Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(November 29, 2022 au September 10, 2025)
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Thursday, April 24, 2025
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Vol. 47 N° 74
Clause-by-clause consideration of Bill 82, An Act respecting the national digital identity and amending other provisions
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures cinquante-deux minutes)
Le Président (M. Simard) : Chers
collègues, bienvenue à toutes et à tous. Je constate que nous avons quorum.
Conséquemment, la Commission des finances publiques peut reprendre ses travaux.
Comme vous le savez, nous sommes aujourd'hui réunis afin de poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi no 82, Loi portant sur l'identité numérique
nationale.
Et, au moment de suspendre nos travaux, la
semaine dernière, nous en étions rendus à l'étude d'un amendement qui fut
présenté par notre collègue de Maurice-Richard, concernant l'article 10.9.
Donc, cher collègue, c'est un peu loin, là, à dans nos esprits, pourriez-vous
nous refaire une synthèse? Mais avant de vous céder la parole, je dois m'enquérir
auprès de notre...
Le Président (M. Simard) : ...secrétaire,
c'est une question absolument fondamentale, y a-t-il, cher monsieur,
aujourd'hui, des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Thouin (Rousseau) est remplacé par Mme Lachance
(Bellechasse); M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) par Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont); M. Morin (Acadie) par Mme Caron
(La Pinière) et Mme Zaga Mendez (Verdun) par M. Bouazzi
(Maurice-Richard).
Le Président (M. Simard) : Alors,
je souhaite la bienvenue à nos nouveaux collègues. M. le député de Maurice-Richard,
la parole vous appartient.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Si mes souvenirs sont bons, ce n'était pas vous qui présidiez à la
fin de la dernière séance, mais c'était mardi la semaine dernière.
Le Président (M. Simard) : C'était
mardi.
M. Bouazzi : Le temps passe
vite, le temps passe vie.
Le Président (M. Simard) : Est-ce
que je vous ai manqué?
M. Bouazzi : Il faut... En
partie, en partie. Ça fait que, pour remettre en contexte, effectivement, tout
le monde, on était en train d'avoir la conversation concernant les questions de
mise en place de données biométriques, en fait, et ici, dans ce projet de loi
là, le ministre se donne le pouvoir, par décret de demander ou pas des données
biométriques des Québécoises et...
Des voix : ...
M. Bouazzi : S'il vous plaît,
s'il vous plaît, chers collègues, des Québécoises et Québécois, donc, et M. le
ministre nous disait qu'ils sont allés à la rencontre des Québécoises et
Québécois pour une consultation concernant l'importance ou pas de ramasser les
données biométriques des citoyennes et citoyens. Ça fait que, ma question, pour
M. le ministre, c'est... Nous avons eu une consultation ici même, dans un cadre
démocratique, dans cette noble institution, est-ce qu'il a entendu des uns des
intervenants qui lui disaient qu'il devait ramasser les données biométriques
des citoyennes et citoyens?
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre.
M. Bélanger : Bien, M. le
Président, il y aurait certaines informations, mais je vais élargir... je vais
élargir l'échantillonnage puis je veux me garder la possibilité de bien définir
quel type de données. Donc, à ce stade-ci, je me suis engagé pour justement des
consultations. Je n'irai pas enlever l'élément d'information, là, de données
biométriques. L'objectif, c'est de définir quel type s'il y a lieu, si on finit
par les utiliser et, si on finit par les utiliser, quel type de données on va
vouloir... pouvoir utiliser et dans lequel et dans quelles circonstances.
Donc, moi je n'enlèverais pas l'article...
le sous-article 3, parce que c'est un élément qui vient à l'encontre de ma
volonté d'élargir justement les consultations au niveau de ces données-là.
M. Bouazzi : L'argument du
ministre, c'est : Ne vous inquiétez pas, je vais consulter. Nous avons eu
une consultation. Est-ce que je comprends que le ministre n'a aucune idée si
les gens qui sont venus ici nous ont dit si c'était une bonne ou une mauvaise
idée de ramasser les données biométriques? Est-ce qu'il les a écoutés? Et, si
oui, lesquels lui ont dit que c'était une bonne idée de constituer une base de
données avec des données qui, rappelons-le, sont immuables et ne changeront
jamais dans le temps?
M. Bélanger : J'ai lu les
mémoires, je les ai écoutés pendant les consultations. Je répète que je veux
élargir, je veux aller à la rencontre des citoyens, dans certains cas, ou le
faire en utilisant la technologie, parce qu'il y en a quand même beaucoup de...
beaucoup de citoyens. Donc, je veux les écouter, je veux les entendre, et puis
je veux être capable de préciser quel type de données, s'il y a lieu, données
biométriques, nous pourrions utiliser. Donc, il reste du travail à faire à ce
niveau-là. C'est un engagement que j'ai pris puis c'est un engagement que je
vais respecter.
M. Bouazzi : À ce stade, la
réponse ne me rassure pas du tout. Si vous partez à l'écoute des Québécoises et
des Québécois, qu'est-ce qui nous prouve que vous n'allez pas faire la même
chose que vous venez de faire à l'instant? On a reçu des spécialistes. Je pense
que c'est parmi les meilleurs spécialistes au Québec. Vous êtes d'accord avec
moi? Des gens de l'industrie, des gens de l'université, des spécialistes en
sécurité, des spécialistes en droits de la personne. Et, à ma connaissance,
personne ne vous a dit : Ramassez les données biométriques des citoyens et
plusieurs vous ont dit : Ne le faites pas. Donc, si vous n'êtes pas
capable d'écouter ou d'entendre les personnes qui sont venues dans un processus
qui est fait pour, je ne vois pas sur quelle base on devrait se dire :
Mais oui, mais oui, vous nous dites : Ne vous inquiétez pas, je vais aller
écouter les Québécois. Mais évidemment qu'on s'inquiète, vous n'êtes pas prêts
à nous dire...
M. Bouazzi : …d'accord ou pas
des gens qu'on a reçus en commission avec le fait que l'État ramasse des
données biométriques sur les citoyens.
M. Bélanger : Donc, M. le
Président, dois-je conclure que le député de Maurice-Richard trouve que ce
n'est pas une bonne idée de rencontrer les Québécoises et les Québécois pour
obtenir leur opinion relativement à l'utilisation potentielle des données
biométriques?
M. Bouazzi : Moi, je pense que
les processus démocratiques d'écoute sont importants. Il faut prouver, par
exemple, que le gouvernement est prêt à écouter. Nous avons écouté des
spécialistes. Avant de vous dire que vous allez effectivement écouter les
Québécois des Québécois, il faudrait nous faire la preuve que vous avez écouté
ceux qui sont venus en cette commission pour juger du texte de loi que nous
voyons devant nos yeux. Est-ce que... est-ce que ces personnes-là… Encore une
fois, je vais répéter la même question : Est-ce que ces personnes-là, il y
en a une parmi tous ces spécialistes, qui vous ont dit : Oui, c'est une
bonne idée, vous devez ramasser les données biométriques sur les Québécoises et
Québécois? Est-ce que vous pouvez en nommer un?
Le Président (M. Simard) : En
s'adressant, bien entendu, à la présidence, ce que j'apprécie beaucoup. M. le
ministre.
M. Bélanger : M. le Président,
je crois que j'ai fait par le passé la démonstration que je suis capable et
apte, et j'ai la volonté de rencontrer les Québécoises et les Québécois. J'ai
fait un projet qui touchait des millions de citoyens au Québec. J'ai rencontré
des milliers d'élus, mairesses, maires et préfets et beaucoup de citoyens dans
toutes les régions du Québec. Je les ai écoutés. J'ai partagé avec eux
l'orientation que j'avais au niveau de la connectivité. Je les ai écoutés, sur
quel type de technologie ils espéraient, qui était, entre autres, la fibre
optique et la fibre optique rejoint… rejoint plus de 99 % des Québécois.
Donc dans ce projet-ci, je vais avoir la
même volonté, la même détermination, parce que c'est des éléments importants,
je vous le concède. La biométrie au sens large peut représenter énormément
d'informations. Donc j'ai le désir, j'ai le désir d'élargir la consultation, de
pouvoir écouter les Québécoises et les Québécois sur quelles sont leurs appréhensions,
quelles sont leurs suggestions, quelles sont leurs craintes, écouter les
experts, on a déjà des mémoires qui représentent peut-être une faible partie de
l'échantillonnage que je recherche. Je ne dis pas que ce n'est pas bon, je
crois que c'est très bon, mais je ne tirerai pas mes conclusions à partir de
l'échantillonnage et des mémoires que j'ai reçus. J'ai un désir de faire une
consultation et aller à la rencontre des citoyens du Québec.
12h
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. le ministre. D'autres commentaires?
M. Bouazzi : Donc, est-ce que
vous avez écouté les personnes qui sont venues en commission? Est-ce que M. le
ministre a écouté les... Est-ce que M. le ministre a écouté les intervenants
qui sont venus parler de biométrie dans cette commission?
M. Bélanger : Mais je pense…
oui, je les ai écoutés. Puis c'étaient quand même des groupes d'intérêts puis
c'était vraiment relié au projet de loi. Il y avait des éléments au niveau… au
niveau de la biométrie. Mais il faut comprendre que la consultation, elle a
été… elle a été restreinte. Donc, je reviens à dire que j'ai un désir de
consulter les citoyennes et les citoyens du Québec, pas me limiter aux
mémoires… aux mémoires que j'ai reçus.
M. Bouazzi : Est-ce que, sur
les personnes qui sont venues, il y en a qui vous ont demandé une consultation
sur la biométrie?
M. Bélanger : Pardon, vous
pouvez répéter la question?
M. Bouazzi : Bien, d'abord,
donc, vous avez entendu les personnes qui sont venues nous parler de biométrie
concernant votre projet de loi, qu'est-ce que vous en avez retenu? Est-ce que…
si vous avez trois tops… top trois choses qu'ils vous ont dites sur la
biométrie, ce serait quoi?
M. Bélanger : Bien, j'ai
retenu qu'il y avait certaines préoccupations, il y avait certains risques
d'utilisation, mais je reviens… je reviens à notre stratégie souveraine. C'est
certain que, si on utilise un type de données, qu'elles soient biométriques ou
autres, si ces informations-là ne sont pas sécurisées, si elles ne sont pas
entreposées au bon endroit, il y a un risque qu'elles soient biométriques, ou
autres. Donc, je crois qu'à priori, il faut s'assurer… il faut s'assurer d'une
bonne protection au niveau des données, qu'elles soient biométriques ou que ce
soit l'adresse postale, le prénom de la personne…
12 h (version non révisée)
M. Bélanger : ...je pense que
chaque donnée est importante, et puis son niveau... On a une classification au
niveau de la sensibilité des données, et on va s'assurer d'avoir en place une
bonne gestion des données, qu'elles soient sensibles ou non.
M. Bouazzi : Et c'est quoi,
la différence, justement, entre une donnée biométrique et d'autres données
personnelles, pour vous?
M. Bélanger : Bien, le nom le
dit, là, une donnée biométrique et reliée à une information de biométrie.
M. Bouazzi : Mais encore?
Pourquoi est-ce que les gens la plaçaient dans un espace autre que celui d'un
mot de passe ou d'une adresse courriel?
M. Bélanger : Lorsque vous
vous identifiez sur un passeport, au niveau de l'immigration, votre photo, vous
considérez comme si... c'est une donnée biométrique, ou c'est une donnée
statique, ou c'est une donnée numérique? Je pense que...
M. Bouazzi : Bien, je vous
avouerais que j'ai la réponse, mais je serais curieux de vous entendre, M. le
ministre. Est-ce que vous considérez que c'est une donnée biométrique?
M. Bélanger : Je crois que c'est
une donnée biométrique.
M. Bouazzi : Ça ne l'est pas,
en tout respect, une photo, M. le ministre.
M. Bélanger : Bien, c'est une
donnée biométrique.
M. Bouazzi : Bon. Alors, j'aimerais
savoir quelle est la... Ça ne l'est pas. À moins qu'il y ait un spécialiste
autour de vous, autour de la table qui nous dit qu'une photo d'identité, c'est
une information biométrique.
M. Bélanger : C'est une
caractéristique biométrique.
M. Bouazzi : Et donc c'est de
ça dont on parle dans ce projet de loi. Est-ce que je peux être sûr qu'on parle
bien d'une photo d'identité ou on parle d'une rétine, des empreintes digitales,
de la reconnaissance en trois dimensions d'un visage? C'est très important, là.
Moi, j'attends une réponse à cette question-là.
M. Bélanger : Tout à fait. C'est
très important, puis je pense qu'on ne doit pas faire la consultation aujourd'hui,
mais vous êtes rendu au niveau de la rétine, là, de...
M. Bouazzi : Ah non, non.
M. Bélanger : ...caractéristiques
biométriques, de données biométriques. Je pense que...
Le Président (M. Simard) : ...constructif,
mais on va continuer, bien sûr, de s'adresser à la présidence. C'est toujours
mieux ainsi. Alors, veuillez poursuivre M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bélanger : Je pense que
ces informations-là et ce niveau de précision là pourra être fourni et analysé
lors des consultations, M. le Président.
M. Bouazzi : En tout respect,
M. le Président, je m'attends à ce que le ministre nous dise si une photo d'identité
fait partie de ce dont on parle dans ce projet de loi ou pas. Moi, je comprends
que non. Il semble dire que oui. Il faudrait régler ça tout de suite. Ce n'est
pas une question de le faire plus tard, parce qu'effectivement on va sauver des
photos d'identité, en veux-tu, en voilà, dans la vie de citoyen. On le fait
déjà, mais on ne sauve pas ni la rétine ni les empreintes digitales, au Québec,
ni même l'ADN, que vous avez dit en boutade mardi dernier.
Ça fait qu'il serait important, par
transparence pour la population, qu'on sache de quelles données on parle. Ça
fait que je ne sais pas si vous voulez qu'on suspende le temps qu'on me donne
une réponse ou qu'on attende, c'est comme vous voulez.
M. Bélanger : Bien, je vais
répéter que c'est une donnée... c'est une caractéristique biométrique. Puis
peut-être pour plus de détails, si vous voulez discuter de façon précise, on a
un expert ici, au niveau de... au niveau de données biométriques, puis je
pourrais le laisser répondre à certaines de vos questions.
M. Bouazzi : S'il vous plaît.
Le Président (M. Simard) : Est-ce
qu'il y a consentement à cet effet? Il y a consentement. Donc, M. le ministre,
vous référez à quelle personne en particulier? Vous référez à Me Bacon. Donc,
Me Bacon, auriez-vous l'amabilité, s'il vous plaît, d'abord, de vous présenter?
Mme Bacon (Nathalie) : Oui, M.
le Président. Nathalie Bacon, légiste à la Direction des affaires juridiques
pour le ministère de la Cybersécurité et du Numérique.
Le Président (M. Simard) : Nous
vous écoutons.
Mme Bacon (Nathalie) : C'est
quand même des sujets complexes. Ça fait que, pour faire simple, on va
retourner au paragraphe dont vous désirez le retrait. Alors, c'est dit :
«Préciser les données numériques gouvernementales, ayant des caractéristiques
biométriques ou contenant des mesures biométriques». Donc, il y a les deux
réalités, soit que c'est des caractéristiques ou c'est des mesures.
Dans le cas de l'identité numérique
nationale, on vous a... on a déjà parlé de tout ça. La conversation qui a lieu
actuellement, là, on a déjà parlé longuement de tout ça, et ce qui a été
annoncé par le ministre était l'utilisation de la photo, notamment, ça pourrait
être la photo de la SAAQ. Alors, dans la photo, il y a des mesures
biométriques, morphologiques. Alors là, on ne parle pas d'ADN, on ne parle pas
de sang, de salive, on parle de données, potentiellement, qui vont aider à l'identité
numérique nationale.
Et vous savez, et ça, on le respecte dans
le projet de loi, il y a deux principes que la commission d'accès a mis de l'avant
pour les données biométriques dans son mémoire, et nous respectons ces deux
conditions-là, la première étant...
Mme Bacon (Nathalie) : ...la
possibilité pour le citoyen que ce soit une faculté. Alors, c'est le cas avec
l'article 10.3, où que le citoyen doit donner son consentement.
Et le deuxième élément aussi que la
commission a précisé, c'est l'application du principe de minimisation. Donc,
ça, ça veut dire qu'on doit, puis ça, on l'a déjà dit aussi, que, dans le cadre
du projet de loi sur l'identité numérique nationale, la loi sur l'accès
s'applique, et nécessairement, tous les principes applicables en vertu de la
loi sur l'accès s'appliquent. Donc, ce ne sera pas toutes les données
biométriques.
Des voix : ...
Mme Bacon (Nathalie) :
Parfait. Alors, entre autres, dans une donnée biométrique, on va parler ici
d'empreintes digitales et de votre photo, ça, c'est une référence à un site
gouvernemental qui définit les données biométriques.
Tout ça pour dire que la discussion qui a
eu lieu, c'est qu'on allait respecter la loi sur l'accès, on allait donner la
faculté aux citoyens d'accepter ou de refuser la donnée biométrique qui va être
concernée, pas peut-être l'empreinte si c'est à l'aide du téléphone
intelligent. Peut-être que dans... aussi, c'est une possibilité que, dans notre
portefeuille numérique, nous ayons le permis de conduire avec photo ou une
photo qui va s'afficher avec notre carte d'identité numérique citoyenne. Donc,
vous voyez un petit peu, mais toujours en respectant les principes de la loi
sur l'accès, dont le principe de minimisation.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député.
M. Bouazzi : Je pense que M.
le ministre voulait rajouter quelque chose.
M. Bélanger : Parce qu'on
débordement ou on... on peut aller... vous prenez... vous utilisez des caméras,
des caméras numériques ou des appareils numériques, vous êtes capables de
détecter la chaleur, vous êtes capables de détecter des informations qui sont
biométriques. Si traditionnellement c'est un appareil qui était non numérique,
à ce moment-là, probablement que la photo pouvait être considérée comme
étant... n'étant pas une donnée biométrique, mais avec la technologie
aujourd'hui des appareils, des appareils numériques qui peuvent prendre des
photos ou des empreintes, vous êtes capables d'aller de plus en plus loin en
termes de caractéristiques biométriques.
• (12 h 10) •
M. Bouazzi : Donc, j'ai vu
effectivement le site au fédéral. Vous comprenez, vous, de ce qui a écrit sur
le site, quand on dit images et empreintes digitales, que la photo à elle seule
suffirait? C'est vraiment ça que vous comprenez?
M. Bélanger : Non. Là, je
reviens aux consultations pour caractéristiques et mesures biométriques. C'est
un processus où on veut faire des consultations afin de définir qu'est-ce qui
pourrait être utilisé potentiellement. Il y a plusieurs éléments. Puis je ne
veux arriver puis faire l'élaboration aujourd'hui, puis commencer à trancher,
oui ou non, on devrait utiliser un tel ou tel autre. Je pense qu'il y a un
travail à faire. Et puis ce n'est pas ce travail-là, M. le Président, qu'on
doit faire aujourd'hui. Je pense qu'on déborde du... on déborde de notre mandat
aujourd'hui qui est d'accepter des directives ou des orientations, on n'est pas
dans un processus de définition précise de quels types de mesures biométriques
ou caractéristiques on devrait utiliser.
M. Bouazzi : En tout respect,
ici, vous vous octroyez le droit, par règlement, de préciser quelles
caractéristiques biométriques vous pouvez accumuler ou demander sur les
citoyens. Donc, évidemment, c'est exactement le bon forum pour déjà définir de
quoi on parle. Je suis très étonné honnêtement que l'on puisse donner comme
argument : On ne va pas dire ici de quoi on parle.
Moi, je ne comprends pas du site du
fédéral que photo plus les empreintes digitales, et surtout si on lit le reste
du site Web, veut dire que photo toute seule et la biométrie dont on parle. Je
suis ici plutôt que d'aller au fédéral restons au provincial sur le site de la
CAI, et je vois le type de biométrie, donc la biométrie morphologique basée sur
l'identification de traits physiques particuliers. Elle regroupe notamment la
reconnaissance des empreintes digitales, la forme de la main, du visage, de la
rétine, de l'iris et de l'oeil. Est-ce qu'on peut, s'il vous plaît, avoir une
définition de données biométriques et de... que les gens de droit vous vous
octroyez en tant que ministre? Ce serait le minimum dans le cadre de ce projet
de loi, s'il vous plaît.
M. Bélanger : M. le
Président, je constate que le député de Maurice-Richard conteste ou
questionne... questionne des éléments qui sont définis dans le... par le
fédéral au niveau...
M. Bélanger : ...au niveau
d'immigration Canada. Je pense que le troisième alinéa est important. J'ai
confirmé ma volonté de faire une consultation de façon à obtenir des
orientations plus précises, des inquiétudes, répondre à ces inquiétudes-là et,
par la suite, arriver avec un résultat. Et, pour moi, l'alinéa 3° est
important, c'est un élément important du projet de loi, puis de l'enlever,
c'est dire non aux consultations qui doivent être faites.
M. Bouazzi : Et je veux, je
veux juste être clair. Donc, d'abord, je suis allé sur un site du provincial,
est-ce que, vous, vous contestez ce que la CAI nous dit?
M. Bélanger : Non, mais la
CAI, la CAI, dans son mémoire, n'a pas demandé le retrait du troisième alinéa.
Elle ne l'a pas demandé, la CAI.
M. Bouazzi : Je vous dis, on
n'est pas encore...
M. Bélanger : Non, non, mais,
M. le Président...
Le Président (M. Simard) :
Chers collègues, chers collègues, s'il vous plaît! Nos débats vont très bien,
je veux que ça continue comme ça. Mais on s'adresse à la présidence. Très bien.
M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Je ne suis pas
encore en train de vous dire ce que la CAI veut que ayez comme droit ou pas,
j'essaie juste de comprendre de quelles données... Vous voulez vous octroyer un
droit à vous tout seul, qui fait, par décret, vous êtes capable de dire :
À partir de maintenant, je ramasse les rétines de mes citoyens, la forme du
visage ou l'empreinte digitale. Et là tout ce que j'essaie de savoir, c'est
d'abord, avant d'en arriver, c'est quel genre de données vous êtes prêt et capable
du coup, par ce qu'on voit ici, à l'écran, de commencer à ramasser sur nos
concitoyens. Et la question est simple : Qu'est-ce qu'une donnée
biométrique? Sur le site de la CAI, «biométrie», je lis la définition que je
viens de vous lire, «qui regroupe notamment la reconnaissance des empreintes
digitales, la forme de la main, le visage, de la rétine, de l'iris, de l'œil».
Bon, sur le site du fédéral... Alors, d'abord, si on est d'accord sur une
définition, là, évidemment, une simple photo ne suffit pas. Sur le site
fédéral, on parle de la combinaison de l'image et de l'empreinte digitale.
Moi, je ne comprends pas qu'une photo
toute seule est le genre de droit que vous vous donnez étant donné qu'on n'a
pas besoin de ce genre de droit pour ramasser des données sur nos concitoyennes
et concitoyens. Est-ce que SAAQclic a un projet de loi qui dit, on a le droit
de ramasser les données biométriques? Est-ce que c'est ça qu'on est en train de
dire? Je vous dirais, il y a plein de photos dans la vie des citoyens, là on
parle d'autres choses. Ça fait que, pour moi, il faudrait être transparent et
puis dire : Oui, on parle d'autres choses, les empreintes, la forme du
visage, l'iris, l'ADN, ce que vous voulez. Juste si vous pouvez nous donner une
définition de qu'est-ce que c'est que la biométrie?
M. Bélanger : M. le
Président, M. le député de Maurice-Richard me prête des intentions de décider
seul, hein? Il a bien dit, j'ai bien compris : Vous voulez vous donner des
pouvoirs pour décider seul. Je confirme et je m'engage à une consultation
publique. Ça, c'est la première étape. Par la suite, je ne suis pas seul, je
suis... Je fais partie d'un gouvernement, donc, il y a un processus, il y a
aussi des consultations avec les collègues avant d'arriver. Je ne peux pas décider
comme ça, du jour au lendemain, de quel type de données biométriques je vais...
ou j'ai l'intention d'utiliser. Puis je vais... J'aimerais passer la parole à
maître Bacon, qui désire ajouter certains éléments d'information, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) :
Alors, Me Bacon.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui,M. le Président, merci. Alors, pour peut-être aider, des éléments de
réponse à votre réflexion pour le député de Maurice-Richard. Alors, sur le site
de la Commission d'accès, alors c'est écrit noir sur blanc, puis lorsqu'on
parle... lorsque vous avez l'expression, au paragraphe 3°, «les données
numériques gouvernementales, ayant des caractéristiques biométriques ou
contenant des mesures biométriques, le libellé est en cohérence avec d'autres
articles de loi, dont l'article 44 de la Loi sur le cadre juridique des
technologies de l'information. Et la CAI, et là on va s'enrichir de tout ce qui
existe, on comprend qu'en données biométriques la CAI, on peut considérer que
ce sont les experts. Alors, sur leur site Internet, ils donnent trois types de
données biométriques, d'ailleurs, vous en avez lu une partie.
Alors, la première... Trois types, premier
type : biométrie morphologique, et là vous avez fait référence tantôt à la
forme du visage, la main, la rétine, l'iris de l'oeil; deuxième type :
biométrie comportementale où on va regarder, mettons, la façon qui va se tracer
sa signature, sa voix, sa démarche ou la façon de taper sur un clavier;
troisième type biométrie biologique. Alors ça, on rentre plus... de façon plus
intrusive...
Mme Bacon (Nathalie) : ...on
l'a compris, l'ADN, le sang et la salive, l'urine et les odeurs. Alors, vous
voyez que les données biométriques, ça fait référence quand même à une série de
plusieurs contextes, plusieurs données. Mais je répète que l'identité numérique
nationale est basée d'une part sur, un, la faculté de la choisir, dépendamment
quel type de données biométriques sera associé à l'identité numérique
nationale, et deuxièmement, toujours l'application du principe de minimisation.
Alors, on... ne saura utilisé que qu'est-ce qui est nécessaire pour les fins de
l'identité numérique nationale.
M. Bouazzi : Oui. Merci
beaucoup. Donc, est-ce que je comprends qu'on prend la définition de la CAI
comme étant la définition de ce qui est la biométrie?
M. Bélanger : Pas uniquement,
mais elle va faire partie de la décision.
M. Bouazzi : Bien, il va
falloir être précis, M. le ministre. Il va falloir avoir une définition.
Choisissez celle que vous voulez, mais on ne peut pas vous octroyer un droit.
Donc là vous dites : Je vous... Je
vous donne des intentions. Je ne vous donne aucune intention. J'ai devant moi
un article, un article qui dit que vous avez le droit, par règlement, de faire
un, deux, trois, quatre, trois étant «préciser les données numériques
gouvernementales ayant les caractéristiques biométriques contenant les mesures
biométriques», etc. Ça, c'est ce qu'il y a devant nous, là. Ce n'est pas une
attention juste... Je veux dire, assumez-le, dites-moi que ça ne vous permet
pas, vous, en tant que ministre, par règlement, de décider quelles données
biométriques vous allez commencer à ramasser sur les citoyens. C'est ça que
c'est. C'est ça que c'est.
Le Président (M. Simard) : ...en
s'adressant à la présidence, cher collègue, c'est bien important. Veuillez
poursuivre, je vous prie.
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Pardon?
Mme la députée de Huntingdon. Oui.
Mme Mallette : Oui.
J'aimerais juste rappeler, là, en vertu du règlement 35.6, de ne pas
prêter des intentions au ministre, s'il vous plaît, pour motif indigne. Merci.
M. Bouazzi : ...en tout
respect.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Votre message est bien entendu, chère collègue. Alors, M. le député,
veuillez poursuivre.
M. Bouazzi : Merci. Donc,
alors... Donc, ma question est claire : Est-ce qu'on peut prendre la
définition de la CAI comme une définition? De toute façon, en elle-même, elle
est déjà clairement, effectivement très, très large. On parle de la
morphologie, ce qu'on a dit, c'est les empreintes digitales, etc., l'iris,
parle du comportement, espérant que le gouvernement ne va pas commencer à
analyser comme on tape sur nos claviers ou garder des «samples» de notre voix,
et puis évidemment, on parle de biologique, donc d'ADN. C'est... Maintenant...
Est-ce que...
• (12 h 20) •
Je veux dire, moi, je pense que c'est très
important que ce débat-là ait lieu. Et j'invite la partie gouvernementale
d'arrêter de dire que je donne des... j'attribue des intentions au ministre
quand c'est lui qui se donne le droit, par décret, de commencer à ramasser les
données sur l'iris des citoyens. C'est très important, d'un point de vue
démocratique, là. Et puis il faut arrêter de vouloir éviter qu'on ait ce
débat-là. Il est important. Donc, déjà, je voudrais que ce soit clair pour tout
le monde.
M. le ministre, est-ce que, par règlement,
vous pourriez décider, après n'importe quel processus parallèle que vous aurez
décidé, mais qui n'est pas défini dans la loi, décider que les citoyens peuvent
vous donner leur iris ou leur empreinte digitale?
M. Bélanger : Moi, je vais me
baser sur la définition de la CAI et, en partie ou en totalité, selon
l'évolution des consultations. J'aimerais faire une petite analogie. J'avais
une discussion avec le député de La Pinière du temps, Dr Barrette. On
argumentait sur les données ou les données numériques en termes de radiologie.
Moi, je lui avais dit, il y a ça... de ça trois ans, j'ai dit : Avec les
images un jour on n'aura plus besoin de radiologistes. Puis il m'avait
répondu : Jamais! Mais c'est drôle parce que, pour identifier une tumeur
sur une photo, on peut utiliser l'intelligence artificielle. Et les algorithmes
deviennent de plus en plus puissants pour être capables d'arriver à certaines
conclusions.
Où je veux en venir? Je veux en venir que
la technologie évolue rapidement. On ne peut pas statuer aujourd'hui de
dire : On va utiliser tel type de données ou tel autre type de données,
sachant qu'uniquement par l'intelligence artificielle, on pourrait peut-être
éventuellement, uniquement en utilisant la photo, être capables de déterminer
un type de caractère d'un individu ou ses intentions...
M. Bélanger : ...Ça fait que
je ne me limiterai pas, aujourd'hui, à une définition qui est actuelle
lorsqu'on constate que l'évolution technologique avance rapidement. Donc, je
veux me garder cette ouverture-là. Et puis, lorsqu'on a refait la consultation
publique, je pourrais même vous confirmer qu'on va vouloir garder une certaine
ouverture, peut-être à restreindre par la suite, s'il faut, si justement
l'intelligence artificielle devient un outil si puissant que peut-être que les
données à ce moment-là qu'on aurait utilisées pourrait prêter flanc à,
justement, à une utilisation qui serait incorrecte. Donc, je ne crois pas
qu'aujourd'hui on est en mesure d'arriver puis de préciser. Puis là je vous
vois sourire parce que vous vous dites : Ah! il est arrivé, puis il s'est
avancé sur quelque chose.
M. Bouazzi : Pas du tout.
J'essaie de vous suivre.
M. Bélanger : Bien, M. le
Président, je pense qu'aujourd'hui on fait un exercice où, moi,
personnellement, je n'ai pas les qualifications, toutes les qualifications. Je
ne crois pas que le député de Maurice-Richard a toutes les qualifications. Ça
fait qu'il y a un exercice de consultation qui doit être fait. Et je ne veux
pas exclure l'alinéa trois de l'article 10.9, qui, pour moi, est un
élément important pour le projet de loi.
M. Bouazzi : M. le
Président, je pense que le ministre ne comprend pas l'enjeu de la biométrie.
C'est ce que les invités sont venus nous dire. C'est que c'est des données
immuables qui ne changent jamais, des caractéristiques que, si on se les fait
voler, c'est une véritable catastrophe. C'est une véritable catastrophe.
Contrairement à un mot de passe que, si on reçoit une alerte, on va le changer,
on ne peut pas changer la rétine de ses yeux. Alors, quel est votre pourcentage
de confiance, M. le ministre, sur le fait que des données qui sont dans votre
ministère ne se fassent pas voler? Jamais de l'histoire de votre ministère.
M. Bélanger : Bien moi,
j'avais un exposé sur votre niveau de confiance au niveau de votre iPhone,
comme quoi les données qui étaient utilisées étaient sur votre iPhone. Par le
Cloud Act et le Patriot Act, je peux vous confirmer que les Américains sont
capables d'avoir accès sans que vous le sachiez. Est-ce que vous utilisez votre
téléphone intelligent avec la reconnaissance faciale? Vos données sont déjà
partout. Ce que l'on veut faire, on veut mettre en place une stratégie de
souveraineté numérique. Si on utilise des informations, que ce soit le nom, que
ça soit une photo, on va vouloir entreposer, stocker ces informations-là dans
un endroit sûr, inaccessible par d'autres types de juridictions qui pourraient
avoir des intentions malveillantes.
M. Bouazzi : Donc, je
répète ma question. Si vous avez une base de données qui n'est pas sur un cloud
étranger, mais dans les murs de votre ministère, quel est votre degré de
confiance que vous ne vous la faites jamais voler?
M. Bélanger : Quel est le
degré de confiance?
M. Bouazzi : C'est ça, ma
question.
M. Bélanger : C'est
difficile à déterminer parce que vous pouvez extrapoler d'une guerre nucléaire
puis que le, je ne sais pas, là, le centre de données...
M. Bouazzi : Sans guerre
nucléaire. Oui ou non? Éliminons. Éliminons la guerre nucléaire.
M. Bélanger : Mais par rapport
à ce qui est... à ce qui existe aujourd'hui, c'est le niveau absolu de
confiance au niveau de la sécurité des données, d'avoir un cloud gouvernemental
souverain dans un endroit sûr, avec des sites, des sites miroirs et qui sont
qui sont... qui sont inaccessibles par le Cloud Act ou le Patriot Act.
M. Bouazzi : Quand vous
dites absolu, c'est 100 %?
M. Bélanger : M. le
Président, on est dans... Tu sais, ça devient farfelu un peu, là. 100 %,
je vais vous dire 99,72814 % divisé par π, 3,141591728. Est-ce que c'est
assez précis?
M. Bouazzi : En tout
respect, maintenant, M. le ministre, dans l'industrie, on a des pourcentages
associés à des chances de se faire voler ou des chances d'avoir des pertes de
données, etc. Et ce n'est pas 674 divisé par π. C'est sérieux. Vous êtes
ministre de la Cybersécurité et vous parlez...
M. Bélanger : Avez-vous
la réponse?
M. Bouazzi : Laissez-moi
finir. Et vous... Et vous parlez de ramasser des données biométriques qui
pourraient se faire voler, et les chances de les sécuriser à 100 %
n'existent pas. On pourrait demander à vos spécialistes de la sécurité ici,
derrière, pour nous dire si ça existe ou pas. Il va vous dire que ça n'existe
pas. Et donc les chances que vous vous fassiez voler les données biométriques
de nos concitoyennes et concitoyens sont réelles, sont réelles, évidemment,
parce que le degré 100 % de sécurité n'existe pas. C'est des données,
rappelons-le, qui sont intrinsèques à l'être humain et qui ne peuvent jamais
changer. Ça fait que la question ce n'est pas est ce que, dans l'avenir, on va
trouver une bonne utilisation ou une mauvaise...
M. Bouazzi : ...c'est :
Est-ce qu'y a-tu une bonne raison de ramasser des données comme celles-là que
l'état prend une chance de se faire voler déjà? Et là, ensuite, évidemment, il
y a la question de la démocratie et du degré de confiance qu'on a dans l'État,
mais même en imaginant qu'on a confiance dans l'État, là...
M. Bélanger : Mais je veux
quand même... je veux quand même répondre, je veux quand même répondre parce
qu'on en avait déjà discuté au niveau d'encryptage, je peux m'avancer dire que
l'absolu, 100 %, n'existe pas. Donc, si ça vous satisfait...
M. Bouazzi : C'est sage.
M. Bélanger : ...maintenant
est capable de répondre à 99. Par contre, ce que je peux confirmer, c'est
qu'aujourd'hui on utilise diverses applications avec les GAFAM. Nos photos
circulent. Il y a des posts Facebook où vous avez des photos, des photos de
votre famille, tout ça. Je pense que le niveau de sécurité de notre projet avec
la stratégie de souveraineté numérique est de beaucoup supérieur. En termes de
pourcentages, il s'approche beaucoup plus du 100 % que l'utilisation qui
est faite actuellement des applications... des autres applications, celles
fournies par les GAFAM.
M. Bouazzi : Donc... donc,
votre argument, c'est : Vous faites mieux que Zuckerberg, quoi, ou qu'Elon
Musk. C'est ça, votre argument?
M. Bélanger : Non, mon... mon
argument, c'est qu'il doit y avoir une sensibilisation. En fait, le processus
de consultation est important aussi parce qu'il y a deux volets. Il y a un
volet qui est un peu pédagogique. On va être capable de justement sensibiliser,
les citoyens pour être sensibilisé sur, justement s'il y a utilisation de
photos ou de données biométriques, quel est le risque? Quel est l'impact? Quels
sont les bénéfices? Ça fait partie du processus. Et là, vous essayez de
définir... vous essayez de trouver une solution à 100 % sûre que, si on
utilise une donnée biométrique, que c'est à risque zéro. Mais la réponse est
non. Et cet élément-là sera considéré dans les données biométriques que l'on va
utiliser selon le niveau de sécurité qu'on va avoir mis en place : cloud
souverain, encryptage, fragmentation, blockchain quantique. On va utiliser
diverses technologies. Plus la donnée est un niveau de sécurité requis élevé,
plus on va devoir démontrer justement quel est le niveau de sécurité ou la
non-possibilité d'accéder ces données-là est élevé. Ça fait partie de
l'évaluation du risque, ça fait partie du processus de consultation. Et en bout
de ligne, à la fin, c'est au citoyen de décider. Si le citoyen décide de
fournir une information biométrique, il aura le choix, on ne lui imposera pas.
• (12 h 30) •
M. Bouazzi : Monsieur le
Président, le nombre de fuites de données rapportées au Québec a bondi de
75 % depuis les incendies, les incidents de confidentialité ont explosé de
469 % depuis l'entrée en vigueur, en septembre 2022, du recensement. Ça,
c'est la Commission d'accès à l'information, la CAI. Si vous vous faites voler
les données biométriques, c'est quoi votre plan de contingence? Il arrive quoi?
C'est quoi les conséquences?
M. Bélanger : Comme on parle de...
de cybersécurité et de sécurité, j'aimerais passer la parole à M. Gauthier,
peut-être qu'il a des choses à rajouter, là, sur le sujet présent. Monsieur le
Président, est-ce que...
x
Le Président (M. Simard) :
Oui. Alors, y aurait-il consentement à cet effet? Il y a consentement. Alors,
monsieur Gauthier, le temps que la caméra puisse vous rejoindre, auriez-vous d'abord
l'amabilité, s'il vous plaît, de vous présenter?
M. Gauthier (Steve) : Oui,
bonjour. Steve Gauthier, directeur général du Centre gouvernemental de
cyberdéfense au ministère de la Cybersécurité et du Numérique. Comme vous le...
comme monsieur le député le dit, comme le ministre le souligne, le risque zéro
n'existe pas. Donc, c'est important de toujours s'assurer d'aller chercher que
les données qu'on a besoin pour offrir les services à la population. Donc, les
données qui ne sont pas utiles ne seront pas utilisées dans nos systèmes, ne
seront pas stockées. Eh oui, il va y avoir des mesures de sécurité qui vont
être mises en place.
Là, il a été question de classification
dans les dernières séances. En fonction de la classification de l'information
des données protégées A, protégées B, protégées C, on va appliquer des
contrôles de sécurité, et basés sur un référentiel qui est justement en train
de se mettre en place, et plus on va vers des niveaux élevés comme du protégé
C, mais plus le nombre de contrôles à mettre en place va être élevé pour mieux
protéger ces données-là, donc chiffrement, du chiffrement de bout en bout pour
s'assurer que ce soit chiffrement protégé autant au moment où c'est stocké que
dans les communications, dans les échanges entre les différents systèmes. Et on
est déjà en train d'inventorier ce que c'est les méthodes de chiffrement...
12 h 30 (version non révisée)
M. Gauthier (Steve) : ...qui
existe aujourd'hui. Parce que, vous le savez probablement, les ordinateurs
quantiques s'en viennent. C'est une question... On n'a pas de date précise,
certains estiment que ça va être au début des années 30, d'autres disent que c'est
une question de quelques années. Donc, il faut connaître les méthodes utilisées
aujourd'hui pour ce qui est du stockage, pour ce qui est du transit, et déjà
commencer à aller vers des méthodes qui vont résister au quantique.
M. Bouazzi : Donc, juste pour
que ce soit clair pour tout le monde, ce que je comprends dans ce que vous
dites, c'est, d'un côté, bien, évidemment, le risque zéro n'existe pas, donc on
peut se faire voler ces données-là comme n'importe quelles données, et, deux,
la meilleure manière... c'est un corollaire, vous pouvez me dire si c'est vrai
ou pas, la meilleure manière de sécuriser les données biométriques de nos
concitoyens, c'est de ne jamais les ramasser.
M. Gauthier (Steve) : De
ramasser exclusivement ce qui est pertinent, ce qui est utile.
M. Bouazzi : Est-ce que...
Oui. M. le ministre veut réagir.
M. Bélanger : M. le Président,
ma compréhension, c'est... Le député de Maurice-Richard n'a pas l'intention de
faire de consultations publiques. C'est ma compréhension. Il n'a pas de désir
ou il ne voit pas l'intérêt de faire une consultation publique sur...
M. Bouazzi : Il me prête des
intentions. M. le Président.
M. Bélanger : ...de faire une
consultation publique sur les données biométriques et caractéristiques
biométriques. En bout de ligne, après une consultation, peut-être que le
résultat de ne pas les utiliser, donc, ce sera une décision citoyenne,
démocratique. Peut-être que le résultat sera d'utiliser certaines données dans certains
types de circonstances, avec tel type de niveau de sécurité. Je pense qu'on a
une opportunité de partager, de former, d'informer les citoyens sur qu'est-ce
qui existe, quels sont les risques, tenants, aboutissants, et quelle est l'utilité,
si jamais on utilise ces informations-là. Quels sont les points positifs en
termes de protection citoyenne pour le futur.
Le Président (M. Simard) : Cher
collègue.
M. Bouazzi : Le problème, M.
le Président, c'est... nous, on entend deux choses. On entend ici deux
spécialistes qui nous disent : Nous n'allons pas accumuler les données
dont nous n'avons pas besoin. J'ai moi-même déposé, avec le ministre précédent,
un amendement qui dit : N'utilisons pas les données biométriques à moins
qu'il est prouvé qu'on ne peut pas s'en passer.
Aller à la consultation de la population
qui va dire qu'ils adorent déploguer leur iPhone... M. le ministre lui-même a
dit, bien, lui, les mots de passe, ça l'embête, il préfère utiliser la forme de
son visage ou les empreintes de sa main, ou même, à la boutade, son ADN, ça, ce
n'est pas faire preuve qu'on en a absolument besoin. Est-ce que, M. le ministre,
vous avez la moindre indication que nous en avons absolument besoin, des
données biométriques, pour pouvoir faire marcher un... une identité numérique
québécoise?
M. Bélanger : Un, si on l'a
mis dans le projet de loi, c'est parce qu'on juge qu'il doit y avoir un
exercice avec une consultation publique qui doit définir et qui va définir quel
type de données biométriques. Il faut comprendre qu'on ne fait pas un projet de
loi pour une année précise, on fait un projet de loi pour être capable de
fonctionner sur plusieurs années. Et puis, au niveau technologie, il y a une
évolution qui se fait. Il y a différentes façons d'utiliser des données de
façon à être plus efficace. Il y a différentes façons de sécuriser les données.
On parlait de quantique, par exemple. Tout ce processus-là... Peut-être qu'on
peut arriver à la conclusion éventuelle que tel type de données biométriques va
devoir être assujetti à une technologie quantique, mais je pense qu'on est pas
mal dans le détail, mais peut-être que ça peut être un exemple de résultat,
mais, en bout de ligne, en bout de ligne, il y a toujours, M. le député, la
décision du citoyen qui, lui, en toute connaissance de cause, ce qui est très
différent de l'utilisation d'outils des GAFAM, où ce n'est pas en connaissance
de cause... Moi, je veux que ce soit en toute connaissance de cause, s'il y a
une utilisation de ces données, que ce soit fait à son choix.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, à ce stade-ci, votre temps étant révolu, je cède la parole à la
députée de Mont-Royal-Outremont.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président...
Mme Setlakwe : ...J'ai
entendu dans le cadre de l'échange différents éléments d'informations. On a
beaucoup référé à la CAI, notamment par le biais des interventions de Me Bacon,
et on a d'ailleurs dit que ce sont... les gens de la CAI sont les experts en la
matière, en matière de biométrie. Et moi, je me réfère à leur mémoire, mais,
avant de me référer spécifiquement à la mémoire, je voudrais exprimer, moi, ce
qui m'embête le plus, au-delà du fait que, la consultation, il n'y a pas une
obligation de la tenir, là, cette obligation-là n'est pas enchâssée dans la
loi, mais c'est surtout le débat public après la consultation. Et comment...
comment les parlementaires seront-ils impliqués dans le débat public et la
détermination de l'encadrement approprié de l'utilisation des données
biométriques? Parce qu'on parle ici, donc, d'un pouvoir du gouvernement de
procéder par règlement.
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Alors...
Absolument. On va, à ce stade-ci, chers collègues, suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 12 h 39)
(Reprise à 12 h 49)
Le Président (M. Simard) :
Bien. Alors, nous reprenons nos travaux. M. le ministre, la parole vous
appartient.
M. Bélanger : Bien, je vais
fournir deux éléments de réponse, mais je vais commencer par une question, M.
le Président. Moi, je veux savoir si mes collègues sont pour ou contre une
consultation. Ça, c'est un engagement que j'ai pris. Et si c'est oui, qu'il y
ait une consultation citoyenne, je m'engage aujourd'hui à ce que cette
consultation-là soit en personne et en ligne. Et puis, quand je dis «en
personne», bien, ça inclut… Tous les citoyens du Québec peuvent techniquement y
participer. Mais je ne veux pas m'engager aujourd'hui dans les détails de quel
type de consultation publique, pas publique, en personne, en ligne, etc. Je
pense que c'est prématuré de le faire à ce stade-ci. Et je veux savoir si mes
collègues sont ouverts à une consultation ou contre une consultation citoyenne.
Le Président (M. Simard) : Je
vous remercie. Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Mais je suis
vraiment étonnée de la réponse, parce que ma question était pourtant claire
puis était comme… c'est une question initiale qui… où je souhaitais engager un
échange en lien avec des exigences particulières ou un encadrement spécifique
de l'utilisation des données biométriques tels que suggérés fortement par la
CAI, Commission d'accès à l'information du Québec, expert en la matière, tel
qui nous a été mentionné de la part du gouvernement.
• (12 h 50) •
Et là, on me répond par une
question : Est-ce que les collègues, donc nous, sommes d'accord à ce qu'on
consulte la population sur l'utilisation des données biométriques? Mais bien
sûr! Puis en plus, j'avais énoncé dans ma question que la… en fait, je vais…
mais moi, je vais répondre par une question, parce que je pense que les
questions, c'est à nous à les poser, puis on devrait recevoir des réponses à
nos questions. Moi, j'ai dit et je vais reposer ma question différemment :
Dans l'état actuel des choses, avec le projet de loi qu'on étudie, où se trouve
l'obligation de tenir une consultation publique?
Le Président (M. Simard) :
Merci. M. le ministre.
M. Bélanger : Elle se trouve
dans l'engagement politique que j'ai fait. Je me suis engagé à tenir une
consultation citoyenne, qui peut être le… en personne. Je me suis même engagé à
le faire en personne, pas uniquement en ligne. Donc, c'est un engagement politique
que j'ai fait.
Mme Setlakwe : O.K. Est-ce
que… vous ne voyez pas donc que ce serait opportun d'enchâsser dans la loi
cette obligation de tenir une consultation, que ce serait au bénéfice des
citoyens? Étant donné que la consultation est loin d'être claire, là. Est-ce
qu'elle va être terminée avant la fin de cette année, l'année prochaine? On…
puis vous l'avez dit aussi que ce projet… que cette loi, elle va… elle va avoir
une portée dans le temps. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Alors, M. le ministre, souhaitez-vous que Me Bacon puisse intervenir ou…
M. Bélanger : …
Mme Bacon (Nathalie) :
…donner un élément d'intérêt, peut-être.
M. Bélanger : Bien, je vais
venir en premier, elle pourra suivre. Moi, je suis… Moi, je suis ouvert. C'est
un engagement politique. Je suis ouvert à trouver une façon de le formuler
parce que bon, j'ai donné ma parole. C'est politique, il peut y avoir un doute
sur ma parole. Je l'espère que non. Si au niveau de l'alinéa trois, il y a une
possibilité de le formuler d'une certaine façon, sans l'enlever, que ça peut
vous satisfaire, bien, on va vous revenir, mais on a quand même des
vérifications à faire, parce que c'est peut-être un élément qui est peut-être
engagé à ce stade-ci. Si vous voulez, Me Bacon, peut-être rajouter…
Le Président (M. Simard) :
Alors, oui, Me Bacon.
Mme Bacon (Nathalie) : M. le
Président, le pouvoir ou l'engagement de prendre une… de faire des
consultations…
Mme Bacon (Nathalie) : ...ça
n'a pas nécessairement besoin d'être enchâssé dans la loi, dans le fond, tout
ministre, le gouvernement, tout le monde peut faire des consultations. Ça fait
que, là, la seule question que... autrement dit, vous n'avez pas besoin que ce
soit enchâssé, juste que le ministre l'ait dit et pris l'engagement au micro
dans le cadre de l'étude détaillée du projet de loi devrait... est identique à
l'amendement, là.
Mme Setlakwe : Est-ce que...
Merci. Est-ce que, M. le ministre, vous reconnaissez que la biométrie, ça
touche les renseignements les plus sensibles d'une personne, de nos
concitoyens?
M. Bélanger : Je ne pourrais
pas dire à 100 %, il y a peut-être d'autres types d'informations que
biométriques qui pourraient éventuellement fournir des informations encore plus
sensibles. Je ne peux pas m'engager à ce que la biométrie est la seule
information sensible. Il y a peut-être d'autres informations qui sont encore
plus... qui sont encore plus sensibles, mais je vous concède que c'est
dépendant du niveau de données qu'on va chercher. Et il y a des informations
qui sont extrêmement sensibles au niveau de la biométrie, oui.
Le Président (M. Simard) : On
s'adresse toujours à la présidence. Chère collègue.
Mme Setlakwe : Merci. M. le
Président, je voudrais porter à l'attention de la commission, là, que, dans
leur mémoire, la CAI mentionne, et je les cite : «La biométrie touche les
renseignements les plus sensibles d'une personne». Je suis à la page 28 du
mémoire qu'ils ont soumis, là, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 82. Et, un peu plus loin, ils nous disent que «de l'avis
de la commission, tout usage de la biométrie doit être prévu au projet de loi
pour que cet usage puisse faire l'objet d'un débat public afin d'assurer le
plus haut niveau de transparence concernant la collecte et l'utilisation de ces
renseignements sensibles». Voilà.
Le Président (M. Simard) : Souhaitez-vous
commenter, M. le ministre?
M. Bélanger : Bien, c'est...
Je me suis engagé, je me suis engagé justement à ce qu'il y ait une
consultation. Donc, ça va dans le sens d'avoir une consultation qui est une
consultation citoyenne. On va certainement, en plus de la CAI, consulter
d'autres organismes de façon à arriver à des recommandations sur le type de données
à pouvoir utiliser s'il y a lieu dans telle circonstance ou ne pas utiliser
dans telle circonstance, et avec quel niveau de sécurité et quels outils, que
ce soit quantique, en cryptage, ou fragmentation, ou différentes techniques qui
peuvent être utilisées et certainement dans un cloud souverain. On n'ira pas
entreposer ces informations-là dans un cloud qui peut être à risque via des...
la possibilité d'accéder ces informations-là par une autre juridiction.
Mme Setlakwe : Merci. Mais à
quel moment est -que cette discussion aura lieu avec les parlementaires, cet
encadrement propre à l'utilisation des données biométriques, si on procède par
règlement?
M. Bélanger : Dès que le
projet de loi est adopté, moi, je compte... Parce que, dans le... si on parle
du cheminement critique, je pense que c'est un élément qui est le premier
élément qui suit l'adoption du projet de loi. Donc, ça serait soit à la fin
de... à la fin du mois qui s'en vient ou au début de l'automne. Ça va être un
processus qui va faire partie de la suite, la première étape suivant l'adoption
du projet de loi.
Mme Setlakwe : Mais ma
question... Merci. Ma question, M. le Président, porte sur le rôle des
parlementaires dans le cadre de cet exercice. Là, nous sommes réunis, les
parlementaires sont réunis et on a entendu les experts venir nous dire de faire
très attention au niveau de la biométrie et que ça prend un encadrement
spécifique. Puis là on pourra y arriver, si vous me permettez, un peu plus
tard, de citer les éléments qui sont mis de l'avant par la CAI. Mais, ce que je
constate, c'est que, si on ne fait pas des modifications au projet de loi dans
son état actuel des choses, on... les parlementaires n'auront pas l'opportunité
de se saisir à nouveau de ce dossier une fois la consultation publique
terminée.
M. Bélanger : Je m'engage
politiquement à ce que mes collègues parlementaires puissent participer. Je ne
m'engage pas sur quelle forme, je ne peux pas m'engager, à ce stade-ci, sur
quelle forme la participation va avoir lieu, mais je pense que j'ai démontré
que, sur d'autres projets, que je collaborais avec mes collègues, pas
uniquement du gouvernement, puis je vais fonctionner dans le même sens. Je ne
veux définitivement pas arriver avec une loi et avec des pouvoirs qui
viendraient à l'encontre de... à l'encontre de ce que les citoyens veulent et
avec un niveau de sécurité vraiment important pour donner les meilleurs
résultats possibles. Si la conclusion...
M. Bélanger : ...de ce
processus-là et de n'utiliser aucune donnée biométrique, on n'utilisera aucune
donnée biométrique. S'il y a une utilisation de certaines données biométriques
qui offrent des avantages, considérant que le niveau de sécurité est quand même
assez élevé et qu'il y a... qu'il y a une notion de confiance, bien, on pourra
y aller, de l'avant. Mais, en bout de ligne, il faut toujours se rappeler une
chose. Le citoyen aura le choix. Ce ne sera jamais imposé. Il va toujours avoir
le choix.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée.
Mme Setlakwe : Merci. Est-ce
que, dans le cadre de la consultation, il y aura aussi... vous allez entendre
des experts?
M. Bélanger : C'est mon
souhait définitivement. Je pense que la science... puis là, je ne dénigre pas
ce que les... ce que les citoyens peuvent avoir à apporter, je pense que
c'est... c'est important, mais la science va apporter beaucoup de bénéfices, va
apporter des bénéfices pédagogiques, de mieux comprendre quels sont les enjeux.
Et, en plus de la CAI, il y a certainement d'autres organismes qu'on va vouloir
rencontrer puis discuter plus spécifiquement de ce sujet.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Oui. Mme la députée de La Pinière?
Mme Setlakwe : Non, non, je
vais continuer. C'est bon.
Le Président (M. Simard) : Ah!
très bien.
Mme Setlakwe : Parce que je
voyais qu'elle... ma collègue aussi a des questions. Mais je vais... je
vais...
Le Président (M. Simard) : Oui.
Oui.
Mme Setlakwe : Est-ce que
vous estimez que... comme madame... Me Bacon l'a mentionné, est-ce qu'on doit
comprendre que l'encadrement légal qui existe dans le corpus législatif actuel
est celui qui va régir l'utilisation des données biométriques, et qu'elles sont
jugées suffisantes, à ce stade-ci?
M. Bélanger : Je ne suis pas
en mesure de répondre, là. Je vais consulter avant puis je vais vous répondre.
Ou peut-être que Maître Bacon, vous pouvez répondre.
Le Président (M. Simard) : ...Maître
Bacon, il vous reste 30 secondes.
Mme Bacon (Nathalie) : Je
réponds rapidement. Vous savez la loi sur l'accès qui s'applique avec tous ces
principes puis critères de nécessité, principe de minimisation. Et vous avez
aussi la Loi sur le cadre juridique des technologies de l'information comme de
quoi nous devons avoir le consentement à l'utilisation de telles données. Ça
fait que nous avons déjà un corpus existant qui s'applique en même temps que le
p.l. 82.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, chers collègues, à ce stade-ci, compte tenu de l'heure, nous
allons suspendre nos travaux. Et on se retrouve à 14 h. Merci pour votre
collaboration.
(Suspension de la séance à 13 heures)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 05)
Le Président (M. Simard) : Bien.
Chers collègues, je constate que nous avons quorum et nous pouvons donc
reprendre nos travaux. Au moment de suspendre, nous étions rendus à l'étude d'un
amendement déposé par le député de Maurice-Richard à l'article 10.9 et la
parole appartenait à notre collègue de... du député de... du comté de
Mont-Royal Outremont.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. J'aimerais qu'on revienne sur les préoccupations qui ont été mises
de l'avant par la CAI dans leur mémoire assez étoffée qu'ils ont déposé, là,
relativement à l'étude du projet de loi. Là, ce qu'on comprend de la part du
gouvernement, c'est qu'il y aura des consultations, modalités à déterminer,
mais on a eu... on s'est fait rassurer d'une certaine certaine façon par le
ministre, mais, suite aux consultations, selon le texte de 10.9, le
gouvernement pourra procéder par règlement pour préciser les données numériques
gouvernementales ayant des caractéristiques biométriques ou contenant des
mesures biométriques qui pourront être utilisées, et ce, dans les cas et aux
conditions qu'il détermine. Alors, ça demeure très large et ça demeure, selon
moi et selon la CAI, on pourra arriver dans le fin détail de leurs
préoccupations... ça demeure quand même un pouvoir très large qui va s'exercer
par voie de règlement. Et j'ai encore une préoccupation à savoir de quelle
façon est-ce que les parlementaires pourront être impliqués et pourront
échanger avec les experts afin d'obtenir un niveau de satisfaction adéquat pour
la population, encore une fois.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Bélanger : Mais, là
encore, on est au niveau des modalités. Je me suis engagé à... Dans le fond,
mon prédécesseur s'était aussi engagé à des consultations. Ça fait que je suis
son engagement et je refais l'engagement qu'il va y avoir des consultations,
mais, à ce stade-ci, je ne suis pas en mesure de définir les modalités. Les
modalités vont être... vont à être déterminées.
Mme Setlakwe : Merci. Bien,
écoutez, je vais revenir, dans ce cas-là, à ce que la CAI met de l'avant...
Mme Setlakwe : ...comme
occupation. Mais avant d'y arriver, revenons à la séquence, là. On a un projet
de loi sous les yeux qui encadre donc l'identité numérique et qui mentionne à
10.9 que le gouvernement pourra, par règlement, ultérieurement, bon,
préciser, déterminer différentes choses et préciser les données numériques
gouvernementales ayant des caractéristiques biométriques qui peuvent être utilisées.
Mais comment se fait-il que la consultation dont on parle n'a pas eu lieu avant
le dépôt du projet de loi? Est-ce que la consultation avait débuté? Et juste
nous réexpliquer, là, la séquence parce qu'elle est importante ici, là. C'est
un pouvoir très large qui est donné alors que la consultation n'a pas eu lieu
ou elle a peut-être eu lieu en partie, elle est suspendue. Je pense qu'il faut
clarifier tout ça.
M. Bélanger : Peut-être... À
ma connaissance, il y a eu une consultation, un début de consultation qui s'est
fait en ligne. Pour moi, ce n'est pas satisfaisant une consultation uniquement
en ligne. Le bloc 3 qui traite de l'identité numérique a justement été mis
sur pause pour avoir une consultation plus avancée qu'une consultation en ligne.
Je n'arrive pas à la conclusion de dire que c'était prévu qu'elle soit
uniquement en ligne. Ce que je dis, c'est que la consultation avait débuté sur
une certaine façon en ligne, il y avait des éléments qui avaient été... un
début de collecte. Et puis on a décidé de mettre cette étape-là sur pause pour
arriver avec une consultation, justement, pour après ça redémarrer, recéduler
le bloc 3 du service d'identification numérique québécois, du programme de
service d'identification numérique québécois.
• (14 h 10) •
Mme Setlakwe : Merci. Donc,
est-ce qu'on doit comprendre que c'est vous, suite à votre entrée en poste, en
fonction, à titre de ministre, qui avait pris la décision de suspendre la
consultation qui était déjà en cours ou est ce qu'elle avait déjà été suspendue
avant votre arrivée?
M. Bélanger : Je dirais que
c'est d'un commun accord. Elle n'a pas été suspendue ou elle s'est faite. Je ne
peux pas arriver avec la date, là. Je pourrais essayer de savoir l'information,
mais je n'ai pas l'information à la date où ça a été suspendu, mais il y a
définitivement une volonté d'avoir une consultation, une consultation avec plus
que... plus qu'en ligne, consultation, comme je vous ai dit, qui implique des
citoyens, qui implique des groupes d'experts, mais je ne peux pas m'avancer
plus sur la modalité précise, mais c'est un engagement. Je mentionne les
citoyens, je mentionne, en plus des mémoires qu'on a reçus, mais de refaire
d'autres... d'autres consultations au niveau plus scientifique. Et puis, par la
suite, en bout de ligne, selon les recommandations et les suggestions qui vont
être... qui vont être énoncées, on va pouvoir utiliser ces recommandations-là.
Il faut toujours savoir qu'à la fin, c'est le citoyen qui décide, même si c'est
concluant d'utiliser tel type de données, oublions la biométrie, pensons aussi
aux données non... Et, exemple, au niveau du service d'authentification
gouvernementale, c'est toujours possible pour le citoyen d'utiliser... d'éviter
la fracture numérique, justement, d'être capable d'utiliser la façon
traditionnelle au niveau de s'identifier... au niveau de l'identification,
c'est ça.
Mme Setlakwe : Merci. Oui.
Parce qu'il y en a un article dans le projet de loi qui spécifie qu'on...
l'utilisation de l'identité numérique nationale ne peut pas être imposée à un
citoyen.
M. Bélanger : Tout à fait. Je
suis d'accord avec vous. Ça ne peut pas être imposé. Donc, il y a toujours le
choix.
Mme Setlakwe : O.K.Mais
afin que le citoyen bénéficie d'une transparence et puis comprenne donc... et
ait confiance parce que c'est ce qu'on veut, encore une fois, que le citoyen
adhère et qu'il ait confiance. On ne souhaite pas simplement se dire :
Bien, peu importe, il ne sera pas obligé de le faire. Je pense qu'il faut aller
au bout de l'exercice et de se demander : Est-ce que la pièce législative
qu'on a sous les yeux offre un niveau satisfaisant de transparence? Et est ce
qui prévoit un processus rigoureux de consultation des citoyens, des experts, etc.,
suite à quoi le citoyen pourra, en toute connaissance de cause ou à la...
pourra consentir ou non, mais avec toute l'information disponible s'il souhaite
participer ou pas? Je pense qu'il faut quand même s'assurer d'avoir un
processus qui assure une transparence puis qui assure une participation, pas
juste des citoyens, mais des parlementaires aussi.
Revenons, donc, la consultation, elle
était... elle a débuté, elle a été mise...
Mme Setlakwe : ...sur pause.
Elle était seulement en ligne. Ça a été jugé insuffisant. Parfait. Est-ce qu'il
y a des... il y a des sommes d'argent qui étaient allouées à cette consultation
et qui sont maintenant... qui sont toujours disponibles, les sommes d'argent
qui sont nécessaires pour mener à bien cette consultation, ou est-ce qu'on a
besoin de fonds additionnels pour une consultation plus large?
M. Bélanger : Je ne pense pas
qu'on a besoin de fonds additionnels. Mais là on rentre quand même dans les
technicalités, là, parce que je ne peux pas définir d'une façon précise quel va
être le coût de la... quel va être le coût de la consultation, mais ça fait
partie du projet, qui lui est budgétisé, qui... il y a un budget, il y a
plusieurs blocs, et ce n'est pas le dernier bloc. Donc, une question
d'utilisation du budget. Moi, je vous... je ne peux pas... Tantôt, vous avez
posé... l'argument que... Je peux garantir le libre choix ou je peux... je
peux... Je vais trouver les moyens pour m'assurer que le citoyen a toute
l'information nécessaire pour faire... pour faire ce choix-là. C'est quand
même, c'est... Je ne pense pas que la consultation peut mettre en place tous
les éléments pour garantir à 100 % que le citoyen a le libre choix de
prendre la décision... de donner ses données biométriques ou pas, là, c'est son...
on arrive... quand même, c'est assez large, mais on va faire de notre mieux
pour vraiment informer.
Puis, par rapport à ce qui se fait
aujourd'hui, exemple, au niveau des GAFAM, je peux vous confirmer qu'il va y
avoir quand même plusieurs éléments pédagogiques, des éléments d'information.
Il restera toujours par la suite que, si le citoyen juge qu'il n'a pas
l'information satisfaisante ou suffisante, si jamais il y a des données
biométriques qui seraient utilisées, il aura le choix d'aller de l'avant ou pas.
Mme Setlakwe : Merci. Donc...
M. Bélanger : Ça, c'est
important. C'est un élément vraiment important, ce choix-là, parce que, s'il
n'avait pas le choix, là, je comprends très bien qu'il faudrait s'assurer à
100 % qu'il ait tout compris, mais on lui laisse, on lui laisse le choix.
Puis ça va être clair, ça ne sera pas un petit encadré que t'es obligé de
dire : O.K. pour continuer l'application.
Mme Setlakwe : Très bien,
merci. Donc là, ce qu'on comprend, c'est que la consultation en elle-même n'est
pas suffisante pour... n'offrira pas toute l'information nécessaire au citoyen
pour faire un choix éclairé. Dans le fond, le processus de consultation, si on
comprend bien, c'est plus pour aller... pour que vous et vos équipes, vous y
allez, à la cueillette d'informations puis prendre le pouls de la population et
des experts sur le sujet.
M. Bélanger : Bien, je pense
que le citoyen va avoir beaucoup d'informations sur, justement, si le... de
faire un choix judicieux, mais je ne peux pas garantir à 100 % qu'il a
réponse à tous ses... qu'il aura réponse à toutes ses questions. Et, à ce
moment-là, il pourra décider, il aura le libre choix de dire : Ce n'est
pas satisfaisant à 100 % pour moi, donc j'ai le choix de ne pas y aller. Vous
savez, ça peut être la question de, dans 10 ans, qu'est-ce qui va se
passer. Je ne le sais pas. Est-ce que ça, c'est une réponse qu'on devrait avoir
dans 10 ans et puis devrait faire partie des réponses qu'on va fournir au
citoyen pour qu'il décide d'utiliser une donnée qui, dans 10 ans, pourrait
être utilisée à d'autres? Mais je pense que c'est des éléments qu'il faut
analyser, puis il faut utiliser la science, travailler avec la science, les
informations qu'on va obtenir, par la suite les partager avec des citoyens. Il
y a peut-être une séquence, une séquence qui doit être faite. On ne fera pas
tout le travail avec les citoyens, par la suite utiliser des groupes... des
groupes scientifiques pour arriver avec de l'information puis après ça
retourner au citoyen avec des réponses. Donc, il y a un processus.
Là, vous m'avez posé des questions tantôt,
puis je voudrais suspendre pour être capable de vous donner des précisions sur
les informations que vous m'avez demandées au niveau de la date sur...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, nous allons suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 14 h 17)
(Reprise à 14 h 21)
Le Président (M. Simard) :
À l'ordre. Merci beaucoup. M. le ministre, la parole vous appartient.
M. Bélanger : M. le
Président, j'ai eu... J'ai eu les informations. C'est... C'est un début de
consultation qui avait été en ligne pour 24 heures le 3 octobre, puis
ça a été retiré. Et puis, moi, je vous donne la position qu'une consultation en
ligne n'est pas suffisante, ce qui fait que je veux une consultation et que
peut-être il va y avoir une partie en ligne, mais il va y avoir une partie
citoyenne, puis une consultation avec... avec des experts. Puis on... Je ne dis
pas qu'on est... Bien, on n'est pas ici... Dans cet article... Dans l'article,
on parle de mesures biométriques, là, puis l'alinéa trois, donc, on ne parle
pas de détails au niveau de la consultation qui doit avoir lieu, là. C'est vraiment
au niveau de l'article en particulier. Mais je me suis engagé, je me suis
engagé à ce qu'il y ait une consultation, une consultation citoyenne. Ça va
être à votre satisfaction, mais pas uniquement la vôtre, satisfaction des
groupes qui vont... qui vont intervenir. Et puis je m'engage à ce que ce soit
fait dans les... dans les règles de l'art. J'y tiens beaucoup parce que
l'acceptabilité sociale et l'acceptabilité au niveau de la science est un
élément important pour ces données-là.
Le Président (M. Simard) :
Alors, effectivement, je me permets, à ce stade-ci, puisque le ministre ouvre
la parenthèse, de vous le rappeler bien amicalement. Il y a toujours des zones
grises, hein? Effectivement, l'article 10.9 introduit l'idée d'un
règlement, par voie de conséquence, d'une consultation, dont on peut bien sûr
parler. Mais néanmoins, il m'importe, comme président, de vous rappeler que
l'amendement proposé par le député de Maurice-Richard porte spécifiquement, de
manière précise, sur la suppression du paragraphe 3°, qui n'implique pas
directement l'idée de consultation. Alors, cette réflexion étant terminée, on
poursuit. Mme la députée.
Mme Setlakwe : Merci, M.
le Président. Et moi, j'ajouterais simplement que...
Mme Setlakwe : ...de pouvoir
se prononcer en faveur ou contre la proposition d'amendement. En tout respect,
il est utile, pour nous, quand même d'élaborer un peu, parce qu'il faut
comprendre l'impact de le supprimer, aussi l'impact et les conséquences de le
maintenir. Alors, moi pour moi, ça va, pour le moment, sur cet amendement-là. 4
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chère collègue. Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Est-ce que je peux savoir combien de minutes j'ai, s'il vous plaît?
Le Président (M. Simard) :
Alors, vous commencez, vous commencez. Vous auriez...
Mme Caron : Oui, je vais
commencer, mais j'ai deux minutes...
Le Président (M. Simard) : ...une
bonne vingtaine de minutes.
Mme Caron : Ah mon Dieu! O.K.
Alors, merci, M. le Président. Donc... et, comme disait ma collègue, sur
l'amendement pour savoir si on se positionnera pour, contre ou si on
s'abstiendra de cet amendement qui a été fait par le député de Maurice-Richard.
Je pense qu'un peu le nœud du problème, c'est que c'est la notion de règlement.
Parce qu'un règlement, selon la Loi sur les règlements, comme j'y référais
avant-hier dans la dernière séance, ça n'implique pas une consultation, ça
implique un délai où les gens peuvent donner leur avis sur le règlement. Mais
dans la réalité de la chose, il faut que les gens sachent que le règlement
vient d'être publié tel mercredi et aient les moyens, la possibilité de faire
connaître leur avis dans le délai imparti, un 45 jours, par exemple.
Alors, imaginons qu'un règlement est
publié en été ou même même durant la session parlementaire, les citoyens et les
groupes ne seront pas nécessairement à l'affût toutes les semaines d'aller voir
s'il y a un règlement qui est... qui a été publié et, donc, pour être prêts à
faire leurs commentaires sur le règlement. Donc, moi, je n'appelle pas ça, une
consultation, là, par simple fait qu'il y a publication d'un règlement. Ici on
parle de consultation, parce que le ministre a pris un engagement politique,
pour reprendre ses mots, de consulter. Et la question qu'on se pose, que ma
collègue posait plus tôt ce matin, la députée de Mont-Royal—Outremont,
dans l'ordre des choses, c'est parce qu'en commission... en
consultation, on a eu des groupes, y compris la Commission d'accès à
l'information, qui est venue nous mettre en garde sur les aspects visés, là,
par l'amendement, c'est-à-dire les données biométriques.
La commission nous disait... avait, dans
sa recommandation, la recommandation 17 de son mémoire, de retirer du
projet de loi le pouvoir réglementaire résiduaire du gouvernement prévu au
paragraphe 4° de l'article 10.9 de la... tel qu'édicté par
l'article 6 du projet de loi, et de prévoir directement dans le projet de
loi tout l'encadrement relatif à l'usage de la biométrie dans le cadre de l'identité
numérique nationale. Donc, puisque ces groupes sont venus en commission
parlementaire durant les consultations, pour nous dire : Faites attention,
la biométrie, c'est large, ça peut être très pratique, mais au-delà d'être très
pratique, il peut avoir des enjeux de sécurité. Donc il faudrait les traiter à
même le projet de loi et non dans un règlement. Alors, c'est pour ça qu'on a
toute cette discussion.
Et la question qui se pose, c'est :
Bien, puisqu'on a eu ces mises en garde, ces recommandations durant les consultations
du présent projet de loi, mais pourquoi on n'y a pas donné suite en amendant le
projet de loi pour que des consultations ultérieures ne soient pas nécessaires,
puisqu'on a eu des consultations sur ça, et que le règlement ne soit pas
nécessaire non plus, mais que ce soit intégré au projet de loi? Alors, le
questionnement se justifie, je dirais, d'être très légitime dans cette
optique-là. Maintenant, le gouvernement a fait le choix de ne pas intégrer au
projet de loi tout l'encadrement des données biométriques. C'est son choix.
Alors là, c'est de voir, bien, qu'est-ce
qu'on peut faire pour être rassuré parce que je ne mets pas en doute la bonne
volonté et l'engagement du ministre à vouloir faire des consultations. Mais,
avant-hier, j'ai posé des questions sur : Mais ça va prendre quelle forme,
ces consultations-là? Est-ce que ça va être une commission parlementaire qui va
se pencher là-dessus avec des citoyens, puis avec des experts? Mais ce n'était
pas... ça ne pouvait pas être précisé. La réponse était : Ce sera en
ligne... en présentiel et en ligne...
Mme Caron : …et puis alors j'ai
dit : Bon, comme ça ne sera pas une commission itinérante. Et le ministre
a dit : Bien, moi, j'aime ça, me promener dans… aller dans certaines
régions, rencontrer les gens. Puis je suis bien d'accord avec lui sur ce
point-là. Donc bref, avec la… cette conversation-là et la conversation qu'on a
aujourd'hui, le modèle, la forme, puis je ne veux pas entrer dans les modalités
très précises, là, mais de la consultation, disons que c'est… c'est un peu… ce
n'est pas... ce n'est pas... ce n'est pas déterminé. Il y a… on répond à ma
collègue qu'il n'y a pas… pas besoin d'argent pour ça. Bien, si on n'a pas
besoin d'argent pour faire une consultation, ça ne veut dire que ce ne sera pas
une consultation qui va… qui va se promener, là.
Alors, qu'est-ce que… voyez-vous pourquoi,
M. le Président, c'est un petit peu difficile. On veut bien faire un acte de
foi, mais là, c'est tellement important, cette question des données
biométriques que le fait que ce soit par règlement, le fait que ce soit par…
qu'il y ait une consultation qui n'est pas enchâssée dans la loi, dans le
projet de loi… Et je comprends, Maître Bacon nous a dit : On n'a pas besoin
d'enchâsser, dans un projet de loi, une consultation publique, ça, je le
comprends bien. Mais, dans ce cas-ci, quelle assurance avons-nous, sinon la
parole du ministre, que je ne remets pas en doute, mais on est en politique?
Regardons le contexte, il ne reste plus beaucoup de temps au mandat de l'actuel
gouvernement. Alors, si un pépin arrive, que la consultation ne peut pas avoir
lieu à l'automne, n'aura… Ce serait étonnant que ce soit… que ça ait lieu
l'hiver prochain en… dernières… derniers mois, dernières semaines du mandat.
Alors, qui nous dit qu'un prochain ou une prochaine ministre de la
Cybersécurité et du Numérique ira dans le même sens que l'actuel ministre pense
aller avec une consultation? Est-ce qu'un prochain… un prochain titulaire du poste
ne pourrait pas dire : Bon, bien là, on a adopté le projet de loi, c'est
clair, c'est par règlement, et je peux déterminer, et il n'y a rien qui
m'oblige à tenir une consultation publique dans le cadre du projet de loi.
• (14 h 30) •
Alors, vu la… les préoccupations que
soulève l'utilisation des caractéristiques biométriques ou des mesures
biométriques dans les données numériques gouvernementales, je pense que ça
mérite qu'on… qu'on aille… qu'on ait cette discussion-là. Mais au-delà de ça
qu'on… qu'on apporte des modifications à cet article, parce que sinon, on a
comme les mains liées, on ne peut pas vraiment… on ne peut pas vraiment rien
faire si jamais la consultation, pour quelque raison, qui ne pourrait pas avoir
lieu, simplement parce qu'un contexte fait que ça ne peut pas avoir lieu, ou
qu'un prochain titulaire du poste dirait : Bien non, on doit... on doit
aller de l'avant.
Puis j'en profite aussi pour rappeler que
la Ligue des droits et libertés, dans son mémoire, nous rappelait que durant l'étude
des crédits du ministère de la Cybersécurité et du Numérique, l'an dernier,
donc le 25 avril 2024, le titulaire du poste d'alors, le ministre
précédent, indiquait travailler déjà à la mise en place d'une infrastructure
reposant sur la biométrie pour l'identité numérique nationale, et ce, avant
tout débat public sur la question. Là, c'est ce qui… C'est le texte de la
ligue. Mais la citation est la suivante : «Je ne vous cache pas qu'on met
en place des infrastructures qui permettraient une identification par
biométrie, parce que ça nous amène à un niveau de sécurité qui est supérieur.
Ceci étant dit, avant d'aller là, il y aura des… il y aura des démarches qui
seront entreprises par notre gouvernement, notamment pour s'assurer de
l'acceptabilité sociale d'un tel projet, mais la technologie, si tant est que
les Québécois y soient favorables, le permettrait.» Donc, il y avait… il y
avait une volonté d'avoir en tout cas des démarches. Ça ne disait pas… ça ne
parlait pas de consultation, mais d'avoir des démarches pour s'assurer de
l'acceptabilité sociale du projet… En fait, pas du projet, mais de
l'utilisation de la biométrie dans l'identité numérique nationale.
Mais une démarche d'acceptabilité sociale,
ce n'est pas nécessairement une consultation comme celle dont nous parle le
ministre avec des… une consultation citoyenne, une consultation avec des
experts, puis une consultation qui est publique aussi. Parce que si on… si on a
fait que consulter les citoyens en ligne, ou peut-être par vidéoconférence, parce
qu'on a dit que ça pouvait être en présentiel et/ou à distance, bien, rien ne
nous indique que ces consultations seront publiques. Alors, ce serait important
d'avoir…
14 h 30 (version non révisée)
Mme Caron : ...d'avoir la
possibilité. Si, par exemple, l'amendement qui est devant nous n'est pas... n'est
pas adopté, bien, ce serait important de préciser que ça ne pourra pas... de s'assurer
que ça ne se fasse pas que par règlement, et que ce soit enchâssé dans le
projet de loi qu'il faut avoir des consultations, et que ce soit... que ce soit
public, puisque les groupes qui sont venus nous parler nous ont fait des
recommandations et que le gouvernement n'a pas jugé bon de modifier, d'amender
le projet de loi en fonction des recommandations faites ou des consultations
ultérieures, qui auraient pu être nécessaires, sur la biométrie avant qu'on
commence l'étude détaillée.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chère collègue. M. le ministre, souhaitiez-vous peut-être renchérir sur
ces commentaires?
M. Bélanger : Oui. J'ai
quelques points. Des informations financières parce que... puis c'est normal,
vous pouvez avoir de l'inquiétude, savoir, si on fait tel type de consultation,
allez-vous avoir le budget. Bien, ça tombe bien, on va avoir les crédits puis
on va peut-être se revoir aux crédits. Ça fait que je pourrai vous répondre à
cette question-là.
Mais je veux quand même revenir à un
projet. Parce que moi, je suis allé en politique puis je trouve ça quand même
passionnant puis je veux réaliser les engagements qu'on a pris. Je vais vous...
Je vais revenir au projet de, justement, Opération haute vitesse. Il y avait
des programmes normés qui étaient en place. Je disposais d'un budget d'à peu
près 100 millions pour le faire. Puis c'était un engagement. Et je voulais
réaliser cet engagement-là pour notre gouvernement. Ça fait que, finalement, j'ai
défini quels étaient les besoins, puis c'était 1.1 milliard. Vous allez me
dire : On n'a plus le budget, etc., aujourd'hui. Mais je peux vous dire
que, quand même, j'ai été chercher le budget de 1.1 milliard. Comme c'était
compétence et juridiction fédérale, j'ai appelé les fédéraux. J'ai dit :
Vous devriez mettre au moins 50 %. Donc, ça a permis de réduire le budget. Et
on l'a réalisé. Donc, j'ai trouvé les moyens, l'engagement, parce que j'y
crois, quand on s'engage.
Et là, je voudrais revenir à un point.
Parce que mon prédécesseur s'était engagé, moi, je m'engage, puis on ne sait
pas ce qui peut arriver dans la vie, là, je meurs cet été, puis tout ça, puis
il y a quelqu'un qui me suit, une autre personne, je crois que ce serait de ne
pas respecter mon engagement. Est-ce que c'est un outrage? Est-ce que c'est...
c'est... Je ne sais pas, là, je ne suis pas familier, mais je crois que ne pas
respecter l'engagement d'un ministre, si on remplace le ministre...
Et je veux revenir à la consultation qui
avait eu lieu, qui avait été mise en ligne le 3 octobre. Et c'était une
consultation en ligne. Pour moi, ce n'est pas suffisant, une consultation en
ligne. C'est... Ce n'est pas de l'information qui va être suffisante. Et puis
je serais même prêt à... Je vais... Je vais vous citer ou je vais lire, ça fait
partie du mémoire de la CAI, quelque chose que... un élément que j'adhère à
100 % : «L'importance des phases préparatoires d'un projet d'identité
numérique nationale doit être soulignée. Considérant l'ampleur du changement
représenté par l'identité numérique ainsi que les enjeux associés, un
déploiement réussi ne saurait faire l'économie de phases de consultation et d'évaluation
abouties. À cet égard, il est nécessaire d'impliquer toutes les parties
prenantes, y compris les citoyens, tout au long du processus, de la conception
à la mise en application du système. Cette prise en considération des
différents points de vue permet de faire ressortir les risques à prévenir, les
moyens de les atténuer ainsi que les besoins auxquels il faut répondre.» Ça, là,
c'est tout à fait dans ma philosophie de fonctionner.
Puis si... Je vais utiliser ces
critères-là, cette mission-là ou cette réflexion justement dans les... quand je
parle de règles de l'art, bien, c'est d'utiliser ces moyens, puis à la
satisfaction des participants. C'est un engagement politique mais c'est l'engagement
que je prends, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Je
vous rappelle à nouveau, de part et d'autre, puis je ne vise personne en
particulier, puis je sais qu'on fait tous notre possible, puis on apprend
beaucoup, mais au final, l'amendement porte sur la suppression du paragraphe
trois. Alors, Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Bien, merci, M.
le Président. Alors, je dirai qu'il y a plein d'engagements et de promesses
politiques qui n'ont pas été respectés au fil des... depuis les débuts du
Parlement du Québec. Alors, je ne pense pas que ça constitue un outrage que de
ne pas respecter l'engagement d'un précédent politicien. Mais, cela dit, le...
j'adhère tout à fait au passage que le ministre a lu dans le mémoire de la
Commission d'accès à l'information et... Mais, encore là, je pense que c'est
important qu'on soit rassurés, en noir sur blanc, dans le... dans le projet de
loi...
Mme Caron : ...je pourrais
proposer un amendement tout à l'heure, mais je ne vais pas en dire plus long,
puisque l'amendement que je proposerai n'est pas celui sur lequel on s'exprime
maintenant. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci à vous, chère collègue. Y aurait-il d'autres commentaires sur
l'amendement? Sans quoi nous allons procéder à sa mise aux voix. L'amendement
déposé par le député Maurice-Richard est-il adopté?
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Par
appel nominal. Alors, M. secrétaire, veuillez procéder, je vous prie.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Bouazzi (Maurice-Richard)?
M. Bouazzi : Pour.
Le Secrétaire : M. Bélanger
(Orford)?
M. Bélanger : Contre.
Le Secrétaire
:
M. Abou-Khalil (Fabre)... Mme Abou-Khalil (Fabre), excusez-moi.
Mme Abou-Khalil : Ca va.
Contre.
Le Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Contre.
Le Secrétaire
: M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont)?
Mme Setlakwe : Abstention.
Le Secrétaire
: Mme Caron
(La Pinière)?
Mme Caron : Abstention.
Le Secrétaire
: M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) :
Abstention. Cet amendement est donc rejeté, et nous pouvons poursuivre. Alors,
je ne sais plus, de mémoire, lequel des deux amendements était arrivé en
premier sur le Greffier. Je crois que c'est celui du collègue de
Maurice-Richard... ou de la collègue de La Pinière.
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Oui,
c'est tout à votre honneur. Alors, nous allons... Je vais demander à la
technique d'aller chercher cet amendement.
Et puis, pour nous aider, on va suspendre
momentanément.
(Suspension de la séance à 14 h 39)
(Reprise à 14 h 40)
Le Président (M. Simard) : Bien,
chers collègues, nous voilà de retour. Alors, Mme la députée de La Pinière,
auriez-vous d'abord l'amabilité de nous faire lecture de votre amendement, s'il
vous plaît?
Mme Caron : Bien sûr. Merci,
M. le Président. Alors, à l'article 6, article 10.9 de la Loi sur le ministère
de la Cybersécurité et du Numérique. Modifier l'article 10.9 de la Loi sur le
ministère de la Cybersécurité et du numérique, tel que proposé par l'article 6
du projet de loi, par l'ajout, au troisième paragraphe, après les mots «qu'il
détermine», des mots «après la tenue d'une consultation publique».
L'article modifié se lirait comme
suit :
Article 10.9. 10.9. Le gouvernement peut,
par règlement, troisième paragraphe, préciser les données numériques
gouvernementales ayant des caractéristiques biométriques ou contenant des
mesures biométriques qui peuvent être utilisées, et ce, dans les cas et aux
conditions qu'il détermine après la tenue d'une consultation publique.
Donc, c'est l'ajout des mots «après la
tenue d'une consultation publique». Donc, ça ne vient pas changer autre chose
dans l'article 10.9. C'est toujours par règlement que le gouvernement peut
agir, mais la tenue d'une consultation publique, en ajoutant ces mots-là, moi,
ça me rassurerait que la consultation, sans que soient déterminées toutes les
modalités de la consultation, bien, que ce sera public. Et une consultation
publique, ça comprend autant les citoyens que les groupes ou les experts qui
peuvent déposer des mémoires et qui peuvent être entendus. Et puisque c'est
public, bien, l'ensemble des parlementaires aussi peuvent être au courant de ce
qui est proposé. Alors, ça ne vient pas dénaturer l'article, mais ça vient
proposer... c'est-à-dire préciser qu'il y aurait la tenue d'une consultation
publique. Alors, dans un contexte politique qui changerait, quoi qu'il arrive,
autant les parlementaires que le public pourraient être rassurés qu'une...
Mme Caron :
...consultation publique aura lieu avant qu'un règlement soit adopté par le
gouvernement. Voilà.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous, très chère collègue. M. le ministre.
M. Bélanger : Bien moi...
Moi, j'ai ça puis j'ai... Ça fait comme si ma parole ne comptait pas. Je me
suis engagé politiquement à une consultation. Elle va être publique, oui, parce
qu'il y a une consultation citoyenne. Mais le mettre? Imaginez la lourdeur par
la suite pour chaque modification qui peut avoir lieu ou élément qui viendrait
bonifier, d'être... de redémarrer un processus de consultation. On a mis sur
pause le bloc 3, justement, pour avoir une consultation. Je ne crois pas
que ça soit nécessaire de le mettre dans l'alinéa trois pour préciser qu'il va
y avoir une consultation quand le ministre... Quand je me suis engagé au dépôt
du projet de loi, c'est l'étape qui va suivre, qui est la consultation
citoyenne et consulter des experts. Puis j'ai mis ma parole, c'est mon
engagement. Puis c'est surtout que ce n'est pas de la... Ce n'est pas cinq ans
plus tard, c'est l'élément qui suit le dépôt du projet de loi adopté.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Écoutez, je suis un petit peu étonnée de la réaction ministérielle
parce que, depuis au moins deux séances, on parle de l'engagement du ministre
de tenir une consultation publique. On ne fait que l'écrire ici. Jusqu'ici, je
n'ai pas mis en doute la volonté du ministre de faire la consultation publique.
J'ai exprimé des situations qui pourraient faire que le ministre soit... soit
différent pour toutes sortes de raisons, évidemment, qui ne sont pas qui ne
sont pas souhaitées, là, mais on ne connaît pas la vie, comme le ministre l'a
dit lui-même. Et puis le gouvernement est en... va entamer dès septembre la
dernière année de son mandat, et on veut s'assurer que cette consultation
publique ait lieu. Et ce n'est pas du tout question de remettre en doute la
parole du ministre parce que si, comme je l'ai dit tout à l'heure, des raisons
hors de... indépendantes de la volonté du gouvernement et du ministre
empêchaient la tenue d'une consultation publique, bien, qui nous dit qu'un
prochain ministre, dans un prochain gouvernement, respecterait la parole et
l'engagement politique de l'actuel ministre? On n'en a pas de... On n'en a pas
de garantie à cet effet-là. Alors, comme je le disais tout à l'heure, je ne
propose même pas de changer quoi que ce soit d'autre dans l'article. On laisse
le gouvernement y aller par règlement et on demande simplement que soit écrit
la volonté même exprimée maintes fois ici même par le ministre, de tenir une
consultation publique.
Le Président (M. Simard) :
Merci, chère collègue. D'autres commentaires?
M. Bélanger : Bien, pour
moi, c'est un désaveu. C'est... C'est ne pas avoir confiance...
Mme Caron : ...
M. Bélanger : Bien, non,
mais c'est se contredire. Vous ne dites pas que vous n'avez pas confiance en ma
parole, mais je veux lavoir par écrit. Vous savez, ce projet de loi là, d'après
moi, il devrait être... il devrait être adopté avant juin, je l'espère, qu'il
soit adopté avant juin. La première étape qui va suivre, c'est les
consultations. C'est la... C'est l'étape qui suit. C'est les consultations. Je
me suis engagé. J'ai lu une section du mémoire de la CAI en confirmant que
j'approuvais cette démarche. Je ne sais pas jusqu'à quel point je peux... Mais
je n'irai pas dans le détail de quel type de consultation et comment. Je dois
justement l'établir suite au dépôt, suite à l'adoption du projet de loi. Et
c'est l'étape qui va suivre, c'est l'étape... l'étape suivante. Vous savez,
c'est... Comment je pourrais dire? L'intelligence artificielle, exemple,
l'intelligence artificielle, tout ça évolue. Tout ça évolue rapidement.
D'arriver, puis d'avoir une obligation de précision, de déterminer de quelle
façon, on n'est pas en mesure à ce stade-ci, parce que les données sensibles
dépendent de comment on les entrepose. Vous pouvez avoir des données peu sensibles,
mal entreposées, et il y a un facteur de risque. Vous pouvez avoir des données
très sensibles bien entreposées, qui vont avoir un facteur de risque moindre
que des données moins sensibles et mal stockées qui sont disponibles partout,
que ce soit le nom et l'adresse...
Mme Caron : ...Merci, M. le
Président. Alors, je tiens à réitérer qu'il ne s'agit pas d'un désaveu du
ministre ou d'une mise en doute de sa parole. Je l'ai déjà dit, je le redis, je
ne suis pas... On n'est pas en train d'étudier un projet de loi qui porte sur
le ministre. On est en train d'étudier un projet de loi sur l'identité
numérique nationale, dont l'un des articles permet au ministre, quel qu'il
soit, là, permet au ministre de préciser les données numériques gouvernementales
ayant des caractéristiques biométriques ou contenant des mesures biométriques
qui peuvent être utilisées, et ce, dans les cas et aux conditions qu'il
détermine et le tout par règlement.
Alors, je ne vois pas quelle est la
difficulté de préciser que c'est après et ça se... que le règlement sera
adopté... sera rédigé, publié, adopté après la tenue d'une consultation
publique, que le ministre veut faire, qu'il n'a... ne cesse de nous dire depuis
des jours qu'il veut faire une consultation publique. Je ne lui demande pas non
plus de nous étaler toutes les modalités aujourd'hui d'une consultation
publique, simplement que ce soit indiqué, pour rassurer tout le monde, qu'il y
aura une consultation publique, quoi qu'il arrive, dans les mois qui vont
venir.
Le ministre me parle de ce qui peut
arriver dans 10 ans parce que la technologie évolue. Je suis bien d'accord
avec lui, mais là je ne pense pas que le règlement qui sera publié par le
gouvernement va prendre 10 ans. Je pense qu'il va être publié rapidement,
donc, après la tenue d'une consultation publique.
Alors, le fait de ne pas vouloir le
préciser noir sur blanc, alors que ça fait deux jours qu'on se fait dire que,
oui, oui, oui, j'ai l'engagement, je prends l'engagement en politique de
prendre une consultation publique, de faire une consultation publique et je
suis fiable et mon passé est garant de l'avenir... mais je ne vois pas quelle
est la difficulté. Il y a comme... Il y a une dichotomie, là, qui se fait, là.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre
M. Bélanger : Je suis
présentement en consultation pour avoir un amendement qui pourrait vous
satisfaire. J'attends le feu vert.
Le Président (M. Simard) : Nous
allons suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 14 h 50)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 17)
Le Président (M. Simard) : Bien.
Alors, chers collègues, notre pause fut très productive, dans la mesure où elle
nous a permis d'avancer. Et, pour faire une histoire courte d'une histoire
longue, il y aurait une proposition du ministre qui semble aller dans le sens
des demandes formulées par les députés de l'opposition. Et, non conséquemment,
à ce stade-ci, pour nous permettre d'étudier l'amendement qui sera déposé par
la ministre, j'aurais besoin que l'on puisse, par consentement, donc, révoquer
l'étude de l'amendement en cours.
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Simard) : Il
y a consentement. Très bien. Alors, toujours avec consentement, nous allons
procéder à l'étude de...
M. Bouazzi : ...
Le Président (M. Simard) : Non,
non, non, il est tout simplement... il n'existe plus, il devient caduc.
M. Bouazzi : Non, pas l'amendement,
mais l'article, parce que l'amendement que le gouvernement propose, il vient à
la fin...
M. Bouazzi : ...ça fait qu'on
suspendrait l'article en tant que tel pour sauter.
Le Président (M. Simard) :
Absolument. C'est ce que j'allais maintenant vous demander. Puisque c'est un
amendement introduisant un nouvel article et non pas un amendement à l'intérieur
de 10.9, j'aurais besoin de votre consentement pour en faire immédiatement
l'étude, après quoi nous pourrons revenir, bien entendu, à l'étude de 10.9.
Toujours avec votre consentement. Est-ce que ça vous irait? Il y a
consentement.
Donc, M. le ministre, cet amendement a
déjà été transmis sur Greffier. Pourriez-vous néanmoins, s'il vous plaît, nous
en faire lecture?
M. Bélanger : Insérer, après
l'article 42 du projet de loi, le suivant : 42.1. Aux fins de
l'élaboration du premier règlement pris en application du paragraphe 3° de
l'article 10.9 de la Loi sur le ministère de la Cybersécurité et du
Numérique (chapitre N-17.1.1), édicté par l'article 6 de la présente
loi, le ministre consulte la population par tout moyen qu'il juge approprié.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Souhaitez-vous apporter quelques commentaires supplémentaires? M. le
ministre? Non, ça vous va. Alors, Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, la question que je vais poser au ministre, c'est : En
quoi le fait de dire que le ministre consulte la population par tout moyen
qu'il juge approprié est plus acceptable de son point de vue ou du point de vue
du gouvernement, que de... ce que je proposais et que j'ai retiré, là, pour
qu'on puisse étudier cet amendement-là, en quoi c'est plus acceptable que de
préciser qu'on veut une consultation publique, comme il s'est engagé à la faire
après... à l'article 10.9, là, de mettre que le règlement pourra être
édicté après consultation publique?
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Bélanger : Mais je précise
qu'à la fin de l'élaboration du premier règlement, ça, c'est quand même un
élément qui est différent. Et puis, bon, je me suis engagé, c'est un engagement
politique pour satisfaire, ou rehausser, ou confirmer, je le mets par écrit
qu'il y a une consultation, une consultation de la population, ça n'écarte pas,
les... d'autres groupes, mais c'est assez inclusif : consultation de la
population par tout moyen qu'il juge approprié.
• (15 h 20) •
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Donc, alors, le début, le début de l'article, ça va tout à fait, là,
«aux fins de l'élaboration du premier règlement pris en application du
paragraphe 3° de l'article 10.9». Et vous me corrigerez si je comprends
mal, mais ce que je comprends, c'est que peut-être qu'ici c'est vraiment aux
fins de l'élaboration du premier règlement qui est prit en application de cet
article-là et non pas tout autre règlement qui pourrait être pris par la suite.
Est-ce que je comprends que la façon dont l'amendement que j'avais soumis, la
façon dont il était écrit, pouvait obliger de faire une consultation publique
après chaque publication de règlement et non seulement après le premier? Est-ce
que c'était ça?
M. Bélanger : Entre autres,
mais il y a aussi au niveau de consulter la population par tout moyen qu'il
juge approprié pour moi me convient, traduit bien, là, ma volonté de le faire dans...
selon les valeurs, et les règles de l'art, et puis toute consultation qui va
être appropriée pour, justement, arriver avec les résultats qu'on... les
résultats visés.
Mme Caron : Alors, M. le
Président, est ce que... je comprends, donc, lorsqu'on dit que le ministre
consulte la population par tout moyen qu'il juge approprié, ça veut dire, comme
le ministre l'a dit plutôt aujourd'hui, que juste une consultation en ligne, ce
n'est pas suffisant, c'est pour ça que la consultation d'octobre 2024 a été
arrêtée au bout de 24 heures et qu'il pourrait y avoir consultation en
ligne mais aussi potentiellement en présentiel. Est-ce que ça veut dire que ce
sera public? Est-ce que ça veut dire que ce sera vraiment une consultation et
non pas juste la possibilité d'aller commenter un règlement dans le délai qui
suivra le règlement, ou ça pourrait être uniquement ça?
M. Bélanger : Mais là vous
avez beaucoup de questions. Je peux vous répondre à une, c'est que ça ne sera
pas uniquement en ligne, parce qu'on... ce n'était pas satisfaisant à ce
moment-là...
M. Bélanger : ...mais je ne
veux pas, à ce stade-ci, commencer à détailler les particularités de quel type
de consultation puis tous les détails de la consultation, les...
Mme Caron : Ça, je comprends
ça, M. le Président. Donc, ce que... le ministre confirme que ce sera une
consultation qui ne sera pas juste en ligne parce que c'était jugé insuffisant.
Est-ce que le... Est-ce que l'échéancier, je dirais, serait le même que celui
dont le ministre a parlé plus tôt, c'est-à-dire après l'adoption du projet de
loi n° 82, mais avant le début du bloc trois du projet de l'identité
numérique, donc possiblement le mois prochain ou même... ou en septembre?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Bélanger : Bien, ça vient
en plus des consultations du règlement. Puis je pense qu'il y a un délai. C'est
quoi? C'est 40, 45 jours?
Une voix : ...
M. Bélanger : 45 jours.
En plus de ces consultations-là, il va y avoir une consultation. Comme je vous
dis, la... consulter la population par tous les moyens qui est jugé approprié.
Mais c'est en plus des consultations, là, suite au règlement.
Mme Caron : Alors, M. le
Président, on confirme que ce ne sera pas juste le délai de réaction, de
commentaire qui suit toujours un... la publication d'un règlement, mais qu'il y
aura effectivement une consultation. Je comprends qu'on ne veut pas aller dans
le détail de comment ce sera fait, mais ce sera une consultation. Est-ce qu'on
peut s'assurer que ça va être public, cette consultation-là, ou que les
parlementaires auront accès ou... à ce qui sera dit durant... durant cette
consultation, quel que... peu importe la forme qu'elle prendra?
M. Bélanger : Encore là,
j'aime mieux rester sur «population». On rentre dans les détails, puis c'est...
je ne suis pas en mesure de fournir les détails, à ce stade-ci. Mais je
confirme que ça avait été... ça n'avait jamais été mon intention de rester dans
les 45 jours suite à la publication du règlement. L'intention, je vous
l'ai dit, de les faire dans les... faire une consultation dans les règles de
l'art... c'est un moyen que je juge approprié. Et ça va être dans les règles de
l'art.
Mme Caron : Et est-ce qu'on
regarde toujours un calendrier comme celui dont le ministre avait... avait
parlé, c'est-à-dire après l'adoption du projet de loi n° 82, mais avant le
début du bloc trois du projet d'identité numérique, donc possiblement le mois
prochain ou en septembre prochain?
M. Bélanger : Avant la fin de
l'année puis après le dépôt, l'adoption du projet de loi. Donc, je me garde
une... Moi, je ne peux pas vous dire aujourd'hui si le processus prend... prend
un mois, deux mois, une semaine. Mais je suis quand même confiant que pour
décembre... Parce que, si je regarde dans mon échéancier, mon Gantt, au niveau
des... au niveau des différents... différents projets, je ne veux pas... je ne
veux pas décaler trop. Le bloc trois était prévu au 31 mars. On l'a mis
sur pause. Donc, on va faire les consultations. Je suis confiant que, rendus
avant la fin de l'année, on va voir les informations... les informations, les
recommandations que l'on... que l'on cherche.
Mme Caron : D'accord. Alors,
M. le Président, je comprends que ce sera après l'adoption du projet de loi
n° 82 et quelque part cet automne, peut-être en septembre, peut-être en
octobre, peut-être en novembre. Mais l'objectif est d'avoir terminé les
consultations avant... d'ici la fin de l'année civile, donc d'ici décembre
2025. C'est ce que je comprends.
M. Bélanger : C'est mon
souhait. Puis je n'ai pas de plan à faire, des consultations, pendant les deux
semaines de vacances de la construction.
Mme Caron : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chère collègue. M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Bien, plusieurs
questions rapides. Donc là, je comprends que la consultation va avoir lieu
avant qu'on connaisse évidemment le contenu du premier règlement.
M. Bélanger : Oui.
M. Bouazzi : On consulte
avant pour pouvoir l'écrire. Pourquoi... Pourquoi juste le premier? Imaginons
que vous consultez, et puis le premier, bien, il n'y a pas de biométrique. Et,
le deuxième, vous pourriez faire un règlement qui inclut le biométrique sans
qu'il n'y ait aucune consultation?
M. Bélanger : C'est le
premier qui jette les bases, sinon, après, on risque de s'enligner sur la
moindre petite modification et de déclencher des consultations pour de... Je
pense que, si la consultation... pas «si», la consultation va être faite dans
les règles de l'art, ça va être rigoureux, et on va avoir touché les aspects...
tous les aspects requis...
M. Bélanger : ...et pour
arriver avec les meilleures recommandations.
M. Bouazzi : Est-ce qu'on
peut dire qu'il est préférable qu'à chaque fois qu'on touche aux données
biométriques... parce que ça dépend de ce qu'il y a dans ce règlement-là, à
chaque fois qu'on va toucher aux données biométriques, on va consulter la
population?
M. Bélanger : Attendez. On va
prendre une pause.
Le Président (M. Simard) : Nous
allons suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 15 h 28)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 36)
Le Président (M. Simard) : Bien.
Chers collègues, nous sommes toujours à l'étude d'un amendement introduisant l'article 42.1
déposé par M. le ministre de la Sécurité... de la Cybersécurité. Alors, M. le
ministre, auriez-vous d'autres commentaires? En fait, non, nous étions à une
réponse à une question du député de Maurice-Richard.
M. Bélanger : Bien, j'ai
quelques points, puis peut-être que ça ne répondra pas à sa question, donc le
député de Maurice-Richard pourra revenir avec sa question, M. le Président.
Mais, d'entrée de jeu, je comprends que vous êtes pour une consultation, donc,
qui était prévue. Puis moi, ce que je propose dans cet amendement-là, c'est
évidemment de faire le tour du jardin puis de faire la consultation avant le
premier règlement. Donc, la consultation est avant le premier règlement.
À chaque règlement, à chaque fois qu'on...
un règlement, il peut toujours y avoir une consultation par la suite, mais là
je le fais comme un double. Je propose d'avoir la consultation avant le premier
règlement en ayant fait le tour du jardin pour obtenir les informations. Donc,
moi, tantôt, c'était l'engagement politique que j'avais. Peut-être que vous
doutiez de mon engagement politique ou pas, là. Je le mets par écrit, c'est où
je vais me rendre aujourd'hui au niveau de cet amendement-là. Merci.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Maurice Richard.
M. Bouazzi : M. le...
M. Bouazzi : …M. le Président,
ça fait plusieurs fois que le ministre parle de douter ou ne pas douter, et je
pense que c'est clair pour tout le monde, ce n'est pas la question. La
démocratie, ce n'est pas une question de doutes ou pas. La législation, la loi,
ce n'est pas une question de doutes ou pas. Si demain votre gouvernement n'est
plus là et que c'est le prochain gouvernement, on va dire quoi? On va
dire : Non, mais attendez, je ne doutais pas dans le précédent. Ça n'a… ça
n'a aucun sens, honnêtement, là.
Donc, plus sérieusement, la question est
effectivement de se dire, on veut consulter. Ce que la CAI, entre autres, nous
dit et ce que les intervenants nous ont dit, c'est que les données
biométriques, elles ont une place particulière. C'est ça, la question. Et ma
question à moi, c'est de dire : Bien, plutôt que de dire : le
premier, le 10ᵉ, le 20ᵉ, on dit juste : ceux qui touchent aux données
biométriques, il faut consulter. C'est juste ça. Parce que si le premier que
vous commencez dans quelques semaines, d'après ce que vous dites, ou dans
quelques mois… et vous dites : Bien, en fait, on n'est vraiment pas prêt à
stocker les données biométriques des Québécoises,des Québécois, je ne vais pas
le faire, là, Mon premier… mon premier règlement ne parlera pas des données
biométriques et que, deux ans après, tout d'un coup, on se dit : Bon,
bien, on va maintenant ramasser les photos des rétines des Québécoises et
Québécois, bien, ce serait bien de consulter avant.
Donc, je vous entends, je ne pense pas que
vous allez modifier les données biométriques que vous ramassez sur les
Québécoises et Québécois tous les jours. Et donc moi, ce que je vous
proposerai, c'est non pas de dire le premier, le premier, tant mieux, là, si
c'est… mais dire : Tout ce qui touche à la gestion des données biométriques
des Québécoises et Québécois. Est-ce que vous seriez ouverts à ce genre de
modifications?
M. Bélanger : Non, j'ai un
échéancier et je l'ai dit tantôt qu'avant Noël, la consultation va avoir… va
avoir eu lieu. J'ai un échéancier à respecter. Et puis, est-ce qu'on est prêt?
Oui, on est prêt. On a un nuage… on a un nuage gouvernemental souverain et
c'est un processus que je vais faire. Et puis, s'il y a des données qui
pourraient être à risque dans la première analyse, elles ne seront pas collectées.
• (15 h 40) •
M. Bouazzi : Est-ce qu'il y a
déjà eu des brèches de sécurité sur des nuages souverains, M. le ministre?
M. Bélanger : Au Québec?
M. Bouazzi : Au Québec, oui.
M. Bélanger : Je peux
vérifier. Je peux vous revenir là-dessus.
Le Président (M. Simard) :
Alors, évidemment, je reformule un commentaire déjà formulé depuis le début de
nos travaux, je vous rappelle que nous sommes sur un amendement introduisant un
article traitant de la consultation. Veuillez poursuivre, je vous prie.
M. Bélanger : Moi, je vous
dirais, c'est hors contexte, c'est quand même… c'est quand même assez récent,
mais à ma connaissance, non.
M. Bouazzi : Bien, en tout… en
tout respect, ce n'est pas du tout hors contexte. Vous nous dites : On est
prêt, on a un… Une infrastructure, un… nuagique souveraine qui nous permet de
stocker les données biométriques des Québécoises et Québécois. Bon, votre
spécialiste de sécurité nous a dit : Le risque zéro n'existe pas. Ce n'est
pas parce que les Américains n'y ont pas accès que des hackers ne vont pas y
avoir accès. M. le ministre, vous êtes ministre de la Cybersécurité, je suis
sûr que vous le savez. Donc, concrètement, si vous vous faites voler les
données biométriques sur notre fameux infonuagique souverain, est-ce que vous
avez un protocole? C'est quoi, le protocole, une fois que les photos de rétine
ou d'empreintes digitales des Québécoises ont été volées, c'est quoi le… C'est
quoi, le protocole que vous proposez? Si vous êtes prêts, vous devez avoir un
protocole.
M. Bélanger : M. le Président,
je pense que c'est hors contexte. Là, on parle de photos de rétines, vous tirez
des conclusions que, lors de la consultation, les résultats vont faire qu'on va
prendre cette information-là. Moi, je pourrais vous dire que vous assumez qu'il
n'y a aucun encryptage, que… vous assumez du mode de sécurité, que c'est
uniquement en blocs. Et puis l'accès aux centres de données, qui serait
souverain gouvernemental, nous permet d'accéder les données dans leur
entièreté. Ça fait que c'est tirer des conclusions.
M. Bouazzi : En tout respect,
c'est tout à fait dans le contexte. C'est vous qui dites que vous êtes prêt à
accepter les données…
Une voix : …
M. Bouazzi : S'il vous plaît,
vous me laissez finir, à accepter les données biométriques des Québécoises et
des Québécois. Ce n'est pas... ce n'est pas... ce n'est pas de la... ce n'est
pas du jeu, là, on a des spécialistes de sécurité qui nous ont dit :
Faites attention, ces données-là, c'est la prunelle de vos yeux, au sens figuré
et au sens propre. La CAI est venue nous dire : C'est les données les plus
importantes que vous ayez à stocker. Et donc il est évidemment dans…
M. Bouazzi : ...le contexte
d'un projet de loi qui touche à l'identité numérique et de droit que vous vous
donnez, de consultations que vous donnez, vous dites : Bien, moi, je suis
prêt, je peux accepter ces données-là. J'essaie de comprendre dans quel cas, et
là vous nous dites : Je prends comme considération le fait qu'il ne soit
pas encrypté. En tout respect, M. le ministre, qu'il soit encrypté ou pas, et
on peut demander à vos spécialistes, on peut se faire voler ces données-là
autant qu'on peut se faire voler les clés. C'est très inquiétant qu'un ministre
de la Cybersécurité pense très sérieusement que le fait qu'elle soit encryptée
fait en sorte qu'on ne peut pas se les faire voler.
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Député
de Maurice-Richard, s'il vous plaît! Je dois intervenir à ce stade-ci. Je vous
l'ai demandé déjà poliment, prudemment, avec toutes, comment dire, les réserves
appropriées pour vous laisser la chance de revenir sur le sujet, mais là, à mon
avis, j'estime que, bien que vous soyez dans le cadre du projet de loi, vous
n'êtes pas du tout centré sur l'objet de l'amendement de 42.1 qui concerne nos
consultations. Alors, je vous demanderais d'y revenir ou de trouver un lien
pour atterrir le plus vite possible.
M. Bouazzi : Alors, j'y
reviens avec plaisir. Ma question était claire, c'est de dire... Là, ce qu'on
dit, c'est qu'on va consulter juste pour le premier. Moi, ce que je dis, c'est
qu'il faudrait consulter à chaque fois qu'il est question de données
biométriques, parce que c'est spécialement important pour des raisons de
sécurité et de démocratie. Bon, c'est ça, la question. Ça fait que je ne sais
pas en quoi ça serait hors sujet. Le ministre me dit : Moi, j'ai des
échéanciers, je ne vois pas en quoi ça toucherait à ces échéanciers de dire :
Bien oui, à chaque fois que je vais faire un règlement qui touche aux données
biométriques des Québécoises et Québécois, je vais faire une consultation qui
est on ne peut plus floue, là, taux moyen qu'il juge approprié. Vous avez toute
la latitude, là, de faire quelque chose qui ne prend pas beaucoup de temps. Ça
fait que c'est ça, ma question. Je ne comprends pas trop, mais en tout
respect...
Puis, vraiment, je veux juste que les
choses soient claires pour la suite des choses. C'est des données vraiment
importantes pour les Québécoises et Québécois. Je nous invite à être vraiment
respectueux du débat démocratique et de, s'il vous plaît, permettre à ce débat
d'atterrir quelque part.
M. Bélanger : Mais, M. le
Président, je vais passer la parole à l'expert en cybersécurité, mais j'ai
quand même un commentaire, un commentaire qui est très personnel. Je comprends
votre inquiétude. Puis, moi, ma suggestion, ce serait de peut-être éviter
d'utiliser votre téléphone cellulaire ou tout autre... parce que je sens, je ne
sais pas, une certaine angoisse à ce niveau-là. Je ne sais pas sur quelle
base... On est quand même assez avancée au niveau de la souveraineté des
données. On va utiliser... On va faire une consultation précise, ça va être
fait démocratique, dans les règles de l'art. Et je crois que ce qu'on va faire
est de beaucoup supérieur à ce qui existe actuellement.
Donc, je ne veux pas dire qu'il n'y a pas
lieu de se préoccuper, mais je pense qu'à un moment donné il faut être capable
de cadrer, de cadrer la discussion, parce qu'on n'en finira plus, parce qu'il
va avoir une nouvelle technologie dans trois ans, puis peut-être que, si on la
voit poindre, on va s'inquiéter de cette technologie-là. Ça fait que la
consultation va se faire dans les règles de l'art. On va être prudent dans
l'utilisation, s'il y a lieu, s'il y a lieu, d'utilisation, parce qu'on l'a été
prudent, on a suspendu... on a déjà mis sur pause le bloc 3.
Donc, je voudrais céder la parole pour
répondre à votre question, actuellement, est-ce qu'on est à risque, est-ce
qu'il y a eu des tests de stress de faits ou...
Le Président (M. Simard) : De
toute manière, je vous rappelle que nous sommes sur l'étude de l'article 42.1
qui traite des modalités de consultation. Alors, bien que les sujets abordés
soient très pertinents par rapport au projet de loi actuellement à l'étude,
franchement, on n'est pas sur l'objet bien précis de l'amendement.
Alors, s'il vous plaît, tant dans les
questions, que dans les réponses, je vous invite à revenir à l'objet à l'étude
actuellement. Alors, maître, veuillez prendre la parole.
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Alors,
si ce n'est pas vous, c'est qui? Alors, M., pourriez-vous, s'il vous plaît, le
temps que la caméra vous rejoigne... Nous vous écoutons.
M. Gauthier (Steve) : je vais
faire rapidement, parce qu'effectivement, là, on sort de la consultation qu'on
discute ici. Le NGQ, jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu de brèche de données.
Généralement, c'est une information qu'on ne donnera pour beaucoup de détails,
même en étude de crédits, vous allez peut-être amener ces questions-là. Quand
c'est des questions de sécurité, on limite l'information qu'on communique
pour...
M. Gauthier (Steve) : ...protéger,
justement mieux protéger. Jusqu'à maintenant, il n'y en a pas eu. On est quand
même au début de son utilisation, ça a été testé, retesté. On a découvert...
ça, je peux le dire, par contre, c'est public déjà, on a découvert dans la
mémoire ces huit ou neuf vulnérabilités qu'on appelle des 0-D, des
vulnérabilités dans des produits commerciaux qui sont utilisés pour le NGQ qui
n'avaient pas encore... qui n'étaient pas encore connues des fabricants,
puis...
Le Président (M. Simard) : ...s'il
vous plaît.
M. Gauthier (Steve) : Donc,
il y a des tests, il y a eu des tests avant qu'on commence à s'en servir et
d'autres tests vont être faits dans le futur.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M.. Alors, y aurait-il d'autres questions sur l'amendement? Sur l'amendement,
j'insiste.
M. Bouazzi : Bien, si vous me
permettez, M. le Président, l'échange que je pourrais avoir avec l'expert
répond justement à la volonté du ministre. Ça fait que ma question pour
l'expert est : Est-ce que vous êtes prêts à accueillir des données
biométriques sur cette infrastructure infonuagique?
Le Président (M. Simard) : Alors,
la réponse revient d'abord au ministre, mais je ne vois pas plus le lien avec
l'article 42.1, je regrette, là. Ce n'est pas que c'est impertinent, mais ce
n'est pas pertinent pour l'objet à l'étude, actuellement. Et vous êtes assez
brillant pour, à travers l'étude de l'article, des différents articles qui vont
venir... de revenir sur le sujet, mais là, vraiment, on est à côté de notre
plaque. M. le ministre, brièvement.
M. Bélanger : Oui,
brièvement, M. le Président, je pense que j'ai fait un bon bout de chemin puis
je crois que la vulnérabilité... on me pense vulnérable, donc je n'en
rajouterai pas plus. J'ai déjà dit ce que j'avais à dire puis j'ai déjà... je
me suis avancé beaucoup.
Le Président (M. Simard) : D'autres
commentaires sur l'amendement? Oui, Mme la députée de Mont-Royal-Outremont.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Nous, on aurait... on proposerait d'ajouter du texte au libellé qui
est soumis, mais avant de... il est dans le Greffier, d'ailleurs, si vous
voulez en prendre connaissance, mais avant j'aurais juste une petite question.
Parce que vous nous rassurez, vous nous dites que vous souhaitez que la
consultation soit faite selon les règles de l'art. On a aussi parlé du fait que
la consultation avait débuté en octobre dernier, octobre 2024, et qu'elle
aurait été retirée après 24 heures. Je pense qu'il faut quand même un petit peu
revenir dans le passé pour comprendre où on s'en va puis quelles sont les
intentions et quels sont... quels ont été les constats qui ont été faits
vis-à-vis de la consultation qui a été entamée et pourquoi elle a été retirée
après 24 heures. Juste avoir un peu... un peu plus d'information là-dessus,
s'il vous plaît.
• (15 h 50) •
M. Bélanger : Bien, on a
répondu, puis moi, ce que je peux vous répondre, c'est que des consultations en
ligne, ça ne me satisfait pas. Et puis j'ai pris le poste de ministre de la
Cybersécurité et du Numérique au mois de février. Donc, je vais définir quels
types de consultations vont être utilisées, vont être faites. Le bloc 3 est sur
pause, et je peux vous confirmer que ça ne sera pas des consultations 24 heures,
sur le Web, là.
Mme Setlakwe : O.K., je
comprends. C'est votre vision à vous depuis que vous êtes en poste pour les
consultations, vous ne souhaitez pas que ça dure 24 heures, mais il n'en
demeure pas moins qu'elles ont débuté avant votre arrivée, mais sous votre
gouvernement, elles ont débuté en octobre 2024 pour... et 24 heures plus tard,
la consultation a été... on y a mis fin. Mais vous ne souhaitez pas nous
partager les raisons pour lesquelles on y a mis fin, même si ce n'est pas vous
qui avez tiré les constats et ce n'est pas vous qui avez mis fin à la
consultation.
M. Bélanger : Je n'ai pas ces
informations-là. Peut-être qu'il y avait d'autres étapes à suivre. Moi, je vous
confirme aujourd'hui que la consultation que je vais effectuer, il va y avoir,
entre autres, une consultation citoyenne, je l'ai expliqué, je ne veux pas me
répéter, là, mais si... Je ne veux revenir en arrière, je n'y étais pas.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Chère collègue.
Mme Setlakwe : Oui. Est-ce
que vous avez...
M. Bélanger : J'ai peut-être
des éléments de réponse, si vous voulez. À. Je peux vous revenir avec des
éléments de réponse. Peut-être que ce n'était pas assez concluant parce que,
sur une période d'un mois, on avait eu 214 000 réponses enregistrées. Il y
avait une période d'un mois, 214 000 réponses enregistrées, peut-être qu'on
aurait voulu avoir plus de réponses sur une population plus représentative.
Mais comme je vous dis, M. le Président, je ne me base pas sur une analyse en
ligne.
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Alors,
on va suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 15 h 53)
(Reprise à 15 h 54)
Le Président (M. Simard) : Bien.
Nous sommes de retour. Me Bacon, à vous la parole.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui,
merci, M. le Président. Seulement pour préciser qu'il y a un site de
consultation du public sur quebec.ca. Alors, sur ce site-là, il y avait
plusieurs consultations citoyennes, dont la biométrie, et, en même temps, une
consultation sur le changement d'heure où, dans le cas du changement d'heure,
il y a eu quelque chose comme 214 000 répondants à cette consultation
citoyenne là. Ça fait que c'est quelque chose qui existe. C'est un outil, un
levier pour consulter la population qui est disponible et qui fonctionne.
Le Président (M. Simard) : Chère
collègue.
Mme Setlakwe : Merci. Donc,
vous nous précisez qu'il y a des réponses, autour de
214 000 réponses, à de très hauts... à un autre élément que celui de
la biométrie. Et puis là, il aurait été décidé, pas par le ministre actuel,
mais il aurait été décidé de retirer l'élément biométrie de cette consultation
qui couvrait plus d'un sujet.
Mme Bacon (Nathalie) : Exactement.
Mme Setlakwe : O.K., très
bien. Bon, ici on parle de consulter la population par tout moyen. On comprend
que vous voulez vous laisser une flexibilité. Et si on laissait le libellé tel
quel? De quelle façon les parlementaires seraient-ils impliqués dans la
consultation?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Bélanger : Bien, pour moi,
c'est approprié d'impliquer les parlementaires.
Mme Setlakwe : O.K. Donc,
parfait. Merci. Donc, nous, on aurait donc une proposition pour modifier votre
amendement en ce sens, s'il vous plaît.
Le Président (M. Simard) : C'est
un sous-amendement, conséquemment, ou d'un nouvel amendement.
Mme Setlakwe : Non, d'un
sous-amendement...
Le Président (M. Simard) : D'un
sous-amendement.
Mme Setlakwe : ...effectivement,
parce qu'il vient modifier le...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
Mme Setlakwe : ...la
modification sous études.
Le Président (M. Simard) : Seriez-vous
en mesure de nous le transmettre sur Greffier?
Une voix : C'est fait.
Le Président (M. Simard) : C'est
déjà fait, mon Dieu! Alors, on va suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 15 h 56)
(Reprise à 15 h 58)
Le Président (M. Simard) :
Chers collègues, vous souhaitez débattre d'un sous-amendement apporté à
l'amendement 42.1. Nous vous écoutons, chers collègues. Pourriez-vous
d'abord, peut-être, nous en faire lecture?
Mme Setlakwe : Oui,
certainement. Il apparaîtra à l'écran. Donc, à l'article 42.1... C'est un
amendement qui a été soumis par le ministre. Nous, on aimerait le modifier
comme suit : Donc, l'amendement qui introduit l'article 42.1 est
modifié par l'ajout, à la fin de l'article, de l'alinéa suivant :
«Ce règlement doit faire l'objet d'une
étude par la commission compétente de l'Assemblée nationale avant son adoption
par le gouvernement.»
Et de cette façon, M. le Président, on
pourrait impliquer les parlementaires, on pourrait saisir la commission
compétente pour étudier le règlement avant son adoption. Alors, de cette façon,
on aurait la séquence suivante : Pour les fins d'un règlement qui concerne
des caractéristiques biométriques ou l'adoption du premier règlement qui est
visé par 10.9, paragraphe 3°, c'est-à-dire un règlement qui vient préciser
les données numériques gouvernementales ayant des caractéristiques biométriques
ou contenant des mesures biométriques qui peuvent être utilisées. Avant
d'élaborer le règlement, on fait la consultation publique selon le libellé qui
a été soumis par la partie gouvernementale. Ensuite, on élabore le règlement à
la lumière de ce qui avait été dit en amont, ce qu'on aura constaté durant les
consultations publiques et serait... Ce règlement élaboré serait soumis à la
commission compétente de l'Assemblée nationale avant son adoption. Comme ça, on
implique les parlementaires. Et on me dit que cette mécanique, cette façon de
faire, elle n'est pas nouvelle. Elle a été discutée et adoptée dans le contexte
de l'adoption d'autres règlements pris une première fois en vertu d'une loi,
notamment pour les fins de la sécurité entourant les piscines résidentielles.
Ici, on... Parce que nous aussi, on a des gens autour de nous pour nous
soutenir. Si on a d'autres exemples à soumettre, qu'on nous... qu'on nous le
dise, mais pour le moment, en tout cas, je pense qu'on peut y aller avec la loi
sur la sécurité autour des piscines résidentielles. Et apparemment ça ne serait
pas le seul précédent. Et de cette façon, j'ajouterais qu'il y a un élément
réconfortant évidemment pour les députés de l'opposition, mais également pour
le gouvernement. On peut se dire, bien, avant d'aller de l'avant avec quelque
chose de novateur qui implique des données sensibles qui préoccupent les
experts, on suit cette mécanique et comme ça on part du bon pied.
• (16 heures) •
Le Président (M. Simard) :
Très bien. M. le ministre.
Mme Setlakwe : Ah! Puis également
on...
Le Président (M. Simard) :
Ah oui! Je vous en prie, madame.
Mme Setlakwe : Un autre
précédent, ce serait au niveau des maternelles quatre ans.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci. M. le ministre.
M. Bélanger : Un
précédent? Je ne suis même pas... Je ne suis pas sûr de suivre, là.
Mme Setlakwe : Oui,
votre... Bien...
M. Bélanger : Maternelles
quatre ans.
Mme Setlakwe : Non. C'est-à-dire
que c'est un autre contexte.
M. Bélanger : O.K.
Mme Setlakwe : Mais ce
que je comprends, c'est qu'on a une loi, on a des règlements. Après, on a un
premier règlement en application d'un article de la loi. On consulte, on dépose
le règlement, puis on le soumet à la commission compétente. Le libellé qu'on
soumet, il existe dans d'autres, dans d'autres lois qui ont été adoptées
récemment. On va vous donner les articles. Ça s'en vient.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. On peut néanmoins poursuivre. M. le ministre.
M. Bélanger : Bien moi,
aujourd'hui, je me suis engagé. J'ai donné... J'ai donné ma parole. J'ai un
engagement politique. Par la suite, je suis revenu avec un amendement pour
démontrer, démontrer la bonne foi. Là, on est un peu plus, on est sur la forme.
J'ai confirmé de vive voix que j'allais impliquer mes collègues, mes collègues
parlementaires dans ce processus. Là, on est beaucoup sur la façon, la façon de
faire. Puis moi, je ne suis pas prêt à m'engager aujourd'hui sur cette façon de
faire là. Je vais vous impliquer. Peut-être que ça sera... C'est la résultante,
mais pour l'instant, je ne rentre pas dans ce niveau technique de la forme de
la consultation. C'est ma prérogative, là, de juger ce qui est dans les règles
de...
16 h (version non révisée)
M. Bélanger : ...dès lors ce
qui est satisfaisant pour les obtenir les meilleurs résultats.
Mme Setlakwe : Si, si vous me
permettez, M. le Président, à mon tour d'insister sur le fait qu'on ne remet
pas en doute l'engagement du ministre, aucunement, ni de sa bonne foi et ni du
fait qu'il va mener à bien ce pour quoi il s'est engagé. Mais ma compréhension
et celle de ma collègue, c'est que l'engagement d'un ministre aujourd'hui en
commission parlementaire ne lie pas un gouvernement futur, alors que si l'engagement
est, si le libellé est clair dans un projet de loi, comme ça a déjà été fait
dans le passé, à ce moment-là, là, la législation va lier le successeur ou la
successeure.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Bélanger : Mais moi, je
vais être bref. Vous confirmez que vous ne doutez pas de mon engagement, donc j'ai
proposé... j'ai proposé un amendement, là, on arrive dans le précis, dans l'exécution,
dans le comment on va fonctionner et puis, pour moi, je ne m'avancerai pas plus
loin que ce que j'ai proposé comme... comme amendement.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Madame.
Mme Setlakwe : Bon. Pour les
fins de compléter notre énoncé, on me dit que c'est à l'article 1 de la
Loi sur la sécurité des piscines résidentielles qu'on a ce libellé identique à
la fin de l'article 1, où on a donc une loi qui vise à favoriser la
protection des personnes par la mise en place d'un encadrement uniforme
concernant la sécurité des piscines résidentielles. «À cette fin, le
gouvernement peut par règlement — et là, il y a deux paragraphes
établir des normes relatives à la sécurité — déterminer parmi les
normes celles dont le non-respect constitue une infraction et déterminer les
montants des amendes.» Et on poursuit en disant que «le règlement initial, puis
en vertu de ce deuxième alinéa, doit faire l'objet d'une étude par la
commission compétente de l'Assemblée nationale avant son adoption par le gouvernement.»
Et ceci, en l'occurrence, dans le cadre de cette... de ce projet de loi et du
règlement qui allait être pris en vertu du... de la loi, c'était donc
probablement un ajout qui avait été convenu de la part des parlementaires des
deux côtés.
M. Bélanger : Moi, dans ce
cas-ci, je veux que ça reste ma prérogative puis je définirai quels types de
consultations auront lieu en temps et lieu. J'ai défini les dates, j'ai défini
la séquence, puis je me suis avancé de bonne foi, je pense que je vais m'arrêter
là. Pas je pense, je vais m'arrêter là.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. D'autres remarques? Mme la députée de La Pinière, ça va?
Mme Caron : Bien, je peux m'exprimer,
M. le Président, sur... sur cet ajout qui... qui a été proposé, pas encore là,
pas en doutant de la bonne foi du... du ministre qui vient ajouter la question
de s'assurer que les... les parlementaires auront voix au chapitre puisque,
dans le... dans l'amendement proposé par la partie gouvernementale, il y a une
grande latitude qu'on est bien prêts d'accepter, une grande latitude sur le
type de consultations, parce que le langage laisse la porte grande ouverte au
type de consultations choisi par le ministre. Alors, ici, ça vient simplement
ajouter que les parlementaires auront aussi voix au chapitre une fois que le
règlement sera en main un peu... Et là, c'est vraiment du... c'est vraiment du
concret rendu à cette étape-là. Alors, je reconnais que ça ajoute une étape,
puis c'est vrai que ça ajoute une étape, mais ça ne vient pas donner les
modalités de la consultation en tant que telle. Le ministre aura toute la
latitude, dans le libellé de... de son amendement pour avoir une consultation
de la façon qu'il va juger appropriée, là. Parce que le ministre a bien
mentionné qu'il jugeait approprié de consulter les parlementaires aussi, mais
quand on parle d'une consultation... ou de consulter la population, ce n'est pas...
En tout cas, dans ma compréhension, la population, ce n'est pas nécessairement
les parlementaires, même si on comprend que les parlementaires sont des
citoyens, mais c'est sûr que ce n'est pas et ce n'est pas tout à fait la même
chose. Donc, je trouvais que c'était aussi une bonne idée d'ajouter ce sous-amendement
étant donné qu'il a déjà été ajouté à d'autres projets de loi et, d'après les
informations qu'on...
Mme Caron : ...c'est une
mécanique qui a bien fonctionné, alors ça pouvait être un élément intéressant à
considérer dans le cadre de ce projet de loi, toujours... Évidemment, ce n'est
pas un amendement, M. le Président, qu'on veut faire à tous les articles du
projet de loi, là, c'est juste parce que ça fait longtemps qu'on en parle,
qu'on s'exprime sur ça, tout le monde, ici, sur la question du biométrique,
parce que c'est vraiment la question qui est... Il y a peut-être une part
d'inconnu, mais les experts nous disent de faire attention à ce point-là, et je
pense que ce serait... ce serait raisonnable d'ajouter ce sous-amendement à
l'amendement du ministre. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci.
D'autres commentaires? M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Bien,
rapidement, ça fait, encore une fois, plusieurs fois que le ministre parle de
sa bonne foi. Moi, je ne comprends pas le lien avec la bonne foi. M. le
ministre est la preuve vivante que les projets de loi restent alors que les
ministres changent, et donc on ne peut pas présumer de la bonne foi du
prochain, en fait, c'est surtout ça, là. Et donc... Et donc c'est pour ça qu'on
est des législateurs et puis qu'on se dit : Voilà. Il y a des règles du
jeu qui permettent une démocratie saine et vivante. Et dans cette règle du jeu,
bien, on s'attend à avoir une consultation sur des sujets aussi importants qui
arrivent, qui atterrissent ici devant le législateur. Et je n'ai pas
l'impression que c'est une question de bonne foi ou une mauvaise foi. C'est une
question de respect des instances démocratiques et des processus démocratiques.
Il y en a qui existent, et c'est pour ça qu'on les a. Et puis, décider d'en
inventer à côté, c'est pourquoi pas? Mais il faudrait respecter ceux qui
existent. Parce qu'effectivement il se peut que quand on fait des choses à
côté, bien, on les fasse mal parce que le résultat de l'exercice, qui n'est pas
parfait, là, qu'il y a dans une commission parlementaire, c'est quand même le
fruit de réflexions, de compromis, de jurisprudence, de toutes sortes de choses
qui font en sorte qu'il y a un minimum d'exercice démocratique. Parfois, il
prend du temps. Parfois, il agace la partie du gouvernement, mais dans les
faits, il est très, très utile. Donc je nous inviterais à avoir d'autres arguments
que la bonne foi ou la mauvaise foi. Je pense que ça n'a pas beaucoup d'intérêt
devant ce genre de choses qu'il y a devant... devant nous. Ce serait important.
• (16 h 10) •
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci, cher collègue. Y aurait-il d'autres remarques sur ce
sous-amendement déposé par la députée de Mont-Royal—Outremont?
M. le ministre.
M. Bélanger : Rapidement.
Je pense que j'ai démontré de l'ouverture pour un compromis. Et puis vous
pourrez juger, dans les semaines qui vont suivre, peut-être les mois qui vont
suivre, au niveau de la stratégie souveraineté, puis qu'elle est un peu ma
vision puis la vision du gouvernement en termes de gestion de données et de
sécurité. C'est tout ce que j'ai à rajouter.
Le Président (M. Simard) :
O.K. M. le député, oui.
M. Bouazzi : Peut-être
rapidement, comment vo0us voyez, vous, l'implication des députés? Parce que je
vous avouerais, à date, je n'ai pas vraiment compris comment est-ce que le
législateur serait impliqué dans cette consultation.
M. Bélanger : Bien, si on
est tous encore présents, là, comme vous pouvez peut-être sembler douter
parfois, là, vous pourrez juger de l'implication. C'est certain que je vais
vouloir prioriser ceux qui ont participé justement à ce type de... à ce type de
débat. Donc, je... je vais vouloir m'assurer qu'il y a une participation, entre
autres, du député de Maurice-Richard dans le processus. Ça va me faire plaisir
de continuer des discussions ensemble.
M. Bouazzi : Mais juste
pour être sûr, est ce que ça serait... Parce qu'il se qu'il peut, là... Moi,
j'ai déjà participé à une... à une... pour le PGIRE du projet de loi n° 69
en énergie. On nous a invités. On est arrivés dans une salle avec plein
d'autres personnes que je respecte beaucoup, que j'aime bien. On a écrit
quelque chose sur un papier, chacun à notre tour, qu'est ce qu'on pensait de la
transition énergétique. Puis le papier est parti. Puis la ministre, c'est sûr
qu'elle considère qu'elle a fait participer le député de Maurice-Richard. Je
peux vous dire que le député de Maurice-Richard, il ne considère pas avoir joué
son rôle de législateur devant une consultation comme celle-là. Ça fait que je
serais vraiment curieux de savoir, au-delà de dire vous allez participer, ça
veut dire quoi, là? Est-ce que... Est-ce qu'on va avoir un rapport à la fin? Et
puis je vous le dis vraiment franchement, là, candidement et très... Je veux
juste l'imaginer. Avec vous, là, j'imagine que vous avez... Vous dites que ça
commence tout de suite. Vous avez une idée? Est-ce qu'il y a un rapport à la
fin qu'on va analyser tous ensemble? Est-ce que...
M. Bouazzi : ...est-ce qu'on
va assister à ce que les citoyens disent, et puis, après, c'est fini? Est-ce
que c'est... comment?
M. Bélanger : On est en...
Premièrement, je ne jugerai pas du processus de ma collègue au niveau du p.l. n° 69, c'est une collègue que je respecte... que je
respecte beaucoup. Et là, parler de rapport, le nombre de pages, de rapports,
etc., c'est encore dans le détail. Je peux juste vous confirmer que... bien,
confirmer à 100 % que vous allez être satisfait, peut-être pas 100 %.
Je ne m'engagerai pas à dire 100 %, mais vous devriez être satisfait.
Le Président (M. Simard) : Y
aurait-il d'autres remarques?
M. Bouazzi : Bien, ma
remarque, pour l'instant, c'est que je ne suis pas satisfait de la réponse du
ministre. En tout respect, est-ce qu'on peut juste décrire quelle forme ça
pourrait avoir, la participation des députés? Vous avez dit à... plusieurs fois
qu'on allait participer comme législateurs. Je ne peux pas croire qu'on est
incapable de décrire, ne serait-ce qu'un peu qu'est ce que ça veut dire, là.
Parce que, là, vous dites : Faites-moi confiance, ma bonne foi, etc. Bon,
O.K., d'accord, mais, concrètement, ici, il y a quelque chose de clair qui
apporte vraiment de la transparence et de la clarté au niveau de la population
et au niveau du texte législatif. Vous allez clairement voter contre. Au moins,
il faudrait qu'on comprenne qu'est-ce que vous pensez, vous, que serait une
consultation démocratique qui met à contribution le législateur.
M. Bélanger : Bien, M. le
député, je comprends que vous n'êtes pas satisfait pour l'instant parce que ce
n'est pas la consultation.
M. Bouazzi : Non, mais moi,
je veux savoir votre réponse, je ne veux pas savoir la consultation, vous,
votre réponse à vous. Je comprends que ce n'est pas... on n'est pas en train de
vivre la consultation actuellement, mais on est en train de décider que vous
allez en tenir une, vous me dites : Ne vous inquiétez pas. Juste à haut
niveau, ça serait... Peut être que vous n'avez juste aucune idée que vous allez
attendre de voir ce que ça va donner, là, mais si vous avez une idée, de la
partager avec nous.
M. Bélanger : Je la
partagerai en temps et lieu, mais vous allez être satisfait, j'espère à près de
100 %, plus près de 100 % que de 98 %.
Le Président (M. Simard) : Alors,
toujours sur le sous-amendement, d'autres remarques? Sans quoi nous allons
procéder à la mise aux voix.
Mme Setlakwe : ...
Le Président (M. Simard) : Pardon?
Mme Setlakwe : Sur quoi
exactement?
Le Président (M. Simard) : Alors
là, on va... Je considère, à moins que quelqu'un d'autre veuille prendre la
parole, qu'on a terminé les remarques sur le sous-amendement. Et on va d'abord
voter sur le sous-amendement, après quoi on reviendra à l'amendement comme tel,
si tant est qu'il soit modifié ou pas. Alors, ce sous-amendement est-il adopté?
Mme Setlakwe : Par appel
nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Simard) : Vote
par appel nominal. M. le secrétaire, veuillez procéder, je vous prie.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont)?
Mme Setlakwe : Pour.
Le Secrétaire : Mme Caron
(La Pinière)?
Mme Caron : Pour.
Le Secrétaire : M. Bélanger
(Orford)?
M. Bélanger : Contre.
Le Secrétaire : Mme Abou-Khalil
(Fabre)?
Mme Abou-Khalil : Contre.
Le Secrétaire : Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
Le Secrétaire : Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Contre.
Le Secrétaire : M. Bouazzi
(Maurice-Richard)?
M. Bouazzi : Pour.
Le Secrétaire : M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) : Abstention.
Ce sous-amendement est donc rejeté, et nous revenons à l'étude de l'amendement
introduisant l'article 42.1. Y aurait-il d'autres remarques à cet égard?
Sans quoi nous allons également procéder à sa mise aux voix. L'amendement
déposé par le ministre est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Alors, j'aurais besoin donc de votre consentement afin que nous puissions
revenir à l'étude de l'article 10.9. J'ai votre consentement. Alors, nous
allons poursuivre. Y aurait-il d'autres remarques à l'égard de
l'article 10.9? M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Nous avons un
amendement, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Ah
oui? Très bien. Nous allons suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 16 h 17)
(Reprise à 16 h 20)
Le Président (M. Simard) : Bien.
À ce stade-ci, notre collègue de Maurice-Richard nous a
déposé un amendement qui... Que l'on retrouve sur nos écrans. Alors, M. le
député, auriez-vous d'abord l'amabilité de nous en faire lecture, s'il vous
plaît?
M. Bouazzi : Avec plaisir, M.
le Président. Donc : L'article 10.9 de la Loi sur le ministère de la
Cybersécurité et du numérique, introduit par l'article 6 du projet de loi,
est modifié par l'ajout, à la fin du paragraphe 3°, les mots suivants «s'il est
démontré qu'elles sont absolument nécessaires au fonctionnement de l'identité
numérique.».
Et donc ici, on vient rajouter au fameux
paragraphe 3° qui touche aux questions biométriques où donc le ministre
s'octroie le droit de rajouter ces données-là pour le... le registre de
l'identité numérique, et donc nous, on dit : Bien, il faut évidemment
faire la démonstration que ces données-là sont nécessaires au fonctionnement de
l'identité numérique.
Cet amendement vient répondre à une
clarification parce qu'on a entendu deux des spécialistes, qui entourent M. le
ministre, nous dire qu'il y a le principe de précaution qui consiste à
dire : On ne ramasse pas des données dont on n'aurait pas besoin. C'est
aussi des recommandations que nous avons reçues d'un certain nombre des
intervenants, dans cette... de spécialistes dans cette commission, dans cette
commission et malheureusement, à plusieurs reprises, je n'ai pas senti une
telle clarté dans le fait d'utiliser ou pas les caractéristiques biométriques
dans le cadre du... de l'identité numérique. En rajoutant cette phrase, ça
vient tout simplement baliser ce droit pour qu'il... pour qu'il réponde
justement aux meilleures pratiques qui est qu'on ne ramasse pas des données
biométriques si on n'en a pas besoin.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Bélanger : Bien, je dirais
d'entrée de jeu que, bon, il va y avoir le... c'est certain qu'il va y avoir la
consultation, mais si on retourne à 10.6, je vais laisser Me Bacon, là, le...
nous le retrouver et le lire, mais 10.6, on l'adresse en... on l'adresse déjà,
donc on se répète un petit peu à ce moment-là. M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Oui.
M. Bélanger : Me Bacon....
M. Bélanger : ...c'est correct
si...
Le Président (M. Simard) : Absolument.
Jusqu'à présent, il y a le feu vert.
Mme Bacon (Nathalie) : Merci,
M. le Président.
Oui. Pour le député de Maurice-Richard, je
vais vous référer, parce que, dans le fond, vous, en faisant cette proposition
d'amendement là, à l'article 10.9, vous rajoutez un élément qu'on a déjà
discuté à l'article 10.6. Je vais vous lire, c'est le dernier bout, là, du
premier alinéa de 10.6 qui dit que... Parce qu'il faut que vous interprétiez le
chapitre 1.1 de l'identité numérique nationale dans son ensemble, alors ça
part à l'article 10.2, ça termine à l'article 10.10. Ça fait que là,
on bâtit notre cadre juridique de l'identité numérique au long de... tout le
long de ces articles-là. 10.6 dit que «le ministre agit à titre de source
officielle, puis que, dans cette fonction-là, il recueille, utilise et
communique des renseignements personnels, des données numériques
gouvernementales, incluant des renseignements personnels, lorsque cela est
nécessaire.» On a déjà dit... On a déjà dit qu'aux fins de l'identité
numérique, aux fins du chapitre 1.1, la loi sur l'accès s'applique et
nécessairement le critère de nécessité qui est ici énoncé. C'est comme ça qu'on
dit «lorsque cela est nécessaire». Ça fait référence au critère de nécessité.
Si vous allez sur le site de la Commission
d'accès à l'information, ils expliquent c'est quoi, le critère de nécessité.
Puis qu'on dit qu'on doit l'utiliser. Si, celui-là, il n'est pas nécessaire, on
ne peut pas l'utiliser. Puis que, si jamais la nécessité n'est pas établie,
bien, il y a atteinte du droit à la vie privée. Et, nous, dans l'exercice de
nos fonctions, dans le cadre de l'application du chapitre 1.1 à la Loi sur
le ministère de la Cybersécurité, on ne peut pas être en contravention avec la
Constitution, donc en contravention avec le droit à la... avec la vie privée.
Si, parenthèse étant faite, je retourne à
la 10.9, quand on dit «préciser...» 10.9, «le gouvernement peut, par règlement,
paragraphe trois, préciser les données», donc ce n'est pas les utiliser.
C'est : le gouvernement détermine quelles données peuvent être... précise
les données. Puis, après ça, bien, ils pourront être utilisés si... lorsque
nécessaire. Donc, le règlement pose un jalon préalable, c'est-à-dire que pour
pouvoir l'utiliser, il faut avoir un règlement d'abord, ensuite, il faut que ce
soit nécessaire dans le cadre de l'identité numérique, il faut que ce soit
démontré. Puis, vous savez, il y a application, là... l'évaluation de facteurs
relatifs à la vie privée, il y a une série de protections qui est... qui est
prévue à la Loi sur l'accès qui s'applique dans le cadre de l'identité
numérique pour protéger le renseignement et que leur cueillette et
l'utilisation soient faites uniquement lorsque nécessaire. Donc finalement, ce
serait une répétition inutile à votre amendement.
M. Bouazzi : Est-ce... Est-ce
qu'on peut imaginer qu'il y ait des données qui soient nécessaires à
l'accélération d'un processus, mais pas nécessaires au fonctionnement, qui
tomberaient dans la définition de «nécessaire»?
Mme Bacon (Nathalie) : Je ne
comprends pas trop le sens de la question. Quand vous dites : Accélération
d'un processus, on va dire, mettons, d'une fonctionnalité technologique que...
M. Bouazzi : C'est pratique.
C'est...
Mme Bacon (Nathalie) : ...qui
n'a pas rapport à l'identité numérique?
M. Bouazzi : Non, non, non.
Ça a rapport à l'identité numérique. Il y a des choses qui sont plus pratiques
que d'autres quand on fait des systèmes informatiques. Et là on peut
dire : Bien là, c'est pratique, et donc je considère que c'est nécessaire,
alors qu'en fait on pourrait s'en passer.
Mme Bacon (Nathalie) : Vous
référez, exemple, à la reconnaissance faciale...
M. Bouazzi : Bien, c'est...
c'est... Prenons un exemple au hasard. La reconnaissance faciale si vous
voulez. Mais, c'est... mon point, c'est que la question de nécessité, ça peut
être un spectre large. Et ce n'est pas, genre, les données minimales pour que
ça fonctionne. C'est-à-dire qu'on peut avoir des données qui... dont on
pourrait se passer, mais quand on les a, on les utilise et donc elles deviennent
nécessaires. Donc, je ne pense pas que c'est la même chose. Et, à moins que
vous me disiez que ça...
Mme Bacon (Nathalie) : Bien,
je répondrais à ça qu'on en a parlé, là, ça fait un bout de temps, qu'il y a le
principe du critère de nécessité qui s'applique, mais aussi le principe de la
minimisation. Alors, dans le cadre de la loi sur l'accès, ça s'applique. Alors,
il y a... c'est comme un équilibre entre... il y a ce qui est nécessaire puis
le moins possible, le minimum possible. Ça fait que, peut-être, ça peut
répondre. Dans le fond, tout ce qui existe au...
Mme Bacon (Nathalie) : …au
niveau de l'encadrement juridique avec la Commission d'accès à l'information,
la loi sur l'accès, ça devrait répondre à vos préoccupations. Autrement, il
faudrait changer la loi sur l'accès.
M. Bouazzi : Alors, je vous
avouerais qu'il y a quelque chose que je ne comprends pas. La… Il y a des
systèmes d'identification numériques dans le monde. Il y a des spécialistes qui
sont venus nous voir et il y en a plusieurs qui fonctionnent sans données
biométriques. Est-ce que ce que je dis est vrai ou pas, déjà?
Des voix : …
Le Président (M. Simard) :
Alors, Me Bacon?
Mme Bacon (Nathalie) : …non,
on est dans la technique, là. Je suis désolée, mais je… mais vous comprenez ce
que je veux dire?
Le Président (M. Simard) :
Alors…
Mme Bacon (Nathalie) : C'est
que c'est possible qu'il y ait des systèmes ailleurs qui fonctionnent, mais de
façon générale, les lois au niveau de l'accès sont comparables, là. Ça fait
que…
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre, M. le ministre.
M. Bélanger : Bien, c'est
tellement large comme question, là, tu te présentes à un hôpital, pour
t'identifier, tu as utilisé… là, tu as ta carte d'hôpital, tu as utilisé
certaines informations, il y a… Oui, effectivement qu'il y en a des… pour
l'identification. Est-ce qu'ils sont adéquats?
M. Bouazzi : Je ne vous parle
pas du Québec, je vous parle...
M. Bélanger : Il y a une
Transformation numérique qui se fait pour être capable d'éviter justement qu'il
y ait des… de la mauvaise information qui soit utilisée. On veut être plus
efficace. Oui, il y a un enjeu d'efficacité, il y a un enjeu coût, mais je ne
saisis pas votre question.
M. Bouazzi : Bien, on nous a…
Il y a des spécialistes qui sont venus nous en parler, dans mes souvenirs, du
système de la Lituanie, si je ne me trompe pas, il y avait d'autres pays…
Des voix : …
M. Bouazzi : L'Estonie,
pardon, il y avait d'autres pays. Est-ce qu'à votre connaissance, ces
systèmes-là, pour fonctionner, ont besoin de données biométriques? C'est… ma
question, elle n'est pas très large, elle est très précise. C'est oui ou non,
est-ce que vous êtes au courant ou pas?
M. Bélanger : Ça dépend
toujours de l'application. Si vous vous promenez, je ne sais pas… bien, là,
c'est difficile parce que… comment je peux dire, vous vous faites arrêter, bon,
vous allez vers un autre… vous entrez dans le pays…
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre, malheureusement, ce n'est pas que vous dites n'est pas
intéressant, mais le temps joue contre nous. À ce stade-ci, il me faut ajourner
nos travaux et nous nous redonnons rendez-vous mardi matin, à 9 h 30,
parce que notre commission va entreprendre un autre mandat que celui sur lequel
nous… Oui, mais c'est sur un autre mandat, oui, Étude des crédits, volet du
Conseil du trésor. Alors, bonne fin de semaine à tous et à toutes.
(Fin de la séance à 16 h 30)