Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Thursday, October 29, 2020
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Vol. 45 N° 93
Special consultations and public hearings on Bill 68, An Act mainly to allow the establishment of target benefit pension plans
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Fortin, André
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Simard, Jean-François
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Fortin, André
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Girard, Eric
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Chassin, Youri
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Fortin, André
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Simard, Jean-François
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Leitão, Carlos J.
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Marissal, Vincent
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Girard, Eric
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Chassin, Youri
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Fortin, André
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Leitão, Carlos J.
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Ouellet, Martin
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Ouellet, Martin
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Simard, Jean-François
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Chassin, Youri
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Fortin, André
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Leitão, Carlos J.
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Leitão, Carlos J.
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Fortin, André
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Fortin, André
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Leitão, Carlos J.
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Fortin, André
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Fortin, André
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Simard, Jean-François
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Leitão, Carlos J.
11 h (version révisée)
(Onze heures vingt-six minutes)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers amis, nous sommes en ondes. À l'ordre, s'il vous plaît! Bonjour à
tous, bonjour. Merci d'être présents, merci pour votre ponctualité. Alors,
comme vous le savez, étant donné que nous avons quorum, nous pouvons
entreprendre nos travaux.
J'allais vous dire que notre commission
est réunie afin de procéder aux consultations particulières et auditions
publiques sur le projet de loi n° 68, qui porte un titre très poétique, Loi
visant principalement à permettre l'établissement de régimes de retraite à
prestations cibles. Ce n'est-tu pas beau, ça?
Donc, nous <allons…
Le Président (M. Simard) :
...aux
consultations particulières et auditions publiques sur le
projet
de loi
n° 68, qui porte un titre très poétique,
Loi visant principalement à permettre l'établissement de régimes de
retraite à prestations cibles. Ce n'est-u pas beau, ça?
Donc, nous >allons demander à la
secrétaire s'il y a des remplacements ce matin.
La Secrétaire
: Non, M.
le Président, il n'y a pas de remplacement.
Le Président (M. Simard) : Très
bien, merci. Y a-t-il des votes par procuration?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Chassin (Saint-Jérôme) dispose d'un droit de vote par
procuration au nom de M. Asselin (Vanier-Les Rivières) et M. Fortin
(Pontiac) dispose, quant à lui, d'un droit de procuration au nom de M. Barrette
(La Pinière).
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, nous allons ce matin débuter en recevant des représentants de la
Fédération canadienne des retraités. Messieurs, bienvenue parmi nous, merci
d'avoir répondu à notre invitation. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous
présenter?
M. Joanisse (Jean-Paul) :
Merci. Jean-Paul Joanisse, retraité qui est bénévole et aussi trésorier de la
Fédération canadienne des retraités.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Bernard
(Denis) : Denis Bernard. Moi, je suis
président de l'association des retraités de Rio Tinto et je suis directeur au
sein de la Fédération canadienne des retraités.
Remarques préliminaires
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Messieurs, donc, avant de vous entendre, nous allons procéder aux remarques
préliminaires, et je cède d'abord la parole au ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Alors,
bonjour à tous. Mais je suis évidemment très content d'être ici avec vous pour
ce projet de loi n° 68. Notre intention est d'avoir
le meilleur projet de loi possible. C'est donc avec grande ouverture que nous
amorçons ces consultations particulières. Je rappelle l'importance de ce projet
de loi dans... Certaines entreprises attendent avec impatience l'adoption de ce
projet de loi, mais, bien sûr, on va prendre le temps qui est nécessaire pour
faire un bon travail, mais c'est un projet de loi qui est attendu. Bien sûr, je
compte sur la collaboration habituelle de la Commission des finances publiques,
de mes collègues de l'opposition. Je souligne que nous avons bien travaillé
dans le passé et je pense que ce serait au bénéfice... dans l'intérêt supérieur
du Québec qu'on fasse de même avec ce projet de loi. Et je rappelle simplement
l'objectif, qui est d'offrir aux intervenants une option supplémentaire en
matière de régimes de retraite. Un régime de retraite à prestations cibles est
une solution mitoyenne entre le régime à cotisation déterminée et le régime à
prestations déterminées. Je m'arrête ici, M. le Président.
• (11 h 30) •
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le ministre. M. le député de Pontiac et leader de l'opposition
officielle, vous disposez de quatre minutes.
M. André Fortin
M. Fortin :
Oui. Très rapidement, M. le Président, on aborde l'étude de ce projet de loi là<
avec la même... >, disons, avec la même ouverture et avec le même esprit
de collaboration duquel nous a fait part le ministre. Mais notre ouverture,
elle est surtout pour entendre les <préoccupations et pour que...
>
11 h 30 (version révisée)
<5369
Le
Président (M. Simard) : ...de l'
opposition officielle,
vous disposez de quatre minutes.
M. Fortin :
Oui, très
rapidement,
M. le Président. On aborde l'étude de ce
projet
de loi là, avec la même... disons, avec la même ouverture et avec le même
esprit de
collaboration duquel nous a fait part le
ministre, mais
notre ouverture, elle est surtout pour entendre les >préoccupations et
pour qu'on puisse en arriver à des propositions qui reflètent les attentes et
les préoccupations des gens qu'on entendra en commission parlementaire au cours
des prochains jours, M. le Président. Alors, je ne veux pas prendre, là, plus
de notre temps. Je vois M. Joanisse et M. Bernard qui sont déjà prêts
à entamer leur présentation. Alors, ça va pour moi, M. le Président.
Auditions
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Y aurait-il d'autres interventions? Sans quoi nous
allons laisser la parole à MM. Joanisse et Bernard. Messieurs, nous vous
écoutons.
Fédération canadienne des retraités (FCR)
M. Joanisse (Jean-Paul) :
Merci, M. le Président. Je profite de cette occasion pour remercier les
responsables de cette commission nous permettant de participer à cette séance
d'auditions concernant le projet de loi n° 68.
La Fédération canadienne des retraités
regroupe plus de 285 000 retraités à l'échelle du Canada, représentés
par 22 associations de retraités, bénéficiant de régimes de retraite de
toute juridiction, incluant le Québec et les régimes de juridiction fédérale.
La mission de la fédération focalise ses activités sur la protection des
régimes de retraite à prestations déterminées afin d'assurer la sécurité
financière des retraités et des employés actifs lorsque ces derniers seront à
la retraite.
La Fédération canadienne des retraités
maintient que les régimes à prestations déterminées sont les meilleurs régimes
pour garantir les prestations des retraités. Nous considérons les prestations
comme un salaire différé issu d'une entente à l'embauche des employés
garantissant des prestations à la retraite stables et à vie calculées selon des
paramètres connus et faisant l'objet d'un contrat entre l'employé et/ou les
employeurs administrant le régime de retraite.
Depuis plusieurs années, on assiste à la
fragilisation des régimes à prestations déterminées causée par des taux
d'intérêt historiquement bas, gonflant ainsi le passif actuariel des régimes et
menant à des rendements d'investissement plus faibles dans un contexte où le
risque de placement doit être contrôlé. De plus, la volatilité des marchés
financiers expose les régimes de retraite à des variations de la valeur des
actifs qui, combinées aux bas taux d'intérêt, ont des répercussions négatives
sur les ratios de capitalisation et de solvabilité. Cette situation met beaucoup
de pression sur les entreprises qui se voient dans l'obligation de rembourser
les déficits. La loi 29, appliquée à partir de 2016, a toutefois donné une
marge de manoeuvre substantielle aux entreprises en allégeant leurs obligations
par le changement du mode de financement, autrefois sur une base de solvabilité
et maintenant sur une base de capitalisation.
En dépit de ces allégements offerts par la
législation du Québec, le nombre de régimes à prestations déterminées n'est
probablement pas appelé à <augmenter...
M. Joanisse (Jean-Paul) :
…de financement, autrefois sur une base de solvabilité et maintenant sur une
base de capitalisation.
En dépit de ces allégements offerts par
la législation du Québec, le nombre de régimes à prestations déterminées n'est
probablement pas appelé à >augmenter. La fermeture des régimes à
prestations déterminées existants et l'accès à des régimes à cotisation
déterminée pour les nouveaux employés est en effet un phénomène de plus en plus
visible.
Bien que les régimes à cotisation
déterminée offrent la possibilité d'amasser les fonds pour assurer une rente à
la retraite, ils n'offrent en rien la protection offerte par les régimes à
prestations déterminées. Les régimes à prestations cibles offrent une solution
mitoyenne entre les régimes à prestations déterminées et cotisation déterminée.
Ils sont souvent, à tort, appelés à «risques partagés», alors que, dans les
faits, tout le risque repose sur les épaules des participants et des
bénéficiaires. Néanmoins, ils représentent une amélioration pour ceux qui
bénéficient de régimes à cotisation déterminée car, plutôt que de gérer de
manière individuelle, à la retraite, des fonds accumulés au cours d'une
carrière, les régimes cibles semblent la possibilité de mutualiser les risques
liés aux investissements et à la longévité. Ainsi, ils garantissent une rente à
vie, quoique variable selon la santé financière du régime.
Pour ce qui est de la conversion de
prestations déterminées à prestations cibles, les régimes à prestations
déterminées sont du salaire différé et constituent une promesse de rente
stable, continue et à vie pour les bénéficiaires à prestations déterminées
adhérant à de tels régimes. La Fédération canadienne des retraités a toujours
souligné la nécessité que les législations en vigueur au Québec et partout au
Canada permettent la protection des acquis des participants et bénéficiaires.
Malheureusement, et ce n'est pas l'objet du présent mémoire, ce n'est pas le
cas, et on peut citer comme exemple les coupures de prestations occasionnées
par un régime déficitaire lors d'une faillite de compagnie.
La Fédération canadienne des retraités
accueille favorablement l'impossibilité de convertir les régimes à prestations
déterminées existants, que nous présumons à employeur unique et
interentreprises, en prestations cibles, article 2 du projet de loi. Cette
disposition protège ainsi le service passé et le service futur sur lequel les
prestations des employés actifs et des bénéficiaires sont calculées, leur
assurant ainsi la sécurité financière. Cette portion du projet de loi aurait
été complètement inacceptable dans sa globalité si la conversion des régimes à
prestations déterminées existants en prestations cibles avait été permise.
Conversion de certains régimes
interentreprises. Néanmoins, bien que la conversion des régimes à prestations
déterminées ne soit pas possible, tel que <stipulé…
M. Joanisse (Jean-Paul) :
...sa globalité si la conversion des régimes à prestations déterminées
existants en prestations cibles avait été permise.
Conversion de certains régimes
interentreprises. Néanmoins, bien que la conversion des régimes à prestations
déterminées ne soit pas possible, tel que >stipulé à l'article 7,
et non le n° 2, mais le n° 7,
du projet de loi, ce dernier indique la possibilité de conversion d'un certain
type de régime interentreprises. M. le Président, je veux juste souligner ici
qu'on va envoyer un amendé de... pour cette modification-là, pour le bénéfice
de tout le monde, plus tard.
Le projet de loi ajoute, au chapitre X.2
de la loi, intitulé «Dispositions particulières relatives à certains régimes de
retraite interentreprises», dont le champ d'application touche les régimes à
cotisation négociée, la section VI, intitulée «Transformation en régime à
prestations cibles». Nous interprétons, peut-être à tort, que, par exception,
certains régimes interentreprises ayant des composantes de prestations
déterminées et de cotisation déterminée et remplissant certaines conditions
peuvent être convertis en régimes à prestations cibles. À notre avis, ceci
résulte en un non-respect des engagements de salaire différé de la composante à
prestations déterminées du régime de la part des entreprises administratrices.
Il n'apparaît pas clairement, dans le
projet de loi, que la conversion de régimes interentreprises nouvellement
formés à partir de plusieurs régimes à prestations déterminées ne serait pas
permise. Il s'agirait d'une manière, pour les entreprises administrant un
régime à prestations déterminées à employeur unique, de former un régime à
employeurs multiples, de le convertir en régimes à prestations cibles et ainsi
de se libérer des contraintes de financement qui leur sont associées. Pour
cette raison et, surtout, sur la base du non-respect de la promesse d'une rente
prévisible et à vie, la Fédération canadienne des retraités s'oppose à la
possibilité de conversion de ces régimes interentreprises particuliers en
régimes à prestations cibles.
Finalement, nous mentionnons au passage
que, même si cette conversion était considérée comme bénéfique pour les
participants et bénéficiaires couverts par ce type de régime particulier, nous
trouvons inacceptable que la recommandation de convertir ce type de régime ne
soit pas basée sur le consentement individuel des participants, mais plutôt
basée sur le fait que la conversion peut être effectuée si 30 % ou moins
des participants et bénéficiaires s'y opposent. Ceci va à l'encontre de
l'engagement que l'entreprise a pris lors de l'embauche individuelle de chacun
des participants. Le concept de liberté et choix individuel pour modifier un
engagement devrait être alors respecté par l'entreprise.
En conclusion, la Fédération canadienne
des retraités accueille favorablement la section du projet de loi concernant
l'impossibilité de convertir des régimes à prestations déterminées existants, à
employeur unique ou interentreprises. Comme énoncé précédemment, ils offrent
aux épargnants et <retraités...
M. Joanisse (Jean-Paul) :
…en conclusion, la Fédération canadienne des retraités accueille
favorablement
la section du
projet de loi concernant l'impossibilité de convertir des
régimes à prestations déterminées existants, employeur unique ou
interentreprises. Comme énoncé précédemment, il offre aux épargnants et >retraités
une alternative au régime à cotisation déterminée.
Nous nous opposons toutefois à la
possibilité de convertir certains régimes interentreprises particuliers dits à cotisation
négociée. Les retraités bénéficiant de tels régimes devraient avoir les mêmes
droits que les retraités d'un régime à prestations déterminées faisant partie
d'un régime à employeur unique ou interentreprises. Ces deux types de
bénéficiaires ont eu le même type d'engagement pour leur retraite et ne
devraient pas être traités différemment et conserver leurs droits acquis au
sein de leur régime. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous, M. Joanisse. Nous allons donc entreprendre immédiatement
notre période d'échange. Je cède maintenant la parole au ministre des Finances.
• (11 h 40) •
M. Girard (Groulx) : M. Bernard
ne fait pas de présentation?
Le Président (M. Simard) :
Il ne semble pas, non.
M. Bernard (Denis) : Non,
je vais répondre aux questions, s'il y en a, ou faire des commentaires.
M. Girard (Groulx) : O.K.
O.K. Vous ne voulez pas faire un commentaire général?
M. Bernard (Denis) : Oui,
je voudrais faire, peut-être… oui, effectivement. En fait, <on est… >notre
fédération est quand même assez satisfaite de voir que la protection des
régimes à prestations déterminées est protégée, en fait, les acquis des
retraités sont protégés. Je prends comme exemple, il y a deux ans environ,
quand, au fédéral, M. Morneau avait présenté le projet de loi C-27,
il y avait, à ce moment-là, <une possibilité de convertir, >pour
les régimes fédéraux, on s'entend, là, il y avait une possibilité de convertir les
régimes fédéraux à prestations déterminées en prestations cibles. Alors, ça, ça
avait soulevé, effectivement, beaucoup d'opposition, bon, les syndicats, les
associations de retraités, et M. Morneau avait été obligé de reculer
là-dessus.
Alors, on accueille favorablement le fait
que, très tôt dans le projet de loi, <je pense, >l'article… je
pense que c'est le 2 ou 7, là, on verra lequel que c'est, mais on voit que
c'est clairement stipulé, et à moins qu'on ne se trompe puis qu'on ne lise pas
assez bien entre les lignes, là, mais que la conversion de ces régimes-là n'est
pas permise, la conversion des régimes à prestations déterminées n'est pas
permise en prestations cibles, ce qui, dans les faits, protège le service passé
des bénéficiaires et le service futur aussi des participants.
M. Girard (Groulx) : Très
bien. En fait, moi, je n'ai pas de question immédiate, je passerais la parole
à… Je vais écouter les échanges. Peut-être que d'autres questions se
développeront.
Le Président (M. Simard) :
Député de Saint-Jérôme, vous disposez d'environ 14 minutes.
M. Chassin :…M. le <Président…
M. Girard (Groulx) :
...
très bien. En fait, moi, je n'ai pas de question immédiate. Je
passerais la parole à... Je vais écouter les échanges,
peut-être que
d'autres questions se développeront.
Le Président (M. Simard) :
Député de
Saint-Jérôme, vous disposez d'environ 14 minutes.
M. Chassin :
M. le >Président. En fait, je trouve votre
présentation, messieurs, très claire. Je n'ai pas plus de questions qu'il faut
non plus, mais, quand vous dites que vous vous demandez, là, si vous lisez bien
le projet de loi, je regarde en ce moment l'article 7, puis peut-être
qu'on peut regarder ensemble, là, s'il y a un élément qui demeure moins clair.
Donc, l'article 7, notamment le deuxième alinéa, on ajoute un bout de
texte, là, donc :
«Un régime à prestations déterminées ne
peut toutefois être transformé en régime à prestations cibles.
«Par ailleurs, si la modification a pour
objet de transformer en régime à prestations cibles un régime à cotisation
déterminée ou de transformer un régime à prestations cibles en un autre type de
régime, elle est soumise aux règles prévues par règlement.»
Autrement dit, le régime à prestations
déterminées ne peut pas être transformé. Le régime à prestations cibles
pourrait l'être. Est-ce que c'est votre compréhension aussi?
M. Joanisse (Jean-Paul) :
C'est notre compréhension à ce niveau-là. Que ce soit prestations cibles
converties à une prestation... à contribution déterminée, il n'y a aucun
problème avec ça. On revient à la base, la sécurité de pension que la
prestation déterminée octroie aux retraités. Alors… Puis, comme stipulé à l'article 2 — c'est
bien ça, hein, je pense — au début du projet de loi, ce n'est pas
convertible à prestations cibles... la prestation déterminée n'est pas
convertible à prestations cibles. Il y avait tout simplement le point qu'on
souligne, définitivement la... un peu plus loin dans le projet de loi, où est-ce
qu'un régime à prestations déterminées interentreprises peut être converti, et
ça, ça portait à confusion.
M. Chassin :
Là, peut-être pour m'éclairer, ça, ce n'est pas l'article 2 ni
l'article 7, là. Ça serait un autre article que vous interprétez de cette
façon-là?
M. Joanisse (Jean-Paul) :
Oui. C'est sous le chapitre X.2, si je me rappelle bien, là, Denis?
M. Chassin :
Parfait. Parce que, c'est ça, j'avais X.2, puis là je n'étais pas certain si le
X était temporaire, mais donc ça serait X.2, d'accord.
Une voix
: X.2, oui.
M. Chassin :
Et puis, dans le fond… bien, c'est peut-être un commentaire de ma part, mais effectivement,
là, je trouve intéressant de voir, dans votre intervention, que bien que vous
défendiez, là, les régimes à prestations déterminées, puis on comprend, ça
donne une sécurité en termes de prestations pendant l'ensemble de la période de
la <retraite...
M. Chassin :
...effectivement, là, je trouve intéressant de voir, dans votre intervention,
que, bien que vous défendiez, là, les régimes à prestations déterminées, puis
on comprend, ça donne une sécurité en termes de prestations pendant l'ensemble
de la période de la >retraite, cette sécurité-là, bien qu'elle soit très
bonne, malheureusement on observe ce déclin. Donc, vous le mentionniez, là,
donc on assiste à la fragilisation de ces régimes, d'où l'intérêt d'une formule
peut-être mitoyenne qui, néanmoins, puis c'est ça que vous mentionnez puis que
je veux relever dans votre intervention, néanmoins mutualise quand même tant
les risques liés aux investissements que les risques liés à la longévité. Donc,
ça, je pense que c'est vraiment un point positif majeur des régimes à
prestations cibles.
Évidemment, parce qu'on fait face à un
nouveau régime, qu'on ouvre finalement une nouvelle possibilité, il y a toujours
le défi de la compréhension. Alors, je suis sûr que les actuaires, eux, là,
vont se pencher là-dessus, vont finir par bien comprendre puis, dans le fond,
dessiner des régimes drôlement intéressants. Mais, par exemple, pour des
retraités ou des bénéficiaires, est-ce que vous avez des suggestions pour
améliorer, finalement, la compréhension de ces régimes-là? Puisqu'on présente
un nouveau type de régime, comment peut-on l'expliquer pédagogiquement?
M. Joanisse (Jean-Paul) :
Bien, écoutez, je veux dire, si on le compare, ce nouveau régime-là, c'est
officiel que ça peut probablement aider ceux qui n'ont pas de fonds de pension,
dans une première idée. Deuxièmement, est-ce que ça peut être un complément,
à ce moment-là, pour remplacer cotisation déterminée à prestations cibles?
Chaque partie va être à évaluer les pour et les contre de cette situation-là.
Il y en a certains qui veulent avoir à contribution déterminée, veulent avoir
la main mise à la fin, lorsqu'ils prennent leur retraite, et retirer le fonds de
pension et le gérer eux autres même versus que ce soit collectif. Alors, ça
répond à certains besoins. Ceux qui n'en ont pas, aucun problème avec ça. Ceux
qui seraient intéressés de transférer ça d'une contribution déterminée à un
projet cible... Excusez, je n'entends pas votre voix, là, il y a un petit...
M. Chassin :Oui, c'est ça, j'essaie de vous aider en même temps par les
termes, là, mais...
M. Joanisse (Jean-Paul) :
O.K., c'est correct. Mais ce qui est... L'important, c'est que les engagements
qu'on a eus de la part des entreprises soient respectés en ce qui concerne la
prestation cible. C'est ça qui est très important.
M. Bernard (Denis) : Oui,
c'est juste, si je peux me permettre, M. Chassin...
Le Président (M. Simard) :
Oui, M. Bernard.
M. Bernard (Denis) : Je
voudrais ajouter que je pense que, s'il y avait quelque chose à mieux expliquer
au niveau des projets... des régimes à prestations cibles, c'est d'expliquer un
peu plus en détail la liste de réajustements de la rente. C'est-à-dire que, bon,
de manière générique, on dit : Si le fonds performe moins bien, si le
régime de retraite est moins solvable, on va couper les rentes des <retraités...
M. Bernard (Denis) :
...pour un régime... un régime à prestations cibles, c'est d'expliquer
un
peu plus en détail une liste de réajustements de la rente.
C'est-à-dire
que, de manière générique, on dit : Si le fonds performe moins bien, si le
régime de retraite est moins solvable, on va couper les rentes des >retraités.
Or, ce qu'on comprend, en tout cas, <ce que je comprends, >après plusieurs
lectures, c'est que ce processus-là se fait sur une base... ce n'est pas
immédiat, hein? Si la solvabilité tombe en bas de 100 %, on ne coupe pas
les retraités au 1er janvier, là. Tu sais, ça ne marche pas comme ça.
Donc, il y a un mécanisme de lissage de
courbe, là, je vais l'appeler comme ça, qui fait qu'on peut donner la chance au
fonds de remonter et que les retraités ne seront peut-être pas affectés par une
baisse momentanée. Ce que je comprends, c'est qu'il peut y avoir un délai, un
certain délai pour donner le temps au fonds, par exemple, là, de se reprendre, hein,
de remonter ses actifs. Ça, je pense que ce n'est pas très clair. Moi, <j'ai
eu, >dans l'association que je dirige, j'ai eu plusieurs questions comme
ça, même si ça ne nous touche pas, et en me disant : Bien oui, mais, si le
fonds, il y a un krach boursier, est-ce qu'on va le couper le lendemain matin?
Tu sais, c'est le genre de questions...
M. Chassin :
Je pense effectivement que c'est... Je suis plutôt d'accord avec vous, là, que
c'est peut-être le mécanisme clé à bien expliquer, là, les conséquences, par
exemple, d'un manque à gagner dans le régime.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Chassin :Moi, je n'ai pas plus de question.
Le Président (M. Simard) :
Merci. M. le ministre des Finances.
• (11 h 50) •
M. Girard (Groulx) : Eh bien,
merci pour votre intervention. Et puis certainement que nous allons analyser
vos craintes quant à l'article 10.2, là, parce que l'esprit du régime,
c'est de prévenir ou d'empêcher les conversions des régimes à prestations
déterminées en régimes de retraite à prestations cibles. Alors, vous soulignez
la possibilité que ça pourrait se faire... qu'indirectement via la conversion
d'un PD en régime interentreprises pour revenir vers un régime à prestations
cibles, alors ce serait totalement contre l'esprit de ce qu'on veut faire. Alors,
on va prendre en compte votre... je ne sais pas si je dois appeler ça des
craintes, mais on va clarifier l'ambiguïté parce que l'esprit du projet de loi
est très clair, là. On va clarifier ça avec nos légistes et Retraite Québec
puis on va s'assurer, lorsqu'on va revenir à l'étude détaillée tous ensemble,
là, qu'on répond à ça.
Peut-être un point, le mécanisme
d'ajustement de la rente, c'est certain que ça peut être complexe, et je tiens
à souligner que nous allons tenter de simplifier ce qui est complexe en
fournissant des exemples aux membres de la commission pour aider à la
compréhension des… On va faire <certaines...
M. Girard (Groulx) :
…que ça peut être complexe, et je tiens à souligner que nous allons tenter de
simplifier ce qui est complexe en fournissant des exemples aux membres de la
commission pour aider à la compréhension des… on va faire >certaines
hypothèses de sous-capitalisation et des impacts que ça peut avoir sur les
rentes ou les cotisations futures. Alors, ça, pour nous, pour les membres, là,
ça va être important.
Moi, j'aurais une question, et je ne sais
pas si vous êtes à l'aise de répondre à cette question, mais je comprends que
ceux qui ont le régime… qui ont aujourd'hui des régimes à prestations
déterminées, veulent les conserver et veulent évidemment qu'ils soient bien
capitalisés. Est-ce que les travailleurs d'aujourd'hui, ceux qui cotisent, les
participants, est-ce que votre compréhension, c'est que les participants aussi
veulent ces régimes-là ou s'il y a une évolution au niveau des travailleurs?
M. Bernard (Denis) :
Écoutez, je vais parler pour mon association. Les membres actifs, les employés
actifs de notre association ne sont pas pour la conversion, évidemment, des
régimes à prestations déterminées vers les prestations cibles. Maintenant, il y
a une catégorie d'employés de la compagnie administratrice qui sont à cotisation
déterminée. Donc, les gens qui ont été mis à l'emploi après une certaine date
ont été migrés vers un régime à cotisation déterminée. On n'a pas… je n'ai pas
de feed-back de ces gens-là, mais je présume que, et ça, c'est juste une
présomption, là, je présume que, si on leur offrait la possibilité de convertir
leur régime de cotisation déterminée à prestations cibles, je pense qu'ils
seraient… je pense qu'ils examineraient l'offre de manière très attentive.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Parce que le premier…
M. Bernard (Denis) : Est-ce
que ça répond à votre question?
M. Girard (Groulx) : Oui,
oui, ça répond à ma question. Parce que M. Joanisse a commencé son
intervention en nous disant qu'un régime à prestations déterminées, c'était
comme un salaire différé. Je ne sais pas si c'est les termes exacts qu'il a
utilisés, mais ce que j'entends dans certaines entreprises privées aujourd'hui,
c'est que les gens disent : Je vais prendre le salaire différé
immédiatement, c'est-à-dire que les gens ne demandent plus… chez les
travailleurs plus jeunes, la nouvelle génération, les gens ne demandent plus ou
ne <perçoivent…
M. Girard (Groulx) :
...j'entends dans certaines entreprises privées
aujourd'hui, c'est que
les gens disent : Je vais prendre un salaire différé
immédiatement,
c'est-à-dire que les gens ne demandent plus, chez les travailleurs plus
jeunes, la nouvelle génération, les gens ne demandent plus ou ne >perçoivent
plus le régime de retraite à prestations déterminées comme un avantage
comparatif. Pour un employeur, d'offrir de tels régimes n'est plus un avantage
dans l'attraction de talent, que les employés n'y attachent pas la même valeur
que par le passé. C'était ça, le sens de ma question.
M. Joanisse (Jean-Paul) :
Il y a plusieurs raisons et il y en a une assez importante. Précédemment, les
personnes qui étaient embauchées par une compagnie regardaient pour demeurer
dans la compagnie toute leur vie. Aujourd'hui, avec les différentes possibilités
et la nouvelle mentalité, ils regardent plutôt à moyen terme et à court terme
dans certains cas. Combien j'ai entendu des jeunes : Si ça ne marche pas
icitte, je vais aller ailleurs. Et ça, j'ai souvent entendu ça, mais,
précédemment, l'environnement faisait que, si je peux rentrer pour x compagnie,
je suis certain... je sais qu'il a une bonne réputation, etc. L'évolution a complètement
été chambardée, d'une certaine façon, parce que la philosophie des jeunes aujourd'hui
n'a pas le même aspect que les autres. On recherchait une sécurité dans notre
temps. Aujourd'hui, on recherche plus un challenge. Et ça répond un peu aux
changements de prestations cibles ou de contributions déterminées.
Alors, quand je regarde... Écoutez, ça
fait 15 ans que j'ai pris ma retraite, et je m'occupe depuis 13 ans
des retraités, socialement au début puis par la suite, lorsqu'on a eu une possibilité
de faillite dans notre environnement... Les retraités se disent tout simplement :
On a travaillé 25, 30, 50 ans, on a eu une entente et on croyait que
c'était pour arriver... qu'on va l'avoir, cette garantie-là. Alors, c'est
demander… Tu sais, j'achète une auto, elle a une garantie de cinq ans, je
vais la préférer par rapport à celles de deux ans ou trois ans. Alors,
la mentalité aujourd'hui, elle a évolué, et on respecte cette évolution-là
parce que les jeunes qui vont nous remplacer vont se diriger vers une façon
d'arriver. Alors, je peux... Un temps, ça a été établi à prestations
déterminées. Et on sait très bien, effectivement, que le coût d'opération pour
les entreprises, on a pu le voir, il y a eu énormément d'allégements, de
paiements, de déficits de solvabilité, et même la loi 29 a permis, à ce
moment-là, qu'il n'y ait plus de déficit de solvabilité.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci.
M. Joanisse (Jean-Paul) : Alors…
Le Président (M. Simard) :
Oui?
M. Joanisse (Jean-Paul) :
Je m'excuse.
Le Président (M. Simard) :
Non, non, il n'y a pas de quoi, M. Joanisse. Malheureusement, je dois
gérer le temps, et puis on vous avait laissé déjà un peu plus de marge de
manoeuvre.
M. Joanisse (Jean-Paul) :
Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, ma difficulté, c'est d'être équitable envers tous. Je m'en <excuse...
M. Joanisse (Jean-Paul) :
...permis,
à ce moment-là,
qu'il n'y ait plus de déficit de
solvabilité.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci. Oui?
M. Joanisse (Jean-Paul) :
Alors, je m'excuse.
Le Président (M. Simard) :
Non, non,
il n'y a pas de quoi, M. Joanisse.
Malheureusement,
je dois gérer le temps, et puis on vous avait laissé
déjà un peu plus de
marge de manoeuvre.
M. Joanisse (Jean-Paul) :
Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, ma
difficulté, c'est d'être équitable envers tous. Je m'en >excuse
encore. M. le député de Pontiac.
M. Fortin :
Oui, merci, M. le Président. En fait, si M. Joanisse veut terminer sa
réponse, je n'ai pas... il n'y a pas d'enjeu.
M. Joanisse (Jean-Paul) :
Bien, merci. Ça va être très bref. Les temps ont changé, puis je pense qu'à ce
moment-là les ajustements qui se font par les propositions d'une nouvelle loi
tiennent compte un peu de l'évolution qui se présente, mais je peux parler ou
conclure là-dessus, c'est que les retraités qui se sont fait... que les
entreprises ont pris des engagements auprès... devraient être respectés, et,
dans l'esprit de ce que M. Girard a indiqué, ça va dans ce sens-là pour
les prestations déterminées.
M. Fortin :Très bien.
M. Joanisse (Jean-Paul) :
Merci.
M. Fortin : Bien,
il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Simard) : ...
M. Fortin :
Merci, M. le Président. Je vais faire de mon mieux pour partager mon temps de
façon relativement équitable avec l'éminence qui se trouve à ma gauche, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) :
Il est à gauche ou il est à votre gauche?
M. Fortin :
Il est à ma gauche, mais je ne suis pas sûr qu'il est à gauche tant que ça,
mais ça dépend des moments. Il est… Disons qu'il va de la gauche à la droite
par moments. Il nous surprend occasionnellement.
M. Girard (Groulx) : ...
M. Fortin :
Oui, lui, je sais il est où.
J'ai une question toute simple pour vous,
M. Joanisse, parce que je... ou M. Bernard. Je lis votre conclusion,
et vous me dites, d'un côté, que vous accueillez favorablement une partie du
projet de loi, donc la section concernant l'impossibilité de convertir des
régimes existants à prestations déterminées, mais, en même temps, vous êtes
opposés à une autre partie importante du projet de loi, là, mais c'est-à-dire
de convertir certains régimes interentreprises particuliers. Alors, je vous
pose la question de façon bien simple, là : Vous êtes autour de la table
aujourd'hui, vous êtes élus, vous êtes indépendants, vous n'avez pas de ligne
de parti, est-ce que vous votez pour ou contre le projet de loi dans sa forme
actuelle?
• (12 heures) •
M. Bernard (Denis) :
Bien, d'abord, peut-être avant de répondre à la question ici, on est un petit
peu surpris de voir qu'il y avait ce genre d'exceptions là et, bon, notre
connaissance dans le domaine des régimes de retraite, soit à employeur unique
ou interentreprises, étant limitée, on a perçu ça comme étant une voie de
sortie, on dirait, pour la possible conversion de certains régimes avec une
dimension à prestations déterminées vers la prestation cible. Alors, peut-être
que, je ne sais pas, là, peut-être que le nombre de ces régimes-là
interentreprises particuliers, tels que définis dans le projet de loi,
peut-être que leur nombre est très restreint au Québec. Je ne sais pas, mais il
nous apparaîtrait… Il y avait comme une petite incohérence, parce qu'en lisant
le projet de loi on se rend compte, beaucoup plus tard dans le projet de loi,
qu'il y a un chapitre complet sur la conversion de ces régimes-là, ces régimes
particuliers là, qui est comme en <opposition...
>
12 h (version révisée)
< M. Bernard (Denis) :
…nombre est très restreint au
Québec, je ne sais pas. Mais il nous
apparaîtrait… il y avait comme une petite incohérence p
arce qu'en lisant
le projet de loi on se rend compte beaucoup plus tard dans le projet de loi
qu'il y a un chapitre complet sur la conversion de ces régimes-là, ces régimes
particuliers là, qui est comme en >opposition avec l'article 2 du
projet de loi, qui ne permet pas, de manière générale, la conversion de ces
régimes-là.
Alors, ça nous est apparu… je vous dirais
que ça reflète… notre commentaire reflète un peu le doute, et j'accepte… c'est
peut-être qu'on n'ait pas les connaissances nécessaires pour aller plus loin
que ça, mais, moi, c'était ma question à la commission : Qu'est-ce que ça
englobe, ces régimes-là, interentreprises? Et de quoi on parle, exactement?
M. Fortin :
Bien, comme je vous dis, on ne peut pas y répondre pour l'instant. Peut-être
que le ministre pourra nous donner la réponse, si vous suivez nos travaux au
fil du temps, là. Alors, je vais peut-être me permettre de passer à un autre
sujet, là.
Vous avez quand même… la fédération, là,
vous avez quand même des membres, disons, qui ont oeuvré dans différentes
entreprises. Vous voyez bien ce qui se passe dans le monde des régimes de
retraite. De toute évidence, le ministre l'a dit d'entrée de jeu, c'est une
demande des employeurs, hein? C'est une demande qui lui est venue de plusieurs
groupes d'employeurs. Et, quand les demandes viennent des employeurs, bien, il
faut toujours s'assurer que l'impact, disons, n'est pas trop grand sur les
travailleurs, et je pense que c'est votre priorité aussi.
Ce qu'on voit très rarement, disons, pour
ne pas dire jamais, c'est des entreprises qui ont <des prestations… >des
régimes à cotisation déterminée qui passent vers les prestations déterminées.
Est-ce que vous croyez que c'est réaliste que des entreprises qui ont des
cotisations déterminées passent à des prestations cibles?
M. Joanisse (Jean-Paul) :
Dépendant comment est-ce qu'on regarde ça, dans le contexte que certaines
entreprises essaient de conserver des employés, ça pourrait peut-être devenir
un avantage. À l'heure actuelle, avec la rareté dans certaines sphères
économiques, la rareté de main-d'oeuvre, ça pourrait être utilisé comme un
avantage. Mais il y a un coût associé à ça, on comprend ça, mais ça ne veut pas
nécessairement dire que ça devrait être mis complètement de côté si ça pourrait
aider à conserver des employés à moyen et à long terme.
M. Fortin :
Je comprends votre idée. Vous avez référé au régime à prestations cibles. En
fait, vous nous avez dit que la perception de la chose, c'est que c'est un
régime à risque partagé, mais, dans la réalité, le risque, là, il est pas mal
tout pris par le participant, par le bénéficiaire de ce régime-là. Quand je
mets ça à côté de votre discours, qu'il y a beaucoup de vos membres qui
disent : Bien, on a travaillé toute notre vie, on avait une entente,
essentiellement, avec l'employeur puis on se sent parfois floués, disons, par
les <employeurs qui… ou par les…
M. Fortin :
...de ce régime-là. Quand je mets ça à côté de votre discours, qu'il y a
beaucoup
de vos membres qui disent : Bien, on a travaillé toute notre vie, on avait
une entente
essentiellement avec l'employeur, puis on se sent parfois
floués, disons, par les >employeurs <qui... >ou par les
régimes qui ne respectent pas ce qui avait été promis à vos membres, est-ce que
vous pensez que ces régimes-là protègent les employés, les régimes à
prestations cibles protègent les employés et qu'ils ne vont pas avoir la même
impression à la fin de la journée? Est-ce que vous pensez, là, qu'à travers un
régime à prestations cibles les employés, les bénéficiaires vont se dire à la
fin de la journée : Bien oui, je suis protégé adéquatement?
M. Bernard (Denis) : Bien, je
peux peut-être répondre, Jean-Paul, à la question.
M. Joanisse (Jean-Paul) : Oui,
vas-y.
M. Bernard (Denis) : Je pense
qu'ici on parle de... Dans un premier temps, on dit que la conversion des
prestations déterminées en prestations cibles n'est pas possible. Alors, ça, de
toute façon, ça protège les gens, les travailleurs et les retraités qui ont
joui de ce type de régime là.
Maintenant, dans le mémoire, ce qu'on
écrit… peut-être que ça ne paraît peut-être pas assez, mais ce qu'on se dit,
c'est que ceux qui seront le plus appelés à bénéficier de ces régimes cibles
là, ce sont effectivement les participants et bénéficiaires des régimes ou
surtout les participants des... à cotisation déterminée.
Donc, ça offre autant. Je veux dire, on
est d'un côté d'un spectre... à prestations déterminées, on est dans le spectre
très élevé de la sécurité, autant aux cotisations déterminées, on est le plus
bas dans la sécurité. On pense que les régimes à prestations cibles offrent
plus de sécurité en garantissant une rente à vie, bien qu'elle soit variable
dans le temps, et ce sont les gens à cotisation déterminée <qui vont
bénéficier... >qui pourraient bénéficier de cette transformation-là.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Très bien. Merci,
M. le Président. Combien de temps?
Le Président (M. Simard) :
2 min 50 s, cher collègue.
M. Leitão : Ah! mon collègue
est très généreux, merci. MM. Bernard et Joanisse, bonjour. Au plaisir de
vous revoir. On s'était rencontré avant <pour d'autres... >sur
d'autres enjeux. Mais< j'ai... >, puisque je n'ai pas beaucoup de
temps, j'aimerais vous poser seulement deux questions. Voyez-vous une
problématique avec< ce... >, donc, la création de ce nouveau
régime et l'existence des RVER, donc des régimes volontaires
d'épargne-retraite? Y a-t-il là quelque chose qu'il faudrait mieux déterminer
ou il n'y a pas vraiment d'enjeu?
M. Joanisse (Jean-Paul) : Bien,
disons que je n'ai pas le degré d'expertise pour faire la comparaison à ce
niveau-là.
M. Leitão : O.K.
M. Joanisse (Jean-Paul) : En
ce qui me concerne. Je ne sais pas si, Bernard, tu as certaines informations,
mais…
M. Bernard (Denis) : On n'a
pas abordé cette question-là dans nos discussions, M. Leitão.
M. Leitão : Très bien, ça va.
Merci. L'autre chose, nous, on s'était parlé avant, bien sûr, sur la
possibilité de créer un <fonds...
M. Joanisse (Jean-Paul) :
…
En ce qui me concerne. Je ne sais pas si, Bernard, tu as certaines
informations,
mais…
M. Bernard (Denis) :
On n'a pas abordé cette question-là dans nos discussions,
M. Leitão.
M. Leitão : Très bien,
ça va. Merci. L'autre chose, nous, on s'était parlé avant,
bien sûr, sur
la
possibilité de créer un >fonds, donc, d'aide dans les cas où
les entreprises pourraient faire faillite, et tout ça, comment est-ce qu'on
pourrait mieux protéger les retraités. Une des choses qu'on avait discutées à
ce moment-là, c'est que peut-être un tel fonds pourrait mettre un peu plus de
pression sur les régimes à prestations déterminées s'il devait assumer les
coûts de ce nouveau fonds. Pensez-vous qu'avec maintenant la création d'un
nouveau type de régime de retraite, les prestations cibles, ça pourrait éventuellement
faciliter la création d'un fonds de retraite, d'un fonds qui…
M. Joanisse (Jean-Paul) :
Bien, ce que vous parlez, le fonds d'assurance pension, là...
M. Leitão : Oui.
M. Joanisse (Jean-Paul) :
...écoutez, ce serait dédié au point de vue des prestations déterminées, O.K.,
ceux qui faisaient faillite dans ce cas-là. Compte tenu de la prestation cible,
il n'y a pas de garantie comme telle. Alors, est-ce que ça impliquerait… Je
serais plutôt… À prime abord, là, je ne vois pas de quelle façon qu'une
assurance pension irait à l'intérieur d'un… protéger des retraités qui n'ont
pas de montant garanti, parce qu'au bout de la ligne prestation cible, ça ne
garantit pas un certain montant.
M. Leitão : Tout à fait,
c'est ça. Merci. Écoutez, en terminant...
M. Joanisse (Jean-Paul) :
L'assurance pension, oui.
M. Leitão : Oui. En
terminant, je veux juste vous dire que moi aussi, je partage un petit peu aussi
votre questionnement, et on posera les questions nécessaires sur les... c'est
vraiment régime interentreprises. Moi aussi, j'ai été un peu surpris de voir
qu'un projet de loi qui est très simple, il y a quand même une centaine
d'articles, là, il va falloir… il va falloir...
Une voix
: ...
M. Leitão : C'est
toujours compliqué, je comprends bien, les régimes de retraite, mais cette
question en particulier, on va s'y attarder un peu aussi. Voilà, c'est tout, M.
le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Je cède maintenant la parole au député de
Rosemont. Et, avant de lui céder la parole, je souhaiterais savoir s'il y a
consentement afin que la minute préliminaire à laquelle il avait droit puisse
lui être transférée dans l'actuel droit de parole qu'il a en ce moment. Il y a
consentement?
Conséquemment, cher collègue, vous
disposez, tenez-vous bien, de 3 min 40 s.
M. Marissal : C'est Noël!
Le Président (M. Simard) :
Presque.
M. Marissal : Merci, M.
le Président. Bonjour, MM. Bernard et Joanisse. On s'est rencontrés, comme
je dis souvent à la blague, dans la civilisation précédente quand on avait le
droit de se rencontrer en personne. Vous m'aviez rendu visite à mon bureau au
moins deux fois, mais c'était sur un autre dossier qui concernait plus
votre autre combat fondamental, là, d'un régime de pension... d'assurance,
pardon, aux pensions. Ce n'est pas de ça dont on parlera ici. On est sur autre
chose un peu plus pointu.
J'en profite néanmoins pour noter que le
ministre m'a répondu à la <pétition ou en fait...
M. Marissal : ...concernait
plus votre autre combat fondamental, là, d'un régime de pension... d'assurance,
pardon, aux pensions. Ce n'est pas de ça dont on parlera ici, on est sur autre
chose
un peu plus pointu.
J'en profite néanmoins pour noter que
le
ministre m'a répondu à la >pétition ou, en fait, a répondu à
la pétition que j'ai déposée à l'Assemblée nationale au nom de retraités, en
particulier ceux de Groupe Capitales Médias, qui étaient derrière l'initiative,
entre autres, avec vous. Je prends note de la réponse écrite du ministre. Elle
nécessitera plus d'analyse. Et je souhaite que cette lettre qu'il m'a envoyée
répondant à pétition ne soit pas la fin de l'histoire et qu'on soit capable de
discuter encore, au moins de façon théorique, sur la poursuite des choses. Parce
que le projet de loi qui est devant nous règle certains problèmes, mais certainement
pas tous les problèmes dont il a été question au cours des dernières années
dans le domaine des retraites, des retraités.
D'abord, peut-être une question plus
large. Le ministre avançait tout à l'heure l'hypothèse ou la théorie selon
laquelle l'octroi ou la possibilité d'avoir un régime de retraite, là, peu
importe l'acronyme qu'on lui donnera, parce qu'il commence à y avoir pas mal de
formules, là, ce n'est plus vraiment un atout pour les employeurs auprès des
plus jeunes. Bon, en étant moi-même plus très jeune, je ne sais pas si
j'accepte cette proposition du ministre. Vous, qu'en pensez-vous?
• (12 h 10) •
M. Joanisse (Jean-Paul) : Je
pense que, d'entrée de jeu, M. Marissal, on a tout simplement indiqué que,
pour une pension sécurisée, c'est la prestation déterminée. Ça a évolué, on a
expliqué tout à l'heure que ça a évolué. Et, si la nouvelle génération veut
aller d'une autre façon différente pour les raisons que j'ai expliquées tout à
l'heure, O.K. Mais, au point de vue sécurité de pension, on arrive à la
retraite, on a moins de revenus, il y a un paquet de choses qui arrivent, puis
on a quand même des besoins qui continuent à être là. Ça serait de conserver
aussi les prestations déterminées, mais ce n'est pas la tendance qui se fait à
l'heure actuelle.
M. Marissal : Non. On le note
bien, effectivement. Mais, en toute transparence, je suis moi-même un ancien
syndiqué d'une grande entreprise de presse qui a profité pendant des années du
régime qu'on appelait à l'époque le régime Cadillac, là, qui, finalement, avait
quand même deux, trois crevaisons, on s'en est rendu compte avec les
années. Et d'aventure, un jour, le régime a dû être changé, et on a dû adopter
à notre corps défendant, je parle évidemment de l'instance syndicale, des
clauses grand-père qui nous garantissaient à nous, les plus vieux, la
prestation déterminée, alors que les plus jeunes rentraient sur un autre
régime. Alors, j'ai vécu ça de proche. Et j'ai vécu de proche aussi la faillite
de mes anciens collègues du Soleil. Alors, c'est un dossier qui est à la
fois financier, mais assez émotif aussi pour des gens qui, tout d'un coup, ne
se retrouvent avec plus rien.
Vous avez manifesté tout à l'heure des...
le ministre a dit «craintes», c'est peut-être ça, ou des <doutes...
M. Marissal : ...j'ai vécu
ça de proche. Et j'ai vécu de proche aussi la faillite de mes anciens collègues
du
Soleil
. Alors, c'est un dossier qui est
à la
fois financier, mais assez émotif aussi pour des gens qui,
tout d'un
coup, ne se retrouvent avec plus rien.
Vous avez manifesté
tout à
l'heure des... le
ministre a dit «craintes», c'est
peut-être ça,
ou des >doutes, ou... En tout cas, vous avez certainement quelques
interrogations sur l'interentreprises. Vous avez parlé d'un amendement. Je n'ai
plus beaucoup de temps, mais je vous suggère de nous le soumettre pour que nous
puissions au moins le voir et le faire cheminer, le cas échéant.
M. Bernard (Denis) : D'accord.
M. Marissal : Je vous remercie.
M. Joanisse (Jean-Paul) : D'accord.
Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. Joanisse, M. Bernard, cela met fin à notre période d'auditions. Je
tenais à vous remercier très sincèrement pour votre présence parmi nous et
votre précieuse contribution à nos travaux. Au plaisir de vous revoir.
Sur ce, nous allons suspendre...
M. Bernard (Denis) : Merci.
M. Joanisse (Jean-Paul) :
Merci.
Le Président (M. Simard) : ... — merci
à vous — nous allons suspendre momentanément, le temps de faire place
à nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 12 h 13)
>
(Reprise à 12 h 18)
Le Président (M. Simard) :
Bien, chers collègues, nous sommes en mesure de reprendre nos travaux. Nous
sommes en présence de représentants de la Confédération des syndicats nationaux,
communément appelée la CSN.
Mesdames, bonjour. Bienvenue parmi nous.
Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter? Et, vous savez, vous
disposez d'une période de 10 minutes.
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Mme Senneville (Caroline) :
Oui, bonjour. Merci de nous accueillir. Je suis Caroline Senneville, première
vice-présidente de la CSN. Je suis accompagnée de Mme Nathalie Joncas, qui
est conseillère syndicale, actuaire à la CSN. Donc, je vais faire la présentation,
et on pourra, toutes les deux, <probablement...
Le Président (M. Simard) :
…disposez d'une période de 10 minutes.
Mme Senneville (Caroline) :
Oui, bonjour. Merci de nous accueillir. Je suis Caroline Senneville,
première
vice-présidente de la CSN. Je suis accompagnée de
Mme Nathalie Joncas, qui est conseillère syndicale, actuaire à la
CSN. Donc, je vais faire la présentation et on pourra, toutes les deux, >probablement,
principalement l'actuaire, répondre à vos questions.
Alors, d'entrée de jeu, il n'y aura pas de
suspense, <je suis… >je peux vous annoncer que la CSN accueille,
de façon générale, favorablement le projet de loi… le projet de loi n° 68, pardon. Vous savez, on constate que l'épargne pour
la retraite, de façon générale, est insuffisante, même quand on inclut l'apport
des régimes publics. Donc, pour nous, le projet de loi, en permettant une
option, un outil additionnel, ça ne peut qu'aider au travail, ça ne peut
qu'aider les travailleurs et les travailleuses à augmenter leurs revenus à la
retraite. On pense même que ça pourrait insuffler un nouveau souffle face au
désengagement des employeurs de plus en plus par rapport à l'épargne de
retraite pour leurs salariés.
La CSN a toujours fait la promotion et
toujours défendu ardemment, je pourrais dire, les régimes à prestations
déterminées. C'est pourquoi nous saluons la décision du gouvernement d'inscrire
dans sa loi l'interdiction pour un régime à prestations… d'être transformé en
régime de retraite à prestations cibles ou d'ajouter un volet prestations
cibles dans un régime à prestations déterminées qui serait existant. Pour la
CSN, les régimes à prestations déterminées représentent toujours le meilleur
outil pour permettre aux travailleuses et aux travailleurs d'accumuler un revenu
adéquat à la retraite. Il n'est pas question ici de mettre fin à ces régimes
pour les remplacer par des régimes à prestations cibles. Nous continuerons à
nous battre pour garder les régimes à prestations déterminées en place, pour
les améliorer et pour s'assurer qu'ils sont bien financés. C'est ce qu'on a
d'ailleurs fait ces dernières années.
• (12 h 20) •
Le projet de loi n° 68
ouvre la porte à l'implantation de régimes à prestations cibles dans le secteur
municipal et le secteur universitaire. Je vais être très claire ici aujourd'hui
avec vous, il n'est nullement de notre intention, à la CSN, d'implanter un tel
type de régime dans ces deux milieux de travail pour remplacer les régimes
à prestations déterminées existants. Nous avons travaillé très fort à les
garder, donc nous continuerons de le faire.
Évidemment, le projet de loi qui est
devant nous aujourd'hui permet la mise en place de régimes à prestations
cibles, mais ces régimes-là existent déjà et ils ont aussi une histoire. Nous
en avons implanté il y a une dizaine d'années dans l'industrie forestière, ce
qui a permis à la fois de libérer ces entreprises de la loi sur les
arrangements financiers avec leurs créanciers, et donc de maintenir des emplois
souvent dans des régions qui en avaient grandement besoin, mais aussi ça a
permis la mise en place d'un régime de retraite où les risques étaient
partagés. 10 ans plus tard, nous, on fait un constat positif de cette mise
en place de régime là, mais évidemment il ne peut pas être étendu à d'autres
secteurs d'activité, bien qu'il soit présent dans d'autres provinces
canadiennes.
Le projet de loi qui est devant nous est
le reflet de travaux qui ont été faits à Retraite Québec avec les partenaires
concernés, syndicaux et patronaux. C'est un projet qui est équilibré et qui
permet à la fois la mise en place de cadres, de balises, pour assurer le succès
de ce type de régime, mais qui permet aussi un espace de <flexibilité…
Mme Senneville
(Caroline) :
...le
projet de loi qui est devant nous est
le reflet de travaux qui ont été faits à
Retraite Québec avec les
partenaires concernés, syndicaux et patronaux. C'est un projet qui est
équilibré et qui permet
à la fois la mise en place de cadres, de balises,
pour assurer le succès de ce type de régimes, mais qui permet aussi un espace
de >flexibilité pour s'assurer... pour s'ajuster à des contextes
différents. Il n'y a pas de modèle unique pouvant s'adapter à toutes les situations.
Un régime à prestations cibles, évidemment,
met en place le partage des risques, mais il doit aussi mettre en place le
principe fort important qui est l'équité, qui... Il faut absolument que ça soit
au coeur de la conception des régimes. Pour nous, il est important de s'assurer
qu'une génération de travailleurs n'en finance pas une autre. En ce sens, la
CSN, on est d'accord avec l'orientation générale du projet de loi, qui s'assure
que les mesures mises en place en ce qui concerne la détermination des
bénéfices, les mécanismes de redressement, les mécanismes de rétablissement et
le partage des excédents d'actif soient faits en visant le plus possible une
équité entre les participants, qu'ils soient actifs ou retraités.
D'ailleurs, nous demandons au gouvernement
de s'assurer que Retraite Québec demeure vigilant sur la conception des régimes
qui seront mis en place, particulièrement des régimes qui seraient créés pour
des travailleurs qui n'auraient pas le bénéfice d'être représentés par un syndicat.
Donc, on vous l'a dit, ces régimes-là ont été négociés notamment dans
l'industrie forestière, mais il y a d'autres endroits où on tente de les mettre
en place. D'ailleurs, vous aurez l'occasion d'entendre un de nos syndicats, le
syndicat d'Alcoa à Baie-Comeau, venir vous parler de son expérience.
Alors, à… à Alcoa, pardon, les parties se
sont entendues pour mettre en place un régime de type de prestations cibles qui
prendrait effet dès le 1er janvier 2021. Et, pour nous, il est donc
important que la loi puisse prendre plein effet à cette date-là parce que<
ceci obligerait Alcoa de mettre en place… >, si ce n'était pas le
cas, ça obligerait Alcoa de mettre en place temporairement un autre type de
régime de retraite. Et une telle opération, vous le comprendrez certainement,
ne peut que créer de la confusion et des coûts administratifs importants, tant
pour l'employeur que pour les travailleurs. Alors, on insiste qu'à notre avis
il est primordial que le projet de loi permette la mise en place d'une
prestation cible dès le début de l'année prochaine, même si la loi, elle,
devait être sanctionnée à une date ultérieure.
On le sait, dans un régime à prestations
cibles, on pourrait devoir réduire les prestations acquises pour les
participants et pour les retraités du fait de la situation financière de ce
régime. Présentement, le projet de loi prévoit le rétablissement des
prestations seulement lorsque la provision de stabilisation a retrouvé son
plein niveau. Ceci, ça a peu d'impacts sur les travailleurs qui sont loin de
leur retraite, mais ça pourrait avoir un impact sur les travailleurs plus âgés
près de la retraite et sur les retraités.
Mais on comprend également que le
rétablissement, lui, ne peut pas se faire dès que le régime excède un niveau de
capitalisation de 100 %. Ça pourrait créer des situations volatiles et
créer des diminutions de bénéfice les uns à la <suite…
Mme Senneville (Caroline) :
…leur retraite, mais ça pourrait avoir un impact sur les travailleurs plus âgés
près de la retraite et sur les retraités.
Mais on comprend également que le
rétablissement, lui, ne peut pas se faire dès que le régime excède un niveau de
capitalisation de 100 %. Ça pourrait créer des situations volatiles et
créer des diminutions de bénéfices les uns à la >suite des autres, ce
qui n'est véritablement pas du tout souhaitable.
Mais on pense qu'une voie mitoyenne est
possible. On croit donc que de permettre un rétablissement des bénéfices dès
que la provision de stabilisation atteint 50 % de son objectif, ça serait
un bon compromis entre la stabilité des prestations et l'équité — encore
une fois, un principe qui est important — pour toutes les catégories
de participants au régime. La loi devrait donc pouvoir permettre une certaine
flexibilité en ce qui a trait au niveau requis de la provision de stabilisation
nécessaire avant de procéder à un rétablissement. J'aimerais dire quelques
mots aussi sur les promoteurs du régime. Il est prévu, à plusieurs endroits,
des ajustements à la Loi sur les régimes complémentaires de retraite, les RCR,
pour transférer certains rôles, obligations ou droits de l'employeur vers le
promoteur d'un régime à prestations cibles. Alors, malgré ces modifications prévues
dans le projet de loi, on croit qu'il en manque certaines, adaptations, et nous
croyons que certains ajustements devraient être faits pour pouvoir s'ajuster au
fait que ce n'est pas seulement des employeurs qui puissent être promoteurs du
régime, mais aussi des groupes de salariés ou des syndicats.
Une partie fort importante, fort
intéressante pour nous aussi de ce projet de loi, c'est la partie qui prévoit
la mise en place de fonds à prestations variables parce que cette mesure-là… Bien,
évidemment, on sait que, pour qu'elle soit pleinement mise en place, il reste
du travail réglementaire à faire, y compris du côté fédéral, mais la mise en
place de telles mesures permettrait la mise en commun lors du décaissement de régime
volontaire d'épargne-retraite ou lors du décaissement quand on est dans un régime
à cotisation déterminée. Mais nous croyons que, justement, c'est fort
intéressant et que ça devrait être élargi à d'autres régimes enregistrés, comme
les REER, comme les fonds de revenu viager, comme les régimes de retraite
simplifiés et même, dans certains cas, dans les régimes de retraite à
prestations cibles qu'on s'apprête à mettre en place, qu'il y a des cas où ça
serait bénéfique, pour les futurs retraités, qu'ils puissent participer, là, à
ce fonds de pension viager... de prestations viager.
Alors, je l'ai dit dans l'introduction,
pour nous, ce projet de loi met en place un outil supplémentaire, un véhicule supplémentaire
pour… d'une retraite digne de ce nom pour les travailleurs et les travailleuses,
mais, malgré tout, on constate qu'un nombre important de travailleurs, et
j'allais dire surtout de travailleuses, n'ont pas accès à un véhicule de
retraite qui soit convenable. Il reste encore du travail et de la réflexion à
faire pour améliorer la retraite de tous et de toutes, et, à cet égard, je veux
vous assurer que la CSN sera toujours volontaire pour s'y engager.
Et je pense que j'ai rentré…
Le Président (M. Simard) :
Tout à fait, Mme Senneville. On reconnaît là vos grandes... votre expérience
pédagogique, tiens, je le dirai comme ça. Alors, je cède la parole au ministre
des <Finances...
Mme Senneville
(Caroline) :
...vous assurer que la CSN sera
toujours
volontaire pour s'y engager.
Et je pense que j'ai rentré...
Le Président (M. Simard) :
Tout à fait, Mme Senneville. On reconnaît là vos grandes... votre
expérience pédagogique, tiens, je le dirai comme ça. Alors, je cède la parole
au ministre des >Finances.
M. Girard (Groulx) : J'ai
combien de temps?
Le Président (M. Simard) :
Vous avez 16 minutes, en théorie.
M. Girard (Groulx) : 16 minutes?
Le Président (M. Simard) :
En fait, votre groupe parlementaire dispose de 16 minutes.
M. Girard (Groulx) : 16 minutes.
Le Président (M. Simard) :
D'un maximum de 16 minutes.
M. Girard (Groulx) : O.K.
S'il y a consentement, et que c'est pertinent, je demanderais à M. Gamache
d'utiliser les deux dernières minutes pour clarifier l'aspect sur les
régimes interentreprises, qui a été discuté dans le segment précédent. Je
pense, ce serait bon qu'on en discute tout de suite, parce que l'interrogation
de la Fédération canadienne des retraités était quand même soumise avec des
bémols professionnels.
Le Président (M. Simard) :
Avec consentement, tout est possible, comme on dit.
M. Girard (Groulx) : Avec
consentement, tout est possible. Alors, je vous réserve les deux dernières
minutes, M. Gamache.
Merci pour la présentation, c'est très
apprécié. Et merci de nous partager votre expérience dans le secteur des pâtes
et papiers.
Vous avez mentionné au départ un élément
qui est extrêmement important, c'est-à-dire la nécessité de favoriser
l'épargne. Vous avez utilisé l'expression «insuffler un nouveau souffle» à
l'épargne des employés. J'aimerais que vous nous donniez, selon vous, votre
lecture de ce qui se passe dans les régimes de retraite à prestations
déterminées dans le secteur privé. <C'est... >Il y a... Bien sûr,
on les a dans le secteur public. C'est un acquis, c'est important. Mais, dans
le secteur privé, on voit une érosion importante, et j'aimerais avoir votre
lecture sur cette situation.
Le Président (M. Simard) :
Mme Senneville.
Mme Joncas (Nathalie) : Bonjour.
Le Président (M. Simard) :
Ah! Mme Joncas. Bonjour.
Mme Joncas (Nathalie) :
Bonjour. Bon, premièrement, il y a eu des difficultés qu'on appelait la tempête
parfaite, là. Il y a vraiment des difficultés, en 2008, des difficultés
financières, un vieillissement et plusieurs problèmes qui ont attaqué les
régimes à prestations déterminées, mais il y a aussi... Je pense qu'on... Avec
la nouvelle loi sur le financement des régimes, celle qui est venue dans le
secteur privé, ça aurait dû donner un meilleur aller... un meilleur souffle aux
régimes à prestations déterminées pour rester en place, mais on a l'impression
aussi que les employeurs sont vraiment en train de se désengager de ces
régimes-là.
• (12 h 30) •
Je dirais, je ne sais pas si c'est... Je
dirais que la journée où les régimes de retraite ont arrêté de relever des
ressources humaines puis ils ont commencé à relever de la finance, c'est là
qu'on a commencé aussi... Les régimes de retraite n'ont plus été vus comme
étant des outils de rémunération puis quelque chose pour <attirer le personnel...
>
12 h 30 (version révisée)
< Mme Joncas (Nathalie) :
...régimes-là. Je dirais... Je ne sais pas si c'est... Je dirais que la journée
où les
régimes de retraite ont arrêté de relever des
ressources
humaines puis ont commencé à relever de la finance, c'est là qu'on a commencé
aussi... Les
régimes de retraite n'ont plus été vus comme étant des
outils de
rémunération puis
quelque chose pour >attirer le
personnel et sont vus comme un risque à gérer, sont rentrés comme une gestion
de risque.
Puis, les régimes de retraite à
prestations déterminées, il y a un certain niveau de risque, et ça devenait...
ça devient assez difficile de… Malgré qu'on veut les financer, qu'ils peuvent
être financés correctement, ils peuvent avoir une viabilité intéressante. Il y
a beaucoup moins... Il y a comme un mur à franchir du fait que les employeurs
n'en veulent... ont beaucoup moins d'intérêt pour ces régimes-là. Puis, un
régime à prestations déterminées, ça prend un employeur en arrière pour
garantir et assurer la fluctuation même s'il y a un partage de risque avec les
employés.
Donc, c'est cette volonté-là des
employeurs qui n'est peut-être plus au rendez-vous, malgré que, je vous dirais,
là, on est capables d'en faire des bons où les risques sont mieux gérés, où le financement
est bien fait. Puis il y a quand même beaucoup moins de risque... tu sais, il y
a beaucoup moins de volatilité dans les cotisations, mais ça, c'est notre
lecture rapide de pourquoi les régimes sont...
M. Girard (Groulx) : Merci. Mais,
au niveau des employés… Parce que vous dites qu'il y a un désengagement des
employeurs en raison de la gestion des risques, finalement, parce que la
solvabilité repose essentiellement sur les employeurs. Alors, ça, ça amène un
désengagement. Mais est-ce que les employés, les nouveaux employés, les jeunes
employés... est-ce que ceux qui arrivent dans une entreprise privée aujourd'hui
sans avoir cotisé dans un régime demandent ces régimes-là, favorisent toujours
les régimes à prestations déterminées?
Mme Senneville (Caroline) :
Je vais commencer la réponse. Je vous dirais que, quand on commence à
travailler, souvent, le régime de retraite, ce n'est pas notre première
priorité, et, syndicalement, on doit souvent travailler avec nos membres pour
leur dire : Ce n'est pas juste le salaire immédiat qui est important, c'est
le salaire que tu vas avoir à la retraite. Et d'ailleurs la présence syndicale
est le premier indice pour savoir si les gens vont avoir un régime de retraite
ou pas. Donc, ce n'est pas la première préoccupation. Les gens ne sont pas très
non plus formés financièrement. Puis on l'a vu, là, avec le RVER, le régime
volontaire d'épargne-retraite, que chaque employeur est obligé de mettre sur
pied...
Le Président (M. Simard) : Mme
Senneville, je m'excuse de vous interrompre. Je suis au regret de vous demander
de répéter, pas parce que ce n'était pas clair, c'est qu'on n'a pas entendu, tout
simplement.
Mme Senneville (Caroline) : Pourtant,
mon micro est ouvert. Est-ce que vous m'entendez?
Le Président (M. Simard) : Là,
un peu mieux déjà, mais ça fluctue, là. Vous pourriez peut-être reprendre, et
puis on ne <comptabilisera...
Le Président (M. Simard) :
... Mme Senneville, je m'excuse de vous interrompre. Je suis au regret de vous
demander de répéter, pas
parce que ce n'était pas clair, c'est qu'on n'a
pas entendu
tout simplement.
Mme Senneville (Caroline) :
Pourtant, mon micro est ouvert. Est-ce que vous m'entendez?
Le Président (M. Simard) : Là,
un peu mieux
déjà, mais ça fluctue, là. Vous pourriez
peut-être
reprendre, et puis on ne >comptabilisera pas le temps. Vous pouvez
simplement reprendre. Je m'excuse de vous interrompre comme ça.
Mme Senneville (Caroline) :
Non, non, non, mais je préfère parler quand on m'entend.
Donc, ce que je disais, c'est qu'un jeune
salarié qui arrive en entreprise, la retraite… première préoccupation, et ça
fait partie du travail syndical qu'on doit faire avec lui de lui faire penser
non seulement à son salaire d'entrée, mais au salaire qu'il aura à la retraite
qu'il aura éventuellement quand il sera retraité. On l'a vu avec les RVER, le
régime volontaire d'épargne-retraite, bien, le volontariat, il est peu, là… Ce
sont des régimes qui sont très peu utilisés. Les gens ne pensent pas mettre de
l'argent à la retraite.
Alors, il y a beaucoup d'éducation à
faire. Et, quand on fait cette éducation-là entre quelque chose où la rente est
garantie et quelque chose qui est aléatoire… Et souvent, aussi, par exemple,
dans les régimes à cotisation déterminée, j'ai du travail à faire moi-même, là,
pour gérer ma retraite. Ce n'est pas simple pour des travailleurs que nous…
Je ne sais pas si Nathalie veut rajouter
quelque chose.
Mme Joncas (Nathalie) : Oui,
bien, ce que je rajouterais, là, c'est que, les régimes, on peut les faire
différemment. Puis, le dernier exemple, ce qu'on a fait, parlez-en aux
travailleuses des CPE, c'est tous des jeunes, elles sont… On les a… On a fait
un régime qui est sectoriel. Donc, quand tu t'engages dans cette profession-là,
tu es là… Demandez-leur si elles sont contentes d'être dans leur régime à
prestations déterminées. Elles sont prêtes à le défendre parce que, le régime,
il a été fait pour eux, il a été adapté à eux. Puis le modèle, c'est un modèle
à prestations déterminées. Puis je suis certaine qu'elles ne sont pas prêtes à
l'échanger pour n'importe quel autre genre de régime.
Ça fait que, oui, il y a encore… C'est un
très bon outil. Il faut juste l'adapter. Mais là on a beaucoup de misère, même,
à en parler puis à en trouver des… à avoir une perspective pour le faire, mais
les travailleurs, là, ils sont encore… Si on offre un régime à prestations
déterminées correctement, c'est certain que…
M. Girard (Groulx) : Oui,
bien, je suis d'accord avec vous que le régime à prestations déterminées a des
bénéfices, mais je remarque que vous me donnez un exemple… Les CPE, ce n'est
pas les entreprises privées, là, parce que moi, je peux vous dire, ma situation
personnelle, je gérais la caisse de retraite d'une institution financière, et
puis vous avez raison, dans votre intervention, de dire que les employeurs,
parce qu'ils portent le fardeau de la gestion de risque, sont… ils voient un
défi. Mais là on se bat à tous les jours pour bien capitaliser ces régimes-là
puis en faire bénéficier…
Puis là on se retourne vers les nouveaux
employés puis on n'est pas toujours certains que c'est même apprécié. On a des
employés qui <nous…
M. Girard (Groulx) : ...mais
là on se bat à tous les jours pour bien capitaliser ces régimes-là puis en
faire bénéficier…
Puis là on se retourne vers les
nouveaux employés puis on n'est pas toujours certains que c'est même apprécié.
On a des employés qui >nous disent carrément que, dans un contexte de
mobilité de main-d'oeuvre… aimeraient mieux avoir des... Si on regarde le
régime de retraite dans le cadre d'une rémunération globale, ils aiment mieux
avoir une portion salariale plus élevée puis une portion avantages sociaux plus
faible. En tout cas, c'est ce que moi, j'ai vécu dans le privé, mais c'est
certain que là où on... Je pense qu'on s'entend, c'est la nécessité de
favoriser l'épargne, là, ça, c'est pour les travailleurs, au bénéfice des
travailleurs.
Il me reste combien de temps? Est-ce que j'ai
mon deux minutes que je voulais avoir ou non?
Le Président (M. Simard) : Ah!
je le surveille jalousement, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : O.K., il
me reste...
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste en tout et partout six minutes moins deux, donc
4 min 24 s.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Pourquoi six minutes moins deux?
Le Président (M. Simard) :
Bien, vous m'avez demandé de garder deux minutes.
M. Girard (Groulx) : O.K.,
parfait. O.K., très bien. O.K., excellent. En fait, moi, ça fait le tour. Je
suis content de votre support général. On va analyser les particularités. Je
prends en note aussi que votre support s'arrête à l'entreprise privée, ne
favorise pas municipalités et universités. C'est entendu. Est-ce que vous
auriez une question?
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin :
Merci. Bonjour, mesdames. Une petite question peut-être rapide, mais, puisque
vous le mentionnez, puis qu'en même temps on s'éduque sur les régimes à
prestations cibles… Vous mentionnez, donc, que c'est effectivement déjà présent
dans le secteur des papetières. <Est-ce que... >Bien, en
fait, est-ce que vous pouvez nous donner un peu votre appréciation de comment
ça fonctionne? Est-ce que c'est perçu comme étant positif par les employés? Est-ce
que ces régimes-là sont utiles, par exemple, là, pour éviter de peser sur le
passif de l'entreprise puis sauver finalement des emplois? Comment vous évaluer
ces régimes à prestations cibles déjà existants?
Mme Joncas (Nathalie) : O.K.
Bien, le régime... C'est un bon exemple, là. Quand la compagnie a été sous la
loi sur la protection de la faillite, les employés ne voulaient passer à un
régime à cotisation déterminée, loin de là, même les plus... Tout le monde
voulait garder un régime à prestations déterminées avec une perspective de
rentes garanties. Donc, la prestation cible, l'avantage que ça a quand... tu
sais, il peut être géré de la même façon qu'une prestation déterminée. Il faut
juste trouver un mécanisme si jamais ça ne va pas <bien…
Mme Joncas (Nathalie) :
...passer à un régime à cotisation déterminée, loin de là, même les plus...
Tout le monde voulait garder un régime à prestations déterminées avec une
perspective de rentes garanties. Donc, la prestation cible, l'avantage que ça a
quand... tu sais, il peut être géré de la même façon qu'une prestation
déterminée. Il faut juste trouver un mécanisme si jamais ça ne va pas >bien.
Mais, pour les employés, il est vu comme une prestation déterminée. Puis,
depuis 10 ans, il n'y a eu aucune coupure de rente. Il va très bien. Puis,
ce régime-là, les gens arrivent à la retraite puis ils ont comme une rente
garantie qui est à peu près comme une prestation déterminée, et c'est ça qu'ils
voulaient. Et l'autre avantage d'un régime à prestations cibles pour les
entreprises, bien, la cotisation, c'est son engagement. Donc, il n'y a pas,
dans les états financiers, toute la comptabilité qu'il y a pour les prestations
déterminées.
Donc, ça réussit à rallier les avantages
des deux, et c'est pour ça que ça a été la seule façon de trouver un compromis
à l'époque, parce que les gens ne voulaient pas perdre leurs prestations
déterminées, voulaient quelque chose qui se rapproche plus de ça. Et il
fonctionne très bien. Il n'y a pas eu de coupure. Il n'y a pas eu de problème
jusqu'à maintenant.
• (12 h 40) •
M. Chassin :
Est-ce que je comprends que ça signifie que, quand un employé, par exemple,
arrive à la retraite, dans le fond, son capital est entièrement transformé en
rente viagère dans ce cadre-là de...
Mme Joncas (Nathalie) : C'est
le même principe qu'une prestation déterminée. On vous dit : Vous allez
avoir une rente de 2 % par année, et, à la retraite, comme pour une
prestation déterminée, vous avez sur votre relevé, à chaque année, la rente qu'on
vous promet. Et, à la retraite, c'est cette rente-là qui est payée, à moins
qu'il arrive une situation financière où la réserve n'est pas capable de
financer le déficit.
Donc là, on avertit que, peut-être, là, ça
pourrait baisser. Puis, dès que ça revient, on ramène à la cible qui est la
rente qu'on vous a donnée sur votre relevé à toutes les années, puis là on vous
le paie à la retraite, de la même façon qu'un régime à prestations déterminées,
et on ne fait pas la transformation à la date de la retraite, mais elle est
déterminée, à chaque année, en fonction de votre salaire, 2 % de votre
salaire. Bien là, 2 %, c'est un très bon régime, là, mais 2 % à chaque
année, ou 1,8 %, jusqu'à votre retraite.
Puis je ne sais pas si je peux rajouter
sur les municipaux puis les universités. Notre intention, ce n'est certainement
pas d'en mettre là, parce que les gens ont des bons régimes, mais on ne veut
pas l'interdire, là, parce qu'il y a quand même, dans ces secteurs-là, des
petites municipalités qui n'ont pas nécessairement des bons régimes. Mettons
que, pour nous, ce n'est pas là qu'on vise que ces régimes-là vont aller, mais,
en même temps, on ne voudrait pas les interdire.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci, Mme Joncas. Alors, comme j'avais promis au ministre de
lui garder deux minutes, on est en plein dans nos temps. Y aurait-il toujours
consentement afin que M. Joncas puisse s'adresser à nous? Alors,
M. Joncas, bienvenue. Pour les fins de nos travaux, auriez-vous d'abord
l'amabilité de vous présenter?
Une voix
: ...
Le Président (M. Simard) :
Mme Joncas, voyez-vous, hein, vous êtes dans mes pensées. C'est
M. Gamache plutôt.
M. Gamache (Stéphane) :
Bonjour. Stéphane Gamache, de Retraite Québec. Je voyais Nathalie qui riait
quand on m'appelait «Joncas», parce que je la connais.
On veut juste apporter une précision par
rapport à un des commentaires de la Fédération canadienne des retraités pour
les rassurer, puis il indiquait qu'il interprétait, puis peut-être à tort, là,
la conversion. Oui, le projet de loi permet la conversion de régimes à
cotisation et prestations <déterminées…
M. Gamache (Stéphane) : …on
veut
juste apporter une précision par rapport à un des commentaires de la Fédération
canadienne des retraités pour les rassurer, puis il indiquait qu'il
interprétait, puis peut-être à tort, là, la conversion. Oui, le projet de loi
permet la conversion de régimes à cotisation et prestations >déterminées
vers une prestation cible, mais c'est une catégorie de régime qui a seulement
huit régimes de retraite. C'est très particulier. Il ne peut pas y avoir de
nouveau régime de retraite dans cette catégorie-là depuis 2015, depuis février
2015. Donc, il n'y a pas de danger que des régimes cheminent vers cette catégorie-là
pour, après, devenir des prestations cibles, là. Il n'y a pas ce risque-là du
tout. Puis c'est des régimes qui sont apparentés à des prestations cibles puis
des régimes que les rentes peuvent déjà être réduites lorsque la situation
financière est défavorable.
Donc, c'est des régimes qui sont déjà dans
cette famille de régime là. C'est un groupe fermé. Donc, il n'y a pas de
risque, là, à ce que d'autres… que les prestations déterminées pures, là, traditionnelles,
cheminent par ce groupe-là pour joindre les prestations cibles. Au besoin, on
pourrait fournir plus d'informations, mais il n'y a pas les enjeux… C'est sûr
que la loi, c'est compliqué à comprendre, puis ce n'est pas facile, ces
articles de loi là, mais il n'y a pas ce risque-là, selon nous.
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste une vingtaine de secondes, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Je
résumerais, là, que le projet de loi ne permet pas de faire indirectement ce
que nous interdisons directement. On pourra, si c'est nécessaire, fournir une
opinion plus étoffée si les membres de la commission le demandaient.
Le Président (M. Simard) : De
toute manière, nous ne sommes pas encore à l'étape détaillée. On est en période
d'auditions.
M. Girard (Groulx) : D'accord,
exactement. Exactement, mais je pense qu'il faut parler des… C'était le bon
moment d'en parler.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Tout à fait. Merci à vous, M. le ministre. Je cède la parole au leader de
l'opposition officielle.
M. Fortin :
Merci, M. le Président. Bonjour, mesdames. J'ai vu, Mme Joncas, que vous aviez peut-être
quelque chose à dire. Allez-y, là, je n'ai pas d'objection.
Mme Joncas (Nathalie) : Non,
mais ce que… Après ce que M. Gamache a dit, bien, je vous invite justement, s'il
y en a qui viennent vous présenter puis vous demander… Puis je suis certaine qu'il
y en a qui vont vous demander de pouvoir convertir les prestations déterminées,
mais je vous invite à garder la position que vous avez présentement, là. C'est
très important qu'on ne puisse pas les convertir, les prestations déterminées.
M. Fortin :
O.K., mais, sur ce point-là, Mme Joncas, le premier point que vous faites <dans
votre… >dans l'analyse du projet de loi, c'est justement par rapport à
l'entente que vous avez signée avec le syndicat d'Alcoa, c'est-à-dire… ou que
l'entente qui a été signée par le syndicat d'Alcoa pour la fermeture d'un
régime à prestations déterminées et pour la création d'un régime à prestations
cibles. Alors là, vous demandez à ce que le projet de loi soit adopté
relativement… que la date d'entrée soit le 1er janvier pour s'assurer que
la transition puisse se faire rapidement, mais est-ce que ce n'est pas
exactement ce qui est interdit par le projet de loi?
Mme Joncas (Nathalie) : Non,
ce qui est interdit par le projet de loi, c'est de prendre la prestation
déterminée, tous tes droits acquis, et là les transformer en prestations
cibles. Donc, si tu avais 20 années d'accumulées dans ta prestation
déterminée, ça deviendrait 20 années de prestations cibles. Donc, ce que le
projet de loi… empêche de faire ça. Ce qui s'est passé à Alcoa puis ce qui se
passe à d'autres endroits, c'est que les… ce qui est dans la prestation
déterminée, ça demeure garanti, puis l'employeur doit toujours garantir ça et
combler les déficits s'il <arrivait…
Mme Joncas (Nathalie) :
...
transformer en prestations cibles. Donc, si tu avais 20 années
d'accumulées dans ta prestation déterminée, ça deviendrait 20 années de
prestations cibles. Donc, ce que le
projet de loi… empêche de faire ça.
Ce qui s'est passé à Alcoa puis ce qui se passe à d'autres endroits, c'est que
les… Ce qui est dans la prestation déterminée, ça demeure garanti, puis
l'employeur doit toujours garantir ça et combler les déficits s'il >arrivait
dans ce régime-là qui est fermé, mais qui encore en vie. Donc, ça, ça reste là,
et on ne peut pas empêcher, dans l'avenir, d'aller vers une nouvelle formule,
mais, pour le passé, ça ne peut pas être modifié.
M. Fortin :
Mais pour, donc, le nouveau travailleur, lui, il serait dans le régime à
prestations cibles?
Mme Joncas (Nathalie) : Oui.
S'il n'a pas d'années de services passées, il passe dans un prestations cibles.
M. Fortin :Est-ce que ça ne crée pas un peu un régime à deux vitesses, ce
qui est décrié par plusieurs?
Mme Joncas (Nathalie) : Ce n'est
pas un régime à deux vitesses parce que c'est tout... Admettons, là, que le
régime… Bien là, Alcoa, prenons cet exemple-là, va se terminer le 31 décembre
2020, tout le monde ont ces années-là. Bien, en 2021, que ça fait 20 ans
que tu es à Alcoa ou que ça fait une année, toute ton année 2021 va être
dans une prestation cible.
M. Fortin : O.K. parfait. Je
veux juste clarifier un point, là. Vous avez fait référence… D'entrée de jeu, c'était
un des premiers points que vous avez amené, justement, votre préoccupation par
rapport aux universités, aux municipalités, comme quoi, là, les régimes à
prestations cibles pourraient leur être permis. Mais, dans votre point il y a
quelques instants, vous nous avez dit : Bien, on ne veut pas l'interdire
non plus, parce qu'il y a des municipalités, peut-être, où ils n'en ont pas du
tout, ça pourrait leur être bénéfique, du moins pour leurs travailleurs. Alors
là, législativement, là, vous ne nous demandez pas de changer quoi que ce soit,
là? O.K., c'est bien, c'était juste une préoccupation que vous vouliez
souligner. C'est ça? O.K.
Une question, M. le Président, avant de
passer la parole à mon collègue. Votre recommandation n° 8,
vous recommandez que des sommes provenant d'autres régimes enregistrés puissent
être transférées, si j'ai bien compris. Donc, pouvez-vous m'expliquer le
concept un peu davantage, là? Je ne suis pas certain que je comprends ce que
vous demandez.
Mme Joncas (Nathalie) : Le
régime à prestations variables, c'est un régime pour recevoir l'argent et c'est
un peu comme un prestations cibles juste pour le futur, juste pour des
retraités, là. Juste quand tu arrives à la retraite, c'est un prestations
cibles, ce n'est pas la même chose qu'avoir une rente garantie. Le projet de
loi prévoit la mise en place de ça.
Donc, il y a peut-être des groupes qui
vont mettre ça en place, là, ou des institutions financières, un régime à
prestations variables. Mais là les seuls retraités qui vont pouvoir prendre
leur capital accumulé de retraite, c'est ceux qui ont de l'argent dans un
cotisation déterminée ou dans un RVER, mais ceux qui ont de l'argent dans un
REER ne pourront pas l'envoyer là-dedans. Ceux qui ont de l'argent dans un FRV
ne pourront pas l'envoyer là-dedans.
Donc, nous on dit : À un certain
moment donné, si ce véhicule-là pour la retraite… ceux qui ont un capital
d'accumulé, qui ne sont pas nécessairement... qui ne sont pas dans un
prestations cibles, dans un prestations déterminées, tout ça, pourquoi est-ce
qu'on a fermé la porte à ce que ces gens-là puissent, à la retraite, choisir
d'amener leur argent là-dedans au lieu de l'amener dans un FRV, au lieu de
s'acheter une rente à la retraite, donc ouvrir la possibilité pour d'autres
véhicules… des gens qui ont de l'argent dans leur <REER...
Mme Joncas (Nathalie) :
... qui ne sont pas nécessairement... qui ne sont pas dans un prestations
cibles, dans un prestations déterminées, tout ça, pourquoi est-ce qu'on a fermé
la porte à ce que ces gens-là puissent, à la retraite, choisir d'amener leur
argent là-dedans au lieu de l'amener dans un FRV, au lieu de s'acheter une
rente à la retraite, donc ouvrir la possibilité pour d'autres véhicules… des
gens qui ont de l'argent dans leur >REER, de pouvoir mettre l'argent
dans un régime à prestations variables? Est-ce que c'est plus clair?
M. Fortin :Je comprends. Ça va pour moi, M. le Président.
Mme Joncas (Nathalie) : O.K.,
merci.
Le Président (M. Simard) :
M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, M. le
Président. Alors, mesdames, bonjour. Merci d'être là.
Je voulais continuer un peu dans cette
direction-là, la recommandation n° 8. Donc, en
principe, je comprends que c'est une bonne idée, donc, que les personnes
puissent transférer une partie ou la totalité de leur REER dans un tel régime. La
question que j'ai, c'est : Mais, si on fait ça, qui va payer pour l'administration
du programme? C'est-à-dire, quand on met en place un régime de retraite à
prestations cibles, ça coûte quand même quelque chose à l'administrer. Très
bien. Si on permet aux travailleurs, une fois arrivés à la retraite, de pouvoir
rajouter des sommes additionnelles, parce que je pense qu'ils trouveraient ça
avantageux, parce que le régime est bien géré, etc., ils vont bénéficier un
petit peu de... Je ne sais pas, moi, je trouve ça un peu... peut-être pas très
juste pour tout le monde. Je ne sais pas comment vous voyez ça.
Mme Joncas (Nathalie) : Bien,
c'est comme n'importe quoi, là, c'est comme... Si une institution financière
décide qu'elle met en place un régime à prestations variables, il va y avoir
des frais de la même façon que, quand on s'en va dans une institution
financière puis on lui demande de gérer notre fonds de revenu viager ou qu'on
lui demande de gérer le REER. Mais, en même temps, si les gens vont dans un
régime à prestations variables et que, là, c'est mis ensemble, là, on regroupe
les risques puis on peut faire des meilleurs placements, les meilleurs
placements vont payer... devraient payer beaucoup pour les frais additionnels
que ça peut... de gestion, là.
Donc, c'est globalement, là… Ça fait qu'on
pense que les... C'est le même principe qu'un régime à prestations cibles ou un
régime à prestations déterminées, c'est la mise en commun des risques puis la
mise en commun des frais. Ça fait généralement des plus petits frais que quelqu'un
qui prend son argent puis qui s'en va tout seul auprès de son institution
financière.
• (12 h 50) •
Mme Senneville (Caroline) :
Si je peux compléter?
M. Leitão : Allez-y.
Mme Senneville (Caroline) :
Aussi, c'est une préoccupation qu'on a, parce que, dans beaucoup de ces
régimes-là, les gens, une fois à la retraite, sont laissés à eux-mêmes, puis la
littératie financière ou l'intérêt financier n'est pas également partagé chez
les gens. Donc, d'avoir un véhicule où, effectivement, la mise en commun peut
être possible, de faire en sorte que les frais d'administration soient plus...
soient moins élevés puis que ça offre aussi une panoplie, là, où il y a des
balises aussi, là, par rapport à ta façon de décaisser ou d'encaisser ton argent
à la retraite, c'est intéressant, parce que, quand on s'intéresse aux régimes
de retraite, on s'intéresse souvent à l'accumulation puis, après ça, on
s'intéresse moins à comment qu'on vit notre retraite, là, jusqu'à la <fin…
Mme Senneville (Caroline) :
... soient moins élevés puis que ça offre aussi une panoplie, là, où
il
y a des balises aussi, là,
par rapport à ta façon de décaisser ou
d'encaisser ton
argent à la retraite, c'est
intéressant, p
arce
que, quand on s'intéresse aux régimes de retraite, on s'intéresse
souvent
à l'accumulation puis, après ça, on s'intéresse moins à comment qu'on vit notre
retraite, là,
jusqu'à la >fin, et, voilà, pour nous, ce volet-là
est fort intéressant.
M. Leitão : Très bien. Et je
ne suis pas en désaccord. Je pense que... Mais je mentionnais cela parce que,
ce genre de débat, on l'a eu aussi, il y a quelques années, en ce qui concerne
le RRQ, le Régime de rentes du Québec, donc, que les personnes puissent amener
leur épargne personnelle, leur REER, etc., et le mettre... que Retraite Québec
et la Caisse de dépôt gèrent ce régime-là, et c'est une bonne idée, il me
semble.
Mais la question qui était posée à ce
moment-là, c'était, bon, les frais d'administration… et ça rendrait le travail
de Retraite Québec… c'est comme ça, M. Gamache, vous pouvez peut-être
commenter plus tard, mais ça rendrait le travail de Retraite Québec beaucoup
plus compliqué parce qu'il faudrait gérer différemment, donc, la… individuelle
du régime de pension. C'est dans ce contexte que je soulevais la question, mais
je comprends, bien sûr, l'utilité. Et vous avez mentionné aussi les RVER, et,
oui, en effet, ce serait une raison additionnelle de peut-être promouvoir ce
régime-là, en disant qu'à la fin ça peut être transféré dans un régime à
prestations cibles.
Je n'avais pas vraiment d'autre question,
sauf… Quand je dis ça, il y a toujours quelque chose d'autre qui vient. Vous
avez mentionné la question d'Alcoa, et donc le changement qui était en train de
se faire. Et la question que j'ai, c'est tout simplement pourquoi est-ce
qu'Alcoa choisit et ses travailleurs choisissent de faire cette
transformation-là à ce moment-ci?
Mme Joncas (Nathalie) : Je
peux avancer une réponse, mais je pense que le... Vous allez recevoir le
président, et il va probablement pouvoir vous expliquer pourquoi, mais, dans le
secteur privé, c'est quand même... Ce n'est certainement pas les syndicats qui
amènent sur la table de négociation la fermeture de leur régime de retraite.
Donc, c'était tout attaché avec ce qui s'est...
Je pense, c'est ABI qui était d'un côté. Il y avait eu... Vous savez ce qui s'est
passé dans cette période-là. Donc, ce n'est pas le syndicat qui a amené la
demande de mettre la prestation déterminée. Il y a eu la fermeture… comme à
bien des endroits, une demande des employeurs de fermer le régime à prestations
déterminées. Puis là on a travaillé avec le syndicat pour trouver le régime qui
serait le plus adapté puis qu'est-ce qui ferait... qui permettrait de faire
consensus. Donc, c'est pas mal ça qui s'est passé. Je peux vous rassurer que ce
n'est pas nous qui avaient initié <la...
Mme Joncas (Nathalie) :
...
prestations déterminées. Puis là on a travaillé avec le syndicat
pour trouver le régime qui serait le plus adapté puis qu'est-ce qui ferait...
qui permettrait de faire consensus. Donc, c'est pas mal ça qui s'est passé. Je
peux vous rassurer que ce n'est pas nous qui avaient initié >la
démarche.
M. Leitão : ...la confusion de
ma part, mais je poserai la question aussi... Bon, en conclusion… c'est-à-dire,
en fin de compte, c'est un moyen de faire une conversion qui n'est pas une
conversion. Donc, il faudra qu'on explore cette question-là.
Le Président (M. Simard) :
Merci, cher collègue. Le député de Rosemont était appelé au bleu. Il devra...
se joindra à nous un peu plus tard. Je cède donc la parole au député de
René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup,
M. le Président. Donc, à mon tour, mesdames, de vous saluer.
On va faire un peu de pédagogie. Je suis
un travailleur. Je suis présentement dans un régime à prestations déterminées.
Il y a entente entre le syndicat et l'employeur pour l'installation d'une
prestation cible. Je n'ai pas le choix, je dois embarquer dans ce régime-là, mais
je ne suis pas perdant. Vous l'avez expliqué tout à l'heure, les années que
j'ai accumulées dans ma prestation déterminée demeurent. C'est bien ça?
Mme Joncas (Nathalie) : Oui.
M. Ouellet : Parfait. Je suis
un retraité. Donc, je suis présentement retraité d'un régime à prestations
cibles. Mon syndicat et mon ancien employeur s'entendent ensemble pour mettre
en place une prestation cible. Est-ce que mes rentes vont être affectées suite
à la mise en place de cette prestation cible?
Mme Joncas (Nathalie) : Non.
Votre rente va continuer à être payée par le régime à prestations déterminées,
avec la garantie que l'employeur est en arrière. Sinon, s'il y a un déficit, il
va falloir qu'il... S'il ferme le régime, il doit combler le déficit puis il
doit acheter la rente auprès d'une compagnie d'assurance et garantir la rente
qu'on lui a promise.
M. Ouellet : Donc, pour
convertir un régime à prestations déterminées vers une prestation cible, ça
prend une entente entre un syndicat et un employeur. Ça ne peut pas être imposé?
Mme Joncas (Nathalie) : Bien,
regardez, moi, je… Peut-être… On ne convertit pas un régime. Présentement, ce
qui se passe, là, au Québec, là, c'est quand l'employeur arrive puis dit :
Moi, là, je n'en veux plus, du prestations déterminées, bien là les employés se
retrouvent dans un régime à cotisation déterminée. Quand l'employeur ferme la
prestation déterminée, on se retrouve dans des régimes à cotisation déterminée,
ou dans des REER collectifs, ou dans un régime qui sont des régimes d'accumulation
de capital qui ne sont pas nécessairement adaptés.
Mais, ça, là, le nombre d'entreprises dans
le privé qui ont fermé leurs régimes à prestations déterminées, mais qui
n'avaient pas de meilleur outil… Nous, ce qu'on vous dit, là, c'est que, partout
où on veut garder une prestation déterminée, ça va demeurer, mais ce qui s'est
passé, puis ceux qui sont dans des cotisations déterminées parce qu'ils ont été
obligés ou parce que c'est ça qui s'est passé… Est-ce qu'on est capables
d'avoir, au lieu de s'en aller dans une cotisation déterminée, <avoir >un
meilleur outil pour avoir une meilleure rente?
Et, aussi, les prestations cibles, là, il
y a plein de gens, là… Le nombre de personnes qui sont dans des régimes à
cotisation déterminée, où on essaie de les faire passer vers un régime à
prestations déterminées, ça ne fonctionne pas. Est-ce qu'on est capables de
faire la moitié du chemin pour les amener vers une meilleure garantie à un
régime à prestations cibles? C'est pour ça qu'on pense qu'on a besoin de cet
outil-là, pour faire un pas en avant pour tous ceux qui sont dans les régimes
d'accumulation de capital, puis ils sont trop petits pour avoir un prestation
déterminée pour eux <autres...
Mme Joncas (Nathalie) :
…
on essaie de les faire passer vers un régime à prestations déterminées,
ça ne fonctionne pas. Est-ce qu'on est capables de faire la moitié du chemin
pour les amener vers une meilleure garantie à un régime à prestations cibles?
C'est pour ça qu'on pense qu'on a besoin de cet outil-là, pour faire un pas en
avant pour tous ceux qui sont dans les régimes d'accumulation de capital, puis
ils sont trop petits pour avoir un prestations déterminées pour eux >autres,
parce que c'est des petites entreprises.
Donc, le prestation cible va nous
permettre de les regrouper, tu sais, de regrouper ces gens-là dans un meilleur
régime. Ça va permettre à ceux qui sont à cotisation déterminée peut-être de
vouloir partager les risques avec l'employeur sans pour autant aller sur un
prestations déterminées, parce que, là, on n'y arrive plus. On n'y arrive plus
parce que les employeurs ne veulent pas s'embarquer dans ce type de régime là.
Donc, nous, on pense que c'est un outil pour améliorer et non pas pour
convertir. Ça fait que c'est juste ça, là, c'est vraiment deux choses vraiment
différentes.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, écoutez, comme le député de Rosemont ne peut pas
malheureusement se joindre à nous, est-ce qu'il y aurait consentement pour que
le temps restant puisse être imparti au Parti québécois? Cher collègue,
veuillez poursuivre, je vous prie.
M. Ouellet : Merci beaucoup.
Donc, croyez-vous que le fait de rendre possible, dans le milieu municipal et
universitaire, le régime à prestations cibles devient un outil supplémentaire
de négociation pour la partie patronale lors de la prochaine ronde de
négociation, considérant que ce régime-là n'existait pas et considérant surtout
que les travailleurs n'avaient aucun intérêt à aller du côté de la cotisation
déterminée? Est-ce que vous pensez que ça devient maintenant une épée de
Damoclès, en sachant que, maintenant, ces milieux-là pourraient avoir cet
outil-là pour dire : Bien, pour nous, pour ouvrir la prochaine
négociation, si on ne parle pas de prestations cibles, il n'y aura pas de
négociation? Avez-vous cette crainte-là, considérant qu'on touche un tout
nouveau secteur qui n'était pas couvert par le passé et qui était exclusivement
réservé dans le secteur privé?
Mme Senneville (Caroline) :
Bien, on va se partager la réponse, là. D'abord, dans le régime… dans le milieu
universitaire, il y a des régimes à cotisation déterminée. Ce n'est pas tout le
monde qui est à prestations déterminées dans le régime universitaire. Donc, il
y a place à amélioration.
Puis je pense qu'on a été clairs
là-dessus, là, des employeurs qui se désengagent, des employeurs qui disent :
Je n'en veux plus, des employeurs qui disent : C'est trop compliqué, ça
coûte trop cher, ça existe. Ça va continuer à exister, peu importe que le
projet de loi soit adopté ou pas. On va faire face à ça aux tables de
négociation, puis là, bien, c'est le rapport de force, puis ça peut être
éventuellement des conflits ou encore c'est les conditions de travail qui
écopent.
• (13 heures) •
Alors, cette situation-là, on y fait face
et on va continuer à y faire face, sauf que, là, il y a un outil
supplémentaire. Quand on fait face à ça, on est capables de protéger plus les
rentes des individus, d'avoir des prestations cibles. Et, quand le régime à
prestations cibles fonctionne, bien, on les atteint, les cibles, alors qu'avant,
face à ces menaces-là, bien, on avait moins d'outils. Il restait les outils
d'accumulation de capital, puis, bien, effectivement, ce n'est pas la même
garantie, ce n'est pas le même partage de risque. Alors, on approche… En tout
cas, ce que les employeurs disent, ont dit et diront, que le projet de loi
existe ou il n'existe pas, ils pourront maintenir le même discours, puis nous,
on aura à travailler pour <améliorer la retraite de nos membres…
>
13 h (version révisée)
< Mme Senneville (Caroline) :
…puis, bien,
effectivement, ce n'est pas la
même garantie, ce
n'est pas le
même partage de risque. Alors, on approche… E
n tout
cas, ce que les employeurs disent, ont dit et diront, que le
projet de
loi existe ou il n'existe pas, ils pourront maintenir le
même discours,
puis nous, on aura à travailler pour >améliorer la retraite de nos
membres.
M. Ouellet : Merci. Il me
reste encore un petit peu de temps. Vous parlez d'une nécessaire flexibilité
quant aux modalités de régimes à prestations cibles. Pouvez-vous nous en donner
quelques exemples de cette flexibilité-là que vous recherchez?
Mme Joncas (Nathalie) : Bien,
une des flexibilités importantes, c'est justement, là, d'être capables de
rétablir les rentes. Si jamais, là, les rentes étaient coupées, on aimerait
être capables de rétablir plus rapidement à la cible que d'attendre que la
provision soit complétée à 100 %, parce que… Puis vous pouvez demander à
des retraités… on pourrait leur demander : Est-ce que vous voulez attendre
que ça soit à 100 %, et là vous allez vraiment assurés qu'on ne coupera
plus…
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
Mme Joncas (Nathalie) : …ou
on va vous couper peut-être… on va vous ramener un petit peu plus rapidement
avec des chances d'être coupés? Je pense que ce serait ça, le choix.
M. Ouellet : Parfait. Merci,
mesdames.
Le Président (M. Simard) :
Alors, Mme Senneville, Mme Joncas, merci à vous deux pour votre présentation et
votre précieuse contribution à nos travaux. Au plaisir de vous revoir.
Ceci étant, nous allons suspendre nos
travaux et nous serons de retour à 15 heures. Au revoir.
(Suspension de la séance à 13 h 01)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 h 03)
Le Président (M. Simard) :
Chers collègues, à l'ordre! Je constate que nous avons quorum et que nous
pouvons reprendre nos travaux.
Comme vous le savez, nous sommes réunis
afin de réaliser des consultations particulières et des auditions publiques sur
le projet de loi n° 68, Loi visant principalement à
permettre l'établissement de régimes de retraite à prestations cibles.
Et nous recevons cet après-midi les représentants
de la Fédération des chambres de commerce du Québec. Messieurs, bonjour.
Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter, bien qu'on vous connaisse très
bien, mais quand même, pour les fins de nos travaux?
Fédération des chambres de commerce du Québec
(FCCQ)
M. Milliard (Charles) :
Excellent. Donc, je débute, là, mon allocution?
Le Président (M. Simard) : Peut-être
vous présenter, ainsi que la personne qui vous accompagne.
M. Milliard (Charles) : Oui, d'accord.
Alors, excellent. Bonjour. Alors, Charles Milliard, président-directeur général
de la FCCQ. Je suis accompagné d'Alexandre Gagnon, vice-président Travail et
Capital humain à la fédération.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Alors, vous disposez de 10 minutes.
M. Milliard (Charles) :
Alors, merci, M. le Président. Bonjour à tous. Donc, je vous remercie sincèrement
de nous permettre virtuellement de comparaître devant vous cet après-midi pour
commenter le projet de loi n° 68, donc qui vise,
comme vous l'avez mentionné, M. le Président, l'établissement de régimes de
retraite à prestations cibles.
Bref rappel au sujet de la FCCQ. Donc,
nous sommes à la fois, comme vous le savez, une fédération de chambres de
commerce, mais aussi une chambre de commerce provinciale avec plus de
1 100 membres corporatifs. La fédération représente donc 50 000 entreprises
partout au Québec, des petites, des moyennes et des grandes, et ce, sur
l'ensemble du territoire québécois et dans l'ensemble des secteurs d'activité également.
La FCCQ est impliquée depuis de nombreuses
années dans les débats sociaux entourant les régimes de retraite. Nous
collaborons activement au Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre,
le CCTM, qui anime les débats entre associations d'employeurs et organisations
syndicales, ainsi qu'aux travaux consultatifs de Retraite Québec. Nous avons
d'ailleurs participé aux travaux sur la réforme des régimes de retraite dans le
secteur privé ayant mené au projet de loi n° 57 en
2015, il y a cinq ans déjà, et nous avons également participé aux travaux
préparatoires à la rédaction de ce présent projet de loi sous la coordination
de Retraite Québec.
De façon générale, nous accueillons
favorablement, je tiens à le dire d'entrée de jeu, ce projet de loi. Mais, pour
situer notre contribution au débat, peut-être qu'un court historique s'impose,
si vous me permettez.
Depuis la récession de 2008, le monde des
régimes de retraite a été profondément bouleversé. La chute brutale et
inattendue des marchés boursiers combinée à la diminution drastique des taux
d'intérêt a porté en lumière, vous le savez, les risques entourant les régimes
complémentaires de retraite à prestations déterminées. De nombreux employeurs
ont été durement touchés par les mauvaises performances de rendement de leurs
régimes de retraite, mettant à risque, donc, les emplois de plusieurs dizaines
de milliers de Québécois. C'est donc dans ce contexte et afin de diminuer le
risque <que de nombreux...
M. Milliard (Charles) :
...
drastique des taux d'intérêt a porté en lumière, vous le savez, les
risques entourant les régimes complémentaires de retraite à prestations
déterminées. De nombreux employeurs ont été durement touchés par les mauvaises
performances de rendement de leurs régimes de retraite, mettant à risque donc
les emplois de plusieurs dizaines de milliers de Québécois. C'est donc dans
ce contexte, et afin de diminuer le risque, >que de nombreux employeurs
de partout dans le monde ont été forcés de faire des transformations des
régimes de retraite en privilégiant souvent des régimes à cotisation déterminée
qui répondaient mieux à leurs impératifs importants de prévoyance.
Devant tous ces changements, le
gouvernement québécois de l'époque a demandé au CCTM, en 2014, donc, de mettre
sur pied un sous-comité qui visait à déterminer les mesures les plus
efficientes à mettre en oeuvre concernant les règles de financement des régimes
de retraite à prestations déterminées en changeant l'évaluation des régimes
selon une approche de capitalisation plutôt que selon une approche de
solvabilité. Ces travaux, comme je le mentionnais d'entrée de jeu, ont mené à
l'adoption du projet de loi n° 57 en 2015, qui est venu, donc, stabiliser
de façon importante les transformations de régimes.
Alors que le gouvernement amorça une mise
à jour de la Loi sur les normes du travail, il prit la décision d'interdire,
par l'adoption, donc, du projet de loi n° 176, la création de nouveaux
régimes différenciés en fonction de la fameuse date d'embauche, venant empêcher,
donc, toute transition graduelle d'un régime à prestations déterminées vers
d'autres sortes de régimes en faisant une distinction en fonction donc de la
date d'embauche. À partir de ce moment, toute transformation de régime <devait
se faire... >devrait se faire pour l'ensemble des travailleurs actifs et
futurs de l'employeur, venant ainsi, donc, complexifier grandement les
négociations de modifications des régimes de retraite.
Dernier chapitre de l'histoire jusqu'à
aujourd'hui, donc, en 2017, Retraite Québec rassembla à nouveau les
organisations membres du CCTM afin de réfléchir à la mise en place d'un nouveau
modèle de régimes de retraite, dont la conception, vous le savez, permettrait
de garantir une certaine rente aux travailleurs, mais tout en permettant aux
employeurs de prévoir avec précision le coût de leurs cotisations. On répondait
donc ainsi à une demande provenant des milieux de travail désirant s'inspirer
de régimes de retraite à prestations cibles existant déjà, entre autres dans
certaines papeteries québécoises depuis 2012, suite, vous vous rappellerez
sûrement, à une loi spéciale.
Ce qui nous amène donc cet après-midi, en
octobre 2020, où, vous le savez, déjà certains milieux ont négocié, dans
le cadre de conventions collectives, la mise en vigueur d'un tel régime au
1er janvier 2021, par exemple, advenant évidemment l'adoption, par
les parlementaires, du présent projet de loi. Il va de soi, je l'ai dit
d'entrée de jeu, que nous recommandons de procéder avec diligence à l'examen du
projet de loi afin de permettre cette mise en vigueur le plus rapidement
possible.
Sans nier l'intérêt de certains milieux de
travail de bénéficier d'une nouvelle alternative dans la conception de leur
offre de régimes de retraite, le présent projet de loi, je le dis de façon très
amicale et factuelle, s'insère principalement dans une dynamique de compétition
entre la FTQ et la CSN. La FTQ négocie et fait la promotion, depuis de
nombreuses années, des régimes de retraite à financement salarial, les RRFS,
régimes pratiquement identiques, comme on le sait, aux régimes à prestations
déterminées, mais dont le risque est assumé par les cotisations des travailleurs
plutôt que par celles de l'employeur. Ce régime est ouvert à tous, mais il est
fortement identifié, quand même, à la FTQ qui s'en sert comme <un
facteur...
M. Milliard (Charles) :
…régimes de retraite à financement salarial, les RRFS, régimes pratiquement
identiques, comme on le sait, aux régimes à prestations déterminées, mais dont
le risque est assumé par les cotisations des travailleurs, plutôt que par
celles de l'employeur. Ce régime est ouvert à tous, mais il est fortement
identifié, quand même, à la FTQ qui s'en sert comme >un facteur d'attractivité
auprès des travailleurs lors de syndicalisation ou, évidemment, de campagne de
maraudage.
La CSN, qui était avec vous ce matin,
d'ailleurs, a déjà exprimé publiquement sa volonté d'utiliser l'exigence de
régimes à prestations cibles comme alternative à l'association tacite, si on
veut, entre les RRFS et la FTQ. Tel qu'énoncé auparavant, elle a d'ailleurs
commencé à négocier la mise en vigueur éventuelle de tels régimes dans certains
milieux.
• (15 h 10) •
Alors, dans ce contexte, loin du discours
plus technique, si on veut, la FCCQ souhaite s'insérer dans le débat davantage
comme un chien de garde afin de s'assurer que l'offre d'un nouveau type de
régime sera suffisamment attractive, mais aussi suffisamment flexible pour
intéresser les milieux qui cherchent des alternatives. Devant la complexité de
négocier des transformations de régimes de retraite, toute nouvelle alternative
est évidemment la bienvenue et permettra possiblement d'éviter des conflits de
travail, ce que personne ne souhaite.
Nous souhaitons donc aussi, aujourd'hui,
vous soumettre quelques propositions qui pourraient venir, je l'espère,
bonifier le projet de loi n° 68. Alors, selon nous, le présent projet de
loi devrait notamment privilégier une approche de capitalisation afin d'évaluer
la valeur d'un régime. Nous recommandons que cette approche soit notamment
utilisée, plutôt que l'approche de solvabilité, pour évaluer la valeur des
droits d'un participant lors d'une cessation d'emploi ou lors d'un achat de
rentes. Cette approche représente davantage une vision à long terme et permet
surtout de respecter le principe de mutualisation des risques désiré dans la
conception d'un tel régime dont on discute aujourd'hui. Bien sûr, bien sûr,
nous sommes conscients que cela pourrait impliquer des nouvelles réflexions et
certainement certains travaux réglementaires. Considérant, donc, les délais et
afin de permettre à certains milieux de mettre en vigueur de tels régimes
rapidement, nous vous recommandons de donner à Retraite Québec le pouvoir
réglementaire de changer d'approche d'évaluation.
Aussi, le présent projet de loi ne permet
pas la conversion du service antérieur d'un régime à prestations déterminées
vers un régime à prestations cibles lors de la transformation d'un régime.
Cette situation rendra plus complexe la coexistence d'un régime ne recevant
plus de cotisations avec un régime actif. Permettre la conversion, selon nous,
faciliterait grandement la gestion des régimes de retraite transformés en
conservant dans un seul et même régime les fonds accumulés. Le cas échéant, des
règles de consentement devraient bien évidemment être établies. L'objectif ici
est clair, c'est de donner une flexibilité supplémentaire au milieu de travail
quant à la gestion des régimes de retraite. Par ailleurs, le projet de loi ne
permet pas à un employeur québécois ayant des employés dans plus d'une
province, et c'est le cas de plusieurs employeurs, d'offrir, donc, un régime à
prestations cibles à ceux de l'extérieur du Québec. Nous sommes d'avis que le gouvernement
devrait travailler avec ses homologues des autres provinces afin d'harmoniser
ces règles.
En somme, la FCCQ soutient le projet de
loi n° 68. Ce projet de loi démontre à nouveau la
capacité des acteurs sociaux à tenir un débat social constructif afin
d'encadrer les lois du travail chez nous. Nous encourageons <le
gouvernement et…
M. Milliard (Charles) :
...nous sommes d'avis que le
gouvernement devrait travailler avec ses
homologues des autres provinces afin d'harmoniser ces règles.
En somme, la FCCQ soutient le projet de
loi
n° 68. Ce projet de loi démontre à nouveau
la capacité des acteurs sociaux à tenir un débat social constructif afin d'encadrer
les lois du travail chez nous. Nous encourageons >le gouvernement et Retraite
Québec à continuer de faire appel aux associations patronales et syndicales
afin d'alimenter leur réflexion dans de tels débats. Ce débat social tripartite
entre les employeurs, les travailleurs et le gouvernement est inspiré des
règles de fonctionnement de l'Organisation internationale du travail, et c'est
vraiment une particularité qui est spécifique et particulièrement efficiente au
Québec, symbole de notre capacité, donc, à rallier l'ensemble des acteurs pour
le bénéfice de tous dans un esprit pragmatique.
Encore une fois, nous réitérons
l'importance d'adopter rapidement le projet de loi afin de permettre la mise en
vigueur d'ententes dûment négociées entre les différents acteurs tout en
adoptant les modifications proposées pour permettre des ajustements structurels
par règlement au fur et à mesure. Cette approche permettra donc de continuer
les réflexions quant à certaines dispositions du projet... du présent projet de
loi, pardon, qui mériteraient davantage de travaux.
Je m'arrête ici. Nous serons heureux
d'échanger avec vous. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. Milliard. Je cède donc la parole au ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : En fait,
je suis un peu surpris, là. Vous avez demandé qu'on utilise l'approche de
capitalisation lorsqu'il y a terminaison du régime? C'est-u ça que vous avez
proposé?
M. Gagnon (Alexandre) :Peut-être que je pourrais...
M. Milliard (Charles) :
Alexandre, veux-tu y aller? Vas-y.
M. Gagnon (Alexandre) :
Oui, bien sûr. Non, pas nécessairement lorsqu'il y a terminaison de régime,
lorsqu'il y a une cessation d'emploi ou une prise de rente, donc, à ce
moment-là, qu'on utilise effectivement une approche de capitalisation plutôt
que de solvabilité.
M. Girard (Groulx) : Lorsque
vous sortez du régime.
M. Gagnon (Alexandre) :
Exactement.
M. Girard (Groulx) : O.K. Mais
ça veut dire que c'est les autres participants qui supporteraient le manque de
solvabilité ou...
M. Gagnon (Alexandre) :
Bien, peut-être, effectivement, mais aussi, de l'autre côté, lorsqu'il y a des
surplus, on permettrait de conserver ces surplus-là à l'intérieur du régime
afin de pouvoir faire face, évidemment, aux fluctuations du marché futur. Donc,
il y a une certaine utilisation des risques qui est faite dans le financement
du régime. On le fait par capitalisation, mais il faudrait également que ça
soit fait dans le cadre de cessation, là, ou de sortie de régime.
M. Girard (Groulx) : O.K. Mais
surplus en solvabilité ou en capitalisation, là?
M. Gagnon (Alexandre) :
Bien, lorsque, normalement, en solvabilité, il y aurait eu un surplus, la
personne qui quitte le régime pourrait partir avec ce surplus-là, évidemment,
avec la valeur de sa propre participation dans le régime, tandis qu'en
capitalisation, évidemment, il pourrait... On lui donne la valeur de ses
activités dans le cadre du régime, on conserve certains surplus pour la
viabilité future du régime. Donc, il y a un aspect plus long terme qui est
conservé avec une approche de <capitalisation...
M. Gagnon (Alexandre) :
...o
n lui donne la valeur de ses activités dans le cadre du régime, on
conserve certains surplus pour la viabilité future du régime. Donc, il y a un
aspect plus long terme qui est conservé avec une approche de >capitalisation.
M. Girard (Groulx) : O.K. Mais
ça pourrait amener des enjeux d'équité, par contre, là.
M. Gagnon (Alexandre) :
Bien, c'est... Enjeux d'équité, c'est une façon de voir les choses. Lorsqu'on
s'embarque dans une démarche plus concertée et plus de coopérative, évidemment,
ça vient avec certains avantages mais aussi certains inconvénients où, évidemment,
on partage les risques, mais on partage également la possibilité de gains.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Merci pour la précision. Moi, je n'ai pas d'autre question à ce stade-ci. Est-ce
que mon collègue a des questions?
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin :
Bien, en fait, peut-être une question de précision sur les régimes
multijuridictionnels, parce que vous dites, dans le fond, que c'est permis, par
exemple, par la législation ontarienne. Et, dans le cas du projet de loi, vous
dites que ça ne permet pas à un employeur québécois ayant des employés dans
plus d'une province de l'offrir à ceux de l'extérieur de la province. Est-ce
que... Puis là j'essaie de comprendre, là, la mécanique. Puis permettez que je
vous pose une question très naïve : Est-ce que ça signifie donc qu'un
employeur ayant des installations un peu partout dans les provinces canadiennes
va plutôt préférer instituer son régime en Ontario pour l'offrir aux travailleurs
québécois parce qu'il ne peut pas faire l'inverse? Est-ce que...
M. Gagnon (Alexandre) :
Oui, exactement. Donc, on a des exemples, notamment en Ontario, il y a un
régime CAAT qui existe, justement, qui, eux, peuvent... régimes
interentreprises qui peuvent venir solliciter des employeurs québécois, peuvent
offrir à des travailleurs québécois ce régime-là. Malheureusement, la législation,
en Ontario et dans d'autres provinces, ne permet pas ou ne reconnaît pas les
régimes à prestations cibles. Donc, actuellement, un employeur québécois qui a
des installations dans d'autres provinces devrait avoir plusieurs régimes, dont
un au Québec, mais devrait également en avoir un dans les autres provinces.
M. Chassin :
Donc, l'enjeu d'harmonisation réglementaire va au-delà de simplement, par
exemple, de reconnaître la possibilité d'un régime à prestations cibles.
Travail d'harmonisation, là, il y a tout un chantier à développer là-dessus.
M. Gagnon (Alexandre) :
Oui, oui, c'est ça. C'est une proposition qu'on vous fait au-delà du présent projet
de loi. La… (panne de son) …n'est pas dans la loi québécoise, mais dans les
lois des autres provinces canadiennes.
M. Milliard (Charles) : C'est
pour ça qu'on l'a mis à la fin de la présentation.
M. Chassin :Peut-être... mais, enfin, pas tant une question, mais une
remarque, là. Ce que je comprends, notamment à la page 3, là, quand vous
parlez du bref historique des régimes complémentaires de retraite puis vous
parlez du régime à prestations cibles, est-ce qu'on peut comprendre — moi,
c'est comme ça que je le comprends, mais je veux voir si c'est votre
compréhension aussi — que le régime à prestations cibles permet de
mutualiser <un certain nombre de...
M. Chassin :
...
notamment à la page 3, là, quand vous parlez du bref historique
des régimes complémentaires de retraite puis vous parlez du régime à
prestations cibles, e
st-ce qu'on peut comprendre
— moi,
c'est comme ça que je le comprends, mais je veux voir si c'est votre
compréhension aussi — que le régime à prestations cibles permet de
mutualiser >un certain nombre de risques, mais néanmoins offre une
prévisibilité aux employeurs? Et, on sait, c'est une valeur cardinale. Est-ce
que vous comprenez aussi ce projet de loi là, instituant les régimes à
prestations cibles, comme donnant cette prévisibilité aux employeurs?
M. Gagnon
(Alexandre) : Oui, justement, effectivement, ça a tous les
avantages pour un employeur de... un peu l'équivalent d'un régime à cotisation
déterminée. Ça vient fixer sa cotisation, mais ça donne également aux
travailleurs certains avantages où qu'ils viennent mutualiser le risque, ils
viennent s'assurer d'une rente à la retraite qui est plus prévisible également
pour eux. Donc, c'est du gagnant-gagnant.
M. Chassin :D'accord.
M. Milliard (Charles) :
Et ça offre évidemment plus de choix au milieu de travail, évidemment.
M. Chassin :Exact, que dans le statu quo, là, disons, la situation
actuelle.
M. Milliard (Charles) :
Voilà.
M. Chassin :
Écoutez, moi, je n'ai pas vraiment d'autre question. Votre présentation était
absolument limpide. Donc, j'ai l'impression que ça répond à l'ensemble de nos
questions.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Je
passerais la parole à l'opposition...
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Girard (Groulx) : ...puis
peut-être viendra d'autres interrogations.
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. le leader de l'opposition officielle.
• (15 h 20) •
M. Fortin :
Merci. Merci, M. le Président. Bonjour, M. Milliard, M. Gagnon.
Merci. Merci d'être avec nous aujourd'hui.
Peut-être quelques questions assez
rapides. Je veux revenir sur l'enjeu des régimes multijuridictions, là. Si j'ai
compris votre présentation, l'Ontario permet des régimes à prestations cibles, c'est
ça?
M. Gagnon
(Alexandre) : C'est un régime qui est très similaire. C'est un
régime multijuridictionnel, multiemployeur, qui a des particularités très, très
similaires aux prestations cibles, effectivement. Mais ils ne reconnaissent
pas, eux, dans leur loi, la prestation cible. Pour eux, ce n'est pas... ce nom
ne fait pas partie de leur loi.
M. Milliard (Charles) :
L'appellation n'est pas la même, c'est ça.
M. Gagnon
(Alexandre) :Exactement.
M. Fortin :
...désolé. On m'a fait signe de mieux m'enligner avec le micro, là. Est-ce
qu'avec le projet de loi n° 68 on est en train, disons, d'accentuer ces
enjeux-là de différence juridictionnelle? Parce que, là, vous êtes en train de
dire essentiellement, là : Bien, parlez aux autres provinces pour vous
assurer que les régimes sont harmonisés ou la législation est harmonisée.
Mais est-ce que nous, on est en train
d'accentuer la différence? Est-ce qu'on pourrait, disons, être plus en ligne
avec le régime ontarien dans notre propre législation, quitte à régler tout de
suite certains de ces enjeux-là?
M. Gagnon
(Alexandre) : Bien, en fait, dans notre législation, on permet
déjà les régimes multiemployeurs, donc, ça, il n'y a pas de problème. Donc, on
ne vient pas dire de ne pas mettre en place de régime à prestations cibles,
mais, je pense, c'est un atout supplémentaire pour nos employeurs, pour nos
milieux <de travail, mais...
M. Gagnon (Alexandre) :
...b
ien, en fait, dans notre législation, on permet déjà les régimes
multiemployeurs, donc, ça, il n'y a pas de problème. Donc, on ne vient pas dire
de ne pas mettre en place de régime à prestations cibles, mais, je pense, c'est
un atout supplémentaire pour nos employeurs, pour nos milieux >de
travail. Mais on bénéficie déjà cet avantage de ce qui existe en Ontario avec
certaines particularités, mais cette possibilité est déjà là. Donc, nous, on
vient se donner d'un outil supplémentaire, ce qui est très positif. Mais évidemment,
si on veut pouvoir l'appliquer ailleurs, il va falloir que les autres provinces
également puissent s'ouvrir à ce type de régime là.
M. Milliard (Charles) : Mais
ça me fait un peu... C'est une comparaison qui peut vous sembler boiteuse, mais
j'espère qu'elle ne l'est pas, mais ça me fait penser au projet de loi n° 64,
là, sur les données personnelles où, effectivement, on a plein de juridictions
pour faire des choses au Québec comme d'instaurer ce régime-là. Mais, quand on
pense aux entrepreneurs qui font affaire dans le reste de l'ensemble canadien,
bien, il faut penser à eux pour qu'il y ait une certaine harmonisation. On peut
jouer un rôle de leadership évidemment, mais il faut les avoir en tête quand on
prend ces décisions-là.
M. Fortin :Très bien. Je veux juste... Peut-être un scénario, là. Le député
de Saint-Jérôme, tantôt, a évoqué un employeur québécois qui aurait des
installations dans plusieurs provinces. Mais, disons, un employeur québécois
installé chez nous, à Gatineau, qui aurait un employé ontarien pourrait quand
même lui offrir des régimes à prestations cibles.
M. Gagnon (Alexandre) :
Actuellement, si le... c'est l'établissement. Donc, si l'établissement est en Ontario,
non, actuellement, il ne pourrait pas souscrire un travailleur qui est régi par
les règles de l'Ontario, pas à son régime de prestations cibles.
M. Fortin :
Mais, si Domtar, à Gatineau, avait un employé, là, qui venait de l'Ontario, lui
pourrait avoir accès à ce régime-là si le régime est établi au Québec, c'est
ça?
M. Gagnon (Alexandre) :
Oui, à ma compréhension. Évidemment, il pourrait y avoir certaines exceptions,
là, mais, à ce que je sache, c'est le lieu de l'établissement, et donc du
travail qui est effectué. Donc, c'est en vertu de ces lois-là que ça
s'applique.
M. Fortin :Peut-être une dernière chose avant de passer la parole à mon collègue.
Vous faites... Votre première recommandation, là, c'est celle qu'on a entendue
ce matin, entre autres que le régime soit mis en place ou que le projet de loi
soit adopté et mis en vigueur avant le 1er janvier. Vous nous dites que,
déjà, certains milieux ont négocié des conventions collectives avec la mise en
vigueur de tels régimes. Quand vous dites «certains milieux», là, il y en a
plus qu'un. Nous, on a compris ce matin qu'il y en avait un, mais il y en a
plusieurs?
M. Gagnon (Alexandre) :
Bien, il y a Alcoa qui a bien fixé, là, le 1er janvier, effectivement, donc
il y en a un. Il y a d'autres... notamment, là, la coopérative de LaPresse,
là, qui ont dit que, du moment que la loi sera en vigueur, eux feront la
transition à ce moment-là. Donc, eux, ils n'ont pas un délai du
1er janvier, là.
M. Fortin : O.K. Mais le seul
qui a un délai du 1er janvier, à votre connaissance, là, c'est celui
d'Alcoa. Mais je trouve ça, disons, bien, peut-être particulier. Peut-être que
c'est tout à fait normal, là, mais, tu sais, là, on est en octobre, le ministre
vient de déposer son projet de loi, il y a quelqu'un qui attend après pour le
1er janvier. On n'a pas été... Vous n'avez pas eu connaissance qu'on a été
avisés d'avance, là, que le projet de loi s'en venait?
M. Gagnon (Alexandre) :
Non, pas du tout. En fait, <c'est une revendication...
M. Fortin :
…peut-être particulier, peut-être que c'est tout à fait normal, là. Mais, tu
sais, là, on est en octobre, le ministre vient de déposer son projet de loi, il
y a quelqu'un qui attend après pour le 1er janvier. On n'a pas été... Vous n'avez
pas eu connaissance qu'on a été avisés d'avance, là, que le projet de loi s'en
venait?
M. Gagnon (Alexandre) :
Non, pas du tout. En fait, >c'est une revendication de certains milieux
depuis plusieurs années. Ils savaient que les travaux étaient en cours pour
éventuellement déposer un projet de loi comme celui-ci, mais, non, il n'y a pas
eu de fuite du projet de loi, je vous assure.
M. Fortin :
Très bien. Ça me va.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Très bien. Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, messieurs, bonjour.
Des voix : Bonjour.
M. Leitão : Moi aussi, vous
souhaiter la bienvenue à notre commission. Donc, la question de votre
recommandation n° 5, on a déjà discuté ça avec mes deux collègues, une
plus grande harmonisation provinciale. Très bien, je comprends l'enjeu. La n° 1,
pour la date, bon, O.K.
Mais revenons à Alcoa et... l'enjeu qui
nous préoccupe, et ça avait été soulevé ce matin par le premier groupe qui est
venu, la fédération des retraités, qui, eux, ont mentionné à plusieurs reprises
qu'il faut éviter à tout prix la transformation des régimes à prestations
déterminées, donc de voir une série de transformations. Le projet de loi, à l'article 7,
je pense, est très clair là-dessus pour ne pas le faire. Donc, ce n'est pas
possible. Mais ce qu'on voit, donc, avec l'exemple d'Alcoa et d'autres
exemples, ce n'est pas que ça fait une transformation, mais c'est une
transformation.
Comment est-ce que vous qualifiez le type
de transformation qu'Alcoa a fait? Et d'autres vont probablement le faire
aussi. Est-ce que vous prévoyez qu'il va avoir une grande migration des régimes
à prestations déterminées vers un type de régime comme celui à prestations
cibles?
M. Gagnon (Alexandre) :
Dans les faits, il y en a déjà eu beaucoup dans le passé, des transformations.
Ça a été transformé comme étant des cotisations déterminées plus que vers des
régimes à prestations cibles. Ce qu'Alcoa fait actuellement, c'est simplement,
au lieu de passer vers une prestation à cotisation déterminée, il le fait vers
une prestation cible. Donc, la situation est la même, ils recherchent un peu
plus de prévisibilité, de se protéger contre les risques, les fluctuations du
marché. Donc, c'est dans le cadre de négociation en bonne et due forme avec les
syndicats, évidemment.
M. Leitão : Très bien. Je m'excuse,
là, j'étais un peu loin du micro. Alors, on m'a fait signe que je devais
m'approcher. Ça va être un peu mieux comme ça. Je n'ai pas besoin… ce n'est pas
nécessaire de crier. O.K. Ce n'est pas que j'étais fâché avec vous, non, ce n'est
pas ça. C'est que j'étais loin <du micro. O.K…
M. Gagnon (Alexandre) :
...avec les syndicats, évidemment.
M. Leitão : Très bien. Je m'excuse,
là, j'étais un peu loin du micro. Alors, on m'a fait signe que je devais
m'approcher. Ça va être un peu mieux comme ça, je n'ai pas besoin… ce n'est pas
nécessaire de crier. O.K. Ce n'est pas que j'étais fâché avec vous, non, ce n'est
pas ça, c'est que j'étais loin >du micro. O.K, Mais donc c'est peut-être...
on est tard dans la semaine de travail, là. Ces roues fonctionnent un peu plus
lentement. Mais je reviens encore à cette problématique, peut-être ce n'est pas
une véritable problématique, d'une migration qui aurait lieu de régimes à
prestations déterminées et que, soudainement... pas soudainement, mais, avec ce
projet de loi, on assisterait à une transformation graduelle de ces régimes-là
à régimes à prestations cibles. Vous pensez... bon, ça pourrait se
faire. Est-ce que vous pensez que ça va être vraiment une migration importante
ou ça sera au cas par cas, et certaines entreprises vont choisir de le faire,
d'autres pas nécessairement?
M. Gagnon (Alexandre) :
Non, la majorité des entreprises qui avaient à le faire, cette transition-là,
l'ont fait suite à 2008. Donc, ils ont créé... ils ont déjà fait une
démigration. Il y en a certains qui vont le faire, évidemment, dans le futur, peut-être.
C'est un outil supplémentaire, mais on n'entrevoit pas de transition massive
d'un régime à l'autre, là. Évidemment, le p.l. n° 57,
en 2015, est venu stabiliser ce genre de transition là.
M. Leitão : C'est ça. Donc, le
gros du phénomène est déjà peut-être un peu derrière nous. On nous avait aussi mentionné
qu'il y aurait peut-être avantage à faire un peu de pédagogie ou, en tout cas,
à clarifier les mécanismes d'ajustement de la rente. Si jamais il fallait
ajuster la rente de retraite, le projet de loi prévoit certains mécanismes pour
le faire. Ça semblait être un peu compliqué, là, pour la Fédération canadienne
des retraités. Est-ce que c'est quelque chose que vous pensez que c'est un
problème ou cette explication-là peut se faire facilement?
M. Gagnon (Alexandre) :
L'explication peut être quand même claire, tout de même. Tout administrateur de
régime doit être accompagné par des experts, normalement, aussi,
là, pour bien comprendre les tenants et aboutissants, là. Donc, à ce niveau-là,
on croit qu'une personne compétente peut très bien expliquer l'ensemble... les
distinctions de ce type de régime là.
• (15 h 30) •
M. Leitão : Très bien. Une question,
vous n'êtes pas obligé de répondre, mais, puisque vous avez ouvert votre
présentation en nous parlant un peu de cette dispute, de cette, comment on
dirait ça, de cette compétition entre la FTQ et la CSN, est-ce que c'est un...
vous <voyez ça comme étant...
>
15 h 30 (version révisée)
<15391
M.
Leitão : ...vous avez ouvert votre présentation en nous parlant un peu
de cette dispute, de cette... comment on dirait ça, cette compétition entre la
FTQ et la CSN, e
st-ce que c'est un... vous >voyez ça comme étant potentiellement...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Leitão : ...en conclusion,
un problème important ou si c'est juste deux définitions?
M. Milliard (Charles) : Bien,
je suis content que la... mon explication ait suscité votre intérêt, mais, ceci
étant dit, nous, c'est vraiment la question d'offrir une pluralité de choix aux
employeurs. Alors, si ça sert aussi la partie syndicale dans les négociations,
tant mieux, mais il faut quand même reconnaître qu'il y a une certaine
affiliation entre le régime... le RRFS et la FTQ, et peut-être moins avec la
CSN, tout simplement.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Chers collègues, étant donné que le député de Rosemont et le député de René-Lévesque
ne sont pas encore là parce qu'ils sont au bleu en ce moment, avec
consentement, on pourrait peut-être répartir les temps restants. Est-ce que ça
vous irait?
M. Girard (Groulx) : Est-ce
qu'il faut choisir quel personnage on joue ou...
Le Président (M. Simard) :
Non, non, non.
Des voix : …
Le Président (M. Simard) : Je
comprends qu'il y aurait consentement, alors.
Des voix : …
Le Président (M. Simard) : Deux
fois 2 min 30 s à partager, alors on pourrait peut-être y aller
50-50. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci.
C'était de l'humour, M. le Président, là. On va faire ça avec beaucoup de
sérieux et tout le respect que mes collègues méritent. Vous avez mentionné,
vous avez dit : 2015 a stabilisé. Le gros choc, c'est 2008. Je vous dirais
que ma lecture est différente, là. Que nous adoptions ce projet de loi ou non,
que nous l'adoptions ou non avant le 1er janvier, selon moi, la
disparition des régimes à prestations déterminées va se poursuivre. Et peut-être
que 2015 a ralenti, peut-être que la croissance économique, de 2008 à 2018, a
aidé à... Certainement, la performance des actifs risqués a grandement aidé,
mais on n'a pas eu d'augmentation, de hausse de taux significative, ça fait que
j'aimerais avoir votre lecture sur l'évolution des régimes à prestations
déterminées.
M. Gagnon
(Alexandre) : Je vous dirais qu'actuellement le plus gros,
j'aimerais dire, danger au niveau des régimes à prestations déterminées, ça
serait une autre crise financière au niveau des marchés, évidemment, mais,
sinon, je vais peut-être vous faire rire, mais c'est peut-être si vous décidez
de réouvrir la clause grand-père au niveau des régimes différenciés en fonction
de la date d'embauche. Donc, évidemment, si cette clause-là vient à
disparaître, on pourrait voir effectivement une plus grande disparition des
régimes à prestations déterminées, <accélérée…
M. Gagnon
(Alexandre) :
...c'est
peut-être si vous décidez
de réouvrir la clause grand-père
au niveau des régimes différenciés en
fonction de la date d'embauche. Donc,
évidemment, si cette clause-là
vient à disparaître, on pourrait voir
effectivement une plus grande
disparition des régimes à prestations déterminées, >accélérée, là.
M. Girard (Groulx) : O.K.,
mais... Définitivement, ce serait un facteur accélérant, mais le... Si on se
transporte dans 10 ans... Le nombre de régimes à prestations déterminées
qu'on a aujourd'hui dans le privé, ça avoisine quoi? 400?
Une voix
: 400,
monsieur, peut-être 600 si on ajoute les…
M. Girard (Groulx) : O.K. On a
présentement 400 régimes à prestations déterminées privés au Québec. Dans
10 ans, vous en voyez combien?
M. Gagnon
(Alexandre) : Bien, dans vos chiffres de 400, je présume que
vous en avez beaucoup qui sont fermés, où, donc, il n'y a plus de contributeur
non plus. Donc, par la force des choses, dans ces 400-là, il y en a plusieurs
qui vont, en raison du vieillissement de la population, vont évidemment
disparaître, là.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci...
M. Milliard
(Charles) : Ou, si on permet la conversion...
Le Président (M. Simard) : D'accord.
Je cède maintenant la parole au député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Vous pouvez
continuer dans la même... Donc, <ils vont... >ceux qui sont déjà
fermés, ils vont évidemment se... l'évolution normale des choses, évidemment, mais
les autres qui ne sont pas encore fermés, si on permettait une conversion plus
facilement, alors là, ça serait... ça disparaîtrait très rapidement, c'est ça?
M. Gagnon
(Alexandre) : Bien, actuellement, il y a quand même déjà des
alternatives possibles, hein? Un employeur qui décide de... ou qui négocie avec
ses syndicats, évidemment, une modification de son régime peut déjà transformer
vers un régime à financement salarial, vers une cotisation déterminée, donc la question
n'est pas de savoir... Si un milieu décide de transformer son régime, ce n'est
pas une question de facilité. Je ne pense pas, même, que ce soit simple de
transformer vers un régime à prestations cibles. C'est simplement de voir
vers... quel véhicule serait le plus approprié, le plus avantageux pour les
différents acteurs, là.
M. Leitão : Très bien. Maintenant,
sur un autre, tout un autre registre, et là le temps, il n'y en a pas beaucoup,
mais, étant donné les changements qu'on voit dans le marché du travail, le fait
que beaucoup de travailleurs, surtout les nouvelles générations, là, ne pensent
pas nécessairement à rester 30 ans dans la même entreprise, l'enjeu de la
portabilité des régimes de retraite. Donc, si moi, je travaille trois ans
ici, quatre ans là-bas, je pense que je vais être... Avec mon fils, par
exemple, il va être beaucoup plus intéressé à avoir un régime à cotisation
déterminée, pour qu'il puisse après le transporter avec lui. Ça aussi, je
pense, c'est un phénomène qu'il va falloir tenir en considération.
M. Milliard (Charles) : C'est
un très bon point, puis vous allez <recevoir...
M. Leitão : ...avoir un
régime à cotisations déterminées pour qu'il puisse après le transporter avec
lui. Ça aussi, je pense que c'est un phénomène qu'il va falloir tenir en
considération.
M. Milliard (Charles) :
C'est un très bon point, puis vous allez >recevoir, je crois, dans les
prochains jours ou les prochaines journées, les consultations des groupes aussi
peut-être plus... je ne veux pas dire «jeunes», mais, bon, en tout cas, qui représentent
justement cette nouvelle façon là d'aborder le marché du travail. Alors, ce
serait intéressant d'entendre leur point de vue, mais c'est certain que la
portabilité devient un peu plus populaire qu'elle l'était avant où on avait...
on réussissait à avoir un emploi pour toute notre carrière et on en était très
fiers. On est vraiment rendu très loin de ça quand même, mais ça n'empêche pas
qu'il y a quand même beaucoup de gens qui ont une certaine loyauté envers leur
milieu de travail et qu'il faut qu'il y ait une pluralité de choix, puis c'est
ce que le projet de loi permet.
M. Leitão : Très bien.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Pontiac, souhaitiez-vous... peut-être rapidement.
M. Fortin :
Oui, juste une question rapide. Êtes-vous au courant d'employeurs qui, peut-être,
n'ont pas de régime de retraite, ou ont des régimes à cotisation déterminée, ou
des régimes qui seraient considérés, disons, moindres qu'un régime à
prestations cibles pour le travailleur, qui sont intéressés à utiliser un
régime à prestations cibles? Je connais des employeurs qui ont présentement des
régimes à prestations déterminées qui veulent aller vers un régime à
prestations cibles, mais de l'autre bord, en connaissez-vous? En avez-vous, des
membres, peut-être qui sont intéressés par ça?
M. Gagnon
(Alexandre) : Bien, je pense que la question est que, pour un
employeur, que ça soit un régime à cotisation déterminée ou un régime à
prestations cibles, son risque est le même, donc il va évidemment être beaucoup
plus à l'écoute des revendications syndicales et des travailleurs, le cas
échéant, de mettre en place un régime à prestations cibles, là, si c'est
demandé.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Alors, M. Gagnon, M. Milliard, merci pour votre précieuse
contribution à nos travaux.
Sur ce, nous allons suspendre
temporairement.
(Suspension de la séance à 15 h 38)
(Reprise à 15 h 44)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, nous sommes de retour. Nous avons l'honneur de recevoir
des représentants du Conseil du patronat du Québec. Madame, monsieur, bienvenue
parmi nous, merci d'être là. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter?
Conseil du patronat du Québec (CPQ)
M. Blackburn (Karl) : Karl
Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec.
Mme Kozhaya
(Norma) : Norma Kozhaya, vice-présidente à la recherche au
Conseil du patronat du Québec.
Le Président (M. Simard) :
Bienvenue. Nous vous écoutons.
M. Blackburn (Karl) : M. le
Président, merci. M. le ministre, Mmes et MM. les députés, membres de la Commission
des finances publiques, d'abord, je vous remercie pour l'invitation à vous
partager nos commentaires aujourd'hui au sujet du projet de loi n° 68.
Je rappelle que le Conseil du patronat du
Québec représente les intérêts de plus de 70 000 employeurs de toutes
tailles et de toutes les régions, issus du secteur privé ou parapublic,
directement ou par l'intermédiaire de 70 associations sectorielles que
nous regroupons. Le Conseil du patronat s'intéresse depuis
longtemps à toutes les questions qui touchent aux enjeux de retraite et a
participé, et participe <toujours…
M. Blackburn (Karl) : …de
toutes tailles et de toutes les régions issues du secteur privé o
u
parapublic, directement ou par l'intermédiaire de 70 associations
sectorielles que nous regroupons. Le Conseil du patronat du Québec s'intéresse,
depuis longtemps, à toutes les questions qui touchent aux enjeux de retraite et
a participé et participe >toujours à différentes instances en lien avec
cet enjeu si important.
Nous sommes très heureux que le
gouvernement du Québec prévoie, au moyen du projet de loi n° 68, le cadre
légal pour permettre aux entreprises qui y voient un avantage la possibilité de
mettre en place et d'administrer des régimes de retraite à prestations cibles.
Nous constatons que les discussions des dernières années, dans le cadre de
différentes instances, dont celles avec nos partenaires d'autres organisations
patronales et syndicales, ont été fructueuses. Nous aimerions également profiter
pour saluer le travail de Retraite Québec, qui rend possible l'étude de ce
projet de loi aujourd'hui.
Les régimes de retraite à prestations
cibles, les RRPC, constituent des régimes innovateurs qui peuvent répondre à
des besoins réels en offrant plus d'options pour les employeurs et les
travailleurs en matière d'épargne pour leur retraite, sans oublier que des
entreprises avaient déjà négocié ces régimes et attendaient la réglementation.
Selon nous, le RRPC s'apparente davantage aux régimes à prestations déterminées
plutôt qu'aux régimes d'accumulation de capital. Ils permettent une mise en
commun du risque entre les participants et le versement de la meilleure rente
possible.
Ce type de régime constitue une solution
attrayante pour plusieurs employeurs qui voudraient offrir des prestations
déterminées à leur personnel sans la grande volatilité des coûts qui y sont
associés. Un avantage important pour l'employeur est que ces cotisations sont
fixes et prévisibles. De façon générale, pour que ces régimes réussissent, ils
devraient être attrayants tant pour les employeurs que pour les employés. Ils
doivent être gérés en considérant le long terme pour s'assurer qu'ils
résisteront au passage du temps. Ils doivent reposer sur un ensemble
d'objectifs et de principes généraux : viabilité à long terme,
prévisibilité, sécurité des prestations, transparence et équité. Ce projet de
loi répond en grand… en gros, pardon, à ces objectifs.
Nous ajoutons que, pour les employeurs,
viabilité signifie, entre autres, des coûts contrôlés, prévisibles et stables.
Nous présentons dans notre mémoire des commentaires plus précis sur le projet
de loi, entre autres sur ce que nous considérons comme des bonnes pratiques de
gouvernance et de communication sur les règles de financement, sur les
prestations et les mesures de redressement et de bonification, sur les
acquittements et achats de rente et sur d'autres mesures.
J'aborderai, dans mon allocution,
quelques-uns des commentaires contenus dans notre mémoire. Tout d'abord, une caractéristique
importante de ce projet de loi est que les règles de redressement et de
rétablissement doivent être prévues dans les dispositions du régime. Nous
sommes tout à fait d'accord avec cette approche. Les membres du comité de
retraite auraient été placés dans une situation très délicate s'ils avaient eu besoin
d'arbitrer éventuellement… réductions de prestations.
Nous <sommes…
M. Blackburn (Karl) :
...les règles de redressement et de rétablissement doivent être prévues dans
les dispositions du régime. Nous sommes
tout à fait
d'accord avec
cette approche. Les membres du comité de retraite auraient été placés dans une
situation
très délicate s'ils avaient eu besoin d'arbitrer,
éventuellement,
réduction de prestations.
Nous >sommes d'accord aussi à ce
que le financement se fasse sur une base de capitalisation selon les règles
prévues par le projet de loi avec une provision de stabilisation comme dans les
régimes de retraite à prestations déterminées. Dans le cas où les cotisations
des employeurs sont variables, la précision prévue par le projet de loi,
qu'elles devraient être plafonnées, est importante. La valeur de rachat à la
cessation d'emploi devrait refléter la part du participant dans les actifs du
régime. Le CPQ considère que ces calculs devraient se faire sur la base de
capitalisation plutôt que sur base de solvabilité.
Par contre, le CPQ s'en remet aux experts,
à la profession actuarielle et à Retraite Québec pour recommander les modalités
techniques qui devraient prévaloir dans les règlements à venir. Nous croyons
toutefois que le projet de loi ne devrait pas créer de rigidité à cet égard,
mais plutôt laisser toute la latitude à régler cette question dans les règlements
afférents à venir.
Le projet de loi prévoit que l'utilisation
annuelle des excédents d'actif sera limitée à 20 %, sauf si l'excédent en
question est utilisé pour le rétablissement des prestations. Dans la mesure où
les rentes de retraite ont été réduites suite à des mesures de redressement
passées, nous estimons que le régime devrait pouvoir prévoir une utilisation
plus rapide des excédents pour compenser les retraités pour leur baisse de
rente en question sans compromettre le principe d'équité.
Dans la même veine, les mesures de
rétablissement pourront s'appliquer seulement lorsque l'excédent d'actif sera
supérieur à la provision de stabilisation, ce qui peut être long, en pratique.
Dans ce contexte, il se peut que les mesures de redressement aient pour conséquence
d'amputer la rente des retraités sur une longue période sans que les
participants actifs ne voient, quant à eux, d'effets réels à court terme des
mesures de redressement. Il serait, selon nous, approprié que les exigences
soient moins contraignantes quant au rétablissement.
Quand le RRPC sera mis en place dans le
régime distinct, il faut entrevoir un dédoublement des exigences de conformité
et de gouvernance, évaluations actuarielles, déclarations annuelles de
renseignements et frais afférents, comités de retraite, politiques de
placement, politiques de financement, administration, etc. Les conséquences de
ce dédoublement seront une augmentation des frais généraux reliés à
l'administration des régimes de retraite. Il y aurait lieu de prévoir des mécanismes
pour réduire les frais de conformité et les dédoublements dans ce contexte.
Sauf sous certaines conditions à être déterminées, les employeurs du Québec ne
pourront pas offrir le RRPC à leurs employés à l'extérieur du Québec pour le
moment, ce qui est un enjeu et pourrait représenter un frein à l'adoption des
RRPC au Québec. Nous invitons le <gouvernement...
M. Blackburn (Karl) :
...sauf sous certaines conditions à être déterminées, es employeurs du
Québec
ne pourront pas offrir le RRPCV à leurs employés
à l'extérieur du
Québec
pour le moment, ce qui est un enjeu et pourrait représenter un frein à l'
adoption
des RRPC au
Québec. Nous invitons le >gouvernement du Québec à
entreprendre des pourparlers avec ses partenaires ailleurs au Canada pour uniformiser
les options. Cette question est importante pour plusieurs de nos membres.
Finalement, nous souhaitons réitérer les
besoins de mesures d'allégement de la capitalisation dans le contexte de
pandémie que nous vivons. La crise de la COVID-19 a engendré une hausse des
coûts et une baisse de revenus et de profitabilité pour un très grand nombre d'entreprises,
sans oublier les taux d'intérêt extrêmement bas et les faibles attentes sur les
rendements futurs. Pour certains de nos membres, les cotisations à verser aux régimes
de retraite représentent un élément important de la gestion de la liquidité.
Les promoteurs du régime de retraite à prestations déterminées font face à des
défis spécifiques. Alléger des exigences permettrait de leur donner de la flexibilité
pour maintenir leurs régimes à prestations déterminées au bénéfice des
participants. Nous notons, par exemple, que le gouvernement a éliminé
l'exigence de produire une évaluation actuarielle au 31 décembre 2020
pour un régime de retraite à prestations déterminées dont le degré de
capitalisation, au 31 décembre 2019, était inférieur à 90 %.
Pourquoi ne pas étendre cette option à tous les régimes de retraite qui
devraient être autrement procédés à une évaluation actuarielle requise au 31 décembre 2021
dans le but de leur offrir la même flexibilité quant à la prévisibilité de
leurs cotisations pour 2021?
En conclusion, M. le Président, le CPQ se
réjouit que les employeurs aient désormais une nouvelle option à offrir à leurs
employés dans la préparation de leur retraite. Les RRPC viennent compléter le système
de retraite québécois en offrant un compromis entre les régimes de retraite à
prestations déterminées traditionnels et les régimes de retraite à cotisation
déterminée. La prévisibilité des cotisations est un élément crucial pour les
employeurs, et le RRPC permet d'atteindre cet objectif. Les... employés
pourront, pardon, quant à eux, bénéficier de la mise en commun des risques et
d'une certaine prévisibilité des prestations dans la mesure où certains
éléments de retraite à cotisation déterminée seront convertis en RRPC, l'efficacité
du système de retraite sera améliorée.
Tout comme certains employeurs qui
attendent avec impatience de pouvoir implanter des RRPC qui ont déjà été
négociés, le CPQ souhaite l'adoption du p.l. n° 68 et
suivra avec intérêt les développements à venir pour ce qui est de la
finalisation du cadre réglementaire sur les RRPC au Québec. Nous demeurons toujours
disponibles pour collaborer et pour participer à ces travaux. Merci.
• (15 h 50) •
Le Président (M. Simard) :
Merci. Merci à vous, M. Blackburn. Je cède maintenant la parole au
ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : Merci
beaucoup. Et j'entends votre <demande...
M. Blackburn (Karl) :
...nous demeurons
toujours disponibles pour collaborer et pour
participer à ces travaux. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Merci à vous, M. Blackburn. Je cède
maintenant la parole au
ministre
des Finances.
M. Girard (Groulx) :
Merci
beaucoup. Et j'entends votre >demande d'assouplissement liée à la COVID.
Je vous dirais que toutes les demandes d'assouplissement sont étudiées en collaboration
avec Retraite Québec et le ministère des Finances, parfois le ministère de
l'Économie. C'est certain que la COVID, la récession sont des événements extrêmement
sérieux, mais je tiens à... Je pense que c'est important de se dire les choses
telles qu'elles sont, nous avons déjà les règles de capitalisation les plus...
les moins contraignantes au Canada. Alors, lorsque... si on ajoute des
assouplissements, il y a des risques de fragiliser les régimes à long terme. Alors,
je tiens à dire qu'on entend les demandes d'assouplissement, on les regarde, il
y en a que nous endossons, mais nous sommes très prudents à fragiliser la
capitalisation générale des régimes à long terme. Ça, c'est... Alors, il n'y a
pas de question là-dedans. Question, maintenant : Combien de vos membres,
actuellement, ont des régimes à prestations déterminées?
M. Blackburn (Karl) : C'est
une question assez directe et assez précise, donc je vais demander à ma
collègue Norma de pouvoir vous aiguiller sur cet aspect, M. le ministre.
Le Président (M. Simard) :
Mme Kozhaya.
Mme Kozhaya
(Norma) : Merci. Je ne pourrais pas vous le dire. Je sais…
comme vous savez, nous représentons la plupart des grandes entreprises du
Québec, et ces grandes entreprises-là ont, en grande partie, des régimes à
prestations déterminées. Il y en a qui ont différents types de régimes, mais je
crois que Retraite Québec aura l'information plus précise que moi, mais on les
a consultés à plusieurs reprises, au cours des dernières années, sur différents
enjeux. Nous avons un bon nombre qui ont des régimes à prestations déterminées.
M. Girard (Groulx) : O.K. Et
qu'est-ce que vos membres vous disent sur les régimes à prestations
déterminées?
Mme Kozhaya
(Norma) : Donc, ceux qui en ont encore, je dirais, ce n'est pas
uniforme nécessairement, ça dépend de la situation. Les entreprises qui ont des
régimes à prestations déterminées et qui les ont conservés, parce qu'on sait
qu'au cours des 20, 30 dernières années il y en a beaucoup qui ont migré
vers d'autres types de régimes, ceux qui les ont conservés, bien, en général il
y a un certain pourcentage, une certaine partie qui <s'accommodent...
Mme Kozhaya
(Norma) :
...et qui les ont conservés
parce qu'on
sait qu'au cours des 20-30 dernières années il y en a beaucoup qui ont
migré vers d'autres types de régimes. Ceux qui les ont conservés, bien, il y a
en général un certain pourcentage, une certaine partie, qui >s'accommodent,
qui ont pu les garder, puis il y en a qui ont fait des ententes avec leurs
employés, des fois, pour des partages différents de coûts. Il y en a que, de façon
générale... qui trouvent quand même que c'est des risques qui sont importants,
la volatilité, et puis, dans des situations où il y a des déficits, c'est sûr
que ça affecte leurs bilans, ça affecte leur passif, et donc ça cause des
risques pour eux. Et c'est toujours un certain équilibre entre la volonté
d'honorer, évidemment, ses engagements d'offrir à ses employés des régimes à
prestations déterminées et le risque pour l'entreprise... (panne de son)...
M. Girard (Groulx) : O.K.
En fait, moi, ce que j'ai observé, c'est qu'évidemment les risques associés aux
régimes sont souvent corrélés avec le cycle économique et la profitabilité des
entreprises. Alors, ça ajoute un risque additionnel qui n'est pas un risque
d'affaires, qui est un risque interne. Bien sûr, il y a des entreprises, là,
dont le volume d'affaires est moins... la corrélation est nettement moins forte
avec le cycle économique, et on peut penser au secteur agroalimentaire, par
exemple, ou... mais c'est la corrélation de la capitalisation du régime avec le
cycle économique et le volume d'affaires de l'entreprise qui cause problème,
là.
M. Blackburn (Karl) : Si
je peux me permettre, M. le ministre, et par la suite Norma pourra compléter,
mais il est clair que l'évaluation que vous venez de faire est directement
réelle. Certains secteurs d'activité, puis on le constate lorsqu'on entend
plusieurs économistes nous parler de la situation économique, prenons l'exemple,
actuellement, où on n'est pas dans une reprise en V, où on n'est pas dans une
reprise en W ni en L, mais on semble être dans une situation économique plus
avec une reprise économique en K où, soudainement, toute l'économie a été
fragilisée, a été mise sur stop également. Parallèlement à ça, certains
secteurs sont en forte croissance, alors que d'autres sont en continuelle
décroissance ou sont en grandes difficultés. Donc, l'élément que vous apportez,
effectivement, vient complexifier la situation d'entreprises qui sont dans ces
secteurs peut-être plus durement affectés.
• (16 heures) •
Et l'élément que nous avons présenté dans
notre allocution, et vous allez le retrouver également dans notre mémoire,
c'est des conditions gagnantes qu'on pense qui doivent être mises en place pour
assurer, je dirais, la meilleure activité économique, et ces conditions…
gagnantes, pardon, sont la certitude, la prévisibilité et la longévité. Et,
quand ces éléments sont réunis, ça permet aux <entreprises de pouvoir de
continuer de...
>
16 h (version révisée)
< M. Blackburn (Karl) :
…c'est des conditions gagnantes qu'on pense qui doivent être mises en place
pour assurer, je dirais, la meilleure activité économique, et ces conditions…
gagnantes, pardon, sont la certitude, la prévisibilité et la longévité. Et,
quand ces éléments sont réunis, ça permet aux >entreprises de pouvoir
continuer d'investir, de se moderniser et souvent de prendre des virages
technologiques qui sont extrêmement importants, si je prends, par exemple, des
secteurs qui sont en décroissance <vers d'autres… >versus d'autres
qui sont en croissance. Alors, l'aspect des liquidités, pour ces entreprises,
est excessivement important pour qu'elles puissent justement faire cette
transition vers des secteurs à forte croissance.
Et, Norma, tu pourrais peut-être compléter
ces éléments en lien avec les affirmations du ministre des Finances.
Mme Kozhaya
(Norma) : Tout à fait. Donc, en lien avec le contexte actuel,
c'est sûr aussi que les bas taux d'intérêt qui sont… les économistes anticipent
que ça va rester bas aussi pour quelques années, les espérances de rendement
aussi qui sont faibles. Tout ça fait que, s'il y a une évaluation actuarielle,
les résultats ne seront pas très positifs, même si, à plus long terme, la
situation, elle sera différente. Mais, dans le court terme, c'est ça, l'état de
la situation. Vous avez tout à fait raison de dire que c'est relié à la
conjoncture économique, donc, entre autres. Et on voit que la conjoncture,
présentement, elle n'est pas idéale, avec beaucoup d'incertitude aussi pour la
reprise, et donc avec les implications au niveau des taux d'intérêt et des
rendements espérés qui peuvent affecter la situation.
M. Girard (Groulx) : O.K.,
peut-être deux autres points. Pour l'aspect multiprovinces, c'est certain
que nous voudrons poursuivre les pourparlers avec les autres provinces. Je
pense qu'<on a… >on va d'abord faire le travail qu'on a à faire
ici, on va prendre le temps de bien le faire, et ensuite on pourra tenter
d'avoir les ententes nécessaires pour offrir les régimes de retraite à prestations
cibles <dans… >pour les entreprises qui ont des employés dans
plusieurs juridictions.
Je suis un peu surpris, puis j'avoue que
ça fait… vous n'êtes pas le premier intervenant qui dit ça, et je pense même
peut-être que notre prochain intervenant va dire la même chose. Je suis un peu
surpris de pouvoir transférer de régime selon l'approche de capitalisation.
J'avoue que je suis sceptique, là. Pouvez-vous m'expliquer cette
recommandation?
Mme Kozhaya
(Norma) : Tout à fait. Et d'ailleurs, effectivement, c'est des
membres chez nous qui sont des actuaires et puis, donc, qui sont dans la
profession qui… Bon, tout d'abord, peut-être reculer un peu en arrière pour
dire que ce type de régime qui est proposé, et qu'on accueille très
favorablement, c'est un nouveau type de régime de retraite. C'est un régime où
il y a… Donc, la prestation, par définition, elle est ciblée, donc les règles
font que la rente peut être réduite, et ça, ça va être <clair dans le…
Mme Kozhaya
(Norma) :
…un peu en arrière pour dire que ce type de
régime qui est proposé, et qu'on accueille très favorablement, c'est un nouveau
type de régime de retraite. C'est un régime où il y a… Donc, la prestation, par
définition, elle est ciblée, donc les règles font que la rente peut être
réduite, et ça, ça va être >clair dans le texte du régime en partant.
Donc, ce n'est pas le régime qu'on connaît à prestations déterminées, c'est une
solution mitoyenne. Mais, encore là, donc, dans une situation, les rentes
peuvent être réduites, et puis, quand ça va mieux, elles vont être rétablies.
La question, pourquoi <les… >on
pense que l'approche de capitalisation serait mieux indiquée, c'est parce que
c'est vraiment l'approche de continuité qui permet de mieux refléter la
situation à long terme du régime lorsque quelqu'un quitte. Et, selon notre
compréhension, ça ne fait pas qu'il y a de l'inéquité, parce que les principes
d'équité qui sous-tendent de toute l'analyse du projet de loi, et que je crois
que Retraite Québec… qui se reflétait bien tout au long dans différents aspects,
pour cet aspect-là, ça ne dérange pas l'équité, mais ça reflète davantage la
situation à long terme du régime.
Encore là, ce qu'on dit, c'est que ça
prend plus d'analyses et de discussion. Donc, il faut juste que ça ne soit pas
implémenté, enchâssé dans la loi pour permettre les analyses plus approfondies.
Mais nous, de l'avis de plusieurs groupes qu'on a consultés pour préparer ce
mémoire, c'était pratiquement unanime, je dirais. C'était la grande majorité,
du moins, qui pensait que c'était la direction à prendre.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Ça complète pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci. M. le député de Pontiac.
M. Fortin :
Merci, M. le Président. Bonjour à vous. Bonjour,
M. Blackburn, Mme Kozhaya. Le ministre m'a fait rire en
commençant ses questions en demandant combien de vos membres avaient des régimes
à prestations déterminées. Je comprends que ce n'est pas simple, là, et vous
n'avez peut-être pas ça sous la main, mais, en même temps, je me demandais, à
l'inverse, combien de vos membres avaient des régimes à cotisation déterminée.
Je comprends que vous n'avez pas la réponse sous la main, mais est-ce que, par
exemple, vous avez des… et c'est la même question que j'ai posée au groupe qui
vous a précédé, la Fédération des chambres de commerce : Est-ce que vous
avez des groupes, des entreprises qui sont membres chez vous qui ont des régimes
à cotisation déterminée et qui vous ont dit : Moi, je voudrais transférer
à un régime à prestations cibles?
Mme Kozhaya
(Norma) : Au fait, bon, comme vous le savez, nous représentons
un très grand nombre d'employeurs. Évidemment, on n'a pas la… on n'a pas
consulté tous les employeurs que nous représentons. Et, encore une fois, c'est
un nouveau type de régime, donc on ne peut pas présumer nécessairement… et il
faut toujours repenser dans une perspective de long terme. On sait qu'on est,
juste avant la pandémie, en situation de rareté de main-d'oeuvre et que les
entreprises usent d'imagination pour attirer et garder leurs employés. Donc, je
ne peux pas <présumer…
Mme Kozhaya
(Norma) :
...donc on ne peut pas présumer
nécessairement…
et il faut
toujours le penser dans une perspective de long terme. On
sait qu'on est, juste avant la pandémie, en
situation de rareté de
main-d'oeuvre
et que les
entreprises usent d'imagination pour attirer et garder leurs
employés, donc, je ne peux pas >présumer... J'ai eu quelques-unes que je
sais qu'ils ont différents types de régimes de retraite qui ont démontré un
intérêt dans ce nouveau type là, à part, évidemment, ceux qui l'ont négocié et
qui attendent, mais je n'ai pas un exemple à vous donner. Mais j'ai quand même...
Ça soulève beaucoup d'intérêt, honnêtement, de la part de nos membres.
M. Fortin :
Et, en fait, je ne veux pas que vous me nommiez de compagnie, là, ce n'est pas
ça mon objectif, mais est-ce qu'il y a des gens qui ont autre chose que des
régimes à prestations déterminées qui vous ont dit qu'ils étaient intéressés
par ça?
Mme Kozhaya (Norma) :
Oui, effectivement, il y a des entreprises qui ont différents types de régimes
de prestations déterminées, des modèles hybrides, il y a en de tout, qui
démontrent un certain intérêt. Ils ne m'ont pas dit : Oui, on va changer
demain, mais ils regardent ça avec intérêt.
M. Fortin :
D'accord.
M. Blackburn (Karl) : Et, si
je peux me permettre, M. le député...
M. Fortin :
Bien sûr.
M. Blackburn (Karl) : ...il y
a même déjà des entreprises qui ont développé des projets avec le programme
cible, tel qu'on le présente aujourd'hui, et qui vont être en mesure de pouvoir
l'implanter lorsque la loi sera évidemment en fonction. Donc, il y a de
l'intérêt pour cette formule qui est appréhendée. Comme nous l'avons mentionné
dans notre brève présentation, il y a des avantages indéniables. Il y a beaucoup
de questionnements, il y a beaucoup d'intérêt qui est manifesté, mais, à la fin
de l'exercice, quel sera le choix des entreprises en fonction de leur régime
actuel, en fonction des perspectives d'avenir également? Alors, il y a
plusieurs opportunités qui vont s'offrir à elles. Et je pense que, si on est en
mesure de pouvoir leur apporter cette flexibilité et cette agilité, bien, dans
les faits, <je pense que >c'est l'ensemble de l'économie qui va
attirer des bénéfices.
M. Fortin :
Très bien. J'aimerais, si vous le permettez, vous amener sur les mesures
d'allégement. Vous en avez discuté rapidement avec le ministre, mais je pense
que tout le monde comprend la situation dans laquelle plusieurs de vos membres
se trouvent. Effectivement, on est dans une situation économique difficile.
Vous l'avez dit, les taux d'intérêt sont bas. Là, vous faites référence à une
mesure d'allégement bien particulière, hein? Étendre l'option, c'est-à-dire de
ne pas produire une évaluation actuarielle au 31 décembre pour les régimes
de retraite, pour certains régimes de retraite, c'en est une. Est-ce que vous
en avez d'autres comme ça que vous aimeriez voir? Parce que je comprends que
vous... dans votre titre même, le Besoin de mesures d'allégement au
pluriel, alors, j'imagine que vous en avez plus qu'une qui pourrait être
considérée en ce moment.
Mme Kozhaya
(Norma) : Oui, tout à fait, tout à fait, ça peut être... Des
reports du versement des cotisations, par exemple, peuvent constituer le fonds
de stabilisation, par exemple, sauf que cette mesure-là, vu qu'il y a un
règlement, est-ce qu'il y a des modifications qui peuvent requérir des
modifications à la loi, des mesures qui peuvent se faire par règlement… Et donc
celles-ci <pouvaient se...
Mme Kozhaya
(Norma) :
...Des reports du versement des
cotisations,
par exemple, peuvent constituer le fonds de stabilisation, p
ar
exemple, sauf que cette mesure-là, vu qu'
il y a un
règlement,
est-ce
qu'il y a des
modifications qui peuvent requérir des
modifications
à la loi, des mesures qui peuvent se faire par
règlement… Et donc
celles-ci >pouvaient se faire par règlement, et il y a un règlement qui
a été déposé le 20 juillet, je crois, donc, qui pourrait être, par exemple,
élargi.
• (16 h 10) •
M. Fortin : O.K. Dans votre
échange avec le ministre sur la possibilité de transférer les régimes selon
l'approche de capitalisation, vous avez mentionné un nombre de bénéfices
potentiels qui intéressaient vos membres. Est-ce qu'assurer la viabilité,
disons, à plus long terme des régimes de retraite c'en est une? Est-ce que c'est
un peu ça que vous visez à travers cette demande-là? Est-ce que vous considérez
que l'approche de capitalisation permettrait aux régimes de retraite d'assurer
une viabilité plus grande?
Mme Kozhaya
(Norma) : Des régimes à prestations cibles?
M. Fortin :
Oui. Bien non, des régimes déjà en place, pardon, des régimes à prestations
déterminées, par exemple.
Mme Kozhaya
(Norma) : Parce que... Bien, je veux dire, avec l'échange
précédent, on parlait de l'approche de capitalisation par rapport à la
cessation d'emploi. Donc, quelqu'un qui quitte, il quitte. Donc, je ne pense
pas que ça ait nécessairement un lien. Ça peut contribuer, parce que, si on
pense que, par solvabilité… Encore là, ça dépend de la situation, parce que, si
c'est par solvabilité, à un moment où ça va bien, donc, la personne va partir
avec... ça peut entraîner des sorties du régime. Mais il faudrait demander, il
faudrait faire plus d'analyses, et puis...
M. Fortin :
Ce n'est pas ça, votre objectif principal, si je comprends bien.
Mme Kozhaya
(Norma) : Non, ce n'est pas l'objectif.
M. Fortin : O.K. Ça me va. M.
le Président, peut-être que mon collègue a quelques questions.
Le Président (M. Simard) :
Très volontiers. M. le député.
M. Leitão : Merci beaucoup.
Alors, bonjour. Bienvenue, M. Blackburn, Mme Kozhaya, plaisir de vous
revoir. Une suggestion qui avait été abordée ce matin, je pense que c'était par
la CSN, c'était la possibilité que les travailleurs<, une fois qu'ils
arrivent...> et membres de ce nouveau régime de retraite, une fois
qu'ils arrivent à l'âge de retraite, pourraient transférer dans le régime leurs
épargnes privées, leurs REER, et d'autres choses, et d'autres régimes qu'ils
pourraient avoir, et les transférer à l'intérieur de ce régime. Comment est-ce
que vous voyez ça? Vous pensez que c'est une proposition intéressante ou pas?
Mme Kozhaya
(Norma) : Je ne pourrais pas me prononcer sur la proposition
précise de la CSN. Par contre, évidemment, le projet de loi prévoit plus d'outils,
plus de flexibilité au niveau des régimes à cotisation déterminée, des RVER
pour des prestations à paiements variables. Et nous, on pense qu'effectivement,
dans le domaine de la retraite, il y a <différents...
Mme Kozhaya
(Norma) :
...de la CSN.
Par contre,
évidemment,
le
projet de loi prévoit plus d'outils, plus de
flexibilité au
niveau des régimes à cotisations déterminées et des RVER pour des prestations à
paiements variables, et nous, on pense
qu'effectivement, dans le domaine
de la retraite,
il y a >différents chantiers sur lesquels il faut
travailler, dont un des chantiers, c'est effectivement l'utilisation de
l'épargne-retraite au moment où la personne arrive à la retraite, en
particulier dans les régimes CD ou dans les RVER, et mettre en commun des
épargnes pour réduire le risque, pour mutualiser le risque, permettre aussi de
meilleurs rendements, moins de frais. De façon générale, cette approche-là, on
pense que c'est la bonne. Donc, je ne sais pas si c'était ça, la question.
M. Leitão : C'est ça, oui.
Mme Kozhaya
(Norma) : Oui, tout à fait. Et maintenant, c'est sûr, encore
là, ça demande beaucoup de réflexion et de travaux, parce qu'en même temps, si
la personne transfère son épargne et qu'on lui promet une rente, bon,
évidemment, il faut qu'elle ait confiance. Il y a des considérations à faire,
mais le principe de mutualisation et puis de chercher à regrouper peut-être
certains régimes, ça permet de bénéficier d'économies d'échelle, d'expertise,
de moins de frais. Donc, c'est un pas qui est très positif, en général.
M. Leitão : C'est ça, parce
que, quand le contexte est celui-là, d'essayer de créer un plus grand pool de
fonds à être investis pour pouvoir obtenir de meilleurs résultats... En même
temps, il y avait toute une question que moi, j'avais soulevée, une question
d'équité, dans le sens où des personnes ont accumulé leur épargne dans un
régime enregistré d'épargne-retraite à l'extérieur du régime de retraite, peut-être,
qui ont obtenu des rendements plus élevés, arrivées à l'âge de x, 65 ans,
qu'elles vont prendre la retraite, alors là, elles prennent ce montant qui a
bien progressé, là, elles le mettent en commun avec les autres pour mieux
gérer, pour mieux assurer ou pour mieux gérer le risque de longévité. Donc, il
y a un peu cette question aussi. Peut-être qu'il faut faire un peu attention à
ça.
Mme Kozhaya
(Norma) : Peut-être, tout à fait. C'est pour ça que je
dis : Ça demande de l'analyse et ça dépend, évidemment, des compétences,
des connaissances économiques, de la littératie, un peu, financière de chacun,
de sa capacité à tolérer le risque. Donc... Mais, de façon générale, je crois
que c'est une bonne avenue. Évidemment, là, ça va dépendre de chacun. En plus, on
ne pense pas que ça soit une obligation. C'est une possibilité, donc c'est une
option.
M. Leitão : Et je pense que je
m'avance trop aussi. Je ne pense pas que la plupart des personnes feraient ce
genre de calcul arrivées à l'âge de la retraite, mais bon.
Mais, puisque j'ai abordé le sujet du
risque de longévité — j'ai quand même une certaine suite dans mes
idées — ce n'est pas l'enjeu du projet de loi ici, on avait déjà <discuté
de ces...
M. Leitão : ...personne ne
ferait ce genre de calcul, arrivées à l'âge de la retraite, mais bon.
Mais, puisque j'ai abordé le sujet du
risque de longévité
— j'ai comme une certaine suite dans mes
idées
— ce n'est pas l'enjeu du
projet de loi ici, on
avait déjà >discuté de ces questions-là dans d'autres forums, et peut-être,
avec le prochain groupe, on va parler de ça, j'ai l'impression, mais qu'est-ce
que vous pensez de ça? Comment est-ce qu'on pourrait mieux gérer... je n'aime
pas parler du risque de longévité, parce que ça a une espèce de connotation
négative, ce n'est pas mauvais de vivre plus longtemps, ce n'est pas mauvais du
tout, mais les répercussions financières de cette longévité? Comment est-ce que
vous voyez... des pistes de réflexion pour ces enjeux-là?
Le Président (M. Simard) :
Oui. Mme Kozhaya, avant de répondre, je dois régler une petite question
d'intendance. Y aurait-il consentement afin de concéder le temps de Québec
solidaire au député de Robert-Baldwin?
M. Leitão : Alors là, il faut
que je change ma question.
Le Président (M. Simard) :
Consentement. Le temps de Québec solidaire...
Une voix
: ...
Le Président (M. Simard) :
Bien, écoutez, disons le temps de Québec solidaire. Ça va comme ça?
M. Leitão : Ça va, ça va.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Leitão : Mme Kozhaya,
c'est une petite remarque qu'on a ici entre nous, alors ça n'a rien avoir avec
vous. Mais donc cette question de la longévité, vous avez des suggestions à
nous faire? Comment est-ce qu'on pourrait bien gérer ça?
M. Blackburn (Karl) : Peut-être
brièvement, avant de céder la parole encore une fois à Norma, M. le député, la
semaine dernière, là, dans la commission, le député de Québec solidaire a dit
que le CPQ et Québec solidaire étaient d'accord sur certains points, alors
votre question est tout à fait appropriée. Alors, Norma, je vais te laisser
répondre.
Mme Kozhaya
(Norma) :Effectivement, ça nous prendrait
une journée pour répondre à cette question-là, mais, très brièvement quand
même, il y a effectivement... Bien, un, on sait que le Régime de rentes du
Québec, Régime de pensions du Canada ont été bonifiés. Évidemment, là, ça va
prendre du temps pour que ça soit la pleine rente, mais il y a eu des choses
qui ont été faites. Il y a eu des mesures pour encourager le prolongement de la
vie active, il y a eu... Ça, c'est une avenue qui... et on voit déjà que des
gens travaillent plus longtemps. Les options de décaissement, effectivement,
pour quelqu'un qui a une épargne-retraite qui n'est pas dans un régime à
prestations déterminées ou dans la... donc, toutes les facilités... donner plus
d'options pour le décaissement, de sorte à justement prévoir ces éléments-là.
Donc, je crois que ce sont quelques pistes. De façon générale, encourager
l'épargne, évidemment, ça, c'est de base, et aussi sensibiliser les gens.
Donc, il y a beaucoup d'initiatives,
incluant avec Retraite Québec, question de... ça s'appelait Question Retraite,
pour encourager les jeunes à commencer l'épargne plus tôt. Évidemment, on a de
gros enjeux au niveau des soins de longue de durée, mais ça, évidemment, ce
n'est pas l'objectif de cette commission.
Mais je crois que ces différents chantiers
là, avec les mesures qui... Il y a quelques mesures qui sont déjà en place,
autant au niveau provincial qu'au niveau fédéral, donc, pour rendre le travail
plus payant, plus <payant que...
Mme Kozhaya
(Norma) :
...l'épargne plus tôt.
Évidemment, on a
de gros enjeux
au niveau des soins de longue de durée, mais ça,
évidemment,
ce n'est pas
l'objectif de cette
commission.
Mais je crois que ces différents
chantiers-là, avec les mesures...
Il y a quelques mesures qui sont
déjà
en place, autant
au niveau provincial qu'au niveau fédéral, donc, pour
rendre le travail plus payant, plus >payant que la retraite pour,
donc... Aussi, peut-être, avec les nouvelles mesures au niveau de la pension, peut-être
que les gens peuvent utiliser leur épargne privée un peu plus tôt et puis
l'épargne publique plus tard. Ça, je suis certaine que le groupe qui va nous...
l'Institut canadien des actuaires a fait beaucoup de travaux là-dessus. Donc,
c'est tous ces éléments-là, je crois, qui vont contribuer à répondre à ces
nouvelles réalités, effectivement, à cette longévité.
M. Leitão : Très bien,
merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, chers collègues. Mme Kozhaya, M. Blackburn, merci
beaucoup pour votre contribution à nos travaux. En espérant se revoir sous peu.
Sur ce, nous allons suspendre
momentanément.
(Suspension de la séance à 16 h 19)
16 h 30 (version révisée)
(Reprise à 16 h 37)
Le Président (M. Simard) :
Chers collègues, nous sommes en mesure de reprendre nos travaux. Nous avons
l'honneur de recevoir aujourd'hui les représentants de l'Institut canadien des
actuaires. Madame, monsieur, bienvenue parmi nous. Auriez-vous d'abord
l'amabilité de vous présenter?
Institut canadien des
actuaires (ICA)
M. Morency (Bernard) : Alors,
mon nom est Bernard Morency. Je suis le président de la Commission des affaires
publiques de l'Institut canadien des actuaires et j'ai aussi été membre, là, du
comité d'experts sur le système de retraite québécois, ce qu'on appelle le
comité D'Amours.
Mme Lessard (Krystel) : Oui,
bonjour. Mon nom est Krystel Lessard. Je suis aussi actuaire, j'oeuvre en
actuariat-conseil depuis un peu plus de 10 ans et je me suis portée
volontaire pour travailler avec l'ICA sur la rédaction de ce mémoire.
Le Président (M. Simard) :
Alors, vous avez 10 minutes de présentation.
M. Morency (Bernard) : Alors, merci
beaucoup. D'abord, merci de nous avoir invités. Ça nous fait très plaisir de
participer aux travaux de votre commission. Je vais mettre mes lunettes pour
pouvoir lire mon texte.
Alors, le projet de loi n° 68 traite
à la fois de l'établissement de régimes de retraite à prestations cibles et
d'amélioration de la Loi sur les régimes complémentaires de retraite. Alors,
dans notre mémoire, nous avons traité ces deux aspects-là séparément et
nous aimerions profiter de ces 10 minutes là pour attirer votre attention
sur certains points de notre mémoire.
Alors, d'entrée de jeu, nous aimerions
dire que l'Institut canadien des actuaires soutient la décision du gouvernement
de permettre l'établissement de régimes de retraite à prestations cibles par un
employeur sans qu'il doive joindre un groupe d'employeurs ou un régime
multiemployeur. Nous saluons également le fait que de tels régimes puissent
être offerts aux employés syndiqués et non syndiqués. Nous croyons que les
régimes de retraite à prestations cibles répondent à un besoin en offrant à la
fois un niveau de prestations déterminées et un partage de risque entre les
participants ainsi qu'une certitude quant au niveau des cotisations patronales.
Pour nous, ils constituent un outil additionnel pour les employeurs et pour les
syndicats afin d'améliorer la sécurité financière des Québécois et des Québécoises
à la retraite.
Alors, le projet de loi reconnaît
l'importance d'encadrer ces régimes afin de définir les règles et d'éviter
l'arbitraire et les mauvaises surprises tant pour les participants que pour les
employeurs. Alors, nous <sommes…
M. Morency (Bernard) : ...et
pour les syndicats afin d'améliorer la sécurité financière des
Québécois
et des Québécoises à la retraite.
Alors, le
projet de loi
reconnaît l'
importance d'encadrer ces régimes afin de définir les règles
et d'éviter l'arbitraire et les mauvaises surprises tant pour les participants
que les employeurs. Alors, nous >sommes d'accord avec la très grande majorité
des règles proposées mais aimerions apporter des commentaires sur certaines des
règles. Et les points qu'on va couvrir, c'est la gouvernance et la gestion des
risques, l'indexation des rentes après la retraite, le financement du régime,
l'acquittement des droits d'un participant, la transformation de régime actuel
en régime à prestations cibles, les mesures de redressement et l'achat de
rentes.
• (16 h 40) •
Alors, en débutant avec la gouvernance et
la gestion des risques, alors, le projet de loi ne contient aucune disposition
particulière pour la formation des comités de retraite ou la gestion des
risques. C'est donc dire que ces dispositions-là seraient les mêmes que pour
l'ensemble des régimes complémentaires. Alors, étant donné la nature
particulière et le partage de risque qui est sous-jacent à un régime à
prestations cibles, nous aimerions suggérer quelques modifications au niveau de
la gouvernance. Par exemple, on pourrait considérer exiger un nombre de
représentants des participants au moins égal à celui des représentants de
l'employeur ou encore demander la présence de deux tiers indépendants plutôt
qu'un avec au moins un qui aurait de l'expérience en investissement ou en gestion
des risques. On pourrait également exiger une politique documentée de gestion
des risques.
Deuxième sujet, les dispositions
obligatoires et les dispositions non permises par la loi. Alors, dans la loi,
on ne permet pas d'avoir une rente fondée sur la moyenne des meilleurs
salaires, mais on permet une rente fondée sur un salaire carrière indexé. Nous
sommes d'accord avec cette disposition. Toutefois, après la retraite, aucune
indexation périodique ne peut être prévue à l'avance des rentes après la
retraite. On comprend très bien l'objectif de limiter les risques associés à
l'inflation, mais pourquoi ne pas permettre une certaine indexation des rentes
après la retraite à un taux prédéterminé qui pourrait être égal ou inférieur à
celui qui est utilisé avant la retraite pour l'indexation des salaires
carrière? On pense qu'une telle disposition pourrait être très utile advenant
que des mesures de redressement s'avèrent nécessaires et que l'on doive
modifier les droits des retraités.
Au niveau du financement, le projet de loi
prévoit un financement sur base de capitalisation avec une provision de
stabilisation semblable à ce qui est exigé pour l'ensemble des régimes à
prestations déterminées, sauf pour l'obligation de capitaliser la provision de
stabilisation. Ça aussi, nous sommes très confortables avec ça. Toutefois, il
est prévu, dans le projet de loi, que la cotisation patronale puisse osciller à
l'intérieur d'une certaine fourchette. Alors, nous appuyons cette <mesure...
M. Morency (Bernard) :
...semblable à ce qui est exigé pour
l'ensemble des régimes à
prestations
déterminées, sauf pour l'obligation de capitaliser la provision de
stabilisation. Ça, aussi, nous sommes très confortables avec ça. Toutefois, il
est prévu, dans le projet de loi, que la cotisation patronale puisse osciller à
l'intérieur d'une certaine fourchette. Alors, nous appuyons cette >mesure,
mais croyons que ça devrait être une option et non une exigence. Pourquoi?
Parce que les règles comptables ne sont pas claires comment le traitement
comptable d'une cotisation patronale qui pourrait évoluer dans une fourchette
serait fait, et, étant donné l'importance des règles comptables, on ne voudrait
pas qu'une interprétation de ces règles-là nuise à la mise en place de régimes
à prestations cibles.
Le quatrième point sur lequel on voulait
faire un commentaire, c'est l'acquittement des droits des participants, puis je
suis certain qu'on va revenir là-dessus dans la période d'échange. Mais on note
que le projet de loi stipule que les hypothèses à utiliser pour le calcul de la
valeur d'un participant qui exerce son droit de transfert vont être fixées par
règlement. Toutefois, le projet de loi indique que le calcul se fera en tenant
compte du degré de solvabilité, alors que l'approche et les hypothèses ne sont
pas encore déterminées. Or, l'ICA a publié récemment des normes qui entreront
en vigueur le 1er décembre pour ce genre de situation là. Notre objectif,
l'objectif qu'on poursuit, c'est d'accorder au participant qui exerce son droit
de transfert sa juste part de l'actif du régime et surtout de maintenir une
équité entre tous les participants. Donc, ceux qui décident de retirer leurs
droits et ceux qui décident de les laisser là, on veut qu'ils soient traités de
façon équitable.
Donc, on vous ferait deux suggestions.
La première, c'est que, le passé ayant démontré qu'il y avait une très belle
collaboration entre Retraite Québec et l'Institut canadien des actuaires, nous
vous offrons, si vous le jugez à propos, de participer à un groupe de travail
avec Retraite Québec pour finaliser les dispositions réglementaires. La
deuxième suggestion qu'on vous ferait, c'est de faire un ajustement dans le
projet de loi pour s'assurer que tout ça va être bien synchronisé et éviter de
trop restreindre les options pour la rédaction des règlements. Alors, on pourra
discuter de quels pourraient être ces accommodements-là lors de la période de
questions.
Dernier point avant de passer la parole à
Krystel, la transformation d'un régime actuel dans un régime à prestations
cibles. Alors, on peut le faire pour un régime à cotisation définie, mais on ne
peut pas le faire pour un régime à prestations déterminées parce qu'on ne peut
pas toucher aux prestations passées. Alors, on comprend très bien les enjeux
qui sont associés avec la transformation d'un régime à prestations déterminées
et on respecte la décision du gouvernement de ne pas permettre une telle
transformation.
On voudrait toutefois faire deux commentaires.
Le premier, c'est qu'il faut s'assurer que, si un parrain de régime à
prestations déterminées décide de le transformer en régime à prestations
cibles, il faut qu'il ait l'assurance qu'il ne sera pas obligé de terminer son
régime à <prestations...
M. Morency (Bernard) : ...permettre
une telle transformation.
On voudrait toutefois faire deux
commentaires. Le premier, c'est qu'il faut s'assurer que si un parrain de
régime à prestations déterminées décide de le transformer en régime à
prestations cibles, il faut qu'il ait l'assurance qu'il ne sera pas obligé de terminer
son régime à >prestations déterminées éventuellement. Donc, il faudrait…
Le deuxième point qu'on veut faire, c'est que la position de l'institution a toujours
été qu'une transformation pourrait être dans l'intérêt des participants et, par
conséquent, pourrait être permise avec le consentement de toutes les parties
prenantes. Donc, c'est une option qui pourrait être envisagée
Sur ce, je passe la parole à Krystel.
Lessard (Krystel) : Merci,
Bernard. Donc, maintenant, en ce qui concerne les mesures de rétablissement, on
a noté que le projet de loi exige que la pleine provision de stabilisation soit
capitalisée avant qu'un rétablissement puisse être fait. La provision de
stabilisation peut représenter environ 15 % du passif, parfois même plus.
Nous croyons que le projet de loi pourrait permettre des mesures de
rétablissement sans que la provision de stabilisation soit pleinement
capitalisée. Ceci permettrait un rétablissement plus rapide, qui serait
apprécié par tous, surtout par les participants retraités. Le seuil pourrait,
par exemple, être fixé à 50 % du niveau de la provision de stabilisation
ou encore être fixe, tel un taux de capitalisation de 105 % ou 110 %.
Dans les autres éléments, nous aimerions
porter votre attention sur les achats de rentes. Le projet de loi prévoit qu'un
régime à prestations cibles peut se doter d'une politique d'achat de rentes qui
permet au régime de se libérer de toute obligation envers les participants
visés par l'achat. C'est un outil intéressant qui est utilisé comme mesure de
gestion de risques dans les régimes à prestations déterminées. Par contre, son
application dans un régime à prestations cibles peut soulever certains enjeux
d'équité. Nous croyons donc que, si le législateur désire offrir la possibilité
au régime à prestations cibles de procéder à des achats de rentes, cela devrait
être encadré par un processus de consentement des participants et des règles
claires quant au montant d'argent qui serait utilisé pour acheter une telle
rente afin d'assurer l'équité entre les participants.
Dans les autres changements à Loi sur les
régimes complémentaires de retraite qui ont été effectués dans le projet de loi
n° 68, nous saluons la très grande majorité des
propositions. Ceci inclut la mesure visant la mise à jour plus fréquente du
degré de solvabilité qui est pris en compte lors de l'acquittement des droits
d'un participant de régime à prestations déterminées et la flexibilité accrue
quant au dépôt des évaluations actuarielles.
Nous sommes aussi particulièrement heureux
que le projet de loi permette aux régimes à cotisation déterminée d'offrir des
rentes viagères à paiements variables. C'est une mesure...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
Mme Lessard (Krystel) : Oui.
Parfait. Donc, c'est ça, cette mesure est importante.
Et nous aimerions simplement finir en
soulignant que le gouvernement pourrait envisager de l'élargir en permettant à
de plus gros régimes ou à des institutions financières d'accueillir des sommes
qui viendraient de participants de plus petits régimes à cotisation déterminée
qui n'auraient pas la masse critique pour offrir des rentes viagères à
prestations variables à leurs participants.
Le Président (M. Simard) :
Merci, Mme Lessard, et désolé de vous avoir coupée.
Mme Lessard (Krystel) : Il n'y
a pas de problème.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous aviez terminé votre intervention? Parce que je peux certainement vous <accorder...
Mme Lessard (Krystel) :
...des sommes qui viendraient de participants de plus petits régimes à
cotisations déterminées qui n'auraient pas la masse critique pour offrir des
rentes viagères à prestations variables à leurs participants.
Le Président (M. Simard) :
Merci, Mme Lessard, et désolé de vous avoir coupée.
Mme Lessard (Krystel) : Il
n'y a
pas de problème.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous aviez terminé votre
intervention?
Parce que je peux
certainement
vous >accorder deux minutes de mon temps pour... s'il y a des
points que vous avez omis.
Mme Lessard (Krystel) : C'est
gentil de votre part, mais nous avons réussi à couvrir les points que nous
désirions couvrir.
M. Girard (Groulx) : Parfait.
Merci. Je vais commencer... Ma première question serait pour M. Morency.
Est-ce que, selon vous, avec le projet de loi n° 68, on atteint l'objectif
ou l'esprit de ce que le rapport D'Amours voulait avec ces régimes-là?
• (16 h 50) •
M. Morency (Bernard) : Ma
réponse simple, c'est oui. Oui, vous l'avez. Je peux élaborer, mais, oui, là,
vous atteignez notre objectif.
L'objectif ici, je pense, principal, c'est
d'ajouter un autre outil dans le coffre à outils des syndicats et des
employeurs, et c'est un outil <qui est très de... >qui est très
relié à la réalité d'aujourd'hui. Malheureusement, malheureusement, quand on
dit aux parrains de régimes, quand on dit aux employeurs : Vous avez deux choix,
vous pouvez prendre un régime à prestations déterminées pur, et là vous assumez
100 % des risques, ou vous pouvez prendre un régime à prestations définies
puis vous assumez 0 % des risques, alors, si on leur donne un commutateur
en offre comme ça, bien, c'est clair ce qu'ils font, ils vont à l'offre puis
ils prennent zéro.
Ce qu'on fait ici, on donne un rhéostat. On
peut ajuster le thermomètre, on peut prendre plus ou moins de risques, on peut
avoir des discussions. Et je pense que c'est un outil qui est nécessaire dans
le monde d'aujourd'hui.
M. Girard
(Groulx) :O.K., merci. Quelle est votre appréciation de l'évolution des
régimes à prestations déterminées, là? On a eu la... On a eu la... bien sûr, on
a eu la crise de 2008, mais on est quand même dans une situation où les taux
d'intérêt ont baissé systématiquement au cours des 25 dernières années, ce
qui a grandement affecté la solvabilité, la capitalisation des régimes. Et
ensuite on a eu les événements de 2008. On a aussi eu un phénomène qui n'est
pas souvent discuté mais qui a nui aux régimes à prestations déterminées, c'est
les changements dans les règles comptables, l'IFRS, qui fait que la volatilité
de la caisse de retraite passe dans certaines industries au capital des
entreprises, et, évidemment, ces entreprises-là n'apprécient pas du tout que
leur <capital...
M. Girard (Groulx) :
...IFRS, qui fait que la volatilité de la caisse de retraite passe dans
certaines
industries au capital des entreprises, et,
évidemment,
ces entreprises-là n'apprécient pas du tout que leur >capital soit
affecté par le régime de retraite.
Et là on a une évolution où, franchement,
qu'on offre les régimes de retraite à prestations cibles ou non, il est
fortement plausible qu'on ait moins de régimes à prestations déterminées avec
le passage du temps. En fait, c'est même à se demander, dans 10 ans,
combien il y aura de régimes à prestations déterminées au Québec.
Je voudrais avoir votre appréciation, puis
peut-être Mme Lessard peut commenter aussi, votre appréciation générale de
ce qui va arriver dans les 10 prochaines années avec les régimes à
prestations déterminées.
M. Morency (Bernard) :
Bon, je vais faire quelques commentaires, puis Krystel pourra en rajouter.
Écoutez, c'est malheureux, mais la réalité
est que dans le secteur privé, au Canada, il y a moins de 10 % des
travailleurs qui ont droit à un régime à prestations déterminées. Et, comme je
le disais tout à l'heure, les employeurs, ils ont fait leur choix,
malheureusement. Puis les raisons que vous avez données, elles sont les
bonnes : l'augmentation des coûts, l'impact des valeurs, des normes comptables
et aussi le partage de risque.
Donc, je pense que le gouvernement,
québécois en particulier, en particulier, a ralenti cette hémorragie-là avec
les gestes qui ont été posés depuis quatre ou cinq ans, depuis qu'on a
livré le rapport. On a assoupli les normes de capitalisation en allant... en
abandonnant la capitalisation sur solvabilité. Ça, ça l'a aidé beaucoup au
niveau de la volatilité des coûts. On a mis des normes au niveau de partage de
coûts dans le secteur public et parapublic qui, bien sûr, ont soulevé des
enjeux, bien sûr qu'ils ont soulevé des enjeux, mais qui ont rendu ces
régimes-là un peu plus solides en termes de performances financières puis en
termes de partage de risque.
Donc, je pense qu'il y a... On a fait ce
qu'on pouvait faire pour stopper la déclinaison. Puis je pense que des régimes
à prestations cibles sont un autre outil qu'on se donne collectivement, que
l'Assemblée nationale, que le gouvernement nous donne collectivement. Mais
est-ce que ça va renverser la vapeur? Je ne le sais pas.
Mais il y a un aspect de régimes à
prestations cibles qui est non négligeable. Il pourrait y avoir des régimes à
cotisation définie qui se transforment en régimes à prestations cibles. Et ça,
ce serait dans l'intérêt des participants, parce que les régimes à <cotisation...
M. Morency (Bernard) : …nous
donne collectivement. Mais
est-ce que ça va renverser la vapeur? Je ne
le sais pas.
Mais il y a un aspect des régimes à
prestations cibles qui est non négligeable. Il pourrait y avoir des régimes à
cotisation définie qui se transforment en régimes à prestations cibles. Et ça,
ce serait dans l'intérêt des participants. P
arce que les
régimes
à >cotisation définie, là, ça a plusieurs faiblesses, ça là, là. Une de
ses grandes faiblesses, c'est qu'il y a un puissant défi de gestion de risques.
Une deuxième faiblesse, c'est comment on aide les gens à gérer leur… ce qu'on
appelle le risque de longévité, là, mais comment on les aide à gérer ça, comment
on les aide à transformer leur capital en rentes.
Donc, ici, on a des pistes qu'on donne aux
gens, et puis peut-être que les gens vont les utiliser, ces pistes-là. Donc… Mais,
quand on regarde l'environnement général, il n'est pas très favorable, là, aux
régimes à prestations déterminées. On a fait ce qu'on pouvait, mais
l'environnement n'est pas favorable. Krystel, est-ce qu'il y a des points que
tu voulais ajouter?
Mme Lessard (Krystel) : Non,
je suis d'accord avec toi, Bernard. En fait, moi, ce que j'ajouterais, c'est
que les employeurs qui sont passés de régimes à prestations déterminées à
l'option qu'ils avaient, cotisation déterminée pour leurs employés, l'ont fait,
comme vous l'avez dit, à cause des coûts, principalement. Oui, il y avait le
financement, l'argent qu'ils devaient mettre dans la caisse de retraite, mais
aussi les coûts comptables, qu'est-ce qui passait dans leurs états financiers. Ça
devenait trop grand pour eux, donc ils sont passés à l'option qu'ils avaient, cotisation
déterminée.
Mais ça ne veut pas dire qu'ils ne sont
pas intéressés à fournir un outil de retraite intéressant à leurs participants.
Je pense que, comme Bernard l'a dit, il y en a plusieurs, certains, du moins,
qui voudront convertir les régimes cotisation déterminée qu'ils ont mis en
place en régimes à prestations cibles. Je pense que c'est une chose qui peut
être intéressante pour les participants à ces régimes de retraite là, leur
assurer un revenu de retraite un peu plus adéquat, un peu plus intéressant.
M. Girard (Groulx) : Bien,
vous avez raison. Je pense, ça serait un… lorsque nous aurons complété notre
travail, et je ne présume de rien, mais, si la loi vient qu'à être en vigueur,
effectivement, s'il y avait une migration de cotisation déterminée vers
prestations cibles, ça serait <un gain pour… >un gain d'épargne
pour les Québécois ou pour la stabilité financière des Québécois.
Il y a un point… Je dois admettre que je
n'ai pas bien compris votre intervention au niveau des cotisations patronales.
Peut-être, vous pourriez me clarifier le sens de ce que vous avez dit,
M. Morency.
M. Morency (Bernard) : Oui. Bien,
en fait, c'est que, dans le projet de loi, on dit que la cotisation patronale
peut osciller dans une certaine fourchette. Et ça touche exactement le point
dont vous parliez tout à l'heure, M. le ministre, le point du traitement
comptable de tout ça. Ce qui est clair, c'est que, si la cotisation patronale
est fixe, identifiée, là, elle est traitée favorablement d'un point de vue
comptable. Ce qui n'est pas clair, c'est que, si elle peut osciller, quel sera
le traitement <comptable de ça. Et…
M. Morency (Bernard) : …ce
qui est clair, c'est que, si la cotisation patronale est fixe, identifiée, là,
elle est traitée favorablement d'un point de vue comptable. Ce qui n'est pas
clair, c'est que, si elle peut osciller, quel sera le traitement >comptable
de ça. Et donc ce qu'on dit, c'est : Mettez-le comme une option mais pas
comme une exigence. Donc, dépendant de comment l'évolution va se faire au
niveau des normes comptables, on verra si on peut ou non utiliser la fourchette
et avoir toujours un traitement comptable favorable.
M. Girard (Groulx) : O.K. Merci. Ces clarifications importantes… puis on va faire
des vérifications nécessaires.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup, M. le ministre. M. le député de Pontiac.
M. Fortin :
Merci, M. le Président. Bonjour, M. Morency, Mme Lessard. Merci d'être
avec nous. Je veux vous amener sur l'aspect de la transformation dans un régime
à prestations cibles. Et vous le dites, là, dans votre mémoire, je pense que
c'est à la page 5, le projet de loi permet de transformer un régime à
cotisation déterminée en régime à prestations cibles, mais ne nous permet pas
pour un régime à prestations déterminées. Vous, vous nous dites : Il
pourrait y avoir des avantages pour un travailleur de passer d'un régime à
prestations déterminées à un prestations cibles. J'aimerais vous entendre
là-dessus, en savoir davantage, parce que ce que vous nous demandez, c'est que
ça soit permis avec le consentement des participants. Alors, j'aimerais ça
comprendre exactement ce que vous nous demandez, puis c'est quoi, votre
perspective, et pourquoi vous nous dites que c'est possible qu'il y ait des
avantages.
M. Morency (Bernard) : O.K.
Bien, prenons la situation, qui est le cas de beaucoup de travailleurs
québécois, où on avait un régime à prestations déterminées jusqu'à, mettons,
l'année 2000 et, depuis l'année 2000, on est dans un régime à
cotisation déterminée, O.K.? Donc, moi, j'ai 50 ans, j'ai une partie de ma
carrière en prestations déterminées, j'ai une partie de ma carrière en
cotisation déterminée. Là, mon employeur regarde ça puis il dit : Ah! moi,
les prestations cibles, ça m'intéresse, mais, si je le fais, je peux juste
transformer la partie cotisation déterminée, pas la partie prestations
déterminées, parce que la loi ne me le permet pas. Ça fait que je ne peux pas
dire : O.K., je vais mettre les deux ensemble, on va s'entendre sur
des conditions pour le futur pour un régime à prestations cibles et on va en
avoir qu'un seul, toute ta carrière va être dans ça. Alors, ça, c'est un
exemple où, dans mon cas à… je prends l'exemple, ce travailleur-là ou
travailleuse-là, bien, ça serait dans son intérêt qu'on mette tout ça ensemble
plutôt que de traîner une petite prestation de prestations déterminées qui date
déjà, plusieurs, plusieurs années… Ça, c'est un exemple.
• (17 heures) •
Puis je suis d'accord avec vous, quelqu'un
qui est aujourd'hui dans un régime à prestations puis qui continue d'être dans
un régime à prestations, donc il est des 10 %, là, qui sont là-dedans, ce
n'est pas eux qu'on vise. Ce n'est pas eux, O.K.? On vise une grosse partie du
reste des gens qui ont ces deux choix-là. Alors, ça, c'est un exemple
concret. Et, encore une fois, si on le faisait, on le ferait de façon... avec
le consentement des parties prenantes, là. Il n'est pas question qu'un
employeur puisse imposer ça à ses participants. Il faut que ce soit fait...
Alors, c'est un exemple. Il <pourrait y avoir d'autres situations…
>
17 h (version révisée)
< M. Morency (Bernard) : ...ont
ces deux choix-là, alors, ça, c'est un
exemple concret. Et, encore une
fois, si on le faisait, on le ferait de façon... avec le
consentement
des parties prenantes, là, il n'est pas question qu'un employeur puisse imposer
ça à ses participants, il faut que ce soit fait... Alors, c'est un exemple, il >pourrait
y avoir d'autres situations où, pour toutes sortes de raisons historiques, où
ça pourrait être bien, le régime à prestations déterminées n'était pas très
généreux, les biens capitalisés... Pour toutes sortes de raisons, on a un
régime qui a beaucoup d'argent, et puis là on ne sait pas trop comment
l'utiliser, alors ça peut être une autre circonstance, mais ce n'est pas une
clause où ça s'appliquerait tout le temps, mais il y a des circonstances
particulières où ça pourrait être intéressant.
M. Fortin : O.K., très bien,
je vous entends. Donc, ce que vous nous dites, c'est que, si tout le monde est
d'accord, arrangez-vous pour trouver une façon de le permettre pour que ce
changement-là soit possible. O.K.
M. Morency (Bernard) : Si
c'était possible de le faire, si c'était possible sans trop compliquer le
projet de loi, effectivement ça pourrait être une bonne façon.
M. Fortin :
D'accord. Un autre... un enjeu... et là je vous entends bien, là, vous nous
avez dit essentiellement : Il y a des avantages majeurs à prestations
cibles versus cotisation déterminée. Alors... Mais il y a beaucoup de plus
petits employeurs, disons, là, qui ont des régimes à cotisation déterminée, mais,
souvent, c'est beaucoup de travail. La force de l'inertie, disons, peut être
quand même assez puissante, là. Donc, ça prend une certaine motivation pour
changer de régime, mais, s'il y a un avantage si important, est-ce qu'il y a
quelque chose qui peut être simplifié à travers ce projet de loi là pour
permettre justement à... pour donner un incitatif additionnel à l'employeur à
peut-être amorcer des discussions avec ses employés pour les pousser vers des
prestations cibles ou à accepter ça plus facilement? Est-ce qu'il y a quelque
chose qu'on peut faire pour diminuer la charge et rendre ça plus simple pour
passer à une prestation cible?
M. Morency (Bernard) :
Krystel, veux-tu commenter là-dessus ou tu veux que je le fasse?
Mme Lessard (Krystel) : C'est
sûr que mettre en place un nouveau régime, c'est du travail pour toutes les
parties prenantes, là, pas seulement l'employeur, mais les participants aussi.
Mais, ceci étant dit, une fois le tout mis en place, il y a évidemment plus de
travaux à faire dans un régime à prestations cibles qu'il y en a dans un régime
à cotisation déterminée, des évaluations actuarielles, et tout ça, mais reste
que c'est quand même un comité de retraite qui doit se réunir de façon
régulière. Donc, oui, il y a des travaux additionnels à faire, des sujets
additionnels, mais je ne pense pas que c'est une charge de travail colossale
par rapport à un régime à cotisation déterminée. Comme vous le dites, parfois,
la force de l'inertie peut être assez grande, puis le projet de loi contient
aussi des dispositions qui permettent de faire des régimes multiemployeurs à
prestations cibles, donc de petits employeurs pourraient se regrouper ensemble
pour mettre en place un régime à prestations cibles, ce qui pourrait peut-être
faire en sorte que la charge soit répartie et aussi rendre le régime plus
intéressant parce que l'avantage d'un régime à prestations cibles, c'est
vraiment la mutualisation des risques. Donc, plus il y a de participants, plus
c'est possible de le <faire...
Mme Lessard (Krystel) :
...petits employeurs pourraient se regrouper ensemble pour mettre en place un
régime à prestations fixes qui pourrait faire en sorte que la charge soit
répartie, et aussi, rendre le régime plus intéressant, parce que l'avantage
d'un régime à prestations cibles, c'est vraiment la mutualisation des risques,
donc plus il y a participants, plus c'est possible de le >faire. Je ne
sais pas, Bernard, si tu voulais compléter.
M. Morency (Bernard) : Non, je
pense que les... tu as donné des très bonnes pistes. Je pense que, règle
générale, le projet de loi n'est pas archicompliqué, M. le député de Pontiac. Je
pense qu'il faut... ce qu'il faut éviter dans un projet de loi comme
celui-ci... Les régimes de retraite, là, ça dure 15, 20, 50 ans. Il est
impossible de tout prévoir. Donc, l'encouragement que je vous donne, c'est :
oui, il faut avoir certaines règles, mais il faut aussi laisser certaines des
choses en se basant sur des principes plutôt que sur des règles pour pouvoir
laisser aux parties et à Retraite Québec suffisamment de flexibilité pour
s'adapter aux circonstances.
Écoutez, s'il y a cinq ans, là, on
s'était assis tous les deux, puis je vous avais dit : Les taux d'intérêt
vont friser le négatif, là, hein, on se serait mutuellement dit : Bon, ça
n'a pas grand bon sens. Bien, c'est là qu'on est rendus, tu sais. Donc, il faut
réfléchir à ça. Donc, le seul point ici, c'est de s'assurer qu'on laisse une
certaine liberté aux parties, puis l'exemple des plus petits employeurs, c'est
un bel exemple. Alors, si, mettons, une association de petits employeurs qui
sont dans une même industrie... bien, s'assurer que ce qu'on fait leur permet
de le faire avec des règles relativement simples et basées sur des principes
plutôt que sur un libellé trop détaillé.
M. Fortin :
Ça me va, M. le Président. Je vous remercie.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Très bien, merci
beaucoup. Alors, à mon tour de vous souhaiter la bienvenue, M. Morency... plaisir
de vous revoir à nouveau. Mme Lessard aussi. On a déjà discuté beaucoup de
choses que je voulais aussi discuter, et c'est très bien, mais je vous amène à
la toute fin de votre mémoire, où vous nous parlez des régimes... attendez un
peu, là, les rentes viagères à paiements variables. Vous trouvez ça tellement
important et tellement bienvenu qu'on pourrait envisager de l'élargir pour
permettre de plus gros régimes et institutions financières d'accueillir les
plus petits. Pourriez-vous élaborer un peu là-dessus, s'il vous plaît? Je pense
que c'est un peu dans le même ordre d'idées que les régimes multiemployeurs,
n'est-ce pas, pour essayer de regrouper les choses.
M. Morency (Bernard) : Bien, c'est-à-dire
que la beauté de cette innovation-là, c'est qu'elle donne un outil aux
participants dans les régimes à cotisation définie pour le décaissement de leur
épargne, et c'est un énorme défi, le décaissement de l'épargne. Les gens ont
accumulé un certain <capital...
M. Morency
(Bernard) : ...qu'elle donne un outil aux participants dans les
régimes à
cotisation définie pour le décaissement de leurs épargnes. Et
c'est un énorme défi, le décaissement de l'épargne. Les gens ont accumulé un
certain >capital, et là ils ont 62, 63, 65 ans, et là il faut
qu'ils transforment ce capital-là en revenu mensuel. Alors, comment ils font
ça? Bien, il y a un des véhicules qui est d'aller voir les compagnies
d'assurance puis s'acheter une rente. Bien, les gens, ils ne le font pas. Ils
n'aiment pas ça, dire : Bon, je vais prendre le 400 000 $ que
j'ai accumulé dans mon REER puis je vais refaire un chèque à une compagnie
d'assurances, puis là ils vont me faire un chèque à tous les mois. Ils n'aiment
pas ça, les gens, ils n'aiment pas ça, tu sais.
Donc, ici, ce
que ça fait, ça, c'est que ça dit au parrain d'un régime à cotisation
déterminée : À l'intérieur du régime, on peut faire un mécanisme structuré
de décaissement qu'on va offrir aux participants. Donc, ça répond à un vrai
besoin. Puis c'est sûr que ça demande une certaine masse, taille critique,
parce que ce qu'on fait ici, c'est mutualiser les risques de placement et de
longévité à travers les participants. Donc, c'est sûr que, si on est seulement
une vingtaine ou une cinquantaine, là, on n'a pas une grosse mutualisation.
Donc, le point
qu'on fait, cette excellente initiative, réfléchissons à des façons de donner
accès aux plus petits régimes. Et il y a deux façons de faire ça, de permettre
à des plus gros régimes de les accueillir ou de permettre à des institutions
financières d'offrir un produit pour leur clientèle, qui sont des plus petits
régimes. Donc, c'est vraiment de répondre à cet enjeu de décaissement des
sommes accumulées dans un régime à cotisation définie. Krystel, je ne sais pas
si tu as des points que tu veux ajouter.
Mme Lessard
(Krystel) : Non, Bernard, je pense que tu as bien fait le tour. En
fait, le principe, c'est qu'on veut vraiment qu'il y ait le plus de gens
possible qui puissent avoir accès à un produit pour mutualiser les risques, de faire
en sorte d'avoir un niveau de frais intéressants, parce que plus la masse
critique est grosse, bien, plus les gens sont capables d'avoir... d'obtenir un
niveau de prêt intéressant, donc de maximiser leurs revenus de retraite, encore
une fois, là.
M. Leitão :
Juste une dernière, dernière question, M. le Président. Ce n'est pas tout à
fait la même chose, mais c'est un peu similaire… c'est le contraire, ça nous a
été soulevé par la Fédération canadienne des retraités, ce matin, où ils
suggéraient de permettre aux individus, aux retraités de transférer leurs
épargnes personnelles, donc le régime d'épargne-retraite, de les transférer, au
moment de la retraite, dans le régime de retraite à prestations cibles pour
qu'ils puissent mieux gérer, justement, leur décaissement. Vous trouvez que c'est
intéressant ou pas?
M. Morency
(Bernard) : Bien, je pense que c'est intéressant dans la mesure où
tout le monde comprend dans quoi on s'embarque, O.K.? Parce que, quand on va
dans un régime à prestations cibles, le mot le dit, c'est une cible, donc ça
peut aller en haut et ça peut aller en bas. Donc, ce <n'est...
M. Morency (Bernard) :
...Mais
je pense que c'est intéressant dans la mesure où
tout le
monde comprend dans quoi on s'embarque,
O.K.?
Parce que, quand on
va dans un régime à prestations cibles, le mot le dit, c'est une cible. Donc,
ça peut aller en haut et ça peut aller en bas, donc ce >n'est pas un montant
garanti. Donc, si les gens comprennent exactement… Donc, on peut voir un
participant d'un régime à prestations cibles, il a accumulé un certain montant,
donc sa rente. Il arrive à la retraite, on lui dit : O.K., voici ta rente,
c'est 900 $ par mois. O.K.? Et là il dit : Ah! moi, j'ai de l'argent
dans mon REER, j'aimerais ça l'amener ici pour bonifier ce 900 $ là. Donc,
oui, ça peut être intéressant de l'offrir si les parties sont d'accord, les
membres du comité de retraite sont d'accord, ça peut être intéressant, mais il
faut que la personne comprenne dans quoi elle s'embarque, O.K.? Ce qu'elle
fait, c'est que nous, on va prendre cet argent-là, basé sur la base de
capitalisation du régime, on va le convertir en rente. Alors, on dit :
O.K., si tu nous donnes ton argent, ton 900 $ va devenir
1 100 $, on va te donner 200 $ de plus, mais ça se peut que le 1 100 $,
il devienne 1 050 $ dans trois ans ou qu'il devienne 1 150 $.
Évidemment, 1 150 $, tout le monde va être d'accord, personne ne va
rien dire, mais, si ça descend... Alors, il faut que les gens comprennent bien
dans quoi on s'embarque et il faut que le comité de retraite soit confortable
avec cette gestion additionnelle là. Mais, en principe, c'est une bonne idée.
• (17 h 10) •
M. Leitão : Gestion
additionnelle et coûts de gestion additionnels. Une toute dernière, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Leitão : En conclusion.
Parce que ça n'a rien à voir avec le projet de loi, mais, puisque vous êtes là,
je veux quand même vous parler un petit peu pendant quelques secondes. Les
mesures à Retraite Québec, puisque vous avez ici le ministre et aussi Retraite
Québec, concernant, là, de retarder le décaissement du RRQ, disons, à 75 ans,
vous êtes toujours, je présume, très intéressés à ce que cela puisse se faire?
M. Morency (Bernard) : Bien oui,
la réponse, c'est oui. Je pense que... Ça ferait partie de la même réponse que
je donnais à M. le ministre au début, c'est un outil additionnel. On offre aux
gens une option additionnelle, et ceux qui voudront s'en prévaloir le feront.
Il y a aussi un effet, pour utiliser l'expression anglaise, M. le député, de
«nudging». C'est que, quand on dit aux gens : Vous pouvez la retirer entre
60 et 70...
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Leitão : Le temps...
M. Morency (Bernard) : Ah!
O.K. Tout à fait. D'accord.
Le Président (M. Simard) : Mon
rôle est bien ingrat, M. Morency, mon rôle est bien ingrat. Mais, ceci
étant dit, merci infiniment de votre participation à nos travaux. Ce fut fort
enrichissant.
Sur ce, nous allons ajourner. On se
redonne rendez-vous au mardi le 3, à 10 heures, afin de poursuivre notre
mandat. Et, d'ici là, bien, je vous souhaite à tous un joyeux Halloween. Soyez
prudents. Respectez les consignes et ramenez-nous des bonbons. À <bientôt...
Le Président (M. Simard) :
…ajourné. On se redonne
rendez-vous au mardi le 3, à 10 heures,
afin de poursuivre notre mandat. Et, d'ici là, bien, je vous souhaite à tous un
joyeux Halloween. Soyez prudents. Respectez les consignes et ramenez-nous des
bonbons. À >bientôt.
(Fin de la séance à 17 h 12)