(Onze heures trente-sept minutes)
Le Président
(M. Simard) : Alors, chers collègues, bienvenue à toutes et à
tous. Je constate que nous avons quorum, et notre commission est en mesure
d'entreprendre ses travaux.
Comme vous le savez,
nous sommes aujourd'hui réunis afin de poursuivre le débat sur le discours du
budget, conformément à l'article 275 de nos règlements.
Mme la secrétaire,
bonjour. Heureux de vous retrouver. Vous nous aviez manqué. Y a-t-il des
remplacements ce matin?
La Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Abou-Khalil (Fabre) est... remplacée, pardon, par M. Poulin (Beauce-Sud); M. Bélanger (Orford), par Mme Bogemans
(Iberville); M. Montigny (René-Lévesque), par M. Sainte-Croix (Gaspé);
et Mme Rizqy (Saint-Laurent), par Mme Caron (La Pinière).
Le Président (M. Simard) : Alors,
comme vous le savez, notre débat est d'une durée de 10 heures, qui se
répartit, grosso modo, de la manière
suivante : environ cinq heures pour le gouvernement, environ
3 h 40 min pour l'opposition officielle et environ
1 h 13 min pour le deuxième groupe d'opposition. Et, comme vous
le savez, ce débat est en deux grandes parties.
Remarques préliminaires
Et
nous débutons d'abord, comme le veut la tradition, par des remarques
préliminaires, et je cède, sur ce, la parole à M. le ministre, qui dispose,
dans un premier temps, d'un bloc maximum de 20 minutes pour son
intervention.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) :
D'accord.
Alors, je vais partir ma minuterie. C'est bon. Merci, M. le Président.
Merci à tous d'être ici. Je salue les députés de l'opposition, leurs équipes,
leurs fidèles collaborateurs. Merci au personnel de la Commission des finances
publiques, qui est une excellente commission, il faut bien se le dire.
Merci au personnel du
ministère des Finances, qui est ici, mais aussi à tous ceux qui ne sont pas
ici, parce qu'un budget c'est énormément de travail qu'on pourrait résumer à
trois mois de travail à sept jours sur sept. Et, dans les trois mois, je n'inclus pas le plaisir de débattre ici
10 heures avec les oppositions. Ça, c'est en extra. C'est un
plaisir. Puis c'est mon cinquième budget, et les échanges ont toujours été
respectueux, mais beaucoup plus que respectueux, constructifs, parce
qu'évidemment ce qu'on vise tous, c'est l'intérêt supérieur du Québec. Alors,
je remercie le ministre des Finances, mon cabinet, et, avec moi, bien sûr, la
sous-ministre aux Finances, Julie Gingras, et ma cheffe de cabinet, Vicky
Fortin. Alors, j'y vais.
• (11 h 40) •
C'est certain que
c'était notre cinquième budget. Nous sommes très fiers de celui-ci. Le premier
budget d'un deuxième mandat, c'est
extrêmement important, c'est notre feuille de route pour respecter nos
engagements, qui ont... On a eu une
campagne électorale avec des débats, des idées, des échanges, et il y a eu un
vote et un résultat, et, pour nous, c'est un honneur de s'être fait
confier un deuxième mandat. Et, pour ma part, personnellement, d'être le
fiduciaire des finances publiques des Québécois, c'est vraiment une
responsabilité que je prends avec beaucoup de sérieux.
Alors, j'aimerais
résumer le budget en une phrase, une phrase quand même un peu longue, mais une
phrase qui se retrouve... Et permettez-moi
de dire que le Québec, ce gouvernement-ci mais les gouvernements précédents
aussi font vraiment un effort de synthèse
pour que nos documents soient clairs et concis. Et la raison pourquoi je
mentionne ça, c'est parce que, lorsque je
lisais le budget fédéral mardi soir, à 10 heures, je cherchais le sommaire
exécutif, et il n'y en avait pas. Alors, nous, on en a un, c'est une
tradition, puis je pense qu'elle va se poursuivre.
Alors, si vous ouvrez
la page A.3 du budget, il y a une phrase, à la section Sommaire, qui
dit... qui résume le budget : «Le
gouvernement poursuit les efforts des quatre dernières années. Le budget 2023-2024
priorise l'économie, l'éducation, la santé et l'environnement, tout en
maintenant un cadre financier prudent et responsable.» Alors, c'est ça, le
budget, M. le Président, c'est-à-dire qu'il y a des priorités qui ont été
établies en campagne électorale, l'économie, l'éducation, la santé et
l'environnement, mais, bien sûr, il y a des contraintes, on doit avoir un cadre
financier qui est prudent et responsable, et puis c'est ce qu'on fait, M. le
Président.
Quant aux...
Lorsqu'on veut, par exemple, savoir qu'est-ce qu'il y a dans le budget...
D'abord, le thème, le thème Un Québec engagé, une question légitime,
c'est : Engagé à quoi? Et puis c'est là que le sommaire exécutif est utile. On se rend à la page A.5 et puis on
constate que le gouvernement s'engage à accroître la richesse du Québec,
pour 12,1 milliards sur cinq ans; à développer le potentiel des jeunes,
pour 2,3 milliards sur cinq ans; à rendre le réseau de santé plus performant et plus humain, M. le
Président, 5,6 milliards; soutenir les Québécois — ça,
soutenir les Québécois, c'est un peu
la rubrique où on aura l'ensemble des autres ministères, par exemple, Sécurité
publique, Justice; et diversifier et consolider les actions en
environnement, 1 milliard. Le tout, 24,5 milliards.
Évidemment, la
mesure-phare de ce budget, qui avait été amplement débattue en campagne
électorale... Puis je rappelle qu'il y avait
trois partis, trois partis sur cinq, qui proposaient un allègement fiscal des
Québécois, en campagne électorale, et que ces trois partis-là ont
recueilli... là, je n'ai pas les décimales, là, mais quelque part entre
60 % et 70 % du vote total, et que nous étions le parti qui proposait
la baisse d'impôt, pour le mandat de quatre ans qui s'amorçait au mois
d'octobre, la plus faible. Nous proposions un abaissement des deux premiers
taux d'imposition de 1 %, l'opposition officielle proposait 1,5 %, et
le parti qui n'est pas représenté à l'Assemblée nationale, mais qui a néanmoins
eu, je crois, quelque chose comme 13 % des voix, proposait 2 % plus
une augmentation de l'exemption de base, donc que je pourrais résumer comme
quelque chose comme 2,5 %.
Alors, j'en
viens à ce que nous proposions, c'est-à-dire la réduction d'un point de
pourcentage des deux premiers paliers d'imposition. Et pourquoi les deux
premiers paliers d'imposition? Bien, ça, M. le Président, la réponse est à la
page B.8, où on indique que, lorsqu'on regarde notre taux d'imposition par
rapport à l'Ontario, contrairement à ce que tout le monde pense... On pense que
c'est... que nos taux marginals les plus élevés sont beaucoup plus élevés que l'Ontario. Or, ils sont équivalents. C'est nos
seuils qui commencent plus tôt, et c'est la classe moyenne, ou tous ceux
qui gagnent entre 20 000 $ et 90 000 $, qui paient presque
36 % plus d'impôt que les Ontariens. À 70 000 $ de revenus, M.
le Président, vous payez 36 % plus d'impôt qu'en Ontario. Et donc c'est
pour ça qu'on a choisi... Et, bien sûr, puisqu'on a un régime d'impôt
progressif, tout le monde paie le premier palier. Donc, puisqu'il y a
4,6 millions de Québécois qui paient de
l'impôt, 4,6 millions de Québécois bénéficient de la réduction du premier
palier et un nombre moindre, néanmoins quelques millions de
contribuables, bénéficient de la baisse d'impôt du deuxième palier.
Alors, la première caractéristique, c'est que
cette mesure vise 4,6 millions de contribuables, dont 90 % de ceux-ci
gagnent moins de 100 000 $. Le coût : 1,7 milliard par année.
Pourquoi on fait ça, M. le Président? Pour stimuler l'économie. On veut amener
l'économie à un autre niveau, un potentiel économique plus élevé à long terme,
et encourager l'offre de travail.
Et je veux
être très clair, M. le Président, cette baisse d'impôt n'aura aucun impact sur
les services. Pourquoi? Parce qu'elle est financée par une croissance
plus modérée des versements au Fonds des générations. C'est-à-dire que la
baisse d'impôt est cohérente avec notre nouvelle cible de dette à 30 % de
dette nette en 2037-2038. Et, s'il n'y avait pas
eu la réduction du fardeau fiscal, il aurait été possible d'atteindre cette
cible de dette cinq ans plus tôt. C'est, donc, un choix entre réduire la dette nette d'approximativement
10 % sur 15 ans, au lieu de 10 ans, pour financer la
baisse d'impôt et s'assurer — et je le répète, je veux très clair — qu'il
n'y a aucun impact sur le financement des missions de l'État.
Ensuite. Ça, c'était la mesure phare, mais, bien
sûr, il y a ce désir d'amener l'économie québécoise à un autre niveau. Et près de 3 milliards de
dollars sont dans le budget pour, d'une part, encourager la productivité et
l'innovation, notamment avec le congé fiscal pour grands projets
d'investissement, les projets de plus de 100 millions de dollars, et,
dans les MRC défavorisées, ça peut aller jusqu'à 25 % de crédit, congé
fiscal, 25 % de l'investissement.
Puis c'est important d'être précis, là, parce
qu'avec les mesures qui sont véhiculées aux États-Unis, par exemple... Ici, au
Québec, et ce qu'on a vu aussi dans le gouvernement fédéral cette semaine,
c'est qu'on finance l'investissement
initial, on ne finance pas les dépenses d'opération. Alors, ça, ça coûte
373 millions sur cinq ans, M. le Président. Ça va financer
approximativement 100 projets, d'ici 2029, des investissements de
24 milliards de dollars.
• (11 h 50) •
Il y a aussi 100 millions pour la poursuite
des zones d'innovation. Vous le savez, on en a annoncé deux, dans le premier
mandat, il y a 217 millions pour le développement régional.
Et, bien sûr,
il y a toute la question de la rareté de main-d'oeuvre. Et la rareté de
main-d'oeuvre, on s'y attaque avec 510 millions pour l'intégration,
la francisation, la régionalisation des personnes immigrantes et avec des
modifications au Régime des rentes du Québec. C'est-à-dire qu'il sera possible
de cesser de cotiser au régime après l'âge de 65 ans et que nous allons
protéger la rente de ceux qui travaillent à temps partiel après 65.
Au niveau de l'éducation, l'éducation, c'est
extrêmement important, il y a 2,3 milliards sur cinq ans, que je pourrais
résumer ainsi : 1,5 milliard pour l'éducation primaire et secondaire et
717 millions pour l'enseignement supérieur.
Au niveau de l'éducation primaire et secondaire, on veut bien sûr accroître la
motivation, le plaisir d'apprendre, aider les jeunes à réussir, et il y
a, donc, 789 millions pour la persévérance et la réussite et
200 millions, notamment, pour la
modernisation de la formation professionnelle. Au niveau de l'enseignement
supérieur, on a 717 millions. Puis là, lorsqu'on parle
d'enseignement supérieur, c'est toujours accès, persévérance, diplomation. Et
là il y a une mesure de 351 millions
pour rendre permanente la bonification des frais de subsistance dans le calcul
des prêts et bourses. Peut-être qu'on aura l'occasion de discuter le
programme des prêts et bourses, il y a certaines complexités, et le budget a
essayé d'être le plus transparent possible sur ce qui est fait.
Au niveau de la santé, c'est 5,6 milliards
qui est accordé pour le déploiement du plan qui rend le système de santé plus performant et plus humain. Là-dessus,
il y a 2,2 milliards pour adapter le réseau aux réalités
postpandémie. Ça, ça veut dire prendre les
enseignements de la pandémie et les intégrer à la base budgétaire du
gouvernement, c'est-à-dire que les cliniques de vaccination, de
dépistage vont résister pour désengorger le réseau. Et puis, bien sûr, plus
jamais le gouvernement n'entrera dans une pandémie sans des équipements de
protection, des masques, des gants et tous les équipements qui sont
nécessaires. Il y aura, donc, une réserve, et puis tout ça, cette réserve-là
doit être gardée, mise à jour, et donc ça devient des coûts récurrents. Il y
aura aussi 710 millions pour améliorer les soins et les services par des
changements structurels. On parle, par exemple, des cliniques d'infirmières
praticiennes spécialisées.
2 milliards pour prendre soin des aînés et des
proches aidants. Les soins à domicile, 1 milliard sur cinq ans. 405
millions pour les résidences pour aînés. On le sait, les résidences... les
soins à domicile, c'est ce que les gens demandent. On bonifie les heures, on
bonifie le personnel et on va continuer. C'est ce que les citoyens veulent.
Pour les résidences pour aînés, on est face à une industrie qui est en
difficulté et puis on continue à les aider.
565
millions pour les personnes vulnérables, dont 211 millions sur cinq ans en
santé mentale. Je pense qu'on aura l'occasion d'en rediscuter, c'est un sujet
qui est définitivement d'actualité.
Au niveau du soutien
des Québécois, 3,6 milliards. Là, tantôt, j'ai dit que soutenir les
Québécois, soutenir les communautés, c'est le chapitre, dans un budget, qui
regroupe l'ensemble des autres mesures. Alors, il y a 1 milliard pour le
logement, avec 5 250 unités; la bonification du crédit d'impôt
solidarité logement; les 2 000 programmes de supplément au loyer; 440
millions pour le ministère de la Famille, pour la conversion de
5 000 places en garderie; 400 millions pour la relance en transport
en commun; 120 millions pour les Premières Nations et les Inuits, au niveau du logement, des services; 220 millions
pour la sécurité publique, notamment la lutte à la violence armée; 100
millions pour l'accès à la justice.
Il me reste à peu
près cinq minutes, M. le Président?
Le Président
(M. Simard) : ...
M. Girard
(Groulx) : Un peu moins, voilà. Au niveau des actions
environnementales, bien, vous le savez, on a
eu la COP15 sur la biodiversité, c'était un honneur pour Montréal, le Québec,
d'être impliqué. Alors, il y a le Fonds bleu avec 500 millions; le
Plan nature, 443 millions. Je me permets de dire que c'est essentiellement
1 milliard pour la biodiversité. On a aussi annoncé que le prochain plan
de mise en oeuvre, qui serait bonifié... le 2023-2028 serait bonifié de 1,4 milliard, une augmentation de
18 %. Ça, évidemment, M. le Président, c'est pour lutter contre les
changements climatiques.
Un mot sur
l'économie. C'est indéniable que la hausse des taux d'intérêt et de
l'inflation, en 2022, provoque un ralentissement mondial en 2023. C'est pour ça
qu'on prévoit 0,6 % de croissance et 3,5 % d'inflation. Mais on est
conscient des risques, on a un scénario alternatif où il y a un choc de
1,4 % qui nous amènerait à une récession de 0,8 % en 2023 au Québec.
Puis on a un scénario plus positif où il y aurait forte croissance,
c'est-à-dire 2 % de croissance. Bien
que notre scénario est centré, la probabilité du scénario de forte croissance
est, évidemment, on pourrait dire... étant donné l'information qu'on a
présentement, est plus faible que la probabilité du scénario à la baisse.
Dans l'ensemble, 2023
sera une année difficile. On ne peut pas augmenter les taux d'intérêt de
400 points de base, 4 %, sans avoir un impact sur les entreprises,
les individus. Mais il est important de dire que le Québec a des avantages
indéniables : une économie diversifiée, un taux d'épargne élevé, un faible
niveau d'endettement qu'on mesure par le ratio dette au revenu disponible, le
plein emploi, des finances publiques solides. Et, il faut bien le dire, le stimuli
fiscal qui arrivera au mois de juillet risque d'arriver au coeur du
ralentissement économique qu'on prévoit au deuxième et au troisième trimestre
pour le Québec de 2023.
Alors, dans
l'ensemble, on a, donc, un cadre financier qui est prudent et responsable, avec
6,5 milliards de provisions. Et, M. le Président, je cherchais les
provisions, dans le cadre financier du gouvernement fédéral, puis je n'en ai pas vu. Alors, je pense qu'on peut
souligner la transparence du Québec puis le fait qu'on prévoie des
provisions qui excèdent le coût potentiel du
scénario alternatif baissier qui est démontré dans le budget. Et nos provisions
seraient, potentiellement, parce qu'on ne
connaît pas l'ampleur d'un ralentissement, s'il avait lieu... mais pourraient
probablement combler une part importante de l'effet sur les finances publiques.
Ce qui est important
aussi, pour revenir à l'équilibre budgétaire en 2027-2028, tel que promis en
campagne électorale, et ce qui sera fait par
ce gouvernement, c'est l'appariement du taux de croissance entre les dépenses.
Alors, lorsqu'on regarde le budget,
essentiellement, les revenus vont croître à 3 % et les dépenses à
3 %, sur l'horizon cinq ans. Alors,
on a un plan de retour à l'équilibre budgétaire, 4 milliards de déficits
après contribution au Fonds des générations, 4, 2, 3, 1, 0, en 2027-28,
et on y arrive.
On a aussi une cible
de dette... Il me reste une minute, M. le Président, c'est ce que vous alliez
me dire?
Le Président
(M. Simard) : Ah non! Continuez, cher collègue, parce qu'en fait
il vous reste 50 secondes.
M. Girard (Groulx) : OK. Alors, on a une cible
de dette nette à 30 %, en 2037-38, qui nous amènerait à un niveau
inférieur au niveau actuel. Bien sûr, c'est dans 15 ans, mais ça nous
amènerait au niveau inférieur à la moyenne actuelle des autres provinces.
Alors, je le répète,
ce budget, si on veut le résumer... puis là je vais relire le même paragraphe
parce que c'est bien dit, c'est bien fait : «Le gouvernement poursuit les
efforts des quatre dernières années. Le budget 2023-2024 priorise l'économie, l'éducation, la santé et
l'environnement, tout en maintenant un cadre financier prudent et
responsable», M. le Président.
Le Président
(M. Simard) : Bien, vous étiez à cinq secondes près, M. le
ministre, de votre 20 minutes.
M. Girard
(Groulx) : Je les donne à l'opposition, M. le Président, je les offre.
Le Président
(M. Simard) : Merci pour votre collaboration. Cher collègue de
Marguerite-Bourgeoys, la parole vous appartient.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin :
Merci. Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais mentionner les grandes
lignes sur lesquelles nous allons porter attention durant ce débat. Pour nous,
il va être important de discuter, évidemment, des mesures de baisses d'impôt, des assises sur
lesquelles ce budget a été construit. On va vouloir aussi parler de
l'emploi, la pénurie de main-d'oeuvre, l'impact sur les jeunes que le
détournement d'argent au Fonds des générations va avoir comme conséquence, l'économie dans son ensemble au Québec, à travers
l'Amérique du Nord, le Canada, évidemment. On va vouloir parler du
logement, on va vouloir parler du transport et de l'environnement, on va
vouloir parler de l'éducation, de la justice, de la santé, des aînés.
Puis je pense qu'on
est aussi très ouvert, avec le temps, à ce que je vous présente comme plan de
match, de notre point de vue à nous, va probablement aussi... On va avoir
certains éléments qui vont vouloir se greffer à ça durant le débat.
• (12 heures) •
Il est très
important, puis je pense que le ministre a quand même passé un peu de temps
là-dessus dans ses remarques préliminaires,
il est quand même assez important de réaliser que les conditions économiques,
les conditions bancaires actuelles ne sont plus les mêmes qu'il y a à
peine un mois. Et donc on parle de 400 «basis points», 4 % d'augmentation
du taux directeur de la banque centrale, au Canada, comme augmentation, depuis
un petit peu plus d'un an. Il est évident
que les écarts de crédit que les banques vont charger à l'ensemble de leurs
clientèles corporative, commerciale ou individuelle, ces écarts-là vont
augmenter.
En
général, dans les contractions, dans les marchés de contraction au niveau
du crédit, la contraction moyenne est de 175 «basis point». 175 «basis
point», c'est énorme, c'est presque la moitié du 400 points de base que la
banque centrale a exercé, toutes cotes de crédit confondues.
Donc, si on avait une
illusion, à savoir est-ce qu'on va avoir un atterrissement en douceur ou pas,
moi, je pense qu'actuellement, là, ce qu'on a devant nous, c'est probablement
l'utilisation d'un parachute. Donc, ça, ça va être les lunettes que je vais
porter pour approfondir plus notre questionnement tout le long du débat.
Pour nous, ce qui est
important, c'est de s'assurer qu'on fasse une gouvernance durable. Pour nous,
ce qui est important, c'est que les finances de l'État soient soutenables,
qu'on fasse tout ça pour s'assurer que l'ensemble des Québécois aujourd'hui soient considérés dans l'ensemble des décisions et
des missions de l'État. Mais, ça, pour nous, c'est important de le faire dans un contexte où est-ce qu'on
n'hypothéquera jamais l'avenir des prochaines générations. Donc, vous me
voyez venir, M. le Président, je vais vouloir vraiment passer beaucoup de temps
sur l'impact de ce budget sur nos prochaines générations.
M. le Président, pour
nous, l'environnement est aussi un facteur extrêmement important. On a tous...
je regarde la salle, là, il y a des... une variété d'âges un peu partout, là,
mais, il y a 25, 30 ans, on vivait tous avec une certaine insouciance
climatique qu'aujourd'hui on ne peut pas prendre pour acquis. On a vu des
actions qui ont été faites par des
gouvernements qui nous entourent, c'est-à-dire les Américains, le gouvernement
canadien cette semaine, de montants extrêmement significatifs qui ont
été mis pour accélérer la transition verte. On va vouloir en parler,
évidemment, dans ce débat.
Donc, pour moi, ça va
conclure mes remarques préliminaires. Nous allons passer plus de temps
évidemment dans les blocs que j'ai énumérés tout à l'heure. Et, avec ça, je
retourne la parole.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue. Alors, nous poursuivons nos remarques préliminaires.
Et je cède maintenant la parole au député de Maurice-Richard.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, M. le Président. À
mon tour de remercier les personnes ici présentes et à remercier M. le
ministre. Je sais que nous allons avoir, comme toujours, je pense, du plaisir,
en tout cas, je vais parler pour moi, et je suis sûr, effectivement, que je
parle pour lui, je le vois hocher de la tête, à échanger sur un certain nombre
de politiques publiques. Ici, on parle évidemment de finances.
Je ne vais pas
revenir sur tout ce que j'ai eu la chance de dire en réaction à ce budget. Je
sais que c'est une tradition, que j'ai
découverte en tant que député dans cette honorable Chambre du peuple, de souvent
avoir à redire la même chose
plusieurs fois. Je ne vais pas m'adonner à cet exercice. Je vais juste rappeler
quelques principes qui sont les nôtres en tant que députés de Québec
solidaire. Je dirais qu'il y en a trois qui sous-tendent les politiques publiques
qu'on met de l'avant.
D'abord,
il y a la question de répartition de richesse et d'inégalités de classe, qui
nous sont très, très chères. Il y a les questions d'inégalités de genre, de race, d'origine, qui sont aussi très
importantes. Et puis, enfin, il y a la lutte à la crise du siècle, qui
est la crise climatique. Et donc c'est au... devant ces trois principes ou, en
tout cas, ces trois grilles de lecture que nous allons utiliser dans nos
échanges avec M. le ministre concernant ce budget fort important. Merci.
Discussion générale
Le Président
(M. Simard) : ...sur ce, nous allons entreprendre la période des
débats. Et, comme le veulent à la fois notre tradition et nos règlements, je
cède, d'abord, la parole au député de Maurice-Richard, qui disposera... ah!
non, pardon, ma collègue de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet :
Oui... le député de Maurice-Richard.
Le Président (M. Simard) : Bien
oui, c'est ça. Non, mais ma collègue de Bourassa-Sauvé, voilà, qui dispose de
14 minutes.
Mme Cadet :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci, M. le ministre. Merci à tous d'être ici
pour que nous puissions nous adonner à cet exercice extrêmement important sur
le plan démocratique et que nous espérons faire avec toute la diligence
possible.
Donc, mon collègue député de Marguerite-Bourgeoys
l'a mentionné, l'un de nos aspects... l'un des aspects qui nous préoccupent
énormément dans le cadre de ce plan budgétaire est toute la question de la
pénurie de main-d'oeuvre, des raretés de main-d'oeuvre. Je vous vois hocher de
la tête, M. le ministre, donc, je ne vous surprends pas aujourd'hui, à la suite de notre débat de fin de séance de la semaine
dernière, en commençant, d'emblée, mon allocution avec la question de la
pénurie de main-d'oeuvre.
On l'a répété maintes et maintes fois, on le
sait, donc, le Québec vit un vieillissement de la population, on vit un défi démographique extrêmement important. Et,
au cours des cinq dernières années, nous n'avons pas nécessairement eu... de notre côté, au sein de l'opposition
officielle, nous avons été un peu insatisfaits de la réponse
gouvernementale à ce sujet.
Dans le budget, vous nous parlez d'Opération
main-d'oeuvre, mais, cette fois-ci, cette année, donc, avec le plan de
615,2 millions lié à résorber la pénurie de main-d'oeuvre, nous y voyons
des mesures, et je le répète, parce que je pense que c'est important, qui ne
sont pas inintéressantes. On a des mesures ici qui sont... qui peuvent être créatives pour être en mesure d'améliorer
l'intégration de différents travailleurs, pour être en mesure d'avoir une
meilleure adéquation, un meilleur appariement entre les compétences et une
meilleure intégration, donc, de travailleurs qui sont sous-représentés au sein
du bassin actuel.
Mais d'emblée, donc, je commencerais en vous
demandant, donc : Pourquoi ce choix? Donc, pourquoi on vient tout
simplement puiser dans le bassin actuel de travailleurs plutôt que de tenter de
l'élargir?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
• (12 h 10) •
M. Girard (Groulx) : Oui. Bien,
en fait, ce qu'on a essayé de faire, depuis 2018, c'est de stimuler la
participation au marché du travail. Et puis, si vous permettez, je vais aller
dans mes notes qui suivaient la publication des
dernières statistiques sur l'emploi, parce que... excusez-moi, je trouve
celles-ci, parce qu'elles sont particulièrement pertinentes et elles
sont à la première page de mon cahier, comme quoi ça indique leur importance.
Alors, on a à
peu près, au Québec, 7 millions de population de plus de 15 ans, et
c'est généralement, en statistiques, là, la population de travailleurs
potentiels. Et puis, parmi ces 7 millions de personnes, il y en a à peu
près 4,6 millions qui sont actives, c'est-à-dire qui veulent travailler.
Alors, une des choses qu'on a essayé de faire, depuis 2018, c'est d'accroître
le pourcentage du 7 millions qui veut travailler. Alors, ça, on appelle ça
le taux de participation ou le pourcentage de population active. Celui-ci était
à 64,8 %, donc 4,6 millions sur 7,03 millions en
février 2020, avant la pandémie. Puis là, durant la pandémie, il y a eu
plusieurs changements structurels : télétravail, certaines personnes qui ne voulaient plus participer au marché du
travail pour des raisons de... sanitaires, de santé ou des modifications
dans le marché du travail. Et là on a eu toute cette turbulence, cette grande...
cette récession profonde mais brève qu'on a eue en 2020, le rebond en 2021.
Et là on a eu les statistiques de
février 2023, et nous sommes revenus à un taux d'activité de 65 %.
C'est, donc, un taux d'activité qui est plus élevé qu'avant la pandémie. Alors,
ça veut dire qu'on réussit... Puis ça, c'est malgré le fait, là, que la
population a... on a quand même un processus démographique, au Québec, où la
population vieillit assez rapidement, avec une pointe en 2030. Alors, juste
d'avoir gardé le même chiffre, ça aurait été bon, avant la pandémie à
maintenant, on est plus élevé au niveau du taux d'activité.
Au niveau du taux d'emploi, ça, c'est les gens
qui travaillent, donc, parmi la population active, il y a des gens en... il
faut que je conclue, il y a des gens en...
Le Président (M. Simard) : ...en
conclusion, oui.
M. Girard (Groulx) : ...chômage
puis il y a des gens en emploi, nous étions à 61,9 %, et là on est à
62,3 %.
Alors, on a réussi à stimuler la population
active, le taux d'emploi, ce qui fait qu'aujourd'hui on peut dire, en grande
généralisation, que le Québec est au plein emploi. Ça veut dire que l'ensemble
des personnes qui pourraient travailler travaillent, à l'exception probablement
de 75 000 personnes entre 60 et 70 ans, parce qu'on a un taux de
participation au marché du travail supérieur à la moyenne canadienne, toutes
les cohortes d'âge, de 15 à 60 ans, mais on est un peu inférieur entre 60
et 69 ans. Il reste à peu près 70 000 travailleurs à aller
chercher là.
Alors, vous avez raison que l'afflux de nouveaux
travailleurs dans le bassin de travailleurs, c'est important. Puis c'est pour
ça qu'on est... on a l'immigration, qui a de nombreux avantages pour la société
québécoise, mais loin de moi l'idée de résumer l'immigration au simple fait de
stimuler l'offre de travail, mais un des bénéfices, c'est que ça amène des travailleurs.
Puis l'immigration, généralement, la population est plus jeune que la
population d'accueil. Et puis, oui, il y aura une consultation sur les seuils
d'immigration, qui viendra, stratégiques.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Chère collègue.
Mme Cadet : Merci beaucoup...
donc, on a des temps de parole limités?
Le Président (M. Simard) : Oui.
Alors, comme c'est parfois le cas avec des GPS, il y a un recalcul de votre temps, bonifié. Vous aurez 18 minutes plutôt
que 14, ce qui sera la même chose pour notre collègue de Maurice-Richard.
Mme Cadet : D'accord.
Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Merci, merci au ministre, parce que
l'une de mes sous-questions... Quand vous avez commencé votre allocution, on
parlait, donc... je me suis tout de suite questionnée sur le taux d'activité,
le taux d'emploi par tranche d'âge, et vous y avez répondu, donc, en le mentionnant avec le dernier aspect. Puis je vous
entends, donc, là, vous parlez, donc, des... l'un des bienfaits, vous
avez raison, et c'est évidemment,
donc, la position de tout le monde autour de cette table, que l'immigration,
donc, ne peut se résumer qu'à la capacité d'adéquation avec le marché du
travail, mais c'est l'un des bienfaits de celle-ci, mais on ne voit pas...
Je retourne la question, parce que j'ai
l'impression qu'avec ce que vous nous dites, en fait, c'est qu'il faudrait
qu'on puisse élargir la tarte et accroître le bassin actuel de travailleurs,
mais ce n'est pas, bon, ce qu'on entend de façon générale de la politique
gouvernementale, mais ce n'est pas ce qu'on... exactement ce qu'on voit ici.
Parce que, dans les... bon, dans les
mesures, donc, on semble, donc, vouloir, donc, appuyer, donc, l'intégration
socioéconomique, donc des personnes, donc, des personnes étant sur le
territoire, mais, également, on semble aussi se... je vais dire, se rabattre,
mais, en fait, de mettre l'accent sur les travailleurs qui sont temporaires.
Parce qu'on
entend... on peut lire, donc, à la page B.66 : «Favoriser
l'attraction et la rétention de travailleurs.» Donc, au deuxième point,
donc, dans le... donc, il y a 20,3 millions de dollars sur cinq ans qui
sont alloués pour augmenter le nombre de ressources destinées à l'analyse des
demandes d'immigration temporaire.
Et là je me questionne sur ce choix précis
versus une immigration plus permanente. Parce que, quand on rencontre les
différents acteurs sur le milieu, probablement que vous avez entendu, donc, les
mêmes constats, M. le ministre, quant au...
bon, d'une part, du côté des employeurs, les différents coûts, bon, les délais,
ça, vous en parlez, mais la lourdeur qui existe par rapport à
l'immigration temporaire, et bon nombre nous disent : Un processus qui
miserait sur une immigration plus permanente serait plus approprié pour leurs
besoins.
Et certains, donc, ont... je rencontrais, plus
tôt cette semaine, donc, des groupes qui me disaient : On est obligés,
essentiellement, d'acheter un bloc pour pouvoir accueillir des travailleurs
temporaires. Le coût moyen pour les travailleurs temporaires, pour les
entrepreneurs, nos PME, est à peu près de 20 000 $ par travailleur
temporaire. Et, du côté des travailleurs temporaires eux-mêmes, donc, ça crée
beaucoup d'incertitude, beaucoup de défis aussi au niveau de la francisation.
Je vois que
cette mesure existe dans le budget, mais, au niveau de l'incitatif pour
l'entreprise, pour la PME, de pouvoir
franciser ces nouveaux travailleurs lorsqu'ils sont temporaires, il y a un
incitatif un peu qui décroît, à ce moment-là.
Donc, je vous entends, donc, en disant :
OK, donc, on... vous acquiescez au fait que c'est important qu'on puisse accroître notre bassin de travailleurs,
sans que ce soit nécessairement chiffré ici, mais j'aimerais, donc, peut-être
vous laisser continuer dans votre réponse un peu plus tôt et aussi, donc, nous
répondre quant à la distinction entre les travailleurs... immigration
temporaire versus permanente, qui est dans le budget.
M. Girard (Groulx) : C'est un
vaste sujet dont je ne suis pas responsable, mais je vais essayer néanmoins de
répondre et de ne pas esquiver la question. J'en profite pour dire qu'il y aura
une consultation bientôt sur les seuils d'immigration 2024‑2027 comme il
se doit, il y a toujours un plan stratégique trois ans, et que la ministre
responsable de l'Immigration fait... a fait une tournée régionale et elle aura
l'occasion de divulguer ses orientations, et peut-être vous ou d'autres de vos
collègues participeront aux travaux.
Mais je pense que ce qui est dit dans le budget,
c'est que, si on peut avoir plus... si on peut avoir du succès dans la francisation et la régionalisation de
l'immigration, c'est-à-dire réussir à amener plus d'immigrants en région,
bien, certainement que ce serait possible
d'avoir plus d'immigrants, s'il y en a plus qui allaient en région, puisque
présentement l'immigration est concentrée dans la région de Montréal.
Quant à... Alors, c'est pour ça qu'il y a
beaucoup d'argent dans la création de Francisation Québec, qui va aider tous
les immigrants, dans certains cas, même, avant qu'ils arrivent ici, la création
de Francisation Québec. Puis l'intégration, la régionalisation, bien, c'est...
puis ça va même... Mme la députée, ça va même jusqu'aux demandeurs d'asile, là,
qui pourraient être amenés à Québec dans le cadre d'un projet pilote, là.
Quant à la valeur relative de l'immigration
permanente versus l'immigration temporaire, bien, évidemment, tous les immigrants ont une grande valeur, puis il
y a des débats là-dessus. Est-ce que... On a approximativement, là, les
chiffres fluctuent, mais près de 160 000 immigrants temporaires sur
le territoire, dont la majorité sont des étudiants. Est-ce que ceux qui ne sont
pas des étudiants pourraient être convertis en immigrants permanents? Sûrement.
Et, oui, c'est des choses qui doivent être
discutées. Puis ce sera discuté dans le cadre des consultations sur les seuils,
et tout cela.
Nous, lorsqu'on a fait des travaux sur le
potentiel économique du Québec, on a fait comme hypothèse que la population du Québec allait croître
approximativement de 0,5 % par année, tandis que l'Ontario croît
approximativement de 1 % par année. Alors, le Canada a une politique
d'immigration plus agressive que le Québec, vient, avec ça, des demandes... des
pressions au niveau des écoles, du transport en commun, de l'habitation, d'une
tout autre ampleur que ce que nous, on vit, malgré le fait que ce que nous, on
vit est extrêmement important, mais, nous, notre 0,5 %, il était cohérent
avec les seuils d'immigration permanente actuels. Alors, dans la mesure où les
seuils qui seront étudiés, si des chiffres plus élevés étaient considérés, ça
pourrait augmenter la croissance de la population, le bassin de travailleurs,
etc.
Mme Cadet : Merci beaucoup, M.
le ministre. Vous n'êtes pas responsable du dossier, mais vous avez ouvert la
porte, donc je ne pouvais pas m'empêcher de mettre le pied dedans.
M. Girard (Groulx) : Allez-y.
C'est vos questions. Allez-y.
Mme Cadet :
Et aussi, au niveau du chiffre des personnes ayant un statut temporaire sur
le territoire, je pense que c'est près de 300 000, en fait, incluant les
étudiants, là. En incluant les étudiants, ce serait près de...
M. Girard
(Groulx) : Moi, je vois un chiffre beaucoup plus bas que ça, mais il y
a beaucoup de débats sur ce chiffre, puis, parce que c'est la somme d'entrées
annuelles, là, on parle d'un stock. Moi, le chiffre que j'ai, c'est de l'ordre
de 170 000.
• (12 h 20) •
Une voix :
...
M. Girard
(Groulx) : 170 000.
Mme Cadet :
Avec les étudiants?
M. Girard
(Groulx) : Incluant les étudiants. Est-ce qu'il y a les demandeurs
d'asile là-dedans?
Une voix : ...
M. Girard
(Groulx) : Probablement pas.
Mme Cadet :
OK. C'est peut-être ça. Ça, c'était le chiffre total.
M. Girard
(Groulx) : Ça fait que ça, c'est... il y a probablement un 50 000
de plus, au moins, là.
Mme Cadet :
Oui, définitivement. Je vous entends sur la régionalisation, puis,
évidemment, c'est quelque chose qui faisait partie aussi de notre plateforme.
Je vais digresser un
petit peu avec ce sujet-là, mais, plus tôt, moi, j'étais à Trois-Rivières,
cette semaine. Puis, bon, Trois-Rivières,
donc, c'est une des raisons... une des régions qui, à une autre époque, était
la capitale canadienne du chômage, et là qui vit le plein emploi et qui
accueille favorablement, donc, l'idée de pouvoir accueillir de nouveaux
travailleurs, donc, notamment via la régionalisation de l'immigration. Mais ce
qu'ils nous disent, c'est qu'ils voient une certaine incohérence avec cet
élément-ci dans le budget et le peu d'investissement qui est prévu en matière
de logement. Donc, on nous dit : Oui, on veut accueillir des gens, mais on
ne sait pas du tout où les loger.
Donc, je vais laisser
mes collègues, un peu plus tard, dans un autre segment, parler plus
profondément des mesures... des mesures,
bon, qui nous apparaissent insuffisantes en matière de logement, mais
j'aimerais ici vous entendre sur la cohérence, en fait, le souci de
cohérence entre l'objectif de régionaliser plus d'immigration, mais de... par
le fait même, de ne pas nécessairement investir ce qui conviendrait en matière
de besoins en matière de logement.
M. Girard
(Groulx) : Bien, d'abord, je conteste votre prémisse qu'on ne fait pas
des choses importantes en logement. On a investi 3 milliards sur quatre
ans dans le premier mandat, 1 milliard dans ce budget-ci. Et j'ai vu
beaucoup de gens critiquer notre effort en transport en commun et en logement,
mais, quand j'ai ouvert le budget fédéral mardi, je n'ai rien vu pour ni l'un
ni l'autre. Alors, tout est relatif, M. le Président. 1 milliard de
dollars, c'est extrêmement important.
J'ai
eu l'occasion de dire qu'un budget du gouvernement du Québec, depuis que je
suis là, c'est approximativement 15 milliards d'initiatives sur
cinq ans. Et, dans notre cas ici, bien, il y a près de 6 milliards qui
vont à la Santé, puis 3 milliards qui vont à l'Éducation, alors ça va
vite, et il y a 1 milliard pour les soins à domicile, il y a
1 milliard pour la productivité des
entreprises, il y a 1 milliard pour l'environnement puis 1 milliard
pour le logement. Et donc je pense qu'on répond présent.
Quant
à la capacité des régions d'accueillir des immigrants, bien, c'est une question
extrêmement importante, puis c'est
pour ça que la ministre fait une tournée des régions pour voir... Parce que
tout le monde dit : Nous aimerions accueillir plus d'immigrants,
sous-entendu plus d'immigrants permanents, puis là c'est une chose de le dire,
mais il faut être sûr d'être en mesure de les accueillir, d'où l'importance de
sa tournée.
Le Président
(M. Simard) : Très bien. Madame, il vous reste environ
20 secondes.
Mme Cadet :
20 secondes pour poser une question?
Le Président
(M. Simard) : ...
M. Girard
(Groulx) : 10-10.
Mme Cadet :
OK, pour un échange. Donc, rapidement, au niveau de l'accompagnement en
matière de productivité et de main-d'oeuvre, comment est-ce que les besoins ont
été déterminés?
M. Girard
(Groulx) : Bien, ça, on revient au plan main-d'oeuvre de 2021. Il y a
des aspects de qualification, requalification pour les travailleurs existants
puis il y a des aspects au niveau du système d'éducation puis d'enseignement
supérieur, là. C'est deux aspects séparés : éducation, requalification.
Le Président
(M. Simard) : Très bien.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. Je cède maintenant la parole au député de Maskinongé, qui, lui
également, dispose de 18 minutes dans le cadre de son intervention.
M. Allaire : Merci, M. le
Président. Salutations, d'abord...
(Interruption)
Le Président (M. Simard) : Voilà.
M. Allaire : Bon,
il n'était pas ouvert, donc ça adonne bien. Salutations, chers collègues.
Merci, M. le Président. D'entrée de jeu, vous allez me permettre de
féliciter le ministre. Et puis je ne le fais pas pour être, entre guillemets,
téteux, vous allez comprendre. En fait, imaginez tout le travail que ça
représente, sincèrement, travailler un budget, le travail colossal que ça peut
représenter juste de rencontrer les groupes d'intérêt, de débattre, d'une
certaine façon, entre collègues, collègues ministres qui ont tous et toutes des
revendications à faire pour leurs différents ministères, avec l'ensemble de la
députation aussi qui souhaite voir des programmes bonifiés pour toutes sortes
de raisons. Alors, je trouve que c'est un travail ou des fonctions qu'occupe le
ministre qui sont très honorables, puis je pense qu'il le prend très au
sérieux.
Puis vous allez me permettre une parenthèse, M.
le ministre. Hier, à la fin du caucus, caucus de la CAQ, on marchait vers nos
appartements respectifs, puis M. le ministre nous a fait l'honneur de marcher
avec nous, parce qu'on reste à peu près dans le même coin. Et, nous, entre
collègues, on a décidé qu'on avait besoin d'aller prendre un petit verre
ensemble pour un peu décanter de notre journée. Je pense que c'est humain puis
c'est normal. Et on a invité le ministre à se joindre à nous, puis le ministre,
bien, il a refusé l'invitation puis il a décidé d'aller à ses appartements. Et
là je viens d'apprendre pourquoi. Imaginez-vous donc que, par sa rigueur, il a
décidé que lui, il prenait sa soirée à lire le budget fédéral. Ça fait que, tu
sais, ça démontre quand même, encore une fois, à quel point il prend ses
fonctions au sérieux. Puis je pense que ça prend ça, honnêtement, pour arriver
à un résultat qu'on a aujourd'hui, un résultat qui est somme toute très
bénéfique pour le Québec. Je ferme ma parenthèse. C'était sympathique. Merci,
M. le ministre, pour le moment d'hier.
L'inflation. L'inflation, honnêtement, vous en
avez tous entendu parler, pendant la campagne électorale, à tous les jours. Je
dirais même que c'est un mot qui peut même nous donner, d'une certaine façon,
le vertige, parce qu'on le contrôle, mais pas tant que ça, au final, parce
qu'on a beau mettre des mesures en place, et c'est vraiment le comportement du
consommateur qui va faire qu'en bout de ligne on va savoir si les mesures qu'on
a mises en place ont fonctionné.
L'histoire
nous démontre que, très souvent, c'est des grands moments... bien, des grands
moments... des moments, plutôt,
perturbateurs... je m'excuse, je reviens un peu sur mes paroles, mais plus des
événements perturbateurs qui ont fait en sorte qu'on a connu des grandes
périodes inflationnistes, entre autres la Première Guerre mondiale, je donne
cet exemple-là. On peut comprendre pourquoi, mais ça a eu un impact
considérable sur l'inflation de différents pays, entre autres la France, à
l'époque, a connu une inflation de 13 %, l'Allemagne, 17 %. C'est
quand même énorme. Vous pouvez imaginer tout
ce que ça peut représenter pour les différents pays, mais surtout pour le
citoyen qui est impacté.
Dans notre cas à nous, je pense qu'on peut dire
que les trois dernières années est un bel exemple d'un événement perturbateur
qui est venu influencer énormément l'inflation. Je parle ici de la fameuse
pandémie. Je pense que ce n'est pas un secret pour personne. Ça a eu de
l'impact, naturellement, sur la pénurie de main-d'oeuvre. C'est venu accentuer,
en fait, la pénurie de main-d'oeuvre. La hausse des taux d'intérêt, on le voit,
ça nous touche tous, et probablement c'est ce qui nous touche le plus. Vous
pouvez aller voir, là, avec vos téléphones... peut-être pas là, mais vous irez
voir à un autre moment, mais vous le savez, en fait, parce que, si vous êtes
conscient de vos finances et que vous les
gérez bien, vous voyez l'évolution des taux d'intérêt sur vos propres emprunts,
soit hypothécaires, vos emprunts auto
ou d'autres prêts personnels. Et, honnêtement, comme ancien banquier, je vous
dirais que je me permettais tout le temps de suggérer à mes clients de
prendre le taux variable. Mais je pense qu'actuellement, considérant la nature
exceptionnelle de l'économie, ce n'est peut-être pas la recommandation que je
ferais ou que j'aurais faite en sachant ce qui était pourrait arriver. Parce
qu'on le sait, l'inflation a quand même un impact énorme, notamment sur les
taux d'intérêt.
Dans ce contexte-là, c'est sûr que, nous,
c'était dans la philosophie de la CAQ, ça a toujours été dans la philosophie de la CAQ, c'était de remettre le plus
d'argent possible dans le portefeuille des Québécois. On l'a vu, M. le Président, en début 2018, on avait déjà commencé
à mettre en oeuvre nos promesses, entre autres avec la mise en place
d'un taux uniforme de taxation scolaire, qui a fait en sorte que beaucoup de
citoyens du Québec ont eu plus d'argent dans leur portefeuille. On a vu aussi
qu'on a plafonné les tarifs de stationnement, ce qui a permis aussi de remettre
plus d'argent dans le portefeuille des Québécois. Mais ça, c'était avant la
pandémie.
Maintenant, après la pandémie ou pendant la
pandémie, parce qu'on a bien vu qu'il y avait un impact considérable, là, sur le citoyen, avec une inflation qui était déjà à la
hausse, bien, c'est sûr qu'il a fallu mettre en place d'autres mesures,
entre autres une première série de chèques, qu'on a modulés, d'une certaine
façon, en fait, qu'on a mis un plafond, pour
permettre à certains citoyens de bénéficier, là, d'une certaine somme d'argent.
Et je me souviens, à l'époque, le ministre, il
revenait tout le temps avec ça, le fameux panier de consommation, c'était comme
sa façon de mesurer l'inflation.
Puis ça va être ma première question, M. le
ministre, pour vous. Parce que c'est important, je pense, que les gens le comprennent, parce qu'on a fait quand même
aussi une deuxième série de chèques, là, récemment, qui était une de nos promesses-phares électorales, qui était
compris dans le bouclier inflationniste... le fameux panier de
consommation, là, vous, là, de votre perspective, là, vous le calculiez
comment?
• (12 h 30) •
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci, M.
le Président. Merci pour la question. Et, en fait, je vais me permettre de
centrer la question sur le panier de consommation de biens essentiels, c'est
vraiment ça qui est important lorsqu'on regarde
ce qu'on veut faire comme politiques publiques. Alors, on parle du logement, de l'alimentation, des vêtements et du transport,
et ce panier de consommation là, pour un adulte, le panier de consommation
moyen, ça tourne autour de 25 000 $ par année pour ses besoins
essentiels. Et, lorsqu'on regarde les hypothèses économiques à la
page G.30 de la section économique, on voit que l'inflation, en 2021, en
moyenne, a atteint 3,8 %, et qu'en 2022 elle a atteint 6,7 %, et que,
là, 2023, nous prévoyons 3,5 %, et 3,5 %, c'est la prévision de la Banque
du Canada pour l'année, et, présentement, le comportement de l'inflation est
tel que la cible de 3,5 % en moyenne pour l'année tient. On est... Selon
ce qui se passe au premier trimestre, on est cohérent avec l'atteinte du niveau
moyen de 3,5 %.
Ce qui est important de savoir, c'est...
lorsqu'on indexe le régime fiscal, on se base sur la période du
1er octobre au 30 septembre de l'année précédente. Et donc, lorsqu'on
a fixé l'indexation du régime fiscal de 2022, on s'est arrêté à la période du
30 septembre 2021, et ça, ça précédait deux choses extrêmement
importantes, l'effet du variant Omicron en
Chine, qui a complètement paralysé les chaînes d'approvisionnement, et
l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a perturbé bien des choses,
mais notamment le prix de l'énergie et des aliments, puisque la Russie et
l'Ukraine sont des producteurs de denrées alimentaires extrêmement importants
dans l'économie mondiale.
Alors, le régime fiscal de 2022 a été indexé de
2,6 %. Bien que l'inflation moyenne, pour 2021, était à 3,8 %, c'est
seulement dans le dernier trimestre de 2021 qu'on a commencé à voir la poussée
de l'inflation. Et donc, lorsqu'on dit qu'en 2022 le panier de consommation a
augmenté de 6,7 % les Québécois avaient un régime fiscal qui était indexé
à 2,6 % pour faire face à cette hausse de 6,7 %, et c'est ça qui a
amené les gestes ponctuels pour compenser sur l'effet de surprise.
Arrive 2023, indexation basée sur
l'année 2022, taux moyen d'indexation pour l'année, 6,4 % du régime
fiscal 2023. Or, on attend 3,5 % d'inflation. Donc, le régime fiscal,
cette année, va compenser de plus de 3 % pour la hausse de l'inflation qu'on devrait absorber, et c'est, donc, ça qui m'a
permis de dire que les gestes temporaires n'étaient plus nécessaires en 2023, parce que le régime fiscal,
les allocations famille, les crédits d'impôt, par exemple, solidarité,
logement, etc., TPS, sont indexés à 6,4 %.
Alors, on a, donc, une indexation du régime
fiscal qui va compenser près de deux fois la hausse de l'inflation prévue en
2023, et ça nous a permis de se positionner pour faire un geste à plus long
terme, regarder plus loin, avec la baisse d'impôt pour 4,6 millions de
Québécois, pour stimuler le potentiel économique et l'offre de travail à long
terme. Je m'arrête ici, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Cher
collègue de Maskinongé.
M. Allaire : Oui, merci. Bien,
justement, parlons-en, de la baisse d'impôt. On est considéré, le Québec, comme
la province canadienne la plus taxée, puis je pense qu'en Amérique du Nord, aussi,
parmi les plus taxés, c'est clair. Avec le
budget, clairement, on veut réduire le fardeau fiscal des Québécois, mais, au
final, on peut dire clairement, puis là j'ai entendu tout l'argumentaire
que vous venez de dire, que c'est le pouvoir d'achat du citoyen québécois qui
va être clairement augmenté.
M. Girard (Groulx) : Oui, bien,
si on regarde la page B.7 du budget, où on compare le fardeau fiscal,
alors le Québec est à 14,7 %. Ça, c'est le poids de l'impôt sur le revenu
des particuliers par rapport au PIB, par province, pour le Canada et, pour les économies avancées, là, ça, c'est le
graphique, et puis à 14,7 %, ça comprend évidemment la composante
fédérale, et là, avec la baisse d'impôt, on va passer de 14,7 % à
14,3 %, et puis l'Ontario est à 14,1 %, puis la moyenne canadienne
est à 12,7 %, puis la moyenne de l'OCDE est à 9,5 %.
On a, donc, encore du travail à faire, M. le
Président, mais tout ça, ça se fait à long terme, dans le respect des principales missions de l'État. Puis, encore une
fois, comme je l'ai dit, là, on priorise santé, éducation, environnement
et l'économie, mais c'est certain que,
lorsque nous serons revenus à l'équilibre budgétaire en 2027‑2028,
bien, nous pourrons considérer
d'autres réductions du fardeau fiscal. On est vraiment dans une vision à long
terme. Chaque chose en son temps.
Dans le premier mandat, vous l'avez bien
souligné, on a fait des gestes plus ciblés, là, les stationnements d'hôpitaux,
la taxe scolaire, le crédit d'impôt maintien à domicile, crédit d'impôt pour
travailleurs expérimentés. Là, dans le deuxième mandat, on voulait une
réduction généralisée du fardeau fiscal. Et puis, si on revient à l'équilibre
budgétaire plus vite que 2027‑2028, on pourra reconsidérer une réduction du
fardeau fiscal. On a indiqué, en campagne
électorale, qu'on voudrait poursuivre la réduction des deux premiers seuils
jusqu'à 2,5 % plutôt que 1 %, mais chaque chose en son temps,
et c'est un équilibre, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député.
M. Allaire : Merci,
M. le ministre. Parlons écart de richesse. On entend souvent notre premier
ministre parler d'écart de richesse avec l'Ontario. Quand même, je suis
surpris, l'opposition, quand même, j'aurais pensé que, de façon très unanime,
aurait répondu, parce que, souvent, quand le premier ministre évoque l'écart de
richesse avec l'Ontario, et notre volonté de
le réduire, on dirait qu'ils sont tannés d'entendre cet argumentaire-là, mais
qui est tellement important. C'est ça qui fait la différence, parce que,
si on augmente, naturellement, notre richesse comme peuple, comme province,
c'est sûr que ça nous permet de se payer davantage de programmes sociaux qui,
naturellement, ont un impact, sur les
services, à la hausse et sur l'ensemble de la productivité du Québec. Ça fait
que, M. le ministre, c'est sûr que ma question est très large, puis je
sais qu'on insiste beaucoup là-dessus, mais ça a un réel impact, mais je pense
que, les gens, il faut qu'ils comprennent bien. Ça fait que j'imagine que vous
êtes d'accord avec ça, c'est clair.
• (12 h 40) •
M. Girard
(Groulx) : Oui, bien, ça, c'est la page G.6 du budget,
mais effectivement on n'a pas besoin de consulter la page G.6, là, on en parle fréquemment,
mais je vais faire un lien avec la question de la députée de Bourassa-Sauvé.
Lorsqu'on regarde le tableau de la page G.6 puis qu'on fait des
projections, des prévisions pour l'évolution de l'écart de richesse, du PIB par
habitant, évidemment, il y a le dénominateur, la croissance de la population,
puis, dans ces hypothèses-là, c'est 0,5 % de croissance pour le Québec
puis 1 % pour l'Ontario. C'est important parce que 80 % de la croissance économique future du Québec devra
venir de la productivité et 20 % de l'offre de travail, bon, puis il y
a un terme, là, d'erreur, là, qui englobe toutes sortes de choses comme le
climat d'affaires, puis les investissements publics, puis etc., mais, grosso
modo, 80 % productivité, 20 % travailleurs.
La députée de Bourassa-Sauvé disait : Vous
devez augmenter la composante travailleurs parce que nous sommes au plein emploi. C'est vrai, puis il y a
beaucoup d'effort qui se fait, évidemment, sur le 80 %, la
productivité. Ça, c'est l'investissement en
entreprise, l'innovation, tout le volet de l'investissement privé, mais aussi
de l'investissement public, parce que, par exemple, si on prend la
santé, là, si on inclut le secteur pharmaceutique privé au secteur public de la
santé, la santé, au Canada, c'est un secteur économique plus gros que
l'énergie. Et donc ça prend des gains de productivité, oui, dans le privé, ça
en prend dans le public aussi, donc d'où l'importance — tout
est lié — du
plan santé de notre collègue le ministre de la Santé, qui... On doit... On veut
avoir un système de santé plus efficace, plus performant pour les citoyens,
mais ça va aider aussi, là. Si on a un régime plus performant, qui donne des
meilleurs services, bien, ça va libérer des capacités ailleurs dans l'économie.
Et donc cet
écart de richesse là, c'est... il est... Aussi loin que nous avons des données
statistiques économiques au Canada, l'écart de richesse entre le Canada
et l'Ontario est là. J'ai longtemps pensé que c'était lié à des événements charnières dans l'histoire du
Québec, par exemple la construction de la voie maritime du Saint-Laurent,
le pacte de l'automobile, d'autres diraient une certaine élection en 1976, des
choses comme ça. Moi, je tiens à vous dire que,
bien que tout... l'accord de libre-échange ou... bien que toutes ces
hypothèses-là sont plausibles, lorsqu'on regarde les chiffres, aussi
longtemps qu'on a des données, le Québec a un retard sur l'Ontario. Ça a
toujours existé.
Et donc ce qu'on essaie de faire, c'est vraiment
un changement structurel, un bris dans l'histoire, qu'on arrête d'être moins
performants et qu'on devienne... le leader, c'est un mot qui est peut-être
surutilisé, mais qu'on devienne l'exemple au Canada en termes de performance
économique.
Le
Président (M. Simard) : Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la
parole à mon collègue de Maurice-Richard, qui dispose de
18 minutes.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Je vais peut-être commencer par rappeler que ma collègue de Mercier
a déposé, il y a quelques jours, un projet de loi, le projet de loi
n° 390, Loi favorisant la prise en compte de l'égalité des sexes et de la diversité dans une perspective
intersectionnelle dans le processus budgétaire, et j'ai trouvé intéressant de revenir, d'abord, sur ça. Et puis,
comme j'ai dit en introduction, une des choses qui sous-tend notre lecture du budget de l'État, c'est la question d'inégalités,
que ce soit de genre, de race ou de classe, et je commencerais peut-être
par un rappel ou... qui prendra la forme d'une question qui est...
Donc, nous,
on pense que, dans les politiques publiques, dans les décisions de finances,
des lois ou des politiques publiques peuvent participer à créer ou
reproduire des inégalités de genre, c'est-à-dire qu'il y ait des inégalités de
genre dans la société, dans un point de départ, et les politiques publiques
viennent ou les reproduire ou carrément les augmenter. Ça fait que peut-être...
Ma première question pour M. le ministre, c'est : Est-ce qu'il pense que
cette affirmation est vraie?
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est une affirmation générale pleine d'implications. Je tiens à dire... Et je
n'ai pas vu le projet de loi de votre collègue, là, je l'apprends. Je vous
remercie de souligner son dépôt. Je tiens à dire que le gouvernement prend très
au sérieux l'importance d'avoir des politiques inclusives et qui font la promotion
de la diversité, et, oui, les politiques publiques peuvent avoir un impact
différent sur diverses composantes de la société, puis c'est pour ça... Je pense que c'était au budget 2021, mais
vous m'excuserez... non? Bien, ah! il n'y a rien comme une sous-ministre
à côté de soi pour avoir l'heure juste... au budget 2021 que nous
avons donné des ressources au Secrétariat à la condition féminine pour faire
des analyses différenciées, selon les sexes, des politiques publiques.
Alors, pour vous expliquer comment ça
fonctionne, lorsque, par exemple, une politique publique ou un projet de loi
circule entre les ministères avant d'aller en comité ministériel puis au
Conseil des ministres, bien, elle est scrutée, par exemple, sous la loupe de
ses impacts économiques, de ses impacts environnementaux, et, au niveau du Secrétariat à la
condition féminine, bien, il y a des analystes qui regardent l'impact au niveau
de l'analyse différenciée selon les
sexes. Et donc c'est un sujet qu'on prend au sérieux, et, oui, différentes
politiques peuvent avoir des impacts différents sur les diverses
composantes de la société.
M. Bouazzi : Merci,
M. le ministre. Donc, effectivement, je veux juste être clair, ce n'est pas
juste différentes composantes de la société, c'est des composantes qui
partent pénalisées dans la société. C'est-à-dire que naître femme au Québec donne des perspectives qui ne
seront pas les mêmes que naître homme de la même famille parce qu'il y a
des inégalités de genre dans notre société, toutes sortes de biais à travers
les plafonds de verre, à travers même, je ne sais pas, moi, l'accès à toutes
sortes de dépenses qui ne sont pas les mêmes quand on est femme ou homme, et
puis de structures sociales. La même chose s'applique aussi pour les minorités racisées.
Donc, ma question pour le ministre est la même. D'abord, est-ce que, pour M. le
ministre, il y a des inégalités de départ en fonction de la racialité, en fait,
du fait d'être racisé ou pas dans la société? Est-ce que, oui ou non, des
politiques publiques peuvent créer ou reproduire des inégalités de race dans
notre société?
M. Girard (Groulx) : Bien,
d'abord, je vous remercie pour la question, et puis je vous rassure, c'est une
question à laquelle je suis sensible. J'en parle fréquemment à la maison
puisque ma fille étudie... Et je la salue, mais ça ne donne probablement rien
parce que je soupçonne qu'elle n'écoute pas la commission. Je veux la saluer,
néanmoins. Non, non, mais ce n'est pas... Mon commentaire n'est pas anodin
parce que je pense que mon père écoute, mais
mon père est retraité, ma fille est étudiante. Alors, ma fille étudie en
sociologie et «gender studies». Alors, c'est certain que ces
questions-là sont débattues au souper, même, lors des repas chez nous, puis
c'est des questions extrêmement importantes.
Alors, votre question, c'est : Est-ce que tout le monde part égaux dans la
société? C'était-tu ça, votre question?
M. Bouazzi : Non, c'est-à-dire
qu'il y a un premier constat qui est qu'il y a des inégalités sur la base de la
racialité, c'est-à-dire les personnes racisées ont un certain nombre de
pénalités dans la vie de par le fait qu'elles sont racialisées, donc une
personne noire, par exemple, dans la société, est pénalisée, à partir du moment
où elle naît, pour toutes sortes de raisons, et qu'il y a des politiques
publiques qui peuvent créer, ou produire, ou reproduire ces inégalités, ou
l'inverse. Il y a aussi, évidemment, des politiques publiques, et je suis sûr
qu'il y a des exemples dont vous pouvez parler, qui visent à corriger, donc,
lutter contre les inégalités, et ne pas les reproduire, au contraire, les
corriger. Ma question est simple, c'est, un, est-ce que vous... puis est-ce que
vous êtes d'accord avec votre fille? Je ne la connais pas...
M. Girard (Groulx) : Je suis
toujours d'accord avec ma fille, presque.
M. Bouazzi : Est-ce que vous
reconnaissez, donc, l'existence de ces inégalités de départ et puis le fait que
des politiques publiques peuvent produire ou reproduire des inégalités? Là, je
parle de la question de la race, mais aussi sur la question du genre,
évidemment.
• (12 h 50) •
M. Girard (Groulx) : Bien, si
votre question c'est : Est-ce qu'il y a des inégalités?, la réponse, c'est
oui. Puis ce n'est pas... Moi, je suis
économiste. Je n'ai pas étudié, mais ce... je n'ai pas étudié en sociologie,
mais je pense que c'est indéniable
qu'il y a des inégalités, puis je vais parler en économiste. Il y a des
inégalités économiques, là. Tous les enfants n'arrivent pas, par
exemple, en première année, au même niveau, ou en maternelle, ou etc. Alors,
oui, il y a des inégalités. Est-ce que les politiques publiques peuvent aider?
Puis là vous, vous impliquez que des politiques... ou vous dites... je ne sais
pas si vous impliquez, ce n'est peut-être pas le bon terme, mais que les
politiques peuvent aider à résorber ça et que même certaines pourraient nuire
ou perpétuer ça. C'est ce que vous dites. C'est possible, là. Il faudrait qu'on
regarde quelle politique publique en particulier, puis là on pourrait débattre
sur le bien-fondé de cette politique-là puis ses implications à ce niveau-là,
là. Je sors vraiment de mon domaine d'expertise, et c'est pour ça qu'on a des
ressources, au Secrétariat à la condition féminine, pour faire les analyses sur
nos politiques publiques dans cette perspective-là.
M. Bouazzi : En tout respect,
M. le ministre, j'espère qu'il n'y a pas juste sur elles qu'on compte pour
pouvoir faire avancer les inégalités, la lutte aux inégalités de genre, entre
autres. Étant donné qu'on n'a pas non plus des ressources qui sont... qui font
cette analyse-là sur les inégalités de race, j'espère aussi que cette
sensibilité d'analyser à quel point est-ce que des politiques publiques peuvent
ou pas produire, ou reproduire des inégalités, ou, au contraire, les
résorber... D'ailleurs, ayant lu moi-même beaucoup d'économistes, il y a
beaucoup d'économistes qui sont obsédés par ces questions d'inégalité et qui se
posent tout le temps la question : Est-ce que les politiques économiques,
dans le cas qui nous occupe, les questions financières, peuvent produire, ou
reproduire des inégalités, ou, au contraire, les résorber?
Évidemment, je pense que vous en avez un peu
parlé, il y a des questions de classes, aussi, évidemment. C'est-à-dire qu'on
peut se retrouver dans une situation où une personne défavorisée dans la
société, qui naît de parents défavorisés, a beaucoup plus de chances de finir
dans la même classe sociale, contrairement à un enfant beaucoup plus favorisé,
dont les parents font partie des gens les mieux nantis, qui finira probablement
parmi les classes sociales les mieux nanties. Donc, il y a une reproduction, si
on veut, de ces inégalités, et les politiques publiques
qu'on met en place, je l'espère, visent, entre autres choses, à donner une
égalité des chances, au minimum, aux personnes,
aux Québécoises et Québécois. Donc, ma question, est-ce que... Quel impact sur
les inégalités de genre vous pensez qu'a la baisse d'impôt dont vous avez parlé
en introduction?
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, la baisse d'impôt vise à stimuler le potentiel économique et accroître la
participation au marché du travail. Il est bien connu que, lorsque l'économie
est plus forte, ça donne plus d'opportunités
de travail, et ça bénéficie à l'ensemble des composantes de la société, et, en
plus, ça donne des meilleurs moyens au gouvernement pour faire de
meilleures politiques fiscales. Alors, la baisse d'impôt, dans la mesure où
elle accomplit... elle accomplira son objectif d'accroître le potentiel
économique, sera très bénéfique pour l'ensemble des composantes de la société
québécoise.
M. Bouazzi : Mais,
plus largement, M. le ministre, on parle de 1,7 milliard,
1,8 milliard par an, qui augmente, d'ailleurs, au fur et à mesure des années. Est-ce que... de cet argent,
est-ce que... comment vous pensez qu'il sera réparti sur une inégalité de genre? Est-ce qu'il y a plus
d'hommes que de femmes qui vont recevoir une partie de ce
1,7 milliard de dollars?
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, la baisse d'impôt... On est dans le régime fiscal québécois, là. Alors, pour sa répartition en fonction du revenu... puis
je m'excuse, là, je comprends que ce n'est pas là où vous voulez aller
nécessairement, mais sa répartition en fonction du revenu, j'ai dit que
90 % des gens qui en bénéficieraient gagnaient moins de
100 000 $, et puis on a quand même 2,2 millions de personnes qui
vont bénéficier de la baisse d'impôt qui gagnent moins de 50 000 $,
puis, entre 49 000 $ et 99 000 $, c'est 1,8 million, puis,
après ça, on a... de 98 000 $ à 100 000 $,
on en a 217 000, puis, plus de 119 000 $,
290 000 personnes, que je vais arrondir à 300 000. Alors, la
baisse d'impôt, elle vise 4,6 millions de personnes. Ces 4,6 millions
de personnes là reflètent la société québécoise.
M. Bouazzi : Donc, juste pour
être sûr, vous n'avez pas idée, sur le 4,6 millions, s'il y a plus
d'hommes que de femmes, par exemple?
M. Girard (Groulx) : Non, mais
je peux vous dire que le taux de participation des femmes au Québec est le plus
élevé au Canada, que, lorsque vous participez au marché du travail, la
probabilité que vous payiez de l'impôt sur
le revenu est très élevée. En fait, vous allez en payer si votre revenu est
supérieur à l'exemption personnelle de base de 17 000 $ en
2023. Et donc, puisqu'il y a un taux de participation des femmes au marché du
travail qui est élevé, toutes proportions gardées, une baisse d'impôt au Québec
va bénéficier à plus de femmes qu'une baisse d'impôt dans les autres provinces
canadiennes.
M. Bouazzi : En tout respect, M. le
ministre, je pense que ça n'intéresse pas beaucoup les femmes de savoir
qu'elles sont encore plus inégalitaires ailleurs, restons au Québec, et la
question c'est : Est-ce qu'on participe ou pas à augmenter ou à diminuer
les inégalités au Québec? Et je vous avouerais que je suis un peu étonné, parce
que c'est quand même des données très faciles à avoir, étant donné qu'on a et
le sexe et la contribution des contribuables. Ce n'est pas des données compliquées à colliger. Je peux peut-être
participer à aider un peu. Donc, quel est le pourcentage des Québécoises
et des Québécois qui ne profiteront pas du tout de la baisse d'impôt au Québec?
M. Girard (Groulx) : Répétez-moi
votre question précisément.
M. Bouazzi : Quel
pourcentage... Il y a un pourcentage de Québécoises et de Québécois qui ne
paient pas d'impôt parce qu'ils sont trop
pauvres. Et donc quel est... quel pourcentage des Québécoises et des Québécois
n'auront rien de cette baisse d'impôt?
M. Girard (Groulx) : Alors là,
si vous permettez, je vais prendre mon téléphone, qui va me servir de
calculatrice, parce qu'on a 6,8 millions d'adultes, et là je vais exclure
ceux qui travaillent entre 15 et 18 ans. On va s'en tenir aux 18 ans
et plus.
M. Bouazzi : S'il vous plaît.
M. Girard
(Groulx) : Alors, 4,6 divisé par 6,8, ça veut dire qu'il y a
68 % des gens qui ont bénéficié d'une... 68 % des adultes qui
ont bénéficié d'une baisse d'impôt et 32 % n'en ont pas bénéficié.
M. Bouazzi : Et donc, sur le
32 % qui n'en bénéficiera pas, je vous informe que les femmes sont surreprésentées. Donc, c'est 37 % des femmes.
Et, encore une fois, je salue les recherchistes exceptionnels que j'ai,
mais...
M. Girard (Groulx) : Nous les
saluons aussi.
M. Bouazzi : Oui, mais, en tout
respect, ça leur arrive de faire des calculs beaucoup plus compliqués que de savoir quelle est la représentation des femmes
dans un segment quelconque, et je pourrais... Il y a une surreprésentation
des jeunes aussi. Donc, pour les personnes de 16 à 29 ans, c'est 51 %
de cette catégorie-là qui n'aura rien. Il y a une surreprésentation des
personnes sans diplôme. 56 % des personnes sans diplôme ne paient pas
d'impôt étant donné aussi qu'elles sont surreprésentées
dans ces populations, souvent parce qu'elles sont vraiment juste beaucoup trop
pauvres pour y pouvoir avoir accès. Il y a aussi...
M. Girard (Groulx) : Il y a des
aînés aussi.
M. Bouazzi : Exactement. Il y a
aussi une surreprésentation d'immigrantes, de personnes immigrantes, et de
personnes vivant en région rurale. Donc, il y en a plus que... Donc, cette
baisse d'impôt, au-delà de tous les bienfaits dont vous parlez, étant donné la
configuration des gens, dans notre société, qui vont y avoir droit ou pas,
vient, de facto, augmenter les inégalités ou, en tout cas, s'accommoder des
inégalités qui existent déjà, sur la base du genre, sur la base de l'âge — on
pourra décider que c'est normal pour des jeunes de gagner moins d'argent que
les plus... que les moins jeunes, même si la question se pose : Pourquoi
ils vivraient dans plus de pauvreté? — évidemment sur la question
rurale aussi, donc géographique. Et donc, de ce que je comprends du ministre,
c'est qu'il n'y a pas eu aucune analyse qui touche à ces questions-là, pour se
demander quel impact ça aurait pour ces personnes-là particulièrement, ou alors
il y aurait eu une analyse, et on aurait trouvé que ce n'est pas grave.
M. Girard (Groulx) : En fait,
il faut regarder nos gestes. C'est quand même notre cinquième année au pouvoir.
Il faut regarder l'ensemble de nos gestes. En décembre 2022, nous avons amené
2 000 $ pour les aînés à faibles revenus. Pour avoir
2 000 $, il faut que votre revenu soit inférieur à 24 000 $.
Alors, la majorité de ces gens ne paient pas d'impôt. Puis là, à
44 000 $, vous avez 1 000 $, puis à 64 000 $,
vous avez zéro. Et c'est plus de 1 million d'aînés qui vont recevoir ce
2 000 $ là. Alors, il ne faut pas regarder les gestes du gouvernement
uniquement en fonction de la baisse d'impôt. Il y a aussi le régime fiscal qui
est indexé à 6,4 %. Il y a le programme de revenu de base pour les gens
sur la solidarité sociale. Alors, je pense qu'au Québec on a une société qui a
à coeur le bien-être de l'ensemble de ses citoyens, puis on fait des gestes
pour les citoyens à faibles revenus aussi.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre. En conclusion, cher collègue.
M. Bouazzi : En conclusion,
j'ai eu moi-même la chance d'applaudir les 2 000 $ pour les aînés
parce qu'effectivement ils participent à
lutter contre les inégalités. Malheureusement, je pense que ça doit être une
constante de tout le temps se poser la question : Est-ce qu'on lutte
contre les inégalités de classe ou de genre dans le cas dont j'ai parlé
aujourd'hui?
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous tous pour votre précieuse collaboration.
Compte tenu de l'heure, nous allons suspendre.
N'allez pas trop loin, parce qu'on se retrouve ici même à 14 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 14 h 02)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, bienvenue à toutes et à tous. Nous pouvons reprendre nos
travaux. Comme vous le savez, nous sommes dans la poursuite du débat sur le
budget, et, à ce stade-ci, la parole appartient à notre collègue d'Iberville,
qui dispose de 18 minutes dans le cadre de son intervention.
Mme Bogemans : Merci beaucoup.
Bon après-midi, tout le monde. La semaine dernière, j'assistais à la
présentation de mon premier budget en tant que députée élue d'Iberville. Puis
ce que je peux en témoigner, c'est que la demande des citoyens a été entendue.
Je suis fière de faire partie d'un gouvernement qui est à l'écoute. Puis le
présent budget démontre vraiment qu'on veut réaliser les engagements qu'on a
proposés au courant de la dernière campagne électorale. C'est un budget qui est
équilibré et qui est très prudent. C'est tout à fait, je pense, dans l'optique
économique présente, adapté. Le Québec change. Puis ça va être notre devoir
aussi de s'adapter, de rester chef de file dans nos domaines. C'est à nous de
s'engager.
Puis une de mes priorités, c'est que le
développement économique reste vigoureux, en santé, surtout dans les régions.
Puis ce qu'on voit dans ce budget-là, c'est que la réalité de nos régions fait
partie intégrante de notre vision globale.
Je constate que les efforts qu'on déploie pour l'intégration, par exemple, des
immigrants à la société québécoise, surtout sur le marché du travail,
est importante et qu'on continue d'y veiller pour la vitalité économique et la
pénurie de main-d'oeuvre.
Ma première question, M. le ministre, c'est que
je voulais que vous expliquiez aux gens, qui sont ici puis à la maison,
l'ampleur des mesures du budget pour contrer la pénurie de main-d'oeuvre, pour
que tout le monde la comprenne bien.
Le Président (M. Simard) : ...M.
le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Merci beaucoup. Alors, comme j'ai eu l'occasion
d'en discuter ce matin, pour amener... augmenter le potentiel économique
du Québec, on travaille sur la composante productivité et la composante
travail. Et puis, selon nos estimés, 80 % de la
croissance future viendra de la productivité et 20 % de la composante
travail. Néanmoins, bien qu'elle soit, toutes proportions gardées,
quatre fois moins importante, c'est la combinaison des deux qui va amener
le succès. Donc, c'est important d'avoir des politiques qui vont stimuler
l'effort de travail.
Alors, si on va dans le budget à la section
Accroître la richesse du Québec puis qu'on se dirige à la section 4 et 5,
4 étant Faire face à la pénurie de main-d'oeuvre, et 5 étant Adapter le Régime
des rentes aux nouvelles réalités des Québécois, on voit deux choses.
Premièrement, au niveau du ministère de l'Emploi, on a ce qu'on appelle le
COUD, qui est l'alternance études-travail, et on met 100 millions dans ce
programme. Et ça, c'est à la page B.68, où on explique, là, qu'est-ce
qu'on veut dire par alternance travail et puis la formation en entreprise. Et
puis ça, c'est un programme qui est avec la Commission des partenaires du
marché du travail, où les employeurs et les syndicats siègent. M. le Président,
vous vous occupez de baisser le chauffage, vous?
Le Président (M. Simard) : ...c'est
déjà demandé, c'est déjà demandé.
M. Girard (Groulx) : Parce
qu'on va être bien cuits, là, dans 2 h 30 min, là.
Le Président (M. Simard) :
C'est déjà demandé.
M. Girard (Groulx) : On va être
bien... on va être juste à point. Je continue. Mais... Puis peut-être que c'est
mes... c'est moi, mais je...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : C'est
parfait. Alors, au niveau des régions, là, c'est très important, c'est... on
doit faire un effort pour régionaliser l'immigration. Et puis, évidemment, la
francisation des immigrants en région, bien, c'est beaucoup plus facile que
dans la région de Montréal, parce que la communauté peut aider à l'intégration,
là. C'est... Oui, il y a des centres pour Francisation Québec, mais la
communauté elle-même peut aider à la francisation.
Alors, il y
a, dans le budget, si je résumais, pour la pénurie de main-d'oeuvre,
600 millions, dont 100 millions pour les entreprises avec les
COUD... le COUD et 500 millions au niveau de l'intégration, la régionalisation,
la francisation de l'immigration,
200 millions va à Francisation
Québec, 100 millions, à la
régionalisation, et 150 millions, à la reconnaissance des
compétences. Puis là on pourrait dire : C'est vraiment beaucoup d'argent,
150 millions, reconnaissance des
compétences, mais il semble que la reconnaissance des diplômes et des
qualifications, c'est vraiment un problème, qu'on peut faire mieux et...
à ce niveau-là. Et mon collègue de Maurice-Richard
m'indique que, oui, on peut faire mieux au niveau de la reconnaissance des
qualifications.
Au niveau du régime des rentes, parce qu'on...
Ce matin, on a eu la discussion que, lorsqu'on regarde nos taux de participation de la main-d'oeuvre, on est
premier au Canada pour les cohortes de 15 ans à 60 ans. Mais, de
60 à 70 ans, on traîne un peu de
l'arrière par rapport à l'Ontario puis on aurait la possibilité d'aller chercher
70 000 travailleurs. Alors, on y
va avec ce qui a été discuté en campagne électorale et qui a fait partie de la
consultation publique sur le régime des
rentes, c'est-à-dire les cotisations facultatives au régime des rentes du
Québec, à partir du 1er janvier 2024, pour ceux qui ont déjà
déclenché leur rente, et la protection de la rente après 65 ans pour ceux
qui travaillent à temps partiel.
• (14 h 10) •
Mme Bogemans : Parfait. Merci
beaucoup. C'est des mesures... dont le COUD, qui est superimportant pour nos industries agricoles, industrielles,
touristiques, même, par exemple, les CPE, là, qui sont leaders en la matière.
C'est certain que l'appui pour la formation
en entreprise, ça va aider aussi grandement toutes les entreprises. Ça va donner
un élan aussi supplémentaire, je pense, au projet de zone d'innovation qu'on a
entre autres à Saint-Jean-sur-Richelieu, puis nos deux projets «Signature»
qu'on a à Lacolle, dans le comté de la députée juste à côté de moi, et aussi
dans Rouville. C'est des développements qui
incitent le milieu des affaires puis le milieu scientifique à s'arrimer
ensemble pour vraiment faire... de manière
évolutive et durable, être capable de positionner nos régions sur l'échiquier
international.
Ça fait que, par rapport à ça, ma question était
que vous prévoyez déployer plusieurs mesures diversifiées, comme un congé
fiscal pour les grands investissements. Les régions représentent une grande
part de notre territoire. Est-ce que vous pouvez dépeindre les mesures projetées
pour stimuler l'activité économique régionale pour leur permettre vraiment...
excusez-moi, d'atteindre leur plein essor?
M. Girard (Groulx) : Avant,
j'aimerais informer tout le monde, là, qu'au niveau des transferts fédéraux, au
niveau de la formation de la main-d'oeuvre, on a quand même eu une mauvaise
nouvelle, cette semaine, du gouvernement fédéral, parce qu'il y avait... il y a
des sommes qui sont transférées annuellement, et nous avions demandé avec insistance, tant moi que ma collègue
de l'Emploi, que ces sommes-là soient reconduites pour l'ensemble du
cadre financier, et, bon, on peut être très positif et dire qu'on a eu une
reconduction pour 2023-2024, mais on n'a eu aucune confirmation pour les années
suivantes. Ça veut dire qu'on va devoir reprendre ce combat-là et que les
transferts fédéraux, au niveau de la main-d'oeuvre, c'est important.
Et là votre question
était en deux volets, sur les régions mais aussi sur le congé fiscal pour
grands projets d'investissement. Je vais commencer avec le congé fiscal, qui
est décrit à la page... à la page, j'y arrive... voilà, à la page... 2, B.18, B.19 et les suivantes. On y
apprend que, le congé fiscal qui devait se terminer au 31 décembre 2024,
on le prolonge tout de suite jusqu'en 2029, mais surtout on lui... on le
bonifie, on augmente le nombre de secteurs qui sont disponibles et on ajoute
une composante régionale, c'est-à-dire que le crédit d'impôt à
l'investissement, là, c'est les grands projets, donc plus
de 100 millions... mais, par exemple, si votre investissement est de
100 millions, vous serez éligibles à un
remboursement de 25 %, donc 25 millions, si vous êtes dans une MRC
dévitalisée. Donc, congé fiscal de charge...
le FSS, le fonds de services de santé et l'impôt des entreprises, jusqu'à
concurrence de 25 % de votre investissement.
Et, si vous êtes à Montréal et Québec, c'est plutôt 15 %. Alors, il y a
une composante régionale là-dedans. Et j'en profite pour dire que le
coût estimé de ce congé fiscal est de 373 millions pour cinq ans et
qu'on pense que ça va donner des projets de l'ordre de 24 milliards dans
les 10 prochaines années.
J'arrive
au développement régional, et ça, c'est à la page B.41. Et, au niveau du
développement régional, on a 1,4 milliard qui se compose, tel
qu'énuméré au tableau B.17, de 813 millions pour appuyer le secteur
bioalimentaire, 217 millions pour le développement régional, les sommes,
là, les FLI, les fonds de... locaux d'investissement, les fonds pour l'économie sociale, c'est en plus de ce
217 millions, parce que les fonds ne passent pas à la dépense vu
que c'est des investissements,
153 millions pour la mise en valeur de nos attraits touristiques,
là-dedans, il y a le PADAT et le PARIT, ce sont des programmes bien
connus du ministère du Tourisme. Il y en a un qui est pour les infrastructures,
d'autres qui est pour le développement de
services... excusez-moi, 128 millions pour le secteur forestier,
108 millions pour poursuivre l'hyperconnectivité du territoire québécois
ou la mettre en place et 10 millions pour les minéraux du sous-sol
québécois. Ça peut paraître des sommes minimes, 10 millions, mais
évidemment il y a eu des sommes qui ont été annoncées avant, et c'est la
poursuite du plan de match pour les minéraux critiques et stratégiques.
Le Président
(M. Simard) : Merci.
Mme Bogemans :
Merci beaucoup. Moi, je voulais maintenant parler un petit peu d'éducation
parce que c'est notre priorité, entre autres, au gouvernement. On est, en fait,
bénéficiaire d'un investissement additionnel pour toutes nos écoles primaires,
secondaires, formation générale pour les adultes, formation professionnelle.
Les écoles de ma circonscription comme partout ailleurs, les étudiants, leurs
familles vont être le final récipiendaire de ce projet-là. Le développement est
essentiel pour le futur. Puis je pense qu'on démontre bien son importance en
soutenant la réussite et la persévérance scolaire dans ce budget-ci.
Je ne peux pas passer
à côté de ma première expérience d'accueil de professionnels issus de
l'immigration francophone en soins infirmiers qui viennent faire leur mise à
niveau dans les cégeps, dont entre autres au cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu,
pour incorporer le milieu du travail, même, durant leurs études, comme préposés
aux bénéficiaires, mais définitivement en
tant que membre du personnel infirmier en 2024. Puis c'est un exemple parfait
du recrutement international structurant
porteur qu'on veut pour le Québec de demain. C'est plus que
1 000 professionnels qui sont présentement en cours d'entrée ou déjà
arrivés pour venir en renfort aux professionnels de la santé. Donc, merci pour
ça.
En parlant de santé,
on a tous un besoin criant, puis je suis fière que le gouvernement ait le
courage de prendre les mesures nécessaires pour rendre notre système de santé
plus humain, mais surtout plus efficace.
Je prends la liberté
ici de féliciter aussi l'annonce de la gratuité du vaccin pour le zona. C'était
quelque chose en comté qu'on se faisait demander de manière répétée. Merci. Et
c'est, entre autres, à ça que je pensais au départ, quand je disais qu'on a
été... tu sais, les gens sur le terrain ont été écoutés.
Une de mes priorités,
comme élue, c'est d'augmenter l'offre de services en soins à domicile pour les
personnes qui ont des besoins particuliers ou les aînés pour qu'ils puissent
vivre dans la dignité. On alloue des sommes qui vont aider au déploiement d'une
meilleure offre de services, mais ça va passer par des soins de qualité,
péreins, qui sont accordés même... et qui viennent aussi en support aux
personnes proches aidantes, pardon.
Les personnes
vulnérables ne sont pas oubliées. Que ce soit en santé mentale, en services
sociaux, le budget 2023-2024 contribue à la continuité dans notre mission,
qui est de renforcer le soutien offert aux Québécois et Québécoises en matière de santé. Des investissements qui permettent de
bonifier l'appui aux organismes communautaires qui oeuvrent dans ces
domaines, accroître les services en dépendance, en itinérance, et qui doivent
maintenant étendre leurs antennes jusque dans nos petites municipalités, c'est
pris en considération.
Puis j'aimerais
savoir, M. le ministre, si vous pouvez m'indiquer concrètement, dans le budget,
comment vous pouvez venir soutenir les organismes communautaires qui oeuvrent
dans ces secteurs-là.
M. Girard
(Groulx) : Très bonne question, qui me surprend, parce que votre
introduction ne m'amenait pas là, mais j'y
vais. Alors, on s'en va dans la section Santé, et puis je vais trouver le
graphique qui nous parle des organismes...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : E.45. Alors, notre
sous-ministre, toujours à son affaire, me dit que c'est bien la section
Santé, mais que ça couvre seulement le PSOC et qu'il faudrait plutôt parler du
PAGAC, du plan d'aide... d'action gouvernemental pour les organismes
communautaires qui, lui-même, inclut le PSOC, qui est pour les organismes
communautaires en santé et services sociaux. Alors, à la page E.45, on
voit que le gouvernement du Québec donne approximativement
2 milliards de dollars par année pour les organismes communautaires
et que ces sommes ont augmenté de plus de 50 % depuis 2019-2020 parce que,
d'abord, les besoins ont augmenté avec la pandémie. Puis les organismes
communautaires... Puis je les salue, et nous les remercions tous pour leur
contribution parce qu'ils ont rejoint des
communautés, des personnes que les entités publiques, elles-mêmes, avaient de
la difficulté à rejoindre durant la
pandémie. Alors, il faut souligner la contribution des organismes
communautaires, c'est certain. Alors, 2 milliards de dollars,
une hausse de plus de 50 % depuis 2019-2020, et puis, dans le budget, il y
en a pour 443 millions, et puis ça fait, essentiellement, une hausse de
plus de 10 %, là, sur... année sur année.
Mme Bogemans : Merci.
C'est bien apprécié parce que c'est un petit peu dans le même cadre que les
subventions qui ont été octroyées, là, au
début du mandat qui, dans mon propre comté, a amené plus... ou à peu près
50 000 $, là, au centre d'entraide bénévole pour étendre
l'offre de soins à domicile pour les personnes aînées. Donc, c'est vraiment
très apprécié.
Une autre de mes priorités, bien, c'est les
places en garderie. Il faut que le gouvernement... bien, en fait, pas «il
faut», il... on s'est engagé à convertir des places de garde non subventionnées
en places subventionnées, puis ça, ça témoigne vraiment de l'équité envers les
familles, puis d'une place accessible pour tous.
Sur le thème de la famille et du milieu de vie
stimulant, je suis heureuse d'apprendre que les projets qui ont été annoncés
en 2019 dans le cadre des... des arénas, par exemple, sportives, je pense
ici particulièrement à l'aréna de
Saint-Césaire, c'est plus de 110 millions qui vont aller pour la
finalisation des projets annoncés en 2019. Donc, ça, je trouve que c'est une super de bonne nouvelle, puis
on va suivre l'attente de... des critères d'admission un petit peu plus
tard cette année. Merci beaucoup pour cette...
• (14 h 20) •
M. Girard (Groulx) : Bien, si
vous me permettez de poursuivre mon analyse du budget fédéral, parce que...
Vous savez, le PAFIRS, c'est un programme qui est extrêmement populaire, hein?
Contribution fédérale-provinciale et des municipalités pour des projets
d'infrastructures sportives. Le problème, c'est qu'entre le moment où on a
choisi les gagnants... parce que c'est un programme normé où il y a de la
demande pour approximativement cinq fois les sommes disponibles, puis là,
selon les normes, des projets ont été priorisés, mais, entre le moment où les
projets ont été choisis et, aujourd'hui, il y a eu une augmentation des coûts,
et là on a plusieurs projets, en fait, la majorité des projets qui n'arrivent
pas à rentrer dans l'enveloppe qui leur a été octroyée, malgré le mérite de ces
projets-là, parce que, je vous le dis, c'est la minorité qui a été choisie,
bien là, la hausse des coûts fait que les projets ne rentrent plus dans les
enveloppes, et là on se tourne vers notre partenaire fédéral, puis on aimerait
bien que les contributions de chacun des partenaires soient bonifiées en
fonction des hausses des coûts, puis on se fait dire, essentiellement :
Arrangez-vous. Alors, j'ai regardé dans le budget fédéral puis je n'ai rien vu
pour le PAFIRS, alors le gouvernement du Québec répond présent et met
110 millions de plus dans les infrastructures pour permettre la
réalisation des projets qui ont été choisis en vertu de critères extrêmement
rigoureux.
Le Président (M. Simard) : Alors,
bien, merci, chère collègue d'Iberville. Je cède maintenant la parole au
porte-parole de l'opposition officielle, le député de Marguerite-Bourgeoys, qui
dispose de 19 minutes.
M. Beauchemin : 19 minutes.
Merci, M. le Président. Merci, M. le ministre. Je veux... Premièrement, je veux
juste continuer, faire du pouce un peu sur ce qui a été mentionné un peu plus
tôt ce matin à propos d'un des commentaires
que vous avez faits. J'aimerais vraiment avoir plus de développements là-dessus
parce que ça m'a vraiment pris dans l'oreille. Vous aviez parlé tout à
l'heure, lors de votre allocution, à propos de l'efficacité des dépenses en
santé. Pouvez-vous élaborer un peu, s'il vous plaît, là-dessus?
M. Girard (Groulx) : En fait,
ce que j'ai dit, c'est que le secteur de la santé, au Canada... Vous savez, la santé, par exemple, là, au gouvernement du Québec,
c'est 43 % des dépenses de portefeuille, et il y a le secteur
public, il y a le secteur privé en santé, les...
par exemple, le secteur des médicaments, le secteur pharmaceutique, etc. Alors,
ce que j'ai dit, c'est que la santé au sens
large, au Canada, comme secteur économique, c'est plus important que le
secteur énergétique. Donc, si on veut faire des gains de productivité
collectifs, il va falloir en faire dans le secteur public et dans le secteur
privé, d'où la nécessité du plan santé de mon collègue pour améliorer la
performance du réseau au bénéfice des citoyens.
M. Beauchemin : OK. Et donc de
quelle avenue... quelle piste de solution d'efficacité, j'imagine, c'est de ça
qu'on parle, là, que vous avez envisagée ou qui est envisagée dans votre
approche?
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, si on va au... si... Là, vous comprendrez que nous avons un porte-parole
pour le plan santé et qui est bien meilleur vulgarisateur que moi, mais je peux
m'essayer. Si on y va au niveau du plan santé qui a été présenté en
mars 2022, on se rappelle qu'il y avait des éléments qui concernent le
personnel, les infrastructures, les données, la technologie, et là il y a une
série de mesures, là, telles que l'inscription aux groupes de médecine familiale, ça, c'est... on est à plus
de 500 000 prises en charge, le Guichet d'accès à la première ligne,
pour ceux qui n'ont pas, par exemple, de médecin de famille ou qui en ont un,
mais qui n'arrivent pas à avoir de services de
première ligne, la formation accélérée du personnel, le Dossier Santé
numérique, les cliniques, les IPS, les infirmières praticiennes
spécialisées et les... et j'ajouterais à ça les composantes légales, là, le
projet de loi sur les données, le projet de loi sur les agences, le projet de
loi sur Santé Québec. Tous ces éléments-là visent à rendre le système de santé
plus performant.
M. Beauchemin : OK. Donc,
est-ce qu'il y a comme une enveloppe budgétaire qui va se dégager de ces
efficacités-là?
M. Girard (Groulx) : Oui.
Est-ce qu'il y a une enveloppe? Bien, c'est-à-dire qu'on pourrait conclure que,
toutes choses étant égales par ailleurs, le
maintien... dans la mesure où le réseau est plus efficace, le maintien du
niveau de services va coûter moins cher et
que, oui, ça peut dégager des ressources pour des innovations, ou des nouvelles
technologies, ou des nouveaux médicaments.
M. Beauchemin : OK. Puis est-ce
que ça, ça a été estimé?
M. Girard (Groulx) : Non, dans
le sens qu'on... Lorsqu'on fait des politiques publiques, qu'elles soient... On
n'a pas imputé de gains de productivité dans le réseau dans nos prévisions de
dépenses, non.
M. Beauchemin : OK. Dans le
budget, vous mentionnez que cette année, c'est 7,7 % d'augmentation dans
Services sociaux et Santé, si j'ai bien vu. L'an prochain, vous parliez de
3,6 %, ce qui inclut aussi les mesures COVID, si j'ai bien compris comment
c'était décrit. Le 3,6 % moins les mesures COVID donne 2,1 %.
J'aimerais juste, si vous aviez deux secondes... me le rerésumer, s'il
vous plaît.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Alors... Puis merci de soulever cette question. Le ministère des Finances fait
un effort de transparence, et vous aurez remarqué que plus je fais de budgets,
plus il y a de notes de bas de page. Alors, c'est vraiment un effort de
transparence. À chaque fois qu'il y a un chiffre qui sort de l'ordinaire, je
demande au ministère de mettre une note de bas de page et de l'expliquer. Comme
ça, si vous avez une passion, par exemple, pour les affaires municipales et
l'habitation, bien là, vous avez votre note de bas de page, vous avez vos
explications.
Alors, à la
page H.42, Santé et Services sociaux, variation en pourcentage :
2022-2023, sur 2021, 12 %; 2023-2024, sur 2023, 7,7 %;
2024-2025, sur 2023-2024, 3,6 %. Moyenne cumulée... Moyenne géométrique de
ces trois années : 7,7 %. Ça, c'est en excluant les dépenses COVID
non récurrentes.
M. Beauchemin : Pour? Excusez.
M. Girard (Groulx) : Pour la
santé.
M. Beauchemin : Pour
l'année 2023?
M. Girard (Groulx) : Pour
l'année 2022. L'année 2023-2024.
M. Beauchemin : OK.
M. Girard (Groulx) : OK? Mais
les... Et les années de 2022... 2021-2022 aussi puisque, pour calculer le taux de croissance 2022-2023, il faut enlever
des dépenses COVID. En fait, le gros des dépenses COVID, vous les avez à
la page H.49, mesures de soutien, en 2022-2023, COVID :
4 milliards en santé, OK? Alors, les taux de croissance, 12 %, 7,7 %, 3,6 %, seraient... Si
on ne dit... on faisait l'hypothèse que les dépenses COVID ne sont pas
extraordinaires, qu'elles sont intrinsèques au réseau, permanentes, elles sont
ce qu'elles sont, les taux de croissance seraient de 2,7 %, 1,6 % et
2,1 %, OK? Parce qu'on a évidemment, avec la pandémie, augmenté les
dépenses de santé. Puis là, si on a un niveau de dépenses de santé qui est
beaucoup plus élevé, bien, on a moins besoin de croissance.
M. Beauchemin : Donc, le...
excusez.
M. Girard
(Groulx) : Donc... bien... Donc, 12 %, 7,7 %,
3,6 % correspond à 2,7 %, 1,6 %, 2,1 % sans... si on
met les dépenses COVID dans la base. Puis ça, c'est essentiellement ce qui est
résumé à la note 2 de la page H.43.
M. Beauchemin : OK. Merci pour
l'explication. Ça fait que, donc, si je voulais résumer vite, vite, là, c'est
les mesures COVID dans l'année 2024-2025, si elles étaient exclues des
calculs, l'augmentation serait, donc, de 2,1 %? Il y a...
M. Girard (Groulx) : Oui, c'est
les dépenses COVID de 2023-2024 qui seraient exclues.
M. Beauchemin : 2023-2024. Moi,
je parlais de 2024-2025, le 3,6 %.
M. Girard (Groulx) : Oui, mais
vous parlez du taux de croissance. Ça fait que le taux de croissance, c'est...
M. Beauchemin : C'est par
rapport à...
M. Girard (Groulx) : Au
dénominateur qui est l'année d'avant.
M. Beauchemin : D'accord.
Exactement. Et donc, si ces mesures-là qui, si j'ai bien compris, vont rester,
en partie, des masques, etc., une fois qu'elles sont prises en considération,
justement, le dénominateur doit-il encore bouger parce qu'à chaque année on va
augmenter les dépenses de COVID?
• (14 h 30) •
M. Girard
(Groulx) : Bon. OK, là, on est dans une question de divulgation
financière, c'est-à-dire que, dans le coeur de la pandémie, les
années 2020-2021, 2021-2022 et 2022-2023, c'est la dernière année qu'on a
fait ça, OK, on a séparé ce qui était des dépenses
temporaires. Par exemple, si on avait un programme pour les salles de spectacle
dans les milieux artistiques puis que cette mesure-là était liée au fait qu'il
y avait des restrictions sanitaires, alors cette mesure-là, elle était
identifiée dans les dépenses COVID. Alors, si vous alliez dans le cadre
financier, vous avez les dépenses, mettons, dans le secteur Culture et Langue
française, puis, en bas, vous auriez... à la ligne COVID, vous auriez eu les
mesures pour les spectacles dans cette ligne-là.
Alors, 2020-2021, des
milliards et des milliards. 2021-2022, d'autres milliards. 2022-2023,
5 milliards. Puis là, à partir de 2023-2024, oui, la COVID est toujours
présente, mais moins. On est vacciné, on a eu la COVID. On ne sépare plus les
dépenses COVID ou presque. On n'en a vraiment presque plus. Il y en reste un
petit peu en santé. Mais, pour 2022-2023, 5 milliards de dépenses COVID en
tout, c'est ce qu'on montre à H.49. Puis 2023-2024, ça va vraiment être petit.
Puis là on revient à une situation où, bien, les dépenses sont les dépenses
puis il n'y a plus de ligne extraordinaire COVID.
M. Beauchemin :
D'accord. Donc, le 3,6 %, il est net de toute dépense COVID pour
2024-2025.
M. Girard
(Groulx) : Oui, pour 2023-2024.
M. Beauchemin :
Pour 2023-2024, d'accord. OK. Donc, par rapport à tout à l'heure au niveau,
là, des efficacités de dépenses en santé, je comprends qu'il y a... c'est un
concept théorique, il n'y a pas, en fait, de calcul qui a été fait, là, il n'y
en a pas vraiment, là, qui ont été calculés pour la fin de l'exercice, pour le
questionnement que j'ai fait, là?
M. Girard (Groulx) :
Non, on se garde une certaine humilité, là, on n'a pas mis de sommes
reliées à des gains d'efficience dans les années futures parce qu'on présente
un projet de loi sur Santé Québec.
M. Beauchemin :
OK, d'accord. Ça va être à suivre, évidemment.
M. Girard
(Groulx) : Ça va être à suivre, puis on se souhaite tous qu'il y ait
des gains de productivité dans le réseau.
M. Beauchemin :
Je vous emmène sur un autre terrain que vous avez abordé ce matin, quand
vous parliez avec ma collègue la députée de... Donc, on parlait du bassin
potentiel de travailleurs, le taux d'emploi, et vous avez fait référence à...
le groupe d'âge où est-ce qu'il y a le plus de potentiel, en fait, où est-ce
que... le seul potentiel qui reste, finalement, si j'ai bien compris. Et vous
l'avez chiffré à 70 000 $... Excusez...
M. Girard
(Groulx) : 70 000 personnes.
M. Beauchemin : 70 000 personnes.
Je... Vous savez c'est quelle page que moi, j'ai préférée dans votre
budget?
M. Girard (Groulx) :
Allez-y.
M. Beauchemin :
La G.7.
M. Girard
(Groulx) : La G.7?
M. Beauchemin :
Oui.
M. Girard
(Groulx) : Excellent!
M. Beauchemin :
D'accord. J'en ai mentionné à quelques reprises, durant le salon bleu,
c'est pour ça que je m'attendais à une
réponse rapide, mais, bon... Et donc, quand on regarde cette page-là, je me
posais la question. Pour, disons, 2023, quand on regarde le taux d'emploi,
bien, premièrement, dans le bassin de travailleurs potentiels, la croissance de
celui-ci, vous dit ce que ça va être 0,3 %. Donc, ça, c'est des
nouveaux... ce n'est peut-être pas le bon terme,
pas des nouveaux arrivants, mais des gens, maintenant, qui tombent dans la
«bracket» 15 à 64 ans, c'est bien ça?
M. Girard
(Groulx) : Ou qui y sont déjà mais qui décident de se chercher un
emploi.
M. Beauchemin :
Ou qui décident de chercher un emploi. Et, en dessous de ça, on a le taux
d'emploi à 1,1 % de... la variation
annuelle du taux d'emploi de 1,1 %. Donc, si je veux analyser le
70 000 que vous mentionniez tantôt, c'est le 70 000 sur
le 4,6 millions, si j'ai bien compris le chiffre, de participants dans le
taux d'emploi?
M. Girard (Groulx) : Ce serait
70 000 travailleurs sur... C'est 70 000 travailleurs sur le
7,2 millions de Québécois.
M. Beauchemin :
OK. Je vais faire comme vous...
M. Girard (Groulx) : ...qui ont
de 15 à 64 ans. En fait, c'est 15 ans et plus, excusez-moi.
M. Beauchemin :
15 ans et plus. OK.
M. Girard (Groulx) : Puis on
parle de ces 70 000 travailleurs, M. le député, à la page G.10.
M. Beauchemin : D'accord. Et
donc, quand vous mettez, ici, 1,1 %...
M. Girard (Groulx) : Et c'est
76 000 travailleurs, pour être précis.
M. Beauchemin : Parfait. Quand
vous mettez 1,1 %, ici, d'augmentation, c'est... vous sous-entendez, donc,
que ces 76 000 travailleurs vont devenir actifs. Est-ce que c'est ça
que je peux comprendre?
M. Girard (Groulx) : Bien, le
bassin de travailleurs, c'est la ligne Bassin de travailleurs potentiels, ça,
c'est le taux d'activité. Le taux d'emploi, c'est le nombre de personnes qui
travaillent dans le bassin de travailleurs.
M. Beauchemin : C'est ça. Donc,
lui, il augmente de 1,1 %.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais...
M. Beauchemin : 1,8 % sur
le 4,6 millions...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Oui, OK.
M. Beauchemin : Ça fait que le
1,1 % représente combien d'individus, sur les gens qui travaillent déjà?
M. Girard (Groulx) : Bien, ça,
il faut aller... ça correspond à la page G.16, là. Et on voit que la
création d'emplois au Québec, puis là on est à la moyenne sur l'année, pour
l'année 2023, ce serait 63 000 emplois, en moyenne, de plus
qu'en 2022.
M. Beauchemin : Ça
fait que, juste pour que je comprenne, parce que c'est des emplois créés qui
ont été comblés, aussi, donc, dans le calcul, et donc il y a
76 000 personnes potentielles, dans le groupe d'âge qu'on discutait
tantôt...
M. Girard (Groulx) : Oui, et
très peu de ces 76 000 seront dans les 63 000.
M. Beauchemin : OK. Donc, les
63 000 viennent...
M. Girard
(Groulx) : Ils vont venir, par exemple, d'une baisse du taux
de chômage. Parce qu'on a quand même... Il reste... Au Québec, là, il
nous reste à peu près 200 000 travailleurs qui voudraient travailler
qui ne travaillent pas.
M. Beauchemin : OK.
L'autre composante, quand vous parliez de vos facteurs de croissance, là, la
contribution pour le niveau de vie, il y avait, évidemment, la productivité.En fait, avant d'aller là, je veux juste revenir sur le bassin de travailleurs
potentiels. À partir de 2024, croissance nulle pour les quatre prochaines
années?
M. Girard (Groulx) : Oui. Bien,
c'est ce qui est écrit là, là, oui.
M. Beauchemin : OK. Donc, ça,
ça va sous-entendre peut-être une année 2024 qui peut peut-être être
positive, une année 2025-2026... C'est la moyenne, là.
M. Girard
(Groulx) : Bien, ce qu'il faut conclure, c'est que le
bassin... la population active, là, qui est principalement les 15-64 ans, au Québec, il n'y a pas de croissance
de la population de ce bassin-là pour les années 2024 à 2025.
M. Beauchemin : D'accord.
Alors, les gens qui se cherchent des emplois, le 200 000 que vous
mentionniez tantôt, tranquillement, pas vite, ceux-là vont rentrer sur le
marché du travail, selon l'attractivité de l'emploi, etc., les conditions qui
vont leur permettre de...
M. Girard (Groulx) : Oui. Puis
c'est dynamique, là, il y a des entrants puis des sortants.
M. Beauchemin : Effectivement.
Effectivement.
M. Girard (Groulx) : Oui. Il y
en a qui perdent leur emploi, il y en a...
M. Beauchemin : Donc, c'est
net, net, net, une augmentation.
M. Girard
(Groulx) : Oui. Exactement. Puis il faut faire attention aux chiffres
d'une seule année. Parce que c'est certain que, lorsqu'on passe de 3 % de
croissance à 0,6 %, bien là, par construction, c'est la composante
productivité qui prend le choc de décélération de croissance, puis c'est pour
ça qu'on monte à un moins 0,9 %. C'est certain que, si la productivité du
Québec était à moins 0,9 %, annuellement, pour les prochaines années, on
aurait des sérieux problèmes. Mais là c'est par construction.
M. Beauchemin :
Oui, bien, en fait, vous m'amenez sur le terrain où est-ce que je voulais
aller, dans le fond. Parce que, de 2020 à
jusque... on peut interpeler, 2027, si on fait la moyenne pour, justement,
éliminer les chocs, et tout, là, OK, si on fait la moyenne sur cet
horizon de temps là, la moyenne est de 0,6 % d'augmentation de la
productivité.
M. Girard
(Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : Et donc, par rapport aux
10 années précédentes, si je peux dire, là, de 2010 à 2019, qui...
la moyenne était 0,7 %. Donc, il y a une baisse de productivité, là, en
moyenne, estimée, à partir de 2020 jusqu'à 2027.
M. Girard
(Groulx) : Bien là, il faut faire attention à cause de 2020, là, tu
sais?
M. Beauchemin :
Oui, 2020, il y a eu...
M. Girard (Groulx) :
Il y a une contraction de 5 % puis...
M. Beauchemin :
Effectivement, mais qui a réaugmenté en 2021, là.
M. Girard (Groulx) : Si on voit le gain de
productivité, de 2010 à 2019, qui était de 0,7 %, pour accomplir ce
qu'on veut faire, là, faire passer le
potentiel économique du Québec de 1,3 % qu'il était sous le gouvernement
précédent, 1,5 %, où on l'estime
maintenant, à 2 %, il va falloir faire beaucoup mieux que 0,7 %.
D'ailleurs, dans 1,5 %, là, on est déjà... pour 2024-2027, on est déjà à 1 %. Alors, vous comprenez
que, pour être à 2 %, on est probablement autour de 1,5 %.
• (14 h 40) •
M. Beauchemin :
Ça m'amène quand même au point que, de façon illustrative, là, ça va être
difficile de voir comment on va être capable, basé sur ces chiffres-là, de
pouvoir atteindre votre objectif, là, c'est...
M. Girard
(Groulx) : Bien, c'est des objectifs très ambitieux, là, il va falloir
faire des gains de productivité.
Le Président
(M. Simard) : Bien, alors nous poursuivons. La parole appartient
maintenant au député de Beauce-Sud.
M. Poulin :
Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour à tous les collègues, très heureux
de vous retrouver en cet après-midi. M. le
ministre, content de vous retrouver également. Je salue vos équipes qui vous
accompagnent, des gens extrêmement
professionnels et qui se dévouent, évidemment, à construire un budget dans
l'intérêt des Québécois et, évidemment, dans les souhaits que notre
gouvernement dicte.
Il y a beaucoup de
choses que j'ai le goût de discuter avec vous, M. le ministre, mais j'aimerais
parler aussi un peu de philosophie
politique, quand même, parce que, lors de la préparation d'un budget comme
celui-là, il y a des choix qui sont importants que l'on doit faire. Nos
collègues en ont parlé, tout à l'heure, des baisses d'impôt, c'est un choix politique de vouloir redonner de l'argent,
évidemment, aux contribuables, de faire en sorte que chacun et chacune
puisse décider de qu'est-ce qu'ils font avec leur argent. Mais, au même moment,
on décide, comme gouvernement, d'investir massivement dans les missions de
l'État, en santé et en éducation.
Et je me souviens de
campagnes électorales, entre autres en 2018, où on disait : C'est
impossible de diminuer le fardeau fiscal des contribuables tout en investissant
massivement dans les missions de l'État. Vous vous souvenez de ça? Moi, je me
souviens de Québec solidaire, entre autres, qui nous disait : Oubliez ça,
réduire le fardeau fiscal des gens tout en investissant dans les missions de
l'État. Bien, on arrive à un cinquième budget consécutif et on voit que c'est
possible de pouvoir le faire.
Et,
en plus, bien, on est allé plus loin que nos engagements électoraux. Les
500 $ qui ont été remis aux Québécois, au cours des dernières années,
c'est majeur. Ce n'était pas dans les plateformes électorales des formations
politiques. Mais évidemment il arrive une pandémie, il arrive, évidemment, la
hausse du coût de la vie, que nous avons vécue, qui a fait en sorte que, comme
gouvernement, on a investi des sommes majeures, de façon importante, pour aider
le fardeau fiscal des familles. Au même moment, évidemment, on arrive avec ce
dernier morceau de casse-tête pour les baisses d'impôt. C'est un choix.
Alors,
M. le ministre, je veux vous entendre sur plusieurs sujets. Un, comment on fait
pour s'assurer de diminuer le fardeau fiscal des familles de façon
importante tout en investissant massivement dans les missions de l'État?
Puis j'irais encore
plus loin. Parce que je regardais le Plan québécois des infrastructures, et on
a fait un choix politique qui est important, de faire passer le PQI, quand
même, de 100 milliards à 150 milliards de dollars. C'est
important. Et, au même moment, quand on investit dans le Programme québécois
des infrastructures, c'est aussi de l'argent qu'on investit directement dans
notre économie.
Et je me souviens, même, dans les
années 80, 90, même dans les années 70, il y avait un excellent
premier ministre du Québec, qui s'appelait Robert Bourassa, qui investissait
massivement dans les infrastructures de l'État lors de
ralentissements économiques, entre autres. Alors, nous, on se trouve dans une
situation où l'économie va bien, mais on
investit quand même massivement dans le Programme québécois des
infrastructures, le PQI, et, en même temps, on investit aussi dans les
missions de l'État, donc... tout en réduisant le fardeau fiscal des
contribuables et des familles. Alors, là-dessus, je veux vous entendre sur cet
exercice-là qui est un équilibre à avoir, qui n'est pas évident, qui n'est pas
facile, de pouvoir réussir à faire les deux.
Ça se crée
également, tout ça, et ça s'articule dans un contexte d'incertitude économique.
On a eu des chiffres, je pense que c'est hier, vous me corrigerez, où on
a une démonstration très claire que l'économie, au Québec, va bien. Il y a même certains économistes de grandes
institutions financières qui laissent sous-entendre que la récession
économique est derrière nous, ou, du moins, n'est pas prévisible à court ou
moyen terme. Alors, de quelle façon on élabore, aussi, ce budget-là dans un
contexte où on se dit qu'il pourrait y avoir une récession économique dans les
prochains mois?
Alors, tout ça, vous comprenez un peu mes enjeux
de philosophie politique, de dire : Jusqu'où on a cet équilibre-là entre
réduire le fardeau fiscal des familles, investir dans le PQI comme on le fait,
investir dans les missions de l'État, tout en ayant un contexte, également,
fort important où il y a de l'incertitude économique?
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien là,
M. le Président, on est vraiment dans... on est presque dans les... Je cherche
le terme exact, là, puis je ne veux pas le dire en anglais. C'est quoi, le
terme juste pour «liberal arts»?
M. Poulin : Oui, oui, je
comprends. Je comprends, oui.
M. Girard (Groulx) : Bon, je
vais juste expliquer ce que j'essaie de dire. C'est-à-dire que, ce matin, on a
fait de la sociologie; cet après-midi, vous voulez m'amener sur la philosophie
et les sciences politiques. Et, bien sûr, je ne fais... je n'ai aucune
expertise dans tous ces importants domaines des sciences sociales, mais je m'y
connais un peu dans la science économique, qui est ma science sociale favorite
parce qu'elle a une petite composante mathématique, M. le Président, et j'aime
bien les mathématiques.
Alors, mais tout ça, c'est important, là, les
questions socioéconomiques qu'on a parlé, l'orientation politique des décisions
économiques, et je vais essayer de résumer ça avec la page I.11. Si nos...
les gens qui nous écoutent peuvent ouvrir leur budget, allez à la
page I.11. Et, oui, nous avons pris une décision de réduire le fardeau
fiscal des Québécois tout en maintenant un financement stable et prévisible des
principales missions de l'État et en réduisant le poids de la dette. Alors,
comment on fait cet équilibre-là?
D'abord, avec notre loi sur la gestion de la
dette et le Fonds des générations, qui, par la loi, nous oblige à réduire le
poids de la dette au Québec... Parce que nous étions, en 2006, la province la
plus endettée. Depuis, notre situation relative s'est améliorée par rapport à
Terre-Neuve et légèrement par rapport à l'Ontario. On peut dire que le Québec
et l'Ontario ont le même niveau d'endettement. Et là il faut continuer. On a
atteint une des deux cibles qu'on s'était fixées en 2006; vient la nécessité de
fixer de nouvelles cibles.
Et nous pouvions mettre une cible extrêmement
agressive de réduction de dette, parce que les versements au Fonds des
générations étaient prévus augmenter de 2,4 milliards de dollars à...
en fait, de 3,8 milliards de dollars à 5 milliards de dollars dans cinq ans et continuer à augmenter
continuellement. C'est-à-dire que le Fonds des générations, qui avait
été créé avec des versements annuels de 600 millions de dollars, on
aurait atteint rapidement 6 milliards de versements
par année. Alors, on a dit : On va réduire les versements, on va faire
2,8 milliards de dollars, en 2027-2028, et
5 milliards de dollars en 2037-2038. Et bref, lorsqu'on regarde le
tableau I.11, on passera de 38 % de dette nette, par rapport au PIB,
à 28 % en 10 ans, si... On aurait descendu le poids de la dette de
10 % par rapport au PIB, en 10 ans, s'il n'y avait pas eu de baisse
d'impôt. Et nous, on a choisi de le faire en 15 ans pour permettre la
baisse d'impôt.
C'est, donc, un équilibre entre la réduction du
poids de la dette de 10 %, qui se fera sur 15 ans, qui permet de
réduire les impôts, et de donner de l'oxygène aux contribuables québécois de
façon permanente. La baisse d'impôt est permanente et dynamique, c'est-à-dire
que, si vous allez travailler pour les 40 prochaines années, vous avez une
baisse d'impôt pour les 40 prochaines
années et elle est dynamique. C'est-à-dire que, si votre revenu est, par
exemple... On va prendre le revenu moyen. Mettons que vous êtes
approximativement à 50 000 $... C'est combien, le revenu moyen, Mme
la sous-ministre? 48 000 $?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Bon, alors
j'arrondis à 50 000 $. Mais le revenu... le salaire moyen annuel,
48 000 $. Il n'y a rien qui vous empêche de gagner 60 000 $
dans quatre ans, là. Donc, vous pouvez augmenter votre niveau de baisse d'impôt
par année. Bref, c'est un équilibre. On finance les missions de l'État adéquatement,
ça, c'est non négociable, santé, éducation, environnement, c'est bien financé;
ensuite, on peut réduire le poids de la dette, de façon agressive, 10 %
sur 10 ans ou 10 % sur 15 ans, permettre une baisse d'impôt qui
donne de l'oxygène à 4,6 millions de contribuables. Ça, ça va permettre
d'aider l'économie et l'offre de travail, ça va créer, on estime... c'est de
l'ordre de grandeur de 15 000 travailleurs.
• (14 h 50) •
M. Poulin : Mais c'est important, ce
que vous dites là, parce que Force Jeunesse, entre autres, puis, peut-être,
ça a été élaboré ce matin, excusez-moi,
j'étais sur d'autres travaux, mais... a transmis certaines inquiétudes, là,
concernant les versements au Fonds des
générations. Mais, dans l'explication que vous venez de nous dire et que vous
venez de nous expliquer,
cette croissance économique là, le fait aussi que les versements auraient été
d'un montant assez considérable, il y a quand même des éléments qui nous
font comprendre, qui nous portent à croire que la dette continue de diminuer,
enfin, les investissements continuent d'être portés de façon importante avec la
présence de cette baisse d'impôt là.
M. Girard
(Groulx) : Oui. Bien, d'abord, je tiens à dire qu'on apprécie toutes
les parties prenantes qui s'intéressent aux finances publiques. Et il y a des
gens qui ont exprimé des réserves par rapport à la baisse d'impôt, dont Force
Jeunesse que vous mentionnez, puis on apprécie le fait qu'ils s'intéressent aux
finances publiques, qu'ils partagent leurs préoccupations. Par contre, je ne
suis pas d'accord avec leur analyse. Puis là je comprends que, dans le nom du
Fonds des générations, il y a le mot «générations», mais ce n'est pas parce
qu'on réduit les versements au Fonds des générations qu'on n'est pas préoccupé par
l'équité intergénérationnelle, la réduction du poids de la dette, parce qu'on
va continuer à réduire le poids de la dette.
Mais ce qu'on dit,
c'est que, pour se donner des moyens à long terme, réduire le fardeau fiscal,
encourager l'offre de travail, c'est au bénéfice de tous les Québécois,
incluant les générations futures, parce que, si le niveau de l'économie est
plus élevé, il y a plus de revenus, il y a plus de services. Et le Fonds des
générations, je vous amène à la page... je vous amène à la page I.9, bien,
sa valeur comptable, au début de l'année 2023-2024, c'est
19 milliards, et, en 2027-2028, ce sera 27 milliards. Ça fait que le
Fonds des générations va continuer à croître, faire partie de la stratégie de
réduction de la dette du gouvernement du Québec et le Fonds des générations est
là pour rester.
On a réduit les
versements une fois. On l'a proposé en campagne électorale, on l'a expliqué. Et
je soumets que 5 milliards de versements, en 2027-2028, c'était beaucoup
trop élevé par rapport à ce qui avait été créé en 2006, 600 millions, à
l'origine.
M. Poulin :
Excellent. Il nous reste combien de temps, monsieur...
Le Président
(M. Simard) : Environ six minutes.
M. Poulin :
OK. Je veux vous entendre sur les choix d'investissement, quand même, de
mettre dans le PQI. Le Plan québécois des infrastructures, quand même, on le
fait passer de 100 à 150 milliards sur 10 ans. Je sais que c'est une
responsabilité avec le Conseil du trésor. Tout de même, en santé, en éducation,
on a parlé d'infrastructures sportives il y
a quelques minutes à peine. Ce choix-là, aussi, parce que ça va dans notre
économie directement, ça fait travailler nos gens dans l'industrie de la
construction, ça a un impact important. Mais ce sont aussi des sommes qui sont
sur 10 ans, qui sont dans de l'immobilisation, qui sont dans une part de
rénovation, dans une part de nouvelles constructions. Alors, parlez-moi
peut-être de ce choix-là d'investir aussi massivement et des effets bénéfiques
sur, également, oui, à moyen terme, l'équilibre budgétaire que nous souhaitons
regagner.
M. Girard (Groulx) : Bien, c'est-à-dire que,
lorsque vous faites des infrastructures, vous faites des investissements
à long terme, nécessairement, vous augmentez la dette du gouvernement du
Québec, c'est-à-dire que vous avez un actif, des infrastructures, mais vous
avez un passif, de la dette. Et le Québec a la définition de l'équilibre
budgétaire la plus stricte au Canada. Pourquoi? Parce qu'on dit que l'équilibre
budgétaire, c'est après contribution au Fonds des générations. Donc, revenus
moins dépenses.
Et prenons
l'année 2023-2024, là, je pense, ça va être le meilleur exemple. Je me
dirige au cadre financier. En fait, selon la définition de l'équilibre
budgétaire de l'Ontario et du Canada, le Québec est à l'équilibre budgétaire, en 2023-2024, parce qu'on prévoit un déficit de
4 milliards, mais on va verser 2,6 milliards au Fonds des
générations. C'est-tu 2,6 ou 2,4? 2,4, excusez-moi. Je veux être précis. Puis
on a une provision de 1,5 milliard. Alors, le déficit de 4 milliards,
c'est la provision de 1,5 milliard, plus les versements au Fonds des
générations. Au sens de l'Ontario et du Canada, on est à l'équilibre
budgétaire, en 2023-2024.
Pourquoi on a une
définition stricte et qu'on dit «après contribution au Fonds des générations»?
Parce qu'on veut être en mesure de diminuer le poids de nos dépenses en capital
sur la dette. Alors, on a un PQI extrêmement ambitieux à
150 milliards de dollars, augmenté de 50 %, mais, avec ce
150 milliards de dollars, viendra, sur 10 ans,
150 milliards de dette.
M. Poulin :
Oui. Exact.
M. Girard (Groulx) : OK? Et donc on veut
diminuer le poids de ces dépenses en capital avec des contributions dans
le Fonds des générations. Et donc on a une définition de l'équilibre budgétaire
qui est : revenus moins dépenses, moins dépenses pour palier aux dépenses
en capital, c'est-à-dire contribution au Fonds des générations. Alors, ça,
c'est important parce que le Québec prend la réduction du poids de sa dette, la
solidité de son cadre financier de façon extrêmement sérieuse. Et plus on le
prend de façon sérieuse, plus ça nous permet de faire des investissements à
long terme, comme dans le Plan québécois d'infrastructures.
M. Poulin :
Excellent. Merci pour ces explications-là. Et, peut-être, en terminant pour
ce bloc, l'incertitude économique. Vous avez
vu les chiffres des derniers jours, des institutions financières, également,
qui sont extrêmement optimistes, effectivement... qui est relié aussi à
la vigueur de l'économie de l'État québécois. Tout de même, et je ne veux pas
de date, là, sur la récession ou pas, ou la durée, ou à quel moment ça pourrait
arriver, mais, à la lumière des chiffres que nous avons eus dans les derniers
jours, de la situation économique actuelle, est-ce que vous craignez toujours
une récession économique, au Québec?
M. Girard
(Groulx) : En fait, pour être totalement transparent, donner
l'heure juste aux Québécois, le deuxième trimestre et le troisième
trimestre de 2023, c'est le coeur du ralentissement économique que nous
connaissons en 2023. Alors, 2022... 2021, croissance exceptionnelle... En fait,
il faut revenir à 2020 : chute, plus grande récession depuis la Deuxième
Guerre mondiale; 2021, rebond synchronisé de l'économie mondiale; 2022, rebond
tellement synchronisé qu'on a de l'inflation, amorce les hausses de taux,
hausses de taux de plus de 4 %. Là, on a une inflation élevée puis des
taux élevés, ça affecte le pouvoir d'achat. L'économie ralentit et le coeur de
ce ralentissement, au Québec, c'est le deuxième trimestre, c'est le troisième
trimestre de 2023.
Nous anticipons 0,0 % de croissance.
Lorsque vous êtes centré à 0,0 %, il y a autant de chances que vous soyez
en dessous, négatif, que vous soyez au-dessus, et donc ça fait 50 % de
chances de probabilité de récession. Puis ces chiffres-là sont parfaitement
cohérents avec la Banque du Canada. Pour le Canada, ils ajoutent le premier
trimestre, alors que, nous, les statistiques de l'emploi puis ce qu'on voit, à
date, sur le premier trimestre, on pense que, le premier trimestre, on va être
corrects. Mais, pour le Canada, premier trimestre, deuxième trimestre,
troisième trimestre, total de la
croissance : moins 0,4 %. C'est-à-dire que le niveau de production, à
la fin du troisième trimestre, du Canada, va être 0,4 % inférieur à
celui du 1er janvier.
M. Poulin : Merci beaucoup, M.
le ministre.
Le
Président (M. Simard) : Merci à vous, cher collègue. Je cède maintenant la
parole au député de Maurice-Richard, qui dispose d'environ
18 minutes.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. D'abord, très rapidement, les conversations entre députés de la
majorité m'ont inspiré, là... Et je vais parler de moi. J'ai failli vous poser
des questions par rapport à vous, mais je vais parler de moi. Donc, imaginons, je vais donner des chiffres fictifs mais qui
fonctionnent, que j'ai à peu près, disons, 300 000 $ de dette
sur ma maison, que je dois payer envers mon créancier, donc envers ma banque,
et que j'ai 50 000 $ dans mes REER. D'après vous, monsieur...
M. Girard (Groulx) : ...à taux
variable ou...
M. Bouazzi : Heureusement, elle
est à taux fixe, et j'ai la chance... Non, mais... oui, je comprends, mais je
vous avouerais que je sais à quel point est-ce que c'est difficile pour — et
vous le savez autant que moi — pour les citoyennes et les citoyens,
évidemment, de dealer avec les taux, actuellement, qui augmentent, surtout pour
ceux qui vont avoir à les renégocier dans les prochains mois. Mais donc je vous
redonne mon cas de figure. Si j'ai... Je prends des chiffres ronds, ça va être
plus simple. Si j'ai 500 000 $ de dettes et 100 000 $ dans
mes REER, imaginons, quelle est ma dette, d'après vous, M. le ministre, réelle?
M. Girard (Groulx) : Bien, ça
dépend, là, est-ce que vous voulez votre dette brute ou votre dette nette?
M. Bouazzi : Celle que vous
voulez. Est-ce que vous considérez que j'ai 600 000 $ de dettes, par
exemple?
M. Girard (Groulx) : Si vous
avez 100 000 $ d'actifs puis 500 000 $ de dettes?
M. Bouazzi : Exact.
M. Girard (Groulx) : Non, je ne
considère pas que vous avez 600 000 $ de dettes.
• (15 heures) •
M. Bouazzi : Comment est-ce
qu'on explique que, si on a x milliards de dettes de l'État et qu'en plus on
met de l'argent dans le Fonds des
générations, l'argent qu'on met dans le Fonds des générations est vu comme une
dépense et non pas comme, par exemple, les REER que les gens qui nous écoutent
ont, comme un actif?
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, la valeur du fonds est vue comme un actif, c'est-à-dire qu'elle est
soustraite de la dette... Le Fonds des générations est soustrait de la dette
brute, brute pour donner la dette brute.
M. Bouazzi : Et donc, quand on
met de l'argent dans...
M. Girard (Groulx) : C'est
clair? Merci.
M. Bouazzi : Quand on met de
l'argent... Donc, parce que je vous avouerais que c'est un questionnement que
j'ai trouvé assez intéressant, je ne m'étais pas intéressé tant que ça à la
question, et j'ai trouvé quand même spécial que, s'il nous reste de l'argent
qu'on met de côté, c'est vu comme une dépense, ce qui vient assombrir une
situation où on peut très bien être, en fait, dans le vert. Le fait qu'on mette
5 milliards par année dans le Fonds des générations nous enlève
5 milliards de revenus, d'après la méthode comptable qu'on a choisie.
M. Girard (Groulx) : Mais, si
vous permettez, parce que c'est très important, votre point, c'est parce que, lorsqu'on est à l'équilibre budgétaire, revenus
moins dépenses, la dette augmente quand même en raison des dépenses en capital. Alors, c'est
pour ça, avec un PQI de 150 milliards ou 15 milliards par année, on
peut être à l'équilibre budgétaire puis néanmoins avoir un poids de la
dette qui augmente, d'où l'importance du Fonds des générations.
M. Bouazzi : Ça, je comprends
parfaitement. Le questionnement, c'est de tout d'un coup décider qu'on est dans le rouge sous prétexte qu'on met de l'argent
de côté dans le Fonds des générations, mais il reste que ce n'était pas
ça, le fond du... de la question. Je
voudrais juste continuer un peu rapidement sur où ce qu'on... sur où est-ce
qu'on était tout à l'heure, donc, et puis peut-être faire la
démonstration d'un des problèmes face à la baisse d'impôt. Donc, comme...
M. Girard (Groulx) : Et est-ce
que vous aimeriez que je vous donne la réponse sur le nombre de femmes qui ont
bénéficié de la baisse d'impôt? Parce qu'on l'a cherchée, ce midi, pour vous.
M. Bouazzi : Oui, avec plaisir.
M. Girard (Groulx) : OK,
alors...
M. Bouazzi : En pourcentage.
M. Girard (Groulx) : Alors, sur
4,6 millions de Québécois, 48 % étaient des femmes, 52 % des
hommes.
M. Bouazzi : Excellent.
M. Girard (Groulx) : Et
j'émettrais un souhait collectif que, si un jour, il y a une nouvelle baisse
d'impôt, peut-être qu'on atteindra le 50 %, mais, pour l'instant,
48 %-52 %.
M. Bouazzi : C'est
très bien, M. le ministre. Malheureusement, ça ne suffit pas à régler les
questions d'inégalité, parce qu'il y
a plus souvent des caissières à 30 000 $ et des PDG à
200 000 $. Et donc, malgré le fait qu'il y a peut-être un peu
plus d'hommes que de femmes, il y en a beaucoup plus... ils sont surreprésentés
dans les gens qui gagnent plus que
100 000 $, les hommes, et, les femmes, surreprésentées dans les gens
qui gagnent moins que 50 000 $ et, de toute façon,
surreprésentées dans les personnes qui ne paient pas du tout d'impôt parce que
trop pauvres. Et donc ça ne règle pas la
question de l'inégalité, mais je suis heureux que vous ayez commencé à faire
une recherche sur la question de genre et qu'on va pouvoir avancer
peut-être dans les prochains budgets. D'autant plus que cette baisse d'impôt
est aussi inégalitaire sur des questions de génération, parce que les jeunes
dans... sont surreprésentés dans les groupes, évidemment, qui paient peu ou pas
d'impôt.
Bien, en fait, la situation est pire, M. le
ministre, parce que les impôts, évidemment, sont une... progressifs au Québec. Et donc, évidemment, quand on baisse
quelque chose de progressif, c'est régressif, et c'est... toute... toute...
toute la construction des différentes critiques sont basées là-dessus.
C'est-à-dire que, quand quelque chose est progressif, si on le baisse, bien
évidemment, les gens qui ont le plus d'argent vont en profiter beaucoup plus.
J'ai eu la chance de participer à une autre
commission, qui est la commission sur la hausse des tarifs d'Hydro-Québec. Et
donc vous savez probablement comme moi, M. le ministre, qu'en fait Hydro-Québec
se fait un revenu, non pas juste sur les contrats qu'on a à l'international, etc.,
mais aussi sur l'électricité qu'on paie, nous, en tant que Québécoises et Québécois. Et le revenu, et ça, c'est notre
thèse, c'est ce qu'on défend, le revenu est en fait un aspect régressif,
c'est-à-dire qu'Hydro-Québec s'est transformée en taxe régressive étant donné
que les personnes les moins nanties sont celles qui paient le plus leur
électricité pour plein de raisons. Parmi elles, le fait qu'elles vivent dans
des maisons mal isolées, qu'elles n'ont pas assez d'argent pour les isoler.
Très souvent, c'est des locataires, mais il
y a aussi beaucoup de propriétaires qui sont, donc, des... dans ce qu'on
appelle des passoires énergétiques. Donc, ça coûte plus cher du
kilowattheure, si on veut, en tout cas, ça coûte le même prix, mais ça coûte
plus cher d'énergie pour atteindre les 20 degrés à la maison en plein
hiver. Et le fait qu'on augmente, par exemple, c'est ce que votre gouvernement a fait, d'à peu près 3 % les
tarifs fait en sorte qu'on vient ponctionner plus dans la poche des
personnes les moins nanties, si on veut, de
par le fait qu'en plus c'est des personnes qui, quand elles sont pauvres, ne
paieraient pas d'impôt du tout. Et,
bon an, mal an, si nos calculs sont justes, l'argent qui s'est transféré au Fonds des générations, qui aurait
pu être transféré au Fonds des générations, et si on enlève l'argent des
contrats avec l'étranger, là je parle
vraiment juste de l'argent qui vient des citoyennes et citoyens
québécois, on parle d'un... de plus que 1 milliard de dollars.
Donc, on se retrouve dans une situation où on a
de l'argent qui est enlevé de manière régressive, c'est-à-dire que les
personnes les moins nanties participent, en fait, plus, parce qu'elles ont
besoin de plus d'électricité pour chauffer leur logement. Plutôt que l'envoyer
au Fonds des générations, hop! on le reprend et on le renvoie en baisse d'impôt qui va participer à aider plus les
personnes les mieux nanties. Ça fait que la somme de ces deux politiques-là,
celle qu'on a par rapport aux tarifs d'Hydro-Québec et celle qu'il y a dans
votre budget sur les baisses d'impôt, vient en
fait faire un transfert direct, direct, comptable, des poches des moins nantis,
parce que c'est une politique régressive, la politique de tarification
d'Hydro-Québec, vers les poches des mieux nantis, car cette baisse d'impôt est
régressive et a transféré de l'argent aux plus riches. Ça fait que c'est sûr
que nous, la situation comme celle-là, bien, on la trouve vraiment dommage et
déplorable, et elle participe à augmenter les inégalités dans notre société.
Est-ce que vous voulez réagir? Parce que j'ai d'autres questions.
M. Girard (Groulx) : Point
d'interrogation.
M. Bouazzi :
Non, mais...
M. Girard
(Groulx) : Bien, parce qu'il n'y a pas vraiment de question, là, c'est
plus un éditorial.
M. Bouazzi : Bien, peut-être, vous
êtes... Est-ce que vous êtes en désaccord avec ce que j'ai dit? Je peux
vous poser cette question-là, si vous voulez.
M. Girard
(Groulx) : Oui, je suis en désaccord avec plusieurs choses que vous
avez dites.
M. Bouazzi :
Dites-moi.
M. Girard
(Groulx) : Parce qu'il y a un... mais c'est agréable d'être en...
M. Bouazzi :
Toujours.
M. Girard
(Groulx) : Si on faisait juste s'entendre, là, je ne sais pas
qu'est-ce qu'on ferait à la Commission des finances publiques, là. Bon, on ne
débattra pas 10 heures pour s'entendre. Les... Il y a un consensus social,
au Québec, que l'impôt est progressif et que les tarifs sont fixes.
M. Bouazzi :
Régressifs.
M. Girard
(Groulx) : Non, c'est-à-dire que les tarifs... tout le monde paie le
même tarif. Si vous prenez le pont de la 25,
tout le monde paie le même tarif. Oui, il y a un tarif mensuel, puis il y a un
tarif journalier, puis il y en a peut-être un pour les camions, mais,
indépendamment de votre revenu, c'est le même tarif. Les services de garde, c'est la même chose. Le gouvernement qui nous a
précédés avait amené des tarifs de garde modulés en fonction du revenu,
ça n'a pas été apprécié. Si vous voulez proposer que les tarifs d'électricité
soient modulés en fonction du revenu, je vous suggère de proposer ça en
campagne électorale. Je soupçonne que ce ne sera pas très populaire, mais je
vous suggère d'être transparent, de le proposer, que vous voulez moduler les
tarifs d'électricité en fonction du revenu.
M. Bouazzi :
C'est très bien, ce n'est pas ça qu'on voulait faire, M. le ministre. Nous,
ce qu'on voulait faire, c'est geler les tarifs et puis s'assurer qu'il y ait
une imposition juste. Et ce qui est proposé, je pense que nous l'avons démontré, est assez injuste, mais j'aimerais
changer de sujet et puis aller sur une autre inégalité. Et je vous
surprendrai probablement, M. le ministre, je ne pense pas que ce... au niveau
des revenus qu'il y a le plus d'inégalités au Québec. Et je ne suis pas, d'ailleurs, un fan des augmentations des impôts sur
le revenu. Il y a toutes sortes d'autres injustices, au Québec, il y en a un certain nombre qui touche au
milieu corporatif. Évidemment, vous savez comme moi qu'il y a plein de... en tout cas, j'affirme, je ne sais pas si
vous savez comme moi, mais disons que j'affirme, probablement que vous savez comme moi, qu'il y a plusieurs compagnies
internationales qui se débrouillent pour payer très peu ou pas d'impôt.
Et puis, évidemment,
bien, je voudrais parler de la question du patrimoine. Et là j'ai quelques
chiffres que j'ai, qui viennent du directeur
parlementaire du budget d'Ottawa qui nous dit que le 0,01 %, le... qui a
le plus de patrimoine, donc, au
Canada, soit le 1/10 000, accumule 654 milliards de dollars.
Donc, tout ce qu'on peut acheter, tout ce qui peut appartenir au Canada,
pour le 0,01 %, c'est à peu près 650 milliards de dollars, et le
40 % le moins fortuné accumule 132 milliards. Si on ramène ça à la
taille... Disons, si les citoyens, c'était 10 000 personnes au
Canada, pour faire simple, il y en aurait un sur 10 000 qui, à lui tout
seul, aurait quatre fois plus que le 4 000 le moins nanti. Ça fait que ma
première question, peut-être, pour M. le ministre : Quelle est la
situation au Québec, particulièrement?
• (15 h 10) •
M. Girard (Groulx) : Bien là, je n'ai pas la
microstructure du 1 %, parce que vous, vous êtes dans le 0,1 %
du...
M. Bouazzi :
0,01 %.
M. Girard
(Groulx) : Oui, 0,01 % des contribuables, OK. Je peux vous dire
que 1 %... le 1 % des plus hauts revenus au Québec paient... je pense
que j'allais dire 16, et ma sous-ministre...
Une voix : ...
M. Girard
(Groulx) : Ah! j'allais dire 16 %, mais, grâce à ma
sous-ministre, je vous infirme que... je vous affirme que le 1 % des
Québécois paient 18 % des impôts.
M. Bouazzi :
Bien, c'est possible, mais moi, je vous parle du patrimoine, en fait. Est-ce
qu'on a une idée, au Québec, des inégalités de patrimoine? Je comprends pour le
revenu, et ça a été mon introduction, c'est que les plus grosses inégalités
sont probablement dans le patrimoine. La question, c'est : Est-ce qu'on a
des chiffres, au Québec, qui nous donnent une idée...
M. Girard
(Groulx) : Non, je n'ai pas ces... On peut certainement aller faire
des recherches pour vous au niveau des
banques de données de Statistique
Canada puis on pourra vous en... vous
amener ça peut-être, mardi prochain, si on a le plaisir de se réunir,
mais moi, je suis venu ici, modestement, avec mes statistiques fiscales.
M. Bouazzi :
C'est très bon. Je ne pense pas qu'il y ait de chiffres.
M. Girard
(Groulx) : Ce n'était pas un sujet qui était abordé dans le budget,
mais je comprends que c'est pertinent pour le débat sur le discours du budget.
M. Bouazzi :
Bien, c'est pertinent, mais une fois... Donc, si on revient, imaginons que
c'est à peu près les mêmes chiffres. Ce n'est probablement pas très différent.
Donc, c'est... si une personne sur 10 000 a quatre fois plus de patrimoine
que les 4 000 personnes qui sont les moins nanties, à partir de quel
ratio vous pensez que ça fait trop? Est-ce qu'il y a un ratio à partir duquel
on se dit : Là, là, le 1/10 000 qui a quatre fois plus que le
40 %, est-ce que c'est trop, ce n'est pas assez? Est-ce que c'est normal?
M. Girard
(Groulx) : Je n'ai pas étudié cette question. Il faudrait que je m'y
penche avec les analystes. Et là vous dites : C'est trop, il faut...
c'est... Vous faites plusieurs énoncés qualitatifs sur un sujet important, j'en
conviens, qui n'a pas été abordé dans le budget. Puis là je n'ai pas les
éléments pour vous répondre.
M. Bouazzi :
Les 12 milliardaires au Québec, les mieux nantis, accumulent à peu
près 30 milliards de dollars, à peu près, ensemble.
30 milliards de dollars, ça fait 30 000 fois
1 million, ça fait 300 000 fois 100 000 $.
M. Girard
(Groulx) : Vous, vous dites que les 12 milliardaires du Québec...
M. Bouazzi :
...accumulent à peu près... Ce n'est pas mes chiffres, hein, c'est Forbes,
mais, je veux dire...
M. Girard
(Groulx) : Je ne savais pas qu'il y avait 12 milliardaires au
Québec.
M. Bouazzi :
Il y en a peut-être plus maintenant, mais, en tous cas, il y en avait 12 en
2020.
M. Girard
(Groulx) : Ils possèdent 30 milliards?
M. Bouazzi :
30 milliards.
M. Girard
(Groulx) : D'actifs... d'actifs?
M. Bouazzi :
De patrimoine.
M. Girard
(Groulx) : D'accord. Continuez.
M. Bouazzi : Exact. Donc, ça fait
300 000 fois 100 000 $, c'est-à-dire que, si vous avez à
accumuler l'équivalent de ce que ces
12 personnes ont, il faudrait être l'homme de Cro-Magnon, mettre
100 000 $ de côté pendant 300 000 ans pour obtenir
cette richesse-là.
M. Girard
(Groulx) : D'accord.
M. Bouazzi :
Est-ce qu'il y a une quantité de richesse où on se dit : C'est peut-être
un peu beaucoup?
M. Girard
(Groulx) : Bien, encore une fois, vous me demandez des questions
philosophiques que je n'ai pas étudiées.
C'est un budget, ce sont... c'est une comptabilité des finances publiques
québécoises. Moi, je suis le fiduciaire des finances publiques
québécoises. Il y a des politiques économiques pour augmenter la taille de
l'économie, la richesse collective. Vous,
vous êtes dans la distribution de la richesse, et puis c'est un sujet qui n'a
pas été traité explicitement. Alors, je n'ai pas de réponse à votre
question.
M. Bouazzi : Je voudrais juste être
sûr. Donc là, on revient aux statistiques du Canada. Le fait que le
1/10 000 ait 18 000 fois plus
qu'une personne du 40 % les moins nantis, vous n'avez pas un avis, genre,
aucun? Ce n'est pas beaucoup? Moi, je pense que, peut-être pour les gens
qui nous écoutent, si une personne sur 10 000 a 18 000 fois plus
que le...
M. Girard
(Groulx) : Bien, supposons qu'un des milliardaires que vous semblez
vouloir cibler, là, aurait créé, de toutes
pièces, de zéro, une nouvelle compagnie, qui aurait créé des dizaines et des
dizaines de milliers d'emplois, qui aurait permis de générer des gains
dans les caisses de retraite de centaines de milliers de Québécois et qui
aurait fait bénéficier la... qui aurait payé des impôts pour accumuler cette
richesse en créant cette compagnie, bien, moi, je dis : Bravo! Ça nous
prend une autre compagnie comme ça.
M. Bouazzi :
Bien, vous voyez, c'est une différence fondamentale. Moi aussi, je dis
«bravo», mais je ne me limite pas à dire
«bravo», c'est-à-dire que, si quelqu'un a 1 milliard, si, demain, il se
retrouve avec 999 millions, ça reste beaucoup d'argent, mais il
peut contribuer avec 1 million et il garde 999 millions.
Deuxièmement, une personne...
M. Girard
(Groulx) : Mais cette personne-là paie de l'impôt sur le revenu, et, à
son décès, il y aura la disposition présumée de ses actifs puis il y aura un
impôt effectif.
M. Bouazzi : Un impôt sur le
capital?
M. Girard (Groulx) : Bien oui,
il y aura... Au décès, il y aura présumée disposition puis il y aura un impôt.
M. Bouazzi : Là, vous parlez de
l'impôt sur le gain en capital?
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Bouazzi : Bien, ce n'est pas
un impôt sur le capital, c'est un impôt qu'il aurait dû payer s'il avait payé
son gain en capital.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est la fiscalité qu'on a au Canada. Lorsque vous décédez, on présume une
disposition. Puis, oui, c'est l'impôt sur le gain de capital.
M. Bouazzi : Donc, ce n'est pas
un impôt sur l'héritage ni un impôt sur le capital? Juste pour être clair, là.
M. Girard (Groulx) : Ce n'est
pas un impôt sur l'héritage ni une taxe sur le capital, c'est l'impôt sur le
gain de capital à la disposition de vos actifs.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci beaucoup. Alors, nous poursuivons nos échanges. Et je cède la
parole, si je ne m'abuse, à la députée de Huntingdon, n'est-ce pas?
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le député de Gaspé, la parole vous appartient. Et peut-être avancer votre
micro, cher collègue. Avancez vers vous le micro, s'il vous plaît. Voilà.
M. Sainte-Croix : C'est bien à
moi, c'est mon tour, de ce que je comprends?
Le Président (M. Simard) : Tout
à fait.
M. Sainte-Croix : Merci,
M. le Président. À mon tour de souligner... excusez-moi, saluer mes collègues
de la partie gouvernementale. Très heureux d'être avec vous ici
aujourd'hui, nos collègues des oppositions. Je profiterais aussi de l'occasion
pour saluer mon camarade stagiaire, M. Ostiguy, Charles-Étienne, qui a le
privilège d'être ici aujourd'hui et de participer à ces débats drôlement
intéressants pour ce jeune homme, qui, j'en suis certain, sera très utile à la
société québécoise dans les prochaines années.
M. le ministre, j'ai eu le privilège, là, la
semaine passée, d'être en Chambre et de vous écouter nous déposer l'exercice
budgétaire 2023-2024 avec un aplomb assez sérieux et une maîtrise des
données, des chiffres, de la philosophie derrière notre action budgétaire et
fiscale. Et je suis très heureux, là, de constater... Parce que j'ai eu la
chance d'aller dans mon comté de façon très courte, en fin de semaine dernière,
d'aller constater à quel point ce budget-là répond à des aspirations des gens
des régions, la CAQ étant un gouvernement qui correspond aux aspirations des
régions.
En termes de transports, des mesures très
appréciées. Aucun gouvernement, et je pense que, pour le bénéfice des gens à la
maison, aucun...
(Interruption)
M. Sainte-Croix : ... — excusez-moi — aucun
gouvernement n'a autant fait d'efforts dans la question des infrastructures de
transport et de transbordement en région, je parle ici, dans les dernières
années, des dessertes maritimes, je parle des dessertes aéroportuaires, je
parle du réseau routier. Donc, je pense qu'il faut prendre la peine de le souligner, ce sont des centaines de millions
de dollars qui ont été investis dans le développement d'infrastructures
et, ultimement, dans le rayonnement économique des régions du Québec. Donc, je
désire vous remercier de cet effort-là, M. le ministre, c'est très apprécié
chez nous.
• (15 h 20) •
Je pourrais vous parler aussi de tourisme, bien
entendu, développement touristique, composante essentielle au développement des
régions, au rayonnement des régions au Québec. Donc, vous avez fait état de
mesures, PADAT, PARIT. Je pourrais rajouter le soutien à l'événementiel d'un
point de vue international, très important aussi au niveau du rayonnement au
Québec. Je pourrais vous parler du réseau SEPAQ, un joueur majeur au niveau de
l'offre touristique en région, un 4,6, si ma mémoire est bonne, là,
4,6 millions au niveau du récent budget, plus ou autour
de 50 millions au niveau du Plan québécois d'infrastructures, donc un
acteur de premier plan au niveau du développement régional.
Je pourrais aussi vous parler de l'effort qu'on
fait au niveau des affaires municipales en termes de support aux affaires
municipales en région. Je parle de mutualisation des services, donc des enjeux
importants au niveau des petites communautés
que nous sommes, de petites municipalités que nous sommes. C'est très bien reçu
à ce niveau-là.
Je pourrais aussi vous parler, bien évidemment,
de tout l'aspect du développement régional, ce que l'on appelle le support, hein, aux Québécois et aux Québécoises, la question
de l'éligibilité des territoires moins bien nantis, disons ça comme ça,
en difficulté. Donc, chez nous, c'est quand même des réalités omniprésentes,
donc je suis très heureux de savoir qu'il y aura des mesures spécifiques au niveau
des territoires de nos MRC, là, qui sont moins bien nanties d'un point de vue
fiscal et d'indices économiques. Donc, des éléments, qui, pour le bénéfice des
Québécois et des Québécoises, sont très
importants dans le récent budget et qui font en sorte que, d'une part, on a
rempli nos promesses, au niveau de notre gouvernement, on donne de
l'oxygène à l'ensemble des Québécois et des Québécoises. Et puis, vous l'avez
dit, la mesure phare, et j'en suis, de la baisse des impôts et des mesures
fiscales, là, qui accompagnent tout ça. Je pourrais continuer encore, M. le
ministre, pendant plusieurs... minutes, pardon, au niveau des bienfaits du
récent budget.
Ceci dit, j'ai aujourd'hui le privilège, là, de
vous parler de santé, santé pour faire du pouce sur mon collègue de la Beauce,
qui m'a précédé à ce niveau-là. Donc, on comprend que l'aspect santé est un
volet très important de l'exercice budgétaire québécois. On parle de
5,6 milliards de dollars. Vous avez décliné, essentiellement, là,
dans le cadre des mesures, là, qui touchent nécessairement et directement la
question de la santé. Vous avez fait aussi le tour de la question de l'approche
communautaire qui accompagne les services de santé.
Moi, ce que j'aimerais savoir... M. le ministre,
on a bien compris que le volet santé, qui s'inscrit dans les priorités de notre
gouvernement, est quand même un budget important que consacre l'État, là, de
façon annuelle. Et puis il y a toujours une croissance à ce niveau-là, au
niveau de l'enveloppe. À quoi estimez-vous les prochaines... d'une part, dans
le contexte très précis de 2023‑2024, mais aussi sur une courte durée, là, en
termes de croissance au niveau de l'enveloppe? À combien estimez-vous cette croissance-là
pour les années à venir?
M. Girard (Groulx) : Merci. Et
merci d'être là, je sais que le retour à la maison sera plus long pour vous que
pour moi.
M. Sainte-Croix : Oui.
M. Girard (Groulx) : Alors, je
suis content que vous soyez là.
M. Sainte-Croix : Ça me fait
plaisir.
M. Girard
(Groulx) : Un jeudi après-midi, comme ça avec nous, là,
c'est... Alors, on va aller au... à la section H.42 des dépenses de
portefeuille, et c'était une discussion que j'avais avec le député de... Marguerite-Bourgeoys?
Député de Marguerite-Bourgeoys. Des fois, je pense Marquette, mais c'est...
Marquette, c'est le... c'est le voisin,
voilà. On avait cette discussion-là. Alors, on voit, à la page H.42, que
les croissances de dépenses 2022‑2023 sur 2021‑2022, 12 %,
puis là, pour cette année, 2023‑2024, c'est 7,7 %, mais ce 7,7 %
là, c'est en excluant ce qui est divulgué à la page H.49, le 4
milliards de dollars en santé et services sociaux qui sont des dépenses
COVID en 2022‑2023
Pourquoi on fait ça? Parce que, durant la COVID,
il y avait des dépenses extraordinaires, non récurrentes, à coup de dizaines de
milliards de dollars. Alors, on les excluait pour montrer que, bien que les
niveaux de dépenses, littéralement,
étaient... je ne veux pas utiliser le mot, que je ne veux pas utiliser, donc je
ne le dirai pas, mais les niveaux de dépenses étaient très, très, très
élevés, mais on voulait montrer qu'on gardait le contrôle sur le cadre
financier en montrant les dépenses COVID, extraordinaires sur une ligne
séparée. Alors, le 7,7 % de croissance, c'est en excluant les dépenses
COVID. On doit augmenter les dépenses de 7,7 % pour donner l'élan pour
permettre au ministre de la Santé de réaliser son plan santé. On augmente le
niveau de dépenses de base.
Dans les faits, ce qu'on prend... des dépenses
qu'on avait dites temporaires, puis on prend les enseignements de la pandémie, puis on les inclut dans la base,
c'est-à-dire qu'à l'avenir on aura toujours des équipements de
protection individuelle, on aura toujours des cliniques de dépistage et
vaccination en dehors du réseau. Ils sont dans le réseau, mais, je veux dire,
en dehors des hôpitaux ou des CLSC, etc. Et donc on donne des sommes de
5,6 milliards de dollars au ministre de la Santé pour lancer son
plan. Et c'est très important, pour le réseau public de santé, que le plan de notre ministre de la Santé fonctionne.
Parce que les citoyens, ça fait longtemps qu'ils attendent pour avoir un
service de santé performant à la hauteur de leurs besoins. Et là je dirais,
moi, que c'est la... On a au Canada puis au Québec... on attache une grande
valeur à notre système public de santé, mais il faut qu'il fonctionne. C'est
très important pour la pérennité du système public de santé que le plan
fonctionne, parce que, si le système public ne fonctionne pas, bien, les gens
vont se détourner de celui-ci. Et là ce n'est pas ça qu'on veut, on veut un
régime public de santé universel. Donc, avec les sommes qui sont là, on donne
les moyens au ministre de la Santé pour réussir son plan.
Le Président (M. Simard) : ...M.
le député de Gaspé.
M. Sainte-Croix : Le plan
santé, M. le ministre, un élément très structurant du gouvernement de
M. Legault, un élément aussi drôlement important au niveau régional, au
sens où, puis je pense qu'on a fait la démonstration ici aujourd'hui,
là, une partie de la population qui vieillit se trouve en région. C'est un
élément incontournable, c'est une réalité frappante dans certains cas aussi.
Puis peut-être, pour le bénéfice des Québécois et des Québécoises qui nous
écoutent, tu sais, quand on parle d'un investissement majeur en santé, quand on
parle d'efficience, quand on parle d'offrir
une offre de services à la hauteur des besoins qui se présentent... Moi, j'ai
mis la main sur quelques données, là, qui me regardent très précisément
au niveau de mon comté, pour vous donner un peu une idée de l'efficience de nos
mesures, de l'efficacité de nos actions.
Je prends
l'Hôpital de Sainte-Anne-des-Monts, là, projet qui a, en termes de
planification, là, deux ans. Et puis on parle d'un projet de 13 millions pour un réaménagement d'urgence au
niveau de l'hôpital et des soins intensifs. Donc, ça, c'est 13 millions d'investis dans une
communauté pour lesquels il y aura des services d'associés à cette
infrastructure-là, qui, disons-le, en a bien besoin.
Hôpital de Gaspé. Hôpital de Gaspé, un projet
débuté depuis 25 ans, M. le ministre, depuis 25 ans, et c'est le
gouvernement de la CAQ qui a fait en sorte de boucler la boucle et d'aller de
l'avant avec ce projet-là, inauguré en 2021, 2021, près de 32 millions au
niveau de l'urgence de Gaspé. Donc, là aussi, un effort monumental, du concret,
du réel dans nos milieux.
Pas plus tard que l'automne dernier,
5,7 millions au niveau d'une unité de courte durée en santé mentale,
toujours à l'hôpital de Gaspé. Donc, là aussi, on parlait de santé mentale
tantôt, on parlait d'un phénomène qui nous préoccupe tous et toutes, qui,
malheureusement, avec les histoires qu'on entend, fait en sorte qu'on doit agir
de façon... de plus en plus de façon efficiente à ce niveau-là. On parlait de
nos aînés aussi, tantôt, hein, au niveau de nos régions particulièrement et de l'importance,
M. le ministre l'a bien démontré, là, au niveau des aînés. Maison des aînés à
Rivière-au-Renard, donc 48 places, près de 43 millions d'investissement,
livraison prévue pour début d'été.
Donc, des actions concrètes, au niveau de
l'infrastructure, au niveau de l'offre de services qui va se greffer à ça, qui
sont directement en lien avec les besoins de nos communautés. Puis je suis très
fier, M. le ministre, moi, de faire partie de cette équipe-là gouvernementale,
qui livre ses promesses, qui arrive avec des projets concrets au niveau des
besoins des régions, et je tiens à le dire ici aujourd'hui.
Parlant des aînés, donc, priorité, s'il en est
une, pour notre gouvernement, lors de la mise à jour, là, 2022, en décembre
dernier, nous avons bonifié significativement le crédit d'impôt remboursable
pour soutien aux aînés pour qu'il atteigne 2 000 $. On a également
bonifié le crédit maintien à domicile dans le dernier mandat. Pourriez-vous
nous expliquer, M. le ministre, les différentes mesures du budget qui touchent
très précisément nos aînés?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui. J'ai
le même temps qui a été utilisé pour répondre, on garde cet équilibre?
Le Président (M. Simard) : En
fait, vous avez un temps global...
M. Girard (Groulx) : De combien
de minutes?
Le Président (M. Simard) : ...de
18 minutes. Et puis il vous reste à peine cinq minutes, là, dans cet
échange.
• (15 h 30) •
M. Girard
(Groulx) :
OK. Bien, avant de parler des aînés, mais tout en parlant des aînés, je
voudrais parler... Comme vous savez, je suis aussi ministre responsable
des Québécois d'expression anglaise et je vous entendais parler de l'hôpital de
Gaspé puis de Sainte-Anne-des-Monts. Et puis, bien sûr, en Gaspésie, on a des
communautés anglophones, n'est-ce pas? Et
notre gouvernement s'assure que les services sont disponibles pour ces
communautés-là. Et, d'ailleurs,
tantôt, vous avez mentionné qu'en région il y a des populations vieillissantes,
et puis évidemment ce phénomène démographique là, il est présent peu
importe la langue officielle parlée, là. On a aussi des aînés anglophones qui
ont besoin d'accès à des services à Gaspé et Sainte-Anne-des-Monts. Et notre
gouvernement, je me permets de le dire, s'assure que ces services-là sont
disponibles, parce que c'est important, et le premier ministre l'a dit, que les
efforts que nous faisons pour la promotion de la langue française, d'aucune
façon, vont impacter les services de la communauté anglophone dans nos hôpitaux
et nos... d'aucune façon ne vont impacter l'accès aux services de santé dans la
langue anglaise pour nos... notamment, nos personnes âgées en région.
J'y vais sur ce que l'on fait pour les aînés,
qui est dans la section D, qui commence à la section D.15, prendre soin des personnes proches aidantes. Plus de
2 milliards de dollars sur cinq ans, dont 1 milliard va au soutien à
domicile, 700 millions à l'hébergement, dont 400 millions pour les
résidences pour aînés. Alors là, je vais m'étendre un peu plus sur les
résidences pour aînés puis les soins à domicile, mais je tiens à dire aussi
qu'il y aura 100 millions pour le zona et la vaccination puis
200 millions pour les proches aidants.
Mais allons-y avec les soins à domicile. Et, ça,
les soins à domicile, c'est à la page D.16. Et puis il y a beaucoup de travail à faire au niveau des soins à
domicile, M. le Président, mais je tiens à dire que, depuis 2018‑2019,
les budgets ont été bonifiés de près de 6,5 milliards de dollars depuis 2018‑2019
à... Si on prend 2018‑2019 à 2027‑2028,
ça totalisera 6,5 milliards de dollars. Dans ce budget, il y a
1 milliard de dollars et ça, ça va... c'est parce que le nombre de
personnes qui vont recevoir des soins à domicile aura augmenté de 15 %
entre 2019 et 2028, mais que le nombre d'heures
de soins, lui, aura augmenté de 100 %. C'est-à-dire que les gens qui en
recevaient, ils avaient besoin de plus de services. Ce n'est pas parce
que vous étiez... vous receviez des soins à domicile que vous receviez tous les
soins dont vous aviez de besoin. Donc, on augmente le nombre de personnes de
15 %, puis on augmente le nombre d'heures de 100 %, et ça, c'est ce
qu'on fait avec 1 milliard de dollars, mais c'est... il y a eu d'autres
milliards. C'est vraiment...
Vous savez, la ministre
des Aînés du précédent gouvernement, elle avait une passion pour les aînés,
elle m'a fait visiter mon premier CHSLD avant
mon premier budget. J'ai dit : On met tellement d'argent pour les aînés,
Marguerite — je
sais qu'on ne peut pas nommer les élus par leur nom, mais elle n'est plus élue — fais-moi
visiter un CHSLD. Puis on est allé dans mon comté. Et puis les soins à
domicile, c'était prioritaire avant la pandémie, mais, après la pandémie, c'est
vraiment devenu d'une importance capitale. Les résidences pour aînés sont un
partenaire du gouvernement dans l'hébergement des aînés au Québec. Ils font
face à des difficultés extrêmement importantes, les gicleurs, les assurances,
le personnel et puis les services parce que, tu sais, c'est beau d'avoir du
personnel, mais, en plus, la population est vieillissante. Donc, ça prend des
soins spécialisés.
Alors, il y a vraiment quatre composantes, là,
qui mettent les résidences pour aînés en difficulté. C'est pour ça qu'on les
aide. On a un programme pour aider à payer les assurances, on a un programme
pour aider les... au niveau des gicleurs, on a un programme pour aider la
rénovation des bâtiments pour qu'ils soient conformes et on a des subventions
salariales, M. le Président, parce que c'est sûr que, le réseau public, on a
bonifié les salaires dans le réseau public, mais ça a amené des difficultés au
niveau des salaires dans les résidences pour aînés.
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques? Il vous resterait quelques secondes, cher collègue.
M. Sainte-Croix : La question
de la santé mentale. Donc, phénomène, là aussi, préoccupant. Dans le récent
budget 2023‑2024, que faites-vous exactement pour renforcer le soutien
offert aux Québécois les plus vulnérables, M. le ministre?
Le Président (M. Simard) : Idéalement,
une réponse très synthétique, M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Extrêmement important. On a un ministre qui a
l'expertise. Mon rôle, c'est de lui donner les moyens. Et puis on n'a
pas suffisamment de psychologues au Québec, alors on doit y aller avec une
approche pluridisciplinaire.
Le Président (M. Simard) : Merci
pour cette synthèse. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci,
M. le Président. Bon, j'ai retrouvé mes feuilles. J'aimerais vous ramener sur
le terrain des prévisions économiques qui ont été utilisées pour bâtir
le budget. Comme vous le savez, le milieu privé, secteur bancaire, avait estimé
la croissance économique pour fin 2023 pour le Québec à 0,3 %. Dans
votre budget, vous utilisez un chiffre de 0,6 %. La différence entre les
deux... Je vous ai entendu en Chambre mentionner trois éléments qui pouvaient stimuler
ou expliquer cette différence-là, c'est-à-dire la régionalisation de
l'immigration, la marge... le Régime des rentes du Québec et la baisse d'impôt.
Ça tient, à date, oui?
M. Girard (Groulx) : Si on va à
la page G.29, on voit que la moyenne du secteur privé est à 0,3 %
mais qu'il y avait quand même, c'était une année particulière, beaucoup de
dispersion, là. On avait des gens jusqu'à moins 0,5 % et d'autres jusqu'à
0,9 %. Alors, je dirais qu'il y a des années, là, où, mettons, une année
où on prévoit 1,5 %. Là, tout le monde va être entre 1,2 % puis
1,8 %. Là, on avait moins 0,5 %, donc des gens plutôt pessimistes,
puis plus 0,9 %, des gens plutôt optimistes, mais, en moyenne, 0,3 %.
M. Beauchemin : Puis pour avoir
un peu discuté de ça avec certains de mes anciens collègues, dont certains que
vous connaissez, d'ailleurs, dans leurs modélisations, il y avait les promesses
électorales de la baisse d'impôt de 1 %, qui donnait, donc, cette moyenne
de 0,3 % pour...
M. Girard
(Groulx) : Non. Eux, normalement, dans leurs modélisations,
ne prennent que les politiques fiscales qui ont été votées. Comme nous,
là, lorsqu'on... Par exemple, si le gouvernement fédéral, en campagne
électorale, dit : On va mettre 3 milliards en santé, là, tant que ce
n'est pas voté, on ne le met pas dans nos... ni nos projections financières ni
nos projections économiques.
M. Beauchemin : OK.
M. Girard (Groulx) : Alors,
leur 0,3 % n'incluait pas la baisse d'impôt.
M. Beauchemin : OK. Pour avoir
discuté avec certains, on m'avait laissé comprendre comme quoi qu'ils
trouvaient leur 0,3 % optimiste. La tendance était peut-être plus de le
réviser à la baisse. Il y avait d'autres raisons, j'imagine, pour lesquelles ils m'ont avancé ces commentaires-là, mais
une chose qui est sortie aussi des conversations qu'on a eues avec les
gens du patronat puis des gens des PME du Québec, c'est que l'effet sur le
produit intérieur brut de la... du congé de RRQ était considéré comme minimal
au niveau de la croissance économique.
Donc, première question. Dans vos calculs, la
régionalisation de l'immigration compte pour combien de cette variante entre le
0,3 % puis le 0,6 %?
• (15 h 40) •
M. Girard (Groulx) : Très peu.
Je dirais que la différence entre le 0,3 % puis le 0,6 %, c'est
essentiellement la baisse d'impôt.
M. Beauchemin : Essentiellement
la baisse d'impôt. C'est bon. OK. D'accord. Puis, quand vous mettez
vos... toutes les prédictions sur votre
tableau pour en arriver à conclure, quels sont les autres éléments qui font
partie de l'exercice pour en arriver... Est-ce qu'il y a une influence
de ce qui se passe avec la croissance économique des États-Unis, en Europe, au
Canada, etc.?
M. Girard
(Groulx) : Oui, parce que l'économie du Québec est une
économie ouverte. 45 % de son économie est liée au secteur
extérieur, et puis donc le secteur extérieur, sa contribution est incluse. Et,
bref, pour faire une prévision de 0,6 %, il fallait avoir le Canada à
0,8 % puis les États-Unis à 0,5 %. C'est ce qu'on a dans le budget.
Depuis, la réserve fédérale a publié sa prévision pour l'année 2023, ils
sont à 0,4 %. Donc, 0,4 %, 0,5 %, on est vraiment, là, direct
dessus. C'est très bon. La prévision économique américaine qu'on a dans le
budget est solide. Le Canada, on est à 0,8 %,
on est très près de la Banque du Canada, mais notre prévision a été faite le
2 mars. Depuis le 2 mars, il y a eu les turbulences au niveau
des banques régionales américaines, qui ont amené un resserrement des
conditions de crédit, et on a vu hier que le
gouvernement fédéral... que nous, on mettait 0,8 %, puis le Canada, eux,
ont mis 0,3 %.
M. Beauchemin : Oui. C'est un
peu là où est-ce que je voulais arriver, dans le sens que la ministre, notre collègue à Ottawa, met une croissance économique
de 0,3 %, ce qui est quand même un bon recul par rapport
au 0,8 %.
M. Girard (Groulx) : Effectivement.
M. Beauchemin : Donc, dans
votre modélisation, bien, moi, je... Puis je suis nouveau, là, ça fait que
j'essaie de comprendre un peu, des fois, comment tout fonctionne, là, mais
disons que, là-dessus, j'aurais cru qu'il y avait un échange, un dialogue,
souvent, entre les différents paliers de gouvernement pour ce genre de
conversation, pour être plus à jour, là, pour...
M. Girard (Groulx) : Non. Bien,
c'est-à-dire que la référence la plus indépendante, l'autorité en matière de
prévisions économiques au Canada, c'est la Banque du Canada. Notre prévision,
en date du 3 mars, est en ligne avec la Banque du Canada. Depuis le
3 mars, il s'est passé des choses qui ont amené le ministère des Finances
à Ottawa à avoir une prévision plus faible que la Banque du Canada et être à
0,3 %. Alors, on pourrait dire, toutes choses étant égales par ailleurs,
que les turbulences du dernier mois dans le secteur financier, qui amènent un
resserrement des conditions de crédit pour toutes les institutions financières,
et donc, ultimement, en Amérique du Nord pour toutes les entreprises puis les
individus, ont retranché 0,5 % à la prévision de croissance pour 2023.
M. Beauchemin : Bien,
c'est un petit peu ce que j'avais dit un petit peu plus tôt aujourd'hui, les
resserrements de conditions de crédit étouffent un peu l'économie. Est-ce que
c'est 100, est-ce que c'est 75 «basis points» de plus? L'effet synthétique de ça a été analysé à plusieurs reprises dans le
passé, quand il y a eu le resserrement en 2008, etc., donc... Mais donc,
si je comprends bien, l'assise de 0,6 % pourrait être révisée
actuellement, basée sur l'information des... en fait, depuis mardi soir qu'ils
sont confirmés par Ottawa, par la banque centrale, qui, maintenant, révise à
cause de la crise du resserrement de crédit, que les marchés financiers révisent
actuellement. Donc, quand on regarde toutes ces variables-là, est-ce, donc,
possible de considérer que 0,6 % était peut-être un peu optimiste par
rapport à... Bien, disons, pas optimiste, ce n'est peut-être pas le bon terme.
Ce que je veux dire, maintenant qu'on sait ce qu'on sait, est-ce que 0,6 %
serait le chiffre?
M. Girard (Groulx) : Alors, le
resserrement des conditions de crédit multiplie l'efficacité de la politique
monétaire. Alors, on a eu 4 % de hausse de taux, 4,25 %, mais gardons
ça simple, 4 % de hausse de taux. Là, les institutions financières
protègent leur capital et leurs liquidités parce que trois banques régionales
ont cessé leurs activités, ça crée de l'incertitude. Ça multiplie l'effet de la
politique monétaire, ça ralentit l'économie.
Par contre, soudainement, on anticipe beaucoup
moins de hausses de taux. En fait, on est passé d'anticiper des hausses de taux supplémentaires à,
essentiellement, on a eu la dernière hausse de taux de la Banque du Canada
en janvier, puis là on pourrait avoir eu la dernière hausse de taux de la
Réserve fédérale. Puis, au lieu d'avoir d'autres hausses de taux dans l'année,
on pourrait avoir des baisses. Alors, oui, le resserrement de crédit multiplie
la politique monétaire, mais on aura peut-être moins de hausses de taux puis
plus de resserrements de crédit.
Mais, pour répondre précisément à votre
question, notre prévision de 0,6 % a été faite le 2 mars, avant
l'incertitude associée aux banques régionales. Est-ce que, si cette
prévision-là était faite aujourd'hui, est-ce qu'elle serait de 0,4 %?
C'est possible. On n'a pas... Je n'ai pas de prévision en date d'aujourd'hui.
Mais, effectivement, le dernier mois n'a pas
été un mois positif autant que le... On a... 2023, ce n'est pas supposé d'être
une bonne année pour l'économie mondiale. Mais, au premier trimestre, ça
a été un peu mieux que prévu, le premier trimestre. Mais là, si on faisait
notre prévision aujourd'hui, possiblement que notre 0,6 % serait plutôt
0,4 %.
M. Beauchemin : Bien donc, si
je comprends, il n'y a pas la même élasticité entre la baisse d'un demi-point
par rapport à ce que le gouvernement...
M. Girard (Groulx) : Pas
totalement, parce que le secteur...
M. Beauchemin : Parce que
l'économie québécoise est différente.
M. Girard
(Groulx) : Plus diversifiée. Le secteur bancaire est beaucoup plus
important en Ontario. Et il faut dire que le secteur de l'énergie, là, quand...
M. Beauchemin :
Ça fluctue un peu.
M. Girard
(Groulx) : Parce que ce qui a fait que le Canada a mieux fait que le
Québec en 2022, et qu'on anticipait 0,8 %
versus 0,6 %, donc on anticipait qu'en 2023 le Canada allait
faire mieux, c'est le secteur de l'énergie. Et là, quand l'économie
ralentit, le secteur de l'énergie ralentit beaucoup plus vite.
M. Beauchemin : Sur le point que vous
mentionniez tout à l'heure, pour les personnes de marché, les
expectatives d'inflation sont effectivement extrêmement importantes dans la
modélisation pour en arriver à pouvoir mettre sur place des estimés pour les
prochaines années. Mais, pour M. et Mme Tout-le-Monde, dans le quotidien,
gérant d'entreprise, la cote de crédit... pas la cote de crédit, mais le coût
de crédit, le coût des fonds a augmenté de 4,25 % simplement si c'était
basé sur une hypothèque... un prêt variable. Et là, maintenant, la condition de
resserrement de crédit qui s'ajoute à ça, ça, c'est presque instantané. Donc,
dans le prix d'aujourd'hui d'un emprunt bancaire, d'une corporation X, Y, Z, il
n'y avait pas les expectatives d'inflation qui étaient tarifées, si on peut
dire, dans le prix que l'emprunt se faisait. Il y avait simplement la base, le
taux directeur du Canada, plus l'écart corporatif. Maintenant que l'écart
corporatif a augmenté, les conditions de crédit étant resserrées, il n'y aura
pas ce bénéfice de baisse d'expectative d'inflation dans le prix au quotidien,
là, que les gérants d'entreprise vont avoir à payer. Je voulais juste amener
ça, parce qu'il y a les marchés puis il y a le quotidien, là.
M. Girard
(Groulx) : Mais je suis d'accord avec vous, sauf que, depuis le
dernier mois, les conditions de crédit se sont resserrées, mais les taux ont
baissé de 75 points, là, en 10 ans, là.
M. Beauchemin :
Si c'est un emprunt à taux fixe, effectivement, mais à taux variable, basé
sur...
M. Girard
(Groulx) : Oui, mais le deux ans aussi, là.
M. Beauchemin :
Sur un taux variable trois mois, quand les banques... quand les
corporations empruntent à taux variable, ce n'est pas sur les deux ans ou les
cinq ans, c'est sur...
M. Girard
(Groulx) : Le taux variable n'a pas baissé encore, mais on prévoyait
qu'il allait augmenter plus, puis il n'augmente pas.
• (15 h 50) •
M. Beauchemin :
Mais le taux variable reste quand même inchangé. Donc, les expectatives
d'inflation n'ont pas fait baisser le taux variable trois mois, il reste le
même. Il n'a pas été influencé par un changement d'expectative d'inflation.
Sur ce, je veux vous
amener, donc, sur, attendez une seconde, le marché... Non, je veux juste
revenir. Donc, pour qu'on parle de l'effet des baisses d'impôt et l'effet de...
juste retrouver ma feuille, l'effet de... Voyons, elle est où, ma feuille?
L'effet des chèques qui ont été donnés l'an passé. Donc, il y a eu un
500 $, un 400 $ ou 600 $. On va donner un chiffre moyen, disons
1 000 $ pour faire un chiffre rond, là...
M. Girard
(Groulx) : Je vous l'accorde.
M. Beauchemin : ...par rapport à la
baisse d'impôt qui, elle, va représenter 800 quelques dollars. Lorsqu'il y
avait eu prévision du taux de croissance pour la variation de 2022, on parlait
de 5,7 %. Ça, c'est dans le plan budgétaire, là, qui avait été déposé, à
la page A-18, l'an dernier donc. Et ce qu'on voit quand on regarde ce que
l'institut des statistiques du Québec, c'est ça, l'Institut de la statistique
du Québec a démontré, c'est qu'en bout de piste, incluant, donc, les chèques
qui ont été donnés, la productivité a été de... excusez, le produit intérieur
brut a été de 4,7 %. Donc, il y a un différentiel de 0,2 %, là, entre
ce qui a été annoncé puis ce que la statistique mentionne. Et donc, dans ça, il y a eu ces 1 000 $ là.
Et donc l'effet anticipé n'a pas résulté dans ce qui était anticipé
initialement. Alors, ma question, c'est de savoir : Étant donné qu'il
n'y a pas eu cet effet-là lors de la distribution des chèques, OK, au niveau
long terme puis dans la statistique de l'institut québécois des statistiques,
là, le chèque de décembre est inclus.
M. Girard
(Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : Donc, ma question,
c'est : Étant donné que vous pensez et vous avez, donc, la
modélisation, et j'ai souvent vu ces
modèles-là, là, que la baisse d'impôt va avoir un effet sur la croissance
économique de 0,3 %, est-ce que... Grosso modo, ça semble être
la totalité de l'explication, là, OK, est-ce que, donc, vous avez d'autres,
peut-être, craintes par rapport à la réalisation, nonobstant ce qu'on vient
juste de discuter, là, qui était le ralentissement économique qui fait tout
simplement, là, par le resserrement des conditions de crédit? En d'autres mots,
est-ce que votre 0,3 % d'augmentation du produit intérieur brut,
clairement causé par la baisse d'impôt, peut être menacé par quelque chose
d'autre en plus?
M. Girard
(Groulx) : Bon, juste distinguer... Une distinction extrêmement
importante entre le chèque de 600 $, 400 $ et la baisse d'impôt. Les
versements ponctuels sont non récurrents. Donc, si le versement en 2022 a
augmenté la croissance de 0,2 %, OK, si pas de versement, le PIB, au lieu
d'être 2,8 %, il aurait été 2,6 %, on ajoute 0,2 % en 2022, mais
on soustrait 0,2 % en 2023 parce que ce revenu-là que vous avez eu en
2022, vous ne l'avez pas en 2023. Et ça, c'est les propriétés d'un versement
ponctuel. C'est que vous avez le bénéfice une fois.
La grande vertu de la baisse d'impôt, c'est la
première fois que j'utilise cet adjectif pour dire que la baisse d'impôt est
vertueuse, c'est qu'elle est permanente. C'est qu'on pousse le niveau de
l'économie de 0,3 %, mais qu'on reste à ce niveau de 0,3 % plus élevé
de façon permanente. Alors, c'est... Non seulement 2023 par rapport à 2022 est
0,3 % plus haut, mais 2024 est 0,3 % plus haut qui aurait été sans
versement, 2025, 2026, permanent. Et, en économie, je ne sais pas si, en
fiscalité, ils se préoccupent de ça, mais une baisse d'impôt permanente, c'est
extrêmement efficace par rapport à un geste ponctuel.
Le Président (M. Simard) : Rapidement,
très rapidement.
M. Beauchemin : D'accord. Sur
un horizon très long terme, effectivement, si on répète de façon ponctuelle, on
aurait le même effet, ce qui n'est pas le cas, on l'a fait juste une fois.
Mais, moi, ma question était par rapport à la fenêtre, l'image, le moment
capturé où est-ce qu'il y a eu ces chèques et versus la première année de baisse
impôt, les deux, OK, sont influencés par à peu près le même nombre de dollars,
1 000 $, 800 quelques dollars. Et donc la variabilité n'a pas résulté
dans un produit intérieur brut aussi significatif qu'attendu. Est-ce, donc, une
autre menace? C'était ça, ma question...
Le Président (M. Simard) : À ce
stade-ci, collègues, on emprunte sur le prochain bloc. On peut poursuivre, mais on emprunte à votre collègue sur son prochain
temps. On arrête ici? On arrête. Très bien. Alors, je cède maintenant la
parole à la députée d'Huntingdon.
Mme Mallette : Merci beaucoup,
M. le Président. Puis je vous remercie aussi de pouvoir poser des questions sur
un sujet qui me passionne, le budget. Ça peut peut-être être surprenant. Ayant
fait moi-même plusieurs budgets pour mes entreprises, à l'époque, je sais que
c'est un exercice qui est assez fastidieux et rigoureux. Donc, je ne peux pas
imaginer ce que ça peut être, là, pour une nation tout entière, là, pour un
gouvernement de faire un exercice budgétaire. Et, pour l'avoir parcouru,
peut-être pas lu chacun des mots des différents volumes qu'on a reçus, je peux
vous dire qu'il m'apparaît complet et très prometteur.
Puis moi, je voudrais vous parler
d'environnement. Parce que, bon, quand on a des enfants, moi, j'ai des jeunes
enfants, bien, on se tourne plus souvent vers l'avenir. On commence à regarder
qu'est-ce qu'on peut faire, là, pour s'assurer qu'ils vont avoir un meilleur
avenir ou, du moins, qui va être aussi bon que celui qu'on a eu, un
environnement sain, viable et diversifié. Donc, avant la CAQ, il n'y en avait
pas, de plan pour l'environnement, un vrai plan chiffré, pragmatique, avec des
vrais objectifs. Donc... Puis un plan, bien, un vrai plan, il faut qu'il soit
aussi pérein, c'est-à-dire qu'il faut que les mesures environnementales doivent
durer dans le temps. Donc, il ne faut pas que ça disparaisse lorsqu'il va y
avoir une crise économique ou une pandémie, par exemple. Puis comment qu'on
fait ça? Bien, il faut que les préoccupations en matière d'environnement, bien,
elles transcendent dans toutes les décisions
du gouvernement. Donc, que ce soit en matière d'agriculture, que ce soit en
décision d'affaires municipales, de transport, hein, tu sais, quand on
parle d'électrification des transports, transports collectifs, bien, à quelque
part, l'idée en arrière de ça, c'est des préoccupations environnementales.
C'est la même chose, bien, en économie.
Puis à ça, on peut donner... Justement, je vais
faire une petite digression par rapport à ça parce que, lorsqu'on était au
bleu, bien, j'ai une collègue députée qui a dit : Bien, écoute, ce qui se
passe ailleurs, ce n'est pas important, il faut vraiment regarder, là, ce qui
se passe chez nous, puis ce qui compte chez nous au niveau des économies, les
GES. Puis, moi, ça m'a accroché parce que, un, la ligne de l'entente avec New
York va passer chez nous puis je pense, quand on réussit à faire en sorte de
diminuer peut-être les GES chez notre voisin, puis la pollution, on s'entend
que ça ne s'arrête pas à la frontière, hein, ça s'en vient chez nous. Donc, tu
sais, c'est... On va gagner ça pour le monde puis on va gagner ça pour chez
nous aussi. Donc, moi, je trouve que l'entente avec New York, c'est quelque
chose qui est bon pour tout le monde, donc pour nous, même si le calcul des GES
ne va peut-être pas rentrer dans le calcul de celui du Québec.
Mon comté à
moi, bien, il est majoritairement agricole. Donc, en septembre dernier, le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, il a fait
une promesse à Sherrington, dans mon comté, soit 50 millions pour intensifier les pratiques durables en réponse aux
changements climatiques, en continuité avec le Plan d'agriculture
durable. Cela, ça s'additionne aux
85 millions qui seront investis dans la mesure de rétribution des
pratiques agroenvironnementales, qui
est un des piliers du Plan d'agriculture durable, le PAD. J'ai vérifié, puis la
promesse, bien, elle est dans le budget. Donc, je vous remercie de tenir
les promesses.
Puis, un autre point qui est important pour
nous, bien, c'est l'eau. Parce que, bon, de l'agriculture pas d'eau, c'est un
petit peu difficile. Puis, comme promis à la COP15, on a créé le Fonds bleu,
500 millions selon le budget. Et on confirme aussi la mise en oeuvre du
Plan nature 2030, avec un investissement de 443,4 millions.
Donc, je vais vous poser la question
suivante : Quels sont les objectifs de ce Fonds bleu et du Plan nature?
M. Girard
(Groulx) : Merci. Excellente question. Et le ministère des Finances
fait vraiment un effort de synthèse. Alors, si je me dirige à la section F et
que je vais à la section Protéger la biodiversité et favoriser l'accès à la nature, c'est ce dont on parle, c'est ce dont on parlait
à la COP15. Alors, il y a tout le volet lutte aux changements climatiques, ça,
ça vient avec le plan de mise en oeuvre. Et puis là ce qu'on a discuté à la
COP15, c'est de l'importance de protéger
30 % du territoire puis... En fait, je pense qu'on en parle, des objectifs
de la COP15. J'y arrive. Voilà, F.15. Alors, les objectifs de la COP15,
vous permettez que je les énumère? Parce que c'est vraiment...
Mme Mallette :
Je pense que c'est important de l'entendre.
• (16 heures) •
M. Girard
(Groulx) : Oui, c'est ça. Restaurer au moins 30 % des milieux
naturels dégradés; protéger 30 % des zones terrestres, des eaux
intérieures, des zones côtières; ramener à près de zéro la perte de zones d'une
grande importance en matière de biodiversité; réduire considérablement le
risque d'extinction des espèces menacées et vulnérables; diminuer de 50 %
les taux d'introduction des espèces exotiques envahissantes, il y a un lien
avec le Fond bleu; réduire au moins de
moitié le risque global lié aux pesticides et aux produits chimiques hautement
dangereux; gérer de manière durable les territoires où l'on pratique
l'agriculture, l'aquaculture, la pêche et la sylviculture, vous connaissez ça
mieux que moi; accroître la superficie, la qualité et la connectivité des
espaces verts et bleus dans les zones urbaines, ça, c'est... Vous savez, Jérôme
Dupras, qui... bon, qui est connu, là, parce qu'il est musicien dans un groupe
connu mais qui était un scientifique du Québec, lui nous parle toujours de la
connectivité des espaces, que c'est important qu'il y ait des liens, encourager
les entreprises et réduire progressivement leurs impacts négatifs sur la
biodiversité, identifier, d'ici 2025, éliminer ou réformer les incitatifs et
subventions néfastes pour la biodiversité. Ça, c'est les objectifs.
La réponse du
gouvernement, qui va... On n'a pas fini de répondre, là, on n'est pas rendu à
30 % d'aires protégées, on va continuer. Mais le Plan nature et le Fonds
bleu... Et là les objectifs du Plan nature, c'est favoriser l'accès de la
population à la nature, notamment en créant de nouvelles aires protégées et des
aires de conservation en territoire nordique, et en accélérant la procédure de
conservation de milieux naturels, agir contre les menaces qui pèsent sur la biodiversité, en mettant en place,
notamment, des mesures de lutte contre les espèces exotiques
envahissantes et des plans de rétablissement
des espèces menacées et vulnérables. Le troisième point est vraiment important,
appuyer le leadership autochtone en conservation de la biodiversité, notamment
en soutenant la réalisation de projets visant la transmission, la collecte ou
l'encadrement du partage des savoirs autochtones par les communautés.
J'arrive à... le
Fonds bleu. La création du Fonds bleu contribuera à l'amélioration de la
connaissance des différentes pressions exercées sur les ressources en eau par
les activités humaines et assurera une gestion durable, équitable et efficace
de l'eau, en mettant en place les mesures appropriées pour maintenir et
améliorer les réseaux de suivi hydrométrique et piézométrique...
«piézométrique», M. le Président, excellent mot au Scrabble, vous allez surprendre vos invités... améliorer... c'est la
distance entre la nappe phréatique et l'eau au sol... vous allez
surprendre, au Scrabble, avec «piézométrique»... améliorer la caractérisation
de la composition des rejets municipaux, bonifier le financement du réseau de
surveillance volontaire des lacs, améliorer les connaissances concernant
l'évolution de l'état de la ressource en eau sur le territoire afin de prévenir
les conflits d'usage, voire les pénuries d'eau.
Vous aurez noté que
je n'ai pas parlé d'usines de traitement d'eau, parce qu'on n'est pas dans les
infrastructures municipales ici, on a d'autres programmes pour ça. Et c'est
certain que le Fonds bleu, à 500 millions sur cinq ans, ce qui est vraiment très bien, bien, ça ne comprend pas
les besoins en infrastructures, traitement d'eau, etc., qui sont, eux,
en milliards. Et ça, c'est dans d'autres programmes du gouvernement du Québec.
Mme Mallette :
Bien, merci beaucoup pour la précision. Puis je noterais, bien, en plus du
Plan nature puis du Fonds bleu, bien, il faut aussi souligner nos efforts dans
la lutte contre les changements climatiques. Donc, on est présentement au
premier rang des provinces et territoires canadiens ayant le plus faible taux
d'émissions de gaz à effet de serre, qu'on va résumer par GES, par habitant. En
2020, nous étions à 8,6 tonnes de GES par habitant, la moyenne canadienne étant à 17,7 tonnes de GES
par habitant. Là, on parle d'une moyenne. Ça, ça veut dire qu'il y en a
qui sont encore plus élevés que ça.
Donc, en novembre
2020, notre gouvernement a rendu public son Plan pour une économie
verte 2030, ce qu'on va appeler le PEV, ainsi que son plan de mise en
oeuvre, le PMO. Donc, on serait rendu au PMO 3. Notre objectif 2030
est de 37,5 % par rapport à 1990, de diminution des GES, et l'atteinte de la
carboneutralité en 2050. Le budget de cette année, 2023-2024, annonce
1,4 milliard de plus provenant du marché du carbone, pour un plan de mise
en oeuvre 2023-2028. Donc, le PMO disposera d'un budget total de
9 milliards, soit 1,8 milliard par année en moyenne. J'imagine que je
ne vous apprends rien.
Donc, on a augmenté
nos investissements en lutte contre les changements climatiques de
2,3 milliards, soit une hausse de 35 % depuis 2020. C'est...
vraiment, là, je pense qu'on marque le coup qu'on a une volonté environnementale
très forte, puis, ça, je vous remercie pour mes enfants, j'en suis très
contente. Je vais vous poser la question suivante : Quels types de mesures
pouvons-nous financer via le plan de mise en oeuvre, qui n'est pas encore
dévoilé, soit dit en passant?
Le Président
(M. Simard) : ...
M. Girard
(Groulx) : Voulez-vous un masque, M. le Président?
Le Président
(M. Simard) : Ça va bien pour l'instant.
M. Girard
(Groulx) : J'en traîne avec moi. Voilà.
Alors, le plan de mise en oeuvre 2023-2028
sera divulgué d'ici le mois de juin par le ministre de l'Environnement et de
Lutte aux changements climatiques. Il sera doté d'une enveloppe de
9 milliards de dollars. Et on se rappelle que le plan 2022-2027
atteignait 50 % de la cible de moins 37,5 %, et donc ce qu'il faudra
surveiller dans le plan 2023-2028 c'est à quelle vitesse on se rapproche
de la cible de 100 %. Parce que le Québec s'est donné une cible de
réduction de gaz à effet de serre de 37,5 %, mais il faut l'atteindre,
cette cible-là, et donc on doit se rapprocher de la cible, et donc 50 %
dans le plan 2022-2027. Si on veut être à 100 % en 2030, il faudrait
progresser approximativement de 10 % à chaque plan. Et donc on compte sur
notre ministre de l'Environnement pour utiliser ce 9 milliards de
dollars là et nous rapprocher de la cible.
Quel type de mesures? Bien, il y a...
généralement, c'est divisé en deux groupes, c'est-à-dire la lutte aux
changements climatiques et l'adaptation aux changements climatiques, la lutte
étant la proportion la plus importante des sommes. Et dans le... quel type de
mesures, je pense qu'on peut regarder le tableau de la page F.7 et voir
qu'on sépare les émissions dans les composantes suivantes. Puis on montre que,
depuis 1990, l'industrie et les... on a réussi à faire des gains, au niveau des
industries et des bâtiments, qui sont extrêmement importants, donc une
réduction des émissions de 29 % à 37 %, et que les autres secteurs
sont en baisse de 14 %, mais que le secteur des transports, lui, est en hausse
de 16 %, et le secteur des transports est le secteur qui émet le plus de
GES parmi les quatre secteurs que j'ai mentionnés. Donc, je compte sur le
ministre de l'Environnement pour avoir des mesures d'électrification des
transports, pour avoir des mesures pour supporter le transport collectif. Et il
peut y avoir des mesures pour les biocarburants, et il y aura, évidemment, des
mesures pour les industries, les bâtiments, etc. Mais, toutes proportions
gardées, nous tous devons faire beaucoup mieux au niveau des transports.
Mme Mallette : ...étant la plus
grande source de GES. Bien, je vous remercie beaucoup. Est-ce qu'il nous reste
encore du temps, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : Environ
trois minutes.
• (16 h 10) •
Mme Mallette : Trois minutes?
Je vais faire vite. Je vais vous tendre la perche très rapidement. J'aimerais
ça que vous nous parliez... On a parlé de l'avenir des enfants, tu sais, très
long terme, mais là, court terme, pour moi, là, ça s'en vient, évidemment, pour
aussi beaucoup de populations québécoises. Les mesures pour la Régie des rentes
du Québec qui ont été mises en place, là, dans le nouveau budget, je sais que
ces nouvelles mesures là, elles vont avoir un impact, entre autres, sur... On
parlait, bon, de la mise en place d'une protection pour la rente pour les mêmes
personnes qui travaillent à temps partiel puis on parlait aussi de faire cesser
la cotisation au régime pour les personnes
âgées de 65 ans. Donc, je ne sais pas, si vous me parliez des impacts que
ça peut avoir, ces deux mesures-là qui ont été mises au budget?
M. Girard (Groulx) : Oui.
Alors, les impacts économiques, est-ce qu'on les divulgue spécifiquement dans le budget? OK, c'est... l'impact que nous
estimons, à long terme, c'est de l'ordre d'une dizaine de milliers de
travailleurs supplémentaires. Il y a vraiment deux mesures principales, là. Il
y a le fait que, si vous avez déjà réclamé votre rente et que vous retournez au
travail, vous ne serez pas obligé de cotiser. C'est volontaire, vous pouvez
arrêter de cotiser, puis ça, ça peut valoir entre 2 000 $ et
4 000 $ brut par personne. C'est vraiment une mesure de liquidités.
Ça vous permet de conserver plus des revenus immédiats que vous avez en
travaillant après plus de 65 ans. Puis la protection de la rente, bien, la
rente du régime des rentes, c'est une moyenne de vos années travaillées, mais,
si vous travaillez à temps partiel après 65 ans, ça fait descendre votre
moyenne et donc votre rente. Or, c'est contre-intuitif, on veut que les gens
travaillent. Puis là on leur dit : Si vous travaillez, votre rente va
baisser. Donc, on va protéger la moyenne de la rente pour les années
travaillées après 65 ans. C'est-à-dire que, si vous travaillez, par
exemple, deux, trois jours par semaine, on ne laissera pas le fait que vos
gains après 65 ans sont inférieurs à ceux lorsque vous aviez 60 ans
baisser votre moyenne.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Girard (Groulx) : En
conclusion, M. le Président, oui, il y a des mesures en environnement, oui, il
y a des mesures pour les travailleurs, et le ministère des Finances fait des
efforts extrêmement importants pour que les documents soient clairs et concis.
Voilà.
Le
Président (M. Simard) : Très bien,
merci. Mme la députée de La Pinière, vous disposez d'environ
18 minutes.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Sur une note légère, je vais vous dire que, si vous ne vous rappelez
pas de «piézométrie», le verbe «voir» à la deuxième personne de l'impératif,
«voyez», ça donne beaucoup de points au Scrabble aussi, vous avez un y et un z.
Alors, je
voudrais vous poser des questions, M. le ministre, dans le domaine de
l'habitation, plus spécifiquement, le programme AccèsLogis. Alors,
première des choses, l'année passée, en février 2022, la ministre de
l'Habitation de l'époque disait que le PHAQ, le Programme d'habitation
abordable Québec, ne remplacerait pas AccèsLogis, et puis, un an plus tard, la
nouvelle ministre de l'Habitation annonce la mort du projet AccèsLogis. Alors,
j'imagine que c'était déjà dans les cartons en 2022. Pourquoi ne pas en avoir
parlé plus tôt?
M. Girard
(Groulx) : ...je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce que vous
dites, parce que, dans les faits, dans le budget, là, si on va à la section...
à la page E.21, puis qu'on parle, depuis 2019, on a mis 1,1 milliard
dans AccèsLogis puis là on remet dans les logements sociaux... attendez, je
vais vous donner le montant... on met, dans le budget, 192 millions pour
accélérer la réalisation de 3 300 logements AccèsLogis, puis là on
explique qu'il reste 6 600 logements en inventaire AccèsLogis, dont
3 300 ne sont... n'ont pas le financement pour se réaliser. Donc,
AccèsLogis va se poursuivre dans les prochaines années, là, parce que ces
6 600 logements là, là, ça ne se réalisera pas en un an, là. Comme vous le savez, AccèsLogis, une de ses
faiblesses, c'est la rapidité d'exécution. Et, moi, depuis que je suis
ministre des Finances, depuis cinq ans, j'essaie d'en... de venir à bout de
l'inventaire de 15 000 unités d'AccèsLogis.
Il en reste 6 600, dont 3 300 ne sont pas suffisamment financées. Je
mets 200 millions pour les financer. Donc là, AccèsLogis, là, il n'est pas mort, là. Il y a
6 600 logements à livrer, AccèsLogis, puis ça va prendre des années.
Mme Caron : Bien, merci, parce
que c'étaient les questions que j'avais pour les logements en arrérages,
qu'est-ce qui allait se passer. Est-ce que... est-ce que ceux qui ont déjà des
projets, comme, en cours, là, de... en traitement,
et tout ça... est-ce que ça va tomber, puis ils vont être dirigés vers un autre
programme, ou est-ce que, comme vous
semblez le dire...mais peut-être que vous pouvez me le reconfirmer... que, non,
ils vont rester dans le programme AccèsLogis jusqu'à tant que ce soit
construit?
M. Girard
(Groulx) : Moi, ce que je vous dis, c'est qu'il y a
6 600 logements en inventaire, dont 3 300 n'ont pas
besoin de financement supplémentaire, donc tout le monde est pour qu'ils se
réalisent. Ils sont... leur réalisation n'est pas dépendante du gouvernement du
Québec. Et 3 300 logements qui avaient besoin de financement
supplémentaire, le 200 millions qu'on accorde. Donc, ce
6 600 logements là pourrait prendre, bien qu'on donne le
200 millions dans l'année fiscale courante... qui s'est terminée le
31 mars...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : ...on est
le 30... dans l'année courante... alors, ce 6 600 logements là, là,
ça va prendre au moins trois ans à se réaliser, là.
Mme Caron : Donc, le... ça va
se réaliser toujours sous l'égide d'AccèsLogis.
M. Girard (Groulx) : Bien sûr.
Mme Caron : Les gens ne vont
pas perdre ça.
M. Girard (Groulx) : C'est ma
compréhension, là. Je ne suis pas ministre de l'Habitation, mais c'est ma
compréhension.
Mme Caron : OK, c'est votre...
Parfait.
M. Girard (Groulx) : J'ai mis
200 millions pour réaliser 3 300 unités AccèsLogis.
Mme Caron : Parfait.
M. Girard (Groulx) : C'est des
logements sociaux.
Mme Caron : OK. J'aurais aussi
cru que c'étaient des logements sociaux. Puis peut-être que vous allez pouvoir
m'expliquer la distinction. L'année passée, dans les questions pour l'étude des
crédits 2021-2022, on avait demandé le
nombre de logements sociaux construits en 2021-2022 et les prévisions pour
2022-2023, et puis on nous a répondu
que le programme AccèsLogis Québec ne finance pas la construction de logements
sociaux, mais la construction de logements abordables. Est-ce que
quelqu'un est en mesure de nous clarifier ça?
M. Girard (Groulx) : Ça
m'apparaît incohérent, là. Il faudrait que je voie la question, la réponse, le
contexte, là, des échanges entre élus en commission parlementaire, à laquelle
je n'ai pas participé, là. C'est difficile pour moi.
Mme Caron : Non, ce n'est pas
des échanges entre élus, là, c'est l'étude des crédits, les réponses
officielles, là, des questions qui sont posées et qui sont répondues par écrit,
là, pour...
M. Girard (Groulx) : Par le
MAMH.
Mme Caron : Oui, c'est ça.
Alors, je ne comprenais pas, je ne comprenais pas...
M. Girard
(Groulx) : Alors, je vous incite à poser... je vous incite à
poser cette question à l'étude de crédits 2022... 2023-2024.
Mme Caron : D'accord,
parfait. Et puis vous avez mentionné qu'AccèsLogis était... allait être
remplacé, parce que c'était trop long
avant que les immeubles sortent de terre. Est-ce que vous avez fait une...
des... soit une modélisation ou une analyse comparative avec le nouveau
programme que... le PHAQ? Qu'est-ce qui va faire que ça va être plus rapide ou
que ça va améliorer les choses?
• (16 h 20) •
M. Girard (Groulx) : Là, on est
dans la microstructure du programme de PHAQ. Ce n'est pas mon expertise. Mais
ce que je peux vous dire, c'est que nous voulons tous que les logements sociaux
et abordables se réalisent plus vite, vous, moi, tout le monde. Alors, le
nouveau programme a été créé dans le but d'avoir moins de contraintes, moins de... Mais quelles sont les
particularités qui font que ça va aller plus vite? Bien, il y a notamment
le fait qu'on utilise des subventions au secteur privé, là. Il y a... Les
organismes sans but lucratif peuvent participer au PHAQ, mais le secteur privé,
on le subventionne pour créer des logements abordables, et donc on ajoute une
partie prenante dans la construction de logements abordables. Et puis ça, cette
partie prenante là peut, potentiellement...
Parce que, là, ça fait beaucoup d'unités, c'est
6 500 unités qu'on a annoncées depuis moins d'un an là, ça fait que... Elles ne sont pas construites encore. On
vient d'annoncer, par exemple, 3 000 unités avec les fonds fiscalisés
en décembre 2022. Décembre 2022, c'est il y
a quatre mois, ce n'est pas loin... trois mois... mais c'était au début
décembre, OK, quatre mois. Et là notre hypothèse... Puis le fonds... par
exemple, si on prend le fonds de solidarité de la FTQ, là, ils sont venus nous voir, ils nous ont dit : Nous autres, là,
les logements sociaux, là, ça ne va pas assez vite, logements abordables, on va vous faire ça vite. Parfait, on
a confiance en vous. Alors, on les a pris comme partenaires. En décembre
2022, on leur a demandé de créer
1 000 unités de logements abordables. Mais là, s'ils le font en deux
ans, ça va être très bien. Donc, on utilise le privé, on utilise les
fonds fiscalisés, on continue d'utiliser les organismes sans but lucratif.
Mme Caron : Donc,
autrement dit, les organismes sans but lucratif, coopératives d'habitation, et
tout ça, vont être en compétition avec le privé pour construire des
logements sociaux ou abordables.
M. Girard
(Groulx) : Bien, en compétition... C'est-à-dire que, nous,
comme vous, on veut plus de logements puis on octroie des unités du
nouveau programme à plusieurs parties prenantes, les OSBL, les... ça peut être
le privé, ça peut être les fonds fiscalisés. Les fonds fiscalisés, là, on leur
en a donné 3 000. Avant de leur en donner 3 000 autres, là, je
vais vouloir voir des avancements dans les 3 000 qui ont été octroyés, par
exemple.
Mme Caron : Puis...
et puis il y a... bien, c'est ça, il y a déjà... Question sur
les privés, les... tous les partenaires, finalement, qui vont
construire, qui vont se proposer ou qui ont proposé des projets : Est-ce
qu'ils vont avoir tous les mêmes obligations? Puis, une fois que les logements
vont être construits, est-ce qu'ils vont tous avoir les mêmes obligations de
garder ces logements-là abordables?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que la... le montant de subvention est conditionnel à
l'engagement, la période d'engagement. Si
vous vous engagez à garder les logements dans le marché pour 10 ans, les
garder abordables, votre subvention est bien moindre que si vous vous
engagez à les garder pour 20 ans.
Mme Caron : OK. Donc, il y a un
lien de cause à effet, je dirais, entre les deux.
M. Girard (Groulx) : Oui, la
subvention est fonction de l'engagement du promoteur.
Mme Caron : Parfait.
Et puis, dans le... C'est ça, vous me disiez que le PHAQ veut être plus rapide
que l'AccèsLogis, mais il reste... il y a quand même
1 700 unités du programme PHAQ qui sont en arrérages déjà. Alors,
est-ce que ça va... est-ce que la rapidité va vraiment être au rendez-vous,
vous pensez?
M. Girard (Groulx) : Bien,
lorsqu'on disait que les unités d'AccèsLogis étaient en arrérages, là, c'est
parce que ça faisait longtemps qu'elles étaient octroyées puis qu'elles ne se
réalisaient pas. Là, je ne peux pas dire que les unités du PHAQ sont en
arrérages, parce qu'on vient de les octroyer là.
Mme Caron : C'est ceux que
vous avez octroyés en décembre, là?
M. Girard (Groulx) : Bien, on
en a octroyées en décembre puis on en a... Le programme a été créé à la mise à jour de l'automne 2021. Il y en a eu à la
mise au jour de l'automne 2021, il
y en a eu au budget 2022-2023, puis
il y en a eu à la mise à jour 2022,
et là il y en a eu 1 500 dans le budget. En tout, là, ça fait
6 650 unités annoncées depuis la mise à jour 2021-2022.
Alors, on a, potentiellement, 6 650 unités de logements abordables et
6 600 unités AccèsLogis, alors on a près de 13 000 unités
de logement à réaliser, qui sont financées.
Parce que
c'est important... Vous savez, le... Moi, je suis ouvert à toutes les
critiques, je les écoute. Il y en a qui... ce n'est pas tout le monde qui apprécie ce qu'on fait, puis, moi, les
gens... souvent, il y a... l'information de ceux qui ne nous apprécient pas, elle est même très valable. Mais,
quand j'ouvre le journal puis c'est écrit : Il y a seulement
1 500 unités dans le budget, ça
n'a pas de bon sens, 1 500 unités... Mais le budget, c'est une photo.
Si je viens d'annoncer 3 000 unités en décembre 2022, il
y a trois mois, là, ça compte, ça, là. Si vous écrivez dans le journal :
il y a juste 1 500 unités, le gouvernement
fait juste 1 500 unités du PHAQ, je dirais... je sais qu'on ne peut
pas dire que c'est faux, là... je dirais que c'est partiellement vrai, OK, parce qu'on vient d'annoncer 3 000 en
décembre, là. Décembre 2022, là, ce n'est pas loin, là.
Ça
fait qu'il y a 6 650 unités de logements abordables qui sont en
marche, qui ont été octroyées, puis là il faut les réaliser puis il faut
prouver que ça va aller plus vite qu'AccèsLogis. La preuve est à faire. On fait
confiance au privé, aux organismes sans but lucratif, aux fonds fiscalisés.
AccèsLogis, il reste 6 600 unités en inventaire, dont 3 300
n'étaient pas suffisamment financées, et le financement est arrivé.
Mme Caron :
Parfait. Puis le dernier point que je voulais apporter, qui est plus un
point qu'une question, en fait, c'est qu'en... de 2016 à 2018, il y avait le
député Norbert Morin qui avait fait une grande tournée de consultation dans toutes les régions du Québec, justement, sur
l'habitation, avec... et il y avait beaucoup de recommandations du
terrain qui étaient ressorties. Est-ce que
c'est... vous avez été inspiré par certaines des recommandations terrain qui
sont... qui étaient sorties de ce
rapport-là tout au long de votre premier mandat, ou ça a été mis de côté, et on
recommence à neuf?
M. Girard (Groulx) : Il faudrait demander à
l'actuelle ministre des Affaires municipales, qui était ministre des Affaires municipales et de l'Habitation. Est-ce
que, moi, personnellement, j'ai été inspiré par cette tournée régionale? Non.
Mme Caron :
Parfait.
M. Girard
(Groulx) : C'est la première fois que j'en entends parler.
Mme Caron :
OK, merci. Je vais laisser le...
Le Président
(M. Simard) : Oui. Il vous reste environ deux minutes.
M. Beauchemin : Parfait, je vais essayer
de la garder concise. Je veux juste revenir sur le point qu'on
mentionnait tantôt à propos là, du différentiel entre la prévision annoncée
mardi dernier, là, puis le 0,04 %, grosso modo, là, que vous mentionnez
maintenant. Dans votre réserve de 1,5 milliard, est-ce que c'est juste de
dire que, si on la prend puis on la divise par le produit intérieur brut pour
l'année 2023, qui est à... un instant... 390 milliards de
dollars, donc, que le 1,5 % représente à peu près, quoi, 0,4 %?
M. Girard (Groulx) : On
a toutes sortes d'estimés économétriques sur combien une baisse de 1 % du
PIB coûte, là.
M. Beauchemin :
C'est ça.
M. Girard (Groulx) :
Là, les 250 économistes du ministère ne m'aimeront pas, là, mais moi, je
vais vous résumer ça, là : 1 % égale 1 milliard.
M. Beauchemin :
1 % égale 1 milliard.
M. Girard
(Groulx) : Oui. Si le PIB est 1 % plus bas, on va avoir
1 milliard de moins de revenus dans le solde budgétaire.
M. Beauchemin :
OK. Donc, dans la réserve...
M. Girard
(Groulx) : On me dit que j'ai encore ma job.
M. Beauchemin :
C'est bon, je suis content pour vous. Est-ce que, donc, dans votre réserve
de 1,5 milliard, ça, c'était pour pallier avec une baisse du PIB
substantielle de 1,5 % par rapport à votre 0,6 %?
M. Girard
(Groulx) : Non. Le 1,5 % est basé sur le fait que... si on prend
le cadre financier, à la page H.5... que
les dépenses totales du gouvernement du Québec en 2023-2024 sont de
148 milliards, incluant le service de dette. Alors, c'est... ça correspond à 1 % des
dépenses. C'est plus ça qui a inspiré le 1,5 % qu'une variation
potentielle du PIB.
M. Beauchemin :
OK. Donc, combien, selon vous, serait pris, donc, de la réserve si la
nouvelle analyse qu'on a faite tout à l'heure... que le PIB ne serait pas
augmenté de 1,5 %?
M. Girard (Groulx) : Bien, je dirais que
chaque 0,1 % coûte à peu près 100 millions par année au cadre
financier.
M. Beauchemin :
OK. Donc, on parlerait de 200 millions.
M. Girard
(Groulx) : Oui, mais là le 0,4 %, là, c'est moi qui ai fait ça
conceptuellement, ici, là. On n'a pas... depuis qu'on a déposé le budget, on
n'a pas refait une prévision économique à jour. Ça pourrait être 0,3 %,
là.
M. Beauchemin :
Bien, c'est un peu ça que... où est-ce que je... Est-ce que ce serait
possible...
M. Girard (Groulx) : Alors,
c'est possible que, lorsqu'on regarde le cadre financier... Puis là les choses changent vite, là, tu sais. Tu sais, les
fluctuations boursières qu'on a eues vendredi dernier, bien, c'était... c'était
vraiment négatif, puis, cette semaine, c'est un peu une
meilleure semaine, bien que, là, je passe beaucoup d'heures avec vous
aujourd'hui puis je n'ai pas vu qu'est-ce qui se passe aujourd'hui. Mais...
Une voix : C'est positif, c'est
positif.
M. Girard (Groulx) : ...dans
l'ensemble, je dirais que 0,1 %, ça coûte 100 millions par année.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, sur ce, compte tenu de l'heure, je vous laisse, M. le ministre, aller
regarder l'état des marchés, et nous nous donnons rendez-vous mardi prochain,
9 h 45. Au plaisir.
(Fin de la séance à 16 h 30)