Journal des débats (Hansard) of the Committee on Public Finance
Version préliminaire
43rd Legislature, 2nd Session
(début : September 30, 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Tuesday, October 7, 2025
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Vol. 48 N° 1
Special consultations and public hearings on Bill 112, An Act to facilitate the trade of goods and the mobility of labour from the other provinces and the territories of Canada
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-huit minutes)
Le Président (M. Laframboise) : Bonjour.
Bienvenue à la commission des finances publiques. Avant de commencer
officiellement la captation, nous avons déjà demandé... en tout cas pour le bon
fonctionnement, on a déjà fait le test de son. Donc, mesdames, Messieurs, nous
allons reprendre nos travaux. S'il vous plaît, fermez la sonnerie de vos
appareils.
Bonjour à tous! Ayant constaté le quorum,
je... et là, évidemment, Québec Solidaire nous a avisés qu'ils seront... ils
seront là pour la deuxième... pour les deuxièmes... le deuxième témoin.
Bonjour à tous! Ayant constaté le quorum,
je déclare que la séance de la Commission des finances publiques est ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue.
La commission est réunie afin d'entreprendre
des consultations particulières et les auditions publiques sur le projet de loi
n° 112, Loi favorisant le commerce des produits et la mobilité de la
main-d'œuvre en provenance des autres provinces et des territoires du Canada.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Mallette (Huntingdon) est remplacée par Mme Hébert
(Saint-François); et M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) par Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce).
Le Président (M. Laframboise) : Donc,
nous débutons ce matin par les remarques préliminaires. Donc, nous avons le
député de Saint-Jérôme, collègue indépendant. Est-ce que vous demandez à faire
des remarques préliminaires? Est-ce que... Donc, j'ai besoin de l'autorisation
des autres partis. Ça va? Le temps, par exemple, qui va vous être alloué...
M. Chassin :Ce sera très court.
Le Président (M. Laframboise) : Pardon?
M. Chassin :Ce sera très court, j'en suis certain, mais...
Le Président (M. Laframboise) : Ce
sera très court. Donc, une minute vous sera alloué, pour les remarques
préliminaires. Donc, nous débutons ce matin par les remarques préliminaires
puis nous entendrons par la suite les organismes suivants : la Fédération
des chambres de commerce du Québec en visioconférence, les Manufacturiers
exportateurs du Québec et la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante. Donc, les remarques préliminaires, durée totale, évidemment, de 12 minutes.
Donc, j'invite maintenant le ministre délégué aux Petites et moyennes
entreprises à faire ses remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez
de six minutes. La parole est à vous.
• (9 h 50) •
M. Poulin : Merci beaucoup, M.
le Président. C'est un plaisir de vous retrouver. Vraiment, j'ai la chance d'avoir
un président d'expérience qui en a vu d'autres, et sur la colline parlementaire
à Ottawa, et à l'Assemblée nationale, et dans le milieu municipal. Alors, je
sais que le sujet d'aujourd'hui, vous allez être également très intéressé et
imprégné, donc merci à l'avance pour votre diligence.
Je veux saluer tout d'abord mes collègues
du Gouvernement qui m'accompagnent aujourd'hui. Tout d'abord, mon adjointe
parlementaire, la députée de Saint-François, également une femme d'affaires
avec qui j'ai le privilège de travailler à tous les jours, notamment sur le
mandat du commerce intérieur, mais également de l'allègement réglementaire des
boissons alcooliques et de plusieurs éléments. Alors, merci à la députée pour
sa présence. Je vois la députée de Fabre qui est avec nous aujourd'hui,
également, une experte en informatique et en efficacité. Alors, ce sera un
plaisir de travailler avec elle. Le député j'allais dire de La Baie, mais, en
fait, c'est Dubuc. Alors, notre collègue, qui a une forte expérience, notamment
au niveau municipal, très près de ces petites et moyennes entreprises, qui va
participer à cette commission parlementaire. Et, évidemment, la députée de
Charlevoix-Côte-de-Beaupré, qui, il faut le dire, a l'un des plus beaux comtés
au Québec, il faut le mentionner. J'étais avec elle à la Chambre de commerce de
l'île d'Orléans. On rencontre ensemble Développement Côte-de-Beaupré. C'est une
femme affable, dynamique, travaillante et exigeante. Alors, elle saura
certainement contribuer à nos travaux.
Je veux saluer la porte-parole de l'opposition
officielle. Un réel plaisir de la retrouver. Je suis convaincu que nous allons
nous rejoindre sur plusieurs éléments. Et je connais sa diligence également et
son authenticité à traiter les dossiers, alors c'est un plaisir de vous
retrouver. Et le député de Saint-Jérôme...
M. Poulin : ...également, où
on partage plusieurs éléments ensemble. Il y a plus de choses qui nous unissent
qui nous désunissent, M. le député de Saint-Jérôme. Alors, je suis certain
qu'on va pouvoir certainement obtenir un beau succès.
Aujourd'hui, on débute l'étude du projet
de loi... bien, pas l'étude, mais, en fait, les consultations particulières du
projet de loi n° 112. C'est un projet de loi qui a été présenté tout
d'abord par mon prédécesseur, le nouveau ministre des Relations
internationales, projet loi très important, surtout dans le contexte des tarifs
que nous vivons présentement. Vous le savez, Donald Trump, à chaque jour,
ajoute des tarifs en ce qui concerne les relations entre le Canada et les
États-Unis. Ça se ferait, parallèlement, on le souhaite, au début d'une
négociation entre le Canada et les États-Unis. Aujourd'hui même, on le sait,
que Mark Carney rencontre Donald Trump, on va suivre le tout de très, très
près, mais il n'en demeure pas moins que le Canada, on doit mieux se parler
entre nous.
Alors, c'est un projet de loi que je suis
en mode écoute, je suis en mode consultation, je n'écarte pas des amendements en
cours de route, je suis en mode ouverture, mais il faut être le plus libre
échangiste possible. Il... Je ne vous dirai pas qu'il reste énormément
d'exceptions. On consomme des biens de l'Ontario au Québec et vice-versa, mais
il n'en demeure pas moins qu'il faut assurer un leadership. Et je pense qu'à la
fois sur la notion des barrières intercommerciales, mais aussi sur la notion de
permis sur permis, qui est un élément très important dans le projet de loi,
pour reconnaître davantage, via nos ordres professionnels et l'Office des
professions, différents métiers des autres provinces... je pense qu'on va être
capable d'avancer, de faire un pas en avant.
Je conclurai en vous disant que je suis
accompagné d'une brigade exceptionnelle, du ministère de l'Économie et du
ministère de l'Emploi, évidemment accompagné par les membres de mon cabinet,
que je remercie. Merci.
Le Président (M. Laframboise) : Merci
beaucoup, M. le ministre. J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition
officielle et députée de Notre-Dame-de-Grâce à faire ses remarques
préliminaires pour une durée de six minutes. La parole est à vous.
Mme McGraw : Merci beaucoup,
M. le Président. Je tiens à vous saluer aussi, le ministre, et félicitations à
vos nouvelles fonctions. Je pense que vous êtes quelqu'un qui est très apprécié
au sein de l'Assemblée nationale et pas juste au sein de votre formation, mais
de toutes les formations et certainement de la nôtre. Alors, vraiment,
félicitations! Et je salue aussi, évidemment, les collègues ministériels et les
collègues des autres... indépendants aussi, des autres formations politiques en
opposition.
Donc, vraiment, je tiens à souligner ce
que le ministre vient souligner, on est vraiment à un moment clé en matière de
commerce. Et d'ailleurs je suis fière de prendre la parole en tant que
porte-parole de ma formation en matière de commerce non seulement
international, mais interprovincial. C'est un dossier qui a été créé justement
cette année, avec notre nouveau chef, pour reconnaître l'importance
particulière de ce dossier, de ces enjeux pour le Québec. Alors, pour moi,
c'est un double... un double privilège, on va dire. Donc, c'est un moment clé,
comme le souligne le ministre.
Évidemment, il y a le premier ministre qui
rencontre le président Trump au moment même, aujourd'hui, qu'on se parle.
Évidemment, il y a eu le sommet des Grands Lacs dimanche et lundi ici, au
Québec, qui a permis au premier ministre du Québec, mais aussi de l'Ontario de
connecter avec les gouverneurs des États... de certains États américains qui
sont des alliés qui sont des États avoisinants. Et, bien qu'il faut continuer à
tisser ces liens-là, surtout avec les États avoisinants américains, on comprend
tout à fait qu'il faut réduire notre dépendance au marché des États-Unis. Et
j'ai le privilège de représenter l'Assemblée nationale avec d'autres collègues
au sein de plusieurs organismes internationaux, dont et le National Council of
State Legislatures et le Council of State Governments, avec les États américains.
Donc, c'est sûr qu'il faut continuer à travailler avec nos voisins, mais il
faut aussi... C'est une belle opportunité pour le Canada de faire, finalement,
ce qu'on devrait faire au niveau du commerce interprovincial. Et d'ailleurs ça
représente un énorme potentiel sur notre marché intérieur canadien. Selon
l'Institut Macdonald-Cartier, ça représenterait de 110 à
200 milliards de dollars par année si on supprimait les barrières au
commerce interne. Plusieurs provinces ont déjà adopté un projet de loi ou des
lois, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l'Ontario, Manitoba, l'île du
Prince Édouard.
Donc, c'est le temps ici, au Québec, qu'on
adopte notre propre loi. Alors, c'est une bonne chose... projet de loi, mais il
faudrait évidemment la renforcer, et c'est pour ça qu'on est là. Et j'apprécie
beaucoup l'esprit d'ouverture du ministre, qui a déjà démontré cette ouverture
de vraiment bonifier le projet de loi, de s'assurer que c'est vraiment... c'est
vraiment à son meilleur et c'est vraiment notre rôle et notre responsabilité en
tant qu'opposition officielle. Alors, on a bien hâte d'entendre les experts,
les groupes qui vont venir nous parler...
Mme McGraw : ...consultations
particulières. On est là pour écouter et évidemment échanger avec eux. Donc, on
est prêts, de notre côté, à commencer les consultations. Et c'est sûr que, par
la suite, on va avoir des suggestions, on espère, article par article, mais ça,
ça va venir. Alors, merci encore. J'ai bien hâte d'entreprendre ces
discussions-là et de travailler sur ce projet de loi très important. Merci.
Le Président (M. Laframboise) : Merci,
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Maintenant, j'invite le député de
Saint-Jérôme à faire ses remarques préliminaires pour une durée d'une minute.
La parole est à vous.
M. Chassin :Merci, M. le Président. Alors, évidemment, salutations à
tous. Je ne referai pas le contexte. Merci de l'avoir fait pour moi. Je joins
ma voix évidemment, là, aux analyses qui ont été faites, mais je pense aussi qu'il
y a un intérêt dans ce projet de loi à souligner le fait que, par défaut, il y
a libre échange, par défaut, il y a mobilité. En même temps, le gouvernement
est habilité à restreindre cette mobilité ou ce libre-échange, puis je pense
que ça va être intéressant de voir, notamment avec les témoins, s'ils ont des
réserves par rapport au fait que, bien, comme c'est un pouvoir réglementaire,
on n'a peut-être pas le portrait global dès à présent. Alors, j'en avise un peu
le ministre. Et, ceci étant dit, ça va me faire plaisir de travailler sur ce projet
de loi avec vous. Merci.
Le Président (M. Laframboise) : Merci,
M. le député. Nous allons maintenant débuter les auditions. Donc, je souhaite
donc la bienvenue aux représentants de la Fédération des chambres de commerce
du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé. Puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous présenter et à commencer votre exposé.
Merci.
M. Noël (Philippe) :
Oui, bonjour, M. le Président, membres de la commission. Je m'appelle Philippe
Noël, je suis vice-président Affaires publiques, compétitivité et accès au
marché à la Fédération des chambres de commerce du Québec. Je suis accompagné
de mon collègue, Stéphane Pageau, qui est conseiller principal Main-d'oeuvre et
affaires publiques.
Je vous remercie d'entrée de jeu de nous
donner l'occasion de présenter notre position à l'égard du projet de loi n° 112. À titre de rappel, la FCCQ représente plus de
120 chambres de commerce et près de 1 000 entreprises membres
pour un total de 45 000 entreprises dans notre réseau, exerçant leurs
activités dans tous les secteurs de l'économie et sur l'ensemble du territoire.
Le projet de loi n° 112, qui vise à favoriser la
libre circulation des biens et de la main-d'œuvre entre les provinces
canadiennes, constitue une avancée pour la FCCQ. Ça s'inscrit dans un moment
charnière. Notre économie fait face à la fois à un ralentissement des échanges
avec les États-Unis, à une pénurie de main-d'œuvre structurelle et à une
compétition accrue pour les talents. Dans ce contexte, il est impératif que le
Québec se dote d'un cadre législatif qui facilite la mobilité des travailleurs
et des produits en direction du Canada. Selon l'Institut... l'élimination des
barrières au commerce intérieur pourrait faire croître le PIB par habitant de
3,8 % à l'échelle nationale. Pour le Québec, ça représenterait plusieurs
milliards de dollars d'activités économiques supplémentaires. Or, ces bénéfices
ne pourront se concrétiser que si le projet de loi s'accompagne d'une
harmonisation réglementaire réelle et d'un engagement ferme à éviter la
création de nouvelles barrières.
• (10 heures) •
La FCCQ plaide depuis plusieurs années
pour une réglementation simple, transparente et prévisible, alignée autant que
possible sur celle des autres provinces et du gouvernement fédéral. Trop
souvent, des divergences réglementaires créent des coûts inutiles et des délais
qui nuisent à la compétitivité des entreprises québécoises. L'article 2 du
projet de loi représente à ce titre une avancée importante, car il consacre le
principe selon lequel tout produit fabriqué ou vendu dans une autre province
selon ces normes peut être commercialisé au Québec sans autres exigences. Il
faudrait toutefois s'assurer que les mécanismes d'exclusion prévus par
règlement ne deviennent pas une porte d'entrée à de trop nombreuses... ou de
nouvelles restrictions. Si chaque exception devient la norme, nous risquons de
vider la loi de sa substance et d'aller à l'encontre de l'objectif recherché.
En effet, les ministères québécois et
leurs homologues des provinces devraient respectivement évaluer le potentiel
d'harmonisation lors de l'élaboration ou la révision d'une loi ou d'un
règlement afin de réduire et d'éliminer les obstacles à la libre circulation
des personnes, des biens, des services et des investissements entre les
juridictions. Elle pourrait envisager d'intégrer à leur politique réglementaire
respective une clause exigeant l'analyse de tout règlement susceptible d'avoir
une incidence notable sur la libre circulation interprovinciale des personnes,
des biens, des services ou des investissements. Il serait alors logique que le
Québec s'allie en premier lieu avec l'Ontario et le Nouveau-Brunswick, ses
voisins immédiats, pour faire avancer cette démarche. Ce serait un signal fort
de leadership économique et de cohérence, selon nous.
Prenons l'exemple du secteur du
camionnage. Aujourd'hui, pour transporter la même marchandise d'un bout à
l'autre du Canada, un transporteur doit s'inscrire dans plusieurs registres
provinciaux, obtenir différents permis et respecter des limites de poids ou de
longueur...
10 h (version non révisée)
M. Noël (Philippe) :...qui varie selon la province. Ça crée un véritable casse-tête
logistique et des coûts supplémentaires importants. Nous abordons d'autres
exemples d'ailleurs dans notre mémoire pour l'occasion.
À l'instar de la circulation des biens, la FCCQ
appuie les dispositions du projet de loi visant à faciliter la libre mobilité
interprovinciale des travailleurs. Le projet de loi n° 112 stipule qu'un
travailleur, sauf exception, ayant obtenu sa certification dans une autre
province, pourra exercer son métier au Québec, sans devoir repasser par un
processus complet de reconnaissance. C'est une avancée majeure dans un contexte
où plus de 100 000 postes demeurent vacants et où le ministère de l'Emploi
et de la Solidarité sociale estime qu'il faudra combler 1,4 million de
postes d'ici 2033. Cette mesure est essentielle pour soutenir nos entreprises
et notre économie.
La FCCQ estime toutefois que le projet de
loi introduit des dispositions permettant l'accumulation d'exceptions peu
balisées et appliquées par règlement, va entraîner une imprévisibilité ou une
lourdeur administrative qui n'est pas nécessaire. Le processus menant à une
reconnaissance professionnelle ne devrait être acquis que dans des situations
exceptionnelles présentant un risque pour la santé ou la sécurité. Ces
situations devraient être clairement définies par règlement sur la base des
recommandations formulées par les autorités réglementaires compétentes.
Autrement, la FCCQ propose que le principe de reconnaissance mutuelle soit la
norme. À l'article 4 du projet de loi qui établit la procédure de
reconnaissance professionnelle pour les métiers et professions, qui ne sont pas
soumis au Code des professions, le gouvernement mandate d'établir un processus
interne, mais, malheureusement, aucun délai n'est prévu pour la mise en place
de ces processus.
L'absence de délai maximal ouvre la porte
à des délais inutiles, voire des abus de la part des autorités réglementaires
qui pourraient donner l'impression qu'elles retardent indûment l'entrée de
travailleurs dans le marché en concurrence aux travailleurs québécois. La FCCQ
recommande donc que les autorités réglementaires soient soumises à un délai
maximal de 30 jours suivant l'application de la loi pour établir leur
processus. Considérant que les difficultés de recrutement sont devenues un
facteur invoqué du ralentissement de la production de passablement d'entreprises
au Québec, il faudrait s'assurer qu'un travailleur déjà recruté ne fasse les
frais d'une bureaucratie trop lourde. Pour la FCCQ, il y a une différence
importante entre un travailleur recruté par une entreprise, c'est-à-dire
titulaire d'une offre d'emploi valide, et un travailleur souhaitant simplement
élargir son marché de l'emploi en se préparant à postuler au Québec. Les travailleurs
déjà recrutés par les entreprises québécoises devraient bénéficier d'un
traitement prioritaire afin de commencer leur emploi rapidement.
On comprend aussi que les intentions du
gouvernement sont d'exclure l'industrie de la construction de l'application du projet
de loi n° 112. La construction, c'est un secteur névralgique de l'économie
qui souffre d'un manque de main-d'œuvre paralysant sa productivité. Il s'agit d'un
des rares secteurs de l'économie où les postes vacants ont augmenté plutôt que
diminué entre le deuxième trimestre de 2024 et le deuxième trimestre de 2025.
Il faudrait aussi entrevoir que les grands projets, notamment ceux d'Hydro-Québec,
nécessiteront des milliers de travailleurs régis par la loi R-20. La FCCQ est d'avis
que le Québec bénéficierait fortement de l'application du projet de loi n° 112
à cette industrie. Le Québec a déjà franchi un pas vers une plus grande
mobilité de la main-d'oeuvre en construction avec le projet de loi n° 51,
qui mandatait la Commission de la construction du Québec d'établir une
procédure de reconnaissance de la formation et des diplômes délivrés hors du
Québec, ainsi que l'accroissement de la polyvalence des métiers de la
construction. Or, il faudrait aller plus loin et revoir à la baisse le nombre
de métiers du secteur de la construction selon nous. Nous faisons une
proposition d'ailleurs en ce sens.
La FCCQ constate aussi que le projet de
loi est conçu pour conférer un large pouvoir discrétionnaire au gouvernement
dans l'évolution de la législation. Pas moins de six articles sur 14 comportent
des dispositions permettant au gouvernement de créer, par règlement, des cas d'exception,
des processus ou des modalités au-dessus des autorités réglementaires. Ces
dispositions pourraient, si fréquemment utilisées, créer de l'imprévisibilité
et limiter l'incitatif à l'investissement. À terme, l'accumulation de
règlements disparates pourrait complexifier la libre circulation des biens et
des travailleurs, à l'inverse même de l'esprit du projet de loi.
En conclusion, la FCCQ appuie globalement,
les mesures législatives du projet de loi n° 112 visant à favoriser le
commerce interprovincial. Nous saluons la volonté du gouvernement d'établir un
énoncé clair pour accroître les échanges commerciaux et la mobilité de la main-d'œuvre.
Néanmoins, les règlements qui découleront du texte législatif seront
déterminants afin d'aller complètement vers des allègements de la
réglementation dans la circulation des provinces. Pour arriver réellement à
atteindre l'objectif de réduire au maximum les barrières entre les provinces,
nous insistons sur la notion de clarté dans l'encadrement réglementaire qui
permettra aux entreprises concernées d'avoir des balises claires dans leurs
relations commerciales avec le marché canadien...
M. Noël
(Philippe) :...et de la prévisibilité. La
FCCQ est prête à collaborer pour assurer une mise en œuvre efficace et rapide
de cette loi au bénéfice des entreprises québécoises, des travailleurs et de
notre économie. Je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Laframboise) : Merci.
Merci pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période d'échange.
M. le ministre, la parole est à vous. Vous avez 16 minutes 30 secondes.
M. Poulin : Merci beaucoup, M.
le Président. Également, un temps que je partagerai avec mes collègues du
gouvernement. Je salue, évidemment, M. Noël, M. Pageau. Beaucoup d'éléments
font en sorte qu'on se rejoigne, évidemment, sur l'objectif d'alléger la vie de
nos entrepreneurs, de s'enlever du chemin de nos entreprises, comme je le
répète, mais je comprends aussi votre préoccupation de dire : Il ne
faudrait pas ajouter davantage de barrières commerciales via un règlement
éventuel. Et je sais que c'est quelque chose qui va revenir à la fois dans les
mémoires, mais à la fois, par moment, de mes collègues des oppositions, ou
autres.
Vous dire quand même que l'intention du
législateur, à ce moment-ci, n'est certainement pas d'ajouter des barrières
commerciales. En même temps, je me dois de faire en sorte que cette loi-là
survive au prochain gouvernement. Alors, il y aura un prochain ministre, un
jour, qui va vivre peut-être dans un environnement canadien qui sera totalement
différent, où on pourrait avoir des provinces qui sont extrêmement
protectionnistes sur différents domaines. Alors, on se doit de laisser une
certaine voie réglementaire pour dire, je donne un exemple : Une province
du Manitoba qui dit : Moi, je ne veux plus rien savoir du Québec, bien là,
est-ce qu'on va continuer de les faire rentrer chez nous sur l'ensemble des
éléments? Alors... Sans compter qu'on a une entente aussi, que nous travaillons
présentement entre les autres provinces, sur la reconnaissance mutuelle
notamment.
Alors, je souhaite le placer parce que
l'intention du législateur, et je le dis au texte, puis je le dirai lors de
l'étude article par article, n'est certainement pas d'en ajouter, mais, si on a
une maladie, un jour, sur un... dans le domaine de l'alimentation, il faut se
donner quand même certains pouvoirs à ce faire.
Maintenant, j'aimerais tout de même vous
entendre sur certains éléments de... que vous avez... auxquels vous avez fait
allusion à l'intérieur de votre mémoire concernant les professions et la
reconnaissance des professions. Vous nous avez parlé d'un certain délai que
vous souhaitiez voir mis en place. Pouvez-vous nous donner des exemples
concrets? Parce que l'objectif est quand même du permis sur permis, alors une
profession qui est reconnue. Parce que, dans l'article de la loi, on est
clair : autorité de réglementation, autorité d'exercice, travailleur
qualifié, où on vient dire : Une profession qui est pratiquée en Ontario — je
vais beaucoup me référer à l'Ontario, mais vous comprenez la proximité
géographique — peut être reconnue chez nous, et on mandate, dans
certains cas, l'Office des professions de pouvoir travailler avec nos ordres
professionnels pour alléger le tout. Mais vous avez parlé d'une préoccupation
de délais. J'aimerais ça que vous me donniez davantage de détails, s'il vous
plaît.
• (10 h 10) •
M. Pageau (Stéphane) : Certainement.
En fait, c'est que, de la manière dont le projet de loi est libellé, ce qui est
dit, c'est que l'autorité réglementaire québécoise doit d'office valider,
mettons, la demande d'un employé pour avoir sa reconnaissance...
professionnelle. Et, par exemple, sur un autre modèle, là... puis il faudrait
voir si ça s'applique, mais, par exemple, le modèle de permis de conduire, pas
besoin de passer par la SAAQ pour avoir... quand on a un permis de conduire...
ontarien, de pouvoir conduire au Québec. C'est-à-dire qu'à ce moment-là une
profession, comme un agent de sécurité par exemple, pourrait déjà être employée
par un employeur québécois sans avoir à faire la demande de reconnaissance
professionnelle au préalable. Alors, on essaie d'inverser le processus, de
créer une reconnaissance mutuelle. Puisque les autres provinces ont déjà leurs
formules de reconnaissance, que le projet de loi trouve, en principe, valides,
du moins à la base, la reconnaissance mutuelle sauverait probablement beaucoup
de bureaucratie et de délais.
Et le projet de loi, à ce moment-là,
aussi, également, il dit que l'autorité réglementaire doit établir un
processus. Mais, si l'autorité réglementaire retarde, pour une quelconque raison,
quelle qu'elle soit, bien, à ce moment-là, si le processus n'est pas établi, on
pourrait retarder des reconnaissances professionnelles, vu qu'elle n'est pas
mutuelle automatiquement. Alors, c'est vraiment dans ce sens-là qu'on l'a
mentionné.
M. Poulin : D'accord. Puis
merci, parce que je pense qu'on a le même objectif, là, qui est réellement une
reconnaissance de permis sur permis. Puis je vous entends quand vous
dites : Il ne faut pas alléger le processus de reconnaissance permis sur
permis. C'est quand même une des premières au Québec que l'on fait présentement
en termes de reconnaissance de permis sur permis avec autant de leadership.
Je ne veux pas dire que... Ce serait trop
simple de le comparer à un permis de conduire, OK? Bien, je comprends votre
image, là, qui est juste et qui est louable, mais évidemment, lorsqu'une
personne pratique sa profession dans une certaine province depuis 25 ans puis
qu'elle vient ici, au Québec, vous connaissez nos enjeux de langue, vous
connaissez peut-être nos enjeux d'arrimage, d'horaire, de fonctionnement, il y
a...
M. Poulin : ...c'est un
peu normal qu'il puisse y avoir une certaine discussion, mais je comprends
votre objectif qui est quand même de ne pas alourdir le processus qui n'est pas
de le rendre long. Parce qu'on pourrait aussi décourager des gens de venir chez
nous, de venir travailler chez nous dans certains domaines. Alors ça, je le
comprends bien. Tout de même, tu sais, l'article 3, quand on dit :
«autorité de réglementation», toute personne, tout organisme ou toute autre
entité chargée de la délivrance d'une autorisation d'exercice requise dans une
province ou un territoire du Canada pour exercer un métier ou une profession,
quand on fait référence à ce qu'on entend, une «autorisation d'exercice», un
permis, une accréditation, un certificat ou tout autre document délivré par une
autorité de réglementation attestant que son titulaire est autorisé à exercer,
sans supervision, un métier ou une profession et qu'il est inscrit au registre
de cette autorité, donc, je pense que cet article-là est clair, à moins que
vous me disiez que vous voulez qu'on précise davantage. Et «travailleur
qualifié», toute personne physique titulaire d'une autorisation d'exercice.
Alors, le... les trois libellés, là, de cet article-là vient quand même
encadrer les choses. Et pour le Code des professions et l'Office des
professions, alors là, on a des ordres professionnels, évidemment, qui sont en
place à travers le Québec, mais les consultations débutent, là, puis on aura
des échanges là-dessus, il y a un leadership et il y a une volonté d'aller
assez rapidement pour alléger à son maximum en ce qui a trait au niveau du Code
des professions, mais on partage la même, même préoccupation à ce niveau-là.
M. Pageau (Stéphane) : Je
suis d'accord tout à fait sur la question du principe. Il y a... On est tout à
fait pour le principe du libre-échange. Puis nous, ce qu'on veut, c'est qu'il y
ait moins d'entraves possibles ou que ces entraves-là soient réellement
justifiées. Donc, à ce moment-là, elles deviendraient l'exception à travers un
processus, mais... Mais oui, on partage le principe du libre-échange des
métiers, là, et des travailleurs.
M. Poulin : Évidemment,
en demeurant, évidemment, dans mes fonctions, puis on pourra la travailler
ensemble là-dessus. On va suivre de près, là, les délais, puis on va suivre de
près si c'est réellement difficile pour certains corps de métier d'entrer au
Québec, là. Et vous le savez comme moi, il y a un univers dans l'industrie de
la construction, par exemple, et on a des discussions avec notre collègue Jean
Boulet, notamment, puis il y a tous les autres ordres professionnels qui, des
fois, sont au niveau de la santé, qui sont au niveau d'une prestation de
services à la population qui est extrêmement délicate. Alors... Mais je suis à
la même place que vous. On est dans un moment charnière de notre histoire. Il
faut pouvoir avancer à ce niveau-là. Je ne sais pas si j'avais des collègues
qui avaient des questions en particulier. Je veux être certain de ne pas
manquer à personne. Parlez-moi également, en général des industries que vous
représentez. Parce que les barrières commerciales, notamment causées par la
guerre des tarifs ou du moins les tarifs imposés par l'administration américaine,
il y a certaines industries qui trouvent ça encore plus difficile. On parle de
l'acier, de l'aluminium, de l'industrie du bois. Hier, on apprenait
qu'éventuellement on aurait des tarifs pour les entreprises de camions.
J'aimerais vous entendre parler davantage de la situation à ce jour de vos
membres concernant les tarifs de l'administration américaine et aussi je suis
intéressé à vous entendre sur quelles sont les barrières commerciales les plus
concrètes que vos membres vous parlent parce que, souvent, on dit : Il y a
des barrières. Il y a des barrières, mais on a quand même des pêches de
l'Ontario qui rentrent ici, qui sont excellentes. Alors, quelles sont les
barrières précises, là, que vous nous dites que c'est ce qui nuit le plus au
commerce?
M. Noël
(Philippe) : Oui. En fait, je vous dirais que c'est le
principal dossier sur lequel on travaille à la FCCQ. Vous savez, on a
17 comités de travail à la FCCQ, donc, 17 secteurs économiques
différents qui sont bien ancrés dans l'ensemble des régions du Québec. Chez
nous, évidemment, vous avez nommé un certain nombre de secteurs. J'ajouterais à
ça aussi l'agroalimentaire qui a énormément de préoccupations sur ce qui s'en
vient. C'est pour ça qu'un projet de loi comme celui-ci, qui permet de réduire
les barrières commerciales avec les autres provinces, entre dans le principe
qu'on souhaite de plus en plus pousser, c'est-à-dire de diversifier les
marchés. Puis d'ailleurs, hier, on était dans un comité parlementaire à Ottawa
sur la productivité, et on a fait valoir justement que le manque de
productivité des entreprises fait en sorte que ça les limite dans leur capacité
à exporter et à faire affaire dans des nouveaux marchés.
Les réflexes d'utiliser les marchés
canadiens ne sont pas encore pleinement là. Il y a une volonté de plusieurs
secteurs qu'on représente de le faire. Il y a une volonté aussi de bénéficier
davantage des marchés de l'Union européenne. Vous avez parlé hier de la
nouvelle du 25 % sur... sur les importations aux États-Unis de camions qui
sont fabriqués à l'extérieur des États-Unis. Vous savez, on a PACCAR sur la
rive nord de Montréal, qui est une entreprise qui... dont le marché est
largement représenté aux États-Unis, davantage qu'au Québec. Nous, ce qu'on
envoie d'ailleurs comme message, notamment au gouvernement du Québec, c'est
d'aider ces entreprises-là qui soumissionnent souvent sur des contrats publics.
Autant des gouvernements, des ordres de gouvernement comme le gouvernement du
Québec, les municipalités, les sociétés d'État et les organismes publics, il y
a une préférence pour les produits qui sont conçus au Québec et...
M. Noël (Philippe) :...vous le savez, Paccar, il y a eu énormément de pertes
d'emploi dans la dernière année, là. Il y a beaucoup de préoccupations. C'est à
voir, en fait, d'ici le 1er novembre, le décret qui va être présenté aux États-Unis,
avec les détails. Est-ce que notre entreprise va être soumise à une exception,
étant donné qu'elle fait partie... qu'on fait partie en fait, de l'accord de
libre-échange Canada—États-Unis—Mexique? Il y a beaucoup d'incertitude, puis
l'incertitude, ça fait mal, et ça fait en sorte que ça crée plutôt un réflexe
de se tourner vers nous-mêmes, plutôt que d'ouvrir nos options vers d'autres
marchés, parce qu'on cherche à consolider en fait, notre production, nos
revenus, et à se concentrer sur ce qu'on est capables de faire.
Donc, un projet de loi comme le projet de
loi n° 112, ça rentre en principe, en fait, avec... en cohérence, en fait,
avec ce qu'on souhaite de plus en plus, mettre de l'avant, aider les
entreprises à diversifier leurs marchés pour, justement, ne pas être trop
soumises aux contraintes d'une... des décisions de l'administration américaine,
qui est... évidemment, qui va demeurer aussi notre principal partenaire d'affaires,
de par notre proximité géographique, là.
M. Poulin : Il reste combien
de temps, M. le Président?
Le Président (M. Laframboise) :
5 min 42 s.
M. Poulin : Est ce que j'avais
des questions chez mes collègues? Non? Parfait. Est-ce que... Quelles sont les
principales barrières que vos membres vous parlent?
M. Noël
(Philippe) :Oui. En fait, dans notre
mémoire, on a sorti, notamment sur le camionnage, certaines barrières, des
limites de charges, et dans la longueur des camions. Il y a vraiment des
différences entre les provinces, et ça, ça crée une lourdeur réglementaire et
administrative, pour les entreprises, de se conformer à cette
réglementation-là. C'est aussi le cas pour se conformer à des inspections
particulières, à des permis, l'obtention de permis spécifiques dans certaines
provinces, puis tout ça, tout ça dans un contexte, en plus... Je parlais des
échanges avec les États-Unis, mais il y a eu une baisse énormément marquée,
dans les derniers mois, de nos échanges commerciaux avec les États-Unis, donc
ça affecte aussi le camionnage transfrontalier avec les États-Unis, raison de
plus de faciliter les échanges avec le Canada.
Du côté des abattoirs, les abattoirs qui
sont sous juridiction provinciale... parce qu'il y en a dans les... dans les
grandes entreprises, qui sont sous juridiction fédérale... mais les plus
petites PME, qui sont sous juridiction québécoise, bien, pour elles, c'est
impossible de vendre ce qu'elles produisent ici dans les autres provinces.
Donc, ça, peut-être, il y a une piste de solution là à améliorer.
Dans les services financiers, qu'on
représente également, souvent, il y a une double imposition de frais
administratifs, par transaction, sur des produits dérivés, et il y a comme un
manque de coordination entre les provinces, ce qui complexifie la tâche pour
nos entreprises dans le service financier.
Du côté des produits alcoolisés, évidemment,
nos brasseurs, nos microbrasseurs, nos distilleurs souhaiteraient percer
davantage le marché canadien. C'est impossible pour ces entreprises-là de le
faire. On a entendu qu'il y avait une volonté peut-être, d'amener d'autres
acteurs de l'industrie des boissons alcoolisées, notamment, à venir vendre
leurs produits au Québec et faciliter leur arrivée. Bien, il faudrait que ce
soit réciproque, que ce soit égal, et que ça ne devienne pas, comme on le
constate avec l'Union européenne, disons, une énorme différence entre notre
capacité à pouvoir percer les réseaux de distribution de l'Union européenne,
avec nos produits de l'agroalimentaire, versus nous, notre ouverture, avec les
produits européens en agroalimentaire.
Ce qui se passe en ce moment, c'est qu'il
y a plusieurs compagnies de distribution en Europe qui snobent, entre
guillemets, nos produits québécois parce qu'ils ne viennent pas de l'Europe. Et
là je pense qu'il y a une belle mission pour les délégations du Québec,
notamment en Europe, d'essayer de faire ce lien-là avec les compagnies de
distribution agroalimentaire en Europe pour qu'ils fassent une place plus
prépondérante à nos produits québécois.
• (10 h 20) •
M. Poulin : Tout à fait.
M. Noël (Philippe) :
Alors, la préoccupation, elle est similaire, je vous dirais, avec le marché
canadien.
M. Poulin : Il reste combien
de temps, M. le Président?
Le Président (M. Laframboise) :
2 min 57 s.
M. Poulin : OK. Vous dire...
Ah! j'ai mon collègue, le député de Dubuc, qui a une question, oui.
M. Tremblay : Merci. Bien,
écoutez, effectivement, on parle de... bien, d'une transition, d'une transition
au niveau fédéral, où on demande un arrimage accentué avec les provinces. On
comprend aussi que c'est en lien avec l'effet Trump et, je pense, une certaine
redéfinition de blocs internationaux, où on repositionne des enjeux majeurs.
Comment vous voyez votre rôle s'accentuer dans cette nouvelle dynamique là,
sans dire... Les municipalités sont déjà des gouvernements de proximité. Il y a
les MRC. Les chambres de commerce sont extrêmement dynamiques avec leurs
membres. Vous assurez des ponts stratégiques très importants. Comment vous
voyez votre rôle politique avec le ministre, avec cette nouvelle dynamique là?
J'aimerais vous entendre...
M. Noël
(Philippe) :...vous avez raison de
souligner le rôle important des chambres de commerce locales, qui sont très,
très bien implantées dans leurs communautés, qui servent souvent de lien entre
l'entreprise et les ordres de gouvernement, entre l'entreprise et les services
d'aide au développement économique également. Et c'est vraiment des acteurs qui
sont impliqués dans leurs milieux. C'est souvent très beau à voir.
Nous, à la FCCQ, on a une division aussi
qui est très axée sur les marchés d'exportation pour donner ou transmettre
cette information-là non seulement aux chambres de commerce, mais aussi aux
entreprises qui sont membres chez nous directement. Et, par exemple, quand est
venu le temps d'avoir des modifications aux ententes avec l'Union européenne,
là ce qui se passe, c'est, évidemment, dans la renégociation de l'accord de
libre-échange Canada—États-Unis—Mexique, le marché canadien, bien, nous, on est
une belle courroie de transmission d'informations pour justement les inciter à
diversifier leurs marchés, leur donner l'information nécessaire, faire le
maillage, des fois, avec les délégués commerciaux, les délégués du Québec à
l'étranger. On est très, très impliqués. On va régulièrement aux États-Unis, on
a de très bons liens avec le nord-est des États-Unis, entre autres. Pas plus
tard que dimanche matin, on rencontrait en privé la gouverneure de l'État de
New York, Kathy Hochul. Évidemment, on était au sommet sur la conférence des
premiers ministres et des gouverneurs des Grands Lacs, comme le premier
ministre et, notamment, le ministre qui est autour de la table, qu'on a pu
croiser en fin de semaine. Donc, on est très, très impliqués sur les enjeux
d'exportation pour nous parce que ça a une valeur considérable économiquement
pour le Québec, et plusieurs entreprises qu'on représente...
Le Président (M. Laframboise) :
En terminant.
M. Noël (Philippe) :
...ont besoin, justement, d'avoir des exportations les plus fluides possibles
sur tous les marchés à l'extérieur du Québec.
Le Président (M. Laframboise) :
Merci. Donc, nous allons poursuivre avec notre collègue, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Vous avez 13 minutes 52 secondes, Mme la députée.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président, et merci, Messieurs Noël et Pageau, pour votre participation, votre
présentation, votre mémoire. Beaucoup de contenu très intéressant.
Je pense que, M. Noël, vous avez dit, dans
votre présentation, qu'hier vous étiez à Ottawa pour une... en session
parlementaire sur la productivité, si je comprends bien? Donc, peut-être une
question comme contexte plus large. Dans quelle mesure ce projet de loi
doit-elle... doit-il être complété par des mesures économiques... d'autres
mesures économiques pour avoir un vrai impact, tels la productivité, soutien
aux PME, investissement, innovation, de façon plus large?
M. Noël
(Philippe) :Je vais commencer, puis je
vais laisser mon collègue Stéphane compléter sur l'aspect main-d'oeuvre, mais,
de notre côté, hier, ce qu'on a fait valoir, justement, c'est qu'on observe
vraiment une fuite de capitaux du côté des États-Unis, qui a été quand même
assez... profondément marquée dans les 10 dernières années. Et donc les
investissements canadiens vers les États-Unis ont bondi de 273 % depuis 10
ans, alors que les investissements au Canada provenant des États-Unis n'ont
augmenté que de 94 %. Et ça, c'est un déséquilibre qui nous préoccupe
parce qu'on pense que ça pourrait s'accentuer avec les récentes mesures
annoncées par l'administration Trump. Donc, ça, c'est une préoccupation qu'on
a.
Donc, c'est pour ça qu'un projet de loi
qui facilite, en fait, les échanges commerciaux à l'extérieur du Québec, nous,
on voit ça d'un bon œil. Donc, hier, c'est ce qu'on a fait valoir aussi, entre
autres, au comité parlementaire, c'est... tous les défis en termes de
productivité, la fuite des capitaux puis l'importance d'aider et d'accompagner
les entreprises dans leur souhait d'exporter davantage à l'international.
Et on ne devrait pas se limiter à des
revenus qui sont inférieurs à 2 millions de dollars par année. Même
des petites PME qui souhaitent grandir, on devrait davantage les accompagner.
Or, ce qu'on entend sur le terrain, pour les PME qu'on représente, c'est que,
souvent, c'est compliqué pour elles d'avoir accès à de l'aide parce que leurs
revenus, pour l'instant, n'excèdent pas 2 millions de dollars par
année.
Donc, ça part des petites PME aux grandes
entreprises qu'on représente. Donc, c'est important, pour nous, que les ordres
de gouvernement mettent toutes les conditions pour aider ces entreprises-là à
pouvoir exporter à l'extérieur du Québec.
Mme McGraw : Merci beaucoup.
Vous avez aussi parlé du pouvoir discrétionnaire du gouvernement. C'est...
C'est quand même une habitude de ce gouvernement de faire beaucoup par
règlement, sans nécessairement nommer leurs intentions réglementaires. Et vous
vous inquiétez, c'est dans Recommandations, la dernière... bien, la dernière
section : Le fait que beaucoup se fait par réglementation, ça amène une
certaine, entre autres, imprévisibilité qui freine les investissements.
D'ailleurs, le premier ministre l'a bien dit hier, que l'incertitude, ce n'est
pas bon pour l'économie, ce n'est pas bon pour les investissements. Et vous
soulignez le fait que...
Mme McGraw : ...tous ces...
tout cet excédent de règlements, non dans le projet de loi, mais dans les
règlements, ça va créer plus d'incertitude. Est-ce qu'on peut vous entendre
là-dessus?
M. Pageau (Stéphane) : Oui.
Alors, je dirais, on n'en a pas fait une recommandation, de limiter ces
clauses-là, ces dispositions législatives là parce que c'est vrai qu'elles
donnent tout de même de la flexibilité. Mais là où on a mis une mise en garde,
c'est que l'utilisation arbitraire de ces clauses-là, et surtout leur
accumulation, peut créer un casse-tête, là, peut créer des couches de
complexité pour les entreprises. Ça, c'est la première chose.
La deuxième chose, sur la question des
investissements ou de l'imprévisibilité, bien, écoutez, si, moi, je prévois...
parce que, par exemple, une compagnie peut faire un plan sur plusieurs années,
là, certaines sont à 10 ans, je prévois que dans 10 ans, je vais
avoir besoin de temps d'employés, tout ça, et que je prépare mes éléments, là,
sur la question de la main-d'oeuvre par exemple, et j'investis, et qu'il y a un
changement réglementaire qui se fait rapidement, puisque la formule qui est
présentée dans le projet de loi permet un changement rapide, donc ce n'est
pas... on n'est pas dans un changement de loi, là, un règlement, ça se fait très
rapidement, alors ça peut créer justement une distorsion dans les prévisions
des entreprises et, à ce moment-là, créer de l'imprévisibilité et créer...
créer un casse-tête législatif ou administratif.
Mme McGraw : Donc, pour aller
plus loin, M. Pageau, donc, vous signez que plusieurs articles laissent une
large marge de manœuvre au gouvernement. Quelles garanties concrètes
faudrait-il s'inscrire dans la loi pour assurer plus de prévisibilité et de
clarté pour les entreprises? Est-ce que vous avez des recommandations plus
spécifiques?
M. Pageau (Stéphane) : Oui.
En fait, je ferais référence à nos premières recommandations sur... par exemple
sur la question des métiers et la reconnaissance mutuelle. La reconnaissance
mutuelle enlève des étapes de... des étapes administratives. Et, à ce
moment-là, on prend d'office... on prend d'office le cas que c'est du
libre-échange sur les métiers, et on ajoute des exceptions. Mais, ces
exceptions-là doivent être justifiées, justifiées dans le document. Ça fait
que, pour nous, déjà, si on déclamait d'office le libre-échange sur la question
des métiers par exemple, ce serait déjà une plus grande prévisibilité.
Évidemment, tout de même, l'existence de ces dispositions-là permettrait...
permettrait au gouvernement de changer rapidement ces règlements. Mais, en tout
cas, à mon avis, déjà, si on avait une reconnaissance mutuelle, ce serait
très... déjà très bien.
Mme McGraw : Dans ce sens-là,
est-ce que vous proposez de signer des accords ou des... avec d'autres
provinces pour justement reconnaître, avoir cette reconnaissance mutuelle et
plus automatique? Est-ce que vous verrez comme un instrument pour appuyer, pour
aller dans cette direction-là? Comment concrétiser cette recommandation?
• (10 h 30) •
M. Pageau (Stéphane) : Je
vous dirais que c'est... c'est toute la question de l'harmonisation qui est la
plus intéressante à ce moment-là. Je pense, mon collègue Philippe, là,
mentionnait la question des camionnages. Alors, est-ce que ça doit passer par
des accords avec les autres provinces? Peut-être pas nécessairement, mais
clairement des négociations pour l'harmonisation sur le long terme pour que,
même si, par principe, ce projet de loi là est adopté, tout de même, que
l'espace économique s'adapte et se normalise, en fait.
Mais je ne sais pas si Philippe voudrait
rajouter quelque chose.
M. Noël
(Philippe) :Absolument. En fait, la
raison pour laquelle FCCQ appuie autant l'accord de libre-échange canadien,
c'est d'avoir un seul texte, autant que possible, avec des normes qui se
ressemblent, autant que possible. Il faut se mettre à la place d'une
entreprise, là, qui fait affaire non seulement au Québec mais dans d'autres
provinces. Plus il y a une multiplication des normes, des exigences
réglementaires, de la paperasse qui est demandée, plus c'est compliqué, plus ça
lui demande du temps, plus ça réduit sa productivité. Donc, évidemment, ses
coûts augmentent au travers de tout ça. Donc, les accords bilatéraux, c'est
peut-être un peu... tu sais, on proposait, dans notre exposé, d'entrée de jeu,
tu sais, de commencer par l'Ontario et le Nouveau-Brunswick parce que c'est
limitrophe. Mais ce qu'il faudrait viser, ultimement, c'est qu'il y ait un
grand accord de libre-échange canadien entre les provinces, auquel le Québec,
évidemment, contribuerait à ça. Donc, c'est un petit peu notre souhait, là,
qu'on vous... qu'on vous présente aujourd'hui.
Mme McGraw : Très clair.
Merci. Vous vous inquiétez, dans votre mémoire, dans votre présentation, des
exclusions. Et, selon vous, le mécanisme des exclusions risque de devenir trop
lourd ou très... ou trop fréquent. Quels critères précis devraient encadrer ces
exclusions pour éviter une ouverture à sens unique ou une dilution de la
réforme?
M. Pageau (Stéphane) : Je
crois que tous les secteurs sont différents. Et, nous, dans le mémoire, ce
qu'on a décidé de mentionner, c'est la santé et la sécurité, qui pourrait être
la seule... la seule vraiment exception qui serait justifiable à notre sens...
10 h 30 (version non révisée)
M. Pageau (Stéphane) : ...il y
en a peut-être d'autres auxquels on ne pourrait ne pas penser, là. Le monde est
complexe. Mais, par exemple, toute la question des travailleurs en médecine,
des travailleurs dans le système de santé, il y a des normes, il y a des
pratiques qui sont... qui seraient compréhensible que, du moins, il y ait une
mise à niveau professionnelle à faire avant d'avoir la reconnaissance
professionnelle, mais, par principe, le moins possible. Ça fait que santé,
sécurité, c'est là qu'on irait. Mais là je fais du pouce sur notre section sur
la construction, mais, par exemple, un électricien, l'électricité, il s'en fait
ailleurs puis ça fonctionne bien ailleurs au Canada. Donc, oui, il peut y avoir
des différences de loi dans le Code du bâtiment, et tout ça, mais ça s'apprend
et... Mais c'est vraiment un exemple que je donne comme ça. Mais oui, je pense qu'il
y a d'autres choses qui se font ailleurs. Ça s'adapte. Donc, oui,
santé-sécurité.
M. Noël
(Philippe) :En quelques secondes, je
compléterais en disant aussi, tu sais, dans les produits en agroalimentaire,
des semences qui proviennent d'autres provinces, alors que sur certains
produits comme la pomme de terre, qui pourraient causer des maladies, ça, c'est
quelque chose qu'on souhaiterait éviter. Donc, tout ce qui... dans la réflexion,
là, sur les exclusions, là, tout ce qui limite les impacts économiques au
Québec et qui pourrait même, à la limite, favoriser l'économie du Québec, tu
sais, ça devrait être ça qui devrait être pris en considération dans les exclusions,
selon nous.
Mme McGraw : Donc, la
priorité, évidemment, favoriser l'économie, mais vous reconnaissez qu'il va y
avoir des exceptions pour des raisons de santé et de sécurité, protection du
public, effectivement. Donc, ce serait... ça représenterait des exceptions lorsqu'on
traite de la reconnaissance des qualifications professionnelles, donc moins
automatiques, ou prendre en considération tout ce qui est protection du public,
vous le reconnaissez, juste pour être clairs.
M. Pageau (Stéphane) : Oui,
oui. Tout à fait, tout à fait. Puis c'est pour ça qu'on n'a pas de
recommandation pour annuler tous les articles qui... les dispositions
législatives qui permettraient la gestion par règlement, mais néanmoins la
justification de ces exceptions-là doit être vraiment limitée à la santé-sécurité,
protection du public.
Mme McGraw : Le rôle qui est
confié à l'Office des professions du Québec est quand même central. Est-ce que
vous croyez que l'ordre... je ne sais pas si vous avez une position là-dessus,
est-ce que vous croyez que cet ordre-là dispose des ressources et du mandat
suffisants pour assurer efficacement cette responsabilité, si la reconnaissance
n'est pas automatique?
M. Pageau (Stéphane) : Mais nous
n'avons pas fait de recommandation sur cette section-là du projet de loi, parce
qu'on croit, en tout cas, que l'Office des professions a déjà ce mandat-là, de
vérifier que les ordres professionnels fassent leur travail. Et la manière dont
le projet de loi était, la seule... le seul bémol que nous avions, c'était
encore la question de la disposition ou l'article, là, qui est le troisième
article, je pense, du projet de loi, mentionnait que le gouvernement pouvait un
peu passer par-dessus par règlement. Cela dit, nous n'avions pas de craintes
particulières sur la question de l'Office des professions parce que c'est son
travail et qu'elle le fait déjà.
Mme McGraw : Il me reste à
peine deux minutes, donc je reviens plus aux macros. Est-ce que vous croyez que
le projet de loi, dans sa forme actuelle, aura un impact réel et rapide sur la
fluidité du commerce et la mobilité de la main-d'œuvre? Est-ce que ce projet de
loi devrait être accompagné par d'autres réformes pour être encore plus
efficace? Et d'autres commentaires si vous ajoutez en conclusion.
M. Noël
(Philippe) :Bien, nous, évidemment, tu
sais, c'est un pas en avant, c'est un énoncé très clair pour réduire au maximum
les barrières au commerce interprovincial. Donc, les règlements qui vont
découler par la loi vont être vraiment importants, c'est ce qu'on dit d'entrée
de jeu. On a nommé tout à l'heure, dans nos échanges avec le ministre, une
série de barrières interprovinciale. Il y en a assurément d'autres. Donc, il
faudrait s'attaquer par la suite à ça et voir s'il n'y a pas d'autres
dispositions législatives qui pourraient contribuer, justement, à aider d'autres
entreprises québécoises à mieux percer le marché canadien.
Mme McGraw : Donc, alors le
président m'indique qu'il reste une minute, est-ce que vous aurez d'autres
sujets, ou recommandations, ou points que vous voulez élaborer en conclusion que
vous n'avez pas eu la chance d'e souligner? Je vous offre le reste de mon
temps.
M. Pageau (Stéphane) : Oui,
en fait, bien, c'est ça, il n'y a pas eu de question sur la question de la
construction, mais il a été déjà mentionné que la construction se ferait... serait
l'objet même de ces exceptions-là que nous avons mentionnées. Mais on réitérait
une recommandation qu'on avait dans le passé lors de l'étude du projet de loi
sur le projet de loi n° 51. En fait, il faut harmoniser un peu plus les
métiers de la construction. On voudrait que la CCQ soit mandatée à cet effet...
M. Pageau (Stéphane) : ...puisque
ça demeure un des secteurs de l'économie... d'abord, les plus centraux, les
plus... où il n'y a plus d'effet sur l'économie, mais également là où il y a le
plus de restrictions par rapport au nombre de métiers notamment, et une grande
pénurie de main-d'œuvre, là. Les postes vacants continuent d'augmenter dans ce
secteur-là. Alors, je prends cette minute-là pour mentionner cette section-là
de notre mémoire.
Le Président (M. Laframboise) : Merci.
Merci, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Je cède maintenant la parole au
député de Saint-Jérôme. Vous avez 2 min 38 s.
M. Chassin :Merci, M. le Président. Merci à vous deux et tant pour
votre mémoire que votre présentation, je pense que c'est très clair. Il y a,
évidemment, je pense, dans l'industrie de la construction, là, pour commencer
par la fin en quelque sorte, un... Il y a une certaine déception, en fait, de
ma part, à tout le moins, là, par rapport au projet de loi n° 51. On
espérait que le nombre de métiers allait être réduit, puis effectivement on
mandatait la CCQ. Est-ce que vous, vous avez des nouvelles de la CCQ? Est-ce
que les procédures de reconnaissance ont avancé?
M. Pageau (Stéphane) : Pas à
ce que je sache, mais il y a certainement des travaux. Là, je ne voudrais pas
m'avancer vraiment sur votre question parce que je ne suis pas à l'intérieur
des murs à ce niveau-là, mais certainement, il y a... les métiers sont encore
au nombre de 26, et il y a certainement du travail qui se fait. Et je pense que
c'est... Ill y a une réflexion sérieuse même à la CCQ, là, là-dessus.
Néanmoins, ça demeure... comme on le disait dans le mémoire, là, ça demeure
important pour nous qu'il y ait une certaine forme de libéralisation de ce
marché-là, là.
M. Chassin :Oui, surtout avec les ambitions du gouvernement, je
comprends tout à fait. Puis...
M. Pageau (Stéphane) : Mais
l'exception n'est pas encore faite, alors...
M. Chassin :Oui, exact. Et puis, évidemment, on voit aussi dans
l'entrée en vigueur que, dans le fond, le projet de loi entre en vigueur au
moment de sa sanction, sauf les articles 2 à 9, mais c'est pas mal tout le
projet de loi, en fait. Mais on... Est-ce qu'on donne, là, dans le fond, au
gouvernement, la possibilité de travailler pendant longtemps sur des
réglementations?
M. Noël
(Philippe) :Bien, si le gouvernement est
intéressé vraiment, comme il le démontre actuellement, à alléger les barrières
interprovinciales, bien, il va falloir qu'il mette ça en application le plus
rapidement possible. Puis, quand on parlait de lever l'incertitude, surtout
dans le contexte actuel, là, d'incertitude économique, bien, tu sais, de
clarifier les intentions du gouvernement, bien, ça prend des règlements le plus
rapidement possible, ça prend une adoption du projet de loi le plus rapidement
possible aussi pour pouvoir aller de l'avant puis réduire les barrières. Plus
on retarde ça, plus ça a un impact économique, plus on se prive d'opportunités
dans le marché canadien.
M. Chassin :Puis, peut-être en terminant, je souligne que je trouve
intéressant votre mécanisme, là, soit avoir un délai maximal, soit idéalement
de le reconnaître d'emblée puis, ensuite, d'avoir un processus peut-être pour
le régulariser, mais que ce soit reconnu d'emblée, comme le permis de conduire.
Moi, je trouve que c'est tout à fait souhaitable parce que... Le ministre a
parlé de la volonté puis du leadership du gouvernement actuel d'aller de
l'avant rapidement puis de faire que cette reconnaissance et ce libre-échange
soit le plus complet possible, mais, comme il l'a lui-même dit, est-ce que
cette volonté, ce leadership vont survivre au prochain gouvernement?
Le Président (M. Laframboise) : Merci,
M. le député.
M. Chassin :Et là la question se pose.
Le Président (M. Laframboise) : Merci
beaucoup, M. le député. Donc, je vous remercie, Messieurs. Vous êtes des fiers
représentants de la Fédération des chambres de commerce du Québec. Je vous
remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre aux prochains témoins de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 40)
(Reprise à 10 h 44)
Le Président (M. Laframboise) :
Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de Manufacturiers et
Exportateurs du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à commencer
votre exposé.
Mme White (Julie) : Merci
beaucoup, M. le Président. Julie White, PDG de Manufacturiers et exportateurs
du Québec. Et je suis accompagnée de Jolyanne Gagné, qui est conseillère
principale en affaires publiques et relations gouvernementales. Donc, merci
beaucoup de nous recevoir aujourd'hui, chers membres de la commission, pour
parler du projet de loi n° 112 et de faire valoir la
voix de Manufacturiers et exportateurs du Québec.
D'entrée de jeu, je veux souligner
l'arrivée du ministre dans ce dossier. On a eu un changement d'interlocuteur,
on est bien content et on est toujours disposé à collaborer avec vous dans ces
dossiers-là. Donc, le secteur manufacturier, c'est l'un des piliers de notre
économie, il emploie plus de 5 500 personnes au Québec. Il contribue
pour 12,3 % du PIB. Plus de 86 % de nos exportations,
13 600 entreprises allant de la... de toutes les tailles, là, allant
de la PME jusqu'à la très grande entreprise, à nos grands fleurons québécois
notamment. Chaque dollar généré dans nos usines entraîne presque un autre
dollar de retombées chez nos fournisseurs et dans l'économie générale. On est
au cœur de l'économie québécoise. En 2024, c'était 219 milliards de ventes
que nous avons générées via nos entreprises. Ce ne sont pas seulement des
acteurs économiques, c'est des entreprises qui soutiennent l'activité de nos
communautés, de nos régions, de notre prospérité collective. M. le ministre,
vous le savez bien, dans la majorité des régions, les entreprises
manufacturières, c'est le cœur de nos villages, donc c'est un secteur qui est
majeur.
Comme vous le savez aussi tous, on est
grandement touché par les tarifs douaniers américains et la situation actuelle.
Depuis la guerre tarifaire... bien, particulièrement les dernières semaines, on
a eu, oui, une accalmie pendant certains mois, mais on a des sous-secteurs qui
sont particulièrement touchés par des nouveaux tarifs depuis le mois d'août,
qu'on pense à la liste de produits d'acier et d'aluminium qui s'est allongée,
aux tarifs supplémentaires sur le bois, sur les cabinets de cuisine, les
armoires de salle de bain, les camions. Donc, on a une pression qui est très,
très forte dans certains sous-secteurs.
Depuis le début de la guerre tarifaire, on
demande au gouvernement, à Québec et à Ottawa, on est égalitaires dans nos
demandes, équitables, de s'assurer de contrôler ce qu'ils peuvent contrôler. Le
président américain, on n'a pas la solution pour ses déclarations, mais on peut
contrôler l'environnement d'affaires que l'on offre à nos entreprises. C'est
pourquoi on parle régulièrement de certaines mesures, que ce soit les TET...
Mme White (Julie) :
...entendu parler souvent là-dessus d'un véritable accès aux contrats publics.
On avait encore un exemple un peu dommage ce matin par rapport aux éoliennes ou
encore l'accès au financement rapide pour la modernisation des entreprises.
Mais parmi les éléments qui affectent l'environnement d'affaires des
entreprises manufacturières, il y a aussi la question des barrières
interprovinciale qui nous occupe aujourd'hui avec le projet de loi n° 112.
Il ne devrait pas être plus complexe de faire affaire dans une province
canadienne que de faire affaire aux États-Unis ou dans toute autre juridiction.
En ce sens, nous accueillons favorablement le projet de loi qui envoie un
signal fort. Le Québec veut lever les barrières interprovinciales et renforcer
la fluidité de son marché intérieur. La mécanique qui est choisie aussi de
reconnaissance mutuelle, pour nous, c'est la meilleure, la plus simple, versus
la question de l'harmonisation de l'ensemble des règles ou de l'uniformité de
l'ensemble des règles. Maintenant, pour que le projet de loi n° 112
atteigne l'ensemble de ses objectifs, on a... On souhaite attirer votre attention
sur trois points de vigilance dans les circonstances.
Le premier, c'est la question des
exemptions. Évidemment, le projet de loi prévoit que, normalement, il devrait
avoir une reconnaissance mutuelle, sauf... sauf exception qui serait discutée
avec les différents ministères dans les différents dossiers. Maintenant, le
projet de loi ne peut pas et ne doit pas devenir une porte ouverte à des
dérogations tous azimuts. Trop d'exemptions, c'est ce qui ferait de vider la
réforme de sa substance et de réduire considérablement les gains attendus? On
comprend que certaines situations puissent l'exiger, mais chaque exemption ne
devrait pas non seulement être connue publiquement, mais justifiée publiquement
pour qu'on comprenne bien et qu'on puisse avoir les motifs clairs de ces
choix-là du gouvernement. Évidemment, si l'exception devient la règle, bien, il
n'y a plus de règles. Donc ça ne sert à rien.
Deuxièmement, pour ce qui est de la
mobilité interprovinciale et des professions qui sont soumises au Code des
professions, on est en mise beaucoup sur l'Office des professions ce rôle de
surveillant de la volonté des ordres. Malheureusement, on l'a vu dans le passé,
les ordres professionnels se sont très peu ouverts. On a le rapport récent du
commissaire à l'admission aux professions notamment, qui démontre plusieurs
barrières encore à la reconnaissance des professions. L'Office des professions
a des délais très, très longs des traitements. Je peux... Il y a plusieurs
exemples dans l'espace public un peu sur différents dossiers. Donc, c'est bien,
ce qui est dans le projet de loi, mais si on souhaite vraiment qu'on ait cette
capacité-là à l'Office des professions de faire respecter ça, je pense qu'il y
a une question de ressources, puis une question d'alignement aussi qui doit
être fait. On a, tous ici, je pense, on est de bonne foi là-dedans et on le
souhaite, que ça le fasse, mais si ça ne suit pas sur le terrain, on va avoir
des difficultés à faire avancer le tout. Vous savez, dans le secteur
manufacturier, on a des enjeux de main-d'œuvre importants. On a à peu près
11 000 postes vacants en ce moment. Dans ces postes vacants là, il y
a beaucoup de postes, notamment en génie. Dans ce type de profession là, il
faut s'assurer qu'on puisse aller rapidement de ce côté là.
• (10 h 50) •
Troisièmement, la question de la
réciprocité. Évidemment, ce projet de loi là, avec ce projet de loi là, Québec
démontre l'exemple, se positionne en tant que leader pour abaisser les
barrières interprovinciales. Mais nos entreprises doivent sentir que cet effort
est partagé ailleurs au Canada. Une ouverture en ce... Une asymétrie pourrait
potentiellement se créer où on a des produits qui peuvent rentrer au Québec,
mais pas aller dans les autres provinces. Ça fait que c'est important de le
prendre en considération. Il faut continuer à travailler dans les forums
intergouvernementaux. Il faut qu'on continue à travailler pour que cette
démarche-là soit partagée et mesurable à l'échelle pancanadienne. C'est
important pour nous. Il pourrait y avoir une application progressive en
fonction des différentes provinces qui adoptent ce type de mesures là. Ça
pourrait être considéré par les parlementaires, mais soyons clairs, le
leadership du Québec est bienvenu. Il faut qu'il y ait un premier qui fasse le
pas. Et on est contents que le Québec le fasse peut-être juste dans la volonté
de travailler avec les autres provinces pour que ça s'accélère de leur côté
aussi. C'est nécessaire.
En conclusion, c'est une avancée
importante le projet de loi no° 112 qu'on a devant nous. Est-ce que ça va
tout révolutionner l'économie et changer la vie complète de nos entreprises
manufacturières? Pas nécessairement. On va faire des gains à certains niveaux,
mais ça fait partie de l'ensemble des mesures qu'on doit mettre en place pour
assurer un environnement d'affaires plus simple et plus clair pour nos
entreprises. Et c'est l'addition de ces mesures-là qui va faire une réelle
différence dans un contexte qui est particulièrement...
Mme White (Julie) : ...difficile
économiquement. Merci.
Le Président (M. Laframboise) : Merci,
merci beaucoup, Mesdames, pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer
la période d'échange. M. le ministre et député de Beauce-Sud. La Beauce.
M. Poulin : Bien sûr!
Le Président (M. Laframboise) : La
Beauce et les contraintes. Ça a toujours... en tout cas mon expérience passée,
là. La parole est à vous pour 16 minutes 30 secondes.
M. Poulin : Merci, M. le
Président. Et, vous avez raison, c'est la fonction la plus importante, d'être
d'abord député de notre comté. Je salue Mme White, Mme Gagné. C'est un plaisir
de vous retrouver. Les Exportateurs et Manufacturiers du Québec sont entre
bonnes mains avec votre expertise et vos connaissances à la fois des rouages
gouvernementaux mais également de l'économie et des enjeux qui concernent les
régions du Québec. Parce qu'on en a parlé, évidemment, ce projet de loi là vise
à aider et à appuyer beaucoup d'entreprises qui se retrouvent dans les régions
du Québec.
De la façon dont le projet loi a été
construit, effectivement, il y a... tu sais, il y a deux pans. Il y a le permis
sur permis. Puis on pourra peut-être en parler davantage, sur la notion de
reconnaissance de métier, parce que, la construction, elle est visée à
l'intérieur de ce projet de loi là. C'est important de le dire. Évidemment, on
ne vient pas changer les règles de la Régie du bâtiment puis on ne vient pas
changer l'environnement d'affaires de l'industrie de la construction. Mais je
peux vous dire que mon collègue, le ministre du Travail est extrêmement
sensible à cet enjeu-là. Mais quand même, à l'article trois... chapitre trois,
section un, article trois, où on vient dire quand même que tout ce qui est
autorité de réglementation, autorisation d'exercice et travailleurs qualifiés,
ils doivent le reconnaître. Alors, si on a quelqu'un qui œuvre dans un métier
reconnu dans une province, il va pouvoir le faire. Alors, ça, je tiens juste à
le cadrer parce que je n'ai pas eu l'occasion de revenir à ce niveau-là.
La réciprocité. Vous avez entièrement
raison. Parce qu'évidemment le Québec peut jouer son rôle de leader, de
dire : Entrez chez nous, mais on doit aller chez vous également. Et on
n'est pas à l'abri de changements de gouvernement dans des provinces qui
pourraient être extrêmement protectionnistes. Alors, c'est pour cette raison-là
qu'on travaille présentement à réviser la lettre, cette entente entre les
provinces, on souhaite le faire dans les prochaines semaines, les prochains
mois, pour essayer d'obtenir cette réciprocité-là.
Et je suis d'accord avec vous. Si jamais
une province fermerait ses frontières d'une certaine façon, il faut être
capables, nous aussi, de pouvoir agir et réagir. Et c'est un peu pour cette
raison-là qu'on se laisse un pouvoir réglementaire. Puis vous pourrez peut-être
rebondir sur ce que j'ai à dire. Dans la mesure où on a parlé tout à l'heure
des semences en matière de pommes de terre, par exemple, où on a des enjeux
avec le MAPAQ en matière de santé, de salubrité, alors ce pouvoir réglementaire
là d'exception serait, et je le dis et je le mentionne, en cas assez
exceptionnel. Maintenant, vous le savez, vous avez été dans l'appareil
gouvernemental, les ministères et organismes, peuvent nous dire : Oui,
mais chez nous, ça, c'est important, puis chez nous, ça, c'est important.
Alors, notre objectif est vraiment d'y aller en situation assez exceptionnelle,
en situation où les objectifs sont légitimes, et non pas commencer à ce que ça
devienne un peu n'importe qui qui fasse des exceptions. Puis finalement,
quelqu'un veut venir chez nous, puis regarde l'environnement réglementaire du
Québec, puis il dit : Je ne rentre pas ici, la porte... il y a trop de
choses derrière la porte, là. Déjà qu'on a le fait français, on n'en a pas
parlé, mais le fait français est préservé à l'intérieur de cette loi-là. Et il
est correct. Il est légitime. Et je le défends, là. Je ne suis pas en train de
l'excuser, bien au contraire. Mais il n'en demeure pas moins que l'objectif
est... assez d'être assez exceptionnel en matière du règlement. Et, ça, je
tiens à vous le dire. Sans compter qu'on pourrait avoir des nouveaux
gouvernements du Québec dans les prochaines années qui jugent que tel élément
ne doit pas entrer ici. Alors, ça, je tiens à vous le mentionner.
Maintenant, est-ce qu'il y a... Puis je
reviens sur le permis, permis sur l'Office des professions du Québec.
Évidemment, le mandat qu'on leur donne, c'est d'être actifs, c'est d'être
proactifs et c'est de travailler avec les ordres professionnels assez
rapidement pour faire tomber le maximum d'éléments. Selon... De ce que j'en
comprends, selon vous, l'Office n'aurait pas l'ensemble des outils pour pouvoir
le faire?
Mme White (Julie) : Je vais
répondre à ça puis je vais rebondir après sur le reste.
M. Poulin : Oui. Oui.
Mme White (Julie) : La
réalité et l'expérience des dernières années avec l'Office des professions
démontrent des délais très longs de traitement de dossiers, des enjeux de
s'assurer de la fluidité. Il y a des dossiers qui traînent, des demandes
d'examen de nouvel ordre professionnel, d'ajout pouvoir, de changement de
formation qui traînent depuis des années et des années à l'office.
Donc, moi, quand je regarde ça, j'ai une
inquiétude et je me dois de lever un drapeau de scepticisme par rapport à la
capacité de l'office d'ajouter quelque chose de supplémentaire dans ses
dossiers et de le faire dans des délais et dans une rapidité d'action qui sont
nécessaires pour avoir des impacts réels et rapides sur l'économie. Moi, c'est
ça que je vous dis aujourd'hui. Ce n'est pas... C'est... C'est une analyse des
dernières années de l'expérience. Je vais le dire en anglais, le «backlog» à
l'Office des professions est extrêmement important. Il y a eu des
investissements qui ont été faits dans les dernières années pour que...
Mme White (Julie) : ...ça
allait plus rapidement, mais il y a encore beaucoup de choses qui sont
pendantes depuis très longtemps. Donc, si on ajoute quelque chose
supplémentaire, il faut qu'on s'assure qu'ils soient capables de le faire. Et,
à cette étape-ci, aujourd'hui, je doute de leur capacité d'être capables de le
faire dans les délais... dans des délais raisonnables, on va le dire comme ça.
M. Poulin : Parfait. Vous
dire, évidemment, qu'on reconnaît aussi beaucoup de métiers qui sont en dehors
du Code des professions. Donc, ça, c'est important. Et j'ose m'avancer que,
pour les exportateurs, manufacturiers du Québec, beaucoup, beaucoup des
éléments sont hors Code des professions. Certains le sont, mais certains ne le sont
pas. Donc, ça, ça pourrait aider, effectivement.
Mme White (Julie) : Oui, ça
pourrait aider, effectivement, et on le reconnaît. Maintenant, ce n'était pas
un drapeau, c'est que je ne vous l'ai pas levé dans le mémoire, mais c'est
clair qu'on a aussi des métiers qui ne sont pas des métiers qui sont sous
l'égide du Code des professions. Donc, on pourrait avoir un avantage face à
certaines provinces et avoir... d'être capable d'aller chercher un bassin de
main-d'oeuvre qui est nécessaire dans ces circonstances-là.
Si vous me permettez de revenir sur vos
commentaires précédents, M. le ministre...
M. Poulin : Oui, absolument.
Mme White (Julie) : L'ALEC,
vous l'avez souligné, on est en train de le réviser, puis je pense qu'on doit
s'inspirer un peu de ce qui a bien marché ou ce qui a moins bien marché dans le
cadre de l'ALEC, et c'est là mon... que je m'en allais. Le... Institute a fait
une analyse, une note sur l'ALEC, et note que la longue liste d'exemptions qui
est prévue a fragilisé la crédibilité de l'accord, et explique en partie
pourquoi on n'est pas arrivé à avoir ce véritable libre-échange canadien.
Donc, c'est sûr que, si on reparle des
exceptions qui pourraient être mises de l'avant... vous avez parlé des pommes
de terre, c'est moins dans mon domaine, mais c'est sûr que la santé, la
sécurité, la protection du public, ça fait partie des éléments qui devraient
être considérés à titre d'exceptions... que ça se fasse par règlement aussi, il
faut assurer une certaine facilité d'action. Je ne pense pas qu'on peut faire
une commission parlementaire à chaque fois qu'il faut qu'on décide d'une
exemption. Je pense qu'il faut que ça... que vous ayez, comme gouvernement,
l'agilité de le faire. Il faut que ça soit analysé par... de cas... voyons, cas
par cas, mais il faut de la transparence et de l'explication sur pourquoi c'est
fait. Sinon, l'appareil gouvernemental étant ce qu'il est, chacun va vouloir
garder son petit trésor de son côté puis ses règles, puis ça ne bougera pas. Il
faut éviter cette inertie-là. Et c'est pourquoi on dit qu'au-delà de la liste
les ministères et organismes devraient être imputables de justifier les
demandes des exemptions... tu sais, d'avoir à quelque part, là, dans le site du
gouvernement. Comme ça, on va pouvoir analyser aussi la population plus
globalement, pourquoi ils demandent ces exemptions-là.
• (11 heures) •
M. Poulin : Si vous me
permettez, M. le Président... entièrement d'accord. Ça se fera par voie de
règlement, 45 jours, publication, puis, avant même que ça entre dans le
règlement, il y aura une analyse sérieuse qui est faite.
Mme White (Julie) : Parfait.
M. Poulin : Puis, en même
temps, vous venez de mettre le doigt sur un élément hyperimportant. Dans le
cadre de l'ALEC, si on a des gouvernements, dans d'autres provinces, qui
deviennent hyperprotectionnistes, où le Québec se lancerait dans une démarche
référendaire qui ferait en sorte qu'on voudrait réviser nos relations avec les
autres provinces... c'est d'où l'importance de quand même se conserver un
pouvoir réglementaire à l'intérieur de la loi.
Alors, je comprends les oppositions et je
comprends les groupes de le soulever. Vous dites, vous n'êtes pas contre le
pouvoir réglementaire que le gouvernement se laisse dans la loi : Mais
faites attention sur la façon dont vous l'appliquez. Mais on pourrait
peut-être, dans les 12, 20, 30 prochains mois, ce que je ne souhaite pas du
tout, lancer le Québec dans une démarche référendaire... mais où on pourrait
dire : Bien, on va avoir une attitude protectionniste face aux autres
provinces, parce que ce ne sont plus des partenaires canadiens, ce sont
maintenant pays à... le Canada devient, en fait, un autre pays. Alors, ça, il
faut y penser et se laisser cette voie réglementaire là également dans le futur.
Mais je suis d'accord avec vous qu'il faut jouer notre rôle de leader de
libre-échange, il faut le signifier.
Mais, tout à l'heure, vous avez parlé du
fédéral. Avez-vous eu des échanges avec le gouvernement fédéral? Là, Dominic
LeBlanc vient d'avoir cette nouvelle fonction là. Nous avons... Nous avons
l'intention de se rencontrer, évidemment. Mais est-ce que... parce que... Puis
on l'a vécu ensemble, Mme White, là, où on a eu une première salve de tarifs en
janvier, février, mars, qui a sonné le gouvernement fédéral. Aujourd'hui, bon,
Mark Carney est à Washington, on va voir comment ça se passe. Mais est-ce que
le fédéral ne devrait pas jouer son rôle auprès de certaines provinces pour lui
dire : Je comprends tes avis, là, mais tu as un devoir de faire tomber le
maximum de barrières entre eux... entre vous?
Mme White (Julie) : Oui. Mais
c'est clair que le fédéral a un rôle à jouer là-dedans. On avait senti, là,
avant l'élection fédérale, beaucoup... la dernière élection, beaucoup
d'ouverture à faire avancer ce dossier-là, les discussions allaient bon train.
Maintenant, on espère qu'on relance un petit peu ce dossier-là, qu'on se mette
en mode accélération. Oui, le fédéral a un rôle à jouer, mais, je pense, le
Québec...
11 h (version non révisée)
Mme White (Julie) : ...le
Québec a souvent été précurseur dans beaucoup de domaines, hein, dans beaucoup
de dossiers de ce type-là, on a été de l'avant, on a été les premiers à
avancer. Je pense que c'est bien qu'on le fasse, mais, oui, il y a un rôle du
fédéral. Est-ce que je sens que c'est la priorité en ce moment? Je dirais que
ça fait partie de la liste de dossiers, mais ce n'est peut-être pas la priorité
numéro un. Maintenant, on leur demande beaucoup de choses aussi de notre côté,
donc je... on a plusieurs éléments à travailler avec eux. Il faut qu'on
continue tous ensemble parce que ça ne marchera pas si, chacun de notre bord,
on tire la couverte puis on y va à des vitesses différentes. Le fédéral doit
être un catalyseur pour s'assurer que tout le monde va à la même vitesse de ce
côté-là.
M. Poulin : Exactement. Parce
qu'au rythme des tarifs que nous avons... Tout à l'heure, nous parlions des
camions, une entreprise ici, Paccar, très importante au Québec, d'ailleurs dans
la région de notre président de commission parlementaire, puis.. Tout à l'heure,
on en a parlé, mais j'aimerais aussi vous entendre là-dessus sur :
Avons-nous les contacts suffisants? On a un bureau du Québec à Toronto. On a
des gens dans les Maritimes, on a des gens dans l'Ouest canadien. Mais moi, je
le remarque, évidemment, comme député de Beauce-Sud, jamais qu'une entreprise
de Saint-Georges avait appelé au bureau du Québec à Toronto pour comprendre le
marché puis l'environnement réglementaire. Là, je vais vous avouer qu'ils le
font. Et on est avec eux puis on les accompagne. Mais je suis intéressé à vous
entendre. Parce que j'aurai beau faire tomber toutes les barrières
commerciales, j'ai besoin de vous pour les communiquer à nos entreprises, pour
démontrer peut-être ces nouveaux marchés là qui sont plus faciles, ou la
reconnaissance du permis. Sur les permis, vous parliez des TET. Je ne dis pas
que l'Ontario va remplacer les TET, ce n'est pas ça que je dis, mais il y a
peut-être une opportunité dans les prochaines semaines ou prochains mois pour
nos entreprises, est-ce que... puis on va les équiper, là, dans nos bureaux du
Québec ou dans le reste du Canada. Mais est-ce qu'on n'aura pas un devoir très
important à faire à la suite du projet de loi pour bien communiquer les outils
à nos entreprises sur lesquelles elles disposent maintenant pour pouvoir
développer les affaires au Canada?
Mme White (Julie) : Bien, c'est
un excellent... L'exemple de Paccar ce matin, qui est un de nos membres d'ailleurs,
est très préoccupant. Il y en a d'autres aussi, là, des tarifs qui ont été
annoncés. Sur le bois, les cabinets de cuisine, les armoires de salle de bains,
on a des membres, comme Miralis, Cabico, pour lesquels il y a beaucoup de
difficultés en ce moment. Le cas des armoires de cuisine est un peu particulier
parce qu'il y a du dumping chinois. Donc, le gouvernement pourrait agir assez
rapidement pour régler la situation s'il était dans cette... en tout cas, on
leur demande de le faire. Mais il y a beaucoup de difficultés. Et c'est dur
pour tout le monde de se retrouver dans la situation globale des tarifs. Il y a
beaucoup d'informations qui circulent, il y a beaucoup d'informations qui
circulent à travers les médias. Il y a des choses qui sont entendues
publiquement. Quand le projet de loi, par exemple, a été déposé, là, il y a des
gens qui comprennent que c'est déjà fait, qu'on s'en va... tu sais. Ça fait qu'il
y a beaucoup, beaucoup... Et même, plus globalement, là, dans la situation
tarifaire, tous les programmes d'aide, toute la situation, c'est difficile pour
les entreprises sur le terrain de se démêler dans la situation, puis ce n'est
pas de la mauvaise foi, je pense que tous les gouvernements ont essayé de bien
communiquer au maximum avec les gens. Nous, on a reçu des gens, notamment d'Investissement
Québec, la Caisse de dépôt, en webinaire pour essayer d'expliquer à nos membres
c'est quoi, les mesures, etc. Mais les gens qui sont sur le terrain, là, vous
le savez, vous le voyez, là, tu sais, ils sont concentrés sur leurs opérations,
ils essaient de trouver des solutions, puis là, tu sais, ils arrivent quand ça
prend un mur. Donc, il y a beaucoup d'information qui a circulé. Oui, il y a un
effort de communication qui doit être fait supplémentaire, mais on est là. En
passant, on peut servir de catalyseur, là, avec plaisir, on le fait beaucoup
notamment. Puis, comme je vous disais, on a été sollicités des différents
intervenants dans le gouvernement pour qu'ils nous partagent l'information pour
qu'on puisse le transitionner vers les membres. Ça fait partie de notre mission
aussi de nous assurer qu'ils sont bien informés. Est-ce que les bureaux du
Québec, c'est la meilleure solution? Je ne le sais pas. Maintenant, il y a
quand même différents éléments qu'on peut faire, puis on serait prêt à
travailler avec vous puis regarder comment on peut aller chercher plus
directement nos entreprises manufacturières qu'ils connaissent mieux ces
règles-là, ça va nous faire plaisir.
M. Poulin : Oui. Puis...
Effectivement, puis ce n'est pas toujours une mission à Toronto qui va tout
changer, c'est tellement niché. Puis la perte de contrats aux États-Unis, que
ce soit en camionnage ou autre, fait en sorte qu'on doit... vite. Puis il faut
se le dire, si tout le monde se replie sur le marché canadien, c'est aussi une
compétition canadienne que l'on crée, donc un accès de marché qui n'est pas
facile. Puis vous parliez tout à l'heure de nos entrepreneurs. Tu sais, oui, on
a plein de programmes gouvernementaux, puis j'en annoncerai d'autres dans les
prochaines semaines à ce niveau-là, notamment pour les PME, mais tout l'enjeu
des codes HS puis des codes aux douanes, moi, je suis devenu un spécialiste de
ça, qui rend tellement compliqué pour nos entreprises... les sortes de couleurs
et tout. Donc, c'est très difficile. Alors, oui, je vais avoir besoin de vous à
la suite de ce projet de loi là pour mieux travailler avec les autres. Puis j'imagine
que vous avez des homologues dans les autres provinces en termes d'organisation,
oui?
Mme White (Julie) : Et on
fait partie du grand chapeau qui est Canadian Manufacturers & Exporters, ça
fait qu'on travaille avec les autres provinces de ce côté-là aussi. Ça fait que
c'est que c'est sûr que ça peut être une façon...
Mme White (Julie) : ...de
collaborer. Mais c'est sûr que ce n'est pas simple pour les entreprises, vous
avez mis le doigt sur quelque chose. On parle peut-être des contrats aux
États-Unis, mais si tout le monde se retourne vers le marché canadien, on n'est
vraiment pas dans un marché d'une même taille, hein, ça fait que...
Il faut voir qu'il y a des opportunités
pour des entreprises, de se retourner vers le marché canadien, mais ce ne sera
pas toutes les entreprises qui vont pouvoir compenser leur ralentissement de
contrats aux États-Unis ou leurs pertes par le marché canadien. La taille est
tellement différente. Il y a aussi des produits très spécialisés qui se font
spécifiquement pour les États-Unis, ou à cause de la taille du marché
américain. D'ailleurs, les armoires de cuisine, c'est un exemple, là, presque
tous les produits sont exportés aux États-Unis, parce que le marché est juste
plus petit au Canada. On vend ce qu'on est capables de vendre ici mais le reste
ne peut pas, non plus, se vendre à l'intérieur du Canada.
Donc, oui, c'est une bonne opportunité,
d'ouvrir le marché canadien, mais, comme je disais d'entrée de jeu, c'est une
des solutions dans le panier de solutions qu'on a pour soutenir nos
entreprises. Je pense qu'il ne faut pas le voir comme une solution magique non
plus.
Le Président (M. Laframboise) :
50 secondes.
M. Poulin : ...secondes? En
terminant... Et j'ai... je vais mandater nos équipes là-dessus. Je n'étais pas
un pro des contre-tarifs, puis on s'en est souvent parlé. Mais j'aimerais
surveiller... Depuis la fin des contre-tarifs, est-ce qu'il y a plus
d'Américains qui sont rentrés sur le marché canadien faire compétition à nos
entreprises? Parce que moi, j'ai eu des témoignages d'entreprises très, très
importantes au Québec, qui m'ont dit : Arrête de dire d'enlever les
contre-tarifs, c'est bon, j'ai des Américains qui ne soumissionnent plus.
Avez-vous remarqué, dans les dernières semaines, davantage d'Américains rentrer
ici?
Mme White (Julie) : ...je ne
l'ai pas remarqué, mais moi, j'avais... j'avais des membres qui m'ont dit la
même chose que vous, mais j'ai aussi beaucoup de membres qui m'ont dit que ça
mettait une pression très, très élevée sur leurs coûts de production, à cause
des intrants.
M. Poulin : Des intrants, oui,
OK.
Mme White (Julie) : Donc, ce
n'est pas... ce n'est pas un pour un, admettons, je vais le dire comme ça.
M. Poulin : Merci beaucoup.
Le Président (M. Laframboise) : Merci.
Merci, M. le ministre. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, pour 10 min 24 s.
• (11 h 10) •
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Et merci à Mmes White et Gagné d'être avec nous aujourd'hui, votre participation,
en présentiel, pour votre présentation, Mme White, et ainsi que votre mémoire.
Vous avez cité l'Institut C.D. Howe. D'ailleurs, parmi nos consultations avec
des experts, en amont de ce projet de loi, on a rencontré un des recherchistes,
Ryan Manucha, et on a eu une bonne discussion, d'ailleurs. Le Québec est perçu
comme l'économie peut-être la plus protectionniste au Canada, et ce que vous
proposez, c'est d'aller dans le sens contraire, de jouer un rôle avant-gardiste
au sein de la fédération canadienne, ce qui n'est pas... ce qui n'est pas le...
Comme vous avez soulevé, le Québec est souvent à l'avant-garde, mais dans le
domaine de... du commerce intérieur, on est perçus comme assez
protectionnistes, puis on ne parle pas nécessairement de la langue française...
ça, c'est prioritaire, mais, entre autres.
Donc, est-ce que vous pouvez nous parler
plus de comment vous voyez votre proposition d'un rôle plus affirmé dans les
instances gouvernementales? Pour nous, c'est de la musique à nos oreilles,
évidemment. Vous avez parlé de la... bon, du Conseil de la fédération, le
Secrétariat canadien au commerce intérieur. On aimerait vous entendre plus
là-dessus, pour le rôle du Québec, s'assumer au sein de la fédération
canadienne en matière de commerce intérieur.
Mme White (Julie) : Oui,
merci, Mme la députée, ça fait plaisir d'être avec vous aussi aujourd'hui. La
question de l'apparence de protectionnisme, ou le véritable protectionnisme,
pour moi, et pour avoir discuté avec d'autres provinces, d'autres représentants
de provinces, il est souvent lié à la langue. Je pense qu'il faut qu'on soit
prudents de ce côté-là. Pour nous, il est important de préserver ce facteur-là,
et qu'on ne devrait pas... on ne devrait pas se... baser notre impression sur
la langue. Mais c'est correct. Je tiens à le souligner parce que c'est
important pour nous.
Maintenant, il y a eu différents moments,
il y a différents... c'est un dossier... En passant, là, les barrières
interprovinciales, on en parle beaucoup à cause du contexte tarifaire, puis
tant mieux, hein, parce que, si le contexte tarifaire nous permet peut-être de
régler des dossiers dont on parle depuis 20, 30, 40 ans au Québec et au
Canada, ça sera quelque chose duquel on sortira peut-être un peu plus gagnants.
Maintenant, il y a eu différents gouvernements, il y a eu différentes choses
qui ont été faites pour... à différents niveaux. C'est sûr qu'on souhaite que
le gouvernement soit plus affirmatif. Dans les derniers temps, on l'a vu
beaucoup, le Québec semble avoir repris sa place sur ces forums-là, d'être...
de l'avoir poussé à cause du contexte tarifaire. Maintenant, notre crainte est
la suivante, c'est que, là, le contexte tarifaire, bon, il est encore là, mais
on n'en parle peut-être un peu moins publiquement, on passe à d'autres
priorités, puis, comme on l'a fait, je vais dire, après la COVID, bien, on
passe à un autre sujet, puis on change le discours...
Mme White (Julie) : ...puis on
change le discours. Maintenant, c'est le temps de le faire là. Si on ne le fait
pas là, je ne pense pas que ça va arriver un jour, parce qu'on a eu toutes les
occasions dans les 20, 30, 40, 50 dernières années pour le faire. On a eu
la pandémie. On était sûrs, après la pandémie, là, que les questions de
barrières interprovinciales, d'achat local, tout cela, on allait régler ça
parce qu'on était très, très sensibilisés à ça. Il y a des avancées qui ont été
faites à certains niveaux, mais le changement de paradigme n'a pas été opéré
encore. Donc, c'est important pour nous que, oui, on le fasse ici, à
l'Assemblée nationale, comme on le fait aujourd'hui, mais qu'on s'assure d'en
faire une priorité dans nos représentations, dans les différentes autres
instances qu'on a, notamment avec les autres provinces, mais aussi avec le
gouvernement fédéral.
Ceci dit, je l'ai dit tantôt, le
gouvernement fédéral a aussi un rôle très, très important à jouer là-dedans. Ça
doit être quand même un gouvernement qui s'assume, et qui joue son rôle de
gouvernement d'une fédération, et qui met la pression nécessaire sur les
provinces plus récalcitrantes pour qu'on puisse avancer dans cette direction
là.
Mme McGraw : Et je suis
d'accord pour dire qu'il ne faut pas gaspiller une crise et il faut vraiment...
c'est un moment charnière et c'est une opportunité pour le Québec et le Canada
de vraiment s'assumer, de profiter effectivement de ce défi existentiel,
économique et existentiel.
Vous avez parlé avec le ministre de bureau
puis un rôle... le rôle de votre organisme ici au sein du Québec, mais vous faites
partie d'une association encore plus large au Canada, il y a non moins de huit
ou neuf bureaux aux États-Unis, délégation québécoise aux États-Unis, j'ai eu
la chance, là, de visiter quelques-uns en tant que représentante de l'Assemblée
nationale, avec d'autres formations au sein Council of state government,
National council of state legislatures, on a deux bureaux au Canada... au
Québec, pardon, oui, au sein du Canada. Là, vous avez dit peut-être qu'il y
aurait un rôle que vous pouvez jouer. Donc, je trouve ça très intéressant
pour... au niveau de l'information, au niveau d'opportunités économiques pour
les entreprises. Est ce que vous voyez... là, on parle du rôle du Québec au
sein du Canada, est-ce que vous voyez peut-être un rôle pour des délégations
Québec au sein... ailleurs au Canada que Toronto? Je crois que c'est Toronto,
Ottawa...
Une voix : ...
Mme McGraw : Maritimes. C'est
ça. Dans l'ouest?
Une voix : ...
Mme McGraw : Et Vancouver.
Vancouver. Mais est ce qu'un rôle plus... Je ne sais pas si vous êtes... Mais
c'est peut-être une question pour le ministre. Est-ce qu'un rôle plus robuste,
ou peut-être d'autres délégations, d'autres bureaux... Comment est-ce que vous
voyez ça?
Mme White (Julie) : C'est une
excellente question. Puis, pour moi, les bureaux, les bureaux dans les
provinces n'ont peut-être pas le même rôle, là, de développement économique
dans le passé que d'autres instances. Puis il ne faudrait pas non plus
dédoubler des choses qu'on a déjà mises en place, des nouvelles structures qui
ne sont pas nécessairement connues ou efficaces. Je pense qu'on a beaucoup de
façons de communiquer avec les entreprises. Oui, il y a les associations comme
nous, mais on a aussi Investissement Québec, on a les bureaux de Services Québec,
il y a beaucoup de façons de le faire pour voir ces nouvelles opportunités-là,
qui ont déjà peut-être un petit peu plus le rôle économique au cœur de leur
mission. Et c'est peut-être vers là qu'on devrait se retourner.
Là, je réfléchis un peu à voix haute, là,
avec votre question, mais il y a déjà de l'expertise au gouvernement, beaucoup
en termes de développement économique. On a déjà des partenaires importants.
Nos entreprises travaillent avec Investissement Québec au jour le jour,
travaillent avec des... Services Québec aussi. Peut-être que c'est plus vers
là, où qu'il y a déjà des gens, déjà des gens qui connaissent notre tissu
industriel, notre tissu manufacturier, qui pourraient peut-être être mieux
équipés pour établir ces liens-là, plutôt que de créer quelque chose de nouveau
qui n'est peut-être pas dans la même direction qu'on souhaiterait, là.
Mme McGraw : Merci. Vous avez
aussi parlé, bon, la capacité limitée de l'Office des professions du Québec à
faire respecter la mobilité. Là, vous avez parlé de renforcer leurs capacités,
mais, si je comprends bien, ce n'est pas juste une question de renforcer, vous
vous questionnez sur le fait qu'il y a des ajouts, des choses qui sont
imprévues, je veux dire... Donc, d'un côté on renforce l'office, mais est-ce
qu'il y a un problème qui est plus profond, un défi plus profond que la
mobilité? Est-ce que c'est un problème secondaire comparé à la... par exemple,
la productivité? Alors, pourquoi, selon vous, cette question de capacité
limitée de l'office est si cruciale? Et est-ce qu'il y a d'autres causes ou
enjeux sous-jacents?
Mme White (Julie) : Mais,
écoutez, c'est sûr que si on veut que la loi qu'on est... dont on est en train
de discuter là aie pleinement ses effets, il faut que l'office soit capable
d'intervenir, ait le leadership, au besoin, si les...
Mme White (Julie) : ...les
ordres professionnels ne font pas leur travail en termes de mobilité et qu'ils
soient capables d'aller jusqu'au bout de ce rôle-là.
Maintenant, ce qu'on remarque dans
l'espace public, dans différents types de dossiers, l'office, ce n'est pas
nécessairement l'organe gouvernemental le plus agile, le plus rapide d'action.
Et malheureusement, bien, le drapeau que je voulais vous aujourd'hui, c'est de
vous dire : Oui, c'est bien, c'est normal qu'on se retourne vers l'office.
Si on regarde les missions, là, de tous et chacun, dans l'organigramme
gouvernemental, ça fait du sens qu'on aille vers l'office. Mais il faut qu'il y
ait un changement, peut-être, de paradigme à l'office, qu'on se mette en mode
action rapide, suivi. Je veux dire, pour vrai, ce n'est pas la première fois
qu'on entend parler, là, d'enjeux de reconnaissance mutuelle sur les permis. Je
veux dire, on a des différents exemples partout, et l'office a quand même un
certain pouvoir d'action auprès des ordres et il ne le fait pas.
Donc, ma question, c'est : Est-ce
qu'ils vont vraiment vouloir le faire? Est-ce qu'ils ont le personnel pour le
faire? Je pense qu'on doit s'assurer de mettre toutes les chances de notre
côté, qu'on s'assure que l'Office soit... au moins qu'il ait les ressources nécessaires
pour le faire s'ils ne l'ont pas actuellement.
Le Président (M. Laframboise) : 1
min 15 s, Mme la députée. Il vous reste 1 min 15 secondes.
Mme McGraw : ...est-ce que
vous pensez... Au niveau de la réciprocité réelle avec les autres provinces,
évidemment, on ne veut pas que ça devienne un désavantage compétitif, qu'est-ce
que vous avez dit. Donc, quoi faire de plus pour... que devrait faire le
Québec, à part des règlements, si la réciprocité ne se réalise pas?
Mme White (Julie) : Je pense
qu'on doit quand même aller de l'avant parce que je pense que ça prend au moins
un leader dans la fédération canadienne qui part le bal. Il va y avoir du...
peut-être une période de temps où que ce sera progressif dans les autres
provinces et qu'on peut adapter par règlement, là, notre réciprocité de façon
temporelle. Maintenant, s'il n'y a personne qui part la marche pour ouvrir, on
n'y arrivera jamais.
Donc, oui, je le mets comme un signal, là,
qu'il faut faire attention, qu'il faut s'assurer d'avoir une certaine
souplesse. Mais il faut quand même se dire collectivement qu'on doit aller de
l'avant. Le gouvernement en Ontario travaille sur ces choses-là. Il y a des
gouvernements aussi dans les provinces maritimes qui sont engagés dans des démarches
similaires. On devrait peut-être commencer par ces provinces-là qui ont déjà
entamé leur transition. Et, après ça, bien, évidemment, toute la question de la
représentation dans nos différents forums est nécessaire pour qu'on puisse
arriver à un consensus pancanadien.
Le Président (M. Laframboise) : Merci.
Merci beaucoup. Donc, merci, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Verdun pour trois minutes 28 s.
• (11 h 20) •
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Je remercie pour votre présentation Mme White et Mme Gagné.
J'ai deux questions. La première, c'est
concernant les exceptions. Vous nous dites que chaque exception doit être
justifiée publiquement. Donc, j'aimerais ça vous entendre. Qu'est-ce qui
justifie une exception selon vous?
Puis, lorsqu'on... on le fait
publiquement, bon, bien sûr, on est pour la transparence, mais ceci incite
également des débats publics et peut créer soit des contestations ou des gens
qui ne seraient pas d'accord lorsqu'on cherche peut-être à préserver une
particularité économique ou préserver un secteur en particulier. Ça fait que
j'aimerais ça vous entendre un peu plus là-dessus.
Mme White (Julie) : Oui. Puis
c'est important, on veut de la transparence, il faut le faire de la bonne
façon. Je pense que c'est... c'est normal. Il pourrait y avoir une page
Internet, là, du gouvernement qui explique les exceptions, d'avoir ces
éléments-là.
Maintenant, si on parle des éléments qui
pourraient justifier des exemptions, évidemment, la santé, la sécurité, la
protection, je veux dire, du public plus globalement, en fonction de différents
éléments, ça fait partie des thèmes qu'on regarderait.
Maintenant, je vous l'ai dit, je ne suis
pas spécialiste de tous les domaines. Puis quand le ministre me parlait...
parlait plus tôt des semences de pommes de terre, tu sais, moi, je ne suis pas
capable d'analyser pourquoi il faudrait qu'on ait une exemption pour les
semences de pommes de terre. Donc, puis je ne suis pas la seule personne,
probablement. Ça fait que si la liste est très, très longue, puis qu'on se dit
pourquoi, il risque aussi d'y avoir de l'incompréhension de la part du public.
D'où la nécessité d'avoir cette transparence-là de notre côté. Ce n'est
peut-être pas simple, faire face à de la transparence, mais des fois ça peut
aider aussi à expliquer pourquoi une liste a un certain nombre de produits.
Mais il faudrait évidemment, dans un monde idéal, que ce soit une liste qui est
assez restreinte. Si chaque ministère arrive avec une liste à n'en plus finir,
bien, ça ne changera rien, ce projet de loi là. Il faut qu'on s'assure que le
message soit passé directement aussi aux différents ministères et organismes.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Merci beaucoup pour votre réponse. Ma deuxième question, c'est... On parlait
tantôt de réciprocité, des règles qui peuvent être asymétriques. Des fois ce
qu'on observe lorsqu'on cherche soit à homogénéiser ou adapter les
réglementations dans...
Mme Zaga Mendez : ...dans
deux juridictions différentes, c'est qu'il peut y avoir des compromis ou des
choses qui sont... en fait, qu'on appelle du nivellement vers le bas en ce qui
concerne les droits du travail ou les droits en matière de protection ou, vous
avez dit, du public ou en environnement. J'aimerais ça vous entendre sur cette
tension-là qui peut exister, si vous la voyez dans... auprès des membres que
vous représentez.
Mme White (Julie) : Auprès
des membres qu'on représente, on ne la sent pas. Au Canada, on a quand même
certains types de règles, notamment en termes de droit du travail, qui sont
plus... qui sont... qui permettent d'avoir une certaine, je vais dire,
protection de nos travailleurs. Est-ce que tout est parfait? La réponse est
non, mais, au moins, le moyen qui est choisi dans ce projet de loi là de la
reconnaissance mutuelle plutôt que d'avoir une harmonisation globale des
règles, qu'on prenne, admettons, une règle pancanadienne, on préfère
l'harmonisation pour qu'on puisse... la reconnaissance mutuelle, excusez-moi,
pour qu'on puisse garder nos spécificités et s'assurer de ce qu'on contrôle,
sur notre territoire, on puisse le contrôler. Je pense que le défi serait
beaucoup plus important si on se disait : Nous allons trouver des normes
pancanadiennes de produits pour l'ensemble des produits...
Le Président (M. Laframboise) : Merci...
Mme White (Julie) : ...là je
pense qu'on entrerait dans un autre type de discussion.
Le Président (M. Laframboise) : ...merci.
Merci beaucoup. Merci, Mme la députée de Verdun. Maintenant, je cède la parole
au député de Saint-Jérôme pour 2 min 38 s.
M. Chassin :Merci. Merci beaucoup à vous deux pour la présentation et
le mémoire. Et puis je vois vos trois points de vigilance, je commence par les
exemptions, peut-être avec une question un peu générale, mais sans une liste,
sans connaître d'avance la liste complète des exemptions qui sera transparente,
là, mais... parce qu'on ne les connaît pas d'avance. Est-ce qu'on est certain
qu'il s'agit, avec ce projet de loi là, d'une avancée indéniable?
Mme White (Julie) : L'avancée
va être indéniable quand tout va être mis en œuvre, tu sais, je pense que la
journée que le projet de loi est adopté avant qu'on ait les règlements, on
n'aura pas encore tout le plein potentiel. Maintenant, c'est quand même une
avancée dans la vision gouvernementale du Québec, et ça, je pense que c'est
quand même un pas important.
M. Chassin :Excellent. Puis pour l'Office des professions, à moins que
je ne me trompe, là, le projet de loi n° 112 ne modifie pas le Code des
professions. Est-ce que ça pourrait être quelque chose comme une avenue de
mettre, dans le Code des professions et le mandat de l'office, explicitement la
responsabilité ou la mission de la mobilité de la main-d'oeuvre?
Mme White (Julie) : C'est un
point intéressant puis, je pense, ce serait à analyser. Je ne suis peut-être
pas la spécialiste complète de l'office, mais c'est sûr que vous m'avez
entendue, on a un certain scepticisme par rapport à la portée de l'office en ce
moment, par rapport aux ordres dans ce type de dossiers là. Donc, ce serait
quelque chose qui pourrait être analysé, effectivement.
M. Chassin :
Puis là je vous soumets que le groupe, avant vous, a proposé quelque chose.
Donc, la FCCQ proposait un mécanisme où, pour le permis sur permis... la
reconnaissance, en fait, pour la mobilité, la main-d'œuvre, au lieu d'avoir à
déposer, ça fait reconnaître, dans le fond, une validation de son permis d'exercice,
que ce soit reconnu par défaut puis qu'on régularise la situation. Et, s'il y a
un long délai, ce sera la responsabilité, dans le fond, du corps réglementaire,
parce qu'on va pouvoir, en attendant... un peu comme le permis de conduire est
reconnu un peu partout. Est-ce que ça peut être un mécanisme intéressant?
Mme White (Julie) : Ça peut
être intéressant, mais il faut quand même être prudent dans la façon dont on le
fait. Il y a une raison pourquoi on demande parce qu'on veut s'assurer quand même
qu'on respecte certaines règles, notamment liées à la santé et sécurité au
travail, dans les lieux. Il y a quand même ce type d'élément là. Maintenant,
est-ce qu'on peut s'assurer de quelque chose de très rapide? Je ne vois pas
pourquoi on ne serait pas capable d'être rapide. Par exemple, on peut avoir
déjà une grille d'analyse qui est presque, d'emblée, prête, et ça devrait être
quasiment automatique pour nous, ce processus-là. Il ne devrait pas avoir de
délais si importants si on a la preuve d'un permis ou d'une autorisation
ailleurs. Il ne devrait pas avoir de délai entre les deux. Donc, en le
déposant, ça devrait être très rapide de l'autre côté.
Le Président (M. Laframboise) :
Merci. Merci beaucoup. Je vous remercie, Mmes White et Gagné, pour la
contribution de Manufacturiers Exportateurs du Québec aux travaux de la
commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre aux prochains témoins de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 26)
(Reprise à 11 h 31)
Le Président (M. Laframboise) : Je
souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de la Fédération canadienne
de l'entreprise indépendante. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à commencer
votre exposé.
M. Vincent (François) : M. le
Président, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, bonjour. Je me nomme
François Vincent. Je suis vice-président pour le Québec de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante. Je suis accompagné aujourd'hui de
Vincent Pâquet, qui est analyste principal des politiques et le rédacteur du...
principal du mémoire, Illona Sevré, qui est analyste des politiques, et Maud
Larivière, conseillère principale en relations publiques. Vous avez quasiment
tout le bureau de la FCEI avec vous. On voit tout l'intérêt qu'on porte à ce
projet de loi.
La FCEI, c'est le plus gros regroupement
de PME au pays. On a 100 000 membres et on en a 22 000 au Québec. Ce
sont des hommes et des femmes qui ont choisi d'investir ici, dans nos régions,
et qui créent de l'emploi localement. De la microbrasserie artisanale de la
Beauce à la PME manufacturière...
11 h 30 (version non révisée)
M. Vincent (François) : ...de
Laval, en passant par la boutique de quartier de Chicoutimi. En fait, les PME
sont le cœur qui fait battre l'économie du Québec et des régions. À titre d'exemple,
95 % des entreprises ont moins de 50 employés. Quand on regarde les
entreprises de moins de 500 employés, bien, c'est le deux tiers des
emplois du secteur privé.
Nous vous remercions aujourd'hui de nous
accueillir dans le cadre de la consultation du projet de loi n° 112, Loi
favorisant le commerce des produits et la mobilité de la main-d'œuvre en
provenance des autres provinces et des territoires du Canada. C'est une réforme
cruciale parce qu'elle est une réponse à la guerre commerciale avec les
États-Unis. C'est aussi une réforme cruciale, parce qu'elle touche à un
paradoxe, nos entreprises affrontent chaque jour des barrières commerciales non
pas avec des pays étrangers, mais au sein de nos propres provinces voisines.
Les barrières interprovinciales freinent directement nos PME.
Selon nos données, c'est 87 % des PME,
au Québec, qui souhaitent que les obstacles au commerce intérieur
disparaissent. Plus de la moitié affirment que leur élimination créerait de
nouvelles occasions d'affaires. Puis 35 % disent qu'il est long et coûteux
de vérifier si leurs produits respectent les exigences entre les provinces. Ce
n'est pas une question seulement administrative, c'est aussi une question de
compétitivité. Comme j'affirmais il y a quelques instants, c'est une réponse
aussi à la crise qu'il y a avec les États-Unis, parce que la première mesure
qui est prise par les PME au Canada, en réponse à ce qui se passe aux
États-Unis, c'est de se trouver un nouveau fournisseur ou un nouveau client au
sein même du Canada. Les PME se tournent vers le marché canadien. Il est donc
névralgique de s'assurer de réduire les embûches pour qu'elles puissent y
arriver. C'est ici que le projet de loi n° 112 vise juste. C'est ici que
le projet de loi n° 112 veut faire une différence positive.
Au nom de la FCEI, je tiens à saluer le
leadership du gouvernement du Québec, du ministre Christopher Skeete, qui a
fait un travail colossal pour déposer ce projet de loi, à son équipe, le sous-ministre
Youri Rousseau et son équipe de fonctionnaires, au directeur de cabinet, Michel
Philibert également, et au ministre Samuel Poulin, qui assurera de le concrétiser,
ce qui est déjà un grand travail, faire ces consultations-là puis de le mettre
en application. C'est un projet de loi propre, plusieurs des recommandations et
constitue une avancée majeure. La reconnaissance unilatérale de produit, un
produit conforme dans une province doit pouvoir être vendu au Québec sans
formalités supplémentaires. C'est une règle simple, logique, efficace.
La mobilité professionnelle. Un
travailleur reconnu comme qualifié en Alberta ou en Colombie-Britannique doit
pouvoir exercer son métier ici sans passer par une batterie d'examens ou de
démarches. Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre, c'est essentiel, puis
la transparence réglementaire. Toute restriction devra être justifiée. Ça
limite les barrières. Ce sont des gestes qui vont dans le bon sens, et nous
appuyons ce projet de loi et ces mesures. Je cède maintenant la parole à
Vincent, qui va aller plus loin, mais plus en détail dans certaines
dispositions du projet de loi et de nos recommandations.
M. Pâquet (Vincent) : Aujourd'hui,
ces barrières ne font qu'alourdir la paperasse et réduire les marges de
manœuvre des entrepreneurs. On le sait que la paperasserie réduit la
productivité des PME et qu'elle est inversement proportionnelle à la grandeur
de l'entreprise. Plus l'entreprise est petite, plus le poids est lourd. Les
gains potentiels du projet de loi sont immenses. Selon l'analyse d'impact
réglementaire du gouvernement, l'élimination des barrières pourrait générer
entre 25 et 45 milliards de revenus additionnels pour les entreprises
québécoises. Nous saluons le projet de loi qui va dans la bonne direction et
nous demandons de le renforcer. N'oublions pas que la Banque Nationale évalue
que les barrières actuelles équivalent à un tarif de 25 % pour le commerce
interprovincial au Québec.
D'abord, sur l'alcool. Pourquoi en exclure
un produit qui fait consensus, pour protéger le monopole de l'État? À cet
égard, ce sont 81 % des PME qui souhaitent permettre aux Canadiens de
commander librement de l'alcool d'une province à l'autre. De plus, 72 %
des propriétaires de PME croient que les détaillants privés devraient pouvoir
vendre le même produit alcoolisé que la SAQ, et 74 % pensent que les
boissons alcoolisées vendues directement par les producteurs ne devraient pas
être assujetties aux taxes et aux majorations de la SAQ. Ne pas inclure d'alcool
dans ce projet, c'est laisser intact l'un des plus gros irritants commercial.
Ensuite, le secteur de la construction. Le
Québec fait bande à part, le secteur le plus réglementé avec 25 corps de
métiers, des conventions...
M. Pâquet (Vincent) :
...contraignantes, des quotas qui restreignent la mobilité et un monopole
syndical. Résultat, notre propre surréglementation rend impossible de
reconnaître les métiers. Comment reconnaître des métiers qui n'existent pas au
Canada? D'ailleurs, il y a moins de métiers dans le reste du Canada et pourtant
leurs maisons et infrastructures sont sécuritaires. Ayant été personnellement
récemment en Ontario, je peux même le confirmer, que l'état de leurs routes
était plus agréable pour la suspension de mon véhicule et aussi pour mon dos.
Ce sont 83 % des PME qui disent que la modernisation est nécessaire pour
l'ensemble de l'économie. On invite le gouvernement à continuer sa
modernisation du secteur. Je cède la parole à François Vincent.
M. Vincent (François) :
Quant aux ajouts, nous vous demandons de faire comme l'Ontario et lors du dépôt
du projet de loi et faire tomber les exceptions à la... Le Québec a fait
beaucoup là-dessus et a réduit significativement, mais on est encore la
province qui en a le plus et ça fait très mal à la province dans notre bulletin
des provinces que nous publions annuellement. Si le gouvernement craint les
risques de faire tomber les exceptions, je tiens à le rassurer, l'Ontario
les... L'Ontario les a retirées de la... Puis, à ce que je sache, son économie
tient toujours. Mais au-delà des barrières interprovinciales, il faut aussi
regarder dans notre propre cour. Le Québec a souvent des distinctions
réglementaires uniques au pays. On peut penser à la Loi des décrets de
conventions collectives qui impose un coût supplémentaire à
10 000 PME pour un total de 47 millions de conformités
annuellement au critère unique des 5 500 heures rémunérées pour
accéder au taux d'impôt réduit des PME, qui exclut injustement les plus petites
entreprises et qui fait exploser l'impôt des plus petites entreprises des
secteurs des services et de la construction aux nouvelles obligations sur la
protection des renseignements personnels qui créent un coût additionnel aux
entreprises sans équivalent ailleurs au Canada, puis aux nouvelles règles en
matière de réparabilité qui imposent un volume imposant de papier.
Ces mesures, souvent bien intentionnées,
finissent par rendre nos entreprises moins compétitives que celles de
l'Ontario, du Nouveau-Brunswick ou de l'Alberta, etc. On peut réduire les
barrières interprovinciales. On peut aussi assurer qu'on a qui en a inscrit pas
des supplémentaires pour nos propres entreprises. En conclusion, le projet de
loi n° 112 est un pas décisif pour ouvrir le marché canadien aux PME
québécoises. Mais il faut aussi aller plus vite. Ce projet de loi ne doit pas
seulement réduire quelques irritants, il doit transformer en profondeur notre
environnement d'affaires et placer le Québec en tête de liste du marché
intérieur. Mesdames et messieurs, nous vous remercions pour votre écoute et
nous serons très heureux d'échanger avec vous.
Le Président (M. Laframboise) :
Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange, M. le ministre et député de Beauce-Sud, la parole est à vous pour
16 min 30 s.
• (11 h 40) •
M. Poulin : Merci
beaucoup, M. le Président. Je salue M. Vincent et la brigade qui
l'accompagne. Merci pour votre travail et votre mémoire fort étoffé. Je vais
parler d'alcool avant le député de Saint-Jérôme. Alors, je tiens à le
mentionner parce que c'est un sujet qui est très important. Puis vous avez
consacré dans votre mémoire une analyse qui est juste de l'environnement
réglementaire dans lequel on évolue au Québec. Et, évidemment, on a la SAQ,
société d'État qui permet de payer des routes. Et vous avez fait allusion à ça,
M. l'analyste, les routes qui étaient plus belles en Ontario, mais au Québec,
dans le comté de Beauce-Sud, ça s'est beaucoup amélioré depuis notre arrivée,
je tiens à vous le mentionner, et je suis convaincu que c'est la même chose
chez mes collègues. Il n'en demeure pas moins que la SAQ permet évidemment
santé, éducation, routes. Mais... Mais je suis d'accord avec vous, il faut
davantage travailler à alléger nos barrières commerciales, notamment au niveau
de l'alcool. D'ailleurs, vous n'êtes pas sans savoir parce que vous êtes membre
d'un comité fort important sur l'allègement réglementaire, que je suis dans la
préparation d'un nouveau projet loi pour l'allègement réglementaire au Québec.
Et je peux déjà vous dire, sans rien évidemment dévoiler, que l'alcool aura une
place importante.
Alors, sachez que votre travail, même s'il
est fait dans le cadre de ce projet de loi là sur les barrières commerciales,
il n'en demeure pas moins que nous allons lui accorder une importance
particulière lors de notre projet de loi. Évidemment que je dois parler avec
mon collègue de ministre des Finances, évidemment que je dois parler avec les
gens chez nous, mais sachez que vous avez une oreille attentive à ce niveau-là.
Et les différentes industries... J'étais avec la députée de Saint-François, la
semaine dernière, chez elle, où on rencontrait un microbrasseur notamment. On
s'entend, on comprend les enjeux que nous pouvons avoir. On est capables de
trouver certaines voies de passage sans remettre en question le monopole de la
SAQ. Puis c'est ce que notamment vous mentionnez à la page 9 de votre...
de votre mémoire.
Je voulais vous entendre parce que...
M. Poulin : ...on est à la
même place que vous, la Fédération des chambres de commerce y était, les
exportateurs et manufacturiers, sur cette fameuse liste d'exceptions
éventuelles. Vous avez fait référence à la lettre également tout à l'heure.
Vous dire que l'intention du législateur n'est pas de faire une liste
d'exceptions qui est énorme, qui est grande parce que l'objectif est d'être
libre-échangiste et de faire du libre-échange à son maximum. On est aussi
conscients que les barrières commerciales qui demeurent ne sont pas des
milliers ou des centaines, là. Il y a une possibilité que les entreprises entre
le Québec et l'Ontario fassent de la business, là. Présentement, nous achetons
des produits de l'Ontario, de l'Ouest canadien au Québec. Il y en a, là, des
échanges qui se font entre les provinces depuis plusieurs années.
Les enjeux que nous avons sont davantage
nichés. Exemple, on a parlé du permis sur permis. Alors, reconnaître les
travailleurs qualifiés, ensuite l'enjeu du Code des professions, ça, je serais
intéressé à vous entendre là-dessus, parce que c'est une bonne nouvelle pour
l'industrie manufacturière et nos PME lorsque, tout ce qui est en dehors du
Code des professions, nous jugeons à l'intérieur de ce projet de loi là qu'ils
puissent être reconnus, lorsqu'on parle de travailleurs qualifiés, on est à
l'article 3 de la loi. Alors, ça, je pense que c'est une excellente
nouvelle pour les PME. J'aimerais vous entendre. Et après ça, ce pouvoir
réglementaire là, je l'ai spécifié également un peu ce matin, et là je reviens
à l'enjeu des barrières commerciales, c'est dans des contextes extrêmement
précis, par exemple, de santé publique, où le Québec est très avancé notamment
sur la notion des pesticides. Je vois la députée de Notre-Dame-de-Grâce, qui
est une leader en environnement, qui est probablement très sensible aux enjeux
des pesticides. Le Québec est avancé dans cette juridiction-là comparé à
d'autres provinces canadiennes.
Puis je comprends que, par moment, on
dit : L'Ontario a moins de barrières commerciales, et j'en suis, puis je
serai toujours un militant pour s'harmoniser avec les autres provinces, mais,
en même temps, le Québec, des fois, a fait des avancées dans certains secteurs
qui méritent d'être spécifiés. Mais je suis d'accord avec vous qu'il y a des
avancées qui sont légitimes puis il y a des avancées qui nuisent aux PME. Puis
c'est ça qu'il faut séparer entre les deux. Ce n'est pas... qui doit venir
décider ce qui se passe à l'Assemblée nationale, mais des fois... ne sait pas
qui a raison puis nous autres, on est peut-être allés un peu trop loin. Ça fait
que c'est un jeu d'équilibrisme.
Mais ce règlement-là, puis je tiens à vous
le mentionner, sera publié. Il y aura des consultations. Et on veut vraiment
aller sur des objectifs qui sont légitimes dans un contexte, comme j'en parlais
également tout à l'heure, que personne n'est éternel et qu'il pourrait y avoir
un autre gouvernement, par moment, qui décide d'être plus protectionniste que
nous. Mais je vous le dis, notre intention est d'être le plus simple possible à
l'intérieur du règlement. Il y a tout un travail qui se fait présentement avec
les ministères et organismes. Et on a des yeux économiques lorsqu'on regarde le
tout, là. Les barrières commerciales, elles existent. Vos membres les subissent
de jour en jour. Parce qu'on disait tout à l'heure : Tout ce qui est à
l'intérieur de l'ACEUM n'est pas tarifé, mais tout ce qui est à l'extérieur
l'est, puis, avec l'acier, l'aluminium, le bois, on en ajoute. Alors, sur la
notion de règlement, j'aimerais vous entendre, j'aimerais vous entendre aussi à
nouveau sur les boissons alcoolisées et également sur l'enjeu, bien, des
relations avec l'Ontario, comment vous voyez le tout, parce que des fois, le
Québec, on a quand même une certaine avance à ce niveau-là.
M. Vincent (François) : Commençons
par le monopole d'État de la SAQ. Je pense que, pour s'améliorer, il faut être
capable des fois de penser en dehors du cadre, puis c'est ce qui va nous
permettre d'avoir des avancées, c'est ce qui va nous permettre collectivement
puis socialement d'aller... de faire plus puis de faire mieux. Je vais donner
l'exemple sur la reconnaissance mutuelle unilatérale que vous reprenez dans
votre projet de loi. Il y a quatre ans, cinq ans, on a fait un bulletin des provinces
puis on avait envoyé une lettre à l'ensemble des premiers ministres pour leur
dire : On va vous donner une bonne note si vous acceptez la reconnaissance
mutuelle. On faisait des rencontres avec les différents fonctionnaires de
l'ensemble des provinces et l'ensemble des politiciens. Chacun nous ont
dit : Oubliez ça, là, vous n'allez jamais gagner ça, c'est impossible, ce
n'est pas comme ça que ça fonctionne, puis etc., puis on a quand même gardé le
cap. Puis après ça, bien, il y a eu un changement de paradigme complet avec
l'élection du président américain puis le dossier du commerce interprovincial
n'a jamais accéléré autant en 18 mois que dans les dix dernières années.
Mais ça, il faut regarder à l'extérieur du carré de sable, puis on pense qu'on
peut le faire aussi au niveau de l'alcool. Tu sais, si je google, là, en 2018,
la Coalition avenir Québec avait proposé de mettre fin au monopole de la SAQ.
Et, si on regarde seulement les revenus, bien, est-ce qu'on pourrait peut-être
changer puis avoir une taxe plus importante puis libéraliser le marché puis
donc on va avoir autant d'entrées d'argent, mais moins de dépenses, on va avoir
moins de béton à payer, moins de fonctionnaires qui vendent de l'alcool? Je
vous encourage à continuer d'aller de l'avant avec votre d'omnibus d'allègement
réglementaire...
M. Vincent (François) : ...sur
l'alcool. Souvent, on regarde cette loi-là, puis c'est comme si c'était dans le
temps de la prohibition. Je me rappelle, puis je vais conclure là-dessus,
pendant la pandémie, ça a été super difficile de faire adopter des règles de
transport de l'alcool pour les restaurateurs. Puis, tu sais, je veux dire,
l'alcool, ce n'est pas... ce n'est pas des explosifs, là, tu sais, c'est des...
c'est des caisses de vin qui sont dans des boîtes, qui sont dans des camions,
qui s'en va chez les citoyens. Il y a des manières d'être capable de vendre,
puis savoir que la personne est majeure, puis etc. Puis il y a eu des avancées.
Puis c'est sûr qu'il faut protéger le public, puis etc. Maintenant...
M. Poulin : Vous me
permettrez juste une petite parenthèse, M. Vincent, sur l'alcool, parce que
vous dites... Je suis allé relire. 2018, j'avais travaillé là-dessus, où
effectivement on parlait de la fin du monopole de la SAQ. Mais, quand même,
depuis 2018, il y a une accessibilité puis différents modèles de vente d'alcool
qui s'est améliorée auprès des Québécois, que ce soit sur les vignobles, des
produits québécois sur des tablettes, les dépanneurs, les cavistes. Il y a
quand même eu une amélioration qui s'est faite depuis 2018.
M. Vincent (François) : Oui,
oui, je ne dis pas le contraire.
M. Poulin : Je tenais à vous
le mentionner. Et ça, c'est bon pour nos PME présentement. Est-ce que tout est
parfait? Non. Mais, somme toute, dans ce que vous venez de nous dire, dans le
souhait d'avoir un nouveau projet de loi sur l'allègement réglementaire... très
ouvert à faire des ajustements.
M. Vincent (François) :
Extraordinaire!
M. Poulin : Parfait.
M. Vincent (François) : Puis
les autres questions, je ne m'en rappelle plus.
M. Poulin : Ah! bien, je peux
recommencer. Alors... Non, non, c'est correct, c'est correct.
M. Vincent (François) : Peut-être
en rafale, là. Il y en avait eu sur permis sur permis, je pense, ou...
M. Poulin : Mais je
parlais... je parlais du règlement... du règlement, parce que je comprends
quand vous nous dites : Le gouvernement se donne un pouvoir de règlement,
ça pourrait être lourd, ça pourrait être long, etc. Moi, je veux vous rassurer
aujourd'hui sur l'élément que ce qui pourrait être, dans le règlement,
d'exception... parce que l'objectif, là, ce n'est pas nécessairement toujours
de faire un copier-coller sur l'Ontario, parce que, comme on me faisait
remarquer, l'Ontario peut enlever des exceptions mais garder leur
réglementation, vous comprenez? Comme moi, au Québec, je peux bien dire :
Venez tout le monde chez nous, mais j'ai des règlements de non-utilisation de
pesticides, de feux d'artifice, de tout ce que vous voudrez. Alors, le Québec
reste maître quand même de sa législation, et les municipalités aussi, dans
certains cas, avec d'autres autorités. Mais je... ce que je souhaite savoir de
vous, c'est votre vision sur le règlement.
Est-ce que vous nous dites, par
exemple : La semence de patates, on comprend... de pommes de terre, ce
sont des meilleurs mots, la semence de pommes de terre, on est d'accord, on
comprend, si le MAPAQ vous dit : Ça, là, il y a une maladie qui va nuire à
toutes nos PME, mettez-le dans le règlement, M. le ministre, on est d'accord
avec vous? Je veux savoir jusqu'où vous êtes prêts... au niveau du règlement.
M. Vincent (François) : Les
exceptions, je vous invite quand même à les enlever de l'ALEC. Je comprends que
la réglementation de l'Ontario, ce que vous me dites, elle n'a pas suivi la
même façon que ses exceptions à l'ALEC. Je vais communiquer ça à notre équipe
de la recherche à la FCEI. Mais, si vous faites la même chose qu'eux dans
l'ALEC, ça va envoyer un message clair puis ça va augmenter votre note dans le
bulletin du Québec significativement.
Sur la réglementation, c'est sûr que c'est
important que les ministères et organismes publics puis que l'État puissent
adopter des règles pour protéger le citoyen.
Maintenant, sur la semence de patates, je
ne suis pas un expert de semences de patates, mais, quand j'achète mon sac de
patates chez Maxi puis qu'il est marqué «patates du Canada», bien, ça se peut
qu'elles viennent de l'Île-du-Prince-Édouard. Puis là nous autres, on va
protéger une certaine semence mais va quand même acheter des patates qui
viennent d'une autre province. Puis, dans la...
• (11 h 50) •
M. Poulin : ...juste pour
dire : Il y a une différence entre acheter un bien sur le territoire
québécois et le planter sur notre terre. C'est juste la nuance que je veux
apporter.
M. Vincent (François) : Oui,
oui. Ça, c'est... Je comprends. Maintenant, il y a des... Puis ça, c'est une
recommandation que Vincent a amenée. Dans les analyses d'impact réglementaire,
il y a une section sur la compétitivité... je ne me rappelle plus c'est quoi,
le terme exact, là, mais il faut regarder par rapport à l'Ontario si on est
compétitifs. Bien, ça, cette section-là de l'analyse d'impact réglementaire
pourrait être améliorée, pour justement que, oui, quand on ait à faire un
règlement, on le fasse mais qu'on soit capables de se comparer avec les autres
provinces pour ne pas rentrer puis déconstruire par la porte d'en arrière ce
qu'on est en train de construire par la porte d'en avant.
M. Poulin : Tout à fait. Il
nous reste combien de temps?
Le Président (M. Laframboise) :
...minutes 45.
M. Poulin : 5 minutes 45.
Vouliez-vous ajouter quelque chose, M. l'analyste? Parce que j'ai compris que
c'était vous, tout le département.
M. Pâquet (Vincent) : Bien,
j'ai ma collègue ici, Illona, là, qui est aussi analyste. Mais, pour répondre à
votre question sur l'Ontario, par exemple, on a fait un rapport en 2023 avec
notre équipe de l'Ontario à savoir si les entrepreneurs de l'Ontario et les
entrepreneurs du Québec voulaient plus de collaboration entre les deux
provinces, et ils nous ont affirmé que oui, ils aimeraient ça parce que ça va
ouvrir plus de marchés, donc plus de business pour tout le monde. Mais l'un des
principal frein qui empêche, par exemple, les Ontariens de venir faire de la...
du commerce au Québec, bien, c'est la réglementation excessive qui existe au
Québec. Donc, le projet de règlement... le projet de loi est dans la bonne
direction parce qu'il va venir alléger ça. Donc, il va ouvrir la porte aux
autres provinces, aux autres entrepreneurs de venir au Québec.
M. Poulin : Mais...
M. Vincent (François) : ...
M. Poulin : Oui.
M. Vincent (François) : ...nos
entreprises sont plus présentes en Ontario que les entreprises ontariennes sont
présentes au Québec. Puis, dans la question qu'on avait posée, parce que
j'avais travaillé sur ce rapport-là, les PME du Québec voient... ils ont moins
de freins que...
M. Vincent (François) : ...les
entreprises de l'Ontario. Ça fait que, si on ouvre, il ne faut pas avoir peur
d'ouvrir les autres provinces. On ne va pas se faire envahir par les
entreprises ontariennes qui vont venir au Québec. Si on avait eu cette
perspective-là, quand on a fait l'ALENA, on n'aurait jamais rentré dans...
M. Poulin : Mais juste pour
dire, M. Vincent, parce qu'il y a beaucoup de choses qui se disent, l'Ontario a
déjà accès au Québec. C'est important de le dire. Là, il y a déjà des
entreprises ontariennes...
M. Vincent (François) : On
n'a pas dit qu'elles n'avaient pas accès au Québec.
M. Poulin : Non mais... Non
mais, parce que très souvent, on dit : Ah, ils vont venir nous envahir.
Ils ont déjà accès. Il y a déjà des ententes de libre-échange. La mobilité
canadienne se fait. Maintenant, est-ce que le Québec doit faire plus dans son
environnement réglementaire? Parce que moi, j'aurais aimé vous entendre sur
deux autres éléments, un, que permis sur permis, c'est une bonne nouvelle pour
nos PME, parce qu'on vient... en ce qui est en dehors du code de profession,
lorsqu'on parle d'emplois, par exemple, notamment manufacturiers, c'est une
bonne nouvelle à ce niveau-là où... .sur lesquelles on est capables d'avancer.
Et, en même temps, où on se dit : Bien oui, on joue notre rôle de leader
en termes de fédération canadienne, où les gens doivent entrer ici. Puis c'est
ce qu'on vient faire à l'intérieur de la loi, au niveau des produits qui
peuvent pouvoir entrer.
Donc, je comprends que vous êtes à l'aise
avec un règlement, un règlement qui maintenant n'en ajoute pas, plein
d'exceptions, qui vient davantage sur des enjeux de santé et sécurité. Alors,
ça, je vois que la FCEI, elle est d'accord, que la FCEI est d'accord avec la
notion de permis sur permis, et que la FCEI nous dit : Bien, regardez au
niveau de l'ALEC comment vous pouvez continuer d'assurer votre rôle de
leadership, donc que la FCEI accueille très favorablement le projet de loi.
M. Vincent (François) : Bien,
je pense, c'est 90 % de notre mémoire où on dit que c'est extraordinaire
comme projet de loi. Maintenant, ce qui nous a... ce qui nous a frappés, c'est
qu'on ne peut pas aller plus loin parce qu'on est freinés nous-mêmes par notre
propre réglementation. Exemple, le secteur de la construction, on ne peut pas
le reconnaître, parce que, comment on peut reconnaître quelque chose qui
n'existe pas dans les autres provinces? Mais, ça, je tiens à lever mon chapeau
pour tout ce que le gouvernement du Québec a fait, puis le gouvernement, en
matière d'allègement réglementaire, puis le député aussi de Saint-Jérôme, qui
était dans le premier plan. Vous avez fait quelque chose qu'aucun gouvernement
n'avait fait, de réduire le nombre de formalités. Vous avez fait des omnibus
d'allègements réglementaires. Puis maintenant vous prenez la voie de... vous
allez plus loin que d'autres provinces avec la reconnaissance mutuelle sur le
commerce interprovincial. Puis c'est ce qu'il faut faire. Il ne fait pas avoir
peur. Nos... Comme nos entrepreneurs, là, ils veulent créer la richesse, puis
il faut leur donner la possibilité de le faire. Donc, bravo, pour permis sur
permis.
Puis, l'essence de notre message,
c'est : allons de l'avant, mais maintenant, regardons aussi ce qui est
votre autre mission. Puis j'ai très confiance à qu'est-ce qui va... qu'est-ce
qu'est ce qui va arriver devant nous, surtout avec le discours d'ouverture du
premier ministre, qui veut s'attaquer à la bureaucratie et à la paperasse. Mais
essayons d'être les meilleurs aussi en matière de règlements pour nos propres
entreprises.
M. Poulin : Non. Tout à fait.
Puis c'est un message qui est également auprès de tous mes collègues ministres,
hein? Parce qu'on peut avoir un leadership évidemment, comme au ministère de
l'Économie, mais il n'en demeure pas moins que mes collègues... puis je ne veux
pas trop étendre aujourd'hui parce que ce n'est pas le sujet, mais on a bien
l'intention, dans notre prochain projet loi, d'assujettir certainement certains
éléments du gouvernement, de l'allègement réglementaire. Alors, on est là-dessus.
Il nous reste combien de temps, M. le...
Le Président (M. Laframboise) : Une
minute 30 secondes.
M. Poulin : 1 min 30 s. Je
conclurais en parlant des tarifs présentement. Parce qu'évidemment on a eu des
nouvelles annonces du gouvernement américain. On attend les détails comme tout
le monde. Et j'aimerais vous entendre sur... Depuis que le Canada a retiré les
contre-tarifs canadiens, qu'est-ce que vos entreprises vous disent? Moi, j'ai
les deux, là, évidemment, comme député et comme ministre, dans la mesure où
certains nous disent : Bien, c'étaient bons, les contre-tarifs, parce que
ça nous permettait de soumissionner à l'intérieur, les Américains n'étaient pas
là, d'autres nous disent : C'est... au contraire, c'est une excellente
nouvelle parce que notre matière première n'est plus assujettie aux tarifs.
Alors, j'aimerais nous entendre sur les contre-tarifs et sur les tarifs, s'il
vous plaît.
M. Vincent (François) : Sur
les tarifs, les petites entreprises importent plus qu'elles exportent. Dans les
sondages qu'on a faits, les impacts, il y avait plus d'entreprises qui étaient
affectées par les tarifs canadiens que par les tarifs américains, les PME.
Donc, c'était... c'était bien pour nous qu'on soulage d'une certaine façon cette
double pénalisation pour les petites et moyennes entreprises.
Quant aux tarifs, tu sais, j'ai fait une
présentation à Bishop's la semaine passée puis j'ai pris une photo, là, le
nombre de changements qu'il y a eus, là, tu sais, ça... c'est à en perdre son
latin. L'élément le plus important pour une entreprise, c'est la prévisibilité.
Comment voulez-vous être capable de faire un plan quand vous ne savez pas
qu'est-ce qui va se passer, quels nouveaux tarifs vont être visés, quand ils
vont être retirés, etc.? Puis, ça, ça se met par-dessus toutes les séries de
chocs que les PME ont subis depuis la pandémie... l'économie, augmentation de
l'inflation, augmentation des postes vacants et guerre tarifaire. Donc,
c'est... Je lève mon chapeau à tous les entrepreneurs du Québec.
Le Président (M. Laframboise) : Merci.
Merci beaucoup. Merci, M. le ministre. Maintenant, je cède la parole à Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce pour 13 minutes 52 secondes.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Je vais juste garder le temps. Et merci, Messieurs, pour la
présentation, pour votre présence, bien, en présentiel...
Mme McGraw : ...et le mémoire.
Donc, vous avez neuf recommandations et quatre supplémentaires pour aller plus
loin. Laquelle jugez-vous qui est la plus prioritaire?
M. Vincent (François) : C'est
vraiment une bonne... une bonne, une très bonne question. Moi, je dirais, il y
en a deux, il y en a deux. Tu sais, faire atterrir le projet de loi le plus
vite possible puis l'adopter. Je pense que ça, c'est un, là, adopter ça live.
La deuxième, se concentrer dans notre cour, puis, je dirais, d'abolir la loi
des décrets de conventions collectives. Ce n'est pas normal qu'on soit la seule
place en Amérique du Nord qui a des règlements par secteurs puis par régions,
qui imposent une taxe salariale supplémentaire aux entreprises, qui imposent un
rapport mensuel aux entreprises, qui imposent un ratio aux compagnons ou
apprentis, qui ne sont pas assujettis à la loi de l'accès à l'information, qui
sont juges et parties en même temps. Ça, ça ne devrait pas avoir sa place puis
le gouvernement devrait déposer, le plus rapidement possible, un projet de loi
pour abolir cette loi-là.
Mme McGraw : Parfait. Donc,
c'est très clair. Dans vos recommandations supplémentaires, il y a la nouvelle
loi pour protéger les consommateurs contre l'obsolescence programmée, etc.
Alors, vous décrivez ça un peu comme un... bien, vous vous inquiétez que ça
entraîne un fardeau supplémentaire pour les entreprises québécoises et une
perte de compétitivité comparativement aux PME des autres provinces. J'aimerais
vous entendre là-dessus.
M. Pâquet (Vincent) : Eh
bien, quand la loi a été adoptée en 2023, il y avait peu d'informations sur ce
que la loi en soi allait contenir, c'était beaucoup par voie de projets de
règlement qu'on allait prendre ça. Puis, comme mon collègue François Vincent a
mentionné, les PME ont besoin de prévisibilité pour pouvoir planifier leurs
marchandises, leurs emplois, leurs employés. Donc, on a appris, là, récemment
qu'est-ce qui allait figurer comme quels outils nécessaires pour réparer tel
bien, quel objet allait être garant d'une garantie légale de bon
fonctionnement, puis ils allaient devoir mettre un peu des feuilles pour
expliquer quel produit est... quel produit a une garantie et quel outil est
nécessaire pour la réparation. Donc, tout ça a apporté beaucoup
d'imprévisibilité pour les entrepreneurs, surtout les commerces, les commerces
de détail. Puis on sait que, souvent, les commerces de détail ont moins de
marge de manœuvre que les grands manufacturiers de ce monde. Donc, on voit
qu'il y a beaucoup d'incertitudes puis ça crée une perte de compétitivité parce
que les entrepreneurs ne savent pas trop où se mettre par rapport à ça.
• (12 heures) •
Mme McGraw : Les deux, vous
avez parlé de prévisibilité et l'importance de pouvoir prévoir pour pouvoir
planifier. Vous avez parlé de l'impact sur la productivité et la compétitivité.
Donc, au sein de ce projet de loi, quels amendements ou quelles suggestions
pour favoriser plus de prévisibilité pour les entreprises?
M. Pâquet (Vincent) : Eh
bien, c'est souvent les petites entreprises, les commerçants du coin, les réparateurs
d'ordinateurs, par exemple, qui sont assujettis à cette loi-là. Puis,
lorsqu'une personne décide de faire... justement, réclamer une garantie de bon
fonctionnement ou de vouloir réparer son objet, la personne doit passer par le
commerçant, alors que le commerçant, souvent, n'a pas les moyens d'honorer
cette garantie-là. Et c'est le fournisseur étranger qui devrait plutôt avoir
cette responsabilité-là au lieu de remettre le fardeau sur nos petits
commerçants.
Mme McGraw : Oui, c'était sur...
M. Vincent (François) : Sur
le projet de loi... ce projet...
Mme McGraw : ...je n'ai pas
été claire. Ce projet de loi, oui. Oui, oui, tout à fait.
M. Pâquet (Vincent) : Ah! OK,
pardon, pardon.
Mme McGraw : Merci quand
même.
M. Vincent (François) : Ce projet
de loi...
Le Président (M. Laframboise) : C'est
Mme la députée qui a la parole.
Mme McGraw : Oui. Bien,
écoutez, c'est juste pour... je pense qu'on est sur la même page. Puis,
désolée, je n'ai pas été claire, mais très intéressant quand même comme
réponse. Non, mais au niveau de ce projet de loi, parce qu'il y a des questions
sur... beaucoup se fait par règlement, il y a des exceptions. Tout ça, ça a un
impact sur la prévisibilité. Est-ce qu'on peut vous entendre plus sur comment
renforcer le projet de loi pour favoriser plus de prévisibilité pour les
entreprises?
M. Vincent (François) : Oui.
Bien, ce projet de loi fait partie d'un ensemble canadien. C'est à dire, si
Québec ne bouge pas, bien, les entreprises des autres provinces ne pourront pas
venir ici, puis la même chose pour les autres provinces. Mais pour qu'on puisse
y arriver, ça prend des lois qui sont déposées. Il y a eu sept ou huit
provinces qui ont déposé ou qui adopté des projets de loi. Ça change quoi au
niveau de la prévisibilité? Ça change que, bien, il y a... une entreprise va
pouvoir ici... d'aller dans le marché en Saskatchewan ou en Ontario puis ne pas
avoir à remplir des formulaires ou, etc. Une entreprise ici voudrait vouloir
embaucher un ingénieur ou un soudeur d'une autre province ou qui va pouvoir...
bien, pas le soudeur, par exemple, là, s'il...
12 h (version non révisée)
M. Vincent (François) : ...puis
assujetti à la R-20, il ne pourra pas, parce qu'on a décidé au Québec d'avoir
plus de règles puis de donner le monopole syndical au secteur de la
construction, mais ça, c'est un autre sujet. Mais ça, ça va permettre,
justement, à aider les entreprises à accéder plus facilement au marché canadien
puis offrir une meilleure prévisibilité.
Sur la construction, il y a une section
dans notre mémoire là dessus, puis j'ai vu que la Fédération des chambres aussi
demande dans cinq ans de baisser de 25 à 7 les métiers. Nous, dans notre
mémoire, on propose, justement, au gouvernement de mandater le ministère de l'Économie
à poursuivre son analyse pour voir comment on peut continuer la modernisation
du secteur de la construction pour justement améliorer la productivité de nos
entreprises, leur donner plus de flexibilité puis peut-être intégrer ou leur
permettre d'avoir accès plus facilement... ou d'intégrer, justement, le
commerce interprovincial.
Mme McGraw : Dans sa forme
actuelle, est-ce que vous croyez que ce projet de loi aura un impact? Vous
l'appuyez, si je comprends bien, vous avez... vous mettez l'emphase sur ce qui
peut être amélioré aussi. Est-ce que ça va avoir un impact réel et rapide sur
la fluidité du commerce et la mobilité de la main-d'œuvre? Et est-ce qu'il y a
d'autres éléments ou d'autres réformes pour... qui pourraient l'accompagner
pour être plus efficaces?
M. Vincent (François) : Trois
choses. D'abord, oui, parce que quand on réduit les formalités ou la paperasse,
on aide les PME, principalement les plus petites. C'est la paperasse est
inversement proportionnelle à la grandeur dans l'entreprise mais également
freine la productivité des entreprises. C'est 87 % des entreprises qui
disent que l'excès de réglementation réduit leur productivité. Le deuxième
élément... J'ai oublié votre question, là, je m'excuse.
Mme McGraw : Non, c'était
pour... Est-ce qu'il y a d'autres réformes qui pourraient accompagner ce projet
de loi pour...
M. Vincent (François) : Ah
oui, le deuxième élément.
Mme McGraw : ...être encore
plus efficace? Oui.
M. Vincent (François) : Ce
qui nous... ce qu'on craint le plus, c'est que toutes les avancées qu'on a eues,
là, qui ont été sur l'accélérateur turbo, etc., viennent à ne pas se
concrétiser parce qu'on va retourner dans nos vieilles habitudes. D'où l'importance
puis de nos recommandations sur... d'intégration puis de modification de l'analyse
d'impact réglementaire, parce que là, il y a eu sept projets de loi dans les
autres provinces, mais il y a cette manière différente, puis donc c'est
important, justement, de faire atterrir tout cela. Puis je sais que le
gouvernement du Québec est très investi aussi dans les pourparlers qu'il y a
avec les différentes provinces. Il y a aussi le gouvernement canadien qui est
impliqué là-dedans. Ils ont des rencontres souvent. Donc, oui, j'ai foi en ça,
mais maintenant il faut avancer, il faut adopter ce projet de loi là, il faut
intégrer ça à l'intérieur de notre cadre d'analyse, il faut aller plus loin au
niveau de l'allègement réglementaire. Puis oui, je pense que ça va avoir un
impact positif.
Ah! le troisième élément, j'avais dit
trois : un, paperasses, deux, les manières différentes, le troisième...
Puis là je viens de l'oublier. Mais je vais peut-être...
Une voix : ...
M. Vincent (François) : Non,
mais j'ai eu le flash, c'est revenu, puis là c'est reparti, mais je vais peut-être
y repenser puis je le dirai.
Mme McGraw : Parfait. Mais,
écoutez, selon votre rapport, que je pense que vous avez publié en janvier,
vous-même, donc, vous rappelez, ou je vous rappelle, à la commission, selon
votre propre rapport, que le fardeau réglementaire sur nos entreprises depuis
2018 a augmenté de 2 milliards de dollars par année. Donc, oui, il y
a eu des projets de loi, mais il y a aussi des lois, comme par exemple la loi n° 25,
qui ont augmenté le fardeau sur les entreprises. Donc, c'est loin d'être
parfait. Il y a du travail à faire. Je pense qu'on est tous d'accord. Est-ce
que vous avez pensé à votre troisième point ou on passe à une autre question?
M. Vincent (François) : Bien,
je peux répondre sur le travail à faire. Oui, il y a du travail à faire. Le
problème, c'est... ce qu'on croit à la FCEI, c'est le cadre d'analyse est une
formalité administrative et réglementaire, quelque chose qui sort d'un
ministère ou d'un organisme. Mais là, maintenant, les agences puis les
ministères, excusez-moi l'anglicisme, «outsource» les obligations réglementaires
comme la Loi sur les protections de renseignements personnels : tu dois
faire ci, tu dois faire ça, etc. Donc, ce n'est pas considéré dans le décompte,
puis ça déconstruit, puis ça change la perception des entrepreneurs. Sur l'augmentation
de 2 milliards, là, c'est... il y a eu une augmentation partout à travers
le Canada. Puis donc, nous, on va travailler très fort pour aider ou convaincre
le gouvernement d'élargir, justement, le carré de sable ou le cadre d'analyse
pour vraiment aller plus loin en matière d'allègement réglementaire.
Mme McGraw : Et tout ça, ça s'inscrit
dans le commerce interprovincial. Vous voyez ça comme...
M. Vincent (François) : Mais
on voit les deux interreliés, là, mais le commerce...
M. Vincent (François) : ...je
l'ai, là, trouvé, c'est... Le troisième élément, c'est pour répondre à ce que
les PME font par rapport à la guerre tarifaire, c'est-à-dire aller vers les
fournisseurs puis les clients au Canada. C'est ça qu'elles font, les PME. Ça
fait qu'ouvrons donc le marché interprovincial.
Mme McGraw : Peut-être une
dernière question, on verra dépendamment de la réponse. Je pense que j'ai trois
minutes à peu près. Donc, juste pour aller dans une approche un peu plus macro,
est-ce que ce projet de loi pourrait être complété par d'autres mesures, par
exemple économique, productivité, soutien aux PME, investissement, innovation,
pour avoir un impact encore plus grand, un vrai impact dans le sens macro,
macroéconomique?
M. Vincent (François) : Oui,
il y a beaucoup d'autres actions qui doivent être posées. Là, là-dessus, il
faut le faire. Tu sais, on a... Il y a eu beaucoup d'efforts qui ont été faits
dans le passé. Le gouvernement du Québec a réduit beaucoup d'exceptions aussi.
Maintenant, ils vont de l'avant puis... Tu sais, je ne me rappelle pas, tu
sais, j'ai lu plusieurs biographies puis je m'intéresse à l'histoire du Québec,
mais je ne me rappelle pas quand on a déposé un projet de loi sur le fait de
réduire les barrières interprovinciales et de faire la reconnaissance
exclusive, tu n'as même pas besoin de le faire, je vais le faire. Donc, ça,
c'est quand même un gigantesque pas en avant pour le marché interprovincial.
Puis je pense que c'est cette attitude-là qu'il faut avoir.
Maintenant, pour aider puis accompagner
les entreprises, oui, ça prend plus... il faut réduire les barrières pour aider
les entreprises à être plus productives. Puis, au Québec, on est le royaume de
la taxation pour les petites entreprises. On a fait une étude qui démontre
qu'on est les pires pour la fiscalité des petites entreprises de toutes les
provinces canadiennes puis de 20 États américains. Comment voulez-vous
demander à une entreprise de faire plus et d'investir plus quand vous les taxez
plus?
La paperasse. Il faut faire plus. On s'est
redonné du temps. Ça ne coûte rien au gouvernement du Québec, mais ça prend
du... ça prend du guts, parce que les ministères et organismes, ils ne veulent
pas se faire enlever des règles, ou etc. C'est sûr que la machine va avoir des
levées de boucliers. Puis il y a toujours des bonnes raisons qui font en sorte
que les législateurs puis les députés adoptent des lois ou des règlements,
toujours. Maintenant, comment on est capable d'atteindre les mêmes objectifs
sans demander des papiers, un peu comme la réparabilité? Ah! bien là, il y a
des beaux papiers devant une caisse enregistreuse puis ça va changer la
réparabilité au Québec. J'ai des gros doutes là-dessus, mais ça va faire
imprimer deux papiers pour les petites entreprises.
Puis, sur l'automatisation, bien, on... il
faut aider les entreprises. Nous autres, on a fait deux études déjà là-dessus,
j'ai fait une étude en 2023 puis il y en a une qui s'en vient la semaine
prochaine. On peut aider les entreprises à accélérer sur l'automatisation,
surtout dans un contexte démographique. Puis vous pouvez compter sur FCEI pour
se faire entendre là-dessus.
• (12 h 10) •
Le Président (M. Laframboise) : 40 secondes,
Mme.
Mme McGraw : Bien, peut-être
une dernière question, là : Est-ce que vous êtes d'accord que le 25 à
45 milliards de dollars soit peut-être surestimé en termes de gains avec
les barrières qui descendent? Je veux juste... Il y a des intervenants qui ont
dit que c'est exagéré.
M. Pâquet (Vincent) : Bien,
comme on l'a mentionné dans notre mémoire, c'est une évaluation qui sous-tend
que toutes les barrières sont enlevées. Donc, si nous, on conserve des
barrières, c'est peut-être une surévaluation, effectivement, là.
Mme McGraw : ...tout le
monde, OK.
M. Pâquet (Vincent) : Oui,
c'est ça, dans un monde idéal, disons, là.
Mme McGraw : Merci.
Le Président (M. Laframboise) : Merci.
Merci beaucoup, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Maintenant, je cède la
parole au député de Saint-Jérôme pour 2 min 38 s.
M. Chassin :Merci. Merci à vous de la présentation. Parce que j'ai un
temps court, j'y vais un peu rapidement, mais je tiens quand même à mentionner
d'entrée de jeu que moi aussi, je lève mon chapeau aux PME québécoises qui n'ont
pas toujours un contexte idéal, et on est ici pour l'améliorer. Alors,
évidemment, il y a une volonté de la part du gouvernement bien appuyée. Moi, je
la salue. Et je souhaite aller le plus loin possible, puis, justement, vous
mentionnez des éléments pour aller plus loin. Peut-être juste mentionner que,
dans la dernière réponse, sur le 25 à 45, effectivement, dans le mémoire, la
partie publique du mémoire au Conseil des ministres, c'est exactement ce qui
est mentionné sur le 25 à 45. Puis, dans... en fait, il y a aussi un... en
fait, je pense, c'est... ils n'ont pas de mémoire, mais il y a aussi un volet,
là, sur les principes et fondements de la bonne réglementation. Je veux juste
peut-être un contexte général, mais un des principes qui est mentionné, c'est
des règles qui sont adoptées en temps opportun. Puis vous avez mentionné, M.
Vincent...
M. Chassin :
...que peut-être la première exigence, c'est de l'adopter rapidement. Est-ce
qu'on peut s'entendre, par exemple, que d'ici Noël ça devrait être adopté?
M. Vincent (François) :
Oui. Vous?
M. Chassin :
Il n'y avait pas quelque chose d'urgent, autre que le contexte tarifaire, là,
pour vous, là. C'est... C'est urgent pour les PME québécoises.
M. Vincent (François) :
Oui. Puis je ne pense pas qu'il y ait énormément d'amendements qui vont être
déposés. Il y a plusieurs groupes, puis je ne pense pas qu'il y ait énormément
d'oppositions qui ont été exprimées de la volonté gouvernementale. Donc, je
pense que ça peut être un crochet qui peut être mis rapidement...
M. Chassin :
Puis là, évidemment, je vous amène une deuxième question un peu en lien, mais
l'entrée en vigueur, c'est, sauf les articles 2 à 9 qui est pas mal le
cœur du projet de loi, moi, je voudrais que ce soit mis en vigueur le plus
rapidement possible. Est ce que vous avez une réflexion par rapport à ça?
M. Vincent (François) :
Bien, j'ai confiance aux fonctionnaires du ministère de l'Économie. On
travaille... Ici, on travaille étroitement avec un comité-conseil sur l'allègement
réglementaire. Puis je pense que c'est un ministère qui fonctionne bien puis
qui voit les choses en 360 degrés. C'est bien eux. Donc oui, j'ai
confiance en l'avenir.
M. Chassin :
Je confirme. En tout cas, moi, j'ai cette même affection. Merci. Bon, et voilà.
Merci.
Des voix : ...
Le Président
(M. Laframboise) : Et donc je vous remercie, M. Vincent et
toute votre équipe, de la contribution de la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante à nos travaux. La commission suspend ses travaux
jusqu'après les avis touchant les travaux des commissions. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 14)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 43)
Le Président (M. Laframboise) :
À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des finances publiques reprend ses
travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivrons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 112, Loi
favorisant le commerce des produits et la mobilité de la main-d'œuvre en
provenance des autres provinces et des territoires du Canada.
Cet après-midi, nous entendrons les
témoins suivants : le Conseil canadien du commerce de détail, L'Union des
producteurs agricoles, en visioconférence; M. Robert Grenier, professeur
titulaire au Département d'économie appliquée de HEC Montréal, en
visioconférence; la FTQ-Construction et l'Association des manœuvres interprovinciaux.
Comme la séance a commencé à 15 h 40, en tout cas, il y a
consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de l'heure prévue, soit jusqu'à
19 h 30, et on va ajuster en conséquence.
Donc, je souhaite maintenant la bienvenue
aux représentants du Conseil canadien du commerce de détail. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à
la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite, donc, à
vous présenter et à commencer votre exposé. Merci.
M. Rochette (Michel) : Merci.
Merci, M. le Président, mesdams messieurs, les membres de la commission, M. le
ministre. Merci de nous donner l'occasion de commenter le projet de loi n° 112.
Je m'appelle Michel Rochette. Je suis le président, pour le Québec, du Conseil
canadien du commerce de détail. Je suis accompagné de Francis Mailly, qui est
notre vice-président, Affaires publiques. Notre organisation regroupe près de
54 000 commerces à travers le Canada, dont 18 000 au Québec.
Nous représentons tous les types de commerces de toutes les grandeurs, des
petits commerces indépendants jusqu'aux grandes bannières, en passant par les
détaillants alimentaires et les boutiques en ligne. Donc, un grand vaste
territoire de membres. Nous avons, au Québec, 500 000 travailleurs
qui travaillent dans le monde du détail. Nous sommes... En fait, c'est le
secteur le plus important... En fait, c'est l'employeur privé le plus important
au Québec. D'emblée, on insiste, l'initiative du gouvernement par ce
projet de loi est bonne et elle arrive à un moment charnière. Le contexte nord-américain
est en profonde mutation. La montée du protectionnisme américain, les tensions
commerciales et les enjeux d'approvisionnement ont bouleversé nos chaînes
logistiques. Les chocs externes rappellent l'importance de diversifier nos
partenaires et de renforcer surtout notre marché intérieur. Il faut favoriser
la libre circulation des biens des travailleurs et surtout éliminer les
obstacles que nous avons nous-mêmes créés. Pour le Québec, le partenaire naturel,
celui avec lequel on devrait collaborer le plus et la manière la plus fluide,
ça demeure le reste du Canada.
Pourtant, malgré un cadre fédéral commun,
les barrières interprovinciales persistent avec des normes différentes, des
obligations administratives multiples, la reconnaissance partielle des
qualifications, l'étiquetage ou l'affichage divergent, il y en a beaucoup. Le
nombre de barrières est non seulement important, il continue de croître en ce
moment. Ce morcellement réglementaire coûte cher et il limite la compétitivité
de nos entreprises et alourdit leurs opérations. Malgré une volonté politique d'allègement,
les détaillants québécois font face à une surréglementation historique. Chaque
ministère rajoute sa couche, souvent, sur les mêmes enjeux, parfois, sans
consulter, les municipalités ajoutent la leur, auxquelles le fédéral ajoute
également parfois ses propres règles. Ce qui devient... ce qui est, en fait, des
freins raisonnables deviennent maintenant, dans certaines pratiques, des
véritables barrières provinciales commerciales.
Par exemple, la protection du français,
évidemment, nous la partageons pleinement. Mais les nouvelles exigences
linguistiques sont désormais telles que, même des produits comme des claviers d'ordinateur,
sur lesquels figurent des mots anglais comme «shift», «backspace» et «enter»,
ou encore n'importe quels produits sur lesquels sont imprimés ou sérigraphiés
des mots «on», «off»...
M. Rochette (Michel) : ...désormais
illégaux depuis le 1er juin. Et, s'ils sont encore... Parce qu'ils ne sont
pas traduits. Et, s'ils sont encore en circulation et qu'on les voit encore sur
des étagères, c'est qu'ils sont techniquement en entrepôt et qu'ils étaient en
entrepôt au moment... en fait, au 1er juin.
Les nouvelles exigences par exemple qui
découlent du projet loi 29 sur la réparabilité, bien, elles exposent les
commerçants à des risques de recours juridiques importants et sans précédent.
Le fardeau administratif est tel que l'application concrète devient pratiquement
inapplicable. Tout produit, en passant, dont au moins une pièce peut être
remplacée, nettoyée ou mise à jour, bien, est désormais soumis à des
obligations, avec aucune équivalence dans le monde.
Le même constat vaut pour le domaine
environnemental par exemple. La réforme de la consigne et de la collecte
sélective a entraîné une explosion de coûts pour les entreprises, de 100 %
jusqu'à 500 % d'augmentation. Et, de plus, le Québec demeure la seule
province à imposer l'internalisation obligatoire des coûts de récupération
des... dans le prix de vente. Et, à ce sujet, récemment, une nouvelle fiche
d'interprétation du ministère de l'Environnement, publiée sans consultation,
est venue restreindre encore davantage la capacité d'afficher les écofrais. Résultat :
une règle d'affichage propre au Québec, incompatible avec le reste du pays et
surtout incompatible avec l'esprit même du projet loi 112.
Ou encore, alors que le crime au détail
cause près... en fait, c'est près de 2 milliards de pertes annuelles au
Québec seulement, nous ne pouvons même plus utiliser des outils de base déjà
adoptés ailleurs au pays, sur le plan technologique, l'usage de caméras qui
permettent par exemple de reconnaître les visages des voleurs et des
récidivistes surtout, et depuis septembre 2024, impossible à utiliser, à moins
d'obtenir le consentement clair du récidiviste afin d'utiliser son image pour
l'interpeler. Et le Québec évidemment est le seul à faire cela.
Cette surréglementation crée une
distorsion majeure. Vous aurez compris évidemment que c'est des exemples qui ne
visent... on ne vise pas nécessairement à contester l'objectif des lois, parce
que l'intention est généralement bonne. Mais l'accumulation finit par miner la
compétitivité.
Pendant ce temps, les plateformes étrangères
vendent directement aux consommateurs québécois sans se conformer aux mêmes
règles linguistiques, environnementales, protection du consommateur. Ainsi, les
détaillants d'ici, qui investissent ici, emploient et paient leurs taxes au
Québec, se retrouvent désavantagés sur leur propre marché.
Et, dans les zones frontalières, vous le
savez, la situation est encore plus frappante. Un produit parfaitement conforme
au Nouveau-Brunswick ou en Ontario peut être interdit à la vente au Québec.
Cette incohérence alimente la frustration des consommateurs et des détaillants
et nuit à la vitalité économique des régions. En ce sens, l'intention derrière
le projet loi 112 est une bouffée d'air frais.
Nous saluons également les dispositions du
projet sur la reconnaissance des qualifications professionnelles. Elles
constituent une avancée réelle pour la mobilité de la main-d'œuvre. Certaines
professions, notamment les pharmaciens et les optométristes, pourraient en
bénéficier directement. Selon leurs ordres respectifs, il manque environ
3 000 pharmaciens et 350 optométristes au Québec. Ces mesures
aideront donc à combler des besoins pressants en augmentant le bassin
d'embauches potentielles, surtout dans les régions frontalières.
• (15 h 50) •
Pour que le projet loi 112 tienne ses
promesses, nous formulons trois recommandations simples.
D'abord, instaurer un réflexe
d'harmonisation. Chaque nouvelle réglementation devrait être analysée à la
lumière de son impact sur la libre circulation des biens et des travailleurs.
Et ce réflexe devrait être intégré à l'ensemble des analyses d'impact
réglementaire.
Deuxièmement, mettre en place un mécanisme
de suivi économique. L'efficacité du projet de loi dépendra de la capacité à
mesurer les effets réels sur les barrières éliminées ou maintenues. Et nous
proposons donc la création d'un indicateur de compétitivité interprovincial mis
à jour régulièrement.
Et enfin prévoir des mesures spécifiques
pour les zones frontalières, donc ces régions qui sont les plus affectées par
les écarts de réglementation, en offrant un guichet dédié où un comité
interministériel pourrait y recenser les obstacles et recommander des
ajustements rapides. C'est... Des recommandations plus spécifiques et pointues
devront être faites suivant les processus de consultation spécifiques par
ministères et enjeux.
Enfin, le projet loi 112 représente une
avancée importante pour l'économie québécoise, mais son succès dépendra
évidemment de sa mise en œuvre. Il faudra une application rigoureuse, une
réelle volonté politique constante, et surtout éviter les exemptions abusives.
Les détaillants demandent un engagement clair : réduire et non multiplier
les règles contradictoires.
Pour assurer la prospérité et l'équité du
commerce au Québec, il faut miser sur trois principes simples : cohérence,
prévisibilité, mobilité. C'est à ces conditions que le Québec pourra demeurer
un territoire attractif pour les entreprises, innovant pour les consommateurs
et compétitif pour l'ensemble du marché intérieur canadien.
Maintenant, on sera prêts à répondre à vos
questions sur notre mémoire.
Le Président (M. Laframboise) : Merci
beaucoup. Merci pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre et député de Beauce-Sud, la parole est à vous pour
14 minutes 42 secondes.
M. Poulin : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour, M. Rochette. Bonjour, M. Mailly. Bien heureux de vous
retrouver et de pouvoir échanger ensemble avec grand bonheur sur les barrières
commerciales. En plus, le Conseil canadien, alors bien conscient...
M. Poulin : ...que vous
connaissez l'ALENA... bien, dans l'ACEUM
qui nous régit, donc il y a des protections à
l'intérieur de ça. Évidemment... qui est une autre entente qui... dont on est
en révision présentement entre les différentes provinces pour évidemment
atténuer les barrières commerciales. Mais j'aurais aimé vous entendre davantage
sur la notion permis sur permis, parce que c'est important puis c'est une bonne
nouvelle pour notamment le secteur manufacturier lorsqu'on vient reconnaître,
et c'est à l'intérieur du projet de loi, donc une autorité réglementaire, une
autorisation d'exercer sur un travailleur qualifié différents corps de métier
qui peuvent être reconnus entre les provinces. Évidemment, on vient maintenant
réglementer l'Office des professions en ce qui a trait à ce qui est à
l'intérieur des ordres professionnels et tout ça, mais, somme toute, j'aurais
aimé vous entendre davantage sur cette mobilité de la main-d'œuvre là entre les
provinces. Puis je suis d'accord avec vous sur le leadership politique qui
devra être opéré, ne serait-ce que par notre gouvernement ou le prochain
gouvernement, de dire : Les barrières commerciales, on doit les enlever au
maximum. On se doit d'avoir ce réflexe que vous appelez de regarder ce qui se
passe dans les autres provinces. Par moments, le Québec est avancé, exemple,
bon, sur les pesticides. Il y a certains éléments sur lesquels le Québec, on
est un leader, mais il n'en demeure pas moins qu'on se doit d'avoir ce
réflexe-là. Alors, je suis d'accord avec vous.
Puis je pense aussi qu'on vient bien
indiquer dans la loi, lorsque l'on parle de de reconnaître les biens, lorsqu'on
parle de le faire par voie réglementaire pour certaines exceptions, et, j'en
suis, qui doit y avoir le moins d'exceptions possibles, mis à part santé, bien
être et certains éléments qui sont louables, mais commençons par permis sur
permis. C'est une bonne nouvelle, M. Rochette.
M. Rochette (Michel) : Bien,
on l'a noté puis c'est pour ça qu'on note notamment la question des pharmaciens
optométristes qui sont en lien direct avec le monde du détail. Ça nous paraît
une bonne nouvelle. Évidemment, les ordres professionnels ont leurs opérations.
Et j'avais noté à une autre époque qu'on avait réussi, le Québec, à signer avec
la France des ententes de reconnaissance mutuelle qui avaient déjà été...
M. Poulin : M. Charest,
à l'époque, on s'en souvient.
M. Rochette (Michel) : Tout à
fait.
M. Poulin : C'était au salon
rouge. Je me souviens de ça.
M. Rochette (Michel) : Tout à
fait, et ça avait été... suite à ça, il y avait beaucoup d'ententes
collatérales qui avaient été signées par corps professionnels. Donc, après ça,
je n'ai pas vu beaucoup d'équivalents, donc il y a encore beaucoup de travail à
faire. Puis je comprends l'univers du travail étant ce qu'il est, les ordres
professionnels ont chacun leur... mais on connaît dans quel univers on est,
c'est des univers qui sont quand même très protégés.
Nous, ce qui nous intéressait beaucoup
dans ce cas-ci, c'était l'accumulation au cours des dernières années de
plusieurs mesures qui, indépendamment, quand on les regarde individuellement,
sont bonnes, les intentions sont bonnes, mais quand on les cumule sur les
épaules des détaillants, on en vient à constater que beaucoup, beaucoup de
produits de marchandises ne peuvent pas passer la frontière ou, à tout le
moins, se retrouvent avec tellement de freins qu'on peut littéralement parler
de barrières interprovinciales. Donc, les produits vendus à travers tout le
Canada ne peuvent pas rentrer au Québec, moyennant sinon des conditions qui
sont très, très difficiles à suivre. Donc, c'est surtout ça qui nous inquiète
parce qu'il y en a encore et encore, des phases à venir.
M. Poulin : Mais, tu sais, je
veux aller... je veux creuser un peu ce que vous vous venez de mentionner,
parce qu'évidemment il y a tout l'environnement réglementaire, et j'en suis, on
s'en ai déjà parlé, on s'est rencontré la semaine dernière. Et on prépare un
projet de loi sur l'allègement réglementaire et vous allez collaborer puis on
va travailler ensemble, à ce niveau-là, sur ce qu'on est en mesure de faire. Je
suis d'accord avec vous, notamment sur certains éléments qui pourraient être
vus comme une barrière commerciale. Exemple, le fait français, on le protège,
évidemment. Alors, c'est une culture, c'est une identité québécoise qui est
propre.
Maintenant, il y a quand même des éléments
qui entrent présentement de l'Ontario, qui entrent présentement des autres
provinces ici que l'on achète à tous les jours. Alors, le travail se fait déjà
entre les provinces et il y a déjà du commerce qui se fait entre provinces. La
preuve, c'est qu'on a étudié les retombées économiques et on sait que c'est
plusieurs milliards de dollars. Maintenant, dans la notion quand même de
reconnaissance de biens puis que le Québec joue un rôle de leadership, c'est
une bonne nouvelle, à ce niveau-là.
M. Rochette (Michel) : Bien,
l'initiative du projet de loi en est une. Puis c'est d'abord le... pour
commencer à faire des changements, ça prend d'abord un signal politique et
c'est exactement ce que le projet de loi envoie. Parce que l'essentiel de ces
freins ou de ces limitations au commerce, encore une fois, découle de bonnes
intentions, c'est l'accumulation de problèmes. Alors, ça prend souvent un
signal politique à l'effet que, désormais, on va demander à tout le monde
d'avoir un œil davantage axé sur le commerce intérieur, ce que vous faites, et
c'est ce qu'on recommande d'ailleurs, d'avoir des mécanismes qui vont permettre
de comprendre si les gestes posés vont améliorer ou nuire au commerce
intérieur. Vous avez raison, il n'est pas question de marchander, par exemple,
la protection du français, évidemment, mais si on compare, par exemple, avec ce
que, par exemple, la France fait sur la protection du français, qui est une loi
très sévère, la loi Toubon, bien, on avait reconnu que sur... que des termes, par
exemple, qui sont reconnus et connus, pour lesquels on off... et, vous savez,
c'est un terme qui est reconnu à travers tout le monde, bien, là-bas, on
l'autorise. Au Québec, présentement, on ne l'autorise plus. Alors, vous
comprenez que ça veut dire qu'il y a de la marchandise qui ne peut qui ne
pourra plus rentrer au Québec parce qu'elle contient de la sérigraphie ou des
impressions en anglais sur des... pourtant sur des produits d'usage courant.
Alors, il reste encore des gestes à poser,
mais le signal politique qu'envoie le projet de loi...
M. Rochette (Michel) : ...le projet
de loi n° 112 est très bon en ce sens. Et c'est pour ça qu'on va vous
accompagner également, éventuellement, avec vos collègues, quand viendra le
temps de... en quelque sorte, de revenir à la table d'examen puis de se
demander est-ce qu'on a été parfois trop sévères, est-ce que ça a été productif
ou productif. Et on pense qu'il y a encore beaucoup d'espace à l'amélioration,
mais, encore une fois, le signal que vous envoyez aujourd'hui est le bon.
M. Poulin : On pourra... On
pourra, dans un projet de loi sur l'allègement réglementaire, aller toujours un
peu plus loin puis regarder les différents enjeux, au niveau des exceptions
aussi, parce qu'on souhaite le moins d'exceptions possible, puis ça, je tiens à
vous rassurer à ce niveau-là. Et on souhaite y aller seulement lorsqu'il y a
les maladies où le MAPAQ nous dit : Il y a des enjeux très, très précis.
Et il y aura d'autres gouvernements dans le futur qui se doivent de préserver
également cette loi-là
Puis il y a l'enjeu de réciprocité, puis
j'aimerais vous entendre parce que vous êtes un conseil canadien. On n'est pas
à l'abri de changements de gouvernement dans d'autres provinces canadiennes qui
pourraient être davantage protectionnistes. Et, pour moi, dès mon entrée en
fonction, il est important de dire : Oui, vous pouvez venir au Québec sans
problème, mais je dois aller également dans votre province et je dois faire des
affaires dans d'autres provinces. C'est pour cette raison-là qu'on est dans
l'ALEC, c'est pour cette raison-là qu'on est en train de voir toutes les
possibilités qu'on peut y avoir, parce qu'il y a quand même déjà du travail qui
se fait puis il y a de l'économie qui se fait entre les provinces. Est-ce que
vous, comme Conseil canadien, vous avez des craintes de relations avec une
province plus qu'une autre? Est-ce que vous avez... Je comprends qu'on dit que
le Québec a un environnement réglementaire difficile, mais est-ce que vous nous
dites : Surveillez ça, M. le ministre, cette province-là, elle ne
collaborera pas avec nous?
M. Rochette (Michel) : Bien,
on a des collègues dans chaque province. Pour être franc, on a des bonnes
relations en général, autant au niveau provincial que fédéral, dans l'ensemble
du pays. Je n'ai pas... Je n'ai pas lumière ou souvenir d'un problème particulier.
Le Québec, vous le savez, a un peu cette aura-là d'être un endroit qui est très
réglementé. C'est pour ça que, le projet de loi n° 112, on l'a d'ailleurs
louangé à l'extérieur du Québec en disant : Voici un exemple à suivre. Il
y a des volontés similaires. Le défi est le même partout, c'est-à-dire que la
volonté politique est là, mais la multiplication, évidemment, des initiatives,
elle est ce qu'elle est. C'est pour ça qu'il faut absolument se donner des
outils, des mécanismes de comparaison et de... en quelque sorte, de validation
au sujet de l'impact que des décisions peuvent avoir sur le commerce intérieur.
On en offre quelques-unes dans notre mémoire et on souhaite ardemment être
capable. Puis on va collaborer, évidemment, puis, avec nos collègues des autres
provinces, on va y arriver, mais, pour nous, l'important, c'est surtout
d'envoyer un signal politique. Mais, d'après les signaux politiques publiques
qui ont été envoyés à travers tout le Canada, je crois qu'il y a une volonté
commune de collaborer. Et ça, au moins, c'est... S'il y a une bonne chose dans
la crise américaine, c'est bien celle-ci, c'est que ça a rapproché les gens et
on a... on s'est rappelé, en quelque sorte, en quoi il y avait au moins cet
avantage-là du fédéralisme. Mais, au moins, au niveau commercial, c'est de
développer des liens et des réseaux à travers tout le pays qui sont propres et
qui sont... qui sont propres à nous.
• (16 heures) •
M. Poulin : Vous vous appuyez
sur quel règlement pour dire qu'une laveuse-sécheuse avec «ON/OFF» ne peut plus
entrer au Québec?
M. Rochette (Michel) : Le
nouveau règlement... En fait, le projet loi 96, comme vous le savez, qui est
devenu évidemment la loi, qui a modifié la Charte de langue française est
arrivé avec un règlement qui a été présenté et adopté... en fait, dévoilé
publiquement, la version finale pour le... est en place depuis le 1er juin
dernier. Il y a l'enjeu de la sérigraphie. Vous savez, auparavant, les... tout
ce qui est embossé, tout ce qui est gravé est encore permis, donc on peut avoir
un «ON/OFF» gravé ou en... dès qu'il y a une texture, c'est légal, dès que
c'est imprimé, ce ne l'est plus.
M. Poulin : OK. Bien, merci
pour la nuance, parce que tout à l'heure vous avez dit «ON/OFF» ne peut pas entrer.
M. Rochette (Michel) : Ah!
bien, je précise encore...
M. Poulin : Alors, vous le
reprécisez à nouveau. C'est bon. Parce que c'était important. Parfait.
M. Rochette (Michel) : Non.
Bien, c'est important, parce que, la plupart du temps, c'est imprimé.
M. Poulin : C'est ça, exact.
Mais toutes les inscriptions gravées, cuites, les logiciels embardés sur les
produits «ON/OFF» peuvent entrer au Québec.
M. Rochette (Michel) : C'est
ça la première version du projet de règlement...
M. Poulin : Ça a été scindé,
c'est ça.
M. Rochette (Michel) : ...ça
a été retiré. Il restait quand même toute la complexité de la question de
l'impression. Donc, si vous regardez autour de vous, même sur vos ordinateurs
présentement, s'il n'y a pas de changement, votre ordinateur est devenu une
pièce d'anthologie, c'est-à-dire que c'est une pièce de collection parce que...
Là, tant qu'il en reste dans les entrepôts, c'est légal, mais, s'il n'y a pas
de changement, ces ordinateurs-là ne sont plus... ne seront plus achetables au
Québec.
M. Poulin : OK. Puis il reste
combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Laframboise) : Cinq
minutes 29 s.
M. Poulin : Le Conseil
canadien se situe où, justement, au niveau du français, là, tant qu'à être dans
ce dossier-là et ce sujet-là? Parce que vous laissez sous-entendre, là... Le
«ON/OFF», là, on vient de démêler qu'est-ce qui peut être admissible ou non,
mais jusqu'où le Conseil canadien dit : Il faut protéger le fait français
au Québec pour éviter qu'il y ait seulement, par exemple, des écriteaux en
anglais sur les produits qui entrent ici?
M. Rochette (Michel) : Non.
Bien, en fait, on est assez collaborateurs à ce niveau-là. D'ailleurs, on remet
à chaque année nos prix molières, là, qui découlent d'un sondage... en fait,
d'un sondage de 10 000 répondants, pas pancanadien, mais
panquébécois, qui vient... qui vient, en fait, de la part de
10 000 Québécois... un peu plus que 10 000, sur quelle entreprise
commerciale a, selon les Québécois, tu sais, la meilleure promotion d'un
français de qualité puis en ligne, en magasin, dans le service à la clientèle.
Pour nous, c'est important. Il n'y a pas de nuance à faire là-dessus. Le défi,
c'est tout le temps les...
16 h (version non révisée)
M. Rochette (Michel) :
...les exceptions. Par exemple, les fameux produits qui sont d'un seul
fabricant à travers le monde, qui sont en anglais partout à travers le monde,
deviendraient donc, dans certains cas, vous le savez, illégaux au Québec. Mais,
partout ailleurs, on pourra les acheter et donc les acheter en ligne. Dès que
le fournisseur n'a pas de place d'affaires au Québec, il peut décider de vendre
en ligne et de se soustraire, comme ils le font dans certains cas, aux règles
québécoises. Tout ça est un peu injuste, comme vous le savez. C'est là où on
fait des recommandations en disant : Soyez un peu permissifs là où il n'y
a pas de capacité d'avoir des alternatives. Donc, pour le reste, en effet, on a
été... on a été... En fait, ce qu'on a demandé, c'est deux choses, comme on
demande dans tous les règlements, la clarté qui, parfois, est un défi et du
temps raisonnable de mettre les choses en place. C'est surtout ça.
M. Mailly (Francis) : Je
me permettrai de renchérir. La protection du visage français, du fait français
du Québec, c'est non négociable puis même prévu parce que c'est un avantage
concurrentiel, c'est la marque de commerce du Québec. Donc, il n'y a pas d'enjeu
à ce niveau-là. Aussi, l'importance que les employés, tous, puissent parler en
français, communiquer en français avec la clientèle aussi, ce n'est vraiment
pas un enjeu. Là où le bât blesse dans nos discussions puis à travers nos
membres, souvent, c'est quand on commence à s'éloigner de l'objectif, puis on
arrive dans des règles ultrapointues qui sont difficilement applicables ou qui
sont, bien, difficilement applicables, ou que... Bien, on a eu des exemples de
membres qui... Écoutez, la quantité de documentation et de photos qu'ils doivent
fournir à l'OQLF pour démontrer que ça se passe en français dans la salle...
dans le salon des employés pour une entreprise qui est...
M. Rochette (Michel) : Francophone...
M. Mailly (Francis) : ...francophone
dans la région de Québec, mettons, on fait comme... OK. Là c'est beaucoup de
démarches, un lourd fardeau pour une résultante qui ne donnera rien sur l'objectif
de la protection du français...
M. Poulin : ...ce projet
de loi là, aujourd'hui, ne le touche pas. On a un projet de loi sur l'allègement
réglementaire. Mon collègue est responsable d'application de sa loi. On a des
échanges, le caucus fait des échanges, on suit de très près à ce niveau-là. C'est
que, dans cette loi-là, on vient protéger le fait français. C'est simplement
ça. Donc, je voulais savoir si vous étiez en accord. Vous me dites que oui, on
est en accord. Après ça, vous me dites qu'il y a des règlements, des fois, qui sont
peut-être mal écrits, mal appliqués. Ça amène un manque de clarté. Puis je peux
vous garantir que les prochains règlements, tant et aussi longtemps que je
serai là, qui découlent de cette loi-là vont être d'une clarté limpide, là. Limpide
parce qu'il y en a... En fait, il y en a deux possiblement. Le premier concerne
évidemment les exceptions qui pourraient ne pas entrer ici. Donc, ça, on est en
train de le regarder, mais comme je l'ai dit, le moins possible. Puis après ça,
on travaille sur du permis. Puis le permis, ce qui pourrait arriver par moment,
c'est des éléments très, très particuliers. On est quand même dans des
exceptions qui sont claires. Je tiens à vous rassurer là-dessus. Et c'est un 45 jours
de publication, évidemment, le processus. Et voilà. Il reste combien de temps, M.
le Président, en minutes?
Le Président (M. Laframboise) :
1 min 55 s.
M. Poulin : Parlons des
tarifs. Bon, Donald Trump, aux dernières heures, dit qu'on va être heureux. On
va attendre de le voir, évidemment. Comment? Vous accueillez les dernières
informations, notamment concernant les camions, la fabrication des camions, qui
est un élément qui a été mis de l'avant. Et je suis intéressé aussi de vous
entendre comme Conseil canadien, parce qu'on prend à bras le corps le dossier
des Chauffeurs inc., hein? Autant qu'on veut du libre-échange, autant qu'on ne
veut pas compromettre la sécurité des Québécois. Alors, je suis intéressé à
vous entendre là-dessus.
M. Rochette (Michel) : Bien,
évidemment, c'est moins directement lié. Alors, c'est un secteur qui est
complètement collatéral à nous. C'est-à-dire que c'est dans notre écosystème. Évidemment,
la chaîne d'approvisionnement dépend beaucoup du transport. On est très
sensibles aux arguments de l'Association du camionnage du Québec sur cet enjeu-là.
On a d'ailleurs collaboré beaucoup avec eux, d'ailleurs, depuis deux ou trois
ans sur toute la question de la chaîne d'approvisionnement au Canada qui est
toujours fragilisée. Dans ce cas-ci, c'est un exemple frappant. On a décidé... Bon,
on a failli... On a pensé parler de camionnage et transport dans notre mémoire,
mais on ne voulait pas trop s'éloigner du corps même de ce qu'est le commerce
au détail. Mais on est très sensibles à tout ce que l'association du camionnage
a dit, puis on le constate également sur les difficultés qu'on vit présentement
de... d'inadéquation, je dirais, ou de... C'est très injuste en quelque sorte,
alors, tout à fait. Mais on va se concentrer aujourd'hui sur toute la question
du commerce lui-même. Alors, c'est...
M. Poulin : ...parce que
vos produits ne se rendront jamais si l'enjeu du camionnage n'est pas réglé.
Parce que beaucoup de vos produits passent par la...
M. Rochette (Michel) :
En fait, la chaîne d'approvisionnement au complet est à risque. Maritime,
ferroviaire, la poste, on est toujours à l'étape d'une grève potentielle. Et
tout ça, ça a affecté profondément la crédibilité de la chaîne d'approvisionnement
canadienne. Et on a un immense territoire pour une population relativement
petite, et ça augmente... Ça crée beaucoup de, d'abord, de pression sur la
chaîne et beaucoup de pression sur les coûts des produits. On va... Effectivement,
on aurait pu en parler plus longuement ici, mais pour nous, c'est fondamental.
On a d'autres tribunes sur lesquelles on a fait nos recommandations sur la
question de...
Le Président (M. Laframboise) :
Donc, merci beaucoup.
M. Rochette (Michel) :
...ce caractère essentiel de la chaîne d'approvisionnement.
Le Président (M. Laframboise) :
Merci beaucoup. Merci, M. le ministre. Maintenant, je cède la parole à Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce. Vous avez 9 min 16 s. et
possibilité d'un peu plus de temps, tout dépendant, là. On a une collègue qu'on
attend, là.
Mme McGraw : Je risque
de ne pas prendre tout mon temps...
Le Président (M. Laframboise) :
OK, parfait.
Mme McGraw : ...sans
pouvoir... sans le céder non plus.
Le Président (M. Laframboise) :
OK, parfait.
Mme McGraw : Alors donc
merci beaucoup pour votre présence et votre présentation. Vous soulignez le
fait, dans votre mémoire, que...
Mme McGraw : ...que le projet
de loi n° 112 représente... mais c'est une avancée, effectivement. En même
temps, vous souligner le fait que... vous insistez sur les trois principes de
cohérence, prévisibilité et mobilité. Quels seraient les principales menaces ou
les principaux obstacles qui risquent de neutraliser ou avoir un impact néfaste
sur les effets positifs du projet de loi, si ces menaces ou obstacles ne sont
pas corrigés?
M. Rochette (Michel) : Mais
c'est une bonne question, puis vous connaissez déjà un peu la réponse, on est
dans un environnement où il y a beaucoup de sources d'où arrivent les
règlements et les lois. Encore une fois, il y a des exemples dans lesquels, par
exemple, sur un même enjeu, il va y avoir deux règlements différents de deux
ministères, un par-dessus qui s'ajoute du fédéral et un qui s'ajoute d'une
ville comme Montréal, on a un enjeu sur lequel on travaille, dans lequel il y a
quatre types de réglementations qui vont s'affronter, puis ce n'est pas clair,
tout le monde peut se parler ou se parle, mais c'est les mêmes détaillants qui
vont les... qui vont devoir les respecter, puis ça arrive parfois qu'il y a de
l'incohérence sans qu'on aille trop loin dans la liste, mais il y a même
présentement de nouveaux règlements qui, certains éléments, et on l'a
mentionné, contreviennent à d'autres règlements ou à d'autres lois. Alors,
c'est ce qui arrive quand il y a une surréglementation, c'est qu'à un moment
donné on arrive avec des... et d'où l'importance des consultations, quand on
arrive avec tout le caractère opérationnel de nos... du fonctionnement des
détaillants, ça arrive parfois qu'il y ait des choses qui échappent à l'oreille
de certains... de certains ministères. Alors, le risque maintenant, c'est que
tout le monde ait le goût d'avoir une exemption, en disant : Écoutez, pour
l'environnement, on ne peut pas faire une... on ne peut rien négliger. Pour le
fait français... Mais, encore une fois, les intentions sont toujours bonnes. Le
problème, c'est que si on ne travaille pas en concertation, mais c'est là
qu'arrive les incohérences. Alors, nous, ce qu'on demande, ce n'est pas
nécessairement moins de règles. Évidemment, ce qu'on souhaiterait, c'est
davantage de cohérence réglementaire, une clarté puis du temps pour les mettre
en place. Ce serait déjà un bon début.
Mme McGraw : Merci. Donc, du
temps pour les mettre en place. En même temps vous suggérer... je trouve ça
très intéressant, les recommandations, la deuxième, effectivement, de mettre en
place un mécanisme de suivi économique pour voir les effets concrets des
barrières qui sont éliminées ou maintenues. Il y a juste un paragraphe. On
aimerait en savoir plus. Des indicateurs. De quoi ça a l'air? L'évaluation.
Qu'est ce qu'on évalue et quels sont les critères, les indicateurs?
M. Rochette (Michel) : Oui,
mais il y a quelques exemples, par exemple sur les... D'abord, le nombre de
règles qui existent sur la question de la reconnaissance des acquis, par
exemple, le nombre de... soit fois de délais qui existent entre les provinces
pour la reconnaissance d'une province à l'autre ou d'un secteur d'activités à
l'autre, de secteurs professionnels. Mais la liste peut être longue. C'est
surtout la durée, l'impact économique. Tout ce qui peut affecter de près ou de
loin les éléments qui sont visés par le projet de loi, on a une capacité de les
calculer. Le nombre de règles par provinces qui sont... qui se... qui se contredisent
en quelque sorte. Tu sais, l'import, c'est d'avoir une connaissance de tout ce
qui peut bloquer, freiner ou entraîner un... en quelque sorte des... une
lourdeur dans le commerce intérieur. Alors, on a des recommandations qui, je
pense, dans la mémoire, on l'a marqué, là, qui... en fait, on ne les a pas
écrits ici, mais on a une série de recommandations qu'on pourra faire en temps
et lieu sur les... on a six, sept critères qu'on pourrait suggérer, pour
lesquels... puis on pourra les bonifier, évidemment, mais on est capables
d'arriver avec une capacité de calculer, de chiffrer tous ces délais-là sans
trop de complications, mais l'important, c'est de collaborer avec les autres
provinces, c'est d'être capable de mettre en commun les mêmes indicateurs.
• (16 h 10) •
M. Mailly (Francis) : Je me
permets de compléter. C'est l'importance d'avoir un pas de recul pour avoir une
vue d'ensemble de ces... où sont ces délais-là, ils sont à combien date
d'aujourd'hui, puis c'est où qu'on veut aller. Donc, c'est ce pas de recul là.
Mais effectivement on avait commencé le
travail d'aller un petit peu plus loin, mais qui serait à compléter, je vous
dirais, à ce moment-ci.
M. Rochette (Michel) : Puis
on peut ajouter là-dessus les coûts de conformité. Alors, il y a beaucoup
d'éléments sur lesquels on pourrait travailler, là.
Mme McGraw : Bien, j'imagine
que je ne suis pas la seule que ça... Ça nous intéresse de recevoir ces
critères puis tout ce travail-là, c'est...
M. Rochette (Michel) : Bon.
On pourrait imaginer, par exemple, sur la mobilité des biens, donc les délais
moyens, la mobilité de la main-d'œuvre, il y a plusieurs éléments sur le nombre
de professions pour lesquelles il y a des reconnaissances ou non, sur
lesquelles il y a des freins, la cohérence réglementaire, les coûts
administratifs, l'accessibilité des marchés, donc, le nombre de nouveaux... de
nouvelles... de nouveaux produits qui sont conformés, mais interdits. Alors, il
y a toute une série de critères qu'on pourrait mettre de l'avant, mais
l'important c'est d'abord qu'on s'entende justement sur des critères communs,
mais le marché intérieur doit s'appuyer sur des communs, et c'est là-dessus
qu'il faut travailler, là.
Mme McGraw : La première...
donc, ça, c'est la deuxième, donc vraiment l'évaluation. Quels sont les effets
concrets? La deuxième. Ensuite, la première, c'est un réflexe d'harmonisation
dans toute nouvelle réglementation. Encore une fois, juste un paragraphe,
est-ce que vous pouvez nous en parler davantage?
M. Rochette (Michel) : Oui.
Bien, en fait, ça part d'un principe plus large, les fameuses analyses d'impact
réglementaire pour lesquelles, mon Dieu, on en a parlé puis on en parle trop
peu. Encore une fois, un bel exemple d'une bonne intention qui, malheureusement,
parfois, se travestit différemment en quelque sorte. Vous savez très bien qu'il
y a beaucoup d'études qui sont faites, ça fait que chaque règlement vient avec
une étude qui est souvent remplie de colonnes marquées...
M. Rochette (Michel) : ...et, la
raison, c'est qu'on n'a pas encore les données, ce qui est tout à fait louable.
Mais ça donne des résultats, à la fin, qui semblent être... On donne une
valeur. Par exemple, sur la... c'est ça, le nouveau projet de règlement, par
exemple, qui est la prochaine phase de la... de tout ce qui touche
l'obsolescence programmée, là, ce qui découle du projet de loi n° 29, on
est arrivé avec... le gouvernement a présenté une analyse d'impact économique
qui disait que, pour l'ensemble du secteur... en fait, pour l'ensemble du
Québec, pour le secteur économique dans son ensemble, les coûts, qui vont quand
même être assez importants, sont chiffrés à 20 000 $. On s'entend
qu'il manque quelques... quelques valeurs qui ne sont pas là. Alors, on l'avait
déjà indiqué : à l'avenir, bon, non seulement on devrait faire attention
comment on présente... s'il manque trop de données, ne les présentons pas et
attendons. Mais il manque toujours, dans ces études-là, la vraie donnée. C'est
est-ce que ça va favoriser le commerce, est-ce que ça va favoriser le commerce
intérieur. Alors, il faut prendre le réflexe systématiquement dans chaque
analyse d'impact et réglementaire, mais qui touche l'économie, d'avoir au moins
une mention et plus de détails sur est-ce que ça va aider ou non le commerce
intérieur. Il faut que ça devienne un réflexe, une obligation, en quelque
sorte. Il y a beaucoup de travail à faire sur les analyses d'impact
réglementaire, mais au moins, qu'on s'assure qu'il y a un volet sur le commerce
intérieur.
Mme McGraw : Et une dernière
question. Donc, ça, c'est la troisième recommandation, des mesures ciblées pour
les zones frontalières où les produits disponibles ailleurs au Canada sont
parfois interdits au Québec. Alors, quelles seraient des solutions pratiques,
des solutions concrètes que vous proposez pour réduire justement, mais
rapidement, effectivement, ces distorsions?
M. Mailly (Francis) : Ça
prend un forum de discussion. Puis ça... Spécifique. Parce qu'on va se le dire,
Ottawa, Gatineau, à maints égards, là, quand on prend un pas de recul, c'est un
peu la même ville. Il y a une partie de Gatineau qui est la banlieue d'Ottawa.
C'est la même agglomération, à maints égards, mais il y a beaucoup d'enjeux de
détaillants hyperspécifiques, de dire : Oui, mais de l'autre côté de la
rivière, c'est ça. On avait bon, les enjeux d'heures d'ouverture, qui est quand
même réglé dans cette région-là, à court terme. Mais il y a des enjeux de
production d'aliments qui est fait d'un côté : Ah, bien là, je ne peux pas
le vendre de l'autre côté à Ottawa, ah! mais oui, ici, il faut que je
l'affiche, mais pas là, il ne faut pas que j'affiche ce prix-là. Donc, le bien
a l'air beaucoup plus cher au Québec, alors que ce n'est pas nécessairement le
cas, mais ce n'est pas les mêmes règles. Donc, je vous dirais, ça prendrait un
canal spécifique pour des exemptions spécifiques juste pour cette ville-là.
Parce qu'on peut comprendre que si c'est entièrement ouvert entre les deux
provinces, ce n'est peut-être pas ça qu'on regarde, mais là, c'est vraiment une
entité qui est quasiment municipale, qui est... qui est fusionnelle. Donc, je
vous dirais, un canal qui est mis en place, spécifique, Gatineau-Ottawa.
Mme McGraw : Merci.
Le Président (M. Laframboise) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Je cède maintenant la parole
au député de Saint-Jérôme pour deux minutes et 21 secondes.
M. Chassin :Merci beaucoup. Bonjour, M. Rochette. Bonjour, M. Mailly.
Permettez peut-être que je... avant de
vous poser une question, que je fasse un petit... une petite anecdote. Je vous
raconte ça parce que j'ai travaillé en allègement réglementaire et
administratif. Et ça intéressera certainement le ministre de savoir que, de
haute lutte, on a aboli la Loi sur le matériel rembourré, en fait. Donc, on
n'a, au Québec, plus cette réglementation-là. Puis on en est bien fiers. À
l'époque, c'est une victoire. Mais, en même temps, c'était une victoire parce
qu'on était les seuls à encore avoir quelque chose sur le rembourrage.
Et il y a une réglementation fédérale qui
convenait à neuf provinces sur 10. Mais, dans la négociation, on avait un peu
le réflexe de dire : Bien, attendez, là, si on s'harmonise avec les autres
provinces, on va voir si on peut faire des gains en échange de laisser tomber
notre réglementation. Mais c'est une réglementation qui nuit à des commerçants
québécois. Et évidemment, moi, je me place dans la peau d'une autre province.
Si tu me demandes : Aïe! Regarde, je vais arrêter de me tirer dans le
pied, qu'est-ce que tu me donnes en échange? Arrête de te tirer dans le pied,
tu vas être mieux, c'est tout.
Ça fait qu'évidemment, je pense que, quand
vous parlez d'un réflexe d'harmonisation, il faut avoir cette compréhension que
le commerce, le libre-échange est positif pour toutes les parties. Et je trouve
que c'est, comment dirais-je, un beau... une belle façon de le formuler quand
vous dites : Protéger le consommateur au détriment du consommateur. C'est
aussi une façon de dire : Bien, il y a des interventions qui sont bien
intentionnées, mais il faut comprendre l'économie derrière puis le gain dans
l'échange puis le libre... le libre-échange. En tout cas, moi, je vous le dis,
je trouve que c'est très inspirant, là-dessus.
Sur les AIR, est-ce qu'il y a des façons
que vous croyez qu'on pourrait améliorer concrètement le processus d'analyse
d'impact réglementaire?
M. Rochette (Michel) : D'abord,
peut-être...
Le Président (M. Laframboise) : En
30 secondes.
M. Rochette (Michel) : En
30 secondes. Bien, on le réitère, puis on l'a déjà mentionné sur d'autres
tribunes, d'abord, assurons-nous de ne pas... à tout le moins de ne pas
utiliser ou d'instrumentaliser ces études-là à mauvais escient. Là, je dis ça
très gentiment, là. Lorsqu'on sait que les données ne sont pas exactes, ne les
publions pas ou indiquons sur la page couverture que c'est une étude qui est
incomplète. Parce qu'on a entendu, c'est déjà arrivé, des gens utiliser ces
études-là pour dire : Écoutez, l'impact est très... est très... presque
nul...
M. Rochette (Michel) : ...puis,
quand on a commencé à tourner les pages, c'étaient toutes des colonnes de
zéros, mais la valeur n'est pas zéro, et ce qu'il aurait fallu, c'est qu'il y
ait : Absence de données, absence de données.
Le Président (M. Laframboise) :
Merci.
M. Rochette (Michel) : Donc,
ça donne une fausse appréciation. Puis, lorsqu'on... lorsque...
Le Président (M. Laframboise) :
Merci.
M. Rochette (Michel) : Bien,
voilà.
Le Président (M. Laframboise) :
Merci beaucoup. Merci, M. le député. Je vous remercie, Messieurs Rochette et
Mailly, pour la contribution du Conseil canadien du commerce au détail aux
travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants,
très... quelques brefs instants, afin de permettre au prochain groupe de
prendre place. Ce sera en visioconférence.
(Suspension de la séance à 16 h 18)
(Reprise à 16 h 21)
Le Président (M. Laframboise) :
Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de l'Union des
producteurs agricoles. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de
la commission. Je vous invite donc à vous présenter, à présenter les personnes
qui vous accompagnent puis à commencer votre exposé, M. Caron.
M. Caron (Martin) : Bien,
merci, M. le Président. M. le ministre, Mesdames et Messieurs les
parlementaires, merci de nous accueillir dans le cadre de cette consultation du
projet de loi n° 112. Je suis Martin Caron, président général de l'Union des
producteurs agricoles et producteur agricole laitier et de céréales à
Louiseville, en Mauricie. Je suis accompagné de David Tougas et d'Aurélie
Paquet au niveau de la Direction de recherche économique et politiques
agricoles à l'UPA.
L'UPA regroupe l'ensemble des 42 000
productrices et producteurs agricoles exploitant 29 000 entreprises dans toutes
les régions du Québec. Nous représentons donc tous les secteurs de production
actifs sur les marchés locaux, nationaux et internationaux.
D'entrée de jeu, l'ouverture du commerce
interprovincial est présentée comme une stratégie clé pour stimuler le
développement de nouveaux marchés. Toutefois, le projet de loi, dans sa forme
actuelle, soulève plusieurs préoccupations pour le secteur agricole.
Tout d'abord, une approche unilatérale
nous semble mal viser. Elle permettrait à des produits provenant d'autres
provinces d'être vendus ici sans respecter nos propres normes, alors que rien
ne garantit que nos...
M. Caron (Martin) : ...produit
bénéficierait du même traitement ailleurs. Le PL n° 112
nous place ainsi dans une situation où l'exemption aux normes québécoises
deviendrait la règle, et le respect de celle-ci, l'exception. Ce qu'on demande,
c'est une véritable réciprocité des normes, afin d'assurer une équité entre les
producteurs, qu'ils soient d'ici et d'ailleurs, afin de ne pas compromettre la
compétitivité de nos entreprises agricoles.
Maintenant, abordons des enjeux
fondamentaux pour notre secteur, la mise en marché collective et la gestion de
l'offre. D'abord, il est important de savoir qu'environ 80 % de la valeur
de la production agricole québécoise, soit plus de 10 milliards
annuellement, proviennent de la mise en marché collective, dont près de
40 % est du secteur sous la gestion de l'offre. Par ailleurs, environ
70 % des produits agricoles du Québec sont transformés dans des usines
situées sur le territoire de la province, générant une valeur ajoutée estimée
environ à deux fois la valeur de la production agricole, ce qui contribue de
façon importante dans l'économie québécoise, et à nos ruralités.
L'Accord de libre-échange canadien,
surnommé l'ALEC, prévoit des exceptions visant à protéger certains secteurs
sensibles, dont le secteur agricole et ses mécanismes de mise en marché
collective. Toutefois, en voulant reconnaître automatiquement des produits des
autres provinces, le PL n° 112 risque de rendre plus
difficile l'application des exceptions prévues dans l'ALEC, comme l'article
812, qui protège notre système de mise en marché collective et de la gestion de
l'offre. Comme le PL n° 112 aurait force de loi, il
pourrait avoir préséance sur les règles de l'ALEC. À ce propos, l'absence d'une
exclusion explicite de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles,
alimentaires et de la pêche et de ses règlements dans le PL n° 112
soulève des préoccupations importantes. Compte tenu de l'importance stratégique
des mécanismes de mise en marché collective pour le secteur agricole québécois,
et de l'engagement public du premier ministre à protéger la gestion de l'offre,
au même titre que la langue française, l'absence de garanties législatives dans
le PL n° 112 est préoccupante.
Il est également essentiel de préserver
des normes qui structurent les filières et font la force de notre modèle
agroalimentaire. Les exemples des produits laitiers et les productions
biologiques le démontrent bien. Le Règlement sur les aliments de la Loi sur les
produits alimentaires fixe des exigences claires concernant la composition des
produits laitiers, non pas pour freiner l'innovation, mais afin de valoriser
les composantes laitières d'ici, prévenir les pratiques commerciales déloyales
et protéger la confiance des consommateurs. Ces normes n'ont pas pour effet de
restreindre le commerce interprovincial. Les produits circulent librement entre
les provinces. Un affaiblissement de l'application de ces normes entraînerait
inévitablement des pertes économiques pour les producteurs de lait du Québec,
en plus de provoquer un déséquilibre dans la valorisation des différentes
composantes du lait.
Pour le secteur biologique, l'articulation
du PL n° 112 avec la loi fédérale C-5 soulève des
enjeux majeurs. Si le système fédéral actuel, qui exige, au minimum, le respect
de... le Régime Bio-Canada pour le commerce entre provinces, venait qu'à être
déstructuré le PL n° 112 pourrait contraindre le
Québec à reconnaître les produits biologiques élaborés selon des exigences
moins strictes, compromettrait la compétitivité de nos producteurs bio
québécois, mais également, la confiance des consommateurs et des marchés
internationaux. De plus, le principe de reconnaissance prévu dans le projet de
loi comporte un risque majeur pour la protection des appellations réservées et
des termes valorisants. Autoriser comme produits fabriqués hors Québec, selon
des normes différentes... puissent utiliser une libre désignation, comme
«fromage fermier», risque de semer la confusion chez les consommateurs,
d'affaiblir la crédibilité de nos appellations, et donc, compromettre la
compétitivité de nos entreprises, qui ont investi temps et ressources afin de
développer des produits à forte valeur ajoutée.
Finalement, il faut reconnaître qu'il est
impossible d'anticiper l'ensemble des effets du projet de loi, tant sa portée
est vaste et inédite. Si son principe de reconnaissance ouvre de nouvelles
perspectives, il entraînera inévitablement des défis juridiques, techniques et économiques.
C'est pourquoi il est essentiel d'assurer une surveillance rigoureuse de sa
mise en œuvre et de ses répercussions sur la compétitivité du secteur agricole.
Nous recommandons donc la création d'un comité de concertation réunissant les
organisations sectorielles agricoles, afin de suivre de près...
M. Caron (Martin) : ...les
impacts réels de son application, d'apporter rapidement des ajustements
nécessaires, notamment en adoptant des exemptions prévues à l'ALEC.son...
En résumé, nous demandons au
gouvernement : d'énoncer clairement les objectifs poursuivis, de faciliter
le commerce interprovincial tout en veillant sur la protection des
consommateurs et de s'assurer du maintien de la vitalité économique des
entreprises du Québec; de préciser, par règlement, les exemptions... les
exceptions prévues à l'ALEC, notamment la mise en marché collective de la
gestion de l'offre demeure soumise aux exigences provinciales dans le cadre du
PL 112; veiller à ce que les dispositions soient intégrées afin de
garantir la protection de la Loi sur la mise en marché collective contre
l'application du principe de reconnaissance mutuelle, plutôt que s'en remettre
à une mesure réglementaire; de prévoir, par un règlement, une exemption en
application du principe de reconnaissance pour les normes applicables aux
producteurs... aux produits laitiers visés par la section 11.8 du Règlement sur
les aliments; de prévoir, par le règlement, une exemption à l'application du
principe de reconnaissance pour les produits biologiques ainsi que pour l'ensemble
des produits bénéficiant d'une appellation réservée et... d'assurer une
surveillance rigoureuse des effets de la mise en œuvre du PL 112 sur la
compétitivité du secteur agricole québécois; de mettre en place un comité de
concertation avec les organisations sectorielles afin de suivre l'incidence
réelle de l'ouverture des marchés.
En conclusion, bien que le PL 112 ne
concerne pas nécessairement les exigences réglementaires, environnementales ou
le bien-être animal, et qu'il vise plutôt les normes liées aux produits comme
les normes de composition, le gouvernement du Québec doit exiger une
réciprocité des normes et saisir l'occasion d'alléger le fardeau réglementaire
au niveau des producteurs agricoles. Dans un contexte marqué par une
incertitude économique et politique, il est essentiel que l'ouverture de ce
commerce interprovincial se fasse avec discernement. Le Québec ne peut pas
ouvrir ses portes à des produits sous des formes... sur des normes moins
contraignantes tout en maintenant des exigences élevées envers les producteurs,
surtout sur les produits québécois qui ne bénéficieront pas nécessairement du
même traitement au niveau des autres provinces. C'est une question d'équité, de
cohérence, mais surtout de respect envers ceux qui font vivre notre agriculture
et notre économie régionale. Merci.
• (16 h 30) •
Le Président (M. Laframboise) : Merci
beaucoup, M. Caron, pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la
période d'échange. M. le ministre et député de Beauce Sud, la parole est à vous
pour 14 min 42 s.
M. Poulin : Merci beaucoup, M.
le Président. Salutations, évidemment, à M. Caron, madame... M. Tougas. Mme
Paquet. Bien content de vous retrouver, de pouvoir échanger avec vous. Vous
dire, sur la gestion de l'offre, tout d'abord, tout comme vous, on défend le
système de gestion de l'offre. D'ailleurs, même le gouvernement a tenté de
déposer aujourd'hui une motion avec le concours des partis d'opposition pour
rappeler l'importance de la gestion de l'offre au Québec et que, dans le cadre
des négociations qui ont lieu, ceci ne doit jamais être compromis. Puis je le
dis, je le rappelle, parce que ce projet de loi là touche le commerce entre les
provinces et non pas le commerce canadien avec les États-Unis et, encore moins,
du Québec avec les États-Unis. Alors, la gestion de l'offre, elle est défendue,
oui, par les provinces, mais également par le gouvernement fédéral qui doit
jouer son rôle de leader dans le cadre des négociations avec la... Donc, tout
ça pour vous dire que, là-dessus, il n'y a pas, pour nous, d'inquiétude dans la
mesure où on le défend, puis on est dans un ensemble canadien.
Maintenant, je voulais quand même vous
entendre, parce que, dans ce projet de loi là, on a parlé tout à l'heure de
semences de pommes de terre, on a pu parler des abeilles, on peut parler de
différents éléments. On se laisse un pouvoir réglementaire qui n'est pas
seulement au ministre actuel, qui sera au prochain ministre responsable de
cette loi-là, pour dire : Il pourrait y avoir des enjeux de santé, il
pourrait y avoir des enjeux de salubrité x. Parce que le MAPAQ, je l'ai
beaucoup, beaucoup en tête lorsqu'on parle du règlement, et on pourrait venir
inscrire : Ceci n'est pas permis d'être vendu au Québec, commercialisé ou
autre.
Alors, je pense que ce règlement-là... Et,
si jamais l'UPA, avec sa fine connaissance du secteur agricole, nous
dirait : Dans le cadre de l'élaboration de ce règlement-là qui va se faire
suivant l'adoption de la loi, nous dirait : Bien, écoutez, n'oubliez pas
tel ou tel produit, on va en prendre acte, là, et je suis convaincu que les
oppositions vont également dire : Oui, il y a un enjeu à ce niveau-là.
Donc, le moins d'exceptions possible, on s'entend, parce qu'on croit au libre
marché entre provinces, puis aussi je veux vous entendre, parce qu'on a parlé
du protectionnisme québécois...
16 h 30 (version non révisée)
M. Poulin : ...jusqu'où, selon
vous, nos entreprises québécoises, agricoles, transformateurs ou autres, vont
pouvoir profiter aussi d'un marché qui est plus grand que ça? Grâce à l'ALECC,
grâce à notre projet loi, grâce à la réciprocité, mais c'est assez
extraordinaire d'avoir accès à un marché comme l'Ontario. C'est déjà le cas,
là, dans le cas de plusieurs commerçants. Tout comme lorsqu'on consomme des
pêches de l'Ontario ou des fruits de l'Ontario, c'est parce qu'ils ont déjà
accès à notre marché. Et, à moins que vous me dites le contraire, je pense que
ça se passe relativement bien.
Alors, je suis intéressé de vous entendre
sur les possibilités des producteurs québécois d'avoir accès aux marchés des
autres provinces et comment ça se passe présentement avec les produits
alimentaires de l'Ouest canadien, par exemple, ou de l'Ontario qui entrent ici.
Comment vous voyez le tout?
M. Caron (Martin) : Bien,
merci, M. le ministre, pour les commentaires puis la question. C'est grandement
apprécié aussi, le lien avec la gestion de l'offre puis j'inclus aussi la mise
en marché collective parce que, oui, la gestion de l'offre à l'affaire
40 %, mais, comme vous l'avez vu, plus de 70 % de la transformation se
fait puis il y a une mise en marché collective. On peut penser, exemple, au
sirop d'érable que vous connaissez absolument très bien, la production de porc
aussi, c'est toutes des mises en marché collectives.
Suite à ça, je vous dirais qu'au niveau de
la circulation des biens entre les provinces présentement, on ne peut pas dire
nécessairement qu'on en a une problématique sur d'autres productions, tout ça. Ça
fait que c'est pour ça qu'on disait : Il faut juste faire attention parce
qu'il y a des articles au niveau de l'ALECC qui sont là. Par contre, ça peut
être intéressant d'ouvrir en même temps puis de réaliser qu'au Québec, bien, on
a peut-être des choses qu'on n'a pas accomplies, je pense, exemple en
production alcoolisée, là, qu'on a, là, puis qu'ici on a un système qu'on ne
peut pas nécessairement... le producteur artisan, au niveau des alcools, ne
peut pas faire... donner à sous-contrat le transport. On le voit dans les
autres provinces, c'est permis.
Alors donc, je pense que ça va nous
amener, avec cette réflexion-là, à une ouverture. Puis vous l'avez mentionné, M.
le ministre, ce n'était peut-être pas dans ce cadre-là, peut-être dans un autre
cadre, mais ça va nous amener à ça. Ça fait que je pense qu'il y a quelques
éléments comme ça qui vont nous amener... mais nous, on a peut-être plus de
réticence pour s'assurer que les ententes qui ont été mises, bien, qu'elles soient
respectées dans ces accords-là. Je ne sais pas si Aurélie ou bien non David
avait quelque chose à rajouter, là.
M. Tougas (David) : Ça va. Dans
le fond, tu sais, en termes d'exemple, là, on a parlé de produits laitiers dans
notre mémoire, mais, tu sais, on produit 76 % des yogourts qui sont
commercialisés au Canada, donc on a déjà une certaine ouverture de nos produits
sur les marchés des autres provinces. Donc, comme M. Caron le mentionnait,
on ne sent pas beaucoup de restrictions dans le commerce des produits agricoles
actuellement dans le cadre actuel avec l'ALECC en place et de la réglementation
qui est déjà en vigueur.
M. Poulin : Mais j'ajouterais,
dans une certaine mesure, où, et du Québec et des autres provinces, le
traitement que les États-Unis font envers le Canada aussi a encouragé les gens
à acheter local dans les... bien, on a eu la pandémie, mais dans les derniers
mois, dernières années, qui ont aussi profité en partie à nos producteurs, je
dis «profiter», je mets un petit p, là, on s'entend, parce qu'il y a tellement
d'enjeux qui est relié au monde agricole, mais du moins qui a incité les gens à
acheter local, acheter québécois ou acheter canadien.
J'aimerais vous entendre sur la notion de
la mise en place d'un comité de concertation afin de monitorer les effets
potentiels de la mise en œuvre du PL n° 112. Pour
vous, c'est une camisole supplémentaire ou une barrière... une sécurité
supplémentaire pour dire : On va regarder comment ça se passe? Qui vous
verriez autour de cette table-là sans ajouter de bureaucratie ou autre?
M. Caron (Martin) : Oui, c'est
bien important. Bien oui, M. le ministre, c'est un des aspects, je pense, que
nous, au niveau des associations de producteurs... je pense qu'on doit être là.
Mais ensuite de ça, bien, on a tout le côté de la transformation et des ventes.
Je pense que c'est important d'avoir toute la filière. On est habitué ici, au
niveau du Québec, de travailler avec les filières, alors donc il faut avoir
toutes ces personnes-là alentour de la table et trouver des façons de faire.
Parce qu'au-delà de rentrer au niveau interprovincial, vous l'avez mentionné,
le contexte géopolitique, bien, nous amène aussi à avoir du dumping
présentement de d'autres pays qui se retrouvent ici au Québec et qui vont se
retrouver ici au Canada. Alors donc, je pense que d'avoir un accès à un comité
va nous permettre de suivre tous ces éléments-là.
M. Poulin : Puis... Et je
sais que ma collègue la députée de Saint-François a une question, alors je vais
lui... Je la laisse, M. le Président, faire la suite.
Le Président (M. Laframboise) : Parfait.
Mme la députée de Saint-François.
Mme
Hébert
:
Merci, M. le Président. Bien, vous m'avez interpelée par rapport aux fromages
fermiers...
Mme Hébert : ...vous savez,
je suis députée, puis, dans ma circonscription, on a la MRC de Coaticook. J'ai
beaucoup d'agriculteurs, de producteurs de fromages, dont la fromagerie la
Station. Puis, par rapport à la... je vois qu'il y a une crainte par rapport
que les appellations qu'on a ici, au Québec, on ne les retrouve pas à
l'extérieur du Québec, c'est ça?
M. Caron (Martin) :
Absolument...
Mme
Hébert
:
Puis vous avez une crainte que les produits qui rentrent ne respectent pas les
exigences que nous, on met pour nos fromages ici, au Québec. Est-ce que c'est
ça, vos craintes?
M. Caron (Martin) : Bien,
exactement.
Mme
Hébert
:
Donc, est-ce que...
M. Caron (Martin) : Oui.
Bien...
Mme
Hébert
:
Oui?
M. Caron (Martin) : Bien, je
m'en allais juste mentionner... C'est que le fromage fermier, avec le... toute
l'appellation puis la certification, bien, pour nous, c'est clair, c'est un
producteur qui a un troupeau puis que c'est un fromager, et ça se passe sur le
même site. Alors donc, si on arrive avec un produit qui vient d'une autre
province, qui utiliserait la même appellation, parce qu'on ne serait pas
capable de le bloquer parce qu'on vient de leur dire qu'ils peuvent venir, ils
pourraient appeler un fromage fermier mais qui aurait une autre définition au
niveau de leur province. Alors, c'est pour ça.
Et, vous l'avez mentionné, en Estrie, il y
a plus de 10 producteurs présentement qui ont travaillé pour cette
appellation-là. Et ça fait une plus grande richesse ici au niveau de l'économie
et du savoir-faire des producteurs. Alors donc, pour ça, le projet de loi amène
un risque que les gens ont travaillé là-dessus, autant pour le bio aussi.
M. Poulin : Je vais faire du
pouce sur l'excellente question de ma collègue. On comprend votre inquiétude
puis on veut la creuser. L'étiquette... L'étiquette ou, du moins, la norme
«fromage fermier» va demeurer quand même au Québec. Ça, c'est important. Et
vous allez tous dans des comptoirs de fromages, là. Puis moi, je cherche
toujours ceux du Québec parce que je considère qu'on en a assez. Même, le bleu
d'Auvergne, on le remplace par le bleu d'Élizabeth ou d'autres, là. Alors,
les... Donc, la solution sera peut-être, suite à cette loi-là, à mieux
renseigner les Québécois sur les différentes spécificités québécoises versus...
Parce que nous, on... Tu sais, il y a un moment donné où Queen's Park ne décidera
pas pour nous autres, là, on s'entend, là. On a le droit, nous, comme
Québécois, de dire : aliment du Québec, produit du Québec, fromage
fermier, spécificité québécoise. Moi, je me souviens du lait diafiltré à une
certaine époque, là, tu sais, qui était un enjeu fort important également.
Alors, je ne sais pas si ça vous rassure, mais on... le Québec garde ses
certifications et ses enjeux malgré le fait qu'on a d'autres gens qui entrent
chez nous, là.
• (16 h 40) •
M. Caron (Martin) : M. le
ministre... puis peut-être Aurélie pourrait peut-être rajouter, mais, sur cet
aspect-là, les gens vont pouvoir utiliser le même terme de «fromage fermier».
Ça fait que j'ai beau appeler «fromage fermier» puis d'avoir mon petit logo de
Québec, tout ça, mais vous savez comment ce que c'est, ça peut porter à
confusion quand on arrive sur l'étalage puis que... marqué le même. Parce que
les gens ont payé, ont payé pour aller chercher cette appellation-là puis avec
une certification. Alors donc, c'est un enjeu...
Je ne sais pas si, Aurélie, tu voulais
rajouter au niveau de la certification?
Mme Paquet (Aurélie) : Oui,
exactement. Les entreprises au Québec qui possèdent le terme valorisant
«fromage fermier» doivent répondre à un cahier de charges qui demande certains
investissements. Ça va toujours demeurer, ça, on est conscients.
Par contre, il est possible qu'un fromage
fermier d'Ontario, qui utilise cette appellation-là, qui n'est pas aussi
contrôlée ou n'est pas fondée sur les mêmes normes que le Québec, puisse
rentrer dans le cadre du principe de reconnaissance mutuelle. Donc, on
retrouverait sur des tablettes des fromages fermiers ontariens... je donne
l'exemple de l'Ontario, mais c'est fictif, un fromage fermier d'une autre
province qui ne correspond pas nécessairement à notre définition de fromage
fermier. Il y a un enjeu de compétitivité mais aussi de confusion pour le
consommateur.
Vous me direz : Oui, on peut... on
peut éduquer davantage le consommateur. Par contre, les appellations puis les
termes valorisants ont été mis en place pour protéger les consommateurs de la
fraude alimentaire, puis, pour eux, ça... d'être confus... mais on appelle ça
un fromage fermier en Ontario, mais ici, au Québec, c'est différent. Ça devient
un peu confus. Puis de faire un effort marketing, c'est... c'est un peu
d'encourager, d'une certaine façon, la fraude alimentaire, étant donné que
c'est... ils sont assez différents. Donc, c'est pour ça qu'on demande qu'il y
ait une exception pour les termes valorisants puis les appellations pour éviter
cette confusion-là pour les consommateurs qui acceptent de payer un peu plus
cher pour des produits qui ont une valeur ajoutée à leurs yeux. Donc, c'est là,
un peu, la confusion. Ce n'est pas qu'on a peur que nos certifications
soient... bien, nos appellations soient levées, mais c'est plutôt la confusion
que ça va créer d'avoir un produit qui est appelé de la même façon mais qui ne
correspond pas à nos normes ici.
M. Poulin : On en prend note,
évidemment, parce que... Évidemment, on veut le moins d'exceptions possible.
Puis l'approche que nous avions, c'est surtout sur des questions de sécurité et
de santé, pour lesquelles l'UPA sera partie prenante.
Maintenant, comment pourrais-je dire,
par...
M. Poulin : ...je sais que
j'achète québécois parce que je sais que c'est de meilleure qualité même s'il
porte le même nom. Mais est-ce qu'il faut bien renseigner les consommateurs?
Puis, souvenez-vous, là, des nombreuses discussions sur «aliments du Québec»,
«produits du Québec», «fabriqués au Québec», même nous, à l'intérieur du
Québec, des fois, on a difficulté à s'y retrouver. Alors, même si quelqu'un de
l'Ontario porterait le même nom, peut-être faudrait-il mieux sensibiliser que
le cahier de charge n'est pas le même. Mais, en même temps, on veut protéger le
consommateur, on veut lui donner la bonne information, alors c'est quelque
chose que l'on prend note, certainement.
Il nous reste combien de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Laframboise) : Une
minute 56 s.
M. Poulin : Permis sur
permis. On ne l'a pas abordé avec vous. Agronomes, possibilités de
main-d'oeuvre, comment vous voyez le tout?
M. Caron (Martin) : Bien, de
notre côté, au niveau de la main-d'oeuvre, la mobilité de la main-d'oeuvre
présentement, ce n'est pas une problématique. C'est sûr qu'ici on a des ordres
professionnels, versus au niveau des autres provinces, qui est différent. Alors
donc, ça, là-dessus, on a quand même des choses qui sont là, mais qui sont déjà
établies, là.
Je ne sais pas, David... Oui.
M. Poulin : Moi, je me
souviens d'une époque... bien, pas d'une «époque», de quelques jours où on me
disait qu'il manquait beaucoup de vétérinaires pour pouvoir faire le tour de
nos fermes agricoles et de nos... comment... de nos installations où on
retrouve des animaux, que ça pouvait amener souvent des délais importants. Et
là, de la façon dont la loi est inscrite, nous avons l'office des processions
qui devra notamment travailler au niveau des vétérinaires ou encore via
évidemment cette profession qui est bien reconnue. Alors, ça, c'est une bonne
nouvelle. Parce que, moi, je sais qu'il n'y a pas un agriculteur dans le comté
de Beauce-Sud qui ne m'a pas dit qu'il manquait de vétérinaires.
M. Caron (Martin) : Oui.
Peut-être, je vais faire du pouce sur qu'est-ce que vous mentionnez. Déjà, on a
rencontré au niveau de l'Ordre des vétérinaires pour trouver des nouvelles
façons pour que des gens, qu'ils aient une formation, soit de d'autres pays ou
même de d'autres provinces, soient accrédités comme vétérinaires ici. Ça fait
qu'il y a peut-être des choses qui vont pouvoir être accélérées pour s'assurer
sur cet aspect-là. C'est sûr qu'on peut voir comme autant aussi l'aspect
d'allègement réglementaire dans d'autres situations qui vont... qu'on va
prendre conscience ici au niveau du Québec, là.
M. Poulin : Bien, merci. On
est à la même place. Alors, merci beaucoup. Merci pour votre bon travail
également.
M. Caron (Martin) : Merci.
Le Président (M. Laframboise) : Merci
beaucoup. Merci, M. le ministre. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée
de Notre-Dame-de-Grâce pour neuf minutes 16 s.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Et merci pour votre présentation et votre... bien, présence en
virtuel.
Donc, juste pour enchaîner sur le
ministre. Nous avons appuyé la motion du gouvernement justement pour renforcer
l'importance de la gestion de l'offre. Évidemment, ça n'a pas été... la motion
n'a pas été retenue, mais nous avons appuyé cette motion-là parce que la gestion
de l'offre ainsi que la protection de la mise en marché, pour nous, c'est...
c'est des incontournables et c'est des piliers vraiment de notre modèle
agroalimentaire. Alors, ceci étant, comment le projet de loi devrait être...
doit-il être modifié pour éviter ou bien pour... bien, éviter effectivement de
fragiliser ces piliers?
M. Caron (Martin) : Je peux
peut-être laisser aller David et Aurélie, peut-être, à en venir sur les enjeux,
sur les exceptions, les exemptions aussi qu'on parle.
M. Tougas (David) : Bien, en
fait, c'était par principe de précaution. Comme ça a été mentionné par d'autres
intervenants, le projet de loi est excessivement large, et qu'on a l'impression
qu'on a de la difficulté à tout cerner, là, ses impacts potentiels. Donc, compte
tenu que 80 % de la valeur des produits agricoles au Québec est faite au
travers de la mise en marché collective, nous, on juge que c'est... c'est trop
important pour ne pas le mettre dans le projet de loi, soit en exemption
directement dans la loi ou par... via le règlement, là, à venir. Donc, on en
est là, là. On n'a pas... On n'a pas d'exemple concret, mais compte tenu de
l'importance névralgique de cette loi-là, on juge que c'est le minimum qu'il
faut faire. Puis, après coup, comme M. Caron le disait, bien, d'avoir un comité
de suivi. Donc, si on n'a pas vu certains de ces impacts-là, bien, on va
pouvoir les relever, les soulever dans le comité de suivi et adresser ceux-ci,
là, par le... dans le futur, si jamais il nous en arrivait, là.
Mme McGraw : Merci. Dans
votre mémoire, vous craignez que l'approche unilatérale du projet loi 112 crée,
je cite, «une asymétrie au détriment des producteurs québécois». Alors,
concrètement, quels mécanismes de réciprocité devraient être inscrits dans la
loi pour éviter ce que vous percevez comme un... percevez comme un
déséquilibre?
M. Caron (Martin) : Je vais
peut-être commencer...
M. Caron (Martin) : ...puis je
vais laisser mes deux collègues... Mais quand on a appelé ça... puis dans notre
mémoire, on l'a bien identifié... c'est parce que l'Ontario est arrivée avec
une vision bilatérale, en voulant dire : Vous reconnaissez des règles chez
nous, et, ensuite de ça, on va le faire. Tandis qu'ici, c'est à l'inverse, et
c'est ça qui nous met à risque, et c'est pour ça qu'il faut avoir des
exemptions et des exceptions, parce qu'il y a déjà des ententes qui sont là.
Puis le défi qu'on a, c'est qu'on est structurés ici, avec des ententes
spécifiques... et, en même temps, aussi, des choses, au niveau de la société
québécoise, qu'on s'est données. Alors, ça, c'est un des aspects. Je peux
peut-être laisser aller... sur l'aspect un petit peu plus technique, au niveau
des articles 812 et des autres articles, au niveau de la... là.
M. Tougas (David) : Bien, en
fait, là, ce qu'on indiquait dans notre mémoire, c'est qu'au-delà... Tu sais,
on comprend que le commerce interprovincial, on vise surtout des normes
techniques, je vais dire ça comme ça, de produits, mais, tu sais, je
pense qu'il ne faut pas oublier dans l'équation là, toutes les normes
environnementales, de bien-être animal et réglementaires que nos producteurs
doivent subir. Donc, je comprends que ça, c'est peut-être du côté de
l'allègement réglementaire, mais je pense que le PL n° 112
amène à une opportunité pour revoir tous ces éléments-là, pour assurer que nos
producteurs soient sur... puissent opérer à armes égales, je vais dire ça comme
ça, avec leurs collègues des autres provinces canadiennes.
Mme McGraw : Juste pour
revenir... On parlait de réciprocité, puis, justement, ce que... ce qui vous
préoccupe, c'est le fait que ce soit... la possibilité que ce soit unilatéral,
et non bilatéral. Que pensez-vous de... d'ententes, de signer des ententes,
avec des autres provinces, de façon bilatérale?
M. Caron (Martin) : Bien,
c'est sûr que c'est un des outils, d'être capables d'avoir ces aspects-là. Mais
ici, au Québec, on a décidé d'y aller d'une façon, ça fait qu'il faut être
capables d'être assumés. Je prends juste la production bio, là. Puis, on l'a
expliqué dans notre mémoire, on est des leaders au niveau de la production bio
puis on a développé des marchés, au niveau international, sur 35 pays, là.
C'est 10 % de la production bio au Canada, là. Ici, au Québec, c'est
10 %, là, puis, comparativement au reste du Canada, c'est 3 %. Ça
fait que c'est ici, les producteurs, puis avec toute la filière, qu'on a
développé des marchés extérieurs. C'est pour ça qu'avec le C-5 qui arrive puis
qui dit : OK, on peut changer les règles, peut-être, au niveau de ces normes-là
canadiennes, ça met à risque nos entreprises. Alors donc, c'est pour ça qu'on
se dit qu'il faut avoir un frein, quelque chose pour protéger sur les
investissements qui ont... qui ont été faits là, de nos gens, puis de la
filière ici, là. C'est des exemples comme ça.
• (16 h 50) •
Puis il y a toute la protection, aussi,
que M. le ministre a mentionnée. On a parlé des... des pommes de terre. Déjà
là, au niveau sanitaire, il y a une protection, et il y a déjà eu des ententes,
au niveau des autres provinces, pour dire qu'il ne faut pas avoir des échanges,
parce qu'il y a des maladies où est-ce que nous, on va contrôler ces
maladies-là ici au Québec. Ça fait qu'il faut maintenir ces pouvoirs-là d'avoir
accès à des exceptions, des exceptions, tout dépendant, là.
Mme McGraw : En parlant
d'exemptions et d'exceptions, vous proposez, entre autres, des... une exemption
spécifique pour les normes applicables aux produits laitiers. Alors, juste pour
élaborer, pourquoi ces normes sont-elles ou seraient-elles si stratégiques pour
le Québec, et qu'est-ce qui arriverait si elles n'étaient pas protégées? Et,
par la suite, même question vis-à-vis les produits biologiques ou ceux à
appellation réservée.
M. Caron (Martin) : OK. Bien,
je vais laisser soit à David ou Aurélie, là... On en a parlé un petit peu au
niveau du yogourt puis des contenants.
M. Tougas (David) : Bien, au
niveau des produits laitiers, en fait, les normes ont plusieurs utilités, là,
je vais dire ça comme ça. Oui, la qualité des produits, bien évidemment, mais
aussi, là... ça permet aussi d'avoir un certain équilibre dans l'utilisation
des ingrédients laitiers, pour ne pas qu'il y ait de surplus. Tu sais, en
modifiant, là, les... la composition du yogourt, du fromage, on pourrait se retrouver
avec des surplus d'ingrédients laitiers, qui seraient difficiles à écouler sur
les marchés, et donc il y aurait des pertes financières pour les entreprises
agricoles. Aurélie, je ne sais pas si tu veux compléter au niveau du bio, s'il
vous plaît?
Mme Paquet (Aurélie) : Oui.
Au niveau du bio, il faut comprendre qu'avec le C-5 ça crée une drôle de situation
quand on les articule. On ne sait toujours pas... on n'a pas encore le
règlement d'application du C-5. Nous, on a demandé à ce qu'il y ait une exception
pour tout ce qui est produit biologique, étant donné qu'il y a des... vraiment
des enjeux majeurs qui se sont révélés dans notre lecture. En fait, si le
gouvernement fédéral applique son principe de reconnaissance comme quoi il
considérait les normes biologiques provinciales comme étant comparables au
Régime Bio-Canada, qui exigeait, qui exige en ce moment, encore, que tout
produit qui transige entre provinces ou à l'international réponde aux normes du
Régime Bio-Canada, ça fait que c'est ce qui crée l'uniformité. Mais dans le cas
de C-5, on vient un peu briser cette uniformité-là si on reconnaît que les
exigences...
Mme Paquet (Aurélie) :
...provinciales, même si elles sont moins exigeantes que le RDC, sont
comparable. Donc là, on en vient à multiplier toutes les normes. Qu'est-ce
qu'on définit comme étant biologique? On a des ententes d'équivalence qui ont
été négociées avec plusieurs pays, comme M. Caron l'a mentionné. Donc,
pour nos partenaires commerciaux, ça va devenir très confus pour eux parce
qu'on n'a pas... La RDC exige que la certification s'instaure dans toute la
chaîne de valeur. Mais si on permet à un produit, qui est d'une autre province,
dont les normes sont moins exigeantes que RDC, de rentrer au Québec, ça rentre
dans notre chaîne de valeur, comment on peut garantir que les produits
québécois sont bel et bien bios selon les normes aussi exigeantes que la RDC?
Donc, nous, on le demande dans le cadre du PL no° 112 de se garder un
certain garde-fou en fonction de ce qui va se passer avec ces cinq ans, en
excluant nos produits biologiques au même titre que les produits sous
appellation... pour préserver cette appellation-là et maintenir la confiance
des consommateurs envers ces appellations-là, puis également protéger la
compétitivité des entreprises et rassurer nos partenaires commerciaux. Ça fait
que, comme ça, on saura que tout produit biologique au Québec est fondé au
moins sur la norme du RDC. Donc, c'est ce qu'on amène comme enjeu pour les
produits biologiques.
Mme McGraw : Je ne sais
pas s'il me reste du temps pour une dernière petite vite, vite réponse. Vous
avez parlé de...
Le Président
(M. Laframboise) : Oui, oui, vous avez du temps, madame. Je vous
rajoute trois minutes. Je vous rajoute trois minutes.
Mme McGraw : Ah! Bien,
je ne sais pas... Merci, M. le Président, c'est très gentil. Un comité de
suivi. Vous recommandez un comité de suivi. Est-ce que vous pouvez nous parler
du rôle que vous envisagez et quels indicateurs clés devraient être suivis pour
protéger la vitalité économique du secteur agricole québécois?
M. Caron (Martin) :
Bien, comme je mentionnais tantôt, c'est que d'avoir tous les acteurs de la
filière, autant au niveau de la production avec les producteurs, les
associations, plus au niveau de la transformation, aller jusqu'au bout de la
chaîne. Et pour nous, c'est important. On est habitués de travailler avec ça.
Puis c'est voir au niveau des impacts ou des façons de faire. En même temps, on
va se le dire, puis dans notre mémoire, on nous en parle, c'est d'éviter qu'on
ait des conflits au niveau juridique ou économique. Puis les interprétations de
tout ça. Ça fait que c'est ça aussi. Et je pense que si le gouvernement est là
et amène ce comité-là, on va juste s'assurer qu'on s'entend tout le monde
ensemble puis s'assurer aussi, parce que le développement interprovincial, bon,
ça peut être intéressant, mais moi, je le vois beaucoup au niveau des autres
pays présentement, parce qu'ici au Canada, tu sais, on était un pays... On est
le neuvième pays dans le monde au niveau de l'exportation de l'agriculture puis
de l'agroalimentaire. Ce n'est quand même pas rien, là, mais les... Mais les...
Si on a des agents pour travailler ensemble, que ça soit ici, au Québec, pour
au niveau de l'exportation, on est leader dans la canneberge. Acéricole, on est
des leaders dans le monde. Le blé sauvage, on est des leaders au niveau du
Québec. Je vous donne juste des exemples qu'on est au niveau de l'exportation
et d'e de la production de porc que je rajoute là-dessus. Ça fait qu'on a déjà
des choses qui sont là pour peut-être juste, s'interpellant entre nous autres,
pour s'assurer que les gains, t les gains qu'on peut avoir à long terme, c'est
beaucoup plus dans d'autres marchés présentement et avoir une notion aussi de
priorité de sécurité alimentaire, là. Au niveau du Québec, on parle de plus en
plus de se protéger, d'autonomie alimentaire. Bien, il faut avoir des outils
aussi à ce niveau-là au niveau du Québec, là, une priorité nationale au niveau
de l'alimentation et de l'agriculture, là, c'est une des plus grandes richesses
qu'on a, là.
Mme McGraw : Merci.
Le Président
(M. Laframboise) : Merci beaucoup. Donc, maintenant, je... Merci,
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Je cède maintenant la parole au député
de Saint-Jérôme pour 2 min 21 s.
M. Chassin :
J'ai-tu trois minutes de plus aussi, M. le Président?
Le Président
(M. Laframboise) : Non.
M. Chassin :
Non? OK, c'est bon. Quelqu'un s'essaie. Bonjour, M. Caron. Bonjour, en
fait, à vous tous. Évidemment, je peux commencer un peu comme les autres
formations, là, pour vous dire qu'il y a effectivement eu une motion présentée
à l'Assemblée nationale sur la gestion de l'offre. Et moi, je n'ai pas donné
mon consentement. Puis c'est un peu la même chose que j'ai faite le
11 février dernier. Puis je pense, M. Caron, que vous ne serez pas
particulièrement surpris. Je pense que, là-dessus, on sait qu'on s'entend qu'on
ne s'entend pas en quelque sorte. Ceci étant, moi, ce que je comprends, puis à
la limite je ne sais pas si on veut vraiment en parler ici en
2 min 38 s, mais ceci étant, moi, j'aurais une question pour
essayer de comprendre. En fait, je trouve que c'est intéressant de vouloir
mesurer l'application et l'impact de la mise en œuvre du projet de loi
n° 112. Évidemment, le mesurer, vous parlez beaucoup de la compétitivité
des entreprises, et puis, là, j'avoue que je ne suis pas certain de comprendre
ce que vous voulez établir comme relation entre la compétitivité de nos
entreprises québécoises puis la réciprocité des, comment dire, de l'ouverture
des marchés...
M. Chassin :...donc, si nous, on élimine par exemple des barrières au
commerce interprovincial, puis qu'une autre province ne le fait pas, en quoi ça
affecte la capacité de nos entreprises de compétitionner avec des entreprises,
par exemple, de d'autres provinces, même s'il y a un marché qui ne leur est pas
accessible?
M. Caron (Martin) : Oui.
Bien, je vous dirai que d'entrée de jeu, présentement, on a les normes les...
au niveau environnemental ou au niveau du bien-être animal, on a déjà des
normes plus élevées. Comme Aurélie l'a dit, nous avons déjà des cahiers de
charges qui sont là. Vous savez, ici, au Québec, quand j'arrive pour faire
juste ma gestion de l'eau, l'entretien des cours d'eau, ça me prend deux ans et
demi et ça coûte des sommes astronomiques. Le reste des provinces, elles n'ont
pas ces coûts-là. Juste au niveau du marché du carbone, qu'on parle beaucoup
ces temps-ci, c'est le même principe. Nous, ici, au Québec, on paie ça, les
producteurs. Et là on va faire venir d'autres produits des autres provinces
quand ils ne sont pas... Tout l'aspect environnemental, je sais que le
gouvernement, puis je sais que vous êtes préoccupés en lien avec ça. Je pense
que tous les parlementaires semblent dire : OK, il faut... il faut faire
quelque chose, là. Mais c'est ça qu'on vit. Cette pression-là... au niveau des
producteurs. Ça fait qu'on se dit : OK, bien, quand les autres ne vivent
pas cette situation-là, on a créé un endettement agricole sur les dernières
années, et là on a un transfert d'entreprises avec nos jeunes. C'est... Le
défi, il est là. Quand on dit qu'il faut rester compétitifs...
Le Président (M. Laframboise) : Merci.
M. Caron (Martin) : En
voulant dire, si on allège des règles ailleurs, bien, il faut... il faut juste
trouver une façon de faire, là.
Le Président (M. Laframboise) : Merci
beaucoup, M. Caron. Je vous remercie, vous et votre équipe, pour la
contribution évidemment de l'Union des producteurs agricoles du Québec aux
travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre au prochain intervenant de prendre place encore en
visioconférence.
(Suspension de la séance à 16 h 59)
(Reprise à 17 h 01)
Le Président (M. Laframboise) : Je
souhaite maintenant la bienvenue à M. Robert Gagné, professeur titulaire au
Département d'économie appliquée à HEC Montréal. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé. Puis nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et à commencer votre exposé. Merci.
(Visioconférence)
M. Gagné (Robert) : Oui.
Bonjour. Bien, bonne fin d'après-midi. Merci pour l'invitation. Mon nom est
Robert Gagné. Je suis professeur nouvellement retraité cependant à HEC Montréal
et toujours directeur du Centre sur la productivité et la prospérité. Je vais
venir vous parler peut-être de choses pour lesquelles vous... vous ne vous
attendez pas.
Ma réflexion autour du commerce
interprovincial et de ce qu'on appelle les barrières au commerce
interprovincial part, en fait, des travaux du centre que je dirige depuis
15 ans, qui portent sur l'évolution du niveau de vie au Québec et au
Canada, et le fait, le constat lancinant, je devrais dire, que ce niveau de vie
ne croît pas assez rapidement, et le fait qu'économiquement on perd du terrain
par rapport aux principales économies industrialisées.
Et, ce constat-là, bien, je ne suis pas le
seul qui le fais, mais je le lie étroitement à notre performance en matière de
productivité. Vous savez, en 2009, quand j'ai commencé les travaux autour des
enjeux de productivité et de niveau de vie au Québec, il n'y a à peu près
personne qui parlait de productivité. Et maintenant, c'est un mot qui est sur
toutes les lèvres, pas juste à Ottawa, aussi beaucoup à Québec...
17 h (version non révisée)
M. Gagné (Robert) : ...donc on
sait maintenant que la croissance de notre niveau de vie depuis 40 ans est
essentiellement due à la croissance de notre productivité et que celle-ci n'est
pas... n'est pas ce qu'elle pourrait être. Et c'est pour cette raison que le
Québec et le Canada perdent du terrain par rapport à, par exemple, une très
grande majorité de pays de l'OCDE. Puis là je ne vous parle pas des États-Unis
où là on est dans des écarts abyssaux. Pendant longtemps, on s'est posé la
question pourquoi? Pourquoi, c'est... pourquoi on a de la difficulté à faire
croître notre productivité? Puis ce n'est pas faute d'essaye, hein? Vous savez,
les gouvernements, notamment le gouvernement actuel à Québec est
hyperinterventionniste, mais cherche à soutenir les entreprises de toutes les
façons possibles, avec des résultats assez... je dirais, assez médiocres dans l'ensemble.
Et là on pointe certains facteurs. Ah! l'investissement n'est pas au rendez-vous,
l'adoption de nouvelles technologies n'est pas au rendez-vous, l'innovation n'est
pas ce qu'elle pourrait être, les brevets, ce n'est pas ce que ça devrait être.
Ça, ce sont, je dirais, des causes intermédiaires. Pourquoi les entrepreneurs
du Québec et du Canada, parce que le constat est le même à peu près partout au
Canada, ne voient pas la nécessité d'investir davantage, d'innover davantage, d'adopter
plus de nouvelles technologies, d'innover, tout ça?
Il y a plusieurs raisons, mais une des
raisons principales, c'est la concurrence qui est insuffisante dans ce pays, et
notamment au Québec. Vous savez, le Canada et le Québec, c'est une terre de
monopole et de quasi-monopole. Des grands pans de l'économie échappent aux
règles de la concurrence. Et pourtant, la concurrence, c'est le principal moteur
de l'innovation, de l'investissement, et donc de la productivité, et donc de la
croissance du niveau de vie. Mais ici, on se méfie de la concurrence. J'écoutais
les intervenants précédents qui, bon, eux, défendent leur industrie, défendent,
par exemple, la gestion de l'offre. Bien, vous devez savoir que la gestion de l'offre,
ce n'est pas la panacée dont tout le monde vend maintenant, là, ça semble être
la meilleure chose depuis l'invention des boutons à quatre trous, ce n'est pas
le cas, et je ne fais pas beaucoup de prédiction comme économiste, mais je vous
prédis celle-là, qu'il va arriver la même chose avec la gestion de l'offre qui
est arrivée avec les permis de taxi, notamment à Montréal. C'est-à-dire qu'éventuellement
les contribuables vont devoir casquer pour rembourser des producteurs pour
racheter leurs quotas. Le système va s'autodétruire tôt ou tard.
Mais il y a d'autres secteurs. Prenez le
secteur des transports, très monopolisé, le secteur des télécommunications, le secteur
financier, les banques, l'agriculture, on en a parlé, la construction, le
commerce d'alcool. Je m'étonne encore aujourd'hui, en 2025, que l'État, qui est
là pour promouvoir la santé publique, opère une chaîne de magasins d'alcool, soi-disant
que c'est un produit dangereux. Pourtant, l'État n'opère pas une chaîne de
magasins de cigarettes ou une chaîne de magasins d'armes à feu qui sont des
produits pas mal plus dangereux que l'alcool. Alors, les marchés publics, donc
tout le système d'achat gouvernemental, ça aussi, ça échappe de plus en plus à
la concurrence parce que les règles sont de plus en plus complexes et il n'y a pas...
il y a de moins en moins d'entreprises qui soumissionnent sur les contrats
publics et encore moins des entreprises des autres provinces.
Donc, il y a une nécessité de faire la
promotion de la concurrence, de développer la concurrence. Quand on regarde la
situation au Canada, pendant longtemps, les gouvernements, tous gouvernements
confondus, autant le fédéral qu'au niveau provincial, ont été très laxistes vis-à-vis
la gestion de la concurrence. Pourtant, on fait face, à cause de notre
géographie, à des vents contraires. On n'a pas un territoire qui,
naturellement, favorise la concurrence. Le Canada, ce n'est pas l'Europe avec
400 millions de personnes sur un petit territoire ou les États-Unis avec
380 millions de personnes sur un grand territoire, mais quand même 380 millions
de personnes. Ici, c'est 40 millions de personnes sur un vaste territoire,
ce qui fait que les marchés sont... les marchés régionaux sont assez isolés les
uns des autres, et donc ça, ça réduit la concurrence. Devant cet état de
situation là, qu'on ne peut pas changer, on ne peut pas changer la géographie...
M. Gagné (Robert) : ...bien,
on aurait dû avoir... on devrait avoir une attitude comme on observe en Europe,
en Europe de l'Ouest, dans l'Union européenne, une attitude assez agressive
vis-à-vis la concurrence. Bien non. Le contraire. On fait... On fait exactement
le contraire. Et je vous écoute, vous, les législateurs, et vous continuez de
persister à vouloir, par toutes sortes de législations à gauche et à droite,
limiter la concurrence.
Alors, une chose qu'on peut faire pour
augmenter la concurrence dans ce pays, c'est d'attaquer ce que vous appelez les
barrières interprovinciales. C'est très bien. On les a étudiées. J'ai... On a
publié un rapport, nous, au mois de mai pour les documenter. Et ça ne peut pas
faire de tort de faire du ménage dans toutes les petites réglementations, petites
lois tatillonnes qui viennent limiter le potentiel commercial entre les
provinces. C'est-à-dire, si les pays souverains en Europe sont capables de
faire du commerce de manière importante entre eux, ce n'est certainement pas
parce qu'ils s'enfargent dans des détails de réglementations puis de normes
différentes. Ils uniformisent puis ils s'arrangent pour que non seulement les
marchandises mais aussi la main-d'oeuvre circulent librement.
Moi, quand j'ai écouté, en attendant, là,
vos intervenants, je pense, vous n'êtes pas sorti du bois... les intervenants
avant moi, parcce que vous n'êtes pas sorti du bois, hein? Bien honnêtement, ça
va être une mer d'exceptions, votre affaire... tout le monde. Je ne peux pas
croire, moi, qu'il y a des gens au Québec qui nous affirment comme ça
publiquement que, bien, les Ontariens, eux autres, ils sont assez totos puis
ils empoisonnent leur monde avec leur fromage, là, tu sais. Je trouve ça
extraordinaire. Je trouve ça... en fait, c'est fantastique, amener des arguments
comme ça. Alors, il faut arrêter,l à un moment donné, là, de vouloir tout
normer. Et, ça, c'est un comportement protectionniste. Alors, le Québec, depuis
25, 30, 40 ans, qui se vautre littéralement dans le libre-échange, les vertus
du libre-échange, c'est épouvantable, on est, en même temps qu'on dit ça, de
l'autre côté de la bouche, hyperprotectionnistes. Parce que là : Ah! bien
là, il y a le fromage, ah! bien là, il y a les denturologistes, ah! bien là, il
y a les optométristes, les vétérinaires, les ci, les ça. Écoutez, il faut
arrêter, à un moment donné.
Alors, c'est pour ça que moi, la question
du commerce interprovincial, je ne vois pas tellement ça comme une question de
diversification des marchés en réponse aux tarifs américains. Ça... N'espérez pas
beaucoup de bénéfice de ce côté-là. On ne peut pas aller contre la géographie.
Et puis ce n'est pas beaucoup dans le reste du Canada que ça va se passer. Si
on réussit à diversifier nos marchés d'exportation, ça va être vers d'autres
pays. Puis c'est très bien.
• (17 h 10) •
Le Président (M. Laframboise) : 30 secondes,
30 secondes, M. Gagné.
M. Gagné (Robert) : Oui. Moi,
je le vois plus comme une question de concurrence. Et comme il me reste juste
30 secondes, puis on aura peut-être le plaisir d'échanger après, dans le
rapport que j'ai envoyé à la commission, je fais état de sondages auprès des
entreprises, des entrepreneurs, certains qui font du commerce international et
du commerce interprovincial et d'autres qui n'en font pas. Et on leur demande
dans ces enquêtes-là... ce n'est pas moi qui l'a fait, c'est Statistique
Canada...
Le Président (M. Laframboise) : Merci.
M. Gagné (Robert) : On leur
demande quelles sont les principales raisons qui entravent le commerce, et ce
n'est pas ça dont on discute ici, malheureusement.
Le Président (M. Laframboise) : Merci,
merci, M. Gagné.
M. Gagné (Robert) : Mais je
pourrai y revenir.
Le Président (M. Laframboise) : Parfait.
Donc, merci pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, député de Beauce-Sud, la parole est à vous.
M. Poulin : Oui. Bonjour, M.
Gagné. C'est un plaisir de vous entendre aujourd'hui sur divers éléments.
Est-ce que vous savez que le
19 octobre prochain, nous allons célébrer un anniversaire?
M. Gagné (Robert) : Le vôtre?
M. Poulin : Le
20e anniversaire de quelque chose de très important au Québec. Est-ce que
vous savez c'est quoi? Ce sera les...
M. Gagné (Robert) : Probablement
que je le sais mais... Oui.
M. Poulin : Non, non, mais,
je pense, je vais vous faire sourire. Ce sera les 20 ans du dépôt du
rapport Pour un Québec lucide avec Lucien Bouchard, à l'époque. Vous vous
souvenez de ça?
M. Gagné (Robert) : Oui.
M. Poulin : Et, dans ce
rapport-là, il y a beaucoup, beaucoup d'éléments qui se retranchent avec ce que
l'on dit aujourd'hui. Mais je vous rappelle quelques lignes du dépôt du rapport
Pour un Québec lucide. On parlait d'un investissement massif en éducation et en
formation, ça a été fait par notre gouvernement, notamment le dégel des frais
de scolarité, 2012, M. Charest l'a fait, la création d'un régime de
remboursement de prêts étudiants en proportionnel aux revenus, bon, le
programme de prêts et bourses existe maintenant, il fonctionne bien...
M. Poulin : ...la mise en
place de mesures pour inciter les Québécois à maîtriser plusieurs langues, puis
on parle d'ouverture d'esprit et de barrières, on a mis... les libéraux ont mis
en place l'anglais en première année, qui était une excellente mesure, soit dit
en passant, une hausse des tarifs d'électricité d'Hydro-Québec, dont une partie
pourrait toucher... pourrait être consacrée au remboursement de la dette, une
réforme majeure du système de taxation, la création d'un revenu minimum garanti — bon,
ça, ça n'a pas été fait, et une plus grande ouverture au secteur privé.
Alors, quand même, on ne peut pas dire
que, depuis 20 ans, il y a des éléments qui n'ont pas été faits dans une optique
de déréglementation et d'allègement, parce que vous nous parliez de concurrence
notamment. Nous, on est l'équipe qui a aboli le prix plancher sur l'essence,
qui a permis de ramener de la concurrence, notamment en Outaouais, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, en Chaudière-Appalaches, à Québec, où on a eu
davantage de compétition. Alors, il y en a eu, des gestes de déréglementation.
Là, vous avez entendu l'UPA avant nous
qui, à juste titre, pose des questions légitimes. Mais peut-être avez-vous
entendu la FCCQ, entendu le Commerce canadien du détail, entendu la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante où on leur a dit qu'on souhaitait le
moins d'exceptions possible, le moins d'exceptions possible en matière de
commerce intérieur. Sauf qu'on peut, M. Gagné, je pense, puis je suis
intéressé à vous entendre là-dessus, mâcher puis marcher en même temps, mâcher
de la gomme puis marcher en même temps, parce qu'on peut travailler à augmenter
notre productivité. Puis ça, c'est hyperimportant puis ça va par des nouveaux
marchés, par de la déréglementation, par des cycles économiques qui, des fois,
sont plus difficiles pour certains, et, en même temps, avoir un leadership
comme gouvernement du Québec.
Puis notre projet de loi, il n'est pas
très compliqué, il a deux choses. Permis sur permis, vous parliez des
vétérinaires, ils sont assujettis, via l'ordre des professions et via l'ordre
professionnel, à faire tomber les barrières entre les provinces. Donc, ça,
c'est un élément. Et l'autre élément, il est de dire : Bien, tout ce qui
est... tout ce qui est fabriqué, conçu et commercialisé dans une province peut
l'être au Québec en fonction d'un règlement qu'on se donne notamment pour des
questions légitimes de santé et de bien-être parce que la loi doit se poursuivre.
Vous ne pouvez pas dire que ce n'est pas de la déréglementation, ça,
M. Gagné.
M. Gagné (Robert) : Moi, je
n'ai pas dit ça. J'ai-tu dit ça? Je n'ai pas dit ça, moi, j'ai...
M. Poulin : Bien, vous avez
dit... vous avez dit qu'on n'est pas sorti de l'auberge. Vous nous avez dit que
ça ne changera rien. Vous nous avez dit : Tant qu'on ne règle pas notre
productivité, ça ne change rien. Oui, oui, vous l'avez dit, vous l'avez dit,
M. Gagné.
M. Gagné (Robert) : Non, ce
n'est pas... Bien, en fait, on pourra réécouter l'enregistrement, ce n'est pas
ce que j'ai dit. Votre question est plus ou moins claire, mais je vais tenter
d'y répondre quand même.
Premièrement, quand vous regardez les
indicateurs sur... les indicateurs de l'OCDE sur les marchés des produits,
réglementation et tout ça, qui sont un peu des indicateurs qui vous donnent un
état de la concurrence, il n'y a pas de données spécifiques au Québec. Il y a
des données sur le Canada et le Canada fait piètre figure. OK? Puis ça, ce sont
des données récentes. Ça, c'est la première chose.
Deuxième chose, je ne dis pas que ce que
vous faites dans votre projet de loi n'est pas souhaitable et pas désirable. Au
contraire, si on peut éliminer des... éliminer des barrières que moi, je ne
juge pas si importantes que ça, mais tout ce qu'on peut éliminer comme bruit
inutile, ça ne peut pas nuire, ça ne peut pas nuire. Le message que je veux
vous envoyer aujourd'hui, c'est de dire : Attention, si vous pensez régler
ces... augmenter les flux de commerce de manière significative au Canada avec
ça, on se berne un petit peu. Parce qu'allez voir ce que les entrepreneurs du
Québec et du reste du Canada nous disent par rapport à ces enjeux-là et les
premiers facteurs, les cinq, six premiers facteurs, et de loin, OK, qui
limitent leurs capacités à faire du commerce, des entraves au commerce entre
les provinces, ce n'est pas ce dont on discute aujourd'hui. Alors, c'est le
coût du transport, c'est la distance, c'est le manque de rentabilité, les lois
fiscales provinciales, la disponibilité du transport. Tout ce qui est
réglementation, spécificités, tout ça, ça vient très, très, très loin.
Autrement dit, les entreprises s'adaptent.
Alors, qu'est-ce que ça veut dire, ça? Ça
veut dire que si on souhaite augmenter les flux de commerce entre les
provinces, il va falloir arrêter de penser Nord-Sud puis il va falloir penser
Est-Ouest dans nos infrastructures. Actuellement, un des gros problèmes, si
vous voulez expédier des fenêtres de la Beauce vers l'Alberta, bien, c'est
compliqué parce que... pas parce qu'il y a des permis puis il y a... non, c'est
compliqué parce que : Comment je fais pour les envoyer? Je mets ça sur des
trains, c'est long, c'est... je ne suis même pas sûr que ça va arriver. Alors,
il y a un gros chantier à faire sur les infrastructures Est-Ouest si on veut
stimuler les flux de commerce Est-Ouest. Et penser que c'est juste...
M. Gagné (Robert) :
...petite
réglementation à gauche et à droite, c'est un petit peu... On passe un petit
peu à côté de la chose.
M. Poulin : Mais... Mais
vous savez...
M. Gagné (Robert) : Ce
n'est pas une mauvaise chose.
M. Poulin : Non. Bien,
merci. Parce que je suis content, vous dites que ce n'est pas une mauvaise
chose. Au-delà du fait qu'il y a le court terme puis il y a le moyen terme, il
n'y a jamais eu autant de discussions et d'avancements dans le commerce
intérieur au Canada qu'il y en a eu depuis Donald Trump. Peut-être qu'un jour
on le remerciera, là, je ne sais pas, mais je pense quand même qu'on avance...
Là, vous me parlez d'infrastructure, par exemple, à mettre en place. Vous
parlez d'un train à... J'essaie juste de comprendre parce qu'il y a le court
terme et le moyen terme. Ce que vous nous proposez, c'est davantage à long
terme, c'est ça?
M. Gagné (Robert) : Vous
savez, il y a des... Il y a des... Il y a des gens, puis ça a été repris
beaucoup par le politique, par les médias, qui prétendent qu'en abolissant ce
qu'on appelle les barrières interprovinciales au commerce actuellement, ça va
avoir un «boost» de 5 %, 6 % sur notre PIB, des centaines de
milliards de plus. Moi, je ne crois pas à ça en l'absence d'infrastructures.
Donc, est-ce que c'est normal, ce qu'on observe actuellement comme flux de
commerce entre les provinces au Canada? Non. Est-ce qu'abolir les barrières,
tel que vous le proposez, ça va changer quelque chose? Marginalement. Mais il
faut le faire quand même. D'où va venir l'impact significatif? Il va venir
quand on va bâtir des... des chaînes d'approvisionnement puis des infrastructures
est-ouest qui, actuellement, sont toutes pensées nord-sud.
M. Poulin : ...vous avez
raison.
M. Gagné (Robert) : Puis
ça, bien, ça... Ça, ça ne se fera pas facilement puis, comme on dit, ça ne sera
pas cheap non plus.
M. Poulin : C'est ça.
M. Gagné (Robert) : Et ce
n'est pas juste une... Autrement dit, ce n'est pas juste du papier de projet de
loi puis de règlement qui va régler l'affaire, c'est... c'est du travail dans
l'investissement, dans des technologies pour favoriser des chaînes
d'approvisionnement dans un est-ouest plutôt que nord-sud.
M. Poulin : Mais... Mais
ça, vous avez raison.
M. Gagné (Robert) : Ça ne
sera pas facile.
M. Poulin : Là-dessus...
M. Gagné (Robert) : Ça ne
sera pas facile.
M. Poulin : Là-dessus, on
est dans la même place. Puis on traitait de la question ce matin avec la
Fédération des chambres de commerce et nos autres groupes. On disait
même : Est-ce que nos entreprises connaissent davantage le marché
canadien? Tu sais, c'est bien beau essayer d'offrir le maximum d'outils, mais
beaucoup d'entreprises ne se sont pas tournées vers l'Ontario dans les
dernières années, vers le Manitoba, l'Alberta parce que, justement, elles se
tournaient vers les Américains. C'était moins long aller livrer à Boston
qu'aller livrer en Alberta, là. Donc, c'est sûr que, par moments, on s'est trop
concentrés vers les États-Unis, et il faut se ramener vers le marché canadien,
puis développer nos marchés, et essayer de trouver une façon de faire.
• (17 h 20) •
Je veux vous amener sur les permis parce
que, dans votre mémoire, à la page 15, vous avez bien détaillé les
professions exclues du chapitre de la LEQ portant sur la mobilité de la
main-d'œuvre par province. L'Alberta en a plus que nous, non? Quelles sont vos
observations là-dessus? On parle... Puis, pour le bénéfice des gens qui nous
écoutent, l'Alberta exclut les infirmières auxiliaires autorisées, les
hygiénistes dentaires, les agents de codes de sécurité, les foreurs de puits
d'eau, les hygiénistes dentaires anesthésiques, les infirmières praticiennes,
les podiatres et les technologues en radiation médicale. Là-dessus, ça va
prendre un leadership canadien assez important si on souhaite avoir davantage
de relations avec les autres au niveau du permis sur permis
M. Gagné (Robert) : Oui,
mais ce tableau-là... Ce tableau-là demeure... est complet, mais demeure, à mon
avis, assez anecdotique. Pour que demain matin, là, les podiatres du Québec ne
puissent pas travailler en Alberta, ce n'est pas ça qui va augmenter les ventes
de fenêtres d'une entreprise de Beauce en...
M. Poulin : Non, non.
Non, mais je vous...
M. Gagné (Robert) : Ce
que je veux dire, c'est que, là, ici, vous êtes sur la mobilité de la
main-d'oeuvre.
M. Poulin : Oui, mais
vous l'avez mis dans votre mémoire. Vous l'avez mis dans votre mémoire. Je vous
questionne sur ce qui est à l'intérieur. Si vous l'avez mis, c'est que vous
jugez qu'il y a encore certains corps de métier par province qui sont peut-être
trop... Infirmières auxiliaires autorisées, ce n'est pas banal. Tu sais, on...
Même si on est dans une notion économique...
M. Gagné (Robert) : Mais,
de n'est pas pour ça. Ce n'est pas pour ça qu'on l'a mis. On l'a mis pour
montrer que, finalement, ce n'était pas... ce n'était pas... Nous, on pensait
trouver quelque chose de pas mal plus gros que ça. Finalement, on a trouvé des
trucs assez... Bon, il y a des avocats. Ça, c'est une constante partout parce
qu'il y a des particularités. Mais à part tout ça, il n'y a pas grand-chose
là-dedans. C'est pour ça qu'on l'a mis.
M. Poulin : OK. Merci.
Parfait.
M. Gagné (Robert) : Ça me
fait plaisir. Au revoir.
Le Président
(M. Laframboise) : Merci beaucoup. Donc, merci, M. le ministre.
Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour
9 min 16 s, qu'on pourra ajuster.
Mme McGraw : Merci
beaucoup, M. le Président. Et merci, merci d'être avec nous en virtuel
aujourd'hui. Merci pour votre présentation ainsi que votre mémoire étoffé, avec
vos collègues. Je vais commencer avec la conclusion parce que ce que vous avez
en gras, je vais juste faire la lecture, puis j'aimerais que vous preniez le
temps d'élaborer pour bien...
Mme McGraw : ...comprendre. «À
défaut d'avoir été en mesure de corriger le tir il y a 15 ans, lorsque les
principaux indicateurs tournaient au rouge, le Canada, dans son ensemble, est
aujourd'hui exposé à la montée du protectionnisme américain, parce que
l'ampleur du déficit structurel de productivité au pays limite les opportunités
de développement de nouveaux marchés, que ce soit à l'international ou à
l'intérieur du pays.» J'aimerais que vous preniez le temps de nous expliquer
et...
Parce qu'il me semble que ce que vous
dites, bien que ce projet de loi, c'est un positif... vous avez dit : On
passe à côté, on mise sur des mesures qui ne sont pas vraiment structurantes ou
qui sont vraiment à la source des... du manque de commerce intérieur. Donc,
oui, vous favorisez le commerce intérieur, parce que vous favorisez la
concurrence, pour favoriser la productivité, mais vous êtes pessimiste, si je
peux utiliser ce mot-là, concernant le projet de loi, si je comprends bien,
parce que ça ne s'attaque pas vraiment aux vrais enjeux pour favoriser le
commerce intérieur, ainsi, la concurrence, ainsi, la productivité. En tout cas,
je ne veux pas mettre des mots dans... mais j'essaie de bien comprendre
votre...
M. Gagné (Robert) : Je ne
suis pas... je ne suis pas... en tout respect, je ne suis pas pessimiste, parce
que, comme je l'ai répété plusieurs fois dans les dernières minutes, je pense
qu'il faut le faire, il faut faire le ménage puis il faut enlever les irritants
un peu inutiles, ça ne nuira pas, mais il ne faut pas s'attendre à ce que ça
ait des résultats spectaculaires.
Ceci dit, pour revenir à ce que vous
disiez sur notre conclusion, évidemment... puis j'ai commencé un peu mon exposé
avec ça, en disant, bien : Le Canada et le Québec, c'est un peu une terre
de monopoles et de quasi-monopoles, donc, pour beaucoup d'entreprises, la
concurrence, ce n'est pas un... ce n'est pas un phénomène qui est très
menaçant, donc on pourrait dire, à la limite, elles sont... vivent ou opèrent
dans un confort relatif. D'autant plus qu'au Québec, mais aussi ailleurs au
Canada, mais au Québec, le gouvernement est très présent pour soutenir les
entreprises, hein? Il n'y a pas grand monde qui savent que, par exemple, les
crédits d'impôt aux entreprises, au Québec, du gouvernement... du gouvernement
du Québec, toutes proportions gardées, c'est trois fois ce qui est offert aux
entreprises en Ontario. Pas 20 % de plus, pas 40 % de plus :
200 % de plus. C'est énorme. Donc, il y a... il y a comme un confort, là,
qui s'est... qui s'est bâti au fil du temps. Donc, ces entreprises-là ne sont
pas, on va dire, équipées pour se battre, ça fait... et donc leur productivité
est faible.
Mais pour aller démarcher des nouveaux
marchés plus loin, bien, il faut être efficaces, il faut être productifs, il
faut être innovants, puis, quand on n'a pas ça, bien, ça devient difficile de
trouver de la rentabilité à expédier des biens ou des... livrer des services à
l'autre bout du pays pour une entreprise. La rentabilité ne sera pas là, parce
que l'entreprise n'est pas assez performante pour le faire, et... Voilà.
Mme McGraw : Mais, en même
temps...
M. Gagné (Robert) : J'espère
que je réponds bien à votre question.
Mme McGraw : Bien, je vais
aller plus loin. Là, dans la section discussion, vous reconnaissez que — vos
mots — vous accusez qu'il y a un important retard de productivité vis-à-vis
des homologues américains qui sont plus productifs. Donc, le Canada devait
faire concurrence avec des homologues qui sont plus productifs. Mais, si je
comprends bien, à cause, entre autres, du dollar canadien, la devise canadienne
qui était assez faible, entre autres, et les subventions, etc., on n'a pas
vraiment eu à faire compétition. Et vous soulignez, entre autres, à cause de ce
manque de productivité, le poids des exportations canadiennes, dans le PIB, est
aujourd'hui plus faible qu'il était 25 ans auparavant, malgré l'avantage
de la devise.
Donc, vous êtes — mes mots — pessimiste,
parce qu'on n'a pas réussi, selon vous, à l'international, en tout cas, avec
les Américains, et que ces mêmes enjeux vont être un problème... bien, ça va
être un problème encore plus prononcé au Canada, parce qu'on a la même devise
au Canada, entre autres.
M. Gagné (Robert) : Voilà.
Vous avez tout compris. Vous savez, ce n'est pas dans mon mémoire, mais on a
fait plusieurs études sur le sujet, dans un autre rapport, on a...
M. Gagné (Robert) : ...industrie
par Industrie, Canada versus États-Unis, la compétitivité des entreprises. Et,
dans la plupart des cas, la compétitivité s'explique par un taux de change, un
dollar canadien à 75 cents. C'est... C'est ce qui... Alors, la valeur du
dollar canadien reflète, si on veut, notre bilan en matière de productivité. Si
on avait une productivité 25 % plus élevée, probablement qu'on aurait un
dollar qui serait plus proche de la parité que ce qu'on observe aujourd'hui.
Vous comprenez? Alors... Mais vous avez... Et donc, il y a... il n'y a pas de
devises à l'intérieur du Canada, donc cet avantage-là n'existe pour personne au
Canada. On ne peut pas vendre moins cher parce que notre monnaie vaut moins
cher. Alors là, tout ce qui reste, c'est notre efficacité à produire, à
innover. Et voilà. Et pour... donc, pour réussir ce pari-là... Bien, il y en a
qui vont réussir. Celles... En fait, celles qui sont déjà pas mal actives dans
le commerce interprovincial, Canada, c'est aussi beaucoup celles qui sont déjà
actives à l'international. Voyez-vous? Elles ont cette capacité-là de faire
affaire avec des clients qui sont très loin, et c'est déjà, on va dire, dans leur
ADN. Pas les autres.
Mme McGraw : Alors, on va
rentrer en mode solution. Pour favoriser... parce qu'on espère être
compétitifs, on espère être productifs, c'est... c'est une bonne chose, vous
parlez de la diversification de corridors commerciaux, de les mettre en place
plus rapidement. Vous parlez de reconnaissance mutuelle. Est-ce que vous pouvez
rentrer dans des solutions, les recommandations pour bonifier le projet de loi
ou d'autres mesures que de... que pourrait prendre, bien, le gouvernement du
Québec, ou ne pas prendre? Mais quelles seraient vos recommandations
principales?
M. Gagné (Robert) : Bien, sur
le projet de loi puis sur, on va dire, tout le... on va dire le «red tape», là,
gouvernemental sur... qui exerce un certain frein... pas élevé, mais un certain
frein sur le commerce, je pense que le gouvernement doit résister au chant des
sirènes, là, qui vont vouloir... qui vont vouloir des exceptions pour à peu
près tout, là. Ça va prendre des exceptions en construction, en agriculture, à
gauche et à droite. Alors, résister à ça autant que possible pour ouvrir les
marchés.
Écoutez, moi, je pense que les fromages
québécois sont bons puis ils n'ont pas à craindre la concurrence des autres
provinces. Bien voilà. Alors, affrontons la concurrence et arrêtons d'essayer
de se cacher derrière des motifs un peu douteux, là, de santé publique et des
choses comme ça. Même chose pour les métiers et la mobilité de la
main-d'oeuvre. Je veux dire, on va tout entendre! Je veux dire, franchement,
là, est-ce qu'un denturologiste de l'Ontario est... a la capacité de travailler
au Québec? Je pense que oui, là. Alors... Ou l'inverse est aussi vrai aussi, ou
un menuisier ou un charpentier, là. Alors, il faut... il faut arrêter
d'exagérer, là, notre spécificité, là, puis qu'ici, là, on est... on est
hyperprudents avec tout, là, puis, bon, le lait qui vient d'ailleurs, on s'en
méfie parce que peut-être qu'il n'est pas bon. Puis on entend des histoires
comme ça à tous les jours, donc il faut arrêter ça. Donc, résister, c'est ça ma
recommandation, résister à tout ça. Puis essayons de faire en sorte... tu sais,
on décrie actuellement, là, on se plaint, on boycotte les États-Unis parce
qu'ils arrivent avec un comportement hyperprotectionniste. Bien, on ne peut pas,
nous, après, faire la même chose d'une autre manière. Évidemment, on n'a pas...
une province ne peut pas imposer des tarifs, mais utilise d'autres mesures
protectionnistes.
• (17 h 30) •
L'autre chose, je l'ai dit dans ma
présentation plus tôt puis dans mes échanges avec le ministre, la chaîne
d'approvisionnement est-ouest, les investissements en infrastructures
est-ouest, c'est ça qui va... c'est ça qui va régler l'affaire. Ce n'est pas
plus compliqué que ça. Bien, ce n'est pas compliqué mais ce n'est pas facile
non plus à faire et ce ne sera pas cheap.
Mme McGraw : Non. Ça...
Exactement. Ça prend des investissements. Écoutez, très intéressant. Peut-être
une dernière question. Non?
Le Président (M. Laframboise) : Vous
avez le temps.
Mme McGraw : Oui. Donc, vous
dites que même sans barrières, les entreprises canadiennes resteront limitées
par leur taille et leur productivité. Que répondez-vous aux PME qui voient déjà
des gains concrets grâce à... l'élimination, pardon, de certaines exceptions...
M. Gagné (Robert) : Bien, je
n'ai rien à vous dire, là-dessus. Je n'ai pas vu ça, moi. Ça fait que je ne
sais pas d'où ça vient. Moi, écoutez, je m'appuie sur des données probantes.
Alors, après, ce n'est pas des impressions de deux, trois dirigeants de PME,
là. Moi, je me fie sur des enquêtes et faites sur grand nombre d'entreprises...
17 h 30 (version non révisée)
M. Gagné (Robert) : ...et ce n'est
pas ça qu'ils nous disent. Alors, ce qu'ils nous disent, les entreprises, de
manière représentative, c'est : Bien, c'est la distance, c'est le coût du
transport, ce sont ces aspects-là qui sont importants pour eux, alors... Puis, moi,
j'utilise les dernières données disponibles, c'est celles de 2023, mais après
on verra avec les nouvelles enquêtes. Mais je pense qu'il faut se méfier aussi
des témoignages un peu anecdotiques.
Mme McGraw : Mais il y a des
témoignages aujourd'hui, il y a des groupes importants qui sont...
M. Gagné (Robert) : Est-ce qu'ils
ont sondé leurs membres? Je ne sais pas, moi, je n'ai pas vu ça, moi.
Une voix : ...
Le Président (M. Laframboise) :
...on ne peut pas intervenir, M. le ministre.
Mme McGraw : Je répète, parce
que là... Mais non, non, le ministre dit... a sondé ses membres. Donc, il y en
a un optimisme que, moi, j'ai entendu aujourd'hui, au niveau des groupes... pas
des groupes, des regroupements vis-à-vis ce projet de loi qu'ils décrivent
comme un pas vers l'avant. Rien n'est parfait, on va travailler à bonifier. Mais
un pas vers l'avant, qu'au moins on s'attaque à cet âge-là, important, en même
temps, vous dites que c'est un peu passé à côté. Donc, vous trouvez que ces
groupes-là sont trop optimistes?
M. Gagné (Robert) : Non. Ce
que j'ai dit, ce n'est pas ça, j'ai dit: Il faut le faire, mais ce ne sera pas
suffisant. C'est différent.
Mme McGraw : Donc, nécessaire,
mais pas suffisant...
M. Gagné (Robert) : Il faut le
faire, oui, mais il ne faut pas penser, là, que ça va être... que ça va régler
tous les problèmes, cette affaire-là, il ne faut pas en mettre trop là-dessus.
Mme McGraw : Mais c'est un
pas dans la bonne direction, il y a plus de travail à faire.
M. Gagné (Robert) : Et je l'ai
répété trois fois depuis la dernière demi-heure.
Mme McGraw : Je veux juste
bien comprendre, parce que votre positionnement, votre présentation, c'est un
peu différent des autres, puis ce n'est pas une mauvaise chose, c'est une bonne
chose...
M. Gagné (Robert) : C'est pour
ça que je suis là.
Mme McGraw : ...ça nous fait
réfléchir aux enjeux, exactement, aux enjeux de productivité, que, nous, notre
formation, on souligne aussi l'importance de la productivité, que le Québec est
déficitaire en productivité, même comparé au reste du Canada. Donc, c'est un
enjeu important. Merci.
Le Président (M. Laframboise) :
Merci, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Maintenant, je cède la parole au
député de Saint-Jérôme pour 2 min 21 s.
M. Chassin :...cette fois-ci, M. le Président. Bonjour, M. Gagné. Alors,
bienvenue dans mon monde...
M. Gagné (Robert) : Bonjour.
M. Chassin :...c'est rafraîchissant de vous entendre. C'est très difficile
pour un politicien puis, en fait, pour le secteur public, devant une
problématique qui notamment fait les journaux de ne pas intervenir. Et souvent,
quand on intervient, on se pose la question : Qu'est-ce qu'on peut faire
de plus, plutôt que qu'est ce qu'on peut faire de moins pour ne pas générer les
problématiques qu'on voit? Puis évidemment, on peut y aller dans beaucoup de
directions. Dans le rapport... bien, en fait, dans le mémoire que vous nous
avez soumis — mes salutations d'ailleurs à Jonathan Deslauriers, avec
qui j'ai travaillé au... — mais il y a un aspect, puis je n'ai pas
tout lu, mais il y a un aspect qui nous aidait, pendant un certain temps, qui
était, en fait, notre démographie. Parce que, dans le fond, la vague des
retraites, elle a commencé il y a maintenant un peu plus de 10 ans, mais
on avait beaucoup de participation de population active.
Est-ce que la productivité, on la sent
peut-être... Ce retard de productivité, est-ce qu'on le sent davantage
maintenant que la démographie ne nous aide plus?
M. Gagné (Robert) : Non, parce
que les aspects démographiques sont... Quand on regarde les écarts de niveau de
vie, là, disons avec les 20 principales économies de l'OCDE, les aspects, dont
vous parlez, le marché du travail, notre participation au marché du travail,
tout ça, ça compte pour très peu, très, très, très peu. Et essentiellement...
En fait, c'est plus que 100 % de l'écart de niveau de vie qui s'explique
par la productivité. Puis, en fait, les autres aspects, dont vous parlez, ils viennent
un petit peu réduire les écarts de niveau de vie, parce qu'on... peut-être pas
par rapport aux États-Unis...
M. Chassin :
Je comprends, puis peut-être la valeur, parce que la valeur... en fait, la
productivité, c'est la valeur au marché, ce n'est pas la valeur parce qu'on
juge que c'est important. Ça, peut-être que c'est...
M. Gagné (Robert) : Mais, en
fait, il y a des faits... ce à quoi vous faites référence, c'est ce qu'on
appelle en langage technique, des effets de structure, là, c'est-à-dire,
évidemment, si, nous, je veux dire, on a une mine de boules de fer, ça n'a pas
même valeur ajoutée qu'une mine de diamants, OK, pour le même apport...
Le Président (M. Laframboise) :
Merci. Je vous remercie, M. Gagné, pour votre contribution aux travaux de la
commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre au prochain groupe de prendre place. Merci beaucoup, M.
Gagné. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 37)
(Reprise à 17 h 42)
Le Président (M. Laframboise) : Bonjour.
Nous reprenons nos travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants de la FTQ-Construction. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
débuter votre exposé.
M. Ricard (Alexandre) : Bien,
bonjour à tous. Je suis Alexandre Ricard, président de la FTQ-Construction. Je
suis accompagné de...
M. Lapointe (Philippe) :
...Philippe Lapointe, conseiller aux relations de travail.
Nous représentons la FTQ-Construction qui
est un syndicat spécialisé dans l'industrie de la construction regroupant
90 000 membres présentement qui oeuvrent tous sur un chantier, tous et toutes.
Nous sommes régis par la loi R-20,
qui est un code du travail spécifique pour l'industrie de la...
M. Lapointe (Philippe) : ...construction
qui fait la distinction entre les établissements et les chantiers.
Lorsqu'on parle de mobilité
interprovinciale, lorsqu'on parle de la question de la construction, cette
particularité-là est importante parce que ça détermine aussi la façon qu'on
s'organise. Depuis la loi sur les décrets, en 1934, jusqu'à aujourd'hui, puis
je vous passerai 100 ans de vie syndicale, nous avons évolué entre des
accréditations par chantier à une industrie qui est sectorielle. En fait,
l'industrie de la construction du Québec est la seule industrie sectorielle en Amérique
du Nord. Ceci veut dire que nous avons une gestion paritaire, par des
associations patronales et des associations syndicales, de la vie des relations
de travail, que ce soit l'application de la convention collective, que ce soit
la gestion des avantages sociaux, la formation et plein d'autres aspects...
sont faits de façon conjointe et pour l'entièreté des travailleurs,
travailleuses de l'industrie qui y vont sur le territoire du Québec.
Nous sommes régis par quatre conventions
collectives par secteur. On a fait les nouvelles pendant le printemps.
Peut-être que vous êtes un peu plus au fait de ces quatre conventions
collectives là. Et aussi, bien, pour pouvoir travailler à l'intérieur de cette
industrie sectorielle là, la Commission de la construction du Québec, qui est
un organisme public, délivre des certificats de compétence qui attestent qu'une
personne peut exercer un métier ou exercer une occupation. Évidemment, tout ça
a fait en sorte que nous avons des grands pans de notre industrie qui sont
mutualisés, comme les avantages sociaux — nous sommes le quatrième
plus grand déposant à la Caisse de dépôt et placement — et le
perfectionnement.
Tout ça, je vous le dis parce que ce
que... nous sommes dans une particularité où notre négociation a mené à ce
qu'on ait des paix industrielles pendant les quatre ans de l'application des
conventions collectives, à la grandeur, sur tous les chantiers, tout en même
temps. Le reste du Canada, je ne dirais pas que c'est un petit peu plus
chaotique, mais ce que je vous dirais que c'est une accréditation par chantier,
ce qui fait en sorte que chaque sentier a sa propre convention collective.
Chaque chantier a un syndicat qui l'accrédite et, ce faisant, il n'y a pas le
pluralisme syndical que nous avons, et la dynamique dans laquelle les salariés
obtiennent le droit de travailler est complètement différente. Ça se passe par
les syndicats qui gèrent la formation, qui gèrent le placement de main-d'œuvre.
Donc, l'arrimage entre les deux systèmes est parfois difficile.
Nous avons réussi, à travers des accords
interprovinciaux, celui de l'Ontario, Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-Labrador,
à prévoir une reconnaissance de certains de ces métiers-là. Il existe, au reste
du Canada, ce qu'on appelle le sceau rouge, que nous, nous utilisons comme
formation professionnelle, le DEP et d'autres types de reconnaissance, mais il
y a des métiers qui ne s'arriment pas et des métiers et des occupations qui ne
s'arriment pas entre les territoires, et parfois on a besoin d'un petit peu de
travail à trouver des voies de passage pour que ça fonctionne.
Eh bien, nous pensons, puis c'est un peu
là-dessus que nous voulons en venir, c'est que la gestion sectorielle de
l'industrie au Québec nous permet un pluralisme syndical, une mutualisation des
avantages sociaux, qui est un avantage et qui est une force pour notre
industrie, mais ça nous permet aussi une gestion de la main-d'oeuvre.
M. Ricard (Alexandre) :
L'industrie de la construction, au Québec, régule le nombre de travailleurs et
de travailleuses disponibles en fonction des besoins de main-d'œuvre pour
accomplir les chantiers en cours. Cette façon de faire a pour but de fournir
suffisamment d'heures à travailler pour les détenteurs et les détentrices de
certificat de compétence de façon à ne pas créer du chômage. Ce système est
connu sous le nom de bassin de main-d'œuvre.
Lorsqu'il y a des besoins criants dans
l'industrie de la construction, comme on connaît présentement, et que la
main-d'œuvre détenant des certificats de compétence n'est pas suffisante pour
combler les ouvertures, les personnes n'ayant pas complété la formation
professionnelle, donc c'est-à-dire le DEP, peuvent entrer par bassin. Ces
travailleurs et travailleuses ainsi que les employeurs peuvent réserver une
place lors de l'affichage des ouvertures de bassin. Le déficit actuel en
main-d'œuvre fait en sorte qu'on cherche des solutions de toutes parts,
présentement, tel que le projet de loi analysé aujourd'hui, et on tente de
résoudre par la mobilité interprovinciale, mais force est de constater que la
rareté de la main-d'oeuvre est une réalité due entre autres à une mauvaise
planification de la formation professionnelle. Déjà, les travailleurs et les
travailleuses de l'industrie de la construction effectuent en moyenne 1 000 heures
par année sur une disponibilité totale de 1 840 heures. Avec une
meilleure planification, on pourrait optimiser l'utilisation de la
main-d'oeuvre déjà présente. Il est important que l'arrivée de la main-d'œuvre
des autres provinces dans les processus de calcul de main-d'œuvre implique la
CCQ. Il ne faut pas débalancer l'équilibre régional qu'on a, que la loi...
M. Ricard (Alexandre) : ...loi
n° 112 crée des chômeurs et des chômeuses au Québec parce qu'on a perdu le
contrôle. Lorsque les travailleurs et les travailleuses proviennent de d'autres
provinces, viennent travailler ici, on doit s'assurer que la CCQ soit assez
solide et a en sa possession tous les moyens adéquats de faire appliquer la
réglementation en place. Selon les personnes et les instances, on vous dira que
les ententes interprovinciales ont parfois bien été et parfois ont bien...
moins bien fonctionné. Lorsqu'on a affaire avec un employeur québécois de
l'industrie de la construction, comme on le connaît, le tout fonctionne rondement
lorsqu'il... parce qu'il facilite l'obtention de cartes de compétence pour les
salariés. Lorsqu'il s'agit d'une entreprise canadienne qui vient travailler au
Québec, on constate plusieurs manquements.
Par ailleurs, lorsque les travailleurs et
les travailleuses du Québec vont travailler dans d'autres provinces
canadiennes, ils font et... ils se font mettre des bâtons dans les roues. On
fait face à des systèmes deux poids, deux mesures qu'il faut absolument
corriger. À nos yeux, c'est la responsabilité du gouvernement du Québec de
s'assurer que l'ensemble des provinces canadiennes aient la même ouverture à
accueillir des travailleurs et des travailleuses du Québec, comme on le fait
présentement. Il est primordial de s'assurer que les salariés du Québec aient
assez d'heures de travail avant d'ouvrir nos chantiers à qui que ce soit
d'autre. On ne veut surtout pas augmenter la situation de chômage pour les
salariés au Québec. Le gouvernement a donc un rôle important à jouer dans la
négociation et la coordination avec les autres provinces afin qu'il ne mette
pas les intérêts des autres provinces au détriment de la main-d'oeuvre et des
entrepreneurs qu'on a au Québec.
La planification des travaux est
essentielle et aura un impact local et provincial à long terme. Ce type de
projet de loi n'affectera pas les différentes régions de la même façon. Par
exemple, en Outaouais, où on a une région où constamment... on est constamment
confrontés à la mobilité interprovinciale, ou au Saguenay que cette question-là
surgit seulement ponctuellement. Il faut faire preuve de flexibilité et garder
ces différentes réalités en tête. Malgré qu'il soit sain d'avoir une ouverture
envers le reste du Canada, il faut quand même faire preuve de vigilance et se
doter de mesures adéquates pour protéger les travailleurs et les travailleuses
du Québec afin d'assurer une stabilité salariale pour nos travailleurs de
l'industrie de la construction au Québec.
Je souhaite vous rappeler la
recommandation de modification de l'article 3, qui est dans notre mémoire.
Sans vouloir imposer l'exclusion de la construction à ce projet de loi, nous
pensons que, comme pour les dispositions du Code des professions, il pourrait y
avoir une clarification dans la loi à l'effet que les certifications doivent être
approuvées par la CCQ.
Donc, le projet de loi doit permettre une
certaine liberté de mise en œuvre. C'est pourquoi qu'il est important de ne pas
empêcher les ententes interprovinciales, mais bien de renforcer les mises en
œuvre. Je vous remercie beaucoup pour votre invitation et votre écoute.
• (17 h 50) •
Le Président (M. Laframboise) : Merci,
et je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la
période d'échange. M. le ministre, député de Beauce-Sud, la parole est à vous
pour 16 minutes 30 secondes.
M. Poulin : Merci beaucoup,
M. le Président. Salutations, évidemment, M. Picard. C'est bien ça?
M. Ricard (Alexandre) : ...
M. Poulin : Comment?
M. Ricard (Alexandre) : Ricard.
M. Poulin : Ricard, c'est ça,
comme l'alcool.
M. Ricard (Alexandre) : Exact.
M. Poulin : OK. Et M.
Lapointe.
M. Ricard (Alexandre) : ...
M. Poulin : Oui, c'est ça.
Parce que, tout à l'heure, j'avais noté Picard ou Ricard, mais c'est parfait. Très
beau nom de famille. Maintenant... Pardon?
Une voix : ...
M. Poulin : Oui, il est
l'heure, il est l'heure. Oui, mais on est dans le 5 à 7 en ce moment,
effectivement.
Merci pour votre mémoire détaillé, dosé,
nuancé. Vraiment, il y a des éléments qui sont fort intéressants. J'ai
plusieurs questions. Vous avez dit : Les Québécois qui vont vers l'Ontario
se font mettre des bâtons dans les roues. Quels bâtons dans les roues se
font-ils mettre?
M. Ricard (Alexandre) : Bien,
en fait, on n'a pas le même régime. Philippe vous l'a expliqué, c'est clair
dans notre mémoire, le système d'accréditation n'est pas le même, donc la
reconnaissance, bien souvent, on a des travailleurs qui ne se font pas
reconnaître facilement. C'est moins un système qui est encadré, général par la
CCQ, donc il n'y a pas de... il y a moins d'encadrement à ce point-là. Donc,
des travailleurs peuvent avoir des difficultés par rapport à leur affiliation
syndicale au Québec, quand ils vont aller dans d'autres provinces, puis être
bloqués, puis avoir des certains refus au niveau de la reconnaissance des
qualifications. C'est le type de problème qu'on reconnaît dans les autres
provinces.
M. Poulin : OK, mais est-ce
que c'est généralisé ou c'est certains cas d'exception? Parce qu'ils... tu
sais, on côtoie tous les gens dans l'industrie de la construction, évidemment,
moi, je côtoie l'industrie comme ministre, comme député, je côtoie des
travailleurs également, ce sera le cas de mes collègues, et je sais que
certains ont des questions pour vous. Mais il y a une époque où... on s'en
souvient, où les gens allaient dans l'Ouest canadien sur de la construction,
allaient en Ontario sur de la construction, puis ça semblait être beaucoup plus
facile, et c'est encore le cas aujourd'hui. Alors, bâtons dans les roues, vous
nous dites qu'il y a...
M. Poulin : ...certains enjeux
où l'accréditation est par moments au niveau du travail qui est... de la
reconnaissance du métier comme tel. C'est ce que j'en comprends.
M. Ricard (Alexandre) :
Exactement, puis ce n'est pas anecdotique, c'est des problématiques qui sont
relatées. Quand je donnais l'exemple, dans mon exposé, où est-ce qu'on vit avec
l'interprovincial, surtout à Gatineau, donc quand on est limitrophe ou dans
d'autres régions aussi avec d'autres ententes, c'est ça que ça nous... ça nous
a poussés, en fait, à faire ces ententes-là pour améliorer la situation. Mais
au niveau de l'applicabilité dans ces provinces, en fait, il n'y a pas les
mêmes... la même liberté ou la même... les mêmes occasions, en fait, qu'on vit.
On applique bien les paramètres des ententes qu'on fait, mais il y a une
application plus ou moins régulière dans les autres provinces.
M. Lapointe (Philippe) : En
fait, c'est que dans l'industrie de la construction au Québec, il peut y avoir,
exerçant le même métier ou la même occupation, cinq personnes côte à côte qui
ont chacune une accréditation différente, à condition que ce soit un des
syndicats qui reconnus par la loi R-20. Mais, dans le reste du Canada, vu que
c'est une accréditation, comme je vous disais, qui est par chantier, bien,
c'est un closed shop. Donc, les personnes qui y sont doivent appartenir au
syndicat qui a accrédité le chantier. Ce qui fait qu'un travailleur ou une travailleuse
du Québec qui débarque, disons, à Ottawa et qui est membre de la
FTQ-Construction, va se faire soit barrer soit va se faire demander de changer
d'affiliation.
M. Poulin : Mais ce n'est pas
plus simple, ce qu'il se passe ailleurs, où on dit : On est accrédité à un
syndicat par chantier, que nous qui arrivons avec toute notre tirade de corps
de métier? Je dis ça, je dis rien.
M. Lapointe (Philippe) : Bien,
écoutez, là, là-dessus, je vais garder mon droit de réserve sur le fait que les
gens... bien, en fait, il y a un pluralisme syndical dans la construction qui
fait en sorte que nous avons réussi à trouver un système qui fait en sorte
qu'on respecte la liberté d'association, tout en ayant l'obligation d'être
accrédité à la grandeur de l'industrie, ce qui permet l'ensemble du système en
tant que tel. C'est que ça repose aussi sur ces balises-là, sur le fait que
tous les salariés participent au système de cette façon-là, mais, en
contrepartie, on accepte le pluralisme. Au final, c'est un système qui est
unique en Amérique du Nord, mais qui a la richesse d'offrir la chance aux gens
de pouvoir choisir leur accréditation, tout en travaillant tous côte à côte, vu
la mobilité de la main-d'oeuvre dans l'industrie.
M. Poulin : OK, bien...
M. Ricard (Alexandre) : Puis,
si vous me permettez...
M. Poulin : Oui, allez-y,
M. Ricard.
M. Ricard (Alexandre) :
...d'insister sur le fait que c'est possible, mais on vous lance un message, au
gouvernement, donc dans la négociation avec les autres provinces, d'insister
sur le respect, en fait, des clauses, des ententes, parce que c'est possible,
on l'a fait. Comme on dit, il y a des petites problématiques dans les ententes,
comme dans n'importe quelle entente. Donc, c'est possible de faire des belles
ententes avec les provinces, il faut juste insister lors de la négociation avec
les autres provinces, qu'ils aient les mêmes mécanismes d'application de nos
ententes. Nous, on a la CCQ, qui s'assure de la vigie de respect des ententes
interprovinciales, mais on a moins d'égal dans les autres provinces, donc ça
peut créer des embûches pour nos travailleurs et nos travailleuses qui font...
qui vont à l'extérieur, en fait de notre province.
M. Poulin : C'est sûr que
notre projet loi permet... à l'article 3, on a une autorité de
réglementation, d'autorisation d'exercice, travailleurs qualifiés. On vient
quand même dire aux autres provinces... où on a une certaine simplicité au
niveau de la main-d'œuvre. Je comprends qu'on a un système, puis vous l'avez
bien dit, M. Lapointe, qui fonctionne, là, vous l'avez dit, il est paritaire,
il y a des syndicats, il y a les employés, et peut-être ça a ses avantages et
ses inconvénients, j'ai bien retenu votre droit de réserve sur certains
éléments, mais, somme toute, sur l'arrivée de travailleurs... Parce que, ce
qu'on note, c'est que la CCQ nous dit qu'on aura besoin sur la construction,
d'ici 2029, de 16 000 nouveaux travailleurs dans le domaine de la
construction.
Tout à l'heure, vous nous avez dit :
Bien, on a peur du chômage... 16 000 par année, c'est ça, on a peur
du chômage, mais on manque de 16 000 travailleurs. Alors, n'est-il
pas une bonne nouvelle d'attirer des travailleurs des autres provinces, compte
tenu qu'on est dans une pénurie de main-d'œuvre importante? Il y a des
chantiers qui ne démarrent pas présentement au Québec, du logement abordable,
du logement social. On a des enjeux d'école, on arrive avec des soumissions.
Nos contracteurs nous disent : Je ne serai pas capable de te livrer le
chantier telle date parce qu'il me manque de travailleurs. Alors, je ne dis pas
qu'il va avoir une ruée vers l'or vers le Québec, mais, somme toute, n'est-il
pas une bonne nouvelle d'ouvrir?
M. Ricard (Alexandre) :
Permettez-moi de soulever des doutes sur cette réelle pénurie de main-d'oeuvre.
On a des travailleurs dans certaines régions, selon le moment de l'année, qui
ne travailleront pas parce qu'il n'y a pas de travailleurs. Donc, quand on a un
travailleur en Gaspésie, au Saguenay, en Abitibi, qui ne travaille pas parce
qu'il y a un manque de contrats dans sa région, mais on demande...
M. Ricard (Alexandre) : ...répondre
à des... on a des employeurs de d'autres provinces qui vont venir accomplir des
contrats ici, bien, pour nous, ça fait un non-sens. Je vous rappelle qu'il y a
une moyenne d'heures de 1 000 heures dans l'industrie de la
construction encore, puis si on veut améliorer, parce qu'on a des enjeux de
rétention aussi dans l'industrie de la construction. Donc, si on a un si grand
besoin d'apport dans les mains-d'oeuvre, peut être que l'entrée dans
l'industrie de la construction, on a un travail sérieux à faire. L'offensive au
niveau de la formation professionnelle, malheureusement, est un... est un
échec. La formation complète, l'accompagnement, la rétention dans l'industrie
est d'autant plus importante, c'est pour ça qu'on vous passe le message que la
formation professionnelle est d'une importance capitale parce que vous nous
énoncez d'une problématique qui va durer et qui va perdurer dans le temps.
Donc, vous nous dites d'un côté qu'il y a
une pénurie de main-d'oeuvre. Nous, on prend toujours, pas nécessairement
l'année ou dans deux ans, dans trois ans qu'est-ce qui va se passer, mais on
regarde en loin à l'horizon puis si on ouvre, c'est toujours plus facile
d'ouvrir que de refermer. Donc, si on ouvre notre province du Québec aux
travailleurs, bien, il faut s'assurer d'avoir les règles adéquates pour que si
le travail rediminue ou il y a une baisse, bien, qu'on continue à valoriser les
travailleurs, les travailleuses qui sont au Québec, qui payent leurs impôts.
D'ailleurs, il y a beaucoup d'investissements du gouvernement dans ce que vous
nous nommez, mais il faut s'assurer de régler le problème à long terme. Ça en
est un facteur l'ouverture par rapport aux autres provinces pour répondre à des
besoins spécifiques. Mais si on veut régler le problème de façon pérenne dans
le temps, il faut axer vers la formation professionnelle. C'est une importance
capitale.
M. Poulin : Puis en même
temps, on veut respecter le rôle de la CCQ comme organismes de réglementation
dont vous êtes des partenaires et dont vous travaillez avec eux, évidemment.
Dans l'inverse, on a aussi eu des... à certains moments donnés des travailleurs
de la construction qui n'ont pas réussi à faire leurs heures, comme on dit,
parce qu'il manquait de gens pour démarrer le chantier aussi. Ça fait qu'à un
moment donné, ça devient l'oeuf ou la poule, ou on manque de travailleurs, il y
en a qui ne peuvent pas travailler parce que le décloisonnement des
professions. Même si on a fait un travail avec vous important, des fois, il y a
ces effets-là aussi par la suite.
Oui, je vais vous laisser aller, M.
Lapointe, et après ça, je vais céder la parole à ma collègue de Saint-François.
M. Lapointe (Philippe) : Mais...
mais rapidement, dans notre mémoire, on ne s'oppose pas à la mobilité
interprovinciale. La chose que nous demandons, c'est... puis on remarque
d'ailleurs qu'il y a l'espace pour le faire, c'est de prendre le temps de
s'assurer de réussir l'arrimage pour que la CCQ puisse faire respecter les
bassins de main-d'oeuvre parce que, demain matin, il y a
1 000 travailleurs, travailleuses. Je donnerai un exemple qui
débarqueraient de l'Ontario, peuvent venir compléter le besoin de main-d'œuvre
à Montréal. Ça n'a pas le même impact que s'il y en a 1 000 qui débarquent
en Abitibi-Témiscamingue parce que le bassin de main-d'œuvre, là, est plus
fragile par la quantité de travailleurs, travailleuses qu'il y a de présents,
le nombre d'heures disponibles pour que ces gens-là puissent avoir un salaire
viable, et donc si on... La CCQ, elle, ce qu'elle fait, c'est qu'elle calcule
la quantité de travailleurs présents sur le territoire et émet des certificats
de compétences pour satisfaire les besoins. Et donc nous, ce qu'on dit, c'est
assurons-nous que ce mécanisme là ne devienne pas sacrifié parce qu'on veut
ouvrir à la mobilité interprovinciale, chose qui ne nous dérange pas, parce que
demain matin, s'il y en a un, on a un surplus de main-d'oeuvre, ils vont être
bien contents d'avoir cet accord-là pour pouvoir aller travailler sur une autre
province, à condition que ça se fasse de façon conforme.
• (18 heures) •
Mais notre industrie, elle est
conjoncturelle. Demain matin, le PQI baisserait de moitié ses investissements,
je peux vous dire qu'il va en avoir des gens qui vont chercher des emplois dans
l'industrie de la construction. Ça fait que si le gouvernement baisse les
investissements ou qu'il y a moins d'investissements dans le privé, on va le
sentir. On est les premiers à sentir ces impacts-là.
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-François.
Mme Hébert : Merci, M. le
Président. Il y a eu certaines avancées avec le projet de loi n° 51 qui a
été adopté justement, qu'il y ait une mobilité, donc vous me parlez des
craintes que de la main-d'oeuvre arrive, disons en Abitibi ou qui arrivent en
Gaspésie. Mais, mais cette main-d'oeuvre-là peut déjà, et ces travailleurs-là
peuvent déjà se déplacer et aller dans une autre région quand ils n'ont pas
d'ouvrage dans la région. Donc, je comprends difficilement de voir les craintes
qui arrivent quand nos employés, les gens ici, les gens de la construction
peuvent déjà se déplacer eux aussi. Ça fait que, s'ils n'ont pas d'emploi dans
leur région, ils peuvent aller ailleurs.
M. Ricard (Alexandre) : Mais
vous le nommez, ils peuvent. Ça ne veut pas dire que les employeurs qui ont
des... qui ont des travaux dans la dans la... dans une autre région, vont les
amener, parce que c'est sûr qu'il y a des. Il y a des frais reliés, les
transports, à ce niveau-là. Donc, la mise en garde qu'on vous donne assez à ce
niveau-là, c'est que, si on a des contracteurs — je donne l'exemple
de l'Ontario — qui viendraient soumissionner sur... sur des
travailleurs, puis on a des gens qui habitent juste à côté ou qu'on a des
travailleurs qui sont disponibles dans certaines régions...
18 h (version non révisée)
M. Ricard (Alexandre) : ...il
y a un peu un non-sens à ce que, surtout dans des contrats publics, qu'on
valorise des entreprises de d'autres provinces quand on peut avoir des
entreprises québécoises, avec des travailleurs québécois qui travaillent sur nos
chantiers. Le point de «ne peuvent» ça ne veut pas dire que les entreprises
vont nécessairement choisir le travailleur qui va être dans x ou x région, en
tant que tel. Puis le système d'ouverture de bassin qu'on vous a expliqué
marche par région, donc c'est un côté imparfait de ce système, c'est que,
malheureusement, on ne valorise pas assez la main-d'oeuvre qu'on a dans nos
régions. Donc, on peut, mais l'expérience nous dit que, sur le terrain, les
employeurs ne vont pas favoriser la main-d'oeuvre qu'on a à travers chacune des
régions.
Mme Hébert : Puis vous avez
mentionné, par rapport à... des mesures linguistiques seraient nécessaires dans
la loi, mais pensez-vous qu'un employeur ou quelqu'un qui va venir travailler
ici, qui est unilingue anglophone, qu'il n'ira pas nécessairement en Gaspésie
ou sur un chantier francophone? Parce que, s'il y a une barrière de langage, c'est
plus difficile.
M. Ricard (Alexandre) : Bien,
je vous donne un exemple, si on parle de langue anglaise, vous me parlez des
régions qui ont peut-être moins l'anglais en forte proportion... le CHUM de
Montréal. J'ai été représentant sur le terrain. Il y avait des enjeux de langue
constants. Ça a amené de graves problématiques au niveau de la santé et sécurité,
respect de la mise en œuvre des chantiers. Juste quand on donne les directions puis
les orientations sur le chantier, c'est non fonctionnel d'avoir... de ne pas
avoir des travailleurs qui ont, minimalement, la langue parlée au Québec. Donc,
c'est une importance... Donc, on ne peut pas faire de distinction. On ne peut
pas donner l'exemple de la Gaspésie, qui aurait peut-être la langue française
plus forte, en autre proportion versus Montréal. Je vous dis, pour avoir été
représentant sur le terrain à Montréal, c'est problématique, la langue au
niveau de la santé-sécurité puis de la gestion du chantier. C'est un enjeu
important.
Mme Hébert : OK. Bien, par
contre, on parle souvent que, justement, à Montréal, Laval, ce sont des régions
qui sont beaucoup plus anglicisées. Donc, la main-d'oeuvre ne devient pas un
problème sur un chantier de parler en français ou en anglais.
M. Lapointe (Philippe) : Je
veux juste rappeler que la langue de travail au Québec, ça reste le français,
et que c'est une loi du Québec...
Mme
Hébert
:
Oui, je comprends.
M. Lapointe (Philippe) : ...et
que je pense que c'est important que les travailleurs francophones puissent
pouvoir travailler dans leur langue maternelle sur les chantiers. La loi 101 s'applique
aussi sur les chantiers.
Mme Hébert : Oui, oui. Non, je
comprends très bien. C'est juste que je me dis vous, vous exigez une exigence,
mais certainement que les gens qui vont venir travailler... peut-être qu'il y a
des régions comme Montréal ou Laval, mais dans certaines régions autres du
Québec où qu'il y a moins de travail, bien, ces employeurs-là...
M. Lapointe (Philippe) : Mais
ce qu'il y a d'important avec la mobilité provinciale, c'est que la personne
qui habite en Gaspésie puisse avoir accès aux chantiers qui sont en Gaspésie. Ça,
c'est ce qu'on veut défendre. Ça fait que nous, ce qu'on essaie d'expliquer, c'est
que s'il y a, disons, une compagnie qui arrive avec ses 50 salariés de l'Ontario
pour venir faire un projet d'expansion industrielle en Gaspésie, qui n'embauche
pas de Gaspésiens parce que c'est ce qu'ils veulent... ils amènent leur main-d'oeuvre,
et qu'eux arrivent et font un chantier entièrement en anglais, peut-être qu'un
Gaspésien ne pourra pas avoir accès à l'emploi à cet endroit-là. Nous, ce qu'on
veut dire, c'est qu'il faudrait que les gens puissent avoir accès aux chantiers
qui sont proches de chez eux et ne pas avoir à se déplacer à Montréal pour
pouvoir aller travailler.
Mme Hébert : Est-ce qu'il
reste du temps, M. le Président?
Le Président (M. Laframboise) : Oui,
1 min 4 s.
M. Tremblay : ...bousculés,
tout le monde, à l'international, mais ce que je comprends, ce que je comprends,
c'est : nous, on va optimiser la business au Québec avant d'ouvrir puis
penser à élaborer des plans d'action d'arrimage interprovincial, puis en tenant
compte des réalités très régionales, avec la sensibilité qu'on vous connaît par
rapport à ça. Je me demande, où est-ce qu'il y a une ouverture, si on pense à l'histoire
de Trump puis... tu comprends, d'avoir une pression, d'aller plus large puis de
faire du travail avec d'autres provinces? Elle est où, l'ouverture? Est-ce que
ce n'est pas... tout le monde n'est pas peu protectionniste puis il y en a... c'est
utopique de penser qu'on pourrait aller là?
M. Ricard (Alexandre) : Bien,
c'est pour ça qu'on arrive avec une optique d'ouverture, en fait. On n'est pas
contre les ententes interprovinciales, mais il y a des mécanismes et des moyens
qui doivent être prévus dans la négociation pour qu'elle soit saine, cette
ouverture-là, et qu'elle marche des deux côtés. Puis c'est ça qu'il faut
retenir aussi. On a des enjeux, on a du vécu, on a l'expérience du terrain,
présentement, puis on a des enjeux qu'on a vécus, on vous les soulève pour que
vous puissiez être en mesure d'avoir des bonnes négociations avec les autres
provinces. On salue quand même...
M. Ricard (Alexandre) : ...cette
ouverture-là, mais on a certaines réticences parce qu'on a des enjeux
interrégionaux. Déjà, à l'intérieur du Québec, on est capables de travailler
là-dessus et de continuer là-dessus en ayant cette ouverture.
Le Président (M. Laframboise) : Donc,
merci beaucoup, M. le ministre et l'équipe gouvernementale. Maintenant, je cède
la parole à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour 9 min 16 s.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président, et merci à vous, Messieurs, d'être avec nous aujourd'hui en
présentiel, et pour votre présentation, et pour votre mémoire.
Alors, tout de suite, une première
question. Vous insistez sur l'importance des bassins de main-d'œuvre pour
limiter la précarité et protéger les heures de travail disponibles pour les
salariés québécois. Craignez-vous que la reconnaissance automatique des
qualifications prévues au projet loi n° 112 pourrait compromettre
directement ce système?
M. Lapointe (Philippe) : Bien,
en fait, vous voyez, déjà, dans les... ça va peut-être aussi répondre à une
question auparavant, mais dans les accords que nous avons eus,
interprovinciaux, il y a, par exemple... il n'y a en Ontario aucun métier qui
a... qui fait d'exemption. Puis, par rapport au Nouveau-Brunswick, il y en a
juste cinq, entre autres celui qui est l'opération des grues automotrices. Puis
une des raisons pourquoi la... J'ai parlé avec notre... nos responsables des
grutiers, puis il nous dit : La formation pour l'opération de grues n'est
pas pareille partout. Puis, au Québec, les grutiers sont responsables de
l'installation de la grue jusqu'à son démontage, puis son opération, puis il
doit aussi faire la programmation. Mais ça si les gens dans d'autres provinces
ne l'ont pas dans leur formation, mais j'espère qu'on va avoir un petit holà
puis on va dire : Bien, peut-être qu'il faudrait qu'ils suivent ces
modules-là de plus, avant de pouvoir opérer une grue puis de charrier
100 tonnes par-dessus la tête de travailleurs, travailleuses. Ça fait
qu'on ne demande pas plus que ça. En fait, puis au niveau du travail qu'on est
capables de faire, d'arrimage, le sceau rouge est déjà une certification qui
est assez bien reconnue à travers le Canada puis qui nous permet d'avoir un
langage commun entre provinces. Et après ça il y a toutes les occupations qui
ont des titres occupationnels avec lesquels ils ont chacune une définition
particulière. Et il y a des arrimages qui ont été faits puis la liste, elle est
assez longue, là, entre ce qu'on a été capables de faire pour les accords
interprovinciaux, mais ça demande de s'assurer que les gens parlent le même
langage, puis là je ne parle pas français-anglais, mais je veux dire au même
langage de définition technique de l'occupation pour être capable de faire en
sorte que les gens savent qu'est-ce que la personne qui rentre sur le bassin va
être capable d'exécuter. Puis c'est quand même important parce qu'on ne veut
pas se retrouver à faire venir une main-d'œuvre qui, au final, est inadéquate à
remplir le besoin duquel on l'a demandée. Puis on a.. En tout cas, là-dessus,
je vais m'arrêter.
• (18 h 10) •
M. Ricard (Alexandre) : Bien,
on le voit aussi le... s'il y a un déficit dans la main-d'œuvre puis on ouvre
cette voie-là. Puis le point que Philippe mentionnait, c'est si on va chercher,
il faut aller chercher la main-d'œuvre compétente dans certains domaines puis
qu'il y a une certaine reconnaissance avec les compétences du Québec, parce que
je pense que c'est à ça que ça va répondre au besoin, si on a fait une certaine
ouverture, le temps qu'on rétablisse, en fait, la formation professionnelle et
qu'on s'assure du développement de notre propre main-d'œuvre au Québec et de
façon bien stratégique et bien orientée.
Mme McGraw : Merci. On va...
on revient sur la main-d'œuvre et les métiers. Donc, vous notez que, dans
plusieurs provinces, certains métiers ne sont pas assujettis à une
certification obligatoire, par exemple en Alberta, en plâtrerie. Comment éviter
ce que vous percevez comme une injustice peut-être envers les travailleurs
québécois qui doivent passer par un processus qui est plus rigoureux et de
certification?
M. Lapointe (Philippe) : Dans
le fond, c'est que, dans les années 80, quand on a monté la loi R-20
telle qu'elle est aujourd'hui, ce qu'on s'est dit, c'est : Nous allons
permettre aux salariés de la construction de faire... de travailler partout à
partir du moment qu'ils ont leur carte de compétence, c'est-à-dire qu'on
certifie que ces gens-là sont capables de faire l'entièreté de leur métier ou
de leur occupation. Et donc, nous, ce qui est arrivé, c'est qu'on a renversé le
fardeau des entrepreneurs vers la compétence du salarié puis on a dit : On
va certifier la compétence des salariés. Puis, à partir de ce moment-là, quand
l'entrepreneur arrive puis part un projet, il est capable de dire : Bien,
je vais être capable de me rendre d'un point a au point z parce que les
salariés avec lesquels je vais travailler sont capables de faire l'entièreté
des tâches. Ça ne fonctionne pas pareil partout. En Colombie-Britannique, le
coût des assurances pour partir un chantier de construction est extrêmement
plus élevé qu'au Québec parce que la compétence des salariés n'est pas
garantie. Et présentement...
M. Lapointe (Philippe) : ...se
vit des problèmes de compétence dans lequel des salariés sans aucune formation
préalable et sans certification de compétence, donc le fardeau ne repose pas
sur le salarié, exécutent des travaux publics, puis il n'y a rien pour protéger
le public ou... puis même les citoyens et citoyennes s'il y a un défaut. Tout
repose sur l'entrepreneur, donc il doit se prendre une assurance pas mal plus
élevée. Ça fait qu'à ce niveau-là, nous, on a décidé de passer ça à travers la
certification de compétence. Puis on pense que c'est un système qui est éprouvé
lorsqu'on a la formation professionnelle en contrepartie pour s'assurer que la
compétence, elle est bel et bien présente.
M. Ricard (Alexandre) : Puis,
si je peux compléter la réponse puis peut-être vous rassurer puis rassurer la
commission, c'est qu'en fait, déjà, dans les mécanismes à la CCQ, lorsqu'on
veut intégrer quelqu'un dans l'industrie de la construction, il y a déjà des
reconnaissances d'heures, en fait, qui sont faites. Donc, au Québec, ce n'est
pas 100 % des travaux, même si le grand public pense que 100 % des
travaux sont régis par la loi R-20, mais des travaux de rénovation,
propriétaire occupant, il y a certains types de travaux qui ne sont pas régis
par la... ce n'est pas des travailleurs qui sont régis par la loi R-20,
donc, mais il y a une reconnaissance et des mécanismes de reconnaissance. Donc,
si on a travaillé dans une manufacture de production, il y a certaines tâches
qui vont être reconnues pour faire la reconnaissance des acquis puis se rendre
éligibles à des examens de certification par rapport... qu'on a déjà là dans
l'industrie présentement.
Donc, c'est important de comprendre que,
si vous retenez la recommandation qu'on prend de passer à travers les
mécanismes de la CCQ, il y a déjà des mécanismes facilitants. Donc, dans un
exemple comme ça, où est-ce qu'on a un métier qui est... qui est non reconnu
dans d'autres... dans d'autres provinces, on va pouvoir établir des mécanismes
de reconnaissance pour qu'ils ne soient pas brimés justement dans ce
système-là, et que ça fonctionne bien, puis qu'on établit les bons barèmes pour
avoir la bonne compétence reconnue au Québec.
Mme McGraw : Merci. Une autre
question. Vous avez souligné les difficultés liées à la transférabilité des
avantages sociaux et des heures travaillées entre des provinces. Alors, quelles
seraient vos recommandations concrètes, si on voulait intégrer au sein de ce
projet de loi des dispositions pour éviter justement des pertes acquises?
M. Lapointe (Philippe) : En
fait, nous, ce qu'on vous demande, c'est de nous laisser le temps de s'arranger
avec les autres contreparties. Parce que, par exemple, le Canada's Building
Trade Union a son propre fonds de pension. Puis on a réussi, avec l'Ontario, à
avoir un accord qui permet qu'après deux ans il y a une partie du fonds qui
revient puis qui est remis à la CCQ. Tu sais, on n'est pas très contraignants,
dans les demandes qu'on a là. On demande du temps pour s'arrimer puis s'assurer
qu'il y ait aussi une reconnaissance des heures des apprentis, puis que ce
soit... ça, ça puisse être communiqué. Ça, c'est vraiment important, parce que
l'apprentissage, c'est la clé pour être capable d'arriver au statut de
compagnon. Puis, sur les chantiers de construction, être compagnon, c'est la
liberté.
Mme McGraw : Juste une
dernière question. Vous notez que des accords interprofession ciblés
Québec-Ontario, Québec-Nouveau-Brunswick, Québec-Terre-Neuve-Labrador
fonctionnent déjà assez bien. Selon vous, est-ce que c'est mieux d'approfondir
ou de même multiplier ces accords bilatéraux, au lieu d'avoir un projet de loi
plus global, comme avec le projet de loi n° 112, ou ce serait
complémentaire?
M. Lapointe (Philippe) : En
fait, je pense que le 112, ce qu'il donne, c'est une obligation aux partis de
devoir se parler. Mais, l'enjeu que nous avons, c'est que le système
d'éducation professionnelle n'est pas le même dans chacune des provinces. Puis,
vu que c'est une compétence provinciale, bien, on ne peut pas non plus faire du
bord en bord. Puis, dans le reste du Canada, la majorité des métiers... bien,
il y a beaucoup de métiers de construction qui sont gérés par les syndicats
pour faire la formation professionnelle. Donc, il y a certaines affaires.
Écoutez, si vous voulez qu'on ait ce système-là, on va le prendre, là, la
formation des salariés, mais je ne pense pas qu'on est là.
Mme McGraw : Est-ce que vous
avez quelque chose à ajouter?
M. Ricard (Alexandre) : Bien,
en fait, je pense que c'est un complément. Le but, c'est de renforcir, en fait,
ces ententes-là puis le respect à travers les... comme on l'a exprimé. Quand il
y a un déséquilibre au niveau de l'applicabilité de ces ententes-là, bien, je
pense que le gouvernement peut jouer un rôle à ce niveau-là pour les
travailleurs qui vont... qui sortent de notre province, puis que... de forcer
la même ouverture, en fait, qu'on a déjà avec ces ententes-là puis qu'elles
soient renforcées.
Mme McGraw : Merci beaucoup.
M. Ricard (Alexandre) : Merci
à vous.
Mme McGraw : Merci.
Le Président (M. Laframboise) : Merci.
Donc, merci beaucoup, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Maintenant, je
cède la parole à Mme la députée de Verdun pour trois minutes 28 secondes.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Merci, M. Ricard et M. Lapointe, pour votre présentation.
Il y a deux sujets qui ont attiré mon
attention. Donc, le premier, vous avez parlé de cette notion de garantir
l'accès aux...
Mme Zaga Mendez : ...c'est une
base régionale. Est-ce que vous croyez qu'il faut des dispositions
supplémentaires, que ce soit dans le projet de loi, dans des règlements ou dans
la négociation des ententes, pour justement être capable de garantir l'accès à
ce chantier-là pour les travailleurs en région?
M. Ricard (Alexandre) : Bien,
c'est déjà des dispositions qu'on revendique depuis de nombreuses années. Donc,
c'est pour ça que... En fait, la recommandation qu'on a faite de faire passer
puis de mettre le mécanisme de la CCQ de façon à imposer la recommandation
qu'on qu'on a faite règlerait une bonne partie de ces inquiétudes-là puis nous
permettrait de faire le travail à l'interne avec... de façon paritaire et
d'arriver à des solutions qui soient bénéfiques pour autant les travailleurs
que les entreprises, puis de renforcer, en fait, les ententes qu'on pourrait
faire avec les autres provinces serait clairement bénéfique à ce niveau-là.
Mme Zaga Mendez : Parfait.
Merci beaucoup. Tout à l'heure, on avait une discussion justement sur la
protection de la langue française en milieu de travail. Il y a dans l'esprit de
la loi, quand même, des principes pour protéger la langue française. Tout à
l'heure, vous nous donniez un exemple assez concret où ce qui pourrait avoir
justement pas une menace directe, mais le fait qu'on n'est pas en train de
protéger les droits linguistiques de nos travailleurs, avoir accès... ou même
aller plus loin, là. Vous parlez des questions de santé et sécurité au travail.
Est-ce qu'il y a... Ma question, c'est : Est-ce qu'il y a des choses qu'on
doit améliorer, changer ou renforcer dans les dispositions qui sont déjà en
place pour protéger ces droits-là?
M. Ricard (Alexandre) : Clairement,
les mécanismes de francisation sont de base. Je vais laisser mon collègue
répondre.
M. Lapointe (Philippe) : Dans
un mémoire que nous avons remis sur la planification pluriannuelle de
l'immigration, nous parlons de mutualiser la francisation à la CCQ, parce
qu'entre autres ce qui se passe, c'est que, dans... Il y a tellement de
mobilité, on ne peut pas demander à un employeur de pouvoir faire en sorte que
les salariés aient le temps d'apprendre le français, que ce soit des salariés
d'autres provinces ou que ce soit des personnes issues de l'immigration. Donc,
si c'était centralisé et qu'on pouvait avoir du temps libéré, payé afin d'aller
suivre des cours de français entre les chantiers, parce qu'il y a beaucoup de
moments de latence, parfois, en chantier, on pourrait avoir une force de frappe
de francisation incroyable pour les gens qui viennent sur l'industrie de la
construction. Ça fait que c'est sûr que ça, ce ne serait peut-être pas dans le
projet de loi n° 112, mais c'est quelque chose à réfléchir au niveau de
s'assurer l'accès à des cours de francisation, mais mutualisés à l'industrie.
• (18 h 20) •
Mme Zaga Mendez : Mutualisés,
donc, c'est-à-dire de traiter de la même façon au travailleur... ou exiger la
même chose d'un travailleur qui viendrait de l'Ontario, qui viendrait, par
exemple, du Guatemala ou du Mexique, là, sur un chantier.
M. Lapointe (Philippe) :
Exact.
Mme Zaga Mendez : Est-ce
que...
Le Président (M. Laframboise) :
30 secondes.
Mme Zaga Mendez : Voulez-vous
ajouter quelque chose en 30 secondes?
M. Ricard (Alexandre) : Bien,
en fait, que ce soit la francisation, la protection de nos travailleurs, c'est
important à ce niveau-là. Puis juste le répéter, mais c'est un réel enjeu de
santé, sécurité qu'on vit déjà présentement sur les chantiers, la langue. Je
comprends que la commission n'ait pas directement ça sur l'immigration, mais il
ne faut pas venir augmenter cette difficulté-là. Il y a un travail de
rattrapage à faire au niveau de la francisation, qu'elle amène beaucoup de
problématiques au niveau de la santé, sécurité. Il faut,
malheureusement, le rappeler, l'industrie de la construction est l'industrie la
plus meurtrière au Québec. Donc, il faut porter une attention particulière à
ça. Donc, si on veut améliorer les mécanismes de francisation de la manière que
mon collègue vous l'a expliqué, ce serait grandement apprécié.
Le Président (M. Laframboise) :
Merci, Mme la députée de Verdun. Maintenant, je cède la parole au député de Saint-Jérôme.
Vous avez 2 min 38 s.
M. Chassin :
Merci, M. le Président. Merci d'être là et surtout d'avoir illustré, je pense,
quelque chose d'important. Au-delà de la volonté d'avoir un libre commerce et
de la mobilité de la main-d'oeuvre, c'est sûr qu'il y a toutes sortes de
structures dont on se donne... dont on se dote, en fait, au Québec pour toutes
sortes de raisons puis, des fois, justement, la santé, sécurité en est une. Les
formations, la qualité... en fait, la formation aussi, des gens sur nos
chantiers. Et, en même temps, parce que c'est différent, bien, ça pose des
barrières implicites. Est-ce que... Puis je pose la question vraiment, en toute
transparence, pour essayer de voir qu'est-ce qui peut être fait, parce que vous
parlez de prendre du temps pour s'ajuster.
Dans ce que vous avez donné comme mémoire,
vous parlez de la difficulté avec, par exemple, les avantages sociaux, mais
même pour avoir... justement, pour les apprentis, pour devenir compagnons, les
arts qui sont faits en dehors, bien, vous n'y avez peut-être pas accès ou ce
n'est pas transféré. Pour quelqu'un qui revient au Québec, par exemple, tu
sais, quelqu'un qui est Québécois, qui a travaillé trois ans, par exemple, en
Ontario, il revient...
M. Chassin :...mais là vous... lui veut devenir un compagnon, puis il
l'est peut-être déjà, là, parce qu'il a le nombre d'heures. Est-ce que ça, ça
avance? Est-ce que vous avez, avec l'inter, la possibilité de...
M. Lapointe (Philippe) : La
Commission de la construction prend les chèques de paie puis peut faire les
reconnaissances. Ça fait que, si on peut accompagner, nous, les salariés qui
reviennent, là-dessus, ça va bien, mais c'est sûr que, si, disons, il y a des
jalons de la formation qui est suivie ou autre, ça serait important que ça
soit... que ça puisse être communiqué puis qu'il y ait des vases communicants
entre les différents systèmes d'éducation.
M. Chassin :Automatique même, en fait. C'est ça?
M. Lapointe (Philippe) : Exact.
M. Chassin :Parce que ça serait... Là, en ce moment, c'est vraiment la
responsabilité, le fardeau, finalement, du salarié, là?
M. Lapointe (Philippe) : Exact.
Souvent, il est accompagné par son syndicat pour le faire.
M. Chassin :Oui, ça, c'est... Puis est-ce que... Par exemple, pour les
avantages sociaux, vous dites après deux ans, c'est ça, de... d'être revenu
ici?
M. Lapointe (Philippe) : Il y
a des accords qui sont faits où est-ce qu'on peut avoir... il y a une retenue,
puis après un certain temps, peut à avoir une récupération des avantages. Ce
qu'on aimerait, c'est que ce soit systématique.
M. Chassin :Et c'est déposé à la caisse, cela?
M. Lapointe (Philippe) : Oui.
M. Chassin :C'est ça, parce que vous êtes un grand contributeur de la
caisse.
M. Ricard (Alexandre) : La
quatrième.
M. Chassin :Le quatrième en importance. Bien, merci. Je pense que ça
doit faire à peu près mon temps. Merci...
Le Président (M. Laframboise) : Merci,
M. le député de Saint-Jérôme. Je vous remercie, messieurs Ricard et Lapointe,
pour la contribution de la FTQ-Construction aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre au prochain groupe de prendre place. Merci, messieurs.
(Suspension de la séance à 18 h 24)
(Reprise à 18 h 27)
Le Président (M. Laframboise) : Bonjour.
Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de l'Association des
manœuvres inter-provinciaux. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour vous... pour votre exposé puis nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et à commencer votre exposé.
M. John (Jocelyn) : Jocelyn
John, je suis directeur général, secrétaire financier de l'Association des...
M. John (Jocelyn) : ...FTQ-Construction.
M. Goyette (Richard) : Richard
Goyette, conseiller à la direction pour l'Association des manoeuvres
interprovinciaux.
Le Président (M. Laframboise) : Vous
pouvez commencer.
M. Goyette (Richard) : Je
vous remercie. Comme toujours, je commencerais avec les documents. Vous aurez
remarqué que... qu'on a déposés, à l'AMI, dans le mémoire, qui sont en
référant... c'est-à-dire avec des citations. Et ceux qu'on va citer aujourd'hui
ne sont que des documents relevant du gouvernement du Québec...
(Interruption) ...woups!, excusez, bon,
censure... relèvent du gouvernement du Québec. Et il y en a un très
intéressant, je pense, qu'on ne devrait jamais oublier, et pourtant il semble
peu connu. C'est Bâtir et innover, qui a été publié par le Conseil de science
et technologie et qui pourtant ne fait jamais surface. Il a été publié en 2003.
Et pourtant tous les aspects de l'industrie de la construction ont été couverts
dans... ou ont été couvertes dans ce volume-là. Et pourtant il ne fait jamais
surface. On dirait qu'on est toujours pris dans l'urgence et... plutôt qu'avoir
des réformes qui portent dans le temps sur des longs... avec des études de
longues périodes.
Parce que présentement on sait qu'il y a
200 quelques millions d'heures qui se travaillent dans l'industrie de la
construction, là. Mais, en 1994, il s'en est travaillé 157 millions, puis
en 1989... en 1975, c'étaient 155 millions, puis en 1989, c'étaient
110 millions. Alors, il ne faut pas penser que, quand on traite de
l'industrie de la construction, on traite d'une industrie où il n'y a pas de
circonvolution. Au contraire, c'est une industrie anarchique. Et il faut que
les humains... je pense que dans la rationalisation de cette industrie-là, sont
obligés de se mettre les pieds à terre puis essayer de trouver des solutions
qui permettent de construire, qui permettent de livrer.
Et je pense qu'au Québec, on est en avance
sur presque tous les milieux en Amérique du Nord. Souvent, on chiale contre le
système de l'industrie de la construction. Mais, dans les cinq dernières
années, là, si vous allez sur le site du ministère du Travail de l'Ontario, il
s'est signé 1 214 conventions collectives, 1 214. On en a signé
quatre avec une paix industrielle assez bonne. Il n'y a plus de conflits de
compétence sur les chantiers. C'est réglé par l'arbitrage ou par le Tribunal
administratif du travail.
• (18 h 30) •
Et j'aimerais faire une lecture de ce
document-là en commençant : «Les auteurs avancent trois raisons pour
expliquer une productivité supérieure.» On parle des États-Unis. «La première
est que le travailleur de la construction syndiqué aux États-Unis reçoit une
formation, alors que ce n'est pas nécessairement le cas des travailleurs non
syndiqués. Ils sont donc plus productifs et, de surcroît, demandent moins de
supervision, ce qui permet d'économiser sur les coûts de surveillance. La
deuxième raison est lorsque les entrepreneurs généraux doivent passer par le
bureau syndical de recrutement - ce qui est défendu au Québec, bon - ils sont
assurés d'obtenir une main-d'œuvre qualifiée et en quantité suffisante.» Et on
nous dit que, «d'après quelques études empiriques sur l'effet final des forces
divergentes sur la productivité, l'effet total serait positif dans l'ordre de
20 % à 30 % sur la productivité. Et la productivité du secteur de la
construction au Québec est supérieure à celle de l'ensemble du secteur
économique... des secteurs économiques. Elle est également supérieure à celle
du Canada.»
Or, on a souvent une espèce de complexe,
je trouve, au Québec, sur notre industrie de la construction... il s'est passé
des choses, mais des choses, il s'en est passé beaucoup aux États-Unis et dans
d'autres provinces aussi. Ça, c'est la première réserve que je ferais par
rapport à la mobilité de la main-d'œuvre.
Donc, le Québec est très productif, a une
main-d'oeuvre supercompétente, mais on a des problèmes dans la formation. Quand
on regarde les gens... J'entendais tantôt une intervention sur les entrées dans
l'industrie et les départs. Bien oui, mais on a des problèmes dans l'industrie.
Il y a... Il est entré 253 240 personnes dans les 10 dernières
années, 253 000... 240 000 entrées et 213 344 sorties. Comment
on administre notre main-d'oeuvre? Ça, c'est important. J'entendais...
D'ailleurs on fait nôtres tous les commentaires qu'a émis la FTQ-Construction.
C'est qu'on arriverait avec des particularités pour nous. Mais 8 % de la
main-d'oeuvre, 34 % des décès, hein? On a réussi à avoir une commission
d'enquête publique...
18 h 30 (version non révisée)
M. Goyette (Richard) : ...ce
qui ne s'est jamais fait. On va avoir une commission d'enquête publique sur les
décès dans l'industrie de la construction. 8 % de la main-d'oeuvre,
34 % des décès. Je le répète, c'est ponctuel.
Or, l'industrie de la construction est une
belle industrie, mais elle a des problèmes. Le Vérificateur général, il y a
quelques années, a blâmé la Commission de la construction du Québec sur le peu
de cas qu'elle faisait des gens qui entrent sans formation professionnelle, alors
que, quand on a modifié la loi, en 1986, où on a enlevé une certaine forme de
sécurité d'emploi avec les cartes ABC, le gouvernement s'était engagé à ce que
toutes les entrées passent par la formation professionnelle. On a été la
rechercher, notre formation professionnelle. Elle est tombée, à ce moment-là,
entre les mains de l'industrie. Bien, si on veut être concurrentiels sur le
marché national et international... Avec la façon dont on fonctionne
présentement, les gens ne rentrent même plus avec les préalables scolaires. Non
seulement ils ne rentrent pas avec un diplôme, ils ne rentrent même pas dans l'industrie
de la construction avec le préalable scolaire, ce que ça prend pour faire le
métier. Ils s'en vont où, ces gens-là? On est en train de scrapper notre
système, volontairement, ou involontairement, ou peu importe, on est en train
de scrapper notre système. Je pense que ce n'est pas l'idée de se blâmer, là, c'est
qu'on est au stade des solutions.
L'autre chose : le gouvernement
fédéral, on comprend qu'il a déposé le projet de loi C-5, auquel le Québec fait
le projet de loi n° 112 en conséquence. Vous savez que le gouvernement
fédéral a rencontré toutes les unions des autres syndicats à travers le... c'est-à-dire
les syndicats dans toutes les provinces, les syndicats internationaux, les
syndicats américains. Ils ont même rencontré les syndicats américains du
Québec, mais ils n'ont pas rencontré les syndicats nationaux. Au fédéral. Bien,
quand tu commences à négocier avec des gens, ils te traitent un peu comme ça.
Pousser les boutons, je m'excuse pour l'expression, ce n'est peut-être pas
digne de cette Assemblée, mais, je veux dire, à un moment donné, il y a une
question de respect.
Et ça a été pareil dans ce cas-là, on a
appris tout à fait par hasard que ça s'était fait. Donc, on sait que les
syndicats dans le reste du Canada font leur placement, ils ont une sécurité,
ils ont le placement via ce qu'ils appellent le «board», là, le placement. Nos
gens, arriver là-dessus... il y a des arrimages fort difficiles. Ça, c'est...
sur le point général, je pense que, dans le cadre d'une négociation, ça doit se
faire de bonne foi et avec tout le monde.
Moi j'ai vu des... par exemple, en 1999,
quand on a signé... bien, pas moi, signé une entente Québec-Ontario, la
ministre du Travail de l'époque avait un comité d'employeurs et de syndicats
autour d'elle pour être capable de répondre immédiatement, pendant les phases
de négociations, à l'Ontario... si ça avait été d'autres provinces. Ça n'a pas
été la plus belle négociation, j'en parle dans le mémoire, l'Ontario est très
forte et je ne sais pas ce qui va arriver des autres provinces, mais ce qui...
très forte pour commencer à négocier un sujet, l'industrie de la construction, mais
ils ont négocié, en 1999, le transport en vrac. En 1979, ils ont négocié l'approvisionnement
des municipalités dans la région de Hull-Gatineau. Ils ont voulu faire main
basse sur le bois de l'Abitibi. On a eu des problèmes aussi, ils voulaient
prendre les contrats à la Baie-James.
Quand on négocie, il faut s'assurer que si
je négocie de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction, je négocie
de la main-d'œuvre dans l'industrie. Puis, si je négocie des envois de je ne
sais pas quel produit ou d'usine, autrement, peu importe la mobilité de la main-d'oeuvre,
je négocie ça, mais, si je commence à faire des échanges de secteurs d'activités
économiques... c'est clair que ça n'a pas été très, très bien avec l'entente
Québec-Ontario par la suite.
Il y a aussi... Je voudrais parler... il
ne doit pas me rester grand temps, là...
Le Président (M. Laframboise) :
...40 secondes. 40 secondes.
M. Goyette (Richard) : Je voudrais
parler des occupations. Ça va être très important. Je vous invite à me poser
des questions sur le cas particulier des occupations. Merci.
Le Président (M. Laframboise) : C'est
bon. Merci beaucoup. Donc, merci de votre exposé. Nous allons maintenant,
commencer la période d'échange avec M. le ministre et député de Beauce-Sud.
Vous avez 16 min 30 s, M. le ministre.
M. Poulin : Bien, vidons la
question tout de suite des occupations, ce sera fait.
M. Goyette (Richard) : Je vous
remercie. Je vous en dois une.
M. Poulin : Oui. Non.
M. Goyette (Richard) : Je sais
que vous ne prenez pas les chèques.
M. Poulin : Oh non, non, non!
Je ne ferai pas de blague, ici, je m'arrête ici.
M. Goyette (Richard) : ...moi
aussi, moi aussi. Je vais perdre des points. Non. Ce qui est intéressant, c'est...
ce qu'il faut soulever, pour les occupations, c'est...
M. Goyette (Richard) : ...jusqu'en...
Je fais souvent de l'histoire, mais ça me paraît important de le dire, jusqu'en
68, les occupations, qui sont d'ailleurs décrites dans le document, c'est tous
les travailleurs d'asphalte, le bétonnage... bon, enfin, je les... manœuvres,
manoeuvres spécialisés, foreurs, dynamiteurs, arpenteurs, etc., bon, c'étaient
des métiers. À partir de 69, Loi sur la formation professionnelle, les
conventions collectives ou les décrets ont été écrits et se retrouvaient avec
deux groupes, les métiers et les occupations. Ce qui est particulier, c'est que
les métiers ont des DEP et doivent suivre des cours afin... Normalement, il n'y
en a pas un qui devrait rentrer sans faire une étude, un travailleur, une
travailleuse, mais la pratique a voulu autre chose, on pourrait y revenir.
Mais, pour les occupations, qui représentent quand même entre... selon les
années, là, autour de 20 % du secteur de la construction, ça peut
descendre à 15, dans le génie civil, c'est 40 %, donc probablement le
secteur le plus important pour les gouvernements à travers le Canada et le
gouvernement fédéral parce que c'est tout le génie civil de routes, grands
travaux, etc., excavations, aérodromes, trains, bon, le REM, métro,
travailleurs souterrains, on les représente... mais ils ne sont pas reconnus
comme métiers et, comme formation professionnelle, aussi étrange que ce soit,
ils n'ont que 45 heures de formation professionnelle pour entrer dans
l'industrie de la construction, un cours de connaissance, ce qu'on appelle
connaissance générale, là, et un cours de santé et sécurité. Je peux me tromper
sur 45 heures, là, c'est un peu plus que ça, mais... avec le cours de
santé et sécurité, ce n'est pas tellement, mais ils ont 1 600 heures
en perfectionnement recyclage. Un... problème, là. Tu rentres des gens dans la
construction qui ont 45 heures pour rentrer, là, mais ils ont 1 600 heures
de cours disponibles pour apprendre l'ensemble des fonctions qu'ils auront,
alors qu'au moins les métiers, ils voient l'ensemble des fonctions qu'ils
auront, ils pourront avoir des cours de recyclage par la suite.
• (18 h 40) •
L'autre chose, c'est que le détenteur d'un
certificat de compétence compagnon, même s'il n'a jamais touché au travail
d'une occupation, il a le droit de faire le travail d'une occupation. Et, dans
l'entente qui avait été signée, l'entente Québec, Ontario et les autres
provinces, ils ont gardé qu'un compagnon, le détenteur d'une certification, qui
vient d'ailleurs au Canada, enfin, principalement les quatre ententes signées,
peut déplacer un travailleur d'une occupation. J'aime mieux vous dire que ça
mène... ce n'est pas tellement bon pour l'atmosphère sur un chantier. Il y a,
selon nous, un problème de discrimination systémique. Comment ça se fait, par
exemple, qu'un arpenteur qui a 18 000 heures de formation
professionnelle n'est pas reconnu comme un métier, mais un peintre qui a
850 heures de formation professionnelle est un métier? Comment ça se fait
qu'un scaphandrier qui fait l'Institut maritime n'est pas un métier, mais qu'un
autre l'est, ou encore un foreur, dynamiteur? Dynamiteur, c'est important. Je
n'ai rien contre les peintres ou... mais c'est plus dangereux un dynamiteur,
qui a une formation professionnelle, mais qui ne sera pas reconnu comme métier.
Donc, ça, pour nous, c'est un immense problème, que ce soit un métier ou non.
Mais...
M. Poulin : ...excusez-moi,
juste pour ma compréhension, puisqu'on est loin de tout, de tout le fin détail
que vous nous amenez au niveau des heures puis de la formation. Quand vous
dites «métier», c'est métier reconnu CCQ?
M. Goyette (Richard) : Par le
gouvernement du Québec, oui, en vertu du règlement sur la formation et
qualification professionnelle de la main-d'oeuvre.
M. Poulin : C'est ça, vous
faites la distinction entre les métiers et les occupations.
M. Goyette (Richard) : Les
occupations, qui, elles...
M. Poulin : Et vous, vous
êtes l'Association des manoeuvres inter-provinciaux qui est représentée des
métiers et des manœuvres.
M. Goyette (Richard) : Les
occupations. Absolument.
M. Poulin : Et des
occupations?
M. Goyette (Richard) : Oui.
M. Poulin : OK, juste pour
bien saisir, parfait. J'ai compris ce que vous nous dites. Dans le mémoire de
la FTQ, donc prédécesseurs de vous, on liste quand même une liste de métiers
avec des x par province, puis c'est très, très, très bien fait, qui nous permet
de voir la mobilité de la main-d'oeuvre comme telle.
Il y a une mise au point que je veux
faire, puis j'aurais dû la faire tout à l'heure, puis je profite de votre
occasion pour la faire. Le projet loi n° 112 que nous déposons ici
aujourd'hui ne change rien dans les règles syndicales d'une province votée
dûment par l'Assemblée nationale ou son fonctionnement. C'est important de le
mentionner. Parce que ce que l'on vient faire dans les articles de loi, au
niveau du permis sur permis notamment, c'est simplement de dire : On va
tenter de lisser et de coordonner les métiers le mieux possible via... comme on
le dit dans l'article de la loi, selon des autorités compétentes et, dans
certains cas, via le Code de profession pour les ordres professionnels.
Alors, je tiens à le dire, je tiens à le
mentionner, on n'est pas...
M. Poulin : ...dans une loi de
réforme syndicale. Ça, peut-être qu'il y en aura d'autres au Québec dans les
prochaines années. Mais tout ça pour vous dire que, dans ce cas-ci, on n'en est
pas là.
Maintenant, il y a déjà beaucoup de
mobilité de la main-d'oeuvre qui se fait. Est-ce que... Et je suis sensible à
ce que vous me dites, que quelqu'un qui rentre avec moins d'heures de formation
sur un chantier X, ça affecte l'ambiance, ça affecte le fonctionnement du
chantier. Possiblement, possiblement, et on le comprend, et on le saisit.
Maintenant, rien n'empêchera le gouvernement du Québec, dans le futur, via une
collaboration avec la CCQ, via une collaboration avec les membres des parties
prenantes de l'industrie de la construction au Québec, de peut-être revenir
rebaliser, mais, en même temps, vous le savez comme moi, il faut faire tomber
le maximum de barrières entre les différentes provinces.
Et je note, notamment dans le mémoire de
la FTQ, qu'on n'est pas contre la loi, qu'on n'est pas contre des éléments qui
sont à l'intérieur de la loi. Mais vous, ce que vous nous dites, puis c'est
l'essentiel de votre mémoire, c'est qu'il y a des enjeux d'heures de formation
inégales, inégaux, et qui fait en sorte que pour vous, vous y voyez un enjeu
d'applicabilité ou, du moins, de respect des compétences québécoises sur ces
chantiers.
M. Goyette (Richard) : ...et
je trouve très bien la façon de résumer... Peut-être que je suis un peu dispersé,
parce que j'essaie de vous présenter le plus rapidement possible... Mais vous
avez tout à fait raison, parce que, présentement, alors qu'on nous dit que...
qu'on nous dit que ça va très bien, l'industrie de la construction, c'est
effrayant, on a besoin de la main-d'oeuvre extérieure...
Moi, je regarde les statistiques de la Commission
de la construction du Québec, là, et le salaire moyen des manoeuvres, par
année, là, c'est 40 594 $. Au salaire qu'ils font... et je comprends
qu'ils ne travaillent pas gros, là... Mieux que ça, ils font, en moyenne, 914
heures par année. On sait que le travailleur... le salaire... je m'excuse...
pour un travailleur québécois type, salarié à plein temps, c'est 1 850
heures. Donc, vous avez très bien saisi que, s'il y a une carence, en formation
professionnelle, pour être capables de qualifier les gens, pour être capables
de les envoyer à l'extérieur avant que même les autres puissent venir, on est
déjà en déficit. Les gens, chez nous, font des moitiés d'année de travail.
Donc, la qualification, et le fait qu'on dise... on ne parte pas, là, avec
n'importe...
M. Poulin : Mais comment...
mais comment la CCQ — et on a eu la discussion tout à l'heure — peut
nous dire qu'ils ont besoin de 16 000 travailleurs par année d'ici 2029
alors que ceci, j'imagine, fait suite à une analyse pour laquelle vous êtes
partie prenante?
M. Goyette (Richard) : Non.
Il n'y a... il n'y a pas, au Québec... il n'y a jamais eu... Écoutez, encore
une fois... je retourne souvent dans le passé... j'ai commencé jeune dans
l'industrie de la construction, là, ça... vous n'aurez pas... bon, peu importe.
On me reproche souvent de faire de l'histoire, mais il faut s'y habituer, c'est
comme ça.
M. Poulin : Oui, mais moi,
j'aime l'histoire.
M. Goyette (Richard) : Vous
aimez ça? OK.
M. Poulin : Ah! oui, j'aime
ça.
M. Goyette (Richard) : Bon,
bien, dès...
M. Poulin : J'ai lu votre
mémoire sur 1979 notamment.
M. Goyette (Richard) : Ah!
bien, je vais retourner...
M. Poulin : Vous avez apporté
des éléments importants sur l'entente Ontario.
M. Goyette (Richard) :
L'entente de...
M. Poulin : Mais là je ne
voulais pas vous faire perdre votre fil, désolé.
M. Goyette (Richard) : Dans
1979... je la connais bien. Avec Pierre-Marc Johnson?
M. Poulin : 1979, qui était
au pouvoir au Québec?
M. Goyette (Richard) : Oui, je
n'étais... je n'étais pas loin.
M. Poulin : Non, ce n'était
pas Pierre-Marc. À moins qu'il était ministre, là, mais je ne sais pas. Je ne
pense pas.
M. Goyette (Richard) : Pierre-Marc
Johnson, c'est lui qui a signé la première entente... Bien, peu importe.
M. Poulin : C'était plus tard.
M. Goyette (Richard) : On se
reparlera.
M. Poulin : C'était plus tard,
Pierre-Marc, oui.
M. Goyette (Richard) : Le
problème qu'on a, et c'est ce que je vous disais tantôt, avec les chiffres,
c'est qu'ils ont besoin de 16 000 à 20 000 personnes par année, parce
que le monde quitte. Donc, si on a un problème au Québec, là... oublions les
autres provinces... mais on veut être capables ici d'avoir une économie... une
industrie de la construction qui est capable d'exporter sa main-d'oeuvre, comme
ça se faisait beaucoup, comme ça va se faire encore, on a un problème, là. Il
faut être capables d'avoir une qualité de main-d'oeuvre opposable aux autres
provinces au Canada. Sinon, on va se faire damer le pion.
Et ce qu'il faut... je comprends... On a
vu, selon les documents que je vous dis, on a une bonne qualité, mais il y a
trop de monde qui sortent. En 10 ans, on a beau en rentrer, il en est sorti
213 000. Ça veut dire qu'il en est... sur 10 ans, il en est sorti
21 000 par année. C'est pour ça que la commission... dans chaque rapport
annuel, puis dans chacun des bilans, il manque des milliers de travailleurs. Il
faut se demander : Pourquoi ils sortent? C'est une bonne question, ça. Je
veux savoir pourquoi la main-d'oeuvre quitte l'industrie de la construction.
Bien, juste le fait de ne pas les faire passer par les écoles, ça peut aider,
hein?
Je me rappelle un exemple que nous
donnaient les monteurs de ligne, à une certaine époque, avant qu'ils aient leur
école de monteur de ligne. Tu embauchais un monteur pour s'en aller à la
Baie-James ou, je ne sais pas où, là. Là, tu prends l'avion à Montréal, tu t'en
vas, je ne sais pas où, dans le Nord...
M. Goyette (Richard) : ...tu
prends l'hélicoptère puis ils te mettent sur les lignes. Là, le petit bonhomme
ou la petite bonne femme monte, elle s'aperçoit qu'elle a le vertige, je vous
jure! Mais là, c'est l'hélicoptère, c'est l'avion puis on redescend à Montréal
ou Québec, ça coûte des sous. La formation professionnelle qu'on n'a pas
d'ailleurs, comme je vous disais, nous autres, il faut aller la chercher en
perfectionnement-recyclage. Il n'y a pas un seul métier ou profession que tu
fais 45 heures puis tu as 1 900 heures de
perfectionnement-recyclage, ils vont faire des doctorats en construction, là,
et c'est ça notre problème.
On a un problème aussi sur les entrées et
les sorties de la construction, il doit y avoir des problèmes pour ça. Et ça,
c'est pour avoir une main-d'œuvre compétente qu'on va pouvoir exporter et non
pas uniquement recevoir justement des gens de métier qui dans les ententes
Québec-Ontario actuelles permettent d'aller sur un poste d'occupation puis lui,
il n'a rien à dire parce qu'il y a une carte de métier.
Je comprends qu'il y a un problème
d'arrimage, mais moi je pense que fondamentalement, au Québec, on a beaucoup
plus que de l'arrimage à faire. On peut dire ce sera au ministre du Travail de
le faire. Malheureusement, avec beaucoup de déférence pour l'opinion contraire,
il ne faut pas oublier que le ministre du Travail vient encore de baisser la
formation professionnelle. Alors que vous cherchez à augmenter notre qualité de
main-d'oeuvre, bon, bien, peut-être M. Boulet est en train de la démolir avec
des AEP puis toutes sortes de façons de rentrer, même sans les préalables
scolaires. C'est terrible.
M. Poulin : Je vous remercie.
Moi ce que je recherche surtout, c'est la mobilité de la main-d'oeuvre et je
pense que ça peut se faire avec la qualité de la main-d'oeuvre. Je vous
remercie beaucoup. Voilà. Merci.
Le Président (M. Laframboise) : Merci.
Merci, M. le ministre. Maintenant, la parole... je cède la parole à Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce. Vous avez 13 min 52 s.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Alors, merci, messieurs, pour votre... votre présence et votre
présentation.
Vous craignez que la mobilité entraîne une
concurrence déloyale et des discriminations, comme dans le passé avec
l'Ontario. D'autres y voient un levier pour les PME. Quelle garantie minimale
faudrait-il inscrire pour protéger vos membres?
M. Goyette (Richard) : Il y a
une question très politique qui va revenir entre les mains du gouvernement,
c'est s'assurer que, quand on négocie avec une autre province, ce que je disais
tantôt, là, ou plutôt qu'on négocie la construction, si c'est elle, si
l'approvisionnement d'autres produits, si c'est des produits manufacturiers,
mais que ce ne soit pas un deal, je t'échanges ça pour ça, parce qu'il y a un
des deux secteurs au Québec qui va payer, qui va payer le coût. Ça, c'est la
première chose.
La deuxième chose, c'est... puis je pense
que... je m'excuse, j'ai oublié le nom de monsieur qui...
• (18 h 50) •
M. Poulin : Moi, ça?
M. Goyette (Richard) : Oui.
Mme McGraw : Le ministre, le
ministre.
M. Goyette (Richard) : M. le ministre.
Mme McGraw : Le ministre.
M. Goyette (Richard) : Oui,
mais j'oubliais le nom. Là, c'est...
M. Poulin : Poulin, député de
Beauce.
M. Goyette (Richard) :
Monsieur... M. le ministre, je n'ai malheureusement pas bonne mémoire des noms,
je m'en accuse.
Mais on soulignait exactement la même
chose ici, la Commission de la construction du Québec est capable d'appareiller
vraiment. Mais quand ils ont été signés deux fois, en 1999 puis en 2006, que
n'importe quel travailleur qui a une certification en Ontario peut faire le
travail de quelqu'un qui a une certification, mais ce n'est pas la même,
pourtant, un des gros syndicats dans le reste du Canada, c'est International
Labor Union, là, c'est le livre qui correspond aux manoeuvres. Or, s'il existe
dans les autres provinces, comment ça se fait qu'on ne peut pas appareiller
juste avec ces titres-là? Mais ça, ça s'est fait dans le cadre de l'entente et
non pas... c'est-à-dire dans le cadre de la négociation. Ça a été accepté à la
table, donc, de ceux qui ont été négocier, l'Entente Québec... Québec-Ontario
ou de l'entente Québec—Terre-Neuve, vous comprenez?
On me dit ici : Oui, mais est-ce que
la loi est bien? Moi je dis : La loi ne... La loi présentement est bien ou
elle est mauvaise. Qu'est ce que j'en fais avec, hein? C'est un peu comme un
marteau, je construis ou je démolis. Ça peut être bien de démolir, mais ça
dépend ce que je démolis. La loi en elle-même dit : On va négocier des
ententes avec d'autres provinces et le fédéral. Oui, vous allez négocier quoi?
Il n'y a pas juste la commission qui va faire que c'est de la parité. Est-ce
que la commission sera aussi complètement autonome? Et, je dois l'avouer, parce
que j'ai vécu... quand il y a eu l'entente Québec—Terre-Neuve, il y a des
pressions qui se sont faites, là.
Bon, je vais vous donner un autre exemple.
Dans le cadre de l'accord avec Québec-Ontario, si une personne a travaillé
750... non... oui. Si une personne qui a travaillé 750 heures sur un
chantier en Ontario, il n'est pas obligé d'aller passer son cours de sécurité...
M. Goyette (Richard) : ...Mais
qu'est-ce qui me dit que c'est... Comment il a pu apprendre la santé-sécurité
sur l'ensemble des chantiers de construction? Le code est ça de gros, là.
Comment il a pu apprendre, lui, la santé-sécurité? Parce qu'il a travaillé
750 heures. Mais non, ici, dans le cadre de la formation professionnelle,
au-delà du cours de 45 heures, pendant la formation professionnelle, tu
apprends les méthodes sécuritaires, mais si tu as fait du chantier pendant
750 heures avec ce qu'on appelle un cabochon, là, on a ici aussi, là, ce
n'est pas pour rien qu'il y a tant de morts, tant de blessés, pourquoi il
connaîtrait la santé-sécurité? Comment on a pu rentrer ça dans le... dans
l'entente Québec-Ontario, notamment, pour les occupations? Mais ça n'a pas de
bon sens. 1 heure le cours de 45 heures, tu viens de l'autre bord, tu
peux rentrer. 1 heure! Mais en quoi on importe de la main-d'œuvre
qualifiée? C'est actuellement dans l'entente Québec-Ontario. Ou si tu as fait
750 heures, pas besoin de cours de sécurité : Viens mourir ici, mon
ami. On t'aime. C'est ça qu'il faut se rendre compte, c'est : Ne jamais
négocier à rabais. Et je pense, respectueusement soumis, que les ententes sur
la mobilité de la main-d'œuvre relative à l'industrie de la construction ont
été négociées à rabais.
Mme McGraw : Une autre
question. Merci. Vous critiquez le fédéral qui consulte surtout les syndicats
affiliés aux unions américaines puis d'autres, mais d'autres insistent que la
réciprocité... sur la réciprocité interprovinciale, est ce qu'il ne faudrait
pas avoir une stratégie commune Québec-syndicats-entreprises pour promouvoir
nos intérêts?
M. Goyette (Richard) : Mais,
moi je pense que oui, mais le problème c'est que les unions, vous savez que...
D'ailleurs, dans le document que j'ai remis, que j'ai mis, qui est cité dans le
mémoire, là, c'était la même chose en 97, hein, j'ai cité qu'il y avait eu une
levée de boucliers parce qu'il y avait juste les unions internationales. Et la
CSN, CSD à l'époque, n'avait pas été consultée. Il se passe la même chose, sauf
que là, l'Inter... Les unions américaines sont rendues à 20 % et ce sont
eux qui ont été consultés au Québec. Puis le 70 %, FTQ, CSN, CSD et SQC
n'ont pas été consultés. Donc, eux autres ont développé leur stratégie, alors
que le Québec devra peut-être, face à la négociation avec les autres provinces,
développer une stratégie. C'est ce qui nous a permis de sortir de l'impasse en
1999 pour la zone Gatineau-Hull. J'y étais et je travaillais avec le ministère.
Mme McGraw : Peut-être une
dernière question : Êtes-vous, de façon générale, pour ou contre le
projet... ce projet de loi?
M. Goyette (Richard) : Encore
une fois, madame, on n'est pas contre. Je pense que la mobilité, la mobilité de
la main-d'œuvre se fera. C'est un grand pays, le Canada, je... bon, etc. La
seule chose, c'est que je pense que, et je cite à la fin du mémoire de l'AMI,
l'article 6 de la Charte canadienne des droits, moi, je pense qu'il faudra
quand même avoir des possibilités de... qu'il y ait des dérogations dans le cas
où on a, comme en 1994, là, 57 millions d'heures de travaillées au lieu de
200 millions. Maintenant, il va y avoir la mobilité de la main-d'œuvre, je
pense qu'on ne peut pas empêcher ça, on ne peut pas vivre en vase clos. On a
aussi une main-d'œuvre qualifiée qui peut aller travailler à l'extérieur, mais
il faut quand même se donner des balises de protection pour les cas. Je pense
que le gouvernement du Québec doit protéger les citoyens du Québec en cas de
crise. Je sais que l'article 6 nous parle de la moyenne nationale, là,
mais je pense que le Québec peut aussi avoir une position dans les cas où il y
a une crise économique. On sait que l'industrie de la construction soutient
beaucoup l'économie du Québec présentement, qui n'est pas nécessairement...
bon, c'est un phénomène mondial, on ne s'en cachera pas, mais faudrait la
protéger sur ce plan-là.
Mme McGraw : Merci beaucoup.
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Donc, je cède la parole à M. le député de
Saint-Jérôme. Vous avez 2 min 38 s.
M. Chassin :Merci. Merci pour votre présentation. Puis je pense,
M. Goyette, que vous avez un regard long sur l'histoire de l'industrie. Je
trouve c'est fascinant. Puis vous avez cité tout de suite, dès le départ, là,
des chiffres sur les entrées et sorties, puis là j'ai noté
«sorties 213 000», je n'ai pas noté l'entrée, vous me le direz
peut-être tout à l'heure, mais est-ce que vous avez... puis ou, en fait, c'est
peut-être la CCQ, les mouvements par rapport à l'Ontario? Donc, est-ce qu'on a
eu une entente avec l'Ontario qui fonctionne bien et on le voit dans les
chiffres, parce qu'il y a des Québécois qui vont travailler là-bas...
M. Chassin :...il y a des Ontariens qui viennent travailler ici. Est-ce
qu'il y a des chiffres que vous avez en mémoire, frais?
M. Goyette (Richard) : ...
M. Chassin :
Oui, pour l'entente.
M. Goyette (Richard) : Non,
aucun. Puis le chiffre que vous aviez au début, c'est
253 240 entrées. Maintenant, il faut comprendre aussi que,
présentement, l'économie au Québec est en surchauffe pour l'industrie de la
construction.
M. Chassin :Les coûts sont censés être en augmentation, pas juste à
cause des matériaux, mais même parce qu'effectivement on se retrouve à avoir
des pénuries de main-d'oeuvre. Puis, ce que vous nous dites, c'est : On
relativise un peu, dans le fond, ce portrait-là, pour, à tout le moins, les
occupations, hein?
M. Goyette (Richard) : Bien,
c'est-à-dire que les coûts de main-d'œuvre n'augmentent pas en fonction qu'il y
a une rareté, la négociation s'est faite de façon très consensuelle, hein, il
n'y a pas eu de moyen de pression, sinon le résidentiel, mais ce n'est pas lui
qui est le plus concurrentiel à travers le Canada. Donc, aux fins de la
démonstration qu'on fait ici, il n'y a pas ce problème-là.
M. Chassin :Il y a-tu des possibilités, par exemple, d'heures
supplémentaires qui font que ça peut être plus cher, par exemple pour 1 $
d'ouvrage.
M. Goyette (Richard) : Oh!
non, non.
M. Chassin :
Non?
M. Goyette (Richard) : Non.
Moi, je ne pense pas que ça, c'est... Le problème, c'est...
M. Chassin :
S'il y a surchauffe, là.
M. Goyette (Richard) : Oui,
mais il y a surchauffe pour les besoins de main-d'oeuvre, il n'y a pas
surchauffe... Bon, peut-être les employeurs viendront dire que ça coûte plus
cher, mais ce n'est pas tellement ça. Il y a une surchauffe parce que... Ce que
je veux dire, c'est, si les gens viennent d'autres provinces travailler, il n'y
a personne qui sent qu'il se fait voler son travail, mais ça ne sera pas
toujours à 200 millions d'heures par année. Et, à ce moment-là, est-ce
qu'il y aurait des dispositions qui feront que nous serons protégés? Et ça, je
pense que la charte peut le permettre, selon l'état de l'économie.
M. Chassin :Un peu comme quand il y avait des Québécois qui allaient
travailler en Alberta, entre autres.
M. Goyette (Richard) : Ah!
bien, on a envoyé plein de gens en Alberta et ils ont fait le travail parce que
notre main-d'oeuvre est justement compétente, très compétente, mais il faut
faire attention, encore une fois, on est en train de perdre cette
compétence-là, là, en rêvant en couleurs.
M. Chassin :
Est-ce que ce n'est pas parce que... Quand vous dites : On scrappe notre
modèle, est-ce que c'est peut-être parce que vous avez dit au départ : On
est toujours dans l'urgence?
Le Président (M. Laframboise) : Merci,
M. le député de Saint-Jérôme. Je vous remercie, MM. John et Goyette, pour
la contribution de l'Association des manoeuvres inter-provinciaux aux travaux
de la commission. La commission ajourne ses travaux à demain, après les avis
touchant les travaux des commissions. Merci, collègues.
(Fin de la séance à 19 heures)