Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(November 29, 2022 au September 10, 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Thursday, April 3, 2025
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Vol. 47 N° 70
Continuation of the debate on the Budget Speech
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12 h (version non révisée)
(Douze heures sept minutes)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, bienvenue à toutes et à tous. Je constate que nous
avons quorum. Conséquemment, la commission des finances publiques est en mesure
d'entreprendre ses travaux. Et comme vous le savez, nous sommes aujourd'hui
réunis afin d'entreprendre la poursuite du débat sur le discours du budget,
conformément à l'article 275 de nos règlements. M. le secrétaire, bonjour.
Y a-t-il des remplacements ce matin?
Le Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Morin (Acadie) est remplacé par Mme Caron
(La Pinière).
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, quelques mots sur la procédure que nous allons entreprendre.
Je vous informe donc de la manière dont nous allons procéder d'abord pour ce
débat d'une durée d'au plus 10 heures. La répartition du temps de parole
sera approximativement la suivante, selon les groupes parlementaires, 5 heures
pour le gouvernement, 3 h 45 min pour l'opposition officielle, 1 h 15 min
pour le deuxième groupe d'opposition. Nous débuterons par les remarques
préliminaires. Les intervenants disposent chacun de 20 minutes. Nous
débutons bien sûr par le ministre des Finances. Monsieur, la parole vous
appartient. Par la suite, nous aurons des blocs d'échange d'un côté et de l'autre
de la table d'environ 20 minutes. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Merci, M. le Président...
M. Girard (Groulx) : ...le
Président. Merci à tous ceux qui nous écoutent, merci aux députés présents,
merci aux membres de l'opposition, deuxième opposition. Et puis c'est toujours
un plaisir de collaborer à la Commission des finances publiques, qui est
reconnue pour son efficacité et les bons échanges en toute transparence.
Alors, c'était le septième budget de notre
gouvernement, le budget 2025-2026, et il faut bien le dire, ce budget et a été
préparé dans un contexte de grande incertitude. Alors, face à cette grande
incertitude, le gouvernement se concentre sur la création de richesses, tout en
protégeant les soins de santé et l'éducation, réitère aussi son engagement à la
saine gestion des finances publiques en présentant un plan de retour à
l'équilibre budgétaire.
• (12 h 10) •
Le conflit commercial déclenché par la
nouvelle administration américaine assombrit nos perspectives économiques, et
c'est pour ça que nous avons une hypothèse de base de croissance à 1,1 %,
en 2025, et 1,4 % en 2026. Je rappelle que 1,1 % correspond à la
moyenne de la prévision des économistes du secteur privé. Et, pour arriver à ce
scénario de référence, bien, il fallait faire une hypothèse sur un tarif moyen,
pour une période moyenne, sur un nombre de biens et services qui transitent la
frontière canado-américaine. Alors, nous avons fait une hypothèse, comme les
économistes en font toujours, et, dans notre cas, nous avons dit qu'en moyenne,
sur l'ensemble des biens, services, tarifs, contre-tarifs, il pourrait y avoir
10 % de tarifs pour une période de deux ans, ce qui se trouvait impliquer
que nous devions retrancher 0,7 % de croissance, réparti sur deux années,
et réduire l'emploi de 25 000 personnes. Et, bien sûr, un scénario plus
dramatique, ou 25 % de tarifs étant imposés sur l'ensemble des biens et
services pour une période de deux ans était aussi présenté. Et là je tiens à
dire que, dans ce cas, les pertes d'emplois pouvaient certainement atteindre
près de 100 000 emplois. Et pourquoi on n'est pas au chiffre de 160 000 qui a
été évoqué dans le cas de tarifs 25 % sur tous les biens et services,
contre tarifs? C'est parce qu'on avait une période de deux ans, alors que, dans
le scénario évoqué, à 160 000, qui correspond un peu au scénario de la Banque
du Canada, les tarifs sont permanents, et non pour une période de deux ans, et
lorsqu'il y a un choc permanent, bien, évidemment, l'économie est impactée de
façon permanente. Et on a vu que la Banque du Canada a dit que ces estimés de
baisse de production pourraient atteindre jusqu'à 3 à 4 %.
Alors, dans notre cas, l'hypothèse de
10 % de tarifs en moyenne pour deux ans est à peu près en ligne avec ce
qu'on a appris hier. C'est-à-dire qu'hier nous avons appris que l'aluminium,
l'acier et le secteur de l'automobile seraient frappés par des tarifs de
25 %. Pour l'automobile, les composantes et les pièces qui proviennent des
États-Unis, elles ne sont pas taxées, pour l'instant, les pièces ne semblent
pas être taxées. Et tout cela... Et il y a aussi les biens qui ne sont pas
conformes à l'accord de libre-échange Canada, États-Unis, Mexique, qui, eux,
seraient tarifés à 25 %, mais ça descendrait à 12 % si
l'administration américaine est satisfaite des efforts qui sont faits au niveau
du fentanyl et du contrôle de la frontière. Et on sait qu'au niveau du fentanyl,
bien, les quantités étaient, à la base, au départ, faibles et qu'en plus il y a
eu des efforts supplémentaires. Bref, on devrait être en mesure de rencontrer
ce critère. Et puis, pour ce qui est de la sécurisation de la frontière, bien,
il y a des efforts qui ont été faits des deux côtés de la frontière. Bref, on
peut s'attendre à ce qu'un tarif de 12 % s'applique...
M. Girard (Groulx) : …sur
approximativement 40 % des biens. Tandis que l'autre 60 % n'aurait
pas de tarifs. Mais à ça, il faut ajouter aluminium, automobile, acier qui eux
sont frappés par 25 %. Bref, tout ça, M. le Président, c'est extrêmement
complexe et, en moyenne, notre hypothèse de 10 % de tarifs pour deux ans
sur l'ensemble des biens est plausible, raisonnable, à la bonne place, et donc,
dans le budget, bien, il y a 2 milliards de provisions pour éventualités.
Et il y a des mesures pour faire face à ces… Alors, dans l'ensemble, je dirais
que le budget qui a été fait avant, ce que nous avons appris hier, est à la
bonne place, étant donné ce que nous avons appris hier.
Donc, face à cette menace, nous avons la
responsabilité de transformer l'économie québécoise, parce que la relation
entre le Canada et les États-Unis risque d'être modifiée de façon permanente.
On sait que notre relation avec les Américains remonte au début du Canada. Nous
avons combattu avec eux dans plusieurs guerres au XXe, au XXIe siècle.
Nous avons été solidaires. Nous avons… Nos pompiers sont allés les aider à Los
Angeles pas plus tard que l'été dernier. Bref, les liens qui sont avec les
Américains sont solides, mais clairement, l'accès privilégié au marché
nord-américain, dont nous avons bénéficié depuis les efforts du premier
ministre Mulroney et Ronald Reagan, est probablement modifié de façon
permanente. Et donc il faut transformer l'économie québécoise.
Alors, dans l'urgence, nous avons présenté
le programme Frontière qui vise à offrir 1,6 milliard de liquidités, c'est
évidemment 1,6 milliard de prêts, et l'impact financier est 25 % de
cela, parce qu'il y a une provision pour crédits. Pour appuyer la transition,
nous augmentons le plan québécois d'infrastructures de
11 milliards de dollars dans les trois premières années. C'est donc
7 % sur 10 ans. Et ça, c'est extrêmement important, M. le Président,
parce que j'entends beaucoup de choses qui sont dites sur ce qui n'est pas dans
le plan québécois d'infrastructures, mais ce qui est dans le plan québécois
d'infrastructures, bien, c'est 164 milliards, une hausse de 7 %, et
c'est extrêmement important.
Nous sommes aussi engagés dans la période
de transition dans la libéralisation de l'espace économique canadien. On sait
que le gouvernement canadien a dit qu'ils aimeraient que tous les efforts aient
culminé pour le 1ᵉʳ juillet 2025. La destination ultime est le
rehaussement du potentiel économique du Québec, en stimulant l'investissement
et l'innovation des entreprises, afin de solidifier leur position
concurrentielle sur l'échiquier mondial. Au total, dans le
budget 2025-2026, c'est 5,4 milliards 5,4 milliards sur cinq ans
pour stimuler la création de richesse. 2,6 milliards, pour une fiscalité
propice à l'investissement et l'innovation. Ça, ça comprend l'amortissement
accéléré qui a été annoncé par le gouvernement fédéral lors de sa dernière mise
à jour. Et, comme vous le savez, M. le Président, le gouvernement… le
gouvernement canadien a prorogé sa session. Maintenant, il y a une élection.
Alors, il faut bien le dire que la législation fiscale visant à supporter
l'amortissement accéléré n'a pas été déposée au Parlement fédéral. Et c'est
évidemment problématique. Puis on pourrait dire la même chose pour les
modifications en termes de recherche et développement, les modifications aux
gains de capital.
En matière de fiscalité, les énoncés
doivent être appuyés par des législations, bulletins fiscaux. Et donc nous, on
était, au niveau de l'amortissement accéléré, devant une annonce qui n'a pas de
pendants législatifs, mais on a décidé de l'appuyer parce que c'est extrêmement
important. On pourra revenir aux bénéfices de l'amortissement accéléré.
Au niveau fiscal aussi, il y a évidemment
le nouveau… permettez-moi d'utiliser le terme, le CRIC, le crédit d'impôt pour
la recherche, l'innovation, la commercialisation, pilier de l'aide fiscale à
l'innovation au Québec, une réforme où huit crédits d'impôt sont transformés en
un.
J'ai… je suis à combien de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Simard) : Ah!
il vous reste au moins 10 minutes.
M. Girard (Groulx) : Ah! bien,
parfait.
Le Président (M. Simard) :
Vous étiez à la page B-12…
M. Girard (Groulx) : J'ai deux
pages à faire. Je n'ai pas fini la première. Il y a aussi 900 millions
pour la réalisation de projets d'entreprise. Ça, c'est de l'aide directe, hein,
le 900 millions…
M. Girard (Groulx) : qui
est sur trois ans, mais c'est multiplié. Et encore une fois, c'est l'impact
financier des interventions. Alors, par exemple, si c'étaient des prêts, c'est
quatre fois ça.
759 millions pour favoriser l'apport
des régions à la création de richesses. Alors là, c'est tout ce qui est fait en
tourisme, en forêt, dans le secteur bioalimentaire, des efforts extrêmement
importants qui sont faits au niveau du développement économique régional.
J'ai annoncé aussi dans le budget
6,8 milliards pour soutenir les Québécois et améliorer les services à la
population. Là-dedans, bien sûr, il y a 3,9 milliards pour assurer une
meilleure prestation de soins de santé et de services sociaux en améliorant
l'accessibilité et la qualité des soins. Puis là, je vais aller voir dans mes
notes, j'ai plusieurs gestes qui sont posés en santé, M. le Président. Je vais
vous trouver ça. Que faites-vous pour améliorer l'accès à la première ligne?
Bien, je vous rappelle qu'on... Il y a l'élargissement des pouvoirs aux
professionnels comme les infirmières praticiennes spécialisées et les
pharmaciens. Moi-même, M. le Président, j'ai bénéficié d'une ordonnance d'un
pharmacien. J'étais excessivement impressionné qu'un pharmacien plus me
prescrire un sirop pour que je puisse arrêter de tousser et travailler sur mon budget.
Alors, c'est des avancées...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Girard (Groulx) :
...qui sont... Non, mais qui sont réelles, là, que les pharmaciens, c'est notre
gouvernement qui a fait ça. La prise en charge collective grâce au guichet
d'accès à la première ligne, l'augmentation des admissions en médecine, les
formations accélérées pour les préposés aux bénéficiaires et les infirmières
auxiliaires, l'accès renforcé aux services de santé mentale grâce à des
partenariats avec des organismes communautaires pour les jeunes, le programme
Agir tôt, la poursuite du virage en soutien à domicile, l'augmentation du
nombre d'heures de service réalisées un soutien à domicile, la diminution de la
paperasse des médecins pour qu'ils se consacrent aux soins.
• (12 h 20) •
Il y avait aussi, M. le Président,
1,1 milliard pour encourager la réussite scolaire et le développement des
jeunes. Alors, il y a toutes les sommes qu'on investit en éducation, en
enseignement supérieur et avec le Plan jeunesse. C'est certain que s'il y avait
une thématique générale de ce qu'on fait en éducation, bien, c'est de favoriser
la réussite scolaire. Et lorsqu'on parle de réussite scolaire au Québec, je
pense qu'on ne doit jamais oublier que les garçons n'arrivent pas à atteindre
les mêmes niveaux de diplomation que les filles. Et donc il faut... On vise la
réussite éducative de tous, mais certainement en gardant un œil sur des mesures
qui peuvent aider les garçons. 550 millions pour favoriser le bien-être
des personnes vulnérables, dont 300 millions pour soutenir l'accès au
logement. Alors là, c'est, dans ce budget-ci, la rénovation des HLM où notre
impact, l'impact de notre effort est doublé avec l'aide du gouvernement
fédéral. Alors, les sommes qui vont pour la rénovation de HLM, on va... les
sommes qu'on investit sont appariées avec des chambres du fédéral, ce qui
permet d'avoir deux fois plus d'impact. Puis il y a tous les efforts qu'on fait
au niveau des programmes de supplément au loyer pour les personnes en
itinérance, notamment. Puis il y a aussi des fonds pour l'accompagnement en
services sociaux avec ces programmes de supplément au loyer.
715 millions pour mettre en valeur la
culture et l'identité québécoise, dont 544 millions en culture. Je vous
rappelle, M. le Président, que notre gouvernement s'est associé à deux
organismes extrêmement importants en culture, le CALQ, le Conseil des arts et
des lettres du Québec et la SODEC. Alors, le Conseil des arts et des lettres du
Québec supporte les artistes et la SODEC supporte les entreprises du milieu
artistique. Et ce sont ces organismes que nous avons choisis parce qu'eux ont
l'expertise pour accorder des sommes et faire une différence dans le milieu de
la culture qui est dynamique au Québec, mais qui néanmoins doit être support.
636 millions pour appuyer les collectivités, dont 332 millions pour
le développement durable, la vitalité des territoires. Au total, c'est donc
12,3 milliards de mesures concentrées sur la création de richesses et la
protection des services publics. Le coût net est ramené à 9,3 milliards
sur cinq ans en raison des efforts pour améliorer le régime fiscal. Je suis à
combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Simard) :
Il vous reste cinq minutes cher collègue.
M. Girard (Groulx) : Cinq
minutes. Alors, vous allez le dire lorsqu'il va me rester deux minutes?
Le Président (M. Simard) :
Ne vous inquiétez pas.
M. Girard (Groulx) :
Merci. Alors, l'examen des mesures fiscales est complété. Nous avons analysé...
M. Girard (Groulx) : ...mesures
depuis 2024-2025, avec un travail remarquable du ministère des Finances du
Québec, qui a dirigé ça d'une main de maître. Et, bien sûr, on consulte les
experts, la Chaire en fiscalité des finances publiques, la Chaire Jacques-Parizeau
des HEC, le CIRANO. On a consulté des gens de l'UQAM, de Concordia. Bref,
équité, intégrité, simplicité, pertinence, voilà ce qui nous a guidés dans cet
examen.
Et quelles sont les conclusions? Bien,
d'abord, on veut recentrer les activités du crédit d'impôt affaires
électroniques vers la valeur ajoutée. C'est un crédit d'impôt qui a été créé il
y a une trentaine d'années. La valeur ajoutée en informatique, ce n'est plus la
maintenance, le soutien des applications, mais bien le développement des applications
d'intelligence artificielle.
Le crédit d'impôt relatif aux ressources,
lui, sera recentré vers les minéraux critiques et stratégiques.
Il y a une uniformisation de la taxe sur
les primes d'assurance avec la TVQ. Alors, la taxe sur les primes d'assurance
est à 9 %, la TVQ est à 9,97 %, alors on augmente approximativement
de 1 %.
Actualiser le droit additionnel sur les
ventes de véhicules de luxe. On sait qu'au Québec, M. le Président, un véhicule
de luxe, c'était 40 000 $. Alors là, on amène ça à
62 500 $. Et je pense que c'est actualisé. Ça le dit, là,
40 000 $, ce n'était pas un seuil d'un véhicule de luxe.
Instaurer une contribution additionnelle
sur les véhicules hybrides et rechargeables. Ça, c'est très important, M. le
Président, parce que, comme vous le savez, la taxe spécifique sur le carburant
finance l'entretien et le développement du réseau de transport terrestre et du
transport collectif, mais les revenus de la taxe d'essence sont en baisse avec
la diminution du parc de véhicules à essence. Et donc, pour que... dans un
principe d'équité utilisateur-payeur, les utilisateurs de véhicules électriques
vont contribuer 125 $ par année au Fonds de réseau de transport terrestre.
Mettre fin à l'indexation du seuil
d'admissibilité au Fonds de services de santé. Ça, c'est une mesure pour
rehausser le financement des services de santé.
La saine gestion des finances publiques
est un élément essentiel d'un bon gouvernement. Nous déposons, tel que prévu
par la loi, un plan de retour à l'équilibre budgétaire. Les gestes identifiés
permettent l'atteinte de l'équilibre comptable, alors que l'objectif est
l'équilibre budgétaire après contribution au Fonds des générations. Mais, M. le
Président, il faut bien le dire, le contexte est très... extrêmement difficile.
On dépose un plan de retour à l'équilibre budgétaire alors que nous sommes
menacés de tarifs et que l'économie québécoise doit s'adapter, se transformer.
La page A.21 du budget dit tout ce que
vous devez savoir sur l'évolution des finances publiques, c'est-à-dire que les
dépenses en fonction du PIB, en 2018-2019, étaient 24,4 %, elles sont
maintenant de 26,3 % en raison de la pandémie, la hausse de l'inflation,
la hausse de la population, l'investissement dans les ressources humaines, les
infrastructures. Et, pour revenir à l'équilibre budgétaire, il faudra
converger, le poids des dépenses devra s'arrimer graduellement avec celui des
revenus.
Alors, le déficit comptable est révisé à
la baisse en 2024-2025 à 8,1 milliards, 1,3 % du PIB, 10,4 milliards
après contribution au Fonds des générations, 600 millions de moins.
2025-2026 est difficile à 11,4 milliards de déficit comptable, 1,8 %
du PIB, 13,6 milliards, 2,2 % du PIB après contribution au Fonds des
générations. Ça se compare à la Colombie-Britannique à 2,5 %. La
Nouvelle-Écosse : 1,4 %. L'Alberta : 1,1 %. Alors, nous
sommes à 1,8 %. 2025-2026, le déficit est trop élevé. C'est gérable, on
s'en occupe, M. le Président. Nous avons le devoir de répondre à l'incertitude
économique. Et c'est pourquoi, face à cette grande incertitude, nous avons fait
le choix de nous concentrer sur l'économie tout en protégeant les services
publics, mais en gardant, pour faire une analogie de baseball, M. le Président,
les yeux sur la balle sur le retour à l'équilibre budgétaire. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous, M. le ministre. Nous poursuivons, et je cède maintenant la parole
au député de Marguerite-Bourgeoys, qui dispose également de 20 minutes.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à toute l'équipe, là, d'être ici aujourd'hui.
Du côté gouvernemental, merci d'être présents avec nous, avec vos équipes.
Merci aussi à vous, M. le Président, de nous envoyer dans la bonne direction,
comme vous le faites de façon si régulière.
Le Président (M. Simard) :
C'est un plaisir de vous retrouver, cher collègue.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup...
M. Beauchemin : ...dans les
remarques préliminaires. Je vais, en fait, en profiter pour peut-être un peu
revenir dans l'histoire des sept années du gouvernement de la CAQ, pour parler
évidemment de notre capacité financière. Parce que je pense que la raison pour
laquelle on a encore un nouveau déficit record, là, de 13,6 milliards, c'est
parce qu'il y a eu un ensemble de décisions qui ont fait en sorte qu'on en est
rendu où est-ce qu'on en est rendu. Plusieurs personnes vont qualifier ça
d'investissements publics puis certaines personnes peuvent parler de dépenses,
mais il y en a qui vont dire aussi : Il y a du gaspillage.
Puis il y a eu du gaspillage qui a été
fait, M. le Président, puis je pense que ce qui est important de se rendre
compte ici, c'est que c'est notre marge de manœuvre qui, malheureusement, écope
à chaque fois qu'il y a de mauvaises décisions. Puis là-dessus, je ne blâme pas
le ministre, ce n'est pas sa responsabilité à lui de prendre toutes les
décisions du gouvernement de la CAQ, là, je parle de l'ensemble de l'appareil
gouvernemental. Puis, malheureusement, bien, je pense que le ministre est
responsable de s'assurer de balancer les livres, comme on dit. Puis, là-dessus,
bien, on comprend le carcan dans lequel il est, mais ceci étant dit, il y a eu
tout de même énormément d'argent qui a été dépensé de par des décisions qui
datent... autant lors des campagnes électorales, lorsqu'il y a eu des chèques
électoralistes qui ont été donnés à tous les Québécois. On se disait, nous
autres, bien, en entendant, évidemment, les promesses électorales, que
l'objectif ultime était, en bout de piste, là, O.K., d'améliorer les services.
• (12 h 30) •
Puis, malheureusement, c'est ça, le
problème qu'on a, nous, de notre de côté, puis, en fait, je dirais la majorité
des Québécois, malheureusement, c'est qu'on a un double échec, ici : on a
donc eu notre capacité financière qui a été grugée, on a maintenant des
déficits records après déficits records, et, malheureusement, les services ne
sont pas au rendez-vous. Les temps d'attente dans les hôpitaux ont augmenté, en
moyenne, de 4,5 heures depuis 2018; le nombre de professeurs a peut-être
augmenté, mais le nombre de professeurs manquants a plus qu'augmenté par
rapport au nombre de professeurs qui étaient arrivés. Les gens, que ce soit en
services au niveau de la maladie mentale, ou l'itinérance, et tout ça, les
Québécois le voient partout. Les services se détériorent à l'échelle du Québec.
On pouvait, jadis, à une certaine époque, pointer vers Montréal puis
dire : Bien, c'est à Montréal, le problème, donc c'est Montréal, le
problème, mais la réalité, c'est que c'est tout partout, dans les 17 régions
économiques du Québec, M. le Président, où les services se sont détériorés.
Donc, on regarde ça puis on se dit :
O.K., correct, on a des finances publiques qui, clairement... puis on parlera
plus tard, là, des agences de crédit, de notation, là, qui ont émis des
commentaires, là, mais on a définitivement réduit notre marge de manœuvre.
Puis, face à ça, on envoie le Québec dans une direction, puis le contrat, si on
peut dire, qui a été comme entendu de la part des électeurs, c'était qu'on
allait avoir plus de services, et on n'en a pas eu. Ça fait qu'on va revenir
plus tard sur les services puis on pourra en discuter plus amplement lorsqu'on
ira, là, ligne par ligne, dans le budget, avec le ministre, pour essayer de
comprendre certains de ces retards en services, si on peut le dire ainsi, là.
Initialement, le déficit avait été prévu, lors du budget 2024-2025, à 8,5
milliards de dollars. 13,6, maintenant, depuis la semaine dernière, donc
c'est une augmentation de 5,1 milliards de dollars.
Je comprends, et puis j'ai entendu, puis
tous les Québécois aussi l'ont entendu, que, bon, on se prépare à la guerre
tarifaire, c'est à cause de Trump, là, qu'on va aller de l'avant puis on va
vraiment, là, mettre le paquet pour aider nos entreprises, là, à passer au
travers. J'ai entendu le ministre, tout à l'heure, parler de la facilité
bancaire... bien, la facilité gouvernementale qui ressemble à une facilité
bancaire, là, pour aider nos entreprises. C'est un prêt, 25%...
12 h 30 (version non révisée)
M. Beauchemin : ...25 %
de cela, etc., et tout, là, mais, quand on regarde, puis ça, j'ai passé à
travers l'exercice en partie, là, lors de notre premier échange avec le
ministre là-dessus, à la page B.59 jusqu'à la page B.64, item par
item, là, de l'impact financier des mesures pour stimuler la création de
richesse, là, pour aider nos entreprises, quand on enlève ce qui aurait été
normalement fait de par le gouvernement, peu importe ce qui se passe au sud de
notre frontière, bien, quand on isole spécifiquement ce qui a été fait que pour
les entreprises face à la guerre tarifaire, on en arrive à 460 millions.
On pourra peut-être débattre du chiffre. C'est peut-être plus, ou c'est
peut-être moins, ou... On n'est pas mariés, nous, là, exactement à... ce
chiffre-là exactement précis, mais le point est que le déficit a augmenté de
5,1 milliards de dollars. On estime, grosso modo, 460 millions $.
Ils sont spécifiquement en réponse aux tarifs de Trump. Donc, il y a 4,6 milliards de
dollars de plus de dépenses additionnelles non reliées à la guerre tarifaire.
Puis, on comprend, là, que le gouvernement
reçoit un paquet de groupes qui viennent leur demander de l'argent ici pour un
truc, de l'argent pour un autre truc, etc., ça, on sait que c'est dans le quotidien
du ministre des Finances d'avoir à entendre ça. Mais, s'il y avait, encore une
fois, la livraison des services en bout de piste, on pourrait comprendre, mais
c'est parce qu'historiquement, là, depuis les sept dernières années, on dépense
plus et les services se détériorent. Ça fait que, là, on répète la même
formule. On ajoute, au-delà du 8,5 milliards déjà, qui était estimé comme
déficit, un autre 5,1 milliard, je retranche ce qu'on fait pour la guerre
tarifaire, de ce 5,1 milliards, donc, 4,6 milliards additionnels de
dépenses. Mais est-ce que les Québécois vont en avoir pour leur argent? La
réponse, M. le Président, c'est que, malheureusement, on ne le voit pas. Notre
marge de manœuvre est brûlée.
Puis les décisions difficiles... Puis j'applaudis
l'exercice de passer à travers le régime fiscal et de passer à travers cet
exercice-là, parce que, oui, c'est important, les... il y a des programmes qui
ont beaucoup de poussière dessus, qui auraient dû normalement être faits au
préalable, mais j'applaudis l'exercice de le faire maintenant, finalement. Il y
a l'aspect fiscal puis il y a l'aspect budgétaire, puis ça on pourrait en
parler ici évidemment, mais deux points... Puis je ne me souviens plus du
chiffre exact, mais je pense que c'est 2,8 milliards de dollars, que
le régime fiscal va être, selon ce que j'ai compris, mais, de ça, il y a 127
millions, approximativement, qui va être fait avant la fin du mandat de la CAQ
et donc 2,6 milliards, grosso modo, qui est pour le prochain gouvernement.
Donc, on parle ici, là, de prendre des décisions difficiles après la prochaine
élection. Puis ça, ça... encore une fois, ça m'inquiète parce que ce qu'on
voit, c'est qu'on dépense encore plus les deux prochaines années, puis après ça
on fait le régime minceur au niveau, là, du régime fiscal qu'après les
prochaines élections. Donc, on s'inquiète, puis on n'est pas les seuls parce qu'évidemment
la trajectoire au niveau de l'endettement a été remarquée, là, par les agences,
là, de notation.
Quand on regarde aussi, là... puis là on
va prendre l'hypothèse de base du ministre pour vraiment avoir le débat sur ça,
O.K., mais quand on prend les hypothèses de base du ministère des Finances, à
la fin du mandat de la CAQ, il y aura donc eu une dette nette, là, O.K., de 270 milliards de
dollars. Quand la CAQ est arrivée au pouvoir, ce montant-là était de 174 milliards de
dollars. Bon. Là, on ne parlera pas des hypothèses de base au niveau du taux d'inclusion,
on ne parlera pas d'hypothèse de base au niveau de la récession, on ne parlera
pas... on va juste prendre pour acquis que si tel était tel cas, O.K.? C'est 96 milliards de
dollars de plus, donc près du tiers de la dette de plus du Québec en huit ans.
Puis, encore une fois, je reviens sur l'autre partie de l'équation, là, du
contrat, M. le Président. Est-ce que les Québécois ont l'impression que les
services se sont améliorés? Donc, on a... on aura ajouté 96 milliards à la
fin du terme caquiste...
M. Beauchemin : …la dette du
Québec puis les services ne sont pas au rendez-vous. On aura augmenté la dette
de 55 % par rapport à 2018, puis les services ne sont pas au rendez-vous.
Ça a pris 60 ans pour passer d'un arrondissement en termes de dette à
174 milliards de dollars puis ça leur a pris huit ans pour en ajouter
un 96. Et je ferais remarquer que, oui, effectivement, il y a eu des périodes
difficiles. Il y a eu évidemment le COVID, qui a été suivi d'une année
exceptionnelle en termes de revenus pour le gouvernement. Il y a eu des
périodes de croissance économique tout le long du mandat. Puis on a fait des
déficits un après l'autre. On a eu sept années consécutives, on aura sept
années consécutives de déficit. Puis la première année, c'était flush, là, ce
n'était pas… ce n'était pas un surplus, là, c'était… c'était flush. C'était
vraiment, là…
Donc, c'est clair, M. le Président, qu'on
peut dire : Bien, ça, en vase clos, en silos, ça… c'est ça, la réalité.
Puis le gouvernement fait une bonne job et tout, là, mais je vous ferais quand
même remarquer que, de 2014 à 2018, le… excusez, de 2018 à 2023, la… l'Ontario
a augmenté sa dette elle aussi. Ça fait que moi, je dis qu'on a augmenté au
Québec, à terme, ce sera de 55 %. Mais l'Ontario, pendant la période que
je viens juste de décrire, aura augmenté sa dette de 27 %. Donc, on peut
se questionner, là, ici, là : Pourquoi est-ce que l'Ontario s'endette
moins rapidement que le Québec?
• (12 h 40) •
Puis une des choses qui… Puis le ministre
me connait d'une autre époque, là, quand on était tous les deux un peu plus jeunes,
on était dans le marché obligataire, il y a eu un changement, là, au niveau du
prix que le Québec paie pour emprunter. Puis je comprends que le ministre va
dire : C'est marginal, puis je l'entends puis je… c'est juste, le point
est important. On est passé de payer moins cher que l'Ontario pour emprunter à
payer plus cher que l'Ontario, maintenant, pour emprunter. On était capable
parce qu'on avait eu une tendance à la baisse de nos déficits. On avait eu une
tendance à la baisse qui a fait en sorte que le marché rémunérait, si on peut
dire, d'une certaine façon, la bonne et saine gestion des finances publiques au
Québec. Et ça donnait en sorte que le Québec, dans le terme de 10 ans,
prenons juste le terme de 10 ans, était capable d'emprunter à un… à un
coût moins élevé de quelques… par rapport à… où l'Ontario aurait pu emprunter
au même moment.
Bien, sur une dette totale du Québec,
c'est des centaines de millions de dollars, ça, M. le Président, là,
270 milliards, là, c'est beaucoup de sous en bout de piste, là. On est
passé donc de moins deux, ça… On économisait... j'ai vérifié hier, on est rendu
à 4,7 points de base plus cher que l'Ontario maintenant pour emprunter
dans le terme 10 ans. Et ça, c'est un changement de quasiment sept points
de base, bien, sept points de base sur 270 milliards de dollars, M.
le Président, c'est des programmes complets, là, qui disparaît, puis je parle
juste en valeur relative, je ne parle pas en termes absolus, mais en valeur
relative, là. C'est des programmes au grand complet, là, qui pourraient être
payés par ça.
Ça fait que, moi, ça m'inquiète, puis ça
m'inquiète parce que. Bon, je suis un gars de finances, puis, pour moi, quand
je regarde ça, je me dis : Bien, à long terme, j'espère que, tu sais, on
va être capable de renverser la tendance, mais sept déficits, sept budgets
déficitaires sur huit, là, c'est un record en soi.
Nos infrastructures, on a augmenté le PQI,
oui, c'est en ruine. Je regardais le… le drapeau, excusez, je regardais le
tableau que la collègue aux Transports a illustré tout à l'heure lors de
l'échange en période de questions, depuis le dernier mandat du PQ, jusqu'à
l'augmentation actuelle, si je comprends bien, au niveau juste du ministère,
l'augmentation ne reflète que l'inflation. Ça fait que c'est malheureux, mais
ce n'est pas des ajouts en tant que tels de capital nouveau qu'on va mettre en…
dans les programmes québécois d'infrastructures sont… on ne se fie que
là-dessus. Il y aura eu évidemment la période libérale et il y aura eu les sept
ans et huit ans caquistes. Mais, quand on fait en dollars constants, il n'y a
pas de changement, là, M. le Président. Donc, pour moi, ça aussi c'est
inquiétant dans le contexte où est-ce que le maintien d'actifs aurait dû, donc,
prendre de plus en plus de place, malheureusement…
M. Beauchemin : ...mais on
en est rendus là, M. le Président. Puis pour combien de temps qu'il me reste,
en passant?
Le Président (M. Simard) :
4 min 30 s, cher collègue.
M. Beauchemin : Merci. On
est rendus là, M. le Président, parce qu'il y a eu... il y a eu des dépenses
peu judicieuses qui ont été faites. Puis il y en a qui ont été faites, disons,
qui étaient avec un objectif de vouloir stimuler l'économie, mais on peut
penser à Northvolt, un échec retentissant, TAG Heuer, Lion, Flying Whales,
Panier bleu, EcoPro, c'est tous des échecs coûteux, c'est tout de l'argent que
les Québécois ne pourront pas revoir. Et malheureusement ça ne rapporte rien.
M. le ministre le sait très bien, je suis un adepte de la productivité et quand
on regarde dans le livre du ministre, le livre du budget du ministre de 2022 à
2026, là, si on suit les projections qu'on a avec le modèle de base du
ministère des Finances, il y aura zéro gain de productivité. Encore une autre
période de cinq ans de zéro gain. Les investissements non résidentiels, ça
stagne. L'innovation, je pense qu'on s'en va dans le bon sens, mais on aurait
vraiment pu être beaucoup plus ambitieux. Il faut comprendre l'ampleur du
problème qu'on a. Puis l'ampleur du problème qu'on a, c'est qu'on est face à un
voisin aux États-Unis qui met près de 3 %, 2,8 % de son produit
intérieur brut, toutes sources de financement confondues, dans la recherche et
développement pour en arriver à avoir de l'innovation. Et puis nous, bien, on
flirte avec le 1,3 %. Donc on est vraiment en retard par rapport à ça.
Donc, moi, toutes ces situations-là,
nonobstant les précisions des chiffres, là, dans le livre, puis les remarques
préliminaires, je veux qu'on puisse aller dans le détail quand on aura le
temps, là, durant l'étude plus détaillée, mais je pense que c'est important
qu'on considère la marge de manœuvre puis peut-être être capables aussi de
mettre en place des mesures avec des objectifs clairs qui sont vraiment bel et
bien quantifiés. Puis j'ai en tête le projet de loi n° 85 qui n'est pas du
tout relié, là, au ministre des Finances, là, je le sais très bien, mais
c'était... Pour créer un bon environnement d'affaires, il faut que les gens
puissent se sentir investis, hein, qu'ils aient l'impression que le
gouvernement comprend les enjeux au niveau de la paperasse puis de la
réglementation. Et depuis que la CAQ est au pouvoir, le fardeau administratif
de nos PME, de nos entreprises québécoises a augmenté de 2,4 milliards, M.
le Président. Puis là, on a eu le cinquième projet de loi du gouvernement de la
CAQ pour réduire le fardeau avec un objectif de 20 millions.
20 millions sur 2,4 milliards, c'est... Ça ne bougera probablement
pas l'aiguille, M. le Président. Ça fait qu'il faudrait qu'on ait au moins des
objectifs un peu plus ambitieux. Je ne dis pas, là, qu'on devrait sortir la
tronçonneuse et puis ressembler à Elon Musk, là, mais je pense qu'il y a
quelque chose, entre les deux, qui pourrait quand même définitivement aider les
milieux d'affaires. Parce qu'on va en avoir de besoin de notre milieu
d'affaires. On va avoir besoin d'avoir au Québec une économie qui va être en
croissance et productive, innovante.
Donc, écoutez, on avait parlé nous autres,
évidemment, du directeur parlementaire du budget. On pourra parler plus tard de
la crédibilité, là, des prévisions sous-jacentes en dessous du budget du ministre.
On parlait d'un plan en habitation, on parlait évidemment des places en CHSLD,
on a parlé d'un paquet de trucs, M. le Président, pour faire en sorte qu'on
puisse au minimum envoyer dans la bonne direction l'économie du Québec. Mais ça
va être difficile de voir quelque chose de constructif avec ce qui se passe au
sud de la frontière puis, malheureusement, avec notre marge de manœuvre qui,
encore une fois cette année, a été malheureusement un peu anéantie. Donc, avec
ça, M. le Président, je ne sais pas exactement combien de temps qu'il me
laisse, mais...
Le Président (M. Simard) :
Une vingtaine de secondes.
M. Beauchemin : Je vais
donc conclure en disant que j'ai bien hâte de pouvoir, et j'apprécie la
présence du ministre, on va pouvoir discuter plus en détail du budget. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Alors, avant de céder la parole à notre collègue de Verdun, je
vous rappelle qu'il vous reste... Vous disposez de 20 minutes. Et puis, si
tant est que vous n'ayez pas terminé, on suspendra tout simplement pour revenir
plus tard.
Mme Zaga Mendez : O.K.
Bien, je vous remercie, M. le Président, mais je ne vais pas prendre mon temps
de remarques préliminaires.
Le Président (M. Simard) :
Non?
Mme Zaga Mendez : Alors,
je cède ce temps pour continuer.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Mais ce n'est pas perdu de toute manière, hein?
Mme Zaga Mendez : Excellent.
Le Président (M. Simard) :
Le temps vous est toujours imparti, et vous pourrez le reprendre plus tard. Sur
ce, nous allons donc débuter notre période d'échange et de débat. Bien,
écoutez, à moins qu'il n'y ait consentement, chère collègue de La Pinière, pour
que vous puissiez intervenir, mais à ce stade-ci...
Le Président (M. Simard) : ...de
longs échanges. Il est de tradition que les... ce sont les porte-parole de
chacune des formations politiques qui puissent participer à nos remarques
préliminaires, mais vous pourriez toujours le faire, mais cela demanderait bien
sûr le consentement des collègues. Il n'y a pas de consentement?
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : À
ce stade-ci de nos travaux, dans le cadre de ces débats, pour les remarques
préliminaires, parce qu'on n'est pas dans l'étude, vous savez, d'un projet de
loi, les règles sont relativement différentes, mais vous pourriez toujours le
faire, mais, bon, très bien.
M. Girard (Groulx) : ...du
temps pour faire des remarques préliminaires?
Le Président (M. Simard) : Bien,
ce serait dans votre temps de parole de toute manière, alors...
M. Girard (Groulx) : O.K.,
bien... Ah, vous ne le demandez plus?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Girard (Groulx) : Alors,
aussi bien ne pas consentir à quelque chose qui n'est pas demandé.
Le Président (M. Simard) : C'est
ça. Donc, ceci étant dit, puisque la députée de Verdun ne souhaitait pas
intervenir, nous amorçons, à ce stade-ci, la période de débat. Et, comme le
veut la tradition, bien sûr, la parole appartient, dans un premier temps, au
porte-parole de l'opposition officielle. Alors, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, à vous la parole.
• (12 h 50) •
M. Beauchemin : Bien, je vous
remercie beaucoup, M. le Président. Ça fait qu'on va rentrer dans le vif du
sujet. On s'est fait des thématiques, là, par blocs, nous autres, là, ça fait
qu'on va essayer de suivre un certain ordre, là, mais je pense que, bon, avec
le Liberation Day d'hier, force est de constater, je pense, qu'il va y avoir un
intérêt pour les gens qui nous écoutent, là, de comprendre un peu, là, les
ramifications des impositions de tarifs.
Donc, on a vu hier, évidemment, là, les
tarifs réciproques qui ont un impact évidemment, là, très, très marqué, là, sur
les marchés boursiers : Tokyo, je n'ai pas la mise à jour à la dernière
seconde... Mais en fait ce n'est pas vrai, je l'ai, en partie, ici, là, mais
Tokyo était à la baisse, là, de 3 %, le Dow, en ce moment, est à la baisse
de 3,5 %, le Nasdaq, à la baisse, de 5,4 %, Toronto, à la baisse, de
3,3 %, le Mexique, à la hausse, de 1,3 % et... mais, je veux dire,
l'Europe de 1,5 à du 4 %, et j'en passe. Donc, il y a évidemment eu, là,
un effet radical sur les marchés boursiers. Puis, vous savez, quand
M. Trump a parlé hier de... c'est comme voir un couteau tomber, là, ça
allait vraiment tomber, là, rapidement. Et puis on a eu évidemment, là, des
pertes de richesse sur papier, la plupart du temps, là, mais des pertes de
richesse, ce qui fait en sorte que, le ministre le comprend très bien, là, le
wealth effect, l'effet de la richesse disparaît, ça retranche les investissements,
cette inquiétude-là, évidemment, en plus du fait que la raison en arrière du
recul boursier était reliée à des tarifs qui vont rebrasser complètement
l'ordre mondial au niveau du commerce. Il y aura donc ce recul de façon
extrêmement significative de la croissance économique mondiale.
Je remarque que, dans les hypothèses de
base du ministre, il n'y avait pas un scénario de recul du produit intérieur
brut mondial, il n'y avait pas de récession mondiale dans l'échiquier du
ministre, pour en arriver à ces prévisions. Donc, moi, je voulais comprendre,
ici, pourquoi est-ce que le ministre, un, n'avait pas ça. Je comprends qu'on a
fait la moyenne de la rue pour en arriver à 1,1 %. Est-ce qu'étant donné
évidemment, là, les prévisions économiques qui, clairement, là, en dedans de 24
heures, ont pu changer... j'aimerais ça que le ministre nous parle un peu plus
de l'effet, un, des reculs des marchés boursiers, et puis les risques de
contagion au niveau de l'économie québécoise, canadienne, d'une récession mondiale,
puis comment est-ce qu'on pourrait l'inclure ou le quantifier dans les budgets,
dans la prévision économique?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui, M.
le Président. Mais, merci beaucoup. Bien, c'est certain que la réaction des
marchés financiers, elle est cohérente avec les actions de la nouvelle
administration, dans le sens où l'imposition de tarifs...
M. Girard (Groulx) : ...ralentit
la croissance et augmente l'inflation, notamment dans l'économie américaine. Et
donc le contexte mondial est inquiétant, et évidemment on n'a pas... on a
toujours la possibilité que ce soient des positions de négociation visant à
amener des concessions des partenaires commerciaux des États-Unis. Je pense
que, si on prend l'ensemble des prévisionnistes aux États-Unis, la probabilité
d'une récession est de l'ordre d'approximativement 40 %, mais ça, ça veut
dire qu'il y a 60% de probabilités qu'il n'y ait pas de récession. Puis nous,
bien, on a une prévision pour les États-Unis, en 2025, à 1,8 %, qui est en
ligne avec la Réserve fédérale américaine, qui a abaissé sa prévision de 0,4%
pour 2025 parce qu'il y a des tarifs.
Et donc nos prévisions... ce n'est pas le
ministère des Finances du Québec, là, qui impose ses prévisions sur l'économie
mondiale puis les États-Unis. Ce sont des données externes au ministère des
Finances qu'on prend, des gens qui suivent ces... Nous, notre expertise, c'est
le Québec, et notre prévision à 1,1 % pour le Québec est à la moyenne des
prévisions du secteur privé.
Et c'est certain qu'hier... Il faut voir,
dans l'ensemble, le Canada et le Mexique sont moins touchés, ce qui est
modérément positif, mais on s'entend que ce n'est pas positif pour l'industrie
automobile, l'aluminium, l'acier, les produits qui ne sont pas conformes à
l'accord de libre-échange. Bref, ce n'est pas positif, c'est moins négatif. Et
ça, c'est le contexte canadien, québécois, mais tout ça se passe dans une...
avec une administration américaine qui met des tarifs et qui va donc réduire la
croissance mondiale et augmenter l'inflation. ÇA, ce n'est pas positif. Puis
Canada, puis le Québec, ce sont des petites économies ouvertes qui ont
bénéficié de l'ordre économique mondial où les biens et les services circulent
librement.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le critique.
M. Beauchemin : D'accord. En
fait, j'en arrivais à cette question-là, parce qu'en fait c'est au niveau de la
croissance économique. Puis je comprends, je comprends ce que le ministre nous
a dit, mais j'essaie d'avoir une conversation, là, maintenant que... maintenant
que c'est fait, là, maintenant qu'on l'a eue, la journée de la libération, là,
quelles vont être les conséquences de ça sur les prévisions économiques du
Canada et budgétaires du Québec? On l'a vu, là, O.K., ce n'est pas la moyenne,
vous l'aviez dit tout à l'heure, je pense, M. le ministre, vous parliez que
c'est comme un tarif de 5%, que vous aviez dit, là, ou 10 % qu'on avait de
budgétisé, là. Ça fait combien selon vous, là, l'effet juste des mesures, puis,
après ça, quel est l'impact de la diminution des marchés boursiers dans le
quotidien de M. et Mme Tout-le-monde qui vont voir la caisse de retraite
réduire, là, puis l'investissement, les dépenses, etc.?
M. Girard (Groulx) : Bien,
pour les marchés boursiers, on ne met pas à jour notre prévision à l'intérieur
d'une journée de réaction à une annonce comme ça. Alors, il faudra voir la
clôture des marchés, ce soir, puis il faudra voir où on en est dans une semaine
puis dans deux semaines. Mais ce qui est certain, c'est que, depuis que la
nouvelle administration est au pouvoir, bien, il y a une correction dans le
SNP-500, qui est l'indice le plus important au monde. Alors, il y a une
correction, une correction après deux années de croissance de plus de
20 %, c'est correct. Évidemment, une correction, vous le savez, lorsqu'on
a chuté de 10 % par rapport au sommet, bien là, ça devient extrêmement
important, dans quel sens va être le prochain 10 %, là, parce que, si le
10 % est en hausse, bien, ça veut dire qu'il ne s'est rien passé, puis si
le 10 % est à la baisse, ça veut dire qu'on est dans un «bear market» ou
un marché baissier. Alors, il faudra voir la suite, mais il n'y a pas d'impact
des mouvements des marchés boursiers dans les 24 heures sur nos prévisions
économiques.
Dans l'ensemble, puisque le Canada et le
Québec... la position concurrentielle relative du Canada et Québec par rapport
à l'ensemble des pays internationaux s'est relativement améliorée hier, et les
tarifs sont, dans l'ensemble...
M. Girard (Groulx) : ...inférieurs
à nos hypothèses. Donc, dans l'ensemble, notre budget est à la bonne place, et
la prévision de 1,1 % de croissance est bonne.
M. le Président, peut-être qu'on pourrait
prolonger de quelques minutes pour faire une heure dans le premier bloc. On est
à combien de minutes?
Le Président (M. Simard) : Bien,
en fait, on est à quelques secondes de suspendre nos travaux parce qu'il sera
13 heures...
M. Girard (Groulx) : Mais ça
fait combien...
Le Président (M. Simard) :
...et puis le premier bloc d'échanges sera terminé.
M. Girard (Groulx) : On a
commencé à quelle heure?
Le Président (M. Simard) : On
a... Je ne sais trop. On a commencé quelques minutes en retard, mais, peu
importe, en tout...
M. Girard (Groulx) : Vous
voulez finir à 1 heure pile.
Le Président (M. Simard) : C'est
ce que je nous recommande.
M. Girard (Groulx) : Et moi,
j'aurais aimé faire une heure pile. Mais c'est vous le président, alors on va y
aller comme ça.
Le Président (M. Simard) : Il
reste 50 secondes à la présente section.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.... M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci. Merci,
M. le Président. O.K. Mais...
M. Girard (Groulx) : ...fait
un dixième de notre travail.
M. Beauchemin : ...peut-être
qu'il y a peut-être... puis là on n'aura peut-être pas le temps d'avoir la
réponse, on pourra y revenir dans un prochain bloc, là, mais il y a quand même
quelque chose qui est différent par rapport à une des prévisions que vous aviez
incluses dans votre budget, M. le ministre, c'était que ça allait durer un
terme de deux ans. Puis, vraiment, tout porte à croire que ces tarifs-là, ils
vont peut-être varier en termes d'absolu, mais ce n'est pas une... ils ne vont
pas disparaître, là. Les... La politique de l'administration américaine, c'est
d'y aller jusqu'à la fin du terme, quatre ans.
M. Girard (Groulx) : Pas
nécessairement.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : Je
m'attends à ce qu'après l'élection...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : ...d'un
nouveau premier ministre canadien, il y ait des négociations...
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup.
M. Girard (Groulx) : ...sur
l'Accord Canada-États-Unis-Mexique, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. Et la raison pour laquelle je presse le pas, c'est qu'il y a une
séance de travail ici même qui débute à l'instant. Donc, je vous prierais, s'il
vous plaît, de partir rapidement. Au plaisir.
(Suspension de la séance à 13 heures)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 07)
Le Président (M. Simard) : Alors
donc, chers collègues, bienvenue. Nous avons quorum, nous sommes en mesure de
reprendre nos travaux, et sans plus tarder, je cède la parole au député de
Rousseau, qui dispose d'une période d'environ 18 minutes.
M. Thouin : Merci, M. le
Président. D'abord, bonjour, M. le ministre. Bonjour, chers collègues. Content
d'être avec vous cet après-midi pour parler finances avec vous.
D'abord, d'abord, je pense que c'est
important, parce que j'entends, évidemment, toujours les oppositions qui font
leur travail d'opposition puis soulignent... soulignent certains enjeux. Bien
évidemment, ce n'est pas leur job de mettre en valeur les bons succès, et je
trouve qu'on en a pas mal, puis, malheureusement, la présentation qui est
faite, souvent, du portrait... du profil financier du Québec, actuellement,
est... en tout cas, peut paraître biaisée de temps en temps, puis je pense que
c'est important de remettre un peu les pendules à l'heure.
Moi, je me disais, je me disais :
Réfléchissons à l'ensemble de l'oeuvre, parce qu'aujourd'hui, bon, c'est clair
qu'il y a un déficit important, on le sait tous, il y a plein d'enjeux
extérieurs, mais comment ça se passe, la réalité, tu sais? Donc, quand on est arrivé,
l'état des lieux, en 2018, là... Nos prédécesseurs nous répètent souvent que
les coffres étaient pleins, qu'il y avait de l'argent en masse, ça allait bien.
Et je ne le conteste pas, il y avait de l'argent dans les coffres, c'est vrai,
mais je ferais un petit parallèle. Quand j'explique cette situation-là à mes
citoyens, je leur dis : Vous savez, si je ne nourris pas ma femme, mes
enfants, je ne fais pas mes paiements de maison, je ne fais pas mes paiements d'auto,
ça se peut qu'à la fin du mois j'aie de l'argent dans mon compte de banque,
mais je n'ai pas nécessairement été un bon père de famille. Ça fait que, là, ce
qui s'est passé, au Québec, c'est qu'effectivement on a amassé de l'argent,
mais on est tellement coupé partout...
M. Thouin : ...l'austérité
libérale, je pense que personne ne l'a oublié. Donc, on a tellement coupé
partout qu'on se ramasse... qu'on se ramasse avec, oui, de l'argent dans le
compte de banque, mais la maison est détruite, la maison a été à l'abandon
pendant des années. Donc, oui, on a de l'argent, mais c'est un peu théorique
parce que cet argent-là, il aurait déjà dû être investi dans nos infras, dans
notre maison, dans nos... dans les besoins de nos citoyens. Donc, bref, la
réalité, c'est que nos réseaux, nos infrastructures en général, nos routes, nos
réseaux de transports collectifs, bien, ils étaient en décrépitude quand on est
arrivés. Je ne pense pas qu'il y ait un Québécois qui pense que c'est depuis
cinq ans que les écoles du Québec se détériorent. Il n'y a pas un Québécois qui
pense que, depuis cinq ans, les hôpitaux se détériorent soudainement, tu sais,
avant qu'on arrive, là, les hôpitaux, le système... le système de santé, là, ça
allait merveilleusement bien au Québec. Depuis qu'on est arrivé, là, ça va vraiment
moins bien. Je ne pense pas qu'il n'y ait personne qui croit ça. L'état des
infrastructures qui se sont détériorées, vous savez, les écoles, elles ont
toutes été construites dans les années 50, 60. On arrive à un moment où,
présentement, c'est certain que les besoins en réduction du déficit de maintien
d'actif sont importants. Mais c'est normal, il y a... il y a un certain nombre
d'années. Puis si on a fait la job entre temps, si pendant ce temps-là on avait
investi comme... comme on aurait dû le faire, puis là je parle tant du Parti
québécois que du Parti libéral, évidemment, QS n'a pas été au pouvoir, je ne
peux pas leur mettre ça sur le dos, mais pour les deux autres, je leur dirai
que s'ils avaient fait la job, il n'y aurait pas eu d'argent dans le compte.
Puis peut-être que c'est ça la bonne technique qui aurait dû être employée à
l'époque. Et c'est ce que je pense qu'on est en train de faire actuellement en
investissant massivement pour répondre aux enjeux des Québécois.
• (14 h 10) •
Et aussi les oppositions, j'ai comme
l'impression qu'ils oublient toujours, comme si, tu sais, la COVID, par
exemple, c'est comme si elle n'avait plus existé soudainement. Bien, moi, je me
rappelle des débuts de la COVID, là, où tout le monde des oppositions nous
pressait pour qu'on en mette de l'argent puis qu'on en mette rapidement, puis
qu'on en mette en masse, puis qu'on ne laisse personne de côté. Mais tu ne peux
pas, d'un côté de la bouche, dire : Il faut en mettre, il faut absolument,
absolument être là au début. Puis là, voir quand ça commence à être un petit
peu plus difficile, puis là, l'opinion des citoyens, des fois, est variable
dans des situations de crise comme ça, bien, tu ne peux pas d'un côté de la
bouche dire : On met de l'argent, on met de l'argent, puis après ça, bien
là, on en a vraiment trop mis, on n'aurait pas dû aller jusque-là.
J'ai envie de vous dire que c'est la même
chose pour l'année passée avec les grèves, avec ce qu'on a eu ici. Toutes les
oppositions nous disaient : Allez-y, c'est important, il faut bien les
rémunérer, n'hésitez pas. Puis une fois qu'on le fait, bien là, on dit :
Voyez-vous? Comment ça se fait que vous êtes en déficit? Ça n'a aucun bon sens,
vous investissez bien trop. Tu sais, il y a... En tout cas, pour moi, il y a quelque
chose qui ne marche pas, qui ne marche pas dans ça.
Puis il y a autre chose aussi, c'est que
les oppositions semblent souvent oublier qu'il y a un contexte. Tu sais, c'est
comme si c'était juste au Québec que c'est plus difficile présentement. Tu
sais, c'est comme si, ailleurs au Canada, ou dans les autres pays du monde, il
n'ont pas eu ça, eux autres, la COVID, ils n'ont pas eu ça, les enjeux avec
l'Ukraine, l'inflation, puis tout ça. Ce n'est pas réaliste. La réalité c'est
qu'on vit des moments difficiles comme le reste de la planète vit des moments
difficiles actuellement. C'est les mêmes enjeux partout.
On a parlé souvent de l'écart de richesse
entre le Québec et l'Ontario qui s'est amélioré dans les dernières années. Moi,
je pense que c'est important. C'est important de le souligner. Je le sais que
ça doit vraiment taper sur les nerfs aux oppositions, mais en même temps, c'est
vraiment un barème où ça nous permet de se comparer. Puis j'aime bien le faire,
en se comparant, on est capables de s'améliorer puis de voir où on est forts,
meilleurs, ou plus faibles.
J'ai envie de vous parler de la réalité
des faits, là. Oui, la réalité des faits, oui. Parce que des fois il y a... il
y a, il y a des choses qui sont racontées, mais ce n'est pas tout à fait la
réalité. Moi, j'ai envie de vous raconter quelque chose. Le 20 décembre
dernier, je ne sais pas si vous avez vu ça, mais il y a un excellent
journaliste en finances qui s'appelle Francis Vailles, qui a publié un article
qui s'intitule Les Québécois s'enrichissent malgré l'inflation. Bien,
j'imagine que vous l'avez tous lu, mais je vais vous en lire quand même des
petits bouts qui sont intéressants. Je demanderai au ministre commenter par la
suite, s'il le veut bien. Il dit : «Les faits chiffrés sont
incontestables, malgré la pandémie et l'inflation, les travailleurs québécois
ont considérablement augmenté leur pouvoir d'achat ces dernières années,
davantage que la plupart des contribuables dans le monde». J'en reparle un...
J'en fais un petit bout encore. «Les faits chiffrés sont incontestables. Malgré
la pandémie et l'inflation, les travailleurs québécois ont considérablement
augmenté leur pouvoir d'achat ces dernières années, davantage que la plupart
dans le monde. Et ce constat vaut pour à peu près toutes les strates de
salaires». Je vais vous éviter tout le long... le long article, mais je vous ai
fait faire... préparé un petit tableau...
M. Thouin : ...tableau
didactique, ici, vient vous... vient bien expliquer, évidemment, cette hausse,
que plusieurs contesteront, compte tenu de la hausse marquée des loyers, des
paiements hypothécaires, des paniers d'épicerie, évidemment. Mais il y a
plusieurs raisons qui expliquent ça, selon Luc Godbout, un des signataires de
l'étude de l'Université de Sherbrooke, parce qu'il faut savoir que c'est, bon,
un article de Francis Vailles, mais c'est basé sur une étude de l'Université de
Sherbrooke signée par, entre autres, Luc Godbout. Et ils nous disent, entre
autres, plus loin : «Les consommateurs ont l'impression qu'ils
s'appauvrissent, mais, en moyenne, ce n'est pas le cas. Ça ne va pas aussi mal
qu'on le pense, surtout quand on se compare au reste de la planète, qui est
quand même nécessaire.» Donc, ils ont sorti, eux autres, ce qu'ils ont fait. Cette
étude-là, ça dit... il y a cinq ans. Puis là, qu'est-ce qui est arrivé, cinq
ans avant décembre 2024? On était en 2019. Ça fait quelques mois que la CAQ est
au pouvoir.
Donc, pour moi, ce que je lis ici, là,
c'est un excellent bilan de la CAQ. Ce que je vois, c'est... ce que ça me dit,
c'est que, depuis 2019... puis là je ne compare pas le Québec avec la Norvège,
puis avec la Finlande, puis avec la Suisse, puis... non, non, je compare le
Québec avec le Québec cinq ans plus tôt. Puis on compare la Norvège avec la
Norvège cinq ans plus tôt, puis la Suisse avec la Suisse. On va voir si
elle-même, en fonction de son système, si elle s'est améliorée ou si la
situation s'est empirée. Bien, c'est le fun parce que, savez-vous quoi? Ce
tableau-là, là, puis je pense qu'il est clair, là, il ne peut pas être plus
clair que ça... Dans tous les États du monde, là, il y en a que leur pouvoir
d'achat, il a été réduit pas mal dans les cinq dernières années. Pour certains
pays, certains États, ça s'est amélioré, de 3,2%, en Corée, à 3,5%, en
Allemagne, 4,4%, en Suisse, 7,1, le Canada, et au Québec, 8,9%, juste derrière
la Lettonie. Ça nous place... En fait je vois deuxième... c'est deuxième sur le
tableau, mais il me semble que j'ai lu troisième, au troisième rang. Bien, on
est troisième rang, le troisième État dans le monde où, entre 2019 et 2024, le
pouvoir d'achat des citoyens s'est le plus amélioré. Que c'est qui fait ça?
Comment ça se fait que les citoyens ont plus d'argent pour acheter des choses
aujourd'hui? Puis d'ailleurs on le voit, là, parce qu'il y a plus d'épargne
aujourd'hui qu'il y en avait il y a cinq ans. Ils voyagent, aussi. Donc, il y a
quelque chose qui se passe, il y a quelque chose qui fait que ça nous a permis
d'avoir ça.
Bien, moi, j'ai envie de vous dire que, si
les Québécois, aujourd'hui, ont réussi à s'enrichir malgré l'inflation, malgré
la COVID, et que leur pouvoir d'achat s'est amélioré comme ça, c'est pour
quelques raisons bien précises. La première : réduction des taxes
scolaires. Ça, ça a mis de l'argent dans le portefeuille du monde. Après ça,
réduire... réduire les deux premières heures, par exemple, quand on va à
l'hôpital. Moi, j'y vais régulièrement, ma mère est hospitalisée depuis
longtemps, j'y vais régulièrement. Savez-vous quoi? Ce deux heures-là, il est
le fun, c'est vraiment... ça, ça met de l'argent de plus dans le portefeuille
des gens. Je vous parle d'un point d'impôt, hein, qu'on a enlevé l'année
passée. Bien, c'est ça, c'est tout un paquet de mesures qui donnent un résultat
aujourd'hui, qui est clair, qui est indiscutable, selon l'étude ici présentée
par l'Université de Sherbrooke, qui ne sont pas nécessairement des grands
caquistes, par Luc Godbout, qui n'est pas nécessairement reconnu pour être un
grand caquiste non plus, et par Francis Vailles, qui n'est pas non plus reconnu
pour être un grand caquiste. Donc, pour moi, quand je vois une étude comme ça,
ça me sécurise beaucoup et je suis très satisfait du travail de notre
gouvernement.
J'ai une question et principalement, précisément,
dans ce cas-ci, à notre ministre des Finances... Je veux savoir, il me reste
combien de temps?
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste 7min 51s.
M. Thouin : Merci beaucoup.
M. le ministre, très général, pour commencer : Qu'est-ce que vous pensez
de ce que je viens de dire? Ça se tient-tu ou ça ne se tient pas, c'est...mon
explication? C'est une lubie? Qu'est-ce...
Le Président (M. Simard) : Toujours
en s'adressant à la présidence. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui, M.
le Président. Bien, ça va... Votre présentation, M. le député, me permet de
vous amener à ma page favorite du budget, la page A.21, celle qui dit tout sur
la gestion des finances publiques depuis que nous sommes au pouvoir.
Alors, je vais laisser, là... je vais
compter jusqu'à 10 dans ma tête pour que tout le monde se dirige vers la page
A.21 du budget, incluant les gens qui nous écoutent à domicile, là. Alors, je
m'imagine mon père qui ouvre son budget, A.21, il voit quoi, M. le Président?
La part des dépenses et des revenus dans l'économie. Et puis on part en
2018-2019. Parce que, souvent, j'écoute le chef de l'opposition, qui ne siège
pas sur cette commission, mais qui dit : Bien, on vous a laissé un surplus
puis...
M. Girard (Groulx) : ...vous
n'êtes pas très bons, ça fait que vous avez un déficit. C'est un peu le sens de
son exposé, mais c'est... on le reconnaît, qu'ils nous ont laissé un surplus de
5 milliards après contribution au Fonds des générations, puis c'est ce que
vous voyez en 2018-2019, que les dépenses, c'était 24,5 % de l'économie,
puis les revenus, 26 %, puis ça donnait un surplus. Mais, en 2020-2021, M.
le Président, il s'est passé quelque chose, il y a eu une pandémie, et les
dépenses du gouvernement, en un an, ont augmenté de 20 %, parce que
c'était dépenses illimitées en santé pour combattre un déficit... un virus. Et
donc, bien, on est pas mal en déficit depuis 2021.
Ça fait que moi, je reconnais, là, mon
collègue Leitão, j'ai siégé quatre ans avec lui, je n'ai jamais prétendu qu'il
n'avait pas laissé un surplus de 5 milliards en 2018-2019. Mais, soyons
clairs, là, 5 milliards de surplus en 2018-2019, là, ça ne fait rien pour
combattre un virus où les dépenses ont augmenté de 20 % en une année, une
année, M. le Président.
• (14 h 20) •
Alors, on est passés d'un... 24,4 %
des dépenses en fonction de l'économie à 28,5 %, M. le Président. Ça,
c'est le Grand Canyon, O.K.? 28,5 %. Et puis, évidemment, on a fait un
déficit, qui, en dollars absolus, était plus grand que celui de l'an dernier,
soit dit en passant. Puis celui de cette année, on verra, parce qu'il y a
beaucoup de provisions dans le déficit qui est prévu pour cette année.
Alors, nous, on a fait quoi, quand vous
regardez la page A.21? Bien, nous, on a réduit le poids du fardeau fiscal des
Québécois, d'où le lien avec la question du député. On est passés de ce qui
était 26 % de l'économie à 25 %. Est-ce qu'on a fait un effort
honorable? Bien sûr. Il y avait... En 2022, il y avait trois partis qui proposaient
des baisses d'impôt, O.K.? Nous étions le parti qui promettait les baisses
d'impôt les plus raisonnables. On l'a fait. On est passés de 26 % du PIB à
25 %. Et donc le revenu réel disponible des Québécois a augmenté.
Puis, oui, il y a eu d'autres mesures :
l'allocation famille, la taxe scolaire, le... Vous, vous avez parlé des deux
premières heures, mais vous auriez pu aussi parler du 10 $ maximum par
jour, là, dans les hôpitaux, là. Puis ça, c'est fort, là. Ça, c'est une mesure,
là... c'est la mesure que les gens me parlent. Quand les gens me disent :
Vous êtes ministre des Finances, vous? Merci pour le 10 $, les
stationnements d'hôpitaux....
Les dépenses, elles étaient de 24,5 %
de l'économie puis aujourd'hui elles sont à 26,3 %. Puis, pour revenir à
l'équilibre budgétaire, M. le Président, puisque les revenus sont à 25 %,
bien, il va falloir que les dépenses partent de 26 % puis s'en aillent à
25 %, 1 % du PIB. O.K. Mais pourquoi les dépenses qui ont explosé
durant la pandémie, on le sait pourquoi ils ont explosé... mais pourquoi les
dépenses n'ont pas convergé vers les revenus? Bien, il y a plusieurs facteurs.
D'abord, le premier facteur, c'est que
beaucoup des dépenses que nous avons qualifiées de temporaires durant la
pandémie sont permanentes, dont la principale est : les primes salariales
qu'on a versées en éducation et en santé durant la pandémie, elles sont
devenues permanentes dans le cadre des négociations avec le secteur public. Les
hausses de salaire qu'on a accordées dans le secteur public, on a obtenu des
concessions en échange au niveau de la flexibilité, on a eu des gains au niveau
de l'organisation du travail, mais les dépenses ont augmenté de façon
permanente parce que les ententes dans le secteur public sont importantes.
L'autre chose... Moi, la contribution de
l'immigration au Québec, elle est exceptionnelle, là, je n'ai rien à dire sur
l'immigration en général, mais la croissance de la population que nous avons
connue dans les deux dernières...
M. Girard (Groulx) : ...a
amené une pression insoutenable. Ce n'est pas normal que le Canada soit le pays
avec la croissance de la population la plus forte au monde dans les pays
développés, O.K.? On a eu au Québec 2 % de croissance de population en
2023, alors qu'on attendait 0,5, puis 2,6 % en 2024, alors qu'on attendait
0,5. Mais ça, là, ça en fait, des écoles, M. le Président. Le nombre de
nouvelles écoles qu'on doit faire à Montréal simplement pour faire face à la
hausse de la population, ça en est, c'est des dépenses, ça, M. le Président.
Ensuite de ça, bien, le déficit
d'infrastructures, c'est sûr qu'augmenter les infrastructures, les dépenses de
64 %, mais ça a des conséquences : des dépenses d'amortissement, des
dépenses de taux d'intérêt. Bon. Et puis peut-être que je pourrais vous parler
de l'insuffisance des transferts fédéraux dans une autre question, M. le
Président, je m'arrête ici.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, il reste à peine une dizaine de secondes. M. le député de
Rousseau?
M. Thouin : Ça va. Merci.
Merci. Je reviendrai.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Et nous poursuivons. Je cède maintenant la parole à notre collègue
de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Bonjour à tous les collègues. On va commencer l'échange pour
continuer les questions concernant le budget. J'en ai plusieurs. J'ai essayé
les regrouper par thématique, mais je pense qu'on va peut-être se promener un
peu ensemble.
La première question que je n'avais pas eu
la chance de poser lors des crédits provisoires, c'est concernant la croissance
nominale, je pense, se trouve dans la page E34. Il y a une prévision qui est à
3,4 %, ce qui est présenté par le gouvernement, puis, si on le compare à
la croissance de 3 % qui est celle... qui est par rapport aux experts, qui
est présentée par les experts, là, il y a une différence de 0,4 %. Ce
n'est pas une grande différence, mais, quand même, ça peut être significatif,
là, quand on fait des scénarios budgétaires. Donc, ma première question, c'est :
Pourquoi avoir choisi le scénario à 3,4 %?
Des voix : ...
M. Girard (Groulx) : C'est
vraiment les composantes du PIB, là, parce que ce qui fait le PIB nominal,
c'est évidemment la composante du PIB réel plus du dégonfleur du PIB, là, qui n'est
pas l'indice des prix de la consommation. Et le dégonfleur du PIB, c'est les
prix qu'on exporte versus les prix qu'on importe. Alors, est-ce qu'il y a une
raison particulière pourquoi on est plus élevé que...
Des voix : ...
M. Girard (Groulx) : Ah,
voilà! c'est le traitement des conventions collectives, là, qui fait que c'est
l'impact des conventions collectives qui fait que les revenus domestiques sont
plus élevés.
Mme Zaga Mendez : Alors,
pourquoi... Donc, dans votre calcul, dans le 3,4 % que c'est un PIB
nominal, là, le deux, c'est des PIB nominaux, là. Donc, on compare des pommes
avec des pommes. Le fait de considérer un 0,4 % supplémentaire, c'est de
prendre en considération les effets des...
M. Girard (Groulx) : Des
conventions collectives.
Mme Zaga Mendez : ...des
conventions collectives, donc sur le PIB dans... en termes d'activités
économiques de l'État, mais pourquoi... est-ce que vous savez... J'imagine que
les experts l'ont pris en considération aussi?
M. Girard (Groulx) : Les
experts n'ont pas toujours tous les... On a un peu plus d'informations qu'eux
sur le contenu des conventions collectives. Vous savez, ce qui est public dans
les conventions collectives, c'est...
Mme Zaga Mendez : C'est ce qui
est signé.
M. Girard (Groulx) : ...le
17,4 % qui est offert à... comment est ce qu'on appelle ça, le... C'est
comme la base...
Mme Zaga Mendez : De la
fonction publique?
M. Girard (Groulx) :
...centrale qui est offerte à tous les employés. Mais évidemment il y a des
ententes sectorielles, là, on s'entend, par exemple, que les infirmières ont
plus que 17,4 ou les professeurs. Il y a des ententes sectorielles où il y a
des postes qui sont bonifiés, qui fait que la moyenne du ... des... Nous, en
tant que gouvernement du Québec...
M. Girard (Groulx) : …lorsqu'on
fait notre prévision, on a de l'information sur les revenus des employés de
l'État que… qui n'est pas disponible aux économistes du secteur privé.
Mme Zaga Mendez : J'entends,
merci pour la réponse. Allons sur d'autres hypothèses de base, on avait
commencé un peu parler de l'hypothèse de tarifs, et on a eu l'annonce hier,
puis ce qu'il a su… puis vous l'avez quand même expliqué d'entrée de jeu, là,
en termes de… le 40 % qui était exempté versus le 60 % qui l'est,
inclus, mais avec toutes les les choses qui sont… spécifiques, puis on comprend
tout à fait qu'on avance dans plein d'incertitudes, et on ne va pas prendre
les… Moi, je… en fait, ma question, c'est de détailler un peu plus les calculs
que vous faites des effets des tarifs. Parce que, lorsque nous, on le voit… si
je fais une règle de trois qui n'est sûrement pas la bonne méthode, pour
calculer ça, j'y arrive... On arriverait, mettons, à un chiffre plus autour de
16 %. Si je le… là, on exagère, là, c'est-à-dire je fais… je fais une
règle de trois, puis on arriverait à une répartition de 16 %, mais là,
tout à l'heure, dans votre discours de… vous nous parlez plus autour de 12 %,
10 %, bref…
• (14 h 30) •
M. Girard (Groulx) : Bien, ça
dépend. Vous savez, pour les biens qui ne sont pas conformes à l'accord de
libre-échange nord-américain, le chiffre officiel est 25, mais ils ont déjà
indiqué comment passer à 12, c'est-à-dire de respecter les exigences du
gouvernement américain quant à… au transit du fentanyl puis l'immigration.
Alors, je pense que, dans la mesure où ils ont donné le mode d'emploi pour
passer à 12, là, et je pense qu'on peut dire qu'on… on peut faire l'hypothèse
que, dans les deux prochaines années, ce 40 % là serait plus à 12 qu'à 25.
Maintenant, il faut être bien conscient
qu'après l'élection fédérale canadienne, nous anticipons une renégociation de
l'accord de libre-échange et que c'est… il n'est pas dit que ce qu'on a vu
hier, c'est ce que nous aurons pour les deux prochaines années, mais, si on
fait une moyenne, en moyenne, ce qu'on a vu hier, c'est inférieur à 10 %
pour le Québec puis le Canada. Mais dans le monde, c'est supérieur à ce qu'on
anticipait. Ça fait que net, net, ce n'est pas très bon, mais notre position
relative du Canada versus les autres pays s'est un peu améliorée.
Mme Zaga Mendez : Puis là je
me permets… par rapport aux États-Unis, là, puis peut-être c'est trop tôt pour
avoir cette discussion-là, mais le fait qu'il y a aussi d'autres tarifs aux
autres pays, avez-vous calculé l'effet, qu'il peut avoir un effet tiers sur nos
relations commerciales avec ces pays-là?
M. Girard (Groulx) : Bien, par
exemple, là, je voyais ce matin, là, ce n'est pas scientifique, mais que des
producteurs d'acier québécois disaient : Bien, dans la mesure où tout le
monde a des tarifs, on va être corrects malgré le tarif de 25 %. Là, c'est
eux qui disaient ça. Alors, moi, je… Au risque de sursimplifier, hier, il y
avait, relativement parlant, des nouvelles moins pires pour le Canada
qu'anticipées et des tarifs moins élevés en moyenne que le 10 % que nous
anticipons. Mais dans la mesure où les tarifs au niveau mondial sont très
élevés, généralisés, bien, ça contrecarre un peu l'effet bénéfique qu'on aurait
pu avoir de la nouvelle d'hier.
Mme Zaga Mendez : Je
comprends. Puis on n'a pas la science exacte des… ceci va se distribuer, là,
peut-être juste, vous l'avez dit, là, si on parle plus spécifique de
l'aluminium ou de l'acier, les producteurs, s'il y a une réciprocité, ils vont
être en effet moins touchés. Mais là où le bât blesse, où là où est-ce que
nous, on voit le plus grand impact, c'est dans le secteur de la transformation,
dans le secteur dans lequel il existe aussi… je veux dire, ce secteur-là est
imbriquée, là, en termes d'exportations puis importations avec les États-Unis.
Puis on parle des PME ici, au Québec, qui transforment l'aluminium puis
l'acier.
Comment vous voyez cet effet-là? Parce
qu'on voit les mesures qui ont été mises de l'avant dans le budget, de venir à
l'aide. Mais je voulais vous entendre, parce que, là, les tarifs ne sont pas
répartis de façon égale. Ça touche davantage certains secteurs. Puis ce
secteur-là, ce n'est pas tant au niveau de la production que la transformation,
ça fait que je veux voir, en fait, ce calcul-là, comment il a été fait pour
arriver à ces aides.
M. Girard (Groulx) : Bien, je
pense que le grand…
14 h 30 (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...le
secteur canadien qui a eu la moins bonne journée hier, c'est le secteur de l'automobile.
On espérait que le secteur de l'automobile ait des exemptions plus importantes
parce que... quand même, on... le commerce des automobiles en Amérique du Nord,
c'est depuis 1965, là. Puis là il y a des exemptions pour les contenus
américains dans les voitures. Alors, de ce que j'en comprends, les voitures qu'on
exporte ont, en moyenne, 50 % de contenu américain. Alors, on aurait peut-être
un tarif, en moyenne, de 12,5 % sur les exportations canadiennes d'automobiles
aux États-Unis. Mais les exportations canadiennes d'automobiles, c'est immense,
90 milliards par année, je pense, le chiffre. Alors, ça, c'est une très
mauvaise nouvelle. Puis, au Québec, bien, il y a une centaine de compagnies qui
font des pièces d'automobiles qui... Clairement, bien que les pièces d'automobile
ne sont pas taxées, les pièces d'automobiles, elles vont dans les automobiles,
qui elles sont taxées, qui elles ne seront pas vendues ou moins vendues. Alors,
ce n'est pas une bonne nouvelle. Alors, ça, c'est un secteur, là, le secteur
des pièces automobiles. Au Québec, je pense qu'il y a près de 6 000 emplois
dans ce secteur-là. O.K. Bien, c'est 6 milliards d'exportations. Mais je
pense qu'il y a une centaine de compagnies, 6 000 emplois... ce n'était
pas des bonnes nouvelles hier. Puis même chose, vous parlez de la
transformation de l'aluminium, parfaitement d'accord avec vous.
Mme Zaga Mendez : O.K. Puis,
là-dessus, est-ce que vous sentez que les mesures qui sont dans le budget vont
répondre aux besoins? Parce qu'il y a différents types d'entreprises puis ces
mesures-là sont... Il y a un minimum quand même qu'il faut atteindre en termes
de revenus... bien, de rentabilité puis revenus. Est-ce que vous sentez que ça
va englober toutes ces entreprises-là?
M. Girard (Groulx) : Bien, l'idée,
ce n'est de ne pas donner de l'aide... L'idée de l'aide pour les compagnies, c'est :
Si vous étiez une compagnie exportatrice avant les tarifs puis là les tarifs
affectent votre profitabilité, bien, on est prêts à vous aider, les tarifs ou
les contre-tarifs. Là où... Dans l'aluminium, il faut être bien conscients que
la substitution, ce n'est pas facile, hein? De substituer la production de
dérivés de l'aluminium, là, ça ne se fait pas si aisément que ça. Et, de ce que
je comprends, dans la mesure où tout le monde sur la planète paie un tarif de
25 %, les entreprises québécoises vont... au niveau primaire, ne sont pas
inquiètes, parce qu'il n'y a définitivement pas la capacité de produire de l'aluminium
aux États-Unis, puis, au niveau de la transformation, oui, il y a un risque
et... Mais, au moins, les tarifs s'appliquent partout dans le monde, alors qu'au
début les signaux qu'on avait eus, c'étaient juste le Canada puis le Mexique.
Alors, encore là, on est dans des degrés, mais c'est un peu moins négatif que
ce qu'on avait appris au début, là où il y avait juste le Canada. Mais, oui,
les programmes d'aide sont disponibles. Puis ce n'est pas vraiment en fonction
de la taille des entreprises, les petites entreprises vont être aidées aussi.
Mme Zaga Mendez : O.K. On
reviendra, mais, je pense, aussi, il y a votre collègue le ministre de l'Économie
avec lequel je vais avoir la chance de discuter là-dessus.
Je veux juste revenir sur une réponse que
vous avez faite tout à l'heure. M. le ministre, vous avez parlé que vous, en ce
moment, avec l'annonce d'hier, vous calculez l'effet des tarifs autour, voire
moindres que 10 %, mais je vais... en fait, peut-être d'aller en détail de
comment on arrive à ce calcul-là. Parce que, comme je le disais tout à l'heure,
il y a 62 % qui... puis on a eu la discussion, là, des secteurs, qui va
être à 25 %, 38 % des exportations qui sont à 0 %, en fait, qui
sont... qui n'ont pas cet effet-là. Si je fais... Encore une fois, on a refait
le calcul simple, là. C'est plus... On est plus, en moyenne, à 16. Puis là,
tout à l'heure...
M. Girard (Groulx) : Oui. Ce
n'est pas facile à faire.
Mme Zaga Mendez : Là, vous
êtes... Allez-y.
M. Girard (Groulx) : Mais, si
on prend 60 fois zéro puis 40 fois 12, ça donne trois, puis après ça
il faut... Parce que, là, je suppose que le 25 qui est sur le 40 va devenir 12,
O.K.? Alors, 60 à 0, 40 à 12, ça fait à peu près 3 % de tarif. Après ça,
il faut surpondérer pour l'aluminium et les pièces d'automobiles au Québec.
Alors là... Écoutez, ces calculs-là sont assez complexes à faire. On a des
économistes ici qui peuvent les faire, mais j'ai vu qu'un économiste, que je
respecte énormément, mais je dois dire un...
M. Girard (Groulx) : ...un
«disclaimer», en français, là, c'est aussi un ami et c'est un ami que je
respecte notamment pour ses compétences économiques. Stéphane Marion a dit que
c'était à peu près, en moyenne, au Canada, des tarifs de 6 % qui
s'appliquaient, en moyenne, sur l'ensemble des biens au Canada aujourd'hui.
Mme Zaga Mendez : Bien là, je
comprends maintenant votre calcul, mais ça veut dire que vous prenez
l'hypothèse... vous prenez par acquis que le 38 %... qu'on va aller vers
le 12 %, c'est-à-dire...
M. Girard (Groulx) : Oui,
oui, oui.
Mme Zaga Mendez : ...qu'on
prend ici... Mais ça, c'est le futur, puis un futur qui n'est pas encore...
M. Girard (Groulx) : Non,
mais, dans la mesure où ils ont pris la peine de nous donner le mode d'emploi
pour passer de 25% à 12% puis qu'on sait qu'il n'y a pas de Fentanyl, on sait
que le...
Mme Zaga Mendez : Ah! ça, on
le sait, là? Je pense qu'on a besoin de se convaincre, mais...
M. Girard (Groulx) : Bon.
Alors, déjà, on peut faire «check» sur le Fentanyl puis, après ça, il reste
l'immigration, puis je pense que la situation s'est resserrée à la frontière
américaine, elle s'est resserrée à la frontière canadienne. Il y a la question
des visas aux aéroports, puis ça... Je pense qu'on est sur la bonne voie de
rencontrer ces critères-là.
Mme Zaga Mendez : Bien,
laissez-moi... J'entends puis je comprends comment vous faites ce calcul, mais
nous sommes tellement dans une période d'incertitude, puis on va se le dire,
là, je ne sais pas si quelqu'un ici, autour de la table, qui fait confiance à
Trump, là, mais on ne lui fait pas confiance. Et là je vous sens très
optimiste, en fait, je vous sens très optimiste de nous dire que ce 62 %
des exportations va rapidement ou dans un futur proche être à 12 %. Je
comprends qu'on ne peut pas... on n'a pas la boule qui nous dit l'avenir, là, mais
il peut y avoir des choses qui arrivent, là, et qui fait en sorte que ça
bifurque. Donc, d'où, peut-être, de notre côté, on est avec un scénario
beaucoup plus : qu'est-ce qui arrive si ces changements-là ne sont pas
considérés? Parce que je suis d'accord avec vous sur le Fentanyl, mais c'est si
ces aspects-là ne sont pas considérés par l'administration américaine, on est à
la case de départ.
• (14 h 40) •
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais, de la même façon, on peut penser qu'après l'élection canadienne le premier
ministre canadien va s'asseoir avec le président américain et lui expliquer que
les Canadiens sont des amis des Américains, que les chaînes de production sont
intégrées en Amérique du Nord, que l'économie est intégrée. Et on peut
certainement imaginer une situation qui se détériore, mais on peut aussi
imaginer une situation qui s'améliore. Bref, moi je suis un économiste lorsque
vous mettez des tarifs, ça fait monter les prix, ça réduit la production, ce
n'est pas particulièrement bon pour l'économie américaine. Alors, depuis le
début, je fais l'hypothèse que la raison va s'imposer. Et là les marchés
financiers aident cette thèse que ça va être difficile pour l'économie
américaine de garder ces tarifs-là pour une longue période. Excusez-moi pour la
longueur de ma réponse.
Mme Zaga Mendez : Il n'y a
pas de problème. C'est très intéressant, notre discussion. M. le Président, les
secondes qu'il me reste que, est-ce que je peux les garder pour mon prochain
bloc?
Le Président (M. Simard) : Oui,
absolument, ce n'est pas perdu.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. À ce stade-ci, je cède maintenant la parole à mon collègue le député de
Masson.
M. Lemay : Merci, M. le
Président. Plaisir d'intervenir ici avec vous à la commission. Vous savez, j'ai
aussi eu l'opportunité d'intervenir au salon rouge, là, pour... sur la réplique
sur le discours du budget. Puis moi, j'aimerais vous parler plus, dans ce bloc
d'intervention, au niveau des entreprises. Puis, bien, vous savez, comme vous
l'avez mentionné, là, c'est 5,4 milliards qui va être investi pour stimuler la
création de richesse puis solidifier la position concurrentielle de nos
entreprises. Puis ce que vous faites, en plus de mettre en place un nouveau
régime fiscal d'aide à l'innovation simplifié qui réduit la paperasse... bien,
tu sais, moi, je comprends qu'on met aussi de l'avant deux programmes de
soutien aux entreprises pour protéger notre économie, diminuer notre dépendance
avec les États-Unis puis augmenter notre productivité, donc, le programme... on
parle ici du programme FRONTIERE, qui vise à offrir une aide financière rapide
aux entreprises aux prises avec des besoins des liquidités, ainsi que le
programme ESSOR, qui vise l'amélioration de la productivité des entreprises en
offrant des aides financières flexibles et avantageuses en soutien à leurs
projets d'investissement.
Et là, M. le Président, ce qu'on doit
savoir, c'est que c'est essentiel d'avoir des entreprises exportatrices pour l'économie
du Québec. Puis notre gouvernement s'engage justement à soutenir, là.
D'ailleurs, en 2023, si on regarde un peu les exportations internationales puis
interprovinciales des biens et services, ça représentait respectivement, pour
l'international, 29 %, puis, pour l'interprovincial, là, 18 % de
notre PIB du Québec.
Puis, quand on regarde les nombreux
échanges qu'on a, commerciaux...
M. Lemay : ...de
libre-échange, sans compter ceux avec les États-Unis, mais on a quand même un
accès à, je vous dirais, à plus de 1 milliard de consommateurs répartis
dans 50 autres pays. Ça fait que, quand on veut diversifier nos marchés,
de pouvoir faire en sorte qu'on s'occupe de notre économie puis qu'on fait de
l'aide aux entreprises, je trouve ça intéressant. Ça fait que je m'en irais
peut-être avec une première question avec M. le ministre au niveau... Puis je
vais continuer un peu avec mon préambule, mais dans le fond, on va... Puis ça
fait suite un peu à qu'est ce que le député de Rousseau mentionnait tout à
l'heure dans sa première partie, je vous dirais que c'est plus qu'on veut
vraiment transformer notre économie pour qu'on devienne de plus en plus
prospères, puis qu'on atteigne des niveaux de richesse comparables à ceux de
nos principaux partenaires commerciaux.
Puis là, le premier ministre aime beaucoup
utiliser les corps de richesse qu'on a avec le reste du Canada et l'Ontario.
Mais moi, je voudrais souligner encore une fois ici que depuis 2018, c'est
quand même un rattrapage historique qu'on a eu du niveau de vie au Québec par
rapport à celui de l'Ontario, puis on l'a mentionné régulièrement à l'Assemblée
nationale, que ce soit par le premier ministre, ou le ministre des Finances, ou
mes autres collègues, mais, tu sais, l'écart de richesse avec l'Ontario, il
était quand même à 15,9 % en 2018, puis en 2024, on était rendus à
11,2 %. Puis quand on regarde avec le reste du Canada, on avait quand même
un écart de richesse de 20,2 % en 2018, puis 14,7 $ en 2024. Ça fait
que le rattrapage qu'on a fait se poursuit. Moi, en tout cas, je le constate. Ça
va continuer au cours des prochaines années. D'ailleurs, l'écart entre le
Québec et l'Ontario devrait techniquement se situer à 9,9 % en 2026, puis
l'écart avec le reste du Canada devrait quant à lui atteindre 13,7 %.
Mais là, on arrive avec l'actualité du
jour, avec les turbulences qu'on a avec les États-Unis. C'est quand même un
défi de taille pour l'économie québécoise. Ça fait que, M. le ministre des
Finances nous en a parlé lorsqu'il a fait son allocution sur le discours du
budget. Moi, j'aimerais ça lui demander, M. le Président, si vous le permettez,
de savoir c'est quoi les mesures dans le budget qui sont instaurées pour
stimuler la création de richesses ainsi que solidifier notre position
concurrentielle de nos entreprises?
Le Président (M. Simard) :
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Merci, M. le Président et M. le député de votre intervention. On a essayé de
segmenter les interventions en trois blocs, l'urgence, la transition, la destination.
L'urgence, c'est les entreprises qui étaient profitables avant l'imposition de
tarifs, qui le sont moins après. Et là, on offre des liquidités, des prêts au
coût des fonds du gouvernement, et on a mis 1,6 milliard à disposition. Et
puis, durant la pandémie, on a mis 2 milliards à disposition. Et puis ça,
c'est l'urgence. Puis après ça, la transition. Bien, pourquoi on pousse les
infrastructures publiques? C'est parce que très peu d'investissements privés se
font dans un tel contexte d'incertitude. Donc, la demande publique
d'investissement vient remplacer la demande privée. Ensuite, toujours dans la
transition, il y a la libéralisation du commerce canadien, parce que ça, ça va
se faire très vite. D'ici la fête du Canada est l'objectif, 1ᵉʳ juillet.
Et donc, ça, c'est pour améliorer l'accès au marché de 40 millions
d'habitants. Mais la destination, la destination, là. La destination, c'est...
La destination ultime, ça, c'est des entreprises innovantes, compétitives, qui
dominent sur les marchés mondiaux, et qui sont moins dépendantes des marchés
américains. Alors, c'est là que les mesures prennent plus de temps à faire
effet. Puis ça va prendre du temps parce que lorsque les gens disent, par
exemple, que la dépendance du Canada ou du Québec aux exportations américaines
s'est accrue, ce n'est pas que les exportations en Europe ou en Asie n'ont pas
augmenté, c'est juste qu'elles ont augmenté plus vite aux États-Unis parce que
les États-Unis, c'est l'économie qui croît le plus vite au monde. Et nous sommes
géographiquement proches de cette économie qui est dynamique. Donc,
naturellement, nos exportations vers les États-Unis ont crû plus que vers
l'Europe et l'Asie. Donc, la diversification, ce n'est pas facile. Alors, c'est
toujours l'investissement, l'innovation. Et mon collègue, mon prédécesseur
avait un faible pour les fascicules. Il produisait un nombre incalculable de...
M. Girard (Groulx) : ...le
fascicule, ceux qui l'ont connu. Je pense qu'il y avait même un budget avec
16 fascicules, là. Probablement que les membres du ministère des Finances
s'en souviennent, 16 fascicules. Moi, j'en ai fait deux, un sur le plan
économie verte puis un sur l'innovation. L'innovation, c'est extrêmement
important. Si vous regardez la page B22 du budget, lorsqu'on parle de
recherche et développement, là, dépenses en recherche et développement des
entreprises, depuis 2014, on est passé de 1,42 % du PIB à 1,34. Et
idéalement il faudrait se rendre à 2 % de la moyenne de l'OCDE. Alors,
c'est pour ça qu'il y a une réforme des crédits d'impôt pour l'innovation et la
commercialisation. Et ça, c'est le sujet du fascicule. Essentiellement, on
prend huit crédits d'impôt, on les élimine, mais là je ne veux pas créer un
psychodrame, là, 90 % de la dépense fiscale allait dans un crédit d'impôt,
celui des salaires de chercheurs. Puis là on abolit ces huit crédits d'impôt là
puis on fait un nouveau crédit d'impôt qui est illustré à la page 21 du
fascicule qui, lui, va permettre, au-delà des salaires des chercheurs, les
dépenses en capital et les dépenses de précommercialisation. Donc, tentative de
faire beaucoup mieux en innovation, précommercialisation, recherche et
développement, ça va prendre du temps.
Ensuite, les investissements, mais c'est
toujours la même... Il y a trois déterminants de l'investissement. La
fiscalité, d'où l'importance de l'amortissement accéléré qui vous permet de
passer à la dépense, dans la première année, vos investissements en capital, et
donc de réduire vos impôts à payer, et donc d'améliorer votre taux de rendement
effectif des investissements. Alors, la fiscalité, c'est extrêmement important
puis il y a un graphique sur les taux... Je vais vous trouvez ça, taux effectif
d'imposition, c'est la page B10 du budget avec l'amortissement accéléré.
Ensuite, il y a l'aide directe, le 900 millions qu'on dit, là, pour
Investissement Québec, soutenir les entreprises, soutenir les projets. Ça, ça
veut dire des actions privilégiées, des... des actions publiques, des actions
privées, des prêts. C'est des projets d'entreprises qu'on va soutenir. Et
finalement il y a tout le climat concurrentiel, compétitif, le climat
d'affaires qu'on doit améliorer. Eh bien, il y a les aspects de réglementation,
d'accélération des processus. Bref, c'est un agenda extrêmement ambitieux qui
va nécessiter des efforts multidimensionnels sur de nombreuses années, M. le
Président.
• (14 h 50) •
Le Président (M. Simard) : M.
le député Masson.
M. Lemay : Bien, je suis
ravie que le ministre nous amène à la page 22. Justement, j'avais...
c'était ma prochaine question. Je voulais parler justement du nouveau régime
fiscal d'aide à l'innovation. Ça fait que vous avez commencé à aborder la
question, peut-être si je peux me permettre d'aller plus en détail, parce que
je vais vous... me permettre de vous citer dans votre discours sur le budget,
là, lorsque vous mentionnez, là, puis je vous cite, M. le ministre, là :
«Mme la Présidente, j'annonce la mise en place d'un nouveau régime d'aide
fiscale à l'innovation. Ce régime offre un soutien financier additionnel aux
entreprises de 272 millions de dollars et incluent un nouveau déficit
d'impôt... excusez moi, un nouveau crédit d'impôt simplifié et bonifié pour la
recherche, l'innovation et la commercialisation. Ce crédit d'impôt remplacera
huit mesures fiscales actuellement en vigueur».
Et là je m'en vais après la page 22 à
la page 23, moi, je vois, dans votre tableau Barreau, là, que vous avez
certains crédits et des congés d'impôts. Je... tu sais, je trouve ça fascinant
parce que c'est important qu'on puisse aider nos entreprises sur l'innovation.
Puis, en même temps, je comprends que vous mentionnez, puis on le voit très
bien à votre graphique sur la page précédente à la page 22, que le Québec,
on n'allait pas dans la bonne direction. Et là vous semblez mentionner qu'avec
les mesures que vous avancez, on devrait retourner à 2 %. Est-ce que je
dois comprendre que la moyenne de l'OCDE est de 2 % en 2022, les mesures
que vous mentionnez à la page B23, notamment, vont nous permettre de se rendre
à ce fameux 2 %?
M. Girard (Groulx) : Mais
c'est ça, l'objectif. Mais c'est certain que là, il y a eu une réforme en 2014
et puis qu'elle a eu un effet pervers, c'est-à-dire que les dépenses de
recherche et de développement ont diminué. Alors, ce que je suggère, c'est
qu'on n'attendra pas 10 ans pour mesurer la performance de ce qu'on
propose. Alors, nous, on fait...
M. Girard (Groulx) : ...changement
maintenant. On va suivre ça. C'est-à-dire qu'on va évaluer, est-ce que le
crédit d'impôt que nous avons créé dans le but de stimuler les dépenses de
recherche et développement... est-ce que ça fonctionne. Et donc on va, par
exemple, dans trois ans, dans deux ans, consulter, évaluer, suivre. Ça va être
très important, c'est quand même un gros changement, là. On prend huit crédits
d'impôt, on n'en fait qu'un, on permet les dépenses en capital, on permet les
dépenses de précommercialisation, et, après ça, tout ça, il faut que ça
fonctionne.
M. Lemay : Si on continue,
puis on n'est peut-être plus dans l'innovation, parce que c'était très clair,
la réponse que vous nous avez mentionnée, mais si on regarde les autres crédits
qui sont en révision, si je ne me trompe pas, lorsque vous avez, dans le budget
2024-2025... Une des mesures qui avait été annoncée, dans le fond, puis qu'on
voit qui prend forme avec le budget 2025-2026, c'est l'examen du régime fiscal.
Puis, à ce moment-là, vous mentionnez, dans le fond, que... on souligne qu'il y
a 277 dépenses fiscales qui sont à l'étude, pour évaluer l'utilisation ou la
pertinence de ces dernières. Puis on voit que la révision de ces 277 mesures là
devrait mener à une économie de près de 3 milliards sur cinq ans.
Donc, peut-être, si vous pouvez nous
mentionner c'est quoi, les critères qui vous ont amené à déterminer la révision
de ces dépenses, ça nous permettrait d'un peu mieux comprendre où on se situe.
Puis aussi, moi, je trouve ça très intéressant qu'on fasse cet examen-là. Qu'on
puisse justement ressortir avec des économies de 3 milliards sur cinq ans, ça
démontre que notre gouvernement, on est en action, justement, pour rétablir nos
finances publiques.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, les critères sont mentionnés dans le sommaire de la section d, là. C'est
vraiment l'équité, l'intégrité, la simplicité, puis j'en ajouterais un, la
pertinence. Par exemple, on avait un critère pour les marins québécois, qui
était réclamé par à peu près 84 personnes puis qui n'existait pas dans le reste
du Canada. Alors, je dirais qu'il était plus ou moins pertinent. Si on prend
l'industrie des jeux vidéo, qui est en grande transformation, on avait des
crédits d'impôt créés il y a 30 ans, alors que le taux de chômage était
supérieur à 10 %. Or, aujourd'hui, il est autour de 5 %. Alors,
puisqu'il y a énormément de demande pour des compétences informatiques,
d'effets visuels, de design, bien, il n'est plus nécessaire... on continue à le
faire, mais de subventionner à la même hauteur ces industries. Alors, on peut
parler... Alors, ça, c'est la pertinence.
La simplicité, bien, comme vous le savez,
il y a un rapport d'impôt au Québec, il y en a un au fédéral, puis il y a
certaines mesures qui n'étaient pas les mêmes. Et, si ce n'est pas justifié...
dans certains cas, c'est justifié, on fait des ajustements.
L'équité, bien, prenez le cas du Fonds de
réseau de transport terrestre, qui alimente l'entretien des routes et du
transport en commun. Bien, il y a seulement ceux qui avaient des voitures à
essence qui contribuaient. Alors, on a jugé que les propriétaires de véhicules
électriques, puisqu'ils utilisent les routes et le transport en commun, bien,
devaient contribuer aussi. Ça, c'est une notion d'équité.
M. Lemay : M. le ministre,
c'est intéressant. Je ne pensais pas que vous alliez aller de ce côté-là, mais
ce qu'on doit constater, quand même, c'est que les véhicules électriques, c'est
quand même une bonne partie grâce au programme Roulez vert, qui a été instauré
en 2012, si je ne me trompe pas, pour lequel on est au-dessus de 335 000
véhicules immatriculés au Québec, Et juste pour l'année dernière, il y a eu
plus de 110 000 demandes pour des véhicules électriques, 700 millions de
dollars pour l'année dernière, pour le programme Roulez vert. D'ailleurs, les
deux premiers mois de l'année 2025, on avait mis le programme sur pause, et là,
on est le 3 avril, donc ça fait déjà trois jours que le programme est de
retour. Donc, les propriétaires ou les personnes qui veulent faire
l'acquisition d'un véhicule électrique vont bénéficier d'un rabais de
4 000 $ en ce moment-ci.
Puis il faut se rappeler que, pour l'année
2024, c'est... le tiers de tous les véhicules qui ont été immatriculés au
Québec, c'étaient des véhicules électriques. Même qu'au dernier trimestre de
2024, on était rendu à une proportion de 40 % des véhicules
immatriculés... des véhicules électriques. Donc, si on ne fait rien pour...
M. Lemay : …justement avoir
l'équité entre tous les utilisateurs de la route. Effectivement, on pourrait
s'attendre à une dégradation de nos actifs routiers. Donc, je comprends par
votre mesure qu'on s'assure justement que toutes les personnes qui utilisent la
route vont s'assurer de contribuer et qu'il n'y aura pas de disparité ou, si tu
veux, d'iniquité entre les utilisateurs. Donc, merci pour cette précision, M.
le ministre, et moi, je suis persuadé que justement ça va contribuer et que des
programmes comme le programme Roulez vert, c'est des programmes importants,
même si on sait que le programme Roulez vert a une fin. Et puis elle a été
annoncée, donc, mais pour savoir qu'on peut continuer cette année de pouvoir en
bénéficier, et surtout, bien, moi je pense que c'est intéressant pour les
Québécois. C'était plus un constat qu'une question, M. le Président, là, à ce
stade-ci. Je ne sais pas si vous aviez fait le tour de cette question-là, vous
voulez rajouter quelque chose sur le sujet?
Le Président (M. Simard) : …le
constat va devoir se limiter à 10 secondes.
M. Lemay : Ah! d'accord.
M. Girard (Groulx) : Bien, je
suis très heureux qu'on réinstaure l'éligibilité à Roulez vert parce que c'est
un programme qui est extrêmement populaire. Maintenant, dans le contexte des
finances publiques actuelles, le programme va être à enveloppe fermée.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Je cède maintenant la parole au député de Marguerite-Bourgeoys.
• (15 heures) •
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Juste revenir sur les transformateurs d'aluminium
pour, comme, mettre la table encore. C'est sûr que, bon, la… le niveau d'eau
monte pour tout le monde, là, de 25 % à travers le monde, ça fait que la
commodité avant que les Américains puissent mettre en place des alumineries
efficaces, plus optimales que les alumineries du Québec, là, ça va prendre des
années. Ça, on est d'accord là-dessus. La…
M. Girard (Groulx) : …s'ils
n'ont pas l'énergie pour faire ça.
M. Beauchemin : En plus, ils
n'ont pas l'énergie pour faire ça, effectivement. L'enjeu, par exemple, c'est
les transformateurs. Parce que le 25 % sur la composante de la valeur
ajoutée que la pièce représente, bien, ça, c'est le coussin additionnel, qu'il
y a plein de fournisseurs, qui existent déjà, là, de transformateurs qui
existent déjà aux États-Unis… n'auraient pas pu souhaiter mieux obtenir,
disons, comme cadeau de Noël, là, pour eux autres, parce que, du jour au
lendemain, ils viennent de se faire donner énormément de marge de manœuvre pour
aller gagner des parts de marché dans ce domaine-là. Je sais qu'avant d'avoir
une certification pour du «landing gear» ou une pièce quelconque sur un F-150,
ça peut prendre un an ou deux, mais. Ça fait que juste pour qu'on soit clair,
est-ce que vous avez la même perception que moi pour au niveau des transformateurs
d'aluminium domestiques, que, là, la game, elle a vraiment, vraiment changé?
M. Girard (Groulx) : Oui, et
c'est certainement un secteur qu'il faudrait aider avec les revenus des
contre-tarifs.
M. Beauchemin : D'accord. Et
là ma question est la suivante, on parlait d'innovation, tout à l'heure, dans
votre fascicule. Éventuellement, ils vont devenir plus efficaces, mais cette
course-là, il va falloir qu'elle se règle avec une baisse du tarif de Donald
Trump, parce que sinon on ne pourra pas… mais les salaires sont relativement
similaires.
M. Girard (Groulx) : 25 %
c'est trop…
M. Beauchemin : C'est trop.
M. Girard (Groulx) : …pour
qu'un gain d'efficacité de 5 % compense.
M. Beauchemin : Oui. Donc, juste
pour qu'on soit clair, compenser avec l'argent qu'on va collecter des tarifs,
combien de temps ça peut durer, ça?
M. Girard (Groulx) : Bien là,
je pense qu'on rentre dans la situation où il serait très souhaitable que le
nouveau premier ministre canadien, qui pourrait bien être le premier ministre
canadien actuel, selon les sondages, mais l'élection n'est pas aujourd'hui, là,
ait rapidement des discussions avec le gouvernement américain sur la
renégociation de l'entente de libre-échange nord-américain. Je pense que, oui,
aider ces transformateurs d'aluminium là avec des contre-tarifs, ça va aider,
mais vous avez raison qu'à moyen terme, ça va être très difficile que ces industries-là
ne se déplacent pas vers les États-Unis. Et donc ce serait très important que,
suite à des négociations, ces tarifs-là tombent, comme ça s'était passé dans le
premier mandat. On sait qu'il y avait eu des tarifs de 10 % qui,
finalement, ont été éliminés. Je ne me souviens pas s'ils étaient 25… Bref.
Normalement, il devrait…
15 h (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...il ne
devrait pas avoir de tarifs dans l'Accord de libre-échange nord-américain. Et
donc, certainement, plus la situation va perdurer, plus nous sommes à risque
que certaines de ces entreprises se déplacent.
M. Beauchemin : Donc, juste
pour confirmer, les transformateurs d'aluminium ne sont pas couverts sous le
USMCA.
M. Girard (Groulx) : Ils
sont... J'ai l'impression qu'ils sont USMCA... bien, conformes à l'ALENA. Mais
le tarif est spécifique, il est explicite, 25 %, donc ils sont frappés d'un
tarif de 25 % présentement, comme l'automobile, là. L'automobile est
conforme à l'accord de libre-échange, mais il y a un tarif explicite.
M. Beauchemin : O.K. Il va
falloir qu'on porte attention à ça.
Je vais aller sur un autre sujet. Revenons
un peu, là, sur les prévisions économiques, qu'on discutait tout à l'heure.
Quand on parlait de l'année qui était en cours, vous aviez dit que vous
étiez... la moyenne nationale de RBC puis Desjardins, finalement, si j'ai bien
compris, ça donnait 1,1, grosso modo.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, c'est... il y a plus que ça, là. Il y a peut-être huit économistes qui
sont consultés... 11.
M. Beauchemin : 11. O.K., d'accord.
M. Girard (Groulx) : Alors,
Valeurs mobilières Desjardins, Banque Laurentienne...
M. Beauchemin : Puis... Quand
on regarde pour l'année 2026, bon, Desjardins, un petit peu plus négatif
que les autres, là, à 0,7 de croissance économique pour le Québec, Nationale
est à 0,8. Les autres institutions ne vont pas aussi loin, là, pour...
spécifiquement, là, pour le Québec. C'est les deux seuls, en fait, qui donnent
leurs prévisions économiques pour la croissance économique du Québec, à moins
que vous ayez d'autres...
M. Girard (Groulx) : Non, on
les a, on a l'ensemble des prévisions. Lorsqu'on les consulte, là, la Banque de
Nouvelle-Écosse... D'ailleurs, il y a d'excellents économistes québécois qui
travaillent là, je pense que vous le connaissez, il y a des... il y a des
Québécois aussi à la Banque Royale. Bref, ce que j'essaie de dire, c'est que,
dans les institutions financières qui ont leur siège social en Ontario, ils ont
une prévision spécifique pour le Québec.
M. Beauchemin : Oui.
Cependant, ce que j'ai, c'est... j'ai... je n'ai plus les mêmes accès que
jadis, là, mais je n'ai pas accès, en fait, c'est les... Ce que j'ai, c'est de
l'information publique...
M. Girard (Groulx) : Mais, à
la page E.34, on montre que la moyenne est de 1,2 %, c'est-à-dire qu'on
est plus haut en 2026, à 1,4 %, que la moyenne, qui elle est en 1,2, tout
simplement.
M. Beauchemin : O.K. Puis pourquoi
qu'on est allés plus haut?
M. Girard (Groulx) : Bien,
encore une fois, dans ce cas-ci, c'est notre prévision, mais... Vous savez,
lorsque nous, on fait notre prévision, on connaît le budget, lorsqu'on reçoit
les prévisions, eux, non. Alors, nous, on savait qu'on allait pousser le plan
québécois d'infrastructures dans le budget de 7 %. Mais le 7 % sur 10 ans,
il est tout dans les trois premières années, donc, l'effet compensatoire sur la
chute de la demande privée du plan québécois d'infrastructures. Alors, nous, on
a cette information-là qu'eux n'ont pas, d'où notre scénario qui est un peu
plus relevé.
M. Beauchemin : O.K. Bien...
d'accord. Ça fait que... D'abord, on va à la page E.13, si je ne m'abuse.
Oui, c'est bien, bien ça. Le graphique, là, on le regarde. Les composantes qui
sont dans les pages suivantes, c'est-à-dire à la page, là, E.16, j'aimerais ça
comprendre. Parce que, par exemple, là, quand on regarde...
M. Girard (Groulx) : En fait,
les composantes sont à la page...
M. Beauchemin : E.17, E.19,
E.21, E.25.
M. Girard (Groulx) : Voilà.
M. Beauchemin : Oui, mais le
résumé de... Quand on regarde le...
M. Girard (Groulx) : Page E.22,
l'ensemble des composants.
M. Beauchemin : O.K. Puis, à
la E.16, quand on regarde la prévision de croissance économique, là, donc, ici,
les facteurs qui vont aider au niveau de la croissance, il y a évidemment le
poids démographique, qui lui, si je ne m'abuse, semble être à la baisse, la
stagnation économique, à la page 19, mais à la... 22, vous dites? C'est
ça, M. le ministre? Oui, c'est ça.
M. Girard (Groulx) : Moi, je
regarde la page E.22, là.
M. Beauchemin : E.22. O.K.
M. Girard (Groulx) : Les
composantes, là, la consommation, l'investissement, l'investissement non
résidentiel.
M. Beauchemin : Oui. Donc,
on...
M. Beauchemin : ...parle à
la page... Moi, je regardais la page 19. Là, on parle de stagnation
économique. Il y a évidemment la hausse du taux de chômage. On l'indique, là, à
la page, là, 21. Mises en chantier résidentiel, ça, c'est à la page 25.
C'est relativement stable. Puis les investissements non résidentiels à la
page 28. Quand on regarde tout ça, la prévision de croissance... Je
comprends, là, que la contribution, là, du PQI, Ladditionnel du PQI., mais tous
ces éléments-là pointent dans une direction, «flat», disons, à son meilleur. Ça
fait que je me posais la question si vous pourriez peut-être, pour ceux qui
nous écoutent, là, nous expliquer d'où vient, selon ce que, vous, vous avez
compris, là, des analyses des analystes, là, en économie de la Banque Scotia et
les autres, là, où est-ce qu'ils sont pour en arriver à prévoir 1,2 %.
M. Girard (Groulx) :
Écoutez. Bien, je vous dirais que, si on regarde les composantes à la
page E-22, on voit que c'est l'investissement non résidentiel des entreprises
qui est faible et les exportations. C'est ça, le... C'est ça, l'enjeu. Lorsque
vous regardez la contribution... Là, là, je suis dans la dernière colonne, là, Contribution.
Investissement non résidentiel des entreprises, 0,1 % de contribution en 2026.
Ça, c'est aussi bien dire qu'il n'y a pas de contribution. Puis Exportation,
plus 0,9 %, mais Importations, moins 1,7 %. Bref, c'est... Il
y a un impact au niveau des exportations qui fait que... Quels sont les canaux
par lesquels les tarifs affectent le Canada? Investissements des entreprises,
confiance et exportations. Mais... Puis je me permettrais de donner une
information supplémentaire. Tantôt j'ai parlé de Stéphane Marion qui disait
6 %. Goldman Sachs confirmerait ce chiffre. La moyenne des tarifs qui
s'appliquent au Canada en vertu de l'information qu'on a eue hier, c'est
6 %.
• (15 h 10) •
M. Beauchemin : D'accord.
Là, M. Le Président, il me reste...
Le Président (M. Simard) :
Six minutes.
M. Beauchemin : Six
minutes. O.K. D'accord. Je veux essayer... Je suis... O.K. Bon, bien, O.K., je
vais. Parlons de nos collègues de la Colombie-Britannique qui ont eu une
décote, comme vous le savez.
M. Girard (Groulx) :
Comme deux. Dure journée, hier.
M. Beauchemin : Dure,
dure journée pour eux autres.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Pas une bonne journée.
M. Beauchemin : Non, effectivement.
M. Girard (Groulx) :
Moody's et S&P hier.
M. Beauchemin : Exact.
Exact.
M. Girard (Groulx) : Et
je dois dire...
M. Beauchemin : Puis
l'argumentaire.
M. Girard (Groulx) :
Allez. Allez-y.
M. Beauchemin : Non, mais
l'argumentaire était l'augmentation de la dette, rapide, un peu plus rapide que
nous, mais rapide quand même, tout de même. Puis évidemment, une succession de
déficits sans plan de retour à l'équilibre budgétaire. Grosso modo, là, c'était
les grandes lignes, là, de...
M. Girard (Groulx) :
Énormément d'infrastructures, de grands déficits, aucun plan pour rectifier la
situation.
M. Beauchemin : Exact.
Donc, c'est là où la crédibilité évidemment, de notre plan de retour à
l'équilibre budgétaire va être extrêmement importante pour ne pas avoir à avoir
ce genre de conversation. J'imagine qu'ils vont, si jamais en prenant cette
direction-là, tout de même, nous avertir avec une mise en garde avant d'y aller
avec la décote. Bon. Est-ce que vous voyez un parallèle quand même par rapport
à la situation au Québec?
M. Girard (Groulx) :
Bien, le parallèle, là. D'abord, j'ai beaucoup de respect pour ma nouvelle
collègue en Colombie-Britannique. Je dois quand même vous avouer que ça fait
sept ans que je suis ministre des Finances. C'est ma cinquième vis-à-vis en
Colombie-Britannique, là. Alors, elle ne semble pas avoir le même focus sur les
finances publiques. On sait que la Colombie-Britannique partait d'une situation
exceptionnelle. Elle était cotée AAA et tournée vers l'Asie, ce qui était un
peu le rêve de tout le monde, là, d'aller dominer l'Asie. Ils sont sur le
Pacifique puis...
M. Girard (Groulx) : ...situation
géographique enviable. Puis, évidemment, le fait que les relations commerciales
avec la Chine, pas juste commerciales, là, diplomatiques... se soient
grandement détériorées entre le Canada puis la Chine... il y a un facteur
structurel, là, qui affecte la Colombie-Britannique, c'est-à-dire que ce qui
les avait rendus premiers de classe, la dépendance à l'Asie ou l'interrelation
avec l'Asie, leur fait très mal, présentement, bon.
Alors je... Il faut dire que pour SNP et
Moody's, les deux agences ont émis des... un degré d'inquiétude générale sur le
Canada relié aux tarifs. Alors, c'est ça, le contexte, là, c'est que, dans le
fond, ce que ces agences disent, là, c'est que des tarifs, ce ne serait pas
très bon pour le Canada. Et dans le cas de SNP, ils ont décoté la
Nouvelle-Écosse et la Colombie-Britannique suite à leurs budgets, et Moody's la
Colombie-Britannique. Alors, il y a le contexte, les tarifs, il y a les
particularités de chacun. Colombie-Britannique c'est une chute assez brutale,
là. C'est le premier de classe qui déboule les escaliers, là. Très particulier.
M. Beauchemin : Bien, c'est
dans ce contexte-là où est-ce que, bon, je pense que le plan de retour à
l'équilibre budgétaire, en tout cas, la crédibilité du plan, va être évidemment
beaucoup plus scrutée à la loupe. On le sait bien, bon, O.K., on parle de
6 % de taux moyen. Vous aviez fait une supposition de 10 % sur deux
ans, là, on est à 6 %, on ne sait pas pour combien de temps. J'imagine que
Moody's, Standard&Poors, ils ont leur modèle à eux puis ils vont arriver à
leurs propres conclusions en ce qui concerne ça, mais nous, on a quand même un
manque de, je crois, 6 milliards à trouver d'ici cinq ans. On avait parlé de 1
milliard dans l'année 2027-2028, 2,5 milliards en 2028-2029, puis 2,5 milliards
en 2029-2030.
On a décidé... Puis ça, c'est quelque
chose que vous avez mentionné tout à l'heure, la dépréciation accélérée, parce
que, bon, le fédéral en a parlé. Là, ça, vous l'incluez dans votre dans votre
plan, qui est un positif puis... mais gain en capital, qui a été aussi
mentionné à la même hauteur, peut-on dire, bien là, vous, vous l'incluez aussi
dans les sources de revenus. Ça fait que je me pose la question. C'est quand
même quasiment... c'est un 3 milliards, là, qui risque de disparaître
rapidement, là, ça. Ça fait qu'en plus du 6 milliards qu'il faut trouver, il y
aurait le 3 milliards sur le gain en capital à aller chercher, ça aussi, ça
fait qu'on est rendu à 9...
M. Girard (Groulx) : Bien,
juste pour être clair, là, pour ce qui est du 2,5 milliards en 2029-2030 qui
n'est pas identifié, j'aurais bien aimé l'identifier, mais, dans le contexte
actuel, atteindre l'équilibre budgétaire comptable était pratiquement un
exploit, O.K., il faut se le dire, là. Puis là il manque 2,5 milliards, puis
ça, c'est pour être à l'équilibre budgétaire après contribution au Fonds des
générations. Ça correspond à 0,3 % du PIB. On a cinq ans pour trouver 2,5
milliards. Si j'avais pu, si je n'avais pas eu de menace de tarifs puis ma
prévision de croissance n'aurait pas été 1,1 mais 1,5, il n'aurait pas été là,
cet écart à résorber là. On aurait visé l'équilibre comptable après
contribution au Fonds des générations, comme dans le scénario optimiste du
budget.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, ceci met fin au présent bloc. On reviendra. Et je cède maintenant
la parole au député de Beauce-Sud. Cher collègue, la parole vous appartient.
M. Poulin : Merci beaucoup,
M. le Président. Je dispose de combien de temps?
Le Président (M. Simard) : De
17 min 30s.
M. Poulin : Quand même.
Alors, bonjour, M. le ministre. Je salue votre brigade, également, Mme la
sous-ministre et, évidemment, mes collègues du gouvernement, les collègues des
oppositions. C'est important, ce qui se passe présentement.
M. Girard (Groulx) : ...
M. Poulin : Pardon?
M. Girard (Groulx) : C'est un
peloton.
M. Poulin : C'est un peloton,
effectivement, de course, de course. Bien, vous savez, lorsqu'on parle de
brigade, il y a différents domaines, différents secteurs d'activité. Cette
fois-ci, on est dans les finances publiques.
Je me souviens, moi, de mars 2020, M. le
ministre, on déposait un budget, au Québec, et on était à la veille de quelque
chose dont on n'avait aucun doute de ce dont ça pouvait avoir l'air, en termes
d'ampleur, en termes de durée. Je fais évidemment référence à la COVID-19. Et
même si on n'est pas du tout dans le même contexte de santé publique, il n'en
demeure pas moins que, dans les derniers jours, on avait un peu le même
ressentiment lors du dépôt du budget lorsque...
M. Poulin : ...on parle des
tarifs.
Vous savez, moi, je viens d'une région
extrêmement touchée par les tarifs de l'administration américaine, déjà dans le
domaine de l'acier, dans le domaine de l'aluminium, évidemment aussi avec les
tarifs qui sont en dehors de l'entente de libre-échange. Hier, le président
américain a tenu des propos extrêmement difficiles concernant la gestion de
l'offre, concernant l'agriculture. Et même si, évidemment, on aura les décrets,
il y aura les prochains jours qui permettra de délimiter bien les choses de
l'administration américaine, il n'en demeure pas moins qu'il y a une inquiétude
qui est probante également dans le milieu agricole. Il faut défendre la gestion
de l'offre à tout prix. Il y a une élection fédérale actuellement. Mis à part
un chef, l'ensemble des formations politiques semblent s'entendre sur
l'importance de préserver la gestion de l'offre, qui permet à nos fermes, dans
nos régions, de survivre et... Mais le président américain, hier, clairement, a
indiqué qu'il pourrait l'avoir un jour dans sa mire. Également, en Beauce,
acier, aluminium, l'industrie du bois, déjà touchés par 14 % de tarifs,
c'est extrêmement difficile présentement. Évidemment, le taux de change nous
permet par moment de s'en sortir, mais ce n'est pas évident.
Et il y a cette fameuse liste, également,
de contre-tarifs, le premier ministre du Québec s'est adressé aux Québécois il
y a quelques minutes à peine, où il a indiqué aussi le fait qu'il ne fallait
pas se faire plus mal comme Québécois, parce qu'au bout du compte, ça peut
aussi avoir un impact sur nos finances publiques. Le premier ministre du Canada
a annoncé un 25 % sur l'automobile. J'ai hâte de voir les réactions de la
corporation des concessionnaires automobiles. J'ai hâte de voir l'impact que ça
pourra avoir chez nous. Ça, c'est un élément. Mais, dans la liste de
contre-tarifs, et le premier ministre du Québec l'a bien indiqué, il y a des cas
qui sont difficiles présentement pour nos entreprises. On a des entreprises qui
vont chercher du côté américain de la matière première, je peux penser au chêne
rouge notamment, mais dans plein de secteurs d'activités qui font qu'ils ont du
25 %.
• (15 h 20) •
Lundi, j'étais dans une entreprise chez
nous, elle m'a montré une facture, 15 000 $ de droits de douane. Il
dit : Moi, je ne peux pas... je ne peux pas tolérer ça, là,
15 000 $ de droits de douane à chaque facture de 60 000 $,
là. J'ai un «payroll», j'ai une entreprise, j'ai un entrepôt, je ne peux pas le
faire.
Alors, ce sont des impacts réels. Ça fait
qu'il est difficile, dans les dernières heures, de se réjouir de ce que l'on a
vu. Et, je pense, vous l'avez bien indiqué ce matin en mentionnant qu'il faut
demeurer sur nos gardes, mais l'impact, il reste réel. Et, dans ce budget-là,
on a parlé d'une réserve pour les tarifs, puis je veux vous entendre là-dessus
parce que je crois, et je pense que vous en êtes aussi, M. le ministre, à de l'aide
responsable lorsqu'on parle de nos entreprises, vous y avez fait allusion tout
à l'heure. Il y a des incertitudes : la durée des tarifs, évidemment, les
secteurs touchés. Je vous parlais tout à l'heure de la gestion de l'offre, la
renégociation de l'entente, aussi, de libre-échange, qui... on ne sait pas à
quel moment elle va se faire. Il y a le fait aussi que certaines régions du
Québec sont plus impactées que d'autres, et il faut le dire. Desjardins a
présenté, en début de semaine, une institution indépendante... où ils ont ciblé
notamment Chaudière-Appalaches, la Beauce, comme étant la région la plus
impactée, parce que c'est 30 % de notre PIB. C'est la région au Québec où
le manufacturier, il joue le plus d'importance dans le produit intérieur brut,
c'est chez nous, mais également au Saguenay-Lac-Saint-Jean, également sur la
Côte-Nord et en Abitibi.
Donc, j'aimerais qu'on parle de cette
vision régionale là, qu'on se doit d'avoir également, et de quelle façon on
fait aussi, oui, dans cette réserve-là qu'on a mise de côté, qui a un impact
sur les finances publiques, pour essayer de le faire de façon responsable,
parce qu'on parle de fonds publics, évidemment.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, je ne peux pas m'empêcher de parler de Desjardins, qui prédit une
récession au Québec depuis 2023. Alors, un jour, ils auront raison, mais, pour
l'instant, ils ont tort. Et oui, ils ont la plus faible prévision de croissance
pour le Québec en 2025. Alors, des fois, on est particulièrement sévère avec
nos proches. Desjardins est très impliqué dans l'économie québécoise, donc ils
ont de l'information sur le bilan des emprunteurs et des producteurs québécois.
Ils jugent que le Québec va entrer en récession en 2025. C'est leur droit. Mais
je vous confirme qu'ils ont eu tort en 2023. Et puis je ne me souviens plus de
leur prédiction en 2024.
Alors, pour ce qui est des régions, les
régions, c'est extrêmement important, puis le Québec, c'est la somme de
nombreuses régions. Chaque région a ses particularités. Mais c'est certain que,
dans la région qui vous est... qui est proche de votre cœur, bien, il y a de
nombreuses entreprises exportatrices et qui ont...
M. Girard (Groulx) : …bénéficier
de l'intégration de l'économie nord-américaine. Et là, tout ça, c'est menacé.
Alors, on n'a pas choisi cette bataille, on ne la voulait pas et on souhaite
revenir à des conditions où les biens et services et les personnes, parce que
c'est… il y a aussi les… la mobilité de la main-d'œuvre là-dedans, là, les
étudiants, les touristes. On souhaite que l'élection canadienne amène une ronde
de négociations qui amènera une normalité.
Les provisions pour éventualités qui sont
dans le budget sont extrêmement importantes. En fait, moi, en sept ans, je ne
me souviens pas de provisions pour éventualités de cet ordre.
2 milliards de dollars en 2025-2026, 2 milliards en 2026-2027.
Et puis c'est sûr que, par exemple, si 2025-2026 était une année électorale,
bien, le déficit ne serait pas de 13,6 milliards dans le rapport
préélectoral, mais bien de 11,6, parce qu'on enlèverait les provisions. Alors,
ça, c'est important de le dire, là, que, dans le 13,6 milliards de
déficit, il y a 2,2 milliards de contributions au fonds des générations.
Donc, 11,4, 2 milliards de provisions, donc 9,4, et c'est 1,5 % du
PIB. C'est probablement 0,5 de trop et ce n'est pas dramatique non plus. C'est
important de le dire, ça.
Puis, par exemple, la
Colombie-Britannique, qui a eu une mauvaise journée hier, ils sont à 2,5 %
du PIB. Et alors les provisions sont importantes. Les provisions ne sont pas
nécessairement pour des programmes aux entreprises. Elles sont plus… Par
exemple, s'il y a moins de croissance économique et qu'on a moins de revenus ou
si on a des dépenses supplémentaires, les dépenses supplémentaires peuvent être
au ministère de l'Économie pour les entreprises, mais pourraient aussi être en
éducation, pourraient être aussi en habitation. C'est des provisions s'il y a
des dépassements de dépenses. En principe, on ne souhaite pas avoir aucun
dépassement de dépenses en 2025-2026, parce que le déficit est élevé.
M. Poulin : Une discussion
économique, M. le ministre, parce que vous dites : On met des sommes de
côté, reliées à la croissance économique qui pourrait être difficile. Hier, on
a vu l'imposition de tarifs, notamment sur l'Union européenne. Au même moment,
on dit à nos entreprises : Essayons de développer des marchés du côté de
l'Europe. Ça fait qu'évidemment, le plus grand marché est le marché canadien
intérieur où il y a encore des entreprises qui doivent faire des efforts.
Écoute, chez nous, j'ai des entreprises qui n'avaient jamais ou très peu été à
Toronto, tellement que le réflexe était du côté des États-Unis. Bien oui,
magnifique, Toronto, une ville qui a beaucoup évolué d'ailleurs dans les
dernières années, mais on commençait à établir des partenariats avec l'Ouest,
avec la Colombie-Britannique, avec l'Ontario, et qui leur a permis de remporter
des contrats pour l'été prochain puis d'améliorer le carnet de commandes. Donc,
ça, c'est une bonne nouvelle.
Mais, dans toute la notion de la relation
à avoir avec l'Europe, la relation à avoir avec différents pays pour lequel on
n'avait pas justement ces relations-là, comment pouvons-nous espérer cette
croissance économique là? Comment pouvons-nous espérer que des contrats… puis
là on sait que ça peut être difficile. Puis on a mis des programmes en place
avec Panorama pour installer des entrepôts, pour stocker l'inventaire. Des
fois, quand on parle d'économie, ce n'est pas toujours du bon français, mais
pour placer de l'inventaire à l'international, on a fait cette… ces sommes-là,
ces liquidités-là, mais il reste aussi une incertitude à développer à
l'international. Et, du jour au lendemain, ça devient très difficile de dire à
une entreprise : Tu peux aller développer en Europe, il n'y a pas de
problème. La première chose que son client lui demande, c'est : Est-ce que
tu es capable de me faire du service après vente, ou je dois envoyer le tout au
Québec ou au Canada? Ça me prend évidemment des installations du côté de
l'Europe si on veut être capable de développer. Alors, on a mis un programme en
place, Panorama, qui aide la liquidité propre. C'est correct, mais comment vous
la voyez, cette croissance économique là? Parce qu'à un moment donné on vous a
dit… bien, on vous a tout dit, optimiste, conservateur, on vous a qualifié de
plusieurs mots, finalement, dans les dernières années.
M. Girard (Groulx) : Lunettes
roses.
M. Poulin : Ah! lunettes
roses, c'était ça, le dernier.
M. Girard (Groulx) : Je pense
que j'ai eu, après le budget, à quelques endroits, lunettes roses.
M. Poulin : C'était… c'est ça.
Aujourd'hui, après l'annonce qu'on a eue hier, quelle lunette doit emporter sur
la situation du chiffre puis de la croissance apportée?
M. Girard (Groulx) : Bien,
écoutez, vous savez, s'il y a une chose que j'ai apprise en politique, M. le
Président, c'est qu'on ne choisit pas les titres de journaux. Tu sais, des
fois, tu lis un article, l'article est… reproduit…
M. Girard (Groulx) : ...textuellement
la conversation que t'as eue avec un journaliste, mais le titreur, lui, il
n'était pas là. Puis le titreur, il faut qu'il vende des copies. Ça fait que,
des fois, le titre ne fait pas ton affaire. Ah! je... Personnellement, lorsque
le ministère des Finances s'est positionné directement sur la moyenne des
prévisions du secteur privé, je trouvais qu'en moyenne notre prévision était
moyenne, et, de me faire dire après le budget qu'on avait des lunettes roses,
puis etc., je trouvais ça un peu exagéré, mais bon. Les journalistes disent ce
qu'ils veulent, puis j'ai perdu mes illusions dans les sept dernières années
que les journalistes vont dire ce que j'aimerais qu'ils disaient, et etc.
Alors, les prévisions qu'on a faites sont
professionnelles, basées sur des processus qui existent depuis longtemps,
c'est-à-dire qu'on consulte les économistes du secteur privé, on fait notre propre
prévision, on ajuste en fonction de l'information que nous avons qu'ils n'ont
pas. Par exemple, s'il y avait une baisse d'impôt dans le budget, là, puis que
ça stimule la croissance, bien, les économistes du secteur privé ne le savent
pas, eux. Nous, on le sait, donc on peut être un peu plus haut. Dans ce cas-ci,
il y avait un PQI plus élevé qui nous a permis d'être plus élevés en 2026.
• (15 h 30) •
M. Poulin : Parlant des
baisses d'impôt, le Parti québécois a dit : «Over my dead body», il n'y en
aura pas, de baisses d'impôt. Ils n'en voulaient pas, il n'y en aura pas. Je
sais que vous y avez fait référence dans des échanges précédents avec mes
collègues, mais, quand on dit baisser les impôts, ça permet aussi une
croissance économique. Donc, quand les gens ont plus d'argent dans leurs
poches, ils dépensent davantage. On l'a fait avec les places en services de
garde, je sais que vous en avez parlé tout à l'heure, on l'a fait... permis de
conduire qui est à 25 $, les taxes scolaires n'ont pas augmenté. C'est de
l'argent qui est resté dans le portefeuille et qui a permis d'aider.
Philosophiquement, les gens qui s'opposent aux baisses d'impôt, par moment,
c'est de dire : Ah! c'est que je vais conserver assez d'argent dans les
coffres pour financer nos programmes sociaux... et ne voient pas ce jeu-là de
croissance économique, ne voient pas le fait que les gens vont pouvoir dépenser
davantage, vont peut-être s'acheter un bien ménager différent ou la dépenser de
toute façon de la façon dont ils souhaitent, parce que c'est aussi ça laisser
la liberté aux gens de dépenser ce qu'ils souhaitent avec leur argent. Et
avez-vous évalué ou... un doute de l'impact d'une baisse d'impôt sur la
croissance économique? Vous dites : On le prend en compte, mais ça peut représenter
à peu près combien?
M. Girard (Groulx) : Bien,
nous, lorsqu'on a fait la baisse d'impôt, on a dit que ça stimulait le PIB
potentiel de 0,3, O.K.? Puis peut-être qu'en 2023 le Québec a évité une
récession grâce à la baisse d'impôts parce que la baisse impôt qui est venue
pour l'année 2023... On a été un peu chanceux, là. On n'avait pas prévu
que l'économie serait aussi faible à cause des hausses de taux d'intérêt
lorsqu'on a fait les baisses d'impôt au budget 2023, puis ça a donné un
coup de pouce. Là, ce qui est intéressant, c'est que les deux partis qui ont le
plus de chance de gagner l'élection fédérale proposent des baisses d'impôt, qui
vont évidemment bénéficier aux Québécois, sans que ça impacte les finances
publiques du Québec. Alors, c'est très bon, on va... Ça va soutenir l'économie,
ça n'aura pas d'impact sur nos finances publiques. Donc, on supporte ça.
Puis, quant au débat qu'il y a au Québec
en général, le fardeau fiscal est très élevé au Québec. À la dernière élection,
il y avait cinq partis en lice, trois proposaient des baisses d'impôt et deux
des hausses, essentiellement, puis... Bon, là, je vais sursimplifier les
chiffres, mais on a gagné avec à peu près 40, puis quatre parties avec 15, donc
il y avait à peu près 70 % de la population qui voulait des baisses
d'impôt ou qui ont voté pour des baisses d'impôts puis 30 % de la
population qui n'en voulait pas. Donc, c'est normal qu'à partir d'un haut
fardeau fiscal il y ait un large consensus pour le réduire, très normal. Alors,
moi, je considère que ce que nous avons fait depuis que nous sommes au pouvoir,
de réduire le fardeau fiscal... je considère qu'on a un mandat de la population
pour faire ça, je pense qu'on l'a dit en 2018, on l'a dit en 2022.
Et là la situation fiscale est plus
difficile. Alors, je suis très heureux de voir que le gouvernement fédéral côté
AAA, avec plus de marge de manœuvre que les provinces, parce que, notamment, si
vous regardez le cadre financier à la page F.6, vous allez voir que les
transferts fédéraux, ce n'est pas fort au Québec, là, une...
15 h 30 (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...de 1,6 %
sur cinq ans. Bien, au moins, s'il ne nous donne pas d'argent mais qu'il baisse
le fardeau fiscal des contribuables, ça va aider. Alors, moi, je suis... je
suis en faveur des baisses d'impôt au fédéral. Je pense, c'est des... Je pense
que les deux partis qui proposent ça, c'est une bonne idée.
M. Poulin : Oui. Puis... Il
reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Lemay) : Environ
une minute 30.
M. Poulin : Non, mais c'est important
ce que vous dites là, parce que, même dans le débat au Québec, tu sais, on
disait : Il ne faut pas baisser l'impôt des riches, hein, puis la fameuse
définition des riches, là, c'était assez particulier. Moi, je me souviens d'une
première ministre au Québec qu'on commençait à être riche à 42 000 $
par année, là, alors... même il y a 10 ans. Et l'importance aussi quand on
dit qu'il faut...
M. Girard (Groulx) : Il y
avait aussi les voitures de luxe à 40 000 $...
M. Poulin : Oui, oui, on se
souvient de ça, absolument.
M. Girard (Groulx) : On a
tassé à 62 000 $.
M. Poulin : Oui, oui. Aujourd'hui...
Puis merci d'avoir fait la modification dans le récent budget, j'ai trouvé ça
important, parce qu'aujourd'hui un véhicule de... familial peut facilement être
à 50 000 $ et 55 000 $. Mais, au-delà de ça, de dire aussi
qu'on veut augmenter les salaires des Québécois, et c'est une obsession du
premier ministre, à juste titre, de dire : Les salaires des Québécois doivent
s'améliorer. Donc, au bout du compte, ces gens-là contribuent à l'économie du
Québec, et c'est des bonnes nouvelles. Mais cette notion-là de dire : Ah! à
100 000 $ et plus, on est trop riche, par exemple, bien, ça fait en
sorte aussi qu'il ne faut pas décourager les gens de faire du temps
supplémentaire, il ne faut pas décourager les gens de travailler davantage. Et
je sais que vous avez souvent eu une proposition de dire : Après un
certain temps, on ne devrait plus payer d'impôt ou autres, mais, à la fin de la
journée, plus que les gens travaillent, et on a vu des études là-dessus, plus
que les gens en ont dans leurs poches également. Et c'est pour cette raison-là
que, la baisse d'impôt, j'imagine, on décide qu'elle est remise à tout le
monde, peu importe aussi, également, le salaire qu'ils ont.
M. Girard (Groulx) : Bien, c'est
l'avantage, M. le Président, de réduire le premier taux, parce que quelle est
la particularité du premier taux? C'est que tous ceux qui paient de l'impôt le
paient, le premier taux. Alors, on a vu que les deux partis fédéraux se sont
inspirés de notre base d'impôt en 2023 en suggérant de réduire le premier taux
fédéral.
Le Président (M. Lemay) : Merci,
M. le ministre. Ceci complète ce bloc d'échange. Et nous allons maintenant
passer avec la députée de La Pinière pour environ 18 minutes.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, bonjour, tout le monde. Moi, je vais être plus axée sur la
section C du budget, puisque c'est plus dans mes cordes dans les... avec les
dossiers pour lesquels je suis porte-parole.
Donc, le premier point, c'est... bon, les
chiffres globaux sont en C.6, mais on a le détail en C.17 et 18. Alors, c'est...
il s'agit, là... je parle des 318,2 millions de dollars sur cinq ans. C'est
la section pour assurer la qualité des milieux de vie destinés aux aînés.
Alors, on a deux éléments là-dedans. Le premier : «pérenniser le
financement de l'harmonisation des CHSLD publics et privés», et puis le
deuxième : «protéger les personnes demeurant en résidence privée pour
aînés». Ce que je crois comprendre de «protéger les personnes demeurant en
résidence privée pour aînés», c'est essentiellement le programme pour les
gicleurs dans les...
M. Girard (Groulx) : Et les
assurances. On ne donne pas les montants du programme pour les assurances pour
des raisons de compétitivité, mais on aide les résidences pour aînés à s'assurer.
Mme Caron : O.K. Je croyais...
Parce qu'en C.18, pour le... le PARPA, là, le programme d'aide financière pour
réduire l'impact des hausses de primes d'assurance, effectivement, ce n'était
pas indiqué, parce qu'on nous dit que c'est... c'est... dans la note, ça dit
que c'est dans les... à même les disponibilités budgétaires du ministère de la
Santé et des Services sociaux, c'est ça?
M. Girard (Groulx) : Oui.
Mme Caron : Alors... Donc, c'est...
on comprend que, pour les gicleurs, c'est pour les trois prochaines années puis
qu'on y met fin en 2027-2028.
M. Girard (Groulx) : Exactement.
On sait que c'est un programme qui a été prolongé plusieurs fois.
Mme Caron : Oui,
effectivement. Mon autre question : Pour le premier élément, «pérenniser
le financement de l'harmonisation des CHSLD publics et privés», donc, en 2025-2026,
50,6 millions, quand on parle du financement de l'harmonisation des CHSLD,
ce n'est pas le budget qui va dans les CHSLD publics et privés mais vraiment, j'imagine,
dans le processus de conventionnement ou dans ce qu'il faut faire, à la base,
pour les conventionner, est-ce que c'est ça?
M. Girard (Groulx) : Oui, il
y a de l'argent pour les conventionnements.
Mme Caron : C'est ça. Ça ne
comprend pas ensuite les achats de places ou les... parce qu'il y a trois
volets de financement pour les CHSLD privés conventionnés. Donc, ce n'est pas...
ce n'est pas inclus là-dedans, parce que c'est juste 50 millions puis au
nombre qu'il y a...
M. Girard (Groulx) : C'est la
transition, là, c'est lorsqu'un CHSLD est privé puis qu'on veut le
conventionner soit en le rendant conventionné privé ou public.
Mme Caron : Parfait, c'est
beau. Ensuite, j'irais à la page...
Mme Caron : ...C14, rehausser
le soutien à l'hébergement. Au deuxième paragraphe, on dit : «Dans le
cadre du budget 2025-2026, une somme de 175 millions de dollars
est donc prévue sur cinq ans pour rehausser le soutien à l'hébergement des
personnes ayant une déficience intellectuelle ou physique, des personnes ayant
un trouble du spectre de l'autisme ou un trouble en santé mentale, des jeunes
quittant les centres jeunesse ou des personnes en situation d'itinérance».
Alors, 175 millions sur cinq ans, ça revient à 35 millions par année.
Et je me demandais, bon, c'est pour rehausser, est ce qu'on peut savoir c'est
quoi le montant de base ou le montant principal puis si le 35 millions par
an, c'est le rehaussement.
M. Girard (Groulx) : Quelle
est la base. Écoutez, on va faire des recherches. C'est peut-être plus une
question pour les crédits du ministre Carmant, mais si on est capables de vous
trouver la réponse d'ici 4 heures et demie, on vous la donner.
Mme Caron : D'accord. Merci.
M. Girard (Groulx) : On va
lancer nos lignes vers les cabinets de la santé qui sont peut-être à l'écoute,
cabinets ou ministères.
Mme Caron : Merci. Parce
que... et la raison pour laquelle je pose cette question-là, c'est parce que la
description des premières personnes, là, le soutien à l'hébergement des
personnes ayant une déficience intellectuelle ou physique, des personnes ayant
un trouble du spectre de l'autisme ou un trouble en santé mentale, ces, disons,
ces quatre clientèles là, en plus des aînés, sont la clientèle des ressources
intermédiaires, puis je ne trouve pas dans le budget qu'est-ce qui va aux
ressources intermédiaires?
• (15 h 40) •
M. Girard (Groulx) : Non, là,
il faudrait aller dans le budget, les livres de dépenses, là, de Trésor, mais
on... c'est clairement... la langue française est précise, et on a choisi les
mots... le mot «rehausser», alors donc, on va essayer de vous trouver la base,
et je vous... Poursuivons la discussion puis, dès qu'on trouve la réponse, on
vous la donne.
Mme Caron : Parfait.Maintenant,
j'irais en C... bon, 18 et 19, mais en fait on en a parlé un peu tantôt, le
programme d'aide financière pour réduire l'impact des hausses de primes
d'assurance. Donc, ce n'est pas... on ne met pas les montants, mais on le
poursuit quand même parce que, vous l'avez dit, pour des raisons de
compétitivité ou de concurrence, on ne veut pas les mettre.
M. Girard (Groulx) : On n'a
jamais divulgué ces sommes-là.
Mme Caron : O.K.. Par contre,
on a ce programme d'aide là, mais, à compter du 1er janvier 2027, il y
aura l'harmonisation des taxes, des taxes, l'assurance et la TVQ, ce qui va
faire que le coût des assurances va augmenter aussi pour ces milieux
d'hébergement parce qu'ils vont passer de 9 % à 9,975 %.
M. Girard (Groulx) : Il faut
que je vérifie si l'assurance... Parce que là, ici, on parle vraiment de
l'assurance responsabilité des dirigeants, là, en anglais, on appelle ça,
D&O, là, Directeurs and officers. L'assurance responsabilité des
dirigeants, je ne suis pas convaincu que la hausse de taxe s'applique. On fait
la vérification. On vérifie aussi... Vos questions sont particulièrement
précises, pointues, précises. On va trouver la réponse. Et c'est une hausse de
9 à 9, 975. Si ça s'applique, effectivement, c'est 1 %.
Mme Caron : C'est ça. Parce
que dans, en fait, dans la note de bas de page en C19, ça dit que les primes
d'assurance admissibles se rapportent à l'assurance des biens, à l'assurance de
responsabilité civile, générale ou professionnelle, ainsi que l'assurance de
responsabilité civile des administrateurs et dirigeants dans le cadre des
fonctions des entités admissibles. Donc ça, la dernière, c'est celle à laquelle
vous faisiez référence.
M. Girard (Groulx) : Alors,
j'aurais l'impression que ce sera le cas pour l'assurance générale et peut-être
pas le cas pour les dirigeants, mais là je m'avance, je vais plutôt vous donner
la bonne réponse lorsqu'on l'aura. On a deux fiscalistes, là, qui sont partis
sur cette question.
Mme Caron : Merci. Mais ce
que je voulais mettre en lumière ici, c'est qu'on continue d'aider avec les
hausses, là, de primes, le PARPA continue, mais, à compter du 1er janvier
2027, il va quand même, en plus des hausses d'assurance, qui se maintiennent,
il y a aussi ça.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais l'objectif de la mesure pour janvier 2027, là, c'est au niveau de
l'assurance générale des particuliers, là. La majorité des sommes ne sont pas
reliées aux résidences pour aînés.
Mme Caron : O.K. Ça, c'est
une différence, une distinction importante, là, à souligner.
M. Girard (Groulx) : Oui.
C'est... l'esprit de la mesure, c'est les assurances générales des
particuliers, alors que les assurances vie ou salaire, etc., elles... il n'y a
pas de taxe.
Mme Caron : O.K. Parce que je
sais que ce... cette...
Mme Caron : ...des primes
d'assurance, c'est quelque chose qui fait mal, depuis quelques années, au
milieu.
M. Girard (Groulx) : Surtout
l'assurance des dirigeants, là, dirigeants et administrateurs. En fait, à
l'origine du problème, durant la pandémie, les compagnies d'assurance
refusaient d'offrir l'assurance administrateurs et dirigeants. Et là on est
intervenu dans le marché pour forcer les compagnies d'assurances québécoises à
offrir des primes, en disant : Il y a toujours bien un... toujours bien,
un prix auquel vous allez offrir une assurance. Et là ce prix-là était élevé,
puis on a aidé les résidences pour aînés à payer ces hausses de primes. Mais il
y avait un marché, là, déstructuré ou brisé, où les compagnies d'assurance
refusaient d'assurer les administrateurs et dirigeants des résidences pour
aînés.
Mme Caron : Effectivement.
Bien, avec le nombre de... le risque de décès, et tout ça.
M. Girard (Groulx) : Et toute
la question de la responsabilité civile durant la pandémie. C'est un sujet
complexe, que vous connaissez, mais on a dû intervenir dans le marché, d'où les
sommes qui, on peut bien le dire, là, sont en dizaines de millions, là. Ce
n'est pas un programme à 2 millions par année, ça, là, là.
Mme Caron : Bien,
effectivement. C'est pour ça que je faisais référence à la hausse de taxe de
vente, parce que je me disais même si on passait de 9 à 9, 75, sur le montant
global, ça fait encore une charge supplémentaire, si elle s'applique,
effectivement, à ces milieux-là.
M. Girard (Groulx) : Disons
que peut-être qu'ici on taxe puis on subventionne après.
Mme Caron : Oui, c'est ça. La
subvention vient aussi, pas seulement la coupure.
En C.20, pour le Programme de transition
salariale pour le personnel soignant, alors vous en avez... vous en avez parlé,
M. le ministre, un peu plus tôt, que c'était une mesure qui, durant la
pandémie, se voulait temporaire, mais le monde a changé entre le prépandémie,
et la pandémie, et le postpandémie, où l'inflation fait en sorte que les
salaires ne peuvent pas... Bien, c'est très difficile, d'abord, de baisser un
salaire, mais le coût de la vie fait en sorte que c'est... si on veut garder
les employés, il faut réussir à leur payer un salaire qui est assez... qui leur
permet de vivre, en fait.
Alors, ce que je vois, en C.20, c'est que
ce programme de transition salariale pour le personnel soignant continuerait
jusqu'en 20262027, donc encore deux ans, mais que, 2027-2028, il n'est plus là.
Est-ce que c'est bien... est-ce que ma lecture est bonne?
M. Girard (Groulx) : C'est-à-dire
que ce que... D'abord, juste clarifier ce que j'ai dit tout à l'heure,
c'était... je faisais référence aux employés du secteur public qui ont reçu des
primes pour travailler durant la COVID, qui sont devenues des hausses de
salaire permanentes. Alors, je ne référais pas au programme de transition
salariale, mais ça aussi, certainement, puisque ce sont des résidences privées
pour aînés, le fait qu'on doive les subventionner durant la pandémie... on
aurait pu penser qu'après la pandémie, on arrêterait de les subventionner, et
ce n'est pas le cas, donc. Mais, pour clarifier, ce n'est pas de ce programme
que je parlais.
Vous avez raison qu'à partir de 2027-2028,
il n'y a plus de sommes, mais ça ne veut pas dire que, par exemple, au budget
2026-2027 ou au budget 2027-2028, les sommes ne seront pas provisionnées. Mais
plus important, c'est le petit paragraphe en haut, là, que les travaux... au
milieu de l'encadré, les travaux du comité, bon... attendez, là, le comité de
travail... on a «mis sur pied un comité de travail interministériel codirigé
par le ministère de la Santé et Services sociaux. Le ministère des Finances
s'est fait confier le mandat d'examiner l'efficacité des programmes existants».
Ce qu'on dit, là, c'est que la situation financière des résidences pour aînés
privées, pour aînés, est difficile. Vous le savez, je le sais, on le sait tous,
on doit les subventionner. Et puis là, il y a un comité qui se penche là-dessus
pour voir si l'aide ne pourrait pas être accordée différemment. L'industrie
nous demande un crédit d'impôt pour travailleurs. C'est ce que l'industrie nous
demande, un peu comme le crédit d'impôt de l'industrie du jeu vidéo, M. le
Président, qu'on arriverait avec un crédit d'impôt... Vous avez un salarié et
vous recevez 30 % du salaire, etc. C'est ce que l'industrie nous demande,
bon. Le comité étudie ces questions.
C'est complexe, les résidences privées
pour aînés, s'il y avait des solutions faciles...
M. Girard (Groulx) : ...on ne
serait pas obligés d'avoir cinq programmes pour les aider. Puis, malgré ces
cinq programmes, il continue d'y avoir des fermetures. Bref, problème complexe
pour lequel le comité interministériel travaille. Puis il n'y a pas de solution
simple à des problèmes complexes.
Mme Caron : D'accord.
Alors... Donc, ce que je comprends aussi de ce que vous dites, c'est que ce
comité interministériel est en train de regarder la proposition de l'industrie
sur le...
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est une des choses qu'ils regardent.
Mme Caron : C'est une des
choses qu'ils regardent, mais ils sont en train de... de voir.
M. Girard (Groulx) : Oui. Je
pense que l'industrie serait très déçue si je disais que le comité ne le
regarde pas, là, parce que... on consulte, on écoute. Est-ce que c'est la
mesure favorite du ministre des Finances? Je vais attendre que le comité me
fasse des recommandations.
Mme Caron : Parfait.
Maintenant, pour le Programme d'allocation personnalisée, qui est toujours...
qui est dans le tableau de la page C.20. Alors, ça, c'est un programme qui
avait été annoncé de 200 millions sur cinq ans en janvier 2024, Programme
d'allocation personnalisée. Alors, j'étais un petit peu surprise de le
retrouver presque... disons, presque tel quel ici puisque la ministre
responsable des Aînés, durant une interpellation qui a été faite le 14 février
sur le... du soutien à domicile, on a parlé de cette allocation, et elle disait
qu'effectivement ça ne marchait pas comme... comme elle voulait, comme elle
l'espérait, que c'était... ça fonctionnait mieux pour certains RPA que
d'autres. Alors, est-ce que c'est quelque chose qui a été examiné ou que le
Comité de travail interministériel va examiner dans toute la problématique de
financement des RPA ou d'aide aux RPA?
• (15 h 50) •
M. Girard (Groulx) : C'est
certainement un des éléments sur lequel le comité se penche. La ministre
responsable des Aînés suit les travaux du comité avec grande attention. Et puis
c'est certain que, si on met 200 millions puis que ça n'a pas les
résultats qu'on voudrait que ça ait, bien, les... C'est notre responsabilité que
de voir si on ne pourrait pas faire mieux que ces sommes-là.
Mme Caron : C'est ça. Parce
que ce que... L'année passée, il y avait juste 125 personnes qui en
bénéficiaient, puis je pense qu'il y avait comme 3 millions et demi qui
avaient été engagés, de mémoire, là, parce que... c'est ça.
M. Girard (Groulx) : Donc, ce
n'est pas suffisant.
Mme Caron : Et ce n'est pas
que l'idée d'aider n'est pas bonne, mais c'est plus dans la mécanique, comment
ça fonctionne, les règles, pour pouvoir avoir accès au programme, qui semble
causer problème, de ce que j'entends de l'industrie, comme vous appelez. Le
besoin est là, mais peut-être que... en tout cas, ça peut sûrement faire partie
des travaux du comité, pour voir si...
M. Girard (Groulx) : Oui, ou
peut-être demander à la ministre comment a évolué sa vision de ce programme-là.
Nous, souvent, aux Finances, on provisionne ce nouveau programme, puis après ça
c'est le Trésor qui le suit avec la Santé. Mais c'est certain que les
citoyens... La situation est difficile dans les résidences pour aînés. Alors,
si on prend la peine d'allouer 200 millions pour les aider, bien, la
moindre des choses, c'est que l'argent serve à...
Mme Caron : À faire ce qu'on
veut faire.
M. Girard (Groulx) : ...puis
qu'on s'assure que, bien, la performance est au rendez-vous.
Mme Caron : Merci.
Maintenant, en C.21, au sujet de... dans tableau C.8, pour prioriser la
prévention en santé, le premier élément : élargir la vaccination auprès
des clientèles vulnérables. Donc, on voit qu'il y a quand même un écart
important entre 2026-2027 et 2027-2028 parce que... Bien, déjà, 2025-2026,
2026-2027, c'est à 71 millions et ça tombe quand même brutalement à
33,9 millions pour les trois années suivantes. Qu'est-ce qui... Qu'est-ce
qui explique qu'on pourrait avoir besoin d'un montant qui est juste un peu
plus... un peu moins, en fait, de la moitié des sommes qui sont prévues pour...
Le Président (M. Simard) : Alors,
il nous reste 40 secondes.
M. Girard (Groulx) : Ça,
là-dedans, il y avait...
Des voix : ...
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, il y a le... il y a définitivement le VRS là-dedans, le virus
respiratoire syndical.
Mme Caron : «Syndical».
M. Girard (Groulx) : Il y
avait aussi...
Des voix : ...
M. Girard (Groulx) :
...syncytial. Clairement, je n'ai pas eu le virus syndical. Je ne l'ai pas
attrapé, M. le Président. Non, non. Il y a la vaccination pour le zona qui a
été étendue aussi. Mais là ce qu'on nous dit, c'est que le fédéral se retire de
la vaccination sur le COVID. Alors on va chercher pourquoi on a cette baisse en
2027‑2028. Il est possible qu'il faudra simplement rehausser le financement au
budget 2027‑2028.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Je cède la parole au député de Rousseau.
M. Thouin : Merci, M. le
Président. Donc, heureux d'avoir la chance de revenir cet après-midi pour
discuter encore avec notre excellent ministre des Finances. Tantôt, j'ai parlé
beaucoup de la condition de vie des Québécois, puis de ce qui des fois peut
avoir l'air, puis la réalité. Là, j'ai le goût d'aller un petit peu plus vers
notre enjeu plus récent avec notre voisin du Sud, Donald Trump. Donc, en dépit
de l'incertitude associée aux politiques économiques américaines, le
gouvernement demeure engagé dans une saine gestion des finances publiques.
C'est clair. Il y a une situation qui a été peu ou pas soulevée par les membres
des oppositions, c'est le déficit comptable qui était réduit de
700 millions de dollars, ce qui le porte à 8,1 milliards de dollars
en 2024‑2025, soit 1,3 % du PIB avant versement au Fonds des générations.
En 2025‑2026, le solde comptable affiche un déficit de 1,8 % du PIB. Après
versement des revenus consacrés au Fonds des générations, le solde budgétaire,
au sens de la Loi sur l'équilibre budgétaire, présente un déficit de 2,2 %
du PIB.
Pourquoi calculer le déficit versus le
pourcentage du PIB? Je vais vous donner comment, moi, je l'explique à mes
voisins, comme tantôt, puis vous me direz si je me trompe encore une fois. Moi
je dis tout le temps qu'on ne peut pas juste parler de la dette sans parler de
nos avoirs puis de notre valeur. C'est comme si on demande au voisin, tu sais,
on a deux voisins, il y en a un qui il y a des dettes pour 35 000 $,
puis il y en a un qui a des dettes pour 300 000 $. Ça fait que, ça,
si on garde juste ça comme données, on dit : Clairement, celui qui a moins
de dettes, bien, il est plus riche que celui qui a plus de dettes. Mais si on
prend le temps de regarder sa dette versus sa valeur, versus les actifs qu'il
a, bien là, on se rend compte que celui qui doit 15 000 $, il est
locataire, il n'a pas d'actifs, alors que l'autre qui doit 300 000 $,
il vaut 5,8 millions d'actifs. Donc là, une fois qu'on connaît ça, bien
là, on est capables de mettre les choses en perspective puis dire : O.K.
Peut-être que celui qui est le plus pauvre ou le plus riche des deux, c'est
peut-être celui qui a plus plus de dettes, mais plus d'actifs aussi. Donc,
pourquoi calculer le déficit versus le pourcentage de PIB? Est-ce que mon
explication se tient? Et quelles sont les mesures annoncées dans ce budget qui
vont nous permettre de retourner à l'équilibre budgétaire?
M. Girard (Groulx) :
Merci, M. le Président, et merci au député de Rousseau pour sa question. Alors,
d'abord, il y a une notion d'être en mesure de faire des comparaisons. Alors,
par exemple, est-ce qu'un déficit de 10 milliards au Québec c'est la même
chose que 10 milliards en Colombie-Britannique? Bien, non, parce que la
population du Québec est plusieurs fois celle de la Colombie-Britannique, et
l'économie du Québec est plus grosse que la Colombie-Britannique. Bref, on doit
avoir des comparables. On pourrait dire la même chose, l'Ontario est
1,7 fois la population du Québec, deux fois la taille de l'économie du
Québec. Donc, toutes proportions gardées, un déficit de 10 milliards au
Québec, bien, l'équivalent, c'est 20 milliards en Ontario. Alors, pour une
base de comparaison, on se compare en fonction de la taille de l'économie.
Ensuite, il faut... Il faut faire la
comparaison. Il y a la comparaison avec nos pairs puis, après ça, il y a la
comparaison intertemporelle dans le sens que, est-ce que 10 milliards de
déficit en 2025 c'est la même chose que 10 milliards de déficit en 2015?
Bien sûr que non parce que, d'une part, il y a eu de l'inflation 1 $ de
2015 vaut moins que 1 $ de... 1 $ de 2025 vaut moins que 1 $ de
2015. Et ensuite, il y a la taille de l'économie. L'économie en 2025 est
beaucoup plus grande. Alors, le déficit, c'est une valeur nominale qu'on divise
par une valeur nominale, qui est le PIB nominal, qui a crû en fonction de
l'économie réelle, la partie croissance, et l'inflation. Alors, c'est... Bref,
on met le déficit en fonction du PIB pour faire des comparaisons
intertemporelles et géographiques ou...
M. Girard (Groulx) : …avec des
pairs, ou des comparaisons temporelles. Alors, par exemple, si on prend… Il y a
eu plusieurs budgets. On peut penser qu'en 2025-2026, le gouvernement fédéral
aura un déficit plus grand que 2 % du PIB. La Colombie-Britannique est à
2,5 %, l'Alberta est à 1 %, l'Ontario n'a pas fait son budget. La
Nouvelle-Écosse, c'est à 1,4 %, Le Nouveau-Brunswick à 1 %. Bref,
tout le monde a l'air d'être entre 1 % et 2,5 %. Puis là, nous, on
est 2,8 %... 1,8 %, excusez-moi, 1,8 %.
Puis moi, je tiens à le dire aux
Québécois, que 1,8 %, c'est trop haut, M. le Président, j'aurais une
préférence pour le 1,3 % de l'an dernier, même 1 % du PIB. Dès l'an
prochain, on pense d'être à 1 % du PIB, c'est-à-dire de converger
rapidement vers un niveau plus acceptable. Comment? Avec une accélération de la
croissance économique, avec des… l'augmentation des transferts fédéraux. On
sait que le gouvernement fédéral n'a plus de programme d'infrastructures depuis
2023. Puis, par exemple, M. le Président, quel est le pourcentage de
financement du tramway de Québec qui est sous la responsabilité du fédéral? 19 %.
Or, au Canada, l'entente tacite, c'est 40 % fédéral, 40 % provincial,
20 % municipal. Or, le fédéral offre 19 %, parce qu'ils n'ont plus
de… ils n'ont non plus de programme d'infrastructures. La ligne bleue projette
7 milliards de dollars. Le fédéral met 26 %, il devrait être à
40. Alors, les… nous, une des raisons qu'on a des déficits, c'est que nos
infrastructures sont très élevées. Une des raisons que nos infrastructures
sont… nos dépenses d'infrastructure sont très élevées, c'est que le fédéral ne
fait pas sa part. Alors, ce sera une des sources qui va nous… On pense que le
prochain budget fédéral qui va suivre l'élection fédérale aura un plan
d'infrastructure. Alors, il y a des efforts aux revenus. Il y a des efforts au
niveau des transferts fédéraux, croissance économique, dépenses. C'est comme ça
qu'on va revenir à l'équilibre budgétaire.
• (16 heures) •
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Il reste toujours 11 minutes, cher collègue.
M. Thouin : Bien, justement,
sur la croissance économique, dans la situation économique actuelle, les
incertitudes qu'on connaît, dont on discute depuis tantôt, la croissance se
doit d'être au rendez-vous pour atteindre nos objectifs. Ces prévisions sont
nécessairement prises en compte dans l'élaboration du budget. Assurément.
Qu'est-ce que vous anticipez au niveau de la croissance court terme, moyen
terme? Qu'est-ce qu'on va faire? Qu'est-ce qu'on peut faire? Qu'est-ce qu'on
peut faire encore mieux?
M. Girard (Groulx) : Dans un
monde idéal, si le Québec fonctionnait à plein régime, on aurait une croissance
de 2 % de l'économie et 2 % de l'inflation, donc 4 % de
croissance de PIB par année, nominale, et donc en moyenne 4 % de
croissance de revenus. Donc, si, à partir d'une situation déficitaire, nous
avons 4 % de croissance de revenus, ça voudrait dire qu'on pourrait avoir
3 % de croissance de dépenses et revenir à l'équilibre budgétaire. Là, le
problème qu'on a, c'est que, face à la grande incertitude, on a seulement une
prévision de croissance de revenu de 3 % en raison de la grande
incertitude économique puis en raison de la faiblesse des transferts fédéraux,
qui sont 30 % de nos revenus… 20 % de nos revenus, excusez-nous.
30 milliards sur 150, 20 % de nos revenus, qui ne croissent qu'à
seulement 1,6 %. Donc, on… puisqu'on anticipe 3 % de croissance du
revenu, qu'on veut revenir à l'équilibre budgétaire, bien, c'est mathématique,
les dépenses peuvent croître de 2 % par année. Mais, si on arrive à
revenir à une situation plus normale, 4 %, bien, on pourra avoir 3 %
de croissance de dépenses.
M. Thouin : Ça, M. le
ministre, on l'a en chiffres. En mesures, c'est quoi, les mesures que vous
proposez dans ce budget-là pour atteindre nos objectifs de croissance
économique, en mesures concrètes, s'il vous plaît?
M. Girard (Groulx) : Oui,
alors, en mesures concrètes, il y a tous les efforts,
le 5,4 milliards pour stimuler la croissance économique. Et, au
niveau des revenus, il y a la page F-63 qui montre tous les efforts qui
ont été faits au niveau du régime fiscal pour revenir à l'équilibre budgétaire,
qui était un effort de 2,6 milliards en 2029-2030, mais ça, ça inclut le
gain de capital qu'on pourrait perdre. Donc, ce serait…
16 h (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...plus 2
milliards. Et il y a 3 milliards d'efforts aux dépenses, sous la
responsabilité... l'examen des dépenses budgétaires, sous la responsabilité de
ma collègue la présidente du Conseil du trésor, où il y a des efforts, normalement,
au niveau du gel d'embauche, au niveau du sevrage de la main-d'œuvre
indépendante dans le réseau de la santé et services sociaux, au niveau de l'optimisation
des édifices et espaces à bureaux, ça, c'est très important, la centralisation
des achats, des systèmes informatiques, des centres d'appels avec intelligence
artificielle. Bref, il y a une série de mesures qui vont amener de l'efficience
pour 2 % des dépenses, à terme.
M. Thouin : Merci, M. le
ministre. Je vais un peu plus... ...dans un dossier qui me touche un petit peu
plus personnellement, je dirais, les organismes communautaires. Moi, c'est
important pour moi, dans ma région, mais... je pense que c'est important pour
tous les députés, mais dans notre région, on a un paquet d'organismes
communautaires qui font toute une job. Et à chaque fois que j'ai la chance d'avoir
un micro puis de parler devant des élus locaux, je leur dis tout le temps, tu
sais : N'oubliez jamais de toujours supporter, toujours être là pour nos
organismes communautaires, parce que c'est la première ligne. Les gens qui sont
dans le besoin, c'est souvent à ces organismes-là qu'ils vont demander de l'aide.
Et je dis toujours... à mes collègues : Savez-vous, si eux autres n'existaient
pas, ces gens-là, c'est tous à votre bureau qu'ils iraient frapper. On a besoin
d'avoir ces organisations-là, ces organismes qui nous viennent en aide.
Et, bien, j'ai regardé un peu, on a fait
une petite analyse, là, des dernières... des dernières années. Et M. le
ministre, je me rends compte qu'on a passé, à notre arrivée, de 1,1 milliard,
pour les organismes communautaires, on est maintenant à près de 2,2 milliards.
C'est énormément d'argent, ça. Ça fait que ça donne, tu sais... ça a des
impacts concrets, puis ça, tu sais, les organismes communautaires, là, ce n'est
pas des gens qui pellettent des nuages, bien, bien, là, c'est dans le concret,
là, ils aident le monde à manger, ils aident le monde à se loger, ils aident le
monde à se vêtir, ils aident le monde à... Donc, voilà, ça, on a fait ça déjà.
En passant, là-dessus... je ferais
peut-être une petite parenthèse au niveau du financement à la mission,
davantage que financer des projets particuliers. Je ne sais pas si ça, on le
regarde, actuellement. On a... tu sais, on a... avec les années qui ont passé,
là, en tout cas, moi, par expérience, j'ai été... j'ai eu le privilège d'être
maire, préfet, puis j'ai fait une couple d'autres jobs avant d'être ici, et,
bien, souvent, je me suis... c'est ça, je me suis... Bref, j'allais dire qu'il
y a des organismes communautaires qui sont ultra-importants. On en a besoin
dans nos régions, et il faut bien s'en occuper.
Ma question : Ce qu'on a de fait
jusqu'ici, est-ce que c'est «at large» ou c'est... Disons, les fonds qui vont
pour les organismes communautaires, est-ce que c'est pour le financement à la
mission ou c'est pour des projets spéciaux? Comment ça va se passer? Voilà.
M. Girard (Groulx) : Bien, il
y a eu un effort extrêmement important au niveau du financement à la mission au
budget... je pense que c'était le budget 2023-2024, peut-être?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Oui, j'ai...
mais le financement, on a fait particulièrement d'efforts au budget 2022-2023
pour le financement à la mission. Et bref, la plupart des organismes
communautaires nous disent que le processus de reddition de comptes du
financement par projet est lourd, et donc ils préfèrent le financement à la
mission. Puis c'est là qu'on a donné un coup de barre, en 2022-2023, là, vous
voyez la hausse : de 1, 6, 7, 4 à 1, 8, 4, 6, cette année-là. Mais, grosso
modo, on essaie... On est conscients que, dans bien des cas, les services qui
sont rendus par ces organismes communautaires là coûteraient plus cher s'ils
étaient rendus par les services publics. Donc, on est très positif sur la
contribution du secteur communautaire au Québec. Et ça, ça s'est fait... Alors,
il n'y a pas de gestes qui ont été faits depuis le budget 2022-2023,
spécifiquement, pour le financement à la mission, mais il y a eu un coup de
barre qui a été donné au budget 2022-2023.
M. Thouin : Très bien. Est-ce
qu'il me reste du temps?
Le Président (M. Simard) : Oui,
tout à fait, il vous reste 4 minutes, cher collègue.
M. Thouin : Merveilleux!
Bien, j'aurais peut-être une dernière question. Je vais vous amener sur l'amélioration...
M. Thouin : ...l'amélioration
de la rente de retraite pour les accidentés du travail. On a l'année passée...
Je ne connais pas bien ce dossier-là, mais on avait eu quand même beaucoup
de... tu sais, beaucoup de gens nous avaient interpelés, là, dans les deux
années précédentes, je pense, avec cet enjeu-là, que vous avez réglé avec le
budget de l'année passée. Mais là, cette année, vous allez un peu plus loin
avec, si je ne me trompe pas... C'est-tu lésion professionnelle? Là, il me
semble que j'ai vu... Lésion professionnelle, tout à fait. Donc, ça,
pouvez-vous nous expliquer un peu c'est quoi, la démarche, bien comprendre
qu'est-ce que vous avez fait, c'était quoi qu'il y avait avant l'année passée,
qu'est-ce que vous avez fait l'année passée comme geste, qu'est-ce que ça a
changé dans le quotidien du monde puis ce que vous faites cette année qui nous
mène encore plus loin dans cette démarche-là, s'il vous plaît?
M. Girard (Groulx) : Ça,
c'est une question très complexe, là. On a combien de temps, M. le...
Le Président (M. Simard) : Trois
minutes.
M. Girard (Groulx) : Trois
minutes. Alors, l'an dernier, les personnes qui étaient en situation d'invalidité
avaient une pénalité au niveau de leur rente de retraite qui pouvait atteindre
jusqu'à 30 % de la rente, et puis il y avait un geste qui avait été fait
pour compenser 10 % il y a quelques années, et puis, l'an dernier, au
budget, on a fait le dernier effort pour que les gens qui sont en situation
d'invalidité n'aient pas... n'aient plus à souffrir de cette pénalité. Alors,
on a... Il y a plusieurs députés qui avaient été interpelés sur le sujet,
notamment la députée de l'opposition qui est présente ici, mais effectivement,
tous les députés à leurs comtés... C'était une mesure pour renflouer le RRQ,
qui datait de l'époque de M. Bouchard, alors que le régime des rentes était en
grande difficulté. Je vous dirais qu'on peut être fiers d'avoir changé ça. Mais
ce n'est pas à nous de juger, là, du contexte dans lequel ces changements-là
avaient été faits. La situation était extrêmement difficile dans les années où
M. Bouchard était le premier ministre au niveau du régime des rentes. Dans ce
budget-ci, on parle des accidents de travail, alors c'est la CNESST. Dans le
régime des rentes, on ne traite pas de la même façon ceux qui ont des
invalidités permanentes de ceux qui ont des invalidités temporaires. Alors, on
traite mieux ceux qui ont des invalidités permanentes. Et là on va mieux
traiter ceux qui ont des invalidités temporaires, leur rente ne sera plus
pénalisée. C'est un très beau geste mais qui est plus circonspect, dans le
sens... C'est 2 000 personnes, là. L'année passée, on touchait près
de 72 000 personnes.
• (16 h 10) •
M. Thouin : ...ma question en
équité. Merci.
M. Girard (Groulx) : C'est un
geste qui est plus petit et... mais qui est néanmoins important pour ces
2 000 personnes là.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Cher collègue de Rousseau, il vous reste une minute.
M. Thouin : Il me reste une
minute. Est-ce que mes collègues souhaitent intervenir pour la minute qui
reste? Non. Bon, bien, écoute, je pense, je n'ai pas de question...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Très bien. On va poursuivre au bloc suivant.
M. Thouin : ...juste vous
remercier, simplement, pour l'exercice, c'est très apprécié.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme la députée de Verdun, vous disposez d'environ 18 minutes.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. J'allais rebondir en fait sur la question de la bonification de
l'arrimage de la CNESST et de la RRQ. Vous avez dit : Bien, touche
2 000 personnes. On parle vraiment des invalidités temporaires.
Est-ce que... Cette mesure va-t-elle être rétroactive?
M. Girard (Groulx) : Non.
Non.
Mme Zaga Mendez : Et pourquoi
vous n'avez pas considéré une rétroactivité?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est très rare qu'on fasse des mesures rétroactives, là. Généralement, on fait
des ajustements de manière prospective parce qu'il... C'est l'entente qu'il y a
entre le régime des rentes et la CNESST, et il faut faire cet ajustement. Bien,
il faut bien comprendre que la CNESST va compenser le régime des rentes et donc
a les sommes disponibles pour le faire. Alors, si elle a les sommes pour le
faire prospectivement, elle n'a pas nécessairement les sommes pour le faire
rétroactivement. Évidemment, «rétroactivement», ça peut être extrêmement
dispendieux, puisque c'est des situations qui perdurent, j'imagine, depuis
l'existence de la CNESST.
Mme Zaga Mendez : Oui.
Concernant cette mesure, en fait, plusieurs groupes qui militent sur cet enjeu
nous proposent plutôt que la CNESST verse les cotisations au RRQ, qui auraient
autrement été versées par les personnes...
Mme Zaga Mendez : ...pourquoi
on n'a pas exploré cette avenue-là?
M. Girard (Groulx) : Mais il
y a toutes sortes de menus qui sont explorés. Je dois vous avouer que je ne
suis pas actuaire et que je ne peux pas me substituer au travail qui a été fait
par les actuaires de la CNESST, de Retraite Québec, du régime des rentes. Mais
la solution qui est proposée est celle qui est qui a été recommandée par les
spécialistes de ce domaine.
Mme Zaga Mendez : Merci. On
va... Je vais aller sur un autre sujet concernant les... J'imagine que vous
connaissez les déductions pour petite entreprise...
M. Girard (Groulx) : Oui.
Mme Zaga Mendez : ...qui est
la chaire de recherche, on parlait tout à l'heure un peu en fiscalité, en
finances publiques. L'Université de Sherbrooke a proposé de réformer la DPE de
la façon suivante... Là, je ne sais pas si vous avez vu leur proposition, vous
la connaissez déjà. Donc, la question, c'est de voir pourquoi on n'est pas allé
dans la direction de ce qui est proposé par la Chaire de recherche en fiscalité
et finances publiques.
M. Girard (Groulx) : Ce n'est
pas votre question, mais je vais vous donner une réponse à une question que
vous aviez plus tôt. Juste pour vous dire que Goldman Sachs a confirmé le
chiffre d'approximativement 6 % comme tarif moyen qui s'applique au
Canada. Donc, on a deux institutions financières qui parlent d'un chiffre de
6 % en moyenne.
Mme Zaga Mendez : On ira
regarder ça. Merci pour la référence.
M. Girard (Groulx) : Et, bon,
la chaire en fiscalité, ils font un travail remarquable. Il y a des chercheurs
de grande qualité, mais, des fois, ils arrivent avec des recommandations qui
sont difficilement applicables dans le monde politique. Alors, par exemple, la
chaire en fiscalité suggère constamment d'indexer la taxe sur l'essence, ils
disent ça continuellement. Mais, moi, ma boîte vocale est pleine de téléphones
de gens qui veulent baisser les taxes sur l'essence. Ça fait que la chaire, ils
sont dans leur chaire, ils font des études, mais, moi, des fois, je suis obligé
de leur dire : Présentez-vous aux élections. Proposez-la, la hausse de
taxe sur l'essence. Vous allez voir, vous n'aurez pas la chance de la mettre en
application.
Mme Zaga Mendez : Mais
j'entends que vous recevez des messages là-dessus. Je vous ramène sur la
proposition.
M. Girard (Groulx) : Sur la
DPE.
Mme Zaga Mendez : Oui.
M. Girard (Groulx) : Bon,
eux, ils disent : Il n'y a pas de raison pourquoi les petites entreprises
paient un taux d'imposition plus faible que les grandes entreprises. Ça fait
qu'ils suggèrent d'augmenter le taux de taxation des petites entreprises. Il y
a 200 000 petites entreprises au Québec. Si on arrive puis on fait ça, bien, on
pourra se vanter du concept d'équité parce que les entreprises paieront tous le
même taux, indépendamment de leur taille. Mais il n'y a pas grande de ces
entreprises-là qui vont dire que le gouvernement est soucieux des petites
entreprises. Bref, c'est une proposition théorique d'universitaire inapplicable
dans le monde réel dans lequel je suis, je vis. Est-ce que vous voulez me
parler de la DPPE au lieu de la DPE?
Mme Zaga Mendez : On parle de
moyennes entreprises de 200 000... qui présentent un revenu imposable de
200 000 plus ou...
M. Girard (Groulx) : C'est la
DPE, les petites entreprises qui paient quatre les grandes entreprises qui
paient 11,5... C'est-tu ça, 11,5 au Québec?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : 11,5.
Alors, la proposition, c'est de faire passer de 4 à 11,5. Ce n'est pas
particulièrement populaire comme proposition.
Mme Zaga Mendez : Mais, en ce
moment, peut-être je me trompe, là, ou... en ce moment, on atteint... Le taux
est à 500 000... jusqu'à 500 000. C'est juste devoir l'augmenter jusqu'à 200
000.
M. Girard (Groulx) : Oui, il
y a toutes sortes de critères en fonction des revenus, en fonction du capital,
les critères pour payer le petit taux, là. Est-ce qu'on pourrait me les
ressortir? Je vous trouve ça. Continuez avec votre question, mais c'est moins
de 15 millions de capital et 500 000 de revenus.
Mme Zaga Mendez : De revenus,
exact.
M. Girard (Groulx) : 15
millions et moins de capital. Le premier, 15 millions de capital et moins, le
premier 500 000 est au petit taux.
Mme Zaga Mendez : O.K. Mais
on pourrait aller chercher... dégager des... des dépenses fiscales si on est
capable de changer le taux, par exemple, à 200 000, êtes-vous d'accord?
M. Girard (Groulx) : On irait
chercher beaucoup d'argent sur une proposition, d'un point de vue des revenus
fiscaux, c'est un... sauf que vous allez avoir beaucoup d'entreprises qui ne
vous aimeront pas beaucoup.
Mme Zaga Mendez : J'aimerais
aller... Là, on touche à la question des revenus. On explore des façons d'aller
chercher des revenus, là, on explore...
M. Girard (Groulx) : ...c'est
peu... Explorons. Allons-y ensemble.
Mme Zaga Mendez : Explorons.
Alors, vous m'avez peut-être entendue parler puis vous avez entendu parler des
propositions concernant... bien, créer, en fait, l'imposition sur un patrimoine
qui sont très élevés, là, on parle des... pas les gens qui ont une maison ou un
chalet, mais on parle des personnes qui ont du patrimoine qui... dans les
milliards, voire 500 millions et plus. Pourquoi ne pas se pencher vraiment sur
les impôts sur les fortunes comme ça se fait ailleurs? En France, en ce moment,
il y a tout un débat là-dessus, ça se fait en Espagne. Il y a déjà d'autres
lieux dans lesquels on va chercher des sommes assez importantes en imposant un
nombre très restreint d'individus et qui possèdent déjà un capital qui leur
permettrait, en fait, de continuer à faire leurs activités économiques. On
n'est pas contre le fait qu'ils s'enrichissent, mais avec, mettons, des taux
d'imposition de 2 %... en tout cas, nous, on a... nous avons déjà eu la
chance de présenter, puis vous avez sûrement lu des études qui ont été publiées
là-dessus. Donc, j'aimerais ça explorer et voir avec vous, là, qu'est-ce que
vous pensez de ce type de mesure.
M. Girard (Groulx) : Bien,
tant que je vais être ministre des Finances, il n'y aura pas de taxe sur le
patrimoine, là. On a déjà la taxe sur le gain de capital au Canada. Et, lorsque
vous décédez, on présume une disposition complète de vos actifs, c'est-à-dire
que vous payez le gain de capital sur votre patrimoine. Alors, ça existe déjà
sous un autre nom. Et, d'un point de vue fiscal, le Québec n'aspire pas à être
la France, là. Il y a des domaines dans lesquels on aimerait être la France,
pas la fiscalité.
• (16 h 20) •
Mme Zaga Mendez : Mais il
existe déjà des taxes sur le patrimoine. Êtes-vous contre ça? Elle existe déjà,
en ce moment, là, c'est la taxe...
M. Girard (Groulx) : La taxe
sur le gain de capital. C'est l'équivalent...
Mme Zaga Mendez : La... sur
le gain en capital, mais on a aussi les taxes foncières. C'est... Ça s'applique
de façon, comme on appelle...
M. Girard (Groulx) : Exact.
Mme Zaga Mendez : ...à tout le
monde, la... qu'on appelle un peu plus les impôts sur la fortune, ça n'inclut
pas seulement les biens, les actifs ou les capitaux immobiliers, on... ça
inclut également d'autres formes d'accumulation. J'entends que, tant que vous
êtes ministre des Finances, vous n'allez pas le faire, mais quelle est votre...
est-ce que vous êtes d'accord que c'est une façon d'aller chercher de l'argent
plus juste qu'en imposant des gens qui travaillent ou en imposant des personnes
en allant... en ne cherchant pas le revenu, par exemple?
M. Girard (Groulx) : Bien,
vous dites que je suis d'accord, mais, en fait, je ne suis pas d'accord, parce
qu'on a déjà l'impôt sur le gain de capital, donc je ne favorise pas une double
taxation des avoirs des individus ou des entreprises.
Mme Zaga Mendez : Est-ce
que...
Une voix : ...
Mme Zaga Mendez : Je ne sais
pas si vous voulez compléter, là... Excusez-moi.
M. Girard (Groulx) : Elle me
soulignait ce que j'ai déjà dit, qu'au décès il y a disposition présumée de vos
biens et que vous payez le gain de capital.
Mme Zaga Mendez : Nous, ici,
on est là pour explorer aussi d'autres façons d'aller chercher le revenu. C'est
une des... C'est un des... des fois, un des angles morts, là, quand on regarde
l'écart entre les dépenses puis les revenus dans nos budgets et ça pourrait
venir aider.
M. Girard (Groulx) : Mais je
suggère que ce serait une double taxation du patrimoine, qu'on a déjà une forme
de taxation du patrimoine au Canada qui s'appelle le gain de capital.
Mme Zaga Mendez : Mais, d'un
autre côté, on regarde, c'est que c'est n'est pas une double dans le sens qu'il
y a plusieurs actifs qui ne sont pas... c'est la... c'est le fait de
l'accumuler jusqu'à un certain montant, et ça, ça n'existe pas. On n'est pas en
train d'aller chercher un double, c'est juste les gains d'un côté, ce n'est pas
le fait d'avoir... avoir obtenu ce nombre d'actifs là à ce type de valeur là.
M. Girard (Groulx) : Le seul
actif qui n'est pas taxé, c'est la résidence principale, et je ne supporte pas
non plus la taxation de la résidence principale.
Mme Zaga Mendez : On a les...
On... Donc, on va continuer à explorer peut-être dans d'autres occasions.
M. Girard (Groulx) :
Explorons.
Mme Zaga Mendez : Moi, je n'ai
aucun problème avec ça. Je vais revenir sur d'autres questions concernant le
budget. Le recours au fonds de suppléance, c'est... je ne vois pas la page
directement, mais le budget indique que les sommes prévues pour 2025-2026
seront pourvues à même le fonds de suppléance. C'est pour diverses mesures qui
sont dans le budget. Pourquoi c'est ainsi?
M. Girard (Groulx) : Bien, ça
permet un meilleur suivi des dépenses, c'est-à-dire qu'il y a une portion des
crédits qui vont au fonds de suppléance, ce qui permet, durant l'année, au
Trésor de faire une double vérification avant que cet argent-là soit dépensé.
Ça fait que c'est comme une saine gestion des finances publiques. Plutôt que
d'accorder 100 % des sommes aux ministères et organismes, le Trésor garde
des sommes au niveau du fonds de suppléance qui sont accordées en cours
d'année.
Mme Zaga Mendez : Puis
comment ceci nous avantage...
Mme Zaga Mendez : …en quoi
c'est avantageux fiscalement?
M. Girard (Groulx) : Pardon?
Mme Zaga Mendez : C'est quoi,
l'avantage de faire ce type de…
M. Girard (Groulx) : Bien,
l'avantage de faire ça, c'est que, par exemple, supposons… Est-ce que je vais
prendre cet exemple-là? Supposons que vous envoyez de l'argent dans une
commission scolaire et qu'une fois que l'argent est rendu, la commission
scolaire décide d'utiliser l'argent pour autre chose que l'argent pour lequel
les fonds ont été octroyés. Bien là, le Trésor n'a pas les moyens de s'assurer
que l'argent va là où les sommes étaient dédiées. Alors, tandis qu'en faisant
une demande d'autorisation en cours d'année pour des sommes, bien là, la
première question qui est posée, c'est : Pourquoi avez-vous besoin de ces
sommes? Puis là, par exemple, un ministère et organisme peut dire : Bien,
pour les crédits que vous m'avez octroyés pour telle mission. Puis là, à ce
moment-là, c'est accordé, mais, si la réponse était : Parce qu'on a eu une
bonne idée dans la dernière année puis on aimerait dépenser dans un nouveau secteur,
bien là, le trésor peut dire : Non, merci.
Mme Zaga Mendez : Donc, vous
utilisez les fonds de suppléance pour certaines mesures pour avoir un meilleur
contrôle des dépenses.
M. Girard (Groulx) : C'est une
mesure de gestion des dépenses, contrôle, c'est un mot qui pourrait être perçu
péjorativement, mesure de gestion de dépenses.
Mme Zaga Mendez : Là aussi, on
peut faire un grand débat parce que dans les sommes qu'on est en train de
donner… puis, en fait, vous m'amenez là-dessus… Combien de temps que j'ai…
Le Président (M. Simard) :
Cinq minutes.
Mme Zaga Mendez : Cinq
minutes. Parce que vous avez parlé des sommes, des dépenses. On a eu, lors des
crédits provisoires, la semaine passée, un échange concernant le tableau qui
est dans la page F-43, là, qui est le taux de croissance des revenus. Puis
vous m'avez dit que, pour comprendre les variations de pourcentage, il fallait
voir dans les budgets, par exemple, 2024-2025… pardon, dans les crédits de
2024-2025, qu'il y avait des sommes qui étaient non récurrentes. Il y a des
sommes qui sont récurrentes. Moi, ma question, dans le tableau qu'on voit à la
page F-43, dans la colonne 2025-2026, est-ce qu'il y a, dans ces
dépenses-là, des sommes qui sont non récurrentes?
M. Girard (Groulx) : Pas
spécifiquement. Parce que les principales sommes de 2024-2025 étaient
rattachées au retard au… au plan de rattrapage scolaire suite aux grèves. Et
puis, là, il y a eu des devancements au niveau du ministère de la Famille. Et,
bien là, il y a eu les inondations. Alors, s'il y avait d'autres inondations…
Mais, s'il y a d'autres inondations, il y aura des dépenses supplémentaires.
Donc, elles ne sont pas… je dirais, en général, non, peut-être qu'il faudrait
passer ligne par ligne, là, puis qu'on pourrait trouver des sommes qui
pourraient être identifiées comme non récurrentes, mais je dirais en général,
non.
Mme Zaga Mendez : Si je vous
pose la question, c'est pour être capable de comparer et d'avoir un point de
référence quand vient le temps de discuter des variations en termes de
pourcentage. Parce que, quand je vous ai posé la question avec le tableau, vous
me dites… dites : Bien, c'est normal que le taux… le pourcentage diminue,
parce que, si je le compare auparavant… mais il y avait des sommes qui étaient
non récurrentes, et là on est dans des sommes qui sont récurrentes. Donc, c'est
juste pour avoir des points… de comparer des pommes avec des pommes.
M. Girard (Groulx) : C'est
très important ce que vous faites. C'est très bon.
Mme Zaga Mendez : …pour bien
comprendre, parce que mon point de référence et ce que j'ai ici, c'est la
variation en pourcentage. Donc, je veux bien utiliser, dans nos débats… parce
que vous allez dire que je vous attaque d'être dans l'austérité, mais c'est
parce qu'en regardant cette colonne-là, on voit qu'il y a une diminution, le
pourcentage diminue, et, si on le compare avec le besoin dans le secteur, il
est… il est moindre. Mais vous m'avez répondu : C'est… la diminution, elle
est due aux dépenses parce qu'on ajoute les dépenses qui sont non récurrentes.
M. Girard (Groulx) : Oui,
bien, parce qu'un taux de croissance, c'est un numérateur sur un dénominateur.
Puis je vous ai dit que, dans le dénominateur, il y avait des sommes non
récurrentes qui affectaient le taux de croissance. Mais c'est comme… je peux…
je vais prendre 10 secondes, là, parce que je ne veux pas prendre… le
député, mais j'entendais un animateur de radio cette semaine dire : Bien
là, ça n'a pas d'allure, en santé, la croissance moyenne des dépenses, c'était
7 %. Puis, l'an prochain, ça va être trois, ça fait que ça n'a pas
d'allure. Mais je veux juste faire attention avec les moyennes puis les taux de
croissance, là, dans…
M. Girard (Groulx) : ...le
7 %, en moyenne, de croissance de dépenses en santé. Il y a une année à
20 %, l'année 2021, là. Ça fait qu'il faut faire attention avec les taux
de croissance puis les moyennes de taux de croissance, puis on ne peut pas
gérer un État avec des taux de croissance.
Mme Zaga Mendez : ...puis je
sais qu'il ne me reste pas beaucoup de temps. Je pense qu'on va voir la chance
de débattre là-dessus.
M. Girard (Groulx) : Ça va me
faire plaisir.
Mme Zaga Mendez : J'ai une
demande à vous faire, c'est : Est-ce possible, peut-être dans une
prochaine... une discussion, de voir la colonne de 2025-2026 en enlevant ou...
en nous donnant un aperçu de ce qui est récurrent, ce qui est non récurrent? Je
comprends le fait qu'on prête beaucoup d'attention aux variations en
pourcentage, mais c'est l'outil qu'on a en ce moment pour comparer les
investissements qu'on a en santé, en éducation, et c'est là-dessus que
l'ensemble des acteurs se base pour savoir si on répond ou pas aux besoins dans
les secteurs.
M. Girard (Groulx) : Alors,
pour se préparer pour cette discussion qui sera existante, je vous conseille de
lire les notes de bas de page disponibles à F.42.
Mme Zaga Mendez : On va
commencer par là et on va revenir avec des questions. Je vous remercie, M. le
Président. Je ramènerais le temps pour plus tard.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, merci à vous, chère collègue de Verdun.
Alors, compte tenu de l'heure, nous allons
ajourner nos travaux à mardi prochain, le 8 avril. Bon week-end à tous.
(Fin de la séance à 16 h 30)