Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
(Reprise à 12 h 03)
Le Président (M. Simard) :
Alors, voilà. Chers collègues, nous sommes en mesure de reprendre nos travaux.
Des discussions fort constructives ont eu lieu. À ce stade-ci, je vais laisser
la parole au ministre afin qu'il puisse peut-être reprendre en quelque sorte l'esprit
général du projet de loi dans lequel nous sommes.
M. Bélanger : Merci, M.
le Président. D'entrée de jeu, je veux, je veux saluer ma collègue. J'ai hâte
de travailler avec vous. C'est mon baptême aujourd'hui, quand même. Je veux
saluer mes collègues aussi. Première question au salon rouge ce matin. Et puis
là c'est le premier projet de loi, quoique j'y ai participé, j'ai fait deux
articles lors de l'étude... de l'étude détaillée. Puis je vais quand même parce
qu'on a eu des discussions hors ondes, je veux quand même partager ma vision du
projet de loi parce qu'on sait ce qui se passe actuellement en Amérique,
surtout au sud du Québec. Ça rend un peu la situation en termes stratégiques,
économiques très, très variable. Et puis je suis très ouvert à l'évolution
de... Je ne veux pas dire l'évolution du projet de loi, mais s'il y a certaines
bonifications qui peuvent être faites. On parlait justement ce matin d'enjeux,
peut-être, de souveraineté. Et puis, un petit peu plus tard, là, j'aurai des
choses à vous, à peut-être présenter à ce niveau-là, mais moi, j'aimerais
beaucoup que la continuité se passe dans la cordialité. Et j'invite aussi mes
collègues, s'ils ont des commentaires, des commentaires pour faciliter l'échange,
parce que je pense que ce qui est important, c'est l'échange, que l'échange
soit constructif, qu'on arrive en bout de ligne avec un projet de loi qui est
intéressant, qui prend en compte les objectifs que nous avons, mais où tout le
monde est satisfait. Fait que moi, mon objectif, c'est qu'à la fin, à la fin de
l'étude détaillée, là, que vous ayez le même sourire que vous avez
habituellement, puis idem dans mon cas. Ça fait que, sur ce, je vous passerai
la parole parce que si vous avez aussi, en introduction, si vous avez des
questions, bien je suis très ouvert à y répondre.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Chère collègue. Souhaitez-vous intervenir à ce stade-ci?
Mme Setlakwe : Oui,
certainement, M. le Président. Merci. Et bien, félicitations à vous, M. le
ministre. Bienvenue dans vos nouvelles fonctions. Ça fait déjà quand même un
certain nombre de semaines. Et oui, tout de suite, je vais vous rassurer que de
ce côté-ci, fidèle à mon habitude, je pose des questions, mais je souhaite
collaborer avec vous et apporter une contribution constructive à l'étude de ce
projet de loi là, le 82. On avait déjà fait un bon bout de chemin avec votre
prédécesseur. Il y a plusieurs questions qui ont été posées, plusieurs enjeux qui
ont été identifiés. Et puis, lorsqu'on a interrompu l'étude du projet de loi, à
mon sens, il y avait des questions qui demeuraient en suspens, il y avait des
enjeux qui, encore une fois, selon moi, selon... J'étais accompagnée de ma
collègue, la députée de La Pinière et aussi d'autres collègues qui sont venus à
l'occasion des autres oppositions. Et donc ces enjeux qui avaient été
identifiés et pour lesquels, à notre sens, il y avait... qui nécessitaient une
réflexion et qui auraient dû ou qui devraient mener à des amendements au projet
de loi. Et puis donc, soyez assuré, là, que...
Mme Setlakwe :
...de
notre côté, on souhaiterait continuer les discussions pour en arriver
effectivement à une bonification du projet de loi. Puis j'aimerais vous
entendre aussi, là. Vous, vous êtes... Vous êtes donc installé dans vos
fonctions depuis un certain nombre de semaines. Vous vous êtes certainement
approprié, vous avez... vous avez étudié le projet de loi. En fait, oui, on
vous a entendu d'ailleurs sur le bloc sur les télécommunications, mais là, vous
êtes... Maintenant, ce projet de loi vous appartient, vous vous l'êtes
approprié, et c'est vous, maintenant, qui le portez. Donc, on aimerait
évidemment vous entendre sur les enjeux qui ont été... qui ont été discutés, je
pense notamment, puis vous l'avez évoqué, à la question de la souveraineté
numérique, plus précisément, là, la question de ces données sensibles des
Québécois, les plus sensibles. On comprend qu'elles sont catégorisées, mais
comment rassurer les Québécois que les données, les informations les plus
sensibles, seront hébergées de façon sécuritaire, idéalement ici au Québec.
Comment est ce qu'on peut... Je peux poursuivre M. le président?
Le Président (M. Simard) :
...
Mme Setlakwe : Oui, oui.
Le Président (M. Simard) :
...un temps équitable, là, sinon on va rentrer dans 10.7 maintenant.
Mme Setlakwe : Bien sûr,
j'achève. Donc, c'est la question de la souveraineté numérique, l'hébergement sécuritaire
des données. Je serais curieuse de savoir si, dans les premières semaines, vous
aviez consulté des experts et pour vous, pour alimenter votre réflexion. Et le
deuxième volet, je pense, qui était le plus, l'enjeu le plus important, c'est
la question de la gouvernance, s'assurer que les bonnes rééditions de comptes
soient faites, que les bonnes informations soient transmises aux décideurs, là,
dans le cadre de ces grands projets numériques.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup. Alors, nous allons, bien sûr, reprendre l'étude de
l'article 10.7 et simplement, pour votre gouverne, chère collègue, le
temps que vous aviez pris pour 10.7 comme tel est, est complet et vous pouvez
poursuivre l'étude de 10.7, mais ce sera un temps de débordement, comme on le
dit, par rapport à l'article 6 en général. Et puis vous auriez à cet
égard, pour l'ensemble de l'article 6, un temps de débordement de près de
neuf minutes.
M. Bélanger : Est-ce que,
est-ce que vous m'autorisez à répondre brièvement aux questions de ma collègue?
Le Président (M. Simard) :
Bien, je préfère que vous puissiez le faire lors de chacun nos articles, sinon
ça va impliquer... Comprenez-vous?
M. Bélanger : Donc, vous
préférez qu'on continue au niveau de 10.7?
Le Président (M. Simard) :
C'est ça, qu'on reprenne à 10.7 et puis, en temps et lieu vous serez à même de
pouvoir peut-être passer certains messages à la ministre... à votre collègue, c'est-à-dire.
M. Bélanger : Parfait. Je
vous suis.
• (12 h 10) •
Le Président (M. Simard) :
Donc, y a-t-il des commentaires sur 10.7 ou sinon vous souhaitez passer.
Mme Setlakwe : On est
dans un temps de débordement? C'est parfait, oui.
Le Président (M. Simard) :
...oui, tout à fait.
Mme Setlakwe : Bien, je
pense que je peux rattacher une des questions qu'on a... que j'ai mises de
l'avant. Puis j'ai vraiment senti une ouverture du ministre qui souhaite
répondre à ces questions. Donc, allons-y, je vais me... je vais me rattacher à
10.7 premier... On est dans le deuxième alinéa, premier paragraphe la
conservation sécuritaire des données. Quel est... Quelles sont les réflexions
du ministre à ce sujet là? Donc...
M. Bélanger : Bien,
justement, M. le Président, pour répondre à... pour répondre à ma collègue, je
veux revenir à vos questions un petit peu plus tôt, là. Ça fait cinq semaines.
En cinq semaines, j'ai passé pas mal de temps à... pas mal de temps à regarder
tous les projets. J'ai regardé le projet de loi, j'ai analysé la situation et
aussi ce qui se passe du côté américain et consulté des experts, etc. Je ne dis
pas que j'ai les réponses à tout actuellement puisque c'est toujours... c'est
toujours évolutif, mais je comprends les enjeux sensibles et puis je veux
réconforter ou, en tout cas, sécuriser les Québécois au niveau des données
sensibles parce qu'on a déjà des infrastructures en place au niveau d'un nuage,
d'un nuage souverain gouvernemental. Donc, on a déjà cette capacité-là. Est-ce
que nous avons en main tous les outils pour définir le niveau de sensibilité
des données? Je crois que oui, et ils doivent être bien appliqués. Est-ce que
les ententes que nous avons assurent que les données sensibles sont hébergées?
Parce que là, je ne veux pas déborder dans le Cloud Act et puis... Mais c'est
une préoccupation, c'est une préoccupation que j'ai. Et justement parce que
vous parliez de gouvernance en termes de... en termes de gestion de projet, les
différents organismes gouvernementaux qui sont... qui font face à des transformations
numériques, comment on peut assurer une meilleure gouvernance...
M. Bélanger : ...comment on
peut être plus proactif versus être réactif. Dans le cas de SAAQclic, c'était
peut-être réactif, comment on peut être plus proactif? Et puis au niveau des
données, la sensibilité des données, quelle est la stratégie que nous avons? Et
nous avons une stratégie, on a une stratégie au niveau des... au niveau des
données sensibles. Et ça me permet d'introduire, justement, deux... deux
amendements qu'on voudrait proposer, deux amendements, M. le Président, qu'on
serait prêt à déposer.
Le Président (M. Simard) : 10.7?
M. Bélanger : À 10.7... À
15... 15.1, 15.2.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Bélanger : Mais c'est
quand même en lien avec les questions que ma collègue, justement, posait.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Souhaitez-vous les acheminer au Greffier?
M. Bélanger : S'il vous
plaît, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, on va les transmettre. Donc, nous allons poursuivre, bien sûr, nos
échanges sur 10.7, si tant est qu'il y ait d'autres commentaires.
M. Bélanger : Je ne sais pas
s'il y avait d'autres... d'autres amendements à 10.7 ou si on continuait avec
10.8. À ma connaissance... Est-ce qu'il y a d'autres amendements à proposer
ou...
Le Président (M. Simard) : Bien,
en fait, à ce stade-ci, c'est très pertinent, ce que vous dites, M. le
ministre, parce que notre collègue de Maurice-Richard, bien sûr, nous avait
déposé... que je le salue, d'ailleurs, nous avait déposé un amendement, vous
vous souvenez, cher collègue, et je ne sais trop si... Nous en avions suspendu
l'étude, et tout ça, bien sûr, remonte à il y a plusieurs semaines, et c'est un
peu loin dans les mémoires de tous et chacun, mais néanmoins, cher collègue,
par curiosité, souhaitiez-vous...
M. Bouazzi : Si mes collègues
sont prêts à l'étudier, je suis tout à fait prêt à le défendre.
Le Président (M. Simard) : Vous
souhaitiez revenir sur l'étude de l'amendement.
M. Bouazzi : Oui.
Le Président (M. Simard) : Donc,
il y aurait consentement pour ce faire? Il y aurait consentement? Très bien, il
y a consentement. Conséquemment, cher collègue de Maurice-Richard, nous allons
remettre, bien sûr, à l'écran cet amendement.
Et on va suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 12 h 14)
(Reprise à 12 h 19)
Le Président (M. Simard) : Bien,
chers collègues, à ce stade-ci, je cède la parole à notre collègue de
Maurice-Richard. Cher collègue, auriez-vous d'abord peut-être l'amabilité de
nous relire votre amendement, s'il vous plaît?
M. Bouazzi : Oui, et peut-être
je prendrai juste quelques secondes avant, et je m'en excuse, d'abord pour
m'excuser d'être arrivé un peu plus tard, parce que je suis sur le projet de
loi n° 69, et malheureusement, le don d'ubiquité, malgré les avancées du
numérique, ne semble toujours pas possible, et deuxièmement aussi de souhaiter
la bienvenue à M. le ministre. Je suis vraiment très heureux de reprendre ce
projet de loi avec vous, M. le ministre, et j'espère une collaboration
constructive. Et vous savez l'amour que j'ai pour la transition numérique du
Québec. Et donc, nous y voilà.
Cet amendement, je pense qu'il est
important, et donc il va comme suit : À l'article 17 de la Loi sur le
ministère de la Cybersécurité et du Numérique, introduit par l'article 6
du projet de loi, insérer, au paragraphe 1° du deuxième alinéa, après les mots
«conservation sécuritaire,», les mots «sur le territoire du Québec,».
Donc, l'idée, c'est de dire : «la
conservation sécuritaire, sur le territoire du Québec, pour le compte d'un
organisme public, de tout parti ou de... de tout ou partie de ces données».
Donc, M. le ministre, vous n'êtes pas sans
savoir qu'il y a des questions de souveraineté numérique vraiment importantes
en ce moment qui se posent plus que jamais, que les compagnies de... infonuagiques
étrangères peuvent être soumises à des législations... des législations
d'autres États, les États-Unis étant... ayant la... le Cloud Act. Je vais
peut-être m'excuser aux collègues, je m'excuse, j'ai du mal à me concentrer. Au
Cloud Act, qui fait en sorte que le gouvernement américain a le droit de
demander l'accès à des données qui sont sur des compagnies infonuagiques, pour
ne pas les nommer, donc, AWS de Amazon ou Azure de Microsoft. Et évidemment,
c'est des données terriblement sensibles, c'est une question de souveraineté,
et donc on tient beaucoup à ce que les données des Québécoises et des Québécois
restent au Québec.
• (12 h 20) •
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. M. le ministre, souhaitez-vous peut-être commenter?
M. Bélanger : S'il vous
plaît, oui. Moi, je trouve ça très restrictif, «sur le territoire du Québec».
Je vais vous expliquer pourquoi, c'est mon opinion. À l'heure actuelle, nous
devons, au Québec, revoir nos... revoir nos stratégies économiques, nos stratégies
de partenariat et avec ce qui se passe aux États-Unis, entre autres. Le Cloud
Act donne des pouvoirs sur des données qui sont entreposées ailleurs qu'aux
États-Unis, mais par une entreprise...
M. Bélanger : ...américaine
qui peut avoir un siège social dans un autre pays, tout ça. Mais actuellement,
nous avons des discussions avec le reste du Canada pour faire des ententes
entre les provinces, des ententes économiques entre les provinces. Nous avons
des discussions avec l'Union européenne et des ententes de collaboration. Ça
fait que je ne voudrais pas non plus fermer la porte parce que, dans certains
cas, exemple lorsqu'on arrive à l'intelligence artificielle, lorsqu'on arrive à
des solutions de gain de productivité, où on veut utiliser des données avec des
algorithmes... Et je donne un exemple où il pourrait y avoir des chercheurs en
Europe ou dans d'autres provinces qui veulent consulter des données qui sont
considérées sensibles, il y a toujours des moyens pour sécuriser ces
données-là, que ce soit par un cryptage avec des... avec des clés d'accès.
Mais je trouve que le territoire
québécois, oui, au niveau de l'infrastructure, peut être un gage de
souveraineté de l'infrastructure, mais n'est pas une garantie, n'est pas une
obligation au niveau de la souveraineté des données, tant que ce n'est pas aux
États-Unis. Mais moi, je veux me garder l'ouverture d'être capable d'avoir des
données, même si elles sont sensibles, hors du Québec, tout en ayant un
contrôle avec des ententes entre... que ce soit entre des provinces ou entre
des pays, qui permet et qui garantit aux Québécois d'avoir... d'avoir une
sécurité au niveau de l'accessibilité de ces données-là.
Puis, sur ce, bien, j'ai deux amendements,
puis justement, un des deux amendements, qui, je crois, est le 15.2, touche,
justement, l'aspect de souveraineté... souveraineté et de stratégie au niveau
de la souveraineté et, justement, des données... des données sensibles.
Peut-être que je pourrais déposer ces deux amendements-là, qui vont venir dans
le temps parce que c'est des articles plus loin, mais qui peuvent probablement
répondre à votre amendement sur le 10.7.
M. Bouazzi : Je propose deux
choses. D'abord, la dernière fois qu'on avait eu la conversation avec votre
prédécesseur, votre ministère était censé nous envoyer les documents qui
expliquent si on était... à quoi on était assujetti au juste par rapport aux
accords de libre-échange entre le Mexique, les États-Unis et le Canada dans
l'hébergement des données. Si ça... Si vous pouvez nous transmettre ces
données-là, ça nous aiderait. Deuxièmement, moi, je suis tout à fait ouvert, si
vous pouvez déposer les amendements, qu'on comprenne une petite pause pour les
étudier.
Le Président (M. Simard) : Bien,
vous lisez dans mes pensées, cher collègue, puisque les amendements du
ministre, tel qu'indiqué, sont déjà sur Greffier en ce moment. Alors, nous
pourrions, avec le consentement des collègues, avec un double consentement,
suspendre l'étude de votre... de votre amendement, suspendre l'étude de
l'article 10.7, et, toujours avec consentement, procéder tout de suite à
l'étude des amendements déposés par le ministre, si tant est que ce soit votre
souhait, M. le ministre.
M. Bouazzi : Bien, moi, ce
que je vous proposerais, c'est juste de suspendre quelques instants pour qu'on
lise les amendements, et puis... ensuite on...
Le Président (M. Simard) : On
regarde ça, c'est une très bonne suggestion.
Donc, nous allons suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 12 h 26)
(Reprise à 12 h 49)
Le Président (M. Simard) : Bien,
chers collègues, à ce stade-ci, nous allons poursuivre nos échanges sur l'amendement
déposé par notre collègue de Maurice-Richard. Alors, cher ami, auriez-vous d'autres
commentaires?
M. Bouazzi : Bien, oui,
alors, d'abord, je ne sais plus si c'était en ondes ou pas, et puis je ne veux
pas déformer vos propos, M. le ministre, mais vous aviez parlé de deux
problèmes, au-delà de d'autres dont on va parler devant la caméra, mais deux
problèmes. Un, c'était la restriction sur la question du territoire du Québec
au cas où on veut utiliser des infrastructures qui se retrouvent en Ontario,
par exemple, et un autre qui est la question du Cloud Act, qui est un vrai
problème de souveraineté numérique, qui s'applique aussi à l'extérieur des
frontières des États-Unis. Donc, une telle modification ne viendrait pas... ne
viendrait pas régler cette partie-là du problème. C'est bien ça?
• (12 h 50) •
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Bélanger : Merci, M. le
Président. Je pense que ce qui a été discuté, c'est l'enjeu restrictif du
territoire... du territoire du Québec. Et puis, si on regarde dans le temps...
Là, on parle du Cloud Act, il y a un enjeu actuellement avec... avec les
Américains, l'accès aux données... aux données sensibles à cause... à cause du
Cloud Act, même si ce n'est pas si facile à faire, la possibilité est quand
même là. Mais je veux... je ne veux pas me restreindre au territoire du Québec
uniquement, je veux garder la possibilité d'avoir des accords, que ce soit avec
l'Union européenne ou que ce soit avec d'autres... d'autres provinces.
Par contre, vous avez, en 15.2, une
stratégie... une stratégie souveraine qui assure, qui assure et qui permet, qui
donne le pouvoir, justement, d'assurer que les données sensibles, les données
sensibles, vont être dans un endroit sécuritaire, que cet endroit-là soit... et
souverain, que cet endroit-là soit au Québec ou ailleurs. Il faut différencier
entre l'infrastructure, qui est... qui est l'entrepôt des données, où les
serveurs, où les données sont entreposées. Et il faut comprendre aussi que le
Web, la connectivité où les données circulent, c'est mondial, qu'on peut
décider d'avoir un entrepôt de données à un endroit, si on décide d'utiliser
ces données-là, elles peuvent parcourir des millions de kilomètres de fibre
optique puis se promener un peu partout. Donc, vraiment, l'enjeu est... l'enjeu
souveraineté des données ne devrait pas être relié uniquement à l'endroit, l'État
ou le pays où elles sont entreposées. Pour le moment, on sait qu'il y a un pays
qui est hostile au niveau des données sensibles, c'est les États-Unis.
Le Président (M. Simard) : Cher
ami.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. J'entends une partie des arguments que je trouve convaincants. Et
donc nous avons envoyé un deuxième amendement, en fin de compte, pour prendre
en compte ce dont a parlé le ministre sur la question du Cloud Act sur le
territoire du Québec, et aussi l'idée de pouvoir élargir et pas seulement se
limiter...
M. Bouazzi : ...au Québec. Et
donc avec le consentement, c'est comme vous voulez, ou... ou on vote dessus, et
il tombe, ou avec le consentement je vais le retirer et je vais déposer un
autre amendement.
Le Président (M. Simard) : Tout
est possible. A priori, je vous dirais qu'on pourrait voter sur l'amendement
que vous avez déposé.
M. Bouazzi : Allons-y.
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Oui,
absolument, chère collègue.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Bien, juste pour compléter et puis dire au micro ce qui a été aussi
discuté hors ondes, moi, j'aimerais mieux saisir les... ce qui nous empêche au
niveau juridique aussi d'inclure ce libellé au paragraphe 1.
Le Président (M. Simard) : Alors,
avec consentement, Me Bacon pourrait-il...
Mme Setlakwe : Bien sûr...
Le Président (M. Simard) : ...pourrait-elle
intervenir à ce stade-ci? Donc, Me Bacon, bien que vous soyez une habituée de
nos travaux, auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter, s'il vous
plaît?
Mme Bacon (Nathalie) : Oui.
Bonjour, M. le Président. Nathalie Bacon, Direction des affaires juridiques
pour le ministère de la Cybersécurité et du Numérique. Alors, niveau juridique,
nous avions, là, pendant la pause, analysé la proposition du député de
Maurice-Richard et nous avions juridiquement, législativement, au niveau du
corpus québécois, trois enjeux. D'abord, avec le fait qu'on limite au
territoire du Québec, on a un enjeu en matière de contrats. Alors, on pense à
la Loi sur les contrats des organismes publics, qui est une loi que nous devons
respecter et qui a préséance. Deuxième loi, nous avons la loi sur l'accès.
Alors, vous avez l'article 70.1 de la Loi sur l'accès, qui prévoit qu'il
est possible de convenir d'ententes avec des juridictions extérieures
étrangères, dans la mesure... et c'est ce que dit l'article 10... 70.1 de
la Loi sur l'accès, dans la mesure qu'on a une protection adéquate. Alors, même
la loi sur l'accès, qui est une loi qui a préséance, prévoit la possibilité de
faire affaire avec une juridiction étrangère. Et notre troisième enjeu était,
vous savez, la possibilité des accords. Et là, dans le contexte où il y a quelque
chose au Sud, ça ne veut pas dire qu'il n'y a rien... que ce n'est pas possible
de transiger, mettons, avec d'autres provinces canadiennes ou ailleurs en
Europe. Alors, c'est un petit peu les enjeux qu'on avait. Donc, vous aviez une
disposition, une proposition d'amendement qui était restrictive et qui fermait
les marchés.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Oui, merci
beaucoup, Me Bacon, pour ces explications. Donc, on aurait... avec ces mots on
serait en contravention avec d'autres... d'autres textes de loi qui
s'appliquent. Juste revenir, je demanderais une précision sur... On a la loi
sur l'accès, qui prime, qui... sur cette loi-là, qui s'applique, qui nous
permet de faire affaire avec d'autres juridictions dans la mesure où on a accès
aux données. Juste préciser puis... de quelle façon avec... de quelle façon
est-ce que 70.1 et 10.7, deuxième alinéa, premier paragraphe pourraient
rassurer la population qu'on doit avoir accès et qu'on a une conservation
sécuritaire. Je pense qu'il faut lire les deux ensemble. Merci.
Mme Bacon (Nathalie) : Si
vous me permettez, 70.1 prévoit, justement, les mécanismes de protection. Dans
le mécanisme de protection, vous avez... je vais vous lire l'article, là, vous
m'excuserez, je vais citer l'article : «Avant de communiquer à l'extérieur
du Québec un renseignement personnel, un organisme public doit procéder à une
évaluation des facteurs relatifs à la vie privée.» Donc, ça veut dire qu'il y a
tout un processus, là, et c'est le mécanisme qui a été retenu à la loi sur
l'accès, l'évaluation de facteur EFVP, les lettres. Et on dit qu'«une
communication ne peut s'effectuer que si l'évaluation démontre que le
renseignement bénéficierait d'une protection adéquate». Alors, dans l'ancien
texte, avant la loi 25, le p.l. n° 3, là, auquel vous, les
parlementaires, avez participé, on parlait de protection équivalente. Donc, le
nouveau concept, c'est de protection adéquate qui est la même chose que la
protection équivalente. Donc, on s'attend à ce que nos cocontractants, s'ils
sont à l'extérieur du Québec... bien, qu'il y a une protection équivalente,
donc les mêmes protections que nous, sévères, hautement... pour les
renseignements hautement sensibles qu'on a selon l'évaluation de facteur.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée.
Mme Setlakwe : Merci. Donc,
70.1, merci de l'avoir lu, donc, nous oblige à faire cette évaluation, mais
est-ce qu'on peut dire qu'actuellement, dans le contexte qui malheureusement...
dans le contexte malheureux qu'on vit actuellement dans nos relations avec les
États-Unis, que ça nous amène à revoir cette évaluation et à peut-être revoir
nos façons de faire, parce qu'on considère que, là, il y a lieu de... il y a
lieu de se questionner sur... justement, sur le...
Mme Setlakwe : ...sur la
sécurité de nos données puis quelles sont les mesures que vous envisagez pour,
justement, renforcer la sécurité?
Le Président (M. Simard) : Oui,
alors, M. le ministre.
M. Bélanger : Bien, pour
renforcer la sécurité, nous avons déjà un nuage souverain gouvernemental. Il
existe, il est situé au Québec, et puis nous avons la possibilité d'y
entreposer des données qui sont sensibles. Maintenant, je ne veux pas
m'empêcher la possibilité d'avoir des sites miroirs au niveau de l'entreposage
de ces données advenant... puis je n'ai pas... je n'ai pas une boule de
cristal, mais advenant qu'il y ait un enjeu, un enjeu de risque au niveau des
données qui seraient hébergées chez nous, d'être capable d'avoir la possibilité
que ces... que ces données-là soient entreposées ailleurs dans une juridiction
qui est amicale au Québec.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme la députée.
Mme Setlakwe : Merci. Bien,
je pense que ça répond, mais peut-être juste clarifier, donc, d'un point de vue
juridique, quand on doit faire cette évaluation... Parce qu'actuellement on en
a, on fait affaire avec des juridictions extérieures au Québec, et il y a une
évaluation des facteurs qui a été faite, mais il est possible que les
circonstances fassent en sorte qu'on revoit cette évaluation-là et qu'on ne
s'en déclare plus satisfait.
M. Bélanger : C'est ce qu'on
fait, c'est ce qu'on fait actuellement. Et on juge que les données qui sont
entreposées au niveau des GAFAM, que ce soit une entreprise qui a une place
d'affaires au Québec mais qui fait partie des GAFAM, à cause du Cloud Act, est
un enjeu de sécurité. Est-ce qu'il y a eu un enjeu de sécurité à ce jour via
l'utilisation du Cloud Act? La réponse est non, mais donc on veut être
proactif. Mais moi, je ne veux pas être proactif à l'échelle de la planète, on
ne veut pas isoler le Québec à l'échelle de la planète, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : J'ai
une petite question d'intendance à vous partager. Il reste quelques secondes,
on peut poursuivre le débat ou on peut tout de suite voter avant la fin de la
séance. Seriez-vous prêts à voter?
Mme Setlakwe : Sur
l'amendement?
M. Bélanger : Prêt à voter.
M. Bouazzi : Moi, j'aurais
des réactions, en fait, sur ce qu'a dit le ministre, en quelques instants, sur
le Cloud Act. On ne peut pas savoir s'il y a eu des fuites ou pas, parce que,
par définition, dans le Cloud Act, on ne prévient pas les gens quand les
données sont transférées à l'État. Donc, vous ne pouvez pas, M. le ministre,
penser qu'il n'y a jamais eu de fuites de données.
Le Président (M. Simard) : Alors,
à ce stade-ci, chers collègues, compte tenu de l'heure, nous allons ajourner nos
travaux. À nouveau, merci pour votre collaboration.
(Fin de la séance à 13 heures)