Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(November 29, 2022 au September 10, 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Thursday, May 22, 2025
-
Vol. 47 N° 83
Special consultations and public hearings on Bill 100, An Act respecting the negotiation and determination of conditions of employment requiring national coordination in particular in the public and parapublic sector
Aller directement au contenu du Journal des débats
13 h 30 (version non révisée)
(Quatorze heures une minute)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers amis, bonjour à toutes et à tous. Je constate que nous avons quorum.
Conséquemment, la Commission des finances publiques peut reprendre ses travaux.
Comme vous le savez, nous sommes réunis
cet après-midi afin de poursuivre les consultations particulières et les
auditions publiques sur le projet de loi n° 100, Loi… Loi sur la
négociation et la détermination des conditions de travail requérant une coordination
nationale notamment dans les secteurs public et parapublic. M. le secrétaire, bonjour.
Y a-t-il des remplacements aujourd'hui?
Le Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) est remplacé par Mme Caron
(La Pinière) et Mme Zaga Mendez (Verdun) est remplacée par M. Marissal
(Rosemont).
Le Président (M. Simard) : Alors
bienvenue à nos collègues. Alors, cet après-midi, nous entendrons trois groupes
et nous avons l'honneur de commencer en recevant des représentants de la
Fédération des cégeps. Mais avant de vous laisser la parole, j'aimerais
souligner la présence de Mme Marie Montpetit, une ancienne parlementaire,
députée du comté de Maurice-Richard, à l'époque. Soyez la Bienvenue, chère amie.
Alors, mesdames, vous savez que vous disposez de 10 minutes afin de faire
votre présentation. Auriez-vous peut-être d'abord l'amabilité, s'il vous plaît,
de vous présenter?
Mme Sirard (Pascale) : Alors.
Bonjour, je me présente, Pascale Sirard, je suis directrice générale du collège
de Bois-de-Boulogne. Je suis accompagnée aujourd'hui de mes collègues Marie-Ève
Vaillancourt, qui est directrice des études au Cégep de Sept-Îles, Marie-Ève
Gravel, qui est directrice générale au Cégep d'Alma et Frances Desrosiers, qui
est directrice des ressources humaines et des affaires corporatives au Cégep
Garneau.
Le Président (M. Simard) : Heureux
de vous recevoir.
Mme Sirard (Pascale) : Je
vous remercie. Alors, M. le Président, Mme la ministre, mesdames et Messieurs,
membres de la commission, vous dire tout d'abord que j'interviens devant vous à
titre de porte-parole des 48 cégeps publics qui sont répartis partout sur
le territoire, au cœur des communautés, présents dans 16 des 17 régions
administratives du Québec. Et je vous remercie de nous accueillir.
Le projet de loi n° 100, dans sa
forme actuelle, prévoit l'abolition du Comité patronal de négociation des
collèges, communément appelés le CPNC. Ce changement peut vous apparaître
sûrement très technique, mais s'il est adopté tel quel, il aura des
conséquences concrètes et importantes sur notre capacité à représenter les
cégeps, à défendre leur réalité et surtout à négocier de manière efficace. Le
réseau collégial public représente 48 établissements qui ont tous des
réalités très différentes, mais une seule mission, accompagner 200 000 personnes
étudiantes, jeunes et adultes, vers leur réussite.
Ce réseau, pour fonctionner, a besoin d'une
structure de négociation qui est à son image, souple, proche du terrain et
adaptée à ses besoins. Depuis plus de 40 ans, le Comité patronal de
négociation des collèges joue ce rôle essentiel en coordonnant les mandats, en
harmonisant les pratiques et en répondant chaque année à plus de 2 000 demandes
d'interprétation des conventions collectives. Le CPNC mise donc sur des gens d'expérience…
14 h (version non révisée)
Mme Sirard (Pascale) : ...expérience
des personnes expertes en relations de travail qui sont issues du réseau
collégial lui-même. Elles connaissent les enjeux, comprennent les conséquences
réelles, sur le plancher des cégeps, de chaque clause, de chaque modification,
de chaque mesure discutée à la table de négociation. Et ça fonctionne. Depuis
sa création, le Comité patronal de négociation des collèges a rempli son mandat
sans controverse. Les relations de travail dans les cégeps sont historiquement
harmonieuses.
Évidemment, nous partageons les objectifs
d'un projet de loi qui vise à rendre le processus de négociation plus agile et
plus efficace. Mais le fait est que, dans le réseau collégial, cela se pratique
déjà. Depuis plusieurs rondes de négociations, les cégeps ont volontairement
confié au Comité patronal de négociation le mandat de négocier non seulement
les matières dites nationales, mais aussi les matières dites locales. Nous
avons fait ce choix parce qu'il était plus cohérent, plus efficace et mieux
adapté à notre fonctionnement.
J'irais même jusqu'à dire que notre réseau
est à l'avant-garde, car ce que le projet de loi n° 100 vise à instaurer
dans le secteur de la santé ou de l'éducation existe déjà à l'enseignement
collégial. Nous avons déjà une structure nationale qui tient compte des
réalités locales. Nous avons une coordination, une efficacité, une culture
collaborative propre au réseau de l'enseignement supérieur auquel nous sommes
rattachés.
L'abolition du CPNC risque de mettre tout
ça en péril car elle retire à la partie patronale sa capacité de négocier en
connaissance de cause. Elle prive aussi les négociateurs de l'expertise du
terrain. Et surtout, elle demande aux directions des cégeps de s'en remettre à
des instances qui ne connaissent pas leur réalité quotidienne, elles qui gèrent
au quotidien justement les relations de travail dans leurs établissements.
J'aimerais prendre un court moment ici
pour illustrer le tout avec un exemple concret. Pendant la pandémie de
COVID-19, le réseau collégial a démontré une résilience exceptionnelle. En
moins de trois semaines, nous avons déployé toute notre offre de formation à
distance, alors que rien de tout ça n'était prévu dans les conventions
collectives. Il a fallu agir vite, en concertation, avec souplesse. Il a fallu
négocier. Et cela a été possible parce que nous avions autour de la table les
personnes les plus compétentes, des experts du réseau collégial qui connaissent
les besoins, les contraintes, mais surtout les solutions possibles. C'est grâce
au CPNC que nous avons pu répondre rapidement à l'urgence tout en respectant
les règles sanitaires.
Alors, je vous le demande : Que
va-t-il se passer la prochaine fois qu'un défi majeur se présentera, si on
écarte les cégeps du processus de négociation, si seuls le ministère de l'Enseignement
supérieur et le Conseil du trésor sont appelés à trouver une solution? Nous
souhaitons garder les experts du réseau collégial à la table, ceux qui ont l'expérience,
ceux qui savent de quoi ils parlent, ceux qui sont vraiment connectés à la
réalité et aux enjeux de la formation collégiale.
Le projet de loi n° 100 prétend
centraliser pour gagner en efficacité. Mais nous croyons que, dans notre cas,
cela aura l'effet inverse. Cela va créer une déconnexion du milieu. Cela
ralentira forcément notre capacité d'adaptation à un moment où le monde de l'enseignement
est en profonde transformation. Cela risque aussi de fragiliser les relations
de travail et, ultimement, cela aura des répercussions sur l'offre de formation
qui est offerte aux étudiantes et aux étudiants.
C'est pourquoi, dans le mémoire que nous
avons déposé, nous formulons cinq recommandations, que vous trouverez après la
conclusion, à la page 12, qui convergent toutes vers une seule et même
orientation : le maintien du comité patronal de négociation des collèges,
tel qu'il est accordé à trois autres CPN.
Nous recommandons d'abord de modifier l'article 20
pour reconnaître le CPNC comme négociateur sectoriel, ensuite, nous
recommandons de modifier l'article 45 pour que le CPNC soit formellement
institué, puis d'ajouter un article, soit l'article 47.1, pour définir sa
composition, et surtout de retirer toute mention de suppression du CPNC,
incluant l'article 138, qui prévoit sa fin en 2027.
L'ensemble de ces recommandations ne
visent pas à bloquer le projet de loi. Elles visent à s'assurer qu'il atteigne
ses objectifs dans le respect de la réalité des cégeps. Le Comité patronal de
négociation des collèges est parfaitement compatible avec l'esprit de la
réforme, car il incarne déjà la vision portée par ce projet de loi.
Étrangement, si ce projet de loi va de l'avant, les cégeps seraient les seules
institutions d'enseignement supérieur assujetties à ce régime de négociation...
Mme Sirard (Pascale) : ...en
vertu de ce projet de loi, les cégeps seraient les seuls employeurs dans tout
le secteur de l'enseignement supérieur au Québec qui ne pourraient participer à
la négociation des conditions de travail du personnel qu'ils doivent gérer au
quotidien. Tous les autres, universités, collèges privés, instituts disposent
déjà de cette latitude. Ne serait-il pas paradoxal que seuls les établissements
publics du niveau postsecondaire n'aient plus leur mot à dire dans la négociation
des conditions de travail de leur propre personnel? Pour les 48 cégeps
dont je suis la porte-parole, le CPNC n'est pas un problème à régler, c'est un
succès à préserver.
• (14 h 10) •
Le Comité patronal de négociation des
collèges n'est pas une structure administrative de plus, c'est la mémoire et
c'est l'intelligence de notre réseau. Nous croyons que le projet de loi
n° 100 ne doit pas nous enlever cette force, mais plutôt elle doit prendre
appui sur elle. En conséquence, M. le Président, Mme la ministre, mesdames et
messieurs, on vous demande de préserver ce qui fonctionne et de maintenir le
Comité patronal de négociation des collèges. Je vous remercie de votre
attention.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous, Mme Sirar, pour cette présentation. Je cède maintenant la
parole à la présidente du Conseil du trésor
Mme LeBel : Merci beaucoup, M.
le Président. Merci. Merci pour cette présentation. Merci pour votre présence.
Merci pour le mémoire qui sera naturellement lu avec attention. Par contre,
est-ce que je peux me permettre de le résumer en disant que la... bon, il y a
plusieurs recommandations, mais elles tournent... elles tournent toutes au
même... autour du même objectif, c'est-à-dire le maintien du CPNC. Est-ce qu'on
peut résumer de cette façon-là sans faire de raccourci?
Mme Sirard (Pascale) : Absolument.
Mme LeBel : Parfait. La... la
volonté de moderniser le régime de négociation, de le rendre plus efficace,
plus agile et d'en faire un régime qui va pouvoir évoluer avec les besoins de
la société et les réalités terrain ou non, pour les, espérons-le, encore
40 autres prochaines années. On vit avec le régime actuel depuis plus de
40 ans, ce qu'on appelle la loi 37. Donc, je pense qu'il est important
de préciser à ce stade-ci que la volonté n'est pas de se déconnecter du terrain
ou de... mais la volonté est de ne pas cristalliser des façons de faire et,
dans le projet de loi, il appartiendra au ministre sectoriel, que ce soit
l'Enseignement supérieur ou l'Éducation ou la Santé, parce que ce sont trois
secteurs où il y a des CPN — on en voit dans ces secteurs-là — de
remettre en place le même format actuel s'il y a lieu, et je ne... et je ne
mets pas en doute le fait que ça fonctionne. Donc, prenons-le... tenons-le pour
acquis, pour fins de discussion, donc, à l'intérieur du projet de loi, la
ministre ou le ministre, dépendamment, pour la prochaine ronde des
négociations, aura tout le loisir de mettre en place un tel CPNC, si on veut,
et de le maintenir. Donc, l'objectif du projet de loi est de laisser une
latitude et de pouvoir faire évoluer les façons de négocier dans le futur.
Êtes-vous d'accord avec moi que l'existence de ces CPNC, tel qu'il est stipulé
actuellement dans le projet de loi n° 37, tient ses pouvoirs qui sont
délégués par le ministre de l'Enseignement supérieur?
Mme Sirard (Pascale) : Absolument.
Mme LeBel : Bon, ce sont des
pouvoirs qui, théoriquement, le ministre l'Enseignement supérieur pourrait
reprendre.
Mme Sirard (Pascale) : Oui.
Mme LeBel : Parfait. Il y a
quelque chose de très intéressant dans ce que vous ne dites pas dans votre
mémoire, et c'est peut être là-dessus que j'aimerais ça vous... vous entraîner,
et parlons justement de ce besoin-là d'être connecté avec le terrain. On en
est, j'en suis. Il n'est pas de l'avantage de personne de négocier sans avoir
une connaissance du terrain. De toute façon, même si on tentait de le faire, je
dirais en bon français, le boomerang reviendrait assez rapidement de plusieurs
sources, si ce n'est que les sources syndicales et les membres sur le terrain.
Parlons des matières locales, vous n'avez
pas, vous, dans le secteur de l'Enseignement supérieur, si je ne me trompe pas,
le même type de régime qu'en santé ou en éducation, c'est-à-dire, il n'y a pas
un palier local et un palier national, les matières qui sont dites locales sont
déjà négociées au niveau national.
Mme Sirard (Pascale) : Qu'elles
sont déléguées, oui.
Mme LeBel : Parfait. On a
entendu... Je me sers de vous un peu pour une meilleure compréhension parce que
vous avez une expérience. Il est vrai que le secteur de l'Enseignement
supérieur, et des cégeps plus particulièrement, a une expérience différente que
l'éducation au sens, au sens large et la santé. Est-ce que vous diriez qu'il y
a des difficultés de faire des adaptations locales parce que vous avez déjà ce
régime d'adaptation locale là?
Mme Sirard (Pascale) : Bien,
pour nous, il n'y en a pas de difficulté, puisque ce sont des responsabilités
qu'on a déléguées au Conseil patronal de négociation des collèges. Donc, c'est
un mode de fonctionnement, comme je le disais dans mon allocution, qui pour
nous est un peu à l'avant-garde du fait qu'il rejoint complètement les
objectifs de votre projet de loi. Dans...
Mme Sirard (Pascale) :
...de ce point de vue là, je crois que le fait est que le réseau collégial est
souvent ramené à celui de l'éducation, alors que pourtant il est extrêmement
spécifique. Pourquoi l'est-il? Bien, je vous le disais d'emblée, on est
48 employeurs, 48 employeurs répartis sur tout le territoire, qui
sont gouvernés par des conseils d'administration, qui offrent neuf programmes
préuniversitaires, 130 programmes techniques, des centaines d'AEC, on a
des centres de recherche. On a donc une particularité, de ce fait-là, qui, à
notre sens, est très mal reconnu dans le projet de loi. Et c'est la raison pour
laquelle on demande de maintenir le CPNC parce qu'on croit que c'est par ce
moyen que le réseau collégial va réussir justement à garder son agilité et son
expertise dans le cadre des négociations qu'on connaît.
Nous sommes des alliés du ministère de
l'Enseignement supérieur. Vous avez dit tout à l'heure : Oui, la ministre
aura la possibilité de maintenir le CPN, mais nous n'en avons pas la garantie.
Et c'est bien évidemment ce qui nous inquiète. On pense ce qu'on a en ce moment
un modèle qui est tout à fait pertinent pour le réseau collégial et qui permet,
comme je le disais tout à l'heure, de faire en sorte qu'on répond parfaitement
aux besoins de notre population étudiante. On gère au quotidien, dans les
48 collèges, des griefs, des problèmes d'organisation du travail. En fait,
des griefs, on n'en a pas tant que ça. C'est peut-être la raison pour laquelle
on est... on passe peut-être souvent sous le radar comme réseau, c'est qu'il y
en a très peu d'enjeux. Pour la dernière négociation, c'est un peu la même
chose. Je pense que le réseau collégial a été exemplaire dans la dernière
négociation. Et c'est cette exception-là, en fait, qu'on souhaiterait vraiment
maintenir à travers les recommandations qui vous sont formulées dans le
mémoire.
Mme LeBel : Oui, c'est
sûr que les résultats terrain, je pense que c'est important de les souligner.
Puis, comme je vous disais tantôt, personne n'a... personne n'a avantage à
négocier en étant complètement déconnecté du terrain. Et je pense qu'il y a un
avantage à garder un pied sur le terrain. Mais ce que j'essaie de mettre en
évidence et de voir avec vous, et ce n'est pas, ce n'est pas un jugement de valeur
sur le travail que le cas CPNC fait, je pense que ces ça... Je pense que je
me... Je me sens dans l'obligation de le dire pour que ça soit clairement
énoncé. C'est de dire, dans l'état actuel du droit, de la loi no° 37, les
pouvoirs appartiennent aux ministres sectoriels, je vais dire sectoriels parce
que Santé et Éducation aussi, c'est la même chose pour l'Enseignement
supérieur, il a eu l'occasion de le déléguer à un CPNC, mais pour le ministre
en question ou la ministre à l'heure actuelle, parce que c'est une ministre,
pourrait reprendre ces pouvoirs-là. Ce qu'on dit dans le projet de loi
n° 100, c'est que c'est la même chose. Le pouvoir appartient au ministre.
Il peut le déléguer à un CPNC ou il pourrait décider de le déléguer à un autre
type d'entité terrain, mais au final, on réitère le même principe, que le
pouvoir de négociation appartient au ministre sectoriel.
Je voulais juste voir avec vous peut-être,
et j'ai l'air de ne pas avoir beaucoup d'information que je vais vous demander,
mais c'est quand même assez clair votre position, puis je dois dire que je la
comprends très bien. Je voulais voir avec vous, au niveau des matières locales,
si le fait que ces matières-là étaient négociées présentement, ce qu'on appelle
le niveau national, et qu'il n'y ait pas de niveau local de négociation, comme
on retrouve dans le secteur de la santé et de l'éducation, si vous trouvez que
ça avait désavantagé votre réseau sur le long terme. Et ce que vous me
répondez, bien au contraire, le réseau du cégep, il se porte très bien, somme
toute. On se comprend, là, que vous pouvez avoir des enjeux. Ce n'est pas ça
l'enjeu, mais somme toute, par rapport au régime de négociation, le fait de
tout négocier au national n'a pas eu d'impact négatif sur le réseau ou sur la pérennité
du réseau.
Mme Sirard (Pascale) :
Non, parce que c'est vraiment le vœu des directions générales des
48 cégeps de le déléguer au comité patronal de négociation. Donc, ça nous
a donné absolument...
Mme LeBel : Envie de le
faire.
Mme Sirard (Pascale) :
Absolument.
Mme LeBel : Parfait.
Merci pour votre apport. Je vais laisser mes collègues de l'opposition vous
poser des questions. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous, Mme la ministre. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Alors, Mme Sirard, Mmes Gravel, Vaillancourt et
Desrosiers, bonjour. Très heureux de pouvoir discuter avec vous en commission
parlementaire. Je dois vous dire d'emblée, M. le Président, je suis
particulièrement privilégié. Dans ma circonscription, j'ai trois cégeps, mais
dans ces trois-là, il y a le cégep Bois-de-Boulogne, dont Mme Sirard est
la D.G. Alors, vous comprendrez que je tenais à le souligner, c'est un bien bon
cégep. J'en suis diplômé d'ailleurs. Ça fait que tous les cégeps sont bons, M.
le Président, mais comprenez que, pour moi, là, Bois-de-Boulogne, il y a un
petit... C'est une alma mater. Vous comprenez ça, Mme la présidente. Voilà!
Le Président (M. Simard) :
...de vous relancer, cher collègue de l'Acadie...
M. Morin : Oui, parce
que vous...
Le Président (M. Simard) :
...mais en vous disant qu'il y a, ici, une représentante du cégep de Garneau,
dont je suis moi-même un diplômé.
M. Morin : Bien, ça me
fait... Bien, écoutez, M. le Président, là, c'est le bonheur. Alors, merci
d'être là. Après ça, ils diront qu'au Parlement, on ne peut pas rire. Voilà.
Maintenant, revenons, revenons à votre... Revenons à votre mémoire. J'ai bien
compris votre...
M. Morin : ...je comprends que
le projet de loi n° 100 vise à une certaine centralisation au niveau de la
négociation. Maintenant, dans votre fonctionnement avec le CPNC, vous avez déjà
une structure. Et Mme la ministre y faisait référence. Mais est-ce que, d'après
vous, le projet de loi va affecter votre autonomie dans le cadre des
négociations?
• (14 h 20) •
Mme Desrosiers (France) : Assurément
qu'il va affecter notre autonomie. Parce que, présentement, on a une
concertation qui se fait dans les 48 cégeps. Alors, on travaille vraiment
en collégialité, alors les 48 cégeps ont un... j'appellerais ça un
pouvoir... certain pouvoir d'influence par la connaissance terrain qu'ils ont,
alors, que ce soit au niveau des directions générales, des directions des études
ainsi que les directions des ressources humaines, qui sont les applicateurs
directs des conventions collectives. Donc, c'est sûr que, oui, il y a une perte
d'autonomie, de ce côté-là, puisqu'en réalité, on semblerait ne plus avoir ce
pouvoir-là dans le projet de loi qui est proposé.
Alors, on a parlé tantôt, là, du CPNC.
C'est pour ça qu'on souhaite maintenir le CPNC, puisqu'à l'intérieur du CPNC,
nous avons présentement également ce pouvoir d'influence qui nous permet
d'apporter les problématiques et d'en jaser, d'en convenir, d'en discuter,
d'influencer pour la suite des choses. Alors, je ne sais pas si mes collègues
ont autre chose à ajouter.
Mme Vaillancourt (Marie-Ève) : J'ajouterai...
Je me permettrai peut-être d'ajouter, en termes de concertation, pour faire
remonter, on parlait des matières locales tout à l'heure, le réseau des cégeps,
quand on parle, l'exception cégep, est composé de... dans sa façon de
structurer l'information et de faire remonter l'information et les enjeux, il y
a des commissions qui réunissent par exemple l'ensemble des 48 directions
des études, l'ensemble des 48 directions générales, l'ensemble des
48 directions des affaires... de la formation continue, bon, pour les AEC,
on parlait des AEC tout à l'heure. Donc, il y a une concertation naturelle qui
se fait et qui peut remonter facilement à la table de négociation pour
alimenter la réflexion et faire cette levée de drapeau là, nécessaire, et
toujours dans l'orientation des prérogatives du gouvernement ou des
préoccupations du gouvernement. Dans le sens qu'au niveau de l'organisation du
travail, pas que les demandes de la partie syndicale soient farfelues ou... par
contre, on est capable de voir venir, de mesurer les impacts de ces demandes-là
et dire : O.K., oui, on pourrait aller jusque-là, c'est gérable sur le
terrain, ça se peut, c'est bon pour les étudiants, pour la réussite des
étudiants, etc., mais en contrepartie, si on va jusque-là, bien, voici les
enjeux qui vont se lever, ça peut avoir un impact sur tel article de la convention,
sur telle façon d'aborder les problèmes. Donc, c'est cette concertation-là,
elle est précieuse. Puis c'est un maillage qui se fait naturellement avec
l'équipe du ministère de l'Enseignement supérieur. Donc, c'est important de
pouvoir garder cette possibilité d'échanger rapidement ensemble.
Mme Sirard (Pascale) : Peut-être
une dernière chose, M. Morin, si vous le permettez.
M. Morin : Oui. Bien sûr.
Mme Sirard (Pascale) : Ça
nous semble quand même assez inhabituel de se retrouver avec une structure qui
évacue les 48 directions qui sont actuellement à la table de négociations.
Ça, ça veut vraiment dire que seuls le ministère de l'Enseignement supérieur
puis le Conseil du trésor pourraient décider des conditions de travail des
employés de nos 48 cégeps. Ça, c'est quand même une chose qui est
inhabituelle.
Et puis il faut voir que le CPN agit aussi
comme un filtre, hein? Quand vient le temps d'obtenir des informations dont on
a besoin pour la négociation, bien, on peut avoir ça très rapidement. Dans le
projet de loi, il est prévu qu'on puisse consulter les 48 cégeps, mais en
ce moment, le CPN permet cette rapidité, cette agilité dans la réponse. Et on
pense qu'il y a un gain là, du point de vue d'une négociation qui se veut plus
agile et flexible, qu'on va certainement perdre si nous ne sommes plus à la
table de négociation.
M. Morin : Et donc, en fait,
si je vous comprends bien ce que vous nous dites... Et j'imagine que vous avez
peut-être vécu, même personnellement, l'expérience de négociation. Est-ce
que...
Mme Sirard (Pascale) : Bien,
pas comme négociatrices parce qu'on a un négociateur en chef, mais nous sommes
au C.A. du CPN. C'est toutes les quatre.
M. Morin : D'accord. Donc
évidemment, le négociateur est un expert de la négociation, mais il va prendre
ses informations finalement de vous. Exact?
Mme Sirard (Pascale) : Absolument.
Donc, c'est sûr que c'est nous qui nourrissons les demandes qui sont faites.
Puis ensuite, évidemment, il y a des remontées du...
Mme Sirard (Pascale) : …qui
sont faites à toutes les fois où on se rencontre au C.A. du CPNC. Bien
évidemment, dans la dernière négociation, ce qu'on a connu aussi, c'est… c'est
peut-être un peu l'inverse de ce qu'on nous avait promis sur papier.
C'est-à-dire que les négociateurs, qui sont les experts du bureau de
négociation gouvernementale, sur papier, ça fonctionne bien, c'est agile, c'est
flexible, mais dans les faits, ce qu'on a vu, c'est beaucoup de remontées vers
le CPNC parce qu'ils n'avaient pas nécessairement cette connaissance ou cette
expertise, ni non plus cette mémoire qui est celle de 40 ans de relations
de travail.
Et c'est compliqué quand même, puisque
dans l'organisation du travail, je vous le disais, on est 48 employeurs.
Donc, il y a vraiment une réalité qui est propre à chaque collège, parce qu'ils
sont dans des centres urbains, des centres régionaux, parce que leur réalité
est différente, donc de convenir de l'organisation du travail et d'avoir cette
compréhension fine des enjeux, c'est difficile, et d'aller en profondeur parce
que c'est de ça dont on a besoin aussi dans les négociations des conventions
collectives, c'est de pouvoir aller en profondeur sur certains dossiers,
notamment dans les interrondes, c'est vraiment une chose que nous craignons de
perdre avec ce projet de loi.
M. Morin : Et je comprends,
vous y avez fait référence, le fameux BNG, là, qui est un organisme central de
négociation qui relève notamment de la présidente du Conseil du trésor. Donc,
au fond, le ou… le négociateur ou la négociatrice se retrouve au sein de ce
bureau-là, mais vous travaillez avec cette personne-là.
Mme Sirard (Pascale) : En
fait, dans la dernière négociation collective, ce qu'on a connu, c'est que
normalement, nous travaillons avec les experts de notre ministère aussi. On
travaille en collégialité avec le ministère. Et puis le CPNC a accueilli la
demande d'avoir des observateurs du BNG dans un premier temps, qui se sont
rapidement intégrés à l'équipe de négociation. Ce n'était pas prévu, mais on
l'a accepté. On est... on est bon joueur. On est d'accord avec l'idée de faire
évoluer le cadre de négociation. Mais pour nous, ça n'a pas démontré les
résultats qu'on escomptait. Donc, ça a été… On croit que, notamment sur
certaines questions, il y avait des gains patronaux qu'on escomptait, qui
avaient été largement discutés entre nous au CPNC, et qui n'ont pas pu être
réalisés puisqu'à la fin, ce ne sont pas les mandats que le CPNC avait donnés
qui ont mené au terme de la négociation, mais plutôt ceux qui étaient demandés
par le bureau national de… le bureau de négociations gouvernemental. Ça fait
que ça nous a un peu éloignés des gains qu'on espérait faire dans cette
dernière négociation, malheureusement.
M. Morin : Oui, c'est ça.
Donc, vous, vous représentez la partie patronale, le Conseil du trésor aussi
également, mais il y a eu comme une espèce de… Enfin, le mot… non, le mot est
mal choisi, je ne dirai pas ce mot-là, mais en fait, il y a eu comme une espèce
de prédominance du BNG dans vos négociations, qui a fait en sorte qu'il y a
peut-être des éléments que vous vouliez faire ressortir, finalement, qu'ils ne
l'ont pas été. Est-ce que je vous comprends bien?
Mme Sirard (Pascale) : Vous
me comprenez bien. Et de là peut-être l'importance de réitérer la plus-value
que le Conseil… Le comité patronal de négociation des collèges peut avoir une
table de négociation, parce que nous croyons que nous sommes de très bons
partenaires avec les équipes ministérielles et les représentants du BNG, pour
mener à terme des négociations qui vont être à l'avantage de la population
étudiante qui sont… qui est représentée dans nos cégeps.
M. Morin : Et j'ai compris
aussi de votre mécanisme de négociation qu'au fond, le palier local, vous, vous
l'envoyez au national. Donc, au fond, d'une certaine façon, un des objectifs du
projet de loi, vous, vous l'avez déjà atteint, et ça semble bien fonctionner.
Est-ce que je vous comprends bien?
Mme Sirard (Pascale) : C'est
tout à fait ça, les fameux enjeux névralgiques dont on entend souvent parler en
termes d'organisation du travail pour le secteur de l'éducation, nous ne les
vivons pas.
M. Morin : Très bien. Je vous
remercie, M. le Président. Je pense que ma collègue…
Le Président (M. Simard) :
Absolument. Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, Bonjour à toutes, merci pour votre mémoire et votre
présentation. La question que j'aurais… puisque vos… toutes vos
recommandations, finalement, vont vers un seul objectif, de maintenir le Comité
patronal de négociation des collèges. Ma question, c'est de savoir :
est-ce que dans… Même si vous avez concentré vos efforts, là, est-ce qu'il y a
d'autres articles dans le projet de loi qui fonctionneraient moins bien pour
vous et dont vous aimeriez nous parler?
Le Président (M. Simard) : Mme
Desrosiers.
Mme Desrosiers (France) :
Bien, dans le mémoire, comme on le mentionnait, là, il y a le récapitulatif,
là, des recommandations. Alors, les modifications qui sont proposées, bien sûr,
tournent majoritairement autour, là, du comité patronal de négociation, à
différents articles, puisque dans le projet de loi qui est proposé, il y a déjà
des CPN qui sont conservés, alors, on mentionne que dans le mémoire de… Dans la
mémoire de la présidente du Conseil du trésor, Mme Sonia LeBel, il y a
effectivement…
Mme Desrosiers (France) : ...là,
à l'article 4.1.2, la possibilité, bien sûr, là, de créer une telle
structure. Par contre, comme on le mentionnait tout à l'heure, ce n'est pas un
automatisme. Alors, pour nous, on considère que, comme dans le projet de loi,
il est déjà prévu qu'il y ait des CPN qui demeurent, eh bien, on pense que la
structure actuelle répond déjà très bien. On a parlé des équipes ministérielles
tout à l'heure, avec qui on collabore très bien, le maillage est très fort,
très bon. Et on a déjà dans cette équipe ministérielle là justement eu à
influencer par rapport à l'expérience terrain, que nous avons tous ici autour
de la table, qui a permis d'avoir des avancées significatives, là, au niveau
des négociations des conventions collectives, de mieux comprendre nos réalités.
• (14 h 30) •
Mme Caron : Donc, alors, ce
que je comprends, c'est que, si le CPN est maintenu, ça va pour vous, le projet
de loi?
Une voix : ...
Mme Caron : Merci.
Le Président (M. Simard) : Encore
quelques secondes. Ça vous va? Merci, chère collègue. Je cède la parole au
député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Alors, mesdames Simard, Gravel, Vaillancourt, Desrosiers. Je suis un
peu triste de voir qu'il n'y a personne du cégep de Granby... Mais comme j'ai
un... comme j'ai un fils à Bois-de-Bou, je vais... je vais être très heureux de
discuter avec vous.
Sauf que je suis un peu embêté. Parce que,
dans le fond, ce n'est pas tant à vous qu'il faudrait que je pose ma question à
ce stade-ci qu'à la ministre. Mais ce n'est pas l'endroit et le moment pour le
faire. Mais je note bien puis je pense que tout le monde autour de la table
note votre position, qui est... qui est non seulement claire, mais qui m'a
l'air parfaitement raisonnable, en plus.
J'ai envie de vous poser une question pour
commencer : Voyez-vous un seul avantage, de votre point de vue, au projet
de loi, si d'aventure il est adopté tel quel? Est-ce que ça donne un seul
avantage, de votre point de vue, pas pour l'ensemble de l'univers, là, mais
pour votre organisation?
Mme Sirard (Pascale) : Aucun.
M. Marissal : Bon. Ça a le
mérite d'être clair. Il n'y a pas de gain de temps, il n'y a pas de gain
d'efficacité?
Mme Sirard (Pascale) : En
fait, on trouve que le réseau collégial, comme je le disais, est parfaitement
exemplaire en ce moment dans sa manière de négocier, puis qu'on répond
parfaitement aux objectifs de ce projet de loi là. Donc, en fait, on se
surprend, même, puis on se dit : Bien, peut-être parce que, justement, les
cégeps sont toujours un peu une exception, hein, on le sait, on est l'exception
québécoise, c'est peut-être pour ça qu'on nous... on est les grands oubliés de
ce projet de loi et qu'on ne nous a pas inclus dans l'exception qui est déjà
consentie aux commissions scolaires anglophones ou autochtones.
M. Marissal : Puis, à terme,
il y aurait même des écueils possibles, puisque vous perdez de votre agilité
dont vous avez parlé tout à l'heure.
Mme Vaillancourt (Marie-Ève) : À
terme, effectivement, parce qu'on s'éloigne... on s'éloignerait du terrain.
Mais, à mon... à mon humble avis, j'ai l'impression que c'est plus une
méconnaissance du fonctionnement des cégeps et du mode de fonctionnement même
du CPNC.
Moi, je viens d'un cégep de Sept-Îles.
C'est un des plus petits cégeps du réseau. Mais,l à chaque fois qu'on bouge
quelque chose, c'est l'effet papillon dans le réseau. C'est-à-dire que moi, si
on joue sur la charge individuelle de travail des enseignants, je ne veux pas
rentrer dans un volet très technique, mais ça va avoir un impact chez moi.
Parce que, par exemple, mes groupes sont plus petits pour x raisons, moins de
population étudiante, mes enseignants sont obligés d'avoir plus de cours pour
arriver à un temps plein par rapport à... des cours différents, je veux dire,
par rapport au cégep de Bois-de-Boulogne. Mais, quand on négocie, quand on veut
intervenir sur la... on est dans l'organisation du travail, là, quand on veut
négocier en lien avec ces éléments-là, bien, on a toute la perspective, toute
la profondeur du réseau. À Sept-Îles, un des plus petits cégeps, versus
Édouard-Montpetit, qui est un des plus gros cégeps, bien, si on bouge la CI, ça
va être quoi, l'effet papillon? Ça fait que c'est toute cette mémoire
collective là, cette expertise-là qui est importante à la table de négociation.
Quand je vous disais, tout à
l'heure : Si on bouge telle affaire, ça va avoir un impact sur l'article
x, bien, c'est ça qui est un avantage. Puis ce n'est pas commun au réseau de la
santé, puis ce n'est pas comment au réseau de l'éducation.
Puis, ce qui m'interpelle
particulièrement, c'est que, entre autres, dans l'allocution préliminaire de la
ministre, il n'a jamais été question de l'enseignement supérieur. Les enjeux
qui ont été vécus dans la dernière négociation, qui ont été difficiles pour le
Québec, c'est en santé, c'est en éducation. Ce n'est pas au niveau du réseau
collégial. Ça se passe bien depuis des années. Ça ne veut pas dire qu'on ne
s'entend pas ou qu'il n'y a pas des. Des échanges plus corsés avec la partie
syndicale? Pas du tout. Mais on arrive à une entente. L'exemple de la formation
à distance est excellent. L'exemple de la pandémie, excellent aussi. En trois
semaines, on s'est revirés sur un 10 cents. Ça n'a pas été le cas de
l'éducation, pour toutes sortes de raisons, parce que les échanges sont plus
difficiles.
M. Marissal : Bien, je vous
remercie. Comme je vous dis, je note. On aura des pourparlers...
14 h 30 (version non révisée)
M. Marissal : ...parfois, la
ministre montre une certaine flexibilité. Je ne peux évidemment pas répondre
pour elle, mais ce que j'entends ici me semble non seulement raisonnable, mais
assez convaincant. Alors, je vous remercie pour ça.
Le Président (M. Simard) : Alors,
Mmes Sirard, Gravel, et Vaillancourt, et, bien sûr, bien sûr, Mme Desrosiers,
du cégep de Garneau, merci beaucoup pour votre présence parmi nous cet
après-midi. Ce fut fort instructif. Au plaisir de vous recevoir à nouveau.
(Suspension de la séance à 14 h 35)
(Reprise à 14 h 40)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers amis, nous poursuivons nos consultations. Et nous avons l'honneur
de recevoir par visioconférence la représentante de l'Association des
gestionnaires des établissements de santé et de services sociaux.
Mme Girard, soyez la bienvenue parmi nous.
(Visioconférence)
Mme Girard (Danielle) :
Bonjour. Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Vous savez, vous disposez de 10 minutes afin de faire votre présentation.
Mme Girard (Danielle) :
Absolument parfait! M. le Président, chers membres de la commission, je me
présente, Danielle Girard, présidente-directrice générale de l'Association des
gestionnaires du réseau de la santé et des services sociaux, aussi appelée
l'AGESSS. En mon nom et au nom de l'AGESSS, je remercie les membres de la
Commission des finances publiques de nous donner l'occasion de soumettre nos
commentaires à l'égard du projet de loi n° 100. D'entrée de jeu, l'AGESSS
tient à préciser qu'elle privilégie une analyse générale du projet de loi axée
sur ses impacts sur les gestionnaires du réseau de la santé et des services
sociaux plutôt qu'une étude détaillée de chacun de ses articles. Je tiens
également à souligner que nous ne souhaitons en aucun cas intervenir dans les
dispositions du projet de loi qui concernent spécifiquement les conditions de
travail du personnel syndiqué. Notre préoccupation porte exclusivement sur les
mécanismes... les mécanismes, pardon, qui touchent les gestionnaires, ainsi que
sur la reconnaissance du rôle qu'ils exercent au sein du réseau.
Avant d'entrer au cœur du sujet,
permettez-moi de vous présenter brièvement l'AGESSS. l'AGESSS est l'Association
des gestionnaires des établissements de santé et de services sociaux et
représente quelques 9 000 gestionnaires répartis dans toutes les
régions du Québec, et ce, depuis plus de 50 ans. Elle est reconnue comme
l'interlocutrice principale des gestionnaires auprès du ministère de la Santé
et des Services sociaux, ainsi que de Santé Québec, notamment pour les
relations de travail et les conditions d'exercice des cadres du réseau. Les
membres de l'AGESSS occupent des postes névralgiques à tous les échelons du
réseau, notamment nos chefs d'unités en soins infirmiers, chefs de service à la
réception ou au traitement des signalements à la DPJ, conseillers-cadres,
adjoints au directeur des ressources humaines, des communications et des
affaires juridiques, chefs de secteur en hygiène et salubrité, chefs de service
en santé mentale de proximité, chefs d'unité de soins chirurgicaux, chefs du
service d'imagerie médicale, conseillers à la prévention et au contrôle des
infections et plusieurs centaines d'autres fonctions de gestionnaire.
Présents sur le terrain, ces gestionnaires
constatent et vivent au quotidien les effets concrets des décisions prises à
l'échelle nationale, qu'elles soient porteuses de solutions ou qu'elles
engendrent de nouvelles contraintes. Parce qu'ils ont à cœur la mission du
réseau de la santé et des services sociaux, les membres de l'AGESSS souhaitent
que toute réforme permette une amélioration tangible de l'organisation et de la
prestation des soins à la population. C'est dans cet esprit que nous soumettons
le présent mémoire au nom de l'ensemble de nos membres.
M. le Président, permettez-moi maintenant
de commenter le projet de loi no° 100. L'AGESSS tient d'abord à
reconnaître deux avancées significatives. Premièrement, la suppression de la
limite de trois ans imposée aux conventions collectives favorise une plus
grande stabilité des relations de travail, un atout majeur pour la gestion
durable des ressources humaines dans le réseau. Deuxièmement, le maintien de la
situation actuelle concernant les accréditations syndicales sans fusion imposée
évite une période de transition qui pourrait s'avérer chaotique et permet de
conserver également un cadre stable pour les acteurs concernés. Cela étant dit,
consciente des enjeux et des...
Mme Girard (Danielle) : ...des
défis liés à cette réforme, l'AGESSS souhaite attirer l'attention sur certains
aspects spécifiques qui, selon elle, méritent une analyse plus approfondie. Ces
observations reposent sur la réalité concrète vécue par les gestionnaires
qu'elle représente, acteurs essentiels à la qualité et à l'efficacité du
réseau.
Trois points émergent aujourd'hui :
l'omission du droit associatif des membres de l'AGESSS, la centralisation des
décisions au Conseil du trésor, ainsi que l'omission dans le projet de loi de
reconnaissance de l'ancienneté pour les gestionnaires qui retournent dans une
accréditation syndicale. Il est important de mentionner que ces enjeux
conditionnent la qualité du dialogue social, la reconnaissance du rôle des
gestionnaires et, ultimement, la performance du système de santé et des services
sociaux québécois.
Débutons avec le premier enjeu, l'omission
du droit associatif des gestionnaires dans le projet de loi. Le personnel
d'encadrement occupe une place stratégique dans le réseau de la santé et des
services sociaux, comme je l'ai mentionné plus haut. Impliqués au quotidien
dans la gestion opérationnelle, les gestionnaires agissent comme courroie de
transmission entre les orientations ministérielles et leur mise en œuvre
concrète sur le terrain. Ils jouent également un rôle d'interface essentiel
entre les salariés, les associations syndicales accréditées et l'employeur,
tout en assurant la qualité des soins et des services.
Dans ce contexte, le droit associatif des
membres de l'AGESSS constitue un levier structurant, garant d'un dialogue constant,
organisé et légitime entre les gestionnaires et l'État employeur.
Il apparaît dès lors essentiel d'inscrire
formellement dans la loi le droit de négocier les conditions de travail et
d'exercice des gestionnaires du réseau de la santé et des services sociaux.
Cette inscription permettrait enfin aux parties de convenir d'un mécanisme
structuré de discussions et de règlements des différends. De plus, cela
contribuerait à établir un rapport équilibré entre les parties et à favoriser
un dialogue constructif.
La correction de cet oubli est
indispensable. Un cadre associatif explicite et intégré favorise l'engagement
et le bien-être des gestionnaires, contribuant ainsi à la stabilité des
relations de travail, et à la continuité des services, et à l'amélioration de
la performance globale du réseau.
On passe maintenant au deuxième enjeu, les
aspects de la centralisation d'activités au Conseil du trésor. Le projet de loi
confie au Conseil du trésor la coordination nationale de la négociation et de
la détermination des conditions de travail. Cette centralisation accrue lui
confère un rôle prépondérant, reléguant Santé Québec à un rôle secondaire, avec
une marge de manœuvre plus restreinte. Une telle configuration soulève des
préoccupations majeures quant à la capacité des employeurs du réseau —
particulièrement Santé Québec — d'adapter leurs décisions aux réalités
spécifiques vécues sur le terrain.
L'AGESSS est particulièrement
préoccupée... pardon, par l'approche uniforme que privilégie le Conseil du trésor
pour l'ensemble des secteurs de la fonction publique. Cette approche, pensée
pour assurer la cohérence globale, ne tient pas suffisamment compte des
caractéristiques propres au réseau de la santé et des services sociaux, qui
diffèrent notamment de celles du secteur de l'éducation. En uniformisant les
décisions à l'échelle nationale, le projet de loi risque d'imposer des balises
plus rigides, moins adaptées à la diversité des contextes régionaux et
sectoriels du réseau.
Ce faisant, on oublie l'importance des
réalités locales, qui sont pourtant au cœur d'un service public de proximité.
L'AGESSS considère qu'il est impératif de
préserver une réelle autonomie décisionnelle pour Santé Québec, afin qu'elle
puisse répondre aux agilités, aux besoins spécifiques des gestionnaires des
établissements. Il va de soi que cela suppose également une collaboration
étroite avec l'AGESSS, qui regroupe la grande majorité des gestionnaires du
réseau, pour garantir que la coordination des conditions de travail repose sur une
compréhension fine du terrain et sur un dialogue constructif, continu et
respectueux de leur expertise.
Passons maintenant au troisième enjeu, la
reconnaissance de l'ancienneté pour les gestionnaires réintégrant un statut
syndiqué. Le projet de loi ne tient pas compte d'une réalité bien établie dans
le réseau de la santé des services sociaux : des employés...
Mme Girard (Danielle) : ...syndiqués
accèdent à des fonctions de gestion, parfois, pour une période temporaire,
parfois, pour plusieurs années. Pour diverses raisons, réorganisation, décision
administrative ou choix personnel, certains d'entre eux réintègrent, par la
suite, leur ancien statut de personnel syndiqué.
• (14 h 50) •
Le projet de loi contient déjà des
dispositions assurant la reconnaissance de l'ancienneté chez le personnel
syndiqué lors d'un passage d'une unité de négociation à une autre. C'est
pourquoi l'AGESSS estime essentiel d'étendre ce principe au gestionnaire qui
réintégrerait un poste syndiqué à la suite d'un changement d'établissement. Il
y va d'un traitement équitable, mais aussi d'une mesure concrète pour favoriser
la mobilité, reconnaître l'expérience et renforcer la rétention du personnel au
sein du réseau. Ce manque de clarté dans le projet de loi peut aussi constituer
un frein à l'attractivité des postes d'encadrement, en décourageant des talents
potentiels d'assumer des responsabilités de gestion s'ils craignent voir de
leur ancienneté compromise.
En conclusion, le projet de loi apporte un
changement important à la Loi sur la négociation et la détermination des
conditions de travail dans le réseau de la santé et des services sociaux.
L'AGESSS tient à souligner les efforts gouvernementaux qui ont été faits afin
de moderniser ce régime, qui nécessitait grandement d'être revu. Il est
également... Oui?
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, Mme Girard.
Mme Girard (Danielle) : En
conclusion? Alors, en conclusion, on est... important de mentionner que le rôle
du Conseil du trésor soit clarifié et on demeure là pour collaborer, bien sûr,
avec vous. Voilà, merci.
Le Président (M. Simard) : Merci,
merci beaucoup à vous pour cette présentation. Et, sans attendre, je cède la
parole à la présidente du Conseil du trésor.
Mme LeBel : Merci, Mme
Girard, merci de votre présence cet après-midi. Ça peut être très éclairant sur
certains aspects. Vous allez me permettre, avec beaucoup de respect et le plus
de délicatesse possible, de vous dire, par contre, que l'objet du projet de loi
n'est pas du tout de voir si on doit donner des droits associatifs à des cadres
ou non. Malgré que je respecte votre point de vue, je pense que c'est une
conversation qui doit avoir lieu à un autre niveau et avec d'autres
interlocuteurs, potentiellement. Mais je comprends votre point de vue, et il
est de bonne guerre, pour vous, de le faire valoir, aujourd'hui, dans le cadre
de nos travaux.
Mais vous allez me permettre de ramener
peut-être la discussion sur le sujet plus pertinent, à mon point de vue, là...
parce que je ne veux pas écarter votre... la pertinence de vos propos... mais
plus pertinent, à mon point de vue, sur l'objet du projet de loi n° 100,
qui est, somme toute, la coordination nationale, là, des conventions
collectives, là, qu'on a avec nos... en général, avec nos syndiqués. Je vais
peut-être parler de ce que vous reconnaissez comme... Vous êtes quand même,
comme gestionnaire dans le réseau de la santé, à même de pouvoir juger de
certains effets de nos conventions collectives ou de certaines limites, là, de
la structure actuelle.
Vous parlez... et je vais vous entendre...
vous demandez peut-être de mettre un peu plus l'accent sur ces sujets là, parce
que vous êtes un... une de celles qui en a parlé... des fois, on a des lieux
communs entre certains... mais vous avez parlé de l'avancée significative de
l'abolition que l'on fait, au Code du travail, de la durée limitée des
conventions collectives de trois ans. Bon, on sait que, par le passé, on a eu
l'occasion d'en avoir, des conventions collectives, à tous les niveaux de
gouvernement, dans les dernières années, qui duraient plus de trois ans. La
moyenne, en général, est de cinq ans. Mais, chaque fois, ça nous oblige,
parlementaires, à passer un projet de loi qui vient confirmer que l'entente des
parties... qui contrevient, en soi, au code, et... nonobstant le code,
finalement. Donc, expliquez-moi en quoi vous trouvez que c'est une bonne idée
pour la stabilité. J'ai ma propre opinion, mais j'aimerais vous entendre.
Mme Girard (Danielle) : Effectivement,
comme gestionnaires, pour nos gestionnaires... Merci, Mme la ministre, du
retour, également. Et pour le premier point que vous avez amené, il nous fera
plaisir d'en discuter dans un autre forum, effectivement.
Alors, écoutez, effectivement, pour nos
gestionnaires, le fait, comme vous l'avez amené, au niveau des parlementaires,
de devoir passer une loi pour ajouter des années à la convention, il faut
comprendre que, comme gestionnaires, nos gestionnaires, changer les conditions
de travail, entreprendre et vivre des négociations aux trois ans, ce n'est pas
simple. Ça fait qu'effectivement, comme je l'ai mentionné et comme vous le
dites, pour tous nos gestionnaires, la paix sociale, de travailler la stabilité
pour cinq ans ou pour plus de trois ans, c'est vraiment un plus. Moi-même,
personnellement, je suis gestionnaire depuis 30 ans, à travers...
Mme Girard (Danielle) : ...différentes
organisations et, effectivement, de voir les conventions collectives seulement
d'une durée de trois ans, où c'est complexe d'aller... c'est plus complexe pour
les gestionnaires et pour le travail avec leurs employés, et surtout dans le
réseau de la santé et des services sociaux, toujours pour un meilleur accès aux
soins. On doit se concentrer sur travailler pour nos soins de proximité.
Mme LeBel : Merci,
Mme Girard. Pouvez-vous nous parler également peut-être d'un aspect qui
est plus... qui est plus particulier au système de santé, qui découlait du
projet de loi no° 15? On vient, dans le projet de loi n° 100
traiter des catégories d'emploi, des catégories dans le réseau de la santé. Le
projet de loi n° 15 faisait passer de quatre à six
catégories, je ne les nommerai pas, là, mais bon, entre autres, les infirmières
c'est une catégorie, là, donc de quatre à six catégories dans le réseau de la
santé. Mme Picard, de la FTQ a abordé le sujet un peu dans sa
présentation, mais vous en faites aussi une avancée significative. Dans le
fond, ce que le projet de loi n° 100 fait, c'est de
ramener le statu quo, c'est-à-dire ce qui existait avant le projet de loi n° 15. Expliquez-nous pourquoi il était significatif pour
le réseau de revenir à quatre catégories et de ne pas maintenir six catégories.
Mme Girard (Danielle) :
Premièrement, je tiens ma réserve que, dans ce que je vous amène, c'est
vraiment dans le rôle des gestionnaires, hein? C'est face au travail des
gestionnaires. Loin de moi de me positionner sur des dispositions que mes
collègues des syndicats pourront bien faire. Alors, notre rôle, c'est vraiment
ça. Mais effectivement, comme vous avez amené un changement dans les unités
d'accréditation, un grand changement actuellement, ça amènerait, comme un peu,
je l'ai dit, une période de risque chaotique de tout mettre en place, de tout
changer ça. Et effectivement, encore une fois, pour le réseau, ce qu'on veut
dans les changements qui arrivent aujourd'hui avec l'implantation de Santé
Québec, avec le retour à l'équilibre budgétaire dans les prochaines dans les
prochains mois. Donc, ce qu'on a besoin, c'est une stabilité et non pas de
travailler de façon chaotique, donc dans un environnement d'un autre changement
qui amènerait peut être des risques de travail. Alors, c'est vraiment pour la
stabilité. Et comme je vous le dis, pour les raisons que mes collègues,
sûrement, des accréditations syndicales pourront vous amener, mais nous, pour
la stabilité avec nos gestionnaires et encore une fois le travail avec nos
employés, que tout se passe bien pour nos usagers.
Mme LeBel : Je suis
intéressée à vous entendre parce que vous en faites mention dans votre
mémoire...
Mme Girard (Danielle) :
Oui, absolument.
Mme LeBel : ...comme
étant une avancée significative. Donc naturellement, on comprend tous que c'est
de votre point de vue, mais il est intéressant d'avoir votre point de vue sur
cet aspect là, compte tenu vous en fait mention dans votre mémoire. Peutêtre
mon dernier point qui est plus de l'ordre du commentaire, mais vous aurez
l'occasion de commenter, vous parlez de la centralisation au Conseil du trésor.
Je tiens à vous rassurer, il n'est pas question de centralisation. Il va
demeurer. La table centrale a toujours existé. Il va demeurer les tables
sectorielles. Vous parliez de votre préoccupation quant au rôle que Santé
Québec pourrait jouer dans le futur régime de négociation. Il est prévu, dans
le projet de loi n° 100, que la négociation sectorielle en santé pouvait
être assumée par le ministre de la Santé ou Santé Québec. Alors, ça sera au
secteur de décider si Santé Québec est le maître d'oeuvre du secteur, non pas
de la table centrale. On comprendra que la table centrale demeure la table qui
est la table plus gouvernementale ou par le ministère de la Santé. Donc, il n'y
a pas... Ce n'est pas un projet de loi qui veut, qui veut centraliser, c'est un
projet de loi qui veut réorganiser, mais dans le sens des négociations
sectorielles, le rôle de santé Québec devra être discuté avec le ministère de
la Santé et non pas avec le Conseil du trésor. Mais c'était comme une
préoccupation de votre part, mais je voulais vous rassurer sur cet aspect-là et
vous remercier de votre présence. Et sur ce, je vais céder la parole à mes
collègues de l'opposition. Merci beaucoup.
Mme Girard (Danielle) :
Merci beaucoup, Mme la ministre.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, Mme la ministre. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. Merci,
M. le Président. Mme Girard, bonjour. Merci d'être là et merci pour votre
mémoire. J'aimerais, j'aimerais qu'on continue sur un peu le sujet que Mme la
ministre vient d'aborder. Mme la ministre nous dit que ce n'est pas vraiment
une centralisation. Il va y avoir des tables sectorielles qui vont continuer
d'exister. Sauf que, dans la plupart des mémoires qu'on reçoit, tout le monde
parle de centralisation...
M. Morin : …peut-être une
mauvaise compréhension de part et d'autre, ça, on aura la chance de poser des
questions à Mme la ministre là-dessus plus tard. Mais vous, de votre… de votre
point de vue, c'est quand même ce que vous écrivez dans votre mémoire. Donc,
qu'est-ce que... qu'est-ce que vous ressentez? Qu'est-ce qui va changer?
Qu'est-ce que vous pourriez perdre compte tenu de cette centralisation-là?
Parce que vous soulignez que c'est une préoccupation majeure.
• (15 heures) •
Mme Girard (Danielle) :
Merci, M. le député, pour votre question. C'est une préoccupation majeure sur
deux volets. Lors de l'implantation de la loi qui a amené la création de Santé
Québec, la AGESSS, on s'était positionné. Ce qui était important, c'est
l'autonomie Santé Québec en raison de la grande spécificité du réseau de la
santé et des services sociaux
Et le point qu'on amène dans nos
préoccupations aujourd'hui, il faut comprendre que nos gestionnaires, nos
employés sont appelés à travailler 24/7, il y a des… dans les conditions de
travail, c'est une pluralité de conditions de travail, de personnel, de titres
d'emploi. C'est vraiment très spécifique. Notre préoccupation, c'est que… et on
le voit, puis Mme la ministre, tout à l'heure, nous dit : Ce n'est pas une
centralisation. Mais quand on lisait le projet de loi, on voit qu'il y a une
crainte de centralisation. Et, en se comparant à d'autres secteurs, par
exemple, comme l'éducation, où est-ce qu'il y a moins de types d'emplois, où
est-ce qu'on n'a pas des gens qui travaillent 24/7, 365 jours par année…
Donc, notre préoccupation était à cet effet-là.
Dans les discussions sur les conditions de
travail, au volet sectoriel, c'était très important que Santé Québec et
également le ministère de la Santé et Services sociaux pour les établissements
qui ne sont pas intégrés à Santé Québec, aient vraiment une marge de manœuvre,
une autonomie pour discuter des conditions de travail. Notre préoccupation est
vraiment là, dans ce sens-là. Je ne sais pas si je réponds à votre question.
M. Morin : Oui. Vous lui
avez… vous lui avez répondu, je vous en remercie, mais ça a suscité chez moi
d'autres… d'autres questionnements, parce que je veux juste… Je veux juste
comprendre. Évidemment, on a tous assisté à la création de Santé Québec. Et
donc, maintenant, dans votre réseau, il y a Santé Québec, il y a le ministre de
la Santé, il y a le Conseil du trésor, vous, vous représentez des cadres, donc
la partie patronale, puis évidemment, vous allez négocier avec des syndiqués
qui sont évidemment sur le terrain.
Donc, comment vous voyez le rôle de tous
ces intervenants-là? Quelle est la place qui vous reste, vous, là-dedans comme
cadres? Puis qu'est-ce que vous pouvez négocier puis qu'est-ce que vous pouvez
ramener pour faire comprendre, que ce soit à Santé Québec ou au ministre ou le
Conseil du trésor, la réalité de votre terrain, de votre quotidien?
Vous avez parlé évidemment des catégories
d'emploi, du 24/7. Il y a aussi toutes les régions du Québec qui sont très
différentes les unes des autres. Donc, j'aimerais que vous expliquiez, puis
là-dessus, que… j'aimerais vous entendre là-dessus puis que vous puissiez nous
expliquer si le projet de loi vous fait perdre quelque chose ou vous enlève
quelque chose.
Mme Girard (Danielle) : C'est
une excellente question. Écoutez, premièrement, ce qu'on a également amené,
lorsqu'on s'est présentés pour… à la création de Santé Québec, aller au projet
de loi 15, ce qui est important pour nous, c'est que tous les
intervenants, dans tous les domaines, que ce soit dans la négociation, que ce
soit dans la mise en place d'activités, de changements, de transitions, c'est
que les rôles et responsabilités soient clairs. Avec la loi amenant Santé
Québec, ce qu'on avait mentionné, le ministère de la Santé, le ministre devait
donner, le ministère devait donner les orientations Santé Québec à titre d'une…
bon, jouant comme une société d'État, devait devenir l'employeur et à ce
moment-là, avec l'autonomie et les coudées franches, devait amener dans sa
transition des rôles et responsabilités clairs et pour les établissements, pour
nos gestionnaires et pour nos membres. Nous, c'est ce qu'on a amené.
Actuellement dans le projet… et c'est ce
qui, dans la transition, ce qu'on nous dit qui va s'opérer, parce que vous
savez, là, on est en transition avec l'arrivée de Santé Québec. La… comme je
l'ai dit dans le projet de loi 100, la crainte qu'on a avec une
coordination plus centralisée, c'est ce qu'on perçoit…
15 h (version non révisée)
Mme Girard (Danielle) : ...dans
le projet de loi. La crainte qu'on a, c'est comment va se répartir ces rôles et
responsabilités là. Et vous avez exactement la bonne question, et je l'ai aussi
aujourd'hui : les rôles de nos gestionnaires dans les conditions de
travail, le rôle des établissements, le rôle de proximité des décisions face à
nos usagers dans chacune des régions, comment est-ce que ça va s'opérer?
Alors, nous, ce qu'on amène dans le
mémoire actuellement sur le projet de loi n° 100, on a des inquiétudes. On
est en pleine transition déjà. Le projet de loi amène d'autres changements.
Maintenant, nous, ce qu'on dit, c'est : Oh! Là, il faut... il faut qu'on
garde bien l'autonomie de Santé Québec, parce que Santé Québec, dans ce qu'on s'attend
d'eux, c'est qu'ils établissent bien le rôle, les responsabilités de nos
gestionnaires. Voilà.
M. Morin : O.K. Je vous... Je
vous remercie. Dans votre mémoire, à la fin, numéro trois, à l'item 3,
vous parlez de la reconnaissance de l'ancienneté pour les gestionnaires qui
réintègrent un statut de syndiqué. J'aimerais vous entendre davantage
là-dessus. Parce que je comprends que, dans le réseau, il peut arriver... d'ailleurs,
je pense que vous l'avez fait... vous avez fait référence quand vous avez parlé
de chef... de chef d'unité ou de chef à l'imagerie médicale, j'imagine que dans
un hôpital, un chef à l'imagerie médicale, c'est un gestionnaire, fait partie
de votre réseau, mais il a pu commencer ou elle a pu commencer sa carrière
comme technicien.
Mme Girard (Danielle) : Technologue.
Exact.
M. Morin : Et là, à ce
moment-là, elle est syndiquée. Donc, cette personne-là peut travailler comme
syndiqué pendant quelques années, peut-être nommée gestionnaire ou elle
pourrait être nommée gestionnaire intérimaire pendant une période de temps.
Avec le bouleversement que Santé Québec a opéré, est-ce que vous avez, vous,
des gestionnaires, par exemple, qui ont perdu leur poste de gestionnaire puis
qui sont retournés dans le réseau comme syndiqués?
Mme Girard (Danielle) : C'est
clair qu'actuellement, ce que je vous dirais, avec le retour à l'équilibre
budgétaire et avec ce qu'on a vécu, que nos gestionnaires ont vécu récemment et
ce qu'ils vivent encore, c'est des choses qui sont possibles.
Notre point, nous, c'est effectivement...
notre préoccupation, c'est comme vous l'avez mentionné. J'ai une personne
technologue, devient cheffe en imagerie médicale. Elle a son ancienneté de
technologue, elle a fait 20 ans, elle revient cheffe dans son
établissement. Elle devient cheffe d'imagerie médicale, et, pour toutes sortes
de... les raisons que j'ai amenées, que ce soient des changements de l'établissement,
que ce soit un choix personnel, décide de retourner comme technologue, mais
dans une autre accréditation, dans un autre établissement, le projet de loi ne
mentionne pas actuellement que la personne pourrait ne pas perdre son
ancienneté lorsqu'elle était employée avant de devenir gestionnaire. Ça fait
que c'est là notre préoccupation.
Puis, pour répondre plus précisément à
votre question, comme je vous l'ai dit au début, ce sont des choses qui peuvent
arriver effectivement, pour toutes les raisons, pas seulement en termes de
coupures, mais aussi en termes de choix personnels, en termes de réorganisation
des structures administratives dans les établissements. C'est des choses qui
peuvent arriver. D'ailleurs, c'est... c'est pour ça, là, qu'on a des
discussions... qu'il y a cette possibilité-là, là, de revenir sur un poste de
syndiqué ou non là. Ça fait que notre préoccupation, c'est vraiment de s'assurer...
puisque ce n'est pas clair dans le projet de loi, c'est que nos gens ne perdent
pas l'ancienneté qu'ils avaient lorsqu'ils étaient personnels syndiqués.
M. Morin : Et je comprends
que votre... en fait, votre demande, c'est que, si quelqu'un aurait été
syndiqué pendant 15 ans, elle devient gestionnaire et... pendant trois ou
quatre ans, puis qu'elle retourne syndiquée, donc évidemment, elle ne redevient
pas syndiquée avec aucune année d'ancienneté, mais elle reprend à 15 ans.
Mme Girard (Danielle) : Quinze
ans. Absolument.
M. Morin : Et les années où
elle a été gestionnaire ne comptent pas nécessairement pour son ancienneté de
syndiqué, là. Là, vous faites une distinction entre les deux, là.
Mme Girard (Danielle) : Je
fais vraiment une distinction entre les deux. À ce stade-ci, aujourd'hui, dans
ce projet de loi là, je fais une distinction, effectivement. Merci. L'exemple
est parfait.
M. Morin : Je vous remercie, Mme.
Alors, M. le Président, ma collègue, je pense, avait une question. Voilà.
Le Président (M. Simard) : Absolument.
Alors, chère collègue, il vous reste encore six minutes 15 secondes.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, bonjour, Mme. Merci de votre présence et de votre mémoire.
Mme Girard (Danielle) : Bonjour.
Mme Caron : En fait, sur le
même thème, vous avez dit que c'était...
Mme Caron : ...que c'était
possible, la question que j'allais vous poser : Avez-vous une idée du
nombre de personnes qui sont dans cette situation-là? Mais puisque c'est...
d'après ce que j'ai compris, c'est une possibilité, ce n'est pas nécessairement
quelque chose qui s'est concrétisé encore. J'imagine que c'est difficile
d'évaluer le nombre de personnes qui pourraient être dans une telle situation.
• (15 h 10) •
Mme Girard (Danielle) : Merci.
Je vais peut-être prendre. Mais merci, Mme la députée, pour votre... votre
question. Je vais clarifier, je pense, c'est important. C'est clair que ce sont
des choses qui arrivent. C'est clair que ce sont des choses qui arrivent. Puis,
lorsque vous avez des grands changements dans les structures dans une période
de retour à un équilibre budgétaire, c'est clair, il y a des coupures, ça peut
arriver et ça arrive. Maintenant, plus spécifiquement, actuellement, on n'a pas
le dénombrement de ces situations-là, il faut comprendre qu'on est encore avec
Santé Québec et avec tous les changements en grande transition effectivement.
Mme Caron : Est-ce qu'il y a
des... parce que vous avez fait le choix de commenter en général le projet de
loi sur les... évidemment, ça fait ressortir vos préoccupations. Est-ce qu'il y
a des sections ou des articles du projet de loi que vous... qui devraient être
modifiés pour... bien évidemment, oui, qui pourraient aller dans le sens de...
dans le sens de vos recommandations? Mais est-ce qu'il y en a certains que vous
pouvez nous identifier?
Mme Girard (Danielle) : Et
comme je vous... on vous l'a mentionné, je l'ai mentionné dès le début, puis je
vais effectivement le clarifier. On pourrait vous donner effectivement plus
détaillé. Juste pour revenir à votre question de tout à l'heure, au niveau des
statistiques, on pourrait vous et revenir, là, après la transition. Je
m'excuse, je réponds à votre question tout à l'heure aussi. Mais, pour ce qui
est effectivement du projet de loi, on se garde vraiment par respect pour nos
accréditations syndicales, par respect pour nos syndicats, on regarde vraiment
le détail. Tu sais, comme Mme la ministre l'a mentionné, c'est un projet de loi
que chacun des articles touche, en une grande majorité, le personnel syndiqué.
Donc, comme je vous dis, ce qu'on souhaite à travers nos commentaires, c'est
que les articles, par exemple, qui touchent l'ancienneté, la reconnaissance de
l'ancienneté, bien, à ce moment-là, qu'on s'assure d'ajouter que les
gestionnaires qui redeviennent employés syndiqués, donc. Mais là, sous la main
dans trois minutes, je n'ai pas le numéro de l'article, mais effectivement ça
serait... ça serait ça avec les demandes qu'on a eues.
Mme Caron : Merci.
Maintenant, dans votre... dans votre introduction, vous mentionnez que l'AGESSS
est reconnue comme une interlocutrice principale des gestionnaires auprès du
ministère et auprès de Santé Québec. Est-ce que vous craignez de perdre ça ou
si vous avez quand même confiance, peu importe les préoccupations que vous avez
énumérées avec le projet de loi, que c'est quelque chose qui sera maintenu?
Mme Girard (Danielle) : Mais,
merci, Mme la députée. Très bonne question. On ne perd pas cette confiance-là,
aucunement. Comme je l'ai mentionné d'entrée de jeu, je n'étais pas là, mais
l'AGESSS a 50 ans. Ça fait 50 ans qu'on travaille avec le
gouvernement, qu'il y a des... Des liens se sont créés également à travers les
années depuis que moi je suis présidente-directrice générale de l'association.
On a des liens, on a des travaux. Il y a un passé qui a été... qui est là.
Alors, on a confiance, effectivement qu'on demeure interlocutrices principales,
entre autres, pour les conditions de travail pour nos gestionnaires, nos
9000 gestionnaires.
Mme Caron : Merci.
Mme Girard (Danielle) : Merci.
Mme Caron : Je ne sais pas
si... c'est parce qu'il reste encore un petit peu de temps, si tu as une autre
question.
Le Président (M. Simard) :
Deux minutes, cher collègue.
M. Morin : Bien, merci,
collègues. Je voudrais juste bien saisir, parce que vous avez fait référence,
dans votre... dans votre association, en fait, au nombre de différents postes
que vous avez, et je comprends que c'est excessivement varié. Présentement,
dans le cadre des négociations, comment ça fonctionne? Vous négociez avec une
table centrale, vous avez des tables sectorielles, vous avez des tables
locales. Est-ce que chaque personne... bien, pas personne, mais groupe ou unité
de travail est représenté? Comment... comment vous fonctionnez présentement
puis qu'est ce que le projet de loi va venir changer là-dedans?
Mme Girard (Danielle) : Actuellement,
comment ça fonctionne? Bien, dans un premier temps, notre... nous, ce qu'on
souhaite, c'est qu'on reconnaisse le droit de négocier, mais ce qu'on nous
reconnaît, c'est un droit de consultation donc. Alors, il y a plusieurs volets.
Rapidement, le volet sectoriel est discuté. Effectivement, comme Mme la
ministre l'a mentionné, à la table au conseil...
Mme Girard (Danielle) : ...du
trésor. Alors, on parle de l'indexation et on parle du volet Retraite et
assurances, qui est avec le Conseil du trésor. Et aux tables sectorielles au
niveau de la santé et des services sociaux, les associations du volet patronal,
nous avons Santé Québec à la table, le ministère de la Santé et les Services
sociaux et le Conseil du trésor également, qui est à une autre table pour
discuter des matières sectorielles.
M. Morin : Parfait, je vous
remercie. Merci, M. le Président.
Mme Girard (Danielle) : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous, Mme Girard, pour cette très belle présentation, et nous espérons
vous recevoir sous peu.
Et, sur ce...
Mme Girard (Danielle) : Merci
infiniment à vous.
Le Président (M. Simard) :
...très bien... je suspends nos travaux momentanément.
(Suspension de la séance à 15 h 15)
(Reprise à 15 h 18)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, nous sommes en mesure de poursuivre nos travaux. Et
nous avons l'honneur de recevoir des représentants de la Fédération des centres
de services scolaires du Québec. Mme, messieurs, soyez les bienvenus. Vous
disposez de 10 minutes afin de faire votre présentation. Auriez-vous peut-être
d'abord l'amabilité de vous présenter? Avec plaisir.
M. Robert (Dominique) : Avec
plaisir. Merci. M. le Président. Je me présente, je suis Dominique Robert,
président-directeur général de la Fédération des centres des services scolaires
du Québec. J'ai la chance aujourd'hui d'être accompagné de mon collègue
Jean-François Collard, qui est président-directeur général adjoint, de même que
de Mme Sophie Laberge, qui est directrice des... du service des affaires juridiques
et secrétaire générale à la fédération.
Le Président (M. Simard) : Vous
êtes les bienvenus, et nous sommes à votre écoute.
M. Robert (Dominique) : Excellent.
Merci, M. le Président. Mme la ministre, Mmes et MM. les députés et membres de
la commission, nous vous remercions de nous donner l'opportunité d'exprimer
notre position eu égard au projet de loi n° 100.
La fédération regroupe et soutient les 61
centres de services scolaires francophones du Québec en offrant des services
d'accompagnement dans tous leurs champs d'activité, dont les relations de
travail. En outre, depuis 40 ans, elle organise, coordonne, dirige...
M. Robert (Dominique) : ...la
négociation des matières locales... des matières nationales, pardon,
conjointement avec le ministère de l'Éducation du Québec. La Fédération et les
centres des services scolaires sont assurément en faveur d'une modernisation du
régime de négociation dans l'objectif d'améliorer l'efficacité et la cohérence
de ce processus.
• (15 h 20) •
À ce titre, nous appuyons l'idée d'une
coordination nationale de la négociation dans les secteurs public et
parapublic. De plus, l'augmentation de la durée maximale prévue de trois ans
favorisera le déploiement harmonieux de nouvelles dispositions applicables lors
du renouvellement des conventions collectives... des nouvelles conventions
collectives.
Par ailleurs, nous souhaitons également
vous faire connaître notre grande préoccupation à l'égard de certains aspects
du projet de loi.
Premièrement, la modernisation du régime
des négociations ne doit pas avoir pour effet d'exclure les employeurs que sont
les centres de services scolaires dans le processus de détermination des
conditions de travail de leur personnel. En effet, contrairement au réseau de
la santé, qui ne compte qu'un seul employeur, soit Santé Québec, le réseau
francophone de l'éducation est composé de 61 centres de services scolaires
qui sont des employeurs à part entière.
La coordination nationale des conventions
collectives et le développement d'une stratégie globale est certainement
nécessaire. Toutefois, cette coordination ne doit pas céder le pas à une
intervention du Conseil du trésor en lieu et place des employeurs. Selon nous,
une coordination est compatible avec une véritable collaboration entre les
représentants des employeurs, le ministère de l'Éducation et le Conseil du
trésor.
D'ailleurs, lors de la dernière ronde de
négociation en 2023, cette collaboration tripartite a fait ses preuves. Après
avoir été écartés des tables de négociation du personnel enseignant, les
représentants des centres de services scolaires ont été rappelés à la table
pour dénouer l'impasse sur les enjeux complexes... sur des enjeux complexes et
décisifs. Cet exemple témoigne bien de l'importance d'une participation
significative des employeurs à l'ensemble du processus d'établissement des
conditions de travail.
Il faut comprendre que les conventions
collectives encadrent de façon pointue les opérations qui sont menées dans les
établissements... les établissements scolaires. En ce sens, plusieurs
dispositions découlant des négociations peuvent affecter les services aux
élèves. Pensons par exemple à la composition de la classe ou à la confection de
l'horaire de travail détaillé du personnel qui oeuvre auprès des élèves, ce
sont notamment des éléments qui viennent préciser le quand et le comment les
élèves seront en mesure de recevoir l'aide dont ils ont besoin. C'est par une
expertise fine qu'il est possible de mesurer la portée d'une décision qui
semblerait attrayante, mais qui pourrait être nuisible à la capacité du terrain
à encadrer la réussite éducative des élèves en fonction de leurs besoins et non
d'une convention collective. Ultimement, les conditions de travail doivent
pouvoir se déployer, tant à Sept-Îles et Val-d'Or qu'à Montréal et Gatineau, et
être adaptées pour une école de 100 élèves en groupe multiniveaux, tout
comme une école secondaire de 2000 élèves.
Il faut le rappeler, le résultat des
négociations touche directement les services offerts dans les établissements
d'enseignement du Québec. Ainsi, toute structure qui pourrait être envisagée
doit assurer la participation des employeurs au cycle complet de négociations.
Alors que le gouvernement peut compter sur des comités patronaux de négociation
pour les commissions scolaires anglophones, commission scolaire crie et
commission scolaire Kativik, il formule le souhait de se priver de celui du
réseau francophone, créant ainsi deux régimes de négociation distincts pour une
seule école publique au Québec.
Pour notre part, il est difficile de
concevoir que ce double régime pourrait contribuer à améliorer l'efficacité et
la cohérence du processus. C'est dans cette perspective que la Fédération
recommande le maintien du Comité patronal pour les centres de services
scolaires francophones. Soulignons que ce comité a fait la démonstration de son
efficacité et qu'il s'avère peu coûteux et mature.
De fait, nous sommes convaincus de
l'importance de demeurer dans la grande famille patronale afin de jouer pleinement
notre rôle d'employeur. À l'instar de tout ce qui se fait dans le monde du
travail, il serait impensable qu'un employeur ne puisse... ne puisse pas se
retrouver autour de la table de négociation. Il en va de la légitimité des
centres de services scolaires.
Au sujet de la notion d'employeur, deux
questions fondamentales demeurent. Premièrement : Un centre de services
scolaire peut-il...
M. Robert (Dominique) : ...d'être
reconnu comme employeur si lui ou son représentant n'est ni négociateur ni signataire
d'une convention? Deuxièmement : Qui sera donc le véritable employeur? À
titre de représentant des centres de services scolaires, la Fédération a
toujours travaillé dans une perspective de collaboration, que ce soit avec le
ministère de l'Éducation ou le Secrétariat du Conseil du trésor.
En terminant... En terminant, si vous
n'aviez qu'une seule chose à retenir, c'est que la participation significative
des centres de services scolaires au processus de négociation, loin d'être un
facteur d'alourdissement, favorisera certainement l'efficacité, la cohérence
des négociations au bénéfice de tous les élèves du Québec. C'est dans cet
esprit que nous souhaitons envisager la suite.
Je vous remercie à nouveau de nous avoir
accueillis aujourd'hui. Et nous sommes disposés à répondre à toutes vos
questions.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous. Mme la Présidente du Conseil du trésor.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup de votre présence, de votre collaboration. Tous les
points de vue sont quand même... sont pertinents pour notre réflexion et pour
voir les différents angles.
Ce n'est pas votre seule recommandation,
mais je pense que je peux comprendre que votre demande principale ou votre
préoccupation principale est le maintien du statu quo quant au CPN. On peut...
Est-ce qu'on peut... Il y a d'autres... Il y a d'autres angles dans votre
affaire, mais votre... la principale... ce que j'entends de vous
principalement, c'est le maintien du statu quo quant au comité patronal de
négociation.
M. Robert (Dominique) : Je me
permettrais, M. le Président, de nuancer peut-être. En termes de maintien de
statu quo, la Fédération, on ne veut pas être gardien de la tradition ou
maintien du statu quo. Par contre, ce qui est essentiel dans le message, c'est
qu'effectivement les représentants légitimes des employeurs doivent être à la
table de négociation. Et ultimement, la recommandation passe via, oui, le
maintien d'un CPN, mais c'est par cohérence avec ce qu'on peut constater pour
les commissions scolaires anglophones, crie et Kativik. Mais l'essentiel du
message, c'est d'être reconnus à la table de négociation comme employeurs.
Mme LeBel : Parfait. Bien,
reprenons ça de cet angle-là. Puis je pense qu'on va écarter de la discussion
les commissions scolaires anglophones, crie et Kativik. On comprend qu'ils ont,
dans un cas, des enjeux constitutionnels, et d'autres, des... découlent de
certains traités, donc il y a des... il y a des fondements différents, là, au
maintien de ces structures-là. Mais donc, je peux comprendre que votre objectif
est d'assurer que vous avez une représentativité pertinente et suffisante dans
le cadre des négociations, compte tenu de votre connaissance du terrain. Je
peux... Je peux la résumer comme ça. Le CPN est la forme, mais le fond de votre
demande est celle-là.
M. Robert (Dominique) : Tout
à fait. Ça résume bien. L'expertise.
Mme LeBel : Parfait. Bien,
parfait, c'est en se parlant qu'on recadre les choses. Donc, vous allez me permettre
de ne peut-être pas vous interroger plus à fond là-dessus parce que c'est une
demande qui est quand même assez claire pour moi. L'idée du projet de loi,
donc, n'est pas de cristalliser des structures, je pense que c'est assez clair,
si on veut moderniser quelque chose. Mais je comprends très bien votre demande
par rapport à la représentativité de vos gens, là, au niveau de l'apport que
vous avez sur votre connaissance terrain. Je pense que c'est une... c'est une
considération qui est... qui est importante pour vous. Parfait.
Peut-être vous parler du projet de loi
comme tel. Vous parlez de toute la question des matières locales. Il y a, bon,
le régime de la loi 37. Vous le connaissez autant que moi, peut-être même mieux
que moi, je devrais le dire, malgré qu'après deux rondes de négociations et
cinq ans, je commence à en avoir une certaine connaissance. Des fois, j'en
rêve! Donc, on se propose... et on verra s'il y a des adaptations à faire, on
se propose, de façon générale et globale... et, bon, naturellement, en matière
de négociation, dans plusieurs matières, il y a... le diable et dans les
nuances, mais disons que, pour fin de discussion, essayons de garder ça le plus
macro possible, de ramener au niveau national et pas à la table centrale. Parce
que la table centrale va demeurer. La table centrale, traditionnellement, c'est
les paramètres salariaux, les régimes de retraite et les assurances. Il y a une
raison très logique à tout ça. Ce sont des matières qui touchent l'ensemble des
négociations. Mais parlons plutôt de la table sectorielle qui touche, en
éducation, plus particulièrement l'éducation, en santé, plus particulièrement à
la santé, et en enseignement supérieur, l'enseignement supérieur, etc.
Ce qu'on se propose de faire, c'est de
ramener les matières locales au niveau national. Mais naturellement, cette
préoccupation de garder la réalité terrain très en tête, il y aura la
possibilité d'avoir... et là, donnons-lui un nom générique pour l'instant,
avoir des adaptations locales, des ententes, des... particulières, on se
comprend, qui pourra naturellement tenir compte de la réalité de chacune des
commissions scolaires...
Mme LeBel : ...autant sur la
Côte-Nord qu'au centre-ville de Montréal. On peut comprendre que ce sont des
réalités différentes, etc. Est-ce que, pour vous... il y a des nuances, je le
comprends, mais est-ce que, pour vous, de façon générale, de ramener ces
conditions de travail là... parce qu'il y a des choses intéressantes,
là-dedans, qui peuvent être négociées dans une globalité... c'est... c'est
quelque chose qui est pertinent?
• (15 h 30) •
M. Robert (Dominique) : Mme
la ministre, effectivement, il y a plusieurs enjeux liés à votre question.
Donc, vous faites référence, notamment, aux aménagements locaux. Donc, ça
existe déjà, dans les conventions, pour les aménagements locaux, là, de
rapatrier... à votre question, si je comprends bien... rapatrier l'essentiel,
là, des sujets de matière locale.
Et, par la suite, je comprends, de
convenir... Dans notre mémoire, notamment à la page 10, on fait référence... il
y a quelques mises en garde. Donc de façon générale, c'est l'équilibre entre la
recentralisation complète et l'autonomie de chacun des milieux. Parce que notre
prétention, c'est... est à l'effet qu'il est utopique de penser qu'il y aurait
une universalité des mesures pour l'ensemble du Québec. Vous y avez fait
référence, évidemment, puis on... je le nommais dans mon allocution, petite
école, grande école, milieu rural, urbain, petits, moyens et grands centres de
services scolaires, ils ont leurs particularités, et c'est ce qu'on souhaite
pouvoir maintenir et on y fait référence. Donc, c'est un équilibre.
On met également une autre mise en garde
sur le... en tout cas, mettre en évidence l'importance des mesures
transitoires. Dans la mesure où on est dans ce changement-là, il sera important
de bien le prévoir dans le temps, pour bien faire les choses. Et, encore là, je
réitère ce qu'on nommait, on a la prétention de dire que les centres de
services scolaires doivent être à la table de négociation comme employeurs,
justement, pour discriminer ou déterminer les particularités fines, parce qu'on
a la chance et la possibilité d'avoir la vision réseau, petit, moyen, grand
pour l'ensemble. Donc, il y a quelques mises en garde, c'est l'équilibre, et de
pouvoir y aller graduellement à cet égard-là.
Mme LeBel : Donc, dans le
fond, ce que vous nous dites, c'est que ce n'est pas contre-indiqué de le
faire. Bon, il y a... il y a... c'est 28 ou... 26 en... 28 en éducation.
M. Robert (Dominique) : Il y
en a 28 en éducation.
Mme LeBel : 28, c'est ça, oui.
M. Robert (Dominique) : On
les a ici, effectivement. Puis on ne veut pas rentrer dans le volet technique.
Mme LeBel : Mais je vais
prendre des extrêmes, comme... On parlait de l'affichage du... des casiers
jusqu'à la séance d'affectation, à titre d'exemple, qui était... qui a été
central dans les dernières négociations. J'en parle parce qu'elle est publique
là, puis elle a été discutée, et non pas pour en discuter du bien-fondé, mais
de l'admettre comme exemple. Et on est tous capables de comprendre qu'il y a
une différence entre déterminer la procédure de casiers, là, ou la séance
d'affectation. Et je n'en ferai pas un engagement pour les prochaines... les
prochains négociateurs gouvernementaux, mais je serais fort étonnée qu'il y ait
une pertinence à négocier les casiers au national.
Mais, ceci étant dit, ce que vous nous
dites, c'est qu'il n'y a pas de contre-indications mais faites attention dans
la façon dont, entre autres, ce sera fait, assurez-vous qu'il y a de la place
pour une réelle couleur locale, et assurez-vous que, si vous allez de l'avant,
que ce soit fait de façon graduelle. Donc, on ne veut pas de vide, et on veut
une transition la plus... bon, toute transition est quand même difficile, le
changement est difficile, mais une transition la plus lisse possible. Est-ce
que je comprends bien?
M. Robert (Dominique) : Votre
résumé est très bien, sur notre compréhension. Et, effectivement, on a... on a
fait l'analyse, auquelle vous faites référence, sur les 28 matières locales. Il
y en a beaucoup, on ne veut pas rentrer dans le technique, évidemment, mais ça
méritera d'être déterminé, de tenir compte de la couleur locale. Et l'esprit du
message, c'est de s'assurer que, sous... dans l'angle de négociation, les
centres de services scolaires, en tant qu'employeurs reconnus, puissent être
également à la table pour pouvoir en convenir avec toutes les parties,
évidemment, avec une vision tripartite, donc BNG, donc Secrétariat du Conseil
du trésor, ministère de l'Éducation et représentant reconnu de l'employeur.
Mme LeBel : Votre position
est très clairement exprimée et notée.
Je vais vous parler d'un article, je vais
parler de l'article 23 de la loi, qui est la publication des dépôts. Et je
dois... je vais faire une... je vais faire une confession ici, là,
aujourd'hui : je suis fort surprise du... des réactions par rapport à cet
article de loi. Et je m'explique. Je veux le dire... je veux le dire
clairement, là, je ne suis pas partisane de la négociation sur la place
publique, au contraire. Mais je suis, par contre, partisane de la transparence,
et, pour moi, un dépôt gouvernemental... au dépôt gouvernemental est associé
plusieurs choses, mais, nécessairement, des investissements publics, de
l'argent public, et le Trésor, au sens large, public, hein? Que ce soient les
paramètres salariaux... on se souvient du 17.4, du 2.2.2 dans la précédente
négociation... que ce soient les paramètres salariaux, que ce soient des
particularités plus sectorielles... parce que là, on ne parlait pas de dépôt
local, on parlait des dépôts sectoriels et centraux... pour moi, il en allait
de la question de la transparence, et non pas de débattre sur la place publique.
Et je fais une nuance...
15 h 30 (version non révisée)
Mme LeBel : ...entre
publier... c'est-à-dire rendre accessibles au public les propositions
gouvernementales, alors que c'est l'argent des citoyens qui est impliqué, et
faire un débat, et discuter, et débattre de ça. Pour moi, il y a une nuance
entre les deux.
Honnêtement, je suis fort surprise de l'opposition
à la publication des dépôts. Je comprends certaines... certains arguments.
Mais, mon expérience dans les deux dernières rondes de négociations et mon
expérience de l'autre côté, parce que j'ai négocié en tant qu'association de l'autre
côté de la table avec le gouvernement en 2011, pour l'Association des
procureurs des DPCP... du DPCP, à l'époque, il y a une mauvaise habitude aux
propositions à s'immiscer sur la place publique et non pas toujours s'immiscer
de façon complète et compréhensible pour les citoyens. Alors, pour moi, c'était
une question de transparence. Et vous êtes d'avis également de retirer cet
article-là du projet de loi. Donc, j'aimerais vous entendre parce qu'honnêtement
je suis très surprise de cette espèce de petite commotion que semble créer
cette proposition-là, qui est une proposition de transparence pour moi, là.
M. Robert (Dominique) : Je
laisserais ma collègue, Mme Laberge, répondre.
Mme LeBel : Parfait.
Mme Laberge
(Sophie) :Alors, pour vous rassurer, on
est tout à fait d'accord avec toute la transparence qui peut survenir à l'intérieur
d'une négociation, surtout entre les parties impliquées. Mais la simple
présentation d'un dépôt, qu'il soit patronal ou syndical, selon nous, nécessite
une explication, nécessite une étude, une analyse. Est-ce qu'un citoyen serait
en mesure d'évaluer la hauteur, la pertinence, le volet admirable d'une
proposition versus une mauvaise proposition du niveau syndical et vice versa?
Il y a une complexité quand même qui s'installe dans une négociation. Et là, je
parle peut-être autre chose que les paramètres salariaux. Mais, une
négociation, c'est du donnant-donnant. Donc, prendre position ou en tout cas à
tout le moins évaluer une négociation, à la simple lecture d'un dépôt patronal
ou syndical, ou recevoir l'explication d'une partie qui n'est pas nécessairement
impliquée dans la négociation, peut, selon nous, faire déraper certains
éléments. La négo, c'est... c'est... ça prendre la confiance entre les parties.
Et il y a une certaine confidentialité, non pas de cacher l'information, mais
beaucoup de discussions sont sur la base de la confiance. De sorte que si on
nous permet de mettre sur la place publique toute l'information qui concerne la
négociation, offres, contre-offres, dépôts, on y voit un enjeu.
Et autre enjeu qu'on y voit, c'est les
directions d'établissement, qui gèrent nos milieux, nos écoles, qui ne sont pas
parties prenantes à la négociation, risquent d'être interpelées par les
parents, par les citoyens, par les élèves : J'ai entendu qu'il semble que,
la ministre disait hier, le président du syndicat... Donc, pour assurer qu'il y
ait une seule version qui soit la bonne, une petite réserve, et de prudence.
Voilà.
Mme LeBel : Parfait. Bien, je
comprends très bien votre commentaire, mais vous conviendrez avec moi qu'il est
utopique de penser que rien d'une négociation gouvernementale, c'est-à-dire
avec un vis-à-vis gouvernemental, ne filtre sur la place publique. Et je n'accuse
personne. Mais il est utopique de le penser. Donc il y en... il allait, pour
moi, de la transparence de l'information. Vous avez tout à fait raison, un
dépôt peut être très technique. Il y a plusieurs niveaux de négociation. Il y a
les défauts formels, il y a les négociations plus informelles, il y a les
discussions en parallèle à plusieurs niveaux. On le conçoit. Dans le fond, ce
qu'on se proposait par l'article 23, c'est de rendre accessible... d'ailleurs,
il est déjà potentiellement accessible par la Loi sur l'accès, accessible un
dépôt gouvernemental qui est formalisé.
Maintenant, bien, je comprends votre point
de vue. Et je suis de la même opinion que, quelques fois, c'est très difficile
d'expliquer des nuances dans une négociation aussi complexe qu'une négociation
gouvernementale, et particulièrement dans les deux secteurs de la santé et de l'éducation.
J'en suis. Dans le fond, ce qu'on se proposait de faire... parce qu'aujourd'hui,
dans l'état actuel du droit, il n'est pas interdit de publier un dépôt, ce
qui... le vecteur ou le barème...
Mme LeBel : ...en vertu
duquel on juge de cette action-là, bien, c'est l'obligation de négocier de
bonne foi. Donc, ce qu'on se proposait de faire, c'est d'encadrer quelque chose
qui est déjà possible. Mais vous nous mettez en garde sur le fait de
l'encadrer? Parce que ce n'est pas interdit au moment où on se parle.
• (15 h 40) •
M. Robert (Dominique) : Peut-être
juste la nuance que j'aimerais apporter, puis Mme Laberge pourra peut-être
poursuivre, c'est que tout à l'heure, vous faisiez référence aux dernières
négociations, le 17.4, le 222. Les modalités salariales, c'est... c'est plus...
je vais dire plus facile à comprendre. Et il y a... dans la négociation, tout
est interrelié. Parce qu'il n'y a pas juste le pourcentage d'augmentation, donc
il y a souvent plusieurs autres éléments. Et c'est ça, la mise en garde que l'on
fait, premièrement.
Puis, pour.... sans répéter ce que ma
collègue nommait également, tout est interrelié. Donc, dans la mesure où, pour
plein de raisons, sur la place publique, les médias ou les membres du personnel
reprenaient une section, évidemment, il y a d'autres sections qui ne seraient
peut-être pas reprises et qui auraient des... Il devrait y avoir des répondants
dans les milieux, directions d'école, et autres. Ça sèmerait confusion. Donc,
on n'est pas certains de la... on se questionne sur l'efficacité de cette
mesure-là. Mais... Et c'est la raison pour laquelle on met en garde de certains
points.
Mme LeBel : Mais vous
avez tout à fait raison. À partir du moment où on décide de rendre public un
tel document ou une telle proposition, on doit rendre publique la globalité de
la proposition. Parce qu'il y a souvent des raisons pour lesquelles un
paramètre n'est qu'à 2 %, parce qu'il y a peut-être plus de vacances, plus
de congés, donc. Et c'est un peu l'esprit du projet de loi. Quand on demande de
ramener toutes les matières locales pertinentes, on se comprend, là, et non pas
les casiers, au sectoriel parce que... et au niveau national, parce que
souvent, les éléments de la table centrale sont interreliés aux gains ou aux
gains demandés, obtenus ou non obtenus à la table sectorielle. Je parle des
horaires, des vacances, de l'organisation du travail, qui est souvent central
pour l'employé et l'employeur, donc. Mais je comprends très bien votre mise en
garde. Merci beaucoup de votre intervention aujourd'hui. Et on va prendre
connaissance de façon plus approfondie de votre mémoire pour la suite. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci,
Mme la ministre. M. le député de l'Acadie, vous disposez de
16 min 30 s.
M. Morin : Merci, M. le
Président. M. Robert, M. Collard et Mme Laberge, merci d'être
là. Merci pour votre... pour votre mémoire. Continuons donc à parler de
l'article 23 du projet de loi. Parce qu'aujourd'hui... bien, cet
après-midi, en fait, on n'en a pas beaucoup parlé, mais hier, c'était assez
régulier pour l'ensemble des groupes, si vous avez suivi nos travaux, hier.
Évidemment, on ne peut pas être contre le principe de la transparence. Ça,
c'est clair, là. Je pense qu'il y a un consensus là-dessus. Puis, évidemment,
quand on négocie, on négocie de bonne foi. Ça, c'est l'autre élément. Sauf que,
ce qu'on nous disait hier, c'est que... puis c'est vrai que ce n'est pas très
encadré, puis que la partie syndicale peut aussi l'utiliser, mais on nous
disait aussi que la partie patronale peut elle aussi l'utiliser et puis faire
un paquet de publications. Puis évidemment, ça finit par mettre une pression
sur les syndiqués, n'est-ce pas? Ça peut arriver.
Donc, dans l'article 23, il n'y a pas
véritablement d'encadrement. Je comprends que vous, votre proposition, c'est...
c'est de l'enlever complètement. Je comprends que Mme la ministre semble y
tenir. Éventuellement, on va aller en étude article par article. Donc, est-ce
que... si jamais ça reste là, est-ce qu'il y a... est-ce qu'il y a des
paramètres d'encadrement qui pourraient être ajoutés, qui feraient en sorte
qu'on éviterait qu'une des deux parties utilise la publication pour mettre une
pression indue sur l'autre partie?
Mme Laberge
(Sophie) :On n'a pas évalué des balises
qui seraient acceptables ou avec lesquelles on serait à l'aise. À partir du
moment où de l'information et véhiculée au public, quelles que soient les
balises, il y a un risque de mauvaise interprétation et il y a un risque de
mécompréhension qui va nuire à la négociation et qui risque de mettre de la
pression sur les mauvaises personnes. Donc, ceci étant dit, est-ce qu'on
pourrait y réfléchir puis faire des recommandations? Certainement, mais on
aurait quand même beaucoup de réserves.
M. Morin : Je vous
comprends. Et si jamais vous continuez votre réflexion et que vous voulez les
partager avec moi, ça me ferait plaisir. Je serais très réceptif. Je peux
comprendre également que si c'est publié, puis corrigez-moi si j'ai mal
compris, mais dans l'état actuel du projet de loi, la fédération, il n'y a pas
comme tel de garantie que vous allez aux tables de négociations.
M. Robert (Dominique) :
Non. C'est exact.
M. Morin : C'est ma
compréhension.
M. Robert (Dominique) : Tout
à fait.
M. Morin : Donc, imaginez...
M. Morin : ...votre position,
si l'article 23 reste là, vous n'êtes pas aux tables. Il y a des offres qui
sont faites, c'est publié dans les journaux, puis c'est vous, l'employeur, puis
ça vous laisse... ça vous place dans une position qui est difficilement
tenable, en tout cas, difficilement explicable. À moins que vous puissiez
parler au négociateur très rapidement, là, ce ne sera pas facile pour vous.
M. Robert (Dominique) : C'est
l'essentiel de notre propos sur la légitimité d'employeur, la définition
d'employeur. Je terminais mon allocution avec deux questions. Une de celles-là
était en lien avec la question que vous posez. Et peut-être, en complément, sur
le volet de l'article 23, en étant aux tables de négociation... et dans la
mesure où vous, parlementaires, vous décidiez de maintenir ce volet-là, avec
des modalités encadrantes... en étant aux tables de négociation, nous pourrions
agir comme facilitateur pour s'assurer que l'information est véhiculée de façon
compréhensible dans les milieux. Mais l'esprit, c'est de s'assurer de jouer le
rôle d'employeur aux tables de négociation.
M. Morin : Et présentement,
là... Parce que je lisais avec attention votre mémoire. D'ailleurs, j'avais...
Ça a évoqué chez moi une curiosité, quand vous débutez en disant, à la page 4,
que la Fédération des centres de services scolaires existe depuis 1947.
J'imagine qu'à l'époque ça devait être les centres... les fédérations des
commissions scolaires? O.K., on se comprend, parce qu'en 1947 les centres de
services scolaires étaient plutôt rares. On se comprend très bien, d'accord.
Donc, je vous ai bien compris, donc l'employeur, c'est vous. Non? C'est le
Conseil du trésor?
Mme Laberge
(Sophie) :Non. Votre question est très
intéressante, parce que c'est le cœur du projet de loi.
M. Morin : Eh bien, voilà.
Mme Laberge
(Sophie) : Alors, contrairement au réseau de la santé, qui a un
seul employeur unique, qui est Santé Québec, le réseau de l'éducation, chaque
centre de services scolaire est l'employeur du personnel qu'il requiert. Donc,
ce n'est pas le ministre, ce n'est pas le Conseil du trésor, ce n'est pas le
BNG. L'employeur, c'est le centre de services scolaire. Donc, jusqu'à
maintenant, avec le... la loi sur le régime de négociation, les représentants
de l'employeur, qui est, en l'occurrence, la fédération, avait sa place au sein
du comité patronal de négociation, comme représentants des employeurs. Avec le
projet de loi... le projet de loi n° 100, pardon, alors, les... ni les...
ni les employeurs ni les représentants sont à la table de négociation.
Donc, ce qu'on dit, c'est que l'employeur
n'est plus à la table de négociation des conditions de travail de son
personnel. Oui, si le ministre de l'Éducation le veut, et si, oui, dans la
mesure où le gouvernement ne décide pas que le président du Conseil du trésor
va mener, lui seul, la négo. De sorte que notre siège n'est pas garanti, ce qui
peut mener à avoir, comme effet, que les centres de services scolaires ni la
fédération, qui est leurs représentants, vont négocier des conditions de
travail, on ne sera pas signataires d'une convention collective avec les
syndicats, mais ils vont être opposables. Donc, c'est quand même particulier
que l'employeur ne négocie pas, ne soit pas à la table de négo, mais soit lié
par l'entente.
M. Morin : Puis,
présentement, vous y êtes, à la table, de droit?
Mme Laberge
(Sophie) : De droit. Bien, quelle loi parle-t-on?
M. Morin : Actuellement, là,
quand vous négociez, vous êtes là de droit?
Mme Laberge
(Sophie) :Oui, par la loi sur le régime
de négociation, qui a institué le comité patronal, sous l'autorité déléguée du
ministère de l'Éducation. Mais, oui, nous y sommes, à titre de représentants
reconnus par le ministère.
M. Morin : O.K. Maintenant,
vous avez mentionné «pouvoir délégué», donc...
Mme Laberge
(Sophie) :Du ministère.
M. Morin : Du ministère.
Donc, ça fonctionne comment? C'est le ministre qui est obligé de déléguer son
pouvoir? Est-ce qu'il pourrait vous l'enlever?
Mme Laberge
(Sophie) :Oui, il pourrait retirer un
pouvoir délégué, effectivement, ce qu'il n'a jamais fait...
M. Morin : Je comprends.
Mme Laberge
(Sophie) : ...parce que le tandem fédération-ministère, aux
CPN, a amené de grandes et de belles négociations.
M. Morin : Oui?
M. Robert (Dominique) : Peut-être
un complément d'information. Une négociation, évidemment... puis la façon qu'on
le voit il y a des rôles et responsabilités. Le projet de loi n° 100,
déjà, prévoit la coordination par le BNG, ce à quoi on est, évidemment, tout à
fait en accord. Et on le voit avec une vision tripartite. Rôle du BNG, de
coordination, important, tel que décrit, on en est en accord, évidemment. Le
rôle important... d'importance du ministère de l'Éducation...
M. Robert (Dominique) : ...et
le rôle du représentant reconnu de l'employeur que nous sommes via, là, les
instances actuelles du CPN. Mais ce qu'on souhaite, c'est que le représentant
de l'employeur, il soit dans une entente tripartite et complémentaire pour
tenir compte de l'expertise terrain. Et l'intention ultime, c'est de rendre
possible les orientations gouvernementales. Dans la mesure où une négociation,
on le sait, hein, ça peut aller à gauche, à droite, il y a plein de bonnes
idées, parfois moins bonnes ou parfois moins faisables sur le terrain,
l'objectif, c'est de dire comment on peut faire atterrir les orientations
gouvernementales. Et ce qu'on ne comprend pas dans le modèle actuel :
Qu'est-ce qui ferait en sorte que... ou, en tout cas, le gouvernement se
priverait de l'expertise de l'employeur, au-delà du fait que ça effriterait la
légitimité, etc., pour pouvoir rendre possible les orientations gouvernementales?
Donc, c'est peut-être en complément d'information, ce que je voulais ajouter.
• (15 h 50) •
M. Morin : Non, j'apprécie.
Parce qu'au fond... puis j'écoutais... j'écoutais attentivement votre exposé
puis des questions que Mme la Présidente du Conseil du trésor vous posait tout
à l'heure, si on regarde le projet de loi, par exemple, à l'article 45...
Parce qu'à l'article 45 je comprends que le législateur veut instituer des
comités patronaux. Tout à l'heure, on a reçu la Fédération des cégeps qui nous
disait : C'est un peu étonnant, nous aussi, on est l'employeur, on n'est
pas là-dedans. Si on vous incluait à l'article 45, est-ce que ça réglerait
l'enjeu que vous soulevez?
M. Collard (Jean-François) : Bien,
on peut le penser, dans la mesure où c'est... C'est un peu comme ça que ça
fonctionne actuellement. Là, on transige vers une loi qui dit «peut». Le
ministre a l'opportunité, s'il le souhaite, de confier à un fonctionnaire ou à
un groupe qui souhaite le faire, qui représenterait donc la majorité des
employeurs. Effectivement, ce que nous, on revendique, c'est que ce soit non
pas «peut», mais que ça vienne confirmer, je dirais, l'expérience des
40 dernières années, qui, à notre avis, s'est avérée concluante pour
soutenir la démarche de négociation. Alors, oui, le fait de l'inclure viendrait
en quelque part aider cette situation-là.
Mme Laberge
(Sophie) :Peut-être un seul complément.
Oui, ça répond, mais en partie parce qu'on a quand même l'article 21 du
projet de loi n° 100 qui autorise le gouvernement à déléguer le pouvoir de
négociation à la présidence du Conseil du trésor exclusivement, de sorte que
tant le ministère que le représentant de l'employeur seraient exclus de la
négociation. Et c'est ça qui est préoccupant. On demande simplement d'être
assis à la même table que le Conseil du trésor s'il souhaite intervenir, mais
assis à la même table que le ministère et le Conseil du trésor pour représenter
les employeurs.
M. Morin : Dans votre analyse
du projet de loi, pourquoi vous pensez que le gouvernement veut se donner le
pouvoir de négocier uniquement, là, le Conseil du trésor, pour tout le monde,
finalement? C'est parce qu'est-ce que ça va mal dans vos négociations? Est-ce
que c'est... ce n'est pas agile chez vous? Est-ce que vous perdez du temps ou?
Parce que ça, c'est fascinant, là. Les groupes nous disent : Aïe! Écoutez,
on assiste ici à une centralisation. Mme la ministre dit : Non, non, non,
ce n'est pas ça. Puis là, je vous écoute, vous nous dites : Bien, écoutez,
théoriquement, le Conseil du trésor pourrait décider de négocier ça tout seul.
Quand je regarde l'article 21 du projet de loi, j'ai la même lecture que
vous. Qu'est-ce qu'on essaie de corriger ici qui ne fonctionne pas?
M. Robert (Dominique) : Bien,
évidemment, on comprend que l'esprit derrière le projet de loi, ce sont les
allègements, s'assurer de l'efficience, de l'efficacité, diminuer les éléments
de lourdeur que l'on peut constater. On le nomme, on est d'accord avec la
modernisation puis l'allègement. Donc, dans ce cadre-là, nous sommes d'accord.
Maintenant, ce que l'on dit, notre propos,
c'est qu'en termes d'efficacité on pense que, dans le cycle de négociation, il
y a la négociation, il y a, par la suite, la mise en œuvre. Et on pense que c'est
utopique de penser que ceux qui vont rendre possible, de par nos réseaux, avec
les employeurs, avec les centres de services scolaires, pour la compréhension,
l'application, l'interprétation des lois, si nous ne sommes pas aux tables de
négociation initiales comme employeur, on n'atteindra pas l'objectif. Donc,
c'est dans ce cadre-là que notre prétention de dire... et on n'atteindra pas en
termes de cycle, on n'atteindra pas l'objectif, et donc, en termes
d'amélioration, d'y être et d'être en continuité dans la boucle. Parce que,
vous savez, il y a le volet négociation qui dure deux, quatre, six, huit,
10 mois selon les calendriers, mais la mise en œuvre, elle, elle dure
jusqu'à cinq ans.
M. Robert (Dominique) : ...à
cinq ans, là. Et cette mise en œuvre là, l'objectif et le rôle du groupe que
l'on représente, les employeurs des centres de services scolaires, c'est de
rendre possibles les orientations gouvernementales en s'assurant de préserver
la mission même des centres de services scolaires pour que ça soit réaliste
pour les petits, les moyens, les grands, tenir compte des réalités différentes
en fonction des contextes croissance, décroissance, etc. Donc, c'est le propos.
M. Collard (Jean-François) : Puis
je complèterais que, dans l'esprit, c'est ce qu'on souhaite. À partir du moment
où le projet de loi dit : On va récupérer des matières locales — on
l'évoquait tantôt, peut-être pas toutes — pour simplifier les choses,
on devra passer par une complexité. On l'évoquait tantôt, un changement, ce
n'est pas toujours simple. Notre prétention, c'est que d'être à cette table-là,
notre objectif et notre raison d'être permet d'amener cette flexibilité-là,
cette souplesse, cette facilitation-là. Alors, dans notre esprit, l'idée d'être
à la table, c'est aussi de pouvoir aider le gouvernement et le Conseil du
trésor à atteindre les objectifs qui font partie du projet de loi de
modernisation.
M. Morin : Et quel serait le
meilleur moyen pour vous garantir une place à la table? Est-ce qu'il y a un
article qu'on devrait modifier? Est-ce que vous avez une suggestion ou ça
pourrait venir plus tard éventuellement? Parce que, moi, je vous comprends puis
je comprends ce que vous dites aussi, vous n'êtes pas contre l'objectif du
projet, d'ailleurs, vous l'avez souligné, et Mme la ministre l'a remarqué
aussi. Je comprends qu'on veut étendre la durée de conventions collectives,
puis vous n'êtes pas contre ça, si j'ai bien compris, là. Puis je peux
comprendre pourquoi, parce que, dans certains cas, on négocie une convention
qui est échue, puis le temps que la mise en œuvre soit faite, celle qu'on a
négociée est échue. Puis là, tu sais, pour avoir vécu ça dans le passé, je peux
vous dire que ce n'est pas toujours agréable, ce n'est pas agréable pour les
employés non plus. Mais si vous aviez, en fait, des recommandations,
j'apprécierais.
L'autre élément que vous soutenez dans
votre mémoire, que j'ai trouvé très intéressant, à la page 11, c'est la
coordination des contestations juridiques. Est-ce que vous pouvez m'en parler
davantage?
M. Robert (Dominique) :
Peut-être pour les contestations juridiques, ma collègue Mme Laberge va y
répondre. Je me permets de rebondir sur la question précédente que vous posiez,
là, sur les recommandations. Vous y avez fait allusion, notamment sur... Dans
nos recommandations à la page 13, on a l'ensemble de nos recommandations,
une de celles-là, évidemment, vous l'entendez très bien, là, c'est de
reconnaître le rôle de l'employeur des centres de services scolaires comme
employeur reconnu, effectivement, de venir l'inscrire nommément. Ça,
évidemment, c'est le point majeur. Et ce à quoi ma collègue faisait référence,
c'est de l'inscrire nommément et que, tout au long du processus, l'employeur
soit à la table.
Et en ce moment, on sait qu'on lit dans le
projet de loi, il y a des clauses qui permettent, à tout moment, de retirer le
privilège de l'employeur d'être à la table, et c'est ça qu'on invoque. Donc, en
termes de recommandations, ce serait ce que j'aurais le goût de vous dire
aujourd'hui, et je laisserais la parole à ma collègue pour votre deuxième
question.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, madame.
Mme Laberge
(Sophie) : Oui. En fait, l'article 12 prévoit la
possibilité, pour le président du Conseil du trésor, de coordonner des
procédures qui... qui touchent les conditions de travail qui méritent une
coordination nationale. Donc, la définition de coordination peut être vue comme
une... large ou plus restrictive. Notre inquiétude, c'est que les règlements de
griefs soient effectués par le Conseil du trésor et qu'on n'aille pas droit au
chapitre si c'est l'interprétation.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, Mme Laberge, merci beaucoup, messieurs. Merci pour votre
participation. Vous avez largement contribué à nos travaux. On vous en
remercie.
Compte tenu de l'heure, nous allons
ajourner nos travaux. Bon week-end à toutes et à tous.
(Fin de la séance à 15 h 58)