Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(November 29, 2022 au September 10, 2025)
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Wednesday, February 19, 2025
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Vol. 47 N° 67
Clause-by-clause consideration of Bill 82, An Act respecting the national digital identity and amending other provisions
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11 h (version non révisée)
(Onze heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Simard) : Chers
collègues, bienvenue à toutes et à tous. Nous avons quorum, et nous sommes en
mesure de...
Le Président (M. Simard) : ...pouvoir
entreprendre nos travaux. Comme vous le savez, la Commission des finances
publiques est aujourd'hui réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet
de loi portant sur l'identité numérique, qui porte le numéro très symbolique de
82. Le ministre pourra nous expliquer pourquoi, d'ailleurs, ça porte le
no° 82. Quoi qu'il en soit, M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements
ce matin?
Le Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) est remplacé par Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont); M. Morin (Acadie), par Mme Caron
(La Pinière); Mme Zaga Mendez (Verdun), par M. Zanetti
(Jean-Lesage).
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Alors, au moment d'ajourner nos travaux hier soir, nous en étions
rendus à l'étude de l'article 6, et plus particulièrement de
l'article 10.2 introduit, bien sûr, par l'article 6. Et la parole, à
ce moment-là, appartenait, si ma mémoire est fidèle, à la députée de La
Pinière. Chère collègue, souhaitez-vous intervenir à nouveau ce matin?
Mme Caron : S'il vous
plaît.
Le Président (M. Simard) :
Donc, la parole vous appartient.
• (11 h 20) •
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Bonjour, tout le monde. Alors, quand on s'est quittés hier, on
était... je m'apprêtais à poser une question, évidemment, sur
l'article 10.2, sur le paragraphe où on parlait d'interaction dans la
collectivité. Alors, la question portait sur la... sur la police, finalement.
Est-ce que la police aura... utilisera l'identité numérique nationale si, par
exemple, j'ai... je me fais arrêter parce que je roule trop vite et le policier
veut vérifier mon... veut authentifier mon identité, confirmer que mon permis
de conduire est valide, que j'ai payé... paiement, tout ça? Mais j'imagine
qu'il va peut-être aussi pouvoir vérifier l'immatriculation de la voiture. S'il
a besoin de vérifier que c'est la voiture, ou si je ne suis pas dans ma voiture,
admettons, est-ce qu'il faut vérifier l'immatriculation? On est obligé de
garder... Quand on conduit, on est obligé d'avoir une preuve d'assurance de la
voiture. Donc, est-ce que le policier va pouvoir aller dans le système et voir
qu'on a une assurance? Auquel cas ça veut dire que les assureurs vont être
comme des participants privés à ça. Alors, est-ce que... est-ce qu'on peut
m'éclairer sur comment on prévoit que ça fonctionne, s'il vous plaît?
M.
Caire
:
Bien, c'est une excellente question, Mme la députée. Puis je vous avoue qu'à la
genèse du projet, on s'est posé cette question-là. Donc, le portefeuille... Je
vais y aller plus largement. L'identité numérique, c'est une mission...
L'identité d'un citoyen, c'est une mission régalienne de l'État, c'est à l'État
à fournir une identité à ses citoyens à travers différents documents, à travers
différentes attestations. Donc, ces attestations-là forment ce que
j'appellerais, moi, le premier cercle, c'est-à-dire votre certificat de
naissance, votre permis de conduire, votre carte d'assurance maladie, pour
prendre les exemples les plus courants.
On a eu des discussions à la genèse du
projet. Mais qu'en est-il d'un deuxième cercle, par exemple cartes bancaires,
preuves d'assurance, mais alors preuve d'assurance de la voiture, preuve
d'assurance de tous acabits? Est-ce que ces documents-là pourraient être
intégrés au portefeuille? Dans cette situation-là, ça ne dépend pas que de
nous. Donc, l'idée du portefeuille, c'est qu'il soit interopérable. L'idée du
portefeuille, c'est qu'il puisse effectivement interagir avec d'autres services
de la société civile qui devront évidemment faire l'objet d'une entente. Et on
pourra à ce moment-là les rendre compatibles parce que les normes que nous
utilisons pour le développement du portefeuille numérique du Québec, ce sont
des normes internationales. Donc, il y a une volonté d'interopérabilité.
Maintenant, ces documents-là, nous n'en sommes pas les émetteurs. Donc, il
faudra qu'il y ait des ententes parce que, si on intègre un document dans le
portefeuille, il faut quand même qu'on soit sûrs de sa validité, de son
authenticité, de son irrévocabilité aussi. Parce que c'est bien beau
dire : J'ai une preuve d'assurance. Oui, mais est ce qu'elle est... Est-ce
qu'elle a été révoquée? Est-ce qu'elle est en... Alors, c'est toutes ces
questions-là qui se posent. Donc nous, dans un premier temps, ce qu'on
souhaite, c'est fournir une attestation d'identité aux Québécois dans ce
portefeuille-là. À terme, avec les partenaires gouvernementaux, c'est de
fournir les attestations qui sont nécessaires, qui à l'identité, mais surtout à
des prestations de services puisque, là, il y aura une identité numérique. Mais
éventuellement, oui, la loi nous...
M. Caire : ...permettrait
d'intégrer d'autres documents, mais ce sera légalement possible. Maintenant,
sur le plan technologique, ça devra faire l'objet d'ententes et de discussions
avec les organismes émetteurs.
Mme Caron : Et ce genre
d'ententes... parce que, là, vous venez de m'ouvrir un... des questionnements
parce qu'un assureur va... bien, a nécessairement, actuellement beaucoup
d'informations qui concernent l'assuré, c'est-à-dire sa date de naissance, son
nom, son lieu de résidence, bon, évidemment, le montant de ses garanties
d'assurance, son dossier de de sinistre, donc s'il y a déjà eu des accidents,
responsable ou non responsable, peu importe. Alors, c'est une quantité quand
même impressionnante d'information. Puis ça, ce n'est pas l'identité numérique
qui crée ça...
M. Caire : Non.
Mme Caron : C'est quelque
chose qui existe déjà.
M. Caire : Que les assureurs
ont.
Mme Caron : Qu'ils ont déjà,
c'est ça. Alors, s'ils sont... tu sais, s'ils voient que le portefeuille numérique
du gouvernement fonctionne bien, est sécuritaire parce qu'eux aussi ont toutes
leurs normes, leurs standards de sécurité informatique et autres, alors s'ils
voient qu'ils sont... s'ils sont à l'aise pour faire affaire avec le
gouvernement, est-ce qu'on pense que ça va être... on va être capable de
restreindre l'information qui sera dans la source de données finalement? Parce
que, pour les MO, les ministères et organismes, on peut le faire, c'est ce que
j'ai compris du projet de loi, juste les personnes qui ont tel profil, qui
exercent telle fonction, vont pouvoir avoir accès à la donnée nécessaire et pas
aux autres données. Est-ce que, techniquement, on va être capable de faire ça
aussi quand c'est un partenaire externe, comme un assureur, par exemple?
M. Caire : Oui, là je veux
être clair. Il n'y aurait pas... même dans le cas où on intégrerait une preuve
d'assurance dans le portefeuille numérique, il n'y aurait pas échange
d'informations, alors il y aurait un échange de validation, et c'est très
différent, à savoir... Je ne... Par exemple, ce que je vous disais, c'est que,
si vous vous identifiez avec le portefeuille, vous allez dans un dépanneur,
moi, je ne vais pas donner d'information à l'entreprise, au dépanneur ou à
l'entreprise qui vous demande de vous authentifier. Ce que je vais faire, je
vais dire: Le document qui est exhibé est authentique, je m'en porte garant.
Alors, après ça, lui, il fait ses validations. De la même façon, nous ne
transmettrions pas d'information ou nous ne donnerions pas accès aux banques du
gouvernement, à des organismes qui sont extérieurs au gouvernement. Donc, si on
nous dit, par exemple: Je veux télécharger la preuve d'assurance d'Éric Caire,
bien, je vais dire: Lui, il prétend être Éric Caire. Est-il le Éric Caire? Et
on va donner ce qu'on appelle un jeton, un «token» en anglais,qui dit: Oui,
j'atteste que les informations sont véridiques, et donc que cette... J'atteste
de son identité. Puis ça s'arrête là.
Donc, tout le processus que je vous
expliquais de dire: Bon, bien, je peux... à partir de là, je peux fournir le
nom, le prénom à l'entité, parce qu'il y a une prestation de services qui le
requiert, ça, c'est vrai pour des organismes publics, ce ne serait pas vrai
pour des organismes privés. Donc là, c'est tout simplement d'accepter que le
document, avec l'identification, l'authentification de l'individu, le document
qui est rattaché à cette personne-là puisse être intégré au portefeuille
numérique. Donc là, c'est des protocoles informatiques, mais il n'y aurait pas
d'échange d'information.
Mme Caron : Donc pas
d'échange d'information du gouvernement, disons, du gouvernement, du système
gouvernemental d'identité numérique vers un tiers comme un assureur. Cependant,
puisque l'assureur a déjà beaucoup d'informations, est-ce que l'inverse
pourrait être vrai? C'est-à-dire que l'assureur, par les informations qu'il
a... disons, parmi les informations consultables par un policier en cas
d'intervention, est-ce que ça pourrait être effectivement peut être pas
transmis aux policiers, mais que le policier pourrait voir toutes ces
informations-là?
M. Caire : Je vous dirais que
je n'en vois pas l'utilité. Compte tenu que l'un et l'autre ont les
informations requises pour la prestation de services, je ne verrais pas
l'intérêt de cet échange d'informations là qui, en vertu, de toute façon, de la
loi n° 25 devrait faire l'objet d'un consentement de
l'individu. Mais...
M. Caire : ...de toute façon,
dans l'opération... il n'y a pas... il n'y aurait pas... Dans le fond, tout ce
qu'on veut, nous, c'est attester de la véracité, de l'authenticité et de
l'irrévocabilité des documents. C'est ça, c'est de ça qu'on veut s'assurer. Une
fois ça, après ça, bien, dans le cas d'un policier, par exemple, il y a tout un
processus suivant le type d'intervention qui se met en place. Puis là, bien, à
partir de là, les informations requises pour que le policier puisse faire son
travail lui seraient de toute façon transmises par le gouvernement.
Mme Caron : Et, comme on a...
Des voix : ...
Mme Caron : ...comme on a
déjà dit en cette commission qu'on n'irait pas chercher de... on ne va pas...
il n'y aura pas de traçabilité des authentifications d'un citoyen, c'est-à-dire
que le citoyen qui va au dépanneur s'acheter une caisse de bière, qui se
fait...
M. Caire : ...
Mme Caron : Il n'y a pas de
journalisation. Alors, le policier qui l'arrête parce qu'il a brûlé un feu
rouge, même s'il ne... par exemple, même s'il ne soupçonne pas que la personne
est en état d'ébriété, mais juste parce qu'il a brûlé un feu rouge ou un arrêt,
ne saurait pas, en vérifiant l'authenticité, la validité du permis de conduire,
de l'immatriculation, de l'assurance, que ce citoyen-là vient d'aller acheter
une caisse de bière au dépanneur.
M. Caire : Non.
Mme Caron : À moins de faire
ouvrir le coffre et de voir la caisse de bière là.
• (11 h 30) •
M. Caire : Non, c'est ça,
c'est ça. Oui, par les moyens usuels, mais par des moyens... non, il n'y aurait
pas de traçabilité. Par contre, l'intervention du policier, elle, ferait
l'objet d'une journalisation. Par exemple, s'il fait une validation d'identité,
comme on le fait dans ces cas-là, c'est journalisé. S'il y a une procédure qui
suit, par exemple, l'émission d'une contravention, etc., bien, ça, évidemment,
c'est journalisé.
Mme Caron : Puis, maintenant,
si je prends... je laisse de côté l'exemple du... de l'intervention policière
et puis je vais du côté de la CNESST, dans un dossier de personne...
M. Caire : Accidentée.
Mme Caron : ...qui a subi une
lésion professionnelle. Et là, si cette personne-là a une assurance privée, je
ne sais pas, moi, d'invalidité, par exemple, et que la personne est
effectivement déclarée invalide, là il y a la CNESST qui est dans ce
dossier-là, est-ce qu'il y aurait possibilité en... bien, possibilité ou est-ce
que la personne blessée, invalide qui s'identifie pour obtenir les services de
la CNESST serait à risque, disons-le comme ça, que la CNESST aille voir tout
son dossier, consulter son dossier d'assurance invalidité, par exemple, chez un
assureur privé?
M. Caire : Pour un assureur
privé, je ne pense pas que ce soit possible. Ça ne sera pas possible grâce à
l'identité numérique. Maintenant, est-ce que la CNESST actuellement a accès à
ces informations-là? Je ne le pense pas, mais je ne peux pas vous le garantir
parce que je ne suis pas familier avec les procédés de la CNESST. Mais ça ne
sera pas possible en raison de l'utilisation de l'identité numérique nationale,
ça, c'est clair que non.
Mme Caron : Donc, l'identité
numérique nationale ne ferait pas en sorte que la CNESST ait accès
automatiquement...
M. Caire : À des choses
qui... autrement elle n'a pas accès? Non. La réponse à votre question, c'est
non.
Mme Caron : D'accord, parce
que j'imagine qu'aujourd'hui une personne... si la CNESST demande des
informations sur les garanties d'assurance privée, par exemple, d'une personne,
bien là, il faut que la personne consente, finalement, à ce que cette
information-là soit donnée parce qu'elle va... à ce moment-là, elle va mettre
les deux ensemble, mais dans... Donc, on... vous me rassurez que, dans le cas
de l'identité numérique nationale, cette information-là de l'assureur ne viendra
pas automatiquement être consultable par la CNESST.
M. Caire : Non, non, non. Ce
que ça va faire, c'est que la personne va s'identifier numériquement. Donc, à
partir de là, les informations concernant son identité qui sont requises pour
la prestation de service par un agent de la CNESST lui... pourront lui être
transmises, mais ça s'arrête là. Tous les... Toutes les autres interactions qui
requièrent le consentement de la personne vont continuer à requérir le
consentement de la personne. L'identité numérique nationale ne change rien à
ça.
Mme Caron : O.K. Maintenant,
toujours sur les interactions dans la collectivité, prenons l'exemple d'une
banque ou bien même d'un fournisseur de...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Caron : ...le cellulaire,
le forfait cellulaire ou d'appareils cellulaires.
M.
Caire
: Compagnies
de télécommunications. O.K.
Mme Caron : Exactement. Alors,
peut-être que ces entreprises-là, comme je disais tout à l'heure, pourraient
trouver que l'identité numérique nationale du Québec fonctionne tellement bien,
est tellement sécuritaire qu'ils veulent que leurs systèmes soient
interopérables, ils veulent pouvoir l'utiliser. On a dit, d'un côté, que les
prestations de service public ne seraient pas conditionnelles à l'utilisation
de l'identité numérique nationale, que les services publics vont continuer d'être
donnés aux personnes qui vont présenter une carte, ou qu'ils vont se présenter
au comptoir, ou qu'ils vont téléphoner, ils vont quand même avoir leurs
services sans s'identifier, sans avoir à s'identifier par l'identité numérique
nationale s'ils ne le veulent pas ou s'ils ne peuvent pas le faire. Est-ce que
c'est...
M. Caire : Tout à fait.
Mme Caron : C'est ça?
M.
Caire
: Oui.
Mme Caron : Alors, est-ce que,
sauf erreur, je ne pense pas qu'on a, dans ce projet de loi... Puis est-ce qu'on
pourrait l'avoir? Je ne sais pas. Mais s'il y a des tiers comme les banques,
comme les entreprises de télécommunication qui utilisent cette authentification
parce que ça fonctionne bien, parce que c'est sécuritaire, est-ce qu'on ne
pourrait pas en venir à un stade où ces entreprises-là exigent ce que le
gouvernement n'exigerait pas aux citoyens pour une prestation de service
public? Est-ce que ces entreprises-là pourraient exiger parce que c'est plus
sécuritaire? Et est-ce qu'on a moyen de s'assurer, peut-être, dans ce projet de
loi, qu'on n'en vienne pas à ça?
M. Caire : Bien, en fait non,
parce que, comprenons-nous bien, là, allons à la genèse de votre question qui
est : Est-ce qu'une entreprise privée pourrait décider de cesser de donner
des services en personne pour obliger ses clients à n'utiliser que des services
numériques? Peut-être. Je trouve que ce serait un drôle de plan d'affaires pour
être très honnête avec vous. Et comme cette entreprise-là, de toute façon, n'a
aucune obligation d'utiliser l'identité numérique nationale pour identifier,
authentifier ses clients, à la limite, une entreprise pourrait indépendamment
totalement de l'identité numérique nationale, comprenons-nous bien, parce que l'utilisation
obligatoire de numérique nationale n'est que pour les services publics du
gouvernement du Québec. Même au niveau des municipalités, il n'y a pas d'obligation
de l'utiliser. Au niveau du fédéral, il n'y a pas d'obligation de l'utiliser. Puis,
dans la société civile, il n'y a pas d'obligation de l'utiliser. Donc, cette
obligation-là, elle n'est que pour les services publics gouvernementaux. Donc,
à ce niveau-là, moi, je peux affirmer aux citoyens du Québec : Vous n'aurez
jamais l'obligation de l'utiliser. Le gouvernement ne vous privera jamais des
services en personne pour vous forcer à utiliser des services de prestations
électroniques. Mais une entreprise privée qui dirait : Bien, un, moi, je ne
l'utilise pas ton identité numérique nationale... Ce qui est le cas
actuellement, si vous voulez utiliser les services de Desjardins, c'est leur
service d'authentification qui est utilisé. Si vous, vous avez un compte avec
une compagnie de télécommunication puis vous voulez payer vos factures en
ligne, ce n'est pas notre service de tarification qui est utilisé, c'est le
leur. Et donc s'ils décidaient de fermer leurs comptoirs de service, je ne pourrais
pas les en empêcher, mais ce serait vraiment un drôle de modèle d'affaires.
Mme Caron : Qui est un modèle
d'affaires que, malheureusement, on voit avec Desjardins dans les régions où
les guichets automatiques sont fermés puis il n'y a pas de...
M. Caire : Avec des bémols, Mme
la députée. C'est vrai que Desjardins va actuellement restreindre certains
services parce que le coût versus l'utilisation fait en sorte que Desjardins puis
c'est... je ne commente pas la décision, là, je fais juste comprendre,
expliquer. Le coût utilisateur fait en sorte qu'eux rationalisent. Mais il y a
encore des guichets, il y a encore des caisses, il y a encore des endroits où
on peut... Et je n'ai pas entendu de la part, par exemple de Desjardins, une
intention de fermer toutes ses caisses pour dire : À partir de maintenant,
vous n'utilisez qu'AccèsD. Donc, je comprends ce que vous dites sur la
rationalisation, c'est vrai, mais rationalisation n'est pas abolition non plus,
là.
Mme Caron : Absolument. Je
suis d'accord avec vous que ce n'est pas une abolition, mais on sait qu'il y a
des villages où les gens sont sortis puis ont dit : Bien là, c'est parce
qu'on n'a plus de guichets automatiques, on ne peut plus aller chercher l'argent.
M.
Caire
: Oui,
oui. Tout à fait. C'est vrai.
Mme Caron : Alors, c'est vrai
que ce n'est pas une abolition de leurs services dans l'ensemble du Québec,
mais, pour ces gens-là, c'est le seul service qu'ils ont. Alors, pour eux, dans
les faits, le service est fini, est terminé.
M. Caire : N'est plus à
proximité. Puis c'est incommodant. J'en suis tout à fait...
Mme Caron : Et ils ne peuvent
peut-être pas... ils n'ont... Tu sais...
Mme Caron : ...les personnes âgées,
ils ont... elles ne peuvent plus conduire à cause de problèmes de la vue ou
n'importe où n'importe quoi, mais...
M. Caire : Mais votre
question. Excusez-moi, finissez. Je m'excuse.
Mme Caron : Oui, oui, c'est
ça. Mais je ne voulais pas faire le code de Desjardins, ici, là, mais je
constatais simplement qu'il y a des... il y a des services qui ne sont plus
offerts dans... pour certaines...
M. Caire : Dans la
communauté.
Mme Caron : ...dans la
communauté.
M. Caire : Ça a des impacts,
tout à fait.
Mme Caron : Et vous avez
parlé de... de coûts, puis on peut comprendre que c'est pour ça. Mais
justement, peut-être que dans nos interactions dans la collectivité, il y aura
peut être, comme je disais, les banques ou les entreprises de communication qui
vont dire : C'est beaucoup plus facile, c'est beaucoup plus efficient de
faire affaire avec l'identité numérique nationale pour valider
l'authenticité...
M. Caire : Oui.
Mme Caron : ...et puis nous, on
va faire juste ça. Alors, c'était là. Parce que je comprends que le
gouvernement ne veut pas faire ça, les ministères, organismes ne veulent pas
faire ça. C'est... c'est... Ça serait un peu comme un champ gauche, disons que
certaines entreprises diraient : Mais là, ça marche tellement bien, ça
nous coûte moins... tellement moins cher que nous, on exige ça. Eh oui, on peut
toujours changer de banque, mais une personne qui a une hypothèque à renouveler
ou que ses REER ou ses FEER dans une institution qui se trouve être obligée
d'utiliser une... une technologie gouvernementale non pas par la volonté du
gouvernement, mais par la volonté d'un tiers. Alors, est-ce... est-ce que le
gouvernement pourrait légiférer pour empêcher une situation comme ça? Parce qu'on
veut que tous les Québécois aient les services nécessaires.
• (11 h 40) •
M. Caire : Je vais nuancer,
madame la députée, avant de répondre à votre question plus précisément. Or, il
faut faire la distinction entre la volonté d'une organisation publique ou
privée de donner des services numériques et le service d'identification et
d'authentification qu'elle utiliserait, utilise, utiliserait. Donc,
actuellement, les entreprises privées donnent des services numériques,
utilisent leur service d'identification authentification.
Votre question, c'est : Est-ce qu'ils
pourraient cesser ou restreindre significativement les services en personne
pour pousser la population vers des services numériques qui seraient moins
coûteux? C'est possible. Est-ce qu'on peut l'interdire? Non. Mais l'utilisation
d'un service d'authentification, qu'il soit le leur ou celui du gouvernement du
Québec, n'a pas d'impact sur cette politique-là dans le sens où qu'ils
utilisent leur service d'authentification ou qu'ils utilisent l'identité
numérique nationale, s'ils décident de restreindre les services en personne
pour amener la clientèle vers les services numériques, c'est une... ce n'est
pas... ce n'est pas en lien. Donc, ils pourraient effectivement décider
d'utiliser l'identité numérique nationale pour des raisons de commodité, de
commodité de la clientèle d'abord parce qu'il y a une habilité à l'utiliser
puisqu'il y a une récurrence dans l'utilisation. Ah! plus on fait quelque
chose, plus on est habile à le faire. Donc, quand vous utilisez l'identité
numérique nationale avec le gouvernement du Québec, avec votre municipalité,
avec le gouvernement fédéral, avec votre entreprise de télécommunications, avec
votre assureur, bien, c'est sûr que c'est un... c'est un geste qui devient routinier,
donc facile à faire. Donc, pour des raisons de commodité, ça pourrait
effectivement les intéresser, pour des raisons de sécurité et ça pourrait les
intéresser aussi, quoi que, je pense qu'ils ont des services d'authentification
qui font bien le travail, mais le nôtre n'est pas mal non plus. Pour des
raisons de coût, malgré qu'il y aurait une tarification, il faut bien
comprendre que l'utilisation de l'identité numérique nationale ne serait pas
gratuite pour les entreprises privées. Il y aurait une tarification parce qu'il
y a un coût pour le gouvernement à le faire. Donc, tout ça et tout ça, se
ferait... ferait partie de l'entente, mais ça n'a pas d'impact sur le fait que
la compagnie X ou Y décide de restreindre, voire abolir ses services à la personne,
là, et ça, non, on ne peut pas l'interdire.
Mme Caron : D'accord. Merci,
Monsieur le Président. Je pense que j'ai....
Le Président (M. Simard) : Bien,
en fait, il vous reste du temps, mais c'est du temps emprunté comme on pourrait
dire, sur l'étude globale du... de l'article à l'étude en ce moment.
Mme Caron : D'accord.
Le Président (M. Simard) : C'est
comme vous le souhaitez.
Mme Caron : Bien, je pense
que je vais... je vais arrêter ici pour... pour l'instant puis je reviendrai
pour un autre.
Le Président (M. Simard) : Vous
avez toujours une marge. Madame la députée, à vous la parole.
Mme Setlakwe : Merci,
Monsieur le Président. Bon matin à vous tous. J'ai une question en lien avec le
premier alinéa de 10.2. Donc, on parle d'assurer un accès sécurisé aux
prestations électroniques des services gouvernementales, mais on ne pourrait
pas utiliser notre portefeuille numérique, donc exhiber de façon électronique
un document qui prouve ou authentifie notre identité et recevoir des services
en personne.
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : Mais ici on
semble limité, on semble être plus restrictif. On parle d'un accès aux
prestations électroniques de services gouvernementales alors que ça peut être
une prestation autre qu'électronique.
M. Caire : Oui. Bien, c'est à
dire...
Mme Setlakwe : ...alors que ça
peut être une prestation autre qu'électronique?
M. Caire : Oui. Bien,
c'est-à-dire, comprenons-nous bien, la prestation, à proprement parler, est
électronique, parce que, comme je vous disais, il y a un mécanisme
d'authentification du document. Alors, comme je dis, le document, il faut que
je j'atteste de son authenticité, il faut que j'atteste de son irrévocabilité.
Alors, c'est bien beau dire...
J'arrive sur mon... je n'ai pas mon
téléphone, je vais prendre celle de ma collègue qui est en train de texter.
Alors, j'exhibe mon téléphone, il y a, par exemple, ma photo, c'est marqué «18
ans+», avec un petit crochet. Parfait, mais ça, ça ne me dit rien, là. C'est-tu
vrai, c'est-tu authentique? Donc, il y a un processus qui est derrière ça, qui
va faire en sorte que moi, je vais avérer de l'authenticité et de
l'irrévocabilité de ça.
Par exemple, on parle d'un permis de
conduire. Parfait, j'exhibe mon permis de conduire. Le document est
authentique, c'est bien un document du gouvernement du Québec, oui, mais est-ce
que votre permis de conduire... est-ce que vous faites l'objet d'une suspension?
Est-ce que vos droits d'utilisateur ont été... ont été payés? Est-ce que votre
permis a été révoqué? Donc, moi, c'est tout un processus, là, que je dois
mettre en place pour m'assurer de ça. Sinon, n'importe qui va être capable
d'exhiber n'importe quoi, puis on ne sera pas... on ne sera pas plus avancés.
Mme Setlakwe : Dans l'exemple
que vous utilisez, donc, vous prenez votre téléphone puis là vous montrez une
photo de vous, avec une indication comme quoi vous avez plus de 18 ans, avec un
petit crochet.
M. Caire : Ce qui est vrai
dans mon cas.
Mme Setlakwe : Ça, c'est une
attestation numérique gouvernementale.
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : Mais là il va
y en avoir...
M. Caire : Bien, ça fait
partie... Oui, c'est ça, c'est que... l'idée, c'est que vous ayez le contrôle
sur ce que vous voulez afficher, de façon à répondre à ce à quoi vous devez
répondre, mais sans plus d'informations que ce qui est strictement nécessaire.
Je donnais l'exemple de l'écocentre. Bien, l'écocentre, c'est sûr qu'ils ne
veulent pas savoir si vous avez plus de 18 ans. Ils veulent savoir si vous êtes
résident du territoire que dessert l'écocentre, donc là, c'est une preuve de
résidence que vous avez à démontrer. Donc, vous devriez pouvoir contrôler
l'information. D'ailleurs, c'est ce qu'on dit dans le projet de loi, quand on
dit «lui permettre d'avoir un niveau de»... en tout cas, il y a une notion de
contrôle dans le...
Mme Setlakwe : Oui, oui,
c'est dans le deuxième alinéa.
M. Caire : ...oui, c'est ça,
dans le deuxième alinéa, merci... pour que vous puissiez afficher les
informations qui sont requises, mais sans plus.
Mme Setlakwe : O.K. Donc,
allons plus loin. Donc, concrètement, on prend un téléphone, on a l'attestation
numérique de base, puis là on peut... on peut en avoir plusieurs, là, avec des
informations additionnelles. Donc, c'est nous qui contrôlons ce qu'on va
montrer. Comment ça fonctionne?
M. Caire : O.K. De base, vous
avez une attestation d'identité, qui va vous servir à vous identifier lorsque
c'est requis. Les autres attestations, dont on doit aussi assurer la véracité
et l'irrévocabilité, c'est, par exemple, dans des prestations de services
particulières. Votre attestation comme quoi vous avez acquitté vos droits...
que, un, vous avez le droit... c'est-à-dire, vous avez le privilège, devrais-je
dire, de conduire sur les routes du Québec, que vous vous êtes acquitté des
droits requis, etc. Donc, ça, c'est une autre attestation que l'attestation
d'identité, qui sera émise, par exemple, le cas échéant, par la SAAQ.
Vous allez consommer des soins de santé,
vous avez... vous voulez attester que vous êtes assurable par la Régie de
l'assurance maladie du Québec. Donc, ça, c'est une autre attestation, qui sera
émise, effectivement, par la RAMQ, et qui... et qui n'est pas l'attestation
d'identité, parce que là, vous devez exhiber le fait que vous êtes une personne
assurée à la RAMQ... Et là, ça aussi, ça fait, oui, partie du contrôle que vous
avez, parce que vous avez le contrôle sur quelle... laquelle des attestations
vous utilisez en fonction de... Bon, bien, je suis à l'hôpital, j'ai besoin de
ma carte de la RAMQ. Je me fais arrêter par la police, j'ai besoin de mon
permis de conduire. Ou je m'en vais acheter de l'alcool. Bien, j'ai besoin de
prouver que j'ai 18 ans ou plus. Donc, vous avez le choix des attestations.
Mme Setlakwe : Mais on les a
toutes dans notre portefeuille. Puis on les choisit.
M. Caire : Oui, oui, c'est
ça.
Mme Setlakwe : O.K. Puis dans
votre exemple, donc, l'attestation qui est émise par la RAMQ, qui démontre
qu'on remplit les critères pour recevoir des soins de santé... je ne me
rappelle plus de l'expression, mais, en tout cas, qu'on est un...
M. Caire : Une personne
assurée.
Mme Setlakwe : ...exactement,
une personne assurée, merci... c'est une attestation numérique gouvernementale
au sens de l'article 10.2.
M. Caire : Oui, oui.
Mme Setlakwe : Mais elle est
émise... là, ce n'est pas par vous, pas par le MCN. C'est donc toutes les
attestations numériques gouvernementales qui sont émises par les différents
organismes.
M. Caire : Par les autorités
émettrices. Dans le cas du permis de conduire, l'autorité émettrice, c'est la
SAAQ. Dans le cas de la carte...
M. Caire : ...assurance
maladie, l'autorité émettrice, c'est la RAMQ. On pourrait penser, par exemple,
au directeur de l'état civil, qui est l'autorité émettrice de votre certificat
de naissance. Parce que, si on va dans les différentes pièces du gouvernement,
alors c'est vraiment... les autorités émettrices demeurent les autorités
émettrices, que le document soit physique ou numérique.
Mme Setlakwe : Non. Très
bien. Donc, on les... on est... Elles tombent toutes sous la définition. Et
tout ce qui...
M. Caire : C'est ça. Puis,
nous, on vient instituer qu'au niveau de l'identité numérique, l'autorité
émettrice, c'est le MCN.
Mme Setlakwe : Très bien. On
n'aura plus à se soucier : est-ce que j'ai avec mon... vous avez parlé du
privilège de conduire sur les routes, maintenant, il y a le permis de conduire,
mais il y a aussi d'avoir payé ses droits d'immatriculation, donc le certificat
d'immatriculation aussi. Et, ça, ça va être une attestation numérique
gouvernementale...
M. Caire : Ferait... Ferait
l'objet d'une attestation numérique émise par la Société d'assurance automobile
du Québec.
Mme Setlakwe : Mais vous
croyez toujours que... Quand on parle de prestation électronique de service, je
m'en vais dans une succursale de la SAAQ, je m'en vais dans un bureau de
Service Québec, il y a plein d'endroits où je peux me déplacer en personne pour
recevoir des services, mais la prestation de ces services-là n'est pas
forcément électronique. C'est là où je ne suis pas sûre d'être convaincue au
premier alinéa.
M. Caire : Vous avez raison.
Vous avez raison. C'est pour ça que les articles se limitent au volet numérique
de la prestation de service. Ce qui ne veut pas dire... Ce n'est pas exclusif.
Ça ne veut pas dire que la prestation doit être exclusivement numérique. C'est
possible qu'il y ait une partie de la prestation qui soit... Quand vous allez
chercher votre bouteille de vin sur l'étagère, là, ce n'est pas numérique
pantoute, là. On s'entend.
• (11 h 50) •
Mme Setlakwe : Non, non,
exactement. C'est ça que j'avais en tête comme...
M. Caire : Par contre, vous
pourriez aller sur l'application de la SAAQ puis, bon, vous sélectionnez...
sélectionnez des vins, puis, bon, vous faire livrer ça ou passer commande à
l'auto ou... Alors, il y a différents modèles parce que... Par exemple, c'est
sur Quatre-Bourgeois, là, vous faites ça, vous faites votre commande en ligne,
vous payez en ligne puis vous allez, point de... point de livraison, vous
partez avec votre commande, puis c'est parti.
Mme Setlakwe : Oui, mais tout
le niveau de confiance puis l'accès sécurisé ne couvrent pas évidemment toutes
ces interactions en personne.
Des voix : ...
M. Caire : Excusez-moi, Mme
la députée.
Mme Setlakwe : Non, non. Je
suis... Moi, je suis dans le libellé, là, de...
M. Caire : Non, non, mais je
vous... C'est parce que là, Me Bacon me parlait en même temps. Ça fait que...
Mme Setlakwe : Je comprends. Ah!
j'aimerais ça savoir ce que Maître Bacon avait à préciser. Bien, je vais
peut-être mieux saisir.
M. Caire : Bien, continuez,
je vais écouter votre...
Mme Setlakwe : Bien, je vais
peut-être mieux saisir.
M. Caire : Bien, en fait,
Maître Bacon disait effectivement, à 10.3, ça précise que c'est des...
électronique, pas électronique. On couvre... En fait, l'article dit, l'article
complet, là, 10.2, 10.3, 10.8, vous allez voir, on couvre l'ensemble des volets
sur la prestation. Mais c'est sûr que... Parce que les attestations, l'identité
numérique, je veux dire, il y a différentes situations qui se présentent où
vous allez les utiliser. Il y a des situations comme sur une prestation
électronique de service en ligne où le service est 100 % numérique, bien
là, c'est le service d'authentification qui va être utilisé. Vous n'utiliserez
pas vos attestations ou votre portefeuille numérique pour vous reconnecter
sur... Mais par contre, si vous allez dans la communauté...
Mme Setlakwe : La
collectivité.
M. Caire : ...la
collectivité, excusez, excusez-moi, donc là vous allez être dans une situation
mixte où il peut y avoir effectivement une partie de la prestation qui est
numérique, une partie de la prestation qui est physique, mais pour lesquels
vous aurez besoin de l'identité numérique.
Mme Setlakwe : Très bien.
Justement, l'expression «collectivité», on en a parlé hier, là, c'est dans le
sens général du terme, de ce que j'ai compris.
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : On a des
organismes qui ont posé des questions. Je vais poser... me porter la voix, là.
L'Association québécoise des technologies demande : «La notion
d'interaction dans la collectivité doit être clarifiée. Est-ce qu'elle comprend
la possibilité que le service d'identification soit accessible à des
entreprises privées?»
M. Caire : La réponse, c'est
oui.
Mme Setlakwe : La réponse,
c'est oui, à la lumière de...
M. Caire : C'est ce que je
disais à Mme la députée de La Pinière.
Mme Setlakwe : C'est bien ça.
Moi, c'est ce que je comprenais aussi.
M. Caire : Et, et, mais
j'insiste sur la possibilité. C'est une possibilité. Ce n'est pas... Ce n'est
pas une exigence. Le gouvernement n'exigera pas des entreprises privées
qu'elles utilisent l'identité numérique nationale...
Mme Setlakwe : ...nous,
on n'a pas de boule de cristal, mais si ça fait partie de vos intentions.
M.
Caire
:
Nous, on est... Nous, on est ouverts à ça. Puis d'ailleurs, il y a différents
articles plus loin qui vont nous permettre justement de faire ça au niveau
local, provincial, au niveau canadien, au niveau international. Donc, on a
vraiment... On se donne la possibilité de le faire, mais il n'y a pas... Il n'y
a évidemment pas... À part que pour les organismes publics du gouvernement du
Québec, il n'y a pas d'obligation à utiliser l'identité numérique nationale.
Mme Setlakwe : Merci.
Donc, ça, ça va. Mais une question, ça serait peut-être plus pour la légiste,
mais quand on parle d'interaction dans la collectivité, est-ce que c'est une
expression qui est utilisée ailleurs dans le corpus législatif...
M.
Caire
:
Me Bacon.
Mme Setlakwe : ...ou
c'est une nouvelle... une nouvelle expression qu'on utilise pour les fins de
l'identité numérique nationale?
M.
Caire
:
Avec votre consentement.
Le Président (M. Simard) :
Absolument. Bien, en fait, ça prend le consentement des collègues bien plus que
celui du président. Il y a consentement?
Mme Setlakwe : Consentement.
Le Président (M. Simard) :
Me Bacon, pourriez-vous à nouveau, s'il vous plaît, vous représenter?
Mme Bacon (Nathalie) :
Oui. Bonjour. Nathalie Bacon, légiste au ministère de la Justice, prêté au MCN.
Donc...
Une voix : ...
Mme Bacon (Nathalie) :
Oui. Donc, pour «interaction», bien, c'est un mot, c'est... Le sens est large.
C'est des interactions sous toutes ses formes. Nécessairement, ça peut
comprendre des usages, hein, comme on fait l'usage de présenter notre permis de
conduire papier. Alors, une interaction dans la collectivité pourrait être de
présenter notre identité. Ce que le ministre a appelé l'identité numérique,
c'est sous la responsabilité du MCN, là, l'attestation d'identité, sous le MCN,
ça va être une attestation. On va l'appeler «attestation MCN». Alors ça, on
pourrait la faire apparaître sur notre téléphone de la même façon qu'on sort
notre permis de conduire, là, de notre portefeuille physique. Donc, le mot
«interaction», il n'a pas en soi de limitation. C'est sous toutes ses formes.
«Collectivité», bien, c'est... Le
synonyme, c'est «société civile». Je pense que vous l'avez compris. Pour les
précédents législatifs, je peux faire une vérification, mais j'ai un précédent
législatif pour «collectivité», mais «interaction», je ne l'ai pas. Je l'ai...
Je n'ai pas... C'est peut-être utilisé. Je peux le vérifier, là, je vais
prendre... Ça ne sera pas long.
Une voix : ...
Mme Bacon (Nathalie) : Non,
ce n'est pas nécessaire, hein? Oh oui?
Mme Setlakwe : Oui, oui,
c'est dans d'autres lois. Oui, pourquoi pas.
Mme Bacon (Nathalie) : O.K.
Oui.
Mme Setlakwe : Je me
rapporte toujours au mémoire de l'AQT, l'Association québécoise des
technologies. Là, on comprend que ce n'est pas obligatoire pour le citoyen de
l'utiliser. On va pouvoir en parler à 10.3. Mais l'État... Là, on dit à
10.2 qu'on crée une identité numérique.
M.
Caire
: Mme
la députée, avec votre permission, ça serait important, peut-être, de préciser.
Ce n'est pas obligatoire pour le citoyen d'utiliser les services numériques.
Par contre, compte tenu que les ministères et organismes ont l'obligation
d'utiliser l'identité numérique nationale comme service d'authentification,
c'est clair que le citoyen là-dessus n'aura pas le choix. Donc, s'il décide
d'utiliser des prestations électroniques de services du gouvernement, il n'y
aura qu'une et une seule façon de s'identifier et de s'authentifier, et c'est
l'identité numérique nationale. C'est important d'apporter cette précision-là.
Maintenant, l'obligation de donner des services en personne pour les ministères
et organismes demeure. Elle, on va la voir dans la loi. Donc, c'est dans ce
sens là où je ne peux pas vous forcer à vous créer une identité numérique
nationale si vous n'avez pas l'intention d'utiliser les services numériques.
Mme Setlakwe : Non, non,
très bien. Je pense que, là-dessus, c'est clair.
M.
Caire
: Bien,
je voulais que ce soit clair pour que...
Mme Setlakwe : Puis la
précision, oui, la précision est importante.
M.
Caire
: Parce
que, dans l'interprétation, comme vous le savez, Mme la députée, là, nos
discussions, ici, sont... peuvent... peuvent servir d'interprétation, le cas
échéant. Donc je voulais préciser ça.
Mme Setlakwe : Oui, oui. Non,
tout à fait.
Le Président (M. Simard) :
Maître, je vous en prie.
Mme Bacon (Nathalie) : M.
le Président, pour la réponse pour «interaction», une recherche rapide, là,
très rapide, Légis Québec, vous avez huit... neuf lois et plus qu'on texte, là,
pour le mot «interaction», je vais vous citer une qui est la Loi sur les
infirmières et les infirmiers, qui dit : L'exercice infirmier consiste à
évaluer l'état de santé, blablabla, dans le but de maintenir, de rétablir la
santé de l'être humain en interaction avec son environnement. Donc, on voit que
le mot «interaction» peut être utilisé dans différents contextes.
Mme Setlakwe : Oui.
Mme Bacon (Nathalie) :
Je peux vous citer d'autres lois, là.
Mme Setlakwe : Non, non,
non. C'était surtout comme de le rattacher à la collectivité, et c'était la
question qui était posée par...
Mme Bacon (Nathalie) : Ça
fait qu'interaction avec l'environnement pourrait être le même... le même sens
général qu'interaction dans la collectivité.
Mme Setlakwe : Merci...
Mme Setlakwe : ...mais, oui,
pour revenir à notre discussion... Non, je comprends que ce n'est pas
obligatoire pour un citoyen d'utiliser l'identité numérique nationale, mais, à
partir du moment où un citoyen choisit de recevoir des services par le biais
d'une prestation électronique, bien là, il y a juste une façon, par contre,
de...
M. Caire : C'est ça, il y a
juste une porte d'entrée.
Mme Setlakwe : Il y a juste
une porte d'entrée.
M. Caire : C'est ça.
Mme Setlakwe : 100 %.
Puis, oui, oui, je ne prétendais pas le contraire, mais c'est important de le
préciser. Les organismes publics, donc, doivent... vont devoir s'assurer de
continuer de maintenir des services en personne...
M. Caire : Absolument.
Mme Setlakwe : ...donc des
prestations livrées d'une façon autre qu'électronique. Mais on s'entend que les
organismes publics vont devoir offrir les prestations électroniques.
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : Bon, c'est ça,
exactement. Et là la question se pose...
M. Caire : Non, mais c'est
parce que...
Mme Setlakwe : Oui?
M. Caire : Puis je m'excuse,
mais je pense que c'est important de le préciser, parce que, le cas échéant, un
citoyen pourrait dire : Bon, bien, moi, je dépose une plainte parce que
vous m'aviez dit que je ne serais pas obligé d'utiliser l'identité numérique
nationale, mais moi, je veux renouveler mon permis de conduire en ligne puis là
je suis obligé de me créer un compte dans l'identité numérique nationale, puis
vous m'avez dit que vous... que je n'aurais pas à faire ça. C'est important de
bien comprendre que, si le citoyen décide d'utiliser des services... des
prestations électroniques de services du gouvernement du Québec, il devra se
créer un compte ou une identité numérique nationale.
Mme Setlakwe : Tout à fait.
Sinon, il va devoir y aller en personne.
M. Caire : C'est ça. C'est
ça. Ça fait que c'est...
Mme Setlakwe : Oui, oui, je
ne dis pas...
M. Caire : Non, mais je ne
voudrais pas qu'on... Ah! bien, moi, j'avais clicSEQUR, je voudrais garder
clicSEQUR. Non. C'était... petite précision pour nous, pour le Journal des
débats.
Mme Setlakwe : Non, non,
puis... Oui, oui, je n'ai pas d'enjeu. Oui, si on souhaite obtenir des
prestations électroniques de services gouvernementaux, oui, il y aura une seule
façon de le faire, parce que, justement, on veut mettre de côté les anciennes
technologies, on ne veut pas...
M. Caire : Voilà.
Mme Setlakwe : Oui, ça, il
n'y a pas d'enjeu. Mais les organismes gouvernementaux doivent participer.
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : Elles vont
devenir... Ils vont devenir des autorités émettrices.
• (12 heures) •
M. Caire : C'est-à-dire,
bien, celles... Je veux juste bien comprendre votre question. Celles qui sont
déjà, de par leurs lois, des organismes émetteurs d'une attestation, oui.
Mme Setlakwe : Oui?
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : Et donc là on demande...
l'AQT demande... Parce qu'on dit que «l'identité numérique nationale représente
l'ensemble des moyens dont dispose l'État — l'État dans son sens
large — pour garantir à toute personne un accès sécurisé aux
prestations électroniques de services gouvernementales et lui permet d'avoir un
niveau de confiance élevé lors de ses interactions avec les organismes publics.
Le gouvernement — la question qu'ils posent, elle est bonne — est-il
prêt à garantir l'accès aux équipements et ressources nécessaires pour les
organismes utilisateurs, notamment ceux situés en région éloignée ou de taille
modeste, afin d'assurer leur conformité aux exigences du projet de loi?» Donc,
c'est toute la question de l'accompagnement, des investissements, etc.
M. Caire : Bien, dans le cas
des organismes publics, la réponse à cette question-là, c'est bien évidemment
oui. Dans le cas des organismes privés, du fait qu'ils n'ont pas l'obligation
de l'utiliser, non, on ne va pas payer les infrastructures des entreprises
privées. Par exemple, une institution financière voudrait utiliser l'identité
numérique nationale pour identifier, authentifier ses clients, je ne vais pas,
moi, financer le déploiement de l'infrastructure pour être capable de
l'utiliser. Ça, c'est sûr que non.
Mme Setlakwe : ...on
s'entend, là, c'est clair, mais...
M. Caire : Oui, oui, oui.
Bien, ça aussi, je pense que ça mérite d'être au Journal des débats,
alors...
Mme Setlakwe : D'être clair
et limpide.
M. Caire : Mais, dans le cas
du gouvernement du Québec, bien évidemment qu'on va financer la mise en place
de cette infrastructure-là, mais, dans le cas d'une société autre que le
gouvernement du Québec, puis même le fédéral, même une municipalité, si une
municipalité veut l'utiliser, bien, ça va nous faire plaisir, bien évidemment,
mais elle aura à sa charge de s'assurer que l'infrastructure est mise en place.
Mme Setlakwe : Et qu'elle
soit compatible avec...
M. Caire : Très... Bien
évidemment. Et c'est là... Et c'est là où le MCN, oui, va jouer un rôle, parce
qu'effectivement, nous, il faut qu'on puisse... qu'on puisse définir quels sont
les besoins, quelles sont les spécifications pour l'interopérabilité, etc, puis
même au niveau des prestations électroniques de service, parce que, bon, il y a
une connexion à faire entre la prestation et le service d'authentification. À
ce moment-là, il y a peut-être des éléments, ce qu'on appelle des API, à
développer. Donc là, à ce moment-là, nous, on doit... on doit guider les organismes
qui vont dans cette direction-là. Ça fait que ça, oui, effectivement, ce
support-là, on va le donner, parce que, de toute façon, on est les seuls à
pouvoir le faire. Mais l'infrastructure, qu'elle soit mécanique, qu'elle soit
logicielle, est à la charge de l'utilisateur.
Mme Setlakwe : Oui. Revenons
juste... Donc, on s'entend que le gouvernement du Québec, sa responsabilité,
c'est par rapport aux organismes publics du palier provincial.
M. Caire : Exact...
12 h (version non révisée)
Mme Setlakwe : ...éventuellement,
on espère, oui, que l'identité numérique nationale va pouvoir servir les
citoyens dans leurs interactions avec d'autres paliers de gouvernement. Et ce
sera à la... évidemment, à la charge de ces autres paliers de gouvernement là
et aussi des entreprises privées, mais j'aimais l'exemple des municipalités.
Donc, si on pouvait juste donner des exemples de prestations de services qu'on
pourrait recevoir, donc avec... à l'aide de notre identification numérique
nationale. On pourrait s'inscrire à des cours offerts par le service des
loisirs...
M. Caire : ...votre compte de
taxes.
Mme Setlakwe : Payer un
compte de taxes.
M. Caire : Personnellement,
au niveau de la ville de Québec, mon dossier fiscal, c'est un dossier
numérique, là, je ne reçois plus de...
Mme Setlakwe : De papiers.
M. Caire : ...de comptes de
taxes papier. Je vais sur mon compte au niveau de la ville de Québec. Donc, j'ai
un identifiant, évidemment, pour avoir accès à ces informations-là. Je reçois
le compte de taxes en question. Après ça, je vais m'acquitter de ces
paiements-là... Bien, je vais... j'utilise AccèsD pour le faire. Donc, encore
là, je vais sur Desjardins avec un autre système d'authentification. Mais, oui,
la ville de Québec pourrait par... ou toute autre municipalité, là, pourrait
dire : Bien, écoutez, moi, je veux utiliser l'identité numérique nationale
du gouvernement du Québec pour permettre à mes citoyens d'accéder aux
différents services numériques ou s'inscrire à des cours, etc. Oui.
Mme Setlakwe : Mais leur
question demeure, là, l'AQT. Je pense, ça vaut la peine qu'on creuse parce qu'on
parle... Là, ils parlent d'organismes publics utilisateurs. Tantôt, on a parlé
d'autorités émettrices comme la RAMQ, la SAAQ, qu'il y a des succursales un peu
partout à la grandeur du territoire. Mais leur question, c'est : Est-ce
que le gouvernement... Puis ça... j'aimerais ça avoir un chiffre en tête, quel
investissement ça représente pour le gouvernement, donc le déploiement?
M. Caire : Je ne suis pas en
mesure de vous répondre, sincèrement, je ne sais pas qu'est-ce que ça veut dire
en termes d'infrastructures pour les organismes, c'est propre à chaque
organisme parce que ça va dépendre, vous l'avez dit, puis la SAAQ a des
mandataires un peu partout au Québec. On peut penser que le déploiement de l'infrastructure
va être plus élaboré qu'avec un ministère, peut-être avec moins de... moins de
besoins en la matière, là. Donc, c'est propre à chaque organisme. Donc, chaque
projet de déploiement fera l'objet d'un dossier d'opportunité et d'un dossier d'affaires,
d'une autorisation. Puis, à ce moment-là, ça devient en fait un un projet en
ressources informationnelles au sens de la loi et qui va requérir les
différentes étapes. Puis, à ce moment-là, pour chaque projet, on aura une
évaluation puis des coûts qui seront... qui sont plus précis, mais
actuellement, je ne serais pas en mesure de vous dire, pour l'ensemble des
ministères et organismes du gouvernement du Québec, là, je ne serais pas en
mesure de vous dire on parle de combien d'argent.
Mme Setlakwe : O.K. Donc,
encore une fois, on n'est pas... ce n'est pas... J'essaie d'évaluer à quel
moment on va commencer à bénéficier de l'identité numérique nationale. On a
déjà parlé du portefeuille, mais vraiment, là, d'être capable d'interagir de
façon numérique avec les organismes gouvernementaux, sachant qu'il y a toutes
ces étapes-là devant nous. Puis, vous l'avez bien mentionné, là, le... avant qu'on...
qu'on puisse faire affaire avec tous les mandataires de la SAAQ... Mais est-ce
que vous avez un plan de déploiement? On va commencer avec qui, quel organisme?
M. Caire : Bien, en fait, en
partant, on a l'identité numérique, ça, c'est ce qu'on contrôle. Mais, comme je
vous disais, par exemple sur une attestation d'assurance maladie, c'est la
Régie de l'assurance maladie du Québec, là, on a reçu son président en
commission parlementaire qui doit faire la planification de ce projet-là. Comme
je vous le disais, bon, faire une planification, ça veut dire faire un dossier
d'opportunité, faire un dossier d'affaires, faire une évaluation du projet
comme tel, des coûts, les ressources humaines, les ressources financières qui
vont être allouées. Alors, on peut penser que, dans le temps, ça va prendre un
certain temps, mais c'est difficile pour moi de vous donner ces
informations-là, parce que ça doit faire l'objet d'une évaluation, là. Ça
représente quoi comme effort pour la RAMQ de développer cette attestation? Je
ne saurais pas vous le dire, là. C'est justement pour ça qu'on fait des
dossiers d'opportunité puis des dossiers d'affaires, c'est pour être capable d'avoir
une évaluation plus claire, plus précise de ça. Même chose au niveau de la
SAAQ. Ça va prendre des évaluations... pardon, plus précises pour être capable
de... au niveau du Directeur de l'état civil, même chose.
Après ça, bien, chaque organisme, comment
on le fait avec le système d'authentification gouvernementale, là, on a une
planification, à quel moment on va brancher tel ou tel ou tel organisme.
Désolé. Bien oui, on a une planification d'ici 2028...
M. Caire : ...28 pour
dire : O.K., cette année, on branche tel, tel, tel organisme, on fait du
parallélisme, par exemple, avec clicSÉQUR, comme on l'a fait avec mon Carnet
santé, puis on a une planification pour dire : O.K., là on envoie
décommissionner clicSÉQUR à telle date parce qu'on est satisfait de ce qui se
passe avec le service d'authentification, ça va bien, les citoyens ont fait la
transition. Alors, ça, on le fait avec le service d'authentification
gouvernementale. Donc, déjà, ça, c'est une prémisse positive pour le
portefeuille, parce que, si vous utilisez le SAG, qui est quand même une des
fondations du Service québécois d'identité numérique, on peut penser que le
portefeuille, après ça, va être inclus dans les habitudes de travail.
Maintenant, le déploiement des
infrastructures, ça aussi, ça fait l'objet d'un dossier d'affaires, d'un
dossier d'opportunités d'affaires. Alors, ce n'est pas simple, j'en conviens,
mais...
Une voix : ...
M. Caire : Oui, mais si on
veut... si on veut que ça se passe bien, on est mieux de prendre un petit peu
plus de temps, puis faire un petit peu plus de planification, puis un petit peu
plus d'analyse pour s'assurer que ça se passe bien, après ça, quand on est
rendu à l'étape du développement et du déploiement.
Mme Setlakwe : Tout à fait.
Donc, c'est pour ça qu'on a demandait, nous, une feuille de route, un plan.
Finalement, on réalise que, tout ça, c'est vraiment un premier pas.
M. Caire : C'est le cadre
juridique, c'est... en fait c'est la prémisse, parce que, sans cadre
juridique... de toute façon, on ne s'en servira pas des attestations. Puis il
faut que ça ait une valeur juridique.
Mme Setlakwe : Oui, je
comprends, mais c'est quand même bien, donc, de quand même avoir une idée d'à
quel moment est-ce que tout ça va devenir concret.
• (12 h 10) •
M. Caire : Bien, comme je
dis, le portefeuille d'identité numérique, c'est déjà un premier pas, comme on
l'a fait avec le service d'identification gouvernemental. Alors, longtemps, le
premier client qui était branché sur le SAG, c'était le MFA. Puis on parle de
quelques centaines d'éducatrices, là.
Alors, tu sais, si on regarde ça, on se
dit : Mon Dieu, tu sais, ce n'est pas... ce n'était pas énorme. Puis,
après ça, au fur et à mesure, nous on discute avec les ministères et organismes
et on voit avec eux comment on peut faire le branchement de leur prestation électronique
de service. Le deuxième client a été la SAAQ. Après ça, on a eu Carnet Santé,
on a eu l'AMF, on a eu le ministère de l'Environnement. Alors, au fur et à
mesure qu'on fait ces branchements-là, cette année, c'est Revenu Québec, là,
qui est... ou la CNESST, là, je ne veux pas dire de niaiseries, là, les gens de
Revenu Québec, paniquez pas si je me trompe, là, c'est possible et je ne veux
pas semer d'émoi, mais je... mais on continue ça une étape à la fois, puis ça
se passe très bien. Je veux dire, on est satisfait du résultat à date. Donc, on
va faire la même chose avec le portefeuille.
Mais il y a aussi... parce qu'il faut
aussi respecter où est ce que les ministères et organismes en sont rendus.
Alors, demain matin, moi, si je dis : Bon, bien là, vous déployez les les
infrastructures, jusqu'à quel point ils sont prêts à ça? Jusqu'à quel point
c'est possible pour eux de faire ça? Jusqu'à quel point, en termes de budget,
ils peuvent le faire? Puis il y a plusieurs considérations, là, qui sont... Ça fait
qu'avant de dire : Bien, vous le faites... c'est quand même un fardeau en
termes de ressources humaines, matérielles et financières qu'on met dans leur
cour, là, ça fait qu'il faut avoir ces discussions là avec eux pour voir par
étapes comment on va y arriver. Mais on va y arriver.
Mme Setlakwe : Merci. Moi,
j'ai un engagement à 12 h 15, mais ma collègue est là. J'en poserais
une dernière parce que vous avez parlé de clicSÉQUR, puis, éventuellement, de
le débrancher, d'y mettre fin, est-ce que vous avez une idée de cet
échéancier-là, d'une date...
M. Caire : Pour Carnet santé?
Mme Setlakwe : cliqSÉQUR, à
quel moment est-ce qu'on met fin à clicSÉQUR?
M. Caire : Bien, pour Carnet
Santé, c'est le 12 mars qu'on me dit qu'on va décommissionner clicSÉQUR
pour Carnet Santé. Pour les autres, bien, c'est parce qu'il y en a qui ne sont
pas encore branchés au SAG, ça fait qu'on ne peut pas décommissionner cliqSÉQUR
avant qu'il soit décommissionner au SAG.
Mme Caron : Donc, on parle du
12 mars 2025?
M. Caire : Pour mon Carnet
santé, oui.
Mme Caron : O.K., puis...
Des voix : ...
M. Caire : Non, non, pour mon
Carnet santé, pas pour toutes les... Il y a 14 prestations électroniques
de service qui utilisent clicSÉQUR. La première qu'on va décommissionner, c'est
Carnet santé.
Mme Caron : Donc, les gens
qui utilisaient Carnet santé, maintenant vont devoir obligatoirement aller au
SAG pu bien...
M. Caire : Bien, en fait,
c'est que depuis l'été dernier, les citoyens ont le choix entre les deux.
Alors, le SAG, ils pouvaient créer leur compte SAG, aller sur mon Carnet santé,
mais ils pouvaient continuer à utiliser clicSÉQUR aussi. Puis, tranquillement,
on les a incités à s'en aller vers le service d'authentification
gouvernementale, puis là on arrive à un taux d'utilisation du SAG pour se
brancher à Carnet Santé qui nous rassure sur le...
M. Caire : ...on peut
décommissionner clicSEQUR, puis les citoyens ont pas mal fait le transfert.
Mme Caron : Alors, qu'il soit
dit que si les personnes utilisaient carnet santé via clicSEQUR depuis un
certain temps, que, là, ils ont jusqu'au 12 mars, finalement, pour passer à...
M. Caire : Et ils ont été,
depuis plusieurs, plusieurs, plusieurs mois, avisés, là, qu'on s'en allait dans
cette direction-là.
Mme Caron : Donc, il y a
juste peut-être quelques personnes qui ont... qui n'ont pas eu le temps de le
faire et puis qui...
M. Caire : Possiblement.
Mme Caron : ...leur reste
encore quelque temps. Parfait. Dans la discussion avec ma collègue à propos, en
fin de compte, des ministères et organismes qui vont devoir, je dirais,
embarquer dans le train, si je peux m'exprimer ainsi, de l'authentification
numérique, bon, vous avez dit qu'évidemment c'est à eux de gérer leurs affaires
pour... parce que ça implique des ressources financières, matérielles, etc.,
mais est-ce qu'il y a déjà eu des discussions avec, par exemple, les ministères
ou organismes qui, vous prévoyez, seront les plus gros utilisateurs ou les plus
susceptibles, tu sais... ou que vous voulez voir utiliser l'identité numérique
le plus tôt possible, peut-être, en raison de la classification de leurs
données selon le niveau de sensibilité, et tout ça? Alors, est-ce que ces
ministères-là ont déjà quelque chose en marche ou ça va être une fois que ce
sera dit... est-ce qu'il y a déjà eu des discussions, finalement, pour un
travail un petit peu en parallèle? C'est sûr qu'ils ne peuvent pas faire des
choses sans que le cadre juridique soit là, mais est-ce qu'il y a quelque chose
déjà qui commence à se prévoir, peut-être le dire comme ça.
M. Caire : Pas encore. Oui,
il y a des discussions. La réponse à votre question, c'est oui, il y a eu des
discussions, mais on n'est pas à l'étape d'officialiser ça avec des dossiers
d'opportunité. On n'est pas encore rendu à cette étape-là dans le cas des
émetteurs d'attestation. Donc, il y a des discussions. Ils savent que ça s'en
vient, ils savent vers où on s'en va. Ils doivent commencer effectivement à en
faire la planification, mais on n'est pas à l'étape d'avoir déposé des dossiers
d'opportunité. On n'est pas rendu à cette étape-là.
Mme Caron : Puis, quand vous
parlez d'émetteurs d'authentification, bien, ça peut être, par exemple, la
SAAQ, pour les permis de conduire, la RAMQ, pour la carte d'assurance maladie,
je ne sais pas quel...
M. Caire : État civil, par
exemple, pour le certificat de naissance.
Mme Caron : Oui. D'accord.
Alors, bon, voyons, j'oublie ma question. Ces émetteurs-là, qui sont quand
même... c'est quand même important, vous avez parlé dossier d'opportunité,
alors à quel moment ça vient, dans le rôle de courtier du ministère? Est-ce que
le dossier d'opportunité vient... Bien, peut-être vous pouvez... Je vois que
vous faites non de la tête, peut-être que...
M. Caire : Non, bien... Oui,
parce que ce n'est pas en lien avec le courtier. Là, on est vraiment dans la
responsabilité de l'organisme émetteur de faire sa planification, de rédiger
son dossier d'opportunité, de le faire approuver, de rédiger son dossier dans
son dossier d'affaires pour autorisation du projet. Donc, on est dans cette
séquence-là. Le courtier, lui, va vraiment se concentrer sur les différents
secteurs qu'on a ajoutés, pour lesquels il va qualifier des entreprises, mais
il n'est pas impliqué, là, dans la rédaction, là, des attestations.
Mme Caron : Bien, ça, je
comprends ça, parce que, d'abord, il faut que le projet soit ficelé, autorisé,
et tout ça avant afin d'en arriver peut-être à aller passer un contrat,
conclure un contrat avec l'un des fournisseurs préqualifiés dans le dossier.
M. Caire : Dans les champs
qu'on a ajoutés aux courtiers, je vous dirais que les compétences qui vont être
nécessaires à la réalisation d'un dossier d'affaires, on ne parle pas d'un PGI,
c'est vraiment : on doit créer une attestation compatible avec le
portefeuille numérique du gouvernement, on n'est pas dans... peut-être au
niveau de la cybersécurité, mais, encore là, la responsabilité revient au chef
gouvernemental de la sécurité de l'information de s'assurer que les normes sont
respectées, mais on n'est pas dans une infrastructure infonuagique... bien, pas
dans ce qui concerne les attestations numériques. Alors, les différents
secteurs...
M. Caire : ...d'activité du
courtier ne fournirait pas les ressources qui seraient nécessaires à ce profil
de projet là. C'est vraiment aux organismes émetteurs de voir à l'interne leurs
ressources disponibles puis, après ça, bien oui, peut-être, à ce moment-là,
aller en externe pour certaines expertises particulières ou ressources
nécessaires à la réalisation. Mais on serait à ce moment-là dans un appel
d'offres standard. On ne serait pas au niveau du courtier en infonuagique et en
technologies spécialisées.
Mme Caron : Et quand on...
quand on a parlé...
(Interruption)... pardon... de
l'article... quand on... de l'article quatre, j'avais compris qu'il y avait...
le courtier pouvait avoir... mais là peut-être que je me trompe avec le rôle du
ministère, mais pouvait avoir des experts ou une expertise qui pouvait être
donnée à un ministère... bien, offerte à un ministère ou à un organisme pour
l'aider dans ça.
M. Caire : Non, ça, c'est...
Mme Caron : Ce n'est pas au
niveau du dossier d'affaires.
M. Caire : Oui, c'est au...
Non. Ça, c'est... Ce dont je parlais, là, on parle du Centre québécois
d'excellence numérique. C'est au niveau du... C'est un... C'est un organisme
administratif interne au MCN. Donc, le courtier n'est pas... n'est pas impliqué
là-dedans. C'est vraiment le ministère. Puis c'est pour ça que je dis : On
a changé le mandat dans l'article 1, on a changé le libellé du mandat du
MCN pour dire «des services en ressources informationnelles». Parce que le
ministère peut, oui, dans certains projets... puis c'est un bon exemple,
pourrait fournir effectivement de l'expertise si c'est requis. Mais je vous
dirais qu'au niveau de nos sociétés d'État, elles ont... elles ont quand même
les ressources nécessaires pour la réalisation de leurs projets, là.
Mme Caron : Ils n'ont pas
besoin d'aller... d'aller voir...
M. Caire : Bien, sans dire
qu'ils n'ont pas besoin, c'est plus... c'est plus épisodique, mettons.
Mme Caron : O.K. Parce que
normalement les ressources sont là pour... Ils n'ont pas besoin d'aide, disons,
de l'externe pour faire un dossier d'affaires pour faire approuver leur projet.
Les étapes sont connues, sont...
M. Caire : Ils sont... Ils
sont très autonomes.
Mme Caron : C'est ça. Ils ont
déjà toute l'expertise à l'interne. Alors, comme...
• (12 h 20) •
Le Président (M. Simard) : Désolé
de vous interrompre. Simplement pour votre gouverne, alors le temps imparti de
manière spécifique à l'étude de 10.2 est révolu. Et là vous empruntez dans
votre temps général.
Mme Caron : Alors, je suis en
train d'utiliser la carte de crédit, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : C'est
un... C'est un peu ça. Alors, mais c'était pour votre gouverne personnelle.
Vous pouvez continuer, vous savez. Mais sachez que...
M. Caire : Pour ma
compréhension, M. le Président, ce que vous dites, c'est que le temps pour 10.2
serait révolu. Là on serait sur le temps de 10.3?
Le Président (M. Simard) : Non.
Pas du tout. C'est que chaque député a un temps bien précis de parole pour
chaque article.
M. Caire : Mais chaque
paragraphe ou pour l'article au complet?
Le Président (M. Simard) : C'est
ça. Puis, en plus, il a un temps global pour l'ensemble de l'article.
M. Caire : O.K.
Le Président (M. Simard) : Et
le temps dévolu à 10.2 étant complété...
M. Caire : De toute façon, M.
le Président, je m'en remets à vous pour...
Le Président (M. Simard) : Je
vous remercie beaucoup, cher ami. Mme la députée, veuillez poursuivre.
Mme Caron : Et je m'en remets
à vous également, M. le Président, pour tenir... tenir le temps. Donc, de toute
façon, pour le 10.2, je crois que j'arrivais à la fin. Sinon, de dire que,
c'est ça, je pense que ma collègue, quand elle questionnait sur les contrats ou
sur les... pour les divers ministères, c'est pour essayer d'avoir une idée de
quand ce serait en application. Ce que je comprends, parce qu'il n'y a pas
nécessairement de feuille de route qui nous dise qu'il y a des objectifs pour
tel ministère ou émetteur ou autre de réaliser le projet pour que... pour
pouvoir utiliser l'identité numérique nationale, donc ça va être à géométrie
variable. On peut avoir... Peut-être qu'on pourra avoir - là je dis n'importe
quelle date, là, arbitrairement - au 1er décembre 2026, peut-être qu'on
pourra utiliser l'identité numérique nationale pour notre permis de conduire,
mais peut-être pas pour notre carte d'assurance maladie, ou l'inverse. Alors,
il va y avoir une période de transition où on ne pourra pas nécessairement...
on n'aura pas, disons, tout de suite la globalité du bénéfice d'une identité
numérique nationale. Pour avoir tout sur notre portefeuille numérique,l ça va
être une chose à la fois, en fonction de ce que les ministères et organismes
pourront réaliser.
M. Caire : Vous avez bien
compris.
Mme Caron : D'accord. Merci.
Ça va pour moi. Merci.
Le Président (M. Simard) : C'est
sûr que c'est un gros article. Alors, on poursuit avec 10.3, M. le ministre,
pour les commentaires.
M. Caire : Oui, M. le
Président. Donc, l'article se lit comme suit : «L'utilisation de
l'identité numérique...
M. Caire : ...ne peut pas être
imposé par un organisme public à une personne afin de fournir à cette dernière
une prestation de service gouvernementale.
Donc, M. le Président, c'est un petit peu
ce que j'expliquais, tout à l'heure, puis que je tiens à réitérer. On ne peut
pas obliger quelqu'un à utiliser les services numériques du gouvernement. Ceci
étant dit, à terme, vu que l'identité numérique nationale va remplacer tous les
autres systèmes, services d'authentification, et compte tenu qu'il est requis
d'identifier et d'authentifier un citoyen avant de lui donner accès à une
prestation électronique de service, il est clair à ce moment-là que l'identité
numérique nationale sera la seule porte d'entrée à être utilisée par les
citoyens. Donc, il faut quand même faire la nuance. Un citoyen ne pourra pas
dire : Bien, moi, je veux m'identifier, m'authentifier, mais avec d'autres
choses que l'identité numérique nationale, ce ne sera pas possible. Par contre,
en aucun temps, en aucun temps, un ministère ou un organisme ne pourra
dire : Ben, moi, à partir de maintenant, je ne donne que des services via
une prestation électronique de services. C'est ce que cet article-là a comme
objet.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Donc là, j'ai peut-être mal compris une chose que vous avez dite, ou
j'avais mal compris avant, la... la prestation de services ne sera pas donnée
uniquement en ligne, mais l'authentification, elle, sera-t-elle donnée
uniquement en ligne?
M. Caire : Si le citoyen
décide, parce que le citoyen demeure... conserve le choix de la façon dont il
souhaite recevoir la prestation de services. Si le citoyen veut une prestation
de services par... physique, alors, en personne, bien, à ce moment-là, il n'a
pas... il n'a pas nécessairement... je dis bien pas nécessairement besoin
d'utiliser l'identité numérique nationale, parce qu'il va conserver ses pièces
d'identité physiques, si c'est ce qu'il souhaite utiliser, ce sera possible.
Et la prestation électronique... bien,
c'est-à-dire la prestation de services, pardon, pourra être donnée de personne
à personne. Ça, ça demeure et ça demeure le choix du citoyen. Maintenant, si le
citoyen veut aller sur le site, par exemple, prenons l'exemple de SAAQclic, si
le citoyen veut vérifier si son permis de conduire est valide, par exemple, il
doit s'identifier, s'authentifier, parce que la SAAQ ne peut pas lui donner
accès aux informations d'un compte de citoyen sans s'assurer qu'il est le
citoyen détenteur de ce compte. Donc, la façon de s'identifier et
s'authentifier, ça, il n'a pas le choix, c'est l'identité numérique nationale.
Il n'aura pas... il n'aura pas le choix de son système d'authentification.
Mme Caron : Pour les services
qui sont donnés en ligne, c'est ça.
M. Caire : Pour les services
qui sont donnés en ligne.
Mme Caron : C'est ça... c'est
ça, la nuance. Si je vais... si je vais chez le médecin, le médecin ne va
pas... il va accepter la carte d'assurance maladie, il ne va pas me demander de
m'identifier d'une autre... d'une autre manière.
M. Caire : Absolument,
absolument. Avec l'identité numérique nationale, non... vous voulez avoir votre
carte physique d'assurance maladie puis aller donner votre carte d'assurance
maladie, le réseau de la santé va continuer à dire : Bien, parfait, c'est
un document valide du gouvernement du Québec, c'est ton choix de l'utiliser. On
respecte ton choix. Par contre, il y aura une possibilité d'utiliser l'identité
numérique nationale si c'est le choix du citoyen.
Mme Caron : Et puis dans... toujours
dans le cas de l'exemple de la consultation médicale, que ce soit un médecin de
famille ou que ce soit dans une urgence ou dans... une personne qui est
hospitalisée, est-ce que, pour avoir accès au dossier du patient... est-ce que
ça va aussi prendre l'authentification numérique, étant donné que le dossier
est... ce n'est pas un service en ligne, mais le dossier lui-même, il est
informatisé. Est-ce que ça va aussi prendre...
M. Caire : C'est un service
en ligne, techniquement. Je veux dire, si, moi, comme professionnel de la
santé, j'utilise un système informatisé pour avoir accès aux informations dont
j'ai besoin, bien, c'est un service numérique. Et, bien évidemment que ce
service numérique là va nécessiter que le professionnel de la santé s'identifie,
s'authentifie. Parce qu'à partir de là c'est comme ça que je détermine à quoi
je peux lui donner accès, mais il faut d'abord qu'il me dise qui il est, puis
qu'il prouve qu'il est qui il prétend être. Et ensuite, moi, je peux
dire : Bon, bien, je peux te donner accès, par exemple, vous êtes le
médecin de M., Mme, bon, bien, je vous donne accès à son dossier médical
complet. Puis c'est de dire aussi comment...
M. Caire : ...comment je te
donne accès? Parce que, comme médecin, vous pouvez ajouter des éléments,
diagnostics, prescriptions, etc. Donc, je dois te permettre d'ajouter des
éléments au dossier. Tu peux décider que tel ou tel élément du dossier n'est
plus pertinent, tu le retires, par exemple, puisque tu es son médecin traitant.
Alors, tu peux retirer ces éléments-là du dossier, tu peux décider juste de le
lire, etc. Tout ça est journalisé, bien évidemment.
Maintenant, si vous êtes un autre
professionnel de la santé, bon, physiothérapeute, par exemple, est-ce que je ne
vous donnerai pas accès au dossier d'imagerie médicale, ou peut-être que oui,
ou peut-être que non, bon, dépendamment de ce que vous avez. Alors, c'est tout
ça, mais la base, le point d'ignition de tout ça, c'est ma capacité à vous
identifier ou vous authentifier, qui va me permettre, après ça, de vous
dire : Alors, oui, il faut utiliser un service de l'authentification avant
d'utiliser un service informatisé, quel qu'il soit, dans la mesure où ce
service-là nous donne accès à des renseignements qui sont protégés.
Mme Caron : Alors, dans le
cas, donc, de la consultation médicale, ce n'est pas le citoyen qui... ce n'est
pas l'identité numérique du citoyen qu'on va devoir utiliser pour avoir accès
au dossier, c'est l'identité numérique du professionnel de la santé qui a
besoin de consulter ou de modifier le dossier du patient. Alors là, est-ce
qu'il y a une double... est-ce qu'il y aura comme une double authentification?
Dans le sens où moi, je suis médecin, je m'authentifie... document et là je
veux aller consulter le dossier du patient qui est devant moi, et non pas de
l'ensemble des patients à l'hôpital, à ce moment-là, est-ce qu'il y a... il y
aura une étape d'authentification absolument numérique du patient ou juste le
fait d'avoir la carte d'assurance maladie du patient, je vais pouvoir, je ne
sais pas, entrer son numéro pour avoir les données?
• (12 h 30) •
M. Caire : Bien non, parce
que, si vous vous présentez, Mme la députée, vous présentez votre carte
d'assurance maladie au professionnel de la santé, fort bien, mais qu'est-ce
qui, moi, me prouve que... ce professionnel de la santé là a accès à quelle
information? Donc, je n'ai pas le choix de l'identifier et de l'authentifier
pour lui donner accès à vos informations. Votre carte d'assurance maladie n'est
pas une garantie, par exemple, qu'il aurait le droit de faire du diagnostic.
Parce que vous allez offrir votre carte d'assurance maladie, ça peut être à
toutes sortes... il y a toutes sortes de professionnels de la santé qui peuvent
vous demander votre carte d'assurance maladie, mais toutes sortes de
professionnels de la santé n'ont pas accès à tous vos renseignements de santé.
Donc, si je veux être capable de circonscrire l'accès aux renseignements qui
sont strictement nécessaires à la prestation de services, je n'ai pas le choix,
je dois identifier et authentifier ce professionnel de la santé là, et ça,
votre carte d'assurance maladie ne me permet pas de faire ça.
Mme Caron : Absolument. Je
vous suis sur toute la ligne là-dessus. C'est d'abord le professionnel de la
santé qui doit s'identifier et s'authentifier, mais une fois que c'est fait,
une fois qu'un médecin, je ne sais pas, moi, docteur Bouchard, s'est identifié,
c'est le médecin de M. Éric Caire et... bien là, pour avoir accès aux dossiers
du patient Éric Caire, qu'est-ce qu'il va faire?
M. Caire : Bien, O.K., c'est
parce que, là, on est dans la gestion des accès, mais docteur Bouchard, c'est
mon médecin traitant, je suis inscrit auprès de lui. À partir de là, si docteur
Bouchard fait une demande pour dire : Bien, je voudrais avoir le dossier
médical de mon patient, la première validation, c'est : est-il
effectivement... il dit qu'il est le docteur Bouchard, est-ce que c'est vrai et
est-ce qu'il est le docteur Bouchard qui est le médecin traitant de M. Caire?
La réponse à ça, c'est oui. À partir de là, comme il est le médecin traitant,
là, c'est la gestion des accès, donc des permissions.
Alors, oui, effectivement, il a le droit
d'avoir accès à mon dossier. Donc, à partir de là, il peut demander mon
dossier, et pas nécessairement dans un contexte de consultation, je veux dire,
Dr Bouchard pourrait décider, à un moment donné... ah! attends un peu, j'ai-tu
fait telle affaire? Je reviens dans son dossier, na na. Puis tout ça est journalisé,
là, on ne l'oublie pas. Donc, dans le contexte de la consultation, lui, il
dit : Bien, j'ai M. Caire qui est dans mon bureau comme patient, je veux
avoir accès à son dossier, ou j'ai téléphoné à M. Caire pour savoir est-ce que
ça s'était bien passé, tel ou tel traitement, ou consultation, etc., je
l'appelle, bon, bien, je peux réouvrir son dossier puis dire: O.K., j'ai parlé
avec M. Caire puis j'ai fait telle question, puis il m'a dit telle affaire.
Donc, l'accès n'est pas limité en termes de nombre ou de moment, l'accès est
limité en termes de : est-il le professionnel de la santé qui doit avoir
accès...
12 h 30 (version non révisée)
M. Caire : ...à mon dossier,
oui ou non.
Mme Caron : Alors, dans le...
Des voix : ...
M. Caire : Me Bacon me
dit que c'est dans le projet de loi n° 3 qu'on a
le... dans le dépôt de... la création du dépôt de renseignements de santé que
ces accès-là vont être gérés. Mais, en même temps, votre question est
pertinente, parce que, oui, c'est dans le p.l. n° 3
pour le dépôt de renseignements de santé, mais pour y donner accès, c'est le
service d'identité numérique nationale qui va me permettre de l'identifier
puis, après ça, de décider quels sont les accès auxquels je...
Mme Caron : Puis dans...
Alors, ça, je comprends bien, on peut... on pourra confirmer que Dr Bouchard
est le médecin traitant du patient Éric Caire. Maintenant, si une personne
arrive... a un accident de la route, arrive dans une urgence qui n'est pas dans
sa région, c'est sûr que le médecin qui va le traiter là va... ne le connaîtra
pas, ce ne sera pas son médecin traitant, mais a peut-être quand même besoin d'avoir
accès au dossier pour voir est-ce que c'est une personne qui prend tel, tel
médicament, parce que j'imagine que les médicaments seront dans le dossier
aussi. Ou que le médecin traitant prescrit des médicaments, mais que, pour une
raison ou une autre, le patient ne va pas à sa pharmacie habituelle, il va à
une autre, est-ce qu'il y aura... est-ce qu'il y aura authentification qui sera
nécessaire là ou est-ce que ça va continuer de fonctionner comme les pharmacies
fonctionnent actuellement?
M. Caire : Et là il faut
distinguer deux choses. L'identification et l'authentification, pour avoir
accès à une prestation électronique de services... et là j'inclus, dans cette
définition là, un professionnel de la santé ou un professionnel qui a besoin d'avoir
des informations sur une personne... Alors, du moment où on parle de donner des
accès à des renseignements qui sont personnels, de santé, etc., du moment où on
parle de ça, il doit y avoir identification, authentification, ça, c'est clair,
net et précis, que ce soit le pharmacien, que ce soit le médecin, que ce soit l'infirmière-cheffe,
que ce soit le physiothérapeute. Alors, c'est une... c'est une nécessité avant
de vous donner accès à n'importe quel renseignement, c'est une nécessité de
vous identifier et de vous authentifier. Après ça, bien là — c'est la
discussion qu'on a eue — comment on gère les accès, ça, ça se fait au
niveau local.
Mais l'identité et la gestion des accès, c'est
deux choses. Je vous identifie, je vous authentifie, vous êtes bel et bien le
Dr Bouchard. Après ça, c'est le gestionnaire du réseau qui, localement, va dire :
Bon, bien, est-ce que... bien là, le médecin traitant, c'est le Dr Bouchard,
mais là c'est le Dr Tremblay qui est à l'urgence puis qui fait la requête.
Est-ce que je donne accès ou non? Bien là, ça, c'est toute la politique de
gestion des permissions qui entre en ligne de compte. Ça, l'identité numérique
n'intervient pas là-dedans, là, on est vraiment dans la gestion des
permissions, et ça, ça se fait au niveau local.
Mme Caron : O.K., et puis... O.K.,
donc il n'y aura pas de deuxième authentification. C'était ça, la... ma
question d'origine. Une fois que le professionnel est identifié...
M. Caire : ...identifié,
authentifié, c'est réglé. Après ça, on tombe dans les politiques de gestion de
permissions d'accès, oui.
Mme Caron : D'accès, parfait.
Puis là, si je parle des pharmaciens, à l'heure actuelle, si on se présente à
la pharmacie, on donne... évidemment, notre dossier est informatisé, on donne
notre numéro de téléphone, ils ont toutes les informations, y compris notre
garantie d'assurance et tout ça. Alors, est-ce que ça, c'est quelque chose qui
va rester tel quel ou bien s'il y aura des changements?
M. Caire : On est dans la...
comme je vous dis, on est dans la gestion des accès. Donc, moi, l'étape qu'on
amène, qu'on formalise, c'est l'étape d'identification, d'authentification.
Comme je vous dis, là, si on parle d'un pharmacien, bien, c'est le pharmacien
untel qui a demandé à avoir accès à mon dossier pharmacologique. Donc, ça, c'est
l'identité, là... ça, c'est le bout que nous, on... c'est de s'assurer que c'est
bien M. ou Mme le pharmacien untel, une telle, puis que cette demande là, elle
est bien faite par cette personne-là. Après ça, on tombe dans la gestion des
accès, puis ça, c'est une autre politique qui est gérée à un autre niveau. Ce n'est
pas en lien avec l'identité, ce n'est pas en lien avec quels services
utilise-t-on pour identifier, authentifier la personne, puis ça, c'est l'identité
numérique nationale. Après ça, la politique de gestion des accès, ce n'est pas
en lien. Vous pourriez le faire... vous l'avez dit vous-même, vous pourriez le
faire avec clicSÉQUR, vous pourriez le faire avec Salesforce. Il y en a
différents qui existent, qui vont... qui servent...
M. Caire : ...identifier,
authentifier, soit des professionnels soit des individus, mais, après ça, quand
on gère les accès, bien... Puis c'est pour ça que la discussion qu'on avait eue
pendant les consultations particulières, puis que les gens me disaient :
Ah! il faut intégrer tout ça... non, non, non. La gestion des accès, là, puis
je pense que notre discussion montre à quel point ça peut être complexe, ça
peut être précis, ça peut être totalement différent d'un service à l'autre,
d'un individu à l'autre, d'une pharmacie à l'autre, d'un médecin à l'autre, ce
n'est pas... il n'y a rien, là, qui est totalement standard, là, c'est vraiment
des politiques très, très locales.
Mme Caron : Puis... Mais la
sécurité de... comment je... pas la sécurité des politiques, mais le... Est-ce
qu'il y a des normes de gestion? Parce que je comprends que la gestion ne va
pas se faire au ministère de la Cybersécurité et du Numérique, mais dans chaque
organisme et les ministères concernés, mais est-ce que le ministère de la
Cybersécurité et du Numérique s'assure que les politiques répondent à des
normes en lien avec l'identité numérique nationale? Parce que je... Puis là je
ne le sais... je pose la question parce que je ne le sais vraiment pas. Est-ce
que, quand on a une identité numérique nationale, par exemple, il y a des
normes peut-être plus serrées, plus élevées à respecter dans la gestion des
accès? Puis même si ça se fait dans les ministères et organismes eux-mêmes,
est-ce que le ministère qui chapeaute, qui est responsable de la sécurité de
nos données, et tout ça, va émettre ou compte émettre certaines normes, certaines
normes à respecter?
• (12 h 40) •
M. Caire : Bien, quand vous
parlez d'une norme, c'est difficile de normaliser les accès parce qu'il y a
tellement de cas de figure, que dire : Je suis dans une norme générale, ça
devient... ça devient difficile.
Donc, en termes de sécurité des systèmes,
oui, on peut s'assurer de la solidité, de la robustesse des systèmes, par
exemple, le service d'authentification gouvernementale répond à des normes
internationales, répond à des normes canadiennes, en tout cas, on est arrimé
sur les normes canadiennes, oui, parce que ça, il y a une certaine
standardisation. Il y a les normes ISO 9001, il y a... en termes de
cybersécurité, il y a la norme... types, deux, il y a le... qui établit
aussi... Alors, ça, oui, mais sur les accès normalisés, comment je vous donne,
à vous, accès, à quoi je vous donne accès, de quelle façon... M. le député
d'Arthabaska, bien, c'est une autre réalité. Dans son cas, à lui, on pourrait
ne pas souhaiter lui donner d'accès. Je vous taquine. Non, mais, plus
sérieusement, c'est... alors ça, ça dépend, c'est très, très, très
contextualisé, les accès.
Maintenant, on peut, on peut, oui,
élaborer un système de gestion commun au niveau des accès. Oui, ça, c'est
possible, mais, après ça, définir les permissions, créer des groupes de
permissions, inclure des individus dans des groupes de permissions, ça, c'est
très, très, très local, là, il n'y a pas... c'est très difficile de normaliser
ça, là.
Mme Caron : Je comprends tout
à fait. En fait, peut-être que le mot «norme» n'était pas le mot juste à
utiliser. C'était plus parce qu'il y a des normes internationales, et, bon,
toute une panoplie de normes que vous venez de nommer. Mon souci était plus à
l'égard de la robustesse des systèmes mis en place pour s'assurer que les
normes existantes sont respectées et que... Et c'est là que je me demandais si
le ministère de la Cybersécurité...
M. Caire : La réponse, c'est
oui, le ministère de la Cybersécurité a établi des normes au niveau de la cybersécurité.
Mme Caron : Et les ministères
et organismes qui gèrent leurs propres accès doivent...
M. Caire : Sont tenus de les
respecter.
Mme Caron : Sont tenus de les
respecter. Alors, c'est de ces normes-là dont je parlais, et non pas d'aller...
Parce que, comme vous l'avez bien dit dans la discussion sur l'accès au dossier
médical, on a bien vu que ça peut être très, très compliqué, et peut-être mieux
vaut... peut-être que le principe de subsidiarité est plus...
M. Caire : Plus difficilement
applicable.
Mme Caron : Plus
difficilement applicable si ce n'est pas fait par un ministère ou l'organisme
concerné. Alors, pour... On le dit clairement, l'intention du législateur est
là que l'utilisation de l'identité numérique ne peut pas être imposée par un
organisme public à une personne, que ce soit une personne physique ou morale,
afin de fournir à cette dernière une prestation de service gouvernementale.
C'est le texte de l'article 10.3...
Mme Caron : ...mais...
Évidemment, on utilise... on veut utiliser l'identité numérique nationale pour
des fins de modernisation, de facilité d'accès, d'efficience aussi au sein du
gouvernement. Et c'était l'un des groupes qui étaient venus nous voir, il
disait : Bien, c'est parce qu'habituellement, quand on veut s'assurer
qu'on... quand on met un système en place puis qu'on fait un projet, on veut
s'assurer de son efficience, on a des indicateurs qui nous montrent si, oui,
c'est bien utilisé, si ce n'est pas utilisé, bien, pourquoi, on cherche à
savoir pourquoi, puis on amène un correctif maintenant. Et à quel moment on
détermine qu'effectivement c'est efficient? Bien, évidemment, on n'a pas la
réponse maintenant, là, mais on peut dire : Bien, si j'ai 2 millions
de Québécois qui l'utilisent la première année ou bien tel pourcentage de la
population qui se sert effectivement de tout ce qui est disponible à tel
moment, parce qu'on comprend que la disponibilité va varier en fonction de la
réalisation des projets dans chaque ministère et organisme, donc on risque,
j'imagine, de se fixer des cibles, de dire : Bien, quand on aura
atteint... si on a atteint 25 %, 30 %, 35 %, on voit une belle
gradation, on sait qu'on est sur la bonne voie, que ça fonctionne bien. Puis on
se dit : Bien là, O.K., en plus, c'est efficient et on peut continuer par
saine gestion d'être encore plus efficient, et tout ça. Alors, on finit par se
fixer des cibles, de dire : Bien, si on arrive, je ne sais pas, moi, à
60 %, c'est un chiffre totalement arbitraire, là, admettons 60 %
d'utilisation, on est satisfait. Et là, bien, pour se rendre à 60 %
d'utilisation, peut-être que, dans certains cas, pour certains services
publics, ça va être assez facile de s'y rendre, mais peut-être que dans
d'autres non.
Et la crainte qui nous est exprimée par le
groupe, c'est que, bien, si on fixe une cible, on va vouloir y arriver. Est-ce
que même si l'intention du législateur n'est pas d'empêcher quelqu'un d'avoir
une prestation de service gouvernementale, parce que la personne ne peut pas ou
ne veut pas utiliser l'identité numérique, mais veut continuer d'utiliser les
moyens traditionnels, bien, peut être que'on va voir qu'effectivement, là, tu
sais, il y a une pression. Peut être pas par le législateur, là, mais dans la
machine gouvernementale, il y a une certaine pression pour diriger les gens
vers l'utilisation du service d'identité numérique, alors que peut être les
gens ne sont pas à l'aise avec ça ou ont peut-être des difficultés ou ne
pourront pas s'en servir. Alors, on ne voit pas... je ne vois pas rien dans le
texte pour prévenir ça, disons. Alors... c'est parce que je vous voyais réagir.
Je ne sais pas si vous vouliez...
M. Caire : Oui. Bien, plus
loin, vous allez trouver réponse à votre question parce qu'il y a un article
justement qui détermine l'obligation de collaborer avec Services Québec. Je
n'ai pas le numéro de l'article, là, Me Bacon va me donner ça, parce que
Me Bacon est toujours là pour me dépêtrer de mes affaires.
Mme Bacon (Nathalie) : C'est
l'article 31.
M. Caire : 31.
L'article 31 va répondre à cette préoccupation-là, Mme la députée.
Mme Caron : Pardait. Vous
permettez juste que j'aille jeter un petit coup d'oeil.
M. Caire : Je vous permets
tout à fait.
Mme Caron : Est ce que c'est
dans le cahier numéro deux? Oui, j'imagine.
Mme Bacon (Nathalie) : ...
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Alors,
on va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 48)
(Reprise à 12 h 49)
Le Président (M. Simard) : Bien.
Chers collègues, nous sommes en mesure de reprendre nos travaux. Et, au moment
de suspendre, notre collègue de La Pinière, donc, avait la parole, et nous
étions toujours sur, bien sûr, l'article 10.3. Mme.
Mme Caron : Oui. Alors,
merci, M. le Président. Je suis allée lire l'article 31, et, pour moi, ce
n'est pas clair. Alors, j'aimerais déposer un amendement.
Le Président (M. Simard) :
Oui...
Mme Caron : Est-ce que ça va,
M. le Président?
Le Président (M. Simard) : ...vous
avez un amendement.
Mme Caron : Sur 10.3, oui.
Le Président (M. Simard) : Est-il
arrivé au greffier, M. le secrétaire? Le temps de rafraîchir la page et nous
l'aurons sous nos yeux. Alors, on va suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
(Reprise à 12 h 52)
Le Président (M. Simard) : Bien.
Alors, chers collègues, à ce stade-ci, notre collègue de La Pinière souhaite
déposer un amendement. Alors, madame, auriez-vous d'abord l'amabilité de nous
en faire lecture, s'il vous plaît?
Mme Caron : Bien sûr, M. le
Président. Alors : Article 6.
(Article 10.3 de la Loi sur le
ministère de la Cybersécurité et du numérique)
Modifier l'article 10.3 de la Loi sur
le ministère de la cybersécurité et du numérique tel que proposé par
l'article 6 du projet de loi par l'ajout à la fin du premier alinéa de la
phrase suivante : «À cette fin, l'organisme public doit assurer le niveau
de services et une accessibilité adéquate sur tout le territoire.».
L'article modifié se lirait comme
suit : Article 10.3 :
L'utilisation de l'identité numérique
nationale ne peut pas être imposée par un organisme public à une personne afin
de fournir à cette dernière une prestation de service gouvernementale. À cette
fin, l'organisme doit assurer le niveau de services et une accessibilité
adéquate sur tout le terrain...
Mme Caron : ...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Souhaitez-vous commenter davantage?
Mme Caron : Bien oui, parce
qu'on en a discuté brièvement avant de suspendre, et j'ai lu l'article 31,
puis, pour moi, ce n'était pas du tout clair, et, comme l'article 31, on va en
faire le débat quand on sera rendu à l'article 31, la proposition, c'est qu'on
ajoute ces mots-là : «qu'à cette fin l'organisme public doit assurer le
niveau de service et une accessibilité adéquate sur tout le territoire», pour
mettre noir sur blanc que les citoyens qui ne peuvent pas ou ne veulent pas
utiliser l'identité numérique nationale pourront effectivement continuer
d'avoir les services de manière traditionnelle, disons-le comme ça, sur
l'ensemble du territoire.
Donc, on a eu la discussion, le
législateur n'a pas l'intention de mettre fin aux services, que ce soit en
personne, par téléphone ou de manière traditionnelle, mais comme je le disais
dans la discussion dans le... avec ce qu'on a entendu durant les consultations,
que, par souci d'efficience, qu'on peut mettre des cibles et... de services qui
seront donnés, des cibles d'utilisation de l'identité numérique nationale à des
fins positives, là, d'efficience pour la gestion, la saine gestion des
activités d'un ministère ou d'un organisme, ça peut aussi faire en sorte qu'on
pousse les gens peut-être un petit peu contre leur gré à utiliser l'identité
numérique nationale. Et si on... par exemple, s'il faut parcourir un long
territoire, un grand territoire, pour avoir accès aux services, déjà, c'est le
cas, dans certains cas, alors il ne faudrait pas que l'identité numérique
vienne faire en sorte qu'on veut en pousser l'utilisation à un point tel que
des citoyens, peut-être, qui sont situés en région éloignée, peut-être qui sont
situés en région urbaine, mais qui ne veulent pas utiliser, qu'ils ne soient
pas... On veut les rassurer qu'ils vont quand même avoir le service. Puis en
même temps, bien, ça envoie un message clair aux organismes et aux ministères
qu'il faut... la loi exige que vous continuiez d'offrir le service de manière
traditionnelle.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le ministre.
M. Caire : Oui, M. le
Président. Je reconnais la noble intention. Malheureusement, on ne pourra pas
donner notre accord à cet amendement-là, pour plusieurs raisons. D'abord, parce
que le ministère de la Cybersécurité n'a pas l'autorité pour mettre ça dans sa
loi. Je n'ai pas, moi, l'autorité pour déterminer comment les autres ministères
et organismes vont remplir leur mission. Je ne peux pas non plus leur imposer
une façon de faire dans leur système de mission. Alors, moi, au niveau du numérique,
oui, mais là on est vraiment dans l'organisation de services. Les ministères et
organismes ont une obligation de déclaration de service dans laquelle ils vont
définir les services qu'ils donnent, etc. Je veux dire, moi, même si... même si
j'étais d'accord, je ne peux pas accepter un amendement comme ça, ça ne
passerait pas au Conseil législatif, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : D'autres
commentaires?
Mme Caron : Bien, alors, dans
cette optique-là, si le ministre n'a pas l'autorité d'écrire noir sur blanc que
l'organisme doit continuer d'assurer un niveau de service et puis une
accessibilité adéquats sur tout le territoire, comment peut-il nous dire que,
oui, oui, les services vont continuer? S'il n'a pas l'autorité d'écrire ça dans
la loi... Quand le ministre nous dit que oui, oui, vous allez continuer d'avoir
les services, ça veut dire qu'il n'a pas l'autorité non plus puis qu'on ne peut
pas… qu'on ne peut pas penser que la réalité, une fois l'instauration de
l'identité numérique nationale... qu'on va avoir... qu'on va avoir accès, là.
M. Caire : ...parce que moi,
j'ai l'autorité de dire que je ne peux pas vous obliger à utiliser l'identité
numérique nationale, qui est un service qui relève de moi. Donc je ne peux pas
vous obliger à faire ça et je le fais. Je peux dire que, du côté du ministère
de la Cybersécurité et du Numérique, lorsqu'une prestation doit être ou peut
être donnée à la personne et que c'est le choix du citoyen, moi, je peux me
faire l'obligation de garder ce niveau de service là. Mais je ne peux pas dire
à Services Québec comment donner ses services aux citoyens et puis je ne peux
pas l'obliger à donner tel ou tel niveau de service...
M. Caire : ...je n'ai pas
l'autorité de faire ça.
Mme Caron : Bien là, ça veut
dire que tout ce qu'on a dit tantôt, quand... bien, dans... puis pas juste
aujourd'hui, là, mais tout ce qu'on a dit, que oui, vous allez pouvoir
continuer d'avoir vos services médicaux. Quand vous allez aller chez le médecin,
vous allez présenter votre carte d'assurance maladie que vous ne présenterez
pas... que vous ne vous authentifierez pas à l'aide de l'identité numérique,
bien, ce n'est pas vrai, là, parce que si le ministère de la Santé et Services
sociaux ou Santé Québec décide que, pour des raisons d'efficience, c'est
l'identité numérique nationale qu'on utilise, si le ministre n'a pas l'autorité
d'obliger Santé Québec à continuer d'offrir les services sur simple production
de la carte d'assurance maladie, bien là, ça ne se fera pas, les gens n'y
auront plus accès. Ça veut dire que je ne pourrai plus conduire ma voiture et
présenter mon permis de conduire, je n'aurais même plus, peut-être, de permis
de conduire comme on le connaît aujourd'hui, que ça va être un permis de
conduire dématérialisé. Ça fait que là, si moi je suis une personne âgée qui a
de la difficulté à utiliser le numérique, que je n'ai pas les moyens d'avoir un
cellulaire...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
Mme Caron : Je ne pourrai pas
utiliser... Est-ce que mon temps est fini, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : Non,
mais malheureusement, c'est notre temps collectif à nous qui l'est, parce que
nous devons suspendre nos travaux à partir de 13 heures. Comme vous le
savez, il y aura un caucus dans la présente salle. Donc, je vous demanderais de
faire diligence afin de la quitter rapidement, s'il vous plaît.
Donc, on suspend et on va poursuivre nos
délibérations sur l'amendement que notre collègue a déposé à 15 heures. À
plus tard.
(Suspension de la séance à 13 heures)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 06)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers amis, bonjour à tous. Nous sommes de retour. Nous avons quorum, nous
pouvons reprendre nos travaux.
Comme vous le savez, notre commission est réunie
afin de poursuivre l'étude détaillée de... du projet de loi n° 82 portant
sur l'identité numérique nationale.
Et avant de commencer, j'aurais besoin de
votre consentement afin d'accueillir parmi nous le député de Maurice-Richard,
qui se trouve en remplacement du député de Jean-Lesage. Il y a consentement?
M.
Caire
:
Consentement.
Le Président (M. Simard) :
Consentement. Alors, bienvenue à vous, cher collègue.
Au moment de suspendre nos travaux, la
parole appartenait à la députée de La Pinière, qui venait tout juste de nous déposer
un amendement sur l'article 10.3 introduit par l'article 6. Alors, Mme,
à vous la parole.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Est-ce que vous pourriez me dire... de combien de temps j'ai.
Le Président (M. Simard) : Savez-vous
quoi? Il y a eu un caucus avant moi, puis on a débranché mes écrans. Je ne
dirais pas c'est le caucus, hein, mais on a débranché mes écrans. Et donc ça n'apparaît
pas encore parce que ce n'est pas rebranché. Mais mon excellente secrétaire,
que je salue au passage, me dit qu'il reste 15 min 5 s.
Mme Caron : Parfait. Merci, M.
le Président. Alors, c'est ça, j'avais proposé l'amendement, un amendement à l'article 10.3,
en fait, d'ajouter les mots «à cette fin, l'organisme public doit assurer le
niveau de service et une accessibilité adéquate sur tout le territoire». Donc,
l'objet de cet amendement-là, parce que ça fait, depuis le début... ça s'est
dit en consultation et pendant aussi toute l'étude détaillée jusqu'ici, qu'il n'était
pas question d'empêcher une... c'est-à-dire qu'il n'était pas question d'obliger
une personne à utiliser l'identité numérique nationale pour avoir une
prestation de service gouvernementale. Et le but de l'amendement, c'était pour
écrire noir sur blanc qu'un organisme public doit assurer un niveau de services
et une accessibilité adéquate sur tout le territoire. Donc, qu'un organisme qui
utilise...
Mme Caron : ...l'identité
numérique nationale n'oblige pas lui-même, par défaut, une personne à utiliser l'identité
numérique nationale pour recevoir un service public et que le service, donc, le
niveau de service doit être adéquat puis l'accessibilité aussi sur l'ensemble
du territoire québécois. Que j'habite sur la Côte-Nord, que j'habite à Ungava,
que j'habite à Brossard, que j'habite à Laval, si je ne veux pas utiliser
l'identité numérique nationale, que je puisse continuer de recevoir les
services publics.
Et j'ai compris que c'était là l'intention
du législateur, l'intention, la volonté gouvernementale en présentant ce projet
de loi, puisque le début de l'article 10.3 ou l'article 10.3, tel qu'il est
rédigé, dit : L'utilisation de l'identité numérique nationale ne peut pas
être imposée par un organisme public à une personne afin de fournir à cette
dernière une prestation de service gouvernemental.
Donc, ce que je demande par cet
amendement, c'est qu'on précise qu'il faut quand même assurer un niveau de
service qui est suffisant, parce que, si, pour atteindre une cible, un
pourcentage de personnes qui utilisent l'identité numérique nationale pour les
services d'un organisme ou d'un ministère, qu'on se met à pousser pour
l'utilisation de l'identité numérique nationale pour avoir accès aux services,
bien, on va peut-être décider de réduire les services en personne, ou au
téléphone, ou livré de manière traditionnelle. Donc, on ne veut pas aller vers
là. Ce n'est pas ce qui nous a été dit tout au long des travaux qu'on a faits
jusqu'ici en commission. Alors, c'est l'objectif de la proposition, de cet
amendement-là. Et ce que j'ai compris, avant qu'on termine les travaux en début
d'après-midi... Bien là je ne veux pas mettre de paroles dans la bouche du
ministre, alors peut-être que ce serait préférable qu'il me dise... qu'il me
redise ce qu'il m'avait dit ou me précise ce qu'il m'avait dit, parce que je ne
veux pas mettre de paroles dans sa bouche.
• (15 h 10) •
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. M. le ministre.
M. Caire : Oui, avec plaisir,
M. le Président. Bien, en fait, ce que je disais, c'est que, là, on est en
train de modifier la loi constitutive du ministère de la Cybersécurité et du
Numérique, dont l'objet n'est pas de réguler le niveau de service présentiel,
appelons-le comme ça pour les fins de notre discussion, de l'ensemble des ministères
et organismes du gouvernement du Québec, donc, d'une part. Et d'autre part, je
n'ai pas, je n'aurais pas et je ne pourrais pas avoir cette autorité-là sur
l'ensemble des ministères et organismes du gouvernement du Québec, de les...
pas les enjoindre, mais de les forcer à dire : Bien, voici, vous devez
faire ceci ou cela dans l'exécution de votre mission, de votre mandat. Ça, je
n'ai pas cette autorité-là.
Donc, pour ces deux raisons là,
l'amendement... Et je comprends l'intention de ma consœur, mais l'amendement,
je ne peux pas le recevoir législativement puis je ne peux pas le recevoir en
termes de gouvernance non plus, je n'ai pas... Ça me confère une autorité que
je ne peux pas avoir dans tous les cas de figure, d'une part.
D'autre part, ce que la collègue amène,
comme idée, bien, c'est plutôt la Loi sur l'administration publique qui va
réguler ça. Et cette loi-là prévoit, comme je le disais, que l'ensemble des
ministères et organismes doivent élaborer une offre de service. C'est une
obligation légale, que les organismes publics ont, ministères et organismes,
s'entend, c'est une obligation qu'ils ont de l'élaborer et de la rendre
publique, cette offre de service là.
Et il ne faut pas oublier aussi, M. le
Président, que les ministères et organismes, de façon constitutive ont un
mandat, ont une mission qu'ils doivent réaliser. Donc, dans la mesure où moi, à
l'intérieur de ce qui relève de ma compétence, je dis : L'identité
numérique nationale ne peut être obligatoire, on a convenu, ma collègue et moi,
qu'à partir de là ça signifiait qu'un citoyen faisait le choix de ne pas
utiliser les prestations électroniques de service... Offrir des services aux
citoyens, ce n'est pas un choix des ministères, ils sont créés pour ça, les
organismes sont créés pour ça, et ça fait partie de leur raison d'exister, de
donner ces services-là.
Maintenant, il y a une latitude qui est
donnée sur la façon dont on va donner des services, mais je ne vois pas, dans
l'état actuel des choses, un ministère décider qu'il ne donne plus aucun
service en personne puis que tout ça passerait comme un couteau chaud dans du
beurre mou...
M. Caire : ...n'y arrivera
pas. Je veux dire, je peux comprendre... puis je le dis en tout respect, Mme la
députée, là, je peux comprendre qu'on construit des scénarios, on a la crainte,
mais, dans la réalité, je veux dire, je ne vois pas, par exemple, le ministre
de la Santé dire : Bien, moi, à partir de maintenant, mes services ne sont
que numériques. C'est impossible. Le ministère de l'Éducation dit... Non, ça
n'arrivera pas. Même les aînés ou... Bon. Pensez à différentes missions :
Services Québec, Emploi, Solidarité.
Mme Caron : Ça va?
M.
Caire
: Oui,
oui, oui.
Mme Caron : D'accord. Alors,
effectivement, vous aviez parlé de la déclaration de service avant qu'on se
quitte, là, la déclaration de service obligatoire de chaque ministère et
organisme. Est-ce que vous pourriez me dire à quel article de la Loi sur
l'administration vous faites...
M.
Caire
:
L'article 6.
Une voix : ...
M. Caire : L'article 6.
Mme Caron : L'article 6.
O.K. Moi, je vous dirais qu'au Tribunal administratif du logement on ne peut
pas obtenir un rendez-vous à moins de le demander en ligne. Comité logements
Rive-Sud sont venus me dire qu'ils sont obligés de faire... d'envoyer les
courriels pour des gens qui ont besoin d'aller ou d'avoir un rendez-vous au
Tribunal administratif du logement, parce que c'est impossible d'avoir un
rendez-vous... de téléphoner pour obtenir un rendez-vous. Alors, si le TAL fait
ça, une fois qu'on va avoir l'identité nationale numérique bien en fonction, je
pense qu'il y a un risque important. Malgré toute la bonne volonté du ministre,
il y a un risque important que certains ministères et organismes, peut-être des
directions régionales, peut-être pas nécessairement le siège social ou les plus
gros centres de services, je pense qu'il y a un risque important que les
services ne soient plus offerts à la population localement, autre que par
l'utilisation de l'identité numérique nationale. Ça, c'est très, très, très
inquiétant, parce que les personnes qui ne vont pas utiliser l'identité
numérique nationale, c'est des personnes parmi les plus vulnérables parce
qu'elles ne sont pas... elles n'ont pas de littéracie, pas de littéracie
numérique parce qu'elles sont âgées, donc pas de littéracie numérique, elles ne
sont pas à l'aise avec l'utilisation des technologies. Et aussi les personnes
en situation de pauvreté qui ne peuvent pas se payer un forfait cellulaire.
L'exemple que je donnais du TAL, là, bien, c'est ça, la personne, elle n'a pas
un cellulaire, elle n'a pas un ordinateur, elle n'a pas wifi chez elle, elle ne
peut pas utiliser un wifi dans un restaurant non plus ou dans un lieu public
parce qu'elle ne peut pas avoir un appareil, elle n'a pas les moyens. Il y a
plein de personnes qui sont dans cette situation-là, obligées d'aller voir le
comité logement Rive-Sud pour avoir un rendez-vous au TAL. Alors, tu sais, on
a... on... C'est difficile à comprendre, à concevoir dans une société où on a
l'éducation publique offerte à tous, mais on a juste, malheureusement,
46,8 % des Québécois qui maîtrisent les compétences en littéracie pour
lire, pour apprendre, pour agir. Ça, ça veut dire que 53,2 % des Québécois
qui ne maîtrisent pas ces compétences-là, 52... 53,2 % des Québécois qui
sont... peut-être, il y en a qui ne peuvent pas lire, mais il y en a qui sont
capables de lire, mais ils ne comprennent pas le sens d'une phrase. Ils ne sont
pas capables, après avoir lu une phrase, d'agir en conséquence. Donc, même si
on leur donne l'identité numérique nationale, puis qu'ils authentifient, ils ne
seront pas capables ensuite de faire le reste si c'est une prestation de
services en ligne. C'est déjà un problème pour ces personnes-là à l'heure
actuelle. Et puis je ne parle pas... il y a aussi les personnes aînées.
Peut-être que les aînés dans 20 ans n'auront pas... ne seront pas aussi
nombreux à avoir cette problématique-là, mais les aînés actuellement ont cette
problématique-là. Alors, s'il n'y a nulle part dans le projet de loi où on peut
camper que les organismes publics doivent assurer les services en présentiel ou
en mode traditionnel, peu importe, là, moi, je suis bien ouverte à modifier le
libellé de mon amendement, mais si... Et je comprends qu'on ne peut pas aller
dire que le ministre de la Cybersécurité et du Numérique ne peut pas dire à un
organisme : Toi, tu vas faire tel, tel, tel service. Mais je ne comprends
pas qu'il ne puisse pas dire : Il faut assurer... qu'il n'y a pas moyen
d'assurer, dans la loi, que les services doivent être maintenus en présentiel
quand ils ne peuvent pas être offerts de façon... via l'identité numérique
nationale. Parce que là, il y a tout un pan de la population qui ne pourra pas
en profiter. Si ce n'était que d'en profiter, on pourrait dire : Bon, mais
au moins ceux qui...
Mme Caron : ...l'utiliser vont
l'utiliser, mais quand ils ne peuvent pas l'utiliser, bien là, si les services
sont juste offerts de cette manière-là, puis il y en a un exemple avec le TAL,
bien là, ça fait toute une partie de la population qu'on abandonne. On ne peut
pas... on ne peut pas, comme société, il me semble, laisser... laisser passer
ça.
Puis un autre point : ça va être
quoi, l'acceptabilité sociale du projet, sachant qu'il n'y a personne, il n'y a
aucun organisme ou ministère qui va être obligé de continuer d'assurer le
niveau de service? Comme on dit, vous ne pouvez pas... vous ne pouvez pas
obliger une personne, vous ne pouvez pas imposer à une personne d'utiliser
l'identité numérique nationale, mais on ne vous obligera pas à continuer de lui
offrir le service sans passer par l'identité numérique nationale. Il y a comme
un... entre guillemets, un clash, là, c'est... Je comprends l'aspect législatif,
l'aspect de rédaction des lois, ce n'est pas ma spécialité, mais toute
politique publique, toute loi a une incidence dans la vie des gens, là, puis
l'incidence dans la vie des gens qui risque de se passer, bien, c'est que s'ils
n'ont pas l'identité numérique nationale, il va falloir qu'ils se passent des
services, là.
Puis ce n'est pas ça qu'on veut. Je sais
que ce n'est pas ce que le législateur veut. Je sais que ce n'est pas ce que le
ministre veut, mais il faut trouver un moyen de rassurer les gens qu'ils vont
pouvoir continuer d'avoir les services. On ne peut pas... on ne peut pas donner
notre aval à l'utilisation de l'identité numérique nationale et à l'exclusion
de tout le monde. Même les experts qui sont venus durant les consultations nous
ont dit d'inscrire dans la loi l'inclusion numérique. Bien, l'inclusion
numérique, ça veut dire d'offrir les services à tout le monde et que, si on ne
peut pas... si une personne ne peut pas ou ne veut pas utiliser l'identité
numérique nationale, il faut qu'elle soit capable de recevoir le service. Il ne
faut pas que les conditions pour recevoir le service en présentiel soient
telles que la personne doit faire 200 kilomètres pour se rendre dans un bureau,
là. Il faut qu'il y ait une prestation de service, une accessibilité au service
qui est raisonnable.
• (15 h 20) •
Alors, je reste un petit peu... je suis un
petit peu... pas bouche bée, parce que ça fait quelques minutes que je parle,
mais je suis comme... je tombe des nues, là, parce que, depuis le début des
travaux, on nous rassure de ne pas craindre, les personnes vont pouvoir
continuer d'obtenir les services en présentiel ou de manière traditionnelle.
Puis là, ah! on ne peut pas, on ne peut pas le garantir dans la loi. Alors,
c'est... quand on parle de cloisonnement et de vase clos, là, c'en est un bel
exemple, là. Alors, si l'amendement que je propose n'est pas possible pour une
raison juridique, bien, trouvons une autre manière de faire, de dire dans la
loi que les prestations de service devront être maintenues.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Y aurait-il d'autres commentaires sur l'amendement? Mme la députée de
Mont-Royal Outremont.
Mme Setlakwe : À moins que le
ministre souhaite répondre aux propos de ma collègue.
M. Caire : Bien, brièvement,
ce n'est pas une question de libellé, Mme la députée, c'est une question de la
portée que vous donnez à l'amendement, vous... Je ne peux pas avoir cette
autorité-là, encore moins quand on parle d'un tribunal. Qu'il soit
administratif, ça reste un tribunal quasi judiciaire, donc qui jouit d'une
indépendance. Puis je ne connais pas le cas, là, ça fait que je ne veux pas le
commenter, je ne sais pas comment le TAL organise ses... mais ce que je sais,
c'est que, comme je vous dis, il y a la Loi sur l'administration publique, il y
a Services Québec qui a des obligations auxquelles le TAL, évidemment est
soustrait du fait de son statut de tribunal, mais le... ce n'est pas une
question de réorganiser le libellé. Vous me demandez d'assumer une autorité que
je ne peux pas assumer législativement. Donc, même si on changeait les mots,
l'intention demeure la même, puis je ne peux pas aller là, là.
Mme Caron : Je voudrais juste
préciser que lorsque j'ai parlé du TAL, bien, c'est un exemple de service pour
lequel les gens sont obligés d'utiliser l'Internet, là, alors c'était pour dire
que ça existe déjà, puis on n'a pas encore l'identité numérique nationale. Je
ne suggérais pas que le ministre puisse obliger un tribunal indépendant à faire
quoi que ce soit, alors... mais c'est parce que... Quelle était l'autorité du
ministre durant nos travaux, de nous promettre qu'il n'y aurait pas de rupture
de service...
Mme Caron : ...aux citoyens
qui n'utiliseraient pas l'identité numérique nationale, si le même ministre ne
peut pas l'écrire noir sur blanc dans la loi. Si ce n'est pas dans cette
loi-ci, est-ce qu'il y en a une autre? Moi, je sais que je ne peux pas faire un
amendement, je ne peux proposer un amendement à une loi qui n'est pas visée par
le projet de loi, parce que ce ne serait pas recevable. Est-ce que le
gouvernement peut le faire? Je ne sais pas.
Mme Setlakwe : Si je peux...
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie. Tout à fait.
Mme Setlakwe : Le ministre a
une réponse à...
M. Caire : De modifier la
loi? Non, on ne prendra pas ce véhicule-là pour modifier la Loi sur
l'administration publique.
Mme Setlakwe : Mais la loi...
Le projet de loi n° 82 touche... peut toucher plusieurs lois.
M.
Caire
: Oui.
Oui, oui. Non, non, mais, je veux dire, ce n'est pas l'objet, ce n'est pas la
portée du projet de loi. Je change la portée du projet de loi si je fais ça. Ça
veut dire que je retourne au Conseil des ministres, là. Non, je ne fais pas ça.
Mme Setlakwe : Mais c'est
important de rassurer la population quant à l'intention du gouvernement, par la
voix de son Conseil des ministres.
M. Caire : Je suis d'accord,
mais comme j'expliquais à la collègue, d'une part, il y a la Loi sur l'administration
publique, d'autre part, Services Québec est là et offre certaines obligations.
La modification qu'on fait de notre propre loi, c'est justement en fonction des
obligations avec services... transiter de travailler avec Services Québec.
Puis, comme j'ai dit, je comprends qu'on se dit : Oui, mais qu'est-ce qui
arrive si? Mais, je veux dire... Bon, Mme la députée nous donne un exemple que
je ne connais pas, donc je ne commenterai pas non plus.
Mme Setlakwe : Moi, j'en ai
un exemple.
M. Caire : Allez-y.
Mme Setlakwe : SAAQclic.
M. Caire : Oui, mais les
comptoirs de la SAAQ ne sont pas fermés.
Mme Setlakwe : Mais ils ont
fermé combien de temps quand on a déployé la nouvelle plateforme?
M. Caire : Oui. Pour des
raisons...
Mme Setlakwe : Combien de
temps?
M. Caire : Bien, bonne
question, mais pas...
Mme Setlakwe : Vous ne vous
souvenez pas combien de temps?
M. Caire : Sur les... Les
comptoirs... les comptoirs n'ont pas fermé. Là, attention, est-ce que vous
parlez du transfert des charges d'un système à l'autre ou vous parlez des
services au comptoir?
Mme Setlakwe : Quand il y a
eu déploiement, il y a un an, de la plateforme SAAQclic, qu'est-ce qui a été
fermé pendant un certain nombre de jours?
M. Caire : C'est le système,
donc la base de données, si vous voulez, qui a été... qui a été fermé pour le
transfert des charges des anciennes bases de données vers la nouvelle sur
laquelle le projet CASA était installé.
Mme Setlakwe : Mais ce
n'était pas... c'était combien de temps déjà? Ça a duré combien de temps?
M. Caire : Ça a été trois
semaines.
Mme Setlakwe : Trois semaines.
Puis, durant ces trois semaines-là, toutes les transactions pouvaient se faire?
M. Caire : Aucune transaction
ne pouvait se faire ni en ligne ni au comptoir.
Mme Setlakwe : Exactement.
Mais donc on a... Non, mais on a un exemple.
M. Caire : Oui, mais, Mme la
députée, vous me parlez...
Mme Setlakwe : On a un
exemple.
M.
Caire
: Là,
vous me parlez d'un déploiement, là. Ce que Mme la députée de La Pinière dit,
c'est : Qu'est-ce qui arrive si, sciemment, un organisme décide de ne plus
donner de services en personne pour ne donner que des services de façon
numérique. Je pense qu'on n'est pas... on n'est pas dans le même... on n'est
pas dans la même situation qu'un organisme qui, dans une transformation numérique,
dit : Bon, bien, moi, dans mon plan de déploiement, je vais procéder à la
fermeture de mes systèmes pendant trois semaines, ce qui veut dire que les gens
au comptoir n'ont plus les systèmes informatiques non plus pour donner les
services que je vais rouvrir dans trois semaines et que je vais redonner des
services. C'est différent que si la SAAQ disait, par exemple : Je ne
donnerai plus... je vais fermer tous mes comptoirs, je vais rompre mes contrats
avec mes mandataires, puis, à partir de maintenant, le citoyen qui va vouloir
interagir avec la SAAQ ne le fera que via la prestation électronique de
service. C'est dans ce sens-là où je dis : On n'est pas là, là.
Mme Setlakwe : Non, il y a
des distinctions entre les deux, les deux situations. Mais qui aurait pu penser
que, dans le plan de déploiement, on aurait eu cette mauvaise idée de fermer
les succursales pendant trois semaines?
M. Caire : Je ne peux pas
être plus d'accord avec vous que ça. Ceci étant dit, on n'est pas dans un cas
de figure où la société d'État a décidé de ne plus donner de service au
comptoir de service en personne. On n'est pas dans ce cas de figure là.
Mme Setlakwe : Mais, pendant
trois semaines, il n'y a pas de service qui était rendu.
M. Caire : Oui, c'est vrai.
Mme Setlakwe : Et on a vu,
dans l'étude d'autres projets de loi, des... ça existe, là, un libellé où on
prévoit que, conjointement, il y a deux ministres qui doivent se parler pour en
arriver à une décision ou un plan d'action, pourquoi qu'on ne pourrait pas le
prévoir de cette façon-là? Parce que là, c'est impossible qu'on puisse dire ici
que c'est deux choses qui vont fonctionner en parallèle : l'identité
numérique puis ce qui va se passer au sein des ministères et organismes. Il faut
qu'on puisse, de façon législative, asseoir un principe selon lequel vous allez
devoir, vous, vous parler. Et je ne sais pas, je suis en train de penser, je
griffonnais...
Mme Setlakwe : ...le libellé
auquel le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, conjointement avec le
ministre responsable de l'organisme concerné, l'organisme public concerné par
le... ou qui est en train de faire le déploiement de ses services numériques,
prestation électronique de services, vont déterminer conjointement la façon
dont les services seront maintenus. Est-ce que ça, c'est un libellé qui
pourrait être...
M. Caire : Non, mais comme
j'ai dit à Mme la députée de La Pinière, ce n'est pas une question de libellé.
Puis je comprends la recherche de solutions que vous proposez. Ce n'est pas une
question de libellé, c'est une question de portée de l'amendement. La portée de
l'amendement me confère une autorité que je n'ai pas, que je ne peux pas avoir,
qui est celle, conjointement ou seul, d'imposer aux ministères et organismes du
gouvernement du Québec une façon de rendre les services qui relèvent de leur
seule autorité. C'est ça que je vous dis.
C'est que, là, vous êtes... c'est comme si
vous me disiez, dans la hiérarchie du Conseil des ministres, le ministre de la
Cybersécurité, il est quasiment au- dessus du premier ministre, là. Bien là,
non.
Mme Setlakwe : ...quand on
dit que, conjointement... En tout cas, je sais très bien qu'il y a un libellé
qui existe où il y a une décision qui est prise, puis ce n'est pas après
consultation de l'autre, c'est ensemble, ils doivent en arriver à un plan de
déploiement, s'assurent que les services soient maintenus.
M. Caire : Vous... C'est à
dire, bien...
Mme Setlakwe : Je pense que
ça vaut la peine qu'on aille au bout de l'exercice, là, parce que c'est...
M. Caire : Ah bien, moi, je
suis à votre disposition puis ce que je vous dis, c'est qu'un libellé qui fait
en sorte qu'on modifie la loi constitutive du ministère de la Cybersécurité et
du Numérique, qui va s'ingérer dans le niveau, la prestation de service, la
fréquence, la prestation de service ou tout ce qui relève de l'autorité d'un
ministère ou d'un organisme, je ne peux pas aller là, donc.
• (15 h 30) •
Mme Setlakwe : Non, mais vous
semblez hésitant à prévoir que les services seront maintenus.
M. Caire : Je ne suis pas
hésitant à prévoir que les services seront maintenus, ce que je dis, c'est que
vous êtes... ce n'est pas le véhicule et il y a déjà des... il y a déjà une loi
qui existe, qui est la Loi sur l'administration publique, et il y a déjà un
organisme qui s'appelle Services Québec, dont c'est le mandat de donner une
prestation de service aux citoyens. Puis il y a déjà une disposition qui
prévoit qu'un organisme... un ministère, un organisme doit faire une
déclaration de service au citoyen qui... Et tous ses engagements sont dans
cette déclaration de service. Et ça, ça doit être connu, ça doit être vu au su
de... connu et au su de tout le monde, donc.
Puis, je veux dire, je ne dis pas que la
discussion n'a pas lieu d'être, Mme la députée, là, mais, tu sais, moi, demain
matin, vous me diriez : Oui, mais tel et tel et tel ministère et organisme
va cesser... qui donnait une prestation de service en personne va cesser de le
faire parce qu'on a adopté l'identité numérique nationale, je dirais : Je
ne pense pas. Je ne pense pas. Je veux dire, l'identité numérique nationale
nous permet d'identifier, d'authentifier le citoyen. Après ça, la
transformation numérique des organismes n'est pas dépendante de l'identité
numérique nationale. Tu sais, je vous dis : Il y a 109 systèmes de
création différents au sein du gouvernement du Québec. L'identité numérique
nationale, un de ses objectifs, un de ses objectifs, c'est de remplacer ces
systèmes-là, mais, après ça, l'idée n'est pas de dire aux ministères et
organismes : Assurez-vous, nonobstant cela... assurez-vous de donner des
services à la population, des services physiques à la population. Ce n'est
pas... ce n'est pas ça, l'objet, ni du projet de loi ;ni du ministère.
Puis il y a déjà des dispositions, là, qui
sont... qui sont. Alors, je comprends la préoccupation qui a été exprimée.
Maintenant, est-ce qu'elle trouve écho dans la réalité gouvernementale? Je
pense que non. Puis là, Mme la députée de La Pinière... Puis je comprends que
c'était un exemple, je je comprends, mais dire : Le Tribunal administratif
du logement ne permet pas la prise de rendez-vous autre qu'en ligne, bon...
Alors, de un, je ne sais pas pourquoi cette décision a été prise, en vertu de
quoi, comment ça a été fait. C'est un tribunal, il est indépendant. Puis ceci
étant dit, le Tribunal administratif du logement n'a pas cessé de donner des
services en personne, je veux dire, ses audiences ne se font pas qu'à distance
ou...
Une voix : Non, mais vous
comprenez ce que je veux dire, Mme la députée. Je comprends, là, mais on a une
discussion sur une base qui est très mince, qui est : le gouvernement du
Québec pourrait cesser de donner des prestations de service en personne pour ne
donner que des prestations de services électroniques, numériques. On n'est
pas... on n'est pas là, là...
Mme Setlakwe : Non, mais sans
être l'un ou l'autre, ça peut être...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Setlakwe : ...les services
pourraient être affectés. Est-ce que...
M. Caire : Non, ce n'est pas
pertinent, c'est correct.
Mme Setlakwe : Est-ce que
vous avez toujours l'intention de réduire la taille de l'État, réduire le
nombre d'employés? Il me semble que c'était un objectif que vous aviez mis de l'avant.
M. Caire : Oui, oui.
Mme Setlakwe : C'était
combien d'employés que vous souhaitiez...
M. Caire : Je ne vois pas le
lien avec le projet de loi, pour être très honnête avec vous.
Mme Setlakwe : Non? Vous ne
voyez pas...
M. Caire : L'engagement
électoral...
Mme Setlakwe : Puis l'utilisation
de l'intelligence... Non, mais on essaie, d'une certaine façon, de rassurer la
population qu'il n'y aura pas une fracture numérique puis qu'il n'y aura pas un
pan de la population. C'est quand même un pourcentage important qui a été
amené, là. On ne parle pas de... ce n'est pas à la marge, là, c'est une... c'est
plusieurs milliers de personnes qui ne pourront pas suivre la cadence et qui
vont vouloir obtenir... vont devoir continuer de tenir des services en
personne. On a le Protecteur du citoyen ici, là, j'ai son document entre les
mains, qui nous dit qui va suivre son prêt pour s'assurer que les principes d'équité
et d'accessibilité aux services soient pleinement respectés. Alors,
honnêtement, là, vous, vous dites : Oui, ils le seront, mais ce n'est pas,
d'aucune façon...
M. Caire : Mais vous répondez
en partie à votre question. Vous dites : Le Protecteur du citoyen est là
pour s'assurer que c'est fait. Moi, je vous dis : La Loi sur l'administration
publique prévoit déjà des dispositions. Services Québec a des dispositions, un
mandat, une obligation de services. Vous venez d'ajouter : Le Protecteur
du citoyen est là pour s'assurer effectivement que la prestation de services, l'équité
sont respectées. On peut penser que la Vérificatrice générale pourrait elle
aussi... Alors, des mécanismes de contrôle... des obligations légales, il y en
a, des mécanismes de contrôle, il y en a aussi. Donc...
Mme Setlakwe : Ce qu'on veut,
c'est surtout... c'est les obligations légales, parce que les mécanismes de
contrôle, encore cette semaine, un an plus tard, on parle encore d'audit, puis
de frais, puis de délais, puis du fait qu'on paie encore les frais au sein de
la population du fiasco SAAQclic. Donc, les questions sont légitimes...
M. Caire : Bien, je ne dis
pas que les questions ne sont pas légitimes, Mme la députée.
Mme Setlakwe : ...on parle
encore une fois de transition numérique.
M. Caire : Oui. Je ne dis pas
que les questions ne sont pas légitimes, je vous dis : Il existe la loi
sur... Ce que je vous dis, c'est que cette loi-là n'a pas pour objet d'amener
le ministère de la Cybersécurité et du Numérique à être le gardien de la
prestation de services en personne de l'ensemble des ministères et organismes
du gouvernement du Québec. Ce n'est pas l'objet, ce n'est pas ce pour quoi le
ministère a été constitué, ce n'est pas sa raison d'être et ça ne peut pas
devenir sa raison d'être non plus. D'une part.
D'autre part, il y a déjà une loi sur l'administration
publique qui prévoit des dispositions à cet effet. Il y a des organismes, dont
un qui s'appelle Services Québec, qui a des obligations à cet effet, et il y a
des mécanismes de contrôle pour s'assurer que ces éléments-là sont respectés.
Ça fait que, pour toutes ces raisons, je dis : Je ne peux pas donner suite
à l'amendement et ce n'est pas une question de libellé, c'est une question... c'est
le principe qui est amené par l'amendement, qui ne peut pas... que je ne peux
pas accepter.
Mme Caron : Bien,
simplement...
Le Président (M. Simard) : Excusez-moi,
chère collègue de La Pinière, notre collègue de Maurice-Richard nous avait
demandé à quelques reprises...
Vous avez du temps pour pratiquer par
équité et par alternance, comme l'a vu notre tradition. La parole appartient au
député de Maurice Richard.
Mme Caron : Il ne me restait
pas 4 minutes?
Le Président (M. Simard) : Oui,
oui, vous avez du temps, mais, par équité et par alternance, comme le veut
notre tradition, la parole appartient au député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci beaucoup.
Très heureux d'être ici. Nous, on a un amendement qui s'en vient, qui va un peu
dans le même sens, là, ça fait que, si on peut avoir la conversation tout de
suite, et ça nous fera gagner du temps pour le prochain. Mais là, il a écrit
que l'identité numérique nationale ne peut pas être imposée par un organisme.
Bon. Et vous, vous dites : Bien, ne rajoutons pas l'idée que : O.K.,
mais l'organisme doit garder un niveau de service acceptable, adéquat sur tout
le territoire. On s'entend. Et vous, vous dites : Non, je ne voudrais pas
le mettre là parce que, par ailleurs, il est obligé de le faire dans une autre
loi. C'est bien ça que vous dites? Mais pourquoi alors même dire que ça ne peut
pas être imposé d'abord? Je veux dire, pourquoi même parler...
Parce que, concrètement, je veux dire,
Desjardins, quand ils ont numérisé leurs services, ils n'ont pas dit :
Nous n'allons plus offrir de services. Et si on leur pose la question, ils vont
dire : Bien oui, bien sûr qu'on offre des services. D'ailleurs,
maintenant, c'est encore mieux, si vous n'êtes pas capable d'utiliser l'application,
on vous envoie quelqu'un à la maison. Bon, dans les faits, bien, les personnes
de région, les personnes âgées ont été vraiment pénalisées par cette... et puis
ceux qui sont vraiment bons avec les applications numériques ont plein de
bonheur. Ça, je dois avouer que de ne pas attendre à la banque, c'est vraiment
bien. Mais le rôle de l'État, c'est d'assurer d'un côté qu'effectivement il y a
des services plus efficaces, numériques, c'est ce qu'on fait, mais, de l'autre
côté, que ce n'est pas ça qui fait en sorte qu'on va se dire : Bien là, ce
n'est pas grave, et puis...
M. Bouazzi : ...non, non, moi,
je veux des services. Il y a juste à faire 100 kilomètres en voiture pour
aller parler à un être humain. Ça fait que cette ligne-là nous permet de
dire : On est sérieux, on ne peut pas se retrouver de facto devant une
situation où on dit : Ce n'est pas obligatoire, mais, dans les faits, en fait,
si on veut avoir un service qui est acceptable et adéquat, bien, ça le devient,
obligatoire, là, tellement... Et puis on a parlé des personnes qui ont des
problèmes numériques, mais ça les met dans des situations de vulnérabilité et
de dépendance grave, là, envers leur entourage, là. Il y a des gens qui sont
même autonomes avant la transition numérique qui arrêtent d'être autonomes à
cause de la transition numérique. On ne voudrait quand même pas ça en tant
qu'État, là. Ça fait que si ce n'est pas ce libellé-là, moi, je pense qu'il y a
matière à essayer d'en trouver un qui fonctionne, là, mais il en faudrait un
qui fonctionne, qui ne fasse pas que, même si ce n'est pas imposé, que, de
facto, en fait, on se retrouve à avoir un mauvais service pour tous ceux qui ne
sont pas capables ou prêts, ou même pour des raisons qui les regardent, prêts à
avoir une identité numérique nationale.
Le Président (M. Simard) :
Merci. M. le ministre.
M. Caire : Oui. Bien, M. le
député, je comprends la préoccupation, sachez-le, mais je vais répéter un peu
ce que j'ai dit. D'une part, ça outrepasse largement les prérogatives et le
mandat du ministère de la Cybersécurité de devenir le gardien de cette
prestation de service là en personne. D'une part, donc, ça, c'est déjà... c'est
en soi une raison de ne pas accepter un amendement qui irait dans ce sens-là.
Puis, comme je l'ai dit, ce n'est pas une question de libellé, c'est vraiment
une question... la portée de l'amendement dépasse largement la portée du mandat
du ministère de la Cybersécurité et du Numérique, d'une part. D'autre part, le
gouvernement du Québec n'est pas une entreprise privée ou une institution
financière à but lucratif, on s'entend, le gouvernement du Québec, c'est une
entreprise de services. Permettez-moi d'utiliser le mot «entreprise», mais...
• (15 h 40) •
M. Bouazzi : Pas de problème.
C'est une coopérative, ceci étant dit, mais...
M.
Caire
: Si
vous le souhaitez, ça me convient parfaitement.
M. Bouazzi : Pas l'État, mais
je parlais de Desjardins.
M. Caire : Oui, c'est un
mouvement coopératif, vous avez raison. Mais disons que, sur les bilans
financiers, on souhaite quand même afficher des ristournes. Je vais le dire
comme ça.
M. Bouazzi : Exact.
M.
Caire
:
Alors, et ça, ça oblige quelquefois à prendre des décisions que je n'ai pas à
commenter ici parce que ça relève de l'administration de Desjardins. Mais le
gouvernement du Québec n'est pas tenu aux mêmes obligations, d'une part.
D'autre part, comme je l'ai dit, il y a déjà, dans la Loi sur l'administration
publique, il y a déjà des dispositions. Ces dispositions-là obligent les
ministères et organismes à élaborer une déclaration de service, à la rendre
publique et à l'honorer, évidemment. Et il y a des mécanismes de contrôle pour
s'assurer que cette déclaration de service là elle est honorée par les
ministères et organismes. Donc, il y a... ce n'est pas... On n'est pas sans
mécanisme, on n'est pas, demain matin, laissés à la merci de n'importe quelle
décision qui pourrait être prise, là, il y a quand même des obligations à vertu
de la loi qui sont faites aux ministères et organismes quant à leur prestation
de services. Et, à l'intérieur de la loi, on va aussi loin... dans ce sens-là,
on va aussi loin que... mais tout en respectant la prérogative du ministère de
la Cybersécurité et du Numérique, donc en n'obligeant pas un citoyen à utiliser
l'identité numérique nationale, mais en obligeant les ministères qui offrent
des prestations électroniques de service à se servir de l'identité numérique
nationale. On comprend que le fait de ne pas utiliser l'identité numérique
nationale fait que le citoyen a aussi le choix de ne pas utiliser la prestation
électronique de service. Et donc c'est un choix citoyen de dire : Non, je
ne veux pas utiliser les services numériques, je veux des services à la
personne. Et, à partir de là, bien, dans la déclaration de service, l'organisme
va être tenu de respecter sa déclaration de service.
M. Bouazzi : Et donc, vous,
votre point, c'est que, si on le met ici, les autres ministres n'auraient
pas... et ministères n'auraient pas à appliquer cette loi-là parce que c'est la
vôtre. C'est-tu ça?
M. Caire : Bien, en fait,
c'est que, je veux dire, à sa face même, je ne peux pas autoriser, je ne peux
pas voter en faveur de ce... Je veux dire... O.K. Si, moi, je déposais un
amendement comme ça dans le processus normal d'un amendement apporté par un
ministre, le Conseil législatif me bloquerait en disant : Tu te donnes des
pouvoirs que tu ne peux pas avoir.
Une voix : ...
M.
Caire
: Oui,
c'est ça, j'empiète clairement dans ce qui relève de l'autorité de mes
collègues du Conseil des ministres et de leur ministère d'appartenance. Donc,
en partant, je sais très bien que je ne peux pas mettre ça dans une loi
parce...
M. Caire : ...législativement,
je dépasse mes prérogatives.
M. Bouazzi : Et comment vous
ne dépassez pas vos prérogatives comme vous dites qu'un organisme ne peut pas
imposer l'identité numérique?
M. Caire : Parce que je suis
responsable de l'identité numérique. C'est un service dont j'ai la
responsabilité.
M. Bouazzi : Vous l'offrez.
Si un organisme dit : Moi, je veux utiliser votre identité, vous
dites : Oui, ça, c'est correct, et, à la fin, il dit : Bien, moi,
c'est la seule manière d'accéder à mes services, comment vous allez renforcer
cette décision? Vous allez dire à son organisme... Ça marche comment?
M. Caire : C'est ce que je
vous disais : Par extension, c'est le choix citoyen, donc, de ne pas
utiliser les prestations électroniques de service...
M. Bouazzi : Je comprends,
mais là on ne lui donne pas le choix. Vous, en tant que ministre, si, demain,
je ne sais pas, moi, n'importe quel ministère, le ministère de la Famille, décide
que la seule manière d'avoir accès à des services, c'est d'utiliser l'identité
numérique nationale, le citoyen, il se retrouve devant un pas de choix, vous,
vous faites comment sans avoir empiété sur les services du ministère de la
Famille pour dire : Bien là, respectez ma loi, il y a écrit que vous... on
ne peut pas obliger les gens à utiliser l'identité numérique pour avoir des
services.
M. Caire : Je m'excuse, je ne
suis pas sûr que je comprends votre question.
M. Bouazzi : Bon, vous, votre
argument c'est de dire : Moi, je ne peux pas mettre quelque chose qui
oblige un autre ministère à faire quelque chose par rapport aux services quand
il met en place la question numérique, parce que ce n'est pas mes prérogatives,
mais vous le faites à la première ligne en disant : Si vous voulez
utiliser mon identité numérique, bien, vous ne pouvez pas l'imposer aux
personnes. Mais ça, c'est les autres ministères qui l'imposent aux personnes,
ce n'est pas vous, là.
M. Caire : Non, mais c'est
mon service.
M. Bouazzi : Je comprends. Ça
fait que, là, vous dites... Mais comment vous empêchez un ministère de
dire : Oui, je veux que vous utilisiez cette identité numérique, mais, par
ailleurs, bien, moi, je n'offre pas de services, là, c'est la seule manière
d'accéder à mon service? Ça fait qu'il a le choix de ne pas avoir de services,
en gros.
M. Caire : O.K., je vais...
Je ne sais pas si je vais répondre à votre question, mais je vais essayer. Le
ministère x offre des prestations électroniques de services, offre des services
en personne. La prestation électronique de services, la façon d'y accéder,
c'est en passant par l'identité numérique nationale. Ça, c'est obligatoire.
Alors, ministère x n'a pas le choix de se servir de l'identité numérique
nationale pour identifier, authentifier le citoyen.
Alors, le citoyen qui dit : Moi, je
ne veux pas utiliser l'identité numérique nationale, dit : Je ne veux pas,
donc, in extenso, je ne veux pas utiliser vos prestations électroniques de services,
donc, moi, je veux utiliser des services en personne. Bon. Alors, moi, en
disant : Tu ne peux pas l'obliger, je dis : Bien, compte tenu qu'il
n'est pas... qu'il n'a pas le choix, lui, d'utiliser mon service et que moi, je
dis : Mon service n'est pas obligatoire...
M. Bouazzi : Donc, tu n'as
pas le choix...
M. Caire : ...je rends
l'utilisation des prestations électroniques de services non obligatoires. Bon.
M. Bouazzi : Exact. Donc, la
prestation de services non numériques devient obligatoire pour le ministère.
M. Caire : Devient le choix
du citoyen, et donc...
M. Bouazzi : Et du ministère.
Il est obligé d'offrir des services qui ne sont pas numériques par conséquent,
d'où la phrase.
M. Caire : Voilà. Et là où on
va trop loin avec l'amendement, c'est que, là, on dépasse. Là, on dit :
Non seulement ça, mais en plus le ministère de la Cybersécurité et du
Numérique, à travers sa loi constitutive, met des dispositions, parce que, là,
on modifie la Loi sur le ministère de la Cybersécurité et du Numérique, là,
c'est cette loi-là qu'on est en train de modifier. Donc, dans ma loi
constitutive, moi, il y a des obligations qui sont faites à l'ensemble des
ministères et organismes du gouvernement du Québec sur le niveau de services et
la prestation de services en personne. Je suis complètement en dehors de mon
champ d'application de la loi.
M. Bouazzi : C'est déjà ça,
la phrase, en tout respect, M. le ministre. La phrase, c'est : L'identité
numérique nationale ne peut être imposée par un organisme public. Là, on ne
parle pas de votre ministère, on parle d'un organisme public qui, lui, ne peut
pas imposer l'identité numérique nationale à une personne. Ça fait que, là,
vous êtes déjà sorti du cadre qui décide de dire : C'est mon ministère.
M. Caire : Non. Non.
M. Bouazzi : Vous, vous
offrez un service, vous avez dit à ceux qui utilisent mon service : Vous
n'avez pas le droit de rendre ça obligatoire.
M. Caire : C'est ça.
M. Bouazzi : Bon. Bien, à ce
moment-là, vous avez déjà marché sur les prérogatives d'un autre ministre, là.
M. Caire : Non. Non, parce
que ce service-là relève de ma compétence.
M. Bouazzi : Vous l'offrez,
oui, mais de ne pas le rendre obligatoire, comment vous allez renforcer ça?
C'est la décision de l'autre ministère.
M. Caire : Ce n'est pas la
décision de l'autre ministère.
M. Bouazzi : Bien, vous
faites comment alors si moi, je suis un autre ministère?
M. Caire : Parce que je
suis...
M. Bouazzi : Vous lui coupez
le service?
M. Caire : Non, parce que je
suis à l'intérieur de mes prérogatives. Dans la LGGRI, moi, je peux rendre des
services obligatoires, des services numériques. Je ne peux pas rendre des
services physiques obligatoires. Je ne peux pas...
M. Caire : ...gérer les
services physiques. Ça, je n'ai pas ce pouvoir-là, mais les services
numériques, je peux prendre des dispositions. Là, il faut revoir la loi n° 82
dans le contexte de toute la LGGRI et de la Loi constitutive du ministère.
Donc, moi, j'ai... au niveau des services numériques, j'ai certains pouvoirs
d'imposer des normes, d'imposer des façons de faire, d'imposer, bon, etc., ou
d'interdire l'utilisation de certaines technologies dans la mesure où ça reste
là, mais c'est pour ça que le ministère a été créé. Mais là vous m'amenez plus
loin. Là, vous êtes en train de dire : Le ministère de la Cybersécurité et
du Numérique, dans sa loi constitutive, va dire, par exemple, au ministère de
l'Emploi et de la Solidarité sociale : Vous autres, là, vous devez
maintenir un niveau de service en personne adéquat. Mais là je ne suis plus du
tout dans mon champ d'autorité
M. Bouazzi : C'est exactement
de ça qu'on parle.
M. Caire : Oui, mais je ne
suis plus dans mon champ d'autorité, c'est ça que je vous dis.
M. Bouazzi : Mais là, moi, je
lis «une prestation de services gouvernementale», je n'ai pas lu «une
prestation de services numériques gouvernementale», là, on parle de tous les
services gouvernementaux, là. Ça fait que je comprends, là, qu'on parle de tous
les services. Et là on dit : Bien, on ne peut pas imposer une identité
numérique. Et là la peur de plein de citoyens. Il y a 50 % des citoyens
qui ne sont pas capables d'avoir... d'utiliser des services numériques sans que
ça leur crée toutes sortes de problèmes. C'est de se dire : Mais je vais
me retrouver avec plus de services. Et honnêtement, M. le ministre, ils ont
raison d'avoir peur. Ils ont raison.
Moi, ma job pendant 15 ans, c'était
de faire ça, là. Je le sais que derrière on coupe, je veux dire, on coupe.
C'est ça, c'est ça qui arrive. Ils ont raison d'avoir peur. La différence entre
une compagnie privée et le service public, c'est qu'une compagnie privée peut
dire : Bien, moi je sers juste les 25-30 ans qui gagnent plus de
50 ans, et puis juste les femmes, et pas les hommes, et je ne sais pas
quelle affaire discriminatoire qu'un état ne peut pas faire. Bon. Et donc, à ce
moment-là, assurons-nous que l'État ne le fasse pas, parce que l'État est
capable de faire des grosses bêtises, à moins qu'on lui dise dans la loi. D'où
la possibilité.
Vous allez me répéter la même chose, ça
fait que je vais juste vous poser une dernière question.
• (15 h 50) •
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, parce que je cède la parole ensuite à notre députée.
M. Bouazzi : Mais est-ce qu'il
me reste un peu de temps ou...
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste, mais par alternance. On essaie de...
M. Bouazzi : Parfait. Parfait.
Mon autre question qui est un corollaire de ça, mais qui, je pense, très
important, qui sera dans notre prochain amendement, mais qui va dans le même
sens à peu près, c'est de dire l'identité nationale numérique peut être
utilisée par le privé. Oui. Et, à ce moment-là, on peut se retrouver dans une
situation où ce qui est obligatoire pour l'État ne l'est pas pour le privé. Et
on peut se retrouver dans une situation où des compagnies, sous prétexte
qu'elles utilisent l'identité numérique, n'offrent pas le service autrement,
qu'on perd le service qui vient. Donc, nous, notre amendement, et puis je vole
le punch, là, va, en gros, dans la même... dans le même sens, mais, après
«public», on rajoute «et privé», parce qu'on ne voudrait pas se retrouver dans
une situation où, sous prétexte que l'État met des moyens pour avoir une
identité numérique, on se retrouve avec 50 % de la population qui n'a plus
accès à des services. Dans le privé, parce que le privé, il se dit : Ah,
bien, c'est bien commode, je vais utiliser le service de l'État et je ne vais
plus offrir de service. Et, à ce moment-là, bien, la loi qui s'appliquait sur
les autres ministères ne s'applique pas, évidemment.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de La Pinière.
M. Bouazzi : Bien,
j'attendrais une réponse, peut-être, M. le Président.
M. Caire : ...aurait un
amendement. Donc, j'élaborai plus à l'amendement, mais l'utilisation d'un
service d'identification et authentification, quel qu'il soit, n'est pas en
lien avec les politiques qu'une entreprise privée pourrait mettre de l'avant,
donc qu'ils utilisent Salesforce ou qu'ils utilisent un autre service
d'identification, d'authentification, ou que ce soit l'identité numérique
nationale, si cette entreprise-là décide de diminuer sa prestation de services
en personne, ce n'est pas en lien avec l'identité numérique nationale, c'est en
lien avec une politique de l'entreprise. Puis je ne pense pas qu'on puisse
légiférer pour dire aux entreprises comment donner la prestation de service à
leur clientèle.
M. Bouazzi : ...
Le Président (M. Simard) : Mais
non, s'il vous plaît. Alors, Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors là, ce que je comprends, c'est que l'utilisation de l'identité
numérique nationale va créer deux catégories de citoyens au Québec : ceux
qui sont capables d'utiliser l'identité numérique nationale et ceux qui ne sont
pas capables ou qui ne peuvent pas l'utiliser parce qu'on ne veut pas... on ne
peut pas, semble-t-il, obliger les organismes et ministères à continuer
d'offrir le service en personne. C'est ce que je comprends de toutes nos
discussions. Et le ministre me réfère à l'article 6 de la Loi sur...
Mme Caron : ...administration
publique qui n'est que l'article qui porte sur la déclaration de services aux
citoyens. Pour M. et Mme Tout le monde, ceux qui peuvent aller sur les sites
Web des organismes et ministères, on voit c'est quoi, la déclaration de
services aux citoyens. Alors, pour ceux qui... pour les ministères et
organismes qui fournissent directement des services aux citoyens, ils rendent
publiques leurs déclarations, ça comprend les objectifs quant au niveau des
services offerts et quant à la qualité de ces services, ça porte sur la
diligence avec laquelle les services devraient être rendus et fournis, une
information claire sur leur nature et leur accessibilité. Les services aux
citoyens comprennent, pour l'application de la Loi sur l'administration
publique, les services offerts à la population et aux entreprises. Alors,
il n'y a rien là qui peut dire que, dans un nouveau monde numérique, avec
l'identité numérique nationale, les ministères et organismes sont obligés
d'offrir... de continuer d'offrir le service en personne, là. Et si on descend
même à l'article 7, on dit que le ministère ou l'organisme qui fournit
directement des services aux citoyens doit s'assurer de connaître les attentes
des citoyens, simplifier le plus possible les règles et procédures régissant la
prestation de services puis développer chez ses employés le souci de dispenser
des services de qualité et les associer à l'atteinte des résultats fixés par le
ministère ou l'organisme. Bien, il n'y a rien qui protège les personnes qui ne
seront pas capables d'utiliser l'identité numérique en leur garantissant qu'ils
vont pouvoir continuer de recevoir les services.
Je comprends que le ministre ne peut pas
dire... le ministre la Cybersécurité et du Numérique ne peut pas dire tel
organisme, tel ministère, vous devez offrir tous ces services ou peu importe
les services que vous devez offrir, mais il faut qu'il y ait une garantie
quelque part que les citoyens, quel que soit leur degré d'utilisation, leurs
connaissances du numérique ou leurs capacités financières à utiliser le
numérique, vont avoir les services, vont continuer d'avoir les services en
personne.
M. le ministre parlait, disait : Il
faudrait que je retourne au Conseil des ministres. Bien, il y en a un la
semaine prochaine, là. Pourquoi le Conseil des ministres ne se parle pas?
Pourquoi le gouvernement ne s'entend pas sur la fait qu'on ne peut pas créer
deux classes de citoyens, comme effet pervers de ce projet de loi?
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci. Alors, votre temps, pour cet amendement, est révolu. M. le
ministre, souhaitiez-vous intervenir à ce stade-ci?
M. Caire : Très brièvement.
Ce que j'ai dit, c'est que, si je présentais cet amendement-là, ce serait
bloqué au comité législatif. Ça sort complètement de la portée du ministère. Ce
n'est pas une question de retourner au Conseil des ministres pour le faire
approuver, c'est une question que ce ne serait pas approuvé.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Y aurait-il d'autres commentaires? Chère collègue de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Merci. Oui,
pour rebondir sur le point de ma collègue, il est vrai, à la lecture de
l'article 6, qu'on parle d'une déclaration de services. Cet article-là
date de 2000, l'an 2000. Est-ce que, depuis l'adoption de ce texte de loi,
il y a eu une diminution des services? Et ce qu'il y a eu des changements?
Est-ce que la déclaration a été modifiée? Ou est-ce que, selon vous, depuis ce
moment-là...
Une voix : ...
M. Caire : Oui, c'est ça,
c'est dans les rapports annuels de gestion.
Mme Setlakwe : Il y a...
Bien, c'est une question importante, on aimerait avoir la réponse.
M. Caire : Oui, mais c'est
parce que, là, Mme la députée, vous me demandez de vous faire une analyse
complète de 25 ans d'application de la loi à travers 305 organismes
publics du gouvernement du Québec. Votre question, c'est ça, là.
Mme Setlakwe : Est-ce qu'il y
a eu une diminution de services? Est-ce qu'il y a eu des fermetures de bureaux?
M. Caire : Excusez-moi de ne
pas avoir la réponse, là.
Mme Setlakwe : Non, je ne dis
pas qu'il faut l'avoir sur le champ, mais ce serait intéressant de savoir s'il
y a eu des fermetures de bureaux ou est-ce que nous, on va devoir, comme on l'a
fait, chercher dans la revue de presse qu'est-ce qu'il y a eu comme fermeture
de bureaux. Ici, je suis tombée sur un article pour cette postpandémie de
septembre 2022 : Un syndicat dénonce la fermeture de bureaux de la
CNESST dans l'Est-du-Québec. Ça reprend essentiellement ce qu'on discute
depuis les dernières 30 minutes, les fermetures de bureaux. Les seuls qui
restent ouverts, ce sont ceux dans les grands centres. Et donc ce qu'on a dit,
c'est que les citoyens qui habitent en région éloignée se retrouvent avec une
obligation de... soit d'utiliser un ordinateur alors qu'ils ne sont peut-être
pas capables de le faire ou de se déplacer sur des grandes distances.
On essaie de voir s'il y a eu une étude
d'impact. On essaie de voir si vous êtes capables, comme... on vous amène à vouloir
rassurer la population. Parce qu'en ce moment, juste en se rabattant sur
l'article 6, qui dit que les organismes doivent émettre une déclaration,
ce n'est pas si rassurant que ça, là. La déclaration peut être modifiée. Il y a
des fermetures de bureaux qui peuvent avoir lieu.
M. Caire : Bien, écoutez, on
est en train de créer un cadre législatif pour...
M. Caire : ...l'identité
numérique nationale. Ce que je vous dis, là, puis je souhaite effectivement
rassurer la population, c'est qu'actuellement la prestation de services n'est
pas impactée par quelle forme ou quelle est l'application qu'on utilise pour
s'identifier et s'authentifier sur les prestations électroniques de services.
Actuellement, il y en a 109 au sein du gouvernement du Québec, ça, je peux vous
le dire. Il y a toutes sortes de prestations électroniques de services qui sont
élaborés par les ministères et organismes pour essayer de donner des services à
la population, notamment les populations en région.
Je comprends l'enjeu de la fracture
numérique, c'est effectivement un enjeu dont les solutions ne sont pas dans le
projet de loi, mais qui sont ailleurs. Mais là, la discussion qu'on a,
c'est : Est-ce que le remplacement... Mettons, je synthétise ça, là,
est-ce que le remplacement des 109 systèmes d'identification et
d'authentification utilisés par le gouvernement, par un seul, va amener le
gouvernement du Québec à cesser de donner des services à la population dans des
comptoirs de services? C'est un peu ça, la discussion qu'on a.
Alors, vous me dites : Rassurez la
population. Bien, je dis : Les ministères... puis sur la base... excusez,
je vais revenir sur la base d'un amendement qui dit : Bien là, il faudrait
que le ministère de la Cybersécurité et du Numérique s'assure que le niveau de
services en personne est maintenu. Je vous dis : Un, selon l'amendement,
ce n'est pas le mandat du ministère de la Cybersécurité et du Numérique. Il n'a
pas été créé pour ça. Il a été créé pour gérer des services informatiques, des
services numériques, comme l'identité numérique nationale. Et vous me
dites : Bon, bien, est-ce que, dans les 25 dernières années où la
loi... la disposition de la déclaration de services a été adoptée dans les
305 organismes, est-ce qu'on a vu une diminution des services en présence?
Un, je ne peux pas répondre à cette
question-là pour des raisons que vous comprenez très bien, Mme la députée, puis
je le sais, mais je vous dirais, a contrario, est-ce que vous avez connaissance
d'un ministère ou d'un organisme qui a cessé de donner des services en présence
et qui ne donne maintenant que des services numériques à la population? Moi, je
pense que la réponse à ça, c'est non.
• (16 heures) •
Mme Setlakwe : Mais je vous
en ai cité un exemple dans un article de Radio-Canada. La question de la...
Vous avez dit, dans les derniers instants, que la fracture numérique, c'est un
enjeu. Ça a été soulevé en consultations particulières. On était assises...
M. Caire : Ça a été soulevé
quand on a adopté la loi n° 6 qui créait le ministère
de la Cybersécurité et du Numérique. Donc, je ne nie pas que c'est un enjeu. On
avait eu d'ailleurs, avec Mme la députée de Saint-Laurent, des échanges très,
très, très constructifs là-dessus.
Mme Setlakwe : Et puis,
durant les consultations particulières sur le projet de loi n° 82,
vous reconnaissez que l'enjeu a été soulevé par plusieurs...
M. Caire : Absolument,
absolument. Oui, oui.
Mme Setlakwe : Et puis donc,
vous n'avez pas jugé bon, dans la période de temps entre la fin des
consultations particulières et le début de l'étude détaillée, de proposer un
libellé, de proposer un libellé qui puisse rassurer le... Celui que nous, on
soumet, il ne doit quand même pas vous surprendre, là, qu'on parle de... qu'on
ait cette discussion sur la...
M. Caire : Un peu quand même.
Mme Setlakwe : Oui?
M. Caire : Un peu quand même,
oui.
Mme Setlakwe : Qu'on ait la
discussion sur le maintien des services?
M. Caire : Bien oui, parce
que ce n'est pas l'objet du projet de loi ni du ministère. Donc, je ne dis pas
que le débat n'est pas pertinent puis je ne dis pas que l'enjeu de la fracture
numérique n'est pas un enjeu, mais ce n'est pas l'objet du projet de loi ni du
ministère sur le maintien des services. Sur la fracture numérique, le ministère
a un rôle à jouer, puis on va le jouer, puis il y a déjà des choses qui sont en
place, dont on pourra, si vous le souhaitez, parler aux études de crédit, mais
ce n'est pas l'enjeu du projet de loi.
Donc, oui, je suis surpris qu'il y ait un
amendement qui dise : Bien, le ministère de la Cybersécurité et du
Numérique devrait s'assurer que le niveau de services des ministères et des
305 organismes du ministère... du gouvernement du Québec maintienne un
niveau de services en présence adéquat ou... alors que ce n'est pas du tout le
mandat du ministère, là. Tu sais, c'est comme si on... quand on a eu la
discussion sur le projet de loi n° 3 sur la santé, ce
n'était pas le mandat, ça ne devenait pas le mandat du ministère de la Santé
d'assurer la Cybersécurité.
Mme Setlakwe : Mais
l'article 10.3 tel que soumis, tel que vous l'avez soumis, parle de la
fourniture d'une prestation...
16 h (version non révisée)
Mme Setlakwe : ...de services
gouvernementale. Donc, ici, la prestation de services gouvernementale, elle est
rendue par un organisme public, elle n'est pas rendue par votre ministère, n'est-ce
pas?
M. Caire : Oui, oui, oui,
exact.
Mme Setlakwe : Et il n'est
pas obligatoire pour une personne d'utiliser l'identité numérique nationale.
M. Caire : Qui est de mon
ressort.
Mme Setlakwe : Eh oui! Mais c'est
tellement intimement lié que, peut-être, le libellé n'est pas optimal, mais c'est
la suite logique à 10.3.
M. Caire : Pour ma
compréhension, je ne comprends pas ce que vous voulez dire par «c'est tellement
intimement lié», vous voulez dire...
Mme Setlakwe : Intimement li,
là, on dit : Vous n'êtes pas obligé d'utiliser l'identité numérique
nationale, et on parle des services gouvernementaux qui sont rendus par l'organisme...
par les organismes publics...
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : ...et la
question se pose évidemment : Alors, comment on s'assure que les personnes
qui choisissent ou qui ne peuvent pas l'utiliser vont continuer d'avoir accès?
C'est toute la question de l'accessibilité aux prestations de services
gouvernementales.
M. Caire : Je vais
rétropédaler, Mme la députée... bien, rétropédaler, je vais revenir.
Actuellement, les services... les prestations électroniques de services du
gouvernement du Québec, certaines sont accessibles par clicSÉQUR, par exemple.
C'est le cas présentement, on s'entend, ce qui n'empêche pas les ministères et
organismes de donner une prestation de services physiques. Alors, j'ai envie de
vous demander : En quoi de dire aux ministères et organismes vous allez
remplacer clicSÉQUR par l'identité numérique nationale, et cette identité numérique
nationale là ne peut pas être imposée aux citoyens, en quoi ça, ça menace le
fait que l'organisme donne et continuerait à donner des services à la
population, des services physiques?
Ça fait que, quand vous me dites : C'est
intimement lié, c'est là où j'ai de la... j'ai plus de difficultés à suivre, et
encore plus quand vous dites : Bien, il me semble que ça devrait être le
rôle du ministère de la Cybersécurité et du Numérique de s'assurer d'être le
gardien d'un certain niveau de prestation de services physiques. Alors...
Mme Setlakwe : Nous, ce qu'on
dit, c'est que le gouvernement doit maintenir des services.
M. Caire : Oui, oui.
Mme Setlakwe : Sur le fait
que c'est... que vous, vous n'avez pas l'autorité d'imposer à d'autres
organismes, là on peut commencer à jaser. Mais je pense qu'on devrait arriver à
un meilleur libellé où dans le déploiement de l'identité numérique nationale
qui, honnêtement, va être beaucoup plus large et va... Et ça va ouvrir la porte
à une intensification, là, une accélération, une plus grande participation de
la population. Si ce n'est pas ça, l'intention, je ne sais pas pourquoi on est
assis ici. C'est qu'on souhaite qu'il y ait un plus grand nombre de personnes
qui l'adoptent.
M. Caire : Non, non, non.
Mais là, si vous me permettez, puis je trouve ça intéressant ce que vous
amenez. La transformation numérique, pour moi, est un phénomène sociétal
inévitable qui va s'accélérer, identité numérique, nationale ou non. La
différence, c'est au niveau du gouvernement du Québec, veut -on continuer à
avoir 109 systèmes d'authentification différents? Un. Deux, compte tenu de
cette réalité-là où aujourd'hui, avec mon téléphone, je peux avoir des billets
de spectacle, je peux payer avec ma carte de crédit, je peux faire plein d'opérations,
sauf avec mon gouvernement. Il y a juste mon gouvernement pour lequel je suis
encore avec ma carte en plastique.
Alors, oui, effectivement, ça va
favoriser, oui, une transformation numérique, je suis d'accord avec vous, mais
ça va se faire, identité numérique nationale ou non. Donc, tout ce que le
gouvernement fait, ce que nous faisons, c'est de nous assurer, en amont de
cette transformation numérique là, qu'on va le faire avec des pièces qui
seront... qui vont répondre à un certain cadre juridique, autant... Puis ce qu'on
s'assure, c'est que le citoyen va reprendre un contrôle de ses pièces d'identité,
puisqu'on s'assure, c'est qu'on va avoir un niveau de sécurité qui va être
adéquat par rapport à ces transactions-là, et qu'on n'aura pas des ministères
et organismes qui, compte tenu de ce que je viens de vous dire, vont s'en aller
dans toutes les directions parce qu'ils travaillent en silo, comme ça a été
trop longtemps le cas au gouvernement du Québec, avec tous les problèmes que ça
impose aujourd'hui...
M. Caire : ...c'est ça
qu'on est en train de faire, Mme la députée, là. Donc, je comprends la
préoccupation, je la comprends, mais je le dis puis je ne partage peut-être pas
votre opinion sur la Loi sur l'administration publique. Moi, je pense que cette
déclaration là, c'était à l'époque une bonne idée, ça l'est encore aujourd'hui,
je pense. Puis je pense qu'il y a des mécanismes, il y a des organismes de
protection, dont le Protecteur du citoyen, qui ont été mis en place pour
s'assurer justement de cette équité-là. Et je reviens à ce que M. le député de
Maurice Richard disait. Oui, c'est vrai qu'à l'occasion le gouvernement peut
prendre des décisions discutables, mais un gouvernement ne prendra pas la décision
de ne pas donner des services à sa population. Puis que ce soit le nôtre, un
autre dans le passé ou dans le futur, moi, je ne connais pas de... Puis je vais
répondre peut-être d'une façon indirecte à votre... Ça fait 18 ans que je
suis à l'Assemblée nationale. Puis, au-delà de nos... de nos visions du Québec,
je n'ai jamais vu un gouvernement, qu'il soit du Parti québécois ou du Parti
libéral, dont l'intention était de ne pas donner des services à sa population.
Mme Setlakwe : Oui. Bien,
écoutez, on peut continuer à débattre. J'ai l'impression qu'il y a vraiment une
fermeture, mais les cas de la CNESST et de SAAQ sont d'ailleurs mis de l'avant
dans le mémoire, là, de la Ligue des droits et libertés. Et vous parlez des
services. Honnêtement, là, si on commence à embarquer dans la qualité des
services dans les dernières années, je ne pense pas que... je ne pense pas que
le portrait est reluisant. Et donc, encore une fois, nous, notre préoccupation,
elle est légitime. Elle a été mise de l'avant par de nombreux, nombreux
groupes. On a... On n'est pas contre l'identité numérique nationale, pas du
tout, mais à la lumière de cette dégradation des services, du fiasco SAAQclic,
des chiffres, des pourcentages qui ont été mis de l'avant, ces mêmes... Je veux
dire, moi, je ne réalisais pas à quel point il y avait un important pourcentage
d'adultes âgés entre 16 ans et 65 ans, considérés peu alphabétisés au
Québec. Ce sont honnêtement des... En tout cas, les pourcentages qui ont été
mis de l'avant m'ont vraiment ébranlée. Et puis qu'on n'ait pas... qu'on n'ait
pas... qu'on ne soit pas capable, dans le texte de loi, de prévoir un mécanisme
quelconque pour s'assurer qu'il y ait un arrimage... Je comprends que vous
n'avez pas les pouvoirs sur les organismes, directs sur les organismes publics,
mais il aurait été intéressant qu'on nous propose une voie de passage, qu'on
nous propose un libellé qui fonctionne. Je ne l'ai pas entendu de la part de la
légiste, je n'ai pas entendu d'intention de votre part de tenter d'en trouver
un.
• (16 h 10) •
M.
Caire
: Bien,
pour la raison que je pense que la situation qui est décrite, elle est couverte
par, d'une certaine façon, par la loi. On peut avoir une divergence d'opinions
là-dessus, puis c'est tout à fait légitime si c'est le cas, mais moi, je pense
que la situation, elle est découverte, là.
Le Président (M. Simard) :
S'il n'y a pas d'autre commentaire, nous allons procéder à la mise aux voix.
D'autres commentaires?
Mme Setlakwe : Oui. Un
vote par appel nominal, s'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Avec plaisir. Mme la secrétaire, veuillez procéder, je vous prie.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Mme Caron (La Pinière)?
Mme Caron : Pour.
La Secrétaire
: Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont)?
Mme Setlakwe : Pour.
La Secrétaire
: M. Caire
(La Peltrie)?
M.
Caire
:
Contre.
La Secrétaire
: Mme Abou-Khalil
(Fabre)?
Mme Abou-Khalil : Contre.
La Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
La Secrétaire
: M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Contre.
La Secrétaire
: M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
La Secrétaire
: M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) :
Abstention. Cet amendement est donc rejeté. Et conséquemment nous revenons à
l'étude de l'article 10.3. Et pour ce faire, notre collègue de
Maurice-Richard a déjà déposé sur Greffier, de mémoire, quatre amendements,
dont un porte essentiellement directement sur l'article 10.3. Alors, cher
collègue, voudriez-vous d'abord, s'il vous plaît, nous en faire lecture?
M. Bouazzi : Avec grand
plaisir, M. le Président. Surtout que, pour une fois, je n'ai pas oublié mes
lunettes : À l'article 10.3 de la Loi sur le ministère de la
Cybersécurité et du Numérique, introduit par l'article 6 au projet de
loi :
1° remplacer les mots «à une personne afin
de fournir à cette dernière une prestation de service gouvernemental» par les
mots «ou privé»;
2° l'utilisation de l'identité numérique
est au choix de la personne... Non, pardon.
2° ajouter, à la fin de l'alinéa suivant,
«l'utilisation de l'identité numérique est au choix de la personne...
M. Bouazzi : ...c'est des
services non numériques, par exemple, en personne ou au téléphone, et garantis,
et accessibles, et de qualité.
Donc je comprends qu'on a beaucoup,
beaucoup parlé du point 2, ça fait qu'honnêtement, je ne vais pas refaire la
conversation. Je vais vous faire l'économie de tout ça, M. le ministre, mais le
point 1 me semble me semble vraiment important, qui est la question de
dire : Bien, oui, ce n'est pas obligatoire ni dans le public ni dans le
privé, tout simplement. Et je ne sais pas comment... Parce que quand, en
commission, j'avais posé la question de nous donner des exemples de privé qui
auraient besoin d'une identité numérique, et un des intervenants avait donné
comme exemple, en fait, des institutions privées de santé par exemple. Et dans
le cas, par exemple, d'une institution, je sais que votre gouvernement espère
même faire des minihôpitaux privés, des GMF, etc. Mais on pense que ça serait
important de dire que ce n'est pas obligatoire, point barre.
M. Caire : Quand vous dites,
l'identité numérique ne serait pas obligatoire...
M. Bouazzi : Ni pour le
public ni pour le privé. Si on oublie la deuxième phrase, là, et puis, si on
arrive à se mettre d'accord là-dessus, moi, je veux bien vous retransmettre, à
un autre moment...
M. Caire : ...bien, en fait,
c'est que l'identité numérique n'est pas obligatoire pour les entreprises
privées. Les seuls organismes pour qui l'utilisation de l'identité numérique
est obligatoire, ce sont les organismes publics du gouvernement du Québec. C'est
les seuls, parce que ce sont les seuls qui sont soumis à la LGGRI, la Loi sur
la gestion et la gouvernance en ressources informationnelles, qui me donne mes
pouvoirs habilitants. Donc...
M. Bouazzi : Je pense qu'on
s'est mal compris, M. le ministre. On parle ici de la phrase, là,
«l'utilisation de l'identité numérique nationale ne peut être imposée par un
organisme public», et là on rajouterait «ou privé», et on laisserait tout le
reste tomber, là. Si vous voulez qu'on le garde, on peut le garder, là, mais
l'idée, c'est de dire : Ça ne peut pas être imposé par un organisme qu'il
soit public ou privé, c'est ça que ça veut dire.
M. Caire : Oui, mais c'est
ça...
M. Bouazzi : Donc là vous
dites : S'ils peuvent utiliser d'autres identités numériques, il n'y a pas
de problème. Ce n'est pas ça la question, la question, c'est : Ils ne
peuvent pas imposer l'utilisation de celle-là au même titre que le privé.
M. Caire : Mais c'est déjà,
c'est déjà implicite que les organismes privés n'ont pas l'obligation
d'utiliser l'identité numérique. C'est dans ce sens-là. Ce que je veux dire,
c'est... Puis je vais essayer d'être peut-être un peu plus clair dans mon
explication. Pour une prestation électronique du gouvernement qui nécessite de
s'identifier, s'authentifier, l'organisme en question n'aura pas le choix
d'utiliser l'identité numérique nationale. Pour une prestation électronique de
services dans une entreprise privée qui nécessite l'identification,
l'authentification, l'entreprise privée va choisir quel service
d'identification, authentification, il décide d'utiliser.
Ceci étant dit, je vous donne un exemple.
Pour accéder à mes informations bancaires sur une application mobile,
évidemment, je dois m'identifier, m'authentifier. Donc, l'utilisation d'un
service, quel qu'il soit, est évidemment un prérequis pour donner accès à
l'application. Je sais que vous comprenez bien, c'est...
Alors, l'entreprise privée pourrait
demander au gouvernement la possibilité d'utiliser l'identité numérique
nationale, ce qui ferait l'objet de discussions et, bon, après ça, on pourrait
s'entendre. Mais il n'y a pas d'obligation, moi, je ne peux pas imposer ça à
une entreprise privée. Et l'entreprise privée, évidemment, ne peut pas
l'imposer aux citoyens de facto puisqu'il n'y a pas d'obligation de l'utiliser
pour l'entreprise privée.
M. Bouazzi : Pourquoi elle
pourrait ne pas... Je comprends que l'entreprise privée n'est pas obligée
d'utiliser l'identité numérique, ça, c'est clair, tout ce que vous avez dit est
clair. Mais si une entreprise privée di : Pour avoir accès à mes services,
vous n'avez pas le choix d'utiliser l'identité numérique nationale, ça, dans ce
que vous avez dit, ce n'était pas clair, M. le ministre, parce que
l'utilisation, là... L'article 10.3, il dit : «L'utilisation de
l'identité numérique nationale ne peut pas être imposée par un organisme
public.» Donc, là, ce qu'on dit, c'est qu'un organisme public ne peut pas
dire : Tu n'as pas le choix, tu utilises cette affaire-là...
M. Caire : Exact.
M. Bouazzi : ...à moins
que... pour les questions numériques, etc. Mais là, nous, ce qu'on dit :
Mais pourquoi est-ce qu'un organisme privé ne serait pas assujetti à la même
chose? C'est-à-dire comment, comment éviter qu'un organisme privé te
dise : Tu n'as pas le choix, tu es obligé d'utiliser mon identité
numérique?
M. Caire : Parce que, dans le
contexte que vous décrivez, on peut penser que l'entreprise privée donne ses
services par prestation électronique de services...
M. Caire : ...ce qui est sa
prérogative. Et, à partir de là, s'il décide d'utiliser l'identité numérique
nationale ou tout autre service d'identification, d'authentification, bien,
c'est évident qu'il y a une obligation de l'utiliser pour donner accès aux
services. Donc, ce que je comprends de votre... de votre question, c'est :
Peut-on interdire à une entreprise privée de ne donner que des services par
prestation électronique de services?
M. Bouazzi : Non.
M. Caire : Ah! excusez.
M. Bouazzi : Peut-on...
peut-on interdire à une compagnie privée de rendre obligatoire l'utilisation de
l'identité numérique nationale?
M. Caire : Bien, comme elle
n'est pas... son utilisation par l'entreprise privée n'est pas obligatoire...
J'ai l'impression qu'on dit la même chose, M. le député, je...
M. Bouazzi : Je n'ai pas...
je n'ai pas la même impression, M. le...
M. Caire : O.K. Allez-y.
M. Bouazzi : Donc, la
question, c'est : Si une compagnie privée décide de rendre obligatoire
l'utilisation de l'identité nationale numérique...
M. Caire : Pouvez-vous me
donner un exemple? Juste... puis vraiment, j'essaie de comprendre.
M. Bouazzi : Bien, n'importe
quelle compagnie privée qui dit : Pour accéder à mes services, vous n'avez
pas le choix, vous avez besoin d'une identité nationale numérique.
M. Caire : Mais, dans votre
esprit, ces services-là nécessitent-ils de s'identifier, s'authentifier?
M. Bouazzi : Oui.
M. Caire : Bien, s'il y a une
obligation de s'identifier, s'authentifier, à partir de là, l'entreprise privée
n'a pas le choix d'imposer, si je peux me permettre, le... son choix
technologique, que ce soit l'identité numérique nationale ou que ce soit un
autre choix technologique, qui aurait été fait par l'entreprise.
• (16 h 20) •
M. Bouazzi : Bien, la grande
différence, M. le ministre, c'est que, si j'ai le choix entre utiliser une
identité Google ou... un log in et un mot de passe, par rapport à utiliser
mon... identité nationale numérique, c'est comme si maintenant n'importe qui
dans le privé peut demander une carte d'identité, là, ce qui est... ce qui
est... Je veux dire, on a le droit à créer des log in qui s'appellent Ouistiti
un, deux, trois sur Internet aujourd'hui, là. Bon, mais, si j'utilise mon
identité nationale numérique, je ne m'appelle pas Ouistiti un, deux, trois, je
m'appelle Haroun Bouazzi, et puis il y a donc bien des informations d'ailleurs.
Donc, la question, c'est de dire : Bien, moi, je ne veux pas que les
services du privé rendent obligatoire l'utilisation... Vous savez, demander
l'identité à quelqu'un, c'est des... c'est des choses qui sont...
M. Caire : Mais je comprends
beaucoup mieux avec la discussion, je comprends mieux. Vous, vous dites :
Je veux aller sur un site qui demande de créer un compte, où je crée un nom
d'usager, un mot de passe. Puis je décide de m'appeler un, deux, trois, quatre,
cinq, puis donc je cache mon identité à l'organisation. Là, je comprends mieux.
Maintenant, pour répondre à votre
préoccupation, si le... si l'entreprise en question décidait de faire affaire
avec l'identité numérique nationale, il faut savoir que... Puis je l'avais
expliqué ce matin, il n'y a pas de transmission d'informations. Alors, oui,
évidemment, vous ne pouvez pas créer une fausse identité, là, si vous me passez
l'expression, mais, une fois que... moi, tout ce que je vais faire, c'est
attester que la personne qui cherche à s'identifier, s'authentifier bien la
personne qu'elle prétend être.
Des voix : ...
M. Bouazzi : Si demain...
M. Caire : Moi, j'envoie un
token, là, je n'envoie pas d'informations, c'est un simple token.
M. Bouazzi : Oui, je
comprends ça. Je comprends parfaitement. Bien, j'ai deux questions. La
première, c'est : Est-ce qu'un GMF, par exemple, c'est un... c'est privé
ou est-ce que ça tombe sous organisme... C'est quoi qu'on utilise... organisme
public?
M. Caire : Bien, un GMF,
c'est privé, mais les médecins sont participants.
M. Bouazzi : Donc, est-ce
que, quand on dit : «L'utilisation de l'identité numérique nationale ne
peut pas être imposée à un organisme public», là, je reprends, il n'y a pas mes
amendements, là... Est-ce que toute la partie privée de la santé s'applique ou
ne s'applique pas?
M. Caire : Je ne pense pas,
hein? Non.
M. Bouazzi : Donc, on a un
problème.
M. Caire : Je confirme avec
Me Bacon, la réponse à votre question, c'est non.
M. Bouazzi : Donc, on a un
problème.
Mme Bacon (Nathalie) : Non.
M. Bouazzi : Non, on n'a pas
de problème. C'est-à-dire qu'un hôpital public, lui, il n'a pas le... il n'a
pas le droit de dire : L'identité nationale numérique est obligatoire,
mais le GMF, à côté, lui, la loi dit : Elle est obligatoire.
M. Caire : Le GMF ne peut pas
dire qu'il est obligatoire.
M. Bouazzi : Mais il peut
tout à fait, parce que la phrase qui dit : Vous ne pouvez pas dire qu'il
est obligatoire ne s'applique qu'aux organismes publics, et le GMF n'en fait
pas partie.
M. Caire : Oui, sauf que...
sauf que moi, je n'ai pas l'obligation de fournir un service d'identité
numérique au GMF...
M. Caire : ...je n'ai pas...
je n'ai pas la capacité de l'imposer, mais je n'ai pas l'obligation de lui
fournir ce service-là.
M. Bouazzi : Et donc vous
allez lui couper s'il l'offre... s'il dit : C'est la seule manière.
M. Caire : Non, non, mais
écoutez...
M. Bouazzi : Honnêtement, M.
le ministre, pensons-y bien comme il faut, parce que je pense que vous allez
être d'accord avec moi, je ne peux pas croire que vous n'allez pas être
d'accord avec moi. Aujourd'hui, il y a toutes sortes de services qui sont, en
fait, des services publics, qui sont rendus par des compagnies privées,
spécialement en santé, mais pas seulement, auxquelles la phrase «l'utilisation
de l'identité numérique nationale ne peut pas être imposée à un organisme
public» ne s'applique pas. Je suis sûr que vous voulez que ça s'applique. Je ne
peux pas croire que vous dites : Bien oui, si le service, le même service,
là, s'il est donné par un CLSC ou un hôpital, ma phrase s'applique, mais si
c'est un GMF ou un hôpital privé, ma phrase ne s'applique pas. Si c'est une
école publique, ma phrase s'applique. Si c'est une école privée, ma phrase ne
s'applique pas. Mettons-nous d'accord, là, on ne veut surtout pas qu'il y ait
une différence entre les deux, là. Nous, on voudrait que tout soit public, mais
disons que je me mets de votre côté à vous, il est quand même... On en a raté
une, si vous voulez mon avis.
M. Caire : Mais, si je peux
me permettre, M. le député, d'une part, je n'ai pas l'obligation de fournir ce
service-là à une entité privée, quelle qu'elle soit, alors que dans le public
on l'a imposé, donc on fournit le service. Première chose. Deuxième chose, on
va le voir un peu plus loin, si tant est qu'un organisme public décidait qu'il
souhaite utiliser l'identité numérique nationale, ça fait l'objet de
discussions.
Une voix : ...
M.
Caire
:
Pardon?
M. Bouazzi : Vous avez dit
public. On parle de public ou...
M. Caire : J'ai-tu dit...
public? Excusez-moi. Privé. Désolé, désolé. Donc, si, par exemple, bon, on
parle, là, on parle d'un GMF, mais on pourrait parler d'une institution
financière, d'une compagnie de télécommunication, quiconque a besoin de
vérifier l'identité de son client. Moi, je n'ai pas d'obligation à fournir ce
service-là, là, et eux n'ont pas l'obligation de l'utiliser, mais dans la
mesure où l'un et l'autre sommes d'accord pour, moi, fournir le service, eux,
l'utiliser, moi, je peux imposer des conditions, là, ça fait partie des... Puis
on va le voir, là, quand on va discuter les articles subséquents, je peux
décider d'imposer des conditions, notamment celle de ne pas l'imposer aux
clients.
M. Bouazzi : J'entends.
Est-ce que vous pensez, et moi, je vous proposerais peut-être, mais à moins que
vous me dites que, vraiment, là, vous ne voulez pas qu'on fasse un tel
amendement, mais est-ce qu'il y aurait un mot autre que «privé» qui pourrait,
au moins, inclure tous les services, genre GMF et autres, et puis écoles
privées, et autres, etc., tout ce qui est parapublic, pour dire : Bien
oui, c'est les mêmes règles pour tout le monde, là? Je comprends que vous n'avez
pas l'obligation, mais mettons-nous d'accord que ce devrait être la même
condition pour tous ces services-là qui sont des services normalement...
M. Caire : ...comme je dis,
M. le député, c'est parce qu'on a déjà d'autres dispositions plus loin qui
donnent quand même la capacité de... Parce que l'idée, dans le cadre législatif
qu'on met en place, c'est donner la possibilité au gouvernement de sortir de
son strict périmètre de ses organismes. Donc, comme je le disais, bon, on est à
signer des ententes avec le gouvernement fédéral, mais ces ententes-là, tu
sais, vont éventuellement répondre à des dispositions de la loi. On pourrait
aller vers les municipalités. Vous parlez des GMF. Bon, on est dans un
organisme privé, mais qui a un pied dans chaque monde parce que, souvent, c'est
des médecins qui sont participants aux régimes publics, là. Donc, à ce
moment-là, on pourrait, oui, dire : O.K., vous voulez utiliser l'identité
numérique nationale. Parfait. Mais voici les... voici les conditions, voici la
tarification, parce qu'il y aurait une tarification du service, évidemment,
puisque ce n'est pas un organisme public à proprement parler. Alors, je...
Donc, de dire que ça va se faire dans les mêmes... juste pour compléter, dire
que ça va se faire dans les mêmes conditions, je comprends ce que vous voulez
dire, mais, dans les faits, ce n'est pas vrai dans l'absolu, parce que je peux,
moi, créer des conditions différentes parce que, pour le bien de mon service
et/ou du citoyen, je vais travailler dans des conditions différentes, parce que
mon organisme public, lui, il est soumis à certaines prérogatives, des lois,
des obligations que l'entreprise privée n'a peut-être pas. Donc, dire que je
vais le faire dans les mêmes conditions, ce n'est pas clair que oui...
Le Président (M. Simard) : ...chers
collègues, je cède, dans l'intervalle, la parole à la députée de
Mont-Royal-Outremont.
Mme Setlakwe : Merci. Moi, je
serais intéressée d'avoir la réaction du ministre au deuxième alinéa. Est-ce
que vous trouvez que la deuxième phrase est un libellé qui est acceptable pour
garantir l'accès à des services non numériques, par exemple, en personne ou au
téléphone... en fait, d'affirmer que l'accès est garanti, est accessible et de
qualité?
M. Caire : Bien, comme j'ai
dit, d'abord, la première partie, l'utilisation de l'identité numérique est au
choix de la personne. Je pense que le libellé qu'on a là remplit déjà cette
condition-là. Puis, dans la deuxième partie, comme j'ai dit, on n'est pas dans
une dynamique de sémantique, on est dans une dynamique de la portée de ce qu'on
est en train de faire. Puis qu'on le libelle comme Mme la députée de La Pinière
l'a fait ou qu'on le libelle comme M. le député de Maurice-Richard, dans les
faits, on donne, dans la loi constitutive du MCN, on donne une prérogative qui
dépasse le mandat du MCN. Donc, ce n'est pas légistique, c'est juridique, je
veux dire, c'est un problème de dire : Le ministère de la Cybersécurité et
du Numérique ne peut pas être le garant des services tels qu'ils doivent être
donnés ou non par les organismes qui sont responsables de donner ces
services-là.
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques? Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Est-ce que je
peux encore intervenir?
Le Président (M. Simard) : Sur
cet amendement-là, oui, oui, tout à fait.
Mme Caron : Ah oui! C'est sur
l'amendement, oui.
Le Président (M. Simard) : On
a reparti le compteur à zéro.
• (16 h 30) •
Mme Caron : D'accord. Oui,
c'est vrai. Merci, monsieur... Je vous disais, M. le ministre, mais non, M. le
Président. Merci.
Bien, une question : Puisqu'on peut
pas trouver de moyens, dans le projet de loi, que le ministre de la
Cybersécurité, du Numérique ou que la loi constitutive du MCN demande ou impose
une garantie de continuité des services en personne ou, en tout cas, en
présentiel, comme M. le ministre avait dit tout à l'heure, je remarque que,
sans entrer dans d'autres... dans d'autres articles, je remarque que certains
articles, dont le 10.6, ont dit : Le gouvernement fait telle chose. Est-ce
qu'on pourrait avoir un amendement, en 10.3, qui fonctionnerait... Là, je sais
qu'on parle de l'amendement de M., mais est-ce qu'on pourrait dire que le
gouvernement détermine que les services offerts par des organismes publics
ou... continuent... doivent continuer, à ce moment-là, on ne sortirait pas le
ministre ou le ministère de la Cybersécurité, du Numérique, de son carré de
sable?
M. Caire : Oui, mais c'est
toujours... Parce que là le souhait, c'est d'aller dans la prestation de
services physiques. Ça, je ne peux pas aller là.
Mme Caron : Alors, c'est
ça...
M. Caire : Parce que, pour
répondre à votre question, Mme la députée, vous avez raison, le gouvernement...
Parce que souvent c'est des décrets qui vont donner certaines... certains
enlignements à certaines prérogatives, etc. Donc, quand on dit «le
gouvernement», c'est un décret du Conseil des ministres. Mais, malgré...
nonobstant le fait que ce soit un décret du Conseil des ministres, ça demeure à
l'intérieur du mandat du ministère de la Cybersécurité et du Numérique. Donc,
ce n'est pas le gouvernement, c'est le gouvernement dans la prestation
électronique de services, c'est le gouvernement dans l'utilisation de
l'identité numérique nationale. Donc, ça reste quand même à l'intérieur des
cadres de ce pourquoi le ministère de la Cybersécurité et du Numérique a été
constitué.
Vous allez retrouver la même chose dans
d'autres lois, pour d'autres ministères et organismes, parce que là on agit par
décret, comme on peut le faire, par exemple, par règlement ou par arrêté
ministériel, dépendamment de nos lois habilitantes et des pouvoirs qu'on a.
Mais ça reste toujours à l'intérieur du cadre de notre prérogative comme
ministre au sein de notre ministère.
Mme Caron : Et est-ce que le
gouvernement pourrait modifier la Loi sur l'administration publique pour
établir que... sa volonté de maintenir des services publics de manière
traditionnelle?
M. Caire : Non, ça, c'est
l'Assemblée nationale qui peut faire ça. Un pouvoir habilitant législatif est
donné par l'Assemblée nationale, donc, ça ferait partie. Et là, vous comprenez
bien, je ne pense pas qu'on ait besoin d'aller là, si vous voulez mon humble
avis. Mais, pour répondre théoriquement à une question théorique...
16 h 30 (version non révisée)
M. Caire : ...modifier
une loi, ça se fait par une loi. Et ça, c'est la prérogative de l'Assemblée
nationale.
Une voix : ...
Mme Caron : Je suis prête
à donner mon consentement pour que Mme la légiste me réponde.
M.
Caire
:
Non. Me Bacon, c'était une discussion interne.
Mme Caron : Donc, on ne
peut pas bénéficier.
M.
Caire
: Par
rapport à mon oreille interne.
Mme Caron : Alors donc, on
n'a... on n'a aucune garantie, malgré tout ce qu'on a dit, toutes les
assurances qu'on nous a données, on n'a aucune garantie que cette loi-là ne va
pas se traduire par une fracture numérique et la création de deux classes de
citoyens. C'est vraiment triste, vraiment triste.
M.
Caire
:
Mais je ne suis pas. Je ne partage pas le point de vue de ma collègue, M. le
Président, parce qu'encore une fois, je le réitère, on est en train de faire un
certain nombre d'ajustements pour faciliter la vie des citoyens. Actuellement, Mme
la députée, là, si vous me permettez, puis je partage votre préoccupation, là, comprenez-moi
bien, là, je ne veux pas laisser de citoyen pour compte, là. Ce n'est pas ça l'objectif
du tout. Mais si vous voulez mon avis, là, ce qui rend la situation encore plus
difficile pour un citoyen, c'est dire... Moi, j'ai 109 services d'authentification
différents. Alors, la complexité d'utiliser ça pour le citoyen, là, c'est quand
même là. Donc, nous, on ramène ça à un. À un, pour lesquels vous allez utiliser
les justificatifs qui seront toujours les mêmes, donc plus facile à mémoriser
et plus facile de comprendre comment fonctionne le système. Donc, moi, je pense
au contraire que cette disposition-là rend plus accessibles les services
numériques. Pour ceux qui ont peut être moins de numérique, comme vous dites, vous
avez raison. Est-ce que... Est-ce que ça va faire en sorte que tout le monde va
pouvoir s'en servir? On est conscients, vous et moi, que non. Il y a des gens
pour qui c'est un problème pour différentes raisons, de littératie numérique, d'intention.
Il y a des gens qui ne veulent pas utiliser des services numériques. C'est leur
choix. Il y a des gens qui, bon, pour des raisons de non-disponibilité de l'infrastructure,
ne peuvent pas le faire, mais ces problèmes-là, on ne les solutionnera pas à l'intérieur
du projet de loi, ici, mais ma... Je crois fondamentalement, Mme la députée, qu'on
est en train de simplifier les choses et qu'on rend au contraire les
prestations électroniques de services plus accessibles pour un certain nombre
de citoyens qui ont déjà une certaine habilité, j'en conviens, à les utiliser
et pour qui ça va être encore plus facile.
Mme Caron : Ça, M. le ministre,
je vous l'accorde, ce sera plus facile d'utiliser les services numériques, ce
sera plus facile de les utiliser quand tout ça sera en œuvre comparativement à
maintenant, parce qu'il y aura un endroit, un guichet unique, disons, pour s'authentifier.
Alors ça, je suis parfaitement... je vous suis parfaitement là-dessus. Et peut
être qu'effectivement des personnes qui ont une moins grande littératie
numérique vont être capables avec la... cette authentification, cette identité
numérique, de se servir plus qu'à l'heure actuelle des services en ligne parce
que ça va être plus simple, parce qu'ils vont avoir un accès. Ça, je vous l'accorde.
Puis c'est tant mieux. C'est tant mieux si ça s'avère.
Alors, ce n'est pas ça, mon... Ce n'est
pas ça du tout mon problème. Mon problème, c'est le problème des personnes
auxquelles je pense en ce moment, c'est pour les autres qui n'atteindront pas
ce niveau de littératie numérique ou qui n'atteindront pas les moyens
financiers d'avoir un téléphone cellulaire ou une tablette ou un ordinateur
pour obtenir les services en ligne. Et ce que je crains, ce que les groupes
craignent aussi, c'est que justement par la simplification, et on veut que ce
soit plus simple, là, comprenez-moi bien, par la simplification de l'accès,
parce que les ministères et organismes, tour à tour, en fonction du moment où
ils le détermineront, parce que c'est leur pouvoir de le faire, donc, au fur et
à mesure où les ministères et les organismes utiliseront, se mettront à
utiliser l'identité numérique, de plus en plus, il va y avoir, comme disait ma
collègue, une intensification de l'utilisation des services, pas juste de la
part des citoyens, mais de la part de la fonction publique aussi, dans les
ministères et organismes qui offrent des services directement aux citoyens. Et
ça, à un moment donné, ça fait... ça fait boule de neige. Et on est à une
époque...
Mme Caron : ...où,
effectivement, vous l'avez dit vous-même, on est rendus là. Donc, ça, c'est
sûr, on s'entend là-dessus. Mais il y a des personnes qui ne se rendront jamais
là d'ici... Tu sais, pour le reste de leur vie, il y a des personnes qui ne se
rendront jamais là. Il y a peut-être même des personnes qui ne sont pas nées
encore, mais leurs conditions socioéconomiques vont faire qu'ils ne pourront
pas se rendre là au point de recevoir des services numériques. Et ce que je
veux assurer à ces personnes-là, c'est qu'elles vont avoir le service, que leur
vie ne sera pas... Tu sais, l'accès aux services, là... Parce qu'en admiration
publique c'est ce qu'on apprend à peu près au jour un du cours Enjeux et...
Principes et enjeux en démocratie à l'ENAP, c'est que la fonction publique,
elle est là pour donner au citoyen accès à ses droits, donc pour donner au
citoyen l'accès au programme auquel il a droit ou le service auquel il a droit.
Et donc, si la personne ne peut pas ou... avoir accès au service en personne,
ou si c'est tellement compliqué que, dans les faits, ça devient un service qui
n'est pas accessible parce qu'il y a de grandes distances à parcourir, parce
qu'il n'est pas capable d'utiliser ou de... peut-être qu'il peut
s'authentifier, mais après ça qu'il ne comprend plus rien, il ne comprend pas
les phrases qui sont... tu sais, ce qu'il a à faire, bien, c'est là qu'il y a
une fracture numérique.
• (16 h 40) •
Puis je comprends, je peux me rendre à
tous les arguments que vous avez faits sur votre mandat, votre carré de sable,
finalement, dans le cadre de ce projet de loi là, je peux comprendre ça, mais
ce que j'aimerais, c'est qu'il y ait une façon de ne pas abandonner ces
personnes-là. Et je sais que ce n'est pas votre volonté, vous souhaitez
continuer de les servir, mais c'est comme la conséquence du... de
l'intensification du numérique qui va advenir, c'est certain, après la mise en
place du... de l'identité numérique nationale. C'est à partir de ce moment-là
que ça devient problématique. Puis j'ai de la difficulté à croire qu'il n'y a
pas un moyen qui peut être utilisé, peut-être pas à l'intérieur même du projet
de loi ou... mais, tu sais... Mais comment on peut faire pour que les gens ne
soient pas abandonnés à leur triste sort puis ne pas avoir accès à une moitié,
peut-être, des services publics? Parce que je sais que ce n'est pas ça que vous
voulez, mais... mais moi, je me casse la tête à essayer de trouver une solution
pour ces personnes-là, parce qu'il faut qu'on continue de servir tous les
citoyens, là.
M. Caire : Mais, si je peux
me permettre, d'abord, c'est parce que vous disiez tout à l'heure, puis ça m'a
interpelé, tu sais : On est en train de créer deux classes de citoyens,
mais je ne pense pas que le projet de loi ait cette conséquence-là, de créer
deux classes de citoyens. Alors, peut-être... Puis je comprends votre
perspective, dire : La transformation numérique de la société va
intensifier la fracture numérique. Je pense qu'il y a des... il y a des moyens
pour palier à ça, clairement, d'abord sur la... travailler sur la littératie
numérique, travailler sur l'accès aux infrastructures technologiques. Puis ça
ne rassemblera pas tout le monde, parce que vous l'avez dit, vous avez raison,
il y a des gens qui ne souhaitent pas utiliser les services numériques, puis
c'est leur droit le plus strict, c'est leur droit le plus strict. Il y a des
gens qui n'en auront pas la capacité. C'est une réalité avec laquelle on doit
composer. Mais vous l'avez dit vous-même, le gouvernement du Québec a une
obligation de service. Puis là où je ne partage peut-être pas vos craintes,
c'est sur le fait du scénario du gouvernement qui abandonne une prestation de
service physique pour n'offrir qu'une seule prestation électronique de service.
C'est un scénario auquel je n'adhère pas parce que je me dis... pas un
gouvernement qui va aller là.
Mme Caron : ...je ne pense
pas que le gouvernement va abandonner totalement les prestations de service en
personne ou traditionnelles pour du numérique, mais certains ministères et
organismes pourraient abandonner certains services et opter uniquement pour le
numérique ou alors rendre les services en présentiel tellement rares que, dans
les faits, ça devient un service qui n'est plus offert, parce que le service
est offert, je ne sais pas, une journée... une journée par semaine en personne
parce qu'il y a juste un agent qui peut... qui peut répondre une fois par
semaine. Bien, le citoyen qui travaille...
Mme Caron : ...cette
journée-là, puis qu'il a un petit boulot ou s'est... s'il n'arrive pas... s'il
ne se présente pas au travail, il n'aura pas... non seulement il n'aura
peut-être pas sa paie cette journée-là, mais il pourrait... il pourrait être
pénalisé, perdre son emploi, bien, il ne va pas perdre une journée pour aller
faire la file la seule journée que le service est offert là. Je comprends, on
parle d'un scénario hypothétique, mais c'est quelque chose qui pourrait... qui
pourrait se produire. Donc, c'est pour ça qu'il me semble qu'il faudrait trouver
un moyen.
Vous avez parlé de... qu'il y a d'autres
moyens de prévenir ou d'atténuer la fracture numérique, par exemple en
travaillant sur la littératie numérique ou en mettant à disposition du matériel
par exemple. Bien, moi, je trouve que c'est une bonne idée. Mais je vais
revenir à ce que j'ai dit souvent dans les... quand on a présenté les motions
préliminaires et ce qui nous a été dit aussi par... durant les consultations.
Si on avait une feuille de route pour la mise en œuvre de ce projet-là, peut-être,
qui déborde, peut-être, une feuille de route, peut-être, qui déborde du cadre
simplement législatif du projet de loi, mais qui nous dit : Notre
objectif, l'objectif du gouvernement, c'est de se moderniser, c'est de
faciliter l'accès, comme on le dit ici, mais c'est aussi de s'assurer que les
services seront rendus, continueront d'être rendus en présentiel, ou c'est de
s'assurer de travailler sur la littératie numérique, puis on a un plan pour ça,
qui va impliquer, pas nécessairement le ministère de la Cybersécurité et du
Numérique, mais d'autres personnes, ça fait tout partie, ça, d'une
planification d'une feuille de route qui viendrait dire : O.K., là il va y
avoir ce programme-là. Bien, dans les communautés, ça pourrait être même des
organismes communautaires. Je connais un organisme dans mon comté qui s'appelle
Formatio et qui donne des formations en informatique à des personnes aînées.
Bien, il y aurait quelque chose qui s'organiserait. Alors là, ça, il me semble
que ça pourrait rassurer les gens, dire : O.K., il y en aura plus qui
utiliseront le numérique, mais aussi les services en présentiel seront offerts,
et on va... on affirme la volonté gouvernementale de ne pas créer ces deux
classes de citoyens. Mais, pour l'instant, en l'absence d'une telle feuille de
route, bien, les craintes... les craintes sont là et sont légitimes.
Le Président (M. Simard) : Y
a-t-il d'autres interventions? Cher collègue de... de cet amendement.
M. Bouazzi : De cet important
amendement, si je peux me permettre, M. le Président.
M. Caire : Modestement.
M. Bouazzi : Modestement,
non, je le pense franchement. Alors, moi, je suis vraiment d'accord avec les
arguments de la première opposition. Sur la question des services, c'est une
inquiétude qui est vraiment importante.
Mais, si je reviens aux questions du
parapublic, je me demande s'il y a une voie de passage. Je vous le... Je vous
le demande candidement, M. le ministre, s'il y a une voie de passage pour
dire : Bien oui, évidemment que le privé, qui joue le rôle de prestataire
de services qui sont normalement donnés par le public, ne devrait pas être
capable de faire ce qui serait interdit pour le public, à savoir rendre
obligatoire l'utilisation de l'identité nationale numérique, là, imposer? Ça
fait que... Ça fait que je ne sais pas comment vous voulez... À moins que vous
soyez vraiment à l'aise avec le fait que, dans le privé, bien... Je comprends
que, par ailleurs, vous pouvez mettre des règles, et tout, mais quelle est la
seule bonne raison de dire qu'un GMF, contrairement à un CLSC, lui, aurait le
droit... Enfin, pourquoi, ça, ça ne s'appliquerait pas à lui? Je ne le vois
pas, mais alors là pas du tout, M. le ministre.
M. Caire : Bien, je... Oh!
excusez-moi, aviez-vous fini, M. le député?
M. Bouazzi : Oui, oui.
M. Caire : O.K. Bien, c'est
parce que je vais... je vais reformuler le même argument, qui est l'argument de
base. C'est qu'un organisme public qui veut donner accès à une prestation
électronique de service n'a pas le choix d'utiliser l'identité numérique
nationale.
M. Bouazzi : En tout respect,
M. le ministre, ce n'est pas de ça que parle le 10.3.
M. Caire : Oui. Non, je
comprends, mais je refais la logique de mon argument. Alors que le privé, lui,
n'a aucune obligation d'utiliser l'identité numérique nationale, donc, de ce
fait ne peut pas l'imposer...
M. Caire : ...l'imposer à ses
clients s'il n'a pas l'obligation de l'utiliser. S'il décide de l'utiliser,
c'est dans une perspective d'identification et d'authentification, auquel cas,
quel que soit le service qu'il utilise, le client n'aura pas le choix de passer
par ce service-là, parce qu'il doit s'identifier et s'authentifier avant
d'utiliser la prestation électronique de services. Qu'on parle d'un GMF, qu'on
parle d'une institution financière, qu'on parle de n'importe quelle compagnie
qui, à travers une prestation électronique de services, doit identifier le
client, le citoyen, bien, il y a nécessairement un service d'authentification
qui va interfacer la prestation électronique de services et le citoyen. Donc,
par obligation, ce service-là qui aura été choisi par l'entreprise va devenir
obligatoire si le citoyen veut avoir accès à la prestation électronique de
services.
Ça fait que, si vous me dites : Il ne
doit pas rendre le... Parce que c'est un peu ça, l'effet de cet article-là,
10.3, de ne pas rendre l'identité numérique nationale obligatoire, c'est de ne
pas rendre la prestation électronique de services obligatoire. Alors, je vous
demandais : Mais est-ce que vous me demandez d'indirectement... d'obliger
l'entreprise privée à donner des services physiques, à ne pas donner que des
services en ligne? Vous m'avez dit non. Puis, si j'ai bien compris votre
intention, donc, si je fais ça, j'ai cet impact-là. C'est comme si je disais à
l'entreprise : Tu... Si tu décides d'utiliser l'identité numérique
nationale et que tu ne la rends pas obligatoire, ça veut dire que tu dis à ton
client : Moi, je vais m'assurer d'avoir des services au comptoir, et donc
j'interdis à cet organisme-là, cette entreprise-là de ne donner que des
services numériques, ce qui par ailleurs pourrait être son modèle d'affaires,
et donc je ne veux pas aller là.
• (16 h 50) •
M. Bouazzi : Bien, avant d'en
arriver au privé tout court, restons dans le parapublic, si vous voulez bien,
M. le ministre. Là, ce qu'on dit... Parce que vous me dites... et puis vous me
dites : Le privé n'est pas obligé d'utiliser mon identité numérique,
donc... Donc, rien du tout, là. Ça, c'est bon, on a compris, ils ne sont pas
obligés. Nous, ce qu'on est en train de dire, c'est : Est-ce qu'ils ont le
droit d'imposer, comme organismes privés, l'utilisation d'identités numériques
nationales? Alors, je veux bien qu'on parle d'autres institutions, bancaires,
etc., je pense... c'est une bonne idée d'en parler après, mais restons juste
sur le parapublic. Pourquoi est-ce qu'ils auraient le droit d'imposer une
identité numérique nationale à leurs prestataires de services, quand on parle
de GMF ou d'hôpitaux privés, comme vous comptez le faire dans votre
gouvernement, alors que dans l'hôpital public ou dans le CLSC, bien, ils n'ont
pas le droit, parce que cette phrase-là s'applique à eux? Pourquoi ne
trouvons... pas un compromis? Je vous invite à ce qu'on trouve un compromis
pour dire : Oui, c'est vrai, les hôpitaux privés, les CLSC... les GMF ou
les... qui... ou les écoles privées, bien, ça s'applique à eux, là?
M. Caire : Mais ce n'est pas
une question... Puis ce n'est pas par mauvaise volonté, M. le député, c'est
vraiment l'impact de l'article. C'est de dire aux organismes publics :
Vous ne pouvez pas rendre vos prestations électroniques de services
obligatoires.
M. Bouazzi : Exact.
M. Caire : Et là, si par
exemple le GMF qui...
M. Bouazzi : Par exemple.
M. Caire : ...par exemple,
parce que vous me demandez : Allons-y avec un GMF...
M. Bouazzi : Oui, exact.
M. Caire : ...qui...
L'administration du GMF, c'est privé. Mais les médecins qui sont à l'intérieur
du... sont participants, mais l'administration du GMF, c'est privé.
M. Bouazzi : Exact.
M. Caire : Bon.
M. Bouazzi : Avec notre
argent.
M. Caire : Oui. Cette GMF-là
donne des prestations électroniques de services...
M. Bouazzi : Exact.
M. Caire : ...et donc cette
GMF-là... Si le GMF décide d'utiliser l'identité numérique nationale, et que
moi, je dis : Mais tu ne peux pas l'imposer, je suis en train de dire au
GMF : Bien, tu ne peux pas donner tes services de façon numérique, parce
que, si tu veux les donner de façon numérique, tu es obligé d'utiliser
l'identité numérique nationale. Donc, là, il y a cette notion-là, dans un
organisme public, où je dis : Tu ne peux...
M. Caire : ...numérique
nationale. Donc là, il y a cette notion-là, dans un organisme public, où je
dis : Tu ne peux pas obliger un citoyen à utiliser des services par
prestation électronique de services. Si on va dans l'entreprise privée, même si
c'est un GMF, vous me dites : Je ne veux pas interdire un modèle
d'affaires qui viserait... Puis je pense que le GMF, pour ça, est un mauvais
exemple, parce qu'on comprend tous que ça reste un service médical qui
nécessite que le... que le médecin voit le patient. Je veux dire, c'est...
M. Bouazzi : C'est pour ça
que c'est un très bon exemple, si je peux me permettre, M. le ministre. Je veux
dire, je comprends, là. Bon, ce que vous dites...
M. Caire : Non, mais... Non,
mais...
M. Bouazzi : Je veux juste
être sûr de comprendre, parce que...
M. Caire : Allons-y.
M. Bouazzi : ...honnêtement,
vous... j'ai l'impression que j'ai raté quelque chose. Ça... pour le coup, là,
je pense que c'est...
M. Caire : Bien, c'est
peut-être moi, là.
M. Bouazzi : Non, non, là, je
pense que c'est moi. Là, ce que vous dites, c'est comme je ne peux pas imposer
l'utilisation de l'identité numérique nationale, à un... à un GMF, et qu'il
pourrait utiliser une autre identité numérique qui n'est pas la mienne.
M. Caire : Tout à fait.
M. Bouazzi : Donc, je ne peux
pas appliquer la phrase : «L'utilisation de l'identité numérique nationale
ne peut pas être imposée», parce que, de toute façon, il pourrait donc bien ne
faire que du numérique et puis ne plus permettre aucun rapport humain et puis
pas de réceptionniste à l'entrée, ou je ne sais pas quelle affaire.
M. Caire : En utilisant un
autre service d'authentification.
M. Bouazzi : En utilisant un
autre service.
M. Caire : ...par exemple,
ils pourraient décider de faire ça.
M. Bouazzi : Mais on peut,
ça, nous? Pourquoi un GMF, qui est payé avec l'argent de l'État, qui offre des
services qui sont donnés... les mêmes par l'État, ne serait pas obligé
d'utiliser l'identité nationale?
M. Caire : Parce qu'ils ne
sont pas soumis à la LGGRI, qui est ma loi habilitante. Donc ils sont en dehors
de mon périmètre de responsabilité.
M. Bouazzi : Ça fait qu'une
raison de plus de ne pas privatiser la santé, M. le ministre, si je peux me
permettre.
M. Caire : Mais, si je peux
me permettre, M. le député, on n'a aucune intention de privatiser... alors,
utiliser le privé et privatiser la santé... mais ce n'est pas. Ça me fera plaisir
d'avoir cette discussion-là avec vous, mais... parce que je ne suis pas un
tenant de la privatisation de la santé. Par contre, je pense que le privé peut
avoir une... une contribution importante.
M. Bouazzi : Avec des règles
qui ne s'appliquent pas sur eux. C'est ça qui arrive.
M. Caire : Bien, sur
l'identité numérique, mais les médecins qui sont participants... de toute
façon, tous les médecins au Québec sont tenus à la qualité de l'acte par
l'ordre professionnel, puis les médecins participants...
Le Président (M. Simard) : ...on
revient à l'article, à l'amendement. Très bien.
M. Caire : Oui. Non,
effectivement. Désolé, si je me suis laissé emporter, c'est de ma faute, c'est
de ma faute, c'est de ma très grande faute.
M. Bouazzi : Et donc tout
ceci est vrai aussi pour l'école, j'imagine. Est-ce que... je ne sais pas,
est-ce qu'on parle d'écoles privées, écoles publiques?
M. Caire : Pour l'école
privée, oui...
M. Bouazzi : Donc...
M. Caire : Parce que l'école
publique est soumise à la LGGRI, de même que les collèges et les universités,
si ma mémoire est bonne, mais les écoles privées, non.
M. Bouazzi : Et donc les
universités, qu'elles soient publiques ou privées.
M. Caire : Toutes publiques.
M. Bouazzi : Elles sont
toutes publiques.
M. Caire : Oui.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux
voix de l'amendement déposé par le député de Maurice-Richard. Cet amendement
est-il adopté?
M. Caire : Rejeté.
M. Bouazzi : Par vote
nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Simard) : Par
vote nominal. Mme la secrétaire, veuillez procéder, je vous prie.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Bouazzi (Maurice-Richard)?
M. Bouazzi : Pour.
La Secrétaire : M. Caire
(La Peltrie)?
M. Caire : Contre.
La Secrétaire : Mme Abou-Khalil
(Fabre)?
Mme Abou-Khalil : Contre.
La Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
La Secrétaire
: M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Contre.
La Secrétaire
: M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
La Secrétaire : Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont)?
Mme Setlakwe : Abstention.
La Secrétaire
: Mme Caron
(La Pinière)?
Mme Caron : Abstention.
La Secrétaire : M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) : Abstention.
Cet amendement est donc rejeté.
Conséquemment, nous allons suspendre
momentanément nos travaux.
(Suspension de la séance à 16 h 58)
17 h (version non révisée)
(Reprise à 17 h 08)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous sommes de retour. Et nous en sommes rendus, dans le fond,
toujours à l'étude du sous-article 10.3. Je crois comprendre que notre collègue
de Maurice-Richard avait terminé, donc...
M. Bouazzi : ...
Le Président (M. Simard) : Non,
en fait, on avait terminé votre amendement, mais souhaitiez-vous revenir sur l'étude
générale de l'article 10.3? Non? Mme la députée de Mont-Royal—Outremont?
Mme Setlakwe : Non plus. Tout
a été dit.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Sans quoi, est-ce que l'article 10.3... Ah! non...
Le Président (M. Simard) : ...nous
poursuivons. De toute façon on n'a pas besoin de procéder au vote. Nous
pourrions donc, M. le ministre, à ce stade-ci, nous avions déjà lu
l'article 10.4. Vous pourriez peut-être simplement nous lire
l'argumentaire qui l'accompagne.
M.
Caire
:
Oui, M. le Président, l'article 10.4 proposé donne au ministre de la
Cybersécurité et du Numérique la responsabilité de la gestion centralisée de
l'identité numérique nationale, ainsi que des pouvoirs spécifiques concernant
le cadre de gouvernance des renseignements personnels nécessaires à
l'identification et l'authentification des personnes et des processus
permettant de vérifier la cohérence et la qualité de ces renseignements. Voilà,
M. le Président. Je vais relire quand même l'article parce qu'on a fait ça hier
puis je ne l'ai peut-être pas complètement en tête.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Merci, M.
le Président. Qu'est-ce que vous entendez par en adéquation avec la transformation
numérique de l'administration publique et des initiatives de transformation
numérique des organismes publics?
M.
Caire
:
Donnez-moi 30 secondes, Mme la députée, là, parce que je ne l'avais pas en
tête complètement, l'article, vu qu'on l'a vu hier.
Le Président (M. Simard) :
Voulez-vous que nous suspendions momentanément?
M.
Caire
:
Oui, peut-être quelques instants.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Nous allons suspendre. Très bien.
(Suspension de la séance à 17 h 10)
(Reprise à 17 h 12)
Le Président (M. Simard) :
Alors, nous allons reprendre les travaux. Je crois que, M. le ministre, vous
avez une intervention.
M.
Caire
:
...si elle avait l'obligeance de répéter sa question.
Mme Setlakwe : Oui, on
comprend ici, donc, qu'on énonce clairement que c'est le ministre de la
Cybersécurité et du Numérique qui assume la responsabilité de la gouvernance et
de la gestion centralisée de l'identité numérique nationale. Ça, ça me semble
aller. Mais on poursuit, on y reviendra, mais de manière à offrir une vision à
portée gouvernementale. Donc, vous avez la responsabilité de mettre de l'avant
la vision, d'assurer une gouvernance et une gestion centralisée. Et la suite,
en adéquation avec la transformation numérique de l'administration publique et
des initiatives de transformation numérique des organismes publics. Moi, c'est
cette deuxième partie de l'alinéa que j'aimerais, sur laquelle j'aimerais que
vous approfondissiez, parce qu'on touche justement à ce qui se passe au sein
des organismes publics. Il me semble qu'on l'a ici, l'arrimage, mais j'aimerais
entendre la signification de...
M.
Caire
: Sur
la transformation numérique et dans la stricte perspective du déploiement de
l'identité numérique, c'est dans ce contexte-là, évidemment, qu'il faut
interpréter ce paragraphe... alinéa, alinéa. Alinéa, voilà! Parce qu'il n'y a
pas de numéro. Puis s'il y avait un numéro, ça serait un paragraphe. Donc,
quand on dit «en adéquation avec la transformation numérique de
l'administration publique et les initiatives de transformation numérique des
organismes publics». Je vais vous donner un exemple. Vous m'avez demandé
comment on allait déployer l'identité numérique au sein du gouvernement du
Québec. Et je vous ai répondu à ça. Bien, dépendamment des...
M. Caire : ...dépendant de
leur maturité, dépendamment de leur plan de transformation numérique. Nous, on
va travailler avec eux de façon à ce que, par exemple, on puisse faire en sorte
que le Service d'authentification gouvernementale devienne le seul service
d'authentification au sein du gouvernement du Québec.
Mais on va y aller en fonction, aussi, de
la planification des ministères et organismes, parce qu'il y a des services qui
sont trop intrinsèquement liés aux prestations électroniques de services, pour
lesquels l'authentification est requise. Ce ne serait pas pensable de
débrancher, si vous me passez l'expression, ce service-là, puis de connecter le
SAG. Donc, on va... dans ce cas là, on va attendre que la prestation
électronique de services soit décommissionnée, puis la nouvelle prestation
électronique de services, ou la refonte, elle, devra tenir compte du Service
d'authentification gouvernementale. C'est un exemple.
Un autre exemple. On parlait d'avoir des
attestations numériques. Bon, bien, ces attestations numériques là, c'est le
point d'émission d'une prestation électronique de services. On parle de
services de santé. Alors, c'est bien d'avoir une attestation d'assurance
maladie, mais si, au niveau du réseau de la santé, il n'y a rien qui a été
prévu pour que je l'utilise, ça me donne quoi?
Mme Setlakwe : Mais donc,
ici, on ne parle pas du maintien des services gouvernementaux en personne, ou
autres. Là, ici, on parle de prestation électronique de services
gouvernementaux.
M. Caire : ...de
transformation numérique, effectivement.
Mme Setlakwe : O.K. Et quelle
est la distinction entre... Pourquoi vous avez jugé bon d'avoir cette
distinction entre la transformation numérique de l'administration publique et
les initiatives de transformation numérique des organismes publics? Parce qu'il
me semblait que ça se faisait... bien, qu'il allait éventuellement, y avoir une
séquence, mais que chaque organisme public avait ses propres initiatives en
transformation numérique. Mais la totalité de toutes ces initiatives, c'est ça,
la transformation numérique de l'administration publique? Pourquoi faire cette
distinction? S'il y a un libellé distinct, c'est qu'on doit viser deux choses
différentes.
M. Caire : ...ce qu'on
appelle l'administration publique, et vous avez ce qu'on appelle le réseau de
la santé, vous avez ce qu'on appelle le réseau de l'éducation, vous avez ce
qu'on appelle le réseau de l'enseignement supérieur. Donc, ce sont des... Quand
on parle d'administration publique, par exemple, on ne parle pas du réseau de
la santé, on ne parle pas du réseau de l'éducation. Corrige-moi si je me
trompe.
Le Président (M. Simard) : Alors,
Me Bacon, à vous la parole.
M. Caire : Oui, oui, oui, à
la rescousse.
Le Président (M. Simard) : À
la rescousse.
Mme Bacon (Nathalie) : M. le
Président, comme le ministre dit, il y a une transformation numérique de
l'administration publique et des initiatives, qui viennent de chacun des
organismes publics. On peut voir l'administration publique de différentes
façons. On peut la voir comme une administration publique centralisée et
décentralisée, c'est-à-dire une administration publique élargie. Dans le cas du
premier segment de la phrase de l'article que vous citez, c'est
l'administration publique élargie, donc ça comprend tous ces réseaux. Et,
évidemment, si chacune des initiatives de transformation numérique des
organismes publics est réalisée au fur et à mesure qu'il y aurait des
projets...
Puis là je vous réfère, là... puis je veux
faire ça court, là, je ne veux pas faire ça long, là... quelque chose de
compliqué, mais vous avez le chapitre 2.3 à la LGGRI, là, qu'il y a les
articles... voyons... 12.8 et suivants, sur la transformation numérique. Vous
avez cette cette espèce d'obligation qui est faite à chacun des organismes
publics de se transformer, de faire une planification de cette transformation,
de réaliser des initiatives, et vous avez le ministre qui, lui, est en charge
de la grande vision gouvernementale de la transformation numérique de
l'administration publique, en bout de piste. Donc, ça fait référence à ça,
c'est des grands mots pour faire référence à ça.
Mme Setlakwe : Merci, merci.
Et à ces fins, donc aux fins du... de... du mandat qui est mis de l'avant à
l'alinéa 1°, on dit que le ministre peut faire certaines choses, premier...
Mme Setlakwe : ...Bon. Définir
le cadre de gouvernance, etc. Et 2, mettre en place des processus. Je
m'interroge vraiment à savoir pourquoi on a choisi le verbe «pouvoir» plutôt
que «devoir». Il me semble qu'on doit mettre en œuvre un cadre de gouvernance
et on doit mettre en place des processus. Pourquoi avoir choisi le mot «peut»
donc la discrétion?
M. Caire : ...pour les
sources officielles de données, 95 prévoit déjà un cadre de gouvernance.
Mme Bacon (Nathalie) : Vous
parlez.... Vous êtes «à ses fins, il peut», au deuxième alinéa de 10.4,
puis c'est en... Dans le fond, vous poser une question suite à un mémoire qui a
été présenté en consultation qui parlait de «peut» versus «doit»?
Mme Setlakwe : Ah! non, je ne
savais pas. Peut-être qu'il y a un mémoire qui... Mais c'est une question que
je pose. Oui.
Mme Bacon (Nathalie) : Bien,
en fait, le «peut» veut dire «doit». Alors, en légistique, c'est... c'est
vraiment juste une approche légistique, là. En légistique, on peut dire «peut»,
autrement dit, on n'oblige pas. Le pouvoir exécutif, on ne l'oblige pas, donc
on n'utilise pas la terminologie «doit», mais on utilise... C'est toujours «le
gouvernement peu, par règlement», ou «le gouvernement détermine», ou «le
gouvernement désigne». Et on fait la même chose pour le ministre. Mais, je veux
dire, si on veut avoir un cadre juridique complet, c'est ce qu'on fait avec le
chapitre I.1, là, à la Loi constitutive du ministère, c'est... on veut
avoir un cadre juridique complet de l'identité numérique nationale puis ce soit
fonctionnel, mais tous les documents, nous, on appelle ça des documents
structurants, là. Alors, il faudra que le ministre fasse des arrêtés
ministériels pour prévoir toutes ces choses-là. Il y a des choses qui sont
organisationnelles, comme mettre en place des processus, bien, la mise en place
de processus, tu n'as pas besoin d'arrêté ministériel, là, c'est... la
structure, c'est un document administratif interne. Il y a toutes sortes de
documentation au niveau de l'administration publique, là, ça dépend à quel
article quand on discute ensemble. Je ne sais pas si c'est correct.
• (17 h 20) •
Mme Setlakwe : Bien,
j'entends. Puis, en même temps, je suis toujours... je ne suis pas convaincu.
Il me semble qu'avec les mots qui sont utilisés, on pourrait ne pas «mettre en
œuvre et appliquer un cadre de gouvernance», on pourrait ne pas les mettre en
place les processus, parce que j'ai vu, par exemple, dans d'autres textes, même
dans la même loi, on aurait pu dire : «À ses fins, il définit, il met en
place», là, je l'aurais vu comme une obligation, mais personnellement je ne
suis pas convaincu. Mais c'est vous, la légiste, donc si vous me dites que le
«peut» ici c'est une obligation.
Mme Bacon (Nathalie) : Je
vous dirais, ce qui est intéressant de «il peut», paragraphe 1° définir,
paragraphe 2° mettre en place, c'est que ça suggère qu'il peut aussi faire
d'autres choses. Parce que si vous dites : «À ses fins, il définit, il met
en place», ça fait limitatif. Alors, le choix de «il peut» permet une ouverture
au texte, une souplesse, une flexibilité du texte.
M. Caire : Qui est usuelle.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui,
qui est fréquente, là.
Mme Setlakwe : Oui, mais on
voit aussi le «doit».
Mme Bacon (Nathalie) : Oui.
Mme Setlakwe : O.K. Mais on...
C'est qu'il y a différentes façons d'y arriver à l'objectif.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui.
Mme Setlakwe : O.K. Comment
on arrive à... Le concept de nécessité est important, il est assez central dans
le projet de loi. Ça a été dit et redit : on veut s'assurer que les
informations personnelles, les renseignements personnels qui sont exposés, qui
sont divulgués, ce sont strictement ceux qui sont nécessaires pour les fins de
la prestation électronique des services gouvernementale. Mais où est-ce qu'on
dit clairement qu'une personne ne peut avoir accès à ce qui est nécessaire pour
les fins de sa prestation de service?
M. Caire : Ne peut...
avez-vous dit «ne peut avoir accès»?
Mme Setlakwe : Ne peut
qu'avoir accès, c'est le concept de ce qui est nécessaire. La nécessité, c'est
un concept fondamental, là, dans le projet de loi.
M. Caire : Oui. Qu'on reprend
d'ailleurs à différents endroits.
Une voix : ...
M.
Caire
: Oui,
c'est ça. Qu'on reprend à différents endroits dans la LGGRI, je vous dirais
même dans d'autres lois, là, notamment la loi n° 25, on fait référence aux
critères de nécessité aussi pour avoir accès à des renseignements personnels.
Donc, je vous dirais, ça, c'est dans les textes législatifs, c'est assez usuel,
le critère de nécessité, c'est assez bien balisé, il me semble.
Mme Setlakwe : Oui, oui, mais
moi, ce que je demande, c'est...
Mme Setlakwe : ...ici
spécifiquement en ce qui a trait à l'identité numérique puis aux attestations
d'authentification. Vous avez dit qu'on va divulguer ou qu'on va... Puis, justement,
c'est l'objectif, là, c'est de ne divulguer ce qui est... que ce qui est
strictement nécessaire pour les fins de la transaction, pour les fins de
l'opération.
M. Caire : Oui. Donc, le
critère de nécessité va nous amener à définir quels sont les renseignements
qu'on va utiliser pour identifier quelqu'un de façon unique, d'une part, et,
d'autre part, avec un haut niveau de confiance. Donc, une fois que cette
obligation-là ou que ce critère-là... une fois que j'ai réussi à faire la
démonstration, par exemple, que je vous ai identifiée, authentifiée de façon
unique, avec un haut niveau de confiance, bien, je ne vais pas aller chercher
d'autres renseignements qui ne seraient pas nécessaires à cette fin-là.
Mme Setlakwe : ...vous me
l'expliquez, mais l'encadrement juridique, c'est ce qu'on étudie actuellement.
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : C'est... Donc,
ce que vous dites, c'est écrit où dans le texte de loi?
M. Caire : Bien... Oui,
vas-y. Parce que, juridiquement, c'est une formulation qu'on utilise dans
plusieurs lois, là, donc c'est assez bien balisé, là. Mais je vais laisser Me
Bacon vous rassurer.
Mme Setlakwe : ...
M. Caire : Oui, 38.
Mme Setlakwe : ...mais là
c'est un autre contexte.
M. Caire : P.l. 3, on en
a parlé. P.l. 25, on en avait parlé. P.l. 95, on en avait parlé.
Mme Setlakwe : Oui, oui, oui,
mais moi, je ne le vois pas ici. Je veux juste savoir il est où.
M. Caire : Bien, je vais
laisser Me Bacon.
Mme Setlakwe : Merci.
Mme Bacon (Nathalie) : M. le
Président, là, je veux juste réussir à vous répondre puis comprendre le
contexte de votre question. Est-ce que vous parlez des renseignements que la
personne, elle, contrôle à partir de son application et elle va montrer jusqu'à
qu'est-ce qui est nécessaire ou vous parlez de la cueillette qui est faite?
Mme Setlakwe : Bien, c'est
surtout la cueillette, dans le fond, oui.
Mme Bacon (Nathalie) : La
cueillette. O.K. Bien, à ce moment-là, je vous dirige immédiatement... vous
l'avez au deuxième alinéa, premier paragraphe de l'article 10.4 :
«définir, mettre en œuvre...», vous avez : «et dont la collecte, la
communication, l'utilisation sont nécessaires». Alors, le critère de nécessité,
là, la façon qu'on le rédige dans un article de loi, c'est exactement comme ça,
là : «sont — donc — nécessaires pour l'identification
et l'authentification des personnes».
Et on l'a répété à la fonction de source
du ministre, qui est à 10.6, la dernière phrase, là, du premier alinéa à 10.6.
On dit que le ministre peut utiliser les données pour les fins de l'identité,
puis là je lis le dernier segment, là : «, incluant des renseignements
personnels, lorsque cela est nécessaire». Et ces libellés-là sont... c'est des
libellés identiques qui étaient pris avec le p.l. 95, qu'on retrouve aussi à la
loi sur l'accès. Alors, c'est des libellés standards, là. «Lorsque cela est
nécessaire», c'est la clé de voûte pour le critère de nécessité.
Mme Setlakwe : Très bien.
C'est ce qu'on... Je voulais être certaine de ça. Moi aussi, je... évidemment,
je lisais le mot «nécessaire», mais, comme je voyais que c'était... il était
utilisé dans ce que moi, je voyais comme un cadre qui était non obligatoire...
mais, si vous dites que c'est ici qu'on... qu'on fait l'implantation formelle
du critère de nécessité et que donc les organismes et les tierces parties qui
vont... auront un besoin d'authentification vont seulement avoir accès à ce qui
est nécessaire pour l'identification et l'authentification dans le contexte
spécifique qui les concerne... C'est ici, c'est à 10.4 puis 10.6?
Mme Bacon (Nathalie) : Exactement.
Mme Setlakwe : O.K. Et où
est-ce qu'on prévoit le contrôle qu'a une personne sur les renseignements qui
la concerne? Ce que je veux dire, c'est le droit de faire des changements, de
consentir... Là, je prends les exemples qui ont été mis de l'avant par le...
l'AQT, Association québécoise des technologies, mais, je pense, ça a été... ça
a été mentionné par plusieurs... plusieurs acteurs. On a demandé que soit
spécifiquement prévu le droit... un droit au citoyen de consentir à un droit de
retrait du consentement de... au traitement, un droit de rectification de ses données,
un droit à l'effacement de ses données, un droit de savoir si ses données ont
été consultées grâce à la traçabilité.
M. Caire : ...tout prévu dans
la loi 25, ça. C'est déjà inclus dans la loi 25, tout ça.
Mme Bacon (Nathalie) : Donc,
ça s'applique.
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : O.K. Donc,
pas... ce n'est pas nécessaire de le répéter ici.
M. Caire : Non, c'est déjà
inclus dans la loi 25.
Mme Setlakwe : O.K.
Une voix : ...
Mme Setlakwe : Oui, c'est ce
que je me demande aussi. Donc, comment on fait le lien avec la loi 25?
Comment on assure... Donc, c'est formulé... Dans le fond, ma question,
c'est : C'est formulé de quelle façon dans la loi 25...
M. Caire : Je n'ai pas le
libellé...
Mme Setlakwe : ...pour que ça
s'applique à l'identité numérique?
M. Caire : En fait, ça...
M. Caire : ...à l'utilisation
de tout renseignement personnel, là. Ce n'est pas spécifique à l'identité
numérique, ça s'applique à tous les renseignements personnels. Là, je n'ai pas
le libellé en tête des articles.
Mme Setlakwe : O.K. O.K.
Donc, un citoyen a toujours le contrôle sur ses renseignements personnels.
M. Caire : Il a toujours
un...
Mme Setlakwe : Il a toujours
accès.
M. Caire : Ce sont ses
renseignements, donc il en a toujours... On ne peut pas le déposséder de ses
renseignements, c'est à lui. Puis, dans la loi no 95, on avait précisé,
justement, ces différents concepts là, au niveau des renseignements et de leur
utilisation.
Dans la loi no 25, la notion de
consentement, de retrait de consentement, la notion de quand on collecte les
renseignements, on doit le faire à des fins spécifiques, ça doit être
explicite, le consentement... pour que le consentement soit valable, il faut
que ce soit explicite. Donc, il y a une série de critères, là, qui sont définis
par la loi no 25. Et, comme, en fait, la loi no 25, la loi sur l'accès aux
renseignements personnels... la Loi sur l'accès à l'information et la protection
des renseignements personnels a un statut quasi constitutionnel, donc toutes
les autres lois lui sont subordonnées. Donc, par définition, elle s'applique
parce que la LGGRI, autant que la loi constitutive du ministère, sont
subordonnées à la loi no 25.
• (17 h 30) •
Mme Setlakwe : O.K., mais
vous dites... vous avez dit souvent que la pièce législative qu'on étudie,
c'est l'encadrement juridique, ce sont les assises juridiques.
M. Caire : De l'utilisation
de l'identité numérique, mais pas de la collecte des renseignements personnels.
Ça, ça demeure dans la loi no 25.
Mme Setlakwe : O.K. O.K., je
comprends la distinction. Donc, tous ces droits-là, en fait, c'est préférable
de ne pas dupliquer et d'avoir une loi parapluie qui s'applique dans tous les
cas, à toutes les situations, à toutes les situations d'accès, de cueillette,
d'utilisation, de communication de renseignements personnels.
M. Caire : Absolument. Soumis
à la loi no 25.
Mme Setlakwe : Mais est-ce
que le consentement doit être formulé de façon... Bien, en fait, on a dit
qu'une personne n'est pas... n'est pas, bon... elle n'est pas obligée de
participer, mais décide de participer, ça veut dire qu'elle utilise son
identité numérique, elle le demande, elle l'utilise. Mais ce qu'on a vu aussi
dans d'autres projets, qu'on est présumé y participer, disons, au Dossier santé
numérique, puis c'est... on doit faire un opting out, on doit se soustraire
explicitement si on ne souhaite pas y participer. Ici, ce n'est pas le cas. Il
faut explicitement choisir d'y participer.
M. Caire : Oui, parce que, de
toute façon, si vous... c'est vous qui devez poser le geste de créer votre
identité numérique nationale. Comme, par exemple, actuellement, si vous voulez utiliser
le service d'authentification gouvernementale, vous devez créer un compte. Ce
compte-là va nous aider à bâtir ce qui est actuellement le registre des
attributs d'identité gouvernementale, qui va devenir le registre de l'identité
numérique nationale, mais c'est par les gestes que vous posez lorsque vous...
lorsque... Moi, je vous dis : Voici les renseignements dont j'ai besoin
pour créer votre compte, voici les renseignements dont j'ai besoin pour valider
votre identité, donc, c'est la deuxième étape, et vous êtes présumé être
consentant à ce que je collecte ces informations-là aux fins de créer votre
compte du service d'authentification gouvernementale, puisque vous posez le
geste de me donner ces renseignements-là.
Mme Setlakwe : Puis est-ce
que quand on le fait, il y a une... on doit lire un énoncé, une politique de
consentement ou...
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : Et on coche
comme quoi on accepte.
M. Caire : Voilà.
Mme Setlakwe : Puis comment
le retrait se fait? Parce ce qu'une personne peut changer d'idée par la suite.
Je suis d'accord avec vous que ,si on n'y va pas, s'inscrire, bien, on ne
participera pas...
M. Caire : Bien, c'est ça.
Mme Setlakwe : ...et que, si
on va s'inscrire, on choisit de participer mais une personne décide de se
soustraire, là, elle fait quoi?
M. Caire : Bien, en fait,
dans des développements subséquents, parce que, là, si on parle du portefeuille
d'identité numérique, il y a des... dans un développement subséquent, on va
dire tout simplement : Je désire que vous fermiez mon compte. Mais,
évidemment, ça va nécessiter de vous identifier, de vous authentifier, parce
qu'évidemment je ne veux pas que vous puissiez fermer le compte de quelqu'un
d'autre. Puis, après ça, bien, vous dites : fermez tout ça, puis on va
supprimer.
Mme Setlakwe : Bien, la
personne va devoir évidemment aller poser une geste, on va aller...
M. Caire : Oui, oui, il faut.
Oui. Bien oui.
Mme Setlakwe : Oui.
M.
Caire
: Oui,
parce que sinon... Il ne faut pas non plus que quelqu'un d'autre puisse
supprimer votre identité numérique nationale...
17 h 30 (version non révisée)
M. Caire : ...vous êtes la
seule personne qui avez l'autorité de faire ça.
Mme Setlakwe : Puis là je
présume, je présume qu'il n'est pas nécessaire de dire qu'une personne peut se
soustraire, parce qu'on a dit que la personne...on ne peut pas imposer l'utilisation
de l'identité numérique nationale.
M. Caire : C'est ça. Donc, si
vous, vous dites : Moi, je ne veux plus rien avoir à faire avec ça,
supprimez votre compte.
Mme Setlakwe : Donc, 10.3
couvre évidemment le choix initial d'y participer...
M. Caire : Un retrait.
Mme Setlakwe : ...et un
retrait aussi.
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : La légiste est
d'accord, Me Bacon est d'accord avec ça?
Mme Bacon (Nathalie) : Oui.
Mme Setlakwe : Oui. Parfait. O.K.
Donc...
Des voix : ...
Mme Setlakwe : Ce ne sera pas
long, ma question s'en vient. L'énoncé... La question de la propriété des
renseignements, on ne le dit pas explicitement dans le projet de loi que les
utilisateurs de l'identité numérique nationale demeurent propriétaires de leurs
renseignements, et qu'ils ont un contrôle sur leurs renseignements, et qu'ils
ont un droit de rectification. Est-ce que la propriété des renseignements est
prévue dans la loi 25 aussi?
M. Caire : C'est dans la
LGGRI qu'on a fait la modification sur...
Le Président (M. Simard) : Me
Bacon.
Mme Bacon (Nathalie) : M. le
Président, ce n'est pas... Ça, c'est à la grandeur des lois du Québec. Oui,
dans la Loi sur l'accès, oui, dans la LGGRI, puis dit, d'une façon... d'une
certaine façon, d'une loi à l'autre et dans ces lois-là. Mais ce n'est jamais
la propriété des renseignements, c'est la détention. Puis, quelquefois, il y a
ce qu'on appelle les doubles détentions, là, ça veut dire qu'un organisme
public... D'ailleurs, c'est ce que critique le ministre et nous tous, ici, là,
le fonctionnement en silo, c'est-à-dire de devoir répéter plusieurs fois la
même chose, alors que là on est dans un contexte, avec l'identité numérique, où
on veut le dire une seule fois.
Alors, pour le temps de la transition de
la technologie, il va peut-être avoir duplication des détentions, mais
idéalement c'est tout comme... quand le ministre a mis, hier, une tasse, deux
verres, là, normalement, c'est une détention, là, qui est à terme, qui est
visée, mais ce n'est jamais une propriété... Comme renseignements personnels,
vous avez, mettons, le nom, prénom. Alors, au niveau du Code civil, vous êtes
nés avec un nom, un prénom. Votre nom, votre prénom vous appartient. La donnée
peut circuler au niveau de la détention, mais ce n'est pas une propriété.
Mme Setlakwe : C'est-à-dire
que la détention, ça, c'est un terme qui s'applique à des organismes publics
vis-à-vis nos renseignements, ils les détiennent ou le gouvernement les
détient, mais la propriété demeure... demeure celle des citoyens.
Mme Bacon (Nathalie) : Celui
qui est titulaire, oui, qui est titulaire du droit.
Mme Setlakwe : Exact, mais on
n'a pas... on n'a pas prévu, ou est-ce qu'on a prévu à quelque part, dans le
projet de loi, explicitement que les les personnes demeurent propriétaires de
leurs renseignements?
Mme Bacon (Nathalie) : Il n'est
pas nécessaire de le prévoir. On a mis un article, dans le p.l. 95, qui était
purement académique, qu'on n'a vraiment pas besoin de répéter ici, c'est... Je
vais vous le citer. Je vais vous citer l'article qui était l'article...
M. Caire : Ça doit être dans
les 12 quelque chose. Est-ce que c'était sur la gestion de la donnée numérique
gouvernementale?
Mme Bacon (Nathalie) : C'est
le dernier alinéa de l'article 12.10, qui vient dire, de la LGGRI, qui vient
dire que le premier alinéa, alors, lorsqu'on a défini c'est quoi, une donnée
numérique gouvernementale, «ne doit pas être interprétée comme ayant pour effet
de modifier les obligations qu'ont les organismes publics à l'égard des
renseignements personnels qu'ils détiennent ou - donc, c'est le dernier bout -
ou les droits d'une personne à l'égard de tels renseignements». Et les droits d'une
personne, ça fait référence notamment au droit de propriété, ou le droit de
représentation, ou le droit... tous les droits qui peuvent être... dont on peut
être titulaires.
Mme Setlakwe : De base, qui
sont prévus dans le Code civil.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui.
Puis, donc ça, c'était vraiment purement académique, cette référence-là.
Mme Setlakwe : Donc, même à
12.10, à la fin, ce que vous avez lu, ce n'était pas strictement nécessaire de
le dire explicitement.
Mme Bacon (Nathalie) : Exactement.
Ça veut dire qu'à chaque fois qu'on fait une loi, ce qui n'est pas nécessaire,
on le met, bien, à la fin, ça fait des lois qui sont très difficiles à lire
parce qu'ils sont trop chargés, là, de...
Mme Setlakwe : Je comprends.
Mais là, si on choisissait ici de ne pas... parce que le choix a été fait de ne
pas inclure ce libellé dans le projet loi 82.
M. Caire : Parce que...
M. Caire : ...c'est déjà dans
la LGGRI.
Mme Setlakwe :
Qui est
la loi parapluie. Donc, quelqu'un ne pourrait pas dire : Ah! ils ne l'ont
pas mis dans le 82, donc ça ne s'applique pas?
M. Caire :
Bien, 82
vient modifier la loi constitutive du MCM, mais déjà, dans la LGGRI, on avait
mis ces dispositions-là justement pour assurer le...
Mme Setlakwe :
Je
comprends, mais le lien entre la LGGRI puis la Loi sur ministère de la
Cybersécurité...
M. Caire :
La LGGRI,
pour l'essentiel, c'est une loi habilitante pour le ministre du ministère de la
Cybersécurité et du Numérique, c'est ça, qui crée le chef gouvernemental de la
sécurité de l'information, le chef de la transformation numérique, toute
l'espèce de structure que le ministère est venu chapeauter par sa création à
titre de ministère. Mais les fondations, c'était la LGGRI qui les donnait.
Donc, plusieurs des pouvoirs habilitants que j'ai viennent de la LGGRI, et des
obligations aussi, par la même occasion.
Mme Setlakwe : O.K., donc Me
Bacon, est-ce que vous confirmez que l'article que vous avez lu s'applique aux
renseignements qui vont faire partie de l'identité numérique nationale?
Mme Bacon (Nathalie) :
Bien,
il s'applique par la bande puisque les organismes publics sont visés par la loi
sur le conseil du ministère, ça, c'est l'article 1 de la loi sur le ministère,
et ces mêmes organismes là sont sujet à la LGGRI. Donc, les deux lois
s'appliquent, les deux lois s'imbriquent.
• (17 h 40) •
Mme Setlakwe : O.K., je
comprends. Quand on parle de définir le cadre de gouvernance, là, à l'adoption
du projet de loi, le cadre de gouvernance n'est pas défini. Il va être défini
de quelle façon? Par règlement? Comment?
M. Caire :
Le cadre de
gouvernance?
Mme Setlakwe : ...
M. Caire :
Bien, vu
que ce n'est pas le gouvernement, ça doit être par arrêté ministériel?
Mme Bacon (Nathalie) : Oui.
M. Caire :
Parce que,
si c'est un décret, ce serait... ou par règlement, ce serait précisé règlement.
Si c'était un décret, ce serait précisé : le gouvernement. Puis, dans ce
cas là, comme ni l'un ni l'autre n'est là, c'est par arrêté ministériel.
Mme Setlakwe : Mais... O.K.
Donc, ici, on ouvre, on est... comme vous l'avez expliqué, on est souple, et on
a donc... Mais ma question, c'est donc, ce n'est pas forcément par règlement
que ça va se faire, au contraire.
M. Caire : Non.
Mme Setlakwe :
Donc,
il n'y aura pas de période de consultation. Comment les parlementaires vont
pouvoir étudier ce cadre de gouvernance et faire des...
M. Caire :
Bien, les
décrets, les règlements et/ou des arrêtés ministériels sont publiés dans la
Gazette officielle. Donc, ça, les parlementaires, évidemment, y ont accès.
Après ça, bien, il y a tous les mécanismes de reddition de comptes qu'on
connaît à la disposition des oppositions, ou des journalistes, ou de la société
civile en général. Mais l'idée, c'est quand même... c'est parce que c'est assez
limité, là, on parle d'un cadre de gouvernance qui s'applique à l'identité
numérique puis à l'utilisation des renseignements qui sont nécessaires, qui y
sont nécessaires.
Mme Setlakwe :
Non, je
comprends. Mais vous avez dit : C'est juste ça l'identité numérique. C'est
quand même des informations sensibles et vous avez... on va y arriver plus
loin, mais on a rappelé, nous... vous avez exclu les données biométriques.
M. Caire :
On va...
Bien, on les traite plus loin, les données biométriques.
Mme Setlakwe :
Oui, on
les traite de quelle façon encore?
M. Caire :
Il y a un
article qui en fait mention.
Mme Bacon (Nathalie) : L'article
10.9, c'est par règlement...
M. Caire :
Oui, c'est
ça, 10.9, ça, c'est par règlement pour les données biométriques. Donc, vous
avez une bonne lecture de la situation, effectivement, sans compter que... je
réitère, là, que, oui, le cadre sur la collecte, la communication, mais sans
oublier que la loi no 25 s'applique. Donc, le cadre vient préciser certains
éléments, mais le grand chapeau de la loi no 25 sur la collecte des renseignements,
la communication des renseignements s'applique. Il y a déjà des dispositions
qui sont prévues dans la loi. Donc, on ne part pas du néant, là, la loi no 25
s'applique et, ici, on va venir préciser les éléments qui sont spécifiques à
l'identité numérique.
Mme Setlakwe :
Non,
très bien, mais je vois quand même deux articles avec deux processus
différents. Est-ce que je me trompe? 10.4 et 10.9. Il y en a un qui parle d'un
règlement, c'est quand même... en tout cas, ça, on va y arriver, on aura des
discussions. Pourquoi avoir choisi de structurer de cette façon-là, avec tout
ce qui vient...
M. Caire : ...oui. Bien,
je vais juste... Parce que, là, je... Moi, ça...
Mme Setlakwe : Dans un
deuxième temps.
M.
Caire
: Pour
une fois, le numérique, il est peut-être moins efficace que le papier. Ça me
tanne de dire ça, mais pourquoi...
Des voix : ...
Mme Bacon (Nathalie) :
Oui M. le Président. Pour vous répondre enfin, je vous dirais qu'il y a une
gradation des véhicules utilisés selon le contexte puis la situation puis que
c'est... Il y a quand même une certaine logique à l'énumération des articles
les uns après les autres. Mais effectivement, c'est quand on lit le tout, là,
les articles 10.2 à 10.10 que là on peut faire ce qu'on appelle la
quadrature du cercle. Alors, nous nous en excusons. Donc on commence en... On a
commencé déjà à décrire notre identité numérique nationale, c'est-à-dire les
assises juridiques. À 10.4, où on est : À ces fins, le ministre peut définir
et mettre en œuvre un cadre de gouvernance. Donc là, on est dans un véhicule
qui concerne le fonctionnement de l'identité numérique au niveau de la
gouvernance avec les organismes publics et comment ils voient le ministre, sa
vision qu'on a parlé plus haut, là, la vision à portée gouvernementale, hein?
C'est ce qu'on a dit au paragraphe qui précède. Et vous pouvez penser, quand on
parle de cadre de gouvernance des renseignements personnels à ce qu'on appelle
dans le jargon le cadre de confiance numérique. Et c'est ce que les autres
administrations, là, au Canada, dans les autres provinces, l'Ontario, on va
parler de cadre de confiance numérique. Donc, le cadre de gouvernance des
renseignements personnels va prendre l'allure d'un cadre de confiance numérique.
Ça fait que ça, c'est au niveau ministériel. Et quand on va arriver un peu plus
loin, vous allez voir qu'il y a des balises qui sont enchâssées dans le cadre
juridique qui est 10.8, où on prévoit la prise de décret. Vous savez que,
lorsqu'on prend un décret, il y a un processus d'OSDEC. Et vous avez à 10.9...
Mme Setlakwe : ...ça veut
dire OSDEC?
M.
Caire
:
D'OSDEC.
Mme Bacon (Nathalie) :
D'OSDEC. Où qu'on... Il y a une consultation des partenaires gouvernementaux.
Et tout un processus, là, un cheminement, là, officiel avant d'arriver au
Conseil des ministres avec les différents comités qui examinent les projets de
décret.
M.
Caire
: Dont
le comité législatif.
Mme Bacon (Nathalie) :
Le comité... le cycle en arrière du Conseil exécutif. Oui. Et à 10.9, vous avez
le gouvernement qui a des pouvoirs réglementaires lorsque les sujets sont plus
costauds. Alors, on a juste à regarder les objets de réglementation à 10.9 pour
comprendre que, là, ces objets-là sont costauds et ont trait à des sujets plus
sensibles comme la biométrie. Et à ce moment-là, c'est évidemment un règlement
avec un processus de prépublication et des discussions par la suite.
Mme Setlakwe : Merci.
Non, ça, c'est une bonne explication. Merci, Me Bacon. Mais pour revenir
donc, je pense qu'il y avait cette gradation des véhicules. Là, on est dans
quelque chose de plus large. Le cadre de gouvernance, les processus. Mais
encore une fois, je... En tout cas, je ne veux pas... Je ne veux pas vous
contrarier, mais c'est une obligation pour le ministre de prévoir que seuls les
renseignements personnels qui sont nécessaires pour l'identification et l'authentification
des personnes seront collectés, communiqués et utilisés. Il y a vraiment une
obligation d'établir ce cadre de gouvernance qui prévoit le critère de
nécessité. C'est bien ça? C'est cette obligation.
Mme Bacon (Nathalie) :
Oui. Bien, c'est plutôt comment fonctionne... plutôt comment fonctionne
l'identité numérique, là. Quand on regarde la gouvernance, là, c'est comment
lui voit la vision de l'identité numérique nationale, comme c'est dit au
paragraphe précédent, là, l'alinéa précédent, et comment tout cela va
fonctionner, comment il voit les attestations, comment il voit le, mettons, le
rattachement d'un organisme public. Et là, vous avez tout, tout ce qui concerne
le fameux triangle de confiance qui va être dans ce cadre de gouvernance là.
Quand même, le triangle de confiance, c'est toute... Vous avez la Commission
d'accès à l'information, là, qui a expliqué que c'est dans son mémoire, qu'ils
ont déposé à la commission. Elle explique bien c'est quoi le triangle de
confiance. Il y a l'émetteur, le consommateur, l'utilisateur. Il y a tout un
écosystème de l'identité numérique. Et ça, ça va faire partie de la
description, là, dans le cadre de confiance numérique. Alors, c'est plutôt le
fonctionnement. On est dans l'organisation, le...
Mme Bacon (Nathalie) : ...dans
dans la vision à portée gouvernementale, là, c'est beaucoup du fonctionnement
de l'organisation puis comment qu'on se comprend puis comment on consomme
l'identité numérique.
Mme Setlakwe : Très bien,
mais la... mais le critère de nécessité...
Mme Bacon (Nathalie) : ...tenter
une autre réponse.
Mme Setlakwe : Il doit être
prévu.
Mme Bacon (Nathalie) : Le
cadre de confiance ne dit pas quel renseignement va être dans l'identité
numérique. C'est... les renseignements qui sont dans l'identité numérique, vous
les avez l'article 10.6 au dernier alinéa. Alors, ce n'est pas le cadre de
confiance. Le cadre de confiance ne définira pas de critère de nécessité. La
loi énonce que les renseignements doivent être nécessaires, et la loi énonce
quel renseignement est utilisé, donc nécessaire pour l'identité. Ça fait que
vous les avez au dernier alinéa de 10.6, 1... paragraphe 1, les noms et
dates et lieux, date de naissance, dans le cas d'une personne morale, son nom.
Après ça, 3, vous avez «tout autre renseignement que détermine le
gouvernement». Et là ça, c'est pour les cas qu'on ne sait pas quoi, hein?
Dépendamment de l'évolution de l'identité numérique nationale. Ça fait que,
dans ces cas-là, ça va être un décret. Et le décret, vous avez le processus
transparent, là, du cheminement que j'ai appelé...
• (17 h 50) •
Mme Setlakwe : Non, très
bien. Je vois qu'on définit «données numériques gouvernementales», mais le
critère de nécessité, il n'est pas... il n'est pas là.
Mme Bacon (Nathalie) : Non.
Non, c'est... c'est la loi qui dit que les renseignements doivent être
nécessaires. Plus loin, la loi dit... Autrement dit, le cadre, là, l'article
que vous lisez, là, le paragraphe ne dit pas que le cadre de confiance doit
définir la nécessité ou définir les renseignements nécessaires. Il dit juste
qu'il doit mettre en œuvre et appliquer un cadre de... de gouvernance des
renseignements, dont la collecte et l'utilisation est nécessaire en vertu des
articles qui suivent, là, bien, du chapitre 1.1, là. C'est... peut-être,
c'est là que vient le questionnement.
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée... Mme la députée de La Pinière... (Interruption) pardon.
Mme Caron : ...en fait,
j'aurais une question, peut-être, un petit peu pointue. Tantôt, M. le ministre
a dit : On n'a pas... Il n'y a personne d'autre que nous qui va pouvoir
fermer notre compte. Donc, par exemple, ma collègue ici ne peut pas s'emparer
de mon identité numérique et fermer mon compte. Qu'arrive-t-il dans le cas de
décès, par exemple, pour vous une succession? À un moment donné, il y a
quelqu'un, j'imagine, qui va pouvoir fermer le compte. Est-ce que ça va être
comme... Bien, je vous laisse répondre.
M. Caire : Mais, à ce
moment-là, on va recevoir un document du Directeur de l'état civil, une confirmation
du décès. Là, à ce moment-là, on pourrait fermer le compte, effectivement.
Mme Caron : Et est-ce que...
bon, il y a le... il y a cette possibilité-là. Et puis on sait qu'une
succession, ça peut prendre du temps à se régler. Parfois, il y a des... Hier,
je pense, on disait : On pourrait peut-être avoir accès à des... à des
actes notariés ou il y a peut-être des études de notaire qui seraient... qui
utiliseraient l'identité numérique. Donc, est-ce qu'on pourrait penser que,
dans le cas de... après un décès, l'exécuteur testamentaire pourrait utiliser
l'identité pour avoir... de la personne décédée pour avoir accès à son compte?
M. Caire : Non, non, parce
que l'exécuteur testamentaire, lui, aura sa propre identité numérique, et donc
aura des accès en fonction de sa fonction, qui lui donnera les... accès aux
renseignements dont il a besoin. Donc, c'est comme n'importe quel autre
prestataire de services qui a accès aux renseignements qui sont nécessaires à
la prestation de services...
Mme Caron : Autrement...
M. Caire : ...mais via son
identité à lui et non pas celle d'une personne qui serait décédée, par exemple.
Mme Caron : D'accord. Donc,
ça implique qu'une personne qui doit régler la succession d'une personne décédée
aura... il y aura un mécanisme à quelque part ou une invitation quelque part...
elle va se déclarer comme étant... peut-être, ce sera par le... par le biais du
testament, donc va se déclarer comme étant...
M. Caire : L'exécuteur
testamentaire.
Mme Caron : L'exécuteur
testamentaire. Et, une fois que c'est... c'est validé, là, va avoir des accès.
Comme un peu... tu sais, je fais le parallèle, un petit peu comme un employé
dans la fonction...
Mme Caron : ...dans la
fonction publique, dans un ministère ou dans un organisme, qui a certains accès
à certains renseignements en fonction de son profil...
M. Caire : De son profil et
de la prestation de services. Tout à fait.
Mme Caron : ...de son poste,
de la prestation de services, et le citoyen qui devient exécuteur testamentaire
aurait certains accès à certaines données concernant la personne décédée dont
il doit régler la succession...
M. Caire : C'est ça. Comme on
le fait dans l'univers physique, dans les faits, où on a besoin de ces
renseignements-là pour exécuter la tâche. On le transpose dans l'univers
numérique.
Mme Caron : Et puis donc,
après, une fois que tout ce processus de succession est terminé, y compris...
parce qu'on sait qu'il faut attendre les dernières déclarations de revenus,
s'assurer que tout est à zéro, et tout ça... alors, une fois que ce
processus-là sera suivi, les données... le compte sera fermé. Est-ce que les
données seront archivées ou quand on dit : un compte est fermé, c'est...
ça disparaît, ou... Qu'est-ce que...
M. Caire : Bien, en fait, là,
on tombe sous le coup de la loi 25, à savoir que vous pouvez conserver un
renseignement, renseignement personnel, à des fins de prestation de services.
Lorsque la prestation de services est terminée, vous avez l'obligation de
détruire le renseignement ou de l'anonymiser si, d'emblée, le renseignement
peut servir à des fins de recherche, ou des choses comme ça. Mais vous avez,
légalement, l'obligation de supprimer des renseignements que vous avez
collectés à des fins d'une prestation de services lorsque le service est
terminé, a été rendu.
Mme Caron : Donc, ça ne reste
pas dans le dossier de la personne, du citoyen...
M. Caire : Bien, tant que...
tant que c'est utile à une prestation de services, oui, mais, lorsque la
prestation de services est complétée, la prestation de services pour laquelle
le renseignement a été collecté, lorsque c'est complété, c'est terminé, c'est
achevé, là, vous avez l'obligation légale de les supprimer.
Mme Caron : Et ça, c'est dans
la loi 25, ce n'est pas dans, par exemple...
M. Caire : Non, c'est dans la
loi 25.
Mme Caron : O.K., alors ça ne
rentre pas dans l'article 10.4 ici, là, où on parle d'un cadre de gouvernance,
là.
M. Caire : Non.
Mme Caron : Non, O.K., c'est
couvert par... Et puis j'aurais une question, justement, sur le cadre de
gouvernance, parce que, tout à l'heure, Me Bacon expliquait que le cadre de
gouvernance dont il est question au paragraphe n° 1 prend l'allure du cadre de
confiance. Est-ce que c'est bien le cadre de confiance pancanadien qui existe,
là...
M. Caire : Là, vous parlez
du...
Mme Caron : Je parle... Dans
l'article 10.4, le paragraphe n° 1, on dit «définir, mettre en œuvre et
appliquer un cadre de gouvernance des renseignements personnels», etc. Et, tout
à l'heure, ce que j'ai compris de l'intervention de Me Bacon, c'était que ce
cadre de gouvernance allait prendre l'allure du cadre de confiance. Est-ce
que...
M. Caire : C'est le cadre de
confiance que nous, on définit. On peut s'inspirer de ce qui... de ce qui se
fait ailleurs, et on le fait. Par exemple, les normes... les normes du... en
français. Mais c'est un cadre que nous, on définit.
Mme Caron : O.K. Est-ce qu'il
est déjà défini, ce cadre de confiance, ou...
M. Caire : Au niveau de
l'identité, non.
Mme Caron : O.K. On l'a...
Mais il existe pour autres choses.
M. Caire : Bien, il y a
différents cadres de confiance, en cybersécurité, des trucs comme ça, oui. Mais
là, pour l'identité numérique, compte tenu que le projet de loi n'est pas
adopté, non. Le cadre de confiance, en fait, il va suivre l'adoption du projet
de loi.
Mme Caron : O.K. Bien,
alors... bien, ma question en fait, c'est que je me demandais si c'était le
même cadre de confiance qu'on vient amender, admettons, pour les besoins...
M. Caire : Non.
Mme Caron : Non, c'en est un
distinct.
M. Caire : Non, non, on crée
un cadre de confiance pour la mission au niveau de l'identité numérique.
Mme Caron : O.K., je
comprends. Est-ce que, Michelle, tu voulais continuer?
Mme Setlakwe : Oui. Sur 10.4,
oui, on a un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous allons suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 17 h 59)
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, au moment de suspendre, notre collègue de Mont-Royal-Outremont
nous annonçait son intention de déposer un amendement. Mme, auriez-vous, s'il
vous plaît, l'amabilité de nous en faire lecture?
Mme Setlakwe : Oui, M. le
Président. Donc, on propose de modifier l'article 10.4 de la Loi sur le
ministère de la Cybersécurité et du Numérique, tel que proposé par
l'article 6 du projet de loi :
1° par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, du mot «peut» par «doit»; et
2° par l'insertion, à la fin de l'article,
du paragraphe suivant :
«3° assurer que les utilisateurs demeurent
propriétaires de leurs renseignements, notamment en permettant le contrôle de
ceux-ci et en offrant le droit de rectification.»
• (18 heures) •
Voilà. Donc, oui, écoutez l'obligation,
moi, je demeure toujours inconfortable. Je vois... Je vois un scénario où le
cadre de gouvernance et la mise en place des processus pourraient tarder,
pourraient... pourraient ne pas se faire. Je préfère... Je pense que ce serait
préférable d'utiliser le mot «doit» et aussi d'expliciter que «les utilisateurs
demeurent propriétaires de leurs renseignements, notamment en permettant le
contrôle de ceux-ci et en offrant le droit de rectification», de façon
explicite, pour le régime d'identité numérique national.
Le Président (M. Simard) : Je
vous remercie.
Mme Setlakwe : Voilà.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Caire : Bien, je vais être
dans l'obligation de rejeter l'amendement, parce que, comme l'expliquait Me
Bacon, le «peut» a quand même son importance dans l'interprétation de la loi,
qui n'est pas de dédouaner le ministre d'établir un cadre de confiance mais qui
lui... qui est de donner la souplesse au niveau des moyens. Donc, le «peut» ici
a une importance significative.
Et, sur le... rajouter un troisième
paragraphe, ces dispositions-là sont déjà prévues, Me Bacon l'a expliqué, au
niveau de la possession des renseignements personnels. Et le droit à la
rectification est déjà prévu à la loi 25. Donc, on n'a pas... ce n'est pas
nécessaire de faire ces amendements-là. Ces possibilités-là sont déjà prévues
dans le cadre législatif québécois.
Le Président (M. Simard) : Des
remarques?
Mme Setlakwe : Bien, je pense
qu'à la lumière des préoccupations qui ont été formulées ce serait opportun de
le prévoir explicitement, mais j'entends qu'il y a une fermeture du niveau...
au niveau gouvernemental.
Le Président (M. Simard) : D'autres
commentaires sur cet amendement? Conséquemment, l'amendement déposé par notre
collègue est-il adopté?
Des voix : Rejeté.
Le Président (M. Simard) : Cet
amendement est donc rejeté. Et nous poursuivons l'étude de l'article introduit
par 10.4. Y aurait-il d'autres remarques? Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Bien, moi,
j'aimerais déposer un autre amendement au même article 10.4.
Le Président (M. Simard) : ...nous
allons suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 18 h 02)
18 h (version non révisée)
(Reprise à 18 h 08)
Le Président (M. Simard) : Bien.
Au moment de suspendre nos travaux, notre collègue de La Pinière nous annonçait
son intention de nous présenter un amendement. Alors, Mme, la parole vous
appartient.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, je vais faire la lecture de l'amendement. Article six,
article 10.4 de la Loi sur le ministère de la Cybersécurité et du
Numérique : Modifier l'article 10.4 de la Loi sur le ministère de la
Cybersécurité et du Numérique, tel que proposé par l'article six du projet
de...
Mme Caron : ...loi par
l'ajout, après le paragraphe 2°, des paragraphes suivants :
3° mettre en place un mécanisme permettant
aux citoyens de rectifier des données;
4° mettre en place un mécanisme permettant
aux citoyens de consulter la journalisation des accès à son dossier.
L'article modifié se lirait comme
suit :
Article 10.4. À ces fins, il peut :
1° définir, mettre en œuvre et appliquer
un cadre de gouvernance des renseignements personnels dont la collecte, la
communication et l'utilisation sont nécessaires pour l'identification et
l'authentification des personnes;
2° mettre en place des processus pour
vérifier la cohérence et la qualité de ces renseignements;
3° mettre en place un mécanisme permettant
au citoyen de rectifier des données;
4° mettre en place un mécanisme permettant
au citoyen de consulter la journalisation des accès à son dossier.
Alors, ce que j'ai compris des échanges,
plus tôt, c'est que la loi no 25 protège le consentement de l'utilisation de
ces données et qu'elle permet aussi, je crois, de rectifier ces données. Mais,
ici, puisqu'on est dans les processus, hein, puisqu'au paragraphe 2° on dit
mettre en place des processus pour vérifier la cohérence et la qualité des renseignements,
ce que je propose, c'est qu'on mette dans la loi de mettre en place un
mécanisme qui va permettre au citoyen de rectifier ses données. Parce que, là,
on est dans un univers numérique, alors ça prend un mécanisme pour pouvoir
aller rectifier ces données, comme ça prend des processus pour vérifier la
cohérence et la qualité des renseignements. Alors, c'est donc la première
partie de l'amendement, et la deuxième partie, mettre en place un mécanisme,
encore une fois, qui permet au citoyen de consulter la journalisation des accès
à son dossier, puisqu'on a dit, dans le cours des discussions sur le projet de
loi, qu'il y aurait une journalisation qui se ferait chaque fois que quelqu'un
dans un ministère ou un organisme va s'authentifier pour accéder à des données
et que le citoyen aurait comme garantie, si je peux dire, que cette
journalisation serait faite. Donc, pour s'assurer qu'il y a un mécanisme qui
lui permet de la consulter, c'est le but, là, de... l'objectif de l'amendement
que je propose.
• (18 h 10) •
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le ministre.
M. Caire : Merci, M. le
Président. Donc, je comprends l'intention, mais ma collègue va retrouver...
d'abord, le droit à la rectification, c'est effectivement dans la loi no 25,
donc, c'est... ce droit-là. il est défini dans la loi. Puis là je comprends que
la collègue me dit : Oui, mais le droit, il est défini, mais là il faut
mettre en place un mécanisme pour le faire, et ça s'arrête à l'article 10.7 que
vous allez retrouver ça : Est institué le registre de l'identité numérique
nationale, Donc, paragraphe 3°, l'accès aux données, paragraphe 4°, la
traçabilité, 5°, toute autre fonctionnalité déterminée par règlement par le
ministre. Donc, ce n'est pas nécessaire, à ce moment-là, à de faire 10.4 ce
qu'on va faire à 10.7.
Mme Caron : Bien, j'aurais
une question sur ce point-là. Donc, moi, ce que je propose, c'est qu'on ait un
mécanisme pour avoir accès... bien, pas avoir accès à ses données, on a accès à
nos données, mais pour pouvoir rectifier nos données. Ça, je comprends que le
droit, il est prévu dans la loi no 25, mais est-ce que la loi no 25, en
prévoyant ce droit-là...
M. Caire : Détermine de
quelle façon? Non. Sauf que 10.7, en instituant le registre de l'identité
numérique nationale... et qu'on dit : Je vous donne l'accès, bien,
c'est... en vous donnant l'accès, un, vous avez la traçabilité, deux, vous
avez... Et là il y aura des... il y aura... Dans le Service québécois
d'identité numérique, il y a un bloc qui est prévu, là, qui doit être
développé, qui va permettre de faire un changement d'adresse, de modifier, dans
le fond, vos renseignements, les renseignements qui vous appartiennent, les
renseignements personnels. Donc, sur la méthode, sur la technologie, puis là il
faut quand même rester technologiquement neutre... mais je comprends que vous
dites que ça prend un mécanisme, et ce mécanisme-là, c'est le registre
d'identité numérique nationale.
Mme Caron : D'accord, mais ce
registre-là, si je lis, là, parce que... Si je lis l'article 10.7, puisque vous
dites que c'est déjà prévu là, on dit : «Est institué le registre de
l'identité numérique nationale sous la responsabilité du ministre. Ce registre
constitue...
Mme Caron : ...un système de
dépôt et de communication des données numériques gouvernementales. Ce registre
doit notamment permettre - là, je vais aller tout de suite au point trois -
l'accès à ces données.» Mais ça ne dit pas ça va permettre à qui. Moi, je
peux... je peux lire ça comme... ça va permettre, cet accès-là, comme la
conservation sécuritaire au point un, comme la communication avec les
organismes publics, ça peut... ça peut être dans l'appareil public, ceux dont
l'emploi est de faire une prestation de service public, qui vont avoir... qui
vont devoir... c'est-à-dire qui vont avoir accès à ces données. Mais ça ne dit
pas que le citoyen, lui, va avoir accès à ses propres données et qu'il va
pouvoir les rectifier dans ce registre-là.
M. Caire : Bien, en fait,
c'est parce que là vous avez une définition qui est large, effectivement, donc
ça permet l'accès. Mais, dans le droit à la rectification, l'outil qu'on
utilise, c'est le registre. Puis, après ça, là c'est comment technologiquement
on va y arriver, bien, on ne met pas ça dans la loi parce... Je vais... Je vais
être plus clair. Là, vous dites : «Permettre, mettre en place un mécanisme
permettant au citoyen», bon, «mécanisme», on peut l'interpréter de façon très
large. L'institution du registre identité numérique nationale est un mécanisme
qui permet au... qui permet l'accès. Donc, on peut, par définition, par
interprétation, dire «permet l'accès au citoyen». On ne dit pas «sauf le
citoyen». Vous comprenez? On dit «ça donne l'accès». Après ça, moi, je peux,
par règlement, déterminer les autres fonctionnalités, donc par exemple la
modification des renseignements par le citoyen, l'ajout de renseignements par
le citoyen. Mais l'outil, le mécanisme qui est au sens plus large du terme,
c'est le registre de l'identité numérique nationale. Le moyen technologique
qu'on va mettre en place pour le modifier, pour altérer, pour supprimer,
pour... bien, ça, à partir de là, on n'a pas à définir cette mécanique-là dans
une loi parce que la loi reste quand même technologiquement neutre.
Mme Caron : Donc, je
comprends que ce que moi j'appelle de manière générale «un mécanisme», c'est
l'identité numérique nationale qui est nommée...
M. Caire : C'est le registre.
Oui.
Mme Caron : ...c'est le
registre. Merci.
M. Caire : C'est ça. Oui.
Mme Caron : C'est le registre
de l'identité numérique qui est nommé à l'article 10.7, donc on s'entend
là-dessus.
M. Caire : Oui. Parce que, si
je peux me permettre un complément d'information, ce que vous amenez, c'est la
possibilité pour le citoyen, dans le fond, d'avoir la rectification. Pour avoir
la rectification, il faut que j'y aie accès. Puis l'idée d'un dépôt de données,
donc une banque de données, c'est de faire la gestion de cette donnée-là, par
définition.
Mme Caron : Ça, je vous suis,
là-dessus. Mais, moi, si j'ai accès à mes données, bien, je peux les voir.
Peut-être que, mon accès, c'est juste de les consulter. Qu'est-ce qui me dit,
qui me garantit que je pourrais aller faire un changement dedans?
M. Caire : C'est une
excellente question. Et c'est là où on embarque dans les... ce qu'on appelle
les permissions ou les accès. Donc, vous, comme citoyen propriétaire de la
donnée, on va vous donner la permission. Puis c'est là où on revient à notre
débat sur la gestion des accès. Donc, je peux vous donner accès en lecture. Par
exemple, ce qu'on pourrait faire quand on parle de communication entre
organismes publics de ces données, je communique, comme je vous disais, vous
vous branchez pour une prestation électronique de service, avec votre
consentement, moi, je peux communiquer les renseignements au commis qui vous
donne le service. Mais, lui, il n'aura accès qu'en lecture à ces
informations-là, pourra valider avec vous : Est-ce que ces informations-là
sont exactes, oui, parfait, je continue ma prestation de service. Si, par
contre, on parlait de votre médecin, bon, bien, à travers le registre
d'identité numérique national, je transmets au médecin des informations,
peut-être pourra-t-il modifier certains des renseignements personnels qui vous
concernent, qui relèvent de sa pratique médicale. Et vous, comme citoyen, bien,
je peux vous donner effectivement des permissions en lecture, je peux vous
donner des permissions en ajout, je peux vous donner des permissions en
suppression, je peux vous donner des permissions en modification. Vous voulez
faire un changement d'adresse, vous voulez supprimer un vieux numéro de
téléphone, je ne sais pas quoi... Donc, c'est... c'est vraiment... là on est
dans la gestion des accès.
Mme Caron : Et là, cette...
Parce que, quand on a parlé de gestion des accès, on a dit que c'était... ça
relevait de chacun des ministères et organismes. Alors, mais pour ce qui est de
l'accès du citoyen, est-ce que ça va relever du ministère de la Cybersécurité
et du Numérique?
M. Caire : Oui, oui, puisque
je suis le responsable et donc le gestionnaire du registre de l'identité
numérique nationale...
M. Caire : ...Et c'est déjà
prévu, Mme la députée, là, dans le service québécois d'identité numérique, là,
de développer de l'application qui va permettre aux citoyens de... Mais, pour
ça, ça me prend le registre. C'est pour ça, je vous dis, le... la mécanique
dont j'ai besoin, c'est le registre d'identité numérique nationale. Après ça,
l'application qui va permettre de faire ça, ça, c'est prévu dans le programme.
Mme Caron : O.K. Ça, ça va.
Mais qu'en est-il... Je le comprends quand vous me l'expliquer, mais c'est juste
que, c'est comme les deux premiers exemples que vous m'avez donnés que ce soit
le médecin ou que ce soit un employé de la fonction publique, c'est ces
deux-là, c'était clair pour moi que c'était inclus. C'est juste que, pour moi,
là, ce n'est pas clair que le citoyen est inclus dans le 10.7.
M. Caire : Bien oui, parce
que, par définition, s'il n'est pas nommément exclu, il est inclus. Donc, ce
que la loi n'interdit pas, elle le permet.
Mme Caron : O.K. Et qu'en
est-il pour le paragraphe n° 4 de l'amendement, c'est-à-dire «mettre en
place un mécanisme permettant aux citoyens de consulter la journalisation des
accès à son dossier»?
• (18 h 20) •
M. Caire : ...le quatrième
paragraphe de 10.7, qui est la traçabilité de tout accès au registre par...
Donc, la traçabilité, c'est la journalisation. On n'utilise pas... parce que
journalisation, c'est le terme technique informatique. Donc, comme on veut être
technologiquement neutre, c'est la traçabilité qui est le terme juridique
employé, parce qu'il y a toutes sortes de façons possibles de garder une trace
de ça, mais la journalisation, c'est la façon numérique de le faire.
Mme Caron : D'accord. Donc,
si on se reporte 10.7, paragraphe n° 4, «la traçabilité de tout accès au
registre par une personne, que ce soit pour y déposer ses données, les utiliser
ou en recevoir la communication», là, c'est l'accès au registre... O.K. En
recevoir la communication, c'est comme les consulter, c'est ça?
M. Caire : Oui.
Mme Caron : Est-ce que c'est
que ça veut dire?
M.
Caire
: Oui,
oui, c'est ça. Oui.
Mme Caron : Oui. O.K. Mais
«par une personne», ça veut dire ça, que ce n'est pas juste le citoyen qui a
accès à la journalisation ou à la traçabilité des accès dans son dossier.
M. Caire : C'est l'accès par
une personne. Votre médecin a eu accès à vos renseignements, on garde une trace
de ça. Il y a... Un agent de l'agence du revenu a accès à vos renseignements,
on garde une trace de ça. Donc, on en garde une trace de la personne qui a eu
accès à vos renseignements.
Mme Caron : O.K. Alors, ça...
O.K. Donc, je comprends que la trace, elle est là, elle est dans le système,
mais où ça me dit, dans cet article-là, que le citoyen a accès à cette
trace-là?
M. Caire : Bien, ce n'est pas
nommément dit, mais c'est... quand on donne accès aux données, ça fait partie
des données auxquelles on vous donne accès. Donc, ce n'est pas «le citoyen
accès à qui», mais on dit : Je vous donne accès aux données contenues dans
le registre. Le registre va contenir des traces. Je vous donne accès donc aux
traces qui sont contenues dans le registre.
Mme Caron : O.K. Bon. Disons
que je suis... Ce n'est peut-être pas aussi clair que, pour M. et Mme
Tout-le-monde, que ce qui pourrait me rassurer mais... Je comprends que c'est
la façon juridique de le dire, là.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le député de Maurice Richard.
M. Bouazzi : Bien, en fait, je
vais faire du millage, parce que, moi, c'est plus que pas clair. Moi, j'ai
l'impression que c'est clair qu'il n'y a pas tant accès au... comment on
appelait ça, la traçabilité de tout accès de registre. Ça fait que je comprends
qu'on va en parler au 10.7, mais il y a une différence entre avoir accès à son
adresse, son nom et sa date de naissance et puis avoir accès à une liste de
personnes qui y ont eu accès. Je veux dire, imaginons, là, je me logue, je vais
à la SAQ, je montre mon identité numérique, ensuite, je passe chez mon médecin,
je montre mon identité numérique, et puis je fais ça, et le fait que chacune de
ces entrées-là existe dans un log file, pour moi, ce n'est pas clair du tout
que j'ai accès en tant que citoyen, hein?
M. Caire : Je veux peut-être
apporter une précision, M. le député, il n'y aura pas de trace lorsque vous
utilisez votre identité numérique. Donc, si vous allez à la SAQ, on vous
demande effectivement une preuve d'âge, vous utilisez une attestation numérique
pour démontrer que vous avez l'âge légal...
M. Caire : ...d'acheter de
l'alcool, il n'y a pas de trace de ça, il n'y a pas de... On ne garde pas de
traces de ça. Quelqu'un d'autre que vous utilise... C'est pour ça, quand on
dit, là, «la traçabilité de tout accès au registre par une personne». Donc, si
c'est un médecin qui demande à avoir accès à vos renseignements, là on va
garder une trace de ça. Et, comme c'est contenu dans le registre, quand on dit
«l'accès à ces données», bien, c'est les données qui sont contenues dans le
registre, ça en fait partie, donc je vous donne... vous avez l'accès aux
données qui sont dans le registre, incluant ces données-là. Mais, ça, il faut
que ce soit très clair pour le citoyen, il n'y a pas de traçabilité ou il n'y a
pas de trace quand c'est le citoyen qui utilise son identité numérique, parce
qu'il n'y a pas de pertinence, le citoyen sait qu'il est allé à la SAQ,
personne d'autre n'a besoin de savoir ça. Par contre, si quelqu'un d'autre...
M. Bouazzi : Comment... Je
comprends, là, vous nous le dites. Mais on le garantit comment qu'à chaque fois
qu'on ne garde pas justement une traçabilité de l'utilisation de l'identité
numérique?
M. Caire : Parce que, ce que
le registre prévoit, c'est que c'est... c'est «la traçabilité de tout accès au
registre par une personne, que ce soit pour déposer des données ou utiliser ou
en recevoir la communication», donc là on comprend qu'on ne parle pas ici du
citoyen lui-même.
M. Bouazzi : Bien, il y a
deux questions, M. le ministre. La première, c'est de dire : Qu'est-ce qui
empêche le système d'enregistrer ces données-là? Est-ce qu'il y a, quelque part
dans ce projet de loi, quelque chose qui dit : Nous ne gardons pas un
historique du fait que le citoyen a utilisé son identité numérique? Parce que
tout ce qui n'est pas écrit est permis, vous l'avez dit il y a à peu près deux
minutes.
M. Caire : Oui. Mais...
M. Bouazzi : Ça fait que, si
on ne l'interdit pas, ce sera permis. Et puis une fois qu'on dit que ça existe,
parce qu'honnêtement je serais très étonné que ça n'existe pas, à ce moment-là,
bien, il faudrait que la seule personne qui a accès soit le citoyen, là. Il
n'est pas question que quelqu'un d'aucun ministère n'ait le droit de savoir où
est-ce que j'ai utilisé partout mon identité numérique, là.
M. Caire : On est d'accord.
M. Bouazzi : Ça fait qu'on
fait ça comment? Parce que, moi, je ne le vois pas, ça.
Une voix : ...
M. Caire : Oui. C'est ça, on
est dans... on est dans la gestion des accès, là.
M. Bouazzi : Donc, c'est
quel... c'est quel article? Est-ce que vous pouvez me dire quel article je dois
lire pour me rassurer et dire : Oui, c'est vrai, j'ai compris? Est-ce
qu'on est... Est-ce qu'on est toujours au point quatre du 10.7 ou il y a autre
chose?
M. Caire : Bien là, on est
à... on est à... on parle de 10.7...
M. Bouazzi : C'est bon. Mais
est-ce que...
M. Caire : ...mais dans le
contexte de l'amendement à 10.4, donc. Parce que mon argument étant qu'on n'a
pas besoin d'adopter l'amendement parce qu'à 10.7... Je comprends qu'on fait le
débat sur 10.7 quand même. Il faut être logique.
M. Bouazzi : C'est ça. Et,
moi, je ne lis pas la même chose entre ce point 4 et le 10.7. C'est pour
ça que je veux être sûr de comprendre le 10.7, pour savoir si j'appuie le
quatre ou pas. J'ai tendance à être parti pour l'appuyer, mais malheureusement,
j'ai l'impression qu'il ne reste pas beaucoup de temps. Est-ce qu'on finit à et
demi?
Le Président (M. Simard) : On
finit à et demi, cher collègue. Il vous reste quand même trois minutes, si vous
voulez intervenir... continuer d'intervenir, plutôt.
M. Bouazzi : Oui, oui, oui.
Non mais je suis juste, je dois avouer, très triste d'être sur deux commissions
à la fois. Et donc c'est mon dernier trois minutes avant une longue «shot», là.
Ça fait que j'aurais voulu... O.K.. Bien...
Mme Bacon (Nathalie) : M. le
Président.
M. Caire : Je peux... Si le
député de Maurice-Richard est d'accord pour justement...
M. Bouazzi : Avec grand plaisir.
M. Caire : ...pour permettre
à Maître Bacon de répondre à ses interrogations.
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie, maître.
Mme Bacon (Nathalie) : Je
vais tenter d'être... d'être brève, là, vu qu'il nous reste trois minutes. Dans
le fond, les libellés, là, tu sais, normalement, d'une loi à l'autre, se
ressemblent, dans certaines lois, sont plus précis, mais l'important, c'est
qu'ils visent la cible. Et, ici, à 10.7, on vise la cible. Alors, vous êtes à
10.4, vous avez un souci de journalisation, de traçabilité, de gestion des
accès, bien, tous ces sujets, très importants, effectivement, sont... sont
couverts par les fonctionnalités du registre qui sont énoncées à 10.7. Donc,
puis là, bien, tout ça, il faut que les lois s'interprètent avec les autres. Il
y a la Loi sur l'accès aussi qui prévoit les droits fondamentaux, là, qu'on ne
peut prendre connaissance de mes renseignements personnels, à moins que j'y
consente. Et, après ça, il y a... il y a tout ce qui concerne la cybersécurité.
C'est qu'il y a une gestion extrêmement serrée des accès. Ce n'est pas... Ce
n'est pas des bars ouverts puis ce n'est pas des livres ouverts, là, les
registres, là. Ça fait que tout ça est géré. Puis, là, dépendamment dans quelle
loi vous allez tomber, vous allez avoir une loi que, le paragraphe... l'accès
à...
Mme Bacon (Nathalie) : ...données.
Donc, permettre l'accès, c'est permettre l'accès restreint parce qu'il faut
avoir des niveaux d'autorisation d'accès. Et ça, c'est très technique. J'ai ma
collègue qui est avec moi, là, qui pourrait en discuter plus longuement, là,
mais la façon que le libellé est fait, à 10.7, on vise les cibles et on les
couvre. Autrement dit, vos soucis sont couverts.
Le Président (M. Simard) : Souhaitez-vous
transmettre la parole à votre adjointe? Non?
Des voix : ...
M. Caire : Oui, oui.
Le Président (M. Simard) : Alors,
c'est un peu une course contre la montre parce qu'il nous reste quelques
secondes, mais maîtres, auriez-vous d'abord, l'amabilité, s'il vous plaît, de
vous...
M. Caire : Avec le
consentement, M. le Président, pourrions-nous dépasser l'heure de quelques
minutes, puisque le député de Maurice-Richard, je pense qu'il mérite d'avoir sa
réponse.
Le Président (M. Simard) : D'accord.
Un consentement pour quelques minutes, donc. Maître, à vous la parole. Donc,
pourrez-vous d'abord vous présenter, s'il vous plaît?
• (18 h 30) •
Mme Drolet (Émilie) : Oui,
tout à fait. Émilie Drolet. Donc, je suis légiste pour le ministère de la
Justice, pour le client MCN. Donc, pour répondre à la question, les principes
de gestion des identités et des accès, il y a déjà des principes dans les
bonnes pratiques, dans les référentiels et les standards internationaux,
notamment le principe du droit d'accès, le... toujours restreindre à ce qui est
nécessaire dans le cadre des fonctions.
Puis, par rapport au droit d'accès d'une
personne à ses propres renseignements personnels, c'est des notions qui sont
déjà abordées dans la loi sur l'accès, notamment les articles 83 et suivants.
Donc, ça s'applique dans le cadre aussi du chapitre qui est instauré dans la
LMCN.
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Alors,
succinctement, s'il vous plaît.
M. Bouazzi : J'espère que le
projet de loi no 69 sera retardé une fois de plus pour que je puisse revenir la
semaine prochaine...
Le Président (M. Simard) : Alors,
sur ces propos fort judicieux, nous allons ajourner nos travaux sine die. Et, à
nouveau, merci pour votre très belle collaboration. Au plaisir.
(Fin de la séance à 18 h 31)