'ai
compris, mais pour de vrai je ne pense pas que c'est ça qu'on dit dans le
mémoire, parce que, d'entrée de jeu, on reconnaît le besoin de faire de
l'accélération sur des projets d'infrastructure dans <un problème… >dans
une situation comme celle qui est la suivante. Je pense qu'on l'a reconnu dedans
le mémoire. Donc, je ne suis pas certaine que c'est là qu'on va dans le
mémoire. On dit : Oui, on comprend, il y a peut-être des alternatives,
prudence à la collusion, aux sonneurs d'alerte. Donc, c'est plus de la prudence
qu'on amène.
Le Président (M. Simard) :
Merci, Mme Baig. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci.
Merci de votre mémoire. Comme ingénieurs, vous êtes sûrement habitués à
travailler avec les règlements d'application en fonction des impacts sur
l'environnement. Plusieurs groupes, dont entre autres un autre ordre
professionnel, celui des urbanistes, nous ont dit : Bien, le REAFIE vient
juste d'être adopté, il va entrer en vigueur fin décembre. Est-ce que vous êtes
d'avis que ça vaudrait le coup de tester le REAFIE avant de sortir le bulldozer
en matière environnementale avec le projet de loi n° 66?
Parce que le REAFIE vise justement à réduire, entre autres, les délais.
Mme Baig (Kathy) : Donc, ça, c'est
une excellente question. Je pense qu'on en parle également un peu dans le
mémoire. Effectivement, on s'est questionnés, à savoir pourquoi le gouvernement
n'a pas souhaité utiliser le REAFIE au lieu d'utiliser des mesures
d'accélération dans le projet de loi n° 66. Je n'ai
pas de réponse à cette question-là. On est arrivés à la conclusion que, peut-être,
le temps que le REAFIE soit mis en place, qu'on optimise le REAFIE, que les
processus soient mis en place, ce serait trop long pour les projets qui sont
dans le projet de loi n° 66, mais honnêtement on n'a
pas de réponse et on s'est questionnés un peu à cet effet-là.
M. Gaudreault : Bon, on est à
la même place, on se questionne beaucoup aussi, d'autant plus que le REAFIE, c'est
quand même entre les mains du gouvernement, on n'a pas besoin de passer par les
parlementaires. Alors, c'est bien. Maintenant, quand vous dites, à la recommandation
n° 6 : «faire preuve de prudence dans le
traitement des demandes de consultation ou de médiation», faire preuve de
prudence, c'est jusqu'où qu'on va dans la prudence?
Mme Baig (Kathy) : Bien,
jusqu'où on va, on va laisser aux décideurs le soin d'exercer cette prudence-là.
Il va falloir qu'ils regardent chacun des projets, qu'ils déterminent lesquels
nécessitent vraiment une consultation, lesquels nécessitent une médiation, mais
on rappelle que la consultation, c'est un des processus par lequel
l'acceptation sociale aide aux <projets...
Mme Baig (Kathy) :
...bien, jusqu'où on va, on va laisser aux décideurs le soin d'exercer cette
prudence-là. Il va falloir qu'ils regardent chacun des projets, qu'ils
déterminent lesquels nécessitent
vraiment une consultation, lesquels
nécessitent une médiation, mais on rappelle que la consultation, c'est un des
processus par lequel l'acceptation sociale aide aux >projets, c'est une
participation citoyenne aussi au développement économique.
Donc, on n'a pas de problème que, certains
projets, il n'y ait pas de consultation, mais peut-être que d'autres en
nécessiteraient. Je n'ai pas fait l'analyse des 181 projets. Je n'ai pas
fait l'analyse de quels devraient le faire ou non, mais on invite le décideur,
à cet effet-là, d'une certaine prudence puis de garder en tête le rôle du
citoyen dans ces processus-là.
M. Gaudreault : C'est
bien. Donc, est-ce que vous seriez d'avis qu'au fond en matière
d'environnement, dans un contexte unique comme celui que nous vivons
présentement, avec une crise sans précédent, c'est une occasion ratée, au fond?
Le gouvernement aurait pu vraiment changer les façons de faire et aller
davantage dans des projets de relance favorables à l'environnement, comme, par
exemple, les traitements des eaux usées, ou d'autres.
Mme Baig (Kathy) : Oui. J'ai
vu une commission où des interlocuteurs étaient venus proposer d'autres
projets. Moi, ce que j'ai compris de l'intention du gouvernement, actuellement,
c'est que ça, c'est un des moyens pour la relance, qu'ils en ont d'autres qu'ils
vont proposer. Quels seront-ils? Je ne le sais pas, mais effectivement, dans
notre optique de vision de développement durable qu'on a pris à l'ordre, on
invite le gouvernement à avoir...
Le Président (M. Simard) :
Merci.
Mme Baig (Kathy) :
...d'autres projets dans ce sens-là. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci. Merci beaucoup, Mme Baig. C'est là le temps dont nous
disposions pour votre présentation. À nouveau merci, donc, pour votre précieuse
contribution à nos travaux.
Alors, chers collègues, chers collègues,
compte tenu de l'heure, nous allons suspendre. Et on se retrouve quelque part
après les affaires courantes. Donc, n'allez pas trop loin. À bientôt.
(Suspension de la séance à 11 h 29)
15 h 30 (version révisée)
(Reprise à 15 h 40)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, à l'ordre! Je constate que nous avons quorum, nous
pouvons reprendre nos travaux. Comme vous le savez, la commission est réunie
afin de poursuivre les auditions publiques sur le projet de loi n° 66,
Loi concernant l'accélération de certains projets d'infrastructure.
Et nous reprenons, cet
après-midi, avec des représentants de l'Association des constructeurs de routes
et grands travaux du Québec. Nous avons un petit problème technique qui nous
empêche de voir, comme tel, Mme Bourque, mais qui est bien présente parmi nous.
Bonjour, Mme Bourque.
Mme Bourque (Gisèle) : Oui, bonjour.
Le Président (M. Simard) :
Ainsi que M. Marcoux, qui est le président du conseil d'administration. Donc, à
vous deux, merci d'être avec nous. Et, Mme Bourque, donc, nous vous écoutons,
j'allais dire, religieusement.
Mme Bourque (Gisèle) : Merci.
Alors, M. le Président, Mme la ministre, Mmes et MM. les députés, nous vous
remercions de l'occasion qui nous est offerte aujourd'hui de vous présenter le point
de vue de l'Association des constructeurs et grands travaux du Québec à l'égard
du projet de loi n° 66. Je me présente, Gisèle Bourque,
avocate, directrice générale de l'ACRGTQ. Pour cette présentation, je suis
accompagnée de M. Sébastien Marcoux, président du conseil d'administration de
l'association.
Nous nous permettons de vous rappeler que
l'ACRGTQ, incorporée en 1944, représente la majorité des principaux entrepreneurs
et fournisseurs oeuvrant dans la construction de routes, d'ouvrages de génie
civil et de grands travaux. Elle est la seule représentante attitrée du secteur
génie civil et voirie de l'industrie de la construction. À ce titre, elle
représente <près de...
Mme Bourque (Gisèle) :
...représente la
majorité des principaux
entrepreneurs et
fournisseurs oeuvrant dans la construction de routes, d'ouvrages de génie civil
et de grands travaux. Elle est la seule
représentante attitrée du
secteur génie civil et voirie de l'
industrie de la construction. À ce
titre, elle représente >près de 2 500 entreprises actives au sein
de l'industrie de la construction de routes, d'ouvrages de génie civil et de
grands travaux, lesquelles emploient plus de 40 000 salariés ayant
travaillé 34,9 millions d'heures en 2019.
L'ACRGTQ est en accord avec l'objectif du
projet de loi, soit l'accélération de certains projets d'infrastructure dans un
but de relance économique à la suite de la pandémie liée au virus de COVID-19.
Nous croyons que cette relance économique peut et doit se réaliser en respect
des règles d'intégrité des contrats publics.
Les propositions de l'ACRGTQ au regard du
projet de loi concernent essentiellement l'accès aux liquidités pour les
entreprises du secteur de la construction, le règlement des différends en
chantier, les… d'octrois de contrats plus collaboratifs et les nouveaux
pouvoirs de l'Autorité des marchés publics. D'entrée de jeu, nous vous
soumettons que ce projet de loi constitue une opportunité d'introduire un mode
de règlement des différends et de mettre fin aux délais de paiement abusifs
dans l'industrie de la construction.
Dans une perspective de favoriser la
relance de l'économie du Québec, le gouvernement se doit de favoriser l'accès
aux liquidités pour les entrepreneurs. Des mesures similaires à celles prévues
au projet pilote du Conseil du trésor concernant le calendrier de paiement et
l'intervenant expert doivent s'appliquer non seulement pour les 181 projets de
l'annexe I mais aussi à l'ensemble des contrats publics de la construction. Le
projet de loi n° 66 est le véhicule législatif
approprié pour apporter de tels changements afin de régler définitivement les
retards de paiement injustifiés des donneurs d'ouvrage, lesquels ont un effet
multiplicateur sur l'ensemble des cocontractants, petits, moyens, grands
entrepreneurs et fournisseurs.
Le projet pilote est particulièrement
important pour le domaine du génie civil et de la voirie puisqu'il résout les
problématiques liées aux délais lors de l'acceptation du décompte progressif au
final par le donneur d'ouvrage. Il permet aussi de solutionner rapidement, dans
le cadre de l'exécution des travaux, les différends qui concernent notamment le
paiement des avenants, des réclamations et des retenues. Ce faisant, l'ACRGTQ
ne trouve aucune justification valable pour limiter ces mesures aux contrats de
moins de 20 millions de dollars puisque les délais de paiement sont tout
autant présents pour les projets de grande envergure et compromettent la
sécurité financière d'une longue chaîne d'entrepreneurs.
De plus, l'ACRGTQ craint que la
prolongation de cinq ans du projet pilote, telle que prévue au projet de loi,
retarde l'émission du rapport du Conseil du trésor et l'adoption d'un cadre
réglementaire ou législatif permanent, qui est grandement attendu par
l'industrie. L'Ontario a, pour sa part, intégré de telles mesures dans sa loi sur
la construction le 1er octobre 2019. Ainsi, nous recommandons de retirer
l'alinéa 2 de l'article 66 du projet de loi.
En outre, voici certaines recommandations
de l'ACRGTQ visant à permettre l'accès <aux...
Mme Bourque (Gisèle) :
...
réglementaire ou législatif permanent, qui est grandement attendu par
l'industrie. L'Ontario a, pour sa part, intégré de telles mesures dans sa loi
sur la construction le 1er octobre 2019. Ainsi, nous recommandons de retirer
l'alinéa 2 de l'article 66 du projet de loi.
En outre, voici certaines
recommandations de l'ACRGTQ visant à permettre l'accès >aux liquidités
aux entrepreneurs : appliquer le projet pilote aux 181 projets
d'infrastructure de l'annexe I du projet de loi sans égard à la valeur du
contrat, rendre permanentes des mesures similaires à celles prévues au projet
pilote pour tout contrat public de construction, retirer de la formation
actuelle de l'article 66 du projet de loi l'exception «à moins que le mode de
réalisation du contrat ou du sous-contrat ne permette pas l'application d'un
calendrier mensuel de paiement». Également, afin de contribuer à l'accélération
des chantiers et sans remettre en doute le cadre législatif propre à l'octroi
des contrats publics, nous croyons que des changements quant aux règles
d'adjudication des contrats seraient de nature à accélérer les mises en
chantier, favoriseraient l'innovation et amélioreraient la collaboration entre
les donneurs d'ouvrage et les entrepreneurs, tout en s'assurant du juste prix.
La règle du plus bas soumissionnaire
conforme restreint la possibilité pour les organismes publics d'avoir recours à
des modes d'attribution de contrat mieux adaptés pour les travaux à effectuer
en accordant une trop grande importance au prix. Elle restreint aussi la
capacité pour les entrepreneurs, pour certains contrats, de proposer des
alternatives parfois moins coûteuses et plus durables. Le gouvernement se prive
ainsi d'une importante source d'innovation.
Tel que démontré sur de nombreux chantiers au
Québec, au Canada et dans d'autres pays, l'adoption de modes d'adjudication
adaptés à la nature des projets à réaliser, au lieu de privilégier
systématiquement le plus bas soumissionnaire, en mode traditionnel, réduirait
le temps de conception et de réalisation des projets, tout en réduisant le coût
de réalisation de ceux-ci, sans porter atteinte à la probité des marchés
publics. Qui plus est, le recours à des modes d'adjudication qui ne priorisent
pas uniquement le prix le plus bas mais l'offre de meilleure qualité n'ouvre
pas la porte à la corruption ou à la collusion. En effet, le recours à ces
modes permet de respecter les principes importants que sont l'intégrité du
processus, l'égalité des soumissionnaires ou l'intérêt des contribuables.
Ainsi, l'ACRGTQ propose de permettre
l'adjudication de certains projets de l'annexe I selon des modes mieux adaptés
aux projets à réaliser. Également, l'ACRGTQ est favorable à l'adoption de
mesures propres à accroître les pouvoirs de surveillance des marchés publics de
l'AMP pour les projets de l'annexe I. Néanmoins, de tels pouvoirs incitent à la
prudence puisqu'ils visent certains documents considérés comme confidentiels
par l'entrepreneur ou le sous-traitant notamment lorsqu'ils visent des secrets
commerciaux ou lorsqu'ils sont protégés par le secret professionnel.
En terminant, le comité d'experts
indépendants sur la programmation 2019‑2021 du MTQ faisait toujours état d'une
détérioration du réseau, avec un déficit de maintien d'actifs de
16,4 milliards de dollars en 2019. Ce faisant, nous proposons d'ajouter
plus de travaux de réfection des infrastructures routières à la liste des
projets de l'annexe I. En somme, bien que l'ACRGTQ anticipe favorablement les
effets de ce projet de loi sur le secteur du génie civil et voirie, les
parlementaires ont aussi l'occasion d'aller beaucoup plus loin, notamment pour
favoriser l'accès à des liquidités et pour corriger plusieurs problématiques
qui ralentissent l'exécution des chantiers.
En terminant, tout comme le gouvernement,
l'ACRGTQ reconnaît que la préoccupation constante doit demeurer le maintien de
l'intégrité de l'industrie <ainsi que la...
Mme Bourque (Gisèle) :
...
les effets de ce projet de loi sur le secteur du génie civil et
voirie, les parlementaires ont aussi l'occasion d'aller beaucoup plus loin,
notamment pour favoriser l'accès à des liquidités et pour corriger plusieurs
problématiques qui ralentissent l'exécution des chantiers.
En terminant, tout comme le
gouvernement, l'ACRGTQ reconnaît que la préoccupation constante doit demeurer
le maintien de l'intégrité de l'industrie >ainsi que la protection des entrepreneurs
honnêtes et respectueux des lois et des règlements en vigueur, qui représentent
majoritairement l'industrie de la construction. Nous vous remercions de votre
attention.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous, Mme Bourque. Avant d'entreprendre notre période
d'échange, j'aurais une toute petite question d'intendance à régler avec vous. Étant
donné nos problèmes techniques de branchement, tout à l'heure, on a pris
10 minutes de retard. Je pense que nous serons en mesure de pouvoir les
récupérer comme on le fait d'habitude, mais, quand même, ayons la bretelle et
la ceinture, y aurait-il consentement afin, éventuellement, au besoin, d'aller
légèrement au-delà du temps prévu cet après-midi? Il y a consentement. Très
bien. Merci.
Mme la ministre, conséquemment, vous
disposez de 16 minutes.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci, Mme Bourque, de votre présentation. Peut-être quelques petits
points que j'aimerais aborder avec vous, mais je vais peut-être <terminer...
>commencer par la fin de votre présentation, les pouvoirs qui ont été
élargis et attribués à l'AMP dans le cadre du projet de loi n° 66. Pour
permettre la surveillance, une surveillance plus accrue, si on veut, des
181 projets qui sont à l'annexe du projet de loi, vous dites que vous êtes
«favorables à l'adoption des mesures susceptibles d'accroître le pouvoir de
surveillance de l'Autorité des marchés publics», naturellement, mais vous avez
un bémol par rapport au pouvoir d'enquête qui est donné à l'AMP, pouvoir qui
n'existe pas, par rapport, présentement, aux contractants ou aux
sous-contractants, d'aller chercher de la documentation, justement, dans le
cadre de son pouvoir d'enquête de surveillance, non seulement de l'adjudication
des contrats mais de la gestion du contrat.
• (15 h 50) •
Vous dites qu'effectivement «dans le cadre
des nouveaux pouvoirs, l'AMP pourra imposer à tout contractant ou
sous-contractant et à toute autre personne ou société de personnes la communication
de renseignements concernant un contrat public.» Et vous dites que ça «incite à
la prudence, considérant les documents considérés comme confidentiels par
l'entrepreneur ou liés par un secret quelconque».
Dans le cadre d'une enquête, il y a quand
même une confidentialité au niveau de l'enquête puis il faut quand même donner
à l'AMP le loisir d'aller faire les vérifications qu'elle doit faire dans les
circonstances. Alors, <vous nous... Est-ce que vous... >comment
vous nous proposez, là, par rapport à cette prudence-là, par rapport à ça… parce
qu'il faut aller chercher la documentation. Dans le cadre d'une enquête, ça
demeure confidentiel. On peut protéger cette documentation-là, comme vous le
savez, devant les tribunaux, s'il y a lieu, on peut protéger cette
documentation-là aussi... elle n'est pas nécessairement publique si l'AMP en a
besoin pour son enquête. Donc, quel est cet appel à la prudence?
Puis je suis intéressée parce
qu'effectivement c'est un nouveau pouvoir qu'on veut... On va voir aussi
comment elle va l'exercer, mais je sais que le Bureau de l'inspecteur général a
déjà un pouvoir similaire. Alors, quand vous travaillez sur l'île de Montréal,
comment ça se passe?
Mme Bourque (Gisèle) : Bien,
écoutez, ce que je veux vous dire, là-dessus… nous, en fait, c'était une mise
en garde, c'était une préoccupation que nous avions que nous voulions tout
simplement vous adresser. On sait que, bien sûr, ces <documents-là...
Mme LeBel : ...
On
va voir aussi comment elle va l'exercer, mais je sais que le Bureau de
l'inspecteur général a déjà un pouvoir similaire. Alors, quand vous travaillez
sur l'île de Montréal, comment ça se passe?
Mme Bourque (Gisèle) :
Bien, écoutez, ce que je veux vous dire, là-dessus… nous, en fait, c'était une
mise en garde, c'était une préoccupation que nous avions que nous voulions tout
simplement vous adresser. On sait que, bien sûr, ces >documents-là
demeurent confidentiels ou peuvent le demeurer, mais lorsqu'il s'agit, bien sûr,
de secrets commerciaux ou de secrets professionnels, on veut juste s'assurer
que ces secrets-là vont bien demeurer des secrets. C'était juste une
préoccupation qu'on voulait vous adresser. C'était en ce sens-là, puisqu'il s'agit
d'un nouveau pouvoir. Alors, c'est très important, là. Alors, on n'a rien à
cacher, les entrepreneurs n'ont rien à cacher, il s'agit tout simplement que
ces secrets-là demeurent des secrets.
Mme LeBel : Donc, c'est un
petit drapeau que vous levez, là, en direction de l'AMP sur l'application de ce
pouvoir-là?
Mme Bourque (Gisèle) :
Exactement.
Mme LeBel : O.K. Beaucoup
de commentaires dans votre… à bon droit, d'ailleurs, là, mais qui dépassent
peut-être la portée du projet de loi n° 66. J'ai beaucoup d'intentions et
peut-être d'ambitions concernant la loi sur les contrats publics que… Je suis… je
ne dirais pas avec l'entièreté, là, mais la grande majorité de vos propos, de
revoir les modes d'adjudication des contrats, de donner des modes alternatifs
d'adjudication et de peut-être se détacher, compte tenu de la nature du projet,
se détacher à tout prix et en toute circonstance de la règle du plus bas
soumissionnaire, qui, quant à moi, peut donner… est appropriée quand on parle
de projets très simples, mais qui peut devenir peut-être moins pertinente quand
on a des projets avec des aspects techniques plus complexes, disons-le.
Donc, je vais lire avec beaucoup d'attention
votre impression là-dessus, mais je vous dirais que j'en partage la grande
majorité, des constats, et effectivement je veux qu'on entreprenne un chantier
pour revoir les modes d'adjudication des contrats, les modes d'adjudication
pour les services professionnels, effectivement, puis donner peut-être plus de
souplesse. Alors, sans vous donner toute la substance, je vous rassure à l'effet
que ça fait partie… c'est sur mon écran radar, en tout cas, c'est dans la vitre
d'en avant, là, ce n'est certainement pas sur le côté de la route.
Donc, dans ce sens-là, je vais peut-être
vous amener un peu plus sur l'accélération du mode de paiement, parce qu'il y
en a une portion, effectivement, dans le projet de loi n° 66. J'ai bien
noté votre questionnement sur la limite du 20 millions de dollars. Ce que
j'aimerais peut-être discuter avec vous… On a eu, d'ailleurs, la Corporation
des entrepreneurs généraux du Québec qui est venue nous parler ce matin, qui
est également membre de la coalition sur les retards de paiement. Je comprends
que l'ACRGTQ également est membre de la coalition sur les retards de paiement,
c'est exact?
Mme Bourque (Gisèle) : Tout à
fait, oui. Depuis le début, oui.
Mme LeBel : Oui. Est-ce que
vous avez eu l'occasion de participer à l'élaboration du projet de loi pilote… <le
projet de loi… le projet de loi… >le projet pilote, en 2018, sur les
retards de paiement?
Mme Bourque (Gisèle) : Oui,
tout à fait. On est impliqués depuis le tout début de l'existence de la
coalition.
Mme LeBel : O.K. <et… >Donc,
depuis le début. Quand on a mis en place, en 2018, le projet pilote, je pense, c'est
pour 52 projets, si je ne me trompe pas, qu'il a été mis en place?
Je veux commencer par vous rassurer,
Mme Bourque, que le projet de loi n° 66 n'a pas
pour effet, en tout cas, l'objectif... et je dis toujours : On va aller
vérifier la rédaction de l'article en question, mais l'objectif du projet de <loi…
Mme LeBel : ...
Donc,
depuis le début. Quand on a mis en place, en 2018, le projet pilote, je pense,
c'est pour 52 projets, si je ne me trompe pas, qu'il a été mis en place?
Je veux commencer par vous rassurer,
Mme Bourque, que le projet de loi
n°
66
n'a pas pour effet, en tout cas, l'objectif... et je dis toujours : On va
aller vérifier la rédaction de l'article en question, mais l'objectif du projet
de >loi n° 66 n'a certainement pas pour effet
de prolonger le projet pilote de cinq ans, là. Il se termine et il se terminera
pour les 52 projets visés, comme convenu, en août 2021.
Et ce qu'on dit dans le projet de loi n° 66, c'est que pour... avec la limite de
20 millions, là, mais, pour les projets concernés sur la liste des 181,
ces projets-là pourront bénéficier de mesures équivalentes au projet pilote
pendant les cinq prochaines années à partir de l'adoption du projet de loi,
s'il est adopté. Donc, je veux simplement cadrer ça. Je l'ai fait, mais on va
vérifier pour être sûr qu'il n'y a pas d'ambiguïté, parce que vous n'êtes pas
la première qui nous soulève ce questionnement-là, mais je le dis, là, haut et
fort, ce n'est pas l'objectif, d'étendre de façon subreptice le projet pilote
de cinq années supplémentaires.
Mais ce que je voulais vous demander…
jusqu'à présent, quels sont vos constats par rapport à vos membres sur le
projet pilote actuel, sur les deux aspects, là, soit le calendrier de paiement
ou la règle de... pour le règlement des différends, pardon? Quels sont, jusqu'à
présent, vos constats par rapport... Quels constats vous donnent vos membres?
Je m'excuse, là, je m'empêtre dans mes propres mots.
Mme Bourque (Gisèle) :
Bien, écoutez, je vais peut-être... Peut-être, M. Marcoux, vous voulez
répondre à cette question?
Le Président (M. Simard) :
M. Marcoux.
M. Marcoux (Sébastien) :
Bien oui, Gisèle, merci beaucoup. Bien, ce qu'on constate, là… dans le domaine
du génie civil, on parle d'une vingtaine de projets sur les 52. On pense qu'il
y en a à peu près 42 qui sont comptabilisés, présentement. Évidemment, les
travaux ne sont pas encore terminés, puis ceux qui ont affaire… de ce qu'on
comprend de nos informations, là, qui ont affaire à un intervenant expert, c'est
à peu près cinq. Et, dans la majorité de ces cas-là, évidemment, comme j'ai
mentionné, les travaux ne sont pas terminés, mais il y a vraiment une
satisfaction, au niveau du processus, de la part de tous ceux qui ont participé
dans les 23 projets et ceux aussi qui ont participé, là, dans les cinq
éléments ou les cinq moments où on a dû faire intervenir l'intervenant expert.
Mme LeBel : O.K. La Corporation
des entrepreneurs généraux du Québec nous a entretenus aussi sur cet aspect-là
ce matin. Bon, l'objectif d'un projet pilote, c'est de mettre en place des
mesures puis, naturellement, les mettre à l'épreuve, là, pour voir, dans le
quotidien, comment elles passent le test de la réalité, si je peux le dire. Est-ce
que vous avez, à votre connaissance… bien que je comprends que la satisfaction
générale semble être là, est-ce que vous avez connaissance de choses qui
pourraient être améliorées dans le processus? Est-ce que vous avez... Parce que,
bon, la perfection — surtout pas du premier coup — n'existe
pas, là, donc est-ce que vous avez des choses que vous pensez qu'on pourrait
améliorer ou des suggestions qu'à la fin du projet pilote vous pensez être en
mesure de faire, là? J'imagine que, dans le cadre du projet pilote, on doit
vous consulter à la fin de tout ça également, là?
M. Marcoux (Sébastien) :
Absolument. Il y a certaines améliorations qui pourraient être apportées. Lorsqu'on
regarde, par <exemple...
Mme LeBel : …
surtout
pas du premier coup
— n'existe pas, là — donc
est-ce que vous avez des choses que vous pensez qu'on pourrait améliorer
ou des suggestions qu'à la fin du projet pilote vous pensez être en
mesure de faire, là? J'imagine que, dans le cadre du projet pilote, on
doit vous consulter à la fin de tout ça également, là?
M. Marcoux (Sébastien) :
Absolument.
Il y a certaines améliorations qui pourraient être
apportées.
Lorsqu'on regarde,
par >exemple, juste en
exemple, le coût de l'intervenant expert par rapport à la somme qui pourrait
être litigieuse, hein, alors c'est peut-être une adaptation qu'il faudrait
avoir à ce moment-là. C'est juste un exemple, mais il y en a peut-être
d'autres.
Mme LeBel : O.K. Et puis je me
suis peut-être avancée, tantôt, mais j'imagine que <vous êtes… >vous
allez certainement nous faire part de votre opinion, le cas échéant, mais vous
êtes… est-ce que dans le processus officiel, là, à la fin du projet pilote, il
est convenu que vous donniez vos impressions pour qu'on puisse voir de quelle
façon on peut rendre pérennes ces mesures par la suite, en les améliorant, naturellement?
M. Marcoux (Sébastien) :
Bien, à ma connaissance, la réponse, c'est oui, là.
Mme Bourque (Gisèle) : Oui,
oui, absolument. On va donner tous nos commentaires.
Mme LeBel : Super! Ça va être…
je vais attendre ça avec beaucoup d'intérêt, mais peut-être une dernière petite
remarque par rapport à ça. Dans le retrait… vous parlez, entre autres, dans
votre mémoire, sur ce qu'on a mis dans le projet de loi n° 66 pour
permettre d'étendre, si on veut, la portée du projet pilote à quelques projets,
là, ceux qui sont de 20 millions et moins sur la liste des 181, et vous
parlez que ce serait bien de retirer la formule actuelle de l'article 66 du
projet qui dit «à moins que le mode de réalisation du contrat ou du
sous-contrat ne permette pas l'application d'un calendrier mensuel de paiement»,
alors que la CEGQ, ce matin, nous a bien dit qu'effectivement il y avait des
types de projets, entre autres, les CCF, là, conception, construction,
financement, pour lesquels un calendrier de paiement et le projet pilote ne
s'appliqueraient pas, de toute façon, là, parce que <ce n'est pas… >les
enjeux ne sont pas les mêmes.
Alors, pourquoi vous nous proposez de
retirer cette appellation-là, alors que, selon la CEGQ, c'est pertinent de le
faire parce que, justement, il y a des projets de construction pour lesquels ce
n'est pas approprié, ce genre de projet pilote? Je veux juste comprendre à quoi
vous faites référence, pourquoi.
Mme Bourque (Gisèle) : Nous,
dans notre secteur, génie civil, voirie, on croit que <ça ne devrait pas…
>cette disposition-là, qui est restrictive, en fait, ne devrait pas
s'appliquer, parce qu'on n'a certainement pas les mêmes problématiques et les mêmes
situations que celles de la CEGQ, par exemple, là, <alors… >ou que
d'autres organisations. Alors, dans notre secteur à nous, on considère que ça
ne devrait pas s'appliquer parce que ça devient une restriction.
Mme LeBel : Juste pour bien
comprendre, Mme Bourque, vous considérez que, dans votre secteur, il n'y a
aucun type de projets pour lesquels le mode de réalisation… pour lesquels l'application
d'un calendrier mensuel de paiement ne serait pas praticable, c'est ça?
Mme Bourque (Gisèle) : Exactement.
Mme LeBel : Donc, en principe,
cette disposition-là ne devrait pas vous affecter, mais vous craignez qu'elle
soit utilisée pour restreindre.
Mme Bourque (Gisèle) : Oui, exactement.
• (16 heures) •
Mme LeBel : O.K. Parfait. Je
veux juste être sûre de bien comprendre votre pensée, là, parce qu'il y a
effectivement des modes de réalisation pour lesquels un calendrier de paiement
mensuel n'est pas applicable, mais on pourrait voir si on ne peut pas la
clarifier à ce moment-là…
16 h (version révisée)
Mme LeBel : …en principe, cette
disposition-là ne devrait pas vous affecter, mais vous craignez qu'elle soit
utilisée pour restreindre.
Mme Bourque (Gisèle) : Oui,
exactement.
Mme LeBel : O.K. Parfait. Je
veux juste être sûre de bien comprendre votre pensée, là, parce qu'il y a
effectivement des modes de réalisation pour lesquels un calendrier de paiement
mensuel n'est pas applicable. Mais on pourrait voir si on ne peut pas la
clarifier à ce moment-là.
Écoutez, pour moi, M. le Président, ça
fait le tour des questions que j'avais parce que le mémoire était… Merci,
Mme Bourque, de votre… Je n'aurai pas l'occasion de vous remercier à la
fin, là, merci de votre collaboration, votre participation. Merci beaucoup.
Mme Bourque (Gisèle) : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, Mme la ministre. M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Alors, Me Bourque, M. Marcoux, bienvenue, évidemment.
Alors, je vais aller directement à mon point préféré. Vous êtes l'Association
des constructeurs de routes et des grands travaux du Québec, je ne peux pas
avoir un groupe plus mieux placé pour répondre à ma question. Ça ne se dit pas,
là, «plus mieux», là, on s'entend, mais je vais le dire pareil. Ça fait
référence à des choses plus humoristiques qu'on ne citera pas.
Alors, dans votre mémoire, là, que j'ai
devant moi, là, vous avez beaucoup d'emphase, en termes de partie, là, dans le
mémoire, il y a une grande partie très significative qui va sur la question du
projet pilote. On s'entend là-dessus, je pense qu'il n'y a personne qui ne
s'entend pas là-dessus. On va voir ce que ça va donner au projet de loi. Mais
vous avez aussi une très grande partie sur l'adjudication des contrats. Bon,
ça, c'est un petit peu en dehors du projet de loi n° 66, mais je vous ai,
je vais vous garder. Alors… Et vous le dites, là, dans votre mémoire : Il
faut changer ça parce qu'on aurait — selon ce que vous mettez de
l'avant — on aurait la possibilité d'avoir plus de qualité, plus de
durabilité.
Alors, là, écoutez, moi, je vais vous
poser la question que j'ai posée ce matin et précédemment : Voulez-vous
bien me dire comment ça se fait qu'on n'est pas capables d'avoir ça avec le
mode de fonctionnement actuel? En français, là, clairement, là, le plus bas
prix, le prix au plus bas soumissionnaire dans l'adjudication dépend
directement et totalement de ce qu'on écrit dans le devis. Si ce qu'on écrit
dans le devis n'est pas respecté à l'exécution, ça ne marche pas. Alors, il y a
deux paramètres, là, ici, là : il y a, un, ce qu'on écrit dans le devis;
deux, comment on exécute les travaux. Le prix, c'est une chose, mais en quoi
l'adjudication changerait les choses? Vous nous dites : Bien là, la
durabilité… Bien oui, mais qu'on prenne des matériaux plus durables. Qu'on
construise nos autoroutes et nos routes en béton, ça va durer plus longtemps.
En quoi, là, le plus bas soumissionnaire dans
le cas de la construction, pas dans les services, là — la
construction, c'est matériel, c'est un devis avec des éléments clairs, un devis
qui est censé avoir été écrit par des ingénieurs qui ont la compétence, et
ainsi de <suite…
M. Barrette : ...le plus bas
soumissionnaire,
dans le cas de la construction
, pas dans les
services, là
— la construction, c'est matériel, c'est un devis
avec des éléments clairs, un devis qui est censé avoir été écrit par des
ingénieurs qui ont la compétence, et ainsi de >suite — fait en
sorte que c'est un mauvais mode d'adjudication? Et comment ça se fait que ça
serait meilleur en qualité, en durabilité et je ne sais quoi de le changer?
Expliquez-moi ça.
Mme Bourque (Gisèle) : Alors,
Sébastien, est-ce que tu veux répondre?
M. Marcoux (Sébastien) : Oui,
Gisèle, je peux peut-être y aller. Je ne pense pas qu'on dise que le plus bas
soumissionnaire, c'est un mauvais mode. Ce qu'on dit, c'est que ce n'est pas le
mode le plus approprié pour tous les types de contrats.
Maintenant, je peux vous donner un
exemple. Si on fait un devis de performance, vous avez fait référence à des
ornières, alors, ce qu'on dit, sur une certaine durée, bien, on veut qu'il y
ait un indice de roulement, que l'usager soit confortable, bien, lorsqu'on a un
devis de performance, on peut modifier les épaisseurs d'asphalte, par exemple,
pour être capable de rencontrer ce devis de performance là, qui va peut-être
faire en sorte que l'entretien, au lieu de la faire dans l'année numéro cinq, bien,
on va la faire dans l'année numéro sept.
Alors, c'est un ensemble de coûts, pas
uniquement sur les coûts de construction, mais on prend en considération aussi
les coûts d'entretien sur certains contrats. Alors, on regarde sur une certaine
période qu'est-ce qui revient le moins cher. C'est un exemple.
M. Barrette : Alors, si je
reprends votre exemple, là, M. Marcoux, vous me dites que, si le devis
était bien écrit, le devis dans l'exemple que vous venez de prendre allant
affecter le prix, bien, il n'y aurait pas les problèmes qu'on a. C'est ça que
vous venez de nous dire, là. Si, dans le devis qui comprenait la qualité de
l'asphalte, et l'entretien, et ce que vous venez... ce dont vous venez de
parler avait été écrit dans le devis initial, on aurait moins d'ornières. C'est
ça que vous avez dit, là.
M. Marcoux (Sébastien) : On
parle, dans ce cas-ci, d'un devis de performance. Au départ, le devis, il faut
que le devis soit adéquat, il faut que les matériaux soient conformes, il faut
que les travaux soient exécutés de façon conforme.
M. Barrette : Bon.
M. Marcoux (Sébastien) :
Après ça, c'est une question d'entretien.
Alors, lorsqu'on se retrouve avec un
problème d'orniérage comme vous avez mentionné, ça peut être différentes
raisons.
M. Barrette : Oui, différentes
raisons qui nous ramènent toujours à la conception du devis et à l'exécution
des travaux. J'ai bien de la misère à vous le faire dire, mais vous me le dites
par le biais de vos exemples. Si, dans le devis, les choses sont bien écrites
pour ce qui est de la spécificité de la qualité des matériaux à utiliser, de
l'exécution des travaux, de l'inclusion dans le devis de la performance qui
amène... tous les éléments que je viens de dire, vous allez être d'accord, ont
une influence sur le prix. Mais, si tout ça est bien écrit, bien, tout <le...
M. Barrette :
...matériaux à utiliser,
de l'exécution des travaux, de l'inclusion dans
le devis de la performance qui amène... tous les éléments que je viens de dire,
vous allez être d'accord, ont une influence sur le prix. Mais, si tout ça est
bien écrit, bien, tout >le monde va faire face au même appel d'offres,
et le plus bas prix... le prix du plus bas soumissionnaire va être obligatoirement
plus élevé que ce que l'on voit aujourd'hui, et le citoyen va être mieux servi.
Qu'en pensez-vous?
M. Marcoux (Sébastien) :
Bien, écoutez, vous l'avez dit, là, je suis d'accord avec vous. Les bons
matériaux, le bon devis, puis la bonne exécution...
M. Barrette : Et la bonne
maintenance.
M. Marcoux (Sébastien) :
...pour avoir un ouvrage qui répond aux normes. À la base, il faut les trois.
M. Barrette :
<Ce
qui... >Parfait. Et, quand on constate, au Québec, que deux, trois ans
plus tard, après avoir fait une réfection de 5 kilomètres, 10 kilomètres
d'autoroute, on a encore des ornières, c'est qu'il y a eu un problème. Quel
genre de problème à votre avis?
M. Marcoux (Sébastien) :
Ça peut être un des trois.
M. Barrette : Parfait.
M. Marcoux (Sébastien) :
Ça peut être un problème d'entretien après sur la route.
M. Barrette : Parfait.
Donc, il y a un problème au devis. À la naissance du projet, il y a un problème.
Très bien, je retiens ça.
M. le Président, mon collègue aurait une question.
Le Président (M. Simard) :
Bien sûr. M. le député de Mont-Royal—Outremont, vous
disposez de 3 min 45 s.
M.
Arcand
:
Merci, M. le Président. Il y a quelque chose qui m'a intrigué dans un des
commentaires que vous avez faits, c'est que vous avez dit, dans votre mémoire,
entre autres, qu'une stabilité dans les contrats publics en étalant certains
travaux, etc., encouragerait les entrepreneurs à diminuer leurs prix. Et
évidemment un projet de loi comme celui qu'on a devant nous aujourd'hui, malgré
l'intervention plus massive de l'Autorité des marchés publics, malgré certaines
modifications qui ont été apportées à certaines lois, il n'en demeure pas moins
que le fait d'accélérer les travaux, en principe, peut faire augmenter les prix,
qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas.
Je voudrais juste que vous m'abordiez
cette question-là en disant qu'est-ce que vous entendez par «stabilité». Vous
voulez avoir des contrats sur plusieurs années et sur... Comment vous voyez ça?
M. Marcoux (Sébastien) :
Bien, Gisèle, je peux peut-être répondre. La première chose, c'est d'avoir une
prévisibilité. Alors, lorsqu'on fait des... les entrepreneurs font des
investissements, par exemple, dans les équipements, si on comprend ce qui s'en
vient en termes d'ouvrage, c'est bien évident que ça facilite la planification
et ça facilite les investissements. Ça, c'est une chose.
Dans le projet de loi actuel, si on
regarde en génie civil, on parle de 52 projets qui sont dans toutes les
régions du Québec. Alors, on parle de quatre projets en Abitibi, deux en
Mauricie, deux dans le Bas-Saint-Laurent. Alors, on ne pense pas, dans notre
cas, que le... de ces projets-là, en autant que ce soit à travers le Québec,
dans les différentes régions, qui vont donner la chance aux différents
entrepreneurs de <soumissionner...
M. Marcoux (Sébastien) :
...projets
qui sont dans toutes les régions du Québec. Alors, on parle
de quatre projets en Abitibi, deux en Mauricie, deux dans le Bas-Saint-Laurent.
Alors, on ne pense pas, dans notre cas, que le... de ces projets-là, en autant
que ce soit à travers le Québec, dans les différentes régions, qui vont donner
la chance aux différents entrepreneurs de >soumissionner sur les
différents projets, que ça va causer une surchauffe, mais ça va permettre de
planifier mieux les travaux à venir sur une période un petit peu plus longue.
M.
Arcand
:
O.K. Et, si j'avais à vous demander, là, parce que vous avez fait part de vos
recommandations, de vos propositions, si on avait à vous demander quelle est la
proposition pour améliorer ce projet de loi là, quelle serait-elle? La première
proposition pour vous.
• (16 h 10) •
Mme Bourque (Gisèle) :
Bien, dans un premier temps, je pourrais répondre en disant que le projet de
loi ne s'applique, là, qu'aux contrats de 20 millions et moins, là. D'abord,
on ne comprend pas pourquoi... limite. Ça permettrait d'aller beaucoup plus
loin au niveau de la relance économique. Alors, ce serait d'enlever cette
balise du 20 millions maximum. Parce qu'on parle bien d'un projet qui va
aider la relance économique. Alors, on a beaucoup de grands projets, au Québec,
qui devraient être faits et <avec... >qui dépassent de beaucoup ce
20 millions là.
M.
Arcand
:
Donc, pour vous, ça serait... l'élément premier, là, c'est la question du 20 millions?
Mme Bourque (Gisèle) : Oui.
Ça serait un élément, je vous dirais, un élément qui nous frappe d'entrée de
jeu, là, qui nous a frappés. On s'est posé la question : Pourquoi 20 millions?,
alors, toujours dans la perspective de la relance économique, donc des travaux
de construction qui nous concernent, notamment génie civil, voirie.
Le deuxième point, en ce qui concerne
génie civil, voirie, nous n'avons que 52 projets sur 181. Alors, encore
là, c'est très restrictif. Parlons pour notre domaine à nous, pourquoi
52 projets? Alors, c'est un deuxième point qui devrait être aussi élargi.
Le Président (M. Simard) :
En conclusion. Oui, je vous en prie, Mme Bourque, veuillez finir, s'il
vous plaît.
Mme Bourque (Gisèle) :
Bien, voilà. Alors, c'étaient les deux premiers points qui attiraient notre
attention.
M.
Arcand
:
O.K. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Désolé, Mme Bourque. Alors, je cède maintenant la parole au député de Rosemont.
Cher collègue, vous disposez de 2 min 40 s.
M. Marissal : Merci, M.
le Président. Bonjour. Merci d'être là. Je vais vous poser une question que j'ai
posée ce matin à vos collègues, là, de la Corporation des entrepreneurs
généraux du Québec. Je comprends les plaidoyers qui sont faits là pour vos
membres, là, ça va de soi. Notamment sur le problème de liquidité, le fait d'être
payé à temps, tout ça est parfaitement légitime. Vous faites aussi un plaidoyer
en fin de mémoire pour ajouter plusieurs projets de réfection ou d'entretien
des routes. Ça correspond aussi au mandat que vous défendez, je comprends bien.
Sauf qu'on nous dit que la liste est fermée. Donc, en principe, on fonctionnera
<avec...
M. Marissal : …aussi un
plaidoyer en fin de
mémoire pour ajouter plusieurs projets de réfection
ou d'entretien des routes. Ça correspond aussi au mandat que vous défendez, je
comprends bien. Sauf qu'on nous dit que la liste est fermée. Donc, en principe,
on fonctionnera >avec les projets qui sont en annexe I. Et, de deux, il
y a beaucoup d'éléments qui touchent l'environnement, le BAPE, les évaluations
environnementales, dont vous ne parlez à peu près pas ou, en fait, très peu.
Ce matin, juste avant la pause du dîner,
peut-être avez-vous entendu l'Ordre des ingénieurs qui était ici, qui ont quand
même insisté beaucoup sur l'importance des évaluations environnementales en
disant, notamment, que les consultations publiques sont partie intégrante de l'acceptabilité
sociale des grands projets. Êtes-vous… Partagez-vous ce point de vue défendu
par l'Ordre des ingénieurs ce matin?
Mme Bourque (Gisèle) : En
fait, moi, je vous dirais que l'association pense fermement que le processus d'approbation
au niveau de l'environnement pour les différents projets doit demeurer, c'est
évident. Toutefois, avec le projet de loi n° 66, on parle de délais
sensiblement raccourcis. Par la force des choses, ça doit être ainsi. Alors, on
considère, nous, à partir du moment où les approbations environnementales sont
données, que le processus est suivi de respect de l'environnement, que le délai
peut être raccourci sans affecter les problèmes environnementaux qui pourraient
s'y rattacher.
M. Marissal : Pourquoi
dites-vous que, par la force des choses, cela doit être ainsi? J'ai peut-être
mal capté votre phrase, là.
Mme Bourque (Gisèle) : Parce
qu'on parle de… Bien, en fait, c'est qu'on parle d'un projet sur la relance
économique, donc des projets qui vont se faire plus rapidement. C'est dans ce
sens-là.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Marissal : Donc, pour vous,
il est naturel, donc, de diminuer les évaluations environnementales dans le
temps puisqu'on est devant un projet de relance?
Mme Bourque (Gisèle) : De
diminuer les délais s'y rattachant.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci de
votre présence. On va rester dans les délais. À la page 12 de votre
mémoire, vous faites référence au lancement des appels d'offres, et à
l'adjudication des contrats, et le fait que les donneurs d'ouvrages attendent
parfois jusqu'à la dernière journée de validité des soumissions avant de savoir
si un donneur d'ouvrages va attribuer le contrat. Donc, ça repousse l'ensemble
de la machine. Pouvez-vous nous donner des exemples concrets, là, où ce type de
délai s'applique malheureusement, selon vous?
M. Marcoux (Sébastien) :
Gisèle, je peux peut-être y aller. Juste donner un exemple. Si on dépose une
soumission au mois de mars d'une certaine année, on va demander, par exemple,
que le prix soit bon pour six mois. L'entrepreneur qui soumissionne ne
saura pas, dans certains cas, et ça arrive fréquemment, par exemple, avant le
mois de septembre que le contrat va lui être <octroyé…
M. Marcoux (Sébastien) :
…si on dépose une soumission au mois de mars d'une certaine année, on va
demander, par exemple, que le prix soit bon pour six mois. L'entrepreneur
qui soumissionne ne saura pas, dans certains cas, et ça arrive fréquemment, par
exemple, avant le mois de septembre que le contrat va lui être >octroyé,
et le contrat ne sera pas signé avant deux mois plus tard. Alors, dans certains
cas, les conditions ont changé, alors on se retrouve à faire exécuter des
travaux beaucoup trop tard dans l'année en conditions différentes de ce qui
avait été prévu.
Alors, c'est certain que, quand les
entrepreneurs sont au courant de ces pratiques-là, bien, le prix initial est en
conséquence parce qu'il y a une incertitude du moment auquel on va débuter les
travaux.
M. Gaudreault : O.K. Et est-ce
que vous trouvez que le projet de loi n° 66 vient solutionner ou régler ce
problème-là?
M. Marcoux (Sébastien) : Le
projet de loi ne l'adresse pas du tout présentement. Je pense que ce qu'on dit
dans notre mémoire, c'est important pour tous les projets, incluant ceux-là qui
sont listés dans l'annexe du projet de loi ici, de prendre cet élément-là en
considération parce que ça a un impact sur les prix des projets.
M. Gaudreault : Donc, on
pourrait agir là sans avoir besoin du projet de loi puis on accélèrerait les
chantiers?
M. Marcoux (Sébastien) :
C'est une mesure. C'est une mesure qui devrait être appliquée à tous les
projets que l'on fait, tout simplement. C'est une mesure.
M. Gaudreault : Et ça se réglerait
par mesure de gestion interne ou par règlement?
M. Marcoux (Sébastien) : Je
présume, que ce soit à travers les contrats gouvernementaux, même au niveau
municipal aussi. Les problématiques aussi sont au niveau municipal.
M. Gaudreault : O.K. Merci. Ça
va aller.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, Mme Bourque, M. Marcoux de l'Association des
constructeurs de routes et grands travaux du Québec, merci beaucoup pour la
qualité de votre contribution à nos travaux.
Sur ce, nous allons suspendre brièvement.
(Suspension de la séance à 16 h 17)
(Reprise à 16 h 20)
Le Président (M. Simard) :
Chers collègues, nous allons reprendre nos travaux. Nous sommes maintenant en
compagnie de Me Nikolas Blanchette, associé chez Fasken Martineau DuMoulin.
Maître, soyez le bienvenu parmi nous.
M. Blanchette (Nikolas) :
Bonjour. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Vous savez que vous disposez d'une période de 10 minutes pour faire votre
présentation.
(Visioconférence)
M. Blanchette (Nikolas) :
Parfait. Alors, bonjour à tous. Je tiens d'abord à remercier la commission de
m'avoir invité à participer ce jour. Je salue M. le Président, Mme la
secrétaire, Mme la ministre, ainsi que tous les membres de la commission.
Je me présente, Me Nikolas Blanchette.
J'exerce comme avocat au sein du cabinet Fasken Martineau DuMoulin à titre
d'associé principal et leader du groupe de pratique en litige immobilier. J'ai
développé une expertise dans le domaine de l'expropriation depuis maintenant
plus d'une dizaine d'années. J'ai oeuvré dans plusieurs causes d'expropriation
et je suis présentement impliqué dans plus d'une vingtaine de dossiers, que ce
soit dans des contextes usuels ou dans le cadre de projets spécifiques que nous
connaissons, comme REM ou le prolongement de la ligne bleue.
J'ai été amené à plaider devant toutes les
instances, que ce soit devant le Tribunal administratif du Québec, la <Cour
supérieure…
M. Blanchette (Nikolas) :
...impliqué dans plus d'une vingtaine de dossiers, que ce soit dans des
contextes usuels ou dans le cadre de projets spécifiques que nous connaissons,
comme REM ou le prolongement de la ligne bleue.
J'ai été amené à plaider devant toutes
les instances, que ce soit devant le
Tribunal administratif du Québec,
>la Cour supérieure, la Cour d'appel du Québec ou encore la Cour suprême
du Canada. Je publie et je donne régulièrement des conférences en droit
d'expropriation. J'ai inauguré et je préside les colloques du Barreau du Québec
en droit d'expropriation.
Ça me fait donc plaisir d'être ici avec
vous cet après-midi pour vous faire part de certains commentaires sur les
dispositions du projet de loi n° 66 qui concernent l'expropriation. Je
parle ici plus spécifiquement des articles 14 à 18 et 69 à 73 de la loi...
du projet de loi. J'ai préparé un mémoire qui a été transmis à la commission
plus tôt ce jour. Tout le détail de mon propos se trouve plus amplement décrit
dans le mémoire. Je vais donc m'attarder à quelques éléments qui me semblent
particulièrement d'intérêt dans le cadre de l'étude des dispositions du projet
de loi.
Ma présentation initiale portera donc sur
quatre points que j'aimerais soumettre à l'attention de la commission :
premièrement, les dispositions visant à interdire les recours en contestation
du droit d'exproprier — alors, je parle ici de l'article 17 du
projet de loi; deuxièmement, les dispositions visant à donner un effet
rétroactif à ces règles qui visent l'interdiction des recours en contestation — je
parle ici de l'article 69 du projet de loi; troisièmement, la nécessité de
favoriser un dialogue entre les parties impliquées au projet d'expropriation
pour assurer la réussite et l'accélération des projets d'infrastructure qui
sont priorisés par le gouvernement dans le projet de loi n° 66; enfin, je
ferai un commentaire sur la nécessité, selon moi, de moderniser la Loi sur
l'expropriation et les difficultés que posent l'adoption d'une loi spéciale
comme celle qui est présentée devant vous.
Alors, d'abord, j'aimerais attitrer votre
attention sur l'article 17 du projet de loi. On peut constater, au
troisième alinéa, la mention d'une interdiction au recours en contestation du
droit d'exproprier. Je cite le paragraphe en question : «Le droit de
l'expropriant à l'expropriation ne peut être contesté et, en conséquence, les
articles 44 à 44.3 de la Loi sur l'expropriation ne s'appliquent pas».
Alors, ce paragraphe soulève une problématique sérieuse selon moi.
L'interdiction de contester le droit d'exproprier est rédigée en termes larges,
et il est donc susceptible d'avoir comme conséquence de priver la partie
expropriée de tout pouvoir de contestation possible, et ce, peu importe le
véhicule procédural choisi.
Alors, quel est l'objectif poursuivi par
le législateur? Est-ce de retirer le droit au recours prévu à l'article 44
de la Loi sur <l'expropriation...
M. Blanchette (Nikoslas) :
...priver
la partie expropriée de tout pouvoir de contestation possible,
et ce, peu importe le véhicule procédural choisi.
Alors, quel est l'objectif poursuivi
par le législateur? Est-ce de retirer le droit au recours prévu à
l'article 44 de la Loi sur >l'expropriation ou plutôt de limiter
plus largement tout type de contrôle judiciaire devant la Cour supérieure? C'est
une question qu'il faut se poser. Il faut se rappeler, je pense que c'est important
de le rappeler, que la Cour supérieure a un pouvoir inhérent de contrôler les
lois et les actes publics du Québec. Ce pouvoir est constitutionnel. Il est prévu
à l'article 96 de la Loi constitutionnelle de 1867. Vouloir empêcher tout
contrôle serait alors hautement problématique selon moi et susceptible
d'occasionner des débats judiciaires importants.
Par ailleurs, vouloir empêcher seulement
le contrôle judiciaire en vertu de l'article 44 de la Loi sur
l'expropriation n'atteindra pas la cible de vouloir accélérer les travaux d'infrastructures
nécessitant des expropriations car cela n'aura pas l'effet d'empêcher le
contrôle judiciaire en vertu des pouvoirs inhérents de la Cour supérieure.
Donc, on risque non pas d'accélérer mais plutôt de compliquer les procédures et
les recours en contestation, ce qui aura l'effet contraire à ce qui est
recherché par le législateur.
Ma recommandation pour ce premier point
est donc de suggérer à la commission de revoir le choix du législateur de
retirer le pouvoir de contester un droit d'expropriation dans le cadre des
projets d'infrastructures identifiés dans le projet de loi.
Dans un deuxième temps, j'attire votre
attention sur l'article 69 du projet de loi. Le deuxième alinéa de
l'article 69 prévoit que l'interdiction prévue à
l'article 17 que nous venons d'examiner ensemble serait applicable
aux procédures de contestation en cours devant la Cour supérieure dans le cadre
du projet de prolongement de la ligne bleue. On comprend, ici, que la
problématique initiale que je viens d'expliquer demeure, mais, au surplus,
l'objectif poursuivi serait alors de vouloir interrompre des débats qui ont
présentement lieu devant la Cour supérieure, de dessaisir la Cour supérieure de
son contrôle judiciaire qu'elle exerce en vertu de l'article 44 de la Loi
sur l'expropriation. Une telle proposition est tout à fait préoccupante, selon
moi, d'un point de vue de la séparation des pouvoirs et de l'indépendance du
pouvoir judiciaire dans un État de droit comme le nôtre. Cela pourrait à
nouveau compliquer les débats judiciaires plutôt qu'atteindre l'objectif par le
législateur d'accélérer les projets d'infrastructures.
Ma recommandation pour ce deuxième point
est qu'à tout événement toute mesure touchant le droit de contestation demeure
prospective et non rétroactive.
En conséquence des deux premiers points
que je viens de vous soumettre, il importe de remarquer que le projet de loi,
dans son libellé actuel, ne prévoit pas de <mécanisme...
M. Blanchette (Nikolas) : …est
qu'à tout
événement toute mesure touchant le droit de contestation
demeure prospective et non rétroactive.
En conséquence des deux premiers points
que je viens de vous soumettre, il importe de remarquer que le projet de loi,
dans son libellé actuel, ne prévoit pas de >mécanisme qui permettrait
d'accélérer et d'améliorer la coordination des projets qui nécessitent des
expropriations.
Le projet de loi semble ainsi vouloir
favoriser une approche centrée sur l'interdiction de la sanction, alors que je
pense que la réussite des projets annoncés devrait plutôt reposer sur des
efforts supplémentaires de planification et de coordination des différentes
parties impliquées, commençant par les ministères impliqués, les villes et les municipalités,
les professionnels retenus, les parties expropriées, le secteur avoisinant, les
marchands, les citoyens, etc.
Dans la pratique, il est clair qu'une
gestion et une coordination complète, incluant les parties expropriées et leurs
professionnels, favorisent souvent une meilleure gestion des dossiers
d'expropriation et, à mon avis, permettent d'éviter des contestations
judiciaires qui portent sur la légalité des procédures. C'est là que l'on
pourrait constater, selon moi, une plus grande célérité des processus administratifs
et judiciaires en situation d'expropriation. En revanche, lorsque les parties
expropriées sont placées devant un fait accompli et que les planifications ou
que la planification s'avère déficiente, par exemple, lorsque les effets
d'expropriation ont été mal compris par la partie expropriante ou ses
professionnels, l'on constate alors souvent des complications et des délais.
Ma recommandation sur ce troisième point
serait de mettre de côté les mesures visant à empêcher et/ou arrêter les
contestations judiciaires en cours et concentrer les efforts sur un dialogue
ouvert et constructif qui impliquent les parties prenantes ou d'un projet
d'infrastructure incluant les parties expropriées.
Enfin, je me permets d'apporter à votre
attention le fait suivant : l'adoption récente de lois spéciales, comme
celles du REM et du tramway à Québec, démontre clairement la difficulté de
travailler avec la Loi sur l'expropriation. Celle-ci nécessite une réforme
complète. Il serait important que cette réforme puisse avoir lieu, ce qui
permettrait d'éviter de multiplier les lois spéciales qui sont susceptibles de
venir court-circuiter les droits qui sont en jeu en droit d'expropriation.
Il faut se rappeler que le droit de
l'expropriation est un droit exorbitant qui affecte sérieusement le droit de
propriété des parties expropriées qui sont visées par de telles procédures. Les
projets de construction et d'infrastructures, l'annonce d'expropriation sont de
plus en plus complexes, et les superficies expropriées sont de plus en plus importantes.
La problématique des lois spéciales est de ne pas faire un travail de fond avec
les nuances nécessaires pour s'assurer d'atteindre les objectifs poursuivis,
tout en respectant les droits qui sont sérieusement compromis en pareilles
circonstances.
Ma recommandation serait donc de prendre
les présentes circonstances pour entamer une révision de fond sur la Loi sur
l'expropriation. Je vous remercie.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, cher maître.
M. Blanchette (Nikolas) :
Alors, c'était ma conclusion. Merci beaucoup.
• (16 h 30) •
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Vous avez lu dans mes pensées. Je laisse…
16 h 30 (version révisée)
M. Blanchette (Nikolas) :
…compromis en pareilles circonstances. Ma recommandation serait donc de prendre
les présentes circonstances pour entamer une révision de fond sur la Loi sur
l'expropriation. Je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, cher maître.
M. Blanchette (Nikolas) :
Alors, c'était ma conclusion. Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Vous avez lu dans mes pensées. Je laisse maintenant la parole à
la présidente du Conseil du trésor. Madame, vous disposez de 16 minutes.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci, Me Blanchette, pour ce… je ne vous cacherai pas que je
n'ai pas eu le temps et l'occasion de lire votre mémoire avec toute l'attention
nécessaire qu'il requiert, là, pour bien comprendre toutes les nuances
juridiques, puis ça va peut-être me ramener à des anciennes amours, qui ne sont
pas si lointaines, d'ailleurs. Ça fait que je vais le faire, je vais le lire
avec beaucoup d'attention, parce que, naturellement, l'objectif n'est pas de
faire le contraire, d'avoir les effets contraires de l'objectif visé,
naturellement.
Ceci étant dit, peut-être que je vais me
permettre de vous poser deux, trois questions. Je n'entrerai pas nécessairement
dans les détails, parce que votre mémoire est quand même, vous l'avez dit, très
bien étoffé puis <ça va… >il va y avoir beaucoup de choses qui
vont me donner matière à réflexion, mais il y a deux, trois petits points que
j'aimerais peut-être que vous soyez capable de nous expliquer de façon un peu
plus… avec plus de détails, peut-être, ou avec des exemples concrets, parce
qu'on a parlé beaucoup de la théorie, là, puis du projet de loi.
Vous avez bien dit, il y a deux sections
dans le projet de loi, en matière d'expropriation, puis je vais simplifier ça à
sa plus simple expression, là, naturellement, là, il y a la section où on agit
en amont des dossiers, donc tout ce qui concerne les 181 projets,
c'est-à-dire qu'on agit en amont avant que le droit de contester soit exercé ou
ait commencé à être exercé, donc avant que les expropriations aient commencé. Vous
l'avez bien mentionné, je pense, c'est l'article 17 qui le prévoit. Et il
y a toute la section sur la ligne bleue, où, présentement, on agit de façon
rétroactive, selon vos propos, parce qu'il y a des contestations devant la Cour
supérieure, des contestations qui sont déjà en cours dans le cas de la ligne
bleue. Donc, il y a deux choses, pour moi, là, deux sections sur
l'expropriation, si je peux le dire de cette façon-là.
La section où on agit en amont est, je ne
dirais pas calquée, mais <est >très fortement inspirée des projets
de loi spéciaux qui ont eu lieu dans le cadre du REM, vous l'avez dit. L'objectif
de tout ça est de faire en sorte que les projets ne soient pas stoppés. Vous
avez raison, là, moi, j'en suis, il faut se parler. Une bonne entente vaut mieux
qu'un mauvais jugement, un mauvais… en tout cas, peu importe, vous connaissez
le dicton autant que moi. Donc, il vaut mieux s'entendre, des fois, qu'aller
devant les tribunaux, j'en suis, mais le fait brut et… le fait est qu'il existe
des situations où, quand c'est l'indemnité qui est contestée, on conteste quand
même l'expropriation à sa base et on stoppe le projet de construction. Et,
souvent, je ne dis pas que c'est le cas de tout le monde, mais ça peut servir
de levier de négociation, et le projet est, à toutes fins pratiques, stoppé.
<Ce qu'on cherche à… >Je n'ai
pas la prétention de vouloir réformer la Loi sur l'expropriation, là, c'est mon
collègue du ministère des Transports qui devra se pencher sur l'opportunité de
le faire ou non, mais ce qu'on cherche à faire, donc, on ne s'en cache pas, c'est
de faire en sorte de pouvoir permettre les <négociations sur…
Mme LeBel : ...
Je n'ai
pas la prétention de vouloir réformer la Loi sur l'expropriation, là, c'est mon
collègue du ministère des Transports qui devra se pencher sur l'opportunité de
le faire ou non, mais ce qu'on cherche à faire, donc, on ne s'en cache pas, c'est
de faire en sorte de pouvoir permettre les >négociations sur l'indemnité
et éventuellement les contestations, ou qu'un tribunal, une cour puisse
trancher sur la juste valeur marchande de la propriété expropriée, mais de ne
pas faire en sorte que tout ce processus-là vienne stopper indûment et mette un
frein indûment au projet. Donc, j'en suis, dans la première section. On pourra
voir, par la suite, pour la section de la ligne bleue.
Je comprends les mises en garde que vous
nous faites au niveau juridique, mais de quelle façon peut-on atteindre cet
objectif-là. à moins que vous me disiez qu'on est condamnés à ne jamais pouvoir
le faire, mais comment on peut atteindre l'objectif de permettre la
contestation de l'indemnité, qui, quant à moi… <Je n'ai pas votre... >Ce
n'est pas ma spécialité, le droit de l'expropriation, et je ne le prétendrai
pas non plus, donc j'ai beaucoup de respect pour votre expertise, mais ce que
j'en sais, c'est que la très grande majorité des cas, c'est l'indemnité qui est
au coeur du litige, là. Donc, comment on peut faire pour continuer à avoir
cette conversation-là, disons-le, qu'elle soit à l'amiable ou judiciaire, pour
l'indemnité, sans faire en sorte de stopper des projets majeurs de construction,
et que ça ne devienne pas un levier de négociation, ou qu'on pervertit un peu
le système d'expropriation et le droit d'exproprier pour en faire un levier de
négociation et de permettre d'avoir une surenchère sur la valeur du terrain,
là? Et c'est ces cas-là qu'on veut éviter, là. Comment on fait ça? Avez-vous
une suggestion? Peut-être qu'elle est dans votre mémoire, là, puis je m'en
excuse à l'avance.
Le Président (M. Simard) :
Me Blanchette.
M. Blanchette (Nikolas) : Oui.
Alors, merci. Merci pour les questions posées. Je répondrais en deux temps.
D'ailleurs, je fais un rappel sur la question du droit contesté. La difficulté
qu'on peut avoir ici, dans un projet de loi comme celui-là, c'est que ce
droit-là de contestation, c'est un contrôle qui est nécessaire. On est dans une
séparation des pouvoirs, le judiciaire doit être en mesure de vérifier, de
contrôler les lois du Québec. Ça inclut les actes publics comme un avis
d'expropriation. Alors, on a cette difficulté-là, parce que c'est un garde-fou
important dans notre système de droit, et donc de vouloir empêcher un tel
contrôle, avant même de discuter des raisons pratiques, on a un problème
juridique, que je dirais même constitutionnel.
Si vous prenez l'exemple de la loi sur le
REM, ça a été fait en amont. On avait une disposition qui permettait une
certaine limitation sur le contrôle judiciaire. Les tribunaux se sont penchés
sur cette limitation-là, et vous l'avez dans le mémoire, on a conclu que le
pouvoir, le contrôle judiciaire qui était inhérent à la Cour supérieure était
maintenu. Alors, on ne pourra pas éliminer... selon moi, de façon juridique, on
ne peut pas empêcher la Cour supérieure de faire un contrôle sur la légalité.
Il faut se rappeler que les cas sur la légalité sont des cas limites.
Alors, qu'est-ce qu'on peut faire pour
essayer d'accélérer ce contrôle-là? Vous prenez l'article 44 de la Loi sur
l'expropriation, c'est dit que les procédures doivent être... (panne de son) <d'urgence…
M. Blanchette (Nikolas) : …
de
façon juridique, on ne peut pas empêcher la Cour supérieure de faire un
contrôle sur la légalité. Il faut se rappeler que les cas sur la légalité sont
des cas limites.
Alors, qu'est-ce qu'on peut faire pour
essayer d'accélérer ce contrôle-là? Vous prenez l'article 44 de la Loi sur
l'expropriation, c'est dit que les procédures doivent être... (panne de son)
>d'urgence. Alors, moi, ma façon de voir… (panne de son) …c'est que<
c'est>, dans les faits, les procureurs doivent agir de la façon la plus…
(panne de son) …possible pour aller faire trancher les questions, aller saisir
le tribunal de façon urgente, faire trancher de façon préliminaire les
questions. Et je vous dirais que si les… (panne de son) …sont dits. Vous parlez
de levier. Lorsque le droit de contestation n'est pas sérieux, les tribunaux
ont tous les pouvoirs pour casser, pour arrêter des procédures de façon
préliminaire. Ça s'est vu, ça s'est fait. Et donc la manière, à mon avis, c'est
d'aborder la question avec les procédures judiciaires, de façon la plus
accélérée possible. Il y a une façon de le faire, les tribunaux sont sensibles
à ça. De vouloir juste arrêter le processus me semble être une embûche
supplémentaire, parce qu'on va se retrouver avec des problèmes constitutionnels
ou des problèmes sur la légalité.
Donc, pour moi, c'est de la bonne gestion,
la bonne pratique des dossiers. Ce n'est pas vrai qu'il faut attendre deux ans
avant de voir un juge de la Cour supérieure. Si c'est dit jugé d'urgence, on
peut faire des requêtes en irrecevabilité. Il y a des moyens préliminaires qui
peuvent s'entendre sur des semaines, sur quelques mois, et où normalement on
obtient des jugements. Et les cas les plus farfelus seront écartés par les
tribunaux. À défaut de quoi il faut aller au mérite, et, encore là, on peut
demander une bonne gestion au juge de la Cour supérieure pour qu'il tranche le
questionnement. Ça serait ma façon, pour moi, de vous répondre, dans les faits.
Rappelez-vous que les cas de légalité sont
des cas exceptionnels. On ne peut pas soulever, par exemple,< des motifs…
>n'importe quels motifs, tout est balisé dans la jurisprudence. Alors, l'objectif,
c'est de s'assurer que les procureurs, les parties expropriantes appliquent
avec sévérité, et <avec… >en exigeant le plus possible d'agir
rapidement devant les tribunaux.
Le Président (M. Simard) : Mme
la ministre.
Mme LeBel : Oui, bien,
écoutez, on ne fera pas un débat juridique, mais je prends bonne note de vos
commentaires, mais effectivement il y a une <très… il y a une >nuance
très forte à apporter entre la révision ou l'évaluation de la légalité d'un
geste et la pertinence du geste en fonction des critères qui sont établis par
la loi, donc. Et vous l'avez bien dit, là, à ce niveau-là, je pense que la Cour
supérieure peut garder son pouvoir inhérent sur la légalité, mais l'objectif du
projet de loi, c'est d'écarter les contestations quand on est à l'intérieur du
cadre de la pertinence. Mais, comme je vous dis, je vais prendre le temps de
lire votre mémoire, parce qu'effectivement je n'ai pas eu le temps, là,
naturellement, de le lire dans les détails.
L'autre aspect, peut-être, rapidement, qui
m'intéresse, et je vais vous dire, bien franchement, c'est une notion qui était
assez difficile à comprendre rapidement, la notion entre la rétroactivité… un
effet rétrospectif et rétroactif. On est plus dans le cadre de la ligne bleue,
à ce moment-là, et du retrait du droit de contester, tel que vous le
mentionnez. Moi, ma pratique est en droit criminel, hein? L'effet rétroactif,
en droit criminel, n'est pas un effet qu'on voit très souvent, pour ne pas dire
jamais, compte tenu des conséquences, là, de l'effet punitif de nos lois puis
des conséquences majeures, là, sur la sécurité et la liberté des citoyens. Donc,
on n'est pas en matière rétroactive.
Mais c'est plus facile de comprendre la
rétroactivité, mais qu'est-ce que vous dites? Vous <faites…
Mme LeBel : ...Moi, ma
pratique est en droit criminel, hein? L'effet rétroactif, en droit criminel, n'est
pas un effet qu'on voit très souvent, pour ne pas dire jamais, compte tenu des
conséquences, là, de l'effet punitif de nos lois puis des conséquences
majeures, là, sur la sécurité et la liberté des citoyens. Donc, on n'est pas en
matière rétroactive.
Mais c'est plus facile de comprendre la
rétroactivité, mais qu'est-ce que vous dites? Vous >faites la suggestion...
Là, je vais revenir, parce que je ne veux pas me tromper, et là on est vraiment
dans la partie du projet de loi qui concerne la ligne bleue. Ligne bleue, effectivement,
il y a des contestations devant les tribunaux, donc on a une section particulière
parce qu'il y a... on n'est pas en amont présentement de potentielles
contestations, vous l'avez dit, on est en cours, pour certaines, plus ou moins
avancées, là, mais il y a des niveaux d'avancement différents, mais on est en
cours de processus, si on peut le dire comme ça. Et vous nous dites, à la
page 16 de votre mémoire, la recommandation, puis je veux vraiment avoir
la nuance, parce que c'est assez difficile à comprendre : «L'application
rétroactive des dispositions du projet de loi n° 66 applicables au projet
de prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal a pour effet de mettre
un terme à des contestations judiciaires dont la Cour supérieure est déjà saisie — bon,
ça, c'est la partie que je comprends — et pour lesquelles aucun jugement
sur le fond n'a encore été rendu.» Et c'est cette portion-là que je veux que
vous nous expliquiez, la différence, là : «Dans la mesure où le
législateur maintient son choix de retirer le droit de contestation prévu à
l'article 44 de la loi, le législateur devrait plutôt consacrer un
caractère rétrospectif à cette disposition, si tant est qu'elle subisse...»
Donc, rétrospectif plutôt que rétroactif. Donc, vous en faites la nuance.
Juste peut-être m'expliquer. Comme l'effet
est d'effectivement stopper les contestations — mais surtout ne pas
stopper le projet pendant qu'on discute des contestations d'indemnité, c'est
plutôt l'effet recherché — quelle est la nuance entre un effet
rétrospectif et rétroactif dans le cadre des objectifs du projet de loi n° 66,
et particulièrement la section sur la ligne bleue?
M. Blanchette (Nikolas) :
Bien, en fait...excusez-moi...
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie.
M. Blanchette (Nikolas) : Ça
va, je peux répondre? O.K. Alors, en fait, c'est littéralement… ce que 69
prévoit, c'est effectivement d'interrompre des procédures en cours devant la
Cour supérieure. Nous avons recensé deux procédures de contestation.
Évidemment, ce n'est pas un exercice qui... je n'ai pas regardé tous les
plumitifs, mais, vraisemblablement, peu de recours sont en contestation. Alors,
il faut le dire, il y a peut-être 250 procédures d'expropriation, il y en
a peut-être deux qui sont en contestation. Alors, ce n'est pas vrai que tous
les dossiers mènent à des contestations, hein, c'est plutôt rarissime.
Or, dans ces deux dossiers-là, il y a des
dossiers qui sont sous la gestion d'une instance. Dans un certain cas, on est
rendus au mérite, dans l'autre cas, il y a des recours préliminaires qui ont
été tranchés et le recours continue au mérite. Alors, <ce que l'effet de…
>69 aurait un effet rétrospectif d'empêcher rétroactivement le recours
ou le recours en contestation qui est présentement devant les tribunaux. Si
vous lisez comme il faut 69, 70, l'effet recherché, c'est d'arrêter les
procédures en Cour supérieure. Donc, non seulement on veut empêcher la
contestation en amont d'éventuels projets, on vient interrompre un processus en
cours. Et donc, à mon avis, on touche encore plus à la difficulté de ne pas
respecter la séparation des pouvoirs, d'empêcher la Cour supérieure d'exercer
son <pouvoir de...
M. Blanchette (Nikolas) :
...
supérieure. Donc, non seulement on veut empêcher la contestation en
amont d'éventuels projets, on vient interrompre un processus en cours. Et donc,
à mon avis, on touche encore plus à la difficulté de ne pas respecter la
séparation des pouvoirs, d'empêcher la Cour supérieure d'exercer son >pouvoir
de surveillance qu'elle est en train d'exercer à travers une instance où on
suit des procédures, notamment des recours préliminaires, et tout ça, donc, qui
ont été déjà entendus par les tribunaux.
Alors, pour moi, ça devient encore plus
sensible et encore plus incompatible avec notre Constitution et les grands
principes de droit que de venir intercepter, interrompre, court-circuiter,
appelez-le comme on veut, ces procédures-là qui sont légitimement sous un
contrôle de la Cour supérieure. C'est en ce sens-là qu'il faudrait, à mon avis,
éliminer l'effet rétroactif, s'en venir, à tout le moins, au minimum, avec les
réserves que j'ai pour l'article 17, à regarder vers l'avant pour <les
prochains, >les futurs projets, où, là, on est en amont, où, là, la
planification n'est peut-être pas encore faite. Ça touchait mon troisième point,
où, là, on peut peut-être mettre beaucoup d'effort sur la planification et la
coordination pour éviter que les expropriés <se >sentent ou
pensent que leurs droits ont été lésés au niveau de la légalité. Alors, se
concentrer sur le futur plutôt que retourner en arrière puis interrompre des
processus en cours qui sont légitimement devant les tribunaux.
Mme LeBel : Moi, je
considère que ce n'est pas mutuellement exclusif, là. On peut mettre des
mesures en place mais continuer de rechercher l'entente plutôt que l'application
des mesures, mais j'avoue que je n'ai pas bien compris, Me Blanchette,
puis je m'en excuse. Parce que ce n'est pas un but caché, là, dans les sections
sur la ligne bleue, le but effectivement de mettre fin aux contestations, dans
le sens... et de pouvoir reprendre. Parce que je n'ai pas le nombre exact de
contestations, mais il en suffit d'une, présentement, pour bloquer le projet,
là, donc, et ralentir de façon très substantielle, mais, vous dites, «dans la
mesure où le législateur maintient son choix de retirer le droit de
contestation». Donc, si on décide d'aller de l'avant et de retirer le droit de
contestation, «il devrait plutôt consacrer un caractère rétrospectif», je
comprends que vous recommandez de ne pas le faire, mais, dans la mesure où on
maintient le cap sur cet objectif de retirer, qu'est-ce que vous voulez dire
par «consacrer un caractère rétrospectif»? Je veux dire...
M. Blanchette (Nikolas) :
En fait, littéralement, de soustraire l'article 69 qui, lui, vise à
interrompre des processus qui sont déjà entamés devant la Cour supérieure.
Mme LeBel : Le
législateur maintient son choix d'interrompre le processus, il ne devrait pas
le faire. C'est ça que ça dit, dans le fond.
M. Blanchette (Nikolas) :
C'est-à-dire qu'il pourrait... vous pourriez avoir la disposition de l'article 17.
Vous avez 181 projets d'infrastructure priorisés dans le projet de loi...
Mme LeBel : Mais si on parle
de la ligne bleue, là. Ce que vous nous dites, c'est de ne pas le faire.
M. Blanchette (Nikolas) :
La ligne bleue, la difficulté, et c'est là que, moi, j'estime que, là, <on
vient... >ce qu'on vient faire, c'est, à rebours, faire un contrôle sur
un projet qui a été entamé suivant les procédures usuelles prévues à la Loi sur
l'expropriation. Les avis d'expropriation ont été émis il y a quelques années déjà,
on suit le processus normal, et là on viendrait court-circuiter à rebours des processus
qui sont déjà entamés devant les tribunaux, ce qui, pour moi, ajoute à une
possible contradiction avec notre Constitution et au pouvoir de surveillance de
la Cour supérieure.
Et c'est en ce sens-là que, si, à tout le
moins, on veut maintenir ce qu'on prévoit à 17, 69 me semble aller un pas en
avant, plus loin <encore, et...
M. Blanchette (Nikolas) :
...des
processus qui sont
déjà entamés devant les tribunaux, ce
qui, pour moi, ajoute à une possible contradiction avec notre
Constitution
et au pouvoir de surveillance de la Cour supérieure.
Et c'est en ce sens-là que, si, à tout
le moins, on veut maintenir ce qu'on prévoit à 17, 69 me semble aller un pas en
avant, plus loin >encore, et risquer d'être encore plus conflictuel. Et,
Mme la ministre, ça peut amener des complications judiciaires qui vont avoir
l'effet contraire de ce qui est recherché, soit d'accélérer les processus et
des projets d'infrastructure.
Mme LeBel : Bon, peut-être
pour résumer, là, votre pensée pour être sûre que je la comprends bien, bémol
sur le fait d'agir en amont, mais recommandation de ne pas faire, par rapport à
la ligne bleue, pour les dossiers en cours. C'est à peu près ça, là.
M. Blanchette (Nikolas) : Ça
résumerait bien, oui.
Mme LeBel : O.K. Merci, puis
je vais lire ça avec beaucoup d'attention, je vous le promets. Merci. C'est
tout pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, Mme la ministre. M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Bonjour et bienvenue, Me Blanchette. Alors, moi, je vais traduire ça
en langage commun, ce que vous nous annoncez, si le projet de loi est adopté, c'est
une quasi-garantie de contestations judiciaires, qui vont non seulement ne pas
ralentir les travaux mais les ralentir un peu plus pour cause juridique.
M. Blanchette (Nikolas) : Oui,
en effet. Il y a quelques options qui s'offrent, à l'article 17. Donc, je vous
rappelle que le langage est très large. Il faudrait voir comment le langage est
interprété, mais de deux choses l'une, ou bien ça interdit complètement un
contrôle judiciaire, auquel cas vous avez un débat sur la constitutionnalité de
la loi où la Cour supérieure serait saisie de la constitutionnalité,
possiblement, on pourrait se poser la question sérieusement, ou bien on vient
empêcher seulement le recours, le contrôle, si vous voulez, prévu à l'article
44, auquel cas les contribuables vont pouvoir faire un contrôle judiciaire en
vertu des pouvoirs inhérents, ce qui sera aussi long, ou pas plus rapide, parce
qu'il devra y avoir un contrôle judiciaire de toute manière.
Et je vous dirais même que, si on fait un
contrôle judiciaire en vertu des pouvoirs inhérents, bien là, on n'a plus les
mêmes balises. Je vous donne l'exemple concret à l'article 44. Si vous lisez
l'article 44, il est marqué «urgent». Si je vais voir un juge, demain, je lui
dis : Ceci est une procédure urgente, c'est écrit dans la loi, si je suis
en vertu des pouvoirs inhérents à la Cour supérieure, il n'y a pas d'urgence.
Il y a une certaine priorité pour les pourvois judiciaires, mais le mot
«urgent» n'existe pas, dans le code de procédure, alors je me retrouverais
peut-être, paradoxalement, à faire un pourvoi judiciaire peut-être plus long
même que celui qui est déjà aménagé en vertu de l'article 44.
M. Barrette : Est-ce qu'un
pouvoir... une urgence politique, ça existe, en droit?
M. Blanchette (Nikolas) : Une
urgence politique? C'est-à-dire que le droit, à mon avis, doit respecter des
règles de base, et j'aurais tendance à vous dire qu'on ne peut pas bafouer des
règles de droit <au prétexte de... >pour des prétextes politiques.
M. Barrette : Très bien. Le
jour où une partie va devant la cour pour contester la constitutionnalité,
techniquement, ça arrête tout aussi. Est-ce que je comprends bien le monde du
droit?
M. Blanchette (Nikolas) : C'est
susceptible d'être assorti avec des effets suspensifs. Cela va être déterminé
devant les tribunaux.
M. Barrette : Alors, puis là,
je ne dis pas ça <méchamment...
M. Barrette : ...
une
partie va devant la cour pour contester la constitutionnalité, techniquement,
ça arrête tout aussi. Est-ce que je comprends bien le monde du droit?
M. Blanchette (Nikolas)T :
C'est susceptible d'être assorti avec des effets suspensifs. Cela va être
déterminé devant les tribunaux.
M. Barrette : Alors, puis
là, je ne dis pas ça >méchamment, je caricature, les lunettes roses de 66
pourraient changer de couleur, s'il est adopté, pour les raisons que vous venez
d'invoquer en termes de délai de travaux, là.
M. Blanchette (Nikolas) : Ce
qui m'amène... En effet. Si on mise sur des sanctions et des interdictions,
comme je le vois aux articles 17 et 66, on risque non pas d'accélérer, mais de
compliquer les procédures judiciaires et les débats. Alors, pour moi, ça
revient au point sur le fait de travailler sur la coordination, à la
planification des travaux en amont.
M. Barrette : Je vais poser
une question, parce que, sur la rue, bien, entre guillemets, là, on pose
souvent la question, oui, mais, coudon, là, est-ce qu'on peut contester après?
Est-ce qu'on empêche la contestation au moment des travaux puis on contestera
après ou on ne peut plus, point final, contester? Si 66 est adopté, là,
évidemment.
M. Blanchette (Nikolas) :
Normalement, en vertu de 44 de la Loi sur l'expropriation, on a 30 jours
de l'avis d'expropriation pour contester. Alors, ce n'est pas vrai qu'on peut contester
en tout temps, il y aurait une fin de non-recevoir si on ne conteste pas en
temps utile. Et, normalement, lorsque les travaux d'expropriation sont en
cours, on est bien après l'émission d'avis d'expropriation, donc ce n'est pas
vrai qu'on peut, à ce moment-là, subitement, contester la légalité.
• (16 h 50) •
Évidemment, on peut toujours débattre de
l'indemnité, ce qui n'empêchera jamais d'avancer sur les travaux
d'expropriation. Il y a 252 procédures d'expropriation, il y en a deux en
contestation qui ont un effet suspensif. Et ce n'est pas tout le projet, mais
seulement certains segments du projet qui seraient arrêtés sur cette base-là, le
reste des dossiers… Il peut y avoir des prises de possession, des travaux
d'expropriation, tout cela suit son cours, et, en parallèle, on débat de
l'indemnité d'expropriation.
M. Barrette : Une question, et
je ne veux pas que ce soit une réponse trop longue, parce que moi, j'ai moins
de temps, mais de façon concise, là, on nous rappelle toujours que, bien oui, c'est
la même affaire que le REM, mais, dans les faits, sur le terrain, est-ce que c'est
différent du REM? Moi, je comprends de votre présentation que 66 va plus loin
que 61 sur les sujets traitants de l'expropriation. À 61, on nous disait déjà
que c'était pareil au REM. Moi, 66 allant plus loin que 61, bien, coudon, je me
pose la question, qui est simple, est-ce que c'est vraiment copié-collé,
circonstanciellement, juridiquement, du REM?
M. Blanchette (Nikolas) : Non.
Il y a des éléments distincts. Le REM est une loi spéciale qui a été adoptée en
amont des procédures d'expropriation, donc il y a eu des consultations qui ont
permis de préciser la planification. Deuxièmement, le texte prévu dans la loi
sur le REM était plus spécifique que ce que propose l'article 17
aujourd'hui. Et les tribunaux ont d'ailleurs interprété que ça n'empêchait pas
un contrôle judiciaire en vertu des pouvoirs inhérents, alors que le texte, tel
que suggéré, selon moi, pourrait mener à penser qu'on veut interdire tout
recours devant la Cour supérieure, ce qui serait inconstitutionnel. Alors, pour
moi, je vois des <distinctions...
M. Blanchette (Nikolas) :
...
était plus spécifique que ce que propose l'article 17
aujourd'hui. Et les tribunaux ont d'ailleurs interprété que ça n'empêchait pas
un contrôle judiciaire en vertu des pouvoirs inhérents, alors que le texte, tel
que suggéré, selon moi, pourrait mener à penser qu'on veut interdire tout
recours devant la Cour supérieure, ce qui serait inconstitutionnel. Alors, pour
moi, je vois des >distinctions en ce sens-là.
M. Barrette : ...le projet de
loi actuel, qui, manifestement, va plus loin que le précédent, peut mener à des
abus. Auriez-vous des exemples concrets, potentiels, peut-être, là, mais...
M. Blanchette (Nikolas) : Mais
il faut savoir que la légalité, le contrôle de la légalité… <il y a
encore fréquemment... >les tribunaux sanctionnent fréquemment encore. Si
vous avez regardé la jurisprudence, c'est d'actualité, vous avez encore
plusieurs jugements où des expropriations sont jugées illégales, des fins
impropres. Par exemple, j'ai une résolution, un décret qui prévoit une fin
poursuivie, mais, dans les faits, l'objectif est autre. On voit ça encore,
fréquemment, malheureusement. Et c'est là où la Cour supérieure va intervenir
pour casser la... pour annuler, si vous voulez, l'avis d'expropriation. Alors,
par exemple, je veux faire un projet spécifique dans une ville, mais,
finalement, j'exproprie pour une autre fin, une fin inavouée, qui, suivant les
interrogatoires, apparaît. Alors, à ce moment-là, je pourrais casser le... Et,
comme je vous dis, c'est encore fréquent, ce n'est pas quelque chose qui est
exceptionnel.
M. Barrette : Dans le cadre
des 181 projets, est-ce que vous voyez des situations, sans nommer un projet,
où il pourrait y avoir un abus?
M. Blanchette (Nikolas) : Tous
les projets sont sujets, dans certaines circonstances, à mener à des abus. <On
est... >Il faut toujours s'assurer d'un contrôle pour être sûrs. Par
exemple, on peut avoir la bonne fin poursuivie, mais pas la bonne assise, ou
exproprier beaucoup plus grand que ce qui est prévu pour des fins autres. À
chaque cas d'espèce, il faut s'assurer que la planification et les fins
poursuivies sont propres, sont légales. C'est pour ça qu'on a la Cour
supérieure qui vient assurer le rôle de contrôle de ces actes-là.
M. Barrette : La voie de
sortie, là... Parce que vous m'avez beaucoup impressionné, puis je pense que
vous avez impressionné tout le monde, là, quand vous avez dit qu'il y a
probablement... disons, à votre connaissance, vous n'avez pas fait, vous l'avez
dit, une recension de tous les avis d'expropriation… admettons, là, pour la
discussion, qu'il y en a juste deux, ça veut dire qu'on fait une loi, là,
essentiellement, pour deux projets. Les deux projets, il y en a un qui est,
évidemment, celui du terminus de la STM, là. L'autre, je ne sais pas c'est
lequel, c'est probablement le boulevard, peut-être, je ne sais pas. Maintenant,
on s'en sort comment, là? Est-ce qu'il y a un chemin qu'on peut pratiquer qui
va faire en sorte que la ligne bleue, là, ça va avancer, nonobstant tout ce
dont on discute ici, actuellement, là?
M. Blanchette (Nikolas) :
<Je
ne peux que réitérer... >Effectivement, ce n'est que deux contestations,
sur les 200 dossiers d'expropriation de la ligne bleue seulement, prenons
l'exemple de la ligne bleue. Je ne peux que réitérer que c'est par un dialogue
et une bonne planification avec tous les professionnels. Je vis ça, j'ai <une
vingtaine de dossiers, >une vingtaine de dossiers avec le Procureur
général du Québec, et, lorsqu'on collabore étroitement les choses s'accélèrent.
C'est vraiment dans la pratique et la coordination, dans les faits, qu'on va
pouvoir s'assurer... Alors, si on veut prioriser ces 181 projets, il faut
s'assurer d'avoir des <bonnes...
M. Blanchette (Nikolas) :
...
par un dialogue et une bonne planification avec tous les
professionnels. Je vis ça, j'ai une vingtaine de dossiers, une vingtaine de
dossiers avec le Procureur général du Québec, et, lorsqu'on collabore
étroitement les choses s'accélèrent. C'est vraiment dans la pratique et la
coordination, dans les faits, qu'on va pouvoir s'assurer... Alors, si on veut
prioriser ces 181 projets, il faut s'assurer d'avoir des >bonnes
ressources, des bons professionnels, d'aller voir rapidement les parties
expropriées. Souvent, les parties expropriées sont prises par surprise par les
avis d'expropriation, et, souvent, la planification est déficiente, avec égard,
mais elle n'est pas celle qu'on pourrait penser, et là ça amène une série de
complications, notamment les contestations devant la Cour supérieure qui ont un
effet suspensif des travaux d'expropriation.
M. Barrette : Quand vous dites
que la planification est essentiellement déficiente, dans certains cas, là,
vous parlez de la planification du projet en soi, de la partie légale qui
revient au gouvernement, vous parlez de quelle planification, exactement?
M. Blanchette (Nikolas) : Je
peux vous donner un exemple.
M. Barrette : La raison pour
laquelle je vous pose la question, c'est parce que, quand on regarde toutes les
questions environnementales, là, on sait que le gouvernement a choisi de ne pas
embaucher de professionnels. Tout le monde vient nous dire, s'il y avait des
professionnels, ça irait vite, ça ne va pas vite parce que les gens ne sont pas
en suffisamment grand nombre. Est-ce que, là, il y a un corollaire? Est-ce que
ça se traduit? C'est à quel niveau de la planification que ça ne marche pas?
M. Blanchette (Nikolas) :
Souvent, il va y avoir des déficiences techniques sur l'évaluation du site.
Souvent, je peux voir aussi qu'on sous-estime, voire qu'on ignore complètement
les effets de l'expropriation sur la partie résiduelle d'un site, ce qui peut
amener une hécatombe, ou la fin d'une entreprise, ou des difficultés qui ne
sont pas considérées dans la planification et qui amènent non seulement des
réclamations qui sont à la puissance 10 de ce qu'on anticipait mais des
complications sur les commerces, sur le voisinage, sur la circulation, ça créé
des impossibilités techniques. Alors que, quand on s'assoit puis on regarde la
planification avec tout le monde, parfois, les solutions sont assez faciles à
trouver ou sont réalisables.
Et c'est en ce sens-là que je vous dirais
que la planification a tout son rôle. Moi, je le vis sur le terrain. C'est dans
ce sens-là que je vous présente ma vision, c'est que ça se passe vraiment avec
la coordination avec les avocats de la partie expropriante, leurs ingénieurs,
leurs agents de planification, pour être sûr qu'on a bien fait notre travail…
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Barrette :
Me Blanchette, merci beaucoup. Je regarde le président qui me regarde avec
des yeux grands comme des chronomètres, alors je sens que ma fin est arrivée.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, très cher collègue. Fort apprécié. Je laisse maintenant la parole
au député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Bonjour, Me Blanchette. Alors, on va faire vite parce que moi,
j'ai encore moins de temps que mon collègue qui vient de parler.
Il y a des témoins qui ont effectivement
soulevé à maintes reprises le manque d'effectifs, environnement, notamment en
transport. Ça, c'est une chose connue. On a très brièvement entendu l'Ordre des
ingénieurs ce matin aussi, puis ce n'est pas la première fois que j'entends ça,
dire aussi qu'il manque sur le terrain d'évaluateurs agréés qui travaillent
pour le compte du gouvernement. Ça, ça participe, je présume... je ne veux pas
vous mettre les mots dans la bouche, là, mais est-ce que ça participe aux
délais déraisonnables, parfois, qu'on peut voir s'il n'y a pas suffisamment de
staff sur le terrain pour évaluer?
M. Blanchette (Nikolas) : Tout
à fait. En fait, je le vois, parce que les délais peuvent être occasionnés pour
faire des évaluations <préliminaires...
M. Marissal : …
pour
le compte du gouvernement. Ça, ça participe, je présume... je ne veux pas vous
mettre les mots dans la bouche, là, mais est-ce que ça participe aux délais
déraisonnables, parfois, qu'on peut voir s'il n'y a pas suffisamment de staff
sur le terrain pour évaluer?
M. Blanchette (Nikolas) :
Tout à fait. En fait, je le vois, parce que les délais peuvent être occasionnés
pour faire des évaluations >préliminaires. Il faut aussi avoir des
experts-comptables. Vous le savez, les dossiers d'expropriation, ce n'est pas
juste les valeurs immobilières, c'est tout le préjudice causé aux commerces.
Franchement, depuis cinq, 10 ans, tout ce qui est exproprié, souvent,
c'est déjà bien occupé, il y a des commerces, il y a des affaires importantes, <qui
sont… >des opérations importantes. Donc, moi, je vois, dans la pratique,
malgré les bons efforts des gens qui sont en place, un manque de ressources.
Les <procureurs… les >avocats
du Procureur général sont également à bout de souffle, souvent, dans les
dossiers. Je le dis avec égard, là, mais ils ont des dossiers énormes à gérer,
donc s'accumulent des délais administratifs qui, à mon avis, causent la
longueur de ce qu'on voit, là, dans la pratique. Donc, toute cette
coordination-là passe par des ressources, peut-être plus de ressources et une
mise en commun de ces ressources-là. Parce que les parties expropriées <veulent
>aussi, moi, je vous dirais, la plupart du temps, elles veulent très
bien collaborer, quand c'est fait intelligemment, en amont, avec des
discussions, une communication.
M. Marissal : Vous avez pris,
évidemment, une posture académique, dans votre mémoire, là, qui est bien fait
puis qui est assez convaincant, et votre plaidoyer est valable, là, c'est vrai
que se faire exproprier, ce n'est pas le fun, puis il faudrait avoir un droit
de contester. Je comprends tout ça.
Par contre, vous, c'est un peu votre pain
et votre beurre aussi, je présume que vous seriez touché par des mesures telles
que celles prévues par 66 si, par ailleurs, vos clients n'avaient plus de
recours possible? Je vous pose la question pour qu'on soit en toute
transparence, parce que c'est votre champ de pratique.
M. Blanchette (Nikolas) : Non,
mais en fait, je vais vous dire, paradoxalement, je l'ai dit très clairement,
ça peut… (panne de son) …des procédures, qu'au contraire, je pense que ce que
ça peut faire, c'est faire d'autres recours, faire d'autres débats sur la
légalité de la loi. Et là on se ramasse avec des dossiers d'avocats devant la
cour, plusieurs avocats qui débattent de la constitutionnalité de la loi.
Est-ce qu'on fait un pourvoi judiciaire en vertu des pouvoirs inhérents?
Quelles sont les règles applicables? Je vous dirais que, paradoxalement, ça
peut peut-être occuper plus que moins les avocats dans des dossiers, parce
qu'on s'éloigne de la… (panne de son)
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Blanchette (Nikolas) : …qui
est d'exproprier et de passer… de faire les travaux puis de s'assurer qu'on
indemnise adéquatement l'exproprié.
M. Marissal : Je vous
remercie.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci
beaucoup pour votre présence. Avez-vous lu les commentaires que nous a transmis
le Barreau du Québec?
M. Blanchette (Nikolas) : Non,
je n'ai malheureusement pas eu l'occasion, <de… >je n'ai pas pris
connaissance. Pas de ce qui se passe présentement pour la loi n° 66,
non.
• (17 heures) •
M. Gaudreault : O.K. Le
Barreau nous a envoyé un genre de mini mémoire, là, sur le projet de loi
n° 66. Ils parlent beaucoup de l'expropriation, alors, j'apprécierais
beaucoup, si vous pouvez en prendre connaissance, de peut-être faire suivre à
la commission vos commentaires, le cas échéant, mais moi, je retiens
trois choses. Je ne suis pas un spécialiste en droit de l'expropriation,
là, mais ils nous disent qu'avec le… si la loi n° 66…
si le projet de loi devient une loi, l'application de l'article 44 de la
Loi sur l'expropriation sera quand même maintenue, entre autres, par des
recours sui generis que pourront entreprendre les justiciables. Ils nous
suggèrent de maintenir le droit de fixer les indemnités provisionnelles qui
sont prévues par le paragraphe…
17 h (version révisée)
M. Gaudreault : …l'application
de l'article 44 de la Loi sur l'expropriation sera quand même maintenue, entre
autres par des recours sui generis que pourront entreprendre les justiciables.
Ils nous suggèrent de maintenir le droit de fixer les indemnités
provisionnelles qui sont prévues par le paragraphe 5313 de la Loi sur
l'expropriation. Et ils nous disent également que ce serait préférable
d'appliquer la même chose que pour le REM et le tramway pour les délais de
prise de possession, 12 mois dans les résidences et de 18 mois dans
le commercial. À première vue, comme ça, est-ce que vous trouvez que c'est des
bonnes suggestions?
M. Blanchette (Nikolas) : Sur
le premier point, le Barreau… je suis d'avis qu'effectivement… Je vous ai parlé
de l'impasse, ou bien on empêche 44 et le pouvoir que vous appelez sui generis,
ou le pouvoir inhérent de la Cour supérieure s'applique encore. Donc, je suis d'accord
avec eux, si on fait une lecture étroite du texte, il y aurait encore un
contrôle judiciaire, en vertu des pouvoirs sui generis, ou bien on empêche tout
puis on a un problème constitutionnel. Alors, je pense que, là-dessus, on est
sur la même longueur d'onde.
Pour les deux, trois… les autres modalités
qui sont discutées par le Barreau, effectivement, c'est des mesures
d'accélération. Dans mon mémoire, j'ai une certaine critique à l'égard de ces
mesures-là qu'on voyait avec le REM. Je pense qu'ultimement on devrait réformer
la Loi sur l'expropriation pour être plus nuancé que ces mesures-là, mais ce
sont des mesures qui peuvent avoir un effet pratique. Effectivement, par
exemple, si c'est le ministre qui fixe une indemnité provisionnelle, c'est
toujours dangereux que la fixation soit inadéquate, mais disons que ce sont des
mesures de modalités qui sont plus discutables que celles de saisir la
contestation ou d'empêcher la contestation devant la Cour supérieure.
M. Gaudreault : Alors, si vous
voulez aller jeter un oeil sur ce mémoire, et nous faire des commentaires, et
les envoyer à la commission, je pense que ce serait très, très apprécié.
M. Blanchette (Nikolas) : Ça
me fera plaisir.
Le Président (M. Simard) : Je
crois comprendre que le mémoire n'est pas encore officiellement déposé et qu'il
le sera à la fin des auditions.
M. Gaudreault : Ah! Bon. O.K. Excusez.
J'ai-tu fait un outrage, moi, là?
Le Président (M. Simard) : Absolument
pas, absolument pas, mais c'était simplement pour prévenir notre invité de ne
pas chercher inutilement dans nos documents…
M. Gaudreault : C'est beau. Ah
bon! O.K. Je vous l'enverrai par texto. C'est bon.
Le Président (M. Simard) :
C'est super. Merci à vous. Alors, sur ce, chers collègues, merci beaucoup. Me
Blanchette, merci pour votre précieuse contribution à nos travaux, cela a été
fort apprécié.
Nous allons donc suspendre quelques
instants notre commission afin de faire place à nos prochains invités. À
nouveau, merci, Me Blanchette.
(Suspension de la séance à 17 h 2)
>
(Reprise à 17 h 5)
Le Président (M. Simard) : Alors,
jamais deux sans trois, nous reprenons. Chers collègues, nous sommes en mesure
de reprendre nos travaux. Nous avons l'honneur, cet après-midi, de recevoir
deux groupes simultanément, donc l'Assemblée des premières nations du Québec et
du Labrador ainsi que l'Institut de développement durable des premières nations
du Québec et du Labrador. Mme Noémie Després Tassé, bienvenue.
(Visioconférence)
Mme Després Tassé (Noémie) :
Bonjour.
Le Président (M. Simard) :
Chef Picard, également bienvenue. C'est vraiment un honneur que de vous
recevoir tous les deux. Merci d'avoir accepté notre invitation. Alors, vous
êtes quand même des gens habitués par nos procédures. Vous savez qu e vous disposez d'une dizaine de minutes. Nous
vous écoutons.
M. Picard (Ghislain) :
Merci beaucoup, M. le Président. (S'exprime dans sa <langue)...
Le Président (M. Simard) :
...
que de vous recevoir tous les deux. Merci d'avoir accepté notre
invitation. Alors, vous êtes
quand même des gens habitués par nos
procédures. Vous savez qu
e vous disposez d'une dizaine de minutes. Nous
vous écoutons.
M. Picard
(Ghislain) :
Merci beaucoup, M. le Président. (S'exprime
dans sa >langue). Donc, M. le Président, Mme la ministre, membres de la Commission
parlementaire des finances publiques, ça fait extrêmement plaisir d'avoir cette
opportunité aujourd'hui, en compagnie de l'Institut de développement durable
des premières nations Québec-Labrador, Noémie Després Tassé, de vous présenter
un peu nos commentaires, nos observations par rapport au projet de loi
n° 66, et, en fait, une répétition presque de notre passage en juin
dernier lorsque votre commission étudiait le projet de loi n° 61. Donc, je
désire vous remercier de l'opportunité qui nous est donnée aujourd'hui de
partager nos observations sur le contenu du projet de loi n° 66 et comment
celui-ci, comme sa première version, le projet de loi n° 61, continue de
fermer les yeux sur les principes fondamentaux qui devraient guider les
relations nation à nation… (Panne de son) …entre le Québec et les Premières
Nations.
D'entrée de jeu, je vais me permettre une
mise au point que je considère importante afin de bien situer le rôle et la
responsabilité de l'organisation que je représente dans le contexte de vos
travaux sur le projet de loi n° 66. En fait, cette responsabilité s'exerce
devant toutes les décisions, législatives ou autres de votre gouvernement, qui
pourraient avoir un impact sur les intérêts et les droits des Premières
Nations. Nous avons un devoir de veille pour tout geste posé par votre
gouvernement et devons informer les dirigeants de nos communautés et autres
nations représentées à notre table qui jugent en tout temps des réponses
appropriées.
Dans le contexte du projet de loi
n° 66 sur la relance économique du Québec et l'accélération de certains
projets d'infrastructure en période de pandémie, les principes fondamentaux
auxquels je réfère plus haut font l'objet d'un consensus très clair. Nous avons
d'ailleurs eu l'occasion de vous les partager lors de notre passage en juin
dernier aux fins des travaux sur le projet de loi n° 61. Nous avons eu
l'occasion de les réitérer dans une lettre transmise au premier ministre le 7
août dernier.
Puisque nous sommes devant une nouvelle
version du projet législatif, je me permets de vous soumettre à nouveau que le
libellé que nous sommes appelés à commenter ne peut être appuyé puisqu'il ne
tient pas compte des droits ancestraux et issus de traités et des manquements
de votre gouvernement en matière de consultation et d'accommodement. Je dois
vous avouer un haut niveau de scepticisme quant a l'influence que je pourrais
avoir, à ce stade-ci de votre démarche, sachant que nos représentations en <marge...
M. Picard (Ghislain) :
...
ne tient pas compte des droits ancestraux et issus de traités et des
manquements de votre gouvernement en matière de consultation et
d'accommodement. Je dois vous avouer un haut niveau de scepticisme quant à
l'influence que je pourrais avoir, à ce stade-ci de votre démarche, sachant que
nos représentations en >marge du projet de loi n° 61,
en juin dernier, sont, somme toute, passées inaperçues. Pourtant, le ministre
Dubé, qui était alors porteur du projet de loi n° 61,
nous avait indiqué avoir été très clair dans nos représentations, qu'il en
prenait acte et qu'il y aurait des suivis. En juin dernier, plus d'une douzaine
de communautés ont transmis, par écrit, leurs commentaires sur les ratés du
projet de loi n° 61. Force est de croire que leurs
commentaires pourraient facilement être réitérés dans le cadre de l'étude du
projet de loi n° 66 puisque le présent libellé est
presque en tous points conforme à celui que nous avons été appelés à commenter
en juin.
• (17 h 10) •
Je me réjouis, et je tiens à vous en
remercier, que votre commission ait accepté d'entendre au moins deux
communautés de deux nations différentes dans le cadre de vos présents travaux.
Il va de soi que nous appuyons les positions qui vous ont été soumises par le
Conseil des Mohawks de Kahnawake et celles qui vous seront partagées par les
Innus de Uashat mak Mani-Utenam. Bien que ces deux mémoires reflètent des
considérations qui peuvent être particulières selon des contextes socioéconomiques
qui leur sont propres, ils arrivent tout de même aux mêmes conclusions quant au
respect des droits ancestraux issus de traités et aux obligations de votre
gouvernement en matière de consultation. Je n'ai pas de doute que les
communautés, qui ont pris la peine de vous transmettre, par écrit, leurs
commentaires en juin dernier, en viendraient aux mêmes conclusions encore
aujourd'hui.
Donc, à ce stade-ci, je passerais la
parole à Mme Després Tassé pour la partie qui touche plus particulièrement l'Institut
de développement durable. Merci beaucoup...
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous.
Mme Després Tassé (Noémie) :
Bonjour à tous. Alors, pour ma part, je vais entrer tout de suite dans le vif
du sujet. Le projet de loi n° 66 laisse présager une
augmentation de la pression sur les Premières Nations, que ce soit par rapport
au resserrement des délais réservés à la consultation ou encore quant à la
multiplication des projets et de leurs impacts cumulatifs au nom de la relance
économique.
Le retrait de l'obligation d'obtenir une
autorisation environnementale dans une multitude de circonstances sème aussi
d'importantes inquiétudes quant à la protection de l'environnement, mais
également quant à l'obligation de consulter et d'accommoder les Premières
Nations, une obligation qui risque d'être érodée par ce projet de loi.
Soulignons également qu'aucune consultation n'a eu lieu en amont de la
présentation de ce projet de loi, écartant ainsi d'emblée toute coordination
avec les Premières Nations dans la relance économique du Québec. Dans la
version... (Panne de son) …du projet de loi n° 61, tout comme dans sa
version précédente, aucun projet d'infrastructure communautaire n'est prévu
dans une communauté autochtone, même si nous connaissons l'ampleur des <besoins...
Mme Després
Tassé (Noémie) : ...
en amont de la présentation de ce
projet de loi, écartant ainsi d'emblée toute coordination avec les Premières
Nations dans la relance économique du Québec. Dans la version... (Panne de son)
…du projet de loi n° 61, tout comme dans sa version précédente, aucun
projet d'infrastructure communautaire n'est prévu dans une communauté
autochtone, même si nous connaissons l'ampleur des >besoins. Bien que le
concept même que des projets puissent contourner les exigences environnementales
soit problématique, le fait que les Premières Nations soient encore une fois
écartées de la relance économique est d'autant plus dérangeant. Le projet de
loi est donc susceptible de faire porter les conséquences négatives de la
dégradation de l'environnement, en premier plan, aux Premières Nations, tout en
les écartant de la possibilité de pouvoir bénéficier de retombées économiques.
Par ailleurs, le projet de loi n° 66
octroie la possibilité au ministre de permettre temporairement le début des
travaux sur les terres du domaine de l'État avant que les autorisations nécessaires
n'aient été délivrées. Par rapport au projet de loi n° 61, cette
disposition a été modifiée afin de préciser une condition. Afin de bénéficier
de cette mesure d'accélération, les travaux envisagés ne doivent pas, je cite,
être «incompatibles avec un droit précédemment octroyé ou avec une autre
contrainte qui s'y rattache». Cette formulation est pour le moins ambiguë. Nous
nous questionnons ici, à savoir si les droits ancestraux sont ainsi... (Panne
de son) …comme une contrainte se rattachant aux terres du domaine de l'État. Si
oui, il aurait été fort pertinent de le mentionner explicitement. On peut
également saisir l'opportunité aujourd'hui de poser la question directement à
la ministre : Est-ce que l'obligation de consulter et d'accommoder les
Premières Nations sera respectée dans le cadre des travaux prévus sur les
terres du domaine de l'État?
Nous tenons à souligner que, par cette
disposition, le gouvernement semble perpétuer un peu le concept colonialiste de…
(Panne de son) …et agir comme s'il n'y avait personne qui occupait et qui
vivait en corrélation directe avec ces territoires. De plus, ces terres du
domaine d'État sont en très grande partie des territoires non cédés et font
l'objet de revendications et de négociations territoriales depuis de trop
nombreuses années. Alors que la reconnaissance concrète du concept de nation à
nation est, pour sa part, constamment repoussée, le gouvernement semble
maintenant s'empresser de permettre la mise en oeuvre de projets majeurs sur
ces territoires, sans autorisation et sans impliquer les Premières Nations. Nous
recommandons donc d'insérer, au minimum, dans le projet de loi n° 66, la
mention spécifique qu'en aucun cas un projet visé ne peut être soustrait à l'obligation
constitutionnelle de consulter et d'accommoder les Premières Nations. Encore
une fois, il s'agit d'un minimum. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, chère dame. Alors, nous pouvons donc entreprendre notre période
d'échange. Je cède la parole à la présidente du Conseil du trésor.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci, Mme Després Tassé, merci, chef Picard, pour vos
présentations. Je vais poser mes questions, puis celui d'entre vous qui pensera
qui est le plus approprié d'y répondre… ou les deux, là, ça va me faire
plaisir, là, je vais la poser de façon générale. Les 181 projets, qui sont
en annexe du projet de loi n° 66, sont des projets déjà existants. Ce sont
des projets qui sont à différents niveaux d'avancement, ce n'est pas... ils
n'ont pas tous le même niveau d'avancement, mais à différents niveaux <d'avancement...
Mme LeBel : ...
ça
va me faire plaisir, là, je vais la poser de façon générale. Les
181 projets, qui sont en annexe du projet de loi n° 66, sont des
projets déjà existants. Ce sont des projets qui sont à différents niveaux
d'avancement, ce n'est pas... ils n'ont pas tous le même niveau d'avancement,
mais à différents niveaux >d'avancement. Et le but, là, c'est de bien
comprendre votre position, là.
Donc, le projet de loi n° 66 vient
agir sur des processus déjà existants, processus qui ne s'appliquent pas nécessairement
aux 181 projets... non, dans le sens où qu'ils ne sont pas nécessairement
pertinents pour les 181 projets, à titre d'exemple : le processus
d'expropriation, quand c'est nécessaire pour un projet, le domaine de l'État,
comme vous y faites référence, les autorisations en matière d'urbanisme et
de... bien, d'urbanisme et les autorisations environnementales. Donc, quatre processus
distincts mais qui peuvent s'appliquer à un ou plusieurs projets de loi...
projets d'infrastructure. Rien dans le projet de loi n° 66, à ma connaissance,
selon mon point de vue, en tout respect, et je veux comprendre le vôtre, ne
vient faire autre chose qu'accélérer des processus déjà existants. Je comprends
votre bémol sur l'environnement, on pourra y revenir, là.
<En quoi... >Donc, ma question,
elle ne porte pas sur ce processus particulier, mais sur la généralité du projet
de loi n° 66. En quoi le projet de loi n° 66,
dans ses objectifs d'accélération de processus déjà existants, sur des projets
de construction déjà existants, vient, selon vous, écarter cette obligation
constitutionnelle que vous nous décrivez, là, de consulter les groupes autochtones?
Moi, à mon sens à moi, cette obligation constitutionnelle là demeure applicable,
le cas échéant, et le projet de loi n° 66 ne vient pas faire en sorte de
l'écarter, en tout cas, pas nommément. Mais je veux bien comprendre, sur cet
aspect-là, en quoi le projet de loi n° 66 vient écarter cette obligation
constitutionnelle là.
Le Président (M. Simard) :
Mme Després?
Mme Després Tassé (Noémie) :
Chef Picard, est-ce que…
M. Picard (Ghislain) :
Oui. Bien, je peux peut-être tenter une première réponse, et Noémie pourra très
certainement compléter. Mais, pour moi, c'est très clair que le projet de loi
n° 66 doit être pris, je vais dire, dans son entièreté. Je comprends qu'il
y a déjà, en annexe, un certain nombre de projets. D'ailleurs, si je ne me
trompe pas, Kahnawake a déjà exprimé certaines réserves par rapport à certains
projets qui pourraient <affecter... >les affecter peut-être de
façon un peu plus précise. Et je comprends ici que, dans la liste des projets,
des 181 projets, bon, il y a peut-être des projets qui peuvent avoir un
impact direct, selon certaines communautés ou certaines nations. Donc, nous, ce
qu'on avance, la position se veut la plus générale possible mais <toujours...
M. Picard (Ghislain) :
…et
je comprends ici que, dans la liste des projets, des
181 projets, bon, il y a peut-être des projets qui peuvent avoir un impact
direct, selon certaines communautés ou certaines nations. Donc, nous, ce qu'on
avance, la position se veut la plus générale possible mais >toujours en
considération que le projet de loi n° 66 constitue quand même un tout, et
d'ailleurs Noémie l'a précisé davantage un peu plus tôt, en disant : Bon,
ce qui nous intéresse, nous, c'est peut-être là où le projet de loi mériterait
d'être un peu plus précis, notamment sur la question des terres du domaine de
l'État.
Et c'est davantage là que nos
préoccupations s'affichent, parce qu'on sait très bien qu'il y a des nations
qui sont en processus de revendication territoriale, d'autres nations qui
pourraient facilement l'être aussi au travers des 10 nations représentées
au Québec, des Premières Nations. Donc, c'est beaucoup plus là-dessus que nous
en avons par rapport au libellé du projet de loi. Quant aux projets <que
vous… dont… >auxquels vous faites référence, c'est très clair qu'il y
aura sans doute des communautés ou des nations qui seront davantage affectées
par l'un ou l'autre de ces projets qui sont parmi les 181 projets.
Mme LeBel : Peut-être vous l'avez…
M. Picard (Ghislain) :
Noémie?
Mme LeBel : Oui, je m'excuse,
vous aviez une réponse pour compléter, je vais vous laisser aller.
Mme Després Tassé (Noémie) :
Oui, en fait, moi, j'aurais trois éléments de réponse. En fait, par rapport à l'obligation
de consultation, il y a trois aspects qui sont inquiétants. Premièrement, c'est
par rapport, bien, en fait, au début des travaux, avant même qu'il y ait une
autorisation sur les terres du domaine de l'État. Ça, ça crée une inquiétude
que le fait que les travaux puissent commencer directement, ça écarte l'obligation
de consulter. Ensuite, bien, peut-être que vous pouvez répondre directement à
cet aspect-là, ou je peux aller avec mes deux autres points?
Mme LeBel : Allez-y.
• (17 h 20) •
Mme Després Tassé (Noémie) :
Oui, en fait, puis après ça le deuxième point, c'est par rapport au fait de… il
y a plusieurs groupes environnementaux qui sont venus vous dire, dans les
derniers jours, que le projet de loi avait pour effet de déclasser, hein,
certaines activités par rapport à la Loi sur la qualité de l'environnement, ce
qui fait en sorte que certaines activités ne nécessitent plus d'autorisation,
comme il devrait l'avoir, sauf que ces activités-là… Ce projet de loi là a pour
effet de créer une sorte de fiction, hein, parce que l'activité en question
conserve le même niveau de risque, sauf qu'elle ne nécessite plus l'autorisation.
Dans la pratique, au moment de l'autorisation, c'est souvent dans ce
contexte-là, en fait, que la consultation a lieu. Donc, on a peur que, si
certaines activités ne nécessitent plus d'autorisation, en fait, l'obligation
de consulter soit écartée par la bande.
Puis le troisième aspect, en fait, c'est
aussi… On comprend, là, le contexte actuel de devoir accélérer l'ensemble des projets,
mais c'est sûr que ça crée une pression immense sur, parfois, des tout petits
bureaux de consultation, parfois dans des conseils qui n'ont tout simplement
pas de bureau de consultation, où l'accélération des… Les délais, c'est déjà un
enjeu, donc l'accélération des délais, c'est aussi un enjeu.
Mme LeBel : O.K. Je comprends
très bien <votre…
Mme Després Tassé (Noémie) :
... des projets, mais c'est sûr que ça crée une pression immense sur, parfois,
des tout petits bureaux de consultation, parfois dans des conseils qui n'ont
tout simplement pas de bureau de consultation, où l'accélération des… Les
délais, c'est déjà un enjeu, donc l'accélération des délais, c'est aussi un
enjeu.
Mme LeBel :
O.K. Je
comprends
très bien >votre point sur l'autorisation environnementale,
là. Je l'ai dit, à plusieurs reprises avec plusieurs groupes, que ma prétention
à moi, c'est que l'objectif n'est pas de rabaisser les normes, mais d'accélérer
un processus. Mais je comprends votre point sur cet aspect-là, par rapport au
risque modéré, là, qui va être traité, selon votre interprétation, comme un
risque faible. Et c'est vraiment sur la notion de consultation.
Allons-y, d'ailleurs, sur l'article 19
sur le domaine de l'État. Comment ça se passe, dans la situation actuelle, là,
si on enlève le projet de loi n° 66 de la table, les
mesures qui concernent les terres du domaine de l'État, l'article 19 en
particulier? Présentement, ça se passe comment, là, en général? Est-ce qu'il y
a une consultation? Et elle se passe à quel moment puis par qui?
Mme Després Tassé (Noémie) :
Bien, en fait, chef Picard, est-ce que vous voulez commencer?
M. Picard (Ghislain) :
Vas-y, Noémie, je compléterai.
Mme Després Tassé (Noémie) :
En fait, dans l'ensemble des consultations qui ont lieu en ce moment au
gouvernement, par le gouvernement du Québec, il n'y a pas, malheureusement, de
procédé, en fait, qui est tout le temps le même. Il faut dire aussi que chaque
communauté peut détenir un protocole de consultation qui lui est propre… et qui
choisit un peu de quelle façon elle veut échanger avec le gouvernement,
premièrement.
Ensuite, quand il y a... Vous savez, la
jurisprudence est quand même assez claire, là, par rapport à quel moment l'obligation
de consulter doit naître. Puis on rappelle que c'est à partir du moment où le
gouvernement a connaissance de l'existence potentielle d'un droit et qu'il
envisage des mesures susceptibles d'avoir un effet préjudiciable sur ce droit.
Donc, à partir du moment où il y a un projet qui est envisagé, qui va être, en
quelque sorte, autorisé par le gouvernement, l'autorisation sert un peu,
souvent, de déclencheur dans la pratique, puis c'est à ce moment-là où la
consultation a lieu. C'est pour ça qu'on pense que, s'il n'y a plus ce... Si
les travaux peuvent commencer avant même que le gouvernement se soit penché sur
les activités envisagées, bien, on a peur qu'il n'y ait pas de processus de
consultation et d'accommodement adéquat en amont du début des travaux.
Mme LeBel : Je comprends très
bien votre position. Par contre, je réitère que les 181 projets sur la
liste sont des projets existants. Je pourrais comprendre... J'aurais
peut-être... Puis ce n'est pas une... Je ne suis pas... Ce n'est pas obtus de
ma part, là, ce n'est parce que je ne veux pas comprendre, mais je comprends
que... Si on mettait cette mesure-là en place pour de futurs projets, puis si
je me remets dans le cadre du projet de loi n° 61 où on se donnait la
possibilité, par le biais de décrets et un autre mécanisme, de rajouter des
projets qui ne sont peut-être même pas encore existants, je vais le dire comme
ça, je peux comprendre. <Mais là...
Mme LeBel : ...
cette
mesure-là en place pour de futurs projets, puis si je me remets dans le cadre
du projet de loi n° 61 où on se donnait la possibilité, par le biais de
décrets et un autre mécanisme, de rajouter des projets qui ne sont peut-être
même pas encore existants, je vais le dire comme ça, je peux comprendre. >Mais
là, présentement, on est dans 181 projets nommés, ciblés, identifiés et
existants.
Le processus d'autorisation actuel sur le
domaine de l'État ou environnemental, à moins que je me trompe, n'inclut pas, de
façon formelle, un processus de consultation. Ce processus-là se fait, j'imagine,
à divers niveaux puis à diverses maturités du projet. Est-ce que, dans les
181 projets qui sont là, présentement, le processus de consultation n'a
pas été encore fait, devrait être fait? Et, encore une fois, je réitère, l'objectif
du projet de loi n° 66, ce n'est pas d'écarter des obligations constitutionnelles
du gouvernement, mais d'accélérer des processus existants.
Donc, je veux vraiment être capable de
voir. Moi, pour moi, un peut aller avec l'autre, c'est-à-dire qu'on peut
accélérer des processus, tout en maintenant les objectifs de consultation, mais
le projet de loi n° 66, à mon sens, n'a pas pour effet d'écarter cette obligation-là,
le cas échéant, là, quand elle est existante, là, pour les projets. Donc, je
voulais simplement être sûre. Bien, je vais regarder ça avec beaucoup
d'attention, effectivement.
Au niveau des normes environnementales,
donc, on l'a mentionné, là, maintenant, si on ne va pas sur le processus de consultation
mais sur votre préoccupation du fait qu'on affecte les normes environnementales,
quels sont les aspects particuliers du projet de loi n° 66…
D'ailleurs, sur ce qu'on appelle, nous, la déclaration de projet, je pense que
c'est l'article 22 du projet de loi n° 66, et ça joue dans les articles 22
aussi de la Loi sur la qualité de l'environnement, là, ce qui est un hasard. En
quoi vous considérez, vous, qu'on baisse les normes environnementales par une
accélération de processus, alors que ce n'est même pas l'objectif? Mais j'aimerais
avoir votre point de vue, là. On sort du domaine de la consultation, plus dans
les processus précis de protection de l'environnement, là. Si vous aviez… pouvoir
me donner un peu votre éclairage là-dessus.
Mme Després
Tassé (Noémie) : Chef Picard?
M. Picard
(Ghislain) : Noémie?
Mme Després Tassé (Noémie) : Oui.
En fait, vous avez posé la question à pratiquement tous les groupes environnementaux
qui se sont présentés devant vous, et pratiquement tous les groupes ont répondu
la même chose. C'est que, comme je l'ai dit plus tôt, le projet de loi a pour
effet... Premièrement, le projet de loi contient une multitude de dispositions environnementales
qui servent à, comme, remplacer un peu ce qui est déjà prévu dans le cadre législatif.
Donc, à la base, pourquoi prévoir des dispositions si, en fait, le but, ce n'est
pas de défaire un peu qu'est-ce qui est déjà présent dans le cadre législatif?
Ensuite, l'ensemble des groupes environnementaux
et moi-même… je vais vous dire que ce projet de loi là a pour effet de
déclasser un peu le niveau de risque des activités et, par la même occasion,
déclasser un peu les obligations corrélatives ou le niveau de suivi, les
exigences par rapport à une activité qui devrait être à <risque...
Mme Després Tassé (Noémie) :
...a pour effet de déclasser un peu le niveau de risque des
activités
et, par la même occasion, déclasser un peu les
obligations corrélatives
ou le niveau de suivi, les exigences
par rapport à une
activité
qui devrait être à >risque modéré ou faible. Donc, c'est à ce niveau-là
que... sans aller dans les détails, là, mais c'est par rapport au suivi, aux informations
à partager. C'est ça qui fait en sorte de déclasser, de réduire en fait, par
déclasser, je veux dire : Réduire les exigences.
Mme LeBel : Merci beaucoup. Merci
beaucoup, Mme Després Tassé. Je ne sais pas, chef Picard, si vous avez quelque
chose à ajouter, il reste un peu de temps dans mon temps.
M. Picard
(Ghislain) : Oui, bien, je voudrais juste revenir, oui, sur votre commentaire
précédent, en ajoutant que c'est un peu ce qu'on était disposés à proposer,
finalement, un processus par lequel... Encore une fois, sur les 181 projets, il
y a peut-être des communautés qui ne sont aucunement affectées par aucun de ces
projets-là, mais, par contre, il y a des communautés qui pourraient l'être,
potentiellement l'être. Et c'est dans ce sens-là qu'on avait proposé, bon :
Est-ce qu'on peut s'asseoir, se créer un espace commun pour faire l'analyse de
tous les projets et de quelle façon ça peut impacter un certain nombre de communautés?
Je pense au projet du pont Mercier, par exemple, où, là, c'est très clair
que... et d'ailleurs ça vous a été soumis la semaine dernière, hein? Il y a une
préoccupation énorme du côté du conseil mohawk par rapport au projet du pont
Mercier. Donc, il y a peut-être d'autres projets dans la liste ou dans
l'annexe, là, qui pourraient avoir potentiellement des impacts sur un certain
nombre de communautés, d'où l'importance d'avoir un processus qui soit ouvert,
transparent, qui permettra aux communautés, en tout cas, à certaines de
celles-ci, là, de peut-être faire un peu le tri de ces projets-là et de pouvoir
les commenter si l'opportunité leur était donnée.
Mme LeBel : Merci. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Alors, chef Picard, Mme Després Tassé, bienvenue, à mon tour de vous
souhaiter la bienvenue. Alors, je pense qu'évidemment votre intervention est
plus qu'à propos puisque vous êtes la deuxième organisation qui représente des Premières
Nations qui s'est fait dire <que ce n'est pas consulté... >qu'il
n'a pas été consulté. Je vais vous avouer que, quand chef Montour est venu nous
dire ça, j'ai trouvé ça impressionnant, d'autant plus qu'évidemment le pont
Mercier atterrit exactement chez eux et qu'à 61 ils n'avaient pas été consultés
non plus. J'imagine que c'est la même chose pour vous.
Le Président (M. Simard) :
Chef Picard.
M. Picard
(Ghislain) : Tout à fait, oui.
• (17 h 30) •
M. Barrette : Alors, il y a là
un enjeu qui est très problématique, puis je dirais douloureux, là, parce qu'à quelque
part c'est un peu de la négligence, là, on néglige de vous consulter.
J'aimerais bien savoir pourquoi. J'imagine qu'on n'aura jamais de réponse à
ça...
17 h 30 (version révisée)
M. Barrette : ...un enjeu qui
est très problématique puis, je dirais, douloureux, parce qu'en quelque part c'est
un peu de la négligence, là, on néglige de vous consulter. J'aimerais bien
savoir pourquoi. J'imagine qu'on n'aura jamais de réponse à ça.
Mme LeBel : Donnez-moi deux
secondes.
M. Barrette : Je peux vous
donner deux secondes.
M. Picard
(Ghislain) : Oui, bien...
M. LeBel : Bien, c'est parce
qu'on...
M. Barrette : ...d'apprendre pourquoi
vous n'avez pas été consultés.
Mme LeBel : Bien, on devait se
rencontrer, avec le chef Picard, le 14 septembre, mais, malheureusement,
la rencontre a été annulée, M. Picard, mais ça m'aurait fait plaisir de
pouvoir vous en parler.
M. Barrette : …
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, s'il vous plaît, on va poursuivre, donc, nos auditions.
M. Barrette : ...le projet n° 61, c'était au mois de juin, puis vous n'avez pas été
consultés. Alors, rien à voir avec le 14 septembre. Ça fait que c'est de
même.
Ceci dit, j'aimerais ça que vous me
donniez quelques précisions. Vous n'avez pas été consulté, mais vous êtes bien
placé, là, pour me donner cette réponse-là. À part Mercier, est-ce qu'il y a beaucoup
de projets qui impactent les Premières Nations? Chef Montour nous a parlé de
tous les projets de Montérégie, là, puis on le comprend, là, parce que… pour
ceux qui connaissent la géographie de Montérégie. Ailleurs, il y en a-tu
beaucoup, chef Picard?
M. Picard
(Ghislain) : Je ne sais pas si Noémie aurait des précisions à apporter
là-dessus, mais je sais que le processus qui avait été suggéré et proposé... Je
comprends le commentaire de la ministre sur la question d'une rencontre qui a
été annulée le 14 septembre. Écoutez, je n'en ferai pas une histoire, là,
c'est peut-être juste une situation où il y a eu, de part et d'autre, trop
d'intermédiaires. Je pense que les messages n'ont pas été transmis aux bonnes
personnes, mais la rencontre, finalement, avait été organisée un peu en
parallèle avec une autre rencontre, qui était celle avec le premier ministre, mais
je ne reviendrai pas là-dessus.
Ce qui est important, ici, c'est qu'il y a
un processus qui avait été suggéré, et je vous ramène au 7 août dernier. Après,
un peu, le silence entre juin et août, on s'est permis d'acheminer une missive
au premier ministre en disant, bon, voici le processus que nous suggérons au
gouvernement du Québec, qui était la mise sur pied d'une table de discussion
qui nous permettrait justement de faire ce tri-là que vous suggérez,
M. Barrette, par rapport aux projets qui étaient dans l'annexe. Et je suis
sûr que le pont Mercier, c'est sans doute l'exemple le plus évident, mais il y
aurait d'autres projets, comme l'a souligné d'ailleurs le chef Montour la
semaine dernière.
M. Barrette : Merci. Je vais
vous avouer, là, que je suis un peu de votre bord, là, dans une certaine mesure,
en fait, dans pas mal de mesures, là, je dirais. Quand la ministre nous dit que
sa prétention est, d'abord et avant tout, en fait, même exclusivement
d'accélérer les processus et de ne pas diminuer la qualité ou la finalité des
évaluations <environnementales...
M. Barrette : ...
de
votre bord, là, dans une certaine mesure, en fait, dans pas mal de mesures, là,
je dirais. Quand la ministre nous dit que sa prétention est, d'abord et avant
tout, en fait, même exclusivement d'accélérer les processus et de ne pas
diminuer la qualité ou la finalité des évaluations >environnementales, je
ne sais pas lequel de vous deux va vouloir répondre à ça, là, mais, moi, j'ai
de la misère à m'expliquer comment on ne touche pas à la valeur de l'évaluation
environnementale quand on fait passer… j'aime bien votre mot,
Mme Després Tassé, quand on «déclasse» un projet — j'aime
ça — en le faisant passer de modéré à faible. Moi, j'ai bien de la
misère. Je ne sais pas, vous, si vous pouvez imaginer une situation où un
projet va bénéficier de ça, de passer de modéré à faible sans qu'il n'y ait
d'impact sur l'évaluation environnementale. J'imagine que vous avez peut-être
des exemples en tête du contraire.
M. Picard (Ghislain) :
Noémie.
Mme Després Tassé (Noémie) :
Du contraire, vous voulez dire…
M. Barrette : Je veux dire
qu'il y a des projets qui vont être lésés dans la qualité de l'évaluation
environnementale parce que ce n'est pas la même analyse. Quand on est à risque
modéré, ce n'est pas le même niveau d'analyse qu'à risque faible. Faible, je
n'exagère quasiment pas en disant que c'est du «rubber-stamping», là, alors que
modéré, il y a un petit peu plus de substance dans l'analyse, là. Donc, il y a
des projets <où... >qui, en étant faibles, verraient des impacts
occultés parce qu'on les a mis dans faible.
Mme Després Tassé (Noémie) :
Exactement. En fait, vous avez un peu répondu à votre propre question. Quand on
parle d'une activité qui est considérée... en fait, qui demeure avec un risque
élevé mais qui, par ce projet de loi là, va être considérée comme à risque
faible, on parle de beaucoup moins de suivi, beaucoup moins d'informations qui
doivent être divulguées.
Alors que, pourtant, en fait, le ministère
de l'Environnement vient de faire un travail assez monumental de classifier, en
fait, chacune des activités selon son risque pour l'environnement et d'élaborer,
en fait, une forme de suivi et des exigences environnementales en fonction de
ce risque-là. Alors, le projet de loi n° 66 vient vraiment comme écarter
cette considération-là en fonction du niveau de risque avant même que le règlement
REAFIE, comme plusieurs ont parlé, entre en vigueur.
Donc, je n'ai pas d'exemple concret de qu'est-ce
que ça fait dans les activités concrètes de la liste de projets, mais je suis
certaine que l'exercice a probablement été fait, au sein du gouvernement, de
savoir exactement quelles activités vont pouvoir être un peu déclassées par ce projet
de loi là.
M. Barrette : J'allais
vous poser la question. Là, quand vous parlez de la classification qui est
assez exhaustive, là, vous faisiez référence au REAFIE, évidemment, là. Ce n'est
pas tout le monde qui suit ça, hein, la question de l'environnement. Le REAFIE,
je vais vous avouer que ce n'est pas mon sujet premier, et je ne suis pas
porte-parole de ça, mais, quand je suis allé voir ça, c'est vrai que c'est
assez exhaustif, là, comme classification d'activités humaines. Et c'est clair
que 66, j'imagine que vous allez être <d'accord...
M. Barrette : ...pas tout le
monde qui suit ça, hein, la question de l'environnement. Le REAFIE, je vais
vous avouer que ce n'est pas mon sujet premier, et je ne suis pas porte-parole
de ça, mais, quand je suis allé voir ça, c'est vrai que c'est assez exhaustif,
là, comme classification d'activités humaines. Et c'est clair que 66, j'imagine
que vous allez être >d'accord, c'est une sursimplification. En fait, <ça
vient... >c'est une tentative de remplacement du REAFIE en
sursimplifiant, et de penser qu'en sursimplifiant ça a le même impact, du moins,
regardé sous l'angle du REAFIE, c'est assez difficile de conclure ça.
Là, je vais vous poser une question. Écoutez,
là, je vais vous demander votre compréhension, là, puis je vais le citer au
texte dans votre mémoire, là, alors, pour les milieux humides, là, vous parlez
de la situation où on peut passer à côté des mesures d'accélération, «on peut
ne pas bénéficier des mesures, à moins que — donc passer à côté — le
projet ne prévoie la remise en état dans l'année suivant la fin des travaux, de
sorte que ceux-ci retrouvent leurs caractéristiques initiales ou qu'ils ne
présentent des caractéristiques s'en approchant». Juste de même, là, c'est-u vraiment
faisable, ça, après des travaux, de revenir à ce point-là à l'état initial?
Mme Després Tassé (Noémie) :
Bien, premièrement, moi, je ne suis pas biologiste, mais je pense que c'est quand
même assez identifié dans la science que c'est très difficile, sinon impossible,
de revenir aux caractéristiques initiales d'un milieu humide.
Puis, en fait, ce qui est particulièrement
inquiétant, dans cette disposition-là aussi, c'est le passage que vous avez
mentionné : «ou qu'ils ne présentent des caractéristiques s'en rapprochant».
Ça, ça ouvre la porte à un immense pouvoir discrétionnaire. Qu'est-ce que c'est,
des caractéristiques s'en rapprochant? Qui va juger de ça, puis en fonction de
quels critères? C'est extrêmement inquiétant. Puis, en fait, c'est très
incertain aussi que ces dispositions-là vont permettre de se conformer à
l'objectif de zéro perte nette.
M. Barrette : Écoutez, je suis
d'accord avec vous, là. Moi, je tourne ça de tous bords, tous côtés, là. J'ai
retenu ça, c'était d'ailleurs la question qui suivait, «s'en rapprochant». Ça
m'apparaît éminemment arbitraire, non défini. Rapproché, ça veut dire quoi?
Il y a un principe, en science, qui fait
en sorte qu'à partir du moment où même qu'on observe un système — c'est
le principe d'incertitude, là — même en observant un système, on le
perturbe. Alors, c'est sûr que des travaux, ce n'est pas de l'observation, là,
alors, c'est assez difficile de ne pas perturber un système environnemental
donné géographiquement puis de penser le faire revenir à l'initial. Je ne le
vois pas, là. Ça fait qu'on est, je pense, sur la même page là-dessus.
<Est-ce que... >Essentiellement,
<ce que vous souhaitez… >est-ce que je peux conclure que, si vous
aviez une baguette magique, que je n'ai pas, moi non plus, vous souhaiteriez
simplement que le REAFIE soit appliqué puis qu'on abandonne <ces
parties-là du... >ces éléments-là du projet de loi?
Mme Després Tassé (Noémie) :
Bien, je tiens à préciser que le REAFIE n'est pas parfait non plus, parce qu'il
avait aussi pour effet de possiblement avoir un impact sur la portée de
l'obligation de consultation, et c'est quelque chose qu'on a soulevé lors des
consultations sur le <REAFIE...
M. Barrette : …
vous
souhaiteriez simplement que le REAFIE soit appliqué puis qu'on abandonne ces
parties-là du... ces éléments-là du
projet de loi?
Mme Després Tassé (Noémie) :
Bien, je tiens à préciser que le REAFIE n'est pas parfait non plus, parce qu'il
avait aussi pour effet de possiblement avoir un impact sur la portée de
l'obligation de consultation, et c'est quelque chose qu'on a soulevé lors des
consultations sur le >REAFIE, mais, pour répondre à votre question, oui.
C'est clair que le REAFIE prévoit un cadre qui a fait l'objet, quand même, de
consultations approfondies puis d'une réflexion approfondie aussi, donc
pourquoi ne pas simplement le laisser entrer en vigueur? En fait, aussi, il a
été adopté dans l'objectif avoué de simplifier et d'accélérer le régime
d'autorisation, là. Donc, c'est ça, l'objectif du REAFIE.
• (17 h 40) •
M. Barrette : Parfait. Je
pense que je n'ai plus de temps.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup.
M. Barrette : Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Rosemont.
M. Marissal : Chef Picard,
bonjour. Rebienvenue. Mme Després Tassé, merci pour l'exposé. C'est toujours un
grand plaisir, chef Picard, en particulier, parce que ça fait des années et des
années que je vous connais, que je vous côtoie, soit comme parlementaire ou
comme journaliste, mais il y a néanmoins toujours comme un embarras croissant
chez moi de constater qu'on entend toujours le même discours de votre part. Parce
que nous avons, et «nous», ici, étant l'Assemblée nationale, les élus… j'avais
un peu moins de pouvoirs quand j'étais journaliste dans ce genre de chose,
sinon que je pouvais les dénoncer, mais nous avons toujours les mêmes
comportements, c'est-à-dire qu'essentiellement «we idle indeed», alors que vous
nous demandez d'«idle no more», mais on continue dans nos travers. Et vous en
avez fait la démonstration, encore une fois, de façon claire et nette, quant
aux négociations qui n'ont pas eu lieu, les consultations qui n'ont pas eu
lieu.
Je crois donc comprendre qu'après 61 vous
aviez quand même le modeste espoir de pouvoir être entendu. Vous étiez venu ici
pour 61, nous le dire, dans cette salle-ci, d'ailleurs, et il y a eu, donc, des
contacts autour du mois d'août avec le bureau du premier ministre, mais qui
sont restés essentiellement unidirectionnels. Je comprends bien?
M. Picard (Ghislain) :Tout à fait, oui.
M. Marissal : O.K. Vous
n'aviez pas reçu non plus, pour 61, si je me souviens bien de votre témoignage,
de réception réelle et de contreproposition à votre demande de négociation. Je
suis toujours à la bonne place?
M. Picard (Ghislain) :Tout à fait. Bien, c'est un peu ce qui m'a incité, finalement,
à envoyer cette missive au début du mois d'août.
M. Marissal : O.K. Le chef
Montour, du conseil mohawk de Kahnawake est venu ici, la semaine dernière, nous
dire que, selon lui, <dans >un geste de bonne foi «a good faith
gesture», ce serait de retirer carrément le projet de la réfection du pont
Mercier, ce qui sera fait, éventuellement, de toute façon, on ne laissera pas
tomber le pont, là, mais que, dans un geste de bonne foi, nous retirions le
projet de l'annexe I pour reprendre sur des bases plus raisonnables de <négociation…
M. Marissal : …de retirer
carrément
le projet de la réfection du pont Mercier, ce qui sera fait,
éventuellement,
de toute façon, on ne laissera pas tomber le pont, là, mais que, dans un
geste de bonne foi, nous retirions le projet de l'annexe I pour reprendre sur
des bases plus raisonnables de >négociation. Est-ce que vous approuvez? Est-ce
que vous faites vôtre aussi cette recommandation?
M. Picard (Ghislain) :
Ah! tout à fait. Comme on le disait plus tôt, on appuie les positions tant du conseil
mohawk de Kahnawake que celles des Innus de Uashat mak Mani-Utenam. En fait, je
pense que ce qu'il faut comprendre, ici, c'est que je pense qu'on vit la même
situation, tout le monde, hein, la pandémie nous affecte de la même façon, et
de façon sans doute encore plus marquée pour les communautés que nous
représentons. Et c'était ça, un peu, l'esprit de ce qui est de vouloir
s'engager dans une discussion, trouver un espace commun pour discuter d'un
besoin évident de relancer l'économie, mais on ne voulait pas que les Premières
Nations soient, comme ça arrive trop souvent, à la remorque d'un processus qui
ne les incluait pas. Donc, c'était ça aussi, l'esprit de la démarche de nos
représentations, finalement, en juin dernier, en passant par les commentaires
qui vous ont été transmis, partagés sur 61.
Le Président (M. Simard) :
Merci, chef. Je cède la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci
beaucoup pour votre présence. En ce qui me concerne, j'ai la désagréable
impression de me retrouver dans Le jour de la marmotte, parce que je me
souviens très bien de votre présence pour le projet de loi n° 61, et vous
aviez très clairement dit : On n'a pas été consultés. Alors, je constate,
comme les autres collègues l'ont dit avant moi, que vous n'avez pas été plus
mis dans le coup en amont en vue du projet de loi n° 66.
M. Picard (Ghislain) :Tout à fait. Bien, écoutez, c'est que, dans un monde idéal, là…
Et c'est un peu notre rôle à nous de trouver toujours les bonnes conditions de
pouvoir engager le gouvernement du jour, c'est de pouvoir s'asseoir et de
prévoir les coups plutôt que de les subir. Et c'est toujours ce principe-là qui
nous habite, nous, comme Assemblée des Premières Nations, au nom des
communautés qui siègent à notre table, c'est de pouvoir prévoir ce qui va
arriver dans six mois, dans un an, dans trois mois. Et, plutôt que de devoir
réagir, comme on fait trop souvent, pourquoi ne pas trouver un espace commun de
discussion, plutôt que d'être pris à réagir publiquement, souvent, ce qu'on
souhaite être notre dernier recours?
M. Gaudreault : Merci. Votre
troisième recommandation : «Retirer les dispositions visant à permettre
d'alléger ou de restreindre les exigences environnementales.» Parce que je
comprends qu'essentiellement, sur l'environnement, vous êtes d'accord avec les
autres groupes qui sont venus nous voir, notamment sur la question du REAFIE.
Vous dites : On pourrait laisser la chance au règlement de s'appliquer.
Alors, ce <que…
M. Gaudreault : ...Votre
troisième recommandation : «Retirer les dispositions visant à permettre
d'alléger ou de restreindre les exigences environnementales.» Parce que je
comprends qu'essentiellement, sur l'environnement, vous êtes d'accord avec les
autres groupes qui sont venus nous voir, notamment sur la question du REAFIE.
Vous dites : On pourrait laisser la chance au règlement de s'appliquer.
Alors, ce >que vous proposez, au fond, dans votre recommandation trois,
c'est carrément de faire comme deux blocs, de mettre de côté tout ce qui
concerne l'environnement dans le projet de loi n° 66 puis de traiter le
reste à part. Est-ce que je comprends bien?
Mme Després Tassé (Noémie) :
Effectivement, on est d'accord avec la plupart des commentaires qui ont été
formulés par les autres groupes environnementaux par rapport à la diminution
des exigences environnementales. Par contre, je tiens à préciser que le retrait
de ces aspects-là du projet de loi ne le rendrait pas encore adéquat à nos
yeux.
M. Gaudreault : Ça ne
rendrait pas plus adéquat le reste pour les raisons que vous avez évoquées, qui
sont les manques de consultation, etc. là, mais je veux dire, si on fait quand
même comme deux bulles, là, celle de l'environnement, pour vous, est quand même
quelque chose à part aussi?
Mme Després Tassé (Noémie) :
Oui.
M. Gaudreault : C'est
bien. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Alors, Me Després Tassé, chef Picard, merci beaucoup
pour votre présentation. Merci d'avoir répondu à notre invitation.
Sur ce, nous allons suspendre quelques
instants nos travaux, et au plaisir de vous revoir.
(Suspension de la séance à 17 h 46)
19 h 30 (version révisée)
(Reprise à 19 h 32)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, à l'ordre, s'il vous plaît! Je constate que nous avons
quorum. Nous pouvons donc reprendre nos travaux. Et nous sommes en compagnie,
ce soir, de représentants de l'organisme Vivre en ville. Messieurs, bienvenue
parmi nous, et merci d'avoir répondu à notre invitation. Je vous laisse d'abord
le soin de vous présenter, s'il vous plaît.
M. Savard (Christian) :
Bonsoir à tous. Mon nom est Christian Savard, directeur général du Vivre en
ville. Je suis accompagné de Samuel Pagé-Plouffe, coordonnateur, Affaires
publiques chez Vivre en ville.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Bonsoir.
Le Président (M. Simard) :
Nous vous écoutons.
(Visioconférence)
M. Savard (Christian) :
D'abord, merci à la commission pour l'invitation pour commenter et présenter
sur cet important projet de loi là. Fait spécial, pour vous, c'est votre
quotidien, les commissions parlementaires, pour moi, c'est ma deuxième aujourd'hui,
ça ne m'était jamais arrivé. J'étais au p.l. n° 67 ce
matin. Il y a une certaine, d'ailleurs, continuité dans certains aspects entre
les projets de loi.
Donc, d'entrée de jeu, d'entrée de jeu,
j'aimerais souligner que Vivre en ville souscrit aux objectifs généraux du
projet de loi qui sont d'investir dans les infrastructures québécoises afin de
stimuler l'économie, mais également de doter la population du Québec d'un
certain nombre <d'infrastructures...
M. Savard (Christian) :
...souscrit
aux objectifs généraux du projet de loi qui sont d'investir
dans les infrastructures québécoises afin de stimuler l'économie, mais
également de doter la population du Québec d'un certain nombre >d'infrastructures
qui vont pouvoir leur offrir des services. Je pense notamment aux maisons des
aînés.
Toutefois, à notre avis, le projet de loi
va trop loin, va inutilement trop loin sur certains de ses aspects. Il constitue
un dangereux précédent et des brèches importantes dans la protection de l'environnement,
protection du territoire, protection du droit au public à participer, et donc
on pense qu'avec des ajustements, que nous allons vous proposer, le projet de
loi pourrait être... justement remplir ses objectifs sans faire face à ces
écueils-là.
Les infrastructures, c'est beaucoup plus
que de l'acier et du béton. Ça s'inscrit dans nos milieux de vie, dans nos communautés.
Elles ont un impact important sur le territoire, important sur l'environnement,
important sur la vie des gens. On pense que ça vaut la peine d'investir sur la
qualité des projets et ne pas aller trop vite, investir pour investir. Et donc
c'est une de nos préoccupations.
D'abord, <en matière... >sur
les questions d'aménagement du territoire, il y a des mesures contenues à l'article 53
et aux suivants qui nous inquiètent. Dans la même ligne que l'Ordre des
urbanistes, qui est venu vous présenter lors de séances précédentes, on pense
qu'il y a un dangereux précédent à faire en sorte que les lois sur
l'aménagement et l'urbanisme qui viennent défendre le public, qui viennent
défendre une cohésion dans le développement de notre territoire soient mises de
côté. Je pense particulièrement à l'article 53, qui met complètement de
côté toute la planification régionale au niveau des MRC. Selon nous, cet article,
ces aspects-là règlent un non-problème. Dans la plupart du temps, les villes
vont vous accorder les autorisations très rapidement.
On fait la suggestion de peut-être réduire
certains délais qui sont dans la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme actuellement
pour aller plus vite, mais on pense que, s'il y a des MRC ou des communautés
métropolitaines qui vous font des avis de non-conformité, c'est parce qu'un
projet va avoir un vrai problème et que ça ne vaut pas la peine de l'accélérer.
Donc, ces articles-là nous semblent aller trop loin inutilement et ne
constituent pas, donc... ne constituent pas un véritable problème.
Autre aspect pour nous qui est important,
c'est la liste des projets. On pense que les projets d'entretien, par exemple,
du réseau routier sont importants, sont faciles à faire, ont très peu d'impact
sur le territoire où est l'environnement. Donc, c'est correct d'aller de l'avant.
Certains projets qui ont besoin d'un coup de main au niveau des expropriations,
puis on va en parler un petit peu plus loin parce que la loi est désuète à
certains égards, donc, nous, <on...
M. Savard (Christian) :
...que les projets d'entretien,
par exemple, du réseau routier sont
importants, sont faciles à faire, ont très peu d'impact sur le territoire où
est l'environnement. Donc, c'est correct d'aller de l'avant. Certains projets
qui ont besoin d'un coup de main au niveau des expropriations, puis on va en
parler un petit peu plus loin parce que la loi est désuète à certains égards,
donc, nous, >on propose de revoir la liste de projets pour retirer,
notamment, les projets qui ont un impact élevé sur l'environnement qui seraient
assujettis justement à cette partie-là de la Loi sur la qualité de
l'environnement, particulièrement tous les projets routiers, d'augmentation de
la capacité routière autour des grandes villes. Ces projets-là s'inscrivent
dans les milieux naturels, parfois dans des territoires agricoles, ont des
conséquences sur l'étalement urbain et méritent des études d'impacts soignées
afin de pallier <à >différents enjeux et ne méritent pas d'être
accélérés en raison des impacts.
D'ailleurs, de manière générale, sur
l'ensemble des projets, on fait, dans notre mémoire, une proposition d'une
grille d'analyse pour passer au tamis les projets puis voir, bien... les
projets qui méritent d'être acceptés, bien, ils vont tous se faire cocher :
oui, c'est correct, oui, il n'y a pas d'enjeu, oui, il n'y a pas d'impact sur
les milieux humides, pas d'impact sur les milieux agricoles, vont renforcer la
communauté, vont être localisés au bon endroit. On pense que ça vaut la peine
de prendre notre temps, peut-être faire un peu moins de projets, mais bien les
faire en ne prenant pas de raccourci inutile. <Donc... >Et on
pense également que cette grille d'analyse là pourrait servir à la reddition de
comptes, c'est des aspects intéressants du projet de loi, sur la reddition de
comptes qui est proposée, donc, qui viendrait bonifier cette reddition de
comptes là.
Je passerais maintenant la parole à mon collègue.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) :
Oui. Merci, Christian. À propos des normes environnementales, comme on l'avait
souligné, là, pour le projet de loi n° 61, Vivre en ville partage les
inquiétudes qui ont été formulées par plusieurs intervenants. On s'inquiète notamment
pour la qualité des études d'impacts environnementaux, en particulier pour les
activités, là, à risque modéré et élevé. L'article 40 semble indiqué, là,
dans le projet de loi n° 66, que le contrôle du ministre de
l'Environnement sur les études d'impact serait réduit. Il y a une inquiétude
là.
En matière de protection des milieux
humides et hydriques, j'ai écouté, là, le passage de la Vérificatrice générale
et du Commissaire au développement durable la semaine dernière. On a noté avec
intérêt l'engagement qui a été pris par Mme la ministre à l'effet d'amender le projet
de loi pour clarifier la notion d'évitement qui doit demeurer l'étape
prioritaire. On espère, d'ailleurs, que la possibilité de tenir un BAPE plus
ciblé qui se trouve à l'article 41 ne se traduira pas par une prise en
compte uniquement des impacts immédiats des projets. Par exemple, là, pour le
prolongement de l'autoroute 25 dont... beaucoup été de discussions, là, en
troisième couronne de Montréal, il faudrait réfléchir aux effets de l'étalement
urbain, notamment en termes de pression sur le territoire agricole, la
congestion, tous ces éléments-là.
Enfin, contrairement au projet de loi
n° 61, le projet de loi n° 66 prévoit la soustraction de la procédure
d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement pour deux projets <routiers...
M. Pagé-Plouffe (Samuel) :
...de
Montréal,
il faudrait réfléchir aux effets de l'étalement
urbain, notamment en termes de pression sur le territoire agricole, la
congestion, tous ces éléments-là.
Enfin, contrairement au
projet
de loi n° 61, le
projet de loi n° 66 prévoit la soustraction
de la procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement pour
deux projets >routiers. Je dois dire que ces articles nous ont un peu
surpris. On comprend que le gouvernement juge ces projets prioritaires, mais il
me semble qu'il pourrait les accélérer sans toutefois se soustraire complètement
à la procédure d'évaluation, comme il le fait en ce moment. Vivre en ville
s'intéresse en particulier au dossier de l'autoroute 30, et on aurait
certainement des recommandations à exprimer, à formuler s'il y avait un BAPE
sur le projet.
• (19 h 40) •
Par ailleurs, Vivre en ville reconnaît qu'il
existe un vrai problème au Québec en matière d'expropriation, un élément
important du projet de loi. L'UMQ vous l'a exprimé la semaine passée,
l'interprétation jurisprudentielle de cette loi cause à la fois des délais qui
sont indus et des coûts disproportionnés pour des projets qui sont d'intérêt
public. C'est une doléance, là, qu'on entend souvent à Vivre en ville, par
exemple, par les sociétés de transport, mais aussi par des élus municipaux qui
souhaitent acheter un terrain pour y construire un équipement public ou
protéger un milieu naturel. On recommande donc l'adoption des articles sur la
procédure d'expropriation accélérée et de procéder à une réforme de la Loi sur
l'expropriation d'ici la fin du mandat.
Pour les projets dans l'annexe, là, le
projet de loi n° 66 a l'effet d'un pansement. Mais, si le gouvernement
s'engageait à réformer en profondeur la Loi sur l'expropriation d'ici la fin du
mandat, bien, ça, ça permettrait d'avoir une contribution importante à
l'efficacité de la réalisation des projets d'infrastructure au Québec.
Enfin, dernier élément de mon côté, je
pense que plusieurs intervenants l'ont souligné, concernant la durée de l'application
du projet de loi, la possibilité de commencer une mesure d'accélération dans
cinq ans nous semble assez exagérée, là. C'est quand même l'idée de la relance
économique qui a mené au projet de loi n° 66. Or, ça nous mènerait à la
fin de 2025 pour le début de l'utilisation d'une mesure d'accélération. Mais,
comme on l'a dit dans notre mémoire, on a bon espoir que l'économie québécoise
aura pris du mieux avant 2025.
On vous recommande donc de réduire, là, à
deux ans la date limite pour le début du recours à une demande d'accélération
de projet... à une mesure d'accélération de projet. C'est une proposition qui d'ailleurs
est en cohérence, là, avec l'idée de réformer la Loi sur l'expropriation avant
la fin du mandat. Donc, voilà. Christian, je te repasse la parole.
M. Savard (Christian) :
Donc, merci, Samuel. Pour conclure, on pense que le gouvernement, à travers ce
projet de loi là, en faisant les ajustements qu'on propose, retirerait les
principaux irritants, diminuerait le niveau de méfiance que certains peuvent
avoir par rapport au projet de loi qui effectivement fait en sorte qu'il y a
des raccourcis par rapport au processus et au procédé de protection de
l'environnement, de la participation du public et de la protection du
territoire. Tous ces processus-là ont souvent comme impact d'améliorer les
projets. On peut parfois les simplifier, on peut parfois les raccourcir, mais
les éliminer nous semble ne pas aller dans la bonne direction.
On pense que ce projet de loi là doit être
la première pierre d'une relance verte juste pour le <Québec...
M. Savard (Christian) :
...ont souvent comme
impact d'améliorer les projets. On peut parfois les
simplifier, on peut parfois les raccourcir, mais les éliminer nous semble ne
pas aller dans la bonne direction.
On pense que ce projet de loi là doit
être la première pierre d'une relance verte juste pour le >Québec mais a
besoin des ajustements qu'on propose. Je vous remercie.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. Savard. Je cède maintenant la parole à Mme la Présidente
du Conseil du trésor.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci, messieurs, pour votre présentation. Beaucoup d'éléments dans
votre mémoire, en matière environnementale surtout. Ce que je vais... Je vais
résumer peut-être votre position en disant que vous avez la même position,
essentiellement, que les autres groupes qui sont venus nous parler des mesures
environnementales au niveau de votre prétention que les processus qui ont été
mis en place affaiblissent les normes et non pas juste accélérer les processus.
Donc, je pense... ce n'est pas parce que votre opinion ne m'intéresse pas, mais
je pense qu'elle est très bien comprise. Puis, vous l'avez dit, à toutes fins
pratiques, l'essentiel, ce sont les mêmes commentaires, là, dont on a eu à
débattre avec d'autres groupes, ça fait que je vais y aller peut-être sur des
aspects qui sont plus... qui sont plus nouveaux de votre part pour pouvoir vous
permettre peut-être de... nouveaux par rapport à d'autres intervenants,
naturellement, là, pas par rapport à vos positions plus traditionnelles.
Donc, si je comprends bien, si on parle,
premièrement, des projets comme tels, qui sont à la liste des 181 projets,
de façon générale, là, donc, vous reconnaissez la pertinence d'accélérer
certains projets. J'imagine que vous avez... Est-ce que vous avez des problèmes
avec cet objectif-là par rapport aux maisons des aînés, par rapport aux écoles,
par rapport aux projets de transport en commun, projets routiers de transport
en commun? Quand on parle a de la réfection aussi des routes actuelles qui ont
besoin d'entretien, il y a plusieurs projets. Je ne veux pas raccrocher un
chiffre, il me semble que c'est une cinquantaine de projets sur les 181 qui
sont des projets de type MTQ, je vais le dire comme ça. Et il y en a là-dedans
que ce sont des projets pour favoriser le transport en commun, il y en a que ce
sont des projets de maintien et de réfection des structures actuelles et il y
en a une dizaine, à peu près, qui sont des nouveaux projets routiers.
Donc, je fais naturellement un portrait
très général, là, des catégories de projets. Est-ce que je comprends que, dans
tous ces projets-là, ce qui vous pose problème, c'est les nouveaux projets
routiers? Pour les autres, on peut... On peut moduler, là, mais, pour les
autres, en général, la pertinence d'accélérer, je pense qu'elle est quand même
là, la pertinence de se doter de ces infrastructures-là et de les entretenir,
pour celles qui en ont besoin.
M. Savard (Christian) :
Oui, vous avez tout à fait raison qu'en ce qui concerne les projets d'entretien
on n'a pas de problème majeur. Donc, oui, effectivement, peut-être une dizaine.
On les avait listés dans notre mémoire, je ne m'en souviens plus par coeur, de
projets où est-ce qu'on parle d'élargissement et de prolongation de projets
routiers qui mériteraient de ne pas avoir des voies accélérées dans la plupart
des cas, qui mériteraient qu'on garde de manière intacte ou quasi intacte les
processus actuels. Vous <avez...
M. Savard (Christian) : …on
les avait listés dans notre mémoire, je ne m'en souviens plus par coeur, de
projets où est-ce qu'on parle d'élargissement et de prolongation de projets
routiers qui mériteraient de ne pas avoir des voies accélérées dans la plupart
des cas, qui mériteraient qu'on garde de manière intacte ou quasi intacte les
processus actuels. Vous> avez tout à fait bien compris notre propos par
rapport à ça. Donc, si on retirait ces projets-là, le projet de loi nous
semblerait aller beaucoup… on a dit, notre titre, c'est Va trop loin,
mais il irait moins loin et il serait davantage acceptable en matière de
protection de l'environnement.
Il faut quand même faire attention aussi
de ne pas aller trop rapidement sur certains projets, par exemple, de maisons
des aînés. Il faut bien les faire. On les construit pour toujours. Parfois,
pour aller vite, on prend un terrain rapidement, O.K., on l'installe là, puis
ce n'est pas toujours le meilleur endroit, et ça ne peut pas toujours être
conforme à la planification territoriale locale. Donc, ça, c'est quelque chose
aussi à valider. Mais, de manière générale, sur l'idée, par exemple, sur les
maisons des aînés, on peut être d'accord à une accélération, mais pas à n'importe
quel prix, pas au prix, justement, de faire tomber certains pans de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme.
Mme LeBel : O.K. Peut-être
juste pour comprendre, par rapport aux nouveaux projets routiers ou aux projets
d'élargissement? Souvent, les projets d'élargissement nous permettent d'avoir
une voie réservée ou, en tout cas, de favoriser le transport en commun sur ces
projets-là. Mais j'aimerais juste comprendre, là, juste pour être… bien camper
votre position : Est-ce que c'est le fait brut de faire de nouveaux projets
routiers avec lequel vous êtes en désaccord? Ça, c'est une chose. Je respecte
votre point de vue, mais c'est une chose, c'est une position.
Parce que je… Outre les aspects
environnementaux que vous avez mentionnés, et, pour ça, je vous le dis, ce n'est
pas parce que je les écarte et je les discarte de la conversation, mais je les
ai bien compris, mais outre, mis à part les aspects environnementaux dont vous
nous avez fait part dans le mémoire, quel est le problème avec les nouveaux
projets routiers? Est-ce que c'est le fait brut <d'avoir… >de
développer des nouvelles routes? Parce que, là, à ce moment-là, les accélérer
ou ne pas les accélérer, on va les faire, ces projets routiers là, mais en mode,
je vais dire, en mode régulier, disons-le comme ça juste pour se comprendre. J'aimerais
juste comprendre votre position, là.
M. Savard (Christian) : Je
vais donner l'exemple de la 30 ou des exemples que j'ai eus dans le passé. Il y
a certains… Ça peut arriver qu'effectivement Vivre en ville, on soit carrément
contre une nouvelle route ou une autoroute, parfois non, parfois… À titre d'exemple,
on a déjà appuyé, dans un passé, maintenant, il commence à être lointain, la 30
parce que c'est un aspect de contournement important.
On pense toutefois que le processus
environnemental réussit souvent à améliorer des projets. Dans le passé, il y a
eu des projets autoroutiers sur lesquels je me suis opposé, je vais dire au «je»
parce que c'était dans une autre organisation, et où les débats, <autour…
>dans le cadre du processus d'évaluation d'impact, autour du BAPE a fait
en sort qu'on est arrivés avec des meilleurs projets, parfois sur la protection
de la faune — je pense à la 175 — parfois avec l'ajout de
voies réservées ou de transport collectif dans certains cas — je
pense à Robert-Bourassa à Québec, même s'il y a là encore des écueils. Donc, on
croit, nous, au processus pour améliorer les projets. Les faire trop rapidement
fait en <sorte…
M. Savard (Christian) :
...avec des meilleurs projets, parfois sur la protection de la faune
— je
pense à la 175
— parfois avec l'ajout de voies réservées ou de
transport collectif dans certains cas
— je pense à
Robert-Bourassa à Québec, même s'il y a là encore des écueils. Donc, on croit,
nous, au processus pour améliorer les projets. Les faire trop rapidement fait
en >sorte qu'on ne veut pas les améliorer. Et peut-être que, dans
certains cas, oui, on va pouvoir remettre en question la pertinence et on
pourrait... ça pourrait être remis en cause.
Donc, je crois que ces débats-là et ces processus-là
sont importants pour des projets à impact élevé. Il ne faut pas oublier, hein, qu'il
y a la Loi sur la qualité de l'environnement qui les identifie comme des
projets à impact... à risque élevé. Donc, on pense que ces projets-là ne
devraient pas être, finalement... ou qu'ils soient enlevés, là, du processus
habituel.
Mme LeBel : Deux projets,
uniquement deux projets... je pense à l'article 52, là, mais deux projets uniquement
dans le projet de loi sont complètement enlevés du BAPE, où le BAPE a été
écarté, là, de façon très spécifique, la 117 et la 30. Je ne me souviens plus
qui est le groupe qui est venu nous en parler spécifiquement, ma mémoire me
fait défaut, mais un groupe plus axé sur surtout les mesures environnementales
est venu nous dire que... Bon, de façon générale, naturellement, je peux
comprendre votre position de dire que ce n'est pas recommandé de soustraire des
dossiers au BAPE, là. Ça, je peux comprendre ce postulat de base là. Mais ce
groupe-là est venu nous parler de risque, de haut risque de sécurité, en
matière de sécurité, et qu'il jugeait, malgré le fait que, bon, de façon
générale, on ne peut pas nécessairement être plein d'enthousiasme quand on
prend cette démarche-là, mais que, entre autres, pour la 117, était... pouvait
penser comprendre pourquoi on faisait ce processus-là dans le but de
l'accélérer. On pourra sauver peut-être jusqu'à deux ans, deux ans et demi, là,
dans ce processus-là, si on le fait.
Est-ce que vous avez la même position ou,
vous, c'est jamais qu'on devrait procéder à ça? Parce que vous parlez de retirer
l'article 52.
• (19 h 50) •
M. Savard (Christian) :
Bien, vous n'aimerez pas ma réponse, Mme la ministre, mais il y a quelque chose
en dedans de moi qui me dit : Bien, on aurait pu aussi débuter il y a deux
ans les études d'impact pour faire bien... bien les choses, puis on aurait déjà
gagné des ans si on avait commencé il y a deux ans ou on aurait commencé il y a
cinq ans.
Effectivement, le dossier qui nous
inquiète plus dans ce cas-ci, c'est celui de la 30. <Vous... >On
pense que les impacts sur les milieux naturels, qu'il peut y avoir dans
l'emprise... Et qu'est-ce que ça veut dire aussi pour la région métropolitaine?
Ça vaut la peine de faire le processus et de faire les études d'impact.
Mme LeBel : O.K. Donc, je
comprends que, bon, vous ne m'accorderez pas cette grâce-là, de me dire que ça
va aller pour la 117. Là, je le comprends. Puis je n'ai pas à aimer, à
apprécier votre réponse ou non. C'est la vôtre, puis on va travailler en
conséquence de ça. Mais la 30, écoutez, la 30, je ne suis pas la spécialiste du
détail du projet, mais on parle d'un élargissement sur quelques kilomètres. Et l'objectif
de ça — et dans une emprise de la 30 qui est déjà connue, dont les
impacts environnementaux ont été étudiés — et c'est pour des <projets...
Mme LeBel : …en conséquence
de ça. Mais la 30,
écoutez, la 30, je ne suis pas la spécialiste du
détail du projet, mais on parle d'un élargissement sur quelques kilomètres. Et
l'objectif
de ça — et dans une emprise de la 30 qui est déjà
connue, dont les impacts environnementaux ont été étudiés — et
c'est pour des >projets de… aider au désengorgement de la 30, je pense
que c'est assez connu qu'elle est engorgée, mais, entre autres, pour des
projets de transport en commun, pour permettre à cette voie-là, réservée… Peut-être,
réservée, là, je… Ne lisez pas dans mes propos le projet parce que ce n'est pas
moi qui l'a, mais l'idée générale, c'est un élargissement sur peu de
kilomètres, dans l'emprise de la 30, les endroits qu'on connaît bien, où le ministère
des Transports connaît les impacts environnementaux, le ministère de
l'Environnement connaît les impacts environnementaux. On est à même de
surveiller les étapes d'élargissement. Et le tout, c'est pour avoir plus de transport
en commun.
Je veux dire, il y a quelque chose aussi
dans le désengorgement de nos routes actuelles. Je peux… Puis je comprends, là,
vos objectifs de transport en commun, des développements durables, et j'en
suis, mais il y a quand même quelque chose qui s'appelle l'immédiat, là. Et
présentement on fait du stationnement, à toutes fins pratiques, sur la 30, là.
Donc, est-ce que, ça aussi, ça vous pose
problème, cet élargissement-là? Puis on ne parle pas d'un prolongement, là,
dans d'autres endroits, là. Le petit bout, là, qui est exclu, parce qu'il y a
une partie du projet très ciblée qui est exclue du BAPE.
M. Savard (Christian) : De
manière générale, on défend tout de même le principe que lorsqu'un projet,
selon la Loi sur la qualité de l'environnement et les règlements relatifs, est
assujetti aux études d'impact, on pense qu'il faut les faire. Ce n'est pas pour
rien que la législation est faite comme ceux-là. Donc, sur le principe, on
croit qu'on ne devrait pas décider, comme ça, que : Ah! bien, celui-là, on
pense que c'est correct. On n'est pas à l'aise avec cette position-là.
Et, en ce qui concerne l'élargissement de
la 30, on pense qu'il y a des débats à avoir. S'il y a un élargissement, quel
type d'élargissement, pour quel type de véhicule? Pour le transport collectif
uniquement, ce qui n'est pas encore fait, vous l'avez dit, il y a des choses
qui ne sont peut-être pas encore décidées, on serait plus favorables. Mais,
même si c'était pour ça, on pense qu'il faudrait un BAPE pour avoir ces
débats-là. Sinon, il y a des enjeux qui ne seront pas abordés. Et, je répète,
les BAPE que j'ai faits sur des autoroutes, même des autoroutes qui semblaient
être des évidences, ont souvent contribué à améliorer les projets et à avoir
des débats.
On ne peut pas éternellement élargir nos
autoroutes pour les désengorger, c'est une solution qui ne fonctionne pas d'un
point de vue environnemental. À chaque fois qu'on… Et on le sait, j'ai fait
Robert-Bourassa dans la région de Québec, à une certaine époque, et
Robert-Bourassa est maintenant bouchée parce qu'il y a le phénomène d'étalement
urbain, de demandes induites amenées avec la nouvelle autoroute. Et on pense
que ces débats-là devraient avoir lieu dans une étude d'impact en bonne et due
forme. <Et… >Mais, à la fin, probablement que, si on fait le bon
processus, on arriverait peut-être à des solutions plus intéressantes. Et on
sait que, même autour de la 30, il y a peut-être même des enjeux sur des
milieux naturels limitrophes qui sont à étudier.
Mme LeBel : Bien, je vous
remercie. Merci d'avoir éclairci votre position sur ces deux points-là. Comme
je vous disais, ce n'est pas parce que le reste n'est pas important ni
intéressant, là, mais je voulais voir de façon plus ciblée, puis on va prendre
connaissance du reste. Alors, merci de votre participation. Merci.
M. Savard (Christian) : Merci,
Mme la ministre.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de La Pinière.
M. Barrette :
<Bon…
Mme LeBel : …
je vous remercie.
Merci d'avoir éclairci votre position sur ces deux points-là. Comme je
vous disais, ce n'est pas parce que le reste n'est pas important ni
intéressant, là, mais je voulais voir de façon plus ciblée, puis on va prendre
connaissance du reste. Alors, merci de votre participation. Merci.
M. Savard (Christian) :
Merci, Mme la ministre.
Le Président (M. Simard) :
M. le député de La Pinière.
M. Barrette : >Bon,
vous n'êtes pas seul. La personne qui est avec vous, j'ai oublié son nom. Mais,
bon, bienvenue.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Bonjour.
M. Barrette : Bonjour.
Excusez-moi. Pagé. Bon, regardez, je pense que je ne vais pas vous offusquer si
je vous dis qu'en fin de consultations particulières vous venez nous dire des
choses qui sont dans le même ordre de ce que l'on a entendu à date. Ma question
est simple : Est-ce qu'il y a des éléments additionnels? Vous savez, vous
vous parlez, vous autres, là, et puis vous écoutez les travaux, là, il y a beaucoup
de recoupements des deux côtés de la médaille. Et est-ce qu'il y a des choses
spécifiques que vous voulez nous dire qui sont nouvelles? Et puis après ça,
bien, je vais jaser avec vous.
M. Savard (Christian) : Bien,
si je peux me permettre, je ne crois pas qu'il y a tant de monde que ça qui ont
abordé la question de l'abrogation de certains éléments de la Loi sur l'aménagement
et l'urbanisme. Il y a l'Ordre des urbanistes, je pense, qui est venu en début
de consultation, mais sinon, ça, c'est un aspect qui nous apparaît très important.
On pense que les articles qui vont dans ce sens, qui font en sorte que, par
exemple, on n'a pas à vérifier la conformité avec les schémas d'aménagement des
MRC, vont trop loin.
Et c'est quelque chose qui serait facilement…
qui pourrait être facilement amélioré dans le projet de loi, en faisant, par
exemple, la proposition que les délais qui sont inclus dans la Loi sur l'aménagement
et l'urbanisme actuellement soient réduits de moitié. Par exemple, au lieu de
prendre 180 jours pour une MRC à revenir, elle pourrait revenir au maximum à 90
jours. Mais, je le répète, ce que j'ai dit un petit peu tantôt, on pense que,
si les villes veulent absolument un projet, si les MRC veulent absolument un
projet, ils vont revenir très rapidement. Donc, c'est un aspect qui nous semble
peut-être à réitérer.
Sinon, Samuel, je ne sais pas s'il y a quelque
chose que tu as pensé?
M. Pagé-Plouffe (Samuel) :
Bien, là-dessus, pour spécifier sur la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme,
pour rendre ça un petit peu concret, des éléments qui peuvent être... dont on
peut réfléchir, il y a notamment… il n'est plus possible, il n'est plus
probable qu'une maison des aînés, par exemple, soit construite sur un boisé s'il
n'y a pas à avoir la conformité avec le schéma d'aménagement. Donc, ça, c'est
concret, là, si on veut donner un exemple concret.
Puis ensuite, bien, peut-être un autre
élément d'originalité de nos propositions, c'est la grille d'évaluation et de
suivi des projets. M. Dubé, qui était, bon, qui était le porteur du projet de
loi n° 61, avait noté ça avec intérêt. Et là-dessus, bon, Christian en a
parlé un petit peu, mais je trouve que c'est une des originalités de notre
mémoire.
M. Barrette : Je ne dis pas que
votre mémoire n'est pas original, là, c'est juste que je veux qu'on aille
directement sur le point qui est différent de ce que l'on a entendu avant. Je
comprends votre angle sur l'urbanisme, je n'ai pas la même inquiétude que vous,
par <exemple…
M. Pagé-Plouffe (Samuel) :
...et là-dessus, bon,
Christian en a parlé un petit peu, mais je trouve
que c'est une des originalités de notre mémoire.
M. Barrette : Je ne dis pas
que votre mémoire n'est pas original, là, c'est juste que je veux qu'on aille
directement sur le point qui est différent de ce que l'on a entendu avant. Je
comprends votre angle sur l'urbanisme, je n'ai pas la même inquiétude que vous,
par >exemple, pour un certain nombre de raisons.
Je vais prendre l'exemple que vous venez
de prendre. Une maison des aînés près ou en partie sur un boisé, s'il y a un
projet qui arrive comme ça, il va être applaudi, puis je vous dis ça par
expérience, parce que tout ce qui est CHSLD et compagnie, la chose dont se
plaignent le plus les résidents, ceux qui peuvent encore s'exprimer, c'est
qu'ils veulent voir la nature, ce genre de chose là. Une nouvelle construction
dans un boisé pour des personnes âgées, c'est, et pour les personnes qui... les
résidents, et pour leur famille, et le public en général, c'est «winner», là.
Vous n'avez pas d'idée comment c'est «winner».
Ça fait que, là, si ce que la population
veut est un enjeu, ce n'est peut-être pas l'exemple parfait. Je vais y aller
sur d'autres exemples qui, pour vous, vont être un enjeu, là. Puis là je vais
vous poser les questions plus directement, là.
On arrive en fin de consultations. Vous
contestez ou vous êtes inconfortables, par exemple, avec le réaménagement de la
30 aux approches de la 10 puis de la 20 pour du transport en commun. Moi, je
vous soumets que ces réaménagements sont faits principalement pour amener du
monde au terminus du REM, ce qui normalement est une chose que vous souhaitez.
Et là je vais vous poser une question environnementale
précise, O.K.? La 30, telle qu'elle est actuellement, incluant sa jonction avec
les deux autres autoroutes, ce sont des terres qui ont déjà été altérées. Elles
sont altérées. Vous savez, une route, là, c'est comme un chemin de fer, c'est
un gros talus de roches et une membrane géotextile, du sable, de l'asphalte, ou
du ciment, dépendamment du matériel qu'on prend. Et ça a déjà été tout
perturbé, là, ça, là. Alors, quand vous nous dites que, sur la 30, il y aurait
des enjeux environnementaux, là, genre biologiques, honnêtement, là, j'aimerais
bien ça, que vous me donniez un éclairage plus biologique de ça parce que je ne
le vois pas.
M. Savard (Christian) : Vous
avez tout à fait raison de dire que c'est altéré, et ça va altérer un peu plus
loin. Donc, il peut y avoir des enjeux d'ordre environnementaux.
En ce qui concerne aussi également la
question du transport collectif, on pense que, justement, il y a des questions
à avoir. Est-ce que cette voie réservée là va être juste réservée au transport
collectif? Est-ce qu'elle va être réservée au transport collectif et au
covoiturage à deux plus aux véhicules électriques? Du coup, ça devient une voie
un peu moins réservée et ça fait en sorte que ça élargit l'autoroute. Donc, on
pense que ces débats-là méritent d'avoir lieu sur qu'est-ce qu'on veut comme
infrastructure pour améliorer la 30 dans ce secteur-là.
• (20 heures) •
Et on en revient au principe, M. le
député...
20 h (version révisée)
M. Savard (Christian) : ...une
voie un peu moins réservée, et ça fait en sorte que ça élargit l'autoroute.
Donc, on pense que ces débats-là méritent d'avoir lieu sur qu'est-ce qu'on veut
comme infrastructure pour améliorer la 30 dans ce secteur-là.
Et on en revient au principe, M. le député,
sur le fait que, si un projet est assujetti, on pense qu'il mérite de continuer
à être assujetti… et ne pas prendre des décisions à la pièce pour ce genre de
projet là. Ça ne doit pas devenir le nouveau régime en environnement au Québec,
c'est une de nos inquiétudes.
M. Barrette : Là-dessus, je
dirais... Puis là on échange, là. Ce n'est pas un procès, là, je fais juste
échanger, là. Disons que vous nous amenez à la frontière de ce qui est l'environnement
et de ce qui est la politique, c'est volontaire, je pense, puis c'est correct,
c'est un vrai débat. Mais est-ce qu'il y a lieu, dans le cadre de n° 66, de faire ce débat-là? Je ne vous demande même pas de
répondre à cette question-là, là, mais c'est une question qui est quand même
légitime.
On n'est plus nécessairement dans l'environnement,
à un moment donné, là. Là, on est dans la réflexion philosophique de la
société, là, alors. Puis, pour prendre une image très caricaturale mais qui est
très parlante, là, c'est comme le Réseau express vélo à Montréal. C'est
philosophique, c'est une volonté philosophique de changer des quartiers, c'est
correct, si le monde accepte ça, mais on est loin de l'environnement, là.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) :
Peut-être, à cet égard-là, M. Barrette, je vous entendais, à quelques reprises
avec les invités la semaine dernière, noter votre inquiétude. Et je pense, avec
raison, quant au signal qu'on envoie… parce qu'on prétend que le projet de loi n° 66 est peut-être un laboratoire à certains égards.
M. Barrette : C'est sûr que
c'en est un.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Et
donc le signal que l'on envoie, si c'est effectivement un laboratoire, c'est
une possibilité d'abaisser les normes environnementales et les bonnes pratiques
d'aménagement du territoire. C'est le risque de ce laboratoire-là. Donc, il y a
une préoccupation, puis je pense que c'est réel.
M. Barrette : Écoutez,
là-dessus, on se rejoint, là, je suis convaincu. Et je ne prête pas d'intention
parce que, comme je le dis souvent : Si une hirondelle ne fait pas le
printemps, un ministre ne fait pas un gouvernement. Alors, je ne prête pas
d'intention à la présidente du Conseil du trésor. J'en prête au gouvernement,
par exemple, ça, j'ai le droit de le faire, au gouvernement. Parce que je pense
qu'il y a ici un chemin qu'on prend.
Là, je vais vous poser une question. Je ne
sais pas si vous êtes capables de répondre à cette question-là. Je vois que
vous avez réfléchi. Évidemment, c'est normal, là. Vous venez ici, vous ne venez
pas comme ça, à pied levé, nous entretenir, là, ce n'est pas un salon de thé.
Vous avez regardé les 181 projets, là. Est-ce qu'il y en a là-dedans,
particulièrement dans les routiers, qui ne sont pas, selon vous, assujettis à
un BAPE?
M. Savard (Christian) : Bien,
il y en a beaucoup. Beaucoup de projets de réfection...
M. Barrette : Il y en a
beaucoup? C'est quoi, la proportion de...
M. Savard (Christian) : Bien,
madame...
M. Barrette : Vous avez
sûrement fait la réflexion, là. Sur les 52 projets routiers, il en reste
combien, là, pour lesquels, dans nos règles, il faut faire un BAPE?
M. Savard (Christian) : Bien,
on pense qu'on en a... Nous, on n'est pas à l'aise avec, effectivement... et
Mme la ministre était dans une <bonne...
M. Savard (Christian) : ...
beaucoup.
Beaucoup de projets de réfection...
M. Barrette : Il y en a
beaucoup? C'est quoi, la proportion de...
M. Savard (Christian) :
Bien, madame...
M. Barrette : Vous avez
sûrement fait la réflexion, là. Sur les 52 projets routiers, il en reste
combien, là, pour lesquels, dans nos règles, il faut faire un BAPE?
M. Savard (Christian) :
Bien, on pense qu'on en a... Nous, on n'est pas à l'aise avec, effectivement...
et Mme la ministre était dans une >bonne proportion, et on l'a dans
notre mémoire. On n'était pas à l'aise avec une dizaine de projets qui, justement,
induisent... Et là-dessus je ne suis pas d'accord avec vous, c'est de
l'environnement...
M. Barrette : Ce n'est pas
grave. Je m'excuse de vous interrompre parce que... Excusez-moi, je vous
interromps, là, parce qu'il me reste juste 1 min 20 s. Moi, c'est
bien important d'avoir votre opinion, là, sur la question : Combien, dans
nos lois actuelles, ne sont pas, par définition, assujettis à un BAPE?
M. Savard (Christian) :
Combien des projets routiers? J'aurais tendance… Et même, dans certains cas,
ils ne sont pas tous assujettis à un BAPE, mais ils sont assujettis à certaines
règles liées à la Loi sur la qualité de l'environnement.
M. Barrette : Oui, oui, oui.
Ça va, ça.
M. Savard (Christian) : Ils
sont tous assujettis, mais à un BAPE, je ne pourrais pas vous le dire comme ça.
Mais on l'a dit : On n'est pas contre les projets d'entretien du réseau
routier. Donc, il y en a beaucoup dans le projet, et on les appuie. Donc, c'est
pour ça que ce n'est pas l'ensemble du projet de loi qu'on est contre. Mais il
y en a quelques-uns qui seraient assujettis à des mesures d'étude d'impact qui
vont plus loin, et, eux, on pense qu'on ne devrait pas< faire de... on ne
devrait pas>, justement, faire, en sorte que... être moins exigeant.
M. Barrette : Ça, essentiellement,
c'est la dizaine, là, de prolongements d'autoroutes, si on peut résumer ça.
M. Savard (Christian) : Exact.
M. Barrette : Essentiellement,
là.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) :
Mais même sur la 25 , rapidement, sur la 25, si on a un BAPE qui est
expéditif, très ciblé, qui n'étudie pas les questions d'étalement urbain, là,
la menace sur le territoire agricole, parce que c'est possible dans la
formulation actuelle du projet de loi, il y a un risque qui est important.
M. Barrette : Ah! Je peux vous
dire que toutes les manoeuvres qui ont été faites dans la dernière année pour
la 25 sont des menaces aux terres agricoles, par définition. Et on n'est pas
sortis de ce champ-là, parce que ce n'est pas du bois.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : C'est
ce que permettent les articles 40 et suivants, notamment, d'avoir un BAPE
ciblé.
M. Barrette : Oui, vous avez
raison. Mon temps est expiré. Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Bonsoir, messieurs. Rebelote, on s'est vus il n'y a pas si longtemps,
en juin. Le projet de loi n'est pas tout à fait le même, mais il y a des choses
qui demeurent. Vous parlez notamment de l'article 53. Je ne sais pas on a
fait combien de groupes et de témoins, là, ici depuis la semaine dernière, là,
on doit approcher la quinzaine, si ce n'est pas plus, ça fait que je commence à
avoir une assez bonne idée, là, de ce que vous dites, d'autant qu'on a fait ça déjà
en juin. Mais j'aimerais quand même que vous explicitiez davantage votre opposition
à 53 et ce que ça pourrait faire, selon vous.
M. Savard (Christian) : 53, c'est
le fait que le gouvernement, lorsqu'il arrive avec un nouveau projet, essentiellement,
un équipement qui pourrait être public, de type école, de type maison des aînés
ou de ce type-là, doit faire un avis de projet à la MRC pour lui dire :
Bien, moi, je voudrais construire une nouvelle école à cet <endroit-là.
Et la...
M. Savard (Christian) : ...lorsqu'il
arrive avec un nouveau projet,
essentiellement, un équipement qui
pourrait être public, de type école, de type maison des aînés ou de ce type-là,
doit faire un avis de projet à la MRC pour lui dire : Bien, moi, je
voudrais construire une nouvelle école à cet >endroit-là. Et la MRC doit
lui dire si c'est conforme ou non à sa planification. Et donc ça pourrait
arriver, dans des cas… et c'est pour ça qu'on trouve que l'article 53 est trop
fort, ça n'arrivera pas souvent, mais ça pourrait arriver qu'une MRC dise :
Bien non, c'est en dehors de notre périmètre d'urbanisation, on pense que c'est
dans un milieu naturel qui n'est pas officiellement protégé mais qu'on ne veut
pas développer à court terme. Donc, on pense que, votre école secondaire, il ne
faut pas la mettre à tel endroit, donc la MRC dit au gouvernement : Ce n'est
pas conforme à notre planification. Et là, après ça, le gouvernement peut
prendre différentes choses, peut décider de changer son projet, peut décider de
demander à la MRC de changer son schéma ou peut décider, après un certain
nombre de procédures… passer en force et faire son projet.
Donc, il existe des manières de faire ce
genre de projet là. Et nous, on pense que, justement, ça n'arrivera tellement
pas souvent que l'utilisation de ce précédent-là, de mettre complètement de
côté — et là ce n'est pas une accélération, là, c'est qu'on met complètement
de côté la procédure de conformité au schéma d'aménagement — nous semble vraiment...
excusez-moi, je vais le dire en anglais parce qu'on est un peu fatigués,
«overkill». On pourrait tout simplement réduire les délais des procédures
normales qui sont comprises à la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et
arriver à un résultat où les projets peuvent être accélérés en conformité avec qu'est-ce
qui se passe sur le terrain. Mais ça va arriver, c'est comme utiliser... c'est
comme un article... S'il y a un problème avec une MRC, ça veut peut-être juste
dire qu'il ne faut pas faire le projet et qu'il ne mérite pas d'être accéléré. Donc,
une réduction des délais de certaines conformités, des fois que la bureaucratie
se traîne les pieds, peut être intéressante, mais pas plus que ça. C'est pour
ça <qu'on fait… >qu'on propose de garder 53 avec un ajustement au
délai de la LAU.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) :
Peut-être un tout petit élément rapide.
Le Président (M. Simard) :
Très rapidement, très rapidement, s'il vous plaît.
M. Pagé-Plouffe
(Samuel) : La politique de mobilité durable du gouvernement du Québec
reconnaît que la localisation des bâtiments publics est souvent loin d'être
exemplaire. Donc, c'est effectivement ça, c'est une question de localisation
des bâtiments publics, et là on enlève un rempart supplémentaire.
Le Président (M. Simard) :
Merci, merci beaucoup. M. le député Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Alors,
merci beaucoup pour votre présence toujours éclairante. J'aime beaucoup le
début de votre mémoire avec vos propositions pour une véritable relance verte,
solidaire et durable. Je remarque, comme vous avez dit, M. Pagé-Plouffe,
que l'élément distinctif de votre mémoire par rapport à tous ceux qu'on a
entendus jusqu'à maintenant, c'est la grille que vous proposez, la grille
d'analyse multicritères. Alors, j'aimerais ça vous donner du temps pour vous
permettre de nous l'expliquer et de convaincre la ministre de l'inclure dans
son projet de loi.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) :
Christian, veux-tu que j'y aille ou tu veux y aller?
M. Savard (Christian) : Tu me
sembles...
M. Pagé-Plouffe (Samuel) :
Bien, à l'article 53 du projet de loi, on prévoit une <reddition...
M. Gaudreault : ...a
lors,
j'aimerais ça vous donner du temps pour vous permettre de nous l'expliquer et
de convaincre la ministre de l'inclure dans son projet de loi.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) :
Christian, veux-tu que j'y aille ou tu veux y aller?
M. Savard (Christian) : Tu
me sembles...
M. Pagé-Plouffe (Samuel) :
Bien, à l'article 53 du projet de loi, on prévoit une >reddition de
comptes semestrielle qui doit être faite par le ministre responsable d'un
projet, mais on ne parle pas, dans cette reddition de comptes là, des impacts
environnementaux, sociaux, même territoriaux des projets. 64 touche un peu aux
impacts environnementaux, mais quand même tous les projets qui sont là n'ont
pas passé le filtre qui vient, finalement, justifier la pertinence de les
accélérer, la plus-value qu'ils ont, ces projets-là. Et, à notre avis, cette
grille-là, qui est d'ailleurs proposée... on ne l'a pas sortie de notre
chapeau, là, c'est proposé un peu partout à travers le monde par des
institutions environnementales, ça ressemble un peu aussi à ce que propose le
G15+, permettrait d'avoir... garantirait, en fait, des bons projets, tout
simplement.
• (20 h 10) •
M. Gaudreault : Ça viendrait
amoindrir un peu les contournements des lois environnementales, d'une certaine
manière. Au moins, ça nous donnerait un certain nombre de balises.
M. Savard (Christian) : Bien,
si les projets passeraient à travers cette grille-là, ça deviendrait très
évident quel projet cause problème et ne mériterait pas d'être accéléré et quel
projet mériterait d'être accéléré. C'est pour rentrer un petit peu de rationnel
derrière le choix des projets afin que les immenses investissements que le Québec
va faire dans les prochaines années en matière d'infrastructures soient les
meilleurs, pas juste faire de la quantité de projets pour de la quantité de
projets mais faire les meilleurs projets possibles et éviter les moins bons.
M. Gaudreault : J'aimerais ça
vous entendre sur le REAFIE, donc le fameux règlement en environnement. Je
comprends que, pour vous, son adoption, sa mise en vigueur dans quelques
semaines à peine devrait faire en sorte qu'on le laisse s'appliquer et
d'éviter, là, d'avoir un genre de régime parallèle créé par le projet de loi
n° 66. Donc, vous souhaitez d'abord laisser le REAFIE entrer en vigueur et
s'appliquer pour ce qu'il est avant de procéder à une voie parallèle?
M. Pagé-Plouffe (Samuel) :
Oui. Bien, <c'est... >en fait, c'est de s'assurer du succès de ce
nouveau règlement-là d'application, dont un des objectifs, c'est effectivement
l'efficacité de la réalisation des projets publics. Donc, si on crée un régime
parallèle, ça peut créer de la confusion. Et on pourrait dire, à cet égard-là,
si on veut vraiment réussir à travailler sur l'efficacité des projets, bien,
travaillons sur la question de l'expropriation, qui, elle, est prioritaire, et
qui cause véritablement des problèmes au Québec, tant en termes de délais et de
coûts des projets.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, M. Pagé-Plouffe, M. Savard, merci beaucoup pour votre
présence parmi nous ce soir. M. Savard, vous nous disiez que, plus tôt en
journée, vous étiez passé devant la Commission d'aménagement du territoire?
M. Savard (Christian) : Oui.
Le Président (M. Simard) : Je
suis persuadé que vous avez trouvé ça beaucoup plus agréable d'être avec nous
ce soir.
M. Savard (Christian) : Ah!
tout à fait, et c'est ce que je vais leur dire à eux aussi.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à <nouveau...
Le Président (M. Simard) :
...M. Savard,
merci beaucoup pour votre présence parmi nous ce
soir. M. Savard, vous nous disiez que, plus tôt en journée, vous étiez
passé devant la
Commission d'aménagement du territoire?
M. Savard (Christian) :
Oui.
Le Président (M. Simard) :
Je suis persuadé que vous avez trouvé ça
beaucoup plus agréable d'être
avec nous ce soir.
M. Savard (Christian) : Ah!
tout à fait, et c'est ce que je vais leur dire à eux aussi.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à >nouveau et à très bientôt, j'espère. Au revoir.
On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 12)
>
(Reprise à 20 h 16)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, nous sommes de retour et nous avons l'honneur ce soir… c'est
un très grand honneur de finir, donc, ces auditions publiques en recevant les
représentants du Conseil innu — alors, je m'efforce de bien prononcer — Takuaikan
Uashat mak Mani-Utenam. J'espère de ne pas avoir trop mal prononcé. Donc, chef
Mike McKenzie, merci infiniment de nous faire l'honneur d'être avec nous, chef.
(Visioconférence)
M. McKenzie (Mike) : Kwe, kwe,
bonjour, bonsoir.
Le Président (M. Simard) : Kwe
à vous. Ainsi que Me Marie-Claude André-Grégoire. Merci d'être avec nous,
madame. Donc, nous vous écoutons.
M. McKenzie (Mike) : O.K., je
vais débuter. Merci. (S'exprime dans une langue autochtone)… le projet de loi
n° 66. Je suis extrêmement content d'être ici ce soir avec vous, chers…
tous ceux qui travaillent pour la commission puis les députés qui sont là, ça
fait que… aussi les ministres qui sont autour de la table.
Je veux premièrement saluer les membres de
la commission, je vous remercie pour le temps qui nous est accordé pour vous
partager notre réflexion politique quant au projet de loi n° 66 afin que
ce projet soit adopté en incluant les peuples autochtones au Québec et en
respectant leurs droits. Également, nous souhaitons que notre réflexion
permette d'amener des perspectives nouvelles pour renouveler nos relations et
reconstruire nos alliances.
Les Innus de Uashat mak Mani-Utenam, que
je représente, détenons le titre ancestral, ainsi que les autres droits
ancestraux et des droits issus de traités sur un vaste territoire de la
péninsule Québec-Labrador, notre Nitassinan, notre territoire. Nous n'avons
jamais cédé, vendu ou abandonné ces droits. Ce territoire est la source de
notre identité millénaire, de notre langue, de notre spiritualité et de nos
traditions. Il n'est pas un territoire vierge ni des terres du domaine de
l'État. Notre Nitassinan est débordant, entre autres, de toponymes innus qui
ont chacun leur histoire, de lieux de naissance, de sépultures, de lieux de portage,
de campements, de remèdes traditionnels, ainsi que d'autres ressources
naturelles d'importance pour nous. L'Innu et son territoire ne font <qu'un…
M. McKenzie (Mike) :
…de toponymes innus qui ont chacun leur histoire, de lieux de naissance, de
sépultures, de lieux de portage, de campements, de remèdes traditionnels, ainsi
que d'autres ressources naturelles d'importance pour nous. L'Innu et son
territoire ne font >qu'un.
Nous sommes une nation distincte, et nous
exerçons notre propre autonomie gouvernementale, et nous affirmons nos droits
en dépit de la non-reconnaissance de ceux-ci par le gouvernement à travers ses
positions historiques. Depuis plusieurs années, le gouvernement du Québec fait
des représentations auprès des nations autochtones à l'effet qu'il souhaite
créer des nouvelles relations de nation à nation, dont avec Uashat mak
Mani-Utenam. Une relation de nation à nation sous-entend un rapport d'égalité,
d'équité, de respect mutuel et de collaboration, ce n'est surtout pas une
relation d'autorité ou de subordonné. Or, les démarches prises par le
gouvernement du Québec à ce jour pour créer des relations de nation à nation ne
respectent pas toutes les caractéristiques qui permettraient un rapport
constructif à l'avantage de tous. D'ailleurs, la lenteur des démarches
entreprises par le gouvernement, notamment en ce qui a trait à la mise en
oeuvre des recommandations de la commission Viens ou de la Déclaration des Nations
unies sur les droits des peuples autochtones, démontre que ce discours public
du gouvernement n'est pas accompagné d'actions concrètes pour le moment.
Toutefois, nous demeurons optimistes. Les
derniers changements au niveau des interlocuteurs du gouvernement du Québec
doivent représenter une réelle occasion de moderniser et reconstruire nos
relations. Notre dernière avancée pour le projet Apuiat démontre que nous
pouvons faire autrement. Toutefois, à titre d'exemple, concernant nos relations
sur les questions territoriales, les mécanismes de consultation mis en place
consistent à l'envoi de lettres par le gouvernement et ses ministères aux
nations autochtones pour les aviser de nouveaux développements ou de projets
sur leur territoire traditionnel. Les communautés sont ensuite invitées à
exprimer leurs préoccupations dans un délai précis, et ce, sans aucune garantie
quant à la prise en compte de ces préoccupations dans le processus décisionnel
et sans possibilité pour celles-ci de collaborer aux projets d'une quelconque
façon. Nous avons l'impression que le Québec effectue le minimum afin de
pouvoir répondre à ses obligations constitutionnelles de consultation, mais
sans plus. Je qualifierais notre relation actuelle de monologue et non de
dialogue.
• (20 h 20) •
Le meilleur exemple pour les Innus de
Uashat mak Mani-Utenam est l'avis du projet de la ligne Hydro-Québec entre le
poste Arnaud et l'Aluminerie Alouette en 2014. L'avis nous a été communiqué à
peine trois jours avant le début des travaux de déboisement de la ligne. Nous,
les Innus, nous n'avons donc eu d'autre choix que d'entreprendre des procédures
judiciaires longues et coûteuses afin de faire valoir nos droits. Il s'agit d'une
démonstration claire d'une relation inégale qui n'a rien d'une relation de
nation à nation avec le gouvernement du Québec et qui a entraîné un nouveau
conflit. Pour passer de la méfiance actuelle vers une relation de
confiance, le Québec devra être ouvert à se renouveler dans son attitude, ses
politiques et de s'engager réellement à permettre aux Premières Nations d'avoir
toutes les opportunités nécessaires pour répondre aux aspirations de ses <populations…
M. McKenzie (Mike) :
...de nation à nation avec le gouvernement du Québec et qui a entraîné un
nouveau conflit.
Pour passer de la méfiance actuelle
vers une relation de confiance, le Québec devra être ouvert à se renouveler
dans son attitude, ses politiques et de s'engager réellement à permettre aux
Premières Nations d'avoir toutes les opportunités nécessaires pour répondre aux
aspirations de ses >populations. Vous devez le savoir, nous avons des
défis énormes à relever pour nos enfants et nos familles. Il faut mettre tout
en oeuvre pour réduire les écarts socioéconomiques. Lutter contre les
inégalités sociales doit être un ingrédient de la réconciliation tant
recherchée.
Encore une fois, le projet de loi n° 66
a été présenté sans tenir compte des préoccupations et recommandations déjà
soulevées par ITUM, par la nation innue, et sans prévoir l'inclusion des
projets bénéficiant aux nations autochtones. Malgré la main tendue d'ITUM et de
la nation innue, le gouvernement n'a même pas pris la peine de dialoguer avec
nous avant de rédiger la seconde monture du projet de loi n° 61. Il s'agit,
encore une fois, d'une entorse à l'établissement d'une relation de nation à
nation. Nous sommes toujours mis devant le fait accompli et nous portons toujours
l'odieux d'être en réaction à vos positions.
En effet, malgré les besoins criants en
matière d'infrastructures et de services de santé et de services sociaux bien
connus dans les nations autochtones au Québec, il est inacceptable qu'aucun des
181 projets prévus à l'annexe I ne bénéficie aux autochtones. Plus particulièrement
en ce qui a trait à ITUM, à Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam, le rapport
du coroner Bernard Lefrançois, déposé en 2017, émettait des recommandations
précises et urgentes au gouvernement du Québec afin d'améliorer les conditions
de vie des Innus de Uashat mak Mani-Utenam.
Mais, à plusieurs reprises, ITUM a proposé
et demandé l'appui du gouvernement du Québec pour la mise en oeuvre de plusieurs
projets pour pallier aux inégalités sociales qui affligent les Innus de ma communauté.
Par exemple, le 2 juillet 2020, j'ai moi-même remis aux ministres Bonnardel et
Julien un document de synthèse résumant certains de ces projets, notamment pour
la construction d'un centre de santé à Mani-Utenam, d'un centre de crise, d'un
centre de pédiatrie sociale.
L'environnement social et économique sont
des déterminants de la santé qui doivent être pris en compte pour le bien-être
individuel et communautaire de la population. L'approche du gouvernement en
matière d'amélioration des services de santé et services sociaux devrait être
globale afin d'inclure des projets à l'annexe I qui visent à l'amélioration des
conditions de vie des nations autochtones au Québec, exclues depuis trop
longtemps.
Je ne peux pas passer sous silence <que…
>le fait que c'est l'ensemble de la Côte-Nord qui semble être
complètement évacué dans la tentative de la relance économique. Si l'économie
régionale de la Côte-Nord se porte mieux, eh bien, cela favorisera aussi nos
économies locales par le développement de partenariats gagnant-gagnant avec les
industries, les entreprises et les municipalités d'une autre région.
Les récents événements et le racisme
systémique qui sévit au Québec ont également mis en lumière l'approche du
développement séparé qui ne fait qu'amplifier la dégradation et le maintien des
conditions de vie inacceptables aux niveaux social et communautaire au sein des
nations autochtones au Québec. Le gouvernement du Québec devrait profiter de
son plan de relance économique pour faire face à ces problématiques et investir
dans la <santé...
M. McKenzie (Mike) :
...
systémique qui sévit au Québec ont également mis en lumière
l'approche du développement séparé qui ne fait qu'amplifier la dégradation et
le maintien des conditions de vie inacceptables aux niveaux social et
communautaire au sein des nations autochtones au Québec. Le gouvernement du
Québec devrait profiter de son plan de relance économique pour faire face à ces
problématiques et investir dans la >santé globale des nations
autochtones, soit la santé mentale, la santé physique, la santé économique et
communautaire. Investir maintenant pour le mieux-être de nos populations
représente un investissement nécessaire qui générera des économies d'échelle
dans quelques années. Un dollar bien investi aujourd'hui, c'est économiser
plusieurs dollars demain. Nous devons travailler ensemble maintenant pour un
futur gagnant, pour l'ensemble de la société mais particulièrement celui de nos
populations plus vulnérables.
Il est difficile pour nous de prétendre
qu'il faut relancer nos économies. Comment relancer quelque chose qui n'existe
pas? Commençons ensemble à bâtir cette économie inclusive. De plus, je vous
invite à lire notre réflexion politique. Elle contient également une analyse
juridique et politique de plusieurs dispositions particulières du projet de loi
n° 66 et de nos préoccupations, notamment en matière
environnementale, dans la mesure où des projets d'envergure dans le Nitassinan,
nos territoires, sont ajoutés à la liste de l'annexe I.
Finalement, il est temps, pour le Québec,
de créer une véritable relation de nation à nation avec les autochtones et de
nous reconnaître comme des égaux en nous permettant d'améliorer nos conditions
de vie. Des investissements seront bénéfiques, autant pour les autochtones que
pour le Québec qui pourrait ainsi compter sur notre participation active à la
relance et au lancement d'une économie inclusive et équitable pour tous, non
seulement pour ceux qui ont perdu des opportunités économiques avec cette
pandémie qui perdure mais pour tous ceux qui ont été exclus depuis toujours. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, chef. Nous allons donc immédiatement laisser la parole à la
présidente du Conseil du trésor. Madame.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci. Merci, chef McKenzie, pour cette présentation-là, je vais...
On a également reçu votre mémoire, là, qui comporte beaucoup plus de détails
sur ce que vous venez de nous décrire, là, dans votre présentation de
10 minutes. Et je comprends très bien, là, votre plaidoyer que vous venez
de faire, là, sur vos droits ancestraux et l'importance de vous consulter, de
s'entendre avec vous. Alors, votre message a été clairement énoncé, puis je
vous remercie pour cette présentation.
Si on va peut-être plus particulièrement
sur le projet de loi n° 66, si vous me permettez, vous
avez parlé de façon très large et de façon très globale, donc, sur la nécessité
de vous consulter adéquatement. Et vous avez d'ailleurs cité des exemples de
consultations qui ne remplissaient peut-être pas les objectifs d'une
consultation de par la façon dont ça a été fait, effectivement. Donc,
j'aimerais peut-être que vous nous donniez... Est-ce que, dans le projet de loi
n° 66, de façon particulière, les 181 projets en
annexe, il y a des projets qui vous touchent plus particulièrement? Je
comprends que, de façon générale, vos commentaires s'appliquent, là, et je le
comprends très bien. Je vais donner l'exemple de la communauté de Kahnawake qui
est venue nous parler plus particulièrement du pont Mercier, où leur communauté
<était...
Mme LeBel : …
de
façon particulière, les 181 projets en annexe, il y a des projets qui vous
touchent plus particulièrement? Je comprends que, de façon générale, vos
commentaires s'appliquent, là, et je le comprends très bien. Je vais donner
l'exemple de la communauté de Kahnawake qui est venue nous parler plus
particulièrement du pont Mercier, où leur communauté >était… Outre leur
désir, comme vous l'avez présenté, comme l'APNQL l'a présenté également, de consultation,
là, <il y avait... >il y a ce projet qui les touchait plus particulièrement.
Est-ce que, dans le projet de loi n° 66, il y a des projets qui vous
touchent plus particulièrement?
M. McKenzie (Mike) :
Mais moi, j'étais comme très surpris de ne pas voir aucun projet au niveau des
Premières Nations, tu sais… J'ai parlé tantôt dans mon introduction, c'est
d'avoir des centres de santé, qu'on va annexer avec les aînés dans le même
bâtiment, pour donner des services. Parce que, quand même, au niveau des… On a
eu plein de recommandations depuis quelques années. Dans l'ensemble, au Québec,
des centres hospitaliers, on a entendu plein d'histoires au niveau des préjugés
envers les Premières Nations. Mais, pour nous aussi, on devrait avoir des
centres de santé qui sont adaptés à nos valeurs, à nos coutumes, là, en rapport
avec nos aînés puis en rapport avec nos interventions médicales. On a des
infirmières, on a des médecins qui proviennent de ma communauté de Uashat mak
Mani-Utenam.
Ça fait qu'on a un projet actuellement qu'on
est en train d'élaborer, je vous dirais depuis quand même un an qu'on discute.
Ça fait qu'on va présenter un nouveau projet de centre de santé ici, à Mani-Utenam,
puis qu'on va intégrer des aînés dans le même bâtiment pour donner un peu plus
de services, là, auprès de nos aînés, puis les intervenants pourraient aller directement
soigner nos aînés, puis les médecins aussi. C'est un projet...
Mme LeBel : Donc, c'est
plutôt... c'est plus l'absence de certains projets plutôt que la présence de d'autres
qui vous préoccupe. Parce que je voulais savoir par rapport... Puis là je
comprends que vous déplorez l'absence... c'est un exemple de projet dont vous
déplorez l'absence sur l'annexe du projet de loi n° 66, mais dans ceux qui
sont présentement dans le projet de loi n° 66... Parce que vous parlez de l'importance
de la consultation. Vous avez, je pense, aussi brièvement… peut-être que ce n'est
pas vous, mais il me semble que j'ai vu... j'ai cru voir, en feuilletant rapidement
votre mémoire, qu'il y avait aussi des préoccupations environnementales, là,
sur les évaluations environnementales puis le processus de consultation qui,
selon vous, allaient être escamotés, si on veut, par les projets
d'accélération.
Mais est-ce qu'il y a des projets sur le
projet de loi, sur les 181 projets, qui touchent plus précisément votre communauté?
Pas que... et j'ai bien compris votre intérêt sur l'ensemble, là, et je ne veux
pas dénigrer ce positionnement-là, ce n'est pas mon objectif, mais c'est de
voir s'il y en a, de façon plus pointue, qui touchent votre communauté, pour
lesquels vous auriez besoin d'une consultation plus élaborée, d'un mécanisme
plus précis, là.
Le Président (M. Simard) :
Me André-Grégoire.
• (20 h 30) •
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
(Panne de son) ...que le chef Mike McKenzie a dit. Donc, premièrement, comme il
disait, c'est qu'ITUM et, en général, les Premières Nations ont été complètement
exclues de tous les projets qui sont... autant au niveau santé, éducation,
dans... ou autant les communautés...
20 h 30 (version révisée)
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
...que le chef Mike Mackenzie a dit. Donc, premièrement, comme il disait, c'est
qu'ITUM et, en général, les Premières Nations ont été complètement exclus de
tous les projets, qui sont autant au niveau santé, éducation, dans... où autant
les communautés autochtones ont besoin de ce type de projets là dans leurs
communautés qui, <ont >justement, <... qui >sont déjà
sous-financées.
Mais la préoccupation qui a été soulevée
dans notre mémoire par rapport aux 181 projets, dans le fond, fait écho à
vos commentaires lors du 23 septembre concernant le fait que les
181 projets, la liste n'était pas fermée avant l'adoption du projet de
loi. Vous parliez, plus tôt dans la journée, que justement ces 181 projets
partent de projets existants. La préoccupation majeure des Innus d'Uashat mak
Mani-Utenam, c'est justement dans l'ajout de projets d'envergure qui seraient
dans le territoire traditionnel qu'on appelle le Nitassinan, en innu, dans le
territoire traditionnel d'Uashat mak Mani-Utenam. Donc, on parle des projets
qui auraient possiblement une plus grande envergure qui pourraient s'ajouter
dans votre analyse du projet de loi.
Mme LeBel : O.K. Je vais
peut-être résumer ce que vous venez de me dire pour voir si j'ai bien compris,
là. La préoccupation, c'est plus qu'on ajoute un projet sur la liste qui serait
d'envergure qui pourrait impacter votre communauté plutôt que les
180 projets actuels, là. Donc, est-ce que je comprends bien?
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
Exact.
Mme LeBel : O.K., bien, je
vais vous rassurer, je vais vous rassurer, dans un sens. Effectivement, je ne
peux pas déclarer une liste fermée tant que le projet de loi n'est pas adopté.
Il y a la commission parlementaire et des consultations, mais je pense que j'ai
eu l'occasion de dire autrement à plusieurs reprises que, pour moi, il n'y
avait pas d'intérêt à en ajouter. Mais je comprends votre préoccupation, donc,
c'est plus le potentiel d'un ajout de quelque chose qu'on ne connaît pas
présentement que les 181 projets.
Puis la raison de ma question n'est pas de
vous demander si vous approuvez les 181 projets, là, c'était plutôt de voir
est-ce qu'il y en a… Et je reviens avec l'exemple de la communauté de Kahnawake<,
où… >Le projet du pont Mercier est sur la liste des 181, et ça posait,
pour eux, plusieurs enjeux au niveau de la consultation. Ils ont déjà un
protocole, un mémorandum d'action qui a été mis en place avec le gouvernement
depuis quelques années. Et ce que la communauté de Kahnawake, en résumé, nous
disait, vous le savez probablement, vous avez suivi les travaux, c'est que,
pour eux, la notion d'accélération du projet de loi n° 66, du pont Mercier
entrait en conflit avec les ententes qu'ils ont eues avec le gouvernement et
les discussions déjà en cours sur divers sujets touchant de près ou de loin le
projet de loi du pont Mercier. Donc, pour eux, c'était incompatible de faire
marcher les deux choses en même temps, mais il y avait un projet de loi… pas un
projet de loi, pardon, un projet d'infrastructure précis sur la liste qui les
préoccupait, mais j'ai bien compris, là, vos préoccupations à ce niveau-là.
Quand vous parlez, pour vous, d'une
meilleure façon de consulter les Premières Nations, vous avez donné des
exemples de ce qu'il ne faut pas faire. Donc, j'aimerais peut-être voir avec
vous comment vous voyez cette notion-là dans le cadre de développement des
projets de consultation, mais comment on <peut…
Mme LeBel : ...
j'ai
bien compris, là, vos préoccupations à ce niveau-là.
Quand vous parlez, pour vous, d'une
meilleure façon de consulter les Premières Nations, vous avez donné des
exemples de ce qu'il ne faut pas faire. Donc, j'aimerais peut-être voir avec
vous comment vous voyez cette notion-là dans le cadre de développement des
projets de consultation, mais comment on >peut l'intégrer de façon
efficace aussi. Parce que je suis tout à fait d'accord avec vous que, pour
consulter, c'est quand même prendre le temps d'échanger, mais, à un moment
donné, il faut qu'on avance, que ce soit dans une direction ou dans une autre,
donc, mais il faut dégager l'espace. Donc, comment vous voyez ça, cette
consultation-là, pour qu'elle soit efficace sur les projets, pertinente,
surtout, efficace, et qu'elle ne donne pas nécessairement... qu'elle n'ait pas
d'impact trop grand sur le délai qu'un projet peut prendre pour se réaliser ou
non, là… mais surtout se réaliser, là?
M. McKenzie (Mike) : Bien,
il ne faut peut-être pas oublier, Mme LeBel, là, on a toujours un titre
ancestral — vous êtes avocate, je pense, de formation — on
a un titre ancestral sur les territoires de revendication qu'on a au Québec,
puis il y a toutes sortes de modèles, là, qui existent, là, quand on regarde la
loi sur l'environnement. Je regarde les comités d'évaluation comme le COMEX, tu
sais, il existe, entre l'évaluation qu'on a, environnementale, là, quand on
regarde au niveau des examens des projets qui sont situés sur les territoires
des Cris. Bien, pourquoi ne pas le faire au niveau d'autres nations quand qu'il
y a des projets qui sont situés sur leur territoire? Mais c'est des exemples qu'on
peut avoir.
Je regardais récemment aussi, vous savez,
l'office d'évaluation environnementale socioéconomique, au Yukon, qui existe, toutes
sortes de modèles, là, dans d'autres provinces, que parfois... Le Québec, il
pourrait peut-être changer le modèle qu'on discute depuis tantôt, des relations
de nation à nation, ou bien, quand on a des droits un peu partout au Québec,
bien, il faut que, quand même, l'obligation constitutionnelle, là, on la
regarde au niveau du jugement de Haïda. Le Québec devra quand même... il y a
une obligation de consulter puis d'accommoder les Premières Nations quand il y
a des projets d'infrastructures, ou peu importe le projet de développement, qui
sont situés sur les territoires traditionnels des Premières Nations.
Mme LeBel : Merci,
M. McKenzie. Peut-être, en terminant, me donner un peu plus de détails sur
ce qui... À la page 13 de votre mémoire, plusieurs y on fait référence,
mais je veux voir l'angle, votre angle à vous, là, et pourquoi vous avez cette impression
et cette prétention-là que le projet de loi fragilise les milieux humides dont
la protection est déjà déficiente. J'ai la préoccupation de... bon, on pourrait
parler de la protection actuelle que vous considérez déficiente, mais j'ai<,
à tout le moins, >comme préoccupation, à tout le moins, de ne pas
diminuer la protection actuelle, là, ce n'est pas moi qui vais l'augmenter,
mais ne pas la diminuer. Donc, peut-être prendre quelques minutes pour nous
expliquer un peu votre position puis pourquoi vous avez cette impression-là qui
se dégage des mesures qui sont dans le projet de loi n° 66.
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
Bien, en fait, l'article 33, là, du projet de loi n° 66,
qui, dans le fond, vient enlever les types de caractérisation des <sols
et...
Mme LeBel : ...quelques
minutes pour nous expliquer un peu votre position puis pourquoi vous avez cette
impression-là qui se dégage des mesures qui sont dans le projet de loi
n° 66.
Mme André-Grégoire
(Marie-Claude) : Bien, en fait, l'article 33, là, du projet de
loi
n° 66, qui, dans le fond, vient enlever
les types de caractérisation des >sols et vient remplacer, là, tout cet
aspect-là sur les modalités qui doivent être faites, là, lorsqu'il y a un
projet qui se fait dans les milieux humides, donc, effectivement, là, il y a...
Du côté des Innus de Uashat mak Mani-Utenam, le territoire traditionnel est en
haut du 49e parallèle. Donc, ça, on en fait état à la page 14, comme quoi ça
nous exclut complètement du Règlement sur la compensation pour l'atteinte aux
milieux humides et hydriques, mais on considère que, justement, le fait que,
dans la LQE, on prévoit déjà une... pardon, une étude de caractérisation des
sols, ça devrait être maintenu et ne pas alléger ce processus-là. Parce qu'on
sait que le milieu humide est un milieu qui est très important pour l'ensemble
du Québec et devrait être protégé coûte que coûte.
Mme LeBel : Bien, merci. Merci
beaucoup pour votre présentation puis votre mémoire. C'est tout pour moi, M. le
Président. Merci.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Je cède la parole au député de La Pinière.
M. Barrette : Alors, merci, M.
le Président. Alors, chef McKenzie et madame, merci d'être là, ici, aujourd'hui,
c'est très intéressant.
Bon, vous êtes le troisième groupe des Premières
Nations qui n'a pas été consulté, alors je pense que le message est passé. Je
vais quand même vous poser la même question que j'ai posée aux deux autres.
Pour 61, vous n'aviez pas été plus consultés ou vous l'aviez été plus?
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
Non, exact. Puis on tient à réitérer aussi que nous avions déposé une réflexion
politique lors de <l'adoption... >la présentation du projet
de loi n° 61, faisant état justement de nos préoccupations
majeures quant à ce projet de loi. Et on avait également demandé une rencontre,
là, du gouvernement avec les nations autochtones, ainsi que, plus particulièrement,
avec les Innus de Uashat mak Mani-Utenam, pour qu'on soit inclus dans les
projets à l'annexe, dans des projets, justement, de développement économique,
pour participer, être partie prenante de la relance économique.
M. Barrette : Je pense que,
fondamentalement, là, honnêtement, vous avez un point, vous avez... Ce qui est,
à quelque part, quasiment vexatoire pour vous, c'est que, un, vous n'avez pas
été consultés, évidemment, on comprend pourquoi, là, dans le contexte historique
des ententes, et tout, et tout, mais, en plus, vous n'êtes pas considérés comme
étant du développement économique.
M. McKenzie (Mike) : On voit,
M. Barrette, dans les 181 projets, je regarde sur la Côte-Nord, je pense qu'il
n'y a aucun projet qui a été visé... Moi, je regarde dans toutes les… je
regarde… Je parlais tantôt, au niveau du rapport du coroner Lefrançois, par
rapport à des suicides qu'ils ont eus en 2015, ici, à Uashat mak Mani-Utenam, il
y a eu plusieurs <recommandations…
M. McKenzie (Mike) :
...je regarde sur la
Côte-Nord,
je pense
qu'il n'y a aucun
projet qui a été visé... Moi, je regarde dans toutes les… je regarde… Je
parlais
tantôt, au niveau du rapport du coroner Lefrançois,
par
rapport à des suicides qu'ils ont eus en 2015, ici, à Uashat mak Mani-Utenam,
il
y a eu
plusieurs >recommandations. Je regarde l'exemple, le
centre de crise pour les membres de la population qui sont en détresse
psychologique dans ma communauté, on parle de la P-38, souvent, qui n'est pas
appliquée dans le Centre hospitalier de Sept-Îles, on ramasse des personnes qui
sont en détresse puis qui sortent plus tôt à l'hôpital, puis, par la suite, il
n'y a pas un service qui est adapté. Puis, actuellement, un centre de crise, <actuellement,
>on en a un puis on est en train de l'implanter dans la communauté pour
avoir par la suite des services qui sont adaptés à nos membres de la
communauté.
• (20 h 40) •
M. Barrette : Je comprends très
bien votre point là-dessus, là, ayant été dans ce domaine-la précédemment et
ayant été moi-même... j'ai pratiqué un petit bout de temps, là, en remplacement,
à Sept-Îles et à Baie-Comeau, mais plus à Sept-Îles. Je comprends ce que vous
dites.
Là, je vais vous poser une question qui va
vous apparaître bizarre, mais je vais la mettre en contexte. Vous m'avez
entendu dire, j'ai été le premier à la proposer comme ça, que ce projet de loi
là pouvait être considéré, sans prêter d'intention, comme étant un laboratoire,
une espèce de premier... là, un essai pour voir si ça va passer. Moi, j'imagine
déjà, là, qu'on va nous dire, là, dans deux ans, trois ans : Regardez
comment que ça va bien, avec ces règles-là, il n'y a pas eu de problème. D'ailleurs,
<les sujets… >les projets qui ont été choisis sont des projets où
justement il risque de ne pas y avoir de grands drames. Je ne sais pas si vous
m'avez entendu, avec le groupe qui vous a précédé, moi, je ne pense pas, là,
qu'il va y avoir des grands drames environnementaux avec l'aménagement de la
bretelle à la jonction de la 30 puis de la 10, à la jonction, à l'arrivée du
terminus du REM.
Bon, et là voici ma question. Si jamais
j'ai raison, là, si jamais, puis j'espère que j'ai tort, mais, si jamais j'ai
raison, appliquer les règles de 66 pour un projet chez vous, sur le plan
environnemental, ça pourrait être assez laid. Qu'est-ce que vous en pensez?
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
Effectivement — je vais prendre les devants pour répondre — il
y a plusieurs éléments dans le projet de loi, là, qui diminuent tous les
aspects de la LQE qui... Pourtant, le principe fondamental est de protéger
l'environnement. Or, le projet de loi n° 66 change la loi et change les
règlements pour accélérer le processus, mais au détriment de l'environnement.
Un exemple est l'article 41.3, où il enlève la période d'information
publique dans l'évaluation et examen des impacts sur l'environnement de
certains projets. Donc, ça, c'est un des exemples, mais il y en a d'autres
aussi où ça diminue vraiment tout le principe de base.
Puis, au-delà de ça, je pense que c'est
important de soulever la question du principe de précaution. Je rappelle que ce
principe-là est le principe 15 de la Déclaration de Rio sur
l'environnement et le développement, qui a été adoptée en 1992 et dont le
Canada est signataire. Et ce principe-là, de précaution, prévoit que,
justement, il n'y a pas de certitude scientifique concernant...
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
...<je pense que c'est important de soulever la question du
principe de précaution. Je rappelle que ce principe-là est le principe 15
de la Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement, qui a été
adoptée en 1992 et dont le Canada est signataire. Et ce principe-là, de
précaution, prévoit que, justement, il n'y a pas de certitude scientifique >concernant
les impacts environnementaux d'un projet, et c'est au gouvernement de prévoir,
justement, le maximum de précautions dans leurs adoptions de lois pour
permettre, justement, la protection de l'environnement.
M. Barrette :
Me Grégoire, je vais vous en poser une autre, là, et je pense que vous
êtes tellement bien placée pour parler de ça, parce que vous êtes sur un
territoire où il y a aussi des mines, puis là je ne veux pas aller dans les
mines, mais sur la question des zones humides. Vous me voyez venir
probablement, là. Est-il vraiment possible de ramener à l'original un milieu
humide altéré par une construction?
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
Non, pas du tout. Puis, pour le territoire d'Uashat mak Mani-Utenam, les milieux
humides sont vraiment cruciaux pour la communauté, leurs relations avec nous, mais,
au-delà de ça, la faune a une relation particulière avec nous. Si on parle
juste des oiseaux migrateurs, comme l'outarde, qui vient justement dans les
plaines de milieux humides pour se reposer pendant leur trajectoire, s'il y a
un impact minier ou un impact de développement industriel dans ce secteur-là,
ça va faire changer la trajectoire des oiseaux migrateurs comme l'outarde.
M. Barrette : Il y a
quelque chose d'un petit peu utopique ou d'irréalisable, là, de penser qu'on va
pouvoir revenir en... Alors, peu importe l'ampleur du projet, là, petit ou
grand, là, moi, peut-être parce que c'est mon héritage qui vient d'une zone
plus rurale, là, on va dire, là, mais je ne le vois pas.
Vous avez, Me Grégoire, parlé… puis,
écoutez, je vais <vous dire... >vous faire une petite confidence,
quand j'ai vu le projet de loi, un des premiers articles qui m'accroché, c'est
celui que vous avez cité, 33. C'est assez... Je vais vous demander d'élaborer
là-dessus, là. Dans votre expérience, comment penser qu'on puisse faire une
évaluation environnementale au niveau biologique, de la faune, là, un coup que
les travaux ont commencé?
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
...
M. Barrette :
Me Grégoire, on ne vous entend plus.
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
Là, maintenant?
M. Barrette : Oui, c'est
bon.
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
O.K. Donc, oui, c'est ça, l'article 33 amène la soustraction à
l'obligation de soumettre certains documents. Et donc, par rapport à
l'article 22 et l'article 30 de <la loi sur >la LQE, ça
a pour conséquence, dans le fond, de brimer <, dans le fond, >toute
la protection de l'environnement, plus particulièrement des milieux humides, en
enlevant justement l'étude de la caractérisation des sols.
Donc, ça, je pense que c'est important
aussi de le contextualiser, parce que vous avez <parlé...
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
...
conséquence, dans le fond, de brimer , dans le fond, toute la
protection de l'environnement, plus particulièrement des milieux humides, en
enlevant justement l'étude de la caractérisation des sols.
Donc, ça, je pense que c'est important
aussi de le contextualiser, parce que vous avez >parlé précédemment
avec... (panne de son) …où vous demandiez des contextes, des projets qui
pouvaient influencer, justement, plus particulièrement ces aspects-là du milieu
humide, et je voudrais vous faire référence à tous les projets qui sont en
vertu de la MTQ, donc des projets de prolongement de route qui sont plus
susceptibles, justement, d'impacter les milieux humides.
M. Barrette : Et, dans l'état
actuel des choses… Bon, là, je comprends que vous avez vos raisons, qui sont tout
à fait légitimes, d'être plus ou moins… plus moins que plus en faveur de 66.
Sur le plan des évaluations environnementales, probablement que vous avez suivi
aussi les travaux qui ont mené au REAFIE. Votre lecture de REAFIE versus 66?
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
Oui. Donc, dans le fond, la lecture du REAFIE permet de caractériser certains
projets selon leur évaluation des risques environnementaux et de donner des
modalités un peu plus difficiles, par exemple, comme <de donner un... >de
faire un rapport, une évaluation et examen des impacts. Et le projet de loi n° 66 vient enlever tout ce que le REAFIE venait de définir
en enlevant toute cette distinction entre les séparations des projets, donc,
mettons, un projet à peu de risques à un projet avec une évaluation plus
risquée. Donc, on se demande un peu à quoi sert le REAFIE si on y va avec un
processus qui est accéléré, comme c'est proposé dans le projet de loi n° 66.
M. Barrette : Donc, pour vous,
votre lecture, c'est qu'un projet modérément risqué dans le REAFIE va tomber
peu risqué dans 66.
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
Exact.
M. Barrette : Je pense que je
suis au bout de mon temps, là.
Le Président (M. Simard) :
Non, pas du tout. Il vous reste 50 secondes, cher collègue.
M. Barrette : Ah! il me reste
50 secondes. Alors, je reviens au REAFIE. <Le REAFIE... >Là,
c'est une question légale, votre lecture légale, là, vous, votre lecture,
est-ce que 66 a préséance sur le REAFIE?
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
Oui. D'après moi, dans le fond, le projet de loi n° 66
se donne l'autorisation par une loi de modifier une autre loi, et donc certainement
un règlement.
M. Barrette : Là, j'ai terminé.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue.
M. Barrette : Merci beaucoup,
chef McKenzie et Me Grégoire. Ça a été très éclairant.
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Chef McKenzie, Me André-Grégoire, merci d'être là. On va terminer
les consultations avec vous avec la désagréable impression qu'en ce qui
concerne nos relations, encore une fois, avec les autochtones, on boucle la
boucle, mais on revient au même point de départ, c'est-à-dire un manque de
communication, un manque de <consultations, une...
M. Marissal : …merci d'être
là. On va terminer les consultations avec vous avec la désagréable impression
qu'en ce qui concerne nos relations, encore une fois, avec les autochtones, on
boucle la boucle, mais on revient au même point de départ, c'est-à-dire un
manque de communication, un manque de >consultations, une énorme
distance entre vous et nous, pas simplement en kilomètres, mais aussi en termes
de respect et de respect aussi de nos obligations constitutionnelles.
Votre mémoire, là, il fait 84 pages.
On tire dans toutes les directions, ça va beaucoup plus loin que juste 66, mais
je comprends l'idée derrière le mémoire, puis vous avez assurément saisi une
rare occasion de vous faire entendre ici. C'est très bien ainsi. Il faudra le
relire dans le détail parce qu'effectivement ça va beaucoup plus loin que 66.
Peut-être une question rapide, pour
commencer, elle est plus politique, peut-être. Chef Mckenzie, on a eu un
changement de ministre à Québec, aux Affaires autochtones, dans les dernières
semaines, votre évaluation de la relation avec ce nouveau ministre? Je
comprends qu'on ne peut pas avoir tout bouclé, là, mais on disait que c'était
assez difficile avant, sans personnaliser la chose. Comment ça va maintenant?
Voyez-vous une différence.
M. McKenzie (Mike) : Bien,
c'est sûr, comme dirigeant de la communauté de Uashat Mani-Utenam puis comme
chef, je donne toujours la chance au coureur de discuter, puis, souvent, dans
les rencontres, moi, j'ai eu l'occasion de voir le nouveau ministre des
Affaires autochtones, dans les assemblées des Premières Nations, à l'APNQL. Ça
fait qu'on a beaucoup parlé des services policiers qui sont en manque un peu
partout. Sur la Côte-Nord, je pense qu'il y a cinq communautés qui n'ont
pas de services policiers au niveau de leurs communautés, c'est la SQ qui
dessert un peu leurs communautés.
Ça fait que, nous, on a beaucoup discuté
de reconnaître aussi les services essentiels des corps policiers, avec lui, vu
que c'est un ancien policier. Ça fait que, nous, on préconise quand même de
faire reconnaître, au même titre que la SQ, nos services essentiels. Nos
policiers sont formés au même titre que des policiers de la SQ, ils vont à
Nicolet, comme tous les autres corps policiers. Ça fait qu'on a besoin de… Puis,
je pense, dans n'importe quel gouvernement, comme gouvernement innu, nous, la
priorité numéro un, c'est la sécurité publique de nos membres. Ça fait que, je
pense, ça a été des discussions qu'on a eues avec M. Lafrenière. Ça fait
qu'il était très ouvert, ça fait que c'est des… <moi, je… on lance un
peu la… on donne un peu la chance au coureur aussi, du ministre qui vient
d'arriver, puis je pense qu'on… (panne de son) …aussi changer un peu la vision
d'avoir des relations avec les Premières Nations.
• (20 h 50) •
Le Président (M. Simard) :
Merci, chef. Je cède la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault : Merci. Merci beaucoup.
Merci de votre présence. Moi, aussi, je constate encore une fois,
malheureusement, que le gouvernement a fait défaut de consulter les Premières
Nations avant la rédaction du projet de loi n° 66, et,
pourtant, il y avait eu un sévère avertissement avec le projet de loi n° 61. Enfin, on va souhaiter que ça s'améliore <pour…
M. Gaudreault : ...
Merci
beaucoup. Merci de votre présence. Moi, aussi, je constate encore une fois,
malheureusement, que le gouvernement a fait défaut de consulter les Premières
Nations avant la rédaction du projet de loi
n°
66,
et, pourtant, il y avait eu un sévère avertissement avec le projet de loi
n°
61. Enfin, on va souhaiter que ça s'améliore >pour
le futur.
Ce que j'aime de votre mémoire, c'est que
vous amenez quand même des alternatives, je dirais. Parce que, quand on regarde
la liste fermée des 181 projets, moi, j'en vois deux, là, sur la
Côte-Nord, une construction de maison des aînés à Baie-Comeau puis une construction
de maison des aînés à Havre-Saint-Pierre, mais j'aimerais que vous me parliez
davantage de votre projet de transport en commun entre Uashat et Mani-Utenam. Et
ça fait partie, ce que je comprends bien, des projets qui ont été déposés au
ministre Bonnardel le 2 juillet. Alors, je pense qu'il y a un potentiel là
de faire les choses différemment si on veut relancer l'économie tout en
préservant l'environnement et en soutenant la qualité de vie dans vos
communautés.
M. McKenzie (Mike) :
Oui, évidemment. Je pense qu'on a eu quand même un financement par rapport au
transport en commun, qu'on a quand même débuté à peu près… je vous dirais,
depuis deux, trois semaines, que ça va bien aussi, là. Parce qu'entre Uashat et
Mani-Utenam, il y a un 15 kilomètres, là, les deux communautés ne sont pas
ensemble. Ça fait qu'avec un transport en commun les gens sont très satisfaits,
là. Quand ils viennent à Sept-Îles, que ce soit au centre commercial qu'on a à
Uashat, ils viennent faire leurs emplettes, ils peuvent venir aussi au conseil,
aller chercher des services… des programmes, à des prix modiques, quand même,
pour ces personnes qui sont quand même, là... C'est que ça ne coûte pas cher
pour venir à Sept-Îles. En moyenne, en taxi, juste Sept-Îles-Mani-Utenam, ça coûte
près de 40 $. Ça fait que ça, je pense que ce n'est pas mal, c'est un beau
petit projet qu'on a entamé depuis quelques semaines<, ça fait que...>
Puis, M. Gaudreault, moi, ce qui me
préoccupe, au-delà des partis politiques que j'ai vus, ça fait quand même ma
13e année, là, que je travaille ici, dans ma communauté… On a plein de
mémoires qu'on dépose, ce n'est pas juste le gouvernement caquiste qui est là,
il y a eu des libéraux, puis on dépose des choses, puis on dirait que ça...
pour nous, les Premières Nations, on pense qu'on va toujours... ils sont
tablettés par la suite. Là, tu regardes juste... j'ai parlé tantôt du rapport
Lefrançois, le coroner, on a déclenché, dans le temps… on a eu des suicides en
2015, il y a eu une série de recommandations. Après ça, par la suite, on a eu
la commission Viens. Puis je regarde juste l'exemple, pourquoi qu'au
niveau de la nation attikamek ils ont 200 kilomètres à parcourir pour
aller à un centre hospitalier comme à Joliette, puis pourquoi ne pas
développer, avec les 181 projets, d'avoir un centre de santé comme j'ai
présenté à la ministre LeBel, d'avoir nos propres instances, vu que c'est
important pour nous aussi, là? Je regarde les dialysés, comme, exemple, ici, à
Uashat-Mani-Utenam, dans le centre de santé, on prévoit aussi d'avoir un
service de dialysés plutôt que <d'envoyer...
M. McKenzie (Mike) :
...
avec les 181 projets, d'avoir un centre de santé comme j'ai
présenté à la ministre LeBel, d'avoir nos propres instances, vu que c'est
important pour nous aussi, là? Je regarde les dialysés, comme, exemple, ici, à
Uashat-Mani-Utenam, dans le centre de santé, on prévoit aussi d'avoir un
service de dialysés plutôt que >d'envoyer des personnes, là, de la communauté
à Québec, que c'est très dispendieux. Puis on pourrait peut-être desservir au
niveau régional, ceux qui proviennent de Natashquan, La Romaine, que plutôt
d'aller à Québec.
Ça fait que c'est des projets qu'on a,
qu'on dépose, ça fait que... C'est pourquoi qu'on émet aussi nos recommandations,
mais j'espère que le gouvernement caquiste vont ouvrir un peu à ce qui se passe,
un peu, depuis quelque temps, là. Ça fait que, nous, ce n'est pas juste à Joliette
qu'il se passe des choses, les centres hospitaliers, sur la Côte-Nord, on a eu
des histoires, là, vous en avez entendu parler assez longtemps. Ça fait que,
nous, on veut nos propres institutions aussi à l'intérieur de nos communautés
respectives.
Le Président (M. Simard) :
Bien. Alors, Me André-Grégoire, Me McKenzie... pardon, chef McKenzie,
merci infiniment de votre présence parmi nous.
Chef, si je ne m'abuse en regardant mon
petit dictionnaire français-innu, je crois que le mot merci en innu se dit… (S'exprime
dans une langue autochtone).
M. McKenzie (Mike) : Oui...
(S'exprime dans une langue autochtone)
Le Président (M. Simard) :
Alors… (S'exprime dans une langue autochtone) …à vous deux, et belle fin de
soirée. Merci encore.
M. McKenzie (Mike) :
Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Alors, sur ce, chers amis, nous terminons nos auditions. Nous allons d'abord
faire un dépôt officiel des mémoires qui nous ont été transmis des groupes que
nous n'avons pas pu recevoir ici.
Et je vais vous féliciter. N'oublions pas
que nous avons auditionné 24 groupes, en fait, 26 parce que certaines
présentations étaient conjointes. On a reçu, en tout et partout, 43 mémoires.
Les gens qui nous regardent doivent savoir que, moi, je vous ai vus, là, tous
et toutes, avec des mémoires annotés, soulignés, vous avez été très studieux.
Vous <avez... vous >vous êtes vraiment engagés dans cette
commission durant presque 20 heures, donc je tenais très sincèrement à
vous lever mon chapeau et vous dire merci.
Et je ne peux même pas ajourner sine die parce
que nous avons un autre mandat qui nous attend jeudi, oui, jeudi de cette
semaine. Alors, comme on le dit, ce n'est pas le temps de partir en vacances.
Belle fin de soirée et merci encore à nos amis innus. Bonsoir.
(Fin de la séance à 20 h 56)