(Dix
heures une minute)
Le Président (M.
Simard) : Alors, chers collègues, bienvenue à toutes et à tous. Je
constate que nous avons quorum, et nous sommes donc en mesure d'entreprendre
nos travaux ce matin.
Comme
vous le savez, la commission est réunie afin de procéder à l'interpellation du
député de Marguerite-Bourgeoys au ministre des Finances sur le sujet
suivant : l'échec caquiste en matière de saine gestion des finances
publiques.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Mallette (Huntingdon) est
remplacée par M. Jacques (Mégantic).
Le Président (M.
Simard) : Très bien. Alors, avant d'aller plus loin, il me faut saluer
la présence tout à fait extraordinaire
d'abord de nos stagiaires de la fondation Bonenfant, qui sont, ce matin,
accompagnés — on
a de la grande visite — de
leurs homologues ontariens, donc qui viennent... qui sont des stagiaires
parlementaires qui nous viennent de Queen's Park. Alors, on vous salue
tous. Soyez les bienvenus parmi nous. Vous nous honorez.
Alors,
je désire vous informer que, comme le veut la tradition, nous allons procéder
en alternance et nous allons toujours
commencer par l'opposition dans cette logique d'alternance. Et, sans plus
tarder, je cède la parole au député de Marguerite-Bourgeoys, qui dispose
d'une période de 10 minutes.
Exposé du sujet
M. Frédéric Beauchemin
M.
Beauchemin : Merci beaucoup, M. le Président. J'avais encore le
réflexe d'être debout, pensant que... Non, mais, pas besoin, j'ai appris la
dernière fois qu'effectivement ce n'était pas...
Le Président (M.
Simard) : ...qui vous empêche de le faire, si vous vous sentez...
M.
Beauchemin : Ah! d'accord, si je sens...
Le Président (M.
Simard) : Oui, oui, on est dans pays libre.
M.
Beauchemin : D'accord. Bien, écoutez, M. le Président, merci beaucoup
d'être ici ce matin pour parler d'un sujet qui est quand même relativement
primordial, je dirais, étant donné la situation dans laquelle on se trouve.
Merci aux membres du gouvernement d'être présents ce matin pour la
conversation.
Vous savez, pour
qu'on puisse pouvoir avoir les services de l'État, on doit avoir des revenus
qui sont au rendez-vous. Pour qu'on puisse
avoir des services de l'État, on doit avoir une économie qui est au rendez-vous
pour générer ces revenus-là. Pour avoir une économie au rendez-vous, on
doit avoir une vision de développement économique. Puis la base en arrière de tout ça, c'est la crédibilité, c'est d'avoir
aussi un sentiment de la part des gens qui veulent mettre leur capital
en jeu et les gens qui veulent mettre leur énergie en jeu, avoir une certaine prévisibilité
en ce qui a trait au contexte économique
puis au climat d'affaires qui règne dans l'endroit où est-ce que les gens
veulent se mettre en action pour faire croître leur entreprise, croître
leur rêve et, évidemment, faire croître l'économie du Québec. Bien, tout ça, ça repose évidemment sur la perception d'avoir une
saine gestion des finances publiques puis que l'heure juste qu'on reçoit, à savoir qu'est-ce qu'il en est des finances
publiques, est effectivement précise, perspicace, transparente et représentative
de la réalité.
Moi,
ça fait juste deux ans que je suis ici, là, à l'Assemblée nationale, en tant
que député, là, de Marguerite-Bourgeoys,
et j'ai le privilège d'être la critique officielle pour le Parti libéral du
Québec en ce qui a trait aux finances publiques, innovation et économie, et je dois dire que — puis
je me suis fait dire, ah! ça a tout le temps été un petit peu comme ça, chacun a une façon à la sienne, là, d'agir de même — que
l'exercice budgétaire, l'exercice de la mise à jour économique, ce que je croyais être un exercice de rigueur, un
exercice concis, ce sujet très précis, malheureusement, ce n'est souvent
pas le cas. Et puis je me rends compte que,
finalement, c'est un exercice qui est plus politique qu'un exercice économique,
parce que les gouvernements en arrivent chacun avec leur vision de comment
qu'on devrait donc gérer la finance, comment qu'on devrait s'assurer que l'économie
est au rendez-vous puis comment qu'on en arrive à faire nos calculs, là, de déficit. Mais je dois dire qu'en
tant que payeur de taxes puis en tant que citoyen qui a passé plus de
32 ans, là, dans le monde des
affaires, quand je suis arrivé ici, pour moi, ça a été une déception de voir
comment c'était fait, cet exercice-là, que ce n'est fondamentalement
qu'un exercice politique et non un exercice de rigueur budgétaire. Entrée de
jeu.
Donc, quand
on regarde ça, je me dis : Bon, O.K., aujourd'hui, on est face à une
réalisation. On a eu un déficit historique
record de 11 milliards de dollars qui nous a été annoncé au mois de
mars de cette année. Juste pour le rappeler, là, en mars 2023, là, l'an dernier, en prévision
de l'année qui s'en venait cette année, on avait prédit que le déficit allait
être de 3 milliards. Durant la mise à jour économique de novembre dernier,
donc à peu près il y a un an, ce chiffre-là est passé de 3 à 4 milliards. Quelques semaines plus tard, le
gouvernement a émis un... une date de dépôt de budget qui était au mois
de mars, donc, 2024 pour finalement nous annoncer que le déficit allait être de
11 milliards de dollars.
Vous savez,
c'est un déficit record. C'est un déficit qui est extrêmement significatif pour
plusieurs personnes. Et quand on a entendu, cette semaine, le ministre
de la Finance... le ministre des Finances nous dire comme quoi que le déficit
était encore de 11 milliards de dollars, sincèrement, moi, j'ai été
surpris. J'ai été surpris de voir que, malgré le fait que l'économie va bien,
et c'est ce que le ministre a dit, malgré le fait qu'il y a une corrélation
directe entre la croissance économique et les revenus de l'État, malgré le fait
qu'il y a eu des annonces claires, nettes et précises, à savoir des directives à l'intérieur de la machine
gouvernementale pour réduire les dépenses, pour faire des coupes, que ce soit en santé, que ce soit l'aide aux PME, il y
a eu des ordres de réduire les dépenses à travers la machine... Et donc moi, je me suis posé des questions. O.K., donc là,
si on additionne tout ça, là, on arrive à quoi? On a eu quand même des ordres aussi au niveau de la machine
gouvernementale, à savoir il faut réduire les dépenses dans tous les services.
On a entendu Santé Québec nous dire
qu'il fallait qu'ils cherchent 1 milliard de dollars. Ça fait que
nous, on additionne ça. On estime
que, grosso modo, là, de façon extrêmement conservatrice, on parle de 2,5 à
3 milliards de dollars, prenons le bas de la fourchette, là,
2,5 milliards de dollars en termes de réductions, de coupes demandées
à la machine. Un.
On sait aussi qu'il y a eu le crédit pour les
personnes âgées de 60 ans et plus pour rester sur le marché du travail qui
a été éliminé, à peu près une économie de 200, 300 millions de
dollars. On sait aussi que le gouvernement est
allé — et
Francis Vailles l'a repris dans sa chronique ce matin — le
gouvernement est allé piger dans la réserve au cas de mauvaises éventualités, en a pris la moitié. Donc,
750 millions de dollars. On sait aussi que le gouvernement a sauté
à pieds joints pour taxer l'innovation en augmentant le taux d'inclusion sur le
gain en capital, une mesure qui a généré 1 milliard de dollars.
Toutes des choses nouvelles par rapport au mois de mars 2024.
Ça fait que,
quand on fait le cumul de tout ça, on en arrive à : Bien, coudon, ça fait
4,5 milliards. Ça fait que, moi, mathématiques de base, là, 11
moins 4,5, ça fait 6,5, je m'attendais grosso modo à cette fourchette-là
hier... cette semaine. Je m'attendais à ce
qu'on soit vraiment, là, tous très heureux d'entendre une bonne nouvelle, que,
finalement, le gouvernement avait été capable de reprendre le contrôle
des finances publiques puis qu'on était capable de dire qu'aujourd'hui le
déficit est maintenant de 6,5 milliards.
Quand on a coupé dans la francisation, santé,
programmes PME, les cégeps, universités, Santé Québec, taxe sur le gain en capital, programme d'aide aux
personnes âgées pour pouvoir être... rester sur le marché du travail, tout ça,
là, c'est des mesures quand même qui
ont été significatives, là, dans l'appareil gouvernemental et les services aux
citoyens. Des coupes qui vont se faire sentir, se font sentir, auraient
dû aussi se faire sentir dans les finances publiques. Malheureusement, ça n'a
pas été le cas.
• (10 h 10) •
Donc, j'ai
sorti un petit tableau juste pour remémorer... la mémoire de tous, là. Cette
semaine, quand on parlait, là, du
déficit, 3 milliards, ensuite annoncé, en novembre, à quatre, qui est
ensuite passé à 11 milliards et qu'hier... excusez-moi, cette semaine, répété encore à 11 milliards de
dollars, bien là, ici, il y a tous les trucs, là, que je vous parle, là,
qui donnent à peu près ça, 4,5 milliards. Ça fait que, pour moi, il y a
quelque chose qui ne tient pas la route.
Puis, des
fois, on peut se poser des questions : Est-ce que j'ai manqué quelque
chose? Est-ce que... Y a-tu quelqu'un qui pourrait calculer ça
différemment que moi? Y a-tu... Puis je me rends compte que non, ce n'est pas
le cas. Ça a vraiment été une mauvaise représentation de la réalité fiscale du
Québec. Puis, quand je me dis : Bon, bien, O.K., quand Francis Vailles en parle, O.K., on n'est pas les seuls. Quand
j'entends la chaire de fiscalité en parler, je dis : On n'est pas les seuls. Ça fait que, finalement, il
semble y avoir un consensus, là, dans le calcul, dans l'approche, comme
quoi qu'il y a anguille sous roche, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.
Malheureusement, là-dedans, c'est la crédibilité
du ministre des Finances qui est en jeu. Puis, vous savez, l'an passé, là, on nous a dit : Ah! bien là
il faut qu'on négocie, puis c'est... la raison pourquoi qu'on est passés de 11
à... de 4 milliards à 11 milliards,
c'est qu'on a plié les genoux devant les syndicats, puis on a signé des
contrats, puis ils ont eu ce qu'ils voulaient, puis, nous autres, bien,
voyez-vous, ça nous a coûté plus cher, puis c'est ça que ça donne.
Ça fait que,
là, donc, en novembre versus mois de mars, ça, ça a été la réalisation :
c'est à cause des négociations avec
le parti syndical que le gouvernement est tombé dans le trou à
11 milliards. On refait exactement la même erreur aujourd'hui. Les
négociations avec les ingénieurs, éducatrices en services de garde, notamment,
ne sont pas encore conclues, on n'a pas mis
de réserve dans le calcul du déficit puis on en arrive à la même
conclusion : Ah! bien là on est à 11 milliards, sans être
capable de dire que ça, ça va nous affecter négativement?
Vous savez
une saine gestion des finances publiques doit être responsable et précise, et
ce n'est pas ce qu'on a eu.
Le
Président (M. Simard) : Alors, je vous remercie beaucoup, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. Et je cède maintenant la parole au ministre.
Réponse du ministre
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M. le Président. Mes salutations. Mes
salutations aussi au député de Marguerite-Bourgeoys, à mes collègues de la banquette ministérielle et
aux gens du ministère des Finances qui m'accompagnent pour l'exercice
d'aujourd'hui, qui est notre rendez-vous du vendredi, au député de Marguerite-Bourgeoys
et à moi.
M.
le Président, j'ai été un peu surpris, je dois dire, non seulement de
l'interpellation, mais du titre de l'interpellation, qui s'est fait
avant même que le ministre des Finances dépose sa mise à jour économique; on
avait déjà décidé que ce n'était pas bon, ce
qui me fait dire que le député de Marguerite-Bourgeoys a définitivement des facultés que je n'ai pas à
voir dans le futur.
Non, mais,
plus sérieusement, M. le Président, vous comprendrez que je n'arrive pas aux
mêmes conclusions que le député de
Marguerite-Bourgeoys sur la saine gestion des finances publiques. Je pense au
contraire que l'exercice qui a eu
lieu hier est un exercice de rigueur, est un exercice de réalisme budgétaire,
mais de réalisme aussi, M. le Président, des responsabilités de l'État.
Et je vais m'expliquer sur les deux... sur les deux aspects.
D'abord, peut-être faire un peu d'historique.
Pourquoi en sommes-nous à la situation budgétaire où nous en sommes? Parce que
le budget 2024‑2025 n'est pas désincarné de ce qui s'est fait avant, au
contraire. Je veux dire, c'est une ligne du
temps qui se dessine. Le gouvernement du Québec, en 2020‑2022,
a fait face à une pandémie mondiale. La
pandémie mondiale, M. le Président, elle a eu et elle a encore des conséquences.
On ne peut pas penser : O.K., 2022, la pandémie est dite terminée en terme médical, mais ça ne veut pas dire
que les conséquences de la pandémie se sont arrêtées là. Pourquoi? Parce que le gouvernement du Québec devait faire
face à ses obligations de protéger la population, de soigner la
population, et, au niveau de la santé, ce n'était pas le temps de limiter les
dépenses. Au niveau de l'éducation, du réseau, de l'éducation, ce n'était pas
le temps de limiter les dépenses. Au contraire, il fallait qu'on s'assure de donner les services à la population.
Ça a créé un certain effet, M. le Président, ça a créé un certain effet sur les
finances publiques. Ça a créé un certain effet aussi sur la façon de
travailler dans les ministères. Et j'y reviendrai plus tard.
Après ça, bien, il y a la guerre en Ukraine qui
a eu des impacts sur les prix du pétrole, qui ont un impact sur l'économie.
Bon, je pense que le député de Marguerite-Bourgeoys sait ça aussi bien que moi,
sinon mieux. Et tout ça nous amène vers une
situation où, dans le dernier budget, le gouvernement du Québec annonce un
budget... un déficit, pardon, de
11 milliards. Je souligne que, là-dessus, il y a quand même un versement
au Fonds des générations. Alors... Et je
vais citer... M. le Président, je vais citer le premier ministre Charest quand
il a créé le Fonds des générations en disant : Bien, écoutez, on emprunte
à un taux x, on le place dans le Fonds des générations et on le fait travailler
à un taux d'intérêt qui est supérieur. Donc, au final, on fait de
l'argent. C'était ça, le principe du Fonds des générations.
Donc, le
versement qu'on fait au Fonds des générations, à terme, va rapporter plus que
ce qu'il a coûté. Alors, si on retire ça, on tombe à un déficit de
8 milliards. Bien, M. le Président, ce déficit-là, on s'est engagé à le
résorber, mais ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys doit admettre quand même, c'est que le déficit a été créé
par le fait que le gouvernement du
Québec a fait face à des responsabilités exceptionnelles, qui nécessitaient des
mesures exceptionnelles et qui nous
ont amené dans cette situation-là. Ça, c'est la première étape. Et je ne pense
pas, M. le Président, que personne puisse
dire que ce gouvernement a mal géré la pandémie. Et je ne pense pas qu'on
puisse dire que ce gouvernement-là a mal géré les situations qui en
découlent.
Maintenant, sur la mise à jour d'hier, bien, le
ministre des Finances maintient le cap sur le plan de retour à l'équilibre budgétaire, mais ce que nous disons,
c'est qu'il y aura retour à l'équilibre budgétaire, oui, mais on va le faire
de façon responsable.
Et, tout à
l'heure, j'ai entendu le député de Marguerite-Bourgeoys dire : Bien, on a
coupé en santé, on coupe en éducation. Bien, M. le Président, ce n'est
pas ça que les chiffres disent, au contraire. Puis le député de Marguerite-Bourgeoys est tout à fait capable de lire un
budget. Il sait très bien, il sait très bien que le budget en santé a augmenté.
Il sait très bien que le budget en éducation, il a augmenté. Alors, un budget
qui augmente, comment peut-on en arriver à la conclusion qu'il y a des
coupures? Alors, il y a des réallocations de sommes, il y a des postes
budgétaires qui vont être plus pourvus,
d'autres, un peu moins, mais, sur l'enveloppe globale, il y a plus d'argent en
santé qu'il n'y en a jamais eu, il y a plus d'argent en éducation qu'il
n'y en a jamais eu, il y a plus d'argent pour aider les Québécois qu'il n'y en a jamais eu, et on a aidé les
Québécois financièrement par des baisses d'impôt, par toutes sortes de mesures,
pour un montant de 6 milliards. Et on a dit, et on a dit qu'on ne va pas
couper dans les services et on n'a pas coupé dans les services, M. le
Président.
Alors, cette rigueur budgétaire là... Puis le
député de Marguerite-Bourgeoys, tout à l'heure, disait : Oui, mais je suis étonné parce que la situation économique
est meilleure que ce qui était prévu. C'est vrai. C'est vrai. Le PIB est à
1,6, 1,2. Effectivement, on s'est harmonisé
avec le fédéral sur les gains en capital, c'est vrai. Mais, M. le Président, il
faut aussi admettre que d'autres situations exceptionnelles se sont
présentées. Je pense, entre autres, aux inondations.
Mais, M. le
Président, on ne pouvait pas laisser les gens se débrouiller tout seuls. Donc
c'est des dépenses supplémentaires non prévues auxquelles on a fait
face. Pourquoi? Pour venir aider des Québécois qui vivaient une situation désastreuse. Et je suis convaincu que le
député de Marguerite-Bourgeoys ne nous enjoint pas à ne pas s'en occuper
au nom de la rigueur budgétaire. Je suis
convaincu de ça. Je suis convaincu qu'il est d'accord avec le fait qu'on les
aide.
Sur le plan santé, il y a eu des dépenses
supplémentaires aussi. Pourquoi? Parce que le recours aux agences privées a été
reporté. Pourquoi? Parce que, dans certains secteurs, ça voulait dire de la
découverture au niveau des services. Personne, au Québec, ne peut être d'accord
avec le fait que, dans différentes régions, on aurait accepté de la découverture au niveau des services parce que le
ministre de la Santé s'est dit : Non, moi, ça, c'est mon plan, je reste
sur mon plan.
Alors, il
faut s'ajuster à la situation, il faut savoir composer avec la situation. C'est
ce que le ministre des Finances a fait hier dans son exercice. Je ne
vois pas en quoi il y a un manque de rigueur là-dedans.
• (10 h 20) •
Ceci étant
dit, nonobstant ça, M. le Président, le plan de retour à l'équilibre
budgétaire, il est maintenu. Le déficit de 11 milliards, il est maintenu
et il va diminuer graduellement jusqu'en 2029‑2030. Les mesures, le
plan de révision des défenses par ma collègue la présidente du Conseil du trésor est en
cours. Le plan d'analyse, au ministère des Finances, sur les mesures fiscales qui peuvent être prises pour
nous aider à aller chercher le manque à gagner, il est en cours d'exercice. Déjà, les mesures fiscales qui ont été annoncées
hier sur les crédits pour les travailleurs de 60 à 64 ans vont donner des
résultats sans pénaliser lesdits travailleurs. Et, à long terme, ces résultats
récurrents là viennent déjà aujourd'hui nous aider
à atteindre l'objectif de 2029‑2030. Il y a d'autres mesures qui vont être annoncées
et par la présidente du Conseil du trésor... parce qu'effectivement,
effectivement, au niveau des programmes...
Et ça,
d'ailleurs, c'est très drôle, parce que, je me souviens, à l'époque du
gouvernement libéral, cet exercice-là était supposé être fait et n'a
jamais été fait. Et nous, on va le faire, on va le faire, on va réviser les
programmes. Puis il y a des programmes qui
soit seront éliminés, soit seront revus à la baisse, soit seront maintenus dans
certains cas. Mais on va vraiment
viser l'efficacité et un investissement plus... mieux ciblé pour donner des
résultats, des résultats pour les Québécois.
Mais, M. le
Président, c'est un exercice qui est en cours. Et ce que le ministre des
Finances a confirmé hier, c'est que son plan de retour à l'équilibre
budgétaire, il le maintenait, il le respectait. Et, en 2029‑2030,
les finances du Québec seront à l'équilibre, M. le Président. C'est ça,
la réalité.
Le Président (M. Simard) : Alors, je
vous remercie, M. le ministre.
Argumentation
Nous
poursuivons et nous sommes de retour avec le député de Marguerite-Bourgeoys,
qui dispose effectivement de cinq minutes.
M. Beauchemin : Merci,
M. le Président. Peut-être juste une petite correction avant de continuer. Le
député de La Peltrie mentionne que le ministre des Finances, donc, va
continuer à exécuter sur son plan de retour à l'équilibre budgétaire. Juste pour qu'on soit clair sur une
chose, il n'y a pas eu de plan de retour à l'équilibre budgétaire de déposé.
Ça fait depuis le mois de mars de cette
année qu'on le demande. Il n'y a aucun plan qui a été déposé. Puis moi, je
trouve ça vraiment dommage qu'on
n'est pas capable d'avoir, justement, ce plan-là. On l'a réitéré en demande
pré-mise à jour budgétaire, d'avoir un plan de retour à l'équilibre
budgétaire.
Donc, juste
pour être certain, là, qu'il n'y a pas de confusion de la part du gouvernement,
ici, là, j'ai entendu le député de
La Peltrie le mentionner à quatre, cinq reprises dans son introduction, il
n'y a pas de plan de retour à l'équilibre budgétaire, point. Donc,
maintenir le cap sur quelque chose qui n'a pas encore été déposé, là, ça ne se
fait pas.
On parlait ici des situations exceptionnelles.
Vous savez, peu importent les gouvernements, il y a toujours eu des périodes
difficiles, il y a toujours eu de la pression, il y a toujours eu de la
chaleur. Puis c'est le rôle du ministre des Finances de prévoir et de gérer en
fonction de ça et de ne pas être éloigné de ses cibles. Peu importent les gouvernements historiques, O.K., ça a toujours été
le cas. Donc, quand on a à prendre de la chaleur parce que ça ne va pas
bien, il faut quand même accepter les raisons du pourquoi qu'on n'a pas été
capable de bien prévoir.
Puis c'est un
petit peu là-dessus, la critique, ce n'est pas sur la personne, ce n'est pas
sur rien de personnel, c'est vraiment sur le fait que l'institution, la
crédibilité de l'institution est mise à jour lorsque l'application de la
rigueur de prévision économique n'est pas faite de façon juste et équitable. Et
c'est ce qui fait en sorte qu'autant les agences de crédit que les investisseurs, que les entrepreneurs Québécois et
Québécoises veulent avoir une meilleure rigueur, parce que c'est à
partir de là qu'on est capable de se dire : On va-tu investir ou pas?
Est-ce que ce qui sort de la bouche du ministre
des Finances est juste ou pas? Puis c'est ça, le point. La crédibilité, elle a
été atteinte parce que, justement, il a manqué le cap à plusieurs reprises.
Moi, j'ai été témoin, depuis les deux dernières années, à chaque fois qu'il a
manqué ses cibles. On est du quitte
au double sur le PIB en termes de revenus fantômes, des prévisions de
croissance irréalistes.
Vous savez,
M. le Président, l'année passée, c'était vraiment flagrant parce qu'il y avait
un consensus tout partout à travers
l'industrie bancaire, à savoir que les prévisions économiques pour le Québec
allaient être de 0,6 %. Nonobstant, le ministre des Finances s'obstinait à dire : Non, ça va être
1,6 %, 1,4 %. Finalement, il a été obligé d'avouer que, finalement,
il s'était trompé. Il s'était trompé, là, de façon significative. Et surtout,
le plus inquiétant dans tout ça, c'est que tous ses pairs, anciens collègues de l'industrie bancaire, lui ont dit qu'il
était... qu'il portait des lunettes roses. Donc, on a un enjeu :
prévisions économiques avec des conséquences. Puis, on le voit, là, la création
d'emplois a chuté drastiquement. Elle
a passé de 43 800 à 18 700. Il n'y a pas de plan de retour à
l'équilibre budgétaire de la part de la CAQ et il n'y a pas de plan de
relance de la part de la CAQ.
Les revenus
de l'État sont en directe corrélation avec les revenus de l'économie. Quand on
est capable de prévoir une croissance économique, on ajuste ainsi les
revenus de l'État. La mise à jour d'hier n'a même pas tenu compte de l'arrivée de Donald Trump. Pourtant, c'est certain
que nos exportations vont être affectées. Une barrière tarifaire va être
en train de se monter, on parle de 10 %, potentiellement.
Vous savez,
un des éléments les plus importants à regarder dans le rapport qui vient du
ministère des Finances, c'est
l'investissement en entreprise. On a vécu une forte diminution, de 2,4 % à
0,6 %. C'est une réduction drastique, du trois quarts, M. le Président. Ça, c'est une représentation tellement
évidente que le climat d'affaires n'est pas au rendez-vous. Ça ne fait
que réaffirmer ce que je disais tantôt. Le climat d'affaires n'est pas au rendez-vous
parce qu'on n'est pas capable d'avoir de prévisibilité, parce qu'actuellement
au Québec l'économie, sous la CAQ, n'est pas bien gérée, les finances publiques ne sont pas bien gérées. Et,
quand c'est rendu que c'est des journalistes comme Francis Vailles qui en
fait référence, vous comprendrez, M. le Président, que c'est une preuve
additionnelle que, malheureusement, sous ce gouvernement-là, les finances
publiques ne sont pas une priorité et elles sont mal gérées.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci beaucoup, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. À nouveau, je cède
la parole à M. le ministre.
M. Caire : Oui.
Merci, M. le Président. Bien, vous comprendrez qu'encore une fois le député de
Marguerite-Bourgeoys et moi-même, on ne sera pas tout à fait d'accord sur la
perception de la gestion des finances publiques.
Quelques
éléments. D'une part, le député de Marguerite-Bourgeoys dit : Bien, les
prévisions du ministre ne sont pas
bonnes, le ministre s'est trompé dans ses prévisions. Je regarde les prévisions
qui ont été faites par le ministère des Finances, je regarde les moyennes qui sont faites par le secteur
privé : 2024, 1,2 pour nous, pour le ministère des Finances, 1,1 pour le secteur privé; 2025, 1,5 pour nous,
1,4 pour le secteur privé; 2026, 1,6 pour nous, 1,7 pour le secteur privé.
Puis je pourrais continuer comme ça, là, mais je pense que les gens ont compris
le... ont compris un peu mon propos. M. le
Président, je veux dire, c'est l'ensemble des analystes qui sont à peu près dans
les prévisions qu'on fait. Donc, il faut
croire que le travail qui nous a amenés à ces prévisions-là, il a été partagé
par d'autres. Et, si la conclusion du député de Marguerite-Bourgeoys, c'est que, bien, le ministre des Finances, il
n'est pas bon, bien, je peux vous dire que, dans le secteur privé, il y
a du monde pas bon aussi, là, beaucoup de monde pas bon, parce qu'ils font à
peu près les mêmes prévisions. Ça fait qu'on est tous une gang de pas bon.
Mais
je ne pense pas que ce soit ce que pense le député de Marguerite-Bourgeoys. Je
veux juste lui dire qu'effectivement,
quelquefois, l'économie a des variations, mais je pense que, sur les
prévisions, sur le long terme puis sur
l'ensemble des prévisions, le ministère des Finances est assez sur la coche,
là. Je l'invite à regarder l'ensemble des prévisions qui ont été faites,
puis c'est assez... c'est assez ça.
Autre élément, M. le
Président, le député de Marguerite-Bourgeoys cite Francis Vailles, d'autres
journalistes qui disent : Oui, les finances, ça ne va pas très bien. Mais
il y a un exercice qui est très important, M. le Président, qui se fait suite au dépôt d'un budget, et c'est
l'analyse des agences de cotation. Et ça, cet exercice-là est fait par des gens
qui sont, évidemment, je pense, compétents, qualifiés, qui prennent le
temps d'analyser l'ensemble du plan de retour à
l'équilibre budgétaire. Et, oui, il y a un plan de retour à l'équilibre
budgétaire, et j'y reviendrai. Et ces non pas trois, mais bien quatre agences
de cotation ont tous maintenu la cote du Québec, non seulement ça, mais ont
parlé du travail... de la qualité du
travail qui avait été fait par le ministère des Finances. Donc, M. le
Président, je pense que, comme caution morale, et même plus que morale,
là, caution effective, je pense que c'est plutôt pas mal.
Sur
le plan de retour à l'équilibre budgétaire, bien oui, il y a un plan. Bien sûr
qu'il y a un plan. Alors, déjà dans le
budget 2024‑2025, il y avait trois mesures qui ont été mises en
place au niveau des crédits d'impôt, qui nous amènent, en cinq ans, à,
quoi, 800 millions d'économies?
• (10 h 30) •
Une voix : ...
M. Caire : 850. 850 millions d'économies. Il y a une
nouvelle mesure qui a été annoncée à la mise à jour, et ce qu'on a dit, c'est qu'on va faire un exercice de
révision des programmes. Et je signale, en tout respect à mon collègue, qu'à l'époque où j'étais dans l'opposition un tel
exercice devait être fait et n'a jamais été fait. Dans les faits, ce plan de
révision des programmes là, ça n'a jamais été fait.
Alors,
postpandémie, et je le rappelle, postpandémie, on fait cet exercice-là de
révision des programmes avec la présidente du Conseil du trésor. Je
pense que c'est important de prendre quand même le temps d'analyser la valeur des programmes, la pertinence des programmes, le
coût efficacité des différents programmes. Et c'est la même chose au niveau
des... du ministère des Finances. Alors, déjà dans la société civile, il y a
des instituts, des experts qui font ce travail-là de façon indépendante, qui
vont identifier des mesures, qui vont faire des propositions, d'autres
s'attellent à la tâche. Au ministère des Finances, on le fait aussi. Et, au
final, ce qu'on a dit et ce qu'on va respecter, comme on a respecté tout ce
qu'on a fait... tout ce qu'on a dit à date, dans le prochain budget, le député
de Marguerite-Bourgeoys pourra avoir l'ensemble des mesures qui seront mises en
place pour le retour à l'équilibre budgétaire 2029‑2030.
Mais je lui rappelle
que ce qui a été proposé en 2024 a été cautionné par les agences de cotation.
La cote du Québec a été maintenue, ce qui
est une excellente nouvelle. Et je suis convaincu que le député de
Marguerite-Bourgeoys partage ma joie
par rapport à cette excellente nouvelle là parce que ça veut dire qu'au niveau
notamment des intérêts on est à la même place.
Le Président (M.
Simard) : Très bien. M. le député de Maskinongé, à vous la parole.
M. Allaire : Merci. Merci, M. le Président. Bon matin, chers
collègues. Je tiens à saluer M. le ministre. Merci de prendre le temps ce matin
avec nous. Je pense qu'on aurait tous quelque chose de mieux à faire dans chacun
de nos comtés, mais on doit être ici pour
répondre à l'interpellation du député de Marguerite-Bourgeoys. Je salue mon
collègue et ami député de Mégantic.
Là,
vous allez me permettre, M. le Président, de saluer l'absence d'un de mes
collègues, je m'excuse, mais là c'est pour notre propre gouvernement, le
député de Richelieu, qui est malade, il a la grippe. Probablement qu'il aurait
été notre quatrième mousquetaire ce matin,
mais, malheureusement, il est à la maison, probablement couché en cuillère avec
ses chats, qui doivent prendre soin de lui.
Une voix : ...
M.
Allaire : Oui. Oui, trop d'informations, mais c'est... quand
même, c'était un clin d'oeil pour le saluer. Je pense que c'était
important de le faire.
Je
salue particulièrement le député de Marguerite-Bourgeoys, qui nous donne une
autre opportunité d'apporter certaines
nuances, parce qu'on dirait que... puis c'est ce que je déplore quand qu'une
interpellation comme ça est nommée, souvent, on va dans les extrêmes. Ça
va selon le positionnement d'un parti politique, naturellement, mais on tombe
tout le temps dans l'extrême sans apporter des nuances, des nuances qui, à mon
avis, sont beaucoup plus réalistes, beaucoup
plus réelles de ce que ça représente, selon les différentes mesures que nous,
on met en place, entre autres la
récente mise à jour, là, qui a été dévoilée hier avec le ministre des Finances.
Ça fait que je pense que jamais... ce n'est jamais ni noir ni blanc,
naturellement, mais ça nous permet quand même de démontrer tout ce qu'on fait
ici.
Puis, je pense qu'on peut le dire, on est dans
une position quand même assez enviable au Québec, puis les statistiques sont là pour le démontrer. On a un
taux de chômage qui est le meilleur au Canada, à 5,5 %. On a le revenu
disponible qui augmente, qui est rendu à 6,6 %. On a l'écart de richesse,
qui est souvent notre comparatif avec l'Ontario,
le premier ministre le dit souvent, mais c'est quand même un outil de mesure
qui est très important, qui est passé de 15,9 % à 11,1 %, ce
qui n'est quand même pas rien.
Ça fait que
je pense qu'on ne peut pas remettre en question notre réelle volonté depuis le
jour 1 où on a été élus, en
2018, de mettre l'accent sur une saine gestion des finances publiques, de
mettre l'accent sur une croissance économique soutenue. Puis on le voit,
là, par les gestes qu'on pose, là. Puis ça y va encore une fois dans le même
sens que j'ai dit il y a quelques secondes,
on met des mesures en place pour vraiment stimuler la croissance de l'économie.
Puis, parallèlement à ça, on a aussi
diminué le fardeau fiscal, quand même, de l'ensemble des citoyens du Québec. Il
faut se rappeler l'harmonisation de
la taxe scolaire, entre autres. Il faut se rappeler aussi de la baisse d'impôt
qu'on a officialisée. C'était une promesse électorale. Bien, c'est des
choses qui font une différence dans le portefeuille de l'ensemble des citoyens du Québec, dans l'ensemble de nos
entreprises, qui fait en sorte que les ménages ont plus d'argent dans leurs
poches puis ils peuvent le réinvestir dans
notre économie. Et ça fait partie de notre vision qu'on a depuis 2018, puis je pense
que c'est important de toujours le rappeler.
On évolue, au
Québec, dans un écosystème aussi qui est très dynamique, qui intègre, d'une
façon peut-être très innovatrice, nos
grandes entreprises, nos petites entreprises, nos moyennes entreprises. Tout ça
ensemble fait en sorte que ça crée
des conditions gagnantes pour la croissance économique du Québec. M. le
Président, j'ai oeuvré en développement économique pendant une quinzaine d'années sur le terrain, en première
ligne dans les CLD, puis je pourrai y revenir dans mon deuxième bloc d'intervention, l'impact qu'a
eu... à l'époque, là, où le gouvernement libéral a fermé les CLD, l'impact
que ça a eu sur l'ensemble de nos territoires.
Mais tout ça pour dire que, si on attire des
grandes entreprises sur notre territoire, au Québec, puis qu'on met autant d'énergie, puis qu'on met autant d'argent
sur la table, c'est parce qu'au final ça crée un écosystème qui est très favorable
à la croissance économique du Québec. Il faut penser, par exemple, à une
entreprise dans le parc industriel, à
Bécancour. Mon collègue le député de Nicolet-Bécancour en a fait de façon éloquente la démonstration sur
l'impact économique des grandes
entreprises pour nos petites et moyennes entreprises qui sont en périphérie,
justement, de ces grandes entreprises
là, entre autres dans le parc industriel de Bécancour, mais j'en ai aussi dans
le parc industriel régional sur mon territoire, à Maskinongé, plus particulièrement
à Louiseville.
Ça fait que c'est important de continuer à miser
sur ces entreprises-là, sur les petites, les moyennes et les grandes entreprises. Il ne faut pas démoniser le
fait qu'on attire des grandes entreprises au Québec, parce qu'ils créent
vraiment de la richesse, des salaires plus élevés, naturellement, qui ont des
répercussions aussi sur l'ensemble des PME
qui font de la sous-traitance pour ces grandes entreprises, autant au niveau de
l'innovation, de la formation, de l'accès aux marchés. Ça apporte aussi
une certaine stabilité financière.
Ça fait que
je fais une petite démonstration très rapide, mais en survol, puis j'y
reviendrai tantôt en détail, M. le Président, mais on pose les bons
gestes pour créer de la richesse au Québec. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. Alors, je cède maintenant la parole au député de...
Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Ça commence avec la
même lettre.
Le Président (M. Simard) : Oui.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Écoutez, juste pour revenir sur ce qu'on discutait tout à l'heure à propos, là, de... des prévisions économiques du
ministre des Finances, vous le savez, là, c'est une moyenne de ce qui est
donné, ce n'est pas vraiment plus que ça, ce n'est pas... il n'y a pas une
détermination à savoir où, à l'intérieur de la fourchette, on va se situer. On
a quatre fournisseurs de données, on prend la moyenne des quatre, puis c'est ce
qui est plogué dans le système. Ça fait que
c'est... Il n'y a pas de... il n'y a pas de perception puis de vision en...
savoir quelle va être la détermination de la vision économique. Donc,
évidemment, il y a des gens qui ont une vision plus... aussi, il y a des gens
qui ont une vision moins négative, le gouvernement fait juste une moyenne de
tout ça. Ce n'est pas... malheureusement pas une vision économique.
Vous savez, on parlait des révisions de
programmes tout à l'heure, on parlait de tout ça, mais le net de tout ça, c'est que la dette nette du Québec va augmenter.
On va passer de 38 %, dette nette PIB, à 40 % d'ici 2026. C'est une
augmentation significative. On ne s'en va pas dans la bonne direction. Vous
savez, en 2022, là, la prévision de croissance
était de 2,8 %. La réalité, ça a été 2,5 %. Ça, c'est un exemple
parmi tant d'autres. En 2023, la réalité, c'est que ça a été zéro. On a même eu deux trimestres consécutifs où est-ce
que le produit intérieur brut a été négatif. Je sais que, pour le
ministre des Finances, la définition classique, universitaire, de deux
trimestres consécutifs avec un recul du PIB n'est plus
maintenant la définition même d'une récession technique, mais il y a encore
beaucoup de livres universitaires qui tablent dans cette définition-là.
Dans l'exercice en cours, maintenant, la prévision
de croissance économique est de 1,4 %. On est quand même dans une situation où est-ce qu'on doit se
poser la question : Pourquoi, encore une fois, tabler sur des chiffres qui,
on le sait maintenant, là, ne se réaliseront pas parce que ces chiffres-là ont
été mis en place avant l'arrivée de notre voisin du Sud au pouvoir, et donc
d'une barrière tarifaire qui va s'installer?
• (10 h 40) •
Vous savez,
2024, là, on est passé quand même... l'année fiscale, là, 2024, qui a terminée,
donc, au mois de mars, là, excusez,
pour être plus précis, on est quand même passé d'un déficit anticipé de
4 milliards à avoir finalement, dans les comptes publics, là, 8 milliards. C'est du simple au double.
C'est du simple au double. Puis on ne peut plus utiliser l'excuse, là, du
COVID. On ne peut plus utiliser cette excuse-là, on n'était plus en période de
COVID. La planète au complet en était sortie. Comment se fait-il qu'on n'a pas
été capable de réaliser l'objectif de 4 milliards de déficit?
On a une loi
sur l'équilibre budgétaire qui force le gouvernement à revenir à l'équilibre
budgétaire en dedans de cinq ans. Savez-vous ce que le gouvernement a
fait, M. le Président? Ils ont suspendu indéfiniment la loi en 2022... en 2020. Ce n'est pas pour rien, là. C'est pour ça
que, quand on dit, les agences des crédits que le député de La Peltrie
mentionnait tout à l'heure...
(Interruption)
M. Beauchemin : C'est le fun,
d'entendre le bruit de Zamboni, on dirait, là, c'est...
Une voix : ...
M.
Beauchemin : Oui, c'est
ça... Centre Bell. Ça n'a pas dû être une rencontre facile, au mois de mai à
New York, avec les agences du crédit.
Moi, j'ai pour mon dire qu'il a dû sûrement se faire dire : O.K.,
maintenant, ça va prendre un peu plus de rigueur, il va falloir être actif
pour revenir à l'ordre. C'est des conversations que j'ai déjà assistées, j'ai
déjà vu c'est quoi, ces conversations-là. Ce n'est pas des conversations qui
sont publiées par la suite. Il n'y a pas un rapport
de la conversation, il n'y a pas des minutes qui sont publiées, mais, quand ces
conversations-là ont lieu, je vous le
dis, là, on se parle dans le blanc des yeux, puis ils n'ont pas aimé la
direction qui a été prise par le gouvernement puis ils ont dû sûrement émettre des opinions. On ne
l'entendra pas sur la place publique, ça ne sortira pas, O.K., mais c'est ça,
le message qui a été envoyé.
Évidemment,
la réponse du gouvernement, c'est de dire : Bien, vous voyez, on a été
capable d'émettre bien des obligations puis on a eu preneur, puis il y a
eu... pas d'enjeu, puis les gens ont confiance, puis... Bien oui, j'espère que les gens ont confiance dans l'économie du
Québec. Mais, vous savez, M. le Président, ça nous a coûté plus cher. On a
perdu notre avantage compétitif de
financement contre l'Ontario. On est passé de sur... sous l'Ontario à plus
l'Ontario, M. le Président. Ça coûte plus cher.
Le
Président (M. Simard) : Très bien. Merci, cher collègue. Merci à vous. Je
cède la parole à M. le ministre.
M.
Caire : Oui. Merci, M. le Président. Alors, je veux
revenir sur ce que le député de Marguerite-Bourgeoys, là... il
a abordé la question de la dette en disant : On va monter à 3,9... en
fait, 3,8, en 2029, selon le graphique que j'ai là, puis ça, c'est
beaucoup... puis, oui...
M. le
Président, juste deux choses là-dessus. D'abord, en 2018, quand notre
gouvernement arrive aux affaires, la
dette, c'était 45,9 %. Ça, c'est ce que le gouvernement libéral a laissé
comme pourcentage du PIB de la dette, 45,9 %. Or, si 39 %,
c'est beaucoup, 45,9 %, faisons un chiffre rond, 46 %, c'est quoi?
Ça, c'est le premier élément.
Le deuxième
élément, M. le Président, c'est que, malgré un pourcentage de la dette plus
important par rapport à notre PIB que maintenant, le PQI, donc le
Programme québécois des infrastructures, ce qui fait que le gouvernement
entretient ses immobilisations, les routes, les viaducs, les immeubles, était à
100 milliards. Alors, un poids de la dette à 46 %, un PQI à
100 milliards, ça, c'est le bilan du dernier gouvernement libéral.
Rapportons-nous
à 2024, aujourd'hui, là, maintenant. Le bilan du gouvernement de la CAQ, c'est
quoi? La dette, le poids de la dette,
c'est 38 %, 38 %, 8 % de moins, 8 % de moins. Le PQI est à
combien? 153 milliards. Donc, malgré le fait qu'on a mis
53 milliards de plus que le gouvernement du premier ministre Couillard sur
la dette, le poids de la dette a diminué de presque 8 %. Ça, c'est notre
bilan actuel.
Alors, moi,
je remercie le député de Marguerite-Bourgeoys d'avoir amené cet élément-là dans
la conversation parce que, quand on
parle de rigueur... Alors, imaginez la rigueur budgétaire que ça prend pour
dire : Voilà, on prend un déficit structurel très important, parce que
l'héritage libéral, c'est un déficit structurel qui est extrêmement important,
on le voit, et, malgré un pourcentage de la dette plus pesant sur nos
finances publiques, il a fallu une gestion extrêmement rigoureuse pour dire : On descend ça de 8 % et on augmente le
PQI du gouvernement du Québec de 53 milliards à... C'est
extrêmement important.
Or, M. le
Président, je pense que le député de Marguerite-Bourgeoys devrait peut-être
regarder ces éléments-là dans son
analyse. Peut-être aura-t-il des commentaires à nous formuler là-dessus. Mais,
en autant que moi, je suis concerné, s'il y avait une preuve à faire que ce gouvernement-là a bien géré... et, je
le disais tout à l'heure, pas d'austérité, parce que ça, on a connu ça sous le gouvernement du premier ministre
Couillard, l'austérité, les coupures paramétriques, donc pas
d'austérité, des services à la population et un maintien du pourcentage de la
dette, sur notre PIB, qui reste en bas des 40 %, et
ce, même à la fin de l'exercice de retour à l'équilibre budgétaire, donc 2029‑2030,
on a une prévision à 38,6 %, donc on est en bas, en deçà des 40 %. M.
le Président, donc, je pense que la rigueur est au rendez-vous.
Et le député de Marguerite-Bourgeoys parlait...
bien, je vais manquer de temps, là, le député de Marguerite-Bourgeoys parlait
de la révision des programmes. J'aurai le temps, dans mon prochain bloc, d'y
revenir parce que c'est aussi un exercice
qui demande une rigueur, exercice qui n'a pas été fait sous le gouvernement
libéral et qui sera fait sous notre
gouvernement. Donc, contrôle des dépenses, contrôle des budgets, contrôle de la
dette. Alors, je pense, oui, M. le
Président, je pense sincèrement que ce gouvernement-là s'en va dans la bonne
direction, et la Loi sur l'équilibre budgétaire sera respectée, même, M.
le Président, en 2029‑2030.
Le
Président (M. Simard) : Merci.Merci, M. le ministre. Je cède la
parole au député de Mégantic, qui dispose, à son tour, de cinq minutes.
M. Jacques : Merci, M. le Président.
Dans son énoncé, le député de Marguerite-Bourgeoys semblait dire que la mise à jour était plus politique qu'économique.
Mais, vous savez, M. le Président, gouverner, c'est s'occuper des gens, de répondre à leurs besoins, de répondre aux
changements de vie, de ce qui se passe dans notre communauté, et c'est aussi
s'adapter à ceux-ci puis de mettre des
mesures en place pour répondre aux besoins de la population. Donc, on ne se le
cachera pas personne ici, là, la pénurie de
logements, là, fait d'énormes ravages depuis longtemps à travers le monde, mais
aussi au Québec depuis les dernières années.
Donc, il faut donner l'accès à un logement de
qualité et adéquat à la situation familiale. Il y a des familles de deux
enfants, de trois enfants, de quatre enfants. Ça ne prend pas juste des un et
demie ou des studios, ça prend des quatre et demie, des cinq et demie, des six
et demie. Il y a eu des programmes pour ça, puis on continue à travailler
là-dedans. Puis l'accès au logement n'est pas juste limité dans les grandes
villes comme Québec et Montréal, ça s'est propagé
partout sur le territoire du Québec, là, depuis les dernières années. Puis,
entre 2017 et 2023, le taux d'inoccupation des logements est passé de
3,4 % à 1,3 %. Donc, ça démontre, là... On parle que le marché doit
se situer autour de 3 %, 4 % pour qu'il y ait un marché équilibré. On
en est à 1,3 %. Donc, il y a une pénurie majeure.
Donc, depuis le début de notre mandat, M. le Président,
on fait l'engagement de protéger les Québécois et Québécoises de ce phénomène dévastateur, et d'accroître et d'optimiser
la construction de logements rapidement, et de rendre facile l'accès au logement abordable aux gens qui en ont besoin.
Donc, nous agissons depuis le début, depuis notre début de notre mandat, pour
réaliser nos promesses et aligner tous les travaux nécessaires à l'obtention de
nos objectifs.
• (10 h 50) •
Puis
d'ailleurs le ministre des Finances, hier dans sa mise à jour économique, a
annoncé un portefeuille supplémentaire de
208 millions de dollars sur cinq ans pour répondre aux enjeux de la
pénurie de logements, dont 184 millions pour la construction de
nouveaux logements au cours des quatre prochaines années. Et ça, là, ça s'ajoute,
là, à tout ce qui a été mis de l'avant
auparavant. Donc, depuis 2018, on a injecté plus de 6,4 milliards dans le
secteur, dont plus de 1 milliard pour
aider les ménages à plus faibles revenus à payer leur supplément de loyer et
3,9 milliards prévus pour la reconstruction, ou la construction, ou
la rénovation de nouveaux logements. 2 milliards, M. le Président, dans la
dernière année uniquement. C'est immense,
d'ailleurs. Donc, vous savez, et je veux le répéter pour que les gens se
rappellent et comprennent que c'est 8 000 nouveaux logements,
là, qui seront créés, et on va accélérer leur construction.
Dans la mise à jour économique hier, aussi, il y
a un effet hyperimportant, là, pour les jeunes de la DPJ. On sait, là, les jeunes quittent la DPJ à l'âge de
18 ans, ils se ramassent tous seuls. Il y a... on a établi des suivis avec
la ministre des Services sociaux,
mais il y a eu... il va avoir 500 nouvelles places, là, de créées avec un
apport de 17,8 millions sur quatre ans pour le programme de supplément
des loyers aux jeunes quittant le service de la protection de la jeunesse de la DPJ. Je pense que c'est hyperimportant pour
que nos jeunes puissent avoir une vie plus facile. Ils n'ont pas eu la chance
tous d'avoir des parents, des gens autour d'eux pour leur aider et ils ont
besoin de partir dans la vie d'une façon adéquate, et cette mesure-là vient les aider définitivement. Et il y
avait déjà 200 unités qui existaient, donc on va se ramasser avec
700 logements pour aider ces jeunes-là.
Donc, plusieurs
interventions ont été faites dans le logement depuis 2018, on va continuer. On
a posé des gestes concrets pour améliorer le paysage locatif où qu'il y a... où
qu'il y a des besoins. Dans ma circonscription, il y en a eu, il y en a eu dans
toutes les circonscriptions du Québec, que ce soit du gouvernement ou des
oppositions. Et, vous savez, M. le
Président, nous sommes conscients de l'importance d'offrir de la stabilité à
notre population pour se loger, surtout pour les personnes les plus vulnérables, nos étudiants. Puis, via le
ministère de l'Habitation, via la ministre, via tous les ministères, on
continuera d'offrir un logement important, un logement nécessaire à toute la
population.
Le
Président (M. Simard) : Merci à vous, cher collègue. Je cède la parole au
député de Marguerite-Bourgeoys.
M.
Beauchemin : Merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, juste
pour terminer le point que je disais tout à l'heure, donc, on a eu preneur pour le pactole obligataire
que le gouvernement a émis parce qu'effectivement on a perdu notre avantage, notre avantage d'emprunt. On empruntait
à un coût moindre que l'Ontario depuis plusieurs années, puis lorsque le gouvernement de la CAQ est arrivé avec son
déficit de 11 milliards, l'an passé, puis les réactions ministérielles qui
ont suivi, le marché a parlé. Le marché a fait sauter le coût. Et
maintenant le Québec emprunte à un coût marginalement supérieur à l'Ontario.
C'est triste, M. le Président.
Vous savez,
tout à l'heure, j'entendais le député de La Peltrie parler du PQI. La
première lettre du PQI, c'est pour P, c'est pour le plan, c'est un plan.
Donc, ce n'est pas automatique que, si on met l'argent dans le PQI, que, là, soudainement, on a emprunté. C'est un plan.
Lorsqu'on l'exécute, là, on fait un emprunt. À partir de ce moment-là, là,
il y a de la dette. À
partir de ce moment-là, là, il y a des charges d'intérêts qui sont chargés au
fonds consolidé. Ce n'est pas 153 milliards de
dollars qui, aujourd'hui, est de la dette, c'est un plan d'action. Donc, juste
pour mettre les choses au clair, parce que je ne pense pas que le député
de La Peltrie est au courant de ça.
Puis, juste
pour qu'on comprenne quelque chose, Québec, là, ça fait quelques centaines
d'années qu'on existe, là, savez-vous combien d'années ça a pris au
gouvernement de la CAQ pour augmenter la dette de 14 % dans son ensemble?
Ça leur a pris six ans. En six ans, ce gouvernement-là a été capable
d'augmenter la dette de tous les Québécois de 14 %. Ils sont dans la même
catégorie que le gouvernement fédéral, emprunter sans arrêt, dépenser comme des
marins en cavale. C'est ça, la marque de commerce de ce gouvernement-là, M. le
Président. Ne pas comprendre qu'est-ce que
c'est le Plan québécois des infrastructures, ne pas comprendre que c'est grâce
à la CAQ que la dette a augmentée de
18 %, c'est ne pas comprendre la réalité économique sous laquelle,
malheureusement, l'ensemble du Québec doit vivre aujourd'hui.
Mais, soyez sans crainte, le plan de retour à
l'équilibre budgétaire, là, qui n'a pas encore été annoncé par le gouvernement,
bien, les agences de crédits en ont demandé un, eux, c'est certain. DBRS a dû
sûrement dire quelque chose en ce sens-là, puis ils ont maintenu la cote de
crédit du Québec, mais avaient changé la perspective de stable à négative. Ce n'est pas rien, ça, M. le Président,
là, c'est un message qui est envoyé. En mai dernier, le ministre des Finances,
il a dû avoir une rencontre assez difficile avec les agences des crédits, ça,
il n'y a aucun doute là-dessus. Puis ce n'est pas
vrai qu'elles ont accepté des déficits qui sont toujours croissants, ce n'est
pas vrai. Les agences de crédit, là-dessus, elles vont rouspéter. Puis il a
bien pu fanfaronner tant qu'il veut, le ministre des Finances, là-dessus, mais,
nécessairement, une décote aurait pu s'en venir s'il n'y avait pas eu un
resserrement du gouvernement. Est-ce qu'on a eu un resserrement efficace actuellement? C'est difficile de le
constater parce que les chiffres ne balancent pas, M. le Président. Pour moi,
ça, c'est un enjeu.
Je reviens à
ce que je disais tout à l'heure. 750 millions de réserve a été gobée pour
réduire le déficit, 1 milliard de
taxe gains en capital augmenté. On estime à 2,8 milliards, à date, les
coupes qui ont été faites dans tous les programmes. Ça fait 4,5 milliards, M. le Président. Le
déficit, en mars, était de 11. 11 moins 4,5, ça fait 6,5, M. le Président. On
nous annonce encore hier, après des
coupes, O.K., que le déficit est encore à 11 milliards.
Ça ne marche pas. Non seulement ça ne marche pas, on le sait qu'ils
n'ont pas fini de négocier avec les syndicats. On le sait qu'il y a d'autres
dépenses, mais ils ne nous disent même pas comment ça, ça va potentiellement...
il n'y a aucune réserve à cet égard. On revit le même film que l'an passé où on s'est fait dire en novembre : Ah!
tout va bien, Madame la Marquise, on est à 4 milliards de déficit. C'était 3, c'est rendu à 4. Ce n'est
pas trop grave. Puis là, soudainement, on en arrive au mois de mars, puis
le déficit, il est rendu à
11 milliards. On vit exactement le même film. On est en train de nous dire
que ce n'est pas la fin du monde, on va négocier avec les syndicats. Pas
besoin de mettre des réserves ici, là, il n'y aura pas de changement vraiment.
Bien, voyons donc! Ce n'est pas de même que ça marche.
Chose
certaine, là, c'est que, si l'économie va dans un sens avec la CAQ, là, le sens
que ça va, c'est l'endettement. La direction que ça va, là, c'est que ça
coûte plus cher maintenant au Québec d'emprunter. La direction que ça va actuellement, c'est qu'on pellette par en avant,
on coupe dans les contributions au Fonds des générations et on fait des déficits records. Est-ce que ça, c'est de l'équité
intergénérationnelle? Non, M. le Président, on pellette par en avant puis
on laisse aux jeunes la facture. C'est les jeunes qui vont payer pour les
erreurs caquistes, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci à
vous, cher collègue. Je cède la parole à M. le ministre.
M.
Caire : Oui, merci, M. le Président. Bien, je trouve cette
interpellation-là très intéressant parce que je constate, au fur et à mesure des blocs, que mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys devient de moins en moins factuel et de plus en
plus sur les messages politiques. C'est drôle, parce que lui disait : La
mise à jour est un exercice politique. Je vous dirais que cette interpellation-là m'apparaît être beaucoup plus un
exercice politique que la mise à jour qui a été faite par mon collègue
des Finances hier.
Moi, je vais rester sur le factuel, M. le
Président. Le collègue de Marguerite-Bourgeoys m'explique comment fonctionne le
PQI. Je lui signale que, dans le PQI du gouvernement du Québec, il y a ce qu'on
appelle le PQIRI, donc le Plan québécois des
infrastructures en ressources informationnelles. Et ça, c'est mon ministère qui
administre le PQIRI. C'est-à-dire, le
Trésor nous donne une enveloppe, puis, après ça, nous, on l'attribue. Et je
veux rassurer le collègue de Marguerite-Bourgeoys, parce que, quand on
met des montants au PQI, ils sont dépensés, ils sont dépensés. Et je dirais qu'ils sont dépensés pour une très simple
raison, c'est que le déficit en infrastructure qui nous a été laissé par le gouvernement
précédent, le gouvernement libéral, est tellement grand que, malgré les
augmentations importantes qu'on a faites au PQI, PQIRI, la totalité du PQI est
dépensée à 100 %, à 100 %. J'ai les chiffres, là, je pourrai les donner au député de Marguerite-Bourgeoys, s'il
veut, là, j'ai la comparaison 2018‑2019 et suivantes, là, mais on est dans une attribution... En fait, je vous dirais même,
M. le Président, que le casse-tête, et ça, c'est mon collègue responsable
des Infrastructures qui a ce casse-tête là à chaque année, le casse-tête, c'est
que les demandes sont tellement grandes qu'on
pourrait encore rajouter de l'argent sur le PQI pour y répondre, mais,
justement, parce qu'il y a une saine gestion qui se fait des finances publiques, on travaille à l'intérieur des
enveloppes qu'on nous attribue par le ministère des Finances. Mais je peux vous dire qu'à 153 milliards on
pourrait en rajouter par rapport aux demandes qui nous sont faites, puis il serait
dépensé à 100 %.
• (11 heures) •
Donc,
quand le député de Marguerite-Bourgeoys dit : Oui, mais ça, c'est un plan,
ça ne va pas nécessairement à la
dette, oui, ça va à la dette, les chiffres sont sans appel, les chiffres sont
sans appel. Et pourquoi? Bien, parce qu'il y a eu un déficit
d'infrastructures. Donc, ça aussi, M. le Président... Puis j'ai eu l'occasion
d'en discuter avec le député de Marguerite-Bourgeoys, parce qu'on parle des finances, on parle des
prévisions, on parle de fiscalité, mais un gouvernement, ça a des responsabilités, M. le Président, là, un
gouvernement, ça doit donner des services, il se doit à sa population. Or,
quand on fait un surplus budgétaire parce
qu'on coupe dans les services, parce qu'on n'investit pas dans nos
infrastructures, parce qu'on
n'investit pas dans nos routes, nos viaducs, dans le transport collectif, parce
qu'on n'investit pas dans nos écoles, parce qu'on n'investit pas dans
nos hôpitaux, bien, ça crée un déficit, c'est un déficit.
Et
je veux juste, M. le Président, là, porter votre attention sur le fait qu'on
est passé d'un PQI de 100 milliards à un PQI de 153 milliards, et on pourrait l'augmenter encore pour
répondre à la demande. Alors, êtes-vous capable, M. le Président, de
vous imaginer quel est le déficit d'infrastructures qui a été créé par les
gouvernements libéraux et auquel on essaie de répondre à travers les autres
obligations du gouvernement?
Donc,
quand mon collègue dit : C'est un gouvernement de dettes, bien, je lui
ramène aux chiffres que je lui... dont je lui ai parlé précédemment. Le
poids de la dette était de 46 % en 2018. Le poids de la dette était de
46 % en 2018 avec un PQI de 100 milliards. Et, sous notre
gouvernement, le poids de la dette est passé à 38 %, malgré un PQI de
153 milliards qui va, oui, en totalité sur la dette.
Donc,
M. le Président, je peux comprendre, là, les messages politiques, mais les
chiffres sont là et les chiffres sont sans appel. Ce gouvernement s'est occupé
de la dette, le poids relatif de la dette a diminué de 8 %, le PQI a
augmenté. Donc, nous sommes en rattrapage du déficit d'infrastructures
que le précédent gouvernement nous a laissé.
Le Président (M.
Simard) : Merci, M. le ministre. M. le député de Mégantic.
M. Jacques : Merci,
M. le Président. Dans un deuxième temps, je voudrais aborder un autre enjeu
prioritaire pour le Québec : le secteur forestier.
Bon,
vous savez, la forêt, c'est une richesse naturelle, c'est une composante,
aussi, clé de notre économie, de notre identité et aussi de notre lutte
aux changements climatiques. Le secteur forestier contribue de façon
significative, là, au milieu économique... à l'économie québécoise. En 2024, il
représente des retombées économiques dans plus de 900 municipalités, soit 83 % des municipalités québécoises.
Puis, à travers ces 900 municipalités là, il y en a 150 qui sont tributaires de 10 % des emplois et de
l'économie dans ces municipalités-là. Donc, c'est une source de vitalité
économique pour plusieurs communautés
rurales, autochtones, et qui dépendent de cette industrie pour leur
développement. On peut penser à
plusieurs régions, dont l'Abitibi-Témiscamingue, le Saguenay—Lac-Saint-Jean, la Côte-Nord, mais il y a aussi l'Estrie, la circonscription de
Mégantic.
Vous savez, on est à
cheval, là, sur la frontière du New Hampshire et du Maine. L'incidence de
l'élection américaine, à chaque fois qu'il y
a des changements de gouvernement, ça crée une problématique au niveau de
l'industrie dans mon coin. On a des
moulins à scie de bois mou, de bois franc. On a de la première transformation
pour le sciage, mais on a de la deuxième transformation et de la
troisième transformation dans le bois. Moi, je peux penser, là, à
Saint-Isidore-de-Clifton, qui a les deux types de scieries. À Woburn, c'est la
même chose. Donc, plusieurs, trois ou quatre
scieries à Woburn, à Lac-Mégantic, à Weedon. Et, vous savez, c'est une
industrie hyperimportante, celle du bois, là, dans la circonscription de Mégantic. Et on sait que notre industrie
forestière se démarque, là, autant au niveau québécois, mais mondial. On
a des compagnies, là, dans la circonscription de mon collègue de Beauce-Sud,
qui font des... de l'équipement pour les moulins à scie, là, à la grandeur... à
la grandeur du monde.
Donc,
vous savez, M. le Président, que l'avenir nous pose des défis importants dans
ce secteur hyperimportant pour le
Québec. Puis il y a eu des impacts majeurs dans la... en 2023 avec les feux de
forêt qui se sont produits. Puis les feux sont plus présents aujourd'hui
qu'ils étaient avant, plus intenses, puis il faut trouver des moyens, là, et
redoubler d'efforts pour limiter ces catastrophes naturelles.
Donc, dans la mise à
jour économique de notre collègue ministre des Finances hier, nous investissons
plus de 225 millions de dollars sur cinq ans pour soutenir le secteur
forestier, entre autres, qui a été ravagé par les feux de forêt à l'été 2023. Donc, ces perturbations
climatiques et catastrophes naturelles effectuent non seulement... affectent
non seulement la biodiversité de nos écosystèmes, mais également les
entreprises forestières comme les... celles qui sont chez nous, mais
encore plus, là, celles qui ont été touchées par les feux de forêt dans le nord
du Québec.
La rareté de la
main-d'oeuvre, un changement dans l'industrie, une automatisation importante.
Moi, je suis allé visiter un moulin, en 2018, qui employait plus de
40 travailleurs à l'intérieur du moulin. Bien là, maintenant, les 40 travailleurs sont encore là, mais ils sont
répartis sur trois quarts de travail parce que ça prend six personnes pour
faire rouler le moulin maintenant.
Donc,
dans le futur, nous allons poursuivre nos efforts, M. le Président, pour
protéger ces puits de carbone tout en
augmentant les initiatives de reboisement avec le soutien qu'on va faire. On...
440 millions qui va pour les efforts de reboisement sur cinq ans en
collaboration avec le gouvernement fédéral.
Donc,
notre objectif est clair : conserver et restaurer nos forêts, qu'elles
continuent de jouer leur rôle vital dans la préservation de notre
environnement. Puis, grâce à des politiques visionnaires de notre gouvernement,
une industrie innovante et une gestion responsable des dépenses, nous
sommes bien positionnés pour surmonter les défis et tirer le meilleur outil et
les meilleurs besoins de cette ressource essentielle.
Le Président (M.
Simard) : Alors...
M. Jacques : Nos
forêts, notre richesse, M. le Président. Merci.
Le Président
(M. Simard) : Merci à vous, cher collègue de Mégantic. Je cède la
parole au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Juste pour mettre les choses au clair, il n'y a pas
150 milliards de projets d'infrastructure actuellement en cours au Québec.
Juste pour qu'on soit clair encore une fois, la
moyenne au bâton du gouvernement de la CAQ est une moyenne sur 10 ans du
PQI, maintenant établi à 150 milliards. Donc, on parle ici de
15 milliards par année. C'est ça qui se passe actuellement. Je ne sais pas
d'où vous prenez votre information, M. le
ministre. On n'est malheureusement pas... on ne fait pas face à la réalité,
encore une fois. Il n'y a pas d'action
au complet du 150 milliards du programme québécois d'infrastructures. Je
trouve ça vraiment désolant d'entendre ça.
L'autre chose
que je veux juste rappeler, peut-être, cependant, puis on a déjà eu la chance,
effectivement, avec le ministre, d'en parler, il y a
approximativement... puis je vais faire des chiffres ronds, là, pour simplifier
les calculs. Quand le PQI était à 100 milliards de dollars, il y
avait 30 milliards là-dedans qui étaient pour le maintien d'actif. Dans le PQI actuel, c'est encore le même
30 milliards de dollars qui est pour le maintien d'actif. On est donc
passé de 30 % du PQI en maintien d'actif à 20 % du PQI en
maintien d'actif. La réalité, cependant, M. le Président, c'est que, selon ce qu'on entend de par le ministère des
Infrastructures, puis de... routier, puis de transport, puis des écoles, puis
quand on regarde tout ça, on additionne un autre 40 milliards. Donc, le
total de maintien d'actif aujourd'hui devrait être de 70 milliards, 70 sur
150, grosso modo, on va simplifier les chiffres, à peu près encore 50 %.
Ça fait que
le PQI devrait... actuellement, là, si on voulait maintenir et être, donc,
responsable, on devrait avoir la moitié
du PQI qui serait en maintien d'actifs. Sous la CAQ, on n'est même pas au
pourcentage que c'était à notre époque. On est plus bas, on est à 20 %, M.
le Président. C'est dommage parce que cette vision court terme électoraliste de
la part du gouvernement de la CAQ ne
fait qu'encore une fois hypothéquer l'avenir de nos jeunes. Le désir de faire
des cérémonies de coupage de rubans
est plus fort que le désir de vouloir faire en sorte que les jeunes puissent
justement ne pas avoir des factures qui vont leur exploser dans la face.
• (11 h 10) •
Ça a dû faire partie des conversations à New
York au mois de mai. Ça a dû sûrement faire partie de ces conversations-là parce que c'est extrêmement
important. Les agences de crédit comprennent que la détérioration de nos actifs
a un effet baloune sur les dépenses à venir au futur. Donc, c'est certain que,
si le gouvernement de la CAQ abandonne le concept d'entretien, comme il semble
le faire, de nos actifs, plus tard, les jeunes Québécois aujourd'hui n'auront donc aucune autre alternative que de
dépenser encore plus. Donc, juste, au minimum, maintenir une responsabilité
de surveillance d'efficience du maintien d'actif devrait être une priorité.
Nous, on a
demandé d'avoir un plan complet de retour à l'équilibre budgétaire. On n'a pas
eu de plan complet de retour à l'équilibre budgétaire. On voulait avoir un plan
transparent. On voulait voir ce qui allait se passer pour nos PME. On voulait
voir ce qui allait se passer pour notre éducation, pour la francisation, pour
la santé. Ce qu'on a eu à la place, c'est qu'on a eu des coupures d'aide
aux services de PME, on a eu des coupures d'aide aux services des études
supérieures. On a des coupures en francisation, on a des coupures en santé.
C'est assez
évident, M. le Président, que ce qu'on a devant nous actuellement, c'est la
dérape totale de la gestion des finances publiques. Puis la conséquence à long
terme, M. le Président, c'est non seulement sur la capacité d'emprunt de nos jeunes dans les années à venir, c'est sur
le coût d'emprunt du Québec dans les années à venir. C'est sur notre capacité
de pouvoir payer des services de l'État
qu'on prend pour acquis. Là, on va se retrouver dans une situation où est-ce
qu'il va falloir qu'on donne plus d'argent aux banquiers juste pour payer les
intérêts parce qu'on n'a pas fait une saine gestion des finances
publiques.
Vous savez,
la dette qui augmente de 18 % en six ans dans un gouvernement, sur
l'histoire du Québec, là, on parle de
plusieurs... ça fait 157 ans que le Parti libéral existe. Donc, depuis ce
temps-là, on a eu une période de six ans, une très, très courte période de six ans, avec laquelle on a
eu un gouvernement qui a mis sur les épaules des générations à venir 18 % de plus de dettes. On ne peut pas parler
d'une saine gestion responsable et saine des finances publiques.
Malheureusement, c'est ça, le bilan de la CAQ.
Le Président (M. Simard) : Merci à
vous, cher collègue. M. le ministre.
M. Caire : Oui, merci, M. le
Président. Bon, écoutez, ce n'est pas étonnant que j'aie des désaccords avec mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, mais là
c'est plus qu'un désaccord, c'est une rectification des faits. Le député
de Marguerite-Bourgeoys vient de dire que seulement 20 % du PQI était en
maintien d'actif. Or, le chiffre à l'appui du Conseil du trésor, c'est
62 % qui est en maintien du parc immobilier. Ça fait que 20 %, là, on
est loin du compte, très, très loin du
compte. 62 % en maintien du parc, M. le Président. Donc, non seulement le
gouvernement ne se lance pas dans une
opération de coupage de rubans, le gouvernement assume ses responsabilités. Le
gouvernement comprend qu'il y a eu un
déficit d'infrastructures majeur. On s'y attaque. On s'y attaque. En chiffres
absolus, on passe de 100 % à 153 %.
Et je remercie le député de
Marguerite-Bourgeoys, qui vient de nous confirmer que, sur le
100 milliards, c'était 30 % qui
était alloué au parc immobilier. 30 % de 100 milliards, 62 % de
153 milliards. Moi, je suis capable de vivre la comparaison
n'importe quand sur lequel des gouvernements a été le plus responsable.
Ceci étant
dit, M. le Président, il faut aussi... Parce que le député de
Marguerite-Bourgeoys parle d'électoralisme. Alors, donner des écoles à
nos jeunes, c'est électoraliste, construire des hôpitaux pour soigner notre
monde, c'est électoraliste. Bien non, je ne suis pas d'accord, je ne suis pas
d'accord. Je pense, M. le Président, qu'au contraire un gouvernement qui fait
ça, c'est un gouvernement qui assume sa mission.
Je rappelle, poids de la dette, 46 %,
gouvernement libéral, poids de la dette, gouvernement de la CAQ, 38 %.
Alors là, il vient de nous faire un speech très bien senti, qui n'était
probablement pas destiné à moi, mais à un autre électorat, sur le legs aux prochaines générations.
Bien, moi, je réponds par des chiffres. Quel était le legs du gouvernement
du premier ministre Couillard avec un
pourcentage de dette à 46 %, avec un maigre PQI à 100 milliards, pour
lesquels seulement 30 % était au maintien des infrastructures?
C'est quoi le legs aux prochaines générations? Je pose la question. Peut-être y
aura-t-il des tribunes où il pourra répondre.
Sur
le... sur les finances et l'économie du Québec, M. le Président, j'ai les
chiffres, là. On va y aller avec des chiffres, on va y aller factuel. Alors, la variation du PIB, en 2018, pour le
Québec, 1,6 %, Ontario, 1,5 %, reste du
Canada, 1,2 %. On fait mieux. 2019, 1,7 %, l'Ontario,
0,4 %, le reste du Canada, 0,1 %. On fait beaucoup mieux. Évidemment,
la pandémie arrive, moins 5,5 % pour
nous, moins 5,8 % pour l'Ontario, moins 6,2 % pour le Canada. Encore
là, on fait mieux. Et là je pourrais
continuer comme ça. On a une variation de 4 % positive, alors que
l'Ontario est à moins 1 %, le reste du Canada, moins 1,7 %, ce qui fait que l'écart de richesse avec
l'Ontario a diminué. Écart de richesse, 19,9 % en 2018, 20,2 % avec
le reste du Canada. Aujourd'hui, on est à 11,1 %, 11,1 %. Ça, c'est
4,8 points de moins qu'avec le reste du Canada, 14,3 %. Ça,
c'est presque 6 % de moins d'écart de richesse. On ne fait pas mieux, on
fait beaucoup mieux. On fait mieux sur la
gestion de la dette, on fait mieux sur la gestion des infrastructures, on fait
mieux sur le développement économique
du Québec, on fait mieux dans tous, tous, tous les aspects de la gouvernance,
M. le Président, que le gouvernement libéral. Les chiffres sont sans
appel.
Et,
M. le Président, je vais terminer avec le plan, parce que, tout à l'heure, le
député de Marguerite-Bourgeoys a dit :
Bien là, il n'y a pas de plan. Bien, en tout cas, il y en a un qui est
suffisant pour les agences de notation parce que toutes les agences de
notation ont maintenu la cote de crédit du Québec suite aux discussions qu'ils
ont eues avec le ministre des Finances, mon collègue. Et ça, M. le Président,
ça aussi, c'est sans appel, ça aussi, c'est sans appel. Je comprends quand le député de Marguerite-Bourgeoys
dit : Il n'y a pas de plan, c'est sa... c'est son travail, c'est correct. Mais,
pour les agences de notation, il y en a un, et c'est le bon.
Le Président (M.
Simard) : Très bien. Merci. Je cède la parole au député de Mégantic.
M. Jacques : Merci, M. le Président. Puis je veux revenir
encore sur... politique ou économique, la mise à jour économique d'hier.
Mais,
vous savez, un bon gouvernement s'occupe de la population du Québec, et, encore
une fois, notre gouvernement souhaite apporter, là, un soutien direct
pour les citoyens les plus vulnérables. Donc, on a un contexte économique exigeant, on sait qu'il y a de nombreux
Québécois qui peinent à joindre les deux bouts, puis notre gouvernement
investira près de 10 millions de dollars pour augmenter les
suppléments de revenu de travail destinés aux prestataires d'aide sociale. Donc, un petit supplément pour eux
lorsqu'ils travaillent, c'est de l'argent dans leurs poches, ils vont pouvoir manger de meilleure façon, entre autres. Et cet
investissement d'hier, là, s'ajoute à une mesure phare qui entrait en vigueur
le 1er janvier prochain :
l'indexation des paramètres du régime fiscal des particuliers et des
prestataires... des prestations d'aide sociale au taux de 2,85 %. Bon,
c'est la troisième année consécutive, là, que le taux est plus élevé que
l'inflation. Donc, ça représente un
allègement fiscal de 5,2 milliards de dollars sur cinq ans. Donc, cet
allègement se traduira par un répit significatif pour nos ménages, leur
permettant de mieux faire face au coût de la vie, comme je le disais, entre
autres le logement, l'alimentation, et compagnie.
• (11 h 20) •
Dans le contexte des
changements climatiques, l'on doit aussi renforcer la sécurité et la résilience
face aux catastrophes naturelles, et la sécurité des Québécois est d'ailleurs
indiscutable pour nous. On a mis 433 millions de dollars sur cinq ans pour plusieurs initiatives, là, entre autres
répondre aux impacts des inondations, déployer des sites cellulaires dans des régions stratégiques pour
améliorer la connectivité puis honorer nos obligations en matière de couverture
policière des communautés comme le Nunavik.
On sait qu'il y a eu
débit cet été, ça a affecté un grand nombre de Québécois, puis, pour y
répondre, on investit
250 millions de dollars pour venir en aide aux victimes et aussi
reconstruire les infrastructures endommagées. Vous savez, là, il y en a eu un
peu partout au Québec, dans ma circonscription, il y en a eu. On a aidé les
citoyens et les municipalités à faire
des demandes au ministère de la Sécurité publique, entre autres, mais il y a
besoin d'argent là-dedans.
Il y a un autre
facteur qui est important pour la sécurité, mais aussi la connectivité des
régions. Dans le budget hier, dans la mise à
jour économique, il y avait 18 nouveaux sites cellulaires pour
16,4 millions de dollars dans le Bas-Saint-Laurent, en Mauricie
et au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Je ne sais pas si mon collègue va avoir des tours dans ce nouvel appel
de projets là, mais je sais qu'il y a des tours qui s'en viennent chez eux.
Puis, depuis 2018, là, c'est plus de
200 tours cellulaires, là, qui vont avoir été construites, entre autres en
Côte-Nord, en Abitibi, dans la capitale nationale, et bien d'autres.
D'ailleurs, il y en a sept qui ont été annoncées dans mon comté de
Mégantic : à Audet, à Lac-Drolet, à Milan, à Notre-Dame-des-Bois, à
Piopolis, à Saint-Augustin-de-Woburn et Saint Sébastien.
Vous savez, là, les
ondes cellulaires ne voyagent pas toutes... elles voyagent en ligne directe,
puis vous connaissez un peu le comté de
Mégantic, M. le Président, on est dans les montagnes, on a le magnifique mont
Mégantic, mais c'est des... le mont
Gosford, le mont Sainte-Cécile et on est dans les montagnes partout, donc ça
prend beaucoup de tours cellulaires. Ça va venir aider un peu, mais il
reste encore du travail à faire dans ce domaine-là.
Donc,
M. le Président, chaque décision prise pour notre gouvernement, chaque dollar
investi se reflète, là, dans les
engagements qu'on a pris envers nos citoyens de toutes les régions du Québec.
Parce qu'on peut se souvenir que les libéraux ont délaissé les régions du
Québec fortement. Donc, nous préparons également l'avenir. Nous allons soutenir
nos régions, nous allons continuer de les
soutenir et nous sommes là pour s'en occuper, puis je suis là pour m'en occuper,
moi aussi. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Simard) : Merci à vous, cher collègue. Je cède maintenant la
parole au député de Marguerite-Bourgeoys.
M.
Beauchemin : Merci beaucoup, M. le Président. Peut-être juste
rectifier quelques faits. J'entendais le député de La Peltrie dire comme
quoi que la CAQ avait construit des hôpitaux. Il n'y a eu aucun hôpital de
construit sous la CAQ. Le dernier
hôpital qui a été construit au Québec, ça a été fait sous les libéraux. Je ne
sais pas pourquoi que le ministre de La Peltrie... le député de
La Peltrie mentionne ça, mais bon.
Les rapports qui viennent du ministère, en fait,
nous indiquent aussi clairement que... Puis, je dois dire, là, c'était un
chiffre qu'on ne pouvait pas être vraiment fier, parce que c'était difficile
aussi de l'accepter, mais c'était la réalité, lorsqu'on a quitté le pouvoir, en
2018, il y avait 31 % des actifs qui étaient vraiment en déficit
d'entretien significatif quand les libéraux ont quitté le pouvoir, en 2018.
Mais savez-vous quoi, M. le Président? C'est rendu 44 % sous la CAQ. La
même mesure, là, la même mesure pour voir où est-ce qu'on en est, puis ce
gouvernement-là ne peut pas dire qu'il n'a
pas été averti, là. La Vérificatrice générale le mentionne de façon récurrente
année après année. Donc, ils sont passés de 31 %, ils sont rendus à
44 %. Ils attendent quoi? Malheureusement, M. le Président, c'est encore
une fois une preuve de la mauvaise gestion de l'économie de la part de ce
gouvernement-là.
Puis j'ai entendu encore une fois, puis là je
veux revenir là-dessus, là, on nous compare le PIB nominal contre le PIB nominal de l'Ontario. Aïe!
Sommes-nous au courant que la plus grosse inflation qu'il y a eu au Canada,
c'était au Québec? Puis, si on veut comparer
des pommes avec des pommes, ce qu'on doit faire, c'est enlever l'inflation
de ce chiffre-là pour comparer le net. Puis
savez-vous ça donne quoi, M. le Président? Il n'y en a pas eu, d'amélioration,
sous la CAQ, nette de l'inflation. La CAQ a mis de l'huile sur le feu de
l'inflation, ça a fait ce que ça a fait. O.K.? La banque centrale a été obligée de faire augmenter les taux d'intérêt. On
a tous payé le prix parce que le pompier en chef a mis l'huile sur le feu. Mais là on s'est retrouvé, maintenant, à
vouloir essayer de berner les Québécois en nous disant : Coudon,
nominal PIB, on est meilleur que nominal PIB en Ontario. Bien, net de
l'inflation, ce n'est pas ça, la réalité, M. le Président. Puis vous savez
quoi? Les agences de crédit ont dû sûrement en parler.
J'entendais tantôt le député de La Peltrie
nous dire comme quoi les agences de crédit n'ont pas décoté le Québec. Bien non, ils n'ont pas décoté le Québec,
mais il y en a une, quand même, qui a mis le Québec sous surveillance, puis c'est DBRS Morningstar. Puis je m'excuse, là,
mais, dans le monde de la finance, là, ça, c'est le mouvement d'une
plaque tectonique. Quand une agence de crédit envoie ce message-là, si on ne le
prend pas au sérieux, là, si on ne s'en va
pas, avec des rapports sérieux, à New York écouter les agences de crédit, ce
que le ministre des Finances a fait, quand même, tout de même, merci, si
on ne le fait pas, on est en route directement pour frapper un mur.
Donc, il y a eu effectivement un mouvement d'une
interprétation de la valeur du portefeuille du Québec dans la façon d'analyser de DBRS Morningstar. Ils ont
parlé au ministre des Finances. Ils ont passé le message puis ils ont
dit : Rigueur budgétaire, s'il vous plaît. Puis on n'en entendra
pas parler, mais on a vu ce qu'on a vu. Puis je n'ai pas vu de révision de la part de DBRS par rapport à la
mise à jour économique, là. Donc, on comprend que le message de la part de
DBRS, indirect, là, c'est qu'ils n'y croient toujours pas, donc manque de
crédibilité.
Nous ce qu'on a demandé, on a demandé d'avoir un
directeur parlementaire du budget. Pourquoi? Parce qu'on ne fait plus confiance
dans la CAQ, on ne fait plus confiance au ministre des Finances avec ses
prévisions de lunettes roses. On a besoin
d'avoir une nouvelle institution qui va être crédible, qui va nous faire une
analyse pertinente, transparente, avec tous les faits, avec des
tableaux, avec des graphiques, avec tout ce qu'on aura de besoin pour être capable de bien analyser la situation. Cette
analyse-là doit être faite par un directeur parlementaire du budget. Il y en a
un à Ottawa. Il y en a ailleurs sur la planète, dans d'autres
législations. C'est un outil législatif extrêmement important. On se doit de l'avoir. Puis on se doit l'avoir
pourquoi? Pour qu'on puisse rétablir la crédibilité. Puis pourquoi c'est important, rétablir la crédibilité? Pour qu'on
puisse avoir confiance, avoir un entrepreneuriat confiant d'investir dans son
modèle d'affaires, dans l'économie québécoise.
Donc, ça
prend une vision, du courage politique. Malheureusement, on ne le voit pas du
côté du gouvernement, mais c'est essentiel
d'avoir ça pour qu'on puisse avoir confiance dans les chiffres, qu'on puisse
reprendre confiance que, justement,
dans les prochaines années, il y aura une constance de développement
économique. Ce n'est pas ce qu'on voit actuellement avec le gouvernement,
le directeur parlementaire du budget...
Le Président (M. Simard) : Merci,
cher collègue. Je cède maintenant la parole à M. le ministre.
M.
Caire : Merci, M. le Président. Le député de
Marguerite-Bourgeoys vient d'aborder la question de la crédibilité de
mon collègue. Là, je vous avoue que je me sens un petit peu piqué au vif.
D'abord, le
député de Marguerite-Bourgeoys, dans ses deux dernières interventions, vient de
faire deux erreurs majeures. La
première, il a affirmé que la portion du PQI qui était allouée au maintien
d'actifs était de 20 %. Or, je lui ai montré que, sur 10 ans, c'était 62 %. Juste pour la
prochaine année, ça va être 53 %, on est à plus de 9 milliards.
Erreur majeure. Erreur majeure. Et
ça, M. le Président, cette erreur-là, elle ne peut pas s'expliquer, parce que
c'est des documents qui sont publics.
Autre
erreur que le député de Marguerite-Bourgeoys vient de faire, c'est de
dire : Oui, mais vous, vous prenez le PIB nominal. Enlevez
l'inflation, puis c'est zéro. Ce n'est pas vrai. Document de la mise à jour, M.
le Président, document public, évolution du niveau de vie, entre parenthèses,
PIB réel par habitant, ça, c'est les chiffres que je lui ai donnés puis c'est les chiffres qui démontrent
effectivement que le PIB du Québec a augmenté plus vite que celui de l'Ontario et du Canada, de façon marquée. C'est
les chiffres réels qui démontrent, hors de tout doute, que l'écart de richesse
entre le Québec et
l'Ontario et le Québec et le reste du Canada a diminué de façon marquée. Et les
chiffres sont là, les chiffres sont
là. Le pouvoir d'achat des Québécois a augmenté. Mon collègue en parlait tout à
l'heure, 6 %. C'est des chiffres qui sont publics, c'est des chiffres qui
sont connus. Le député de Marguerite-Bourgeoys ne peut pas ne pas savoir
que les chiffres que j'ai avancés, c'étaient sur le PIB réel.
• (11 h 30) •
Donc,
quand on parle de crédibilité, M. le Président, et qu'on fait des erreurs de
cette nature-là, je pense que... Je
vais dire comme on dit : Quand on vit dans une maison de verre, on ne
lance pas des roches. Le ministre des Finances a fait un travail extraordinaire depuis six ans. Le ministre des Finances a
pris une dette... Parce que le député de Marguerite-Bourgeoys nous parle...
il se sent très, très, très préoccupé par les prochaines générations. Bien,
moi, ce que je vais dire aux prochaines
générations, là, c'est : Avec notre ministre des Finances, avec notre
gouvernement, le poids de la dette a diminué de 8 %. Ça, c'est les
chiffres. Ça, c'est la réalité. Le PIB du Québec a augmenté. Le PIB réel du
Québec a augmenté, a réellement augmenté. Ça, c'est notre richesse collective.
Le pouvoir d'achat des Québécois a augmenté. Ça, c'est la réalité. L'argent
qu'on investit sur nos infrastructures a augmenté. Ça, c'est la réalité.
Alors,
M. le Président, on peut faire des effets de toge, puis je comprends la
situation dans laquelle le député de Marguerite-Bourgeoys se retrouve. Je
comprends parfaitement la dynamique dans laquelle il s'inscrit. Je comprends
ça, mais ça ne le dédouane pas, M. le Président, ça ne le dédouane pas
d'être factuel. S'il veut attaquer la crédibilité du ministre des Finances, il
devrait lui-même faire preuve d'une certaine crédibilité. Et, aujourd'hui, je
pense que c'est un exercice, de son côté, qui est raté.
On
peut critiquer le gouvernement, pas de problème, je comprends ça, mais, M. le
Président, affirmer des choses qui
sont totalement inexactes, comme vient de faire le député de Marguerite-Bourgeoys,
ça, à mon avis, c'est irresponsable. Ce
n'est pas de la critique, c'est irresponsable. C'est juste irresponsable.
Alors, pour quelqu'un qui aspire à devenir chef d'un parti politique...
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre, là, je vous appelle à faire attention à vos propos. Jusqu'à date,
ça va bien, mais je vous invite à la prudence. Veuillez poursuivre.
M. Caire : Et
je suis très prudent, M. le Président, je peux vous dire...
Le Président (M.
Simard) : Soyez-le, s'il vous plaît, sans commentaire.
M. Caire : Je
suis très prudent. Ah! mais je vous écoute, M. le Président, je suis très
prudent parce que je ne dis pas la moitié de ce que je pense réellement.
Le Président (M. Simard) : Il
y a des règlements ici, on ne dit pas ce qu'on pense, il faut respecter les
règlements.
M. Caire : Je
comprends...
Le Président (M.
Simard) : Veuillez poursuivre.
M. Caire : Je poursuis, mais je ne vois pas quel article j'ai
enfreint, M. le Président. Vous pourrez me le signifier. Ceci étant, le mot n'est pas au lexique, donc, je
le trouve irresponsable dans la façon dont il fait sa critique, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre, je viens de vous appeler à la prudence. Vous n'avez pas entendu ce
que je vous ai dit?
M. Caire : Oui.
Le Président (M.
Simard) : Je vous rappelle à la prudence, s'il vous plaît.
M. Caire : Je
suis prudent. Est-ce que le mot est au lexique, M. le Président?
Le
Président (M. Simard) :
L'esprit n'est pas d'être... L'important, ce n'est pas que ce soit forcément
dans le lexique. Il y a un règlement,
qui s'appelle l'article 32, sur le décorum, l'article 35 sur le
décorum. Je vous invite, s'il vous plaît, à être prudent. Veuillez poursuivre.
M. Caire : D'accord, M. le Président. Et donc, pour les
18 secondes qui me restent, M. le Président, factuellement, je
viens de démontrer que ce gouvernement là a fait mieux que le précédent
gouvernement. Donc, quand le député de Marguerite-Bourgeoys nous critique, il
devrait être encore pire avec sa propre...
Le Président (M.
Simard) : Très bien, merci beaucoup. M. le député de Maskinongé, à
vous la parole.
M.
Allaire : ...vous allez me permettre, d'entrée de jeu, de
citer le député de Marguerite-Bourgeoys, lors d'un point de presse ici, qu'il fait régulièrement, là,
tôt le matin, habituellement. Alors, j'ouvre les guillemets : «Ça fait
qu'on doit
reprendre le contrôle de notre économie. Puis, moi, ce que je pense, ce que
[...] serait important, c'est d'avoir une vision moderne, une vision qui va soutenir l'innovation, la
productivité, l'entrepreneuriat et, évidemment, le repreneuriat. On doit
investir en recherche et développement et aussi faire le pont avec
l'innovation.» Donc, sûrement qu'il se souvient d'avoir dit ça. Mais
j'ai l'impression qu'il cite ce qu'on a fait depuis 2018.
Puis, je vous le dis, M. le Président, ce qui
m'a convaincu d'aller en politique, c'est le livre de notre premier ministre, Cap sur un Québec gagnant — Le projet Saint-Laurent.
Et, quand on reçoit l'appel, le fameux appel qui nous demande si on serait intéressé à se présenter en
politique, naturellement, on ne dit pas oui tout de suite, mais on réfléchit.
Et la première chose que j'ai faite, c'est de lire ce livre-là parce que je
voulais m'assurer que, un, on avait les mêmes valeurs, mais aussi que la vision
qui était proposée par le premier ministre actuel rejoigne la mienne. Et les
zones d'innovation, M. le Président, c'est exactement ça. Et là je m'attends,
dans sa prochaine intervention, à ce que le député de Marguerite-Bourgeoys le
souligne, que ce qu'il souhaitait, que j'ai cité tantôt, c'est exactement ce
qu'on propose avec les zones d'innovation.
Ce qu'on prend, c'est l'ensemble de nos services
de recherche, que ce soit au collégial ou universitaire, donc des centres de transfert technologique au niveau
collégial, les centres de recherche au niveau universitaire, et on fait une
mutualisation, d'une certaine façon, avec nos entrepreneurs. Et la mixité des
deux fait en sorte et va faire en sorte que c'est comme ça qu'on va innover au
Québec. Donc, c'est exactement ce que souhaitait le député de
Marguerite-Bourgeoys. Mais c'est ce qu'on fait puis c'est ce qu'on
propose aux Québécois. Et, déjà, on peut mesurer l'impact de cette vision-là,
et c'est rare, en développement économique, que ça se mesure aussi rapidement,
M. le Président.
Déjà, si on regarde dans le parc industriel, par
exemple, de Bécancour, avec la zone d'innovation en lien avec la Vallée de la
transition énergétique, on peut mesurer le résultat de cette vision-là de notre
premier ministre qui est maintenant
véhiculée par la Coalition avenir Québec depuis 2018. C'est six nouvelles
entreprises qui se sont installées dans le parc industriel de Bécancour
grâce à cette vision-là parce qu'on met sur la table des conditions gagnantes.
Donc, c'est des petites entreprises, des moyennes entreprises et des grandes
entreprises qui vont graviter dans cet écosystème-là. C'est ça, créer de la
richesse au Québec, M. le Président. C'est ça, avoir une saine gestion des
fonds publics. Parce que c'est des salaires
qui vont être payants, cette richesse-là va être redistribuée, après ça, dans
l'économie du Québec. Donc, M. le
Président, je le dis, mais je m'attends à ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys salue cette vision qu'on a depuis 2018 et qui,
déjà, est très, très, très payante pour nous.
J'ai envie de parler des CLD aussi, M. le
Président. Je viens de ce monde-là. Avant d'être en politique, j'étais chez Desjardins, chez Desjardins Entreprises,
mais, tout juste avant, je tiens à le dire, c'est ce qui m'a amené, d'ailleurs,
chez Desjardins, c'est quand que le gouvernement libéral de l'époque a mis fin
au financement des CLD. Et, je vous le dis,
là, ce n'était pas très sexy, là. Je me souviens, là, à l'époque, M. le
Président, là, fermer les CLD était décrié de... par tout le monde, par tout le
monde, cette mesure d'accompagnement si importante au développement
entrepreneurial, était vraiment
décrié par tout le monde, M. le Président, parce qu'on venait, d'une certaine
façon, à cause de l'austérité libérale de l'époque, dire : Pour
nous, là, les PME, ce n'est pas important. Ça, c'était un geste qui le
démontrait, contrairement à nous, qui démontrent tout le contraire par rapport
à notre soutien, M. le Président.
Et, il faut se rappeler, on a remis les choses
dans l'ordre. On a créé Accès entreprise Québec, à notre premier mandat, avec un impact considérable sur
l'accompagnement. C'est quand même 97,5 millions qu'on investit en accompagnement de nos entreprises, nos PME, en
plus de la réforme qu'on a faite avec Investissement Québec. C'est...
pardon, c'est 120 millions pour 3 000 prêts actifs, actuellement
partout au Québec, pour soutenir l'entrepreneuriat au Québec. Alors qu'on nous dise qu'on n'agisse pas pour soutenir nos PME,
c'est inexact, M. le Président. On est là puis on est au rendez-vous
pour soutenir nos belles entreprises.
Alors, M. le Président, je pense que j'ai deux
questions à poser au député de Marguerite-Bourgeoys. Donc, je m'attends à ce
qu'il soutienne notre vision au niveau de l'innovation...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci.
M. Allaire : ...mais également...
Le Président (M. Simard) : Merci,
cher collègue. Je cède la parole au député de Marguerite-Bourgeoys, qui
dispose, pour ce bloc final, de 1 min 20 s.
M. Beauchemin : Merci beaucoup, M.
le Président. Écoutez, je vais essayer de «wrapper» ça rapidement. Écoutez, si
j'entends bien ce que le député de La Peltrie mentionne, c'est que,
finalement, ça va tellement bien ici, là, depuis que la CAQ est au pouvoir, on
n'a aucun enjeu, tout baigne dans l'huile. C'est fantastique. C'est peut-être aussi pour ça qu'on est passé de 400 000 à
900 000 personnes qui font les files d'attente pour les banques
alimentaires, la banque la plus
populaire au Québec depuis que la CAQ est arrivée. C'est peut-être pour ça,
justement, qu'on est passé des
investissements en entreprise de 2,4 % à 0,6 %, une baisse
d'investissements qui dénote quoi? Une perte de confiance dans
l'économie, une perte de confiance dans la gestion du gouvernement de la CAQ.
• (11 h 40) •
C'est peut-être aussi pour ça qu'on est passé de
38 % de dette nette par rapport au PIB à 40 %. Ça va bien quand on est en train de mettre de l'argent, là,
sur le dos des prochaines générations. C'est-tu ça la définition du succès?
Est-ce que la définition du succès, c'est aussi de gagner la Palme d'Or depuis
les six dernières années, d'avoir le plus haut
taux de faillite au Canada? On est 22 % de la population puis, sous la CAQ
dans les dernières années, en moyenne, on fait 60 % des faillites
canadiennes. Ce n'est pas un succès.
Conclusions
Le Président (M. Simard) : Merci.
Alors, nous en sommes maintenant rendus à la phase de la conclusion. M. le
ministre, à vous la parole, et vous disposez de 10 minutes.
M. Éric Caire
M. Caire : Oui, merci, M. le
Président. Malheureusement, je le dis, je le répète aujourd'hui, c'est un
exercice manqué. Ça aurait pu être un
exercice intéressant, ça aurait pu être un exercice de reddition de comptes,
mais ce n'est pas le chemin que le
député de Marguerite-Bourgeoys a choisi d'emprunter. Je vais, de mon côté, M.
le Président, rester sur les chiffres
parce qu'on parle d'une mise à jour économique, et je laisserai au député de
Marguerite-Bourgeoys la prérogative d'emprunter d'autres voies.
J'ai dit,
dans mon mot d'ouverture, que la situation actuelle s'expliquait par des
circonstances exceptionnelles. J'ai fait un court résumé de ces
circonstances-là, je ne le referai pas, M. le Président, vous le connaissez.
Le député
Marguerite-Bourgeoys me dit : Oui, mais tous les gouvernements font face à
des situations exceptionnelles. Vous
savez, M. le Président, ça fait plus de 17 ans que je siège à l'Assemblée
nationale. Des exercices, comme le
député de Marguerite-Bourgeoys fait, j'en ai fait quelques-uns. Et je ne me
souviens pas, moi, d'un gouvernement qui a fait face à une pandémie mondiale. Je
ne me souviens pas de ça. Peut-être pourrait-il me rafraîchir la mémoire. Moi, je n'ai pas mémoire du premier
ministre Charest, de la première ministre Marois, du premier ministre
Couillard qui fait face à une pandémie. Je ne me souviens pas que ce soit
arrivé.
Je ne me
souviens pas non plus d'un contexte mondial, comme on vit présentement, de
tensions géopolitiques avec tous les
impacts que ça amène. Je ne me souviens pas de ça non plus. Je ne m'en souviens
pas, peut-être pourra-t-il me rafraîchir la mémoire. Je pense que ce
gouvernement a fait face à des situations qui dépassent l'entendement, qui
dépassent ce que tous les autres gouvernements ont eu à gérer précédemment,
avec les impacts qu'on connaît.
Malgré ça, M. le Président, chiffres à l'appui,
mais la démonstration est sans appel, malgré ça, encore une fois, encore une fois, le député de
Marguerite-Bourgeoys dit : Bien, c'est épouvantable, la dette va passer de
38 à 40. Bon, 38 à 39, de un, et, de
deux, elle est passée factuellement, ça, c'est le chiffre qu'il ignore
copieusement, voyez, il y a comme une
oeillère, ici, qui fait que tout ce qui a été fait par sa formation politique
est totalement occulté, totalement oublié, là, on fait disparaître ça, alakazam! 46 %, le poids de la dette.
J'aimerais qu'il m'explique ça. J'aimerais qu'il m'explique ce qu'il en
pense, jusqu'à quel point il est fier de sa formation politique qui a laissé
une dette à 46 %. J'aimerais qu'il nous
explique ça, là, 30 milliards, 30 milliards de maintien d'actif sur
100 milliards, alors que, nous, à 153 milliards, 62 %. J'aimerais
qu'il m'explique à quel point il se trouve meilleur. J'aimerais ça qu'il
m'explique ça. Je ne comprends pas. Je ne suis pas économiste, là, mais il me
semble que ça ne balance pas.
J'aimerais
ça, qu'il m'explique comment ça se fait qu'en 15 ans sa formation
politique a été incapable de réduire l'écart de richesse avec l'Ontario et le
reste du Canada d'un iota, alors que nous, on y arrive, malgré, malgré le contexte
que je viens de décrire, dont on ne peut pas
faire abstraction. Je sais qu'il y a une belle volonté, du côté du Parti
libéral, de faire en sorte que la pandémie n'a jamais existé, puis que le
contexte géopolitique n'existe pas, puis que ça n'a pas d'impact sur le
Québec. Je comprends, mais ce n'est pas ça, la réalité.
Maintenant, M. le Président, ce que je veux dire
à la prochaine génération, ce que je veux dire aux Québécois actuels, c'est que le gouvernement a un plan. Oui,
le gouvernement a un plan de retour à l'équilibre budgétaire. Ce plan-là,
il a été analysé par les agences de
cotation, qui — et
ce sont leurs mots — qui
voient une situation qui est stable et qui maintiennent la cote de crédit du Québec. Alors, on peut... du côté de
mon collègue, on peut essayer de changer les mots, on dit : Oui, ils sont sous surveillance
puis... Non, ce que les agences de cotation disent, c'est que la perspective
est stable et que la cote de crédit,
elle est maintenue. Donc, oui, il y a un plan. Ce plan-là, il est crédible. Ce
plan-là, il nous amène, en 2029‑2030, à l'équilibre budgétaire.
Voici ce que
nous ne ferons pas, M. le Président. Voici ce que nous ne ferons pas. Nous ne
couperons pas dans les services, nous ne couperons pas en éducation. Le
budget de l'éducation a augmenté. Nous ne couperons pas dans les services en santé. Le budget de la santé a
augmenté. Nous ne couperons pas dans les services aux citoyens, nous n'irons pas piger dans les poches des Québécois. Nous
avons réduit les impôts, nous avons réduit le fardeau fiscal des Québécois. Et
je voyais ce matin le président de la fédération de l'entreprise indépendante
qui saluait le fait qu'on n'a pas augmenté le fardeau fiscal de la petite et la moyenne entreprise. Alors, ça,
M. le Président, c'est une gestion responsable. C'est une gestion
avec une vision d'avenir.
Il y a un autre élément, là, l'éléphant dans la
pièce dont mes collègues en face ne veulent pas parler, c'est de la charge qui a augmenté pour le gouvernement du
Québec du fait de 600 000 immigrants temporaires sur le territoire
québécois. Alors, oui, ça amène une charge.
Oui, ça amène une responsabilité. Oui, il faut offrir des services de garde. Oui, il faut offrir des soins de santé. Oui, il
faut offrir de la francisation. Oui, il faut offrir des services en éducation.
Oui, il faut faire tout ça. Il faut faire tout ça, et c'est le
gouvernement du Québec qui doit assumer ça.
Alors, ça, ce serait intéressant de voir mon
collègue, dans la situation où il est, de savoir où est-ce qu'il se positionne, lui, par rapport à ça. Jusqu'à quel
point il trouve ça normal, ce qui arrive au Québec par rapport aux immigrants
temporaires, la pression que ça met sur les finances publiques, sur les
services publics. Ce serait intéressant de le savoir.
Ce serait intéressant de savoir, M. le Président, parce que je sais que, sur le
troisième lien, il s'est inscrit en faux par rapport à la vision de son parti politique, et je le remercie et je
salue cette vision courageuse. Peut-être pourrait-il nous faire part de sa
vision sur la situation des immigrants temporaires et la pression que le
gouvernement fédéral met sur les finances
publiques du Québec, met sur les services publics du Québec par une immigration
qui, elle, n'est pas contrôlée.
Maintenant, M. le Président, une fois
qu'on a dit ça, le gouvernement du Québec est résolument engagé vers un plan de
retour à l'équilibre budgétaire. Comment? D'abord, il y a déjà des mesures qui
ont été mises en place, je l'ai mentionné.
Le ministre des Finances a annoncé un exercice de révision des mesures fiscales
qui sont en place présentement au niveau du gouvernement. Il y a déjà,
je l'ai dit, là, il y a déjà des gens qui se sont penchés là-dessus, qui font
des suggestions. Il y a d'autres
validations, vérifications, analyses qui vont être faites. Et, comme il a été
annoncé par mon collègue des
Finances, au prochain budget, le plan sera complété, parce qu'il y a déjà un
plan, on va le compléter, on va le
bonifier, on va arriver avec des autres mesures, d'autres mesures très
importantes, M. le Président, parce qu'on contrôle... c'est-à-dire on augmente
les revenus, mais il faut contrôler les dépenses, l'ensemble des mesures
fiscales du gouvernement en font partie.
L'autre
élément, c'est les programmes du gouvernement du Québec. Il y a évidemment
beaucoup de programmes. Et ça,
là-dessus, la présidente du Conseil du trésor fait un exercice extrêmement
rigoureux pour revoir l'ensemble des programmes, pour revoir la
pertinence de ces programmes-là dans certains cas, pour revoir la facture
inhérente à ces programmes-là dans d'autres. Et elle aussi va arriver avec des
propositions qui vont faire en sorte qu'on va être capable d'aller vers une efficience, parce que c'est... le maître mot de
tout ça, c'est l'efficience, c'est d'être capable de continuer à donner
des services à la population. C'est de ne pas céder à la tentation de
l'austérité. Et, malgré tout ce qui peut
être dit par une certaine frange de la population, notamment nos amis de Québec
solidaire, le budget des dépenses a augmenté
de 6 %. Ce n'est pas exactement ma définition de l'austérité, là. Les
dépenses du Québec ont augmenté de 6 %. Il n'y a pas d'austérité au
Québec, il y a de la rigueur budgétaire. Et ce que nous demandons aux
ministères et organismes une fois ces exercices-là faits, c'est de respecter
les budgets qui...
Et
j'aimerais entendre mon collègue de Marguerite-Bourgeoys : Est-ce qu'il
est contre ça, le fait qu'on demande aux
ministères et organismes de respecter leurs budgets au nom, justement, de la
réussite de notre plan de retour à l'équilibre budgétaire 2029‑2030?
• (11 h 50) •
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous, M. le ministre. Et je cède maintenant, pour une dernière fois,
la parole au député de Marguerite-Bourgeoys, qui dispose à son tour de
10 minutes.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin :
Merci beaucoup, M. le Président.
Écoutez, je ne sais que dire lorsque j'entends le député de La Peltrie nous dire comme quoi qu'il n'y a
eu aucun commentaire de la part des agences de notation au sujet... comme quoi que le gouvernement de la CAQ errait avec les
finances publiques, parce que c'est effectivement ce qui a été émis par
DBRS. Il y a eu une publication qui a été émise, au mois de mars 2024, disant
comme quoi que le gouvernement du Québec était sous surveillance. Donc, je ne
sais pas pourquoi on s'obstine, au gouvernement, de ne pas accepter cette
réalité, mais elle a été bel et bien écrite. Il y a un rapport qui a été émis
par Morningstar DBRS disant comme quoi que,
sous le gouvernement de la CAQ, malheureusement, maintenant, il y a une
surveillance. Ça ne veut pas dire une décote. Ils vont surveiller ce
gouvernement-là parce qu'ils ne lui font pas confiance.
Vous
savez, quand j'entends le député de La Peltrie mentionner comme quoi qu'il
y a eu un plan, il y a bel et bien un
plan, il y a bel et bien un plan, il n'y en a pas, de plan. Ça fait un an,
depuis le mois de mars, en fait, qu'on leur demande de nous déposer un plan, puis le ministre des
Finances ne le fait pas. Il a dit qu'il allait en déposer un éventuellement, au
prochain budget. On l'a demandé cette semaine, on ne l'a pas dit durant
la mise à jour économique. On l'a demandé au budget, on ne l'a pas eu, par la
suite, au budget. Il n'y en a pas, de plan. Il n'y en a pas, de plan. Puis
pourquoi qu'il n'y a pas de plan? Pourquoi
qu'il est capable d'aller voir les agences de crédit, à New York, avec son plan
de retour à l'équilibre budgétaire,
discuter avec les agences de crédit, clairement, les agences de crédit qui
n'ont pas encore changé, de la part de DBRS, sa vue comme quoi que,
potentiellement, il faudrait mettre sous surveillance le gouvernement du
Québec, le gouvernement du Québec est encore sous surveillance, comment se
fait-il qu'en allant voir les agences de crédit avec ce plan-là que la notion
de surveillance est encore en place? C'est peut-être parce que le plan, il
n'est pas bon. C'est peut-être parce que le plan que le ministre des Finances a
déposé à New York ne tient pas la route, comme plusieurs autres initiatives de
la part de ce gouvernement-là. C'est peut-être possible qu'effectivement ils
n'ont pas confiance dans le ministre des Finances puis dans le gouvernement de
la CAQ. Puis je ne peux pas les blâmer.
Le
gouvernement de la CAQ, prévisions économiques, c'est comme jouer aux dards. Il
essaie de viser, là, la cible dans le
milieu, là, puis il envoie le dard dans la pièce à côté. C'est comme jouer au
bowling, là, lever la boule, essayer de
l'envoyer, là, puis il l'échappe par en arrière avant de l'envoyer dans
l'allée. C'est ça, la CAQ, en termes de prévisions économiques. Ça fait que je ne peux pas plaindre
les agences de crédit de ne pas faire confiance dans le gouvernement. Écoutez,
il manque la marque tout le temps.
Mais
de dire qu'ils ont un plan de retour à l'équilibre budgétaire, je trouve ça
inconcevable parce qu'ils l'ont mis, mais ils ne veulent pas le donner
aux Québécois. Le premier ministre puis le ministre des Finances ne veulent
même pas faire confiance aux Québécois de
donner l'heure juste sur le plan de retour à l'équilibre budgétaire. Puis, en
même temps, j'entends le député de La Peltrie dire qu'il y en a un. Peut-être
que lui, il l'a vu, mais, clairement, ce n'est pas tous les Québécois qui l'ont vu. Ça fait qu'il y a de
l'information privilégiée. Clairement, il y a de l'information privilégiée. Ce
serait intéressant qu'il l'aurait partagée ce matin. Effectivement, ça aurait
été un bon sujet de conversation. Mais on ne l'a pas eue.
Ça fait qu'hier...
cette semaine, excusez, M. le Président, on a eu quand même un exercice, là, de
maquillage incroyable. On a été capables de faire croire aux Québécois...
Une voix : ...
M.
Beauchemin : Non? «Maquillage»?
Le Président (M.
Simard) : Soyons prudents. Veuillez poursuivre.
M. Beauchemin :
D'accord. On a eu un exercice,
hier, où est-ce que le ministre des Finances nous a expliqué qu'à
nouveau son déficit était de 11 milliards de dollars. J'ai expliqué,
en entrée de jeu, qu'on avait effectivement eu énormément de variabilité dans l'année. On est passés de
11 milliards et on a été capables d'aller chercher des équivalents
de coupes de 4,5 milliards. M. le député de La Peltrie ne veut pas
appeler ça de l'austérité, je le comprends, il ne veut pas être associé à de la vraie rigueur, là, mais le député a quand même
été d'accord avec le fait qu'il y a eu quand même 750 millions de dollars de la réserve
qui a été enlevé, il y a eu quand même 1 milliard d'augmentation de taxe
sur le gain en capital, il y a eu
quand même au minimum 2,8 milliards de coupes à travers la santé, les
services aux PME, et j'en passe, O.K.?
Un total de 4,5 milliards. On aurait été tous d'accord si le chiffre avait
été 6,5 milliards. Ce n'est pas ça qu'on a eu.
Donc,
on a un problème de crédibilité, M. le Président. Puis, quand on a un problème
de crédibilité, puis qui se poursuit quand les agences de crédit nous envoient
un coup de cloche disant qu'on est sous surveillance, et on n'écoute pas, et on ne change pas notre style, à long
terme, ça mine non seulement la crédibilité du gouvernement, ça mine la capacité
d'emprunt du Québec, ça mine l'avenir de nos jeunes. Puis, vous savez, ça,
hier, c'est un exercice, là, qui nous a démontré que le gouvernement du Québec
ne peut pas être crédible en termes de gestion des finances publiques.
Deuxième épisode,
hier, dans la journée, on nous a parlé de l'épisode de Northvolt puis que
Northvolt, là, soudainement, là, O.K., ça va bien, nous autres, on est
corrects, on est confiants au Québec, tout est beau, Madame la Marquise, il n'y
a pas de souci. Faillite en Suède. Pourquoi? Parce qu'ils ne sont pas capables
de faire des batteries. Pourquoi qu'ils ne sont pas capables de faire des
batteries? Je ne le sais pas. Ils sont juste pas bons pour faire des batteries.
Puis là, soudainement, là, ils font faillite. Ils font faillite parce qu'ils ne
sont pas capables de rencontrer leur objectif de production. Puis les gens
perdent confiance aussi en eux. Ils perdent confiance à la CAQ puis ils perdent
confiance en Northvolt en Suède. Puis là il n'y a aucun fournisseur de fonds
qui est prêt à mettre un sou de plus. Ça fait que, là, maintenant, ils vont se
restructurer.
Puis là, nous autres,
il faut qu'on se dise : Bah! O.K., correct. On va attendre 18 mois,
là. Maintenant, on n'est plus certains que c'est
18 mois, avant on parlait peut-être potentiellement de 12 mois. Je ne
serais pas surpris que ce soit plus
que 18 mois. On va attendre 18 mois, là, avant de penser peut-être
que, potentiellement, Northvolt, là, pourrait s'en sortir. Ça fait que,
là, on va passer à travers, là, l'équivalent, là, de comme une semaine chez le
dentiste, sur une chaise, à se faire
arracher les dents pour attendre de voir qu'est-ce que ça, ça va donner
financièrement. Est-ce que ça va tenir la route ou pas? Pourquoi, M. le
Président? Pour que, ah! maintenant, là, qu'on a tout mis le monde ensemble à une table, là, là, tu mets des centaines de
millions, la Caisse de dépôt va en rajouter, le gouvernement du Québec va en
rajouter, tout le monde est prêt à rajouter du cash dans Northvolt
soudainement, là. C'est tout dans l'hypothétique, O.K.? Pourquoi? Bien là, on
va s'entendre, ils vont venir ici, puis ils vont faire des batteries, puis ils
vont être bons, ils vont être capables
de le faire. Allo! Ils font faillite, en ce moment en Suède, parce qu'ils ne
sont pas capables de faire des batteries. Puis là leur façon de faire, on va déménager ça au Québec? Pensez-vous
vraiment qu'ils vont réussir à faire au Québec ce qu'ils n'ont pas fait
à la maison mère?
J'ai
demandé à multiples reprises d'avoir une évaluation, de la part de ce
gouvernement-là, de notre investissement dans les débentures convertibles de
Northvolt. Je l'ai demandé plus d'une fois au salon rouge, je l'ai demandé
au salon bleu, je l'ai demandé en point de
presse. Est-ce qu'on sait... Est-ce qu'on comprend ce que c'est, une débenture
convertible? Est-ce qu'on sait où ça
se tient dans la structure de capital, une débenture convertible? C'est ce
qu'il y a de plus bas dans une... dans la chaîne de capital, juste un
petit peu au-dessus des actions ordinaires.
Dans une situation de
faillite, là, les prêteurs seniors vont tout ramasser. Ça va être beau s'il
reste des miettes pour les débentures
juniors, subordonnées, convertibles. Ça va être beau s'il reste de quoi. Je le
sais, c'est quoi, la réponse. Je le sais. Ça ne vaut rien. Mais je
voudrais l'entendre de la part du ministre, je voudrais l'entendre de la part
du gouvernement. Je voudrais entendre l'heure juste, pour une fois, de la part
de ce gouvernement-là, la valeur de notre placement dans Northvolt. Ils n'ont
pas le courage de le dire. Ils n'ont pas le courage de parler du plan de retour
à l'équilibre budgétaire.
M.
le Président, l'enjeu qu'on a ici, c'est un enjeu de crédibilité. Tout le monde
le sait, ça vaut combien cette note-là. Tout le monde est au courant. On
n'est même pas capable d'avoir l'heure juste là-dessus de la part du
gouvernement. J'essaie de comprendre. Est-ce
que c'est une opération pour sauver la face par rapport à des engagements que
le gouvernement aurait pris?
Le Président (M.
Simard) : ...prudent dans nos propos.
M.
Beauchemin : Est-ce qu'on peut...
Le Président (M.
Simard) : Veuillez poursuivre.
M. Beauchemin :
Est-ce qu'on peut penser que,
potentiellement, on n'est pas heureux du dénouement actuel? On est tous malheureux du dénouement actuel. On
veut qu'elle fonctionne, la filière batterie. Est-ce que le gouvernement
a pris le bon cheval de bataille? Clairement non. On est allé prendre une
start-up, O.K., pendant que, de l'autre bord, il
y en avait d'autres qui ont décidé d'être des... plus «blue chip», si on peut
dire, qui ont décidé de s'installer ailleurs, qui ont cogné à la porte,
puis votre gouvernement a dit non à ceux-là. Ça fait qu'on a décidé de ne pas
être responsable. On a décidé de ne pas être fiduciaire des fonds québécois. On
a décidé de mal gérer les finances publiques.
Le Président (M.
Simard) : M. le député, à ce stade-ci, je trouve que vous allez un peu
trop loin dans les intentions que vous prêtez au gouvernement.
M. Beauchemin : D'accord.
Le
Président (M. Simard) : Alors, je vous demande, s'il vous plaît, de
choisir des mots mieux avisés. Veuillez poursuivre.
M. Beauchemin : Je considère, M. le
Président, que le message que je voulais passer en est un de manque de rigueur
de la gestion de la part du gouvernement. Le principe de base étant la
transparence, on n'est pas avec une transparence de la part de ce
gouvernement-là. Malheureusement, on en paie le prix.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
Alors, chers amis, compte tenu de l'heure, notre
mission s'est acquittée de son mandat, et j'ajourne donc nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 heures)