Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Tuesday, December 1, 2020
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Vol. 45 N° 103
Debate on the economic update presented on 12 November 2020, in
accordance with the motion carried by the Assembly on 17 March 2020
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Intervenants par tranches d'heure
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Simard, Jean-François
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Fortin, André
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Girard, Eric
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Leitão, Carlos J.
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Leitão, Carlos J.
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Reid, Claude
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Reid, Claude
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Rizqy, Marwah
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Fortin, André
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Chassin, Youri
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Chassin, Youri
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Marissal, Vincent
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Marissal, Vincent
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Polo, Saul
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Marissal, Vincent
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Girard, Eric
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Girard, Eric
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Marissal, Vincent
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Polo, Saul
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Émond, Jean-Bernard
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Ouellet, Martin
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Ouellet, Martin
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Girard, Eric
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Polo, Saul
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Polo, Saul
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Foster, Émilie
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Girard, Eric
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Montpetit, Marie
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Montpetit, Marie
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Girard, Eric
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Polo, Saul
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Leitão, Carlos J.
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Campeau, Richard
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Campeau, Richard
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Girard, Eric
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Polo, Saul
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Fortin, André
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Girard, Eric
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Fortin, André
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Polo, Saul
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Simard, Jean-François
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Fortin, André
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Girard, Eric
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Asselin, Mario
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Chassin, Youri
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Girard, Eric
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Chassin, Youri
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Simard, Jean-François
10 h (version révisée)
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, à l'ordre, s'il vous plaît! Je constate que nous avons
quorum, nous pouvons donc entreprendre nos travaux.
Comme vous le savez, notre commission est
réunie suite au débat sur la mise à jour économique présentée par le ministre des
Finances le 12 novembre dernier.
Alors, simplement vous remettre en
contexte sur la manière dont nos travaux vont se dérouler toute la journée,
parce que nous allons finir assez tard ce soir. Comme vous le savez, nos débats
vont durer, vont s'échelonner sur une période de cinq heures réparties de la
manière suivante : le gouvernement dispose de 2 h 30 min,
l'opposition officielle dispose d'un temps complet de
1 h 40 min, et les deuxième et troisième oppositions disposent respectivement
de 25 minutes. Comme à l'habitude, nous allons alterner, hein, selon les
formations politiques. Mais il y a eu, ce matin, avant de débuter nos travaux,
un consensus à l'effet que la première opposition ait deux blocs de suite pour
accommoder le député de Rosemont, qui sera en point de presse au moment où il
aurait dû normalement parler. Donc, nos blocs seront à peu près de
25 minutes, grosso modo. Nous allons nous ajuster, là, selon les moments
de parole.
Et j'aurais d'abord besoin de valider si,
Mme la secrétaire, il y a des remplacements.
La Secrétaire
: Oui, M. le
Président, alors : M. Thouin (Rousseau) est remplacé par M. Campeau
(Bourget); M. Barrette (La Pinière) est remplacé par Mme Rizqy
(Saint-Laurent); et Mme Melançon (Verdun) est remplacée par Mme Montpetit
(Maurice-Richard).
Le Président (M. Simard) :
Alors, comme je le signalais, contrairement à un projet de loi, il n'y a pas
remarques préliminaires. Et donc nous allons immédiatement céder la parole au
leader de l'opposition officielle et député de Pontiac.
M. Fortin :
Merci. Merci, M. le Président. Je vous salue, comme à l'habitude, au début
de nos travaux. Je salue le ministre des Finances, on est contents de le voir
en santé et, de toute évidence, en grande forme aujourd'hui. Je remercie mes collègues
d'être à mes côtés.
On va tout de suite plonger dans le vif du
sujet, et j'ai quelques questions, d'entrée de jeu, pour le ministre avant de
passer la parole… on rend à César ce qui lui appartient, bien évidemment, mon
collègue, le grand manitou des finances publiques du Québec, ici, à mes côtés,
aura plusieurs questions pour vous.
Alors, vous avez suivi, M. le <ministre...
M. Fortin :
…
dans le vif du sujet, et j'ai quelques questions, d'entrée de jeu, pour
le ministre avant de passer la parole… on rend à César ce qui lui appartient,
bien évidemment, mon collègue, le grand manitou des finances publiques du
Québec, ici, à mes côtés, aura plusieurs questions pour vous.
Alors, vous avez suivi, M. le >ministre,
la mise à jour économique du gouvernement fédéral hier. J'ai entendu vos
remarques, il y a quelques instants, à savoir qu'il y a des choses qui vous ont
fait plaisir, il y a des choses que vous avez moins appréciées. La question des
transferts fédéraux, qui… disons, vous avez pas mal basé votre mise à jour
économique et votre plan de retour à l'équilibre budgétaire sur une
augmentation du transfert fédéral en santé, du transfert canadien en santé. Ce
que vous nous disiez, dans la mise à jour économique, c'était que l'enveloppe
du TCS, à l'échelle canadienne, devrait correspondre à 35 % des dépenses
en santé publique des provinces et des territoires, et, pour que ce soit
possible, le TCS devrait augmenter de 42 milliards en 2021, passer de
42 milliards à 70 milliards au cours de l'année 2021… à
l'année 2021‑2022. Donc, vous comptez sur une injection de
28 milliards de dollars et 6,2 pour le Québec. Est-ce que vous étiez déçu
de voir, hier, que ces chiffres-là n'étaient pas partagés par le gouvernement
fédéral?
Le Président (M. Simard) : M. le
ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci, et
bonjour à tous et merci pour les accommodements raisonnables la semaine
dernière. Effectivement, vous savez que, dans notre pandémie, c'est important
d'être prudents, et comme j'avais des symptômes, je suis resté à la maison. Je
me suis fait tester, et là, ça me fait plaisir d'être avec vous aujourd'hui
puisque j'ai testé négatif. Alors, merci, puis je vais répondre à la question
rapidement.
Notre cadre financier, qui est dans la
mise à jour, n'inclut aucune augmentation du transfert canadien en santé. Nous
divulguons un déficit structurel de l'ordre… on dit 5,5 à 7, permettez-moi,
pour le bénéfice de tous, de résumer ce chiffre à 6, puis on pourra discuter, s'il
sera plus haut ou plus… mais il y a un déficit structurel de 6 milliards
de dollars qui devra être résorbé. Et nous énonçons trois possibilités pour en
venir à bout : une augmentation de la croissance qui augmentera les
revenus, de diminuer le montant de dépenses et d'arrimer les dépenses en
fonction des revenus avec une croissance des dépenses de l'ordre de 3 % à
3,5 % — et on sait qu'historiquement il y a un montant important
de dépenses qui ne sortent pas au Québec, dans les cinq dernières années, alors,
ça, c'est important d'identifier ça — et, finalement, une demande
d'augmentation du transfert canadien en santé. On n'a rien mis dans le cadre
financier et on n'a rien eu hier. Alors, la négociation <commence, la…
M. Girard (Groulx) : ...historiquement
il y a un montant important de dépenses qui ne sortent pas au Québec, dans les
cinq dernières années, alors, ça, c'est important d'identifier ça
— et,
finalement, une demande d'augmentation du transfert canadien en santé. On n'a
rien mis dans le cadre financier et on n'a rien eu hier. Alors, la négociation
>commence, la rencontre est cédulée, et le Conseil de fédération
rencontre le premier ministre Trudeau précisément sur ce sujet.
M. Fortin :
...il est prévu sur combien d'années dans votre mise à jour? Rappelez-moi?
M. Girard (Groulx) : Trois.
M. Fortin :
Oui. Vous n'aviez pas promis cinq ans?
M. Girard (Groulx) : Bien, c'est-à-dire,
là, ici, je veux clarifier que, selon la Loi de l'équilibre budgétaire<,
l'an 1 sera> — puis là, ici, on est dans les définitions,
mais, encore une fois, on va mettre la table puisqu'on va passer cinq heures
ensemble — dans les faits, l'an 1 sera l'année 2021‑2022,
alors on parle de six ans.
M. Fortin :
Quand vous nous dites : Notre plan financier, qu'on met ici, là, on
présente sur trois ans, puis, de l'autre côté, vous nous dites : Oui, mais
on ne prévoit pas cette augmentation-là, de 6 milliards, du gouvernement
fédéral en transfert en santé, je comprends, votre plan, il est sur trois ans.
Vous prévoyez ça à partir de 2022. Alors, ce que vous nous dites,
essentiellement, là, quand vous nous dites : Il y a trois facteurs de
retour à l'équilibre budgétaire, la croissance, les transferts, etc., la
croissance, nécessairement, si vous voulez revenir à l'équilibre budgétaire, ça
en fait partie. Et, s'il n'y a pas de croissance, il n'y a pas de retour à
l'équilibre budgétaire. On est d'accord là-dessus?
M. Girard (Groulx) : Bien,
juste clarifier, là, O.K.? Déficit structurel de 6 milliards, on énonce
trois pistes de solution : on ne quantifie pas aucun montant, on a une
demande au fédéral, on a dit ce que représentait cette demande. Les
négociations s'amorcent. La beauté de ce processus, c'est que, selon moi, on va
savoir rapidement, puisque les négociations s'amorcent sur le transfert
canadien en santé, d'après moi, nous aurons une réponse au budget fédéral sur
les transferts canadiens en santé, et on pourra passer de trois variables
inconnues à deux et savoir combien on attribue à ce facteur.
M. Fortin :
Là, vous me semblez nous dire, là, que vous êtes convaincu que vous allez avoir
une réponse en mars l'année prochaine sur les transferts fédéraux en santé.
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, ce serait normal puisque, la pandémie, la période la plus difficile, c'est
les six prochains mois. Présentement, la priorité, c'est la gestion de la
pandémie, renforcer le système de santé, tout le travail qui est fait au niveau
de la pandémie. On est dans les mesures de soutien. Et nous, on voit déjà
au-delà des six prochains mois. On a divulgué l'amorce de nos mesures de
relance, ce que le fédéral n'a pas jugé nécessaire de faire hier.
M. Fortin :
Commencez vos négociations sur les transferts canadiens en santé?
M. Girard (Groulx) : Bien, la
date de la rencontre est fixée, et la demande du gouvernement... du Conseil de
fédération est chiffrée.
M. Fortin :Je comprends que, votre demande, elle est chiffrée, là, c'est
celle que vous avez incluse ici, là, <que...
M. Girard (Groulx) : ...
n'a
pas jugé nécessaire de faire hier.
M. Fortin :
Commencez vos négociations sur les transferts canadiens en santé?
M. Girard (Groulx) : Bien,
la date de la rencontre est fixée, et la demande du gouvernement... du Conseil
de fédération est chiffrée.
M. Fortin :
Je comprends que, votre demande, elle est chiffrée, là, c'est celle que vous
avez incluse ici, là, >que ce soit 35 % des dépenses en santé des
provinces et territoires. Mais vous n'avez pas eu de contre-offre, là, on est
encore à une demande qui a été faite, et là, vous nous dites, là, alors qu'on
s'en va au congé des fêtes dans deux semaines, qu'en quatre mois ça va être réglé?
M. Girard (Groulx) : Ce qui a
été demandé... La première chose, c'est que le premier ministre canadien
s'était engagé à tenir une rencontre sur ce sujet. Il y a eu de la pression, la
rencontre a été fixée. Et là, c'est certain que le cadre financier 2021‑2022,
qui sera une année de transition, parce que nous espérons tous que 2021 sera
l'année du vaccin et que l'économie va nettement s'améliorer en 2021 par
rapport à 2020… Alors, il serait logique qu'on ait des réponses puis qu'on
puisse, chacun de notre côté, tant le gouvernement fédéral, qui a... il y avait
beaucoup d'inconnus dans leur cadre financier hier, là, puis ce n'est pas à moi
de juger l'exercice financier du gouvernement fédéral, mais je peux, au moins,
dire qu'il y avait plusieurs inconnus, alors ce sera important pour tout le
monde, pour les Canadiens, de savoir la contribution du gouvernement fédéral.
M. Fortin :
...engagement que le gouvernement fédéral a pris envers le transfert canadien
en santé, c'est d'accepter de tenir une rencontre puis de vous en donner la
date. Moi, je peux vous demander une rencontre sur l'amélioration de l'aide aux
PME, puis vous pouvez accepter la rencontre, ça ne veut pas dire qu'il va y
avoir une meilleure aide aux PME de la part du gouvernement du Québec, là. On
est loin de la coupe aux lèvres.
M. Girard (Groulx) : Bien,
écoutez, cette rencontre-là, elle n'est pas pour moi, là, elle est pour les
citoyens, pour les Québécois et les Canadiens. La Santé, c'est le poste
budgétaire le plus important des provinces, c'est aussi le poste budgétaire qui
croît le plus rapidement. Les besoins sont extrêmement importants, et donc il
est normal que le gouvernement canadien se préoccupe du bien-être des
Canadiens.
• (10 h 20) •
M. Fortin :Bien, je suis d'accord avec vous sur le fait que c'est
important pour les Québécois. On veut tous que vous réussissiez à aller en
chercher davantage. Mais c'est un peu de mettre la charrue en avant des boeufs
que de penser que vous allez avoir ce que vous demandez, alors que la
négociation n'est même pas commencée, que c'est votre position de départ, là.
M. Girard (Groulx) : Bien, M. le
député, je vous réitère que nous n'avons mis aucune augmentation du transfert
canadien en santé dans nos chiffres, et qu'ils n'ont mis aucune augmentation du
transfert canadien en santé dans leurs chiffres.
M. Fortin :
...parce qu'eux donnent des prévisions pour 10 ans. Eux ont donné des
vraies... quand même des prévisions à long terme et ils n'ont rien inclus
là-dedans. Alors, on a fait le tour de la question.
Il y a un autre sujet que je veux aborder
avec vous avant de passer la parole à mon collègue de <Robert-Baldwin.
Et...
M. Fortin :
...
parce qu'eux donnent des prévisions pour 10 ans. Eux ont donné
des vraies... quand même des prévisions à long terme et ils n'ont rien inclus
là-dedans. Alors, on a fait le tour de la question.
Il y a un autre sujet que je veux
aborder avec vous avant de passer la parole à mon collègue de >Robert-Baldwin.
Et je vais vous référer, pour ça, là... En fait, tu sais, c'est un exercice, M. le
Président, l'exercice qu'on fait en ce moment, d'analyse de la mise à jour,
mais c'est aussi un exercice d'analyse de ce qu'il n'y a pas dans la mise à
jour. Dans votre budget 2019‑2020, vous aviez promis une enveloppe de 1 milliard
pour la croissance des entreprises et le maintien des sièges sociaux. Et je
vais vous résumer, là, le point 2.1.2 de votre budget 2019 : «Le
gouvernement s'est engagé à poser des gestes pour mieux accompagner la
croissance des entreprises, d'assurer la protection des sièges sociaux. À cette
fin, le budget 2019‑2020 prévoit : la mise en place d'une enveloppe
de 1 milliard de dollars pour accompagner le développement des entreprises
stratégiques du Québec, la constitution d'une équipe dont le mandat sera de
développer une intelligence d'affaires dans le domaine de la protection des
sièges sociaux.»
Là, vous avez vu comme moi ce qui s'est
passé hier avec Element AI. Vous ne pouvez pas être en désaccord avec moi qu'il
s'agit d'un secteur stratégique pour le Québec. Je pense que vous allez en
convenir, hein?, l'intelligence artificielle, c'est un secteur stratégique pour
le Québec.
Alors, nous, là, on a épluché tout ce que
vous avez fait depuis ce budget-là, c'est-à-dire la mise à jour de l'an
dernier, le budget de cette année, la mise à jour de cette année. On est allés
voir sur votre site Internet pour voir tout ce qu'il y avait comme suivis de
ça, est-ce qu'il y avait des communiqués de presse, est-ce que vous avez fait
une conférence de presse, est-ce que le ministre de l'Économie en avait fait
une sur ce dossier-là, et on n'a trouvé rien.
Alors, à la lueur de cette recherche-là
mais de cet engagement-là, que vous aviez, de mettre ce milliard-là de côté, et
de lancer cette équipe-là, et de protéger les sièges sociaux au Québec, de
protéger les entreprises québécoises dans des secteurs stratégiques, et à la
lueur du fait qu'Element AI a été achetée hier par une compagnie californienne,
j'aimerais ça savoir, c'est quoi, le suivi de ce que vous avez annoncé dans le
budget 2019.
Le Président (M. Simard) : M. le
ministre.
M. Girard (Groulx) : Très
bien. Merci. Et puis je peux vous confirmer que la politique de placement de
l'enveloppe a été approuvée, récemment, que des fonds ont été… Ou «seront»?
Une voix : …
M. Girard (Groulx) : Seront
transférés au ministère de l'Économie. Alors, le processus de la mise en place,
la mécanique associée à la mise en place de l'enveloppe, ça, ça suit son cours.
Ça, c'est le premier point.
Quant à ce qui s'est passé hier — puis
je pense que c'est l'essentiel de votre point, là, je ne pense pas que vous
avez épluché mes trois mises à jour, le portrait puis les deux budgets pour
faire ce point-là, c'était une introduction — c'est décevant, la <nouvelle...
M. Girard (Groulx) : ...
ce
qui s'est passé hier — puis je pense que c'est l'essentiel de votre
point, là, je ne pense pas que vous avez épluché mes trois mises à jour, le
portrait puis les deux budgets pour faire ce point-là, c'était une
introduction — c'est décevant, la >nouvelle d'hier. Je n'ai
aucune information privilégiée ou je n'ai aucune information détaillée sur la
transaction. J'aimerais que vous posiez ces questions au ministre de l'Économie,
qui est bien au fait du dossier. Et je vous dis, en toute transparence, que,
pour ma part, puisque ça s'est passé hier, mes dernières journées : Loto-Québec
et le budget fédéral.
M. Fortin :Loto-Québec. O.K., on peut parler de ça aussi, si vous voulez.
M. Girard (Groulx) : Quand
vous voulez.
M. Girard (Groulx) : Mais
juste avant de terminer, parce que c'est votre budget, le ministre de
l'Économie, de toute évidence, là, est venu vous voir pour demander ces
sommes-là, pour vous dire que c'était important, à l'époque, hein? Ce n'est pas
vous qui avez, seul, trouvé cette solution-là.
M. Girard (Groulx) : C'est le gouvernement.
M. Fortin :
Oui, oui, en collaboration avec vos collègues, j'en conviens. Mais quand vous
nous avez dit, en 2019 : Les détails de ces initiatives seront annoncés ultérieurement
par le ministre de l'Économie et de l'Innovation, là, je ne pense qu'il n'y ait
personne qui s'attendait à ce que ça prenne un an et demi, presque deux ans
avant que le ministère reçoive ces sommes-là. Parce qu'il ne les a toujours
pas, là. Le ministère de l'Économie n'a toujours pas ces sommes-là, si je
comprends bien ce que vous êtes en train de nous dire?
M. Girard (Groulx) : Bien,
dans les faits, il y a des investissements qui ont été faits au niveau du FDE
qui pourraient être qualifiés de stratégiques, là, O.K.? Il faut distinguer, je
pense, l'opérationnel de la mission. La mission, qui est de protéger les sièges
sociaux, d'investir dans nos entreprises stratégiques, est là depuis le début,
quant à l'enveloppe, l'opérationnalisation de l'enveloppe et la politique de
placement, effectivement, ça a été fait dernièrement. Est-ce que cette enveloppe-là,
ou le FDE, ou IQ aurait pu intervenir dans la transaction qui a été annoncée
hier? Je vais laisser le ministre de l'Économie commenter sur cette question.
M. Fortin :…votre partie à vous, là, vous nous confirmez que, du milliard
qui avait été annoncé pour protéger les sièges sociaux, pour maintenir les
sièges sociaux au Québec, dans votre budget d'il y a presque deux ans, il n'y a
aucun dollar qui a été transféré au ministère de l'Économie jusqu'à maintenant?
Je vais prendre l'approche de votre chef, là, quand il posait des questions,
quand il était de ce côté-ci, je comprends que c'était avant que vous arriviez
avec nous, mais ça finissait toujours par : Oui ou non? Alors, je vous
pose la question, là : Est-ce qu'il y a un dollar qui a été transféré au ministère
de l'Économie pour le maintien des sièges sociaux, du milliard que vous aviez
promis, oui ou non?
M. Girard (Groulx) : C'est-à-dire
qu'il y a eu des dollars qui ont été investis dans le maintien des sièges
sociaux, mais l'enveloppe visant le transfert du ministère des Finances au ministère
de l'Économie pour cette enveloppe, non.
M. Fortin :
Donc, pour le <milliard...
M. Fortin :
...
ministère
de l'Économie pour le maintien des sièges sociaux,
du milliard que vous aviez promis, oui ou non?
M. Girard (Groulx) :
C'est-à-dire
qu'
il y a eu des dollars qui ont été investis dans le maintien des
sièges sociaux, mais l'
enveloppe visant le transfert du
ministère
des Finances au
ministère
de l'Économie pour cette
enveloppe,
non.
M. Fortin :
Donc, pour le >milliard, on n'a rien vu encore.
M. Girard (Groulx) : Bien, encore
une fois, là, c'est parce que je veux être clair, les investissements pouvaient
être faits sans l'enveloppe, là. Il y a des fonds...
M. Fortin : O.K. Donc, le ministre
de l'Économie aurait pu intervenir sans cette enveloppe-là?
M. Girard (Groulx) : Bien, il
y a des fonds... le Fonds de développement économique du Québec a plusieurs
milliards, et Investissement Québec a son propre capital. Alors, oui, il est
possible d'intervenir sans cette enveloppe.
M. Fortin :Donc, le ministre de l'Économie, selon le ministre des Finances,
M. le Président, là, le ministre de l'Économie aurait pu intervenir, c'est
un choix stratégique du gouvernement de ne pas l'avoir fait. Je comprends bien
son propos.
Je vais laisser le député de Robert-Baldwin
poursuivre. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Cher collègue, à vous la parole.
M. Leitão : Merci, M. le
Président. Il me reste combien de temps dans ce bloc?
Le Président (M. Simard) :
7 min 45 s.
M. Leitão : Pardon?
Le Président (M. Simard) :
7 min 45 s.
M. Leitão : Sept! Oh! quel
plaisir. Non, non, mais je pense qu'on va revenir aussi après. O.K. Alors,
bonjour, encore une fois. J'aimerais parler un petit peu du court terme et puis
du long terme. Je pense que le long terme va peut-être passer à plus tard, mais,
en tout cas, commençons par le commencement, par le court terme, mais avec une
brève introduction.
Je l'ai déjà dit ici plusieurs fois, mais
je vais le répéter encore une fois, mais je pense que nous sommes tous d'accord,
juste rappeler ça à tout le monde, que, pour sauver l'économie, pour protéger
l'économie, il faut, bien sûr, contrôler le virus. Et, pour contrôler... Le
virus, la pandémie.
M. Girard (Groulx) : O.K., oui,
oui, bien sûr.
M. Leitão : Si on n'arrive pas
à contrôler la pandémie, l'économie ne pourra pas vraiment procéder à quelque
relance que ce soit. Et, pour contrôler le virus, la pandémie, je veux aussi
que ce soit très clair pour tout le monde, ceux qui sont ici et ceux qui ne
sont pas ici, qu'il faut suivre les règles de la Santé publique. On a toujours
dit ça et on continue de le dire et de le répéter. Bon. Et c'est quoi, les
règles de la Santé publique, en fin de compte? Ce n'est pas compliqué, depuis
le mois de mai qu'on parle de ça. Essentiellement, il faut être capables de
tester, il faut être capables, par la suite, de tracer ou d'identifier les personnes
infectées et, par la suite, il faut les isoler. Depuis le mois de mai qu'on
sait ça et je pense qu'on a toujours de la difficulté à opérationnaliser cela, <à
tel point que... >et c'est là où je rentre dans le court terme, à tel
point que nous sommes présentement en pleine deuxième vague.
• (10 h 30) •
Donc, M. le ministre a déposé une
mise à jour le 12 novembre. Dans cette mise à jour, à mon avis, on nous
présente un scénario économique qui, à mon avis, est optimiste. Je n'ai pas une
meilleure boule de cristal que la vôtre, et je connais très bien les personnes,
au ministère, qui...
10 h 30 (version révisée)
M. Leitão : ...déposé une mise
à jour le 12 novembre. Dans cette mise à jour, <à mon avis, >on
nous présente un scénario économique qui, à mon avis, est optimiste. Je n'ai
pas une meilleure boule de cristal que la vôtre, et je connais très bien les
personnes, au ministère, qui opèrent la boule de cristal, donc je ne questionne
pas ça, mais c'est une question de timing. D'une certaine façon, on revit un
peu ce qu'on avait vécu au mois de mars, c'est-à-dire qu'on dépose un document
quand la réalité, elle, est déjà en train de changer.
Alors, à très court terme, et par cela je
veux dire les prochains six à neuf mois, moi, je suis d'avis que la récession
dans laquelle on se trouve va s'intensifier. On avait récupéré pas mal depuis
le confinement du printemps dernier ou de l'hiver dernier, mais, à partir du
mois de septembre, on a vu que ça commençait à plafonner, et puis, en octobre,
bon, l'emploi est tombé. On verra bien vendredi, mais je pense qu'en novembre
il n'y aura pas grande création d'emplois non plus. Donc, la récession
s'intensifie.
Alors, dans cet environnement-là...
D'abord, est-ce que vous êtes du même avis? D'ailleurs, vous l'avez dit
vous-même, juste il y a quelques minutes, que les six prochains mois allaient
être difficiles. Donc, l'horizon à court terme est vraiment très noir, très
difficile. Cependant, il y a un vaccin qui s'amène, donc il y a de l'espoir au
bout du tunnel. Mais, pour les prochains six à neuf mois, pensez-vous que ça,
ça aurait été judicieux, d'annoncer, dans la mise à jour, des dépenses
additionnelles beaucoup plus importantes, notamment pour sauver l'économie de
proximité, les commerces, les restaurants, les bars, tous ces commerces-là qui
sont fortement affectés par le reconfinement de l'automne?
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci
pour la question. Et effectivement la deuxième vague frappe fort. Et le Québec
avait un plan pour la deuxième vague. Celui-ci fonctionne, mais c'est
extrêmement difficile. Je pense que, selon la moyenne sept jours du nombre de
cas, nous serions présentement la cinquième province, en termes de nombre de
cas sur la moyenne sept jours par million d'habitants. Donc, c'est une
situation difficile, mais nous avons donné les moyens, plus de 5 milliards
de dollars depuis le début de la crise, à la Santé pour faire face à la crise,
et le plan de deuxième vague fonctionne dans des conditions extrêmement
difficiles.
Mon avis cyclique sur l'économie, c'est
qu'au même moment que nous constatons que les six prochains mois vont être
extrêmement difficiles, c'est très positif pour ce qui va suivre, parce que ce
qui va suivre, c'est l'arrivée des vaccins et le stimulus <budgétaire
américain...
M. Girard (Groulx) : ...
que
nous constatons que les six prochains mois vont être extrêmement difficiles,
c'est très positif pour ce qui va suivre, parce que ce qui va suivre, c'est
l'arrivée des vaccins et le stimulus >budgétaire américain,
potentiellement, et on a l'engagement des banques centrales de continuer à
supporter la relance. Donc, coordination, politique fiscale, politique
monétaire, vaccin, il y a raison d'être positif pour ce qui va suivre.
Les six prochains mois vont être
difficiles. Je vais quantifier. Mars, avril, nous avons fermé 40 % de
l'économie pendant 10 semaines. Présentement, nous avons fermé
approximativement 3,5 % de l'économie, mais on peut généraliser jusqu'à
5 %. La difficulté, c'est que ce 5 % de l'économie représente
10 % des emplois parce que c'est des secteurs intensifs en main-d'oeuvre.
M. Leitão : Très bien, M. le
Président. Donc, deux choses que vous avez mentionné, et j'aimerais qu'on parle
un peu de ça : vous avez dit que les programmes qui ont été annoncés
jusqu'à maintenant fonctionnent — je ne suis pas du même
avis — et vous avez aussi mis l'emphase sur ce qui va suivre, et là
nous sommes d'accord, sur ce qui va suivre. Mais, pour ce qui est de ce qui va
suivre, il va falloir que l'économie soit maintenue en vie. Donc, il faut faire
un pont entre la situation qui se dégrade présentement et puis ce qui viendra
peut-être en septembre, bon, je ne sais pas, peut-être en octobre, peut-être au
mois d'août, où les choses vont être beaucoup mieux du point de vue sanitaire. <Mais,
si, entre-temps... >J'exagère, mais, si, entre-temps, tout le monde fait
faillite, bien, à quoi bon qu'on soit en santé si tout le monde avait fait
faillite?
Donc, ce qui va suivre, il y a de
l'espoir, c'est positif, mais, pour y arriver, il faut garder tout le monde en
vie du mieux qu'on peut, et, pour ce faire, à mon avis, il aurait fallu
dépenser massivement. Je sais qu'il y a encore 4 milliards dans une
provision, mais moi, si j'étais de ce côté-là, moi, j'aurais déployé ces
4 milliards tout de suite au mois de novembre et j'aurais indiqué qu'il y
aurait de l'aide directe substantielle.
Bon, venons au programme que vous dites
qu'il fonctionne. Pardon?
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste 30 secondes.
M. Leitão :
«Oh my God!» Les programmes qui fonctionnent. Rapidement, les programmes
ne fonctionnent pas, M. le ministre. Qu'est-ce que vous pensez si on mettait
Revenu Québec au travail, si ces programmes-là étaient livrés par Revenu Québec,
et non pas par les FLI et les FLOU et les FLA que ça ne donne vraiment rien,
Revenu Québec pour distribuer l'argent?
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, en
conclusion, je pense que ça a été dit, que le déploiement initial était
difficile. On a apporté les correctifs, l'argent sort. Le gouvernement fédéral
a aussi annoncé la bonification du supplément au... l'aide d'urgence pour les
loyers. <L'argent...
M. Girard (Groulx) : ...que
le déploiement initial était difficile. On a apporté les correctifs, l'argent
sort. Le
gouvernement fédéral a aussi annoncé la bonification du
supplément au... l'aide d'urgence pour les loyers. >L'argent sortira, ne
sort pas encore, mais ce sera rétroactif. Alors, les programmes d'aide sont là,
et voilà. Est-ce que ça, c'était le premier bloc ou deux blocs?
Le Président (M. Simard) :
C'est un bloc, M. le ministre, le premier bloc...
M. Girard (Groulx) : Ah! bien là,
je trouvais que ça passait beaucoup trop vite.
Le Président (M. Simard) :
...de la première opposition officielle.
M. Girard (Groulx) : Non, non,
mais parce qu'on m'a informé qu'on donnait deux blocs.
Le Président (M. Simard) : On
aura plus de blocs que ça.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Le Président (M. Simard) : On
aura pas mal plus de blocs que ça. Ça allait pour vous, M. le député de Robert-Baldwin?
M. Leitão : Je pense qu'on va
continuer après, là.
Le Président (M. Simard) :
Oui, parce que vous pourriez continuer...
M. Leitão : On a plusieurs
blocs.
Le Président (M. Simard) :
...mais en empruntant du temps sur ce qui reste à venir.
M. Leitão : Ah! nous avons un
deuxième bloc tout de suite.
Le Président (M. Simard) :
Oui, oui, mais c'est cumulatif. Si vous le prenez tout de suite, on vous
l'enlève plus tard.
M. Leitão : Ah! O.K. Donc, O.K.,
bon, alors on va poursuivre maintenant.
Le Président (M. Simard) : D'accord,
allez-y, cher collègue.
M. Leitão : C'est le deuxième
bloc qu'on devance au premier.
Le Président (M. Simard) : C'est
ça. Rien ne se crée et rien ne se perd.
M. Leitão : Voilà. Mais c'est quand
même important, parce que vous avez dit, et vos collègues le répètent, que les programmes
<que vous avez mis... >que le gouvernement a mis en place pour
soutenir surtout les entreprises de proximité, restaurants et autres, là, ce
n'est pas seulement les restaurants, <que ces programmes-là >fonctionnent.
Or, on se rend compte que ces programmes-là, d'abord, ne sont pas assez
généreux, et, deuxièmement, et surtout, ils ne fonctionnent pas vraiment.
Depuis le mois... Ils étaient rétroactifs au 1er octobre en zone rouge, et
nous voilà maintenant au 1er décembre et il y a encore beaucoup de délais
dans la livraison de ces programmes-là.
Alors donc, ma question était... Puisque
le mécanisme choisi par le gouvernement était les fonds locaux d'investissement,
les MRC, toute cette bureaucratie qui est quand même assez lourde, moi, ce que
je suggère, et la question que je vous pose, c'est : Pourquoi ne pas
utiliser Revenu Québec, qui a déjà l'information de presque toutes les PME au Québec,
pour distribuer l'argent rapidement? Et, s'il y a des montants qui seront payés
en trop, qui seront déboursés en trop, Revenu Québec peut toujours aller les
chercher plus tard. Mais l'objectif, ici, surtout dans une situation qui
s'empire économiquement avec la deuxième vague, c'est de faire sortir de
l'argent rapidement. Et ça, c'est un peu dans votre cour, c'est Revenu Québec.
Moi, je pense que Revenu Québec peut jouer ce rôle de dispenser de l'aide rapidement.
Seriez-vous prêt à considérer une telle proposition?
M. Girard (Groulx) : Bon,
bien, dans les faits, là, juste pour... le fédéral va utiliser l'Agence du
revenu du Canada. On est quand même au mois de décembre puis on parle d'argent
pour le mois d'octobre, là. Alors, on ne peut pas dire que l'utilisation de ce
véhicule au fédéral a permis de sortir l'argent plus vite, là. Ça, c'est le
premier point.
Deuxième point, pourquoi on a choisi les
fonds locaux d'investissement, les MRC? <C'est parce qu'à la...
M. Girard (Groulx) :
...alors, on ne peut pas dire que l'
utilisation de ce véhicule au
fédéral a permis de sortir l'argent plus vite, là. Ça, c'est le premier point.
Deuxième point, pourquoi on a choisi
les fonds locaux d'
investissement, les MRC? >C'est parce qu'à la
base les deux programmes principaux d'aide qui sont la structure de ces
programmes, c'est Investissement Québec, qui faisait les prêts de
50 000 $ et plus, et ces fonds locaux d'investissement là, qui
faisaient les prêts de moins de 50 000 $. Alors, dans la mesure où
les programmes qui ont été annoncés pour l'aide d'urgence pour les entreprises
qui sont fermées en zone rouge, ce sont des compléments aux programmes
existants, ce sont des ajouts, ce sont les mêmes prêts, la même structure, sauf
que là on ajoute le prêt pardon, ce que vous, vous appelleriez une subvention,
prêt pardon de 80 %, jusqu'à 15 000 $ par mois. Ce sont des
extensions des programmes existants.
• (10 h 40) •
M. Leitão : ...et je finis
avec ça, M. le Président...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Leitão : ...pour pouvoir ne
pas prendre tout le deuxième bloc avant son temps. Mais ça a fonctionné au
niveau fédéral. L'ARC, l'Agence du revenu du Canada, a été capable de
distribuer des millions de transferts rapidement. Le problème avec le programme
qui a été annoncé au début d'octobre, c'est qu'on a beaucoup augmenté le nombre
de demandeurs, le nombre d'entreprises qui pourraient bénéficier de cela, et la
structure d'Investissement Québec et la structure des fonds locaux d'investissement
et des MRC ne permet pas... Je suis sûr que les gens font le mieux travail
qu'ils peuvent faire, là, il n'y a pas de la mauvaise volonté, mais la
structure de ces organismes-là ne leur permet pas de débourser rapidement.
Alors, en pleine urgence, déboursons rapidement avec Revenu Québec.
Le Président (M. Simard) :
Merci. M. le ministre, en conclusion.
M. Girard (Groulx) : Bien,
dans les faits, là, il y a effectivement les gens qui travaillent très fort
pour améliorer la fluidité de ces programmes-là. Et puis il y avait des
critiques que les formulaires étaient différents dans chaque région. On s'est
assurés d'avoir le même formulaire. Le formulaire est simple. Et donc on répond
aux critiques et on s'ajuste. Et, oui, c'est de l'aide d'urgence, elle doit
être définie rapidement.
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. le ministre.
M. Leitão : ...de toute
évidence, nous sommes le 1er décembre et l'aide d'urgence n'arrive pas. Alors,
il faut faire quelque chose. Voilà.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Je cède maintenant la parole au député de
Beauharnois pour un deuxième bloc.
M.
Reid
: Oui, merci,
M. le Président. Chers collègues, bonjour. Toujours un plaisir d'être ici et de
vous revoir, surtout en cette période de session intensive.
M. le ministre, tout à l'heure, vous
avez... on va parler de relance d'économie et, notamment, l'aide financière aux
entreprises. On l'a abordée un petit peu à la dernière question. Vous avez
mentionné trois éléments importants que j'ai retenus en lien avec la relance
économique prochaine : on traverse une crise sanitaire sans précédent, vous
avez parlé d'obtention d'un vaccin, enfin, à partir du moment qu'il y a une
réussite de ce côté-là, vous avez parlé <de la relance...
M.
Reid
: ...
et,
notamment, l'aide financière aux entreprises. On l'a abordée un petit peu à la
dernière question. Vous avez mentionné trois éléments importants que j'ai
retenus en lien avec la relance économique prochaine : on traverse une
crise sanitaire sans précédent, vous avez parlé d'obtention d'un vaccin, enfin,
à partir du moment qu'il y a une réussite de ce côté-là, vous avez parlé >de
la relance au niveau des États-Unis, du stimulus américain puis de la politique
monétaire des banques centrales. Alors, ça, c'est des éléments qui vont être à
considérer, éventuellement, en lien avec ce qui nous pend au bout du nez dans
les six prochains mois. Puis en espérant que ça se termine rapidement. Comme
tout le monde, on a tous hâte à retrouver une certaine normalité.
Mais j'aimerais vous amener au niveau de
l'accompagnement des PME, au niveau du stimulus économique à l'intention des
propriétaires d'entreprise. En tout et pour tout, ce sont 777 millions
d'ici 2023 qui vont servir à stimuler la croissance économique en trois
principaux axes qui ont été identifiés, soit encourager l'investissement, on
parle d'un montant de 566 millions, l'appui à la recherche et
l'innovation, 147,5 millions, puis le soutien au développement économique
des régions pour un montant de 63,5 millions.
On a récemment discuté des différentes
manières dont on va devoir relancer l'économie tout en nous souciant, bien
entendu, de l'impact environnemental. M. le président me dit que je ne parle
pas assez fort. Alors donc, d'ailleurs, on sait que les leaders du G15 ont
identifié certaines priorités pour des régions spécifiques dans le but
d'intégrer les principes environnementaux et d'équité sociale dans les efforts
de relance et de reconstruction de l'économie.
J'ai ici, là, devant moi, le rapport, là,
des recommandations qui ont été faites par le G15+, qui a été déposé en juillet
2020. Ils ont transmis, donc, plusieurs suggestions de projets de relance aux
diverses instances régionales et gouvernementales. C'est ainsi que des
rencontres, un réseau express virtuel, qui ont impliqué des partenaires de
développement économique ont déjà eu lieu, et d'autres auront lieu bientôt pour
identifier des sources de financement et d'accompagnement pour ces projets.
De manière générale, un des objectifs
annoncés pour la relance économique s'articule, lui, autour d'un meilleur
accompagnement des PME innovantes afin d'accélérer, justement, leur croissance.
Une enveloppe de 30 millions est prévue cette année pour y arriver. On
parle d'appuyer, entre autres, les organismes spécialisés, Mouvement des
accélérateurs d'innovation du Québec et Inno-Centre, afin qu'ils puissent
offrir de l'accompagnement nécessaire aux entreprises pour leur croissance. On
est en attente des détails du côté du ministère de l'Économie et de
l'Innovation, mais, déjà, certaines annonces ont eu lieu, qui vont dans le sens
de cette volonté d'accompagnement.
Il faut réaliser que, malgré les
programmes d'aide qui sont en place, ça fait longtemps que les entrepreneurs
critiquent la difficulté qu'ils ont à aller chercher l'aide annoncée. On entend
parler depuis plusieurs années de la rigidité administrative ou de la lourdeur
administrative, lorsque ces entreprises veulent participer à un programme, pour
obtenir une subvention à laquelle ils sont éligibles. Puis ça, on en entend
parler régulièrement, M. le ministre.
Eh bien, justement, la ministre déléguée
au Développement économique régional a annoncé, il y a deux semaines, que <chaque
MRC obtiendra...
M.
Reid
: ...
ou
de la lourdeur administrative, lorsque ces entreprises veulent participer à un
programme, pour obtenir une subvention à laquelle ils sont éligibles. Puis ça,
on en entend parler régulièrement, M. le ministre.
Eh bien, justement, la ministre
déléguée au Développement économique régional a annoncé, il y a deux semaines,
que >chaque MRC obtiendra 100 000 $ cette année,
200 000 $ au cours des quatre années suivantes pour embaucher des ressources
nécessaires qui aideront les entreprises à naviguer à travers les différents programmes
d'aide qui leur sont offerts. Au total, on parle ici d'une annonce de 97,5 millions
sur cinq ans, puisqu'une partie de cet argent sera réservée pour améliorer les
compétences des nouvelles ressources puis financer leur développement d'outils
d'intervention afin de bien coordonner le maillage entre les régions. Ça, c'est
une excellente nouvelle.
On mise donc sur un réseau, Accès Entreprises
Québec, qui aura comme objectif premier de favoriser, pour ces entrepreneurs,
l'accès à l'expertise et au capital en faisant mieux connaître les services mis
à leur disposition pour réaliser leurs projets d'affaires. On va également
revoir les fonds locaux d'investissement pour les adapter aux besoins actuels.
On sait déjà, ce sont les équipes locales des MRC qui connaissent et
comprennent les nécessités et la réalité des entreprises des régions, et c'est
donc une excellente nouvelle que nous financions davantage ces spécialistes qui
gèrent les FLI, les fonds locaux d'investissement. Ils sont la courroie de
transmission avec les programmes et services existants puis ils connaissent
bien le milieu.
Ma question est la suivante : Lors de
la mise à jour, vous avez présenté des actions concrètes totalisant 0,5 milliard
de dollars sur trois ans afin d'accélérer la relance de l'économie. J'aimerais
donc pouvoir vous entendre sur les différents axes que vous ciblez dans ce plan
de relance.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci. Merci
beaucoup pour la question. Et puis je pense que je vais en profiter pour donner
la structure de la relance, parce qu'il y a eu beaucoup de questions. Puis,
excusez-moi, c'est particulier de répondre à quelqu'un qui est derrière puis de
vous regarder, là, mais on va... je m'adresse au président et j'apprécie votre
question. Non, mais c'est vraiment particulier de parler à quelqu'un qui est
derrière nous.
Le Président (M. Simard) : Je
vous comprends de préférer le député de Beauharnois.
M. Girard (Groulx) : C'est
bon. Alors, la structure du plan de relance. La relance repose d'abord sur la
sécurité sanitaire. C'est l'élément le plus important. C'est pour ça qu'on a
besoin de personnel, on a besoin d'équipement, on a besoin de tests, on a
besoin que les Québécois suivent les mesures sanitaires. Alors, c'est l'élément
le plus important de la relance : contrôler l'épidémie.
Ensuite, il y a eu, bien sûr, des mesures
de soutien pour aider les Québécois, les entreprises, les municipalités à
passer à travers cette période très difficile que nous vivons maintenant depuis
déjà plusieurs mois. Et d'ailleurs, à mesure que les mois avancent, on constate
que les impacts prennent de nouvelles formes, <notamment au niveau...
M. Girard (Groulx) :
...
les municipalités à passer à travers cette période très difficile que
nous vivons maintenant depuis déjà plusieurs mois. Et d'ailleurs, à mesure que
les mois avancent, on constate que les impacts prennent de nouvelles formes, >notamment
au niveau des impacts au niveau de la santé mentale, et c'est pour ça qu'il y a
eu des fonds supplémentaires de soutien, parce que plus la pandémie dure, plus
cet aspect prend de l'importance, alors que tout était concentré sur les
aspects physiques, de santé physique initialement.
Bon, j'arrive à la relance. Alors, la
relance, c'est trois axes : d'abord les infrastructures publiques qui
visent à substituer la demande privée à la demande publique, parce que les
investissements des entreprises, en 2020, seront négatifs. Parce que le degré
de confiance, parce que les frontières sont fermées, l'investissement privé
aura une contribution négative en 2020. Et donc le gouvernement du Québec, avec
le projet de loi n° 66, veut accélérer les infrastructures pour substituer
la demande publique à la demande privée qui est plus — puis là je
regarde le député de Robert-Baldwin, je cherche le terme — <plus...
la demande privée est plus >frileuse. Elle recherche moins... plus de
certitudes pour faire des investissements.
• (10 h 50) •
Le deuxième volet, c'est : puisque
nous avons récupéré 85 % des emplois qui avaient été perdus, on a un taux
de chômage qui est nettement plus élevé que ce qui représente le plein
potentiel de l'économie québécoise. On dit que l'économie québécoise est au
plein emploi lorsque le taux de chômage avoisine 5 %. Nous sommes à
7,7 %. Il est possible que le chiffre monte... le chômage monte un peu
encore vendredi. Et donc on a une situation où il y a une pénurie de
main-d'oeuvre dans les secteurs de la santé, dans le secteur de la
construction, dans le secteur des technologies de l'information, et, au même
moment, on a du chômage. Alors, mon collègue, le ministre du Travail Jean
Boulet, a toute une responsabilité au niveau de la requalification de la
main-d'oeuvre, aider les Québécois à aller chercher la formation, la
diplomation nécessaire pour se qualifier pour les emplois qui sont disponibles,
qui sont en... où il y a rareté de main-d'oeuvre.
Alors, il y a un volet infrastructure, un
volet requalification de main-d'oeuvre qui est extrêmement important, et
ensuite vient tout le volet qui est l'aide à l'investissement des entreprises
et au développement économique. C'est le 777 millions auxquel vous
référiez. Et là on parle d'aider les secteurs stratégiques, notamment
l'aluminium, l'aéronautique, les sciences de la vie, on parle de bonifier le
développement régional, on parle <d'aider les...
M. Girard (Groulx) : ...
et
au développement économique. C'est le 777 millions auxquel vous référiez.
Et là on parle d'aider les secteurs stratégiques, notamment l'aluminium,
l'aéronautique, les sciences de la vie, on parle de bonifier le développement
régional, on parle >d'aider les entreprises à innover, on parle d'aider
les entreprises à se numériser, on parle d'investir dans la recherche, dans l'infrastructure
de recherche. Nous avons bonifié de 300 millions le Plan pour une économie
verte, et il y a tout l'aspect fabriqué... et l'achat local. Alors, le
ministère de l'Agriculture participe au plan de relance. Alors, c'est vraiment
la structure du plan de relance : sécurité sanitaire, infrastructure,
requalification de main-d'oeuvre et investissement des entreprises,
transformation.
Le Président (M. Simard) : Je
vous remercie. M. le député de Beauharnois.
M.
Reid
: Oui,
merci beaucoup. M. le ministre, je m'excuse de vous parler dans le dos. Vous
avez parlé de bonification du développement économique régional. On en a parlé
dans...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : ...elle
était bonne, je vous confirme qu'elle était bonne.
M.
Reid
: On
comprend l'importance, là, qu'ont les municipalités, les acteurs locaux du
réseau entrepreneurial pour relancer l'économie. Je pense que tout le monde est
d'accord là-dessus. L'heure est venue plus que jamais d'unir nos forces, tous
paliers confondus, pour vraiment soutenir les PME en région, mais aussi dans
les grands centres urbains, qui n'ont pas échappé, malheureusement, à la crise
eux non plus.
À ce chapitre, la vice-première ministre,
qui est la ministre de la Sécurité publique et ministre responsable de la
Capitale-Nationale, a annoncé la semaine dernière la création d'une alliance
économique regroupant <les acteurs... >les principaux acteurs de
Québec, toujours dans le but de venir en aide aux entrepreneurs, aux
coopératives et aux organismes à but non lucratif qui subissent les contrecoups
de la pandémie. C'était une annonce très attendue, empreinte de leadership, qui
reflète l'avis unanime du milieu entrepreneurial, mais aussi municipal,
universitaire et, bien sûr, gouvernemental. Ainsi, le promoteur d'un projet qui
cherche de l'aide, que ce soit pour des sources de financement, du mentorat ou
encore du soutien technique, pourra le faire d'un seul coup, devant toutes les
entités concernées, au moyen d'une session virtuelle. Le Secrétariat de la
Capitale-Nationale, de son côté émule donc un peu le modèle que nous voulons
encourager auprès des administrations de proximité dans les MRC, dont nous
avons discuté un peu plus tôt.
Preuve de synergie dans le milieu, un des
partenaires de cette alliance, l'Université Laval, a mis sur pied l'Escouade de
coordination de la relance. Elle vise à appuyer ainsi et faciliter les
initiatives, tant publiques que privées, visant la relance économique en
réponse aux répercussions de la pandémie. L'escouade offrira entre autres de la
formation, un accès à l'expertise de sa communauté de recherche ou encore de
l'accompagnement sur les projets qui visent l'accélération de l'innovation et
de l'entrepreneuriat responsable.
D'ailleurs, cette nouvelle est un bon
tremplin pour vous parler d'une autre annonce connexe, celle du prolongement
par le gouvernement de l'aide financière dédiée au Fonds de recherche du Québec
à hauteur de plus de 3 millions de dollars divisés entre les Fonds Société
et Culture, <Santé...
M.
Reid
: ...
de
l'innovation et de l'entrepreneuriat responsable.
D'ailleurs, cette nouvelle est un bon
tremplin pour vous parler d'une autre annonce connexe, celle du prolongement
par le gouvernement de l'aide financière dédiée au Fonds de recherche du Québec
à hauteur de plus de 3 millions de dollars divisés entre les Fonds Société
et Culture, >Santé et Nature et technologies. Cela permettra de financer
d'une session supplémentaire les programmes de bourses d'étudiants qui devaient
arriver à échéance à la fin de la dernière session. En effet, plusieurs
étudiants boursiers n'avaient pas pu compléter leurs travaux de recherche à
l'issue de la session d'été en raison de l'état d'urgence sanitaire. Les Fonds
de recherche du Québec soutiennent des activités de recherche jugées
essentielles à la relance économique du Québec, particulièrement celles en lien
avec la crise sanitaire. Sur le long terme, c'est par la recherche et l'innovation
que le Québec pourra mettre en oeuvre des solutions novatrices pour répondre
aux défis actuels et futurs.
Justement, M. le ministre, je désire à
présent aborder avec vous ce thème de recherche et innovation, ou communément
appelé «R & D», comme on dit en anglais. Dans le cadre de la mise
à jour abordée aujourd'hui, le gouvernement investit 147,5 millions de
dollars sur deux ans pour appuyer des projets innovants. De ce montant, 50 millions
vont servir à augmenter les sommes à la disposition des Fonds de recherche du Québec,
dont 10 millions cette année. On prévoit également 50 millions pour
accroître les investissements dans les infrastructures de recherche et
d'innovation ainsi que pour aider davantage ce genre de projets commerciaux. On
indique que, j'ouvre les guillemets, «ces investissements visent notamment à
moderniser les établissements publics de recherche par l'acquisition d'équipements
et à appuyer les entreprises lors des différentes étapes de leur projet d'innovation.»
Je ferme les guillemets.
Parallèlement, je crois qu'il est évident
que la crise a exacerbé le besoin des entreprises de se mettre à niveau pour
tout ce qui est technologie pour toutes celles qui n'avaient pas encore les
logiciels au point ou qui n'avaient pas passé au numérique dans l'optimisation
de leurs procédures de travail. Encore récemment, la très grande majorité des entreprises
québécoises avaient une faible maturité technologique.
On pourrait croire que ce phénomène
n'affecte que les petites entreprises, mais non. L'Autorité des marchés
financiers a récemment publié <un rapport... >en fait, là, un
rapport qui s'intitule Rapport sur la maturité de la transformation
numérique des institutions financières exerçant au Québec, et
le constat est décevant : «Aucune institution ne se positionne comme
leader dans la transformation numérique, tant dans son propre domaine que dans
tout le secteur financier québécois.» Autre constat général : «La
stratégie numérique est reconnue, mais n'est pas prioritaire. Seulement
30 % des institutions financières jugent leur firme efficace pour
planifier leur transformation numérique. L'industrie gagnerait à ancrer
davantage sa stratégie dans le numérique pour être plus concurrentielle.»
Les entrepreneurs commerciaux comparent
souvent leur secteur d'activité au secteur financier, qui semble jouir d'une
réputation des meilleures pratiques, du moins celles les plus novatrices. Or,
celles-ci souffrent également d'un retard numérique. C'est pourquoi, dans le
but de soutenir la numérisation des PME québécoises, le gouvernement investit
20 millions cette année et 80 millions de dollars en 2020‑2021, 2021‑2022.
Ces sommes serviront notamment à aider financièrement les entreprises dans la
réalisation de leurs projets numériques, <à encourager...
M.
Reid
: ...
celles-ci
souffrent également d'un retard numérique. C'est pourquoi, dans le but de soutenir
la numérisation des PME québécoises, le gouvernement investit 20 millions
cette année et 80 millions de dollars en 2020‑2021, 2021‑2022. Ces sommes
serviront notamment à aider financièrement les entreprises dans la réalisation
de leurs projets numériques, >à encourager les entreprises à se tourner
vers le mode numérique et leur offrir des services-conseils, à permettre à plus
d'entreprises d'élaborer un plan numérique et un plan de mise à jour... de mise
en oeuvre de projets numériques.
Ma question, donc : Quelle est
l'importance, M. le ministre, à vos yeux, de cette mesure, soit le
100 millions de dollars en numérisation des entreprises? Est-ce que vous
considérez que le Québec a du rattrapage à faire en la matière, si on le
compare à l'Ontario, par exemple?
M. Girard (Groulx) : Je vais
prendre une perspective plus large. Je pense que la crise a mis la lumière sur
certaines vulnérabilités du Québec. Puis je ne dis pas que ces
vulnérabilités-là ne sont pas présentes ailleurs. Puisqu'on est ici, à
l'Assemblée nationale... La crise a montré que nos infrastructures étaient
vieillissantes, que <la population... >le vieillissement de la
population montrait l'importance des soins de santé, donc a démontré l'effet du
vieillissement de la population sur nos infrastructures et les besoins en
santé.
La crise a aussi montré que des
entreprises du Québec n'avaient pas suffisamment fait, ou suffisamment
rapidement, la transformation de leur processus de production, de leur
processus de vente. Parce qu'on pense numérisation, on pense rapidement vente
en ligne et site Web. Ça, c'est oui pour des... Par exemple, un magasin sur la
rue Saint-Denis, il va avoir besoin d'un site Web et de faire des ventes en
ligne, oui, mais la transformation numérique des entreprises, c'est évidemment
beaucoup plus que cela. C'est tous les processus de production, de gestion des
inventaires, de gestion des intrants. Et la crise a montré qu'il y en a qui
étaient prêts puis qu'il y en a qui ne l'étaient pas. Et ça, c'est un processus
continu, M. le Président.
• (11 heures) •
Puis je tiens à dire que, dans chacun des
budgets et de la mise à jour du gouvernement du Québec, et également des
gouvernements précédents, il y a eu des efforts pour aider à la transformation
numérique des entreprises, parce que c'est important, on en est tous conscients.
Mais la crise à montré la vulnérabilité de...
11 h (version révisée)
M. Girard (Groulx) :
...des gouvernements précédents, il y a eu des efforts pour aider à la transformation
numérique des entreprises. Parce que c'est important, on en est tous conscients,
mais la crise a montré la vulnérabilité de ceux qui n'avaient pas fait cette
transformation-là, d'où l'urgence de le faire.
Et c'est là que je dois saluer le travail
de la Caisse de dépôt qui a investi dans une entreprise québécoise, Lightspeed,
qui a des logiciels pour l'aide aux ventes, aux gestions d'inventaire. Et c'est
une compagnie québécoise dynamique et avec forte croissance. Et la Caisse de
dépôt a demandé à cette entreprise, dans laquelle elle a investi depuis plusieurs
années, de l'aider dans la transformation numérique de ses locataires qui
étaient en difficulté. Et le ministère de l'Économie, voyant le bénéfice de
cette initiative, a aussi travaillé avec cette entreprise.
Alors, il y a des sommes importantes… Toutes
les entreprises… Je tiens à le dire, là, c'est un processus continu, la transformation
numérique. C'est simplement que la crise a montré qu'il y en a qui avaient pris
du retard. Et ce n'est pas tout le monde… il y en a qui bénéficient de la crise.
Puis je pense qu'on va en parler plus tard avec un autre… peut-être un
collègue, dont je souligne… dont je ne souligne pas… d'un collègue, finalement,
d'un collègue de la deuxième opposition. Voilà.
Et c'est important, la transformation
numérique, puis c'est pour ça qu'il y a des sommes… et je rappelle les sommes
et je vous réfère ici à l'annexe… Vous savez, la mise à jour… la meilleure
façon de lire la mise à jour, là, parce que c'est compliqué lire des documents
financiers… Hier, je ne sais pas si le député de Robert-Baldwin a essayé de
lire les 295 pages de la mise à jour fédérale, hier, mais j'ai commencé à
4 heures, hier, et j'ai manqué RDI économie, là, parce qu'à
6 h 30, je n'avais pas fini. Et vraiment c'est…
Alors, moi, je vous réfère au tableau B.31,
c'est la section Impact financier des mesures. Et là vous avez tout ce
qui a été fait dans le gouvernement depuis le budget pour la crise, ligne par
ligne, et c'est séparé en fonction des missions : renforcer le système de
santé, soutenir les Québécois et les entreprises et relancer l'économie.
Et, puisque mon collègue me parle
d'innovation puis de relancer l'économie, je suis dans le tableau B.34, à
la page B.79, Impact financier des initiatives visant à <relancer…
M. Girard (Groulx) : ...
les
entreprises et relancer l'économie.
Et, puisque mon collègue me parle
d'innovation puis de relancer l'économie, je suis dans le tableau B.34, à
la page B.79, Impact financier des initiatives visant à >
relancer
l'économie, et là je descends : «accélérer la croissance des PME
innovantes par un meilleur accompagnement, 30 millions; appuyer
l'innovation des entreprises forestières, 17,5 millions; investir dans les
infrastructures de recherche, dans les projets d'innovation, 50 millions; augmenter
les sommes... disposition des Fonds de recherche du Québec, 50 millions.»
Et donc c'est comme ça… c'est dans cette section qu'on peut voir chaque effort.
Et là, si on veut en savoir plus, on se déplace dans le document et on a le
texte qui accompagne les montants.
Mais cette structure-là, M. le Président,
que je qualifierais, là… je vais donner le crédit au ministère des Finances du Québec.
Cette structure cohérente qui facilite la lecture, qui n'a rien à voir avec
moi, mais qui a tout à voir à nos institutions, le ministère des Finances du Québec,
bien, ça facilite la lecture, M. le Président. Parce que, lorsqu'on va dans la
section… Je reviens parce que c'est vraiment une bonne section. Lorsqu'on va à
la section Impact financier, qui commence à la page B.69, bien,
toutes les mesures sont là, elles sont chiffrées, et c'est facile à suivre, M.
le Président.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Beauharnois, vous disposez, en théorie, encore de
1 min 15 s
M.
Reid
: ...une
minute. Dans les actions concrètes, M. le ministre, <au niveau de... >qui
vont être mises en place pour accroître l'autonomie alimentaire, on a fait
plusieurs annonces tout récemment. En une minute, est-ce que vous êtes capable
de nous résumer ça?
M. Girard (Groulx) : Bien sûr,
grâce à toute la logique du document. Parce que, quand j'arrive à la
page B.80, M. le Président, et que je lis «encourager la production
québécoise et l'achat local», je vois tout de suite «accroître l'autonomie alimentaire
et appuyer l'industrie serricole, 157 millions sur trois ans; développer
des chaînes d'approvisionnement locales, 40 millions sur deux ans, et le
50 millions qui vise l'appui des centres-villes.» Est-ce que ça complète
ce bloc, M. le Président?
Le Président (M. Simard) :
Presque. Presque.
M. Girard (Groulx) : Je vous
vois dubitatif, là.
Le Président (M. Simard) :
Vous lisez dans mes pensées, cher collègue. Vous lisez dans mes pensées. Merci
pour votre précieuse collaboration.
M. Girard (Groulx) : …
Le Président (M. Simard) :
Alors, je cède maintenant la parole à la députée de Saint-Laurent, que je salue,
soit dit en passant.
Mme Rizqy : Moi aussi. Merci.
Bonjour, M. le ministre. Donc, je comprends que votre fin de semaine a été
chargée avec Loto-Québec.
M. Girard (Groulx) :
C'est-à-dire que les allégations étaient sérieuses, puis il fallait s'en
occuper.
Mme Rizqy : Je comprends que
vous avez fait plusieurs <appels. Vous...
Le Président (M. Simard) :
...
Alors, je cède maintenant la parole à la députée de Saint-Laurent,
que je salue, soit dit en passant.
Mme Rizqy : Moi aussi.
Merci. Bonjour, M. le ministre. Donc, je comprends que votre fin de semaine a
été chargée avec Loto-QuébecT.
M. Girard (Groulx) :
C'est-à-dire que les allégations étaient sérieuses, puis il fallait s'en
occuper.
Mme Rizqy : Je comprends
que vous avez fait plusieurs >appels. Vous avez fait tantôt un point de
presse, vous avez mentionné qu'il y avait eu un rapport précédent. Est-ce que
ce rapport, c'était un rapport interne ou externe?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, écoutez,
parlez-vous de CANAFE ou des...
Mme Rizqy : Non. Le rapport de
Loto-Québec qui disait que tout était conforme auparavant, est-ce que c'était
un rapport interne ou externe?
M. Girard (Groulx) : Non. Je
parlais de CANAFE, O.K.?
Mme Rizqy : O.K.
M. Girard (Groulx) :
<Parce
que ce matin… >Juste pour être précis, là, ce matin, on fait référence à
une amende que Loto-Québec a payée en 2020, mais c'est suite à un rapport de
2012, d'accord?
Mme Rizqy : Ce matin…
<17929
M.
Girard (Groulx) : Et ce que j'ai dit ce matin…
Mme Rizqy : …
>17929 M. Girard (Groulx) : Ce
que j'ai dit ce matin, c'est qu'il y a eu un rapport en 2016 qui était... qui
confirmait que les pratiques étaient saines et que les ajustements avaient été
faits.
Mme Rizqy : ...de 2016, qui
l'a fait?
M. Girard (Groulx) : CANAFE.
Mme Rizqy : D'accord. À
l'interne, est-ce que Loto-Québec, quand vous avez parlé avec la P.D.G., est-ce
qu'il y a eu d'autres rapports qui ont été faits internes ou externes?
M. Girard (Groulx) : Ah! bien,
c'est-à-dire que, chez Loto-Québec, il y a toute une gouvernance, il y a tout
un processus de conformité, oui, et il y a aussi des audits externes qui sont
faits à intervalles réguliers, là.
Mme Rizqy : O.K., intervalles
réguliers. Quelle firme a fait les rapports externes?
M. Girard (Groulx) : Écoutez,
c'est nécessairement les grandes firmes comptables, là. Bien, je pourrais vous
en nommer une, mais je vais m'en tenir à ça, là. C'est nécessairement les
grandes firmes comptables qui font les audits externes des pratiques de
Loto-Québec.
Mme Rizqy : O.K. Mais vous
comprendrez que c'est quand même assez névralgique parce que, s'il y a eu des
rapports externes, puis que ça n'a jamais été soulevé, puis que vous désirez
confier encore une vérification à une firme externe, j'ai l'impression qu'on
risque de tourner un petit peu en rond, non?
M. Girard (Groulx) : Pas du
tout. L'expertise au niveau du... Le blanchiment d'argent, c'est un phénomène
qui est présent dans l'ensemble de l'économie. Pour avoir travaillé dans une
institution financière, là, les préoccupations quant au blanchiment d'argent
puis au financement d'activités terroristes, c'est présent à chaque jour. Et
puis la dernière chose qu'une institution veut faire, c'est de laisser passer
une transaction de nature douteuse, alors il y a tout un processus de
conformité. Et ça, évidemment, les firmes de comptables externes ont cette
expertise-là.
Mme Rizqy : ...pourquoi, hein?
Vous avez sûrement suivi le scandale KPMG.
M. Girard (Groulx) : Pardon?
Mme Rizqy : Vous avez sûrement
suivi le scandale KPMG, non?
M. Girard (Groulx) : Je ne
comprends pas le sens de la question.
Mme Rizqy : Vous avez suivi le
scandale KPMG qui a été révélé par l'émission Enquête en matière de
facilitation pour fraude fiscale. Parce que moi, je… ça un petit peu saugrenu
de confier une vérification pour fraude fiscale, blanchiment d'argent,
recyclage de produits de la criminalité, par exemple, à une firme qui, elle,
fait l'objet de plusieurs enquêtes. Alors, j'imagine que vous allez exclure
KPMG dans cette enquête-là.
M. Girard (Groulx) : Bien,
écoutez, Mme la députée de Saint-Laurent, je n'ai pas exclu personne, là. C'est
un appel d'offres public. Il y a des <conditions...
Mme Rizqy : …
recyclage
de produits de la criminalité, par exemple, à une firme qui, elle, fait l'objet
de plusieurs enquêtes. Alors, j'imagine que vous allez exclure KPMG dans cette
enquête-là.
M. Girard (Groulx) : Bien,
écoutez, Mme la députée de Saint-Laurent, je n'ai pas exclu personne, là. C'est
un appel d'offres public. Il y a des >conditions à remplir au niveau des
compétences pour être capable de faire cet audit-là. Non, ce n'était pas mon
intention d'exclure… D'abord, le processus d'appel d'offres sera fait par le
ministère, là, ce n'est pas le ministre qui fait un… Vous êtes une joueuse de
basket, hein?
• (11 h 10) •
Mme Rizqy : Oui.
M. Girard (Groulx) : …ce n'est
pas le ministre qui fait un «jump ball» dans son bureau, là. Il y a un
processus d'appel d'offres avec des conditions strictes, et la firme que vous
mentionnez, bien sûr, pourra appliquer. Puis là je comprends que vous
recommandez que ce n'est pas elle qui soit choisie.
Mme Rizqy : En fait, ma
prochaine question pour vous : Pourquoi vous n'avez pas choisi Revenu
Québec, ou, par exemple, l'UPAC, ou la VGQ, la Vérificatrice générale du Québec,
alors qu'on a déjà des ressources à l'interne payées par nos fonds publics et
dont l'indépendance est déjà connue?
M. Girard (Groulx) : D'abord, Revenu
Québec travaille déjà à la lutte au blanchiment d'argent et fait un travail de
grande qualité. C'est une préoccupation constante. L'UPAC, c'est un corps
policier, ils peuvent enquêter, définitivement. Moi, ce que je cherche à faire,
c'est un audit des pratiques, là. J'ai bien spécifié ce que je cherche. Les
pratiques au niveau du blanchiment d'argent, du prêt usuraire et aussi tout ce
qui est, je pense, c'est un sous-volet, là, les programmes récompense, mais
surtout la sécurité d'une partie prenante qui est très importante, les employés
de Loto-Québec. Et la raison qu'on procède avec un audit spécial externe
indépendant, c'est qu'on va vouloir aller chercher la comparaison de tout ce
qui se fait en Amérique dans les casinos, connaître les meilleures pratiques,
connaître ce qui se fait dans les institutions financières. La lutte au
blanchiment d'argent, c'est un effort continu chaque jour.
Mme Rizqy : …pas la VGQ?
M. Girard (Groulx) : J'ai
beaucoup de respect pour la VG. D'ailleurs, la VG va commencer bientôt ses
travaux pour le rapport préélectoral qui nous servira tous... énormément de
respect pour la VG. J'ai tout simplement… Écoutez, on a des allégations, Loto-Québec
se défend, a des processus, a une direction, un conseil d'administration. Je
parle à la direction, au conseil d'administration. J'ai posé beaucoup de
questions, j'obtiens des réponses. Je cerne la situation, je consulte mon
sous-ministre et j'en conviens que la meilleure façon de procéder, c'est par un
audit externe indépendant.
Mme Rizqy : Mais l'expertise
existe de la VGQ, puis elle a aussi les pouvoirs d'enquête.
M. Girard (Groulx) : Vous
suggérez que la VGQ aurait pu faire le travail?
Mme Rizqy : Bien, je… demande
pourquoi vous avez exclu la VGQ.
M. Girard (Groulx) : Bien,
moi, je n'ai pas… <Vous… >C'est <comme…
M. Girard (Groulx) : …que la
meilleure façon de procéder, c'est par un audit externe indépendant.
Mme Rizqy : Mais
l'expertise existe de la VGQ, puis elle a aussi les pouvoirs d'enquête.
M. Girard (Groulx) : Vous
suggérez que la VGQ aurait pu faire le travail?
Mme Rizqy : Bien, je…
demande pourquoi vous avez exclu la VGQ.
M. Girard (Groulx) : Bien,
moi, je n'ai pas… Vous… C'est >comme si vous me demandiez… <c'est
comme si vous me demandiez… >vous me faisiez la liste de tous les gens
que je n'ai pas choisis, là. Là, je fais un appel d'offres pour aller chercher
une expertise et j'espère que la firme qui sera choisie aura une expertise
nationale, pourra comparer ce qui se fait dans tous les casinos. Le blanchiment
d'argent, on le sait, il y a eu un problème énorme en Colombie-Britannique, et
donc j'y vais avec cette situation. Est-ce que je dois comprendre que vous
auriez préféré que je prenne la VGQ?
Mme Rizqy : J'aurais aimé que
vous nous disiez pourquoi vous n'avez pas choisi de l'expertise interne puis
pourquoi vous n'avez tout simplement pas demandé que l'UPAC se penche
là-dessus, même si eux peuvent le faire par eux-mêmes. Il me semble que c'est à
vous de faire preuve de leadership puis d'aller rapidement sur une question
aussi importante qui est le blanchiment d'argent, le recyclage des produits de
la criminalité. Dois-je vous rappeler que dans ces cas-ci, lorsqu'on parle de
ce type d'activités criminelles, il est souvent question de traite de
personnes, de trafic humain ainsi que de tout ce qui est pornographie
infantile, là, prostitution infantile, pas juste prostitution tout court, là,
infantile?
Alors, c'est pour ça que, moi, il me
semble qu'ici, lorsque le casino est utilisé comme agent facilitateur du crime
organisé, il me semble que, rapidement, là, <c'est… >oui, c'est
une enquête criminelle que ça nous prend, et, oui, à mon sens, que la VGQ a pas
mal de pouvoir d'enquête.
Bien, écoutez, votre décision, j'imagine
qu'elle est quand même prise, vous avez fait une conférence de presse. Puis je
sais que mon temps est limité. J'entends votre réponse. Je n'aurai pas besoin
d'une réponse supplémentaire pour m'expliquer votre réponse. Vous l'avez déjà
très bien mentionné dans votre point.
Je suis prête à aller à un autre bloc avec
vous, ça serait celui sur l'éducation. Tantôt, vous nous avez parlé de vos
magnifiques tableaux. Dans vos tableaux, si vous allez à celui du B.14, qui est
à la page B.31, vous nous avez expliqué comment lire le tableau. Est-ce
que je dois comprendre, quand qu'il y a un petit trait droit, ça veut dire
zéro?
M. Girard (Groulx) : Exact.
Mme Rizqy : Bon. Alors, pour
vous, là, renforcer le soutien des élèves et du personnel dans les écoles, là,
pour l'année 2021‑2022, 2022‑2023, vous avez mis un trait, zéro.
M. Girard (Groulx) : Bien, c'est-à-dire
qu'ici, O.K., vous avez eu un budget, O.K.? Parce que pour comparer, par
exemple, à ce que l'Ontario a fait, là, parce que l'Ontario n'avait pas fait de
budget, alors il y a eu des mesures au budget pour l'éducation, qui avait déjà
une augmentation de son budget de près de 5 % cette année. Et là, <il
y a un… >face à la crise, il y a un soutien temporel qui est demandé par
le ministère de l'Éducation. Et ce qu'on montre ici, c'est le coût de cette
mesure. <Et puis si… >Écoutez, l'éducation, c'est tellement
important que, s'il a besoin de fonds supplémentaires, eh bien, c'est certain
qu'on va utiliser la <provision de…
M. Girard (Groulx) : …face à
la crise, il y a un soutien temporel qui est demandé par le
ministère de
l'Éducation. Et ce qu'on montre ici, c'est le coût de cette mesure. Et puis si…
Écoutez, l'éducation, c'est tellement important que, s'il a besoin de fonds
supplémentaires, eh bien, c'est certain qu'on va utiliser la >provision
de 4 milliards de dollars pour donner des fonds supplémentaires.
Mme Rizqy : …de bien
comprendre. Malgré le fait que tout le monde s'entend qu'il y a des retards
d'apprentissage — tout le monde s'entend, c'est un consensus, c'est
plus qu'un consensus, c'est unanime — cette année, on injecte de
l'argent pour renforcer l'aide, pour venir en aide aux élèves, mais aussi aux
enseignants, ajouter des ressources additionnelles. Parce que tantôt vous nous
avez fait un minicours de comment lire votre rapport, mais, moi, si je
comprends bien, c'est que cette année vous injectez de l'argent pour aider de
façon ponctuelle 2020‑2021. Mais pour les deux autres années, vous ne
mettez pas d'argent immédiatement, alors que tout le monde sait, là, que le
retard est non seulement pour cette année, mais on nous dit clairement qu'il va
falloir faire du rattrapage pour les prochaines années. Est-ce qu'il n'est pas
déjà le temps de réviser ce tableau pour ajouter de l'argent pour les
prochaines années?
M. Girard (Groulx) : Bien, c'est-à-dire
que la façon que la structure est faite, le ministre de l'Éducation nous a
demandé 85 millions pour renforcer… pour le soutien, là, O.K., et on lui a
accordé. S'il a besoin de fonds supplémentaires l'an prochain, il y a une
provision, puis on le fera. Je pense que, si je lis bien la pensée de votre
point, c'est que vous dites : Là, vous avez pris des ressources, vous
allez… ces ressources ne seront pas là, elles ne seront pas disponibles l'an
prochain.
Mme Rizqy : …je veux être très
claire dans ce que j'ai dit. J'ai dit que vous, vous avez déposé un minibudget,
que cette année vous mettez 85 millions, mais que vous ne faites pas tout
de suite, là, la provision de 85 millions puis de réindexer pour l'année
suivante, pour les autres années. Vous mettez une… donc zéro. Donc, vous, dans
votre prévision, c'est zéro. C'est ça que je dis.
Alors, je vous invite dès maintenant à
confirmer… Puis moi, je vais être très heureuse si vous confirmez dès
maintenant que vous allez immédiatement réviser, et vous allez ajouter
85 millions indexés pour l'année 2021‑2022 et pour l'année 2022‑2023,
votre tableau. Ça va me faire plaisir, si vous le confirmez maintenant. Je vous
le dis, je ferme mon micro, là.
M. Girard (Groulx) : Non, mais
je vous confirme que l'éducation, c'est une priorité, que, si le ministre de
l'Éducation a besoin d'argent supplémentaire au budget, on va étudier ça. Là,
on vit une crise sanitaire, O.K.? Et puis le ministre de l'Éducation nous a
demandé ces fonds-là, et ils lui ont été accordés. Et puis il est prévu que ces
fonds-là seront utilisés d'ici au 31 mars 2021.
Mme Rizqy : M. le ministre,
tout le monde connaît la grande prévisibilité du ministre de l'Éducation. Par
contre, dans votre cas à vous, à titre de ministre des Finances, là… puis je
sais que votre travail, c'est aussi de prévoir. Si quelqu'un frappe à votre <porte…
M. Girard (Groulx) : ...
d'ici
au 31 mars 2021.
Mme Rizqy : M. le ministre,
tout le monde connaît la grande prévisibilité du ministre de l'Éducation. Par
contre, dans votre cas à vous, à titre de ministre des Finances, là… puis je
sais que votre travail, c'est aussi de prévoir. Si quelqu'un frappe à votre >porte
pour dire : J'ai des retards, j'ai besoin d'argent aujourd'hui ou je dois
engager du personnel supplémentaire pour venir pallier à ces retards. …Parfait,
combien ça te coûte? Cette année, ça va me coûter 85 millions. Vous, vous
signez le chèque, 85 millions. Vous ne posez pas la question : O.K.
mais l'année prochaine, ce même personnel, est-ce que je le réengage ou je ne
le réengage pas? Il me semble que c'est votre job à vous de dire à votre collègue
ministre de l'Éducation : Eh! Jean-François, tu risques d'avoir besoin de
l'argent l'année prochaine.
Vous semblez confus, voulez-vous que je
rephrase?
M. Girard (Groulx) : Si vous
voulez.
Le Président (M. Simard) : …
Mme Rizqy : Plus
spécifiquement...
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre, à vous la parole.
• (11 h 20) •
M. Girard (Groulx) : Non, non,
mais je pense que c'est comme si... Je pense que votre intervention, c'est que
vous auriez aimé voir 85 millions sur les trois années, parce vous dites :
Le besoin va être là. <C'est…> Je pense que c'est votre point. C'est
un point qui est légitime. Moi, ce que je vous dis, c'est que, lorsqu'on va
faire les arbitrages budgétaires de l'année 2021‑2022, si le ministre de
l'Éducation veut reconduire ces sommes, on va être très favorables à l'écouter.
Mme Rizqy : O.K. Bon jour pour
la prévention. Dites-moi, transferts fédéraux, vous avez reçu de l'argent pour
l'éducation?
M. Girard (Groulx) : Si on a
reçu l'argent pour l'éducation? Oui, on a reçu de l'argent pour l'éducation,
oui, dans le cadre de la relance sécuritaire.
Mme Rizqy : O.K. Pouvez-vous
nous ventiler où l'argent est allé.
M. Girard (Groulx) : Pardon?
Mme Rizqy : Pouvez-vous nous
ventiler où l'argent du transfert fédéral est allé dans le réseau de
l'éducation?
M. Girard (Groulx) : O.K. Mais
ça, ça va être un peu plus long répondre à ça. D'abord, je vais vous quantifier
l'argent reçu pour l'éducation dans la section sur les transferts fédéraux.
Mme Rizqy : …beaucoup de
temps, de mémoire d'homme, c'est 432 millions de dollars qui a été
transféré pour le Québec. Vous devriez recevoir l'argent en deux versements.
Donc, il y aurait déjà eu un premier versement qui a été transféré vers le Québec.
Et moi, j'aimerais juste savoir comment qu'il a été ventilé dans le réseau
scolaire.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui. Un
instant, là, parce que je dois... 432 millions... «À cela s'ajoute la
somme pour la rentrée scolaire de 432 millions». Voilà, c'est ce dont vous
parlez. O.K. Bon, je <reviens...
M. Girard (Groulx) :
...Un instant, là, parce que je dois... 432 millions... «À cela s'ajoute
la somme pour la rentrée scolaire de 432 millions». Voilà, c'est ce dont
vous parlez. O.K. Bon, je >reviens. O.K. Le... Et ça j'ai eu cette
discussion-là avec Mme Freeland parce que les classes ont commencé plus
tôt au Québec, O.K., que dans le reste du Canada, d'accord? La rentrée scolaire
s'est faite plus tôt au Québec.
Alors, lorsqu'ils ont annoncé les sommes,
les travaux avaient déjà été amorcés au Québec, et donc c'est comme si on avait
déjà posé plusieurs gestes, et ils nous octroient 432 millions, et là on a
pris le montant supplémentaire.
Et là je vais revenir à la section
éducation, la section éducation qui est à la page B.31, O.K.? Et donc les
fonds supplémentaires… alors, il y avait l'aide aux études, puis ça, ça n'a
rien à voir avec le 432. Alors, dans les fonds supplémentaires qui ont été
dépensés à date, là, 85 millions.
Mme Rizqy : Ventilés,
85 millions pour?
M. Girard (Groulx) :
D'accord, ventilés… <Afin de renforcer... >Ici, l'information que
j'ai : «Afin de renforcer la persévérance scolaire ainsi que la sécurité
des élèves dans le contexte actuel de la pandémie, des investissements
additionnels de 85 millions ont été annoncés le 26 septembre 2020. Ces
sommes ont permis d'entreprendre la formation et l'embauche de personnel dans
les écoles, le développement de l'apprentissage à distance, la bonification de
l'offre de transport scolaire et l'accroissement des services d'entretien du
système de ventilation.»
Mme Rizqy : Alors,
pouvez-vous m'expliquer comment se fait-il que la commission scolaire
Lester-B.-Pearson a fait des achats de purificateurs d'air et le gouvernement
du Québec a seulement voulu rembourser 50 % de la facture, et non pas
100 %, alors que l'argent, c'est une mesure, là, d'aide pour une urgence
sanitaire sans aucun précédent? Pourquoi qu'en ce moment, là, il y a une
commission scolaire… Quand que le ministre de l'Éducation se lève, il dit :
Bien, ils peuvent faire des dépenses. Allez-y, faites des dépenses. Mais quand qu'on
envoie la facture, vous remboursez 50 % de la dépense, alors que vous avez
plein d'argent, plein, plein, plein.
Le Président (M. Simard) :
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait je ne suis pas impliqué dans la négociation de ce paiement, là, ça fait
que je ne peux pas... je n'ai pas de réponse à votre question, là, sur la...
entre la négociation entre le centre de services scolaire et le ministère de
l'Éducation.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin :Le ministre n'a peut-être pas d'implication, mais il peut
comprendre que c'est un facteur contraignant pour les centres de services
scolaires puis les commissions scolaires qui vont peut-être choisir d'y penser
à deux fois avant de faire un <investissement...
M. Girard (Groulx) :
...
je n'ai pas de réponse à votre question, là, sur la... entre la
négociation entre le centre de services scolaire et le ministère de
l'Éducation.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin :
Le ministre n'a peut-être pas d'implication, mais il peut comprendre que c'est
un facteur contraignant pour les centres de services scolaires puis les
commissions scolaires qui vont peut-être choisir d'y penser à deux fois avant
de faire un >investissement s'ils sont obligés de payer 50 % à
travers leurs propres fonds.
Juste un dernier point, M. le Président,
sur ce que ma collègue a amené tantôt par rapport à l'audit externe à
Loto-Québec. Le ministre nous a dit de l'interpeller sur Loto-Québec, là .
La Vérificatrice générale du Québec, elle ne peut pas aller vérifier les livres
et les comptes de Loto-Québec en ce moment. C'est vrai?
M. Girard (Groulx) : Il
faudrait, je vérifie.
M. Fortin :
Elle n'a pas cette autorité-là. Elle ne l'a pas, l'autorité sur les sociétés
d'État, là, elle ne peut pas le faire. Mais je veux comprendre la perspective
puis le changement de cap de la Coalition avenir Québec dans ce dossier-là,
parce qu'en 2013 son collègue, aujourd'hui ministre des Transports, qui revient
hanter souvent le ministre des Finances, mais en 2013 le ministre des
Transports actuel avait proposé un projet de loi, le projet de loi n° 193,
pour modifier la Loi sur le VG afin de permettre au VG de procéder, lorsqu'il
le juge approprié, à la vérification d'optimisation dans un organisme du
gouvernement ou une entreprise du gouvernement dont il n'est pas tenu de
vérifier les livres et les comptes.
Donc, avec le projet de loi qui avait été
proposé par le ministre des Transports au gouvernement du Parti québécois, la
Vérificatrice générale aurait tous les pouvoirs pour faire cet audit-là, cette
vérification-là. Est-ce que c'est quelque chose que vous considéreriez encore?
Le Président (M. Simard) :
…secondes.
M. Girard (Groulx) :
Bien, écoutez, moi, j'ai fait face à... D'abord, ces allégations-là sur Loto-Québec,
ça date de... j'essaie de me souvenir, mais jeudi dernier que ça a été diffusé,
là.
Le Président (M. Simard) : En conclusion.
M. Girard (Groulx) : C'est
venu avec des articles de journaux, une émission, puis il y en a eu en fin de
semaine puis aujourd'hui.
Alors, moi, j'ai rapidement posé des
questions. D'abord, c'est moi qui a demandé à Loto-Québec de sortir, parce qu'au
départ Loto-Québec ne voulait qu'émettre un communiqué. …c'est... J'ai exigé
que Loto-Québec se défende. C'est son intégrité qui est attaquée. J'ai demandé
à Loto-Québec de se défendre. Ils sont sortis. Et là, après ça, j'ai passé une
partie de vendredi et de la fin de semaine à poser des questions pour bien
comprendre la situation. Et la solution que nous proposons...
Le Président (M. Simard) :
En conclusion.
M. Girard (Groulx) :
...l'audit externe indépendant spécial, c'est celle que nous recommandons.
M. Fortin :…collègue, là, le ministre des Transports, …devrait avoir tous
les pouvoirs pour faire ça.
M. Girard (Groulx) : Mais
d'aucune façon je dis aujourd'hui que la VG n'aurait pas pu faire ça. Tantôt,
il y a quelqu'un qui a mentionné : Est-ce qu'il n'aurait pas fallu
impliquer Revenu Québec? Les corps policiers peuvent certainement faire... et <font
les...
M. Fortin :
…
devrait avoir tous les pouvoirs pour faire ça.
M. Girard (Groulx) :
Mais d'aucune façon je dis aujourd'hui que la VG n'aurait pas pu faire ça.
Tantôt, il y a quelqu'un qui a mentionné : Est-ce qu'il n'aurait pas fallu
impliquer Revenu Québec? Les corps policiers peuvent certainement faire... et >font
les enquêtes nécessaires. Je pense que c'est bon de rappeler les rôles de
chacun. Loto-Québec doit détecter, prévenir et dissuader le blanchiment d'argent.
Les transactions doivent être rapportées à CANAFE, qui est le centre d'analyse
fédéral, toutes les transactions comptants, et CANAFE communique avec les corps
policiers, dans le cas du Québec, la Sûreté du Québec.
M. Fortin :
<…dites, là, c'est… >En fait, ce que votre
collègue dit, c'est que la VG devrait pouvoir faire ça d'elle-même. Est-ce que
vous êtes d'accord avec ça?
M. Girard (Groulx) : C'est-à-dire
que je n'ai pas participé au débat en 2013, mais je n'ai aucun doute que la VG
a les capacités, qu'elle aurait pu faire ça. Ce n'est pas la voie que j'ai
choisie.
M. Fortin :
Mais il faut que vous lui demandiez de le faire. En ce moment, elle ne peut pas
le faire d'elle-même. Vous comprenez la nuance, là? Alors, est-ce que ça ne
serait pas souhaitable qu'elle puisse le faire d'elle-même?
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Girard (Groulx) : J'avoue
que je n'ai pas étudié cette question.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Je cède maintenant la parole au député de Saint-Jérôme. Vous
disposez de 24 min 20 s, cher collègue.
M. Chassin :
Merci, M. le Président. Bonjour, M. le ministre. Bonjour, chers collègues.
Alors, M. le ministre, je compatis avec
vous parce qu'évidemment vous faites face à des questions très pointues, voire
même à un niveau de détail particulièrement granulaire. Mais moi, je veux vous
ramener à quelque chose de beaucoup plus macro, donc, évidemment, on change un
peu de perspective.
Le Président (M. Simard) :
Souhaitiez-vous intervenir, M. le ministre?
M. Girard (Groulx) : Non, j'allais
simplement dire que le ministre n'a pas le loisir de choisir le type de
questions qu'on lui pose…
Le Président (M. Simard) :
Bon, très bien.
M. Girard (Groulx) : …et que
je vais répondre à tous les types de questions. Allez-y.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Saint-Jérôme.
• (11 h 30) •
M. Chassin :
Donc, voilà, poursuivons avec des enjeux qui sont tout à fait différents mais
qui, je pense, permettent d'éclairer la compréhension des Québécois quant à
cette mise à jour budgétaire d'importance dans le contexte actuel. Il y a
évidemment, là, dans la réflexion sur l'avenir financier, pour les finances du
gouvernement, un concept qui, je pense, est important, c'est la distinction
entre un déficit conjoncturel, un déficit structurel. Et vous avez expliqué,
là, qu'un déficit structurel, bon, apparaissait aussi pour les prochaines
années.
Donc, j'aimerais peut-être discuter d'abord
avec vous de deux éléments, la distinction entre le déficit structurel puis
conjoncturel puis le fait que l'incertitude qu'on vit actuellement ne permet
pas nécessairement d'aller beaucoup plus loin dans notre vision et dans nos
projections que sur trois ans. Donc, en regardant, par exemple, le cadre
financier, le tableau A.14, on voit que vous limitez vos prévisions sur
trois ans jusqu'en 2022‑2023.
D'abord, sur cet élément-là, ce que je
crois comprendre, puis corrigez-moi si…
11 h 30 (version révisée)
M. Chassin :
…plus loin dans notre vision et dans nos projections que sur trois ans. Donc,
en regardant, par exemple, le cadre financier, le tableau à 14, on voit que
vous limitez vos prévisions sur trois ans jusqu'en 2022‑2023.
D'abord, sur cet élément-là, ce que je
crois comprendre, puis corrigez-moi si je me trompe, M. le ministre, ou peut-être
reformulez-le dans vos mots, là, si les miens ne sont pas appropriés, mais ce
que je crois comprendre, c'est qu'il y a dans cet exercice un équilibre entre,
d'une part, la prévisibilité, donc une certaine transparence, hein, en disant :
Bon, bien, on veut montrer, effectivement, ce que les prochaines années
comportent en termes de revenus, en termes de dépenses, en termes de déficit,
et aussi une certaine prudence, sachant que l'incertitude qu'on vit
actuellement fait que de prévoir, par exemple, sur cinq ans, ce serait
particulièrement ambitieux, et que déjà, dans le fond, dans trois ans, la
situation sera-t-elle exactement la même? On peut s'imaginer qu'il y a des
facteurs qui vont se produire d'ici les trois prochaines années qui vont
faire varier les projections de 2022‑2023.
Est-ce que cet équilibre entre
transparence et prudence, c'est une bonne compréhension de l'exercice que vous
avez fait, M. le ministre?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Alors, je pense qu'il y a deux volets à votre question : l'équilibre entre
la transparence et prudence, et le déficit… la nuance entre le déficit
structurel et cyclique. Alors…
M. Chassin :
…structurel, conjoncturel après?
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Alors, nous avons eu énormément de discussions à l'interne, à savoir si on
devait présenter un cadre financier cinq ans ou trois ans, et je dirais que
l'arrivée de la deuxième vague a mis fin à la pertinence de la deuxième
hypothèse. C'est certain que le degré d'incertitude attaché à l'intensité de la
deuxième vague… Et à ce moment-là, peut-être un peu moins d'information sur les
vaccins, on était, sans aucune association logique, on était avant l'élection
américaine. Et beaucoup des développements des vaccins se précipitent depuis,
puis c'est extrêmement positif, mais le niveau d'incertitude, la présence de la
deuxième vague… Et on garde toujours des provisions : 4 milliards de
dollars pour cette année, 3 milliards de dollars pour l'an prochain,
1 milliard de dollars la troisième année. Et ces provisions-là sont plus
importantes que les provisions de l'Ontario, bien que l'économie de l'Ontario
est 1,7 fois l'économie du Québec. En fait, c'est la population qui est
1,7 fois, l'économie, c'est même plus, là, je pense, c'est plus
1,9 fois. <Et donc…
M. Girard (Groulx) : …la
troisième année. Et ces provisions-là sont plus importantes que les provisions
de l'Ontario, bien que l'économie de l'Ontario est 1,7 fois l'économie du
Québec.
En fait, c'est la population qui est 1,7 fois, l'économie, c'est même
plus, là, je pense, c'est plus 1,9 fois. >Et donc on voulait donner
l'heure juste, mais, en même temps, on ne peut donner que l'information qu'on
a. Et donc en choisissant trois ans, ça permettait… Parce que 2020‑2021, c'est
la chute brutale de l'économie, la plus grande récession depuis la Deuxième
Guerre mondiale. 2021‑2022, il y a un rebond et par construction, parce qu'il y
aura probablement 12 mois de croissance versus 10 en 2020‑2021. Donc, 2022‑2023
est la première année d'une certaine normalité. Et d'ailleurs, depuis, on a
appris que probablement une majorité de Canadiens devraient être vaccinés d'ici
le mois de septembre 2021. Donc, la théorie que 2022‑2023 amènera une certaine
normalité est plausible.
Et donc on a retiré du déficit de 2022‑2023
la provision de 1 milliard de dollars et les mesures de relance cycliques,
500 millions. Donc, on y va, 7 milliards de dollars moins 1,
moins 500, on arrive à 5,5 et on dit… on pense que c'est important parce qu'il
fallait le quantifier. On sait que la chaire en fiscalité de l'Université de
Sherbrooke avait parlé de potentiellement un déficit structurel de 4 milliards.
Et puis j'avais observé les commentaires, et puis les gens disaient : Oh!
c'est beaucoup, 4 milliards, mais, moi, je me doutais que c'était plus
haut que ça. Et donc, en divulguant que le déficit structurel sera de l'ordre
de 5,5 à 7 milliards de dollars en 2022‑2023, on donne une information importante
aux Québécois.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député.
M. Chassin :
Bien, alors, je pense que ça m'amène presque naturellement à discuter justement
de cette distinction entre déficit structurel et conjoncturel, parce qu'on
comprend que, dans le 15 milliards de dollars de déficit prévu pour cette
année, donc, effectivement, il y a une mesure de prudence du 4 milliards,
en termes de provision pour risques économiques, mais il y a aussi évidemment
des… en fait, des programmes, donc des dépenses supplémentaires, puis
évidemment une chute de revenus compte tenu du contexte économique.
Puis ce que vous nous dites, M. le
ministre, c'est que, quand on va revenir à une certaine normalité, donc en 2022‑2023,
on se retrouve avec un déficit de 5,5 milliards de dollars que vous
qualifieriez, à ce moment-là, de structurel ou est-ce qu'il y a encore, disons,
un peu comme une comète, là, il y a comme la queue de la conjoncture qui
pourrait encore affecter cette <année-là…
M. Chassin :
...
M. le ministre, c'est que, quand on va revenir à une certaine
normalité, donc en 2022‑2023, on se retrouve avec un déficit de
5,5 milliards de dollars que vous qualifieriez, à ce moment-là, de
structurel ou est-ce qu'il y a encore, disons, un peu comme une comète, là, il
y a comme la queue de la conjoncture qui pourrait encore affecter cette >année-là?
M. Girard (Groulx) : Bon,
les... Pour avoir côtoyé beaucoup d'économistes durant les 25 dernières années,
là, la définition de déficit structurel et conjoncturel, il y a plusieurs
thèses de doctorat là-dessus, disons que le sujet... Et c'est pour ça qu'on a
donné un intervalle, 5,5 à 7 milliards. C'est vraiment le meilleur estimé
que nous avons en date d'aujourd'hui. Je pense que, si vous voulez un chiffre,
je vous dirais 6 milliards de déficit structurel, un estimé. On a mis un
intervalle, tout simplement, 7 milliards, enlevé la provision de
1 milliard. Il semble que le déficit structurel, une fois qu'il y aura eu
chute brutale de l'économie, rebond arithmétique, regain grâce à l'arrivée des
vaccins, la première année de normalité... Puis je tiens à le dire, 2022‑2023,
ce n'est pas... J'ai utilisé cet exemple-là, je vais le répéter, je ne pense
pas... je ne suis pas convaincu qu'il y a des bateaux de croisière qui arrêtent
à Québec en 2022. On se le souhaite. Mais, quand je dis normalité, c'est qu'on...
une certaine normalité. Est-ce que tous les flux commerciaux, les voyages sont
de retour? On verra.
Mais, à ce stade-ci, le meilleur estimé
que nous pouvons donner aux Québécois est celui d'un déficit structurel, celui
qui demeurera après la récession, de l'ordre de 6 milliards de dollars.
M. Chassin :
D'accord. Merci beaucoup. Parce qu'effectivement je pense que vous avez raison
dans le fait de souligner que certains secteurs vont être encore affectés même
à ce moment-là. On peut penser au tourisme, on peut penser, par exemple, à
l'aéronautique. Donc, évidemment, il faut garder cette prudence-là, à mon avis.
Et je partage un petit peu votre analyse par rapport à une fourchette, disons,
là, une certaine perspective avec un plus et un moins.
Évidemment, je vous dirais que je suis
rassuré que, dans le cadre financier pour... dès l'an prochain, là, donc 2021‑2022,
si on enlève... permettez-moi de faire ce calcul un peu... peu orthodoxe, là, mais,
si on enlève du solde budgétaire négatif de
8 250 000 000 $, si on enlève la réserve ou la provision
pour risques, on se retrouve aussi dans une eau, là, de 5,5 milliards.
Autrement dit, avec des informations manquantes, notamment sur le vaccin, on
avait quand même prévu que, 2021‑2022, un certain nombre de programmes de
soutien <économique...
M. Chassin :
...
on se retrouve aussi dans une eau, là, de 5,5 milliards.
Autrement dit, avec des informations manquantes, notamment sur le vaccin, on
avait quand même prévu que, 2021‑2022, un certain nombre de programmes de
soutien >économique seraient moindres, compte tenu, par exemple, du fait
qu'on a connu, là, avec la première vague, la deuxième vague, des reculs
économiques. Mais on savait déjà que nos programmes de soutien économique
seraient moindres l'an prochain. C'est ce que je comprends.
• (11 h 40) •
M. Girard (Groulx) : D'abord
revenir sur le 15 milliards de cette année, là, parce qu'il peut être
tentant de dire : C'est 15 moins quatre, la provision, 11 moins le
3 milliards aux Fonds des générations, 8. Alors, je vais simplement parler
un peu du Fonds des générations. Pourquoi c'est important de contribuer au
Fonds des générations au Québec? C'est parce que dans la comptabilité des
entités publiques, revenus moins dépenses, il n'y a pas les dépenses
d'infrastructures, les dépenses de capital. Alors, bien que revenus moins
dépenses, dans la comptabilité des entités publiques, soient à l'équilibre,
dans une situation où revenus égalent dépenses, nous sommes à l'équilibre. Mais,
s'il y a des dépenses d'investissement net, la dette augmente, d'où l'importance
d'avoir un processus par lequel on vise à réduire la dette : le Fonds des
générations. Ça, c'est important de le dire, et puis c'est pour ça que cet
outil-là, qui a été créé bien avant moi, a fait ses preuves, est utile, et c'est
pour ça qu'au Québec on parle de déficit après contribution au Fonds des
générations. Mais il faut être conscient que c'est aussi parce que la dette
augmente en fonction des dépenses d'infrastructures nettes.
Bon, ça, c'est... Quant à l'utilisation de
la réserve, la réserve est là pour servir, c'est-à-dire que, si on a des
demandes supplémentaires en santé, oui, on pigera dans la réserve. S'il y a des
demandes supplémentaires en éducation, oui, on pigera dans la réserve. S'il
faut aider de façon supplémentaire, on pigera dans la réserve. La réserve est
là pour être utilisée. L'an prochain, jusqu'à quel point il y aura moins de
soutien que cette année? Nous le souhaitons. Ça va dépendre de l'évolution de
la pandémie. Je vous rappelle que, lorsqu'on dit «l'an prochain», au sens comptable,
on est au 1er avril. Parce que c'est assez clair pour tous qu'au
1er janvier on va être encore dans l'épidémie puis qu'il n'y aura pas de
vaccin au Canada, mais que la situation au 1er avril est plus prometteuse
quant à, à tout le moins, l'évolution de la deuxième <vague...
M. Girard (Groulx) : …
pour
tous qu'au 1er janvier on va être encore dans l'épidémie puis qu'il n'y
aura pas de vaccin au Canada, mais que la situation au 1er avril est plus
prometteuse quant à, à tout le moins, l'évolution de la deuxième >vague.
M. Chassin :
Je trouve intéressant, dans le fond, que vous fassiez ces spécifications-là sur
le Fonds des générations, parce que ça me semble aussi important, c'est-à-dire
qu'il y a quand même des revenus qu'on dédie au Fonds des générations, le
principal étant les redevances hydrauliques. Je pense… puis là c'est une
comparaison abusive, mais la Norvège a placé dans un fonds souverain des
revenus des ressources naturelles. Notre bénédiction géographique, c'est bien
notre potentiel hydroélectrique puis la quantité d'eau aussi qu'on a.
Donc, la possibilité de consacrer des
revenus tirés des redevances hydrauliques pour un fonds, qui, dans le fond,
donne davantage de latitude aux générations futures, me semble une perspective
très adéquate. Puis là, évidemment, il y a un peu ce flou comptable, peut-être,
que certains utilisent pour dire : Bien, on peut exclure le versement des Fonds
des générations parce que, oui, ça rentre dans les recettes, mais ça rentre
dans les dépenses, plutôt qu'on l'exclue, finalement, complètement du périmètre
comptable. C'est un choix. De toute manière, il faut donner un peu cette
transparence-là.
Mais il y a donc des revenus, notamment de
redevances hydrauliques, il y a aussi une contribution d'Hydro-Québec au Fonds
des générations. Notre électricité, dans le fond, le prix de l'électricité
patrimoniale, qui est indexé, qui permet d'avoir aussi des revenus
supplémentaires, ça constitue le gros des sommes versées au Fonds des
générations, qui est un outil drôlement puissant dans le temps pour,
effectivement, libérer de la marge de manoeuvre aux générations futures.
Autrement dit, est-ce que… Parce que j'ai vu certains analystes, là, dire :
Bon, bien, évidemment, on va se retrouver à donner un poids financier aux
générations futures, compte tenu des déficits d'aujourd'hui. Je vous dirais que
ces commentateurs-là le faisaient peut-être plus pour le cadre financier
fédéral que québécois, mais, néanmoins, je constate que dans notre situation,
d'une part, bon, on a identifié un déficit structurel mais, d'autre part, on a
aussi un outil, justement, qui est favorable aux générations futures. Est-ce
qu'on peut se dire qu'au Québec on a donc une… sans dire qu'on a une
comptabilité générationnelle, là, mais qu'on a un respect de ce que les
générations futures vont avoir à supporter par rapport à la crise qu'on vit
présentement et que, somme toute, on fait des déficits, mais que, de l'autre
main, on met aussi de l'argent de côté pour assurer une certaine latitude, une
certaine marge de manoeuvre pour les générations futures?
M. Girard (Groulx) : Merci
pour la question. Je dirais, lorsqu'on regarde les bénéfices de réduire la
dette, <l'équité…
M. Chassin :
...
on met aussi de l'argent de côté pour assurer une certaine latitude,
une certaine marge de manoeuvre pour les générations futures?
M. Girard (Groulx) : Merci
pour la question. Je dirais, lorsqu'on regarde les bénéfices de réduire la
dette, >l'équité intergénérationnelle est définitivement en haut des
bénéfices. Il y a d'autres bénéfices, c'est s'assurer qu'on aura les moyens
d'offrir les services qu'on veut s'offrir en santé puis en éducation, les
moyens de lutter contre les changements climatiques, les moyens... on a
souligné, augmenter l'indépendance financière du Québec dans la fédération,
parce que le Québec reçoit de la péréquation, et la formule peut être changée
au gré du gouvernement fédéral. C'est donc important d'avoir une vision à long
terme et de réduire le poids de la dette du Québec.
Quant au gouvernement fédéral, il est vrai
qu'il partait avec une position favorable, puis la raison que je commente,
là... ce n'est pas à moi de commenter sur le cadre financier du fédéral. Je
laisse ça aux députés qui sont à Ottawa. Mais il n'y a qu'un contribuable,
effectivement, et donc le cadre financier... le gouvernement fédéral avait les
moyens de faire les investissements qu'ils ont faits pour contrer la pandémie.
La question, c'est : Combien de ces dépenses seront récurrentes? Et ce que
le gouvernement fédéral ou la ministre Freeland hier a indiqué, c'est que peu
de ces dépenses seront récurrentes puisqu'à la cinquième année elles montrent
un déficit de 25 milliards avant nouvelles initiatives. Bon. Ils ont
plusieurs idées de ce que seront les nouvelles initiatives, là, mais
tenons-nous-en à la récurrence du déficit important de cette année. Elle semble
plutôt faible, selon les documents qui ont été déposés hier, puis ça, c'est une
bonne nouvelle pour les contribuables québécois.
M. Chassin :
Merci, M. le ministre, parce qu'effectivement je pense que l'équité
intergénérationnelle comme principale raison de diminuer l'endettement, c'est
important, mais effectivement il y en a d'autres. Une autre raison, c'est même
un... dans le fond, une certaine latitude dans le cadre financier actuel,
c'est-à-dire qu'évidemment on a, par exemple, dans cette mise à jour un service
de la dette qui devrait augmenter. La prévision, là, c'est une augmentation du
service de la dette de 620 millions de dollars en 2022‑2023 par rapport
aux prévisions précédentes. Donc, c'est évidemment une marge de manoeuvre assez
importante, 620 millions de dollars dont on ne disposera pas, mais
justement qui nous montre qu'il y a un bénéfice à réduire notamment le ratio de
dette brute sur PIB. On passe, là, si je ne me trompe pas, d'un ratio de
43,3 % au <31 mars...
M. Chassin :
...
mais justement qui nous montre qu'il y a un bénéfice à réduire
notamment le ratio de dette brute sur PIB. On passe, là, si je ne me trompe
pas, d'un ratio de 43,3 % au >31 mars prochain. Donc,
évidemment, c'est un bond. On avait finalement atteint avec anticipation le
fameux 45 % qui était la cible fixée dans la Loi sur la réduction de la
dette. Là, on va retourner au-dessus. Évidemment, là, je vous pose un peu la
question tentative, là. Le ratio dette-PIB, ça dépend de, donc, deux facteurs,
du numérateur et du dénominateur. On voit, avec les déficits prévus pour les
autres années, que la dette va augmenter. Le PIB va aussi augmenter. Est-ce
qu'on pourrait augmenter un peu au-delà de 50,5 % du PIB en termes de
ratio dette brute-PIB?
• (11 h 50) •
M. Girard (Groulx) : Bon,
là, vous m'ouvrez la porte pour faire une clarification. Puis je vais demander
à tout le monde de se diriger vers le tableau F.1 à la page F.5,
parce qu'il y a trois concepts de dette au Québec, alors, à la page F.5 du
document de la mise à jour, il y a la dette brute, la dette nette et la dette
représentant les déficits cumulés. Et vous avez fait référence au 50 % de
dette brute par rapport au PIB en 2021. Mais je veux juste... La raison que je
veux signifier qu'il y a trois concepts de dette, c'est parce que le fédéral
utilise le plus petit, la dette représentant les déficits cumulés. Et donc les
chiffres qui sont dans les documents budgétaires du fédéral, ce sont les
chiffres qui correspondent à ce que nous, nous estimons être au 31 mars
2021 un déficit représentant... une dette représentant un déficit cumulé de
24,6 %. Bon.
Il faut dire que le fédéral fait beaucoup
moins de dépenses en infrastructures que le Québec, notamment parce qu'il n'est
pas propriétaire des infrastructures et que les dépenses d'infrastructures au
fédéral, lorsqu'ils ne sont pas propriétaires, passent à la dépense. Alors,
l'écart entre la dette brute et la dette des déficits cumulés est moins grand
au fédéral qu'il l'est au Québec parce qu'on fait énormément de dépenses
d'infrastructures. Et c'est d'ailleurs pour ça que, lorsqu'on veut comparer les
provinces et le fédéral, on doit prendre — et excusez-moi de mélanger
tout le monde, parce que, là, on a parlé de dette brute puis de dette
représentant un déficit cumulé — on doit prendre la dette nette qui
est la meilleure mesure, recommandée par l'OCDE, et qui est la mesure utilisée
par les <provinces...
M. Girard (Groulx) : ...
lorsqu'on
veut comparer les provinces et le fédéral, on doit prendre — et
excusez-moi de mélanger tout le monde, parce que, là, on a parlé de dette brute
puis de dette représentant un déficit cumulé — on doit prendre la
dette nette qui est la meilleure mesure, recommandée par l'OCDE, et qui est la
mesure utilisée par les >provinces. Alors, le fédéral utilise la mesure
la plus favorable pour minimiser... Tout le monde voit à travers ces
chiffres-là pour faire les calculs, mais le fédéral divulgue le plus petit
chiffre. La plupart des provinces divulguent la dette nette. C'est ce qu'on
utilise pour la comparaison interprovinciale. Et le Québec, en toute
transparence, divulgue les trois chiffres. C'est très bon au niveau de la
divulgation. Ça a le défaut de pouvoir un peu mélanger les gens aussi, parce
que, lorsqu'on a trois chiffres pour le même concept, ça peut être mélangeant.
M. Chassin :
Mais, juste dans la dette brute...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Chassin :
...on voit que le 50,5 % de ratio qu'on atteint serait potentiellement
réduit à 50 % le 31 mars 2022.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Chassin :
Donc, on n'augmenterait pas plus que 50,5 %, si je comprends bien, M. le
ministre.
Le Président (M. Simard) :
Très rapidement, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Girard (Groulx) : Le poids
de... L'objectif, c'est de diminuer le poids de la dette du Québec après la
récession.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Rosemont.
Cher collègue, vous avez à peu près 9 minutes, et on poursuivra plus tard.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Je note avec un certain plaisir le retour du ministre en pleine
forme mais, je dois le dire, avec un certain embarras le fait qu'il y a
beaucoup, beaucoup de monsieurs ici. Et heureusement que la députée de
Saint-Laurent est là. Je parle des élus, M. le ministre. Enfin, ce n'est pas la
première fois, ce n'est pas la première fois que ça arrive, quand on parle
d'économie, il semble qu'il y a plus de... il y a beaucoup de cravates. Il y a
beaucoup de cravates. Ça semble quelque chose qui ne semble pas vouloir changer
rapidement ici.
M. Girard (Groulx) : Votre ratio
est de 100 %, M. le député.
M. Marissal : Oui, mais... J'en
conviens, je participe à l'embarras. Je participe à l'embarras.
Parlant d'embarras, Loto-Québec, qui se
trouve dans l'embarras et qui nous embarrasse tous et toutes, je dirais, en
quelque sorte, vous en avez parlé tout à l'heure avec ma collègue de
Saint-Laurent, on en a reparlé avec les journalistes, ça devient presque
quotidien. Vous avez choisi de faire le choix que vous avez fait, là, un audit
externe. Bon, je ne suis pas d'accord avec ce choix-là, mais, bon, on va donner
la chance au coureur. Je me demande néanmoins, vous, comme ministre des
Finances responsable de cette très importante société d'État, avez-vous pleine
confiance dans la direction actuelle de Loto-Québec?
M. Girard (Groulx) : C'est une
excellente question et c'est d'ailleurs pour ça qu'au-delà de l'émission que
j'ai vue et des reportages que j'ai lus je voulais poser mes propres questions,
cette fin de semaine, et <surtout...
M. Girard (Groulx) : ...
excellente
question et c'est d'ailleurs pour ça qu'au-delà de l'émission que j'ai vue et
des reportages que j'ai lus je voulais poser mes propres questions, cette fin
de semaine, et >surtout lorsqu'on a... Loto-Québec, on parle de plus de
5 000 employés. Mme Roiter est là depuis 36 ans chez
Loto-Québec. Et, s'il y a quelque chose qui est frappant chez Loto-Québec,
c'est comment les gens sont fiers de travailler là et de leur institution. Et
je vois le député de Robert-Baldwin, parce qu'il sait ça. Les gens qui sont
là... Alors, c'était très important de donner la chance à Loto-Québec de se
défendre. C'est pour ça que je leur ai demandé — exigé, mais ils ont
accepté ma suggestion — de sortir et de faire plus qu'un communiqué
mais de se défendre.
Alors, les réponses que, moi, j'ai eues,
notamment que l'audit de 2016 de CANAFE, là, le centre d'analyse canadien dans
les opérations financières, lui, était positif et favorable — ce
matin, on parle de l'audit de 2012 qui ne l'était pas — et que le
blanchiment d'argent, la lutte aux prêts usuraires, c'est pris très au sérieux
chez Loto-Québec.
Et le mandat de Mme Roiter est prévu
se terminer au mois de mai 2021. Et j'avais déjà, avant ces événements, demandé
à la présidente du conseil d'administration d'amorcer le processus.
Mme Roiter terminera en mai 2021, elle sera remplacée, et la nouvelle
direction aura le bénéfice d'un rapport indépendant crédible sur les pratiques,
et c'est certain qu'il y aura des enseignements puis qu'on devra améliorer des
choses.
M. Marissal : C'est une longue
réponse pour une question très courte.
M. Girard (Groulx) : Bien, oui,
là, j'ai confiance <...
M. Marissal : Vous avez...
D'accord.
M. Girard (Groulx) : ...>en
Mme Roiter et j'ai confiance en Mme Fortin, qui, elle, quitte en
juin. J'ai moi-même nommé trois personnes de grande qualité sur le conseil
d'administration de Loto-Québec. Ils ont eu une réunion hier. Ce sont... Les
allégations sont extrêmement sérieuses. La situation est prise avec sérieux. Le
blanchiment d'argent, c'est un phénomène présent dans l'économie, puis il faut
s'y attaquer.
M. Marissal : Le temps file.
Transferts en santé, vous en avez discuté aussi tout à l'heure avec le collègue
de Pontiac. On vous a entendu dire à plusieurs reprises, vous étiez très ferme
là-dessus : L'argent doit venir sans condition d'Ottawa pour la santé. C'est
un mantra qui a des années d'ancienneté ici, à l'Assemblée nationale. Mais les
conditions nationales ou les standards nationaux, pour prendre un anglicisme, à
Ottawa, surtout chez les libéraux fédéraux, ça a aussi une certaine ancienneté.
Moi, j'ai <couvert...
M. Marissal : ...C'est
un mantra qui a des années d'ancienneté ici, à l'Assemblée nationale. Mais les conditions
nationales ou les standards nationaux, pour prendre un anglicisme, à Ottawa,
surtout chez les libéraux fédéraux, ça a aussi une certaine ancienneté.
Moi, j'ai >couvert un certain
Jean Chrétien, et après c'était de l'ordre du fantasme, là, que d'obliger les
provinces à suivre des standards nationaux, ce que parfois les provinces
appelaient «Ottawa knows best», qui est un principe qui a été longuement
débattu ici par toutes les formations politiques au pouvoir, d'ailleurs, au
cours des dernières années. Là-dessus, tout le monde s'entend.
Est-ce que vous en faites, là, comme
récepteur de l'argent qui viendra ou pas, là, ça, c'est un autre débat, là,
mais est-ce que vous en faites une condition sine qua non qu'il n'y aura aucune
attache au chèque qui partirait d'Ottawa en transferts?
M. Girard (Groulx) : Québec
n'acceptera aucune condition. Le transfert canadien en santé est un transfert
sans condition, et la santé est une responsabilité des provinces. Et vous avez
raison que l'orientation historique du parti au pouvoir à Ottawa actuellement
est pour une centralisation, une intervention dans les champs de juridiction
des provinces.
Dans ce cas-ci, il y a eu plusieurs résolutions
unanimes du gouvernement, de l'Assemblée nationale. Le poste budgétaire le plus
important du Québec, c'est la santé, c'est le poste qui augmente le plus
rapidement. Le gouvernement fédéral contribuait autrefois 50 % d'un panier
plus réduit. La contribution actuelle est de 22 %. Oui, il y a eu des
transferts de points d'impôt, il y a toute une mécanique autour de ça, mais
nous exigeons une augmentation du transfert canadien en santé sans condition.
Le Président (M. Simard) :
Merci. M. le député.
M. Marissal : Oui. Bien,
je comprends que vous seriez même éventuellement prêt à tenir vos principes et
à dire : Merci, mais non merci, si d'aventure on vous disait, par exemple,
parce que ça a déjà été évoqué : Les provinces devront faire un rapport
annuel sur les dépenses en santé au fédéral ou dans un cadre pancanadien. Vous
n'accepteriez pas ça.
• (12 heures) •
M. Girard (Groulx) :
Bien, écoutez, la négociation n'est même pas amorcée. Ce qu'il est important de
comprendre, là, c'est que l'augmentation des transferts canadiens en santé, ce
n'est pas pour le gouvernement du Québec, ce n'est pas pour le cadre financier
du ministre des Finances, ce n'est pas pour le ministre des Finances, c'est
pour les Québécois. Il y a... C'est le poste budgétaire le plus important du
Québec. C'est celui qui augmente le plus vite. Nous faisons face au
vieillissement de la population. Il y a des nouveaux médicaments. Il y a des
nouvelles technologies. Il y a des pénuries de main-d'oeuvre dans le secteur de
la santé. Les besoins en santé sont réels, et la demande d'augmentation du
transfert...
12 h (version révisée)
M. Girard (Groulx) : ...plus important
du Québec. C'est celui qui augmente le plus vite. Nous faisons face au vieillissement
de la population. Il y a des nouveaux médicaments. Il y a des nouvelles technologies.
Il y a des pénuries de main-d'oeuvre dans le secteur de la santé. Les besoins
en santé sont réels. Et la demande d'augmentation du transfert canadien en
santé, c'est pour les Québécois et, puisque c'est une demande du Conseil de la fédération,
pour tous les Canadiens.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Succinctement, très rapidement, cinq secondes.
M. Marissal : Non, mais on
va...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. On va poursuivre...
Une voix
: ...
Le Président (M. Simard) :
Oui, oui, oui, bien sûr. Le député de Rosemont, il lui reste à peu près 14
minutes cet après-midi.
Alors, compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre et puis on se retrouve quelque part après les affaires courantes. À
plus tard, au salon rouge, hein, au salon rouge<, au rouge>.
(Suspension de la séance à 12 h 1)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 h 16)
Le Président (M. Polo) : À
l'ordre, s'il vous plaît! la Commission des finances publiques reprend ses
travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre le débat sur la mise à jour économique du 12 novembre 2020.
Nous poursuivons donc les échanges. Et lorsque les débats ou les discussions se
sont terminés, M. le député de Rosemont avait la parole. Vous avez
16 min 15 s qu'il vous reste, M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Vous venez de me
prendre de court, M. le Président.
Le Président (M. Polo) :
Désolé.
M. Marissal : Bien, d'abord,
bonjour, M. le Président. Je vous salue.
Le Président (M. Polo) :
Merci.
M. Marissal : C'est la
première fois que j'ai le plaisir de travailler avec vous dans votre rôle de
président... de vice-président de cette commission.
Le Président (M. Polo) : On
porte différents chapeaux, M. le député.
M. Marissal : Oui. Alors,
attendez-moi, j'arrive. On avait donc parlé, ce matin, de Loto-Québec. Je n'y
reviendrai pas.
Ce matin, le premier ministre du Canada a
dit que <nous serions parmi... >le Canada serait parmi les
premiers pays à recevoir le vaccin. Ça reste à voir mais, si c'est vrai, c'est
une bonne nouvelle parce que le plus tôt sera le mieux. Le fédéral a déjà
projeté de l'argent, pour ce faire, déjà projeté une équipe, j'ose croire que c'est
la même chose ici. Est-ce que le ministre des Finances pourrait nous dire
combien il a prévu? Parce qu'il l'a dit — puis ça, là-dessus, je ne
pourrais pas être plus d'accord avec lui, là — que la priorité, c'est
la santé, là, puis il n'y aura pas de limite à la dépense là-dessus, là,
possible. Qu'est-ce qu'il prévoit comme dépenses dans les premières… je n'ose pas
dire vagues de vaccination, mais les premières étapes de vaccination?
M. Girard (Groulx) : En fait,
merci, M. le député, pour votre question. Et simplement pour... Lorsqu'on
fait des projections économiques, on fait, bien sûr, des hypothèses, et
l'hypothèse, c'est que la majorité de la population aura été vaccinée d'ici la
fin 2021. C'est ça, l'hypothèse qui est dans la mise à jour économique.
Alors, si c'est plus vite, ce sera mieux, si c'était plus tard, ce serait moins
<bien...
M. Girard (Groulx) : …hypothèses,
et l'hypothèse, c'est que la majorité de la population aura été vaccinée d'ici
la fin 2021. C'est ça, l'hypothèse qui est dans la mise à jour économique.
Alors, si c'est plus vite, ce sera mieux, si c'était plus tard, ce serait moins
>bien. Je ne vous cache pas que, présentement…
Bien, là, je pense que je devrais m'arrêter
ici, parce que je vais prendre le même temps que vous avez posé pour répondre.
M. Marissal : …vous étiez bien
parti. Vous m'aviez l'air bien parti, en tout cas.
M. Girard (Groulx) : O.K. Non,
je voulais vous dire que, présentement, la plupart des économistes sont
positifs pour le deuxième semestre… le deuxième trimestre de 2021. Je vous
dirais que la communauté des économistes a révisé à la baisse ses prévisions
pour le quatrième trimestre de 2020 et le premier trimestre de 2021, mais tout
le monde rehausse ses projections de Q2 et Q3, étant donné des bonnes nouvelles
au niveau des vaccins. Et donc lorsqu'on fait le net des révisions à la baisse,
pour les six prochains mois, et des révisions à la hausse, au net, c'est
positif, mais c'est certain qu'il y a certitude de deuxième vague, on est dans
celle-ci, et il y a espérance positive de développement heureux à partir de Q2,
Q3, 2021.
• (15 h 20) •
M. Marissal : O.K. <Ma
question… Ça donne… >Votre réponse donne quand même un échéancier, puis
c'est utile. Ma question était peut-être plus sur le budget. S'il y a une
opération — il va y avoir une opération vaccination, là, puis il va
falloir y mettre tout le paquet, ça, je pense qu'on va s'entendre là-dessus, ce
n'est pas tout le fédéral qui va payer, j'imagine — alors, combien
vous avez provisionné pour ça, ici?
M. Girard (Groulx) : Dans la
mise à jour, il n'y a aucun montant spécifique pour cela. Le secteur de la
santé se prépare pour la vaccination, et le ministre de la Santé pourrait
certainement vous en dire plus que moi. Ils se préparent, et on ne m'a pas
demandé de sommes additionnelles pour cet exercice. Si c'était le cas, nous
utiliserions la provision que nous avons pour éventualités.
M. Marissal : On ne vous a
pas, donc, demandé spécifiquement de sommes pour l'opération vaccin?
M. Girard (Groulx) : Non,
puis, par exemple, comme le vaccin de la grippe, <qui est… >la
vaccination est en cours, il n'y a pas de somme spécifique parce que c'était
prévu à même les budgets de base. Dans ce cas-ci, est-ce qu'on présume <qu'on
a... >qu'on va utiliser les ressources existantes puis qu'il n'y a pas
besoin de fonds supplémentaires? On ne m'a pas demandé de fonds
supplémentaires. Si on me demande des fonds supplémentaires, ce sera la même
réponse que depuis le début de la crise, ce sera oui.
M. Marissal :
<O.K.…
M. Girard (Groulx) :
...présume qu'on a... qu'on va utiliser les ressources existantes puis qu'il
n'y a pas besoin de fonds supplémentaires? On ne m'a pas demandé de fonds
supplémentaires. Si on me demande des fonds supplémentaires, ce sera la même
réponse que depuis le début de la crise, ce sera oui.
M. Marissal : >O.K. Parlant
de fonds supplémentaires, là, plus généralement, sur le plan de relance, hier,
vous aviez raison de dire... En fait, je reprends. Ce matin, à propos de
l'exercice d'hier au fédéral, de la mise à jour, vous aviez raison de dire...
puis j'ai écouté votre point de presse avant de monter ici, ce matin, quand
vous étiez devant les journalistes, vous disiez qu'il y avait des choses
claires, dans le plan du fédéral, il y avait d'autres choses pas claires du
tout ou pas annoncées clairement, contrairement à vous, par exemple, le plan de
retour à l'équilibre, où il n'y avait pas encore de montants pour les
transferts de santé. De ça, on a parlé ce matin.
Mais il y avait une chose qui était dans
la mise à jour économique du fédéral, c'est une prévision, je ne sais pas si c'est
le bon mot, là, en tout cas, une idée générale, là, d'investir massivement dans
la relance post-COVID de 70 milliards à 100 milliards de dollars.
Vous, vous l'évaluez à combien, la relance post-COVID au Québec?
M. Girard (Groulx) : O.K.
D'abord, c'est comme si vous me demandiez de répondre pour la ministre. Ce n'est
pas trop clair, si le 70 à 100 milliards qui a été identifié, là... Parce
qu'on met 70 à 100 milliards puis on dit : Ça, c'est pour la relance,
puis il est trop tôt, on s'en reparle au budget. Et d'ailleurs au budget, on
aimerait bien avoir un programme national de garderie<, d'assurance
médicaments...> et un régime d'assurance médicaments national, alors...<
Et donc...>
Et l'autre chose qui, <est... >eux,
n'osent pas dire, c'est à partir de quand on pense qu'on est en récupération,
en relance. Je vous dirais que là où le gouvernement a été plus précis, le gouvernement
du Québec, c'est qu'on s'est bien avancés sur le moment où nous croyons que
nous aurons récupéré le niveau d'emploi de février, le niveau du PIB nominal de
février et le niveau du PIB réel de février précrise. Le gouvernement du Québec
a mis un point dans le temps en disant : C'est là qu'on va avoir récupéré.
Et donc à partir de ce moment, on sera dans une période moins de relance et
plus de récupération du potentiel perdu, c'est-à-dire qu'on va essayer d'aller
chercher la croissance économique qui avait été prévue au budget pour 2020 et
2021 et donc le potentiel de l'économie québécoise puis qui n'aura pas été
comblé.
M. Marissal : O.K. Donc,
vous n'arrivez pas... pour le moment, vous, vous <dites…
M. Girard (Groulx) : ...essayer
d'aller chercher la croissance
économique qui avait été prévue au
budget
pour 2020 et 2021 et donc le
potentiel de
l'économie
québécoise
puis qui n'aura pas été comblé.
M. Marissal : O.K.
Donc, vous n'arrivez pas... pour le moment, vous, vous >dites qu'on n'est
pas prêts à mettre un chiffre... un montant, en fait, je devrais dire un
montant, ici, là.
M. Girard (Groulx) : Mais le
chiffre qu'on a mis ici, c'est 1,8 milliard pour les 18 prochains
mois. Mais on est bien conscients que les six premiers mois vont beaucoup être utilisés
pour le déploiement. Et d'ailleurs, nous sommes dans la deuxième vague, alors c'est
bon d'avoir déjà déterminé ce qu'on veut faire, de le déployer, mais il va être
beaucoup plus efficace quand il y aura moins de cas, là. Ça, c'est certain que
la... On peut faire de la requalification de main-d'oeuvre, on peut stimuler
les investissements, on peut aider les secteurs stratégiques dès maintenant,
mais ce sera d'autant plus efficace que la situation sanitaire sera meilleure.
M. Marissal : O.K.
M. Girard (Groulx) : Ça fait
que, nous, c'est l'horizon 18 mois. On s'est avancés avec
1,8 milliard maintenant et, au budget, on pourrait bonifier ces sommes-là.
Puis, on pourrait d'ailleurs... il y a… je dirais que la différence, M. le
député, <entre la situation... >d'un point de vue budgétaire,
entre la situation actuelle et la situation normale, c'est que, lorsqu'on a
besoin de donner des crédits ou faire des dépenses, on y va. Qu'il y aille une
mise à jour ou un budget, si on me demande 200 millions la semaine
prochaine pour la campagne de vaccination, on va donner... on va prendre le
200 millions dans la provision, on va faire la campagne de... On n'a pas
besoin d'attendre le budget pour indiquer qu'il y aura 200 millions pour
la vaccination.
M. Marissal : O.K. Et juste
pour être bien, bien sûr, je sais que ça a été abordé ce matin, je pense, avec
le député de Robert-Baldwin, les 4 milliards, là, la somme, elle est
encore là, intacte?
M. Girard (Groulx) : Elle est
intacte parce que les revenus sont meilleurs que prévu. Parce que, ça, c'est
une des surprises de 2020, c'est que le revenu disponible des Québécois est en
hausse de 9 %, et...
Bon, je vais m'arrêter ici dans ma
réponse.
M. Marissal : O.K. Combien de
temps il me reste, M. le Président?
Le Président (M. Polo) :
6 min 14 s.
M. Marissal :
6 min 14 s, O.K. Parlons de quelque chose dont on a parlé en
Chambre, et notamment avec votre collègue de l'Économie, mais vous en avez
parlé ce matin aussi avec le collègue de Beauharnois, les programmes d'aide,
les programmes d'aide, je dirais, d'aide de survie. On n'est pas encore, malheureusement,
dans la relance, là, pour bien des entreprises. Pour y voir un peu plus clair,
là, pourriez-vous nous faire la ventilation, pas obligé d'être à la cenne près,
là, mais la ventilation des sommes qui ont été consenties, versées ou promises
et non versées encore — parce que, ça, on y reviendra — les
sommes qui sont sous forme de prêt, sous <forme de...
M. Marissal : ...la
ventilation, pas obligé d'être à la cenne près, là, mais la ventilation des
sommes qui ont été consenties, versées ou promises et non versées encore
— parce
que, ça, on y reviendra
— les sommes qui sont sous forme de
prêt, sous >forme de report et sous forme d'aide directe?
M. Girard (Groulx) : O.K., très
bien. Alors, je vais faire des chiffres ronds. L'intervention dans l'économie, à
ce moment-là, on somme les impacts budgétaires, les interventions directes et
les mesures de liquidité, 35 milliards de dollars, 8 % du PIB, O.K?,
qui correspond à 21 milliards d'interventions directes et 14 milliards
de liquidités, O.K.? Les interventions directes, le 21 milliards, c'est là
que ça devient plus comptable, on est à 12,7 milliards d'impacts budgétaires.
Et la différence entre le 21 milliards et le 12,7 milliards, ou le 13 milliards,
c'est, par exemple, lorsque... Je vais vous donner un exemple très simple, là.
Lorsqu'on dit : Nous augmentons les dépenses d'infrastructure de 3 milliards,
l'impact budgétaire n'est évidemment pas de 3 milliards. L'impact budgétaire
correspond à l'amortissement, le remboursement des emprunts, l'amortissement du
capital, et donc on peut avoir comme un impact budgétaire de 200 millions
mais une intervention directe de 3 milliards. Même chose pour les prêts :
2,5 milliards de prêts de plus de 50 000 $ accordés, ce qui
passe dans les crédits budgétaires, M. le Président, c'est la provision de
crédit. Vous faites un prêt, vous faites une provision qui dit : Bien, je
pourrais avoir des pertes sur prêt, par exemple, de 25 %, 25 % du 2,5 milliards
passent à la dépense, et l'impact est de 2,5 milliards.
Alors, je résume, 35 milliards en
tout, 8 % du PIB, composé de 21 milliards d'interventions directes,
14 milliards de liquidités. Les interventions directes se séparent en 13 milliards
de crédits budgétaires et 8 milliards d'impacts de...
M. Côté (Pierre) : D'interventions
directes.
M. Girard (Groulx) : D'interventions
directes. Merci, M. le sous-ministre.
M. Marissal : O.K. Juste pour
qu'on se comprenne bien, je sais que vous n'aimez pas le mot «subvention», là,
mais…
M. Girard (Groulx) : Non, je
n'ai rien contre le mot «subvention», moi.
M. Marissal : Ah! c'est
nouveau, ça.
M. Girard (Groulx) : Je suis
agnostique. Allez-y.
Une voix
: Un apôtre de
la subvention?
M. Girard (Groulx) : Je ne
suis pas un apôtre des subventions. Allez-y, allez-y.
• (15 h 30) •
M. Marissal : C'est très bien.
Restons dans la laïcité, alors, là. Mais, si on veut le traduire, là, en termes
de subvention, là, il y a un chèque qui est parti d'ici, là, pour faire une
image, là, pour que les gens nous...
15 h 30 (version révisée)
M. Girard (Groulx) : ...je suis
agnostique. Allez-y.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Une voix
: L'apôtre de
la subvention.
M. Girard (Groulx) : Je ne
suis pas un apôtre des subventions, mais...
M. Marissal : C'est très bien.
M. Girard (Groulx) : Allez-y.
Allez-y.
M. Marissal : Restons dans la
laïcité alors, là. Mais, si on veut le traduire, là, en termes de subvention, là,
il y a un chèque qui est parti d'ici, là. Pour faire une image, là, pour que
les gens nous comprennent, là, il y a un chèque qui est parti d'ici, là, qui
est allé, là, directement... comme on l'a fait, par exemple, avec la PCU au
fédéral, tu sais, là, c'est l'image la plus claire, là, ça part du gouvernement,
ça s'en va direct chez quelqu'un. À combien vous l'évaluez, là, les mesures
directes d'argent, là, aux petites entreprises?
M. Girard (Groulx) : Combien
du 12,7 milliards sont des subventions?
M. Marissal : Oui.
M. Girard (Groulx) : En fait,
c'est... Là, je vais être obligé de répondre un peu plus longuement que votre
question, mais, par exemple, au niveau du programme pour les loyers, là, qui a
duré... le programme de loyers du fédéral qui s'est terminé au mois d'août, le Québec
avait alloué... puisqu'on visait à payer 75 % des loyers des locataires,
le Québec payait 25 % du 100 %. Ça, c'est de l'ordre de
230 millions, O.K.?
Alors, est-ce que, ça, c'est une
subvention? Oui. Est-ce que c'est une subvention au sens que parfois on échange
au salon bleu? Pas exactement. Lorsqu'on fait un prêt pardon... Il y a eu des
prêts pardon au niveau du tourisme, au niveau de la culture, au niveau des
entreprises fermées. En zone rouge, on parle de prêts pardon de 80 %. On
pourrait, si on simplifie au sens de l'intuition économique, dire que le
80 % du prêt correspond à une subvention, O.K., mais c'est néanmoins un
prêt. Lorsque le prêt est octroyé, c'est-à-dire qu'on demande de remplir le
formulaire, de déposer des états financiers, et c'est... on octroie le prêt, et
puis c'est à l'échéance du prêt ou un an plus tard que la subvention vient.
M. Marissal : D'accord. Vous
le calculez ainsi. Très bien. Je comprends.
Le Président (M. Polo) : 20
secondes.
M. Marissal : 20 secondes,
je ne me risquerai pas à me lancer sur une autre question en profondeur. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Polo) : Merci.
Nous procédons maintenant avec les élus du côté de la banquette
gouvernementale. Député de... Richelieu, voilà.
M. Émond : De Richelieu.
Merci, M. le Président. Bienvenue, M. le Président. C'est un plaisir de siéger
sous votre gouverne. On a l'habitude, à la Commission des finances publiques,
d'être dirigé de main de maître avec un président qui fait preuve de beaucoup
de professionnalisme et d'humour, et je sais que vous serez dans la continuité,
je n'en doute pas.
J'ai envie de dire, pour faire plaisir à
ma collègue de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, que c'est avec une joie à peine
dissimulée que je prends la parole dans le cadre de ce débat sur la mise à jour
<économique...
M. Émond : ...
qui
fait preuve de beaucoup de professionnalisme et d'humour, et je sais que vous
serez dans la continuité, je n'en doute pas.
J'ai envie de dire, pour faire plaisir
à ma collègue de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, que c'est avec une joie à peine
dissimulée que je prends la parole dans le cadre de ce débat sur la mise à jour
>économique. M. le ministre, bonjour. Salutations à toute votre équipe
également. Bonjour aux collègues du gouvernement et de l'opposition.
On l'a répété, M. le Président, à de
nombreuses reprises depuis le début de la pandémie, on sait que ce qui s'est
passé, ce qui se passe toujours nous a forcés à changer notre manière de penser
le monde qui nous entoure, M. le Président, à plusieurs égards. On sait
assurément que le monde d'avant la crise sanitaire... celui d'après ne sera pas
le même, entre autres à cause de l'impact de la pandémie sur l'économie.
Ça m'amène à vous parler... Vous ne serez
pas surpris, M. le ministre, que je désire m'entretenir avec vous de formation
professionnelle. En tant qu'adjoint parlementaire au ministre de l'Éducation,
j'ai observé avec beaucoup d'intérêt... puis je suis convaincu que c'est arrivé
à tous et chacun également d'observer la réflexion qui s'est amorcée dans la
population relativement à leur emploi pendant la pandémie. On se rappelle que
beaucoup de gens ont exprimé un désir de réorienter leur carrière, que ce soit
pour des raisons économiques ou des raisons d'épanouissement professionnel. En
tout cas, M. le Président, moi, dans mon cas, dans mon entourage immédiat, j'ai
observé ce phénomène à plusieurs reprises.
Perdre un emploi à cause de la pandémie,
parfois, ça peut être l'espèce de goutte qui fait déborder le vase, quand <qu'>on
pensait déjà à explorer autre chose. Ce n'est pas quelque chose qui est
surprenant qu'on se remette en question dans une période où on peut se sentir
vulnérable ou impuissant.
Alors, toutes ces personnes, plutôt que de
rester au tapis à cause de la pandémie, ils ont exprimé la volonté de se
retrousser les manches pour essayer quelque chose de nouveau. Ils ont choisi de
voir, dans la crise sanitaire, une forme d'opportunité.
Du côté du gouvernement aussi, M. le
gouvernement, je pense que c'est comme ça qu'une certaine réflexion a pris
place. Un obstacle, c'est aussi une opportunité, un moment pour se repenser.
Puis je crois qu'il est important qu'on écoute la population et qu'on leur
ouvre des portes pour faciliter leur réorientation.
Bon, l'outil tout désigné pour ça, pour
une certaine portion de la population, bien entendu, on n'a pas eu besoin de
l'inventer, on l'avait déjà, M. le Président, il s'agit de nos centres de
formation professionnelle. Ils offrent déjà une variété de formations qui
permet à leurs étudiants, jeunes ou moins jeunes, d'acquérir des aptitudes, des
compétences, comme on dit dans le monde de la FP, qui leur permettront de
s'intégrer ou de se réorienter au marché dans un nouveau domaine rapidement.
Puis je vous parle de formation
professionnelle, M. le Président, mais vous ne m'en voudrez pas d'ouvrir une
miniparenthèse pour vous parler de mon anecdote du plombier, là. J'étais, voilà
quelques semaines, chez mon <garagiste...
M. Émond : …
ou de se
réorienter au marché dans un nouveau domaine rapidement.
Puis je vous parle de formation
professionnelle, M. le Président, mais vous ne m'en voudrez pas d'ouvrir une
miniparenthèse pour vous parler de mon anecdote du plombier, là. J'étais, voilà
quelques semaines, chez mon >garagiste pour un changement de pneus, pour
ne pas le dire, puis dans la salle d'attente, j'avais à côté de moi un jeune
homme avec qui j'ai commencé à discuter, tu sais, puis je lui demandais comment
ça va, puis il me disait qu'il était aux études. Puis il finit par me dire...
pratiquement gêné, M. le Président, de me dire qu'il étudiait en formation
professionnelle pour devenir plombier.
Puis moi, bien, écoute, tout enthousiaste,
en plein dans mon champ de compétence comme adjoint parlementaire, je le
félicitais pour plusieurs raisons en lui disant que : Écoute, c'est un
très bon choix, jamais tu ne vas manquer d'ouvrage. Je ne sais pas si vous avez
déjà essayé d'appeler un plombier récemment, M. le Président, mais ce n'est pas
si facile que ça à trouver, et que deuxièmement, il était pour gagner sa vie
très honorablement, puisque c'est quand même un métier technique où les
honoraires sont intéressants.
Bon, je ferme la parenthèse parce que
j'observe des regards de collègues dubitatifs... comment on dit?
Une voix
: Dubitatifs.
M. Émond : Oui, voilà. Alors,
je referme la parenthèse pour vous revenir à la formation professionnelle et
vous dire que l'outil de la formation professionnelle, on avait le devoir de
capitaliser sur cet outil, de trouver un moyen de le mettre en valeur. Donc,
également, il fallait prendre en compte les messages forts que la pandémie nous
a envoyés relativement à certains secteurs dans lesquels les besoins de la main-d'oeuvre
étaient les plus criants.
Avant le début de la pandémie, je ne vous
apprends rien, M. le Président, la rareté de main-d'oeuvre touchait
pratiquement tous les secteurs d'activité au Québec. Le taux de chômage était,
quoi, à 4,5 % en février 2020, un creux historique, il faut le
rappeler. Certains secteurs qui faisaient déjà face à une pénurie de main-d'oeuvre
ont été particulièrement frappés par les effets de la pandémie de la COVID-19.
Alors, ils ont fait face à une hausse marquée des services devant être offerts
pour répondre aux besoins de la population.
Puis je ne peux pas m'empêcher d'ouvrir
une autre parenthèse, M. le Président, en vous disant que sous ma propre maison
ma conjointe travaille pour une firme de… une quincaillerie connue à travers le
Québec, puis vraiment, son travail a explosé, là. On n'a qu'à se rappeler le
printemps et l'été dernier où l'ensemble des Québécois ont décidé d'assurément
prendre l'argent qu'ils avaient peut-être prévu pour s'offrir des voyages à
l'extérieur et plutôt rénover leur propre petit jardin à la maison.
Donc, M. le ministre, j'en arrive… je me
dirige doucement vers vous, on peut donc penser qu'il y avait une équation
intéressante des gens qui souhaitaient se réorienter et des domaines qui ont
besoin de main-d'oeuvre… un besoin de main-d'oeuvre particulièrement élevé.
Alors, j'aimerais ça si vous pourriez nous éclairer, M. le ministre, sur la
manière dont le gouvernement a choisi de traiter ces deux variables pour
arriver à une solution, à des investissements, dans le cas qui nous occupe,
dans les centres de formation professionnelle.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci, M.
le Président. Peut-être vous pourriez m'informer, la <longueur…
M. Émond : ...j'aimerais
ça si vous pourriez nous éclairer,
M. le ministre, sur la manière dont
le
gouvernement a choisi de traiter ces deux variables pour arriver à
une solution, à des investissements, dans le cas qui nous occupe, dans les
centres de formation professionnelle.
Le Président (M. Polo) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci,
M. le Président. Peut-être vous pourriez m'informer, la >longueur de ce
bloc.
Le Président (M. Polo) :
Il reste 17 min 30 s.
• (15 h 40) •
M. Girard (Groulx) : Et
il a donc parlé pour huit...
Le Président (M. Polo) :
À peu près sept minutes.
M. Girard (Groulx) : O.K.
J'essaie vraiment de respecter... et je vais donc tenter de répondre en sept
minutes. Très bien. Merci pour cette question. J'aime bien cadrer la discussion
pour le bénéfice de tous. Encore une fois, on a discuté souvent en Chambre — et
je regarde du coin de l'oeil le député de Robert-Baldwin — de plan de
relance, de stratégie pour la relance. Et je veux donner le schéma de la
relance.
Et donc le premier élément de la relance,
c'est la sécurité sanitaire. Les individus, les entreprises ne peuvent se
sentir en sécurité de consommer, investir, travailler, à moins que la sécurité
sanitaire soit sous contrôle. C'est donc pour cela que nous avons déployé plus
de 5 milliards de dollars depuis le début de la crise en santé et ce qu'on
appelle «renforcer le système de santé» dans les documents.
Quant à la relance comme telle... Et puis,
bien sûr, il y avait tout un volet soutien, soutien aux individus, soutien aux
entreprises, soutien aux municipalités et sociétés de transport en commun. Je
fais exception de cela et je vous amène à la relance. Trois volets.
Infrastructures. Puisque le secteur privé contribuera négativement, les
investissements privés non résidentiels en 2020 seront négatifs au Québec, le gouvernement
du Québec a pris la décision d'accélérer les infrastructures et de substituer à
la demande publique une demande privée. Donc, premier volet : accélération
des infrastructures. Et tout de suite je dois vous dire que la réponse à votre
question est dans le troisième volet.
J'arrive au deuxième volet, qui est le
développement économique, stimulation des... la transformation des entreprises.
Alors là, c'est la recherche et développement, l'innovation, la transformation
numérique, l'investissement dans les secteurs stratégiques, le développement en
région, volet Développement économique qui a été conçu avec le ministre de
l'Économie, et c'est lui qui va le déployer.
J'arrive maintenant à ma collaboration
avec le ministre du Travail, le ministre Boulet qui, depuis le début, nous
parle de <cette...
M. Girard (Groulx) : ...
avec
le ministre de l'Économie, et c'est lui qui va le déployer.
J'arrive maintenant à ma collaboration
avec le ministre du Travail, le ministre Boulet qui, depuis le début, nous
parle de >cette situation particulière où le taux de chômage du Québec,
que nous estimons, au plein-emploi, à 5 %, et je rappelle à tous qu'on a
même touché 4,8 %, je crois, en février, mais disons que le plein-emploi
au Québec, c'est 5 %, nous sommes présentement à 7,7 %, et il est
même possible que vendredi le taux de chômage monte encore. Et donc on a une
situation où il y a du chômage associé à la pandémie, notamment dans le secteur
de la restauration, du tourisme... pas logement, mais le secteur de
l'hôtellerie — merci — et les services, les gyms, les
secteurs de la culture, les loisirs, on a du chômage, et, au même moment, on a
une pénurie de main-d'oeuvre en construction, d'où votre histoire, je pense, de
plombier. Les plombiers sont rares, mais il y a divers métiers qui sont rares
sur la construction. On a une rareté de main-d'oeuvre en construction, en TI et
en santé.
Alors, au même moment qu'on a un taux de
chômage élevé, on a des pénuries de main-d'oeuvre dans trois secteurs de
l'économie qui fonctionnent à plein régime, et d'où l'importance de la
formation de la main-d'oeuvre. Et c'est pour cela que dans le tableau B.20,
où on dit : Impact financier des mesures visant à favoriser la
réintégration des Québécois sur le marché du travail, il y a : Accroître
la participation au marché du travail par la diplomation, 100 millions;
37 millions en 2020‑2021, 63 millions en 2021‑2022. De ce
100 millions, 75 millions est pour le secteur dit professionnel.
On me corrige, on me dit que c'était
4,5 %, le chômage, en février. Merci. Je suis toujours... vous savez, je
suis conservateur, hein, j'ai dit 4,8, mais en arrière de ma tête je me doutais
que c'était un peu plus bas. Merci.
75 millions en formation
professionnelle, 25 millions au collégial. Alors, nous reconnaissons que
ces métiers, ces diplômes ont une grande valeur aujourd'hui et on veut
favoriser... Puis, si je pouvais résumer un peu la philosophie, l'intuition,
parce que c'est quand même... Vous savez, on... dans le cadre de la pandémie,
là, les milliards et les millions sont alloués allègrement, là, c'est
100 millions, c'est 1 milliard, c'en est même étourdissant par
moments, là, on est là... O.K. Mais, si je pouvais donner l'intuition de ce
460 millions en requalification de la <main-d'oeuvre...
M. Girard (Groulx) : …
sont
alloués allègrement, là, c'est 100 millions, c'est 1 milliard, c'en
est même étourdissant par moments, là, on est là... O.K. Mais, si je pouvais
donner l'intuition de ce 460 millions en requalification de la >main-d'oeuvre,
c'est qu'on veut acheter des places et payer les étudiants pour s'asseoir dans
les places. Si je pouvais sursimplifier le plan de match, c'est ça qu'on veut
faire pour aider les gens à se requalifier.
M. Émond : Merci beaucoup, M.
le ministre. C'est intéressant, ce que vous dites, parce que vous avez raison,
en formation professionnelle entre autres, là, il y a une corrélation pour les
taux d'admission qui sont… qui est directement liée avec le taux de chômage. Il
faut comprendre qu'en formation professionnelle les taux d'inscription sont
anémiques, quand l'économie va bien, puisque les gens ne vont pas vers les
métiers techniques ou, en tout cas, les inscriptions sont beaucoup moins
élevées. Et puis les inscriptions explosent dès que l'économie va moins bien ou
qu'on se retrouve en période comme la crise sanitaire que nous traversons actuellement.
Puis je trouve ça très intéressant, la
mesure que M. le ministre vient de parler. En fait, on accompagne, on fait plus
qu'accompagner les gens, on les aide, on débourse des sommes pour les amener
sur les bancs d'école avec des voies, parfois, des voies «accélérées» — je
vais utiliser ce terme-là — pour que les gens puissent se requalifier
rapidement. Parce que ce n'est pas évident pour personne à tout âge de
retourner sur les bancs d'école, mais on a quand même des processus, dans le
milieu de l'éducation, qui font en sorte qu'on est en mesure d'emprunter des
voies accélérées pour leur permettre de se retrouver avec un diplôme qualifiant
rapidement, pour rapidement aller travailler et se remettre en marche personnellement,
mais remettre en marche plus globalement l'économie québécoise.
Je vais revenir, il y a des secteurs
stratégiques, hein, M. le ministre. On cible d'ailleurs certains secteurs
spécifiques dits stratégiques dans la mise à jour économique, à la page B.49, en
premier lieu, celui de la santé, pour lequel on parle de développer des
solutions régionales pour pallier à la pénurie de main-d'oeuvre, secteur de la
construction, vous l'avez dit tantôt et mentionné dans une veine similaire,
alors qu'on parle également d'adapter l'offre de formation des programmes
d'études professionnelles aux besoins régionaux. L'objectif, bien entendu...
c'est de favoriser l'intégration des personnes issues de groupes
sous-représentés, y est également énoncé. Puis le dernier secteur ciblé, c'est
celui des technologies de l'information et du cinéma, pour lequel on dit
vouloir permettre aux établissements d'enseignement de concevoir de nouveaux
projets d'apprentissage en entreprise et de favoriser l'adéquation entre les
compétences des travailleurs et celles demandées par les entreprises, une adéquation
tellement importante. Je ne vous apprends rien, ça ne sert à rien de former des
gens si, une fois arrivés sur le marché du travail, ce qu'ils ont appris n'est
pas en lien avec ce que le marché veut avoir.
Puis, comme je suis un adepte de <l'ouverture
de…
M. Émond : ...
des
travailleurs et celles demandées par les entreprises, une adéquation tellement
importante. Je ne vous apprends rien, ça ne sert à rien de former des gens si,
une fois arrivés sur le marché du travail, ce qu'ils ont appris n'est pas en
lien avec ce que le marché veut avoir.
Puis, comme je suis un adepte de >l'ouverture
de parenthèses, M. le Président, ça me rappelle une anecdote. À la fin des
années 90, alors que je travaillais... je viens d'une famille qui est issue du
domaine de l'imprimerie, bien, j'avais collaboré avec le ministère de
l'Éducation à la mise en place d'un programme de formation professionnelle. Puis
le processus est assez intéressant, si je peux dire. Littéralement, ils nous
enferment dans une pièce, environ six pédagogues, des enseignants, six
personnes issues du milieu du travail, qui connaissent très bien le secteur,
avec un tableau blanc, puis ils disent aux gens du milieu du travail :
Bon, bien, quelles sont les compétences requises? Les gens qu'on va embaucher,
ils ont besoin d'être capables de faire quoi comme compétences, comme
acquisition de compétences?
Alors là, bien entendu, les gens du milieu
du travail y vont de... Parce que je vous rappelle que le domaine de
l'imprimerie, M. le Président, c'est un domaine qui a évolué à vitesse grand V,
hein, à la fin des années 90, avec l'arrivée de l'informatique, là, mais
surtout de l'infographie, et puis les formations étaient continuellement en
changement. Donc, c'est un processus particulier mais qui fait en sorte qu'à
terme de ce processus-là on a une formation qui est vraiment calquée sur les
besoins du marché de l'emploi, puis je pense que c'est très important. Fin de
la parenthèse, M. le Président.
• (15 h 50) •
Donc, il y a, M. le ministre, un montant
de 65,1 millions de dollars sur deux ans qui est prévu pour favoriser la
formation dans ces secteurs, entre autres le cinéma, là, dont je viens de vous
parler, pour des projets d'apprentissage en entreprise, puis j'aimerais que
vous puissiez nous expliquer, pour le bénéfice des membres de la commission, la
réflexion qui a été effectuée relativement à la formation dans ces secteurs
stratégiques. Pourquoi parle-t-on d'adéquation aux besoins régionaux et aux
besoins d'entreprise ainsi que d'intégration de personnes sous-représentées?
Quelles observations sont à l'origine de ces investissements précis?
M. Girard (Groulx) : En fait,
le ministère du Travail et de la Solidarité sociale — merci — a
fait un inventaire des secteurs économiques, des métiers, de l'adéquation de la
main-d'oeuvre, et tous ces secteurs sont identifiés comme étant en pénurie de
main-d'oeuvre. Et, dans le cas du cinéma — j'aimerais bien avoir le
ministre Boulet avec nous — je soupçonne que c'est particulièrement
le secteur des effets spéciaux qui est en pénurie de main-d'oeuvre. Et là je
vais voir... les projets d'apprentissage... favoriser... O.K. Alors, ce n'est
pas précisé. On dit : L'industrie du cinéma, mais, en général, au Québec,
on a une expertise et on a des crédits <d'impôt...
M. Girard (Groulx) :
...
Et là je vais voir... les projets d'apprentissage... favoriser...
O.K. Alors, ce n'est pas précisé. On dit : L'industrie du cinéma, mais, en
général, au Québec, on a une expertise et on a des crédits >d'impôt très
compétitifs dans le domaine des effets spéciaux, et c'est donc là qu'on a une
rareté de main-d'oeuvre.
Alors, ces secteurs ont été identifiés
tout simplement parce que ce sont les secteurs où la demande de main-d'oeuvre
est supérieure à l'offre. Et je pense que le cas qui nous saute tous aux yeux,
c'est la santé.
M. Émond : Merci, M. le
ministre. Combien il me reste de temps, M. le Président?
Le Président (M. Polo) :
5 min 15 s.
M. Émond :
5 min 15 s? O.K. Parce qu'il y a deux sujets intéressants sur
lesquels je voudrais être certain d'avoir le temps de me pencher.
Parlons d'économie sociale, entre autres, parce
que depuis notre arrivée en poste, en 2018, on dit qu'on veut faire plus pour
les régions, on veut favoriser le développement économique régional. Au centre
de ce développement, M. le Président, il y a une nécessité qu'une communauté
puisse pouvoir... pourvoir — pardon — aux besoins de ses
citoyens pour qu'elle demeure attractive, si je peux dire, à leurs yeux, mais
aussi pour que le potentiel... de potentiels nouveaux citoyens voient la beauté
de la région et puissent choisir de s'y établir.
Je n'apprends rien à personne ici en
disant qu'une région qui a de la difficulté, par exemple, à offrir une gamme
complète de services en santé, c'est une région qui va avoir plus de difficultés
à attirer de nouveaux citoyens parce qu'on cherche d'abord à obtenir une
qualité de vie, quand on choisit de se relocaliser pour un nouvel emploi ou
pour développer une opportunité d'affaires. C'est quelque chose dont le gouvernement
est très conscient, de l'importance de rendre les régions attractives pour
favoriser leur développement économique, c'est pour cette raison qu'on accorde
beaucoup de valeur à l'établissement et au maintien de projets d'économie
sociale dans nos régions.
L'économie sociale joue un rôle important
dans la cohésion de nos communautés parce qu'elle leur offre des services
adaptés à leurs besoins sous la responsabilité d'entrepreneurs eux-mêmes
établis dans la région. Au Québec, on compte un peu plus de
11 000 entreprises d'économie sociale, dont le chiffre d'affaires
s'élève au total à un peu moins de 50 milliards de dollars, si je ne
m'abuse. On peut donc dire que leur implication dans les communautés ne se
limite pas seulement à une offre de services de nature sociale, mais aussi à
une participation directe à l'économie du Québec.
Ça, c'est de la musique à mes oreilles, M.
le Président. Je ne le ferai pas, parce que je sais que... mais j'aurais une
autre parenthèse à vous ouvrir, là, avec une entreprise d'économie sociale qui
fait la fierté de ma circonscription à Richelieu, mais je vous garde ça pour
une autre occasion, à votre prochaine visite, M. le Président.
Cette catégorie d'entreprises est en essor
depuis quelques années. C'est un élan qu'on souhaite appuyer en finançant
l'accompagnement technique des entreprises d'économie sociale en plus d'appuyer
des projets visant l'augmentation du bien-être de la population. Et la mise au
point budgétaire prévoit, si mes chiffres sont exacts, 15 millions de
dollars sur deux ans à cet <effet...
M. Émond : ...
C'est
un élan qu'on souhaite appuyer en finançant l'accompagnement technique des
entreprises d'économie sociale en plus d'appuyer des projets visant
l'augmentation du bien-être de la population. Et la mise au point budgétaire
prévoit, si mes chiffres sont exacts, 15 millions de dollars sur deux ans
à cet >effet.
M. le ministre, je pense qu'il serait
pertinent de nous détailler l'engagement du gouvernement et de nous expliquer
votre perception du rôle des entreprises d'économie sociale dans la relance
économique du Québec.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Combien de temps?
Le Président (M. Polo) :
2 min 30 s.
M. Girard (Groulx) : Parfait.
Vous savez, un des avantages d'avoir déposé le budget, parce que mes... certains
collègues, pas tous, de l'opposition, ont dit qu'il y avait eu plusieurs
désavantages à déposer le budget, mais un des avantages d'avoir déposé le budget,
c'est que les crédits étaient disponibles pour agir. Parce que le budget avait
une augmentation de 5 % de croissance des dépenses, et, dès que l'économie
s'est déconfinée, dès qu'il y a eu une réouverture de l'économie, en mai et
juin, les différents ministres, ministères, organismes ont pu faire des
annonces.
Et donc je vous amène à la page C.74 du budget
pour vous dire que le 15 millions en économie sociale vise simplement à
compléter le plan de l'économie sociale pour la période 2020‑2025, qui, lui,
dans le cadre du budget, avait eu 72 millions. Et donc le 15 millions
vient bonifier ce 72 millions pour utiliser l'économie sociale pour la
relance. Et c'est intéressant de relire qu'il y a 11 200 entreprises
d'économie sociale oeuvrant dans divers champs d'activité et fournissant des
emplois à plus de 220 000 personnes dans toutes les régions du Québec.
C'est ce qu'on y apprend, dans le budget.
Et d'ailleurs la ministre responsable du
Développement régional a mis en oeuvre le plan d'action en économie sociale
cette semaine. Et celui-ci, évidemment, est plus important que le
15 millions et le 72 millions, parce que le 15 millions et le
72 millions sont des bonifications à de l'argent qui était déjà prévu dans
le plan pour une économie sociale.
Le Président (M. Polo) :
...secondes, M. le député.
M. Émond : Bien, je vais
conclure avec les 10 secondes. J'aurais aimé vous parler d'action
bénévole, puisque j'aurais eu l'attention de l'ensemble des collègues, tous
partis confondus, puisque dans la présente mise à jour économique, là, tous les
collègues connaissent le Programme de soutien à l'action bénévole et qu'il est
bonifié davantage pour... dans cette mise à jour économique, ce qui est une
très bonne nouvelle.
Et je conclus en remerciant M. le ministre
<d'avoir...
M. Émond : …
l'attention
de l'ensemble des collègues, tous partis confondus, puisque dans la présente
mise à jour économique, là, tous les collègues connaissent le Programme de
soutien à l'action bénévole et qu'il est bonifié davantage pour... dans cette
mise à jour économique, ce qui est une très bonne nouvelle.
Et je conclus en remerciant M. le
ministre >d'avoir entendu l'appel des nombreux organismes communautaires
de toutes les régions du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Polo) : Merci
à vous. M. le député de René-Lévesque, la parole est à vous pour
24 min 15 s.
M. Ouellet : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour de saluer les gens de la
commission. Si vous me permettez, je vais faire juste un petit peu de rebond
sur ce que le collègue de Richelieu a dit pour le soutien à l'action bénévole.
C'est bien écrit, c'est noir sur blanc dans le budget, il y a 10 millions
supplémentaires, mais est-ce qu'on aura la confirmation de nos whips
prochainement? Parce que la grande question qu'on a : Quand est-ce que l'argent
est disponible? Est-ce qu'on doit tout vider notre SAB avant d'avoir accès à la
dernière partie? Bref, plusieurs personnes sont en attente de ces sommes-là
parce qu'il y a des organismes communautaires qui sont en attente.
Ça fait que, M. le ministre, est-ce que
vous avez une indication à nous dire qu'au-delà du fait que c'est dans le
budget, on peut déjà dire à nos groupes : Oui, l'argent est disponible,
vous pouvez déjà prendre des engagements, le chèque va venir, espérons, avant
les fêtes?
M. Girard (Groulx) : Je vous
dirais, comment ça fonctionne, il y a l'annonce dans les documents budgétaires,
et puis, après ça, il doit y avoir ce qu'on appelle un CT. Quel est le...
Une voix
: Un CT.
M. Girard (Groulx) : Mais un
CT, ça veut dire quoi, l'abréviation?
Une voix
: C'est une
demande de crédits au...
M. Girard (Groulx) : Une
demande… Je vous reviens sur le sens du c puis du t, mais… Ah! un CT, Conseil
du trésor. Il faut que ça passe au Conseil du trésor pour que la dépense soit
autorisée, voilà. CT, Conseil du trésor, excusez-moi. Alors, ça doit passer au
Conseil du trésor pour être approuvé, et ensuite les fonds sont libérés.
Et là j'ai… je sais que vous avez référé
au processus de reddition de comptes. Est-ce qu'il doit y avoir reddition de
comptes sur les fonds qui avaient été alloués avant pour obtenir les fonds
supplémentaires? Je laisse ces précisions à la personne qui fera l'annonce qui,
je crois, serait la ministre déléguée au… le soutien à l'action bénévole, c'est
la ministre déléguée à l'Éducation, je crois, qui est responsable de cela.
M. Ouellet : …à avoir des
nouvelles prochainement, M. le ministre?
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Ouellet : Parce qu'on se
fait appeler beaucoup puis on a créé beaucoup d'attentes avec ce montant
supplémentaire là, et il y a surtout beaucoup de besoins.
M. Girard (Groulx) : En fait,
je pense qu'on se revoit cette semaine, là, je vous trouve une réponse pour
plus tard cette semaine.
• (16 heures) •
M. Ouellet : Parfait. M. le
ministre, gros jeudi soir, la semaine passée, à la télévision. Mais avant de
parler du reportage de TVA, je veux vous parler du reportage d'Enquête.
Je tiens d'abord à souligner votre prestation à l'émission Enquête, parce
que j'ai reconnu à la télévision le même ministre que j'avais au bout de la
ligne pendant la pandémie. Donc, ce n'était pas «stagé», ce que vous nous avez
dit, les craintes que vous aviez, le rôle que le gouvernement devait jouer
pendant cette crise. Je peux témoigner, pour avoir jasé avec vous à quelques
reprises pendant cette pandémie, ce que j'ai vu à la télévision de l'émission Enquête
sur votre rôle et surtout, par la suite — puis on va en parler un peu
plus loin — l'impact que ça a eu sur les entreprises, je tiens quand
même à le souligner, ce n'était pas «stagé», c'était de l'humain, puis je tiens
quand même à le souligner…
16 h (version révisée)
M. Ouellet : ...le rôle
que le gouvernement devait jouer pendant cette crise, je peux témoigner, pour avoir
jasé avec vous à quelques reprises pendant cette pandémie, ce que j'ai vu à la
télévision, à l'émission Enquête sur votre rôle, et surtout, par la
suite, puis on va en parler un peu plus loin, l'impact que ça a eu sur les entreprises,
je tiens quand même à le souligner, ce n'était pas «stagé», c'était de l'humain.
Puis je tiens quand même à le souligner à M. le ministre.
M. Girard (Groulx) :
Merci. Moi, j'ai écouté Nos élus et c'était excellent aussi. Et je
souligne la présence du député de Pontiac, qui est bien impliqué dans son
comté.
M. Ouellet : Oui. Bon, alors
on fait un peu de TV Hebdo.
M. Girard
(Groulx) :
TV Hebdo.
M. Ouellet : Mais avec
les enregistreurs, ça nous permet de faire du rattrapage. Donc, j'ai pu
rattraper ce que j'ai manqué du côté de TVA.
Évidemment, M. le ministre, je veux
qu'on s'entretienne un petit peu de Loto-Québec. Les collègues en ont parlé un
petit peu au tout début, mais j'ai quand même quelques précisions à obtenir de
votre part. Bon, j'ai compris que vous vous en allez vers un audit indépendant
par une firme. Première question : Ça va coûter combien, ça? Parce que, si
ça avait été la VG qui avait fait l'enquête, ça aurait été à même les fonds
déjà administrés par la VG. Mais peux-tu nous donner un ordre de grandeur? Ce
genre d'enquête là, d'audit là… Parce que vous avez dit, ce matin...
M. Girard (Groulx) :
<Je
peux... >Écoutez, je peux vous donner l'ordre de grandeur de ce qu'a
coûté, la dernière fois que le bureau d'enquête a fait une une de son journal
avec des allégations à propos de l'AMF : j'ai dû embaucher un ancien
sous-ministre de la Justice qui, lui, a embauché une firme juricomptable qui a
fait un travail de grande qualité. Et les allégations étaient extrêmement
sérieuses, et la conclusion de l'étude est qu'elles étaient non fondées. Et
d'aucune façon je présume que c'est la conclusion que nous aurons avec la
situation du blanchiment d'argent aux casinos, ce sont aussi des allégations
très sérieuses, mais le coût, puisque vous me demandez combien ça a coûté, avoir
un expert et une firme juricomptable qui rentre à l'AMF, s'isole au niveau
informatique, a accès à tous les documents pendant quelques mois, et, si on
parle du moment où le mandat est accordé puis le rapport, trois à six mois, c'est
de l'ordre de 500 000 $.
M. Ouellet : Donc, le
mandat qu'on donne à l'auditeur est plus complexe cette fois-ci, là. Parce que,
là, vous avez demandé aussi d'aller auditer ce qui se fait ailleurs, donc il va
y avoir des déplacements, il va y avoir des rencontres. Je pense que ça va être
un petit peu plus complexe, là. Vous avez demandé un état de situation des
meilleures pratiques dans d'autres casinos, je serais tenté… que je trouve ce
chiffre-là peut-être un peu modeste, là, sans vous manquer de respect.
M. Girard (Groulx) : Non,
non, mais je ne vous ai pas fait une prédiction de ce que ça va coûter, l'appel
d'offres n'est même pas commencé. Je vous ai donné une référence, combien ça a
coûté, la dernière fois, aller au fond des choses d'allégations extrêmement
sérieuses.
M. Ouellet :
<
O.K….
M. Ouellet :
...je
serais tenté… que je trouve ce chiffre-là peut-être un peu modeste, là, sans
vous manquer de respect.
M. Girard (Groulx) :
Non, non, mais je ne vous ai pas fait une prédiction de ce que ça va coûter,
l'appel d'offres n'est même pas commencé. Je vous ai donné une référence,
combien ça a coûté, la dernière fois, aller au fond des choses d'allégations
extrêmement sérieuses.
M. Ouellet :
>O.K.
M. Girard (Groulx) : Excusez,
là, vous m'avez mélangé, excusez-moi. La question, c'est : Pourquoi…
Combien ça va coûter? Excusez-moi.
M. Ouellet : Bien, qui va
payer? Parce que, si ça avait été la VG, vous avez compris, M. le
ministre, qu'elle a déjà les fonds propres à l'intérieur de son rôle. C'est une
dépense supplémentaire.
M. Girard (Groulx) : Ah! O.K.,
O.K. Mais je tiens à dire, les firmes, les grandes firmes comptables nationales
travaillent sur le blanchiment d'argent à tous les jours. Ils ont l'expertise,
ils ont des bureaux nationaux, ils ont des gens qui ont suivi la situation des
casinos en Colombie-Britannique, il y a des gens... Si on prend une firme, ce
matin, il y en a une qui a été nommée, là, une firme comptable de grande
qualité, il y a un membre de l'opposition qui a suggéré de ne pas prendre cette
firme. Cette firme-là a des bureaux partout au pays et donc a l'expertise pour
faire l'étalonnage national, comparer les pratiques. Et aussi, il faut bien le
dire, le blanchiment d'argent, ça se passe dans les institutions financières,
ça se passe dans les concessionnaires de voitures, ça se passe dans les bureaux
de change, ça se passe dans l'ensemble de l'économie et donc c'était important
d'avoir une firme qui va pouvoir utiliser une équipe multidisciplinaire et
nationale pour faire l'éventail des meilleures pratiques.
M. Ouellet : Au-delà du fait
que ça va coûter plus cher, notre prétention était que la VG aurait pu faire le
travail, mais surtout, et j'aimerais ça vous entendre là-dessus, c'est que la
VG aurait déposé son rapport publiquement, aurait pu être convoquée en
commission parlementaire, aurait pu être entendue, notamment, à la Commission
de l'administration publique. Or, dans ce cas présent, ça ne sera pas le cas,
ça va être un rapport qui sera... puis vous me corrigerez si j'ai… dans
l'erreur, là, puis c'est pour ça que je veux avoir une discussion avec vous, dans
le fond, l'auditeur externe va remettre le rapport à Loto-Québec, avec ses
constats. Je présume, vous me corrigerez, que ce rapport-là vous sera remis, il
y aura brainstorming et, par la suite, vous annoncerez les mesures à suivre.
Est-ce que vous vous engagez, si c'est ça, dans ce cas-là, à rendre public le
rapport de l'auditeur externe? Parce que, la VG, c'est ce qu'elle aurait fait.
Elle aurait déposé le rapport : Voici ce que j'ai constaté, voici les
bonnes pratiques, voici les moins bonnes pratiques, voici mes recommandations.
Et nous, les parlementaires, nous aurions pu, effectivement, lui poser des
questions et avoir, même avec la presse parlementaire, ici, des compléments de
réponse.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Merci pour cette question. D'abord, ce n'est pas Loto-Québec qui donne le
mandat, c'est le ministère des Finances ou le <ministre...
M. Ouellet :
...
voici
les moins bonnes pratiques, voici mes recommandations. Et nous, les
parlementaires, nous aurions pu, effectivement, lui poser des questions et
avoir, même avec la presse parlementaire, ici, des compléments de réponse.
M. Girard (Groulx) :
D'accord. Merci pour cette question. D'abord, ce n'est pas Loto-Québec qui
donne le mandat, c'est le ministère des Finances ou le >ministre des
Finances. Mais un ministre n'est rien sans son ministère, là, c'est le ministère
des Finances qui fait le processus de l'appel d'offres et qui va analyser les
soumissions. Et puis, bien, on est déjà au mois de décembre, alors on peut
penser que le travail va commencer au début février et puis ça va se
poursuivre, par exemple, sur une période, disons, potentiellement, de trois
mois. Et puis là il y aura remise du rapport. Le rôle de Loto-Québec, du
conseil d'administration, de la direction sera, évidemment, d'offrir une collaboration
complète, de donner accès aux locaux, aux documents, de revoir les pratiques.
O.K., vous, votre question, c'est :
Est-ce que le rapport sera public? Alors, je m'engage à ce que le rapport soit
public. Puis en toute franchise, vous me connaissez, on se connaît, on se
parle, c'est certain qu'on ne révélera pas la façon que les individus sont
surveillés au Casino de Montréal, le nombre de caméras, etc., publiquement, là.
Alors, je m'engage à ce que le rapport soit public. Est-ce qu'il y aurait des
sections qui devront être protégées pour permettre de poursuivre la lutte au blanchiment
d'argent, aux prêts usuraires, aux mauvais comportements de toutes sortes dans
un lieu public qu'est un casino? Possiblement.
M. Ouellet : Est-ce que vous
seriez d'accord aussi pour en faire un dépôt officiel, sous toutes réserves de
paragraphes caviardés? Parce qu'ils pourraient effectivement causer préjudice à
l'enquête en cours et surtout de mettre en lumière des pratiques, de saines
pratiques qui ont été efficaces et qu'il ne faudrait pas non plus divulguer.
Mais est-ce que vous vous engageriez aussi à le déposer de façon officielle à
l'Assemblée nationale?
M. Girard (Groulx) : Écoutez,
si c'est nécessaire, c'est bénéfique... L'appel d'offres n'est même pas
commencé, O.K.?
M. Ouellet : C'est pour ça
que je vous en parle.
M. Girard (Groulx) : Là, on
est rendus à mettre...
M. Ouellet : Non, mais c'est
le temps de le mettre dans l'appel d'offres.
M. Girard (Groulx) : Là, on a
des critères...
M. Ouellet : C'est le temps
de le mettre, on est en train d'écrire ensemble l'appel d'offres.
M. Girard (Groulx) :
<...des
critères... >Alors, je prends note de votre demande. Vous m'avez demandé
quand le soutien à l'action bénévole sera libéré et vous m'avez demandé si le
rapport avec les précautions nécessaires pour protéger les mesures de sécurité
peut être déposé dans le cadre de l'Assemblée nationale.
M. Ouellet : Oui. Bien, vous
m'avez déjà dit qu'il sera rendu public.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Ouellet : Vous allez me
revenir pour...
M. Girard (Groulx) :
D'ailleurs, la dernière fois, <dans le... >je reviens au cas de
l'AMF, seul le sommaire exécutif avait été divulgué, parce que les faits
allégués étaient directement dans les processus d'enquête de l'AMF et le
rapport ne pouvait pas être divulgué <publiquement...
M. Girard (Groulx) : ...
je
reviens au cas de l'AMFV, seul le sommaire exécutif avait été divulgué, parce
que les faits allégués étaient directement dans les processus d'enquête de
l'AMF et le rapport ne pouvait pas être divulgué >publiquement. Je
rappelle que l'AMF et les employés de l'AMF ont reçu une note impeccable.
• (16 h 10) •
M. Ouellet : Mais je me
rappelle aussi la Caisse de dépôt puis le dossier d'Otéra, où est-ce qu'il y a
eu un audit, puis, effectivement, ça, ce n'était pas rose, rose non plus, là.
Ça fait que ça existe. Ce que je veux vous dire, c'est que ça existe, là.
M. Girard (Groulx) : Bien,
écoutez, je vous remercie de souligner ça. Parce que, le... je pense qu'ils
prennent le vocable «bureau», là, le bureau d'enquête, je les laisse se nommer,
là, mais ce groupe d'enquête a, dans le cas d'Otéra, visé juste, dans le cas de
l'AMF, non. Et maintenant il y a des allégations très sérieuses au niveau de
Loto-Québec, et l'enquête indépendante révélera s'il y a simplement des... si
les pratiques de Loto-Québec sont excellentes et il y a des légers aménagements
à faire ou si les pratiques de Loto-Québec ne sont pas au niveau des meilleures
pratiques dans l'industrie puis il y a des gros changements à faire. Alors, c'est
ça que l'audit indépendant externe va nous dire.
M. Ouellet : Je pense que
vous n'êtes pas le seul à avoir trouvé que le bureau d'enquête était efficace.
Son titulaire en charge est maintenant sous-ministre adjoint embauché au
ministère de l'Environnement depuis la semaine passée. Donc, la meilleure pièce
du puzzle est maintenant au sein du ministère de l'Environnement.
M. Girard (Groulx) : C'est
votre évaluation. Je n'ai pas eu l'occasion de le rencontrer. Et mon évaluation
aurait pu être influencée, dépendamment, si on parlait du premier dossier ou du
second.
M. Ouellet : Combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Polo) :
10 min 34 s.
M. Ouellet : O.K., ça va
vite. M. le ministre, le gouvernement... le «gouvernement», le premier
ministre, ce matin, à la radio d'Arcand disait que, bien, le gouvernement
fédéral, c'est grâce à lui à 80 % que la lutte à la COVID a été efficace.
C'est un peu particulier, ça veut dire que seulement 20 % du travail des
provinces a eu un effet bénéfique sur la pandémie. Je trouve ça dur sur votre
gouvernement. Mais j'aimerais peut-être vous entendre là-dessus. Parce qu'a
posteriori quand on regarde ce que M. Trudeau a dit, je partage certaines
affirmations, parce que, dans certains programmes, c'est vrai que le fédéral a
été meilleur que le Québec. Dans le cas de l'aide au loyer, lorsque c'est rendu
que l'Association des restaurateurs du Québec dit : Ne prenez pas l'argent
de Québec, allez à Ottawa, c'est plus facile, c'est moins compliqué, puis je
parle de l'aide directe, là, offerte aux <restaurateurs, ça...
M. Ouellet :
...
certaines affirmations, parce que, dans certains programmes, c'est
vrai que le fédéral a été meilleur que le Québec. Dans le cas de l'aide au
loyer, lorsque c'est rendu que l'Association des restaurateurs du Québec dit :
Ne prenez pas l'argent de Québec, allez à Ottawa, c'est plus facile, c'est
moins compliqué, puis je parle de l'aide directe, là, offerte aux >restaurateurs,
ça, c'est toute une gifle, là, qu'on a servie au gouvernement du Québec. Donc,
j'aimerais vous entendre. Est-ce que... On a vu des sommes supplémentaires, le
collègue de Rosemont parlait, tout à l'heure, il voulait obtenir les sommes qui
avaient été utilisées directement pour l'aide directe, mais, dans le cas de
l'aide directe, là, on s'entend, M. le ministre, qu'il y a des ratés, ce n'est
pas efficient encore. Et surtout… et ça a été une demande du Parti québécois, et
j'aimerais vous entendre là-dessus. Parce que, lors de l'émission Enquête…
Puis je vous ai dit, tantôt… je vous ai lancé des fleurs, vous nous avez dit
que vous aviez la préoccupation de sauver des entreprises. Vous étiez conscient
de ne pas sauver toutes les entreprises, mais vous étiez conscient que le
contexte allait amener des gens à faire des choix. Là, il y a des commerces qui
sont devant un gros choix, présentement, là. Ils sont en zone jaune ou en zone
orange. Et ils se font dire, et ça continue encore aux nouvelles : Si vous
voulez avoir un Noël, restez chez vous, vous allez être obligés de faire une
quarantaine, faites des achats le moins possible sur place. Donc, on a des
commerces, des commerçants qui, même s'ils sont en zone rouge... en zone jaune,
pardon, ou en zone orange, n'ont pas la même clientèle et surtout n'ont pas
accès à des programmes d'aide directe comme ceux qui en ont besoin pour la zone
rouge.
Alors, la réflexion que je veux avoir avec
vous, une fois que le gouvernement fédéral nous dit : C'est grâce à nous,
si on a réussi à aider la crise à 80 %, on a des acteurs sur le terrain
qui nous disent : Oui, effectivement, les programmes au fédéral sont mieux
que le programme du Québec, je vous tends la main, là, est-ce que le Québec pourrait
faire mieux, notamment, avec son aide directe d'urgence aux entreprises, pas
juste en zone rouge, mais en zone jaune puis en zone orange, considérant que le
message de la santé publique qu'on martèle à tous les jours, c'est :
Faites attention, faites vos précautions, ne faites par exprès pour sortir puis
minimisez vos déplacements? Alors, ces personnes-là, ces commerçants-là, ces
restaurateurs-là, ces bars-là ont moins de monde mais n'ont pas accès à une
contrepartie pour leur donner un coup de main pour passer au travers la crise
alors que la zone rouge, qui est totalement une autre situation, mais qui est
quand même difficile, ils ont quand même accès à de l'aide directe, ce qu'on a
appelé dans votre jargon, à des prêts pardonnables.
Le Président (M. Polo) :
M. le ministre, 7 min 30 s.
M. Girard (Groulx) :
7 min 30 s sur la question?
M. Ouellet : Non, non, j'ai
pris trois minutes. Wo!
M. Girard (Groulx) :
Parce qu'il y avait vraiment plusieurs éléments dans votre question. C'était
bien le premier ministre du Canada, là, qui affirmait ça à Arcand, ce matin?
M. Ouellet : Oui.
M. Girard (Groulx) : Parce
que je ne vous cache pas que je ne l'ai pas écouté. Puis je n'ai pas plus que
ça dans mon commentaire, là, je ne l'ai pas écouté.
L'aide du fédéral, je la qualifierais
d'excellente à deux niveaux. La Subvention salariale d'urgence du Canada — d'ailleurs
hier, bonne nouvelle, on était passés de 75 % à 65 % dans la deuxième
vague<, hier> — on reconnaît que la deuxième vague est
plus difficile, pratiquement, que la première, on revient à 75 %,
85 milliards, grosso modo, pour la Subvention salariale <d'urgence...
M. Girard (Groulx) : …
du
Canada — d'ailleurs hier, bonne nouvelle, on était passés de
75 % à 65 % dans la deuxième vague, hier — on reconnaît que
la deuxième vague est plus difficile, pratiquement, que la première, on revient
à 75 %, 85 milliards, grosso modo, pour la Subvention salariale >d'urgence.
Excellent programme. Je peux vous dire combien d'entreprises, combien
d'employés en ont bénéficié au Québec. Excellent programme. La Prestation
canadienne d'urgence, extrêmement généreuse, à un point tel que le revenu
disponible des Québécois, dans la pire récession depuis la Deuxième Guerre
mondiale, est en hausse de 9 %, aussi de l'ordre de 85 milliards. C'est
donc 170 milliards qui sont allés à deux programmes extrêmement
pertinents. Puis la Prestation canadienne d'urgence, là, oui, il y avait des
effets secondaires négatifs, le désincitatif au travail où il y a des gens, par
exemple, dans le secteur de la restauration, qui ne voulaient pas travailler
plus de 1 000 $ par mois, parce que c'est ça qu'il fallait faire, que
tu t'arrêtes là pour recevoir ton 2 500 $ de PCU. Ces deux programmes
là étaient fondamentalement bons, correspondent à 170 milliards.
Lorsque le fédéral dit : On a pris
80 % des coûts, il somme toutes les dépenses du fédéral, toutes les
dépenses des provinces. Puis je dois vous dire que le pourcentage est plus
élevé pour le Québec. La part du Québec est plus élevée dans le pourcentage que
la moyenne canadienne pour la simple et bonne raison que le Québec a son propre
rapport d'impôt et que le Québec a fait 14 milliards de reports d'impôt
que les autres provinces n'ont pas eu à faire, toutes proportions gardées, parce
que c'est le gouvernement fédéral qui a assumé le poids des reports d'impôt. Alors
que le Québec, pour prêter 14 milliards, pour injecter 14 milliards de
liquidités, dans le pire de la crise, parce que les reports d'impôt, là, c'est
la mesure de liquidités la plus rapide qu'on a mise en place… j'appelais
Morneau à tous les jours pour faire ça. Il n'était pas certain qu'il voulait le
faire, j'étais certain qu'on devait le faire, 14 milliards de liquidités
immédiates, les paiements de TVQ étaient dus, rapidement, eh bien, parce que le
Québec a dû faire ça, emprunter 14 milliards, intervenir, on a fait plus,
toutes proportions gardées, c'est indéniable, que les autres provinces. Donc,
le commentaire du premier ministre du Canada est juste en moyenne. O.K.? Ça, c'est
le premier point.
L'aide du Québec, vous avez dit :
L'Association des restaurateurs dit : Prenez l'argent du fédéral, prenez
pas le Québec. Voici le conseil que je donnerais à tous : Prenez les deux,
c'est complémentaire, prenez l'argent du fédéral et prenez l'argent du Québec,
l'argent du Québec est complémentaire, et <vous aurez… >vous avez
jusqu'à 75 000 $ au fédéral et jusqu'à 15 000 $ au Québec,
et il n'y a aucune raison pourquoi vous ne devriez pas prendre les <deux…
M. Girard (Groulx) : ...
prenez
l'argent du fédéral et prenez l'argent du Québec, l'argent du Québec est complémentaire,
et vous aurez… vous avez jusqu'à 75 000 $ au fédéral et jusqu'à
15 000 $ au Québec, et il n'y a aucune raison pourquoi vous ne
devriez pas prendre les >deux.
M. Ouellet : Je ne suis pas d'accord
avec vous. Quand on prend l'argent du Québec, on demande des cautionnements, ça
prend des audits vérifiés, dans certains cas, ça prend, après ça, peut-être des
garanties supplémentaires. Ce n'est pas ça, avec le compte d'urgence, pantoute,
le...
M. Girard (Groulx) : Mais je ne
parle pas du compte d'urgence, là, je parle de la subvention au loyer.
M. Ouellet : La subvention au
loyer.
M. Girard (Groulx) : O.K. Le
compte d'urgence, ça, c'est autre chose.
M. Ouellet : O.K., mais c'est
de l'aide directe, là, c'est de l'aide directe à l'entreprise. Tu <avais…
>empruntais 40 000 $, puis, si tu es capable de le rembourser
à compter de l'année prochaine, jusqu'en 2022...
M. Girard (Groulx) :
...seulement 30 000.
M. Ouellet : Seulement 30 000,
c'est ça.
M. Girard (Groulx) : Tu as une
subvention de 10 000. Et ça a été bonifié, c'est maintenant 75 000,
je crois.
• (16 h 20) •
M. Ouellet : Oui. Là, dans
l'aide directe du gouvernement du Québec, il faut faire une demande. Dans
certains cas, ça prend un cautionnement, dans certains cas, on prend des
garanties, puis, dans certains cas, on demande des audits vérifiés qui peuvent
coûter jusqu'à 2 000, 2 500. Donc, quand je dis que l'ARQ dit à ses
membres : Prenez le fédéral plutôt que le Québec, c'est parce qu'il y a un
coût à prendre celle du Québec, puis il y a de la paperasse, puis c'est
complexe, ça fait que perdez pas votre temps, votre temps, il est précieux,
vous essayez de vous sauver les fesses pendant cette crise, allez au plus
rapide, au plus efficient, c'est celui du Canada, et dites non même à l'argent
du Québec, parce qu'il est coûteux, compliqué, puis on n'est pas certains que
vous allez être capables de passer au travers quand vous allez avoir l'argent.
M. Girard (Groulx) : O.K. C'est
deux approches, O.K.? Le fédéral envoie de l'argent massivement et dit :
On va s'arranger plus tard. Par exemple, la PCU, il y a un paquet de personnes
qui l'ont reçue qui n'étaient pas éligibles, il y en a qui l'ont reçue deux
fois. Et là, l'Agence du revenu du Canada, bien là, se prépare et, bien, il y a
des gens qui vont... qui l'ont reçue qui n'étaient pas éligibles et puis il y
en a d'autres... tous les autres doivent aussi réaliser que c'est imposable, et
il y aura... Le gouvernement fédéral, je dirais, a généreusement déployé beaucoup
d'argent. Le Québec a décidé d'avoir une approche plus ciblée, efficiente, O.K.?
Chaque dollar qui a été dépensé dans la première vague a été analysé par le président
du Conseil du trésor, qui est maintenant ministre de la Santé, et le ministre
des Finances pour s'assurer que les fonds publics sont bien utilisés, O.K.? C'est
extrêmement important.
Et lorsque vous dites qu'on demande des
cautionnements, d'abord, il y avait un problème, c'est <que...
M. Girard (Groulx) : ...
trésor,
qui est maintenant ministre de la Santé, et le ministre des Finances pour
s'assurer que les fonds publics sont bien utilisés, O.K.? C'est extrêmement
important.
Et lorsque vous dites qu'on demande des
cautionnements, d'abord, il y avait un problème, c'est >que le
formulaire n'était pas identique dans toutes les régions. Ça a été corrigé. Le
formulaire demande des états financiers, et ma compréhension, puis ça, on est
dans le domaine du ministre de l'Économie, mais ma compréhension, c'est que, si
vous n'avez pas d'états financiers, bien là, on est prêts à vous octroyer des
fonds, mais c'est possible qu'on demande des cautionnements, effectivement.
Le Président (M. Polo) : Il
reste 30 secondes, M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : ...que c'est un
effort supplémentaire demandé, financièrement, à des entreprises qui sont à la
gorge, financièrement?
M. Girard (Groulx) :
<Je
pense que... >O.K. Je pense que, si on vous prête 100 000 $,
puis qu'il y a 80 000 $ qui est pardonnable, par exemple, de remplir
un formulaire de quatre pages...
Le Président (M. Polo) : En
conclusion, M. le ministre, parce que le temps est...
M. Girard (Groulx) : ...et de
fournir vos états financiers les plus récents, ce n'est pas trop demander.
Le Président (M. Polo) : Merci
beaucoup.
Avant de procéder avec la députée de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré, M. le ministre, je vais proposer une petite
pause santé, si vous le permettez, et puis, comme ça, tout le monde sera plus à
même de poursuivre les discussions par la suite. Merci. Une pause.
(Suspension de la séance à 16 h 22)
16 h 30 (version révisée)
(Reprise à 16 h 33)
Le Président (M. Polo) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, nous reprenons nos discussions. Et la parole
est à la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré pour un temps de parole de
24 min 50 s. Voilà.
Mme Foster : Merci beaucoup, M.
le Président. À mon tour de saluer les collègues, le ministre avec toute son
équipe, également les collègues de la banquette <gouvernementale, et
les...
Le Président (M. Polo) : …
à
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, nous reprenons nos discussions. Et la parole
est à la
députée de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré pour un
temps
de parole de 24 min 50 s. Voilà.
Mme Foster :
Merci
beaucoup,
M. le Président.
À mon tour de saluer les collègues, le
ministre avec toute son équipe, également les collègues de la banquette >gouvernementale,
et les collègues des oppositions également.
Aujourd'hui, je vais vous entretenir sur
un sujet qui, ma foi, est d'actualité, je pense que le ministre pourra en
convenir, c'est-à-dire la santé. Donc, je pense que cette année s'est faite,
sans aucun doute, sous le signe de la santé avec cette pandémie qu'est la
COVID. Je voudrai aborder certains sujets avec le ministre en ce qui concerne
la santé, entre autres la santé mentale, qui est un sujet qui me tient à coeur,
également l'approvisionnement en matériel. Aussi, je vais vouloir aborder un
peu une comparaison avec l'Ontario. Mais, d'abord et avant tout, là, je vais
passer en revue un peu le financement global pour la santé, là. Je veux qu'on
en discute avant de passer aux autres sujets.
Si on se réfère à la page D.34 de la
mise à jour économique, on voit que c'est le ministère de la Santé et des
Services sociaux qui a subi la plus grande variation, tant au niveau de
l'augmentation des dépenses en soi par pourcentage de portefeuille, 16,6 %
cette année, tant qu'en dollar absolu, donc un 52,5 milliards. Ce n'est
pas tant surprenant, comme je le disais d'entrée de jeu, vu le contexte actuel
de la pandémie et le fait que, bon an, mal an, bien, la proportion du budget
dédié à la santé, c'est d'environ 40 %.
À titre de comparatif, les dépenses
prévues pour la santé et les services sociaux étaient de 47,8 milliards
pour cette année. La croissance qui était prévue dans le budget, pour mars,
pour 2020‑2021, c'était de 5,3 % par rapport à 2019. C'est donc dire
que la pandémie en soi, là, elle aura causé une augmentation de 11,3 %
pour ce qui était… par rapport, là, à ce qui était budgété initialement.
Or, les prévisions du ministère des
Finances seront à la baisse pour l'année fiscale suivante. Il y aura une
diminution des dépenses de 3,5 milliards estimés 2021‑2022, ce qui
équivaut à une chute d'environ 5 % en variation, là, par rapport à cette
année. À première vue, bon, ça peut sembler logique, parce que les effets de la
première vague de la pandémie devront normalement s'être, comment on pourrait
dire, essoufflés, et on aura moins besoin de budgéter des dépenses
additionnelles imprévues en santé, mais tout ça dépendra, bien sûr, comme on le
disait dans des discussions précédentes, tout à l'heure, de l'arrivée du
vaccin, du moment, et tout ça.
D'ailleurs, pour faire face à ces
contraintes-là, inattendues, qui nécessiteraient du décaissement en santé, vous
avez inclus… le ministre a inclus des provisions dans le cadre financier. Donc,
ces sommes-là seraient exclusivement réservées à l'éventualité où des dépenses
amèneraient des pressions additionnelles en raison du contexte incertain de la
pandémie. Celles-ci atteignent 4 milliards pour l'année fiscale actuelle,
3 milliards en 2021‑2022, et 1 milliard en 2022‑2023. Donc, on voit
que ça va en décroissant.
Je crois que tout le monde serait d'accord
<pour dire que…
Mme Foster : ...à l'éventualité
où des dépenses amèneraient des pressions additionnelles en raison du contexte
incertain de la pandémie. Celles-ci atteignent 4
milliards pour
l'année fiscale actuelle, 3
milliards en
2021‑2022, et 1
milliard
en 2022‑2023. Donc, on voit que ça va en décroissant.
Je crois que tout le monde serait
d'accord >pour dire que ces réserves-là sont nécessaires pour démontrer
de la prudence dans notre confiance à revenir rapidement à la normale. Nous
aurons l'occasion d'y revenir quand même un peu plus tard. Pourtant, pour
l'année financière 2022‑2023, le ministère de la Santé estime qu'une
croissance de 4,1 % serait attendue, faisant en sorte que les dépenses du
réseau de la santé et des services sociaux atteindront aux alentours de
52 milliards. Les prévisions démontrent ainsi que, dans deux ans, on va
avoir atteint les dépenses probables qui auront été engendrées dans l'année
catastrophique 2020.
On sait que c'est difficile de déterminer
avec certitude l'évolution de la pandémie et les répercussions de la crise
sanitaire sur l'activité économique, bien sûr. Le scénario de prévisions
envisagé repose sur deux hypothèses de base, donc, premièrement, la possibilité
que d'autres vagues de propagation du virus viennent freiner temporairement la
reprise économique d'ici la fin de 2021 — on ne le souhaite pas — en
second lieu, que nous ne prévoyons pas une fermeture généralisée de l'économie
comme celle que nous avons eue au printemps dernier. Si jamais nous devions
reconfiner au complet, les mesures sanitaires qui seront mises en place
seraient moins restrictives, là, en ciblant des secteurs précis de l'économie.
Mais, bon, ça, c'est une autre donnée. C'est des hypothèses de base avec
lesquelles on travaille, mais c'est des données dont, bon, on n'a pas les
réponses finales et qui dépendent de l'évolution de la pandémie.
Malgré ce haut niveau d'incertitude, ce
n'est pas peu dire, le ministre a la lourde tâche d'essayer de prévoir, du
mieux qu'on peut, la situation financière du Québec, sachant que les dépenses
en santé, avant l'utilisation de la réserve additionnelle, sont projetées,
comme je le disais, à 52,5 milliards cette année, et que ce montant-là
sera très similaire dans deux ans, malgré la résorption anticipée des effets de
la pandémie d'ici là.
J'aimerais demander au ministre quelle est
sa lecture des besoins budgétaires en santé à la fin du cycle prévisionnel
actuel, soit en 2022‑2023, par rapport au plan avant la pandémie de COVID-19.
Autrement dit, de combien dépassent les besoins en santé anticipés, deux ans
après la fin de la première vague, en comparaison à la croissance normale
projetée par le ministère?
M. Girard (Groulx) :
C'est une question extrêmement importante, et je la résumerais ainsi : <C'est
quelle... >Puisqu'on dépense 5 milliards de plus cette année en
santé, quelle portion de ce 5 milliards-là sera récurrente dans le temps?
Parce que, oui, on embauche du personnel, on paie des primes, on a des
équipements, on a des tests, on aura des vaccins, etc. Je vous dirais <qu'à
ce stade-ci...
M. Girard (Groulx) : ...
de
ce 5 milliards-là sera récurrent dans le temps? Parce que, oui, on
embauche du personnel, on paie des primes, on a des équipements, on a des
tests, on aura des vaccins, etc. Je vous dirais >qu'à ce stade-ci... Et
là je fais exception des négociations qui sont en cours avec le secteur public.
Alors, je vais faire exception des primes, parce que <est-ce que >certaines
des primes qui sont, de toute évidence, temporaires, liées à la COVID, est-ce
qu'elles seront imbriquées dans des aménagements salariaux, tout ça? Je ne me
mêle pas de la négociation pour dire ce qui est dit à la page D.35, qui
est, essentiellement, que notre offre correspond à un total de 8,2 % et
que l'inflation sera de 4,6 % sur les trois années.
• (16 h 40) •
À ce stade-ci, dans le 5 milliards...
Là, je vais vous donner le chiffre exact, là. Excusez-moi. Dans le, c'est bien
ça, 5 milliards additionnels qui est dépensé en santé, quelle portion est
récurrente? La réponse, c'est les 10 000 préposés aux bénéficiaires
que nous visons embaucher. Et là, vous le savez, il y a eu des premiers cycles,
il y en a qui abandonnent, mais c'est un objectif du gouvernement d'avoir
10 000 préposés aux bénéficiaires à temps plein de plus dans le
secteur des soins de longue durée. Et la formation de ces
10 000 personnes là, ça, c'est temporaire, mais la rémunération de
ces 10 000 employés, ça, c'est permanent. Et le montant exact associé
à ça, c'est 400 millions de dollars annuellement. Alors, ça, c'est ce qui
est récurrent à ce stade-ci dans le 5 milliards. Mais, encore une fois, je
fais exception de la négociation parce que, par exemple, des primes qui ont été
accordées à tel corps de métier, où se terminera la négociation, puis etc., ça,
c'est un autre sujet.
Mme Foster : Maintenant,
puisque le temps file vite... Il me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Polo) :
16 min 30 s.
Mme Foster : Parfait. Je
voudrais vous amener sur le terrain, M. le ministre, de l'Ontario. En Ontario,
il n'y avait aucun budget qui avait été déposé depuis celui d'avril 2019, au
printemps, lors de la première vague, là, de la COVID 2019. Ils ont plutôt opté
pour une mise à jour économique. La province a formellement déposé un premier
budget tenant compte de l'ampleur de la pandémie le 5 novembre dernier. Le
secteur de la santé se voit attribuer 64,6 milliards en 2020‑2021, plus
une somme ponctuelle, là, de 3 milliards destinée au fonds d'une durée
limitée pour soutenir l'intervention du système dans la lutte contre la
pandémie. Ça équivaut, ensemble, à 38,7 % <des charges de...
Mme Foster : ...
la
santé se voit attribuer 64,6 milliards en 2020‑2021, plus une somme
ponctuelle, là, de 3 milliards destinée au fonds d'une durée limitée pour
soutenir l'intervention du système dans la lutte contre la pandémie. Ça
équivaut, ensemble, à 38,7 % >des charges de programmes sur un
budget de 174 milliards, là, il faut le dire, excluant l'intérêt sur la
dette. L'Ontario s'est aussi doté d'un fonds de prévoyance à hauteur de 5,3 milliards
cette année, 4 milliards l'an prochain, 2 milliards en 2022‑2023.
Si on compare ce financement-là avec le
Québec, les dépenses combinées des portefeuilles, 119,5 milliards en 2020‑2021,
toujours en excluant le service de la dette, donc les dépenses en santé pour
notre province, là, cette année accapareront donc 44 % des dépenses totales
des ministères, ça voudrait donc dire que le Québec va dédier, au bas mot, là,
plus de cinq points de pourcentage additionnels de son budget des dépenses, donc
38,7 % en Ontario, 44 % au Québec, que son voisin provincial. Comme
je l'ai mentionné, pour les fins de ce calcul, on n'a pas additionné les
dépenses des cagnottes mises de côté de manière préventive, là, donc, le fonds
de prévoyance ontarien et la provision pour risque économique ici, au Québec.
La question serait donc celle-ci, que
j'adresse au ministre : Qu'est-ce qui explique la plus grande part de
notre budget, là, toutes proportions gardées, liée aux dépenses en santé, par
opposition à l'Ontario? Est-ce que ça explique également pourquoi on demande au
gouvernement fédéral de mieux financer les dépenses en santé?
M. Girard (Groulx) : Bien,
d'abord, je vous dirais que l'Ontario est totalement solidaire de la demande du
Québec. La demande d'augmenter les transferts en santé, c'est une demande
historique du Québec. Cette demande-là est dans tous les budgets. Elle était
dans les budgets du député de Robert-Baldwin; elle était sûrement dans les
budgets de... je ne me rappelle pas de son comté, mais de Nicolas Marceau, et
ce sont des demandes historiques.
Ce qui est nouveau, c'est que le Conseil
de la fédérationen a fait sa demande numéro un, une augmentation du transfert
canadien en santé. Et, historiquement, le Québec demandait de revenir à
25 %, et c'est en discutant avec l'ensemble des premiers ministres et en
constatant l'impact de la pandémie sur le réseau de la santé que les demandes
ont été révisées à la hausse pour convenir à l'ensemble des besoins. Parce
qu'il faut bien dire que les petites provinces n'apprécient pas autant le
transfert canadien en santé que les grandes provinces parce que celui-ci est
alloué <per capita et que les...
M. Girard (Groulx) : …
pour
convenir à l'ensemble des besoins. Parce qu'il faut bien dire que les petites
provinces n'apprécient pas autant le transfert canadien en santé que les
grandes provinces parce que celui-ci est alloué >per capita et que les
petites provinces qui ont moins d'habitants ont néanmoins un réseau de la santé
étendu avec, eux aussi, des soins de longue durée puis des urgences, et etc.
Alors, pour combler, puisque c'est un consensus de tous les ministres... des
premiers ministres des provinces et des territoires, la demande a été révisée à
la hausse, à 35 %, et on a toute une documentation en arrière de cela qui
retourne aux années 1970, où le gouvernement fédéral assumait 50 %.
Votre question : Pourquoi le Québec
dépense plus, toutes proportions gardées, que l'Ontario dans la santé? J'avoue
que je ne suis pas un expert, et je vous remercie de soulever le point.
J'émettrais l'hypothèse que la population québécoise est légèrement plus âgée
que la population ontarienne. Le Québec est à l'avant-plan de la démographie en
Amérique du Nord, avec certaines provinces maritimes. Et donc un des facteurs
qui déterminent l'augmentation des coûts de la santé, oui, il y a les nouvelles
technologies, oui, il y a les nouveaux médicaments, il y a aussi les besoins de
personnel, les besoins d'investissement en infrastructures, mais, certainement,
les demandes per capita en santé augmentent avec l'âge moyen. Et d'ailleurs il
y a toutes sortes de théories, là, que x pour cent des dollars qui sont
dépensés en santé par individu sont dans les dernières années de vie d'une
personne, etc. Alors, j'émettrais l'hypothèse que c'est parce que la population
du Québec est légèrement plus âgée que la population de l'Ontario.
Mme Foster : C'est clair que
le budget de la santé accapare une grosse, grosse part. Ça, c'est certain.
Qu'on se compare ou pas avec les autres provinces, je pense que c'est assez
clair que la population plus âgée au Québec, ça y joue pour beaucoup.
D'ailleurs, ça me mène à revenir aux
provisions additionnelles de 4 milliards, dont on discutait tout à l'heure,
pour cette année, là. J'aimerais savoir l'avis du ministre, là. Quelles sont
les chances qu'on doive piger dans cette réserve-là dans l'éventualité,
exemple, où l'achat de vaccins s'avérerait plus onéreux que prévu? Parce que,
là, on en a discuté tantôt, le vaccin s'en vient. On ne sait pas exactement
combien on va en recevoir, quand, et tout ça. Mais, bon, ça, ce serait ma
première question.
Puis, en second lieu, si, par chance, ce
montant quand même très important était inutilisé, est-ce qu'il serait
entièrement dédié au portefeuille de la santé pour l'année suivante ou est-ce
qu'il serait plutôt redistribué vers d'autres programmes? Le solde budgétaire, <autrement
dit…
Mme Foster : ...bon, ça, ce
serait ma première question.
Puis, en second lieu, si, par chance,
ce montant
quand même très important était inutilisé,
est-ce
qu'il serait entièrement dédié au portefeuille de la santé pour l'année
suivante ou est-ce qu'il serait plutôt redistribué vers d'autres programmes? Le
solde budgétaire, >autrement dit, est-ce qu'il pourrait revenir positif
si d'aventure on ne touchait pas un sou, exemple, de ces provisions-là après utilisation
de la réserve de stabilisation?
M. Girard (Groulx) : Bon. D'abord,
je dois souligner qu'il y a plusieurs employés du ministère, qui sont ici, de
grande qualité. Et, pendant que vous posiez votre question, un de ceux-ci m'a
écrit pour me rappeler que le Québec a un régime québécois d'assurance
médicaments et que l'Ontario ne l'a pas, et que ça explique aussi la proportion
du budget en santé plus importante pour le Québec. Alors, merci aux gens qui
sont avec nous.
La provision est là pour être utilisée, la
provision est là pour aider. S'il y a des besoins en santé, en éducation, au
niveau des entreprises, des individus, nous utiliserons la provision. Si nous
jugeons que nous avons besoin de fonds supplémentaires pour la relance, nous
utiliserons la provision. Je m'arrête là.
Mme Foster : C'est bon. C'est
très clair, M. le ministre. M. le Président, combien de temps me reste-t-il?
Le Président (M. Polo) :
8 min 25 s.
• (16 h 50) •
Mme Foster : Parfait. Il y a
un thème que je tiens absolument à aborder, c'est celui de la santé mentale.
C'est un sujet dont on a beaucoup, beaucoup entendu parler dernièrement, tout
ce qui touche à la santé mentale, l'aide psychosociale, et je fais une légère
parenthèse en remerciant tous les gens qui oeuvrent en santé mentale, nos
travailleurs de la santé dans ce domaine-là. Bien sûr, on salue l'ensemble de
notre réseau de santé, là, qui déploie des efforts incroyables. En santé
mentale, c'est un domaine qui est particulier. Et on sait que c'est, au Québec,
là, 12 % de la population qui présente des troubles mentaux, là. Ça
représente plus de 1 million de personnes, ça fait que c'est quand même un
enjeu qui est vraiment important.
Je pense que la pandémie, c'est assez
clair, et d'ailleurs on le vit, là, tous les députés, dans nos bureaux de
circonscription, là, <la pandémie >a des effets. Il y a une
augmentation de la détresse, il y a une augmentation, je dirais aussi...
détresse, mais aussi colère, agressivité. Ce n'est pas toujours évident. Alors,
c'est clair que la pandémie ne crée pas des conditions très favorables à la
santé mentale.
Je vais faire d'abord un retour sur ce qui
avait été initialement annoncé en mars dernier dans le budget. On disait à ce
moment-là qu'on souhaitait poursuivre les efforts, bien sûr, en mettant en
place une offre de services de proximité qui était adaptée aux multiples
clientèles, en rehaussant les services spécialisés pour les jeunes, également,
qui ont un premier épisode psychotique. Pour ce faire, on prévoyait
261 millions de dollars d'ici 2024‑2025 afin d'accroître les initiatives <en
santé mentale. 69...
Mme Foster : ...
multiples
clientèles, en rehaussant les services spécialisés pour les jeunes, également,
qui ont un premier épisode psychotique. Pour ce faire, on prévoyait
261 millions de dollars d'ici 2024‑2025 afin d'accroître les initiatives
>en santé mentale. 69 millions en 2020‑2021 étaient distribués, là,
pour cette année.
Puis, à la suite du décret de l'état
d'urgence du 13 mars, le gouvernement a rapidement ciblé des actions pour
s'assurer de répondre aux nouveaux besoins psychosociaux qui étaient anticipés
par la pandémie... par la population. On le sait, je le disais tout à l'heure,
le confinement, la pandémie, ça a créé des effets, et ça a conduit, clairement,
à une hausse de la détresse psychologique. C'est pour quoi, le gouvernement, nous
avions décidé, au printemps, là, de bonifier l'aide psychologique avec une
somme de 31 millions, là, ce qui entrait dans la catégorie financière des
autres mesures de soutien en santé et services sociaux.
Dans cette catégorie, on retrouvait aussi
le soutien aux organismes communautaires, qui font un travail vraiment
exceptionnel également. Je tiens à les saluer. On avait mis 20 millions. Il
y avait de l'aide aux femmes victimes de violence conjugale, 2,5 millions.
Et encore, il y avait un demi-million de dollars en soutien additionnel pour
Tel-Jeunes également, qui est un service qui rend fier service, c'est le cas de
le dire, à des jeunes. Entre-temps, bien, on a investi également
30 millions pour des projets de prévention en santé mentale,
25 millions pour rehausser les heures travaillées du personnel qui offre
des services en santé mentale pour les jeunes, les jeunes adultes, leur famille
et leurs proches, 17 millions pour soutenir les organismes communautaires
en santé mentale, là, pour qu'ils puissent rehausser leurs services auprès de
la population.
Je veux en venir, tout juste après, aux investissements
qui ont été annoncés ce mois-ci, là, mais, premièrement, j'aurais une petite question
pour le ministre. En vous tenant uniquement, là, aux annonces qui avaient été
faites lors de la première vague puis au bilan qui avait été dressé en juin
dernier sur le portrait, sur la situation économique et financière, est-ce que
le ministre pourrait nous décrire, comment on pourrait dire, avec quelle
agilité le gouvernement disposait déjà des fonds nécessaires pour pallier aux situations
de détresse psychologique?
M. Girard (Groulx) : Écoutez,
la santé mentale, c'est évidemment extrêmement important, et la pandémie est évidemment
un épisode extrêmement difficile. Et on a beaucoup parlé du délestage des
services physiques, mais c'est certain que la santé physique, on en a beaucoup
parlé durant la première vague. Je pense qu'on a tous pris conscience de
l'importance de la santé mentale dans le cadre de la deuxième vague.
Et, vous savez, là, mon collègue de
René-Lévesque parlait de l'émission Enquête, où le... Je pense <qu'on
peut dire, là, que le...
M. Girard (Groulx) : ...
l'importance de la
santé mentale dans le cadre de la deuxième vague.
Et, vous savez, là, mon collègue de
René-Lévesque parlait de l'émission Enquête, où le... Je pense >qu'on
peut dire, là, que le P.D.G. de Tristan nous a tous impressionnés par sa
versatilité. J'ai dit, dans cette émission, que la personne qui voulait le plus
déconfiner, au Conseil des ministres, ce n'étaient pas les ministres économiques,
c'était le ministre Lionel Carmant, parce que lui était conscient des impacts, au
niveau de la santé mentale, du confinement associé à la première vague.
Et donc le ministre Carmant, depuis le
début... d'abord, il avait été très insistant au budget. Puis, au budget, il y avait,
puis je vais simplement le dire pour information, <il y avait >261 millions
sur cinq ans pour accroître les initiatives en santé mentale. Et je rappelle
que la santé mentale, en tout, dans le budget de la santé du Québec, c'est de
l'ordre de 1,5 milliard de dollars. Ça, c'est... J'ai demandé au ministère
de faire une espèce de portrait du 52 milliards qu'on dépense en santé
cette année pour qu'on puisse voir où va l'argent, et il y aurait, en tout, 1,5 milliard.
Alors, au budget, il y avait... nous avions annoncé 260 millions. Ça a
permis, puisque le budget avait été adopté, les crédits adoptés, <ça a permis
>au ministre Carmant de déployer de l'argent durant...
Le Président (M. Polo) : ...délégué
à la Santé.
M. Girard (Groulx) : Merci. ...ministre
délégué à la Santé et Services sociaux de déployer l'argent. Et là, à la mise à
jour, nous bonifions de 100 millions, parce que je pense, et là je le
cite, lui, là, ce n'est pas... Moi, mon expertise est limitée, bien que j'en
voie, des enjeux de santé mentale, comme vous tous. J'en vois partout dans la
société. Lui a demandé, avant la mise à jour, des fonds supplémentaires,
notamment dans le réseau scolaire. Et moi, ce que j'ai retenu, c'est pour
s'attaquer à la liste d'attente dans le secteur public, utiliser notamment les
psychologues du secteur privé pour s'attaquer à la liste d'attente du secteur
public.
Le Président (M. Polo) :
1 min 13 s.
Mme Foster : Ah!
1 min 13 s. O.K. Bien, d'ailleurs, ça m'amène à l'annonce qui a
été faite, là, en novembre. On vient tout juste, là, d'annoncer un
100 millions, là, d'ici le 31 mars 2022, pour proposer différentes
mesures qui visent à prévenir, à intervenir, là, auprès... pour améliorer la
santé psychosociale de la population. Pour le temps qui reste, là, je voudrais
que le ministre puisse me dire, premièrement, est-ce qu'avec cette annonce-là
on a créé des nouveaux programmes <ou est-ce que...
Mme Foster : ...100 millions,
là, d'ici le 31 mars 2022, pour proposer différentes mesures qui visent à
prévenir, à intervenir, là, auprès... pour améliorer la santé psychosociale de
la population. Pour le temps qui reste, là, je voudrais que le ministre puisse
me dire, premièrement, est-ce qu'avec cette annonce-là on a créé des nouveaux
programmes >ou est-ce que ces montants-là viennent simplement s'ajouter
à des mesures qui étaient déjà en place, là. Il pourrait nous faire la
ventilation de cette annonce-là, que nous avons eue, là, concernant le
100 millions en santé mentale, là, cette toute récente annonce.
M. Girard (Groulx) : Très
bien. Alors, la réponse, dans les limites de mes connaissances de ce domaine,
c'est qu'il y a de l'argent qui est accordé à la ministre de l'Enseignement
supérieur pour aider les étudiants. Alors, ces crédits-là vont à l'Enseignement
supérieur parce qu'il y a, on le sait, c'est d'actualité, et je le sais
particulièrement parce que mes enfants ont 20 et 18 ans, dans le réseau
collégial, <il y a >énormément d'enjeux associés à la santé
mentale, parce qu'il y a très peu de cours en présentiel et que le confinement
est difficile à cet âge, et etc.
Je pense que... Lorsqu'on dit : Utiliser
les psychologues du secteur privé pour s'attaquer à la liste d'attente du
secteur privé, je ne pourrais pas dire, là, s'il utilise un programme existant
ou s'il crée un nouveau programme. Je pense que ce serait beaucoup plus juste
de poser la question au ministre délégué qui a toute l'expertise pour y répondre.
Je m'arrêterais ici.
Le Président (M. Polo) :
Merci. Merci beaucoup, Mme la députée. On retourne donc à l'opposition
officielle, la députée de Maurice-Richard, pour
22 min 45 s.
Mme Montpetit : Oui, je
vous remercie, M. le Président. Bonjour à tous. Bonjour, M. le ministre. C'est
la première fois qu'on a l'occasion d'échanger ensemble. Bien contente d'avoir
l'occasion de le faire dans le contexte. Je commencerais avec une question,
justement, question de faire connaissance, <avec une question >un
peu plus large. Après ça, j'ai des questions assez... plus précises.
Mais vous avez fait une déclaration, juste
avant le dépôt de votre mise à jour sur... puis je vous cite, là, je ne veux
pas mal vous citer, là, mais je crois que c'était pas mal les mots que vous
avez utilisés, en nous disant que l'année 2021 serait difficile pour le
réseau de la santé. Évidemment, d'une perspective sanitaire, je pense que ça se
conçoit quand même assez bien, mais, force est de constater, c'est une
déclaration quand même assez inquiétante quand elle vient d'un ministre des
Finances, surtout que le contexte dans lequel vous avez fait cette
déclaration-là, c'était plus lié non pas au contexte sanitaire, quoique c'est
toujours concomitant, mais plus aux limites des marges de manoeuvre financières
que le gouvernement aurait.
• (17 heures) •
Donc, je voulais vous entendre. Dans votre
perspective de ministre par rapport à ça, est-ce que vous pouvez....
17 h (version révisée)
Mme Montpetit : ...c'était plus
lié non pas au contexte sanitaire, quoique c'est toujours concomitant, mais
plus aux limites des marges de manoeuvre financières que le gouvernement
aurait. Donc, je voulais vous entendre, dans votre perspective de ministre, par
rapport à ça. Est-ce que vous pouvez élaborer davantage sur cette déclaration-là
puis nous instruire sur votre perspective par rapport aux contraintes économiques
qui pourraient être liées, dans le fond, au réseau de la santé, là?
M. Girard (Groulx) : Bien,
écoutez, d'abord, c'est un plaisir de débattre avec vous, et bienvenue à la
Commission des finances publiques. Puis je fais un peu de publicité pour notre
commission. C'est une commission où on a des bons débats, dans le respect, puis
c'est agréable. On essaie un nouveau président aujourd'hui, mais c'est aussi
très agréable aujourd'hui.
Écoutez, pour être totalement franc, je ne
me souviens pas le contexte ou je ne me souviens pas d'avoir dit ça, là. Alors,
je suis un peu... je ne veux pas éviter la question, mais je ne vois pas le
contexte ou le moment où j'aurais dit ça. Dans les faits, nous nous engageons à
soutenir le système de santé. La pandémie ne sera pas terminée en 2021. Il y
aura des fonds pour le réseau de la santé pour combattre la pandémie. Il y aura
des fonds pour la mission habituelle de la santé.
Alors, peut-être, on peut poursuivre le
débat, puis je pourrai mieux répondre à votre question.
Mme Montpetit : Oui, avec
plaisir. Bien, je vous réfère à un... je pense que c'était cité, vous l'aviez
dit en commission parlementaire, là, mais je vous réfère, si vos équipes
veulent chercher, en attendant, notamment dans un article, là, où
vous aviez mentionné : L'année 2021 sera difficile, tant pour l'économie
que pour le réseau de la santé. Et vous faisiez référence, comme je le dis, aux
marges financières un peu plus limitées, là.
M. Girard (Groulx) :
D'accord. Je... À ce moment-là, c'est ce que j'ai... je pense, que j'ai voulu
dire, parce qu'encore là je n'ai pas le contexte, mais ce que j'ai dit à
plusieurs reprises, c'est que les six prochains mois vont être extrêmement
difficiles, parce que le virus est toujours là, le vaccin n'est pas là. Et les
gens... Ça fait quand même déjà plusieurs mois qu'on est face à ce virus, alors
il y a une lassitude, une difficulté. Et j'avais d'ailleurs la discussion avec
ma fille récemment. On est un peu... Parce que souvent, on dit : C'est la
plus grande récession depuis la Deuxième Guerre mondiale. Alors, l'avantage
qu'on a, économiquement, c'est qu'on sait que ça va se terminer puis que ça va
aller mieux, <éventuellement...
M. Girard (Groulx) : ...
On est un peu... Parce que souvent, on dit : C'est la plus grande
récession depuis la Deuxième Guerre mondiale. Alors, l'avantage qu'on a,
économiquement, c'est qu'on sait que ça va se terminer puis que ça va aller
mieux, >éventuellement. Mais
ça n'empêche pas que présentement, ce qu'on vit, c'est extrêmement
difficile. Dans le réseau de la santé, dans l'économie, dans le réseau
scolaire, ce qu'on vit, c'est très difficile. Et puis je pense que... Puis je
m'arrête là, je ne veux pas prendre de votre temps, je pense que ce que je
voulais dire dans cette citation, puis je m'en excuse si ce n'est pas ce que je
disais, ou etc., ce n'était pas au sens financier, c'est plus au sens réel,
moral, ce qu'on vit, c'est difficile.
Mme Montpetit : Parfait. Bien,
c'est exactement ce que je voulais clarifier. Puis on aura l'occasion, si vous
souhaitez y revenir, si vous aviez autre chose à ajouter, mais c'est ce que je
voulais clarifier, exactement ça, si c'était d'une perspective ministre des
Finances avec des enjeux économiques ou si c'était un message plus global.
M. Girard (Groulx) : Plus
global.
Mme Montpetit : Mais ça répond
parfaitement à ma question. Merci.
Sur la question du vaccin, les collègues
des oppositions ont abordé la question. J'ai entendu vos réponses, qui m'ont
surprise un petit peu, je dois vous avouer, dans un contexte où votre collègue
le ministre de la Santé a quand même déclaré qu'il serait prêt pour une
campagne de vaccination dès janvier. Ça, c'est dans quatre semaines. Je présume
que vous avez dû avoir des discussions sur les coûts reliés à cette campagne de
vaccination. Est-ce qu'il y a une estimation? Je comprends que vous avez dit...
vous êtes prêt à mettre la main à la poche pour éponger ce que ça coûtera, mais
je présume que vous avez eu des échanges pour faire une estimation des coûts
qui seront reliés à cette campagne massive de vaccination.
M. Girard (Groulx) : Non. Les
négociations avec le... les négociations sur le coût des vaccins, qui va
assumer le coût des vaccins, il n'y a pas eu de discussion avec le fédéral
là-dessus, en tout cas, pas à mon niveau. Et, quant au déploiement du vaccin,
je pense que le ministre de la Santé se prépare avec les ressources existantes.
Et ce que j'ai dit, c'est qu'il n'a pas demandé de crédit supplémentaire ou de
fonds pour déployer le vaccin, pour vacciner la population. Et, s'il le
faisait, on utilisera la provision pour le faire.
Mme Montpetit : On pourrait
présumer que quatre semaines d'une campagne massive de vaccination, s'il y
avait des montants supplémentaires à déployer, cette discussion-là aurait été
faite avec le ministre de la Santé déjà. Puis je m'explique, là, je faisais
référence... À l'époque, moi, j'étais dans le réseau de la santé, quand il y a
eu la campagne de vaccination pour le H1N1. Ça avait quand même coûté
146 millions. Il y avait un montant, effectivement, qui était <rattaché...
Mme Montpetit : …
s'il
y avait des montants supplémentaires à déployer, cette discussion-là aurait été
faite avec le ministre de la Santé déjà. Puis je m'explique, là, je faisais
référence... À l'époque, moi, j'étais dans le réseau de la santé, quand il y a
eu la campagne de vaccination pour le H1N1. Ça avait quand même coûté
146 millions. Il y avait un montant, effectivement, qui était >rattaché
à l'achat des vaccins. J'entends bien que cette discussion-là, elle n'est pas
complétée avec le fédéral, mais il y avait quand même une partie substantielle
aussi qui était reliée au déploiement… par exemple, les cliniques de
vaccination, au déploiement… puis là on parle d'une campagne, dans le cas de la
H1N1, c'est 4,4 millions de Québécois qui avaient été vaccinés à l'époque,
près de 57 % des Québécois. Donc, on est dans une ampleur quand même
moindre que celle vers laquelle on va. Donc, on peut penser que le chiffre sera
quand même assez substantiel, mais je suis assez surprise, effectivement, qu'il
n'y ait pas eu de…
Donc, vous ne vous attendez pas, dans le
fond, ce que je comprends, à ce qu'il y ait des demandes pour des effectifs
supplémentaires. Les échanges que vous avez eus, à l'heure actuelle, avec le
ministre de la Santé, c'est qu'il utiliserait ce qui existe déjà et ce qui est
disponible dans le réseau.
M. Girard (Groulx) : Vous savez,
lorsque vous dites : Vous ne vous attendez pas, je vous dirais qu'à chaque
jour je m'attends à avoir des demandes financières, actuellement, là, en toute
franchise. Et ce n'est pas parce que je n'en ai pas eu que je n'en aurai pas.
Mais je vous donne l'heure juste : le ministre de la Santé n'a pas
communiqué avec moi pour qu'on lui réserve, par exemple, si on… vous avez émis
le chiffre de 500 millions, ce serait plus. Puis là peut-être que, dans ce
cas-ci, actualisé, ce serait… peut-être que ça pourrait même aller jusqu'à
1 milliard, etc. Non, je n'ai pas eu cette demande-là. Si la demande
vient, les ressources seront là.
L'approche que nous avons prise au niveau
de la santé depuis le début, c'est, lorsqu'il y a des demandes de la santé, on
les regarde, on les analyse — parce que c'est notre travail, il faut
faire le travail d'analyse — mais les fonds sont toujours accordés,
déployés. Il n'y a pas de limite financière pour combattre la pandémie.
Mme Montpetit : Parfait. Ce n'est
pas avec vous que j'aurai la suite de mon échange sur la campagne de
vaccination, mais c'est sûr que quand le plan de campagne et la stratégie de
campagne, elle n'est pas faite, donc on n'a pas identifié qui va être priorisé
dans la campagne de vaccination, donc de quelle façon ça va être déployé sur le
terrain, donc à quel endroit ce sera fait. C'est sûr que c'est peut-être
difficile d'évaluer les coûts qui sont reliés à cette campagne-là, mais je
présume qu'on pourra reprendre l'échange aussi sur cet élément-là plus tard.
Mais je ne peux pas vous dire que ça me rassure, à quatre semaines d'une
campagne de vaccination, que ce ne soit pas davantage avancé.
Vous avez répondu à votre collègue de
Charlevoix tout à l'heure que, sur les 5 milliards qui sont alloués dans
votre mise à jour économique au volet Santé, <il y a…
Mme Montpetit : ...
à
quatre semaines d'une campagne de vaccination, que ce ne soit pas davantage
avancé.
Vous avez répondu à votre collègue de
Charlevoix tout à l'heure que, sur les 5 milliards qui sont alloués dans
votre mise à jour économique au volet Santé, >il y a 400 millions,
si je ne me trompe pas, vous lui avez répondu qu'il y avait 400 millions
qui étaient récurrents. De ces 400 millions là... est-ce que vous pouvez
nous les ventiler, à moins que ça m'ait échappé, mais je ne pense pas que c'est...
• (17 h 10) •
M. Girard (Groulx) :
...10 000 préposés aux bénéficiaires qui ont été ajoutés pour les CHSLD.
Alors, il y avait... On peut dire que l'initiative — puis je vais lui
donner tout le crédit — l'initiative du premier ministre de lancer un
appel pour aller chercher 10 000 préposés aux bénéficiaires supplémentaires
dans les CHSLD, ça a coûté 100 millions de formation, et le coût
récurrent... Puis là on n'en a pas 10 000, présentement, là, parce qu'il y
en a qui ne poursuivent pas, puis etc., là, mais, lorsqu'il y aura 10 000 préposés
aux bénéficiaires de plus dans le réseau de la santé, 400 millions par
année.
Mme Montpetit : Et les primes
pour les préposés sont budgétées jusqu'à quelle année?
M. Girard (Groulx) : Les
primes, actuellement, sont budgétées jusqu'au 31 décembre, parce que les négociations
avec le secteur public sont en cours. Alors, dans les coûts que vous avez à la
mise à jour, toutes les primes sont maintenues jusqu'au 31 décembre. Et puis
comment tout ça s'intègre avec la négociation, ça dépend de la conclusion de la
négociation, puis etc.
Mme Montpetit : Mais je
présume qu'on peut... vous aurez sûrement une réponse à m'offrir, mais on peut
présumer... j'imagine qu'on peut... vous pouvez sûrement présumer et vous
engager d'avance à ce que ces primes-là n'iront pas en diminuant. Pourquoi ne
pas les avoir budgétées sur un échéancier, justement, qui va au-delà du 31
décembre?
M. Girard (Groulx) : Si... Puis
là je vais... On est vraiment dans le domaine de la comptabilité des entités
publiques, là. Alors, nous, les primes sont... on les a budgétées jusqu'au 31
décembre parce qu'on considère qu'elles sont octroyées jusqu'au 31 décembre.
Les négociations sont en cours. Il y a bien sûr espoir de conclure les négociations.
Si les négociations ne sont pas conclues et que les primes sont prolongées, il
faudra rajouter des sommes dans l'année financière, il faudrait rajouter du 31
décembre au 31 mars.
Mme Montpetit : O.K. Ça répond
à ma question. Merci. Dans le même ordre aussi, vous n'avez rien de prévu dans
la mise à jour économique au-delà du 31 mars 2021 pour l'augmentation
de la capacité... je le cite, là, parce que c'est comme ça que c'est écrit, «la
capacité quotidienne de traitement des tests de dépistage en laboratoire». Vous
l'avez mentionné vous-même que la crise va perdurer à tout le moins <jusqu'à
la...
Mme Montpetit : ...rien de
prévu dans la mise à jour économique au-delà du 31 mars 2021 pour
l'augmentation de la capacité... je le cite, là, parce que c'est comme ça que c'est
écrit, «la capacité quotidienne de traitement des tests de dépistage en
laboratoire». Vous l'avez mentionné vous-même que la crise va perdurer à tout
le moins >jusqu'à la fin de 2021. Encore là, est-ce qu'il y a une raison
de ne pas avoir prévu des sommes au-delà du 31 mars? Je comprends que ça
pourrait être dans le prochain budget, là, mais c'est un choix qui est fait.
Est-ce que vous pouvez nous l'expliquer?
M. Girard (Groulx) :
C'est-à-dire que nous, on reconnaît les dépenses qui sont engagées, on ne fait
pas de... Vous savez, il y a un processus de crédits budgétaires, et puis là on
a des primes, on a des équipements, on a... Alors, si je veux vous donner
précisément, là, on a des primes au personnel jusqu'au 31 décembre, on a
des équipements jusqu'au 31 mars puis on a des tests jusqu'au
31 mars. Et c'est ça qui est la situation parce que, ça, c'est la mise à
jour du 2020‑2021. Et si... au budget 2021‑2022, bien là, il faudra, si
nécessaire, provisionner des primes, s'il n'y a pas d'entente ou si c'est
pertinent, des équipements, des tests.
Mme Montpetit : Aussi, vous
avez... il y a eu des échanges, bon, puis, je pense, c'est vous qui y avez fait
référence, toute la question des conséquences de la pandémie sur la chirurgie,
sur les gens qui sont en attente d'une chirurgie. Avant même la pandémie, dans
votre première année de gouvernement, là, c'était quand même aussi assez
inquiétant, il y avait une hausse de 138 % des gens qui étaient en attente
de plus d'un an d'une chirurgie. Là, on le voit, je ne veux pas vous assaillir de
chiffres, mais on le voit qu'entre le printemps, le début de l'automne,
aujourd'hui, le nombre de patients qui sont en attente d'une chirurgie continue
d'augmenter de façon exponentielle. On a entendu le ministre de la Santé encore
ce matin dire qu'il était seulement à 80 %... je ne veux pas dire
seulement, mais on est seulement à 80 %, alors que pour rattraper les
retards, seulement ceux du printemps, il faudrait déjà être à 115 %,
120 %, donc les retards continuent de s'accumuler.
Aujourd'hui, le premier ministre faisait
référence à du délestage supplémentaire qui pourrait se faire dans plusieurs
hôpitaux du Québec à cause de la situation pandémique, à cause des capacités
hospitalières, ce n'est vraiment rien de rassurant, pendant qu'on a
l'association des chirurgiens orthopédiques, la FMSQ qui dit qu'on pourrait en
avoir pour plusieurs années avant de rattraper justement toutes ces
questions-là.
Est-ce que vous avez prévu justement des
sommes spécifiques, que ce soit justement pour des ententes avec les CMS, là,
les cliniques <médicales...
Mme Montpetit : ...
pendant
qu'on a l'association des chirurgiens orthopédiques, la FMSQ qui dit qu'on
pourrait en avoir pour plusieurs années avant de rattraper justement toutes ces
questions-là.
Est-ce que vous avez prévu justement
des sommes spécifiques, que ce soit justement pour des ententes avec les CMS,
là, les cliniques >médicales spécialisées pour les heures
supplémentaires qui vont être reliées? Parce que c'est sûr que les conséquences
économiques, si on veut faire un rattrapage important, vont être considérables.
Donc, je ne sais pas où vous l'avez prévu, là, mais je n'ai rien vu de
spécifique à cet effet-là.
M. Girard (Groulx) :
Bien, disons qu'il y a deux endroits d'où ça pourrait venir. Et vous avez
raison qu'il n'y a pas de ligne spécifique, mettons, accroissement de la
capacité de chirurgie, puis est-ce que ça se fait dans le public, dans le
privé, etc., là. Ce n'est pas mon domaine, mais il y a du retard dans les chirurgies.
Est-ce que, l'an prochain, il y aurait accroissement des chirurgies dans des
conditions normales? Il faudrait. Et puis est-ce qu'il y aurait des coûts
associés à ça? Oui. Deux endroits d'où ça peut venir, puisqu'il n'y a pas de
ligne spécifique pour ça pour l'instant. Puis on n'a pas commencé à discuter du
budget de la santé encore. Ça va se faire, les consultations prébudgétaires, le
budget de la santé 2021‑2022, ça va être discuté... Normalement, on aurait
commencé en décembre, mais, là, la pandémie amène ça plus à janvier.
Deux endroits d'où ça pourrait venir :
d'abord, la provision de 3 milliards qui est là dans le cadre financier, et,
d'autre part, au cours des cinq dernières années, il y a approximativement 2 à
2,5 milliards de dépenses qui ne sortent pas dans tous les postes
budgétaires. Il y en a en santé, il y en a en éducation, il y en a en infrastructures,
il y en a en environnement. Et donc il est possible que, tout simplement, ce qu'on
verrait dans les années subséquentes, c'est une utilisation plus élevée des
crédits existants, là. Parce que ce qu'on voit, année après année, c'est que
l'ensemble des dépenses ne sortent pas. Ça, c'est un phénomène qui est assez
important, qu'on documente, que vous avez vécu. Et c'est un sujet en soi, là,
qui n'a rien à voir avec les chirurgies, mais il y a de l'argent, là.
Mme Montpetit : Parfait.
Je vous remercie. J'aurais une dernière question. Après, mon collègue de
Robert-Baldwin reprendra la balle au bond. Sur le projet de loi n° 73,
votre collègue a déposé un projet de loi sur la fécondation in vitro dans
lequel, donc, il est question, si je résume pour la partie économique, de
rembourser, dans le fond, là, le premier cycle de fécondation. Il y a une
question qui demeure puis qui n'est pas claire, puis, je pense, vous êtes la
bonne personne certainement pour pouvoir venir nous confirmer ça. C'est... Vous
n'êtes pas sans savoir qu'il y avait des crédits... bien, il y a encore jusqu'à
ce jour des crédits d'impôt remboursables pour <l'infertilité...
Mme Montpetit : ...
de
rembourser, dans le fond, là, le premier cycle de fécondation. Il y a une
question qui demeure puis qui n'est pas claire, puis, je pense, vous êtes la
bonne personne certainement pour pouvoir venir nous confirmer ça. C'est... Vous
n'êtes pas sans savoir qu'il y avait des crédits... bien, il y a encore jusqu'à
ce jour des crédits d'impôt remboursables pour >l'infertilité. Ce
qu'on... La question qui demeure, c'est : Avec ce projet de loi, qui rembourse
seulement le premier cycle, dans le fond, de fécondation, est-ce que le crédit
d'impôt demeure de toute façon, là? Est-ce que vous avez l'intention de le
maintenir?
M. Girard (Groulx) : Mais, en
fait, est-ce que vous permettez que je donne la parole au sous-ministre? Est-ce
que vous avez cette réponse-là?
Le Président (M. Polo) : Avec
consentement.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous donnez le consentement?
Mme Montpetit : Absolument.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous avez la réponse?
M. Côté (Pierre) : Bien, en
fait...
M. Girard (Groulx) : Parce que,
moi, je ne l'ai pas.
M. Côté (Pierre) : Bon, on est
en train de travailler avec les gens de la santé, mais là...
Le Président (M. Polo) : Juste
avant de donner la... nommez-vous, présentez-vous.
M. Côté (Pierre) : Ah! Pierre
Côté, sous-ministre des Finances. On est en train de travailler avec les gens
de la santé. Le crédit d'impôt va rester en place. Maintenant, est-ce qu'on va
jouer sur certains paramètres? C'est ce qu'on est en train de travailler.
Mme Montpetit : Est-ce que
vous me permettez? Je... Est-ce que l'intention... Juste pour clarifier
l'intention. Puis je comprends, s'il y a des ajustements qui doivent être
faits, mais est-ce que l'intention, c'est de le maintenir? Si ce n'est pas
exactement dans sa forme, est-ce que l'intention, c'est de le maintenir pour
plusieurs cycles subséquents? Puis je m'explique, là, juste pour qu'on soit
dans la même discussion, c'est que le crédit d'impôt, en ce moment, est
remboursable pour plusieurs cycles, alors que le projet de loi vient rembourser
seulement un cycle, donc c'est quand même plus limitatif. Donc, est-ce que
l'intention, c'est de maintenir cet incitatif économique quand même?
• (17 h 20) •
M. Côté (Pierre) : L'information
que j'ai, c'est de le maintenir pour plusieurs cycles. Mais, écoutez, si vous
voulez des précisions, on peut vous revenir là-dessus.
Mme Montpetit :
J'apprécierais. Merci beaucoup.
Le Président (M. Polo) : M. le
député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, M. le
Président. Je pense qu'il me manque... qu'il me manque... qu'il me reste...
Le Président (M. Polo) : Deux
minutes.
M. Leitão : ...qu'il me
manque, oui... qu'il me reste, quoi, quatre minutes?
Le Président (M. Polo) : Un
peu moins de deux minutes.
M. Leitão : Deux minutes?
Des voix : ...
M. Leitão : Alors, vraiment...
Bon, ça va, ça va. Donc, rapidement, j'aimerais revenir sur le déficit
structurel, mais c'est très rapidement, avec deux minutes, en vous disant
que...
Le Président (M. Polo) : ...<on
peut... sur...>
M. Leitão : Un petit peu.
Le Président (M. Polo) : Oui,
oui, oui, exactement.
M. Leitão : Parce que, là...
non, là... pendant 20 minutes. Non, non. Nous avons tous nos pages favorites
dans les documents. Pour moi, la page favorite, c'est la page A.28, Perspectives
économiques du Québec, où le ministère, le ministre... le ministère, vous
faites une comparaison entre les perspectives dans le point et le budget de
mars 2020. Et ce que je trouve intéressant ici, ça explique un peu le déficit
structurel, c'est que, par exemple, quand on regarde le produit intérieur brut
nominal en 2023, avec les prévisions qui sont dans le document, que je trouve
un peu optimistes, mais ça, ce sera toute une autre discussion, il y a à peu
près, disons, 490 milliards de dollars dans le budget de mars. En 2023, on
devrait être à peu près à...
M. Girard (Groulx) :
Excusez-moi, est-ce que vous êtes à A.28 ou C.28?
M. Leitão :
<A.28...
M. Leitão : ...
qui
sont dans le document, que je trouve un peu optimistes, mais ça, ce sera toute
une autre discussion, il y a à peu près, disons, 490 milliards de dollars
dans le budget de mars. En 2023, on devrait être à peu près à...
M. Girard (Groulx) :
Excusez-moi, est-ce que vous êtes à A.28 ou C.28?
M. Leitão : >A.28,
page A.28.
M. Girard (Groulx) : Mais il
n'y a pas de 2023.
M. Leitão : Dans le point de
l'automne...
M. Girard (Groulx) : Mais ça
arrête à 2022.
M. Leitão : Non, moi, j'ai ici
2023. Donc, j'ai une version secrète? À la page A.28, tableau A.16.
M. Girard (Groulx) : Oui, vous
avez le mauvais point, peut-être.
M. Leitão : De l'automne 2020.
Pourtant, l'automne 2020, c'est...
M. Girard (Groulx) : O.K. Mais
ça s'arrête à 2022, là, il n'y a pas de 2023.
M. Leitão : Bon, écoutez, on
va...
M. Girard (Groulx) : Mais
continuez, là, mais c'est parce que je pensais que je n'étais pas à la bonne
page, là. Ça fait qu'allez-y.
M. Leitão : Non, non, excusez-moi,
là, je me suis mélangé, je parlais de 2022, oui.
M. Girard (Groulx) : Parfait.
O.K. Allons-y.
M. Leitão : Tout ce que je
voulais dire, c'est qu'en 2022 il va nous manquer à peu près 20 milliards
de PIB. Donc, c'est-à-dire, même avec la reprise... Parce que la comparaison,
et vous l'avez faite plusieurs fois ici, c'est que la comparaison que vous
faites, c'est qu'on va revenir là où on était en février 2020 avec l'emploi, le
PIB... Moi, là, ce que je vous dis, ce qui est intéressant, ce qu'il est utile
de faire, c'est : Quand est-ce qu'on va revenir là où on aurait dû être?
Parce que c'est... Et c'est là qu'entre en considération le budget de mars
2020.
Alors, en 2022, on ne sera pas encore
arrivés là. 2023, c'est vrai, il n'y a pas encore de prévision, mais ça va être
difficile d'arriver là où on aurait dû être, d'où le fameux déficit structurel,
parce qu'il va nous manquer... il nous manque du PIB, il va nous manquer des
revenus, des revenus autonomes, et les dépenses sont un peu plus élevées.
Bon, un grand préambule. Maintenant,
arrivons à la question. Pour adresser cette question-là de déficit structurel,
donc le PIB manquant, les revenus manquants, vous parlez de cinq principes qui
vont guider l'action gouvernementale, et c'est ça que j'aimerais parler un petit
peu avec vous. On était d'accord que le quatrième principe, les efforts de
réduction de dette, le Fonds des générations, on en a parlé ce matin, il n'y
aura pas grande discussion avec moi, nous sommes d'accord avec ça.
J'aimerais parler un peu du premier
principe, ne pas alourdir le fardeau fiscal des Québécois, parce que nous
sommes les plus taxés en Amérique du Nord, etc. Je vous dirais que nous sommes
généralement d'accord, mais là j'ai un problème, et c'est ça que j'aimerais
qu'on en discute, parce qu'on ne va pas alourdir le fardeau fiscal, mais, en
même temps, je pense qu'on ne devrait pas se priver d'aller chercher des
revenus additionnels. Et, quand je parle de revenus additionnels, je <parle...
M. Leitão : ...
d'accord,
mais là j'ai un problème, et c'est ça que j'aimerais qu'on en discute, parce
qu'on ne va pas alourdir le fardeau fiscal, mais, en même temps, je pense qu'on
ne devrait pas se priver d'aller chercher des revenus additionnels. Et, quand
je parle de revenus additionnels, je >parle surtout de «taxer», le mot
que personne n'aime, mais de taxer ce qu'on appelle les GAFAM, de s'assurer que
ce qu'on collecte déjà en termes de TVQ pour les biens non tangibles, qu'on
réussit à l'étendre de ce côté. Donc, ce n'est pas une question de ne pas taxer
davantage les Québécois, ne pas alourdir le fardeau fiscal, mais d'aller
chercher les revenus additionnels qui nous seraient très utiles parce qu'il va
nous manquer, là, 4, 5, 6 milliards de dollars en 2022‑2023. Comment vous
réagissez à ça?
M. Girard (Groulx) : Je suis
d'accord avec vous. C'est indéniable que la taxe de vente fédérale et
provinciale doit s'appliquer sur les biens et services étrangers.
M. Leitão : Très bien. Et,
pour ce qui est de l'impôt sur le revenu des sociétés comme... on les appelle
les GAFAM, enfin, vous comprenez ce que je veux dire, les grandes
multinationales qui n'ont pas nécessairement de présence physique au Canada ou
au Québec, on a vu hier la ministre fédérale qui annonce maintenant, finalement,
une intention du gouvernement fédéral d'aller de l'avant, même avant l'OCDE,
s'il le faut. Est-ce que le Québec pourrait considérer faire comme ce qui se
fait en France, une taxe de 3 % sur le chiffre d'affaires des GAFAM?
M. Girard (Groulx) : Oui. Mais
là, juste clarifier, je pense que ce qui se fait en France... et ce n'est pas
trop clair, là, on dit qu'on le fait, mais on ne le fait pas, puis il y a des
représailles. Mais l'intention de ce qui se fait en France, c'est temporaire en
attendant l'OCDE. Alors, l'idée de l'impôt minimum sur les multinationales du
numérique avec une solution internationale de l'OCDE et ce que la ministre
Freeland a dit dans les textes hier, c'est qu'on viserait une imposition,
appelons ça l'impôt des multinationales qui n'ont pas d'établissement au Canada,
à partir de 2022.
Alors, en fiscalité corporative, à peu
près dans toutes les situations, mais il y a certaines exceptions, généralement,
le Québec est harmonisé avec le fédéral. Je vous dirais que, s'il y a imposition,
effectivement, de ces entreprises-là, qui actuellement ne sont pas imposables
au Québec, au niveau de l'impôt des corporations, parce qu'elles n'ont pas
d'établissement, que, oui, le Québec envisagerait d'harmoniser avec le fédéral.
Mais je pense <qu'au niveau des...
M. Girard (Groulx) : ...
de
ces entreprises-là, qui actuellement ne sont pas imposables au Québec, au
niveau de l'impôt des corporations, parce qu'elles n'ont pas d'établissement,
que, oui, le Québec envisagerait d'harmoniser avec le fédéral. Mais je pense >qu'au
niveau des probabilités de réalisation, la taxe de vente, en juin 2021, sur les
biens et services étrangers, c'est très réel, le Québec le fait déjà sur les
services. Je suis très content que la ministre Freeland s'est engagée à le
faire, on va le faire ensemble, on va être harmonisés. Donc, en principe, juin
2021, il y aura taxe de vente fédérale et provinciale sur les biens et services
étrangers, puis c'est excellent.
L'impôt des corporations, la solution de
l'OCDE n'est pas connue encore, c'est souhaitable, ce n'est pas aussi probable.
Alors, on verra.
M. Leitão : D'accord. Je
termine parce que j'ai déjà pris beaucoup trop de temps, mais je vous invite à
aller même avant, avant, avant l'OCDE, faire comme ce qui semble se faire en
France. Je pense qu'on pourrait le faire.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Merci.
M. Leitão : On en discutera
après, mais je pense qu'on pourrait le faire. Voilà.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Merci.
Le Président (M. Polo) : Merci
beaucoup, M. le député. M. le député de Bourget, pour
22 min 40 s.
M. Campeau : Merci, M. le
Président. D'entrée de jeu, je vous dirais que l'exercice qu'on fait ici
d'alterner entre le gouvernement et l'opposition, j'ai toujours vu ça comme de
la pédagogie, dans le sens qu'on arrive avec un immense document, à coup de
millions, à coup de milliards, c'est dur à lire. C'est peut-être plus simple
qu'au fédéral, comme disait le ministre, mais ce n'est quand même pas facile à
lire pour l'ensemble de la population. Et là, à mesure qu'on pose des questions
et qu'on fait un échange, je vois un aspect pédagogique en arrière pour
expliquer plus simplement ce qui se passe.
Moi, je vais vous parler d'environnement.
Quand j'ai travaillé en usine, moi, je faisais bien attention de ne pas être en
charge de l'environnement tout seul, en me disant : Bien, si
l'environnement, c'est de taper sur les doigts du monde pour leur dire quoi ne
pas faire, bien, quand je ne suis pas là, je sers à quoi? Alors, je voulais
juste surtout m'assurer que le sens d'environnement était, dans la tête de tout
le monde, dans la façon d'opérer.
• (17 h 30) •
Et ce que je vois, dans le budget, c'est
qu'on semble avoir des montants d'argent, qu'on peut appeler environnemental,
dans divers ministères. Il y en a au ministère des Transports, il y en a au
ministère de l'Économie et de l'Innovation, Énergie et Ressources naturelles,
il y en a en Santé et Services sociaux, il y en a au MAPAQ aussi. Bien, dans le
fond, c'est peut-être un peu normal parce que, si on veut faire un programme de
baisse de gaz à effet de serre, et on sait que le transport est un gros
contributeur, c'est peut-être plus la place du ministère des Transports pour
faire une telle chose. De la même façon pour le ministère de l'Agriculture...
17 h 30 (version révisée)
M. Campeau : ...dans le fond, c'est
peut-être un peu normal. Parce qu'on peut faire un programme de baisse de gaz à
effet de serre, et on sait que le transport est un gros contributeur, c'est peut-être
plus la place du ministère des Transports pour faire une telle chose, de la
même façon, pour le ministère de l'Agriculture, si on veut faire le captage des
gaz venant du lisier de porc, ça va venir plus du MAPAQ, et aussi, en même
temps, les technologies, qui viennent avec l'Énergie et Ressources naturelles.
Alors, c'est peut-être normal d'avoir décentralisé.
Ce que j'aimerais demander au ministre, c'est :
Cette façon de voir, comment ça s'est passé? Comment on est arrivés, justement,
à décentraliser ça? Parce que, j'ai l'impression, c'est ça que je lis, c'est
une décentralisation des montants reliés à l'environnement.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Alors, <je vais… >je pense que c'est connu maintenant que je suis
un amateur de sports, là. Je n'ai pas de pool de football comme le député de Pontiac
mais je dirais que le ministre de l'Environnement est le quart-arrière, le ministre
des Finances est le coordonnateur à l'attaque, c'est-à-dire qu'il fait les
chiffres puis il s'assure que les idées du ministre de l'Environnement rentrent
dans le cadre financier et, etc., là, que ça suit le plan de match. Mais c'est
certain que ça prend une équipe, l'environnement, c'est l'affaire de tous. Et,
oui, lorsqu'on parle de gaz naturel renouvelable, c'est le ministre de
l'Énergie, lorsqu'on parle d'agriculture durable, c'est le ministre de
l'Agriculture, lorsqu'on parle d'électrification des transports, c'est le
ministre des Transports, lorsqu'on parle d'investir dans des entreprises de
l'économie verte, <de... >c'est le ministre de l'Économie. Alors,
le rôle du ministre de l'Environnement… je pense que son premier rôle, c'est de
nous donner la trajectoire pour atteindre les cibles. Et <c'est... >lui
fait tout le travail, et le ministre des Finances aide dans ce travail
d'optimisation. Mais les endroits où on peut réduire les gaz à effet de
serre... Puis là on pourra parler aussi de tous les volets environnementaux qui
n'ont rien à voir avec la réduction des gaz à effet de serre, mais pour les
fins de l'exercice, je vais m'en tenir là. Il est possible que la réduction des
gaz à effet de serre, optimalement, soit dans un ministère donné, puis c'est là
qu'on va allouer des crédits.
Alors, oui, il y a une décentralisation,
mais c'est aussi à la mesure de l'ampleur de l'effort que ce que le Québec doit
faire. Je vais faire des chiffres ronds. En 2030, on veut <être à...
M. Girard (Groulx) : ...
dans
un ministère donné, puis c'est là qu'on va allouer des crédits.
Alors, oui, il y a une
décentralisation,
mais c'est aussi à la mesure de l'ampleur de l'effort que ce que le
Québec
doit faire. Je vais faire des chiffres ronds. En 2030, on veut >être à
moins 37,5 % par rapport à 1990, et on est approximativement autour de
moins 10 % aujourd'hui. Alors, c'est bien certain que, pour y arriver, ça
va prendre l'effort de tous, et, quand je dis «de tous», tous les membres,
toutes les parties prenantes de l'économie du Québec, mais aussi du gouvernement
fédéral et des municipalités.
M. Campeau : Je me demande :
Si le ministre de l'Environnement, c'est le quart-arrière, comme adjoint
parlementaire, j'ai quel poste, moi, d'abord?
M. Girard (Groulx) : Bien,
vous...
M. Campeau : Je ne suis pas
sûr que je veux la réponse.
M. Girard (Groulx) : Non, non,
je vais vous la donner. Vous êtes très utile, en temps de COVID, il y a
plusieurs quarts-arrières suppléants qui font des apparitions sur le terrain.
M. Campeau : Oui, en effet.
Je voudrais parler de sensibilisation
aussi. Parce qu'exactement en ligne avec ce que vous venez de mentionner, tout
ce qu'on se donne comme objectifs, on va les atteindre, si on travaille fort. C'est
bien beau, ça, là, là, mais on va les atteindre, si tout le monde embarque. Et
on a besoin de cette sensibilité-là pour changer des habitudes de consommation,
des habitudes de dépenses, des habitudes de voyage, etc., et ça, ça doit être
planifié, financé. Puis, dans bien des cas, ce n'est pas des coups d'éclat
qu'on voit là, c'est des petites mesures, des petits changements qu'on doit
faire au jour le jour et qui prennent du temps. J'aimerais tellement pouvoir
dire à quelqu'un, le convaincre rapidement de changer d'habitude, mais ça a
l'air que ça ne marche pas de même. C'est pas mal plus compliqué que ça. Puis
j'entendais récemment que, quand on regarde le PQI, on voit des montants qui
sont mis dans le temps et qui sont reportés. Puis, quand je fais l'allusion à
la sensibilisation, ce que j'entendais de gens, c'est que : Ah! on a
reporté ça plus loin, l'environnement, on a juste mis ça plus loin. Et je
trouvais que, cette vision un peu cynique, je la trouve malheureuse.
Alors, j'aimerais vous demander : Les
montants qui ont été mis au niveau du PQI, ils ont été étirés dans le temps, est-ce
qu'on pourrait plus, justement, expliciter encore une fois, question de faire
la pédagogie, expliciter comment ils ont été mis dans le temps, pourquoi ils
ont été étirés dans le temps?
M. Girard (Groulx) : D'abord,
c'est une question qui va nécessiter une réponse exhaustive. Le PQI en soi est
un livre budgétaire, <alors, si on le...
M. Girard (Groulx) : ...
D'abord,
c'est une question qui va nécessiter une réponse exhaustive. Le PQI en soi est
un livre budgétaire, >alors, si on le... Le PQI du gouvernement du
Québec 2020‑2030, 130 milliards sur 10 ans, là, on peut y aller,
dire que c'est 13 milliards par année pendant 10 ans, mais ce qu'il
faut savoir, c'est que les projets sont dans trois catégories : à l'étude,
en développement, en réalisation. Lorsqu'un projet est à l'étude, seul le coût
de l'étude est dans le PQI. <Et donc lorsqu'on parle... >Quel exemple
je pourrais prendre? Lorsqu'on parle d'électrification des transports, de
nouveaux projets de transport en commun, ils sont à l'étude. Lorsqu'ils sont en
planification, on doit budgéter les montants, on doit commencer à provisionner
les montants pour la réalisation du projet. Vient la réalisation. Lorsqu'ils
sont en réalisation, il faut avoir l'ensemble des montants. Alors, ça, c'est
important, parce que, lorsque vous êtes à l'étude, dans un PQI 10 ans,
vous êtes probablement en réalisation dans la deuxième portion de cinq ans du
plan 10 ans, O.K.? Parce que c'est… être dans le PQI, ce n'est pas la même
chose que... Lorsqu'une école par exemple est dans le PQI, elle n'est pas nécessairement
en construction l'été qui suit, là, il y a tout un déploiement qui doit se
faire. Et donc les montants sont tous là sauf pour tout ce qui est à l'étude.
Et à l'étude, il y a énormément de projets.
Et aussi, dois-je dire, il y a aussi toute
la notion d'enveloppe centrale, qui est vraiment un concept comptable du PQI du
gouvernement du Québec, qui vise à réserver des sommes pour planifier et
réaliser les projets qui sont à l'étude. Et l'enveloppe centrale, dans le
PQI 2020‑2030, est de l'ordre de... je vais vous revenir avec le chiffre
exact mais je dirais entre, de mémoire, 11 milliards et 13 milliards,
je vais m'essayer à 12 milliards d'enveloppe <centrale...
M. Girard (Groulx) : ...2020‑2030,
est de l'ordre de... je vais vous revenir avec le chiffre exact mais je dirais
entre, de mémoire, 11 milliards et 13 milliards, je vais m'essayer à
12 milliards d'enveloppe >centrale qui est réservée, puis je vais
vous donner le chiffre exact plus tard. Et évidemment le PQI est séparé en
grands postes d'infrastructure, c'est-à-dire santé, éducation, transport
routier, transport collectif, autres infrastructures.
• (17 h 40) •
M. Campeau : Ça, ça veut dire
que les montants qu'on voit là, par exemple, pour le transport, dans un an,
deux ans, ils vont devenir plus importants, parce qu'on aura le coût de mise en
place, à ce moment-là, ou, en tout cas, un meilleur aperçu du coût de mise en
place. Ça veut dire que les montants qu'on voit là, même s'ils sont importants,
ils vont l'être encore plus, n'est-ce pas?
Le Président (M. Polo) : Allez-y,
M. le député de Bourget, poursuivez.
M. Girard (Groulx) : Non, non,
je suis rendu à répondre.
Le Président (M. Polo) : Ah!
O.K.
M. Girard (Groulx) :
...j'avoue que ça a été déstabilisant, mais pas plus que ça, là. Je suis tout
simplement rendu à répondre. Il n'y a pas de problème.
<Les... >En fait, ce qu'on a
dit, c'est que, comme il y a beaucoup de projets de transport collectif à
l'étude, oui, les montants qui sont réservés pour le transport collectif actuellement
dans le PQI, qui sont de l'ordre de 15,8 milliards, bien, la valeur de
tous les projets qui sont à l'étude dans le PQI est beaucoup plus grande que
15,8 milliards, effectivement. Est-ce qu'on a le chiffre de l'enveloppe
centrale?
Une voix : …
M. Girard (Groulx) : 10,9 millions?
Vous me permettez d'arrondir à 11 milliards? 11 milliards d'enveloppe
centrale. Merci.
M. Campeau : Souvent, quand on
parle des projets d'infrastructure, encore une fois, pour clarifier ce que veut
dire le programme québécois des infrastructures, <c'est... >ce que
je comprends d'un programme des infrastructures, c'est qu'un budget, c'est les
revenus et les dépenses, tandis que là, on parle d'investissements, dans ce
cas-là, pour le futur.
Alors, ces montants-là... Est-ce que le
montant qui était prévu au niveau environnemental au budget de mars... qu'est-ce
qui est arrivé par rapport à la mise à jour économique?
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que je pourrais vous demander de préciser votre question?
M. Campeau : Est-ce que ce
montant-là a été maintenu, est-ce qu'il a augmenté, est-ce qu'il a...
M. Girard (Groulx) :
Ah! d'accord. Le Plan québécois d'infrastructures n'est pas révisé à la
mise à jour. Alors, il y a un plan annuel québécois d'infrastructure 2020‑2030,
viendra le plan 2021‑2031. Et il y a des projets qui arrivent à maturité
qui sont retirés du plan, et ça, ça donne de la marge de manoeuvre. Et on peut
dire que la marge de manoeuvre du <plan...
M. Girard (Groulx) : ...
à
la mise à jour. Alors, il y a un plan annuel québécois d'infrastructure 2020‑2030,
viendra le plan 2021‑2031. Et il y a des projets qui arrivent à maturité
qui sont retirés du plan, et ça, ça donne de la marge de manoeuvre. Et on peut
dire que la marge de manoeuvre du >plan 2021‑2031, c'est
l'enveloppe centrale plus les projets qui auront été complétés dans l'année 2020.
M. Campeau : O.K. Souvent, on
parle des projets porteurs. Au niveau des infrastructures environnementales,
lesquelles on pourrait qualifier de plus... de projets qui sont réellement
importants, des projets porteurs ou structurants?
M. Girard (Groulx) : Écoutez, il
y a tout un débat sur l'efficacité marginale des dépenses en environnement ou
de... les économistes disent : De dollars dépensés par tonne de GES
réduite. Et d'ailleurs, dans l'appel du ministère des Finances pour la relance,
on a demandé aux économistes québécois de nous soumettre des projets de
recherche. <Il y a le... >Je ne sais pas si c'est l'ancien
président ou s'il est toujours... je vais présumer qu'il est toujours président
de la Commission de l'écofiscalité du Canada, le Pr Ragan, de l'Université
McGill, a soumis des textes et il mettait en doute les investissements dans la
voiture électrique, disait que les fonds qui allaient aux subventions aux
voitures électriques pourraient, par exemple, être utilisés pour mettre plus de
bornes, que, s'il y avait plus de bornes, les gens achèteraient, si les gens
étaient sûrs qu'ils pouvaient recharger leurs voitures partout, tout le temps,
ça aurait plus d'impact sur la vente de voitures électriques qu'une subvention
à la voiture électrique. Bon, il y a tout ce débat-là. Les investissements en
transport collectif <à la tonne... >en dollars par tonne, ce n'est
pas les plus efficaces non plus.
Par contre, il y a d'autres avantages au
niveau de la qualité de vie. C'est-à-dire que, si les gens passent moins de
temps dans la congestion routière, si vous passez une heure à l'aller, une
heure au retour dans votre voiture pour travailler, bref, que vous perdez deux
heures par jour, puis qu'on vous offre un trajet de 20 minutes au
centre-ville de Montréal, donc, si vous gagnez 80 minutes par jour, c'est
un gain, au niveau de la société, qui est extrêmement important, qui va au-delà
de la réduction des gaz à effet de serre, là.
M. Campeau : Je trouve ça <intéressant,
ce...
M. Girard (Groulx) : ...
Montréal,
donc, si vous gagnez 80 minutes par jour, c'est un gain, au niveau de la
société, qui est extrêmement important, qui va au-delà de la réduction des gaz
à effet de serre, là.
M. Campeau : Je trouve ça
>intéressant, ce commentaire-là, par rapport aux bornes, l'achat d'autos
électriques. <Et c'est vrai que... >J'en ai une, auto électrique,
et ça fait déjà deux ans et demi, et c'est vrai que la principale question
qu'on se pose tout le temps, c'est : Où est la prochaine borne? Et effectivement...
M. Girard (Groulx) : Chacun
ses stress.
M. Campeau : Mais c'est plus
facile de dire que l'idée est bonne, dans ce temps-là. Mais, quand on l'a déjà,
l'auto… Ça fait que je ne suis pas trop sûr jusqu'à quel point ça a de l'influence,
un plus que l'autre. Mais aussi, l'auto électrique, c'est un bon marketing.
Parce que, les gens, en général, qui vont s'acheter une voiture électrique vont
peut-être plus penser environnement, aussi, d'une autre façon.
Je voudrais parler de l'adaptation aux
changements climatiques. Parce que, souvent, il y a des gens qui vont nous
parler de gaz à effet de serre, mais aussi, de façon courante, il y a un tas
d'autres choses. Les aires protégées, c'est important pour l'environnement, il
y a un paquet de choses qui sont importantes aussi, mais l'adaptation aux
changements climatiques... Juste quelques chiffres : en 2017, quand on a
des problèmes, la crue des eaux, il y a 293 municipalités de touchées, il
y a 4 000 personnes qui sont évacuées, en 2019, c'est 240, un peu
moins, mais par contre 10 000 personnes. Et on sait que ça risque de
revenir, on en entend parler, comme quoi les changements climatiques sont là
pour rester, alors il faut apprendre à vivre avec. Je pense qu'avec ça on a
appris pas mal le sens du mot «résilience». Bien, pour moi, la résilience, c'est
un beau mot mais ce n'est pas toujours clair, ce que ça veut dire. C'est une
série de petites actions qu'on doit tous poser, que les municipalités doivent
poser, que le gouvernement doit poser pour s'assurer que la prochaine fois que
la neige fond puis qu'il va pleuvoir en même temps, que ça ne va pas déborder.
Alors, ça nous demande de faire un tas d'études hydriques, de mieux connaître
comment ça se comporte sur le terrain, de travailler avec les organismes de
bassins versants. Ce n'est pas une chose simple à faire, parce que ça évolue
d'année en année et on ne sait jamais de quelle façon ça va nous arriver.
De façon concrète, qu'est-ce qu'il y a eu?
Est-ce qu'il y a un montant, est-ce qu'il y a des actions qui ont été prévues au
budget ou à la mise jour économique qui vont aider les municipalités ou les
autres acteurs dans l'adaptation aux changements climatiques?
M. Girard (Groulx) : D'abord,
vous avez raison de dire que le l'environnement, c'est plus que... puis ce n'est
pas exactement ce que vous avez dit, là, j'interprète, mais c'est beaucoup plus
que simplement réduire les gaz à effet de serre. Et d'ailleurs, dans le cadre
des consultations prébudgétaires, il y a plusieurs groupes qui sont <venus...
M. Girard (Groulx) : ...que
le l'
environnement, c'est plus que... puis ce n'est pas exactement ce
que vous avez dit, là, j'interprète, mais c'est beaucoup plus que simplement
réduire les gaz à effet de serre. Et d'ailleurs, dans le cadre des
consultations prébudgétaires, il y a plusieurs groupes qui sont >venus
nous voir qui nous ont dit : Les citoyens ont besoin de toucher à l'environnement,
donc vous devez faire plus d'adaptations aux changements climatiques, la
prévention mais aussi faire plus de parcs, donner accès à plus d'îles, faire de
la conservation. Puis, notamment, le chercheur de, je pense, l'Université du
Québec à Chicoutimi, là, qui est connu pour son rôle dans Les Cowboys
Fringants...
M. Campeau : Ah! oui, Jérôme
Dupras?
M. Girard (Groulx) :
Université du Québec en Outaouais.
M. Campeau : Oui, en Outaouais.
Une voix
: ...
M. Girard (Groulx) : Hein?
O.K.
M. Campeau : Oui, je l'ai déjà
rencontré.
• (17 h 50) •
M. Girard (Groulx) : Alors, lui,
d'ailleurs, m'a remis son livre, puis son livre, c'est un collectif, tout ça…
mais a beaucoup fait la promotion de territoires contigus accessibles aux
citoyens, les bénéfices de… Et donc vous savez, on est dans une crise sanitaire,
et on a octroyé 2,3 milliards aux municipalités — et je donne le
crédit au fédéral, 50 % de cela est financé par le gouvernement fédéral — il
y a une portion extrêmement importante qui est pour le transport en commun et
il y a de l'argent pour les municipalités. Ça, c'est pour faire face à la
crise, ce n'est pas directement pour l'aménagement.
Pour la prévention des inondations, nous
avons signé une entente. Puis ce n'est pas le genre d'entente où on utilise les
feux d'artifice puis on fait des premières pages de journaux avec ça, mais le fonds
d'atténuation et d'adaptation au changement climatique, le FAAC, a été signé
entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial dans l'année 2020.
Et ce fonds-là va permettre de réaliser les projets — 40-40-20, là,
40 % fédéral, 40 % provincial, 20 % municipalités — d'adaptation
aux changements climatiques et de lutte, certainement, aux inondations, là. Puis
il y a tout un travail qui va se faire, entre autres, rattaché à la rivière des
Mille Îles et le bassin versant qui est là, et puis ça, c'est très
important, ces travaux-là.
Mais je pense que <ce qu'on… >l'échange
que nous avons, vous et moi, ce qu'on dit, c'est que l'<environnement...
M. Girard (Groulx) : ...
rattaché
à la rivière des Mille Îles et le bassin versant qui est là, et puis ça,
c'est très important, ces travaux-là.
Mais je pense que ce qu'on… l'échange
que nous avons, vous et moi, ce qu'on dit, c'est que l'>environnement,
c'est plus que la...
Le Président (M. Polo) : Ah!
en conclusion, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci. …que
la réduction des gaz à effet de serre.
Le Président (M. Polo) :
Merci. M. le député de Pontiac.
M. Fortin :
Oui, merci, M. le Président. J'ai quelques minutes, j'ai une tonne de questions,
alors je vais faire ça en rafale.
Je commence, M. le Président, avec
une question au ministre : Ça a-tu fait mal, M. le ministre?
M. Girard (Groulx) : Pardon?
M. Fortin :Ça a-tu fait mal? Ça a-tu fait mal, quand vous vous êtes tiré
les bretelles à propos de l'environnement, là, quand vous vous êtes pété les
bretelles, au niveau de l'environnement, à peu près à bout de bras? Là, vous
les avez relâchées. Parce que, le soir de la mise à jour économique, là, tout
ce qu'on a vu, c'étaient : 300 millions pour l'environnement, 300 millions
pour l'environnement. Vous avez dit ça à tout le monde cette journée-là. Et
quand on a fouillé un peu dans votre document, là, on a trouvé que le 300 millions,
ce n'était pas du nouvel argent pantoute, c'était de l'argent qui était déjà
dans le Fonds vert. Vous n'aviez pas le choix de dépenser cet argent-là pour la
réduction des gaz à effet de serre.
M. Girard (Groulx) : Non, je
ne suis pas d'accord avec votre interprétation. Le 300 millions, O.K.,
c'était le... Puisque le ministre de l'Environnement dévoilait, après la mise à
jour... D'abord, il faut bien le dire, là, le plan de mise en oeuvre... puis il
y a un autre terme, le plan de...
(Consultation)
M. Girard (Groulx) : ...le
Plan pour une économie verte et le plan de mise en oeuvre, il devait être
dévoilé après le budget, il a été dévoilé, en fait, après la mise à jour. Et ce
qu'on a fait, c'est qu'on lui a octroyé 300 millions de crédits
supplémentaires, puis ces 300 millions là sont dans le plan.
M. Fortin :
Mais ce n'étaient pas 300 millions de nouvel argent pour l'environnement,
c'étaient 300 millions qui n'avaient pas le choix d'aller à
l'environnement.
M. Girard (Groulx) : Je vous
dirais, pour répondre précisément à votre question — puis je conteste
votre affirmation que je me suis pété les bretelles, là, mais on va faire fi de
cela, là — si le 300 millions n'avait pas été dans la mise à
jour, il y avait 300 millions de moins dans le PEV, dans le plan de mise
en oeuvre. Donc, c'était du nouvel argent.
M. Fortin :
Il y a une chose que vous auriez pu faire, par exemple, avec du nouvel argent.
Vous auriez pu prolonger Rénoclimat. Ça, vous auriez pu faire ça, mais vous
avez choisi de ne pas le faire.
M. Girard (Groulx) : En fait,
quand vous dites «vous avez choisi», là, c'est... il y a toute une
gouvernance...
M. Fortin :
Il y a plusieurs gens qui ont choisi mais ce n'est pas dans la mise à jour
économique.
M. Girard (Groulx) : Oui, oui,
il y a une gouvernance autour de ça, là, ce n'est pas moi qui a décidé ça.
M. Fortin :
Bien, le gouvernement a décidé de ne pas prolonger Rénoclimat, oui ou non?
M. Girard (Groulx) : A décidé
de ne pas prolonger la bonification de Rénoclimat. Rénoclimat existe toujours,
là.
M. Fortin :
Rénoclimat se termine quand? Avec les sommes qu'ils ont actuellement, là,
Rénoclimat va se terminer quand?
M. Girard (Groulx) : Bien, il
n'y a pas... Rénoclimat ne se termine pas. <Si… >Il y avait <une...
M. Girard (Groulx) : ...
A
décidé de ne pas prolonger la bonification de Rénoclimat. Rénoclimat existe
toujours, là.
M. Fortin :
Rénoclimat se termine quand? Avec les sommes qu'ils ont actuellement, là,
Rénoclimat va se terminer quand?
M. Girard (Groulx) : Bien,
il n'y a pas... Rénoclimat ne se termine pas. Si… Il y avait >une bonification
à Rénoclimat qui, elle, est possiblement déjà terminée. Ou elle se termine le
31 décembre?
Une voix : …
M. Girard (Groulx) : Elle se
termine…
M. Fortin :
Elle se termine le 31 décembre.
M. Girard (Groulx) : La bonification,
mais Rénoclimat va rester.
M. Fortin : Oui, O.K., mais la
bonification, elle finit au 31 décembre, vous ne la renouvelez pas.
M. Girard (Groulx) : À moins
qu'on lui octroie des crédits supplémentaires à un autre moment. Mais... Voilà.
M. Fortin :O.K. Au 31 décembre, il n'y en a plus. O.K., on s'entend.
M. Girard (Groulx) : Bien, la bonification.
M. Fortin :
Oui, oui, on s'entend.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
M. Fortin : O.K. Quand on
parlait aux différents ministres de l'Économie, que ce soit le ministre du Développement
économique, la ministre des PME, vous-même, vous parliez souvent de
complémentarité aux programmes fédéraux. Quand je parle de l'aide aux petites
et moyennes entreprises, entre autres, là, là, je vois que le gouvernement
fédéral a rajouté des sommes, hein, a bonifié ces sommes-là. Est-ce que vous
considérez que c'est parce que vous n'en avez pas fait assez?
M. Girard (Groulx) : Pas du
tout.
M. Fortin :
Si les deux programmes devraient être complémentaires, il n'aurait pas dû avoir
à faire ça.
M. Girard (Groulx) :
<Le
gouvernement du Québec... >Parce qu'il a les outils financiers, notamment
Investissement Québec, le gouvernement du Québec est sorti rapidement, au tout
début de la crise, avec 2,5 milliards pour ce qu'on a appelé le PACTE, là.
Mais c'est 2,5 milliards disponibles de financement pour les entreprises
qui avaient des problèmes de liquidités en raison de la COVID. Et ça, ça a été
fait avant, complètement avant l'intervention du fédéral. Et les autres
provinces n'ont pas les outils pour faire cela, là.
M. Fortin :
Ces sommes-là sont déjà épuisées?
M. Girard (Groulx) : Non.
M. Fortin :
Non? Il y a encore de l'argent dans ce programme-là?
M. Girard (Groulx) : Il y a
encore de l'argent.
M. Fortin : O.K. Je vais vous
donner un exemple bien simple.
M. Girard (Groulx) : On n'a
pas rajouté de crédits.
M. Fortin :
Mais je vais vous donner un exemple bien simple, dans ce cas-là, la subvention
salariale à laquelle vous venez de faire référence en disant : C'est une
bonne chose que le gouvernement fédéral ait remonté ça à 75%.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Fortin :
Bon. Vous auriez pu faire ça, vous? Vous auriez pu occuper cet espace-là. Parce
que vous nous avez dit, au cours de la deuxième vague, là : Le gouvernement
fédéral a baissé à 65 %, puis ça, ça a fait mal à bien du monde, c'est une
bonne chose qu'il le remonte à 75 %. Mais là, ils l'ont fait après votre
mise à jour économique, ça. Ça ne vous a pas traversé l'esprit, d'occuper cet
espace-là, qui était rendu libre et qui était nécessaire, selon votre propre évaluation?
M. Girard (Groulx) : Je vais
vous donner l'intuition derrière le désir du gouvernement fédéral de baisser de
75 % à 65 %. C'est qu'ils évaluaient que l'économie allait mieux, et
donc puisque l'économie va mieux, il y a moins besoin de support. D'ailleurs, <le...
>c'est un peu compliqué, là, la subvention salariale d'urgence, mais le <montant
de...
M. Girard (Groulx) : ...le
désir du
gouvernement fédéral de baisser de 75 % à 65 %. C'est
qu'ils évaluaient que l'
économie allait mieux, et donc puisque
l'économie
va mieux,
il y a moins besoin de support.
D'ailleurs, le... c'est
un peu compliqué, là, la
subvention salariale d'urgence, mais le >montant
de subvention est supposé de baisser dans le temps puis en fonction aussi de
votre diminution de revenus par rapport aux revenus de l'année passée, là. Parce
qu'on parle toujours du 65 %, 75 %, ça, c'est le maximum, là. Si vous
avez eu des pertes de l'ordre de 10 % de revenus, vous n'êtes pas éligible
à 75 % de subvention.
M. Fortin :
Oui, oui, mais vous nous avez dit que c'est une bonne chose, que ça monte à
75 %.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Fortin :
Mais pourquoi vous ne l'avez pas fait vous-même?
M. Girard (Groulx) : Bien, c'est
leur programme.
M. Fortin :
Oui, mais vous auriez pu, vous aviez vu qu'il y avait des entreprises dans le
besoin, là, qu'il y avait... que cette subvention salariale là, elle n'était
pas aussi bonne qu'elle pourrait l'être. Vous n'avez pas pensé que ça pourrait
être quelque chose que vous pourriez devoir faire, bonifier le programme
fédéral?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que, nous, ce qu'on bonifie, c'est nos programmes, là. Le cas où
le Québec participe à un programme fédéral, c'est assez rare, là, je vous dirais.
Lorsque nous l'avons fait, dans le programme de subvention au loyer, là, qui s'est
terminé le 30 septembre, qu'on donne de l'argent au fédéral pour le
déployer dans un secteur de juridiction provinciale, c'est assez rare, là. Tu
sais, il faut qu'on soit en crise pour faire ça.
M. Fortin :
O.K. Parlant des PME, dernière question, probablement, là, M. le
Président, mais parlant des PME, il y a tout un... il y a un nombre de PME qui
n'ont pas accès à vos programmes. Puis là il y a des gens, là, d'un côté, qui
disent : On n'est pas capables d'y avoir accès, c'est trop long, etc. Mais
d'un autre côté, il y a des gens qui, simplement, là, n'y ont pas accès par les
critères. Une entreprise... Je vous donne un exemple bien simple : une
microbrasserie qui a ouvert en mai cette année, elle n'a pas accès à vos
programmes parce qu'elle a ouvert en mai, même chose avec les programmes
fédéraux. Mais ces investissements-là, ils se planifient d'avance, là. Ils
n'ont pas décidé au mois de mai : Ah! Ah! je vais ouvrir une
microbrasserie. Ils se sont dit : Je vais le faire, ils se sont pris un
plan d'affaires, ça a pris deux ans. Là, ils ont ouvert mais ils n'ont accès à
aucun de vos programmes. Est-ce que c'est normal, ça? Est-ce que vous ne pensez
pas que ces entreprises-là méritent autant d'aide que celles qui ont ouvert en
février, en janvier puis l'année passée?
M. Girard (Groulx) :
C'est-à-dire que, bien sûr, la plupart des programmes sont basés sur la
comparaison par rapport à 2019. Ce qui a été fait, c'est pour celles qui
n'étaient pas ouvertes en 2019 mais qui étaient ouvertes en janvier, février.
On a souvent... Puis, dépendamment des programmes, on a comparé à janvier,
février. Là, vous, vous amenez un cas particulier, c'est-à-dire quelqu'un qui a
ouvert après la... disons, entre la première et la deuxième vague. Comment
cette entreprise-là, qui a ouvert entre la première et la deuxième vague, qui
est fermée, est-ce qu'elle est éligible? J'imagine qu'il y a moyen de faire des
exceptions. Il faudrait que je me réfère au ministre de l'Économie pour cette
question-là.
• (18 heures) •
M. Fortin :
O.K., mais je vous encourage à avoir cette discussion-là avec le ministre de
l'Économie, parce que, ce que j'en comprends, c'est qu'il n'y a absolument rien
pour ces...
18 h (version révisée)
M. Girard (Groulx) : …la
première et la deuxième vague, qui est fermée, est-ce qu'elle est éligible?
J'imagine qu'il y a moyen de faire des exceptions. Il faudrait que je me réfère
au ministre de l'Économie pour cette question-là.
M. Fortin :
O.K., mais je vous encourage à avoir cette discussion-là avec le ministre de
l'Économie, parce que, ce que j'en comprends, c'est qu'il n'y a absolument rien
pour ces entreprises-là en ce moment.
M. Girard (Groulx) : D'accord,
je vais lui en parler.
Le Président (M. Polo) : Merci
beaucoup, messieurs. Je vous remercie pour votre collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à 18 heures)
19 h 30 (version révisée)
(Reprise à 19 h 33)
Le Président
(M. Simard) : Alors, chers collègues, bonsoir. Je constate
que nous avons quorum.
Nous sommes donc en mesure de reprendre
nos travaux, de reprendre plus précisément le débat sur la mise à jour
économique, prévu dans la motion du 17 mars dernier. Au moment de
suspendre nos travaux cet après-midi, la parole appartenait au leader de
l'opposition officielle. Et, cher collègue, il vous reste
7 min 11 s
M. Fortin :
Merci, M. le Président. Je commence tout de suite pour le ministre des
Finances. Le ministre des Finances n'a rien inclus sur le déploiement accéléré
d'Internet haute vitesse dans sa mise à jour économique. Pourquoi?
M. Girard (Groulx) : Merci.
Parce qu'il y a suffisamment d'argent pour brancher tout le monde déjà dans
notre premier budget. On a rajouté, de mémoire, 400 millions. On va
valider le chiffre exact. M. Côté me fait signe que oui. Ce n'est pas une
question d'argent, c'est une question de livraison, question de brancher les
gens. Ce n'est pas une question de crédits. S'il manque 100 millions, on
va le mettre. Le défi, c'est brancher.
M. Fortin :…le gouvernement fédéral vient de dire exactement le contraire
de vous, là. Eux ont ajouté 750 millions le 9 novembre, dans une
annonce, en disant : Même avec de l'argent qu'on met, même avec le
750 millions, ça va juste nous mener à 2026. Vous, vous continuez de
prétendre que vous allez pouvoir brancher tous les Québécois d'ici 2022, sans
ajouter une cent dans la mise à jour économique ou dans vos budgets subséquents.
M. Girard (Groulx) : Je
le répète, il y a suffisamment d'argent pour brancher tout le monde. C'est un
défi de logistique, ce n'est pas un défi d'argent. J'ai vu que le gouvernement
avait mis de l'argent. Ils ont mis 750 millions. Notre part de ça, c'est
750 fois 0,22, 165 sur sept ans. Très bien. Merci beaucoup. Mais ce
n'est pas une question d'argent, c'est une question de logistique.
M. Fortin :Donc, vous n'en avez pas besoin de leur argent?
M. Girard (Groulx) : On a
toujours besoin d'argent.
M. Fortin :O.K.
M. Girard (Groulx) : Faites-moi
pas dire les choses que je n'ai pas dites.
M. Fortin :
Bien, ça ressemblait à ça.
M. Girard (Groulx) : Non,
non, non.
M. Fortin :Vous m'avez dit que ce n'est pas une question d'argent.
M. Girard (Groulx) : J'ai
dit... Bien, le défi, il est logistique, il n'est pas monétaire.
M. Fortin :
O.K. D'accord. Mais je comprends que< vous n'avez pas mis>...
Confirmez-moi, là, vous n'avez pas mis d'argent parce que vous pensez être en
mesure de brancher tous les Québécois d'ici 2022 sans somme additionnelle.
M. Girard (Groulx) : Il
n'est pas nécessaire de mettre des sommes additionnelles pour brancher tout le
monde d'ici 2022.
M. Fortin : O.K. J'ai des
électeurs dans mon comté qui ont hâte de voir comment vous allez faire ça.
Télétravail. Pendant qu'on parle du
fédéral, dans leur mise à jour économique d'hier, ils ont mis un crédit d'impôt
pour les gens qui font du télétravail. Puis c'est vrai qu'il y a <une
certaine... il y a des… certaines dépenses… il y a >certaines dépenses
associées au télétravail. Entre autres, pendant la pandémie, là, je ne sais pas
comment vous avez tous travaillé chez vous, mais moi, j'étais sur un bout de
comptoir, sur une chaise qui était beaucoup trop haute. C'était loin d'être <idéal...
M. Fortin :
...
ils ont mis un crédit d'impôt pour les gens qui font du télétravail.
Puis c'est vrai qu'il y a une certaine... il y a des… certaines dépenses… il y
a certaines dépenses associées au télétravail. Entre autres, pendant la pandémie,
là, je ne sais pas comment vous avez tous travaillé chez vous, mais moi,
j'étais sur un bout de comptoir, sur une chaise qui était beaucoup trop haute.
C'était loin d'être >idéal comme façon de faire.
M. Girard (Groulx) :
...nos élus.
M. Fortin :
Non, non, mais il reste… épisodes, donc <ne gâtez-vous pas, c'est jeudi à
8 heures... G>gâtez-vous, c'est jeudi à 8 heures. Mais je
pense que la plupart des gens étaient loin d'être, disons, dans un environnement
idéal. Le gouvernement fédéral a reconnu ça hier avec un crédit d'impôt qui
pouvait aller jusqu'à 400 $. Pourquoi vous n'avez pas choisi de procéder
avec quelque chose de similaire dans votre mise à jour économique? Puis, à
partir de maintenant, à partir du moment où le fédéral met un crédit d'impôt,
allez-vous le considérer?
M. Girard (Groulx) : À
partir du moment où le fédéral met un crédit d'impôt, c'est sûr que la semaine
prochaine, à la rencontre avec les sous-ministres, on va discuter des
implications pour le Québec. Est-ce qu'il faut s'harmoniser? Est-ce qu'il faut
bonifier? Ça va être discuté. À partir du moment que le fédéral… <on… >Une
des mesures fiscales qui a été annoncée hier, c'était de détaxer l'équipement
de protection pour une période très courte, là, enlever la TPS. Celle-là, la
décision a été prise hier soir. On va s'harmoniser, c'est important. Celle-là,
la décision est déjà prise. Le 400 $, on regarde ça rapidement.
M. Fortin :
O.K. Mais vous reconnaissez avec moi qu'il y a un besoin, là, pour tous les
gens qui font du télétravail en ce moment et qui vont continuer de le faire
pour un certain temps. Et il y en a énormément, entre autres, des travailleurs
du gouvernement ici, là, qui font du télétravail. Vous reconnaissez qu'il y a
une dépense, et que ça pourrait… Vous ferez les analyses que vous voulez, mais
que ça pourrait être approprié que le gouvernement joue un rôle pour compenser
jusqu'à un certain point certaines dépenses <qui peuvent être… >qui
peuvent être faites.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Je veux juste vous dire, je me suis promis une règle en politique, là, de ne
pas commenter sur les sujets que je ne maîtrise pas, O.K.? J'ai vu ça hier dans
les 295 pages, ça va être étudié la semaine prochaine. On veut faciliter
le travail des Québécois. On regarde comment harmoniser les formulaires
visant... Il y a déjà des déductions lorsque tu as des... Tu travailles à la
maison, puis il y a déjà des formulaires pour... On est en train de s'assurer
de faciliter le travail des Québécois, d'harmoniser les formulaires, d'une part,
et l'annonce qui a été faite hier est sous analyse, on regarde ça.
M. Fortin :
<Mais j'apprécie... >M. le Président, j'apprécie
que le ministre des Finances ne parle pas à travers son chapeau, qu'il ne me
parle pas de quelque chose qu'il ne connaît pas. Mais j'apprécie surtout qu'il
va prendre le temps de regarder la mesure parce qu'il y a des Québécois qui
dépensent des sommes en ce moment pour faire du télétravail. Et ça serait,
selon notre estimation, approprié que le gouvernement provincial considère une
mesure comme celle que le fédéral vient de mettre de l'avant.
Là, je vais lui parler de quelque chose qu'il
connaît puis qu'il connaît très bien. Et je le sais qu'il le connaît, M. le
Président, parce qu'on en a parlé il y a quelques mois. Je pensais, M. le
ministre, que ce serait réglé dans la mise à jour économique. Mais là vous me
dites, encore une fois, que les fournitures, les blouses, les masques, <ce
sont des…
M. Fortin :
...
parler de quelque chose qu'il connaît puis qu'il connaît très bien.
Et je le sais qu'il le connaît, M. le Président, parce qu'on en a parlé il y a
quelques mois. Je pensais, M. le ministre, que ce serait réglé dans la mise à
jour économique. Mais là vous me dites, encore une fois, que les fournitures,
les blouses, les masques, ><ce sont des… >ces dépenses-là, les
dépenses de l'État, ce sont des sommes injectées dans l'économie québécoise.
Vous considérez que l'achat... Et vous le dites vous-même, là, votre objectif,
c'est que ce soit 25 % acheté au Québec. Donc, même si vous atteignez
votre objectif optimal, 75 % de ce 2,3 milliards là va être dépensé à
l'étranger, vous considérez ça une somme injectée dans l'économie québécoise.
Comment? Pourquoi? Dans quelle logique vous pouvez considérer que des
équipements achetés en Chine, au Mexique ou ailleurs sont des sommes injectées
dans l'économie québécoise?
• (19 h 40) •
M. Girard (Groulx) : O.K.
Eh bien, je suis content que vous reveniez là-dessus, ça montre que vous avez
de la suite dans les idées, parce que je m'en souvenais qu'on avait parlé de
ça. Écoutez, on est ici dans la comptabilité des entités publiques. On parle
des dépenses supplémentaires associées à la pandémie, total,
12,7 milliards : 5 milliards en santé; 5,9 de soutien; 1,8, la
relance. <C'est... >Là où l'impact net dans l'économie va se
faire, c'est au niveau des importations. Vous savez, dans votre c plus i plus g
plus x moins m, <c'est dans le moins... >c'est important, hein, c'est
dans le moins m qu'on soustrait les importations.
M. Fortin :…pour les dépenses, on n'est pas d'accord que c'est des sommes
injectées dans l'économie québécoise.
M. Girard (Groulx) :
D'accord. On est d'accord puis on n'est pas d'accord.
M. Fortin :
On est d'accord puis on n'est pas d'accord. C'est bon.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Fortin :
Ça va. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le leader de l'opposition. Je cède maintenant la parole au
député de Vanier-Les Rivières. Cher collègue, vous disposez de
24 min 9 s
M. Asselin : Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Président
(M. Simard) : Merci à…
M. Asselin :
Vous allez me permettre de lire un texte parce qu'à cette heure-là je ne suis
pas sûr de ma diction.
Le Président (M. Simard) :
Cher collègue, nous vous écoutons avec intérêt et attention.
M. Asselin : Merci
beaucoup. Je voudrais en même temps saluer le ministre de sa présence, puis mes
collègues de la banquette gouvernementale, puis les membres de l'opposition
aussi. C'est un plaisir de siéger avec vous dans ce dossier-là. On ne
soulignera jamais assez que l'exercice est important. C'est un privilège de
pouvoir questionner le ministre des Finances sur un sujet comme celui-là.
En outre, nous savons que le Québec vit
une période difficile, une situation, la pandémie, qui affecte malheureusement
tous les secteurs de notre économie. Mais ça va plus loin que l'économie puis
la gestion des finances publiques. Il s'agit d'une question des entreprises, de
la culture, des soins, des services, du tourisme et d'éducation, pour ne nommer
que quelques-uns des acteurs.
Je voudrais parler des efforts collectifs
que<'on a…> tout le monde a à faire. On constate que l'état des
finances publiques s'est fortement détérioré. La situation avantageuse qui
avait cours au début de l'année 2020 a permis au gouvernement d'agir sans
hésitation, mais les conséquences de la pandémie sur l'économie, ça <demeure...
M. Asselin : ...
collectifs
que'on a… tout le monde a à faire. On constate que l'état des finances
publiques s'est fortement détérioré. La situation avantageuse qui avait cours
au début de l'année 2020 a permis au gouvernement d'agir sans hésitation,
mais les conséquences de la pandémie sur l'économie, ça >demeure important.
De ce fait, une situation nous a amenés à
faire des choix. Chose certaine, la pandémie aura éprouvé notre résilience en
tant qu'individus mais aussi en tant que société. Des idées innovantes, il y en
a eu plusieurs depuis le début de l'année. En tant que député, je suis très
fier de pouvoir dire que les gens de ma circonscription, entre autres, ont été
très réactifs. Il y a beaucoup d'initiatives qui sont nées, des idées
innovantes, il y en a eu plusieurs. Entre autres, je voudrais souligner des
employés de la Table de concertation Duberger-Les Saules, dans mon comté,
qui... Son mandat habituel, c'est de coordonner les projets. Mais, comme tel… avec
la concertation citoyenne, ils ont mis sur pied plusieurs projets, entre autres,
la distribution alimentaire dans Duberger-Les Saules. Ils sont affiliés à
Moisson Québec puis, pendant plusieurs semaines, ils ont décidé de combler les
besoins.
Je voudrais toucher trois points, M. le
Président : le tourisme, l'éducation et la culture. Par rapport à
l'éducation, vous savez que, quand qu'on a été portés au pouvoir, on a fait de
l'éducation notre priorité. On a investi dans les services aux élèves, dans les
structures des infrastructures et de la formation aux enseignants, puis il y a
eu proche 128 nouveaux projets d'agrandissement puis de construction
d'écoles. Dans mon comté, il y en a eu un, l'école du Buisson. Il y a
10 classes puis un gymnase, entre autres, qui va être annoncé.
Donc, j'aimerais que le système
d'éducation comme tel, qui n'a pas été épargné par la COVID… C'est vrai qu'il y
a des décisions qui ont dû être prises de fermer des écoles, fermer des
classes, mais, quand même, je trouve que la situation n'est quand même pas si
mal. Nos jeunes, en ce sens, ils ont été retirés des classes là où il fallait,
puis ça a été bien. Ça a demandé beaucoup d'adaptation, puis j'aimerais
questionner le ministre, à savoir si... Je sais que l'éducation, c'est important,
mais j'aimerais ça peut-être lui lancer la balle, puis que vous nous disiez
c'est quoi, les investissements précis qui ont été faits en éducation. <Est-ce
qu'il y a eu... >Dans la mise à jour, il y a eu des investissements que
vous avez dû devancer à cause de la pandémie, puis en quoi ça a été important,
ces investissements-là?
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le député. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci
beaucoup. Alors, je vais référer tout le monde à la fameuse annexe de la <section...
M. Asselin : ...des
investissements
que vous avez dû devancer à cause de la pandémie, puis en quoi ça a été
important,
ces
investissements-là?
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous,
M. le député.
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) :
Merci
beaucoup. Alors, je vais référer
tout le monde à la fameuse annexe de la
>section B, où on a l'impact financier de l'ensemble des mesures.
Et je rappelle que nos mesures sont séparées en trois, c'est-à-dire renforcer
le système de santé, alors il n'y aura rien qui concerne l'éducation là;
soutenir les Québécois, les entreprises, les municipalités, il y a de
l'éducation là; et, dans la relance, il y a aussi des fonds pour l'éducation.
Alors, je descends. D'abord, il y a eu,
depuis le début de la pandémie, suspension des remboursements des prêts
étudiants, harmonisation avec l'annonce du fédéral. Ensuite, il y avait soutien
aux services de garde. Je continue. Il est où le 140 millions? Attendez,
là, j'y arrive.
Le Président (M. Simard) :
Prenez votre temps, M. le ministre, on est là pour ça.
M. Asselin : …question si
compliquée.
M. Girard (Groulx) : Non,
non, mais je vais vous donner l'heure juste, là. Ah, voilà! Ça, c'est dans le
«renforcer le soutien des élèves et du personnel dans les écoles ainsi que leur
sécurité», là. Ça, c'est tout ce qui est lié aux mesures sanitaires,
85 millions. Mais je cherche toujours l'autre montant, le... Attendez,
attendez, attendez, votre question est vraiment pertinente. Ah, voilà! Dépenses
en éducation liées à la pandémie. Alors, rentrée scolaire sécuritaire, annoncée
le 17 août, 100 millions; investissements supplémentaires, annoncés
le 26 septembre, 85 millions; autres mesures : sécurité,
désinfection, transport scolaire, enseignement à distance, 222 millions; donc,
total : 407 millions. Et là j'exclus tout le volet des prêts et
bourses — le Québec avait des
mesures, il y a eu de l'argent du fédéral, on s'harmonise — et les aspects pour la santé mentale,
notamment dans le secteur collégial.
Et là, vous savez, tantôt vous avez parlé
que vous êtes sur le terrain, vous connaissez vos écoles — vous avez une passion pour l'éducation, je le sais — puis
vous connaissez très bien votre comté, mais notamment les institutions
d'éducation dans votre comté. Mais je tiens à vous dire que, moi, j'ai <parlé
à mon...
M. Girard (Groulx) :
...
vous savez, tantôt vous avez parlé que vous êtes sur le terrain, vous
connaissez vos écoles — vous avez
une passion pour l'éducation, je le sais — puis vous connaissez très bien votre
comté, mais notamment les institutions d'éducation dans votre comté. Mais je
tiens à vous dire que, moi, j'ai >parlé à mon directeur de cégep et... Parce
que, moi, j'ai le cégep Lionel-Groulx et puis, quand j'étais responsable de
Laval, j'avais le collège de Laval, qui... en fait, le cégep Montmorency. Le collège
Laval, ce n'est pas ça du tout, là, c'est à côté du Colisée de Laval. Et j'ai
fait plusieurs journées d'aréna là, au collège Laval. Bon, je divague. Cégep
Montmorency, cégep Lionel-Groulx, les deux directeurs m'ont dit : C'est
bien d'aider les élèves, le soutien, mais vous n'aidez pas assez le personnel.
Le personnel aussi trouve ça dur, l'enseignement à distance. Le personnel aussi
a besoin d'aide pour livrer. Et donc, dans les mesures qui ont été annoncées à
la mise à jour, la ministre de l'Enseignement supérieur m'avait dit :
Assure-toi de mettre de l'argent aussi pour le personnel enseignant.
M. Asselin : …aussi dans
mon comté. Merci de le préciser, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) :
Merci. Mais c'est au niveau de l'enseignement… c'est vraiment principalement
dans les cégeps.
M. Asselin : Merci
beaucoup. En fait, je voulais simplement vous parler peut-être d'un autre
sujet, la culture. On fait la promotion, depuis l'arrivée au pouvoir, depuis
notre arrivée, de ce secteur-là, puis je pense qu'on peut dire qu'on est un des
gouvernements qui a le plus investi dans ce secteur-là depuis quelques années.
Je suis très fier de ça.
• (19 h 50) •
Dans mon comté encore, bien, évidemment,
il y a l'annulation du Festival d'été puis des FrancoFolies, qui n'est pas dans
mon comté, mais ça a fait mal. Lorsque nous mettons le Québec en veille, c'est
un peu notre identité en tant que peuple qu'on met en veilleuse. Ce n'est pas
facile. Certains de ces événements sont des belles occasions comme telles de se
rassembler. Puis on souffre un petit peu de la présence... de la non-présence
de ces événements-là. S'il y a un milieu prêt à relever les défis qu'impose la
COVID, c'est celui-là de la culture, des gens créatifs, innovateurs et
débrouillards. Ils ont d'abord... d'ailleurs su nous impressionner depuis mars,
usant d'ingéniosité pour nous partager leurs talents, n'hésitant pas à se
tourner vers le numérique, d'ailleurs, entre autres, pour nous faire vibrer,
nous faire rêver et surtout nous divertir, alors qu'on était confinés à la
maison.
D'ailleurs, dans ma circonscription, il y
a une salle de spectacles, La Chapelle spectacles, qui habituellement présente plus
de 250 spectacles par année. Malheureusement, cette année, elle n'a pas
été en mesure d'ouvrir ses portes. Mais j'ai appris quand même que, récemment, La
Chapelle pourra compter sur l'aide financière afin de soutenir ses projets de
diffusion des produits culturels en ligne, de transformation numérique et de
création de produits adaptés <comme tels...
M. Asselin : ...
par
année. Malheureusement, cette année, elle n'a pas été en mesure d'ouvrir ses
portes. Mais j'ai appris quand même que, récemment, La Chapelle pourra compter
sur l'aide financière afin de soutenir ses projets de diffusion des produits
culturels en ligne, de transformation numérique et de création de produits
adaptés >comme tels. Chapelle spectacles pourra bénéficier des sommes
ajoutées au programme de soutien temporaire au fonds de roulement, COVID-19, de la banque d'affaires et de… Société de
développement des entreprises culturelles.
Du coup, j'aimerais ça peut-être que vous
preniez un moment pour nous mentionner comment notre gouvernement a accompagné
des artistes puis les entreprises afin de faire... de passer au travers dans
les derniers mois, où leur industrie était réellement en arrêt. Au total,
combien d'argent, peut-être, est-ce que le ministère des Finances a débloqué
pour soutenir le milieu culturel?
M. Girard (Groulx) : O.K.
C'est une excellente question. Et il faut bien le souligner, présentement,
durant la crise, M. le député, on a fermé... En mars et en avril, 40 % de
l'économie était confinée. Et aujourd'hui c'est moins de 5 % de l'économie
qui est confinée avec les restaurants, les hôtels. Les hôtels ne sont pas
officiellement confinés, mais le taux d'occupation est très faible, mais le
secteur de la culture est fermé, lui. Et le secteur de la culture, le secteur
de l'hôtellerie, de la restauration — les
secteurs — ce sont des secteurs
intensifs en main-d'oeuvre. Donc, c'est seulement 3,5 % à 5 % de
l'économie qui est fermée, mais c'est presque 10 % des emplois qui sont
affectés.
Et comment nous aidons la culture? Bien,
d'abord, il y a eu un programme d'aide, dans le coeur de la tempête, de...
Attendez, je veux bien trouver mes chiffres pour la culture. J'allais peut-être
vous donner le chiffre de tourisme, mais ça aurait été une erreur. J'y arrive.
Alors, pour la culture, il y a eu un plan de 400 millions, et beaucoup de
ce plan était remis à la SODEC et à la… à l'autre organisme, la… la SODEC et
la...
Une voix
: ...CALQ.
M. Girard (Groulx) : La
CALQ.
Des voix
: Le CALQ.
M. Girard (Groulx) : Le
CALQ?
Une voix
: …le CALQ.
M. Girard (Groulx) :
C'est masculin, le CALQ. Le CALQ, O.K. Merci. Et on a décidé de passer par ces
deux organismes-là parce que c'est eux qui connaissent leur industrie, alors il
y avait près de 400 millions d'aide. Et on a ajouté une mesure, récemment,
de 50 millions< qui vise à...>, dans le cadre de la deuxième
vague, qui vise à compenser les salles de spectacle pour les billets… 75 %
des billets qui n'ont pas été vendus par rapport à l'an dernier, compensation.
Ça, c'est 50 <millions...
M. Girard (Groulx) :
...
d'aide. Et on a ajouté une mesure, récemment, de 50 millions qui
vise à..., dans le cadre de la deuxième vague, qui vise à compenser les salles
de spectacle pour les billets… 75 % des billets qui n'ont pas été vendus
par rapport à l'an dernier, compensation. Ça, c'est 50 >millions.
Pour le tourisme, le plan d'aide
totalisait 771 millions, et nous avons ajouté 68 millions. Et là la
ministre du Tourisme n'a pas fait toutes les annonces associées à ces
sommes-là, mais c'est certain qu'il y a de l'argent pour les hôtels, pour aider
les hôtels à passer à travers une période qui est extrêmement difficile.
M. Asselin : Je suis
content que vous abordiez ce point-là parce que c'était le prochain que je
voulais aborder.
M. Girard (Groulx) : Bien,
le tourisme puis la culture, c'est lié.
M. Asselin : Vous avez
raison. Combien qu'il me reste de temps?
Le Président (M. Simard) :
Il vous reste 10 minutes, cher collègue.
M. Asselin : …
M. Girard (Groulx) : C'est
lié, le tourisme et la culture. Mais on...
M. Asselin : Est-ce que
vous avez une idée dans le secteur hôtelier combien est-ce qu'il y a d'argent
qui est prévu dans l'annonce?
M. Girard (Groulx) : C'est
prévu jusqu'à 200 000 $ par établissement. La ministre est en train
de... Est-ce que son annonce est faite? Bonne question.
M. Asselin : Moi, donc,
dans mes notes, il y a 753 millions…
M. Girard (Groulx) : Oui.
Je pense que l'annonce a été faite. Encore une fois, j'ai... Il se passe
beaucoup de choses, beaucoup de montants, beaucoup d'annonces dans cette
pandémie, alors j'espère que je n'ai pas donné un scoop. Mais je suis pas mal
convaincu que l'annonce est déjà faite.
Une voix
: ...
M. Girard (Groulx) : Oui.
On me confirme que je ne me suis pas mis les pieds dans les plats dans les
33 dernières minutes que nous passons ensemble. Mais assurez-vous qu'au
procès-verbal on établit clairement que le CALQ est masculin, et non féminin.
Allez-y, monsieur…
Des voix
: ...
M. Girard (Groulx) : Le
comité des?
Le Président (M. Simard) :
Le Comité des arts et des lettres du Québec.
M. Girard (Groulx) :
...des arts et des lettres du Québec, bien sûr, «le».
Une voix : …
Le Président (M. Simard) :
Le conseil, oui.
M. Girard (Groulx) :
Conseil ou comité?
Le Président
(M. Simard) : Conseil.
Des voix : …
Le Président (M. Simard) :
Conseil. Conseil.
M. Girard (Groulx) :
Conseil. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. le député de Vanier-Les Rivières, vous...
M. Asselin : On pourrait
peut-être terminer avec une seule question.
Le Président (M. Simard) :
Vous pouvez poursuivre, cher collègue. Il vous reste 8 min 30 s,
puis on est heureux de vous entendre.
M. Girard (Groulx) :
Allons-y.
M. Asselin : Bien, en
dehors de l'hôtellerie, est-ce qu'il y a d'autres secteurs de l'industrie
touristique qui ont pu bénéficier de l'aide gouvernementale?
M. Girard (Groulx) : Bien
sûr. Il y a tous les festivals, les infrastructures touristiques également. Et,
encore une fois, je tiens à dire que c'est des secteurs qui sont intensifs en
main-d'oeuvre. Et c'est très important qu'on maintienne nos infrastructures
parce que le tourisme reviendra. Et, si les hôtels ne sont pas là, si les
restaurants <ne sont pas là...
M. Girard (Groulx) :
...
c'est des secteurs qui sont intensifs en main-d'oeuvre. Et c'est très
important qu'on maintienne nos infrastructures parce que le tourisme reviendra.
Et, si les hôtels ne sont pas là, si les restaurants >ne sont pas là,
bien, on n'aura pas le rebond de ces industries-là, qui serait très positif
économiquement puisqu'il y aura une demande latente pour utiliser ces
services-là lorsque nous serons dans une situation plus normale.
M. Asselin : Très bien.
J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Girard (Groulx) : À ce
moment-là...
Le Président (M. Simard) :
En fait... (Interruption) …pardon, le temps
appartient au bloc parlementaire et par consentement le temps restant peut être
partagé à l'opposition. Mais ça prend consentement pour qu'il soit partagé à
l'opposition…
M. Girard (Groulx) : On
va garder le temps.
Le Président (M. Simard) :
…tu sais. Alors, je crois que le député de Saint-Jérôme souhaitait à ce
stade-ci intervenir.
Des voix
: …
M. Chassin :
Oui, c'est ça… pas nécessairement. <Est-ce que... >En fait, j'ai
une question peut-être de procédure, M. le Président. Est-ce que ce bloc de
temps doit être achevé immédiatement ou peut-il être reporté à la... après, par
exemple le bloc de l'opposition…
Le Président (M. Simard) :
Non. Il doit être achevé immédiatement, cher collègue.
M. Chassin :
Pardon?
Le Président (M. Simard) :
Puisque c'est le dernier bloc…
M. Chassin :D'accord.
Le Président
(M. Simard) : …il ne peut pas être reporté.
M. Chassin :Parfait.
Le Président
(M. Simard) : On doit le terminer d'ici la fin de la
séance.
M. Chassin :Absolument.
M. Girard (Groulx) : …parler
d'économie, M. le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin :Bien, écoutez, M. le Président, je vais donc profiter...
M. Girard (Groulx) : Je
pense que vous aviez des questions sur l'économie.
M. Chassin :
Bien oui, absolument, je vais profiter de cette occasion pour...
Le Président (M. Simard) :
Je vous en prie.
M. Chassin :
...toucher certaines questions dont on n'a pas eu la chance de discuter, le ministre
et moi, plus tôt dans la journée. <Dans votre...> On en a parlé,
en fait ce matin, en partie, du fait que dans la mise à jour budgétaire il y
avait certaines informations, évidemment, qui ont été, dans le fond,
divulguées, disons, là, dans les dernières semaines. <Est-ce que...>
Dans le fond, est-ce que vous voyez la perspective de 2021 comme étant, disons,
aussi susceptible de connaître une nouvelle vague ou des nouvelles contraintes
sur l'économie que ce qu'on a vécu en 2020 ou est-ce que les perspectives à cet
égard s'améliorent?
Le Président (M. Simard) :
M. le ministre.
• (20 heures) •
M. Girard (Groulx) :
Merci. Écoutez, aussi difficile que soit la période existante qui va nous
amener jusqu'au déploiement des vaccins... Et puis on sait... parce que là, la
première vague que nous avons vécue était en mars, avril 2020, donc il est
plausible... Je ne suis pas épidémiologiste, mais je vais faire l'hypothèse que
mars et avril 2020 pourraient être le moment d'une troisième vague…
20 h (version révisée)
M. Girard (Groulx) : ...la première
vague que nous avons vécue était en mars, avril 2020. Donc, il est plausible...
Je ne suis pas épidémiologiste, mais je vais faire l'hypothèse que mars et
avril 2020 pourraient être le moment d'une troisième vague. Aussi difficiles
sont les perspectives pour les six prochains mois, autant les perspectives sont
intéressantes pour ce qui va suivre, pour le deuxième trimestre, à partir
d'avril, Q2 2021. Q2... T2, en français, là. T2, T3 2021 sont extrêmement
positifs, d'autant plus que le déploiement du vaccin aura commencé, il y aura
possiblement ouverture des frontières, demande latente de consommation, de
voyages, de production, d'investissements.
Les perspectives pour 2021 sont
excellentes en raison du vaccin, des vaccins, mais aussi en raison de la
coordination des politiques monétaires et budgétaires, et tout indique que le
stimulus budgétaire sera toujours là en 2021. En fait, dans certains cas, comme
en Europe, le stimulus budgétaire n'a pas encore été déployé. Alors, il sera
disponible au même moment où l'économie va accélérer, et ça, c'est très positif.
Et d'ailleurs c'est très noir en Europe présentement, très difficile. Le
quatrième trimestre, en Europe, va être épouvantable, alors que, par exemple,
aux États-Unis, c'est plus le premier trimestre qui risque d'être difficile,
puis, au Canada, on chevauche, quatrième et premier trimestres difficiles. Mais
les perspectives pour 2021 sont excellentes.
M. Chassin :C'est une question peut-être délicate parce que... Puis
dites-moi bien franchement, là, si vous trouvez que c'est peut-être sensible,
pour un ministre des Finances, de se prononcer là-dessus, mais j'y vais un peu
sans filet. On a constaté qu'il y a, dans les résultats des programmes de
soutien, une diminution des taux de faillite, en 2020, par rapport à la même
période en 2019. Évidemment, il y a une volonté, dans ces programmes-là, de
permettre de passer au travers, là, quitte à geler l'activité, donc éviter que
des actifs soient perdus, etc. Est-ce qu'on peut craindre, a contrario, une
espèce de contrecoup, quand ces programmes-là vont se terminer, ou est-ce que
ça va être une sélection, dans le fond, de ceux qui vont passer au travers
versus ceux qui ne passeront pas au travers?
M. Girard (Groulx) : Alors,
les programmes d'aide ont été <très généreux. On...
M. Chassin :
...
est-ce qu'on peut craindre, a contrario, une espèce de contrecoup,
quand ces programmes-là vont se terminer, ou
est-ce que ça va être une
sélection, dans le fond, de ceux qui vont passer au travers versus ceux qui ne
passeront pas au travers?
M. Girard (Groulx) : Alors,
les programmes d'aide ont été >très généreux. On l'observe par deux statistiques,
d'abord, le revenu disponible des Québécois en hausse de 9 %. Assez
qu'hier certains analystes ont critiqué la hausse temporaire. Parce que ça... le
mot, hier, il n'a pas été dit souvent, hein? On a parlé de la hausse de
l'allocation familiale du fédéral, on a parlé beaucoup du 1 200 $, on
n'a pas souvent dit que c'était seulement pour l'année 2020, et je me
demande même si... oui, 2021, en tout cas, c'est une hausse temporaire. Le fait
que le revenu disponible est en hausse de 9 % cette année au Québec, puis
je n'ai pas le chiffre pour le Canada, mais je vais supposer que c'est entre
8 % et 10 %, a amené certains analystes à dire : Bien, vous
n'avez pas besoin d'augmenter l'allocation famille, là, vous avez déjà donné la
PCU, puis etc. Puis c'est rare qu'on voie des critiques. Généralement, une
augmentation des allocations familiales, ça fait consensus, tout le monde
dit : Les familles, bravo, c'est une clientèle qui a besoin d'aide. Bon.
Présentement, en 2020, et puis on est
quand même au mois de décembre, là — je sais que, lorsqu'on sort
dehors, aujourd'hui, à Québec, c'est dur à croire, mais nous sommes en décembre — alors
il reste de l'incertitude, puis décembre pourrait être difficile, puis j'ai
appris, dans les marchés financiers, à ne jamais présumer de rien, <décembre
pourrait être difficile, >mais il y a moins de faillites en 2020 qu'en
2019, d'entreprises. Alors, ça veut dire que les programmes d'aide ont fait
leur travail. Et maintenant il faut s'assurer que cette aide-là est là aussi en
2021, parce que le début va être difficile.
M. Chassin :
Puis est-ce que c'est possible, par exemple, qu'au fédéral on ait établi, par
exemple, un programme temporaire, mais qu'on ne le dise pas trop parce qu'on
souhaite que les gens le dépensent et le consomment plutôt que de l'épargner,
en termes de stimuli?
M. Girard (Groulx) : Oui. Là,
vous êtes subtil, parce que vous êtes dans la théorie économique. Parce que
c'est sûr qu'un transfert de revenus permanent incite beaucoup plus à la
consommation qu'un transfert de revenus temporaire. Alors, si vous faites un transfert
de revenus temporaire et vous voulez avoir un effet maximal, vous pourriez...
Des voix
: ...
Le Président (M. Simard) :
Oui. Alors, vous pouvez terminer votre phrase, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, il
aura plus d'impact si ceux qui le reçoivent croient qu'il est permanent.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, M. le ministre, merci beaucoup. Je salue également tous les
membres de votre équipe qui vous accompagnaient. Merci pour votre présence. <Merci
aux collègues de l'opposition...
Une voix
:
...
Le Président (M. Simard) :
Oui. Alors, vous pouvez terminer votre phrase, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien,
il aura plus d'impact si ceux qui le reçoivent croient qu'il est permanent.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, M. le ministre, merci beaucoup. Je salue également tous les
membres de votre équipe qui vous accompagnaient. Merci pour votre présence.
>Merci aux collègues de l'opposition. Notre mandat se termine, mais nous
devons rester sur place pour la plupart d'entre nous.
Nous allons suspendre momentanément, parce
que nous allons reprendre un autre mandat, et je vous laisse la surprise de
savoir lequel. Alors, à plus tard.
(Fin de la séance à 20 h 6)